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in 2010 with funding from
University of Ottawa
http://www.archive.org/details/biographieuniam17mich
BIOGRAPHIE
UNIVERSELLE,
ANCIENNE ET MODERNE.
GE— GO.
BIOGRAPHIE
UNIVERSELLE.
ANCIENNE ET MODERNE,
OU
HISTOIRE j PAR ORDRE ALPHABETIQUE, DE LA VIE PUBLIQUE ET PRIVEE DE
TOUS LES HOMMES QUI SE SONT FAIT REMARQUER PAR LEURS l'crITS
LEURS ACTIONS, LEURS TALENTS, LEURS VERTUS OU LEURS CRIMES.
OUVRAGE ENTIÈREMENT KEUF,
RÉDIGÉ PAR UNE SOCIÉTÉ DE GENS DE LETTRES ET DE SAVANTS,
On doit des égards aux vivants; on ne doit, aux morts, -
que la vérité, ( Volt. , première Lettre sur OEdipc. )
TOME DIX-SEPTIÉM^^^
A PARIS,
CHEZ L, G. MICHAUD, IMPRIMEUR-LIBRAIRE,
HUE DES BONS-EMPAHXS, M». 34.
1816.
"univers It^
BISLHDTHPCA
^ 7"
W5
.AI 6'
SIGNATURES DES AUTEURS
DU DIX-SEPTIÈME VOLUME.
MM.
MM.
A.B— T.
A — G R.
A. L. M.
A. R — T.
A— s.
B-n.
B—n— D.
B— L— T.
B. M.
B— P.
B-s.
B—ss.
B— u.
B— Y.
C.
C— AU.
C. G.
Ch— T.
C. M. P.
C— N.
C— R.
C T R.
D— B— S.
D. G— o,
D— G— s.
D. L.
D-I.— E.
D. L. M.
D— s.
E-c D-D.
E-_s.
F LE.
F. P— T.
F— z.
G— CE.
G— É.
G. F— R.
Beuchot.
G-s.
Gallais.
AUGER.
G— T.
GuizOT.
MlLLlN.
G— Y.
Gley.
Abel Remusat.
J-B.
Jacob-Kolb.
AUGUIS.
J— w.
Jourdain.
BoULARD.
L.
Ijefebvre-Cauchy.
Bernhard.
L— lE.
Lasteyrie.
Boucharlat.
L—P—E.
• HlpPOLYTE DE LAPORTE,
Bertr ahd-Moleville.
L-s.
Langlès.
Beauchamp.
L— s— E.
La Salle.
Bocous.
L-u.
Ledru.
Boisso?.-ade.
L— Y.
LÉCUY.
Beaulieu.
M— D.
MiCHAUD.
BOLLY. (Mme.)
M— DJ.
Michaud jeune
Chaumetoiî.
M — on.
Marron.
Catteau-Calleville.
N— E.
NiCOLLE.
Cadet-Gassicourt.
P— c.
PropiAC
Chamberet.
P — c— T.
Picot.
PiLLET.
P-E.
Ponce.
Castellax.
P—N—T.
Poncelet.
Clavier.
Q.R~T.
QuATREMÈRE-Roi'iSY,
Ccvier.
R—D— lï
. Renauldin.
Dubois (Louis).
R. R.
ROCHETTE.
De Gerando.
s— I.
Salfi (revu par M.Ginguené)*
, Desgenettesv
S-L.
Schoell.
DelaulnAye.
S.M— N.
Saint-Martin.
Delamere.
St. p— r
. Saint-Prosper (De).
De la Malle.
S.S— I.
SlSMONDE-SlSMQRDI.
Desportes - Boscheron.
St. S—Ti
r. Saint-Surin.
Emeric-David.
S— Y.
Salaberry.
Eyries.
T— D.
Tabaraud.
Fayolle.
T— N.
TÔCHON.
Fabien Pillet.
TJ— I.
USTÉRI.
Féletz.
V. S. L.
"Vincens-Saint-Laurent.
Gehce.
W— R.
Walckenaer.
GlNGUENÉ.
W— S.
Weiss.
FOURNIER fils.
X-s.
Revu par M. SuARD.
GuiLLON (Aimé).
Z.
Anonyme.
BIOGPxAPIIIE
UNIVERSELLE.
G
GkaNGIR. ?^.DJIHAN-GUYR.
GÉBACER ( George - Chris-
tian), jniiscoiisnlte cl plulologne al-
lemand, niqnità Bieslrui en iGijo. En
i-j I I, il f.itrrçiuloclc'ircn clruitàAlt-
dorf : il y [jubli.i , à ceUe occasion, ujie
Dissci latiou Oe aqitd caUd^occasio-
nehiç^is eigc'Himœj in-^^*^.,qiu lui (itle
plus grand honneur. En i -] i 7 , il vint
se (ix.'jr à Leipzig, où il fut successi-
vement nomtné , en i -^o, agrégé de la
ficullé de philosonhie; en 1 727, pro-
fesseur de droit féodal saxon , et enfin,
en 1 -5o, agrégé à la cour suprême de
justice. Les écrits qu'il publia pendant
cet intervalle, et le succès avec lequel
il exerçait les inrii;ortantes fonctions
du professorat , lui avaient acquis une
réputation telle, que 1 1 cour d'Angle-
terre ne négligea rien pour l'attirer à
l'université de Goîtingue : elle lui fit
proposer, en 17^4» ^'^ pl^^e de pre-
niier protésseur Oii doyen de l'univer-
sité de droit , et celle de conseiller de
cour ; Gébauer accepta, et vint ha-
biter Go!finj;ue, où, pendant près de
quarante années , il retnplitavccexac-
titude les devoirs de sa charge, aux
applaudissements unanimes des nom-
breux élèves qui accouraient de toutes
paris pour profiter de ses leçons. Ce
fu[ aussi à Goîtingue qu'il entreprit ou
publia les ouvrages qui lui assurent
à la fois le rang le plus honorable
f)arn»i les critiques , les historiens et
es jurisconsultes les plus distingués.
Il est peu de matières sur lesquelles il
XYII.
no se soit exerce : le droit romain et le
droit ct)mmun lui étaient également
familiers ; on a de lui plusieurs dis-
cours académiques , et divers mor-
ceaux de poésie en vers latins , qui
ne sont point sans mérite : la politi-
que ne lui était pas non plus étran-
gère. Néanmoins h plus important de
ses ouvrages, et celui qui lui mérite
l'attention el la reconnaissance des ju-
risconsultes de toutes les nations, fut
le célèbre Corps de droit auquel il
employa trente années de travaux,
mais qu'il n'eui pas la satisfaction
de voir publier de son vivant. On
sait que les bases de cette édition
furent les manuscrits du savant Breu-
kmann, qui avait consacré son exis-
tence à réunir et à comparer ensem-
ble tous les manuscrits et toutes les
éditions qu'd avait pu recueillir des
Pandectes de Justinien , et à noter
avec soin toutes les variantes. ( f^or.
Brenkmann. ) La mort le surprit
avant qu'il eût pu terminer ce bel
onvnge. Bynkershoeck , auquel il
av^il légué ses manuscrits, hù sur-
vécut trop peu pour pouvoir y metîre
la dernière main; et ce f.U à la v^nte
de celui-ci que Gébniei', en 1 \~>y
se rendit acquéreur de ces pjé.ieux
matériaux. Il s'occupa le reste ue ^a
vie à les continuer; ma s il se pro-
posa, au lieu d'une éd'tion criti-
que des Pandectes seulement, d'é en-
dre son travail a la totalité du Corps de
droit. Il est à rcgrcUer que ce projet
3 GEB
n'ait pas reçu son entière exécution
par les soins de Gébauer seul. Après
sa mort, arrivée à GoUingue le 27
janvier 177^, ses manuscrits tombè-
rent entre les mains de George - Au-
guste S|)angonl>erg , qui se chargea
de publier et de continuer l'èdiliou
préparée par Gébauer. Le premier
volume parut en etïet sous ce titre :
Corpus juris civilis coàicihus vete-
ribus mamiscripLis et optimis quibus-
que editionibus collaùs recensuit
G.-C. Gébauer y et postejus obilunij
curavLl G.-^ug. Span^enberg , Got-
tiugue, 1776, gr. iu-4". Il ne ren-
ferme que les Institules et les Pandec-
tes : les premières sont la reproduc-
tion de l'édition dounée par Cujas,
avec un très petit nombre de va-
riantes nouvelles; mais les Pandcclcs
ftpnt traitées d'une manière supérieure:
les notes qui accompagnent ce volu-
me ne sont que critiques, et point
dans le genre de celles que Godefroy a
mises au l).is de son édition ( P^oj'.
Denis GoDKFnOY). Le second volume
jic lut public par Spangenbrrg qu'en
1797 : il renferme le surplus du
Corps de droit ; mais il est fort iniè-
rieurau premier, et il attira sur sou
éditeur quelques critiques méritées.
Quoiqu'il en soit, celte édition dont
Gébauer peut être regardé comme le
principal auteur, l'emporte, pour la
pureté du trxte,sur toutes celles ([ui
ont été publiées depuis la renaissance
du droit romain; et, à ce titre, elle
mérite d'occuper une place distinguée
dans la bibliotlièquc de tons les sa-
vants, (jfébauer a laissé de nombreux
ouvrages, dont aucun ce|>endant n'est
très volumineux, mais dont la liste,
doim('«' |)ar M<ii>el , est trop longue
])uur l'iiiikérer ICI dans son entier; ou
Y di>tiugue : 1. (iinq dissertations,
De M. ^'/grifipù, Leip/ig , 1717,10-
4'.; Oç murmuic hiacu ^dans l i
GEB
\/4cta eniâitorum de 17^0 }; Va-
Bomiilo obsenfationibus varii ge-
neris illustrato , Leipzig , 1 7 1 9 , in-
4". ; De NiimdPompiliOy ib. , 1 7 1 9,
in-4''. ; De Tullo ffoitilio, ib. , 1 720,
I I . De ca Idce et ca Idi apud vêler es po-
tu, liber singularisj Leipzig, 1 72 1 , in-
8°. , lig. C'est la thèse que soutint Gé-
bauer en 1714» revue et augmentée,
III. De jiirisdictione j ibid. , 1729,
in-4°. ; ouvrage précieux, reproduit
sous ce titre : Commentatio acade-
niica de jurisdictione secundwn doC'
trinam Romanorum,ejusdemque doc-
iriiiœ in Germanid usa ^ ib., 17S5,
in- 4". IV. Anlhologicamm disserlu-
tionujïi liber , cum nonnuUis adopli-
vis et brevi GelUani et AntJiolov^ici
collegiornm Upsiensium{i) historid,
ibid., 1755, iu-8''. V. De jusùtid et
jure, Gtittingue, 1758, in-4''. Celte
dissertation, fort supérieureau Traite
énorme que Vandermuelcn publia
sur la même matière, Ulrecht, 1723,
in - 4". , a cependant été surpassée
par les ouvrages de Kant et de Fi-
langieri. VL Flan d'une histoire dé-
taillée des principaux empires et
états lie V Europe , avec une préface
sur les avantages qu'offre l'étude
de l'histoire, et suivi de notes et
d'éclaircissements , Leipzig, 1755,
in-8'\ ( eu allemand. ) La troisième
édition de cet utile abrégé, continué
jus({u'à lii paix de VVeslpIiaJie , parut
en Ï779. La méthode employée par
Gébauer pour l'étude de l'histoire, .1
été imitée avec succès par Aleusel ,
dans son 1 ntroduction à la connais'
sauce de l'Iùitoire desét.iti de l'Eu-
rope , ilont la ([uatrième édition a pa-
ru à Leip/àg en 1800. VII. fie et
fails remarquables de Richard , élu
empereur des humains ( en lajy )^
(0 Ct^tnirat ileiix ««cii^ti** litlAratm fonilrc*
l'iiiiK en ifkji , ri l'autre VVC& i6 J J | «llciutci c«
(.Elî
iA-ipzig, 1741, (en alicrn.iii(l) 5 vol.
in -S', , (ii;. VIII. De palrid poU'Sta-
tc. Cv\.w. iHi|iort.nite nialuic du droit
rotnaiii est traiice dans deux disser-
tations assez eteixiues, dont la pic-
iuière|>aruleii in57>,ct la deuxième
en i^Si ,à Leipzig;. Gébauery prou-
ve, contre ropiiiion de Byukcrshocck,
adoptée par Heineccius, que la puis-
sance ])atcrnclle n'était pas aussi
étendue à Home , quant nu droit de vie
et de mort, que ces jurisconsultes le
prétendent : il discute et démontre
que c'est également à tort qu'ijs ont
cru voir l'origine de celte puissance
dans le droit de propriété; que c'est
plutôt dans le pouvoir domestique
du père de famille qu'il faut la cher-
cher. Cette controverse fut ranimée
parmi les jurisconsultes allemands en
1 784 : 1<'S uns prirent parti pour
Bynkcrsboeck, les autres défendirent
Gcbauer; et l'on doit à cette dispute
la pul)lication de trois dissertations
excellentes de MM. Jcnsen, Robert et
Gunther. IX. Ordo Institutionum
Justinianeanun hrevibus positioni-
hus comprehensus ; accédant Proie-
gomena historiam Institutionum ad-
umbrantia et in earumdem libruin
pritnum excursus sex , Goltingue ,
1702, in-S-". Il existe peu d'abrégés
plus succincts et à la fois plus subs-
tantiels des lu«.titutes : Gébauer le
composa pour l'usage de ses élèves; il
est précédé d'une préface où l'auteur
se livre à des recherches historiques
sur les princes qui ont étudié le droit
et obtenu le titre de docteur. Les Pro-
légomènes peuvent êlre considérés
comme un des morceaux les plus cu-
rieux qui existent sur l'histoire des
Institutcs , les diverses éditions qui
en ont été données, et les principaux
jurisconsultes qui ont consacré des
commentaires à leur explication. Les
sis^excursHS qui terminent le volume^
CE15 S
sont des dissertations qui, pour la
j)luparf , avai<nl été publiées >éparc-
nieut. 11 est i;i(;h(ux (pie (jcbauer n'eu
ait point compose de semblables siu*
les trois autres livres des Institutcs.
X. Histoire de ^'orlui^al^ ou I) enve-
loppements du premier cfwpiire du
Plan de l'histoire des états de l'Eu-
rope, Leipzig, 1759, in-8*^. (en alle-
mand.) Cette espèce de commentaire
n'était que le prélude d'une pins gran-
de entreprise. Gébauer se proposait
de traiter dans le même goût l'histoire
de tous les états sur lesquels il n'avait
])u donner que des notions abrégées
dans son premier ouvrage. Un sem-
blable travail était prêt sur l'histoire
d'Espagne; mais il ne put être publié
ni par Gcbauer ni par ses héritiers.
XL Nar ratio de Henrico Brenk-
manno , de manusc. Brenkmannia-
nis , de suis in corp.jur. civ, conati-
bus et lab. , Leipzig , 1764 , in-4". ;
auquel il finit joindre Manuscripti
cujusda m Brenkmanniani spécimen^
ibid., i767,in-4*'. Cette iJiographie,
dans laquelle Gébauer rend compte
des travaux de Brenkraann et de ses
projets sur leur contuuialion , est ter-
minée par une notice sur Henri New-
ton , chargé d'affaires d'Angleterre à
la cour du grand-duc de Toscane ^
homme instruit, ami des lettres, et à
la protection duquel Brenkmann duc
l'entrée de la bibliothèque des Médi-
cis à Florence, et la communication
du célèbre manuscrit des Pandectes
florentines , qu'on montrait si diffici.*
lemenf aux étrangers. XI I. P^estigia,
juris Gernianici anîiquissima in C.
C. Taciti Germanid obvia, sive dis-
sertationes xxii in varia aurei il-
lius libelli loca, cum nonnullis simi-
lis argumenti, GoUmç^i\e, l'^Gô^'inS^ .
Cet ouvragf! seul sufllrait pour>a«isurcr
à Gcbauer la réputation la pljis écla-
tante comme jurisconsulte et comme
I..
4 »EB
liistorien : il se compose de vingt-
deux dissertations , publiées scpaie-
ment pour la plupart, à Gdtlin^ue,
depuis 1741 jusqu'en i-jëS. L'au-
teur nous conduit au milieu des
forêts de l'antique Germanie; il nous
racon'e les fêlos, les jeux, les maria-
ges des Germains, nous trace les lor-
mts de leurs gouv<rucments, leurs
institutions civiles et guerrières, leur
discipline inilifaire; il paile de la
maniciedont la justice était adminis-
trée paimi eux, lie leurs lois civiles
et criminelles : il entre lians le détail
des supplices, etc. ; en un mot, rien de
tout ce qui les concerne ne nous de-
vient étranger. Ce recueil , trop peu
connu en France, peut être considéré
comme le plus précieux commintaire
de l'immortel ouvrage de Tacite sur
les Germains. Xlll. Exercitutiones
acadeinicœ varii ar^^umenti. C'est la
collection d'S principales disse rtatioiis
que Gébauer avait publiées sur le droit
civil. Outre toutes celles que nous
avons citées dans les n°». I, V, VIII
de cet article, on y remarque encore
les disserfaions , De actione tutelœ
adversàs maL:,istratns ; De successio-
ne iriter ingcnuos jure sanguinis ab
intcslaio civili ; De imputatione fac-
ti alieni cire a delicta ; De origine
testamentorum ; De matriniGniacum
(li'iinculi oidiid; De differentidinler
procunsules et legaloa Cœsaris ; De
hercto cito ob iniquitalem in melius
rcjormando^ etc. L'éditeur de ce re-
cueil est W'issmanlel, qui fit paraître
le premier volume à Lrt*iirt,cn 1 776,
in-4". , et le deuxième , au même en-
droit, en I 777 : t^f dernier est précédé
d'un elogf de Gebauer par l'illustre
//( ync , (pii avait paru à (lOtliiigue en
1775, iii-fol. ludéjjeiidammcnt des
ouvr.iges que l'on vient de citer, on
doit encore à Gébaucr une loulr de
ébscriaùf ns >iir des matières féuda-
GEB
]e«!, insérées dans le Thésaurus jurts
feudalis de Jenicbcn ; des notes sur
l'éiiition des Prœlectiones d'Hubert
( Ulric ), donnée à Leipzig en 1 725 ,
5 vol. in-4"-, 3^'^c celles de Thom^»-
sius et de Mencken , et sur l'édition
des Imlituliones juris feudalis de
Scliiltcr, Leipzig, 1728, in- 8°., 3*".
édition, 1751. Un lui doit la colloc-
tion des D ui s crtations juridiques de
B^rth, Leipzig, 1755, in-4". Il est
l'éditeur de Grot'ii Jlorum sparsio ,
Htllc, 1750, in 8".; de V/Jistoirc
d* Hermann ( Arminius ) et Thus-
ne Ida, par Lohtnslein, Leipzig,
1751 , 4 ^'ol. in^**'? <'t ^^ plusieurs
autres ouvr ges. P — n — t.
GEBELliN. roj. COUKT.
GEHEH ou GlABEH, fameux al-
chimiste arabe, dont le véritable nom
est Abou Moussab Pjafar al Sotl ,
était de Hauran , en Mésopotamie, cl
vivait dans le viiT. siècle, suivant
Abuulfeda. C'est à tort que certains
auteurs le font Grec, d'autres Espa-
gnol, d'autres enfin un roi des Indes.
Lu ignorant traducteur des deux pre-
miers volumes de {^Histoire de la.
médecine d<' Spreiigel , croyant sans
doute Gtber d'origine allemande, tra-
vestit stupidement ce nom propre eu
celui de Donateur. Ou n'a aucun dé'
tail sur la vie de ce chef des adeptes :
maison voil,pir ses oua rages, que
les recherches qu'il entreprit i.ur les
métaux pour en reconnaître la nature
et le degré de fusibiiilé, dans la vue
d'opérer leur lr.ui?.mut ition en or, lo
conduisirent à p!usi( urs découvertes
importantes poar la cliimie et la mé-
decine, telles que le sublimé corro-
sit" ( luuriale surowile de mercure ) ,
le précipité rou<;e ( oxyde rouge de
mercure ) ,i'eau-forle( acide nili ique ),
le nitrate d'argent, «te. (^'cst ainsi
que la plulo.sopliie hermétique donna
liaiisance à la cbiuiie j et que Gcbcr
0 E B
rrsfcra célcl)re,non pour avoir cou-
ru .jjMts niiccliiriièn ( l.i pifrrc plû'
lo.s(i|tlialo ), luiùs [)ou\ .'ivoir Iroiivc
ilis vcriics foiuleps sur rcxpcriencc.
Ou uc dit p;i.s s'il se ruina à ce mé-
tier , (oniinc laul «l'.uitrrs. il paraît
que ce fameux soulllcur cultiva aussi
rasfrouomic avec soiu : ou a niêiue
Voulu lui af(r:l)U(r l'iiouueur de i'iti-
veuiion de l'algèbre , en supposant
(|u'il a douuii .st>n nom à cette scien-
€■'■. Cardan ne Tiil pas dilllcultc de
Tadmeltre au nombre des douze plus
subtils ';,eni(S du monde. Boerhaave
eu parie aus.si avec cslime. Tout cela
prouve au moins dans Gebcr une
grande étendue de connaissances pour
le siècle où il vivait : mais il n'était
point mt'deciuj et il ne paraît pas
qu'il ait cherche un remède universel,
j* est vrai que l'on trouve dans ses
ouvrages certaines expressions, toiles
que les suivantes : L^or, ainsi prépa-
ré, guérit la lèpre et toutes sortes
de maladies. Mais il faut observer
que, dans son langage mystique et fi-
gure, Gebcr qualifie de lépreux les
métaux les moins parfaits, et qu'il
met l'or au nombre de ceux qui se
portent bien. Ainsi, lorsqii'il dit , Je
voudrais guénr six lépreux ^ i\ en-
tend par-la les convertir en or capa-
ble de soutenir l'épreuve de l'anti-
moine. Geber était enthousiaste d'al-
cbimie, au point de comparer les in-
crédules à des entants qui, renfermés
dans une étroilc maison, ne voient
rien au-delà, et n'ont aucune idée de
l'étendue du globe terrestre. Voici la
liste de ses ouvrae;es dans les traduc-
tions latines : 1. Summ(E perfeclio-
nis magislerii in sud naturd libri
IV y cum additione ejusdem Gehri
reliquorum tractatuum _, nec non
Avicennœ, Merlini et aliorum opus-
culorum similis argumenli ^ Danîzig,
iG82 , in 8". Celte édition , qui n'est
flEB
9
pas comminie, et qui renferme plu-
sieurs figur* s de vaisseaux et de four-
neaux cluiiiicjiies , a été laite sur une
édition de Rome, très ancieni c et
eMraordinaiicfuent r.ire, suivant \\x\e
no!c mauuscrtte île Lenglel du t'res-
noy. i! est inutile de citer les éditions
subs''([ueut(S , si ce n'est une Iraduc-
lioii ftaiçaisede la .^omnie de la per-
fection, faite parSalmon, et insérée
dans l'ouvrage qu'a pub'ié ce méde-
cin , sous le titre : Bihliolhèque des
philosophes chimiques , Paris, 167'^
et 1678, '1 vo!. in- 12. II. Deinvesti-
aatlone perjeclionis metallorum ,
Bàle, i5o2,in-fo!. Ce livre est joint
à l'édition deDantzig de i(38'2, ainsi
que les deux suivants : Testamen-
tum} De Jornacibus construendis;
ce dernier avait déjà paru à Ijerne,
en I 545 , in-4^. Lengiet ( llist. de la
philos, hennét. tom. m ) cite quatre
manuscrits arabes de Gcber : le pre-
mier, conservé dans la bibliolLcque
du Koi, sous le n". 972 , est intitulé ,
Opiis cui tiiulus Liber divitiarum ,
tractaius chj miens ^ et pars octava
qiiingentorum illorum , quos de hoc
ar<iurnento litteris consignai>il Ahou
Moussa Giaber ben Ilaijam al Soji,
qui vulgo Geber mmcupalur ; les
trois autres manuscrits se trouvent
dans la bibliothèque publique de
Leyde, sous les titres : De lapide
philosophico [ n". 800 ) ; Tractatus
de ini>eniendd arte auri et argenti ,
sii^e alchrmid ( n". 801 ); cet ou-
vrage est le premier de Geber qu'il
faut lire , suivant Taut-cur même -^ Duo
alii tractatus de cddem materid
( n". 802 ). R — D — N.
GliBHABD (Jean), philologue,
né à Ncubourg', dans le Haut-Paîati-
nat, fit ses études avec succès à l'uni-
versité de Heidclbeig, où }\ eut pour
maître le savant Grutcr. II était à
peine âgé de vingt-trois ans , lorsqu'il
6 GEB
fit pnraitrc un Recueil d' observa-
lions critiqnes sur les principaux au-
leurs fie t antiquité : c'étail h fruit
d'une leriurc ;ïssidne de leurs ouvra-
ges; el G"I>hard fut dcs-lors conipte'
j)armi les érudits que jxjs.sedait l'Aîle-
m-iî^iic. I.a prise de Hcidclberg, en
3 62*2 , lui lui fatale ; il y perdit tous
ses livres et ses manuscrits, et outre
autres un travail sur Tiie-Live, dont
il s'ot:cupait depuis plusieurs années.
Après avoir mené une vie errante et
luiscrabtc , il obtint enfin , en 1G28,
Ja chaire (Tlustoire el de lan;i;uo grec-
que à l'université' de Groningue ,
vacante par la mort d'Ubbo Em-
mius. II la remplit avec beaucoup de
distinction, et mourut en i05'2,
n'ayant pas encore atteint sa quaran-
tième année. On a de lui : 1. Cre-
pmuliorum siwe juvenilium cura-
rumlibri III , Hanau, iGi5, in-4°.
31. Antiquarum lectionum libri duo.
Jean Hcrmann Schminck a insère'
ces deux ouvraej>s dans son Sjntag-
jna criticum, Marbourg , 1717, in-
4°. III. In CatuUum j Tibullum ,
I^'roperlium animadversiones , Ha-
nau , 1618 , in-8". , et dans plusieurs
autres éditions de ces trois poètes.
JV. In vitas Cornelii Nepotis spi-
cile^ium «of«rMm, Amsterdam, i ^44,
in- 1.2 ; à la suite des Fies de Corné-
lius-Népos , et dans un ^rand nom-
hrc d'autres éditu)ns de cet histo-
rien. V. y ari arum lectionum et ani-
ma dv'cr s iommi in Livium ex tribus
codicibus hibliolh. Pcdaùmc crutn-
rum spcrinwn ad librum primum
Livii, Halle, 1 7 1 >. , in-4". H. !..
Schurzlleisrh en est l'éditeur. VI.
Exiiium , si\'e carminum in exilio
scriptoîuni libri duo ^ Amsterdam,
jG'jtR, in-i'J». 11 composa ces vers
dans ic temps (pj'd el.iil nbli[;é de
fuir sou pays ravaj^c par la ç;uerre ;
et c'est à celle espèce a'cxil qu'il lait
GEB
allusion dans le litre sous lequel il Îe5
a réunis. Gebhard avait peu de ta-
lent pour la poésie; on lit cependant
queKjues-unes de ses pièces de vers
avec plaisir, parce qu'elles contiennent
des déîails touchants, et qui font
bien conn^îuc sa triste situation. Sa
Fie , p.r André Gebhard, son frère,
est très nitcressante : elle a été impri-
mée à Groiiiue;ue , i655, in-4''.
W— s.
GEBH ABDI ( Jean - Louis - Lé-
vin j, né en 169'.) à Brunswick, y
fit ses premières études sous son
père Jean -Albert , qui y était recteur
du iiyranase, et qui est connu par
quelques ouvrages en langue latine,
tels qu'un drame historique intitulé ,
Decus familiœ Ducum Bnmswi-
co- Lunehargensium à Fridtrico I ,
imp. laljefaclum , Brunswick, 1 708 ,
in-4". Gebhrtrdi alla ensuite achever
ses études à Helmstadt el à léna. L'u-
sage des universités allemandes est
qu'avant de quitter ce> écoles les jeu-
nes gens soutiennent pubhquomrnt
des thèses ou dissertations, qui sont
souvent Tuuvragr dii prnfevsoui qui
préside à celle solennité. Le jeune Ge-
bhirdi s'y conforma ; mais sa disser-
tation se distingue de la plupart des
autres, en ce qu'il en fut lui-uicnie
l'auteur, et qu'au lieu de n'èlie qu'une
brochure de quelques feuillets, elle
furnic un ouvrai;e en i3(j pag. in-
4". Elle olli il encore une aulre parti-
cularité : (jcbhardi s'était vi»ué à l.i
théologie, et ce])endanl sa disserta-
tion est un SU;( l historique; elle ]>orlc
le litre suivant : Fada sereni'^sinio-
Tum ducum Bruns\viccnsium Iwroï-
ca, lena, i 7.10, iu-4". Ainsi (îebhar-
di préluda aux travaux qui devaient
illu.siK'r >on nom. Si vie lut la cariièri;
lianijiiilh' d'uu savant qui s'est des-
tine à rinstruction ])ul)li(]ue ; elle
ullrc peu de l'ails digues d'ctrc rc-
GEB
cnrillis par un l)i(it;r.iplio. Aprrs .ivoir
j)ic>iclt' ooiiiiiu: gouvcnuiii auxcliidcs
t\\m jeune sc'i|j;i)rur hanoviicn , et
r ivoir accoiiipa^iKi aux univrr.silcs de.
lliljcil (le llcliiisladt, il i'iit noiiiirui
ru l'j'j'.j prolcsscur do llicolo^ic, de
]oj;iqiic et de ])l5ilulogic à l'academic
des jeunes nobles de Lnnebonrg;
clinire qu'il remplit jusqu'en 174^*
Ce fut pendant qu'il professait la théo-
logie, qu'il publia en 1700 et 1731
.son grand ouvrage gcucalogiquc, qui
est son titre à riramortalitc. H prit
pour base de son travail le livre de
i>oluni;icr ; mais il le refojidit en
entier, et le continua jusqu'en 1700.
L'ouvrage de Gebhardi, icdigc en al-
lemand, est divise en 5 vol. in-fol. ,
dont chacun porto un titre particu-
lier. Le premier renferme la généa-
logie des maisons impériales et royales
européennes existantes en 17005 le
second, celle de ces maisons qui
e'iaient éteintes à cette e'poque ; le
îroisième, la généalogie des maisons
souveraines musulmanes et p./ieimes.
Ce grand recueil est la base de tous
les travaux généalogiques des savants
A\i xviii'". siècle jusqu'à Gatlercr
>ct Koch. En 174^3, Gebhardi fut
nommé à une chaire plus analogue à
^es occupations favorites , celle d'his-
toire; et en même temps le roi d'An-
f;lclcrre , ciecteur d'Hanovre, lui
<ilonna le titre de conseiller. Geb-
liardi mourut à Lunebourg, le 10 no-
vembre 1764. Parmi plusieurs autres
'ouvrages historiques et généalogiques
qu'il a publiés , nous ne nommerons
que ses Mémoires historiques et
^éne'alogiqms (en allemand), dont
il a paru 5 vol. in-8'*. Les deux
jiremiers furent imprimés en 1749
et 1761 : le troisième (1) a élépubhé
( i) <Jn J irouvc uue Liograpliie «le raiiteur, dont
■mous n'avons j>u faire usu^^c , ce livre uc se tro»-
Tftni p<t$ a Pans.
Icinnç^ne
GEB 7
après la mort de Friutcur par son
fils Loui.s-Albcrt ( mort en i8o'a).
liC même (ils j)ul)lia en 177G, 177<>
et 178.5, 3 voliunes in-Zj"., renfer-
inaiit les matériaux, laissés par son
j)('rc poui" une Histoire ç;énénlo^i-
quc des maisons souveraines tVÀl-
S— L.
GKBLER (ÏOBiE -Philippe, ba-
ron de), né le li novembre 1726 k
Zculenrod, petite ville du pays du
prince de r>euss-(jrailz, enclavé dans
le Voigtland ( Haute-Saxe ), oii son
père occupait une ])lacc à la chan-
cellerie , fit ses études dans les
universités de Ic'na , Goltingue et
Halle. Apres avoir voyagé en Al-
lemagne , en Danemark , en Nor-
vège et en Hollande, il entra au ser-
vice des Etats-Généraux , qui le nom-
mèrent, en I 74s , secrétaire de léga-
tion à la cour de Berlin ; il y rem-
plit pendant trois ans les fonctions
de chargé d'affaires en l'absence du
ministre. Vers la fin de l'année 175S
ii quitta ce poste, et accepta la placé
de secrétaire du directoire général du
commerce des États de la monar-
chie autrichienne à Vienne. H passa
le reste de sa vie dans cette capitale,
oii il fut successivement promu à des
dignités éminentes. En 1759, il fut
nommé membre de la chambre au-
lique, qui était chargée de l'adminis-
tration suprême des affaires de i'in-
téiieur. H eut la direction de \à par-
tie des mines et des monnaies. Lors-
qu'en i 762 Marie Thérèse fit une or-
ganisation nouvelle de toutes les
branches de l'administration publi-
que, Gebler fut nommé conseilier au-
hquc all:iché à la chancellerie de l'Au-
triche et de la Bohème. L'année sui-
vante , il fut anobli et gratifié de l'in-
digénat en Bohème. En 1 768 , l'impe'-
ratrice-reine le nomma mombre du
couscil d'clat^qui dclibciait en présence
8 GEB
de la souveraine sur les affaires inté-
rieures de la monarchie. Peu après ,
elle lui confe'ra le (ifre de baron et
l'ordre de St.Eiennc, distinction
très peu prodigue'c, mcine de nos
jours. Enfin, en 1782, il p.irvint à
une charge qui équivalait piesqiie à
celle de ministre. Il fin nomme con-
scillei' intime actuil et vice-chance-
lier de Bohême et d'Autriche. Il mou-
rut à Vienne, le 9 octobre 1786. Le
baron de Gebler fut un de ces hom-
mes rares qui , sans intérêt person-
nel, soutiennent, pai pur patrioi'sme
et par amour pour le bien public,
toutes les entreprises qui paraissent
dirigées vers ce but. Les hommes de
lettres, les artistes, les spécul.itcurs
trouvaient en lui un protecteur zélé.
Il contribua beaucoup au perfec-
tionnement de l'instruction pub'iquc
en Autriche, surtout pour ce que les
Allemands a-j)pellenl les sciences ca-
méralisliques , qui embrassent ton-
tes les br.-nches de l'administration
de rÉ*at. Ou <xige , en Allemagne,
de ceux qui se destinent à cette car-
rière , non pis une routine ;icquise
des travaux <!e bureau , mais des
études réglées dans les universités
où il existe des professeurs pour ces
sciences. Gebler a le méiite d'avoir
fncoura|;é celle élude en Autiiche.
Il aimait bcancoup le théâtre, et
travailla à l'épurer et à former un
vrai théâtre national. Ne trouvant pas
dans la litiérature allemande un assez
grand nombie de [ ièces qui satis-
fissent son f;' ût, il employa ses mo-
ments de loisir à eu composer lui-
même. On a publié, en 1771, un re-
cueil de ses piècesen!^ vol. in 8'. Il fuit
les juger avec l'indulgence qu'exigent
les circonstances qi;i les firent naî-
tre, le biU de l'auteur et la précipi-
talion avec laqiu'lle elles furent ceriles.
Mlles ont amené une révolution dans
CED
l'histoire du théâtre allemand , et
surtout du théâtre de l'Autriche.
Elles ont introiliiit sur la scène de la
capitale un ton décent et noble; elles
respirant tou!es une morale pure ,
et font aiiîj' r la vertu , la m;igm-
nimité et l'aniilié généreuse ; elles of-
frent un tableau vrai des mœurs
d'une grande ville , et en particu-
lier de la classe avec laquelle Gebl* r
vivait habituellement. Paimi ces piè-
ces, qui sont presque toutes du genre
de la haute comédie, il en est une
qui mérite d'êîre distinguée des au-
tres : c'est son Ministre, en 5 actes,
qui parut pour la première fois en
1771, et a été souvent réimprimé.
On est élO!U>é de la hardiesse avec
laquelle nn homme de cour y peint
les mœurs des grands seigneurs ( F,
Frikdel ). S — L.
GED ( Guillaume ), artiste écos-
stis du XV 111. siècle, quitta, en
1725, l'étal d'orfèvre qu*il exerçait à
Édiaiboiirg, pour venir à Londres
fiire l'essai J'ini procédé nouveau
qu'il voulait introduire dms l'art de
l'inipiimerie. Les Chinois et les J;ipo-
nais impriment U lus livres au moyen
dr planches de bois sculptées ; et il
païaît que ee fut aussi 1 1 !iu''lhode (pie
suivirent d'abord les premiers inven-
teurs de la typographie en Europe.
I/invention de Ged consistait à subs-
tituer aux caractères mobiles, cin-
plovés un à un , des planehes de
métal coulé, qui représentaient des
pages ou des feuilles entières. Il for-
ra iil d'abord , avec des caractères mo-
bdcs ordinaires, nue planche sur la-
quelle il coulait une composition de
plâtre, qui devenait un moule où l'on
vcisaitdel.i malière (jifi sert ordinai-
renient pour les caractères d'impri-
merie, et d'où sortait la planche soli-
de (jue Ged emj)loyait pour l'impres-
sion. Cctle nutiiodc paraissait ofTrir
GKÏ)
qn(l<jur=; nv,inl.it;es sons 1rs rnpporls
de rc'coiioniir, àv la conrclioii , de la
!)rnufc cl dcriniiforniitc. G(d, s'claiit
associe , dans cet essai , Giiillamnc
iVniier, papetier , un foiuieiu' en e.i-
raelcres, et son propre fils Jaetpics
GecI, sollieita el obtint, le a3 avril
1 •j3i , de l'oniversile' de Caml^ridge,
le privilec;e d'imprimer , avec des
j)laiicliesiM)nlc'es, des l^ibles H des li-
vres de prières. L'impression de deux
livres de prières Tut tout le résultat
de cet!" association, qui inina eniièrc-
mcnt l'inventeur. Il allribua ce revers
à riiifidclilc de ses ouvriers, el aux
mauvais jirocèdèi de sts associes, par-
ticulièrement de Fenner. Les autres
impiimcurs et les libraires, pour
ctoufïer, dans sa naissance, une inno-
vation qui pouvait leur devenir très
nuisible, èlaienf pai venus, dit-il, ta dé-
primer le mérite de son procède, en
fusant corrompre le texte de ses édi-
tions pour les remplir de fautes. Il re-
tourna en Ecosse en i -ySâ ; et, pour sa-
tisfaire aux désirs de quelques amis de
l'art, il donna une cdilion de Sallusle
en latin , imprimé' si;ivanl sa mclhode
( tahellis seu laminis fusis ' , i74i?
in-i2 de i5o p. Camus, qui a vu à
Paris un exempl.iire de cette édition,
ainsi qu'une des pluicbcsqui y a ser-
vi , l'a présenté comme étant d'im bon
usage , mais sans avoir un méiile re-
marquable. On peut consulter sur ce
sujet son Hisloire et procédés du po-
{ytfpnge et de la SiéréoU pie, aux,
in-8°. Les affaires de G. G' d ne s'é-
lant pas améliorées en Ecosse, et
Fenner, contre lequel il avait inutile-
ment inîcnté une action devant les
tribunaux , étant mort insolvable, il
.s'était décidé h aller rejoindre son
fils h Londr,'s; mais il mourut avant
l'exécution de ce piojet, le 19 octo-
bre 1749' Jacques Ged publia, en
1751 5 un Mémoire cù il expose les
GEO 0
nvanfap;es del.i méthode de son père,
cl se plaint amèicmcnf do iilstieles
et des !iac.isser)es (pjc lui avait susci-
tés Il jalousie de, ses co'ifières. Alexan-
die Tilloili, é«lileiirdn Philnsophical
mag;aziiie, a f lit , depuis, un essai
analop;uc à celui de Ged, qu'il ne con-
naissait pas, dit-cn, cl obtenu un pri-
vi?ép.e à cet effet. On voit dans le lo*".
vo!., août 1801 , de l'ouvrage pério-
dique que nous venons de citer, des
réflexions sur ce sujet , avec des
c< liantiHons de l'impression de Ged,
de Fonlis, de Tilloch et de Oidot;
mais il paraît que l'auteur de ce nou-
vel essai n'eut pas assez de succès
pour suivre son entreprise. L'in-
vention du Ciiebage a s<ule fait faire
un pas important à la slcréotypie.
( T^oj, Carez. ) André Wilson a e'té
plus heureux que T;fo< b , et a donné
depuis des éditions stéréotypes de plu-
sieurs ouvrages importants. Le savant
libraire INichols a publié en 1781,
iM-8 ., au profit d'une fille de Ged,
àvs Mémoires hiographijues de
GiiiVawne Ged , comprenant un
exposé de ses progrès dans l'art
d'imprimer en planches (bluck piin-
ting ); et ii ^ inséré quelques détails
sur le même sujet, d;ins sa belle édi-
tion des Anecdotes liltéruires de
Bowyer. X — s.
GEDDES (Michel), ibéologien
anglican , né en Ecosse , passa, en
1671 , de l'université d'Edimbourg
au collège de Balliol à Oxford. Eu
1678, il alla résider à Li>bonne, en
qualité de chapdiun de la factorerie
anglaise. En 1686, on ne dit pas
pour qu« 1 motif, l'inquisition le cita
à son l: ibunal , el Ud (iéfendit de con-
tinuer ses fonctions ecclésiastiques ,
qu'il exerçut cependant eu vertu
d'une des stipulations du traité con-
clu entre l'AngK terre (t le Portugal.
Les négocianls anglai-s s'adressèrent à
lo GED GED
Tëveque de Londres, pour se plaindre GEODES (Alexandre), prêtre
c!c celte infraction du traité; mais écossais , naquit à Rulhven , dans le
avant que leur rëclaraaiion lui fût par- comté de BamfT, en i '-57 , de parents
venue _, Geddes avait été suspendu de catholiques, qui l'envoyèrent faire ses
SCS fonctions par la commission ecclé- premières études à Âberdeen , sous un
siasliquc convoquée par Jacques II , maître particulier. De là il fut admis
qui travaillait alors a rétablir le ca- dans l'école de Scalan, établie dans les
îholicisme en Angleterre. Il y revint monlagnes pour les catholiques desti-
en mai 1688, prit le degré de doc- nés à l'église, et qui doivent achever
leur en droit, et fut élu chancelier de leurs études dans quelque université
^>alishury par Tévêque Burnet, qui étrangère. En 1708, il vint au col-
parle de lui avec éloge dans son [lis- lége des Écossais à Paris, étudia la
toire de la réformation. Il s'occupa théologie à Navarre, et prit des Ic-
alors à traduire, de l'espagnol et du çons d'hébreu sous l'abbé Ladvo-
porlugais en anglais, quelques ma- cal. Son goût le portait dès-lors à
jiuscrits ou livres rares qu'il avait re- l'étude de la Lible; et il songeait
«ueillis durant son séjour à Lisbonne, même à en faire une traducliou à
tels que XHistoire ecclésiastique du l'usage des catholiques de son pays.
Malabar^ Londres, 1694? i'>-8".j Laborieux cl doué de beaucoup de
t't y Histoire ecclésiastique de VE- facilité, il apprit le français, l'italien,
ihiopie, ibid., 1G96, in-8". On a l'espagnol et l'allemand. Après six ans
aussi de lui quelques autres écrits di- de séjour en France, il retourna eu
rigés contre l'Église romaine , et des Ecosse, et fut ordonné prêtre à Dun-
ÎVIélanges ( Miscellaneous tracts ) dee , en 1764. On l'envoya, peu
.sur l'histoire civile et ecclésiastique, après, eu qualité de chapelain, chez le
3 vol. in-S". , publics successivement coinle de ïraquaire, seigneur catho-
cn 1702, 17 14 et 1750. On ne sait lique. Il y resta peu, revint à Pa-
point la date exacte de sà mort, ar- ris, où il passa neuf mois, et, de
livée avant l'année 1714» X — s. retour en Ecosse, en 1 7(3(), il fut pré-
GEUDES (Jacques), auteur écos- posé à la congrégation d'Auchinhal-
.sais,névers 1710 ddus le comté de rig, dans le comté de Bamft'. Ce fut
Tvvecdale en Ecosse, exerça quelque là que, s'étant lié avec des seigneurs
temps avec succès la profession d'à- cl des gens de lettres, il prit d( s seu-
vocal , et se serait fait probablement timenls un peu accommodants sur les
une réputation au barreau, si une ma- matières de religion , imita les plai-
ladic de langueur ne l'eût enlevé au s.interirs des protestants sur 1rs in-
mondc avant sa quarantième année, dulgcnces, les images et les reliques.
Mais il s'est assuré une réputation et prétendit, à leur exemple, que l'É-
cl'un autre genre, par wn ouvrage criture était la seule règle de foi. Quel-
plein d'érudition et de goût, intitulé : ques variations dans la croyance lui
Essai sur la composition ci la ma- paraissaient une chose j)eu impor-
nière d'écrire des anciens y et parti- tante; et comme il él.iilvif et ardent,
cidièremcnt de Platon j Glascow, ces opinions hardies éclatèrent bien-
1748, in-8". Il a laisscen manuscrit tôt d.nis ses conversations, et scan-
de (pioi former un second volume, <lalisèrenl les ealholi(pies. Ses con-
«pii ne paraît pas cependant avoir clé frères lui eu (irent des reproches:
imprimé. X — s. M. Iliy, son évêquc, prélat pieux et
cclalrd, sVfTorça de le ramener à de
uicilkurs seiiliments , et , voy.mt ses
fxliortalious imililes , ineii.iç.i de le
dcel.ucr suspens de ses fonctions,
lieddes, que des générosités immo-
dérées avaient jeté dans des embarras
de finances , les vit alors s'angmenier
par de mauvaises spéculations : il avait
acliete un ]ietit domaine , et s'occn-
])ait d'économie rurale ; ses essais ne
ï'nrent pas heureux , et l'auraient bien-
tôt redm't à l'indigence sans la généro-
sité du duc de Norfolk, qui paya ses
dettes : ce fut alors qu'il songea à tirer
lin parti lucratif de ses talents litté-
raires; sa traduction en vers anglais
de Satires choisies d'Horace ^ pu-
bliée à Londres, 1779, in-8°. , fut
favorablement accueillie. Vers ce mê-
me temps , Geddes quitta sa con-
grégation ; et l'université d'Aberdcen
lui conféra, en 17B0, le titre de
docteur en droit, qui n'avait encore
ctc accorde' à aucun catholique de-
puis la reforme. Toujours occupe'
de son projet de traduire la iiibic, il
Tint à Londres avec lord Traquaire,
dans l'espérance d'y trouver plus de
secours. Il paraît avoir totalement
abandonne les fonctions pastorales en
I 782, et il se livra alors plus que ja-
mais à son travail sur i'Ecrilure-saiu-
tc. Quelques obstacles qu'il éprouva
de la part des catholiques, furent le-
vés par la protection de lord Petre,
auprès duquel l'avait introduit la du-
chesse de Gordon, et qui lui fournit
^généreusement les moyens de conti-
nuer ses recherches. Le Prospectus
de sa traduction de la Bible parut en
1 786, en un volume assez considéra-
ble , eî fut suivi d'une lettre à l'évêque
Lowth , et d'une autre au docteur
Piiestley_, pour prouver que la divi-
nité de J.-C. est un principe fondamen-
tal du christianisme. En 1788, il propo-
sa une souscription pour sa traduction
G E D ï f
(i); et, en i 790, il donna nne/?^/^on5«
générale aux (jucstions et aux con^
seils qui lui muaient été adressés.
IjC premier volume de sa Traduction
renfermant le Pentateuqne et Josué,
vit le jour en 1 79"^, <^t excita un oragd
contre l'auteur. Trois vicaires aposlo-
li(jues , MM. Walmcsley , Gibson et
Douglas , avertirent les fidèles de leurs
districts, dans une lettre pastorale du
2G décembre i 792 , de se défier de
cette Traduction. Dc-là une corres-
pondance entre le dernier de ces pré-
lats et Geddes, auquel l'évêque finit
par annoncer sa suspension de toutes
fonctions ecclésiastiques, s'il r.e se
soumettait. L'auteur, blessé, répon-
dit par une lettre, où il lai disait net-
tement qu'il se moquait de ses cen-
sures. Il soutint ce ton dans une
u4 dresse au public ^ et dans une plus
longue lettre à l'évêque : ces deux
écrits respirent l'amertume et l'orgueil.
Son second volume fut publié en
i7<)7, et comprend \es Juges , Sa-
muel, les Rois , et les FaralipO'
mènes (2). Geddes y combat formel-
lement l'inspiration entière de l'Ecri-
ture, et ne fait pas difficulté d'avancer
que les écrivains sacrés rapportent
quelquefois des faits contraires à la
raison , et qu'U faut les lire avec dis-
cernement. Ce volume attira au tra-
ducteur de vifs reproches, tant de la
part des catholiques, que de celle des
protestants, choqués de sa hardiesse.
Ses Remarques critiques , en 1 800 ,
ne firent qu'augmenter le méconten-
tement public. La même année , il
donna sa Modeste apologie pour les
catholiques romains de la Grande-
Bretagne. L'impressiou qu'avaient fai-
te sur son caractère irritable les atta-
(i) Le nombre des souscripteurs ne fut que do
trois cent «(uaranto-trois, parmi lesquels oa ue
comptait que peu de cullioliques.
(v.j On a public .'iprès sa mort (en i8oj^ sa Ira*
duciiou du i-'/af/tjer , just^u'au psaume ii^J."
12 GED
qucs qu'il s*etait altiiëes, avait en une
infli.cncc furie sle sm s.i sanlc. La mort
du lord Pflre lui poila le dnni r
cou|). Ce fui de son lit, ina'aJe et in-
fîtmr, (| l'il cciivit une olcgif l.tiine
sur celte iridié cin onj-ttiic» . Le fils Je
ce seigneur lui continua les bidifails
de voM père; mais Geddes dcv.'ii en
jouir peu de Icmp.-.. Dans une au!re
clcgi , Adumhrani C.ilberti T^akc-
field , cut'wv le \i orh-brc iboi , il
semble prr^ssenlir s.i fin frcs pro-
cl:aine. Il f xjùra d ns le lotigm s souf-
frances, le '2(3 lévnr iSo'i. C/éî lit
cerlainemenl nu lioiume instniil d.ins
l'histoire eccle'siayli'juc et dans !a it-
tcrature biblique. Il se flalt.àt tl'être
toujours catlid'iqiie, sans approuver,
disail-il, l'allia^^e qu'on avait mêle à
l'Évangile ; et sa raison s'indignait
que les écrivains sacres eussent gâté
des faits re'els par une inyiliologie
de leur invention : aii'si ])arlriit ce
critique te'rnér lire et ce prêtre hété-
rodoxe. Ou est aile jusqu'à le traiter
d'incrédule : ce reproche paraît peu
luérilé; mais Geddes donnait prise sur
lui par la singularité de ses idées ,
l'impétuosité de son carartèie, et
la pétulance de sa conversation : il
était surtout fort vif contre la cour
de Uorae, et en parlait très librrinent.
11 reçut l'absolution à la niorl, (pioi-
qu'il soit douteux qu'il se soit rétracté:
le vicaire apostolicjiie de Londres dé-
fendit de célébr» r pul)liqu('nu'nl la
messe pour lui. (ieddes avait une idée
bizarre : il s'était persuadé cpTon pou'
vail juger le caractère des hoinuws |>ar
la forme de leur nez , comme Lavatc r
en jugeait parla physionomie ; cepen-
dant, sur la fin , il était ntoins infilué
de ce système ridicule. Sa vie a été
écrite par ,1. Mason Good ( iHo3, in-
8". de 5()o pag. '; et l'on en trouve un
extrait dans le Jiiogrupliical diclion-
nary ^ de Chalmcrs. Ou y donne le
GED
catalogue de ses ouvrages , au nom-
bre de irente-lro s. Nous indiquerons
seuiem(nt, outre c« ux dont nous
avons parlé plus huit : 1. Select sa-
tires of Horace (Choix des Satires
d'}]i)i ,ue, ,^da|)îécs . en grai.de j.artie,
au f( mps ( t aux mœ irs aciu* îles ) ,
Lofidres, i •-•jq , in-4'. IL Carmen
sœcidarc p- o Gallicd gejile tjraii-
ind aristocraticœ erepid , 1790,
in-4**. : ce sont es ratilicuis v< rs la-
tins qu'il ait faits, lil. Le premier'
livre de VIliude , rehdu li Itéra-
lemcTil en vers anglais, avec des
notes criiiq es y \ 792 , in-h^. Ce spé-
cimen n'ayant pas été goûté, il ne
dofini pas la suite de cette traduc-
tion. IV. \^ Avocat du diahl' , 1792,
in-4'*. ( I ) ^ • Ca^mina scrcidaria tiia
pro Irihus cAebsrriinis liberlalis G ah
licj' epf'chis, 1 79"), iii-4°. \ L Fert-
Vert y traduit eu vers anglais, 1793,
in 4'. VIL La bataille de B.Ida
Btngor), ou le tiomphe de l'E-
glise, poème héroï-comique , 1 797 ,
iri-8\(en anglais). VI II. B'irdoma-
ch'ia , poéma macaronico latinum ,
1800, in-4'. IX. Divers morceaux
dans quelques recueils périodiques,
notamment une Dissertation sur le
dialecte écossais- saxon; la P'. Eglo-
iiue de Virgde , en vers écossais,
dins le dialecte d'Edimbourg; et la
1"'. Idylle de Théocrite, dans celui
de Huchan ; ces truis [)ièces sont im-
primées dans la Collection di s anti-
quaires d'Edimbourg , volume de
1792. P C T.
(IKDIMCUS. roy. Gkdik.
GÉDÉOIN, iils de Joas, de la tri-
(3'^ Wyli'ocal du Viable ( ce tilrc c»t m fran-
I'ait lUtii r<iri;;iiiiil ) , r»t iinr satire contre un
«rti li.. .,i|uelc aocleur Wnlcolt (Peter riiiaur)
avait iluni srs vrri i'(>iii|>ar>? n l.iicirrr.Sa 5ri;;ueu-
ri<- i>rrrii»<-r iiilciila un piurrs au pni'-Kr , et la ••••
tire «lo lirililr» cil une paroilir dr la nroceilure.
Ici «•Vit Ir iliiible iiui «r trouve ollViu»' u'élte eaïu-
iian' nu l<<rtl l ( Ir fru lorM Loii.ilal<* > , ri qui
lutriilo une action contra le poclc Ut'\.i<U(<t COUt
(ic* VtanU ritiM cirffuriitfi/. ^
GKD 6En i3
l)ij de I\I.tn.issc, j<ti^iiil an tifre de » B.ial; coupez le bois qui renviron-
jiigc dont il fut iTVCtu vers l'iin i}/\~) » ne, et clcvc/. un .infd .»ii vr;ii Dieu,
avnnt J. C. , ct'Iui de lilnir.ilcur d'Is- » dans le lieu même où le miracle
laei. (lliargcs de la juste iiidipjiialion » dont vous vcik / d e're temoio s'est
du Seigneur, et livres, depuis sept w opère. » (icdeoii prolila de l'oLscn-
aus, à rcsclavage clu7. les iMadiaiiiics, liic de la nuit pour exécuter les cr-
ics Isrjcliics geiuissaieiil sous ce dres du Seigneur. Le l- ndemain , au
joug, plus dur que tous ceux qu'ils lever du .soleil , les liahil uis de la
avaient preccdciniiicnt portes. Ils le- ville , s'etaiit aperçus que l'autel de
vèreul leurs mains suppliantes vers liial avait c'te n nvcrse', clierchcrent
rÉ'.ernel , qui, louelie de leur repen- parlo.t le coup ble, et apprirent en-
tir, cuvoya un de ses ai;ges sur la i\\i que c'était Gedeon. P.(ins de fu-
terrc, aiin de mettre un terme à leurs rcur, ils voulurent A^n er Joa** de leur
maux. Le choix fait par l'envoyé' du livnr sou fils, afin de 1-^ fiire mou-
Scigueur tomba sur Gedeon, qtii , uc rir. Mais la pre-enre d'espiil, la fer-
dans la classe ordinaire du peuple , et mêle et la foi de ce bon pèr*' confondi-
naturcllcmcnt modeste, se défendit rent leur barbare dessein, a Que
d'abord de remplir celle honorable » Baal , s'eciia-t-il, punisse mon fiis;
mission, alléguant pour excuse le » et, s'il est Dieu, qu'il se venge lui-
peu de considération dont il jouissait » mê(ue de celui ([ui a renversé son
et l'impuissance descsmosens. L'an- » autel I » On ailendit vainement la
ge l'ayant rassuré sur ce dernier vengeance d'un Dieu qui n'existait
point, Gédcon le pria de lui faire pas; et, de ce moment, Gcdéou , qui
connaître, par quelque miracle, qu'il fut nomme Jérobaal , réfléchit aux
était véritablement l'envoyé de Dieu, moyens qu'il devait employer pour
Sur la promesse qui lui fut fiiie que opérer l'heureuse délivrance d'Lsraël.
son vœu serait rempli, il rentra chez Son plan dressé, il douta encore de
lui, fit cuire un chevreau, du pain lu -même, et supplia l'Éternel de lui
sans levain, mit la chair dans un prouver, par de nouveaux miracles,
'bassin, le jus dans un vase , et vint qu'il lui accord. àt sa protection p.trli-
retrouver l'ange, qui l'attendait sous culière. il demanda que la toison d'une
un chêne. Il l'invita <à prendre pari à brebis, étendue dans un champ, reçût
ce repas. L'ange lui ordonna alors de seule la rosée du ciel, tandis que le
prendre la chair et les pains, de les champ demeurerait sec. La rosée
mettre sur une pierre, et de verser tomba, et il n'y eut que la toison de
dessus le jus delachair.Gédéon obéit; mouiilée. Il désira ensuite que la loi-
ct l'ange ayant étendu le bout d'une son demeurât sèche, tandis que ie
yerge qu'il tenait à la main, il en champ recevrait seul la rosée du ciel,
toucha la chair et les pains, et il La rosée tomba, et il n'y eut que le
sortit aussitôt de la pierre un feu qui champ de mouillé.Ucmpli d'une sainte
consuma le tout. Gédéou resté seul, et confiance, il parvint à rassembler de
saisi d'un saint effroi, avait peine à suite une armée de trente-deux mille
reprendre ses sens, lorsqu'une voix liommes, et vint camp-r devint les
céleste lui fit entendre ces paroles M^uianites, qui éfaient au nombre de
consolantes : « Ne craignez rien j vous cent Irente-einq mille. Il se disposait
» ne mourrez pas. Alhz, sans per- aies a;taq<ier avec toutes ses fijrces,
V drc de temps, détruire l'autel de lorsque le Seigneur; voulant prouver
i4 GED
aux Israélites qu'ils ne devaient la vic-
toire qu'à sa toute-puissance, lui ordon-
na de publier que les plus timides, et
ceux qui auraient peur, pouvaient
s'en retourner : vingt-deux mille s'en
retournèrent, et il n'en resta que dix
mille. Le Seigneur dit encore à Ge'-
deon de choisir, parmi ces derniers,
ceux qui, pour se dcsahércr, pren-
draient de l'eau du fleuve dans le
creux de leurs raains, sans mettre le
genou eu terre. Il s'en trouva seu-
Jemcnt trois cents. Il lui commanda
alors de diviser cette petite troupe
en trois bandes, de leur faire pren-
dre une trompette dans la main ,
dans l'antre un vase vide, où il
y aurait une lampe allumée , et de
sonner ensuite de la trompette, dès
qu'ils entendraient le son de la sien-
ijc, en criant tous ensemble : Vé-
•pée du Seigneur et de Gédéon! Au
signal de leur chef, les Israélites fi-
rent retentir les airs du son de leurs
trompettes; et, brisant le vase qu'ils
tenaient à la main, ils élevèrent leurs
lampes en poussant le cri convenu,
lie bruit des trompettes, les cris, et la
lueur de ces trois cents lampes, re-
Î)andirent une si grande terreur dans
c camp des Madianites , que, se
croyant assaillis de tous cotes par des
forces considérables, ils tournèrent
leurs armes les uns contre les autres
et s'cntre-tuèrcnt. Ceux (jui ècha|)pè-
rentà cet horrible carnage prirent la
fuite; mais Gcdcon les suivit IVpèe
dans les reins , et les tailla en |)ièces.
Deux des clK-fs ennemis, Zèbce et
îSilmana , périrent de sa propre main.
Tant d'exi)loits glorieux engagèrent
les enfints d'Israël à donner à Gcdcon
l'autorité suprême, et à le reconnaî-
tra; pour leur prince. Mais il refus.»
rts honneurs en disant : « Un si haut
» rang ne m'est point dû : il appar-
wr lient au Seigneur, qui vous a dèli-
GED
» vre's; c'est lui seul qui est votre
» prince, et qui doit vous comman-
» der. » Cependant, comme les Israe'-
lites le pressaient d'accepter quelque
gage de leur reconnaissance , il leur
demanda tous les pendants d'oreil-
les qui avaient été pris sur les Madia-
nites. Ces bijoux lui furent aussitôt
apportés , et il les consacra au Sei-
gneur. La paix ainsi rétablie, Gé-
déon gouverna les enfants d'Israël
avec autant de sagesse que de gloire ,
et mourut dans une heureuse vieil-
lesse, l'an 1 559 avant J.-C, laissant
soixante et dix enfants de plusieurs
femmes, sans compter Abimelcch ,
qu'il eut d'une concubine de Sichcra ,
nommée Druna ( P^of, Abimelecu ).
Il fut enterre à Éphra, dans le tom-
beau de Joas, son père. P — c.
GÉDIK (Simon), en latin Ged^
dicus, théologien, né à Magdcbourg
en 1549, *^'^^^ guère connu que
par sa réponse au livre dans lequel
AciJalius s'est amusé à soutenir
cette proposition paradoxale : Mu"
lieres non esse homines. ( Voyez
AciDALius. ) Gédik n'entendit pas
raillerie sur un pareil sujet : il s'é-
tablit l'avocat de la moitié du genre
humain , et composa pour sa défense
une espèce de Factum , où il exagère
si fort les qualités des femmes , qu'il
prouve plus qu'il ne voudrait; car, si
tout ce qu'il en dit était exact, le pa-
radoxe d'Acidalius cesserait d'en être
nu, et les femmes n'appartiendraient
];as à l'espèce humaine , par la rai-
son qu'elles seraient d'une nature in-
(ininunt supérieure. Cette réponse de
Gedik, imprimée pom- 1.« première fois
en 1 595 , a été reproduite à la suite
de l'ouvr.ige dont eJL' est la réfutation ,
La ll.iye , 1 (j\ 1 , iu- 1 2 ; 1 6\\ , même
(ortnal. On a encore de Itn : Poslilla
ivaifj^elicci ; licfntatio Sal. Finckii ;
J'c'liirgus iijwitlutu. GediL mouriit
f ; K D
en iGji, à qualrc-vingt doux ans.
W— s.
GRDIKE (Frldi'ric), naquit le
i5 janvier i ']5f\y à Bobcrow , village
(le la IMarclie de Prcgnilz (dans le
IJiandebourg ) , où son père était
pislenr. Orphelin à l'âge de neuf
ans, sans roilnne, il tut eleve d'abord
à Tccolc de Seeliauscn dans la Vieille-
JMarche, et ensuite dans l'hospice des
orphelins de Znllichau , où il resta
pendant sept ans sous la direction
d'un homme d'un grand mérite, le
professeur Sleinbart. En 1771, ii se
rendit à l'iiniversite de Franctbrt-
sur-l'Oder, où il étudia la théologie:
ce fut pendant son séjour dans celle
ville , qu'il prit la résolution de se
-vouer à renseignement pulilic. En
.1 775 il fut appelé à Berlin pour ins-
Iruire les enfants de Spalding , un
xles moralistes et des théoloiziens les
plus célèbres de 1 église protestante ,
dans la maison duquel il passa quel-
ques années. 11 y demeurait encore ,
lorsque le magistrat de Berlin le
nomma vice-recteur d'un des gym-
nases de cette ville , celui de Frie-
drichs-wcrder. En 177g, il obtint la
direction en chef de cet établisse-
ment. Le magistrat le désigna en 1791
pour assister Biisching dans la direc-
tion d'un antre gymnase de celte ville,
celui dit de Cologne^ et Gedike remplit
ces fonctions en même temps que
celles de directeur du gymnase de
Friedrichs-werder jusqu'à 1793, où
il remplaça entièrement Biisching.
Dès 1784* il avait été nommé mem-
bre du grand consistoire; en 1787,
un des conseillers au département
de l'instruction publique {Ober-Schul
collegium) ; en 1790 , membre de
l'académie des sciences de Berlin , et
plus tard du comité chargé du per-
fectionnement de la langue alle-
«andc, et ds l'açadcmie des arts et
T,KD
I >
sciences uiccani(|ucs. Ce ne fui (ju'cn
1791 que la ficullé de ihéuiogic de
Il illc lui envoya le diplôme de doc-
teur : il avait cessé depuis long-temps
de s'occuper de colle science; mais
le règlement voulait (jue le direc-
teur du gymnase fût revêtu de la di-
gnité de docteur. En i 797 , Gcdik^r
lit un voyage en Italie ; en i8o'A, it
reçut l'ordre de visiter les écoles de
la Prusse méridionale cl de la Nou-
velle-Prusse orientale. Depuis quel-
ques années sa constitution robuste
s'était affaiblie. Il mourut le 9. mai
i8o3. Quinze jours avant son décès,
le roi l'avait chargé de faire un voyage
en Suisse, pour rendre compte au
monarque de l'établissement d'ins-
truction de Pestalozzi , dont la mé-
thode commençait alors à faire du
bruit. Tous les instants de la vie ac-
tive de Gedike ont été consacrés à
l'éducation de la jeunesse. Ses prin-
cipes, sa méthode, les règlements
dont il est l'auteur, ont fait une révo-
lution dans rinstruction publique^
et les établissements qu'il a dirigés*
sont devenus des écoles d'où sont
sortis un grand nombre de savants ,
de littérateurs et d'hommes de cabi-
net. Il enseignait lui-même la rhéto-
rique , la poétique , l'histoire de la
philosophie ancienne , et donnait un
cours d'encyclopédie, dans lequel il
faisait voir comment toutes les scien-
ces liées entre elles se prêtent un se-
cours mutuel. 11 expliquait aussi Pin-
dare et Horace, qui étaient ses poètes
favoris. C'est à Gedike que Berlin
doit la fondation du séminaire où sont
élevés huit jeunes gens qui se vouent
à la haute instruction. Dans les diffé-
rentes administrations et commis-
sions où Gedike siégeait^ il se distin-
gua par la clarté de ses rapports ,
par l'excellence de ses plans, par les
idées liujiineuses c^ue renferment tous
i6 GED
les règlements dont II fut l*auleur.
Dans sa vin privée Gedike éttiil d'un
carutcre franc et vrai , qui allait
quflqiiofois jusqu'.î la rudesse; son
extérieur était néglige' et peu préve-
nant , et il faLait connaître particu-
lièrement SOS ejiri llentes qualités pour
l'aimer. La jalousie et la haine lui
étaient étrangères. On Tarcuse d'avoir
aimél'argint; mais s'il est vrai qu'il
n'ait pas été exempt de ce défaut,
plusieurs traits dt: sa vie prouvent au
moins que sa délicatesse repoussait
tout gain qui ne paraissait pas com-
patible avec la sévère justice. Parmi
les nombreux ouvrages de Gedike
nous ne citerons que quelques-uns
des plus remarquables : I. Des tra-
ductions allemandes des Odes olym-
piques et pythiques de Pindare : les
premières parurent en 1777 , et les
autres en 1779- Ces traductions, qui
assurent à Gedike une place disliti-
guée parmi Irs poètes allemands, n'ont
pas encore été «urpassées. H. Une tra-
duction allemande de quatre Dialogues
de Platon . le Ménon , le Criton et les
deux Alcibiades, Halle, 1780, iu-
8". II a ajouté à l'édition du texte
donnée ])ar Biestcr des notes f(»rl
estimables. 111. Une éiiition du Phi-
loctète de Sophocle, avec notes,
Berlin, 17H1, in-8". IV. M. Tul-
îii Ciceronis historia philosojihiœ
aniiqncp; ex omnibm iWus scri/Uis
colleifity disposait, aliorunuiiie aitc-
iorum,tum lutinnriim , tmn i^rœcO'
rurn, locis illuslravit et amjilijica-
vily Berlin, 1781, in 8'.; léin.pri-
xnéen 1800 cl 181 5. C'est mie idée
très ingénieuse tl'avoirexfrait (les nom-
breux ouvrages de Cicéron les pas-
sages qui traitent des sy.slènies des
anciens philosophes, et de les avoir
réunis en un seul corps, de uianiiie
qu'ils forment tine histoire eouiplèle
de la philosophie des Grecs cl des
GEO
l^omains. V. Griechisches leseluch
fur die er.ten anfœn^er^ Berlin ,
1782, in-8" VI. Lateimsches /e?-
sebuch fiïrdie esUrn finfcenger, Ber-
lin, F 782. Ce.sdeuxouvragi s, quisont
des recueils de morceaux choisis dans
les auteurs classiques , rangés dans une
suite mélhoditpie, out eu un grand
nombre d'édiiions. Le piemier a e'ie'
réimprimé seize fois ; le second a eu
nei.f éditions. VIL Franzosisches
lesebiich fiir anfœn§er,Ber\'w, i 785.
Ce recueil de lectures françaises a.
eu onze éditions. VI IL Pindari car-
mina selecta , cum scholils selectis ,
sidsijue nous , in usum academicum
et scholnrum ^ Birliii, 1786, m -8°.
1 X.Fran zosische Chrestomathie zum
Gebrauch derhoherenClassen (mor-
ceaux choisis de littérature française
à l'usage des hautes classes), Ber-
lin, 1792, 179^^^ 1800 et 1809. X.
Lateiw'sche Chrestomathie ans den
cJassischen Auloren, zum Gebrauch
J'ùr miulere Classtn, Berlin, 1792,
réimprimé in - 8". Les deux pre-
miers sont destinés aux jeunes gens
qui out lait quelques progrès dans le
grec et le français. XL EngUsches
Lesebuch fiiruTifirnger,l^{t lin, 1 794?
réimpriiné en «797 '"l i8o4- Ge-
dike a été depuis 1 785 jnsqu'» n 1790
un des éditems d'ini ouvr ige pério-
dique tiès eslimé, qui porte le titte de
Berhner Monathschrifî. { V. Biester
au supplément, j Sa vie , par François
llorn , se trouve à la lêle d'un Recueil
dequehpies-uns de ses ouvrages pos-
thuuK'S, qui fut public à Berlin eu
1808. S— L.
GKDOYN ( Nicolas ) , prêtre , na-
quit à (M léans le 1 7 juin 1667. Sa fa-
mille , d'nne noblesse ancienne, avait
])eu de iorlum'; elle s'éteignit «n lui ,
(pi()i(pie son pèr. eût laisse' onze en-
fants. D.uis son bas ;lge, on le erut
myrt^ à la suite d'uuc longue uiuladic;
GED OED 17
déjà innuc on l'avait enseveli : M™*- une Iriste immortalilt^. La piolacc de
lie Cormiel, 5i eomiuo par ses hons Godoyii est iii-s esJimec. CVsl en
mots, voulut le voir, cl ses soins le cflro! icplus ludicicux el le p!us soigne'
rendirent à la vie. Eu i()84, Gedoyn de ses ouvrages: il y développe les
Mitra chez les jésuites : il professait causes de la cun uption de re!o(jU( nce
la rhetori<{ue à lîlois, lors([ue la l'ai- chez les Homnin»;. Quant à la traduc-
Messe de sa conî[)lexioij le fit sortir lion, j)hilôt libre que littérale, elle
de cette société. Kn (piiltanldes con- omet des mots, des phrases, ei jus-
ircres qu'il aima toujours, parmi les- qu'à des paç;es. IM<ilj;re les omissions
quels il avait, j)endant dix ans, formé et le^iuexaeliludes quo Claude et Jean
SCS mœurs et son esprit , il fut trans- Capperonwiery ont trouvées, eîlecon-
porlé dans une école bien différente, serve une juste réputation. Pour en
où se développèrent les qualités agréa- apprécier le riiénte, il faut se reporter
blés qu'il avait reçues de la nature, au temps où elle fut publiée; le texte
On l'introduisit dans la maison de la n'était pas encore épuré par les belles
fameuse Ninon de Lenclos, sa pa- éditions qui lui sont postérieures. Il
rente. Cette femme, qui conserva si est peu de livres classiques dont les
long-temps l'empire de la beauté, manuscrits soient aussi rares que ceux
passe pour n'avoir voulu lui accorder de Qnintilien ; ce qui liisse, indépen-
luï rendez-vous , que le lendemain du damment de la difficulté des matières
jour ou elle aurait eu quatre-vingts ans qu'il traile , bien peu d'espérance de
accomplis: on aime à penser que celle pouvoir jamais en éelaircir certaines
anecdote est aussi dépourvue devérité obscurités, il existe, de cette Tra-
que de vraisembianee. Gedoyn, dont duction, plusieurs éditions en 4 vol.
le patrimoine se bornait à une pension in-i 2 : M. Adry en a donné une, qui
de qoo fr. , eut des amis, qui le firent, doit être recherchée ; elle est accom-
cn 1701 , nommer à un canonical de pagnée du texte latin , corrigée , aug-
la Samte - Chapelle de Paiis. Dans raenlée des passages omis par le tra-
la suite, il poR^éda successivement ducteur, Paris , Voiland, 1810, 6 vol.
deux abbayes. En 171», l'acadéraie in-S". Pau^anias n'avait pas encore été
des inscriptions et bdks-lettres i'ad- traduit en français; il est obscur par lui-
mit dans son sein. Les Dissertations même, et plus encore par le vice des
qu'd y lut, sont insérées , la plupart , manuscrits : en 1751, Gedoyn en
danslesMéuoires de cette compagnie, publia la Traduction , av ce une pré-
On y remarque des recherches sur face et des notes, 2 vol. in-4''., cartes et
Dédale, et principalement sur les figures. Elle n'eut pas moins de succès
courses de chevaux, et les courses que celle de Quiniijien, quoique l'au-
de chars aux jeux olympiques, etc. leur grec soit plus it)structifqu'agréa-
Ce dernier sujet est celui qu'il discute ble. Lareher, dans les notes de sa
avec le plus d'étendue. En 1718, Traduction d^ Hérodote, relève des
parut sa Traduction de Qnintilien , méprises graves et nombreuses, dans
in-4".; elle le fit entrer l'année sni- lesquelles est t6m])é Gedoyn. Il l'ac-
vanie à l'académie française. Cette cuse de s'être constamment servi de
Traduction méritait d'autant mieux la version latine d'Araaseus, et de
d'être accueillie, que l'on était réduit ne l'avoir même pas rendue avec fidc-
à celle de l'abbé de Pure , l'un de ces lité. M. C'avier lui fait !e même repro-
auteurs condamnés par Dcsprçaux à che dans la préface de sa Traduction
XVII. 2
i8 GED
nouvelle de Pausanias. L*abbé Beî-
laiiger avait, bien des années aupara-
vant, tenu le njême langa^^e dans ses
Essais de critique sur les traduc-
tions d' Hérodote. L'édition la plus
recherchée de la Traduction de Gc-
doyn est celle d'Amsterdam, 1755,
4 vol. in-i'2. Ce traducteur, le plus
souvent , travaillait à la cantpagne ,
chez des parents, chez des amis , où il
était privé du secours des grandes bi-
bliothèques , et de l'entretien dis sa-
vants : aussi le mauvais état du texte
de Slrabon le détourna du projet qu'il
avait formé d'en traduire la Géogra-
phie. Sa composition paraît, en géné-
ral , précipitée : son style est clair ,
facile , animé; mais il abonde en locu-
tions familières : c'est mal à propos que
des diclionnain s , qui se copient sans
examen, en vantent l'élégance comme
la qualité di^tinctive. Suis avoir eu
aucune des iiifirmités de la vieillesse,
il mourut, en trois jours, d'une pleu-
résie, le lo août 1744^ •''" château
de Font-Perluis, à une licuc de l'é-
j»lisc de son abbaye de Notre-Dame à
Baugcncy, où r»)n voit encore son
e'pitaphe. Il était affable, obligeant,
])lein de candeur , et se taisait aimer ,
quoi(pi'il fut d'un naturel impétueux.
jj'Olivet, d'après sa correspondance
manuscrite avec le président JJouhicr,
a certainement dirigé l'édition du vo-
lume in-r:i qui|)aruten 1745, sous h;
titre d' OEuvres diverses de M, l'abbé
Gédojn; Goujet crut, par cette ni-
son , (pie l'edileiir avait composé le
Mémoire biogra|)hique (jui se trouve
en Icle. Mais la France littéraire l'at-
tribue à Petit de liichaumont, parent
de (iedoyii; et les détails géni-alogi-
qucs,(lontil est rempli, rendent celle
opinion plus vraisend)Ial)!e. [.qsOEu-
i'res diverses eonlienneut 1rs mor-
rcaux suivants : I. De l'éducation des
ujj'anls. II. J'ic d'Ejjaniinoiulas.
GED
UT. Des anciens et des modernes,
IV. Entretien sur Horace. V. De
l" urbanité romaine. VI. Des plai^
sirs de la table chez les Grecs. VII.
Apologie des traductions. VIII. Ju-
geinent de Phoiius sur les dix plus
célèbres orateurs de la Grèce. IX.
Relation des Indes , tirée du même
Photius. Ces divers morceaux sont
insérés dans les Mémoires de l'acadé-
mie des inscriptions , mais d'une ma-
nière abrégée, sans doute parce qu'ils
consistent moins en recherches labo-
rieuses qu'eu réflexions morales et
littéraires : c'est par ce motif que l'au-
teur souhaitait qu'après sa mort on
les réunît sans aucun retranchement.
On trouve des Réjlexions sur le
goût par Gédoyn, dans uu vol. in- 12,
intitulé : Recueil d^opuscules litté-
raires , publiés par un anonyme
(d'Olivet), Amsterdam^ Van Har-
revclt , 1767. Ces réflexions sur le
goAt déposent quelquefois contre ce-
lui de l'auteur : Voiture et La Fon-
taine, Saint-Evrcmont et La Bruyère,
y sont placés sur la même ligne. L'au-
teur du Siècle de Louis XIF' avait ,
dès son enfance, connu particulière-
ment Gédoyn, qui était le voisin et
l'ami de son père. Il prétend « qu'il
» aurait voulu (pi'on eut pardonné à la
» religion des bons auteurs de l'anti-
» (jiiité, en faveur de leur mythologie . »
11 ajoute (pi'il avait composé, contre
le poème de Miiton, quatre Disserta-
tions très curieuses, qin n'étaient point
impiimécs. D'Alcmbert , tlms son
Histoire de V académie française ,
transcrit avec c(»m plaisance de longs
passages des OEu^rcs diverses de
Gédoyn; il les commente, et il en
conclut, qu'il navait ni les pré ju-
pés de sa robe ni ceux de l'érudition.
11 semble (jue Cl s deux écrivains célè-
])res soient bien aises de prêter leurs
opinions à Gédoyn. 'lout ce qu'un
lecteur impnrlial jxmiI inrc'rcr de ses
ouvr;i^os, c'est (|u'.i(liniraloiir pas-
sionne (les o'.ateiirs et des poètes de
l'antiqinte, il Cî>t rareraeiit juste en-
vers les modernes jxiur ee qui est du
ressort des bclles-Ielrres. 11 ollre sou-
vent des aperçus pleins de sens et
de veiite; mais sa vivacité' naturelle
s'oppose à ce <p»'il mette à tous ses
juj^cmenls les nioddications néces-
saires : au nsle , on voit partout
l'homnic de bien, qui pense d'après
lui-même, et qui s'énonce avec Iran-
chise. S. — S — N.
GEEP\ (Louis de), ne en Hol-
lande, d'une famille ancienne de ce
pays , se rendit en Suède sous le
rc<;ne de Gustave-Adolphe-le-Grand ,
et seconda les vues de ce monarque
pour la prospérité intérieure du royau-
me. Ce fut De Geer qui introduisit eu
Suède les meilleures méthodes de ion-
dre le fer, et qui établit les fonderies
de canon , les manufactures d'armes et
les fabriques de laiton. Pour faciliter
rexccutioo de ses projets, il avait fait
venir des ouvriers du pays de Licpe
et des contrées voisines. Ces ouvriers
formèrent une colonie, dont on ob-
serve encore avec intéicl les descen-
dants au canton de Danmora, où sont
les principales mines de fer. Les en-
treprises auxquelles se livra De Geer,
€n contribuant au bien de l'état, lui
procurèrent à lui-même une fortune
considérable, qui lui donna de nou-
veaux moyens d'être utile. Il encou-
rageales talents, fonda des hôpitaux,
des écoles, et fit venir en Suède Amos
Comenius pour organiser l'instruc-
lion publique. {Foyez Comenius.)
Sous le règne de Christine, il équipa
une flotte, qui servit à défendre les
cotes et à protéger le commerce. Les
services que rendit De Geer à sa pa-
trie adoplive, furent reconnus et ho-
norés. Le gouycf nciiicut piaf a ses ar-
GEE If)
mes parmi celles de la noblesse du
])ays,etliii accorda d'autres distinc-
tions flatteuses. Les descendants de
cet homme remarcpiabic sont restés
en Suède ; et l'un d'eux , (pie nous al-
lons l'aire connaîlic, a joint aux titres
et aux richesses , des succès glorieux
dans 'a carrière des sciences. C — au.
GEEK (Chaules, baron de), ma-
réchal de la cour de Suède, et com-
mandeur de Tord re de Va;sa, naquit cil
Suède l'année i 'j2o. H passa une par-
tie de son enfance et de sa jeunesse
en Hollande, où il prit le goût do
l'histoire naturelle , en observant des
vers à soie qu'on lui avait donnés
comme un obict d'amusement, et eu
s'entretenant ensuite avec Je célèbre
Maschetd)rûek. Après avoir com-
mencé ses études à Utrecht , il les
continua à Upsal, et suivit avec un«î
grande assiduité les cotirs de Cel-
sius, de Kiingenstiern et de Linné.
Ayant hérite, par le testament de son
0!icle, d'une des premières fortunes de
la Suède , il se montra digne de la pos-
séder en se livrant h la bienfaisance
la plus active, et en s'intéressant à
toutes les entreprises utiles. Il mé-
rita surtout la reconnaissance publi-
que lorsqu'il consacra des sommes
considérables à la réparation des
mines de Danmora, inondées par la
crue d'un lac. En même temps il ac-
quérait des titres à l'estime des sa-
\ants en cultivant l'histoire naturelle
et les sciences qui s'y rapportent.
L'académie de Stockholm , dont il
était membre , le voyait assidu à ses
séances, et lui fut redevable de plu-
sieurs Mémoires intéressants. Avant
recueilli un grand nombre d'obser-
vations sur les insectes, il les publia
eu français sous le litre de Mémoires
pour servir à V histoire des insectes ,
Stockholm, 1752-78,7 v. in.4«.,fig.
Ce livre contient la description de
2.,
20 G E E
plus de 1 5oo espèces. C'est l'ouvrage
de RéannuH- qui avait inspire' à De
Gecr un goùl partirulicr pour i'ento-
mologie. Les Mémoires qu'il publia
sur celle braDchc de l'histoire natu-
relle, lui ont valu à juste titre le sur-
ijom de Rcamnur suédois. Si De
Geer a moins de charme dans la nar-
latiou et dans l'exposition des faits
(fue le naturaliste français, il est moins
prolixe, il a plus de méthode, pirce
queljnué qu'il imitait aussi, venait de
créer un art tout parliculicr declisser
et de décrire les objets de la nature;
et De Gecr en a fait sou profil. Les
Mc'muires de (jcer et ceux de Ik'au-
mur sont les deux ouvrages les plus
importants, les plus c'airs, les plus
profonds, les plus riches en faits et
en observations qu'on ait encore pu-
bliés sur les insectes. H y a peu d'es-
poir de les voir surpassés et même
égalés, parce qu'il faut pour cela un
concours de circonstances difficiles à
rassembler; il est même étonnant que
les richesses, le génie et la persévéran-
ce se soient trouvés réunis également
dans deux hommes diiïércnts , pour
pousser à ce point de perfection une
des branches les plus didiciles de
riiistoire iialurelle , et qui n'a que
très peu de prosélytes. Le premier
volume du bel ouvrajie de Geer
parut en 1752 , et est plus rarr que les
autres. M. Paykull, membre de l'aca-
démie des sciences de Stockholm ,
et savant entomologiste, nous a as-
suré que la raison de celle rareté pro-
venait de ce (pie De Geer lui-même
avait jeté au feu toute l'cdiliou de ce
premier voliune, j)ar dépit ilu [)eu de
soeeès (pi'il avait eu : depuis il reprit
courage, et il envoya en présent cha-
cun des volumes suivants à tous
ceux qui avaient fait l'accjuisition du
prcmi( r. Le septième cl dernier n'a
paru qu'eu 1778, après la mort de
G EU
l'auteur; il renferme une méthode gé-
nérale, fondée sur la nature des ailes
pour les insectes ailés, et pour les
aptères sur la nature des métamor-
phose*. On a publié un volume qui
contient tous les insectes décrits par
De Geer, classés selon sa méthode.
Attaqué depuis plusieurs années de
la goulle , le baron de Geer mourut
de cette malidie le 8 mtr* 1778.
Sa veuve fit piésentà Tacadémie des
sciences de Stockholm des nombreux
objets d'histoire naturelle qu'il avait
rassemblés. Le buste du baron, en
marbre blanc, a été placé dans la
salle où ces objets sont réunis.
C — AU et W — R.
GF.FFKIS. Toj. Jefferys.
GEHAN-GUIR. Foy. DJIHAN-
GUYR.
GEHEMA (Jean-Abraham), mé-
decin polonais du 17''. siècle. Ayant
perdu, à l'àgc de quatorze ans , son
père , qui était staroste et chauibellari
du roi, il ne recul point de ses tu-
teurs l'éducation littéraire qui lui avait
été destinée; mais son esprit, avide
de connaissances, se développa, pour
ainsi dire, sans culture. Gehema sui-
vit d'abord la carrière des armes, et
partit avec son régiment pour la Hol-
lande. Dans ce pays, où les sciences
ont presque tou|ourî> brillé d'un vil'
éclat , le jeune officier consacrait à l'é-
tude tous les irtomeuîs dont le service
militaire lui permettait de disposer. Il
lit plus : pour se livrer sans réserve à
ses occup.itions chéries, il abandonna
son emploi de capitaine de cavalerie,
et devint candidat de l'université de
Leyde. La philosophie cartésienne,
professée p.ir Heiui Dnroy, lui ins-
pira un vif intérêt; et constamment
il en fil le /élc' défenseur. Après en
avo r termine le cours, il fixa irrévo-
cablement son choix sur l'art de gué-
rir, et choisit Hontekoe pour guider ses
I
G E H
pas (l;ins celte cariirrc. Ses prop,rcs
fuiTiit 1 apuics , ri lui inci ilèrcnl
])r(niij)t('m<iil !<■ (ioctoial. lUvètii de
ce lilio , il servit dans le Ilolsteiii , en
qualité de tnedi.ciii d<'s troupes da-
noises. Le duc de Me» klenboiug et
J'éleeteur de Brandebourg le choisi-
rent suecessivcmeut pour leur areliia-
tre; il lut aussi rne'dcciu et conseiller
du roi de Puloi^ue. Ces fonctions bril-
iaules, jointes à l'exercice publie do
sa profession, ne diminuèrent poinC
sonaideur pour le travail du cabinet,
Cumme le pronvt ni les nouil)reux ou-
Vr.ige.s qu'il a couipose.-.. Quelques-uns
sontcci ils en lalin , la pluput en alle-
mand ; ceux-ci ^eront de'signe's en
friDcais : I. Obser^ationiim chiriiri^^i-
caruin decas i et ii , Hauibourg ,
i(iH2, iu-»'2; ibid. , iGSG; traduites
en a'i(m.ind,Franerort, 1698, in-ri.
II. Observaiionum medicarinn de-
cas , Brème , 1 6SG , in- 1 2. Plusieurs
de ces observation'^ ne inanqucnl pas
d'intérêt; mais ei!( s porleut raremeni;
le cachet irréfragable de l'authentici-
té'. Faut-il croire qoe des ulcérations
de l'estomac ont été guéries par l'usa-
ge des concombres? Esf-il bien vrai
que Bontekoc dissipait le hoquet en
faisant f^ure une inspiration profonde,
cl calm.iit les ciernu* menl> opiniâtres
en frottant les gencives avfc le doigl?
III. De morbo vuls,o dicto p'.ica po-
ionica liierulœ^Uiun'ù.^ i6y5 , in- ! 2 ;
la Haye, i685, in-8".; traduit en hol-
landais par Hoogstraatcn, Dordrccht,
i(385, in-8 '. Ou sait que la p.iitjue po-
lonaise, endémiqne sur les bords de la
Vislule, est une mriiadie singulière,
dans I;^qiiellc les cheveux sont mêlés,
ou plutôt feutres d'iuie manière inexlri-
cabU\ Rien n'est plus disparate , plus
con'.radictoire, que les opinions des
écrivons sur celte affection étrange:
cenx-ci nous r"présenlenlles cheveux
prodigieusement grossis et injectés,
distillant du sang, causant des dou-
leurs intolérables Cl même la mort, à
la plus légère Uicision ; ceux-là ne
voient qu'un simple mél,ing<; des che-
veux, produit j)ar li négligence et la
mil[)roprelé.Ce n'est point iei le lieu
de discuter ces deux sentiments erro-
nés, au milieu d<'S(jie!s se trouve la
vérité. IV. Homicides médicinaux
commis par la saisies , les purga-
tifs , les ventonses , les cly stères , les
juleps et les cordiaux , Brème , i (388,
in-8".; Leipzig, i']\f\, in -12; tra-
duit en hollandns, la Haye, i^^go,
in 8 . Cotte doctrine est mauvaise,
puisqu'elle s* exclusive. L'auteur cite
à i'nppui vingt-deux années d'expé-
liences ( B( ilin , j 7 i '2 ) , pmrlant Ics-
qudiesil dit avoir guéri toutes sortes
de fièvres, suis saigner ni purger les
malades. V. I je Médecin militaire ins-
truit, dei>oil%ntle.s abus qui se cotU"
mettent dans II médecine et la chi'
rwi^ie des armées , et enseignant les
moyens d'j remédier ^ Hambourg,
1G84, in- 12; Bie, 1(391 , in-8". Ge-
hema ne s\ si point borné à ce livre
sur la médecine d'armée ; il en a com-
posé deux sur la chirurgie m parti-
culier , et six ou sept sur les pharma-
cies civile cl milit;nre. YL La goutte
sûrement s^uérie par le moxa des
Chinois y Hambourg, i68'2, in- 12.
VU. Combat du thé de la Chine
avec Veau chaude, Berlin, 1686,
in- 8**. Ce premier mémoire fut suivi
de trois ou quatre autres, dans les-
quels le di'iciple de Bontekoe fait , à
l'exemple de son maître , un éloge fas-
tr.eux et ridicule du thé, qui sciait , à
les en croire, une véritable panacée.
VI IL Hygiène rationelle , Brème ,
i688,iu-i'2; Leipzig, 1696, in-8'.
Celle édition est, ainsi que celle de
171SI, enrichie de notcb, d'observa-
tions et d'une préface de J. A. Schle-
gei. Les traductions hollandaise et la-
22 G EH
line ont e'të faites sur la première édi-
tion de Blême. L'auteur a reproduit
celle liygièi.e, laiitôt modifiée « t abré-
gée, tantôt disposée en aplioiismes;
il y souiicnt, romme dans ses aunes
écrits, des hypothèses, des parado-
xes, des erreurs ; il blàme l'usaiie des
fruits, donne la prélcrence au pain
de seigle sur celui de froment , et ne
lais'ie crliappcr aucune occasion de
célébrer de nouveau les vertus mer-
veilleuses du ihé pour conserver et
prolonger la vie. Grbema eut de nom-
l)îeux adversaires , contre lesquels il
)anç4 des diatribes , qui ne restèrent
pas sans réponse. Ecrivain intarissa-
h\o , il a mis en latin le Trailé hollau-
dais de liontekoe sur les lièvres ; la
Haye, iG85, in-8''. j il a public
*ur les devoirs des nourrices, sur
ceux des archiâtres et sur quel-
fjues autres matières, des opuscules
qui ne méritent pas d'être tirés de
l'oubli. C.
GliHr.EN( Adolphe-Ferdinand),
savant chimiste, membre de l'acadé-
inic royale de Munich, y est mort le i 5
juillet i8«;3 , dos suites d'un empoi-
.sonnenient produit par le développe-
ment du giz hydrogène ar-îcuiqué,
en faisant des expériences sur des
métaux mixtes. On ignore le lieu et
rannéc de si naiss;inee. Ce labo-
rieux chimiste n été l'un des collabo-
rateurs du Journal f^eneral de chi-
mie ^ \W\\\\\ ^ i8o5, i8»)j, cinq vol.
in- 8". , et ei^suite du Journal ptnti la
chimie et la physique , ibid. , i8n(i ,
1807 , in-8 . Il a publié ausî<i :I. Une
Iradiiction allemande, enrichie de notes
])ar le dot leur S. F. licrnibstaedt, sur
la seconde , édition des Principes
élémentaires de l'art de la teinture ,
suivis dune description du blan-
chissa I par le. moyen de l'acide
inuriali<pte, par HertliolKt, avec gra-
\un5,dcu>L vol. in-8 ., Jk'rlin i8u<).
GEH
II. Dans les Annales berlinoise5
pour la pharmacie , de l'année i8o5 ,
quelques Ob<;ervations sur des pro-
jets ayant pour but V amélioration
de l'état de la pharmacie. B-u d.
GEllLEU ( Jean-Charles ), me*-
decin- accoucheur et professeur à
l'université de Leipzig , né à Gôr-
litz le 1»^ mai i^Si, se distingua
non seulement par ses talents comme
médecin , mais aussi par des connais-
sances étendues dans les différentes
branches de l'histoire naturelle. Pro-
mu en 1758 au degré de docteur en
médecine à l'université de Leipzig , il
entreprit , peu de temps après, un
voyage scientifique à Freiberg, en Al-
lemagne et en Suisse. A son retour ,
il fut le premier qui donna , dans
cette université, des leçons particu-
lières sur la minéralogie. Nommé en-
suite, en ^"jd'i, professeur extraor-
dinaire de botanique, et, en 1775,
professeur de physiologie, il mourut
le 6 mai 1 79G , après avoir publié
une cinquantaine de dissertations et
mémoires sur différents objets relatifs
aux sciences naturelles, la plu[)art
écrits en latin, et dont on trouve l'é-
numéialion dans Menscl. Nous nous
bornons à citer sa première disser-
tation , De characteribus fossilium
externis, Leipzig , 1757 , in-4".; —
un Recueil de plusieurs mémoires
concernant l'art de V accouchement
( en alh mand ) , publié par C. G.
Kidui , Leipzig, 1798, 1 volumes
in-8".; — et sa tratlnction alleman-
de de la Chimie expérimentale et
raisonnée de A. Baume, 5 vol. in-
8'., L«ipzig , 177'», 1776, avec
gravures. Ses ililîérentes dissertations
séparées mériteraient d'être recueil-
lies et pubiiies ensemble. — Jean-
Guillaiime (Wuli fv , jurisconsulte ,
mais surtout laborieux numismate et
astronome, naquit à Sobrneuudoif
G EH
pvcs (3c Gorli!/., cil ;»vill \6ç)G. Aprôs
^\o'\v (.'le rc^ii , t'<i » 7 • 9 ' <lu("t(Mir ou
«Iroil à ruiiivcibilc de llcimstadt, il
revint à (iorlitz, et y fut surccssivc-
lucnt scnatonr, inspcclcur des bàti-
îucnts et ]j()iirp;uicsfrc. 11 motinit
le •!€) avril i 'j()5. 11 a puhlic : 1. Diss.
inait^. de œqiiitalc successionis con-
jui^uin , juwpriinis juxià ilaiiitaGoV'
iicensia, Ilclmst., i 7 19, iii-4°. 11. Un
Mémoire sur les monnaies hracléates,
insère dans les Annonces littér. ,
publiées à Halle. 111. Différents mé-
moires anonymes y insères dans la
JJibliolhèque des comètes , publiée
par G. Uolh en 174^- IV. Plu-
sieurs observations astronomiques
insérées sans nom d'auteur dans diffe-
renls journaux., entre autres, dans
les j4cta eruditorum. B — h — d.
GEHLER (Jean Samuel-Trau-
GOTT ) naquit à Gôrlitz, dans la Lu-
sace, le i". novembre l'jSi. Plu-
sieurs de ses ancêtres, ainsi que son
père, Jean-Guillaume Gehler, avaient
cccupc la place de bourgmestre
dans celte ville, où sa famille était
très considérée depuis plus de trois
siècles. J.-G. Gehler, le bourgue-
mestre, avait des connaissances très
solides en philosophie et eu raathc-
inatliiques: il entretenait une corres-
pojidance suivie avec le célèbre WolfT
à Halle. Une particularité de sa vie
rous semble digne d'être citée : J.-G.
Gehler épousa, en secondes noces ^
en i7'27, la sœur cadeîte de sa pre-
mière femme : c'est le premier cas de
cette nature pour lequel on ait obtenu
des dispenses dans la Saxe électorale,
et non sans de grandes difficultés ; car
on avait consulté a ce sujet neuf uni-
versités. Jean-Samuel Traugott était
le sixième et dernier enfant de ce
mariage: sa constitution faible, qui
recelait dès sa naissance le germe de
sa destruction , rcnde^it son esprit
G E H f'j
conlcmplalif; et , ( n exploitant dans la
suite le eli.uiip d(!S sciences, où sou
père avait guide ses premiers pas, il
s'attachait do j)iéférence à la partie
a])sfrai(e et spéculative. Après avoir
achevé, à Gorlilz, ses études élémen-
taires, il fut, à l'âge de quinze ans,
cnvové à l'université de Leipzig, où
son frère aîné, alors médecin , dirigea
ses études. J. A. Erncsti, et Morus ,
dont il suivait les cours avec assiduité,
sont les professeurs auxquels il doit
l'élégance de son style latin : mais les
sciences mathématiques et physiques,
et la chimie, ne furent ]ias négligées;
et il en fit tellement son occupation
favorite, que son esprit méditatif, et
ejinemi de toutes les idées vagues ,
eut beaucoup de peine à quitter la
ligne droite des sciences exactes pour
se jeter dans le labyrinthe de la juris-
prudence. Cependant , par une appli-
cation assidue, il acquit bientôt des
connaissances profondes dans celle
partie. En 1775, il devint le fondateur
d'une société de jeunes poètes à Leip-
zig, connue sous le nom de V Alliance
des tendres amis ; et , par ce moyen ,
il exerça une heureuse influence sur
Téducation littéraire et savante de ses
jcuMCs amis, entre lesquels on distin-
gue Galiisch et Jùnger. Apiès avoir
fini SCS études académiques , Gehler
fut, depuis 1773 jusqu'en 177/1, gou-
verneur de trois jeunes seigneurs
russes , pour le temps que ces jeunes
gens suivaient les cours de l'univer-
sité de Leij>zig. En 1774» ayant été
reçu maître ès-arts, il donna des le-
çons de mathématiques. Les progrès
de ses élèves , et surtout le succès de
sa traduction des Ueclierches sur les^
modifications de l'atmosphère par
De Luc, qu'il publia en 1776, l'enga-
gèrent à écrire nnc dissertation connue
sous le litre iXHistoriœ lo^aritlimo-
rum naluralium primordia ^ ail«
24 G E II
d'obtenir le tlroll de faire des leçons pu-
bliques sur toutes les parties des scien-
ces mathématiques. Gehlcr , n'ayant
hérilc de son père qu'une bibli(rtiîè-
que consido'iable, mais peu de for-
tune, avait forme' le plan de consa-
crer sa vie à l'instruction : un riche
maiicige changea entièrementcettedis-
position, et ie fit entrer dans la car-
rière de la magistrature. Reçu docteur
eu droit en 1777, il fut, six ans
après , nomme' sénateur de la ville de
Leipzig, et, en 1786, assesseur de
lahautc cour de justice. La multitude
et l'importance des fonctions qui lui
furent cunlices , entre autres l'inspec-
tion très pe'nible sur les maîtrises, la
direction de la maison de prêt, etc. ,
ne le dét* urnaient point de ses tra-
vaux li'.leraires^ mais il refusa cons-
tamment toulis les places académi-
ques: il occupa seulement, pendant
^ix mois, celle d'assesseur du se'nat
acadenuquei Le zèle infatigable avec
lequel, mal'j;re les instances de ses
amis, il se livniil .sans relâche à ses
travaux , avançait rapidement la lin
de sa carrière laborieuse. Le désir de
furc j)araî:re le dernier volume de
son Lictiomiaire des sciences phy-
siques, h un terme qu'il avait fixe
pour ce travail, l'avait force de ncgli-
j^er l'usage des eaux de Carlsbad, qui
soulageait ses souiTrances. (1 termina
sa cariière en octobre »7Ç)j : en dis-
.scquant son cadavre , on trouva, du
cote droit de la poitrine, un grand
.sac d'une peau très foi le, et rempli
d'ime énorme quantité d'e.m brunâ-
tre; tout le côlè droit des poumons
était consomme, et le pouls de ce sac
d'e-iu avait totalement gêne les l'onc-
lions de toutes les parties nobles : il
était aflligu (le celle inlirniilè d('> si
n.iissance. En ouvrant sou corps, les
médecins apprin ni bien la cause de sa
loaladie; mais ils ne purent juuais
G EH
concevoir comment il lui avait clé
pos'^ible d'exiàtrr , et surtout de se li-
vrer à une vie aussi active. Gehierest
l'auteur des ouvrages suivants : I.
Diss. historiée logarilhmorum natu-
ralium primordia, Leipzig, 1776,
in- 4". IL Diss. inaiig. de la'sione
emioris ultra dimidium reclè com-
putaiidd, ibid., 1777, in-4°- Ces
deux dissertations se distinguent non
seulement par le fonds de science ,
mais surtout par la pureté du style.
III. Dans le Becueil pour la physi-
que et V histoire naturelle, publie' en
allemand, à Leipzig, depuis 1778,
et icdigé par bi et son fière aîné*
( J. G. Gehier , médecin et professeur
de botanique ) , on trouve également
un giand nombre de mémoires et de
morceaux traduits dont il est l'auteur.
IV. Dictionnaire de physique , etc.
(en allem.), 4 v. in-8'. , avec gravu-
res, publiés a Leipzig, de 1787 à
1791. C'est le plus important de ses
ouvrages. Il y ajouta, eu «79^, un
volume de Supplément , qui renferme
les Découvertes et les opinions les
plus modernes connues à la fin de
l^année i']\)^. A. BI. Birkholz a
ajouté à ce dictionnaire un volume
cuiihi\:\uf quatre Tables des matiè-
rt?.ç, in-8°.. Leip/.ig, »79(->. Gehier a
de plus traduit en allemand les Re-
ehcrches sur les modifications de
ï atmosphère y p.ir A. De l^uc, 'X vol.
in-8'., Leipzig, J77<i; la Disstrta-
tion complète sur la doctrine de iV-
lectricilé y {)ar ti.ivallo , Ltipzig , in-
8'., 1778, et celle sur la DocLiine
magnétique, par le même, ibid.,-
17HS, jn-8'. ; les Lettres physiques
et uwrales sur l'histoire de la terre
et de l'homme , par De Luc, *i vol.
iu-8 '. , 1 .ei|)/.ig, I 78 1 -8 A.; 1.» Descrip"
tion (L'S c.iperiences faites av'cc les
machiius tu roi^tatiques y \>i\v Faujas
de SLEond , 2 \o\, ui-8^., Lei[«i^,
I
OEI
1784 ; la philosophie chimique, de
Fuiiirioy, Leipzig, i79^->' in -8".,
etc. (icliler nVtail pas étranger à la
poc'sic; on trouve de lui plusieurs
inoiccMiix eu ce genre, avec la sii:;iia-
turc H — M., dans un petit Recueil
puliHe à Leipzig eu 1777» iiililujc ;
GiuUrhte. B — u — d.
ClKKiER (Jean-Conrad), pein-
tre de Zuriel» , ne en ifxj'^ , mort en
iG74' 11 se rendit célèbre par de très
belles |>eintnrcs sur verre, pnr lui
grand pi. in géométrique du canton (ic
Zurich, qui est conserve à la biblio-
thèque de cette ville, et quia cle grave
<t publie en sept grandes i'euilks, par
Jean Meyer. — Son frère , Pl)ilip()e
Geic.er, a publie' divers ouvrages
eieinent.'iires de maîhcinatiques. —
Malachie Geigeu, médecin el cliirur-
gieu de Munich, vivéut vers le milieu
du xvii'". siècle. Il a public: I. Mar-
^arifologia ùve disseriatio de Mar-
garitis , Muiiich , 1657, in-8°. II.
JSIicrocosnius hfpochondriacus sive
de melancho'id hfpochondriacd j
Munir.h , i65i, in/j."*? Cs* U — 1.
GEILFJx. /^oj-. Geyler.
GEINOZ ( François ) , membre de
l'aradcmie des inscriptions _, naquit à
Bulle en Suisse, au mois de juillet
1696. Apres avoir fait ses premières
études dans sa famille, il fut envoyé'
au collège de Fribourg, tenu alors
par les jésuites , et ensuite à Paris ,
où il obîinl une bourse dans la com-
munauté desTrcnle-trois. Ija candeur
de son caractère, sa docilité et son ap-
plication au travail, le rendaient cher à
ses maîtres. Il fit son cours de philo-
sophie au collège du Plessis: mais, quoi-
que très jeune encore, il sentit l'inu-
tilité des questions scolastiques qu'on y
agit;iit j et laissant à ses condisciples
le frivole avantage de briller dans les
argumentations, il revint de Iiti-mème
à rétude des poètes et des auteurs an-
G E I 25
ciens , dont les ouvrages lui éiaient
déjà familiers. Destine par ses p.ircnls
à l'état ec(;lésiasliqiic, il fut obligé
d'interromjjre cncoie ses études ché-
ries, pour s'appliquer à la théologie:
mais ayant obtenu de ses supérieurs
la disj)ense de fréquenter les leçons
de la Sorbonne par le motif fju'il
n'aspirait à aucun grade, il étudia
riu'bieu, et eruploya quinze heures
pîir jour à l'explication du texte des
livres saints el à la lecture des meil-
leurs ouvrages de ihé logie. L'excès
du travail altéra sa santéj il tomba
malade deux fois,el fut en danger : sa
jeunesse le sa':va; et les médecins lui
ayant conseillé d'aller respirer l*air
natal, il revint d.uis sa patiie , en
172*2, après une absence de neuf an-
nées. Il reçut alors l'orelre de prêtri-
se , fut pourvu d'un canonieat ele la
collégiale de Bulle , et se consacra en-
tièrement aux devoirs de sou minis-
tère. Mais l'ennui ne tarda pas à le ga-
gner dans la solitude: sans cesse il re-
grettait les amis et les moyens d'ins-
truction qu'il avait perdusj et après
avoir liitlé pcndantsept ans entre sou
attachement pour ses parents et sa
passion pour l'étude, il résigna son
îjénéfîce , et revint a Paris en i^So.
Deux ans après, il obtint la place
d'aumonier dans les gardes suisses;
et, en 1735, il remplaça l'abbé de
Vertot à l'académie des inscriptions :
il justifia l'honneur qii'on lui avait fait
par les Mémoires qu'il lut aux séances
publiques de cette société, et qui se
distinguent par une vaste érudition
unie à une critique judicieuse. Il entre-
prit aussi une édition d'Hérodote, eu
revit le texte sur les excellents ma-
nuscrits de la bibliothèque du Roi, et il
se disposait à en donner la trailuction ;
mais cetravad fut interrompu par un
voyage que l'abbé Gtinoz fit eu Suisse,
pour embrasser encore une lois ses
2G GEt
psrcnts. A son retour à Paris, la rup-
ture de la trêve de 174*^ l'obligea de
suivre en Fi<indre le régiment des gar-
des sui.s.«;es ; et ce fut seulrment en
17/^,6 qu'il put reprendre enfin sa
traduction. A celte époque, des dou-
leurs fréquentes de sciatique l'incora-
modaicnfjelce ne fut que dans les in-
tervalles que lui laissait la douleur,
cju'ij put continuer un travail auquel
il attachait un ç;rand prix. Une fièvre
maligne IVn'eva aux lettres, le 23
mai l'jS'i. Son éloge, prononcé à Ta-
cadémicdes inscriptions parBougain-
viil'-, a été imprimé dans le xxv*.
vol. lies Mémoiies de cette société.
On a (!c' !ui : I. Observations sur les
med'iil'es antiques (Extrait), dans les
Mémoires de l'acadéniic, tome xii.
H. Dissertation sur l'o>tracisme ,
tome xir. 111. Recherchns sur Vori-
^ine des Pelasses , avec l'histoire
de leurs mia,rations , tome xiv;
suite, tome xvi. IV. Observations
et corrections sur le texte et la ver-
sion du premier livre d' Hérodote ,
( Extrait ) tome xvi; suite , tome
xviir; fin, lomc xxiii. V. Défen-
se d^flérodole contre les accusa-
tions de Plutarque y tomes xiv, xxi
xxiii. Il a en outre fourni un grand
nombre d'artirles au Journal des
savants j dont il était le ])iincipal
rédacl(ur d< puis 1745. W — s.
GEISLEU ( Fui'DKnir), bibliogra-
phe, né à Ueuss(ndoill en Silésic
Je 'i(j octobic i(i5n, professeur et
doclrur en droit à l'université de Leip-
zig , et eu iG()4 fondateur d'un éta-
blissement savant connu sous le nom
de ColLgium antliolo^icurn , mort
le II avili 1G71), est Tant ur d'un
grand nombre de dissertations pu-
bliées en laiin sur diflTérmtes ques-
tions de droit, comme, De jure colle-
^iorum; De jiire cœinclcriorum; De
inlestato; De temperamentis pœna-
G El
mm, ele., qui ne nous inle'ressent
plus aujourd'hui. Mais il fut le pre-
mier qui s'occupa de celte partie de
l'histoire littéraire qui traite des au-
teurs anonymes et pseudonymes. Sa
dissertation De nominum mutatione
ad leg. unie, codic. hoc lit. unà cum
decadibus quinque scriptorum ano-
nymorum et pseudonymorum à se
deteclorum , antérieure à l'ouvrage de
Drckherr, et à la Visiera alzata pu-
bliée sous le nom de P. J. Villani
( /^^o^r. Aprosio), parut, en 1669,
et fut insérée, sans le consentement de
l'auteur, en 1670, dans le Thea-
trum de Placcius {P^oy. Fabricius,
XIV, 60 ); elle a même été réimpri-
mée à Leipzig, sans nom d'auteur, eu
1G7 I, sous ce titre : Larva detracla ,
i. e. brevis expositio nominum sub
quibus scriptores aliquot pseudonj^
jni, recentiores inprimis , lalere va-
luerunt. A cette dernière édition est
joint un catalogue, qui contient cin-
quante auteurs dont les noms étaient
inconnus ou déguisés. Geisler a éga-
lement publié un Sjlloge variarum
literarum^etun Becensus axiomaUnn
philosophico'juridicorum , etc. , qui
porte pour devise : Non omnis mo-
riar y Horat. B — n — d.
GElSLEli ( Jean - Godefroi ) , sa-
vant humaniste, naquit , en 17*26, à
liangenau en Lusace: il se forma sous
le célèbre Ernesti, et présida lui-même,
à Gorlitz, h Gotha, et à Fforta,
de 1751 à 1787, divers clablisse-
inrnts d'instrurtion juibliquc, des-
(jiicls soûl sortis plusieurs savants
distingués. Une nombreuse quantité
d<' dissertations , de programmes cl
d'autres écrits académiques, dont ou
trouve l'énuuiéralion dans Meuscl,
alfrstent la variété de ses connaissan-
ces. 11 hil nommé, en 175^7, direc-
teur de la bibliothèque ducale à Go-
tha, et y mourut le u septembre 1800.
P.irnii srs ouvrages nous nous bor-
nons à citer : 1. CommentnVo de
JHhotii j jmlrinrcha' Consttinlinopo-
litani , scicntid tncdicd , iitip/iu;,
174*'' ii»-4'' II* I^iss. de ded Con-
cordid , ev inonumentis velerum il-
lustral.d, ihid., l 'j'io, in-/j". , fi;. Il l.
Cinq (lisscrLilions De BUdiothecd M i-
2ichiatw\Gi)i\i'z, i -jdS, 1 •jdS. I V.i\o-
iice succincte de la BiiUolhèquc des
paiwres appartenant au £^} mnasc de
Gorlitz (on .illon»and ), ii)icl. , 1 7O5,
in-Zj. '. W.Recensio TUtmoi'unithesaii-
ri fridericiani , in quibus concor-
dia laudalur, pars i et 11 ; ibid.
eod. in-4°., cjusd. recensionisp. m,
il)i<l., I "yOç), iii-4". Il efait aussi un des
colhiboraleurs de la Gazette littérai-
re de Gotha. — Geisler ( Fied.-
Daniol ), notaire à Leijzig, où il
naquit en 1771 , est mort en mars
1 798. Ou a de lui , dans le Diction-
naire de conversation par Loehel ,
lieipzig , 1 796 , 1 797 , in-8.° , les ar-
ticles qui ont rappoit à l'histoire de
France et à la révolution. B — h — d.
GELADASou ELADAS, d'Argos,
sculpteur grec, florissait vers la 80^.
olympiade, 4^0 ans avant J.-C. Son
nom rae'titerait à peine d'être conser-
\é, sM n'avait ëlé le maître de Phi-
dias. Geladas avait fait, pour une tri-
bu de l'Allique , une statue d'Hercule ,
qui fut cleve'e en actions de grâces, à
la fin d'une peste dont les ravages
avaient e'ie' terribles. L — S — e.
GELAIS (Saint). Foy. SAlîNT-
GELAIS.
GELALEDDIN. Foy, DJELAL-
ÉDDYN.
GÉLASE r^ (Saint), ëlu papcle
2 mars [\Ç)'.i , succéda à Sainl-Fëiix II :
i! était Africain ; son père se nommait
Valère. Euphcmius, patriarche de
Coustanlinoplc, lui écrivit pour se
plaindre de ce qu'il ne lui avait j)as fait
part de son ordination. Gclase rc-
G E L 17
pondit qu'il n'avait j)oinl rempli cette
formalité d'usage envers celui qui s'é-
loignait de sa e(»n)nunii(>n,en ne recon-
naissant point la condamnatio!! d'Aca-
ce. Le décret contre Acacc déplaisait
aux Grecs. Gclase mit tous ses s(ji us à le
jusiilier, en démontiant que son pré-
décesseur n'avait fait qu'exécuter les
statuts du concile de C!»alcédoine, et
qu'il en avait le droit. C'est l'objet do
plusieurs lettres qu'il écrivit tant à
Eu[)hémius qu'à rcm[)creur Anastasc:
dans celle qui est adressée <à l'empe-
reur, il dislingue expressément les
deux puissances, et pose en principe
que les évéques et le pape étant sou-
mis aux rois dans tout ce qui tient à
l'ordre politique, les rois, à leur tour,
doivent se soumettre aux décisions de
l'Eglise dans lout c<^ qui appartient à
la religion. Cette doctrine de St.-Gé-
lase a été souvent opposée aux pré-
tentions des ultramonlains. Gélase
poursuivit avec vigueur le péîagia-
nisme , qui semblait renaître dans la
Dalmatie, et fit chasser des mani-
chéens, qui se cachaient dans l\ome.
I! s'occupa avec un soin particulier de
remédier aux maux que les églises
avaient soufferts en Italie par les
guerres élevées entre Tliéodoric et
Odoacre. Afin de donner plutôt à ces
églises les pasteurs dont elles étaient
privées, il se relâcha de la rigueur
des règles canonirpies , et rappjocha
les intervalles des ordinations. Gélase
tiîit à Rome, en 494' "" concile où
l'on établit la distinction des livres
aulhcnîiques et des livres apocryphes.
Après avoir posé en principe la pri-
mauté de l'église de Rome, à cause
de la parole de Jésus-Christ même
à St. Picne; après avoir donné le
second rang à Alexandrie et le troi-
sième à Aulioche,on y.fait l'énuraéra-
tion des écrits dont la lecture est per-
mise. Il est rcrcarquable que, dans ee
ii8 GEL
îjombre ne sont point compris Içs Ac-
tes des mari jrs, qu'il nVsl point d'u-
sage de lire dans l'Église romaine,
parce qu'ils peuvent être altérés par
des infidèles ou des ignorants; ce qui
iiVœpêcbe pas que la mémoire de ces
saints personnages ne soit hoiorée.
Gébse ëcriyit co'.tro Eutychcs et
Kestorius, toiil-à-la-fois, dans un ou-
■vnige intitule : Des deux natures.
Outre CCS écrits, Gélase fit un Traité
contre le sénateur Andromaquc et
d'autres Romains, qui voulaient réta-
blir les Lupercales abolies de son
temps. Enfin , il avait composé des
IIj mneSj à l'imitation de St.-Ambroi-
se, ainsi que des Préfaces, des Orai-
sons pour le saint sacrifice , et pour
Tadministration des sacrements. C'est
pourquoi ou lui attribue, avec beau-
coup de vraisemblance, un ancien
Sacramentaire de l* Eglise romaine ^
qui contient les messes de toute l'au-
iicc , et les formules de tous les sacre-
ments. Ce Sacramentaire, découvert
dans la bibliothèque do St. -Bencit-
sur-Loire, après avoir passé des mnins
du fils de Paul Petau dans la biblio-
thèque de Christine, lut ctivoyé aii
P. Thomasi, qui le fit imprimer à
lîomc en 1680 : il est regardé comme
le plus aucien que nous connaissions ;
le Synjbolc s'y trouve saiw la par-
ticule /ilioffue, qui n'y fut ajoutée
qu'au viir. siècle, en France, où ce
livre a éle' écrit (i). Philippe IJnoun-
mici, dans son livie De claiis pon'
lificiarum Ultcrarum scriptoribus ,
fait l'éloge des Lc'.trcs <îc Gél.ise I '".,
cl les met au-dessus des productions
du même temps. Gélase mourut eu
4<)(3, après un pon' ific.it de qu.itre
(1) (/«•Idunt le cuncile de Geutilly prri Parii,
tfliiu en nG^ , en |>r(«tctife »le l.i pliiniirt «IfJ ivf ipir»
«le Fr«iirr, ilei l^iiti (lu \>.\\\v PjiiI I r' <lii mi
l'epiii, qu'il lut l'r.iiKinC"! ciiolfe le» tirec« iiir la
/;»««-rctiofi .liiS. r;«i..li, etipel.i fgrœulc_/i7i'i'/n«
fui «JMut^e JU Symbole
GEL
ans et huit mois, Tanne'e même oà
Clovis, qui léguait a!ors en France,
embrassa la religion chrétienne. Gélase
fut un modèle de pureté, de zèle et
de simplicité dans sa conduite. Ses
mœurs répondaient à sa doctrine. De-
nis le mit a;i nombre des saints, ft
l'Eglise honore sa mémoire le 'i\ no-
vembre, jour de sa mort. Il eut pour
successeur St.- Anastase IL J) — s.
GÉLASE II, éiu pipe le 25 jan-
vi(r M 18, succéila à Pascal II. Il
s'appelait, Jean de Gaëte,é;ait iiédans
cette ville, de parents nobles, qui le
firent étudier de bonne heure, et aux
soins desquels il répondit p;ir des
surcè". nombreux < t non iiiterrompns.
Etant cncon fort jeune, il fiit fait
cardinal par Urbain II, et. bientôt
apris chancdi' r, pour rétablir, dit
Pandolfe d'Alatii, l'aLcienuc élégan-
ce (lu style, qui était pre>que perdue.
Après la mort d'Urbain , le chance-
licr Jean de Gaël»- s'attacha à Pas-
cal il, et ne le quiita pas un seul mo-
ment dans ses .ifllictiotis, cornnse s'il
eût voulu faire , à ses côtés , l'appren-
tissage des malheurs qui l'attendaient
à son tour, et dans le même degré de
puissance. Eu efltt, Cencio de Fran-
gipane, chef de cette orgueilleuse et
tiubuler.te famille, qui (ii^;posait de la
princij'ale autorité dans Home et te-
nait toujours pour le parti de l'empe-
reur , n'eut pas plutôt appris l'clec-
tion de Gélase, qu'il accourut iinné et
fiéinis^anlde colère, rompit les por-
tes, entra dans l'église, prit le papc»^
la gorge, le frappa à coups de poing et
de pifd ju^tju'à rensaiiglauler de ses
éperons; puis, le traînant par les
rhtvfiix, il le mena chez lui, l'en-
ch lîiia et Tm ferma. Cette violence
souleva les Koiuaius : l'ierre, préfet
de la ville, Pierre de Léon et ptu-
sieuis nob'es, se ra^seiublèr( nf ; le
peuple prit les armes; un marcha au
Ci M L
Cjpitolc : les iM-iii^ipaiios , rfrrjycs ,
rcndir.Mt le |)>|)c; l'ini d'eux, iioin-
iiie LcDii, si'jt'ta à ses pii-ds pour lui
di'inaiulcr p irdon , cl sut échapper
;uMsi ;\ une luurl rcrt.iiuc. Gelasc, ra-
iiiciie eu Irioiuphe, reçut les hon-
neurs accoutumes. Ou se préparait à
rorih)iiner et à !e sacrer soleunelle-
nienl (car il n'ciait encore que dia-
cre ) , loisqu'il fut averti que l'em-
pereur Henri V c'tait en armes à St.-
Pierre. Gelasc n'eut qu<' !e temps de se
jeter sur uu clieval, et d'aller se cacher
chez un citoyen nomme Dulgamin. Le
lendemani, il prit son parti de sor-
tir de Home, et .^'eu^b,uqua avec les
siens sur le Tibre, où deux g dèrcs les
attend lient et les menèrent jusqu'à
l^orlo. La , ils furent arrêtes par une
tempeiehorrii)le, mais ordinaire d ns
cette saison. (On était au mois de fe'-
vri'.r. ) Les Allemands, qui les sui-
vaient en bordant le rivage, leur ti-
r.'.ienl, dit i'histoirc, des traits em-
poisonnés, lis menaçaient de les
pon^^uivre jusque dans l'eau, s'ils ne
rendaient le pq)e. Le cardinal Hu-
gues d'Alalri tut oblige de le charger
sur SiS ëpaides, et de le mener, à la
faveur de la nuit, jusqu'à un endroit
d'oij lui et ceux de sa suite s'emhar-
qièrcnt, et parvinrent, demi- morts
de frayeur, le troisième jojir, à Terra-
cine , et le quatrième à Gaëte. Gelase
fut reçu avec joie pir ses compatrio-
tes. L'empereur, embarrasse par celte
fuite, envoya prier Gelase de venir se
faire sacrer et couronnera Rome, lui
faisant entendre en même temps, que
ce serait une occasion de conférer en-
semble, et le meilleur moyeu de réta-
blir l'union. Mais Gelase, instruit par
l'exemple de Pascal II, ne voulut
point se fier aux promesses du per-
fide Henri , et se fil ordonner et sa-
crer à Gaëte. Furieux d'avoir man-
que sa proie, l'empereur résolut de se
G E h
^9
venger en créant un nnîî-papf», et
choisit, à cet clfrt , Maurice Ijourdini
(Voy. Bourhin). Ol intrus ne man-
(pia point, en s'ét<d>lissant à Home,
de chercher à consolider ion pouvoir;
et l'cni des premiers aeies de son au-
torité fut de couronner, en sa qua-
lité de pipe, Henri (ju'il avait déjà
couronne n'étant encore qu'arche-
vêque de Brague. 11 envoya de tous
cotes des bulles , et réussit à se
faire reconnaître dans quelques en-
droits de l'Allemagne et de l'Angle-
terre. Le reste de la chrétienté, et la
France surtout, continuèrent de recon-
naître Gelase. Un petil nombre ne re-
connut ni l*un ni l'autre. I/empercur
cependant s'était retiré de Rome; et
Gelase , l'ayant appris , se décida à y
rentrer secrètement, et se cacha dans
une petite église nommée Ste.-Maric-
du-second-Cierge. H voulut même,
conlic l'avis de quelques- uns de ses
amis , ofïi icr un jour de fcte dans
cette église , qui dépendait des forte-
resses occupées par les Frangipanes.
Cette imprudence eut les suilcs fu-
nestes qu'on avait prévues. Les Fran-
gipanes vinrent attaquer le pape au
nii'ieu de l'office , avec une troupe de
leurs gens armés. Crescence Gaétan,
neveu du pape, et un autre de ses par-
tisans nommé Etienne - le-Normand ,
résistèrent avec courage. Le combat
dura tout le jour. Gelase s'enfuit, à
moitié vêtu de ses ornemerUs. Sou
porte-croix tomba en le suivant : une
pauvre femme le recueillit, et le cacha
jusqu'au soir. Le combat durait en-
core , cl ne cessa que lorsque les deux
partis convinrent enfin que la fuite
du pape ne pouvait produire qu'une
ifnmense effusion de sang. Gél ise fut
rejoint par ses jynis , qui le trouvè-
rent dans la campagne près de l'église
de St.-Paul , las et gémissant. Ils tin-
rent conseil le lendemain j et le pape
3o GEL GEL
parla ainsi après les autres : « JNIes zoiiis qui parfdgeait leur erreur; mais
î) frères, suivant l'exemple de nos V.ilens e'tant mort, Gëlase fut rétabli
» pères et le précepte de l'Évangile, sur son siège, qu'il occupa jusqu'en
» puisque nous ne pouvons plus vi- 595. 1! était l'un des cent- cinquante
» vrc dans cette ville, fuyons dans pères qui composaient le concile œcu-
ïï une antre; fuyons cette Sodomc et raénique de Constantinople ; et il se
0) cette Egypte. Je le dis devant Dieu, trouva à un autre concile tenu dans
3) j'aimerais mieux , s'il était possi- la même ville en 694 , le 24 septem-
» ble, avoir un seul empereur que brc. Il mourut quelque temps après,
V d'en avoir un si grand nombre : un et certainement avant le mois de mars
y> méchant au moins perdrait les au- ou d'avril de l'année suivante, Jean
» très plus méchants , jusqu'à ce qu'il son successeur ayant dès - lors ordon-
» sentît lui-même la justice du souve- né S.- Porphyre évêque de Gaza. Ou
» rain empeieur. » L'avis du pape sait que Gélase composa : 1. Un Z>«-
avant été approuvé, il fil ses disposi- cours sur l'Epiphanie, dont Theodo-
tions pour distribuer le gouvernement ret , qui donne à Gelase le titre d'ad-
lie l'Église tt de Uome pendant son mirable, cite un passage contre les
absence,et s'embarqua pouriaProven- Eutychiens. IL Une Histoire eccîé-
ce , où il fut très bien accueilli. Le roi
tic France , Louis VI, envoya au-dc-
"vanlde lui l'abbé Sugcr avec des pré-
sents. Ils convinrent du jour où le
l\oi devait se rendre à Vézelai pour
voirie pape et conférer avec lui. Ge-
lase avait indiqué un concile à Vienne.
31 avait donné ordre à l'archevêque
Gui de venir le trouver à Clugni.
Nais^vaiit son arrivée, Gélase fut at-
taqué d'une pleurésie et d'un accès de
goutte, qui le mirent au tombeau. Il
expira le 29 janvier i 1 19, après un
an tt quatre jours de ponlilicat.
Ses derniers moments furent un la-
Llcau touchant de piété et d'humilité.
11 approuva, en niunraiil,le choix
qu'on voulait faire pour son succeiseur
de l'archevèqne Gui, qui lui su«-
céda en effet sous le nom de Calixle IL
D— s.
GÉLASE, éveque de Césaiéc en
Palestine, était nev(U de S. -Cyrille
de Jérusalem , et (ils de sa sœur, (a:
fut ce saint qui le Ht évêcpie de Césa-
lée, veis l'an dG^. Néanmoins, les
Ariens, favorisés pji\alens, curent le
crédit de l'empêcher d'en remplir les
siaslique,pour servir de suite à celle
d'Eusèbe. Pholius , après avoir parlé
de cet ouvrage, semble douter que le
fonds en appartienne à Gélase, ayant
lu, dit-il, qu'il avait seulement tra-
duit en grec l'histoire de Bufin ; ce qui,
suivant Tillemont, ne paraît aucune-
luenl fondé , Gélase étant mort avant
que Fuifin commençât à écrire son his-
toire, laquelle ne fut finie, au plutôt ,
qu'en l'année 400. 11 est vraisemblable
que Gélase de Césarée a composé d'au-
tres écrits. S.-Jéronie dit de lui qu'il
cachait ceux qui sortaient de sa plu-
me, s'abstenant sans doute d'y mcttie
son nom par humilité. Léonce de By-
zunce lui donne le titre de confesseur;
ce qui semble insinuer que sa mémoi-
re a clé autrefois honorée par l'Eglise,
quoi(pie nos m.utyrologes ne fassent
de lui aucune mention. L — y.
GÉLASE DE CY/IQUE florls-
sait vers 47^ii'-l" temps des empe-
reurs Ijastlis(pie et Zenon; il était ,
comme lui-même nous l'appi end , iils
d'un [irêtie ntt.iehé à l'église de sa
ville natal»'. Il «si connu pir une ///s-
ioire du concile de JMcee , laquille
fondions, et de mettre ù sa place Eu- n'est (pi'un recueil de pièces et dvdv-
GEL GEL 5i
«umcnts tires (I'ImisMjc, de SorraVe , à Cliarlos d'Aulriclic, depuis crnpc-
de SozoïiuMicrtdcTIieodorel. Quoique icur; ruais, n'ayant pu se décider à
celle compilation ne contienne rien le suivre en Espagne , ii prit le parti
que dWlhodoxe , elle ne doit pas être d'entrer dans la maison de Philippe
lue sans précaution, parce qu'elle pre- de 13'jur^ogue, évècpje cTUlreclit , (ils
sente bcaucoiq) de laits, ou douteux, naturel de Phiiippe-le-Bou^ et lui ser-
ou manifestement faux. L'auteur a Ira- vil de chapelain et de secrétaire. H
vaille sur de mauvais mémoires; et écrivait en cette qualité à Erasme
son clocution est h)in 'de racheter ses ( Erasini Epist., lib, m, ep. 4 ' ) , et
autres définis. Celte histoire, nc'an- lui donnait les assurances de la bien-
moins, a e'ie' imprimée plusieurs fois veillancc la plus dévouée de ce prélat,
en grec et en latin. Le P. f^ablje parle Érasme et Gérard de Nimègiic s'é^
d'un édition donnée par Robert B d- taient connus et liés à Louvain , où
four, Écossais, Paris, Morel, i5()9, ils avaient fait quelque séjour ensem-
in-4°. L'ouvrage est divisé en deux ble ; mais leur amitié ne dura pas
livres: quelques lettres de l'empereur toujours. Gérard de Nimcgue ayant
Constantin en forment un 5^. On l'a été envoyé, en iSiij, à Witlemberg,
réimprimé à Rome , dans le tome v afm d'y examiner l'état des écoles et
des Conciles généraux ; et on le trou- celui de l'Église , semble avoir été en-
ve aussi dans la Bibliothèque des Pè- gagé par ce voyage à embrasser les
res. — Le P. Labbe parle d'un troisiè- opinions de Luther j il écrivit en f;i-
me Gelase ,évécpie de la même ville, vcur de la réforme , et ne fut point
et qu'on croirait être celui de Césarée, approuvé par Érasme, qui tâcha inu-
si Pholius, en lui attribuant le Traité tilement de le dissuader, et qui finit par
contre les Anoméens, ne l'en dis- le traiter de la manière la plus outra-
tinguail formellement, « le style de geuse. Gérard lit passer ses écrits con-
» ce dernier, dit -il , étant beaucoup tre Érasme et contre l'Eglise romaine,
» plus élevé que celui du neveu de àladiètedeSpire, et il ne négligea rien
» S. Cyrille. » L — y. pour brouiller Érasme avec le pape ,
GELDENHAUR ou GELDEN- l'empereur, le roi Ferdinand et les
HAUER ( Gérard ), né à Nimègue autres princes catholiques. Il faut au-
(ce qui l'a fait assez communément ap- jourd'hui plutôt livrer à l'oubli ces rai-
pcler Gérard de Nimègue), vivait au sérables disputes que les ressusci-
commencement du xvi^. siècle, et tcr.Ceuxqui seraient curieux d'en voir
jouissait d'une assez grande réputa- quelques détails, pourront sesatisfiire
tion comme littérateur et poète. I! étu- dans la Vie d'Érasme, par Burigny,
dia à Deventer , école alors célèbre , 2^vol., pag. 3o6 et suiv. Geldon-
ct y reçut les leçons de ce même haur finit par se retirer en Allemagne :
Alexandre Hcgius , qui dirigea les il se maria à Worms , d'où il fut rap-
premières études d'Érasme. Son ta- pelé à Augsbourg ; et, en i554, ""^
lent pour la poésie latine le fit cou- académie ayant été créée à Marbonrg,
ronncr poète lauréat par l'empereur il y accepta une chaire, et la desservit
Maximilien I^''. , en lÔi-;. La vie pendant quelques années. Delà s'étant
clduslralc à laquelle Geldeuhaur s'é- encore rendu pour affaires à Willem-
tait voué d'abord, ne lui ayant pas berg , il mourut, le lo janvier 154^,
convenu à la longue, il s'attacha, delà peste, selon les uns, et selon d'au^
avec le litre de lecteur et d'historien , très par la main de quelques biigauds
5*2 GEL
qui lui fendirent le crâne. Outre le«
productions de tliëologie polémique
de Gcldcuhanr, on a de lui: I. Sc/w-
lia in dialecticam Geors;u Trape-
ziintii , Cologne, i538, in - 8". lï.
Diîfcrents opuscules relatifs à l'his-
toire de Rolande , qui ont été la plu-
part recneillià dans !a Baiavia illus-
truta de Pinrc Scriverius, i(>5o,
in-Zj". 111. Inférions GermaniiP ?iis-
toria , inse'ree dans Beatus Hhena-
nus de rébus Germa niœ , i6io, in-
8". , et d ms Pirckhtimeri descrip-
tio Germaniœ. IV. Une Fie de Phi-
lippe de Boiirsogue , en latin , pu-
bliée à Str^jshourj; en i52i), ctfju'Aii-
toine Mathieus a mise , accompagnée
de notes , d.ms $es Analecta prisci
œvi, toni. i""., pa;^. '2iO, Leyde ,
169H. V. Satyrœ y m , Lonvain,
i5i5: Tauteur de cet article les a
inurilfinent recherchées. Il n'y a rien
de Geldenhaur dans les Deliciœpoë-
tarinn helg^iconirn. VI. La f-ie de
Rodolphe Ai^ricoLa et ce lie de fVes-
selus Gansjoitius , insérées dans Fi-
chardi vit/je virorum illmlrium ,
Francfort, i55'», in-4". M — on.
(jEI^ÉK (THÉOpniLE), njedccin
de Dieppe, mort en i65o,élu lia la
médecine à Montpellier , où il fut
iTÇi» docteur sous la présidence de
Dulaurens. Il avait ctc le disciple as-
sidu de' ce médecin , q(u jouissait alors
<le beaucoup de célébrité en France;
cl, pendant toute sa vie, il fui un de
.•^es plus /clés partisans. L'ait.iche-
inent qu'il conserva toujours pour son
ancien m.îtie, lui a fait publier: I.Sur
la goutte , la lèpre et la maladie véné-
rienne, un ouvrage qui a \m\\v titre:
Qiiclnues Opttscnlcs recueillis des
leçons de Dulaurens en les années
^M^ et i.^)KH, Piris, iGiT), in-fol.
IL Ofùii'rcs d'André Dulaurens
recuediies ci traduites en français ,
Koucn, iGOi , luiol., fig. 11). Un
GEL
Abrège d*analonùe , tiré en grande
partie de Riolau et de Dulaurens.
Cet ouvrage , qui fut parfaitement
arcuedli du public, a pour titre:
\jAnaiomie française en forme
d abrégé , recueillie des meilleurs
auteurs qui ont écrit sur cette
science , augmentée d'un Discours
sur les valvules, Rouen, i655, in-
8'.; Paris, i656, in-8 . ; avec les
additions de Gabriel Bertrand , Rouen,
i66|, i683, in'8\; Paris, 1742,
in-8\ Ch— T.
GELÉE. Foy. Lorrain.
GÉLÉNIUS (Sigismond) e'iriit né
à Pra;;ue, à la fin du xv'\ siècle,
d'une famille honorable et considérée
h la cour de Bohème. Son père (Gre'-
goirc Hruby de Geleni ), homme d'es-
prit et lettré, avait traduit dans sa
langue i'Éloge de la folie par Éras-
me (j), et était connu du roi, qui
l'estimait. Sa mère, femme d'un me-
nte distingué, jouissait des mêmes
avantages et du même crédit près de
la reine. Gélénius reçut une excel-
lente éducation, et fit de grands pro-
grès sous ses maîtres. Pour se per-
fectionner encore , il résolut de voya-
ger. Il parcourut l'Aliemagne , la
France et l'Italie, recherchant les sa-
vants, et prenant dos leçons dos plus
fameux, ou leur demandant des con-
seils pour ses études. C'est dans
celle tournée, pour ainsi dire acadé-
mique, qu'tl apprit !e grec et l'hébreu ,
cl (pi'il .se perfectionna dans le latin.
11 .s'appli(pja avec tant de soin a ces
Iruis langues, qu'elles lui étaient de-
venues extrêmement fnniiières. Re-
tournant en Allemagne, il pasjâ par
JUIe, y vil Erasme, et se lia d'ami-
ti(f avec lui. Ctt homme célèbre fut
éionné de trouver dans Gelcnius tant
^1) Il • eiK-iire trailiiit rn liohtfinirn \v. UmIiS de
J*i!lr.iri)u« , l>f Hfiueiitu iitntur/ite Joririn V, Vra-
i;ue , i.K)i , rt <!'. mires uiiYra(jc« rc«lCf lUiguui-
vTiti. Il iiivuiiit le 7 inai'i fj\.\.
GEL
tVdnulilion. Il parla do lui à 5cm
Frobcn, itiniriiiii'iir à H-ilo, aldis oc-
cupe (rclilioiis Siiv.iiiU's : il lui rcprc-
îiciii.iGclrnins connue un homme (jiii,
pai' son savoir cl ses prototijcs con-
ii.iis.sances ilcsl.ingucsniicieinie.s, pou-
vait lui êlre il'iifie ^laiiile utilité clans
SOI) entreprise. Froben le mit a h» ictc
de son imprimerie. G( lenius se char-
gea (le II lâche clilllciie et j eniîjlc de
corriger les épreuves des livras grecs ,
hébreux et latins; mais il ne boi n i
point à cela son trav lil : il s\ij)p'ii-
qua à traduire l<i p!n|)ait dc^ .luleuis
grecs (jui sortaient des prc.-^ses de
Fiobcn, à en revoir le texte, cl sur-
tout à corriger les OEuvies de IMine
d'après les anciens manusciits. Ja-
mais vie ne fut plus laborieuse, ni
boMiine plus studieux. Gelenius don-
nait a ces occupations tout son temps :
il n'en devint pas plus riche. « La
» pauvreté, dit De lliou , tut le par-
» tage de ce grand homme pendant
» toute sa vie. » Ce n'est pas qu'il
n'eût pu améliorer sa situation; mais il
en négligea plusieurs lois l'oexasion,
piéfcranta des postes lucratifs et aux
avantages de la fortune, le plaisir
d'être utile à la littérature , à laquelle
il rendit de grands services. Géfait
d'ailleurs un homme ci'unc extrême
simplicité de mœurs , d'un carac-
tère doux et sociable , et d'un flegme
imperturbable ; on ne le vit j.mais
se mettre en colère. Il s'était marié
à Bàle, et y mourut en i554 ou 55,
â'^é de soixante dix -sept ans, lais-
sant deux fils et une fille. On peut
le regarder comme un des hommes
ics plus siv.mts du xvi . siècle. On
doit à ses travaux : ï. Lexicon sjrn-
j)honum quatuor lin^uarum grœcœ
scilicet , lalifhE , gennanicœ et scla-
vinicœ ( sic ) , Baie , i 55^ , in -4"«?
i544> in-4°. C'est u!i des plus an-
ciens vocabulaires de la langue scla-
XVII.
GEL
55
vone : on n'y trouve qu'un petit nom-
bre de mi Is ; mai* il est curieux
j)ar l'analogie frappante qu'il f.ùl voir
entre les mots de ces quatre lan-
gues. II. La traduction en latin
de quelques lloinélics de S. Jean
Ciirysoslùme. ilL \a Histoire ru-
inaine da Denys d'Haiicarnassç,
IV. {///istoire ecclésiastique d'E'
va^re. V. \/ Oui^ a^e d'i^ri^ène
contre Celse.W. Ls OEuvres de
Ph.îon. Vil. Àppiani de belUs ^al-
licis llher, vcl poliàs epitoine, grœcè
et latine : cet Abrégé se trouve dans
son Ibsîoiie lomaine en grec et en
latin de l'éil.tion de Henri Eslienne,
i5çi'2, iu-fol. Vlll. Il enlHïpri' la
Version des OEuvres de S. Justin,
m<irtyr, et les avait traduites en
grande partie lors(pi'il mourut. Cette
version a été publiée à Paiis, i575,
in-f(>. IX. Il lit -\XY Ammien Mar-
cellin un irav.ii loué paiH> mi de Va-
lois. X. Il donna des noies sur Pline et
sur Tite-Live. Érasme biâine les pre-
mières, et re| roche à son ami d'avoir
donné trop de confiance à un ma-
nuscrit peu ^Ir. Huet, en rendant
justice à l'érudition de Gelenius et à
son habileté pour la correction des
manuscrits, l'accuse d'interpréter à
sa fantaisie les passages dont le sens
échappe à sa pénéir'.tion. XI. Une
édition d'Arnobe, qui a été con-
damnée. — Gilles Gelenius , qui ne
doit pas ê!re confondu avec le précé-
dent, était historiographe de l'électeur
de Cologne et chanoine de St.-Andié
de cette ville. Il a laissé : I. Co'
lonia supplex, Cologne, i63t), in-
12. II. Chronici {\) sancii Andrée^
Coloniensis pretiosa Hierotheca ,
Cologne, i654, in -4'. HL Ds
adnnrandd Colonice magtiiludine ,
(i") Cet oiivr«f;c est cit(; da s Fiiiiiettp , tom. I,
n**. 86Cio. Au Supplément, tom. JV pig. 3i3,il
est dit (|u'auUeu de throniei il faut lire canoniei.
H GEL
ibid. , 1645, in - 4''. Dans ces deux
ouvrages Gilles Gclcnius donne !es
Vies de piusieurs cVêqiies de Co-
Ioç;uc. IV. Findex lihertatis eccle-
siasticœ ft martyr sanctns Engel-
herlns , ibid., if)55, iu-4 . — Sou
frè/e Jean Gelemus, chanoine de
Cologne, mort en i63i , avait Ira-
"vaillé à la plupart de ces ouvragrs ;
et ils ont laisse , du fruit de leurs
veilles, \mc collection manuscrite for-
mant pins de trente volumes, sous le
titre de MctropoUs Coloniensis. Eik-
liart en donne un aperçu dans ses
jdnnales Franciœ oriental! 5 , tom. i.
— Un autre Jean Gelenius, ne à
Kempen, dans IVIeciorat de Colo-
gne, est auteur d'un Traite* De na-
turel et rÀ^7iificûtionib:is cometarwn ,
eclip'ihun et terrœ motuiun, Colo-
gne, iGG5, in-i'2, — Jonas Gele-
îîius , ne à Sl.-G'.orge en Honç;rie ,
étudia dans le gymnase de la Croix
à Dresde, sous le savant F-genolpli ,
auquel il succc'da. Jl mourut le 19
septembre »7'-i7, après avoir pu-
blic quelques programmes académi-
ques, dont les plus remaïqnablcs
sont: De Alla (sur l'Elbe) disser-
tationes III , 17^9, in-fol. ; De bi-
hliothecd schnln sanclœ Cnicis ,
Dresde, 1710, in-fol. ; J?e curcrrc
iiorporls et anitni medicOy etc. L — t.
Gi'^I-LEKT (CllRlSTIAN-FuRCHTE-
r.oTT ) , ne' !'• 4 i"'''*'i i7i5,à[Iay-
ni< lion près de Freiberg , en Saxe ,
est un des écrivains qui ont le plus
contrhue à f.ire snriir la liftcTa-
tiue .'d'eniande de l'et.il de b.ub irie
cl d'iibNCiiritc où clic était plongée
nu mrnmenceiiu'nt du xviii'. siè-
cle. Sou père, rcsprclable j)asteur de
Haynichcn, avait treize enfants ,et ce-
pendant ne n('g!igea rien ])Our don-
ner à Clirisli;iu une èdue.jtion soi-
gnée: rintciligctirr f tcile et la douceur
(le caraclcic du jeune Gellert sccon-
GEL
dèrrnt merveilleusement ses effort^,;
L'étude luielait agréa hie et l'obéissan-
c peu perubif; ii fit ses premières
ctudrs a l'éco e de Meissen , où il con-
ti ricta avec Gaertner et H ibcner une
liaison d'araitiequi dura jusqu'à la fin
de sa vie. Le goût de la poésie se ma-
nifesta en lui de bonne heure ; à l'âge
de douze ans il composa , pour l'an-
niversjire de la naissance de son père^
un petit poème allégorique, que dans
la suite il rappela toujours avec com-
plaisance. F2n I 734 il se rendit à l'uni-
versité' de Leipzig; les leçons qu'il y
suivit, lui furent peu utiles ; la langue
vulgaire éttit méprisée ties savants; et
de vaines subtilités philosophiques ^
une étude des anciens, aussi sèche que
prolixe , faisaient presque l'uniq iC
occupition des maîtres comme des
élèves. Gellert revint à Haynichen en
1758, deVidé à suivre la carrière de
la prédication ; son premier essai fut
malheureux : nafurelleinent timide, ii
demeura court au bout de quelques
phrases, et ce triste accident le dé-
goûta ])0ur toujours de la chaire. En
17J9 il retourna à Leipzig, charge
de diriger l'éducation de MM. deLut-
lichau , et ensuite d'un de ses neveux :
il s'y occupa de sa propre éduratiou,
aussi-bien que de celle des jinmes
gens qui lui clùent confiés; quelques
hommes de lettres éclairés avaient déjà
f lit un premier effort pour tirer de la
barb.irie la langue alleiuandc , et don-
ner à leur nation une liltcralure : le
mouvement était général; Goltsched,
Ebcil. Schlegel , GaMlner, Breiiinger,
lU)diuer, y travaillaient châtain .1 sa
mai- ière , et h s q.it relies ipii les divi-
saient « xciluentles esprits à l'activité.
Seinvabe entreprit un ouvrage pério-
dnpie , inlitulé : Ainiiscincnts du
Cd'ur cl tic l'v<pril (huit vol., L ip-
zig, 17V'* - •74'^)î ^'^'llt-Ml y donna
quelques fables et d'autres pièces dt
0 K F) G K r. 35
Vers, qui ic'iissirciit , m.ii^rc Tinror- olail r,li"K son relieur; rntro un vil-
rcction du style: ce jourii.il cl.mt «ir- l.i^cois qui donne .in relieur un livre
venu l)ientot le eli;nu|) de baf.iillc en l'euillcs, vu lui dis.nil : «Tenez,
(l'une guerre littéraire (|ui ne conve- » relie?, moi eela bien ferme. — Où
liait ni à son honnêteté ni à sa don- » ave7.-vons pris ec livre? lui dein.in-
€( ur , il y renonça , et publia, de eon- n de le relieur. — Je l'ai aehete à la
cert avec quelques amis, un autre on- » ville; notre bailli d notre maître
vra^e du ineuie {:;enre, sous le titre » d'école l'ont trouve si drôle, qu'ils
de MaU'riaiix pour former Veaprit » oi;t man(]uc en c'toufF r de rire rj'ai
el la ;vrj.vo;i , (piatre vol, , Brème, » un j]5.'M(^'f>u qui commence à lire eou-
i']l\(j y OÙ toute satire personnelic » raninu'ut ; il me lira ça le soir pcn-
c'tait interdite. ï! av.iiî , eu i 74I1 p'is » dant que je fumcjai nja pipe, et je
le dej;re de maîlic es-arts dans la la- » n'irai presque plus au cabaiet. »
culte des lettres de l'université'; et Lors de la prise de Leipzig parles
dès - lois son temps fut enlièrcroent Prussiens en 17^^, un lieutenant de
consacre', soil à écrire, soit à donner hussards cuira brusquement clnzOei-
des leçons publiques de littérature et lert , pour le remercier aussi d'avoir
de luoraîc. En l'^^G p^rut lepr(mier fait ces beaux 'ivres qui l'avaient tant
recueil de ses/'^i/y^e.v; il fil imprimer, la diverli pendant ses campagnes; et il
même année, s^-n roman de La Coin- voulait absolumt ntlémoii;ner sa recon-
tesse suédoi<ie : ces deux publications naissance au paisible professeur , ea
furent suivies de celle de plusieurs eo- lui faisant présent d'une paire de pis-
ïnedies , La Dévole y Ja'S tendres totets qu'd avait pris à nu Co>aque,
Sœurs y etc., et du second recueil de et d'un fouet qui avait servi, disail-il,
ses Fables et Contes. Ces divers ou- à doniier le knout. On rencontre à
vrages eurent le plus grand succès ; chaque instant dans la Fie et dans
le ton en e'tait simple et naturel, le les Lettres de Gellert , des preuves
style correct et facile: ses i^«Z>Ze5 de- de cet enthousiasme populaire qu'il
Tinrent une lecture tout -à-fait popu- avait excité dans toute l'Allemagne :
laire ; on les lut dans les villages, on au milieu des desastres de la guerre ,
les apprit par cœur dans les écoles; des régiments prcsqneentiers venaient
chaque jour apportait à Gellert de assister à ses leçons ; les soldais le sa-
nouvelles preuves de ce succès. Un luaient respectueusement , et un ser-
paysan vint à Leipzig", conduisant gent qui avait obtenu son congé, se
une voiture chargée de bois qu'il fit détourna de sa route pour voir, avant
arrêter devant la maison du proies- de retourner dans son pays , ce brave
scur. « N'est-ce pas ici que demeure M. Gellert , dont les livres l'avaient
)> M. Gellert? deraande-t-il. — Oui, empêché de devenir un malhonnête
» montez. » Il arrive devant Gellert: homme. Une morale simple, douce,
« — N'êtes- vou§ pas, monsieur, le et à la portée de tous les esprits, est
» M. Gellert qui a composé des fables? en effet un des principaux mentes des
» — C'est moi-même. — Eh bien ! ouvrages de Gellert , et a sans doute
)) voici une voiture de bois que je été une des causes de leur influence •
w vous amène pour vous remercier les Allemands aiment qu'on leur parle
)) du plaisir qu'<llcs nous ont fait, à de morale, et leur piêcher la vertu
>) moi , à ma femme et à mes en- est parmi eux un moyen de succès
)• fants. » Uue autre fois, Gellert à peu près sur: Gellert la leur rccom-
5..
53 GEL
mandail cVaill.iirs avtcce Ion de bon-
homic qui };laît, surloiil eu Ai'c-
magnc, aux ciasscs inférieures de Li
socielë. Sa réputation sVtendil bientôt
du peuple aux j:,ran;is seigneurs: pen-
dant la guerre de sept ans , le grand
Frédéric et le prirjce Henri voulurent
le voir. On connaît cette conversation
où le professeur soutint noblement
devant le Roi l'honneur de la littéra-
ture aîlt'mande et la nécessité de la
paix. Gellcrt se plaignit de riudifféren-
ce des souv<.rains allemands pour leur
n^itionet leur j)ropre langue: a 11 nous
» faudrait, Ir.i dit -il, des Auguste,
» des Louis XIV. — Comment î la
» Saxe n'a-t-eile pas eu deux Augus-
» te? — Oui, siic, aussi avons-nous
» de bons commencements. » Frédé-
ric ne fut poiut choqué de la franchise
du professeur, et lui parla de ses Fa-
bles : Gcllert en récita une qui plut
au roi ; et quel([ue temps aprè>, Fré-
déric écrivait, en parlant de lui : « Ce
» petit bourru de Gellerl est réelle-
j) ment un homme aimable j c'est un
» hibou qu'un ne saurait arracher de
» son réduit; mais le tenez-vous une
» fois , c'est le philosophe le p' us doux
» et le plus g.ii, un esprit fin, lou-
» jours nouveau, toujours ne ressem-
» blanl qu'à lui-même: pour le cœur,
» il est d'une bonté attendrissante; la
)) candeur et la véiité s'échappent de
)) ses lèvres , et son front peint la
» droiture et l'humanité. Avec tout
w cela, on est embarrassé de lui ilu
» moment que l'on est quatre person-
» nés ensemble; ce babil l'éfourdif ,
» la timidité le .saisit , la mélancolie le
» gagne, il s'oublie, et on n'en lire p;is
» un mot. » Gellert, limiile cl s.ins
hibilu le cl II monde, devait en ell'et
se trouver déplacé dans la .société vive,
brillante et m()'jueui.e de Fr<'ileiic. Il
rtçwl cep«ndant, dc.<> hommes (|ui la
<:oinpo:>aiciit , cl eu parliculicr du
GEL
prince Henri , d'honorc-bies marques
d'eslini' qu'il ne chercha point à faire
fructifier ; la faiblesse de sa santé le
condamnait à cette vie sédentaire qu'il
avait choi^ie par goût : ses soulfran-
ces le faisaient souvent tomber dans
l'hypocondrie et la tristesse; tout l'ef-
frayait, rien ne le nssurait, et les
soins de ses amis lui faisaient seuls
quelque bien. Ses cours publi' s étaient
fort suivis: il ne parlait point avec
éloquence; il ne mettait point en avant
CCS idées neuves et hardies qui entraî-
nent tous ceux qu'elles ne repoussent
pas : mais sa diction était facile; ses
idées étaient claires et justes. Les trou-
bles de la guerre de sept ans , et les
malheurs de la Saxe , inquiétèrent
souvent son repos, sans interrompre
ses travaux et ses succès. En 17S4 ,
parurent ses Poésies didactiques mo-
raUs ;qi\ i 7J6, ses OEuvre^, mêlées,
recueil des discours qu'il avait pro-
noncés à rouverluie et à la clôture de
ses leçons publiques. La même année
il donna s s Cantiques , celui de ses
ouvrages auquel il tenait le plus, et
qu'il a travaillé avec le plus de soin :
ce sont des morceaux de poésie reli-
gieuse, pleins d'une piété douce et
d'une véritable onction, plus riches
en serilinu.'iils qu'en images , et d'un
ton souvent iioble, mais rarement éle-
vé. En 175IS, il donna un cours de
mor de dont le succès fut prodigieux :
ce n'était point un tnité philosophi-
que de morale, xvnU une suite de ré-
ilexions, bien enchaînées et b'cu pré-
sentées, sur la n.iture cl la destina-
tion de l'hoinnu- , sur l'importance et
la beauté de la vertu; toute pédante-
rie scol.istKpie en était bannie : celte
maniiie .simple et sans prétention de
science elail alors uii phénomène j
aussi fut-( IIh nniverseîlemenl giuVéc.
Lorsque la j)ai\ de i ^GS eut rentlti
la lrun([uillitd à la Sax.c , l'clcclcui*
GEL
FrcdiM le - Cljrisli.in vl son fils Frcdr-
rir - Aiij^iistc lt'iii(»ii;i\cr( ut à Grliirl
mw l)i«iiv( ill.nici' pUinc d'islinic : (C
dcriiiir lui fit une pension que Gi 1-
G E L 37
rmrhre, m plaire, en cire, sur la
luile el sur le bois; on ouvrit nue
soiiscrio'iuu pour lui eiifjerun momi-
nienl : M. Oi"^ er, profesheur de des>in
lert trouva Iroj) eunsid: raMe, et qui à Leli-z^g, devait eu être eharj^e; mais
lui fut conservée in,ilc,re ses represen- des eiiconhtiuees p.uiicu.icies en fi-
rent remettre le soin à M. .Sdilej^el.
Ce mon'iment est place' dans re<ç'lise
du (imctière de L'ipzig, faubourj:^ de
Grimrna : il représente la Heli^ioii
ofiTiaut le nieMaillou de Gcllert à la
Vertu, qui s'apprête à le couronner;
les deux fi-^urt s d';dhalre, avrc le mé-
daillon de cuivre jp.uue, rrpo'^ent sur
tations. Eu i7(>-'>, \'~/^'] et 1 7O9 ,
rdeeteur et sa cour voulurent assister
aux leçons du professeur de Leip/Js^;
et il j)r()uonç.» devant eux trois dis-
cours, le pr' mier sur ht. nature ,
Vdtendue el Vuùlité de la morale ;
le serond , sur les causes di' 1 1 préê-
mintiice des anciens sur les inolcr-
nés ; \c [uns'dmc, sur l'empire qu il un sareopliapçe de marbre noir. M
faut ai'oir sur soi-même. Ces trois Wendler, libraire de Gellert, lui fit
niorccaus. lui valurent de nouvelles
marques de considération, dont il fut
eueoi c plus louclié que flatic'. M >lgrc le
déplorable étal de sa santé, et sa mélan-
colie habituelle, il entreprit de mettre
V\ dernière main à ses Leçons de
morale, pour les donner au publie ;
mais ell( s ne devaient paraître qu'après
sa mort. En vain il essaya de plusieurs
remèdes : les eaux de Carisbad ne le
clevrr dans son jardin un autre mo-
nument, qui fut exécute parM.OEser :
un ci])pe, surmonté d'une urne sépul-
crale, cffie le méd<»i'lon de Gcllert;
les trois Grâces , encore dan? l'en-
fance, pleurent leur père : leur en-
fance fait allusion à C( Ile de la lilté-
ialurealleraand(-.C<' monument mérita
l'apfirubalion de Pigalle, passant à
L^ ip7-ig en 1 7 7^. Tous ces ténioignages
soulagèrent que momcnlanément ; il d'affection et de regret étaient dus
voyait approcher la fin de sa vie avec
tristesse, mais sans effroi : le 5 décem-
bre 1769, ses évanouissements re-
doublèrent, et les douleurs devinrent
plus ai'^ucs ; il languit sans se plain-
dre jusque dans la nuit du i5 au i4
décembre : Je ne croyais pas quil
fût si difficile de mourir ^ dit- il a ses
médecins, en leur demandant com-
bien de temps cela pouvait encore
durer . — Peut éire encore une heure ,
aux vertus comme a l'influence des
talents de GelK rt : son caractère con-
tribua presque autant que ses ouvra-
ges à répandre en Allemagne le goû!;
des leltr( s. 11 accueil'ait , avec une
extrême bonté, tous ceux qui vou-
laient le voir , et prêtait libéralement
aux jeunes gens le secours de ses lu-
mièies , de sa protection , souvent
même de sa bourse. Une corres-
pondance très étendue lui donnait
lui répondirent-ils. — Dieu soit loué! beaiîcoup de moyens de servir ceux
encore une heure ! — et il mourut
en effet dans la nuit. Sa mort fut pieu*
rce de l'Allemagne entière, comme
celle d'un bienfaiteur de sa nation : les
chaires publiques retentirent de son
qui avaient besoin de ses bons of-
fices. Le recueil de ses Lettres est
un monument authentique de sa bon-
té : on y rcconn.ût une ame hon-
nête et tendre , une rare sincérité
éloge; tous ceux qui savaient écrire de conscience, et cet amour de per-
firent des vers ou de la prose en son fcctionnemenl qui distingue la vraie
honueurj on multiplia son image en vertu. Le taractcre de Gcllert man-
58 GEL
quait (\e vigueur coiurae son esprit;
SIS soiiftiaiicrs phvsiqurs rmiicient
quelquefois son humeur ine^aîe : il
lî'éi.iit pas iiiacro sibJ.' aux petits plii-
sirs de la vaiii:é; m is Ij fraiicîiise
avec laquelle il avonail ses f.iibîcises,
et le de^ir qu'il avait de \cs siinnoii-
ter , ne permettent pas de ks con^i-
derer Cniume d»> toil^ ; on les lui
paidurjiied'.iulaiit (dus aiscruenr,fpi'il
se Ks pardoMiiait moins lui-mcmc. La
codtctiou de ses OEuvres a elc suu-
\eiit reim|>rimcc: Lei[)zig, 17^6, 10
volumes iii-8°. ; Ijeine, i'yhç)-'-4,
10 vol. in-i'2; 1773, 1 o vol. iii-i i;
Fraiiclbit , 1770,4 ^'oi. };raiid in-8 .;
Leipzg, 177^3, in-h)\; ibid., 1784;
etc., elc. : ces deux demictcs C'iitions
sont \is plus complètes et b s plus sui-
gnces. Celle de Berne, que nous avons
sous les ^eux, coutii lit: i°.Une Dis-
sertation sur h: st/) le êpistulaire , et
les Lettres de Gc lert avec qsiebpies
lettrcà de son aiiu R.jb( i;er. Ce s let-
tres , dont (]uel(pies-unes sont fort
piqu.iufes , oi»t elc tiaiiuitesen fran-
çais par M. fluber, qui les a lait pre-
cc'der d'un Elo^c de Gellcit, i vol.
in-1'2, L«ij)zi.;,i777; et p.»r M""", de
Lafi e ( LilM'chl , 1775 ) , qui y a joint
la traUiction de la F'ie de Gelleit
j).u- M. Cram<r. — 1°. L" s Caiïiujues
ou Pue^ics religieuses — 5 '. ïjesPoé
sies rnor îles tli(lacti(jues. — 4^- '--^s
Contes et Us Fahh's , tiaduits dm s
presque toutes leslan,;u' s, et p'iisieuis
fois en fr mç iis, entre aulr<s par lioul-
Icnger, cl en vcr^ par 'loiissainl ; 1).
ComiiK' rabuli*>te, (îellcrt a un t. dent
ori^iiiil et vrai; sa nirraiion nianipte
de viviiile, mais elle est naturelle;
son slvie e-l plus e!ri;ant (p»e j)ueti-
quc; ses relIcMons sont ^uiivent in-
pciiieuses, cl exprimées avec j;race ,
(l> Il V m a niiiii iinr trixliirlinn rn vrrt rriii)i;i«i«,
Sarnii'^ fummc ttv.Jitifle VKiriMor Willir!i»iiir r)v
trvfli), JUimIjii 1777, lu-H^. Le jml Abrjhaui
eo puLlitt , il Hait* , unu IraUtictiun nt:brjti|iiu.
GEL
miis elles interrompent quelqiiefoi»
le fil du récit. Ses meilleures fables
sont celles dont le sujet est de son
invention , et cVst le plus grand nom-
bi c; mérite trop rare parmi les fabu-
listes. Celles qu'il a imitées de La
Fontaine sont très inférieures à l'ori-
j;ina!, et Gcllert n'en disconvenait pas.
La ^'Âlé ne lui est pas étrangère, mais
la sienne est plus naïve que piquan-
te; (t quand il essaie de donner à la
fab'c le ton de la satire, il manque de
concision et de se!. — 5°. Des Corné'
clies. Gcllert ne connaissait pas assez
le monde et les travers de la nature
bumaine pour réussir dans la comé-
die : l'exagération prend souvent dans
les siennes la place de la vérité; il suf-
fit , pour s'en convaincre, de life sa
Véwote , mauvaise imitation du Tar-
tuffe, sans intérêt, sans caractère, et
sans dénouement : il a mieux réussi
dans le drame des Tendres sœurs ,
dont le dialogue est naturel et la mar-
che touchante. Ses Comédies , comme
tous ses ouvrages , ont été d'abord
imprimées séparément, et souvent
réimprimées depuis ; Leipzig , i 74^ ,
in-8".; 1747, in-8'.; 1758, in-8<>. :
que'iques-uiies ont été traduites en
IVanç.iis (i\ — 6'\ La comtesse sué-
doise de C**. , roman où la vérité
des détails l'ait pardonner l'invrai-
semblance des événements, et qui
attache, par le charme des senti-
ments, malgré la faiblesse de la pein-
ture des caractères, Leipzig, 174^^
in-8'.; i7'î8, in-8'. : on en connaît
deux traductions françaises; l'une
( par rormey), I75f, in-8'.; l'au-
tre par ^^ de B., Paris, 1779 et
(1^ /.« IhUcl lin loterie, romcilie «!r (ipllrrt ,
fait pitrlia «lu l'Iifàtr* aUemiimi , traduit par
Jii:i^cr et t.:nliiitil, '77*' * *"'• '"-•'*; l*'
Sirnrt itniiet , «'oiiit ilio « n y\v\i\ nctri , »r tron-
v< nt liant li'» l'fuf^riit Jet Alltmumit ilnnt tê-t
fctenccf , pni If l'urun <U Ihtlfeld, i7<t8, iii-8. ;
In OtvotM , (r«(luiii- par Poiieaui , a elc imi>riai<i«>
à jiart , Bcrliu , i7jfj , in- 1 J.
G E h
178» , 1 pniiics in-1'2. — 7°. Des
Olùu>res mêlées, coiUeii.uit des con-
tos , (Irs idylles, etc. — 8". l)<.s J)is-
sertaUons de lUtératiirc et de mo-
rale, ai;rCtibl(S à lire, souvent spi-
riltielies, quehiuefois iiisi^iiifianles ,
et beaucoup plus reinai(ju,il)I<'S dans
le temps où elle-* ont paru (piVlIcs ne
le sont aujourd'hui, Lripzjp;, '747»
in-8'.; i7(i<i, in-8°., etc. — 9°. Ses
Leçons de morale , publiées a])rcs sa
mort, parj. A.SclilegelelG. L.lleyer,
Lripzig, 1 770, li vol. in-h". : elles ont
été traduites en français parM.Pajon,
qui y a joint des Réflexions sur laper-
sonne et les écrits de Vauteur; tra-
duites aussi de l'aHemand (de Garve),
Utrechtet Leipzig, 1 vol., 177'.*; cl 'es
Font encore ctc par la reine de Prusse,
veuve du grand Frédéric ( Berlin ,
1790, '2 vol. in-8°. ) Cette princesse
a aussi traduit , en français , les
Hjmnes et les Odes sacrées de Gcl-
lert, ibid., 1789, in-8<*. {Voyez
Elisabeth-Christine. ) Tels sont les
titres littéraires d'un lioranie qui ,
maigre les révolutions qu*a essuyées,
depuis sa mort, la littérature alle-
mande, malç^rc le dédain que témoi-
gnent, pour ses poésies et ses idées,
certains critiques modernes, conser-
vera toujours , aux yeux des juges
équitables, le mérite d'avoir puis-
? sammcnt contiibué à former la lan-
gue , et à mettre en mouvement les es-
prits de ses compatriotes : rien n'est
plus commun que l'itigratiludo en lit-
tératJire; le génie rnêrne n'y échappe
pas toujours, et Geilert n'était poiut
un homme de génie : mais, si l'on peut
lui contester la gloire dont il a joui de
son vivant, on ne saurait lui ravir la
réputation qu'il a justement acquise.
On a beaucoup écrit sur sa vie : le
meilleur ouvrage à ce sujet est celui de
son ami Cramer, qui forme le x^ vol.
de la plupart des collections de ses
G R L 3f)
OP!uwres. Le (clMtre Garve a bien
juge Gc lert danv se.s Observations sur
la morale de G elle ri , ses écrits et
son caractère , Lcijizi:, 1770, in-8".
Krnesii a aus.^i écrit son éloge en la-
tin , Leipzig, 1770, iu-'i ' ; et Haur ,
en allrniaiid, dans le tome 11 de ses
Biofrrophies.
(i — T.
GIllLLEîS T ( Christf,!!:»- Euni:-
gott), frère aîné du précédent, sa-
vant professeur de m^'t d'urgie , né à
Haynichen, pics de Freibcrg, en
août 171 3, fit ses premières études
à Meissen , et ensuite à l'universilc de
Leipzig. Appelé avec plu>ieurs au-
tres savants saxons à Pélersbourg,
il y enseigna d'abord pendant un
an , et fut ensuite pendant dix ans
adjoint à racadémie. Ses lelations in-
times avec le célèbre Euler lui inspi-
rèrent le goût de la physique et de
la chimie ; et ce fui pendant sou sé-
jour à Pélersbourg qu'il commença
à cultiver ces sciences, luippclé eu
Saxe en 1746 ou 1747,11 s'y livra
de nouveau à la carrièie de rensei-
gnement. Ses coiu's miuéralogiques
attiraient à Fieib ig une quantité
d'étrangers de la plus haute distinc-
tion , et lui furent piyés très cher;
car le prix ordinaire d'un cours pu-
blic était de 5 à 4 cents thalers (12a
16 cents fr.), (t pour un cours par-
ticidier il recevait jusqu'à 1 raille ï\\
îl fut noraiMC successivement en 1753
conseiller commissionné aux mines ,
chargé de l'inspection des machiiies,
de l'examen des fontes et de c<:'lui des
minéraux de la Sixe ; en 1764 , ad-
ministrateur en chef des fonderies et
forgP'^ à Kreiberg ; en i 765 , profes-
seur de métallurgie à l'académie des
mines établie dans la raêu)e ville, et
enfin en 1 782 conseiller effectif des
mines. Ses reclicrches métallurgiques
ont f.dt faire un grand pas à \n
science. 11 a le premier iotioduit en
1^0 GEL
grand le procède du départ des me'-
taux par jmalgaraalion. La méthode
dVxtr.jire es n.ëtaux précieux des
minerais par le moyen du mercure,
él.iit ii.vei:(ce et sui'H p;ir les E-^pa-
gno^ dans l'Amérique méridionale de-
puis plus d'un sièc'e ava-il -pie Ir ba-
ron de Born en eut f.iil 1( s premiers
estais. Gejiciid.ânt le j»rocéde d'amal-
gnraafion introduit par de Bt-rn , ne
s'oj e'rail (jue par \v moyen rlu feu ;
l'ixirai ti(<n | ..» amd^am* ion à iVoid
n'èla t pas encuc- en usa 4» . ri tes «*s-
sais qu'<n avait entrepris dans ics mi-
nes df Hongrio, n'avaient pas eu de
succès. Gcllcrt, convaincu de l'e'.ono-
niie qui résulterait de 1'» xtnc'ion dt s
métaux pir amalgamation à froid ,
en épargnes de bois, sa'aires d'ou-
vriers , cl dépenses pour les cliaudic-
res de cuivre , ap],liqua c< tte dernière
méthode aux uiinerais de la S xe Ses
essais ayant complètement réussi en
jirand , Chrpentier, conseiller des
mines de In Saxe, fut en\o\é en
i-jBG, par réitcttur, en Hoigric,
pour s'inslriiire de tout ce qui a rap-
port à ( ette oj)éraiiun • el a son re-
tour il fut charj»é par l'électeur de
construire à Halsbiiitk un ateli. r d'a-
mal^amatiou à froid, qui est le plus
grand qui < xiste en Europe pour cette
opéialion. (V(st drpuis 1790, qiu- le
pro( édé de iîorn, pour le dcj)jrl dis
métaux, a été suivi dms c> t afrliCr
en grand d'après les principes de
Gellcrl. (le bàiiruent fut en 1791 la
proie des flammes; mais il a été re-
levé depuis, et on coniinue à y i\v,-
ploycr le même procédé. Siqiu ira
( .T. P. Fragosode ) a publi.- < n fr.ui-
çais cl en a'iemand une Dcscr'rtlon
tic tous les travaux tant (V amalga-
mation fjuc (les fonderies (jui sont
actuellement en usa^e dans les ate-
liers de Ilalsbrùch , près de Frey-
hcrg, Dresde, 1800, in-Zj". Gellerl
GEL
est mort le 1 5 mai 1 795 , à l'âge de 82
ans. Autant le poète Gellert son hère
était enclin à la mélancolie , autant
celui-ci était disposé à la taîfé; el quoi-
que se fusant paver chèrement ses
leçons par les étudiants étrangers, il
n'épari:iîai' rif n peur instruire gratis
les ouvriers et les empiovés aux
mines de ia S.«xe. On a de lui plu-
si(nis ouvrap;es, tous en allemand:
1. Eléments de la Docimasie , ex-
posés selon les principes ue la théo-
rie et de la pratique , parJ. A. Cra-
nit-r, traduits du latin en allemand,
Slo^kiiv l>;i , i74'">, in-8°., i^i'.^- ; et
Leipzig, 1766, in 8., {\^.\\. Elé-
ments de la Chimis métallurgique ,
considérés sous le rapport de la
théorie et de la pratique , Leipzig,
1750, in-S".; a*", édit. , coiri^^ée et
aiiç^mcntéc, ibid., 1776, in-8". III.
Eléments de la Docimasie , ou
tome II de la Chimie métallurgi-
que ■j)r' tique ^ ouvra«;c dans lequel
on démontre ddfér'^nls nouveaux pro-
cédés pour essayer a\ec certitude,
Leip/ij:;, 1755, in 8^. , avec 5 pi.;
2. édit. , augmentée par raut(ur,
ibid., i77'>. , in 8'. U existe de cet
ouvrage une traduction française ])ar
le baron d'Hulbacli , Paris, 1758,
1 vol.iu-1'2; et une traduction an-
g'ai>e , p>r J. G. S. (Sey(eith),
Londres, 177O, in -8**. On trouve
également de Gellert quelques Dis-
>erlaliops chimi(|nes dans \e Journal
pour la Miné' alof^ie , par Koliler;
(I, dans le- Cinnientarii Hetropoli-
tani, un Meumu»- De densiiale mix-
tcrtiin ex metallis el semimetallis
Jactrrum , itlc. W — u — D.
Gl'.LI.I (Jean-Baptiste), célè-
bre auteur italien »lu wi" . sièch* , se
distingua dans l.i liiléiature philolo-
gique, dans la comédie et dans la phi-
losophie nutr.de. Tl prouva par .sOU
exemple, ctnime l'a observé Sfipion
G K L
Ammiralo , que ceux qui s'excusent
de leur if;norance et <Jc i'éloigiicinciil
où ils oui vc'cn de la enltiirc (I(îs let-
tres et des ails, sur leur j)auvr(lc ,
leurs affaires, ou sur d'autres raolit's
de e« ftc iialure, n'en doiveul en effet
accuser que leur paresse. Ne à V\o-
jente eu l4oH, ii c't.iit fils, selon
.les uns, d'un li oiuîclier ou chau*^sc-
tier, Cdhiiiuolu; selon d\<\\\rcs. d'un
pauvre tailleur, Sarion%c\ uicuie d'un
simple raccommodeur d'habits (i):
il ai'la loug-leiups sou père dans celte
profession; il l'exeiç» lui-nieiue, et
l'exerçait encore, ainsi q le nous le
venojis plus bas, lorsque, reçu mem-
bre de l'acadeuiie fJorentiiic, < t mciue
après en avoir elc consul, il prononça
devant cette illustic académie le dis-
cours oratoire qui précède ses Icçiuis
sur le Dante. ]Mai;.;re le désir très vif
qu'il avait toujours mo?'trcde faire S'S
cludes, ii n'en obtint la pernussiou
de son père qu'à i'agc de vingt-ciuq
ans. Ses progrès Jurent aussi p;rand5
que rapides. 11 n'apprit point le grec,
mais il devint très savant dans la
langue latine ; et s'e'tant parlicuhcre-
rncnt applique à connaître les prin-
cipes, le vr.ii caractère et rèlègance
de la langue to'^cane, il fut bientôt
regarde comme un de ceux qui la
parlaient et l'cVrivai; nt !e mieux. Il
fut, en i54o, un d<'S principaux
lilterateuis qu.i se rissrn.b'èrent chez
Jean Mazz loli , plus connu sous le
nom du Siiadino, ef qui y formc-
renl l'académie des Humides ; 'iue
confoimc à la mode acadcmiqnv; qui
régnait alors, et qu'elle chaugea trois
mois après sa fondation , pour le
nom plus convenable d'académie flo-
rentine, qu'élu; a illuslie', et qu'elle
f 0 Dans le langage CDmmun et dans la langue
psrl<5e, calzniiiolo a souvent en Ilalie ce der-
Durr «mis; m:iis dans la langue écrite et régulière
il ne signifie <juc chans'seticr , ft«-.
GEL 4i
a toujOur"s conserve depuis. Son prési-
dent, (jiii ('i.it n nouvcle tous les sir.
mois , avait le titre d(! ecuisul. Oelli ob-
tint le consulat eu i548: il fut de
plus nommé trois fois e( ns( iir et re-
format- ur de la langue, qiii (itail la se-
conde digîiifc de l'académie j et ce fut
en 1 555, (pie le duc de Florence , Cos-
nie l*"'., le cliargea d'exp'iquer publi-
quement \i\ Dwina coTnmcdiaàu\),\vi-
te, fandis qu'ii chargeait aussi leVarchi
d'expliquer \v Canzonicrc de Pclrir-
que. (les dates peuvent paraîtie in^
difrcrenles; mais vtiici ce qui les rend
dignes d'attention : dans le discours
d'apparat que Gelli prononça devant
l'académie pour i'ouvetlure de ses le-
çons sur le Dante, il compte pour
l'une des principales raisons qui l'ont
engage' dans une entreprise si diffi-
cile, l'amour qu'il a et qu'il a toujours
eu pour ce grand liomme , tant à rai-
sou de son savoir et de son sub'ime
talent, que parce qu'il a e'ic la pre-
mière et la principale cause qui lui
a fa't apprendre tout ce qu'il sait.
a Le ieul désir coutinne-l-i', d'entcn-
» dreles liaut<s et profondes peuse'es
» de son mervriliet.x poème, fut ce
)) qui me porta , dins cet âge où
)) l'homme est le plus livré aux plai-
»sirs, et d iis cette j rv fcssion si
» étrai g' re aux h lires, (pie j'exerçais
» et (fie j'exerce encore , à me met-
» lie a é'.u.iier la laUj;ue latine, et en-
)) suite à consacrer tout le tc^mps que
» je pouvais prendre sur mes affiires
» donic.->ti..;n! s . à l'étude des sciences
» el des b- a :x-arts; jiig. ant avec rai-
» souque, vouloir sans leur secours
» entendre ce poèrae, c'était vouloir
» voler sans ailes , et vouloir na^i-
» gucr sans boussole et sans gouver-
» nail. )) Ainsi , à l'âge de cinquanle-
cinq ans , honoré des premières di-
gnités littéraires de sa patrie, el après
avoir publié avec succès un grand
43 GEL
nombre d'ouvrages, il travaillait en-
core <!e son métier de boundier ou
de taiîleur d'habits , et cela , non pas
dau> Horencc républicaine, mais sous
le seci;iid de ses durs, et sous les
yeux d'ui.e cour brillante. Les affai-
re* domestiques dont il parle l'avaient
en effet toujours beaucoup occupé. Il
avait une femme, des enfants; il était
pauvre, et ii ét.iit bon mari et bon
père. Il mourut en i563, à Flo-
rence, d'où il n'était jamais sor-
ti. D'après sou portrait, gravé en tête
de quelques-uns de ses ouviages, .«a
iiguie était belle, douce, et rendue
vénérable par une barbe longue et
épaisse. C'était un des hommes que la
nature avait le plus heureusement
doués, et à qui il n'a manqué que la
fortune. Ses ouvrages , cités par les
académiciens de la Crusca, comme
autorités dans la langue , sont : L
Tulle le lezioni faite nelV accade-
miafiorentina , Florence, i 55 i , in-
8\ Ce sont les leçons ou lectures qu'il
avait faites d.ms les séances de l'uca-
démie, depuis i547, ''"'* quelques
passages du D.*nto et de Pétrarque :
elles, avaient d'abord paru séparé-
ment , à différentes dates ; elles lurent
recueil ies en ini seul volume dans
celle édition de i55i, par Torren-
tino, qui n'y mil point son nom. Ce
fui le sucrés de ces leçons qui enga-
g<a CM.srac I '. à cli.irger l'auteur
d'exp iquer publifpiemenl le poiine
entier (lu D.mte; ce qu'il fil jus(ju'( n
I 55i , deux ans avant sa mort. Files
furent publiées d( puis i554 jus(pi'a-
lors , en sejd dillérenls pdiu volu-
mes , dor)l chacun porte le titre de
J.ctiura i«.,2". , 5*»., etc. sopralo
inj'erno ili Dante, avec le nom du
consul sous lequel ces leciures ont été
faites; ce (pii <ti marque l'.innée. Klles
ftont toutes divi.sées en Leçons : la
première Itclurc en a douze, et le
GEL
discours; la seconde, un autre dis-
cours et dix leçons ; la troisième ci
la plupart des autres, aussi dix le-
çons. Il est rare de pouvoir réunir ces
sept parties. Salvini , dans ses Fastes
consulaires f indique surtout la cin-
quième comme très diffiei'e à trouver.
II. 1 Capriccj del Bottajo , Flo-
rence, 1 548, iu-b. C'est la meilleure
édition et la plus rare de ce livre,
dans lequel l'auteur introduit un cer-
tain Giusto, vieux tonnelier floren-
tin, qui disserte dans une forme sin-
gulière sur différents suj» ts de philo-
sophie morale. Il feint que ce Gnisto ,
homme sans instruction et sans let-
tres, mais doué d'un bon sens natu-
rel et d'une longue expérience, dor-
mant peu la nuit , à cause de son grand
âge, avait l'habitude de parler tout
liaut et de s'entretenir seul avec son
ame, c'est-à-dire avec lui même: Bin-
do, son neveu, qui coueh.iit dans une
chambre voisine , séparée par une
simple cloison, avait tout entendu,
tout recueilli ; et c'est d'après ses no-
tes, que Gelli tait part nu public des
dialogues nocturnes du vieux Giusto
avec son ame, sous le litre plus ori-
ginal que l'ouvnge même, des Capri'
ces du tonnelier. \\ n'en parut d'a-
bord que huit, simplement inlilulés :
Dinlos^hi delGello, col dialogo deW
invidi(i,V\oiviiCQ y i5i(i, »n 4 • 1-" 'au-
teur en ajouta deux autres en i54H; et
c'est d'après eelte seconde édition, (jui
est très brile et très correcte, qu'd en a
é!c fait, tant a Florence qu'ailleurs ,
nn grand nombie d'autro, où l'on
ne trouve p.is , à beaucoup près , la
mênie élégance typographique ni la
njènie correction. Les explieations et
les instructions que l'ame de Giusto
lui donne, sont fort sages; elles ont
pour objet la nature même de l'ame,
la conduite de la vie , le soin d'éviter
les vices qipi b troublent, le bonheur
G E L
(^'imr condilioii privée et iVimc vie
obsciui'. Cl lui que l'on |)tut couler,
mcmcdaiis la vicilh'.ssc , et les av;iu-
tigrs (le cet à^c, .si l'on veut en ocar-
tcr les pas-ions folles , les ie<^rcts tlii
p.issc et les craintes de l'avenir : celte
]ihili)SO|)liic n'est pa'^très profonde; et
l'on poiirrnit peut-être tirer plus de
puti de ce cadre Li/.irrc, mais assez
ingénieux , et qui était alors nouveau.
111. La Circe, Florence, Torrenliiio,
1 5/}9 , in-8°. ; ouvrage dont l'idée est
encore plus bizarre, et dont rexëculion
est aussi plus originale et plus pi-
quante. La fiction allégorique d'ilo-
lucre ( Odyssée y /. X ) , qui fait chan-
ger des Grecs en pourceaux dans l'île
de Girce, est le fondement de celle de
Gelli. Mais dans Homère, Ulysse ob-
tient de la magicienne que ses compa-
triotes, rendus à leur première forme,
retourneront avec lui dans leur pa-
trie : la Circc deGel'i n'a ])as changé
les Grecs en pourceaux seulement,
mais en différentes sortes d'animaux;
et , quand Ulysse la prie de leur ren-
dre la forme humaine, elle met pour
condition , qu'ils y consentiront eux-
mêmes. Ulysse n'en fait aucun doute;
mais il se voit bien loin de cèinpte,
lorsqu'ayant propose à chacun cTeux
de redevenir homme et de quitter son
ctat de bcte, il reçoit un refus de tous,
et l'explication de leurs motifs. Il n'y a
que l'elcphant qui soit assez raisonna-
Lie pour consentir à reprendre l'exer-
cice entier de la raison humaine ; et
c'est aveclui seul qu'Ulysse va rejoin-
dre ses compagnons et son vaisseau.
L'ouvrage est divisé eu dix dialogues,
dans chacun desquels Ulysse fait sa
proposition à l'un de ces animaux,
qui tous , à l'exception du dernier ,
lui font les mêmes réponses. Il prend
les choses de loin ; car les quatre pre-
miers auxquels il s'adresse, sont une
bi;ît;c, une taupe, un serpent et un
GEL 43
lièvre. On sent (pie mIs trouvent des
raisons sjx'eieuses pour préférer leur
état au nôfr<', des animaux tels que le
chien, le lion , le cheval, en ont en-
C'uedeplus fortes. Ou recourait dans
cette fable , dont il existe une ancien-
ne traduction françtise par le sieur
Duparc ( Paris, 1 5G7 , i 57-2 , in- 1 6),
et par un anonyme ( ibid., i()8i ,
in-i'2 ), la ^ource d'où La Fontaine
a tiré la première de son xn'. livre,
intitulée : Les compagnons d'Uljsse,
II s'en vit de pellls , exempliim lU talpa.
La Circé n'eut pas moins d*éditions
que les Capriccj. Torrentino la réim-
prima en i55o et en i56'2, in-S**.^
ces réimpressions ont des Tnérites par-
ticuliers qui les font préférer, surtout
la première des deux, à celle de 1 549*
IV. Deux comédies en prose, l'une
intitulée La Sporta, Florence, i545,
i548,in-8".;et l'autre, Lo Errore,
Florence, i556, iu-8'. La première
est ù\éç^àe\^ Aididaria ou (\eV Avare
de Plante ; la Sporta est un petit pa-
nier à deux anses, où le vieux Ghi^
rigoro a mis son trésor. Gelli avoue ,
dans son prologue, l'emprunt qu'il a
f lit au poète latin : on assure qu'il eu
avait fait un autre dont il n'a pas par-
lé; que c'était Machiavel qui avait
voulu traiter ce sujet , d'après la co-
médie de Plaute, qu'il n'avait point
achevé la sienne, qu'il en avait laissé les
fraîïuients entre les mains d'un de ses
amis, que ces fragments étaient par-
venus au Gelli, et ([u'ayant suppléé ce
qui manquait, celui-ci l'avait publiée
sous son nom , sans mettre, comme il
l'aurait dû , Machiavel entre Plaute et
lui. Cette pièce fut réimprimée à Flo-
rence , i55o, i55G, 1587 , et depuis
à Venise et ailleurs. Dans plusieurs de
ces réimpressions, on a retranché, de
la première scène du cinquième acte,
à'cs traits un peu vifs sur les martyrs
44 GEL
et sur St.-M.Titin; mais ce sont les
preiiiièrf:.> éd!tion> , q.<i sont vnfi'rfs,
quenieiiiiei. acaJeiuitieus de L Crus-
C3. il> ne foi l Huriine mepli"n de
VErrore, cionl k Gcili avoue que le
snjpt (st einprnnle de U CliUs de
l\î.'>ci.iavcl. C'e»l un vici!'.i'"d, aii;ou-
rtux d'une f( nmie qui n'e>t pas la
sienne : !es deux femmes, qui sont
amies, s'ent/ridciit ])Our se incquei*
de lui. Pri/ tluis un p'cj^e qu'on lui a
tendu, il ne »\i\ lire qu'en consenfaul
au inaiia^c de soh (ils :»vpr la fille de
celle raênic U n'rac à qri il avait voulu
j)blre. Machiavel a lire' lui-mcnic de
la Casina de Plautc , celle cOTnedie
don! le foni e't 1res immoral : le
Geili en a fort ailoi.ci le fond el la for-
me j lUiis il en a aussi presque cnlière-
raçnl (fTice la couleur, et ue'truit la
force comique. La première édition
est extrêuH nient rarej elle fui reim-
prime'e à Floreui'e en i6oj, et l'a ctc
plusieurs fois dep.iis. Ou donne gc'ne'-
ralcment à ces deux comédies des
clogcs qui sont pcul-etrc exage're's,
snriout à l'eg.ird de la seeon<le. Les
caractères, la situation, l< diaîogje et
le style de la Sporla ont bien plus do
vivacilé;el cette inégalité peut auto; i^er
à croire qu'elles ne .sont pas en eiretde
la même main. V. On trouve des vers
duGellidans la desciiption dis fêtes
<jui furent célébrées à l'Iortnce en
1 559, pour le mariage de C')sme 1 ''.
avci Éléonore de Toiède ; Af^pttralo
e fcsle nelle nozze dtU'ulusirissi-
mo signor duca di Flrenzn t dd a
d'ichcssa sua consortc , con If siid
slanze , inadrif^ali, coinincdia eiin-
Lcrmedi in quelle recUati , Florence,
i5")9, in-8'. Dins ces fêtes, aecom-
pa;;nees de spectacles maguifitpies,
Apollon, et les neuf Muses, décorés
de tous leurs altiibuls, les dieux <l les
<léesses des llcuves el des rivières de
la Toscane , les principales villes de
GKL
ce duclie' persouniiiées , récitaient et
chaut. i«i't des jièces de vers, des
sîauces hén u;u'S, des madrigaux, à
la louunge des deux époux. Tt>u;> ces
vers^ parmi lesquels il y en a de très
in^éiiKux, sont d' Gelîi. VI.Darjsle
liecueil intilulé TitV.i itriunfi , carri ,
mtischevîde o canîi carniisciulfschi ,
ou cliints com[)0-cs pour les fèlcs
p. polaires d.' Florence, du tenips de
Laurcnt-k-îMi'gnifique,/M5<jri/'e'<i559,
il y a deux de ces chants qui sont
de Gelii; ce sont ceux des f i^eurs de
miroiis, macstri di f r specchj , et
des couturiers, agucchiaturi. Dans le
premier, quelques iJées morales sur
l'iiSogc qu'hommes el femmes , jeunes
el vieux, peuvent faire du miroir, sont
plus and'gius au caractère et aux
idées h.ibituelics de l'auteur , que ne
le sont, dans le second, les plaisan-
teries libi'-s el les équivoques sur les
b."s, les bonnets el les bourses que
fabiiquenl les couturiers et sur l'ins-
Irumcnt dont ils se servent. Le sujet
qu'il choisit pour ce dernier chant ,
esl ujie raison de plus pour croire
que c'était plutôt la j>rofession de bon-
netier que eelie de ladleur qui était la
sienne : en lête de l'une de ses comé-
dies, la Sporta, on lui donne ou il
prend aussi le li'rc de C dzuiuolo
Jiorciilno ; cependant le dictionnaire
historique italien de B'ssano lui don-
ne celui de saitore. IM lihuu Toscano,
dans sou l cpliis ItaliiP , n". iOt,
lui altiibue le même état, en lui con-
saer.in! ce (ju itrain :
yuK i '.tUnio a'trriXiS r»nsiripsit ilrslcr» libro*
Sifiir bprr riifn (;<-ii)iiio l'orlifr re-xit acum.
Iniliiii lue h'iiiii iiifn prrilurA i-urpor.* vrttc ;
Sciiid lanirn libris non prrilura Uedit.
Ft dans la prose (|ui suit, il ajoute:
SuLriam arieni cxt-rcnit Flomiti-
nus GfUins , etc. VII. Enfin Gcllî
traduisit du litiii phi<ieurs ouvrages ,
tels que Xtltcubd d'lMin|>ide, qu'il
transnoria , de son aveu, du latin d'^É»
r. E L
Và'^mç cti vers ililiciis, et qui fui ini-
primce iii-H'., sans iltlo cl sans nom
de lion : d'e o^^ très r.uc; — la T/c'
d'Jlphonse d'Esté, (lue de Fcirarc,
Ciiilc «Ml laliii par l^n^l J«ne, Floieii-
ce, 1 553, in 8'.; — un Tr.iilc, non
pas des couleurs en gênerai , conuno
11' portent presjne lont<\s les Biogra-
phirstl les Ijibliograpliies, mais des
couleurs des yeuK , de' coJori dc^li
vcchi , de Simon Por/jo, p'niîosophe
napolitain, Fiorcricc, Toncntino,
i55i , in-8°. On tronve à la fin du
volume «me pelilc dissertation tradui-
te du même ant«'ur, sur une jeune fille
qn'ou prétendait avoir vécu en Alle-
magne plus de deux ans sans man-
ger et sans huire. Le pliilosophc Por-
zio prend d ois cet opuscule la Idjcrte
de révoquer en doute un phe'nomène
qu'on donnait p'ur ronstml; et il
explique au paj'e Paul II l les raisoiis
qu'il a de n'y pas croire , linsi que les
t^its naturels qm ont pu donner lieu à
cette erreur. G — e.
GELLIBRAND (ÎI-^wri), astro-
nome anglais, né à Londres en i5{)'y,
cl.iif curé de (ihlddingstone, an comté
de K^-nt, lorsqu'une sorte de pas >ion
qnl prit tout a coup pour les mathé-
matiques, après avoir assisté à une
leçon publique sur cette scienc, lui
fit abandonner la carrière ecclésiar>ti-
que, où il pouvait cependant espérer
de ravancement. Il entra comme étu-
di mt à Oxford , où ses j)rogrès ra-
pides lui mcrilcrent Tamitié et la pro-
tection de Henri Jjrijj;gs. Ce savant
professeur lui fit obtenir, eu 1627, la
chaiie d'astronomie du collège de
Gresliam,ct le chargea en mourant,
en i63o, d'achever et de priblier son
ouvrage , iiiiitnlé : Tri^onomctria
Britannica. Cet ouvrage fut im prune
en i633, in -fol., pir le célèbre
Vhcq (Adrien), à Guude en Hol-
lande. Le second livre est de Gelli-
GEL 45
braniL C'est, avec qu'iques petits trai-
tés tendant au perfcCiionm nient de
l'art de la navig.tti-in , à peu pi es tout
ce (pi'on connaît d" lui. il m juiut !o
uO février i()57,a l'.'igc il- (jjarantc
ans , avec la répuiation d'un savant
géomètre, ma'sqin ne devait ses pro-
grès qu'a une ij)plitation i. fatig nie,
et non à un géine n-.tiiiel II «*tait fer-
mement attaché au système de Pto-
léraée,et ne craignit pas de le dé-
fcMuIre coritre celui de Copernic,
qu'il traitait d^lb^urdlté. On peut ci-
ter , parmi ses autres ouvrages , son
Iiii^tiiution tri^oroinélriquii , ])u-
bliéc en i654, ctréi iq)rimeVaveedes
additions par G. Leybourn en iG52.
X — s.
GELLTUS. T'''oy. Aulu celle.
GhLMI (Jf-JAN-ANToiNiij, iuipro-
visateui italien , né à Vérone dans le
xvi^. siècle, était fils d'un baul.mger:
il exerça la profes«;ion de son père ^
mais les soins qu'il était obligé de
donner chaque jour à ses afTnrcs, ne
l'empêchèrent pis de produire une
foule de pièces d' poésie, remarqua-
bles par le choix d.-s expressions et
la délicatesse du sentiment ([ni y
domine. O.j a de lui deux Recueils
de Sonnets, imprimés à Vérone ea
1 584 et en i588, et j)'usienrs Elé-
gi's sur la mort d'un de ses fils , que
Scipiou M-ifTei trouve dignes des meil-
leurs poètes de l'Italie. W — -'.
GELON , roi de Syracuse , uacpui à
Gela, ville de Sici e. li descend ni ae
l'un des Gn es qui vinrent fonder
cet e ville. La di;.;nité d'hiérophante
de Céiès et de Proserpiue fut toujours
exercée par ses ancêties depuis ïe-
linès, qui en avait été revêtu le premier.
Hérodote, à qui nous devons ces dé-
tails , nous apprend que Gélon était
(ils d(; Dinomenès, cl que, de siiuple
garde du corps d'Hippocrates , tyran
de Gc!a , il paryiut psr sou mérile à
40 GEL
la charge de çjënëral de cavalerie. Il
se dislinç^na dans toutes les |;uerres
qu'Hippocrales eut à soutenir ; et , à
la mort de celui-ci, il prit los armes
contre ses concitoyens , sous piétcxte
de d(ifendre les intérêts des entants
du tyran. Bientôt tyran lui-même, il
usurpa la souveraineté, en dépo(iilia
Euclidc et Clémdre, et prépara ^msi
les voies qui devaient le conduire au
Irone de Syracuse. Ayant eu le nioven
de se former un parti dans cette ville,
il sVn fit ouvrir les portes ; et, après
avoir abandonné le gouvernement de
Gela à Hiéion son frère, il s'empara
de l'autorité, cl no tarda pas à se ren-
dre très puissant (i). Son prcnàer
soin fut de réformer les mœurs de
.ses nouveaux sujets, nalurcliemcnl
cncîins à la poressc, et de les rriidre
actifs et laborieux. Il étendit les limites
de ses états, ( t en augmenta teileme^it
les forces , qu'il fut en état de fournir
aux Giccs des sccouts contre le roi
de Perse. Les an)bassad»urs de Sp irle
et d'Athènes se rendirent à sa cour ,
pour lui demander de se joindre à la
oonfédéiation de li Grèce, contre les
barbares qui voulaient l'asservir. Gé-
lon,qiii, peu de tcmp'^ auparav.int,
avilit imploré en vain i'.issist.ince des
Grecs contre les Cai ihaginois, se plai-
^nit justement d'avoir éié ahatidonnc
par eux à ses propres moyiis : il
leur offrit néanmoins vingt luille hom-
mes de pied, deux mille chevaux et
deux cents vaisseaux, s'ils voulaient
le reconnaître pour général. Le Lacé-
démon ien r« fusa avec dédain les .ve-
cours de Gélon, qui proposa alors de
laissera S|'arle le rommandementdc
l'armée de terre, si on voulait lui cé-
der celui de l'armée navale; mais l'am-
(l^ Drnjr« rrUiillrarnatir Pnr rctlc «^]>f>qiir \crt
lAirroiiili? aiiiirr il« la^^c. <ilyiii|iMiilr , l'un ila
Hnnir alil , «v. .1 -{', /)<ji ; 111.1M I«m liistnriCDS va-
riaat tuui d« <{u«l<iuci aiin«ci sur cr iiuiitt.
GEL
ba.ssadenr d'Athènes , offensé de celle*
proposition , fit valoir les droits de sa
patrie, et répondit que jmiais un
Athénien ne consentirait à marcher
sous les enseignes d'un Syracusain*
Gé'on sourit: «Je vois bien, leurdil-
» d, que vous manquez non de gé-
» néraux, mais de soldats; partez,
» et annoncez aux Giecs que, des
» qu .tre saisons de l'année, on a
» ôfé le printemps. » Il comp-arait
ainsi la Grèce, privée de son alliance^
à une année sans printemps. Les am-
bas>adc!irs quittèrent Syracuse; et
Gélon se contenta d'observer les mou-
vements de Xerxès , pour se con-
duire ensuite suivant sa politique et
les circonstances. II avait d'ailleurs
d'autres ennemis dont il devait redou-
ter les entreprises : les Carthaginois
ne lui auraient pas laissé le temps
d'envoyer en Grèce une armée dont
il avait besoin pour défen<lre contre
eux ses j)ropres états. Voilà peut-être
le véiilable motif qui l'empêcha de
secourir les Grecs. Hérodote semble
le reconnaître lui-même, lorsqu'il
rapporte que les pe iples de Sicile
disent que, sans les circonstances oii
se trouva Gclon , ce prince aurait
donné des secours aux Grecs. Eu
effet , les Carthaginois ayant débar-
qué peu de temps après dans cette île,
;iu non)l)ie de trois cent mille hom-
mes , sous la conduite d' Amilcar, ils
voulurent former le siège d'Hi-
méra, où rég riait ïhéron, beau-père
de Gélon. Celui - ci vola à sa dé-
fense; et, après avoir employé la
ruse pour se drfaire d'Amilcar, qui
fut poignardé dans son camp, il pro-
fita du désordre et de la confusion
d'une armée (pii venait de perdre son
chef, pour l'alta pier avec impétuo-
sité. Son succès égala son courage :
l'ennemi fut taillé en pièecs; les flam-
mes devoièient les vaisseaux de Car-
GEL
tirage ; crnl ciiKiu mtc mille liom-
iiies y pcrdiiTiil la \'\c : à [»cine .ir-
iivai il (H Afrique (|ii('l(iiics Injanls
J)()ur aimonccr ce dc'sastrf'. Ctrl liage
craignit de voir venir Geloii jusque
sous ses murs poursuivant sa vic-
toire ; et, pendant (p»'ellc veillait,
qiiMIe délibérait sur les moyens d'ar-
rêter son ennemi, qu'elle lui envoyait
des ambassadeurs , Gelon distribuait
à ses soldat > les dépouilles des vain-
cus, réservait les plus riches pour les
t( mples des dieux , et partageait entre
les diirerejit> corps de son armée cl
les villes de Sicile, les captifs, qui
étaient en si grand nombre, qu'on
eût dit que toute la Libye e'tait pri-
sonnière. Diodore de Sicile assure
qu'à Agiigrnte, quelques particuliers
curent jusqu'à cinq cents esclaves.
Gélon, couvert de gloire, revint en-
suite à Ssracuse avec les troupes et
les prisonniers qui lui e'taienl échus
en partage; il y reçut les ambassa-
deurs de ceite ville africaine , dont
la cupidité convoita constamment la
possession de la Sicile, et qui en-
tretint, jusqu'à sa destruction, les
malheurs de la guerre et les divisions
intestine?, au sein de celte î!e. Plus
grand encore par sa modcralion que
par la victoire , Gëlon accorda la paix
aux Carthaginois. Il exigea d'eux l'a-
bolition des sacrifices humains qu'ils
étaient en usage d'offrir à Saturne, et
Je paiement de deux rail'c talents pour
les frais de la guerre. ïleureux les
peuj)les dont les princes sont assez
magnanimes pour n'être anime's que
par d'aussi nobles sentiments de ge-
ne'rositcl Les Carthaginois ne furent
point humilies par ces conditions : ils
se hâtèrent d'exécuter le traite'; et,
comme on crut que Damarèle, femme
de Gelon, avait contribué à inspirer à
son époux cette douceur qu'il montra
tuveri ks vaincus, les ambassadeurs
GEL 47
reconnaissants lui oflrirent une cou-
ronne d'or de cent talents, dont on
fil ensuite une monnaie qu'on apj)ela
Daniaretiou. La conduite (pie tint
Gelon dans celte ciiconst.inrc indifpie
assez que le bonheur des Syr.ieus.iins
occupait toute sa pensée. Loin de
s'enorgueillir de ses succès, il ne
voulut point profiler de l'ascendant
que lui donnait son triomphe; il dé-
daigna de s'assimiler au vainqueur
qui, après avoir employé la force des
armes pour humilier les vaincus, s'en
sert ensuite pour faire peser le même
joug sur le peuple qu'il est appelé à
rendre heureux. Géîon convoqua une
assemblée du peuple, y parut sans
armes, fit un exposé de sa con-
duite, rendit compte de l'usage qu'il
avait fait de son autorité, et re-
mit sa vie et son pouvoir entre les
mains de ses sujets. Les Sy/acusains
admirèrent la confiance de Gélon , et,
voulant récompenser ses vertus et ses
talents, le saluèrent par acc'amallon
roi de Syracuse . On lui décerna une
statue, où il fut représenté sans ar-
mes, tel qu'il s'était nionliéau milieu
de ses concitoyens, plein de confiance
dans leur justice et dans sa conduite.
Des dépouilles des Car'haginois, Gé-
lon bâtit ensuiie deux temples, l'un à
Gérés, l'autre à Proserpine, et il
envoya à Delphes un trépied d'or.
Il faisait élever un autre temple de
Cérès au mont Etna, lorsque la mort
Tenleva à ses sujets : il mourut vers l'an
478 avant J.-C. , après avoir désigné
son frère Hiéron pour sou succes-
seur. Les honneurs héroïques lui fu-
rent décernés; on lui érigea un super-
be monument, oii les Syracusains al-
laient pleurer la perte de leur roi; et
lorsque , 1 5o ans après , Timolcon fit
rendre à Syracuse sa liberté, et dé-
truisit les statues des tyrans qui l'a-
vaient gouYcrkée jusqu'itlors, celles
48 GEL GEL
Je Gëlon fureni seules conservées. La à Yvoy , ancienne ville du ducLe' de
recDnijai-SsancecJesSyraciisaii.ss'ëteij- Luxembourg au diocèse de Trêves,
dit jusqu'à leurs descendauts. Tiince de parents honnêtes, mais qu'on ne
prcleiid (jue Geion laissa sa f Tnmc dit pas y avoir occupé un rang dis-
D^marètc à Poiizclc son fièrc, prince tinguc. Il vint n Paiis faire ses éludes
d'un grand njérite, pour (juM eu iît dans l'utiiversité, et il nous apprend
s(»n épouse, il avait en ore deux au- lui-même qu'il y passa m.iître ès-arts
très frères, Hiéron et l'rasybale , qui en i38> ; ce qui indique à peu près
régnèrent après lui. Si Dei-ys le tyran, le temps de sa naissance. Après avoir
qui vécut et régna plus de cent ans achevé sa phi osophic , il suivit les
après, n'a point lusse de mcJailles écoles de droit à Haris , y reçut le
frappées on son honneur ( Voyez grade de baclu-licr ès-décrets , alla
DE^YS XI, io5 ), nous ne devons prendre sis licences à Orléans, et
pas espérer d'en trouver qui aient revint dans la capitale occuper une
été frappées pour c( lui - ei. Cepon- chaire de la même faculté. Le bruit
dant d existe, dans tous les cabi- de son savoi» parvint ju>qu'au duc
nets, des médailles qni nous offrent d'Orléans , frère de Charle- Vi, ami
la tête diadémèe de ce prince. Plu- des savants et des lettres. Ce prince
sieurs antiquaires, qui les ont pu- donna à Geu une place de maître dos
bliées, n'ont pas douté qu'elles ne rc- re(|uêles de son hôte!. Peu après , ce
montasseivt au tem[)S niêmede Gélon, même mérite lui v..lut un office de
et ont tirede la des ronsétjuences -sur conseiller au parlement, ayant été
l'état des arts en Sicde à celte époque; élu pir cette cour de préférence à
mais il est reconnu, aujourd'hui, que quatorze concurrenl.> qui se présen-
ces médailh s oui été Inppées long- laienl avec lui. Gelu perdit en 14^7
temps après son règne, par le peu- le duc d'Orléans son maîire et sou
nie de Syracuse, ou }.lul6t < nrore par protecteur , Jean siws peur, duc île
des princes qui descendaient de Gé- Bourgogne, ayant fait assassiner ce
Ion, ou qui prétend. lient a cette ori- prince; mais le roi , qui i'estimail, le
nineilluslie. Elle> n'en sont pas moins nomma présidi nt de la province du
tl'une h.Mite antiquité; nous aurons Dauphiné, et l'attacha aux trois prin-
cncore l'oi 'asinu d'en parler dans ces ses fils , qui portèrent .sueccs.sive-
Tarriclc d'Hicron P'. On a discuté ment le titre de dauphin. Le concile
fort longuement cl fort vagiuinent de Constance, en 1 4 > 4 > '^* P''"*''^'"^
sur la monnaie nommé.' y>^^fmrtré?'//o/i: archevècpie de Tours, (juoiqu'alors il
nous n'avons pas île documenis a>sez lût à Paris; et peu de tcmp> après, le
positifs pour ponvuu train r ce .Mijel ni le fit entrer au conseil d'état. i)*é-
d'une manière salisfaisaiite;ainM nous tant, l'aïuiee suivante, rendu au cou-
lions absiiendrons d'en pailei T — n. cile de Constance, il fut mis à la tête
(iELU (Jacques), an hevê(pii- de de la (léputati(»n , envoyée à Benoît
Touis (t ensiuie tl'Einbrun, oublié Xlll ( Pierre de Lune ) pour lui de-
mi né'digé i)ar les biographes , a quel- mander son abdication, et partit avec
que droit a la célébrité , poin- s'être le roi des l»omains. Lorsqu'il fut de
élevé i).'r son mérite aux premières retour, la nation française le choi.sit
di'nitésde ri''glise, et avoir été cm- pour concourir à l'éleclioii d'un iiou-
ployé dans d'importantes affaires <-l veau pape. Dans les premiers scrutins,
des négociations dé.icales. Il était né plusieurs sulliagcs su réunircul eu sa
I
GEL
faveur: nmislc (".'ndiiial Colonne par-
vint à les obtenir tons, cl lut [)ro-
clanrc sous le nom de M.irlin V. Gc~
lu el.iil à P.nis en i/| i8, lorsque le
duc de liomgo^nc y revint ; et il
faillit d'eire enveloppe dans les mas-
sacres qui sij;nalèrent eetfe e'poqnc
désastreuse. L'année suivante, le dau-
phin , depuis Charles VU, l'envoya
près du roi de Castille sollicit< r des
^ecours de troupes, qu'il obiint. 11 fut
moins heureux, dans un.r autre ne'};o-
ciation,d<U)t Martin V le chargea près
de Jeanne II , reine de Na pies, afin de
coneilur Us dilleniuls qui s'étaient
tileve's entre le roi d'Aragon et
Louis III, au sujet de la suocfssion
de celte princesse. Ayant e'ié Iransi'e-
lë du aiége de Toius à celui d'Km-
brun , sur la demande du chapitre
de cette église dont i\ avait e'të autre-
fois chanoine, il ne se mêla pius q;ie
du gouvernement de son diocèse et de
l'instruction de son troupeau , don-
nant l'exemple des mœurs ecclésias-
tiques, maintenant la discipline dans
son cierge', et faisant rehver à ses
frais des ëglise*. el d'auties étabhsse-
mcnls pietix qui tombaient en ruine.
Il mourut en i 43'2.0;i a de lui: I.Une
Apologie pour ['(empereur Sigis-
mond y le roi d'Ari^on , et les
ambassadeurs du cojicile , contre
Benoit XIIl ; elle fut écrite à Nar-
Lonne, après que cet antipape .se fuî
clandestinement enfui à Perpignan.
Gelu y peint rarabition de Pierre de
Lune, sa conduite tortueuse, ses
subterfuges , son obstination. Cette
pièce , adressée à tous les fidèles ,
louée et approuvée par le concile ,
contribua be lucoup à la paix Je l'E-
glise , en détachant de l'obédience de
Benoît XIII ceux qui tenaient encore
à son parti. II. Fita Jacohi Gelu,
usque ad annum if\i\ ^ ab ipso
conscripta. C'est une courte notice
%\ II.
GEM 49
des choses qui lui sont arrivées ;, ran^
gè< s par ordre des temps; elle n'est
composée que de dix-huit articles :
elle fut trouvée, écrite de sa main,
sur te revers de la couverture et sur
quelques feuillels blancs d'un manus-
crit de l'egli>c de Tours, cohlcnant
le Dë'-ret de Gralien. Dom Marlène
l'a insérée au tome m de son Novus
TheS'iUr. yi necdotor. , page 1947.
\\\. Jacolii Gelu ministri ( archie-
piscopi ) Ebredunensis de Huelld
Aurtlianensi Dissertatio ; manus-
crit sur vëiin delà bibliothèque du Roi
( tom. IV , n®. 6 1 99 ). Il vient de la
bibliothèque de Ducangc. G« lu avait
ëlè consulté au sujet de la Pucelle
d'Or'éans, par ordre du rci Charles
VU; il répond par ce traité à cinq
questions qui lui avcâent été propo-
sées à ce sujet. IV. Rerum ab an-
tecfssoriius suis in ecctesid Ebre-
dunensi gistarum brève compen^
dium. h — Y.
GEMBICIUS (Jacob), théolo-
gien polonais de la religion protes-
tante, né eu 1569, mourut en i653 à
Dombnitz, où il était pasteur. On a
de lui des Hymnes sacrées en polo-
nais , faisant partie du Recueil de
Cantiques à l'usage des protestants
de Pologne, imprimé à Dmtzig,
€111619. C AU.
GEMELLI-CARERI ( Jean-1 ran-
çois ), voyageur célèbre, était né à
Naples, en i65i, d'une famille qui
tenait un rang distingué. Il étudia la
jurisprudence, et obtint le degré de
docteur en droit civil ; mais sa curio-
sité le conduisit de bonne heure dans
les pays étrangers. Il parcourut rapi-
dement l'Italie, la France, l'Angle-
terre ,1a Be'gique, la Hollande, l'Al-
lemagne, el servit, comme volontai-
re, en Hongrie, en 1687. Il vit en-
suite le Poitugal et l'Espagne,, levint
par Gènes dajis sa patrie, en 1689,
5o GEM GEM
et publia la relation de ses courses. Il palian le 1 7 juillet. Il visita Schiras et
nous apprend que « les mauvais irai- les ruines de Perse'polis, alla, par
V tcinents et les outrages p( rpctuels Lar, à Bender-Congo , où il prit la
» auxquels il s'était vu exposé dans mer, et dcbirqua, le 10 janvier 1695,
» sa famille, avaient ëte les véri- à Daman. 11 compare le plaisir que
» tables causes de ces longs et dan- lui causa son arrivée dans Tlndostan,
» gercux voyages qu'il entreprit en- après une longue et ennuyeuse tra-
» suite. » 11 s'emban{ua le i5 juin versce, à la joie qu'éprouve le voya-
1693, et s'arrêta à Rcdicina, en Ca- geur qui est de retour dans sa pairie
labre, pour prendre congé de son frè- et se retrouve au milieu de ses amis,
rc, ecclésiastique respectable, auquel II allait voir et juger par lui-même un
il dit que son dessein était seulement pays dont il avait entendu raconter
de visiter la Terre-Sainte; mais il tant de merveilles. A Baçaira , le su-
avait résolu de ne point s'arrêter périeur des jésuites, qui avait appris
qu'il n'eût vu la Chine. Il fit son tes- que Geraelli était jurisconsulte, lui
tament, congédia son homme d'affai- proposa un mariage avantageux, et
res, et, après avoir aborde à Messine, lui promit de le faire avocat des ccu-
alla à Malte, puis à Alexandrie, re- vents et de quelques maisons nobles,
monta le Nil, et fut accueilli au Caire afin de l'engager à se fixer dans le
par Maillet, consul français. Il se fai- pays; mais le peu d'inclination que
sait toujours passer pour Français , ce voyageur sentait à passer sa vie
afin de payer moins de douanes, et de dans les pays chauds , lui fit re-
profiter de la considération dont notre jeter ces offres brillantes. Il vit tou-
nalion jouissait dans le Levant. Il vit tes les villes frimeuses du nord de
les antiquités qui rendent TÉgyplc la cote de Malabar, et admira les
célèbre, et s'embarqua à Damietle, monuments gigantesques de Kennc-
pour la Palestine. Quand il y eut vi- ri, dans l'île de Salsette. Dès le com-
sité les lieux saints , il revint par mer mencement de son voyage, G(^-
à Alexandrie, où, le 12 octobre, il mdli avait résolu de voir, à quelque
prit son passage pour Smyrne. Il prix que ce lut , la cour et le camp du
quitta cette ville le 1 3 dcVcmbre, dé- grand-mogol. Les obstacles et les d;in-
barqua à Gallipoli de Romanie , et gers qu'on lui fil entrevoir dans l'exé-
traver«:a un pays en partie inculte cution de ce dessein, ne purent l'eu
faute d'habitants, jusqu'à Adrianoplc, détourner. Il partit de Goa avec un
où le çrand-seigncur faisait alors sa Canarin pour porter ses provisions,
résidence. fiC 4 j'>»vier ir)()4 , il alla et un Hindou de Golconde, qui lui
à Constantinople, retourna ensuite servait d'interprète ; et, après bien des
prendre ses eft( ts à Smyrne , et pro- fatigues , il parvint sur 1rs bords deli
fila d'une caravane poiu- revoir la «a- Krischna. Le grand-mogol , Aureng-
pitalo de l'empire othoman. Sa curio- zcb , faisait la guerre au roi de Visa-
sité lui allira une aventiue désagréa- pour, et se tenait dinsun camp àGal-
hU'y et i! fut près de voir ses courses gala, (iemelli fut reçu par des mili-
5e terminer ilans le fond d'un b.igne. taires chrétiens, cl, peu de jours
l^'chappé à ce danger, il se hùta de après son arrivée , obtint , par le
&'cmb.'«rquer pour Trc'bisomlc, tra- moyen d'un chrétien d'Agra et d'un
Tersa les monfagîics de l'Arménie, la cuniupie de ses amis, une audience
Géorgie cl la Pcïsc, et entra dans U- parliculicrc du lamcux conquc'raul
dont la vicillossc n'avait pas ofcint
r.jcrivito. Aurcn^-Zcl) c'iail voufi* et
inarcliaif appnyo sur un l)àl<)M ;
jn.iis il cVrivait sans lunrites les rc-
])on-cs qu'il f lisait atix nvjiit'los, et
p.irais>ait se plaiie à celle occupa-
tion. 11 etail de petite taille, avait
le n( z j;i<»s, et paraissait délicat. Il
s'entretint avec (ienielli, cl lui ofTVit
de le prendre à son service : celui-
ci s'en cxcu^^a sur ce que des af-
faires cxlreinement importantes le
rappelaient dans sa patrie Lorsque
Gemelli reprit le cheniin de (loa , il se
vit abandonne de son interprèle et de
son esclave , qui disparurent sans
avoir reçu le moindre sujet de plain-
te. 11 fut donc ohliQ;e' de s'exposer
seul sur une route infeslëe de bri-
c;ands. Il arriva néanmoins heureuse-
ment à Goa , où il profita d'un navire
portugais destine' pour la Chine, et
atlérit à Macao le 4 août. Gemelli
s'habilla à la chinoise, prit congé du
lioupou, et en reçut un passeport,
parce qu'il avait avec lui un bagage
considérable et un esclave. Les fran-
ciscains le reçurent civilement à Can-
ton : ce ne fut pourtant pas sans quel-
que marque de jalousie. On le prit
pour un émissaire du pape, envoyé'
pour prendre connaissance de la di-
vision qui existait entre les mis-
sionnaires des différents ordres reli-
gieux. Il essaya de les faire revenir
de ce soupçon sur son compte: « Je
» ne pus jamais les desabuser, dit- il ;
)î et ils me repondirent que depuisquc
» les chemins de la Chine étaient ou-
» verts , on n'y avait jamais vu de h'ïc
» italien, et encore moins de Napôli-
» tain. » Il leur proposa de visiter ses
malles: tout fut inutile; et les jésuites
ainsi quelescordcliers firent plusieurs
consultations au sujet de son arrivée.
Heureusement pour lui que, lorsqu'il
communiqua au supérieur du couvent
GEM 5i
sa rc.^lution d'aller à Péking, ce der-
nier le fil s.ivoir sous main à un jé-
suite lombard , qui lui dit de laisser
l>arlir Gemelli. « Si c'eut été nu jésui-
» le portugais, ajoute -l- il, ceriaine-
» meut il aurait emj)e(hé mou voya-
i> gc. » Ce dessein confirma k-s mis-
sionnaires dans leurs soupçons. Ge-
melli prit deux domesfiqii' s chinois,
et se mit en roule pour Nanking , par
la barque de poste que le vice-roi ex-
pédie, tous les trois jours , pour in-
former l'empereur de ce (pii se passe
dans sa province. Dans ce voya-'e, il
ne put s'empêcher de réfléchir s'il r sa
témérité et sa folie d'aller errant avec
deux domestiques chinois, qu'il n'en-
tendait pas, et qui ne l'entendaient
pas mieux : « mais , dit-il , un homme
» qui a résolu de faire le tour du
)) monde, et qui veut tout voirel savoir
» par lui-même, doit braver tous les
» dangers. » Il poursuivit par terre sa
roule de Nanking à Péking, oii son ar-
rivée excita parmi les missionnaires les
mêmes défiances qu'à Canton. Ils lui
témoignèrent leur étonnemeut de la
résolution qu'il avait prise de visiter
la capitale, où il n'était pas permis
aux Européens de venir sans y avoir
été appelés par l'empereur. Le père
Grimaldi, supérieur provincial de la
mission, ne pouvant le recevoirdans la
maison du collège qu'après avoir con-
sulté le monarque, Gemelli fut obli-
gé de se procurer un logement dans Ja
Tille chinoise. Ce même missionnaire
lui ménagea une audience de l'empe-
reur, et ensuite lui donna un passeport
avec lequel Gcmeîli quitta Péking, le
23 novembre i()Ç)5, après avoir fdit
une excursion à la grande muraille.
Il partit de Macao le 9 avril 1696,
et arriva à Manille le 8 mai. Un «a!
lion espagnol le transporta à Acapul-
00, longue, ennuyeuse et épouvanta-
ble traversée, dit-il^ qui dura depuis
4.
1)2
GEM
le 7 août 1696 jusqu'au 11 janvier
169-1. Lorsqu'il arriva à Mexico, le
1 1 mars, la Nouvelle -Esp-igoe avait
pour vice-roi le comte dcMonteziimi,
descendant des anciens souverains du
pays. Geme'.li , malgré le bon accueil
qu'il reçut à Mexico , s'y fnnuyr.it. 11
alla visiter les mines de i^ichuca , et
les pyrami les de Tezruco , et s«- mit ,
le I o Oitohre , en route pour la Ver j-
Cr iz. Il s'y crabarq-ia le 14 Jéccnibre
pour la H^v.ine, et, après une tra-
verse'e très orag use , cn'ra d.ins le
port de Cadix le 4 i"J" i^'9^- Il tra-
versa l'Espagne et le midi de la
France, quitta le continent à Mar-
seille , débarqua à Gcmî'S , alla à Mi-
lan, et de cette ville à Naples, où il
arriva le 5 décembre : d'a()rès son
calcul , on était au 4*11 ^vait mis ainsi
cinq ans , cinq mois et vingt jours à
faire le tour du monde. 11 employa
les premiers jours à sali-«faire la curio-
sité de diverses personnes qui vinrent
le voir: m lis à la (In elle se rassasia;
il fut délivré de ces importunilés, et
put enfiu jouir du repos dans la so-
ciété de ses amis, qui pouvaient bien ,
ce sont ses expressions, le regarder
comme un homme revenu de l'autre
monde. Il sui vécut assez long- temps
à ce grand voyage, dont il ne farda
pas à publier la relation en italien sous
ce titre : Giro del monrio ( Tour du
monde), Napics, 1O99, 1700, 6 v.
iu-i 2 , avec fig. Cl>;ique volume, pré-
cédé d'une dedic;ice adressée à un
personnage différent, est consacré au
voyage el à la description d'un pays
en particulier, qui est indiqué d.ins le
titre. L'auteur s'élend moins sur la
Turquie et la Perse, contrées con-
nues par des relations nombreuses et
reVrnles, que sur niiiidostan , la
Cliine, les Philippines ella Nouvelle-
Espagne. Sa méllioile est ré^ulièie ;
se« uutériaux sont bien ordonnés j il
GEM
entremêle sa narration de descriptions,
sans qu'il en résuite de la confusion.
Dcpui-^ son arrivée au Mexique , son
journal est très minutieux. Dans son
long voyj'.',e , au milieu de tant de na-
tions diverses, dont le plus souvent
il ne comprenait pas la langne, Ge-
inelli éprouva peu de désagréments
personnels : si bonhomie, dont il
est aisé de reconnaître les traces
dans son récit, les lui épargna sans
doute ; et son adresse extrême à se
servir des armes à feu , lui en fit évi-
ter bv-aucoup dans les parties les plus
reculées de la Turquie , seul pays 011
il en ait essuvé. Il lui fallut une vo-
lonté bien décidée pour faire le tour
du mon le par terre, entreprise bien
plus difficile , à quelques égards , que
de faire ce voyage par mer. Pour que
son expérience pût être utile à ceux
qui ser lient tentés de suivre son
exemple, il donne des conseils à ce
sujet, et établit y)0ur principe que
l'humme le plus riche ne peut faire
le tour du monde sans exercer quel-
que commerce sur la route : s'il se
chargeait de grosses sommes d'argent,
il serait sans cesse exposé à les per-
dre avec la vie. S'il prenait des lettres
de change, peut-être lui arriverait-il ,
par la grande distance des lieux, de
trouver lecorresjnuidant mort ou hors
d'état de payer. Celui qui emploie sou
argent en maridi mdises , est exempt
de toutes ces craintes; mais il ne faut
pas que le désir du gain prenne jamais
assez de force pour faire oublier au
voyageur que son véritable objet est de
s'instruire. Gurume il est impo.'sible
(pt'il voie tout par lui-même, il doit
chercher à se lier avec les gens de let-
tres , s'il y en a dans le pays, ou bien
avec quelques vieillards iiilelligt nts,et
il comparera leurs téujoignages res-
pectifs. Cn'inelli eut lui-même recours
à ce moyen; car le peu de temps
GEM
qu'il resta d.nis jiliisu'ur.s endroits, ne
lui laissa ni le loisir ni roci.jsion do
fiirc lonJcs les rcinanjncs di)nl son
livre (Si rempli. Il re^iit (|U( Iquc fuis
<lcs doeuiniMUs dunt i'rxarlilnde pi ut
paraître .su.s|)eete : par cximpleil parle
serieusenienl d'iiomines à qm ne an
Las du dos; il <'st vrai qu'il cUc pour
garant un missionnaire. Ce nVsl pas
au r( .'•te le seul exemple de crédulité
qu'il donne; et cependtnt il se mon-
tre gencr.ilement judicirux. Quoiqu'il
ne soit pas très profond observa-
teur, son voyage iw laisse pas d'of-
frir beaucoup de choses curieuses et
nouvelles, notamment sur les Philip-
pines et le Mexique. Cet ouvrage con-
tenait , à l'époque où il fut publie , le
seul journal détaillé de la route de Ma-
nille à Acapuleo, et lé seul récit des
grandes opérations par lesquelles on
est parvenu successivement à préve-
nir les dégâts des inondations dans la
vallée de Mexico, il donne sur la con-
quête du Mexique, et sur ce pays en
général , des pai ticularilés cl des no-
tions qui manquent aux anciennes re-
lations. Quelques critiques ont accusé
Gcmclli de n'ètie pas sorti dcNaplcs,
et d'avoir composé son ouvrage à
l'aide de lambeaux tirés d'autres voya-
geurs. D'autres ne lui contestent pas
ses courses dans des pays lointains,
mais piétendcnt qu'il ne rédigea sa
relation que de mémoire , et non sur
des notes écrites. Ces deux imputa-
tions sont fausses. Une lettre d'un
missionnaire français, imprimée en
original à la fin du dernier volumede
sa relation , et qui lui fut adressée de-
puis son retour eu Europe , prouve
bien évidemment qu'il avait été en
Chine -et, quant au Mexique, voici
le témoignage que lui rend M. de
Humbuldt : « Par l'efTet du scepli-
» cisme le plus extraordinaire , le li-
^ vre de Gemclli a clé regarde com-
G E M 55
» me un amas d'injpostures et de
» mensonges, .le ne fleeidcrai pas la
» question si Gemelli a été en Chine
» ou en Perse; mais ayant lait dans
» l'intérieur du Mexique une grande
» partie du chemin qu«* le voyageur
» italien décrit si rninutieuscment, je
» ])ui-i affirmer qu'il est aussi indubi-
» table que Gemelli a été à Mexico,
» à Acapidco, et dans les petits villa-
» gcs de Matzîan et de San-Augiistin-
» de-las-(iUevas, qu'il est certain que
» Pallas a été en Crimée et M. Sali en
» Abyssinie. Les descriptions de Ge-
» melli ont cette teinte locale qui fait
» le charme principal des relations de
» voyages écrites par les hommes les
» moins éclairés, et que ne peuvent
» donner que ceux qui ont eu l'avan-
» tage de voir de leurs propres yeux.
» Un ecclésiastique respectable , l'ab-
» bc Clavigero, qui a parcouru le
» Mexique un demi-siècle avant moi ,
» a déjà élevé !a voix pour la défen-
» se de l'auteur du Giro del mondo,
» Il a très justement obrervé que, sans
» avoir quitté l'Italie, Gemelli n'au-
» rait pu parler, avec cette grande
» exactitude, des personnes qui vi-
» vaient de son temps , des couvents
» de la ville de Mexico, et des églises
» de plusieurs villages dont le nom
» était inconnu en Europe. La même
» véracité, et nous devons insister
» sur ce point, ne se manifeste pas
» dans les notions que l'auteur pré-
» tend avoir puisées dans les récils de
» ses amis. L'ouvrage de Gemelli-
» Careri, comme celui d'un voyageur
» célèbre qui, de nos jours, a été
î) traité avec une si grande sévérité,
» semble offrir un mélange inexlrica-
» ble d'erreurs, et de faits exactement
» observés. » Voilà une autorité irré-
cusable, qui lave complètement Ge-
melli du premier grief; car le même
raisonnement peut s'appliquer à ce
54 GEM
qui concerne les auties pays : quant
au stconfl grief, il n'est pas admissi-
Lie; car Geiueiii dit positivfmeut, en
parlant du danger -^u'il courut en tra-
versant une rivière entre Mexico et la
Yera-Cruz,qu'il faillit de perdre ses ma-
nuscrits de 4 ans et 4 mois de voyages ;
€t, dans ses avis, il recommande d'é-
crire , chaque jour au soir, ses remar-
ques , parce que, dans une si grande
variété de soins et d'objets , la raé-
inoire peut manquer ; et il ajoute que
ceux qui ne veulent rien donner au
hasard, font deux copies de itur
Journal, dont ils confient l'une à un
nnn d'une droiture éprouvée. Menace,
dans plusieurs occasions , de voir pé-
rir les manuscrits dont sa relation est
com[)usce , il regretta quelquefois
amèrement de n'avoir pas suivi cet
avis. 11 le donne avec cet aveu, pour
que l'on en sente mieux l'importance.
Le seul reproche fonde' que Gcinelli
ail encouru, e>t d'avoir voidu en im-
poser dans le récit qu'il fait de l'au-
dience de rcrapereur de la Chine et
dans la descrijîlion de la cour impé-
riale. L'ahbc Prévost, tout en conve-
nant qu'il est diUlcilede défendre Ge-
melli contre le témoignage formel du
rédacteur des Lettres édifiantes , ob-
.servc qu'il est assez étrange que le
F oy as^e autour du inonde ay nul été
publiédèslecomracncemenlduxviii^.
siècle , personne n'ait relevé cet en-
<lroil jusqu'à l'ani 7U0, oùvraiseudjla-
Idemeiit le père Cirimaldi et Geindli
étaient morts tous deux. On a encore
de ce dernier, P^ia'^^j di Europa ,
Napics, 1701, '1 vol. in-8'. ,avec
une vue du chaleau de Versailles. Ce
voyage, divisé en h tires, n'est pas
d'un bien grand intérêt : on y trouve
cependant des parlirularilés ush(/
eu H uses. I.iC Giro del nxondo a eu
plusuiu"^ ('dilloiis en Italie, entre au-
nes eu I "^uS el «7'-i; Celles-ci iout
GEM
bien plus amples que la première*
Dans celle de i 7*2 1, en 9 vol., tous les
voyages de Gcraelli ^ont réunis; le
vil"', et le viii^. contiennent le voya-
ge en Europe, et le ix^. celui de
Charles III de Barcelone à Vienne.
JjC Giro del monda traduit en fran-
^)s est iiitiiule : l^oyaiie autour dit
iMonde , Paris, 1719,6 vol. in-12,
avec (ig. Cette verMon , qui est d'Eust.
Le NiibiC, manque d'eiégance et quel-
quefois d'exactitude , parce que l'au-
teur, ignorant plusieurs usages lo-
caux, s'est mépris sur le sens des
mots qui les indiquent. Dans l'origi-
nal, les dates sont indiquées à la fois
par les jours delà semaine et le quan-
tième du mois; presque toujours le
traducteur néglige ce derni«r point, ce
qui jette beaucoup de conlusion dans
le récit. Il a d'aii eurs fait précéder sa
ver>iou d'une préface destinée à rele-
ver le mérite de l'ouvrage, et d'un
sommaire du contenu des dilïéients
volumes; mais il n'a pas duine les
Conseils aux voyageurs. La pliip»rt
dos collet tioiii de voyages en dillc-
rentes languesconli<nnen;des extraits
de la relaiionde Grmelli. L'abbePic-
vost a , dai.s son xi . vohuîie , repéré
sur la Chine, ce qui se trouve dans
le v". E— s.
GEMINIANI (François), cé-
lèbre musicien italien , prit nais-
same à Lueques en lOBo. Un gon-
lilhomme de son pays , reeonnais-
s;mt < n lui beaucoup de dispojiiious
pour la inusKpie et de 'j;oûf pour
le violon, l'envoya à Nip'.rs étudier
sous le chcVilwr ScarLiti. (îeini-
niani prit ensuite , pendant plusieurs
années, des leçons du tamcuv (jO-
rclli, et devint le plus ilislingué de
ses élèves. Il joua son premier con-
certo de violon dans l'académie des
nobles <le Naphs , ayant .dors à
peine aUeiol sa dix-liuilièiuc année.
GEM
11 snij rit tous los spoctalcurs ; cl dc-
j)ui.s ("( itc cpociuc il lui reconnu pour
tiu lies plus celclircs violons de ce
temps. Après avuir parcouru les prin-
cipales villes (le l'Italie , il fut em-
mcneà Londres par un seigneur an-
«;lais en 170-^; cl dès-lors il fixa son
^cjour dans l.i Grandc-Bret ignc, ou
il publia SOS ouvraues llièori([ues : 1.
Traité du bon f^oiit, et règles pour
exécuter avec ^oiU. II. Leçons pour
le clavecin. 111. L'Art de jouer du
violon y avec des rè'^les nécessaires
pour la perfection , etc. Dans ce
dernier tiuvragc il traite de l'usage
du inanclic du violon, cl de la raa-
mèrc de se servir de l'arclict. Il
donne a ce sujet une gravure dans
l.'ujuelle il divise le manclie en douze
lignes , en Ions entiers cl en demi-
tons. 11 exige que l'e'colicr transporte
rcs ligues avec de la craie sur le
manche du violon; et il en montre
l'usage en traçant plusieurs cclielles
avec l'indication du doigte , ainsi que
six diirèrcntes positions de la main.
Il eclaircit cette ruelhode par des
exemples, et enseigne ensuite h se.
servir de l'archet, et la manière d'ob-
tenir les forte et les piano. Ces rè-
gles sont suivies de douze solos ,
i'ivec accompagnement de basse dans
tous les styles , dans tous les
tons et les mouvements. M. Sidbcr
lils a donne une nouvelle édition de
cet ouvrage en 1801. IV. \/Art
d' accompagnement , ou Méthode
nouvelle pour exécuter proprement
et avec goût la basse continue sur
le clavecin, Londres, i74'2« V.
Guide ou Dictionnaire harmoni-
que pour l'harmonie et la modida-
tiun , Londres, i'jt\i. Cet ouvrage,
qui ne consiste qu'en des passages
très courts, et auquel on prétend que
l'auteur a travaille vingt ans , a ctc
traduit eu fiançais avec le mcmc ti-
G E M 55
tre, Paris, i75(). Iliiler, d.ins ses
Moticcs [llillcrisclie nac/trichten) ^
pag. 8a, donne des détails satisfai-
sants sui' cet ouvrage. On a aussi
plusieurs conqiositions gravées de
(icininiani, cou)me lrc!ite sonates
pour violon en trois œuvres , douze
trios pour violon en deux cahiers,
trcufe - six grands Concerli en six
œuvres , dont un contient l'œuvre
cinquième de Corc'li. Le premier
œuvre des Sonates parut en 1716.
Gcniiuiani fit en Ecosse el en Ir-
lande plusieurs voyages qui lui pro-
duisirent bpaucoup d'argent. Il mou-
rut très riche à Dublin, le i 7 septem-
bre 1762, à l'âge de quatre-vingt-
deux ans. Awison cite les composi-
tions de cet artiste comme un mo-
dèle d'excellente musique instrumen-
tale , en loue la modulation , l'ex-
pression , l'harmonie, et le naturel
des liaisons. Burney dit que sa coin-
position est hardie et pleine d'inven-
tion, mais dcfcctucusedans le rhythme
et dans la mélliode , et qu'elle con-
tient si peu de phrases qu'un musi-
cien qui se tromperait en jouant sa
pai lie aurait beaucoup de peine à se
retrouver. Nous n'ajouterons rien aux
diiïe'i entes décisions de ces deux ha-
biles connaisseurs, sinon que la mé-
thode de Geminiani pour jouer du
violon a été considérablement sim-
plidée j)ar les compositeurs techni-
ques qui lui ont succe'dé, et notam-
ment par le célèbre Nardini. B — s.
GEMlNUS.Ce nom paraîtrait ce-
lui d'un Romain; c'est celui d'un au-
teur qui a e'crit en grec une Introduc-
tion à l'étude des phénomènes ce-
lestes. On croit qu'il était de Lhodes,
mais qu'il écrivit à Kome vers les
temps de Sylla et de Cicéron. Il a
lui-même fixé celte époque à peu
])rcs, par un passage de son livre,
où il dit que, 120 ans auparavant, la
S6 GEM
fête d'Isis cliez les Egyptiens tombait
au solstice d'hiver, ce qui ne peut ar-
river qu'une fois eu 1460 ans. Les
auteurs cependant ne s'accordent pas
tout-à-fait dans leurs calculs sur ce
passage. Petau en couclut que Gerai-
niis vi\ lit 'j'j ans avant J.-C. Bon-
jour pre'tcnd qun ce doit cire 137
ans avant notre erc. Gcminus cite
Hi()parquc,qui observait de l'an 160
à Tau l'ij; il est donc postérieur à
cette époque. Voilà tout ce qu'on sait
de lui. C'est un de ces auteurs dont
toute 1.1 vi e'tait dans leurs ouvragrs;
et ceux de Gorninus sont perdus en
partie. Il avait corapo>ë un Traité de
malhéinatiqiies, dont Proclus a pro-
filé dans son Commentaire sur Eu-
clide ; mais il n'est pins connu au-
jourd'hui que pir son Introduction
ou ses Eléments d'astronomie. C'est
un ouvrage un peu superficie' , mais
.simple, lumineux, tel à beaucoup
d'égards qu'on pourrait le composer
aujourd'hui, et le meiHeur sans con-
tredit de tous C( ux (jui nous restent
des Grecs. La premier.* édition parut
n Ahorf en 1 5ç)0 avec 1 1 traduction
latine d'Hiiderir. L« p'us connue est
celle qur Petau a donnée dans son
Uranologion , ou Collection d'écrits
relatifs à i'.»stroni)mie. Gcminus y
traite des cercles de la spiière, des
clim >ls , des levers et couchers des
étoiles, des jours, des mois, des an-
nées, et des diverses périodes im.tgi-
nécs p.ir les Gr(cs; des mouvements
du î>oI<il, de la lune et des plii'èfes;
dcTexeligme, c'est-à-dire d'une pé
riodc luni-so'aiK dci;agéo de fr.tc-
lions. Ce qu'il dit «le l'inégalité «lu so-
leil prouve qu'il n'était pas gi'oniètre;
et dans ses calculs de l'inég.tlilé de la
lune, il ne se nu)nlre pas arithméti-
cien bien habile: du re>te,''spril juste
et sage, il n'écrivait pas pour les
savants , mais snnpIcnK-nt pour les
GEM
gens du monde et les littérateurs. II
a le mérite de ne pas croire à l'astro-
logie ; il s'élève même contre ceux
q!ii |)rét('ndaie!it que les le*^ers et les
couchers des étoiles pouvaient avoir
quelque 11. fluence sur les vents et la
pluie. Il a îmet tout au plus qu'ils
peuvent servir à des annonces pure-
ment locales, qui ne conviennent
qu'à une seule position, et auxquelles
on ne doit ajouter quelque foi, qu'au-
tant qu'une longue expérience en au-
rait démontré h certitude. Dans son
tableau du ciel étoile, c'est Caliiuiaque
et non le géomètre Conon, q:i'il don-
ne comme auteur de la constellation
connue sous le nom de Chevelure de
Bérénice. Il est vrai que le poète s'ap-
puyait du témoignante de l'astronome;
et des écrivains qui se souvenaient
plus particulièrement des vers de Cal-
limaque et de Catulle, avaient ciu les
deux poètes sur leur parole, et en
avaient conclu que Conon était un
courtisan, un bas fl.tttcur. Nous avons
tâché, à l'arti; !e Conon, de venger
sa mémoire de cette inculpation si
p( u vraisemblable. .11 semble que Gé-
rainus doit fixer nos idées sur cette
fiction poétique , fort conv( nable à
CaHimaque, mais qui serait peu digne
d'un géomètre tel que Conon. D-L-e.
GEMISTE (George), surnommé
Plélhon, philologue et pnilosophe pla-
tonicien, naqu.l à Constanlinople. Il
viva'l vers le milieu du xv'". siècle, et
rendit son nom célèbre par la diver-
sité de ses conn;iissanex\s et son atta-
chement à la doctrine platonicienne.
11 fut (lu nombre de ces Grecs, mal-
h«ureux et savants, qui transplantè-
rent en It.die r.irbre impéris.>«able de
la science, que les cllorts du barbare
Mahomet 11 venaient de déraciner
dans la Grèicll s'étiit trouvé au con-
cile de l'Iorence, sous le pape Eugè-
ne IV, eu i/joB, et s'y était fait ad-
G E M
iniicrpar son éloquence cl son grand
savoir (bns la qncstion rdalive au
schisme qui divisait les Grecs cl les
Latins. Il i'ul admis à la eonr du |)rc-
inier de ces IMetiicis, (kuil l'un elait le
père du peuple, et l'autre le père des
lettres. CJVsl In que piit naissanee la
dispute f.iniense entre les partisans
d'Arislole et ceux de Platon ; car ces
deux grands hommes avaient alors ,
cliaouii , leurs .seclaleurs. La pliiloso-
phie de Platon fut adoptée à la cour
des princes, et , par cette raison, fut
Ijieiitôl en grand liMincur p;irnii les
lioinmes de l ttres du temps. Gemiste
lie suivit point l'impulsion : ce fut en
quelque sorte lui qui la donna. Les
scola-liques étaient décriés; et l'on
jugeait qu'il fali-ùt à resjiril liufnain
iiouvellenient régénéré un aliment plus
solide que de vaines disputes : la vé-
ritable philosopliir n'était jias encore
connue; on sentait seulement com-
bien etaiidéfectucuse Celle qu'on aban-
donnait. Gtmiste se déclara le cham-
pion de Platon contre Aristotv et : es
défenseurs. George dcTrébisonde ra-
massa le gant; et, dans ce ridicule
défi, ce philosophe, épousant la cause
d'Aristote avec une sorte de fureur,
rabaissa beaucoup Platon. La victoire,
toutefois, resta pour lors à ce dernier.
Le cardinal Bt^ssarion, compati iole
de Géuiiste , mil aussi nne extrême
chaleur à soutenir la faction platoni-
cienne; et ce fut la première îois, de-
puis les beaux s-iècles dc^ la Grèce, que
l'admiration pour do .si grands hom-
mes piit le caractère d'une espèce de
fanatisme. Gérnistc vécut près d'un
siècle : peut-être, que'qurs années plus
tard, aui ait-i! vu renverser l'idole qu'il
avait élevée à si grands frais , et brû-
ler ce qu'il avait adoré. C'est le pro-
pre des meilleures choses d'être faci-
lement altérées «t détourneVs de leur
vrai but par les insensés tl les supcrs-
G K M 57
litienx : le système des géiùes, la
préexistence des âmes, le culte exclu-
sif des livres de Platon, que d'aveu-
îi'es sectaires V(»ulai< ni substituer au
texte sacré ( i ), tous ces excès de la su-
blime doctrine de Pl.ttun , perveitic
par SCS plus ardents piosélytes , la fi-
rent tomber dans le ridicule; <l, dès
lors, c le fut généialement abandon-
née. Au commencement du xvi'. siè-
cle, elle avait p' rdu tout son crédit.
Aristote avait pris la place accordée
quelques années avant à Platon. Gé-
mi>le p;uîeigea la disi;iâce de son hc-
ro<; et i'S écrits qu'il avait pu})liés à
l'ocasiou de ces querelles, ne leur
survé;urei.l pas. Ce qu'il y a de plus
rcmarqurible dans ce délaissement,
c'est que peu d'écrivains ont eu l'avan-
tage d'ui-e aussi grande quantité d'his-
toriens : beaucoup se sont occupés de
noustransjiiettre le titre de ses nom-
breux ouvrages ; car, outre la philo-
sophie, il écrivit sur la grammaire,
les mathématiques, l'histo're , l'astro-
logie, la théologie, la géographie, la
choiographie ; aucune pai lie de la
science ne lui fut étrangère: il s'adon-
na même à l'éloquence; mais ses dis-
cours ne sont pas au-dessus du mé-
diocre. 11 nous suffiia d'indiquer les
pins intéressants de ses ouvrages ,
écrits en grec : L De platotncœ ai-
que aribtotelicœ philoscpldœ dijfc'
rerMà, ijàli , \S']^., in-4''.; id., Pa-
ris, i54i, in-8". il. Oracula ma-
gica Ziroastris, Paris, i558, iu-
4°.; id., ibid., 1599, in-8\; opus-
cule de quatorze à quinze pages, et
de peu d'importance. lïL De gestis
Grœcorum post pugnam ad Mari'
tineain , tractatio duohus libris di'
geffa , Venise , i5o5, in-fol.; et réim-
{\'\ Sur le livre i\o Pletlion , où il voulait f IbLlir
une nouvelle religion , et sur les siii'es de ce
projet , voyez Bojvij» , Acad. des Uel(es-Leilre\
toni. 2 , i>. •;i().
58 G E M
prime plusieurs fois dans lexvi^. siè-
cle; traduit en français par .Saliat,
Paris, i556. Le manuscrit autogra-
])he est à Venise, dans la bibliuihè-
<iue de St.-Marc. il existe de cet ou-
vi?age une édition plus re'cente et bien
préférable aux anciennes, Leipzig,
1770, par Kcnr. - God. Reichard ,
pelil in -8°. Calderino a publié, en
1478, une édition latine dédiée à
Sixle IV, de la Géographie de Fto-
iéniée, revue d'après un ancien ma-
nuscrit grec, non seulement écrit,
comme on l'a dit à l'article Calderino,
mais corrigé de la main de Gemiste.
Laporte-Dutheil, dans sa traduction
de Strabon, a fait usage d'un Extrait
que Géraiste avait rédigé des livres
vu, VIII et IX de l'ouvrage de ce
géographe (i) : le savant trailucteur
rcmarfjue que les citations contenues
dans cet extrait sont loin d'être tou-
jours fulèlcs. Il convient cependant
qu'd lui a été utile pour rétablir plu-
sieurs des lacunes du texte ancien,
surtout celles du ix*". livre, qui se
trouve mutilé d.ms tous les manus-
crits. L'Oraison funèbre que Géniiste
avait composée en grec pour l'impé-
ratrice Cléopé, morte en i455, n'a
€té publiée qu'en i 792 , par les soins
do Fulleborn, avec une autre pièce
du même genre. ( f^oj. Fulledorn.)
G.F— R.
GEMISTE ( Jean ), Grec de n.iis-
sancc, s'était réfugié en Italie, vers la
(l ) La hil)li<>llicqnc du Roi pntjèile quatre rirm-
■filairr» m;mincrilï t\v. orllc rjpoot: il'iilin'gti rri-
lii|iic «!«• lu y«M>';rai)lii»r ilr âlrnlioii , cimmijosi; , iiii-
\.iiit L.i|M)rl<-l)iilliril , vrr» ilS ; Ir liouième,
»<>iii Ir iS*'. /(i,< , ccritdc 1 i main il'Aii^i- Vrr(;i;co,
fil slirtiiiit rcKiiirfiu.'iblc par tinrrnrlcr rnliiiniiioc ,
«iir laquelle le relobrc r.iMi;;rn|ihr a iiiiii;;iiir ilr
ri'tiri-sriilcr rAniéri<pif iriine nidricre rrriiniiuis-
5;ili|r^ qiioiqiir lri:i inr<irinc, Stf.-(<iiiiK ilciiiti); un
«•xiruit iiiti-rcsiAiil de rrt (>uvrn);« <lc (ithiiiilr ,
«lan» tuii Mt-mnirc sur les pctitt gro^raphet an-
riens ^ Journal île» Sav. , aviil, itJ*»), p. a'<)).
•Sidbeiikeci , <Uiit un jinedlula , a publi»^ dfiu»
"pilitulri lie (>i;iiii«lr , l'nci intituli- : Cuifection
il" 'filcli/nes rirciéis iln Sli itbun , cl rnulro : Dt
ta junnc et de la ^randçitr de In tcira.
GEM
fin dn xv\ ou au commencement du
xvi"". siècle. On ignore à quel drgré il
fut parent du précédent. A l'cxpusple
de plusieurs de ses compatriotes , il
cultiva les muses latines. Dans un poè-
me d'une certaine étendue qu'il nous
a laissé, il prend le litre de secré-
taire de la ville d'Ancône. Son ouvra-
ge , sous le titre de Prolrepticon et
prunosticoji ad Leonein X, ponliji'
cem maximinn, imprimé ta Ancone,
au commencement de i5iG, a pour
objet d'exciter le Saint-Père à se met-
tre à la tête des princes chiéliens,
pour aller délivrer la Grèce du joug
des Ottomans. I! est en vers héroïques*
et, dans une gravure en bois, au fron-
tispice, on voit l'auteur faisant, à ge-
noux, hommage de son livre au pape.
C'est un in-4'. de 56 feuillets non
chifTrés , mais avec signatures , cirac-
tères ronds. 11 est extrêmement rare ,
et a é( happé à la connaissance de U
plupart des bihlio';;raplics. M — on.
GEMAL\ (Régnier), communé-
ment surnommé Ftisius , ou le Fri-
son , mathem ilicien et astronome
hollandais, était ué en i5o8, à Doc-
kum, en Frise; il commença son
éducation liltér.iire à Groninguc , et
l'acheva à Louvain , où il étudia en
médecine, et fi,t reçu docteur en
• 542. Il jouit, de son temps, d'une
gr.indi- citU'^idération comme astro-
nome. Chai les -Quint en fusait un
cas particulur, el le consulta en plus
d'une ore.ision. La modestie de Gem-
ma r«'ngagea à se refuser aux pro-
positions de l'empereur, qui aurait
voulu l'auinr a sa cour. Il excellait
encore à fainr des in.siruments. Il
mourut à Louv.ùn en i553, laissant
u\\ (ils héritier de sa sriciicc et do
sa chaire. On a de lui ; I. Arith-
ineticœ ptucliav mothodus facilis,
Anvers, » 5/|0 , in • 8 . 11. /fe radij
astroiwinico et g!'omctrico liber ^
r. E M
il)i(l., r>/,^), iii/f . m. I>e arinnli
ttstronomici usu , ibicl., i5.jS, ni-
8^. IV. Pe principiis astronomiœ
fl cosmnji^rtipfnœ , .ivcc quelques au-
tres jxlils traites, Paris, i!J47 , i«i-
8^., et Anvers, i548, in-i'2. 15ois-
bièie l'a IraJuil en français, Paris,
ij8'.i, in 8'. V. De astrulabio ca-
tholico et usu ejusdem , Anvers,
inSC), inh*^. VI. CJuirtd swc inappa
viundi , deilie'r à Cliarles-Quiol, 1a)U-
vain , \\j.\o. \ H. Il a rcimprirnc,
corrige et augnienle en plusieurs édi-
tions successives , la CosmograpJiia
de Picrifi Apiiiius. 11 en a paru une
traductivjn iVançaisc, à Anvers, en
i54i ii: 4°' < so^'^ ce titre : La Cos-
moj^rni'hie de P. j4picji, traduite
par Gemma Frison , mathémati-
cien de Lointain. , avec autres Li-
i>res du même Gemma, Le Recueil
de cousullaMons publié par Henri
Garet, Francfort, l 'jg'.i , in-8°. , con-
tient Consilia quœdam de arlhri-
tide de notre G^ luma. M — on.
GEMMA .Corneille), fi'.s du
précèdent, suivit, sans def;enerer, la
même carrière : ne à Louvain en 1 555,
il Y fut crée docteur en médecine en
15^0, et aussitôt nomme pour la
professer dans cette université. La
peste l'y enleva aux sciences, à la
fleur de son âge , eu 1579. Le duc
d'Albe l'avait appelé peu de temps
aiqiaravanl à INiaiègue, dans le des-
sein de le consu'ter. Il a cent : L
jDe nrte cj cloguomicd ^ tomiiiiy
doctrinam ordiiuim universam ,unà-
que p/iilosophiam flippocratis , Pla-
ton is _, Galeni et AristoicUs , in
unius communissimœ ac circularis
methodi specicin rcferenteSy etc.,
Anvers, iS^k), in-4". Cf't ouvraç^e ,
dediii à Philippe H , ofTic à la lois
beaucoup de connaissances, d'érudi-
tion et de singularité; il est précédé
d'une pièce qui prouve le talent de
G E M 59
Gemma pour la poésie laline; elle
est intilidce : Mcnli rcrum arclii-
tectrici, divini amuris et Psychés
Ilj menewa Cornélius Gemma ,
loco hrmnij magici consecritvit. IL
J)e Stella peregrind , quœ superiori
anno apparere C(cpit, C. Gemmée
et Gui. Poslellijudicia, O^j, in-
4**. II L De naturœ divinis charac-
terismis , seu raris et admirandis
spectaculis , causis , indiciis , pru-
prietatibus rerimiy in partibus sin-
gulis univcrsi , lihri 11^ Anvers,
i5;5, iu-8"., suivi de deux petits
Traités de médecine, l'un sur un
abcès sin^lidier, l'autre sur une fièvre
pestiienlielle. IV. De prodiglosd
specie nalurdque cometœ anni 1 577,
cum adjunctd explicaiione duorum
chasmaturn anni i575,ibid., 1578,
in- î 2. L'auteur n'est j)as éloigné de
voir, dans la comète qu'il décrit, et
qui est celle dont De Thou a f<iit ex-
pressément mention dans le 05*^. li-
vre de son Histoire ( pag. SgS du vii^
volume de la traduction française ) ,
des pronostics effrayants. D'après la
description qu'il en donne , les deux
chasmata nous ont paru beaucoup
ressembler à deux grandes aurores
boréales. L'opuscule est suivi d'une
pièce de vers latins, intitulée: Eidyl-
lion falalis vicissitudinis in Bel-
gico statu. C'est une églognc dialoguée
entre la SibyllaErythrœa et la Firga
Bel^ica. M — on.
GEIMMA (Jean-Baptiste), mé-
decin vénitien, disciple deTrincavelli,
murt en i58i , fut médecin de Sigis-
mond m , roi de Pologne ri de
8uèdc, et publia l'ouvrage suivant :
Meihodus raiionalis mn>a atque di-
lucidissima curandi hubonis car-
hunculique pestiientis , in qud morhi
essen'da , causœ , signa _, prognosti-
cum , prœcautio atque curatio os-
ienduTilur, Gra'z , i584; i"-4''v
6o G E M
Daiilzig, i^iSg, in -4**.; Francfort,
i<io3, in-8 .; V« iii>e, i6i)2, iii-8 . :
cette dcrtiièie é lition est la racilicure.
Cet ouvrage niifcrme li df.scription
de la pcstt qui désola Venise en i S-jS
et iS-jG, plusieurs consiiiëraions cu-
rieuses sur les cau>rs et le traitement de
cette maladie, cl rhi-.toiie d'une cpi-
de'mie meurtrière qui fit pe'rir , selm
lui, plus de quarante ini'.lc soldais
de celte répub!i(]ue. Ce livre fut très
bien accueilli par les contemporains
de Gemma , et ne contribua pas peu
à la reputalion de l'auteur. Cu — t.
GEMUSiEUS (Jérôme), médecin
et philologue célèbre, ne en i5oj à
Mulhausen en Alsace, manifesta des
son enfance un extrême dcsir de s'ins-
truire et une grande aptitude pour les
sciences. L'intellit;ence et la rare pers-
picacité' qui l'avaient constamment fait
distingua r dans l'école où il reçut les
premiers éléments des lettres, détermi-
nèrent ses parents à l'envoyer à Bàlc,
à l'âge de dix-huit ans, pour y conti-
nuer ses études. Les grands moyens
d'instruction que lui fournissait ce nou-
veau ihéâtre, ne firent que lui donner
une nouvelle ardeur pour les lettres
grecques et latines; et il v fil de si ra-
pides progrès qu'il fut bientôt remar-
qué par Glarearuis , dont il était le dis-
ciple : cet habde maître aimait à se re-
poser sur lui du soin de l'enseignement,
et le chargeait souvent de faire les le-
çons publiques. Opendant (iejnusœiis
ne se bornait pas à la simple littérature:
il se livrait avec le même zèle à l'étude
des diffcVentes sciences qu'on ensei-
gnait alors dans les universités; et dans
toutes il obtint des distiiicliotis so-
Jenjielles et des succès éelUints. Dans
un voyage qu'il fil en France pour
son iiisfrurtion, il se montra partout
si fanniier avec les éciits d'Aiistotc
cl de Platon , révérés alors dans les
dcoics comme des oracles , qu'on le
GEM
regardait de toutes parts comme ur
des hommes les plus sav;inis du siè-
cle. A des cimnaissances très éten-
dues tn philologie et dans la philo-
sophie scola>tique, il joignit encore
celle de la physiologie et de la mé-
decine : les app!a\idissements una-
uim( s au milieu desquels les profes-
seurs de l'université de Turin s'era-
prc^sèrcnt de lui décerner le titr«
de docteur, prouvent même qu'rl
n'excella pas moitis dans celte scien-
ce que dans les autres genres d'e'-
ludes. De retour à Bàle en i554,
il fut nommé professeur de physique
dans l'université de cette ville , et y
enseigna îa physique d'Aristote avec
un talent très propre à justifier la
haute réputation qu'il s'était acquise.
Peu de temps après, il épousa la fille
de Gratander, imprimeur, de laquelle
il cul deux fils , Polycarpe et Jé-
rôme, qui embrassèrent l'un et l'au-
tre la même profcs-ion , et l'cxer-
crreni'. dans leur patrie de la ma-
nière la plus honorable. Quoique, par
sa vaste érudition, Gemusaeu> se fîit
élevé au-dessus de presque tous ses
contemporains, il ne craigmt pas de
se remettre sur les bancs, à l'âge
de trente-cinq ans, pour étudier la
langue hébra'i(juc sous le fimeux
Sébastien Munster , dans l'intention
de puiser à leur source primitive
les jiriueipes de la doctrine évau-
gélique, si souvent défigurée par les
traducteurs : mais une mort préma-
Inrée, qui vint l'arrêter .mi milieu de
sa bnllinte carrière^ l'empêcha d'exé-
cuter ce dessein. Ayant clé appelé en
Italie auprès d'tni prince , il tomba
malade eu route; et rentré che/, lui, il
y mourut d'une fièvre ardente, le iÇ)
janvier i545, à l'âj;e de trente-huit
ans (ou, selon d'autres, le ic) juin
ifï'i'i , a^c de cinquante-neuf ans ) ,
et avant d'avoir pu jouir du iVuil
de tous SCS ir.âvaux. Il a laissr' : OKuvres de Thco|»ljr.iste(i), et au
1. Oiic (' llti(»n };ri'C([(U! des œuvres Traite des fièvres de Fuinaiiclli.
do Paul d\Ei\ine , corrigée, ang- ^ Cii — t.
iiiciitee , collatiounee avec le plus (iRNDllE (Le), ^o^. Legendre
p,nuid soiu sur les anciens luauus- cl SAir^T-AuBiiv.
frits, enricliie de notes savantes, et GENDKON (Claude DE^^nAis ),
iec;ardce par Eabricius comme la racil- docteur en mc'Jecine de la facuhe de
Icure que nous ayons des ouvrages de Montpellier, et ensuite mcd<riii du
ce luedecin j^iec, |]àlc, (hatauder, duc d'Orléans, re'gent de France,
i558, in -fol. II. Une Préface la- était né en Beaucc. Le goût précoce
tinc ( savante mais prolixe ) et la Fie qu'il manifesta pour les sciences phy-
de (r<^^Z/67^, aussi en latin, imprimées siques lui ayant fait embrasser par
à la icte des ORuvres grecques de cet choix la médecine, il se livra avec tant
illustre médecin , Càlo, i558, 5 vol. d'ardeur à l'é'ude de Citte sieiice,
iu-fol. Iir. Une Tt\iihicUun latine qu'il ne tarda pas à y acquérir b^-au-
de V Abrégé des dix sept li\>res de coup d'habileté et une grande jépu-
géographie de Slrabon, imprimée talion. La place de médecin du ré-
avec les OK«>vres de ce dernier, Bàle, gcnt l'avait mis en rapport avec les
i559, in-fol. j Amsterdam, 1707, 'à grands: son amour pour les sciences^
vol. in-fol., et, avec la Géographie les agréments d'un esprit très cul-
de Marins Niger, Baie, iSjy, ir.-fol. tivé et les qualités du cœur les plus
On la retrouve aussi, avec le texte estimables, le lièrent avec la plupart
grec, dans les Petits Géographes des savants de son temps j et quoique
d'fiudson, tome 11. IV. Une Traduc- obligé de vivre à la cour, il fut tou-
tion latine d'une partie des OEuvres jours compatissant envers les malheu-
d'Aristote , aveo mie préface , une reux , simple dans ses mœurs et ami
critique des dogmes de ce philosophe de la vérité. Parvenu à un âge avan-
ct des commentaires dans la même ce, il se retira à Autcuil , près de Pa-
langue sur les A naljtica posteriora : ris, dans la maison qui avait appar-
c'est à ses soins que l'on doit l'édition tenu autrefois à Boileau-Despréaux,
d'Aristote de Bâie , i54'-ij «545 et son ami. Les savants, les ambassa-
I 548. V. On a cru aussi qu'il était l'au- d. urs et les grands du siècle, venaient
leur de la version latine des deux livres souvent le visiter et le consulter dans
De plantis , faussement attribués à cette retraite philosophique, 011 il
Arislotc, qui se trouvent dans l'édition mourut le 3 septfmbi e i 750 , à l'âge
de Bâ!e des OEuvres de ce philoso- de quatre-vingt-sept ans. Voltaire en-
phe, 1559, iu-fo'.;mais celle tra- core jeune était venu un jour lui
duction par.iîl plus ancienne que Ge- présenter un de ses ouvrages; inspiré
musaeus f ^.Hnrles, tora. iii,p. 244? par le souvenir de Boileau et par la
de la Bibliolh. grœca de Fabi icius ). présence du vieillard vénérable dont
VI. Enfin il a fait des Préfaces la- il ambitionnait les suffrages , il lui
tines à i'Almageste de Ptolémée ( Plo- adressa ces vers :
lemœi opéra excepta seonraphid . c'est ici le vrai Parnasse
T> M IJ ■ • ~/ ■ ■ î Des vrai» enf.ints d Apollon ;
Baie, nenripierre, 104* » m-tol. )j Sous le nom de Boilcau ces murs virent Horace ;
' p^il • ; I ,• . J„ „-.. ^ „ j Esculape y paraît sous celui de Gendron.
a 1 aDrej:;e latin de cet ouvrage, don- „_„ ^.— —
né p'ir Muller ( RegiOmOntanWi) et (i.Bâle, 1534, i54i,in-fol. en grec. Quelque»
i^i 1 r,*i ^^ ^ . p , ' exemplaires do cette édilioa onl une prgface de
PurbacU, Bale^ i54^>; m-iol.; aux joachim Camer«riuî. *^
62 G EN
Le seul ouvrage qu'il ait pu-
blie , a pour titre : Recherches sur
la nature et la guérison des can-
cers ,V.ni^, 1700, in-i-2. Ce Traite
n*esl peut être pas en rapport av< c la
Jurande réputation dont l'auteur jouit
pendant sa vie ; mais il est cent avec
sagesse. A une e'poque où une foule
de charlatans et de mëdicastrcs pro-
tégés par des hommes puiss.ints se
vantaient d'avoir des secrets pour
guérir radicalement celte redoul;djle
maladie , Gendron fit voir que l'ex-
tirpation est le seul moyen de guéri-
son sur reillcacilc duquel on puisse
compter : comme palliatif, il con-
scill.iit les applications topiques de
bcliadone , dont son oncle avait ,
long-temps avant lui , fait usage avec
succès dans cette maladie. Un de ses
neveux , docteur de l'université de
3Monlpellicr comme lui, hérita de ses
manuscrits ; mais aucun n'a paru
dign^ d'être publié. Cii — t.
GENDRON (Louis -Florentin
Desuais), autre neveu du précé-
dent, fut professeur et démonstra-
teur oculiste à l'école de chirurgie en
ir(j-2. On lui doit : J. Lettres sur
plusieurs maladies des yeux , cau-
sées par l'usage du rouge et du
blanc ^ Palis, 17^)0, iu-i2. 11.
Traité des maladies des yeux , et
des moyens et opérations propres à
leur guérison, Paris, 1770, 'i vol.
in- 12. Cet ouvrage, dans lequel l'au-
teur aura probablement fondu les
lettres qu'ilav.iit [irécédenimenlécriles
sur le même objet, constitue une fort
bonne monographie sur les maladies
des yenx et des parties accessoires. —
(iENi)f\oN ( Pierre ) est aulcin- d'un
Traité portugais d'hygiène publi(iuc ,
i)ù l'on trouve dos choses utiles sur
li.'S causes de l'insalubrité de l'air des
villes, des hôpitaux, des prisons,
des vaisseaux, sur les moyens de rc-
GEN
incdier à cette insalubrité, et sur
plusieurs autres causes de maladies
auxquelles les soldats et les marins
sont parlieulièreraent exposés ; \\ a
j)our titre : Tratadn da conseri'a-
caô da sanda dos povos y Paris,
1756, in-S". Cu — T.
GENEBRARD (Gilbert), béné-
dictin de l'ordre de (Jlimi , archevê-
que d'Aix et fougueux ligueur, né à
Riora en Auvergne vers l'an f 557, se
fit un nom par sa rare érudition.
Ayant pris l'htibif de S. Benoît dans
le monastère de Maussac, voisin de
sa ville natale, il fut envové pour ses
études à Paris , où Claude Duprat ,
évêque de Clermont , charmé des dis-
positions qu'il annonçait , le soutint
par ses libéralités. Il y prit des le-
çons des meilleurs maîtres, d'André
Turnèbe pour le grec , de Jucques
Charpentier pour la philosophie, et
de Claude de Saintes pour la théolo-
gie. Avec de tels secours et une grande
application , il fit des progrès ra-
pides , se rendit très habile dans Ks
langues savantes, et parvint surtout
à posséder parfaitement l'hébreu.
Ayant fini ses cours en 1 565 , il se
lit recevoir docteur de la maison de
Navarre, fut nommé quelque temps
après à la chaire d'hébreu au Col-
lège royal, et pourvu des prieurés de
St.-Denis de la Cliarlre et de Fer-
rières. Sa réputation s'était étendue
d.ins les pays étrangers; de sorte
(jti'ayant «u occision de faire un
voyage à Rome sous le pontificat de
Sixte-Quint, il fut reçu de ce pape
et du sacré collège avec des distinc-
tions particulières. Heureux s'il se
lut tenu dans les limites d'une car-
rière (ju'il j).«reourait avec tant d'hon-
iKMirl Le celi'bie Pierre Dînes, qui
r limait, voulant reconnaître son mé-
rite, se démit en sa faveur de son
évcchc de Layaur, cl présenta aux
G EN
f'iats (le Rlois une requête pour le
f.iire .«'^mr. llniri lll, le cl(ii;(' cl
la noblesse, .ippiouv.iici.l ce elioix j
m.iis le |ir('.si(l«iif rihrac. désirait cet
cvt'chc j)()ur son frère (/.nide du
Faur, el fit si bien «ju'il rcniporla.
Soit dépit, coinnïc qnelqnes-uns l'ont
j)rctendu, soit que Genebr.nd, ca-
tholique .irdent, crût ne voir d;njs
les chefs de la li^ne que les dclen-
seurs du catholicisme à une époque
où le proleslanti>me menaçait la foi
en France, il se jeta dans ce parti
avec un emportement qui tenait de
la licncsie. La ligne s'.ipplauditd'avoir
acquis un pardi cliani|)ion. Le duc
de Maïennc lui fit avoir, en 1592,
rarchcvcvhc d'Aix ; et le pape Grë-
soire XlV lui en donna les bulles.
De son côte' il servit merveilleuse-
ment la ligue par ses écrits et ses dis-
cours. Il lit un livre où il déclara
excommunies tous ceux qui avaient
communique avec Henri III après le
meurtre du cardinal de Guise. Il
poursuivit Henri IV avec le même
acharnement , signa la requête des
seize, prêcha le 11 février i 595 dans
l'église de Notre-Dame le sermon du
Béarnais^ tissu d'injures grossières,
réitéra le jour de la Pentecole de la
même aunce, dans un autie sermon,
les mêmes invectives, déclama con-
tre la paix, desire'e par tons les gens
sages , et ne cessa d'entretenir le peu-
ple dans la rébellion. Cependant la
ville d'Aix s'etant déclarée pour le
roi, il fut obligé de se retirer à Avi-
gnon. Alors le parlement de Pro-
vence procéda contre lui. Un an et
du '?Â) janvier 1 59(> condamna au
feu un livre qu'il avait fait contre le
concordat, déclara l'auteur déchu de
Tarchevêche d'Aix (i), el le bannit à
(^^ Il est remarquable que Paul Hiiraiit de
rHiOpital, iiommi'r n cet arclii:vérli(! p.ir M.'-iiri IV,
fui ue rcc«iiuiiu>aLl pi» CririuLrarJ , iuslUuc
G E N 05
perpétuité'. Le clément Henri IV adou-
cit ce jugement , et permit à Gen» -
brajcl de se rt'tirer dans le prieuié
de Senuir en Auxois, bffncTicc assez
coM-Nidèr.djIe, dont il (-tait liiidairc. H
mourut dans cette lelraile, le i() fé-
vrier 1)1 597 , âge d'un peu plus de
soixante ans. Genebrard était sans
contredit un homme de mérite et un
sivant très distingue. Il fut même,
si l'on en croit les auteurs du Gal~
lia christiana , un bon évêque,
ejnscopus ineriiissiinus (sans douf'.î
à son fanatisme près); il comptait
pour amis des personnages de la
m'Mllenre réputation , meîioris nn-
tœ , parmi lesquels était S. Françoiî
de Sales, qui se glorifiait d'être son
disciple. Il était lié avec tous les sa-
vants de son temps. De Thou lui ac-
corde même des mœurs douces, mais
auxquelles , dit - il , « sa manière
» d'écrire ne répondait pas.» L'Étoile
rapporte que « Henri IV dînant h
wSt.-Denis, demanda qui était un
» nommé Genebrard, et que Demery
«répondit, par l'organe de Perrt-
» rin, lecteur du roi, qui était der-
» rièrc lui , que c'était un moine qui
» ne pouvait dire ni éciire un mot
» qui ne fut une injure. » Sa mé-
moire néanmoins reçut encore d'ijo-
norabies hommages. La Bibliotlièquo
générale de l'ordre de S. iîcnoît dit
qu'il était qualifié d'astre éclatant de
l'Égiise et des sciences , prœdamm
Ecclesiœ et lilterarum sjdus. Sce-
vole de Sainte-Marthe, en rendant jus-
tice à sa profonde érudition, regrello
qu'elle n'ait pas été accompagnée d'un
jugement plus sain ; et la 'courte épi-
taphe ('2) mise sur sa tombe en dif.
sans nomination royale préalable, n'en prit cepen-
d.inl possession qu'a|.rcs la mort de Genebrard.
(1) On le 24 mars, selon le nouveau Caîlia
(Jirisliiina.
(>.) Voici cette dpitapbc :
L'irin cfrf'/( çincrc! , rwmcn non orl>e tenetur.
64
G EN
beaucoup plus qu'il n'en faut pour
le fiite etaoi' a»><'Z ivaritag useuieiit
juger par la po*ténté. Qudfil à la uii-
Dièrc dout il ëcrivaif eu latin, langue
dans laqueîie sont composes presque
tous ses ouvrag'S, il y a plus de fa-
cilite' que de g"ùt. On r proche à
sou sivie d'êfre d'ir , et enfle d'épi-
tliètes et de syuonvnie.>. On preteàid
que souvent ilétudian <juafurz' h'-nres
par jour. ()n peut voii dans Niceron
( loiii. XX.U ; !a lisie de oes nombreux
ouvrages; nous indiqu< rons tes prin-
cipaux : [. Un A phabei hébreu,
a.'ec le Décalo'^ue tn hébreu et Li
versioîi latine., P.ui , iSu^, in -8'.
de 'iH paj;. II. fsa^o^e rtbbinica
ad le^endii et intell igendu lieb^'œo-
rum et orienlalium sine pnnctis
scripta, etc., ibid., in-4"., > ^)G5 ,
15^7, cl dau". les Andecti rab-
binica de Ri-'iand , Ulerlif, I7'2,
in-8".lll. Psalmi DavuHs., culen-
dario hehrœu, S) ro, ^rjjco lalino,
ari^ume'itls et cornntnl.i'iis ^c-
nuinum eoriim senswn, hf^hràimiios-
(jue locupleliàs fjuàm unteà aperien-
tibus, Paris, \~i"j'], in S'., fjès sou-
vent rciiuprirné in-4'. et i )-ibl.;^Oln-
Inf'nt,u^c tiès cslime, et le incdicur ,
dit dorn Caiaitt, que l'on ail sur les
psaumes. Gentbraid y défend la
version grecque des S(.'ptante con-
tre le texte liebreu. l! avait Lusse
.5ur tout l'ancien Testament un com-
inentùie dont le uianu>ent se con-
.servait dans la bib!ioliiè([iJe du col-
lège des jcsuil(S à P.iri.<> , et dont
Edm. liirher desiia f viviMiicnf la |»u-
blicuion. IV. Canlicuni Cunticuruin
varsibliS ïiirnhicis cl conimentariis
axpliculuni, adi'trsà^ trochnicani
Theod. bezœ paiaphrasiin. Pans,
l5h~), iii-8°. Il avait dcja donne <'n
.1 570 m-4 . le."» Cumrninlaires de trois
raluiis sur 'e iuèni<:(i<uiiqu<' des (an-
tiques. V. Scdcr OUun Zuti (en
GEN
hébreu ) , avec une vf^rsion latine
s<»us ce titre : ffebrœorum bitve
chronicon stve comnendium de mundi
ordine et tempi/nbus , Paris, iS-ja,
in 8 . Cette chronicjue, superficielle et
Il es inexacte , va jusqu'à l'an i 1 12 de
J. C. On trouve à la suite ^Hislo-
rica Cabbaa Bahbi Âbruhœ Da-
vidis jîiil ^iiWU'yt chroiuque terminée
à i'aii 1121), et des extraits de
Maïmonide et de deux autres ra-
bins sur les passages du Talmud qui
traitent du Christ. Vi. Chrono^ra-
phiœ libri IF ^ Paris, i58o, in-fol.;
plusi.urs fois réiraprirné, et vive-
ment critique pai Rieh. Simon. Ou
trouve à îa suite divers Traités tra-
duits des rabins ( Foj. Eldad. )
Vil. \i\\Q Histoire de Josèphe , tra-
duite en français, P.iris, 1678 et
1601), in-tol. , aujourd'hui oubliée.
VI !ï. La première partie de la li-
turgie de S. Denis Varécpagite. IX.
D 1 sanctd Trinitate libri lr>'s; et des
édiiions d^Origenc , de quelques
Discours de S. Hiiaire d'Arles et
d'autres Pères. X. Liber de jure et
nac,'<,,-iitale sacrarum electionuin ad
ecclesiœ Gallicanœ redinte^ratio-
nem , Pari-., iSç)^, in- 1*2; Lyon,
iT^jj; Liège, 1601. C'est le livre
que le parlement de Provence fil
binler. Geiu'brard v soutient le droit
des églises pour l'élection des évê-
ques, contre le concordat de Léon X.
XL De clericis prrsertim episco-
pis , qui p irticipdrunt in d'omis
sciiiUcr et spcnte cuni L/enrico Fw
lesU) post curdinidicidium , T. P,
( th( 'd')^i Punsiemis ' assertio ,
ejusquc illustratio , 1 589 , iu - 8'\
Il y en a «u une lia'lurtioii en iV.ui-
ç us II même .innce. Genebrard ,
couHU'' il a élé dit plus haut , y dé-
clare bioii et dùmenl cxcoinmuniés
les évècpits, abbés et duciturs qui
ont assisté au service divin avec
G EN
iTrnri de V.ilois après le meurtre du
• udiiiil dr (iiiiso. XII. Oraison fu-
ncbrc de Pierre Dunes y I^.iris,
1577, in-8". 1^ — Y.
OKNKBRIER. Il fut un tomps où
les l)(Mnmcs dV't;il et <l(; c.ibiuct cher-
cliaicnt un a|;rc<»blc délassement dans
l'ctutlc dos antiquités et prinripilc-
ment dans celle des médailles. Tel a
a etc le savant auquel nous consacrons
cet article. 11 prend lui-même d.ins
ses écrits le titre de médecin ; et c'est
tout ce que nous savons de lui. Il fit
paraîfrc, en 1704, un petit volume
in-8"., qui contenait doux disserta-
tions : la prerairro traite des médail-
les de Mu^nia Urhica , qu'il dédia à
M. Fonçant de Magni. Il y établit que
cette princesse a cic la femme de
Carus;et son opinion a été adoptée
par Banduri et Venuli : d'autre s anti-
qur^i^cs ont pensé qu'elle était femme
de C.uinus, avec qui elle est figurée
sur plusieurs médailles ( f^oy. Ca-
RiNUS ). L'autre dissertation traite de
Nigri7iianus,qu\ n'est connu non plus
que par ses médailles, et dont l'épo-
que est également incertaine. II la rap-
porte au même temps; et c'est au-
jourd'hui l'opinion de la plupart des
antiquaires (i). 11 paraît que, dès
cette époque, Gencbrier avait com-
mencé à s'occuper des médailles de
G irausius , et que le désir d'en con-
naître un plus grand nombre le
conduisit en Angleterre , où il fut
très bien accueilli par les antiquai-
res, et principalement par mylord
comte de Perabrok , un des plus
célèbres amateurs de la numismati-
que. Gcnebrier, de retour à Paris,
adressa à cet illustre Mécène une Let-
tre sur une médaille singulière de
Carausius ; elle est insérée dans le
fi) Ces deux dissertations ont été traduites ea
laïui , et iuicrée» daas les Electa. nwnaria de
Woltereck.
G E N 65
Mercure de Franœ^ «cptembrc
1751. Cl- ne fut (jiic niiif iius après,
qu'il fit par.iîirc l'ouvrage Jiquel il
trav.iillail depuis ^i long-l( mps , Ylfis-
toire de Carnusins , empe; ,.ur de la
Grande- Brelas^ne , c ii"^ue de Oio-
clctien et de Maximien , j)rom>ée
par les médailles, Paris, 17^10, in-
4°. Eile reçut 1'. pprob.j'ioji du monde
savant. Il paraît que Gencbrier est
mort avant 1760, puis(( j'd n'est
point cilé d.ms la France litléraire ,
quia été publiée à ce'te époque.
A. L. M.
GENES. roY. FROGER et GEN-
NES.
GENES D'ARLES (S.), natif ou
originaire de cefl'^ \il!e. vivait dans
le m"' siècle. Il s'était retidii célèbre
par son talent d'écrire ( n notes, où il
était devenu si [j.ibfle, que ia rjpidité
de sa main égalent celle de îa p. -oie:
il devint plus célèbre encore par soa
courage à confesser la foi. G'éîiit lui
qui écrivait les plaidoyers des avo-
cats, et les autres discours publics im-
provisés qu'on voulait consciver. Il
exerçcftt l'enjploi de grcfïier ou no-
taire; et il était chargé de rédiger les
arrêts des cours de justice et les au-
tres actes civils. L'empereur Maxi-
mien-Hercule, collègue de DiocJétien,
étant venu à Arles, vo(dut y faire pu-
blier un édit de persécution contre les
chrétiens. H était de l'office de Genès
de le transcrire sur les registres pu-
blics. Celte loi de sang lui fit horreur,
quoiqu'il ne fût que catéchumène : il re-
fusa son ministère à une telle œuvre
de bi'ubarie et d'iniquité, et fut obligé
de prendre la fuite. Il parcourut plu-
sieurs villes pour se dérober aux per-
quisitions qu'on faisait contre lui :
enfin il fut découvert et arrêté. Ou
lui trancha la tête sur le bord d^
Rhône. Il ne paraît pas qu'il ait reçu
d'autre baptême que celui du martyre .
XVII.
66 GEN
Prudence, Grégoire de Tours, et
d'aulres saints, en parlaut de lui,
rappellent la gloire de lavUle (V Ar-
les. Le Martyrologe romain marque
sa fête au «jS d'août. A la fin des Let-
tres de St. Paulin, se trouve l'histoire
de St.-Genès d'Arles. Quelques écri-
vains croient qu'il on est l'auteur: ce
qu'il y a de certain, c'est que dans qua-
tre manuscrits, celte histoire porte le
nom du bienheureux Paulin, évêque,
sans que nc'anmoins il soit fait mention
du siège. l)om Ruiuart l'a aussi pu-
blie'e sous le nom de VE^e'qae Paulin
d'heureuse mémoire; et le dernier
éditeur de St.-1'aulin Ta laissée dans
les œuvres qu'il a publiées ( Voyez
Paulin ). — Gènes (S.) , comédien ,
appelé aussi Genès de Rome, y
exerçait cette profession sous l'empi-
re de Dioclélien. Ce prince devant se
rendre dans celte vilie , on fit de
grands préparatifs pour lui donner
des fêtes ; et il fut résolu que les spec-
tacles, plaisirs si chers aux Romains,
en feraient partir. Genès, devant
jouer en présence du prince, crut
<ju'il ferait une chose qui lui serait
extrêmement agréable, en mettant
sur la scène et y livrant au ridicule et
à la dérision les mystères des chré-
tiens, pour lesquels la haine de IJio-
clétien n'était que trop conriue. Genès
exécuta son dessein : il puiit sur le
théâtre en préstnrc de l'empereur,
dans la situation d'un malade à l'ex-
trémité; pnis,contrcfaisaut les calé-
chumèiies, (pi'il n'était pas rare, dans
ces temps- la, de voir recourir au
baptême, à l'article de la mort, il
demanda à être bjplisé. Deux autres
acteurs se présentèrent, l'un faisant
Tofliee d'exorciste, et l'autre de prê-
tre. Tandis qu'avant de [)roc<iler à la
cérémonie, ils interrogeaient Genès
suivant le rit rhrélien , Dieu agissait
>lans sou cœur; en i»orlc que, déjà
GEN
changé, ce fut sincèrement qu'il re-
pondit en demandant le baptême. I!s
le baptisèrent en se moquant , et le
1 cvêlirent de la robe blanche des néo-
philt^s , croyant toujours que c'était:
un jeu. Four compléter le divertisse-
ment, d'autres comédiens se présen-
tèrent vêtus en soldats , et saisirent
le nouveau chrétien, qu'ils conduisi-
rent devant l'empereur. Là , au grand
éionnement des spectateurs , Genès
décara qu'il avait toujours hiï les
chrétiens, et n'avait paru au théâtre
que pour se moquer de leurs mys-
tères; mais que tout à coup il s'était
senti , malj^ré lui, entièrement chan-
gé , et qu'éclaire par une lumière in-
térieure , il n'avait pu s'empêcher de
reconnaître que Jésus-Christ était le
vrai Dieu. Après quoi , s'adressant à
Tempereur lui-même et à tous ceuK
qui l'écoutaient, il les conjura d'ouvrir
les yeux à celte même lumière , et de
reconnaître Jésus pour le Sauveur.
Dioclétien , irrité de ce discours , fit
cruellement fustiger Genès; après
quoi il le livra au préfet du prétoire
PIautien,qui le fit mettre sur le che-
valet , et ordonna qu'on lui déchirât
les flancs avec des ongles de fer, et puis
qu'on les lui brulàt avec des torches
ardentes. M'ayant pu vaincre la pa-
tience de Cîenès par ces tourments,
il le fit décapiter. Les uns placent le
martyre de Genès en -286, les autres
en 3o5 ; l'Eglise l'honore aussi le uiS
d'août (0. — Gi:i>ii::s (S.) , évêipie de
(lUrnionl en Auvergne, d'une famille
illustre, renonça à une grande fortu-
ne et ;iux avantages de sa naissance
pour le service des autels. Etant entre'
dans l'état ecclésiastique, il devint ar-
chidiacre de (ilermoiil; et lorscpie ce
siège vint à vaquer en (350, il lut una-
nimement élu évêque, dignité qu'il
(O s. (icnùi r»t le lii-ro» ilc driix tragoJiei
/'u> . Ukifun TÀiNti , \(, i(i8 , elKoTROu ).
G E N (i i: N 67
n*acccpta qu'avec ])cinc. Il gouverna sa- sile le Macedouit 11 , oioil en HHG.
gcnicul, et (il fli'uiii les iiia'iirs «tics Jcan-AiitlK- llosius cul !'• piojct de la
vertus thn'liciints. j/crrcur de JNova- jiuljli«.r- inais^ m mourant, il ne l-issa
lieu cl de Jovinicn ayant lait quelques i\\\q (juchjucs nolca en niar^c d'un
in ogres dans son diocèse, il ne |)rit m muscnl que l'on eonseive à la bi-
point de repos <|u'clle ne l'ut extirpée. Lliotluquedei'aradcmicdelcnn. Geor-
On lui doit divers établissements ge Scaub.irt , et, après lui , Godefroi
jii(ux, tels qu'un hôpital dans la ville Wagner , en annonecrcnl des éditions,
de Clerinonl , et la lundation de l'ab- GoJeiVoi Olèarius , après avoir levii
baye de IMauiieii, Mwj^ni locî , dans le texte de Gencsius avec le plus grand
le bourg de ce nom. Il mourut vers soin , le traduisit en latin, cl en cxpli-
l'an G6'i. I^e diocèse de (lierniont qua par des notes les passages les plus
l'honore le 3 juin; cl la même jour, diiïlciles. Son travail était ])ret à voir
l'Église lait mènmire de lui. — St.- le jour en 172G. Enfir» \' Histoire de
GenÈs, ëveque de Lyon, vivait sous Genesius a été imprimée, pour ia pre-
Ciovis lî, et était abbé d'unmonastèrc, mièrc fois, en grec et en latin, sur
lorsque la icinc Balliilde le fit son un manuscrit de la bibliothèque de
chapelain et le distributeur de ses au- Jean Mcnckcn Burckard , Venise,
môncs. 11 succéda , sur le siège de i^SS, in-fol. Ce volume, dans lequel
Lyon, vers l'dn ()65, à Anneraond , on a réuni plusieurs autres opuscules
connu dans les légendes sous le nom sur le même sujet, se joint à la collec-
de St.-Chaumond, lequel fut assassi- tion à^i \' Histoire bjzantine/im^ri-
ne par les ordres du maire du palais mée au Louvre. Frcytag , d'après
Ebroin , qui craignait qu'il ne fît con- Lenglet-Dufresnoy, cite une édiliou
naître ses malversations. St.-Genès de {'Histoire de Genesius, Venise,
de Lyon mourut en G81. L — y. i5'J0, in-Zj.".; mais on doit la regar-
GENESIUS (Joseph), historien der comme imaginaire , puisqu'elle a
du Bas-Empire, florissait vers le mi- été inconnue à tous les savants cite's
lieu du x". siècle. Jean Scyiilza est dans cel article comme ayant tra-
ie seul auteur contemporain qui l'ait vaille sur le même ouvrage, et qui,
nommé , mais sans entrer dans aucun par celte raison , auraient eu tant cl'iii-
dctail à son égard. Le P. Lobbe, térêt à se la procurer. W — s.
trompé sans doute par qudque faute GË^EST (CuARLES-CLAUDE),fils
de copiste, a cru chn'oir distinguer d'une sage-femme, liaquit à Paris le
Genesius de Josephus Bysantinus ; i -j octobre iGjg. Pour toute éduca-
mais Fabricius rejette cette opinion , tion , i! appiit d'abord à lire, et ensuite
comme n'étant nullement fondée, à très bien écrne, afin de pouvoir en-
L'histoirc qui porte le nom de Gène- trer dans les bureaux de Colbert. Mais
sius fut entreprise parl'ordrede Cons- un de ses camar^^des, qui allait cher-
tantin Porphyrogéncle (1); elle corn- cher fortune aux Indes avec une
menée à l'année 81 5, et comprend les petite pacotille, l'emmena avec lui
règnes de Léon l'Arménien, Michel pour tenir ses livres. Us furent pris
le Bègue, Théophile sou fils, et Ba- en mer parles Anglais, dépouillés de
' tout, et conduits a r,ondrcs. Un sei-
(i")Oa ne doit pas confondre r//ùfoiVe de Ge- nncur du p.lVS prit GcilCSt llOUr CU-
nesiiis avec la Chronique . composée fgaleraenl ^ , \ c " • ^ o
par l'ordre de Cunslautiu Porphyroft..-ni:ir, et ini- SClgUCr Ic iranÇaiS û SCS CnLiUtS, Ct,
primée dans les Scriplotes vosi J'fieophanem, ^„. ^cr , l'^„,,^„„ i „ • J
iubUis par F. Çombcfis , Haris, .6»J , m-foi, » cct cttcl j 1 cnvova 3 Sa maison de
5m
68 GEN
campagne. Il y acquit une grande con-
naissance des chevaux; cl ce fut-là i'o-
rigine de sa fortune. Un e'cuyer du duc
de Nevers étant venu acheter des che-
vaux en Angleterre pour son maître,
eut affaire à Gcnest, fut émerveillé de
son savoir, lui persuada de reveiiiren
France, elle présenta, comme un hom-
me habile, au duc, qui l'emmena avec
lui dans les campagnes de lôni et -jS.
Ayant appris des» vers dans sa jeunes-
se, Genest s'imagina d'en co.'uposer
sur les conquêtes du roi, à qui ils furent
présentés; et, peu de temps après, il
remporta un prix de poésie à l'aca-
démie française. Le père Ferrier, con-
fesseur du roi ,lui avait dit à l'armée:
Je voudrais bien vous voir plus de
sagesse j et un autre habit; et, d'a-
près cet avis bienveillant , il s'était ré-
forme, et avait adopté le costume ec-
clésiastique- Il se fit connaître de Bos-
suet et de Malezieu, qui prirent inté-
rêt à lui, se plurent à l'instruire, et le
firent entrer, en qualité de précep-
teur, auprès de M^'*". de Blois , de-
puis femme du régenî. Cette éducation
terminée, il fut recueilli par la du-
chesse du Maine , qui lui donna un
locemenl à Sceaux: il contribua beau-
o
coup aux divertissements de cette
cour. A l'âge de quarante ans, il se
mit à apprendre le latin, et il en vint
à bout. Il mourut le 19 novembre
I "j 19, âgé de quatre-vingt-quatre ans.
II avait été reçu à l'académie fran-
çaise, en 1698. Louis XIV lui avait
dimné l'abbaye de vSt.-Vilmer, et le
régent , une pension de deux mille
livres sur l'archevêché de Sens. 11 a
rais en mauvais vers la philosojihie de
Dcscarles , sous le litre de Principes
de philosophie , ou Preuves nalurcl-
Ics de l'existence de Dieu et de
V immortalité de lame , iii-8"., Pa-
ris, l'jiG. « Cet ouvrage, dit Vol-
» taire , signala plus sa palieucc que
GEN
» son génie ; et il n'eut guère rien de
» commun avec Lucrèce que de ver-
» sifier une philosophie erronée pres-
» (|ue en tout. » Ce fut Malezieu qui
lui persuada de travailler pour le
lhéà're,où i! donna Zélonide, Pc-
l/mnestor , Joseph et Pénélope. De
ces quatre tragédies , la dernière , qui
eut le moins de succès dans le temps ,
est cependant la seule qui soit restée.
«Elle est, dit encore Voltaire, au
» rang de ces pièces écrites d'un style
» lâche et prosaïque, que les silua-
» lions font tolérer à la représenfa-
» lion. » Dans la préface de ses odes
sur les conquêtes de Louis-le-Grand
( 1674 ), l'auteur s'étonne d'avoir
quelquefois reproduit les pensées de
ces anciens qu'il n'avait jamais lus.
On trouve dans le Recueil de Fers
choisis , donné parle père Bouhours,
une 1res belle épîtrc en vers de l'abbé
Gcnest à M. de la Bastide , pour l'en-
gager à abjurer le calvinisme. Il a eu
aus>i beaucoup de part au recueil in-
titulé :Ze5 Divertissemens de Sceaux
(Trévoux, I 712, a vol. in- 12 ).Lavic
de l'abbé Gcnest, qui est insérée dans
les Mélajio^. hîst. et philol. de Mi-
chault, est de l'abbé d'Olivct. A-g-r.
GENET ( Edme- Jacques ), se-
crétaire - interprèle de Monsieur ,
mt^mbre de la société littéraire d'Up-
sal ( Apollini sacra) , mort en 1781,
a donné au public : !. Histoire des
différents sièges de B erg- op- zoom ^
i74'7. 11. Lettres choisies de Pope,
trad. de l'anglais, 1 764 , '2 vol.in-i!2.
\[\. La Férité révélée , trad. de l'an-
glais, 1755, in- 1*2. IV. Le Peuple
instruit y ou les Alliances dans leS'
quelles les ministres ont engagé la
nation, trad de l'anglais ( de Sh-ib-
béar ) , 1 75() , in- 12. V. /-<? Peuple
juge , trad. de l'anglais , i 75(>, in- IQ.
VI. Petit Catéchisme politique des
Anglais, 1757, in-i2. \ il. État
J
G E xV
politique actuel de l'yïngleterre, ou-
yvap pciiodiquc, !• 5^ 69, 10 vol.
in-i>. Vlll. y e moire pour les mi-
nistrtsiV .4n^letivrt' cmlre l amiral
Bj «^, liad. de raiii;!ai.s, i -^57 , in-
i'>..!X. Essai<: hisluriques suiVAn-
^h terre , 1 7G1 , 2 vol. m-i x. \. Let-
tre au comte rie Bute sur la re-
traite de M. Pitt , II. ici. lie rai)|;lais,
1 7G I , iii-S<^. Xl . JSouvclle Lettre au
comte de Bute , concernant la rup-
ture de V Angleterre ai^ec l Espa-
gne , fj&i, iii 8^. Xil. Table ou
Abrège (tes 1 55 volumes de la Ga-
zette de France , depuis son com-
inencemeht , en i65i, jusquà la
Jin de l'année 1765, Paris, «7^8,
3 vo!. iii-4". Xlll. Histoire d'Éric
IT^, roi de Suède ^ trad. du suédois
de ÎM. Olof r.elsius , 1777, '2 vol.
in- 1:2. XiV. Recherches sur V an-
cien peuple finois , d'après le rap-
port de la langue fiuoi se avec la
langue grecque f par M. Idrnan , trad.
du suédois, inrH, 111-8*. A. B — t.
GENEVE ( Robert de ), pape à
Avignon sous le nom de Clément V^ll,
élu à Fondi le 'in août 1578, était
frère du comte Amédéc de Genève,
d'une naissance illustre , et allié à
presque tous les souverains. Il avait
élé chanoine de Pari'^, évêque de
Térouanne, puis de G imbrai , pro-
mu au cardinalat par Grégoire XI ;
et cependant , il n'avait que 56 ans,
lorsqu'il lut élevé au Saint - Nége,
Mais on avait besoin d'un adversaire
ft-rme et co'irageux contre Urbain Vi;
et cette raison fut une de celles qui
déterminèrent en sa faveur. Les cir-
constances où il fut nommé, méritent
d'être rernaïqures. Ce lut \<' commen-
cement du schisme d'Occident, où l'on
vit deux et qu<iquefois trois corapé-
titciirs se di^^^juter la thi.ire. et parta-
ger les sulFiages des puissar.res cl l'o-
bédience des peuples. Urbain VI,
G E N C9
ayant été élu à Rome d*unc manière
un peu tiiinullueusc, ne tarda pas,
avec un caractère dur et hautain,. i
indisposer contre hù les cardinaux
qui l'avaient nommé, et doi;l la plu-
part étaient Françai>s. Ils étaient au
nombre de seize, dont quatre seule-
ment Italiens. Les Français trouvè-
rent le moyen de rattacher ceux-ci à
leur pirli; et ce fut à Fondi que de
leur réunion sortit la nomination de
Robert de Genève, qui prit le nom
de Clément Vil. Il n'est p^s admis
par tous les auteurs dans le rang des
papes légitimes ; ce qui fait qu'un
autre pape (Jules de Médicis ) a pris
ce même nom de Clément VU. Quoi
qu'il en soit , Robeit de Genève fut
choisi, parce que, n'étant ni Fran-
çais ni Italien , on crut qu'il ne se-
rait suspect à aucun parti, et parce
qu'à une haute noblesse iljoignait de
l'activité , de l'éloquence , et une
grande aptitude aux affaires et au
travail. Toute la chrétienté se trouva
donc divisée entre ces deux pontifes.
Quelques états gardèrent la neutralité
en attendant un concile œcuménique,
ïei fut le sentiment de la France en
particulier, qui, cependant, se décida
ensuite pour Clément sous îe règne
de Charles V. Une partie de l'Es-
pagne reconnut aussi Clément au con-
cile de Sal. manque, par les soins de
Pierre de Lu'^e. Cette lutte scandaleuse
était appuyée , de part et d'antre,
par tous les moyens que les ciicons-
tanccs pouvaient fournir à l'un et à
l'autre parti. Tandis qu'Urbain VI
appelait Charles de Dur s au trône de
Naples ,C!émentVll engageait l^ouis
d'Anjou à venir s'emparer de ces
mêfues états dont !a reine Jeanne
lui faisait donation. Mais cet auxiliaire
ne suffit pas pour .soutenir le parti de
ce pipe, qui, se voyant sans appui,
prit la résolution d'abandonner i'ita-
70 GEN
lie,elclc se retirer à Avi£;non.Lcsdeux
pontilcs s'excommuniaient récipro-
quement. Cepcndiint Urbain mourut :
son successeur Boniface IX , clu à
Rome, fut un nouvel adversaire pour
Clément VII. Louis d'Anjou était
mort 5 et son fils avait succède à son
titre de loi de Sicile. Charles de
Duras avait pe'ri en Hongrie , et lais-
se pour héritier de ses droits Ladislas
que Buniface protégeait contre la
maison d'Anjou. CIcincnt et Boniface
créaient des cardinaux , chacun de
leur côté. Pour soutenir leurs pré'cn-
tions respei tivfs, ils commirent des
exactions en levant des impôts sur les
peuples de leurs obédiences respec-
tives. Ce furent ces excès qui éveil-
lèrent le zèle de l'université de Paris :
elle imagina ce projet d'imion et de
cession réciproque que Ciément \ il
rejeta ou éluda, ainsi que son adver-
saire , et qui perjtéfu 1 Je scliisme
après eux ( Voj. Benoit Xlll ou
Pierre de Lune, anti-pape. ) Cepen-
dant la pro|)osition de l'université
causa un violent chagrin à Clément
\II, qui tomba malade, et mourut
frappé d'apoplexie, le i6 septembre
3 5()4, après un pontificat d'environ
lôan^. D — s.
GEJNEVIÈVE ( Sainte ), patrone
de Paris, liaquit a Nantcrre, à deux
lieues de cette ville, vers l'an /j^J).
Son père nommé Sévère, et sa mère
Geroncc, habitaient ce lieu. Une tra-
dition populaue fait de Geneviève une
sim[)le bergère; ; d'autres prétendent
que ses parents étaient (\vs personnes
considéiables. L'historien de sa Vie
se lait sur le rangcju'ilsocnip.uent.On
voit, par la suite de son histoire, que
(/eneviivc avait des biens à elle, et
même qu'ils ne devaient pas être mé-
diocres. File fut él( vée dans la piété.
Sun père souhaitait ([uVllc se consa-
crât à Dieu ; et, soit que des prcuiièics
GEN
insinuations l'y eussent porle'e, soif
que ce fut chez elle un sentiment na-
turel ou l'effet de la j!;race, elle nour-
rissait ce dessein dès ses premiers
ans. Saint Geimaiu d'Auxerre , et
Saint Loup de ïroyes, chargés d'al-
ler dans la Grande-Bretagne com-
battre 1 hérésie de f*élage , passant
à Nanterre, le peuple se rassembla
pour les recevoir et les conduire à
l'église. Germain distingua dans la
foule la jeune Geneviève, qui alors
n'avait guère que sept ans. Une sorte
d'inspiration intérieure la Itii désigna
comme un vase d'élection :il la fit ap-
procher, et l'interrogea. L'enfant parla
de son désir de se vouer à Dieu. Ger-
main !a liénit et lui imposa les mains ,
recommandant au père de la lui ame-
ner le lendemain , avant son départ.
Sévère ne manqua pas de présenter sa
fdle au Saint, qui lui demanda si
elle pusistdit dans sa ré>olulion ; et,
sur sa réponse affirmative, il lui
passa au cou une petite médaille de
cuivresur laquelle était gravée la croix,
signe du salut : « Elle doit être, lui dit
Germain , le seul ornement d'une
éjiouse du wSauvcur » ; et , en même
temps, il lui prescrivit de s'alistenir
de tous bijoux, de colliers d'or, et de
j)ierreries ; recommandation peu ap-
propriée a la condition de Geneviève,
si elle n'eiil été qu'une pauvre villa-
geoise. La leçon de Gi rnjain demeura
profondi'meu! gravée dans le cœur de
l'enfant. Uè>»-lors elle mena une vie
e\«'nq)laiic et mortifiée. A l'âge do
quinze ans, affermie dans sa vocation,
elle reçut le voile de vierge des mains
de VelicuSjévèqiiede Chartres. Api es
la mort de ses parcnis, elle se retira
à Paiis ch(Z sa marraine. Quehpic
sainte qu'cJtait la vie de Geneviève ,
elle ne lut à Tahri ni de la calomnie
ni de I» petsécution. On traita d'hy-
pocrisie ses pratiques pieuses. Les
r. EN
biirliarcs, roiidmts par Altila , mc-
uaçaiil Paris, et les hahilanlscirraycs
s'ajtprctanl à fuir, Gciicvirvc osa ras-
surer srs (oiirit()v<'iis,cl, nia!«:rc l'iin-
iiiiiieiicc (lu ii.in<;or, leur annonça (ju'il
lie leur arriverait rien de làclieux. On
lui re[)r()clia de vouloir laiie la j»roi)lic-
tesse ; on l'injuria , on alla mciiie jus-
qu'à former le dessein d'.iltenter à sa
vie : elle soullVil tout avec patience.
Cependant la prédiction s'acconiplil.
Cet événement , une visite de Saint
Germain d'Auxerre , et d'autres
marques d'estime qu'il donna à Gene-
viève, firent taire l.i malveill mce. La
Sainte , depuis lors , fut constamment
l'objet de la vénération publique ; et
rien d'ini[K)rt.int ne se faisait dans
Paris qu'on ne la consultât. Elle ren-
dit aux Parisiens de signales services.
Leur ville ayant été assié^ée(i), ou se
trouvant par (juelque autre circons-
tance affligée d'une longue disette,
Geneviève parvint à leur procurer
des vivres en abondance. On croit
qu'elle contribua à la conversion de
Clovis , et qu'elle le détermina à
construire , en l'honneur des saints
apôtres, Pierre et Paul, la basilique
qui depuis porta son nom. Elle-même
bâtit, à ses frais, une église à rendtoit
où Saint Denis et ses compagnons
avaient été martyrisés. Pleine de mé-
rites et d'années , elle mourut le 5
janvier , jour où l'Église célèbre sa
fête. Ce fut l'an 5i2, suivant quel-
ques auteurs , ou , selon d'autres,
quelques années auparavant. Elle était
âgée d'environ 88 ans, et fut enter-
rée ainsi que Clovis , qui mourut à
peu près vers la même époque, dans
cette même église de Saint-Pierre et
{i) Ce siège de Paris, qu'on place ordinaire-
ment sous le rè^ne de Ghilderic, se concilie dil'iî-
cilcmeut avec l'hisloire de ce prince. L'hislorion
de lit Sainte parle il'im iit-s,c ^ ou Llocus ^ de dix
ans , et dil quoGenevicve, ayant remonté la Seine
jusqu'à iruyest ^'^ ramena onze ba^eau^ charges
ùa \ivres.
GEN 71
Saint-Paul ( \ ). On lui attribue plusieurs
miracles. Son corps, par la suite , fut
exliuirié, et l'on déposa ses reliques
dans une riche chaise , ouvrage de St.
l'iloi. En 19.4';^, un abbé de Sainfe-Ge-
jieviève en fit fiire une plus riche en-
core, toute couvcrle de pierreries ,
présents de nos rois et de nos reines.
Elle devint la proie du gouv( rnemcnt
de sang qui signala son impiété pen-
dant nos fureurs révolutionnaires; et
les reliques de riHustrc vierge que
Paris avait prise pour sa protectrice,
à qui il devait tant , furent, par l'ordre
de ce même gouvernement, publique-
ment brûlées sur la place où le crime
s'expie par le supplice. La plus ancien-
ne vie de Sainte Geneviève est d'envi-
ron Tan 55o, dix-huit ans après sa
mort. On n*en coiuiaît point l'auteur.
Les PP. Lallemantel Duraolinct l'at-
tribuent à un nommé Salifias. Dora
Doublet pense qu'elle est du prêtre
Genesius, duquel il est fait mention
dans l'ouvrage. Elle est écrite sage-
ment, avec la gravité convenable; et
l'auteur , pour le temps , paraît ne
pas manquer d'érudition. On reniar-
qiic, sur diftérents manuscrits, des al-
térations faites par des copistes. L'abbé
Lebeuf, tom. i, p.52 de ses Disserta-
lions, soupçonne que cette Vie a été in-
terpolée, au xi''. siècle, par un nommé
Félix\ diacre et doyen de Ste. -Gene-
viève : ce n'est qu'en i5'2i qu'elle fut
connue, Jean de Ravisi de Nevers
[Ravisins Textor ', qui l'avait décou-
verte , l'ayant insérée dans le recueil
de ses Femmes illustres. Swrius l'a
donnée , en en changeant le style.
(1) D'autres clironolop;lste3 prétendent que la
Sainte inijurul avant Clovis. Vcliy. Hiit. di Fran~
ce, loni. l, paj;. ti.') , eu parlant de la mor! de
ee prince, (îu : « Il l'ut ontfrré dan* réglise de
>i St. -Pierre et St. -Paul. L'histnre rapporte i|uc ,
«quelques mois auparavfivt, on y avait transporté
» le corps de Ste. -Geneviève, etqu'uu mort ressus-
>> cita sur sou tonibean. » Voyez, à ce sujet , le»
jVoïd'f//^' annales de Parir . i^aix ToussataL-Duf
pkssi», pajj. .'jo cl 4''
72 GEN
LVdition des Buliandistes _, i645,
est plus estimée que celle du père
Ciiiffl'^l, inse'ree à la fin de sa Con-
corde (hi vénérable Bède et de la
Chronologie dt Frédégaire , Paris ,
1681 , \o!. iii-4 . La plus exacte est
ccil<; du pèr<' Cltarpcntier, cbanoine
re'^n'ier de Saiutt-Gcneviève , Paris,
i6b7,iii-B ., revue sur neuf manus-
crits. Selon le père leLung, il y en a
eu une traduction française en 1 6t33 ,
ou seulement en jGG^ , suivant Bad—
let. Il en a paru, en iG83, une nou-
velle traduction , ou la même retou-
clièe et enrichie d'observations, 1 vol.:
il s'y est glisse des fautes qui ne sont
pas dans l'original. Les uns l'altri-
l)ucnt au père Dumolinet , les autres
au père Lallomant. L — y.
GE^EVlÈYE de Brahant est
cite'c par les hagiologues tantôt comme
sainte , tantôt comme simplement
be'ahfie'c. Plusieurs auteurs ont parle
d'elle, tels que Freber dans ses Ori-
gines du Falatiiiat, Aubcrt le iVlirc
dans ses Fastes de la Belgique, Jean
Molan dans sa Naissance de» saints
belges, Mathieu Rader d.ms sa Ba-
vière, Henri Dupuy ( Erjcius Futea-
nus)y Browcr dans ses Annales de
Trêves, les Bollandistei dans le
tome i'. du mois d'avril , etc. C'est
dans ces auteurs qu'ont puisé les Al-
lemands et les Français qui ont écrit
l'histoire vraiment p.jlhéli([iie de Ge-
neviève. Elle était fille d'un duc de
Brabant, (jui la tiiaria à Sillroi ou
Silliiil, palatin d'OHiendiuck, dont
le château , nommé Hohcn-Sinime-
ren , se trouvait dans le canton de
Meifeld , au pays de Trêves. Ce ma-
riage eut lieu du temps que llildoIlV
était archevêque de Trêves vers Tan
•yoo. Marié depuis quelque temps ,
et n'.iyant [>;is encore d'cnlants, le
palatin fut obligé do quitterson<ipouse
]iour se rendre à l'armée que Charles
GEN
Martel conduisit avec tant de gloire
contre Abdoul-Rahmân (Abdéiame)
et SCS Sarrasins. Geneviève, enceinte
sans qu'elle le sut encore, fut confiée
par le palatin à .son intendant , nommé
Golo. Ce malheureux n'ayant pu par-
venir à séduire la femme de son maî-
tre, la lui dénonça corame infidèle à
ses devoirs, et comme venant de
mettre au jour le fruit de son adul-
tère. SifTroi écrivit à Golo de faire
noyer la mère et l'enfant. Le coupa*
ble intendant livra les deux victimes
à des domestiques, qui, parvenus dans
une forêt voisine , et près du lac où
ils devaient les faire périr, furent
émus et attendris. Ils résolurent de
leur conserver la vie, et de les aban-
donner dans ce lieu sauvage. Jusque-
là 1! ii'y a, dans le récit, rien que de
vraisemblable; mais la suite cesse de
l'être. En efiet, comment concevoir
qu'une mère et son enfant soient res-
tés sans secours, vivant de fruits sau-
vages et du lait d'une biche qui s'at-
tacha à eux, passant les hivers sans
feu et sans vêtements dans une grotte,
pendant cinq ans et trois mois ? Ils
avaient, suivant les auteurs que nous
avons cités, été exposés le 6 octobre
752. Ils ne furent retrouvés que le
(i janvier ^S-j par Siifroi lui-même
et ses coni[)agnons de thassc, qui,
ayant poursuivi long-temps une bi-
che et son faon , fuient conduits par
eux jusqu'à la grotte de Geneviève.
Au bruit que firent les chasseurs, Ge-
neviève el son (ils essavèrent en vaiû
de se cacher. Un des historiens la-
tins que nous avons cités , Fréher ,
s'exurinjc ainsi à cet CLT-ud dans sou
histoire de la 1 hapelle de Frauenkii-
chen : « Le pai.itin s'approcha de
» .son épouse, ([inl ne reconnut point,
» — Etes-voiu adorateur du Clirist,
M lui cri i-t-il ? — Geneviève lui ré-
)) pondit : Je suii femme et chré-
G EN OEN 75
» tienne , scigucur, et raa nudité .ib- partcnî''nl tic Rhin et Moselle (M. Mas-
» soluc me lorcc de lue tenir c.icliee son) en pat le eoinnie .13^1. t vu tes
» loin de votre présence. Prelex- lieux: « Le lac, dit-il, oii le perfide
» niui votre njaiileaii, si vous desirez » cliAlel;jiii ordonna de j)recipil(r Gt-
)' que je p.ir.iisse. — I^c palatin lui wncviève, est dans le voisinage; la
)) jeta ce ve eineiit , et s'c'cria avec » contrée a porte le îiorn de Pclentz
» etotineinent : Eli quoi, nialheu- » (Palatinal); on icconnaîl encore
» reuse! vous n*avez en ces lieux ni » les ruines d'un vieux palais : mais
» vclcmeuls ni nourriture ? — Mes » le lieu où l'on voit la chap; lie n'est
» habits, lui répondit - elle, se sont » plus une vaste foret; c'est aujour-
» uses entièrement , cl je n'ai pour » d'iuù une campaj^ue fertile et cul-
» aliment ({ue les végétaux de la fo- » livee. l.a cbapelle est située .*^ur
» rêt, Silboi ayant conliîiuc de l'in- » une cmincnce : elle a etc presque
» terroc;er, elle ajouta : J'tiabile ces » totalement détruite pendant la
» lieux depuis plus de cinq années; i> guerre. Sur l'autel dégradé on voit
» cet enfant est mon fils; son père... » encore l'iiistoire de Geneviève gros-
» Dieu sait que ma bouche fut tou- » sièremenl scuipice , et les tombes
» jours étrangère au mensonge ; ef » de Geneviève et de Sig'froi qui
» moi, seij'.neur, je suis celte infor- » avaient clé fouillées. » Nous avons
» lunée Geneviève qui sortit, jeune et en français une Histoira de Gène-
» recherchée avec éclat, du palais des \^ièi>e de Brahant, par le jésu:!e Ce-
» ducs de Brabant , pour épouser le risiers, Paris, 1647 , in-8'.< laquelle
» palatin de ces conlrees. A C( s noms a élé depuis revue et corrigée par
» de Geneviève et de palatin, Silboi l'abbé Richard. MM. Duputel et Louis
)> reconnut son épouse. Les officiers Dubois ont publié chacun un n>man
» de la suite du prince et quelques sur ce sujet, in 8'., i8o5, et 2 vol.
» anciens serviteurs de la princesse in-12, 1 810. Cerisiers, D'Auie, Cor-
» la reconnurent facilement à une neille Bîessebois, la Chaussée, Ci-
» cicatrice qu'elle avait au front, cile, ont fait de cette touch.'inte his-
» ainsi qu'à l'anneau conjugal qu'elle toire le sujet de tragédies etdedraraes.
ï) avait conservé. » Le palatin ne put L'allemand Tieck a traité aussi ce su-
croire qu'une conservation aussi éton- jtetdans sa tragédie de Geneviève de
nanle ne lût pas miraculeuse; il cm- Jirabant, ouvrage dont M""", la ba-
brassa avec transport son épouse et ronne de vStaël f;it un juste éloge. (jDe
son fils, et ordonna de les porter sur l'Allemagne , tora. 11, p^g. "249. )
un brancard au château. Sur ces en- Une jolie romance de Berquin, plu-
trefaiies Golo, s'étant présenté, fut sur sieurs cantiques populaires, enfin de
le point d'être mis en pièces par les belles gravures, ont aussi letracé ces
personnes qui se trouvaient la. Siffroi événements, qui offrent plus d'uitérêt
le fit écarteler par quatre taureaux que de vraisemblance. D — b — s.
indomptés. Geneviève exigea qu'au GENGA ( Leonore dei conti
lieu où elle avait élé trouvée, une DELLA),née à Fabriano à l'époque
chapelle lût érigée à la Vierge. Le de la renai^sance des lettres en Italie,
palatin y consentit , et fit bâlirFrauen- cultiva la poésie avec succès. Jean-
kircheu, dont les ruines existent en- André Gilio a publié quelques son-
core , et attirent beaucoup de pèle- nets de cette dauie, à la suite de son
rins. L'auteur de la Sialislique du dé- Topica poética , Venise , 1 58o , in-
74 G EN
4"' Apostolo Zeno , dans ses notes
sur la Bililiotbèque de Foiitanini, dit
que ces sonnets sont si beaux qu'on
les croirait du temps même de Gi-
lio, c'est-à-dire, du siècle le plus
brillant de la poésie italienne. W — s.
GhiNGA (Jérôme), peintre et ar-
cliitecle , né à Urbiii vers 1/176, fut
à dix ans mis en apprentissage chez
un cardeur de laine. H révéla son ta-
lent pour le dessin, en traçant des fi-
gures avec du charbon j et ses pa-
rents s'étant déterminés à le retirer
de l'atelier du cardeur pour le faire
entrer chez un peintre, ils n'eurent
qu'à s'applaudir de cette résolution.
A quinze ans , il passa dans l'école de
Lucas Signorelli ; et cet habile maître
prit en lui une telle confiance, qu'il
le chargea souvent de traiter les ac-
cessoires dans ses tableaux. 11 de-
meura ensuite trois ans sous la di-
rection de Pérugin, qui lui apprit
l'art de la perspective et le secret de
distribuer les elléts de lumière d'une
manière piquante. Raphaël, compa-
triote et ami de Gonga , frcquonlait
en même temps que lui l'école de Pé-
rugin ; et l'on peut croire que les
conseils d'un si grand homme ne lui
furent pas inutiles. Après avoir ter-
miné ses études, Gcnga se rendit à
Florence, et de là à Sienne, où il
peignit pour Pandolfe Petrucci plu-
sieurs tableaux, dont Y.isari loue la
correction de dessin et la fraîcheur de
coloris. De retour dans sa pitric ,
après une assez longue .ibscnro , il
fut employé par le duc Gui liablo à
l'embcllissemt nt de son palais, cl au re-
nouvellement des décorations du théâ-
tre , genre dans lequel il déj)l())'a une
rirhes>c d'imagination et une intelli-
genc(î (xtraordinaircs. Le désir si
naturel à ini artiste de visitf r hs
beaux restes d'atititjuitéqueUomeollie
auxcuricux, lui fil demander un cou<
GEN
gé. Pendant son séjour à Rome , il exé-
cuta, pour l'église Sle.-Gîtherine de
Sienne, la Résurrection du Christ^
tableau très estimé des connaisseurs,
mais qu'on regrette de voir placé dans
un endroit si obscur qu'il est impos-
sible de juger de la perfection des dé-
tnils. Le duc d'Urbin François- Ma-
rie, ayant succédé à Gui Baldo, rap-
pela Gcnga, et le chargea de toutes
les dispositions nécessaires pour les
fêtes de son mariage. Ce prince étant
obligé , peu après , d'abandonner
UrLin,Genga le suivit à Mantoue,
et se retira ensuite, avec sa permis-
sion, à Césène, où il peignit , pour le
maître-autel de l'église St.-Augustin ,
un tableau à l'hiiile, divisé en trois
parties , et (jui représente Wdnnon-
dation de la Fierté , au dessous le
Père -Eternel dans une gloire, et
plus bas la Mère de Dieu tenant son
Fils dans ses bras, et entourée des
quatre Docteurs de l'Eglise. Il pei-
gnit au<si dans le même temps une
Chapelle de l'ég'ise St. -François à
Forli, dont le principal morceau est
une Assomption de la Fierté, qui est
très estimée. Lorsque le ducd'Urbiii
fut rentré dans ses états, Genga y re-
vint avec son souverain, qui, ayant pu
apprécier sa fidélité et ses talents , le
nomma son architecte, le chargea do
réparer son ])alais , et d'en cons-
truire un nouveau sur le Meut impé-
rial, près de Pesaro. Le duc ayant
résolu de fortifier Pesaro, Genga as-
sista à l'assemblée où les dillèrents
projets furent discutés; et son avis
prévalut si souvent, que bien qu'il
n'ait pas eu la dirertiou des tr.Jvaux,
on peut le regarder cependant comme
le principal auteur des fortifications
de cette j)l.ice. On a encore , de cet
artiste , des plans de diUerents bâti-
ments que la mort «lu duc l'empèelKi
de tcrmmcr ou de mcllrc ù cxécu-
OEN G EN 75
lion. INI lis ( 'est à lui (pi'on doit la rcs- par l'ctudcdcs monuments : Gcnf;a y
tanr.ili n ilu palais aichicpiscopal de j)assa quatre ans, et rrvint ensiul(î à
]MaiitoiU' : ce lut sou deiiiiiT ou- Urbin , où il lut cm ployé par le duc
viam'. Impulse par fàge et les l'aligues à diire'renls ouvraf];<s. 11 accompagna
d'une vie laborieuse, il se retira dans ce prince dans la visite des places de
tinr maison qu'il avait achetée près la Loinl)ardie qu'il voulait fortifier,
d'Lrhiu, pour y joiur de ([uclipie re- et en leva les plans. Après la mort de
pos. Il y dessina au cravon , dans un son père, il fut fait intcndantgéne'ral
moment de loisir, imc Conversion des bâtiments publics, et chargé de
de S, Puni , morceau que Vasari dit la construction de dilTèienls édifices,
être très précieux, et (|ui prouve que tant à Urbin ({u'à Pesaro. 11 dontia
son imagination n'avait rien perdu de aussi les j)lans de l'église de Monte-
son activité ni de sa vi'.\ueur. Ce fut l'Abbate et de celle de St. -Pierre de
dans celte retraite qu'jGenga mourut, Moudovi , que Vasari dit être ce
le II juillet i55i , à soixante-quinze qu'on peut voir de raieui dans de
ans environ. Il joignait aux talents de petites proportions: il fit encore des
peintre et d'archi'ecte ceux de sculp- projets pour ajouter aux fortifica-
teur et de musicien ; et il avait écrit lions de Vérone et de Borgo-San-Se-
sur les arts dillérents petits Traités polcro ; mais les circonstances en
que l'on conservait dans sa famille, empêchèrent l'exécution. Plusieurs
Vasari, qui a compose la Vie de souverains, entre autres le roi de
Genga, lui donne le plus p,rand éloge Bohème, s'étaient dispute l'avan-
que puisse recevoir un homme, en tage de posséder dans leurs étals un
disant, « que jamais il ne fit une aussi habile artiste ; mais le duc
» chose dont il eût à se repentir. » d'Urbin avait toujours montré beau-
W — s. coup de répugnance à le voir s'éloi-
GENGA ( BarthÉlemi ), archi- gner : il ne crut pas cependant pou-
tfcte , fils du piécédent, naquit à voir le refuser au grand -maître de
Césène en i5i8. Son père voulut Rhodes, qui le demandait pour mel-
d'abord qu'il apprît les belles-lettres; tre en état de défense l'île de Malte,
mais voyant qu'd n'y faisait que des Barlhé'emi partit donc avec les che-
progrès médiocres, et que son goût valiers qui étaient venus le chercher;
le portait vers les arts , il l'envoya à et , arrivé à Malte ,il leva le plan de
Florence étudier le dessin, à l'école l'île, traça celui de la cite Valette, de
des grands artistes (Uii faisaient alors quelques ég'ises et du palais du grand-
l'ornement de cette ville. Le jeune ar- maître: mais comme il souffrait beau-
tistey travailla, pendant trois ans, avec coup de la chaleur, s'étant mis entre
tant de zèle et d'application que son deux portes pour travailler plus com-
père, l'ayant rappelé près de lui, le modémcnt, il fut attaqué d'une pleu-
jugea en état de diriger les travaux de résie, dont il mourut le l'j^. jour, au
l'éL;lise St.-Jean -Baptiste de Pesaro. mois de juin i558. 11 était âgé de
Barthéiemi avait plus de connais- quarante ans. W — s.
sanees dans l'architecture que dans GENGA ( Bernardin) , docteur
le dessin: son père s'en aperçut ; et en philosophie et en médecine, na-
aprèslui avoir donné quelque temps qultdans le duché d'Urbin , enseigna
des leçons de pcrspeclive, il l'en- Tanatouiic et la chirurgie à Pvome ,
voya à Korac pour se perfcclicnner vers le milieu du xvu^. siècle^ et fut,
76 GEN
selon ]Vrin?;et, chirurgien de l'hôpital
du S.iinî-Espril de cette ville. Actif,
entreprenant et partisan des idées
nouvelles, il fut un des premiers à
admettre la circulaiion tin sang, dont
il attribuait la découverte à Fr^Paolo;
et il l'enseigna publifiuernêi.t à une
e'poque où elle ëtut eucore vivement
combattue dans les univrrsite's d'Ita-
lie. On lui a reproche de s'eire élevé
avec un ton peu modeste cuiilrc Hip-
pocrate, qu'il accusait ouveîtt-nient
d'avoir commis de graves erreurs
dans le traitemonl de plusieurs m.j-
ladies chirurgicales. Il en commit
lui-même de bien plus gr.indt s , «n
rejetant l'opération de la hernie dans
tous les cas d'étranglement , et en
condamnant le trépan sjr les su-
tures. Cn a de lui : I. jinalnmia
chlrurç^ica , sive isloria anatomica
delVossa c musculi del corpo unia-
no colla descrizione de vasi ^ home,
1672, 16^5; Bulogne, iG87,in-8''.
On y trouve une dissertntion sur la
circulation du sang, et plusicur.N ano-
malies anatomiques curicusrs sur les
doigts, les muscKs, etc. 11. /Inato-
mia per use ed intelU^enza dcl di-
se f^no, ricercala non soi) su gl os si
e musculi del corpo himano , ma
dimoslrala ancora su le statue an-
tiche più insigni , Rome , iG()i ,
in- loi. , avec des explications par
Lancisi. Cet ouvrag*' , destiné aux
peintres et aux sciîlp'euis, m* traite
que des njuscles superficiels, l/auteur
li'S considcredans Us illilud. .» lurrées
que prenaient les anciens ^.l.idiateurs,
et dans celles que préscntcut les sla>
tues antiques, telles que «'Apu'lon , la
V^énus , Hrrcule , le Liocofu. î ! I In
f/ippocratis aphorismos ad rliiinr-
f;iam spcctantes commenturia , iniui
et italien, Home, i6<)/| ,iii-8 . ; Mo-
logue, «717, 17^5, iji 8'.; Irad. en
espagnol pnr A. G. Viisqucz, Madrid,
GEN
1744? *""^'* L'iuteur ne sVst pas
borné à commenter les aphori.^mes
d'Hippocrale sur la chirurgie ; il y en
a inséré plusieurs qui n'ont ;iucun rap-
port h ce sujet. Ch — T.
GENGIS-KâN. Fo^. Ujenguyz-
KnAN.
GRNISSIEUX ( J. J. V.) était
avocat à Grenoble avant l.i révo-
lution; il en adopta les piincipes avec
enthousiasme , et fut nommé , par le
département de l'Isère, député à la
Convention nationale. Dès le iS dé-
cembre I 792, et pendant l'instruction
du procès de Louis XVI, il vola pour
l'expu Sîou de toute la famille de ce
monaïque. « En abolissant !a royauté,
dit il , vous auriez dû, FiOuis XVI eût-
il été aussi vertu» ux que Titus et Tra-
jan , l'exciur» par l'ostracisme. Sa fa-
mille porte ombrage à la liberté; il faut
l'exclnre aussi : par cet exil, vous ne
leur supposez pas de crimes, vous leur
Conservez leurs biens, leur honneur;
niai> Vous preiiczcontreeux une gran-
de mesure de sûreté générale. Ou dit
que Cet exil préjugerait le jugement de
Louis XVI î Je suis bien étonné que ce
soient ceux-là même qui demandaient
que sa tête tombât, qui opposent au-
jourd'hui ce préjugé. Si les Bourbons
en laveur desquels on réclame, avaient
autant de civisme qu'on le suppose ,
ils n'auraient pas attendu le décret,
ou pîu'ùt ils seraient venus le proposer
eux mêmes. Ou a dit que ce décret
porler.iit alleinte à la souveraineté du
])«"Uj>le: mais je supjmse que lMuli|)pe
d\)rléans , au lieu dt ^e montrer bon
citoyen comme itafait jusqu'à présent,
eût été mi citoyen daug»ieux et mé-
chant ; quoi! p.irce qui serait mem-
bre de la Couveiitiou, v'iMis ne pour-
rie/. prouv)ncer eoutro lui! » Lois des
voles .sur le sort de Loms XVI , Gé-
nissicux le déclara coupable ; ei il
vota contre ce prince la peine de moi\t,
(. K N 0 E fl
77
sans appel .nu jKUipIc et s.ms sursis, srcrclairc , et il vota pour qi;c le-»
Cet lionimc n'cl.iit doiui ni (L' graniis journaux, fusscjit mis sous la survcil-
talonls, ni do bc.iiicoiip d'ciicit^ic. Il l.mcc du gonvciiicim'iil. Ll* 5 novrwi-
paila peu dans la suite de la session brc, ilalla([iia violcnuiieiit soncolN'giic
convcnliotincllc; ni.Tis sic'gtvml Ion- Uourlian, cpns'oppos.iii à la confisca-
jours sur la Monl;ȍ;tic, il appuya de lion des hk-ns des dcpoilcs j).ir la
tous ses moyens les mesures les plus loi du 19 fructidor .m v (4 septcubre
rcvoliilionnaires et les plus tyranni- 1 797 ). Plus tard, il attaqua ;.Uj.m l'al-
qiieN. Trav.iilleur infalii^ahle , il fut ininislra(ion financière du dircoloiic,
employeconstamnient dans les conii- ainsi que la gestion de son ministre
tes, rit souvent des rapports en li;ur Ramcl , et fut nomme pie^Nidenl de
nom, parliculièremcnl sur la legisla- l'asscmblce. Toujours attache aupirti
tiou , la police et les mesures de sûrele' des demngop;ues les plus ardents , il
intérieure ; il poursuivit avec fureur se mo?iîra fort oppose à la revolulioa
les nobles, les prêtres et les parents du 18 brumaire, où Buonaparle s'etu-
d'émigrcs. Le 16 mars 1 795, il pro- para du pouvoir. Tl futarrêle par suite
posa de désarmer tous les suspects; de cette opposition, avec plu>>ieurs
et le G mai 179^ , il s'éleva contre les de ses colloques : la libelle lear fut
facilités accordées aux éin^rcs pour rendue le même jour j mais ils furent
leur rentrée en l^rancc, cà la faveur du pour toujours éloignés de la puis-
rappel des citoyens qui avaienl fui sance suprême. Génissieux devint
par terreur. Cependant en septembre juge au tribunal d'appel de la Seine j
il parla en faveur dc> prêtres déportés et il conserva cette place jusqu'à la
et de leurs familles ; maiN i! s'opposa à fin d'octobre 1 8o4, époque de sa mort.
la rentrée de M. de Talleyran^l-Péri- Au milieu des fureurs ef des discordes
gord, et du général Moniesquiou.il fit delà révolution, il n'avait jamais perdu
écarter de toutes fonctions pu!)liques de vue ses intérêts personnels , et on
les prêtres insermentés et les parents le vit souvent embrasser la défense
d émigrés. A. la suite du i5 vende- des fripons et des concussionnaires,
miau'c an iv (5 octobre i 79) ), il fil II augmenta considérablement sa for-
décréler la suspension provisoire d<s tune; ei le but de sa conduite et de ses
mises en liberté. Géaissi^ux entra au opinions ne fut jamais équivoque,
conseil des cmq-cent'' lors de sa forma- M— d. j.
tion ; et il y d> manda Texclusioii de GEN^^ÂDE , évêque et patriarche
J.J. Airnécomme chef dos coinpagnies de Gonstanlinople, succéda dans ces
royalistes auxquelles on donnait le dignités à Anatole, et fut élu en Tan
nom àc Jésus ci da Soleil. Le direc- 4->^* I^ ^'■^^^ né avec un génie vif et
. luire lui confia le portefeuille de la jiénétranl , qu'il avait fortifié par l'é-
juslice le 5 janvier 1796; mais il ne Inde. Il parlait avec facilité, avait une
le garda q'ifc jusqu'au 5 avril. Nommé connaissance profonde des saintes
alors cju u! a Birct'lone, il refusa Ecritures, et passait pour éloquent,
cet emploi , i t passa à celui de substi- Il tint en 4^9 "n synode composé de
tut du corn lissaire du gouvernement 70 évcques , outre les légats duSaint-
près U cour de cassation. En 1 798 , il Siège , pour terminer les disputes qui
présida l'assemblée électorale de Paris divisaient l'Eglise d'Orient, au sujet
à rOiatuiie, et fut élu au conseil des du concile de Ciiaîcédoine. Onfitdes
cinq-cents; le 21 août, il fut nommé légicments de discipline dans cette
•jB GEN
assemLIee : il y fut arrêté qu'on ne
pourrait cire ordonné prêue à moins
qu'on no sût le psautier par cœur; et
l'on y prit des mesures pour erapê-
clier la simonie. Gennade reforma les
abus qui s'étaient glissés dans son
clergé, et gouverna avee s.igcsse. Jl
mourut sous le règne de l'empereur
Léon, en 47'« ^'i prétend qu'il fut
averti de sa mort par ra[>paiition d'un
spectre , qui lui prédit en rnèiue temps
les troubles dont son église devait
être agitée après lui. Gennade de
Marseille, son contemporain, lui a
consacré un article dais son traité
des Ecrivains ecclésiastiques, et ciîe
parmi les différents ouvrages dont il
était l'auteur : I. Un Commentaire
littéral sur Daniel. \\. Des Homé-
lies. III. Une Lettre sy no dique con-
Ire l^s simoniaqiies; celle sans doute
qui fut composée dans le concile qu'il
avait tenu ( i ). De ses autres ouvrages,
il nerr sic que d'S fragments; I'um, rap-
porté par Facundus,dans lequel Gen-
nade se plaint de i^aint C^'iille avec
aigreur et emportement , à l'occasion
des contestations de ce père avec les
Orientaux ; un autre tiré du livre 2*".
à Parthénius , rapporté par Léontius
dans les Lieux communs de l origine
de Vame. Les Gre«s dans leur mé-
iioioge font mention de (jcnnade de
Constantinojile comme d'un saint
évèque, et célèbrent sa fête le izS
d'août. r — Y.
GENINADEde MARSEILLE,
Gaulois de naissance, (lorissait à la (in
du v«. siècle, sous l'empire d'Anas-
tase. Quoique des modernes aient
prétendu (ju'il était évêcpie, de Mar-
seille suivant les uns , cl de Tolède
suivant les autres , il est certain qu'il
f i) EHe %t troiivr dnni la Collection dei euii-
ci/rr , et 4i>iM la liiOlmlliètfu,: ili-l l'ire/., «I« Mur-
Kueriii J« U Ui;;ue, édilioiii ilc P«iil , i5ij et
GEN
ne fut que simple prêtre; et il ne
prend que ce litie dans ses ouvrages,
li était versé dans les langues grecque
et latine , avait étudié l'Écriture et les
Pères, et n'était point étranger à la
littérature profane. Celait d'^ailleurs
un écrivain laborieux et de beaucoup
de lecture, mais ayant plus d'éindi-
tion que de goût et de solidité. On ne
s'accorde point sur son orthodoxie ^
et l'on pftDse qu'il lut engagé dansl'er-
reur des senn-pelagiens. Dès le vi*".
siècle , l'église de Lyon crut aperce-
voir dans ses écrits des traces de pé-
lagianisme, 11 y avait |)Ourtaut at-
taqué Pelage. Vossius, dans son
Histoire du j)é!agianisme , le défend
contre celle imputation; et le pape
Adrien 1 , dans une lelti e à Cliarle-
mague , parle de lui comme d'un des
plus saints personuagos. Il est diffi-
cile néanmoins de le justifier à cet
égard. On ne peut nier que dans sou
traité des Dogmes ecclésiastiques ,
il ne se trouve des ernurs ; et son
livre /^Éf viri< illustribus^ appelé aussi
De scriptoribus ecclesiasticis , con-
firme celle idée. Il s'y déclare contre
la doctrine de St. Augustin, et fait de
ce pcrc un cloge équivoqu'^; il relève
au contraire le mérite d'Evagre que
Saint Jérôme accuse d'être nn origé-
niste, (leRufin qui partageait la mènn-
crre'tn^el loue complètement Fausic
de liiez, bien connu pour être semi-
pélagien. Il parle avanlageusementdes
Eulof^ics de Pelage que Saint Jérôme
taxe d'liérésie,et improuve le livre de
Saint Prosper contre Gissien , pour
lequel il témoignait une estime particu-
lière, (ienn.ule de Marseille a beau-
coup écrit Outre les ouvrages dont il
est l'auteur, il a traduit du gr( c en la-
tin plusieurs de ceux des anciens
pères. Il donne l.i liste des siens à h
fin de sou Traité des Ecrii'ains ec-
cléiiastiijues. Il y cite contre les hé-
GEN
rdsîes, S livres ; contre Nesloriiis, G;
ronlrd l^àla'j,e , 3; un Traite des
mille ans iM de l'apocalypse; \c^ Ecri-
vains ecclésiastiques y cl une Profes-
sion de foi cnvoycc ;mj j).j[)c Gclasc.
De tous CCS ouvrages, il n'eu csl venu
((lit* deux jusqu'à nous ; savoir, le
livre <lcs ^'tvàv/m.v ecclésiastiques,
cl sou Traité des Dogmes. i^\\fi\([\\C'^-
uns pensent que le premier tut com-
pose sous !e pontificat du papc.Gc-
lise; (rnJrcs, qu'il peut l'avoir c'te'
dès Tan 477 1 quoiqu'il n'ait eteaclicve
que plus tard. Ce catalo2;ue est regarde
avec raison comme la suite de celui de
St. Jérôme , et ou les joint ordinaire-
ment ensemble. L'usage de réunir
ces deux ouvrages reuionte à une
liante antiquité. On en trouve des
traces dès le vi*^. siècle au teiops de
Cas.^iodore ; et ils sont joints dans un
manuscrit de Corbie , qui compte
plus de goo ans d'ancienneté. Le livre
de Genuade est écrit sans art et avec
beaucoup de simplicité, mais avec
concision et une sorte d'elegance. L'au-
teur y a conserve , touchant les
écrivains dont il parle, beaucoup de
traits historiques qu'on chercherait
inutilement ailleurs; cl il y donne la
connaissance d'un grand nombre d'ou-
vrages qui n'existent plus. Ce livre est
compose de cent articles , depuis l'an
53o de J.-C, jusqu'en l'an ^\)0. Outre
qu'il est insère dans presque toutes les
éditions de St. Jérôme , il y en a eu un
grand nombre d'autres éditions. Dom
Marlianay , en 1706, l'a mis à la
Iclo de son v^. volume de St. -Jérôme;
et le savant J. Alb. Fabricius l'a lait
entrer dans sa Bihliothsca ecclesias-
tica, Hambourg, 17 18, iu-fol. Le
Traité des dogmes ecclésiastiques ,
autre ouvrage de Gcnnade, a passé
pour cire de St. Augustin, et a été in-
séré dans ses œuvres , quoique les
scnlimenls qui s'y trouvcut soient
GEN 70
fort opposés à ceux de ce saint doc-
teur : d'autres l'ont attribue à difTc-
rents auteurs ; mais la ptuscommuno
opinion le donn<; à Gennade. Dès le
VIII . sièchî, ce traité se trouvait sous
sou nom, dans la bihiiothcque de St.-
Vandrille près de liouen. 11 paraît,
d'ailleurs , et c'est le sentiment de
Jjellarmiu, que c'est le même ouvrage
que la Profession de foi envoyée par
Gennade au pape Gelase. Les criti-
ques ont rcmai(jué, au sujet de ce
traité, qu'il y avait plus d'érudition
que de jugement ; que desimpies opi-
nions y étaient données pour des vé-
rités dogmatiques , et que des senti-
ments très catholiques y étaient con-
damiïcs ; que l'auteur s'y trouvait
évidemment en opposition avec Su
Augustin , et d'accord avec Fauste de
Riez sur la grâce , le libre arbitre , et
sur la corporéité des âmes. Sur d'au-
tres points cependant il s'exprime
d'une manière très catholique. Il y a
eu deux éditions du traité des dogmes
ecclésiastiques, toutes deux de Ham-
bourg; l'une de i594, l'autre de 161 4,
in-4°. Un manuscrit de St.-Victor at-
tribue au même Gennade l'addition de
quatre nouvelles hérésies à la liste de
celles sur lesquelles St. Augustin avait
écrit des traités. L — y.
GENNARlou G ENARÏ (Benoît),
dit Yancien, peintre italien , né dans
la ville de Cento , dépendant alors
du duché de Ferra re , y avait ses
ateliers vers la fin du xv!*". .siècle. Sou
premier titre de recommandation
auprès de la postérité , est d'avoir été
l'un des meilleurs maîtres du Guer-
chin, qui, avant d'entrer dans l'école
des Garraches , et après avoir quitté
celle d'un peintre médiocre, dont il
reçut les premières leçons de l'art ,
trouva dans l'école de Gennari une
grande partie des talents qui distin-
guent ses propres ouvrages. Le se-
8o G E N
cond tilre de gloire de son maître est
d'avoir laisse des tableaux disques du
piiiicau de cclciève, et qu'on prend
souvent pour des œuvrer du Giur-
chiu. La galerie de Milan en possède
i:n de ce genre , qui r.-pre'scnle le
Fiepas du Sauveur avec les voya-
geurs d'Emmaûs , 1 1 qui, par la no-
blose et la >iniphcilc de la composi-
tion, peut clie mi:, à coté de celui où
le ïiiien a peint le même sujet. Gen-
ii.iri e'fait si franchement zèle' pour
les prtigrès de l'art, qu'élraiiger à
toutej dousie, il se passionnait à l'ins-
tant pour le talent même naissant que,
des ;e premier abord, il jugeait de-
voir être supérieur au sien. En voyant
se développer celui de son élève Gucr-
chin , il se crut bientôt surpasse par
lui; et dès lors , non seulement i! se
l'associa comme son égal dans ses ou-
vrages les plus importants, mais en-
core il le pria de corriger ce que bii-
mcme y avait peint. Quoique le Gucr-
rliiii ait ensuite passe dans l'école des
Carraches , il n'a jamais abandonne
la minière de Gennari j et l'on [)eut
jugt'r, d'.iprèsia peinture dont il vient
d'être parle, que c'est de lui qu'il ap-
prit à donner aux têtes un beau ca-
raclcrc, à louclirr ses sujets avec tant
de facilité, et à devenir si parfait dans
les teintes et dans le clair-obscur. —
Son fils aîné, Dartliélemi Gennabi,
né en i Scj/j, s'appliqua aussi à la pein-
lur«; et l'on voit encore de lui aux en-
viions de Cenio quelques Tableaux
d'autel; mais il est moins connu
que son frère Hercule Gennaui, ne
à CcnJo, le lo mars i^f)^. Celui-ci
s'était d'abord destiné à la chirurgie:
le Guetchin , dont il avait ép(uisé la
sœur, ayant reconnu son talent pour
le dessin, lui enseigna son art, dans
le(picl il Ht d'.rsse/ gr.mds progrès. Il
monrutà Holognern i05B. — Son fils
»îné, Dcni'îl Gkwivaiii, dit W jeune ^
GEN
né en 1 635 , fut aussi élève du Gucr-
chin son oncle, et passa en Angle-
terre , où il eut le titre de premier
peintre des rois Charles II et Jac-
ques H, avec douze mille écusd'appoin-
tement annuel, il peignit encore pour
Louis XI V^ et pour le duc d'Orléans j
et il revint à Bologne , où il mourut en
1715. — César Gennari, son frère,
né en 1 64 1 , suivit également la même
carrière , et réussit surtout dans le
paysage. Son caractère jovial le fai-
sait parlicidièrcment aimer de ses
élèves. Il se fixa à Bologne, auprès
du Guerchin, dont il continua l'école;
et il mourut, dans la même ville , le
1 1 février 1 688. Son portrait et celui
de son frère ont été gravés dans les
Pitture di Cenlo , Ferrare , 1768,
in-S". G— N.
GENNARO( Joseph- AuRÈLE de) cé-
lèbre avocat, naquit àJNapIcsen i 701,
et y fit ses premières études sous les jé-
suites. Ses parents qui le destinaient
à la carrière du barreau , ne négligè-
rent rien pour qu'elles répondissent
aux espérances que le jeune Gennaro
fiisaitdcjà concevoir. En peu de temps
il fut en état de se passer de ses maî-
tres , et de suivre un plan d'instruc-
tion qu'il s'était lui-même tracé, et qui
ne saurait être trop médité par ceux
qui se proposent de suivre la même
carrière. Après un cours de lettres
grecques et latines , où il obtint le plus
brillant succès, il se livra à Tel u de de
la diaiccliqur, à l.iquelle il consacra une
année entière, mais (]u'il dégagea de
la méthode surannée des classes. La
philosophie scolaslii[ue occupa peu ses
in>tants; i\ ne put s'astreindic aux
formes barbares dont elle était alors
environnée, et rarement lai>sa-t-il
échapper l'occasion de manifester son
dégoût à ce sujet dans les écrits qu'il
publia par la suite. Il s'adonna de
préférence à l'hisloire, à la géogra-
GEN
pKic, elne m'gli^ca mémo pas les m.i-
tlirnialiqurs : ccscoim.iissanccs prcli-
iiiiii.iiirs lui paruinil iriclispciisablrs
pour justifier le dessein qu'il avait
forme Je dciniirc les préventions qui
existent entre les jurisconsultes et les
gens de lettres , en leur montrant que
ces deuï. nobles professions n'ont rien
d'incompatible. Ce fut ei^alemenl ce
raotifqiii l'eufijagca à dilTcrcr son en-
trée an barreau: il voulut auparavant
se livrer à une étude re'flccliic du droit
civil et du droit public. Il consacra
plusieurs années à méditer sur toutes
les parties des lois romaines ; et dans
le notnbrc infini des commentateurs,
il ne consulta que les écrits d'Alciat,
de Gujas , de Duareu , de Gouvea
et de Brisson , ses auteurs favoris ,
et pour lesquels il témoigna toujours
une prédilection marquée. La con-
naissance approfondie du droit ro-
main ne le détourna pas cependant
de celle des lois de son pays ; et
il s'appliqua , avec non moins de
soin , à l'étude de tout ce qui con-
cernait le droit public et coutumier du
royaume de Naples. On sent avec quel
e'clat, après des travaux si bien diri-
gés , Gennaro dut paraître au bar-
reau; aussi ne tarda-t-il pas à acqué-
rir une réputation telle, qu'il ne fut
plus bicutol de cause importante qu'il
lie se trouvât chargé de défendre
soit à l'audience , soit par écrit. Le pu-
blic se portait en foule à ses plaidoi-
ries; et les magistrats eux-mêmes, sur
leur siège, lui témoignaient le plaisir
qu'ils avaient à l'entendre. Le bruit de
sa réputation étant parvenu aux oreil-
les de Charles 111, il fut nommé,
en l'SS, magistrat de la ville de INa-
ples. Lorsqu'cn 174' Je roi , sur les
instances du marquis Tanucci, résolut
de donner à ses états le bienfait d'une
législation uniforme, en réunissant en
un seul corps de doctrine toutes les
XVII.
GEN 81
lois napolitaines, il chargea de cet im-
portant travail Gennaro et l'.ivocaC
CiiTillo, dont les cnorls restèrent mal-
heureusement sansrésullaf. En 1745,
Gennaro fut nommé secrétaire de la
chambre royale de S tinlc-CÎIaire; et,
en 17^8, il y devint conseiller du
roi. Depuis celle époque , il fut suc-
cessivement appelé à diverses au-
tres fonctions puljliques, telles (jue
cdles do professeur de droit féodal
en 1755, de membre du conseil su-
périeur du commerce en 1764, etc.
D'aussi importantes fonctions ne pu-
rent rien diminuer des soins qu'il don-
nait à ses clients et aux affaires de son
cabinet, nialtérerce caractère aimable
et liant qui lui avait concilié tous les
cœurs, et auquel on ne pouvait com-
parer que sa modestie et son rare
désintéressement. Cependant le soin,
des affaires ne lui fît point négliger la
culture des lettres : mais aussi quel
que fût le charme qu'il goûtait à les
cultiver , elles ne l'empêchaient point
de remplir les devoirs de son état.
Les vacances seules, en lui offrant plus
de repos, lui permettaient de se livrée
avec moins de réserve à ses occupations
favorites, pour lesquelles il sacrifiait
même dans le cours de l'année plus
d'une nuit. C'est àces loisirs trop courts
que nous devons le petit nombre d'é-
crits qui ont échappé à la plume in-
génieuse et spirituelle de Gennaro, et
qui tous portent le cachet de ce goût
épuré , de cet esprit de critique, et de
ces connaissances aussi variées qu'é-
tendues qui le distinguaient. Le pre-
mier qu'il publia à l'âge de trente ans,
est intitulé : Respuhlica jurisconsiiU
iorum, Naples, 1731 , in-4°. H sup-
pose que, dans un coin delà Méditer-
ranée il existe une île où tous les
jurisconsultes se rendent après leur
mort, et oîi ils ont fondé un gouver-
nement, dont les bases sont celles de
6
82 G EN GEN
la république romaine : corame ccic- au bas des pages. C< t onvrnge est en-
cijltur république est partagée eu trois treinèlc de diverses poésies lalines, et
ordres , les sénateurs , les chevaliers entre autres d'uti poème didactique
ft les plébéiens. Les premiers sont d'environ dix-huit cents vers sur la
tous les anciens jurisconsultes qui ont lui des douze Tables, où l'on ne
vécu depuis Sextus Papyrius jusques sait ce qu'on doit admirer le plus,
à Modesliu, sous lequel la jurispru- du mérite de la difficulté vaincue, ou
dence romaine commença à tomber du talent poétique que l'auteur fait
en décadence: les chevaliers sont ceux briller daus un sujet si pou propre à
qui depuis Modestin ont professé le la poésie. Une traduction p<îr l'abbé
droit à Rome, à Gonstantinople, à Dinouart, a paru en 1768, Paris,
Eéryte; on y comprend aussi tous les in-12; mais elle est remplie de coijtrc-
auleurs qui depuis Alciat jusqu'à nos sens, et imprimée avec si peu de soin
Jours ont traité la jurisprudence avec qu'elle fourmille, à chaque page, d'er-
nn esprit cultivé par l'usage des belles- reurs grossières dans les noms-pro-
lettres. Enfin le peuple est composé près et les litres des livres : d'ailleurs
des Accurse, des Bariole, et de lous les l'abbé Dinouart s'est permis d'élaguer,
jurisconsultes qui ont porté dans la en plusieurs endroits, l'ouvrage de
science du droit un esprit de subtilité Gennaro, sans donner d'autre motif
et d'argutie , ou n'ont discuté que des de ces mutilations que son propre juge-
questions futiles et lidicules. C'est dans ment, dont la sagacité n'était pas assez
celle île que Gennaro se suppose reconnue pour légitimer de pareilles
transportéavec quelques compagnons, licences. Heureusement, la Iraduc-
Au moment oîi il y aborde, Ulpien et tiondu poème sur la loi des douze Ta-
Papinien sont consuls , Cujas est pré- bîes n'est point de lui; elle eat due à
teur , Caton et Irncrius censeurs , Drouol, docteur agrégé, et c'est ce
ServiusSulpicius préside le sénat, etc. qu'il y a de mieux dansée volujne.
On voit tout ce que ce cadre offre de Gennaros'occupaensuited'uuouvrage
piquant, et quelles ressources il pré- d'une utilité plus générale; et il fit pa-
sente pour faire passer en revue les raîlre à JNaples , en 1^44 1 i"-4"'' ^'"
plus célèbres jurisconsultes , tl leur iTixïXé Délie viz'wse manière dtl di-
<lislribner selon leur mérite la louange fenderle cause nel foro. Cet ouvrage,
ou le blâme. Gennaro s'est acquitté dédié au pape Benoit XIV, assure à
de cette double tache avec autant de Gennaro la reconnaissance de tous
goût que d'imp.irlialité ; et il a su ré- ceux qui se destinent à la carrière épi-
pandre sur une matière aussi aride neuse du barreau. C'est un recueil des
yssez d'agrément pour que son ouvrage préceptes les plus importants sur les
se f.jisse lire avec beaucoup de plaisir, défaulsque doit éviterTavocal: l'auteur
Aussi le succès en fut-il complet: le sa- parle d'abord des éludes qui lui cou-
vant Frédéric-Oihori Meneken en pu- viennent; ilexamineensuilelesccuoiîs
bii.i à Leipzig, en l'jJJ, une nouvelle sur lesquels il lui est f<<cile de scImn-
<'di'iun in-B'., avec une préficect une .<cr entraîner même magré lui , et it
dédicace à Gennaro lui-même. Les les parcouit successivement. Pirlout
é iilionssesonlnmllipliéesdepuiseette le précepte evt suivi de l'exemple,
époque; mais il faut prélércr celle de Le style de Gennaro est toujours pur
tapies, 175-1, in - 4"'. -î caus»> des et élégant; ses réflexions tfl ses pré-
uotiees biographiques qui se trouvent repies sont dég igés de ce ton dogma-
,
GEN
iHiiie et .srutrnciciix dont les oiivrap;cs
de ce |;rni (' n'ciirreDl que trop (i'cxciii-
])!c.s : p.iitoiit «»ii iccoiiiMit t.i tr.KC
tl'mi Ik)ii rspnl tl d un is|)nl ccl lirc.
j /oiivi'Hj^*' , accojnjKic;iic (1*11110 pre-
f.icc de ù'tiifcnr, .1. A. Scigic, .ivor.il à
Naplos, inontau lort ciujciix, ol finis
leqml t)ii trouve une lii^^toire de l'élo-
quence du b.M rcnu eiu7. les peuples .tu-
ciens el modernes, est précède d'une
iulroduetiou dans latpulle Genuaro
traite de Ttiri^ine cl di.s progrès de la
profession (i'ivocai. Gc livre a cle
traduit en français , sons le litre : de
VAmi du harreau^ pai H( ycr-Duval,
Orléans, i -^S^ , iu- i-.i. Ou a encore
de Gcnnaro : 1. Ftriœ aututnnales
post rediLmii à reonblicd jnrii'Con-
5«Z/t)r////i, Naples, 175*2, in 8 . G<'.st
en quelque sorte une suite de la Rc-
publique des jurisconsultes ; l'auteur
8U()pose qu'au retour de cette île, les
voyigcurs passent ensemble les va-
cances d'automne à uiscnter, dans des
dialogues (à la manière de ceux de Ci-
ceron dans ses livres de philosophie
et de rhétorique ), le litre au Digeste
De rei^ulis jiiris , que l'un d'eux tra-
duit même tout entiei- en vers laîins.
Cette traduction est écrite avec une
facilite et une e^ogince dont on croi-
rait dilllciiement qu'une p ireille ma-
tière tût susceptible. Voici un exemple
de la loi i ^.
Re£;ula rem bre\itcr narrât • non nascitur ex Lac
Jus ; c jain iiato rrj;ula jure venit.
Hxc qn«p<lam est causa* c^>iijrctii> , test>' Sabino ;
Irrita , jiinLe allqiià si viliclur , crit.
La même enlrcpiise avait e'te dcj.à
tenlce, mais sans aucun succès , par
Jerôaie E eni , et d'autres auteurs.
( f^or. J, Girard.) 11. Oralio de jure
Jeudaii ^ Naples, i;55, in-.V*; «''est
i'iiitroduclion au cours de droit féo-
dal que Gennaro fut charge de pro-
fesser : Puttmann l'a lait réimprimer
à la suite de sa dissertation De J'eudo
fiduciario , Leipzig , 1777» i'A-^°'
GEN 83
III. Opcre dwerse y N^aples , 17^7,
in-8 . Il n'a paru que «e volume;
il eonlicnl une fraducfioo eu vers
italiens par Gcnnaro Jui-Uième de son
poème sur la loi des d(*nz'., T blés,
el plusieurs nu-moires sur la |»oliiique
de rancieune jurisprudence rom »ine.
fj'editeur, J. A. Seigio, a nus à la
(in de ce vo unie un ehoix de letties
écrites a Gennaro par les personnages
et les savants les plus distingues de
l'Kurope, tels (pn Benoît XiV, le
cardinal Quirini, Muratori , Sl'uvius,
Heineccius, Faeeiolali, Lami,Gori,
^^cipiou IVIaftei , Vnlj)i,etc.: ces lettres
dénot' ni la profonde estime qu'ils fu'
saient de ses talents. \^ .EpistolaJ.A.
de Januario ad Da/i. Felienbergmmy
jNapIcs, 1759. Felienberg, juriscon-
sulte suisse, se pro{'Osait de publier
une collection d'opuscules sur la juris-
prudence ancienne : avant d'exécuter
ce projet, il le soumit à Gennaro, et
sollicita de hii une lettre qu'il pût
mettre à la tèie de son recueil. C'est
ce morceau qui lui fut envoyé par
Gennaro , et qu'il plaça en effet en
têlc du premier volume de sa collec-
tion, publiée à B. rne en «760. sous
le titre de Jurispnidenlia antiqua ,
2 vol. in-4"^. \f^oy. Jordens. ) Celte
lettre fut la dernière producfion de
Gennaio : sa santé' aft'ublie par l'txcès
du travail l'.iVait oblige de se retirer à
unecarapagUi aux environs dr N <ples;
ce fut là qu'il mourut, le 8 septembre
1761, à peine âgé de soixante ans. La
collection de ses œuvres a cte im iri-
raèe avec luxe en 4 vol. in 8'". a Na»
pies, en 176'^, aux frais et par les
soins de Domini pie Tories , qui v a
ajoute iiue picficc. Le \'\ volume
renferme la République des juris-
consulte^, le 2''. le- Ferip autiuuna-
les, le 5 . les poésies liiines tt ita-
liennes (pii avaient déjà e'ic pre'ce'dem-
meiit recueillies par Scrgio , sous le
6..
«4 G E N
titre de Latina carmina , N;)p!es,
i'j4'^ ) in- 4°' 0" trouve aus^i dans ce
volume, Oratio de jurefeudali, et la
lettre à Felleiibcrg. Le 4*^^* volume
contient l'ouvrage sur le birreau avec
la préface de Sergio et quelques Tes-
timonia. Ou a place en têle du pre-
mier volume un bcauporir.iil dcGen-
naro , et son éloge par le marquis
Salvalor Spiriti ; celle dernière pièce
a été réimprimée avec dos notes dans
le recueil publié par Piirimann sous
ce titre : Ex celle nliiim aliquot jnrU-
consultorum et Uueralorwn vttœ cli-
que memorice , variis à scriptoribus
exaratcBj Leipzig, 1 796 , in-8".
P — N — T.
GENNES(De). V. Froger.
GENNES (Julien -René -Benja-
min de), prêtre de l'Oratoire, naquit
à Vitré en Bretagne , le 16 juin 1 687.
11 avait plusieurs frères, dont deux se
firent jésuites. 11 suivit une route dif-
férente; et, ayant étudié la théologie
à i'Orntoiîe, sous des maîtres préve-
nus en faveur des nouvelles doctri-
nes, il se déclara pour l'appel, en
171b, la même année qu'il fut or-
donné prêtre. Ayant été nommé pro-
fesseur de théologie h Saumur, il y fit
soutenir une thèse que l'évèque d'An-
gers cl la faculté de théologie de cette
ville censurèrent. Forcé de (piitter Sau-
mur après cet éclat, il fut envoyé à
Troyes, où il ne montra pas un zèle
plus mesuré. Un >ermon véhément fut
cause qu'on le lit |)artir pour Nevcrs;
et sa conduite, a l'assemblée de sa
congrégation en 1 7'2(), lui attira un or-
dre d'exclusion. Alors il se jeta dans le
parti des nuiacles et des convulsions, et
t-'crivitcn faveur de ces folies. Il com-
posa entre autres la Lettre du 10 juin
i7r)G, souscrite par l'évêque de S»'-
ncz (So.«neu ), contre les cn'cttrs
avancées dans quelques nouveaux
écrits. 11 cuurail alors de retraite eu
GEN
retraite; et il finit par se cacher a Se'*
mei ville, village du diocèse de Blois,
où il vivait en laïc, ne disant pa& la
messe, et passant même plusieurs an-
nées sans faire ses pâques , le tout, à
ce qu'il croyait, par piété. Ce fut là
qu'il composa un recueil en faveur
d'un miracle opéré, disait-on, dans
le voisinage, et un autre écrit intitu-
lé, Réclamation des défenseurs lé-
gitimes des convulsions et des se-
cours; écrit plein d'illusions, et jugé
tel même par un grand nombre d'ap-
pelants. De Gennes mourut dans l'obs-
curité, à Séinerville, le 18 juin 1748.
On dit qu'il était instruit dans la théo-
logie: mais une imagination excessi-
vement exaltée l'entraîna dans les
plus tristes écarts; et l'on peut même
douter que sa tète fût fort saine. —
Un P. DE Gennes, son frère, qui était
jésuite, professa long-temps la théo-
logie à Caen, et se montra fort oppo-
sé au jansénisme. 11 dénonça à l'évêque
de Bciïcux l'enseignement des profes-
seurs de Caen , et passa pour l'auteur
d'une brochure publiée en 1 757 , sous
ce litre : Le jansénisme dévoilé.
P C T.
GENNES (Pierre de), avocat au
parlement de Paris , est mort en
1759. Ou chercherait vainemeut
dans ses Mémoires de ces traits bril-
lants et pathétiques, qui frappent l'i-
magination , et laissent dans le cœur
des imj)r(Ssions profondes. Mais si
Pi( rre de Gennes ne saurait être
compté au premier rang parmi
les orateurs du bureau français, la
sagesse de SCS conceptions et la nette-
lé de ses idées lui assurent, dans le
second , une place honurable.il était
en elUl doué de la pénétration néces-
saire pour bien saisir tous les points
d'une ailaire , et possédait surtout l'art
plus iiécessaire encore, de les présen-
ter sous un jour avantageux. Sa die-
CEN
lion, souvent neç;lif;ce, rst quelque-
fois trop l;unilicrc. C'est l'unique re-
|)rorlic qu'on [)iiisse lairc à son slyle,
eu ^curi.il l'.jrile, unturci, et lonjoius
auntoî:;ue au sujrt (ju'il traite. vScs
Mnnoirrs Ic^ plus lutcrossants sont
ceux (ju'ila publics pour M thé de la
Bourdonnais j l*.'ins, i^^o, i vol.
in-4". , 5 vol. iu- 1 2, et fwitr Pupleix,
contre la cotnpaa^nie des Indes , Pa-
ris , 1759, iu-/|". Les autres sont :
1. Four kiinglin , préleur de Slras-
hourg , in-t'ol.elin-ri, Paris et Gre-
noble , 1 755. II. Pour le prince hé-
réditaire landu^rnve de H esse-
Dannstadt, contre les représen-
tants de la comtesse de Nassau ,
Paris, inSn, in-4". lïl. Pour le
premier chirurgien du roi, contre
les frères de la Charité, Paris,
1757, in-4". N — E.
GEINNETÉ, physicien - fumiste
du dix - buitième siècle, prenait le
titre de premier physicien et rae'ca-
niste de S. M. l'einnercur d'Alleraa-
gue, et se fit connaître par des in-
ventions utiles, ainsi que par divers
ouvrages. Il s'était proposé de résou-
dre le problème d'une cheminée qui
ne fumât poiijt; recherche d'autant
plus importante à l'époque où il écri-
vait, que toutes étaient plus ou moins
affectées de ce vice , quoiqu'on eût
déjà fait quelques tentatives pour y
remédier. ( Foy, Gauger. ) Genneté
n'oublia rien pour parvenir à un per-
fectionnement. Il fit un grand nom-
bre d'expériences, et alla, jusque dans
les liouiilères du pays de Liège , étu-
dier le mécanisme de la circulation
de l'air, relativement à ses vues. Il ne
lui suffit pas de pourvoir aux moyens
d'empêcher la fumée; il voulut don-
ner à ses cheminées d'autres avanta-
ç;es, comme celui de pouvoir étouf-
fer le feu, quand il y prend, de l'y
allumer promptcmcnt^ de conserver
GEN iS
la chaleur, etc. Quand il crut avoir as-
sez vu et observé, il présenta à l'aca-
démie l'fxposé (le ses moyens. Elle y
appl.uulit , et jii<;(M qu'on pouvait eu
espérer du sucrés : on sait que, de-
puis , beaucoup de travaux ont été
fûts avec plus ou moins de rciussite,
pour obtenir une amélioration de
conslruelion , sous le r.ipport non seu-
lement de la fumée, m-iis encore de
l'économie du combustible. On a de
Genneté : I. Cahier présenté à MM.
de V Académie des sciences de Pa-
ris , sur la construction et les e/Jets
d^une nouvelle cheminée, qui ga-
rantit de la fumée, Paris, 1759, in-
8°. 11 y en eut une 2'". édit. sous le ti-
tre de Nouv. construction de chemi-
nées , qui garantit du feu et de la
fumée , à l'épreuve du vent, de la
pluie et des autres causes qui font
fumer les cheminées , Paris, Jorn-
bert, i7Go,in-r2; et une troisième
édition en 1764- II. Expériences sur
le cours des fleuves , 1760, in-8'\
III. Purification de l'air croupis^
saut dans les hôpitaux , les prisons ,
et les vaisseaux de mer, Nanci ,
1 767, in-8\ IV. Manuel des labou-
reurs , réduisant à quatre chefs
principaux ce quily a d'essentiel ce
la culture des champs , ib., 1 761; il
a eu plusieurs éditions. V./^o/î« de bois ■
de charpente horizontal, sans piles,
ni chevalets, ni autre appui que ses
deux culées^ etc.^ 1770, in-8''. Vf.
Connaissance des veines de houille
et de charbon de terre , et leur ex-
ploitation dans la mine qui les con-
tient, Nanci, 1774, iu-8'. Genneté
avait élé à portée d'étudier ces tra-
vaux , lorsqu'en 1744 i' était allé
visiter les houillères de Liège. Yll.
Origine des fontaines, et de là,
des ruisseaux , des rivières et des
fleuves,lS.'\uc\, 1774, in-H". L — y.
GEt^OUILLAG. -Toj. GALIOT.
S6 ^ G E N
GÉNOVESI (Antoine), un des
philosophes italifns les plus disliii-
guéb , naquit le i "^ iiovem!>re i 7 i '2 ,
à Casligîione, près Je Saicrne, dms
le ruyauuie de Naples. Dès ^o^ pre-
mier âge, il annoiiç-i beaucoup d'es-
prit et des talents extraordinaires:
après rinsiruction préliminaire ,tci!e
que son village put la lui fuurnir, il
fut oblige' par son père de se livrer à
Tëtude d.' la théologie scoiastique, et
de se consacrera l'ctat ecclésiastique.
En peu de temps, il se fil remarquer
parmi lous les autres dans retle prati-
que de l'argumentation, qu'on piend
trop souvent dans les c'coles pour l'art
du raisonnement j cependant s'éîant
épris d'une jeun^ personne, il se pro-
posait de lui sacrifier tout son savoir
ihéologique et les projets de son père.
Celui-ci, s'en é'tnl aper^^u , le re-
légua dans u)) village, où il trouva
un prêtre qui le dnigea nn peu mieux
danssa carrière. Excommunié [)ar l'ar-
clievéque de G-nz-t, pour avoir joué
un rôle dans un»; comédie, il retour-
na à C-iStighoiic ; mais ayant trouvé
sa miîtiessc mariée, il repnt la sou-
tane, cl se fil prêtre, à Salcriie, eu
I "jbG. Sis connaissances et son esprit
lui méritèrent la ]>; oUction de l'arche-
vêque de cette ville, qui lui confia la
chaire d'éloquence dans s ju .séminaire.
A celte époque, Génovesi n'él lit qu'un
lheoI('gi''ii lie l'école; cependant un
savant eciiésiaslique de ses amis lui
fit entrevoir (pi'au-dclà de la sphère
bcolastiqiie, il y avait un autre luotde
plu. cteiulu, plus uiléressaiil , plus
réel. Génovesi «ntra dans ce nou-
veau monde inlelKclutl par la l c-
tnre de quelques romans : de la il
s'ch'va a l'élmle de l'hisfoire, dévora
les Vifs de Tiularque , chercha de
toute"* parts des livres , des jour-
iiau\ , des lumières , el , passant
d'une recherche a l'autre , se fraya
G EN
une roule nouvelle parmi les opinioni
et les cireurs : enfin, il connut Leib-
nitz et Locke. Dans l'espoir de s'ins-
truire encore davantage, il se rendit
dans la capitale du rovaume; et,
n'ayant pa^ tous les movens nécessai-
res pour s'y soutenir, il prit le parti
d'exercer la profession d'avocat. iMai>. il
ne put s'.iccoulumer à la pratique lasti-
dieiise qu'elle entraîne, et sacrifia bien-
tôt l'espérance de sa fortune au plaisir
de ses méditations et de ses études.
Il se perlVctionna dans la connais-
sance de la langue grecque et de plu-
sieurs langues vivantes; il vit, il en-
tendit tons les professeurs les plus
célèbres de l'université de Naples, «t
il s'aperçut bientôt de l'impeifeetiou
de l'enseignement public. Malgré les
progrès (juc U philosophie av;nt f,»its
alors dans l'Europe civili^ée , le
royaume de Naples se trouvait dans
un état presque rétrograde, ou du
moins stiitiunuaire. Il n'était pas dé-
pourvu d'hommes a talents ; mais ils
manquaient de celle institution libé-
rale el hardie, qui s(ule pouvait les
faire marcher de p^ùravec les lumiè-
res européennes. Génovesi le senlit;
el il résolut d'achever sa réforme,
pour entreprendre celle de ses couei-
tovens. De tous ceux qui ont tenté d'é-
claiier leur pays, aucun n'a réussi
j>lus que lui dms ce dessein géné-
reux. Qu(>iqu'il exisîat à Naples une
aneienne université que plusieurs sa-
vants et littérateurs ont rendue eélè-
bie, les élèves av.iient l'usage de laiic
leurs cours dans ilesé<"ole> j>rivécs.Gé-
novesi,ayaul conçu le dess( in d'en ou-
vrir une, se (ir nommer professeur ex-
traordinaire de iné'.iphysicpie l'uiii-
versilc, pour se faire connaîiredu pu-
blie. A pt iiie ei:f-il été entendu, iptc
lous les élèves de ce temps la acton-
ruienl ù sou école. Il s'était formé des
méthodes particuhcrcs daus toutes les
GEN
f.rcnlli's qui con.stidicnt le cours entier
(If I.» pliilosopliic: SCS premiers ess.iis
J<- porii'rt'iit à donner en l.itiii ses Elé-
inents métap//} si<jues , dont \v. I^
vulnnie pamtcn i -j 'j^, iri-H**. ; et cn-
.«^nile sa ^r.uidc J.oi^iqiie , inlilulce :
Flcrnentoriim artis lo^ico - criticœ
libri (j'iinqne^ in-8 ., \']f\'^ Dans ees
dei!.\ oiiviagcs, il avai» , pour ainsi
dire, fondu et amal^ime les llieoiies
et les principes de Baeon , de Des-
cartes, de i.eibnitz et de [.ocke; et,
comme \\ avait .su!)s(ilue le doute phi-
losophique à la croyance automati-
que, les t>l)Seivati'>nsde la nature aux
spéculations de l'école, la raison à
l'auloritc, c'en fut assez pour le faire
dénoncer comme hérétique, ou à\\
moins comme irrélii^ieux. Il eût été
sacrifie', si rarchevêque de Tarente,
Galiani, grand-aumonier du roi, et
grand-maître de l'université, ne l'eût
soutenu. Malgré celle proleclion, Gé-
iiovesi eut de la peine à être nomme'
professeur ^ éthique on de philosophie
inoiale: mais il ne put réussir à se
faire nommer professeur de théologie,
dont il ambitionnait les honneurs et
les privilèges; et , ce qui est remar-
quable , on finit par l'autoriser de
la part de Brancone, ministre du roi,
à imprimer ses écrits ihéologiques,
mais avec défense de les professer en
chaire. La guerre injuste et obstinée
qu'il essuya pour cet ouvrage, le dé-
tourna de cette carrière dangereuse,
cl le ramena dans cel e de la philo-
sophie purement rationnelle. Il conli-
iiua donc à donner la suite de ses
Eléments métaphysiques ,([uû porta
jusqu'à 5 vol.in-8'.; nwiis d éprouvait
encore à chaque publication les cen-
sures et les conlradielions des parti-
sans de la routine scolastique. On dis-
tinguait parmi « nx le cardinal Spi-
nelli, archevêque de Napies , et un
aLbc Magli, que Génovesi couvrit
G E N 87
de ri<licule dans des lettres intitu-
lées : Leitcre ad un amico provin-
ciale. JMalgré ces tracasseries conti-
nuelles, (iénovcsi obiint l'approba-
tion et l'estime de Benoît XIV, do
plusieurs cardinaux et de tous les sa-
vants (pli ilorissaient à cette époque en
Italie. ï)c ce noml)re était Barthélemi
Iniicri, Florentin , qui , ayant fait un
long séjour à Napies, aimait ce pays
comme le sien propre. Cel homme,
aussi distingué par ses qualités phi-
lanlropiques que par ses connaissan-
ces utih s, était encore plus estimable
par l'emploi qu'il faisait de sa for-
tune. C'est à lui que l'Italie doit la
première chaire d'économie politique j
il la fonda à ses frais, avec l'autori-
sation du gouvernement, dans l'uni-
versité deNaples,en y mettant ces trois
conditions , que les leçons fussent en-
seignées en italien; que Génovesi lût
le piemicr professeur qui la remplît;
et qu'après la mort de ce savant, au-
cun religieux ne pût lui succéder.
Génovesi ouvrit le cours de ses le-
çons de commerce y ou d^économie
politique y le 5 novembre 1754. Le
sucées en fut étonnant : la nouveauté
et l'intérêt du sujet, la manière élo-
quente et agréable du professeur, lui
attirèrent une foule d'auditeurs , et
imprimèrent un grand mouvement
aux esprits en Italie; partout on ne
parlait que d'agriculture, d'économie,
de commerce. Pour satisfaire encore
davantage l'avidité du public, Géno-
vesi publia non seulement ses Le-
zioni di commercio , o di economia
civile y en 2 volumes in-8"., mais
aussi, en 1737, la Storia del com-
inercio délia Gra?i-Bretagna , [i.ir
Jean Cary , qu'il avait fait traduire pu-
Pierre Génovesi, son frère, 3 vo!.
in-8^.; et, en 1764, !e Corso di
agriciiltura di Cosimo Trinciy l'un
et l'aiilre ouvrage enrichis de s;s
83 GEN
notes et de discours préliminaires.
Ses Ix'çons de commerce sont in-
contestablement l'ouvrage le plus in-
tëres>ant de tous ceux qu'il civait
donnes jusqu'alors. Il est vr.u qu'on
y trouve qiulques imperfections de
inethode, et même de théorie ; mais cet
ouvrage contient des vérilés impor-
tantes en tout genre d'administration
publique , et une bonne application
de l'analyse à des recherches (jui
ji'elaient pas encore bien aprofon-
dies. Enfin c'est le premier livre
qui, en Italie, et particulièrement
dans le royaume de Naples, ait fait
sentir l'intérêt et le goût de l'écouo-
inie politique, science que, dans ce
même royaume, Antoine Serra avait
en vain conçue et cxposc'c dès l'an
iGi5, et que Bioggia avait ensuite
appliquée à plusieurs branches de
l'administration publique. L'heureux
succès de ce cours donne en italien,
engagea Gënovcsi à faire un code
complet de philosophie dans la même
langue. L'usage était alors en Italie,
et surtout à Naples , d'enseigner tout
en latin , ce qui empêchait l'ins-
truction de se répandre dans les
classes à qui celle langue ne pou-
vait pas être fiinilière; et le peu-
ple napolitain avait besoin d'instruc-
tion plus que tout autre. A celle épo-
que, on eut de Genovesi, en italien,
ses Medilnzioni jilosofiche , sur la
religion et sur la morale, |)iib lèes en
n58, et ses Lettere accadcmiche ,
sui- rutilitc des sciences et des arls,
contre .I.-J. Housseau, publiées en
17O4. Enfin il entreprit de refondre
tous ses ouvrages latins, d'en amélio-
rer la forme, et de leur donner une
tournure originale et plus inlèies-
.saute. iiC pr( niier qu'il publia, fut s,i
Lo^ica per ^U ^iovaiicUi . inS'.,
i-jOt), divisée en cinq parties, qu'il
appelait, cmvndatrice , inycntriçc ,
GEN
giudicatrice , ragionatrice et ordo-
natrice. Celle logique laisse quelque
choie à désirer, pour ce qui regarde
la génération et le mécanisme des idées;
mais, en général, on y trouve beau-
coup d'esprit et de hardiesse, et sou-
vent l'auteur lance des éclairs qui,
quoique rapides, font apercevoir l'é-
paisseur des ténèbres dont le vulgaire
des hommes était encore enveloppé.
On a fait plusieurs éditions de ce petit
ouvrage: quelques-unes sont corrigées
et augmentées parl'auteur même; mais
il y en a d'autres dans lesquelles les
passages les plus hardis ont été retran-
chés. On doit surtout remarquer le
chapitre où l'auteur enseigne à juger
d'après le fait et le droit , et le der-
nier , qui contient ses Considéra-
tions sur les sciences et les arts. Dans
\a même année, il publia un Traltato
di Scienze metafisiche , en i volume
in-8°. , divisé en trois parties : dans
la première, il donne un essai de la
cosmologie ; dans la seconde, de la
théologie j mais en philosophe chré-
tien , et non pas en théologien sco-
lastiquc; et, dans la troisième, il ex-
pose les vrais principes de[' anthro/jo-
logie, ou de la mécanique physique
et morale de l'homme. 11 s'était bien
convaincu du vide et de la futilité des
livres des métaj)hysiciens; et il s'était
presque moqué de lui-même dans
quelques-unes de ses lettres, en se
rappelant les cinq volumes de ics
Eléments métaphysiques. Ainsi , ré-
duisanl en |)eu de pages ce qu'il y
avait de mieux dans ses écrits précé-
dents , et y ajoutant ce qu'il y avait
omis de bon , il indiqua qu'on devait
mépriser tout le reste. Enlin on im-
prima, en 17G7, b JJiceosina y ou
la scieme des droits et des devoiis
de rhuuime, (pie raiitriir n'eut pas
le tnnps d'.ichever. Dans tous ses
ouvitiges , tt priucipalciucut dans
GEN GEN Sç)
t>çs . Méditations cl ses Lettres, il dans un style prescjnc pocliqnc; c'est
règne nnc cspiTc d'allortalion d.ins «e (jni caractérise p.èrticulièrcracnt cet
le -slvlc , (jui nn)ntit' que, ({uoi(|ii(' liomnic illnslrc , cl ce (jni lui donnait
railleur eût In i)('auconp de livr(;,s anlanl d'empire snr l'iniip^ination (pie
toscans, il n'avail pas acquis cette snrlejui;cmentdesesdiseiples.Coniine
faeilile (pii cache tont efï()il de l'art. Pyllia^ore l'avait ele dans l-t 'grande
Gi'pcndanl on y trouve bien ex[»osc's Grèce, il lui l'inslilnlenr de tout le
les systèmes et les idées des plus royaume de Naples. On peut dire (pie
cclèhres plii'osoplies, et particulière- tont ce que la philosophie et la poli-
ment dcLcibnit/, et de \ ico, qu'il es- tique ont produit de mieux après lui
tiniait beaucoup; on y trouve aussiles dans cette partie de l'Italie, est dû à
plus grands j)rincipes de la morale so- rinfluencc de son école. Enfin ce philo-
ciale, et surtout de l'amour le plus su- sophe, chéri et respecté de ses conci-
blime de !a patrie. Après tant de tra- toycns et des étrangers, partageant
vaux utiles, Gcnovesi était devenu ses dernières heures entre les doux
respectable pour ceux-mêmes qui ne entretiens de ses amis et la lecture du
l'aimaient pas. Lorsqu'après la sup- Phédon de Platon, succomba à une
pression des ]e>uites, il fut question attaque d'bydropisie, le 3'2 scptem-
de les remplacer pour l'enseignement brei-^Gj), âgé d'environ cinquante-
public, le gouvernement consulta Gé- sept ans. La nature lui avait donné
novesij le philosophe conseilla de une haute taille, une très belle figure,
remplacer les chaires scolastiques par une santé robuste, et des manières
des écoles de mathématiques, de phy- pleines de décence et d'aménité. J.-
sique, d'histoire , et il en proposa une M. Galanti , l'un de ses élèves les plus
pour Texphcation des O/j'icej de Ciré- distingués, lui a consacré un Éloge
ron. Dès le commencement de l 'jôS, il historique très étendu, dont nous
s'était aperçu d'une maladie organique avons fait usage dans cet article. S-i.
du cœur, qui s'annonçait chez lui GENSEBIG, roi des Vandales^ en.
par des battements extraordinaires de Espagne, né à Séville en ^06-, suc-
ce viscère; mais il ne cessa jamais céda à son frère Gonderic, quoiqu'il
d'enseigner et d'écrire jusqu'à son fut petit et boiteux, et que son frère
dernier jour : avant de mourir, il cul tût des enfants. Mais il avait acquis
la douce satisfaction de voir iui-mê- une grande autorité sur les soldats,
me tout le succès de ses travaux. De- et il s'était fiit, dès son jeune âge,
puis Télesio et Campanella , aucune une réputation de haute valeur; ce
école n'avait eu à Naples plus de qui est la première de toutes les qua-
crédit et de célébrité que celle de liiés aux yeux des barbares. Boni-
Génovesi. Des élèves, des savants, face, gouverneur d'Afrique, et qui
des personnages illustres, tels que le voulait s'y rendre indépendant de
prince de Brunswick, l'archevêque Rome, invita Genseric à quitter son
Galiani et plusieurs autres, s'cm- établissement précaire d'Espagne,
pressaient d'écouter ses leçons ; et , pour venir en fonder un plus riche et
lorsqu'on l'avait entendu , on ne pou- plus étendu dans les belles contrées
vait se dispenser d'adopter ses idées qu'il gouvernait, et qu'il avait l'inten-
et de suivre ses maximes. 11 ev- tion de soustraire au joug des Ro-
posait les choses les plus abstraites mains. Le roi des Vandales y con-
de la manièic la plus agréable;, et sentit avec joie, rassembla sa peu-
90 G E N
platîe , composée d'environ quatre-
vingt raille aines, passa le détroit
sur les vaisseaux que IJoniface lui
avait envoyés, déb »rqua dans le mois
de mai 4 '-8, et prit possession des
trois Mauritanics , qui, eu verlii de
Talliance qu'il venait de contracter,
lui furent cédées en toute propriété.
La paix ne régna pas long- temps
entre un rebelie et un barbue , qui
avaient eu d'abord d( s intérêts com-
muns à défendre, mais qui, dans
leur ambition, manifestèrent bientôt
des vues difi'ércntcs. Boniface, trom-
pé dmsla sienne, se réconcilia avec
rempereiir , et promit de réparer
le mal qu'il avait ftiit. Il ofiiit à
Genseric les moyens de conquérir
toute rtspigne; mais celui-ci, aussi ru
vséque son ancien complice, luisigni-
fia qu'il conserverait par la force ce
qu'il tenait de la traliison. La ç;uerrc
éclata aussitôt, cl fut affreuse. Gense-
ric , naturellement féroce , et de plus
offensé, entra dans les province^ ro-
maines, et y mit tout à feu et à sang.
Ses soldats , Arieus comme lui , bais-
saient mortellement les catholiques,
et Joignaient les tourments aux mis-
sacres. La plus riante contrée de l'u-
nivers , la plus fertile et la |)lus peu-
plée , ne fut bientôt plus qu'un désert.
ÎN'i le rang, ni la riaissance, ni l'âge,
ni le sexe, neliouvcrent grâce auprès
de ces cœurs impitoyables. Ils (har-
geaient de fardeaux énormes les fe/n-
mcs les plus délicates , et les furç licnt
démarchera coups de fouet ou d'ai-
guillon* ils arrachaient les enfants
des bras de leurs mères , pour les
écraser sous leurs ])ieds. Mais il est
permis de croire qu'il y a de l'cxigé-
ralion dans ces récits, qui tous nous
ont élc' transmis par des cithoiicpies ,
SI cruellement traites par les Aiicns,
et qui en ont conservé de longs ns-
senliimuts. (icnscric^ a[)rcs avoir pil-
GEN
lé et dévasté toutes les campagnes,
s'empara de toutes les vil!es , excepté
de Cirlhc,d'Hippone et de Carlhage.
Boniface, au désespoir, hasarda une
bataille avec des forces très inférieu-
r( s , fut défait , et contraint de se ren-
fermer dans Hippone, ville forte,
que le vainqueur assiégea vainement
pendant quatorze mois. L'année sui-
vante, Boniface reçut d'Orient un
puissant secours , qui le mit en état de
tenir la camp.igne, et de ])iendrc
l'offensive, il attaqua Genseric, et fut
battu celle seconde fois plus romplè-
tement encore que la première. Les
habitants d'Hippone, effr.iyés de sa
défaite, abandonnèrent leur ville qiuls
avaient défc nduc .si vaiPamment Tan-
née précédente. les Vandales n'y en-
trèrent (jue pour y mettre le feu. Glmî-
seric était cependant trop bon politi-
que pour se laisser éblouir par des
succès qu'il ne devait qu'a la terreur
qu'il inspirait. 11 ne se rehisa point
aux offres de paix que lui firont les
liomaiiis. Par le traité (pii fut signé le
Il févrur43o, les Romains lui cé-
daient hi proconsulaire, à Texceptiou
de Carlhage et de son territoire; la Bf'
sacène^ et ce qu'i' avait conquis dans
la Numidie : à ces conditions , il s'en-
gagea , par serment, à ne rien entre-
prendre contre le reste d~C l'Afrique;
et, pour sîireté de sa puole, il don-
na son nis Hunrric en otag'*. Tran-
quille possesseur des plus belles œn-
Irécs d'Afrique, Genseric les gouver-
na avec vigu<Mir et >évéiité. Il crut
cdte se!\ élite nécessaire à sa propre
sûreté et au repos de ses états, que
menaçuent de troubler à ch.ique ins-
tant les querelles religieuses, si vi-
ves et si fiéqurnics dans ce malheu-
reux siè;le. Mais il se vov-dt avtc
peine privé de la possession de Gir-
thage, capitale du pays dont il était
le maître. Le traité ne put raricter:
r. EN
il s'en cmpai-a par surprise, !o H) 0( -
tuhiT lie II iiièiDc .tniice; d r<lt'' cile
fiiiiciisr , (loiil l.« coïKpicle av.ii! ci-utc
Uni de sang ;m\ Hom iiis, ri (pi'ils
]lo^st'(l.li<'lll tlcpiiis 5S5 ans, passa
sans (iilîlciillc an pouvoir des Vandi-
l(\s. (icuMi i(', en v <ii!riinl , dc'f.iulit
Je massacre et le pdlage; mais c'était
pour se re'scrver à lui seul le droit de
disj)oser d's habitants <t de leur for-
tune. 11 se fit apjîorter tout ce qu'ils
avaient d'or, d'aigert, de bijoux, et de
meubles prceirux; et, après les avoir
cnlièreifient dcpouil'csdctontcecpi'ils
possédaient, il relégua les uns dans le
désert , et lit embarquer les autres
sur des vaisseaux brises et prêts à
faire naufrage. Queltpics-nns de ces
infoi tuucs se jetèrent a ses pieds pour
loi erier merciï « J'ai résolu, leur
lepniidit il en co'ère , d'exterminer
votre nation toute entière. •» La clmle
de Cartilage relcntit dans toit l'uni-
vers; et les débris de celle ville opu-
lentecouvrirent en quelque sorte la sui-
facede i'aneim monde. Genseric avait
trois fils, Huneric, Genton et Theo-
dorie , auxquels il abandonna les
meilleures terres de sa nouvelle con-
quête: il parla<^ea les autres entre ses
capitaines. Ce futalors que , se croyant
invincible et supérieur à la fortune , il
se laissa enivrer d'adulations, et prit
le litre de Eoi de la terre et de la
mer. Les conquérants qui veulent
former un établissement durable,
songent ordinairement à s'y fortifier
et à se mettre liors d'insu'.te. P;<r une
politique toute contraire , Genseric fit
démanteler tontes les villes d'Afrique,
de peur que les Romains, venatit à
prndre leur revanche contre lui, ne
trouvassent dans les p aces fortes des
boulevaids contre sC'» armées , et que
les peuples , mal aifermis dans son
obéissauce , n'y cherchassent un asile
coiitre sa tyrannie. Celle conduite ,
c. 1-: N
0»
qui p irnt alors fort sage , causa d.uis
la suite la ruine prompte et totale de
l'empire des Vandales. Aucjnnr [)lace
ne tut en étal d'aiiêter lielisaire,
lors(pj'il descendit en Afrique. Gen-
seric, maître d<; Cartilage , songea à
tirer parti du porl avantageux de
cette ville : il aeheta des vai-^scaux,
en construiMl de neufs, enrôla Aiis
matelots étrangers , exci ça ses troupes
aux opérations de la mer j en un mot,
il créa eu ti es peu de tcmjis une ma-
rine formidable, et en état déporter
au-delà Aas mers la terreur de ses ar-
mes. Pour premier essai de ses forces
maritimes, il fit une descente en Si-
cile , ravagea le pays, et assiégea Pa-
normo ( aujourd'hui Païenne ). Une
cxpédilion plus imporîaiite appela
bientôt son attention , et combla ses
vœux; voici à quelle occasion. Maxi-
me, raeurtiier et snecesscur de Va-
lenlinien 11, avait contraint Eudoxie,
sa veuve, à l'épouser : eel!e-ei, pour
se défdiiedu tyran qu'elle abhorrait,
ne craignit pas û'avoir recoiirs à Gen-
seric , et lui écrivit pour le piier « de
» venir la délivrer de l'afljeu^e cap-
» tivilé dans laquelle elle gémissait ,
» étant forcée de recevoir les embras-
» sements d'un monstre encore souillé
» du sang de son époex. » Genseric
n'hésita pas, promit de la délivrer, se
mit en mer avec une p^'.issaijtc armée,
et vint débarquer à l'emboi;c}iure du
Tibre. Le lâche Maxime, en appre-
nant cette nouvelle, eut une frayeur
extrême, abandonna son palais, et se
disposait a quitter la ville, lorsqu'un
de s» s propres s>)ldals, indigné de sa
lâeheté, le peie.i d'un coup d'épéc.
Trois jours aprè.s, Genseric entra dans
Rome, qui ne lui opposa aucune rcMS-
tanec. Le pape S. Léon alla au-devant
de lui , et eu obtint la promesse qu'il
épargnerait les l;abilants et les mai-
sons. Le pil'ai^e néanmoins dura i4
9^ G E N G E N
jours, et le butin fut immense. Tous servaitpour punir et humilier les îiom-
Ics trésors du palais, les meubles pré- mes. Lorsque les côtes d'Occident
deux, les vases d'or et d'argent des cessèrcut d'offrir un appât à sa cupi-
cglises et des particuliers, les riches- dite, il porta ses vues et ses ravages
ses entassées dans la capitale du mon- sur celles d'Orient. Léon , qui régnait
de, devinrent la proie des brigands, alors à Constanfinople, le fit menacer
Un de leurs vaisseaux , chargé de sla- d'une vengeance éclatante, s'il ne
tues grecques et de vases antiques, cessait ses pirateries : — J'irai au-
lut englouti dans la mer avec sa riche dei^ant de lui, répondit le fier Van-
cargaison. Ils emportèrent jusqu'à la date; et, en même temps, il envoya
couverture du temple de JupiîerCipi- tous ses corsaires ravager les côtes
tolin : elle était d'un cuivre très fin, et de la Thrace, celles d'Egypte, de
doré à une grande épaisseur. Les dé- l'Asie mineure, et porter l'alarme
pouilles du temple de Jérusalem, que jusque dans la capitale. Léon, ir-
Tilus avait lait conduire à Rome, rite au dernier point de tant d'au-
furent transportées en Afrique. Parmi dace , jura d'en punir l'auteur, mit
les habitants des deux soxcn, les Van- sur pied toutes ses forces de terre
dales enlevèrent ceux dont la jeunesse et de mer, équipa une flotte de cent
ou l'induslrie leur promettaient plus tn ize galères , qu'il fit monter par
de plaisirs ou plus de profits. Eudoxie cent mille soldats, et dont il don-
clle-meme, qui les avait appelés à son ua , pour so!i malheur, le comman-
secours, ne fut pas à l'abri de leurs dément à Basilisque, frère de l'impé-
violences; elle fut emmenée en capti- rafrice. Un armement si formidable
\ilé avec ses enfants, et lenfernice devait écraser Genseric ; il le fi! au
pendant plusieurs années dans une moins trcmbier. Au défaut de la for-
étroite prison à Carlhage. Sous pré- ce, celui-ci appela la ruse et la trahi-
texte de réclamer les biens de Valen- son à son secotus. Basilisque avait dé-
tinicn,quM retenait contre le droit jà dcbirqué une partie de ses troupes
des gens, Genseric infestait, tous à Tripoli , et marchait sur Carthage,
les ans, les côtes de Sicile et d'Italie, lorsqu'il s'arrêta tout à coup, revint
Les prétextes ne manquent jamais ni sur ses pas , et accorda une suspension
aux pirates, ni aux conquérants pour d'armes. C'était l'effet des présents et
justifier leins con(juétes et leur bri- des promesses de Gi'nseric. Pend.uU
gandage. La guerre et le pillage ce temps-là , le roi des Vandales fit
étaient devenus le premier besoin de armer en brûlots tout ce qu'il avait
celui-ci. Tous les ans il s'embaïquait de vaisseaux dans le poH de Cartha-
au printemps, pour aller porter la dé- ge , h s fil conduire pendant la nuit au
solation tantôt sur un rivage et tantôt milieu de la flotte des Hom.iins, qui ,
.sur un autre, brûlant les villes, et en peu d'inslants , n'offrit plus qu'un
traînant les habitants en esclavage, immense océan do feu : dans le désor-
Uu jour qu'il sortait du port de («ir- dre de l'iucrudie, Genseric tomba
tliage, le pilote lui ayant deniiiulé de sur la partie de l'armée qui était dé-
quel côté il devait cingler : — Dncô- barquée, et la tailla cri pièces. Tel fut
té dtts peuples (/ue Dieu veut punir, le succès de la dernière expédition des
rr'pondit Genseric, qui se rendit jus- Hojuains contre lui. Ni Léon, ni au-
liec sans le savoir, en se regardant cuu autre empereur n'osa plus l'alla-
comuic le flcau dont la Providence se quer. Zéiiou , (jui succédai Léon,
GEN
lui domniid.i l.i paix; elle fut sip;aee en
47r).Cn'n-»oric \eVut rnrore deux. ;uis,
t'i inoiirm en 477» '^'''"*' ''' '^'J''^'*"'*^'"
onzième aiine'e (le son agc , et la cin-
(juaiiti('iin' de sou rc'j:;rie, comble de
l.i j^luiic <les conquérants, c'esl-à-dirc
couvert du sanc; des peuples , et pour-
suivi par la malédiction de ses con-
temporains. Ce lut sans doule le plus
grand prince de son siècle : vainqueur
dans toutes les liatailles où il se trou-
va en personne^ créateur d'une ma-
rine redoutable , maître de Culliagc
cl de l'Afrique, fondateur d'un em-
pire; aussi terme dans le gouverne-
ment de SCS états qu'habile à troubler
ceux de ses ennemis , mais crui 1 et fa-
rouche, se complaisant nu milieu des
pleurs et du sang. Après s'être établi
par la guerre, il laissa son royaume
puissamment aflèrmi par la paix, et
mourut, sinon sans remords, au
moins sans trouble, au sein d'une fa-
mille nombreuse cl soumise. Il n'e'tait
pas moins cruel chez lui que chez les
autres. S'ctant imagine que sa bru
voulait l'empoisonner pour régner un
peu plus lot, sans autre information, il
lui fit couper le nez et les oreilles , et
la renvoya dans cet eiat au roi Théo-
demer, son père. Le nom de Genseric
fut long-temps un objet d'effroi parmi
les peuples d'Occident; et celui de sa
nation est encore aujourd'hui svno-
iiyme de barbare, ennemi des arts
el de l'humanité. M'^^''. Deshoulières a
fait une tragédie de Genseric. G — s.
GENSFLEISCH. Foj. Guttem-
BEKG.
GENSONNÉ ( Armand), né à
Bordeaux le lo aoiit 1758, suivit la
carrière du barreau dans sa patrie ,
avec assez de succès , se jeta dans la
révolution comme la plus grande
partie des jeunes gens de son âge
cl de son étal, et fut membre du tri-
bunal de cassation^ lors de la foa-
G E N o5
dation de rc tribunal. Oiiand il
lallut ensuite nommer des dépu-
tes à la seconde assemblée natio-
nale, Gensonné obtint facilement les
sunVagcs de ses compatriotes. Il for-
ma, dès ce moment, avec ses col-
lègues Guadcl et Vergniaud , une
espèce de triumvirat Bordelais ( Fqy.
GuADET et Vergniaud ) , connu
sous le nom de faction de la Gi-
ronde ou des Girondins: parti mal-
heureux, qui, après avoir été la prin-
cipale cause de Tentière destruction
de la monarchie , devait périr bien-
lot lui-même de la manière la plus
déplorable. La population de JJor-
deaux qui , au moment où nous écri-
vons , montre tant d'attachement au
gouvernement monarchique sous ses
rois légitimes , manifestait alors des
idées très voisines du système répu-
blicain. Forts de cet assentiment, ces
députés , ou du moins les trois per-
sonnages que nous venons de nommer,
et auxquels il faut joindre un autre de
leurs collègues, nommé Grangeneuve,
firent serment d'établir ce système,
et prouvèrent, par leur conduite,
qu'ils voulaient y être fidèles. Le com-
merce des Colonies, et particulière-
ment de Saint-Domingue , faisait la
prospérité de Bordeaux. Avant d'être
député, Gensonné avait adressé à
l'assemblée constituante, au nom des
Bordelais , un facium , dans lequel
il prétendait prouver que l'indépen-
dance des hommes de couleur ne
pouvait qu'être favorable aux Co-
lonies. Cette opinion qu'on cita dans
rassemblée constiluanle , lorsqu'elle
s'occupait de leur sort, contribiiii
beaucoup aux déterminations funes-
tes qu'elle prit sur cet objet im-
portant. Avant d'entrer dans l'as-
semblée législative , Gensonné avait,
en exécution d'un décret de l'assem-
blée couslituanto , été envoyé dans les
9i G EN
clep.iilemciils de l'Ouest , pour voir
quel était l'esprit des habilanls, rciali-
veinrnt a la nouvelle consii!iition ci-
vile du cierge. Il lit son rapport à ras-
semblée législative , dans les premiers
jours de son installation , et déclara
que presque personne ne reronnais-
.'iail les prêtres qui avaient prête' ser-
ment à cette constitution, en f isnnt
sentir qu'il ser.iit impossible <.le la
faire adopter. Malgré cette déclaration,
Gensonné prit part à toutes les nie-
.suros de rigueur , à tous les actes ly-
ratir.iqnes dont les prêirts fidèles fu-
rent les victimes. 11 tut membre du cc-
mité diplomatique que l'assemblée lé-
gislative créa aussi dans son sein,
comme un do ses moyens pour ren-
\'crs{ r l'autorité royale , et qui , en ef-
fet, y coritnbna beaucoup. Ce df puté
discutait avec assez d'art, et suivait,
avec opiniâtreté , les opinions qu'il
vouliiit faire triompber. Uaiileur et
caustique, il saisissait à propos les
moyens qui produisent de l'elfet dans
«ne grande assemblée; et il obtint, de
cette manière, un certain ascendant.
Ce fut lui (jui, a«i nom du comité dip!(»-
malique, proposa un décret (r.-.ccnsa-
lion contre k"» d<ux princes, frères du
Roi , le piii\cc de (iOndé, le vicomte
de Mirabeau et le m;trquis de Laqueille.
Cv. décret fut rendu, le i". janvier
!']<)'>■ , à l'unanimité d( s voix : il n'y
rtit pas une seidc opposition dir< de.
Apres cette victoire , Gensonné , d'ac-
cuid avec les députés de son jiarii ,
r\m formaient alors la (action vérita-
b!(HKnt répubiu-ainc, continua d'a-
dopter toutes les mesures qui pou-
VPJM't provoquer à la guerre , telles
que des interpellations à l'cnipereur
d'Allemagne, do eontiiniellrs attaques
contre les ministres du \\o\ , et sur-
tout eontie le p-atilirpie Dcless.irt.
( F^o^'tz Brissot. ) Ce fut Gensonné
qui, toujours au nom du comité di-
4
GEN
plomatique, présenta, le 21 avril 179^,
dans une séance du soir , le texte du
décret qui dc'cl irait h guerre à l'em-
]>eret:r d'Allrm^gne, comme souverfiin
d'Autriche, de Bohème et de Hongrie.
Cette résolution , qui a é:é suivie de
tant de désastres , fut adoptée à la
presque unanimité des voix : sept dé-
putés seulement se levèrent contre.
il est remarquable cependant que le
parti de Robespierre repoussa la guer-
re, et prit de là occasion pour attaquer
le parti des Girondins, qui tuient
bientôt à se défendre contre ces nou-
veaux adversaires: Gensonné, Gua-
det et Brissot furent Us primiers en
butte aux traits de ce parti. Alors ils
en)[)lo>èrt^nt tous leurs njoyens pour
conserver, en leur f.jveur , l'opinion
populaire; ils iinoginèrent mille rusrs
pour exalter les passions de la multi-
tude. A peine la guene fut-elle décla-
rée qu'ils s'efToieèrent île faire cioire
à l'existence, à Paris, d'un comité au-
trichien , dans lequel ils tirent entrer
leurs adversaires, les royalistes de
toutes les couleurs. Ils répandirent
que, d'accord avec la cour, ce comité
s'occuptit d'opérer la contre-dévolu-
tion , et de faire arriver l'année de
l'empereur en France. G* n,H»nné s'en-
g.igea à prouver la rétlite du projet;
mais il ne fil que répéter les ai ticles des
g.izcttcs, qiu- Si s amis et lui - même
avaient composés. Il voulut fiire dé-
créter d'accusation r^lAî.de Montmo-
rin et Pjirtr'ind de Moleville , miuis-
tres du lloi ; mais il ne put alors y
parvenir. Ajuès ics événements sédi-
tieux du •••o juin I "jiy.i , il ail iqua vi-
vement M. de la F.iy tte, qui lieman-
dail que les auteurs de cette journée
fussent punis: cependant comme Gen-
sonnc et son parti redoutai, iil surtout
Dinion et Hobcspurre , i!s pi-nsèrent
un moment àse rapproeln-r a*' l.« coiw,
et employèrent, pour faire parvenir
I
Icnis jirojtosliiniis , un prlntic, nom-
nic l5o/.r,([ui V avait .iccrs.O tul (x<'ii-
soniM- qui réilii;oa le nieinoiit' que ce
])(Mii(i(' prcM'iii.'! k Louis XVI ; unis
coin im-, avant tout, les Girondins vou-
i;ii(iil iloniinrr , leurs propositions ne
furent point acceptées : alors ils se
réunirent moni' ntancnicnt au parti
qui< li< rrhail. eoninic eux, arcnver.ser
le (roue, d.ins ôcs vues diilercntcs , et
qui y parvint <irtelivenirn(. Aj)r('s le
10 août I7<)'i, Gensonne (it i!(;lerini-
uer les attributions du conseil provi-
soire , substitue au gouv» rnetnent du
Roi, et parut alors un peu moins vio-
lent. Il faut rendre h ce parti la justice
de dire que la plupart des hommes
qui le composaient auraient voulu em-
pêcher les atrocités dont les factions de
ilobespierre et de Danton se rendirent
coupables, et surtout arracher le pou-
Toir à celte commune sanguinaire,
qui autorisa tous les attentats , ou plu-
tôt les dirigea elle-même. Gensonne'
fit déclarer la nuinicipalite de Paris
responsable de la sûreté' des person-
nes et des propriété'» , et rendre un
de'cret qui détermina les rè<ïles q«ie
les atitorites de cette nature devaient
suivre, tant à Paris que dans le
reste de la France : m lis on n'y eut
aucun e'i'jard. Ce fut encore Genson-
ne qui fît arrêter que chaque citoyen
devait toujoms avoir sur lui une
carie de sûreté y sous peine d'être
ai rêle. Keelu députe k la Conven-
tion, |»ar le département de la Gi-
ronde, il se déclara aiors franchement
re'pub icain ; mais il fut presque aus-
sitôt attaque' de la manière la plus vio-
lent*' : oti i'accusa d'avoir participe' à
des disîrdjulions d'argent, faites par
le ministre Narhonne, et d'avoir voulu
pactiser avec la cour. De son cote' , il
repoussa ses adversaires avec beau-
coup de force , et ne cessa de deman-
der, de concert avec ses amis, la pu-
•G E N o5
nilion des crimes commis le '2 sep-
teruhr»; , et auxrpiels avaient pris part
J)»nton, Tallien et autres (lépul('S <le
Palis. Il est certain que le j-arti des
Girondins n'aurait pas voidu condam-
ner le Hoi : l'idée de ce j;! and forfait
les effrayait; ils auraient désiré le sau-
ver, mais sans compromettre lem* sys-
tème de répidjlicanisme , auquel ils
tenaient avec opiniâlreic : ce fut dans
cette intention, qu'ils adoptèrent, avec
le plus grand empressement, ia voie
de l'appel au peuple, qui fut imaginée
par le députe Sales. ( F'oyez ce nom. )
Gensonne vota cet appel; mais, le
voyant rejeté , il vota pour la murt et
contre le sursis à l'exécution. Il s'op-
posa à ce qu'un mémoire du ministre
d'Espagne fût entendu, et ne voulut pas
non plus qu'on examinât le jugement.
En cela, il se montra plus implacable
que son ami Guadet, qui manifesta
une opinion différente. L'affreux dé-
nouement de ce procès n'apaisa pas
encore les ennemis delà monarchie:
la plupait d'entre eux avaient un au-
tre projet que celui de constituer une
république; et d'aillenrs, leur vœu
principal était de disposer exclusir
vcment de l'autorité suprême. Gen-
sonne parut néanmoins s'intéresser
à la jeune princesse , fille du Koi ,
et à Louis XVII son frère; il de-
manda que la municipalité fût res-
ponsable de leur sûreté : mais cette
preuve tardive d'humanité ne servit
qu'à fournir des armes cà ses ennemis-
Dcs-lors l\o])espierre poursuivait, avec
un acharnement excessif, le parti de
la Gironde, et ne cessait d'amnuter,
par ses discours , la populace qui était
entièrement à sa disposition. Les Gi-
rondins avaient aussi pour adversai-
res Marat, qui, bien que méprisé dans
l'assemblée, éiait cependant redouta-
ble par son audace, et Dmton qu'ils
poursuivaient indirectement , eu dé-
96 GEN
nonçant chaque jour les assassins de
septembre. Vergniaud , Guadet et
Gf^nsotiué, qui , tous trois, avaient
beaucoup de talent , se partageaient
les rôles dans celte terrible lutte , en
se chargeant de paraître au combat ,
alternativement, soit pour l'allaquc soit
pour la défense. I/assemblée conven-
tionnelle présentait alors un spectacle
épouvantable. Les discours les plus
•violents animaient les passions, déjà
naturellement porlces à la dernière
exaltation : alors les cris, les huées,
les applaudissements . les brai^o des
députes et des tribunes, faisaient re-
tentir les voûtes de la salle ; et la mul-
titude, répandue au flehors, y répon-
dait par de véritables hurlera» nts. Mal-
gré l'épouvante que faisait naîîre un
pareil état de choses , on y entendait
quelquefois des sorties assez plaisantes;
et c'était préi isément ce qui faisait le
plus d'efïel. Gensouné traçait un jour
à la tribune un tableau hideux des
horreurs qui s'étaient commises; et,
du geste et de la voix, il en désignait
claiieracnt les auteurs , lorsque l'un
d'eux s'écria : « Mais ils ont sauvé la
» patrie.» — « Oui , répliqua Genson-
» né; comme les oies du Capitule. » il
est impossible d'imaginer l'cllet que
produisit ce sarcasme; ceux-ci riaient,
ceux - là applaudissaient ; d'autres
huaient , ou criaient comme des for-
cenés : jamais on n'cnUndit un pareil
vacarme, (iensonné se défendit avec
assez vie succès, jusqu'à la défection du
général Dumouiiez, avec lequel il en-
irelenail une correspondance particu-
lière. Mais, après cette défection, Uo-
bespierrc le fil plus aiséujenl passer
pour un traître. Ce fut dans celle cir-
constance pérdieuse que, le u) avril
in(»3, (iensonné demanda la eouvoca-
liuii des assemblées primaires, si ul
moyen (pii reslàl à son paili , pour
échapper à la proscription doulil clait
GEN
menacé. Déjà , au commencement de
mars, une scclion de Paris, dite de Bon-
Conseil, avait demandé leur tête. Gen-
sonnc et les siens avaient repoussé cette
attaque avec avantage : mais leurs en-
nemis revinrent bientôt à la charge.
Celle f"is , ce fut la section de la Halle-
au-Bled, dirigée par Real , qui sol-
licita leur expulsion de rassemblée,
et fit adopter ce système de persécu-
tion par le corps entier de la cité, qui
vint en cette qualité faire, à la barre,
la même demande. Gensouné fut en-
suite lui-même particulièrement com-
promis dans la correspondance du gé-
néral Miasinski, l'un des officiers de
Dumouriez , que le tribunal exlraor-
din.iire, nommé depuis tribunal ré-
volutionnaire,A\d\{ conilamné à mort.
Une commission fut chargée d'exa-
miner sa conduite; et bientôt la révo-
lution du 5« mai, dirigée contre sou
parti, arriva. Il lut arrêté le 2 juin,
avec plusieurs de ses collègues, déte-
nu pendant quelque temps au Luxem-
bourg , puis envoyé au tribunal révo-
lutionnaire , qui le condamna à mort,
avec vingt-un de ses collègues, le 5t
octobre i ^^5. B — u.
GENSSÀ^'E (De), directeur des
mines de Languedoc, concessionnaire
de celles de Franche-Comté, et mem-
bre de la société des sciences de Mont-
pellier, cultiva avec succès les scien-
ces naturelles, et envoya à l'académie
des sciences de Pans des mémoires
assez intéressants pour faire juf;cr
qu'il deviendrait pour elle un collabo-
rateur utile. Le «y mars 1757, l'a-
cadémie le nomma correspondant de
llellol; cl eu i 770 ,de Montigny. Par-
mi les mémoiies qu'il donna à Tacadc-
mie, on cite: \. Description d'un pla-
Tiisplicrc , cadrun et machine, pour
observer les astres par lo méridien ,
i7')(). IL Observations sur un mé-
téore i^né enj orme lie comète, 175^).
G E N G E N 07
III. Nouvelle correction faite aux çais, florissailn 1j Cm diixiir. on vers
pompes, 1741. I\. Olfseiv (liions sur le cuiiiiik iiccnwiii du xiv". siècle. Il
un nii'eaii construit île mmiicre (juc p'tai' de P.iris; et Fmrlict roiijf» tiire
seit pièces essentielles soient à l abri qu'il cl;iil (ils de l'un des d(■u^c Irrrcs
du vent y i7iï' ^' ^'^liinière d'em- G< iil'cn , qui furent lues, eu i5o4,
ployer Veau pour les pompes , \'j\i. à li ])af.iillc do iMoiis-cu-Pucilc , eii
VI. Correction faite à la pompe à couihallaut v.'ùll;iuwu(;til sous les veux
Jeu y 1744- y\l' Ol^servations sur du roi Pllili|^|)e-lf•-l)cI.Gentienacom-
/É'.v mines d\4lsiice et du comté de pose un livre eu rimes, daus lequd
hourgopie ^ elles sont insérées dans il nous apprend que 1rs daines, qui
la '2''. partie du recueil des Anciens voulaient accompagner les chevaliers
minéralogistes de la France, par dans leurs voyages d'outrc-mer, cc-
Gobd, p.ig. 7<5 et suivantes. Vil), le'brèrcnt un tournoi pour s'exercer
Histoire naturelle de la province de au maniement des armes , et y dis-
Langaedoc , partie minéralogique puter le prix de la valeur. I>a dcs-
et géoponique , Moiilpellier i^^Gct cripfiun de cette fête donne lieu au
1777, ** ^''^''* i'> 8 . IX. La géonié- poète de nommer quarante ou cin-
trie souterraine pour l'exploita- quante dames d<s pUis belles qu'il y
tioîi des mines ^ Montpellier , 1776, eût alors ; et Fauclief dit que son ou-
in-8°.X. Traité de la fonte des mi^ vrage mérite plus d'être lu pour Ja
nés par le feu de charbon déterre, mémoire des anciennes familles, que
Paris, 1770 et 1776, 'i vol. in-4''. pour rcxceticnce du style. W — s.
L— Y. GENTIEN ( Henoît j, célèbre reli-
GENT ( Thomas), antiquaire an- gieux de St.-Denis , était docteur en
gîais , Pié à Yoik en 1691 , exerça théologie. Son mérite le fit choisir par
la profession d'imprimeur à Londres, l'université pour, porter la parole en
et ensuite dans sa ville natale, oij il diverses actions d'éclat, soit daus l'af-
niourut le 17 mai 1778, âgé de 87 faipe du schisme, soit pour obtenir
ans. On a de lui , entre autres compi- le soulagement des peuples. Il fut l'un
lalions grossièrement imprimées, mais Ide ses députés au concile de Cons-
recherchées aujourd'hui pour les par- ^tance,où il se distingua par son élo-
ticularités qu'on y trouve, et qu'on queuce et par son zèle, il est princi-
cherchcrait inutilement dans d'autres paiement connu, parmi ni^s historiens,
ouvrages historiques plus considé- par son Histoire de Charles f^I ^
râbles : \, Histoire ancienne et mo- ^^nisle uom de moine de St.Denjs.
derne de la fameuse cité d'York, Du moins, le Laboureur, qui l'a tra-
in-12. II. ///5to/re rt^ré-'i^ee ^ZeZ^^w- duite et juibliée et> si vol. in-fol. ,1a
gleterre et de Rome, York, 174* ? 'l'i ;iltribue-t il. Il païaît fort instruit
Sk vol. in- ('2. III. Histoire ancienne des intrigues de la cour d'wignon et
et moderne de laloyale ville de des alf «ires de la cour de France. Son
Rippoti, ibid., 1755, iu-S".: ces trois style est simple. Il sc raontie impar-
ouvrages sont en anglais. IV. An- tial; ce qui est rart dans un temps de
nales Regioduni Hullini , ou His- troubles. On ne s'aperçoit point s'il
toire de Kingstonupon Hull^ ibid., tenait à aucune des fictions d'Orieans
1755, in-8'. X — s. ou de Bourgogne : il avait écrit cette
GENT. Foy. Gentius. histoire par les ordres et sur les mé-
GENnEIN( Pierre) 7 poète fran- moires de Gui de Monceaux et de
XVII. n
gS G E N
Philippe de Villelle , abbe's de St.-
Denis. Le Laboureur croit quMl était
père de Pierre Genlien, prévôt des
marchands. • T — d.
GENTIL ( Le ). Foy. Legentil.
GENTIL (Jean - Baptiste - Jo-
seph ), colonel d'infanterie, cheva-
lier de l'ordre royal et militaire de
St. -Louis, ué à Bagnois le 25 juin
I -jsG , était issu d'une famille noble et
livrée depuis long-temps à la profes-
sion des armes. Ayant passé dans
l'Inde, en 1702, avec le régiment
d'infanterie dont il faisait partie ,
Gentil servit avec dislinctioii sous
3MM. Dnpleix , de Bussy , Law de
Laurislon, de Conflans, et de Lally.
II contribua aux succès de nos ar-
mes dans cette belle contrée; il fut
aussi témoin de nos revers. Après
que les Anglais se furent emparés de
Pondichéri, en i^GojCt en eurent
démoli les fortifications, il traversa
la presqu'île pour se rendre auprès
du général Lauriston , qui fut obligé
de capituler auprès de Cliandernagor
cl d'abandonner encore ce comptoir
aux Anglais. Voyant nos affaires ab-
solument désespérées dans l'Inde ,
Gentil alla offrir ses sei vices au na-
bab du Bengale , Myr Cacem Aly-
Khân, qui était alors en guerre avec les
Anglais. La conduite atroce et perfide
du prince indieu révolta son hôte.
Celui-ci exposa même sa vie pour
Siuver celle de plusieurs prisonniers
anglais, qui furent massacrés en sa
présence. A l'instant même il s'éloi-
gna de cette cour odieuse, et se rendit
auprès du célèbre Clioudjaà ed-doulah,
nabàl) d'Aoude et vé/yr de l'empire
in<)gh<'l.( f^OJ. ClIOUDJAA ÈD-I)ou-
LAH. ; Quoique prévenu alors contre la
nation française , ce vézyr a( cueillit
avec empres.s^ra<'nt un militiire que si
répulalio!! avait devancé; il le combla
de bienfaits honorifiques et pccuniai-
GEN
res. Le généreux Gentil consacra un
revenu annuel de plus de 80,000 ir.
à soulager les malheureux Fpançais
errants dans l'Inde. II enrôla même
six cents d'entre eux, qui formèrent un
corps soldé par le nabàb, à raison de
"^6,000 fr. par mois. Sa bourse et sa
maison étaient ouvertes à tous ceux
qui se présentaient; il employa aussi
des sommes considérables à acheter
des objets d'histoire naturelle, des
armes, des médailles de l'Inde, et 1 35
manuscrits arabes , persans , mala-
bars , bengalis et samskrils , ainsi
qu'une collection d'environ 5oo des-
sins indiens. A son retour en France ,
il déposa généreusement a la biblio-
thèque du Hoi et au cabinet d'histoire
naturelle ces précieuses acquisitions ,
dont les Anglais lui avaient offert
120,000 roupies ( 3oo,ooo francs).
La b. taille de Baléhchar, livrée le
25 octobre 1764 par le vézyr con-
tre les Anglais, qui furent d'abord
battus et finirent par être victorieux,
rétablit la paix entre les deux puis-
sances belligérantes. Décoré du titre
de résident français auprès de la cour
d'Aoude ( charge dont il ne voulut
jamais toucher les émoluments , Gen-
til contribua beaucoup à celle paci-
fication , qui eut lieu au mois d'août
I 7^5; et il fut encore plus utile à son
patron, qui se livra alors tout entier
à l'administralion , et s'occupa de for-
mer à la discipline européenne le peu
de troupes que les Anglais lui avaient
laissé. Ces amélioralions, qui deve-
naient chaque jour plus sensibles , ins-
pirèrent des idées ambitieuses au na-
bàb , mais excitèrent la jalousie des
Angliis. Ceux-ci employèrent leur ia-
jlueiice pour l'écarler de la cour
d'Aoude : il avait demandé un congé,
après avoir accompagné le nabàb d.tns
son expédition contre les Rohy lahs
( Fojez Cuot'DJAA ); mais dès qu'il
G EN
• pjiril 1.1 maladie du prinrc, il re-
vint .mpiès de lui, sous prcicxfc
de |)i tiidre congé : il lui prodigua les
plus tendres soins, lui procura même
lui (■lururgi( n français , qui Taurait
jn'(»l)al)l< nu'ul pneri ; mais les Icmnies
du li.ircni el les grands de la cour
repoussèrent cet infidèle , dont un
vrai-crojant ne pouvait accueillir les
secours. Clioudjàà succoinlja le iG
janvier 17755 el le 17 lévrier sui-
vant. Gentil reçut ordre d'Asicf-êd-
doulah de quitler delinilivenuiit la
cour: il se rendit aussitôt à Cliander-
iiagor , et ne tarda pas a revenir dans
sa patrie , où il arriva en 177^. I^a
même année il obtint le grade de co-
lonel : il avait reçu la croix de St.-
Louis des 1771. Ces récompenses,
tout honor.ib'es qu'elles sont , n'ont
point paru excessives aux hommes ca-
pables d'apprécier le chev ilicr Gen-
til. Outre les objets précieux dont
nous avons déjà parlé ci-dessus ,
GEN 99
sVmpeclicr de communiquer cette
lettre au niiiiistrc de l'intérieur ' M. le
comte François de INeiircliàle.aj ) : à
l'instant, une ordonnance de ()oo (r.
lut expédiée. Elle .•rrivaejuelqucs jours
après (pie le vénérable et iiiiorlunc
vieillard avait exli.dé son d< rnier sou-
pir. 11 mourut à Bagnols , â^e de 73
ans, le i5 lévrier i7yv^, des Miites
d'une attaque de paralysie, ne lassant
à son fils d'autre fortune que des ser-
vices trop oublies, et l'inipiiiv.sante
reconnaissance des administrateurs
el des savants , qui ont fréquemment
sous les yeux de nombreux monu-
ments des connaissances et de la géne'-
rosilc de son père. Le chevalier Gen-
til a composé: 1. Lne Histoire me-
tallique de Z'//7É?e , renfeimant les
dessnis d'un grand nombre de mon-
naies, I vol. in-fol., que nous avons
eu occasion de voir plusieurs fois, et
dont nous ignorons le sort. II. Une
Histoire de Vempire mogol , tirée
et qu'il a généreusement déposés dans principalement de Férichtah ( Fb/.
les établissements publies , on doit Ferichtau ) , ornée de vignettes et
savoir qu'il avait le projet de nous
enrichir des moutons du Tibet, qui
procurent cesprécicuses laines dont se
fabriquent les beaux schalls de Kach-
mvr. Les six brebis et les six béliers
des portraits des souverains , d'une
jolie exécution, i vol. in-fol. IIL Un
y/bregé géographique de Vlnde,
extrait en grande partie de KAyin
Jkhéry ( Voy. Akbar et Aboul Fa-
qu'il s'était procurés, restèrent à l'Jie- zel ) , avec la carte géographique de
de-France; le porte-musc qu'il avait chaque soubthougouvernement:celle
aussi expédié pour la métropole, ar- du Kachmyr a été publiée par le tra-
riva vivant à la ménagerie de Ver- ducteur du Voyage du Bengale à
sailles. Ces actes d'un vrai patrie- S t.- Péter sb 0 urg \^3ir Geo t^c For ster ,
tisme
, et ij ans de services militai-
res, ne le préservèrent pas des tristes
effets de la révolution. Ayant à cette
époque lamentable perdu sa pension,
qui eonsfituaitses seuls moyens d'exis-
tence, il écrivit de Bagnois , où il s'é-
tait relire, à l'auteur de cet article,
pour lequel il avait toujours conservé
une tendre amitié, et lui peignit sa
situation avec une candeur et une ré-
Paris , i8u2, 5 vol. in 8**. (Foycz
FoRSTER.) G^ttc traduction est dédiée
à hi mémoire du chevalier Gentil 5 et,
au verso de la dédicace, se trouve une
courte notice biographique, renfer-
mant une partie des faits consignés
ici. IV. Histoire des Radjahs de
r Hindoustdn depuis Barlh jusquà
Petaurah , manuscrit déposé au ca-
binet des estampes. On trouve de plus
«ignaliou héroïques. Celui-ci ne put grands détails daos une brochure dç
^ . 1'
BIS'JOTHKA
300 GEN
24 p3g6S in-8''., publiée par son fîîs
eu ï8i4i sous ce titre: Précis sur
J.-B.-J. Gentil , ancien colonel d'in-
fanterie . (le. L — s.
GENTIL ( André - Antoine-
Pierre), bernardin, l'un des af];ro-
nomes les plus laborieux du xviii .
siècle, naquit (i) à Pesmes , petite
ville de Franche - Comte , de parents
honnêtes, mai^s prives des biens de
la fortune. Pendant quM achevait ses
études au collej:;e de Dole , il se lia
avec le prieur d'Acey , qui l'invila à
venir y passer le temps des vacances.
L'accueil qu'il reçut dans cette mai-
sou, un penchant naturel pour la re-
traite , et peut-être aussi Tesperance
de pouvoir se livrer tranquillement
à reliide , déterminèrent sa vocation.
11 prit i'habit de S. Bernard à 1 âge de
dix-huit ans , et fut envoyé à Clair-
vaux, oîi il fit son noviciat. Plusieurs
fennecs s'écoulèrent sans que rien
annonçât les dispositions particuliè-
res de dom Gentil : il remplissait
avec exactitude ses devoirs de reli-
j;icux, et employait le reste de la
journée à lire des ouvrages de chi-
mie , de physique ou d'histoire na-
turelle ; mais ces lectures semblaient
être pour lui moins une occupation
qu'un simple délassement. Cepcndint
un de ses supérieurs , ayant remar-
qué qu'il s'informait avec ciuiosité
des difiércnles pratiques des labou-
reurs du canton , le nomma procu-
reur de la maison , cl le chargea de
\\ direction des fermes qui en dépen-
daient. Ce fut alors (p»'a[)pli(|uant à
l'agricullure les connaissances qu'il
avait acquises dans les sciences , et
vérdiant par des expériences multi-
pliées les méthodes qu'il avait imagi-
nées pour tirer nu parti plus avanta-
geux des dillérentes espèces de terres ,
^i) 1.11 l'Ta.'i, luivant M. «le Kimliaiubc rg , miia
eu 17J1 li l'un ca cruil l« F. DiiuaiiJ.
GEN
dom Gentil augmenta en peu de temps
les revenus de l'abbaye et l'indus-
trie des habitants du voisinage. Ce
résultat avantageux le fit connaître ;
et il fut nommé prieur de Fontenai
dans l'Auxerrois. 11 était alors âgé de
près de cinquante ans, et n'avait en-
core rien écrit. En 1773 , il rédigea
son premier Essai tf astronomie ,
dont il fil remettre un exemplaire à
chacun des membres des États de
Bourgogne , en les engageant de vo-
ter des fonds pour rétablissement de
fermes expérimentales , oii l'on pût
faire en grand des essais sur les
moyens d'épargner les fumiers ,
d'améliorer les engrais et d'accroître
les produits de l'agriculture. L'ou-
vrage de dom Gentil fut très bien
reçu: on convint qu'il renfermait des
vues utiles; on loua son zèle , mais
il ne put obtenir aucun secours. Dif-
férents mémoires couronnés par les
académies de France et de Hollande
vinrent ajouter successivement à la
réputation de ce bon religieux ; et
quoique sa santé naturellcFuent déli-
cate fût encore affaiblie par l'âge et
par l'excès du travail, les succès qu'il
obtenait semblaient redoubler son ar-
deur. Bufion (i ) , qui le connaissait
(1) Buffon ne parlait jamais qu'avec Jistiuction
de ce re«pec(.ible ri'U^irux , >< ijui ensevelit dans
» l'ombre du cloitre des laleiitsdi^nrs du plus ^rand
* jour. Souvent créalcur , toujours hfurcux dans
» ses o|>(-ratlons cbiniiqu)'s , |)urce qu'il est iiirati-
» gable «laos srs rfcbrrihcs , il ne voit lieu dans
» It iij'.urc qui ue puisse tourner par tes soins au
>< urolit du l'espèce liumaine : il ferait sortir I«
» Chvpr<! et le >lala^j d'une tonne remplie de vin
» rorr 'Uipu. Lisez son ouvrafje sur la lenner.tation,
» et ses dissertations sur divers ol>jets d'utilit<^ pre-
» iiuère : mais je dois respecter le voile modeste
>• dout il veut couvrir sa vie , sou nom et ses ivun res.
>-> Ali! si l« ({(■nie et la vertu étaient les seuls droit*
M aux b.'lles abhuycs de sua ordre , qu'il serait piiis-
>' saut Juiiourd'liiii ' et que d'iiifortuiKW le l><tni-
» raient demain ! Passiuun'' pour les sciences , il
» n'eu cultive pas avec moins de (;rice et de |;o&t
>i la littérature qui lr% embellit. J».< eonxersilioa
» est iiigénieuie et piquante ; son idiome est pillo-
» rcMpie et u'jipparlient qu'à lui seul. Urbanisation
» vive, snnte fr.lr , iime urdente . voila le porlrail
i> du prieur: Lii<' lame île celle iremiie itsi-violeitt-
X ment son lourreau. » ^A i« f'fitfc» dé DttJ/^tu , par
IVl. Auitt. )
G E N
(Icjà p.ir srs ouvrages , désira de
le voir :i Monh;ird, cl lui prodigua
les luuques du plus vif intérêt.
J)oin (ieiitil uniqucnu'Ut occupe" de
])roicts d'utiliîe publique c't.iit l)ieii
éloigne de prcvoir les maux dont
étaient meu.icés ses derniers jours.
La icvoiiition l'exila de son cloîlre ;
et il se réfugia à P. iris, dans le des-
sein de revoir ses ouvrages, et d'en
publier la substatice sous le titre de
petit Econome : mais le cliagrin qui le
dévorait, avait accru ses infirmités, au
point qu'il lui lui im[)Ossible de se
livrer à ce tr.jvail. ]ji pension q\i'on
lui avait promise était mal payée;
ses parent', ne pouvaient lui donner
des secours : il était trop fier pour en
solliciter de li pilie. Il vécut pendant
qucl({ue temps du produit de ses livres;
et l'homme qui avait tant travaille'
pour le bonheur do ses semblables,
mourut dans un état voisin de la mi-
sèie, et presque ignore' à Paris, en
î8oo. Dom Gentil était membre des
académies de Montpellier , Dijon ,
Auch , Limoges, et des sociétés d'agri-
culture de Paris, c!eNanci,du Mans,
de Mczières et de Besancon, il or-
donna, parson testament, que ses ma-
iiuscrits fussent partagés entre les
compagnies savantes auxquelles il
avait appartenu. Dans le nombre il
en est plusieurs qui sont écrits en
chiffres, et qui par cette raison ne
seront vraisemblablement jamais con-
nus du public. Les ouvrages les plus
importants de dora Gentil sont : L
premier Essai d^ agronomie , ou
Diététique générale des végétaux j
et application de la chimie à V agri-
culture, Dijon, 1777 , in-S". IL Mé-
moire sur cette question : « Les cn-
)) grais peuvent- ds être suppléés par
î) de fréquents labours? Jusqu'à quel
» point les labours influent-ils sur la
» végétation ? et peuvent- ils y siil-
GEN loi
» Pire? » couronné par la société d'a-
griculture d'Aueh en m'^f). 111. Afé'
moire indiquant les substances fos-
siles propres à remplacer la marne,
couronné j)ar la société d';igriculturc
de Limoges en 1 779. IV. Quel est le
meilleur m,ojen de cuJtii^cr les terres
basses et nouvellenwnl desséchées ?
Cette qucstioti avait été mise au con-
cours par l'académie d'Amst(;iclam :
un Hollandais leraporfa le prix ;
mais dom Gentil eut le premier ac-
cessit. V. Mémoire sur le sujet pro-
posé {en 1779) par la société des
sciences de Montpellier : a Dciter-
r» miner par un moyen fixe, simple
» et à la portée de tout cultivateur ,
» le moment auquel le vin en fer-
)) mcntation dans la cuve aura ac-
» quis toute la force et toute la qua-
» lité dont il est susceptible. » Le
premier prix fut accordé, dit M.Chap-
tal, à une rapsodie théorique de l'abbé
Berlholon ; et l'excellent ouvrage de
dora Gentil n'obtint que le second.
Les deux Mémoires furent imprimés
ensemble aux frais de la société; et
celui de dom Gentil a eu plusieurs
éditions. VI. Les avantages et les
désavantages de l^ incinération sim-
ple ^ de celle à Vécohue et de la
fumigation aussi à Vécohue, mé-
moire couronné par la société de
Limoges en 1781. VIL Désigner
les plantes inutiles et vénéneuses qui
infestent souvent les prairies et di-
minuent leur fertdité , et indiquer
les mojens d'en substituer de sa-
lubres et d'utiles , de manière que
le bétail y trouve une nourriture
saine et abondante . Le Mémoire de
dora Gentil eut le premier accessit,
en I 785, à l'académie do Dijon. VllL
Estril avantageux ou von de souti»
rer les vins ? Dans le cas de Vafjir-
mative , quand et comment doit - on
les soutirer pour ne point nuire à
I02 GEN
leurs principes et à leurs qualités ?
couronne par racadémir de Lyon en
1787. IX. Manière défaire de très
bon vinaigre avec du pttit-luit ,
imprime i Dijon en 1787, avec l'ap-
probr.îion de l'académie. La socieié
d'Aj;riculture de Besançon possède
les manuscrits originaux de plusieurs
Mémoires de dom Gentil, entre au-
tres des Suppléments inédits à sou
Traité sur les vins. On peut consul-
ter, pour p'us de de'tails, son Eloge,
par M. de Fuschamberg; , imprime'
dans le tome m du Recueil des tra-
vaux de cette socielc. W — s.
GtMlLE GENÏILI, en latin,
Gentilis de Gentilibus , médecin,
surnomme' Fulginas , du nom de Fo-
ligiio , ville d'Italie, où il naquit vers
l'an i25o , fut disciple du célèbre
Thadée de Florence. Les connais-
sances qu'il avait puisées sous cet ha-
bile maîue, lui acquirent parmi ses
concitoyens une réputation qui s'éten-
dit bientôt dans toute l'Italie. La ma-
nière biillante avec laquelle il com-
mentait Avicenne, dont les ouvrages
étaient, à celte époque, la base de
l'ensi i^^nemenl ])ublic de !a médecine,
lui avait même do::né une tics grande
considération, et une sorte de préémi-
nence dans la plupart des universités
de l'Europ»^. Il mourut à Bologne,
vers l'an i3io, après avoir fait plu-
sieurs ouvrages dont le Rtcucil a été
publié à Vi nisc , 1 4H4 , 1 /|86 , 1 49-i ,
4 V. in-fol. On y trouve les Traités
suiv.i'ifs , dont plusieurs ont été
imprimés séparém- nt : 1. Expositio-
iies cum textu Avicennœ. il. De
f'-bribus , Viiusc, i^.iO, info!, lil.
Expnsitio cum commenta /Ei^idli
nionnciti Benedictini judiciurum de
urinis , lib. i , et da pulsibus , lib.
i, Venise, \L\ç^\y in -8*^.; Lyon,
iSofj, iii H". IV. Consilia prngre-
f^ia ad quœvis morborum toùus cor-
GEN
paris gênera, Avec les Conseils ^An-
toine Cerinizoni , Venise, i5o5,
in- fol. V. Qucestiones et tractatus
extravagantes f Venise, i5*20, in-
fol. V\. Deleprd tractatus , avec \e
Traité de chirurgie de Oino del Gar-
bo , Venise, i556. Vil. De propor-
tianibus medicinannn , dans le Re-
cueil des opuscules De dosibus par
les plus célèbres médecins, Padoue,
i5r)6, in-8'.j 1^79, in-4'.; Lyon,
i584, in -8". — Gentile Gentili,
surnommé le Spéculateur , naquit à
Foligno, comme le précédent, dont
on croit qu'il était fils. L'éclat avec
lequel il exerça la médecine, lui va-
lut une si grande réputation que 1rs
ville de Bologne et de Pérouse lui ac-
cordèrent le droit de bourgeoisie :
cette dernière lui fil même présent
d'«inc maison. Plein de reconnaissance
pour une récompense aussi honora-
ble , lorsque cetie ville fut ravagée par
la peste en i 548 , il vola au secours
de SCS habitants. Mais bientôt , afïècté
lui-même de la maladie qu'il était ve-
nu combattre, il mourut victime de
son zèle*, le 12 juin de la même année.
Ses dépouilles mortelles furent trans-
portées à Foligno , sa patrie , où il fut
enterré avec pomj)C dans une église.
Il est diHicile de déterminer auquel de
ces deux Gentilis, père et fiis, appar-
tiennent réellement les ouvrages qiii
viennent d'être «itcs; Maiigellcs attri-
bue au père ; Eloy les place sous le
nom du fils. Quoi qu'il en soit, ce der-
nier futcojid)lé de faveurs et de bien-
faits pa: le pape Jean XXll. — Par-
mi plusieurs autres hommes célèbres
du même m)m que l'Italie a produits,
on doit citer (itisTiLis ( Mathieu ). H
exerça la médecine avec distinction
dans la M uehe-d'Ancone; mais ayant
endirassé la religion réformée , il fut
obligé do (piiller sa patiie et sa fa-
mille. U se relira en Caruiolc, avec
r. RN
<lcnx de ses fils, A'bcric cl Sciplon,
rt rt'iiiplil |)ciicl.inl quelque temps
remploi (le mr'ilt'cin de celle provin-
ce. Kiiliu il teriuiiiu ses jours m An-
glekiie, oïl il était aile joindre son
fils Alberic, devenu professeur de
droit à Oxford, Cii — t.
GKNTILKSCHI ( Okazio), pein-
tre d'hisioirc , ne à Florener, nom-
me Genliel par les Flamands, quitta
ritalie fort jeune, pour voyager en
Espa;;ne, où il fil plusieurs grands ta-
bleaux pour r^scurial. De là, ayant
passe en Angleterre, il vint se fixer
d.ins les Pays-Bas. Eu peu de temps,
sa réputation s'y accrut beaucoup; et
Charles I*"'"., roi d'Angleterre, lui com-
manda deux tableaux, dont l'un repre'-
sentait une Ste. - IM;uleIène, et l'au-
tre , liOth et ses filles. Cet artiste exé-
cuta aussi, pour la Hollande et pour
le Brabaut, différents ouvrages qui
lui firent infiniment d'iionnenr. Réu-
nissant à SCS talents comme artiste,
beaucoup de connaissances , d'esprit
et même d'érudition, et possédant, ou-
tre tous CCS avantages, un caractère ai-
mible et doux, il se fit un grand nom-
bre d'amis, et obtint plusieurs emplois
honorables. Appelé en Angleterre par
le roi, il y séjourna iong-temps , et y
peignit beaucoup de t;ib!eaux : il est
probable qu'il mourut dans celte
coDti ée. Sandrart, qui a écrit sa vie,
et qui en fait un grand éloge, ne
nous donne aucune lumière à cet
égard. Suivant le Nouveau diction-
naire historique , il mourut à Rome ,
en 1647. ï* — E.
GENïiLlS (Alberic), laborieux
jurisconsulte du xvi*. siècle, doit être
mis dans la classe des écrivains de
celle époque qui ont eu plus d'éru-
dition que de goût et de jugement. Il
naquit en i55i, à Caslcllo-di-Sin-
Gcnesio, dans la Marche-d'Ancoiie ,
et fit SCS études à Pérouse, où il fut
G EN io5
reçu docteur en dioit civil, à l'agcde
vingt-un ans. Peu de temps api es, il
obtint une place de juge dans la ville
d'Ascoli ; mais, ne ()o'ivant y profes-
ser avec sécurité la religion protes-
tante dont il était ardent sectateur, il
alla (hercher un asii(.' d'.ibord dans
laCarniole,ct en dernier lieu en An-
gleterre. Pendant sou séjour h Lon-
dies,qui fut de plusieurs années , il
vécut uniquement des secours qu'il
put tirer de quelques généreux amis
des sciences. Enfin le comte de Le i-
cestcT , son prolcctcur, lui procura ,
en I 587 , une chaire de droit dans l'u-
niversité d'Oxford , dont il était chan-
celier. Cette place , et le titre que Gcn-
tilis ne tarda pas ensuite à recevoir ,
d'avocat perpétuel des sujets du roi
d'Espagne pour les causes qu'ils au-
raient en Angleterre, le firent jouir,
le reste de ses jours , d'une assez
grande aisance. Il mourut au com-
mencement de l'année i(iii. Les
travaux d'Albéric Gentilis sur la ju-
risprudence lui donnent peu de droits
à notre estime : outre qu'il montra
quelquefois des sentiments erronés ,
les saines doctrines que peuvent con-
tenir ses ouvrages sont comme en-
sevelies dans une multitude de cita-
tions sans fin , tirées des philoso-
phes, des saints Pères, des poètes,
des historiens et des jurisconsultes.
Cette énorme érudition le fait même
chanceler fréquemment dans des ma-
tières importantes : Aussi Bayle lui
reproche-l-il d'avoir fait un éluge in-
direct des opinions des catholiques
sur quelques points de controverse,
quoiqu'il fut d'ailleurs, ainsi que nous
l'avons dit, zélé protestant. Mais ses
Traités sur le droit des gens, ont
rendu son nom digne d'être recueilli
par rhistoirc. Son livre De jure belli
renferme d'exceilenles vues sur une
science qu'Aristole et Ciec'ron n'ont
io4 GEN
pis même soupçonnée; et, si raiitour
n'a p;iS suflisaramcut aprofondi son
sujet, si trop souvent il décide, par les
préccpte> de la religion ou de la mo-
rale, des questions purement politi-
ques , on doit toujours lui savoir gré
d'avoir fourni d'ibondanls matéiiaux
à Grofius. La liste exacte de ses ou-
vraf;;cs se trouve dans les Mémoires
<lc isiceron ( lora. xv et xx ). Nous
indiquerons seideinent : 1. Liber con-
ditionum, Witteiubeig , i58o, iu-
8*^ ; «t Londres, 1587, '<^'"''' H*
De juris inierpretibus dialogi sex ,
Londres , 1 582 , m - 4 '• î cet ou-
vraf:;e a été réimprimé avec les Yics
des jurisconsultes , de Pancirole, à
Leipzig, '721, in-4". IH. De in-
justina hellicd Romanorum aclio,
Oxloid, 1390, 1118'. IV. De jure
helli libri très , Hanau, i ')98,in-8'*.;
ibid. , i()i 2. V. Disputationes dwp :
prima de acioribus et spcctatoribus
Jnbularum non nolandis j stcunda
de (ibusu mendacii, Hrinau, '599,
in-8 . (i in- 1.4. VI. y'Id Joannem
Rainoldum de ludis scenicis epislo-
Icp duœ, IMiddt'Ilioiirg, 1599, in-4 •»
idem, Oxlord , 1629, in -4**. VU.
Dispittationes très: i*. de libris ju-
ris canonici; '2a, de libris juris civi-
lis ; 3«. de latinitate vcUris Biblio-
rum versionis mule accusdtd ^ Ha-
nau, 1604 el i6o5, in H . VIII. De
lingunruni mixturd disputatio pa-
reraica , ilanaii, i()o4,in-8 . N — e.
GENTILIS (Scipion), tVeredu
précèdent, qu'il ar- onipagn.i dans sa
retraite en Gariiiole , et jurisconsulte
comme lui, nacjuit c^abment dans la
Marclie-d'Ancon»', a ria>lello-di-
San - Grncsio, l'ui i5G5. Il fit ses
études à l'aradémie de Tidjinf;en ; et
elles (uucliaient a peine à leur terme,
qu'il publia qiK Icjucs Opuscidcs, qui
aniK'iiÇ'ient d'Iieureuses disp(>^itions
pour la poésie. Après avoir appris le
GEN
droit clans les écoles de VVittemberg
et de Leyde , il fut reçu docieur en
celte faculté à iiâle, le i5 avr. iSBg.
Il se rendit d'abord à Heidelberg ,
dans Tespoii d'y trouvrr de l'emploi ;
mais contraint de quitter cette ville
par la jalousie de Jules Pacius , qui
y professait la jurisprudence , il vint
à Altorf, où la proteclion de Hugues
Doneau lui fit bientôt obtenir une
cbaire de droit romain. Sa manière
d'enseigner, qui réunissait tous les
a rémeuts d'une imagination bril-
lanie à une profonde instruction, at-
tira un grand concours d'auditeurs a
ses leçons , et le fit connaître dans les
priui ipaux étals de l'Europe. Michel
Picarl assure même q-e le pape
Cirmcnt Vil fit des tentatives pour
r» n :ager à venir professer à Bolo-
gne, et qu'il lui promit, dans ce
cas , la liberté de conscience. Scipioii
préféra toujours sa chaire d'Aitorf à
des fonctions plus avantageuses sans
doute, mais dont la durée n'eut peut-
être pas été très longue. Il mou-
rut d'une dysenterie opiniâtre, qui le
tourmentait depuis long-temps, le 7
août 1616. La postérité n'a point con-
firmé les éloges que son siècle lui a
donnés} ceux surtout qui furent gra-
vés sur son tombeau. Ses ouvrages ,
la plupart composés sur des matières
oiseuse s ou d'un faible intérêt , et
énits avec au^si peu de goût que
de critique, ne sont pas propres à
tirer sou nom de l'oubli où il est tom-
bé. Cependant on pourrait encore
tuer qu« Iqiie iViut de la lecture des
Tr.iités suivants, qui sont sortis de sa
plume : 1. De d nationilnis inter vi-
rum et II X 01 cm itbri ir, Framfv)rt,
i()o4, 'm-/\".l\. Deerroribus testa-
inentomm à tiWldtorilms ipsis com-
mis ds, et de dii'iduii et indiuiduis
ohli^ationibus y Strasbourg, i()99,
iii-b°. Pour le catalogue de ses autres
G F N
cuvrap;c.<;, i'oy. le toin. xv Jes Mc-
moircs dcNiceron et Lippenius. Tou-
tes ics œuvres de Sri pion Genlilis
oui éie réunies en 4 vol. iu-4'., Na-
zies , I 7G5 ef 1 -^Gr). rs — E.
GKr^TlLlS;,li:AN-VALENTiN),
lic'rc'si.injue, ne à CiOScnz.i , dans le
royaume de tapies, au xvi*'. siècle,
enibiassa les opinions de Socin , et
ïuit si peu de discrétion à les répan-
dre, qu'il fui réduit à s'enfuir pour
c'chaj)per aux poursuites qu'il s'eiait
attirées. Il se refiii^ia à Genève, où il
crut pouvoir débiter iiiipuncment ses
erreurs; mais les chefs de la reforme
et. .lent loin d'avoir pour les autres l'm
dulgciice qu'ils réclamaient pour eux-
luèmcs. Oblige, en 1 558, de signer un
formulaire de foi donné par le con-
sistoire italien, Genlilis fut accusé,
quelque temps après, d'avoir conti-
nue de dogmatiser contre la Ste.-Tri-
iiitc, et rais en prison , d'où il ne sor-
tit qu'aprcs avoir apaisé Calvin par
ses sourai>sions. On exigea en outre
qu'il fit amende honorable, qu'd jetât
lui-même ses écrits au feu, et s'enga-
geât, par serment, de ne point quitter
Genève sans la permission des magis-
trats. Il se sauva ceperidant, au bout
de quelques mois , et se tint caché
dans un village du canton de Berne.
Il passa ensuite en Savoie, et parcou-
rut le Lyonnais et le Dauphiné, cher-
chant à faire des partisans au socinia-
iiisrae. La crainte d'être découvert et
puni le contraignit bientôt à regagner
sa première retraite. Il y fut arrête et
mis en prison par l'ordre du baitli de
Gex , qui lui demanda une profession
de foi , pour la faire examiner par des
théologiens. Il parvint à obtenir son
c'iarg.ssemcnt , et retourna à Lyon ,
où il fit imprimer sa profession de foi,
qu'il dédia à ce même bailli, l'auteur
de son arrestation. Celle imprudence
le jeta dans un nouvel embarras : les
G EN io5
magistrats de Lyon crurent devoir s'as-
surer de sa pers(fnne; mais il leur per-
suada qu'il n'en voulait rpi'à Calvin, et
on lui rendit encore une lois la liberté.
Il en profila pour aller en Pologne,
où deux disciples do Socin , Geor-
ge Bl.uidrafa et Jean-Paul Alciat, ve-
naient de l'appeler, afin qu'il les aidât
à propager leur doctrine. Les sectaires
s'élant divisés sur quelques points, il
en résulta des troubles, auxquels le
roi de Pologne mit fin en les obligeant
de sortir du royaume. Genlilis se re-
tira d'.d)ord en Moravie et ensuite eu
Autriche , d'où il revint dans le can-
ton de Berne. Mais le bailli, dont il
aurait dû se défier, le fil arrêter une
seconde fois, le 1 1 juin 1 566 , et con-
duire à Berne, où son procès fut ins-
truit solennellement. Les débats durè-
rent depuis le 5 aoîit jusqu'au "j sep-
tembre j et enfin, ayant été convaincu
d'avoir attaqué le mystère de la Ste.-
Trinié,il fut condamné à perdre la
tête. On dit qu'en allant au supplice,
il se fl.ilta d'être le premier martyr de
la gloire du Père; les apôtres et les
autres martyrs n'étant morts que pour
la gloire du fils. Bénédicl Aretius a
écrit en latin Y/Jistoire de la con-
damnation de Gentiîis , Genève,
i58i , in-8\ On y trouvera le détail
de ses opinions, qui différaient de cel-
les de son maître, et dans lesquelles
il a varié plus d'une fois; chose inévi-
table, lorsqu'on n'a d'autre règle de
foi que la raison ou l'imagination.
Cette idée lui était particulière , que
Dieu avait créé , dans l'étendue de l'é-
ternité, un excellent Esprit qui s'était
incarné lui-même dans la plénitude
du temps. On peut consulter encoie
le Dictionnaire des hérésies , par
l'abbé Pluquet, aumotSociMANisME.
W— s.
GENTILOTTI (Jean- Benoît),
né à Lngclsbruu, dans le Tyrol, en
io6 GEN G EN
ifj^a, d'une ancienne et illustre fa- cianos , insérées dans ks Rerum itaL
tnille, après avoir fait d'excellentes s criptores de Mur àiori, tow.u ,prnt,
e'tudes à Saltzbourg et a Inspruck, 2. II. Epistola ad Joan. Burchar-
alla les continuer à Rome, où il ac- dum Menkenium^ de conspeclii in-
quit une connaissance profonde du si^nis codicis diplomalico-historico
droit canonique et des Iai)<:ues grec- epistolaris dato adacloriim Lipsen-
quc, hébraïque et arabe. L'archevê- siuni collectores ad Bern. Pez^ Ve'-
quedt Saltzbourg Tappela auprès de rone, i-] i n ^ in - 4". Genîilotli s'était
lui en I ■]o3, poui remplir à sa cour déguisé à la fête de cette lettre sous le
les fonctions de directeur de chan- nom de Fonteius angélus FerO'
celieric et de conseiller intime. L'.innée nensis , afin de ne pas être obligé de
suivante, il se rendit à Vienne, où il paraîîre dans une dispute littéraire,
succéda à D. Nessel dans la place de Apostolo-Zcno , dans ses Notes sur
directeur de la bibliothèque irapé- Funtanini, parle de ce prélat avec un
ria'.e, et ^c fit aimer des savants par grand éloge. W — s.
son affabilité et son empressement à GEiNTlUS (George), orienfa-
leur fournir tous les secours dont ils liste allemand, naquit en 1618 à
avaient besoin pour leurs travaux. Il Dahme, dans la principauté de Quer-
continua le catalogue de celte riche furt. A l'âge de quinze ans, il alla
bibliollièque, et rédigea, sur les prin- achever ses études à l'université de
cipaux ouvrages qu'elle renferme, des Halle j et, deux ans après, il partit
notes que Je libraire Weidmanii se pour Sleswig, où il fit l'éducation des
proposait de publier. ( ^or. les y/of« enfuïts d'un pasteur de la ville. En
eruditorum, l'ji'].) Des circons- iG56, il se rendit à Hambourg, et de
tances ayant fait connaître toute l'ha- là à Breraeu , pour se perfectionner
bilelé de Gentilotti pour les négocia- dans la connaissance des langues
tions, l'empereur le nomma son com- orientales : il visita aussi Leyde; ce fut
missaire près du souverain pontife, là qu'd s'adonna avec le plus de succès
pour régler différents objets itnpor- à l'étude de l'arabe, du persan et <l«l
lanls au bien de la religion et à la lurk. A cette époque, le grand -sci-
tranquillité de l'Allemagne. 11 s'ac- gneur envoya une ambassade en Hol-
«|uitta de cette commission de manière lande: Genlius profita du retour de
à se concilier la bienveillance des deux cette ambassade pour aller à Const.in-
souverains, qui se réunirent pour le tinop!c. Son séjour dans la capitale de
récompenser. Il fut nommé auditeur l'ciupirc othomnn ne fut p> nt inutile
de rote eu i']'2â,el évèquedc Tirnle aux Icllres : il l'employa à visiter les
deux ans après. Mais él;u)l tombé bibliothèques, à étudier la médecine
nialade peu de joins après son élec- des Orientaux , à se fortifier dans les
tien, il mourut à Kome en I 7:25 , em- langues orient. des, cl acquérir des
portant des regrets universels. Outre manuscrits et divers objets curieux. H
les noies dont on a parlé, et dont le voyage» aussi eu Perse cl en Grèce;
maniisnil conservé à la Hibiiothè(pic et, après une absVnee de sept ans, il
un [)ériale, forme i o vol. in-fol.^i ),on rentra en liirope par Venise, cl de
connaît de lui : I. yldditamenta et là il retourna à Amsterdam. L'électeur
crisis In annules /'rnncorii m Lanihc' de Saxe, Jean-Oeorgu II, lui donna le
; brev«l d'un'.' ixilsIoii de .six cents
(0 II V <li>niw une Notice r-iisoiiiii^c tl«^ 4u4> U"- ' i ii ■ . ' 'ii r -\
rnac». .lai.cui , fr«nv.u,.Mtu.nna. , uun. , etc. nxdallcs ^ cuvirou Uois mille hancs).
G EN
En ivi7;'), il alla trouvcL ce prince,
qui le lit .son conseiller , cl ren-
voya une scronile fois en Hollan-
de , pour qu'il retournai tle là on
Orirnt. Mais ce voya;;e n'eut pas lieu.
I/electeur se (it ac(onipai;ncr de Gcn-
tius, lorsqu'il .se rendit, en 1*07, à
Francfort , pour assister à la dicte
qui devait e'iire Tempcrcur. fja J ur-
quic iiyant en\oye une ambassade
pourcouiplimcnlcr le nouveau prince,
Gcntius servit d'interprète. L'électeur
l'avait prccedemnicnl nomme concil-
ier de légation , et avait porte à huit
cents rixdalles son Irailement, qui
l'ut encore aui;mcntc de cinq cents au-
tres. Comme Gentius savait très bien
le latin, le français et l'itilicn , il fut
employé pour négocier avec les mi-
nistres étrangers. Entre les diverses
missions qu'il remplit , il fut envoyé,
en 1G62 et en i6(i4 , à Ratisboone ,
pour représenter à la diète d'Allema-
gne le danger de la guerre avec les
Turks. Après ces voyages , il se relira
à Glimck, près de Halle , oii il vécut
en repos. Mais, l'année suivante , l'é-
lecteur l'appela à Dresde dans l'inten-
tion de le faire partir pour Constanti-
nople avec l'ambassade impériale: il
fit même à cette occasion le voyage de
Vienne. L'électeur de Brandebourg,
Frédéric, le fit venir auprès de lui en
1677 , tandis qu'il assiégeait Stettin ,
pour ouvrir des négociations avec un
envoyé tarlare. Mais la fortune, qui
l'avait favorisé jusqu'alors , l'aban-
donna : il tomba dans la plus grande
pauvreté , montra même des marques
el'un dérangement d'esprit, en sorte
que, par sa conduite singulière, il
s'attira le mépris. En 1687 , il alla de
Berlin à Fnyberg, ou il mourut et
fut enterré par chai ité. Nous avons
rapporté ici l'opinion dejôcher: mais
quelques bio^;raphes disent au con-
traire que Gciilius mourut en voyage,
G EN 107
à la suite de l'.imbassadc que l'élec-
teur George 111 envoyait à Vienne.
Comnu- on l'avait accuse; d'.ivoir em-
biassé le mabomélisme , il s'en |u.«>li(ia
av<nt sa mort devant le ministre
Bayer. On a de ce sav.nl: I. Musla-
dini Sadi , polllicum Hosariiim siue
amœnitm sortis humanœ theaUum ,
Aui^t., i63i , in-ful. : c'est la '.radin-
tion latine, accompagnée du UxU- per-
san, de l'ouvrage célèbre de Sadi , inti-
tulé : GulisLan ou pnfs des roses.
( Tof. Sadi.) La vcrsn)n de Gentius
est généralement fidèle, et le texte est
pur , plus correct néanmoins dans les
premiers livres que dans les derniers.
On pourrait croire que Gentius,ayant
voyagé dans le Levant, avait expliqué
cet ouvrage sous quelque khodjah
turk , qui lui avait fait saisir le vrai
sens de l'auteur. Cette traduction la-
tine de Gentius a été réimprimée (|ua-
tre ans après , sous ce titre : Rosarium
Polilicum sive , etc. , de Persico in
Jatinum versinn et notls ilîastratitm ,
à Geo7'gio Gcntio, /imslerdam^ i655,
in-isi; elle est ornée de gravures. II.
Hisloria judaïca res Judœorum ab
eversdœde Hierosoljmiland ad hœc
ferè tempora usque complexa, ibid. ,
i65i, in-4'-"- ouvrage traduit deSdo-
mon bcn Virga, médecin espagnol; le
texte avait «té imprimé plusieurs fois,
m. Canones ethici B. Moseh Maimo-
niâes, ex hehrœo in latinum fern,
uheriorihuscjue notis illustrati , ibid. ,
j(34o, in-4"- On a une Vie de Geu-
lius écrite par Aug. Beyer. 3 — w.
GENTLEMAN (François), écri-
vain et comédien irlandais , né en
17-28, et élevé à Dublin, était fils
d'un officier, et entra lui-même au
service militaire. Se trouvant licen-
cié par suite de la réduction de sou
régiment à la fin de la guerre en 1 748,
il céda à un pencbant qu'il avait pour
la profession de ccraédien, et joua la
io8 GEO
tragédie sur le théâtre de Dublin, avec
applaudissement, s'il faut Teu croire
lui - même, malgré une figure peu
imposante et b aiicoup de timidité : ce
succès cependant ne tint pas contre
!e désir d'aller vivre dans l'indépen-
dance à Londres, à l'aide de quelque
revenu récemment accru par un hé-
ritage. Ce ne fut qu'après avoir dis-
sipé tout son bien , qu'il recourut à
sa première profession ; il joua suc-
cessivement à Bath, Élimbourg, Man-
chester, Liverpool , Chcster et dans
d'autres villes. Une Épîlre intitulée
les Caractères, in-4*^., et des Fables
royales, in -H"., publiées par lui en
1766, indiquent du talent pour la
poésie. Il travailla aussi pour le théâ-
tre; et ce fut vers 1770, étant alors
attaché à la troupe de celui de Hay-
m.irket à Londres , sous la direction
deFoole, qu'il composa et arrangea,
d'après d'anciens auteurs , plusieurs
tragédies et comédies , dont la repré-
sentation eut peu d'éclat, et qui sont
ignorées aujourd'hui. On cite aussi ua
ouvrage composé vers le même temps,
et intitulé le Censeur dramatique ^
1 770, 2 vol. in-8 '., où il jugeait,dil-on,
avec goût et impartialité, environ cin-
quante des principales pièces du ré-
pertoire , et les principaux acteurs de
son temps (i). Gentleman a donné
une édition du Théâtre de Shakes-
peare , pidjlié par Bill, 1774-5,
qui ne lui a valu que des reproches.
Il passa ses dernières années dans
son pays natal , où il mourut dans
rindigeiHC , épuisé par des mala-
dies, le 8 dérombre 1 78 |. X — s.
GliOFFRlN ou JOFKAIN
(1^ Un niivrn};»' lirhilom.irl irr , porUnt Ir ra^mc
tilrc , |i.>r M. Dulloii , lui publiij en iHnn ; In Nu-
miiroi, jiiii[ii',iii iiiiiii <lr iiiiilrt, nn ont é\é re-
curillii 011 1 vol. iii-'-t^'. Il |>iiriil tlc|iuis nii «'cim-
m'-ncrmenl ili: <:h iqiir rnnii. Ou y juni'.iil non irti-
lemiTnt Ici piooc» Ar llx-àlrn ri !«« nclruri , muii
niKii Ici labludUk de rexpotUioa dt l'Acddùmic
roynU.
GEO
(Claude), né à Paris vers 1659,
embra-sa Tordre de S. François,
d'où il se fit transférer dans celui des
Feuillants ; il y prit le nom de Jé-
rôme de Ste.- Marie , et n'a plus éto
connu , depuis , que sous celui de dora
Jérôme : il se distingua dans ce nou-
vel institut par sa régularité et par
son talent pour la chaire, et y oc-
cupa successivement toutes les digni-
tés, fut prieur, visiteur, assistant-gé>
néial, emplois qu'il remplit à la sa-
tisfaction des premiers supéiieurs.
Il eut aussi, à la cour et dans toutes les
chaires de la capitale, des succès com-
me prédicateur; ses sermons sont so-
lides, nourris de l'Ecriture-Sainte et
forts de raisonnement. Il n'y comt
point après les ornements, et pour-
tant ne néglige pas ceux du genre :
quelques-uns pensent que son ac-
tion sage , souvent pathétique et
pleine d'onction , contribua plus en-
core que le mérite de sa compo'-ifion ,
à la réputation qu'il se fit. Geoffrin ,
en 1717, se trouva impliqué uans
les disputes du jansénisme , et fut
exilé à Poitiers; on lui permit néan-
moins de revenir à Paris. Il y mou-
rut en 1721, âgé de quatre-vingt-
deux ans. Ses Sermons ont été pu-
bliés par r.ibbé Joly de Fleury, cha-
noine de Notre-Dame, Paris, 17^7,
5 vol. in- 19.. L — Y.
GFOFFRIN (Marie- Thérèse
RoDET , madame) , naquit à Paiis le
2 jiun I ()()(). Son père était valet-
dc-chambre de Madame la dauphine.
S^ mère joignait aux agréments de
l'espiit des talents très distingués.
Ils lui firent épouser à quinze ans
M. Grolïrin , qui portait le titre de
lieutenant-ct)lonel de la milice bour-
geoise de Paris, el y fut l'un des fon-
dateurs de la luauulact^ure dos glaces.
On a prét(Midu (jue c'était cet homme
bou et bimplc qui, Usant toujours le
GEO
nuVne vol umo, s'apercevait seulement,
(lo temps à nuire, (|uc l'aiiteiir se re-
j)ctaii un peu. Li tbitinie qu'il laissa
à sa icmme uVtiit j)as très consicld-
laljle ; mais el!e rau^miMifa bcuticuup
par sou esprit (Voidre et s»u écono-
mie, qu'elle appelait elle-même « une
» source cVnidepentbnec et de libera-
» litc. » Douce (le beaucoup de rai-
son et d'une grande justesse natu-
relle d'esprit, elle londa ses plaisirs,
son bonheur même, sur la bonté et la
bienfaisance. Iji considération pu-
blique devint le but et l'occupation
de toute sa vie : mais elle voulût une
considération tranquille; et il est per-
mis de croire qu'elle ne serait jamais
arrivée à une aussi grande célébrité', si
elle n'avait eu pour amis des gens de
lellres qui e'taient alors les dispensa-
teurs de la Innommée. Elle ne se Iwr-
liait pas , comme M"", de Tcuciu, à
leur donner à dîner, et à leur faire
quelques petits pre'senls fort utiles ;
elle les aidait, ainsi que les artistes de
Paris les plus conims , soit de sa
bourse , soit de son crédit , et ajou-
tait à une extrême gc'nerosite' le rae'-
rîte lie ne jamais blesser leur délica-
tesse. Elle rapprochait ces deux classes
d'hommes , des gens en place et des
grands, et leur faisait connaître aussi
les ambassadeurs et les étrangers, qui,
dans une capitale, sont toujours atti-
rés par une bonne maison, surtout si,
indépendamment des avantages d'une
conversalion instructive et amusante,
ils savent qu'une réunion d'hommes
célèbres doit y satisfaire leur curio-
sité. Les voyageurs , à cette époque ,
croyaient n'avoir vu Paris qu'impar-
faitement s'iU n'avaient pas connu
M"*''. GeortVin. Deux dîners par se-
maine étaient alternativement consa-
crés par elle aux gens de lettres et aux
artistes; mais elle avait, de plus, le
soir à souper, des réunions be4Wcoup
XV H..
GEO ïof)
moins nombreuses, et qui étaient sou-
vent reelierehées par des persomiesdu
grand monde. Ces réunions étaient
précédées par les visilc-> (jui se suc-
cédaient sans foule de[)uis quatre ou
cinq heures jusqu'à dix. On n'allait
pas seulement chez M""'.Geo(rrin pour
y voir la plus intéressante compagjne
en tout genre; on y allait aussi pour
jouir d'elle-même , de ses qualités ul-
lachantcs , enfin de l'aimable singu-
larité de son caractère , vif jusqu'à la
brusquerie, et cependant tempéré par
la sagesse de son esprit, par la scr.-
sibililé de son cœur. Il est certain
qu'elle avait un caractère à elle , un
caractère décide , mais sans traits
absolument marquants. Une de ses
maximes ordinaires , car elle avait
réduit sa raison en maximes , c'est
que tous les maux qui nous alfligent
ici-bas viennent d'un défaut de fer-
meté. Aussi n'en manqua-t-elle jamais
dans sa conduite , quoiqu'elle sût allier
à sa fermeté pevsoniïelle beaucoup
d'indulgence pour les autres, et une
grande tolérance en fait d'opinions.
Son esprit n'ayant été cultivé que par
le commerce du monde , elle conve-
nait avec franchise qu'elle était igno-
rante, et ne savait même pas l'ortho-
graphe; mais grâces à un tact qui lui
était propre, elle paraissait rarement
étrangère à ce qui occupait son cer-
cle de tous les jours. Jamais elle n'a-
vait étudié ni le dessin ni la musi-
que ; et cependant elle fut un excel-
lent juge, une protectrice éclairée des
sciences et des arts. Elle montra par-
ticulièrement son bon jugement dans
l'opinion qu'elle se forma, et qu'elle
émit , à l'époque de la publication de
y Esprit des lois. Très liée alors avec
Montesquieu, elle lui adressa les té-
moignaç!;es de son admiration pour ce
livre, n'ayant pas l'air desavoir qu'il eu
fùl^aulettr,L'JSoûtdcM"^Geol^iin,et
iio GEO GEO
surtout un sens très droit, lui sugge- à son araitie bienfaisante fort au-
raient toujours en parlant le tour et le delà du nécessaire ; peu des artistes
terme convenables. Si quelquefois elle les plus dislingues de l'ëpoque où
employait des images et des expies- elle vivait , dont elle n'ait commencé
sions familières, »rivialesmêfne,ellelfs la fortune en même temps que la rè-
lelevail par le grand sens qu'elle y • en- putalion. Elle avait aussi h pardonner,
fermait. Son vrai talent èlailceliiidera- puisque, sans compter les ingrats ,
conter, sans artetsansprctention,com- doul elle embrassait pir priucipes la
me si elle eût voulu sen'craent donner défense, elle a trouvé des ennemis, et
l'exemple aux autres. Elle avait adopté surtout parmi les personnes de sou
de bonne heure un costume simple, et sexe, puisqu'elle a eu connaissance
qui lui allait bien dans sa vitiilesse. il de plusieurs satires , et entre autres
fa'îail la voir dans son fauteuil, les d'une comédie imprimée en 5 actes, le
mains presque recouvertes de longues Bureau d'esprit ( ^. Kutlidge) , qui
m.Tiiches plates, diriger la conversât on était composée dans la seule vue de
sans en avoii- l'air, laisser liabiîuel- pcrsilllcr elle et sa société. Mais pour
lement les autres en faire les Irais, ne parler ici que des témoignages de ré-
el niellre, par un art délicat , chacun connai.-^sancc qui lui furent le plus sen-
dans son jour le plus avanîageux , au sibles, on sait qu'entre autres étrangers
moyen de simples (piesîions, ou de illustres elle avait accueilli d'une nia-
quelquesmots remplis d'intérêt, qu'el!e nière particulière le comte Stanislas
jetait pour ainsi dire. Faire tout le Ponifllow>-ki , après avoir aimé très
Lien possible, et respecter toutes les tendrcmentlc père, et soigné les quatre
convenances établies : voilà ses deux frères de ce jeune seigneur, destiné
grands principes. Le savoir- vivi-e à devenir le souverain de la Pologne,
était pour elle la suprême science j Elle lui avait même rendu à Paris,
et on aurait pu lui demander des où il se trouvait momentanément dans
leçons pour bien connaître les hom- une position difïicile, un service pé-
mes , comme aussi pour se con- cuniaire fort important. Il l'appelait
diùre toujours selon les règles de la sa mère; et à peine pirvenu au trône
prudence. Heureuse par sa raison, de Pologne, il lui écrivit: a Maman,
à l;;quelle on a souvent répété qu'elle » voire fils est roi. » Pressée par lui
avait donné la furuie et l'cclal du de se rendre à Varsovie , M""". Gcof-
Ijel-esprit, et soignant son bonlieur IViu cul le courage d'entreprendre ce
autant que sa santé, M""". Geoilrin grand voyage en i70(), à lage de
était occupée sans cesse à modérer soixante-huit ans, et fut accueillie par
les idées et les sentiments des per- son fils-roi avec toutes les recherches
sonnes avec qui elle vivait le plus in- de la grâce et de la magnificence. Eu
limement, en connue: (aiil par se passant par Virnne, cette dame, sim-
inodércr elle-même. Qiu'hpi'un a dit j)!e bourgeoise de Paris , avait reçu
que, pour conserver l'équihbre eu de l'impératriie - reine et de son fils
tout, eJle n'aimait rien passionné- .loseph 11 les témoignages de bonté
ment, pas même la vertu. Sa devise les plus fiatteurs , les plus honora-
ou maxime favorite était : « Donner bics : elle les vit encore à sou retour
» (t pardoimer. » (hianl au premier de Pologne , et fut coudde'e de fa-
j)oint, il (Si peu des gens de lettres vcurs pir la fimille inipériale toute
avec qui clic était liée, qui u'aicnl dû culicrc. On prclcud même que, soup-
C. E 0
fnnnant \\n \no\vl' i\c in.uiagc qui
scinhiait alors ne pouvoir elrc lorme
<|iii' [)oiirl(' builu'iir tic la France cl
])our (tIiiï do l'aiipiastc Maiic-An-
loinctlc, clic (lit loul bas un jour, an
cercle lie rimpc'ratriro : « Voilà une
» petite aiclndiiciicsse charmante;
» )C voudrais bien l'emporter avec
» moi. » — « Emj)orlcz, emportez, »
eut la honte de repondre, en sou-
riant, Marie- Thérèse, qui avait en-
tendu M""". Gcoffrin , ou bien s'était
fait repeter ce que colle-ci n*aurait ja-
mais ose articuler tout haut. Elle revint
à Paris au bout de cinq mois, tout aussi
simple qu'elle en était partie. Si celte
simplicité était chez elle un système,
il faut convenir que le système lui
réussissait bien. Elle reprit son train
de vie ordinaire, et eut l'honneur de
recevoir la visite de plusieurs souve-
rains voyaj^eurs. Bref, rien ne changea
pour elle jusqu'à l'époque où sa santé
vint s'altérer. Une maladie qu'elle
eut en 1776, donna lieu dans sa so
ciéîé à plusieurs querelles , et par
cette raison fit beaucoup de bruit à
Paris. La marquise de la Ferté-Im-
bault, qui ne partageait pas tous les
goûts , ni la tolérance de sa mère ,
qui s'affligeait surtout du vernis de
philosophie qu'on avait cherché à lui
donner, avait cru devoir fermer la
porte de la malade à D'Alembert,
Marraontcl , l'abbé Morcllct et au-
tres encyclopédistes. Ils s'en plai-
gnirent amèrement. Leur amie , ren-
due à la vie, ne gronda personne, elle
qui avait la réputation d'êlre gron-
deuse. Mais lorsqu'elle fut en élat de
recevoir du monde, elle confirma
l'exclusion donnée à ceux des an-
ciens habitués de sa maison qui effa-
rouchaient irop M"*'', de la Ferté-
Imbault. Tant qu'elle avait craint ,
tout en gardant les principes reli-
gieux de son enfance ^ de se brouiller
GEO iif
avec les philosophes du xvnr. siè-
cle , elle ne s'était livrée qu'avec sa
modération accoutumée à une dévo-
tion que Marmontcl aj^pclait clan-
desliue. Elle la montra plus à dé-
couvert sur la fin de ses jom.s.Fiap-
pée de paralysie pendant un an ,
elle conserva un grand calme physi-
que et moral, et mourut en octobre
1777 dans les meilleurs soritimcnls
religieux , n'ayant oublié aucun de
ses amis dans son testament, et lais-
sant à plusieurs d'entre eux des legs,
des rentes viagères même ; ce qui a
fait dire, avec plus de méchanceté que
de justice, que les gens de lettres
étaient payés pour la louer. Thomas,
l'abbé Morellet et D'Alembert fuient
ceux qui mirent le plus d'empresse-
ment à acquitter cette dette, qui était
pour eux la dette du cœur. Ecrivant
long-temps après eux, La Harpe , Mar-
montel et M. Suard , enfin l'abbé De-
lille (dans son poème de la Conver-
sation), ne nous ont pour ainsi dire
rien laissé à apprendre surM"^". Gcof-
frin. Mais s'ils n'avaient pas autant
détaillé tous les genres de mérite qui
lui étaient propres, et que nous eus-
sions à la juger ici sans autres don-
nées que les mots et les maximes
qu'on cite d'elle, que ses lettres et
quelques fragments de sa main , il
nous resterait encore une idée très
positive de son genre d'esprit. Les
qualités qui le distinguaient étaient
évidemment le naturel , la jusfes.sc
et la finesse, quelquefois aussi la
grâce. Dans le peu qu'on a imprime
de M"* . Geofîrin, l'on a fiit disparaî-
tre les fautes qui justifieraient ce que
dit Marmontcl dans ses Mémoires,
qu'elle écrivait en femme « mal cle-
» vée,etqui s'en vantait. » A la vé-
rité c'était un travers du temps par-
mi les personnes de son sexe, et
peut-ctre aussi parmi les hommes
iii -GEO
dans un certain ordre de la société.
Son style est concis , clair et sim-
ple ; il n'a aucun des défauts qu'on
reproche au style acade'miqiic. Les
mots rendent toujours sa pensée d'une
manière heureuse, et souvent origi-
nale : enfin, dans ses e'ciits comme
dans ce qu'on nous a rapporte' de ses
entretiens et de sa vie , on reconnaît
les avantages que donne le bon sens
joint à la saj^esse de caractère, quand
ils sont perteciionnés l'un et l'autre
par un grand usage du monde.
L_P^E.
GEOFFROI, premier du nom , fut
aussi le premier qui prit le titre de
duc de Bretagne j Conan P'. , son
père, n'ayant eu que celui de comte
de Rennes. Parvenu à la souverai-
neté' en 992, il débuta p<ir con-
traindre Judicaël Bcrenger à lui faire
hommage du comte de Nantes. Il
fut long-temps et injuslemf ni en guer-
re avec ce prince, dont il convoi-
tait les états. Ayant e'pousé Hedvvige ,
fille aînée de Richud l '., dit le t^/eZ,
duc de Normandie , GjGpffroi vint au
secours de Richard II, successeur de
ce prince, contre le comte de Char-
tres, leur beau frère , qui, à la mort
de sa femme , sœur de Richard , décé-
dée sans postérité , n'avait pas voulu
rendre la partie du comté de Dreux
assignée en dot à celle-ci. Richard
ayant aussi appelé à son secours
Olaiis, roi des lloriqucs , et fiicman,
roi des Snèvcs, ces barbares équi-
pèrent une fl«)tte , qui , au lieu de se
porter en Normandie, vint débarquer
les troupes qu'elle avait à bord, sur
les côtes de Bretagne, aux enviions de
Cancalej ils brûlèrent Dol, et en mas-
sacrèrent tous les habit.inls qui avaient
voidu s'opposer à leur débarquement:
reMonlanl ensuite sur leurs vais eaux,
ils firent voile vers li Normandie.
GeolIVoi , legaidanl ce malheureux
GEO
événement comme une punition du
ciel courroucé de la gueirc injuste
qu'il avait faite au comte de Nantes,
fit de grandes concessions au clergé,
afin de fléchir la colère de Dieu , et
résolut en outre de faire le voyage
de Rome. Au retour de ce pieux pè-
lerinage, en 1008, il fut lue d'un
coup de pierre , qui l'attcii^nit à la
tête; cette pierre avait été lancée par
une femme chez laque' le il avait logé,
et qui était furieuse d'avoir vu étran-
gler une de ses poules par un de ces
oiseaux de proie que, suivant i'usage
de ce temps, on portait à la suite
du due. Geofti'oi 1''. eut deux fils,
Alain III, dit le RebrUy qui lui
succéda , et Eudes , vicomte de Por-
hoët : ce dernier, qui régna après son
frère, eut sept fils, connus dans l'his-
toire par leurs aventures ixtraordi-
naires. Adelais, aussi fille de Geoffroi,
morte en 1067 , bit abbesse do St.-
George de Rennes. P — e.
GEOFFROI II, surnommé l- Beau,
comte d'Anjou, troisième fils d'Henri
Il , roi d'Angleterre , et d'Éléonore de
Guienne, épouse divorcée de Fjouis-le-
Jeunc, roi de France, naquit en 1 1 58,
et devint duc de Bretagne par son
mariage avec Constance, fille de Co-
nan IV , et héritière de ce duché. Quoi-
que îes accords fui.seni fûts dès l'an-
née 1 16G, époque à laquelle le prince
n'avait que huit ans, et la princesse
quatre ou cin(| , le mariage ne se con-
clut qu'en 1 182, à cause des diillcultés
élevées par le pape pour donner des
dispenses, h s conjoints étant parents
au troisième degré. Depuis l'accord de
ce mariage, (".oiian IV, qui avait été
contraint de le condure par la force,
ne fut plus que le lieutenant du roi
d'Angleterre, iiisqu'à sa mort , arrivée
en 1171. GeolVioi , possesseur de la
Bretagne, se di>tingua fort jeune dans
les guerres qu'il soutint eu faveur de
GEO GEO ii3
riullppc-Aii^iKslc, contre les ducs de comte d'Anjou rt du Maine, nnr|iiii à
13oiirg()i;nc et les comtes de Flandre An^^ers , le 7.3 août i ii 5. Foulques
et de ('Jiani()au;nr. Fntraîiic dans la son père, nn des pins pMis»«.uifs sci-
revolte conirc son propre père à fins- gneurs d<- l'ianiT , lui fi» épouser, en
tig lion de sa mère , de ses frères et i 127, Mathiide, fiîl<' di Henri I'., roi
du roi le France , il ravigr l'Aqni- d'Aii'^lelerrc, et voiivr sans ( tifinlsde
taine, pille le trésor de Si. -Martial de rcnipereuiHonri V.Othyrnrn lut celé-
Limoges , reÇ' it Sun frère H nri djiis bréau Mans, par des fêtes magnifiques
le chàlrau de cette ville , et tait lirer (pii durèrent trois semain-s. Bientôt
des (lèches sur le roi Henri 11 lui- Foulques, a[)p«' c au trône dejcriisa-
Hiêuie, qui se prc-icntait pour y en- Km, investit avant son dépajtOcof-
trer. Hevenu à Paris pour se con- IVoi des comtés d'Anjou et du Maine,
ccrteravec Philippe-Auguste, a\cc le- Le jeune prince fit ses premières ar-
quel il était inliiacineni lié, GeofFroiest mes contre p'usieuis vassaux rebelles
reiiverséelfoulcaux pieds de> chevaux qu'il réduisit à l'obéissance. Devenu
dans ur. tournois qiii avait élé doniié héritier duduché de Norm. ndie, par
en son honneur. Les suites de cet acci- la mort de Henri son beau -père, il
dent,jointesàune(lysenteriedunt il fut combattit huit ans pour recueillir cette
atteint, terminèrent ses jours en 1 186. ri' he succession, que lui disputaiMit le
La mémoire de ce prince, d'un ca- comte de Bois élu pirles Normands,
îaclère doux, quoique très vaillant, cl Louis le jeune, roi de France. De
a éié long-temps en vénération par- nnuveauxtroublessuivirentcetteguer-
mi le clergé <'t la noblesse de Bre- re. Dubellai , sénéchal d'Aquitaine ,
tagne. Il lit pendatjt son règne de avait ravagé l'Anjou; Geofnoi le pour-
grandes don liions aux églises; il leur suit àoulrance, et le fait prisonnier,
donna en une seul fois jusqu'à 40,000 Louis le ji'uji^e, réclame à main armée
marcs d'argent. Il c>t l'auteur de cette la délivran(k;-iu*captif : plusieurs pro-
loi célèbre, app«lée communément vinces sont dévastées. Enfin le comte
l'flj^/j^e du comte Geoffioi, par laquelle d'Anjou cède, et met Dubellai en
les (iis aînés d-'S barons et des che- libellé; mais il dédaigne de se faire
valiers recueillaient l'entière succès- absoudre des cen^iures que le pape
sion de leurs pères, au détriment Eugène HT avait l-<ncées contre lui.
de tous les autres enfants. Il eut En vain St.-Bernard l'exhorte case sou-
de son mariage avec Constance , un metlrerlefierGeoffroiproteslequ'elles
fils né posthume, nommé Arthus, que sont nulles. Cette discussion n'était
son oncle Jean-saus-Terre fit périr, et pas terminée, lorsqu'il mourut à Châ-
une fille née en 1 184, q"i fut accor- teau-du-Loir, en septembre i i5i j
déc au fils de Léopoid, duc d'Autri- il fut inhumé dans la cathédrale du
che . que le même Jean-sans-Terre re- Mans, où l'on voyait, avant 1 795, sou
tifit long-temps prisonnière, et qu'il portrait en émad, sur une table de
enferma ensuite dans le monastère de cuivre, avec ce distique :
Cerf, à Bristol, où elle mourut en Euse tuo. prlnceps, prœdonumturbafugatur;
^ / P__Tr Ecclesiisijue quies , pace vigcnle , datur.
GEOFFHOT LE BEL,nomméaussi Ce prince était brav(% généreux, ma-
Planlas:^tnet , parce qu'il portait or- gnonime, ri d'tme btd e stature ; mais
dinaireuienl un rameau çle cet arbuste les gucrn s féodales sans cesse renais-
à son casque , duc de Normandie , sautes q[u'il çut à soutenir pendant
XVH. 8
ii4 GEO
vingt ans , rendirent ses sujets mal-
heureux: « La famine fut si grande
en \ \L\6, que la somme de bled ( en-
viron 5oo /. ) valait ^o sols, ei l'a-
voine, alors Le manger ordinaire des
plus grands seigneurs , se vendait i6
sols. On mangea de la chair humai'
ne. » j^Dumoulin,//i\f<. de Normand.)
Le raarc d'argent valail alors 2 liv. 6 s.
8d. Geoffroi eut trois enfants, dont
l'aînc [ Henri II ) monta sur le trône
d'Anglefeno. L — u.
GEOFFROI MARTEL, fils de
Foulques Ncrra , couite d'Anjou et
d'Hildeg.irde , naquit le 14 octobre
JO06. C'était un prince guerrier, qui
se faisait des ennemis pour les com-
battre et les écraser , comme un m.ir-
teau qui frappe de grands coups : de-
là le surnom de Martel, surnom ca-
ractéristique de sa valeur. U n'avait
qu'environ 'i'2 ans quand il déclara la
guerre à Guillaume V , duc d'Aqui-
taine, le défit deux fois en bataille
rangée , et s'empara de l'objet de la
dispule, c'est a- dire de la Saintonge,
qu'il prétendait lui appartenir du cote
de sa mère. Par le conseil d« celle-ci,
il demanda et obtint en mariage Agnès
de bourgogne , veuve de Guillaume ;
car ce .%€igueur était mort de chagrin,
après ôtie reste trois ans prisonnier
de Geoffroi. Agnès lui poita en dot
le comté de Poitou et d'autres biens
considérables. Il était j)rcsquetoujours
en guerre avec ses voisins, et le plus
souvent avait sur eux l'avaulage. Ce
fut les armes à la main,(|u'il dépos-
séda du comté de Vendôme Foulques
dit \^ Oisvn , aow neveu, mais d'accord
avec Adèle, mère de crlui-ci, qui avait
à s'en plaindre. Après avoir joui plu-
sieurs .muées de rc comté , d le reiulil
à Foidqiies , ««ous le bon plaisir du
roi Henri 1'"'., dont il rr(,ul , dans le
cours de sa vie, de grandes marqiuvs
de cunfiauce et de faveur. Agnès de
GEO
Bourgogne était , comme son mari,
d'iuie humeurturbulenteel ambitieuse.
Pendant un de ses séjonis à Ven-
dôme, Geoffroi y fonda l'abbaye de
la ïrinité, en îo3'2. Michel Paphia-
gonien , empereur d'Orient , ayant
envoyé demander au roi de F'rance
des secours contre les Sarrasins qui
faisaient de grands ravages dans ses
états, et surtout en Sicile, Geoffroy
s'y transporta et les défit près de Mes-
sine. A la suite de cette victoire,
invité par l'empereur à venir le voir,
il se rendit à Constantinople, où il re-
çut, comme un témoignage de la re-
connaissance de Michel, la Sainte
Larme : il fit présent à l'abbaye de
Vendôme de cette relique , qui y a
long-temps excité une jurande dévo-
tion y^ et donné lieu , en \ -joo , à une
discussion assez vive entre le père
Mabillon et le curé de Vibraie. ( f^oj^.
Thiers.) Indépendamment du comté
d'Anjou, Geotiroi Martel devint, par
la mort de son père Foulques Nerra,
maître de tous les domaines de celui-
ci ; il s'empara du comté de Blois et de
la Touraine, on il fonda la petite ville
de Clialeau-Regnault , etc. H laissa à
ses successeurs une partie de ses con-
quêtes. Las de guerroyer et de mener
une vie agitée, il prit l'habit religieiix
à S.'unt-lNicolas d'Angers , monastère
bâti par Foulques Nerra, y vécut deux
ans dans la re!raitc,ct mourut en 1 061,
sans laisser de postérité. L — p — K.
GEOFFROI DE MONMOUTH.
For. Gai.frid.
(.F:oFFKOI D'AUXERRE,nédans
ente ville au xiT. siècle, fut disciple
d'Abailard, rahamloiuia p(uir se mettre
sous la dnection de Sl.-Bernanl , el
devint le secrétaire de cet illustre fon-
dateur. Elu abbé d'igny dans le dio-
cèse de Reims , il fut rappelé en 1 161
à Clairvaux pour prendre le gouvcr-
ucment de cette maison, la quitta aa
GEO
Loul i\c dix ans, ft pass.i en \n^h-
tcrre, où il sut se concilier si bien les
bonnes gr.ices de lU-nri II, qnc ce
prince écrivit au cli.ipiire «j^encral de
l'ordre et au pape , pour obtenir la
permission de le retenir à sa cour.
iyAn[;l( terre il se rendit en Italie, fut
fait iibbe de Fossa-Nova t?n i i^S, et
se retira ensuite à l'abbaye de Hautc-
roinbe en S t voie, où d mourut après
i'an I iSo. Oudin recule sa mort jus-
qu'en I2i5 ; mais b s raisons dont il
;>ppnie sou ojMtuon ne paraissciil pas
liii-n fondées. Ou a reproche à Gcof-
froi son ingratitude enveri Abailard,
son premier maître, contre lequel il
écrivit dans le temps même où celui-
ci était persécute j et l'on avoue qu'il
est difficde de le justifier à cet
«gard. On a plusieurs ouvrages sous
le nom de Gcoffroi d'Auxorrc ou de
Clairvaux; ce sont : I, Fitœ Sancti
Bernardi lihrl très ; de ejus mira-
culiSy et sermo in die memoriœ il-
lius sacro; dans l'édition des œuvres
de Siint-Bernard, donnée par Ma-
biilon (i). IL Epistola de morte
Sancti Bernardi; elle a été' insérée
dans le tome v des Miscellanea de
Baluze. IIJ. Fita Sancti Pétri ar-
chiepiscopi Tarenlasian&nsis ; dans
les Vies des Saints par Surius, et
dans les Jcia sanctorum des Bollaii-
distes , au 8 mai : cette vie a élé
traduite en français et en flamand.
JV. Epistola de transsuhstantiatione
aquœ mixtœ vino in sanguine Chrisli;
dans l'Hist. de Baronius, sous l'an-
née 1 188. Y. De gestis in concilio
Bcmensi, anno 1 1 4'^; (\'\v\s l'Hist. ec-
clésiast. de Baronius. Yl. Sermones
in festum S. Joanuis Baptislœ et
infestum S. Martini ; dans la Bibl.
(^^ La vie entière de St. Bernard est composée
de cinq livres, dont les trois derniers seulement
seul de Geoffroi. Les deux premiers sont de Gnil-«
J,.unie. abbé de i>t.-Xliierry, cl d'Àrnould , abbé
éc Bounevanx.
GEO ii5
concionatoria ^n P. Cond)efjs. VU.
Liber contra P . Abail irdum ; Com-
menlar. in Canlicutn canticoniin ;
Sermones in y/pocal) p^iin : manus-
ciils. Bertrand Tis.^ur, prieur de iion-
nefontaine, préparait auxvii'. sièric
une ("dition comj) ète des œuvres de
GeofTroi, dans laquelle il se |>roposait
d'insérer les pièces inédites qu'on
vient de citer, et d'autres eixoic. D.
de Visele, en travaillant après Tissicr
à mettre en ordre les pièces qui por-
tent le nom de GeoflVoi , reconnut
qu'elles ne pouvaient pas être de la
même main , et renoup à l'exécution
de son projet, par l'impossibilité oii
il se trouva de distinguer celles qui
appartenaient à Geoffroi de celles qui
sont d'autres écrivains du même nom
et du racine siècle. W — s.
GEOFFROI ou GODEFROÏ, cin-
quième abbé de la ïriuilé de Ycu-
dome , était né à Angers, d'une fa-
mille noble , et y fut élevé par l'ar-
chidiacre Garnier. Ses parents le des-
tinaient à de hauts emplois civils;
mais il préféra d'entrer dans le mo-
nastère qui avait été fondé à Ven-
dôme par Geoffroi Martel , comte
d'Anjou. Ses progrès dans la piété,
les lettres et la science ecclésiastique,
furent tels que , n'étant encore que
novice et diacre, il fut jugé digne,
en 1092, de remplir le sié'^e abba-
tial. Il reçut la bénédiction du célèbre
Yves de Chartres. Par sun serment
d'obéissance à cet évêque , il avait
renoncé au droit que prétendait avoir
l'abbaye de ne relever que du pape;
mais il céda aux reproches et aux ins-
tances de ses religieux , qui l'enga-
geaient à entreprendre le voyage de
Rome , pour y faire anuuller ce ser-
ment. Urbain II lui conféra l'ordre
de la prêtrise, ainsi que la dignité de
cardinal , dont le titre était déjà atta-
ché à l'abbaye de Vendôme. II en
a.
i.i6 GE9
obtint, (le plus, une bulle qui con-
firmait tous les privilèges dont celte
abbaye avait joui précédemment. Geof-
froi eut occasion de témoigner sa re-
connaissance au souverain pontife, eu
lui fournissant des sommes d'ari^ent
considérables , des chevaux et des
équipages pour atrêlerles cnlicprises
deranti-papeGuibert, quise faisait ap-
peler Clément 111. Ce fut même Tabbé
de Vendôme qui aida Urbain TI, en
logS, à rentrer dans le palais de La-
tran. Il revint Tannée suivante à Ven-
dôme, où il reçut, en 1096, la visite
du même pape. Employé à plusieurs
affaires importantes de rÉglisc et de
l'État, il assista à divers conciles, et
fut choisi par Louis-le-Gros pour ac-
commoder un diff'ércnd qu'avait ce
monarque avec le comte d'Anjou. Ex-
trêmement zélé pour les intéiêts du
Saiat - Siège, Geoff'roi passa douze
fois les Alpes, fut trois fuis prison-
nier des ennemis du pape , et courut
souvent le risque de la vie. II eut per-
sonnellement à soutenir un procès
contre des évêques , des abbés et des
seigneurs , relativement aux droits de
son monastère, droits qu'il conscrra,
et qu'il parvint même a augmenter.
Par sa douceur et sa prudence , il
triompha des intrigues d'un de ses
religieux, apostat, qui l'avait brouillé
avec le comte de Vendôme , GeoflTroi
de Prcuilly. En différentes occasions,
il exigea la réparation d'outrages ou
d'.itleintcs portées à ses privilèges ;
cl cela d'une manière qui prouve bien
quel était alors l'ascendant des gens
d'église sur les plus grands seigneurs,
quoique ceux-ci eussent 1 1 puissance
des armes, et plusieurs d'entre eux
une disposition à peu près perma-
nente à en abuNCr. l>c train de
l'abbé de Vendôme était , dil-oti , si
considérable, (pi'uu cvê([ue du Mans
le pi i« de 11c point passer chez lui ,
GEO
attendu qu'il ne se trouvait pas eu
état de recevoir un si riche abbé. Du
reste , soignant le spirituel et le tem-
porel avec un zèle égal , il entretenait
la régularité et la ferveur de ses re-
ligieux , et fiisait admirer les quali-
tés de l'amc réunies en lui à celles
de l'esprit.- Indépendamment de la
considération qu'avaient pour lui les
papes , il fut regardé comme une
des lumières de son siècle. Geoffroi
mourut dans son abbaye , en avril
I i3o. Il a composé divers ouvrages,
dont une partie a été publiée par le
père Sirmond, en 1610. Ils consis-
tent, i"". en cinq livres de lettres,
dont plusieurs sont adressées à des
papes et à des légats , à des évêques,
abbés , moines , et à différents parti-
culicis. Une des plus fameuses est
celle qu'il écrivit à Kobert d'Aibrissel
( f^oy. Arbris^el), fondateur de l'ab-
baye de Fontevrault. Elle est la 47^
du IV™''. livre. C'est l'épanchement
d'un ami , qui avertit charitablement
son ami que des bruits de'^savauta-
geux, scandaleux même, courent sur
son compte, afin que celui-ci se cor-
rige, si ce qu'on dit de lui est vrai.
Geoffroi a l'air de ne pas croire au
fait singulier rapporté dans cette let-
tre, fje père Sirmond se repentit de
l'avoir imprimée, d'.iutaul plus qu'elle
était démentie par plusieurs auteurs,
c'est-à-dire , attribuée à d'autres que
l'abbé Geoffroi; nuis la lettre exis-
tait dans les manuscrits des abbayes
de 11 Couture du Mans, et de la Tri-
nité de Vendôme. Diux moines de
Foutevrault , envoyés pour renlevei*
d.ins cette dernière ville, le tenlèient
sans succès , n'ayant pu soustraite
qu'un bvu\ feuillet du livre , qui est
déposé aujourd'hui à la bibliutliè<{uu
de Vendôme. — ?.". A la suite des let-
Ins (l( G.olfroi se trouvent plusieuri
Of>uscule:ff où il a traité avec asscx
GEO
êl'ordrc cl tic InmiiTo divers points
(le (liMlrinc et tic discipline ecclcsi.is-
ti(pus. — 5". Des /fj innés en prose, et
onze Sermons. 11 .n'ait cncuir com-
i><)se dcscoinrnciit.iiies sur les Epîlres
(le St.-P.inl. Kiifin , l'on voyait à l'/ib-
b.iye de iJt.-Gcrm.iin-dc^s-Pres de Pa-
ris un gros manuscrit , qui contenait
un connncnlaire du même auteur sur
les cinquante premiers psamncs de
0.1 vid. 1. — P — T.,
GEOFFnOY ( Etienne- Fran-
çois ), célèbre médecin , naquit à Pa-
ris, le I 5 février 1672 , de Mathieu-
François GcolTroy, habile et riche
apothicaire. « Si nous disions que Fe-
ducation d'un jeune homme a été telle,
que, quand il Fut en physique, il se
tenait chez sou père des conférences
réglées , où Gissini apportait ses pla-
nisphères , Truchet ges machines ,
Joblot ses pierres d'aimant , où Du-
Terney faisait ses disse étions, et Hom-
berg des opérations de chimie, où se
rendaient plusieurs autres savants fa-
meux , et des jeunes gens qui por-
taient de beaux noms; qu'enfin ces
conférences parurent si bien enten-
dîtes et si utiles, qu'elles furent le mo-
dèle et l'époque de l'établissement des
expériences de physique dans les col-
lèges , sans doute on croirait qu'il
s'agissait de l'éducation d'un fds de
ministre, destiné aux plus brillants
nnpiois, aux plus émincntcs dignités.
Gependant tout cela fut fiiit pour le
jeune Geoffroy , que son père ne des-
tinait qu'à lui succéder dans sa pro-
fession ; mais il savait combien de
connaissances demande la pharmacie
embrassée dacs toute son étendue. »
Le disciple ju>.tifia , ou plutôt surpassa
l'attente de ses maîtres. Il cultiva sur-
tout avec une sorte de prédilection la
botanique et la chimie. Dans ses heures
de récréation , il tournait , il travail-
J.:il des verres de lunettes j il exécutait
GEO iisy
des machines en pelii. Son père voulut
(pi'il allât en i ()()7. , à Montpellier,
pour y apprendre la pharmacie, chez
un apothicaire instruit, l<(piel, en re-
tour, envoya son (ils à Paris chcK
GeolTroy. Le séjour d'une cité fameuse
à plus d'un lilie , fut extrêmement
utile au jeune Pai isien ; il suivit avec
ardeur les plus célèbres professeurs
de l'université. Avant de revenir dans
la capitale, il voyagea dans Us belles
provinces du midi de la France, et
visita les ports de l'Océan. De retour
à Paris, en 1G94, il fit son ch(f-
d'œuvrc en pharmacie : la gravure
ingénieuse, placée à la tête du pro-
gramme , inspira an savant Charles
Rullin de beaux vers latins , que l'abbé
iJosqni'Ion tradui<^it , ou pour mieux
dire, imita en vers français. Le comte
de Tallard ayant été nommé, en 1698,
à l'ambassade extraordinaire d'An-
gleterre , choisit Geoffroy pour son
médecin , et ne crut point que cette
confiance, accordée au mérite dépour-
vu de titre, fût trop hardie. Les prin-
cipnix membres de la société royale
de Londres , chirmés des connais-
sances variées et profondes du jeune
Français , l'admirent dans leur sein;
et l'année suivante , l'académie des
sciences de Paris lui accorda le même
honneur. En 1700, il accomp-gna
l'abbé de Louvois en Itaiie , comme
son médecin et son ami. Revenu à
Paris , Gcoffi oy obtint de son père la
liberté de suivre la carrière médicale.
Entréen licence au moisdemars 1702,
il soutint des thèses, fort curieuses et
parfiitement écrites, pour son bacca-
lauréat et sou doctorat. Dans l'une ,
il examine si toutes les maladies pro-
viennent de la même cause , et peu-
vent être guéries par le même re-
mède. Dans une seconde , présidée
par Fagon , en 1704, le candidat
conclut que le médecin pliilosoplio
iï8 GEO
doit être Jnëcanicien-chiraisle. Une
troisième est de la plus piquante ori-
ginalitc : An à vermibus huminum
ortus , interitus ? Elle servit en quel-
que sorte de ranevas à la di>scrtation
inauj^urale que le jeune docteur pré-
sida la niê:jie année, et fit soutenir
à Claude Ducerf : y4n hominis pri-
mordia vermis ? Ce singulier suj(t
excita vivement la curiosité des da-
ines ; elles voulurent lire In thèse, et
Nicolas Andry la traduisit en français,
sous ce titre : Si l'homme a com-
mencé par être ver ? Persuadé que
l'exercice de la médecine doit être pré-
cédé par de lonj^ues et sérieuses mé-
ditations , GcolTroy continua d'étu-
dier avec une ardeur infatigable, pen-
dant dix années ; ce fut alors seule-
ment qu'il consentit à pratiquer un
art dans lequel une erreur peut de-
venir un homicide. Désigné en lyc^y
pour su|)plécr Fagon , celui-ci jugea
qu'im pareil suppléant méritait un
plus noble titre; et , par le> démarches
généreuses de son Mécène, la chaire
de chimie au Jardin des Plantes fut
confiée à Geoffroy : en 1709, il ob-
tint celle de médecine et de pharma-
cie au collège de France, et se montra
digne deson illustre prédécesseurTour-
neforf. « La faculté de médecine, dit
Fontenelle, crut , en l'jiiJ, se trou-
ver dans des circonstances où il lui
fallait un doyen qui, possédant toutes
les qualités nécessaires, ne fît cepen-
dant aucun ombrage à sa liberté, et
qui aimât mieux sa compagnie que sa
place. «Geoffroy fut élu : mais, comme
tous les mend)rrs d'une répub'i(pic
ne sont pas également réj)iib!irains ,
quelques-uns attaquèrent son élection ;
et hii-meiiie aurait été volontiers de
ieur parti. Il lut confirmé par le ju-
gement d( Il cour, et conliiiué le.s
deux a nu ( s snivanU s, par les suffra-
ges du C( ux même qui auparavant lui
GEO
avaient e'te' contraires. La faculté lui
donna plusieurs autres témoignages
de la plus honorable confiance. Ja-
loux de remplir glorieusement ses
nombreuses et pénibles fonctions ,
Geoffroy tomba , pour ainsi dire, ac-
cablé de fatigues, et mourut le 5 jan-
vier i-^Di. Sa bibliothèque, riche et
pai faitement choisie , fut vendue la
même année, d'npjcs le catalogue ré-
digé par Gabriel ÎSÎarlin. Geoffroy
avait entrepris de dicter à ses audi-
, tcurs du Collège- Royal toute l'histoire
de la matière médicale. Le règne mi-
néral .1 été terminé ; et, pour le règne
végétal, il était arrivé, en suivant
l'orvlre alphabétique , jusqu'à la m,e'-
lisse. Tout ce qu'd a dicté , a été re-
cueilli, revu et publié par Etienne
Chardon de Courcelles, sous ce titrer
Tractatus de materid medicd , sive
de medicamcnlorum simpliciumhis-
torid , vij-tute , deleclu et usu _, Pa-
ris , 1741» ^ vol. iu-B'^. Le tome
premier comprend les fossiles; le se-
cond, les végétaux exotiques; le troi-
sième , les végétaux iudiiicnes. L'é-
diteur a joint au premier volume une
partie des thèses, et quelques autres
ojiuscules de Geoffroy, ainsi que sou
éloge, par Fontenelle. Cette pharma-
cologie a été traduite en français par
M*** ( Antoine Btrgier), Paris, 1741-
1745, 7 vol. in- 12. Ce traducteur,
aidé du savant Bernai d Jussieu, com-
pléta l'histoire des végétaux , depuis
ïiiméliase jusqu'au ar> m,Paris, 1 750,
5 vol. in-r.^. La partie zoologiquc fut
traitée par les docteurs Arnaull de
Nchleville et &d(rne , Paris, 175G-
17;'» 7, 6 vol. in-i:i. Jean Goulin pu-
blii, en 1770, une lable généra!©
alph.ibéliqiu' de tout l'ouvrage, en uti
gros Volume iii-i -A (leGoo pages. Gar-
saiill dessina (i'a| rcs nature, et mit
au jour, vu 17G4, les fleures des
plantes d'usure cii màiccinc , de-
CEO GEO ii<)
ciitc.<! ilans la matière médicale de qu elles sont accompagnées du rc-
Ccof'froj\ frai'ées par de Fehrt , jroidissement des liqueurs dans les-
Prcvôl ^ Ihtjlns , Martinet; Puis, quelles elles se passent, i-yoo. IV.
i'-()4 , 4 ^'^'* •'i-H'« ( f^oj. Gar- Examen des eaux de P'ichy et de
SAi;i/r. ) Les rliaiiî;;('r.s se sont cm- Bourbon l'Archamhault, i^O'i. V.
|)lTS^(''s (rcniicliir leur lifleV.ifmc de Détail de la manière dont se fait
celle produclioii iinpoilaiite. L'uiigi- Valun de roche en Italie et en Ân-
n.'il laliii a clc leimpiiiiie plusieurs çj.eterre , i 70*2. J.icquin a consacre à
fois eu Italie; «l la conlinuation a etc la mémoire de cet illustre pliarmaco-
Iraduite dans la même langue, 5 vol. légiste , sous le nom A^Cxeoffi-œa ^\\\\
111-4"', Venise, 1771 , '79i' I>a ver- genre de plantes légumineuses, com-
>ion allemande , avec tme préface de posé d'im petit nombre d'espèces ,
Chrétien -Théophile Ludwig , parut toutes exotiques , dont Tune, origi-
à Lcip/Jg, I ^Go- I 765 , 8 vol. in-8". nairc de Surinam, produit une ccorce
La traduction anglaise, par G. Don- qui passe pour un précieux vermifuge,
glas , r.ondrcs, 1 736, in-8' , est loin G.
d'être complète : l'imitation ousupple- GEOFFROY (Claude- Josipii ),
inentanonynie, puhliéen 1751 , sous f»ère puînë du procèdent , naquit à
k litre A new treatise , etc., est une Paris , le 8 août i685. Son père le
rapsodie. L'accueil universel fait à la destinait à la médecine, et desirait que
Matière médicale de Geoffroy, re- l'aîné prît la pharmacie: il arriva pré-
pose-til sur le mcjitc réel de l'on- cisémenl le coniraire. Claude- Joseph
vragc ? Oui , sans doute; et l'espèce montra ime prédilection marquée pour
de dédain auquel on semble ia con- les études pharmaceuiiques. Il suivit
damner aujourd'hui , témoigne bien avec ardeur les leçons de Tournefort,
plutôt un amour irréfléchi de la non- dont il se concilia Testime et l'araitié.
veauté que les progrès du bon goût. Jaloux d'augmenter encore ses con-
Lcs recherches nombreuses, l'érudi- naissances, déjà très étendues, et d'ob-
tion choisie , les observations impor- server la nature dans un climat oùelle
tantes rassemblées , et pour ainsi dire répan) avec une sorte de libéralité ses
accumulées dans ce livre , lui assigne- plus brillantes productions, il par-
ront éternellement une jilace distin- courut en philosophe les provinces
guée parmi les meilleures pharmaco- méridionales de la France, pendant
logics. r.e savant et laborieux auteur les années 1704 et 1705. Au retour
a enrichi les Mémoires de l'académie de ce voyage, dont il rapporta une
des sciences de divers articles, dont foule de productions curieuses, i'aca-
il suffira de mentionner les priuci- demie des sciences l'admit dans soa
paux : L Table des difjérejits rap- sein , bien qu'il eût à peine atteint sa
ports observés en chimie entre diffé- vingt-deuxième année. Il consacra tous
Tentes substances , et Eclaircisse- ses travaux à celte illustre société ,
ments sur cette table , i 7 1 8 et i 7'2o. dont il a été Tun des plus zélés colla-
]|. Observations sur le vitriol et sur borateurs. Les mémoires qu'il a four-
le fer, 1715. On retrouve ces trois nissontau nombre de 64, parmi les-
opuscules en tête du premier volume quels on distingue les suiv-mts: L Ob-
de la Matière médicale. III. Sur les servations sur le nostoch , qui prou-
dissolutions et sur les fermentations vent que c'est véritablement une plan-
que l'on peut appeler froides , parce te , 1708. 11. 6ur la végétation des
120 GEO
truffes, 171 1. II f. Sur la structure
et i,urru>ai^e des principales parties
des fleurs , \'^\ \. i\ . :ur les Jlt'urs
du blé de Turquie, ou maïs, 1712.
Gs quafi'c incinoiies jrcst nient des
réflexions très ingénieusiS, et nicrne
de véiil;j}>les découvertes sur la struc-
ture et les fonctions des org.iDcs de
la frurtificatiou. ï/auleur prouve qu'un
végétai ne peut ê i e conipiet , s'il c>t
prisé d'anliièrej; ; U résection de ces
parties sexuelles mâles et fécondantes
détcj mine toujours l'avortemenf . L'Iia-
biie expérimenlHteur a constaté ces
faits, aiota lu ut"; , sur le uidis, et mê-
me sur diverses cr^ptog.'imesj il a dé-
montré le premier que le nostoch ne
se reproduit qu'au moyen des semen-
ces. V. Observations sur les huiles
essentielles , avec quelques conjec-
tures sur la cause des couleurs des
feuillesetdesjleursdesplanti.s, 1 707.
VI. Surljs huiles essentielles, et sur
dijjérettes ma'ùeres de les extraire
et de les rectifier, l'jii^ 1728. Vil.
Différents moyens d'enflammer ^ non
seulement les huiles essentielles ,
rfiais mémei s baumes naturels, par
les esprits aci'es , 1 7 v) 6. V 11 I . Sur le
mélange dt quelques huiles essen-
tielles avec L'espril-de-vin , I7'2 7.
IX. il/oj eus de congeler Vespri de
vin , et de donner aux huiles frw^ses
quelques-uns des caractères des hui-
les essentielles , I 74 > . Geoirro_y s'est
occupé Ion,; temps , et .ivcc une sorte
de comp'.iisance, des huiles essentiel-
les ou volatiles, au\(|iielles il al!ril>nc
peut-être une influenr c trop « xclusivc
C41 général, et s;)é(ia.enienl puur la
coloiation des diverses parties du \c-
j:;e''al.X. Observations uirln gnmnie-
lucque, et sur les autres matières
animales qui fournissent la teinture
pourpre, \'}\i\. XI. Méthode pour
connaître et déterminer ,iu juste la
qualité des liqueurs spiritueuses qui
GEO
portent le nom £^'eau-de«vic et ^^espri (-
dt-vii) , 1 7 1 8. XII. Nouvelles expé-
riences sur quelques espèces de ver-
nis dont on fait des bouteilles, «724.
Xl 1 1. Examen chimique des viandes
qu'un emploie ordinairement dans
les bouillons^ par lequel on peut con-
naître la quantité cC extra t quelles
fournissent, et déterminer ce que
chaque bouillon doit contenir de
siic noir rissnnt ; on y a joint l'ana-
1} se chimique du pain , l 'l'bo, 1 752.
XIV. Description du petit nain nom-
mé Kicolas Feriy , i74^' Tout le
monde a entendu parler de ce petit
personnage, plus connu sous le nom
d. B'^hé.Oii voit dans les cabinets de
la Faculté de raédeeine de Paris, sa
slaïue en cin- , parfaitement resscm-
bianfe, rt velue des mêmes habits que
portait Bebc à la cour du roi Stanislas,
qui l'aimait I)caucoup. Geoffroy mou-
ru» le 9 mars i"]^'!, laissant un beau
cabinet de cuiiosilés, dont le catalogue
a été publié par Guérin, Paris, 1750:
celui de sa bibliothèque parut l'année
suivante. C.
GEOFFROY .Étienne-Louis), fils
d'Éiienn(-Fran|(Ois , naquit à Paris en
i7'.>/). l! montra, comme son père,
une sorte de passion pour les diverses
brandns d« l'ait de guérir, et no-
tamment pour l'histone naturelle. En
1748, il soutint avec distinction plu-
s'cursthèses poui obtenir le doctorat.
L'une est destinée à prouver que la
saignée convient moins aux personnes
grass(S (jii'aux maigres ; l'antre, à dé-
montrer que les incisions profondes
préparent el favorisent la suppuration
nécessaire aux gr iiules et fortes con-
tusions. Le goiit de Geoffroy pour
la zoologie ne nuisit point à l'exercice
d( sa proli'ssion; il fui, pendant près
de (piaraiitc aniu'CS, un dvs médecins
les plus reiioinniés de la capitale. Les
orales rcvoluliouuaircs viliicut liou-
GEO
Llrr la Innqiiillitd do ce TdncraLlc
pliiLuitropc: il .s'eloi^tia avec lioinnr
d'uiir \ille qui chaque jour olFr.til le
Jiidtiix .s|)((i<i(le dis crimes les plus
revoit. ii)!>. lU'hrc dniis i,i pt lile cuiii-
iniinc deChailreiive, pies Sois.sons, il
consacrait ses vrilles au ti avail du ca-
binet, au soula^cincDt des inalhcu-
reux,ct aux fonctions de maiie, qui
lui avaient c»e décernées. Deux antres
distinctions bien llaltenses étaient re-
scrvces à sa vieillesse : il fut nomme
membre du jury médical du uepaitc-
racnt de l'Aisne, et corrcspondiiit de
r, Eo I9.Ï
coquilles , tant fluviatiln: que UT'
resti\;s , (jui se trouvent aur environs
de Paris, Paris, l'^t)'], in-ict. Giof-
frov avait l'intenlion de publier sur
les v<'rs une mcno^r.tpliie comj)lètc,
dont cet opuscule Ji'e-)t qu'un frag-
ment , loit estime Mes coiu h\li(»lo-
gisles. 1 il. Disse! talions surTv^ane
de l'ouïe de l'homme , des reptiles et
des poiss.nSj Amsterdam et l^aris ,
i-j-jH, iu 8 . ; trad. en allemand,
avec des remarques , I^ci] zig , « 780 ,
in -8**. , iig. Ces rceiu robes intéres-
santes, qui coMlieimeiit plusieurs dé-
rinstilut de France. Doyen d'âge «t couvertes, sulïïraient pour démontrer
de réception de l'auciciine faculté de que l'anatomie des brutes répand une
médecine de Paris, il termina sa car
nère au mois d'aoû' 1810, laissant
des souvenirs honorables, et des ou-
vrages importants. T. Histoire abré-
gée des insectes qui se trouvent aux
vive lumière sur celle de l'homme.
C'est principalement dans la descrip-
tion de l'organe auditif des poissons
que brille le talent de Geoffroy, dont
les travaux, anléri(urs à ccnx de
environs de Paris, dans laquelle Camper et de Vicq-d'Azr, sontcepen-
ces animaux sont rangés suivant un à .nt plus complets. 1 V . ffyp,ieine, sive
ordre méthodique, Vdi\&, i']()'if ^ arssanifatemconservandi^ Poéma ,
vol. 111-4"., fig- I^a contrefaçon de Paris, 1771, in 8'.; trad. en prose
1764, a des figures beaucoup moins frai:çaise par le docteur Delaunay ,
belles. L'édition de 1799 est enri- "Paris, 1774^1" b^. (> poème réunit
chic d'un supplément et de figures le double mérite de l'élégance et de
coloriées. L'auteur a fondé, comme l'exactitude. L'uuteur chante en beaux
Linné, sa classification générale sur vers l'art utile et négligé de conserver
l'absence ou la présence, le nombre, la santé. C'est la première bonne hy-
la forme et la texture des ailes. Il a giène qu'on ait publié.- en France. Le
cru devoir réunir les névroptcres et traducteur s'est montré dic;ne de son
les hyménoptères sous la dénomina- mode\e.\. Manuel de médecine ffra-
tion de télr aptères à ailes nues. La tique, à V usage des chirurgiens et
distribution des ordres , d'après la des personnes charitables qui s^a-
quantitédes articles des tarses, est sans donnent au service des malades
contredit une modification très utile au
système de l'immorlcl naturaliste sué-
dois, qui cite fréquemment le médecin
de Paris. On regrette, en lisant cet
ouvrage précieux à beaucoup d'é-
gards , de n'y point renconticr les
noms spécifiques. Le professeur Four-
croy a parfaitement rempli celte la-
dans les campagnes , Paris , an ix ,
1 vol.in-8**. Fruit infortuné de la dé-
crépitude , ce manuel de médecine
populaire ne méritait pas de voir le
grand jour, et surtout de porter au
frontispice un nom justement célèbre.
G.
GEOFFROY (Jean Baptiste) , né
cune dans son excellente Entomologie à Charolles en 1 706, se fit jésuite , et
parisienne. II. Irailé sommaire des succéda aux TF. Porée et de la Sanlc
122
GEO
dans la chaire de rhétorique au col-
lège de Loiiis-!e-Giaiid, qu'il remplit
pendant plusieurs anne'es avec dis-
tinction, il survécut à la société dont
il était raeiubre, et se relira dans sa
patrie, où il est mort en 1782. On a
de lui : I. Plusieurs harangues latines ,
Gallis ob re^etn ex morbo restitu-
tum, 17445 Deamorepntrîœ^ «744?
Liidovico Belgico , i'jl^S; De pace,
1749; Quo loco inler cives vir liile-
ralus habendus sit , 1706 (Il décide
ainsi la question : s'il est honnête
Iiorame, parmi les meilleurs; s'il est
corrompu, p;irmi les plus dangereux);
Jn aiigustissimas Delph'mi Jiuptias ,
Au^^uslis parentibus Delphino et
Delphinœ, l'jji; In reslitutam Del-
phino valetudinem , l'j^'i. II. Fers
français sur la convalescence du
Dauphin, l'jSi. III. Exercices en
forme de plaidoyers prononcés par
les rhétoricicns du collège de Louis-
le- Grand, 1766, in- 12, réim[)rimés
depuis avec des augmentations en 2
vol. in- 12. IV. Oraison funèbre du
Dauphin (père de Louis XVI), i "jOH*
iu-4". Le P. GeulTroy lit représenter,
en 175"), au collège des Jésuites de
Paris, Basilide , tr.igédie en 5 actes
cl en vers , dont on peut voir l'extrait
dans le Mercuie de mai 1755, et le
M i santrope ^ comédie totalement dif-
férente de celle de Molière. — Mi'gré
J'aulorité de quelques bibliographes,
uitus croyons que c'est à un autre
GcolïVoy que Ton doit le Songe de
Scipion, lu Lettre politique à Quin-
lus , cl les Paradoxes de Cicéron ,
traduction nouvelle avec des re-
tnarques, et le latin à côtê^ 1725 ,
iJi-ii. l^eP. Geollioy n'avait que dix-
ïicuf ans à celle époque. A. i^ — r.
GKOFFiiOY( .ki.iEN-Louis), né
ik iJcnnes eu 174^7 ftl ses éludes au
collégo des Jcsiiilcs df cette ville, et
vint lc5 pcri'ccliouncr à Paris, aucoU
GEO
lége de Louis-le-Grand , le plus cé-
lèbre de ciux qui étciieut dirigés par
la même société. Habiles à étudier
les dispositions de leurs élèves , à dis-
cerner le mérite naissant , et le talent
qui s'annonce dans les premiers essais
et les premières compositions de la jeu-
nesse, les Jésuites distingi:èrent Geof-
froy , et se l'attachèrent. Témoins de
ses succès dans ses études, et très
bons jugfs de son goût et de son
aptitude pour les belles - lettres , ils
le destinèrent à les enseigner. Mais
la catastrophe qui anéantit cet ordre,
laissa Geoffroy, à peine âgé de vingt
ans,sansétatetsansoe.cupation;ilétait
naturel qu'il en cherchât uneconforme
à celle qui venait de lui être enlevée.
A cette époque, la carrière de chacua
était fixée, et à peu près irrévocable-
ment déterminée par la première di-
rection qu'il avait prise ou qu'on lui
avait donnée. Tout homme ne se
croyait pas propre à toutes choses; et
le jeune homme privé des biens de
la fortune, et qui avait fait de bonnes
études , ne cherchait guère une res-
source que dans cet avantage. Geof-
froy ne quilla donc un collège des Jc-
suilcs que pour passer dans un collège
de l'université; et il occupa, à Mou-
laigu , l'humble et modeste emploi de
maître d'éfudes ; ce qu'on appelait
alois maître de quartier. Bientôt il
en sorlil pour mirer chez un riche
particulier, lM..I)Ontiu, qui lui con-
fia l'éducalion de ses enfants. Ce fut
là qu'il contracta le goût des specta-
cles , où le menait souvent la mère de
ses élèves. Ce goût ne fut point pure-
ment frivole chez lui , pui^qu'd l'en-
gagea à étudier l'art, à en apprototulir
les règles , à juger et les elfeis drama-
li((ues , et le mérite des pièces , et le
génie des auteurs, et le talent des
acteurs. Pour mieux connaître encore
la théorie de ces compositions quo
G KO
lotiloslrs liitrraliiiTs pliccnl an yrc-
Uilir lanj; des plaiMis de rr.s|)rit et
des pioduclii'iis du (^éiiie, il voulut
CM r.iii' l'appluMlion , cl il coinpos.»
lni-intMM<' une tr.f^eiiie. Il choisit pour
Mijrl la luorldcCiton : ce n'ctait pour
lui qu'une c'fude. Il présenta cepen-
dant .«ia piè<'c aux coundiesis , qui la
Kçiuent^et lui donnèrent ses entrées:
c'était tout ce que (ici)i"tVoy demandait.
Jamais il ne sollicita la représentation
de sa tra<;édie; J.imais dans la suite
il n'eu rappela aucune situation , au-
cune scène , aucun vers. Toutefois de
mauvais plaisants , ou des auteurs
luirailics, ayant appris que cette pièce
avait existé, imac,ii;èrent cin(| ou six
vers bien ridicules , et même une tra-
gédie entière quMs firent impiiraer
sous son nom ( i ). Il ne tint qu'a Geof-
froy de les faire condamner à un dé-
saveu humiliarit; ce fut par modéra-
tion qu'd s'en abstint. Jusqu'ici Geof-
froy avait tiré parti de son instruc-
tion et de ses talents, sans néanmoins
s*cu faire un état : il crut qu'il était
temps d'y penser j et, ne s'écartant
point de la route qu'il avait constam-
ment suivie, il demanda à être agrégé
à l'université de Paris , et fut reçu
au concours. Ses examens furent biil-
lanls et remarqués. L'univetsité dis-
tribuait tous les ans un prix auquel
étaient iibres de concourir tous les
maîtres- ès-arts , et qui était la récom-
pense du meilleur discours latin sur un
sujet proposé par elle. Geoffroy con-
courut, pour la première fois, en 1773,
et obtint le piix;il se présenta encore,
et avec le même succès , l'année sui-
vante : enfin, une troisième palme,
remportée en 1773, fit craindre à
runiver>i'éque ce redoutable concur-
rent ne dccouragcàf tous les autres •
'i Oti iittriniia «lans le temps à M. Cubières
Palroezenux , cette rid iculc U»^<'dlc co ô dCUs et
CB ivTt , t8o^ , in-8.
CEO 125
elle déclara qu'un même nthicfc ne
j)ourrait être eouioniié ([ue trois fois.
On a d'assez fortes raisons de croire
qu'eneourau,é par ces siiciès, Geof-
froy en ambilionna de plus eclitants
et sur un plus brillant théâtre. Il
concourut , dit-on , à l'académie fran-
çaise , pour l'éloge de Charles \ ; et
son discours fut honorablement re-
marqué à ce concours , où La Harpe
remporta le prix. Enfin , Geoffroy
entra dans la carrière où il s'est acquis
une grande célébrité. Fréron venait
de mourir- et les héritiers et succes-
seurs de ce critique fameux, cherchant
un écrivain qui pût soutenir la répti-
tation de Vannée liltéraire , jetèrent
les yeux sur Geoffroy. Il avait été ré-
cemment nommé à la chaire de rhé-
toriqucdu collège de Navarre, d'où il
passa bientôt à celle du collège Maza-
riii. Il était regardé, dans l'université,
comme le plus habile des professeurs
de rhétorique. Il accepta la proposi-
tion qui lui fut faite par les proprié-
taires de X Année littéraire, et ne
trompa point leur espoir. Il débuta
dans celte carrière, au commencement
de 1 776 , par un article sur le Cour.*
d'études de l'abbé de Condillac. Geof-
froy n'examina point les 16 volumes
in-8°. dont ce Cours était composé;
il s'attacha à celui de ces volumes qui
a pour titre , De l'Art d'écrire , ce-
lui de tous qui entrait le plus dans le
plan de ses réflexions habituelles , et
auquel il pouvait le mieux applie[uer
ses excellents principes littéraires. Il
démontra combien ceux de l'auteur
de Y Art d'écrire élaient ou superfi-
ciels ou erronés, et vengea sitilout la
belle poésie de Boileau de la fausse
métaphysique de l'abbé de Condillac,
qui, p.ir ses analyses, disséquait
tout , refroidissait tout , et se mon-
trait éli.'.nger aux arts de l'imagina-
tion et à leur langage. Tous les arti-
324 GKO
cîes dr.i.t Geoffroy enricliit \ Année
liitéraire , d.Jiis le roiirs de quinze
années qu'il y trr.v;ii!:a, sonlsoli'jrs,
judiiriix, et renin quables par d'ex-
celcnts principfsdi pi.ilos phie, de
mor.le, el surlout de liffcrature. Son
esprit est piste , sa logique ferme ,
et son <t>le clair, pur, concis, mais
génëraieraf nt «lavc , quoicpj'il ne
manque point do vivacité. Ses articles
sont plutôt austères que légers et ba-
dins : il ne chcrclie point h cgriyer
ses lecteurs , et ne se permet qtir de
loin à loin qur'q.es traits d'iionic.
Geoffroy |,rit plus tard, dans un
autre journnl, un autre ton , et don-
na un auae toi:r à ses ciifiqiicsj
il prouva en cela son tact et sop esprit,
et montra iju'd «avait très li n jugrr
la différence des cadres, des temps,
des esprits et des matières. De fous
les articles icpandus dans l,i volumi-
neuse collection àaS Année littéraire^
il n'en est point où l'on reu'axpie, au-
tant que d.uis ceux de Ge(ffoy,le
goût et la connaissance de l'-uicienne
litte'ralure, <t des éciivains des deux
siècles dePcriclès et d'\uf;u>(e. Il fut
aussi, pendant pliisieuisaniices,undes
principaux rédacteurs du Journal de
Monsieur , écrit périodique rédip;o
dans IcN mêmes principes que V An-
née li.léraire. I^a révolution devait
mettre fin, du moins pour un temps ,
à ces discussions paisibles cl littéraires.
Geoffroy en combattit les excès et
les principes auarcliiijncs, soit dans
\ Année littéraire , qui subsistait en-
core p< ndant les deux premières an-
nées de la loiH mente politupie , soit
dans des feuilles (pii, paraissant tous
les jours, étaient plus du j^oût des
lecteurs, dont elles satisfaisaient plus
vile l'avide empressement ella curiosi-
té passionnée. Il entreprit, avec M. l'ab-
l)é Hoyou, VAmi du l\oi , journal
qui eut cl uicrila beaucoup de succès.
GEO
Mais bientôt les ennemis du Roi, de
la patrie et de la société, proscrivi-
rent ce journal et ses léd.icteurs.
Geoffroy, pendant la terreur, avait
fui Paris et tous les dangers de la cé-
lébrité; danger^ dont l'obscurité ne
préservait pas toujours. Il s'était ré-
fugié dans un hameau à quelques
li( ues de la capitale: là, confon-
du avec es villageois, vêtu d'un ha-
bit serabl.'bie au leur , i! leur avait
j)roposé d'tnseigner à lire à leurs en-
fants , avait été examine' par les plus
h. biles d'entre eux, et jugé capable
d'exercer cet emploi. 11 l'exerça en
eff-t pendant toute la lutte des factions
qui se disputaient la puissance et en-
.'auglaîitaicnt leurs querelles. Keyenu
à P.irisdaus l'année i 799 et loi:jours
fi ièle à la carrière qu'il avait d'dbord
embrassée, il erttra chez un maître
de pension dans un âe> quartiers les
plus reculés de la capitale; c'est là
qu'un de ses amis alla le chercher dans
le printemps de l'aunée 1 800 , et lui
proposa de se charger delà partie des
spcctaehsdans \c Journal des Débats.
Geoffroy ai cepta ; et alots commença
pour lui une nouvelle carrière, une
nouvelle vie, une véritable célébiité.
Ce fut aussi dans l'histoire des jour-
naux un# époque neuve et singulière.
Depuis dix ans et plus, toutes Us
fausses duetrinesen philosophie, en
n)orale, en politique, en litti-riture,
avaient été proclamées, et régnaient
audacieusement sur les esprits subju-
gués ou épouvantés ; le vrai seul,
dans tous les genres, n'avait plus
d'interprète et de délenscur : oublié,
pour ainsi dire, de tous, il était de-
venu une nouvcajité pour tous les
lecteurs. C'était un grand avantage
pour la eritupie : elle pouvait parler
de tout ; remettre en queslion ce qui
avait été cent fois jugé ; reproduire les
plus anciens axiomes de philosophie
^l lie morale; apprécier toute?; les lit-
teiafiMTS aiirieiincs cl inoderiirs ,
eoiunu; si elles no l'avaient pas etedejà,
parler enini, comme d'une nouveau-
té, d'Homère, d'Kurij)ide, de Virgile,
de Lncain , de liossiiel, de llacinc ,
de Corneille, de Boilean. Chose étran-
ge! la crilifine était craulant pins pi-
quante qu'elle elail i)lu'> raisoimable,
j>lus juste, |)lus vraie : mais il fallait
loutel'ois nn homme de beaucoup d'es-
prit et de savoir pour entreprendre
et bien remplir une tache aussi varice
et aussi étendue ; et comme nne pa-
reille entreprise devait être , à cette
époque, un condial opiniàtie et con-
tinuel, il fallait un homme a^^uerri
dans ce f;enrc polémique _, et fécond
en ressources : cet homme fut G(;of-
froy. Chargé de rendre compte de la
représentation des pièces de théâtre,
il sut ramener datis ce cadre, qui pa-
raissait borné, toutes les questions ,
toutes les discussions; il ne ménagea
ni les nouvelles doctiiîies ni leurs au-
teurs. Ceux-ci s'indignèrent et fré-
mirent : ils discutèrent aussi; plus sou-
vent ils insultèrent , et quelquefois
ils dénoncèî'cn'. Geoffroy ne se laissa
point intimider; et , chaque matin , il
paraissait sur la brèche, armé de nou-
veaux raisonnements, de nouvelles
plaisanteries , de nouveaux sarcas-
mes : heureux si , souvent attaqué
avec violence , il eût toujours répondu
avec mesure et avec politesse 1 11 se
devait à lui-même , il devait à ses lec-
teurs une modération que sv.s adver-
saires n'avaient peut-être pas le droit
d'exiger, et qu'il ne garda pas tou-
jours ; et l'on peut lui reprocher
des sarcasmes trop amers, des plai-
santeries de mauvais goût. Ceux
qui combattaient sous d'autres dra-
peaux , regardaient Voltaire comme
leur chef; GeofFioy attaqua ce chef
avec violeucç , et , il faut le dire , avec
I!>,5
G KO
exagération : il fil des critiques ))c«
jonde'e-., injustes même ; il rcprodui-
Ml tioj) S()iiv<M)l erlics qui f-taient pis-
tes , et c'était la fjulc d'un sujet bor-
ne', dans le(piel il était obligé de
trouver un fonds inépuisabb : :l ne
distingua ^pas assez le génie extraor-
dinaire de l'homme , de l'abus fpi'il
en avait trop souvent fait, paila trop
des défauts, et ne remarqua pas asMZ
les beautés • cl l'on ne sait (pjel fut soi»
motif, car personne n'é.ail plus en
étal de faire celte distinction et celle
juste appréciation. Quelque» autres
exagérations lui fiiroit justement re-
prochées : mais en général on p( ut
dire que Geoffroy fut juste à peu près
toutes les fois qu'il voulut l'être , ei il
le voulut souvent. Il eut sans doute
beaucoup d'ennemis. Comment ne pas
en avoir, lorsqu'on est aux prises avec
l'orgueil des poètes, des poètes drama-
tiques surtout,et des comédiens? La co-
lère de ceux-ci a été quelquefois portée
jusqu'au scan«^ale. Mais >.es ennemis ,
ceux du moins qii sont dignes d'avoir
un avis, dont le jugemeut est compté
pour quelque chose , rendent justice
à son esprit , à ses connaissances , à
sa littérature , à ses talents. Ses nom-
breux lecteurs s'étonnaient surtout de
celte prodigieuse fécondité qui , dans
uji cadre borné, ne s'épuisait jamais ,
ne se lassait jamais, et trouvait ,
dans un fonds cent fois exploiîé , de
nouveaux et d'ingénieux motifs d'ar-
ticles. Le naturel, l'abandon , la vi-
vacité, étaient le caractère dominant de
son style ; il raltach.iit avec beaucoup
d'art les principes de la philosophie
usuelle cl de la vie commune aux
préceptes de la iitlcrature; ingénieux
artifice qui faisait le principal agré-
ment de ses articles, comme il fait
celui des épîlres d'Horace et de Hoi-
leau. Quelquefois il pouvait choquer
la vérilé , la justice , souvent les pré-
126 GEO
juges j on était mécontent, maïs |a-
înais ennuyé'. On lui a beaucoup re-
proche' les flatteries que, dans un
grand nombre de ses feuilletons, il
prodiguait au lyran qui opprimait la
France , et nous ne sommes nulle-
ment dispose's à les excuser : nous
remarquerons seulement quepcrsonne
ne se montra plus conslaninient l'en-
nemi de la révolution, des principes
re'volutionnaires, et des i^omrnes re'-
volutionnaires. Personne ne fat plus
haï de CCS derniers : il crut avoir be-
soin d'une protection contre le res-
sentiment de ces hommes dont quel-
ques-uns c'taient puissants et dange-
reux, et il flatta leur mJitre.Son es-
prit Tabandonna presque toujours
dansccs occasions; et peut-être serait-
il permis d'en concluie que ces adu-
lations, qui trop souvent venaient
détruire tout l'agrément et II' charme
d'une excellente discussion littéraire,
et d'une suite de réflexions ingénieuses
et piquantes , lui ëtiient arrachées
contre son grc , ses inclinations et S"S
sentiments. Considérées dans l'eft'et
général qu'elles pouvaient produire,
ces flatteries sans grâce , sans esprit
et sans mesure, n'ont eu aucune in-
fluence sur l'opinion publique ; tandis
que la guerre contiiuielle et vigoureuse
qu'il déclara aux principes de la ré-
volution , aux conséquences qui en
dérivaient, aux préjugés qu'elle avait
accrédités, aux écrits, et sut tout aux
ouvr;iges dramatiques qii'elle inspirait,
aux hommes qui l'avaient fiite , cl qui
voulaient la perpétuer , contribua
beaucoup à éclairer les esprits, à y
ramener des idées justes et saines, à
détruire les faux systèmes de philoso-
phie et de politique , et à faire con-
ïiaîlrc le charlatanisme de ceux qui 1rs
professaieiU. Chargé d'un travail qui
semblait devoir prendre tous les mo-
ments de l'horamc le plus laborieux et
GEO
le plus fécond, et remplissant ses en-
gagements avec la pîus scrupuleuse
fidélité, allant même souvent au-delà,
Geoffroy trouva néanmoins le temps
de publier, en 1808, un Commen-
taire sur liacine, en 7 vol. in-8°. Ses
ennemis ne manquèrent point cette
occasion de se venger; il se défendit,
mais , ce qui est remarquable , sans
passion et sansclnleur. Ou afaitsans
doute de justes critiques de cet ou-
vrage de Geoffroy, compose avec trop
de précipitation , où il y a trop de re-
marques minutieuses, et où l'art et le
génie du grand poète ne sont pas assez
approfondis : on ne peut disconvenir
toutefois qu'il est semé d'ingénieuses
réflexions et de très bonnes observa-
tions littéraires. Mais ce qui, malgré
ses défauts, peut recommander cecom-
menlaire, ce sor.t les excellentes tra-
ductions de fragments considérables,
et même de deux tragédies entières
des anciens auteurs grecs ou latins ,
imités par Racine. Geoffroy avait un
talent véritable pour la traduction; et
il eût été à désirer qu'il n'eût pas borné
ce talent à la traduction agréable et élé-
gante de ïhéocrite , qu'd publia en
1 801, en I vol. in-B^. Cependant il est
permis de croire que , dans aucun
genre , il n'aurait acquis plus de célé-
l)rité que dans celui où il s'est princi-
])alement distingué. Ati jugement de
ceux qui l'ont suivi de plus près et
avec plus d'honneur dans c» Ite utile
carrière, il est le premier critique
d'une épo(fue où l'on peut aflirnier
que l'ail de la crititpic n'a pas dégé-
néré, (pioiqu'on la voie trop souvent
culti\('c par de jemies éro!ier> sans ins-
truction, sans talent cl s insespril.l\)ut
en se livrant au travail qu'exigeait
le Journal des D&hats , GeoflVny
avait eutr(j)ri> de ressusciter l\4nnée
littéraire. Il en a publié, avec M.Gro-
sîer, treute-six numéros, formant (5
GEO OEO 127
volumes in- 19., (Ml l'an \\: ils nVii pour los professions savantes: mais
(loiincrrnt (jiic luiir niiincMOS l'anncie son excessive punvrefe le l.niç.i d.jns
siiiv.intc. On n }nil)lie la J'ie poléini- une nuire caiiièrc. Ilunleiix tl'avoir
nue di' l'oltaire cl histoire de. ses ctc réduit à contracler des dettes,
proscriptions y suivie de pièces justi- bien clictives à la veiitc , il s'enrôla
jicalii>t>s , par (i***Y, Paris, Dcnlu , dans un régiment de linssards prus-
i8o-.i, in-H'^. Ile^t à croire que i'edi- siens j et l'engagement (ju'on lui paya ,
leur, par ces lettres, voulait l'aire at- l'aida à s'acquitkr. Le tumulte des
tribner cet ouvrage à (ieoflTroy, et camps ne le détourna pas de la cul-
qnelques personnes ont donne dans turc des lettres. II avait emporte un
le [)ic£^e; mais ou sait que ce n'est au- Cornélius Nëpos , qu'il lisait sans
Irc que le Tableau /fhilosophiipie cesse : il aurait pu diiïlcilemenl mieux
de l'esprit de M. de Foliaire ( par choisir pour sa position. Au bout de
l'abbe Sabalier de Castres). Geoffroy trois mois, on voulut le faire entrer
est mort le 2(> février iHi4« F — z. dans un régiment d'infanterie, à qui
GEORG (Jean-Michel), direc- son colonel l'avait vendu avec queï-
teur de la régence prussienne de Bai- ques-uns de ses camarades. Outre de
reutli , naquit en 1740 à BiscbofF- cette infraction aux promesses qui lui
griin , bourg de cette principauté'. 11 avaient e'te faites, il adressa des repré-
eiit pour j)ère un charbonnier, qui, seutalions aux chefs; il pria qu'on
âu sortir de l'enfance, l'envoya gar- le laissât dans les hussards. On fut
der les vaches. Le jeune Georg mon- sourd à ses re'clamations. 11 déserta ;
ira de bonne heure un esprit vif et et, après avoir couru plus d'une fois
disposé à observer. Frappe' des dif- le risque d'être découvert , il rentra,
férencesqucluioffraicnllesmœursdes au mois de mai 1759, dans la misé-
oiseaux qu'il voyait dans les forêts, rable hutte de son père. Il l'aidait
il en dressa, d'après ses observations , dans son travail , lorsqu'un riche pro-
im tahlcau systématique qui annon- priétairc de forges le connut , prit
çait une sagacité peu commune. Sa confiance en lui , et le chargea de
mère, femme au-dessus de son état, l'inspection de ses propriétés. Georg
lui avait enseigné à lire et à écrire acquit dans ses nouvelles fonctions
correctement, ainsi que les éléments beaucoup de connaissances prali-
de l'arithmétique et de la langue la- ques. Son esprit ayant graduelle-
fine; elle le mena à l'âge de douze ans ment repris sa première direction,
dans une ville voisine pour qu'il pût toutes ses pensées se tournèrent de
rerevoir des leçons qui satisfissent nouveau vers l'étude des sciences,
son désir d'apprendre. Admis dans Ses parents alarmés le supplièrent
une école de charité, le jeune Georg de renoncer à son projet , et de ne
fit des progrès surprenants, notam- pas abandonner un emploi avanta-
ment dims l'arithmélique : il inven- geux. Son peikchant était trop fort
tait même des formules pour résou- pour qu'il écoutât leurs remontran-
drc les problèmes les plus difTiciles ces: mais, d'un autre côté, il avait déjà
de cette science. A seize ans , il entra vingt-deux ans ; il ignorait jusqu'aux
au gymnase de Hof; et en moins d'une éléments de la plupart des choses
année, ses maîtres le proposaient qu'il desirait savoir; sa pauvreté le
pour modèle à ses camarades. Tout privait des moyens de les acquérir
dénotait eu lui une cxtrêtue aptitude sans abandonner son poste. La Pro-
ia8 GEO
vidence viul à son secours. Un ec-
clésiastique très instruit, qui exerçait
depuis peu de temps le miiiistère à
liischoflgiim , consentit à donner à
Gcorg l'enseignement qui lui man-
quait. Geliu-ci, occupe tout le jour ,
consacrait à l'étude avec son maître
les picmièrcs h'ures de la nuit, et
ensuite en emplovaif le reste a re-
passer les leçons qu'il avait reçues.
Dès qu'il se vit en ètMt d(^ suivre a\ec
frui- ies cours d'un j rof >s.' ur pu-
blic, il quitta la maison de son bien-
fdileur , a qui son deparf causa de
vils regiets,ei se rendit a Erlang. Il
joignit a l'étude de la tiiéoloçie celle
de fa plu!o?;oi)}iie et des mathémati-
ques ; \\ n'c'it pour celte sciHUced'autre
m lîlic que Us ouvnges de Kaestner.
Ce livre fuî pour Gcorg une mine
abondant' dr recherches, qui produi-
sirtnî des resuiiat.s dont il serait dif-
ficile de -'C faire une idée. Un travad
opiniâtre, conlinnc deux ans sans re-
lâche le jour et une grande ])artie de
la nuit , porta une si rude atteinte à sa
santé, qu'il fut obligé de sacrifier une
paitie du icstc de sa vie à la réta-
blir. D'ailleurs la pauvreté le pour-
suivait encore : à peine pouvait - il ,
avec le produit des leçons paiticu-
lièies qu'il donnait, suffire à pay^r le
pain qui faisait son ui i(iiie nuinri-
ture. Enfin il »»biinl nm- bourse, et
put s.tlisl.iiie à ses besoins h'S plus
pressant»». Il alla ensuite a Lcipzi;;.
Un élndiaiil, qui coiiçul do l'eslime
pour lui, le condui>it a lena. Satis-
fait de ses progrès dus à une perse-
veiance Ci iistanie penjant cinq ans,
Gforg retourna < n i •jtii) a Erlang ,
çi obtint le grade de inr.îlrc-è.s-;«rls.
Jl ouvrit un cours dr philusophit- et
de niallu mati((ii('S , dont le t.urrès le
lit appeh'r à Haireuth,eu 177H, pour
y professer les inalliémati(jU( s ei \n
physique. Cet emploi couycuail par-
GEO
faitement à ses goûts : il recevait en*
fin le prix de son assiduité et de son
ardeur pour l'étude. Ses connaissances
variées le mettaient à même de choi-
sir une profession savante qui fût as-
sez lucrative pour procurer de l'ai-
sance à sa familie; car il venait de se
marier. L'exercice de la médecine ne
li.i aurait pas laissé le temps de rem-
plir ses devoirs de professeur: il se
décida pour la pratique de la juris-
prudenee. Suivant sa coutume , il se
prépara , par un travail prodigieux, à
l'examen (ju'il devait soutenir. Le
snci es couronna S' s efforts. Dès qu'il
se fut mis au courant di s usages des
tribunaux, à peine put - il suffire à
rempressrmt ut des clients qui ve-
naient lui confier leurs in'éiêls. Sa
réputation de jurisconsulte éclairé ,
laborieux et intègre, lui valut un avan-
cement graduel : enfin, en 1782 , il
fut nommé conseiller de régence. Ne
pouvant plus alors s'occuper de la
pratique j'idici.. ire , il se livra, dans
ses heures de loisir , à l'ctode du droit
public de la principauté de Baireuth,
et amassa une immense qu.»niité de
documents, vrai trésor pour ceux qui
sont chargés de la diiection des af-
faires publiques. En éliuliant l'his-
toire de son pays, il n connu! que dans
l'idiome usité en l'r nconie un grand
nombre de mots étaient d'origine so-
rabe-\Vrud<- ; que le peuple avait con-
servé plusieurs usages qui dérivaient
probabh ment de cette branche des
anciens Slaves, ce (|ui pouvait servir
à éclaircir «livers points du droit du
p.ivs. C'en fit aNsez pour stimuler
l'ardeur de (ît-oig a tirer riiisloire an-
cienne de l.i Fi ancoiiie, et même d'une
p.«rliedu ^ord et (h* l'AlIrmagin' , des
ténebics tpn l'.ivaieni jusqu'alors cou-
veite. Mais comment apprendre la
langue wende sans grammaire et sans
dictionnaire ^ Voici coiumc il sur-
\
gp:o
monta cello (lirticultc. II fit venir de
la Ijasse - [jiis.icc une |jil)li.' sorabe-
wendc ; et à l'aide li'iine concord mce
en allemand , il composa une '^rarn-
maire, un dictionnaire et une my-
tlioio|;iesorabe.».-wt'Md('s.(^U(lrnirs an-
nées après, le lias.ird lui (il rencon-
trer mie viedie grammaire wende, qui
ne valait pas la sienne. D'autres
études suivirent celle de celle lan-
gue. Ayant été nomme cons( rvateur
des forets , et ensuite ju.;e du ti ibu-
li.d des mines dans l'Obergebirg , il
appr >fonilit, jusque dans les plus pe-
tits détails j toutes li s branches de
l'histoire naturelle, la chimie*, l'ex-
ploitation des mines et la mclallur-
gie, et enfin tout ce qui concerne la
jurisprudence des forets et des mines.
Son rare mérite fut récompensé par
le poste éinincnl de directeur de la
régence. Un an après, le i4 juin
i-joG , il mourut, consumé par son
I. ardeur pour l'élude , laissant un bel
exemple à tous ceux qui, écoutant une
noble ambition , cherchent par leur
mérite et leur travail à s'élever au-
dessus du rang où ils sont nés. On
a de Gcorg , en allemand : I. Essai
d^une Grammaire générale en dia-
logues , Seh v>'y ba ch , i 7 ^9 , i n - 8 °.
II. Histoire du tribunal auiique de
Baireuth , Baireulh , 1774? * 78"^ ,
2 vol.in-4". lîl. Dictionnaire com-
plet de chasse , Leip/ig, » 797 , 'i
vol. in -8'. Ce livre a été rédigé sur
ses manuscrits. IV. Des Disserta-
tions sur des qii'stions de juiispru-
dcnce et de physique. Indépendam-
ment de ces ouvrages imprimés, il a
laissé en manuscrit 60 volumes in-
fol. sur l'histoire et le droit public du
pays de Baireuth; 3o volumes in-
fol. etin-.jO. sur les mathématiques,
la physique, la chimie, l'administra-
tion des forêts et des mines, ctc.j un
Dictionnaire , une. Grammaire, une
XVII.
GEO ici9
Mythologie sorabfswendes. Sa Vie,
écrite par son fi!s Fiédéric - Adam
(icorg, docteiu- en philosophie, a
été imprimée; à Kriang, 1 vol. in-4".,
1 798 : « lie » st précédée de considc-
r mous sur la Hiographic en général ,
et se fait lire avec inîérèt pai h s parti-
cularités qu'elle contient. E — s.
Gh:()UGE I"-., roi d'Angl, t( .re ,
fils d'Kriic>t-Augu.ste , premier éh c-
teur de Hrnnswick-Lunebonrg, et de
la prineesse So[)hie , petite-fille du roi
Jacques P'"., naquit a Osnabtick, le
28 mai 1660. Issu de la maison de
Sîuart, par sa mère, et né d;ins le
protestantisme, il dut à ce double ti-
tre d'être appelé au troue d'Angle-
terre, le 12 août 1714? 'ipiès la
mort de la reine Anne, décédée sans
enfants, a Jamais l'autorité suprême
ou plutôt la toute- puissance sa'utaire
de la constitution anglaise n'avait
été déployée d'une manière plus im-
posante qu'elle le fut à l'accession de
la f.iniille de Brunswick au trône de
la G landc Bretagne, dans un moment
où tous les éléments d'une guerre ci-
vile étaient en fermentation , où la
nation entière était divisée en deux
partis opposés , où une ancif nne dy-
nastie, encore existante, devait être
proscrite en faveur d'une nouvelle,
en un mot quand l'héiiticr naturel , à
qui le tronc appartenait par le droit
de sa naissance , ayant un parti con-
sidérable dans l'intérieur du rovauaje,
et pouvant être soutenu par quelques
puissances étrangères , devait être
exclu par l'héiitier légal qui n'avait
ptMir lui d'autre titre qu'un acte du
parlement. Toutes les appan nces de
dinger s'évanouirent néanmoins au
nu.-ment: où la reine Anne expira :
Geori;e fut proclamé roi ; et aussitôt
tous les paitisse réunirent en faveur
de l'acte qui avait régie la succession
au tronc ; et rccoanurenl la légitimité
j3o GEO GEO
des droits de S. M. » George, en arri- pour sa femme, Konigsm-irk eut l'iin-
vaiit en Angleterre, vivait à se déci- prudence de renouveler publiquement
der sur un point très important , du- sos assiduités auprès de Sophie. Er-
quel dépendait essentiellement la Iran- nesl-AugusIe, père de George, en fut
quiliitc de son règne j il avait S( s nû- informé; et un soir que le comte sor-
uislres à choisir, ou parmi les Vv'bigs, tait de 1 appartement de cette prin-
ou parmi les Torys , ou bien en sui- cesse, il fut a-sassiné dans la pièce
vant rcscmplc que lui avaient donné suivante sons les yeux de rélecîeur,
la feue reine et le roi Guillaume, qui par une personne apostée sur son
les avaient pris alteinalivement dans passage pour l'empêcher de sortir,
les deux partis p'iur en composer une La princesse fut mise aussitôt aux
administration mixte ; essai très dan- arrêts; et George obtint, Je 28 dé-
gereux dont la Conséquence nécessaire ccmbre 1694, une sentence du coii-
cst de placer le moi.'arque entre les sistoire ecclésiastique , qui prononçai
deux partis, sans lui en att;.chcr au- leur divorce. Renfermée au château
cun. George eut la sagesse de ne vou- d'Aldcn, la malheureuse Sophie ter-
loir pas renouveler cette épreuve; et le mina sa déplorable existence , après
zèle avec lequel les Whigs avaient trcnte-dei;x ai:s de captivité. I/au-
soutenu et fait triompher ses intérêts, teur de cet aitide a donné, dans
détermina son choix en leur faveur, son histoire d'Angleterre, vol. vi,
<( Ma maxime, disait-il , est de ne ja- p.ig. ii5, les détails les plus cir-
« mais abandonner mes amis, de ren- constanciés sur cette anecdote in-
« dre justice à tout le monde , et de léressante. George 1»^^. unissait aux
«ne craindre personne. » Il avait qualités les plus propres à faire aimer
épousé, le '21 novembre i6o'.î,So- inic nouvelle dynastie, les t.dents né-
phie-Dorothée de Zcll, sa cousine , cessaires pour la consolider. Son ci-
qui n'avait alors que quinze ans. Tes ractère séiieux n'empêchait pas qu'il
qualités de son cœur et les grâces ne fut affable, familier, et même la-
de son esprit égalaient les charmes célieux dans ses heures de déUsse-
dc sa personne. Ses attraits néanmoins ment. Tour à tour indulgent et sé-
îie fixèrent pas longtemps les affec- vèrc, suivant les circonstances, il
lions de son mari: il négligea son ai- n'était jamais plus heuieux que lors-
ma!)le compagne, après en avoir eu qu'il pouvait se livrer à cette bien-
un (ils et une fille, et s'attacha à la vciilance qui , étant le senlim» nt do-
duchcsse de Kendal. Le comte de minant de sou cœur, se peignait na-
Konigsmark , grand seigneur suédois, turelh-mentsursa figure. Sage cl ferme
arriva à Hanovre dans cette circons- dans ses résolutions, il p(uirsuivait
t'Uirc.C'ét-iitundes plus gilanls et des avec une constance inflexible IVxé-
plus beaux hommes de son siècle. Il cution de celles qui lui paraissaient
avait été auparavant amoureux de la les plus ju>tcs et les plus conformes
priiicessiî Sojdiie de Zcll; et l'on à rhouncurde la nation et à sa prop/o
avait supposé qu'il avait fait quel- dignité. Jaloux de son autorité , et
que impression sur son cœur. En très attaché à .sa prérogative , il eu
la revoyant, la p;«ssion thi comt»* .se coun.ùssail cependant les limites , et
ranima : lavorisé par l'ab.sence de n'inibilionnail de pouvoir que celui
George, qui rtait ;il(>rs à l'arniée, et en- dont il avait besoin pour faire le bou-
Lardi p.r raver-ion de ce nionar.[iiC heur do icsinjcls. Sou heureuse étoile.
)
GEO CEO i5ï
«t plus encore sa sagesse et sa vii^i- m.irqiiaîjles de la mode'ration et de la
lance, assurjioiit généralement le suc- sage politique de George 1"., est (pie,
ces de SCS mesures. Maigre son goût sans prendre put aux guerres du con-
pour l'elat militaire, et quoique dans tinent, il parvint à conserver à i'Au-
sa jeunesse il eût déployé autant de gleterre la prépondérance que les vic-
hravoure que de talents en Hongrie toires du règne précédent lui avaient
«t dans la iMorce contre les Turcs, acquise. Il laissa à la justice un libre
ainsi qu'en Flandre et en Allemagne cours , sans chercher à influencer ha
contre la France , il préfera à l'éclat décisions des magistrats, même dans
des victoires l'avantage bien plus so- les causes qui pouvaient l'intéresser
lide d'assurer à ses nouveaux sujets personnellement. On cite de lui des
les bienfaits d'une paix honorable , traits qui prouvent qti'il savait avec
de conserver ses états en Allemagne, adresse se tirer d'une situation dé-
et de voir le prétendant définitive- licatc. Dans un bal , une dame mas-
ment exclu du royaume d'Angleterre, quée, qui causait avec lui depuis quel-
Des alliances défensives, et des me- ques moments , le mène au buffet, et
sures de précaution , furent en con- lui propose des rafraîchissements:
.'équence le principal objet de sa po- George accepte. ^ la santé du pré-
jiliquc, le fondement de la gloire et te/z^û^nt^, luidiirinconnuc.— •J^e^owC
du bonheur de son règne, que rien mon cœur, répond le roi sans se dé-
n'anrait altérés, sans les désastres concerter j je bois volontiers à la
et le discrédit qu'entraînèrent les fol- santé des princes malheureux, il
les spéculations delà compagnie du rétablit, en i -y 25, l'ancien ordre rai-
Sud : effet déplorable de l'avidité et de litaire du Bain, dont l'institution est
la corruption des ministres , ainsi que attribuée à l'un des premiers rois
de l'incxpériencedu roi en finance, éga- saxons, et qui , depuis Charles IT ,
ré par le désir louable de réduire la était presque oublié : le nombre des
dette publique. Ce fut aux talents su- chevaliers fut fixé à trenle-huit. Après
périeurs de sir RoJjrrt Walpole, qu'il avoir ainsi retrace avec impartialité
eut l'obligation de retirer son royau- les traits honorables du caractère de
me de cet abîme de perdition. La George I"., et ses vertus royales,
confiance sans réserve dont George l'austérité de l'histoire nous impose
honora ce ministre pendant toute le devoir pénible de reconnaître que
la durée de son règne, fut la j iste ses vertus privées étaient loin d'être
récompense d'un service aussi im- aussi estimables. Epoux infidèle , iu-
poitanl. II est assez curieux de rc- juste et cruel, il ne fut certainement
marquer que le i*ji ne pouvait pas pas meilleur père ; et rien ne peut
parler anglais avec plus de facilité excuser les mauvais traitements que
que Walpole ne parlait français. Le son caractère ombrageux et jaloux fit
ministre était obligé de donner son éprouver à son fils; quoique ce fils
avis en latin à S. M.; et comme l'un vertueux ne s'écartâî jamais du rcs-
et l'autre parlaient peu correctement pect qu'il lui devait, la popularité qu'il
et encore moins couramment cette s'était acquise par ses aimables quali-
îangue, on entendit souvent Walpole tés, le lui fusait regarder comme un ri-
dire que, sous le règne de George 1*^'"., val dangereux. Les Hanovriens étaient
il avait administré le royaumeenmau- ses sujets de prédilection; et il allait
vais latin. Un des traits les plus re- presque tous les ans passer quelques
9-
i52 GEO
mois avec eux , lorsque les affaires de
la Grande - Bretagne n'exigeaient pas
absolument sa pré.sence. Parti pour le
Hanovre au mois de juin i -j^-y, il e(ait
arrive en parfaite santé' à Dtldcn; mais
s'etanl arrêté dans la maison de cam-
pagne du comte de Twiltet, à vingt
milles de celte ville , il mangea beau-
coup de melon après souper : l'indi-
gestion qui en résulta fut probablement
la cause de l'attaque d'apoplexie dont il
mourut, le 1 1 juin , dans la soixantc-
tuitième anne'e de son âge , et la dix-
bnitièrae de son règne. De deux enfants
qu'il laissait, son fils ^ qu'il avait crée
prince de Galles en arrivant en Angle-
terre, lui succéda, et sa fille, mariée
au roi de Prusse Frédéric I"., fut la
mère du grand Frédéric. B. M.
GliORGE II (Auguste), fils et
successeur du précédent , naquit le
5o octobre i685; il reçut de la reine
Anne , en 1 706 , l'ordre de la Jarre-
tière , avec les litres de pair d'Angle-
terre et de duc de Cambridge , et fut
Î)roclamé roi de la Grande-Bretagne ,
e 26 juin 1727, quinze jours après la
mort de sou père. Il était entré de
très bonne heure dans la carrière des
armes. Il fit la campagne de 1 708 sous
le duc de Marlborougl),ct se distingua
bonorablemcut, en qualité de volon-
taire, à la bataille d'Oudcnarde, où il
chargea l'ennemi à In tète des dragons
banovriens, et eut un cheval tué sons
lui. Si ses talents dan;» le conseil
n'cgal.iient pas ceux de son père, il
avait sur lui beaucoup d'autres nv.iu-
tagcs, et particulièrement celui d'avoir
su se concilier, avant de monter sur
le trône, l'eslimc (l l'alïection de ses
sujets : il dut l'une cl l'autre, non .seu-
lement àlaconnaiss.mcc de la langue,
et de la conslilution anglaise dont il
avait fait son étude particulière , mais
encore à la jtrudcnt e, à la justice et à
ia bonté (pTil avait déployées lorsque.
GEO
pendant l'absence du roi en 1716 , il
avait été nommé gardien et lieutenant-
général du royaume. Sa conduite dé-
cente pendant la malheureuse mésin-
telligence qui eut lieu entre lui et son
père, ne contribua pas peu à augmen-
ter sa ])opularité. Mais la Providence
lui avait accordé un avantage bien plus
précieux encore, en lui faisant trouver
dans la princesse Giroline d'Anspach,
qu'il épousa le 2 septembre 1705, la
compagne la plus aimable et l'amie
la plus essentielle par le bon sens ad-
mirable , le jugement et la sagacité
dont elle était douée y aussi eut -il
toujours la plus entière confiance en
elle. Cette princesse le gouverna com-
plètement jusqu'à la fin de ses jours
avec tant d'adresse et de douceur ,
qu'elle ne donna jamais le moindre
ombrage à un époux excessivement
jaloux de son autorité, et a qui elle
eut toujours l'art de faire accroire
qu'elle n'avait d'autre opinion que la
sienne : elle employa principalement
l'ascendant qu'elle avait sur son esprit,
à lui inspirer une entière confiance
dans le mérite et dans l'habileté de
sir Robert Walpole, le ministre des
finances le plus célèbre qu'ait eu l'An-
gleterre. Ce fut à lui que la n*ition fut
redevable de rétablissement du fonds
d'amortissement, base essentielle de
son crédit et de sa prospérité. George
11 allait tous les ans faire un voyage
dans son élecloiatde Hanovre; et pen-
dant son .ibsence, ia reine, revêtue du
litre de régente, sans être astreinte à
prêter serment , gouverna la Grande-
Bretagne avec loute la plénitude de
l'autorité royale. Elle mourut le 20
novembre 1757; mais, avant d'ex-
piier, elle engagea son époux avec
lis plus \ives instances à s'aban-
donner toujours aux conseils de Wal-
pole. IMalgré cette reconnu mdalion
pressante, et qui semblait dévoie
r. KO GEO ï35
rcmirc son cmlil iiicbranlablc, le mi- les, ils ne pouvaient recevoir ni vi-
iiistrc lavori ne \n\l rcsisic r lonj;;- vr('s,ni munilions. Li gloire de ce
t<nins ans rlanicms et ati\ cabaU s de sucrés lut hicntol obscurcie par la ba-
sses trop nombreux ennemis. lies(l«)o/,o taille de Fonlcnoi ( i 745), j)erdue par
premières années du règne de Gcor- leducdeCumberland contre LouisXV.
no II s'étaient écoulées d.«ns une paix Mais le sentiment pénible de celle
profonde : VValpole ne cherchait (pj'à deTailedut faiic piace à des inquiètu-
cn proloni;(rla durée; njais en 17^9 des plus vives. Le prince Edouard ,
les déprédations continuelles des Ks- fils du prétendant, n'ayant pour ainsi
pagjiols sur iecommercede la (Irandc- dire d'autre appui que son nom et les
i^ietagne excitèrent une telle indii;na- droits de ses aicuX;, était descendu eu
lion , qu'il fallut se préparer à veuji;er Ecosse, et, en p«u de jours, avait pe-
la nation outragée. Quelque repu- nétré jusque dans la capitale de ce
gnance que le minislre éprouvât pour royaume ; ce succès Important cxal-
une rupture, il ne put se défendre de tant son audace, il avait fait une ir-
déclarcr la guerre. Des revers qui lui ruption en Angleterre, à la tête de
étaient étrangers, et que la haine lui quelques milliers de montagnards ,
imputa , le forcèrent de donner sa dé- accouru^sous ses drapeaux, et il mar-
mission. {Foy. llobeit VValpole. ) rhait à grandes journées sur Londres.
liOrd Garttret, le nouveau ministre qui II n'était plus qu'à cent milles de cette
lui succéda dans l'affrction et la cou- métropole: le sceptre de la Grande-
fiauce de Gcore,e lï;, attira bientôt sur Bretagne semblait devoir échapper à
sa patrie de plus grands désastres , la maison de Brunswick ; l'épouvante
en fiiisant intervenir son maître dans avait saisi tous les cœurs. Sur ces en-
Li guerre que la mort de Charles VI trefaites, le duc de Cumberland est
venait d'allumer sur le continent. L'at- rappelé en Angleterre: sa présence
lâchement que George II avait con- ranime le courage de la nation; il force
serve, ainsi que sou père, pour l'élec- renuemi à retourner sur ses pas , le
torat de Hanovre, le portait naturel' joint à Culloden(i7/i.6), et le metdans
îemeut à faire tous ses efforts pour en une déroule complète. Cette mémora-
luaintenir la sûreté, qui dépendait du ble journée, qui renversa pour jamais
juste équilibre des divers intérêts du les espérances des Stuarts , fut suivie
corps germanique. Quarante nulle An- de sanglantes exécutions contre les
glais marchèrent au secours de la reine Lcossais qui dans celte conjoncture
de Hongrie , IMarie -Thérèse , alors s'étaient montrés leurs partisans,
abandonnée par l'Europe entière, et ( Foy. Cumberland et Stuart. ) La
pour ainsi dire accablée sous les forces victoire de Cuîloden fut la dernière
de la France. Le roi, qui dans la faveur que les armées anglaises ob-
guerre de la succession avait donné tinrent de la fortune. Elles furent
de grandes preuves d'intrépidité, vint battues par le maréchal de Saxe à
en personne prendre le commande- Lawfeld ( 1 747 )• Le ministère britan-
nenl de cette armée. La victoire de nique, ne voyant plus dans la guerre
Deltingen (1743), due en partie à des chances as^ez heureuses pour la
l'impétuosilé mal calculée du duc de continuer, consentit enfin à la paix;
Gramont, sauva les Anglais d'une rui- etletrailéd'Aix-la-Chapellemitun ter-
ne presque totale; car depuis quelques me aux calamités de l'Europe ( i 748).
^ours, coupés par le maréchal de Noail- Après une guerre si dispendieuse, ei.
i34 GEO GEO
qui avait porte la dette publique à mais droite et bien faite; ses cheveux
une somme énorme, la Grande-Bre- étaient |)londs ; il avait les yeux très
tagneétonua l'Europe par une mesure saillants et le nez rctrous.sé. Son pre-
qui prouva et la richesse de son com- iiiier mouvement était vif; mais il
merce, et l'étendue de son crédit na- s'apaisait aisément, et était généra-
tional. Les créanciers de l'état acquies- loment doux et humain. On en vit
cèrent volontairement à une telle ré- un exemple remarquable à l'époque
duction d'intérêts qu'à peine aurait-on de la rébellion réprimée en 174^*
osé croire que la proposition en pût I^orsque la majesté royale offensée dc-
étre faite avant même que la ration mandait vengeance, que la prudeticc
eût contracté la moitié de celle dette, exigeait des exemples, et que l'huma-
La paix d'Aix-la-Chapelle était peu nilé et le repentir solhdtaient des
l^loricuse pour l'Angleterre : aussi fut- pardons, plusieurs coupables furent
elle de courte durée. Quelques misé- punis , et le plus grand nombre fut
rablcs querelles survenues à l'occasion pardonné. Ses infenlious furent ton-
des limites du Canada entre les com- jours droites , et il fut toujours fidèle
mandants anglaise! français, causèrent à sa parole. On ne peut pas dire qu'il
une nouvelle rupture entre les deux eût des qualiié> très brillantes; mais
nations. Des revers passagers trom- toute sa conduite ofTie des preuves
pèreul d'abord les espérances delà d'un bon sens très remarquable, et
Grande-Bretagne; George lise vit d'un jugement solide et éclairé. Sobre
luême dépouillé de toutes ses posses- et légulier dans sa manière de vivre ,
sionsen Allemagne: mais des conque- son économie, qu'on prit souvent pour
tes brillantes dans les deux ïixies ré- de l'avarice, le mit en étal d'entretenir
parèrent bientôt cette perte momen- dans le Hanovre un corps considéra-
tanée. George mourut subiteminl peu ble de troupes, qui , en cas de guerre,
de temps après ( 25 octobre 1 760) ; mettait à sa disposition une force dis-
ct sa mort eut pour cause la rup- plinée pour l'opposera l'ennemi; et la
inre de la substance du ventricule Grande-Bretagne dut principalement
droit de son cœur , qui arrêta sur- à cette mesure son influence prépon-
Je -champ la circulation du sang, déranle dans les affaires du continent,
sans aucune apparence de douleur, I! mourut précisément à l'époque où
et sans que celte maladie eût élé sa puissance militaire, Ténergie cl la
préceVhmuicnt annoncée par aucun sagesse de son gouvernemenf, avaient
.sympiùme. Jl était alors dans la élevé rAngietcrrc à un degré de gloire
soixantc-dix-septièmc année de son et depuissance qui n'avait été surpassé
âge, et la 5?)". de son règne. Il avait sous le règne d'aucun de ses prédé-
cu de la reine Giroliue d'Anspach cesscurs. Nul d'cLtrc eux ne fut
deux fils et cinq filles, savoir : Frédé- plus aimé du peuple que George II
rie, prince de Galles, pèie du roi ac- ) était à sa mort. Cette morl fut con-
tiu'l (George 111 ); Guillaume , duc de sidérée par beaucoup de gens con)nie
Guud)erland; Aune, mariée au prince une calamité nationale, parliculière-
d'Orange; Marie, qui épousa le land- nient dans une conjonclurc où l'An-
grave de Hessc-Cassrl ; Louise, ma- gleterre <'tait engagée dans une guerre
liée au roi de Danemark; Amélie et dangereuse tlout il avait élé le prin-
Caroline, qui n'ont jamais été mariées, cipal instigateur, et donl il aurait su
Gtoige II c;ail d'une petite taille, conserver les avantages , qu*un chaii-
GEO ORO i5f;
f rmcnt de mrsnns trop prompt pnii- îiicmc ponssd plus loin. Surprise par
v.iit f.iiro pcrdrr. On l'.i nccnsoM'.tvoir 1rs duiilcurs de IVnf.tfil('m('iil à II:iii)[i-
J'Ousm: trop loin son .itfiuiieuu'iit pour loficourl , uii se trouvait alors ia fa-
/;fs sujets h.iiioviicns, (Unc'i/ied'.tvoir linllc royale, la |)rinc(•s^c fut Irans-
Tialii pour Irurs inlcrèl.s cvux de la porter, par oidrc de son Cjionx, au pn-
< M.iiu|e-l>reti^n( ; m.iis il a lionora- lais de Sî.-Janics , où elle aecoiirlia
h'nnt-ntrepousHi et anéanti tout soup- pour ainsi dire ciand<'.-)linenieiit. Li
Ç(»n de cclie espèce, dans la guerre de reine, ni aucun des grands officiers
sept ans, par son rm|)ressetn('iit à d'etaf, d(uill.i présence est rei^aidee
exposer ses c'tals (rAI!<'niap;ne à utiQ comme nécessaire en pareil c.is, n'a-
rninc presque inévitable, plutôt que dî vnient ctc avertis. Vivement offense de
consentir à la Rioindre réduction sur celle omission aficctëe d'un devoir iu-
les droits que les Ani^iais prétendaient disppusrd>le, George II fit signifier à
cri Amérique. La facilite de son ca- son fils de quitter le palais, et ne voulut
raclère fut pour lui la source de I>ien jamais lui permettre de venir recevoir
des chagrins doniesiiques. Des horu- ia bénédiction de sa mère expirante,
mes intrigants, qui surprirent sa con- i^a reine mourut efTeclivcment sans
fiance, le tinrent presque toujours l'avoir vu; mais la bonté' maternclie
i^o'e de sa famille. Sous le règne de lui fit notifier par nu message, qu'elle
son père, il cul pende part augouver- avait pardonné. De ce moment , le
neuu'ut. La seule fois qu'il lui fut pcr- prince de Galles s'attacha de plus en
mis d'administrer le royaume en l'ab- puis aux membres de Topposition :
fcnce du roi, qui était parti pour le sa maison devint le rendez-vous ha-
llanovrc, on donna tant de limites à biiuel des Bolingbroke, des Pitt, des
son pouvoir, qu'il ne pouvait prendre Chesterfield ; elc. , et on le vit cons-
aucune resoluiion sans le consente- tamment combattre avec eux les pro-
incnl des ministres. Il parvint nëan- jets présentes parla cour au parlement,
inoins à se rendre très agréable au George iï, étant déjà d'un âge mûr
peuple par l'aiïabiiiîé de ses mafùères. lorsqu'il vint en Angleterre, ne put ja-
Celte circonstance ne* servit qu'à ang- mais acquérir une connaissance assez.
menfer h's inquiétudes ombrageuses pi oloude de la langue du pays pour eu
qui indi-^posaientie roi contre lui. au apprécier Pcncrgie et les beautés: aussi
point de lu: interdire le palais de St.- ne paruî-ii jamais faire assez de cas de
James, et do le priver des honneurs la littérature angl.ase, qui ne fit que
de son rang pendant plusieurs années, très peu de progrès sous son règu',-,
George II n'éprouva guère plus de C'est à lui cependant que TAngleterrc
satisfiction de la pari de Frédéric, fut redevable de rétablissement du
prince de Galles, son (ils; ce jeune Musée bril^nni(pje, service le plus iin-
prince , doué d*ai!!enrs do talents portant qui pût être rendu aux scicn-
endnents , mais c^aré par des sugges- ces et à la littérature en général, et
tions perfides , n'eut point pour lui qui assure pour jamais à ia mémoire
les égards respectueux qu'un fds doit do George Jï la reconnaissance de
à son père. La princesse de Galles ap- tous les savants. Son pelit-fils hii suc-
])rochait du terme de sa grossesse céda, sousle nom dcGccrgelII. B.M,
( 1757 ), sans (pi'aucune nouvelle en GEOîKrE , duc de Clarencc, frèro
€Ût encore été donnée au roi, son aîné ù'E'lùuard IV, roi d'Angîe-
beau-père j l'oubli des bienséances fut terre, naquit eu î449' Pi'csomp-
i36 GEO
tiieux , emporte , d'une humeur in-
•Ljiiirte et remuante , il se crut r?p-
•pAé par sa naissance aux premiers
emplois de la couronne; et se voyant
i)égiij;e' par le roi, e!<)ij;iie' n'ême du
gouvernement, tandis que le^ pircnts
de la reine étaient comblés d'hor.-
neurs et jouissaient d'une ii;fluei;ce
sans bornes , il regarda celle préfé-
rence exclusive pour des parvenus
comme le plus san^lmt dis outrages.
Le comte de W;uAvi(k, alors dis-
gracié, et qui méditait la chut< du
monarque ingrat qu'il avait placé sur
le trône, sut profiter avec adresse des
mécoi'ieitteinents du jeune prince
pour i'a>sociir à ses projets de ven-
geance; et lui donnant sa file Isa-
telle en m.rioge,il rendit leurs in-
térêts communs. Uiàs par une al-
liance >i ctriiie, ces deux l)on)me»
puissants s'occupèrent bientôt des
moyens de salisf.iire kurs ressenti-
ments. D'. bord ils excitèrent en se-
cr( t à la révolte quelques seigneurs
turbulents; et voyant se piop ger
avec rapidité rinceiulic qu'ils avaient
allumé, ils cruient l'occasion f»vo-
rable , se mirent à la tête des re-
belles, et [xdjlièient un manifeste
contre Edouard. Mais la défaite im-
prévue de Koberl Welles , l'un de
leurs pirlis<ns, ayant rompu leurs
ine.M.res, ils furent contraints d'aller
en pays étranger» herclieriin asi'e con-
tre \ii fureur du r(»i vit lorieiix, qui ve-
nait de metlie leur têli' à prix. Ils se
réfugièrent en France, où Warwick,
par l'entremise de Louis XI , ne
tarda pas à se réconcilier avec IVIar-
gueri;e d'Aijuu , et s'cn^ai;ea for-
iiiellemenl à rendre à l'époix de
cette reine infui lunée le sceptr»* qu'il
lui avait ra\i. ïc Ile était raveugle
animosiîé du duc de Clarence , qu'il
promit de coi. courir de l^.ifes ses
forces d rixécutiou d'un tr-iité cjui^
GEO
s'il eût été' couronné long - temps du
succès , riit anéanti pour jamais la
maison d'Yoïk. Tandis que ce prince
imprudent négociait avec les plus im-
]ilacables ennemis de sa famille , une
favorite de f» duchesse son épouse ,
gagnée par Edouaid, vint le trouver
sous un prétexte plausible, et lui ou-
vrant les yeux sur l'abîme qu'il creu-
sait sous ses pas, l'ctt bientôt ra-
mené aux sentiments de la nature.
Clarcnce, frappé des raisons de cet
émissaire , après avoir obtenu la pro-
messe que ses torts seraient oubliés,
fit as>urcr le roi d'Angleterre qu'il
abandonnerait le parti des Lancas-
tiiens au premier moment favorable.
On peut voir, à l'ai licle Edouard IV,
avec quelle incoi cevabîe promptitude
ce prince fut préci[ilé du trône, et
Henri VI rétabli dans tous ses droits,
et comment le roi fugitif reconquit sa
puissance après quelques mois d'exil.
Clarcnce fut fidèle à la promesse ({u'il
avait faite à son fière. Dans un instant
décisif, la veille de la bat.tille de Bai net
(avril 1471), il abandonna le comte
de Warwick, et entraîna dans sa dé-
fection un corps de douze mille
hommes. Malgré ce service impor-
tant, il ne put recouvrer l'amitié
d'Edouard , qui conserva toujours le
souvenir de sa trahison. A peine ,
dans l'espace de sept ans, en obtint-il
une marque de confiance. Toutefois
nommé plénipotentiaiie de la nation
britannique en i475, il signa en cette
qualité le traité de Tecquigny. Mais un
orage terrible devait bienlôt éclater
sur sa tête. Clarcnce s'apercevait de-
puis long -temps, qu'il ne jouissait
(l'aucune considération personm Ile à
la cour, et que toutes les faveurs
él.ii( .it , c«>mme autn fois , rés( rvécs
pour les Woodwill. Trop franc pour
dissimuler sa h,;iuc, il se répandait
eu invectives contie la niiic cl ks fa-
GEO
voris ; cl srs tli.scoiiis iiuliscrcls nc-
cusaitnl iiuinc Ir roi de son aviii^lc
piilliliU'. Kdoii.iid croyait n'avoir
(jur irop dr motifs de r<d(mlcT un
Mijit si dai!j;crcux. Unr nouvelle cir-
con.st.mrc vint encore ajciilcr à son
rcssenliii«rnt. Le duc de Bourgoi^ue
venait, en mo nnt , de transniellre
son iinniense lieVila^e à sa fi. le uni-
que Marie. Cl.ir(nce , qui a\ail perdu
son épouse, fit demander cette prin-
cesse en mariage ; el i était sur le
|)uiut de rublcnir , lorsqu'ÉJonard ,
P indigne d'une alli.nce qui se con-
tiactail sans sa paiticipation , el
crai'j;nant d'ailK urs l'eievulion d'un
frère qu'il haïssait moilelleiuent, em-
jL ploya tous ses effuits pour rompre
^ l'union projeîce, el I,: roinjiil en effet.
Le monarque anglais mit dans sa
conduite Ls j.rocedés les plus insul-
tants pour son frère , ju.<:quc la qu'il
osa proposer à Marie d'épouser le
comte de Ri vers , l'un des frères fa-
voris de la reine. De nouveaux ou-
trages exaspérèrent encore le duc de
Clarence. Quilques-uns de ses plus
intimes confidents fiirent punis de
mort sur des prétextes frivoles, sans
que ses sollicitations el ses prières
pussent fiire adoucir leur sentence. Il
fut Oifin forée de reconnaître que
son amitié était leur seul crime. Son
cœur était ulcéré ; quelques propos
peu racsuiés jurent échapper à sa
colèie. Il n'(n falli t pas davantage
pour le faire aceuicr de tramer de
nou\ elles cnspirations. Le duc de
Gio(e>ler , ne .song( ant qu'à détruire
ses frères l'un par l'autre pour se
frayer un chemin au tronc, aigrit en-
core l'esprit du roi contre le duc de
Clarence. Édouurd se porta lui-même
accusateur de ce piinre ma'.brurcux ,
que le parh ment condamna bientôt à
perdre la vie. Pour toute faveur, on
lui accorda le choix de son supplice j
GEO i57
cl il fut noyé clandestinement dans
un tonneau de malvoisie ( 147B):
choix hizine, dit Hume, et qui sup-
pose une passion excessive poiu' cette
liqueur. Polydore-Virgilc a avance' ,
et plusieurs hi.stoiiens ont rcpclc
après lui, qu'il fallait allrihucrla mort
du duc de Carence à la réponse d'un
devin qui avait prédit que , quoique
Edouard eût des < nfmls, d aurait pour
successeur uu prince dont le nom
commence rait par un G, et que Cla-
rence s'appeliiit George fut celui sur
1( (juel le roi jeta ses soupçons. Dans
un siècle où l'on croyait aux sorti-
lèges, il n'est pas impossible qu''une
considération de cette nature ait en
partie fait commettre un crime si
atroce. ÎS — e.
GEORGE , prince de Dane-
maik, fils de Frédéric llï , fière de
Cluislian V, était né en i653, et fit
avec Christian les campagnes de Sca-
nie , contre Ch .r!es IX , 1 oi de Suède.
L'année i683 , la cour de Dane-
mark entra en négociation avec celle
d'Angleterre , sous les auspices de
Louis XIV î et il fut résolu, pour
gagner Christian V, que son frère le
prince George épouserait la princesse
Anne, fille de Jacques 11 , alors duc
d Yoïk. Ce mariage eut lieu le 28 juil-
let. Jacques , devenu roi , ne put se
maintenir sur le trône : le prince
George s'attacha à la fortune de Guil-
laume d'Orange , qui , peu après s'être
emparé du trône , le créa duc de
Cumberland. Il naquit de sou union
avec Anne , qui devint reine à la mort
de Guillaume , treize enfants , tous
morts en bas âge. George mourut lui-
même en iroS , plusieurs années
avant la reine , qui, en montant sur
le trône , l'avi'it créé lord et grand-
amiral du royaume. Il ne partagea ni
le titre , ni les prérogatives de la
royauté, et ne prit aucune part, même
î33 GEO
indirecte, aux affaires iraportantcs.
Yera Tannëe lôgS, il obtint, pour
la nation diuoise, le droit de construire
une éj^lise à Londres , et d'y faire le
service divin en danois. Cette église
est dans le quartier de Wapping, où
Ton voit aussi , à peu de distance ,
lej^iise des Suédois. En Danemark ,
la mémoire du prince George s*est
conservée, par les soins qu'il donna
à la culture iks^ arbres fruitiers , et
dont les résultats se font surtout re-
marquer aux environs de Wordios-
borg , dans i'île de Selande. Ce can-
ton est encore le plus riche de l'île
en arbres fi uiliers. C — au.
GEORGE I". (GroRGi ou Korki),
roi de Géorgie et des Abkhaz, de la
race des P.igralides , succéda à son
père Bagrat ÏJI , l'an ioi5. Il était
l'un des plus puissants princes chré-
tiens. 11 possédait tous les pays qui
s'étendent depuis la mer Noire jus-
qu'à l'Albanie, c'est-à-dire la Géorgie
proprement dite, le Kakheti , le Gou-
riel , l'imirette et !a Mingrelie , avec
plusieurs provinces des contrées si-
tuées au nord du mont Caucase. 11
avait une très grande influence sur
les événements politiques des états qui
environnaient son royaume. De son
tomps, c'est à-dire l'an i o-.io , le roi
Kaki^ 1*""., roi d'Arménie, mourut.
Ce prince était le chef de la famille
des Pagr..lide>; il u'-idait dans la ville
d'Ani, et il prenait le litre de v*"clia-
i^anschah (roi des rois). Il laissa fn
mnurant deux fils : r.iîué, Mohanuès
Si mpad , boinine d'un caractère |)a-
cirique, monta sur le troue; mais son
frère Aschod, prince guerrier et en-
treprrnaiit , voulut l'eu chasser. Le
roi George reconnut pour roi d'Ar-
ménie ilohannès, lui envoya une cou-
ronne royale par un ambassadeur , el
lin secours de tioupes pour résister à
son frère, qui, soutenu par les princes
GEO
de l'Arménie méridionale , vint mettre
le siège devant Ani. Après plusieurs
combats très sanglants , les deux frè-
res firent la paix, et partagèrent le
royaume par la médiation du roi
George et des princes arméniens Va-
sag et Vahram. L'an 1021 , George,
fier de sa puissance , se révolta contre
l'empereur deConstantinople Basile If,
el refusa de lui payer le tribut qu'il
lui devait pour une portion de la pro-
vince de Daik'h , limitrophe de ses
états , que ce prince lui avait cédée
antérieurement. Il rasscfubla, de tous
cotés , des troupes pour soutenir sa
lébellion , et demanda du secours à
Hohannès , qui lui envoya un certain
nombre de soldats. Lorsque l'empe-
reur Basile apprit la rébellion de
George , il était dans la plaine de
Garin ou Theodosiopolis ; el il dépê-
cha vers ce prince plusieurs de ses
ofïiciers pour l'engagera rentrer dans
le devoir. Mais celui-ci renvoya ces
messagers avec mépris, et ne voulut
entendre aucune proposition. Basile
alors entra dans l'état du roi de Géor-
gie , fit livrer aux flammes la ville
d'Oj;ormi, et se dirigea vers le pays
de Vanant, puis vers le lac de Bala-
patsis, où il rencontra l'armée de
GeOige , commandée , sous les ordres
de ce prince, par Rhad et Zoiad, de
la race des Orpéîiaus. On s'attaqua
avec iureur: dans le commencement,
l'avantage parut être du coté des Géor-
giens; mais /{uand le générât Uhadeut
été lue , la victoire se déclara pour
les Grecs. George perdit dans cetfe
alfaire la plus grande parlie de sou
armée; et il lut contraint de chercher,
avec une partie de son peuple , un
asile dans les profondes vallées du
(laucase, du côté du pays des Abkhaz.
B.isile pénétra , sans trouver de résis-
tance, dans l'intéiienr de la Géorgie ,
qu'il mil à feu et à sang; el il revint,
G E 0
après avoir rava};c dou/.c provinces,
]);»sscr riuvcr à Trcbizoïulc^, dans le
\\n\l. IVml.uil «|imI e'til d.ms celte
Ville, lcroiii'Ariucijir,al!ictleG('orL;c,
tpuuvantc par la dcfaitc de ce dernier,
ciivova dennudcr la p.ÙK à D.ksiK' ,
eu oirraiit de lui céder la sonver.ii-
iiefc de SCS états , .iprc6 sa mort. F/erii-
]>crear lui accorda sar)S peine la paix
à cette condition. L'année siuvanle,
George sortit de sa reliailc, ras.setii-
Lb une armée, vainquit les troupes
grecques qui étdent restées dans son
rovaunic, et lit des courses jusque
dans l'Anatolie, cl même dans les en-
virons de Trcbizonde. Basile était
alors occupé à soumettre quelques re-
l)elles de l'Asie mineure, qui l'inquié-
taient beaucoup. Lorsqu'il en fut dé-
barrasse', il se hâta de passer les
jnonts Khaglidik'h , et d'entrer dans
\i province de Daik'h , pour putiii*
les Géorgiens de leur insolence. 11
ravagea de nouveau les états de
George, qui, a[ipréhendant le même
sort que celui qu'd avait éprouve l'an-
née précédente, demanda la paix avec
beaucoup d'instance : l'empereur la
lui accorda , et emmena en otage son
iils iiagrat , qu'il renvoya dans sa pa-
irieenviron troisansaprès. George l'.
mourut en lo^i-^; et son fils Ba-
grat IV lui succéda. S. M — n.
GliOHGE 11, fils et successeur de
Bagrat IV, moiîta sur le trône en
l'an 1072 de J. -C. Les piinees
lurks de la dynastie des Seldjouki-
cîes, possédaient alors plusieurs loile-
resses dans la Géorgie; et de temps
à autre , ils y eavoy.nent des corps
de troupes qui rava[4,eaienl le pays.
Teflis même , capitale du royaume ,
était en leur pouvoir. Lorsque le sul-
llian Melik-Scliah , fils d'Alp-ArsIau,
fit mon'é sur le trône de son père,
et qu'jl eut soumis toute la Perse sous
ï3 puissance, ii envoya une grande ar-
GLO iSrj
mec pour soumettre entièrement lai
Géorgie. Le roi George se propira à
la rej)ous.ser, et cireetivemcnt il rem-
porta sur clicplusieursavintages .-mais
comme ses troupes étaient peu nom-
breuses , et qu'il n'avait pas de nioyci
de réparer sa perle , il ne put parvenir
à vaincre complètement l'armée per-
sane ; il fut défait, et contraint de
fuir dans la partie la plus reculée de
ses étals. Ce prince prit alors la ré-
solution d'aller en Perse trouver le
snllhan Melik-Scliab , qui le reçut
coinme il convenait à un roi, le re-
plaça sur son tiône , et le lenvoya
dans son priys, à condition qu'il lui
paierait un tribut. A cette époque ,
plusieurs bordes do Tiars et de
Turkmans, de îa nation des Khav.ks,
vinrent s'établir en Géorgie , où leurs
descendants se trouvent eneore ac-
tuellement. Les uns se fixèrent sur
les rives du Kour, entre l'embou-
chure de l'Aiazani et la ville de Ghori ,
cl les autres entre la rivière lori et
Khaschmi. George II régna en paix
jusqu'à sa mort , qui arriva en l'an
1089. Son fils David II lui succéda.
S. M— N.
GEOPxGE ni, roi de Géorgie , fils
de Démétrins P'., monta sur le trône
en l'an 1 156 de J.-C, et succéda à
son frère David III , qui ne laissa en
mourant qu'un fils en bas âge, appelé
Temna. David avait fait venir auprès
de son lit de mort le jeune Tem-
na , son frère George , le patriarclie
de Géorgie , le sbarabied Ivane Or-
péiian, avec son fils Sempad, et tous
les grands du pays; et il leur avait fait
jurer de reconnaître son fils pour roi,
et de le faire sacrer en cette qualité.
George prit l'engagement d'accomplir
la dernière volonté de son frère ; et
son neveu fut confié à Ivane Orpé-
lian, qui avait été chargé par Da-
vid de le protéger. A peine ce priucc;
j4o GEO
eul-il fermé les yeux, que George
oublia sa promesse , s'attacha à ga-
gner les grands; et enfin, du con-
sentement même d'Ivanc, remplaça
son frère sur le Irone. Voulant, par
ses belles actions , faire oublier son
parjure et sa honîcuse usurpation,
il se pre'para à faire une invasion
dans les pays occupes par les Mu-
sulmans en Arménie, pour se ven-
ger de leurs fréquentes incursions en
Géorgie. Il entra, en 1161 , dans le
pays de Schirag , et assiégea la ville
d'Ani , possédée alors par un prince
musulman , nommé P'hadiouu : elle
ne tarda pas à tomber en son pou-
voir. A cette nouvelle, MihranSchah-
armen , roi de Khelalh et de Mand-
zkerd , redoutant le voisinage des
Géorgiens , et le sort de P'hadloun ,
se hâta de prendre roffensive; et ,
vingt jours après la prise d'Ani par
George , il vint se présenter devant
ses murs , pour tenter de reprendre
cette ville avec une armée de quatre-
vingt mille hommes. Le roi de Géor-
gie , dont les forces étaient bien
inférieures , s'était enfermé dans la
place pour «e défendre : il en sortit
avec sept mille combattants, défit en-
tièrement l'armée du roi de Khelath ,
qui fut obligé de lever le siège et
de se retirer dans ses états. Gt.'or'ie,
content de ses succès , confia la garde
de la ville d'Ani à m\ prince nomme
S.itouu, cl il se retira dans ses états.
Saloun fit peu après relever les for-
tifications d'Ani, (t la mit dans u\i
état respectable de défense ; ce qui
irrita beaucoup George , qui craignait
que ce gouverneur ne se révoltât con-
tre lui : aussi il lui ùta le commande-
ment de celle ville , et il le donna au
prince arménien Sarkis , fils de Za-
k'haro. Satoun fut si piqué contre
Georj*" , (pj'il se relira à la cour de
l'alabck lldigiiiz, priucc de l'Adei'-
GEO
baidjan, où il fut assassiné peu après
par des émissaires de son souverain.
La fuite de Satoun amena une guerre
entre les Géorgiens et l'atabek : le roi
George rentra en campagne en i lOi,
et s'avança en vainqueur jusqu'à la
puissante ville de Tovin en Arménie ,
qui était alors possédée par les Mu-
sulmans ; elle fut prise , et soixante
mille prisonniers persans tombè-
rent entre les mains des chrétiens.
Aussitôt que l'atabek apprit cette nou-
velle , il se prépara à tirer une ven-
geance éclatante des chrétiens , el il
rassembla une puissante armée pour
aller chercher George jusque dans le
sein de ses états : il prit el bi û!a les
villes de Mrean et d'Aschuag, passa au
fil de l'épée tous les Arméniens et les
Géorgiens qu'il rencontra ; enfin il
entra dans la province de Koukark'h ,
et vint camper dans la plaine de Gaga.
Le roi George et son sbarabicd Ivane
Orpélian vinrent l'y chercher avec une
armée assez nombreuse ; il s'y livra
une bataille très longue et très san-
glajite, où i'al.ibck tut mis dans une
déroute complète, et contraint de
rentrer couvert de honte dans ses
état:?. L'année suivante , Ildigbiz fit
un nouvel armement contre les Géor-
giens, et il engagea le sulthan des Seld-
joukides, Arsian , à prendre part à la
guerre. Ces priuces ^e mirent en mar-
che avec des forces considérables ,
composées de Persans et do Turks ;
cl ils vinrent mettre le siège devant
Ai'.i , qu'ils tinrent bloquée pendant
trente jours : ne pouvant enlever la
place de vive force, ils en levèrent le
siège, el se contentèrent de faire des
courses dans le pays des Géorgiens.
La guerre traîna en longueur jxn-
danl (pieNpies années; el , à la lin ,
(ieorge, pour faire la paix, ronsen-
tit à remetlre Aui enirc les mains dos
Persans. Peu après ^ vers Tau 1171,
GEO GEO t4i
George se rnnil à la ictc de ses lioii- iiciulanl longtemps elroitemcnl blo-
pes, et inarrlia roiilrc celle ville, <juec : tons ceux qui y étaient ren-
qu'il n'avait altamioiinre aux Persans fermes avec le prince Orpclian l'a-
qu'avrc braucoiip (le regret. Il lit pli- bandonnèrenl , rcfionluit la colère
sonnier IVmir musulrnan Arairschali, de George /Femna liii-memc le qiiilta,
cpiiy Citniniajulait, reniiiieiia en (icor- et Ivane se vit [)resquc seul enfermé
gic, cl con(ij la défense d'Ani à son dans la forteresse, attendant vainc-
sharibicd IvaneOrpclian. lldiglii/, vint ment des secours de Perse. George
alors avec son armée assiéger encore envoya alors vers lui, pour l'engager
ime fois cette ville , qui fut réduite à la à rendre la place , et à se soimicttie
derinère extrcmil(' : Ivane était sur le à sa puissance : il promettait de ne
point de se rendre ; njais les Arme'- lui faire aucun mauvais traitement,
ïiicns qui habitaient Ani, et qui re- Le prince Orpelian, voyant que sa
doutaient la vengeance des Musul- re'sislance n'avait plus d'objet, puis-
iiians , le pressèrent de résister en- que Temna l'avait abandonne' , sor-
corc: il le fit avec tant de succès que lit de la forteresse, et vint dans le
l'atabik fut forcé de s'en retourner cainp de George, qui viola indi-
eu Perse. Vers l'an 117"^, il éclata gncment sa parole en le faisant raas-
de grandes divisions entre ks princes sacrer avec tous ceux de sa famille
ge'orgiens : Ivane, irrite contre le roi qui se trouvaient dans la Gc'orgie ;
George, voulut le détrôner, et mettre il fit bien plus encore; il voulut
en sa place son neveu Temna , qui anéantir jusqu'au souvenir de leur
était le légitime héritier de la cou- nom dans son royaume, en ordon-
ronne. Un grand nombre de pnnces nant de détruire tons les livres qui
géorgiens et arméniens se joignirent traitaient de leur histoire. Ces événe-
à lui dans le même dessein. George, ments arrivèrent en l'an 1177. Pour
épouvanté de cette ligue, se réfugia qu'il n'y eût plus à l'avenir de troubles
dans Téflis, où Ivane vint l'assiéger dans ses états, George fit crever les
avec toute son armée. Le siège dura yeux à son neveu Temna. Il parta-
fort long-temps : les princes alliés dT- gea ensuite toutes les possessions du
vane s'ennuyèrent ; George parvint à prince Orpelian entre ceux qui Ta-
lcs détacher du parti de son adver- vaient servi avec le plus de zèle dans
saire , et à les faire passer dans le sien, cette guerre. George mourut peu après.
Il reçut bientôt un secours qui lui vint vers l'an 1 1 80 ; il eut pour successeur
du Kaptchak , et qui lui fut amené par sa fille Thamar. S. M — n.
un nonmié Klioubasar. George sortit GEORGE IV , surnommé Lasciia
de la ville , défit les troupes d' Ivane ou le Lippu, roi de Géorgie , succéda
et le contraignit de lever le siège : ce- environ vers l'an 1198 à sa mère
lui-ci se vit abandonné par ce qui lui Thamar, fille de George lïl. Il était
restait de partisans, et il fut réduit fils d'un prince de la race des Pagra-
à s'enfermer avec le jeune Temna, tides nommé David, qui possédait le
dans la forteresse de Lorhi qui lui ap- pays des Ossi dans le Caucase , et qui
partenait. Il envoya alors son frère fut le second mari de sa mère , la
Libarid et ses deux fils auprès de reine Thamar. Au commencement de
l'alabek Ildii^hiz pour lui demander son règne, les Musulmans de Gandjah
du secours. George vint chercher firent une invasion en Géorgie : il
Ivane jusque daas Lorhi , qu'il tint marcha contre eux avec une puis-
i4^ GEO
santé armc'e, et 1rs contraignit de se
sonmetfre à sa doininalion. Sons le
régie de Georp;e IV, les arme'cs gcor-
gicnncs soutinrent, en conibaltant les
Musiilraons, la gloire qu'elles s'e'laicnt
acquise sous le lèpne prëccilent.
Zak'hare, prince arménien , génëra-
J'Ssime dos troupes du roi (ioor^ïe ,
fut chargé en l'K^g d'une expédition
contre les atnb' ks de l'Adcibaïdjan ,
passa l'Araxe, s'empara de ia ville de
M.irand et de son territoire; il y
fit beaucoup de piisonnicrs, et força
tin crand nombre d'habitants du pays
d'embrasser la religion chrétienne et
de se faire baptiser. L*annéc suivante
il pénétra dans riiitcricur des étals de
i'atabck, et prit Ardcbil où il y eut un
grand massacre. Ce génér;il rentra en
Géorgie avec un immense butin, et
mourut en laii, dans la ville de
Lorlii, sa résidence. George régua en-
suitcrnpaixpendantplusieurs anné'S,
jusqu'à ce que les généraux moghols
de Djenghiz-Khan entrèrent en Ar-
Tnénic* Après la défaite du sulthan de
Kbarizm Djelal-lvldyn et sa retraite
dans l'Inde, Sabada-Bahadour , chef
ri*nn corps de Moghols , pénétra dans
l'Adf rhaïdjau, avec riutcuiion dcsou-
inrltrc tous les peuples qui environ-
naient la mer Caspienne. L'an 12*20,
ce général «^'avança vers le défilé de
Derbend , dont il se rendit maître,
puis entra sur les terres du roi de
Géorgie, où il fit de grands ravages,
traversa le Kour, et vint passer l'hiver
dins la plaine de Peghameilch entre
ia ville de Banlaah et IV'luiiguutn. Au
commencement du printemps , il s'a-
"vança vers la province de Konk iik'h,
pourconquérir le reste de la Géorgie.
A cette nouvelle, le roi George, le
sbarabied Ivane, qui avait surcédé à
.son frère Zak'hare, et Vahram,j)rin(C
«le wSchauik'hor , rassemblèrent leurs
teonnes, ctviuicntàla rcuconlre des
GEO
Mof»lioîs, dans la plaine de Khounan ,
où ils leur livrèrent bataille: les corps
commandés par George et Ivane furent
mis dans une déroute complète et con-
traints deprpn<irela fuite ; maisVah-
rara et ses soldats se conduisirent si
vaillamment, qu'ils parvinrent, a nrè*
un combat fort long et très sanglant,
à forcer les Moghols de faire retraite
jusqu'au pays de Kartman. Ces étran-
gers restèrent encore quelque temps
dans cette contrée ; puis ils se mirent
en route pour en sortir par le défile
de Derbend, qu'ils trouvèrent occupé
par leurs ennemis. Ne pouvant passer
par cet endroit , ils furent obligés
de se frayer un chemin à travers les
gorges inaccessibles du Caucase : les
peuples de Khountchakh voulurent
s'opposer à leur retraite; mais ils
étaient trop faibles pour résister aux
Moghols , qui les vainquirent , eu
firent un grand carnage, et continuè-
rent leur marche vers le pays de Kapt-
ehak, pour aller rejoindre les armées
mogholes qui étaient à l'orient de li
mer Caspienne. L'an 1222 , un ass(Z
grand nombre d'habitants du pays de
Khountchakh, dont les habitations
avaient été détruites par les Moghols,
vinrent trouver le roi George et le
sbarabied Ivane , et les prièrent de
leur accorder des terres dans leurs
états, promettant de les servir fidè-
lement : refusés dans leur demande ,
ces fugitifs dirigèrent leurs pas vcri
la ville de Gandjah ou Kandsag,
(jui était alors occupée par les Mu-
sulmans, pour obtenir un asile dans
son voisinage. Les Musulmans leur
ayant accorde ce qu'ils demandaient,
ils s'éiablirent dans les environs d«î
cette ville. Cet arrangement ne plut
])as aux Géorgiens, qui voulurent
chasser ces étrangers des cantons
qu'ils venaient d'occuper. Ivane ras-
sembla, eu iTijf les armées géoi
GEO G KO i4:S
gicniies , cl vint fuiulic à l'iinpro- .sions intcbliiics djiis la r.icc royale
visie sur les fugitifs de Klioimt- des Pat^ratldcs , divisions foinrnleos
cli.Ali , qui le vninqiiircnt coniplclc- par les j)iinces ino^liols de Perse, qui
inciif, dt'frui.sirenl son armce, firent clicrdiaicnt à se rendre rn;iî(res de ce
prisonniers un ^'rand nombre de ses royaume. George p:irvinl par ses belles
parents, et le contraignirent de pren- qualités à faire cesser les {guerres
tire la fuite. I/aunce suivante , Ivane civiles, et à engaji,er tous les Geor-
revint avec une nouvelle armée, et se gicns à se souniellrc à une seule do-
vcngca des revers qu'il avait prc'ce'- niination. 11 gouverna toute la con-
dcmment éprouves. Le roi George tre'e depuis les limites occidentales du
n'existait plus à cette e'poque; il était royaume d'Imireih , jusqu'au flciive
mort en 1 223 : ce prince n'.ivait pu Tchoroklii, et de là jusqu'au pays
se consoler des ravages que les Mo- de Kaklictbi et au deHie de Der-
ghols avaient faits dans la partie me'- bcnd. Quand il fut paisible possesseur
ridionale de ses états, ni oublier quM de ses e'iats , il secoua le joug ôcs
avait été vaincu par eux; ce chagrin sulthans mogliols de Perse, dont i'em-
avait termine' ses jours. Il n'avaitpoint piresVcroulailjil s'affranchit du tribut
eu d'épouse légitime, et ne laissa d'une que ses pre'de'ccsseurs leur payaient ,
concubine qu'il aimait beaucoup, qu'un rassembla des troupes, chassa entière-
jeune cnfint, nommé David , qui fut meut les armées mogholes de la Gcor-
roi dans la suite sous le nom de Da- gie,et, déplus, ravagea les provinces
vid IV, et mis sous la tutelle de Bon- d'Erivan, de Schirvvan, et de Mogan ,
Soudan, sœur du roi j mais elle s'em- qui restèrent sous leur domination,
para de la royauté' au préjudice de son Quoique les contrées soumises à ra
neveu. S. M — n. puissance eussent été dévastées pir de
GEORGE V , roi de Géorgie, fils longues et sanglantes guerres , il par-
de David V , fut placé sur le trône vint à les rendre florissantes, et à ré-
après la mort de Vakhlang III, en parer tous les maux causés par le ra-
i5o4, par Aldjaiton, sulthnndesMo- vage des Moghols.Ce prince mourut eu
ghols de Perse. Comme il était encore paix en i54^, après uu règne long et
fort jeune, et qu'il n'était pas en état heureux; son lils David VI lui suc-
de tenir lui-même les rênes du gou- céda. S. IVI — n.
vernement, on confia l'administration GEORGE VII était fi;sde BagratV.
du royaume à George, fils du roi En l'an i588, Tamcrian entra dans
Démétrius II. Le jeune prince vécut la Géorgie pour détruire ce royaume,
fort peu de temps ; et il fut remplacé et forcer ses habitants à embras-
par son tuteur George, qui suit. ser le musulraanisrae. Le roi Bagrat
S. M — N. fut vaincu dans plusieuri combats : sa
GEORGE VI, fils de Démétrius îï capitale Teflis fut prise; et lui-même
ou Dimiiri^ succéda à son parent fut contraint, pour conserver sa cou-
George V, dont il avait été le tuteur, ronne, d'aller trouver le conquérant
II- est compté au nombre des rois les lartare en personne, de reconnaître sa
plus célèbres de la Géorgie , par les puissance et de se faire musulman ,
services qu'il a rendus à son pays: les tandis que ses fils^George, Constantin
Géorgiens lui ont donné le surnom de et David, qui ne voulurent point suivre
très illustre. Depuis fort long-temps son exemple, se réfugièrent dans lefi
la Géorgie était déchirée par des divi- gorges du Caucase, avec uu petit nom-
i44 OEO GEO
bre de partisans. Le roi Bagrat , qui George , qui avait chassé les armées
n'avait embrassé la religion de Maho- musulmanes de ses états. Tamerlan
met qu'en apparence, tut emmené par vint camper près du monastère de
Tamerlan en Arménie jusqu'au pays Manglisi, dans lepaysde Somkhethi ,
d'Artsakb : ne sachant que faire pour et envoya un messau,e vers le roi ,
se tirer de SCS mains et retourner dans pour le sommer devenir lui rendre
ses états, il prétexta un grand zèle hommage dans son eamp, en lui or-
pour la nouvelle croyance qu'il venait donnant outre cela d'embrasser la loi
d'adopter, et demanda à son vain- de Mahomet. George méprisa les me-
queur un corps de douze mille Persans naccs de Timerlan , et se r- lira dans
pour rentrer dans son royaume, et la partie la plus inaccessible de son
pour en convertir enlièiement les ha- royaume : Tauieilan alors s'avança à
bilants. Tamerlan se laissa tromper la tête de son armée, et prit la lorte-
par cette proposition, et accorda à Ba- resse de Birlvi>i , située sur les bords
trratle nombre d'hommes qu'il desirait: du fleuve Algèle, au sud-oue^t de
celui-ci lit aussitôt avertir secrètement Teflis ; mais bientôt après il changea
SCS fils de se tenir prêts a les attaquer de dessein , rentra en Perse , et aban-
avec avantage dans des lieux dilïkiles donna la Géorgie pour)am;iis. Dès qu'il
où il se proposait d'engager ces Per- l'eut quiitée, George rassembla toutes
sans. George rassembla tout ce qu'il ses troupes, reprit Teflis avec toutes
trouva de soldats géorgiens cl iraéré- les autres t'uteresses conquises , et
tiens se mit à leur tête , se conforma chassa tous les Musulmans de ses états,
entièrement aux avis qu'il avait reçus, Les Persans tentèrent plusieurs fois
détruisit tout "ce corj)s d'armée per- de venger cet outrage, et de rentrer
San et délivra son père, qui abjura en Géorgie : jamais ils ne purent en
le musulmanisme, et rentra avec lui venir à bout; George les mit toujours
dans Teflis. Tamerlan, transporté en déroute, et ils furent contraints de
d( fureur, rentra dans la Géorgie, où faire la paix avec lui. La Géorgie fut
il Ih les plus horribles ravages , ruina tranquille et heureuse sous le gouver-
et dévasta les villf-s, les églises cl les nement de George, qui mourut en
monastères. Cesmalheursneces>èrei;t i4o7; son IVèrc Constantin ^^ lui
point pendant tout le temps que Ba- succéda. S. M — n.
cral régna encore sur la Gt;orgie: il GEORGE Vllï, roi de Géorgie ou
mourut en \7n)f\. Son fils Ge(.rge plu ôt de la partie de la Géorj;ie nom-
étant monté sur le trône, ne voulut mée K'hartuli , dont la capitale était
pas plus que son père se soumettre à la Teflis, était fds de Constantin II; et
puissance de Tamerlan : ce conque- en ir»>./i il succéda à s(m frère David
rant fil en Géorgie une troisième ex- VU, qui s'était fiit moine. Ce prince
péJition,quine fulpasbeaU('oup plus était tributaire des sullhans de Perse
décisive (jue la précédente. George se de la r.ice di s solis. Il régna en paix
réfugia dans les montagnes: les armées pendanl dix ans , et mourut eu i )54,
persanes ravagèrent le plat pays ; et laissant le trône à son neveu Louar-
Tamcrlan retourna en Arménie sans sab 1 , fils de David VIL S. M — n.
avoir pu forcer le roi dans sa dernière GKOlUiE IX, roi de Géorgie,
jetraitc. En l'an i/joo, le conquérant fils et successeur de Simon l, monta
tartare rentra pour la quatiième fois sur le trône en iGoo, avec la permis-
dans la Géorgie, résolu de punir K* roi sion du roi de Perse SchaU-Abbas, qui
(; E 0
avait rnluit son pî rc à l.i quarte' de
simple vassnl. Sons le it-j^nc «le Goor-
pp, m 160"), lis Ollioiii.uis firent
une invasion en (leoii^ie , et s'empa-
rèrent ilu p.iys nonutu''Sn-Ala]);iç;o, qui
conij)rnul l.i ville d'Akli il-TsikIic elle
leiritoirc qui en d('j)en(l. Il fut alors
démembre dn royaniiic de Géorgie ,
réuni à l'empire otliuman et adiuinis-
trc par un paclia. A peu j>rès vers la
uièmc époque, le roi de Géorgie en-
voya une ambassade vers le Izar de
Russie, Boris Feotlorovitch Goudou-
nof, pour mettre ses états et sou fds
Jesseï sous la protection de ce prince.
Celui - ci lui demanda alors f le'lène
en mariage pour son fils Fedor; et
i| promit de donner sa fille Xenia
Borisowna, au neveu du roi George,
nommé Kbosdro, qui fut envoyé à
Moscou pour terminer ces négocia-
tions. Tous ces projets n'eurent point
de suite ; car, vers la fin de ïa niérac
année i6o3, George IX mourut em-
poisonné par les ordres de Schah-
Abba<. ]1 eut pour successeur son fils
Louarsab II, qui monta sur le trône
avec la permission du roi de Perse.
S. M— N.
GEORGE X , roi de Géorgie ,
fils de Vakhtang IV, succéda à son
père dans le gouvernement du pays
de K'Iiarthli , en 1676, tandis que
sou frère Artcbil prit possession du
royaimie de Kakhethi. Ce prince
gouverna en paix la Géorgie pendant
plusieurs années, sous la souverai-
neté des rois de Perse ; mais ensuite
voulant profiter de la faiblesse d'Hous-
sein-schab, il leva des troupes, se ré-
volta, et tenta de soutenir ses préten-
tions par la forée des armes. Hous-
scin-schali conféra alors le titre de
roi à Héraclius I' '^., fils de Tlieimou-
ras r*"., roi de Kakhethi. Ce prince
embrassa la religion musulmane, prit
U Dora de Nascr-ali-klun , et entra
r, EO f/i5
en i()SS dans le pays de K'barthli
avec une année persane. Les deux
rivaux se livrèrrnt de longs et de san-
glants cond)ats, qui n'eurent aucun ré-
sultat décisif, lléraclius ne put jamais
devenir paisible possesseur de la cou-
ronne; George, épuisé par les fré-
quentes batailles qu'il avait livrées à
son compétiteur et aux Persans , con-
fia l'administration de ce qui lui res-
tait de son royaume à son frère Le-
van, et alla auprès de Schah-hous-
sein , à Ispahan, où il embrassa lo
inusulmanisme , et prit le nom de
Gourgliin -khan. Schah-housscin le
reçut avec bonté, et lui accorda le ti-
tre de waly de Géorgie : mais il ne le
renvoya pas dans ses états ; il le
garda à sa cour, et lui donna le gou-
vernement de la province de Ki 4-
man. Pendant l'absence de George,
Héraclius rentra en Géorgie avec des
troupes , en chassa Levan , et s'y fit
reconnaître roi : mais son autorité fut
de courte durée; car il fut bientôt
après chassé par Levan. Lorsque les
Afghans se révoltèrent pour la pre-
mière fois contre le roi de Perse, ce
monarque nomma Gourghin - khan
gouverneur deKandahar, et il l'en-
voya avec une puissante armée pour
soumettre les rebelles. Gourghin les
eut bientôt fait rentrer dans le de-
voir. Le bruit de sa valeur s'était ré-
pandu jusque dans ces contrées : il
n'eut pas la peine de combattre ; per-
sonne n'osa soutenir sa présence.
Quand il fut établi dans son gou-
vernement , il voulut rechercher les
auteurs de la révolte; et sous ce pré-
texte il accabla les Afghans des plus
cruelles vexations, et les réduisit au
désespoir. Ceux-ci envoyèrent des
députés de leur nation à Ispahan au-
près de Schah-houssein pour se plain-
dre de Gourghin : les grands de la
cour , amis de ce dernier , empc-
10
i46 CEO GEO
chèrent leurs priores de parvenir jus- vainquit une fois ; mais ils n'en conlî-
qii'au souverain. Gourgliii), cxtiême- n aèrent pas moins leurs de'vastcilions.
ment irrité de ce que l'un s'élait piaint Dms ce temps les Turks entrèrent
de lui, appesantit encore le joug de sa dans la Géorgie par un autre côté,
domination sur les malheureux Af- sous le commandement du pacha de
ghans. Il (ît arrêter tous les chefs des Kars. George fit march* r contre lui
familles , parmi lesquels était Mir- son fils aîné David, qui mit en dé-
Waïs, Tun des personnages les plus route l'armée turkc , et prit la for-
distingués du pays. Lorsque ce dcr- teresse de Kizil - tchaktchak ; on fit
jiier fut arrivé à Ispahan, où il de- bientôt la paix, et David rentra avec
vait être gardé prisonnier comme ses troupes dans le royaume. Après
éuspect, il s'occupa d'y pratiquer des la mort d'Agha- Mohammed - khan ,
liaisons avec les courtisans pour ga- son neveu Baba-khan devint souve-
gner la bienveillance du roi, et pour rain de Perse, et envoya une am-
inspirer de la défiance .-iur la puis- bassade au roi George pour l'enga-
sance et les projets de Gourghin- ger à se mettre sous sa protection , en
khan son ennemi. Mir-Wa'is parvint lui donnant pour otage son fils Da-
bientôt au succès de ses vues dans vid. George , qui redoutait la puis-
cette cour, et il fut environ deux ans sancedcsRusses, aurait bien voulu ac-
après renvoyé avec honneur dans sa ceptcr cette proposition ; mais il la re-
patrie j ce que Gourghin - khan re- fusa cependant , parce qu'il en craignit
garda comme un alFront insigne, dont les conséquences pour son royaume,
il chercha le moyen de se venger à Afin desemeltreàrabridc lavengean-
quelque pris que ce fût : mais avant ce des Persans, il songeait à se mettre
d'avoir pu accomplir ses projets, il sous la protection des ïurks, attendu
fut assassiné par son ennemi au mi- qu'il se trouvait alors sans aucun se-
lieu de son camp en 1 709, lorsqu'il cours de la partdes Russes j il ne le fit
allait combattre une tribu d'Afghans pas non plus, parce qu'il craignit en-
révoltés. S. M — N. core d'irriter ces derniers. Il envoya
GEORGE XI , dernier roi de donc demander du secours à l'empc-
Géorgie, était fils du fameux Pléra- reur Paul l*'". ,qui fit |)artir deux ré-
chus II. Du vivant de son père, il fut giments pour le soutenir contre lesPer-
couverneur des provinces de Bort- sans. Ayant alors rassemblé ses trou-
chalo et de Somkhethi, situées dans pes et cilles que lui fournirent les peu-
la partie méridionale de la Géorgie, pies de Schouschi et de Srhaki , i\ en
et s'illustra par son courage dans donna le couunandenicnt à son fils
les fréquents combats qu'il soutint Jean , qui se joignit aux troupes
contre les Persans pour défendre le russes, cl marcha contre les Lezghis,
royaume où il était appelé à régner, commandés par Omar-kh.in, du
Héraclius mourut le I i janvier I 798. pays d'Awar. Ces peuples furent
George XI ne monta donc sur le vaincus sur les bords du ileuve Voii,
Irôiie que dans un Age fort avancé, dans le pays de Kakhelhi ; et la
Sous son règne, la Géorgie fut conti- Géorgie fut pendant quehpie temps
nuellemcnl ravagée par les invasions délivrée de leurs incursions. George
des iiezghis , qui se répandirent ini- mourut ])ru après, en 1800. Ce
j.unénunl dans toutes les parties du prince, (pu fut le deruier roi de la
royaume. Le prince Jean suu iils les Géorgie, aviut éj»ou>é ilcux lemmes.
GEO
qui sr nninmaioiii , Kclcvan , de la
famille K.aiomkasclivili, et IMuir,
ii.li- ilii priiK-c Gcov^Q Zi/.iaii. Il ^cul
de 1.1 piciuière David , qui céda l'Iic-
rilago de son l>t'ro à rempcrciir
Alexandre , cl qui vit ai tuelloineiit à
lVui>l)oiir^ avec le titre de lieiUc-
iianl-pieneial , Georj;^, Ijigrit, Tli i-
liimuas, et quatre filles nommées Var-
vara,So|)lji.i, Anna »! Riplisima ; li scn-
fanls de la seconde lemme sonlMik-
jMel,Diibnl, Jlia, Okrop'lian , Iz.ikii ,
TlKunar «t Anna. S. iM — n.
GEORGE P^, ou JOURl P^,
Wladirnirowkch , grand -prince de
Kiew, alors le siège de la souverai-
neté en Russie, monta sur le troue
l'an ii4(), après en avoir chassé
Isiaslaf : il en fut cliassc lui-même
plusieurs fois jusqu'en i iS/jXelte an-
née il affermit sa puissance, et vit
tous les autres princes s'humilier de-
vant lui. 11 se proposait d'entrepren-
dre une expédition contre la ville de
îio\vgoiod, dont il e'fait mécontent;
mais la mort le surprit, et il ter-
mina, en II 56, son orageuse car-
rière. La passion de tout envahir et
de dominer aux dépens de ses voi-
sins lui fit donner le surnom de Dol-
gorouki (aux longues mains). Ce
surnom lut conservé à l'un de ses
fils , duquel prétend descendre la fa-
mille des princ(S Do'gorouki , une
des plus distinguées du pays. Ce fut
George ou Jouri 1 '^. qui donna nais-
sance a la ville de Moscou. Il n'y
avail alors, dans l'emplacement qu'oc-
• cupe celte vile, qu'un village -ippar-
tenanl a un riche propriélaiie. George,
pa saut par les dom:iines de ce pro-
priétaire, tut à se plaiiîdre de lui , le
iit condamner à mort, et s'empara de
ses biens. Peu api es il fit construire,
près de la rivière de iMoskwa , un
bourg, qui fut entouré d'un rempart
de bois , et qu'il peupla d'une colo-
&E0 i47
nie appelée de <livers endroits de
ses étals. Telle fut l'origine de cMIe
ville de Moscou, q ù dans la suite de-
vint la capitale des c/ats, qui par
son imnnnse étendue a toujours f.iit
rétonnemeni des vcy.igcuis, el «luî
dans les dernier^ temj)s fix i l'atten-
tion de l'Europe par un d(S évcnc-
menlslespus remarquabifs d'' Ihis-
loire. — r,EORGE 11, ou Jouhi II,
Usevoh^dowitch , t;r.ind piince de
Wolodimir , oiî était alors le pre-
mier tronc de Russie , monta , d'a-
bord, sur ce trône en l'an i,ii'2 : au
bout de cinq années de rc;;ne, il fut
obligé de le céder à Constantin son
frère. Celui-ci, au moment de mourir,
rappela George, et ie décîai i .son suc-
cesseur. La Bussie avaii beaucoup
souffert par le par'.age des provinces
entre plusieurs souver.ins : mais elle
éprouva une calamité bi'-n ]dus ter-
rible ; ce fut l'invasion dt^s Tatars
mongouls , qui avaient alors pour
khan le fameux Djenguiz. Les princes
russes ne purent concentrer leurs
forces pour résister à ces farouches
guerriers, parce qu'ils se méfiaient
les uns des autres. George ou Jouri,
qui , en qualité de premier souve-
rain , eût dii se mettre à leur tête ,
resta long-temps dans l'inaction , et
ne songea à conjurer l'orage que
lorsqu'il avait déjà éclaté sur une
grande partie du pays. Sa capitale fut
prise; sa femme et ses enfants furent
égorgés. Réduit au désespoir, il ras-
semble, en 1237, une armée con,«;idé-
rable, combat avec fmcur, fait ba-
lancer la victoire, et succombe enfin
percé de coups. Sa mort acheva de
répandre la confusi'm et le découra-
gf ment. Batou , qui commandait les
Tatars dans celte expédiiion , ne
trouva plus de résistance, tt devint
le maître drs destinées de la Russie.
La soumission des princes russes au
i4B GEO
joug de ces étrangers dur.i jusqu'à la
fin du xv^. sicclf. Iwan Vasiiievvitch
re'ussit à y mettre un ternie par son
courage, et en profitant de h< désu-
nion survenue parmi les chefs des
Tatars. C — au.
GEOKGEl IT , patriarche d'Arme'-
nie , succéda à Zacharie T '. , le
i3 janvier 876. 11 était né dans la
ville de Karhni, et il avait été élevé
dans le palais patriarcal : il était gé-
néralement estime pour sa science et
ses vertus; et tout le monde le vit
monter avec plaisir sur le premier
siège pontifical de l'Arménie. En 885,
il sacrale prince des Paj^ratides , As-
chod, roi d'Arménie. Cette cérémonie
se fit avec une grjndc solennité dans
la ville d'Ani, eu présence de tous les
grands du pays, et du général arabe
qui gouvernait l'Arménie p(»ur le kha-
lyfe. Il y avait près de cinq cents ans
que la dignité royale était éteinte. Ce
prince montra pendant (ont son règne
la plus grande considération pour le
patriarche George, et ne fil pres-
que rien sans le consulter. Ce fnt entre
SCS bras qu'il mourut, en 889, à
K'harsbarh-Abarajn, dans le pays de
Scbirag, en icvenant de Constanti-
nople. L'année suivante, George cou-
ronna roi le fils d'Aschod, qui se
nommait Scmpad; mais bientôt l'on-
cle de ce piince, appdé Apas , se
révolta à Kars , s'y lit déclarer roi,
fit charger de fers son parent Ader-
nerseli , roi de Géorgie, qui était
du parti de Scnqiad , et marcha pour
lui enlever le trône. George voulut
prévenir la guerre (jni était sur le
point d'éclater mire les iicux pa-
rents. Il se hâta d'aller trouver Apas,
pour l'engiger à rendre la lil)crlé à
Adernersch et à faire la paix: ses siqi-
plicaiions furent iiuitiles; et Sempad
fut oblig<: d'em[»loyer la force des ar-
mes pour conliaiudif son oncle à
GEO
reconnaître son autorité. Apas , ir-
rité contre le patriarche qui n'avait
pas voulu prendre part à ses pro-
jets, répandit beaucoup de bruits
calomnieux contre lui, pour le faire
chasser de son siège ; mais il ne put
en venir à bout , et il en mourut
de chagrin en l'an 891. L'année sui-
vante, le khaiyfe fit remettre à Sem-
pad une couronne royale par son lieu-
tenant Ap'hschin ; et le patriarche le
sacra dans l'église d'Erazgavors, dans
la province de Schirag. L'an 895 ,
Ap'hschin , gouverneur de l'Arménie
méridionale , qui était ennemi de
Sempad , voulut le faire périr , et
se prépara à venir l'attaquer dans le
sein de ses états. Le patriarche alla
au-devant du général arabe, pour tâ-
cher de désarmer sa colère et l'en-
gager à ab.indonner son entreprise.
Ap'hschin feignit de se laisser con-
vaincre par les raisons de George;
et il lui persuada d'amener Sempad
pour avoir une conférence avec lui.
ijC patriarche vint donc trouver le roi
d'Arménie , pour lui faire part des in-
tentions d'Ap'hschin : mais ce prince,
qui connaissait la perfidie de ce der-
nier, refusa d'aller au rendez-vous;
et George retourna annoncer au gé-
néral ennemi que ses démarches
avaient été inutiles. Celui-ci , trompe
dans ses espérances , ne put mo-
dérer sa fureur : il fit charger de fers
le patriarche , qu'il emmena pri-
soiuuer à sa suite , et qu'il gard.i
dans son camp jus([ti'àceque llamam,
roi des Aghovans, le racheta pour une
sonuue considérable; et ce prélat re-
tonrna dans sa résulence en /Vrménic.
Mais extrêmement allligé de l'étal dé-
sastrenx où se trouvait sa patrie , qui
était déchirée par les démêlés des
princes de la famille royale, et par
les courses des Arabes , il se re-
lira dans la province de Vasbouia-
r.EO f.EO i^<5
f.in , où il tomba I)i<'iit»')t ninl.ulc, rt sioiim dr gr.iiuls tron!)lcs en Ar-
iiiomul l'ail Ht)7 , apirs .«voir occu- iiuiiiK'. (icoi j|;c , p.ir l.i durcie de son
pc le palri.iicut pendaiil .u ans et caractère , mecoiitnila la plupart des
quelipics mois. ()ii rmtcrra dans lo pr^-tros et des princes qui eliient al-
iiioiiaMère de Dsoicii - Vank'ii , au taches à son ]).irti. Ils rabandonnèrcrit,
pays de Dosl) : ii eut pour succès- el allèrent joindre Grégoire dans la
bciir IMasclidols. S. M — N. iiioiit.'j^ne Noire , où l'on forma im
Cil'X)HGE m, palriarrlic, naquit à concile, qui déposa George en Tau
liOrhi, ville du pays de Dascliir, dans i''75, après un yjalriarcat de moins
J'Anneuie scptentiionalc. Il fut sccrci- de deux ans. Abandonne de tous ses
taire du patriarche Grégoire II , qui j-.arlisaiis , Gcoige fut contraint de
résidait dans la petite Arménie, à quitter TItavplor; il se retira à Tarse,
Tliavplor, ville du pays de Dchahan, où il mourut bientôt après. S. M — sv.
où les patriarches d'Arménie siégé- GEORGE LE FOUf^ON, ou de
jcnt pendant quelque temps. En rV//>/7rtr7oc6' , intrus placé sur le siège
l'ail 1071 , le patriarche Grégoire, d'Alexandrie, fut appelé du premier
ennuyé des soins de l'cpiscopat , et nom , parce que cette profession
allligé par le spectacle des maux qui était exercée pnr son père; et du se-
dcsolaient l'Arménie , résolut d'aban- cond , parce qu'il était originaire de
donner sa dignité, et de se retirer dans celte province. Ammien-Marcellin dit
une solitude pour y (inir saintement qu'il était d'Epiphanie , en Gilicie 5
sa vie : il ne communiqua son dessein mais son opinion ne peut pré-
qu'à son secrétaire George Lorhetsi, valoir sur celle de Saint Albanase ,
qui voulut l'accompagner dans sa re- qui dev.iit bien connaître George, et
traite. Les rois et princes de la petite qui le fait Cappadocien , ni sur celle
Arménie, K^ikig, Adovm et Aponsàhl, de St. Grégoire de Nazianze , Cap-
lentèrent de dissuader le patriirchc padocicn lui-même, qui reconnaît
d'accomplir ce dessein; mais ils ne George pour son compatriote. Le ca-
piirent en venir à bout. Us se détei- ractère, les sentiments et la conduite
minèrent alors de mettre en sa place de George répondaient à labassesse de
son secrétaire George, qui se laissa sanaissance.Peud'hommesontéléplus
ficilcment séduire par l'éclat delà di- corrompus et plus méprisables. Il fit
guitc patriarcale. Lorsqu'on fit con- d'abord le vil métier de parasite. Pour-
naîire cette résolulion à Grégoire, il vu ensuite d'un emploi subalterne dans
fu fut très étonné : bon gré mal gré, les fournitures de l'année, il détourna
il sacra George patriarche à Thav- à son profit l'argent qui lui était confié,
j<lor, et se relira dans la montagne et fut obligé de s'enfuir. 11 se livra
r^oire de la Gilicie occidentale. Jkau- alors au vagabondage. A tant de raau-
coip de ptrsonnes ne voulurent pas vaises qualités, il joignait une pro-
leconnaître le nouveau pontife, et fonde ignorance , n'avait aucune con-
allèrent trouver Grégoire dans sa naissance des lettres humaines , et
solitude, en continuant de le regar- bien moins encore des saintes Écri-
dcr comme le seul légitime patriar- tures et de la théologie. Get homme,
che. George en fut très irrité, et néanmoins, « hardi, sans pudeur et
maltraita beaucoup -ceux qui s'alta- w sms entrailles, » parut aux Ariens,
chaicnt au patriarche Grégoire , mal- dont il partageait les erreurs, uu
grc soQ abdicaiioij j ce qui occa- iustruineut dout ils pouvaicut uùlf
i5o GEO
ment se servir. Ils firent entrer dans
leurs vurs l'eiu^j' rciir Constance , qui
était ieui pr«>l«.cteur et leur appui.
Ce fuf à Aulioclie, Tan 556, dans
une dsscmbice de trente évêques
ari'jus, que le respectable Geors^i- fut
ordonné et reçut la nii>sion d'wller
gouverner rëgli-ic dont St. A i)anase
ët-^it ie ve'ritabic cvcque. Gcor-^e fit
son entrée à Alexandrie , ac< ompa-
giie, par ordre de Ci)nstancp, des
sold (fs commandés par Sébas-lieu ,
duc d'LgVj'ie et nianirlȎeu , digue es-
coi U' d'un intrus. Sun arrivée tut pour
les catholiques un signal de persécu-
tion. Sous préttx'.e de chercher St.
Alhaujuc , qu'on supposait caché dans
lavihe, ou touilla partour ; on viola
les a^il(^s les plus sac es; « les viejges
fun lit met érs en prison , les e\êques
liés et 11 aînés pir les soldats; on
pilla les maisons , on enleva les <hré-
îiens pen.laiit l.i nuit, » et il n'y eut
sorte de dé>oidre a- quel ou ne se
livrât. Ce n'est pas seu em^ut sur les
catho'iques que Georg' < x( rça sos vio-
lences; Icsijolàlies, ;es Ariens ménjc
n'en furent pas» xcmpts, de sorte (ju'il
se rendit également odieux à toiji.
Telle fut sa conduite à Alexandrie
jusqu'en 56.1. Les Alexandrins s'é-
tait nt déjà soulevés contre lui , et l'a-
vaient obligé de fuir. Mais , ap[)uyc
par Constance , il revint plus terrible
que i^imnis. Il n'est j)as douteux qu'un
nouveau soulèvement n'( ûi écl.ité con-
tre lui , si les esprits n'avaient été re-
tenus par la crainte d'Arthème, alors
duc d'pj'^yple, ami de Geoige. Julien,
});irvenu a j'empire, ayant fait couper
a tête à ce duc, les païens, d(Mit
George avait pillé les tuiiples à son
])ioni, cl qui le regardaient comme
je destructeur de leurs dieux, ne se
continrent plus ; ils se jetèrent sur
George , ri racciblèrent d'injures
çl do coups, Le lendemain j ils ic
GEO
promenèrent par toute la ville sur un
chameau , et , ayant fait allumer un
bii.her, l'y précipitèrent avec sa mon-
ture; ;qircs quoi, ils jetèrent ses cen-
dres au vent , et pillèrent sa maison
et ses trésors. Julien , en apprenant
cette nouvelle , fut irrité , ou feignit
de l'être. Il écrivit une lettie sévère,
mais ne poursuivit pas les coupables.
Seulement , en amateur de livres , il
fit faire des recherches pour recou-
vrer la bibliothèque lie George , qui
était très nombreuse {\), et qu'il con-
nais>ail. C'est le sujet de deux lettres
de ce prince , Tune à Ecdicius , gou-
verneur, et l'autre à Porphyre, tré-
sorier-général d'Egypte. — George ,
patriarche d'Alex.aidrie, succéda, en
l'an G'.>.o , à Jean l'Aumônier, qu'on
croit avoir été son oncle. Dès l'année
tii6, les Perses s'étaient empares de
l'Egypte ; et Jean avait été obligé d'a-
bandomu r son siège et de se réfugier
dans l'île de Cypre , où il mourut.
( f"oj\ Jean l' Aumônier. ) L'église
d'Ah'xandrie gémissait sous la domi-
nation de ces peu[)les, lorsque George
en prit le gouvernement. Il eut à sou-
tenir et à consoler son troupeau. On
sait |)eu de choses sur ce qui le con-
cerne. Haronius fait mention de lui
en l'an ()2o , commencement de son
épiscopat , et eu 63o , temps de sa
mort. Estd auteur de la f^ie de St.
Jean - Chrjsoslôme , dont Pholius
fiit mention ? Pholius dit qu'il n'ose-
rait l'assurer. Casimir Oiidin penche
pour r.ifiirmalive. Tilman , char-
tnux de Paris, très habile dans h s
lettres grecques, a donné une version
latine de celte vie , in-fol. , Paris ,
,rr.-:
G KO OKO i5i
>JT. VMc se trouve en grec au vin', un pocinc sur la Vanité de la vie.
volume <lc IVdition des œuvres de (iiiiliaumc Civc ri Lëon Allacci, tout
Sf. Chi ysostùinr, inipriinco en iGi?), ou iu(li'|iiaiit Tcdiliou de Pnris, ont
parU'N.NoiusdolIciuiSavilU', j>rcvôtdu ciie, comme cdiliou princaps , celle
rollc'm- trKion. Le iiiènio Oudiu pense de Home, i Sqo , in-8°. , qfii ne con-
«pi'il ('.Mil encore ntlrihuci à (i(Oigf'(.rA- tient que le texte puhlie par .N-iômo
K'xandrie le Chroniam Jlcxandn jjiiineau , jésuite; l'ouvrage de George
jium , decouvcil dans une ancienne s'y trouve sous Je nom de St. Cyrille ,
bihliullièqne de Sicile, par Jérôme patriarche d'Alexandrie , sans qu'au -
Znrila, eenvaiu espagnol. Le jésuite ciuie noie ciitique, dis«:utanl la no-
Malliieu S.iiuîerns lit imprimer celte toricfc de 1 édition de 1384 ^^ '<'S
chronique à [Munich, l'-ni i(3i5, en droits incontestables de PiMdès, puisse
grec et en latin. C'e.^t un ouvrage utile un moment les avoir balances et donne
en chronologie; et Ton y trouve des quelque poids à cette ve'ritable erreur,
extraits de Jules Africain, et d'Eu- qui a élc bien re'paree dans les éditions
scbe de Ce'sarce, qu'on chercherait suivantes; toutes celles delà Bil»iiothè-
v:;inenicnt ailleurs. George d'Alexan- que des Pères reproduisent l'Hcxae-
drie eut pour successeur dans sou meron. Il acte imprime avec soin dans
siège Cyri!» le Monolhëlile. L — y. le Recueil des poètes grecs , tragiques ,
GEORGE PlSiDÈS, qu'il ne faut comiques, lyriques, epigrammatiques,
pas confondre, ainsi que l'ont fait plu- qui parut en grec et en latin , à Ge-
sicurs critiques, avec le George qui ncve, 1606, iGi/|, 'i vol. in-fol. Mais
fui archevêque de Niromédie, sur la l'édition la plus recherchée^ sans qu'on
(In du ix^ siècle, florissait en 63o. puisse cependant la regarder comme
Il était diacre, garde des chartes et la meilleure, est celle qui parut à Hei-
rëfërendaire de i'ëgîise de Constanti- dclberg, chez H. Commehn, iSfjÇ,
iiople. Il est rau(eur d'un poème en in-S''. George Pisidès était un auteur
vers ïarabiques , sur la création du très fécond -, car la liste de ses pro-
monde. Cet ouvrage, autrefois céiè- ductions est fort longue. Toutes n'ont
bre , est connu sous le titre consacré pas vu le jour ; la plupart sont des
de Hexaémeron ( ouvrage des six poésiesïambiques relatives aux événe-
jours ). Suidas rapporîe qu'il était de meiits de l'histoire contemporaine. Le
0000 vers : le temps l'a réduit de recueil le plus complet de ses œuvres
moitié; il en est resté 1 800, etc'estbien se trouve dans la belle collecliou
assez puisque personne ne le lit plus, connue sous le nom de Byzantine. II
La première édition de ce livre, inti- y fait partie du volume publié par Fog-
tulé , É^arjuc/iov h Ko(7ixovpyi7. , De gini , et généralement regardé comme
mundi opijficio , carmen ïambiciim, le plus beau pour l'exécuiion typogra-
fut faite a Paris en i 584, iii-4"- g'".-lat. , phique : Corporis hiUoriœ Bjzan-
sous les auspices do Frédéric Morel, tinœ noi>a appendix ^ opéra Geor-
impriraeur du roi , d'après un ma- gii Pisidœ , Theodosii diaconi et
nu>erit de la bibliothèque du cardinal Corippi Africani i^rammatîci com-
Sirlet ; quelques exemplaires de cette plectens, Rome, i 777, in-fol.Voici les
racme éduion portent la date de 1 535. titres des principaux ouvrages de
A la suite de VlJcxaëmeron se trou- Pisidès qu'il renferme : I. De ex-
vent quelques fraiiments du même pediiione Heraclii contra Persas
auteur; parmi lesquels on distingue acroasestrcs.W. Bellum Abaricum,
i52 GEO GEO
III. Hexa'émeron seu de opère sex médecin, nestorien de religion , ivti le
dieruin. Cette édition contient de premier de sa famille qui passa au
plus que les pre'ccdeutcs une ccn- service des khalyfes arabes. Voici les
tainc de vers qui ne rendent pas le détails que nous doune sur sa per-
puèmebeaucoup plus précieux. W .De sonne Abou-Osaiba , dans sa Biogra-
vanltate vitœ. Le texte de ces deux phie des médecins : George, père du
derniers ouvrages est accompagné de piemicr Bakhlicluia, dirigeait l'hopi-
)a version latine, en vers ïambiques , ta! célèbre de Djundi-Schabour, lors-
de l'édition de Paris. V. Contra Sève- qu'il fut appelé tn i 48 de l'hég. ( 766
rum. YI. Encomium in sanctum de J.-G.) auprès du klialyfe Mansour,
uinastasium inartyrem. C'est à tort attaqué d'une maladie grave qui avait
qucdans un dictionnaire on décide que résisté à l'art de tous ses médecins,
les écrits de Pisidcs n'offrent ni poé- Moitié de gré et moitié par force ,
sic, ni élégance. En général, eu égard il se rendit à Baghdad, et il justifia
au temps où il vivait , ses vers sont l'espérance qu'on avait conçue de son
harmonieux et d'une belle facture. Son habileté, en rendant proraptemcnt
stvle pèche plutôt par redondance et la santé à Mansour. Celle cure bril-
par les ddlauts opposés à la sèche- lante fut l'origine de sa fortune et
resse, quincscfaitapercevoirquedans de celle de ses enfants : traitements
le choix et la conception de ses sujets, considérables , habitation splendide,
également dénués de charme, de na- honneurs, rien ne fut ménagé pour
turel et d'intérêt. Cependant Pisidès lui faire oublier sa patrie. Mais il
fut regardé chez les Grecs comme un paraît que le séjour bruyant de la
crand écrivain. Rien n'égalait l'en- cour ne put le distraire cntière-
thousiasme qu'on avait conçu pour ment. Son esprit se reportait toujours
son talent poétique. On le comparait- vers les lieux où il avait laissé sa fa-
iVéquemment a Euripide; et dans ces niille. Apres cinq ans de séjour à Bagh-
siccles dégénérés, il se trouva même dad , il fut attaqué d'une maladie gra-
quelques petits Aristarques qui n'iié- ve pendant laquelle il reçut des preu-
sitèrent point à le mettre au-des- vcs non équivoques de l'attachement
sus du prince des tragiques. De si de son prince. Minsour s'informa ré-
bons juges ne seront point accusés gulicremcnt de son état , et Payant
certainement d'une aveugle prcven- fait transporter dans une des salles
tion en faveur de l'antiquité. George de son palais, il vint lui-même le voir.
Pisidès vivait encore à la fin du règne George répondit aux premières ques-
tl'Héraclius , dont il avait clianté les lions qu'il lui fit sur sa situation par
exploits. Le père Combirfis , dans sa des sanglots, cl s'écria : « 0 prince des
Biblioihèque des sermonaircs, a pu- croyants I laisse-moi retourner dans
Llié, sous le nom de Pisidès, des dé- ma patrie, afin que je puisse voir ma
clajnafions fort ridicules, qui ne sont funille, et que, si j'y meurs, je sois'en-
probalilemenl pas de cet auteur, puis- terré auprès de mvs pères. » Mansour
qu'aucun des anciens écrivains qui se hn |»roposa alors d'embrasser l'isla-
iiont occupés de lui n'en a fiit nieu- niisme, lui promettant le jiar.idis des
lion. G. F — u. Musulmans, (ieoige lui dit avec une
GEOR(»E. ^. AttiopoLiTEjCHiiY- toucliante naivclé: «Je mourrai d.ms
|0<;ot;<:i s, SvNCti.r.i:. la religion de mes pères, et je veux
GEOUGE, fils de Gabriel; célèbre aller les liuuvcr uù ils soûl, soit
r,RO r.KO 155
fti par.ulls, soit (Ml ciifiM-. » M;msoiU' et proscrite, loml).! dans Voiilili. On
Jic put s'i'iiipn lier de riir de <<ilc ir'- pcul ci)ii.sulU'r mit (elle hi.iiKlic (l(S
poiisc, cl il lui permit de quitter H;ii;h- luedccins syriens .ill.K-lies aux kl»a-
did; mais rn même temps il lui fit lyfcs , la ]jiugraplu(! (rAbuu-O.sjiba
douiier 10,000 pièces d'ur, tl or- ( /^^qr.ceuom, loin. I , p. ()() ). J — ^.
donna à l'un de ses serviteurs de l'ac- GEO iUi E de T [\ E lî 1 VA) N 1) E
compaj;u«r , et, dans !e cas où George na(pjit en 1 5()G , non pas à Tre'hizon-
niourrail pendant le cln niin.de tr.Mvs- de, comme i'oni écrit cpielques bio-
porler son corps dans le lieu où il vou- graphes, mais à Cliandace, dans l'île
Jail être enterre. George arriva à Djun- de Crète :Trel)izonde était la patrie de
di-Scliabour; cl il paraît qu'il y resta ses ancêtres. 11 vint en Italie sur l'in-
jusqii'à sa mort, dont nous ignorons vitatiou de François Barbaro, noble
i'epoque. En quittant Mansour, il lais- vénitien , pour y professer le grec à
sa auprès de lui Aisa l'un de ses élèves. Vciiise. Ce voyage peut être fixe vers
Celui-ci trahitla confiance du klialyle, l'auncc 1 45o ; car George devait rem-
et fut puni de mort. Mansour voulut placer Philelphe, et Ton sait que Phi-
alors que Grorge revînt près de lui ; lelplie quitta Venise en i^'iS. Les
mais ce vieillard avait ialt une chute leçons de George eurent le plus grand
peu de temps avant de connaître la succèsj et sa réputation s'ëtant rcpan-
volonté de Mansour, et il ne put s'y due par toute l'Italie, le pape Eugène
conformer. 11 se lit remplacer par un l'appela à Uome, etlcfil son secrétaire.
de ses élèves nommé Scrgius, qui plut Aux fonctions de secrétaire apostoli-
au khalyfe, et le servit jusqu'à sa que, qu'il continua d'exercer sous le
mort. George parlait, outre le syriaque pontifical de Micolas V, George joi-
sa langue naturelle, l'arabe, le persan gnit celles de professeur de littérature
cl le grec. Il traduisit en arabe, pour et de philosoj)hic. Les Italiens, les
Mansour, plusieurs ouvrages grecs; Français, les Allemands, les Espagnols
et il composa en syriaque un Traité accouraient pour l'entendre ; et pen-
de médecine qui fut traduit en ara- danl plusieurs années, sa gloirc.comme
be par llonaïn. Il laissa un fi'.s nom- professeur et comme écrivain , alla
mé Balvhtichua. — De la faucille de toujours en augmentant. Mais vers
George sont sortis plusieurs mé- i45o, Valla ayant pris publiquement
decins célèbres dont qwelques-uns ont la défense de Quintilien que George
porté le nom de Bakhiichua, et qui censurait sans ménagement et sans
tous se sont distingués par leur taleul justice , la querelle fut poussée si loin ,
et leurs ouvrages, lis jouèrent long- que George abandonna l'enseignement
temps un gtand rolc à la cour des public. Dès- lors sa réputation cora-
khalyfi s Abbacydes par leurs riches- mcnça de déchoir : la concurrence
ses ctlecrédil que leur donnaient lems de Gazi acheva de le perdre. George
charges: ils eurent même une iuflucn- avait traduit en latin les Problèmes
ce quelquefois utile, plus souvent d'Arislote) Gaza les traduisit après
dangereuse dans les afiàires des eliié- lui , et la nouvelle traduction effaça la
tiens. IMais ces mêmes richesses n'ex- première. On s'aperçut^ vers le même
citèrent pas seulement la jalousie de temps, que George, qui était fort era-
leurs confrères : elles tentèrent aussi ployé par le pape à la traduction des
l'avidité des khalyles j et peu à peu auteurs grecs, ne répondait pas à sa
cette famille, dépouillée de ses Liens confiance, et qu'il passait des pag^cs
i54 GEO
entières , même des livres entiers :
l'on alliibuait ses négligeoces et ses
infidélités à une excessive précipita-
tion, et cette précipitation à l'envie peu
honorable d'achever plus vite son
travail, pour recevoir plus prompte-
inent la réronpcnsc promise par le
souverain pontife. Ce hit de celte mn-
nière expédilive qu'il traduisit la Pré-
paration évangclique d'Eusèbe; et sa
négligence fut telle , que le P. Vigier
n'a pas craint d'avancer que George
« avait dérobé Eusèbe à Eusèbe, et
» que dans cette version prodigieu>e
» nous avions nwins Eusèbe que
» George. » Sr/ traduction du 7>^-
.sordeSt.-Cyril/c; estdemême remplie
d'interpolations , de transpositions ,
d'erreurs de tout genre, comme l'a
montré Vuloanius , qui , après lui , a
travaillé sur ce Père. Le mécontente-
ment du pape fut tel, que George se
vit obligé de s'éloigner ; tl il se retira
iiuprès du roi de Naples. Mais Phi-
Jelphc fit sa paix avec le souverain
pontife; et George revint à Rome, où
il mourut en i48G, âgé de quatre-
vingt-dix ans. Outre Eusèbe et Sf.-
Cyrille, George a encore traduit en
Jalin plusieurs Homélies de St.-Chry-
soslorne, la Vie de Moï>e par St.-
Grégoire de Nysse, la Hliétoriqi;e d'A-
ristote , le Cenliloqiùum et l'Alma-
geste de Ptolémée. Cette dernière tra-
duction , quoique pleine de fautes , est
cependant encore recherchée, parce
qu'il n'y en a pas d'auti e qui soit com-
plète. Nous ne nous arrèlerons pas à
donner sur ces ouvrages peu impor-
tants , dont quelques édifions >oiil ra-
res, des renseignements bibliographi-
ques, que l'on petit trouver dans Al-
latius de ireor^iis (i), dans ï>uerner
fi'^ I.eonit Allatii dr Georffiit tnjriiittiitti- uiifi-
tii hinlribu, i'arii, i(i.'n , J. All>. I iilnn m» a «In
lintivfTiiii publié Celte i uricusi* li>ini<iiiyniii^'r.i|)lii»
rn iy.«i, iliim le lonm X <!«• »ii Ditiliui/ii-i^t ffnrca ,
|''g 5'|(^b2}, avec uuv table tt tl*-'> lupiilvuicul}.
GEO
de Doclis hominibus Grœcis, dans la
Bibliothèque Grecque et ailleurs. Nous
serons tout aussi sobres de détails dans
ce qui nous reste à dire de George, con-
sidéré comme auteur; car ses produc-
tions originales ne jouissent pas aujour-
d'hui de plus d'estime que ses traduc-
tions. Il a composé un commentaire sur
les thilippiques et d'autres harangues
de Cicéron ( on le trouve dans quelques
anciennes éditions de l'Orateur ro-
main); une llhélorique ; une Dialec-
tique en latin ; des Observations sur
r Evangile de S.- Jean, où il s'etïbice
de prouver que cet apôtre n'est pas
mort ; une Comparaison de Platon
et d'Aristote ^ dans laquelle, pour
plaire à Paul II, ennemi des platoni-
ciens d'itaiic, il immolait l'académie
aux péripalc'ticicns. La publication de
cet oi.vraîTc lut l'occasion d'une vive
querelle, dont nous avons parlé avec
quelque ('tendue à l'article du cardinal
BtssARioN. Plusieurs autres produc-
tions lie George de ïiébizonde sont
restées inédites : ce sont des Lettres ,
des opuscules de théologie polémi-
que et parénétlque , quelques livres
de Diodorc traduits en latin, une In-
troduction à l'yîlmage.^te de Ptolé-
mée, et les Loi:, de Platon. JJessarion
a dit de cetle dernière traduction que
« si quelqu'un avait assez de loisir
» pour la vouloir comparer avec le
» texte , il y trouverait cert.iinement
» autant d'erreurs que de mots. »
li—ss.
GEORGE ( David). To^. David
GtORc.i:.
(SrEORGE (DoMiNiQiir.'), abbé ré-
gulier du Val-llicher, ordre de Cî-
tcaux , au diocèse de I»,ùeux , nnipiit à
(aifiy près Eongwi, frontière du du-
ché de Luxembourg, au commence-
ment (le itiif). Dennuré orphelin de
buniie heure, il trouva d.ins un frère
aîné j curé de Wuxcu et doyen de
r. Eo
Cli.itclnoil nu diocèse de Tonl , nn
j)i()|.Tl<ur (i un appui. O iWi^uc co
«Icsi.tslnjuc lui enseigna les premiers
cltunenls du latin, et l'envoya con-
tinuer ses études à ï^ouvain, d'où
(l.oige vint laire sa tlie'oiogie à Ponl-
àJMoiisson, chez les jésuites. Il y
av. lit d.uis celte ville une maison de
chanoines rej^uliers de la congrcga-
ti(Ui de Lorraine, reforme nouvel-
lenunt établie : George demanda d'y
ctre .idniis; mais !a guerre fpii dé-
solait alors la Lorraiiu* ayant dis-
perse le troupeau du P. Fouricr, su-
périeur de celle congiéj;ation ( f^ojez
FouRiER ) , George se présenta au
concours pour obtenir la cure de (iir-
court, alors vacante, cl fut trouvé le
})lus ca[)able, quoiqu'il ne fût pas prê-
tre. L'évê(jue, charmé de son savoir et
de sa modestie, l'ordonna, ce qu'on
appelle extra iempora^ et lui ordonna
d'aller sans délai gouverner sa parois-
se. Lf jeune ecclésiastique s'y compor-
ta en pastcurzélé: mais les temps étaient
pénibles; les Suédois occupaient le
pays, et faisaient la guerre au catho-
licisme : George et ses paroissiens se
virent plusieurs fois obligés de se sau-
ver. Le villaîie deCircoutt etsonc'slise
furent incendiés. George, sauségliseet
sans ouailles, remit son titre entre les
mains des supérieurs du diocèse , et,
avec leur permission, vint à Paris,
où M. Bourdoise le fil préfet du sé-
minaire de St.-JNicolas du Chardonnet
et le chargea de l'éducation des jeunes
clercs. H eut occasion de connaître,
-dans cette maison, M. Dclaplace ,
pourvu en commande de l'abbaye du
Val Richer dè> l'âge de quinze ans, et
qui venait au séminaire dans le dessein
pi'ux d'y contracter l'habitude des
mœurs ecclésiastiques. Il se lia avec
George, et se mil sous sa direction.
Li cure (lu Préd ange, dépendante de
6UU abjjaye, étant ycuue à vaquer, il
G KO ifi';
engagea George à la prendre. lîieiilôt
aucune paroisse du diocèse ne fut plus
édifiante ni mieux réglée, (ieorge ne
se borna pas an soin des(ui troupeau*
il parvint à étab'ir (Ulie lescuiés des
conféieneesec<lésiasti(pies,donl le suc-
cès et les boj)S effets passèrent ses es-
pérances, et en étendirent l'usage dans
les diocèses voisins. Des léforraes
s'introduisaient à cette époque dans
les ordres religieux, et celui de Cîteaux
avait la sienne. M. Delaplare crut sa
conscience obligée à procurer à l'ab-
baye dont il était titidaiic, cet avan-
tage spirituel : il savait que personne
n'était plus propre que Gefîrge à ame-
ner ce saint projet à une fin lipureuse.
11 résolut de se démettre en sa faveur
de l'abbaye du Val -Richer , et le dé-
termina à l'accepter en considération
du bien qui en résulterait. George,
persuadé qu'il était dans les principes
de l'église d'être religieux avant de de-
venir abbé , et convaincu que pour
prêcher la réforme utilement, il fallait
commejicer par l'embrasser, se ren-
dit à l'abbaye de Barberi , réformée ,
pour y faire son noviciat. Il avait alors
quarante ans. Après avoir prononcé
ses vœux, il vint au Vaî-Richer, bien
moins pour prendre possession d'une
dignité, que pour se charger d'un lourd
fardeau. Beaucoup d'obstacles s'oppo-
saient à la reforme : il les vainquit par
sa patience, sa douceur et sa persévé-
rance. Les PP. de la réforme ayant jugé
en 1664 que les intérêts de leur con-
grégation exigeaient qu'ils envoyas-
sent à Rome quelqu'un pour la soute-
nir, ils y députèrent l'abbé du Val-
Richer, avec i'abbé de Rancé. George
y reçut du pape des marques parti-
culières d'estime et de bonté. De retour
au Val-Richcr, il fut nommé visiteur
de la province de Normandie, et char-
gé do })lusicurs commissions relatives
au maintien de !a discipline monasti
i56 GEO CEO
que. Parvenu à l'âge de quatre-vingls tait le jeune Lcmercier, de Cliateaw-
aiis, il mourut doucement et sans Gontliier, qui avait pris le surnom de
agopie , le 8 novembre iGgS. Le P. La Fendée, ayant joint les Vendéens
Buffier, jésuite, a e'crit sa vie, Paris, en même temps que George. Deve-
1694, in- 12. h — y. nus compagnons d'armes, ils parta-
GhOKGE ( JuAN" ). P^oy. Juan. gèrent les mêmes dangers , conçurent
GEORGE CADOUDAL , fils d'un les mêmes projets , et furent animés
meunier, nommé Caduudal , naquit à des mêmes sentiments : en un mot, ils
lîrech, village près d'Auray , dans la devinrent inséparables, et furent les
Basse-Bretagne, en i 7(ig.Connu dans artisans les plus actifs de l'iiisurrcctioii
les guerres civiles sous son seul pré- royaliste du Morbihan. Cette insur-
r.om, c'est ainsi qu'il doit être dési- rection était alors fomentée par plu-
gné dans l'histoire. George fut élevé sieurs ecclésiastiques cl par quelques
au collège de Vannes, dans des piin- gentilshommes. George et Lemeicier
cipes de teligion , qu'il n'oublia jamais, parcouraient le 'pays , enrôlaient les
il avait à pt'ine fini ses éludes, lorsque paysans et les matelots oisifs de la
la révolution éclata : il n'y prit d'iibord côte. Dans une de ces courses, ils
aucune paît; mais au mois de mars furent surpris par un détachement ré-
1795, lors de la première insurrec- publicain , et conduits dans les pri-
tion du Morbihan, il se réunit comme sons de Brest. Leur captivité dura
simple cavalier aux rassemblements plusieurs mois : ils trouvèrent dans
royalistes. Ce mouvement n'eut au- la même prison M. d'Allègre, gentil-
cuiie suite en Bretagne j il n'en fut pas liomme provençal du même parti , qui
de même dans la Vendée. Le jeune leur donna quelques notions sur l'art
George, instruit, en novembre de la de la guerre et sur la politique , pour
même année, que les Vendéens ve- suppléer à ce qui manquait à leur cdu-
iiaicnt de passer la Loire , conçut le cation. Cependant l'impulsion était
projet de les joindre ; il se mit à la donnée dans le Morbihan; et pendant
tele d'une cinquantaine de paysans la captivité de George , en 1 79/^ ^ le
bas-bretons, traversa les forêts, es- pays fut divisé en cantons d'insurrec-
suyap'usieuis petits combats en route, tion : il y eut un conseil civil et mi-
f.l arriva à Fougères, où les chefs lilaire, et le comte de Silz fut nommé
Joyalisles firent distribuer des fusils général des royalistes. George, étant
a son détachement. George suivit parvenu à s'évader sous des habits de
1 armée vendéenne, cl, se distinguant matelot avec ses compagnons d'infor-
par sa force et son courage , se fit tune , trouva l'organisation royaliste
dès-lors une sorte de réputation : il aclievce; et il dut se contenter du
^it nommé oITicicr au siège de Grau- grade de chef de canton. Il se pro-
viile. A la bat.iille du M.»ns , s'ctant iionç^, eu i 795, contre la pacification
embusqué, avec ses Morbihanais, de la Mabil.iis, reprit les armes, et com-
)>rès de Pont-Lieu, il soutint le pre- battit à (irand-Chainp, où le comte
inier choc, et revint plusieurs fois à de Silz perdit la vie. On croit qu'il
la charge. L'armée royale avait été asj)iia dès-lors au conunaudemeuf. Kii
.successivement dispersée au Mans et l'Hèt , sou caractère inébranlable et
àijavenay; George rentra dans son son courage Iroid le destinaient à être
j)ays natal , avec l'expérience de la c\\vï de parti. Ou préparait à cetl«
j^iicrre, cl un ami digue de Uiijc'c- époque, dans les ports d'An|^lclcric,
GEO
rcxpiUilloM il(* Oiiiboion. Le com-
iiLUidcjucnt (lu IVIorbilian ny.iiit ctc
conlVrc .111 chovalicr tle 'rmlciiiac ,
pcutillioiiune breton , George se
h il.i de le secomlcr clans sa j)r<inièrc
opération, qui eut pour objet de ras-
sembler sous Carnac les paysans
royalistes, pour soutenir le dcbarque-
incnf. A peine ce débarquement ful-
il opère, que les Chouans firent plu-
sieurs diversions dans l'intérieur du
pays y la plus considérable se dirigea
vers les Cotes-du-Nord : George et
La Fendée en faisaient partie. Tiu-
teniac ayant cte tue à leur telc, et
les olViciers émigrés qui le snivaient
croyant tout perdu après le desastre
de Quiberon, licencièrent les (^/iOMrt/ij;
mais George, connaissant mieux le
pays et les ressources de celte guerre,
ranima leur courage , et , après les
avoir rallie's, s'engagea à les ramener
au centre même du Morbihan : il tint
parole , et les pre'serva de tout dan-
ger. Le succès de celte opération aug-
menta la réputation de George, qui
dès-lors considéra l'insurrection de la
Basse-Bretagne comme sa propriété'.
Il adopta le système anti-nobibaire,
c'est-à-dire qu'il écarta du comman-
dement les nobles et les officiers
émigrés, s'érigeant en chef du parti
plébéien royaliste dans celte con-
trée. Il voulut se débarrasser en
même temps de l'influence de Puisaye,
accablé alors sous la terrible respon-
sabilité de la catastrophe de Quibc-
ron. Il le fit même arrêter par sou
ami La Fendée , dans le dessein de
le faire fusiller: mais Puisaye, ayant
demandé à être conduit devant Geor-
ge , parvint à le toucher et à le con-
vaincre par son éloquence; el George
lui rendit la liberté. Cependant les
soldais de Hoche couvraient le Mor-
bihan; et vers le mois d'août, George
Ae >it coiiliMiiit de licencier tous les
GF.O KO7
rasseniLIemenls royalistes jusqu'à ce
que les républicains se fussent retirés.
Mais il mit ce temps à profit, s'oecu-
pant sans cesse d'une nouvelle orga-
nisation : il eut bientôt ini état-major,
un corps d'élite permanent, des chv.h
de division; et à peine âgé de vingt-
six ans, il se vit aussi piussant, dans
celte partie de la Bretagne, que Cha-
rettc l'était dans la Vendée. Il forma
un grand rassemblement à la fia de
celte campagne , et attaqua le bour^
d'Elven , mais sans succès , malgrrf
l'intrépidité et le sang-froid qu'd mon-
tra dans les différentes attaques : les
Chouans étaient peu propres à la
guerre de sièges et de retranche-
ments. Accable de nouveau par les
trou[)es de Hoche, George dépêcha
l'abbé Guilîo à Puisay^e, pour lui faire
connaître l'état désespéré du Morbi-
han, auquel il ne restait plus que le
parli d'une feinle soumission. H fit
en même temps demander une sus-
pension d'armes ( mai i-ygG); mais
Hoche la refusa , exigeant une sou-
mission entière et le désarmement des
royalistes. George feignit de céder,
el donna des ordres secrets pour que
les armes fussent cachées avec soin.
Lui et ses principaux officiers évitè-
rent de se soumeltre à la surveillance
des autorités républicaines , aspirant
toujours au moment de reprendre les
armes. Les royalistes de l'intérieur
étaient alors occupés d'un plan géné-
ral , fondé sur de fausses bases , et
qui , mal conçu et mal conduit ,
échoua au 18 fructidor ( septembre
1797 ). George, sûr de l'appui du
gouvernement anglais, n'attendait que
le signal de Paris pour recommencer
les hostilités. Voyant l'espoir des
royalistes déçu , il fut forcé de rester
près de deux ans dans l'inaction ; mais
ce temps ne fut point perdu pour son
instruciion et pour son expérieiice.
i58 GEO
Il conservait toujours la mcme in-
ilueucc sur ics [laysans bas-bretous,
qui aspiraient comme lui à reprciiùre
les firmes quand la guerre du dehors
pourrait le permettre avec quelque
€S{»oir de succès. Tout annonçjit une
nouvelle coalition contre la puissance
desorganisalrice des hommes qui s'é-
taient emparés du gouvernement de
la France ( les membres du direc-
toire ). Au mois de janvier 1799,
Georg;* , toujours maître de ses éié-
menls d'insurrection , annonça aux
ohcl's royalistes , cicliés dans la Bre-
t.iqnc et dans le Maine , un prochain
soulèvement. 11 s'adressa directement
ûu gouvernement anglais et à Monsei-
gneur le comte d'Arlois , en vlépêchant
à Londres Lemereier , son lieute-
nant et son ami , pour avoir des ar-
mes et des munitions. La guerre, déjà
commencée aux froulièies , fut réso-
lue dans l'Ouest. Vers le mois d'août,
Geori^jc fornja ses rassemblcmeuls, et
occupa le camp de Beaachéne, où il
exerçait les paysans et ralliait les
déserteurs. De toutes les divisions, la
sienne était la plus considér.ible. A
Tarrivée des principaux cluls ve-
nant de Londres, il les convoqua en
co/iscil général au chàle;«u de la Jon-
chère ; et cette assemblée décida qu'il
conserverait le commandement en
chef du Morbihan et des Cotes -du-
INord , et que les hostilités commen-
ceraient contre les républicains. Gcor-
r«! occupa un p;r.ind nombre de
bourgs, menaça Vannes , et prit (piel-
ques pièces de canon à Sarzeau. Il
jouissait de la confianec entière de ses
tioupes, et se trouvait alors le seid
général m chef royaliste <(ui ne fût
pa> gentilhomme. La guerre civile se
montrait p.irtout menaçante, sinlout
ri ans le M linc, en Normandie cl dans
la IJasse-ib-ctagno , lorstpi'r la révo-
lution polilicpic du iS brumaire ( uo-
GEO
vcmbrc 1-99), qui mit Buonaparte
en possession de l'autorité, vint pa-
ralyser de nouveau les elforts du parti
royaliste. Dans les premières confé-
rences tenues à Montfaucon, George
vota constamtnent pour la continua-
tion des hostilités, 11 commandait lui-
même au mois de décembre l'c xpédi-
tion qui eut lieu sur les bords de la
Vilaine , pour recevoir un transport
de fusils et de munitions qu'y débar-
quèrent les Anglais. Après avoir es-
corté le convoi dans l'intérieur du
pays, à la tête de 800 Chouans d'é-
lite, il répartit ces secours entre toutes
les divisions royalistes. S'étant rendu
aux conférences de Pouancé, il cher-
cha à ranimer l'ardeur des autres
chefs , et à les exciter au comb «t ;
mais ils étaient déjà divisés au sujet
des propositions de paix. George,
toujours opposé a toute espèce de
soumission, rentra dans ses canton-
nements. Là , devenu l'objet de la
protection spéci.ile du gouvernement
anglais , il redoubla de vigueur et
d'audaee , s'obstiiianl à rejeter la paix
et ralliant autour de lui près de i5
îuille hommes. IMais déjà pnsque tous
les autres chefs avaient succombé, ou
s'étaient soumis au gouvernement des
consuls. George eut bientôt à lutter
contre une armée entièie eomm.jndéc
par le généial Brime. Il disputa le
terrain ; nuis à la suite des combats
de Grand -Champ cl d'Klven {'25 et
îîti janvier 1800 ), il songea à parti-
ciper à la p;nx pend nt qu'il en était
encore temps, i.e 9 février, il eut
une conférence avec le général Brune,
près de Theix ; tout fut terminé en
une heinc d'entretien. George pro-
mit d(? licencier ses troupes, et d<' re-
mettre l'ailillcrie et les fusils qu'il
possédait, mais k des conditions fa-
vorables au\ royalistes du Moibihau.
Une convention en dix articles fut si-
GEO (.1:0 i5()
gnec entre les deux gcncV.inx. George fii fusiller par ses soldats. Ne se iroii-
se rcMidit à Paris pour en obtenir la vanl plus vu .sûreté dans le Moibi-
ralilicjlion; il y icsla j)rcs d'un mois, liati , surtout depuis la dissolution
mais sans pouvoir obtenir la confir- gcncrale du parti royaliste, il repass.i
luiti(M) des riaii'jes qui devaient sou- eu Anp,leterre, où il eut des relations
la-er les Bas-Jkelons. Buonapaite le .'Jvec Piclicgru, doue comme lui d'une
fn sonder pour l'attirer dans son ar- amc forte cl énergique. Jjtiona parte
mee avec un grade supérieur; et tout regardait George comme un ennemi
fuleniployë pour le séduire. George, tellement dangereux, qu'après la paix
inehruilable , et averti secrètement d'Amiens, il fil demander au gouverne-
que Buonaparlc allait le fiirc arrêter, ment anglais, par M. Otto, qu'on le
passa en Angleterre, bien dc'eidé à ne bii livrât, cl chargea depuis M. An-
jamais servir que son roi légitime, drcossi de renouveler la même dc-
Voué au rétablissement de la maison raande. Pichegru cl George s'e'tant
de Bourbon, il ne pouvait renoncer conccrle's sur les moyens de renver-
à des plans formes des sa jeunesse, scr le gouvcincment de Buonapartc,
et qui faisaient , en quelque sorte , George proposa , non pas d'assas-
iine partie de son existence. Il fut siucr lâchement Napoléon, mais de
accueilli avec beaucoup de distinction l'attaquer publiquement et à force ou-
par le gouvernement anglais , et reçut verte, au milieu de ses propres r'ardes:
de Monseigneur le comte d'Artois , au ce fut pour accomplir ce dessein , qu'il
nom du Roi , le cordon-rouge, le grade fit passer en France , dès le mois de
de lieutenant-général, et des félicita- janvier i8o3, plusieurs de ses ofïi-
tions sur sa conduite honorable. Vers ciers , et qu'il débarqua lui-même le
la fin de 1800 , il repassa secrète- 21 août, au pied de la falaise de Be-
rnent en Bretagne, avec le commande- ville. De là, se dirigeant sur Paris par
ment général du Morbihan, d'ilIc-ct-Vi- des stations préparées, il resta seerè-
laine , des C6tes-du-Nord et du Finis- tcment , près de six mois , dans dilfé-
tcre. Il avait alors l'espoir de sur- rents domiciles , et attendit que Pi-
prendre Belle-Ile, et de s'emparer de chegru el Moreau lui donnassent lo
Brest pour le Roi, d'après les plans de signal d'agir. Mais trop de terf^iver-
M. de Rivoire, ancien olTicier de la sation et de lenteur, et le défaut d'u-
marine royale. Mais tous ces projets nité de vues parmi les chefs , firent
furent éventés et par suite évanouis, avorter le corapîot avant même qu'il
La vie de Buonaparte ayant été en pût recevoir un commencement d'exc-
danger par l'explosion de la machine cution. Ce fut vers le mois de mars
infernale, la police accusa George i8o4, que la police, ayant obtenu
d'avoir été l'ame de cette conspira- des révélations de la partie quelques
tion , tramée à Paris par ses officiers, conjurés subalternes , fit rechercher
Mais George a constamment nié qu'd George avec une activité extraordi-
eût autorisé ce moyen terrible de des- naire : la plupart de ses adhérents fu-
truction. Devenu uuobjetd'iuquiétude reut arrêtés. S'étant aperçu que soa
et de terreur pour Napoléon, il fut dernier asile était observé, il essaya
en butte à tous les pièges de sa police : de prendre la fuite en cabriolet ; mais
des émissaires furent envoyés de Pa- déjà il ét;iit cerné , et son cheval fut
ns pour le surprendre et l'assassiner ; arrêté près du Luxembourg. Geor^^e
Biais il pénétra leurs desseins, et les tirant aussitôt ses pistolets, renverse
i6o GËO
deux agents de la police à ses pieds ,
et cherche encore à s*évader ; mais
une foule d'émissaires renvircnncnl
et ameutent le peuple. George est
saisi par les efforts d'un boucher , et
conduit à la préfecture de police, oii
il déclare, avec sang-froid, au maç^is-
trat chargé de l'instruction , que c'est
lui-même qui était à la têle do la cons-
piration pour rétablir les Bouibons
sur le trône. Traduit au tribunal
criminel avec un grand nombre de
co-accusés , il montra dans les dé-
bats beaucoup de calme et de fermeté,
évitant avec soin de compromettre
aucun de >es compagnons d'infortime,
et faisant tout haut profession du dé-
vouement le plus absolu à la cause
du roi légitime. Le ii mai i8o4, il
fut enveloppé, avec onze de ses offi-
ciers, dans une condamnation à mort,
comtne coupable d'avoir voulu attenter
à la vie de Buonaparte. ïranslérés de
la maison de justice à Bicètre , ils
.furent tous jetés dans les mêmes ca-
chots. Le lendemain , on apporte à
George un place t tout rédigé , en
l'assurant que, s'il consent à le signer,
lui et ses compagnons d'infortune ob-
tiendront la vie ; George prend tran-
quillement le papier, et, après avoir
1(1 ces mots : A S. M. l'Empereur
des Français , il le rend au con-
cierge avec le même sang-froid; puis
se tournant vers ses oiliciers : Mes
camarades, leur dh-'û , faisons lu
prière; c'était celle du soir, qu'ils ré-
citaient en commun. vSa fermeté ne
l'abandonna pas un seul instant; et
il donna encore de grandes preuves
de courage au monient (h* soi» exé-
cution, qui eut lieu le 25 juin, en pré-
sence d'une foule innondirable. Ainsi
périt à trente-cin(i ans un lionmie il-
lustré par SCS seuls exploits, et dont
la guerre civile avait développé les
talents et le caractère. Il montra suc-
GEO
cessivcment toutes les qualités dV.n
véritable chef de parti. Son esprit
cutivé et mûri au milieu de l'agita-
tion et des armes , n'était pas élr.m-
ger aux combinaisons et aux vues
politiques ; et, par la force même de
son carnrtère , il eût fait de plus
grandes choses sur un théâtre moins
borné et dans des circonstances plus
favorables. Nul ne servit le parti des
Bourbons avec plus de constance, de
courage et de fidélité. C'est en vain que
Buonaparte a voulu flétrir George
du titre de brigand; l'Europe a dé-
cidé, entre George et Buonapaite,â
qui appartient ce titre. Voici, à ce su-
jet , les vers qu'un mouvement d'in-
dignation arracha à M. de Sainl-Morys,
au moment où il lut le récit de l'exé-
culion de George:
Sous le nom Je brigand , un Français plein d'hon»
nrur
Metirl pour avoir servi son prince et sa patrie;
Quel monstre , en quel p^\s , a pu trancher sa vie?
Un Corse , dans Paris , «ous le num d'en\percur.
B— P.
GEOBGEL (Jean - François ) ,
ex-jésuite , secrétaire d'aird)assade et
chargé des affdir«s de France à la
cour de Vienne, grand -vicaire de
l'évêché de Strasbourg , et en dernier
lieu de celui de Nanci , né à Bruyères
en Lorraine le 29 janvier 1751 , est
mort dans la même ville, le 1 4 no-
vembre 181 5. Ses parents, quoique
peu favorisés de la fortune , lui pro-
cuièrent une éducation très soignée.
L'éclat de ses premières études le lit
remarquer parmi les jésuites , dans
i'ordi e desquels il entra à l'âge de treize
ans. 11 enseigna d'une manière dislin-
guée la rliélonquc et les mathémati-
ques , dans les collèges de Pont-à-
Moussou, de Dijon et de Strasbourg,
(l'est dans celle dernière ville que sa
réputation le fit connailre du prince
Louis de Hohan, letjuel parvint, en
1 *;()'.> , à se rallacher enliciement. Dèi
GEO
ce momonl ii acroi da .'« l'abbe Georgcl
mit- 11. Mlle oonii.niCe", qui s*arr,rul |)ar
les snvii . s (|iir « cliii-n lui roiidil [)on-
(l.iiil l'afnlias.Nuio de Vienne cl dans
d'.iiiliTS circonstances importantes. Eu
i"-;! , le due d'Aiguillon , qui avait
succède au duc de Glioiscul dans la
direction des affaires étrangères, vou-
lant donner de fcclat à son nouveau
minislcre , fil i appeler île l'ambas-
sade «le Vienne le biron de Breteuil,
et nommera sa [)lace le prince f.ouis
de Kohan. 1/ ibbc Geoi gel dirigea tons
les détails de l'ambassade pendant deux
ans et demi ; il resta à Vienne comme
charç;c' des alTaircs de France jus-
qu'à l'arrivée du nouvel ambassadeur.
Lorsque le prince Louis revint à Pa-
ris en 1774 3 r<iccasion de la mort
de Louis XV, les mcm. ires qu'il en-
voya au cabinet de Versailles furent
goûtes, autant par l'exaclitude et l'e'len-
due des détails que par la sagesse qui
avait dirige ses observations. Lui et le
prince ambassadeur avaient donné
l'éveil sur la connivence de la cour de
Vienne pour le premier partage de
la Pologne, qui eut lieu à cette épo-
que: mais le duc d'Aiguillon, fa>ciné
par les protestations réitérées de cette
cour , repoussait opiniâtrement les
in-inualions qui lui étaient faites.
Humilié lorsqu'il vit le partage con-
sommé à son insu, ce ministre cher-
cha sourdement à rejeter sur d(s
hommes innocents une faute qu'il
n'aurait dii attribuer qu'à i'jrapié-
voyance de sa politique. Étant re-
venu de Vienne , le prince Louis fut
successivement nommé grand-auraô-
iiifir de France , cvèquc de Stras-
bourg, cardinal, abbé de St.-Waast ,
proviseur de Sorbonne , et adminis-
trateur de l'hopilal des Quinze-Vingts.
Eu qualité de grand vicaire, l'abbé
Georgel était charge des détails at-
tachés à ces hautes dignités : mais
Ï.VI1,
GEO 161
désapprouvant les liaisons du car-
dinal avec Cagliostro, avec la com-
tesse de la Motte ( roy. Rouan ), et
avec d'autres personnages semblables,
il s'éloigna insensiblement de ce prin-
ce, et n'eut plus avec lui, comme au-
trefois, de relations intimes et confi-
dentielles ; il ne le voyait plus que
pour lui soumettic son travul de
vicaire - général. Le cardinal de Ro-
han , lorsqu'il fut arrêté, le i5
août lyS'), à l'occasion de la trop fa-
meuse affjirc au collier , sentit vive-
ment les dangers de sa position:
il vil le gouffre (ju'il s'était creusé par
ses im|)nidences , et pensa d'abord
à l'abbé Georgel, le regardant comme
le seul hoFjime capable de diriger sa
défense. Rappelé par le cardinal et
par sa famille, l'abbé Georgel ou-
blia facilement des torts provoqués
par sa franchise et par son zèle ;
il voua tous ses soins et ses veilles
à la cause de son illustre et malheu-
reux protecteur. Ce fut lui qui, mal-
gré les efforts du biron de Bre-
teuil , parvint à répandre quelque
lumière sur cette affaire dont les
inexplicables complications étonnaient
la France et l'Europe. Dans la qua-
trième section de.» Mi' -noires que l'abbé
George! nous a laissé-;, il développe
la marche de ce dr^me intéressant.
On t'y voit luttant sans cesse contre
la haine du baron de Bretaiil, qui
l'aurait fait s^vrèUr ?>\ la reine elle-
même ne s'y lut opposée, en assurant
que depuis quelques années il n'exis-
tait plus de relations ifîfimes entre lui
et le prince Louis. Eîiié à iVlortagne au
Perche, le 10 mars ï';8(î, en vertu
d'une lettre de cachet obtenue par ce
minisire, il ne laissa pas de continuer
à soutenir , qui^iqn'- moins eftlcace-
mcnt, ainsi que le baron "'avait bien
prévu, le jh'ocès dont l'Europe at-
tendait l'isbue avec tant il'impalience.
n
iG2 GEO
Le parlement rendit enfîa 5a spn-
lence, le 5i mai 17S6. Le cardinal
fut absous à la ve'rilé devant la loi ;
Mnis il ne fut point lave, aux ytux des
Français , du reproche d'avoir , par
une légèreté impardonnable à un bum-
me de son rang et de sa naissance ,
compromis si grièvement la majesté
du tronc. Le jour même du jugement ,
le roi lui ôta ia graudc-auniôncne de
France , ainsi que le cordon-bleu, et
l'envoya eu exil dans son diocèsr.
Pour l'abbé Georgel, il obtint l'auto-
risation de revenir dans sa ville na-
tale: mais desservi aupix's du car-
dinal par de pri Tides insinuations ,
il s'éloigna du monde et des affaires.
Il commençait a goûter quoique repos
au sein de sa famille , lorsque la révolu-
tion vint mettre un terme à l'existence
agre'.iblc et paisible dont il jouissait à
Bruyères. Arrache en 1 •jijS au sé-
jour délicieux qu'il avait embelli avec
afTcclion , il fut déporte en .Suisse ,
d'où il alla s'établir à Friwonrg en
Bri.sg'iu. Là , étranger à toute espèce
d'aiïaire pub(i'|ue, ])aitageant ses mo-
ments entre l'élude et les exercices
d'une piëte solide et eclaiiee, il com-
mença à revoir et à metirc en ordre ses
Mémoires. En i 799, âge de soixaiite-
buit ans , il fui jeté de noiive m dans
l'agitation des afflnres.lJuonapai le ve-
nait de s'enïparer de Mail»': l'ordre
de Si. -Jean de Jérusilcm clait iiie-
iiacé d'un anéantissement complet.
IjCS langues de Provence, d Auver-
gne , (le France , n'existaient plus :
celle d'Italie ne tenait cpi'à uti fil ;
€l le grand-m tîlre nompc'.cli gardait
un silence obstine sur b s raisons qui
])0U"ai(nt l'avoir porte à rendre si
]nomplcment la capitale de l'ordre.
J)ans ces circouslaiices , l.i langue de
Lilbuaifio prit la resoiuliou d'ull'iir
la grande-maîirisc au czir Paul 1' '^. ,
«'•^pcranl par celle protcclion arrcUr
GEO
dans sa ruine un ordre que plusieurs
siècles de gloire avaient illustré et
rendu si cher à la chréîienlé. Les
langues de Bohème, d'Allemagne et
de Bavière , suivirent cet exemple ;
elles envoyèrent à St.- Péter.sbourg
des députés , pour offrir au monar-
que , qu'elles reconnaissaient pour
leur grand-maître et protecteur, l'hom-
mage de leur obéissance. La langue
d'Allemagne, rassemblée à Heiters-
beini, résidence du grand -prieur,
nomma pour députés le bailli de
Pfiirdt - Blumenberg (Ferclte- Flori-
mont), Pilier de la Langue, et le ba-
ron de B'idcn, commandeur de We-
sel. L'abbé Georgel , dont le nom
avait percé à travers Tobscurilé de
sa retraite, fut invité par le grand-
prieur à venir prendre part aux dé-
libérations , cVrédiger les instructions
pour les députés , à les accompagner
en Russie, et à diriger leur travail
comme conseiller de légation. 11 ob-
tint enfin de rentrer en France en
\^o'x. Le ministre des cultes Porlalis
lui offrit un évêché, qu'il refusa, sans
doute par crainte de se trouver par-là
trop rapproché de l'usurpateur, qu'il
avait démasqué d'avance, en le pei-
guuit dans ses beaux moments avec
des traits aux(|uels tout le monde le
reconnaît aujourd'hui. Cependant, ne
voulant point rester iinitiic dans un
moment où il pouvait encore rendre
de grands services à la religion , l'abbé
Georgel accepta, sur les sol'icitations
de M. d'Osrtioud, évèque de Nanci ,
ia place de vicaire-g«*ncial du diocèse
pour le département des Yôgcs. Ce
poste lui convenait d'autant mieux ,
que son habit ilion chérie de lîruvère.s,
qu'd avait retrouvée à sou retour ,
eiait plaréc à peu près au centre du
déparlciucnt. -Sa manière d'adminis-
îrer dans des temps si diffii iles , ne
lit <pi'augniculcr la couûaucc de son
GEO
cvn|nr ; tlU' lui concilia l'csliine dos
aiiloiitt'S civiles, ainsi que la vcne-
ralioii et ratt.ulïrnieiil du rlcr^d du
dc'p.irfcnirnf. IViul.uit sou exil , l'ab-
|ic (icoii;rl av.iil mis eu ordre 1rs
notes quM nvail recueillies sur les
c'vcncmcTits de son temps ; il rédi-
gea sur cria ses iMc'moires, qu'd di-
visa en six sortions. La section l'V
fait rarntion de la destruclinn des Jé-
suites; la 1''.. dos dernièies années du
règne de Louis XV , ce qui comprend
les ministères du duc de Clioiseul ,
du duc d'Aipuillon cl du chancelier
Maupeou; la 5^. s'altacLe au règne de
I>ouis XVI , et aux ojierafions de ses
ministres, jusqu'à la convocation des
notables; la 4*^. donne des détails sur
l'aU'ure du collier; la 5''. traite de la
révolution française jusqu'en i8o5;
dans la 6'". l'auteur nous a conserve les
observations qu'il avait faites pendant
son voyage à St.-Fëlcrsbourg en i 799
et iSoo.L'abbcGeorgel est aussi l'au-
teur d'un Mémoire pour M. de Sou-
})iso, publie à Paris, 1771 ,in-8"., en
réponse à l'écrit anonyme ( de M. Gi-
bert ), intitulé; Mémoire sur les rangs
et les honneurs de la cour. G — y.
GEORGI (Christian Sigtsmond),
pbilologftç alleinuid, naquit àLukkau,
dans la Basse- Lusace, eu juillet 1 70'i,
et (ît ses e'tudcs à Wiltembcrg. 1! y prit
en 1723 le degré' de maître en philo-
sophie, devint professeur adjoint dans
celte faculté en i7'27, et professeur
ordinaire en 1756: sept ans' après il
professa la théologie dans la même
université. Il juourut le 6 septembre
1771. On a de ce savant un grand
nombre de dissertations relatives , la
plupart, à la critique du tcxlc sacre,
et dont on troi»ve la nomenclature
dans Mcusil. ( Lexique des écri-
vains morts de 1760 à iSoo). Nous
n'indiquerons ici (|uc ses principaux
«dits : L Dissertatio de Chaldxo-<y-
GEO iG5
rismis , rahhifii'imis et Pcrsistnis ,
diclioni N. J'œderis immerità ajjic-
ti'i, VVilloM.b rg, i72(;, in-4". if.
JHerocrilicus ^'. T. sive de stjh
IV. T. libri ires , r/iiiUis diahclus
N. Fœdcr/s atlica à Pliryjnchi ,
Thomœ uiaf^istri , Sabnnsii , Paso-
rîs , IFjssii, Lcusdenii , Oleaiii,
etc. dcprav ationihus liberalur _, at-
que ah idiolicîsmis , fonismis, Do'
rismis y /Eolismis , BœotismiSj Sy^
ro-chaldaïsmis et Persismis vindi-
catur, juxta ac Spiritus S. dictio ra-
tione figurai um y nominum , verho-
mm , particularum ac phrasium ,
ejusrjue vis et senlentia , ex Grœcid
allias arcessitur, etc. Id. p^:rs ').»,
sive conlroversiarum de lalinismis
N. T. libri fr^5, Wiltomberg et F^eip-
zig, 1753, in-4". IIL Diss. de fatis
linguœ grœcœ y Wilîemberg, i733,
in-4". ^V. De linguœ hebrœce et
grœcœ harmonid, ibid. eod. V. IVo-
t*um Teslamentum grœcum, adpro-
hatissimcrum codicum exempla
summd diligentid recognitum ^
charlarum ac tjporum degantid
magnificè adornalum ^ capilum ar-
gumenlis ac locis parallelis curùliùs
instructum, nous pariter theologicis
ac philologicis quoad dHf.ciliores
locos exquisitiùs illuslratum , etc. ,
ibid., 1736, in-8". VL No\fum Tes-
tamentum grœcum^ versione latind
Benedicti Ariœ Monlani donatum ,
ibid., 1738^ in-8°. VIT. Jpparatus.
philologico-lhi ologicus ad Evange-
lica Domini festlsque diebns de-
dicaia^ vol. i, Leipzig, 174 5; vo'.
II, 1747; vol. III, 1750; vol. IV ,
1 754 , in-4". VJIL Diss. I — F, qui'
bus Hernnhutianam sectam Augus-
tanœ confessionis socios non esse ,
7iec pacem religiosam ad eos per-
tinere evincil , Wittemberg , eoJ.
in-4°. On a publie après sa mort l'ou-
vrage suivant, auquel il eut part : An-
1 1..
iG4 GEO
nales ncademîœ f^Fitembergensis ,
in quihus nomina rectorum , ins-
criptoriim numerus , disserUitlones
inaugurales , proftssorum reccptio-
nes atque obilus , etc. aliaque no-
talu di^na , quce ah anno i655 us-
qne ad annum l'j-J^, in hdc almd
Musarwn sede per singula accide-
runt semestria, hre^iter enarrantur,
post placidum autoris discessusn ,
usque ad annum '772 conUnuati j
ah Ern. God, Christ, Schroedero ;
cuni XI fig. aen. , ib. 1775 , inVf.
J — N.
GEORGl (Aug.-Ant. ) Fq/ez
GlORGI.
GEORGIEWITZ (Barthelemi),
voyageur hon{];rois , tut enlevé de sa
pairie par les Turks , lors de l'inva-
sion qn'i's y firent en i5'2H. Réduit
en cscbv<îç;e , Georgiewitz fut mené
en Roméiie , et ensuite dans l'Asie
mineure , vendu et revendu sept fois
comme une bête de somme, employé
aux travaux les plus vils et les plus
rudes, et accable de mauvais trai-
lemcnts , sort commun à ses compa-
î^nons d'infortune ; enfin , on le força
(l'apprendre le métier des armes, au-
quel il paraît qu'il ne s'était pas des-
tiné. Las de souffrir , il prit la fuite ,
nayanl pour se nourrir que des lier-
l)es et des racines, qu'il assaisonnait
d'un peu de sel, et pour se guider,
au mi'ieu des déserts infestés de jjêtcs
féroces, que l'étoile polaire. Arrivé
sur les bords de la mer de Marmara,
il fut repris à l'instant où il allait
«'einbarqucr sur un radeau. On le re-
conduisit à son maître, qui lui fil ap-
pliquer la baslonade, et le revendit
ensuite à des marchands d'esclaves.
Enfin , après triize ans de la plus
dure captivité , Georpevvitz réussit à
s'évader; et après avoir traversé les
«léserls de la Caramanic et de la Syrie,
il parvint jusque dau» 1j Tcrr«-Saintc,
GEO
après un voyage d'un an, et se retrouva
au luiiieu des cbrcliens. li revint par
mer e:; Europe. On le trouve à Louvain
en i544 • enfin il retourna dans sa
patrie à travers mille dangers. Étant
à Waradin au mois de mai i545, il
y rencontra un dervis qui desirait
beaucoup avoir avec un chrétien une
conférence publicpie sur la religion.
Aucun des nombreux religieux qui
étiient dans la ville n'osa se présen-
ter. Georgiewifz, indigné de cette tié-
deur, qui pouvait, aux yeux des ha-
bitants, faire du tort à la religion,
parce que l'on aurait eu l'air de céder
la victoire à un infidèle , se présenta
pour disputer contre le dervis. Il
raconte que l'avantage lui resta dans
cette discussion , qui eut lieu le jour
de la Pentecôte. Le dervis finit par
le prier de lui reciter l'Oraison do-
minicale en turk. Gcorgievsntz , à qui
les malheurs de sa patrie avaient fait
perdre tout ce qu'il possédait, quitta
un pays occupé ])ar les ennemis de
la foi , et finit par aller dans la ca-
pitale du monde chrétien , où il reçut
des bienfaits de quelques prélats , el
termina sa carrière. On a de lui :
L De Turcarum ritu et cceremo-
n/Vj, additis quàm pluriniùm diclio-
nihus , cum salutalionibus et reS'
ponsionibus Pcrsarum , Paris, i545,
I vol. in- 16. Celle relation est suc-
cincte et exacte. Un vocabulaire de
mot> turks expliqués par le latin , y
précède un dialogue dans les mêmes
langues; il est suivi de règles gram-
maticales el des noms de nombre de
la langue turke. 11. Prognoma si^'iJ
prifsugiuin JMehcmetaiwrum , pri-
muni (le Christianoruin valavùtuti^
lus , deinde de suce gentis inleritu
ex lin^ud persicd in Uuinuni ser-
moncui com>ersum ; suivi d'une Kpis^
tola exhorlatoria contra infidèles
ad m. principem Maximilianum nr-
G KO
^hithicem Ânslr'uv , Anvers, i5/j(),
iri-i(). (l(\s o|)iiscuks ayant clc favo-
r.ibliinint accueillis du pul)Iic , et
Tiic/nr Iradiiils en ])lusicui'.s !an|;nes,
(i(i)rgie\vitz les iciuiit et les jinMia
.sons ce fitre : De Turcarum mori-
hus Epîtome , P.uis, i555, in- 16.;
jciinpiinic j)liisiciirs lois , dins celte
ville, à Lvoii et ailleurs. Indc'jicn-
damment des trois traites cites ])lus
liant, et qui forment autant de clia-
jiitres , on y en trouve trois autres,
intitules : i**. De afjiictionetain cap-
tworum qucim sub tribulo vivenlunn
dvistianornin. ï /auteur termine ce-
lui-ci par des conseils pour les captifs
qui veulent s'évader , et donne uq
vocabulaire esclavon à l'usage de ceux
qui pourraient arriver dans les divers
pays où cette langue est en usage ,
quoique avec des différences. 2". Dis-
putationis cum Turcd habitce nar-
ratio. ct^'.Deploratio cladis christia-
nor^m.Le recueil esttcrminepar l'Orai-
son dominicale en arabe et en latin ,
parce que, dit l'auteur, dans toute la
Syrie et laPalestine,ccltelangueest usi-
tée pour le service divin. Lese'ditions
antérieures à 1 566 ont omis Je vocabu-
1 aire lurk j et toutes celles qui sont pos-
térieures à 1 555, ont une table des
matières. Ces opuscules sont aussi
insérés dans plusieurs recueils pu-
bliés sur les Turks ; ce qui prouve
le cas que l'on en faisait à juste titre.
111. Forage de Jérusalem ai^ec la
debcriplion des citr's , villes, etc.;
de l' estât de V empereur des Turcs y
mis en lumière par Lambert Dar^
mont, fiié^i^e, 1600, in-4^. E — s.
GEOKGISGH ( Pierre), savant
publiciste allemand , né en 1698,
fut d'abord conseiller commis, sionné,
et ensuite, en 1744? conseiller de
cour , et archiviste à Dresde , où il
mourut le 7 avril 1746. Il a publié
ki ouvrages suivants : 1. Corpus ju-
G !• R
[G5
ris f^ermaniri antiijui , quo conti-
nenifir Icç^csFrancorum Salica'et Hi-
puariorunij Alamannorum , lioiua-
riornm , Bur^undioimm , Frisio-
runi^ Jnç^lornm et fVerinorum ( h.
c. Thnringorum ) , Saxonum , Lan-
gobardorum , Fisigolhoiian , Ost-
gnlhoruni , nec non capitularia re-
gum Francorum , unà cum libris ca-
pitidariimi nb yinsegiso abbate ^ et
Bencdicto Levitd collectis , Halle ,
1708, in-4". Celte édition contient
des variantes d'après Herold , Lin-
denbrog, Baluze , Ercard, Muratorî
et autres , ainsi qu'une bonne préface
d'flcincccius , qui est une savante dis-
sertation sur l'origine, le sort et l'u-
sage des loi.s*'saliqucs. Il y est bien
prouve' que la première édition des
lois saliques a été faite en Germanie,
à la fin du quatrième siècle, ou bien au
commencement du cinquième, avant
que les différentes hordes des Frmcs-
Saiiens se fussent réunies sous la con-
duite de Pharamond, qu'ils choisirent
pour leur chef. H. Fssai d'une in-
troduclion à Vhistoire et à la géo-
graphie romaine , en allemand ,
ibid. , 1732, in-4°. 111. Regesta
chronologico-diplomatica , in quilms
recensentur omnis generis monu-
menta et documenta publica , uti
sunt tabulœ cojwentionum , fœde-
rum y pacis , armistitiorum , mutuce
amicitlœ, nec non capitulât iones^
concordata , sanclioues pragmati-
cœ , etc., Francfort et Leipzig, 1 740-
1744' in-folio, 4 vol. B — h — d.
GEORGIUS. Foj. George,
Georgi et GiORGi.
GEIUI.DÏNI (Alexandre), pre-
mier évêque de Saint-Domingue , na-
quit en 1455 à Araelia, en Ombrie,
où sa famille tenait un rang distingue.
H embrassa d'abord la profession des
armes , et alla avec son frère en Es-
pagne, ou il servit dans l'armée qui
î66 GER GER
repoussa l'invcision que les Portugais » vert uneautre au pôle oppose'; qu'ils
venaient <le faire eu Castiile. Il fut » avaient trouve' tous les pays sous la
ensuite ëchanson de la reine Isabelle, » zone torfide bien peuples, etc.»
puis suivit son frère qui fut envoyé Cet argument produisit son effet; Co-^
en ambassade à François, duc de loiub fut écoute. Geraklini fut em-
JBrefagne. La mort de ce prince ayant ployé à un grand nombre de ruissions
mis fin à la légation , Geraldiiii, à son diplomatiques, entre autres auprès
retour auprès de Ferdinand et d'Isa- de Henri VIII , pour tâi her de le ré-
belle, entra dans la carrière ecclé- concilier avec Gulieriue d'Aragon,
siastique. Son mérite lui fit confier II nV put réussir; et se voyant en
l'éducation de quatre princesses qui butte à la mauvaise humeur de Henri ,
toutes devinrent reines; et il passa il quitta la cour de ce prince, et se
vingt ans à remplir ers fonctions ho- rendit auprès de Marguerite, gou-
iiorables. IVndrinl qu'il était à h cour, vernantedes Pays-Bas, qui, de même
il eut occasion de rendre à un homme que Catherine, avait été sou élève. Il
célèbre un service qui ne doit pas visita ainsi presque toutes les cours
être passé sous silence. Christophe de l'Europe, toujours avec un carac-
Colomb venait de présenter aux rois tère diplomatique. Ayant obtenu pour
de Castiile et d'Aragon son projet recompense d'abord l'évêché de Vol-
d'aller à la découverte d'un monde terre et de Montt-(">orvino, et ensuite
nouveau. « On discutait ce projet dans celui de Saint-Domingue , il s'embar-
•» un conseil composé des hommes qua en i520 à Séville, pour aller
3> les ])lus éminenls en dignité. Les prendre possession de son siège. Il
V avis étaient partagés, dit Geraldini , s'occupa avec zèle de tout ce qui pou-
5) parce que plusieurs prélats espa- vait faire fleurir la religion dans ces
3) gnols traitaient l'opinion de Colomb régions lointaines, fonda des écoles et
■>} d'hérésie manifeste; ils citaient l'au- des séminaires, et mourut en i5i5.
3) torilé de Nicolas de Lyr i , qui re- ^ On a d'AlcxandreGeraldini plusieiu's
V présente le globe Icrresire comme ouvrages de théologie, des recueils
5) ne runtenant ..ucune terre sur les de lettres, des exhortations adressées
î> cotés, ni par-dessous, au-delà des aux princes chrétiens contre les ïurks,
•î) Canaries; et celle de St. Augustin, des poésies sacrées et profanes, une
5) qui alfirni'' qu'il n'y a pas d'anti|)o- vie de Catherine d'Autriche, femme-
3) des. Je me Irouvais alors par ha- de Henri VIII (en vers hexamètres),
■» s;ird derrière le cardinal de Mcn- des traités de politique et d'éducal ion,
3) doza, homme également recomuian- eniiularelationdeson voyage au\ An-
-» dable par ses qualités et son savoir: tilles, qui parutsousce titre : Jùncra-
•>y je lui repiésenl.ii que Nicolas de riiiin ad reç^iones sub œqitinoctiulî
1) fiyra avait été un très habile théo- }'ln<!;d constiUitas Alexandn Geral^
3) logicn, et Si. Augustin un docteur dini Amerini^ cpiscopi civilutis S.
» de l'Église iîlusire par sa doctrine J)oininici apud Indos occidentales ^
•a et sa sainteté , niais que Ituis deux apostidicis^ impcrialilms et re^iislc-
» s'étaient montres mauvais géogra- }^<tiio/nlnisJ'iiiicti,opusanti(piitatt's,
M phes; car les Portugais étaient par- rifiis, mores et nUgiones popidorum
V venus à un point de l'aufi'e Iiémis- JUInopiiXf, A friciX' ,A duiUici Occaid^
i» phèr<', où ils avaient perdu de vue Juiticaninupn' îc^ionunl cvmpltc-
» l'cloilc noluiie, el eu avaient décou- tenu ; nunc pi imiun adidit Onup/irius
Ccrahliuus de Cad na cri s J. If. D.
atttoris tthiu'/'os , lioiiK- , iG5i , un
vol. in-i'i. O'Io relation, mise par
«jii(l<]ii»s l)il»liogr.i|)lios .111 iiomhre
<!(> Iivic.sraics,t'st (icdicV an papr, et
(livisce en seize livres. Elle lenlVrine
!•• détail de la iiavipjalion de dcialdiiii
lo Ion;; de la côte d'Afrique jusqu'au-
de'à du iSenegal , et jus((u'à Saint-Do-
inin^ue: l'edileur y a juint un précis
de la vie de l'anleur , et la liste de ses
ouvrap;es , tant imprimes que manus-
crits. On trouve, dans ce livre, «le cu-
rieuses parlicularilcs sur la partie de
l'Afrique que l'auteur a vue; il parle
aussi sur ouï-dire de l'intérieur de
cette partie du monde; il finit pardon-
ner la descripliou de l'île dont il
c'îait le |)aslcur. On est surpris qu'un
prélat respectable , écrivant un livre
qu'il dc'die au souverain pontife, ait
cile des inscriptions anciennes, en la-
tin, qu'il prclend avoir copiées tout le
long de la rôle d'Afrique: elles por-
tent si évidemment le caractère cle la
fausseté, que l'on ne sait que penser
(le la bonne-foi de Gcraldini , qui
d'ailleurs fiit aussi mention de peu-
ples , de pays et de fleuves qu'il a
vus en Afrique, et de rois de cette
]vufie du monde qui l'ont accueil-
li , et dont aucun auteur no fait
mention. Le petit-neveu de Geraldini,
tout en avouant, dans la préface qu'il
a mise en icte de ce livre , que son
oncle parle de beaucoup de choses
peu croyables , ajoute que néanmoins
iirrsoune ne sera tei-ilé d'accuser de
Fuensonge un homme si respectable,
(.'est pourtant un mouvement très na-
turel chez ceux qui le lisent; et c'est
bi( n gratuitement que Saxins le cite
comme un antiquaire. Ce qu'il y a de
meilleur dans cet ouvrage est ce qu'on
y trouve sur vSaintDominr^ue, dont il
lait bien coniaîlre létal à l'cnocpie oi!i
il fut écrit. Déjà la race des indigènes
éfaif prr<;que totalement exterminée,
Geraldini , dans une des lettres an-
nexées à sa relation , annonce qu'il
envoie, entre autres raretés, deux
dindons; ce qui sert à prouver, contre
le sentiment de qtielques auteurs ,
que cet oiseau est orip^inain- d'Amé-
ricpic. La lettre a probablement été
écrite en i 5'25 ; elle est par consé-
(punt antérieure à l'ouvrage cl'Ovi( do ,
(pie l'on jegardait comme le premier
auteur qui eût fait mention des din-
dons. Dans une lettre au pape LéonX,
(kraldini donne, pour les églises et
les hôpitaux de Saint-Domingue, des
projets d'inscriptions qui , j)0ur le
siy.e, ressemblent entièrement à celles
qu'il a adressées au Saint - Père ,
comme les ayant découvertes sur la
côte d'Afrique. Outre les ouvrages iné-
dits de Geraldini, mentionnés par sou
petit-neveu, on doit citer un traité
cm ieux , De viris Geraldinis qui in
obseqw'o apostoUcœ Sedis per varia,
tempora insuddrunt , qu'Aliacci avait
lu en manuscrit, et dont il parle dans
SCS Apes urhanœj pag. 208. — An-
toine Geraldini , frère aîné du pré-
cédent, et dont il a été question au
commencement de cet article , est au-
teur de diverses poésies latines : I.
Edogce XII de mysteriis vitce Jesu-
Christi , Salamanque , i5o5, in-4".
II. Pœniientialis psalmodia , i48(i,
in/j". ; c'est une paraphrase, eu vers
latins , des sept Psaumes de la péni-
tence. E — s.
(tÉRARD , premier duc hérédi-
taire de Lorraine, était issu de l'illustre
et puissante maison d'Alsace, coniiue
depuis le vu . siècle, et dont les des-
cendants occupent aujourd'hui le trône
impéiiai d'Allemagne. Après la mort
de Gérard II son père, en 1047 , il
fut confirmé dans la possession des
vastes domaines de sa f.unillc, par
l'empereur licnri 111^ et l'année sui-
ï68 GER
Tante, ce prince y ajouta la Lorraine
moseilane. Il eut à combattre Gude-
froi Je HarHi, réuni aux autres sei-
gneurs pour lui disputer ses droits
sur celte province. Il contraighit Qo-
defroi et ses alliés à le reconnaître pour
souverain, et ne put se dispenser de
tourner ensuite ses armes contre ses
propres sujet», qui s'étaient révoltés. Sa
valeur et sa sagesse le firent triompher
de tous les obstacles. Il avait épousé
Hadvide de Naraur, arrière- petite-
fille de Chirlfs de France, frère du
roi Lothaire;et de là vient .p.e quel-
ques historiens l'ont nomme Gérard
de Flandre. Il établit sa résidence or-
dinaire à Chatenoy, prieuré llndé par
son épouse. De nouveaux troubles
.nyant éclaté dans les V6ge>, Gérard
inarcha pour les apaiser; mais arrivé
à Reniircmon', il y tomba malade, cl
mourut en 1070, à qu*raiirr.six ans,
si subitement qu'..n crut qu'ii avait
été empoisonné. Ihieni le Vaillant,
son fils aîné, lui su( céd.j. W s.'
GEiUHiJ, céièbie ir-dunetir du
xii". ^iècle, est .surnommé tantôt Car-
monensis,ctl:nnô\ Cremonemis, se-
lon qu'on le fail Esp-iguol ou Italien.
Mais aujourd'hui Ici opinions des sa-
vants ne sont plus partagées touchant
la patrie de cet auteur; et les expres-
sions de Fr. Pipini ne l.iissent aucun
doufc à cet égard. Ce chroniqueur
nous apprend que Gérard uaquit
c:n Lumhardie, sur le sol deCiémone,
vers l'an 11 14. Dès sa jeunesse il
î)'appliqua à la philosophie, et suivit le
tours des études, selon que tula se
piatifpi.ut alors. Il paraît que l'astro-
nomie cul pour lui beaucoup d'allrails ;
Cir, ayant eu connaissance de la Com-
posilion maihémafique de Ptolémée,
sans doute d'après les cilalions des
.nuleiirs anciens, et cet ouvi.ige ne se
^ouv.inl point chez, les Latins , il alla
W Tv^çtlf, v«lliic |)ar l'cçlat fpicjctaicul
GER
les sciences parmi les Maures d'Es-
pagne. Là, il éd.dia l'arabe , et avant
rencontré dans cette langue beaucoup
d'ouvrages imporiants,qi)i n'existaient
point jarnii S( s comj alri(»tes, il s'oc-
cupa de les traduire, et remplit celte
taclie avec une ardeur incomparable.
On ne saurait déterminer \e nombre
des traductions du<s à Gérard de
Crémone : queKpies unes portent son
nom ; un plus grand nombre sans
doute lui appartiennent, sans qu'on les
lui atliihueHujoiiKriMii: mais il s'exer-
ça sur toutes les m itières, et Fr. Pipini
fait monter fe nombre des livres qu'il
traduisit à soixante-seize, p-rmi les-
qu- Ls il plu, e \'Avicennœ et Aima-
ti^ti Ptolomœi solemnis transla-
tio. Ce passage est très importaot ; car
il prouve évidemment que la traduc-
tion latine de la Composition mathé-
matique de Ptolémée, faite d'après
une version arabe, et nommé depuis
Almageste avec l'article arabe «Z, est
due ,1 (i-érard de Crémone; ce qui n'a-
vail point encore été dit positivement.
Q'ianr à l'Avicenut , il a seulement
ims en latin son traité de médecine,
connu sous le nom de Canons. La
philosophie de cet écrivain arabe a
eu un autre traducteur. On a beaucoup
discuté le mérite des traductions de
Geiard; et l'on doit avouer qu'en
les comparant aux textes originaux ,
aujourd'hui qm- nous possédons les
glands dictionnaires de Golius et de
Castcl, où la crit.que peut s'aider de
nombreux secours, ou les tiouve-
lait très imparfaites. D'.ulleurs, la ma-
nièrc même dont on traduisait dans
le XII'". et lexiii'. siècle, s'opposait a
re (pi'il lui possible de niidre exac-
tement le sens de l'auteur, et d'é-
tablir une parfaite synonymie en-
Ire les mots arabes et latins. Ou
allait a Tolède : là on choisissiil
un juil, diKjMcl ou appjcuait les cic*
G !• R
mcnls àc l.j lnni;iu' .«rabc; puis or-
dinairement on traduisait sons sa
di< Ur ; uiiiis on nVliuliait jioini .lycc
niclhodc, et l'on n'ac(|nor.iit jamais
une connaissance aprolbndie de la
langue. Ajoutons encore que le tra-
• ducleur n'avait, le jilus souvent,
qu'une connaissance très superficielle
delà inalicre seicntififjuc sur l.ujuelle
il ^'exerçait. Roger Bacon , homme
doué d'un génie vraiment extraor-
dinaire, avait étudie toutes ce> tra-
ductions , et en démontre parlailement
les deïauls. Gérard revint à Ci e'mone ,
cty inounilcn 1 187, àTagiede 7:) ans.
Il lut enterre dans le monastcte de
Sle. -Lucie, où l'on conservait encore
sa InbliotLèque, du temps de Fr. Pi-
piui. Nous indiquerons ici les ouvrages
inanu>crits ou imprimes de Gérard de
Crc'mone , qui sont venus à notre con-
naissance. J. Theoria planetaniin.
II. Allaken de eau sis crepnsculo-
rum. III. Geomantia asironomica ,
imprimée parmi les œuvres de Coiii.
Ai;rippa. Cet ouvrage a ete' traduit en
Irapçais par de Salerne, sous ce tilre :
Giwmajitie astronomique, Paris,
1 6(59 ei 1 682 , in- 1 :î. I V. Le Traité
de médecine d' Jvicenne, connu sous
le litre de Canons. Cetie traduction,
faite de l'arabe, a ete' réimprime'e plu-
sieurs fois , et corrige'e pnr Fortuna-
tus Piempius , Andic' de Alpago , etc.
V . Abrégé de la médecine de Rha zis,
fait par AL>uali bcn David. \ ].L(î Trai-
té de médecine, du même Rliazis, in-
titule Almansori. Wl.Practica, sive
hreviarium medicum , de Srrapion.
Vlll. r^e livre d'Albenj^ntfii , de vir-
tute medicinarum et cihorum. IX. La
Thérapeutique de Scrnpion.X. L'ou-
Vraç^e d'I.shac de definitionihus. XI.
Alhucasis , methodus medcndi Jihri
II j. XII. VArs pari^a, de Galien.
Xlll. Commentaires sur l^s pro^ytios-
|/(;5d'iiippociitlc, Uiuclusts de l'arabe,
GER lOfi
elc. Tous CCS Ouvrages ont e'tc' impri-
mes piiisicin s fois. ,1 — N.
GEUAIil) ( JUi.TiiA'iAH \ fanati-
que, ne en i '■)88 a Will.ifans, petit
bourg de Franclic-domté, forma l'hor-
rible projet d'jssassiner le j)rinr<»
d'Orange, Guill.iume de Nassau. Afin
de rcxecul<r plus facilement, il entra
au îiervire de ce prin e, et dep;uisa si
bien Sfs sentiments qu'il passait pour
un des protestants les plus outres.
Le 10 j lilk't I 584 7 «^'^ moment où
le prince d'Orange soitait de son pa-
lais à Deifl , Gérard s'avança comme
s'il eût eu à hii parler, et le tua d'un
coup de pistolet chaigc' de trois balles.
Après avoir coinmis ce crime , il ne
chercha point à s'<:nfiiir , et se vit ar-
rêt-r sans montrer le moindie trou-
ble. Il déclara qu'il n'avait point de
complices, et soutint, au milieu des
touunents, qu'il avait ete' pousse' à
cette adi.in par une insj iration di-
vine. 11 fut appliq lé à la torture, et
ensuite éc.ntele le *i4 juil'ît. Ce mal-
heureux, n'était âgé que de vingt-six
ans Le roi d'Espagne, Philippe IF,
accorda des lettres de noblesse à la
famille de Gérard ; mais elle ne
jouissait plus d'aucun privilège de-
puis la conquête de la Franche-Comte.
Levinus Torrentianus eompo>a à la
louange de cet assassin une ode latine,
qu'on trouve dans le recueil de ses
poésies. On publia encore en son hon-
neur les ouvrages suivants : I. Le
glorieux et triomphant martyre de
Ballhasar Gérard , advenu en la.
ville de Deljt , Douai, 1 584 • i" '^'>"
Cette pièce est très rare. 11. Bail.
Gherardi Borgnndi morte e cos-
ianzaperh ver ammazzatto il prin-
cipe d^Orajige, Rome, i584, i"-
8*^. 111. Mu.^e Toscane di diversi
nobiliss. ingegni per Gherardo Bor~
g^og-7?o,Bei crame, i5()4, in-8". W — s.
GEIURD (Dom), religieux, bi-
i-o GER
bliothc'cairc de l'abbaye de Trois-
Fontaines, ordre de Cîlcjiix, ëlait ne
dans le Barrois. Élevé au niili( u des
fniêfs, il se forma lui-inèrnc. Son
3'^[;lo;^ue, intitulée, Le Patriarche ,
ou le vitux Laboureur , qui ob-
tint racccssit au concours de l'Acadc'-
luii' française en 1784, est également
remarquable par les fautes de versi-
fication et \c^ beautés poéliqucs qui y
rcgnenf. Ce sont ces fautes , sans dou-
te, qui firent, de pr.'^rérence , adju-
ger à rég'Oj;ue de Buth, par Flo-
ri.in, uu piix que le j)ub!ic moins
difficde déc' rnait au l*atriarche. On
est fâelié de reucontrer des dispa-
rnt'S de goût dans une pièce où se
trouvent des vers aussi beaux que
les suivants :
IVl.iiï. lorsque «'emparant de la voûtr azuri^e ,
l^e nébuleux (léreriibre ulongea'il la soirce,
Un j'-une enl'inl |)r< n.iit le « uni livre , le seul
<JiU! j 111,1'» avJMl lu son vertu' iix .''icul.
Il le biisf p:i l'ouvratU : sa ni.iiii respectueuse
Ij'iiporoohe des lueurs irunt^ nicciic onctueuse....
A\i\ liijuint un cristal sur set yeux obscurcis,
Kl (in jeune |tT(cur diri^esnl les récils ,
Le vipill.iril lui disait : « Lisez ces pages saintes ,
Abel , le juste Abel di* soi sani; li"s a triiilrs.
l>'un frcre jusqu'oii va l-« jalouse turcur.'
IVuriiuoi le incuririer lul-il un labjureur?
jNous avons cite celte tirade pour prou-
ver le talent cminent que l'auteur
«avait reçu de la nature, et que les
conseils du ^oiit auraient placé à un
i.uig très distingué. Le dernier vers
est un trait sublime de sentiuient.
Dans le cas où il eût remporté le
prix, r.uiteur en destinait la valeur
,'iux pauvres; mais il mourut avant
d'apj)rendre le sort de sa |)ièce. Sa
santé était si mauvaise qu'il pa^si
presque sans dormir les viu^t der-
nières années de sa vie. Il a laissé en
ininiisctit in\ Poi-me en huit eli.mts
Mir ['//unùlitc j rempli, comme sou
ï'î^iogue , de beautés et de défauts.
F— LL.
Gl'dWIU) ( AlexandheI , écrivain
ccosNais, né en l 'j'xH a Gariocli , dans
le comté d'Abcrdeen , tit de très
GER
bonnes e'tndes aux universités d'Aber-
deeii et d'Edimbourg, et fut admis , à
vingt ans, à prêcher dans l'église d'E-
cosse , enfiu adjoint deux ans après
à David Fordyce professeur de phi-
losophie naturelle et expérimentale
au collège Maréchal d'Aberdcen. En
i-^j^, ce professeur, au retour de ses
voyages , ayant péri dans une tem-
pête sur la côte de Hollaude , Gérard
lut choisi pour remplir sa place ; et
ce fut sur lui que l'université jeta les
yeux pour justifier une réforme qui
venait de s'y opérer dans renseigne-
ment. En 1756, la société philoso-
phique d'Edimbourg lui adjugea une
médaille d'or , pour im Essai sur le
goût, qu'il fit imprimer en 1769, et
qui a eu depuis deux nouvelles édi-
tions; Ia5'.e>tde i^Ho, revue et consi-
dérablement augmentée. En 1 7 5g, avec
l'agi émeut de cette société, il offrit
lui-même nue médaille pour la meil-
leure dissertation sur le style. U fut
ordonnéceltcannée ministre de l'église
d'Ecosse, et, en 1760, nommé pro-
fesseur en théologie an collège INIaré-
chal, et ministre de Gray-b'riars. Il
résigna ces diverses fondions en 1771
ou 1773, lorsqu'il fut appelé à la
chaire de théologie du collège du
Roi à Aberdeeu, place qu'il occupa
jusqu'à sa mort, arrivée en 1795 , le
l'À févri( r , jour anniversaire de sa
naissance. Ses talents étaient solides
plul("jt (pie brillants. A un jugement
droit il joignait une mémoire peu com-
mune. Son exemple sert à prouver
combien celte faculté peut se perfec-
tionner par l'exercice qu'on lui ilonne.
Le dixlrur lîcallie, l'un des élèves de
Gérard, rapporte ,ilanssesEss;iis sur
la mémoire et l'imagination, qu'un ec-
clcNiastujue, son anu intime, bu a dit
suuv( m que lorsqu'il avdt commence
à prêcher il lui fallait plusieurs jours
d';ipplicalion [xpiuapprendrc par cutur
C F. R
son sermon; nuis (jiir, par une loii-
giu' h .biludo, il av.iit perlcctioiinc sa
jiicm<iin> .111 point de pouvoir, nprcs
une cliidc dt. deux luMins , fixer un
sermon dans s,) icle, do manière à le
rcVilcr en public sans y elianj^cr,
onullrc ou Iransposcr un seul mot.
Alex. Jiower, auteur d'une Vie de
IJiMÎlic , nous apprend (jue cet ami
intime nVlait autre que (ierard. Ce
dernier était membre d'une société'
littéraire récemment formée à Kduii-
Lourg , et dont faisaient partie les
Sircmiers littérateurs de l'Ei^osse,
[îlackwell, Gregory , Tli. Reid ,
George Campbell, Bcatlie. etc. Gé-
rard avait publié en 1 7(56, in -8°. ses
Dissertations sur des sujets relatifs
au f^éfiie et aux preuves du chris-
tianisme ; en 1774? in-8". un Es-
s ai sur le génie; en 1780 un vo-
Jjime de Sermons , il un autre en
1782. Le docteur Gilbert Gérard,
.<;on fils cl son successeur dans la
chaire de théologie , donna au public,
en 1799, les Devoirs du pasteur {thc
Pastoral care), par Al. Gérard. Beal-
tie, qui remplaça ce dernier comme
professeur de philosophie, profita de
ses manuscrits pour remplir des fonc-
tions auxquelles il n'était point pré-
paré. Plusieurs des ouvrages de ce
luétaphy.sirien ont été traduits en dif-
férentes langues. L'Essai sur le goût
l'a été en français , sur la 1^, édition,
par Kidous, qui y a ajouté trois Dis-
sertations sur le même sujet, par
Voltaire, d'Alembcrt et Montesquieu,
P.Tiis, i7()6,iu-i2. — Son fils Gilbert
Gérard fut pendant plusieurs années
ministre de l'église anglaise à Ams-
terdam , et fut ensuite nommé pr^-fes-
scur de langue grecque au coilégc du
loi de l'université d'Aberdeen , où il
.succéda à son père d.ms la chaire de
théologie. Un extrait de ses leçons a
clé ifiipiimé sous le titre à'Jnstitules
GER 171
of Inhlical ailicism, etc. ( Insliti:-
tions de criti<pie sacrée , ou matières
du cours de leçons sur ce sujet,
etc.), j(So8, in -8'. de 471 p-'g^-"^*
C'est un ouvrage plein d'érudition, et
composé d.ins un bon e«?piit. L'anleor
était alors l'on d(S chap. l.uiis ordi-
naires du roi pour l'Ecosse. Il est
mort le .;,^î septembre 181 5. X — s.
GÉRARD ( PiiiLippE-Louis), cha-
noine de St.-Louis du Louvre, naquit à
Paris en 1 737, d'une fainillv honnête,
mais pruai.sée. Il ne tint à rien que dans
sa première enfance il ne devînt vie-,
tiuic d'un attentat qui ne fut pns con-
sommé, mais aux suites possibles du-
quel il ne pensa j imais depuis sans
frémir. Une de ces mendiantes, qui
offrent aux yeux du public des en-
fants pour intéresser sa pitié , l'ayant
trouvé scu! dans une allée obscure,
l'avait saisi, et malgré ses cris l'em-
menait, sans doute pour en faire cet
usage, lorsqu'on vint le délivrer. Il
fit ses études au collège de Louis-le-
Grand sous les jésuites. On le desti-
nait au barreau : la mort prématurée
de son père empêcha l'exécution de ce
projet. En sortant du collège, il se
trouva sans guide, livré à lui-même,
à l'ivresse peut-être de quelques ta-
lents , et à des passions naissantes :
ses mœurs jusque-là innocentes ces-
sèrent de l'être 5 sa foi s'aflaiblit ; il
se laissa séduire par une fausse phi-
losophie, et tomba dans l'incrédulité:
c'est lui qui fait tous ces aveux. Heu-
reusement il eut occasion de conn.âtro
l'abbé Legros, alors chanoine de la
Sainte-Chapelle, et depuis doyen de
Saint-Louis du Louvre. Ce digne ec-
clésiastique rendit le jeune homme a
lui-même, à la vertu, à la religion :
Gérard devint aussi pieux qu'il avait
é!é indévot ; et, résolu de se vouer
au service des autels, il entra au
séminaire de St.-Nicolas -du-Char-
172 GER
donnet, y prit le sous-diaconat, et
n'en sortit que pour accomp.ipiner à
Malte le bailii de Fleiiry. Ordonne
prêtre dans cette île, il revint à Paris,
et, se livrantentièrt ment au ministère,
fut vicaire de la paroisse dt- Saint-
Mërv, où il fit, de la prédication
et de la direction des consciences,
son occupation journalière. Un ca-
uonicat de Saint-Louis du Louvre
devint la récompense de son zèle ,
ft il fui un des ecclc'si.istiques à qui
l'assemblée du cierge de 1770 dé-
cerna des honneurs et des cncoura-
peraents, pour avoir pris la défense
delà religion. L'ajibc Gérard fut té-
moin des fureurs de la révolution ,
et eut sa part des persécutions de
ces temps désastreux : il resta long-
temps en prison. Rendu à la liberté,
il alla ])asser dans la retraite le reste
de sa vie, occupé de la culture des let-
tres cl de pratiques pieuses. Il est mort
le 24 avril 181 5. On a de l'abbé Gé-
rard : L Le Comte de Fnîmont, on les
égarements de la raison. Ceux dans
lesquels il était tombé lui-même, pa-
raissent lui avoir donné l'idée de ce! ex-
cellent ouvrage, qu'il publia d'abord eu
3 vol. in-.i '1 , et qui aujourd'hui en a 5,
non compris un f)''. sous le litre de
Théorie du bonheur. Le comle de
Valmonta eu jusqu'à présent quatorze
éditions, tt n'est pas vraisemblable-
ment ta sa dernière. L'auteur, dit un
écrivain judicieux, « y montre dans
une ficiion les écarts d'un jeune hom-
me entraîné par ses passions et par
des sociétés pernicieuses, et y établit
les preuves qui ramènent tôt ou lard à
Il religion un esprit droit cl un C(imu-
veifueux. » M. Les Leçons de. l'his-
toire, ou iMtres d'un père à son fils
sur les faits intéressants de l'histoire
universelle, i-jHd — iHoti, 11 vol.
in- 13. Les premiers volumes de cet
ouYrage, ornés de caries ilacconipa-
GER
gnés de savantes dissertations, offrent
autant d'érudition que de critique; les
derniers, qui terminent l'histoire an-
cienne jusqu'à Jésus- Christ, paraissent
traités avec moins de soin. Les Leçons
de rhisluire sont divisées par gran-
des époques j cl dans chaque période
on y traite séparément l'histoire de
chaque peuple. IIL \j Esprit du Chris-
tianisme^ précédé d'un précis de ses
preuves , et suivi d'un plan de cou"
duitej Paiis, i8o5, in-12; on trou-
ve à la suite quelques Poésies chré-
tiennes et morales par le même au-
teur. IV. Des Mémoires sur sa vie,
suivis de Mélangées en prose et en
vers, Paris, 1810, in-12. V. Des
Sermons, Lyon, 1816, 4 vol. in-12,
dont un pour X^avent^ deux de ca-
rême, et un de mj stères i à la suite
du dernier est nn panégyrique de
Saint-Cliarles. Parmi les ouvrages iné-
dits de Tabbé Gérard, dont on fait
espérer la publication , nous indique-
rons un Essai sur les vrais princi-
pes relativement à nos connaissan-
ces les plus importantes j 3 vol. ;
Etudes de la lans^ue française , de
l/f rhétori(jue , de la philosophie ,
3 vol., etc. L — y.
GRUARD DE INIMÈGUE. Fojr.
GliLDENHAUER.
GÉRAUD DE RAYNEVAL ( Jo-
si ph-IVIatiiias ), mort à Paris le 5i
décendjie 181*2, à l'âge de 'jG ans,
avait suivi la carrière iliplomaliquc.
Chef pcnd.iut vingt ans au bureau
des alïaires étrangères, il avait pris
part à des négociations dilllciles, avait
concouru à plusieurs traités, et parli-
culiènment au traité de commerce
avec rAuglcterre , en 178G. (ihargé
des intérêts do l'Espagne , durant
la paix de 17B3, il re\iil de la cour
(1( Mulrid l'ordre do Chai 1rs 111.
11 est aus^i connu par h s ouvrages
suivante: I. Institution au droit pii"
(i K U
hlic à'Jllcmas^ne , Liipzif; , \')CiG^
iu-8'. II. In^tilidions au droit de la
naliirc ci des ^cns , i\'nis, kSoj,
in-8°. m. De la liberté des mers ,
l8i I , iii-8'. II <> laisse en in.iiiiiscrit
un ComniciiLiirc sur Machiavel , dans
lequel il s'aîfaehc , dit-on , à venger
]a mémoire de cet écrivain politique,
juge avec trop de rigueur , d'après
plusieurs fausses inlcrprctations de
ses maximes d'état. Z.
Gh:UAl\DDOVV. Vor.DoYj.
GlUUl^l) GROOT, ou le Grand,
fondateur de l'iuslitution des Frères
delà vie commune, qui donna nais-
sance à la célèbre congrégation des
clianoines réguliers de Windeshem ,
naquit à Deveuter, en i54o. Weruer
Gruot sou père, consul de celte ville ,
l'envoya faire ses études à l'université'
de Paris, où le jeune Gérard se dis-
tingua bientôt parmi ses condisciples.
A dix-huit ans , il vint à Cologne en-
seigner la ]îhilosopliie et la théologie.
La réputation qu'il y acquit en peu
d'années , par la supériorité de son
éloquence et de son savoir, lui mérita
véritablement le surnom de Grand.
Outre la fortune dont il jouissait, il
fut pourvu de plusieurs bénélîces,
d'un canonicat cà Utrecht, d'un autre
à Aix-la-Chapelle , etc. La gloire du
.siècle , plus que le soin de son salut ,
l'occupait alors; mais la visite d'un
compagnon d'études, prieur de la
chartreuse de Monichuscn dans la
Gucldre, l'enlrelien qu'il eut avec ce
solitaire , ainsi qu'avec Je contem-
platif Jean Rusbroeck, prieur des
chanoines réguliers du Val - Vert
près Bruxelles, le déterminèrent à
changer de vie. S'ctant démis de
ses bénéfices, il ne songea plus qu'à
la retraite : au lieu du bonnet de doc-
teur, il prit le ciliée ; et s'instruisit
dans l'exercice de l.i vie régulière,
ifiu d'apprendre aux aulvcs à la pra-
GER !-">
4
tiquer eux menu s. Il reçut I. s ordres
sacrés, mais en se hoiiianl au simple
diaconat, par Inuuililé, et pour pou-
voir prêcher la parole de Dieu. Ses
prédications à Devenler, àZAVûll,à
Amsterdam, à Lcyde, à Zutjjhcn et
dans les autres villes delà Jlollandc,
lui attirèrent un concours prodigieux
d'auditeurs , et Ojiérèrent un grand
nombre de conversions, soit parmi
1rs laïcs, soit parmi les clercs mêniis.
Gérard , pour mieux fixer les règles
de leur conduite, et multiplier le tcxie
de l'inslruction , fit venir dos divers
monastères cl collèges les manuscrits
les plus anciens et les meilleurs de
la Bible et des Pères. Les écoles d'hu«
manités flori^^saient alors à Deveuter,
où affluait la jeuuessc de toutes les
parties de la Flandre et de l'Allema-
gne. Il rassembla plusieurs des cîercs
et des élèves pour transcrire les ma-
nuscrits qu'il avait recueillis, et en
extraire ce qui pouvait être utile à
l'instruction. Il leur donna sa mai-
son, établit entre eux la communauté
de travail , et y préposa Florent Ra-
dewyn, de Leyde, chanoine de St.-
Pierre d'Utrecht , et professeur à l'u-
niversité de Prague. La calligraphie,
les travaux manuels les plus uti-
les, l'éducation et la prière, furent
l'objet principal de l'institution, qui
prit le nom de Congrégation des
clercs et des frères de la vie com-
mune, (i) Cette institution ne tarda
ix) La transcription des manuscrits étant l'un
Je« points principaux de l'institut des Frères de la
vie conimunc , l'art typo{;raphiqne leur fut d'une
{grande utililé pour en multiplier les copies ; aussi
imprimèrent-ils des premiers, dons plasieurs de
leurs maisons. Ceux du Val Sainte - Marie , a«
diocèse de Maïcuce , publièrent le Psautier ft
le Bréviaire^ en 1.474 < 10-4". ; —ceux de St. -.Mi-
chel, àRostuck, les OEu^res de Lactance , in-
fol. , 1/176;— ciMix de la maison de Naz.irelh , à
Rruselles, Ariwldi de Ruterodarnis Spéculum
conscienliarum^ ^'\'',(*^ iu-f. «le près de 800 pa^cs
sur deux colonnes ; cet ouvrage du docteur Arnold
de Rollerdum, chanoine régulier du Val-Vert, e.st
le premier livre imprimé a Druxelles. Parmi les
autres prvduolioas torlics de leurs picises d.iBi le»
174
GER
pas à se répandre de Devenlcr dans
les antiLS villes des Pcjy.s-Bis. Des
congrégations de sœ;irs s'ëtaljlirent
sous le nom de Béguines , à l'instar
de celles des Frères. Ces réunions
d'individus qui n'étaient assujétis à au-
cun vœu, et qui vivatcnî eu cominnn
du produit de leur travail, e?C(iièrent
la jalousie des ordrns mendiants, qui
déhonccient les frères de la vie com-
mune en les assimilant aux Bé-
j;ucirds, ou frères de la vie Tbie, dont
l'associai ixtii avait été réprouvée par les
Cléiucnfines. Gérard dismlpa pleine-
menf sou institut, qui fui ipprouvc
pai Grégoire Xl, en 1576. Une scni-
blabic accusation, reproduile depuis
au cotu i'e de Constance, fui victoi ieu-
senunl rcpousscepar Gerson.( Tojk.
Gerson.) Dans la vue d'cx'iler le
zèle des frères, et de les édifier par
rexem])Ie de la perfection, Gérard se
proposa de réunir plusieurs de ses
clercs par dc^ vœux, sous la règle,
non pas des Cliartieux ou des moines
deCîleaux, corrune trop solitaire ou
trop rigide , mais sous celle des clia-
noines le'gulicrs de Si-. Augustin,
comn-e plus rapprochée de la société,
cl (lu régime déjà formé. Une ma'
lodic pcshlenlielle étant surventie à
Devctitii, 1« j)ieux et humain Gérard,
cri visi'aiit un ami opulent atteint de
cet'e mal -die, la cunlracta lui-même,
cl rnoirut à Tage de quaraulcquatrc
ans, eu i?tH\. Ses inlcnlions furent
remplies |)ar Floieut, qui, à Wi'ili:
des lil)''rililé.s du (l('tunt, son ami,
et d'antres nrhes prusélytes que Gé-
rard avait fail^, él.ib!il, en iTiSH, à
Windtslnni, ini ministère de cha-
tM\néim (niiv»nlfi o> ritr Ir» Sermom ml \ft Lfil-
trrt lit S lieinitrit, i/iH», a vi.l in-fol. Il • it
4i«>utiiint 1(11 il» n (lieril i>oitil iinpiin»' le livrr iln
Vl'ttlulinn do JiiHi'Clilnl, «M étuil rerlltm.nl
roiivr n' «I'' Krrnpii , un «le Ifiim niu ip»» fuli»--
rot , Ifiriqnil m »•^i>l m uik» ro|iir ilr »» nmiii. Ou
ne voit nin iKiP |>liu i|ii il» ..iriil mil au j'xir i|iml-
uuc(-UBCi Jci ceutrei aieiili<]iUi de leur u»nJjleur.
GEU
noines réguliers, dont les règlements
furent confirmés par Bouifacc IX et
ses successeurs. Cet ordre se propa-
gea rapidement eu Flandre et en Al-
lemagne, tellement qu'il comptait en
i45o quarante-cinq maisons, et en
i4fio, selon Busch, le triple au moins
d- ce nombre. De Windeshem, le
chef-lieu , et des autres miisons de
Hollande, sont sortis, dès l'origine,
non seulement beaucoup d'ouvrages
distingués pcjr la piété tt l'onction ,
mais des chefs-d'œuvre de cailigra-
phie, remarquables par la correctioa
du texte , comme par la netteté de
l'éciiture. De doctes et habiles trans-
cripteurs y ramenèrent les livres de
l'ancien et du nouveau Testament à la
version primitive de St.-Jérome : ce
texte , approuve par les pontifes, a
servi de base , en partie , au travail
des éditeurs de la Bible do Sixte V.
Il en a été de même de plusieurs écrits
des Pères; et les docteurs de Lou-
vain, dans leurs éditions, ont beau-
coup profité du texte de ces ma-
nuscrits. La chronique de l'ordre de
de Windeshem ne cite aucun des ou-
vrages nombreux de Gérard , la plu-
part dirigés vers le but de son insti-
tution. Quelques-uns ont été publiés
à la suite de sa Vie par Thomas ou
plutôt par Jean de Kempis , son frère,
disciple de Gérard. ( f'^oy. KEMPrs.)
Tels sont ceux da Feridicd predica-
t/orie, et de Librorum sacrorum stii-
<//o. liCS autres, restés inédits , cl dési-
gnés d'après le lénioignage de Bunder,
quiavait fuit un index dt'S manuscrits
des monastères de la Belgique, sont
j)i iueij)a!ement : I. De vitd in coin-
muni deccntinni y chez les chanoine^
réguliers de Tongres. II. De inconi-
moditatihiis inaUimomi y au nu)nas-
lère de Uougeval, près Bruxelles, et
à St.-IMarlin de TiOnvain. III. Trac-
talus de ptrupertatc , au Val - Vert.
IV. De cohabilationc cl exercltiis
devotorum , au monastère des Scpt-
Font.nncs. \^ De eriidilionc scliold-
runi, à Sainl-iM.Mtiii (11' Louviiiu. VI,
J)t^ rc'iiiinine vionialiiim , à Aix-la-
('.li.ipolle. Vil. Une vcrsiuM l.jtine du
livre U.jniand De IVupUis sinrilua-
libus, etc., de Je;ui Hiisbrocck, à
Sainte -Croix de Njinur. Gcijrd et
Kcmpis louent bcauconp Ic5 ouvra-
ges de Rushroeck, dont le livre
mystique de nuptii^- nlùvii néanmoins
la censure de Grrson. VllI. Sev-
moîies varii , à Saint - Jac({ues de
Liège, et dans plusieurs chartreu-
ses de Flandre. IX. Epislolœ ad di~
pc;'io^,dans la cliarlrcuse de Gaud.
Nous avons trouve plusieurs lettres de
Gérard, à la suite de la correspon-
dance manuscrite, de 1570 à j4o8,
de Henri Kalkar , prieur de char-
treux, conservée à ia bibiioilicf[ue de
Strasbourg. Pierre du lîeck attribue à
Ge'rard , mais sans fondement , le
traite De cowersalione interna, qui
])auaît être le second livre vulgaire de
\ Imitation -(jÛKhKO de Zutphen, dit
le jeune , fut bibiiuthéc.iire et i'iui des
premiers élèves de Técolc instituée par
Gérard Groot. 11 fut à son tour , avec
Florent, le maître de Thomas à Kem-
pis, qui a e'crit la vie de l'un et de
l'autre, et que Triihèmc a cru disciple
du grand Ge'rard. Il a laissé quelques
opuscules ascétiques, nourris de l'es-
prit de l'Ecriture, et dont l'auteur de
sa vie fait l'éloge : i". De reforma-
tione interiori, seu viriiim animœ.
'2'\ De asceimoue spirituali. Ils ont
clé imprifncs à Paris, \^\j'i^ à Co-
logne, 1559; et insére's, en outre,
dans la Hibliolhcque des Pères, Colo-
gne, i()i8. Gérai d de Zuîplien mou-
rut à l'âge de trcnlc-un ans, en i3()8.
G CE.
GERARD TIIOM ou TENQUE
(Le bienheureux), iuililuteur et
G F R 1 ^ j
premier grand -m (îue de l'ordre de
St. - Jean de Jérusalem , était né vers
l'itu lo/jo dins l'île de M.irtigue sur
la côte de Provence. 11 p.naît que
dans sa jeunesse il s'applifjiia ;iu com-
merce, et que ce fut à la snilr d'un
voyage qu'il avait cnrrc{)ris pour ses
all'aircs, qu'il vint à Jérusalem. Arrive
dans la ville sainte, il se sentit tou-
ché de la grâce, renonça à tous les
avantages qu'il pouvait espérer dins
sa patrie, et se consacra à la prière et
au soulagement des pèlerins qui ac-
couraient alors en foule visiter ie^
lieux témoins de tant de prodiges.
Les négociiints d'Amalfi avaient ob-
tenu en loôo de Bomeiizor, sulthan
d'Egypte et de Syrie, 1.» permission
de construire à Jérusalem une église
qu'ils dédièrent à Ste.- Marie la La-
tine, et dont la direction fut confiée à
un abbé de l'ordre de S. Benoît (i»u
de S. Augustin suivant quelques au-
teurs;. L'abondance desaumô;)es per-
mit à l'abbé de faire bâtir en 1 080 un
li6pit<d pour les pèleiins ; e^ il en
nomma supérieur Gérard, dont la
vertu et la charité étaient déjà con-
nues au loin. Gérard jemplit ces fonc-
tions pénibles avec un zèle extraor-
dinaire ; sa patience, sa douceur, sa
bonté le firent estimer même des Sar-
rasins: mais lorsque les chrétiens ar-
rivèrent dans l'intention de délivrer
Jérusalem, Gérard , soupçonné de fa-
voriser leurs projets, fut mis en pri-
son (1). Godcfroi de Bouillon brisa
ses fers, et le replaça à la tête de
l'hôpital, dont il augmenta les reve-
nus. Ce fut l'année suivante ( i 100)
que Gérard jeta les fondements de
(O C'est le récit de Guillaumf «le Tyr. Mais le
P, Pnoli pense, d'après Albert d'Aix, historirn
contemporain , que cet archevêque a oinlomlii ici
l'hospilalier Gérard Tliom avec Gérard d'Avesnre,
attaché à Godefroi de BouilioD , et qui , ayant cl.;
donné en otage auT Sarrasins, fut lié par eux à un
polrau sur les rem|>ai-is d'Assur, lors de i'assiul
douné p'*r les chiélicus à celle place.
1^6 GER
l'ordre hospitalier de S. Jean, u II
» prit lui habit religieux, avec une
» croix blaiicîte à liuit puinies , cuu-
» sue sur la poitrine, et donna cet
y> habit aux p(r»?on!»es qui joi .nireut
« aux. troL-; vœux decliaslelé , d'ubeis-
» sance et de pauvreté', celui de se li-
» vrer au soula,;enHnl dis cl.rctit us.»
Cet ordre, dont Gérard redi:oa les
statuts, obtint de grands privilèges
dès sa naissance, et fut co lîrmé par
plusieurs bulles des souverains pon-
tifes. Le pieux fondateur eut !a con-
sohition d'en prévoir la gran Je!:r fu-
ture, et mourut vers ir2i. C'est la
date d'une charte par laqutlle Aine-
lius, évêque de Todouse, autorise
Gérard à acquérir, au noui de Tor-
dre, dans son diocèse, des biens
tant ecclésiastiques que laïcs. On
trouve la Vie du bienheureux Gérard
dans le Becueil des f^ies des Saints
et des Saintes de l'ordre de S. Jean
de Jerusalm , Paris , in - fol. De
H.iitze a public l'Histoire du bienheu-
reux Gérard Tenque de Marti^ues ,
Aix, l'jSo, in-rji. Ou peut consul-
ler aus>i la savante Dissertation
DelVori^ine ed istituto del sacra
militur ordine di S. Gioifambalista
Gerosolirnilano... , par le l\ Paul-
Antoine Paoli , de la congrégation de
la Mère de Dieu, et président de
l'acade'mic des nobles ecclésiastiques,
Rome, i-jHi ,iii-4 •; ocorc l'extrait
qu'en a donné Diipuy dans le Jour-
nal des savants, décembre, 17H2,
p. g. 780. W — s.
GERARD ou GKRARDÏ*: (.Jlam),
chirurgien anglais, et l'un des plus
savants botanistes du wi. siècle,
naquit en îO/jf) à N uujUwieh , dans
le Cheshire, et fut long- temps jardi-
nier en chef de lord Riirleigli, (|ui était
lui-même un grand amil<'ur dr bota-
nique. Gcrarde introduisit en Arigle-
lerrc im nombre cunsidcrabic de plau-
GER
tes exotiques j et il possédait h Lon*
dr( s, quartier d'fiolborn, un vaste jar-
dic botanique, dont il publia le catalo-
gue en logij et en i5€)9, et qui fut un
dts premiers jardins de ce genre qu'on
ail vus en E .rope. Ce catalogue , dont
on ne connaît plus que l'exemplaire
Conservé au Muséum biii an nique,
contient, ««livant le docteur Pultc-
ney, io53 espèces, ou au moins
supposées telles , quoique beaucoup
ne soient certainement que des varié-
tés. Gerarde publia en i5g7 un ffer"
hier ,Qy\ ni<toire gênéraU des pMn--
tes , Londies, in-fol., avec des plan-
ches en bois , qui avaient été gravées
pour riierbier allemand de Tabernae-
Moiitaiius, imprimé à Francfort. Lo-
bel accuse Gerardc d'avoir fait fré-
quemment usage, sans en rien
din
d'une traduction inédite de l'ouvrage
intitulé Pemptades , de Dodonée;
et c'est ce que lonflrme la lecture at-
tentive de son livre, qui manque de
liaison et d'ensemble. On s'aperçoit
aussi , dans ce qu'il a traduit de Léclu-
se, Lobel, etc., qu'il n'avait qu'une fai-
ble connaissance de la langue Ltinc ;
mais cela n'empêche pas qu'on ne
doive lui avoir des obligations pour
les progriîs que ses connaissances
])ratiques et son zèleont fait fiire à la
botanique. Le docteur ïlioma> John-
son a donné, eu i()5(), une édition
iKujvelle de ^Herbier de Girarde,
où il a lait des corrections essentic lies.
l/oiivr.ige est enciue cslimc au)our-
d'Iuii. Les descriptions y stmt rédi-
gt'cs avec bvMueotip de clarté. « Les
» auteurs, «iil-tui dans VEncjclt^pé"
yy die britannique^ se sont attachés
» à fiirc coniiaiiie à leurs lecteurs les
» caraclèrrs des plantes plutôt qu'à
» leur faire part de leur érudition ca
«grec et en latin. » L^ iloeleur Th.
Johnson conjecture queGérardc mou-
rut vcis l'aiimic iGo]. Plumier a cga-.
r. ER
sncre à la moinoiro de ce bol.inisfc,
sous If nom (le Gcrardia, un genre
(le pKiiiles à lletir moiiopctaîe, pcr-
sonnee, ilc la lainillc des .^cropliu-
l.iircs (je Jiissicii , et dont les espèces
jx'ti notiibreuses sont exoli(jues. X — s.
(lEKliAlS (Jean ), doelcur de
Sorbonne, n.Kjiiit en iOjaj à Rnpois,
dans le diocèse de Reims, de parents
pauvres, mais qui, lui voyant d'iicu-
leuses dispositions , r(îsolurcnt de
tout sacrifier pour lui f.iirc flaire ses
ctudes. Après qu'il les eut terminées,
il se prcîsetita eu Sorbonne pour pren-
dre sa licence ; mais ce ne fut qu'à
l'âge de Irenlc-dcux ans qu'il soutint
sa (licse pour le doctorat. L'année sui-
vante ( I ()Gi) , il iut nommé à la chaire
d'(îloquence du Collëf^e- Royal, qu'd
remplit avec beaucoup de succès. 11
avait déjà été honoré du rectorat de
l'universilé; et les discours qu'il pro-
nonça pendant son exercice, avai.nt
donné une idée très avanMgeuse de
ses talents, i/assembice du clergé le
chargea de p biii r S( s Décisions tou-
chant les régulier ^ y avec les commcn-
tiires de Fr. H .lier ( f^oy. H allier )j
travail qui lui valut une pen:iion de
600 liv. L'histoire du re^te de sa vie
n'est plus que celle de ses ou\rages,
peu nombieux, mais so'ides, (t dont
quelques-uns ont C()n^crvé beaucoup
d'intercjt. Gerbais était piincipai du
collège de Reiras à Paris ; et d y fonda
deux bourses, sans doule en recon-
naissance (les secours qu'il y avait
trouvés pour sesét.idcs.Cer' sp^cîabie
savent mourut le i4avril 1699,3 'jo
ans. On a de lui : 1. De serenissimi
Franciœ Delphini slwiiis felicibus
oratio, 1673, in-4°. Ce discours fut
prcjnoncé au Collége-Roval à la ren-
trée des classes : le style eu est très
élégant , et annonce un homme nourri
de la lectuie des bons auteurs. II. Dis-
sertalio de caiisis majoribus ad ca-
xvir.
"^ CRU 177
put concordatoriim d<' cau<:îs , Paris ^
i(>7(), in-/|". Il y ét.iblil, d'.q)iès les
principes de l'Eglise de France, que
les cau^cs majeures doivent être ju-
gées par les évêques, avant d'(}lre j)or-
tées à la décision de la cour de Rome.
Une bulle, du 18 novembre 1680,
condamna l'ouvrage 5 et l'auteur fut
obligé d'adoucir les passages qui
avaient déplu, dans les cdiiions sui-
vantes, Lyon, i685, et Piri>, 1690,
toutes deux in- 4". II 1. Traité paci-
fique du pouvoir de l'Église et des
l^rinces sur les empêchements du
mariage ^ ibid. , 1690-1696 , iii-4*.
Dominiq. Galesio , évêque de Ruvo ,
dans le my jume de Naphs , avait
soutenu que rÉg'ise seule a le pou-
voir de mettre opposition aux ma-
riap,es ; et J. Laun(jy, au contraire,
avait prétendu que c'est un droit in-
hérent à !a puissance civil»'. G; rbais
cherch.» à concili; r ces deux opinions •
mais il ne put y réussir. IV. Lettre
au sujet de la comédie, Paris, 1694,
in- IV., contre une A[)o!ogie du ihéâ-
tre, attribuée au P. CafKuo , théalin,
qui la désavoua, la même ai) née. V.
Plusieurs lettres touchant le pécule
des religieux faits curés. VL Let'
tre touchant les dorures des habits
de femmes y oit Von examine si" la
défense que St - Paul a faiie aux
femmes chrétiennes de se parer avec
de tor y ne doit passer que pour un
conseil, ibid., 1696, in- 12. il y sou-
tient que la défense de St.-Paul est de
précepte. VIL Des traductions du
traité de Panorme ( Nicol. Te-
deschi, archevêque de Paîerme), tou-
chant le concile de Baie , et d'une
lettre de l'église de Liège, en ré-
ponse à un bref de Pascal II, qui
déclarait excommuniés les Liés^eois
restés fidèles à l'empereur HenrHV^
leur légitime souverain. Ces deux
pièces sont une apologie de la célèbre
Ï2
178 GER
Déclaration du clergé, devenue la base
des Jibertés de l'Église g.tiiicane. M.
Barbier ( Dictionnaire des anony-
mes , 11". 2821 ), dit que l'on a at-
tribué à Gei b.'iis , V Histoire des con-
ciles généraux depuis les apôtres
jusijuau concile de Trente , Paris ,
1699, 2 vol. in- [2. On peut con-
sulter, pour plus de détails, \qs Mé-
moires de Niceron , tome xiv , et
V Histoire du Collège - Royal , par
l'abbé Goujet. W — s.
GERBERON (Gabriel), bénédic-
tin de St.-?vlaur, était né à St.-Gdais,
dans le Maine , le 28 aoûf 1 628. 11 fit
ses études au collège de l'Oratoire à
Vendôme, rt à vingt ans entra dans
la congrégalion de Sf.-Maur. Ayant
clé fait prêtre en i655, il enseigna
la théologie dans plusieurs maisons.
La liberté avec laquelle il s'expliquait
sur les contestations naissantes du jan-
sénisme, ainsi que sur des persounes
en place et sur les jésuites, obligea
ses supérieurs de l'envoyer à Corbie,
où il ne se montra pas plus réservé.
Ou l'accusa d'écrire snr les disputes
de ce temps-là, d'être opposé à la ré-
gale, et d'.'ivoir eu part à quelques
brochures contre rarchcvêque de Pa-
ris De Harlay. Un exempt tut char;;é
de r.inêtcrj mais Gerberon , averti,
prit la fuite, et passa en Flandre, puis
en Hollande. 11 y prit le nom d'Au-
pjustin Kergié, et se fit nitiualiser
bourgeois de Rotterdam. Pendant la
j^uerre entre la Fr/ince «t 1 1 Hollande,
en lOc)» , il rcvMit à iiruvelles, où
il s'occupait à écrire pour le soutien
de sa cause. H y Int arrêté le r>o mai
i^of); et son procès lui fut tiil au
tribunal de rar('lievêque,I\ï. dePrcci-
})iano.Lfne sentence rendue contre lui ,
c 24 novembre , l'accusait d'avoir
pris l'haliit séculier , d'avoir lait
imprimer plusieurs livres sans ap-
probation ; d'avoir délundu W/upa-
GER
tiniis , refusé de souscrire le For-
mulaire, et d'avoir propagé le jansé-
nisme. 11 fut renvoyé à ses supérieurs,
pour être plus amplement corrigé.
Gorberon en appela j mais cette dé-
marche n'eut pas de suite. En 1707,
on le ramena en France ; et on le garda,
tantôt à Amiens, tantôt à Viucennes.
En I 7 I o , il se résigna à souscrire
le Formulaire et une déclaration de
soumission à l'Église ; après quoi
ou le tira de prison. Réuni à ses con-
frères à St.-Germain-des-Prés , il ra-
tifia ce qu'il venait de faire à Vin-
cennes , et mourut à l'abbaye de Saint-
Denis , le 29 mars 1 7 1 1 . Sa vivacité
et son indiscrétion furent cause de ses
traverses- et le dictionnaire de Mo-
réri avoue qu'il s'expliquait avec trop
de chaleur. Son zèle parut surtout
dans le nombre et la nature des écrits
qu'il publia pour le soutien de sa cause:
V flistoire littéraire de la congréga-
tion de St.-Maur en compte cent
onze. Nous nous garderor<s bien d'en
donner la liste , et nous ne citerons
que ceux qui firent alors le plus de
bruit '.\. Le Miroir de la piété chré-
tienne, 1G76, qui fut condamné pai"
plusieurs évêques, et dont Arnauld
lui-même blâmait des propositions un
peu dure*. 11. Vue édition des OEu-
ures de St- yinstlnie , abbé du Bec,
Paris , 1G71 , iu'fol. III. La f'érité
catholicpie victorieuse , Amstei dam ,
itiH^. IV. Les u^i'is salutaires de
la />. /'. Marie, à ses de\'ols indis-
crets, traduits du latin de Wendel-
feld, Gind, 1G75 ; ils furent con-
damnés à Rome l'année suivante. V.
Une édition des OEuvres de Bàius,
\ \. Histoire générale du jansénisme,
1700, !~) vol. in- 12 , où il ne méua-
gc giuMc St. -François de Sales et
St. Vincent de Paul; et une foule
d'écrits , de lettres , de factums el
de pamphlets eu faveur de ses amis
G EU n EU i-jO
et contre ses cmicmis, f^orez son jilaccr dniis l'onsrii^ncmrnt, on lui
article dans V Histoire littéraire d: la confia la dirorlion (le la Ijiblicilhèque
congrégation de St.-Maiu\ yiw V). du couvent, (/est en exeiçanl cMlc
Tas>in, j»jg. 3 1 1. Ct'l ail ic!e l'orme lonrlion qu'd (il heaiic».ii|i de re-
iHiarantc })ai^cs in 4"'» ^'t GrCrberon y cherches sur Thi-stoire cceicsiaçiifiue
est reprôenlc connue une linnièrc du moyen âge, et (|iûl ia,ssfni!)la les
de l'Église. Il aurait pu être utile eu matériaux de son histoire de l;j niu-
t'det : mais res[)rit de parti ctoufiCi ses siquc et de la lituigic. Il cnlrepiit,
lalcntsjetia fccoudité de sa plume iu- en i 7G0 , un voyage en France, ca
fitigable n'a abouti qu'à entasser des Italie et en Allemagne, et s'y Ha d'a-
«'crits qui eurent quelque vogue parmi mitic, à Paris , avec Gluck , et à lîo-
Ics siens , mais dont le temps a fait lognc avec le P. Martini : ce dernier
justice comj)!èlc : on en a [)resque avait fait aussi de grandes recherches
oublie jusqu'.tnx litres. ( ^. Delfau sur l'histoire delà mu>ique; ils se corn-
et M. Feydeau. ) P — c — T. muniquèrcnt réciproquement leurs
GEUBEUÏ. ^o^. SiLVKSTRE II. ri( liesses , et convinrent en'^emble
GEUBliUTi .Martin), baron dellor- que l'un publierait une Histoire de
«au, savant prelalcatholique, naquit à la musique d'église ^ et que l'.iutre
Horb,sur le Neckei',dans l'Auti iche au- e'erirait V Histoire générale de la mu-
icrieure , le 1 3 août 1 7*20 , de parents sique. Gerbert fut d'abord surpiis de
peu aisés, mais dont la famille avait l'immense nomenclature de dix-sept
clé très florissante à Bàîe avant la mille auteui s, dont Martini lui donna
rcfurmation. Après avoir fréquente' connaissance ; mais il assure qu'eu,
^successivement l'école d'Ehingen , eu visitant les différentes bibliothèques
Souabe , le collège des jésuites à Fri- d'AJIen»agne , il en découvrit un
bourg en Brisgau , et l'écolede Klin- nombre bien plus considérable encore,
j;nau , il vint à l'abbaye de Saint- qu'il fit connaîrre à son tour à son
Biaise, dans la Forél-Noire, pour y collaborateur. A l'âge de quarante-
étudier la ihéologie et la philosophie, cinq ans , en 1764, Gerbert fut élu,
Le prince-abbé pressentait dans le par sa congrégation , prince-abbé de
jeune Gerbert de grandes dispositions: St.-Blaise. Ses nombreuses occupa-*
il se chargea de son éducation, diri- tions administratives ne pouvaient ar-
gea ses études, le fît voyager, se ser- rêter son zèle pour les travaux litté-
vit de lui dans plusieurs affaires j en- raires. En 1762 , il avait annoncé ,
fin il le forma pour être un jour son par un Prospectus xmT^mné, sondes-
successeur. A l'âge de seize ans , Ger- sein d'écrire ÏIJiitoire de la musique
bert y fit profession. La solitude des d^église ; et, malgré un grand iuccu-
lieux qu'il liabilait , et qui, jadis, die qui, en 1768, dévora les bâti-
avaient servi d'asile aux sciences cou- incuts de l'abbaye, l'église, li blblio-
tre la barbarie du moyen âge , ne fit thèque , à peine relevés depuis trente
qu'enflammer de plus en plus son ans, et quantité de matériaux lit-
goût pour les lettres. En 1744, il fut léraires très précieux, cet ouvrage
ordonné prêtre, et enseigna, dans sortit des presses de St. -Baise, en
l'abbaye de St. -Biaise, la f)hilosophie '774- En moins de trois ans, de
et la théologie. Après qu'il eut, par nouveaux bâiiments, construits par
ses leçons et par sou exemple, formé ses soins , avaient déjà réuni les
plusieurs de ses élèves pour le lem- membres de la congrégation. Il fit
12,,
i8o GER GEn
élever avec magnificence une nouvelle premier volume a cfë publie' en 1 79/4 /
église sur le modèle de la Rotonde à par les soins du P. Emile Uffermann,
Rome, et la décora d'un albâtre que bibliotîiccaire de j'abbnye de Saint-
fournissaient les montagnes voisines Bîaisc. Quand les rédacteurs firent
ducouvent. Ce temple est Tun des plus part à leur abbe du plan de l'ouvra-
majestueuxdel'Allemagne. Pour avoir gc, il en fut tellement satisfait, qu'il
une idée de la supériorité de la nou- s'écria : Nunc dimiuis serv>um tuum.
velle construction sur l'ancienne, ou 11 avait un goûtprédominant à la mu-
peut consulter une gravure qui, dans sique j et il avouait naïvement qu'il
IciVecroZog-edeF. Schiicbtegroil(tomc avait eu beaucoup de peine à re-
nde 1795}, se trouve .qoutée «î l'ar- tenir celte passion dans de justes
ticle de Gerbert. Elle représente la bornes : u c'est par celte raison ,
médaille que les religieuxdc Saint- ajoutait-il , que j'ai préféré de m'oc-
Blaise ont fait frapper, en 1^83, cuper de la musique d'église. » Pour
en riionneur de Gerbert, leur prin- esquisser le caractère moral de l'ab-
ce - abbé , et le revers d'une autre bé Gerbert , nous nous servirons
rnéJaille, qui avait clé frappée, en des propres paroles d'un philoso-
1 ']^o , pour son prédécesseur. L'une pbe de ses amis ; « Ce qu'il avait
et l'autre figurent l'église et les » de dévot, f lisait aimer la dévotion;
ciifices de l'abbaye tels qu'ils cxis- » ce qu'il avait de moral ( pour m'ex-
taient à ces deux époques, (i) Les » primer ainsi) dans sa physionomie,
soins du prélat tendaient surtout à » faisait aimer les mœurs; ce qu'il avait
enrichir la bibliothèque de l'abbaye. » d'imposant, faisait aimer l'ordre, la
Son temps élait partigc entre ses de- » distinction des rangs, la subordi"
voirs ecclésiastiques et l'élude. Il ex- » nation. Il était un modèle delà véri-
hortait sans cesse ses religieux à cul- » tableluuniiité chrétienne, et il avait
tivcr les sciences. Eu leur rappelant » aussi plus de sensibilité de cœur
que le monde littéraire devait aux » (juc je n'en ai encore trouvé dans un
travaux de leurs prédécesseurs, l'his- » moine. Ah, que je l'aimais î Ah , que
toire des XI^ et xii'". siècles, il leur » je l'ai regretté!» Il mourut le 1 5 mai
disait souvent: « Notre étal est ur 1 79^), dans un âge très avancé. Comme
• état de pénitence , de travail; littérateur, il s'est acquis la plus haute
» s'il y a des gens qui nous repro- i éputation, par un gr.uid nombre d'ou-
» client d'c;re des membres inutiles vr.iges savants sur diverses matières.
» dans la so(iélc, nous ne pouvons Dès le temps même qu'il professait, il
» mieux y répondre qu'en nous oc- en avait déjà publié qtiehpies-uns , qui
» cupant utilement, et en publiant avaient pour objet des questions dephi-
» des ouvrages savants qui alleslent losophie et de théologie. Le premier
» notre application à l'élnde. » Ou ou v Mgr que nous connaissons de lui
doit \ celte impulsion l'entreprise du est intitulé : Martini Gerherti et Re-
grand ouvrage sur le movcn âge , in- mi^ii Kleesati XXIF offertoria scy
tilulé, Gennania sacra ^ dont le InnniainfistisDornini^B.rirgi-
riisct SS.y Opus i , Augsbourg, 1747»
{,) L. con.tniciion de J. noureiie ëgiiie était îu fol. Après avoir été uoinuie l)ibho-
.ci.ovér m 17M, . ru.n. riir ..« in( co„.,cr.'r quV,. théciire ilc l'abbave - il fit paraître son
17SI , piTi-e <iui: Ir iihit iiurirn «liploine «lU* la J ' i
I josr.'^.iiir.n clcSt.-HijuK ii.ijiii.- („miiii;.i)b.i»i-, u-fftfximtus ad eruditionem theol. ,
cl nui lui a été ilmiur ixir l' lutiiTciir Otli)!! U. «■ di r / • "1
-,tdaWd.r«Dysi,huu„«ci«..ui.«rây-ut. ùt.-lilaiic, 1754, imprimc dc nou-
G En G EU 1^1
▼canon l'-fx), iii-S". Éf.inl devenu po.s.iil des potisessions de cet cmpc-
priiicc-.jbbc, il publii : I. lUr JL'- leur en Suisse et m Alsace. IV. Ta-
mannicumfacccdil Jtaliaim et Gai- pho^raphla jniricipuiïi Aitslriœ,mo-
//c//r/i , St.-iil.nsc, i7()J , in-8 '.; une numeniorum doinds yJnsUiacœ to-
«erondc edilion , revue et conij^ce, a mus iv et ultiinns , i -j-^';» , '.>. })arlic5
pniu en 1775, in-8°. Cet ouvrage in-fol., avec 1 i8gravui es. Ce volume
contient la relation de *^es voy.igcs, est d'un grand inlercl |)Our l'iiisfoire
faits en 17(50 et 1761 : il traite piin- bclvctique, nou seulement souslernp-
cipalrment de la Suisse; et il est très port des recLcrclies savantes de j'au-
prccieux pour la (lescri|)fion drs nio- tcur, mais aussi à cause d'un re-
nunients d'antiquité , et des riches l)i- cucil soixante-treize pièces juslifica-
bliolhèqiies des lieux de cette contrée lives. Il y a dans la seconde partie,
visites p.ir l'auteiir. On y peut pui- une description dètailic'e des tom-
ser aussi d<'s notions très exactes beaux trouves en Suisse, et transpor-
sur les limites qui .séparaient TAlle- les à St. Biaise de 1762 à 1770. On
magne de la Suisse, dans le moyen y a j'ùnt une version allemande du
âc;e. Il existe de ce Voyage une tia- Chronicon Kœnigsfeldense. Gerbert
duction allemande, par K6lil€r(J. E.}, a réuni, dans un volume particulier,
Ultn, i7<^>7, in 8\ ; mais elle n*est les matières les plus importantes cou-
pas esfiuiec. II. Codex epistolaris tenues dans la deuxième partie de cet
Rudolphi I ^ Bomancrum régis, coin- ouvrage, et les a publiées sous ce litre:
meniario iUitstratus : prœmiltunlur De translalis Habspurgo Austria-
fasti tludolphini ; accedunt auc- corum principwn eorinnqiie conju-
taria diploniatum, St. Biaise, fj'j'i, ^um cadaverihus ex ecclesid calhe-
in-fol. Cette colleelion importante drali Baileensi et monaslerio Kœ-
pour riiistoirede la maison de Habs- ni^svcldensi in Helvetid ad condi-
Îdoui g , est plus complète et plus exacte toriuni mwum rnonastera SlL-Blasii
que celle qu'a [)ubliëe Gaétan Cenui, in Sj^h'd li'tprdpsr Mariinum Ger~
F. J. Bodmanu y a fait un supplé- herUim , 1777. j iu-Zj"., avec sept gra-
mctit, L<ij7jg, 1806, in - 8°., %. vures. Ti a néanmoins fait des change-
Wl.Pinacoth'ca principwn Austriœy mcnts dans ce volume, qui renferme
in qud mnrchiofiiim , diicum , ar- quinze documents nouveaux, qu'on ne
chidiicumque Austriœ utriusqne tiouwe ])as dans h Taphographia^ et
sexus siinulacra , statuœ, auagly- qui ont rapport à l'histoire de Berne et
pha , ceteraque sculpta , cœluta pic- de Lausanne. Une autre édition de cet
tave monumenta , tabulis œneis in- ouvrage fut publiée sous ce titre:
cisa proferuntur et commenlariis Crjpta San-Blasiana nova princi-
illu^trantnr ; opéra et studio Marq. pum Austriacorum , St. - Biaise ,
Ilerrgott., Busten Heer et Martin, 1786, in 4"., avec neuf gravures. V.
Gerbcrt , l'jGS. Une nouvelle édi- Historia Nigrœ Sihce, irS'^, 5 vo\,
tion en ftit publiée en 1775, in-fol. in-4"., avec cartes et gravures : c'est
Cet ouvrage rectifie une erreur long- un livreindispensal)lc pour les reclier-
temps acrréditcc j)ar les historiens ches historiques, et surtout pour celles
qui soutenaient que le Ducatus Sue- sur la Suisse. Nous remarquons dans
viœ , dont l'emperrur Hodolplie I le tome ir une description très éten-
fit don à son fils Rodolphe, était si- due, aussi neuve que curieuse, des
tue eu Souabc, tandis qu'il se corn- ruines des ihernics construits parles
l82
GER
Romains, près de Badenweiler, dans
le gr.Jiid-<!urhé de Bdden, cl qui n'ont
été dé Otivcitcs qu'en 1784 prsr Je
diacre Preuschcn. Plusieurs planches
répandtn' beaucoup de cl.irté sur ces
construciions auliqucs. VI. De Rii-
dolpho Suevico comité de Ehinfel-
den , duce , rege , deque ejits iniu>tri
familid ex augusia ducum Loiharin-
g'iCE prvsapid apud O. Blasii se-
pulrd ; cr^rptv hiùc anliijuœ nova
Aiistriacorum principum adjiincta,
Sf.-Blaise, 1785, in 4 «7 ^vec gra-
viires. Ou v trouve df's matériaux pré-
cieux pour l'histoire du xi'. siècle.
Ces produr!ioi!> ;i iraient suffi pour
assigner à Gcib» rt une place distin-
guée d ins le monde litter.jiro : mais
le service qu'il a rendu à l'art musi-
cal, par ses savantes recherches,
n'est pas moins digne de reconnais-
sance. Parmi les ouvrap;es qu'il a
publiés sur cet art , on distingue les
suivants : VII. De cantii et mu>icd
sacrd h priind eccltsice œt<ite uS"
que ad p œsens ttmpus , ^'.-Biaise,
177:1, u v()l.in-4'- i>'<nsce livre, au-
quel l'autrnr a ajouie quarante ytUu-
ches , il di^ ise l'histoire du chant
d'église en trois p.irlics : la prrmitîrc
finit an pontifie it de St. Grégoire, et
la seconde au xv*^. siècle. Il y donne
de curieux délails sur les diverses
manières d'écriie In musique dans hs
dilTérenls siècles , et y examine avec
le p!uv gnndsuin toutes les branches
du (haut de l'église rom linc. Vllf.
Feins lilurgia Alemannica , dis-
fpdsitivnihus pnrviis , nous et ohser-
vatioruhus iliuslnila , St. -lit use,
I77ti, deux pailies grand in-40. On
y trouve deux dissertations remar-
(pialil(s;!a preniièn', iulisule'e: Orlgo
ac prop g'itio relia oiiis chrisUanœ
in y/letn/tnnin; et 1 autre, Sur le Sa-
crninenlaira ou Misseldn ruT. i/<'-
cle , conservé à Soleurc dans le
GER
trésor du chapitre royal de Saint-
Ours. C'est un des plus anciens ma-
nuscrits du Sacramentaire de Saint-
Grégoire (mort en 6o4 ) ; il est écrit
sur parchemin, en lettres onciales,
qui , par leur forme , indiquent qu'il
est du viii"^. siècle, et non du x". ou
du XI*', comme quelques auteurs le
prétendent. Ce missel , écrit à PfelTers,
est dédié à l'abbé Adalberl , dans la
suite évêque de Coiie ,el il a passé du
couvent de Hornbach à Soleure. IX.
Monumenla veteris liturgiœ Ale-
mannicœ j ex antiquis manuscriptis
cudicibus. Pars i , St. Biaise et Dira,
1777, et Pars ji ^ ibid. , 1779,
grand iii-4". X. Scriptores ecclcsias^
tici de Musicd sacra ^ potissiinùm ex
varùs Italice , Galliœ et Germaniœ
codicihus collecti y St. -Biaise et Uim,
1784 . 5 vol. grand iu-4°. Ces trois
volumes eon'ienneiit la collection de
tous les auteurs originaux, au nom-
bre de plus de quarante, qui ont
écrit sur la musique d'église , de-
puis le m'', siècle jusqu'à l'invention
derimpnrairic; leurs diflcrcnts ou vra-
Ses sont classés selon l'ordre chro-
noiogique, en sorte que les pièces jus-
ti(icaiives se trouvent toujours placées
àcôledcl'hisloiredel'art musical. C'est
un des plus beaux monuments litté-
raires que Gerbert ait laissés, li'oidre
et la clarté qui s'y distinguent prou-
vent combien ce savant piflal était
supérieur au P. Martini, dont les ou-
vrages, sur la même matière, sont
dift'us,(pioiqu'ils ne manquent pasd'ail-
leurs (l'iTudition. Après la mort du
prince-abbé, on a publié encore de lui:
x^.De suh: mi in Evangelio Chris ti
jiixtii divinam Fk rhi incarnati œco-
noiniain , tumi trr , 1 7<)3 , in-S". —
u". Une nouvelle édition de la Au-
mothcrn principum de P. Marq.
Ilcrr^rtt^ (pii forme la première et
seconde partie du tome 1 des Mo^
GER GER i8j
rmmevta domiîs Justr., 1791 , in- dos triomplics : il cfTaç.i tout ce qui
fol. — "y. Olfscivalioncs in Hcrlholdi avait brillé .lU b.jiTcaii depuis Cocliiii.
scii lûTuoldi, Coristantiniansis prcs- La nature , qui voulut eu func l'oralcur
hyteriy opii'icula , ex ejiis scriptis le ]»lus séduisant, l'avait comble de ses
colli'rltf cl illii<lrni(i', qui se trouvent dons : il eu ;ivail reçu une Tip^iire noble,
à la tèle des Moniunenla r('S Aleman- un regard plein de feu , une voix éleu-
nicas illnstraniia y par Ullerinann , duo et pénétrante, une diction nette,
I7(j'2, 9. vol. in-4". Ces trois ouvrages une cloculiou facile, une grâce infi-
sont encore sortis des presses de i'ab- nie, un charme inexprimable le'pan-
baye de St.-Blaise, qui ont si bien du dans toute sa personne: son teint
secondé le génie infatigable de cet il- brun , ses joues creuses , son nez
lustre prélat. B — 11 — D. aqui!in,son œil enfoncé sous un sour-
GERBIEK ( Pierre -Jean- Bap- cil cminent, faisaient dire de lui que
tiste), célèbre avocat au parlement l'aigle du barreau en avait la pliysio-
de Paris, né à Rennes le 29 juin 1 725, noniie, Le caractère dominant de l'é-
ctait fds, frère, neveu et cousin d'à- loquence de Gerbier était l'insinualioa
vocats de ce nom. Son père , qui le et le pathétique; il en trouvait les
destinait à la même carrière , donna principales ressources dans son ame ,
beaucoup de soins à son éducation. Ne et personne ne justifiait mieux que hii
le voulant pas livrer à des précepteurs celte maxime de Quintilien : Fectus
vulgaires, il fit venir exprès de Hol- est qitod disertos facit. Il narrait
lande des hommes très instruits aux- avec un grand intérêt, disposait ses
quels il confia ses premières années, preuves avec infiniment d'art; et il
Lorsqu'on le jugea assez avancé , il excellaitparticuiièrem^'nt dans les cau-
fut envoyé à Paris , où il finit ses clas- ses d'inductions et de présomptions,
ses au colloge de Beauvais, sous MlVr. L'action surtout, cette partie si né-
Coilin et Rivard. A dix-sept ans il fit ccssaire et si victorieuse de l'art ors-
sou droit, et fut reçu avocat à Paris, toire, était admirable en lui. Ceux qui
en 1745. M. Gerbier père, avocat l'ont vu plaider (car il fallait le voir),
distingué du parlement de Rennes, ne croient pas qu'aucun orateur ait
qui savait combien il fallait ajouter clé, sous ce rapport, plus accompli :
d'études , de préparations et de mé- toute l'habitude du corps était par-
diiatious aux leçons de l'école pour faite; se tenant droit, mais avec ai-
forraer un jurisconsulte et un grand sauce; ferme sans roideur , flexible
avocat , et combien il importait de sans balancement; la tête élevée avec
n'être pas pressé de se raoulrcr , con- une espèce de fierté; la figure expres-
tiut le plus long-temps qu'il put irapa- sive, et qui s'animait au gré de son
tience de son fils. Gerbier n'entra dans discours ; le geste rare et toujours no-
la lice qu'à près de vingt-huit ans; mais ble : souvent on le voyait , dans la dis-
il y parut avec un grand éclat , et fit la cussion, tenir ses bras croisés, comme
plus vive sensation. Guéau de Rcver- se jouauldesa matière; puis, lorique
seaux, l'un des plus célèbres avocats quelque traitdeseiitimentou de mœurs
de ce temps , s'étant trouvé à son dé- l'y sollicitait , lorsque l'indignation
but, présagea ce qu'il serait un jour, l'arrachait à ce calme imposant , il
le prit en grande amitié, et se porta se déployait, il s'élevait , il s'enflara-
pourson patron. De ce moment, tou- mait ; son accent devenait impérieux
tes les plaidoiries de Gerbier furent ou déchirant, et sa belle voix qui allait
i84
GER
au cœur, ne manquait point, quanri il
le voulait, de faire couler les larmes.
Li disposition du barreau ët.àt , au
parlemeiii d< P.iris, lrë> f.tvorable cu
développ'.aienl de fous les raovcnsde
Geibier: on y pl.ii iiit souvent, aux
grand' jours , dans l'iuierieur du p ir-
qu(t jel Gtrb cr qui, en parlant, f is it
un pas. et puis un autre, sr trODVdil
insensil)leminl,au milieu de l'iiudience,
environne des ji^es et du cor.c mrsdes
av rats, vu de la tête aux pu ds, dans
tout I'ccIhI et avec tout l'empire de
l'ëlo({ueu(e. Un a dit de Gerbier qu'il
n'éeriv.ul pas bien, et que ses me'-
moires ne doi niicni aucune idée de
son t.jÎMil :on le dit encore du fameux
Coehn,dont la reiionimé*' est si gran-
de, df qui l'histoire du barreau ra-
conte des pri)d:g<s, et que Rolin lui-
même apj)( lait le grand Corlùn. Le
recur I de factum.*, de précis et de
consultations, qu'on iniitule ses cew-
vres, montre partout i.n grand juris-
consulte, mais lai^sc qiiel.ju;(ois seu-
lement cntrfvoir rorateui : cependant,
lorsqu'on fait reflixion que la rtuom-
roe'e de Cocliin et de (ieibi^r s'est
formée dans les plus beaux siècles de
la lillér.ilure, qu'ils ont c'tc entendus
par ce qu'i' y a eu de plus éc!aiic en
France, qu'ils et lient les aigles du bar-
reau , alors qu'il abondait en hommes
supérieurs, on n'- p< nt douter que leur
reput. »tion n*ail e'té justement acquise,
el(pi'i!s n'ayeiitcu un raretalent. Nous
ii'.jviuis aucun de leurs plaidoyers :
obii;;és le pins souvent d'imjiroviscr
leurs repli(pies, ils s'itaient accoutumés
de bonne h(ur<'à parler sur desim-
pies notes. Il n'est pas, au reste, dilFi-
cile d'expliquer comment «es hommes,
si vanlé> pour leurs disctMirs, I ussenl
peu voir d.ins leurs écrits ce (pi'ils
étairnt; comment lU ont pu faire une
vive impression en parlant , et obte-
nir les plus glands bucccs sans t'irc
GER
de grands érrivains. Les succès de
l'orateur et ceux de l'écrivain ont des
sources différentes : chez l'un, la pa-
role est d'inspiration; chez l'autre, le
style est une œuvre calculée. L'orateur
agit sur l'auditeur , tout autrement
qne l'écrivain sur le lecteur : il agit
de sa personne sur l'auditeur; armé
de toute la puissance de la voix , du
regard et du geste, il a, pour le cap-
tiver et pour l'entraîner , l'empire
qu'il exerce à-la-fois sur tous ses sens.
L'art et la force du raisonnement , se-
condés par les moyens de l'a. tion ,
peuvent se passer de l'élégance et
même des couleurs du style, dont
la rechtrchc nuirait souvent au mou-
vement et à la chaleur du discours.
L'accent tout seul est pour le dis-
ct>urs un; magie qui supplée et qui
surpasse quelquefois toutes les res-
sources du s'yle; c'est pourquoi l'on
est souvent étonné , en lisant un
discours , une pièce de théâtre, de
ne plus retrouver l'impression qu'où
avait éprouvée à les entendre : l'é-
criv<iin , dénué de ces moyens de
V lincre et de régner , a besoin d' it-
lacher le lecteur, cl de le satisfaire
par la pureté du langage et par tou-
tes les beautés du style : le lecteur, que
rien ne distrait cl à qui rien n'échappe,
ne pardonne rien. Telle est , ilnoussem-
bl<*, la solution de cette question, ap-
plicable surtout au genre judiciaire,
où tout l'intérêt de ceux qui y prennent
parti se porte sur les faits et sur les
moyens de la cause; et puisque cette
question s'est élevée particulièrement
sur (ierbicr, elle appartenait à son
ar'iele. Ajoutons qu'.ui temps de Co-
ehin et de Gerbier, les futums impri-
nus des avocats plaidants n'étaient
que des précis, ch's extraits faits pour
mettre sous les yeux des magistrats le
somniaire du procès, dans lequel on
n'avait ni le temps, ni le dessein de
CRU
clicrclier à Î3rillcr |).ir sa îiiAniî rc d'e-
crirc,(l où l'on son .rMit à in.striiitr
le jiij; • plus «|ii';« 'ui ))l >»)<•. i^-'ns les
plaidoiries inciiic, rcK)(|Ucnre du bar-
ri au ('t.iit j;i.ivr rt ioric do choses.
Trop de so»n de l'clcf;.uiec 'M df;.s rij^rc-
nicots du style .iur..il paru Tiivo'c cl
d'un homme plus orcupé de lui que
de sa cause, fin cai rièie que Gerbicr
a parcourue, fil parla<^ce par les
cvcncfucnls publ\cs « n doux cpo(jucs,
dont la ptcmière i/a cic masquée que
par des su<cès toujours croissants, et
par une gloire dont rien n'obscurcis-
sait l'éclat : la seconde a elc mêlée d'a-
luertume. Pendant l'exil et l'interrè-
gne des pirlemeuls, sous le chancelier
INIaupt ou . Gcrbier fut du nombre des
avocats qui se laissèrent séduire par
le chancelier, et qui plaidèrent à ia
commission remplaçant le parlement
de Paris.Lc souvenir et le ressentiment
de cette défection s'altachcrenl à lui
lorsqu'il reparut au barreau devant le
parlement réinstalle' en 1774 • on ne
lui pardonna pas d'avoir été de ceux
qui donnèrent l'exemple et dont l'in-
fluv-nce entrciîna les autres. Ce ressen-
timeal parut lors de l'arrêt qui le mit
hors de c 'ur sur une accusation de su-
bornation de témoins, dans laquelle
on l'avait impliqué au procès du comte
de Guignes. Dans le même temps ,
Linguet, rejeté par l'ordre d.s avocats,
le dénonçait à l'opinion pr.biquc com-
me son persécuteur , rt comme le
principal .luteur de sa di-grace : il pu-
bliait contre lui des mcmonesoù l'a-
creté de sa p nrac et l'animosité d'un
riva! étaient erapseintes. L'amc tendre
de Gi rbier , jusque - à enivrée de
louanges, fut mortellement blessée.
Le ehagrin corrompit les jouissances
qu'il devait se promettre des succès
qtuson talent nec'>sa pointd'obtenir,
et ses dernières années furent tristes
et mélancoli(jues : ccpcndaut, à l'cxccp-
GKR i85
lion de quelques ennemis que la ja-
lousie et des qllerelle^ de pi'olession
lui suse.itèrerit, il con^erva toujours
l'estime et ralleclirm de son corps, cpii
lui en donna un dernier témoignage ,
eu l'élisant batoruiier en 17^7; çc l'ut
une couronnedéposéesnr son cercueil :
il ne sut vécut que quelques mois. De-
puis plusieurs a'.. nées , sa santé était
1 luguissanle: un fâcheux acc'idtnt l'a-
vait .dlérc'c; il avait été atteint de poi-
son, par nu mets prép.'ïré dans une
pièce de batterie de cuisine mal soi-
gnée : son estomac et sa poitiine en
étaient restés afTcclés , et sa vie en fut
abrégée. Il mourut le 26 mars 1788 ,
âgé de soixante-trois ans, vivement
regretté du barreau dont il était la gloi-
re, cl plus encore de ceux qui, ayant
vécu dans son intimité, connaissaient
la bonté de son cœur et le charme de
sa société. Cet orateur si brillant, si
ingénieux, si puissant dans la lutte ,
dont la répartie était si vive et quel-
quefois si piquante, lorsqu'il y était
provoqué par son adversaire , appor-
tait dans le commerce de la vie un
entier abandon, une facilité char-
mante, une simplicité d'esprit et de
cœur surprenante , qui le rendait con-
fiant jusqu'à la crédulité, et complai-
sant jusqu'à la faiblesse. Sans doute il
dut à ce caractère, à cette disposition
de son espn>, la foi aveugle qu'il ac-
corda aux jongleries du magnétisme ,
dont il fut dupe et peut-être victime ,
pour avoir fini par en préférer les il-
lusions à tout autre secours dans le
dépérissement de .sa santé. Toutefois,
tendre père, ami fidèle, prolecteur
généreux, si son caractère eut des fai-
blesses et son esprit des erreurs , la
sensibilité et la bonté de son cœur
devaient les lui faire pardonner (i).
D. L. M.
(i) il peut être intéressant pour ceux qui sui-
vent la cirrière du barreau, de trouTer ici vma
i86 GEPx
GERBILLON (Jean François), jé-
suite, néà Verdun sur Meusele 1 1 jan-
vifT 1654, entra à seize ans dans la so-
cietc.Commeildcsir.nitviveraenld'aller
inêcher la £oi dans les Indes, et qu'il
n'ignorait pas que la connaissance des
mathématiques pouvait lui procurer
le moyen d'atteindre à l'objet de ses
vœux , et de remplir avec fruit le
devoir de missionnaire , il se livra à
leur étude avec une ardeur qui lui fit
fiire les plus grands progrès. Aussi
fut-il un des six je'suiies mathémati-
ciens qui furent envoyés en iG85 à
Siam , avec le chevalier de Chau-
inont,et dont cinq allèrent ensuite à la
Chine , où ils devinrent les fonda-
teurs de la mission française. ( Foy,
note des principales causes d.ins lesijiiplles Ger-
ticr a été entendu , et qu'aiirua rerueil île ju-
risprudence m; leur offrirait. Les plus Cf'Ièbre»
qu'il ait défendues , et dont le souvenir s'est
conserTé plus particulièrement, sont :— Avant
l'exil du parlement, celle du romle de Mimf-
Inissicr contre sa femme, qui l'accusait de l'a-
voir fait enfermer par lettre île cachet, et qui
dcni.indaitsa séparati-m. - Celles des enfants Si-
ïnonnet, défendant Icurélat contre les créanciers
de leur père. —Des frères Lyoncy contre les jé-
suites, poursuivit comme fjarants des lettres de
clianf;e souscrite» par le P. I,avalette , supérieur
des lle»-du-Vent, peur une somme de i,5oo,ooo 1. ,
«ju'ils furent condamnés a payer. — De la veuve de
li.illbazar (;a»lill(;, qui vail émis des vtrux irréf;u-
liers dan» l'ordre des Bernardin» , conlre l'abhé el
le» reli;;ieuv de (^lairvaux , qui , ayant fait cnl'-ver
*■! «-nfirmer .i .Sle.Pél.ij;ie cette fimme et une
fille iuue de son niariam-. furent condamne» en
^10. DUO liv. de domrn.it;es rt intérêts. -- La c.iuje fa-
meuse du comte de Bii«»y contre la compagnie des
Inde»; et elle fiu sieur île Rou};erooiil, se pré-
tendnntfiU <lr madame llatle. — Depiiii la rentrée
du parlement, la cnu«e dmeitamenl fie M de(jou-
\eruey, Irouvi: après quinze an» dan» une serre
• bandounce, a l'exlréinilé d'un jardin , parmi de
■vieim p;ipirr» ri d<;i paipiet» de (jriinej éventée» ,
«t dont l'i-xérulion fut ordonnée. --L.« rnu»e du tes-
tament de (^)ueinel , bouclier de» Invalides, par
lequel il rédiiituit à la légitime la lille , qui, i»
l'A^e de \iiiKl-i!iiiq an* , l'étant mariée «ans son
cousenteineiit , cl qui fut conlirnié. — La cause cé-
lèbre de» sieurs de Ourysiac , trois frèrss . tous
trois oUiciers, contr:- le steur Dainade , nëi;ocisnt:
s'élant battiit en duel, ils s'accusaient lécipr'»-
«piemcnt d'asn:iisiniil. — Enfin, celle du teslanu-nt
«le l'.ilibé Dctiillicres , attaqué comme contenant
«l cnntinuaiit li- ndéi-cnnimis de l'ubbé (Vicide eu
laveur de» jansénistes, cause dan» l.iquallr <>er-
l'irr (it un l'Iofje iriVi l'ioqiirnl de l'ilbnirc maison
«le l'ort-KoyaLOii peul dire qu'il mourut les arni rt
a la main, ayant cimuui iicé les pli'idoirirs qu'il
S) acbrv4 p'iinl, pour l.i daine Sirey , récl.iiuaii t
l'élit lie tiUv du marquis et de I.1 inarquiic de
iiouibtii.
GER
Bouvet.) Le 25 mars 1686, ils
furent conduits devant l'empereur
Kang-Hi , qui retint près de sa per-
sonne Gerbillon et Bouvet. Après qu'ils
eurent appris, par son ordre, la langue
tartare, l'empereur chargea le pre-
mier, avec Ptreyra , autre jésuite,
de suivre , en qualité d'interprètes ,
les ambassadeurs qu'il envoyait à
Kipichou ou Nerczin.sk , pour régler
avec les Russes les limites des deux
empires. Ils contribuèrent ainsi au
traite' de paix par hquel Yacksa ou
Sakhalieu-oula, place frontière, si-
tuée sur le fleuve Amour, fut cèdc'e
aux Chinois et presque entièrement
de'molie. L'empereur crut devoir ré-
compenser Gerbillon , en le choisis-
sant, avec Bouvet, pour maître de
mathe'maliques. Ce prince vivait avec
eux si familièrement . qu'il leur fais.iit
prendre place auprès de lui sur le
même sic'gp. Ils traduisirent et compo-
sèrent plusieurs livres pour son usage.
Gerbillon, qui ne quittait prcsqi.-e plus
l'empereur, elqiii en obtenait tous les
jours de nouvelles grâces, demanda
l'exercice public de la religion chré-
tienne; ce qui lui fut accorde par un
édit du 11 mars 1692. L'empereur
ayant, par un effet de son application
à l'cliide , èle attaque de l.i fièvre
tierce , en fut guéri par les soins de
Bouvet et de Gerbillon ; il reconnut ce
bien lait en dunnaut aux jésuites un
emplacement près de son palais , pour
y construire à .ses frais une maison et
une chapelle. Les relilions ajoutent
que Gcrhillon , qui aurait bien voulu
convertir ce prince à li foi, n'eVhoua
dans ce projet (pie parce qu'il fut des-
servi à la cour. Il possédait plusieurs
langues; car il fut chargé .par rempe-
reur de converser en italien avtc Is-
br.in(lt-ides,anib.issadrurde IMoscovie
à la Ghine, en i()r)r).Gemelli fiit aussi
lucntioiideGcibillon comme d'un mis-
GKR GER 187
siomiairc habile et /ele, qui jouissait, Dans lo linitièrne, il pnilit avec trois
ainsi (jiie ses courière.s, de l'csliinc et grands de l'cinpirc cliarj^es de prc-
de l'alVcclion de rcnipercur. Mais ils sidcr aux assemblées qui devaient se
avouèrent au voyageur que leur vie tenir dans les c'tals des ïartares-
c'iait rude et fatigante. Ils n'avaient Kalkas , nouvellement soumis à Tein-
cte requis à Peking qu après avoir pcreur, pour y régler les .ifï'aires pu-
cprouvc beaucoup d'opposition de la bliques, établir les lois et indiquer les
part des pères porlii,^.iis de leur ordre, habitations à fonder. Gcrbillon profita
Gerbillon eut ensuite la direction du de cette course pour déterminer les la-
collegc des Français à Peking, fut titudes de plusieurs lieux de la grande
fait supérieur - gênerai de la mission Tartarie. Toutes ces relations oilrent
de Chine, et mourut dans la capi- des renseignements trcs-prccicux sur
talc de cet empire , le 25 mars 1 707. la nature du pays, sur la manière de
On a de ce respectable missionnaire : vivre des habitants, sur les mœurs des
I. Eléments de Géométrie , tirés lamas régénérés, sur la grande mu-
d'Euclide et d' Archimède.W. Géo- raille de la Chine, les chasses et la
métrie yraliqne et spéculative. Ces cour de l'empereur : elles contiennent
deux ouvrages, composés en chi- aussi tout ce qui concerne le séjour des
liois et en tartare, furent imprimés missionnaires à lacour et k Péking, et
à Pékin. III. Une Lettre de 1705, leurs rapports habituels avec Kanghi,
insérée dans le tome xviii de îa non- qui avait pour Gcrbillon une bien-
velle édition des Lettres édifiantes ; veillance extrême. Les observations
on y trouve des détails de missions et de Gcrbillon nous ont été conservées
de géographie sur une partie du pays par Duhaide, qui les a insérées dans
des environs de Péking, sujet aux le iv'^. volume de sa Description de k
inondations, et dont les jésuites avaient Chine. Les auteurs de l'Histoire géué-
c'ié chargés de lever le plan. IV. Une raie des voyages les ont abrégées et
autre Lettre de 1695, sur les mis- placées dans les tom. vu et viii de leur
sions , insérée dans un ouvrage du P. collection , en les disposant dans un
le Gobien, intitulé , Lettre sur les ordre différent. Ils rendent hommage
progrès de la religion à îa Chine, à l'exactilude de l'auteur, que sa po-
V. La Relation de huit voyages dans silion à mis à même de faire des re-
la.grande Tartarie, faits depuis 1688 marques plus étendues et plus cer-
jusqu'en 1698. Le premier eut lieu , taines qu'on ne peut en attendre des
comme nous l'avons vu plus haut , autres voyageurs. Eu effet, tout ce
pour conclure un traité, qui ne fut que nous savons de la grande Tar-
termiiié que dans le second voyage, tarie nous vient des jésuues français.
En revenant de celui-ci, Gerbillon et notamment de Gerbillon. Michault
rencontra l'empereur, qu'il accorapa- dit avoir lu le manuscrit de la relation
gna ensuite à Péking, et il en fil cinq du voyage de Gerbillon jusqu'à Siam,
autres avec ce pi ince. Le but de ces et prétend que l'abbé de Choisi en
voyages él.iit de prendre le plaisir de avait composé la sienne, à laquelle il
!a chasse dans les déserts et les vastes n'avait fait qu'ajouter quelques orne-
plaines de la Tartarie. Pendant le cin- inenis. Il en donne quelques frag-
qnicme, qui eut lieu en 169G, Gcr- incnts dans ses Mélanges hist. et
billon fut témoin de la guerre dans la- philol. , tom. 1 , l^d^^-'i'][\.'ï.. S. Bayer
quelle Kang-Ili vainquit les Elcutus. et M. Langlès attribuent aussi àGei-
i88 GER
billon les Elementa lingiicB tarla-
ricœ j qui se ironvcnl dans le second
volume de la cul'eclion de Thevrnot,
dont ou avait lait lioiiucur au P. Cou-
plet (i)* E— s.
GERDES (Daniel), tliëolopcn
protestant, naquit .1 Brème en i6(.)8;
il étudia dans sa ville natale et à
TJtiTcht. Ses éludes finies , il voya-
f;ea en Alltraagne, en Suisse et en
France. En 1724 il fut nommé pas-
teur à Wa^i nnirrcn en (lucldrc. L'uni-
versitc de Duisbnur^ l'appela en i 726
à une cliaire de théologie, a laqudie,
deux ans après, il réunit ffllc d'his-
toire ecclésiastique. En i^Sa il ac-
cepta une chaire de théologie à Gro-
nini;ue, où il mourut en i^ô^.Gcrdcs
doit être compté au nombre des plus
lab'irirux et des plus'rccomraandablcs
théologiens protestants de sou ttraps,
II a surtout Lien mérité de l'histoire
ccc!ésia,^lique et de l'hisloire littéraire.
Son principal ouvrage est une His-
toire da In n'/'orrhalion , sous le li-
tre df Ilis'.oria Evan^elii , sœcu-
lo XFi pnssim per Europam re-
novuti, Hièrne et Gronin^ue, i744~
52, 4 vol. in-4''. Après si mort, a
(O II n'y a Riirtin motif rai.ionn.ible pour altri-
biirr au P. Coiiplrl l«-5 h' lenienla lingiijf lartaricofy
qui |> .tteiit t:i>inroiin<-mri t pour (Vire (lui*. GrrbiU
l»n ; Ir |ircmicr de <:«'s iniiiionniiii ri ii't'st p.i^ connu
Îiar dr\ clu'livf tnriarr» Ou »ait que l'-iulrr n|i|)rit
e niJiiilcIioii jiiir orilrr rie K.aci{; - lii , «-l fui i-iii-
ployé, a la «oiir dr cet rm|>'-rcur , < traduire <laii,t
• a longue nialcrni'llc If» livrr» élcmenlairpi de
divers j;inrff «jut: ce prinre v >ulail lire : il y fut
nu.^ii iiitrrprcle dons le* alfairc* de la Chioe et de
la Ituisie ; et lauedr aiiouyinr des h'.leinritla
rappelle cette tpialit' daus «ii pr^larr. (le p<>ur-
raitclre pluti^t le 1* l< ■nvel. L' < l'Iemmln ltngii,r
tarlfiriuœ tout lu srul<- uraoïnia ire m ludchou >|u'oii
possède; c.ir celle du l'. Aniiot », .Wé'u <7»i/ioi.r)
n'en est ipi'uiie tradurlinn lucompli-te. On ne suit
pourquoi l'on a jupprimi' diiiis celte Jcrnièrr les
§5. ii1-i,Vf, ijui reuirrmeul de» notions ncces-
• airei. On p< ul reprocher au l*. (ierl)illon de s'être
trop allnclié a suivre le p'un de.i (;r'iniiuaiririis la-
tins: mais les re;;les qu'il loiine, tiilliient pour ap-
prendre le inaiidrlioii ; elles soiil seulemi'iit trop
<:ompliquees I. 'édition de l'in'veriol n'est pa» 1res
■ oi(;iiiTe ; les mois lartares sont pleuM de fnnt. s.
IiVditiiin française est plus 1 orrec-li- ; ce qui prou\n
r|«relle a rtiHaile «iir nu manuscrit reste en ('.i>ine.
il parait d'.iilicur* que le I'. Aniiot ne savait pna
•l'ir la grumioaire Uu Ocrbillou vùl il"j > «Hé uu-
f rimcc. A. U~i.
GER
paru son Spécimen Italiœ reforma^
tœ , seu ohscrvnta quœclam ad his-
toriam renati in Italid temporere-
Jormaiionis Evangelii , Lcyde, i 765,
in- 4°-; ouvrage qui ci^t comme une
suite du précédent , et à la tête du-
quel ou a joint une Vie de l'auteur.
On lui doit encore deux R cueils pré-
creux, sous le litre, Miscellanea Duis-
bitrgensia y ad incremenium rei lit-
terariœ omnis , prœcipuè verb eru-
ditionis thenlogicœ , Amst. et Duisb.,
i73?.-<734 , in -8 . , en 1 tomes, et
Miscellanea Groningana , ^'j^']'
1745. en 2 tonies. A ce dernier re-
cueil fait suite son Scrinium aniiqua-
rium , sive Miscellanea Gronin-
gana nova, 174^- '7^^^? ^ tomes.
Pendant qu'il était pasteur à Wage-
ringen,il aviit j)ublié, f'esperce Fa-
denses^ Ulrecht, I7'i7, in-4''. Dif-
férents petits traités et di^^cours aca-
démiques de Gcrdes avaient d'abord
paru séparément ; il les réunit en-
suiîe dans ses Exerciiaùomim aca-
deniicariim libri /// , Amst., 173^,
in-4". Il était ordinairement heureux
d.ins le choix de ses sujets, comme
De doctd in ihcologid ignorantid ;
De usu EuchariUiœ medico , etc.
Nous \\f voulons pwnt passer sons
silence ses Ohservaliones miscclla-
neœ ad quœdam loca Scripturœ sa-
crœ (fuilnis hislnria patriarcharum
illuslratiir , Dui-b. , i7'29- «735, in-
4 '. ; — Obsenuilionum miscelUuwa-
rinn ad historiani Isaaci decas ,
ibid., I 73/1, in- \ .; — Oripncs evan-
gclicœ intiT Saltzf'urgensci avte Lu-
lln'nini/\h'u\.^ 1733, in-4".; — Brè-
ves illitstrtitiones ctrcu vitam 1 1 scrip-
la /htishiirgcnsiuin Ûuudogonan, ib.^
même année, iu-4'*î — Elorilcgiuin
Insloricu - crilicuvi lihroruni rario-
rum, 1747, 174»), i7Ù3,iii-«'.(i);
(1) GcmIùs parle tlans rc livre de plus de 8«>o
•UTKga* , «l ac se comlciitc poiul «l'uu d*iiu«t ict
C E R
— îianora qnœdam supcrioris œta-
ils ln'^yjy.; — HiUorica tr.otuiuii ec-
clcsiaslicoriun in cU'iUilc lircnicnsi,
1 54 7 à 1 5(3 1 , Gron., 1 7 ')(), in-4". ; —
MflclernaUi sacra y Giun. cl ilrèrnc ,
i-Oi), m \'\ Nous laissons de cote
d'.Mitics écrits cxcgcliqius , quel-
ques tr.tilcs poleiniqucs , cl onfin quel
qups ouvrages eu langue iiollaudaise.
— George - Gu.sl »vc de Gerdes ,
savant liUeralcur pomcianicn , con-
seiller de justice et syndic de la ville
àc Slelliu, a publie en latin, de 1752
à 1 754 , quelques Opuscu'es académi-
ques de jurisprudence ; et en alle-
mand: 1. IViitzliche S atmnlung, etc.,
c'est-à-dire, Recueil intéressant de
pièces, la plupart inédites , sur le droit
et riusloirc du iMeckleiibourg , Wis-
ïuar, 1756 et années suivantes, in-
4". H. .'luseriesejie Sammlung, elc.j
cest-à-dirc, Hccueil choisi de diverses
notices sur l'agriculture et le droit de
la Pomeranie et de l'île de Riigcn,
Greifswald, 1747 ' ^^ suite a paru à
Roslock et à Wisniar, 1 75G. M — on.
GERDIL ( Hyacinthe - Sigis-
MOND ) , cardinal , et l'un des membres
les plus illustres du sacre' collège à la
fin du dernier siècle, était né à S^
moens en Savoie, le 20 juin 1718.
Sa famille , recommandable sous le
rapport de l'honnêteté, el des vertus
morales et religieuses, ne tenait point
un rang considérable dans cette pe-
tite ville. Son père y occupait une
charge de notaire; ainsi Gerdil dut
tout à lui-même, rien à sa naissance.
1 Son éducation fut soignée : dès l'âge de
sept ans, on l'envoya, pour ses pre-
I titres-, il apprend très souvent la cause de leur
I rareté , le* jugements qu'on en doit )>orter , ren-
voie aux critiques qui en ont parlé , donne quel-
quefois des anicilotcs intcressant-s sur iii vie de
leurs auteurs. Dès 1740 il avait f.iit paraître un
premier essai de ce tr.ivail sons ce titre : Spicilc-
giumlibionun quurumilam rartorutnjn Cataloao
yof;iiaiio uniiisurum. Ce spicilcf^c fut imprimé
d'abord dam 1q« MOcelin/ieit Crt(/u/igfl(n«, et
' ««ni • part.
mieres études, à R.niicville ; et il les
acheva aux coréges des Ijarti ihi'is, de
Tlionon et d'Auncci. R'au('o>.|> d'ap-
plication, une gr.uidc péiietraJiuii d'es-
prit, la mémoire la plus heureuse,
mais bien plus encore, une pureté
demœuts admirable el uneéminenlc
piété, le firent dislin-ucr paises n).iî-
trci comme un é ève d'un mérile rare j
el lorsque, ses études finies, il témoigna
le désir d'entrer dns leur congréga-
tion, ils ne purent (pie s'applaudir
de faire une acquisition aussi pré-
cieuse. Après lesépreuvesdu noviciat,
il a' la faire a liologne son cours de théo-
logie. A l'étude des saintes lettres, il
joignit celle des langues anciennes et
moJerues. ll.ipprit 'e grec , et y (il des
progrès assez ripi'fes pour être bi(;n'
tôt en étal de recouiir aux sources ori-
ginales. 11 prit desieçons d'italien sous
le père Gorlicelli , membre célèbre de
l'académie de la Grusca, cultiva le
français avec un soin égal, se p-rfec-
tionna dans le latin, et parvint non
seulement à pouvoir parler ces trois
langues avec pureté, mais encore à les
écrire avec autant de facilité que d'élé-
gance, lufatigabl*' au travail, ayant une
santé qui pouvait y suffire, et animéde
Il plus vive ardeur de savoir , GerdiI
faisait tout marcher de front : l'élude
des langues, la thév)logie, la pliiloso-
pliie, les mathéiuatiqiies, la physi-
que, l'histoire; et, sur di^s matières si
diverses, on a de lui des ouvrages
qui ont méri(é les sufftages du pu-
blic et l'approbation des savants. Quoi-
qu'une vie aussi occu[)ée, jointe a soa
amour de la solitude, ne lui permît
pas de se répandre au dehors, il était
connu et estimé de tout ce que l'ins-
titut de Bologne renfermait de mem-
bres les plus célèbres el les plus recora-
mandablcs; des Zanotti^ des Man-
frediy des Bianconi, des Beccari ,
etc. Son mérite , et les avantages qui
irjo GER GER
devaient un jour en résulter pour vêque de Turin , au conseil de cous-
la religion et les lettres, nVchappè- cieuce, tandis qu'il recevait de son or
rent point à la pénétration d'un pré- dre une autre marque de conûance
lat qui , depuis , tint avec tant de par sa nomination à la charge de pro-
gloire le sceptre pontifical. Prosper vincial des collèges de Savoie et du
l.ambcrtini était alors archevêque de Piémont. Il se comporta dans ce der-
Bologne : il connut Gerdil jeune en- nier poste avec tant de prudence et de
core, rt, démêlant ce qu'il devait de- modération, que la congrégation des
venir un jour, l'accueillit, l'encoura- Barnabites ayant perdu son supérieur
gea , se servit même de sa plume , général , il fut question de lui donner
pour traduire de français en latin Gerdil pour successeur (i); projet qui
quelques pièces sur les miracles, les- vraisemblablement aurait été réalisé,
quelles devaient entier dans son bel si , vers ce même temps , Charles-
ouvrage de la béatification et de Émanuel 111, d'après les insinuations
la canonisation des Saints. Fier à'uuQ de Benoît XIV, n'eût fait choix du
distinction si flatteuse, Gerdil se sou- savant barnabite pour élever son pe-
vint toujours avec une vive et tendre tit-fils, le prince de Piémont, depuis
reconnaissance, des bontés dont ce roi, sous le nom de Charles -Éma-
grand pape avait honoré sa jeunesse, nuel IV. Gerdil vint à la cour, et y
et il aimait à en parkr. 11 éiait naturel vécut comme il le faisait dans son
que les Barnabites chercliassent à pro- collège, aussi retiré, aus^i modeste,
duire en public un sujet qui pouvait tout entier aux soins qu'il devait à son
leur £.irc tant d'honneur, mais qui, auguste disciple, ft employant le
modeste et content dans la retraite , temps que no réclamait pas l'ins-
ii*eûi pas songéàseproduirelui-même. truction du prince, à la composition
Kn I 737, lorsque Gerdil avait au plus d'ouvrages utiles à la religion ou aux
dix-neuf ans, ils l'envoyèrent à Mace- jirogiès des sciences. La cour de
rata, pour y enseigner la philosophie Turin récompensa les soins du père
dans l'université, et bientôt après à Gerdil, par sa nomination à une riche ,
Casai , ou il réunit, aux fonctions de iibbayc; mais il jouit des revenus de ce
])rofesseur, celles de préfet du col- bénéfice en titulaire qui connaissait la
lége. Il remplit ces deux placescomme destination des biens ecclésiastiques ,
aurait pu le faire un homme d'une prenani sur eux le strict nécessaire , j
expérience consommée. Des thèses ttcoii'^acrant le reste à de bonnes œu- '
que pendant son séjour à Casai il dé- vres. Il aidait ses parents, mais seu-
diaauducdeSavoie,et deux ouvrages leiurnt suivant leurs btsoins, i/ayant
de métaphysique ([u'il publia contre jamais, pendant qu'il était à la cour, j
Locke, ayant attiré sur lui l'attention sollicité pour eux ni emploi ni pen- \
de la cour de Turin, luivalutent, en sion. 11 tontiibuait à réducalion de 1
I n/|(),lacliairede j)hiloso|)hiedans l'u- ses neveux sans parcimonie, mais sans
iiivei site de cette ville, et, environ cinq faste. Une autre récompense bien plus
ans après, celle de théologie morale, importante, due à sou mérite et à ses
D'un autre côté, sa réputation de sa- services, attemlait Gerdil; le pape
gesse et «le lumières , mais surtout des Clément XIV , dans le consistoire du
écrits solides en faveur de la religion ,
qui méritèrent les éloges de Rciioît (1^ Voy.z, dam I'F.Iokc Jp c.cniii ( traduit J«
Jr,., , .. I ^ I' I Foiilaiij , Cl riti' ri-anrt'f , la Irttrr par luqucllo
AlV, le urcul appeler, par larclic- iirei«c«iictiiiimi« ^i...ii. m-;, uoi. ji).
(iER C1:K h)I
s6 «nvrll i^-j^, le réserva carcli!i;il in dos clrronslanccs où jI ne fut p.is à
p'/^> , avec tMlti' (Ic'sl^n.ilion (|ui CJ- \\\\)v\ du l)(Soin. Lurs(ju'(Mi 179^,
lactorisail la haute repulalioii du iiio- après l'ciivahisscniciil de Ruine par les
tlcste religieux, et son amour pour Français, il tut oblige de quitter celle
la viecjchée: nnlus orbî, i^i.i notas ville, il lui faliiil vendre ses livres
urbi. Sa iioruinalioii néanmoins n'eut pour subsister. Respecte' par les puis-
Jieu (pic sous Pie Vr. Ce pape l'appela sances bcllige'ranlcs , et arrive à
a Rome, le nomma consullenr du Sienne, près de l'inforlunè Pic VF,
St. - Oflicc, le fit sacrer cveque de qui victime de la plus cruelle traliisoii
Dibon , et l'agrégea au sacre collège le était réduit lui-même à la pauvreté ,
t.>7 juin 1777. Le i5 décembre sui- le cardinal Gerdil n'eût pu se rendre
vant, il le publia cardinal du titre de en Piémont, où il seproposiitdccher-
Ste. Cécile. Gerdil se montra digne cher un asile, sani la générosité du
de ce liant rang par son exactitude cardinal Lorcnzana , archevêque de
à en remplir les devoirs, et par son Tolède , et de Mgr. Despuig, archevê-
zèle pour les intérêts de l'Église. Bien- que de Séville, qui fut élevé ensuite
lot , appelé à partager les travaux de au cardinalat. Retiré dans le sémi-
l'illustre collège auquel il appartenait, naire de son abbaye de la Glusa,
il fut nommé préfet de la Propa- il se trouva plusieurs fois sur le point
gande , membre de presque toutes les de manquer de tout. Cette situation
congrégations , protecteur des Maro- pénible n'altéra point sa résignation ,
niles, et, en cette qualité, chargé de et n'ébranla en rien son courage. Il
la correction des livres orientaux, savait se passer de ce qu'il n'avait pas.
Il jouissait a Rome de la plus grande et s'en remettait à la Providence, qui
considération ; et tandis que le monde souvent vint à son secours par des
poli fréquentait la maison du cardinal moyens inattendus. Il trouva la possi-
dc Bernis, on trouvait les savants bililé de soulager encore les corapa-
dans la cellule du cardinal Gerdil, gnons de son exil; et quoiqu'il vécût de
où l'on tenait à grand honneur d'être secours gratuits, il faisait distribuer
admis. F.mployé dans les affaires les régulièrement du pain et de l'argent
plus délicates, il devint, pour ainsi aux pauvres de sonabbaye.il vitainsi
dire, l'ame et l'oracle du St.-Siége, ou- s'écouler le temps de la persécution^
vrant toujours les avis les plus sages, partagé entre l'étude et la prière. Après
se rangeant du parti le plus modéré, la mort de Pie VI, il se rendit à Ve-
et aussi conciliant quand les principes nise pour le conclave qui y avait e'té
n'en soujfTraient pas, que ferme quand convoqué. Dès les premiers scrutins ,
il s'agissait de leur maintien. C'est la les cardinaux lui firent hommage de
conduite qu'il tint dans i'.ifTaire du leurs suffrages pour la papautéj mais
concordat. Jamais ses revenus n'a- il en fut exclu par la politique d'une
vaient été considérables; et Ton a vu puissance, et peut-être aussi par les
comment il en usait. Il conserva TeS' considérations que fit naître son grand
prit de pauvreté sous la pourpre , au âge, les circonstances difficiles où Ton
point de n'avoir qu'un seul couvert se trouvait ne permettant pas de s'ex-
d'argcnt et une tabatière de buis. Non poser à la nécessirc de recourir en peu
seulement sa fortune n'augmenta point d'années à une nouvelle élection. L'é-
avec son élévation; il y eut même, minent savoir du cardinal avdt dû na-
daus les dernières années de sa vie, tuidlemcnt l'appeler aux honneurs
193 G E R
académiques. Aussi p!u<;ieurs des so-
ciétés savantes les plus célèbres de i'Eu-
ropt î>'étciicnt-ellcs empressées de l'.id-
mettredans leur sein. L'iiistitiW de- l5o-
logne se r.ngrégeaeD i'j^ç),\*iïCOiàéai'ïe
de la Crusca vu i'jO']', et la même
année il devint membre de la soriélé
royale des sciences de Turin, qui se
formait alors. Il fut encore de la so-
ciété royale de Londres, de l'académie
des Arcades de Rome , etc. Le cardinal
Gerdil était retourné dans cette ville
après réie( tion de Pie VU ; sa santé
se soutenait loalgré son âge avancé et
ses fatigantes occupations, et il ne se
servit jamais de lunettes. A la suite
d'une maladie qiii ne dura que vingt-
cinq jours , il mourut le 1 *2 août i Hoci,
sans agunie, dans la modeste cellule
de son couvent, âgé de 84 ans, uu
mois et quelques jours. Il lut honoré
des regret- du sacré collège, de cr ux
de tous les savants et du public. Le
pape lui ordonna de magniliques ob-
sèques, auxquelles assistèrent le roi
et la reine de Sarda-.gne , vingt- cinq
carduiaux, etc. Sj Sainteté fit elie-
mèiiie la cérémonie de l'absoute. Une
médaille fui frapjiée en son honneur.
Le père Fonlana, général des Barna-
bite-., ami du défunt , et aujourd'hui
cardinal, piononça son orrison fu-
nèbre, etcompv sa pour le monument
qui lui lut érigé dans l'église de son
ordre [San Carlo de' Catinari) ^ l'é-
pitjphe suivante , qui peut être citée
comme un modèle en ce genre:
Mrmorix et cinrrilm»
HyaciiiUii .>i^iiinunili (icrdill
Allubrucis , l'osiiiii^icrnsit....
Qui inel<<pliy»«fu» tui triiip.jn» primiit ,
Pbysicii* , jiliilol >(ju», tli«(ili>j;m |)ra-«liuiliuiniui ,
lutinurtalciii iiif;i-nii «li» inii.iij^iie laiiiuiu
l'Iuriniis ii>vit:l>i o|<rriliiii
In omjiij;<'mi» rrliH'"""» Liutti
I^utiiii; . (^all.cè , Lrtruirt- rditia
^\ihi iihiijiir ^rnttuiii (lurljin
IVlmlfitill , Iriiilatr, C'iiiiltato
Abiliiii-iitiii , lifnrrici-iiiiii
Omiiiiin»!"'' vir'.iilum »j)l«Mnl:>rr iiM|iinvit
Der<'>*it ciilii innclittiiiio' viliv (°r>iiiriitanc«
lu «juà lauguQ «arpà uiuiCccUiiK liul....
GER
Savant du premier ordre et presque
dans tous les genres où s'est exercé
l'esprit humain , prélat digne des pre-
miers siècles de l'Église, Gerdil fut,
dans ces derniers temps, uu des hom-
mes qui ont fait le plus d'honneur à
la rehgion , et qui lui ont été le plus
utiles. Toujours occupé de ce grand
objet, ne connaissant que son cabinet
et son oratoire, il conserva la paix de
Tamc au milieu des orages dont sa
vieillesse fut agitée. Ses ouvrages sont
très nombreux. Plusieurs ont été im-
primés à mesure qu'ils étaient compo-
sés. Ils furent en suite recueillis à Bo-
logne en 6 volumes in-4*. , et publies
par les soins du père Toselli, de 1 "^84
à 1791. Le père Fontana , aidé du
père 6cati, en a entrepris une nou-
velle édition, dont les six premiers vo-
lumes parurent en 1806. Quinze sont
déjà imprimés. La vie de l'auteur, par
le père Fontana , doit terminer le ving-
tième volume. Voici une liste des ou-
vrages de Gerdil, d'après l'éilitiou de
Bologne, et les renseignements qu'on
a pris sur ceux qu'elle ne comprend
pas. Us y sont classés suivant la langue
dans laquelle ils ont été écrits. Les deux
premiers volumes contiennent les œu-
vres italiennes ; on y trouve: l. Irh-
troducUon à l'étude de la relig:on,
aveclu réfutation des philosophes
anciens et modernes , touchant l'E-
tre sup'énie, l'éternité^ etc. La pre-
mière édi'ion, dédiée à Benoît aIV
(Turin, i^Si) , réunit, dans le temps,
les sullVages, non seulement des savants
ccclési.»sti(|ucs , niais encore des pro-
testants Dutens et Brucker , acadcf-
miciens de Berlin. IL Exposition des
caractères dt^ la vraie religion ( tra-
duite en fiançais (i) par le pète de
(l^ Drltr IriuliK-ti'iu , f.iitr <ur l'i-ilitioii de Tu-
rin , I7(>7. uuL;iiwiitér ilr nniri imr l'jiitrur, rit
pnS-cili'r il'iiii niaiiilniuriil ilii curdiiiéil ilr« l.aiicei^
cl iiiivic «l'iiiir Irtlrc tlu P. lïr l.ivoi , qui réfute Itf
M^JicAionj in«ral«t il'Âiaclold«la Uoutiojt.
c; r. w
ï.ivol, birn.ibilc, l\uis, 1770, nn
\()l. iii-H*^. ) i'^llc a ct(i souvent rcim-
IMMiuëe, et traduite incmc" en polonais.
111. Disscrlalion .sur l online du
sens moral, sur l'existence de Dieu ,
rininiatériidité des natures inlelli-
pentes , (wec deux dissertations sur
les études de la jeunesse. IV. Projet
pour la formation d'un séminaire ,
et Essai d'instruction pour le même
objet, avec seize traités de théolo-
gie , et quatre dissertations sur la
nécessité delà réi'élation, etc. Le
cardinal des Lances mil à exécution
ce plan _, (jue Gerdil, son ami intime ,
avait tracé à sa demande. Le iiT. , le
IV''., le v^. et nue partie du vr. vo-
lume contiennent les œuvres françai-
ses; ce sont : V. l a Immatérialité de
Varne, démontrée contre Locke, et
la Défense du sentiment du P. Male-
hranclie , contre ce philosophe , Tu-
rin, 1747 et '74^7 '-* vol. in-4''.
Gerdil y démontre que, des principes
de Locke lui-même , \\ suit que l'ame
est immalcriclle ; les mêmes preuves
par lesquelles ce plulosopîie démon-
tre l'imiii iteVialilé de Dieu élant ap-
j>licables à l'ame. Dans sa réfutation du
fameux doute de Locke , relativement
à la possibilité de la matière pensante ,
il combat, avec un égal succès , le phi-
losophe anglaifN^ Montesquieu et Vol-
taire. VI. Essai d'une démonstration
mathématique contre l'existence éter-
nelle de la matière et du mouvement,
etc., et des preuves que l'existence
et l'ordre de l'univers ne peuvent
être déterminés tû par les qualités
primitives des corps , jû par les lois
du mouvement. Vil. Essai sur les ca-
ractères distinctifs deV homme et des
animaux brutes , où l'on prouve la
spiritualité de l'ame par son intelli-
gence.\ m. Mémoires sur l'infini ab-
solu , considéré dans la grandeur,
et sur l'ordrs dans le genre du vrai
XVII.
G EU 195
et du beau; ce dernier a été insère
dans les Miscellanea Taurinensia ,
tom. V, I 77 I . IX. Incompatibilité des
principes de Descartes et de Spinosa,
Paris, 1 7G0. X. Eclaircissements sur
la notion et la divisibilité de l'éten-
due {géométrique , en réponse à Ici
lettre de M. Dupais, Turin, 1741.
XI. Réjlexions sur un mémoire de
M. Beguclin , concernant le prin-
cipe de la raison suffisante ^ et la
possibilité ou le système du hasard.
XII. Dissertation sur V incompati-
bilité de l'attraction et de ses diffé-
rentes lois avec les phénomènes , et
sur les tuyaux capillaires , Paris ,
1754, vol. in-i'2j ouvrage dont le
premier travail av.^it déjà paru dans
ïc Journal des savants, de mai 1 752.
L'auteur ayant cru trouver, dans les
phénomènes des tubes capillaires, des
arguments contre le système de l'at-
traclion , Lalande y répondit dans le
même journal, octobre 1768; à la
suite est un Mémoire sur la cohésion,
XIII. Observations sur les époques
de la nature , pour servir de suite à
l'Examen des systèmes sur l'anti-
quité du monde , inséré dans l'Essai
théologique.XiV. Traité des combats
singuliers ou des duels, Turin , 175g.
L'auteur y combat ce barbare usage,
et y montre l'absurdité du faux point
d'honneur sur lequel on l'appuie ; il
prouve que la religion, la raison et l'intc-
rêtsocialclemandcnt également (pi'on !e
proscrive. XV. Discours philosophi-
ques sur l'homme _, considéré relati-
vement à l'état de nature , à l'état
de société et sous l'empire de la loi,
Turin , 1769, in-8°. Ils ont été tra-
duits en italien, par le docteur Giu-
dici, Lodi , i78'2. (i) XV L De la
[i^ Les Discours philosopftiqnet tiir riiumtnc
sur tu religion et ses ennemis , udvis des lois cc-
clésiuslionet tirées des seuls Livres saiiiis , vnr
feu M. l' allié lie " ^ publiés pur M. F... D. Z.
.V. F. U. /'. , in-i2 , Pari», ijSi , ue sont qu'au
pi '(jiat lie <;«t ouvrage.
IJ
194 G Eli
nature et des effets du luxe, avec
l'examen des raiwnnements de M.
Melon ^ auteur de V Essai poliliijue
sur le commerce y enfnweurdu luxe,
Turin , 1768, in-8° GercJil y rcfute
Moiiicsquicu. XVII. Discours sur la
divinité de la religion chrétienne.
XVIII. Réflexions sur la théorie et
la pratique de Véducaùon , contre
les principes de J. J. Rousseau, Tu-
rin, 17O5, in-8". Ellrs se trouvent
fj.ins le premier volume de la nouvelle
édition , sous le tilrc (W^nti-Emile ,
ttc. Il s'en est fjit à Londres une tra-
duction en anglais. La princesse here'-
ditaire de Brunswick s'empressa de
les introduire à sa cour, pour éclairer
ceux qui avaient été' séduits par ces
funestes nouveautés. Gerdil y examine
les principes de Kousscau sur l'édu-
cilion. En le traitant avec égards , il
\e suit pas à pas, signale ses soplîis-
mes , et ne f.iit grâce à aucune erreur.
Quelque sensible que Kousseau fut à
la critique, l'écrit de Gerdil ne l'of-
fensa pas : il rendit justice à la forme
et au fond , en parla avec estime, et
dit à ce sujet : « Parmi tant de bro-
w clîures irripiiniées contre ma per-
» sonne et mr& écrits, il n'y a que celle
» du P. Gerdil que j'aie eu la [)aticncc
» de lire jusqu'à la fin. Il est fàclienx
» que cet auteur eslimabîe ne rn'ait
» pascompris.(i) » XW.Considéra-
lions sur l'empereur Julien, (le mor-
ceau passe pour im des meilleurs 011-
Trages de l'auteur. Gerdil y soumet à
un examen iinpirtial le caractère âevc
firinrc, et le trouve bien au - dessous
(i) 0 toi ilotil Iri <rrrc<ir«, le* lophifiiici nou-
veaux,
Pnr un iiri sifiliiiinot pri-parcrml nos miui\ ! ..
Oan^rrriiv tiov.itfiir <loiit lu raiimi aluj^ri;
A tout le (;pnri- liiuniiid niinoiirait la litiiiiiuc,
(.)iii le r(>iii|ir<-ii(lr.i >l(mc »i Ir (irnlonil (irrdil
I»«! Ir» rniionnrinriiti uc prutnuivrc lit lU.'
Si, il'.ipri:» Idii nvru , en f^ruiul liorniur lui -
inique
. A lait (levains rffortt pour «uiiiir ton lyttcmu ?..
(L'abbé D'Aitribf «H , aux Arcadri de Auniv.)
GER
des éloges que quelques philosophes
se sont plu à lui prodiguer. Les preu-
ves qu'il en donne sont d'autant moins
»'ecusablts , qu'il déclare qu'il ne se
sert pomt du témoignage des pères de
l'Eglise, et qu'il ne veut fixer son opi-
nion sur cet empereur philosophe, que
d'après les écrivains avoués de ses pa-
uégyrisfes. XX. Observations sur le
vi". livre de V Histoire philosophi-
que et politique du commerce dans
les deux Indes , par Vabhé Rajnal,
Il le réfute avec solidité, et fait re-
gretter que ses remarques ne se soient
pas étendues à tout l'ouvrage. Les piè-
ces latines qui suivent, achèvent le
vi'\ volume , de l'édition de Bologne,
XXL Firtutempolilicam ad optimum
statum , non minus regno quàm rei-
puhlicœ necessariam esse , oratio,
XXIL De causis academicarum dis-
putalionum in theolo^iam moralem
inductarum , or^f/o. Gerdil y combat
V Esprit des lois. Ces deux harangues
furent prononcées en présence de la
société royale de Turin; la première
en 1 700, et l'autre en 175 |. XX II F.
Disputiitio de religionis inrtutisque
politicœ conjunclione. XX IV. Ele-
menlorum mnralis prudentiœ juris
spécimen. XXV. Le cardinal Délia
vSoin,ig;ia fit imprimer à ses frais, à
Parme, chez Dodoni, en 1789, un
vo I u m e i n t i I u I é , Opuscula ad h ierar-
chkam ccclesiœ cimstitutioncm spec^
tantia ; réimprimé à Venise en 1790,
iri-H". XXVL La réfutation (en ila-
lien) de deux pAm])Mets coulrc le bref
Super soliditate, dans lequel Pie VI
condamne le livre d'Eybel , intitulé,
Qu'at-ce que le pape? Kome , i 789,
u vol. iu-4'.; et W/pologiedc ce mê-
me bref, ibid., i^yi et I 79?. , in-4'*.
(-et l'!vbel , professeur de droit canoa
à Vieiwu', essaie, dans son libelle,
d'èllaiblir le respect dû au chef de
l'Eglise. Gerdil le combat avec d'au-
GER
tant plus (V.ivaiifap;c , qu'il se sert
contii- lui de r.ailcnle des docteurs
fi.»ii\',us les pins altaclie's .uix Idieites
de l'Église i;.illie,n»e , de Gcisou , de
Diipiii , du \ùrr Alexandre, de Fleury
et surtout de Bussuet, doul il possé-
dait partait» incul les ouvrages, et ne
]),ulail iauiai> qu' tvec le plusuoblc i-u-
IJjousiasuie. XXV II. Remarques ( la-
imvs)surte comincnlaire de Fehrd-
nius y relnlivemenl à sa rétract iiîon.
Gerdil ue trouve poiut edic rétracta-
tion aussi iVauclie qu'Hie auiail <iij l'ê-
tre: il moutre eu quoi elle pèilie; et
ce sont encore les théoîigierrs fran-
çais , Thomassin , de Maicj et Bossucf,
qu'il oppose à l'auteur du commi n-
taire, contre lequel i! pb ii de nou-
velles Ohseivatiojies , Roiw., i 79"2,
iii - 4'» XXVI li. Auimadverslones
in notas qnas nonnuliis Pistoriensis
synodi proposai onibus damnatis
in dogmaticà cunstltutione PU VI
(Aucloreuj fidei), clar. Feller clario-
ris inteUip:efitiœ nomine adjiciendas
curavii , Rome , 1 795. XX I X Eia-
men , eu italien , des m itifs de V op-
position de Vé\'e'qne da Noli{Beiuiit
Solari) à la publication de la bulle
qui condamne les propositions ex-
traites du sjnode de Pi:>toie, Home et
Venise, 1800, 1801 ,i8o2.L. même
année 1802, parurent des Réflexions
sur une nouvelle lettre de cet evéque^
imprimées à Venise, jprès la mort
do Gerdil. XXX. Plusieurs lettres
pastorales , adrt^ssées aux pai^oisses
4]ui dépendaient de son abbaye de
la Clusa , et ses Constitutions syno-
dales. XXXI. Précisd un coursdf ins-
truction sur l'origine , les devoirs et
ïextrcice de la puissance souverai-
\ 72d, Turin, 1799, in-8'.; il y en a
deux traductions italiennes, Home,
3 800, et Venise, 180 i, in-8".XXXn.
. JSoles sur le poème de la Religion,
du cardinal de B émis , Parme, Bo-
OEK 19^
doni, 1795. Enfin il restait en m.'uius-
crits inédits à l'e'potpic de sa mort : i".
Enit.dirn, une R, filiation des sjilè"
mes contraires à V amortie de l'Egli-
se , touchant le mariage. — x En
frauçaiN , li f ie (lu bietilieureux
yflexandre Sauli . barnabite, éi-ejue
d'^/l('fia, et ensuite de Pavie. ?>",•
Précis des devoirs des princpiux
états de la société. 4 '. lnstntcd<ms
sur les différentes causes de la ii^ian-
deur et de la décadence des ^tuls»
5 '. ^vi< sur la lecmre et le choix
des bons livres. 6 . Tradé d'his-
toire naturelle , contevai.t les règnes
minéral , végétal et an'raal. 7 . Un
Tableau historique de l empire ro-
main ^ depuis César jusqu en \,\'^Z.
8 '. Un" Histoire d 1 temns de Li.uis
X r jusqu'à lapait d'f/w'crtsbourg;
c«s (le.x m-rceuix ^e trouvent dans
le tome viiî . de l'édition r!e R mie. —
9". En latin , Traités de la primauté
du pape , de la ^rdce , des lois , aes
actes humains ., et du réi , avcc une
dissertation sur V usure , contre Puf-
j'endorf y 5 vol. 10 , Un Cours de
philosopiii : morale , etc. B< aucoup
d'autres manuscrits furenr perdus pen-
dant les d< rnièiTS agitations de sa v ic,
ou livrés aux flunmes pav sa pru-
dence. Le caraetère de tous ces ou-
vrages et la force du raisonnement
unie à la sagesse et à la modéraiiOQ.
L'- eaidinal Gerdil presse vivement
ses adversaires; mais il ne lui é-hap-
pe contre eux rien d'offeu^aut. C'est
O! din;nremcnt de leurs propres écrits
qu'il emprunte les armes avec lesqiicl-
les il les combat. On voit que c'eNt la
vérité qu'il cherche et dont il s'étaoijt
le déreu5eur;et c'est l'erreur seule,
et non pas l'homme qu'il poursiut :
aussi les savants les p'ns distingués ,
pl'.'S'Curs même dectux dont il n< par-
tageait pas les opinions, se firent jin
bunncurde Tavor jour ami • et tous
i3..
^lO GER GËB
rendirent justice à son meïile, à sa divise en trots parties : I. Les œuvres
inodcslic, à ses profondes connaissaii- renfermées dans Tédilion de Bologne.
CCS. Il étonnait par son immense érii- 11. Les autres , imprimées à pari. Ilf.
dition, et jiar la plus lieureuse lué- Celles de ses œuvres ])0stl) urnes, des-
inoire qu'il conserva jusqu'à la lin ( i}. tinéesà l'édition romaine. liya,dep!us,
]1 était si pénétré de l'Écriture-sainle, à la louange de Gerdil:!. Une Oraison
des Pères el des conciles, qu'il en par- funèbre^ en italien , par le P. Grandi,
Jait , admirablement et sans elfort, le baruabitc, brochure in-4'., Macerata,
langage (2 ). Il avait cmineniracnt iSoi. II. Elogio letlerario , etc.,
l'esprit ju>te et lumineux; et ses con- brochure in-4'*. de cinquante - deux
versations les plus intimes avaient la pages. Le père Fontana , auteur de cet
modération et l'autorité d'un livre im- éloge littéraire, y passe en revue les
])rira.? depuis plusieurs siècles (3). principaux ouvrages de Gerdil. Il le
Apologiite infatigable de la religion lut dans l'assemblée générale de l'aca-
])endant [>lus de soixante ans , émule demie des Arcades, le 6 janvier i8o4;
de Ijacon (qu'il appelait le sa^^e Ba- et M. l'abbé d'Auribeaii offrit, dans
con ^ esprit lé^islaleur s'il enfui j a- la même séance, un hommage poéii-
mais), de T^eibiiitz , de S. Augustin , de que à la mémoire de ce grand homme.
S. Thomas et de l>ossuel, ttc, Gerdil L — y.
possédait encore, à un rare degré, la GERFURD (Jean), théologien lu-
tailigraphio, avantage peu commun à ihérien , né à Quedlinbourgen i58'Ji,
la plupart des auteurs (4). \i Oraison avait d'abord commencé à étudier la
funèbre du cardinal Gerdil, ])ar le médecine à Wilfembcrg; mais, quoi-
])ère Fonlma , tiaduite de l'italien eu qu'il y eût déjà f.iil des progrès mar-
français,et enrichie dénotes histori- quants , il quitta cette université en
ques , au'.si précieuses qu'étendues , i6o5,pour se rendre i\ cellede léna.
.]>ar M. l'abbé d'Ib srnivy d'Auribeau Ce fut là qu'il se livra aux sciences
(Rome, i8o'2, in-S". de i-jopag.), ihéologiques avec tant de zèle, qu'en
(levait cîrc suivie de r/i.v/?n7 r/c^ (^(?/"- i 7 1 5 , la réputalion qu'il avait ac-
dil : m, lis ce dernier travail , quoi- qiiise par un gratjd nombre de dis-
que tité plusieurs fois, n'a pas tu- seitittons ihéologiques le lit appeler
corc païu. Ou trouve dins cette Ira- à la place de surintendant-général des
duttion les anecdotes les plus iuléies- égli>es luthériennes à Cubourg. Pen-
banles , et (jui cuactérisent l'homme daut l'txerciee de cetJe fonction , il ré-
privc , ( oujiue ses écrits peignent l'au- digea pour les églises de ce pays uu
leur. Elles sont terminées par 1*^ eala- règlement qui est encore la base de
loguc complet des œuvres de Gerdd, celui (pi'ou observe aujourirhiii. Mais
____^___ rem[)lui de prédicateur n'étant pas de
. [x)yoye%, i ceiujri, „i,e a.,r..J..ie ...rt ,,i. «"" K^"*'' i •' piéléra la cluire de pro-
a..anl« ...r le. d.r,.i^r, moment, de f rurdinal , fcsseur lie ihéoloilic à léu.l, à laipullc
• dans la IrAducitui) Iratuum: de tuti Oiutiuiiju- .... , -^ . i i • •
liihre , (.iij;. lu. , iiou- Otj. il lut appelé v\\ i()i(). Gerhard oms-
V3) Lettre du c;.rd.ni.I Maury « M. P»hht' d'A.i- ^'"^ *' '""' ^« '«"«h' COnsuhMMflon aiq)reS
.ibB.u, c.it'.- p..f-r (i»H dr. /..x/ni.</ .u> icru, dcs priuces luthériens desonlen)ps,
•Je cr (liKnerc< li>(ia.ttiriiM-i|u4. Kiiis la direction et .,',. , , , -.,,. '
|.Mr les cuiii<;iu du ciirdidjii <;erdii, n ^■^n^tt^ct^s ct il lut cluirgc par ciix uc dillercntes
t'inj» tetniii iKs \('il|f( t\ hi rt'Iici'Hi rt au\ lettrri • ■ . I • . I C
. l'Me. .H.V, , , vol in-a". d., 7»opi.K ' ""^sious (|ui avaiciit pour ob)<'t les af-
r»i /-o/cîde cuneuv d.iu.i, « ,..i ,'n«"i , l'-K- fures de l'éiili.se i)rotestanfe. Il fut le
J '»<.. noltf »J7 et «.s d.- l 0,a.i„,./M„«/.,e cilù" i • i • i i nii i itr"
ji"«i*«"t. prMicq)al éditeur de la IJiblc de v\ rt-
G i: i\
war ; cl c'est à lui qu'on doit T^xplicn-
tioii (lu piciiiiir livre dv. IMoïsc , des
pruplictifs (le l>niii(l, cl lif rApnc.i-
îypsc. La bil)liolbc(iuc (hicalc à Gotha
posscdo pics (le hcnlc volumes eu ina-
inisci il (le ses oeuvres poslliumes. Sa
correspouflanee p()lili([ue et lillér.iirc
avec les princes cl sav.uits a vie si con-
sidérable (pj'il a e'cril plus de dix mille
lellrcs; celles qui lui oui (-le? adicssccs
forment un Uecucil en douze gros vo-
lumes. Ce laborieux lli(^o!ogien est en
core rem.Mquab!e, parce qu'il cxcrçiit,
conjointement avec ses fonctions paS"
torales, celles de la nie'det iue, et qu'il
se rendait ainsi utile à l'iunnanitesous
un double rapport. Il mourut le 17
août 1G57. On lui Ç\l l'epitaphe sui-
vante :
Hîc recubat pietns, probltas, candorque., Joliannes
Gerlihrdus ; cui laus convenlt iUa , sat est.
Sa vie a clé écrite en latin par Fis-
cher ( Erdmann-Uodolphe ) , pasteur
.\Cobourg,ct publiée en i^îD. D'un
grand nombre d'ouvrages qu'il a mis
au jour nous ne citerons que les sui-
vants : I. Methodus studii ifieolo-
gzci , Icna , i6'2o. 11 y recommande
fortement aux jeunes théologiens Tc;-
lude de la philosophie. II. Patrolo-
gia, ibid., i653. III. Philologîa sa-
craSalomonis Glassu^\\nà.^iiS^'è,n\-
4". VW .HarmoniœEvangelicœ Chem-
nitio-Ly^serianœ contmuatio , Rot-
terdam, 1646, in fol. Y. Confessio
cathoUca et ei^angelica, le'na , i(334-
37, en 4 vol.; il y examine à fond
l'état de l'église évangélique avant les
temps de Luther. \1. Meditationes
sacrœ , Leyde , 1G27 , in- 12. Ce der-
nier ouvrage a élé mis en vers latins,
et publié à Alloua en 1753 ; on l'a
aussi traduit en langues allemande ,
française, anglaise et italienne.
li— n— D.
GEf^HARD (Jean Ernest), sa-
vant orienlaiistc cl historien, fils du
G I-: RI
^<M
preVe.lent, né à léna le i T» décembie
it)2i , til ses élud<s d-^ns les univer-
silc's de b'iia , Alloif, Helnistyilt ,
Leipzig et Wittenibcrg , et s'ap[)li-
qi:a principalement aux langues orien-
tales <t à l'histoire ecclési j-litpjc. Dans
un voyage qu'il fit en Iloll.nide, en
France et en Suisse, il s'aliacha priti-
cipalemenl à recueillir dans Us bi-
bliothèques tout ce qui a rapport aux
diiïcrenles sectes de la religion chrc«
tienne. A son retour à le'na , il fut
nommé professeur, d'abord d'histoire,
et ensuite de théologie. 11 mourut le
24 février 1668. Il (xistc de cet au-
teur une innombra})le quantité de dis-
sertations et d'écrits (jui traitent des
langues orientales, dcriusloirect de la
théologie. Nous nous contentons de ci-
ter de SCS ouvrages, tiarmonialingua'
mm € rient aliiim , avec GuiL Fis-
chardi Instituliones linguœ hebrœœ;
— De sepidturd Mosis ; — De eccle-
siœ Copticœ crin, pj'og ressu et doctri-
nd , etc., léna, i6G5. — Gerhard
(Jean -Ernest, dit le jeune), fils du
précédent, théologien lull)cVien , na-
quit à léna eu féviier i()6.2, étudia à
léna et Aitorf , et , après avoir voyagé
dans le nord de T Allemagne, fut norn-
mc prédicateur de la cour de Gotha:
mais, ne pouvant accepter cet emploi
à cause de la délicatesse de sa santé,
il se chargea de la pîace d'inspecteur
des églises et des écoles dans le pays
de Gotha, accepta en 169H la nomi-
nation à une place de piofesseur de
théologie de l'université deGiessen,
et y mourut le 18 mars 1707. 11 a
pul)lié différentes dissertations : De
sainte infantum anle haplismuni de-
cederitiinn ; — De spectro Endorco;
— De evocatione mortuonmi , etc.
Une moi l prématurée l'empêcha d'a-
chever un O pus pastorale, qu'il avait
entrepris. 13 — u — d.
GERHARDT f MAtic - RocoLrnE-
198 GER
jBalthasar), laborieux calcu'ateiir ,
naqiii' a Lripzig le 4 m.irs i-jD).
L'ariihniéliqMe avait été dès sa jeu-
nesse S'il occupation favorite; et il
avait p lise d ns les l(ç tns de son
père des connais ances très pro-
fondes sur le coiniiieice, connais-
sances qui devenaient encore plus
précieuses par une élude .«y.>»émati-
qvie du droit à laquelle il s'éiait livré
pendant plu^eurs années dius sa ville
naiale. I^a guerre de sept ans, qiu,
surtout en Saxe, ava>t détruit la for-
tune d'un grand nombre de famille*,
avait aussi dérangé celle de Gerhardt;
il entra , en 1701 , dans une ruiison
de commerce de Berlin , et fit ensuite
employé par la banque de cette ville
en 1 7G5 : il y éiait principal teneur
<le livres, lorsqu'il rnomut, le 3o sept,
jHo5. Dans ses voyages au service
de la binque, Gerhardt avait parcou-
ru la Russie et presque loulesles pro-
vinces de la Prusse. Les persécutions
que lui attira son caractère franc et
loyal le rendirent sombre et misan-
thrope : son s(ul plaisir était alors
d'inventer de nouvelles métbodes de
calcul , et de former des collections de
nionnaies, do poids et de mesures ;
c'est à ce goût que l'on doit plusieurs
ouvrag* s uldcs qu'il a publiés en al-
lemand : I. Belles générales et par-
ticulières pour le calcul du cours
des changes^ Berlin, i7<)0, in-B". II.
Tables lies lo<:^aritlime'i pour les
commerçants f ibid., 1 yhB, in-B". lla-
phaël L< vi avait déjà commencé eu
l'y^^, eiNe ck.cnbrechcr en i^iVi , à
pnbln r des tables de logarilbnics dres-
sée.^ pour les calculs du cominerce;
mais celles de Gerhardt ont beau-
coup contribué à en rendre l'usage
j)liis commun en Allemagne. 111. Ma-
nue' de la connaissance des mon-
naies , poids et mesures usités en
Jltemu'^iie, ibiJ., i7BB,'ii-B^, IV.
GER
Mémoires sur le calcul commercial,
ibid., I 788,in-8'. \ .le Comptoriste
universel y ibid., 1 vol. in-4 •, 179''
VI. Cabinet de monnaies portatif ,
ibid. , 1 794, iii-4**- Le*' tabîes de Ger-
hardt pour la réduction des nmnnaies
de tous les pays ont paru en français
dans les dernières éditions de la Géo-
graphie de Gulhrie et dans l'xVlma-
nach du commerce; on les a aussi
imprimées à par: en iBi3, sous le ti-
tre de Tableau du pair intrinsèque ,
tant en or quen art^enl , des mon-
unies de compte de tous les états du
monde, in 8°. Gerhardt a aussi pu-
fa ié et augmenté six ou sept éditions
différent; s du Manuel de N'dcktn-
brecher , depuis la 5"., imprimée
en 1772, jusqu'à la 9^. eu iBo5.
B~n— D.
GERICKE ( Pierre ) , médecin ,
né à Stendal le 4 avril 1695, fit ses
premières études à Berlin. 11 s'oc-
cupa d'abord de théologie ; mais il
renonça bientôt à celle science pour
se livrer entièrement à l'étude de la
médecine. Dans celle intention, il par-
courut successivenunt les universités
de léna, de Leipzig et d'Altorf. Après
avoir été reçu docteur en \']'X\ , il
fut nommé professeur extraordinaire
de médecine et de phi!osoj)hie à Halle
en i7'2^; en 1730, professeur ordi-
naire d'anatomie , de pharmacie et
de chimie, dans l'université d'Helms-
tadt,et, en 1751, membre de l'acadé-
mie de Berhn. Tous ces lities conlri-
bucn nt beaucoup à étendre sa répu-
tation; il devint niédecin du duc de
Brunswiek - Lmiebuurg, et mourut
le 8 octobre 1750, après avoir pu-
blié un grand nombre de disseï ta-
lions sur difîéients points de niéde-
ane, de chirurgie, de chimie tt d'ana-
tomie. Nous indiqueronslessuivantes:
I. De studio novitatis in médicinal
Alloil, i7>. i,in- j^. II. De venu-
G K R
FY071 vnU'uUs /larunKjtu: mu , Hclms-
todl, 1723, in- 4". 1/aiiU'ur prcieiul
i\uv 1rs v.iIvuIjs des veines, ilonl il
;illiil)uo l<i (Ic'couvtrlc à Sfivcl, sont
plulùl ilcstinccs à provenir l'cxlrnsion
«les parois de ces vaisseaux ((ii'à ern-
jK» lier le sang de rcdograder. III.
J)e injhixu liinœ in corpus humanum,
Ilallc, in-4". IV. De conUiç^iis , il)id.
V. De vulnerum rcnunciatione ,
ibid., i^Si. VI. De valttudinis ra-
tione cl prœsidiis autumno , ibid. ,
j-jj'i, in "4". Vil. De necessarid
vulneris inspeciione post homici-
dium , ibid., 1737, in-4". VIII.
De academiarum Julio; et Geor-
f^ice Aus^ustœ forlund concordi ^
Helmsîadt , 1707, in-4". 'X- P^'^^-
gramma (pto inspeclionem cadcwe-
ris in lioniicidio ajiud Romanos
olim in usu fuisse ostenditur , ibid. ,
1708, in-4^. X. De resurf eclione
jnorluoruni, rationi nvn, sed Plato-
nis dogmatibus contrario ^ in quo si-
mul Evangelium medici explodiiur,
ibid., 1759, in -4°. XI. De Atho-
tis , Tosorihri et antiquissimoruni
.Egrpliorum anatomid fahulosd ,
ibid., 1709, in-4". Wl.Diss. in qud
conjecLurœ phjsico-medico-hjdros-
taticœ de respiratione fœtus , in lia-
lid tertio abhinc anno propositœ exa-
min/intur , ibid., 1740» in -8". Xi il.
Programma mirarum sed vanarum
artium in oppugnandd veritateexem-
phnn in historid resurreclionis Chris-
ti exhibens , ibid., 1 74 • ? in - 4°.
XIV. De lapide philosophorum seu
medicind universali , vero anfalso,
ibid., 1742, iii-4"« XV. De crisi-
bus, ibid., 174^^, in-4*'. XVI. De
indulgendo œgrorum appetitui, ibid.,
17'! '2, in - 4°. XVll. De insomniis ,
il)id., 1742, iii-4°. XVIII. rie de
Dieteric , archevêque de Magdcbourg,
jlanovre, 1745, in-4''. (en alie-
inaad ) , avec un supplctiiCiU pubb^c
GER 199
la même année à Hcimstadt. XIX.
De institutis et scholis medicis ta
JEgypto , dccfUe nicdicinœ statu in
Graicid antc //ippocralis tewpora ,
Helnjstadt, 1743, in-4". XX. Dis-
(juisitio de vii!: gcîiilurœ ad ovarium
et concepiione ; accesserunt obser-
i^ationes (ptœdain phjsiologicœ de
primis Jwminibus , ibid., 1740, iii/-
8". Ch-,t.
GEBING (Ulric), ne au dio-
cèse de Constance , et, selon toutes
les apparences , dans le canton de Lu-
cerne , tut, avec Martin Grantz et Mi-
chel Friburger , appelé' à Paris eu
1,469 par Louis XI, ou plutôt par
Jean de La pierre ( Von Stein ), Al-
lemand, prieur de Sorbonne. Ils ap-
portèrent les premiers à Paris , et
même en France, l'art de rinij)rimc-
rie. Ils établirent leur atelier dans la
maison de Soi bonne. C'est à tort qBo
quelques bibliographes assignent la
date de 1464 à ia Bible qu'ils impri-
mèrent. Cetle édition , il est vrai , est
sans dalc j mais la souscription indi-
que clairement qu'elle est de 147'^
et 1476 : d'adieurs , comuic nous
l'avons dit, ils n'étaient arrivés à Pa-
ris qu'en 1469,. Le premier ouvrage
sorti de leurs presses est intitule :
Gasparini Barzizii Pergamensis
epistolœ ( 1 47<^) ? in-4°. ( f'^oy. Gas-
PARiNO. ) On lit, à la fin, ces quatre
vers :
Primos ecce libres quos hsecii^diistria fiiixit
Francorum iu terris, xdibus atque tuis.
Michaél, L'id^ritiis, Mar!,inii6q«ic ma^islri
Hos luipresserunt ac f acient aiiuo.
C'est la même année , à ce qu'on pré-
sume , qu'ils publièrent aussi sans
date le Summa casuum conscientiœ
Bartholomœi Pisani, iii-4°. Il ne
faut pas confondre ce B:;rthélemi de
Pise avec Bai thélemi de Pise , corde-
licr ( Voyez Albizzi), ni avec Bar-
ihélemi de Pise , médecin ( V. Pise.)
Gcriug cl SCS associés douncrent eu-
20O GER
Miitc la Klietoriquc de Fichct ( Voy.
FiCHF.T. ) Parmi les autres éditions
sorties des mêmes presses on doit dis-
tinguer, L. A. Flori cpitome rerum
Romanarum ( 1471 ), in - 4^-, qui
paraît être l'e'dilion princeps de Flo-
rijs. Les trois associes quittèrent la
Sorbonno en i475 , et allèrent scta-
l)lir rue Saint- Jacques, à l'enseigne
du soleil d'or. L'un des ouvrages les
plus remarquables qu'ils y impriraè-
jenl, fut le Jacob i Ma gni Sophuîo-
gium, Paris, i4;5> in - fol.; ibid.,
3477* Cranlz et Friburger se retirè-
rent en 1477; t-'t Gering, qui resta à
Paris, continua 5cul de diriger l'èla-
l)lissement. Eu ï485 il le transporta
de la rue Saint - Jacques dans la rue
de Sorbonne, où il exerça son art
jusqu'en 1 5o8, en société avec Bcr-
tliold Rcraboll. La maison de Sorbonne
était pnivre; et plus d'une fois il lui
(il des libéralités qui nVtaient pas in-
tempestives. En reconnaissance il y
oblint un lo'j;ement à vie, et y mou-
rut en 1 5io, sans avoir cte' marie, et
paitageant ses biens entre les collèges
de Sorbonne et de Montaigu. D'une
partie des fonds que reçut la Sor-
bonne , elle établit deux chaires de
théologie , l'une pour l'ancien , l'au-
tre pour le nouveau Testament. Ces
deux chaires, réduites depuis à une ,
claient les plus anrionues de la mai-
son de Sorbonne lors de sa destruc-
tion, (f^oy. Elye.) a. B — T.
GI*^RLA('iPETERSEN(rils de Pierre),
cnlaliu G erîucu s Pctri, Wm des n),iî-
trcs dans la vie ascétique, dit vulg.ii e-
jnc.ulundutrc Kempis,u:\([u\th Deven-
ter,en \7)'^^. Il entra de bonne heure
dans la communauté des clercs , dta-
Mi(; |)ar (îfe'rird Groot , sous la di-
rection de Florent Radewin. ( f'(\y.
GÉRARD.) De \h il passa au monastère
«les chanoines rcgulicis de Windes-
bem, où il fut admis par Jean Vos
GER
de Huesdcn (i), quoique long temp.^
borne' à la qualité de simple clerc. Il
se distinguait toutefois entre ses con-
frères par son zèle pour la prière et
la contemplation. Sa docilité e'fait ad-
mirable ; et la pureté anj:;èlique de
ses mœurs répondait à la douceur de
sa physionomie. Mais l'époque de sa
profession se trouvait retardée, parce
que sa vue basse ne lui permettant
pas déchanter au pupitre, il ne pou-
vait être reçu au rang des choiistes.
Jean Scutken, son directeur, suppléa
à ce défaut , en transcrivant , pour
son usage, des livres de plain-chant.
En même temps Gerlac s'occupait à
composer des entretiens spirituels et
intérieurs qu'il s'adressaità lui même,
pour apprendre à supporter paisible-
ment ses défauts naturels et exté-
rieurs. Il fit 'enfin profession, en
i4o5, après avoir commencé sa car-
rière par où les autres finissent la leur.
Gerlac n'en devint que plus soumis
et plus humble, et ne voulut jamais
remplir d'autre fonction que celle de
sacristain, qui lui donnait l'occasion
de rester seul et plus long-temps au
chœur. S'il se promenait quelquefois
avec ses confrères , il ne tardait pas à
retourner dans sa cellule, o/i , disait-
il, (juelquun Valtendait. Ce mot a
été altiibiié à Thomas de Kempis, par
l'auteur aimnymc de la vie de ce der-
nier; mais il appartient au chanoine
de Windeshem. Gerl.jc fut même
nommé , comme on l'a dit , un second
Kempis, par la confuruùlé qu'on
crut voir entre l'esprit général de ses
Soliloques, connus plus tard, et celui
de yiinilation de .1. (i. , (pu avait été
attribué à Kempis. Cependant l'Imi-
^i) Suni^ririir (;i'n<'r«l de l'ordrr m i.T»)i, Jrfnuti:
• Il < oncilr ilr (liiiMt.iiK'o m l^ii. mort m i^ >4 ■
il r»l aiilrur «lu livre «In /'.'.re/fn'*/ if>iritn«li «11»
NViiiiliMlirtii , i|iii jt (Uo trMiliiit de rallcr.vdnd en
l.itiii |ijr lliMcli, Anvert, i(>)i , ri nuj co Iran^°«il
il 1j luitc dci Au/i/<></i<cr de Gerliti'.
G F. W
tnllon , rt snrtoul le 4*. livre , De
SacTUmcnlo nllaris , est poslciicur
aux Solilofjiies. Tcstclcttc, dans ses
Findiciiv, .jppiiquc à Gcilic ce qui
est dit dans ce livre, que quelques-uns,
fil recevant le sacrement, paraissaient
liors d'eux - mêmes, dans les Iraus-
j>or(s de leur joie. A la vérité, pendant
la célébration du sacrifice, envoyait,
suivant la chronique de Windeshcm ,
Gcrlac, ravi en extase, tressaillir, et
sou corps, en quelque sorte, se soule-
ver de terre. Ncanirioins les expres-
sions extraordinaires qu'une dévotion
exaltée lui suggéra dans ses écrits,
ne sont pas celles qui caraclérisenl les
XiW'CsàQY Imitation. L'impression que
son exemple avait produite sur ses con-
frères, a pu faire insérer par Kerapis,
dans l'ouvrage dont ce pieux et zélé
écrivain faisait une copie pour sa
maison, en i44'? "" passage des
Soliloques , où Gerlac va jusqu'à dire
que, s'il lui fallait, pour la plus grande
gloire de Dieu, être éternellement en
Enfer , il n'en éprouverait aucune
peine. Ce passage, trop éloigné de
l'esprit de X Imitation de J. C. pour
avoir pu être dicté par son auteur ,
ne tarda pas à être rayé ; et les éditeurs
même, dits autographes, l'ont laisse
à Gerlac , qui d'ailleurs n'avait écrit
ses Soliloques que pour lui-même.
Les souffrances excessives que les
douleurs de la pierre dont il fut at-
teint , lui firent éprouver pendant
plusieurs années, l'avaient accoutumé
à la patience la plus grande et à une
résignation admirable. La force de
l'amour divin lui faisait surmonter,
non seulement sans murmure, mais
avec joie, la violence de ses tour-
ments. 11 garda cette même sérénité
jusqu'à la fin ; et il mourut en \f^\i ,
après avoir recommandé au père Jean
Uuesdcn de recueillir et de brûler ses
ouvrages , qui étaient demeurés dans
G EH -xoi
sa crilule, et ne servaient, selon lui»
que pour lesoutcnirdansscsexerciccs.
IjC p. llticsden conserva et fit copier
ces écrits, dont le pjincipal ( t le plus
connu a placé Gerlac au rang des
premiers mystiques flaniati^ls , entre
iuisbroeck et Ilarp'oius. Outre le Dre-
i-iloqiiiumde accidentiis exterioribus
qnii avait composé avant sa profes-
sion, et le livre de Libertate spirUus
qu'il fit depuis et dont il existait des
exemplaires chez les chanoines régu-
liers de Tungres , on a de lui principa-
lement : Imiitam cum Dec Solilo-
qiiiiun, que Jean Sculken a divisé par
chapitres , comme autant de soliloques
particuliers j Cologne, iGiG, in-12. Il
a été traduit du latin en flamand, Boîs-
le-Due, iG'^D, in - 8".; en français,
( Port-l\oyal ) Paris , 1G67 , in- 1 2 ,
sur l'édition donnée à Paris, i65g,
par l'abbé de Ste.-Gcneviève ; en
italien, Kome, 1674? i"-i'2; et eu
espagnol, Barcelone, 1686, in-16.
G CE.
GEHLACfl ( Etienne ) , voyageur
allemand, était né en 1 54 G à Kintlin-
gen, près de Maulbronn , dans le pays
de Wurtemberg. Il professait avec
distinction la théologie à ïubingen ,
lorsque l'université de cette ville reçut
de David Ungnad , nommé par Maxi-
niilien II ambassadeur à Constanti-
nople , l'invitation de lui envoyer un
bon prédicateur pour raccompagner
dans sa mission. Le choix tomba sur
Gerlach , qui pourtant ne partit qu'a-
près bien des sollicitations. II quitta
Tubingen au mois d'avril iS^o,
gagna la confiance de l'ambassadeur ,
se fit chérir et estimer de toutes les
personnes attachées à la légation, et,
à son retour à Vienne, en septembre
1578, fut congédié avec les témoi-
gnages de la plus grande satisfaction
Rentré à l'université de Tubingen *
il devint successiveraenl docteur, pro-'
302
GER
fiesseur de théologie, et enfin sur-
inlendanf. Attaque, sur la fin de ses
jours, d'une foule de maux, il perdit
tellement la mémoire, qu'il ne se sou-
venait pas même de son nom. Il mou-
rut le 20 janvier i6i2.Gi?rlacli a lais-
se des dissertations et dts écrits pole'-
n)iques;car, alors, un professeur de
théologie ne pouvait se dispenser d'en
publier : tous ces écrits sont depuis
long-temps oublies. L'on ne connaît
j)lus que la relation de son voyage ,
qui parut sous ce titre : Journal de
V ambassade e/wojée par les empe'
reiirs Maximilien II el liodolphe II
à la Porte oltomane , et heureuse»
ment effectuée par M. D. Ungnad ,
baron de Sonnegk et de Prey-
bourg , écrit par Etienne Gcriacli ,
Francfort , 1674 , un vol. in-fol. (en
allemand), avec figures. Gerlach a
tenu un journal exact ,non seulement
des événements du voyage , mais
aussi de tout ce qui s'était passe pen-
dant six ans que dura l'ambassade,
t't de tout ce qu'il apprit de remar-
quable. Oji y trouve même des faits pré-
cieux relatifs à l'Europe. L'auteur s'est
principalement attaché à ce qui concer-
ne b croyance , les cérémonies rcli-
j;icuscs cl les mœurs des Grecs el des
Mahomélans. La méchanceté, la perfi-
die, la cruauté de ces derniers , étaient
alors à leur comble. Quoiqu'il fut char-
gé d'acheter des manuscrits anciens,
il ne s'cit guère occupé de détails lit-
téraires. Il ne dit pas un mot des an-
tiquités, des arts, ni des curiosités
iiaturelles.il a inséré à la fin jdu.sieurs
documents politique* , tant en latin
qu'en allemand. Le peu d'art que
iicilach à mis dans sa rel.itioii^ fiit
présumer qu'il ne la destinait point à
I impressiou. iSes héritiers ne se hà-
tcienl pas de la publier, parce (pi'elle
renfermait, sur plusieurs personnages
iiijporlanls de la cour impériale , des
GER
traits hardis, qui eussent pu attirer
du désagrément aux éditeurs. Ce fut
Samuel Gerlach , petit-fils de l'auteur
etj sur-intendant de Wïirtemberg , qui
la fit imprimer. Il paraît que Tobic
Wagner , qui fut chargé de ce soin ,
r( jeta plusieurs morceaux , dont ou
trouve la nolice dans le livre d'Hei-
neccius, sur l'Eglise grecque. On peut
donc croire qu'il en existait plusieurs
copies manuscrites. E — s.
GERLACH(Benjamin-Theophile^,
laborieux philologue, naquiten 1O98,
à Liegnitz, en Silésie. Il étudia les
lettres et la philosophie à Breslau el à
Wiltemberg. Après avoir donné long-
temps, dans cette dernière ville, des
leçons parliculières, il y fut, en i 728 ,
appelé au rectoral de l'école latine.
Probablement l'école de Miihlhau-
sen lui oiFrit plus d'avantages que
celle de Wiltemberg ; car il quitta
celle dernière ville, après y avoir
exercé , pendant deux ans , la fonction
de recteur, et accepta celle même fonc-
tion à Miih'hauscn, où il présida l'é-
cole pendant huit ans. Il fut alors
appelé à la direction du gymnase de
Zillau,oiiil mourut le 18 juin i^SÔ.
Sa plume était très féconde; il a pu-
blié soixante -huit écrits el disserta-
tions en latin et en allemand, dont
la plupart traitent des questions phi-
losophiques et théologiques : quel-
ques-uui de ces écrits contiennent des
matériaux historiques, et otlVent as-
sez d'intérêt. Nous citerons dans ce
nombre: I. Pi^s.i et 11 U-xrptoo^xvLX
eruditoruin,\\iUvn\hn'^y i 7 '23, in-4°.
IL De Marlino Opitzio , poëtd maxi-
rno Teutonico , '/j\U:niy 1 7 !^(), in-fol.
111. Detcmplo Sinensiportatdi, ibid.,
i7?ic), in-4'. IV. De Vinvenlion
de L'imprimerie ( en allemand ), ibid.
17^10, in-4". V. De vitd Uierony-
mi ff'olfii , ibid., 174^ , in fol. VI.
DcvildDonat. Gjvssiij ibid., i744>
GER
in-fol. VII. De clarh IforatiiSy ibid. ,
i745,i»-4 -^ 'ï • f^t-hortorumaina-
loribiis iipiul Homauos et Cr<rcos ,
iltid., i^So, in-l«)l. IX. De Zituvid
erudiloriimfcrace , ibid., tj52 , in-
fol. X. De arro^aniKt Utteralo-
niin , ibid., i 7 :')">, iii-iul. XI. De
mi^raiionihus lilUrarum , ibid. ,
i-jD ^ , in-lol., Ole. On peut consulter
Ja C'ummentatio de //' Gc lacis,
j)arChr.-Aiil. Fiidenci, IMuhlhauseii ,
i75g,in-4°. ii — h — d.
GKRLaND on GARLAlND, cha-
noine de l'abbiye de Si. - Paul de
Besançon , duis le douzième siècle, y
établit la réforme , et en fut nomme
le premier prieur régulier en i i5i . Il
avait exercé pendant plusieurs an-
nées les fondions d'écolàtre de cette
abbaye , charge qui revient à celle de
supérieur des études , et y avait pro-
fessé la théologie et le droit canon
avec quelque succès. Il mourut vers
1149, à Lanlenans, village près de
Baume-les-Dames, où il avait fondé
une maison de chanoines réguliers.
Il est auteur d'un ouvrage intitulé ,
Candela juris pontificii , divisé en
\iugt-six bvres. C'est une compilation
de passages des SS. PP. et d'extraits
des conciles, des canons, des décré-
tales qui servaient alors de base à
la jurisprudence ecclésiastique. Dom
Martène en a inséré la préface daas
son Thésaurus anecdotorum ^ tom.
i'"'". Il existait des cupies de cet ou-
vrage dans les bibliothèques de St.
Etienne de Dijon , des dominicains de
Troycs, de l'abbjye de Sf. Victor,
des dominicains de la rue St. Jacques ,
et de Sîe. Geneviève de Paris. La
ressemblance des titres l'a fuit con-
fondre avec la Candela evangelica ,
publiée par J.- Juste Chartreux, Co-
logne , 1 527 , in-8". Ou trouvera des
détails intéressants sur la compilation
Ue Gulaud, dans ks Mémoires de
G F. R ' io5
Tre'i^oux, mai i-^ti?). I.es auteurs de
y Histoire littéraire de France ^
tom. XII, lui .'itlnbuerif rurorc un
t rai lé de Coin/>ulo ecclesiaslico ,
et un autre de Dialecticd ; mais ces
deux ouvrages .ipp r'ienncnt ])roba-
b'ement à Jean de (jarUnde ( f'^oy,
Gablande ). C'est aussi par erreur
que dom lîivet a confondu Gerland,
c'colatre de Besançon , avec un evèque
deGirgenti, du même nom, qui vivait
à la (lu du onzième sicc'e. W — s.
GERMAIN (Sx ) d'Auxerre,
était né dans celte ville, d'une lanulle
illustre, plusieurs années avant la fin
du quatrième siècle. 11 fut uns par ses
parents dans les meilleures écoles des
Gaules, pour s'y instruire dans les
sciences et dans les lettres ; et quand
il eut achevé ses premières études , il
alla à Rome, faire son cours de droit
civil, et se former à l'éloquence : il
se mit ensuite à plaider , et le fit avec
succès devant les préfets du prétoire ,
dans des causes importantes. Un ma-
riage avec une femme de haute nais-
sance, et son propre mérite, le firent
connaître à la cour de l'empereur Ho«
norius, et lui valurent, avec le gouver-
nement de la ville d'Auxerrc , la
charge de duc ou général des troupes
de plusieurs provinces. Il était chré-
tien : mais , jeune encore, il avait les
goûts de son âge, et surtout était pas-^
sionné pour la chasse, où il se piquait
d'habileté; il aimaità enétaler les preu-
ves , et faisait suspendre à un grand
arbre, sur la place j)ubiiquc, les ictes
des bêtes qu'il avait tuées , comme au-
tant de trophées. Cette coutume ayant
quelque rapport avec certaines supers-
titions païennes. St. Amator, évèque
d'Auxerre , lui fit représenter qu'il
convenait à un chrétien de s'en abs-
tenir. Germain n'en tint compte ;
mais l'évcqiie , un jour que le duc était
absent, fil abattre l'arbre cl disperser
fîO^
G EU
les monuments d'une vanilé pne'rilr.
Germain souffrit impatiemment celte
correction , et menaça de s'en venger :
Dieu en disposa autrement. Amator
était d'un âge avance : soit qu'il ciit
cté averti de sa mort prochaine par
une inspiration secrète , et qu'elle lui
eût aussi fait connaître celui qui de-
vait lui succéder, comme Font écrit
les auteurs de sa vie, soit qu'il eût
découvert en Germain des qualités
propres à faire un grand evêque , il
convoqua , d.ms son église , une as-
semblée des fidèles ^ et Germain s'y
e'iant trouve, il le saisit, lui dot)na la
tonsure cléricale, elle revêtit de l'ha-
bit ecclésiastique , sans lui laisser le
temps de se reconnaître, le prévenant
qu'il devait lui succéder. En effet ,
Amator étant mort le i*'. mai 4 '8,
le clergé et le peuple élurent Ger-
main : dès -lors tout changea en lui;
il se sépara de sa femme , et vécut
avec elle comme avec une sœur. Il
s'astreignit à une austère pénitence ,
€t praliqu.i les vertus é[>iscopales dans
toute leur étendue. Les catholiques de
la Grand) -Bretagne, effrayés des pro-
grès que f:us,iit le pélagianisme dans
cette île, s'étant adressés au pape Cé-
leslin et aux évêques des Gaules pour
en obtenir du secours contre cette er-
reur ; ceux-ci , dans une assemblée
tenue en /j'.iB ou ?,(), leur envoyèrent
ffcrmain, au(piel ils associèrent St.
Loup ,deTr()y('s. Tous deux partirent
aussitôt. C'est dans ce voyage que ,
passant à Nanferre, Germain y re-
marqua la jeune Geneviève, la bénit,
et prévit ce qu'elle serait un jour.
( P^oy. Geneviève. ) I-a mission eut le
succès que promettait le /.èledes deux
saints évêques ; leur 5a voir, leurs ver-
tus, des miiachs même, rapportés
j)ar les historiens du temps, triomphè-
rent de rhciésiej et ils revinrent avec la
«onsolalion d'avoir délivré le pays de
GER
cette plaie. Elle y reparut néanmoins
l'y ou i8 ans après. Germain y re-
vint avec Sévère , évêque de Troyes ;
et, pour cette fois , l'hérésie pélagienne
y fut entièrement extirpée. Germain ,
pour en empêcher le retour , établit,
dans la Grande-Bretagne, des écoles,
qui en bannirent l'ignorance et qui de-
vinrent célèbres. A peine était-il reve-
nu à Auxerre, que les Armoriqucs le
firent prier d'employer en leur faveur
sa médiation auprès d'Évaric, en-
voyé par Aëtius , pour les châtier
d'une rébellion qu'on leur imputait.
11 partit sur-le-champ , vit le prince
barbare et parvint à arrêter sa marche.
Mais celte affaire ne pouvait se termi-
ner sans l'aveude l'empereur; Germain
se rendit à Ravenne, où était la cour,
et fut reçu avec beaucoup d'honneurs
par Placidie , mère de Valcntinien IlL
Cette œuvre de charité fut la dernière
du saint évêque. Il mourut dans cette
ville, le 3i juillet 44^ i après trente
ans d'épiscopat. Le prêtre Constance
écrivit sa Fie , à la sollicitation de
St. -Patient, évêque de Lyon; tt
Eric, moine d'Auxerre, mit en vers
cette même vie , à la prière de son
abbé. On la trouve dans Surius, au
3i juillet; le père Labbe l'a insérée
dans sa Bibliothèque des manuscrits;
et Arnauld d'Andilly en a donné une
traduction. Il est probable qu'un
évêque aussi instruit que l'était Sl.-
Gcrmain d'Auxerre n'est point mort
sans avoir laissé quelques écrits: au-
cun n'est parvenu jusqu'à nous. Ce-
pendant , les bénédictins , qui ont
donné l'édition des œuvres de St.-
Anibroise , ont pense qu'on devait
peut-être altnbuer au saint évêque
d'Auxerre , un ouvrage intitulé ,
Liber Sitticti ^^mlwsii in lande
Sanclorum comi'ositiis , conservé
d.ms la bibliothèque de Sl.-(iall, et
dont le mauusciil aurait aujourd'hui
(. i:u i»VA\ •io'i
{^liis i\c oij/c cents .lus. Dora INlAbil- estimer, (t g:i^na sa confiance. Bien-
Ion s'en était procure une copie , pour tôt l'exeniple de revê((iic influa sur le
l'inscier dans l'édition de Sf.-Andjroi- prince, dont les mœurs devinrent plus
se: mais les sav.mts éditeurs ont bien- clircliennes : les pauvres furent sou-
tôt reconnu qu'il ne pouvait être de ce lages par d'al)ondanlcs aumônes ; de
père; et la mention d'un voyap;e en An- pieux elablissements s'élevèrent, et
i^k'terrc, ayant un rapport frappant des églises turent bâties. On compte
■ncc celui qu'y fit Saint - Germain parmi celles-ci l'cpilise de Stc.-Croix,
d'Auxeirc, leur a fait j)enser qu'il sous l'invocation de St.-Vincent , au-
j)ouvailen être l'auteur. On a encore jourd'huiSt.-Germain-des-Prës.Cc fut
la messeque l'on disait autrefois le jour Germain qui en fit la dédicace ; il y
de la fête de St. -Germain , suivant la joignit un monastère qu'il dota, et
liturç;ie gallicane. L — y. qu'd exempta de toute juridict.on-
GERMAIN DE PAKIS(St.), ai»si Le pieux e'vêque avait conserve des
nomme' , parce qu'il fut e'vêque de rapports avec Stc.-Radcgondc : il fit
cette ville , naquit au territoire d'Au- exprès le voyage de Poitiers pour la
luti , à la lin du v'. siècle. Éleulhère visiter; et ce fut lui qui institua Agnès
son père, et sa mère Eusebie, étaient abbcsse du monastère que cette reine
dcj personnes de qualité'. Il fit ses avait fonde. ( Fbj^^. Fortunat.) Ger-
jiremicrcs études dans la petite ville main assista à divers conciles, tc-
d'Avaion, et fut ensuite confie à l'un nus de son temps , au 5^, de Paris,
de SCS parents , nomme' Scapilion , en 55^ y au 2*. de Tours, en 564; au
qui s'a|>p]iqua à perfectionner son 4^. de Paris , en S^D. Dans tous il
éducation et à le former à la pie'te et parut avec éclat, et eut la plus grande
aux bonnes mœurs. Agrippin , evê- part aux sages règlements qui furent
que d'Aulun, charme du savoir et de drcsse's dans ces assemble'es. Childe-
la bonne conduite de Germain , lui bert était mort en 558 ; et après lui
donna le diaconat en 555 , et , quel- de honteuses amours , l'inceste , l'a-
ques années après, l'éleva au sacer- dultère,des répudiations scandaleuses,
doce. Nectaire , successeur d'Agrip- n'étaient devenus que trop communs
pin, le fit abbé de St.-Symphorien, dans la famille royale. Cliaribert avait
monastère situé dans un faubourg renvoyé sa femme légitime , pour
d'Autun , et le mena avec lui, eu 549, épouser Mirofléc , fille d'un ouvrier
au cinquième concile d'Orléans. Une en laine , et l'avait bientôt remplacée
aff.iro ayant conduit Germain à Paris par Marcovèse , sa -sœur, quoique
en 554, et le siège épiscopal de celte celle - ci eût pris le voile et se fût
ville étant alors vacant par la mort consacrée à Dieu. Germain s'éleva
d'Euscbe , Germain fut élu pour lui contre ces unions criminelles : il aver-
succéder. Celte nouvelle dignité ne lui tit le prince de se corriger; et n'en
fit rien changer à sa manière de vivre, ayant point obtenu de satisfaction , il
11 fut aussi simple, aussi détaché du n'hc'sita point à le retrancher de la
m onde qu'auparavant; et il ne sembla communion de l'Église, lui et sa corn-
avoir été élevé aux plus hauts bon- pîice. Aussi soigneux de conserver la
iieuis , que pour joindre les vertus paix entre les princes, que de répri-
épiscopalcs à l'humilité et aux ausléii- mer leurs desordres, il ne négligea
tés monastiques. Childcbcrt régnait rien pour réconcilier Chilperic et Si-
alors à Paris : Germain sut s'en faire gebcrt, prêts à eu venir aux mains ,
2oG G E R
cl écrivit à Brm.ehaut pour qu^elIe
ménageât un accommodement entre
les (Jeux frères. Ce ç;rand cvcque niou-
riit le M mai de T-ui 676, jour où
l'Église célèbre sa fête, li était âgé de
quatre-vingts ans, et fut cnlerrc dans
l'église d(^ Sl.-Vmcent. Chilpéric, au
témoignage d'Airaoin , lai composa
une épitaphe honorable, que cet écri-
vain a conservée. St. Germain est re-
gardé comme un des évêques qui
ont le plus honoré le siège de Paris et
l'Église d France. On co?nple parmi
ses écrits: 1. Une Exfdication de
l'ancienne liturgie gallicane. Du
moins dotii Mulènc et dom Durand,
qui l'ont jnibliée sur un manuscrit de
i'dbbayc de S tint - Martin d'Autun,
la lui .ittrihucnt. Elle contient des
choses extrêmement curieuses : on l'a
imprimée au commencement du v'^.
tome du Thésaurus anec^iolonim.
Ï/Histoire liltér ire de Fiance en
donne une courte analyse, tome in ,
pag. 5i3. 11. La Lettre à Brune-
haut , citée ci-dessus , pièce digne
d'un évêcpie par sa sagesse et par les
motifs rpii l'avaient dictée : < Ile fut
])Ourlant sans ((Tel, et les passions
remportèrent sur 1rs bons conseils.
Diichesne l'a fiil im|'riracr, d'après
Freiier , au i*^"^. vo'. de ses Monu-
ments de V tîistoire de France. Elle
a aussi été insérée dms les collections
<|es concihîs et dans \^ Appendice des
anivre's de Gr^i^nire de Tours, lll.
\}n Diplôme d'exemption aec(udé au
inon.islère de Si.-G< ruiain-des-Prés,
souscrit de Sl.-Gerni.iin , de la reine
Dltrogotluî , et des deux princ» sses
ses filles. L'original de (< Ile pièce, ((iie
le moine Aiuuuu r.q)porte en enHer,
cl qui a passé <lans divers lecueils,
écrit sur de l'erorce il'aibre, .ivail élé,
jusque d.«n.s les derniers temps , con-
.srrvé dans les archives de cette cé-
libre abbaye. Eorluuat a écrit la vie
GER
de St. -Germain , ([u'il avait connu par-
ticulièrement : elle est imprimée dans
Surius, au '28 mai , mais avec beau-
coup de fautes. DomiVlabiilon la revit,
et la publit avec des corrections, au
i^"". tome des Actes de St. Benoit.
Elle se trouve, au at» mai, dans le
recueil de liollandus , avec d -s notes
savantes. Il y en a une traduction y
par Jran Jallory, curé de Ville->euve-
St.-Geor:2;e, près Paris. L — Y.
GERMAIN DE SILÉSIE( Domi-
nique), religieux de l'ordre des mi-
neurs obscrvantins réf; rraés , s'adon-
na à l'étude des langues orientales, et
1( s professa pend. ml plusieurs années
dans le couvent de Saint- Pierre m
Montorio hWoxnc. On lui doit:! Fa"
brica Oi^ero dittionario délia lingua
vo'gare arabica et italiana , copioso
de' voci et locutioni , con osservare
le frase delV una rt ded' altra lin-
^ua, home, i(ir)6, in-4 '. <le i o >, p.ig.
Plusieurs biblioj;raphes, trompés par
ce titre , oiit indiqué cet ouvraL;e com-
me un tlictionn.iire de la langue ara-
be viiigaire ; mais l'auteur préludait
p-^r cet opuscule au dictionnaire qu'il
publia trois ans après : ce n'est pro-
prement qu'un essai de grammaire ,
auquel le P. G' rmain de Silesie donne
le litre de Introductorio mamade
délia lingua arabica volgaie , et
qu'il divise en trois puties. II. Fabri-
ca linguvarahirœ cuminterpret -tio-
ne Idtnà et italicd , acconimodata
ad usum lin \uce vulgaris et scriptu-
ralis, Koine, it>3i) (i), iu-foLC^e dic-
tiouii.jiiccoiifinit loH.t jiages,el il est
rangé selon l'ordre alph béiiquc des
mots ifdiens: les m«'ls de celte lan-
gue, intei prctés en latin, occupent la
droite de ta pagr, et leur tradurtiou
ai,d)e est placée à li guirhe. L,i pré-
face est ecite en italien, eu latin et
(OC'iiiipnr uan faute d'iinpr«»tioa qH« la titra
G E K G i: U 9.07
€n ar:il)c; elle est suivie d'une it)tro- Commentarius de. auliquis repim
i\\U'\\o\\ pour r.irilit(M- la leiliire de l'a- Franc.oritnij)al<diis.V!ii'^\\i:iY\'^U\hi\e
ralic : l'ciuviM^c <•>[ Knniiic par im livre de la Dij)luinali(pie de Mahillon:
iiidc\ arabe, un index ialin ([ui man- il y nomme jus(iu'à cent soixante-trois
que dans ((ueiques excm]>laires, el un maisons royales ; ( l les diseu^sions
trrata i\\\\\c lorgucnr (/ïiayaiile; il auxquelles il s'est livre pour en fixer
roniprend Ti pac;esà 4 colonnes, f/au- la position , répandent un grand |onr
leur nous apprend qu'il a passe qua- sur la topographie de la France dans
tre ans en Orient, et qu'en coMiposant le moyen âge. D. Martènc a publié
rot ouvrage, |iour la ronlcclion du- des additions à cet ouvrage dans U
quel il s'est aide du secours de Tho- ])rcfacedela CoUecliovetcrum scrip-
mas Obieino, ila eu rinleullon di-la- torum. II. flhtoire de l'abbaye^
cilitcr aux jeunes religieux destines royale de N, D. de Soissoiis, Vàiis^
aux missions de l'Orient, l'ctude de 1O75, in-4^. Elle est intéressante; et
la langue arabe. Un catalogue des li- on trouve à la fin un grand nombre
vres impiimei à rimprimerie de la de eharles et de bulles en faveur de
Propagande, sons la date de 1775, at- cette abbaye, dont la fondation est at-
tribue au même auteur l'ouvrage sui- tribnee à Ebroin , maire du palais,
vant : D. Germani de Silesid atiti- \V\.Monaslicori gallicanum, seuhis-
theses fidei, arahicè el latine , Kornc toriœ monasleriorum ordinis S, Be-
i658, in-4'\ Enfin si n.)us devons nedicti in compendium redactœ ,
en croire Wagenseil , Maracci se se- ciim tabulis topogruphicis centum
rait adjoint le P. Germain de Silesie et octoginta monasterioriun. Cet ou-
pour sa belle édition de l'Alcoran, vrage , que l'auteur neu-t pas le tomps
quoique ce savant ne !e nomme dans de terminer, était conservé dans la
aucune de ses préfaces. Nous ignorons l)lbliolhcque de St.-Germain-des-Prés.
au surplus l'époque de la mort de cet Ou en a inséré des extraits dans la
orientaliste: Wa'iding dit qu'il partit Gallia christiana. W — s.
pour les missions de' Tartarie; Wa- GEKMAlN (Pierre), habile eise-
genseille vit dans un âge très avancé, leur, né à Paris en 1^47 1 manifesta
ce qui ferait croire qu'il mourut à Ro- des son enfance de grandes disposi-
rae. J — N. lions pour l'orfévrcrie, qui était la
GERMAIN(Michïïl), bénédictin, profession de son père. A l'âge de
né à Péronne en i6jj, accompagna dix-sept ans , il avait déjà un talent
dom Mabillon dans ses voyag'"s en formé. A peins en avait-il vingt, que
Allenngne et en llaiic , et fut très Lti)run l'employa à divers ouvrages,
utile à son savant confrère pour la L'ayant présenté à Louis XIV, ce
collation des manuscrits et l'explica- prince le chargea de la gravure des
tion des monuments qu'il avait le pro- tables d'or qu'il destinait à 1j raagni-
jct de publier, {f^oj. Mabillon.) Il fique couverture du Recueil de ses
eut pai i aussi à son Traite de diplo- conquêtes. Ce jeune artiste réussit si
matiqne, et lui fournit plusieurs pièces bien dans la composiiion et dans la
pourîles Actes des Saints de l'ordre ciselure des diverses allégories dont il
de St. Benoît. L'excès du travail abré- or^a cet ouvrage, que le roi lui donna
goa ses jours; il mourut en i6g4 à différentes récompenses, entre autres
l'abbaye de St.Gcrmain-des-Prés , à \n\ logement au Louvre. Chargé de
quarante-neuf ans. On a de lui : I. plusieurs autres ouvrages pour orner
9,oS G E R
la grande galerie de Versailles, ainsi
que les appartements du roi, sa répu-
tation s'accrut à un tel point , que les
princes cl les grands de la cour vou-
lurent aussi avoir quelques-unes de ses
productions. Désirant satisfaire à l'em-
pressement de tous ceux qui se mon-
traient jaloux de posséder quelques-
uns de bes ouvrages , si s.inlé s'épuisa
Itllemeut qu'il succomba à ce travail,
<t mourut a la fleur de l'âge , en 1 682.
On a de lui aussi un grand nombre de
médailles et de jetons , représentant
les conquêtes de Louis-ie-Grand.
P — E.
GERMAIN (Thomas), architecte,
sculpteur et orfèvre , fils du précé-
dent, né à Paris eu 1673, perdit son
pcrc à l'i^c de neuf ans. Ne au milieu
des arts , il n'est pas étonnant que do
bonne heure il ressentît les cfiets de
leur heureuse influence. Après qu'il
eut fait ses premières études dans l'ate-
lier de lioullongnc l'aîné, sa mère le fit
partir pour l'Italie, sous la protection
ile Louvois. Mais ce ministre étant
mort j)endant son voyage , le jeune
Germain, resté sans appui comme
bans fortune, se vit contraint, pour
subsister, de conclure un engagement
de six ans avec un orfèvre de Uome ,
(•use réservant néanmoins deux heures
par jour pour aller dessiner au Vati-
cm. Ayant ac(]uis une certaine célé-
l)ritc , les jé>uilcs de cette ville le
chargèrent de plusieurs grands ou-
vr.iges d'orfèvrerie, auxquels il réus-
hil cumplètemt ni. Il fit aussi, pour le
tçrand-duc «le Toscane, plusieurs bas-
sins d'.irgent d'une dimension consi-
dérable , et ornés de b,is reliefs repré-
Miilanl l'histoire do la maison de
ïMédieis. G»; bit i>endant son séjour à
Uomu, qui bit d'environ dou/t; an-
nées , qu'il contracta une liaison d'a-
ujiiié avec le célèbre Legros , bidule
iculplcur, liaison qui lui devint t'Xlrc-
GER
mement utile pour son talent. Désirant
connaître parfaitement l'Italie , avant
de revenir dans sa patrie , il passa
Irois ans à parcourir celte contrée ,
laissant partout des monuments de ses
talents; entre autres, à Livourne, oii
il bâtit une église fort estimée. De
retour à Paris, en 1704 , il exécuta
un des trophées qui ornent les piliers
du chœur de Noire-Dame. Non seule-
ment la cour de France chargea Ger-
main d'un grand nombre d'ouvrages ,
mais les princes étrangers, à l'enviles
uns des autres, s'empressèrent démet-
tre ses talents à contribution. Ce fut
lui qui exécuta, en i72'2, le soleil
dont Louis XV fit présent à l'église
de Reims le jour de son sacre : ce
prince, à cjtte occasion , lui accorda
un logement aux galeries du Louvre.
La ville de Paris , voulant aussi don-
ner à cet artiste des marques de son
estime, le choisit, en 1758, pour
l'un de SCS échevins. Ce fut cette
même année qu'il donna les dessins
de l'église de Saint- Louis du Louvre,
dont il dirigea la construction. Tho-
masGcrm linmournt à Paris en 1 7/18,
emportant au tombeau les regrets des
étrangers comme des nationaux. Le
roi de Portugal ayant appris sa mort,
lui fit faire un service solennel , et
voulut ([ue tous les artistes de Lis-
bonne y assistassent. La correction
du dessin, la finesse du rcxccution,
et le goût qu'il mettait dans ses com-
positions, diNtingucut particulièrement
toutes ses productions. P — e.
GEKMAN Y LLOREINTE ( Ber-
^AnI)), peintre espagnol, naquit à
Sévdle , patrie de plusieurs artistes
renommés d'Espagne, eu i()H5. 11 re-
çut ses premières leçons de sou père, ,
cl de Christophe Lope/. ; mais Ger-
man surpassa bientôt ses maîtres, et
nc(put une si grande réputation, qu'eu
1711^ Philippe V le fil appeler pour
G E R G E R 9,o()
fiirc le portr.iil dr l'iiirinl don Plii- IVigr d'environ vin^l ans; il eut im
lippe. fiiMinan rxr'cula et ouvrage comniaiuicinciilcii D.ilin.ilir, j)r(Jviiico
avir iiiK telle prrfcclioii, qiulicçiil du alors re'vollee contre les Romains, et
roi nn itiagnidcpie presint, et tut nom- se couvrit de (;loire dai)S des eircons-
me p«'inlre de la cour: mus (lerman , tances dilliciles. La ç;ucrre finit par
ne avec un caractère brusque et in- l'entière soumission de ce pays. I/au-
dépendant, tionVa le moyen de re- née suivante, Germanicus j)assa dans
fuser cette place, sans déplaire au la Pannonie, qui était aussi en phine
roi. En \ 755, il fut créé membre liO' révolte, et il y eut de farauds succès.
noraire de l'académie de St.-Ferdi- Les oinements du triomphe, et les
iiand. Un capucin de Séville (le P.lsi- honneurs delà prcture , furent sa
dore), ayant imaf^jiné de rej)résenter récompense. En 765, Auguste le fit
la Vierge sous la figure d'une bergère, élever au consulat, sans qu'il eût exer-
enlourée de brebis , image des fidèles ce les fondions de préteur. Cet em-
qui sont sous sa proteclion , German percur itlFectionnait Germanicus qui
d'après celte idée exécuta ces tableaux, était son petit-neveu, et le mari d'A-
qui se répandirent bientôt dans toute grippinesa pelile-fdle : peu de temps
l'Espagne et l'itabe ; il y mit tant de avant sa mort, il lui donna une grande
grâce et de délicatesse qu'on croyait marque de confiance en le plaçant à la
y reconnaître le pinceau du f^imeux tête de huit légions stationnées sur les
JMurillo. C'est ce qui fil donner à Gcr- bords du Ixhin. Ces forces imposantes,
man le surnom de Peintre de ber- jointes aux secours puissants des al-
gères. Cet artiste mourut à Séville liés et à la faveur publique , rendirent
en 1757. Ses tableaux les plus con- Germanicus un sujet d'inquiétude pour
nus se trouvent dans la même ville, le soupçonneux Tibère, quand cclui-
Dans les dernières années de sa vie, ci fut parvenu à l'empire. La positioa
German avait eu la manie de rembru- du jeune César devint plus critique
iiir tellement ses tableaux avec de encore par les mouvements que la
Vespalte {\), que la confusion qui, nouvelle de la mort d'Auguste causa,
avec le temps , en est résultée dans le dans les armées. La révoile commença
coloris, empêche souvent de recon- par les légions de Pannonie : celles
naître , dans ses ouvrages de cette que commandait Germanicus, étaient
époque, même le sujet qu'ils repré- divisées en deux corps j celui du
sentent. La beauté des poses et l'exac- haut Rhin avait pour chef Silius , et
titude du dessin sont les principales celui du bas Rhin Cécina. C'est dans
qualités qui distinguent le talent de cet ce dernier corps que la sédition éclata
artiste. B — s. avec fureur : l'esprit général d'indis-
GERMANICUS (César) vint au cipline se cachait sous des plaintes,
monde vers l'an de Rome 758. Il était des réclamations, des prelentions ; 1©
fils de Drusus Nero Germanicus , et temps était venu , disait-on , de hâter
d'Antonia la jeune, H est proliable les congés des vétérans , d'augmenter
qu'il naquit à Rome, et qu'il y fut cle- la solde des jeunes soldais , de soula-
vé sous les yeux de sa vertueuse mère, ger la misère de tous, et de les venger
Tibère son oncle l'adopta pour fils, de la cruauté des centurions. Ces lé-
Germanicus fit ses premières armes à gions se flatiaient que leur général ,
»__ trop fier pour obéir, seiettcrait dans
(O-Sorte de t«Kileiirq.iiîerU affaiblir les teintes. IClU'S braS , Ct CntraiCCrait lOUt OVCC
xvw. l\
210 GER
lui. Pendant ce soulèvement trune
partie de son armée , Geimanicus
était absent , occupé dans la Gaule à
percevoir un tribut : à la nouvelle
qu'il en reçoit, il part en diligence; ar-
rive' à son camp , il convoque ses sol-
dats : dans la harangue qu*il leur adres-
se, il rappelle avec éloge les victoires
de Tibère , remportées dans cette mê-
me Germanie avec les mêmes légions;
il leur parle de la fidélité, de la sou-
mission qu'il a trouvées partout pour
Tempercur. Quand il en vient à la sé-
dition , les plaintes, les réclamations
éclatent de tous cotés; en même temps
des acclamations se font entendre en
sa faveur : on lui promet de le porter
à l'empire, s'il y prétend. A ces mots,
qui lui font horreur, Germanicus s'é-
lance de son tribunal, et veut partir.
Les soldats arrêtent leur général, et
lui présentent leurs armes avec me-
naces , s'il ne remonte ; mais lui ,
criant qu'il mourrait plutôt que de
trahir sa foi, tira son épée, et allait
se percer si l'on n'eût arrêté son bras.
Ses amis profitèrent d'un moment de
calme pour l'entraîner dans sa tente.
On y tint conseil : le mal devenait
pressant ; les séditieux préparaient
une députalion au corps d'armée du
Lautlxhin, et se proposaient de sac-
cager la ville des Ubiens (Cologne).
D'un autre coté, l'ennemi instruit de ce
quise passait, menaçaild'unr invasion,
si l'on quittait le boid du fleuve. Tout
balancé, on s'arrêta au pariide sup-
poser une lettre de Tibère , qui ac-
cordaille congéabsolu après vingt ans,
et lavélérance après seize, en restant
sous le drapeau ; on actpiillail le legs
d'Aiisuste, et on le doublait. I^a 'M".
cl la 5'". légion voulurent être payées
sur l'heure: il fallut que leur général
épuisât sa bourse et celle de ses amis
pour les sati.sfiiire. Il se rendit ensuit(>
auprès de^ légions du haut lUiin pour
GER
recevoir leur serment : elles le piêfè-
rent, et eurent part, sans l'avoir de-
mandé, aux mêmes faveurs que les
autres. Germanicus était de retour
vers les troupes qu'il avait calmées ,
quand un incident y fit de nouveau
éclater la révolte. Des députés du sénat
arrivent : aussitôt les soldats se per-
suadent que ces députés viennent ré-
voquer les grâces qu'ils ont extorquées.
Ils accusent Munatius Plancus, chef
de la députation, d'être l'auteur d'un
sénatus- consulte rendu contre eux.
Vers le milieu de la nuit, ils viennent en
foule à la maison de leur général, en en-
foncent la porte, et le forcent à leur
livrer le drapeau : ils courent ensuite
dans les rues, insultent et veulent mas-
sacrer les députés, qui, au premier
bruit, étaient accourus vers Gernia-
nicus. Plancus échappe avec peine à la
mort. Quand le jour eut paru, Germa-
nicus entra dans le camp des mutins :
en leur apprenant le sujet de la dopu-
tation, il leur reprocha, avec l'élo-
quence de la douleur, l'atrocitédc leurs
violations , l'infamie de leurs excès; il
profita d'un instant de calme ou de
stupeur , pour renvoyer les députés
sous une escorte. Dans cette crise ,
tout le monde blâmait Germanicus de
ne point se retirer auprès des troupes
du haut Hhin, où il aurait trouvé de
l'obéissance et du secours contre les
rebelles. On s'étonnait qu'il retînt au
milieu de ces furieux sa femme et sou
fils. {fûj-. Agrippine r*.) 11 balança
long - temps , consentit enfin au dé-
part d'Agrippinc , et l'y décida. Ce dé-
part, les gémissements, les lamenta-
tions des femmes, frappent lesoreilles
et les veux des soldats : ils voient l'é-
pouse de leur général se mettre en
marche sans aucun appareil , sans au-
tre cortège (pic des femmes; ils ap-
prennent (ju'elle se réfugie chez, des
«(rangers. Daus ce moment, la honte,
GER
la pitic , (les souvenirs louchnnts, t.int
do vertus dans A^rippine , tout les
cmctit : ils courent après clic, et arrê-
tent s 1 marciie; nn pins grand nombre
rclouine vers (lernianiens. Ce ^encrai
saisit le moiuenl , ( l les li.irangnc avec
une force et un pathétique qu'il faut
voir dans Tarite. Ce discours opère
une révolution entière : les soldats
s'empressent d'arrêter les plus sédi-
tieux, et se rendent eux-mêmes les
instruments de la justice qui eu est
faite à l'instant par un lieutenant de la
première légion. Gcrmanicusne s'op-
posa point à CCS exécutions. L'ordre
rétabli de ce cote, il restait beaucoup
à faire contre la férocité de la 5'". et
de la 2 r. légion qui étaient en quar-
tier d'hiver à soixante milles de là. C'é-
tait par elles qu'avait commencé la ré-
volte, et que les plus grands excès
avaient été commis; mais, sans effroi
et sans remords, elles persistaient dans
leurs emportements. Gcrmanicus équi-
pa une flotte ^ur le Hhin , et s'avança
contre el'Cs pour les combattre , s'il
y était forcé. Ses troupes étaient dé-
barquées, et tor.t était prêt pour le
chaiiment des rebelles: mais, espérant
qu'ils s'en chargeraient eux mêmes ,
à l'exemple des mires légions , il vou-
lut différer. Il écrivit à Oeina leur
chef, qu'il arrivait nvec des forces
imposantes , et que si les so'dats ne
faisaient eux-mêmes justice des plus
coupables, personne ne serait épar-
gné. Celte lettre communiquée aux of-
ficiers et à la plus saine partie des lé-
gionnaires, le jour fut fixé pour faire
main - basse sur les pervers , obsti-
nés dans leur rébellion. Les soldats
qui étaient dans le secret eurent seuls
la direction du châtiment : le lieute-
nant et les tribuns ne s'en mêlèrent
point. Gcrmanicus, qui s'était éloigné,
arriva peu de tenqis après que l'exécu-
tion eut lieu. Le tableau de son camp
GRR 21 f
lui lira des larmes. liicntot la férocité
des légioiinanes change d'objet : ils
veulent tous marcher à renneFiii pour
expier leur fureur. Gernianicus pr(jfite
de cette ardeur des soldais ; il jellc un
pont sur le Rhin, et h; passe avec i ii
mille hommes fies légiot)s, cent \\u"t
cohortes des alliés, et huit corps de
cavalerie. L'armée romaine fuiliicntôt
nA
en présence fies ennemis sur le terri-
toire des Mars€s; elle les surprit, et
mit tout à feu et à sang dans un espa-
ce de cinquante milles. A la tête d'une
partie de ses troupes , Gcrmanicus
fondit sur les Galles , qui ne l'atten-
daient pas : leur capitale fut brûlée , et
tout leur pays ravagé. Les vainqueurs
eurent ensuite à faire de plus grands
efforts : Arminius , le plus terrible en-
nemi des Romains dans la Germanie^
appelle contre eux toutes les nations
aux armes. Il parvient à soulever
les Chérusques, et toutes les peupla-
des voisines. Dans sa ligue, il entraîne
Inguiomar, son oncle, général distin-
gué. Pour diviser des forces si consi-
dérables , Gcrmanicus envoie Cécina
et d'autres lieutenants avec des trou-
pes se porter sur divers points. Les
Bructères s<)nt mis en fuite, et taillés
en pièces : on pénètre jusqu'aux extré-
mités de leur pays. Près delà , se trou-
vait la forêt de Teutberg , où l'on di-
sait que Varus et ses légion:? étaient
restés sans sépulture. Le général ro-
main éprouva le désir et le besoin
de rendre les derniers devoirs au
chef et aux soldats. Toute son armée
partagea ce pieux sentiment: on péné-
tra dans les profondeurs de la foret,
guidé par quelques témoins du désas-
tre, (jui avaient échappé au carnage
ou aux fers. Toul fut reconnu autant
qu'il pouvait l'être. Enfin, après un
laps de six ans, les ossements de trois
légions furent inhumés par toute l'ar^
mée. Gcrmanicus posa, le premier, du
i4..
2L131 G E R
gazon, sur le tombeau qu'on éleva.
Occupe de son grand objel , il se mit
à la poursuite d'Arminius , qui s'en-
fonçait dans des li^-ux irnpraiicibles ;
il rattt'ii;nit enfin, et fit avancf^r sa
cavalerie pour le chasser d'une plaine
qu'il occupait. Le général enueiui avait
averti les siens de se replier et de
s'approclicr de la forêt : aussitôt il fit
donner le signal de l'attaque à ceux
qu'il y avait embusqués. La vue d'une
nouvelle armée troubla la cavalerie
romaine, qui se renversa sur les co-
Lortes envoyées pour la soutenir, et les
entraîna dans sa fuite. Le desordre de-
"venait général, et ils allaient tous être
poussés dans un marais, quand Ger-
manicus fit avancer les légions en or-
dre de bataille. Ce mouvement intimida
l'ennemi, rendit la confiance aux Ro-
mains, et Ton se retira avec un égal
avantage de part et d'autre. Germani-
cus ayant ramené son armée versTEms,
rembarqua ses légions sur sa flotte.
Comme il avait à cœur de terminerîui-
inêaje la guerre contre les Germains ,
après trois campagnes, il forma la réso-
lution de tenir la mer la campagne sui-
vante; il y devait trouver une route fa-
cile pour les siens et inconnue àTeu-
ncmi ; il embarquait ses convois avec
ses légions et sa cavalerie , et, en re-
montant par les fleuves , ses troupes
arrivaient toutes fraîches au centre
de la Germanie. En conséquence ,
Gécina et d'autres lieutenants furent
préposés à la construction des vais-
seaux. : mille parurent sufiisants. L'île
des Jiatavrs fut assignée pour le ren-
dez-vous de la flotte: (juand elle lut
arrivée, Germanicus y distribua ses
légions et les alliés, et entra dans lo
canal de l)rusus,d'oùil gagna l'Océan
par les lacs. 11 arriva ainsi à l'embou-
chure de l'Ems : l'armée traversa ce
lleuve, et prit ses campetnenls. Le V<>
ler cuuluil untiv les Romain» et les
GER
Chérusques. Germanicus l'ayant pass^
apprit qu'Armiuius avait choisi un
lieu pour combattre , et qu'on tente-
rait la nuit d'attaquer son camp. Se
voyant ainsi à li veille d'un engage-
ment décisif, il voulut connaître par
lui-même les dispositions de ses sol-
dats , et les entendre s'exprimer libre-
ment. La nuit venue , prenant des
routes détournées , enveloppé d'une
peau de bête et suivi d'un seul homme,
il traverse les rues du camp, et s'ar-
rête à chaque tente : il jouit des élo-
ges qu'on fait de lui. L'un exaltait sa
naissance , l'autre sa bonne mine, la
])lupart sa patience , son affabilité,
l'égalité de son caractère; tons se pro-
mettaient de lui marquer leur recon-
naissance sur le champ de batail-
le, en immolant les perfides infrac-
teurs de la paix à sa vengeance et à
sa gloire. Les deux armées enflammées
par les harangues de leurs chefs , et
brillant de combattre , descendent
dans la plaine d'idistavisus ( f^, Ar-
MiNius), entre le Véser et des colli-
nes : derrière s'élevait une forêt. La
ligne de bataille des barbares occup.iit
la plaine et l'entrée de la forêt ; les
Chérusques se portèrent sur les hau-
teurs, à dessein de tomber sur les Ro-
mains pendant le comba». Germanicus
fit marcher son armée dans l'ordre
suivant: les auxiliaires gaulois et ger-
mains étaient à la tête, suivis des ar-
chers; puis quatre légions; venait en-
suite le ccnéral avec deux cohortes
prétoriennes et l'élite delà cavalerie;
après lui(|natre autres légions , eidm
les lr()Uj)es légères et le reste des al-
liés, (irermaniciis s'apcrcevant que I in-
fanterie des Chérusques s'était jetée
en avant par un excès d'audace, doniiiî
ordre à sa meilleure cavalerie de la
prerulre «n flanc , et à l'un de seslieu-
tcnantN de lei tourner et de les atta-
quer à dos avec le reste des escadrons:
îl jnoinrl <lc les joutrnir a propos.
(>t pciul.uil linil :i\ç}cs se l'oiil voir pic-
li's h ciilrci" tlcJiis i.i forèlj ce biill.int
.Tiii;iiio attire raltoiilion du général
lom.Mii ; il cri" do niarclior ,(]e suivre
CCS oi>t\uix. de Rome, ces dieux des
levions. Aussiicil l'mlanlcrie ei)ga{:;ea
r.u'liun,cii iiit'inc Icmps que la cava-
Jeric .se porla sur les lianes elles der-
rières de l'cnncnii. Ses dctix ailes fu-
rent mises en déroute; IcsChcrusiiues,
qui étaient postés entre ces deux corps
sur des liaïUeurs, en lurent délogés:
au milieu d'eux on distinguait Arnii-
* iiius, qui de la main et de la voix s'ef-
forçait de soutenir le combat. 11 s'ét iit
jeté sur les archers romains , et les
aurait rompus, s'ils n'eussent été pro-
tégés par les cohortes desRhctes, des
Vindeliciens et des Gaulois. Malgré
ces obstacles, il se fit jour par ses ef-
forls et ceux de son cheval , s'élant
couvert le visage de son sang pour
n'èlre pas reconnu. Inguiomar se sau-
va de même. Le carnage que les Ro-
mains firent des ennemis, dura depuis
ï'.cuf heures du matin jusqu'à la nuit.
Un monument de cette victoire fut
élevé, avec un trophée où l'on inscri-
vit le nom des nations vaincues. La
vue de ce monument outra les Ger-
mains de douleur et de rage , plus que
n'avait fait tout le nsle. Bientôt ils
ne parlent que de combals ; ils courent
aux armes, harcèlent les Romains par
des incursions subites, et enfin choi-
sissent un champ de bataille. C'était
un lieu fermé par le fleuve et par des
bois : dans l'intérieur , une plaine
étroite et humide ; un marais profond
cnîoinait la forêt de tous côtés, hors
un seul où les Angrivariens avaient
élevé une large chaussée pour se fai-
re une barrière. Ce fut là que se
posta l'infanterie ennemie; la cava-
lerie se cacha dans des bois voisins.
Gtrcianicus n'ignora rien de ces dispo-
.«citions; il se chargra de l'infinterie et
tie la lorèt, se réservant l'atlafjue de
la chaussée comme la chose la plus
dilllcile. Ses soldats se trouvaient
dans une mauvaise position , ('tant
comme au pied d'iiu mur, en butte
à tous les traits qui leur étaient lancés
d'en haut. Le général romain sentit
que le conibat de près était inégal :
il fit retirer un peu ses légions, et
fit avancer les frondeurs et les ma-
chines qui , à force de traits, balayè-
rent le rempart : il fut bientôt forcé.
Germanicus se jeta le premier dans la
forêt avec les cohortes prétoriennes.
Là on se battit corps à corps. L'en-
nemi avait à dos le marais; les Ro-
mains étaient enfermés par le fleuve
ou les montagnes. 11 n'y avait, pour
les deux partis, de salut que dans ia
victoire. Les Germains, dit Tacite,
n'étaient pas inférieurs aux Romains
eu courage; mais la nature du combat
et des armes leur donnait du désa-
vantage. Ils furent forcés de céder.
Arminius lui-même, comme s'il eût
été rel)nlé de la continuité du péril,
ou alTaibli par sa dernière blessure,
se retira. Inguiomar, au contraire,
volait de rang en rang. Germanicus,
pour être mieux reconnu, avait oté
son casque : il criait à ses soldats de
s'acharner au carnage; de ne point
faire de prisonniers; que la guerre
ne pouvait finir c[ue par l'extermina-
tion de l'ennemi. Ses légions se bai-
gnèrent jusqu'à la nuit clans le sang.
Le général romain, après avoir don-
né des éloges publics aux vainqueurs,
fit dresser un trophée avec cette ins-
cription: U Armée de Tibère Cé-
sar y victorieuse des nations entre
VElbe et le Rhin, a consacré ce mo-
nument à Mars, à Jupiter et à Au-
guste. On voit que Germanicus ne
disait rien de lui. L'été s'avançanl, il
renvoya une partie des légions par
2i4 GER
terre dans leurs quartiers d'hiver , et
embarqua le reste sur sa fluttf pour
regagner , par l'Eras , l'Océan. Etie y
fut bientôt assaillie par une horrible
tempête, emportée et dispersée en
pleine mer. Une partie des vaisseaux
fui engloutie; un plus grand nombre
fut jeté sur des îles éloignées. La tri-
rème de Germanicus aborda seule au
Î)ays des Gauques. On le voyait courir
e jour et la nuit sur les rochrrs et
les promontoires , s'écrianl quil était
coupable d'une si grande calamité.
Ses amis cnreiil de l.i peine à l'empê-
cher de se précipiter dans la mer.
IjC bruit de ce désastre redonna de
l'espoir aux Germains; mais Ger-
manicus n'en lit que p'us d'ilForts
contre eux. Il envoya Silius contre les
Cattes, avec trente miih hommes de
pied et trois raille chevaux. Il mar(ha
lui-même avec de plus graudcj» forces
contre les Marses. 11 eut le bonheur
de recouvrer encore une des aigles
de Varus. Animé j'ar ces succès , il
pénétra dans l'intérieur du pays, et
y porta la dévastation Hieu ne put
tenir devant lui : la consternation
L'iait générale chez l'ennemi , qui pa-
raissait disposé à demander la paix;
une autre campagne aurait sufli pour
terminer celte importante guerre.
Tibère ne v<'u'ul pas laisser cette
gloire à Germanicus, qui la sollieilail;
jiiais il chercha à le dédommager p.ir
III) second con<;iilat. Le héros céda
aux défiances ou à l'envie. Un arc de
tiioiiiphe lut élevé en nïémoiie de ce
qu'il av.iil recouvré les aigles perdues
par Varus. H triompha des (ïhérus-
qucs, des Catles et des autres nations
qui habitaient entre le Khin et l'I^lbe.
kScs cin(( enfints l'accompagnaient
dans son char. I/enipdc iir trouva ,
ilans des mouvements (préproiivaient
alors les ro}aum(S (h; l'Oiieiil et les
piovinces de l'Asie, un prétexte hu-
GER
norable pour éloigner Germanicus :
il no voyait que lui qui, par sa sa-
gesse , pût calmer ces troubles : en
conséquence, un décret du sénat lui
déféra le gouvernement de toutes les
provinces au-delà de la mer, avec
une autorité supérieure à celle de
tous leurs commandints. Tibèir avait
retiré de la Syrie Silanus , qui en
était gouvernrui , et lui avait substitué
Pison , homme d'un caiartèie violent
et inca|)able d'égards , dont l'orgueil
était exalté par la naissance et le
crédit de Plancine , sa femme. Ce
nouveau commandant croyait bien
qu'on l'avait envoyé en Syrie pour
réprimer ra-'<ctndant de Germanicus.
Il était certain que Livie avait re-
commandé à Plancine de fatiguer
Agrippiiie par des rivalités de femme.
G( riiiaiiieus , dans son voyage pour
se rendre en Orient, vint à Athènes;
et , par égard pour cette ville célèbre ,
alliée de Rome, il y parut av( c un
seul licteur (il était alors consul). L s
Grecs le reçurent avec les honneurs
les j)lu5 recherchés. De là , gagnant
l'Eubée , il traversa Le.vbos, visita
une partie de la Thracc , et pénétra
par la Propontide jusqu'à l'eiubou-
chure dcrEuxin,eurieiixde connaître
les lieux intéressants par leurantiquilé
et leur renommée. Lis ruines d'ilion
a'iirèrent à leur tour ses regards. Ce
fut des son séjour à Athènes que Pi-
son, qui était, pour ainsi dire, à la
poursuite du consul, commença à
exécuter son projet de l'insulter. A
6on occasion , il prodigua aux Athé-
niens les outrages et les reproches
les plus sanglants. Accélérant ensuite
sa navigation à travers les Cycl.ules,
il atteignit Germanicus à Uhodes.
Gelui-ei n'ign-uait pas à «pnihs per-
sécutions il était réservé ; mais il
nuHait tant de douceur dans ses pro-
cédés , <pie voyant une Icmpêlc qui
G R K
cmpoitill Pisoii contre des rochers ,
il envoya des vaisseanx h son scconrs
cl sauva ainsi son ennemi, l'ison n'eu
fut pas adonei : dès le lendemain il
<iulila et devança (iermanicus. Arrive
en Syrie , il s'attacha à p;agner l'ai mëe
j>ar tous les moyens de corruption :
il |)<irvint à s'en faire appeler le ])crc
(Its légions, Planeiuc, de son côte,
s'emportait en invectives contre Agrip-
pineet Germanicus. Ce dernier savait
tout; mais l'Armcnic lui parut deman-
der SCS premiers soins. Elle n'avait pas
alors de roi : les vœux de la nation
appelaient au trône Zenon , fils du
roi de Pont. Germanicus s'y rendit ,
et courouna de sa main Zenon dans
la ville d'Artaxate. Les royaumes de
Gappadoce et de Com-igcne , devenus
provinces romaines, eurent des Pio-
mains pour commandants. La salis-
i'aclion que pouvait goiucr Germani-
cus , e'iait troublée par les chagrins que
lui donnait l'orgueil de Pison, qui, ayant
reçu l'ordre de conduire lui-même,
en Arménie, ou d'y fiire conduire,
par son ÇiUy une partie des légions,
lie l'avait pas exécuté. Ils se rencon-
trèrent à Cirrhe. Pison affectait de ne
point craindie, et Germanicus de ne
point menacer : celui-ci était doux;
mais ses amis aigrissaient ses res-
sentiments. Enfin , ils eurent une
explication en piésence de quel-
ques personnes. Germanicus com-
jiicnça : Pison répondit. Ou vit, dit
Tacite , dans l'un ce que produit la
colère qui dissimule, et dans l'autre
l'arrogance qui s'excuse. Ils se quit-
tèrent avec une haine concentrée.
l^e dépit de Pison éclata un jour
dans un festin que leur donnait le
joi des ^'abathéens. Des couronnes
d'or furent offertes aux convives :
celles de Germanicus et d'A^rippine
étaient d'un grand poids ; celles de Pi-
îou et des autres convives, assez légè«
r.ER ii5
res. Pison se permit de dire que ce fes-
tinétait donné au fils du premier des
lU)mains , m lis non pas au fils du
roi des Partlics; et en même temps il
jela sa couronne. Gennanicus dé-
vorait ces outr.iges. Quelque temps
après il fit un voyage en Egypte
pour en visiter les aiitiq'iiiés , et se
rendit agréable à la multitude en
marchant sans gardes, avec la chaus-
sure et l'habit grecs. A son retour,
il trouva abolis ou changés les règle-
ments qu'il avait faits relativement
aux villes et aux légions. Il se ré-
pandit en reproches contre Pison ,
qui s'en vengea , en lui donnant de
nouvelles mortifications. Vers ce
temps, Germanicus tomba malade à
Anti(>che. Il était à peine rétabli , qu'il
éprouva une rechute. La persuasion
que Pison l'avait empoisonné ajoutait
à la violence de son mal. Des émis-
saiics semblaient ne venir que pour
en épier les pi ogres. Germanicus était
en proie aux ressentiments et aux
alarmes. 11 écrivit à Pison qu'il rom-
pait avec lui. Pi>on ne b liança plus ,
et se mit en devoir de quitter la
Syrie. Germanicus eut encore une
lueur d'( spéiancc ; mais bientôt un
affaissement tola! l'avertit que sa fin
approchait. Alors il s'adressa à ses
amis qui l'entouraient, et leur fit un
discouis qu'il faut lire dans Tacite,
si l'on ne craint p.iS d'être attendri. II
y dénonce Pl.mcine et Pison comme
ses empoisonneurs, et demande ven-
geance de leur crime. Il adressa en-
suite quelques mots à sa femme
[ Foj. Agrippine P' ■^ ) ; et peu de
temps après, il expira, à l'âge de
trente-quatre ans, l'an ig de J. C.
La mort prématurée de ce héros
causa, dans la province et chez les
])( uples voisuis , un deuil universel.
Les nations étrangères, les rois pleu-
rèrent ce grand homrne, si affable
2i6 GER
poiu- les allies, si doux poiu' les en-
ueinis, dont l'aspect et les discours
imprimaient également la vénération.
C'est le portrait qu'en fait Tacile.
Avant de brûler le corps de Gerraa-
uicus, on l'exposa im dans \c forum
d'Antioche, lieu destine à sa sépul-
ture. 11 ne fut pas constant qu'il portât
des traces de poison. Agrippine re-
cueillit les cendres de son mari , et
s'embarqua avec ces tristes restes. A la
nouvelle que Gcrmanicus avait cessé
d'exister, il n'y eut point de douleur
comme celle qui se fil sentir à Rotue.
Pour la soulager et y donner le chan-
ge, on invci.ta de nouveaux lionneurs
]>our èfredcccrnésà sa mémoire. Il lut
décrété que le nom de Germaniais se-
jait chanté dans les liyrunes des Sa-
lmis ;(\ui\ y auvaillouyn'.vs a\\\s\)ccla-
clés sa chaire curule, à la place réser-
vée aux prêtres d'Auguste, et qu'au-
dessus de celte chaire on [)laceraitdes
couronnes de chêne; qu'à l'ouverture
des jeux du cirque, on promènerait
^a statue en ivoire ; que les flamines ou
les augures qui lui suceéder.iienl, ne
seraient jamais pris (|ue dans lam.iisou
des Jules. Ou lui éleva un tombeau
;i Aulioche, et de nouveaux arcs de
triomphe à Rome, au bord du Rhin,
il sur le mont Amanus en Syrie ,
.'ivrc tme inscription qui rappelait ses
«•xploits , et portail qu'il était mort
1>o.ir la rcpublifpie. Les restes do
Ocrmanicus turent déposés dans le
îombe.iu d'Auguste : mais la pompe
«le .Hfs fiiuérailles ne répondit pas au
deuil et aux iiounturs publics. J,<'s
images de ses aicux n'y furent point
])orlées : la sienne ne ("ut point [>l,ieée
au-devant du lit funéraire; on ne pro-
nonça point de vers , ni d'éloges funè-
bres, libère avait supprimé pour lui
ce qui avait été, de lout tenq)S, ob-
servé aux o!)sè(jucs des grands. Ger-
tnai:icus laissa ^ix cuf.ints de suu
GER
mariage avec Agtippine ; il en avait
eu neuf: le plus connu est le trop fa-
meux Caligula. Quoique Germanicus
soit mort si jeune, et qu'il ait été long-
temps à la tête des armées, il avait
composé plusieurs ouvrages , ^fruits
des loisirs d'un esprit cultivé. Dans
sa première jeunesse , et p.endant son
premier consulat , il s'était exercé à
la plaidoirie. Suétone parle de comé-
dies qu'il avait composées en grec ,
et Pline d'un poème à la louange d'un
cheval à qui Auguste avait élevé uu
tombeau. Ovide , qiu avait dédié ses
Fastes à Grmanicus , loue son élo-
quence cl ses vers. !l ne nous reste des
ouvrages de Germanicus que la tra-
duction en vers des Phénomènes d'A-
ratus , et quelques ép'grimmcs: on les
trouve dans le recueil intitulé , Car-
mina fnrniliœ Cœsareœ, Cobourg,
i-jiS, petit in-8". La vie de Germa-
nicus a été écrite par de Beaufort,
Leyde, 174', petit in-8'. Germani-
cus est le héros et le titre de trois
tragédies, [f^oy. Boursault , ("olo-
rïiA, Pradon.) Q. R — Y.
GEUMON ;BAr.TfiÉLEMi), jésuite,
né à Orléans en iGC)5, entra dans la
compagnie de Jésus à l'âge de dix-sept
ans, et y fit d'excellentes élude.»; il
écrivait eu latin avec pureté et même
avec élégance : il cultiva aussi le
champ de rërudition, et y accpiit des
connaissances fort étendues. On lui
a reproché d'être parfois léger dans
ce qu'il avance , et d'ériger eu prin-
cipes C(* (jinl eût fallu commencer
par prouver. Son style est poli, sa
dictiuii séduisante, et il met dans la
discussion la décence et les méntge-
meuts convenables. 11 se rendit célè-
bre par une dispute avec les béné-
dietius de St.-lMaur au sujet de U
Vifdomalique de dom INIabillon. 11
y avait vingt ans que ce mémoriblp
ouvrage avait paru; et sa réputatiou
srn)l^l;»*a .'ifl'irmio , liUMpio le P. (icr-
inori cssay.i de r.»lf ujimt.II \)u\)\u\ suc-
cos>ivciuriit pliisirurs disscrlalioiis , où
il piriciul.iif (jiic l( s (.lij)loin<s sur l'^s-
qucls (loin IM.ibillon aj»j)iiy<iit les il-
ç;l<s(jnjl .ivail luceVs, irc'laiciit j^oint
à r.j|)ri du reproche de supposition,
et (jii'cn eonsev|ueiice ne perlant que
sur un fondement incertain , elles ne
iiu'rilaicnt aucnueconfianre. D. MabiU
Ion ne crut pas devoir repondre à cdle
agression , non qu'il craignît son ad-
versaire, et moins encore qu'il le mé-
prisât , mais j)arcc qu'd haïssait les
di>j)ules, et qu'il ne les croyait bonnes
à rien ; cependant comme il avait
un supplément à sa Diplomatique ,
prêt à être mis sous presse, il pro-
fita de l'occasion pour donner une
liGuvclic force et plus de développe-
ment à ses preuves, et il répondit
aux objections du P. Germon sans le
îioinmcr. Celui-ci ayant continue l'at-
taque, Mabillon se tut; mais dom
Cousfant , son confrère, contre le-
quel le jésuite avait aussi dirigé quel-
ques traits, entra en lice, et dom
Kuinart, élève de Mabillon, se joi-
gnit à lui. Les savants prirent parti
pour et contre. Le P. Germon eut
pour lui Gilles Raguet, ou du moins
l'auteur d'un ouvrage qui lui est attri-
bué. îMais la Diplomatique bénédictine
réunit les sulïrages les plus impo-
sants, ceux de l'abbé Fontanini , pro-
fesseur d'éloquence à Ixome , de l'abbé
La/aririi, de Gialti, jurisconsulte de
Plaisance, et même du P. Papebrock,
jésuite (i), quoique dom Mabillon i'cût
(i ) Si Ton en croit une note insérée dans la Bi~
bliollicque hisloriijue et critique de dom f^ecerf ,
ce ne serait pas, suivant lî^ivic , l'inlérél de la
science qui aurait mis .<u P. Germon la plume à la
main contre !•• Diploiiialiqiie ,inais une vengeance
Je laSiicieté , oflcnsé»- de ce que dom Mabillon y
avait réfuté le*l'. l'aj^ehroek , mi de ses membres.
Si cela étiiit , l'.'i]ieb.' .1 k du mniiis naurnit point
partiii;i' ce ressenlim .1; il remercia au contraire
dom Mabillon d'av.nr si bien écrit sur cetle ma-
ticr« , el l'autorisa à publier qu'il éuil euUère-
G EH 'il 7
réfuté dans ce livre même , rir. La
plume du P. Germon, faite pour le
genre polémi(ju(',|)iivée d'alinnnt par
la (in de cette discussion, chercha à
s'exercer sur d'autres m.iticrcs. C'était
le temps où les questions sur la grâce
agitaient les espiits. Germon atta-
qua l'Histoire de la congrégation de
aiixiliis du P. Serry , dominicain
français et professeur de théologie à
Padoue. Le religieux défendit vigou-
reusement son ouvrage ; et cette nou-
velle lutte donna heu à plusieurs écrits
de part et d'antre. Le P. Germon mou-
rut à Oiléans, le i octobre 1718. Les
ouviages qu'il a laissés , sont: I. De
veterihus regum Francorum diplo-
inalibus dissertatio , Paris, i7o5,
in- 1 '2 , adressée à dom Mabillon. Celte
dissertation fut suivie de deux autres ,
en i^oGet 1707. lien publia même
une quatrième. Dom Mabillon avait ré-
pondu à la première dans son Supplé-
ment. Dom Constant répondit aux au-
tres par deux écrits intitulés, l'un Fia-
diciœ mamiscrijAorum codicum , et
l'autre Findiciœ confirinatœ. ( Voy.
CousTANT.) Biaise Garofalo prit au>si
la défense de Mabillon , par l'ouvrage
suivant , qui parut sous le nom de
Scipio Maranta Messanensis : Ex-
■jjostidatio in B. Germonium pro an-
i'ufuis diplomatibus et codd. mss. ,
Messine , 1 7 08, in-8°.Pour toutecette
querelle on peut consulter VBistoire
des contestations sur la Diplomati-
^?/d (attribué à l'abbé Raguet), Paris ,
1708, in-ri.; Naples , 1767, in-8'.
II. Lettres et Questions importantes
sur V Histoire des congrégations de
AUXiLiis. Le P. Serry, contre lequel
ces lettres étaient dirigées , y répondit
par un gros volume in- 1 a. Germon
répliqua par I'Errata de V Histoire
ment de son avis : Tu porto aiith/cier iestare
qnàin lotiit inliinin sentenliatn ix'crini. Exemple
rrinari|ualj!e et trop r.ire de l'amour du vrai l Kiu-
porlaut sur les suggestion* de l'^mour-proprei
2iS GER
des congrégations, elc, , et s'attira de
la pai l de son adversaire un nouveau
pamphlet, sous le litre du Correc-
teur corrigée ; eVriis qui soil aujour-
d'hui de !rès peu d'iutéièt. III. Traité
théologiqiie sur les cent une proposi-
tions énoncées dans la bulle Unige-
nitua ; ouvrage adopte par le canli/tal
de Bissy, et qu'il publia sous son nom.
L— Y.
GFRMOiNDAde Montpellier, roj.
Figuier.
GERMONIOf Anastase), arehe-
Tcque de T.nciitaivc, habile canoniste
et jurisconsulte, né à Sala au mois de
mars î55i, (lait issu de l'ancienne
et noble f.uuille de Ceva en Piémont.
11 quitta entièrement ses études, à
treize ans, pour se livrer aux dissipa-
tions de son â^'c- mais il les rcpiii
neuf ans après, et avec une telle ar-
deur, qu'il eut bientôt réparc le temps
perdu (i). Apres avoir suivi les cours
de i'uiuversité de Turin , qui comp-
tait alors , parmi ses j rofcsseurs, Jean
Manuce et Pancirole, il se ren.lit à
Padoue, où d étudia plu^ieui s années
sous Méiiochius. De retour à Turin ,
il reçut le laurier doctoral de la main
de Panciiole; et ayant embrassé
Tétai ecclésiastique, il lut ch irgé d'ex-
pliquer le dioit canon. I.a réputation
dont il jouissait déjà, attira à ses le-
çons un gr.ind nombre d'aiMhteurs , et
lui mérita des distinctions flatteuses.
Lorsque Jérôme <le la I\ov(ti', aiche-
véque de Turin, fut élevé aii cardi-
(l) C'rtl l'uiii'irolc qui rap|>(>rt« ccll«? nnrtii'ul.i>
fil(i vraiintut rriiiar'|tiililr , «-l • omiiir il «v^iil «mi
<»cmi()ni<> pï>«r lilrvp, il m t\lr toiilr confinnce à
•■••l r^.iril. <)ri>riiiluiit 'lirabnichi tilr un liciuiil
«]r ptii'girt latinrt , iniprimi: ii Turin rn ir»") ,o U
ilii (liii|ucl nit lit i|uv 1rs |iii-cri ri>iii|iriii'« <luni ce
Miliimi: ont rUi ('iiiii|io'u^i-i en ii.irtir purRod. et i ii
)i.if\tr y,,T Aiiiitt.ise (f rrinoiiiK , a l'â^r dt- viiiKl
iiu»; cl il 011 c'tiiriiil i|iir l'.iiiriiolc a t-ii ti>rt de
«lire «|ur Garnionio n'nvait reprit if» «'•tiidru qu'A
i.M^I-di'MX ans Ci'pnuhini on ponmiil «'iU:r d'iiii-
lit'S r «rmpli's lie j>-iiiuvt ^rn« qui, nuiii suivre ili-s
•;oiiri rr(;ii|irii , siiiis fmrn u pronrrincnt piriir
dVludt'i , t:t;iicnt Jours d'uvirt ilVipiil naturel
|iour co?n|ioicr (]ucliiuei iittilr» piccrs Uc vtr».
GER
ralatjGermonio l'accompagna à Rome,
où il reçut lia souveniu pontife un
accueil très l'avorab'e. Il fut nommé
référendaire des deux signatures, et
protonotciiie apostolique. Innocent IX
l'autorisa à coutmuer le Recueil des
Dc'CjéîH'es , et à en éclaircir les passâ-
tes dî/îiciles par des notes. Le duc
dXrbin le choi.vit pour son orateur
près la cour romaine ; et ii s'acquitta
de cet emploi avec tant de | rudence ,
qu'il se concilia l'estime de ce prince,
sans rien perdre de la f;ivcur que lui
accordait U pape. Le duc Charles Éma-
nuel l'ayant rajqîelé en Piémont, quel-
que temps après, lui donna une j)lace
dans l'admini-stralion , et en récon-
naissance de ses ser\ices le nomma ,
eu i()o8, à rarch<'vêrhé de Taren-
taise. U (il réparer et agr;ii.djr le pa-
lais .'irchié|)iscopal , fit adeqiter le
bréviaire lomaiu dans son diocèse,
et ol>ti;it pour ses chan<'ines le privi-
lège de porter le camail violet. Ger-
motiio s'occupait de choses p'us im-
portantes pour son église , lorsqu'il
fut envoyé en ami a^sade , par son
souverain, près de Philippe II. Il
mourut à Madrid le 4 'i^^iil '627, et
fut iidjumé dans le monastère des
hiéntnvniiles. Pcjncirolf, Antoine Fa-
vre , et le P. Posseviu ont parlé de
Germonio avtc eluge. Alphonse Cha-
con !e nomnwà lurl Cermanus; m:\is
les continuateurs de Moréri ont e^om-
mis une f.uile plus grande en lui don-
nant deux artitles , l'un, sous le nom
d'A'hanase Gentioin, <t l'autre, sous
(eltii d'Anastast; Germon. On a dû
signaler cette <'ireur , paice qu'elle a
été rép('te'e m j>arlie dans le Diction-
naire unii'erstl\ et (pi'elle pourrait
leire encore parla suite. On connaît
de ce jurisconsulte:!. Ponuridianm
yessioncft in quibus ïatuuv lini^ihc
dignitas defcnditur, lurin, i.OHo,
in-4 '. Il y kuulicnl la supérioiilc du
G Eli 210
faire enlever l'imporfnnte forfrrrssc fie
Cronemboig mi\ Sicdois, qiii.sVn
clairnl riTi|>arcs: m i^ il fut pris, elmis
en |)ri.son. P< ndant pliih de trois mois,
il luf cliMr^c, aux mains et aux pieds,
déchaînes pesantes, et, prndanl six
lienies, on le mit à la question pour
lui ariacLer de>^ aveux. Son procès
ayant ë(e instruit , il fut condamne à
être décapite : mais le roi de Dane-
mark fit des leprësentations en sa
faveur , et les Suédois se contentèrent
de lui faire payer une forte rançon.
Li paix ayant cte' conclue en 1660 ,
Gerner reprit ses fonctions 5 et, en
](5()5,il (ut nommé e'vcque de Wi-
bor^:; eu Jutland. Il mourut, en 1 700,
cloulTc par un morceau de viande
qu*il ne put parvenir à avaler. On
voit encore dans r(:c;'ise de B'icherod
les cliaîncs dont il avait e'ic chargé
dans sa prison. On a de lui divers ou-
vrages, dont nous ciltrons les sui-
vants : i. Traduclion d'Hésiode en
vers danois y Copenhague, iC'jo.
II. Ortographia danica ^ en danois,
avec une instruction siîr la manière
de prononcer l'ai glais , Copenhague,
1679. III. Epitome philologice da-
nicœ, en danois, ihid.. 1(^9^. — Un
de ses petits fiis, Henii Gerner s'at-
ta( ha à la C( ramunauté des H' rnhu-
t(s , et ])ub!ia , en langue danoise, à
Coprnliagne, en 1 77*2, une Belaticn
de sa ve avec des renseignements
sur les Frères évanf^éliques. — Cer-
ner (Henri), marin et très habile cons-
tructeur de vaisseaux, était arrière-pe-
tit-fiis de Tévêque de Wiboig. Né à
Copenhague en l'jLyi, il scjonina en
Angleterre, en Hollande et en France,
pour y étudier i'aichilectuic navale.
Apres avoir passe par les grades in-
férieurs de la marine , il fut chargé de
diriger les constructions navales dans
le grand chantier de la flotte à Copen-
hojîimcbardi cl entreprenant, pour bague j et, eu 1781 ^ il obliut le
GER
latin sur l'italien , la seule des lan-
gu(s modernes qiu fut alors fixée par
des cliefs-d'œuvre dans ])lus d'un
genre. 11. .hiiinadversiontun lain ex
jure pontificio quàni arsareo ,libri
duo ,\h\à. i.'jSC), in loi. lîl. Hara-
tilla in Ubros quinqtic Decretnlium. ,
ibid., I fjcSG, in fo!. J V^. Dcsacrorum
iinuiunitaiibus lihri très , necnon
de induhis aposlolicis , Kome, «597,
in- fol. V. Asserlio liherUdis , iininu-
nitatisque ecclesiasticœ , ib:d., 1 607 ,
in-4". L'ntiteur y défend les droits ou
bs prétentions de la cour de Rome
contre la république de Venise, et
Paul V le récompensa en le nommant
vicaire de la basilique de Sainte Ma-
rie-Majeure. VI. Ve legatis princi-
pum et populorum , lihri ires y ibid. ,
1(527 , in-4". Germonio a publié lui-
même une édition où ces ouVra^es
sont réunis, Rome, xiri"^ , in-fol.
WX.Acta école siœ Tnrentasiejuis ,
in-4". , Rome, 1620; in-4". , Lyon,
1097. ^^ ^^"' ^^'^ actes du synode
qu'il tint àMoûliers, le 5 mars 161 9.
\111. Epislolarum pastoralium ad
clerum et populuin Tar entasienseniy
libritres , Rome, i()'20, in-4". ^^^'
mi les ouvrages qu'il a l.iis'-és manus-
ciits, on trouvait une correspondance
intéressante avec S. François de Sahs,
les Mémoires des négociations qui lui
avaient été confiées ,et ceux de sa pro-
pre vie, De rébus ÂnaslasiiGermo -
nii , s eu de ipmi'i vitd. W — s.
GER^'ER ( Henri ), évèque de
Wiborgen Danemarck , naquit à Co-
penhague en 1629 , et fit ses éludes
en Hollande et en Angleterre. Revenu
dans son pays , il obtint une place de
pasteur à Direherod en Séîande.
Pendant la guerre de 1657, entre le
Danemark et la Siède, son presby-
tère fut pillé six foii. Ayant pris la
fuite, il s'entendit avec Ster.winkel,
250 GER
litre de commandeur de la marine.
Plus de cent vaisseaux, de diverses
grandeurs , ont été construits d'après
SCS dessins. lia invente, déplus, des
macbiiies propres à plusieurs usages
économiques. La société royale des
sciences de Copenhngue lui décerna
le prix pour ut) Mcmtirc sur la meil-
leure manière de nettoyer les bassins
d'eau douce, cl l'aditiit parmi ses
jutmbres. J.a société économique cou-
ronna un autre Mémoire de Gerner,
destiné à faire connaître unemélliodc
nouvelle de sécher les grains. Dans ses
henrcs de loisir , il composa en da-
nois un Recueil poétique, ayant pour
litre, Chants pour Vamusemfiiit des
marins danois y Copenhague, i-jBo:
ce lîecued a été tiaduit en allemand
]»ar le professeur Christiani, de Kiel, et
imprimé à Dcssau en l'j'èiL. La mort
du commandeur Gerner, arrivée vers
la fin du dernier siècle , fut un deuil
public; et ou lui lit les obsèques les
plus distinguées , pour payer un tri-
but solennel à ses vertus et à ses ta-
lents. C AU.
GERNLER (Jean-Henri), né à
Bàle en 1727, y mourut en 17G/1. Il
se distingua par ses connaissances
dons riiisloirc et dans la Jiittéralurc
anciennes. Eu 1 754, il ol.lml la chaire
cl'hisloire à l'univcisilé de sa pairie.
Jl a publié diirérentcs dissertations :
hi'^œ hisloriconun ^rivcoriim llero-
doli ntque T/uicidjdJs-, i ^,\ >. ; — De
diJjlcitUalil)U\ Umlii lin^^uœ ç^rœcœ
Iti'undis, I 7'i'j , etc. L — l.
(iE^^^)l)OUE (.Iian), mctlrein, né
ou rommeiiccment du xvi^ siècle, est
regardé à jusle lilie conjnic un des
restaurateurs de la chirurgie en Alle-
magne. H a, le [)reriii(;r, trace des pré-
ceptes judicieux , il publié dos docii-
nieiits exatls surla chirurgie militaire.
J. 'ouvrage allemand, Fcldhuch dcr
ff" iindarzncy , qu'on lui doit, impri-
GER
me à Strasbourg en 1 5 1 7 , in-fol. , fig.
en bois; réimprimé à Francfort sur
le INÏein, i526,in-4°'» i54o,in-4°. ,
i55i, iii-fo!., fig., ibid., i598,in-4°.,
a paru en latin sous le titre suivant :
Ve chirurgid et corporis humani
«n^fomm, Strasbourg, i54.i ,iti-fol.;
Francfort, i55i ,in-8'. Il a été tia-
duit en hollandais, Amsterdam, i^qS,
ibid., 1622, in-4". jfig. Quoique en
grande partie calqué, an rapport d'E-
lov, sur la chirurjrie de Guv de Chau-
liac, ce livre est précieux sons le rap-
port de l'histoire de l'art, par les dé-
tails curieux qu'on y trouve sur diffé-
rents poirits de doctrine chirurgicale.
C'est ainsi que dans l'amputation il coh-
seiilede ramener la peau sur le moi-
gnon, de l'y retenir au 'moyeu d'un
bandage serré, et de recouvi ir la place
d'une vessie. Les objets de médecine
que l'auteur a traités dans cet ouvrage,
ne sont pas moins dignes d'attention ; il
y parle cntreautres des maladies de la
p( au ; l'on y trouve surtout des don-
nées positives ( t fort exactes sur la
lèpre en parlicniier. Ch — t.
GEBSUORF ( Adolphe-Tr AUGOTT
DF, ), laborieux physicien et natura-
liste, né à Rcngcrsdorfdans la Haule-
Lusace le 20 mars 17/14 » cultiva
j)ar goût les sciences qui ont rapport
à la physique. H lut, en 1779, ï^-w-
dafeur de la société des «cienceR dan*
la Haute-Lusace, et pul.lia différents
écrits : L Essai pour fixer la han-
ienr des monlaa^nes des Géants [^\v\
séparent la Rohèmc et la Silésie ),
Lei] zig , 1772, in- 4"- IL De la
J'ouzzolane , H de la manière de
l'employer utilement dans les con$-
trnclions , traduit du frau^-ais , avGC
des ivotes, Dresde, 1784 , in-S'. Ilf.
Pi ('cautions à ohsnver pendant
/'or//j!T<',GiiiIilz, 179S, 1800,111-8".
IV. Ohxervations sur lêlcctricilè at"
viosphèriqur, ibid., i8o'i, in 4". l>g«
CE II CKR 10. t
La Feuille licbdoiuail.iiro de Willcin- d.ui.s Ic({uol seul railleur est doiioin-
Ler^, le Joiinial de la llaulc-Lusacc, nie ainsi cl qualifid abljc, est le tilie
cl 11' i\I.t;j;a.sin j;coj;r.ij)lii(jU(Mlc Fabii jMiucipal , quoiciue sans date, qui .1
renrcriiuMil plusieurs IMe'rnoircs de cet lail supposer tiii pcrsonnaj^c disliuct
auteur, (pli ot luorl le i() iniu 1807. de .fcaiiGcrson , elianeelicr do l'eVlise
— (Charles- Auç;usle de GtRSDor.F, de l^aris, aurpiei Y Imitation 6ia\i cc-
luiuislrc de rciccleur de Saxe, et se- ncraîeineut altiibuee. ( Ployez Jean
crct.iirc dVtat pour la guerre, e,cMU'ral Gïuson. ) Cependant aucun tenioi-
d'infunlerie et cliefdu corps de ^enie guage, soit des historiens , soit des
saxon, ne à Dresde en 1705, et monumonls , n'a prouve' l'existence
mort le 1 1 février i 787 , a public des de ce personnage. Il a e'ie' crcë _, par
Observations s^énérales et particu- G ijelaii et Valgrave , abbe' de Saint-
îicres sur le commerce tant inlerieiir Llienne de Verceil , d'après une nol(î
(ju extérieur, et sur la perception de manuscrite allcguéesans êircproduite:
linéiques impôts ^ (pd , dans diffé- il a e'ic fait contemporain de Sainl-
rents endroits , est fort mal enlen- François d'Assise , sur une maxime
due , et encore plus mal appliquée, de ce Saint, citée au présent par
Cosmopolis, 1775, in-4".; Leipzig, l'auteur de \' Imitation ; enfin, pu
1776, in-4". — Hcnricttc-Catliérinc l'a fait originaire de Cavaglia près
deGersdob.f, neebaronuedcFriesen, de Verceil, d'après l'inscription d'un
naquit à Suizbacb eu 1648. Elle manuscrit allemand sous le titre du
se distingua par uu goût éclaire et Joannes de Canabaco, dont le prc-
par ses connaissances dans les lau- nom a cte pris pour celui de Gersen ,
gués orientales: clic mourut le 5 et le surnom pour le lieu appelé 6"/-^-
mars i7'26. Son neveu , le fameux Z?e/Zmczf/7z , vulgairement Cavaglia ,
comie de Zinzendorf , prononça son 011 existait, dit-on , une tradition sur
éloge funèbre, et composa aussi la une famille de Gersen. Mais, pour
musique qui fut exécutée à son enter- appuyer l'existence de celte tradition
remeut. Elle est auteur de Poésie$ re- prétendue , il manque : t"., le témoi-
ligieuses cl de Rejlexions poétiques , gnage des historiens du pays. Jean-
qui ont été revues et corrigées par Baptiste Mcdène, dans sou histoirede
Zoliikofer et Schlegel , et publiées Verceil ^ ne dit pas un mot de (?er5e7i/
après sa mort à Halle, 1729, in-8". il dénomme seulement un Jean Scot,
13 — H — D. abbé de Verceil. François-Augustin
GERSEN ouGESSEN ( L'abbé délia Chiesa est le premier qui, dans
Jean ). Nous ne faisons mention de son Historia chronologica abbatum
ce nom que pircc que des autorités Pedemontanœ regionis , donnée en
respectables , Bellarmin , Mabillon , 1 645 , ait fait mention d'un Jean Ger-
etc. , ont cité l'auteur de Y Imitation sen , abbé de St.-Étiennc de Verceil ,
ds J.-C, sous le nom d'un individu de l'i'io à i'25o, qu'il dit avoir com-
ainsi désigné, quoique inconnu. On a posé le livre de l'Imitation de J. C.
même été jusqu'à graver son portrait Néanmoins, il n'eu avait point parlé
eu tcie de j.lusieurs éditions de l'/mi- dans son catalogue Di tnlti II Scrit-
faa'on, d'après un manuscrit anonyme tori Piemonteù, publié en i6i4
portant reffigie d'un moine ; et son avant l'époque de la contestation sur
nom a été inséré dans le Ménologe l'auteur de Ylmitation. Il manque,
<ics bénédictins. Le manuscrit d'Arone 'i^.^U té.iioîgnage des historiens de
aaa G E R
l'ordre des bénédictins, la vraie f.imi!le
de ce personn ige . s'il eût existé. Mais
Trilhèiiie, Arnold Wion, Pierre Hicor-
dati, nVn ofFieiit aucune trace; et les
bétiédi -tins franc lis , quoique enfants
de Saint- Maiir, répnic le fondateur de
Saint-Éticiine de Verccil_, n'en ont eu
aucune tradition : ds ont même , en
3 520, dans l'édition de Badins ,
revendiqué l'Imitation , contre Gcr-
son , en faveur de Kcmpis. Il
manque , 5'. ,1c témoignage des mo-
numints. M. l'abbc Gniccllieri a cité ,
de nos jours, une note manuscrite,
nienlionneV dans un Mémoire de M.
Napione, qui l'avait rtçue de Jac-
ques Durandi , lequel la tenait de
TabI)C Joseph Frova. Celle note , an-
noncée connue dcnommmt un Jean
Gersen, i(lip;ienx de Snint- Etienne
de Veiceil , n'a j^as été [ilus anllunti-
quernent [)roduit.' que celle deGqétan:
au contraire, la conespondance de
l'abbé Frova lui-même, rapporter par
Amort , atteste qu'il n'a tiouvé ni
dans le monastère de Saint É'iehue,
ni dans celui de Saint-André de Ver-
ccil, aucun religieux, du nom fie Ger-
sen. (^. FnovA.) Ccpeuflant Va'art ,
avant rencontre un abbé deSt.- André,
à l'époque de i xio, ami de S. F rançois
d'Assise etm.iître de S. Antoine de Pa-
doue, en a lait l'-uileur d« r/r/iifa/Zo:?,
sous le nom de Jcmu Girscn, tandis
que cet abhé de S. dut-André se nom-
mait Tliom.is Gallns ou GaUo. (A^.
Gallus.j lU'slj'enlin le te'moigti.it^cdu
manuseiil d'Arone , qui ne désigne
Gersen, comme distinct tie Gerson,
que parla diffi'rence vocale d'une vy -
labc, et par 11 (pi.ilité comminie d' «bbe.
Ce manuscrit, appoiU) de Gènes en
x^'^i), lut tioiivc dansl.im.us(ui des jé-
suites d'Arone , «pu était jadis uti
monastère de bénédictins. Bernardin
Hossignol l'avait regardé ( omine très
aucicn , parce qu'd le croyait provenu
GER
de la bibliothèque de ce mouaslèrr»
C/est -là ce qui indtu'sit en erreur Bel-
l^rmin : l'erreur détruite, le préjugé
est resté. Mabillon ne fut pas exempt
non plus de prévention: son opinion
sans doute influa sur celle de nos
savants. Le manuscrit d'Arone, pro-
duit devant une as'^emblée d'érudits
franç.iis, réunis à l'abl)ayc de Saint-
Geimaiu-des-Piés , \tm parut avoir
au moins 5oo ans, en 1G87. Cette
opinion, qui au reste n'avait point le
caractère d'une décision , a été infir-
mée par d'habiles antiquaires du pays
même ; et le P. Zaccaria , l'homme
le plus versé dans la connaissance des
anciens mannscril» d'Italie , a jugé le
manusr rit d'Aione postérieur ci Ger-
son. ( rof. à ce sujet nos Considé'
rations, à la suite de la Dissertation de
M. Baib'er, <urle.>tiaductions françai-
ses <\e\' Imitation, Paris, 1812.} Un
Spécimen àcs\ii pages, dont l'autcui'
de cet article est redevable à M. Ver-
nazza de Freney , savant littérateur
et bibliothécaire de Turin , qui l'a fait
calquer et graver d'après le manuscrit
d'^Vrone retrouvé par lui à la Biblio-
thèque de cette ville, devra mettre les
bibliographes à portée de vérifier par
eux-mêmes le jugement des doctes an-
tiquaires sur l'écriture de ce fameux
manuscrit, (pii , après tout, n'étant
point déeidcnK'ul antérieur à l'âge de
(irrson , ne saurait démontrer l'exis-
tence d'un auteur homonyme diirérenf,
C'( st donc it tort (pie la plupart des
dictionnaires historiques ont donné
Jean Gersen eounne nu personnage
qui ait existé réellement. G — ce.
GEHSON,(iU de Levi, fut la tige
de deux familles très nombreuses ,
p lisipie au temps de la sortie d'Fgvpte
elles se composaient déjà de "jôoo
personnes, sans compter les femmes,
liCs Gcr^onides, ou enfinls de (Ver-
son, étaient chargés spécialement du
G E W
soin (lu t.<l)rni,»cl(', on de la fente fini
tMiloiir.iil r.iicljc iralliuicc, du voile
et des ridciiiiJt du p.irvis, etc. L'illus
ti.ition de cette lamille de lévites a
rendu le nom de Gerson commun à
un gi.Mid nombre de r.d)ins , men-
tionnes dans les ouvrages de l^arto-
lozzi et de Wolf. On se conlenlcra
d'iudi([uer ici les i)rinrij).\ux, — Ger-
son beu S.domon vivait en Espagne
au milieu du xiu''. siècle, cl a laisse,
sou< le litre de Porte du Ciel , un
livre [diilosopliique, divise' en trois
parties , qui a ctc imprime' à Ve-
nise, 1547, i"~4"' Gii en conserve
des manuscrits dans plusieurs biblio-
tLèques. — Levi ben Gerson, ap-
pelé aussi Ralbagh ou Gersoiiides ,
fimeux rabin, médecin et philoso-
phe, ne à Bagnolas en Catalogne,
mort à Perpignan en iS^o, a laissé
plusieurs ouvrages theologiques, mé-
taphysiques et mathématiques , dont
le plus connu est \vï\\\.w\é Milchamot
Adonaï (Us Guerres du Seigneur).
Son Commentaire hébreu sur Job,
imprimé à Ferrarc eu i 477 , in - 8°.,
passe puur le 1''. livre hébreu por-
tant une date d'impression. Son Com-
mentaire sur le Pentateuquc, in - fol.
de4o8pag., est sans date; mais il
porte le nom du typographe (Abr. Co-
nath ) , qui imprimait à Mantoue eu
i476.(/^. GiGGEi.) — GERsoNbenMo-
bé , né à Soncino dans le ducliéde Mi-
lan, où le rabin Moséson pcrcavait éta-
bli une imprimerie, donna lui-même
m\c édition de la liiblc hébr ïque, à
Brescia , 1 494 , in-8°. II en avait déjà
donné une en 1491 , dans les formats
in-8^, in-4". et in-fol. Toutes ces Bi-
bles sont très raros. Gerson , qu'on
appelle aussi Soncinales , transporta
ensuite sa typographie à Constanlino-
plc. On ignore l'année de sa mort.
— Isaac Gerson , autre imprimeur
liébrcu, exerçait son arl à Venise à
la fin du xvi". siècle cl nu rommen-
cenient du wiT". il a cniiclii de sa-
vantes préfaces plusieurs d( s ouvrages
sortis de ses presses. — Chrisliin
Gerson, ne en 1 5(J9 à Heckiitig-
hausen , d<«ns l'électoral de Co!o;^rie,
fol quelque temps professeur d'hé-
breu et de lilléiaturc talmudicpic cl
rabini(pie à Francforf-^ur-le- Mein.
La lecture du Nouveau-Testament de
Lu;her Tayaut converti au christia-
ni me , il fut baptisé à Halberstadt,
étudia la théologie à Helrastadl , y
donna des leçons d'hébreu, et, après
avoir embrasse la communion réfor-
mée, fut fjit pasteur de Bcrg, près
de Bcrubourg. Il périt malheureuse-
ment noyé dins la Saale, où sa voi-
ture fut précipitée le '25 septembre
1627. Il avait publié un Talmud
judaïque^ Goslar, 1O07, in-8'., et
un ouvrage iulitulé, Chelec^on Tré*
sor des juifs lalmudistes , Helms-
tadt , 1610, in - S^. — Gersow
(Chaphetz ben Mosé), rabin véni-
tien, né vers la fin du xvii^'. siècle,
doit êlrc compté parmi les savants
précoces ou les enfants célèbres , étant
mort à l'âge de dix-sept ans. On lui
doit un livre de Poésies ( Maniis
rhj'thmorum),^v\h\\é k Venise, 1700,
in-4°. , avec une préface de son père ,
qui en fut l'éditeur. C. M. P.
GERSON (Jean Charlter de),
chancelier de l'université de Paris,
dit le docteur très chrétien ^ la plus
grande lumière de France et de l'É-
glise dans le xv". siècle , tut surnommé
Gerson, du village de ce nom, près
de Rliélel , diocèse de Reims , où il
vit le jour, le i4décen)brc i56:>. En-
voyé, à l'âge de i4 ans, au collège
de Navarre, il y éiudia pendant dix
années , en passant par tous les dé-
grés des facultés, et eut pour profes-
seur et pour ami le grand- maître
Pierre d'Aiîly , auquel il succéda dans
2^ i G E R
les places de cliancelicr de Tunivcr-
versité, et de chanoine de Notrc-
Datne. Les troubles de l'Église et de
l'État rendaient très difficiles à rem-
plir les devoirs attachés alors à la pre-
mière de ces dignite's. Mais l'intérêt de
la vérité l'emporta toujours chez lui sur
loiUc autre considération. Les obli-
gations qu'il eut au duc de Bourgo-
gne qui l'avait fait nommer doyen
de l'église de Bruges, le ressentiment
du duc d'Orléans dont Gerson avait
i)aru désapprouver la conduite poli-
tique dans un discours prononcé
devant le roi Charles VI, et com-
mençant par ces mots , Fwat Bex ,
ne purent empêcher Gerson, lors de
l'assassinat du ducd'Orléans , de mon-
ter en chaire à St.-Jean-en-Grève,
dont il était curé, d'y faire l'oraison
funèbre de ce prince, et de s'élever
hautement contre cet attentat. Dans
une émeute populaire, sa maison fut
pillée par les séditieux : il n'échappa
à leur fureur, qu'en se cachant dans
les voiites de Notre-Dame, où il
resta , selon les uns qut'hjues jours ,
selon d'autres plusieurs mois, seul et
livré à ses méditations. La persécu-
tion dont il avait failli être victime,
ne put ralentir son zèle. Uendu à ses
fonctions, il poursuivit, devant l'é-
clisc de Paris et devant l'université , la
doctrine de Jean Petit, lâche apologiste
de ratlentat commis contre le duc
d'Orléans; et il ne tint pas à Gerson
que les écrits de ce courtisan nefu.ssent
ensuite flétris au concile de Constance,
où, par méni'^einent pour un j)arli
puissant, on se contenta de condam-
ner en général une doctrine qui ten-
dait àjuslilier le meurtre sous le nom
de tyrannicide. Gerson fut plus d'une
fois député vers les piprs, durant le
schisme qui divisa si long - temps
rÉclise, lors des doubles élerlions
faites à Uomc et à Avignon. Apres
GER
avoir réfuté, dans un rae'moire de
Unitate ecclesiasticdj tout ce qu'on
allé'^ruait contre la convocation du
concile de Fisc, il y p<'irut avec éclat ;
et il se conduisit d'une manière fer-
me, mais prudente, lorsqu'on pro-
céda dans le concile à la déposition
des deux contendants Grégoire Xll
et Benoît XI II, et à l'élection d'A-
lexandre V. Ce fut pendant la tenue
de ce concile qu'il publia son fameux
traité De auferibilitale Papœ , non
pas , comme quelques-uns l'ont ima-
giné, pour reconnaître dans l'Église
le pouvoir de supprimer la pa-
pauté ; mais pour prouver qu'il est
des cas où l'Église assemblée peut
obliger deux concurrents à se désis-
ter, et qu'elle a droit de les déposer
s'ils s'y refusent , qua-id l'intérêt de
la paix et de l'unité l'exige. Le con-
cde de Constance ouvrit une nouvelle
carrière à son zèle et à ses talents.
11 y assista en qualité d'ambassadeur
du roi Charles VI , de l'église de
France et de l'université de Paris.
Il en fut l'amc , et en dirigea toutes
les démarches dans l'alFaire de Jeau
XXlII,qui avait succédé à Alexandre
V , et dont la conduite irrcgulicre et
l'opposition aux vues du coneilc ne
firent qu'accroître le schisme au lieu
de l'éteindre. Les discours que Gerson
prononça en diverses occasions, et les
traités qu'il y ptd»lia , eurent surtout
pour objet de faire voir ([ue l'Kglise
peut se réformer elle-même, tant
dans son chef que dans ses mem-
bies , lorsque le pouvoir est divisé;
de montrer qu'elle a la faculté de
s'as>embler sans le consentement du
pape, l()r>qu'il s'obstine à ne vouloir
pas la convoquer; de prouver la né-
cessité de la tenue des conciles, tant
généraux que particuliers ; de pros-
crire les annates, d'extirper la simo-
nie, devenue très commune^ etc. Il
0 E n
r.vait fait ctabllr, < omiiic base des dc'-
ncts du concile, l.i d(îctrinc delà su-
prcinatic de rf';:;lisc, en ce qui con-
«cnie II foi et les inreiirs. On lui prête
à ce 5ujcl, sur Vimmaciih'C Concep-
tion dont la question agitait alors les
esprits, un discours, prononce au con-
cile de Bàle, postérieurement au temps
où il vivait. La pielc de Gcrson, quoi-
que vive cl 7-clcc, ne lut ni supersti-
tieuse ni crédule. Il dénonça, dans
son traité conlrà scciam Flagellan-
tiiim , l'abus que ces seclaiies fai-
saient des flaji^cllations , dont Vincent
Ferricr était l'apôirc ; et il lui adres-
sa , là-dessus, des rcmonlrances ami-
cales. Il composa un livre de l'exa-
men des Esprits ( De probatione Spi-
rituum) , où l'on Itouve des règles
pour di>ccrncr les fausses révélations
des véritables ; on doit juger qu'il
était loin de se montrer f.ivorable aux
visions de Ste.- Brigitte, qui auraient
été condamnées sur sa proposition , si
elles n'eussent rencontré un apolo-
giste dans le cardinal Torquemada.
On pense bien encore que Gerson
ne partageait, ni avec Huberlin de
Casai , ou Jean Rusbroeck ( Admo-
nit. de vitd Christi , et Epist. de li~
bro vilœ conlemplatlvœ)^ le système
de l'union passive de l'ame absorbée
en Dieu , qui ressemble beaucoup à
l'amour pur dos quiétisles ^ ni avec le
docteur Pierre d'Ailly , les rêveries
de l'astrologie judiciaire , qui était
alors en grand crédit auprès des prin-
ces , et qu'il combattit , même dans
si vieillesse, avec quelque succès,
contre des médecins de Lyon et de
Montpellier ( Xt7;, de sis^ilUs, et de
chservalione dierum , ( i ) etc. ) : déjà
(i^ Ces deux trai'cs, écrits en i4'-^i avaient
surtout en vue la doctrine de Jacques Angeli, in<;-
«lecin astrologue de lY-cole de Montpellier , qui
avait fi-it graver sur uu talism.in la figure d'un lion
avec certains caractèreî pour la î;uérison des tn^ux
de reins, et qui recomniauduit aussi robservaliuii
«le certains jour» peur la turc dc« Maladies.
XVH.
(; E R
9.15
son livre De astrologid reformata.
lui avait valu [ircscjuc l'assentiment du
docte évêrpic de Cand)rai. Dans uu
autre traité ( De erroribus circà ar-
tem mui^icam), il ti'attatpie pas moins
les erreurs superstitieuses delà magie,
que les préjugés de la médecine em-
pirique. Mais l'erreur invétérée, com-
me aussi la prévention opiniâtre, ne
devaient céder qu';iux progrès de la
raison et de l'opinion , que le génie le
plus sage ne pouvait alors que prépa-
rer. Sévère, mais humain, Gerson eût
voulu ne frapper que l'araour-propre
des sectaires, en renversant leur doc-
trine : il réfuta, avec force, les erreurs
graves soutenues contre l'autorité de
l'Eglise et de son chef , par Jean
Hus , qui ne se réfracta point ; mais
il réussit à faire abjurer à Mathieu
Grabon ( i ) , religieux -mendiant do-
minicain, une doctrine qui proscrivait
ces congrégations utiles , établies eu
Flandre et en Allemagne pour l'é-
ducation et l'instruction chrétienne ,
et subsistant en commun du produit
de leur travail. Il avait déjà contribué
à faire révoquer, par ses écrits, la
bulle d'Alexandre V en faveur des
frères prêcheurs, contre les privilèges
des pasteurs et des universités. Quel
que fût l'esprit de sagesse et de paix
dont Gerson était animé , tant de
franchise et de zèle lui suscita de nom-
breux ennemis , surtout parmi les
fauteurs de Jean Petit , qui l'obligè-
rent à se justifier de quelques pro-
positions avancées dans ses sermons
et dans ses écrits. Les adversaires
de Gerson furent confondus : mais la
crainte des dangers auxquels il se
serait exposé de la part de la faction
(i) Thcolcj^ien de Welniar, dans la Saxe, au
diocèse de .Mershourj; , auteur du livre De verd-
re/i^ioiie et jicrfcclione , dans lequel élaicnt
avancées des projjositious ^lirigées contre Tinsli-
tutiou des frtres de U vie couimunc. [^k'oj. Gî.-
F.àftD GimoT. )
i5
216 G E R
des Bourguignons, s'il fût retourne à
Paris , lui fit prendre le parti de se
réfugier en Allemagne, déguise en
péieriu , vers l'époque des dernières
sessions du concile. Dans une lettre
rapportée par Edmond Richer , sons
la date de la fin de i/yi6, ou plutôt
de i4«7, il prévient de son voyage
le moine Jean , son frère , dont il
emprunte la qualité et l'habit , en lui
adressant sa défense. Gerson s'arrêta
d'abord dans les montagnes de Ba-
vière : c'est là qu'à l'imitation de Boè-
ce, il composa son livre De Consola-
tione theologicUj mêlé de prose et de
vers ( i), avec une apologie de sa
conduite au concile de Constance.
Ijienlot après , il se relira dans le
duché d'Autriche, où le duc lui offrit
un asile [fu^Uivo... Dux miserans of-
fert... assignatque locum , dit Ger-
son ). L'on a Irouvé à l'abbaye de
Mœltk beaucoup de copies de ses
ouvrages, composés durant son exil,
et notamment le traité de Consola-
tione theologice , à la suite duquel
paraît, pour la première fois , l'/m/-
tation (le Jésus- Christ, dans un
recueil transcrit en i4'2i : c'est l'é-
poque cil commençait à se répandre
ce livre, qui oflfrail, à tons , durant
CCS temps de troubles et de calamités,
des consolations d'un autre genre ,
dont l'auteur, sans doute, avait dïi
être éprouvé par la persécution et le
malheur. Après plusieurs années de
MJour dans celle t( rre étrangère ,
Gerson revint enfin se fixer à Lyon ,
il II monastère des Céleslins , dont
>on frère, du mrtne nom, avec Ic-
<pi( I l'ossevin l'a confondu , était
JM icur. Ce grand homme , que le car-
<lin.il Zabarella avait proclame le plus
excellent docteur de l'Efijlisc , dans
(r, <>«•» vrri rt «rm e|;ii %r. Iriiiivt'iil r<*|iniiilii«
Amix (l'.iitliKs (crili , l'uni l*a mettre |>.ir t. .1.
V'i'iiiK iii tau^ tics (iiiùU'i Uliiii ilvul kl (Ixiiuu
rkitloire.
GER
le concile de Constance; dont les
écrits fixaient sur les points les plus
importants l'opinion des théologiens
les plus éclairés , et que la divine
Providence, suivant Tillustre rappor-
teur de l'assemblée du clergé de
France de 168.2 , avait élevé au-dessus
des autres par son caractère et sou
esprit pour l'opposer aux erreurs
de son siècle , se réduisit , par hu-
milité, à la funclion de maître d'école
ou de catéchiste des enfants , qu'il
rassemblait chaque jour dans l'église
deSt.-Paul, et dont il n'exigeait d'au-
tre salaire que celte simple priera
adressée à Dieu, et qui fut encore ré-
pétée par eux la veille de sa mort :
Seigneur, ajez pitié de votre pauvre
serviteur Gerson! 11 mourut à l'âge
de soixante -six ans, le 12 juillet
1429, après avoir fondé, dans la
nicme église, un anniversaire qui fut
célébré de son vivant , et après avoir
légué aux céleslins et aux chartreux
d'Avignon , ses livres et ses manus-
crits , tn leur laissant , d,«ns son
Testamentum peregf ini , un monu-
ment de la [)ur(lc de ses sentiments
et de sa doctrine. On grava sur la
tombe du saint docteur ces mois ,
(ju'il avait continuellement à la bouche:
Faites pénitence^ et croyez à V Evan-
gile. Les lettres delà correspondance
de révê(|ue de Bàle , et du clergé de
Lyon, en 1 5o4, nous apprennent (pie
Charles VI 11, d'à près les témoignages
qiii lui furent adicssés et le rapport
de son aumônier Laurent Bureau ( 1 ),
fit ériger, à Gerson, une ch q)clle
(iHlrl ainnâitirr , confessrur de Charles VKl et
(le l.tiiiis XU , n-lit-iriix carmr , ri iloiti'ur en
tbc<ili>;;ir lU- ruiiivrr>ilc' ilf Paris, mtrii.iit iiiia
intMitioii (l.iiis l.> /fic»;,'r<<;'/jie, «on in*ritn li- lit uotu-
iiirr tWi^]iir de Suteroii »-ii i^»)}. Ur.itfiir ti(;nMl4
|i.ir ion iolr , il proflin ayei; succès In Vaudois ,
ciiiitre lrsi|ui-U Nv.iit inl'oriiio le |i*«rleinriil de (.irr-
lioblc , vl il !«•» ruiiirii.i , par la prnuusioii , ,i U
«roy.iMCf de l'r'.;;li»c, Ils »Vii srp.irerrnt dr|i||is,
ni.iis l.iiiiri-iil lliirr.iii ••mit iii<>rl .ilora. m tUiiis, en
ijoi. Il iH.iil lié u l.ieriiais |ii'«-« d« Sitiilieu , «lil
UTut l'ail uu )i«»cmc lutilulO Ultlmile
G E R 0 !•: R 120.7
dans 1.1 paroisse de St.-Paul, où il Adiien Florent, picccplcur de C!iar-
av.iit c'tc iiihnnu'; que son image fut Ics-nninl , et <!e|)uis j)ape sous le
placée sur l'.iiilcl , .ivcc. '«a devise, ^SV/r- nom d'Adrien VI. Aussi l'evefpje de
snin corda , el «lu'un ;;rand concours IMe.uix, celle aulre luniii-re de i'I^lglise
de j)eup!e y vint lioiioier son tom- gallicane, cet elorpienl défenseur de
l)e.ui. (lot autel avant elc détruit dans la snino doctrine, s'esl-il fjii <j;loirr de
les mierrcN du calvinisme , le lieu prendre les jirincipes du cli.^iie<.'Iicr
desase|)nlture lu! découvert en i6/p, pour la base de ses sentiments sur les
et attira rie nouveau les Jiommages matières contestées entie les Fr.mr.iis
des (idèîes. Le cardinal Alphonse de elles Uomaius. « Gcrson , dit-il, dc'-
Kichclitu, archevêque de Lyon, s'y » fendit avec u'i courage invincible la
porla lui niêuie. La relation d'Éliennc m ve'rile catboliquc, et les inlc'rêîs de
Yernay, qui lui fut dc'dice, te'moigne » son roi et de la famille royale; ce
qu'un grand nombre d'enfants eprou- » qui lui me'rita le nom de docteur
"vèrent les bienfiifs opères pai" Tin- » Zr^s-cAré'VfV/î... Ses c'crils, ajoutc-t-il
tercession de celui qui avait consacré » avec Sixte de Sienne, marque's au
ses derniers jours à l'instruction de » coin d'un profond savoir, el remplis
l'âge le plus tendre. Du Saussay, dans «de pensées vives et affectueuses,
sou Martyrolos^ium ç^alUcanum , » sont très instructifs et en même
dit que l'on .s'accord.ut généralement » temps très propres à donner ce
à le regarder comme bienheureux , » goût et ces sentiments de piété
et qu'on l'honorait en celte qualité, » dont l'auteur était pénétré, et qu'il
principalement à Lyon. Cependant , » desirait ardemment de communi-
il n'a point été procédé à sa canoni- » quer aux autres. » 11 faut cependant
sation;et l'on présume assez que la reconn;tître qu'on retrouve dans ses
cour de Rome s'y serait difiicilement ouvrages plusieurs des défauts du sic-
prêtée, à l'égard d'un docteur dont cle où il vivait. Son style est inégal,
les écrits n'ont cessé d'être invoqués négligé , mêlé d'expressions vicieuses
en faveur des libertés de l'église de ou demi-barbares , plein d'idiotismes
France. Au reste , les cardinaux Tor- et même de locutions étrangères , enfin
quemada , Bellarmin et autres célè- semé de citations d'écrivains sacrés
bres ultiamontains , quoique oppo- et d'auteurs profanes. Au reste , Ger-
sés à sa doctrine sur la Fuissan^ son , dédaignant le luxe des orne-
ce ecclé<iiasiique ^ parlent toujours raents et des images , cherchait plu-
avec vénération de lui , comme d'un tôt dans ses écrits l'utilité que l'agré-
bomme docte el pieux _, qui , par ment. Néanmoins , lorsqu'il s'anime,
son amour pour la paix et son zèle et qu'il prie , exhorte ou conseille ,
pour la foi , combaliit toutes les sou style n'a rien de dur , et coule
hérésies. Sa doctruie sur l'autorité de source; il est à la fois péiiodique
de l'Lglise, professée par l'université et concis , elliptique et simple , et le
de Paris, devint celle des universités plus souvent biblique. Les passages
de Cologne, de Vienne , de Craco- de l'Écriture et des Pères, dont il est
■vie , de Bologne, de Louvain même, nourri, ceux même des écrivains aa-
Elle fut enseignée en Allemagne par ciens , les uns et les autres adaptés à
le Cardin. il de Cusa ; en Espagne, ses vues , mais toujours appropriés au
par Alphonse Tustatjen Italie, par sujet, y sont la plupart digéré-^ et fon-
Kicolas deCatane; en Flandre, par dus dans le texte du discours. Tous
i5..
228 G E R
ses traites ne sont pas non plus egaïc-
ment achevés : l'inégaiitc de la forme
a pu influer sur celle du fonds ; mais
tous remplissent plus ou moins direc-
tement leur objet. On lui fait le repro-
che de ce qu'en s'égarant queîqurfois,
il a dépasse' le but qu'il se proposait;
de ce que trop prévenu des idées de
la politique sur la natuie du gou-
vernement de l'Ej^lise , il en faisait
uiiC monarchie aristocratique, dont le
pape était le chef; de ce qu'entraîné
par les circonstances du sclnsiue à
parler souvent de déposition, il sem-
ble en avoir transporté l'idée , des
pontifes douteux , aux chefs légitimes ,
lorsqu'ils abusent de leur pouvoir. Mais
eu général on découvre chez lui une
science protonde , qui épuise les su-
jets importints; un jugement solide ,
qui s'attache à l'Ecriture , et aux
principes d'une raison éclairée ; un
amour sincère de la vérité, un cou-
rage à toute épreuve pour la sou te-
nir; une grande résignation à toutes
les contradictions auxquelles son zèle
pouvait l'exposer. On l'a accusé d'a-
voir montre de l'inconstance en re-
connaissant tantôt Benoît XIII, tantôt
Alexandre V : mais il reconnut le
premier avec tonte la France, jus-
qu'au nioracut où ce pape eut été dé-
posé au concile de Pise ; et alors il
s'attacha au dernier, avec toute la
France , dès ([ue les Pères de Pise eu-
rent appelé celui-ci n la papauté: on
ne pouvait tenir une autre conduite
ians devenir sclii'imaticpie. Gcrson ,
comme on l'a dit , fut le plus ferme
soutien de l'autorité de TK^Iise contre
les prétentions de l'esprit ue parti ou
«le secte; il le fut aussi des droits de
la hiérarchie contre les entrepris<;s des
réguliers. Il s'éleva datis .ses c'crils
contre les vices d'une partie du ch rgc
et des moines, mais non avec l'exa-
gération et ramcrlunic cpic Clamcngcs
GER
a plus d'une fois mises dans ses élo-
quentes déclamations. Les actes de la
faculté de théologie contiennent un
monument du zèle de Gerson, dans
les règlements qii'il fit touchant les
abus de la méihode scolastique et le
mauvais goût des questions oiseuses
qui nuisaient singulièrement à la saine
théologie. Ce même zèle pour la pu-
reté des études et la gravité de l'ins-
truction , liii fît blâmer la lecture des
romans tels que celui de la Rose ^
et les représentations, dans les égli-
ses et dans les collèges, des scènes
de comédie, qu'il nommait Judi stul-
toriun. D'au.>si nobles qualités étaient
relevées par un grand fonds de mo-
destie , par des mœurs simples et
pures , par beaucoup de modération
au mdicu de^ disputes animées et des
afliiircs épineuses dans lesquelles il se
trouvait engagé. On a voulu récuser
son autoi ité, ainsi que celle du cardinal
d'Ail ly , sous prétexte qu'ils avaient
écrit dans un temps de schisme :
« mais, dirons-nous avecBossuet, ni
l'un ni l'autre n'ont pu être suspects
sur les droits du St. -Siège , puisqu'ils
furent les plus intrépides défenseurs
du siège apostoli(pie et de la majesté
pontificale contre Wiclcf et les Hus-
sites , et qu'après l'extinction du
schisme ils rétablirent l'autorité du
pontife dans l'élit d'oii le schisme l'a-
vait fait déchoir. » l^nlin, l'on a pre'-
tcndn «pie Gerson s'était rétracté avant
sa mort de tout ce qu'il avait écrit
touchant le pouvoir des conciles sur
le pape ; mais ce paradoxe a été
conipièteinent réfuté par Dupin. Il
n'existe guère d'auteur dont on ait
des éililions plus anciennes cl plus
multijiliées, comme il en est peu dont
les ouvrages aient été plus répandus,
plus souvent transcrits , cl soient en
plus grand nombre que ceux de Ger-
son ; la plupart n'otlirnl , il est vrai.
G E R G i: r» 1^)
qu'une nioJiocrc clcndiic. 11 .''crait en ayniil dlttotiii la suspension , ]ien-
trop lonj^delaiic re'nunicralion (Je «.(S danl la ({u( relie de Paul V avec les
écrits: nous nous sommes bornc's, Vcnilicns , qui s'etayaicnt beaucoup
dans le eours du reVit metue, à eu de- de l'autorilede Gcrson, soulcnue par
signer les plus remaicpiahles. Peu de l'organe de Fra-Paolo. C'tflait André
temps après l'inventiou de l'impiimc- Duval , ennemi de l'edileur, qui
rie, une édition de ses principaux ou- avait dénonce' celle édition au nonee j
vrages fut publiée, sans date et s.ms cl ce fut à ce sujet que Rirlicr com-
iioni de typographe: ce qui forme posa, en latin, son Apologie de
un des caiactcies des premiers livres G ers on , qui ne put cire imprimée
imprime's. Des éditions partielles de qu'eu Hollande (Lcyde, iG-jG), après
SCS opuscules, donne'es ensuite (vers la mort de \'aul('ur.\j' Esprit de Ger-
14;'^) à Cologne, à Augsbourg, à son, que Lenoble donna, sous la
Nuremberg, furent réunies en (\vu\. désignation de Londres, en 1691 et
tomes , eu i 479» sans désignation de i 7 i o , et dont il a e!e fait une reitn-
lieu. La première édition générale de pression à Paris, 1801 , en est en
ses œuvres parut, non à Bàlc, comme grande partie l'extrait en français,
le dii Dtipin, mais à Cologne, i4B5- sauf quelques propositions, telles que
84, in-fol., 4 volumes. Elle contient la faculté altribue'e au pape de repre'-
jilusicurs pièces relatives à l'affaire de senter l'Église universelle lors d*un
Jean Hus,^,et qu'on ne trouve point concile non œcuménique, proposition
dans les ediliors qui se sontsucccdc'es qui fut jugée contraire à la doctrine
peu après, à Strasbourg, 1488 ( Z'^. de Gerson et de l'Eglise gallicane.
Geyler), àBàle, 1489 , etc. Les ser- D'fJèrouval , cbanoine régulier de
nions de l'auteur, que Dupin croit l'abbaye de St. -Victor, où se trou-
avoir ctc ajoutés dans une édition de raient beaucoup de manuscrits iuc-
Paris en i49> , étaient déjà dans la dits de Gerson, avait mis sous presse
collection de Co'ogne.La plupart, pro- une nouvelle édition de ses œuvres :
nonces en français, y paraissent en elle en fut retirée par ordre de Louis
latin , traduits par un théologien al- XIV, a qui l'on avait cherché à rendre
lemand (Jean Jirisgoèk). Ces édi- suspects les ouvrages du célèbre
lions furent réimprimées à Baie, à chancelier de l'université, comme
Paris, â Lyon, à Venise, etc. , dans contenant des principes anti-monar-
le xvi^. siècle, plus ou moins cora- chiques. Les matériaux en furent
plèteraent , ou avec des additions , remis au docteur Dupin : celui - ci
mais sans beaucoup de soin et d'or- travailla sur un plan plus vaste ;
dre. Au commencement du xvii"-, mais n'ayant pu obtenir de privi*
Bicher en donna une plus étendue Ic'ge pour publier son édition à Paris ,
et mieux soignée que les précéder.tcs : iî fut obligé de la faire imprimer à
mais il y règne encore de la confusion Amsterdam, sous la rubrique d'An-
dans la distribution des pièces, parce vers, 1706, cinq vol. in-fol. Cette
que, comme il le déclare lui-même, édition est la plus complète de toutes,
on ne lui laissa pas le temps de les Les difTércnles pièces qui la compo-
mettre en ordre, ni de les revoir sur sent, ont été revues sur les meilleurs
les manuscrits. Son édition était prête manuscrits, et rangées dans un ordre
eu iGoGj mais elle ne parut que méthodique. On y trouve plus de cin-
l'annéc suivante, !c nonce B^uberini quantc traites qui n'avaient jamais
:i5o GER
vu le jour. Eile comprend toutes les
pièces relatives à l'afFurc de Joiin
Petit, et beaucoup d'écrits des auteurs
contemporains sur les matières qu'on
discutait aiors avec chaleur dans i'É-
gliseetdausrÉtal.L'cdileur l'a fait pré-
céder d'un Gersoniana , contenant i:n
historique abrège des controverses ,
de la doctrine et des ouvrages de l'au-
teur ou qui lui sont attribues. Mais on
n'y a pas mis, Jion plus que dans la liste
de ses écrits, arrache'c à Gcrson par
«on frère, et qui est loin de les com-
prendre tous, le Floretus, imprime'
a Lyon , sous le nom de Gerson, ea
1494» c'est un commentaire sur une
espèce de Somma théologirjue en.
vtis , mol-à-j)ropos atlrdjuce à St.
Bernard : le texte est peu de chose :
mais le commentaire a toute la méthode
et la clarté' qu'on peut désirer. Ou n'y
a pas mis davantage la traduction en
langue vulgaire du Stimulus amoris de
St. Bonavcnliu'e, paraphrase [)ar Ger-
son pour ses sœurs; ni encore Vlnter-
nelle consolation , en trois livres, ([ui
aurait ètc écrite en français pour le
même objet, et qiii n'est autre que 1'/-
mitalion de J. C, mais sans l'appli-
cation aux nioines, et avant la dispo-
sition qui a donné lieu à l'inscription
actuelle de l'ouvrage latin , existant
jadis chez les chartreux d'Avignon et
dans d'autres monastères, sous le ti-
tre De Consohitione inlernâ. (iersou,
surnomme par les théologiens mcuie
lie Flandre et d'Allrm;igne, le docteur
<les consolations [docior consoiito-
lias ) , est , comme on sait , un des pré-
tendant - droit au livre de Vlmitalioji
de J, C. Il est même, sans en exee[?-
ter Saint Bernard , le |)lns ancien
auteur auquel ce livre ait ele géné-
ralement atliibiu*. Celte attribution »
pr(u»vec par l'inscription d'un grand
uoiubrr dcnianusnils sous son nom
iiw sous cc'ni de son pseudonyme (/^
GER
Gersen) , est confirmée par la raidli-
tnch? plus grande encore d'édilioi/S des
XV . et xvr. biècies, qui portent soa
nom. Tl tslrésuitéde l'extrait que nous
avons f.if du volumineux Index du Va-
tican, contenant, en plus de cinquante
volumes in-fol., riiidicalion de tous les
livres (xistants dans les l.ubliothè-
qucs des monastères d'itaiie avant
1600 , qu'il ne s'est guère écoulé
d'années depuis 1470 jusqu'à cette
époque, où il n'y ait eu plusieurs
éditions latines ou italiennes de l'/mi-
taiion J avec le nom du chancelier
de Paris, soit à Venise, soit à Flo-
rence , soit à Rome ou ailleurs ; tandis
qu'il ne s'en est trouvé aucune sous
celui de Gersen , et qu'il en existe très
peu sous celui de Kempis , et scnle-
nu'nt dans la seconde moitié du xvi'\
siècle. Bossueî regardait en effet
Gerson comme très digne d'avoir
composé cet ouvrage , par l'onction
et la pieté qui c.iractérisent plusieurs
de ses traités ascétiques, tels que ceux
De monte contcmplutionis , De pau-
pertale spirituali , De parvulis ad
Chrislum trahtndis , De simpUcitate
cordis , etc. Le docteur .Tii-quci de
Ste.-Bcuve, Chai les Labbé et Dupin,
ont énoncé une opinion qui ajqniie
ce sentiment. J/.iutcur de cet article,
dans ses Considérations touchant le
même objet, ujises à la suite de la
Dissertation de Ï>L Barbiir sur les
traductions fiançaises de Vlmitalion
(Paris, iSi'i), a encore revendique'
ce livre en faveur de l'illuslie chan-
celier de l'université , en l'otant au
prétendu Gersen, leproduit par !\î!\!.
N ipiotic et Canccllicri, et le restituant
au vrai titulaire français |)Hr de nou-
velles preuves , tirées stit des rir-
conslances coïncidentes avec le temps,
le lieu, la situation où s'est tiouvc
Gerson ; ,M>it de l'.uialogie de senli-
nicnl et d'expiession qu'ofîVenl plu-
sieurs (le SCS LcUres spirilitelles
avec le livre de V Imitation qui leur
t st nnti-ilciir , cl dont il scr;iil bien
cfîoiuiaiil qu'il n'eût point p.iiic dans
son traite /?<? laiule Scriptorum ou
dans son cj)îlrc De lihris Ic^endis ,
si l'on VI âge lui elait ctranç;cr. Une
vie détaillée de Gcrson cclaircrait
bcaucouj), non seulement reltc ques-
tion , niais riiisloiro rcli;;icusc , po-
litique et lilteraiic de son temps. La
iiumcnclaturc de ses écrits, dans le
Gcrsoniana , en d(\signant l'époque
et en indiquant les circonstances dans
lesquelles il n produit ses ouvrages ,
suit moins l'oidre de leur composi-
tion , toute relative aux ctudcs , aux
fonctions et aux diverses positions
de l'auteur , que la division des ma-
tières qui forment les volumes de la
collection de ses œuvres. On y trouve
réunis les Eloges historiques jllace's
cnlèle des dilFéi entes éditions, plutôt
que la Vie proprement dite de Ger-
son , qu'il serait à désirer qu'on re-
cueillît de ses écrits dans un ordre
qui uffiirait successivement l'homme
public, ou l'orateur de la chaire, de
la cour et des conciles , et l'écrivain
ascétique, ou l'homme de l'exil, de
la méditation et de la retraite. G-ce.
GERSON (Thomas de), neveu du
jirécédent, chanoine de la Sle.-Cha-
pelle de Paris en 1 4 58, et chantre
dignitaire de St.-Marlin de Tours , se
trouve nommé et quahfié ainsi dans
une note, sous la date de i^ç^b, rap-
])ortée au bas d'un exemplaire d'une
ancienne traduction française de X Imi-
tation de J.-C, provenant des livres
léç^ués par M. Tietellier , archevêque
de Kcuns, à la bibliothèque de Sainte-
Geneviève. Suivant cette note, sur la
foi d'un témoin domestique qui aurait
vécu depuis i/|4o avec Thomas de
Gerson jusqu'à sa mort, celui-ci serait
auteur (ou plutôt traducteur) français
GE1\ o.-n'
de VI mi talion, ([ud aurait donnée à
sou oncle Jean Gcrson , par humilité.
Il aurait élé aussi le traiisciij)lenr , eu
1 /j-y.i , de ce beau m musci it de \ Imi-
tation^ in-fol. , décrit par de Launoy,
et portant en tctc l'dVigic du chance-
lier, qui paraît être un p(u trait de
famille. Il aurait de plus traduit les
Vies des Pères du désert , d'anrcs
St.-Jérômc, et composé un livre in-
titulé : Des sept paroles du Sauheur
en Varhre de la croix. Nous avons
vu en effet une édition de ce livre ,
de nouveau imprimé à Paris , Ca-
velicr, i538, in -8"., avec la figure
d'un chanoine à genoux devant la
croix ; et, dans le Catalogue de la bi-
bliothèque du Uoi, on trouve cet ou-
vrage attribué à un chanoine de la
Sainte - Chapelle. Enfm , d'après la
note cilée, Thomas de Gcrson serait
mort en i 475 , et enterré dans l'église
de Si. - Martin de Tours. La biblio-
thèque de M. Barré , auditeur des
comptes , mort en i ^4^ ? possédait nii
cxcnudi.iie du poème Des faulses
amours , Paris, in - 4"* > gothique,
sans date , désigné sous le nom de
Guillaume Alexis, et, dans une note
manuscrite, sous celui de Thomas de
Gcrson. G — ce.
GERSONIDES. Foy. GERsoKfils
de Levi.
GEUSTEN (Chrétien-Louis),
mathématicien allemand, né àGiesseii
en février 1701 , fut nommé profes-
seur ordinaire des sciences mathéma-
tiques dans cette université, en i 705.
S'étant laissé condamner par défaut ,
dans un procès qu'il eut contre son
beau-frère, et privé d'une grande par-
lie de son traitement de professeur, il
prit le parti de quiiter sa ville natale.
Mais ayant vainement cherchédc l'em-
ploi à Alloua et à Pétcrsbourg, il revint
|)eu de temps après dans le pavs de
Darmsladt , où ii vécut dans un état
0.52 G E R
voisin de !a misère, parce qu'il ne
voulut ni s'arranger avec son heau-
frcre, ni reprendre les fonclions de
professeur qu'on lui otlVit de nouveau.
En 1 748, il fui arrelc à Francfort pour
avoir écrit en termes inconvenants au
landgrave de Hesse - Darnistadl ,
et fut conduit au château de Marx-
hurg pour y rester prisonnier toute sa
vie. La cour lui avait assigné uu traite-
ment de 200 florins; il donnait eu
outre à Marxburg des leçons particu-
lières: ses observations et prédictions
méiéorologiques étaient fort estimées;
enfin il aurait pu encore être heu-
reux , autant qu'on peut i'cfrc dans la
captivité. Cependant, quoiqu'il fût loin
de reconnaître ses torts et de de-
mander grâce, et qu'il alfictàt mêiuc
de b'-avcr la cour do Darrnstadt, elle
se décida à lui rendre la liberté eu
1 ^(io ; et pour s'assurer avant tout de
l'usage qu'il <n ferait, la banlieue de
Braubach lui fut d'abord désignée ,
comme prison pour un an. Mais avant
l'expiration de ce terme, il s'évada, et
se tint caché tantôt à Wisbaden, tan-
tôt à Offenbacli ou bien à Francfort.
]l mourut, le i5 aoiit l'^d'i, dans
cette dernière ville, accablé de tout le
poids de l'indigence. vSon ciractèrc
inflexible et opiniâtre avait causé son
malheur; mais il était plein de pro-
J>ité, et avait comnu; mathématicien
im mérite distingué. Des 1722, il
nvait inventé une Machine tu ithmc-
tùjue fort ingénieuse , dont il adressa
en 1735 la description au chevalier
llansSloane, (pii l'a fait insérer dans
les Trrmsaclions philosophiques ,
11". 45H. L'auteur y passe en revue
les principales tentatives faites en ce
genre avant lui; mais il paraît n'avoir
fu conuai.ssajice ni de celle de Pas. al,
Di de celle de Grillel, les plus aiicieiv-
1105 en date, cl à plusieurs égards les
plus avantagcuics. Un sait que l*ascal
GER
avait inventé sa machine arithmétique
dès 1 64 '2 : mais elle n'a été décrite que
long -temps après (/^^. \çs Machines
approuvéesparV académie des scien-
ces)-, et quoique du cabinet du Roi
elle ait passé à la collection de l'aca-
démie _, et au conservatoire ou dépôt
des machines de l'abbaye St. - Martin-
des-Champs, elle est généralement as-
sez peu conn\>e : sa grandeur est celle
d'une petite caisse , susceptible d'être
posée sur une table. La maclnnc de
Grillel , tout-à-fait portative , et plus
commode sous ce rapport ( V. Giul-
LET ), avait été décrite et figurée dans
le Journal des savants de 1 678 ; on a
lieu de s'étonner qu'elle ne soit pas
plus connue. Le chevalier Morland en
avait imaginé deux , et en publia la
figure, mais sans description, à Lon-
dres en 1678; l'une devait servir pour
l'addition et la soustraction , l'autre
pour la multiplication. Il paraît au
suq^lus qu'il ne les fit jamais exécuter,
et qu'elles n'auraient pu remplir en-
tièrement leur objet. Celle que Leib-
nilz présenta en 1673 à la société
royale de Londres, et dont il a donne
la description dans les Misccllanea
Berolincnsia, tom. i, en 1 709, quoi-
que iWin volimie peu coniniOLlc, pa-
raît supérieure aux préccLlentcs. Le
marquis Poleni s'était aussi exercé sur
le même sujet; sa machine est décrite
avec celle de Leibnilz, <lans le Thea-
triini arilhnietico - ^conielricuni de
LcupohI , publié à Leip/.igen 1727,
après la mort de l'auteur, qui en avait
aussi imaguié ime sur un plan un peu
dilTérenl , et dont d se [)romettaif de
grands avantages , mais qu'il n'eut
point la satisfaction de voir Icrmiuee.
Enfin Ij'pine, en I7'2.5, et llilleriii
de Roislissandeau , en 1730, s'occu-
pèrent encore de cet objet; et leurs
inventions se Irœivent dans le liecueil
des machines de l'académie des scien-
(.1 JV
CCS , tom. IV et V ; la |)rcinicre un peu
roin|)li((nce, dilîùrc peu, d'ailleurs, de
«cl le (11' ]\j.sral. IWislissandcau, vou-
lant ciulierir sur ses picdcccsscirs, fit
trois uiaclùncs difFercntcs. La prcmicrc
iiVl.iit j)oiiit assez, simple, ot de plus
fiait iihcoiiunode et sujcllc à clic de-
laugco à cause des frotlcinenls ; la
deuxième avait les mouvements plus
doux,et s'adaptait mieux aux difTeïcnts
genres de fractions complexes; la troi-
sième, moins com|>Jicpiec, était d'une
exécution plus facile , et l'auteur en
avait fait des modèles en bois qui
avaient assez bien réussi. La machine
invente'e par Gersten,très diltiirente
dans le plan et l'exécution, semble, sous
quelques rapports, supérieure à toutes
les prc'ccdcntcs , quoique au fond ces
sortes de machines ne doivent être re-
gardées que comme des curiosités in-
ge'nieuses, propres à figurer dans le
cabinet d'un am-atcur. On ne peut ti-
rer, dans la pratique, une véritable uti-
lité que de celles qui sont fondées
sur la propriété desIogarithmes(/^o/,
Guntuer). Les autres ouvrages de
Gcrsteu sont : L Tentamina sysie-
matis noi>i ad mutationes harome-
iri ex naturd elateris aërei demons-
trandas ^Y^Audon , 1733 , in 8"*. H.
Melhodiis nova ad cclypses terrœ
et appulsus lunœ ad siellas suppu-
iandaSy Giessen, 174^ 1 i"' 4°* I^'au-
teur y a joint un précis de l'histoire de
l'observatoire de cette ville. Wl.Exer-
citalioiies recentiores circà roris me-
<eom,Oirenbach, 1748, in-8MV.
Diflérents Mémoires aslronoiniques
insérés dans les Transactions philoso-
phiques, N"\ 473, 48-2 et 483 : le
dernier décrit un quart-de-cercle mu-
ral perfectionne. V. Un Traité de
perspective ^ resté manuscrit.
E— H—D.
GERSTLACHER (Charles-Fre-
DLRic), publicisle estimé; naquit eu
G E Pv 9.55
1 702 à Eoblingcn , dans le Wiirleni-
bcrg : nommé, en 1761, professeur
extraordinaire do droit à l'université
de Tubin};;en , oii il avait ftit ses élu-
des, il accepta ensuite, en 1767, une
place d'assesseur au tribunal do li
cour à Carîsruhe; et, ay.uit rempli
cette charge avec la plus grande dis-
tinction, il devint successivement en
1789, conseiller privé cfTcclif, et
en 1791 , assesseur à la cour de ré-
vision que le gouvcrnemenl de Bade
venait d'établir. Il mourut le i 5 août
1 795. 11 a publié dix - huit ouvrages ,
dont on trouve l'énuraéralion dans le
4'". vol. du Dictionnaire des auteurs
allemands par Meusel, Leipzig , 1804.
Nous citerons seulement : 1. Commen-
taiio de quœstione per lonnenta ,
Francfort et Leipzig, 1753, in- 4"'IE
Spécimen juris publici de majore
statuuni imperii œtate antiquissimd,
antiqnd et kodiernd, Frauciort, 1 7 55,
in-4". in. Bibliothèque juristique ,
dans laquelle on indique tous le'!
ouvrages qui traitent de la jurispru-
dence, ou qui peuvent servir aux
personnes qui s^occupent de celte
science , 1 vol. en six cahiers , Slut-
gart, 1758-1762 , grand, in - 8".
IV. Recueil des édits et ordonnances
du duché de fViirtemherg, avec une
Introduction sur la constitution an-
cienne et moderne de cet état^ deux
vol., 1759-1760, in-4". et in-8*'.
V. Recueil des ordonnances de Ba-
den Durlach^ Francfort et Leipzig,
5 vol. in-8 ., 1775- 1774.VL Cor-
pus juris Germanici etprivati, c'est-
à-dire. Le texte le plus exact de tou-
tes les lois , ordonnances et autres
édits de l Empire geriaanique , en
ordre systématique , avec des notes ^
4 vol. gr. in-H'*., Francfort < t Leipzig
(Carîsruhe), 1785-1789. ÎjC pre-
mier volume traite (ka lois et ordon-
nances de l'Empire germanique; le
354 OER GER
second, des concordats entre îa na- -velle communauté. Gertrnde justifia
tion allemande et l'église de Rome, par sa conduite le choix qu'on avait
du traité de Passau et de celui de lait d'elle j et Idebrrge elle-même
Westphaliej le troisième contient les se mit sous la diiection de sa fille,
autres traités de paix conclus par l'era- Cette sainte dsme mourut âgée de
pire germoninue, et le quatrième rcn- soixante ans , cinq années après être
ferme également des traités «le paix, entrée d;;ns le monastère. Les marty-
res lois, des édits et des ordonnances, rologes de Fiaudre en font mention
avec une table des malièrcs contenues le 8 m-)i. Gcitrude, privée de l'aide
dans les qn.jtic volumes. M\. ])'IaT7uel de sa mère, se déch^igea d'une partie
des lois de V Empire germaniques des soins de la suj>ériorité, sur des
d'après le texleleplus ex act^ dans un personnes dont elle connaissait la
ordre systématique .^ oi ze vol.in-b'., vertu, pour se livrer plus librement à
Francfort et J.<ij'zig, i']B5- I794« la contemplation et aux pratiques de
Ces derniers ouvrages sont en aile- la pénitence. Sa sauté s'étant atVaihIic,
mand. H — h — d. elle se dérail de la dignité abb'tiale,
GERÏHUDE (Sainte) , pbbcsse et vécut encore trois ans après sa tiè-
de Nivelle, était fille du bicr.heureux mission. Elle mourut , le i 7 mars de
Pep'n de Landen, prince du Brabant, l'iU 65ç), âgée de trente - trois ans :
maire du palais d( s rois d'Austrasie, son cnlie s'est extrênu;raent répandu
cl de la bienheureuse Ile ou Idc- en Brabant et eu Allemag'.e; beaucoup
herge: élevée sons les yeux de pieux d'églises y sont sous son invocation,
parents, elle 5uça pour ainsi dire, avec Son monastère a été, au xiT. siècle,
Je lait , l'arnour des choses divines, changé en uu chapitre noble de cha-
Dès l'â^e <!«• dix ans, elle résolut de noinesses. Sa vie a été écrite par un
consacrer à Dieu sa virginité. Demau- auteur qui avait assisté à ses luné-
dce en mariage par le fils du gouver- lailles; il ne rapporte, dit-il, que ce
ncur de la hante Anstrasic , quoique qu'il a vu ou appris de témoins iné-
cette alliance fût aj>prouvéc du roi prochabîcs.Cetancien monument nous
Dagobcrt et de ses parents, elle dé- a été conservé; les bollandisles l'ont
clara, en ]iréscnce du prince, qu'elle fait imprimer dans leur Recueil, au
ri'aurait d'autre éponx que son sau- 1 «^rnars, avecleursobservation- : duui
vcur. Dagobcrt, charmé de tant de IVI.dillon en adonné une nouvelle édi-
vcrlu, ordonna qu'on la laissât libre, tion sur un manuscrit des Feiull.iuts
Ayant perdu son père à l'àgc dequa- de i'aris. — Gei\trudi: ( Sainte), cha-
lorze ans , et restée avec sa mère, noinesse de l'ordre de Pi émonlré, fiée
l'une et l'autre, fpu'lqucsannécsapri's, de I^ouis landgrave de Hesse et de
])ar le conseil (h S.-Amand, résolurent Tluuin;^c, et de Sainte l'Elisabeth, fi'le
<lc se retirer dans nu monastère, (pi'l - d'AuiIré roi de Hongrie, renonça aux
«leberge fonda à Nivelle en Jîrabant. avantages de sa naissance, pour se
Gelte sainte entreprise ne s'exceuta con5arrer à Dieu, et fut une des pre-
poinl sans quehpies traverses : Ide- mières maîtresses ou supérieure s du
))erge, les ayant surmontées, ])résenla nubie chapitre d'Altenberg, au diocèse
iierlrudc aux évê(|ues. qui lui donné- de Trêves. Elle lit construire à cote
rent le voile, et li bénirent (pioiqu'eile de son mouasli-re un h()pital, où die
iiVul guère plus de vingt ans, «mi servait elle-même les malades. Urbain
qualité de priiuièjcabbcssc de la iiou- IV ayant public une croisade, Gcr-
r, ER
triulc se croisa , cl lll croiser les clia-
iioincsscs SCS (illes , pour concourir ,
disait-cl!r, nu succès (le la guerre sain-
te par l'arme spirituelle des prières,
]iuis(|u'eilrsnf Irjjouvaicnl autrement.
Elle lut aussi une des premières qui
solennisa la lètc du 8l. - bacnmont,
insiiuicc par le même pape. Après
beaucoup (lebonnes œuvres et d'cxrm-
ple.s de viMtu , elle mourut le 1 5 août
ï2()7 , et fut mise au lang d<'S saintes
par Clément VI. — GLRTRUDE(8ainf('),
abbcsse de l'ordre de S.-Bei.<iîr, née
à Eisieben en Hante-Saxe, était sœur
de Sainte-Mcchtiide, et fut mi>eà l'â-
ge de cinq ans chez les bénédictines
de l\ob( r.sdorf, oii elle prit l'habit en
1 .^94. Klif savait le latin , et l'écrivait
avec facilité : elle a\ ait aussi étudié
l'Écriture samte et lu 1rs Pères; mais
sa principale occupation était la con-
templation , et elle s'est partirnlièrc-
inent rnidue fameuse par un livre de
Béi'élatiofis ^ où elle fait le récit de
SCS communications avec Dieu. Tout
y respire un abandon absolu à la vo-
lonté divine, et une entière abnéga-
tion de soi-même. Nul livre, disent
les maîtres de la spiritualité, a))rès ceux
de Sainte-Thérèse , ne peut être plus
utile aux contemplatifs. Cette Sainte-
Gertrude mourut en i554, après
avoir été abbcsse quarante ans. Le
livre des Révélations a été souvent
imprime: les meilleures éditions sont
celles de Lanspergius , chartreux ,
mort en i559 , et de Blosius, abbé
de Liessies et restaurateur de ce mo-
nastère, qui mourut <n i568. Le mê-
me livre a été réimprimé sous le titre
de Insinuaiiones pictatis, seu vitœ
sanctœ Gerlrudis Firginis et ah-
batissœ Saiicti Benedicii , Paris ,
1G62, parles soins de dom Nicolas
Cantcleu, l)énédictin de la congréga-
tion de S.-Maur ; sous le même litre,
Saitzbourg, iGG.», in-12, par dom
GER -in^
Laurent Clément, bénédictin , qui fit
j)récéder celte édition d'une Fie da
Sle.-Gertnulc , tr.idiiitc ensuite par
lui-même en français; et deux ans
après sous celui de <SVt//r<<T? Gerlrudis
y. etabbatissœ Sancti benedicii in-
sinunùonum divinœ fnclads cxerci-
tia^ par dom JVlége, de la niêmc con-
grégation , qui en donna, en 1674?
une traduction en français. L — y.
GEKVALS (Saint). F. Protais.
GERVAIS, i4'. abbé -général de
Prémontré, et ensuite évêque de
Sécz, était né on Angleterre, au dio-
cèse de Lincoln, de parents illustres.
Etant venu en France pour y perfec-
tionner ses études, après avoir pris le
bonnet de docteur en théologie dans
l'université de Paris, il enibrassa l'ins-
titut de Prémontré à l'abbaye de St.-
Jnsl, diocèse de Brauvais. Son abbé
ayant été élevé sur le premier siège
de l'ordre eu t 195 , Gervais fut choisi
pour le remplacer : il devint bientôt
après abbé de Thenailles , et en 1209
abbé-géiicral de Prémontré. Il eut et
mérita ia confiance des papes de sou.
temps. Céiestin 111, lorsque Gervais
était encore à Sf.-Just, le chargea de
l'administration du diocèse de JJeau-
vais, pendant la captivité de l'évêque
Philippe de Dreux , cousin du roi ,
fait prisonnier- en défendant les armes
à la main le Beauvaisis, où Richard-
Cœ'.ir-dc-Lion faisait du dégât. ïnnor
cent 111 , au concile de Latran , où as-
sistait Gervais, lui donna des mar-
ques d'une estime particidière ; il le
fit son grand pénitencier , et lui ac-
corda en Italie plusieurs établisse-
ments pour son ordre, qui jusque-là
n'y en avait point en. Honorius 111,
continuant à Gervais la même bien-
veillance , engagea Henri III , roi
d'Angleterre, à le nommer à l'évêchc
de Scez, et vonlnt le sacrer lui-même
(18 juillet 1226.) Sous ces deux der-
256 GER GER
iiiers ponlifcs, Gervais fut charge de clies , le P. Hugo n'a pu recouvrer
négociations et de commissions im- aucun de ces ouvrages. L — y.
portantes, les unes au sujet de la GEUVAIS (Robert), né à An-
croisade qui se préparait alors; les duse avant le milieu du xiv^. siècle,
autres , pour le maintien de la disci- fut d'abord religieux de l'ordre des
plinc ecclésiastique, la réduction des frères prêcLeurs, et tiré de son cloî-
Albigeois à l'obéissance et leur con- tre par le pape Urbain V pour être
version à la foi. Devenu évéque, Gcr- fait évêque de Sencz. Dans le grand
vais ne changea rien à sa façon de vi- schisme d'Occident , il prit , ainsi que
vre humble et modeste. Après avoir tous les évcques français, le parti de
ouvcrné son ordre pendant onze ans, Clément VU, et écrivit en 1 388 con-
Î3
et le diocèse de Séez pendant huit, il tre Jean de Lignano et Balde , qui
mourut le y-8 décembre i2ii8, égale- tenaient pour Urbain Yl , un Traité
ment regretté de ses religieux et de du schisme , qui se trouvait au nom-
ses diocésains. 11 fut enterré à l'ab- bre des manuscrits de la bibliothèque
baye de .Silly, de son institut. On a deColbert. La même bibliothèque ren-
de lui des Lettres intéressantes pour fermait un autre ouvrage du mcme
1 histoire de son temps. La plupart auteur, composé en 1 585, et intitulé
sont adressées à des papes , à des le Miroir royal. Gervais mourut en
rois, à des princx-s, à dcsévêques, etc. 1 5()G. V. S. L.
Quelques-unes lui sont écrites par les GERVAIS (Maître). Foy^dimi-
mêmes personnages. La latinité en tiej^.
est bonne pour le temps, dont elles GER VAIS de TILRURY, histo-
servent admirablement à faire con- rien du xiir. siècle , né dans le bourg
naître l'esprit. Elles étaient restées de ce nom sur les bords de la Ta-
ignorécs , lorsqu'cn i665 Norbert mise, après avoir visité une partie de
C.aillcu , prieur de Prémoniré, en- l'Europe, arriva vers 1208 à la cour
voyé par l'abbé général le Scellier d'Olhon iV, empereur d'Allemagne,
dans les abbayes de Flandre pour y Ce prince, qui descendait par sa mère
recueillir ce qu'il pourrait y trouver d'une illustre famille d'Angleterre, ac-
d'anciens moiuiments , les découvrit cueillit Gervais avec une grande dis-
dans la bibliothèque de l'abbaye de tinction , le (It l'im de ses orateurs ,
Vicogrie, ))rès Valenciennes , et les le nomma ensuite chancelier , et eii-
fit imprimer dans cette ville au nom- fin maréchal du royaume d'Arles. Ger-
bre de soi\antr-dix. Depuis, le P. Mu- vais mourut vers 1 '218. On a de lui :
go, abbé d'Estival, ayant aj^pris qu'il Otia imperialia , libri très (1) ; ce
yen av.iil un exemplaire inamiscrit sont des mélanges de physique, d'his-
a l'abbaye de Slciufcld, diocèse de Co- toire et de géographie. 11 leur donna
logne, se le fit adresser, et, au lieu de ce litre, parce cju'il les avait eompo-
soixaiitc-dix lettres, y eu trouva cent- *>v<s pour dr^siperlVimui d'Othon , au-
ircnte-cinq, qu'ila publiées dnns sou re- quel il les dédia. Leibnilz a publié cet
iwcW m\\\.\\\v: Sacrœ anùijHit a \i s vio- ouvrage dans ses Sctijitores BritnS'
fiurneiUa ,Ks{\\:\\j 1 77.5, -ji vol. petit \vicenscs , tome 1"., pngrs 8S1-
in-fol. Gervais avait aussi laissé des ioo/|, et les différentes leçons de
Commentaires sur les psaumes et
les t'ctits fronhctcs , et des Jloniè' ii) OioHvroK»' «"^i «"«'•«•"""""»""'•»«''"■'■• '
lies. Maigre de soigneuses icclier- 0,6...
(r E R
qd.Tlrc niamiscriîs de ViiU , ainsi
qu'un supplcincnt dans le tome ii ,
l)'i|:. 7^1 --jS/,. J.-J. IMadcr avait
déjà jjublie une parîie du se-
cond livre d'.)prcs un manuscrit de
la hi"bliollièque d'iltlnisladt , ibid. ,
107") , in-/|.*'. , sous le titre suivant :
D(i imperio Romano, et Gothorum ,
Lon^ol/ardoj'uni , Brilonum , Fran-
coriim, An^lorumqiie regjiis ex Oliis
imperialibus. La préface de Madcr
peut cire regardée connue une savante
disseit.ilion sur l'origine, l'accroisse-
mcut et les diflfcrentcs révolutions du
royaume d'Arles. Duchesne a iuse'ré
la Descriptio Galliarain de Gcrvais
dans ses Scriptores Francor, coœta-
nei , tome I^^ , pag. 19 , et les autres
passages du même auteur qui ont rap-
port à la France, tome m, pag. 363-
575. Dora Bouquet (ou plutôt dom
Poirier) en a aussi publie' des extraits
dans le Recueil des historiens de
France, tome xi , el il en annonçait
d'autres parmi les volumes suivants.
Plusieurs écrivains postérieurs, et en-
tre autres le moine Helinand, se sont
«ipproprie's un grand nombre de passa^
ges de l'ouvrage de Gcrvais sans lui en
faire honneur. Toutes ses ide'es sur la
physique , qui étaient celles de son
siècle, annoncent beaucoup d'ignoran-
ce et de cre'dulité. L'abbe Lebcuf en
a rapporte quelques - unes dans le
tome n de ses Dissertations sur
V Histoire de France, pag. 187. On
attribue encore à Gcrvais : I. lllus--
trationes Galfridi Monemuthensis
libri /r.II. Historia Terrœ sanclœ.
m. De origine Burgundionum. Les
nouveaux éditeurs de la Bibl. hist,
de France, observent que c'est à tort^
que le P. Lelong a dit que cet ou-
vrage avait ete imprimé dans les
Scriptores Brunswicenses. IV. Fa-
cetiarum liber ^ dédié à Henri II,
roi d'Angleterre , dont ou dit que
G E R 9.37
Gorvais était proche parent. V. Tri-
colunininm Angliœ. VI. Melrica
descriptio Raliieorum Putcolano-
mm.Tuus ces ouvrages restés en ma-
nuscrit sont peu connus. VV — s.
GERVAISE (Nicolas), né à
Paris en 1662 ou iGG3 , élait fds
d'un médecin en réputation , attache
au surintendant Fouquet. Ucuibrassa
de bonne heure l'état ecclésiastique.
A peine âgé de vi«gt ans , l'abbé
Gcrvaise partit avec des mission-
naires pour le royaume de Siam ,
oii il séjourna environ quatre ans.
Avide d'instruction , il étudia avec
soin les mœurs , les usages _, le ca-
ractère, et jusqu'à l'histoire des ha-
bitants de ce pays. De retour en
France, il publia une Histoire natu-
relie el politique du royaume de
Siam ( I volume in-4". , » 688 ) , et ,
peu de temps après, une Description
historique du royaume de Macassar
( I vol. in-12 ). Ce savant ecclésias-
tique avait amené avec lui , des Indes
orientales , deux fds du roi de Macas-
sar. Plus capable qu'aucun autre de
suivre leur éducation , puisqu'il était
à peu près le seul homme de France
qui sût parler la langue de ces en-
fants , il fut chargé, par Louis XIV,
de les instruire dans la religion ca-
tholique. Celle tâche remplie , il devint
curé de Vannes, en Bretagne , puis
prévôt de Suèvres , dans l'église de
St,-Martin de Tours. Sa résidence à
Sucvres fut de longue durée : ce fut
dans celle relraite qu'il composa ses
ouvrages les plus importants , et il
ne quilta sa prévôté qu'en 17^4,
pour se rendre à Rome, où le pape
le sacra évêque d^Horren. A peine
revêtu de ce titre , qui lui imposait
de dangereuses obligations , le coura-
geux prélat se mit à la tête do plu-
sieurs ecclésiastiques, et se rendit en
Amérique , dans l'espoir d'y convertir
!i5vS G E R G E R
à 1.1 foi chrelicnue les peuples sau- de St. - Marlin , dont la pre'v6té de
vagcs de cet hémisphère. Mais sa Siièvies dépend. Gervaise avait en-
pieuse témérité lui devint funeste : hs tn'pris et presque terminé des ou-
Caraibes rjssaisiiièrent , lui et tous vrjgcs considérables, lorsque son
ses compagnons de voyage, le 'lo zèle pour la religion l'entraîna de
novembre l'j'ig. Outre les deux ou- nouveau au-delà des mers. Au nom-
vragcs dont nous venons de parler bre de ces productions , qui n'ont
(ouvrages très faiblement c'crils, mais pas vu le jour, on compte une Vie
remplis de rlétails curieux), nous de S. Louis, dont la préface et Té-
2yonsde\^nhhéGcr\ m>,(',\a Fie de St.- pitre dédicaloire étaient achevées, et
Martin , évéque <£t? 7owr5 ( 1699, in- qui devait former 1 volumes in -4".
4°.), et une f/i^toir.:' de ïîoéce , Cetautcur avait aussi commeucéla Vie
sénateur romain , avec L'analyse de de M. de Raïué. abbé et réforma-
tous ses ouvraf^es , etc., divisée en teur de la Trape. Des ordres «-upé-
deux p.iities (iu-i'2 , i'ji^ ) • cette lieurs, dont on ne connaît pas les
dernière pro(lu(tion est stipéiieure à motifs, l'obligèrent à abandonner ce
tous les autres ërrits de l'auteur; on travail. F. P — t.
y trouve nue critique saine et des GERVAISE (Dom François-Ar-
iecherclies aprotbndies. Gervaise l'a- mand ) , d'abord c.irrae déchaussé ,
vait dédiée à I^ouis XlV; mais ce et ensuite abbé de la Trape, frère
prince étant mort avant queTimpres- du précédent, naquit à Paris (ou,
siou du livre lut terminée, l'ablté selon d'autres, à Tours), vers 1660:
présenta cet ouvrage à Louis XV , il fit ses études chez les jésuites , et
sans néanmoins supprimer ré[)ître brilla dans ses clisses. A i5ans, se
dédiratoirc au feu roi. a Sire , dit sentant pressé du désir d'embrasser
» Gervaise au jeune monarque , cet la vie re!i{:;ieuse dans un ordre aus-
V ouvrage, que j'ai l'honneur de pré- tcre , il choisit celui des carmes de
» senter à V. M., est le dernier mo- la reforme de Ste. Thérèse, nommés
» nurncnt du zèle que j'ai eu pour autrement carmes déchaussés. H
» la gloire du roi votre bisaïeul : il avait à peine '22 .ms, qu'i! fut charge'
1) devient le premier hommage que d'y jirofesser la théologie. Cette occu-
» je \\cn^ rendre à V. M., comme à p.tlion ne suffit pas à un esprit aussi
i> mon roi, à nn)n seigneur particu- actif que le sien ■ p.irlant avec firilitè,
» lier et à mon abbé.... m Nous avons même sans préparation , doué d'une
aujouririiui cpiehpie peine à com- hem eiise mémoire , il se mil à prêcher
*)rcndre comment le roi de Fiance et le lit avtîc succè>. Ayant été nomme
pouvait n'être, il y a renl ins, que prieur de Gregv , couvent situé dans
le sci"neur narliculirr d'un de ses levuisinai;e de Meanx ( l juès de Ger-
sujels, et, surtout, pour ipielle lai- rmgny. maison <1. Ciimpaguede l'évc-
son ce sujet l'.ippilail son abbé, que , il «ut (lecasitdi tic Ntiir Hossurt ,
1/histoirc de Touraine nous exp'ique (pii , trouvant en lui un religieux zélc
celte double énigme. Gervaise était , et plein de talent , lui donna d'utiles
comme nous l'avons dit, prévôt de conseils. ïii s c unies avaient à Ihnne
iiiièvres ; or, ce domaine <sl,a ce des all'aii es pour hstpu lies ilfillait <le
qu'il pu ait, un des plus anciens ar- la capaiité; ils i'v dépulèrenl. Quel-
rière-heCs de la couronne, <t les que aiisti-re que fût riiistitiif des car-
rois de France sont de droit abbés mes, boilièle, suit iiiquicludcd'cspril.
gi:r
CfTrvalsc IIP le trouva point assez ri-
goureux pour lui. Il resolnl <ic se i<'-
tiivr à II Tr.j[)c', où il lut admis après
qiici(pics (liniciillJs. [/.ibbe de Kaiicc
lui (lodiia liii-inciiic l'Iiabil eu iOi)5,
et ajouta le nom d'Aiinand, (jui était
riwi (les siens, à eclui de François que
portait déjà doiri (iiTvaise. Les infir-
uiite's de l'abbc de la Trape l'ayant
C'iii;aj;c à se démettre do son abbaye,
A' et dom Zuzirac Foisel, qu'il s'était
' donne pour successeur , ctaut mort
}ieu de temps après , le pieux réfor-
mateur crut dom Gervaise propre à
maintenir l'ausleiile' et l'esprit de pc-
nitcucc ((u'il <»vail introduits dans sou
I monastère, il lit demander au roi et
obtint l'abbaye pour lui. Mais il ne
tarda pas à s'apercevoir qu'il s'était
trompe. Heureusement le nouvel abbc'
ofFiit lui-même sa démission. Quehjues
auteurs prétendent qu'il en cul du re-
gret, cl qu'il ût tout son possible pour
]a retirer. Dans deux F'ies de l'ibbc de
Kancé, il est accusé d'avoir eu de mau-
vais procédés à l'égard de ce dernier.
D'autres le justitlcnt, et lui-même a
composé divers écrits pour son apo-
logie. 11 faut bien que l'abbé de Rancé
ait eu à s'en plaindre , puisqu'après
l'avoir élevé lui-même, il a souhaité
qu'il quitlât le poste dont il l'avait jugé
digne. Gervaise se retira à l'abbaye de
Lou^Pout, et depuis erra de monas-
tère eu monastère, jusqu'à ce qu'un
ordre du roi le relégua à l'abbaye des
Reclus, dans le diocèse de Troyes, où
il mouiut, en i65i, âgé de quatre-
vingt-onze ans. Ou ne peut refuser à
dom Gervaise beaucoup de talent et
plusieurs qualités estimables. Les nom-
breux ouvr iges qu'il a laissés, prou-
vent combien il était laborieux; et la
vie de la Trape qu'il n'a jamais cessé
de mener avec la même rigueur de-
puis sa sortie de ce monastère , ses
tifurts constants pour le maintien de
r,ER
1JIJ
la réforme de son ordre, ne pertnet-
teul pas de douter qu'il ne lût un re-
ligieux attaché à sa lè^lc; mus natu-
rellement iiKpiiet , d'iuie liumcur sin-
gulière et bizarre, et d'un caractère
bouillant, il ne convenait <'n aucune
manière au gouvernement d'une com-
munauté où il fallait lui homme de
paix. On a de lui : I. Les Vies^\ plu-
sieurs Pères; savoir : dcSt.-Cy/jrien,
Paris, I 7 I ■],in-4".; • — de St.-irenée,
Paris, 1 723, li vo!.in-i i; — de Ritfin^
prêtre de Végliite d'A(juilf'.e, Piris,
1 725 , 2 vol. m- 1 '2 , refondue depuis
par l'abbé Goujet; — de Sl.-Pdulin y
1 745, in-4". ; — de Sl.-Èpiphane ,
Paris, 174*^, iii-4''7 '^^ plupart avec
l'analyse des ouvra;^es qu'ils ont lais-
sés, des notes historiques et critiques,
et des dissertations. Les Mémoires de
Tillemont ont en grande partie fourni
les matériaux de ce travail. IL La Vie
d'Abailard etd'Héloise son épouse ,
Paris, 1720, 2 vol. in-i2. 111. Les
Lettres des mêmes , traduites en
français , d'un style plus libre qu'il
ne convenait à \x profession du tra-
ducteur (F"qx. Abailard;. IV. La Fie
de Vabhé Su^er , avec des disserta-
tions, Paris, 1720, 2 vol. in -12.
Elle est curieuse, mais inexacte. V.
Défense de Li, nouvelle histoire de
Vabhé Su^er, avec l'apologie pour
feu M, Vabhé de la Trape , contre les
calomnies de dom Fincenl Thuil-
lier. Dom ïhuillier, dans son édition
des Œuvres posthumes de dom Ma-
bil!on,cut occasion de parler de la
contestation de ce célèbre bénédicliii
avec l'abbé de Raiicc, au sujet des
Etudes monastiques. On doit penser,
d'après son caractère , qu'il n'a j)oiut
passé les bornes de la modération;
au lieu ([ue celui de dom Gervaise,
souvent peu mesuré, rend ses qualifi-
cations un peu susp.ct.'S. VI. IJ His-
toire de Vabhé Joachini , religieux
a4<> ^ER GER
ds Vordre de Cite aux , surnom' t\^s.lîU. Histoire de la réforme de
mé le prophète, Paris , 1745 , 2 Vordre de Cite aux en France , kVi-
volumes in- 1*2. lAuiteur essaie d'y gnon, 1746, in-4''.;il devait yen avoir
montrer raccomplisscracnt des pro- deux volumes, dont il n'a paru que le
pheties de cet abbe, dont il raconte premier , l'ouvrage ayant été arrêté :
aussi les miracles. Cette production ce volume est devenu rare. Les supe'-
passc pour être plus dénuée de criti- rieurs de l'ordre de Cîteaux n'y sont
que qu'il ne convient à un ouvrage pas ménagés. C'est à l'occasion de ce
de celle mtuie. Vil. Jugement cri- livre qu'intervint l'ordre du roi, qui
tique , mais équitable des Fies de M. relégua dom Gervaise aux Reclus.
l'abbé de fiancé, Londres (Troyes), Outre tous ces ouvrages, dom Ger-
1742, in-1'2. Ces vi»'s sont celles v.iise on laissa de manuscrits : on cite,
qu'ont données l'abbé Marsoliicr, et entre antres, un nhvé^é de V Histoire
Maupeou , curé de Nonancourl. Dora ecclésiastique de Fleur/ j un Traité
Gervaise y est fort maltiaité. Il re- des devoirs des évéque s ^ nue Vie de
pousse de son mieux \qs imputations dom Abraham Braugn/ , curé du
de ces deux écrivains , et relève plu- diocèse d'Arras, mort religieux de
sieurs fautes et inexactitudes dans les- la T râpe , aie . Dom Gervaise écrivait
quelles il prétend qu'ils sont tombés, bien; son style est net, coulant et
VJII. Lettres d'un théologien à un léger, et ses pensées ne manquent pas
ecclésiastique de ses amis, sur une d'élévation : mais il est inégal, souvent
Disserintiontouchant les ordinations peu exact ; exagéré, quand le préjuge
anglaises, Paris, 1724, in- 12. Cette ou la passion le domine, il ne connaît
dissertation est celle du fameux père plus alors de ménagement, et sort
Le Courayer ( Foy. Courayer). Les des bornes d'une sage discrétion. Le
Lettres, au nombre de deux , ont été résultat de ces défauts a été une vie
supprimées , et le privilège en a été semée d'épines , et continuellement
l'tùié. \^.V honneur deV Eglise et des agitée. L — y.
souverains pontifes^ défendu contre GÉRY ( Andrl'-Guillaume de),
les calomnies et invectives du père cVianoine régulier et abbé de Sainte-
té Courayer , dans son histoire du Geneviève, l'un des oralcursdistingués
concile de Trente^ Nanci, 174'-*)'^ duxviii. siècle, naquit à Reims le 17
volumes in- 12. X. Cinq Lettres février 1 727. 11 commença ses huma-
contre dora Marquard Ilergott, au- nités dans cette ville, et les termina
tcur du livre intitidé : Disciplina mo- sous la direction des chanoines régu-
jiasticd ; cWcs ont été imprimées dans liers de St.- Vincent de Senlis. Étant
les journaux de Trévoux, de 1727. entré, en 174^, dans la congrégation
Ce dom Marquard Hergott était un de cet ordre, il y prit des leçons de lil-
«avanl religieux de l'abbaye de St.- térature et de langues anciennes sous
Biaise, dont l'ouvrage est plein de un maître instruit et modeste, le père
choses cunvnsvs.W. Fie de S. Paul, Gillel. Kn 174^ 1 il fut envoyé à
apôtre des Gentils et docteur de V E- Samte-Rarbe en Auge, pour y élii-
glise, Paris, 1754,3 vol. in-12; ou- (lier la philosophie. Dans ses moments
vrage d'un goût singulier, divise en de loisir , on lui fit ap[>nMidre et dé-
iix livres, dont les quatre premiers biler des sermons de iNIassillon; ce
contiennent l'histoire de cet apùtrc , qui développa ses dispositions, et lui
ft les deux derniers exposent ses ver- donna le u,uùt de l'éloqticncc de l.i
GER G En 241
cliairc. Il vint i\ P.iris, m 1747» ^'''"^ Onclqiirs anncTs.ipns la morldere-
Sui) cowvs (ic Jlic'ulK^ic; les llièscs (ju'il vinjuc ;M. de FitzJ.inics), (pii le con-
y soutint cure jil (le IVcl.Jt , cl mon- .siclciait b:.mLou|) cl iavoris^il son
tiriciit qu'il joignait à l'cinqiicnce niic zèle, il «juilta Soissons, cl ,<ll.i , CD
r.uson rVlrijcVrl rcsj)ril(lc clisrussion. i^GcS, prendre |:o.ss('.ssion a Lyon du
]l l'ut rh.ir^c d'enseigner la plnloso- ])rieiire-cure de Saint- 1 renée. Il y sc-
jiljjo dans le incine colleté où il avait conda le zèle de M. de Montazet, et
aelievc SCS lunnanifes. On lui donna, eut la plus grande j),Mt aux mande-
l)irutôt apiès, la chaire de ihcologie nienls de cel archevc(jue , au noii-
à la maison de H un , avec la dignité veau rituel et au catéchisme de son
de sous-prieur. C'est alors qu'il s'ap- diocèse : mais il refusa du prélat toute
jiliqua principalement à l'étude de dignité' qui aurait pu le détacher de
Saint ChrysosJome , de Saint Cy- sa congrégation. En 1770, il passa
prien , et de ceux des Pères les plus à la prioralure de son ancienne mai-
éloquents cl les plus doclfS : il prit son de Saint-Vincent de Scnlis ; en
surtout pour base de ses leçons la i 773, à celle de Saint-Marliud'Éper-
doctrinc de St. Augustin, el oljliut iiay; et en 1775, :< celle de Tous-
des succès qui le firent appeler à Ste.- saints à Châ'ons-sur-Marne. Dans
Geneviève, oii il exerça les mêmes cette dernière, n'ayant poinC de foiic-
fonctions de 1755 à 1761. Maigre tiou curiale , il se livra plus libre-
cet emploi pénible et assidu , son zèle ment au mini.'^tère de la parole, avec l'a*
le portail en même temps à exercer le giément de M. de; Juigné, alors évê-
ininistère de la chaire évangélique, où que de Ciiâlons, Le zèle pour la dis-
il déployait à-la-fois l'éloquence de la cipline régulière qu'il avait montre'
raison et de la persua>ion. Ses ser- depuis longtemps, l'avait fiit nom-
mons, d'une élocution facile, d'une ins- mer, plusieursannées auparavant, au
truclion vive et accompagnée d'onc- prieuiéde Sainte Geneviève: il avait
îion , lui attirèrent un auditoin nom- été porté ensuite à >'en démettre, par
ÎDreux. Il suivait , en les composant amour pour la paix. Enfin , sa coa-
d'un seul jet , l'impulsion de son zèle, duite ferme , tempérée par la dou-
Après avoir travaillé avec soin l'exorde ceur constante de son caractère, son
d'un sermon qu'il devait prononcer expérience acquise et reconnue dans
devant le roi le jour de la Pentecôte, les diverses maisons qu'il avait ad-
il en resta là ; jamais il r.e put ter- ministrées , firent tonjber toutes les
rainer la composition entière d*un dis- préventions j et il fut élu , avec l'ap-
coui s étudié qu'il lui fallait remettre probation générale, abbé de Saintc-
à jour fixe. Quelques passages d'un Geneviève, en « 778. Il s'occupa alors
sermon (sur le baptême), en quelque fout entier des rég'emcnls de son or-
sorte improvisé, dont le sens fut m d dre et du soin des bonnes études , et
intci prêté auprès de M.deBeaumont, ne prononça plus que de loin en loin
archevêque de Paris , fit ent suspendre quelques panégyriques el des discours
des le déhut la continuation d'iui ea- détachés. En 1784, s'étant déeh u-gé
rême qu'il devait prêcher à St.-Jcic- sur son coadjuteur du poids de l'ad-
ques-du-Haut-Pjs. Le chapitre gêné- ministration j rendu à lui-même , et
rai de sa congrégation l'envoya rem- jouissant en apparence d'une santé
plir alors (en 1763) la fonction de ferme et robuste, il se proposait de
prieur-curé de Samt-Lcgei à Soissons. reprendre el de suivre de nouveau
XVII. 16
J242 GES
le ministère de la chaire , lorsqu'une
apoplexie soudaine vint l'enlever, le
'j octobre 1786, dans la Go'', année
de son âge. On a de Tabbé Géry un
assez grand nombre de Sermons , de
J^anégjriques et d^ Homélies qui ont
ële' recueillis en six voî. iu-12, Pa-
ris, l'jBS. Ses sermons cl instruc-
tions, pleins d'une raison e'ioquente,
qui les faisait suivre avec tant de
succès _, sont encore lus avec fruif.
Parmi ses panégyriques, on distingue
celui de St. Augustin ^ composé vers
1758 j V Oraison funèbre de Louis
X f^ , publiée en 1774? \e Pane'gjr-
ri(jue de Saint Louis, en 1777 ; et
Y Eloge de Jeanne d'Arc, dite la
Pucelle , en 1 779. H a aussi public ,
sans se nommer , une Dissertation,
sur le véritable auteur du livre de
l'Imitation , Paris , 1 708 , in- 1 2.
C'est une réponse à la Dissertation
de l'abbé Valart , pour Gcrsen. Il y
défend moins l'opinion favorable au
<;hanoinc régulier Kcrapis , qu'il ne
s'altjcbe à combattre l'assertion de
Valart, qui attribuait \^ ImitationliX àh-
bé de Verceil , maître de Saint An-
toine de Padoue, pour donner quel-
<[uc réalité au prétendu personnage de
Gersen. ( Foy. Gersen et Thomas
Gallus.) Une traduction latine , aussi
anonyme, de la Dissertation de Géry,
se trouve insérée dans la Deductio
critica d'Eusèbe Amort, Augsbourg,
17(31 , in^"- G — CE.
GESEMUS (Guillaume), mé-
decin à Nordhauscn cl à Walkcnricd,
lié en I 760 à Schoningen , dans le du-
ché de Brunswick , jouit d'une assez,
grande réputation dans la lillératurc
médicale. Il est mort le i". avril
l3oi, après avoir publié v\\ alle-
mand : 1. Essai d'une Encyclopédie
h'l)iflof)térologï(jue , ou Manuel pour
les personnes qui font des collcc-
iiu/w de papdluns j Erlurl, 178G,
GES
in-8'*. II. Pathématologie médico-
morale , ou Essai sur les passions
et leur influence sur les fonctions du,
corps, ibid., 1786, in-8'. III. De
la fièvre putride , bilieuse et épidé-
micjue des années 1785 et 1786,
Leipzig, 1788, in-S". IV. Catalogue
descriptif des médicaments simples,
tirés du règne végétal , d'après l'or-
dre alphabétique des dénominations
usitées dans les pharmacies , Sten-
dal , 1790, in-£ol. V. Manuel de
matière médicale , ibid., 1791 > in-
8°.^ 1796, in-8^ B— u— D.
GEsSEK ( Conrad ) , naturaliste
célèbre , surnommé le Pline de l'Al-
lemagne, a été, pour son temps,
un pi odigc d'application, de savoir
et de sagacité. 11 naquit à Zurich, le
26 mars 1 5 16 , d'Ours Gesner, four-
reur, et de Barbe Frick, parents as-
sez pauvres, et qui avaient encore
plusieurs autres enfants; en sorte qu'il
n'aurait pu se soutenir dans ses étu-
des, sans les secours de son oncle ma-
ternel, Jean Frick, ministre, qui le
forma dans les lettres, et lui donna
les premières notions de la botani-
que. Mais cet oncle étant mort, et
son père ayant été tué , en 1 53 1 , à la
bataille de Zug, celle où péril aussi
le célèbre réformateur Zwingle, le
jeune Gesner se vit obligé de chercher
fortune dans l'étranger. Il alla à Stras-
bourg, où il seconda pendant quelque
temps, moyennant un salaire, les
travaux de Capiton; puis, ayant ob-
tenu quelques subsides des chanoines
de Zurich, il se rendit à Bourges, et
y commciifa à étudier l.i médecine. A
i'age de dix-huit ans , il eut occasio^i
devenir à Paris, et s'y livra , sans rè-
gle comme sans contrainte, h sa pas-
sion pour tous les genres d'études, se-
couru dans sa pauvreté parJeanSteiger,
jeune Bernois de famille patiieienne,
avec lequel d i'clait lié d'amilic. De là,
GKS
W rctourii.i une seconde fois à Stras-
boui|;, d'où il fut rappelé à Zurich,
eu I 5 j() , pour y occuper , dans le col-
lè-^v , uu [)elit emploi de re:;ciit. Mais
les ni,ij;istral.s s' <i perçurent prompte-
iJUMif (pi'il elait t'ait pour des travaux
moins ub.s( urs, et lui accordèrent, eu
i i)?tn , un nouveau secours pour con-
tinuer à B.ile ses éludes eu médecine.
C'est dans celte ville qu'il commença
à travailler pour le public , en donnant
des soins à l'édition du Dictionnaire
grec de Favorin {J^oj. Favorinus).
jj'annee suivante, le sénat de Berne
ayant fonde une académie à Lausanne,
il y fut appelé, et y enscii;na les let-
tres grecques pendant trois ans. 11
p;issa ensuite une année à Montpel-
lier, où il se lia, d'une manière intime,
avec le célèbre médecin Laurent Jeu-
bert, et le grand naturaliste Uoudelet.
Enfin, il fut reçu, en i54i , docteur
eu médecine à Baie , où il mit la der-
nière main à quelques extraits d'au-
teurs grecs et arabes sur la botanique
et sur la médecine, qui furent j)iibliés
cette année et la suivante, à Zurich
et à Lyon. Bientôt après, il donna
v.n Catalogue des plantes, en quatre
langues, où il fit déjà preuve de con-
naissances trfs étendues sur la bota-
nique, et indiqua plusieurs végétaux
nouveaux pour le temps. Quelques
courses dans les Alpes de Suisse et de
Savoie, lui procurèrent d'autres plan-
tes nouvelles, et lui donnèrent lieu d'é-
crire, en i54^, son petit livre sur le
lait, accompagné d'une lettie sur la
beauté des montagnes. La même an-
née, il traduisit, du grec, un Traité
des syllogismes , et d'autres ouvra-
ges philosophiques , qu'il fit suivre ,
en 1 545 , des Sentences de Stohée ;
et, eu i544' ^^s Allégories d' Hé-
raclide de Pont, du Discours de Dion
Ckrisostôme sur Homère, d'une édi-
tion purgée de Mai'!i;il. En 1 545 , il fit
GES
a45
un voyage à Venise et à Augsbourg,
où il ha connaissance avec plusieurs
hommes de mérite , et eut la facilité do
consulter des ouvrages rareset des ma-
nuscrits précieux. C'est alors qu'il com-
mença de mettre au jour sa fameuse Bi-
hliothèque universelle, prcjnier grand
ouvrage bibliographique qu'aient pro
duit les modernes. Les titres de tous les
ouvrages connus alors, en hébreu, ea
grec et en latin , soit cju'ils existassent
ou qu'ils fussent perdus, et souvent un
sommaire de leur contenu, un juge-
ment sur leur mérite , et quelque v
échantillon de leur style, composent le
fonds i\G ce recueil. Le premier vol.,
publié à Zurich en i545j est classé
j)ar ordre al])l)abétique des noms d'au-
curs; le deuxième, rangé par ordre de
matières , et divisé en dix-neuf livres ,
parut en 1 54B , ibid., sous le titre de
Pandectes ; le vingt-unième livre ,
consacré à la théologie, parut l'année
suivante; mais le vingtième, qui de-
vait traiter des ouvrages de méde-
cine, n'a point élé imprimé, ])arce
que l'auteur ne crut jamais l'avoir
perfection nécomme il raéritaitdel'être.
La Bibliothèque de Gesner a été abré-
gée par Lycosthenes, et complétée par
Simier, et par J.-J. Fiies, Zurich,
i585, in - fol. (i) Pendant le même
temps , les éditions ou les traduc-
tions de divers petits Traités grecs
l'occupaient encore : il donnait , de
plus , une édiFiou corrigée d'Hermo-
laus Baibaro; une Préface critique
sur les ouvrages de Galien ; une
autre sur ï Histoire des plantes , de
Tragus ( Voy. Bock, IV, 65i ) ;
un Traité des eaux minérales de
Suissd et d* y4llemagne s une Des-
cription du mont Pilât, près de Lu-
cerne ; et néanmoins, il ne laissait
(1) Voyez aussi les articles Rob. CojisTArcTir*
^^IX , 491), Dmybrdisr i^XU, 4a«j, et Hai.i.6«-
a44 G ES
pas de lëiinir de toutes paris, et de
coordonner les niate'riaux du grand
ouvrage sur X Histoire naturelle, dont
il avait conçu le plan des sa première
jeunesse. De nombreux amis , que son
mérite lui avait procures presque dans
toute l'Europe , lui envoyaient les
figures et la notice des productions de
leurs climats , ou même les objets en
nature, quM faisait peindre et graver.
Lui-même voyageait, chaque fois qu'il
en avait le loisir, en Suisse et en
AllemagDC. Il avait toujours désiré
voir les côtes de la mer du Nord : mais
la guerre de religion , qui éclata en
i55i , le contraignit de retourner
chez lui avant d'avoir atteint ce terme
de ses vœux. Gesner a écrit sur les
trois règnes de la nature : mais sou
Histoire des animaux est le plus
considérable de ses ouvrages d'his-
toire naturelle, et celui qui lui assurera
une renommée plus durable. Elle est
divisée en cinq livres , que l'on relie
d'ordinaire en 3 volumes in-folio :
le premier, imprimé pour la première
fois à Zurich en i55i, traite des
quadrupèdes vivipares; le second,
ibid., ij54, des quadrupèdes ovi-
pares; le troisième, ib. , i555, des
oiseaux; le quatrième, ib., i 556, des
poissons et autres anijinux aquati-
ques; le cinquième est posthume, et
fut public à Zurich en 1587, P^^
Jacques Cairon, médecin de Franc-
fort; il traite des serpents , et est plus
rare (pie les autres : il s'y trouve ordi-
nairement joint un Traité particulier
du scorpion, égalrmcnl posthume, et
publiéaus^ien • 587, par(^asparWolf,
<le Zurich. Il devait y avoir un sixième
livn% sur les insectes : mais on doute
que Gesner ait commencé à le rédiger ,
v\ il n'en est resté (pie quehpies figures
jiicdiles de papillons. Outre ces pre-
mières éditions des différentes par-
ties d« l'histoire des animaux, il cti
GES
a paru plusieurs autres , dont quel-
ques-unes, plus amples, imprimées
du vivant de l'auteur, ou après sa
mort, en latin, en allemand, en fran-
çais, et divers abrégés , sous les titres
à' Icônes animaliiim ; Icônes auium;
Nomenclaior aquatilium j etc. L'au-
teur , dans ce grand ouvrage , range
les animaux par ordre alphabétique
des noms latins, et donne sur chacun
d'eux des de'tails divise's en huit cha-
pitres , savoir : ses dénominations
dans les diverses lancues, anciennes et
modernes; sa description interne et
externe, ses variétés, et les pays qu'il
habite ; 1 1 durée de sa vie , de son ac-
croissement , l'époque de sa féconda-
tion, et de la naissance de ses petits,
le nombre de sa portée ; les maladies
ausquellesilest sujet; ses mœurs etson
iu'^tinct; son utilité; les aliments qu'on
en tire; 1c>î remèdes qu'il fournit; en-
fin les images qu'il a procurées à la
poésie et à l'éloquence, les épithètes
qu'on lui a données, etc. : tout ce que
les auteurs anciens, et ceux du moyen
âge, avaient écrit de relatif à ces dé-
tails, est employé aux chapitres cor-
respondants. Gesner ajoute, en même
temps, avec autant de critique qu'il
e'tait possible d'en mettre à une épo-
que où l'autorité des anciens était en-
core fort respectée, et la nature même
assez peu connue, une infinité de dé-
tails nouveaux, tirés de ses propres
observations, ou communiqués par sc%
nombreux correspondants. Il donne,
prnicipalement sur les animaux de lu
Suisse, beaucoup de fiits exacts et
importants, qui ne sont pas encore
tous à négliger aujourd'hui : clia(juc
espère est représentée par une figure
eu bois; et celles que l'auteur avait pu
faire copier tl'après nature sont Tort
exactement rendues : mais il fut aussi
obligé d'en emprunter quchjues-unes
ù sus prédécesseurs; et celles-là ne
CES r,R5 7\ty
soiU |ias toujours aussi rx.iclos. 1/liis- (lies, i 'J,\.^,'^\a\. iii-Zj"., comme relies
toirc des poissous n'csl pas tout à sur les //ùfo/Ve.sw/tVcr.çt'^, (bus l'cdi-
f.ut sur le inûne plnn que les autres : lion de Leyde, i-jai, iu 4''.lîicn qu'il
Gesiur y copie, sur cIwkjuc esj)ècc, ait (.'1(3 moins lituieux dans la puMiea-
les arlieics de ses deux amis et cou- lion de ses travaux sur la holaïu'qne, il
temporains , Iklon et Hondelit , s'est peut-cire rendu plus célèbre dans
aiixcpuls il se borne à faire quelques eclte science pirla fcVondiled(s vues
adililions. Les Ahrc^és , ayant j)aru qu'il y a introduites: non seulement il
après les grands Traites , conlieii- s'ctait, dès son enfance, attache' à re-
ncut plusieurs rensarques (pii ne sont cueillir des plantes, et il .ivait susepro-
pas dans ceux-ci ; et l'on est oblige de curer un jardin pour en e'!ever j mais il
consulter les uns et les autres pour apprit bientôt à les dessiner, et en pei-
avoir une idée complète de ce qui était gnit plus de i5oo, dont il destin-^it
connu à cette (époque. V Histoire des les figures à une histoire générale des
animaux , dcGesner, jieul être cou- vcge'taux. Cet exercice lui fit porter
sidérée comme la première base de son attention sur les nombreux détails
toute la zoologie moderne : copiée de la fleur et du fruit; et il arriva
presque liltérah ment par Aidrovande, ainsi à découvrir cet art de distingue r
abrégée par Jonston, elle a fait le et de classer ks plantes par les or-
fonds d'ouvrages bien plus récents; ganes de la frucîiftcation , art qui a
cl plus d'un auteur célèbre en a cm- véritablement créé la botanique scien-
prunté, sans s'en vauler, presque tiHque. Il exprime nettement, dans
toute son érudition; car on doit re- plusieurs lettres imprimées, la uéces-
marquer que les passages des an- site de s'attacher en botanique aux ea-
ciens, qui ont érhappé à Gesner, ractères de cette nature. On ne doit
n'ont presque pas été pris en considé- point donner d'attention à VEncTiiri-
ration par les modernes. Il méritait dion lùstoriœ plantarinn , impriné
cette confiance par son exactitude, sa à Paris en i54i , in-i6 : ce n'cst-la
clarté, sa bonne foi, et même, en di- qu'un ouvrage de la jeunesse de Ges-
vers endroits, ])ar la finesse de ses ner, et nne pure compilation. Ses
aperçus. Quoiqu'il ;i'ail point encore véritables OEiwres botaniques ^ aprhs
établi de genres, ni de classification avoir passé en manuscrit dans difïc-
nalurefe , il indique très bien , en di- renies bil)liothèques, furent acquises,
vers endroits, les vrais rapports des vers le niilieu du dernier siècle, par
êtres. Un service, également fort con- ïrew, botaniste de Nuremberg, et
sidérable, rendu par Gesner à la zoo- publiées par les soins de Schnnedel ,
logie, c'est son édition d'une Traduc- médecin an margrave d'Anspach, en
tioTi complète des OEuvT es d'Élien , 2 vol. in-fol., INuremberg, i'^54 et
qu'il donna en 1 556, immédiatement 1770: elles consi^len ten Commen-
après son volume des poissons (1). Ses taires sur un cinquième livre de Va-
nouvelles notes surce texte, auxquelles lerius Cordus , en Fragments d^ww
il travailla encore long-temps, ont pa- Histoire des plantes ^ commencée
ru, pour la première fois , dans l'cdi- d'après le plan de Gesner, par Wolf
tion donnée par Abr. Grcnovius,Lon- son élève; et en un grand nomlre
, , , — ~ — : — T ~~^'^ '■ — r d'échantillons des figures qu'il avait
(i) l.cs Jiiftoires diverses sonl de la. \e\swn (\e , . , -, ^ , *■ -,
Viilteius, et VUisloire des nnimanx , de celle de dcSSinécS, aVCC ICS nOtCS Ct IcS dcSCrip-
Cyllius, que Gesner a corrigée en plusieurs eu- .• • »„ ^^^, . r >
a/oiis. t> i t^y2j5 qm 5 y rapportent. Long-temps
24<5 GES
auparavant , les planclies en bois que
Gcsncr avait lait faire, d'après ses
dessins , pour \ Histoire des plantes
qu'il projetait , ayant ans^i passe dans
clifTereiitcs mains, avaient servi à une
édition abrégée de Mathiole , donnée
par Joachim II Caméra ri us , à Franc-
ibrt, i580, in-40. ( /^.Camerarius,
"Vl, 6o5); et Haller déclare que ces
figures ont fait de ce livre un de ceux
où il est le plus commode et le plus
agréable d'apprendre à connaître les
Tégélaiix. Le petit Traité de Gesner
sur les figures des fos>iles,des pierres
et des gemmes , Zurich, 1 565 , in-8".,
attira l'attention sur les pétrifications
et sur les cristaux. On voit, par ses
e'pîtres, qu'il avait fait des expériences
sur plusieurs nunéraux, et qu'il n'i-
gnorait pas les verlus électriques de
certaines pierres précieuses. Enfin^ il
n'est pas jusqu'à la comparaison des
diverses langues entre elles, dont Ges-
ner ne se soit occupé; et il a donné,
sur ce sujet, dans son Mithridaies de
differentiis lins^uarum^ Zurich, 1 555,
i\\-'6'\ (i), plusieurs itiées ingénieuses,
qui ont été plus amplement dévelop-
pées dans ces derniers temps, il pos-
sédait en effet , très bien , les trois
langues savantes, avait qucl([ue tein-
ture de l'.ir.ibe, entendait le français,
l'it.ilicn et le flamand, et avait beau-
coup travaillé à perfectionner la langue
allemande. Il a inséré, dans son Mi-
thridulcs , une Traduction de l'O-
raison dominicale, eu hex.imèlre»
iioii rimes, qui est le premier essai de
re genre que l'on ait fait en alle-
mand ('.i). Tant d'ouvrages utiles
(1) La tecondc «idition, ilunni'rn jur (loin. Wnif-r
(Zurich, 1610, iii-H". ) , ri «ngtnnnlrd <l un lniir,|
c-omiiirnUirt* , ni birii moini cirrrclr , r.l iiiAinn
moiiii coiTipIctr. O ciiririix i>uvra;;r , mi Ton
Iront o iinu rourtn ODlicr ilr prrtqiii- loiitet Ici
|.iii^ii>-* nnc iriiiin et moilrriiri iilorj i-i>iiiiurfi, r.in-
|{iïei pwr «irirr iaph;i|i<^tlr|iir , un iionihri- di' ijn,
t »l liTMiinr pur un pr lil vornhtiln irr ilii jargon ilti
«r» vn^jli.iiidt coniiiM <oii« II- II. .111 Hc liidirniiriK,
^•) On liuu<« ddiu la picmitic cdtliou de ce
GES
avaient fini par valoir â Gesner Lean-
coup de considération. Les magistrats
de Zurich le créèrent professeur pu-
blic d'histoire naturelle en i555.
L'empereur Ferdinand l'*"., qui aimait
les sciences, et à qui il avait dédié
son Histoire des poissons , le fit ve-
nir près de lui à Angsbourg en i559,
lui accorda, en i564)<i^^ armoiries
emblématiques de ses travaux, et lui
envoya quelques fragments de bc-
zoar, chose regardée en ce temps
comme très précieuse. Mais il ne jouit
pas long-temps de ces marques d'es-
time : une maladie pestilenlielle, qui
avait commencé à Baie au printemps
de i564, et s'était propagée à Zu-
rich, où elle se renouvela l'année sui-
vante avec une grande fureur, attei-
gnit Gesner. Il avait donné, pen-
dant ces deux années, beaucoup de
soins aux malades qui en étaient at-
teints, et avriit même écrit une Dis'
sertation sur la meilleure méthode
de la traiter : mais un bubon s'élant
montré sous l'aisselle droite, quoiqu'il
souffiit peu il ne douta point qu'il ne
fût condamné; il se fil Iranspoi ter dans
son cabinet, pour achever de mettre
ordre à ses ouvrages , et y mourut ,
dans celte occupation, le i5 décem-
bre i565, cinquième jour de sa ma-
ladie , âgé seulement de quar.mle-
neuf ans et quelques mois, et ne
laissant qu'une veuve sans enfants.
Il céda sa bibliothèque et ses manus-
crits à Gispar VVoll , son élève, qu'il
chargea de j)ublicr tout ce qu'il pour-
rait extraire de ses papiers, de prf>prc
à étendre ipulquis parties de.s seu'u-
cx'S. Les Gesn(r qui se sont rendus il-
lu^tres dans le xvin''. siècle, desct 11-
daient de sou onelf Andié, celèbie à
livrp un tatilcéiu qui conlicul l'Oraison dominical*
«n vitj^t drn\ luii^ufi. C'est le proniirr tt>*'\ f n
rr |;«nrt*, qui a rrru de nus jour*, sous le même
tiirr , un d<ivrIopp« mont si cuuitddrablc {, ^ i-J-
Asi-LUHa , l , 33). )
CES CES 2^7
Zurich ]>oiir nvcir reçu TS blessures des cnulits qui , d.ins le sirrJe dor-
;» la iKiIiillo df Zti^, pour avoir vo'cfi nier, ont l'ail le plus d'honneur à
depuis preeiscinont autant d'années, l'Allcinagne , se croyait de la famille
et rire parvenu aux premières eliar- de Conrad Gcsner , et il en avait pri«;
g( s de la ville. On a peine à conipreii- les armes : cette prétention, qu'il
drc qu*un homme, d'abord aussi n'appuyait que de faibles preuves, le
lualtraiie de la fortune , condamne à fit quelquefois taxer de vanitel II était
une vie aussi pénible que Conrad ne, en 1691, à Roth , selon ses
Gcsner, ait pu composer des ouvrages biographes; à Anspach, s'il faut s'en
si nombreux , si varies, et pleins de rap|>ortcr à ce qu'il dit lui-même à
tant d'érudition ; car, outre ceux que la fin de sa préface sur les Scriplores
nous avons cites, il en a encore écrit reiruslicœ: — Onoldumurbemlon^è
ou public un assez p;rand nombre, illani mihi dulcissimam ^ quhd pa-
dont on trouvera le catalogue complet tria est et pneritiœ noslrœ nidus.
dans les additions de Teissier aux Mais ces témoignages contradictoires
Éloges àQ M. de Thou , et dans les sont faciles à concilier, Roth e'tant ua
Mémoires du père Niceron : -il en petit village dans la de'pendance et le
avait lui-uicmedounele détail dans son voisinage d'Anspach. A onze ans , il
Epistola ad Guill. Turnerum , de perdit son père , qui e'tait un fort res-
libris à se editis , i562,in-8''. peclable eeclesiastique, et passa sous
Cette fécondité s'explique par la sim- la tulèled'un oncle qui le traita comme
plicité de ses mœurs, son ardeur pour son fils , et qui , après avoir dirige ses
le travail , et la facilite de son esprit : premières e'tudcs , le plaça dans le
il fut pieux et pur j son air était doux gymnase d'Anspach. George Koler ,
et modeste, et il s'attacha beaucoup directeur de cette école, était un
d'amis. Théodore de Bèze l'a célébré homme très savant et un excellent
dans de beaux vers; Josias Siraler fit professeur ; mais , avec beaucoup de
son oraison funèbre, et écrivit sa vie mérite , il avait peu de réputation ,
(Zurich, i566, in-4''.)?sur laquelle parce qti'il n'écrivait point. Un élève
lui-même a donné des détails dans la tel que Gesner lui fit un honneur que
préface de sa Bibliothèque. De Thou peu d'ouvrages lui eussent procuré au
en parle avec beaucoup d'éloge dans même degré. Du gymnase d'Anspach,
sa grande Histoire. Mais U Biogra- Gesner entra à l'université de ïéna ,
phie la plus complète que l'on en ait, oiî il compléta le cours de ses études
est celle de M. Schmiedcl, en tête des et prit ses degrés. Une place de pro-
OEuvres botaniques de Gesner, que fesseur lui fut bientôt offerte dans le
nous avons citées plus haut. Les ama- gymnase de Weimar. Cette situation
teurs de la botanique ont attaché le ne semblait pas proportionnée à ses
nom de ce r;rand naturaliste à une es- talents ; mais elle lui ])laisait, et d'ad-
pècede tulipe, qu'il avait décrite dans leurs il était encore jeune. Il ne tarda
une Epure à CoUin, et qui s'ap- pas à être mis à la tête de la biblio-
pellc encore tidina Gesneriana. Plu- thèque publique. Rien alors ne luisem-
•rnier a consacré à Gesner, sous le nom bla plus doux que son sort, et il ne
de Gesîieriu , un genre de la famille formait d'autres vœux que de n'en
des campanidacées : «;'est un arbuste changer jamais. La mort du duc Guil-
d'Amcrique. C — v — r. laimie-Ernost vint déranger toute son
GEi)^ER ( Jeajx-Matuias ), Tuu cxistcacc. Le nouveau prince loi ôla
248 GES
la place de bibliothécaire: ce rle'sagre'-
menl, qu'il ne ώiilaif pas et qu'il avait
ete' loin de prévoir, lui fît prendre en
haine le séjour de Weimar; et vers ce
temps, la direction du gymnase d'Ans-
pach étant venue à vaquer , elle lui fut
proposée, et il l'accepta comme un
don du ciel. I! habitait Anspach depuis
un an , lorsque le sénat de Leipzig; l'ap-
pela au rectoral de i'école de Saint-
Thomas. Après qiidrpie^ années de
résidence dansceii- ville, i' lut nom-
mé professeur de i)» l!es lettres à l'uni-
versité de Gdttin<;ue ; ( t bientôt il
joignit à sa chaire, la ch.irgp de bi-
bliolhécr.ire et la direction du sémi-
naire pfnlologîque ^ dont il avait été
le créateur. C'est une école supérieure,
où sont reçus , après le cours de iem-s
études classiques , les jeunes £;< n-> qui
se vouent à l'enseignement |)ub ie. Ou
les prépare par des leçons 1 1 de- exer-
cices de tout genre, aux fonctions
qu'ils veulent remplir. J.e gouvern»-
luent, pour encourager cet établisse-
ment utile, accorde même .lUX élè-
ves un léger traitement. Ou voit que
c'est à cette institution qu'est due
l'idée de ce que nou^ appelons eu
France VEcole normale. Gesner pos-
sédait une éiudilion presque univer-
selle. 11 savait à peu jrès toutes les
langues de l'Orient, et il était, parti-
culièrement eu hébreu, au rang des
plus habiles. Dans la littérature la-
tine , peu de savants pourraient lui
cire comparés : en grec, il était peut-
être un pcji moins fort. Il avait lu
tous les auteurs, étiidiant autant les
choses que hs mots. 11 admirait les
grands dassicpies , mais sans mé-
|)riser les auteurs d'un tilenlet d'iui
siècle inféiirurs. Connaissant à fond
la philos(q)hie ancienne, il n'ignorait
pas les systèmes et les dé<(Mivcrtes
des nouveaux philosophes. L'histoire
dis peuples de l'anuquilc ne l'avait
GES
pas non plus tellement occupé qu'il
ne fût aussi très versé dans celle des
étits modernes. Il était encore habile
théu!o<j;ien , et avait des notions éten-
dues de jurisj rudcnce , de mathé-
matiques , d'histoire naturelle. On
conçoit à peine comment, au milieu
des fonctions publiques qui occupè-
rent presque toute sa vie, ii p f iiou-
v(r le temps d'acquérir de m vastes
conn.iissanccs , et de com{)()ser les
grands et nombretix ouvrages qui ont
fait sa réputation. Dès 1714, qnand
il était encore à léna , il donna une
éditi-»n ilu Philojjairis de Lucien ,
av(e. tuie fiis^Mlalion où il traitait de
l'âge et de l'-iuteur de cet opuseule,
qu'il reporte au temps de Julien. Cet
excelhnt morceau d» critique a été
réiritpiiuié plusieurs fois, et, en der-
nier lieu , daiis le neuvième volume
du Lucien de Deux -Ponts. Une Dis-
sertation sur les jeux et les années
séculaires des Bowuins ( 1 7 1 7 ) , et
des Eléments de rhétorique , ^ont ,
a ce que nous erovons, les seides pro-
ductions de sa plume qui parurent
pend.int sou séjour à Weimar. Ses
leçons, et rarrangcraent de la biblio-
thèque durale , dont il Ut un Catalo^
^ue raisonné ^ lui laissaient peu de
loisirs; et ces loisirs, il les consacrait
au\ ^itgriculteurs latins j Calon, Var-
ron , C'»lumeîle , Palladius, dont l'éili-
tion , qui rorcuj)a pendant neuf .uis,
parut à L( i|'zig en i "JÔS, 1 vol. in-4"«
il y a joint la médecine vclériuiiire de
Végèee, et un fragment de Gargilius
Nartialis de cura boum , mais non
pas l'ouvrage moderne de Pierre de
Crescentiis , comme on l'a dit par er-
reur à l'arliele CutscLNZi. Ce recueil
est remarqu d)le pir la correction ilu
texte , l'utilité des notes , et surtout
par un excellent lexi(p«e des termes
tl'agriculture. Erncsii l'a redonné eu
177J, avec quelques additions. Le
CES
tcxlf (le CiOMii r , et son lrxi([ijr, ont
cl(' .kIojiIo's par les pMilcurs de la Col-
h'ctiun BipoTitine. (îcsncr lit pnr.iîtio
^ilnull.^^^mollt imo nouvelle édition
(lu \ j.stc Lexique de Basile F.ibcr ,
qu'il revit d'un bout à Tiiutre , et dans
l.Kjudie il (ît beaucoup doconcclions
et cranumcnlations , la Haye, 1705,
deux vol. in - fol. Une Chrcstorna-
thie (le Ciccron , cl une Chresloma-
thie grecque , apj^articnncnl aussi à
i'e|io({ue de son séjour à Leipzig. Ce
dei nier recueil, (pu es! compose' avec
beaucoup de goût , devint classique
en A'icmagnc, et les réimpressions
en sont très nombreuses. A Gciltin-
guc , Gesner publia le Panégyrique
et les Lettres de Pline {\'jT)5-i ']'5g--
l'-j^çi), avec des notes utiles et des ta-
bles bien faites. Erursti a icimpiiraé
ce travail, après la mort de l'auteur,
et y a joint un supp!(îmenl de remar-
ques importantes. Le Quintilien (jue
Gesner donna en 1758, est en gcn(î-
lal satisfaisant. Les variantes n'y sont
pas notées partout avec assez d'exacti-
tude , probablement parce que Ges-
ner , selon l'usage des professeurs
allemands, s'en était rapporté du soin
de les recueillir, à quelqu'un de ses
élèves. C'est son texte qui a servi de
base au Quintilif n de Deux-Pont«. En
1 752, Gesner publia une édition d'Ho-
race, qui ne nous paraît pas foit im-
portante • et, en 1769, les OEuvres
de Claudien , avec des notes savan-
tes , et de longs prolégomènes . oii
tout ce qui concerne Claudien et ses
dilTérenls interprètes est traite avec
une grande érudition. Quelques an-
nées auparavant, il avait donné une
seconde édition de ses PAémenls de
rhétorique , et y avait joint Ilutilius
Lupus, et d'autres anciens rhéteurs,
dont , en quelques endroits , il réta-
blit le texte. Mais son travail a été
sur^jassé par ce^ui de UuhiAkcJiius ,
G E S 9./,o
qui a public ces rhéteurs avec beau-
coup de soin , ( t les a ornés d'un ex-
cellent commentaire. Vers le même
temps , Gesner traduisit < n lalin la
plus grande j)arlie des Oeuvres de Lu-
cien , pour Reitz, qui continuait l'é-
diliou de ce soplii>te, abandonnée par
JIcmsterhuis. Dans une préface fort
intéressante et fort agréable à lire,
comme le sont toutes celles qu'd a
écrites, Gesner répond avec beaucoup
de grâce et de politesse à une amcre
et violente critique que Pontédéra
avait faite de ses Agriculteurs latins,
La plupart de ces ouvrages avaient
été composés pendant qu'il travaillait
à sa nouvelle édition du Trésor la-
tin y de Robert Estienne. Elle parut
en 1747* C'est une entreprise im-
mense , et qui seide eût suffi pour
immortaliser son nom. Sa dernière
production est une édition du Pseudo-
Orphée , à laquelle la mort l'empê-
clia de mettre la dernière main , et
qui fut achevée par Hamberger. Le
(\éln\ (les Dissertations , des pro-
grammes qu'il a publiés pour les so-
lennités acadcmiquci» , et des mémoires
quM a d( nr.és dans le Recuri' de la
société (le Gottingue, nous mènerait
trop loin; on l< s trouvera fidèiemenl
indiques dans leDictionnaire de l'exact
Meusd. Nous iious contenterons de
citer sa Disse rt tien en f.veur des
mœurs de S.iCrate , à cause de la célé-
biiléque lui a donnée l'indécente bi-
zarrerie du tîtic : Socrates sanctus
pœderaita ; accedit corollarium de
anliqud asinorum honestate. Cette
dissertation , publiée d'abord dans les
Mémoires de l'académie de Gottingue,
a été réimprimée , en 1 768, à Utrecht,
Peut-être se trouve-t-elle aussi dans
la collection des Opuscules de Gesner,
faite à Ijreslau , en 8 vol. in-8". Ce sa-
vant homme mourut à Gottingue, l'e
3 août I -jO I . Sa vie a clé écrite , avec
35o GES GES
plus ou moins de détails , par plu- i';5o, en six niime'ros in-fol. If. De
sieurs auteurs, dont on trouvera i'in- rehiis ad gymnasium Eothenbur-
dication dans Saxius et Mensel , et gense pertinentibus , ibid. , 174"-
particulicrcment par le célèbre Ernes- 1752, in-fol. IIÏ. De bibliothecd
ù, qui avait ete' long-temps lié avec Bothenburgensi , ibid., 1761 , in-fol.
lui d'une étroite amitié. 13 — ss. IV. FitaJoannis Georgii Strrzelu;
GES^^ER( Andre-S-amuel), frère ibid., 1751 , in-fol. V. De Reineri
du précédent, naquit à Roih , dans la Eeineccii meritis , ibid., in-fol. —
principauté d'Anspach , en 1690. La Je.in-Albcrt Gesner, frère du précé-
inort de son père Pavait réduit à l'in- dent, né à Roth en 1694 ■> apprit
digence; mais il ne continua pas ses d'abord la pharmacie, et l'exerça pu-
c'tudes avec moins de zèle, et, par sa bliquement à Gunzenhauscn, dans le
conduite et son application, mérita pays d'Anspacb. Après avoir perdu sa
bientôt la protection de son souve- femme et ses enfants, il étudia la mé-
rain. Après avoir achevé ses étudts à decinc à Altovf , fut reçu docteur en
Téna, il accompagna à l'univcisité de i 723,et appelé àSluttgard, en 1 728,
Halle un jeune gentilhomme. Il y fré- comme médecin de la cour de Wiir-
quenln les cours d'histoire, de phi- tomberg. Le duc lui conféra, en i 754,
losophie et de droit ; mais il dut s'in- le titre de conseiller , le nomma en
tcrdire les leçons de WolIT, parce que même temps son médecin particulier ,
la mère de son élève lui avait défendu et le choisit pour accompagner les prin-
cxpressément d'y assister. Il fut ap- ces «es lils dans leurs voyages en Ai-
pclé , en 1 7 16 , au gymnase de Ro- lemagne et en Hollande. A son retour,
thenburg sur le Taubor , en qualité de Gesner devint aussi assesseur du con-
rccteur et de bibliothécaire; il y reçut seil des mines à Stutfgard , où il nuni-
tn 17481e titre de professeur, et y rut le 10 juin 1760. On lui doit, pour
mourut le 29 mars 1778, après avoir la majeure partie, la Pharmacopœa
exercé , pendant soixante ans, les Wirlember'^ica , Stultgard, \']l\i y
))énibles fonctions de l'enseignement, in-fol.; editio 11 , priori mitltb aitc-
G< suer écrivait en latin avec beaucoup tior cl emendalior ^ ibid. , 1750 , in-
d'élégance ; il a eu une grande part fol. Les principaux ouvrages en latin
au Thésaurus latinœ lin guœ , publié et en allemand, dont il est auteur,
par son frère. Son emploi de recteur sont : I. Jlistcria cadmiœ fossilis
lui fournissait l'occasion de se faire melnllicœ sii'c cobalti et ex illo prœ-
remarquer par un grand nombre do paratorum zaffarœ et smnlli. Pars
programmes instructifs, sous le rap- prior^ Rerlin, 1743, in-4"- H. Des-
port historique et bibliograpliique : cription InUoriquc et phfsitpie de
mais ces jieliles (Iiss( rtations di.spcr- f^Udbad , dans le pays de Wiïr-
secs n'ont été bien connues que par temberg, suivie d'une Description de
le Recueil qu'en .1 f;iit Ilarlcs à l'.rlang; tous Us fleuves , rivières , lacs, eaux
1ienle-(pialie ont été |Mil»litMS sous ce minérales et thermales du Jfuttctn-
titre : Selectct exercitatiunes scho- berg , Slullgard, 174^1 in-8 . III.
laslicai varii argumenti ; coUegit et Description de Jlirschbad , près de
pra'fatus est J. C. Ilarles, INmem- Stutlgard , ibid., \-]'\('^, in-8^. Il a
berg, 1780, iiJ-8°. Gesner avait publié fourni également la Description des
^i^\yM vmvwiA. H istnriagymnasHBo- baijis de Zaysrnliausin , de Zell et
thcnhurgrn'is , I^)lll(•J•l)Ul•^ , 1745- de Canslatl , et la maj'-ure partie des
GES GES afït
Memoirfs ronlcnns dans 1rs Selccla sur la niimism.Tlirjiiefjrrcqnr, In kxfc
pin sico-irconomicn , on Hccucil de, doiiiic l'cxplic.ilioii lr<'> siktIih le des
f(iit< Ti'lalifa à VliisLuim iiatarcllc planches, qui oui p.iriidui.s l'ordre sui-
ct à l'économie domestique , .Slull- vant :•] des rois de Macédoine, 9 cies
gard, 1749-"' 7^^? ^^ ^'*^''- >'^-^*'' roisdc Syrie,5 d'!£gyj)U',4dcs Aisa-
B — n — D. cides et du Pont; 5 àcs rois de Sicile ,
GESNER (Jean- Jacques), ne à 5 de Judc'e, et 4 minornm f;entium
Zurich CM I 707 , mort dans la lucmc et virorurn illmlriiim ; enfin, 8*) de
ville en de'cciubrc 1787, y était pro- j)cij|)!es et de villes, rarigees par 01-
fesseur d'hébreu depuis 1 740 » et de dre aîpliabctiquc, depuis le mot Aba-
théologie biblique depuis 1754, dans ccnorum jusqu'à Zancle.Ti)\\\. cclt
le gymnase connu sous le nom de C<î- foi me le premier volume dans les
roZmMm; mais il sVsl princij)alement exemplaires les plus complets. Ou
distingue par sa passion pour la nu- forme \\ui'\ volume de médailles rc-
mismatique. Il conçut de bonne heure ranines, compos;int v54 planches j'î'! -
le projet de faire graver et de re'unir iniliarum ramanarurn par ordre al-
en un seul corps toutes 1rs médailles phabcfique, depuis le mot Aburiœ ^
grecques et romaines connues et pu- et i85 \^mm:\\qs ài^ Numismata im~
blic'cs jusqu'alors, pour épargner aux peratorum romanorum grœca et la-
amatcurs de cette science l'acquisition tina^ jusqu'à Trajan - Dcce ; ce qui
d'une multitude de livres dont la rcu- fait voir qu'il a voulu pousser son
iiioii serait très coûteuse et fort diffi- travail jusqu'à l'cpoque oii commcn-
cile. 11 donna d'abord le plan de ce ce l'ouvrage de Banduri. Ce deuxiè-
grand ouvrage, sous ce titre : Pros- me volume n'a point de texte exj)h-
-peclus tliesaiiri universalis numis- calif. Ces diverses parties ont cha-
VI atiim antiquorum ^ Zurich, 1754» cune un titre imprime, et déplus un
in-ful. Cette collection , annoncée par frontispice gravé , qui est le même
souscription (1), et dontla i'''. livrai' pour tous, au moyen d'un mol ou
son parut sous le titre de Spécimen deux effacés et changés successive-
rei numariœ j ibid., t755, in-fol., ment sur la planche. Voici ce titre
se compose de 557 planches ( conte- complet, tel qu'il est après le dernier
liant ordinairement ()o médailles cha- changement : Numismata antiqua
cune), et de 254 pages de texte (?.), populonim et urhium, omnia quot-
dont l'iô sont imprimées, à l'ordi- quolexnumismato-phylaciisetscrip-
naire , en lettres mobiles , et les sui- toribus de re numarid comparare
vantes sont gravées. Comme cet ou- licait intégra série tahulis œneis re-
vragc est rare et se trouve difficile- prcesentata,adscriptis ?iomijiibus mu-
nient complet, ayant été publié par seorumundè deprompta sunletlocis
])rirlies détachées , nous avons cru de- prœstantissimorum authorumquisin-
voir le décrire avec quelque détail, gula illustrdrunt ; digessit et edidit
Après Go pages de prolégomènes (5) /. /. Gessnerus. Ce livre n'a pas eu
{.)y.y.\.Journaidcssa.ant.. de ,.34, p. ô^s. ^^ succcs quc l'autcur cspérait. I/en^
(2) La pagination se suit sans interruption ; trCprisC était immCUSC, Ct il Clail dif-
mais la dernière pas»» est cotée 35^ au lieu de 254, r» -r t i ' -il
1,, faute d'impression de la pa(;e laC), cotée mal à- llClIc dC donnCr a CC travail Ja pC»'-
LTJIme"^ ''^"' ^'^ "''^^'" '" '""'" ^" P"^" fcction nécessaire. Gcsner a copié les
(3> On y trouve , pf.;e ^4 , le catalogue des mén ciTcurs dc scs dcvaucicrs , 3 dounc,
daillesdu cabinet dehourmont delà Tour, pcn- jj . 1 '1 -n c
dinl (ju'il demeurait iZurjch. QaprCS CUX , CICS mCClaillCS laUSïCS
252
G ES
ou suspectes , et n'a pas assez soigné
la gravure des monuments qu'il a réu-
nis. Son ouvrage manque essentiel-
lement de critique; et, sous ce rap-
port, il n'est pas d'une grande utilité
pour les amateurs d'une science qui
a , d'ailleurs, fait de si grands progrès
depuis rë[)oque de celte publication.
Gesner est encore auteur d'uue Des-
cription historique d'un voyage d'a-
musement , fcjit en la compagnie de
quelques jeunes politiques de Zu-
rich, par Zug, Lucerne, le mont Pi-
late cl autres lieux remarquables de
la Suisse , en l'joo, in-4".de g? pog.
Ccfte relation, aussi curieuse qu'ins-
tructive, n'a pas été' imprime'c ; et
fauteur s'y est caché sous le nom de
J. Conrad Orell. llallcr, quicn pailc
avec éloge , en a vu le manuscrit chez
le conseiller Lcu, l'un des voyageurs.
T— N.
GESNER (Jean), frère du pré-
cèdent, né à Zurich en 1709, y
mourut en 1790. Jacques Schcu-
clizer et Jean de Murait avaient
communiqué à leur jeune compatriote
le goût des sciences naturelles. Il
étudia la médecine à Leyden , sous
Jjocrliaave , qui refusait les honorai-
res des petits - fils du célèbre Conrad
Gesner , comme contraires au serment
prescrit par Hippocrate. A l'univer-
sité, il se lia d'amitié, pour la vie,
avec l'illuslrc Haller. Apres un séjour
à Paris, il revint dans sa patrie , étudia
les mathématiques à Bàle, sous lîcr-
iioulli^ et continua les voyages dans
les Alpes , qu'il avait commencés dès
sa première jeunesse. La fiiblesse de
sa san-té et d'autres raisons l'engagèrent
à quitter bientôt la pratique de la mé-
drrine,pour se vouer exclusivement à
i'étudeetà l'enseignement. La chaire de
matliématiques au gymnase de Zurich
lui fut conférée eu i-jT)?), et celle de
physique , avec le cauouicat qui y est
GE5
attaché , en 1 758. Pendant les qua-
rante-cinq années qu'il a rempli les
fonctions de ces places , il a rendu
des services essentiels et durables à sa
patrie , en propageant le goût des
sciences e^tactes, et en formant un
nombre considérable de disciples qui
le révéraient , et qui l'ont honoré par
leurs mérites. Avec le bourgucmestre
Heidegger, et quelques nulres amis,
il a fondé la Société physique, en
1757 ; il en a dirigé les travaux pen-
dant les 3o ans de celte activité esti-
mable , qui a tant contribué à amélio-
rer l'agriculture et à répandre les ré-
sultats utile des sciences dont s'occu-
pait celte société : c'esl à lui surtout
qu'on doit l'établissement du jardin
bolanicpjc. Laborieux et infatigable au
travail , sa modestie allait jusqu'à la
timidité , lorsqu'il s'agissait de rendre
publiques ses productions littéraires.
IJHisLoria plantarum Ileheliœ de
Hailer, est en grande partie son ou-
vrage; il ne voulut pas que son nom
parût en tefe du livre. On trouve dans
la collcilion des lettres adressées à M,
de Haller, la série intéressante de celles
que Gesner lui écrivit. Un autre ou-
vrage de botanique, qui l'occupa long-
tenqis, et qui a été publié depuis sa
moi t, aurait obtenu un succès brillint,
si l'auleuravait eu le courage dele fiire
paraître lui-menic et trente ans plutôt.
Ce sonl les Talulœ phjto^raphiœ ,
ouvriige qui devait rcni[>l.icer les Ins-
tilulions deTournelbrt , et qui les sur-
passait en raison des progrès qu'avait
faits la scienee, et des augnicntations
(ju'elle avait reçues. L'exécution des
planches est fort belle ; et si l'on
achève l'édition, les exemplaires co-
loriés en seront toujours rechenhés
comme un des plus beaux livres de
l)()tani«pir. Outre les IMénioîres insérés
dans h s actes de laSuciclé phy.si([ue,
Gesner a donné deux volumes da
r. K s
Dissorlatidus ac.i(lciiii(iucs , dont sa
place lui imposait l'oblii^alion : elles
roninit sur ilcs points cl sur <ii'.>> ob- ^
jets inlcVossanls de phyvsique et trius-
toirc iialiirillc; une j)arlie on esl con-
sacrée à Ij Fhytographia sacra , ou
ilcscrijition dts [)iaiilcs dont il est tait
iiicntiuii dans les Ecritures saintes.
Il a aussi joint un Coninicntairc à
rHerbier deWcininann. On a encore
parmi les dissertations de Gcsuer.
I. De hydroscopio consianlis men-
surœ , Zurich , i 754, »» - 4"- » ^'o-
II. Delhennoscopio botanico j\h\à.,
1^55, in-4°. 111. De variis annonce
conser\>aniîœ metkodlsearumqiie de-
leclu /\h'ià., 17^' 1 in-4". Elles ont
été traduites en allemand; et la 2*.
l'a aussi clé en français sous ce titre :
Dissertation sur le thermomètre bo-
tanique, Biile , i76i,iri-4'. Des ri-
ches et belles collections d'histoire
naturelle que Gesner a laissées , la
meilleure partie se trouve conservée ,
et est devenue la propriété de sa ville
natale. Il a été marié sans laisser d'en-
fants : homme vertueux et religieux,
plein de bienveillance et d'aménité ,
il était chéri et honoré par ses conci-
toyens. ( Voy. y Eloge de Jean Ges-
ner, par le docteur Hirzel, Zurich,
1790, in-8^, en allemand.) U — i.
GESNEU (Salomon), poète et
graveur -paysagist'j, naquit à Zurich
en T ^50 ; il était fils d'un libraire , et
appartenait à la même fîimille que les
précédents. Son père ayant confié
son éducation aux soins du célèbre
Bodraer, celui-ci le lui renvoya pour
cause d'incapacité, déclarant qu'il ne
croyait pas que ce jeune homme put
réussir jamais à autre chose qu'à l'é-
criture et à l'arithmétique. Le père
de Gesner fit une nouvelle tentative,
et le plaça auprès d'un de ses pa-
rents , ministre protestant d'un petit
yillage près de Zurich, C« nouvel
G ES !)'>
instilulciir étudia davantage le carac-
tère de son élève, et s'aperçut que ,
sous une apjiarcnte stupidité, il ca-
chait inie ame brûlante et susceptible
d'enthou->ias!nc. Pendant long-temps
sa passion dominante avait été de
modeler de petites figures en cire ;
tous ses loisirs étaient employés à
crllc occupation, et il y aurait passé
des journées entières. Dans un agc
moins tendre , ayant lu le roman de
Robinson - Crusoé, il voulut à son
tour se créer un héros, dont il écrivit
lesvoyages; et tous les papiers qui tom-
baient entre ses mains , devenaient les
dépositaires de ses rêveries. Son insti-
tuteur vit donc que pour obtenir de
lui des succès, il ne s'agissait que d'en -
fl imracr son imagination : d uis celte
vue, il lui faisait parcourir les beaux
sites d'un pays pittoresque , et admi-
rer la variété de la nature. Alors char-
mant son esprit par d'adroites citations
de Théocrite et de Virgile , il fit insen-
siblement naître en lui le désir d'étu-
dier ces auteurs. Néanmoins Gesner ne
put acquérir des connaissances bien
étendues dans les langues anciennes.
Le goût de la poésie lui vint à la lec-
ture des pastorales de Brockes. En-
goué de cet auteur allemand, il décla-
mait ses idylles en se promenant dans
des lieux solitaires. Enfin , l'amour
que lui inspira la fille de son institu-
teur acheva de le rendre poète , et il
fit des odes anacréontiqucs et des
chansons. Au bout de deux ans, il fut
rappelé à Zurich , et n'y rapporta que
le goût de la poésie. Son père, qui ne
révérait pas beaucoup les Muses, vou-
lant le détourner de leur culte, l'en-
voya dans une maison de librairie de
Berlin, pour y apprendre le commerce.
Là, coratne un autre Tantale, entouré
de ces livres dont la lecture eût fait
ses délices et qu'il ne pouvait connaî-
tre qa« par leur» titres, Gesner sî
254 GES
vit contraint de se livrer à des travaux
manuels et à des occupations fasti-
dieuses. Humilie' de celle servitude, il
s'en affranchit; et, quittant son librai-
re, il loua une chambre, fit des vers
et dessina des paysages. Ce fut alors
qu'il ire'queiita les réunions littéraires
des Gieini , des Lessing et des Ramier.
Ayant communiqué ses vers à ce
dernier, celui - ci les trouva si mau-
vais, qu'il lui conseilla d'écrire dans
un genre qui lui présenterait moins
d'obstacles à surmonter , et lui fit
adopter une prose cadencée et poéti-
que. Gesner parvint à mettre dms
cette prose une correction et une pu-
reté d'autant plus remarquables, qu'il
ëciivail dans un pays cù l'on ne paile
qu'une langue ronorapuc (i). La cri-
tique de Ramier n'avait lait qu'aug-
menter la timidité naturelle du jeune
poêle. Elle était si grande que, lors-
qu'il eut composé son poème de la
INuif , voulant un jour lire cette pro-
duction dans une société littéraire, il
portait et reportait sans cesse la main
sur son manuscrit ; et connne il hésitait
toujours pour en proposer la lecture,
la société se relira sans qu'il se fût
arraché à son iiidécisiou. Bientôt la
détresse lui fit quitter ses occupations
hlléraircs ; il crut trouver des ressour-
ces dans la peinture, et le voilà de
nouveati engoué de cet art. Sans en
connaître les principes , et Uavaillant
à la hâte , il eut bientôt couvert de ses
productions les murs de son modeste
réduit. Alors il va trouver Kempel,
peintre de la cour, et l'entraîne au
milieu de ses paysa'j;es. Kempel lui
demande d'après quels modèles il a
travaillé? Gesner l'assure que tout est
de son invention; ce que Kempel n'a
(i) Lortcpir par 1» suilr Mcjncrr eut «iqtii» <•«• U
• élél)rtl<' , K«nilrr IrncJunit ir» |io«titiri i-ii vt-r» itl-
Irrrijinilt, ri iir rnntnltuj uur la qu'a faire rrunr-
tir <lavaiitjiK«i !•* nicrilc U« ioriguial , Uoul n<n
GES
pas de peine à croire : cependant, k
tnivers toutes ces in 'o» mes ébauches,
celui-ci ne peut s'empêcher de remar-
quer des intentions heureuses, elles
germes d'un grand talent ; mais il
sourit à la question du jeune artiste
qui, ignorant jusqu'à l'usage de l'huile,
de lin dans la peinture, se plaignait
de ce que ses tableaux ne séchaient
point. « Allons , lui dit - il , je vois
» bien qu'il n'y a que peu de temps
» que vous êtes du métier ; mais
» que ne doit - on pas attendre ,
» dans une dixaine d'années , d'uu
» commençant qui , même en igno-
» rant de pareils détails , compose
» de tels ouvrages ? » Néanmoins ,
avec toutes ces belles espérances ,
Gesner restait, plus que jamais, dans
le besoin. U fut donc forcé d'avoir re-
cours à sa famille, et rentra eu grâce
auprès de son père, qui, dès ce mo-
ment, cessa de le contraindre dans ses
inclinations. La poésie allemande tou-
chait alors à son plus haut période :
on voyait presque dans le même temp»
paraître sur l'horizon littéraire Gleim,
Lessing , Utz , Ramier , Klopslock et
"Wieland. L'enthousiasme était à son
comble; et l'on ne s'occupait, dans
toutes les sociétés, que des produc-
tions de ces poètes célèbres. Il était
impossible que le caractère ardent du
jeune Gesner ne se ressentît pas de
la eommoiion générale. De retour à
Zurich, il se vit précédé dans cette
ville par KIopstock qui venait d'y
produire la plus viv«' .sensation. L'ar-
rivée subite de Wieiand accrut encore
c( tte effervescence litlér.iire. Gesuer,
ne p(;u\ant résister à l'impulsion qui
reiitr.iîiiait , publia son poème de la
Auil. l/.trdeiir dont il et lit animé fut
bientôt U nipéiée j)ar le peu de .succès
•pt'cul ce ptième, <jui pourtant annon-
ç.til déjà beaucoup de talent pour la
description. De nouveaux «ssais lurent
CES ^'^^'^ -''"'''
encore infrnrftieux : enfin il mit .ni dcnics, dtns le -cinc pastoral. I.a
jonr, on in'):'), k pocinc p.KStoral tlo pins don rc scnsibililo rc^tic dans cet
Daphnis, (pii 'le lira de l'obscuiile; onvraj^c , écrit avec les grâces et la
nuis ce ne l'nt pas sans epionvcr d'à- iiaïveUf do ri;donl;nne. L'antcnr sait
bord beanconp de désagréments de la tirer parti des moindres circonstances
part des renseurs de Zurich. Uefen- et sednit le lecteur par une funledo
scnrs austères des bonnes mœurs, ils tableaux cliarmants, dont ([uehpies-
se recrièrent surtout contre quîlques uns paraissent, il est vrai, un peu
passages on ils trouvaient que la muse trop librcs.il excelle surtout à peindre
du jeune poète était trop libre, et ne la pietc fdiale et toutes les douces
consentirent à la publication de Da- afTiclions de l'ame. Ses héros sont
phnis, que sons la cou lilion que l'au- ceux deraged'or;mnis leur perfection
leur ne se ferait point connaître, et idéale jette quelquefois de la monolo-
qu'il supprimerait Tcpigraphe , cora- nie sur plusieurs scènes , qui d'ailleurs
mcuçant par ce vers de Properce : pourraient comporter plus de mouve-
„ , ment: si Ton n'y trouve pas toujours
Me invat in eremio doctie legisie piteUa! , / •. ' • .' • i
J ^ or ^g j^j^ ^^ vente qui caractérise les
Quoique, dans ce poème, Gesner ait pastorales des grands modèles de
]>eint l'amour avec les traits les plus Tantiquite, c'est que l'auteur oublie
séduisants, il est cepcndantbien éloigne' trop souvent les convenances, en met-
de tomber dans ces licences qui dé- tant dans la bouche de ses person-
parenl le Daphnis el Cloéde Longus, nages ce qui ne peut être dit que par
qu'il paraît avoir pris pour modèle, lui. Mais, si l'on fait abstraction de ce-
du moins pour le style : car, excepté lui qui parle, les invraisemblances dis-
la belle description des premiers mou- paraissent, el l'on reconnaît la nature,
vements de l'amour dans le cœur de Gesner sentait trop vivement pour ne
Daphnis , ces deux écrivains n'ont pas en être le fidèle interprète; et il
rien de commun que la délicatesse et semble qu'il lui ait surpris ces traits
la naïveté du style , ainsi que le fond naïfs, ces répétitions charmantes, et
du sujet. Gesner l'a traité d'une ma- ces chutes heureuses qui en font res-
nièrc moins romanesque, et a cons- sortir les nuances les plus délicates,
truit sa fab'e avec plus de simplicité Les idylles de Gesner eurent d'abord
et de régularité. Cependant on peut lui un si grand succès qu'en peu de temps
reprocher d'avoir, en quelque sorte, il en parut des traductions dins pres-
amené le dénouement dès le premier que toutes les langues de l'Europe,
chant : le second n'est qu'un hors Hid)er nous en a donné une en fran-
d'œuvre; et le troisième, surchargé çds; et c'est à l'abbé FerrietàMatteo
d'épisodes, fait oublier trop long-temps Procopio que l'on est redevable de
les personnages principaux, parceque celles qui existent en italien. Gesner
h matière manquait à l'auteur. Ce n'est s'éleva à la h luteur de l'épopée dans le
donc que dans les détails qu'il faut ^okme àe h Mort d' A bel , qui parut
chercher le mérite du poème de Da- pour la première fois en ijSH. C'est
phnis; et l'on doit convenir qu'ils sont là qu'aux beautés de sentiment il sut
remplis d'intérêt, de délicatesse et de allier les beautés maies de h haute
fraîcheur. Ses Id viles, qui parurent poésie. Il a beaucoup imité Milton el
pour la première fois en 1756, l'ont la Bible : c'est en se pénétrant des
placé au premier rang pu mi les mo- saintes Écritures , qu'il a pu rendre,.
256 GES G ES
avec tant de vérité', celle belle sim- en danois par M' '^Biehl, auteur dra-
plicité des mœurs patriarcales. Mais, matique de Copenhague , en hou-
en rendant justice à ses talents, on grois par F. deKusinski, et en russe,
ne peut s'empêcher de rccuunaître par J. Zacharovv. On a fait parmi
qu'il n'a pas assez fortement d-ssiué nous plusieurs efforts iufructueuxpour
les caractères de ses héro."»; qu'i aurait le liaduire envers français. La tra-
dû éviter davantage les répe'tilions; duction tiop concise de M'"*, du Boc-
qu'il a rempli son poème de dfscrip- cage , est bien inférieure à celle que
tiens de la nature qui se ressemblent Gilbert nous a donnée du quatrième ,
trop; et que, s'il a p^int avec toutes chant de la Mort d'/lbel ; ce poète
les grâces du style les morceaux qui nous offre du moins dans son imila-
tiennent du genre de l'idylle, il n'a pas tion quelques vers bien frappés et
toujours rendu aussi heureusement des morceaux, descriptifs heureuse-
ceux où il fait agir les passions. Dans ment rendus; mais on désirerait qu'il
les scènes P'ithéliqucs, il prolonge trop eûî moins souvent substitué l'esprit
lon^-temps les mêmes situations : ce au scntunent. D'ailleurs il n'a pas sur-
défaut , assez commun aux poètes al- monté la grande difficulté que pré*
lemands, d'épuiser un sujet dans tous sente la traduction du poème de la
ses détails , est poussé à /excès dans Mort d'Abel : celle de rendre avec
les longs discours de ses personnages, une élégance continue une foule de
Telles sont les causes de la langueur détails re!)elles à la poésie. Voilà
que l'on éprouve à la lecture de ce sans doute la cause l:lu style burlesque
poème ; mais ce ne fut point là le et des trivialités qu'on rencontre dans
motif du mauvais accueil ({u'il reçut des traductions plus récentes , dont les
d'abord des journalistes allemands: vers froids et prosaïques sont bien loin
ces critiques, jugeant la Mort d* A- de donner une idée des grâces et de la
bel moins en littérateuis qu'en théo- n.iiveté de l'original (i). En 1762,
lof^iens , accusèrent Gesner d'avoir Gcsuer fit paraître son poème du /Vd-
falsifié la Bible , et émis des opi- mier naviifateur. L'idée eu est heu-
nions qui sentaient l'hérésie et rappc- reuse; le merveilleux y repose sur des
{aient celle des Valentiniens , secte fictions ingénieuses et poéli pies, et les
qui fut proscrite dans le deuxième siè- caractères y sont bien soutenus : tout
de, parce quelle admettait deux prin- ce (pii échappe à la naivelé de la jeune ,
cipes gériéialeurs desquels émanaient héro'iuc , est pris dans la nature;
une trentaine d'anges (pii régissaient niais, à cet égard, quelques mères de
ia terre. Ce sont ces mêmes censeurs famille pourraient trouver que Tau- '
qui, regardant les Widand, les Les- leur l'.-; trop bien imitée. Il serait à
sing et les Kamier comme des écri- desinrque l'action de ce poème lan-
vains frivoles et affadis par la galan- guîl un peu moins : une entreprise
tcrie française, leur donnèrent le nom ^
(le bcllt'terisleS. («CpendaUt le poème (1) tl y a «usù une iraducllo», m ver» fran-
, , mt . j» jéi I * »l , i ra\f, i\r Id l\turt il'ytbel ,ynr Vnulrxir iïv crt ar-
de la Mort a AUeL ne larua pas a j,^,^ p^,;, ,sn,in.i«. ou peut voir «lai.» la
être traduit en diverses langues. 11 le Monu.uràn "; i--;v>.r .8.3. I. juR^mrni qu>.i
fut en français i)ar Iiubcr , eu anglais i,>iii |.r.-»»c. i.r$ «iiurs traiiueùoMï iiuc nouf
avon» «If ce j><»»îiue , »(>iitil<- MM. HoaUm , Mar-
l:iiix, l.«l»lor, ei d'un ofHiiur d'.irtillrrir l>» Arrtx.
lirnuirrt «ml tlt^ jiiililitfs a l'arij diiii lei an-
. - I' I 1 "•'"» '^"* •■' '**"•' l"''!»*! in-18. (.".elle de M.
jtUUe , eu suédois par L. Lckcbom, Uuai-u «y»Ui>aru«Lcii.»ij; ca i7«ji, «uS*.
p «r mistriss Collyer , en italien par
i'abbé Perini , en espagnol par P. Le-
(IKS
«jiil s'cxccutc SUIS (iiranciui obstacle
ne la tra\cr>c, (les pri.soini.im'S piiii-
<)|);m\ (lui no so coiin.M.sScul qii'.ui
diiiouciucnt, des scènes ([ni se repio-
duKSciît, et quehjues lonç^iicuis , con-
tribuent sans doute a rendre cet ou-
vraE;c d'un inlèiî-l moins vif (|ue ne
sen)bleraient le piouiellie les beautés
qu'il renferme. Les nouvelles idylles
de Gesner, dont M. Panl-llenri Meis-
ter, de Zurich , nous a donne une tra-
duction, en 1773, présentent, en p;e'-
iie'rai , un but plus moral et plus phi-
losopliiqiie que les anciennes. H y a
pcul-elre moins de na'iveto et d'esprit;
mais l'auleur n'y perd rien du côte de
li sensibilité, à laquelle il ajoute une
légère leinfc de mélancolie. Il s'est
peint lui - mcnie dans l'idylle qui a
pour titre : la Matinée cCautomne :
on ne peut voir un tableau pins frais
et plus touchant de l'union conjugale.
Gesucr a encore compose des Contes
moraux , des Drames , un petit poème
intitulé, Tableau du déluge ^ cl des
IjCltres sur le paysage. Ses contes
inoraux, écrits d'un style assez trivial,
cflfrent des traits d'une grande vérité ,
à côté de plusieurs invraisemblances.
Ses drames décèlent du talent dans
l'art de conduire une intrigue, et des
caractères sacrement tracés. Le drame
d^Eraste a fourni à Ma r mon tel le
sujet de son opéra de Sylvain, Le Ta-
bleau du déluge est un épisode très
intéressant de cette grande catas-
trophe. Le pinceau du poète a de la
fr.iîcheur ; mais ou ne peut s'em-
pêcher de remarquer que ses per-
sonnages ne disent pas toujours ce
qu'ils devraient dire. ILiifin, dans ses
l>ellrcs sur le paysage, Gesner a con-
signé d'excellentes observations faites
d'après sa propre expérience. Ses prin-
cipaux ouvrages avaient paru; et ce-
pendant il ne jouissait enrore dans sa
patrie que d'une réputation médio-
OES '^57
cre: on le regardait comme un poète
aimable, comme l'auteur de quelques
idylles assez agréables ; mais on était
loin encore de le pl.iccr au rang
des premiers liltérateurs d'Allema"ne.
(/était du sein de la c.i])itale de la
France que sa renommée devait re-
tentir dans toute l'Europe ; et il le dut
aux diverses traductions d'Huber. Il
était encore si peu connu lorsque ce
littérateur présenta à un libraire la
traduction du poème de la Mort d'A-
bel, que ce libraire , peu prévenu en
faveur de l'ouvrage d'un poète suisse,
ne se chargea, qu'en tremblant, de
l'impression. Des causes particulières
contribuèrent beaucoup, en France,
au rapide succès des ouvrages de
Gesner. L'une des plus influentes fut
la part qu'un ministre célèbre prit au
travail d'fJuber : on sait maintenant
que c'est ïurgot qui a traduit le pre-
mier livre des Idylles de Gesner, le
poème du Premier navigateur , les
premier et quatrième chants de la
Mort d'Abel , et qui a écrit la préface
de la traduction française de ce poème.
D'un antic C()té , Diderot, qui avait
traduit les Contes moraux et les ïdvl-
les, n'influa pas moins sur la réputaliou
d'un auteur dont il s'était fait le pané-
gyriste. Dès-lors, Gesner, préconisé
par les économistes et les philosophes,
fut porté aux nues. Devenu l'homme
à la mode, on voulut l'attirer en France.
La du(.hesse de Choiseul lui fit pro-
poser une place dans les gardes-suis-
ses ; mais il rejeta cette offre (j).
Ileiu'cux dans son pays, il y voyait
prospérer son commerce de librairie
(sous le nom d'Orell, Gesner ctC«.),
et venait de contracter une union
qu'il desirait depuis long temps, avec
(0 Ce refus amène le H«'iiouerneiit dr la pièce
iiUitulc'c : Gesntr. pai M.M. Harrà , Radol , Bour
giieil et Oesl'ontaines, 1800. Gesner joue aussi ua
xile imporlant dans la puce du Liibtlh rat
M. l-"aM.Tes , 1-97,111-8''. '
W\\.
î-^
258 GES
M^^*'. Heide;;ç;er, filie d'un consclHer
d'état à Zurich. C'est elle qu'il a cclë-
bre'e sons le nom de D.iphné, dans sa
première idylle. Celle femme aimable
et sensible , aprc'ciant tout le me'rite
de Gcsner, se chargea elle-même des
soins minutieux du commerce, pour
lui laisser le loisir de cultiver les let-
tres et les arts. Cependant, au lieu
de se livrer plus que jamais à la poé-
sie , il en fut détourne par une nou-
velle passion. Transporté d'admiration
à la vue de la belle collection de ta-
bleaux de son beau- père, il sentit
renaître le goût qu'il avait eu pour la
peinture; et, ne se dissimulant point
le peu de progrès qu'il avait fait dans
cet art à Berlin , il crut le cultiver
avec plus de fruit en dessinant d'après
nature; mais , obligé de marcher sans
guide , il se perdit dans une foule de
détails minutieux, prit un genre sec,
et négligea entièrement les effets.
Bientôt il revint de son erreur : Mon
premier prog^rès , dit-il ( Lettres sur
ie paysage ) ,fut de m' apercevoir que
je rien faisais pas. Changeant de
marche , il étudia les grands paysa-
gistes de l'école flamande, et, en les
comparant, il se créa une méthode.
C'est en pariant des deux talents qu'd
réunissait, qu'on a dit , avec autaiit
de justesse que d'esprit, que ses idylles
étaient des paysages , cl ses paysages
des idylles. Ses plus beaux tableaux
ont été gravés à l'eau - forte par M.
Kolbe ( I ) : lui - même s'exerçait aussi
;i la gravure; et, dans cet art, il s'est
acquis nue grande répulaliou en Al-
lemagne. Il commença par hasarder
quehpies fleurons sur les frontispices
de ses ouvrages; insensiblciuenl il eu
mit au jour un plus grand nonibre ,
qu'il fil suivre de quelques paysages.
(0 '/.iiricli, i8o.')-iHii, tin cjliirri in-fnl. coii-
Iritanl viii{jt cioi] pivcc* , el trc* rcckercLé* il««
GES
Eu 176J, il publia, et dédia à son
ami Walelet, dix paysages gravés a
l'eau-foi te. En i -^69, il en fit paraître
dix autres; et, depuis celte époque, il
a dessiné et gravé un nombre considé-
rable d'estampes pour les ouvrages
sortis de ses presses. Les vertus dé-
peintes dans ses ouvrages formaient
le fonds de son caractère; bon père,
tendre époux, ami fidèle, il bornait
tous ses vœux à faire le bonheur de
ceux qui l'entouraient : aussi ne s'ab-
senla-t-il que rarement de Zurich ; et,
lorsque des circonstances imprévues
le conduisirent momentanément à Ber-
lin , à Leipzig et à Hambourg, il reçut
partout lui accueil digne de ses ta-
lents. Mais ces honneurs n'altéraient
point sa modestie : jamais il ne par-
lait le premier de ses ouvrages. Un
homme de marque voyagea avec lui.
et ne le reconnut pas. Aimé el honoré
dans sa pairie, Gcsner y fut élevé aux
premières charges : il était assez dé-
nué d'amour - propre pour s'étonner
d'avoir pu captiver les sullVages de ses
concitoyens , et il ne les rechercha
jamais. Dans toutes ces différentes
fonctions, il fut animé par la gloire de
son pays , el jamais il ne rejeta aucune
vue qui tendît à l'augmenter, ou qui
lui parût devoir être utile à l'humanité.
Zélé protecteur du talent naissant , il
le soutenait de son crédit , l'aidait de
ses conseils , et cherchait à lui aplanir
tous les obstacles. Sa maison était le
rendez- vous des hommes de lettres et
des habitants les plus recommandahles
de Zurich ; on y voyait coulinuelle-
ment accourir h'S voyageurs , attirés
par sa rcuominéo, et ils le quittaient
rarement sans emporter quelquisuns
de ses paysages. Naturcllemenl méian-
culi(pie , il s'échappait à la multitude,
et aimait à se proiueuersur les bcuix
rivages de la jiinl et de la Limiualh.
C'est là (ju'il a rêvé la plupart de sis
I
»
r, E s
i(3)lles. Ce n'est pas au milieu des
cercles brill.mls de la société qu'il fal-
lait jiif^cr Ge.sner: il avait dans sa con-
tenance auprès des e'traiigcrs , (jiieiquc
chose de lirnide et d'enibirrassc. Mais
il rentrait dans son naturel au milieu
de ses amis: sa conversation devenait
alors vive et animée, et il l'égayait
souvent par ces lieureuses saillies qui
naissent de l'à-propos. C'est dans ces
moments d'ab.mdun qu'il contrefaisait
quelquefois, d'une m. mière lies grotes-
que, les ligures ridicules de certains
Jiersonnagcs : il se plaisait aussi à pren-
dre part aux jeux de ses enfants. Ou
peut voir dans les Souvenirs deFéli-
cie, un tableau aussi curieux que pi-
quant de l'intérieur du ménage de Ges-
iier. Cet homme célèbre mourut d'une
paralysie, le 2 mars 1788, à l'âge de
cinquante-huit ans. Un monument ,
dont l'exécution est due au ciseau du
sculpteur Trippel, lui a été érigé par
quelques-uns de ses concitoyens dans
l'une des plus belles promen.ides de
Zurich et au confluent de la Lint et
de la Linimalh. Il a laissé un (ils qui
a hérité de ses talents pour la pein-
ture. La vie de Gesner a été écrite
en allemand par Hottinguer ( i ). La
notice historique qui est à la tcte de
l'édition de ses Œuvres , imprimée à
Paris en 1799, est due à i\L Petitain.
L'édition la plus remarquable des
OEuvres de Gesner, traduites en fran-
çais par MM. Huber, J. H. Meiuer
et Brute de LoircUes, est celle qui est
en trois vol. gr. in-4 ". , fig. de Le Bar-
dai L'académie éicc'orale de Manùeim ayant
proposé un priv pour la meilleure biographie de
Gesner, M. Hottinguer, qui avait clé lié avec
Jiii, s'empressa de répondre à cet appel, et com-
posa un ouvrage sur ce sujet, qu'il n'envoya ce-
pendant pas a=i Concours, mais qu'il publia à Zu-
Ticb , ijqG , iu-8''. n a paru traduit en français
Cpar J. II. Meister") , Zurich , chez Heuii Gesner,
1^99, in-ia, sous ce titre: Salomun Go.sner,
nvec son portrait. Cette traduciion paraît être
Touvrage d'uu Lomme peu iamiliarisé avec notre
1 jngue.
G E S
259
bicr, Paris , i "j^^iUp. CA\c de Dijon,
1795, en 4 vol., petit in-8"., n'a de
prix qu'avec les figures de Le Barbier.
On distingue ,.nssi l'édition de Paris
de 1799, en 4 vol. in -.8., av.o les
fig. de Moreau jeune. On recl.Nche
beaucoup l'édition française de Zu-
rich, de ses Contes moraux et iiouvelks
Idylles , dont les figures ont éié dessi-
nées par l'auteur même: elle parut en
1773 -77, <?»^ vol. ia-40, j/ediiioii
allemande, avec les mêmes dessins
eu '1 vol. in-40., est aussi de \^n'
11 existe d'autres éditions moins pré-
cieuses, en trois vol., ou en 6 vol.
in-18, et en 1 vol. in-8o.(i) L'OEu*
vredeSalomon Gesner, contenant les
33G planches qu'il a dessinées et tra-
vées pour difTérentes éditions denses
ouvrages , a été publié à Zurich eu
2 vol. in-fol. de 1752 à 1788. Ou
prétend qu'il n'eu a été tiré que vinot-
cinq exemplaires complets. H. Gesner
a publié un Recueil des lettres de la,
famille de Salomon Gesner, Berne
1 80 1 -, 2 vol. in-8^ , fig. B— L— T. '
GESSl (François), peintre ita-
lien qu'on appelle Guido seconda^
parce qu'il imita parfaitement la ma-
nière du Guide, naquit à Bologne en
i588. Ses parents qui avaient de la
fortune et tenaient un certain ran«-
dans la société, lui donnèrent des
maîtres pour lui enseigner ics belles-
lettres; mais il était d'un naturel si lé-
ger, que leurs leçons lui furent tout
a fait inutiles. Il ne parvint pas même
à savoir bien écrire son nom. .Son
père se vil forcé à le laisser faire tout
ce que lui suggéraient sfs ciprices.
On s'aperçut bientôt que,dans ses jeux,*
(i) On en a fait une traduciion française litté
raie .nterhnéa.rc avec le te .te : les idvl'es out été
publiées par M. A. M H. Boular.i, -^ V'.l in 8°
et le reste , sous le tiire de Court rie langue allé
mande , a paru en .8o3 , égaU-mmc en a^'gros vo-
lumes .u-S". , dont le premier contient /W,„;,
d-^Vr'"""' ^'''^'S'iieur, et le seco.id U J)lon
J7..
2Go G E s
il s'amusait de piétereiice à tracer de
j;rolcsq".esl)ambocliadesavecdu char-
bon; et l'on en conclut qu'il pouirait
avoir quelque penchant pour la pein-
ture. Son père le mit ,ilors, pour étu-
dier le dessin, dans l'école de Calvvatt,
qui peignait à Bologne , et ensuite dans
Celle du Crcmosini; mais ni l'un ni
l'autre de ces maîtres ne fut capable
de fixer l'esprit volage de ce jiune
homme. La di;nile , la s;.gesso cl la
douceur qui distingnaienl le caractère
du Guide , presque autant que ses
talents , firent penser au père de
Gessi qu'il ne fallait rien moins qu'un
tel homme pour modérer et diriger
son fiLs : il ne se trompa point. Fran-
çois ch.ingea tellement dans cette troi-
.sicme école, que, malgré la prompti-
tude et la iacilitë avec lesquelles il
j)arvint à peindre, il montrait dans
son travail une patience et une atten-
tion dont l'arliste le plus calme eût
«lé difficilement capable. Jamais il
n'était content de son ouvr.i^e , et
jamais il ne cessait d'y faire des cor-
rections et des chuigemeuts. S'i n'é-
gala pas toujouj» le Guide dans la
perfection du djssin , dans le choix
des ])l>ysionomies et d.!i:s rexj)ression
des adeciions de l'ame, il l'égila d.ms
1 1 franchise et la lermelé du pinceau ,
comme aussi dans le moëlKnx des
couleurs. Son maître. rtinniena avec
lui à Home, où ils travaillèrent en-
send)ie. De la Gessi passa à Naples.
La j.ilousie cpi'y <xcilcicnt ses laki.ts ,
lui fit courir de grands dangers. Ce
malheur fut aggravé par uii procès
ruineux qui le n-duisit à un tel état
de détresse, qu'obligé de trav.iiller
])Our vivre, il devint moins soigneux
dans ses ouvr.H'cs. liCs table.»uv qu'il
lit ahus s(mt presque sans luciile:
« la composition en est Iroidc . la
rouleur superficielle et les figures
souvent incorrectes, » dit JLaiizi. Mai*
GES
ceux des temps antérieurs dénotent
un excellent élève , et à plusieurs
égards un rival du Guide. On en voit
de lui un très beau de cette époque ,
dans 1.1 galeriede Milan; il représente
une S;iiute- Vierge, à l'enfint de la-
quelle quatre saints ou saintes rendent
d'afrecaieiix hommages. Les figures
y sont groupées et mises en action
avec beaucoup de naturel , de grâce et
de simplicué. La détresse de Gessi
l'entraituidins un des vices trop com-
muns de cette pauvreté dont le sort
s'améliore par intervalle?. Acioulumé
à consumer eu nourriture indispensa-
ble tout ce qu'il gignaif , il en vint
bientôt à employer en bonne chère
tout ce que son travail lui procurait
au-delà de ses besoins; et il se livra
si fort à l'inletupérance, que sa c<uis-
titution n'y put résister : ses excès en
ce genre le conduisirent au tombeau.
Il mourut en i(348. G— N.
GE*>SNl*.U. / oj. Gesner.
GESTEL (CoRNtiLi.E-VAN\ né à
M.diiirs en i658, et mort cliaiu)ine
de la cathédra'ede cette ville en i 74^»
a laissé une histoire de l'arciievêchë
de Malines . sous le titre de IJistoria
sacra et jfrofana archiepiscopatus
iMechlini.HMS , la Haye, 17 >f), 'i voî.
in -fol., fig. Cet ouvrage passe pour
être plus rei;ommandab!e par Us re-
cherches , que p ir Tordre et le style.
M— ON.
GESÏKIN (Jf.aiv), malhémaii-
cien .suédois , enseigna avec succès
les sciences maihéuiafiques à l'univer-
sité d'Upsal, où il fut placé sous îc
règne de Gustavc-Adulphe. il pidjlu
des Connncntaii es sur Eucliile , nu
Traité de n)ecani(pie et un Traité d'as-
tronoimc. A peu près dans le même
temps, K'*xler, professeur de l'iuii-
vcrsiié tl'Abo, répandait le goût des
menus sciences dans une autre partie
du royaume, par ses leçons et ses ou-
GKT CET ?0r
Tr.igc<; , fl Slienilnclin iltoniinit los los Calcdotiiciis : ils rcvinrrnt riiscni-
savants clraimcrs <|ui .urivalcnt à la Mt-avec riinpc'raJiicc Julie, lappoilanl
C"ur do Cluisliiio, par son traite mti- Tninc ((ni renfrimaif les rendirs di'.
\\i\c: ,-ïrdmned(S rcfurinaUis. Icui- jxt.' mort dans la Grande-l)ie-
C — AU. ta^iic , et ils l(ii rendirent solenncllc-
CiKTA ( P. Si.PTiMius ) inl |) ce ment à Uoinc les dcrnirr*; devoirs. Ca-
par la nature entre un j)ère cruel < l racalla avait essaye de faire jK-rir .son
grand , et uu fièrceru( 1 1 1 scélérat. Il frère pendant le voyaf;c. Leurs divi-
jiatjuità Milan, et el;iit le second fils siens iugmenlant tous les jours, ils ima-
dc i'cmpereurSc'vèie clcle Julie. Après ginèrent, pour s'accorder, de se par-
avoir ruontredans son enfance peu de tager l'empire. Gela se contentait de
douceur (le caractère, il devint par sa l'Asie et de l'É-^ypte : ce projet n'eut
})on(e et son .dr,d)dUc les délices du point d'exécution par l'opposition ((n'y
peuple et de r.irnice. On cite de lui , mirent l'impératrice et les grands de
à l'aqe de huit ans, une i épouse pleine Horae. Dans des saturnales qui se ce-
d'humanitè. Son p« redirait devant lui, lcbrcrenl,Geta fut expose' à un nouvel
en parlant des complices de difll'nntes attentat de son frère contre sa vie.
révoltes qu'il cnndaiiinait à mort : Ce Caracalla, décidé à régner seul à quel-
sont des ennemis dont je vous dé- que prix que ce fût, feignit de vouloir
livre. L'enfant lui demanda combit n se réconcilier avec Géfa , et engagea
il en périrait : rempercur lui en dit Julie à les appeler ensemble dans sou
ie nombre. Ont-ils des parents ou appartement. Le jeune pi ince conscn-
ilds proches? ie[)rit Gela. Sur la ré- tit, sans défi aice, à une entrevue. A
pense qu'ils en avaient plusieurs :/Zj- peine fut-il entré dans l'apivart^ment
aura donc , répliqua-t-il, plus de gens de sa mcre, que des Ct nuirions apos-
ij^igés que jnj- eux de notre victoire, tés par Caracalla se jetèrent sur lui ,
Il dit, à ce sujet, à Caracalla, qui sou- et le poignardèrent entre les bras de
tenait qu'il fallait mettre à mort fous Julie , où il s'était re'fugié: elle fut
les coupables avec leurs enfants: /^ow5 couverte de son sang et blessée à la
ne voulez épargner personne , vous main. Ainsi périt Géta , le 'i'^ féviier
qui êtes capable de tuer un père, de l'an 212. L'hypocrite assassin fit
Géta était fort jeune, quand son père décerner par le sénat les lionneurs de
lui donna le titre d'Auguste, comme l'apothéose à son frère, {f^oy. Cj\ra-
l'avait Caracalla son frère, et qu'il s'en calla.) Sil diuus , dum non sit vi~
fit accompagner dans son expédition vus: Qu'il soit dieu, disait-il, pourvu
contrclesCalédoniens dans la Grande- qu'il ne soit pas vivant. M. Petitot a
Bretagne: à celte occasion, il reçut du f.it une tragédie intitulée : Géta ,
se'nat le surnom de Britannicus. Se- '797» J" - 8". {^oj, aussi Pi'chaiv-
vère étant mort l'an 211 de l'ère chré- tre.) Q — R — y.
tienne, ses deux fils, qu'il avait ins- GETHIN (Lady Grâce), nëe
titués conjointement ses successeurs à d'une bonne famil e dans le comté de
l'empire, commencèient à régner. Ils Sommersel en 1697 , morte à l'âge de
avuient commencé à se haïr dès qu'Us vingt-un ans, a écrit, en anglais , uu
avaient pu se connaître. Caracalla tenta ouvrage qui a été publié après s.a
inuliitment auprès de l'armée de se mort, sous le litre de Beliquiœ Ge-
faire reconnaître seul empereur. Géta thinianœ, Londres, 3 700, in - 4".,
le suivit dans uuc expédition contje avec son portrait. C'est un recueil de
^Cri G E U
discours composés par elle sur l'ami-
tic, l'amour, la mort, le monde, le
courage , la jeunesse , la vieillesse ,
l'usage, etc., etc. Elle était bien jeune
sans doute pour traiter de pareils su-
jets , qui demandent une longue ex-
périence et un esprit mûr et réflé-
clu. On trouve néanmoins dans ses
essais du talent et des connaissances.
Parmi les poésies de Congrève on lit
des vers à la mémoire de cette dame ,
inspirés par Ij lecture de son livre,
cl qui renferment un éloi^c très flat-
teur. Les Reliquiœ gethinianœ ont
aujourdhui un autre mérite pour les
curieux , celui d'être un livre fort
rare. On a érigé à l'auteur un beau
mon liment dans l'abbaye de West-
inm.>ler , où l'on prononce encore
tous les ans , le mercredi des cen-
dres , un discours funèbre en son
lionn'ur. X — '*.
GKLiUNCX ( Arnold ), né, vers
16.45, à Anvers, étudia la |)hiloso-
phic et la ihéoiogic à Louvain, et y
fut appelé en 1646 à enseigner la
première de ces sciences. Après douze
années de professorat , le n^auvais état
de ses aflfiires le décida à aller en
Hollande. Arrivé à Leyde , il y fit pro-
fession de la religion réformée , et y
fur d'abord répétiteur de pldlosopbie;
il finit par êlic nommé à une chaire
uriiinaire de cette science , giace aux
bons (dFict s de son protecteur Abra-
liam Hevdanus. 11 mourut à l.eyde en
i(J6t). On a de lui : T Saturnalia seii
quœstionc.s qnodhbflicœ , liCyd'* ,
»6'>5, in- 19. .11. Lo^ica. ibid., i(j(i»,
in-iG. III. \\'')0i TîauTûv JjVtf Elhica.
riiilarèlc , pseudonyme , publia ce
livre après la moi l de raiiteur, Leyde,
iG^fi, in - \'i. On |)rél(ii(l <pie, dans
cet uuvra;;r, Geuliiicx expose la doc-
triin- lie Vhannwiia prt'ctaldie , dont
Leibnil/, .s'est attribué a deeouvnlc
vingt ans ipiès (vers if>y">). On a
GEU
d'autres productions poslbumes d«
Geulincx, telles que: IV. Compen-
dium phjsiciim, Franc ker, 1 688, in-
12. V et VL Annotata prœcurrentia
et Annotata majora ad Ren. Car-
tesii principia : le dernier est suivi
à' Opuscula philosophica .Dordrechl^
1690 et 1691, in-4°. VII. Metaphy-
sica vera et ad mentem peripateti-
cam, Amsf., 1691, in- 16. VIIT.
Collegium oratoriitm, ibid., 1696,
in- 12. Ce n'est pas seulement de sou
vivant que Geulincx a été harcelé
d'invectives et de reproches : long-
temps après sa mort , un ministre de
Middelbourg , Charles Tuynraan , l'a
traité de spinosiste. M — on.
GEUNS(ÉtienneJean Van), mé-
decin hollandais, naquit à Groningue
en l'jG'j.Dcssa plus tendre enfance,
il montra un gnût bien prononcé, et
même une sorte de passion pour l'é-
tude des sciences exactes : il aimait
surtout à contempler les figures et à
lire la description des animaux et des
plantes. Au lieu de perdre, comme la
plupart des autres enfants , à des amu-
sements frivoles, les heures de la rc-
créalion , il les consacrait à parcourir
les meilleurs livres d'histoire naturel-
le, et notamment l'utile dictionnaire
de V.ilmont de Bomare. Ayant termi-
né en i']8'.>. son cours d'humanités,
dans lc(picl il mérita des distinctions
et des récompenses honorables, il dé-
sira entrer , comme cadet , au service
delà marine, persuadé que cette car-
1 1ère lui luurnirait les moyens de vi-
siter drs régi(»ns éloignées et incon-
nues, de recueillir dis objets rares et
curieux. Mais cédant aux sages con-
seils cl aux aHèctueuses représenta-
tions de ses parents, le jeune Van
Geuns abandonna ses projets de voya-
ge. 11 se mil sur les bancs de l'uni-
versité de f lardervvyk,dont son père,
IMalhias, c ail un des professeurs les
G E U <^' F U ?.07
flusdistinmics. Il cultiva les (îivorsrs gnrmcnt dont il ct.iit rl),irp;c j Tiini-
braiulics Je Vint dp guérir, cl surtout vri site d'Utrcchl. Viiu Geuiis rnlra en
les .sricniTS physiques avec une ar- lonclion le 2() sc[)tera]jre i^c)! , et
ileuriurili-^able, et un tel succès qu'en pionoiiçi un discours inaupiural : D(f
1-88 , à j)cinc agc de vin^^t an>), il iiisiaurando inler Balavus studio hi-
reni|)()ila le |)rix propose par l'aca- ianico. Le 5 avril 17945 '' ^^ I"'"-
demie i\{i^ sciences de Haricin , sur noin^M un second , à Touvcrlure de ses
rntilitc que les Hollandais peuvent re- j)rcleçons physiologiques : De phjsio-
tirer des reelicrches en histoire na- logiœ curporis humani cum clicmid
turelle. On apprend avec une surj)rise conjiinctione ulili ac periiecessarid.
inclcc d'admiration, que ce mémoire Une mort prématurée vint enlever
intéressant, sur une question déjà pro- ce jeune savant à la carrière dans la-
posée deux fois eu vain , fut rédigé quelle ses premiers pas avaient été si
daiis le court espace de quelques se- glorieux; il fut moissonne par une
indues, pendant les intervalles des fièvre ataxique le 16 mai 1795. Ses
travaux scolaires, et sans que le père talents et ses vertus furent célèbres
du concurrent en eut le plus léger par plusieursécrivains. P. W. P. Kluit
soupçon. Van Geuns publia la même publia, en 1795, à Utrecht, et un
année , à Harderwyk, un opuscule in- anonyme à Harlem , une Esquisse bio-
8'., mhUilc : Plantariim Belgii con- grapliique; J. Hcringa fit imprimer,
faderati indigenaruin Spicilegium , en 1 796, à Utrecht , une Oraison fu-
f^uo Davidis Gorteri Jlora septevi nèbre : ces trois opuscules , in-S**. ,
Frovinciariim locuplelatur. En effet, sont écrits en hollandais. G.
le rédacteur tient parole , et enrichit GEUSAU ( Levin de) , lieutenant-
la flore de Gorter de plus de deux cents général et quartier-maître-général de
espèces de plantes. Auteur de plu- l'armée prussienne, né, en 1734, à
sieurs bons écrits, Van Geuns ne pos- Kreuzburg près d'Eisenac, entra fort
sédait encore aucun litre académique, jeune au service, fil les campagnes de
Après avoir fait un voyage scientifi- la guerre de sept ans, et s'y distingua
que en Allemagne, il revint en Hol- tellement, que le grand Frédéric l'al-
lande , où il fut revêtu du doctorat , tacha , comme lieutenant, à l'état-ma-
d'abord eu philosophie, puis en me- jor des quartiers-maîtres de son ar-
dccine, sous les auspices de son père, mée , que le roi instruisait lui-même.
q(ù termina la séance, et couronna, Après la mort de Frédéric, Gcusau fut
pour ainsi dire, l'acte probatoire par nommé coioncl et adjudant-général de
un discours intéressant ; Z?e //îmirt7ii- l'infanterie, et, en 1796, promu au
iate virtute medici prœstantissimd. grade de lieutenant-général : en même
I^e jeune docteur exerçaità peine de- temps, le roi le nomma quaitier-
])uis six mois sa profession à Ams- maître-général de l'armée , et lui con-
terdarn , lorsque les curateurs de l'u- fia l'inspection générale sur toutes les
niversité de Harderwyk lui offrirent forteresses du royaiune. Il conserva
3a chaire de botanique et de chimie, ces places jusqu'au moment où ia
Des motifs particuliers l'empêchèrent guerre entre la France et la Prusse
d'accepter cet honorable emploi; mais éclata en 1806. H exerça, pendant le
il accueillit avec plaisir et reconnais- règne de Frédéric-Guillaume II , une
sance la cession que lui fît le profes- giande influence sur l'organisation de
seur Nahuys d'une portion de i'cnsei- l'armée prussienne. Les étal)lii>sg-
264 G E V
mcnts d'éducation militaire , l'acadc-
niie des officiers , et la pe'pinicre idc-
dico-chirurf;icaie de l'armée , confies
à sa direclioi), on! e'te', par ses soins,
portes à un haut défère' de perfection-
nement. Le général Gcusauéiait mem-
bre de l'académie de Berlin et de la
sociéîc des amis des sciences na'u-
j elles : il est mort le 2-^ décembre
j8o8. B— ii—D.
GEVARTIUS( Jean - Gaspar) ,
pLilologue bel^e des plus distingués,
naquit à Anvers en i595. Son père,
Jean Gevarlius, figure lionorable-
ment dans les afF.iires des Pays Bis ,
pendant le cours du xvi*". siècle. Il lut
un de ceux qui conclurent la (rêve de
j2ansen \C)og. Il était singulière-
ment versé dans les annales de sa
patrie; et l'on regrette que son His-
toire des ducs de Brabanl n'ait pas
vu le jour. L'historien belge ;, Pontus
Uruterus , reconnaît lui avoir eu de
Jurandes obligifions. Notre Gcvartius
étudia d'abord à Anvers, dans le col-
lège des Jésuites. Il passa de là à fiou-
vain et à Douai , et fit ensuite quelque
séjour à P.tris , où il se lia paiticu-
lièremenl avec Henri de Mesmes,
depuis conseillor-d'élat , etc. De re-
tour à Anveis, il fut noinmé secré-
taire de la ville; et, on i()ii,rem-
]U'reur Fcrdin.ind 111 le eréi cons(il-
b-r-d'élat et hisloiiogra[)he. Il mourut
dans sa ville nalde , à l'âge de ';3
ans, en iGGO. On a de lui : I. Lcclio-
nes Papinifineœy à la suite des poé-
sies de Stace, Leydc, iGiG, in-8".
Cette édition de Slice est dédiée à
henjaniin Aulx ry , sieur du Mauricr,
alors ambassadrur en llolîaiule, et
dans !• f.inullc duquel (ievarliiis
s'honorait d'avoir vécu. CiCS Lcctiotics
ne roulent que sur les Sylves de Slace,
cl elles ne se ressentent guère de la
jeuncss(r de l'.iutour, qui n'aviil que
lij ans. II. ElecLuiuni libri ires ,
GEY
Paris, 1619 , in- 4'. 0" J admire
une critique également savante et in-
génieuse. III. Une nouvelle édition
des Imper atorum Romanorum Icô-
nes de Gollzius. Gevartius y a joint la
suite des empereurs d'Autriche de-
puis Albert Il jirsqu'à Ferdinand III,
Anvers, i645,in-fol. IV. Des Poé-
sies latines, publiées en diftérentes
occasions, entre autres, celle de l'éta-
blissement de la statue de Henri IV
sur le Pont-Neuf. Nous ne croyons
pas qu'elles aient été recueillies. Il n'y
a rien de Gevartius dans les Deliciœ
poëtarum Bels^arum. Il s'était occupé
de notes sur Vylstronomicon de Mani-
lius, ou plutôt, selon lui, de Man-
lius Thcodorus, celui que Claudien
a célébré dans un de ses poèmes et à
qui nous devons un bon ouvrage sur
les mètres, llav lit projeté un Commen-
taire sur les Réflexions de Marc-Au-
rèle : il a aussi laissé en manuscrit
des Mémoires sur l'histoire des Pays-
Bas. Toute sa famille périt le même
jour , empoisonnée par des champi-
gnons , s'il faut en croire J. G. Grœ-
vius, ad Cicer. de OJf. 1. 1, c. 34-
M ON.
GEYCiER. I^oy. Geiger.
GKYLI Jî, GEII.EK, ou GAILEU
{ Jean ) , nom (né aussi Kaisersberg
de l'endroit ou il fut élevé , ftineu\
prédicateur , naipiit à Sehalbousc le
i(3 mars i44^- J' perdit en bas âge
son père, notaire à Ammerweiler , et
se rendit à Kaisersbcrg ( en Alsace ) ,
auprès de son grand-pèic, qui prit
soin de son éducatu)n. il étudia d'a-
bord l.i philosophie et les belles-lettres
à Friboj.Tg en lirisgau; et après avoir
passé à J>àle, en i 47-2 7 d s'y nppli-
(pia avec be.iucoup d'ardeur à l'étude
de la théologie, et fut promu au degré
de docteur eu 1^"^^. Il ({uilta Uâle ,
et ac;epta une ];lacc de prédicateur
a Eribourg , qu'il remplit seulcmenl
(.LV
liciul.int une aniicc. Larqnitalioiifiinl
y acquit en si peu de temps (itait dcjà
telle, (|iHi f'iK appelé à Wiirl/.bourg
pour 1.1 inèiue loneliitn. La sonitnc de
deux cents ducats à laquelle on fixa
ses honoraires, somme très considc-
lablc potir colle époque , prouve as-
sez combien il elait considère. Tl ne
icsia même pas lonp; - temps dans
celte ville : en i 47^ ? »* *"t app^''c à
Strasbourg. Les dominicains avaient
occupé jusqu'alors la cliaire de la ca-
tliédrale de cette ville; mais des dis-
j)utcs scandaleuses qu'ils av.iicnt eues
en 1454, avec Jean Crutzcr , cure
de SL-fiaurcnt, et avec les autres curés
de la ville, cl des propositions indé-
centes qu'ils avaient débitées dans la
chaire de vérité (i ), firent perdre peu
après à ces religieux la prérogative
de prédicateurs-nés de la cathédrale.
Geylcr s'y livra au saint mimstcre
avec le plus grand zc!e , pendant
trente années consécutives. Ses ser-
mons forment un mélange du sacré
et du profane , de latin et d'allemand.
Geyier s'y élève sans cesse avec force
contre les désordres des moines de
son temps. Le choix de ses in»ages et
de ses expressions , qui blesseraient
anjourd hui nos oreilles délicates et
n'exciteraient que le rire , touchait
alors nos anccîrcs jusqu'aux larmes, et
convertissait quelquefois les pécheurs
les plus endurcis. On doit a l'éloquence
deCieyler l'abolition de plusieurs abus
contre la décence et la majesté du
culte divin , tels que les cérémonies
qui se faisaient dans la cathédrale le
jour des Innocents et pendant la se-
maine de la Pentecôte, ainsi que les
assemblées nocturnes de la Dédicace.
(O On les accjisajl entre .nntrcs d'ensciîiTier :
(^iiod munialis projct'a , si cartiis lentatione
incla cauUaleni seivare nullel, 'nttjorit vcniœ
i:t niinoris culpœ esnel , fi ciiin religioso tjitàm
ciirn la'icn commillal JIttgiliiim. Voyez Joh. Ber-
iicjij^err Berickt von dem rogciiannie'n uUintum
'l'ute 1 fifttd Schiller, pay. i i-/8-i i38.
GEY .if:>
C'est aussi à ses exhortations cl à celles
de Jac. Winipheling, son biographe
et sou ami , (pic la ville de Strasbourg
doit la j)remièrc idée d'une école pu-
blique. Les sermons de Geyier atti-
raient un si nombreux auditoire, que
la place de la chapelle de Saint- I^au-
rent, où était la chure de la basi-
lique , devint bientôt trop étroite
pour pouvoir contenir la foule. Ou
construisit alors, en i486, celte
chaire magnifique qui existe encore
aujourd'hui, sur les dessins de Jean
Hammerer, architect-e de la f ibrique,
et d'après les idées de Geyier lui-
même, f/appui-main de la rampe de
l'escalier, qui y conduit, est semé de
petites figures grolesqucs et curieuses
par leur bizarrerie , et dont il tirait
souvent le texte de ses sermons. Cet
orateur sacré était fort considéré par
Maxlmilien I , à cause de sa probité
€t de son érudition : cet empereur l'ap-
pela souvent à sa cour, le consulta sur
les matières les plus importantes , et le
protégea contre les ennemis que sus-
citait à l'orateur la hardiesse avec la-
quelle il prêchait. Geyier réglait minu-
tieusement l'emploi d'j son temps, dont
il connaissait le prix ; i! dormait peu ,
vivait frugalement, mais ne baissait
pas le bon vin. Peu de personnes
furent admises dans sa société intime:
on ne lui connaît d'amis que Sébastien
Brandt et Jacques Wimpheling. Au-
cun de ses contemporains ne possé-
dait peut-être une bibliothèque aussi
considérable et aussi bien choisie que
la sienne. Il avait l'habitude d'écrire
tous ses sermons, tantôt en latin,
tantôt en allemand : ces manuscrits
passaient ensuite entre les mains de
ses amis et de ses admirateurs, qui
les ont publiés en partie de son vi-
vant, en partie après sa mort; car il
n'avait pas la patience de soigner lui-
même l'impression de ses ouvrages.
266 G E Y
î*»eanmoins il entreprit une édition
des œuvres de Jean Gerson , sous ce
titre ; Jo. Gersonis cancellarii Pa-
Tisiensis Opéra , Strasbourg, 1488,
5 vol. in-fol. ; et il (it un voyage eu
France , sans autre objet que de réu-
i)ir les différents écrits de ce grand
îiomine. A la tête de cette édition se
trouve reloge de Jean Gerson, par P.
Scbolt, chanoine de S:rasbourg. Gey-
ler fut nommé prébendier du grand
cliceur de la cathédrale de cette ville,
où il mourut le i o mars 1 5 1 o. Il fut
enterré au pied de la chaire qu'il avait
illustrée par son zèle et son éloquence;
on y grava l'épitaphe suivante, qu'on
Y ht encore aujourd'hui:
Q»rro merilo «lefles , nrbs Argrntina , Joannes
Geiler, monte quidem Caesaris cgenitiu ,
S>-AfT siib hàe recnbat qu^nn rexit prwco tonantis
Fer »e\ lustra docens verba salutifera.
Les sermons de Geyier forment ,
avec ses autres ouvrages, 18 vol. in-
fol. cl 6 in-4°. ; on en trouve le cala-
jogue dans Riegger , Amœuitates
lilterariœ Fribur^enses , tome i , p.
62-65; mais surtout dans la disser-
tation de L. F. Vierling DeJ. Geileri
scripiis ^ermanicis , Strasbourg ,
1780, in 4"- de 58 pages (i). Cette
disserlalion renferme la bibliographie
complète de 4 I ouvrages qui sont
sortis de la phinic de cet auteur. Le
plus connu vl le seul qui soit un peu
recherché aujourd'liui, est son TV^r-
retischiff[ on Nef des fous ), qui est
une espèce de commentaire sur la
Aarragonia de Scb. lirandt, que
Geyier avait d'abord tiadtiite eu latin,
€u 1498, et dout les rimes servaient
de texte h ses sermons. H établit cent
on/.e essaims de fous, ensuivant l'or-
(r^ Cent une théio toiilrniK* ions l« pr«'«idriii i?
«io «nvant Ji^rrm. J.if. Dlin lin , qui »r propo.^jit iln
|tuMii'r t\e |ilui nnriplr* iliituili , loiH ce tilrr : Cher
Ocittri von KaiienOrr^f Lihen iinii Schrijtcit.
Voyrx »on Vticourt (iron^ncrt • roiiverliirr de
racuiii.mii) le i5 brunuire an Xil, Slraibutirj ,
iSoj,inb''.,|>'.-j. JJ.
GEY
dre que Brandt avait adopte' , et il les
représente décorés de grelots : dans
chaque sermon , il attaque un de ces
différents essaims et ses grelots. C'est
ainsi qu'il relève successivement les
sept grelots dont il orne l'essaim des
fous savants. Jac. Otlicr, un des élèves
de Geyier, fut l'éditeur de ce Recueil
en lalin , imprimé à Strasbourg en
1 5 I o , avec des caractères allemands ,
sous ce ûtte.Nai^icu^n, sive spéculum
fatuorum pre stands s imi sacranim
literarum doctoris Joannis Gejler
Kej^sersber^ii , concionatoris Ar-
gentinensis , in sermones juxla tur-
Tiiarum seriem divisa; suis Jîguris
jam insignita ; à Jacoho Olhero di-
li-ieiiter collecta : compendiosa vitœ
ejusdem descriptio ,per Beatam Rhe-
nanum Scelestalinum ^ in - 4"' Les
gravures en bois, qui se trouvent à la
tête de chaque sermon, sont assez bien
faites. Ce Recueil contient cent dix
sermons; au dessus de chacun on ht
ces mots : SiuUorum infinitus est mi~
merus. On en cite plusieurs édi'ions
imprimées à Strasbourg en i5oi ,
i5io, i5ii et ï5i5; mais il n'en
existe qu'une, commencée en i5io,
et qui n'a été achevée qu'en 1 5 1 5 , et
nne autre, imprimée à Râle en i5']'2.
Celle de i5oi, dont il est question
dans la Bibliotheca Goihqfr, Tho-
mas ii , tom. I, n". 9O7, n'est sans
doute ({ue le résultat d'une erreur ty-
pographique. On a publié deux tra-
ductions allemandes de ces discours ;
la première a paru à Strasbourg ,
i5'2o, in-fol., avec les gravures eu
bois, qui représentent les sujets qu'on
trouve dans les éditions du Navis
stultorum de Brandt. Cette édition
est encore remarquable, en ce qu'elle
est le prenii<r livre qui ait été impri-
mé avec privilège impérial. La seconde
édition a été imprimée de même ,
avec piiviîége , à Ràlc , 1 5^ i , ir.-8 .
GEY
Tous les ouvrages de Gcylcr, qui ne
sont j;nèrc que tics sermons , sont
nuiciix p.ir le.> flrtails qu'ils rcnlcr-
nirnt sur les usn^( s cl les mœurs du
temps tic l'cnipinur Maximilicn I".
Son style est rempli d'expressions
proverbiales et de locutions sinj^ulic-
res : J.-J. Obcrlin a recueilli les plus
remarquables à la fin de la disserta-
tion que nous venons de citer, pour
servir de supplément au glossaire de
^>eherz, dont il avait etc l'éditeur en
i'j84- l-ics ouvrages latins de Geyier
ont été recueillis à Strasbourg , en
i5c9, i5io cl i5i8, sous le tilre
iV Opéra omnia. On n'y trouve ce-
pendant ni son Oratio in synodo
Arg^entinejisi habita , imprirae'e à
part en i48'2, ni ses Sennones de
Juhilœo , publies en 1 5oo. La vie de
ce savant théologien a été écrite par
Hiide, plus connu sous le nom de
lîeatiis Bhcnanus , et par Jac. Wim-
})lieling. La première, dont on peut
voir le précis dans les Athenœ Èau-
ricœ j se trouve à la snile du Navi-
cilla , sive specidumfaîuoriim , et la
seconde bien plus dc'taiiiee, dans 1'^/?-
pendix du recueil des Sennones et
'varii tractatus Keysersbergii , jani
recens excusi , Strasbourg, i5j8.
Le porirait de Geyier est place à la
lêle de sa Poslille (ou commentaire)
sur les quatre Ei>angélistes{en alle-
ra,ind), Strasbourg, i522, et dans
la Description de la cathédrale de
Strasbourg, traduile de l'allemand,
Strasbourg, 1703, in - 8*>.
B— H— D.
GEYSA , nom commun à un duc
et à deux roi.^ de Hongrie. Ce pays ,
qui rai>ait partie de l'ancienne Panno-
nie et de la Dacie, avait ële conquis
par les Huns, après le milieu du m",
siècle. Ceux-ci en ("uirut chasses par
les Lombards. Les Ab 1res et les Sla-
ves l'occupèreut succcssiyemcî:t. Dc-
GEY 267
meure' sous la domination de Charlc-
mague et de ses successeurs, jusqu'à
Chaihs-le-Gros , il devint, sur la fin
du ix". siècle , la proie d'iui peuple
sorti de la Seylliie, auquel les Pau-
noniejis donnèient le nom de Hon-
grois. Geysa , duc de Hongrie, issu
d'Alraus, chef de ces peuples, cl ins-
truit par Adelbcrt, èvêquede Prague,
embrassa le christianisme , et eut de
Saioth , son épouse, un fils nommé
Éliciine à son baptême, et surnommé
le Saint, qui , en 9^7, succéda à son
père. (/^.ETIENNE, XIII, 438.) Gey-
sa I était fils dcB'-'lal. Celui-ci s'était
rendu maître de la persoime d'André
son frère aîné, et s'était emparé «lu
trône. Geysa ne lui succéda pas im-
médiatement. Salomon , fils d'André,
avait remplacé Bêla. Lui et Geysa se
firent la guerre : elle fut suivie d'un
accommodement, au moyen duquel
Geysa se contenta de la seconde place.
Néanmoins la guerre ayant recom-
mencé en 1074, entre les deux cou-
sins , Salomon fut vaincu, et laissa le
troue à son concurrent : il voulut y
remonter , mais ses efforts n'eurent
aucun succès. Geysa, au reste, était
un prince aussi prudent que valeureux;
mais son règne fut court : il mourut en
1 077. — Geysa II, arrière-petil-fils de
Geysa ï, fut couronné roi de Hongrie,
le 16 février ii/^i y trois jours après
la mort de Bêla II, son père, prince
vertueux et brave : il maintint l'ordie
dans ses états, et les défendit courageu-
sement contre Borich , fils naturel de
Coloman , son grand-oncle. L'empe-
reur Conrad III, en partant pour la
croisade, vers i i5i , et passaijt par
la Hongrie, obligea Geysa de lui prê-
ter hommage. Geysa mourut en 1 161.
L~y.
GEYSER (CnRÉTiEN-TnEOPniLE),
habile graveur allemand, naquit en
1742 à Gorlitz, où il rrçiU les pre-
t
268 G E Y
raières leçons de dessin , au gymna-^c
de cttte ville. Envoyé dans la snite
à l'université de Leipzig pour y étu-
dier le droit, Geyser, en dessinant
tous les )ours dans la maison d'Oeser,
directeur de l'académie des aits à
Leipzig , se passionna pour cet art ;
et lU lieu de suivre la carrière de la
jurisprudence, dans laquelle il avait
déjà subi un examen , il accepta une
place de professeur dans une nou-
velle école de dessin établie à Leip-
zig. Il s'appliqua d'abord à la mi-
niature ; mnis il changea bientôt le
pinceau contre la pointe. On i;c lui
avait jamais enseigné l'art de manier
le bîinu j aussi ses essais dans ce genre
ne furent-ils pas heureux : mt>is ses
estampes gravées à la pointe sont ad-
miribles; elles ont un caractère d'o-
riginalité qu'on n'a pas su imiter. Les
vignettes , d'après 1; s dessins d'Oeser,
qui ornent l'édition des poésies d'Ulz,
furent les pnmiers échantillons de
son talent. Ses pavsages avec de j)e-
tites figures, d'après Ferg , Wouver-
mijnn etPynacker, en grand format,
sont les plus estimées et 1rs plus re-
cherchées de ses productions. Il re-
nonça en 1770 à sa place de profes-
seur à l'école de dessin , devint mem-
bre de r.M.;è(lcmie de Dresde et de
Leipzig , et >e retira à la campagne
avec nno petite pension de la cour de
iJaxe. C'est dans sa retraite qu'il a
exécuté les bcllfs vignettes de l'édition
du Virgile de Ileync. Il avait souvent
exprimé le desir de mourir eu plein
air; ses VfiviK furent exaur('s : fr;q)pc
à la campagne d'une attaque d'apo-
plexi(; à la promenade, il expira le 'ji^
mais i8<)3. — Siimuel-GodelVoi (li v-
sER, ihéologii-n danois, naquit àGorlilz
rnj anvirn y Jo, ib'luditàWillendierg,
où il m; distingua avantagnisement par
quelques ériits acadéninpies. Il arcej^
la, en 1771, une chaire de théologie
GEZ
et de langues orientales a RevaJ. En
1777 '^ ^"^ appelé à l'université de
Kiel, comme piofisseiii ordinaire de
théologie; il fut nommé conseiller ec-
clésiastique dans cette même ville en
1 782, et y mourut Je 1 5 juin 1 808. Il
a publié quelques disseï talions : L De
la facilité du patriotisme sous un bon
^(uvemement en ;illeniand), Reval,
I 77'2 , in-4". il. yéphorismi ethici in
usumscholar*. Kiel , 1 789, in 8". Les
JVoua acta eruditorum, la Biblio-
thèque théologique d'Ernesti , et la
Gazette littéraire de Halle, renfer-
ment un grand nombre d'articles four-
nis par ce professeur. B — h — d.
GEZELIUS (Jean), docteui en
théologie et évêque d'Abo , capitale
de la Finlande, naquit, en i(3i5,
dans la paroisse de Gezala , où son
père était fermier de ia couronne , et
de laquelle il prit le nom de Grztlius.
Après avoir professé la théoloc;ie et
la largue gn cque à Dorpat en Livonie,
il obtint successivement plusieuis di-
gnités ecclésiastiques; et en 1664,
il fut élevé à l'évcché d'Abo , qu'il
occupa jusqu'en i6()0 , aimée de sa
mort. Versé prolondémeul dans la
théologie , dans les langues savan-
tes, d.ins l'histoire et la philosophie,
il jouissait d'une grande considéra-
tion, dont il profita pour répandre le
goût des sciences et pour faire naître
des établissements nii'es. 11 entreprit
nn travail (|ui man(]uait en Suède, et
qui a surtout illustré son nom dans
ce pays : c'est un Commentttire sur
la Bible , en langue suédoise; son fils
l'acheva il le publia. Ou a de plus ,
de ce savant évêtpie , une Gram-
maire ^reaiue , une Crtimiimire
héhraïijuc , nn Abrégé encyrlopédi-
(jue des scienecs {Kncjclofiedia sj -
impùcd) , nu Viclionnaii e jienta-
f^lotte , et plusieurs autres ouvrages ,
tous CM latin. C— av.
C il Z 0 H A aG()
fiEZFXlUS (.Ie\n ), fil'; (lu pre- et à iJpsal en trois volumes in-8". ,
ceMciit , na-iuil on }(')['] , et rein- de 177GÀ 1778. Kn 1780, r.iuleni'
pl.iç.i son père ilaiis rcvêclie' d'Abo , publia un volume (Je suj)pleinent. Le
en i(>()o, ai)rès .ivoir professe' la tlieo- dic[iouua:re de Ge/elius est consacré
loi;i. et s'èlre di.stiii?;ue dans la plaec aux lionirncs remar<[uables (jue ia
de surintendant eeeleMastiqiie à Narva. Suède a produits dans la politicpie,
La ville d'Abo ayant clc occupée par dans les ai nies ^ dans les sciences, les
les Uusses , il se retira en Suède, et lettres et les ails, depuis Gnslave V^.
inonnil en 1718, duis nue terre voi- (i52t) jusqu'à Gustave 111(1771).
sine de Stoekliolnî. Il avait une ins- Tous les articles n'en sont pas egale-
truclion très étendue; mais il n'y ment intéressants; mais on en trouve
joip;nair pas l'esprit de tolérance de très importants , qui conlienn'jnt
([u'cile aurait dû lui inspirer. Quel- des faits et des anecdotes qu'on n'a-
qucs familles calvinistes, réfugiées à vaitpas publiés auparavant. L'auteur
Stockholm , ayant présenté au roi a toujours l'attention de désigner
Charles XI une requête pour obtenir les sources dans lesquelles il a puise,
le libre exercice de leur religion , le Dans les temps les plus modernes, il
clergé de Suède fit contre cette de- y a plusieurs lacunes. On regrette
mande une protestationconçuedans les aussi que les ouvrages des savants de
termes les plus durs, et que l'évêque Suède , dont Gezelius donne la vie ,
Gezclius adressa aux étalsdu royaume, ne soient pas toujours indiqués avec
Il résulta de cette démarche que tout assez de précision et d'exactitude,
autre culte que celui du rit luthérien II est mort le 24 lûai '7^9? H^ ^^
fut défendu eu Suède, et que ce pays cinquinte-trois ans. C — av.
perdit une occcasiou favorable d'ac-
quérir les bras industrieux dont il
avait besoin. Outre la continuation du
Commentaire sur la Bible, commence
GEZERI ( Abulaz - ÎSMAEL ) , re-
nommé par un talent extraordinaire
dans son genre , est auteur d'un
Traité des machines ingénieuse-
par sou père, Gezelius donna plusieurs rntnt inifentées. Ce traité est divisé
autres ouvrages en latin , et des Tra- en six parties , et traite des montres
duclions du français, de l'allemand et et des horloges; des instruments de
du lai in en suédois. Il fit aussi une musique , des machines hydrauli-
Traduction de la Bible en langue fin- ques, etc. Il a été traduit en turc, et
noise. C— au. dédié à l'empereur Selim. On possède
GEZELIUS ( George ) , théolo- à la Bibliothèque royale de Paris un
gien et littérateur suédois, du xviir. livre manuscrit d'hydraulique de sa
siècle , était curé et archidiacre de composition , qui fait partie du traité
de Liilkyrka, en Néricie; et dans les dont nous venons de parler. Z.
dernières années de sa vie , il reçut GïlAZAN-KHAN, vu*", prince de
le titre d'aumônier du roi. C'était un la dynastie djeuguyz-khânicune, éta-
horaine studieux , qui consacrait aux blie dans la Perse occidentale, naquit
recherches savantes le loisir que lui àSuULân-Dowéy dan le canton d'As-
laissaient les occupations de son état. ter-Abâd , province du Màzendéran,
Secondé par plusieurs savants de son dans les derniers jours de rabyi 2".
l^Ay s ,ï\ ciilio\M\lmi Dictionnairebio- O70 de l'hégire (décembre 127 i ). Il
graphique des hommes illustres de était fils d'Arghouu Khan ( /^ojK. Ar.--
Suède.Cel ouvrage parut àSlocklioIra ghoun\ et neveu d'.ibucà - Khan ( P^^
l'jO
GHA
Abaca), qiii le fit élever à sa oour. Il
avait à peine trois ans quand son pro-
tecteur mourut : son père le fit venir
auprès de luij et e'tant monté lui-mê-
me sur le trône de Per>e, en 683
(1284), Ghazân, qui avait alors treize
ans , tut nommé au gouvernement du
Khorâçan. Il trouva dans cette pro-
vince un rival redoutcjble, autant par
son adroite politique, que par sa cou-
rageuse et inflexible haine contre tous
les idolâtres, et suitout contre les
Moghols.L'c'myrNourouz était lui-mê-
me d'origine raoghole, et conséquem-
ment idolâtre; mais il avait embrassé
l'islamisme : il protégeait et répan-
dait sa nouvelle religion , et persécu-
tait celle qu'il avait quittée avec tout
le zèle d'un nouveau-converti. Après
cinq années d'une guerre très achar-
née, dans laquelle Nourouz remporta
plus d'un avantage signalé, une ré-
conciliation franche et 5ini;èreeut lieu
entre lui et le prince moghol, qu'd dé-
termina bientôt à embrasser la reli-
ç;ion du Prophèle. Cette abjuration de
l'ilol Jtriedc la part de Ghazân , deve-
nu suithâu Mohammed, n'était qu'un
acte de politique qui lui facilita en ef-
fet l'accès du trône de ses ancêtres,
après la mortde Beydou-Khân, son on-
cle, le 9.9 du mois dezoulhedjah Og4j
re'porjd.jnt au 20 novembre i'2()5 de
J. - (j. Il feignit pourlanl de ne pas
vouloir y monter avant d'avoir été
clu par les grinds de l'empire. 11 as-
sembla à cet effet un coitnltdj- , es-
pèce de cour plénière : celte formalité
n'était qu'un moyen plus sûr de signi-
fier à ces grands feu lit, lires dev( nus
iniléj)endants cl les fléaux du reste de
la nation, l'intention de rendre à Tau-
turité royale lontr son énergie, et de
faire revivre et respecter les lois pro-
tectrices du monarque cl du peuple.
Comme on paraissait avoir oublie' \y'.
Code de Pj''tiguj z-h'hiin, ou qui* du
GHA
moins il n'était plus observe', le jeune
souverain promulgua un nouveau code
fort sage et très circonsMncié : on y
remarque surtout d'excellents prin-
cipes de finances, des règlements pour
la perception des impôts, l'adminis-
tration de la justice , l'entretien et la
discipline de l'armée, l'établissement
des kârvansérâvs , la réoriianisation
des postes, le cliâtiment des voleurs
de grands chemins et des ivrognes,
la fixation des monnaies, des poids et
des mesures, le soulagement des pau-
vres, la nourriture, Tenlretien des en-
fants-trouvés; il pourvut aussi aux
fondations pieuses et scientifiques; les
molas des mosquées, les professeurs
de nombreux collèges et leurs écoliers
furent amplement pensionnés. Tout
en obligeant ses sujets moghols d'em-
brasser l'islamisme (et plus de cent
mille hommes suivirent à l'inslanl
même l'exemple de leur monarque) ,
il afficha la plus grande tolérance en
faveur des religions fondées sur une
loi écrite , dont les sectateurs sont
nommés par les Musulmans les pos-
sesseurs dulU're ; ce sont les juifs qui
ont le pentateuque , les chrétiens qui
ont l'évangile, et Icsguèbresqui croient
avoir conservé le zend-avesla. Afin de
rendre sa conversion plus éclatante, il
ordonna que cette formule si fréquem-
ment usitée par les musulmans , ^i/u
nom du dieu clément et miséricor-
dieux , serait substituée au nom du
chef de la famille djengiiyz - klià-
nicnne, Hurak , souverain du Capt-
chac. Cette innovation provoqua une
guerre cotitre ce monarcjue lal.ir. L'é-
myr Nourouz , qui s'él.iit acquis à-
la - fois r.unilié et re.stime de son
rn.iîde, fut diargé de repousser les
'i'atars , et remplit luureu^emenl s.i
mis*»ion : mais, pendant son absence,
les ncH'jnnoii seigneurs mogh^lsqui
ii(t pouvaient lui pardonner de ks
G HA r. HA Î71
avoir confrainls à embrasser une ro- blcs de prcscnls m >j;iiifiqiir.s , cl le»
li'Muu qu'ils (l(.''t('st;ii<!/il ;in fond (le lioslilitcs rccoimiuMirèrcnl. Lvs gcu<'-
r.iiiR', oiinlirciit contre lui une Ira- raiix que (i!i;'i7.an avait envoyés en Sy-
inequi(init parluiclrc fatale; il per- rie furetilbatliisetpcidirenl nièuicrar-
ciit .son crédit, ftit prosent , poursuivi mee qu'on leur avaitconfiee. \jQs revers
et assassine : on porta sa tele au sul- les plus désastreux cprouvesau dehors,
tli;îfi,qui eut I.» faiblesscet la cruau- dans l'intérieur une famine horrible,
te d'oriionner qu'elle fut placée sur résultat trop naturel d'une sécheresse
un i^ibct, le à2 de chawwàl 696 de inouic , laquelle avait enlevé plus de
riiéj^ire ( i i août 19.97). ^^''^' pusil- 5o,ooo amesdans la seule vilIcdeChy-
laninie condescendance ne pouvait râz en 1299, portèrent un coup morte!,
balancer le mauvais cllVt que produi- au prince moghol , dont la santé était
saitsur l'esprit des Musulmans, sa pré- très altérée par ses immenses travaux ,
dilection bien connue pour les chré- et surtout par les inquiétudes que lui
tiens , la protection qu'il leur accor- donnaient les dissensions sans cesse
dait , et le désir qu'il avait plus d'une renaissantes entre les Mogliols idolâ-
Ibis manifesté de les remettre en pos- très ou nouvellement convertis, et les
session des i>ainls lieux : ce projet mal Persans musulmans. Après avoir traî-
déguisé lui attira une guerre dont l'is- né pendant quelque temps une exis-
sue ne fut pas heureuse. Il commença tencelanguissante,et«s'êtreconvaincu
pourtant par remporter contre Nàs- de l'inefficacité des prières et des au-
ser , sullhàn d'Egypte ( f'oj. Nasser ), mones , et de l'impuissance de la mé-
un brillant avantage , et montra dans decine , w il se fît porter en litière à sa
le combat qui cul lieu près d'Emcsse résidence d'été y nommée Chdm ghd"
le 27 de rabyi 2*". 699 (20 janvier zdtiyah (Syrie de Ghâzân), palais
i3oo),taDtdecourage et de prudence, délicieux qu'il avait bâti non loin de
qu'un écrivain chrétien, conlempo- la ville de Rey, peu de temps après
rain (Haylon), ne peut s'empêcher sa première expédition de Syrie. C'est
d'exprimer son étonnement de voir là qu'il réunit ses ministres et les
de si grafidcs qualités réunies dans un grands de l'empire autour de son lit
corps petit et laid. Ghazân n'était pas, de mort : il leur dicta ses volontés,
comme on voit, favorisé des dons ex- mit ordre aux affaires de l'état, dé-
térieurs de la nature. Le suIlhân Nasser signa pour son successeur Moliam-
se sauva, sans s'arrêter, depuis les raed Kbodâbcndèh, nommé avant sa
environs d'Émesse en Syrie jusqu'au conversion à l'islamisme Oldjaïlou ;
Caire, oii il arriva accompagné de sept elle dimanche 1 5 de chawwâl, 705 de
cavaliers : cet échec ne servit qu'à l'ir- l'hégire (21 mai i5o4), ce monarque
riter; il s'occupa de rassembler une expira « continuant de professer l'in-
nouvelle armée , tandis que Ghâzân, divisible imité de Dieu», après un
qui était resté en Syrie, retournait règne de huit années solaires , six
dans la Perse occidentale. Avant d'en mois et deux jours. Ghàzàn-Khân eut,
venir â de nouvelles hostilités, les suivant la remarque ingénieuse de M.
deux monarques s'envoyèrent des am- le chevalier Malcolm {Hist. ofPersia,
bassades réciproques, formalité tout i,p. 44o)> ^^ï'^''^ 'J^^ntage d'être van-
aussi insignifi.inteen Oiient qu'en Eu- té par les auteurs persans comme un
rope. Les ambassadeurs furent hono- modèle pour les souverains, et d'être
lablement reçus j ils s'en allèrent com- rcgrcUé par les écrivains occidcnlaux
lyi GHE
qui ont regardé sa mort comme une
Irlande perle pour les habitants clnc-
liens de ces contrées , cl mcme pour le
christianisme; en effet, soit qu'il fût
idolâtre ou chrétien avant de se déter-
miner , par des vues purement poiiti*
ques^ à embrasser l'islamisme, il ne
cachait pas sa prédilection pour les
chréiiensjeton peut le regarder tomme
« le dernier monarque persan qui ait
témoigné le désir d'aider les .tdorateurs
de la croix à reconquérir îa Pdostine.»
La nomenclature des édifices et autres
travaux d'une utilité ])ubhque, exé-
cutés par Ghàzân , serai: trop consi-
dérable pour trouver [)Iacc ici j nous
nous bornerons à indiquer un canal
Uacé de l'Euphrate à Nedjef, et qui
fertilisait le désert inculte de Kf rbélâ,
non loin de Koufah j les murailles de
(jhyràz; son propre mausolée à Tau-
ryz, lequel consistait en une magni-
fique mosquée - cathédrale , m\ col-
lège, un observatoire, un hôpital et
des bains ; enfin la ville d'Oudjén ,
bâtie entièrement par lui. Il était doué
«n outre d'une immense érudition; car
son premier vezyr, le savant Rachyd
<M-dyn , convient lui êu*e redevable
d'une grande partie des matériaux de
r Histoire des hordes mogholes, conte-
nue dans le Djdmi lléwdrykh ( F.
Rachyd ed dyn. ) Un Extrait du code
de Gliâ/.in-Khàn , très bien rédige
d'après le Ilhabyb ùs-sé^yrAc Khond-
cniyr et traduit par IVI. Kirk- Patrick ,
avec d'excellentes notes, a été inséré
dans le New Asialic miscellany ^ p.
\{\Ç)y'lX^^ collection puhliée à Gil-
culla en 1780, par M. (iladwiu, pour
î'.iirc suilcà Wlïuitic miicellany , Cal-
r'jlta, I7HG et i'jBS: ces deu\ pré-
< leux recueils, de format in-4'-) •'»""l
extrêmement rares. L — s.
Gllh.DINI (Fekdinand-Ankhne),
n.ituralisie et poète italien , nupiil à
Uu!"giie en 1O8/1, et s'a[»[»liqua, dans
GHE
sa jeunesse, à la médecine qu'il exerfa
avec intelligence et succès. Mais ,
considérant que cet art n'est souvent
que conjectural , il en abandonna la
pr.'itique , à cause de la répugnance
qu'il avait d'agir au hasard, en ce qui
concernait la vie des hommes. Dès-
lors i! se voua tout entier à des travaux
littéraires en prose cl en vers, comme
encore à l'étude des mathématiques et
de l'histoire naturelle. Se trouvant sans
fortune, il fut réduit à entrer au ser-
vice de l'ambass^ideur d'Espagne près
la république de Venise , le prince de
Bisignano, en qualité de piécepleur
de son fils. Ce prince, ayant été nom-
mé ensuite vice-roi des Indes , em-
mena avec lui Ghedini , qui , à peine
arrivé à Cadix pour s'embarquer, ne
put se résoudre à s'éloigner davan-
tage de sa patrie. Il abandonna le
vice-roi des Indes , renonçant aux
richesses qu'il [)0uvait y acquérir, et
revint à liologne. En 1715, il alla à
Rome , où il lut bien accueilli et très
goûté de plusieurs grands person-
nages , qui cependant ne purent lui
faire oublier son pays natal. On l'y
revit bientôt ; et l'estime qu'on y avait
pour ses talents et ses lumières, le fit
inscrire parmi les membres de l'ins-
titut des sciences de Bologne. Charge'^
en outre, d'y enseigner l'histoire na-
turelle, il commença ses leçons par nu
discours latiu très élégant. Le savant
Euslache Manfredi le fit ensuite nom-
mer professeur d'humanités dans le
collège Sinibaldi; et il se plut telle-
ment dans cet emploi , conforme à
ses goûts , (pi'il y re>la jusqu'à sa
mort, arrivée en i ']()7. Vincent-Ca-
mille Alberli , <pii a écrit sa vie , le
icpréseiile eomme le vrai sage d'Uo-
iai(î , il lui a[)pli(jue le Si fractus
illuhatur orhis, etc., à propos surtout
de ce qu'une nuit, le plancher de la
chambre dans iatpiclle il était couché .
Giin:
avilit manque sous son lit , il ct.iil
Icmbc jus |ue ilans l.i cave sans (jne la
st'coussi' IVAl l'vcillc'. Knslache IVlan-
fiTiii ilisail de (ilinjini , dans une let-
tre à Tliom.is Naidticci de I.ii(:(|ucs :
« Je ne foiniais personne qui écrive
mieux que lui, soit en latin , soil eu
italien , en v<'rs ou en prose : son ta-
lent est.iceon)p.>giie d'une morale par-
faite, el sa modestie esl si grande , qu'il
5c croit autant au-dessous des autres
<jue les autres le croient au-dessus
d'eux. » Ses ouvrages impriinc's sont:
1. Le discours d'ouverture du cours
d'histoire naturelle, dont nous avons
parle' ; il a pour titre : ^d exercita-
tioTies de rébus naturalihus prœfa-
tio , Bo'ogne, l'i'xx. il. De^ son-
nets, que Roberti et Jjeltinelli ont fort
vante's ; le premier , dans son second
dialogue Del lasso; et l'autre, dans
son traite Del sonetto. Ghcdini ex-
cellait aussi dans le genre de i'ode ;
et les Italiens citent en preuve celle
où il a décrit l'enthousiasme pociique
de Pindare. G — n.
GHELEN ou GESLEiN. rojez
Gelenius.
GllÉHAI (IMenguely), souverain
de la Crimée. Menguély Glieraï, prince
de celte famille illustre qui descend
de B'itou khan , fils aîné de Touschi ,
et petit-fils de Djenguiz, implora le se-
cours des Olhomans , l'an de l'he'gire
87(3; et ayant, avec leur assistance,
vaincu et lue son frère, il demeura
paisible souverain de la Crimc'e. Men-
guely Gheraï fut le premier khan des
Tartarcs , habitants de celte presqu'île
liimeuse, qui se soit soumis aux sul-
tLans : il ordonna le chulbe, ou prières
publiques, pour Mihoraetsecond, au-
quel il devait son élévation au trône.
Sa poslcrilé se perpétua dans !a Cri-
mée, sous les noms plus ou moins il-
lustres de Caplan Gheraï, de Dewlet
Gheraï , de Maksoud Gheraï jusqu'en
XVII.
CIIE
275
i-jS!) que l.i presqu'île fut définiiive-
menl cédée à la Hussie. Les sullhàus
olhomans n'en ont pas moins toujours
reconnu les Ghériï, descendants de
I)jenG,uiz-Khan , conime sucecsseurs
éventuels au trône de (îonsLiulinople,
si les descendants d'Ottoman venaient
à manquer. C'est légèrement que l'es-
timable Peysson< 1 conlredit la-dessus
l'auterr des Ccnsidcraiions sur la
guerre actuelle des Turcs, i-jHB.
Cette opinion se trouve appuvée de
preuves historiques ; et elle fut consa-
ciée de nouveau par le témoignage du
muphti , à l'époque de la déposition
de Mustapha 11, en i'jo2. S -y.
GlJERAPiDESCA, famille illustre
de la noblesse immédiate de Tos-
cane, souveraine des comtés de Ghe-
rardesca , Donoratico , Montcscu-
daio , etc. , dans la iMaremme , entre
Pise el Piombino. Les comtes de la
Gherardesca s'aiïilièrent à la répu-
blique de Pise, tout au moins dès le
commencement du xm'. siècle; mais
au lieu d'être confondus avec le reste
de la noblesse pisane,ils se mirent à
la tête du parti du peuple, et ils se
rcnduent puissants en combattant
l'aristocratie. Leurs querelles avec les
Visconti , vers l'an i'i37 , V^^^*^'
gèrent la république de Pise en deux
partis , celui des Comtes dont nous
parlons et celui des Visconti. Le pre-
mier , qui conserva presque toujours
la supériorité , était essentiellement
gibelin. Aussi les Comtes de la Ghe-
rardesca donnèrent - ils des preuves
de leur dévouement aux empereurs
de la maison de Souabe. Gérard et
Galvano, comtes de Donoratico , sui-
virent Conradin dans son expédi-
tion contre Naples. Apiès l'avoir fidè-
lement servi, ils furent faits prison-
niers avec lui , et ils périrent après
lui sur le même échafaud. S. S — i.
GHERAUDESCA (Ugolin,
3^4 GHE
comte DE LA ) , tyran de Pise , de
1*282 à 128S, et devenu fameux
par son supplice dans la Tour de la
faim , demeura chef de sa famille à
Pise après le defpart des deux comles
qui accompa2;uèrent Gonradiu dans
le royaume de Naples. Il était ap-
pelé à diriger le parti gibelin, et à
être le premier magistrat de la répu-
blique de Fisej mais cette carrière ne
su/lisait point à son ambition. Ugo-
lin voulait régner sur ses couci-
toyens, et fonder une principauté nou-
Telle, comme vers la même époque les
Dclla Scala eu fondaient une à Vé-
rone , et les Visconti à Milan. La vio-
lence de l'esprit de parti n'élait ja-
mais considérée par les Italiens comme
une tache dans le caractère ; ils
voyaient au contraire quelque chose
de dévoué et de généreux dans l'hom-
me qui préférait la cause de ses pères
à sou intérêt personnel et à soii re-
pos. Ugolin excita donc le blâme uni-
versel , lorsque , paraissant chanceler
dans le parti pour lequel ses ancê-
tres avaient versé leur sang, il donna
sa sœur en mariage h Jean Visconti,
juge de Gallura, chef du parti guelfe
à Pise. Les deux chefs él.iient entrés
en effet dans une secrète alliance pour
asservir leur patrie. Le juge de Gal-
lura devait fournir à Uji^oliu les sa-
tellites qu'il faisait venir de S irdaignc,
et lui procurer l'appui des Guelfes de
Toscane ; mais leurs trames lurent
rompues par le gouvernement pisan ,
qui, le 24 juin 1274» t-*^'!^ Gallura,
et retint Ugolin eu prison. Le pre-
mier ayant armé les Guelfes contie sa
patrie , mourut peu après à San-Mi-
iiiato; le second, exilé à son tour,
passa dans l'armée des Florentins et
des Lurquois. Olle armée, après
avoir remporté divers avantages sur
les Pisans, h s contraignit , m il^O,
de rappeler Ugoliu. Le comte du la
GHE
Gherardesca, de retour à Pise, s'ef-
força de conserver en même temps
les anciens partisans gibelins de sa
famille, et l'alliance des Guelfes au-
dehors. Se» richesses le mettaient eu
état de récompenser généreusement
ceux qui s'altachaienl à sa fortune;
et pendant quelque temps on ne parla
dans Pise que des fêtes où les chefs
des différents partis étalaient leur
magnificence. Sur ces entrefaites, la
guerre éclata en i '282 entre les répu-
bliques de Pise et de Gènes. Celte
guerre, dans laquelle les deux peu-
})les déployèrent toute l'étendue de
leurs ressources, et mirent en mer
des flottes égales, par le nombre des
bâtiments , à celles qu'ont armées
dans la suite les premières puissan-
ces maritimes , parut à Ugolin pro-
pre cà favoriser rcxéculion de ses pro-
jets. Il trouvait encore trop d'énergie
dans le peuple, trop de vigueur dans
les conseils, pour pouvoir asservir la
république. Il desirait voir les Pisans
affaiblis par de nouveaux combats , et
même humiliés par des défaites , pour
les ranger plus facilement sous le joug.
Aussi assure-t-on que dans la terrible
bataille de la Meloria , le (i août 1 284,
bataille qui anéantit pour jamais la ma-
rine des Pisans, et qui laissa plus de
onze mille prisonniers entre les mains
des Génois, Ugolin donna le signal de
la fuite, etc.iusa, par une désertion
préméditée, la ruine de toute la llolte.
A la nouvelle de la défùlc de la Me-
loria , les républiques de Florence,
Lucques , Sienne, Pistoii, Pralo ,
Volterra , San -Gcminiano et Colle,
tous les Guelfes enfin de Toscajie, dé-
clarèrent la guerre aux l^sans , pour
détruire avec leur ville le dernier re-
fuge du parti gibelin. Ugolin, dont
les relations avec les Guelfes étau*nt
coninies , .s'oHrit alors pour média-
teur, sous couditiou qu'où lui donne-
G H E
làit (les pouvoirs sufTisanls pour dis-
soudre celle ligue rcdoulabic ; cl les
Pis,! us se viuul rcduils <« nominci-
4'a|)it Mnc-gciu'iMidcIcur ville l'iioinrue
dont ils se defi iii.nt le plus. Le comle
de l.i Gliciardcsca réussit en effet à
rompre l\illi.uicc rormée contre sa
j).ilrie: on assure qu'il gigni par des
présents considérables les chefs <le la
Figue guelfe; il se (it imposer par eux
)e$ conditions qui lui étaient le plus
favorables à lui même. Les Floren-
tins exigèrent que tous les ennemis du
comte et tous les chefs des Gibelins
fussent exiles de Pise : ils se firent li-
Vi'cr plusieurs châteaux; et, en éten-
dant leur territoire, ils se mirent en
même temps à portée de protéger Ugo-
lin. Celui-ci desirait aussi ouvrir aux
Guelfes de Lncques une route pour
marcher à son secours dès qu'il se-
rait menacé : mais les magistrats s'étant
refusés à faire aux ennemis de l'état la
concession d'aucune forteresse , Ugo-
lin fournit aux Lucquois les moyens
de surprendre tous les châteaux qu'il
voulait leur céder; en sorte que les
Guelfes avaient le chemin lUjre jus-
qu'aux portes de Pise , et que cette
république ne possédait plus d'autres
forteresses que Mutrone , Vico Pi-
sano et Piombino. Ugolin ne fit point
la paix avec les Génois ; il craignait
trop le retour des citoyens faits pri-
sonniers à la Meloria : mais il évita
de mettre un seul vaisseau en mer ,
tellement qu'il n'eut plus d'occasion de
les combattre. Cependant il affermis-
sait son autorité dans Pise ; il écra-
sait ses ennemis, dont il faisait raser
'les maisons , et il s'élevait rapide-
ment au pouvoir tyrannique qu'il
s'était proposé d'obtenir. JSino de
Gallura, quoique son neveu, ne put
sans indignation le voir détruire la
constitution de sa patrie : il réunit les
Guelfes amis de la liberté, à ceux
GHE 9.75
des Gibelins qui avaient échappé à
la piosciiplion. L<s Giialandi , Sis-
inondi cl lianfraîichi ( nfri.'reht dans
son alliance; et tous ensemble ils s'ef-
forcèrent de metln- des bornes^ïu pou-
voir du comte, de terminer la guerre
avec les Génois , et df^ remettre en li-
berté onze mille citoyens retenus pri-
sonniers à Gènes. Près de trois années
fuient employées à cette lutte; mais
Ugolin, consommé dans l'art des in-
trigues, réussit a dissoudre la nouvelle
ligue formée contre lui. Il employa
rar( hevêque de Pise , Roger de' Ubal-
dini , pour regagner les Gibelins. H
promit à ce prélat de partager avec
lui l'autorilé suprême; et s'étant ré-
concilié avec les Gualandi , les Sis-
mondi etlesLanfranchi, il chassa de
Pise Nino de Gallura avec tous les
Guelfes. Mais Ugolin , demeuré vain-
queur, manqua effrontément aux con-
ditions arrêtées avec l'archevêque ; il
refusa de partager avec lui son pou-
voir, le fît sortir du palais public où
une élection populaire l'avait fait en-
trer, et exerça un pouvoir absolu sur
une ville qui n'était point encore as-
souplie pour l'esclavage. La violence
de son caractère se développait aussi-
tôt qu'il rencontrait quelque résis-
tance à ses volontés. Les murmures
du peuple, causés par la cessation du
commerce et la cherté des blés , ai-
grissaient ses passions ; la moindre
représentation le mettait en fuieur : il
voulut frapper d'un poignard son
propre neveu , qui lui donnait quel-
que conseil ; et un neveu de l'arche-
vêque lioger s'étant jeté entre eux
pour l'arrêter, il l'étendit mort à ses
pieds. Il c(>mbla ainsi la mesure des
outrages que Roger pouvait suppor-
ter; et dès-lors celui-ci prépara tout
pour sa vengeance. Non moins am-
bitieux et non moins cruel que le
comte , l'archevêque Roger était plus
2-6 GHE
dissimule que lui. Il ne laissa point
percer son rrssenliraent, jusqu'à ce
que tout le parti gibelin se lut asso-
cié de nouveau à ses intérêts : alors
profitant de ce que le comte refusait
de faire la paix avec les Génois , il
fit crier aux armes le i' '.juillet 1288,
et sonner le tocsin au palais du peu-
ple, à la sortie du conseil oii cette paix
civaitété discutée. Les Gualandi, les
Sismoudi et les Lanfrandii attaquèrent
avec fureur le comte Ugolin ; ils l'as-
siégèrent dans le palais du peuple ,
où le comte, avec deux de ses fils,
deux de ses pelits-fils et quelques-
uns de ses partisans, se dcft-ndil jus-
qu'au soir. Les Gibelins y pénétrèrent
enfin au milieu des flammes qu'ils
avaient alliunées, et ils firent p»i-
sonnicrs le comte Ugolin , les plus
jeunes de ses fils, Gaddo et Uguc-
cione, Nine, dit le Brigaîa, fils d'un
de ses fils nommé Guelfo, qui était
mort, et Aurel. Nuncio, fils d'un au-
tre de ses fils nommé Lotto, qui était
absent. Ce sont là les cinq person-
nages dont le Dante a rend+i ^i célè-
bre la mort déplorable. L'archevêque
Boger, après les avoir fait enfermer
dans la tour des Gualandi aux sept
chemins , jeta, au bout de quelques
mois, les clefs de celte tour dans
l'Arno , et laissa mourir de faim les
prisonniers. La poésie italienne n'a
rien dans le genre terrible qui puisse
ê!re comparé à l'admirable discours
que le Danle prête au comte Ugolin ,
lt>r>(|iic ce tyran qu'il rencontre aux
enfers , où il rong»* dans le séjour des
traîtres le crâne de l'archevêque Ro-
j^' r son ennemi, lui raconte la der-
nière agonie de ses enfants ol de lui-
inème dans la Tour de la faim. Les
p« iritres et les sculpteurs d'Italie ont
cherché, à leur tour, à représenter ces
horribles moments. L'art du graveur
cil a miilliplié l'imige; cl tout k monde
GHE
connaît Tliorrible supplice d'Ugoîin ,
tandis que ses crimes sont universel-
lement oubliés. S. S — I.
GHERARDESC\ ( Manfred ), gé-
néral des Pisans en Sardaigne, était
fils naturel du comte Rieri ou Renier
de Donoratico, qui gouverna Pise de
i52oà i326. H fut chargé par son
j)ère et sa patrie de défendre la Sar-
daigne contre Alfonsc IV d'Aragon ,
fils du roi Jacques IL Malgré l'extrê-
me infériorité de ses forces , Manfred
soutint longtemps le siège de Cagliari :
le 28 février 1 524 , il livra aux Ara-
gonois h Luco-Gsterna , une bataille
que sa valeur rendit douteuse , quoi-
que sa petite troupe fût accablée par
le nombre des ennemis. 11 se renfer-
ma de nouveau dans Cagliari; et cette
place ne fut prise qu'après que Man-
fred eut péri, par suite des blessures
qu'il avait reçues dans une sortie.
S.S-i.
GHERARDESCA (Fazio ou Bo-
NiFACE ), chef de la république à Pise,
de i529 à i54o , avait été nommé
capitaine de Pise en i52(j , lorsque
celte république secoua le joug de
Castruccio, et de l'empereur Louis de
Bavière. Par la sagesse de son admi-
nistration il se concilia l'estime et le
respect de ses concitoyens, et de toute
la Toscane, et fit fùre aux Pisans une
paix honorable avec la ligue guelfe.
Eu butte, en 1 555, à une conjuration
des gentilshommes, il prévint leur*
menées, les vaimpiit dans un com-
bat, et les contraignit à sorlU- de la
ville. Il mourut de la peste le 22 dé-
cembre i54o. Ses compatriotes le
plein èrent amèrement ; et par uncsuilc
de l'affection qu'ils lui portaient , ils
lui donnèrent pour successeur dans l.i
charge de capitaine du peuple, son
fils Renier, (pioiquc celui-ci fût .-igc
seulennntde on/.c ans. Ce fut ce der-
nier (pii s'attacha André Gambacorta^
(. IIK
aiiqnci il fil pl.ui' ilaiis le gouvcrnc-
nu'iif de Fisc, lorsqu'il mourut aussi
(le l;i peste rri i5.j8. La famille Ghc-
rarde.sca, ailàiblic à cette époque par
\o praïui noutbrc irhomities que ce
flenu lui avait enlèves, se n lira dans
ses fiefs lie IMaremme , cl prit dès-
lors peu de part au gouveriumeul de
Pise. S. S~i.
GHERAPDESCA ( FnairPE ), mu-
sicien et compositeur italien , naquit
h Fistoie en l'jTto. Etant jeune en-
core , il passa à I3o!oj;ne, où il devint
un des plus habiles élèves du célèbre
P. Martini. En 176G, il composa un
jietit opéra boufTon , qui tut joue sur
le théâtre Marsili de cette ville , et
qui eut un brilL.nt succès. De retour
en Toscane , il fut eiii^igé à Florence
successivement pour le théâtre Nuo-
vo et pour celui del Cocomero ; et
les opéras; qu'il y donna , me'ritèrert
également les sufTrdgcs du publie.
Celui qu'il composa à l'occasion des
trois mois d'autonuie que le grand
duc Léopoid vint, selon son usage,
passer à Fisc en 1770, fut très ap-
plaudi , et plut singulièrement au
gr.md-dac, qui était un excellent mu-
sicien. Ce prince le nomma aussitôt
raaîtic de musique de sa cour • et de-
puis cette époque , il paraît que Ghc-
rardesca cessa de trav^jillcr pour le
théâtre. Ce maître avait aussi un grand
talent sur le piano-forlé. Il réunissait
tout, précision, force, ensemble, etc.;
et il exécutait, impromptu, les sonates
et les œuvres les plus diliicihs de
Eaydn,Sttbclt,Clemenli, etc. Il était
spécialement chargé, par Léopoid, de
diriger les concerts que ce prince
donnait presque tous les jours dans
ses appartemens, où n'assistaient ce-
pendant que le grand-duc, la grande-
duchesse et les aînés des princes leurs
fils. C'est dans ces concerts que Léo-
poid , doué d'une excellente voix de
(ilIE
;;
basse-taille, ne dédaignait pas de chan-
ter avec les musiciens de sa chapelle,
(p>i élaiciil tous des artistes renommés.
Le grand - duc voulait que tous ses
enfants fussent bons nnisiciens j et
Gherardesca ne négligeait aucun soin
pour r( mplir ce but. 11 avait à en-
seigner à dix élèves (Léopoid a eu qua-
torze enfants). Ce prince ayant été ap-
])elé à Va couronne impériale par la
mort de son frère Joseph II, Gherar-
desca resta attaché à Ferdinand III ,
fils de Léopoid j et, lors du départ de
celui-ci, il entra au service de Louis I
de Jiourhon , roi d'Etrurie. Ce jeune
monarque, grand musicien, et com-
posit<iir lui-même, sut, mieux encore
que ses j)rcdécrsseurs , apprécier les
talents de Ghcrardfsca , en augmen-
tant , presque du double, ses appoin-
tements , qui, jusqu'alors , n'avaient
été que très modiques. En 1782,
Gherardesca avait publié six Sonates
pour pimo et violon: elles sont très
estimées. Mais ce qui lui fît le plus
d'honneur, ce fut la Messe de re-
quiem qu'il composa pour la mort
du roi d'Etrurie ( i8o3 ) , et qui passe
pour un chef-d'œuvre dans ce genre.
Cependant elle n*a pas encore été
gravée. Quelque temps après , ce
compositeur se relira à Pise, où il
est mort en janvier 1808, âgé de
soixante -dix ans j âge remaïqualjle
dans un homme contrefait , et qui
n'avait jamais joui d'une bonne santé.
B— s.
GHEPvARDI (^Évariste), né à
Prafo en Toscane, de Jean Gherardi,
connu au Théâtre-Italien sous le nom
de Flaulin , fil ses éludes à Paris, au
collège de la Marche. Il venait d'y
achever son coûts de philosophie,
lorsque le i'''. octobre 1G89, il dé-
buta par le rôle d'arlequin, vacant de-
puis la mort de Dominique. ( Voyez
Dominique j XI, 523. ) Le Divorce ,
278 GHE
comédie dans laquelle Glicrardi prit
ce rôle , n'avait pas réussi en 1G88,
du vivant de Dominique; il obtint du
succès «n 1689. La carrière théâtrale
de Ghcrardiful très agréable pour lui;
mais elle ne fut pas longue. En 1G97,
le Tbéâtre-Italien fut fermé, parce que
dans une comédie {la Prude), que
l'on y annonçait, on crut r'.coLuaître
d'avance madame de Maintenon.Ghe-
rardi espéra (.'ai ses prolertions faire
révoquer l'ordre fatal; ra.is ses solli-
citations furent vaines. Il s'occupa
alors de recueillir lesraeil'eurrs pièces
ou scènes françaises qui avaient paru
au Tucàtre-Lalien; et ce recueil vit
le jour sous le titie de Théâtre ita-
lien (sans nom d'auteur), Bruxelles,
1G91 cl 1G97, ^ vol. in-12; et avec
le nom de Giierc-rdi, Paris, 1 700 , six
vol. in- 1 1 (recueil amusant, réiuiprintc
plusieurs fois , et que nous avons cité
aux article BRUGUlKREric'BARENTE,
Fatouville , etc. ) Queiques mois
avant i>a puljlicalion, Gheiardi avait
fait une chuln sur la tctc , dans un di-
vcrlis-scmrnt joue à Sainl-Maur avec
la Xhorillière et Poisson : il négligea
cet accir'ent; et le 5i août 1700,
comfu*; jl n vciiail de Vers^uilej où il
était hIIc yiiés( nter son Théâtre ita-
lien au Dt: pliiu, il se trouva mal et
mourut .•ïubilenKnt. il était à la fleur
de son àg'-. On n'a de lui qu'une srule
pièic, ic Jidtour île la foire de JJe-
zons^ comédie jouée en i(i<)j,et qu'il
a in'.fréediMS»<on ruciiil. A.B — t.
(ilIl>.QlJIKKEDL RAKMMJ()i\K
( JoaLPH UE), jésuilc, lié a Court) ai
vers 1706, fut un des B( llan<iist( s
( roy. lioLLANDUS ). Il St: clrJlgCa
d'extraire, <h' la vaste coiiij)d licui à
l.Kjuelle \\ trt\iil!ait, les Virs des
vSamts de la Irigiqne, qu'il p(d)lia
sous ce titre : yïctu Sanctorum licl-
gii, \']H7)-i)\ y (5 vol. in/,"., avec
des couimciilaircs et i\cs nntcs niii-
GHE
ques , historiques , géographiques ,
etc. On ne sait où a passé le cabinet
des Bollandisles , qui avait été trans-
féré d'Anvers , lors de la suppression
des jésuites , à l'abbaye de Tongerloo,
supprimée elle - même vers la fin du
XVIII^ siècle. On a encore de l'abbé
Ghesquièrr: 1. Mémoires sur trois
points intéressants de Vhistoire des
Pa;ys-Bas , avec les figures de plu-
sieurs monnaies belgiques , frappées
avantV année i/pQ, Bruxelles, i 78G,
in-8 . II. Dissertation sur les diffé-
rents genres de médailles antiques,
ou Examen critique des Nouvelles
recherches de M. toinsinet de Sivry^
Nivelle, 1779. \\\. Bé flexions sur
deux pièces relatives à Vhistoire de
Vimprnnerie j Nivelle, 1780. IV.
Catalogus numismatum nummo-
rumque Caroli Alexandii ducis
Lotharingiœ , Bruxelles, i78i,in-
8 . V. Zrt vraie notion des dîmes y
i785,in-8''. VI. Observations his-
toriques et critiques sur ( l'ouvrage
de M. Massez , intitulé ): Examen de
la question si les déciraaieurs ont l'in-
tention fondée en droit à la percep-
tion de la dîme des fruits insolites ,
1780, in 1 a. VII. Lettres histori-
ques et critiques pour servir de ré-
ponse à l'Essai historique sur l'origine
des dîmes ( f^oy. Uutuepont ) ,
Uirecht, 1784, in-Bo. Vm. David
propheltty doctor y hymnographus y
historiographus , Duisbuurg , 1800 ,
iii-8 . IX. Dissertation sur hauteur
du livre intitulé : De riniilalion de
J. C. , i77^>, in -12. Mercier do
S. Léger , éditeur de cette brochure ,
y ajouta nu avertisse ment cl des
notes. L'abbé Ghesquicro , dans cette
l)iss( rt ition , répondait , avec Eu-
sèbe Ani'trt, aux nouveaux paiti-
sans de (iersen, en leur opposant des
arguments juiisés dans la Deductio
crtticu et d.ms la Moralis ccrti'.udo
G HE
^In doyen de Polling. {P^oy. Amort.)
vSoii olijcl ctiiit ru mt'iMC temps de
Itirc coimaîlie un manuscrit de 17-
juitation qui, selon Ini et l'abbe Mer-
cier de S. Léger , portail le nom do
Kenipis, avec une date antérieure h
celle de tout autre manuscrit sous ce
nom, et annonçait un texte original.
Mais le tout s'est réduit à une note
marginale, plus récente que rcciiturc
peu ancienne du manuscrit j et cette
note qui mentionne simplement une
date et un nom, est elle-même sans
nom et sans date. De plus , un texte
fréquemment vicieux a achevé de de'-
nicntir le caractère d'originalité qu'il
semblait olFiir. Aussi l'abhe Glies-
quièrc n'en a-t-il point donne d'édi-
tion , quoique celle de iJollandus (An-
vers , i65o) , revue d'après Hos-
wevdc sur la copie manuscrite de
I 4 1 1 , eût pu faire désirer une e'di-
tion d'un manuscrit daté de i^'25. Au
reste, ce manuscrit a été acquis par
M. V-an-Hultem , à Gand, en i8to,
à la vente des livres de l'abbc Ghes-
quière. A l'entrée des troupes fran-
çaises, en 1794 , Ghesquière avait
quitté les provinces belgiques , et s'é-
tait retire en Allemagne , où il mou-
rut dans les premières années du
xix^. siècle. G — ce.
GHKYN (Jacques de), ou Ghein
le vieux , peintre, dessinateur et gra-
veur, naquit à Anvers en i56j. Jl
apprit les éléments du dessin et de la
peinture, de son père, peintre sur
verre, assez habile : Gollzius lui en-
seigna ceux de la gravure; il fit d'as-
sez rapides progrès dans l'école de cet
artiste, et se voua particulièrement à
la pratique de cet art. Sa manière de
faire est assez brillante : son burin
a même de la fermeté; mais on pour-
rait lui reprocher un peu de séclie-
resse, comme à tous les graveurs des
Pays-Bas et de l'Allemaguc, ses cea-
G II E 9.79
fcmporains. On a de lui près de cent
quatre- vingts morceaux. De Gheyn
peignait les (leius et la miniature; il a
peint aussi l'histoire : ou montrait de
lui, avant la révolution, dans l'église
des dominicains de Bruges, un ta-
bleau qui représentait Sainte- Hélène
avec la vraie croix. Ce tableau, peint
en iGoi , quoiqu'un peu sec, offrait
de belles })arlies. Glieyn a gravé quel-
ques portraits, tels que ceux de Cosme
de IMéJicis , de Ïycho-Brahé, d'A-
braham Gokevius, de Grutius , etc.
Outre plusieurs collections et différents
sujets de sa composition , parmi les-
quels on dislingue la suite des Mas-
ques en 10 feuilles, les 12 jiremiei"S
Empereurs, un Lion couché, il a aussi
dessiné et gravé la statue du L locoon.
B. Dolendo a gravé d'après lui un
Christ d'une très belle composition.
On a encore de ce maître , l'Enfant
prodigue , la Confusion des langues ,
la dispute d'Apollon et de Pan , d'a-
près Karl Van - Mander; Jésus cru-
cifié entre les deux larrons , d'après
Crispin Van-den-Broeck ; les quatre
Evangélistes , d'après Gollzius; l'em-
pire de Neptune , une suite de douze
estampes représentant des soldats de
la garde de l'empereur Rodolphe, d'a-
près le même; l'Annoiiciation ef le
Repos pendant la fuite en Egypte ,
d'après Biocmarl. Il a gravé concur-
remment avec Dolendo , une suite de
la Passion en 1 4 feuilles, d'après Karl
Van- Mander. De Gheyn est mort en
161 5. — Jacques de Gheyn le jeune ,
dessinateur et graveur, né vers iGio,
à Anvers, a voyaçé en Italie, ou il
a gravé d'après ïem pesta ; on croit
même qu'il fut son élève. On connaît
de lui une partie des huit planches
représentant divers sujets de la vie de
Charles - Quint, et dont Coryn Boël
a lait l'autre partie. — Guillaume de
Gheyn , dessinateur et graveur, est
î28o G H E
ne aussi dans les Pays-Bas vers 1610:
on le croit, ainsi que le pre'ce'denf, pa-
rent de J.icques de Gheyn , dit le
vieux '^ mais on ne sait pas à quel de-
gré. Ce Guillaurae vint â Paris ; il a
gravé pour le fonds de Jean Le-
blon , rndrchaud d'estampes. On con-
naît do lui un Louis XIV , et un duc
lienaril de Weyraar, tous deux a che-
val : le Printemps et TÉlé, estampes
faisant partie du fonds de planches de
Leblon , sont également de lui. P — e.
GHEZZI (Nicolas), jésuite italien,
naquit à Domaso , sur le lac de Corne ,
en avril i685. Jl entra dans la com-
pagnie de Jésus en i-joS , et s'appli-
qua d'abord avec succès aux sciencts
])hysiqu('S. On a de lui un Traité sur
Vorigine des fontaines ^ et sur la ma-
nière d'adoucir l'eau de la mer, Ve-
nise, I -^4-*, ii>-8'. Lorsijue dans plu-
sieurs écrits on publia 1rs doctrines
spécieuses 5Mr le prohabilisme et sur
le rigorisme , le P. Nicolas mit au
jour , pour la défense des principes de
son ordre , un Essai de suppléments
théologiques j moraux et critiques ,
nécessaires pour l'histoire du pro-
habilisme et du rigorisme , Lncqucs,
1745, I vol. in-H". Cet Essai, qui
/it beaucoup de bruit, irrita extrême-
ment les adversaires de Ghezzi , qui
se déchaînèrent contre lui. Il ne per-
dit cependant pas courage, cl il donna
.sur l'iaterminable controverse dupro-
bdjilismc, ses Principes de la phi-
losophie morale , comparés avec les
principes de la religion catholique ^
TlTilan, 175J1, deux volumes in -4'.
Cet ouvrage e«.t cerit en forme de
dialoj];ue; et l'auteur s'y montre aus«.i
î^rand philosophe que bon théologien.
Tout y est exposé avec clarté, force
<t précision. Opend.int Ghezzi se
l.iissc un peu trop emporter par M)n
>èle ; (;i voulant accabler ses a^iver-
s^ires , il ie p( rniet de reproduire
G M E
cerlalus traits piquants , et même
odieux. La publication de cet ouvrage
av,)it déjà éprouvé quelques difficul-
tés de la part de l'inquisiteur, diffi-
cultés que le marquis Pallavicini, ami
de Ghezzi , parvint à surmonter; mais
avant attiré de nouveau l'attention des
censeurs, il fut mis à l'Index. Le car-
dinal Landi , qui s'mtéressait an père
Ghi zzi , arrêta le coup prêt à tomber :
il obtint des censeurs de ne pas procé-
der à la condamnation de cet ouvrage;
et d'accord avec eux , le père Ghezzi
rédigea une Déclaration sur quel-
ques propositions, et la publia à Co-
rne en 1754- Soit que, même dans
cette protestation , il eût laissé échap-
per quelque trait cootre les jansénistes,
soit que ce lût un effet de la malveil-
lance de ces dernieis contre lui c^
ceux de son ordre , celte déclaration
parut tout-à-fait altérée dans le Jour-
nal ecclésiastique du 20 novembre de
\a même année 17.54. Après cette der-
nière guerre , le père Ghezzi s'adonna
entièrement à l'étude de la physique,
et ne s'occupa plus de réfuter les doc-
trines des j.insénistes , dont les dis-
putes avec les pères de la compaj^nie
allaient toujours croiss.int, II avait un
soin infini de sa santé, et il craignait
surtout les impressions de Pair. Sous
une immense perrnque , il portait sept
bonnets l'un sur l'autre , qu'il ôtait
et remettait sans cesse. Il était déjà
d'un âge avancé, lorsqu'un jour ayant
oté quelques - uns de ces bonnets , et
l'air étant >enu à elMn^-^er, il oublia
de les remettre. Un rhume de cer-
veau , dont il fut saisi , dégénéra
bientôt en un calharre qui l'cmporla
en peu de jours, le i5 novembre
I -iM). — Pierre-ljéon Ghezzi, peintre,
né à Kome <;n i()74 1 niorl le io no-
vembre 1755, a laissé des ouvrages
remanjuables dans celte ville et à
Parme. \\ — s.
r.TlI OUI oSr
riIIinCPiTi (Laurent), liaLiîc des plus renommes fuiTntpartimlicrc-
srulptnir, fils à'Uguccione , dil j);ir iiicii» cltoisis jxmi roiicourir: s'ivoii-:
abréviation Cione , ii.iquit à Floiciicc, JacohodellaQucrcin, iirififclcSicniiP;
non en i3Ho, comme le dit Vas-iri, Niccolo d'Arezzo, elcve de ce .l.i-
ni.iis en iStS, suivant les pirces ori- cobo; Simone du Collc^ siirnotunn'
finales r.ipportces par JJ.iidinucci. Sa de Bronzi , à cause de son hibiicie
il mille, illustrée d'c<, le xiii^. siècle , à couler et à ciseler le bronze ; Fran-
d.uis le gouvernement de Florence , cesco di Valdamhrina ; Filippo
iiar diverses fondions publiques, s'c- Brunelleschi ; Donalello, génie pre-
t.iit appliquée aux arts, plusieurs gc- cooc,qui,à peine âge de dix- huit
nerafions avant lui , et pariiculière- ans , avait déjà fixe l'attention publi-
inenr à l'orfcvreric , gcnic où les Flo- quej et Ghiberti lui-même. Chicun
lenliiiS avaient acquis, à cette époque, de ces artistes reçut une ind(mnite'
une Jurande cciebritc. \,c jeune Gbi- pour le travail d'une année, ainsi
berti appiit le dessin, l'ait de mode- que pour ses débourses , et s'obli;;ea
1er, et celui «le fondre les métaux , àpicsentcr, au terme d'un an , un
d'un orfèvre nommé Bartoluccio y panneau en bronze doré, où serait
mnri de sa mère en secondes noces , sculpté, eu bas- relief, le sacrifice
lequel appartenait à une école de d'Isaac. L'année étant expirée , on
sculpture, qui remontait à Andréa nomma trente-quatre experts parmi
Ugolini, dit André de Pise. On les sculpteurs , les peintres et les or-
croil qu'il reçut ensuite des leçons de fèvres , soit de Florence, soit du de-
peinture de Starnina. La peste, cpii hors , qu'une nouvelle proclamation
affligea son pays à la fin du XIV^ avait appelés à celte intéressante so-
siècle, l'ayant obligé de s'en éloigner, lennité. Il fut réglé qu'ils prononce-
il peign.iit, eu l'an i4oi,une fies- raientleur jugement en public, devant
que, a Piimini, dans un palais du les modèles soumis à l'opinion géné-
priuce Pandolfo Malatcsta , lors- raie, et que chacun d'eux donnerait à
que les prieurs de la confrérie des haute voix les motif-, de sa détermina-
uiarcbands de Florence ouvrirent le tinn. Les ouvrages de Brunelleschi, de
concours proposé pour l'exécution Donatclio , et de Ghiberti ay^mî attire
d'une des portes de Ijronzc qui déco- tous les regards ,sont mis d'abord au-
renl encore aujourd'hui le baptistère dessus des autres ; miis bientôt, frap-
de Saint-Jean. 11 s'agissait, non seule- pés de la supériorité de leur jeune ri-
ment de surpasser André de Pise, val , Brunelleschi et Donatello se reti-
auleur d'une de ces trois portes , ter- rant à l'écart, s'interrogent récipro-
minée en iSSq ou i54o, mais en- quement, et tous deux sont assez jus-
core,cc qui était plus difficile, de tes pour se confesser vaincus, et assez
l'emporter sur les plus habiles ar- grands pour déclarer publiquement
listes vivants. Ghiberti, âgé de vingt- leur opinion. Ce jugement fut coufir-
deux ans , vint se présenter. Ce con- mé au milieu des applaudissements de
cours , digne de servir d'exemple aux l'assemblée. liCS prieurs des mar-
administrateurs qui désirent véritable- chands , en donnant la palme à Ghi-
nienl obtenir des chefs-d'œuvre, m.é- berti, l'invitèrent à n'épargner ni le
rite d'être connu dans' toutes ses cir- temps, ni la dépense, pour produire
constances. Entre les maîtres venus un ouvrage digne de lui et de la ré-
des différealcs p^rliesde l'ilolic, sept publique; et ils niérilèrcnl par celle
385t G H I G H I
sage concluite que le génie de la sculp- vers 1 4 1 7 > deux bas - reliefs , dont
ture enfantât pour eux ces belles por- les sujets sont tires des actes du
tes que Michel-Ange jugeait dignes même S<tint, pour le bap:i.stère de la
d'orner l'entrée du Paradis. Celle dont cathédrale de Sienne; vers i/j'io ,
Ghibcrti fut alors chargé, et à laquelle une statue de Saint - Malhieu , pour
il travailla pendant vingt-un ans , en- l'église d'Or - San - Michèle ; vers
tièrement semblable pour les propor- i/p^ , «ne statue de Saint-Étienne,
tions à celle d'André de Pise , est de pour la même église , etc. ; et en
même divisée en vingt panneaux, 14^9, la châsse de St. Zénohius ^
renfermant autant de bas-reliefs dont évêque de Florence , placée « Santa-
les sujets sont tirés du Nouveau-Tes- Maria-del-Fiore. Tous ces ouvrages
tamenl, et ornée dans les angles de subsistent. Les époques oîi ils fuient
bustes figurant des prophètes et des exécutés, ne marquent pas seulement
sibylles. Elle fut posée le 23 avril les progrès de Ghjberti; ils montrent
14^4? ^ l'une des entrées latérales; aussi les perfectionnements successifs
et en 1 4'28 , les prieurs chargèrent de l'art. Instruit par des maîtres de
Ghiberli d'en exécuter une autre en- l'école de Giotto , ce grand dessina-
core plus riche , pour remplacer , à leur avait conservé quelques restes
rentrée principale , celle d'André de de la sécheresse dont le crayon du
Pise , qui fut transportée de l'autre fondateur de cette école n'avait pu se
cote. Ghiberli se siu passa lui-même préserver; m.iis l'élude de l'antique
dans ce nouveau travail, qui l'occu- à laquelle , un des premiers parmi
pa dix - huit ou ving^t ans. M. Ci- les modernes, il fut appelé par son
cognara {Storia délia scult., tome 11) goût naturel , lui donna un style de
veut que la première porte ait été jonr en jour plus moelleux et plus fer-
terminéc en i4'4» et cette dernière me; Ja statue de Saiut-Jeau-B.ipiiste
en 1424. Feroux Dagincourl croit au n'annonçuut encore qu'un génie capa-
confraire que la seconde ne fut posée ble de devancer ses contemporains :
qu'en 1456. Nous ne saurions adop- mais déjà, dans celle de Saint -Ma-
ter ni l'une ni l'autre opinion. Le ihieu , on reconnut le disciple des
second monument , commence vers Grecs; et les bas-reliefs de la châsse
142H, fut vraiserrdîlablement con- de Saint Zcnobius, ainsi t|ue la se-
sacré vers l'an 1 44^» P^'isque, d'une conde porte du baptistère de Saint-
part, suivant les preuves aulhrn- Jean , chefs-d'œuvre de la sculpture
tiques rapportées par Haldinucci , du xV. siècle, méritent même au—
Ghib' rti y travaillait encore au mois jourtl'hui d'èlre comptés parmi les
de m;u de l'an 144^, «"t que de l'an- plus beaux monuments de l'Italie
tre part, on ne saurait étendre beau- moderne. Ces ouvrages se font cg.de-
coup plus loin les quarante années ment remarquer par l'esprit et la sa-
cnviron que cet écrivain donne, ainsi gesse de la composition, parla vérité
que Vasari , à la durée de reusend)lc des attitudes, par l'eXiictitude, la
du travail. Pendant ces quarante an- fermeté, et très souvent rélégance
«ces, Ghiherti produisit d'antres ou- des contours, par la justesse, la vi-
vr.iges de scuIpluM en bronze , Iri's vacilé, la dignité de l'expression,
remaïquablcs ; sa^ir : en i4i4 1 i>"c Leur influence sur les progrès du
statue repiésenfaiif Saint .T<MU-I)ap- goût fut anssi grandi* rpie celle des
liste pour i'églisc à! Or- S an Michclc; fameux carions de Léonard du Vinci
GUI GUI 2b:^»
fl (le Miclul-Anpc le devint soixante nns. Ghiborli cul un fils, nomme
ans plus tard. lii»ns 1<' travail de la Viionaccorso , suivant Vasari , ou
prcmuTC porte , Gluln'rli lonna , plutôt Fitlorio , d'.iprès hs rccher-
parmi SCS élèves, quant au dessin, clics de Baldinucci. Ce fils , habile
IMasolino da Panicalc , qui fut sculpteur clfundciir, Ici mina le cliam-
Ic maître du Masaccio ; dans l'exc- branle de la principale porte du bap-
cutiou de la seconde, il instruisit Ma- liste» c de S. Jean , et le mit en place
50 l'iniguerra , Paolo Uccrilo , et après la mort de son père. C'est vrai-
notamment Antonio del Pollaiuolo , semblablement ce fait qui aura porté
alors enfant, célèbre scnlpleur et or- JDagincourt à croire que celle porte
fèvre, un des fluides de JMichel-Ange ne fut posée qu'en i4'>(>- A Villorio
dans Tctude de ranaloniie. Ghiberti succéda son fils Buonaccorso , sculp-
cultivnit tous les arts. Peintre sur leur et orfèvre; et à ce dernier ua
verre, il imprima une figure de St.- autre Fittorio , ardent républicain,
Jean-Baptiste sur une des fenêtres de qui , durant les discordes civiles , an
l'église d' Or - San- Michèle y et exe'- rapport de Varcbi , peignit un portrait
cuta la plus grande partie des vitraux de Cle'raent VII, accompagne d'jma-
de Sanla-Maria-del-Fiore. Archi- ges peu décentes , dont l'objet était
tecte, il fut associé à Brunelleschi , de louiner ce pape en ridicule. Oa
en li'O - pour la construction de ce voit au nombre des bustes qui ornent
dernier édifice ; mais s'élant aperçu la principale porte du biptistcre, cè-
de la peine que cette association eau- lui de Ghiberti , et celui de Bartoluc-
sait à un concurrent généreux _, il cio^ son beau - père et son maître,
s'abstint de tout travail. Il composa Tout auprès est cette inscription en
aussi un écrit sur la sculpture, dont lettres d'or: Laurentii Cionis de Ghi-
on conserve une copie dans la biblio- bertis mira artefahricaluin.XJnQ.'mS'
thèque Magliabecchiana, à Florence , criplion si flatteuse pour lui , et son.
ftdont M. Cicognaraa publié un long buste lui-même, n'ont dû être inau-
fragment dans l'ouvrage que nous gurés qu'après sa mort. T. Patch,
avons cité plus haut. Les concitoyens réuni à F. Gregorio , Théodore dit
de Ghiberti nerélcvèrent point, corn- le Galmouck_, et Calendi , ont gravé
me nous l'avons dit par erreur dans plus ou moins fidèlement la principale
nos Recherches sur L'art statuaire , porte du baptistère de S. Jean. L'en-
au rang suyrême de gonfalonnier de semble de cette porte, deux des bas-
jusiice; mais, en \l\'\5^ il fut porté reliefs dont elle se compose, et celui
au nombre des douze prudhommes de la partie antérieure de la chasse
dont se composait alors la Seigneu- de Saint Zenobius , se trouvent gra-
rie, et il fut un des trois majeurs vés dans ^Histoire de l'art , i}kC
parmi les douze. Il avait commencé, Dagincourt (pi. xli et xlii). Trois
dans les dernières années de sa vie, bas-reliefs de la même châsse ont été
le modèle d'une troisième porte , qui publiés dans l'ouvr/ige de Bicha , in-
devail remplacer celle d'André de Pise, lilulé , Notizie isloriche délie chiese
et qui ne fut jamais terminée. On dif- Fiorerdine , tome vi , pag. 204, pi.
fcre sur l'année on il mourut. Son 504. M. Cicognara a donné, dans
testament est daté du mois de no- son Ilisloire de la sculpture ( tome
vembre i4^5. Sa mort dut suivre de 11, pi. xx et xxi ), des gravures des
près, puisqu'il élait alors âgé de 77 panneaux présentés au concours par
284 G H I G H I
Ghiherti et par Brunelleschi , d'un intimes de ce malheureux prince, pour
des bas -reliefs de la porte late'rale le faire plus sûrement tomber dans
de Saint- Jean, d'un de ceux de la le pic'gf. Le misérable qui se chargea
porte principale, et delà statue de d'une si lâche commission était capid-
S. Malineii. IVI. Pircli a grave, avec gi bachi.; il arriva avec le titre d'e'-
beaucoup d'exactitude, plusieurs bas- cuver du grnnd-seigneur et d'inspec-
reliefs de la grande porte, dans son teurdela forteresse deChoizin. Cette
ouvrage projeté" sur les monuments commission extraordinaire devait d'au-
de l'Italie moderne, antérieurs k Ra- tant mieux avertir Ghicca d'être sur
phaèl. E — c D — d, ses gardes , que des amis sûrs qu'il
GHICCA (Grégoire), prince de avait à Constantinople Tav-ùent prc-
Moldavie, avait été drogman de la venu des mauvaises dispositions de la
porte othomane, et était devenu sou- Porte à son égard, et du départ de ce
verain de Moldavie à l'époque de la capidgi : le prince de Valachie lui-
guerre contre les Russes , terminée en rncme lui avait écrit de veiller à sa sû-
1774 par la paix de Kaïuardjik. En- rcté. L'infortuné ne tint compte d'au-
voyé en Valachie au commencement cun de ces avertissements j et son
des hostilités , il fut pris par un parti ancien ami lui ayant fait dire, à son
russe, qui le conduisit à Pélersbourg. arrivée à Yassi , qu'une indisposition
Il prétendit avoir été d'intelligence l'empêchait d'aller le voir , il alla lui-
avec ceux qui l'enlevaient. La cour de même rendre visite à cet ami. Ghicca
Russie, le croyant dans ses intérêts, avait si peu de défiance, qu'il ne vou-
Je fit partir pour l'armée de Moldavie lut pas permettre au capitaine de sa
commandée par le feld-maréchal comte garde albanaise , homme intrépide et
Roraanzofr. On s'aperçut bientôt que qui lui était dévoué, de l'accompagner
Ghicca était en correspondance se- dans l'appartement du capidgi oîi il
crête avec les Turcs, et qu'il trahissait entra seul. Après quelques moments
ses bienfaiteurs. Le général russe, in- de félicitations mutuelles, le perfide
digne de sa folie et de son ingratitude, turc lui demanda du tabac, et teignit
le fit long-tems garder à vue dans de ne pas le trouver de son goût; il
son camp. Le crime de Ghicca n'em- ordonna à un homme de sa suite d'en
pêclia pas l'impératrice Catherine II, apporter au prince de meilleur: l'es-
loujours grande et généreuse, de le clave, au moment où il en présentait
faire comprendre dans le traité de à Ghicea, lui donna deux coups de
.1774) ^'^ de le faire nommer de nou- poignard. Ghicca se leva pour santt r
veau prince de Moldavie. Il ne s'oc- j)ar la fcnêlre : la croisée se trouvant
cupa qu'à intriguer et à gagner des trop étroite, il fut saisi par des meur-
trésors immenses; mais bientôt il se Iricrs aposlés, qui arhevèrent de l'as-
rendit suspect à la Porte , en s'oppo- sassincr. La tête de ce prince confiant
Rant à la cession de \;\ Rukovine à et sans douteeoupable, fut coupée sur-
l'Aulriehe; et les troubles ilc la Crimée Ic-chanip et envoyée à Constantinoj)Ic,
C'iant survenus, elle ne voulut j)as lais- où elle resta pendant trois jours ex-
scr en Moldavie un sujet d'une fidélité posée à la porte du sérail. Grégoire
aussi équivoque. M.iis la manièie <lont (ihicca périt en 1 777 ; son crime fut
le ministère othom in se d('fit de Gré- douteux : sa mort pouvait être juste ;
j»oire Ghicca est aussi honteuse que mais 1.» Porte othonnne, en cm[)loyanl
M.lmaMe. Il fil choix d'un des amis pour se délaircdelui le moyen le plus
GUI ^'IH ^^"î
infime et le plus iàclic, a [clc sur sa la - Quint, il vint à la rcnconlrc
vicfiino un intcièl qu'il ne mcrilait de ce prince après son cxpedilion de
pcui-clre pas. ^ — y. Tunis ; mais il fut ob!ii;c de relâcher
(iIlllilNl (Jean-Jacques), gen- ru Sicile, et il y mourut en 1 555 du
lilhornnie uîil.in.iis, ne dans le xv'". poison qui lui avait ete donne, dit-on,
siècle, remplit .ivec dislinelio«i Tem- par l'ordre d'Antuine de Leva. On con-
ploi de secrétaire des ducs Jean Ga- naît de CarailU; : Tellinœ vallis ac
leaz ri Louis Sforce. Si probité et sa Larii lacds particularis descrijHio ,
délicatesse étaient encore relevées par Hanau, iGi i , in-8''., insérée aussi
des talents qui lui avaient acquis l'es- dans le Thés. rer. Germ. de Frclier ,
lime des savants de son temps. On a cl dans le tome ni, deuxième partie
de lui: ErpediUo ilalica anrio 1/197 ^^' Thesaur. aniiquitat. italicar. ^
à Maxiiniliano I suscepta , insérée de Graîvius. Celte description de U
dans le tome m des Scriptor. rerum Valleline, quoique trop superficielle,
Gennanicarum de Frelur. Quelques contient des notices instructives , sui-
bioî^raplics lui atti ihuent aussi la tra- vaut Haller, qui croitque Jean-Jacques
duction de l'ouvrage de Fre^ose : De Ghiiini en est aussi l'auteur. W — s.
tUctis factisque inemorahilihus . — GHl LIN I (Jérôme) ,liistorien, de
Ghilini (Camille) son fils, ne à Milan la même famille que les précédents ,
Ters 1 490, se déclare Tauteur de cette né en 1 589 à Monza dans le Miianez,
traduction , et rend compte dans la fit ses premières éludes sous le^ jésui-
preïice , avec beaucoup de franchise , tes à Milan , et alla ensuite étudier le
de la manière dont il l'a faite : « Mon droit à Padoue. Une maladie grave
î) père , dit-il, ami intime de Frégose, l'obligea d'interrompre son cours j et
» ayant eu la communication de son il commençait seulement à serétabl.r,
» manuscrit , crut qu'il était de son lorsque la mort de son père le plongea
î) devoir d'exécuter la dernière vo- dans l'affliction. La nécessité où il se
» lonlé de Tauteur, en mettant cet trouva de veiller lui-même à ses in-
» ouvrage en latin ; mais au lieu de térêts , et les conseds de ses parents,
» prendre la plume, il m'ordonna de le déterminèrent à se marier ; mais
w traduire l'ouvrage , et me distribua ayant eu le malheur de perdre sa fem-
» ma lâche par jour. » Il paraît donc me au bout de quelques années, il
certain que Camille est l'auteur de embrassa l'état ecclésiastique, reprit
cette traduction ; mais il est probable l'étude du droit canon, et se fit rece-
aussi qu'elle fut retouchée par son voir docteur. Il fut pourvu , peu de
père , qui la mit en état de paraître, temps après , de- l'abbaye de Saint-
Cimiile était encore fort jeune lors- Jacques de Cantalupo àd^wshvoysLW-
que celte traduction fut publiée, pour me de Naples, et honoré du titre de
la première fois {Foy. Baptiste FrÉ- prolonotaire apostolique. Le cardinal
GOSE , XVI , 5 ) ; et celte raison a en- De' Monli , archevêque de Milan , le
gigé Baillet à lui donner une place nomma h la théologale de S.-Ambroi-
dans son catalogue des Enfants cèle- se; mais il ne la remplit que cinq an-
tres. Il succéda à son père dans la nées. L'administration des biens de
charge de secrétaire d'état, et fut em- sa femme dont il était l'héritier, l'ubli-
ployé par le duc François II dans gea de se fixer à Alexandrie; et il y
différentes négociations. Envoyé avec mourut vers 1670, dans un âge très
le titre d'ambassadeur près de Char- avancé. Ghilini c^ait membre de l'a-
286 GHI GHI
cadcraie des Incogniti de Venise. On que, sur les camées et autres pierres
connaît de lui : 1. Teatro d'uomini précieuses, lui promellanl de le pren-
letterati , Milan, in - 8''., sans date j dre à son service. Ghinghi apprit cet
Venise, 1647, in- 4"« , édition aug- ^^^ ^^ P^" d'années. L'ouvrage qui
mentée. C'est le plus connu de tous les commença sa réputation , fut le por-
ouvrages de Ghilini, et celui qui a trait du grand-dur Cosrae 1 II (surnom-
fait sa réputation : il est cependant mé père delà patrie), qu'il grava sur
très médiocre, et , à l'exception d'un une calcédoine <le deux couleurs. Il le
petit nombre d'articles vraiment eu- présenta à Ferdinand; et ce prince,
rieux , les autres ne contiennent que prolecteur des arts ainsi que tous ses
des éloges assez fades; il n'indique ni ancêtres , le récompensa noblement et
le format, ni les éditions des ouvra- le retint à son service. Les camées de
gcs , et il n'en rapporte même les Ghinghi les plus estimés sont : le Na-
tures que très inexactement. La 3^. et vonarola ^ un Adrien, un Trajaii,
Ja 4''« partie , encore inédites, étaient et le supplément qu'il exécuta sur des
«onsexvés en manuscrit dans la biblio- saphirs orientaux , pour la collection
thcque de Jacques Morelli à Venise ; d'empereurs romains que possédait
ÎVïazruchelli en a fait usage. II. Annali l'électrice Anne-Louise de Médicis. Il
di Alessandria e del territorio cir- fit aussi pour celle princesse le por-
convicino , dalV origine sua sin alV trait de l'électeur son époux , celui de
1659 , Milan, 1G66, in-fol.; peu es- Cosme ïll, et ceux des deux frères de
méc. 111. Des Sonnets sous ce titre : l'électrice Ferdinand et Gaston; tous
La perla occidentale ; et un recueil gravés sur des émeraudes. Mais ce
d'odes intitulé : Tanaro {i)glorioso. qui contribuai le plus à sa gloire, ce
IV. Un recueil en latin de plusieurs fut une Vénus de Médicis qu'il avait
cas de conscience; avec leur solu- faite pour le cardinal Gualtieri , etqui
iion. V. Tempio di litterati e letle- après sa mort passa au muséum royal
rate per santità illustri , manuscrit, d\\uguste lll, roi de Pologne: elle
conservé dans la bibliothèque de Jo- est gravée sur une améthyste pleine
scpli lîolla à Alexandrie. W — s. de ramifications, du poids de dix-huit
GHINGHI ( François), célèbre livres. Tous les connaisseurs regar-
graveur en pierres fines, vit le jour à daient comme impossible de travail-
Florence en 1 089. Il apprit le dessin 1er une masse si énorme et si dé-
dans la fameuse galerie de cette ville, fcctueuse : cependant Ghinghi entre-
sous François Giamiuiughi , et l'art de prit ce travail, et le finit en moins
modeler sous Foggifti , sculpteur re- de dix-huit mois. Cosme lll, ayant vu
nommé. Ses premiers essais furent cet ouvrage, avoua que dans sa galc-
qnehpies médailles en bronze; ils lui rie, où il existe tant de chefs-d'œuvre
méritèrent l'approbation de ses mai- de toute espèce , il n'y avait rien qui
1res, et la protection du marquis In- l>ût lui être comparé. 11 combla d'élo-
contri, surintendant de la galerie. Ce g<s Ghinghi, et lui fit un magnifique
seigneur le reçut chez lui , lui assigna piésenl.Cct artiste resta à la cour de
une pension , et le présenta à Ferdi- Toscane jusqu'/i la mort du grand-duc
nand de Médicis , qui l'engagea à Jean-(Kasfon , arrivée en 17^7. Il eut
étudier la gravure dans le goût anti- aloi s l'ofcasion de f .iie plusieurs ou-
_^_ vrages pour le duc de Mortrniar lors-
10 Ce.» i« nom Uu u.uve 40» •*'«« AieiauJue. quc cc général occupa U ïoscanc. I
GHI
pril Gliingl)! iMi amilic, le conduisit
àN.iplcs, et le pnscnti ensuite à (ion
Carlos, roi des Dcux-Siciles, qui l'at-
tacha à sa cour, et le nomma direc-
teur d'un laboratoire en pierres dures
«m'il établit à sa sollicitation. Ghinghi
lit le portrait du roi sur un caïuc'c ,
vt grava sur une calcédoine orientale
les armes de ce prince et celles de la
reine son épouse. Le laboratoire de
(iliinghi existait encore en 1802, à
Naples, dans la rue appelée du Géant.
Joseph , père de ce graveur, Vin-
cent et André SCS frères, furent de très
bons artistes dans le même genre , et
sont honorablement mentionnes dans
les Mémorie de gV intagliatori in
pielre dure, etc., Livourne, 1753,
un vol. in-S". Mais François les sur-
passa tous. Il était si pene'trc' de l'an-
tique, et l'imitait avec une telle per-
fection, quel'ou confondait souvent ses
ouvrages avec les chefs-d'œuvre les
plus recherchés qui nous sont reste's
des Grecs et des Romains. 11 sortit de
son école des hommes distingués qui
se répandirent dans tonte l'Europe.
Ou voit une grande partie des ouvra-
ges des Ghinghi, et particulièrement
de François , dans la galerie royale de
Florence. Ce dernier s'occupa de son
art jusque dans uu âge avancé, et
mourut à Naples le 29 décembre
ï']Gô.{Foy. \es> Disserta zioni Glit-
tograff. de Vittori, pag. g5. B — s.
GHINI (Luc), médecin et bota-
niste italien, né en i5oo à Croara,
près d'imola, et mort le 4 niai i556,
lut le premier botaniste que le pro-
toraédicat de Bologne choisit pour
occuper la chaire des simples , ins-
tituée en 1554, et qu'il remplit pen-
dant neuf années. Appelé à Pise , en
i5^j4îil y fonda le jardin botanique
dont il fut nommé directeur. 11 passait
le temps des vacances à Bologne, où
il eut occasion de eonuaîtrc Ulysse Al-
G H I 287
drovandi, si célèbre dcpuiF, {Foj\ A^-
DftovANDi) , qui , en conversant avec
ce savant botaniste, sentit augmenter
sa passion pour rélude des sciences
naturelles. Afin de s'y |xrfeclionuer ,
ce seigneur passa à Pise, et suivit un
cours entier des leçons de Ghini ,
qu'il écrivit de sa main, et dont on
conserve le manuscrit à la Specola
(ou muséum) de Bologne. Ghiuiétait
aussi bon médecin que savant bota-
niste; mais sa prédilection pour les
sciences naturelles l'empêchait d'exer-
cer la médecine. Il a laissé un traité
fort estimé : Morbi neapoUtani cu~
randi ratio perhrevis ^ S^wq , iSBc),
in-8'\ Cet ouvrage a eu plusieurs édi-
tions. Ghini avait conçu le dessein de
publier la description de dilTérenles
plantes qu'il avait soigneusement exa-
minées , observées et dessinées : celte
compilation formait déjà plusieurs vo-
lumes,lorsqueMathiole fit paraître son
Dioscoridesj Ghini se désista alors
de son projet; mais il eut la généro-
sité d'envoyer à Mathiolc différentes
plantes que cet auteur ne pouvait pas
connaître, en l'invitant à s'en servir
dans une nouvelle édition. Matliiole
témoigna sa reconnaissance pour un
si noble procédé, dans une lettre qu'il
écrivit à Aldrovandi. Foj", Fantuzzi
dans sa vie d'Aidrovandi, et le doc-
teur Jean Calvi dans son Commenta^
rium historicum pisani viretiy etc.,
Pise, 1777. ^ — ^*
GHIRARDACCI (Chérubin) ,
religieux augustin , né à Bologne en
i524^ partagea sa vie entre l'étude et
les devoirs de son état, et mourut
dans sa patrie, en iSgS, à soixante-
quatorze ans. On a de lui : I. Niiovo
e spirituale nascimento delV uomo
crisiiano ^ Venise, 1572, in-8". IL
Teairo /norale dei moderni ingegm\
dove si scorgono belle e grai^i sen-
tenzCj ibid., i575, in- 12. III. Jnst
?B;5
G îl I
iîtuzione cnsliana, Manloue, i5']8,
in- 1 2.1V. Le storie di Bolognadaîla
suafundazione sin ail anno i-\"i^y
Bologne, iSgf), infol. Le P. Solima-
iii, son confrère^ publia le second
volunuî en i65^; et il en reste un
troisième encore inédit, dont on con-
serve des copies dans quelques biblio-
thèques d'Italie. On ne doit pas , dit
Tiïabosclù, chercher dans cet ou-
vrap,c rélè^aiice du style, ni s'attendre
à y trouver cette critique et cette exac-
titude qui sont les premières qualite's
de l'historien : mais Ghirardacci n'en
incTite pas moins des éloges ponr la
patience infatigable avec laquelle il a
compul>é les archives publiques et
pailiculières dont il a tiré un grand
nombre de pièces intéressantes ; et
sM a\ait réuni à l'ardeur pour les
recherches le talent de bien employer
les m ifériaux qu'il s'était procurés ,
peu d'histoires ponrraieiU être com-
parées à la sienne. W— -s.
GHIIURDELLI (Cornelio), rc-
ligieu\ francisc.iin, né à lîologr.e, vers
la fin du xvi'. siècle, employa ses
loisirs à l'étude de l'astrologie, de la
raétoposco|)ie,ef d'autres sciences éga-
lement vaines. On connaît de lui : f .
Discorsi astrolugici delV anno 1617
per anni 20 in circa , ai quali sono
annessi varj discorsi eruditi di ma-
icrie diverse. Il ( n fut fait plusieurs
édilioiis. II. Considéra zioni soprà
L'ecclisse del sole succedutci net
di xx ma^'^io, \('yM , Bologne, in-
4". ni. Osservazioni astrologiche
inlorno aile mulazioni dei tenipi ,
ihid., »(3>.'2, in-/i . W. Discorso ^iii-
iiiziario délie mulazioni dei Icnifd
sopra l'anno i(i'i5, ibid. , in-4'. V.
J/anno hisrslile ^ ibid., iO-ï/j, in-4'.
\ I. Cefalo^iajisonomicrt, con ccnlo
teste intaf;liale , sotlo opuima délie
tjnali runsonnettoeundislico, ibid. ,
iGjo, in 4''-> léimprimée sous le titre
CHI
de C ompendio délia Cefalogiuy ibid.,
1675, in-8'*. La première édition doit
être fort rare , puisqu'elle a été incon-
nue à Cinelli et à d'autres bibliogra-
phes italiens. Le P. Ghirardelli était
membre de l'académie respertinc ,
ainsi nommée parce qu'elle tenait ses
séances le soir. — Ghirardelli (Jean-
Baptiste-Philippe), poète dramatique,
originaire de Castel-Fidardo dans la
Marche d'\ncone, naquit à Rome en
1625. Il cultiva la littérature avec
beaucoup d'.irdeur, et mourut d'un
excès de tiavail le 26 octobre i655,
à i'âge de trente ans.* On ne connaît
de Inique deux tragédies:!. Oltoney
représenté en i652 au palais du prin-
ce Pjufili. Allacci en possédait *une
copie manuscrite. IL II Costantino ,
Rome, i65j — 1660, in- 12. C'est la
première tragédie italienne écrite en
prose. Ghirardelli se vantait de n'avoir
rais qu'un mois à la composer; elle
fut critiquée sévèrement par Augustin
Favo;iti , caché sous le nom d'Ippo-
lito Schirihandoh. L'.mteur entre-
prit de se justifier des fautes qu'on lui
reprochait; mais il s'échauffa tellement
en travaillant à sa défense, qu'il fut
sai i d'une fièvre qui l'emporta au
bout de quelques jours. VV — s.
GHIRLANDAIO. For. Curadi.
GHISl (Jean -Baptiste Berta-
NO ou BRiTANo),dit le Mantuan^
peintre, sciilpluir, architecte , et gra-
veur au burin, naquit à Manloue,
vers i5oo, et travailla dans plusieuis
villes d'Italie. Jean-Biplisle estle chef
de la famille de Ghisi , si féconde eu
habiles artistes, qui tous ont pris le
suriudn de Mantuan. Vasaii nous
apprend que Ghi>i fut disciple de Ju-
les-Hi-imin. On ne saur.iil dire avec
certitude de (pli il apjirit à graver au
buiiii; mais la manière de Marc An-
toine ((u'on croit retrouver dans quel-
que.-unes de SCS ccmpoiilious faitprg*
0 II l O II I 'iSo
smmrrqnr ccî^rnnd ailisfcavaitt^tc' «ton trop de saillip. Il rcisiilfcdo cite liop
maître, (ililsi ciitiMiilnit 1res bien r.nt p;r,iii(lc fidolilc une reparlilioii mal
lie Ir.iilcr lc> dill'ei entes parties du ciiteiidiic d'ombres et di; lirnièi es , et
corpAlnunaiii; son dessin est prfS(pic nu défaut d'hirrnonie qui nuit à l'effet
ImiuMirseorrcel: mais son biiiin man- delà compositinri. Cette discordance
inie de doueeor, ses taiilessonl ç;e- dans leslonscsl surtout sensible dans
tie'ralcmentdurc^ et son style manière; l'estampe, si estimée pour d'autres
il pisse troj) bru^qurm<nt du jour à p.ulies de l'art, où George a rejiroduit
l'onjbre, et semble dédaigner les de- la terrible création du Jugement der-
ini- teintes inlermcliaircs, sans les- «j>r. La plupart des estampes de cet
quelles il n'est point d'iiarmonie. Aussi liabile graveur sont marquées aijisi :
reprocjje-t-on aux gravures de Ghisi , George Ghisi de Mantoue fecit; ou
si recommandables dans d'autres par- elles portent son ehiffre qui est un G
ties de l'art, de manquer d'clFct. Ce et un iM dont le dernier jambi^^e figu-
inaître marquait le plus souvent ses re un V. Michel - Auge , Raphaël et
pièces des lettres initiales de son nom. Jules-Rura..in sont les maîtres d'après
Les plus remarquables de ses gravn- lesquels Ghisi a le plus souvent gra-
res so!it : L Un Dieu fleu^^e, d'à- vé ; les plus beaux ouvrages de ces
piès Lucas Penni. IL /^at'iV/ roif^rt/it grands peintres ont été' reproduits
late'le de Goliath, d'après Jules-Ro- par son burin. D'après Michel-Ange,
rnain. IIL Un jeune o^uerrier enle- owlvt \g Jugement dertder àowl wows
ifant une jeune fdle. IV. L'Emhra- avons déjà parle : L Les Prophètes et
sèment de Twie, [)ièce capitale, et les Sibylles de la chapelle sixtine.
qui mérite toute Testirne des amateurs. IL Le Son^e de Bapha'el , nomme
Ghisi a souvent gravé d'apjès ses pro- aussi /« Melancolie.D'di\)rks Raphaël :
près compositions. A — s. \. Le portrait du pape Jules II. II.
GHISI (George), dit le iI/<i«fMrt/i, La Sainte Famille. IIL L'Ecole
fils du précédent, peintre, destina- d!'^£^è«e5. D'après Jules-Romain : I.
tcur, et graveur au burin, naquit à 1/ Amour et Psyché , couronnés par
Mantoue en i5'24) ^^ travailla à Ro- V Hymen. W. La naissance de Me ttL'
me jusque vers la fin du xvi. siècle, non. 111. Ce'phale et Procris. lY. Ré-
Il apprit les principes de son art dans gulus conduit au supplice parles
la maison paternelle ; mais son burin. Carthaginois. V. Réguhis enfermé
plus harmonieux que celui de son pè- dans un tonneau dont l'intérieur est
re,donna àscs estimnesun effet beau- hérissé de pointes de fer. D'après
coup plus agréable. II apportait une Lucas Fenni : L La Calomnie traî-
Attenlion particulière à bien rendre nant V Innocence au tribunal de la
les extrémités de la figure humaine; Sottise. IL Endyrnion allant à la
les attachements des membres sont chasse , emportant Diane sur son
exprimés avec précision ; il excellait dos. D'après Perin dcl Vaga , F^é-
à dessiner d'une manière agréable les mis dans les forges de P^ulcain :
genoux de ses figures. Il a beaucoup d'après Angelo Rronzino , une Ado-
travaillé d'après Michel-Ange : fidèle ration des Rergers : d'après Lambert
imitateur de la manière de ce maître , Lombud , Jésus- Chri'it célébrant la
il a conservé à ses figures leurs eon- Cène a\>ec ses apôtres .iVai\)v'ts^aiVih,
tours durs et souvent exa<;érés. et :iux Sprangcr , la Naissance de la Vier-
muscles ce renflement qui leur donne ge^ et enfin d'après les composilious
xvn. 19
290 <"' H I
de son père un [^rand nombre de gra-
vures également recherchées. La [)!us
remarquable de ces dernières repré-
sente un Cimetière rempli de sque-
lettes , d'ossements et de morts qui
ressuscitent, George Ghisi avait deux
frères et une sœur, Théodore, Adam
et Diana : le premier fut un pc^intre
babile; George a gravé plusieurs de
ses tableaux. Le second, né à Man-
toue vers i55o, a gravé d'après plu-
sieurs grands maîtres italiens. S^s es-
tampes Icsplus estimées sont : d'après
Martiuclli , la Présentation au tem-
^Ze,- d'après Michel-Ange, une Fierté
de pitié i d'après Jules - Romain , la
ISativité de Notre-Seigneur ; — Fé-
nus , nue, se baignant les cheveux;
—- Endymion regardant la lune ;
— Hercule assis à côté d'Éole ; -—
Hercule sur le chemin fourchu , dé-
libérant entre la Fertu et la Folup-
té , etc., etc. — Diana Ghisi , ou
Diana Mantuana, née à Mantoue,
vers i556, apprit le dessin et la gra-
vure, de son frère George, dont elle
^aisit très bien la maHière; nous avons
plusieurs excellentes estampes de cette
femme artiste : les plus jecherchées
sont, d'après Raphaël , la Fierge as-
sise sous un pavdlon ; — la Sainte
jFamille; — St.-Pierre institué chef
de V Eglise , accompagné des dix
Apôtres :d*après Jules- Romain, la
Femme adultère , au portique du
temple } — Horatius Codés passant
le Tibre à la nage ; — la Conti-
nence de Scipion ; — la Naissance
de Castor et de Pollux; et enfin une
grande Bacchanale des Dieux y avec
celle inscription : ce festin des Dieux y
bains de Mars et de f'énus : fait
de stuc sous la conduite et sur les
dessins de Jules^Iiomainy att palais
du T, à Mantouc; celle c^tampc
capitale est vu trois planches. A-s.
GHlSLLRLA'oj. ht Y.
GHI
GHISTÈLE (Corneille Van) ,
d'Anvers , cultiva la poésie hollan-
daise naissante, et a mérité d'être
inscrit dans les Annales de cette poé-
sie, par M. de Vries, tom. i, p. 58.
Il était, vers le milieu du xvi^. siècle,
facteur d'une de ces chambres de rhe-
toriciens flamandes ou hollandaises ,
dont M. Guillaume Kops a esquissé
l'intéressante histoire, dans le deuxiè-
me vol. des Mémoires de la Société
philologique de Ley de , pag. 'jiS-
35 1. Familier avec les poètes de l'an-
cienne Rome, Van Ghistèlc a traduit,
en vers, des morceaux détachés de
Virgile, d'Ovide, d'Horace et de Té-
rence. On a encore de lui un poème
en deux chants, sur le Sacrifice d'I"
phigénie , Anvers , i554.
M ON.
GHISTÈLE ( JossE Van), et non
Joseph, erreur commise par M. Bou-
cher de la Richarderie , dans sa Bi-
bliothèque universelle des Foyages
(tom. IV, pag. 4o5)) naquit à Gand ,
d'une famille ancienne et illustre, avant
le milieu du xv'^. siècle jet, après avoir
servi le duc Charles - le - Hardi , qui
le créa chevalier en i464 , il rerapht
les premières p'aces de magistrature
dans sa ville natale. Il en fut nommé
grand bailli en i49'^' H possédait
plusieurs seigneuries, et fut successi-
vement conseiller et chambellan de
Maxirailien, roi des Romains, et de
Philippe, son fils. On ignore la date
précise de sa mort. Sa piété lui fit en-
treprendre , en 1 4Bo , un Voyage à
la Terre sainte , dont il a donné la
Description y en flamand ; clic a été
imprimée à Gand, i S-ya , petit in-fol.
gothi(jue, de 5iS5 p., non compris la
dédicace , la préface et les tables. La
sincérité cl la crédulité semblent ca-
ractériser cet itinéraire, qualifié dans le
temps de Foyai^e excellent y grand,
singulier et aUangcr, L'auteur i«
GIA
dicta .1 son clia])elaiii, son comp.ic;non
de Kuitc vl sou filifciir, Aiiibiuisc
Zctlntut (cl l'oii Zcrlu'nt, autre ci-
reur (le ,M. la Kicliaidciic). IM — on.
(ilAO (PiKiu.ii i)i: ) , ministre de
Cliarl<s VII, liujrinic aiiibif icijx autant
(|iic nu'diocrc , et <ioiit aurune vertu
n'a racheté les vices , descendait d'une
Jamille d'\uver;;nc, qni a donné \\n
chancciier à la Franco. Pierre fil pc'rir
de poison Jeanne de Naillac, sa pre-
mière femme, «t e'pousa, quelques inoiî»
après, ("atherine de Li>le-Bi'Ucliard,
veuve du comte de Tonneire, la plus
belle, la plus spirituelle, mais aussi
)a pliis danj^ereuse femme de son
temps. Comme l'ambition avait eu
plus de part que l'amour à ce ma-
riage, Giac vit sans jalousie les a si-
duilès du président Lonvet près de
sa nouvelle épouse j et le prix de sa
complaisance fut son élévation aux
premières dignités du royaume. Lou-
vet, obli<;é de quitter le ministère,
désii^na le seigneur de Giac pour le
remplacer, et le recommanda forte-
ment au jeune roi Charles VÏI, qui lui
confia la direction de ses finances.
Cependant le connétable de Pùche-
moiit, ennemi de Louvet, et qui avait
exigé son éloignement, venait de créer
une armée comme par miracle ; et ,
après avoir remporté quelques avan-
tages sur les Anglais , il avait résolu
de leur enlever les places fortes de la
Normandie. Giac, qui ne se condui-
sait que par les conseils de Louvet,
laissa manquer de vivres Tarmée du
connétable, et s'appropria les sommes
levées pour l'entretien des troupes.
La désertion se mit parmi les sol-
dats; et le duc de Richemont, battu
devant St. -Jean - de - Beuvron , fut
obligé d'en lever le siège. Irrité de
cet échec, le connétable arrive à Chi-
non, où était la cour, et, profitant
de l'absence du roi , fait enfoncer les
GIA 291
portes de la maison de Giac, et l'en-
lève des bras de sa femme, qui, dit-
on, était entrée d.ins le projet forme
contre un époux dès long-temps l'objet
de son aversion. Giac, conduit à Dun-
le-Uoi, comparut devant les juges que
lui donna le connétable, et fut appliqué
à la question. Les tortures tirèrent
de sa bou;:he les aveux les plus éton-
nants. Il confessa avoir donné une
de ses mains au diable , afin de par-
çenir à ses intentions y et lorsqu'il
eut vainement tenté de racheter sa
vie à prix d'argent, il demanda ea
grâce qu'on lui coupât C'tte main ,
dans la crainte que le diable, en la
réclamant, ne s'emparât de toute sa
personne. Moréri , et les écrivains
qui l'ont copié, disent que Giac fut
jeté dans la rivière ; mais Hc'nault,
dont Topinion est plus vraisemblable,
assure qu'd eut la tête tranchée en
\/i'i6. En convenant qu'il avait mé-
rité son sort, on ne peut s'empêcher
de reraarqu r que le jugement qui le
condamna fut irrégulier, et n'a pour
excuse que le malheur des cit cons-
tances : son (ils essaya inutilement
de le faire réformer. Sa femme épou-
sa , en troisièmes noces , le seigneui'
de la Tréinoille. W — s.
GIaCCETO. royez Cattaisi.
GlACOBAZIO, en latin Jacoha-
tins y est un nom commun à deux car-
dmauxde la même famille. Dominique
Gi icobazio , Ro !i lin , oncle de Chris-
tophe, était né vers 1 44 5, et fut, dès
sa première jeunesse , destiné au ser-
vice du St.-Siige. Il fit les études
convenables pour exercer les emplois
de cette cour , étudia la jurisprudence,
le droit canon, l'histoire ecclésias-
tique et les bullaires. Devenu auditmr
de rote, il se distingua dans cette fonc-
tion par son savoir, son intégrité et
son désintéressement. Le temps que
lui laissaient les devoirs de sa place ,
19..
1(^1 G I A
il l'employait à la culture des lettres, à
(les conversations avec les savants ,
ou à la compo-ilion d'ouvrages uti-
les. Il servit l'Église sous les pon-
tificats de six papes, Sixte IV , lu-
nocent Vlil, Alexandre VI, Pie III ,
Jules 11 et Léon X, et fut successi-
veracnt évêquc de Lucera , de Massa-
no et de Grossctto. Enfin, Léon X,
le premier juillet 1 5i 7 , récompensa
ses longs services, en le créant cardi-
nal du tifre de S. Barlhelemi de-l'Ilc.
A la mort d'Adrien V, successeur de
Léon, les cardinaux Colonne et Me'-
dicis, rivalisant entre eux pour la pa-
pauté', et, cherchant mutuellement à
s'e'carler, Colonne proposa pour pape
le cardinal Giacobazio , comme un
homme digne d'occuper ce poste e'mi-
iient; mais le cardinal de Clermont,
chef de la ligue de France, le fit ex-
clure, parce qu'il e'tait une créature
de la maison Colonne, et attaché au
parti de Charles -Quint. Médicis fut
clu, etpritle nomdeClémentVlI. C'est
sous ce pape, le 2 juillet i^'i^, que
mourut Dominique Giacobazio; il fut
enterré dans l'église de St.-Eu^tache.
Victurelli a fait son éloge. On a de
lui un TTaiiè des conciles , qui a eu
plusieurs éditions: il foiino le der-
nier volume de la collection des con-
ciles du père Labbc. — Christophe
GiACODAZio, neveu du précédent et
.'iussi cardinal , avait été élevé sous
les yeux de son oncle. Après avoir
achevé ses études, dans lesquelles il
s'appliqua , et réussit p.irfaitement ,
dit Aubery , a coucher ou écrire en
htn^ue latine , il devint chanoine
de Saint - Pierre - du - Vatican , et
ensuite évequc de Massano, par la
I ('signalion de son oncle , dont la ré-
putation et le mérite furent pour lui
lin moyen d'avancement. Paul III le
(il son secrétiire, et auditeur du sai ré
palais. Attaché, coixiiuc l'avait él(* Dg-
GIA
niiniqiie , son oncle , au parti de
Charles - Quint , il cultiva les bonnes
grâces de ce prince, à la recomman-
dation duquel le mêinc pape le créa,
en 1 556 , cardinal du titre de S. Anas-
tase. Presque immédiatement après sa
promotion ,la guerre continuant entre
François I»"" et l'empereur, Christophe
Giacobazio fut envoyé en légation à la
cour de ce prince , et vint rendre
compte de sa commission dans uncon -
sistoirequiselint à Plaisance, ledernier
avril iSS-j. Deux ans après, le pipe
le nomma à la légation de Pérouse et
d'Ombrie. Il mourut à Pérouse dans
le cojrs de cette mission , le 7 octo-
bre 1 540. Son corps fut rapporté à Ro-
me , et inhumé à côté de celui de son
oncle. L — y.
GIACOBBI (Jérôme), maître de
musique italien , naquit à Bologne
en iS-yS, fut un des premiers classi-
ques de l'école bolonaise, et, par son
talent dans cet art , prépara , pour
ainsi dire, le siècle de Jomelli, Bu-
ranello et Pergulesi. 11 corrigea la
monotonie des accompagnements qui ,
alors, ne faisaient que suivre et exé-
cuter les mêmes notes que la voix; et
il créa, pour ainsi dire, la musique
instrumentale, en lui donnant un ca-
ractère tout particulier, sans cepen-
dant nuire à la mélodie du chant. Il
excella dans les compositions d'église ;
et l'on conserve plusieiu-s de ses Mes-
ses dans les archives de musique du
couvent de St.-Franç<»i< , à Bologne.
C'est le célèbre père Martmi qui eu
fit Tacquisilion , en formant ces ar-
chives. Gi.icobbi a écrit aussi plusieurs
opéras, des premiers qu'on ait joués
en Italie et en Europe. Il avait asso-
cié à ses travaux Campeggi, le meil-
leur poète dratualiipie de son temps.
11 mil en musique, entre autres dra-
tnes , W'hulromède de cet auteur »
qui fut joué eu iGio, au ihcâlrc Zau'
f
G I A 0 1 A 2o5
mmi, cl ({ui eut un succès prodigieux, nces .iu service de l'empereur Cliarics
Daus cet opéra , rouconnaeiiça à en- VI. De rciour à Napics , il coin[)osa
tendre les aritlU'S à Avkw lem])s , son opéra d' Fpaminondas , qui fut
cV.st-à (lire, composées d'un adagio représente, en i-jôi , sur le llicâtre
et d'un allegro. Parmi plusieurs bons de Sl.-Charles : sa Mérope fut joue'e
morceaux tpi'on y distingue, le plus à Venise, en 1754 , sur le iheatrc
fameux, est l'ariette lo te sfido o St.-Samuel. Il donna à Turin , en
mostro infâme. C'est Persec qui , Te- 1 755 , Cesare in Egitlo , (pu passe
pee à la main, la ch.mte en aposlro- ])our le meilleur de ses opeVas ; son
phmt le monstre, lors(jii'il se disj)Ose dernier ouvrage connu est yirsace ^
a Tattaqucr. Quoique la situation de qui fut représenté au théâtre royal
cette scène ne prouve pas assez le de Turin, en 1756: on a aussi de lui
bon goût du poète , elle n'ote rien au douze Arie a soprano solo e cem-
mérite du compositeur; et les Italiens balo. Giacomelli mourut le 19 jan-
dc ce temps - là ne voyaient aucune vier ijlyi. Le style de ce composi-
invraisrujblanee à ce qu'un monstre teur était brillant et plein de saillies.
affame, près de la proie qu'il dévore Son imagination était très féconde; et
des yeux, reste tranquille à sa place, il connaissait surtout l'art des modu-
tandis que Persée le menace en clian- lations. Ses parties cantante sont
tant. La musique de i'ariette était très mélodieuses, ses accompagne-
belle; et ils n'en demandaient pas menls simples, mais vifs; et contrt;
davantage. A une parfaite connais- le système de quelques modernes, il
sauce de son art, à une ame émi- n'asservissait jamais la voix à l'orches-
nemment harmonique , Giacobbi joi- ti e ; et celui-ci n'en effaçait pas les sons
gnait une oreille très fine. Il n'est par le tumulte assourdissant d'une
donc pas extraordinaire qu'avec ces multitude de notes. On joue encore
qualités, la réputation de son talent quelques - uns de ses opéras sur plu-
se soit conservée jusqu'à nous. \\ sieurs théâtres d'Italie. B— s.
mourut, dans sa patrie, le 3o no- GIACOMELLI ( Micuel-Ange ) ,
vcmbre i65o. B — s. illustre prélat et littérateur italien,
GIACOMELLI (Geminiano), naquit à Pistoia en 1695. Après avoir
compositeur de musique, né à Parme étudié dans sa patrie les langues la-
en 1686, fut élève de Capelli, et, tine et grecque et la phi'osophie, il
très jeune encore, sut se faire dis- passa à Pise; et, sous la direction des
tingucr parmi les meilleurs composi- célèbres professeurs Valsecchi, Gran-
teurs de son temps. Il n'avait guère di et Averani , il devint suecessive-
que (lix-htHt ans lorsqu'il donna son ment profond théologien , habile ma-
Ipermnestre , qui fut jouée sur le thématicien , et très versé dans la lit-
grand théâtre Farnèse , et qui lui attira térature ancienne et motitrne. Son mê-
les suffrages des connaisseurs. Le duc rite ne tarda pas à être connu ; aussi
de Parme le nomma niaître de musi- ne dépendait-il que de lui de faire un
que de sa cour, et Tenvoya à INaples choix paimi plusieurs postes hono-
se perfectionner sous Scarlatti ctJo- rabies qu'on lui offrait. Son évêque
melli. Après avoir parcouru l'Italie, ir.i promtîtait de riches bénéfices ec-
et travaillé pour plusieurs théâtres, clésiastiqucs , afin de le retenir dans
toujours avec un égal succès , il alla à sa patrie; ses maîtres lui proposaient
Vienne, où il demeura plusieurs an- une chaire dans Tuaiversilé de Pise ; et
?94 G I A
monseigneur Fortc^uerri, son compa-
triote , l'appelait a Roiiic.Giacomelli ,
cédant aiix insiaiiccs de ce prélat, se
rendit, en 1718, dans la capitale
du inonde chrétien , où ii reçit un ac-
cueil tavorabie du cardinal Fabroni ,
alors secrétaire de la Propa-^and»^ ,
sous le pontificat de Clément XI ; ce
cardinal lui donna la direction de sa
vaste bibliothèque. Giacomelli s'ap-
pliqua alors particulièrement à l'élude
<i'.; l'éloquence , se nourrissant de la
lecture des classiques grecs et latins.
Il publia dans ce tertips plusieurs
écrits relatifs au jansénisme, où il pre-
nait la défense du cardinal Fabroni ,
contre les censures du cardinal de
îîoailles , et sur son opposition à l'e-
leetiori du cardinal Coscia. Tant que
Fabroni vécut, Giacomelli jouit cons-
tamment de la protection de cet illus-
tre prélat, ainsi qu'il mérita dans la
suite celle des ordinaux Colliç;ola
et V.ilenti. Les papes Benoît Xlll et
Clément XII l'em ployèrent avec suc-
cès au sujet desdilïcrends qui s'éLiicnt
élevés entre la cour de Rome, le duc
de 6a voie et rempereur Charles VI.
Bn rccompinsc des services impor-
tants que Giacomelli avait rendus à
rÉj;lise et a l'Iîltat, Clément XII le
nomma son aumônier secret , l'éieva
;i la dignité de prélat et de bénéficier
de la basilique de St.-Pierre. Il rem-
plit au si plijsi(urs emploie distinf;ués
«ous le pi.ntilicat de KcnoÎ! Xi V, dont
il traduisit t\cux ouvrages en latin,
(f'q)'. BknoÎt XIV, 1\', i()/j),el qui
le chargea de la réforme du bréviaire
romain. Mais les grandes dejx'iises
qu'rxigeail ce vaste proj» t , furt-nl
cause qu'on ne put le rédiser. Tons
les amis de Giicomilli s'atiendairni à
le voir clevn à dos p(»stes plus émi-
iienl.s;mais iJenoîi XIV, pontife d'ail-
l'iirs très recnniinandablc et j)ar ses
lumières et par ses vertus, savait,
GIA
dit-on , mieux applaudir au raérito
que le récompenser. Sous les aus-
pices du cardinal Valcnti , ministre
d'état, Giacomelli entreprit ( 174*^ ),
la rédaction du journal De' letterati^
dans lequel il était particulièrement
chargé , avec b s abbés Petroni et
Cenni , des articles concernant !a phi-
losophie et la philologie. A la même
époque , Giacomelli publia la plus
grande partie de ses traductions du
grec , dans lesquelles on reconn.ît l,i
profonde connaissance qu'il avait de
la délicatesse et des finesses de cette
langue. Mais ce qui lui fit le plus
d'honneur, et lui ouvrit de nouveau
la carrière de la fortune , ce fut sa
version italienne des livres de Sainf-
Je.in Chrysosiôme, sur le Sacerdoce,
Clément XIII fut si < ontent de cet ou-
vrage , qu'il en nomma l'auteur ( en
i^Dvj) secrétaire des lettres latines,
ensuite des brcf> aux princes , et
le créa , en 1 -^(ii , chanoine de Saint-
Pierre , et archevêque de Chalcéd<»ine.
Outre la protection de ce vertueux
pontife , Giacomelli obtint son ainiiie'
et sa confiance, dont il reçut un té-
moignage éclatant , lorsqu'il fut nom-
mé secrétaire de son cabinet. Dans
ce nouvel emploi , Giacomelli ^e mon-
tra , par son savoir et la sngessc de
ses vues , un diç;ne émule des l^embi ,
Sadolet et Anlonuni , >es prédéces-
seurs : mais la mort de Clément Xlll
vint mettre nn terme a c<tte prospé-
rité. Clément XÏW réduit aux recla-
malionsdedilléieiits monarques, avait
décidé l'abolition des jésuites. Giaco-
melli se crut anlorisé , en quelque
sorte, paisa j'lace,à enlreprcndr<* la
défense de la compagnie. Ola lui siis-
( ila un grand nombre d'fnnemis, et lui
attira la disgrâce du pape, qi.i lui ô .1
son emploi. Alors une vie chrétienne
et vraiment philosopbitpie, la médi-
tation , le plaisir de vivre au miiicu
d'une finiillc qui lui efail r.licrc (In f.i-
inilli' S.ii-(liclti\ les lettres et \;ï imisi-
quo qu'il av.ut roujouis cullivccs , le
consolèrml de l'iuconslancc de la l'or-
tuiu'cl des lioinincs. Sa snnfc s'allcia
.scnsil)lcnicnl depuis sa disj;racc ; et
une attaque de l)iie l'einporla, après
quatre jours de maladie, le i-y avril
l 'j'j.'y , î\^(! de qualre-vinj^ts ans. Quoi-
qu'il lût d'uuc luimeur aussi vive que
son caractère c'iail sensible, il savait si
bien la réprimer, que sa conversation
le rendait agréable à fout le monde,
ricnerenx , franc , aimable , docile
dans SOS opinions, niodeste dans sa
fortune, il reunit en lui toutes les ver-
tus chréliennes. 11 entretint une cor-
respondance suivie avec les Jittc'ra-
tcurs Jes plus célèbres de l'Italie ,
tels que , Algarolli , Genovesi , etc.
Les plus remarquables de ses ou-
vrages sont : l. Di san Gioif. Gri-
soslomo , del sacerdozio libri vi y
volgarizzati , Rome, 1736, avec de
savantes notes. II. Philonis enarra-
tio in canlicum canticorum, grœcum
textum adhuc inedltum quampluri-
n%is in locis depravatwn emendavit ,
etc., Korac, 1772, xn-l^". III. De
Paitlo Samosaleno , deque illiiis
dogmnie et hœresi, ibid., i 74 ï , 5 vol.
ÏV. Orazione in Iode délie belle
arli récif ata in Campidoglio , ibid.,
jnSi. V. lîifonnazione historien
délie dijferenzefra la S. Se de e la
carte di Savoia , ibid.^ 1732. Vf.
FAtiira di Sofocle volgarizzata
ed espffsta, ibid. , 1 754 , in-4°. VU.
Fromelci) Icgato ^ Trag. d'Eschilo,
volgarizzalo, \h'\di., 1754, in-4°. Cha-
cune de ces deux traductions ( en vers)
est accompagnée du texte grec. Le
tiavail de Giacomelli est peu impor-
tant sous le rapport philologique :
son langage est tiès pur, très correct;
niais sa poe'sic est habituellement fai-
ble et prosaïque. YlII. Prologi in
G f A 593
comrpdiaa Tcrentii ci Plnuti , ibid. ,
1708; l'isfoia , 1777, avec la vu;
m laliii de l'auteur. IX- Di Caritonc
^frosideo, etc. {VJIistoire amoureu-
se de Cher eus et Callirhoé ,\.radiùu:
du grec), Rome, i7'>'2, 175G, in-B".
On a aussi du même auteur une ver-
sion italienne des Choses mémora-
bles de Socrate , par Xenophon ;
une Chaîne grecque formant un.
commentaire inédit sur Véi^angile
de St.-M althieu. Ces ouvrages ont eu
plusieurs éditions. Giacomelli allait pu-
blier ses Réflexions sur Platon^ lors-
que la mort le surprit: ces Réflexions
se trouvent parmi le grand nombre de
manuscrits qu'il a laissés. Outre la Fie
de Giacomelli, par Maltani, inse'rée
dans la 2*". édition de ses Prologues
de Térence et de Plaute ( N°. VIII
ci-dessus) , on trouve son Eloge dans
le Journal de Pise ( xx, ivi6), et il
a été réimprimé dans les Elogj ail"
lustri italiani, Pise, 1786 (i, 1 14)«
B— s.
GÏACUINTO (CoRRADo), peintre
italien , naquit à Molfeta , petite ville
du royaume de Naples , en juin 1 700.
11 étudia les principes de son art dans
celte capitale, et ensuite à Rome dan*
l'acidémie de Saint-Luc, dont il fut
nommé membre en 1755. Il s'était
déjà fait connaître avantageusement
dans celle ville par plusieurs ouvrages
à ûesquc qu'il avait exécutés dans
différents temples et palais, lorsqu'en
1 755 il fut appelé à Madrid, par Fer-
dinand VI, pour remplacer J icques
Amiconi , premier peintre de S. M. ,
et mort l'année précédente. Il fut
particulièrement destiné par ce mo-
narque à peindre les voûtes du palais
royal de Madrid j ce qu'il exécuta à
la satisfaction des plus habiles con-
naisseurs. Il resta eu Espagne jus-
qu'en 1761 , époque à laquelle Char-
les m (^successeur de Ferdinand j ap-
296 G 1 A
pella à sa cour le célèbre Mengs. Gia-
cuinto relourna à Naples , comble des
dons de ces deux souverains, el mourut
en 1765. Ses principaux ouvrages à
fresque, peints sur les voûtes du palais
de Madrid , sont : La Naissance du
Soleil , représente^ par un Apollon,
entouré de plusieurs signes allégo-
riques. — Sur un c;roupc de nuages ,
la Religion et V Eglise , aux pieds
desquelles est rËS|) igne ( entourée de
différentes notions soumises), leur of-
frant de riches présents. Cette fresque
est très estimée , et a reçu les plus
grands éloges de Mengs lui - même.
— Un superbe Hercule arrachant les
Colonnes , sur 1» >qnollcs est écrit :
Plus ultra, etc. — Dans la coupole
de la chapelle du palais, on voit, du
même auteur. !a Ste.- Trinité; et , dans
l'une des voûtes , la Bataille de Cla-
i'ijo ( gagnée sur les Maures en 1 2 1 5),
où Giacuinto a déployé toute la fé-
condité de son imagination et la beauté
de son coloris, etc. On conserve aussi
de cet artiste plusieurs excellents ta-
bleaux , tels que celui qui rej)résente
la Justice et la Paix , placé dans un
des s.ilons du palais de Madrid. —
Au Retiro , huit tableaux concernant
la Passion du Saui^eur. — Une Ste.-
Trinité cl une Notre-Dame. — P.uis
la chartreuse du Paular^ un Saint
Toribe. — Dans celle de Grenade,
nue Conception , etc. Le l.ilcut de
Giacuinto était aussi apprécié eu Es-
j)agne qu'il Tav/iit été en Italie; el il
paraît qu'il ne quitta Madrid qu'à
rausc de l'enthousiasme avec le(jMel
Mcng5 V fut reyu. Peu de pcititres ont
possédé autant de talent et de lacilité
que Giacuinto pour les fresques, un
goût aussi exquis pour les leintes , el
ont su produire aijtant d'eflct dans
rcnvcmble. Il connaissait parfaitement
Il nature des coideurs et leur emploi,
composjit avec grâce et correction j
GIA
et tous les connaisseurs s'accordent
à dire, qu'il portait dans les fresques
un génie créateur. B— s.
GlAMBELLl (Frédéric), ingé-
nieur , né à Mantoue dans le xvi%
siècle , passa en Espagne pour offrir
ses services «à Philipf)e II, et lui de-
mander de l'emploi dans ses armées:
mais n'ayant pu parvenir à obtenir
une audieiice du munarque, il repartit
extrêmement piqué du mépris qu'où
semblait faire de ses talents; el l'on
assure qu'il dit alors que si les Es-
pagnols ne le connaissaient pas, ils
entendraient un Jour parler de lui.
Elisabeth l'envoya , en 1 585 , au se-
cours d'Anvers, assiégé par Alexan-
dre Farnèse; et ce fut pour la dc-
ferise do cette ville, qu'il construisit
cette machine de guerre, connue de-
puis , dans les annales militaires ,
sous le nom de Machine infernale,
Alexandre venait de faire élever sur
l'Escaut cette fameuse digue qui fer-
mait l'enîrée de la ville du côlé de la
mer , et empêchait , par conséquent ,
l'arrivée des vivres dont elle com-
mençait à manquer. Giambelli dirigei
contre cet ouvrage sa machine, qui
consistait en quatre bateaux chargés
d'artifice ; et un seul et tnt arrivé vers
la digue, y creva avec uu fracas épou-
vantable. « On vit en l'air, dit Stra-
» da ( Histoire de la ç;uerre de Flan-
» dre, livre vi ), une nuée de pierres ,
î) de poutres, de chaînes, de boulets.
» lie château de bois, atjprès du<pjel
» la mine avait joué , une pHrtie de la
» digue, les canons qui étaient dessus,
M les soldats, fuient enlevés el jetés d'e
» tous côtes. Ou sentit la terre irem-
» bler à quatre lieues de là ; cl dte
M grosses |)icrres fiir<'ut lancées à [)liis
» de mille pas de l'ivscaut. » On trou-
vera la description de la machine de
(iiainbelli , dans l'Encyclopédie , au
mol Macfiine. W — î>.
G I A (t ï A '2()^
r.îAMHERTI ( Antoine \ Tcv. ,nu»i(|uM remplît cxactrinrul lous ses
Sa> (Iallo. (icvoiis, il savait encore trouver l< s
G lA IM BU Mi AU 1 ( lir.itNARD ) , loisirs (;«i'cxigeaieiit ses trav.iiix litté-
rtoèlc it-ilien , ne' à Florence vers le raires. Il employa son eredil sur l'cs-
iniliou du XV". siècle, a joui d'une rc- pril d'Alplionsiue , nicie de Laurent
pdlation assez c;rande j);<rtni les litle- de Mcdicis, de la(iuei!e il avait ctc le
latcius de son temps. On eonnaît de secrétaire, pour faire accorder des
lui los oiivrag<'S suivants :1. Z.rt LSVon'a pensions aux artistes et aux savants
(il S. Zanobi , vescovo fioreniino , qu'il en jugeait le plus dignes; cl il con-
in Ottawa rima, Pistoie, sans date, tribua à rétablissement de l'académie
in-4".; Florence, i55(i et iSqd, florentine, qui a donné naissance à
in 4°. 11. Sona^lio dellc donne, cellcde la Crusca , si justement célèbre
•poei:ictloinoitavarima,m-[^'\^ sans par les services qu'elle a rendus à la
mdiralion du lieu de l'impression, et langue et à la littérature italiennes,
sans date, mais du commencement du Fidèle aux devoirs que lui imposait le
xvi'. siècle; id., Sienne, i6 i i , in-/^". titre d'académicien, il les rempli» avec
(îe petit poème (raite des inconvcnienis un zèle infatigable , et que l'âge même
du mariage. III. Ciriffo calvaneo e ne diminua point. H s'occupait encore
ilpovero Uvi>eduto , poema in Ottawa d'un ouvrage important , et qui l'obli-
riina, Venise, i555, iu-4**. Le pre- geait à d'immenses recherclies , lors-
mier chant de ce poème est de IjUC qu'il mourut à Florence, eu i5G4, à
Pufci, etlestroisaulres de B.Giambul- l'âge d'environ soixante- neuf ans. L'a-
iari. ( F. Pulci. } La conlinu.uion de cadémie lui fit célébrer de magnifiques
Giambullari est citée dans la deuxième obsèques, auxquelles elle assista eu
édition du dictionnaire de la Crusca j, corps; et Corne Barîoli prononça sou
parmi les ouvrages qui font autorité oraison funèbre. On connaît de Giam-
pour la langue. IV. Des Canti car- bullari les ouvrages suivants : L Z^^J-
nascialeschi , imprimés dans les re- crizione del sito , forma e misure
cueils du temps. W — s. delV inferno da Dante cantato- ,
GIAMBULLARI ( Pierre-Fran- Florence, i544, in-8\II. Origine
çois), littérateur italien , ne à Flo- délia lingua fiorentina allrimenti il
rence vers l'année 1 4^5 , s'est acquis Gello, ibid., i 546, in-4"- J deuxième
une réputation durable, moins peut- édition augmentée, ibid., iS.^Q, iu-
êîre par ses ouvrages, que par le zèle 8*^. ; cl dans le recueil des Autoriper
avec lequel il encouragea la culture des len parlar e jYemsc, i648,toni.vi.
lettres dans sa patrie. Bernard, son 11 y traite de l'origine de la langue iia-
père , poète estimable lui-même , ne lienne, et s'efforce de prouver qu'on
négligea rien pour son éducation , et doit la cherclier dans l'ancien étrus-
eut le plaisir de le voir répondre à ses que(i). « On peut imaginer, dit Tira-
soins. Son fils apprit le latin, le grec et » bosclii, dans quels écarts le jette
l'hébreu , et s'appliqua ensuite à l'é- » un pareil système. » Cependant
lude de l'histoire. Ayant cmbr issé l'é- Giambullari doit êtrccomplé parmi lei.
tat ecclésiastique , il fut pourvu d'un écrivains qui ont rendu le plus de ser-
canonicat à l'église ducale de St.-Lau-
rent Ot nilflnup trrnns anrès dp la (0 Cette opinion , regardée [on;-temps comme
leui, Cl,^ qutiq^e lCmj)S apiCS, Ue la ^ij^u^de, a été en partie justifiée par les roonu-
cure de Saint-Pierre. Rien ne pouvait mei.ts tHrusqucs découverts plus rrcemment. Voy
ralentir son ardeur pour l étude: et , p.g ...î
298 GIA
vices à la langue italienne, en s'alta-
chant à fixer le sens des ?ools, et à
i)'cn employer que de chois.'SJ raais
li n'est point aussi correct qu'éic>;anl,
et son orthographe est dëfectueosc.
lîl. Le regole per hene scrivere f.
parlare îoscano j ibid., 1049, in 8".
IV. Délia lingua che si parla e
scribe in Firenze , e un dialogo di
Giamhattista Gelli sopra la ciijfi-
cultà delV ordinar detta lingua,
ihid. , i55ï , in-8". « Les Toscans,
» dit Salvini, ont l'avantage d'avoir le
» plus bel idiome et de posséder le
» ifiritoire le plus fertile de toute
» l'Italie; mais comme ils négligent
» d'ijouter par la culture à la fertilité'
» de leurs champs, de même ils sem-
y> bicnt dédaigner de |>olir leurs com-
» positions littéraires. » V. Lezioni
sopra alcuni luoghi di Dante , ibid. ,
1 55 1 , in-8^. Elles sont au nombre de
quatre : la première traite de la situa-
tion du purgatoire ; la seconde , de la
pitié; la troisième , des influences cé-
lestes; et la quatrième, de l'ordre de
l'univers. Les deux premières avaient
déjà paru dans le recueil des Lezioni
ilagli academici fiorenlini sopra
Dante, publié par Doni, ibid., i547,
111-4". VL Istoria dnlle cose acca-
ditte in Enropa dalV anno 800 sino
al l'jioo dopo la nascita di Cri^to.
C<ffe histoire, que l'autrMir a laissée
imparfaite, a élé imprimée p,u" les
.soins de Barloli , Venisp, i5f)f>, in-
4". L'édiirur y 'ijoufa V (yraison fu-
Vf'hre (\c (V\iim\)\\\\nr\ et son portrait.
Kil<* est citée par l'académie de la
Cnisra dans la liste des Testi di lin-
^7/<T. Tiraboschi en loue rcxaclifude,
♦•t regrette qu'elle n'ait point cfe ter-
minée : les sept livres im|)rimés ne
vont que jusqu'à l'année 91^. VII.
^)i\ Chansons ou chants de carnaval ,
dins le recueil inMfii'é: Tutti itrinn-
Ji ^ cnni e maschcrate , clc, , pu-
GIA
blié par le Lasca, Florence, i55g,
1 vol. in - 4°- VJII. Des Opuscules
dans les recueils de l'académie , et
un Commentaire manuscrit sur le Poè-
me du Dante. W — s
GlANELLA (François), ex-jé-
suite et mathématicien de Milan , mort
ou cette ville le r5 juillet iBio, y
étaîl né le i5 janvier \']f\0. Entré
dans îrt compagnie de Jéius à l'âge de
seize ans, il fut bientôt envoyé par
ses supérieurs à Turin, où, collègue
du jeune Lagr-ange, qui était déjà
célèbre, il ne tiiîda pas à s'associer
pareillement à sa gloire. Agrégé à l'a-
cadémie de Turin, dès sa formation,
il fournit quelques bons Mémoires au
recueil qu'elle publia de î^cs travaux ^
en 1769, sous le titre de yiiscella-
neataurinensia. On en trouve encore
d'autres du même auteur dan^' les
mémoires de cette société, en i7*S.^;
I 785 et I 786. Gianelhi, rappelé dans'
sa patrie , y fut nommé professeur
d'abord de physique , et ensuite de
mathématiques. Delà, il passa à Pa-
vie , où il enseigna les mêmes sciences
dans l'université de cette ville. Les
Milanais le rappelèrent, et il vint re-
prendre chez eux les mêmes chaires
qu'il y avait remplies : il les occupa
assez longtemps pour atteindre à la
pension de retraite comme émérife; cf,
n'étant plus alors détourné des études
du cabinet qui lui ejlaient fort chères ,
il y passa le reste de ses jours à s'ap-
pliquer aux mathématiques, unique
objet de ses alVe* tions et de ses dis-
cours. 11 n'aimait à converser qu'avec
des hommes versés dans les science*;
f x.irlrs , pnrre (pi'il ne pouvait plus
pi: 1er d'autre chose que de calculs
algrbriqncs, quoiqu'il tut très instruit
d.!n< beaucoup d'autres parties , et
notamment dans la sricnce des lan-
gues. Néanmoins la candeur de son
aine et la buntc de son cœur le fai-
saifMil ninïcr do tons ceux qui pon-
vnicnt le CDMiiaîtir. Iii(lrpcndanuiirnt
(les Meiuoiics que Giandla n foui-
llis anv div«r.s rfcucils imprimes de
l'aradriuic de Turin, il a publie en
parliculicr les ouvrages suivants : I.
une Dis.M rtafion De igné , IMilan ,
17*; '2. II. Une aulre , De fuixio-
nibiis , carumque usu, Mil.m, 1772.
JII. De paradoxis virium agen-
tiiim in ratione fjudi'is distantia-
runi à dalo piincto in medio non
resistente , Milan, 1775. IV. De
tensione fiininm , Milan , 1775: cette
pièce est plus pârliculièrenienl eslime'e
des niatliem.ilîeiens. V. Elemeîitid'ol-
f,ebra , Pavic , 177^>. VI. Elementi
€ii mattmatica y Favie, 1781.
G N.
GlANI ( Arcangelo) , servile , ne
n Florence, en i!}:"):), de parents no-
bles , prit l'habit reli|:;ieux à râp;e de
dix ans, et s'assujëfit,dès ce moment,
à toutes les privai ions que lui impo-
sait la rc^le qu'il était re'solu de suivre
le reste de sa vie. Après avoir termine'
.ses études sous la direction du père
Bruscoli , son oncle , il s'appliqua à la
théolugie, et (It dans cette science des
pro;;rcs remarquables. H remplit avec
beaucoup de distinction les principaux
omp'ois de son ordre, en tut nomme'
vicaire-général , et protonotaire apos-
tolique pour la Toscane. La pureté de
ses mœurs, son affabilité, sonérudition
et ses travauxlittéraires,luiavaienl mé-
)iîc uslime nniversclie. il mourut à
riorenee , le il^ détembre iG.>5, âgé
de soixante-dix ans. On a de lui, outre
quelques écrits ascétiques et peu ini-
portants : I. Fera origine del sacro
ordine de^ servi di 6anla-Maria ,
Florence, «-^91 , in-4". Ol ordre fut
londéà Florence en i ';i55. II. Cafalo-
giis ri'oriim clarorum coUegii ujii-
uersitalia theologica? florentinœ , ib.,
1614, in-/i*'. Le P. (jiani était alors
(3 1 V 'Of)
doyen de la nieulté de ihéologie. III.
ylimales ordirns frnlrum servorunt
li. Mariœ , ah anno \ 7,25 u<;(iue ad-
1610, ibid., 1618, 'Ji vol. in-fol. Il
V a de l'érudition et de rex-ielilude
dans cette histoire. IV. Des Dissert.»-
tions théolop,iques De divindy cœ-
lesli et ecclesiaslicd hiernrddd. V.
Une Fie , en italien , du P. Phdippc
Benizzi , servile. Giani a publié les
Constitutions et liéfdements de Vuni-
versitéde Florence^ rédigés par Zao
caria, qui en fut le restaurateur.
W— s.
GIANNETTASIO (NiccoLoPivn-
TEivio), poète latin moderne, naquit:
à Naplescn 1648. H entra fort jeune
chez les jésuites, parcourut les divers
degrés de l'enseignement des belles -
lettres , sHon l'usage de cet institut,
fut ensuite professeur de philosophie
dans la Calabre, et enfin de mathé-
matiques dans le grand collège de
INaples. Au milieu des travaux que
cette dernière cbairc surtout exigeait
de lui, et malgré la faiblesse d'une
santé toujours chancelante , il ne cessa
])oint de cultiver la poésie latine pour
laquelle il avait monlrédebonne heui e
des dispositions et du goût. Il com--
posa d'abord des églogucs de pé-
cheurs, dans le genre dont Sannazar
avait donné l'exemple et laissé d'ex-
cellents modèles. Le succès de cet es-
sai l'engagea dans une entreprise plus
difficile : il écrivit un poème didacti-
que et descriptif, en huit livres, .sur
la navigation , et s'y livra avec tant
d'ardeur et de suite, qu'il l'eut achevé
en six njois. Il le publia en i685,
avec ses églogues, sous ce double ti-
tre : Nicolai Parihcnii Giannettasil
JVeûpolitani soc. Jesu Piscatoria et
JVanfica , Naples , de l'imprimerie
royale, in-i2, jolie édition , ornée de
gravures d'après lesdessins du fameux
peintre Solimène, qui était son ami^
3oo G I A
€t qu'il a ccîebré dans une de ses e'glo-
gues. L'auteur Qt paraître successive-
ment un poème sur la pcchc, en dix
livres , H alieuiicorum libri x , 1 68g,
m-8",; — un sur la guerre de mer , en
cinq livres, Naiimachicorum lib. y;
— un , en dix livres , sur la guerre de
terre , Bellicorum libri x , 1 697 ; —
une Année savante, divisée en quatre
poèmes, JEslates Surrentince ^ ^697;
Autummii Surrentinus, iQi^^yHje-
mes Puteolani, et P'er fferculanum,
I 704 ; — enfin une Cosmographie tt
une Géographie : letoutformait douze
volumes, réimprime's chacun plusieurs
fois, et qui furent réunis en 1715,
Kaples, 5 vol. in-4"« 1'^ poésie du
P. Giannettasio a delà noblesse, du
nombre, de la facilite, dcrabondance,
et même de la surabondance, et ce-
pendant de la justesse et de la raison.
On y trouve souvent des détails nou-
veaux et difficiles , rendus avec des
couleurs toujours poétiques et une
grande clarté, tels qiielj description
i.'t l'usage de la boussole , l'origine drs
vents , leurs caractères , et jusqu'à
leurs noms exprimés très poétique-
ment. Il a fait trop de vers; mais on
y voit partout le poète instruit, et
surtout le poète patriote : attaché eu
quelque sorte au sol tt au rivage natal ,
il ramène tout à la louange et à la
gloire de Napirs, sa patrie; et ce sen-
timent met de l'intércl dans des poè-
mes qui, sans cela, ne seraient pas
toujours exempts de faiblesse et de
langueur. Un a encore de lui : I. Va-
negjricus et carmen sœcularc Jnno
cenlio XII j Maplcs , 1 ()()<), iu-8'.
II. Panegjricus inj'unere Innocen-
ta XII, P. M. dictas, ibid. 1700,
Ju-8**. \ll. Xai/erias viulor , ibid.,
1721 , in-4".; fruit de la jeunesse de
l'auleur, qui l'avait même abandonné
après le commencement du dixième
II Vil» , ne le destinant pas à voir le
GIA
jour. Le P. Ant. Fiani, je'suile, en fut
l'éditeur, et y joignit une vie du père
Giannetasio ; on la retrouve au com-
mencement de l'édition que le même
P. Fiani donna, en 1722 , de )^ An-
nus eruditus , ibid., a vol. in-4°. IV.
Une Histoire de Naples-, écrite en
latin et en fort bon style , comme tous
ses autres ouvrages, Naples, 1715,
5 vol. in-4". ^à\s ce n'est qu'une es-
pèce de traduction de l'Histoire de
Suramonle , ouvrage qui , même avant
que Costanzo et surtout Giannone eus-
sent écrit , n'a jamais joui de beaucoup
d'estime. Giannetasio a de plus donné
une édition des Eglogues du P. Rapin
et de son Poème des Jardins , des
Poésies latines de Sannazar , et de cel-
les de Fracastor. Ce savant religieux
mourut à Massa, dans le collège de
sa société , le i o septembre » 7 1 5 ( i }.
Le produit de sesouvragis, quiavaient
eu le plus grand débit dans toute l'Eu-
rope, lui servit en partie à faire cons-
truire une magnifique égli-e dédiée à
la \ ierge Marie, à laquelle ilavait une
dévotion particulière. On lit encore
sur le frontispice celte inscription :
Malfi Parlht'niœ vates Parthenius.
Il est vraisembl ible qu'il n'avait pris
ce surnom de Parthenius qu'après son
entre* chez les jésuites, et conunepour
faire de cette dévotion même une es-
pèce de protèssion pubiique. G — E.
Gl A MS l N 1 ( Thom A s ) , médeci n ,
né à Feirare, v«rs le milieu du xvi\
siècle, avait reçu de la nal'ue des
dis| ositions m heureuses, qu'il eut
tei mine ses éludes a l'âge où, pour
l'ordinaire, ou commence à fréquenter
les écoles. Il était sans cesae occupé
des (pu'stions de métaphysique les plus
importantes; et les solutions qu'il en
(1) C.Vtt par învkXt! d'impresiion qur lUni l"él<>p<>
hiiliirii^un , Ircs iii|iri litirl , <|iie lui oui coutâClé
In M(*»«Mrrs «l*> Tri vou» ()utll 17^^ , J>»g. I \0\*\ ,
OQ Iv lia uotl Cil 17)3.
01 A GlA 5rtf
donnait , clomiaidit ses maîlrcs. Il pondant sa vie. (>h se contentera do
n'.tvait p.is iMuojT di\.-sr[)t ans, lors- citer: \. De inctiti'i huinamp statu
qu'il se nrr'H'iil.i pour soutenir .ses post hominis obitumy \i')\\. W. De
thèses en nliilosophio et en médecine; substantid cœli et cœlorum efficicn-
t't il niuiitr.» 'lins ses rc[H)ns>\s tant fia, Venise, 1G18, iii-/|". — Giannini
d'haijileté, d'érudition et de jugement, ( 8''l)astien ), archiiecte , a publié
que les examinateurs lui accordèrent l'OEuvre de François liurromini, avec
nue disjKMKse d'àgc , et le reçurent dos descriptions en litin et en italien,
doetcur par acclamation. Cesnccès ne Rome, i 7^5 , in-foL , allant, (f^cr^,
ronorgmillit point; il se tintrcnfeiraé Bouromim.) — Giannini (Gilles),
pondant cinq ans, uniquement occupé })rêlrc , né à Pergola, dans le duclié
do la lecture dos ouvrages dos an- d'Urbin , s'appliqua particulièreracnt
ciens; et quoique sa bibliothèque fut à des recherches sur l'histoire de sa
nombreuse , il disait qu'elle ne conte- patrie, et publia : Memorie istoriche
nait pas un seul livre qu'il n'eût des- di Pergola e de gli uomini illustri
lors feuilleté très souvent. Après ce di essa ,\}v\)m, 1731,10-4°. Un
tcraps-lr, cédant aux instances de ses anonyme critiqua cet ouvrage dans
amis, il commença à donner gratuite- une FiCltre datée de Gubio ,le 3o avril
raent des leçons de philosophie; mais 1 753. Giannini lui répondit, et l'ano-
l'afflueuce des auditeurs devint telle, nyme répliqua , en donnant une nou-
que s I maison ne pouvant les contenir, voile édition de sa lettre, à laquelle il
les magislr.its de Fcrrare lui assigne- joignit sa défense et un abrégé chro-
rent un bâtiment public pour y conti- noiogique de tous les événements ar-
Ducr ses leçons, avec un traitement rivés dans la seigneurie de Pergola,
qui le mit à même de soutenir son Ces différentes pièces sont assez eu-
rang. Giannini fut très sensible aux rieuses. W — s.
preuvesd'estime qu'il reçut, dans cette GlANNONE (Pierre), fameux
circonstance , de ses concitoyens; et écrivain napolitain, naquit le 7 mai
les villes de Bologne, de Modène et 1676, dans la terre d'Ischitolla, pro-
de Pise, lui ayant fait faire des offres vincc deCapitanata. I! alla à Naples, à
considérables pour l'attirer , il les re- l'âge de dix-huit ans , pour y finir ses
fusa toutes, disant « que la gloire de études. Ses progrès dans la jurispru-
» sa patrie lui était plus chère que la denccetla pénétration de son esprit lui
« sienne propre.» Ce savant professeur donnèrentbientôt :3ccè'- dans la maison
mourut de la pién e , vers 1 63o , âgé de Gaétan Argento _, ch» z qui se ras-
de près de quatre-vingt-deux ans. Bos- semblait une espèce d'académie des
si rapporte que, peu d'instants avant gens de lettres les plus célèbres d'à
sa mort , il expliquait tranquillement temps. C'est là qu'il conçut le projet de
différentes questions de théologie aux son histoire de N ipîes, qui devait com-
personnes réunies daus sa chambre: prendre ses lois et son gouvernement,
fiit qui prouverait dans Giannini une Cet ouvrage, interrompu de temps en
force d'arae extraordinaire, et qui ren- temps par les affaires du barreau , ne
drait croyable ce qu'on a dit du cou- fut terminé qu'au bout de vingt ans,
rage avec lecjuel les stoïciens bra- et parut en 1725 , sous le litre d'^iV
vaient les plus vives douleurs. Les ioire civile du royaume de Naples ^
ouvrages de Gi umini sont bien au- 4 ^o'- '" " 4"' (^n italien.) Il y avait
dessous de la réputation dont il a joui pris pour guide Angelo di Costanzo,
5o2 G I A
le meilleur historien de Naplcs que Ton
tùt alors ( f^oj. CosTANZo), et dont
Touvragc se trouve fondu presque en
enttfr dans celui de Glaunone; mais
ce dernier s'est principalement attaché
à tout ce qui est relatif à la constitution
civile et ecclésiastique, aux lois et aux
coutumes du royaume. Quoique le style
n'en soit ni élégant, ni correct, l'es-
prit philosophique, l'éniditiou , et la
profondeur des recherches qui carac-
térisent cette Histoire , lui donnèrent
une grande réputation. Mais l'auteur
affecte trop de passion contre la cour
de Rome. Les traits hardis qu'il s'y
pernjit contre les gens d'église , lui atti-
rèrent une guerre terrible et opiniâ-
tre , que ne purent apaiser ni l'auto-
rité du vice-roi , cardinal d'Althann ,
)ii le crédit de la commune de Naples,
dont Giannone fut élu l'avocat, et dont
il reçut un présent de i55 ducats.
Argento lui dit à ce sujet : Vous
vous êtes mis sur la tête une cou-
ronne d'épines très piquantes. Après
avoir clé insulté plusieurs fois par la
. populace , excommunié par la cour
archi épiscopale, et avoir vu son livre
niis à V index , il sortit de Naples le
3C) avril 17^5, et alla chercher un
asile à Vienne. L'empereur Charles
VI le regarda d'abord d'un œil peu
favorable; mais la protection du prin-
ce Eugène, du chancelier Zinzcndorf,
(lu fameux comte de Bonneval , et
<lu chevalier (larelli, premier méde-
cin de l'empereur, lui procura nue
pension de c< nt florins, sur les droits
tic la sfcrélaireru' de Sicile. Quoi(|ue
relevé de son oxcomnnmicalion par le
cardinal Pignalelli, arclu'vê(jue de Na-
plcs , il ne laissa pas décomposer quel-
ques petits écrits satiri(pies contre sa
sentence, contre la prohibition de son
bvre,etc. Mais par le conseil de ses
amis, il ne les fit circuler (juVn ma-
jMSciit. Cvbl surtout dins ces opus-
GIA
Cilles que sa passion contre la cour de
Rome ne connut plus de bornes. Pen-
dajit son séjour a Vienne, oii ii jouis-
sait de la faveur des grands cl des gens
de lettres , il travailla à un ouvrage in-
titulé : Iltriref^no, ossia delregno del
cielo, délia terra, e del papa , qui
l'occupa près de douze ans, et auquel
il ne mit la dernière main qu'à Ge-
nève (1). Don Carlos étant monté
sur le trône de Naples et de Sicile
en i 7.54, Giannone perdit sa pension
et toutes ses espérances. Contraint de
quitter Vienne, il se retira à Venise,
où il fut accueilli avec de grandes
marques de distinction, par les per-
sonnes de qualité et les gens de lettres ,
surtout par le sénateur Ar^giolo Pisa-
ni , qui lui donna un logem^^nt dans
une de ses maisons. Il refusa la charge
de consulteur de la république, et la
chaire de droit romain dans l'univer-
sité de Padoue , avouant ingénument
qu'il n'était point en état d'expliquer
les lois , selon i'us «ge d' s écoles , en
langue latine. Le repos dont il comp-
tait jouir à Venise, ne fut pas de
longue durée. Dénoncé comme peu
lavor ble aux prétentions de la répu-
blique sur la mer Adriatique, il lâcha
de conjurer l'orage, en publiant une
Letlera intorno al dominio del mare
ytdrialico ed ai trattati seguiti in
Venezia ira papa ALessandro III e
Vimperador Federico Barbarossa :
mais les inquisiteurs de l'état prirent
de l'ombrage au sujet des visitts pro-
longées (pul rendait aux ambassadeurs
di' l'ranre et d'Espagne; son eloigne-
nu'ut fut décidé, et, la nuit du *i5
sr|)l«'mbre 1735, des sbires l'enlevè-
rent et le l'onduisircnt dans unebar-
(i> Cet oiivr.icc , dans Irqurl rhoinmr ot re-
prtaroté tiiccFt.iiveinenl dans l'cul «1» luliirr ,
s>nis l.» lui ilr ^riicr . <*C sont l» iloniinntioii lciiii.u-
rrUr ilrj |imir., , <|rv«il c>>m|)rril<lrr »ln t'p.>i|uc« ;
i'-\ iroK |iriMiiit'm sVlriKlriil |Uii}it'au UCU\(i:niC
$M lI« , Iv rcuc u'u {)«! et*.' attiL-vc.
(;1V GIA ôo!')
(jiic jusqu'aux fronlii'rcs du territoire délie de Turin (i), où il passa dnu/.-»
lie Ferr.nc, La crainte de plus liraiids ans conbccuîifs daus les troubles et
malheurs ro])Ii^<a de chanj^er son l'a^itilion. C'est l.i (jue, pièlaut l'o-
iioni conlre celui de Anloine Rinaldo. reille aux avis du P. Frcver, de l'Ora-
Il séjourna à Modène , à Milan, à toirc, Gianiioiic retracta, le 4 ^vril
Turin, et arriva, avec son iils, à i -y 58, les maximes quiavaienl fait con-
Gcncve, le 5 décembre. Sa réputation, damner son Histoire. Cette soumission
qui l'avait devance dans ces diveises ne lui procura point sa liberté; car il
^illes, lui .procura, dans cette der- mourut dans sa prison , le 7 mars
iMcrc, l'accueil le plus satisfaisant de 1758, âgé de -y'i ans. On a publie, à
la part du doctciu' Turrelin, du rai- l^ausanne^cn i 7G0, scsOEuvres pos-
nistre Vcrnct et du libraire Bousquet, thumes , en i vol. iii-4*'. {Opereposlu-
qui lui fournirent tous les moyens do me in difesa délia sua Sioria civile
vivre à son aise. Il se dis})Osait à del regno di Napoli y con la di lui
faire imprimer un volume de supplé- profesûone di J'ede.) Louis Bochat ,
ment à son histoire, lorsque , conduit de Lausanne, avait traduit sonliistoire
]>ar un perfide ami, en 1706, pour en français ; mais le libraire Bous-
faire ses paques, dans un village ca- quet, de Genève, n'ayant pas vouiti
tholique appartenant au roi de Sar- se charger seul des frais de l'impres-
dai!;nc,il fut arrêté par ordre de ce sion, cette traduction n'a pas vu le
souverain : ses manuscrits lui furent jour. Celle de Desmonceaux, a paru
enlevés et envoyés h Kome (i). Lui- à la H.iye, en 1742 , 4 volumes
même fut meneau château de Miolan, in-4°. Les passages les plus virulents
et ensuite au fort de Cève. Il s'y occu- contre la cour de Rome, ont été pu-
pait, dans ses moments de calme, à bliés séparément (par Jacques Ver-
traduire divers ouvrages en italien , net ) sous le titre d! Anecdotes ecclé-
à écrire sur la politique , et à rédiger siastiques , la Haye, 1758, in-8''.
des Mémoires sur sa vie. La discus- Parmi les réimpressions de l'ouvrage
sion élevée entre les cours de Rome deGiannone, on dislingue celle qui a
et de Turin sur la nomination aux paru avec des éclaircissements de
bénéfices consistoriaux dans les états l'abbé Cestari. Dans le nombre des
du roi de Sardaigne, et qui fut ter- réfutations qu'on lui a opposées, nous
minée par le concordat de 1708 citerons seulement les /î///e55iom mo-
{Foy. GiACOMELLi), fournit à Gian- rali e teologiche sopra Vlstoria ci'
none l'occasion d'écrire , en faveur i>ile del regno di Napoli, d'Eusebio
des droits du souverain , un Mémoire Filopatro(le P. San-Felice, jésuite), en
qu'il envoya au roi. Ce prince parut 2 vol. in-4". , dont on peut voir l'ex-
le recevoir avecplaisir; mais il fit res- trait dans les Mémoires de Trévoux,
serrer l'auteur avec plus de soin, et dejanvier 1750. L'édition de l'^isfoire
ordonna qu'il fût transféré à la cita- du président de Thou, donnée à Lon-
: . dres par Samuel Buckley en i735,
(x) Son Triregno fut acheté à Genève par uu rCufermC ( tOm. Vil ) , UUe DisSCrta-
•bbé Bentivoglio, qui le vendit Sooécus à la cour |- H«» fiianrinnP «îilP la mpd^lillp ailfi
de Rome, et eu reçut de plus uu petit btnéHce l^"" "^ UianUOne SUr Id meUdUie qUC
pour un filt qu'il avaii eu avant de prendre le petit ^
collet. Ce manuscrit fut placé, avec d'autres du
même anleur, dans les archivet du tribunal de (l) Son fils n'eur pis la permission de l'y suivre;
rinqnisilion , oii il est resté. On en trouve quelque et on Tobligea même de sortir des états du roi de
jdép dans la secotide partie des Ofcluvres poslbumes Sardaigne. On le défrays jusqu'à Naples ; de-là il
de Gi<uttuac , imprimée à Londres eu i-^QQ. se reuvlit eu Hingrie , où il eiura au service.
3oi GIA GIA
Louis Xtl fit frapper, avec lalegcnJe laquelle on a joint la vie de Jérôme
Perdam Bàbjlonis nomen; el il y Savognauo, illustre capitaine et liltèra-
prouvc, contre le P. Hardouin, qu'elle leur vénitien , Venise , i5^2, "2 vol.
fiit allusion au jwpe Jules !I. La Vie in-8°. On a du même auteur : L Fie
de Giannone a c'te écrite en italien , de Niccolo Capponi, gonjalonier de
par l'abbé Fernando Panzini , et en la république de Florence , Florence y
latin, par Fabroni ( Fitœ llalorwn , iG'io. Tl. Délia republica Fioren-
tom.xii); on peut aussi consulier les tina^ libbri ^, V^enise, 1721 , in -8".
Memorie slorico-critiche de' Storici Giannotti était un excellent helléniste
Napoletaîdy par F. A. Sori.» , Na- et latiniste, et avait une grande capa-
ples, 1781. T— D. cité pour lesaffaires.Sesmœursétaient
GL^NNOTTI ( DoNATO ) naquit pures, son caractère affable; on lui
à Florence, en février i49i' Q^ioi- reprocliail cependant que , malgré
que sorti de la classe du peuple , son amour pour l'indépendance , il
il sut bientôt se distinguer par ses faisait trop sa cour aux plus riches et
talents. Souple , adroit, insinuant, il aux plus puissants parmi ses conci-
se captiva la protection de Tarugi, toycns. Son ouvrage le plus remar-
sccrétaire de la république, qui lui quable par rcxaclitude des faits et
procura une place, et eut soin de son pir l'élégance du style , est sa Ré-
avanccment. A la mort de Tarugi, publiifue de Fenise.heNAvçh\,AAr\s
r^icolas Machiavel'i crut pouvoir le son Histoire de Florence , fait beau-
remplacer; mais il était haï par le coup d'éloges de cet auteur. La /{re-
peuple autant que Giannotti en était colta di prose Florentine, Venise,
aimé. Celui-ci fut donc nommé secré- i -jo j , renlérme six Lettres de Gian-
lairedes Dix- de-la-liber ié (c'étaient nutli à Varchi. B— s.
dix citoyens qui formaient le conseil GLiUDlNl (Felice), célèbre vio-
suprême, à la tête duquel était le gon- linisle, naquit à Turin, en avril 1*^ i(3.
falonier ). L'élection de Giannotti Son premier maître fut Lorenzo So-
affecta tellement son compétiteur, qu'il mis, un des plus habiles élèves de
en tomba malade et mourut bientôt Corelli. A peine âgé de dix-sept ans, il
après de chagrin. Giannotti se litre- partit pour Naples, oîi , par la re-
marquer, dans son nouvel emploi, commandation de Jomelli , il obtint
par ses talents et son amour pour une place parmi les Ripieni de l'or-
l'indépendance. Il montra beaucoup chestrc de l'opéra. On ne tarda pas à
d'habileté dans les négociations de reconnaître , dans Giardiui, beaucoup
Cosme 1^*". avec Gharles-Quinl ; mais de facilité et de talents, et on le plaça
voyant que ce prince , qui , avec de bientôt à côté du premier violon,
grandes qualités, avait beaucoup d'am- C.oujme il était déjà un bon concer-
bilion, cherchait à porter atteinte à la liste, il portait ce goût dans tout ce
liberté de la république, il se retira à qu'il accompagnait; de façon qu'il em-
Venisc, où il mourut en mai ifiGj. barrassail souvent lechanteur, dont la
C'est priulanlson séjour en cette ville, voix, quelque flexible qu'elle fut, ne
qu'il écrivit sa Repu'dica di f'enezia, pouvait suivre la vélocité de l'areliet
publiée à Rome, i54o, in-4". (1), à de Giardini. Son plus grand plaisir
. était de changer et de préluder les
(1) i;<aiiionari l'Ui-vir», i.fydr , iti5i , in-H . passagrs (ju'il avait à jouer. Il raconte
:;":";:;:«fr.r;:..X;;::" ■•■"" •" " '''• im-mùnc qu'uu jour que jomcn. éia.»
r
GT\ 01 A 3oj
venu se placer à rorclieslre auprès de cl un œuvre de sonates iValto , avec
liu, il (Il reçut nn vigoureux soufllet, accuinpj^ncinent de guitare. Gianlini
j>oiir prix des broili lies (|u'il ajoutait jouait presque loujoius ses coiicc.rtl
à sa paitie (l'.u:t:onipaj;neuienl. Apiès avec le violon de Gorelli , dotil il était
s'être lait admirer duis plusieurs possesseur, et qu'il coda ensuite à M.
cours et tlieàlies de l'Italie, il passa en Ciceri de Corne. Giardiiii , considère
Anf;letcrre, en 1744-^^" arrivée à connue chef d'orchestre, n'était pas de
Londres forme une épo(ju(; niémora- la force de Pugnani, son comp itriote,
Me dans l'histoire de la nnisique ins- quoiqu'il fût aussi grand nuisieien q:!e
trunicntale de ce pays. Il sut y in- lui; mais il égalait (t surpassait niênicle
troduiie le bon goût ,et parvint à faire célèbre Nardini de Florence (qui était
oublier aux Angi.tis leurs anciennes aussi son contemporain), dans la force,
rapsodies. Giardnii fonda en Angle- la pureté et l'expression de V adagio,
lerre une école de violon, qui a donné où il a eu fort peu d'imitaletus. Ses
dans la suite d'excelienls prolesseurs. œuvres sont pleins de goût et d'har-
11 y lit représenter , en »74^' "'^ rnonie; mais, malgré tout le mérite de
opéra séria Ejiea e Lavinia (qu'on ses compositions dramatiques, on y
joue avec succès sur les théâtres d'I- voit toujours le chant domine par la
talie), et un opéra-comique anglais, partie instrumentale, dans laquelle il
V Amour au village. \\ i^i\. Awssi ^YA- excel'ait. B — s.
ver, six œuvres de sonates pour le GlATTINI ( Jean - Baptiste ),
violon , trois livres de duos , deux jésuite sicilien , né à Palerme vers
œuvres de quatuors , un œuvre de i6oo, entra dans la société en i6i5,
quintelti, et six sonates, lin 1748, il et enseigna la rhétorique dans cette
vint à Paris, et joua avec beaucoup de ville pendant plusieurs années ; il
succès au Concert spirituel. Étant re- avait étudie' avec soin les langues orien-
tourné en Angleterre en i756,Us'as- taies, et était parvenu à savoir très
socia à iMeiigolti dans l'entreprise de bien le grec, l'hébreu, le cbaldéen,
l'opéra de Londres; mais y ayant dé- le syriaque et l'arabe: il possédait aussi
rangé consi<léiabIement sa fortune, il le talent de l'horlogerie à un assez
se hâta d'y renoncer, et se borna à haut degré. Il s'engagea par des vœux
jouer les 50Z0 dans \qs concerts. En solennels en i654. Envoyé à Rome
1784 il se rendit à JNaples, sous la par ses supérieurs, il continua de s'y
protection de sir William Hamilton, distinguer dans la carrière de l'ensei-
revint à Londres cinq ans après, et gnement, et ])rofessa successivement
fut ensuite appelé à la cour de Kussie, pendant le cours de seize années, dans
où il résida jusqu'à l'époque de .s.< mort, le collège romain, la logique, la phy-
arrivée en septembre 1796; il était sique , la théoiogie scolastique et la
alors âgé de quatre-vingts ans. La force morale, jl travaillait en même temps
de son tempérament pouvait lui faire à divers ouvrages , et s'occipail de
espérer de vivre encore davantage , la recherche d'anciens manuscrits. Il
s'il n'avait pas négligé un érysipèle mourut à Kome en 1672, après avoir
qu'il avait à la jambe. Il laissa , en pid)lié un grand nombre d'écrits,
manuscrit, a IM. Testori (habile so- dont voici les principaux : I. Quin-
prano^ qui avait vécu avec lui pcnd;int cjuaginta orationes de morte Christi
cinqar.s), deux œuvres, dits trios j9o7/i/m, Rome, i(i4i, in- 12. II.
de iamille , quatre souales de violon Orationes vîginti quatuor hahitcç
XVII. 20
5o6 G I A
ad summos pontijices et S. R. Ë.
cardinales, Rome, 1661 , in- 12. III.
Plusieurs autres Discours ou Ha-
rangues prononce's en diverses oc-
casions. IV. Différentes Pièces de
vers latins à la louan{];c d'eminents
personnages. V. Des Tragédies la-
tines à l'usage des collèges de la so-
ciété, et dont voici les titres : Léo
philosophas ; Cafres ; Anii^onus ,
iragœdia moralis ; Adriana Au-
gusta , etc. VI. tfne Logique et une
Physique en latin j la première im-
primée en i65i; l'autre en i655.
VII. Une traduction italienne de la
helation de la Chine par le P. Al-
vares Semedo, Rome, ^643, in- 4®.
VIII. Une Traduction latine de
l'histoire ( ilalieiine ) du concile de
Trente du cardinal Pallavicini , An-
vers, i67zet 1677, 5 tom. in-4".;
CiOloç;ne, 1 7 16 , m- fol. IX. Une Tra-
duction latine du grec des v et
Vf. livres de S. Cyrille d'Alexan-
drie sur l'Evangile de S. Jean^
d'après un manuscrit apporté de
Scia. Moréri cite, à ce sujet , un pas-
sade latin fort curieux , tiré d'une let-
tre de Holstenius à Pciresc, du 12
février 1654. Il '»» mande qu'un jé-
suite sicilien versé dans les lettres
grecques, et occupé de la recherche
des manuscrits, en a apporté de Si-
cile un très ancien, que depuis long-
temps il clierclie à déchiffrer pour le
traduire, mais qui fourmille de tant
de fautes qu'il n'ivait pu en venir à
bout. Il ajoute que le P. jésuite s'était
adressé à un jeune allemand qui écri-
V lit très bien le grec , et que lui Hols-
tenius occupait eu qualité de copiste ;
mais que le jeune liumine, à qui une
récora|»cnse avait été promise , se
trouvant embarrassé après quelques
essais , avait eu recours à lui ; que
considérant qu(î re minusciit était
pcul-elte iu»i<pie, tl que de JW piibii-
GIB
cation pouvait résulter quelque avan-
tage pour la religion , il 1 avait renus
entre les mains d'un prêtre de Cor-
fou, habile théologien et très expert
dans les lettres grecques; que ce prê-
tre en quelques semaines en avait f^it
une copie correcte , laquelle avait été
remise au jésuite , et emportée par
lui avec l'original en Sicile, d'où il
n'était pas revenu. « J'en ai , dit
» Holstenius à Peiresc, gardé un dou-
» ble pour publier ces livres dans
» l'occasion. Vous penserez, comme
» moi , qu'il faut tenir la chose se-
» crête, et qu'il est de notre intérêt
» comme de l'intérêt public de dire
« que le manuscrit a été acheté par
» le copiste allemand, ou trouvé dans
» la bibliothèque de notre cardinal
» (le cardinal Barberini, à qui Hols-
» tenius était attaché;. » Alegambe,en
parlant du travail de son confrère sur
les deux livres de S. Cyrille, dit que
lorsque Giatlini se préparait à les li-
vrer à la presse , un autre l'avait de-
vancé sans qu'on sût d'où il les avait
eus , eosdem undè undè naclus.
Soit que le passage de la lettre h
Peiresc jette ou non quelque lu-
mière sur ce fait, il est difficile, ce
nous semble , de disculper Holste-
nius d'un manque de délicatesse, pour
ne pas dire d'une infidélité. Giattini
avait aussi composé un Traité d' hor-
logerie, eidonné une Siàte des Con-
troverses du cardinal Bellarmin ;
mais ces écrite sont restés inédits.
L— Y.
GïBBES (Jacques-Alban), fils
de Guillaume Gibbes, médecin de
Bristol , naquit à Rouen vers l'au
i(n6. Après avoir fait ses huuiani-
tés à Sl.-Omer , il voyagea dans la
Belgique , en Allemagne , en Espa-
gne et en Italie, fia grande célébrité
dont jouissait alors l'université de Pa-
douc , rcUjj.jgou à séjourucr quclqiiC
Gin 01 B 5o7
Irmps dans celte ville. De la il se celte entreprise, des traces de ce sccp-
iTntlit ù Uorne , où il se fixa, et où ticismc ingenicdx, à l'aide duquel il a
il .jcquil bientôt beaucoup de repu- si souvent deinelc, ilans son //istoire
tatiod coinmo inc'dccin et comme lit- de la décadence cl de la chute da
tcr.iJcur. En lOS^, il parvint même à l'empire romain, les causes des cvé-
la chaire de rhétorique dans le col- nements et les mobiles des actions de.-?
ie'i^r de la Sapience; et en 16G7 il liomraes. Lg Siècle de Sésostris fut
H'mporta le prix de poe'sic. Avec la discontinue et jeté au feu quelques an-
couronne académique, il reçut selon nées après; mais l'impidsion etaildon-
l'usage , en celle occasion, une chaîne ncc, et Gibbon s'élait voue à l'élude de
d'or, qu'il envoya en présent à l'uni- l'histoire. Ses lectures l'amenèrent .i
versité d'Oxford, qui, en cchan^^e, lui s'occuper de sa religion; et Vflistoire
conféra le litre de docteur en méde- des variations des églises proies^
cinc quelques années avant sa mort , tantes de Bossiut , entraîna complc-
survrnue a Rome le '26 juin 1677. Il tement un jeune homme d'une ima-
a publié plusieurs ouvrages en vers ginalion mobile, et plein de zè!e pom*
latins , et un traité De medico en ce qui lui semblait la vérité. Il se dé-
trois livres, dans le genre de l'Ora- cida à abjurer le protcslanlisme , et Ht
leur deCicéron. Cii — t. celte abjuration à Londres, le b juin
GIBBON (Edouard), né le 27 1753, entre les mains d'un prêtre ca-
avril 1767 d'une famille ancienne, tholique : il en a parlé dans ses Mé-
raais sans illustration, est générale- moires avec une simplicité qui prouve
meut considéré comme formant avec sa bonne foi ; du moins y dit-il, je
Hume cl Roberlson le triumvirat des succombai sous unnohle adversaire.
grands historiens anglais , quoiqu'il Celle conversion ne plut point à sou
ait dit lui même qu'Un avait jamais père, qui, pour le punir de sa résis-
eu assez d* orgueil pour j accepter tance, l'envoya a Lausanne, chez M.
une place. Daus son enfance la fai- Paviilard, ministre protestant, lequel
blesse de sa santé, et l'extrême indu!- fut chargé de le ramener à l'église qu'il
gence de ses parents, nuisirent à son avait abandonnée. « M. Paviilard,
éducation; mais l'activité naturelle de dit lord Shefïield , dans une de ses
son esprit, et surtout son goût pour notes aux Mémoires de Gibbon , m'a
les lectures sérieuses , réparèrent de conté quelle fut sa surprise lorsqu'il
bonne heure le> inconvénients de cette vit devant lui M. Gibbon , cette pe-
négligence. L'histoire fut dès-lors l'ob- tile figuie fluette avec unegiosse têle,
jet de sa préférence, et par conséquent qui disputait et employait en faveur
de ses études. A l'âge de quinze ans, il du papisme les meilleurs arguments
entreprit un ouvrage historique, inti- dont on se fût servi jusqu'alors. » Les
tulc : Le Siècle de Sésostris ; et ce arguments du ministre Paviilard eu-
qu'il y a de remarquable , c'est que rcnt sans doute, sur ^'esprit du jeune
son travail avait pour but, non de Gibbon, moins d'influence que ses
peindre les exploits d'un conquérant, propres recherches, l'ennui que lui
mais de déterminer l.i date de son causait son exil , les privations aux-
existeucc. Déjà se manifestait en lui quelles le soumettait l'avarice de ma-
cet esprit de recherche et de critique dame Paviilard, et le désir de trouver
qui l'a si bien servi plus tard: on aper- des raisons qui l'autorisassent, à ses
çoit même ; dans ce qu'il raconte de propres yeux, à abandonner des opi-
30..
5o8 G I B
nions qui iui coûlaciut si cher à sou-
tenir. Au boul de dix - huit mois ces
raisons se pre'senlèrentà lui; et il fit,
au mois de décembre 1754, une ré-
tractilion aussi sincère que l'avait ëlë
son abjuration. « Ce fut alors , dil-il,
que je suspendis mes recherches théo-
lugiques, me soumettant avec une foi
implicite aux dogmes et aux mystères
adoptes par le consentement gênerai
(les ca'.holiques et des proles'.ants. »
Une telle soumission ressemblait de'jà
beaucoup à de l'indifférence; on ne re-
vient presque jamais à une entière
persuasion de ce qu'on a une fois cessé
tie croire, et ce fut sans doute pour
nvoir commence' par se fnire catholi-
<p«c, que (ji'ijbon finit par n'cire pas,
a beaucoup près , protestant. Après
sa conversion , il continua quelque
temps à habiter Lausanne; la pai faite
c onnaissmce qu'il avait acquise de la
langue française , l'agrément et la so-
lidité de son esprit, l'égalité douce de
son c;)ra<'ière, lui avaient acq lis une
considération pi émaluréc et le faisaient
rechercher dans le monde. Il poursui-
vit ses études avec ardeur , ne les di-
rige.int encore vers aucun but détcr-
iiiiné, mais toujours soigneux de les
faire servir à étendre S( s idées et ses
bnnières. Les Extraits raisonnes de
ses lectures , commencés à cctlt- épo-
que et publiés après sa mort, moritrent
<juclles étaient déjà la sagacité et la fi-
nesse de cet esprit éminemment rai-
sonneur et raisonnable: nous ne de-
vons lire,dv-\\ , que pour nous aidera
penser; tel fut en elfitla métliodecpul
.suivit constamment dans ses lectures,
et elles furent immenses : il ne don-
nait point de temps aux distractions
qui occupent si souvent tout celui des
jeunes gens. Un sentiment tendre cl
v. rluenx pour mademoiselle (>urcliod,
<l(-pui.s madame Mecker, fut la seule
«Jislracliuii qui l'arrachât momenta-
GIB
nément à ses études : il avait forme
le projet de l'épouser; mais lorsque
son père, qui en 1758 le rappela ea
Angleterre, eut refusé de donner son
consentement à ce mariage , Gibbon se
résigna à sa destinée : comme amant
je soupirai, dit-il; comme fils j^o-
héis ; et la lettre par laquelle il an-
nonça à mademoiselle Curchod qu'il
était forcé de renoncer à elle , pleine
d'abord d'expressions de douleur et
de regret, finissant par ces mots -.c'est
pourquoi j'ai Vhonneur d'être, ma-
demoiselle , votre très humble et très
obéissant serviteur , Ed. Gibbon.
L'élude, ei le soin de se former une
belle biblioîhèque, l'occupèrent dès-
lors tout entier. Eu 1761 parut son
Essai sur l'étude de la littérature ,
nn vol. in- 12, ouvrage très remar-
quable et par les idées dont il est
plein , et p;r la pureté avec laquelle
il est écrit en franç.iis : celte langue
était peul-élre alors plus familière à
Gibbon que la sienne propre; sans
cela on aurait peine à comprendre
comment , né Anglais et habitant l'An-
gleterre, il choisit , pour se faire con-
naître , un idiome étranger: son livre
fil moins de sensation en Angleterre
qu'en France, où il assura d'avance à
Gibbon, et surtout parmi les gens de
lettres, l'accueil le plus distingué. 11
interrompit quelque temps ses tra-
vaux littéraires pour essayer d'une vie
moins paisible: entré, avec le ;;rade
de capitaine, dans la milice du Hamp-
shire , il s'amusa d'abord, avec assez
de zèle, à étudiei la lactique militaire;
mais ce genre d'occupation conveihtil
aussi peu à ses goùls qu'à sa sanlé,
et une guerre active ne lui aurait pro-
bablement pas convenu davantage :
il y renonça bientôt, et quitta l'Angle-
terre en I 7f)5 pour se rendre à Paris,
où il lui reçu avec une extrême bien-
veillante. A-la-fuis homme de lettres
G 1 B Cl n nof)
fl homme (lu inonde. Gibbon devait ttiJinn qui avait mis des vêpres, des
i)laiic el .se pi. lire dans une sociclc où moines déchausses et dc^ processions,
les i;ens de letUts et les gens du mon- à la place des map;nifjquescciénionies
de étaient liabitiiclletnent réunis : ..SV du cullc de Jupiter, et des triomph.i-
j ' eusse elé riche et indepen ci a7it, dh- leurs du Capitule. Vax 1770, la mort
il , j'aurais prolongée et peut-être fixé de son père le laissa possesseur d'une
moM .sryof/r rt y^rtm y mais il n'y passa fortune assez considérable, nuis cm-
(jne trois mois , se rendit de là à Lau- brouillée : après avoir mis de l'ordre
sannc, où il s'arrela près d'un an, et dans ses affaires, il conserva encore
partit enfin puur l'it die, qu'il desirait assez de biens pour pouvoir se féliciter
depuis long-temps de parcourir : « Ce de n'en pas posséder davantage : « L,i
fut à Home, dit-il, le 1 5 octobre 170/1, pauvreté el le mé^oris, dit-il , auraient
qu'étant assis et rêvant an milieu des abattu mon courage, et les soins d'une
ruines du Capitule, tandis que des fortune supérieure à mes besoins au-
moines déchaussés chantaient vêpres raient pu relâcher mon activité. » Ln
dans le temple de Jupiter, je mesc ntis cercle de cette activité ne larda pas à
frappé potjr la première lois de l'idée s'étendre au-delà de ses occupations
d'écrire l'histoire de la décadence et littéraires: en 1774 il entra au parle-
dc la chute de cette ville. » 11 ne mit ment ; il y siégea pendant huit anssans
pas sur-le-champ la main à l'œuvre ; jamaisouvrirlaboucheriln'avaitaucnn
retourné en Anglelene en 1765, un des talentsde l'orateur, et son caractère
premier livre de ï Histoire de la li- manquaitdecetteéncrgiequipeutquel-
berté de la Suisse , la part qu'il prit queroisy.supplécr.Sa carrière politique
à une compilation intitulée. Mémoires ne fut ni brillante, ni niêmehonorabic;
littéraires de la Grande - Bretagne il y manifesta des sentiments peu éle-
(/^.Deyverdun), et une brochure ren- vés, des opinions peu hhérales et une
fermant des Observations critiques faiblesse qui tenait moins à de la lâ-
sur le Vf livre de V Enéide , le pre- cheté qu'à de l'indifférence : attaché au
mier csssai qu'il aitécrildcius sa langue ministère de lord North , il soutint
maternelle (1770), furent jusqu'en les prétentions de la couronne, désa-
1 776 les seuls monuments publics de prouvées par la plus grande partie de
son activité littéraire. Mais ses études la nation, contre les droits des Amé-
et ses réflexions se dirigeaient cons- ricains, reconnus par tous les hommes
taramcnt vers le grand ouvrage dont il éclairés de l'Europe. On a trouvé la
avait conçu le plan ; et l'on ne peut guè- note suivante, écrite de la raaiu de M.
redouter que les lieux au milieu des- Fox, sur l'exemplaire des œuvres de
quels l'idée de ce plan s'était présentée Gibbon quilui avait appartenu: «Lors
à lui , la vivacité des émotions que lui de la déclaration de guerre de l'Espa-
avait inspirées la vue des ruines de gue en 1779, l'auteur de ce livre af-
Rome, les regrets dont il avait été saisi firma publiquement chez jjrook qu'il
à l'aspect de ce qui avait remplacé n'y avait rien à espérer pour l'An-
l'ancienne gloire de la ville inimor- glelerre , si l'on ne faisait couper six.
telle, n'aient influé sur la tendance et têtes dans le conseil-d'état, et si l'on
le caractère de son Histoire de la dé- ne les étalait, pour l'exemple, en plein
cadence el de la chute de l'Empire parlement : avant quinze jours il ac~
romain. Gibbon, en l'écrivant, ne cepta une place dans le même con-
vil dans le christianisme que l'insli- seil.» A la suite de cette note, venaiuit
5io GIB
trois couplets satiriques contre Gib-
bon, cents aussi de la main de M.
Fox. La place qu'accepta Gibbon était
celle de Lord du commerce ( Lord
cf trade ) , place commode et hon-
nçte j dit-il: l'honnêteté de Gibbon ne
s'élenJait pas jusqu'aux grands de-
voirs politiques, et il faisait cas surtout
de la commodité. Bientôt lassé cepen-
dant d'une carrière où aucune gloire
jie le dédommageait des tracasseries
départi, et peu attaché aui opinions
qu'il y avait manifestées comme à la
conduite qu'il y avait tenue, il se re-
tira coraplètrment des affaires publi-
ques en 1782, lors du renversement
du ministère de lord Norlh et de la
suppression du bureau de commerce.
Un pamphlet intitulé : Mémoire jus-
tificatifs destiné à répondre au mani-
feste qu'avait publié la cour de France
en commençant les hostilités , est le
a»cul monument de son existence par-
lementaire. Sa réputation était déjà
établie sur de»- titres plus brillants et
plus sûrs: en i -j-jô avait paru le i*'".
Tolume in-4°. de son Histoire de la
Aêcadence et de la chute de VEm-
pire romain. Le succès en fut prodi-
j^ieux; trois éditions se succédèrent
rapidement; on en fit deux contre-
façons à Dublin : « mon livre, dit-il
l'ii-mêmc, était sur toutes les tables ,
])re.s(pjc sur toutes les loiltttes. » La
■violence des critiques vint bientôt
troubler sa joie: les xv'^. et xvi". cha-
])ines de son ouvrage étaient une at-
liKpie évidente, bien que forladroile-
jnenl tournée, contre le christianisme :
le ckr{;é anglican sembl.» se lever en
masse pour repousser l'assailLmt; le
docteur Watson, depuis cvcque de
Landiiir, Piiestley, le dorleur "White,
Mr Divid Dalryniple, le docteur Chel-
^uIll, M. Davis, M. East Apthorp, J.
Bcallie, M. J. Millier, M. Tiavis,
le dotitm VYhitaUf ; clc, paruteut
GIB
successivement dans la lice, les uns
avec aigreur, les autres avec modé-
ration , presque tous avec moins d'es-
prit et de raison qjie leur adversaire :
les bénéfices , les pensions furent la
récompense de leur zèle. Gibbon fut
étonué et presque eftjrayéde cet orage :
« Si j'avais prévu , dit-il , la vivacité
des sentiments qu'ont éprouvés ou
feint d'éprouver en celte occasion ,
les personnes pieuses ou timides ou
prudentes , j'aurais peut-être adouci
ces deux chapitres , objet de tant de
scandale. » 11 n'hésita pas cependant
à persévérer dans une opinion qu'il
avait soutenue avec trop de partialité
sans doute , avec des vues incom-
plètes et trop exclusives , mais de
bonne foi : il publia sa Défense de
quelques passades des xv et xvi".
chapitres de V Histoire de la déca-
dence et de la chute de l'Empire ro-
main. Celte défense, victorieuse sur
quelques points, faible sur d'autres,
décelait touterhumcurqueles attaques
avaient causée à Gibbon ; et celte hu-
meur indiquait peut-être qu'il ne se
«entait pas tout -à-fait irréprochable.
Il conserva le même esprit dans les
II et iTi^. volumes publiés en i-jSi :
les trois derniers parurent en 178S.
Dès 1 785, Gibbon avait quitté l'An-
gleterre pour fiire un second voyage
à Paris, et s'établir ensuite à Lausan-
ne, auprès de son ami, M. Dey Ver-
dun, dans une maison charmante, où
il ne s'occupait plus qu'à jouir de son
repos et de ses études. Il a consacré
dans ses Mémoires le souvenir du
moment où il y termina le grand ou-
vrage qui était devenu le but de sa
yie. u Ce fut le '27 juin 1787, dit-il ,
entre onze heures et minuit, que j'écri-
vis la dernière ligne de ma dernière
page, dans un pavillon de mon jar-
din. Après avoir quitté la plume , je
lis plusicui6 tuuis da:is une allée cuu«
GlU Gin 3ii
Vrrle d'.jcacias d'où la vucsVlcnd sur commun des hommes, cl même aux
1,1 ramp.«c;iH', le lac cl 1rs iiiontaf;iic.s... esprits txciccs. Le premier et le plus
Je ne tii.s.simiiier.ti pas les |)remicres grand lort peut-ttrc qu'on puisse lui
CMiolions de ma joie en ce moment, ieproclicr,eslcctteal)Scnced'elevatioii
t(ninie rrndail ma liberté dallait p<nl- dans les sentiments, qui trompe d'au-
ôtrc établir ma réputation; mais les tant plus la raison , que l'historien se
mouvements de mon orgueil se cal- croit plus raisonnable quand il cousi-
inèrenl bientôt , et des sentiments dère le vice et la vertu avec la même
moins tumultueux et plus inelancoli- indiiTerence. I/imaginationde Gibbon
ques s'emparèrent de mon amc, lors- était mobile et son c;iractcrc froid; il
que je songeai que je venais de pren- se laissait aller aise'ment à admirer ce
die congé de l'ancien et agréable com- qui rétonnait,ct il jugeait mal ce qu'i^
pignon de ma vie, et que, quel que ne savait pas sentir. Apres s'être ef-
}ûl un jour l'àgc où pai viendrait mon force de rabaisser le courage héroïque
ïùstoire, les jours de l'historien ne des martyrs chrétiens, il prend plaisir
jiouvaienl être désormais que bien à célébrer les féroces exploits de Ta-
courls et bien |)récaires. » Gibbon merlan et des Tartares : la grandeur
pouvait espérer, sans trop d'orgueil , matérielle, si on peut le dire , le frap-
que son ouvrage lui survivrait long- pe^-heaucoii^jîlus 4ue la grandeur
temps: une réaction inévitable a ame- morale; et les élans d'une vertu su-
ré dans les opinions une révolution blime ne pénètrent point jusqu à son
à peu près contraire à celle qu'il con- ame, tandis que les écarts çl*une force
tribua à opérer; et X Histoire de la barbarejedllisent son imagination et
décadence et de la chute de VEm- égarent son jugement. Il n'avait point
pire romain n'a presque rien perdu de principes fixes en morale, en politi'
dans l'estime publique. Une érudition,) que, en économie publique, surtout ce
vaste, solide et surtout bien variée,) qui constitue l'ensemble de la société et
une critique aussi exacte qu'ingénieu-V l'histoire de la civilisation :de-là résulte
se, un intérêt de narration, sinon dans sesjDpinipns_mie incertitude qucl-
toujourségal, du moins toujcrs assez quefois embarrassante; son ouvrage ne
soutenu pour ne laisser jamais de tend point vers un but unique; la mar-
place à la langueur, des vues quel- che n'en est pas ferme : et c'est en un
quefois profondes, souvent étendues motl'ouvraged'unhommeéclairé,doué
et presque toujours justes , des ré- de cet esprit philosophique qui exa-
flexions piquantes, l'art de rattacher mine, décompose et peint avec habj-__
les faits à de grandes idées dont récri- letc tous les détails de l'histoire dont
vain ne connaissait pas peut-être toute il s'occupe, pbitôt que celui d'un grand
la fécondité, mais qui excitent à la philosophe qui fait jaillir du sein d'un
méditation l'esprit du lecteur: ce sont nombre immense (jfe faits, ces hautes
là sans doute des mérites plus que suf- conceptions, ces vérités d'un ordre
fisants pour justifier les espérances de supérieur qui s'appliquent à toutes les
Gibbon, et assurer la durée de son histoires et à tous les siècles. La rè-
ouvrage. D'ailleurs ces mérites sont volution française mit au grand jour
faciles à saisir ; tout homme éclairé les l'incertitude des opinions de Gibbon ;
aperçoit et en connaît le prix , tandis la juste horreur qu'elle lui inspira , le
que les vrais défauts de Gibbon sont fit tomber dans une nouvelle exagé-
du nombre de ceux qui échappent au ration : il soutenait alors qu'il n'avait
5i2 GIB
attaque le christianisme que parce que
les chrétiens «le'truisaicnt le polythéis-
me , qui était l'ancienne religion de
l'Empire. « I/église primitive dont j*ai
parlé un p( u familièrement, écrivit il
au lord Sluffield, était une innova-
tion ; et j'étais attaché à l'ancien éta-
llfîssemf'nt du p-^ganismo. » Une suc-
cession qui lui échut en 1791 , par la
mort d'une tanlc , ajouta beaucoup à
son aisance. I.ord Sliefficld , son in-
time ami, était venu le voir à Lau-
sanne la même année j et Gibbon
lui avait promis de le suivre bientôt
en Angleterre , pour échap er aux
orages qui bouleversaient alors le
continent. L'ét.U de sa santé et la dif-
ficulté d'un déplacement l'empêchè-
rent quelque temps d'eiécnter ce pro-
jet; mais, en i7C)5, ayant reçu la
nouvelle de U mort de lady SlieiFicld
qu'il aimait tendrement et qu'il appe-
lait sa sœur, il pirtit sur-le-champ
pour aller consoler son ami : six mois
environ après son arrivée en Angle-
terre , ses incommodités toujours
croissantes l'obligcrcnt de subir une
opération qui , renouvelée plusieurs
fois , lui laissa l'espérance de la guéri-
son , jusiju'au 16 janvier 1794» jour
où il mourut sans inquiétude comme
sans douleur. C'est dans ses Mémoi-
res, ouvrage écrit avec la complaisante
franchise d'un homme content de lui-
même et de sa destinée , qu'on peut
apprendre à connaître son c.iractèrc;
c était celui d'un homme aussi bon et
aussi honnête qti'on peut l'être avec
nnc sensibilité peu profonde_çt des
scntîmenTr droits ^ "mais peu élevés :
*on alTection pour ses amis se peint
néanmoins d'une manière intéressante
dans SCS Lettres h lord Mi< ilb Id et à
quelques autres personnes. Gibbon
parlait le françiis avec correction et
inènie avec élégance : le style de ses
cVnii anglais u clé admiré cl critiqué
. GIB
tour à tour; il a de la concision , de la
vivacité, souvent de l'éclat : mais une
certaine reeheiche de tournures pi-
quanl(S et brèves, line tendance j>res-
que contiunclle, surtout dans les der-
niers volumes, à la pompe et à l'efifet,
en allèrent la simplicité et quelquefois
même la clarté; plus animé que celui
de Hume, plus pi'toresqueque celui de
Ivobertson, il n'a ni la majesté soute-
nue de l'iui , ni la limpidité facile de
l'autre. Son Histoire de la décadence
et de la chute de l Empire romain a
été traduite dans presque toutes les
langues de l'Europe, en espagnol , en
italien, et deux fjis en allemand. Le
I''^ volume fut traduit en français par
IVI. Lecicrc de Septchênes, secrétaire
du cabine! du lioi ( 3 vol. in-8°., Pa-
ris, 1 777) ;on prétend que le premier
chapitre iVriil été traduit par Louis
XVI, qui ne voulut pas continuer lors-
qu'il vil les att.jques de l'auteur contre
le christianisme, cl remit alors sa tra-
du« tion à M. de Seplehênes qui l'a-
cheva : les volumes suivants furent
sure ssivement traduits par MM.Gint-
well , Demeunicr el Bouîard; et l'ou-
vnv^c entier parut en 18 vol. in-8°.
Celte traduction a été refondue par
l'auteur de cetai tiele, qui y a joint une
Notice sur la vie et le caractère de
Gibbon, et des Notes sur l'histoire
du christianisme, if) vol. in-8". , Pa-
ris, 181 '2. Après II mort de Gibbon ,
ses OEuiTes diverses furent publiées
en '2 vol. in 4". par lord Slu flield. Ce
recueil contient , outre les p»lits ou-
vrages dont nous avons déjà parlé et
quehjnes autres Estais <le peu d'im-
portance, les Mémoires de Gibbon ,
sa Correspondance ^ cl les Extraits
raisonnes de ses lectures : il a été
réimpiimé à Hàlc ( i79<i, 7 vol. in-
8". ) , ainsi que X Histoire de la dé-
cadence et de la chute de l'Empire
romain, i3 vol. in 8". Les Mcmoi'
G in
rf< et <j»i.!<jii(s Opusrulcs ont ('f(' Ira-
(iiiils (Ml Irançnis (par M. lVIarip;ni(') ,
9. vol. iii S'. 1.01(1 vShrflicId a donne,
à la (in tic uSi4, imc édition iion-
vcllc d< s OEiwres diverses ^Miscel-
laneous works) de Gddwn , avec ses
Mémoires y Londres, f) vol. in-8°.,
»)rn(e d'un jioiiveau porliviit de l'au-
ttur et de quatre gravures. On y trou-
ve, en écrits inédits, plus d*«ni tiers
déplus que dans la première édition.
Toute cette nouvelle partie a e'ic eu
même temps imprimée en un volume
in-4\, pour compléter l'édition de ce
format qui avait paru vingt ans au-
jiaravanf. Comme ce volnmc doit être
encore peu répandu en France , nous
allons présenter ici les titres des prin-
cipaux écrits qui le composent: i°.
Essai sur la monarchie des Mè-
des , pour servir de supplément aux
dissertations de MM. Frérct et de
Bougainwille (en français). — i". Des
extraits d^ ses Recueils ( Comnwn
place looks), contenant des observa-
tions critiques sur des auteurs célè-
bres, anciens el moderne»?, et parti-
culièrement français. — S"*. Des Let-
tres de Gibbon , et d'autres à lui
adressées par des personnes distiu-
p;uées , et entre autres par Horace
Walpo'e et M'"^ Neckcr.-4°. ]/ In-
troduction de ses Extraits des Com-
mentaires de Blackstone, — 5". Un
morceau sur la navigation autour
de l'Afrique. G — t.
GIBBONS ( Grinling ) , sculp-
teur et statuaire anglais , naquit à
Londres, de parents hollandais, à ce
que l'on croit. Il s'attacha d'abord
particulièrement à la sculpture en
bois; et il avait acquis une grande ha-
bileté dans son art, lorsqu'il vint ré-
sider à Dtptford , où il se lia avec
Jean Evelyn , qui le recommanda à
Charles II. Ce prince lui donna une
place dans la direction des trava«!X pu-
(ilB Si'i
blirs, el le cliM7,ea des ornements de
sculpture de la chapelle de Windsor.
(iibl)ons s'acquitta de cette tâche av(;c
beaucoup d<r succès. Ses ouvrages ,
dans celte chapelle, exécutes en bois
de tilleul, représenient des j)élicans,
des colombes, des palmiers et .l'au-
tres emblèmes tirés de rÉeriture-
Sainle. On cite de lui aussi le beau
piédestal en marbre, qui porte la sta-
tue équestre du Roi dans la ( our prin-
cipale, à Windsor; la base de la sI;j-
lue à Charing-Cross, et la statue de
Charles II à la Banque; le feuillage
du chœur de Tég'ise de Saint-Paul de
Londres; les fonts de b;iplême dans
l'église de Saint Jacques , et un grand
nombre d'au'res ouvrages d'ornement,
dans les palais de Burleigh, de Chat-
worth , et ailleurs : mais on distingue,
comme ce que son ciseau a produit de
plus parf.it, Icserabellisscmentsdout
il a orné le lambris d'une v.iste cham-
bre à Petworlh, tels que des festons
de fleurs, du gibier, un vase antique
avec un bas-relief du goût le plus
pur, etc. On lui attribue la siatue en
brjnze de Jacques II, dans Privy
gardeTi.Cel artiste mourut à Londres,
le 3 août ^-j'ii. Horace Walpole,
qui possédait dans sa collection plu-
sieurs de ses ouvrages, dit que « per-
« sonne avant lui n'avait donné au
« bois la légèreté souple et aérienne
« des fleurs, et n'avait groupé les di-
» verses productions delà nature avec
» l'air de désordre naturel à chaque
» espèce.wDesfleurs que Gibbons avait
sculptées s'agitaient , s'ébranlaient
d'une manière surprenante, par le
mouvement des voitures; et il avait
sculpté une plume qu'on ne distin-
guait pas d'une plume naturelle. ~-
Oriando Gibbons , musicien composi-
teur anglais, ne en i585, fut, dès
l'âge de vingt-un ans, organiste de la
chapelle royale. Il publia à Londres,
3ï4 GIB
en 1612 , des Madrigaux à cinq
parties , pcfur des voix et des quin-
tetli ; et plus tard, des Offices d'é-
glise et des Antiennes, dont la com-
position est rangée parmi ce qu'il y a
de meilleur en ce genre, et qui sont
encore généralement en usage aujour-
d'hui en Angleterre. De ses Antiennes,
h plus célèbre est son Hosanna. On
lui doit ausiïi la musique des Hymnes
et Cantiques traduits en anglais par
George Withers. I/université d'Ox-
ford lui conféra , en 1G22 , le degré
de docteur , sur la vive recommau-
dafion du savant Camden. Gibbons
avyit composé la musique pour la so-
lennité du mariage de Charles P""., à
laquelle il se préparait d'assister ,
lorsqu'il fut attaqué de la petite vé-
role, et en mourut en 1625. Son fils
Christophe, et ses frères, Edouard et
£llis, avaient suivi la même profession
que lui. X — s.
GlijBONS( Thomas ), théologien
anglais de la chisse des Dissenters , né
^'n l'j'io à Reak, paroisse de Swaf-
fham - Prior , près de Newmarkot ,
était fils d'un ecclésiastique , et fut
nommé, en I'J^t., prédicateur sup-
pléant d'une congrégation établie dans
iJilver - Street , à Londres. L'année
suivante, il fut appelé aux fonctions
de pasteur de la congrégation des in-
dépendants, à Haberdasher's-hall: il
devint , en 1754 , '•» des institu-
teurs d'une maison d'éducation pour
les Dissenters j à Mile-end, et, en
i^Sç), adjoint aux théolugi(ns ihar-
j;és des lectures qui se font les di-
manches au soir d.uisMonk\vclIslr('ct.
Jl publia, en 1777, un ouvrage inti-
tulé : Fcwale ivorihics , etc. ( La
salaire du sexe , ou Fies et Mémoi-
res de femmes éminemment distin-
guées par leur piété), 'à vol. in-8".
Cet ouvrage, le plus important de
uui qu'il .4 donnés au public, a eu
GIB
récemment les honneurs d'one e'di-
tiou nouvelle, augmentée par George
Jeoment , et suivie d'un 3^ volume
par S. Burd , chapelain du duc de
Kent, Londres, i8i5 , 3 voLin-S**.,
ornés de 18 porti'aits exécutés avec
soin. Gibbons avait reçu , en 1764 ,
le degré de docteur en théologie d'un
des collèges d'Aberdeen. 11 monruir
d'une attaque d'apoplexie , le 22 fé-
vrier 1785. Sa grande piété, la sim-
plicité et l'austérité de ses mœurs lui
avaient, plus vraisemblablement que
ses talents littéraires, mérité une pro-
fonde estime du docteur Johnson. Il
avait un penchant invincible à rimer,
malgré Minerve , et s'y livra toute
sa vie : mais on lui reconnaissait du
savoir et du talent pour l'enseignement.
Nous citerons encore, parmi ses pro-
ductions , une Rhétorique , 1 767 ^
in-8''.; des Mémoires du révérend
Isaac fVatts, 1780, in -8'., et 5
volumes de Sermons sur des sujets
évangéliques et pratiques, pubiu^s
par souscription après sa mort.—
Un autre Thomas Gibbons a com-
posé des Hjmnes adaptés au culte
divin y qui ont été imprimés en 1 784,
Londres, in- 12. On y trouve des
pensées élevées , mais malheureuse-
ment exprimées. Il était mort en
178"). X--S.
GIBDS , GIBRESIUS, GUIB-
BELS ou GUIB (Jean Frédéric) ,
médecin écossais, naquit à Dumler-
ling. Pour se soustraire à l'affligeint
sptctacle de la guerre et des troubles
civils qui désolaient l'Angleterre, il
se détermina à voyager en sortant de
l'université de Saint-Andié où il avait
fditscs éludes littéraires. Il parcourut
successivement la Fr,>n<e, la Hollan-
de , rAlIcmagne, l'Italie, la (irece,
la Natolie , la Syrie et l'Egypte. Il re-
vint ensuite en Italie , s'arrcla quel-
que tenqis à Borne , cl se rendit a
GIB OîB 5t5
r.idouc dans le dessoin d'y éliidier l.i genre de pcinfnrc où ce dernin s*ei>t
médecine. Toui mente sans eose par illiis!rc, {^eme eiuinenimcnl propre a
l.i iM.inir des voy;4j;e.s , il quitta bien- la decor.ilion des cdiliers puLlics, vt
tctt crite ville, repassa en Krance, cl prf'scpjeahandunne parmi nous depuis
s'arrêta à Andusc, en l^aiij;uedoc, pour lon{];-lemp.s, la pemture luonochronio
y ens( igner 'les Iniwanites. Quelque à fresque. Apres avoir séjourne dix.
temps après, il (ut appelé à Nîmes années cà Home, et avoir i emporte nii
jiour y professer la rhcioriqne. De là prix à l'académie de Parme, en i ^GH
il se rendit à Valence , et fut agiegc , ou i 'j6g, pour son tableau reprcsin-
cn I 75i , au collège des médecins de tant Aclulle qui combat le fleuve Sca-
cclte ville. La chaire d'éloquence du mandre, d vint à Paris en 1771,01
collège d'Orange lui ayant ete offerte fut presque aussitôt cliargé de peindre
quelques années après, il vint pro- la grande fresque raonoelnome qui
fesser dans cette ville , et y attira, orne encore le grand amphithéâtre de
par sa réputation , un grand concours l'Ecole de chirurgie, aujourd'hui l'E-
tréludi.'.nts. Détermine enfin à mettre colc de médecine; édifice dont on ve-
nn terme à sa vie errante, il s'y ma- nait de poser les fondements. Celle
lia , se fil recevou- docteur en méde- grande peinture, de 72 pieds de long,
cine, et se proposait de se livrer ex- sur 18 de haut, espèce de fiise, qui
clusiveraeut à la pratique de cet art, règne au-dessus de la porte principale,
lorsque la mort vint le surprendre le fut exécutée en 1775. Elle est divisée
27 mars 1681 . Gibbs n'a laissé au- en trois parties : au militu, Louis XVI,
cun ouvrage digne d'être transmis à la sur son trône, paraît entoure des
poslérité. Il regardait les vers comme vertus royales les plus propres à fi-
la cause de presque toutes les raala- voriser les progrès des sciences et des
dies : mais cette opinion paradoxale, arts; à droite est Escuiape, dévoilant
soutenue long-temps avant lui, et re- les secrets de l'anatomie à ses disci-
produite récemment par quelques pies, sur le corps d'un homme mort;
modernes, le dislingue moins que sa à gauche, une bataille; on voit sur
passion dominante pour les voyages, les devants, des chirugicns qui pan-
Cu — T. sent des blessés. Ce maître a peint
GIBELIN (Esprit- Antoine) , encore: I. Une figure colossale d'Hy-
peintre et antiquaire , correspondant gie, ou la Santé, et six figures gran-
de rinstitul de Erance, naquit à Aix des comme nature, représentant i'Os-
cu Provence, le 17 août t739. Vai- téologie , l'Angiologie , etc. toutes à
iicmeut sollicité de s'attacher soit au fresque , la première dans l'escalier
commerce, soit au barreau , il se con- du même bâtiment, les autres, dans
sacra à la peinture, où l'appelait une la salle des actes. II. Deux fresques ,
imagination féconde et brillante, et fut aussi monochromes, en plein air, dans,
d'abord dirigé par un peintre d'Air , les frontons des deux pavillons méri-
Dommé Arnulfi, élève de Benedetto dionaux de l'École militaire ; Tune re-
Lutfi. Son admiration pour les grands présentant le génie des sciences mili-
modèles l'ayant entraîné de bonne taires , entoure' d'instruments propres
hciue en Italie, il se livra à l'étude à ses études; l'autre, le dieu Mars , ou
de l'antique, de Raphaël , plus encore le génie même de la guerre, environne
peut-être de Jules-Bomain etdePoly- de syn»boles guerriers , tenant d'untr
dore, et s'attacha particulièrement au maiu unecpée uuc , cl de l'autre alti-
SiG
GIB
ranl un coursier sur une route mon-
tueusc.lll. Une fresque raonochromc
de plus de 25 pieds de lonç;, repré-
sentant une prédication de St. - Fran-
çois , dans le cLœur de i'église des Ca-
pucins de la Chaussée - d'Antin , au-
jourd'hui la paroisse St. -Louis, raonu-
inent bâti par Brougniarl. Celte fres-
que d'un bon style subsiste encore,
ainsi que les preVéd 'i.tts; (l quoiqu'elle
ait été recouveile d'un lait de chaux
pendant la révolution, il serait facile
de la rendre au jour. IV. Plusieurs
fresques , les unes monochromes , les
autres a toutes couleurs, dans des
maisons de particuliers, tantôt dans
des intérieurs , et tantôt en plein air.
Gibelin a aussi peint quelques tableaux
à l'huile; un Accouchement et une Sai-
gnée , placés dans une des salles de
l'École de chirurgie; la Correction con-
jugale, etc., etc.; on y remarque à
regret que sa prédilection pour la fi es-
que monochrome lui avait trop fait
négliger dans sa jeunesse une partie
de l'art qu'il rechercha avec effort et
peu de succès dans un âge plus avan-
cé, la vérité de la perspective aérien-
ne; mais on y retrouve aussi l'esprit,
l'ame , nous pouvons dire, le génie ,
qui ciractérisent toutes ses produc-
tions. Les dessins de ce maître , re-
cueillis dans divers cabinets, se font
presque toujours distinguer par des
idées neuves et ingénieuses. r*Jourri
de la lecture des auteurs anciens, et
forme par une longue observation des
monuments de Home , il a joint aux.
talents d'un artîste les connaissances
d'un antiquiirc. Nous avons de lui
plusieurs ouvrages : 1. F.etlrc sur les
tours antiques (ju'on a tlémolies à
Aix\, en t'rovence, el sur les anli-
quitt's qu elles renfermaient , Ai\ ,
1787 , in -4''> onxcc de onze plan-
ches. IL De Vori^inc et de Informe
(lu bonnet de la liberté , Faiis , an
GTB
IV ( 1796), in -S'*., avec cinq plan
ches, ouviageoù l'auteur a déra^jutrc
que le bonnet de la liberté, dans U
forme qu'on lui donnait pendant les
désordres do noire révolution , n'était
point chez les anciens un emblème de
la liberté, mais plutôt un signe d'es-
clavage. ÏIL Mémoire sur la itatue,
dite le Gladiateur Borghèse (inséré
dans les Mémoires de la classe de lit-
térature et beaux-arts de l'Institut ,
tom.iv); disseilation où il a cru pou-
voir soutenir que cette figure repré-
sente un Sphériste, ou joueur de bal-
lon. IV. Second mémoire intitulé, Sur
le Gladiateur Borghèse (imprime
dans la Décade philosophique, an xii,
•2^ trimestre). Y.^Sur la mosaïque
(même journal , an x , i'"". trimestre".
VI. Mémoire sur un groupe de mat'
bre blanc , représentant deux en^
fants y découvert a Vienne , dépar-
tement de VIsère {même journal , an
X, 5'". trim.) VIL Eloge funèbre du
général Dugommier , Aix , an m
(1795), in-4 ". VIIL Discours sur la
nécessité de cultiver les arts d'imi-
tation, Versadles , an viii(i7<)9),
in-4°. de seize pag. IX. Observations
critiques sur un bas-relief antique ,
conservé dans l'hôtel- de-ville d'Aix.,
et sur des mosaïques découvertes
près des bains de Sextius , de la mé*
me ville , Marseille , 1 809, in - 8". ,
avec cin(i |)1., etc., etc. M. Etienne
Beisson a gravé, d'après lui (à la ma-
nière noiie), le Chagrin monte en
croupe ; P()r[)or.»ti , li Pre'lresse
compatissante ; Valperga, la Cor-
rection conjugale. 11 a gravé lui-mê-
me, à l'eau-lorte , son tableau repré-
sentant unAccouchementyCi plusieurs
autres de ses compositions. On trouve
dans l'ouvrage intitulé, Description
des écoles de chirurgie , par M. (ion-
doin (iu-lol., 1781)}, des gravures de
la fresque du grand amphilheàlie de
Gin
wtto pcolc, clc. ("lilx'liu ne doit ctrc
pl.KH", ni p.iniii les habiles coK)rislos,
ni iiKMiic |),iriiii les dcs^'inatcurs cor-
rects; mus on reconnaît, dans tontes
SCS coin[)usilions pitioresques, de l'in-
Tenliou , du sentiment, de la verve,
un slvie noble et gracieux, des pen-
sées cliVecs, intéressantes, toujours
heureusement appropriées à ses su-
jets. Un des premiers , il a fut briller
dans le style l'aurore du bon 'j;oul, au
milieu de la corruplion de notre école.
Nous lui avons l'obligation p.irticulicre
d'avoir l'ail renaître parmi nous l'art
de 1» fresque , et d'avoir prouve, par
d'heureux exemples , que ce genre de
peinture peut être employé en France
dans les lieux ouverts, maigre' l'humi-
dité du climat. Cet artiste est mort à
Aix, le 25 décembre i8i4» '^S<^ de
soixante - quatorze ans. Un de nos
écrivains a fait une erreur que nous
ue saurions passer sous silence , lors-
qu'il a attribue à un autre peintre
nommé Grihelin les deux composi-
tions de la Prêtresse compatissante et
de la Correction conjugale, et qu'il
a donné à ce Giibelin les prénoms
d'Antoine- Esprit. Gribelin , peintre
cl graveur , naquit à Blois, vers le
milieu du xvii'. siècle, et se rangea
parmi les imitateurs de Lebrun. Son
prénom était Simon; il eut un fils ,
graveur comme lui, qui paraît avoir
porté le même prénom , et qui a passé
une grande pai tie de sa vie en Angle-
terre. Ces deux artistes n'ont rien de
commun avec Esprit- Antoine Gibelin ,
po^térieurde cinquante ans au dernier
d'entre eux. E — c D — d.
GIBE1\T( Jean-Pierre ), l'un des
plus savants canonistes de France ,
naquit à Aix, en i65o, d'iuic bonne
famille de robe. Son père était .réfé-
rendaire à la chancellerie : le fds se
consacra de bonne heure à l'éiatecclé-
siaatique enrecevanl latonsuie3 mais
Gin 5f7
il ne voulut pas prendre les ordres;
et l'on ne peut allribuer cette résolu-
tion qu'à sa profonde hinnilité. Apres
avoir terminé ses études, il fut reçu
docteur en droit civil et canonique.
L'évêque de Toulon ( Chalucet ) le
chargea d'ejiseigncr la théologie dans
son séminaire; et , quelques années
après, étant revenu à Aix , à la prière
de ses parents , Gibert enseigna la
même science au séminaire de cette
ville. 11 vint à Paris en i7o3; et
quoique son mérite le fît rechercher
avec empressement , il se refusa à
toutes les instances qui lui furent fai-
tes, et vécut constamment dans la re-
traite , partageant son temps entre l'é-
tude et les exercices de pieté, auxquels
il se livrait avec autant d'exactitude
que d'édification. Il ne voulut accep-
ter aucun des emplois qui lui furent
offerts, et se montra toujours extrê-
mement désintéressé. Il distribuait ,
chaque semaine, aux pauvres, les
sommes qu'il prenait sur son néces-
saire. Ce savant respectable mourut
d'apoplexie à Paris, le i novembre
1756, à l'âge de -jG ans , et fut in-
humé dans l'église de Sainl-Côme.
Gibert , dit Bougerel , était connu ,
estimé et respecté de tous les gens de
bien. Il répondait à tous ceux qui
venaient le consulter sur des matières
canoniques ; et l'on a eu recours à
ses lumières pour toutes les grandes
affaires arrivées de sou temps dans
l'Église. On a de lui: I. Les dei^oirs
du chrétien renfermés dans le
psaume 118, Paris, 1705, in-12.
II. Cas de pratique concernant les
sacrements en général et en particu"
lier , ibid. , 1709 , in- 1*2. III. Doc-
trina canonum in Corpore juris in-
clusorum circà consensum paren-
tum requisiluin ad matritnonium
fdiorum minorum, Disquisitio histo-
rica^ ibid.; 1709, iu- 12. IV. Mé-
5i3 GIB GIB
moires concernant l'Écriture sainte, de M. J. P. Gibert, son cousin{ pat*
la théologie scholastique et l'his- le P. Bou2;erel), Paris, 1757, in-12.
taire de l'Eglise, pour servir aux 5'. Les Mémoires de Niceron , iome
conférer/ces des ecclésiastiques , xl ; et enfin : 4 "• Les Mémoires sur
J.uxembourj^ , 1 7 10 , in-i 2. V. Ins- les hommes illustres de Pro\^ence
tiUUions ecclésiastiques et bénéficia- ( par le P. Bougerai ) , Paris , 1752,
ies , suivant les principes du droit '\\\-\i. W — s.
commun et les usages de France, GIBEHT ( Balthasar ) , célèbre
Paiis, 1720, iu-4". ; 2". ëdiliou aug- professeur de ruriiversité de Paris,
nientëe, ibid. , i 736, 2 vol. in - 4'. cousin du précédent, naquit à Aix en
Get ouvrage est le meilleur de Gibert. Provence, le 17 janvier 1662 , et
\{. Dissertation sur l'autorité du commença ses études dans sa ville
second 01 dre dans le synode diocé- naiale. A l'âge de 12 ans, son père
sain, Rouen. 1722, in- 4°. VII. l'envoya à Paris, d'où il se rendit à
Usages de l'Eglise gallicane con- Soissons pour y continuer ses huma^
cernant les censures et irrégularités, nités sous les pères de l'Oratoire.
Paris , 1 724, in-4 '. J il y a des exem- Revenu à Paris , il fit sa rhétorique et
plaires avec la date de 1750. VIII. sa philosophie au collège d'Harcourt ,
Consultations canoniques sur les sa- prit l'habit et l'état ecclésiastique,
cremenls , ihid. j 17'^ï) 12 vol. in 12. suivit les cours de théologie en Sor-
IX. Tradition ou Histoire de VE- bonne, passa bachelier en cette faculté,
glise sur le sacrement de mariage, mais resta clerc à simple tonsure,
ibid. , 1725, 3 vol. in-^". X. Cor- Il n'avait que vingt-deux ans, lors-
pus juris canonici per régulas natu- que la ville de Beauvais lui fit offrir
rali ordine digestas , Gencve , l'jCfô; la chaire de philosophie de son col-
Lyon, 1737 , 3 vol. in fol. : ouvrage léj:;e;il l'accepta, et la garda jusqu'en
fort estimé. ( K Espiard. ) L'auteur 1688 qu'il fut appelé à Paris pour y
avait eu le dessein de le publier en occuper une chaire de rhétorique au
français , et il en a donné le plan dans collège Mazarin. On venait de l'établir,
cette langue. XL Conférences de Fé- et il en fit l'ouverture par un beau
dit de lOgS (sur la juridiction ecrié- discours latin. Cet emploi fut celui de
siastique) avec les ordonnances pré- toute sa vie; et il eut le bonheur de
eédentes et postérieures sur la même voir sortir de sou école un grand
matière, Paris, 1757 , 2 vol. in-12. nombre de su)ets distingués, qui rcn-
On a encore de lui d<'s Notes sur le dirent à l'Eglise et à l'Étal d'utiles
Traité de l'abus par Fevret, et sur services, il était juste que les hon-
la Pratique flu droit canonique d\i]?. nenrs académiques devinssent la rc-
Cabassut ; et il a laissé en manuscrit compense de tant de savoir et de zèle,
plusieurs ouvrages dont on trouvera L'université lui déféra cinq fois le
la liste dans la dernière édition de la rectorat; et il eut souvent occasion de
Bibliothèque historique de France, soutenir, en ci'lte qualité, les droits
On peut consulter, jMMir plus de de ce corps savant, soir en empêchant
détails ; 1". Eloge de Gibert, par la furmation de nouvelles umvrr.sités
r.ibbé Goujel , Paris, 1736, in-4". dans des villes qui eu arabilioniiaienf
2". Lettre à M. Gibert , professeur rétablissement, soit en s'oppusant à
de rhétorique au collège Mazarin , l'agrégation des jésuites à qnelques-
CM Von trom'C un abrégé de la vie uru> de ces corps. Ses dernières an-
GIB (ilB 3i9
tiet's furent tr(»uljlé<'S |)ir l< s afl!ii- 17^^^), 1707; cl les journaux re-
rcs du jansi'iiisiiio. l/uiiiveriilc avait tentircnt de ce procès liltcraire, des
adhéré à l'appel de la condamnation pièces duquel ou forma un Recueil,
des cinq propositions de J inscnius. qin a die imprime plusieurs fois. Uu
Lorsqu'il ftit ([ucstion de la révocation prélat, M. J^rûlarl de Sillery , éve-
de celle adhésion, Gibert, en sa qua- que deSoissons, ne dédaigna pas de
lité de syndic de la ficullé des arts, se mêler parmi les combattants; et il
s*y opposa, et s'attira la disi^race de prit le parti de Gibert, dans deux let-
la cour. 11 alla mourir à Hcgaines , très écrites à dom Lamy , et aux-
maison de campagne de l'évêque quelles le savant héuédictin répondit.
d'Auxerre ( Caylus ) , qui y accueil- D'autres critiques se partagèrent. IIL
lait ceux du parti. Sa mort date du Jugement des sas>ants sur les au-
'i 8 octobre 174'' 11 ^'^^it 79 ans, teiirs qui ont traite de la rhétorique ,
et en,, avait passé près de 60 dans la a^fec un Précis de la doctrine de
carrière de renseignement. Parmi les ces auteurs , 5 vol. in- 12, dont le
ouvrages qu'il a laissés, on cite: I. premier, contenant les auteurs grec*
Beaucoup de Discours latins , pro- et latins jusqu'à Quintilien , parut 1
nonces dans diflTérenies occasions , en 1713; le 2^., où se trouve ce
soit comme professeur, soit comme qui a été écrit de plus curieux surl'é-
recleur ; et, entre autres, les éloges loqucnce sacrée et profane, depuis
funèbres des présidents de Lamoignon Quintilien jusqu'au xvii^. siècle, pa-
€t de Mcsmes _, le panégyrique de rut en 1714? et le 5'^., où l'auteur
Louis XIV, prononcé en Sorbonne parle des maîtres les plus fameux des
en 17 08, l'éloge du professeur Pour- temps modernes , en 17 19: cet ou-
chot, etc. IL Traité de la véritable vrage est le meilleur de Gibert ^ il est
éloquence , o\\ Réfutation des para- bien supérieur à celui que Baillet a
doxes sur V éloquence , avancés par publié sous le même titre, et lemar-
V auteur de la Connaissance de soi- quable surtout par la force d'analyse
même. Dom Lamy ( de la congréga- et par des réflexions saines et judi-
tion de Saint - Maur ) , auteur de cieuses. On l'a réimprimé en Hollande
l'ouvrage réfuté, y avait dit que la soit in-4"., soit in- 12 ; et il fait, dans
circulation des esprits animaux con- ces éditions, la suite ou le S"", vol. de
tribuait à l'éloquence; et le profes- Baillct. (/^. Baillet, III, 228.) IV.
scur de philosophie , Pourchot, avait Lettres en réponse aux Observations
adopté cette opinion. Gibert s'éleva des auteurs du Journal de la Hafe^
contre l'un et l'autre avec chaleur. Le En rendant compte du i*^ volume de
bénédictin , pour le soutien de son l'ouvrage précédent, ils avaient joint
opinion , publia La rhétorique du ces observations à l'extrait qu'ils en
collège, trahie par son apologiste, donnèrent. Ils insérèrent la Réponse
Pourchot, do son côté, crut devoir de Gt^er! dans le tome vi de leur
répondre h Gibert par un écrit inti- journal , 1". partie. V. Observations
tuié : Lettre d'un juriste , auquel il sur le Traité des éludes de Rollin ,
en joignit bientôt un autre, sons le i vol. in - 1 2. Elles sont adressées à
litre de Défense du sentiment d'un Rollin lui-même. Le professeur du
philosophe contre la censure d\m collège Mazarin s'y élève , avec trop
rhéteur. Gibert répliqua par des peu de ménagement , ce nous semble ,
Lettres , qui parurent en i7o5, contre les principes et la œethode ds
520 GIB
cet illustre maître, sou collègue; la-
quelle, dit-il , « pèche contre le bon
£Out , le bon sen^ , la raison^ tend
à gâter le goilt des jeunes gens , à
les jeter dans des erreurs de grande
conséquence. » Tout !<' monde, nu
rest'- , n'est pas du même avis que
Giberl sur le Traité des étwh<i ; ot
si, selon lui , il ne sy tr uve ni jus-
tesse , m clarté, ni ex::ctitu:te, sui-
vant un aufre ciilique (i), en sup-
posant Roliiii a moins e'rudit et
moins profoiid que le |)rofei>seur du
collège Mazarin, il est plu.s élégant,
plus moelleux , plus piquant , plus
instrudif , plus didaclique ; ii a l'art
d'insmuer ce qu'il enseigne. « S'il fal-
lait faire la part à Puii et à l'autre,
on dirail, avrc l'abbe Desfmlaines,
nue et si l'un a plus de savoir, l'aufre
a plus de goût »; et l'on souhaiterait
« que Gibert eut i'esprit et le style de
Kollin, ou que celui-ci eût aut.nt mé-
dité que son émule sur l'art dont loiis
t]cu\ se sont occupés. » Le bon et
sage Rollin répondit à Gib(rt parutie
]( tire de 20 pages seulement , où il
se plaint, avec sensibilité , mais avec
lUie admirable mocléiation et une po-
litesse parfaite , du Ion un peu â|)re
avec lequel son < ollègue le régen
tiil. Ctlle louable et cxiréme con-
descendance de Kollin ne mit pas fin
à la controverse. Gibert, selon sa
rontmne , répliqua ; et ce ne fut pas
pour adoucir ec que sa censure avait
de trop vif. Vl. lihelorica jiixtà
AristoteliS doctrinam diulogis ex-
fdannta, Paris, 1 7^0 , in - 4". , 80
pages, par demande s et |)ar réjx.nses;
iinprinice d'aboi d pour l'usage Avs
ccoliers , donnée ensuite en français
.Tvec dos augmentations, sous le litre
de Bliétorique , ou règles de C élo-
quence, 17:50, vol.ih-if,rénn|)ritné
(^l^ L'aiiitur «le» J'iun Stetlet Je la Lutiraturt
francaiit.
GIB
en 1 74 • • C'est un précis de la rhétori-
que d'Aristote, de celle d'Herraogène ,
et de ce qu'olfientd- mieux \ Ora-
teur de Cicéron et {^Institution ora-
toire de Quintilien ; il est p'ein de
citations et d'observations utiles , et
fait avec mé'hcde et érudition. VIT.
Discours sur la constitution Unige-
nitus , cité par Fontette, tome i , sous
le no. 50G5. VIII. Mémoire concer-
nant les principaux des petits col-
lèges, cité p,ir le même, tome iv ,
sous le n '. 4IB0. L — y.
GIBEKÏ (JosEPn-PiALTnASAR\ de
l'académie royaîe des inscriptions et
belles-l( tfres . était né à Aix, en 1711,
d'une famille rccomm mdable dans la
magistrature, elqui nemanquaitmême
pas d'une certaine illustration litté-
raiic. ( roy. les deux articles précé-
dents. ) Il lut destiné au barreau , et
successivement attaché, en qualité de
secrétaire , d'.ibor I à M. de Plaint-
mont , j)uis à M. IVOrmesson , tous
deuK avocats-généraux du parlement
de P.iris. Malgré l'assiduité avec la-
quelle il s'acquittait de ces laborieuses
fondions, il eut encoïc assez de zèle
et de loisir pour acquérir des connaii-
sances profondes et variées sur diffé-
rentes parties de la littérature an-
cienne. Les premiers fruits de ses veil-
les parurent, sous la forme de Lettres,
dans divers journaux du temps , entre
autres dans le Journal des savants et
dans le Mercure : ils furent favora-
blement aceueillis. Ce succès l'enhar-
dilà tenter des travaux plus étendus;
«t il a<lressa à Frérot une Lettre sur
l histoire ancienne^ dans laijuelle il ne
craignit pas de combattre quelques
opinions de ce savant. L'audace du
jeuiu- atlilète ne fut pas vaincue sans
résisi ince , et surtout sans gloire.
J)irnlot l'académie des belles- lettres
le jugea digne d'être ailmis dans son
sciu ; el il y fut reçu au mois de fc-
(. I n
vricr 174G. 11 fui, depuis celle épo-
que, un (l'js inciuhrcs (jiii IravailK;-
rciit avec le j)lns d'aideur ti d'ac^ti-
vite à la conlimialioii des IMe'rnoircs
de cette roiMpa^iiic. Qnolcjn'il eut c'ic
rliarj^e par M. de Malesherbes du dé-
tail de la librairie, et (jiie depuis il
riil encore e'ie noinnic inspecteur du
domaine, et aixliivisio de la chambre
des pairs , ces fonctions , ({ui toutes
exigeaient beaucoup d'assiduité' , et
qui sendjient étrangères à la liftera-
ttue, ne renjpechèrcnt jamais de rem-
plir exactement ses devoirs d'acadé-
micien ; et loin de surcharger sa me'-
moire et d'épuiser ses forces, elles ne
servirent qu'à faire briller l'étendue
de ses connaissances et les ressources
de son esprit. Les nombreuses Dis-
sertations qu'il a inscïces dans le Re-
cueil de l'académie , prouvent que
presque toutes les parties du vaste
domaine de l'érudition lui étaient
également familières. Méprisant les
routes l)3ttues, il aimait à s'en frayer
de nouvelles. L'autorité ne lui im-
posait pas; et il osait appeler des
décisions les plus accréditées. C'est
peut-éire cet esprit d'indépendance,
que ses adversaires qualifiaient à tort
d'esprit de système, qui le porta à se
jeter de préférence dans le champ
épineux de la chronologie ancienne,
et à choisir pour son antagoniste
l'homme qui dominait alors dans la
littérature savante. ( Foy. FrÉret.)
Les tentatives de Gibert ne furent pas
toutes également heureuses. Ses Ob-
servatioîis sur Vannée des anciens
Perses , sur les Règnes de quelques
rois de Bahylone et de Perse, et sur
VEpoque de l'ancienne inscription
de Tripoli , n'ont point détruit la
lorce des preuves et des arguments de
son adversaire, quoiqu'il y ait pro-
posé des objections sensées, et ouvert
iks vues Unes et judicieuses. Il sem-
XVII.
GIB 3ai
blait qu'il ciit pris à tache de coml}atlrc
Frércl sur tuus h-s terrains où il pou-
Viit r.ittciiidrc. Il le j)Oursuivil jusque
dans lec.harnj) delà gé(;giapliie, et es-
saya de présenter , sur les mesures
anciennes j un système différent de
l'opinion que Fréret avait fait préva-
loir. Mais on est forcé de reconnaître
que ce nouveau système, spécieu\ par
sa régularité, ne se lecommaîide nul-
lement par la solidilé des principes et
l'exactitude des recherches. Il ne nous
semble pas que Gibcrt ait mieux réussi
dans son hypothèse sur le nom, de
Méro{>ingiens , appliqué à la pre-
mière race de nos rois; et l'avantage,
dans cette dispute, où du moins il ne
fut pas l'agresseur, paraît encore être
resté à son adversaire. Nous ne croyons
pas non plus qu'on approuve toutes
les idées que Gibert a développées dans
un mémoire sur les premiers habi-
tants delà Grèce, question obscure
et difficile que Fréret a, sinon résolue,
au moins discutée avec infiniment d'é-
rudition et de sagacité. La partie la
plus solide et la plus estimable des
travaux de Gibert, est ceile qui est re-
lative à la chronologie , quoiqu'il faille
souvent se défier , ainsi que nous l'a-
vons déjà observé , d'une certaine
tournure paradoxale qu'il donnait à
ses idées même les mieux autorisées.
Ses principaux Mémoiies en ce genre,
outre ceux que nous avons cités, sont :
I. Des Eclaircissements sur diffé-
rentes suites des rois de fEgjpte.
1 ï. La Chronologie des rois de Juda
et d^ Israël. 111. L'ancienne année
des Juifs et la célébration de leur
pdque. IV. Des Obsen^ations sur la
chronique de Paros, qui tendent à
attribuer à ce monument plus d'exac-
titude et d'autorité qu'on ne semble
généralement être convenu de lui ci:
accorder. Gibert avait consacré beau-
coup de temps et de recherches à l'é-
21
522 G I B
tilde de notre histoire nationale. Ce
fut me, ne par un ttavail de ce ^ciire
qu'il S'j désigna aux .suffrages de l'aca-
démie ; et les occupations auxquelles
il fut depuis ob.ij^ë de se livrer ,
comme inspecteur du domaine et ar-
chiviste de la chambre des pairs, ser-
virent encore le goût qui le portait
vers des études si importantes et ce-
pendant si né;;ligécs. Il pubiia , dans
le recueil de l'académie, outre Ksdeux
Dissertations relatives au nom des
Mérovinj^iens, d«s Recherches histo-
riques sur les cours qui exerçaient
la justice souveraine de nos rois,
sous la première rt la deuxième race,
et au commencement de la troisième:
c'est un des mon eaux les phis cu-
rieux et les plus instructifs qui soient
sortis de la plume de ce savant aca-
démicien. Dans le cours de ses tra-
vaux , il avait découvert un grand
nombre de titres relatifs à notre his-
toire , et de pièces importantes pour
le droit public du royaume, déposi-
taire et garde de ces papiers précieux ,
il se proposait de les publier avec une
Préface et les Notes nécessaires à i'in-
tclligencc des textes, mais la mort le
surprit avant qu'il eût eu le temps d'ac-
complir ce dessein ; et ce ne fut pas
une des moindres pertes que la lillé-
^ature (il à sa mort. Les qualités du
cœur de Gibeit étaient encore d'un
plus grand prix (pie celles de son es-
prit. Une certaine inégalité piquante
de caractc'ie donnait à son commerce
heaiicoup d'agrc-rnent et de charme.
Sd société, selon l'expression de l'au-
teur de son Eloge , avait les grâces de
CCS jardins modernes, dont l'art, ca-
ché sous une a|)parence de bi/.irrene
et de désordre, plaît plus (pi'une
triste ré^; ilarilé cl une nionoioiie uni-
formité. Un fait qui pourrait .sur|)ren-
dre cen\ (|iii ne savent pas combien
Itts isprils d'un ordre i,upéricur cun-
GIB
servent de liberté, même lorsqu'ils pa-
raissent absorbés dans les plus pro-
fondes méditations , c'est que ce sa-
vant , livré pendant toute sa vie à des
occu{)ations si graves et à des études
si sérieuses , passait régulièrement la
plus grande partie de ses soirées an
théâtre de la comédie italienne, et qu'il
composa la p'upart des canevas des
pièces qui y furent représentées a cette
époque. 11 mourut d'une goutte re-
montée, le 12 novembre in^i.Sou
éloge, prononcé par Lebeau, dans la
séance publique de l'année suivante,
est imprimé dans le tome xxxviii des
Mémoires de l'académie des belles-let-
tres. C'est aussi dans ce Recueil ( vol.
XIX à xxxv), que se trouvent les dif-
féients travaux de Gibert, et ceux
qui recommandent le plus sa mémoire.
Il avait publié, avant d'être membre
de cette compagnie célèbre: i". Une
Dissertation sur l'histoire de Judith,
dans laquelle on prouve que cetls
histoire n'est arrivée qu'après la
captivité de Bahjlone , Pans, 1759,
in- l'i. — 2". Lettre à M. Fréret ,
sur V Histoire ancienne , i']\\ , in-
1 '2. — 5". Lettre sur la chronologie
des Dabjloniens et des E^ptiens ,
1743 , in 8". — 4 '• Mémoires pour
servira l histoire des Gaules et de
lu France , l']/^\ ^ m- \'à , ouvrage
dont l'académie agréa la dédicace; il
donna lieu à diverses criliipies et ré-
pli(pies dont Fontette donne le détail
dans la Jiihlioihèque historique de
la France. — 5'. IMenioire^Mr /cr /^rtS*
sage de lu mer Rouge y publié hors
du llecueil de l'académie, Paris, 1755,
iii-4 '.lia paru, on 181 i , un Pros-
pectus raisonné j ou ytpercu d'un
nouveau s) stème des temps ; ou-
vrage po-)tliuiue de Ciibert , juiblié par
son (ils, 1 vol. in-4". de 54<> pages,
avec des tables. Ce n'est ipi'un extrait
d'uu Irav.iil imiuciiiic sur L dirono-
G I n
lo{;ic snrrcc et prof.nic , dont (jibert
s'el.nt |)iiiiri|»ilt«nicMt occu[)c ; cl cet
extrait di-vait , tr.ij>it'S ks expres-
sions dere(!il<(ir, servir de |)reriee et
iriiifrodnelitMi àrdiivra^e nilier. H ne
ivir.iît |).is que eelte enlieprise j)uissc
Il doive être eoiilimioe. Il s'en laiit de
Le<iiieou|) (jue 'es idées de rauleur
eussent ete poitccs à leur point de
maliuitc , cl que toutes les bases chro-
nologiques qui sont présentées dans
cetapciçu , soient aussi solides que le
prétend l'éditeur, f^a redaclio'i , d'ail-
leurs , en est tellement deleelucuse ,
que la lecture en devient inutile ,
à force d'être rebutante. On sent que
la main de l'auteur était nécessaire
pour mettre en œuvre tant de maté-
riaux incohérents; et l'on a besoin,
pour ne point desapprouver haute-
ment une publication si maladroite, de
se rappeler les paroles de Tacite ;
Profebsione pielaUs laudatus eril
mit excusaius. On a prétendu que
Gibeil avait travaille à une édition
d'ilerodote, et qu'il avait laisse, en
manuscrit , une Traduction complète
de cet historien. Cette assertion est
erronée, quoiqu'elle ait e'té souvent re-
produite par des bibliographes étran-
gers (Adelung, Supplément au dic-
tionnaire de Jœcher; Ersch , France
littéraire )_, sur la foi du Ne'crologe de
1770, et de Forraey ( France litté-
raire). Voici sur quoi elle est fondée.
Une traduction manuscrite d'Héro-
dote, par l'abbé Beilanger, avait été
remise à Gibert , pour qu'il en revît
le texte et en dirigeât l'impression.
jMais il trouva cette traduction si dé-
fectueuse, qu'il déhcspéra de la rendre
digne du public, à moins delà refaire
entièrement .: et elle passa depuis entre
les mains do Larchcr, qui en porta
le même jugement , et se décida à en
composer une nouvelle. C'est dans la
préface que ce dernier a mise en létc
G 1 R 5'a5
de sa U'aductiou d'IIérodofc, que nous
avons puisé cet (ieiaircisscmcnf. Il
est j)i-()bal)le (jue Gdjert al)aiidoMna
piornptemerit l'entreprise (pi'd avait
eonimencée ; soit qu'il ail été distrait
j)ar d'autres travaux , soit qu'insfrin't
du dessein de Larcher, il ait voulu
lui laisser le mérite de ce diiïicilc ou-
vrage. Le lils de Gibert ( paç];e /> du
probj)eclus que nous avons cité ) at-
teste lui-même qu'il n'a jamais connu
que le premier livre de cette traduc-
tion, et les deux premières feuilles du
second livre; et il suppose que le tra-
vail de son père n'a pas été poussé
plus loin : témoignage qui s'accorde
parfaitement avec celui de Lareher,
Mais un fait que nous ne devons
pas négliger, c'est que ce fut Gibert
qui donna lieu , par une heureuse in-
discrétion , a la publication des œuvres
de l'immortel ehanceiier d'Aguesseau.
Honoré de l'estime de ce grand ma-
gistrat , et comblé des bienfaits de sa
i^imille , il crut ne pouvoir mieux ser-
vir la gloire de son protecteur, et en
même temps acquitter sa propre re-
connaissance, qu'en livrant.à l'impres-
sion quelques-uns des discours qu'il
avait été à portée de connaître et de
recueillir. C'était , dit Lebcau , une
espèce de larcin patriotique : il avait
fallu cacher la main qui eu faisait jouir
le public ; et ce premier germe a fait
éclore l'édition générale des œuvres
de d'Aguesseau. Ainsi la mémoire de
Gibert s'est associée et demeure unie
à celle de son illustre bienfaiteur.
I> L>
GIBRUT DES MOMÈUES, fds
du précédent, auquel il succéda dans
sa place d'inspecteur du domaine, a
par erreur été appelé Gilbert dans le
Moniteur, c<>\n6 sur ce point par tous
les autres journaux. Nommé , par le
département de la Seine, membre du
conseil des cinq - cents en l'an iv ,
21..
524 G I B
c'est - à -dire, à l'iiiitant même de
la mise en activité de la constitution
de Tan m, il s'y occupa de fi' ances,
et parla souvent soit en sou nom ,
«oit comme rapporteur de commis-
sions , sur les contributions , les
monnaies , les biens nation.iux , etc.
La se've'rilè qu'il montrait dans ses
discours à l'égard du directoire et de
ses a'ijenls, la réfutation qu'il fit d'un
messnge de cette autorité, lui attirè-
rent l'inimitié du parti dominant : il
lut en conséquence compris dans la
loi du i8 fructidor an v ( 1797),
et condamné à la dcport;uion. Il par-
Tint à se soustraire, pendant trois ou
quatre mois , à la fatale sentence;
mais arrêté au mois de décembre 1 797,
il fut envoyé à Rochefort, et, au mois
de mars suivant , transporté à la Guia-
ne avec deux cents autres condamnés.
Il y mourut en juin 1 799 , âgé de cin-
quante-dcMX ans. B — d.
GlBErtTi(jEAN-MATmEu), pieux
et savant évc que , né à P.dorme en
149^ , était fils naturel de Franco
Giberti , noble Génois , ç;énéral des
ç^alcrcs cbi pape. ()n bu donna d'hi-
biles m;îties; et il prolila si bien de
leuri Icçoiis, qu'à r.^<»ede douze ans,
il possédât iéi:» parfait? ment le grec
et le latin. Il fi'-rjueyiia ensuite les
plus céicb<fcs é !j| s de l'Italie, et fil
des progr'^s très rennKj.iables dans
la théologi*', Il jurisprudenec et les
mathématiques. A beaucoup d'esprit,
il joignait un jugenimt sain , une
rare pruleiice, de la modestie et des
mœurs si douces , qu'il était impossi-
ble d«' le voir sans prendre aussitôt à
bii MU vif niterêt. 11 aurait désiré en-
sevelir sa vie dans la retraite; mais
son pi'reipii avait d'autres vues, après
lui avoir fiit prendie l'état eerlésias-
ti([Uf', l'obligea d;se chcrrberun pro-
teeieur. H le trouva dans le cardinal
.fulcsdc Médicis, qui Icchoisit pour sou
GIB
secrétaire ; et ce prélat ayant été e1u
pape sous le nom de Clément VII, le
nomma dataire apostolique , et lui lais-
sa l'aduiinistration de toutes les affai-
res. Giberti se montra digne de cette
faveur par son savoir et par son inté-
grité. 11 entama des négociations avec
la Fr mce et l'Angleterre pour rétablir
l'unité de TEiilise, et chercha à rame-
ner la paix entre les princes chrétiens :
mais les esprits étaient trop agités
pour qu'il pût réussir dans ce noble
dessein. A la prise de Rome par le
connétable de Bourbon , il fut un des
otages arrêtés pour sûreté de h ran-
çon du pape; mais le cardinal Pom-
pée Colonne, qui estimait ses talents,
le fit sortir de prison. Giberti avait
été élevé à la dignité d'évêque de Vé-
rone on i524; et comme son atta-
chement h la France continuait à le
rendre l'objet de la haine de plusieurs
préiats, il se relira dans son diocèse ,
et s'appliqua entièrement à y faire
fletirir la discipline et les bonnes
mœurs. 11 remplaça les ecclésiasti-
ques ignorants, ou qui se faisaient re-
marquer par une conduite scanda-
leuse; publia des ordonnances pour
rendre au culte son antique splen-
deur ; fil disparaître toutes les frau-
des pieuses , abolit tous les usiges
qu'un zèle peu éclairé avait introduits
dans le service divin , assura dis se-
cours aux nécessiteux et du travail
aux pauvres valides , et cul soin
qu'une instruction solide, donnée aux
cufaiils de toutes les classes , pré-
vînt le retour de ces croyances égale-
ment opposées à la saine raison et à
la r<ligion. La suppression des abus
ne pouvait manquer de lui faire au-
tant d'ennemis de ceux (pii cri pro-
filaient. Les jours du saint évcquc
furent menacés; et le pape, informé
des dangers qu'il courait, lui écrivit
de sa propre main pour l'engager à ♦
G I B 0 1 B 5^.5
revenir à Rome : m. ils Ciibrrli rc- vcrcnl loujotirs tn lui un prolcr-
iui'H runst.iiniiK'iit (i'.ib.nuloDiicr le tciir /.e'Ie. Sentant .sa fin s'appioclicr,
diocèse <[iK' l.t Piuviilence lui avait il fil un lestanuiit par bquel il ins-
coufie j et il parvint enfin à y i'aiie liluail les pauvres ses licViliers pour
ret;n(r l'orthe 1 1 la lianqnillile. 1! ne la plus grande p'irlie de ses biens,
voulut accepter aurunc des dignités 11 mourut à Vérone le 5o dccem-
qui lui furent oHerles |)ar Paul 11], bre i54">, et fut inhume dans la
donnant toujours pour exrusc les calbcdrale. Le peuple aceournt en
soins qu'il devait à son lronj)eau. Ce- foule à ses obsèques, qui fuient ec-
pcndant il fut oblige de céder aux lébrces avec pompe. Son Oraison fii-
insJances du pontife, et il consentit nèbrc fut prononcée en italien parle
à reprendre les fonctions de dalaire. P. Angelo Casliglione , et en lalin p;ii-
Il fut du nombre des prélats charges AdamFuraani {f^oy. Fumani, tome
de rédiger les propositions tpii de- XVI", pag. i8o); et quoique les Gra-
vaient être soumises à la décision du teurs n'eussent eu que peu d'instants
concile de Trente , et rendit d'autres pour se préparer , le tableau des
services importants à l'Église. Rentré qualités et des vertus du prélat fit
dans son diocèse aussitôt qu'il en verser des larmes à fous les auditeurs,
eut la permission , il y forma plu- Une circonstance qu'on ne doit point
sieurs établissements pour la congre- omettre, c'est que St. Charles Borro-
galion des Théatins , fondée par saint mée, allant prendre possession du sié-
(jdétaii dcThicne, son ami, et dont il ge de Milan, passa par Vérone pour
avait fait approuver la règle par le recueillir les instructions de Giberti
pape. Il établit, dans Tintéiieur du de la bouche même de ceux qui les
palais épiscopal , une imprimerie avaient entendues , et étudier ses ré-
pour les publications des ouvrages glcraents pour les introduire dans son
des saints Pères grecs; et afin de diocèse. Pierre- François Pini a pu-
s'assurer de la correcliou du texte, il bliéune vie de Giberti , sous ce titre:
pensionna plusieurs savants pour re- Bojii pastoris exejiiplum. EWe csl Ire»
voir les épreuves (i). Giberti avait intéressante, mais moins exacte que
toujours aimé les lettres. Dans sa jeu- celle que Pierre et Jérôme Ballerini ont
nesse , il avait formé à Rome une aca- mise en tête de l'édition des OEuvres
demie pour l'encouragement de l'étude de ce prélat ^ Vérone , 17 53, in-4".
des langues ancitimes ; et cette so- Ce Recueil contient les admirables
ciété , dans sa courte durée , avait eu Kéglements qu'il avait publiés pour
des succès remarquables. Les affaires l'administration de son diocèse; des
importantes qui occupèrent la plus Instructions sur V utilité des maisons
grande partie de la vie de ce préiat, religieuses ; des Lettres; quelques
purent à peine ralentir sa première Pièces de vers; et enfin les deux Orai-
iirdcur ; et les hommes instruits trou- sons funèbres dont on a parlé, et l'ou-
— ; vrage de Pini. Giberti a eu pour amis
(i)On croit fdire plaisir aux curieux en iiiditiiiant i>^ K^ C^J^I^t- A,T i C' " '
ici l« principaux . uvrajjes sortis de Pimprimer.e LcmbO , Sadolct , M. A. t lamUUO ,
f.inici,ucrc ^c Ciieiù.i. vjoannis chrr.<osio- Jean de la Casa , J. p. Valerian , et
hiitfitcrprclatio in omues s. Pauliepislotut, ijf.q, -tr- i • i ' i i
4 %oi. la-foi. , cdiiion nussirsiiraee pour iab.-auié v ula , qiu a louc SOU talcnt pour la
tics caraclères que pour la correction du texte. ,^„ '.:„ J„.,c. ..» ^»..o»»wv J^ , „_ ./ .
H. Joun.u. Valna.ceni libtr orlhodoxo'. Jldei ; pOCSie , daUS UH fûSSagC dC SOH Art
tjiiuieniubcrde lis tjui infidedorniieniiu, iWiz , voétiouc : cc i)assace u'cxistc dans
}>cUtin-loi.iTc$ rave. lil. OLcumcnucommeiUurii ' -v • 1
éii ,i:.ia ni,o!tulorii,n^ lâJî , in-lcl. aUCUUC CaitlOU UC CCt OUVlMge; UlillS
s.
326 GIB
Tiiabosclii l'a inséré dans la Storia
délia letter. ital. , tome vu , page
5 1 8 W — s.
GIBIEUF (Guillaume), docleur
de Soi bonne , prêtre de l'Oratoire,
e't lit fils du lirnienant civil de Boiufçrs.
Il fit ses études dans Tunivcrsitc de
Paris , et p;irul r»vec distinction sur
les bancs de Sorbonnc, où, après sa
licence , il prit le bonnet de docteur.
Son prerrjier goût le portait à entrer
chez, ks jésuites; mais ayant f^iit con-
naissance avec M. de Bérulle, il s'at-
tacha à sa personne, et entra, en i6i2,
dans la conf;régation de l'Oratoire ,
que cet illustre prélat venait d'établir.
Ce lut à cette occasion que le fameux
syndic liicher chercha à aicirmr r toute
la faculté de iliéolop»- sur la désertion
de piusicurs de ses metîibies qui sui-
virent l'exemple du P. Gibieuf, et
qu'il entreprit de faire déchoir des
privilèges et des prérogatives du doc-
torat tous ceux qui étaient entrés ou
cninraient désormais dans la nou*
vclle congrégation. M.iis le crédit et
la sagesse du fondateur calmèrent cet
orag'-, et rejidirenl inutiles tous les
rflurts de Richcr. I^e P. Gibieuf se
livra d'abord avec beaucoup de succès
à l.'i (onversion des hérétiques. M. de
Bérulle se l'associa ensuite dans le
gouverjiemeut de sa congrégation, et
le fit son vicaire-général pour la rcgir
pendant les absences aux(|uelles les
nfTiires de Vi{\;i\ < i de l'I^Ï-hse l'obli-
geaient fréquemment. Le zèle avrc le-
quel il s'acquitta de celteconnnissiou ,
lui mérita l'estime de ses confrères,
qui l'anraic nt vraisend)l.iblenu'nl jvirfé
nu ^énéralat après la mort du saint
fondateur , si les circonstances du
temps eussent j)ermis de les convo-
quer iégiilièrc/iu nf , pour lui donner
lin successeur. H le remplaça dans
l'emploi de sU|.érieur et de visileur-
géneral d«s Caimélites; el if s'acquit,
GIB
dans l'exercice de cet emploi , la con-
fi inee de celles qui l'avaient choisi
pour veiller à leurs intérêts, et les
conduire dans les voies du salut. Le
P. liourgoing, troisième général de
l'Oratoire, le nomma encore son vi-
caire - général , pendant qu'il était
occupe lui-même à la viii'e des mai-
sons de sa congrégation. Sur la un
de ses jours, le P. Gibieuf fut privé
de l'usage de la vue , et mourut au
séminaire de Sf. - Magloire , dont il
avait éié le premier supérieur, le (>
juin i65o. C'était, dit Dupiu , « un
homme éminent en doctrine et en
piété. » Il avait le jugement solide ,
l'esprit vif. la mémoire heureuse, une
énuiition profonde. Son humilité lui
avait fiil refuser i'évêché de Nantes.
Il comptait au nombre de ses amis le
célèbre Descartes et le P. Merscnne.
Le premier, qui était en corre>pon-
dance suivie avec lui , l'avait chargé
d'examiner ses Méditations méta-
physiques , et s'en était reposé sur lui
et sur le P. Merscnne pour les faire
approuver par la faculté de théologie
de Paris. Ses ouvrages sont : I. i>c
libertate Dei et creaturœ , in -4"' »
Paris, iGoo ; réimprimé plusieurs
fois depuis. Ce irailé, où l'auteur avait
substitué la méthode des saints Pères
à elle des seolastiques, fut partù-
icnicnt bien reçu par les meilleurs
théologiens. Il était composé dans les
j)rineipes de l'école de St.-Thom as ,
et dédié au |)aj)e LIrbiiiu \ lll. Ce
patronage iujposant ne retint pas les
ennenùs Av celte école, qui le dénoii-
cèient à Rome, mais stns eilef. Cn
France , il hit ait, «que avec une ex-
trême violence par le fameux 'Ihe'', -
phile Hayiiaud , avec beaucoup da-
merlumc par le P. Annaf, et délei -
du avec force par le P. C.une'r.uius,
confrèic «le l'auteur. II. La vie et
1rs pandeurs de la très sainte
Gin
f'irrf^c , etc. , deux volnmrs in 8".,
P.iiis, i()37. Ce livre (st écrit avec
Itcimouj) (l'onction et de solidité, et
nniiDiue un };iMnd z.Me pour la l'Juiic
de Cille (|ui en est rol)jri. 111 Cal(^'-
c/u'w (h' la manière de vie parfaite
à UujîU'Ueles chî'elieîis sont ap/udes,
etc., Pciiis, i()55, in-i2. C'e^l nn
ouvrage posthume que le P. Gibicuf
avait coniposc dans les dei nièrcs an-
nées de sa vie, pour i'iiisliurtiun des
Carmélites, que ses infirmités ne lui
permettaient plus d'aller insiruirc en
personne. On y trouve nn abicgc' de
ce qu'il y a de plus parlait dans la vie
intérieure : il est prinripalenviil des-
tine à prémunir celles pour qui il
âviitctc écrit, contre la iausse spiri-
tualité. IV. F>e P. Gibieuf avait tra-
vaille, coiii'inîemcnt avec le P.Bour-
j;oinLr, à redi'ion des OEiwres du
cardinal de Bérulle , qui parut in-
iul. à Paris en i044« T — d.
GII]RaT( Jeain-1)Aptiste), prêtre
de la Doctrine -Citrétienne , ne aux
Cabanes, près de Cordes , diocèse de
ïaibes, en i-^^^'i fi), tntra jeune
dans celte congrégation consacrée à
l'enseignement, et y travailla avec
beaucoup d'application à se mettre en
état de remplir celte vocation. Pour
parvenir à ce but , il étudia avec soin
toutes les parties de la liltérature, et
se les rendit familières. C}iarg,é par
ses supérieurs de professer les belles-
lettres dans les cullég' s de la congié-
gation, il le fit avec succès pendant
douze ans. On lui confia alors la direc-
tion d'un séminaire. Au commence-
ment de la révolution, il fut nommé
principal du collège de Casielnaudari.
jj'asscmblce constituante ayant décré-
té la constitution civile du clergé, Gi-
brat , quoique l'universalité des évê-
(i") Suivant l'aoïeiir (les Siiclct liltérnires , Gi-
brai serait no a Gailtac, diocèse clAlbi , le 23
novembre J727.
GTB 57.7
ques de France reùl rejetéc, y adhé-
ra, .'ij)puyc peul-ètie de rex<ni[)!(î
de plusieurs de ses (onfrères, et
aecep a des fnnelinns e<clésia^li(pies
qu'il <xei ça d'après les \n^ nouvelles.
On ne lui tint pas l(tng-i( nips compte
de cet acte de souii.i>si()u , non plus
qu'à un grand nond)ie de ses iniila-
teurs : il fut persécuté et cm pris» nn©
tout aussi-bien que lespiêtris qu'on
nommait alors rélriclaiies. Rendu à la
bberté, d continua de tenir au parti
constitutionnel jusqu'à sa mort, arri-
vée à Casielnaudari , en décembre
iHo5, à l'âge d'envii on soixanlc-seize
ans. Il avait publié plusieurs ouvra-
ges, parmi lesquels il en est d'utiles
pour la première instruction et l'usage
des collèges. On cite : I. Une Géo-
graphie moderne^ dont il y a eu
sept éditions. 11. Une Géographie
ancienne sacrée et profane, i 790,
4 vol. in-i 2. ^ des notions saines sur
la géographie , l'auteur a joint des
détails liistoriques, intéressants et cu-
rieux. III . Un nouveau Missel du
diocèse de Tarhes. IV. Un Riuel
d'Alet. V. Un Missel et un Bré-
viaire pour le même diocèse. VI. Des
Hymnes pour les offic s de l'Égli-
se. Les évêques constitutionnels , as-
semblés en concile à Paris, avant
décrété une icte perpétuelle en mé-
moire du rélablissement du culle, Gi-
br il fit pour celle fête un office, qu'un
écrivain assure cire un modèle dans
cegenre : chel d'œuvre devenu inutile,
la fête perpétuelle n'ayant peul-ctre
jamais été célébrée. L — y.
GIBSON (Kdmond', é\êq!ie
de Londres, né, en 1G69, à Knip,
dans le Westmoil.ind, leçut sa [)rc-
mièrc instruction dans une ceole de
ce comté, et entra ensuite comme sc^r-
viteur à l'université d'Oxf)rd, où il
se livra paiticulièrement à l'élude des
langues du nord^ et à celle àts auti-
528 G I B
quites de son pays. Plusieurs ouvrages
qu'il publia , n'avrinl encore que viti_i;l-
deux ans, et qui prouvent beaucoup
d'esprit et d'érudition , inspjrtrent un
\iï intérêt pour lui à l'aiclievêcpie
Tcnnison,qui le choisit, quelques an-
nées .qirès, pour son chapelain parli-
culier. Gibson , nonuné recteur de
Jiambeth et archidiacre dcSurrcy, et
devenu ainsi raenibre de la convoca-
tion j s'enga^iea dans une controverse
très animée entre les membres des deux
chambres, et soutint avec chaleur,
dansunesuitedc pamphlets, lesdroits
de rarehevcquc comme président de
la convocation. Ce fut pour lui l'occa-
sion d'étudier à fond les droits légaux
et les devoirs du clergé anglais j et le
finit (!c celte élude fut le livre intitulé;
Codex juris ecclesiastici anglicani ,
public (-11 1715, in-fo).. C'est le plus
célèbre de ses ouvrages. {Foy. Pos-
ter , XV, 5io.) L'archevêque ïen-
nison étant mort en 1 7 1 5 , et le doc-
teur W.ikc , évêque de Lincoln , avant
été élevé à l'archevêché de Canlor-
béri, révéclic de Lincoln fut confé-
ré au docteur Gibson , qui fut trans-
féré, en 1 7iio , à celui de Londres. Il
montra pour la prospérité des aiïiures
ecclésiastiques de son diocèse une ac-
tive solliriiiide qu'il étcntlit à l'église
anglicane d«s colonies. Son ('.«-prit n^é-
ihodique et l'iptitiide pour l'adminis-
tration , qu'il joij^nait à ses autres qua-
lités , lui ruent eoidi> r proqiie entiè-
rement la direction des alïaires eeclé-
siastif[iies, surlout lorsrjue r.irchevc-
que Wake, par le d<labjenjent pio-
gressif de sa santé , ne put plus s'en
occuper. Son mérite et ses v< rtus
avaient inspiré la plus grande \énc-
ration à sir Hoberi W.» polc; et lors-
qu'on I ejirochail à ce ministre de don-
ner à (îibsou i'aulorilé d'un pape :
<t Et c'est aussi, répondil-il, un di-
M gnc pape. » L'allachcmcnl scrupu-
GIB
leux de l'évêque aux privilèges du
clergé, qui le fit quelquefois regarder
comme un ennemi secret de la puis-
sance civile, lui lit par la suite peidre
la faveur du ministre. Il s'attira aussi
une sorte de disgrâce de la cour, eu
désapprouvant haufementccs réunions
licencieuses , connues sous le nom de
mascarades , que le roi aimait et fa-
vorisait ; car Gibson était extrêmement
rigide sur la morale. Quoiqu'il tût Irè»
attaché au moindreprivilégedu clergé
anglican , son caractère le disposait à
la tolérance ^cf, sectes religieuses , et
surtout l'cloiguait de l'esprit de persé-
cution : il était charitable et généreux.
Le docteur Crown , autrefois son cha-
pelain, lui ayant fait un legs de deux
mille cinq cents livres sterling, Gibson
eut la délicatesse de faire rechercher
les parents du testateur, qui languis-
saient dans l'indigence, et répartit
celte somme entre eux. Ce veitucux
évêque, épuisé par l'étude et l'assi-
duité à ses devoirs , mourut le G sep-
tembre 1 "^ 48, à soixante-dix-neuf ans.
Voici les titres de ses principaux ou-
vrages : L Une édition de Polemo-
Middiana, de Guillaume Drummond,
et une autre de la CantiLena tus-
tica y de Jicqucs V, d'Ecosse, pu-
bliées à Oxford, i()()i , i»i-4". , nvec
d(s notes savantes ( t cuiicuses. 11. La
traduction latine du Chrunicon saxo-
nicum , avec l'original anglo-saxon, et
des notes, Oxford, iGyi, in-4".llL
Jid. Cœsaris F c rtus Je dus illustra-
tiL<,0\Und, i(H)i, ln-8^,^lg.lV.La
tratluction eu anglais delà lîritanniay
de Camden , Londres , i(m)5 , iu-fol.,
I7'.r2 et 177'*', iivec de nombreuses
additions, 'i vol. in-fol. \. Ixeliquiie
spclmannianœ ^ ou OKm'res jfosthu-
ints de sir liciiri Spelman , t clntiics
(lux lois et antKjuités d\-in^Lierrcy
Oxford, i()()H, in {o\.\\. Codex juris
ecclesiastici anglicani , etc., 1 7 1 5',
in-fol. VH. Ilfcmil des principaux nus, et nioiunt en i70(), à qunlu-
traiU'S contre Le catJioUcisinc ( Po- vin^f-iu'ul" .wis. — (iuill.iurric (iiDSo.v,
pciy ) clc. , mis en ordre, cl accoin- sou ri'viii, eut aussi de la ie|Mjt.'tlion
n.iiine's de nreLiccs , ]).ir Gibson , connue pri.Mlro , siirlonl en puiliviils.
1 ".IH, 5 vol. iu-fol. VIII. Tiois /.e<- 11 par.'iîl qu'il jouissait d'une «issf/.
très pastorales , |»ubliees en i-j'-iH , ginudc ;iisauce, (jni le îuit en ctat de
à l'occasion des e'ci ifs de Collius cl foi nier une des pîus Jj( Iles collections
des autres adversaires du cliristianis- de gravures et de dessins (jui existât
inc. Ces lettres, altatiuees par Tindal , de son temps, et où l'on remarquai!
ont e'te traduites en IVanç.iis. X — s. la collection de sir Peter Leiy , et beau-
Ci UîSON , ( Tmchaud) , vulgaire- coup d'autres ouvrages qu'il avait fait:
ment nomme le Nain^ peinti e anglaiSj acheter sur le continent, il mourut en
ne vers iGi5, était au service d'une i "^o'iàciuquante-luiil ans. — Edouard
dame, à Mortiake, lorsque le goût Gibson, parent et élève de Guiilau-
decidequi le portait au dessin, engagea me, peintre de portraits, donnait beau-
sa maîtiesse à le mettre à même de coup d'espérance; mais il mourut des
cultiver cet art , en le plaçant chez sa j( unesse. X — s.
lin artiste habile, nommé de Clein, GIBSON (Guillaume), malhc-
directeur de la manufacture de tapis- maticien anglais , ne en i 7-29 à lîoul-
scries à Morllake. Le jeune homme se ton, près d'AppUby dans le VVcstmorc-
niontra digne de cette faveur. Il de- land , doit être cite comme exemple
vint bientôt célèbre pour ses tableaux de ce que peut l'ardeur de s'instruire,
à raquarcllc , et plus encore pour les jointe à une application continuelle*
copies qu'il fit, avec beaucoup de fjdc- Kestc dès l'enfance orphelin et sans
lilc, des portraits peints par sir Peter fortune, il se mit au service d'un fer-
Lcly. N'ayant que trois pieds dix pou- niicr , et acquit assez d'cxpc'rience
CCS anglais de hauteur, il épousa une pour être en état, au bout de quelques
femme de la même taille que lui, si années, de diriger une ferme à Ken-
l'on en croit Fentou , qui dit avoir vu d.d. L'ayant ensuite prise pour son
leurs portraits réunis dans un tableau propre compte, le désir lui vint alors
par sir Peter LeIy. Charles P', près du- de suppléer au défaut absolu de ce
quel ce nain élaiten faveur, et à la mai- qu'on apj)el!e éducation : il lui fallut
son de qui il était attache, honora celte coujmencer par apprendre à lire ; il
union de sa présence, et mit lui-même acheta ensuite un traité d'arithmé-
la main de l'épousée dans celle de tique, dont il se pénétra au point de
l'époux. Waller a coniposé un petit pouvoir bientôt donner de mémoire
poème sur ce Mariage des nains. Ce le produit de deux nombres chacun
couple si exigu eut cependant neufen- de neuf chiffVcs multipliés l'un par
fants, dont cinq parvinrent à l'âge de l'autre, et répondre de même à des
iJialurilé, et étaient confoimcs comme questions sur la division , sur Its frac-
le commun des hommes. Gibson fit tions décimales, ou sur l'extraction
plusieurs fois le portrait d'Olivier des racines carrées ou cubiques. Ce
Cromwell , et fut maître de ('essin ne fut qu'après cela qu'il apprit à écri-
dcs princesses Marie ( t Anne, depuis re, et qu'il fut informé qu'il existait
reines d'Angleterre. 11 mourut à Lon- une science appelée m.Uhématiquc ,
drcs en iGqo, âgé de soixante-quinze et un auteur nommé Euciidc, dont le
;<n^; sa femme lui iiirvx'cut de viui^t livre conten;'.it k s cléments de la gc'o-
53o G I B
niiilrie : il Tacheta ,et se le rendit éga-
lement familier. Au mi'ieu des soins
de sa ferme, ne paraissant pas occupe
d'anire chose, et sifflant un air, son
esprit était souvent fixe fortemen? sur
«ne proposition géométrique qu'il ré-
solvait en traçant des (igures avec de
la craie sur sa genouillère. Ses acqui-
sitions savantes s'étendirent successi-
vement à l'astronomie, au calcul in-
finitésimal cl différentiel, à la naviga-
tion; elles embrassèrent la méc ini-
que, la théorie de la gravitation, l'op-
tique, les sections coniques, etc. Tous
res objets lui ét.iient devenus tellement
familiers, qu'on ne pouvait lui propo-
ser aucune question qui s'y rattachât
sans qu'il y répondît. Il satisfit pen-
dant plusieurs années à toutes celles
qui huent adressées dans des ou-
vrages périodiques angl.âs, spéciale-
ineiil dans le Gentleman s Diarj- ,
le Ludies^ Diary et le Palladium ;
mais sa modestie le détourna d'alta-
cher son nom à ces solutions , où il
n'avait en vue que d'éprouver lui-
même sa capacité. Ses connaissances
en physique le miient souvent en état
d'expliquer les phén(!mènes naturels
qui s'olfiu-enl de son temps à l'obser-
vation. Le nom de Wdlj o the IIol-
lins lui avait été donné de l.i situa-
tion de sa fei me à Ilolîins dans (^art-
mell Fell, el lui resta mémo quel-
<|ue temps apiès qu'il eut qmlté te
l)jmeau. Il s'établit ensuite ii 'larn-
j^recn , el revint enfin se fixer pi es de
Cirtmell. Pendant les <ju.irante der-
nières années de sa vie , il avaii pour
pensionnaires une dixaine de jeunes
{;ens dont l'instruction lui était con-
fiée; la clarté avec l.iquelle il expii-
luail ses idées, el d'autres qualités, le
rendaient en (ITet très propre à ren-
seignement : il se livra aus.si avec suc-
cès à l'arpentage , el fut fiequemmrnl
désigne par des actes de parlement ,
GI G
comme commissaire pour la clôture m
des communes. Ses journées étaient Ï!
employées au travail des champs ,
qui n'interrompait pas cependant le
travail de son (sprit; ses écoliers ve-
naient l'y trouver poiu- lui exposer
les difficultés qui les arrêtaient dans
leurs études : mais c'était dans dt s
veilles nocturnes 1res prolongées qu'il
se livrriit exclusivement à son goût
pour les sci'uces .ibstraites. Il mou-
rut àçs suites d'une chute, le 4 t^c-
tobre I 791. X — s.
GICHTEL ( Jean-Georg] ) , vi-
sionn.iire allemand, né à Rdiisbonne
en i658, montra des l'âge de douze
ans les dispositions les moins équivo-
ques à devenir un illuminé; car il pas-
sait souvent dans les champs une de-
mi-journée de suite à r( garder fixe-
ment le soleil , la bouche béante, afin
de s'entretciir avec Dieu, ainsi qu'il
avait lu que le pratiquaient les hom-
mes pieux de r,.neicnne loi. \ seize
ans, il eut des visions : l'esprit du
monde lui apparut sous la forme d'une
crande roue de tout» s couleurs ; miis
comme Gichtel était, parla grâce di-
vine, exlrcmement timide et eiainfif ,
il ne put pas encore se glisser dans
son astre , ce sont ses propres expres-
sions : celte tentation , apiès l'avoir
tourmenté quatre ans , l'abandonna.
Ji'étude de la jurisprudeme à laquelle
il se livia eiiMiite, mit un frein à son
imagination désordonnée. Après avoir
appris la pratique à Spire, il fut reçu
avocat dans sa patrie; el, s'il faut l'eu
croire , il exerça ensuite avec un suc-
cès (]ui lui gagna l'affection des plus
grands personnages de cette même
vile de Spire, et le mit à même d'y
mener un giand train : mais cet état
traïupulle el heureux fut de ccuirtc
dm ce. Giehtel avait pris la défense
d'une riche veuve contre ses beiiix-
liis : CLUX - ci, qui demcuraicul dans
OTC
1.1 mnnc mnisoii (nrdlc , prirent trrs
mal 1.1 cliosc, cl ji li-rcnl (jiclilcl du
haut CI» b.Lsdf rcsc.ilicr; ils i'cu>sent
jnrmc clï.issc (lu logis , si la venvc no
l'i ul rouvert de s;< proleclioii. Elle (i-
iiil p.n- re|H)nser : il avait alors viiigl-
six ans. Le r('f;rct d'avoir none un
lien iiidissoinble avec une femme beau-
coup plus âgée cpie lui, dérangea tout-
à-fait son faible cerveau. Suivant lui,
Dieu lui remplit l'esprit d'une mélan-
colie si profonde , cpi'insensible à
toutes les joies mondaines que la gran-
de fortune de sa femme lui pei met-
tait de goûter, il ne recouvra le rej^os
qu'après avoir forme la resolution d'al-
ler en Amérique travailler à la conver-
sion des pa'iens : en conscqurnce il
partit pour Zwoll , en Hollande , où
demeurait Brcckling , autre vision-
naire avec lequel il était en coires-
pondance. Il voulait puiser de nouvel-
les lumières dans ses entretiens avec
celui-ci , afin d'être mieux prépare pour
sa mission. Dès qu'il eut appris qu'un
certain baron de Weiss, qui ne rêvait
que reformes religieuses et conversion
des infidèles, était à Ratisl)onne, il
accourut à lui pour s'associer à son
œuvre. Il voulut commencer par faire
approuver ses idées de refoinie aux
ecclésiastiques de cette ville; mais il
fut mal inspiré dans ses démarches :
il avançait que pour lemplir les cli;.'i-
rcs de professeur, il fallait avoir égard.
non à l'instruction des j-ersonncs, m.iis
à rilluniination de l'esprit saint. Le
scandale qu'il causait dans Ratisbonnc
en vint h un point tel , qu'après l'a-
voir retenu tiois mois en prison, et
l'avoir fait promener dans les rues
par l'exéruteur de la juslice, on pro-
nonça la confise.iti(-n de S(i) biet'S ,
et on le bannit à perpétuité. Il alla
clicrcli( r fortune à Vienne, où il se
donna pour alcbiraisfe , profession
qui tîaiî alors en ciédit dans celte
GIC 53i
ville, puis retourna en Hollande. De
léformateur et de miître du grand-
oeuvre, il fut rédiùt à n'être que l'aide
de Jjie(kling. ilemplis tous deux de
vanité, ils ne tardèi( ut pas à se brouil-
ler. Cependant (iiclifel, qui au fond
était bon homme, se réconcilia avec
son maîîre : il prit même sa défende
lorsque le consistoire luthérien d'Anis-
terdam le scraonça; mais il le fit av(c
si peu de înénagemenf, qu'il fut deux
fois mis en prison , puis au pilori, et,
au mois de février 1668, chassé de
Zwoll et de tout l'Over-Yssel. Sa res-
source hit de se réfugier à Amsterdau),
asile à cette époque de visionnaires do
toute espèce. La Providence vint à son
secours : un inconnu lui donna de l'ar-
gent dont il avait grand besoin. Il
s'adjoignit d'autres rêveurs , et eut la
seconde apparition qui prouva le dé-
rangement total de son esprit. 11 vé-
cut d'aumônes, prophétisa, prêcha,
déclama contre le mariage, et trouva
des auditeurs et des sectateurs, même
parmi les gens instruits. Mais la divi-
sion se mit dans le troupeau : quel-
cpies-uns de ses disciples devinrent
ses antagonistes; ils l'accusèrent de
chercher à étouffer l'amour du travail,
et de répandre la discorde dans les
familles. La désertion de ses auditeurs
lui fil bientôt courir le risque de mou-
rir de faim; ce qui le réduisit à un si
grand désespoir que, de son propre
aveu, il forma cinq fois le projet de se
couper la gorge : néanmoins il n'( n
vint pas In ; quelques idiots qui lui
restèrent fidèles, lui fournirent de quoi
subsister. Il vécut encore seize ans à
Amsterdam, pauvre, inconnu et mé-
prisé, et mourut en 17 10. Deux ans
avant sa mort, il perdit deux ongles
au pied droit; ils fuicnt remplacés par
deux longues griffes d'aigle, ce qu'il
regarda comme nn signe de l'esprit
qui prenait son cs'':oi. On a de Gich-
532 G l E
tel : I. Dépêche théosophique éiU-
fante, i 700, trois partie- iij-8"., {^u-
ijJie'e par Godrfroi Arnold, son disci-
j)!r. Ijberl'eid la fit paniître en cii.q
parties sons la rubrique de Ijelliuîie,
1710, et tijfin rn i^aa , en six par-
ties , sous le titre de Theosophia
practica , avec la vie de Gichlel.
Les deux premières éditions , ne por-
tant pas de nom d'auteur, furent at-
tribuées au bai on de Weiss. 11. Bre-
ve notion cl explication des trois
principes et menace dans VJwmme ,
par J( an-George Grabern, et Jean-
George Gichlel ( Amsterdam ) \ijÇ)V) ,
in-8.; troisième édition, ibid., 175O,
ur) vol. in-8"., enrichie de jolies ligu-
res tnlurainees, qui rcpiesentent en
miniature les trois principes et l'hom-
me interi( ur. Le plus fidèle et le plus
})(rscvèrant des sectateurs de Gichlel
fui Jean- Guillaume Uherleld , ancien
marchand à Franciort-sur-lc-Mcin.
Après la mort de son m.iître, il soutint
ii bien la secte, qu'elle n'est pas en-
eoie entièrement éteinte; elle prit sous
Uberfdd le nemde sofie'tè de s Frères
angeliqucs, parce que les frères doi-
vent imiter la pureté des anges, en
s'abstenant de tout commerce avec
l'autre sexe, et de tout travail : leurs
autres piinripes sent ceux des thco-
sophes. Lberleld mourut en i-jji à
l'âge de soixante-douze ans. La vie de
Gichltl a èfc donnée par Heinbecx en
allemand, Dtilin, i^S'i , et par Hau-
Icnberg: celui ci était wn de ^e« secta-
teurs. V. — s.
GIÉ (PiLRnE, vicon)te de liohan,
plus connu sous le nom de marc-
chai de), naquit en lîiel.igue vers
le milieu du xv'", siè( le. Il était (ils
de J-ouis I'^ de liohan <f de Maie
d(! Monlaub.in , et descendait ainsi de
tU'XW des |>lus anciennrs cl des plus
puissantes inai^ins du royaume. Aj>rès
la mon du sou pèic , d eut p» ui tu-
GlE
tfur Tannrguy du Clialel j et l'on
croit que Tanncguy profila de l'as-
cendant qu'il avait .sur son espiit pour
l'attirer à la cour de France. Ce fut
en i470ï que le vicomte de Kohan
quitta la Bretagne. Du Chatel alla au-
devaut de lui jus(ju'à Thouars , avec
plus de denx cents gentilshommes.
Louis XI se trouva sur sou passage,
cl lui fit beaucoup de caresses. C'était,
dit Duclos , un jeune ambitieux plein
de courage j et les promesses du mo-
na:que achevèrent de le gagner. Il fut
tait maréchal en i475, et continua de
donner au roi tant de preuves de sa
fidélité cl de son dévouement, que ce
prince soupçonneux lui accorda toute
sa confiance (1). 11 commandait en
Flandre en i479"j ^i ^^'^c huit cents
hommes , il reprit toutes les places
dont M:.ximilien d'Auiriche s'était em-
paré par surprise. En i4H'2, il as-
siégea Aire avec une telle vigueur, que-
celle ville , dans laquelle il avait des
inlelligcnres, ne parut se rendie qu'à
la force. Api es la mort de Louis Xi,
il continua d'être chargé de la dé-
fense de la frontière de Picardie , et
renij^orla dillcrents avantages sur les
Autrichiens , qui n'en obtinrent au-
ctin sur le- Français, tant q».e Gié lut
à leur lele. Il accompagna Charles VIII
à la coi;(iuète du rt yaume de INapIes,
et commandait l'avanl-garde à la ba-
taille (le lornove ( 1/19:")), où, dit
Brantôme, « il fil fort bon selon au-
» cuns, et selon d'autres non.» On lui
reproch.i d'avoir tenu son corps d'ar-
mée eu n serve, sans en débander
pour le moins cpielques légères troupes
afin de renforcer les pauvres combat-
lanls. Kiilin , continue Brantôme ,
« tout alla bien ; et le maréchal ne
» laissa pas d'emporter le renom d'a-
(i^ I.KitK M icrivttil au ciiitc «Ir Damniarlin
i|uti M. tli- Uoli.iii «l.Ml un tl«j (;r.iiHl» iri|;"< urs ilu
loy.nmu: «lu'il «c Ic'.n «liiii le jiluj d';i>f»ir altaihc
a )uii tccvtci'.
» voir clc milioii (Mpil.iiiir cl jioiir li liborlc', cl ont la ixrinissioi) de rcvc-
» i;uirre et poir i.i p.nx. »> (iO fui lui i)ir à Paris; mais il no voulut ja.riais
qm comliuMl du secours à Louis XH , ropaïaîti*; à la cour. M inour.it l(.' M
alors i\uc d'Orlcaus, assic'^o d.ms No- avril i5i3, cl fut inhume' dans l'e^lise
varc, iVoU il parvint à le délivrer ; qu'il avait l'ail construire à Stc. -Croix.
ot ce service important lui mérita la On conserve à la nd)li()thè'pie rovalc
bienvcillanccde ce prince, qui le nom- les Piè(U\s du procès criniiiud j'aiL à.
ma chef de son conseil. G'.e le suivit Pierre de Rohan, maréchal da (riè, ^
en Italie en \/\()i}, et assista à son in-fol. Son portrait a été grave par
entrée à Gènes en i 5o i. C'est ici que Odicuvre, d'après une miniature tirée
se termine la fortune du mucehal. Il du cabinet du Uoi. W — s.
avait eu le malheur de déplaire à la GIEDDE (Ove), amiral et navi-
reine (Anne de Bielagne), en faisant gateur danois, c'iait ne à Totnerup
arièler les l);iteaux charges d'elT.'ls en Scanie l'année i5()4. Ayant fait ses
prc'cicux qu'elle envoyait à Nantes; e'iudcs à Wittenberg, Leipzig et le'iia,
et celte princes^ene!uipardonnaJ)oi^l il retourna pour quelque temps
celte olFense. Elle parvint d'abord à en Danemark , el passa ensuite au
le faire éloigner de la cour. Gie sup- service de Hollande. En 161G, le roi
porta celle première disgrâce avec de Danemark, Christian IV, l'em-
beaucoup de fermeté. Il se retira dans ploya dans une ne'gociation à la cour
le château qu'il venait de faire cons- de Holstein-Gottorp.Cc même prince
truireàSte.-Croix du Verger, en An- fonda dans ce temps à Copenhague
jou, disant a qu'abonne heure la pluie une compagnie des Indes orientales,
l'avait pris pour ^e mettre si à propos et chercha tous les moyens de la faire
à couvert sous celte belle maison. » lleurir. Un Hollandais nommé Bos~
Mais la reine ne l'y laissa pis Iran- chower, qui , de simple facteur , était
quille long-temps. Elle suscita contre devenu ministre de l'empereur de
lui dilTcrenles accusations , et eut le Candy, dans l'île de Ceyian , et qui
crédit d'en faire renvoyer l'examcii voyageait en Europe pour chercher
au parlement de Toulouse, qui pas- des alliés à son maître, ofTiit au roi
sait alors pour le plus sévère du de Danemark de lui procurer un
royaume. Son procès lui fut fait, et traité avantageux et des éldjlisse-
Branlome laisse entendre qu'il aurait mcnts dans le pays de l'empereur,
été condamné à mort si la reine l'eût Christim, de concert avecla compa-
voulu; mais, ajou!c-t-il, elle préféra gnie, fit expédier des vaisseaux m«r-
lui conserver la vie ,« afin que par sa chauds escortés de plusieurs vais-
\ » fortune changée de grande cl haute où seaux de guerre , dont Giedde eut le
\ » il s'étaitvu, enuumisérableétalbas, commandement, avec le titre d'ami-
» il vécût en dou'eurs et tristesses. » rai. Apres vingt-deux mois d'une na-
I Giénc fut donc condamné, par arrêt vigation pénible, on arriva à Geyian,
du 9 février i5o4, qu'à la privation où toutes les espérances se dissi-
de l'exercice de toutes fonctions pen- pcrent bientôt. Les Portugais domi-
dant cinq années; mais il fut en naient dans l'île. Boschower mourut ,
I même temps enfermé au château de et l'empereur de Candy désavoua le
Dreux, où il cul beaucoup à souffrir traité. L'amiral Gicddc, prévoyant que
de la part du gouverneur. Enfin, à ses efforts seraient inutiles, quitta l'île,
! l'expiration de sa peine, il fut rais eu et alla négocier à b cote de Coro-
354 <^> I E
mandel, où il essuya beaucoup de re-
vers. Il obtint cependant enfin du
rajah de ïanjaoïir la ville et le port
de Tranqutbar, oii il fil èLver le fort
Dansbourg , possession qui est restée
depuis au Danemark , et qui a puis-
samment contiibué à la pn-speiite de
la compagnie des Indes. Gitddc, à son
retour en 1622, aborda à Karmsund
en Norvège au mois de février. Il ob-
tint de brillantes récompenses ; la
mine d'argent de Konsbcrg ayant été
découverte en i&iù, on lui en con-
fia rinspeclion ; en 1 645 il fut nommé
sénateur et amiral du royaume, l^ois-
quc la guerre commença en iGS^ ( n-
Ire le Danemark et Ja Suède, il fut
employé dans les négociations avec
deux autres sénateurs; et la province
de Scanie ayant été cédée au\ Sué-
dois, il y passa pour réj;ler ses af-
faires domestiques. Mais la paix fut de
peu de durée; et les hostilités ayant
lecommencé, Giedde lut détenu com-
me prisonnier d'elat. 11 ne recouvra
sa liberté qu'en 1 6G0 • et s'élant rendu
à Copenhague, il y mourut à la fin de
la même aunéc. On a de lui : Re-
lation de tout ce qui s'e<t passé dans
V expédition à V Inde , depuis le 'il\
novembre 1618, jusqu'au 4 mars
iG'.'.i , insérée dans le recueil en alle-
mand de J. 11. Schlegei .sur {^Histoire
de jPanemarA, Copcnh.igue, 1772,
1. 1, '2'. part. ; — de plus, Négocia-
tions avec l'empereur de Candj et
le rajah de Tanjaour^ insérées dans le
même recueil, tom. i, j'. partie,
17 75. Janus-Mathieu Goltorp pu-
blia en ii'yi'2 à Copenhague, eu da-
nois , une Ode sur le voja^^c de
Giedde aux Indes orientales.
C— AU.
(ilKLÉE ( Jacquemaks) , ancim
poète français, né a Lille en llan-
<lre dan> le xiii'. siècle, est auteur
d'uu roman :)aliri(pic en vers, intitule:
OIE
C'est de renart le nom-el
Qui 11- bien set dire le doit ,
b'il ne ie dit pour lui le doit (t).
Giélée .suppose que , s'étant endormi
au printemps dans un lieu ch.impêtrc 1
et délicieux, il eut un songe dans le- *
quel tous les animaux, ayant à leur
téfc le lion , se présentèrent devant
lui, et se mirent a jouei , danser,
chanter , et montrer , chacun à sa
manière, sa valeur, son adresse et
sa bonne grâce. Ce songe duie deux
années; et Giélée emploie uno partie
de son prologue à prouver qu'il a
très bien p;i dormir cet espace de
temps, sans souffrir de la faim, ni
des incommodités des saisons ; car,
ainsi qu'un l'a remaf que, il dormait en
plein iiir. C'est sous le voile de cette
allégorie , et en prêtant aux anim.mx
le caractère et les habitudes des
hommes de son siècle, qu'il fait la
satire la ])lus vive de leurs mœurs ,
et, on particulier, de celles des ec-
clésiastiques. 11 existe dans la biblio-
ihcque du Hoi ])lu:sieurs manuscrits
de ce curieux ouvrage , dont le texte
n'a jamais été publié, et qui paraît
n'être qu'une imilalion d'un ouvrage
plus ancien. ( Voy. Alkmah. ) Ou
en a une traduction en prose, qu'on
attribue à Jean ïenessax , écrivain
dont le nom se voit nu bas de l'avant-
propos , et qui vivait dans le xv'.
siècle, mais si peu connu d'ailleurs
qu'il a échappé aux recherches de
nos deux anciens bibliothécaires ,
Larroix du INIûne et Duverdier. Celte
tradueiiun a été imjiriiivée plu>ieurs
fois sous des ti'res un jxmi dilierents.
I/é>liliou que Prosper Mirchand cite
coriinH' la picmière , est intitulée:
J.t' Iwn' de maître Uey^uard et de
daine /fcrsan sa femme ^ livre plai-
sant et facèiit'U.i ,i ontcnaat maints
pn^jfns et subtils passasrs pour uwn^
(I) Le dot uu ledviuin.K:e.
irerlt'S condilinrf; et mœurs fie plu -
sit'urs ctdts rt offices, P.iris, Piiil. Le-
noir, iii-/j".,i;olli.(i).V^/'V/Y' iici^nurd
t'I ilatnc Hersant, truite utile àt ndcs
jx-rsiuincs ^conLnant les cautelles et
finesses que fuisint ledit miitrc Be-
rnard , avec plusieurs beaux cxetn-
ple^; prinî sur les cautelle>: de maître
Reu^nard , Pnris , lOiG; l-von ,
1 3 A S ,111-4°. Le docteur en malice ,
maître Re^nard dénumtrant les ru-
ses et cautelles quil use envers les
personnes, Koiun , i55o, iii-i8 ;
Paris, i55i , luemc format. r>'ou-
viage (le (lielcc a été traduil,oii ilii
moins imite en allemand , en fla-
mand cl en anglais. On peut consul-
ter, pour plus de détails, le Diction-
naire historique de Prospcr Mar-
chand ^ art. GiELEE. W — s-
GiERA( L'abbe Dominique), ex-
jésuiie italien et astionoine très exer-
ce , mort à Gènes en mars i8i5,
y était ne, en 1729, d'une famille
dis(ii)g!ice dans le négoce. Il vint^ dès
sa jeunesse , à Milan , où il enseigna ,
pendant long-temps, dans le fameux
collège di' Brera , l'astronomie , l'op-
tique et la mécanique, f.a réputation
qu'il acquit dans ces divers enseigne-
ments, s'élendit par toute l'Italie. Le
célèbre observatoire de celte ville ,
situe' dans le même collège, eut Gicra
pour un de ses fondateurs, comme
on poulie voir dans les e'phèmcridcs
de Brèra , pour 1776, où se trouve
vuie notice écrite par l'ex-jésuite, abbé
Lagrange , sur la naissance de cet
Ohsen^atoire , et dans les Commen-
tarii di vita de^^st^onomc François
Reggio , que renferment les aulrcs
éphéméridcs de Brèia,pour i8ot).
Reggio avait été l'élève de Giera,qui
(1) Cetlr édilion est sans date, mnis c'est par
erreur que quelques liibiiograiilics ont conjecluré
qu'i Ile avait pjrii ea 1487. (iiiiiquc Philippe l-ic-
ni>ir , dont le nom se voil a la lin , n'a comuieuc c
(l'ijnprimcr c^u'ea i5i3.
G I K
ô'j';
le premier avait appris aux artisl<f.s
milanais à faire des télescopes, dt^
sph('res,des priidiiUs , et les autres
machines dont on pourvut dans l'o-
rigine cet observatoire. Giera bn-
nième en iuventa de 1res belles et très
ingénieuses. 11 retout n« ensuite à
Gènes, où il vécut pendant plus de
quarante ans dans une sorte de re-
traite religieuse^ sans fréquenter les
gens du monde. G — n.
GIEKEML;I , famille noble de Bo-
logne , puissante dans le XI^^ siècle.
Les Gicremei furent, depuis le com-
mencement du xiii''. siècle, les chefs
du parti guelfe à Bologne , tandis
que 1rs La mbcr lazzi étaient à la tête
du parti gibelin. Leur rivalité piit un
caractère plus féroce en ^'i']f\ ^ après
la mort d'Imelde Lamberlazzi, Les
Giereraei livrèrent une bataille san-
glante aux Lamberlazzi, dans la ville
même , les forcèrent à en sortir avec
plusieurs milliers de leurs partisans,
les poursuivirent dans les villes de la
Roinagne qui embrassèrent leur parti,
et allumèrent, dans toute celte pro-
vince , une guerre générale, qui se
prolongea long-temps, et fit répandre
beaucoup de sang : elle se termina
enfin dans les premières années du
siècle suivant, lorsque ces deux fa-
milles, également affaiblies, furent
supplantées par de nouveaux partis,
S.S—i.
GIERIG (TnE'opniLE-EiiDMANN),
philologue , naquit à Wehrau dans la
Hiule-Lusacc , le i5 janvier 1755.
Il étudia à Leipzig, et fut, en 1778,
appelé à la place de recteur à \,en-
nep, dans le duché de Bcrg ; il passa
ensuite , comme professeur de théo-
logie et gymnasiarque , à Dor'mnnd.
Depuis i8o5, il cx«iça au Iviée de
Fulde les fonctions de professeur et de
recteur, et il y mourut le 4 décembre
181 4- Il a publié, eu allemand , uu
5jo g I E
asstz grand nombre d'ouvrages esti-
mes, et soigne îes éditions de quelques
au! enrsclassiquespour l'usage des éco-
les. Nous citerons de lui; I. Plutar-
chi in-titula et excerpta apophtheg-
mata laconica; recensuil^ animad-
versionibus iihistrawit , indiceque
verborum f^rœcorum instruxit , Leip-
zig, i-j-jQ, in-8". 11. De viiiiitibus
epistolœ Jacobi cathoUcœ , Duis-
burg, 1782, in-8o. 111. P. Oviàii
Nasonis Métamorphoses ex recen-
sione Biirmmini , varietate lectionis
/?/ notis perpctuis illustrai^it , Lvïp-
zig, 17^4 - '7^7' ^ '^o'- gi^aiid
iri-8". 'I ;>vait public le Spécimen de
cel'.e édition , à Dui>burg, en 1779,
in- 4"* ^^ ' Manuel cosmologique
pour la jeunesse, Leipzig, 1787,
iij-8". V. Prœceplti nonnul'a et
exempla benè dicendi , ex probatis-
simis latinilatis auctoribus excerp-
sit noùsijue instruxit, Leipzig, 1 792,
;^iaud in-8'. M \. Développement g^é-
néalogi(jue de toutes les significa-
tions du mot esprit dans les lan-
siues originales de l'ancien et du
nouveau Testament , en quatre sec-
tions y lJortiiuir)cl , 1792 - 1795,
in-4". VIF. C. Plinii Secumli pane-
gyricus Trajano dicius ; recensuit
noiisiptc illusiravit , Leipzig, «790,
grand in 8'. VIL La vie , le carac-
tère moral et le mérite littéraire de
Pluie le jeune y Dortnuuid , 1798,
araud in-8^. IX. C. Plinii Cœcilii
Secwuli cpistolarum lihri decem ;
recensuit iu)lis<jue illustnwit , etc.,
purs 1 et II y Anjslcrdam et l^eipzig,
iHoG, m 8 . (>etle édition fût partie
(le la collection «les ;uilcurs classi-
(jues qui se publie à Leipzig, (iierig
a aussi ele' l'un îles principaux ri'd.u:-
teurs du puunal allemand ptd»hé à
Duilrmuid, sous le litre *\' Indica-
teur weslphaUcn. W — 11 — n.
GlEvSE ^ 'lutopHn,E-(ainLrii!.N ) ,
OIE
pasteur luthérien et écrivain saxon,
naquit^ en novembre i 721,3 Cros-
sen dans la Bjssc-Silésie : il fut pas-
teur luthérien à Kesselsdorf; depuis
1755, sous-diacre, et, depuis 1760,
archidiacre à la cathédrale de Giir-
litz : il mourut le 28 décembre 1788.
Il a public des sermons et plusieurs
notices biographiques et bibliogra-
phiques. Pnrmi ses productions litté-
raires , on distingue: L Notice his»
torique sur la bibliothèque de la ca-
thédrale de Gbrlitz , Gorlitz, 1760,
in -4°. IL Notice historique de la
première édition allemande de la
Bible , publit^e _, en i l^tiz , par Fust
et Schoiffer , à . Maïence , ihid. ,
1765, in-8°.HI. Notice de quelques
éditions de la Bible , publiées à
fVorms en i5'29, ^' ^ Strasbourg
en i55o-i538; ibid. , 1768, in-
4*^. IV. Mémoires pour servir à
Vhisloire ecclésiastique et littéraire
de la Haute- Lusace , en deux par-
ties, Leipzig et Bautzen , ï77^-
1773, in 8". Il a aussi écrit la vie de
Luther, de L. F. F, Lehr , de /.
/r. Cehler, de Martin Mijller, de
/. G. Kramsche , et d'autres minis-
tres prot(Stauts. B — u — D.
GIESECKEC Paul-Tuierri). T.
GiSLKE.
GIESECKE(Nicolas-Thierri ),
théologien protestant et poète aile-
Tiiand estimé. Son véritable nom est
Aôszeghj , (\m y par la prononcia-
tion allcmaiule , a été transformé en
Gieseckf. Il n.iqtiit , en 1724 ,à Ne-
mcs-Csova , dans le comitat d'Eisen-»
bourg en Hongrie; mais il reçut sa pre-
micre cilucalion à ILimbourg , où sa
incre avait établi son domicile après
la mort de snti époux. Giesi cke étudia
ensuite la théologie à l'université de
Leipzig; et , dans ses loisirs, il s'appli-
qua aux sciences et aux belles-lettres.
En 1748, il quitta l'iuiivcisité pour
OIE
çnlrcpimdrr .î Iliiiovrc , cl ensuite
à HninswirkJ'ctlucalion de plusieurs
jeunes gciililslioriinu's : c'est dans celte
deinièie ville que le savant ahbc Jé-
rusalem lui confia celle de son fils,
connu par les graniles espérances qu'il
donna eomuic lilleraleur , et par sa
fin tragique, {^^''oj. Jérusalem.) Gic-
sccke fut nomme, en i7'>'>, pastiur
à Tiautenst» iii près de Blauckem-
bourg , ensuite prédicateur de cour
à Quedlinbourg ; et , en 1760, sur-
int«M)dant et as^iesseur du consistoi-
re. La mort termina sa carrière labo-
rieuse le '25 février i'iGj. Gieseckc
ne peut pas être compté piccise'meni
parmi ces littérateurs qui ont opéré
une grande révolution dan<; la lan-
gue et la littérature germanique, tels
que KIopstock , llander, Wieland et
Schiller, comme poètes^ et Les.>iug,
Abbt et Goethe, comme prosateurs:
mais la souplesse du talent particulier
qu'il avait pour s'approprier, par l'i-
initatiou , les trésors de la littérature
étrangère, a secondé les efforts de
ses contemporains Cramer, GelJert,
Schlegel , K.ibner et autres qui ont
commencé cette rélormation littéraire.
Du vivant de ce poète , il n'a été pu-
blié de lui qu'un Recueil de sermons,
Bostock , 1760, in-8'. , et plusieurs
morceaux en vers et en prose , dans
un Recueil périodique, imprimé à Brè-
me, sous le titre de Bremische Bei-
traege. G. G. Gaertuer a donné, après
la mort de Giesecke , une édition de
ses ouvrages, sous ce titre: OEwres
poétiques, Brunswick, 1767, in-8\,
précédées d'une vie de l'auteur. Par
le choix de> images et des expres-
sions, SCS poésies morales et lyriques
se rapprochent beaucoup de la poé-
sie orientale; mais dans cette grande
profusion de mots , de pensées et
d'images, on rencontre aussi des pas-
sages sublimes. L'apologue est le gea-
XVII.
GIF 3'Î7
re dans lequel il conserve un caiac-
lèie d'origifialité. Ses poésies à l)a-
phné semblent lui avoir été dictées
par l'amour. Giesecke est aussi l'au-
teur d'un pocmc in:itulé : Le bon-
heur de l'amour, en trois chants ,
Brunswick , i 7G9 , in-8 '. ; et de Ser-
mons ( dont le i*^^'. vol. a été publié
par J. A. Schlegel ) , Flensbourg et
ficipzig, 1780, in-8'. B — 11 — D.
GIEVHAKI. ror. Djeviiery.
GIFFKN ( Hubert Van ) , en la-
tin (7IPHANIUS , célèbre jurisconsulte
et philologue , naquit, en i554, à Bu-
rcn , petiti.' ville de l'ancien duché de
(ïiuiilre. Ses premières études en
droit furent commencées à Louvaiu;
il vint les cojitinucr à Paris , et les
teimina à Orléans , 011 il se rendit
vers 1 566 , et oîi il fut reçu docteur
eu droit, l'année suivante. La répu-
tation éclatante dont jouissait alors
l'université de cette ville , y attirait
des étudiants de toutes les nations de
l'Europe. Ce fut dans le dessein d'être
utile à ses compatriotes, que Giffen
y créa une bibliothèque à l'usage de
la nation germanique, c'est-à-dire, à
l'usr'ge des Allemands et des Flamands^
établissement qui , depuis, forma tou-
jours une section distincte de la Bi-
bliothèque publique d'Orléans (i\
Giffen , après avoir parcouru l'Italie à
la suite de l'ambassa-'V «r de France
à Venise, vint se fixer à Strasbourg,
où il professa publiquement la philo-
sophie et le droit civi! : ce fut sur-
tout dans celte dernière branche de
l'enseignement, et pir les exercices
(i"; On a publié deux catilofjues de cpite blblio-
ihèifue particulière ; l'un par Eininich Neelerpord,
iG6f, Lu - 4"-; l'itntr^' par Gisberi Eilinj^h , Or-
léaiiS, <>';'>', in-S" de * et l'jG p.is;es. Il y a ua
supplément de ao pages publié en 1682. La uatiua
gfnnaui |ue formait ta seconde des pi itre iiatiuns
dont se ci«iTiposait jadis l'université d'Orléans ; elle
juiiissait di; privib'j^es fort et' uilus , entre autres
de ceux du port d'armes, de ne pouvoir être in-
quiétée en malijre de religion , etc. Ou pt;ut voir
le texte de ces priviléijes, avec de curieuv; détails»
ii^aiV Ul}tf9fjBelgiço-GaUiçns. ( F'.Gçtujii'ti.)
^2
538 GIF
auxquels il présidait , qu'il se fit le
plus grand honneur. En 1 5-^7, il
passa à l'université d'Altorf, puis à
celle d'Ingolstadt, où le duc de Ba-
vière lui donna une chaire de droit
civil, à condition qu'il ferait abjur.)-
tion de la religion reformée. Sa répu-
tation , que quinze années de profes-
soral à lugolstadt avaient encore beau-
coup accrue, lui mérita la faveur de
l'empereur Rodolphe II , qui l'attira
à sa cour, et le pourvut des char-
ges déconseiller et de référendaire de
l'empire. Giffen jouit quelques années
de ces deux dignités, et mourut à
Prague le 16 juillet iGo4 , dans un
âge fort avancé, laissant une for-
lune considérable, qu'il avait , dit-on,
augmentée par une excessive écono-
mie. Giffeu ne se bornait pas à une
connaissance aprofondie du droit ci-
vil et du droit canon; les ouvrages
qu'il a publiés sur d'autres matières,
prouvent qu'il s'était également occupe
des belles - lettres , de la pohtique et
des antiquités grecques et romaines :
lUiiis on peut lui reprocher une éru-
diiion souvent mal digérée , et plus
souvent encore le défaut absolu de
critique. Cependant il mérite d'occu-
per, parmi les jurisconsultes, un rang
assez distingué , sans qu'on doive
pourtant lui confirmer le titre de Cu-
jas de la Germanie , cl de Prince
des jurisconsultes allemands , que
Slrauchiuset IVlorhof lui défèrent avec
trop de libéralité. Les principaux ou-
vrages de (lifFcn sont: 1. Une édi-
tion de Lucrèce, De rerum nulurd ,
Anvers, Planlin , i 5^^) , in-iv. , avec
de savantes notes. Celle édition, faite
avec beaucoup de soin , et collalion-
née sur huit inatn)S(;rits, est en outre
nccompapice de plusieurs nu)rce.»ux
fort intéressAuls, tels qu'un abrégé de
I.» philosophie d'Knicurc, extrait de
Di^'^èue Laëice et do Cicuron , cl le
GIF
morceau de Thucydide sur la -peste
d'Athènes, imité par Lucrèce; on doit
surtout remarquer la partie intitulée :
Conlectanea ad antiquitatis noti-
tiam, index très détaillé et qui peut
passer pour un modèle en son genre.
Denis Lambin qui , en 1 563 , avait
publié une édition de Lucrèce , Paris ,
in-4'. , accusa Giflen de plagiat, et
l'attaqua avec une aigreur qui passait
toute mesure dans la troisième édition
de son Lucrèce, publiée en 1570.
GifFen lui répliqua avec non moins
d'âcreté , et prouva que Lambin avait
lui - même mérité le reproche qu'il lui
adressait. Quoi qu'il eu soit , l'édition
de Giffen , malgré les critiqjies de
Creech et de Tannegui Lefevre,est
encore aujourd'hui recherchée, et mé-
rite de l'être , au jugement de Fabri-
cius et de llarles. Elle a souvent été
réimprimée , notamment à Leyde ,
161 1 , in-i6. Giffen annonçait aussi
un Commentaire qui n'a jamais paru.
II. Une édition d'Homère, grec et la-
tin, avecdcs notes, Strasbourg, i57'2,
a vol. m S'.IW. De imperatore Jus-
tiniano Commentarius, cui subjicitur
index historiens rerum romananniK
et disputatio de actionibus empti et
venditi , ïngolstadt, iSgi , in - 4."î
ouvrage qu'a fait oublier la vie de Jus-
tinienpar Ludwig, et surtout celle que
M. Inverniizi a donnée à Rome, 1 7S5,
in-8". ( f^o^. JusïiNiEN. ) Il y a un«
réimpression de ce commentaire ac-
comp.jgnée de l'éloge de Juslinien,
par Guiuct , Nuremberg, iti^o , in-
l 'vi.l V.Des notes assez estimées pour le
Corpus juris ci^ilis de l'édition d'fn-
golstadt , i;')9^», in - fol. et in-Zj». V.
Commentarius ad Institutioncs y ïn-
golstadt , i5()(), in- 4"-» et Stras-
bourg, i6o(i et i()5o, in-4".; ^^"
cclleut ouvrage , et qui ne doit point
être confondu avec la foule innom-
brable des commenUircs sur les 1ns-
GIF
lilntcs. Vî. Aminoinldrnmjuris ci-
vilis c priplfclionrbus tlt'sumjdarmn
lihri ir , rr.iiiir)rl , i()0.'")lI iGoG,
in-.\^. On sait qu'on iioinmo antino-
mie roj>])()>ilKm icVllo ou apparente
rjui s(» iciirontrc (jui'lqiu'fois entre
deux lois romaines : il arrive le plus
frci|uorament que celle opposition ne
irpo.«»e que sur une misérable argutie
i.ieilc A détruire; aussi Jes juriseon-
sulfcs qui se sont occupe's de recueil-
lir et de résoudre ces prétendues dif-
ficullés ( f^ov. CoccEji, Mencren ,
G. A. Struvius , etc. ), ne sont
remplis pour la plupart que de ques-
tions Culiie»» et de su])tililés scolas-
tiques. Girtcn ne peut échapper à ce
reproche; mais au moins a-t-il pres-
que toujours le mérite d'être clair
dans les diflicultés qu'il pose et les
sohitions qu'il émet. Vil. Leciiirœ
^^Itorphinœ in aliquot titulos Diges-
iorum et Codicis , Francfort, i6o5,
iu-4'.; c'est le plus estimé des ouvra-
ges dcGiflTt'n. WW.Antinomiœ juris
j'cudalis, accedii tractatus feiidalis,
Francfort, 1606, in - 4''; ouvrasse
du même genre que celui du n". VI,
mais moins complet et moins recher-
ché. IX. OEconomia jiiris , seu dis-
posilio metliodica Ubï'orwn ac titu-
lorum totiiis juris clvilis , Franc-
fort , i6o(i, in-4'''î ouvrage souvent
consulté. X. De diversis regidis Ju-
ris, Strasbourg, 1607, in-8'. XI.
Une édition de la Politique d'Aiis-
tote , Strasbourg, 1608, in-8. ; et
flvec une préface fort curieuse de
Gonring ( Hermann ) , et une intro-
duction à la Politique d'Aristote, Helra-
stadt , 1657, in- 12, el i6jti, in-
4". XII. Cornmentarii in decem li-
hros Ethicorwn Aristottlis , Franc-
fort ^ 1608, lu -8'.; commentaire
volumineux et oublié, mais qui n'est
point sans mérite. XllI. Expla-
7iatio dijficiliorum et celebr iorum
G I G 5r>9
qufPStionum in octo lib. Codicis oc-
currcntiiun , IMIe, i(jo5,in-4''- XIV.
Beaucoup de Thèses , de Disserta-
tions plus ou moins étendues sur des
matières de droit, telles que , £>«
pactis, De cponsalihus, De ordineju-
dicioruin , etc. , imprimées à Siras-
bourg,à Altorf, à ingul.^tddt , et à
Fr incfort , et dont ou peut voir le
catalogue dans Wiil , dans No|>iisch,
cl dans Zeidler , ntœ projessorum
juris Altorphinorum , Nineraber"^ ,
I 777 - 87 , 5 vol. in-4". ( tome 1 ,
p. 57-62; tora. m, p. i3o-i44. )
Tous les ouvrages compris depuis le
n . VI sont posthumes ; mais, outre
ceux-là , GilFcn en avait encore laissé
en manuscrit un fort grand nombre
d'autres, dont on trouve le détail
dans les Amœnitates litferariœ de
S.helhorn, lomexii, p. 587-091.
p— N— T.
GIGAS (JiÎrome), jurisconsulte,
né vers la fin du xv'. siècle , à Fos-
sombrone , dans le duché d'CJrbin ,
fit ses études à l'université de Padouc,
où il eut, entre autres professeurs, An-
toine liurgos, qui lui témoigna tou-
jours beaucoup d'affection. Il accom-
pagna Burgos à Bologne : il y prit,
dit on, ses degrés; mais d'autres pré-
tendent qu'il avait été reçu docteur
avant de quitter Padoue. Il le suivit
ensuite à 6aierne et à Rome, oii, sur
la recommandation de son ancien
maître , le pape Clément VII le
nomma référendnre apostolique. Ce
fut par une espèce de prodige qu'il
échappa au sac de Uome en i5 l'j y
et qu'il parvin à soustraire son ar-
gent à l'avidiîé des soldats. Il se re-
tira d'abord à Ancone,et peu de t( mps
api es à Venise, oij il exerça la profes-
sion d'avocat avec beaucoup de réputa-
tion. Il y mourut en i56o , dans uu
âge avancé. Le plus célèbre de tous
SCS ouvrages est son traité De pen-
3a„
54o GIG
sionibiis ecclesiasticis y souvent reîrn-
piimë (1 !us le xvi . et le xvn". siè-
cles. Il eu donu,\ la suite sous le litre:
Besponsa familiaria in miterid
ecclesiasticarum pensioniim. Le su-
jet y est aprofoiidi, et piéhente' d'une
raauicre inte'ressante. La meilleure
édition est celle de Cologne, 1619,
in-8 '. , dans laqutille on a insère son
traite De inlruso , et qui est enrichie
d'une table des matières très ample.
On connaît encore de Gigas : \. De
crimine lœsœ majestdis tractatus ,
Lyon, i5>7; Sj)ire, iJgS, in-8'. ;
et dans les Tractatus juris y tome xi.
IL De residentid episcoporum , Ve-
nise , 1 569 , et dans le même Re-
cueil, tome XV. ÏIL ConùUci inpen-
sionum materid et de interesse usu-
rario , Venise , i58o , in-fol. IV.
Des Noies sur les Décrétales. —
liermanu Gigas ou Gygas, corde-
lier flamand ou allemand d'origine,
était dans une maison de son ordre en
France, lorsqu'il compila, sous le titre
de Flores teinporum, une chronique
quis'etenddepuis la création dumonde
jusqu'à l'an i549. Gérard Mcnschen
l'a publiée à Leyde, 1-^4^ ^t 1750,
in-4"., avec une continuation jusqu'à
l'an i5iv5, par Michel Eysenhart,
prêtre de Weisseubourg ( Erjlhro-
politanus), et y a joint un glossaire
fX une savante préface. Les Flores
temporum du cordelicr Martin {Dfar-
tinus jninorita)y continues par Her-
mann de Gènes, depuis l'an 1*290
jusqu'à i34(i, et insères dans le tome i
du Corpus historicum medii œvi
d'I'^ckhart, ne sont qu'un abiegc tron-
que de la chronique de Gigas , que
l'on cite aussi quelquefois sous le nom
^y //cnnnnnus minorita. W — s.
GIGAULT (/ "^. Bellefont).
GTGGEl (Antoine), orientaliste
et docicur en ihèulogie, dirigea ses
travaux vers l'ctudc des lanjjucs ori«u-
GIG
taies. Après avoir acquis à Milan les
éie'menls de la langue persane, il alla
en Toscane pour y étudier l'arabe. Eu
i6:io, il publia la traduction latine
des Commentaires de Salomon bea
Esra ctLevi beu Gerson, sur les Pro-
verbes. (Voy. Gerson, XVII, 111.)
Douze ans après, il mit au jour l'ou-
vrage suivant: Thésaurus linguœ ara-
bicce quem A. Giggeius ex monumen-
tis Arahum manuscriplis et impres-
sis biblioihecœ Amhrosianœ eruit,
concinnavit et latini juris fecit... Mi-
lan, i632, 4 vol. in-fol. Cet ouvrage
fut fait sous les auspices du cardinal
Frédéric Borromée , qui n'avait cessé
d'honorer l'auteur de sa protection et
de ses bienfaits. Giggei avait mis à
contribution plusieurs lexiques origi-
naux pour composer le sien : il avait
promis dans sa préface de publier sé-
parément la notice des auteurs qu'il
avait consultés ; mais l'on ne voit
point qu'il ail exécuté ce projet. Sou
dictionnaire fait époque dans l'his-
toire de la littérature orientale en Eu-
rope , et n'a été elTicé que par celui
queGolius publia vingt-un ans après.
On le consulte même encore quelque-
fois avec fruit ; car il donne souvent
des interprétations omises par les lexi-
cographes qui l'ont suivi. Giggei mou-
rut en i65'2 , l'année même oij parut
son Thésaurus. Lors(|ue la mort le
surprit, il travaillait à un ouvrage sur
la langue persane , qui devait porter
le litre de Gazapersica. Il s'occupait
aussi d'une Grammaire chalflaujue.
Ph. Opicelli indique de lui , dans ses
Monumenta bibl. Amhrosianœ , des
Commentaires manuscrits surl'^^trt-
ture sainte , tirés des commentaires
manuscrits ou imprimés des rabbins.
J— N.
GIGIiï (Jérôme), célèbre littéra-
teur italien , génie original et singu-
lier, olbe un exemple remarquable du
GIG
trouble qup 1rs passions liflcrairos et
r.jj^ilaliou (le IVspiif mcttonl qiM If|i!(-
fuis (l.tiis une vie (l( sliiiec <i èlre paiMblc
et d.ins une position que la lortunc ren-
dait lieuren^e. Son pèie,nomH)eJoseplj
Nenci , clail d'une lionnête faïuilie de
viiennc. Jcronie y naquit le i4 orlo-
Lre \06o. 11 fil de très bonnes études,
et s'app!i([ua surtout à l'eloquenee ;
mais, jus(pi'à l'âge de quatorze ans, il
ii'anuoiiçail rien d'extraordinaiic, si
ce n'c^t qu'à cet âge, où presque tous
les jeunes gcus semblent lutter entre
eux de goût pour la dissipation , le
mouvement, la gaîtc bruyante, il n'en
montrait que pour la retraite, les pro-
menades solitaires, les lectures solides
et l'élude assidue des bons auteurs.
11 existait alors à Sienne un vieillard
riche et sans beiiliers, nommé Je'-
rôme Gigli, parent assez proche du
jeune Nenci, du cote de sa mère; ce
Gigli, "voyant en lui l'annonce d'une
bonne conduite , d'une réunion de
qualités peu commune et d'une santé'
florissante , résolut de l'adopter , de
lui donner son nom et tous ses biens,
ne doutant point qu'il ne les transmît
à une nombreuse postérité. Ce projet
fut exécuté dans les formes légales ,
et avec la plus grande solennité. Le
père adoptif , pressé de réaliser ses
espérances, trouva promptement pour
son fils un parti qui lui parut conve-
nable , et le maria le 29 avril 1675,
lorsqu'il n'avait encore que quatoize
ans et demi. Le vieux Gigli s'était
si peu trompé dans ses calculs , que
de ce mari , encore enfant , et de sa
femme ([ui , il est vrai , était plus
âgée , naquirent dans un certain nom-
bre d'années douze enfants. 11 ne vit
naître que les deux premiers , et fut
emporté par une maladie , moins de
quatre ans après l'adoption qu'il avait
faite. Jérôme Nenci ou Gigli se trou-
va donc, à l'âge de dix - huit ans ,
GIG 541
possesseur d'un héritage ^oiisidéia-
blc , maiié, père de fiun.le , cl ne
voyant (hvant lui que la jicrspec-
tive la plu*» ri;inle. Son amour pour
l'étude ne s'était j)oint leiVoidi. Pen-
dant ces quatre années, il avait achevé
sa propre éducation, et s'était mis en
étal de diriger celle t'e ses cnfiu'.s. La
philosophie, l'histoire, l'astronomie,
la musique , l'architecture , l'avaient
successivement orcuj)p. Il y joignit
rap.iiculture , lorsque , maître de sa
foituup, il put vérifier les théories par
la pialique dans sa belle maison da
cauipagne de Monte- Specchio , qui
n'était qu'à trois milles de Sienne. La
vivacité, le touj- piquant et l'origina-
lité de son esprit s'eiaicnt montres en
même temps dans des poésies soit
lyriques , soit dramatiques , tan lot
sérieuses , tantôt ^aies , et souvent
satiriques , genre auquel d était porté
par une causticité naturelle , que sa
positlo!! indépendante ne l'engageait
pas à contenir. Les mêmes qualités
brillaient dans ses compositions e»i
prose , où l'on trouvait aussi le même
penchant à la satire. 11 ne tarda pas à
se faire beaucoup d'ennemis ; mais le
nombre de ses admirateurs augmentait
de même tous les jours. Il lut admis
dans les académies les plus célèbres
de l'Italie , entre autres dans celles
des intronati de Sienne, des Arcades
de Kome, oii il prit le nom A^Ama'
ranto scitiadico ; et enfin dans l'a-
cadémie de la Crusca. Ce fut poui' des
réunions académiques plus particu-
lières , et principalement pour le col-
lège des nobles de Sienne, qu'il fit
ses piemiers drames en musique : sa
Geneviève y exécutée par six pen-
sionnaires de ce collège , ejit un si
grand succès qu'elle lui lut dcmandéo
à Rome, à Brescia , et dans plusieuis
autres villes, où elle ne réussit pas
moiusqu'àSicnne.Sonitow/^Ze-Piewjr,
542 GIC GIG
et plusieurs autres drames, ses can- sycophantc. Que l'on juge des ecît-rts
tates, ses Icles ihe'âlrales, roinposëgs de rire, des applaudissements , des
à la demande des personnes du plus trëpignemeiils d'une asscmbiée nom-
haut rang, pour des occasions d'éclat, breusc à l'apparition de cîi-jcnn des
et repiésetilées avec toute la pompe acteurs , à tous ces traits de ressem-
que l'on donnait à ces sortes de îèles, blance parfaite, et à ce que tous ces
lui acquirent dans cp genre, alor> nou- rôles do théâtre avaient d'analogue
veau , une re'piitaiion qui précéda avec ceux qu'on avait vu jouer rcel-
celled'Apostolo Zeno et de Métasttse. lement dans la ville. Quelque temps
Il eut l'amhitioii de join'lre à tant après, le cardinal Otloboni, passant
d'avantages ceux dont les ntibies jouis- à Sienrie, destra voir cette pièce rc-
ftaieut à Sienne j et ses .imis parviu- présenice par les mêmes acteurs; mais
rent à le faire appel» r, eu i(384, à les dévots et Ks dévotes-de Don Pi-
l'une des magislriituresqni eonferaieut lone se donnèrent laiu de mouvement
la noblesse. C'était dans ce temps-là qu'ds parvinrent à empêcher que la
même, que ses pièces de théâtre, se- représentation eût lieu. Gigli n'en de-
rieuses et comiques , se succédaient le vint que plus animé contre les hypo-
plus rapidement, et étaient leçues crites, et plus ardeut aies puursui-
avec des applaudissements univcr>els. vrc. Il les traita .sans miséricorde dans
La frtnchise de son caractère, et sa un chant de cinquante octaves eu style
piété qui , au miliq^ d'une vie si dis- burlescjne, qu'il lut pijb'iquemeut dans
sipée , était vive et sincère, lui fai- une séance académique, tenue au mi-
saient surtout prendre à tâche de dé- lieu des jardins Piccolomini , devant
masquer les liy[)0critcs , et de les at- le prélat Forleguci ri , ingénieux au-
taquer dans ses comédies sans aucua tcur du poème de Richardet. Au car-
ménagement. Sa traduction en prose naval suivant , il parut sur la place
du Tartulït'dc Molière , qu'il fit jouer publique de Sienne, masqué en Don
sous le litre de Don I^Uone, ou plutôt Pilone , porté tians un fauteuil com-
qu'il joua lui-même sur le grand théâ- mode, distribuant aux dames, dans
tic de Sienne, prouve asstz quel ccHi- leurs carrosses , un madrig.d plai-
rage et quelle chaleur il mettait dms sant et satirique , détournant d'elles
celte guerre ouverte. Il se chargea du ses regards hypocrites, et faisant
rôle prmeipal, et engagea neuf de ses toutes les simai;ré(.s d'un vrai Tar-
amis à jouer les autres , chacun selon tulTe. Ces boullônneries et les cris
b'S confoi mirés physi((ues qu'il pou- de ceux qu'elles attaquaient, n'<mpt-
vait avoir .ixcc ces divers person- chèrent point le grand - duc Cosme
liages. Il alla plus loin ; il imita la 11 i de le nommer profescur de îitté-
]»iononciation, !a démarche, les gestes rature toscane dans l'univcrsifë de
d'un hypocrite fort connu dans la ville. Sienne. Sts leçons attirèrent bientôt
et que le tribunal de l'inquiNition , nue foule d'.uidifeurs. Oite alHuence
établi à Sienrie , avait été forcé de et l'avidité avec laquelle elles étaient
condamner à remprisoiin(.'fnent pour écoutées, l'enii.igin nt à les ras>ei»
dr^ niérails reconnus et prouves: il birr eu un volume, (|ui a été reim-
.s liabilla rr»nim<' lui , et fit copier avec prime plusieurs fois. Il entreprit , vers
la Tnèine fidélité, par sa troupe, les le mèuie temps, un travail dilbcile ,
personnes (pii s'étaient le plus ouvci- qui paraissait peu analogue à nu es-
teuicni dccl.;rcts pour ou contre ce prit ausii vif que le sieu ; t'cLiil uuc
(i I G G I G 543
tdition roMiplrlc des Lettres cl des son stA'lc ; cl coiurne ce ?ujct ne rnaii-
diitres u'iivics do Sie. (^thcriiic de «jiJiut jamais de rémouvoir, il se I.nssa
Sienne, coriles en italien ilès le xin'. eiitrauier à son cnthotisinsnic , fut si
siècle, avec la pins };rande piiicle. cloquout , si prolondémcnt touche,
I.es niaiiusoiils 01 i;;inaux, conservés qu'il émut le piiiicc lui-incnic; et
c\\i7. les duiuiniciins de Sienne, lui celui-ci quittant le rôle de ju^e irrité,
servirent pour corriger le texte, al- oublia enlièrenient roljjrl pour lequel
téré dans toutes les éditions précé- il av«il mandé Gigli , et ne lui fit
dentés, cl pour Taugraenter de beau- plus de questions que sur l'objet de
coup de pièces inédiles. ( Foy. Ca- M)n entreprise. L'adroit Gigli fil en-
THEKiNE, vil , o()H. ) Il fut soutcnu teiidrc qu'elle aurait été jdus avancée
dans cette entreprise par son 7ÀAe pour s'il i/avait été retenu par les frais con-
la langue de sa patrie , et par la dé- sidérables qu'elle exigeait, et que sa
voiion spéciale (pi'il avait pour cette fortune,déjà fort dérangée, ne lui avait
sainte. Il allait tous les jours lui rendre pas permis de faire. Le grand-duc se
l»omniaç:e dans la cliapclle où l'on en chargea de lever cet obstacle j il auto-
conserve (comme cliacun sait) la tête risa , par un ordre exprès, Téditeur
gaine cl entière ; et on l'y avait vu de Ste. Catherine à prendre, dans les
plus d'une fois fondre en larmes. Les magasins de l'imprimerie ducale, tout
travaux pivliminaires de cette édition le papier dont il aurait besoin : et Gr-
êlaient tel n)inés , et il était prêt à en gli , au grand dépit de ses ennemis ,
commencer l'impression lorsqu'il reçut remporta une grâce signalée d'une au-
l'ordre de se rendre à Florence , de- dienceoù ils l'avaient fait appeler pour
vant le grand-duc, pour répondre à le perdre. Malheureusement pour lui,
des accusations portées contre lui par au lieu de devenir plus sage , il crut,
des moines qu'il avait trop peu mena- après une telle épreuve, pouvoir se
gés dans ses satires. Ils avaient tel- tout permettre impunément. La tête
lement prévenu l'esprit du souverain, échauffée par l'élude continuelle des
que Gigli sentit bien qu'il avait tout à écrits de la sainte siennoise, il cbn-
craindrc : mais il se lira de ce mau- rut l'idée de joindre à leur publicalioa
vais pas par un trait d'assurance et celle d'un vocabulaire formé des seules
d'adresse qui lui réussit au-delà de SCS expressions dont elle y avait fait
espérances. Arrivé devant Cosme III , usage; il se proposa d'y démontrer que
au lieu d'attendre, comme il le devait, dans la langue toscane, le dialeclc de
que le grand-duc lui dît pourquoi il Sienne était préférable à celui de Flo-
l'avait fait venir, et quel était le suje*; rence pour la giâce, l'éiégance cl la
de son méconlenlement, il prit ia pa- pureté, malgré les prétentions des Flo-
lolc , j)rotesta de son empressement à lentins. On le lui aurait peut êire par-
5c rendre aux ordres de S. A. R., os- donné, s'il avait mis dans cette dis-
sura qu'il ne lui en avait rien coûté de cussion délicate les précautions, les
quitter le travail dont il était occupé , ménagements et les égards qu'elle exi-
quclque important que fût ce travail gcait : mais il fit précisément le con-
lîour l'honneur de sa patrie, pour le traire. 11 assaisonna ses critiques de
bien de la langue toscane , et pour les mots piquants et dérisoires , contre
intérêts même de la religion : alors il les Florentins et leur académie j de
parla de Sle. Catherine, et de sa vie, sarcasmes offensants et de traits sati-
ct de SCS ouvrages , et des beautés de -liq^uos les plus aigiuj. Cette espèce dô
344 GÎG
fureur n'avait , dit-on , d'autre cause
que le refus que lui avait fait Tica-
dcmic df l;i Crusca, d'admellre, clans
son édition de 1692, quelques mots
qu'il croyait sullisamraent autorise's,
puisqu'ils avaient e'ie' emplove's par la
sainte. 11 en avait toujours conservé
un ressentiment, qu'il voulut enfin
rendre public eu faisant imprimer à
Rome, en 171-], son vocabu aire en
tête du 2 . volume des œuvres de
Stc. Catherine : trente-quatre feuilles
étaient déjà tirées, ef Ton en était à la
lettre R quand sou srcret fut éventé
par l'ii. fidélité des imprimeurs. Aus-
sitôt un deVr<t du m:tître du ï>aré pa-
lais an èia l'irapri ss;ou , prohiba l'ou-
vrage; et l'auteur fut exilé, p;ir ordre
du souverain ponlife , à quarante
milles de Rom'-. O même décret fut
réinipriuié à Florence par ordre de
l'inqui-iitcur-générril , ( t y tut p iblié
le i'^'^. septembn . Le lendemain les
académiciens de la Ciusca s'clant as-
semblés , rayèrent Gigii de leur liste,
par un décret enr< j^islré d 'US les ai tes
de l'apidémie . et revêtu de l'appio-
batiou du giaud-duc. Le c) , ils firent
brûler swleunellement , par la m .iu
du bourreau et au son de la cloche
du p.diis de justice, le livre don» ou
leur avait envoyé de Rome des exem-
plaires , et dont l'édition presque
entière avait été saisie. La vindicte
académique . secondée auprès du sou-
verain pai» les jésuitisquiavucul alors
un grand crédit d.Jis cette cour, n'en
resta pas là. Un ordre émane' de la
secrétairtric d'elal fit cirMur de même
le nom de Gigli du rôle des profes-
seurs de l'univi'rsilé de Sienne : le nù-
iiistre y ajouta , peu de temps après ,
la défense de rentrer dans sa ville
iiattle. Il reçut cette nouvelle s» nirnce
à Viterbe, où il s'était relire. Là, il
réfléchit enfin sur ses imprudences
et sur leurs suites : il se vit menacé
GIG
d'une ruine entière , et sentit qu'il
n'avait d'autre moyen de la prévenir
que d'obt( nir du grand-duc son rap-
pel, mais qu'il le sodlciternit inutile-
ment si le pape ne lui accoidait d'a-
bord la permission de retourner à
Rome. Heureusement il trouva un
j>uissant appui, auprès du St. -Père ,
dans le prélat gouverneur de Rome,
Alexandre Falconieri : mais d fallut
écrire et publier une rétraclalion gé-
nérale de ce qu'il avait écrit , puis
des rétractations particulières , puis
encore d'coitres rétractations; il s'hu-
milia j)lus qu'on ne l'aurait attendu
d'un caractère tel que le sien , et plus
qu'on ne 'e doit faire quand i: ne faut
que choisir entre la honte et le mal-
h(ur. I! ne réserva enfin d'autres
droits qu' ceux du dialecte de sa pa-
trie , et déc'ara qu'en desavouant les
formes qu'il avait employées pour le
défendre^ il m liiiteuait la question de
prééminence dans toute son inté|;iité;
trait de zèle et de fcruieîé philolo'^ique
qu'd n'est pas iiidilTcri lit d'observer.
Ces désaveux eurent l'effet qu'il en
avai* espéré : son i \il de Rome fut le-
vé, et, peu de temps après, celui de
Sienne. Il y trouva porté au comble le
désordre qui s'cl.iit mis depuis long-
temps dans sa fortune, et que reu-
d.iient inévitable sa libéralité presque
sins bornes, son goût pour la dépen-
se, pour les fêtes , les spectacles , la
bonne cliere, et le défaut total de sur-
veillance sur la conduite de ses affai-
res et sur II gestion de ses biens. Sa
femme était d'une huujeur toute oppo-
sée, économe jusqu'à l'avarice, diflU
cile à vivre, dévote, acariâtre, etd'ua
âge dont la disproportion avec le sien
s'était fait sentir de plus en plus :
Gigli commençait à éprouver aussi les
incommodités de la vieiih'sse, et se
trouvait tout- à-la fois assailli par le
malaise de sa situation, par des infii>
CI G
milr's Ir.biîii lies, et pnr dos ornc;''S
donicsliqucs (jui se rcnoiivclaitnl tous
les jojir.s. Peu de temps après son re-
tour de Jîoinc, des syuiplonies d'iiy-
dropi.^ie(pli l'y avaient men.icc, aug-
mente) eut : il s'occupa depuis ce mo-
lurnl de mettre ordre à ses affaires
spirituelles. IMalgrc l'empiie que ses
passions axaient pris sur lui, sa pielc
avait toujours clé tics Invente; elle
reprit tout son ascendant. Les progrès
ranidés de l'hydropisicî.lui inspirèrent
la résolution d'aller finir ses jours à
Rome; il quitta Sienne pour la der-
nière lois: .11 rive dans la eapi'ale du
monde elirc ion , il n'y vit presque
plus que son confesseur , qui était son
compatriote et son ancien ami ; il se
fît .'ippo.'ter tous ses écrits satiriques
encore inédits, et qu'il avait fait venir
de Sienne: il y mil le feu de sa main,
et exigea de ce bon rclin;ieux la pro-
messe d'en faire autant de tous ceux
que l'on découvrirait après sa moi t.
Elle arriva le 4 janvier l'ji).. On ne
trouva pas clicz lui de quoi le faiie
enterrer avec un p<'u de déeence ;
mais r.idniiriitiou qu'on avait à Rome
pour un liîtérateur de son mérite était
telle , que des m 'isons religieuses se
réunirent pour lui fiiie giatiitoUient
des funérailles honorables, et que ses
restes furent aecomp.ignés jusqu'à la
sépulture par un cortège nombreux.
Il lui fut aussi rendu de grands hon-
neur^ dans sa patrie. L'acauémie des
Rozzi , doit le théâtre avait souvent
été enrichi de ses productions , se dis-
tingua par uue pompe funèbre à la-
quelle les lettres et les ai fs s'empres-
sèrent de contribuer. On oublia les
torts qu'il s'était donnés par chaleur
de lemj)érament , j)ar imprudence ,
par une haine involontaire contre
tout ce qui lui paraissait blesser la
vérité dans la morale conîme dans les
productions de l'esprit , mais oii il
CTO .')i5
n'entrait ni li.iine personnelle, ni en-
vie, ni malveillance; car il c'iait au
fond d'un rommcrce très sur et très
doux. S s ouvr.iges , de genres très
divers entre eux, mais tous marqués
au coin du vrai talent et du bon g'>ûf,
prirent dès-lors , dans l'estime des
connaisseurs , une place (pi'ils ont
conservée. Ils étaient beaucoup trop
nombreux: l'expédition qu'il fit avant
de mourir, y porta remèd.'. On ne s'est
rappelé aucun écrit important qu'il
ait alors détruit ; les malices et les per-
sonnalités satiriques méritent peu d'ê-
tre regrettées ; et sa réputation y a
gagné sans doute dans plus d'un sens
en échappant aux éditions posthumes.
Nous joindrons ici aux titres des prin-
cipaux ouvrages qui se sont conservés
de lui, d( s détails qui n'ont pu entrer
dans la notice de sa vi*-. 1. Drames
en musique, sacr('s et profanes : i^,
Santa Genevieffa,drainmaper mU'
sica, recitato iiel collegio Toloinmei,
Sienne, 1689. in- 19. ; \'^'»'''^j '"oo,
in-i jt. — 2 . Giifditla, dramma sacro
per musica.Sunue , \ 95. in- ri. — —
5". La inadrp df* M ace ah ei , oratorio
per mus l'en , Sienne , in - 1 i , sans
date. — \ . Il martirio di S. Jdriano,
idem, Siinne, m-i'i. — 5". Le spose
de' Caniiri , idem, 1701, Sienne,
in- 4". — fj**. Fede ne' tradimenti ^
dramma recitato nel colle^io Tolom-
meif carnovale 1G89, Sienne, in-
I '2 , répété sur plusieurs théâtres ,
à Mantnne, 16(89, a Bologne, 1690,
à Venise, 1705, etc., musique de
Carlo-Francesco Pollaroli , et encore
ai'leurs avec d'autre musique. — 7".
Amorejra ^VimpossihiU, Sienne et
Rome, 1693, in-12; Venise, 1700,
in- 12 ; Padoue, 1707 , 1708, in-ii;
musique de Car'io (jampelli. — 8'. For-
zadel sarigue e délia pietà, dramma^
per inusica, Venise , 1 700 , in- 1 2^
— 9". Ludovico Pio, dramma erdi^
546 G I G
co per musica\ Sienne et Venise,
1700 , in - 12. — 10°. Dirindina ,
J'arsetta postuma per musica , Ve-
nise, 1729, in - 8^., etc. Presque
toutes ces pièces font partie du Re-
cueil intitule' : Scella délie poésie
drammatiche di Girolamo GigU ,
Venise, 1700, 1704, deux volumes
in-i 2. II. Des comédies , les unes tra-
duites ou imitées du français , les au-
tres originales : i °. Don filone , osift
il B acchetone falso , commedia in
prosa trndotia dal Tartntïie di Mo-
lière , Lucques , 1 7 1 1 , )n-8". ', Bo-
logne , 1717, in- 1 '2 , etc. Nous avons
donne une idée de la représentation
et de i'tft'et de cette comédie. Le tra-
ducteur avait ajouté quelques scènes à
Tauteur original, dans le second et le
troisième acte : on ne s'aperçoit pas
qu'elles manquent dans notre Tartuf-
fe, mais il eut raison de les ajouter,
puisqu'elles réussirent dans son pays.
11 y joignit aussi des intermèdes , or-
nement qui était alors indispensable
dans les coinc'dies italiennes : quoique
étrangers à l'action , ils ne le sont pas
au sujet; ce sont des pantomimes et
des entrées mêlées de chant , toutes
dirigées contre l'hypocrisie et les hy-
pocrites.—-2 ''.Zrt Sorelhnadi donPi-
lone^ comedia recilnta in Siena da
fliaccademici Bozzi, 1721 , in-i'2.
Celle pièce appartient toute à l'au-
teur, et lui appartient d'anlanl mieux,
que lui , sa temmc , sa servante , sa
famille en un mot, ont fourni le su-
jet et les principaux personnages. Kllc
peutdonncr une idéede ce qucGigli se
croyait permis sur le théâtre, et de
l'espèce de cynisme conuquc qui fai-
sait un des caractères de son talent.
Si femme y est mise en scène avec
son hmucur scabreuse , sa sordide
avarice et son aveugle crédulité. Il s'y
p'-ii't liii-irirrne , à peu |)rcs tfl qu'il
tUit, bon hom:nc au fond, m.iis laa-
GIG
lin , goguenard, insouciant, dissipa-
teur, toujours occupé de vers ou de
prose , jam;iis de ses affaires , et ,
au milieu des plus grands embarras,
tendant des pièges à l'hypocrisie , et
triomphant quand il l'y a lait tomber.
De peur qu'on ne se trompât au rôle
de l'hypocrite D. Pilogio , qui est le
fourbe de la pièce et un*second D.
Pilone, il le désigne, dans sa préface,
par l'initiale de son nom. C'était, dit-
il , le signor Ambrogio S.... , cheva-
lier par sa naissance et hypocrite par
étal, qui allait tous les jours laniôt
chez une veuve, et tantôt chez une
femme mariée , diriger les alKiires
d'intérêt , choyer les procès, semer
des anecdotes scandaleuses : mais ,
ajoute-t-il plaisamment , ce personnaj^e
est quelquelois trop chargé dans D.
Pilogio; car, à parler vrai, si vous
en exceptez un peu d'amour platoni-
que pour quelque veuve , et un peu
de gloutonnerie, le signor S ne
pouvait nullement être le sujet de celte
comédie. Du reste, l'intrigue de la
pièce est vive, le dialogue soutenu ;
les caractères sont vrais, à une cer-
taine exagération près , et bien con-
trastés entre eux : mais plusieurs
traits , et même des seènes entières ,
sentent plus la farce que la bonne
comédie; et, couime l'a dit un habile
critique siennois (i), on ne sait ce
qu'on doit penser d'un homme qui
s'amuse à livrer ainsi sur le théâtre,
à la risée publique , sa propre fa-
niilh' <t lui-même. 3'\ — Avant e»s deux
couirdies, il av.tit doiuic, 1 lili^anli ,
cwero il ç^iitdice impazzato , imitée
et pres(pie traduite îles J'liiid<;urs de
Haeiue , in)piimée à Venise, 1704,
iu-12; et (pielcpies autres qui ne le
furent qu'après sa mort. — 4"' ^^^ ^''**
po^ov^^ero la mo^lie ^iudice e parle,
(1^ llnbrit rrnvMi;liriiii, ril»5 dunj t'Êlogo btM
toii'^ui: tli- uiUro ««'.Cm.
GIG
ùvéc. (Ir 1.1 |Mrcc iV,<i)ç;iisc fie INTotif-
1I< urv , Skuik", 17)1, iii-8'. — 5^./
vizj corventi aW idtima moda , ti-
rée d'iuw pitTc peu comme do P.jI.j-
|)i*at , que miu< croyons èuv l.j dci-
iiiii-e de son llieàtre , intitulée : la
Prudd du temps, Florence, 1745,
in - 8". — 6". Lti Furberie di Scapino ,
liie'e J»' la j)ièce très connue de Mo-
lière , Bologne , I 755 , iu-8". — 7 '. //
Cor^oleo , oovero il g^overnatore
iic.lle isole Tiala/ili , Sienne, 1755,
in-8'. , elc. 111. Poésie sa^re , pro-
fanée facete, Padone, i73^»,in-i2.
J.es |)iè(.€s plais.intes ( /rtC(^fe) de ce
Jk'eueii sont les seules qui n'aient pas
èlè comprises d.ins l,i destruclion qu'il
iit lui - mèiMc de celles de ce genre
.iV.uit .s.« mort ; elles e'taient , comme
on l'a vu, presque toutes satiriques. 11
paraît cependant qu'il eu est échappe'
un certain nombre, mais qui sont en-
core inédites , et contenues sous le
litre de FroUole, dans un manuscrit
de lu bihiiollièque de Crevenna. Une
note du catalogue de celte bibliothèque
annonce que, dans ce Recueil très pi-
quant de satires contre les hypocrites,
l'aut* ur les ménage encore moins qu'il
jj'j f.fit dfins aucun autre de ses ou-
vra^e«>. Il serait intéressant de savoir
ew quilles mains ce manuscrit a passé.
IV. Relazione dfl collegio Fetro-
niano délie Balle latine aperto in
Siena net 17 19; Sienne , la même
année, in-4°. Bien de plus original
que l'idée de cet ouvrage. ï/auîcur y
décrit un établissement qui n'exis-
tait pas , dont il feint que la fonda-
tion a été faite au xiii' . siècle , par
le cardinal Petroni , pour que la lan-
i:;iie latine redevint , au bout d'un cer-
tain temps, à Sienne cl de là en Ita-
lie, la langue usuelle et parlée, Dif-
férents obstacles s'étaient jusqu'alors
oppose's à l'i xcculion des volontés du
cardinal ^ mais ds ont été levés : uu
GIG 5{7
prnnd ('difice a été chnisi , an ordi
par le gouvernenwnt ; de jf^nncs nour-
rices , (pii ne parlent que lalin , y ont
été appelées de l'olognc, de Hongrie,
d'Allemagne ; elles y sont log(-es av( c
des nourrissons des drux sexes »•! des
premières maisons de Sienne. La sur-
veillance et la direction de l'établis-
sement sont confiées à des darnes
sicnnoises, qui sont aussi des j)lus
distinguées de la ville , et qui forment
avec des cavaliers, d'un rang égal au
leur, une société de personnes ins-
truites , occiipces du succès des vues
patriotiques du cardinal Petroni. j>(.s
noms et surnoms des hommes et des
dames , ainsi que celui des nouriices ,
sont rapportés avec exactitude. On ii
fait , avec la plus grande solennité ,
l'installation des nourrices et du corps
d'administration , et l'ouverture drs
exercices. Cette pompe est décrite dans
tous ses détails : les discours latins
de la présidente et des autres grandes
fonctionnaires , sont imprimés en en-
tier. Les jeux succèdent aux cérémo-
nies , et se terminent par ces jeux
d'esprit qui étaient fort à la mode k
Sienne dans les veillées : tous les per-
sonnages sont connus dans la ville -
ils parlent et plaisantent suivant leur
caractère. Enfin un extrait suivi de ce
singulier livre suflir.dt à peine pour
en donner une juste idée. Bien n'y
paraît fiction; tout ressemble à la vé-
rité. Le public presque entier y fnt
trompé : partout , en Italie et dans le*
pavs étrangers où l'ouvrage parvint,
on tint pour constant qu'il y avait .i
Sienne un collège latin dont les pre-
miers professeurs étaient des nour-
rices latines , et destine à ressusci-
ter , dans toute sa pureté , l'ancienne
langue du Latium. V. C'était dans un
genre à peu près pareil, mais cncoie
plus piquant, que l'auteur avait ima-
giné déciitc it'b Novelle ideali , pcn^-
548 GIG
dant un assez long séjour qu'il av^ût
fait à Rome pour y placer ses deux
fils aînés, lorsqu'ils furent en âge de
prendre un état. Il adressait à l'un
de ses anii.s des nouvelles , ou politi-
ques , ou littéraires , qui n'avaient de
réalité que dans son imagination fan-
tastique. Cet ami était un hou homme
fort crédule , qui pi eniil tout cela pour
véritable, et qui ]c répandait comme
tel. On cite surtout la première pièce
de cette bizarre coricspoudnnce. C'é-
tait une lettre que Gigli disait arrivée
de la Chine, pour annoncer au pape
une ambassade de l'empereur : grâce
à la crédulité de son ami, et à la fi-
délité des couleurs sous lesquelles les
choses y étaient représentées , elle
passa généralement pour vraie ; il en
courut des copies en HolLinde et en
Suisse j elle y fut imj)riméc dans les
gazettes avec des réflexions politiques
.sur les motifs qui avaieiit pu engager
l'empereur de la Chine à envoyer cette
ambassade à Rome. Le pape lui-même
(Cléruent XI) lut cette lettre, et en rit
de tout son cœur : sachant qu'un des
prélats de sa maison connaissait l'au-
teur, il lui fit demander quelques-unes
des lettres qui suivirent cette pre-
mière j et il se délassait , par cette lec-
ture amusante , des travaux et des
«oins de son gouvernement. VI. Gi-
gli publia, en 17 12, à Rome, en
l'honneur de ce pape, une espèce de
poème dithyrambiijuc , où il n'y a
pas moins de bizarurie que d'e.sprit,
intitulé : Balzana poelica ; ce qu'on
pourrait traduire en françiis par ç^ar-
nUurc on falbala poétKjue. (^est, sous
une forme que n'ont pas ordinaire-
ment les éloges , un éloge des belles
actions de Clément XI. L'-iuleur en
avait lait une lecture publicpie dans
une des fêtes annuelles de r.uMdémie
des Arcades ; et \\ la (il imprimer
ifi-4". sous 6onnom arcadieu d'./mn-
GïG
ranto scialidico. VII. Il avait donné
deux ans auparavant, sans nom d'au-
teur, à Rome , sous le titre de Tivoli,
un ouvrage très sérieux, mais dont
la giavité n'étjit qu'apparente, à en
juger même par le seul titre. C'étaient
la vie et les prophéties d'un certain
Brandano, qui avait fait beaucoup de
bruit en Italie au xvr. "^iècle. Ce pro-
phète était un paysan nommé Carosi ,
né dans les envu'ons de Sienne , à
qui l'on avait donné , dans sa jeu-
nes e, le surnom de Brandano ( du
mot brando , synonime de spada
( épée ) , parce qu'il était fort mauvais
sujet et grand ferrailleur. Il s'était
converti , et s'était mis à prêcher le
peuple d( Sienne, et à mêler ses ser-
mons de prophéties. Il faisait des ex-
cursions dans les" vdies voisines , et
en fit même jusqu'à Rome. 11 y pro-
phétisa tant de malheurs , dont il at-
tribuait la cause aux désordres de 11
cour romaine , qu'il irrita le pape
Clément VU : celui-ci voulut le faire
périr; mais il n'y gagna que de lui
îaire opérer un miracle et prophéti-
ser le sac de Rome. Des auteurs gra-
ves , et même Guirhardin, racon-
tent ainsi cette aventure. Le pape
fil arrêter Brandano, et, sans autre
forme de procès, le fit lier dans un
sac et jeter dans le Tibre. Le même
jour. Clément VII, faisant h visite
des sept églises, le rencontra près de
St. Paul, tout couvert de bouc, et tel
qu'il s'était nnraculeusement échappe
du sac. Brandano s'avança au devant
de lui , et lui dit de son ton de pro-
phète : fous inavez mis dans le
sac , et Dieu vous y mettra vous-
même. Il fil dans la suite des j>eleri-
nagcs à Sl.-Jac(|ues en Galice et dans
d'autres lieux saints, prêchant et pro
|)lie'lisanl toujours , presque nu , sans
iiid)Us , sans chaussure , fusant gloire
de sa folie , se donnant lui mciuc le
r. IG
surnom de Pazzo di Cristo , cl <in-
iioïKjMMl paiidul la colère de Dieu :
cnlin , (le retour à Sienne, il y mou-
rut, en odeur de siiinletc , en i554,
;îc;e de ()(j ans. S.» vie et ses prophé-
ties , réputées presque toutes vérita-
bles , couraient en manuscrit depuis
long-temps , et le texte s'en altérait
de plus en plus : Gigli rassembla les
medlcures copies qui se trouvaient
dans les bibliothèques de plusieurs
maisons religieuses ; il y joignit les
traduclions les plus aulhentiqnes , et
les publia en un volume avec de sa-
vantes observations, sous ce titre qui
dispense dV\ imincr les intentions de
l'éditeur : f^ita e profezie di Bran-
dano sanese vol^armente detto il
Pazzo di Cristo , iioi^ ameute piibli-
cale e raccolle da i codici pià auto-
revoli , e dedicate a madonna re-
vereiidissima la Sihilla Tiburtina.
In Tii>oli, nella stamperia delV in-
doi^ino j 1710, in-4". Apostolo Zeno ,
en annonçint cette publication d.uis
le premier volume du Giortiale de'
Letterati d'italia , ne paraît cepen-
dant former aucun soupçon sur le
vrai sens où elle d.vait être prise.
Ce savant critique e'tait de si bonne
foi, qu'il n'entendait ricu ta ces sortes
de mystifications. Il fut la dupe d'une
autre bien plus f irte , que Gigli osa
lui adresser personnellement. Il lui
écrivit qu'après la Fie de B randano ^
il se pre'parail à en publier une encore
plus intéressante pour l'histoire, celle
du roi Petit- Jean, Giannino , écrite
en latin par ce roi-même , au xiv".
siècle , et restée inédite jusqu'à ce
Jour. Ce monarque imaginaire était
fils de notre roi Louis X , dit le Hutin.
On sait que Louis, mort à 27 ans,
laissa un fils posthume, nommé Jean,
qui naquit en novembre i5i6, et ne
vécut que huit jours. Selon sa pré-
tendue histoire , il avait été changé
GÎG 3i9
au berceau , caché jusqu'à l'âge de
neuf ans, transporté ensuite à Sienne,
où il avait él(f élevé, puis reconnu,
puis enlevé , cnunené prisonnier à
Naples, etc. Tous ces événements
étaient censés racontés par hii-mêrae
dans celte vie tirée du minuscrit ori-
ginal , qui devait paraître av(;c des
notes et observations du savant Fon-
tanini. Cette dernier- circonstance ne
pouvait manquer de fair" reconnaître
l'imposture : pour celte fois , le bon
Apostolo Zeno , qiù avait eu la sim-
plicité d'annoncer aussi celte nouvelle
dans son journal , trouva la plaisan-
terie un peu forte , et , sans se brouiU
1er entièrement avec Gigli , il en garda
toujours un peu de rancune. VIII.
V ocaholario délie opère di Sta. Ca-
ler ina e delht lingua sanese^ ^ 7 ' 7»
in-4". Nous avons t'ait connaître plus
haut cet ouvrage et le soi t qu'il éprou-
va. Les exemplaires échappés aux
flammes et à la saisie du Saint-Office ,
sont en très petit nombre et fort rares;
ils n'ont point de frontispice , et ne
vont que jusqu'à la lettre R. Gigli en
refit, depuis, le manuscrit qu'il condui-
sit jusqu'à la fin de l'alphabet. Il fut
imprimé à Lucques plusieurs années
après sa mort, par les soins d'un de
ses disciples, sans date et sous le faux
titre de Manilla nelV isole Filippine,
Le vocabolario Cateriniano remplit
le 'i^.ci le 3". volumes de l'édition des
œuvres complètes de Gigli, donnée à
Sienne , sous le titre de la Haye , eu
1797, en,6 ou 7 volumes in-8". IX.
Il Pazzo di Cristo vaticinante ,
poesia fanatica , i72o_, Rome, sous
le faux litre de Sienne; espèce de di-
thyrambe à la louange et sur la no-
mination du grand-maître de Malle
Zondidari. L'auteur y fait parler et
prophétiser , en style dithyrambique,
ce Brandano dont il avait écrit la
vie. X. Régale per la toscana fa-
55o GIL
veîla dich'iarate per la più stretta e
per la più larga osservanza , in dia-
logOf etc., Rouie, i 721 , in-8'.; réira-
primc à Lucques , 1754 j in-8'., avec
d'autres pièces qui ne sont point de
notre auteur. Xl. Lezioni di lingua
toscanuy contre disconi accadeini-
ciy puhhlicate da Catena, Venise ,
17/J4, 1751 , in- S. XII. Diarlo
sanese y Lucjues , 1725, dt'ux. vol.
in-4'.; ouvrage rempli d'érudiiion et
de recherches sur Thistoire tant pro-
fane que sacre'e de Sienne : l'auteur
y travaillait encore lorsqu'il fut surpris
par la mdadic dont il mourut. Ce
livre suffirait pour prouver l'étendue
de son savoir , et combien de pro-
ductions utiles il eût pu laisser après
lui , s'il avait donné en général une
meilleure direction à ses travaux. Sa
Vie a été écrite en italien par un écri-
vain caché sous le nom arcadien
d' Oresbio Agieo , Florence , 1 746 ,
in - 4". de viii et 188 pages , avec
le portrait de Gigli , la liste ( incom-
plète) de ses ouvrages tant imprimés
qu'inédits, sa lettre au chevalier A.
F. Mirmij et cinquante - cinq lettres
qui furent écrites à Gigli par les
principales académies d'Italie pour
approuver son édition des OEuvres
de Sic. Catherine. Elles sont toutes
réimprimées en tête du î:econd vo-
Jume de l'édition de ses OEuvres citée
ci-dessus. G — e.
GILBERT (S.), premierabbéd'un
monastère de son nom , ordre de
Préinojilré, au diocèse de Clerniont,
issu d'une famille noble, et qui te-
nait en Auvergne un rang distingué,
vivait sous les rois Loiiis-le-liriis et
Lonis-le-Jeune. Il avait passé ses pre-
mières années n la cour de ces prin-
ces, et exerçait la profession des ar-
mes. Chez, lui la valeur et les vertus
guerrières étaient jointes aux vertus
«lir«licnncs. Retiré souvent dans »cs
GIL
terres avec Pétronille sa femme rt
une fille nommée Ponce, unique fruit
de leur mariage , il s'y livrait à des
exercices religieux et au soin de sou
salut sous la direction d'Arnulphe ,
premier abbé de Dilo , lorsque l'on
publia la seconde croisade. Louisle-
Jeune ayant pris la croix , Gilbert
crut se devoir à mie entreprise qu'il
regardait comme la cause de Dieu,
puisqu'il s'agissait de la déHvrance
des lieux saiuts. Sa profession l'obli-
geait d'ailleurs à suivre son piiuce:
il se croisa, et vint en i 147 joindre,
avec un bon nombre de ses vassaux,
le roi, qui l'acrucillit honorablement.
Les armes des croisés ne furent point
heureuses, 1/année suivante le roi re-
vint en France , et Gilbert en Au-
vergne, désespéré du peu de succès
d'une expédition dont il n'attribuait
la mauvaise is>ue qu'aux péchés des
croisés. Hésulu de se retirer du mon-»
de , il trouva sa femme et sa fille
disposées à partager ce pieux dessein.
Néanmoins \\ ne voulut rien faire ,
dans une chose si importante , sans
avoir consulté l'évcque de Clerniont
et l'abbé de Dilo son directeur. Tous
deux l'avant confirmé dans sa réso-
lution, il donna la moitié de son bien
aux pauvres, gardant l'autre moitié
pour fonder et construire deux mo-
nastères, l'un de fenimes pour Pétro-
nille et Ponce, et l'autre d'hommes,
où il voulait se retirer. Le premier fut
établi à Aubelerre, sous l'invocation
de S. Gcrvais et S. Prptais. Pélro»
uille en prit le gouvernement, et lut
après sa mort remplacée par sa fille,
(idbert de son côté se retira dans un
lieu nommé Neuj - Fontaines ^ à cause
(le neuf sources qui l'arrosaient, et y
mena pondant (juelque temps inie vie
solilaue et pénitente. 11 y construisit
ensuite un monastère , et y lit, en
1 1 jo , venir de Dilo îles ch luoincs
CIL OÏL 35i
■préiuoiifiTS , li'iir liiss.mt l.i lib;^rt(* lui valut le r.oramiiKicniriit on cliof,
dv se (•i»oi>ir un al)bi'. Tous Ifs vomix. le gouvernement du Munster el le li-
b'etaul réunis en si faveur, il \n\t le tre tie chevalier en i^-jo. Bientôt il
j;ouvcrncnicnl de la nouvelle colo- revint en Anp;leterie. Un mariage
nie. Il av. lit Mti à côte de l'abbaye avec une liclie héritière ne l'empêcha
un v.isle hôpital, où les j>auvres, les pas de courir de nouveau les hasards
it. fit mes elles lépreux, étaient reçus, delaguerre.il partit en l'j'j'X ^ aycc
(iilhcrl s'en elait rc-ierve le soin; il nnc escadre de neuf vaisseaux, pour
visitait chaque jour les malades , et renforcer celle qui s'occupait de re-
i»aiisait lui-nicine leurs plaies. Con- prendre Flcssingue. Gomme, à beau-
sumc de jeûnes et plein de bonnes coup d'habileté dans les mathcmati-
«jeuvrcsjil mourut le 4 i"'» ^^ ^'^^ ^lics el la géographie, il joignait un
1 I S2, et fut , comme il l'avait voidu , esprit extrêmement vif, il trouvait, au
enterre dans le cimetière de son hô- milieu des travaux de la guerre, en-
pital. Sa réputation de sainteté y at- core assez de moments pour se livrer
tirant un grand concours de fidèles, à l'étude des sciences. L'on son-
Pierre , troisième abbe' du monastère geait alors à chercher un passage aux
de Neuf- Fontaines, qui dès-lors prit Indes par le nord. Gilbert, à son rô-
le nom de S. Gilbert, fit transporter tour en Angleterre, en 1576 , publia
le corps du bienheureux fondateur un discours tendant à prouver la pos-
dans rec;lisc, où un tojrd3eau lui fut sibilitë d'un passage ])ar le nord-ouest
clcvé à cote' du chœur. Le martyro- pour aller au Gathay et aux Indes ;
l(»gc de France fait mention de S. Gil- ouvrage qui donna probablement lieu
b^rt sous le 6 juin et le 5 octobre. Le à Frobiser de faire celte même an-
collcge de Prémonlre' à Paris po.sse'- iie'e son premier voyage. Mais ce
dail une portion de ses reliques. On n'était pas assez pour un homme d'un
doit à Robert d'Auxerre, prémontré et caractère aussi entreprenant que Gil-
liistorien presque contemporain, ces bert d'indiquer aux autres ce qui se
particularités de la vie du saint , rap- pouvait tenter. Il obtint de la reine ,
portées dans sa chronique, et tirées en 1578, des lettres - patentes très
en outre d'un manuscrit fort ancien amples qui l'autorisaient à s'empa-
conservé dans les archives de l'ab- rer de tous les pays barbares de
baye. Lr — y. la côte nord-est de l'Amérique non
GILBERT (Sir Humphrey), encore occupés par des princes chré-
brave officier et navigateur anglais , tiens , et y former des établisse-
naquit en i559 dans le Dévonshire, ments. Jamais expédition n'avait fait
d'une très ancienne famille. Il corn- naître d'aussi vives espérances : on se
niença ses études à Eton, et les acheva rendit en foule auprès de Gilbert. Il
d'une manière brillante à l'université réunit en peu de temps un nombre
d'Oxford. On le destinait à l'étude assez considérable de vaisseaux pour
des lois ; mais ayant été présenté à la fermer une flotte capable de résister
cour par une de ses tantes attachée au à une escadre ennemie : mais la dis-
service de la reine Elisabeth, il fut en- corde se mit parmi ses compagnons,
courage à suivre la carrière militaire. Une partie dégagea sa parole au mo-
lli se distingua dans plusieurs expédi- ment de mettre à la voile; d'autres
lions; et le zèle avec lequel il c(mcou- désertèrent. Malgré ce contre-temps,
à:ut à étouffer la rcbcUiua de l'Irlande^ il persista dans son dessein) et se mit
552 GIL GïL
en mer avec un petit nombre d'iiora- traires : on rencontra d'e'normes îles
lacs et (le vais.-.eaux. Une violente dr ^l.ices; les navires se dispersèrent,
temp.ête lui fit p( rdrc un Lâtimeiit, et Gilb(!rl vit Teirc-Nciivc le 5o juil-
le força de rentrer. Quoique ce de- let; il retrouva ses navires, et se pre'-
sastre eût de'N ore une partie de la para à v;jinrre 1 1 résistance qu'au-
fortune de Gilbert, il résolut de re- raient pti lui opposer les nombreux
prendre son projet lorsque l'occasion vaisseaux ëlranG;ers occupe's à la pè-
serait plus favorjible. Il pa<sa deux che. Il entra dans la baie St.-Jean ,
ans à faire les préparatifs ne'cessaires; reçut en présent des provisions de
et, dansTintervalle, ilconcéd.i,envertu tous les bâtiments anglais et e'tran-
de ses lettres - patentes , des terres f;ers, et noiamçent des Portugais. Le
dans le nord de l'Aincrique, près de 5 août, Gilbert ayant dresse sa tente à
la rivière du Cuiada, à condition d'y terre convoqua tous les capitaines,
planter et de s'y établr. Il eut recours leur lut les lettres-patentes de la reine
à ce moyen, parce que ses lettres- Elisabeth, et en fit interpre'ter la te-
patentes devenaient nulles au bout de ncur aux etiaiigers. Il prit en conse'-
six ans, s'd n'avait pas dans ce de'lai quence possession solennelle de la
pris possession du pays. Par mal- baie et de deux cents lienes d'e'tendue
heur il s'était adressé à des gens sans dans l'île en tout sens. On examina le
état, qui ne se mirent pas en devoir pavs : on le trouva très convenable
tic satisfr<ire à leuis engagements, pour un établissement j et l'on s'oc-
Voyant donc qu'il ne lui restait plus cupa des préparatifs nécessaires pour
que deux ans poiir remplir l'objet de aller reconnaître les parages et les
son voyage, il se détermina à l'en- cantons voisins. Un habile mineur
treprendre lui - même. Plusieurs per- saxon, nommé Maître Daniel , pré-
sonnes de considération l'aidèrent de senta à Gilbert un fragment d'une es-
leurs conseils et de leur argent; d'au- pècc de mine dans laquelle il lui as-
tres se joignirent à lui. Le i i juin sura qu'il trouverait de l'argent. Pen-
i585, il appareilla de la baie de dant que l'on était à terre , quelques
Cawsand , près de Plymoulh, avec hommes de l'expédition s'emparèrent,
cinq navires montés par environ deux dans une baie voisine, d'un navire
cent soixnntc hommes de diverses pêcheur , mirent à terre les hommes
profession»;. Après bien des délibéra- qui le gardaient , et s'éloignèrent à
tions , il fut convenu de f lire voile au toutes voiles; d'autres se cachèrent
nord dans la direction de Terre- dans les bois, espérant se sauver sur
ISeuve, afin de pomvou- aux néccssi- les navires qui aborderaient à cette
tels de la flotte. Ce voyage parut com- côte; d'autres enfin tombèrent mala-
mencer sous des auspices aussi peu des ; de sorte que Gilbert voyant son
favorables que le précédent; car, dès monde diminuer sensiblement, em-
le troisième jour, le vaisseau le plus buqua les malades sur un navire qu'il
considérable, où se trouvait le célè- laissa dans la baie, monta sur l'^'cM-
brc Walter Rahigh, beau -frère de r«?Mj7 , petit bâtiment de dix tonneaux,
Gilbert, se sépara de la flotte, et rc- comme plus convenable pour ranger
tourna en Angleterre, n cause d'une la côte de près et entrer dans les ri-
maladie contagieuse qui régnait à bord, vières; et le 20 août, il fit voile au sncl.
On fut ensuite très incommodé des Le ?.€), une tempête alFreuse poussa
brumes épaisses et des vents cou- le plus grjiul iwvirc suides rochers,
eu il pc'iit: quatorze hommes snilc-
riiiit ^t•.s.^uvi•rtnl comme par miracle
dans un c.uiot , et (gagnèrent Trrre-
Wciive. liC niinour saxon , et un poète
fcon'^rois nomme Etùnne Parmenius ,
de l»u(le, <jm avait suivi rexpcdilion
pour eu chanter le sucres, furent du
nombre de ceux qui périrent. La con-
tinuation du mauvais temps acheva
de décourager les equipaj^es des deux
navires qui restaient. La ('iscltc se fit
sentir parmi les gens de VEcureuil.
Gilbert, ce'dant à leurs représenta-
tions, renonça à l'idée de poursuivre
SCS découvertes , et se dirigea vers
rAnglcterre, se promenant de reve-
nir au printemps. La Providence en
avait autrement ordonné. Le petit bâ-
titu( nt était trop charge. Ou engagea
Gilbert à passer sur le plus grand ,
appelé la Biche. H répondit qu'il ne
voulait pas , en retournant dans sa pa-
trie, quitter ceux qui avaient affronté
avec lui tant de tempêtes et de pé-
rils. On était alors à trois cents lieues
des côtes d'Angleterre. En avançant,
on fut assailli par des temps affreux;
la mer était furieuse. Le g septembre,
un coup de vent terrible fit courir le
plus grand dan^eviiV E cureuil. Quand
il fui passé , l'équipage donna des
signes de joie. Gilbert, tranquillement
assis a l'arrière, un livre à la main,
criait à l'autre navire , toutes les fois
qu'il s'en rapprochait : « En mer
» com.me sur terre, nous sommes éga-
» lement près du ciel. » A deux heures
après minuit, l'on vit de !a Biche dis-
paraître tout à coup les lumières de
Y Ecureuil, qn\ fut englouti dans les
flots. Edouard Haies, capitaine de la
Biche , fit faire petites voiles , espé-
rant toujours qu'il pourrait aperce-
voir quelqu'un échappé du naufrage:
après avoir couru bieu des ha-
sards, il entra à Falmouth le 22 sep-
tembre. Gilbert n'était pas moins dis-
C. 1 L ^^5
lingue par son talent comme orateur
que par sa bravoure comme mili-
taire. Ou l'entendit souvent dans le
parlement , tant en Irlande (ju'en An-
gleterre. Hume cite un de ses dis-
cours en faveur des prérogatives delà
couronne, qui occasionna de vils dé-
bals. Hackluyt a conservé dans son
recueil tout ce qui concerne GilLert.
On y trouve : I. Discours écrit par
sir Humphrey Gilbert pour prouver
quil existe un passade pour aller
par le nord - ouest au Cathaj et
aux Indes orientales , Loiidres ,
iS-^O. Ce Traité, divisé en dix cha-
pitres, atteste la grande instruction
de l'auteur. Il est écrit avec beaucoup
de méthode; et le style est meilleur
que celui de la plupart des ouvrages
du temps. 11 combat dans un chapi-
tre l'opinion de Jeukinson , célèbre
voyageur anglais, qtii_, devant la reine
et son conseil privé, avait cherché à
prouver que le passage existait au
nord-est , mais convenait en même
temps qu'il y en avait un autre au
nord-ouest. Gilbert soutient que ce-
lui-ci est le meilleur et le plus pratica-
ble. Il parle, en finissant , d'un autre
ouvrage intitulé. Traité de la navi-
gation , qu'il avait l'intention de pu-
blier , mais qui est probablement
perdu. IL Autres raisonnements ou
arguments pour prouver l'existence
du passage par le nord-ouest, doc-
tement déduits par Richard TVilles,
L'auteur appuie tout ce que Gilbert a
avancé. 111. Docte et magnifique
Poèm^ écrit en vers hexamètres la-
tins , par Etienne Parmenius de
Bude , sur le voyage de sir Hum-
phréy Gilbert a Terre- Neuve pour
y établir une colonie anglaise , con-
tenant aussi un bref souvenir des
principaux capitaiîies anglais sur
mer. Ce poème fait connaître la gra-
titude et le talent de l'auteur, que les
23
554 GIL
lëdactciirs de l'Histoire ge'ncralc des
voya<;es ont conto.idii avec le célc-
hrc Biidc'e , parce qu'ils n'ont pas f;iit
attention que le mot Budœus désigne
la patrie du poète. Il avait etc prc-
.setité à Gilbert par H ickluyt. IV. Let-
tre de Parmtfnius de Biide à Ilak-
Itijt^ datée du port St.-Je >n dans
nie de Terre • Neu^e , le 6 août
i583. Elle contient une relation très
succincte du voyage , et de l'île , qui
paraît à Parmènius un vrai désert.
Y. Belation véritable du voyage
entrepris en iL85 par sir H. Gil-
bert et autres , pour découvrir et
peupler d' habitants chrétiens telle
partie du vaste pays au nord du
cap de la Floride trouvée conve-
nable , et non possédée par un prince
chrétien , écrite par Edouard Haies ,
le seul des principaux coopérateurs
à cette expédition qui soit resté jus-
qu'à la fin, et par l'assistance spé-
ciale de Dieu soit revenu avec son
é'quipaf^e sain et sauf. Ce récit , re-
luiKfuable par son ton de candeur,
inspire un intèiêt touchant. L'auteur
Y a entremêlé des détails nautiijues
et des notions curieuses sur Terre-
IVeuve. Vï. Helation de Richard
Clarkc de PFeftnouth. Elle com-
mence au 20 août 1 581 , jour où le
narrateur qui coininanilait le princi-
pal bâtiment de rcxpcdition , avec le
titre d'amiral, partit du port St.-
.lean de Terre-Neuve. Il attribue les
désastres de la flotte au peu d'atten-
tion donnée à ses avis, et raconte
conitnei»t il s'est sauve dans une cha-
loupe. VU. Relation des décou-
vertes de sîr //. Gilbert et de sa
prise de prs'icssionde Terre-Neuve ;
on Y (expose brièvement les droits
de la reine à la propriété de cette
île , et les avanliiç^cs qui doivent en
résulter pour le royaume et les in-
téressés, clc. j pur sir George Fec-
GIL
kham , principal intéressé à ladite
expédition. Le peu de succès de
l'entreprise fil évanouir les brillantes
espérances auxquelles elle avait donné
naissance, et qui sont exposées dans
cet écrit composé avant le départ de
la flotte ; mais on n'en regarde pas
moins Gilbert comme le fondateur
des colonies anglaises dans l'Améri-
que septentrionale , parce qu-i plu-
sieurs particuliers y formèrent des
établissements en conséquence des
concessions qu'il ' leur avait faites
d'après ses lettres - patentes. On
trouve dans le recueil de" Hackluyt
des lettres- patentes accordées le 5
février 1 585 à Adrien Gilbert de
Soudridge dans le Devonshire, et à
ses associés , pour la découverte d'un
passage à h Chine et aux Moluques
par le nord , en considération des
grandes dépenses qu'd a faites pour
une entreprise de ce genre. C'était
probablement la compagnie qui ex-
pédia Davis. ( Voy. Davis.) E — s.
GILBKRT (Guillaume), méde-
cin anglais du xvi'. siècle, était né à
Glocestcr. On ignore dans quelle uni-
versité il fit ses étutles: après avoir
été reçu docteur hors de l'Ang'elerre,
il alla se fixer à Londies, devint mé-
decin de la reine Elisabeth , en fut
comblé de faveurs, et mourut le3o no-
vembre i(3o5 , quelques mois après
celle princesse. Il avait acq;iis p-ndant
sa vie une certaine réputation en chi-
mie et en cosmographie : toutefois il
n'a rien écrit siu- ces matières; et
comme l'ignorance titrée et l.t simple
qualité de l"avt>ri conduisent aussi sou-
vent a la renommée que le méi it* réel ,
1.1 répul.itiou de (ii bert poui rait bien
n'être paN mieux fondée que celle de
braurouj) d'hoimucs grands à la cour,
m. lis petits dans l'histoire. Oi a de lui:
De ina^Ui'tc , ma^neticisque corpo-
ribus , et de maguo magntte , tellu-
G I f .
rc , j)hysioîogia mn'a , phirimia et
argiimentis et expefimenùs deinnns-
t^vf^a, Londres, iGoo ; Sedan, i(i55,
in-4".; AinsUicl.im, iG5i, iu-4"-
Ch — T.
OILnKRT (Gabriel) poctc fran-
çiis (lu XVII . siècle. On s;nt qu'il était
de Paris , et qu'il professait la religion
reformée; mais la date de sa naissan-
ce et celle de sa mort sont douteuses :
il p.iiaît seulement certain qu'il ne vi-
vait plus en 1680. Peu d'auteurs ont
été plus féconds. On a de lui un poème
sur \^Art de plaire , imite de l'Art
d'.-^imer d'Ovide , un recueil de Poé-
sies diverses^ cinquante Psaumes
envers français j Qi environ quinze
pièces de théâtre dont voici les noms :
I. lifar^iierite de France ( i64o ).
II. Téléphonie , tragédie dans laquelle
le cardinal de Richelieu fit entrer des
vers de sa composition , et qui, par
cette raison peut-être, eut llionneur
insigne d'être représentée par les deux
troupes royales (en 1642). III. Ro-
dogune , pièce dont il sera particuliè-
rement parlé dans le cours de cet arti-
cle ( 1 644). IV. Hippoljte, ou le Gar-
çon insensible, trag. (1646). V. Sé-
miramis (1647). VI. ^'^^ Jmours
de Diane et d' Endj'mion ^ ouvrage
composé à Rome, où l'auteur avait ac-
compagné la reine Christine de Suède
(1657). VII. Cresphonle ^ tragi-co-
médie ( 1657). VIII. Jrie et Peins,
tragédie ( 1 659 ). IX. TJiéagene , tra-
gédie ( 1662). X. tes Amours d'O-
çide , pastorale (i665). XI. Les
Amours d'Angélique et de Médor,
tragi-comédie (1 054). XII. Léandre
et Héro , tragédie ( 1667 ). XIII. Le
Courtisan parfait , tragi - comédie
\ (1668). XIV. Les Intrigues amou-
reuses, comédie (1668). XV. Les
, peines et les plaisirs de l'Amour,
opéra ( 1G72). Plusieurs biographes
1 font encore Gilbert auteur d'une co-
G 1 L of-iî
médie intitulée la Triomphe des cinq
passions ; mais colle pièce bizarre ,
représentée en iG\.>, , est plus généra-
lement attribué à un conseiller dca
monnaies , nommé Gillet de la Tes-
sonnière. ( F. Gillet.) C'est à tort que
plusieurs écrivains parlent de Gabriel
Gilbert comme d'un poète digne du
dernier mépris: s'il n'eut pas assez le
génie pour concourir, avec Corneille et
Rotrou ses contemporains, à l'illustra-
tion de la scène française; s'il man-
qua presque toujours de chaleur et
d'énergie , il fut du moins un des pre-
miers tragiques qui écrivirent avec
sagesse et qui contribuèrent à réfor-
mer les tours gothiques de la langue.
Presque tous ses sujets de tragédie
étaient bien choisis : il ne les a pas
traités avec art; il a, surtout, mal
conçu ses plans : mais, jusque dans
ses plus faibles ouvrages, on trouve
des situations intéressantes, et des
mouvements tellement heureux, que
plusieurs de nos tragiques modernes
ne se sont pas fait scrupule de les lui
emprunter. Ces plaintes si touchantes
que lîacine met dans la bouche du fils
de Thésée (Phèdre, 4^ acte, scène 2^),
Chargé du crime affreux dont vousrae soupçonnez^
Quels amis me plaindront quand vous m'aban-
donnez?
et cette réponse terrible de Thésée .
Va cbercher des amis , dont restime funeste
Honore l'adultère, applaudisse a l'inceste ;
Des traîtres, des ingrats , sans honneur et sans foi
Ui;;nc$ de protéger un méchant tel que toij *
sont très probablement une imitation
du passage suivant :
Si je suis esilc pour un crime si noir,
Uélas ! qui des mortels voudra me recevoir ?
Je serai redoutable à toutes les familles ,
Aux frères pour leurs sœurs , aux pères pour leara
filles.
—-Va chez les scélérats, les ennemis des cieut ,
CbfZ ces monstres oiuels , assassins de leurs mères-
Ceux qui se sont souillés d'incestes, d'adultères ■ '
Ceux'là le recevront, etc. '
{Hippolju^ o\xle Garçon intensible.)
Nous devons ajouter que cet endroft
n'est pas le seul où l'immortel auteur
de Phèdre ait fait à Gilbert le même
a5..
556 G I L
honneur que Virgile faisait à Enniu5.
Les idées picmièrcs de ces vers soiit
à la ve'rile dans Euripide et daus Se-
iicque ; mais ce n'est pas seulemc iit
l'etuprunl des idées qui est sensible ,
cVst encore ctlui des expressions et
des tours de phrases. Remarquons
d'ailleurs qu'en transpoitant sur notre
srène le su, et de Phèdre et Hippolyte,
Gilbert eut le bon esprit de faire à
l'ancienne marche de cette fable , des
changements dont on ne peut lui con-
tester l'invention , et que Racine crut
devoir adopter. C'est, par exemple ,
Gilbert qui eut le premier l'idée de
faire périr dans les flots de la mer la
coupable confidenle de Phèdre , et
de satisfaire par-là le spectateur, jus-
tement indigué des conseils que cette
malheureuse n'avait pas craint de
donner à la reine. On ne peut nier
que ce moyen nouveau ne fut aussi
heureusement imaginé sons le point
de vue moral , que sous celui de l'effet
dramatique. Il y a encore, dans la vie
littéraire de Gilbert, une particularité
assez remarquable : il composa une
tr.jgcdie de Rodogiine , précisément à
l'époque où le grand Corneille traitait
avec tant de supériorité le même sujet.
Les deux Rodogunes furent représen-
tées dans la même année; et l'on y recon-
nut avec surprise, non seulement les
mêmes situations , mais encore les
mêmes sentiments : le cincpiicme acte
seulement n'était pas semblable. Celui
de Corneille, Tun des plus beaux que
l'on connaisse, eut un succès prodi-
cirux :celui de Gilbert fut trouvé froid
cl insipide, m ilgre la pruteclion ecla-
tanledonl la reine de Suède, et Mon-
sieur, frère du roi de l'iancc, hoito-
raidit l'auteur delà pièce. Fontentlle,
dans la vie de Corneille son oncle, j)ic-
lend que ce grand poète ayant confié à
lin ami le plan de Kudogune, cet ami
tu donna cou naissance à Gilbert, «pii se
GIL
hâta de mettre à profil cette trahison.
D'autres historiens ajoutent que le
p'an du cinquième acte n'était point
encore arrêté définitivement par Cor-
neille lorsque Gilbert eut secrètement
connussance de la marche des qua-
tre premiers. C'est pour celte raison ,
suivinteux,que les deux Rodogunes,
si exactement pareilles au commence-
ment et au milieu de l'action, ces-
sent tout-à-coup de se ressembler vers
le dénouement. Ces assertions et ces
conjectures ont peu de vraisemblance :
a Rarement , dit Voltaire, un homme
» revêtu d'un emploi public se désho-
» nore et se rend ridicule pour si peu
» de chose. » Tous les mémoires du
temps en auraient parlé; et bien loin
qu'il se soit alors élevé des réclama-
tions publi(jues contre ce prétendu
abus de confiance, Corneille lui-mê-
me , qui était le plus intéressé à s'en
plaindre , n'en dit pas un mot dans
la préface de Rodogunc. Il est donc
plus naturel et plus juste d'attribuer
l'extrême ressemblance des deux tra-
gédies à l'exactitude scrupuleuse avec
laquelle les deux auteurs avaient cru
devoir imiter la marche , les situations
et jusqu'aux pensées d'un roman his-
torique de Rodogime y qui venait alors
de paraître , et qui est aujourd'hui
tombé dans l'oubli. Gilbert avait été,
dans sa jeunesse, secrét.iire de la du-
chesse de Rohan. Il s'attacha ensuite,
en la même quahté, à la reine Chris-
tine de Suède, qui, pleine d'admira-
tion pour ce qu'elle appelait son beau
^énic ., le nomma résident de la cour
de vSlockholm en France, cl le combla
de ses bienfiits. Après la mort de cett^-
princesse, il ne voulut rien retrancher
de la dépense à laquelle il était accou-
tumé: mais ses pièces qiii avaient eu la
vogue dans leur nouveaulc, cessèrent
d'attirer le public, dès que les pré-
ceptes de Uojlcau cl les cht'fi-d'œuvrû
CIL
dr R.iriiio niiTiii ar.lirvd riionrousc
levoliuioudu goût ; enfin il elail sans
icssoinrcs, tl il serait mort clans la
pitis ,if]iTn^c imli^cncc, si un liomnic
riche, M. tnicrvart, prolcctenr de-
claio (l( s ç;cMS de lettres et surtonl des
cVrivains prolest.mts , ne lui eût don-
ne asile dans son hôtel. C'est là sans
doule que GilJjert a obscmunent fini
ses joins, oublie de ce même public
(|ui , peu d'années auparavant, lui
avait prodi|;ue tant de marques de fa-
veur. Cliapelain , dans un jugement
qu'il porte sur les auteurs de son
temps, parle de Gilbert en ces ter-
mes : « Esprit délicat , duquel on a
» des odes, de petits poèmes, et plu-
» sieurs pièces de théâtre pleines de
» bons vers. » Faisant allusion aux
nombreuses ressources que les trage'-
dics de Gilbert ont fournies dans la
suite à beaucoup d'auteurs plus ha-
biles, Me'u.ige comparait ce poète à
un chasseur malheureux : Il trouve
bien le gibier nu gîte, disait il , mais
ce n'est pas pour lui quil le fait
parlir. Enfin, quand on considère
d'une part toutes les faveurs dont Gil-
bert fut comble pendant trente ans de
sa vie, et d'une autre part les termes
de mépris dont se servent en pailant
de lui plusieurs biographes prévenus ,
on ne peut guère se dispenser de di-
re que ce poète n'avait me'rite
Ni cet excès d'honneur, ni celte indignité.
F. P— T.
GILBERT ( Nicolas Joseph-Lau-
rent) naquit eu ï'j'ji à Fontenoi-
le Château , en Lorraine, de parents
pauvres qui s'épuisèrent pour lui don-
ner de Téducalion. Ses éludes ache-
vées, il vint h Paris, n'ayant d'autre
ressourceque quelques vers qu'il avait
faits dans la province (i). 11 chercha
(i'\ Il donna , en '-71, s"n Début poétique,
in-S''. ; nouvelle cdiliuii au-^meniée d un chant
fVAhely et d'antres ouvrages, 1772, in-S". {Voj.
GtsKkA , tome XVII > p> aôG.J
G 1 L 5j7
d'abord à se faire des protecteurs, et
distribua des louanges a plusieurs per-
sonnes considérables : mais n'ayant
pas trouvé auprès d'elles i>se7, d'ac-
cès et de secours, il se sentit humilié,
et de-là contracta cette liimx iir clia-
gi ine et misantropiquc qui lui fit em-
brasser le genre de la satire. Le mau-
vais succès de quelques pièces de vers
qu'il avait envoyées aux concours de
l'académie , fortifia en lui cette dispo-
sition. Il s'attacha au parti qui com-
battait les philosophes, et fit contre
eux sa satire du Dix huitième Siècle
( 1 7'y5 ) , adressée à Fréron j elle fut
suivie d'une seconde satire intitulée,
Mon Apologie ( i 778 ) : il y a dans
toutes deux des vers et même des
morceaux admirablement frappés ;
mais il y a aussi bcaucouj) de décou-
su dans les idées et d'inégalité dans
le style. L'aïUeur composait laborieu-
sement, et n'avait point encore l'art
de dissimuler ce travail pénible. Le
seul de ses ouvrages qui n'en porte
point l'empreinte, est une ode, imi-
tée de plusieurs psaumes , qu'il fit
huit jours avant sa mort. Il n'y a rien
de plus touchant que ces trois stro-
phes qui la terminent :
Au banquet dé la vie, infortune convive ,
J'apparus un jour, et je meurs;
Je meurs , et sur tua tombe où lentement j'arfive ,
Nul ne viendra verser des pleurs.
Salut , champs que j'aimais, et vous, douce verdure,
Etvous. riant exil des bois/
Ciel , pavillon de l'homme; admirable nature.
Salut pour la dernière l'oij !
Ah! ])uissent long-temps voir votre beauté «acrée,
Tant d'amis sourds a mes adieux !
Qu'ils meurent pleins de jours ; que leur mort soU
pleurée!
Qu'un ami leur ferme les yeuxj
On ne sent ni cette douceur, ni cette
facilité dans les autres odes de Gilbert;
mais on y remarque: des traits éner-
giques et de belles eXj:iessions. Cet
infortuné, que ses protecteurs ne ti-
raient point de la misère, tomba dans
la démence, et fut conduit à l'Holel-
Dieu, Danj) un de ^qs, accès, il avali^
358 G I L
3a clef d'une petite cassette où il avait
quelque arfjent, et mourut le 12 no-
vembre 1780, âge de vingt-neuf ans.
On doit regretter qu'il ait fait de son
î)eau talent un usage si fatal à son re-
pos, et surtout qu'il n'ait point assez
ve'cu pour abjurer ses injustices, et el-
facer par des ouvrages vraiment esti-
mables la fâcheuse célébrité qu'il s'est
acquise par ses satires ( i ). La dernière
édition de ses OEuvres est en 2 vol.
in-18, Paris, an X (1802). A— G — R.
GILBERT ( François -Hilaire),
savant vétérinaire , naquit à Châtelle-
jaidt en 1757. 11 fit ses premières
éludes dans cette ville, et fut ensuite
envoyé à Paris, chez un procureur :
mais l'état auquel le destinait son père
étant contraire à son génie ( t à ses in-
clinations, il se livra à l'élude de la
médecine; et, sans recevoir aucun se-
cours de ses parents, il trouva moyeu
de pourvoir à sa subsistance, et de
suivre l'allrail irrésistible qui l'entraî-
nait dans la carrière des sciences. La
lecture de Buffon lui donna du goût
pour l'ait vétérinaire • et il fut assez
(1) Une seule ode néanmoins où se trouvent des
^ers semblables à ceux que cite l'auteur de l'ar-
ticle , coiii)>cnsc bien quelques h.irdii-sses exces-
sives qu'on p»Mit rrprocùer a la muse salirii|ue de
<jilbert. Se» satires , dirigées, n'>n pas seulement
conire de» écrivains ou des sophistes subalternes ,
mail con're les corypiit'cs de la secle encytdopé-
<Ji<|ue , .luriiif ni eu certi-s un bien plus ;;raiid |iri\ ,
«i elles eussent pu prévenir lii révolution .nmcnée
par riiiduence du philosnpliisnie : niais il a du
moins lu (;luiri- d'avoir sniini' !>■ tocsin contre les
]ibiio.4opli'-«. Il ne tint pus a ir$ cQncinis qu'il ne
)ins>àt pour un puele niediiirre. (!i-pendant, inal-
j;ré leurs ilécl.ini'ilion» , r<'iier{;ii]ue verilt: de »ei
Vers a suiuionté la critiijuc , et a t'ait dit ce poète
\igoiir<-uv et plein de vrivc le Jiiveiial de eerie
«'poulie Forte de bonne heure u i-omliatlre l'esprit
«lu siècle par uu zèle que les circonstiinces ne
iireiit qui' dt'velupper, il dut siiiis doute u cette
«tiipositiou de voir, dans les lociélcs acadcnii-
flucs , prelV rer des pièces int'erieui et auv siennes,
« son /'-'/«'jfe (le J.rof/vlii , tluc de Luirutnc , au
Ctr.mt rtiij pnies avec la Fortune , etc. Mais sou
atlaclieiiieut aim bon» principes et il la rrli;;iuii
Imi v.iluieut une pen«iou du Roi et In protection
vie M du Kriiiiinoii t , iirclievèi|ue de Paru; etic
(ut mon s ren<'td'- la iiiisorr i|ue celui de l'upéru-
|ion du lrep.111 , uecmiiMinéc par une cliulr île clie-
%«l, ipii produisit riilit^iiiilion d'espril dont les
«Vies liiieni si luut'ilcs a «.« cuurujjcut et m.
G IL
heureux , quoique de'nue' de protec-
tion, pour obtenir une place d'e'iève à
l'écoled'Alfort. L'application qu'il avait
apportée dans ses éludes et la lecture
des bons auteurs anciens et modernes ,
en formant son goût et son style, le
mirent bientôt à même de traiter dif-
férentes parties de l'art vétérinaire et
agricole avec autant de sagacité que
de netteté et de précision. Les recher-
ches et le savoir de Gilbert furent ré-
compensés par cinq médailles qu'il re-
çut de différentes sociétés savantes ,
pour des prix que ces sociétés avaient
proposés. Il entra dans la première
formation de l'Insiitut , et fut choisi
par le gouvernement pour organiser
et diriger les et.iblissements agricoles
de Sceaux, de Versailles et de Ram-
bouillet. La destruction de ces deux
premiers établissements , si funeste
aux progrès et au perfectionnement
de l'agriculture française , porta la
douleur dans l'amc de Gilbert, qui
appréciait mieux que persoune les
avantages incalculables que sa patrie
devait en retirer. L'établissement de
Rambouillet , uniquement destiné à
l'éducation des mcriuos, attira alors
tous ses soins ; il était convaincu , mal-
gré les préjugés qui régnaient alors ,
que cette race précieuse de moutons
ferait un jour fleurir notre agricul-
ture, nos fabriques et notre com-
merce. Gilbret, passionné pour le bien
public, avec ce noble désinléresse-
luentquiesl la marque caractéristique
des âmes fortes et généreuses , ne
cessa, pendant tout le cours de sa vie,
de liavailler cl de s'intéresser pour
tout ce (pii pouvait tendre à ce but. II
a présenté au gouvernement et au pu-
blic diilt'rentes vues pour l'amcliora-
tion de r.igricultuie et de l'art véteri-
n.iiie. Il a publié, outre les mémoires
couronnés piir des académies, dilUf-
R'ulcs iusUuclions, et un Traité des
r. TL
prairies artificielles , 1790, in-S**. ,
U'impiiinc cil iHoi,<|iii seul aiinùt
Hiulii sou nom ilicr aux aniattMirs
lie rjgricullurc. Cet onvraj^c, qui a
jiaiu à uuc {'iioque cii les ])raiiics
.ulilicidles elaieiil peu connues en
France , cl où le syslcine des aîjsole-
l]lcnt^ était pnsquc entièrement igno-
re, a donne à noire culture une im-
j)u'siou dont nous avons éprouve les
jcsullats salutaires. Son Instruclion
aur les moyens les plus propres à as-
surer lapropagotion des bétes à laine
ile race d Espagne , et la consen>a-
tion de celte race dans toute sa pu-
reté ^ 1797 , in-8"., est un petit traite'
lion moins ulile (jue le précèdent. H
avait donne, l'année prc'cëdentc , son
Instruction sur le claveau des mou-
ions , in-8''.j et ses Recherches sur
les causes des maladies charbon-
neuses dans les animaux , et sur les
moyens de les combattre et de les
■prévenir y qui turent imprimées par
ordre de la commission executive d'a-
griculture et des arts, an m, in-8'\
Ou doit encore à Gilbert, 1°. Ins-
truction sur le vertige abdominal ,
ou indigestion vertigineuse des che-
vaux, I 795, in-8".; — 2". Mémoire
^ur la tonte du troupeau national de
Jiamboiàllet, la vente de ses laines
et de ses productions disponibles ,
1 797 , in-4''. ; — 3 '. des articles dans
la Décade , le Magasin encyclopé-
dique ^ la Feuille du cultivateur, et,
avec M. Kougicr la Berp,erie , l'article
Bestiaux au vert, dans le tome x
dn Cours d'agriculture de Rozier.
Toutes les personnes qui ont connu
Gilbert rendent hommage à ses quali-
tés sociales j il montra -une probité et
lin désintéressement qui malheureu-
sement n*accompagnent pas toujours
le talent. Il était excellent ami, et ser-
viable même pour les gens qui lui
étaient inconnus. Le directoire ayant
G T L 559
été nnlorîsé, par le traité de lîàle , h
extraire d'K.sj)agne nn certain nom-
bre de mérinos , Gilb •! l fut ( hargc,
vers la (in de r.m v («797), d'aller
dans ce pays f.iire un choix de ces
animaux , pour les envoyer (n t'ran-
ce : le zèle qu'il avait nionfrc en rem-
plissant une mission aus.^i impoitante
pour la France , ne fut pas n fi oidi ,
mais fut cruellement trompé, lorsqu'il
se trouva au sein de l'Espagne , sans
secours et sans avoir reçu les fonds
qui lui avaient été promis. C'est en
vain qu'il rappela ces promesses au
gouvernement : abandonne sans pou-
voir remplir les marchés qu'd avait
contractés, accablé de fatigues et de
chagrins, il tomba malade; le déses-
poir s'empara de son ame, et il ter-
mina son existence le 21 fructidor
an VIII (8 septembre 1800), dans un
village de la Castille, où l'auleur de
cet article a passé, en répandant des
larmes sur les cendres d'un collègue
non moins recommandable par ses
lumières que par son amour du bien
public. L — lE.
GILREUT ( Nicolas - Pierre ) ,
médecin français, né à Brest en 1751,
fit dans sa ville natale, ainsi qu'à
Quimper et à Vannes, de bonnes
études, et montra une prédilection
marquée pour les sciences exactes.
Nommé cliirurgien -élève de la ma- •
rine à l'âge de dix-huit ans , il suivit
le capitaine Tronjolly dans sa cam-
pagne de l'Inde en 1770, et obtint nn
prix à son reloiu'. Peu de temps après,
il se rendit à Paris pour coniinuer et
perfectionner son éducation médi-
cale. Sa modique fortune ne lui per-
mettant pas de subvenir aux frais de ^
réception exigés par l'université de
Paris, il prit ses grades à celle d'An-
gers. Revêtu du doctorat , il exerça la
médecine à Landernau, à Morlaix et
à Keimes. Chassé de celte deroièrû^
56o G I L
ville par les troubles re'volntionnalres ,
persécuté, incarcère', il rédigea dans
sa prison un mémoire estimé sur la
concordance enlrelesnouveaux elles
anciens poids et mesures. Rendu à la
libellé, il sollicita l'emploi de méde-
cin ordinaire aux armées: sa demande
fut agréée sans difficulté comme sans
retard. Le conseil de santé lui donna
même un témoignage bien flatteur de
satisfaction et de confi.ince,en le choi-
sissant, au bout d'une année, méde-
cin en chef de l'armée de Sambre-et-
Meuse. Lorsqu'on établit en i --96 les
hôpital X militaires d'instruction , Gil-
bert fut appelé à celui de Paris, avec
le titre àc n»édeciu en chef profes-
seur : il déploya beaucoup d'activité
dans cette cai rière, et suppléa par un
lîAe et une exacliiuJe très louables
aux grandes conceptions et à l'élo-
quente dont il était dépourvu. 11 fui
récllemenl utile aux élèves; et cette
époque est vSans contredit la plus belle,
la plus honorable de sa vie. Mal-
heureusement il fut reporté sur un
théâtre qui ne lui convenait pas, et il
échoua complètement. Médecin en
chef de l'armée de St. -Domingue en
1 802, il remplit des fonctions ana-
logues, à la grande armée, de 1806 à
i\i\}.. Celte place éniinente lui four-
nissait des occasions nombreuses et
tiiciles d'illustrer sa pi ofe -.sion et d'ac-
quérir une brilluite renommée; il né-
gligea les unes et les autres. ("Jiargé
d'éclairer le gouve» iienienl sur le mé-
rite de ses collaborateurs , il donna
presque coll^lammcnl la préférence à
J.j médiocrité adulatrice et importune ,
tandis qu'il oublia , persécuta même
le mérite embelli par la modestie ou
par d'autres qualités non moins esti-
mables. Cette conduite , que rien ne
prut excuser , produisit un découra-
gement universel ; et la médciinu mi-
[j taire perdit plusieurs hommes qui
GIL
auraient continué de l'honorer par leurs
talents et leurs vertus. Gilbert revint
à Paris, et reprit son service à l'hô-
pital du Val-dt'-Grâce. Au mois d'avril
1814, il éprouva les premiers symp-
tômes de l'inflammation chronique du
foie, à laquelle il succomba le 19 dé-
cembre suivant. Ses écrits ne sont ni
fort muliipliés ni très importants; ce-
pendant le style en est généralement
assez correct . I . Plan d'un cours d ins-
titutions de médecine pratique sur
les maladies les plus fréquentes
chez les gens de guerre , classées
par familles , précédé d'un Discours
sur la médecine nwrale , Paris , an vi,
iu-8°. Un Discours préliminaire de
quchjues p^ges est tout ce qu'il y a
de bon dan> cet opuscule. La classifica-
tion nosologique présente le rappro-
chement bicarré des afTcrtions les plus
disparates ; et pour établir en quel-
que sorte la compensation, les mala-
dies les plus analogues sont séparées
et comme disséminées au hasard. La
disiiibution en maladies aiguës, mix-
tes et chroniques, est essentiellement
vicieuse. II. Tableau historique des
maladies irUernes de mauvais ca-
ractère qui ont affligé la grande ar-
mée dans la campagne de Prusse
et de Pologne ( en i8o0 et 1807 ) ,
suivi de liéflexions sur les divers
modes de traitement adoptés par
les médecins français tt allemands ,
Berlin, 1808 , in 8". ; trad. en alle-
mand par le docteur Bock , avec une
préface et des notes de Louis For-
mey, Erfurl, 1808, in -8'. L'auteur
propose dans cet écrit une classifica-
tion qui n'othc aucun trait de res-
semblance avec celle dont il avait
tracé resijuissedans sou Plan. Toutes
les maladies comprises sur le nouveau
tableau nosogéniquc fondamental y
sont partagées en deux grandes fa-
milles, désignées par les noms impro-
G IL (il L ?.(\i
|tiTS (Ir hyperzoothnnmic ri r/rno- qui iliriL^r.iitiii les ccolc» de (^hnrtrcs
(hnamid , î>uivanl qu'elles sont dues et do Fiaoïi. L.i rrgulaiile de sa con-
à l'cxill^ilion 011 H la dcprrssion des duitc et la ç;ravite de ses mœurs ic-
t'«irr(\s vitales. 111. //isloirc médicale pondaient k son ard( ur pour les
de l'armée française à Si.- Domin- sciences. Oii récompensa son méiiic
fille en l'an x , ou Mémoire sur la par la clianccllerie de r('<;1ise de Cliar-
fiè%>re jaune , a^ec un aperçu de la lies: les fonctions de ^('n^ci^nem^llt
topos!,raphie médicale de cette colo- e'taicnt attachées à celle dignité, et >l
nie ^ P. iris, an xi ( i8o5), in 8°.; s'en acquitta avec beaucoup de snrccs.
trad. cti allemand, avec des notes, Sa réputation le fit appeler à Paris
parj. E. Aronsson, Hnlin, i8o6, pour y remplir une chaire de dialec-
in-S". Gilbert , ayant séjourné très tique et de théologie : il se mil à la
peu de temps en Amérique , n'a fait tète des réalistes , et lrion»pha avec
qu'entrevoir la ûcvrc jaune; il la re- d'autant plus de liacililé du parli dc«^
f;arde comme une fièvre rémittente nominaux, que celui-ci Venait d'é-
bilieusc très intense, et lui refuse le prouver un cruel écliec par Ii con~
caractère contagieux. Celle opinion damnation d'Abailard , qui en était le
est d'un bien faible poids; et le doc- chef. On prétend que ce fameux dia-
tcur Fournil r a eu raison dédire que Icclicien, ayant aperçu Gilbert dans
l'ouvrage dans lequel elle est énon- l'assemblée de Sens parmi ses juges ,
cée ne mérite aucune confiance quant l'apostropha par ce vers d'Horace :
à la partie clinique. Toutefois l'es- ^, ...
^ . 1 ^ 1 r' Tx • Wam tua res agitur paries cum proxinius ar'Jet;
qiusse topographique de St.-Domin-
gue n'est pas dépourvue d'intérêt. IV. application qui fut regardée deni-.is
Les théories médicales modernes comme une prédiction de ce qui dc-
comparées entre elles et rapprochées vait lui arriver. Nommé en i i4i à là
de la médecine d'observation, Pa- scolastique de Poitiers, il eut à peine
ris, an vu. Pour faire apprécier une occupé cette chaire l'espace d'un an ,
production décorée de ce litre ambi- que ses concitoyens l'élurent pour leur
lieux , ne suffit - il pas de dire qu'elle évêque. Gilbert avait la manie de trai-
cst composée de 20 pages in-8".? Il ter toutes les questions suivant la dià-
serait injuste de passer sous silence les lectique des écoles. Il s'avisa de mêlci-
articles de médecine légale fournis par des opinions philosophiques dans ses
^ Gilbert à l'Encyclopédie méthodique : sermons. On fut scandalisé d'enien-
prescjuc tous sont rédigés avec soin dre sortir de sa bouche, dans un sy-
et discernement. M. Gasc a publié node, des propositions peu conformes
dans le tome lu du Journal général au langage commun. Deux de ses ar-
de médecine une Notice historique chidiacres, Galon et Arnaud, dont le
sur N. P. Gilbert , laquelle laisse à dernier était surnommé à bon droit
désirer plus de vérité dans les ta- qui ne rit pas , allèrent le déférer à
bleaux et plus de correction dans le Eugène IIÏ, pour lors à Sienne, et
slylf. C. qui se préparait à passer en France:
GILBEBT, surnommé de la ils alarmèrent Saint Bernard, encore
Pojrécy naquit à Poitiers vers l'an tout brillant de l'éclat que jetait sur
1070. Après avoir fait ses premières sa personne la vicloiie qu'il venait de
éludes dans celle ville, il alla les per- remporter sur Abailard. L'évêquc de
Sectionner sous les maîtres fameux Poitiers comparut au concile de Pa-
562 G I L
ris en ii47« ^^* propositions sou-
mises au jugement de rassemblée
èlaicnt, i°. que l'essence divine n'est
pas Dieu; 2°. que les propriéte's des
personnes divines ne sont pas les
personnes mêmes; 5". que les allri-
buis divins ne tombent pas sur les
personnes divines ; 4"' 4^'^ ^'^ ^'^'
Une di\ine ne s'e>t pas incarnée,
mais la personne du Verbe; 5". qu'il
n'y a point d'autres mérites que ceux
de J. -C.;6'. que le baptême n'est
réellement . conféré qu'à ceux qui
doivent être sauvés. Gilbert, inter-
pellé sur ces six propositions, mit
tant d'adresse et de subtilité dans ses
défenses , que les Féres embarrassés
renvoyèrent rjffaire à un autre con-
cil< qui se tint l'année d'après à Reims,
où il souscrivit à sa cond.irïinalion.Cc
prélat, rendu a sou diocèse , s'occupa
d'instruire ses peu])les , de décorer
les ég'ises , d'enrichir de nouveaux
livns la bibliothèque de St.-Hilaire,
et de f.iii e fleurir les sciences dans
son clergé. Il mourut , en 1 1 54, uni-
Tersellement rcgrellc. Du très grand
nombre d'ouvrages qu'il avait com-
posés, et que l'on conserve encore dans
les bibliothèques, on n'a imprimé que
Us (juatre suivants : I. Un Commen-
taire sur le livre de la Trinité de
Btcce, dans l'tMition générale des œu-
vres de ce philosophe, Laie, i47o,
iii-fol.ll est plus dinicile à entendre
que le texte même. 11. Une Lettre à
l'ahhé de St. -Florent de Saumur sur
un cas de conscience, dans le i *^' . vol.
i\ii?, Anecdota de dom M.ntcne. 111.
Uii Z'rrt/f^ phi!osophi(pie des six |)rin-
cipes, dans les anciennes éditions
d'Ari.Ntote , où l'on n'est guère tenté
d'.tller le rhcicher, quoi{|. 'il ait <u
beaucoup de vogue autrefois, et (ju'il
.lit servi de t(xtc à plusieurs Cum-
njentaire*;. 1 V. Un Commentaire sur
V ylpocttlj psc j Paris, i5i'i, iii-b'.;
G IL
avec d'autres interprètes du même
livre. Gilbert de la Porrée était sa-
vant; i! avait de la pénétration, mais
il manque de méthode ; il afTecte trop
de tout ramener aux opinions sub-
tiles de l'école. Son style est d'ail-
leurs dur, sec et embarrassé. T — d.
GILBERT Philarète, ou de Lim-
bourg. Foy. Fucus (XVI, i45).
GILBERT DE SEMPRINGHAM,
fondateur de Tordre des Gilbertins,
naquit en Angleterre au comté de Lin-
coln , vers 1 084 , peu de temps après
la couqnêlc. Il eut pour père Joceliii
de Sempringham , chevalier anglais
d'une illustre famille. Les historiens
du temps représentent Gilbert comme
disgracié de la nature du côté du corps.
Mais ces défauts , disent-ils , étaient
compenses p^r un beau caractère, une
ame noble, et des vertus qui donnaient
plus de lustre encore à sa haute nais-
sance. Il fut destiné, dès Tenfauce, à
l'état ecclésiastique. Lorsqu'il eut fait
ses humanités en Angleterre , ses pa-
rents l'envoyèrent en France perfec-
tionner ses études dans des écoles cpjî
jouissaient d'une grande réputation.
Gilbert y entendit les meilleurs maî-
tres , et retourna dans son pays avec
une instruction aussi étendue qu'on
pouvait l'avoir alors ; mais il avait en-
core plus de piété que de connaissan-
ces. Aussitôt après son retour, il se
mit sous la discipline de Robert lilunt ,
(pli avait quitté l.i plice de chancelier
d'Anglcterie pour être évêque de Lin-
coln. Peu de temps après, il ouvrit,
pour la jeunesse , une école , où il
])renait lui-même la peine d'enseigner.
Il fut orilonné prêtre par Alexandre ,
successeur de Llunt au siège de F iii-
colii , qui le fit sou pénifcneier. AftliL;é
(le voir la règle de St. Augustin mal
observée par ceux qui la professaient ,
Gilbert imagina de fonder un ordre
où il put la faire revivre. H eu établit
G IL
U prcniior monaslî'ii'à Scmpringh.im,
ilomaine de sa famille. Pour en lor-
incr les stiliits, il puisa dans la ic<;lc
de St. Augustin el dans relie de St.
Benoît. Lor.-qnc le monastère lut eons-
liuit, et (ju'il y eut réuni des rclij^icnx,
il fit ini-mèine profession , rt en j)rit
le gouvernement. L'ordre fui appelé
de Sempringhaui , du lieu où il avait
ele établi , et des GUbtrlins , du nom
du fundatcur. Gilbert ne nej^ligca rien
pour faire fructifier cette œuvre sainte:
elle fut néanmoins traversée dans ses
commencements. Des laïcs , qu'il avait
admis, se soulevèrent contre lui; et
on chercha à dccrcditer rétablissement
auprès d'Alexandre llLLe pape, après
avoir fait prendre des informations ,
apaisa ces troubles, de concert avec
Henri 11 , roi d'Angleterre. Gilbert fut
aussi compromis dans l'afifidre de St.
Thomas de Cantorbéry. Néanmoins
il acheva paisiblement sa longue car-
rière, et put, de son vivant, compter
treize maisons de son institut, tant
d'hommes que de femmes, où Ja règle
étaitobscrvéc par plus dcsept cents reli-
gieux , et au moins onze cents reliji;ieu-
ses. Gilbert, avant de mourir, se démit
de sa supériorité, et lit élire Roger ,
l'un de ses disciples, auquel il fut le
premier à se soumettre et à obéir. Il
finit ses jours en i 189, la même an-
née que Henri II , étant âgé de cent
six ans. Innocent 111 , en 1202, per-
mit qu'on honorât la mémoire de Gil-
bert; el peu d'années après, son nom
fut placé dans les martyrologes. Les
seuls écrits qu'on cife de lui , sont :
I. Les Statuts des Gilbcrtins , dans
le Monasticum an^Ucanuin publie'
à Londres en iGOi. II. Uu livre
à' Exhortations à ses frères. III. Des
Lettres à diA'eises ]icrsonnes. L — y.
GILBEBTde \OlSlINS(PiEaRE)
naquit le iG août iG84 , d'une très
ancieniic famille de magistrature. 11
(i 1 L ':)()Ti
était, par sa mère née Dongoîs, pa-
rent de Boileau-Despréaux. Il com-
menta, suivant l'usage de ce temps-
là, sa cariicre, en plaidant comme
avocat dans plusi( nrs juridictions ,
et rem])!it ensuite avec distinction la
place d'avocat du roi au Cliâtelel ,
puis devint conseiller au parlement.
Sa réputation l'avait précédé au con-
seil d'état, où, comme maître des re-
quêtes , il fut chargé de rapporter les
affaires les plus imjjortantes. Son mé-
rite et ses talents fixèrent l'attention
du régent, qui le fit entrer au conseil
royal des finances, qu'd venait d'éta-
blir. Rappelé au barreau par son in-
clination naturelle, M. Gilbert obtint,
en 1718, une place d'avocat général
au parlement de Paris, où son élo-
quence mâle et sévère, son noble ca-
ractère , brillèrent jusqu'en lySg ,
époque de sa démission. Indépendam-
ment des extraits de ses plaidoyers ,
conservés dans le Journal des audien-
ces ^ on en posf.édait dans sa famille
pins de Go , écrits de sa main , dont
beaucoup étaient relatifs à la constitu-
tion Unigenitus , ou bien avaient pour
objet la suppression d'écrits publiés
pendant la grande querelle ecclésiasti-
que de celte époque. 11 montra dans
toutes les occasions un zèle remarqua-
ble à défendre le principe de la fidélité
due par les sujets à leurs souverains ,
et à combattre quelques prétentions
exagérées de la cour de Rome. Le 22
juillet 1729, le parlement lendit un
arrêt portant suppression d'une feuil-
le , imprimée pour l'olfice de Grégoire
Vil , avec injonction à tous supérieurs
de corps et communautés sccidières
de tenir la main à ce qu'il n'en fû! fait
aucun usage. Le discours de l'avocat
général Gilbert de Voisins fut impri-
mé avec l'arrêt. H porte principale-
ment sur les termes dans lesquels la
légende de ce pontife, donnée par Lie-
564 G I L G I L
jioît XIII , parle de rexcomraunica- mérite , il repéta souvent que ce tra-
tioo de l'erapereur Henri IV. « On vail n'avait e'ie' pour lui qu'un délas-
» savait, dit ce magistrat , que Gré- sèment pendant dix-huit années. Il
»goireVIl, si célèbre par ses difTé- en composa un répertoire raisonné
» rends avecrrmperenr Henri IV, est qui forme trois gros volumes in-4°.,
» celui des papes qu'on a vu pousser eniièrtment écrits de si main. Au mois
» le plus loin les prétentions ultramon- de mai 1740, le roi le nomma con-
» taines ; mais ou ne s'attendait pas à seiller-d'état , puis premier président
y» voir entrer dans son éloge, et celé- au grand-conseil pour l'année 1744*
» brcr dans un office ecclésiastique. Ayant eu la douleur de survivre à
» l'excès où le conduisirent des prin- son fils , devenu président à mortier,
» cipes si dangereux Est-ce et mort en 1754 à Soissons , où
» donc le chef- d'œuvre de son zèle était exilée une partie du parlement ,
» d'avoir entrepris de priver un roi il composa lui-même l'épitaphe de ce
y> de sa couronne et de délier ses fils chéri , qui laissait bien des re-
» sujets du serment de fidélité ? et grets dans la magistrature. En 1757,
» pouvons- nous voir sans douleur M. Gilbert fut nommé au conseil des
» qu'on appuie sur un f;iit, si digne dépêrhes par le roi, qui voulait tou-
» d'être enseveli dans l'oubli, les titres jours avoir l'avis d'un magistrat aussi
)> qu'on lui donne de défenseur de l'É- éclairé. Souvent même il fut chargé
» glise, de restaurateur de sa liberté, par le gouvernement de la rédaction
» de rempart de la maison d'Israël?,., de mémoires particuliers; et il eut
» Souffririons-nous qu'à la faveur de part à presque tous les régleinenls
» ce prétendu supplément du Biéviaire utiles qui ont paru de son temps. Ce
» romain , on mît dans les mains des n'est qu'en 1787 que sou petit-OIs,
» fidèles..... ce qui tend à ébranler les élevé par lui , fit imprimer deux
» principes invariables et sacrés de Mémoires sur les mojens île doTi"
i> l'attachement des sujets à leurs sou- ner aux prolestants un état cii'il en
» verains , et ce qui blesse les maxi- France , composes de f ordre du roi
» mes que l'on a toujours mniitenues Louis XV^ par M. Gilbert de foi-
» dans ce royaume très chrétien, avec sitis , conseiller d^etat ^ etc., sui-
» la constance la plus invincible?» Ce vis d'nn Projet de déclaration, il
fut en faveur de son fils que M. Gil- mourut le 20 avrd 1769 . âgé de 85
bert se démit de la charge d'avccat ans. Son epitaphe, eouiposée par M.
général : il profita de ses loisirs pour Le Beau, et placée dans l'éplisc de St.
entreprendre le dépouillement de l'im- Séverin de Paris, retrace fi^lêlement
mense recueil des manu-criis de et avec élégance ses vertus connue
Brieune. Une copie de cette collection magistr.it et comme homme privé.—
})récieuse, due aux soins d'Antoine de Pierre-Paul Gilbert de Voisins , pe-
Loménie , secrélaire-d'état , était tom- tit-fds du précédent, tprès avoir été,
bée entre ses mains: mais iruuv.int comme lui , avocat du roi au Chàlelel ,
avec raison que le défaut de table la et -tvoir passé ensuite de la charge de
rendait presque inutile, il brava la la- gn filer (U chef du parlement de Pa-
ligue d'un travail aussi fastidieux (1); ris à celle de président à mortier,
et loin de chercher à s'en f.iire un fut, en novembre 1 795 , une des vic-
' ; ; tifucs du tribunal révolutionnaire. A
(1) Kontettc Rltriluic ■ l.ancriot la table qui i 1 -i i- i < «*l
«tuie en a vol ia-iui. k U biLii«tko<]ua du Aui. sa muft , la bibliuthcquc pccicusc qu 11
r. I r. r. i t. scî;
fninit (los.T f,imillc, a clc cntitTcmcnt etc infcclcc. iVnl-êtrc aussi Gildas
tlis])pr.sc('. Fi — p — E. avait-il voulu se dcroljcr aux troubles
(lU.in^^lVr DiisMOLIÈBES. f^oy. qui désolaient ce pays. Quoi rju'il en
CiinuT. soif, il mit son voyage à profil, et
CilI.liURlST ( Ebenézer), inëde- en revint avec d«s connaissances fort
cin , ne, en 1707, à Dunifries, en c'fendues dans les sciences que Toa
I^cossi", où il mourut en 1774 , n'est cultivait alors, et avec ujie ample pro-
coniui que par l'ouvrage suiv.uit : The vision de bons livres. Le désir de me-
use ofseavo}' âges in medicine,] jon- ner une vie plus parfaite, et de se
(1res , 17^9, in-8'. ; ce traite, dont il livrer en liberté à la contemplation, le
y a eu plusieurs c'ditions , a été tra- porta à se retirer dans la solitude. Les
*luiten français, par Bourru, doc- uns disent qu'il suivit S. Cadoc,abbc de
teiir régent de la faculté de médecine Llancarvan, dans des îlesdésertes(i);
de Paris, sous le ihre iV Utilité des d'autres, qu'il choisit un lieu sau-
vojages sur mer , etc. , Londres , vagc , oii il put tenir ses vertus ca-
3770, in-S". Cette production , extrê- chées : mais le bruit de sa sainteté se
mcmcnt faible sous tous les rapports, répandit bientôt dans tout le voisi-
a pour but de fixer rattention des mé- nage , et l'on accourait en foule pour
dccins sur les avantages de la naviga- être témoin d'une vie si pénitente, et
tien dans le traitement de la consomp- pour l'entendre parler des choses du
tion et de plusieurs autres maladies ciel. Les historiens du temps lui attri-
chroniques et nerveuses. L'auteur y buent l'esprit prophétique. Il avait
rapporte un assez grand nombre de composé beaucoup d'ouvrages, dont
gucrisons qu'il dit avoir opérées par quelques-uns, dit-on, existent encore
le seul moyen des voyages maritimes, dans h bibliolhèque publique de Can-
Toulefois ses observations sont trop torbery. Les principaux sont : I. Une
inexictes et trop incomplètes pour concordance des Evangiles. II. Les
établir, sur des preuves invincibles. Actes de St. Germain et de St. Loup,
l'efficacité de ce moyen , très en usage C'est vraisemblablement la relation de
chez les anciens , et beaucoup trop l'apostolat de ces deux saints en An-
négligé parmi nous. L'auteur a coa- gleterre. (^'^o/. Germain d'Auxerre.)
signé, dans un Appendix , des con- III. Traité des premiers habitants
sidéraiions pratiques importantes sur de la Grande-Bretagne. IV. His'
l'emploi des bains dans les fièvres toire des Bretons. V. Des Prédictions
graves, Gii — t. en vers , qu'on dit s'être vérifiées. VI.
GILDAS (St.), surnommé VAl- Deux Commentaires y aussi en vers ,
hanien ou ï Ecossais, et que Mathieu sur levi". livredes Décrétales. St. Gil-
de Westminster appelle aussi l'/Zw- das l'Albanien mourut le 29 janvier de
torien, était issu du sang royal d'An- l'an 5 12. L — y.
j^letcrre, et avait été disciple de St. GILDAS (S.), surnommé le Ba-
Patrice. Il fit ses premières éludes donique (2) , abbé et fondateur du
dans sa patrie, puis passa dans les
Gaules, où les saintes lettres étaient (r) u paraît quici s. c.Mas i'^/6a,„>n est pru
enseijinées par des maîtres habiles, et ITl,^' ^^ï^^'n '\^ ^''"'' '" i^""*™'" était mon
, , ". ! . • I '-^, VI. en j ta, et h. Cadoc vivait encore en 571 , 58 ans
OU la doClritie était plus pure, lAn- aP"-" Ilest (lifHc.k.mecehu-ci aittté le maître
glelerre n'etatit p.s encore tonl-à-lait ^XT, .T.'u i';rŒr:r£B..«„
purgée d,. i,él3gia>.ismedonlcllc avait 'p3r»:;;S«riul,ri&,"S::;:''
566 Gif. G 1 L
monastère de Rhuis , eut pour père un mourut dans l'île d'Houal, en S-jo se*
seigneur breton. L.i conformité' de Ion Ussérius, et selon d'autres en 58 1.
ïiom , presque de temps ( i ), d'études, II y a une Vie de S. Gildas écrite au
et de sainlele' avec le précédent, ont xi". siècle par un religieux deRhuis,
i:[\\. confondre ces deux personnages , sur des pièces tirées des archives de
attribuer à l'un des circonstances qui l'abbaye : les dv ux Gildas y sont sou-
Ti*app.irlicnnent qu'à l'autre, et ont ré- vent confondus. Cette Vie se trouve
pnnciu sur leur histoire réciproque une dans les Bollandistes. Dora Mabillou
obscurité difficile à dissiper. Il paraît en a donné une édition plus correcte
qu'on doit placer la naissance de S. dans ses ^cta SS, ordinis sancti
Gildas le Badonique à Tan 494 (^) > Benedicti ; elle se trouve aussi dans
quoique Morérila rcculejusqn'en 5io. les P'ies des SS. de Bretagne, par D.
Gildas de Rhuis fut mis dès sa pre- Lobincau. Voyez aussi l'^/sioiVe de ce
niière jeunesse sous la discipline de pays par le même, et les Mémoires de
S. lltut, fl élevé dans le monastère D. Morice. S. Gildas est patron de la
de ce savant et saint abbé. Il s'y forma ville de Vannes, et le martyrologe en
à la piété et à Tamour de l'élude. On fait mention le 29 janvier. — Gil-
dit qu'il y reçut l'odre de prêtrise, das , surnommé le Sage , souvent
et qu'il passa ensuite dans la parlie confondu avec les précédents , naquit
septentrionale de l'Angleterre, où il dans le pays de Galles en 49^ selon
convertit des païens et des héréti- quelques auteurs, ou selon Lelanden
ques. La dévotion lui fit entreprendre 5 11. Ce dernier ajoute qu'il se re-
Ic voyage de Rome et de Uavenne tira dans une île déserte nommée
pour y visiter le tombeau des saints Hulms , située dans le canal de Bris-
Apofres et celui de S. Apollinaire, toi , mais qu'obligé de l'abandonner
Knfin il vint fixer son séjour dans à cause des fréquentes incursions des
l'Armorique, ou j^etite Bretagne , aux ])irates , il vint dans l'abbaye de Glas-
environs de Vannes, et y construisit tonbury , où il passa le reste de ses
le monastère de Rhuis , qui a sub- jours. On le regarde comme le plus
sisté jusqu'à ces derniers temps. Après ancien écrivain de la Grande - Breta-
y avoir réuni un nombre suffisant de gne dont il nous soit resté quelque
religieux, et établi une bonne disci- chose. 11 est auteur d'une Lettre sur
pliue, il se retira de l'autre coté du la ruine de la Grande Bretagne, De
golfe dans une grotte solitaire, pour cxcidio Britanniœ , publiée à Lon-
s'y livrer avec plus de liberté à la dres( i 5'25, in-8".},elpar lessoins de
prière et aux exercices d'une vie pé- Polydore - Virgile , Baie, i54i » »"-
nitrnte.Ciia lie l'empêchait pas de vi- S**. ; elle est aussi insérée dans la
siler (juciqucfois le monastère pour Bibliothèque des Pères, et au tome m
y entretenir l.( ferveur, et de donner i\QS Beriim Anglicanim scriptores
ses soins à la direction drs personnes veteres , de Gale, 1687, in-fol. : on
pieuses qui avaient recours à lui. Il eu connaît une traduilion anglaise,
. liOndres, iG^S, iu-rji. Cette lettre
{t]C.i\,\atVytlh,inieiin'étaulmnTlt]urnSii , et CSl tliviséc CU (IcUX l)arlit'S. D.IUS la
fithla» /{ail'tntaite fiant ti(* m 4»»-» » ''» l>«"ViMit -, /■>•! l I
rircr.K.r.i.,..;,„mec..ntrm,,..r,.i,... prcmicrc , Gildas rcpiochc aux
(,) Hf.i- j.u.r u vMinirr ,r.n,.orifr ...r If. princcs ct ûux crauds leurs désor-
Saviiiif lu mont n>iilon la c|ii.iraii tr-(|u ilriciiir an- I o • • i iii •
nér H|.r.:% î'iiivnitoii lie cr. peiiiiiri. u.iupUr .-lit (Ircs , cl donuc uu piécis dc 1 lus-
li cil cil 'i >'•''■' viotnirr dfï Hrrloiu cl l« naMiance , • ^ t /■< 11». J
.icS. i/iidn //«,/..-<.7/i. daicuidocciirvji. loirc de Kl OriUKlc - Brclaguc depuis
Vinvaslon dc^ Romains jusqu'à son
ti'iiips. D.jns 1.1 (Uuixicrae , iiililnluc
CuMi'riiio clcri, il se plaint du rc-
làdunionl cl lies vices du clcrj^c, et
ii'iu'site point à aflribuer a une juste
punition de Dieu tons les maux cau-
ses pai- l'invasion des barbares. II.
On a encore de Gildas des Canons
et des Rée,Ienients de discipline à
l'maqe de l'Irlande, recueillis par
do/n Luc d'Aclicry, tome ix de son
Spicilége. — Un troisième Gildas,
nussi Anglais, et de l'ordre de S. Be-
noît, ilorissait vers Tan 8Go, et avait
compose plusieurs ouvrages histori-
ques, dont la perte serait à regretter
s'il ne les avait pas remplis de fa-
bles , ut si ahfuisset illa prodigiosa
fin^endi ieineritas , imb mentiendi
libido , laudem nullis unquàm sœcu-
lis obscur andam ohtinuis set f dit Pils,
n". 129. L — Y.
G l L D 0 N , rebelle , gouver-
neur d'AtViquc sous le règne d'Ar-
cadius et d'Honorius , était frère de
Firmus , qui suscita la guerre dans
ce pays en 375. Le comte Thco-
dose , qui y commandait à cette e'po-
que, satisfait de la conduite de Gil-
dou , le nomma gouverneur de plu-
sieurs provinces; Gildon s'y conduisit
en sujet fidèle jusqu'au temps de la
rébellion d'Eugène, contre lequel il
refusa d'envoyer ses troupes. Cepen-
dant, après la défaite de l'usurpateur ,
il se soumit de nouveau , et reconnut
l'autorité d'Honorius , à qui Theo-
dose avait laisse l'Afrique en par-
tage. Mais bientôt s'abandonnant sans
réserve à toutes les passions qu'il
îavait su dissimuler jusqu'rà ce jour,
ambitieux, avare, cruel et dcbauc*Aié,
al songea à se faire un appui de l'eu-
inuque Ealrope qui gouvernait la cour
4'Orient, et dont il préferait la hon-
teuse faveur au gouvernement de Sti-
ikon , tuteur d'flonorius :. il fit re-
('. 1 L
SOt
connaître Tauloritc d'Arcade en Afri-
que; mais les Afritains et les soldais
(l('s ivouèrent sa ronduitc auprès d'Ho-
norius : celui - ri le Ira iiiisil devant
le sénat de Rome, et on conclut à
dédarer la gucire .lu rebelle et à pu-
nir sa trahison. Cependant les moyens
mnnqniieul, lorsque la violence de
Gildon fournil des armes contre lui ;
il voulut entraîner sou frère Ma7.as-
cel dans sa révolte, et sur son refus
il attenta à s^ vie, et fit massacrer
ses deux fils. Mazascel s'enfuit en Ita-
lie, où il fut jugé propre à servir
l'Etat en satisfaisant ses propres res-
sentiments; il s'embarqua à Pise avec
une armée de six mille hommes, dé-
b irqua en Nuruidie , et marcha droit
contre Gildon , qui l'attendait à la
tête de soixante - dix mille hommes.
A la vue de ces forces redoutables ,
Mazascel se repentit de s'être avancé;
enfin rassuré, disent les histoiiens,
par une vision miraculeuse , il s'ap-
procha de ses ennemis, parla avec
douceur aux premier-) qu'il rencontra :
reconnu par plusieurs officiers qui le
chérissaient, il en est insensiblement
entouré; bientôt toute l'armée de Gil-
don l'abandonne, et passe sous les
ordres de son frère. Dans cette dé-
tresse , i'usrtrpatcur gagna la côte , et
se jeta sur nn vaisseau : une tempête
le força de revenir au port de Ta-
braca, près d'Hippone, oii il fut pris,
accablé d'oulrage^ et jeté dans un ca-
chot. Tandis qu'on attendait les or-
dres de l'empereur pour décider de
son sort, il prévint son arrêt, et
s'étrangla lui-même eu 398- Le triom-
phe de Mazascel fut de courte durée:
soit que ce succès excitât la jalousie
de Stilicon, soit que celui-ci doutât de
la fidélité de Mazascel, il le fit sur-
prendre sur un pont près de Milan
et jeter dans l'eau la même année.
JL— S— B.
568 G I L Xj I L
GILDON ( Charles )/éeiivaiii au- ciitiquessur un chef-d'œuvre , la Bou-
£;lais,iiceu i665 à GHJIiiigham près de de chei^eux enleiféCy de Pope,
de Shaftesbury, dans le comlë de Dor- qui eu retour l'accola au critique Dea-
.sel, de parents catholiques romains , nisdans la Dunciide. C'est néanmoins
fut envoyé faire ses études au collège comme ci iliquc que Gildon paraît
des Anglais, à Douai. Sa famille le avoir montré le plus d'habileté^ celte
destinait à la carrière ecclé.siastique, opinion est confirmée par ce qu'on rap-
q'.ù n'était pas sa vocation. De retour porte que Pope était persuidéqu'Addi-
daiis sa patrie et devenu son maître , son remployait à écrire contre lui. On
il commença par venir dissiper à Lon- aaussideGiidon une vie de Betterlon,
dres la plus grande partie de son bien, 1 7 1 o, une Grammaire anglaise, et un
qui yiitait considérable. Il épousa à 'i5 Traité intitulé l'^rt poétique com*
ans nne femme sans fortune , dont il plet , 1718, 2 \'^. in 8 ., elles Lois
€HJt plusieurs enfants; et, réduit bien- de la poésie y leÀes qu'elles sont éta-
lôl à l'indigence, i! se fit auteur par né- blies par le duc de Buckingham dans
cessitc. Il n'a écrit qu'en anglais : sou son Essai sur la poésie, par le comte
premier essai fut un recueil de 5 00 de Roscoramon dans son Essai sur
lettres, sous le titre de Postillon de- les traductions en vers, et par le lord
i/rt/ise, Londres, 1692. Il donna en- Lansdowu sur les écarts en poésie,
suite quelques traductions, et publia éclaircies et expliquées, 1721, in-8°.
en i6c)3 un ouvrage impie de Charles ]l mo-arut le 1 2 juin 1 72^ , de sa mort
Blount, les Oracles de la raison, naturelle, quoique dans sa notice sur
auquel il ajouta une notice sur la vie Charles Blount, 3i ans auparavant,
de l'auteur, contenant uric pompeuse il eût déclaré qu'il terminerait ses
apologie du suicide, i695,in- 12. Après jours comme lui. X — s.
avoir passé ainsi de la doctrine catlio- GILEMME (Yves(i), se disant
lique à l'incréduliié, il revint au déis- magicien , vivait sous le roi de Fran-
mc, comme à un terme moyen. Son ce Cliailes VI; il s'était associe une
Manuel du déiste , ou Examen ra- fille nommée Marie de Blansi, Per-
tionel de la religion chrétienne , rin lleniery , serrurier, et Guillaume
avec des observations sur f/ohhes, Elorct, clerc, et leur faisait prendre
Spinosa , les Oracles de la raison , part à ses sortilèges, ou plutôt à ses
etc., publié en 1 705 , est le meilleur impostures. Il prétendiit cnlretenir
de ses ouvrages , s'il faut en croire commerce avec les esprits , et di-
^Jc\nud{ f^ies des écrivains déistes y sait qu'il avait à ses ordres trois
lom. I , pag. 43 ). Gildun a donné au diables qui exécutaient tout ce qu'il
ihcàlre quelques tragédies écrites d'un leur comm mdail. Il ofbit de guérir ,
ktyle emphatKjue , et des comédies par des paroles magiques, le roi , qui
qui furent reçues froidement. C'était alors était en demi nce : « Il fut déU-
iin homme d'une vaste liltérature, béré, dit Juvénal de? Ursins, qu'où
mais d'un esprit médiocre, qui s'es- essayerait et souffrirait leurs invoca-
.saya dans presque tous les genres d'é- lions; ils demandèrent qu'on leur
crire, et n'eut d'éclat dans auiuii; ce b.iillàl douze hommes enchaînés de
(jui ne l'empêchait pas de montrer un fer ; » voulant sans doute donner une
goût extrêmement sévère h l'égard i\c>i —
ouvrages de ses contemporains. C'est (•) Oimlrei Ir nomment ncrre. Juviinal dei
ainsi qu il seperQul( 171/1; quelques j,„. ' *^ *^ '
GIL
pvoino (le liiir pouvoir, en faisant
totnhfi Inirs ch.iîtirs : intis « rien ne
liretil, )) (lit le nicinc liistoiictj. Ils al-
lo^uèrcnl pour s'ex'iiscr (juo les dou-
ze hommes .iv.iienl fait le si^ne de la
croix , ee qui avait empcehc l'elïM du
charme. L'un d'eux, inierrojije par le
pie'vôl de Paris, convint de la fonrlie-
ric ; ce uiajjislrat les fit saisir, el « le
'i!\. jour de mars 1 4o5 ils furent pu-
l)li(|uement presches et les punitions
faites suivant le cas, e,'est-à-dn*c ards tt
brûlés. » Ce ne fut p is du moins pour
être sorciers; car ils avaient prouve',
à n'en pouvoir douter, qu'il s'en fallait
be.uicoiip qu'ils le fussent. L — y.
GlLlANKZ , ou plus correctement
Gilles Anes y navip;afeur portugais ,
était de Lagos. Homme de sens et de
conr.;ç;e, il fut un de ceux qui servirent
le mieux les desseins de l'infant dom
Henri de Portugal , occujié de pousser
les découvertes le long de la côte d'A-
frique. En 1435 il essaya de doubler
le cap Bojador , que l'on regardait
alors comme rextrcmitë du monde.
Une première tentative ne fut pas heu-
reuse , quoiqu'Anès eût garanti au
prince le succès de l'tntreprise. Ecarté
de sa route par la tempête, el jeté sur
l'une des Canaries , Anes s*empara ,
par force, de quelques naturels qu'il
amena en Portugal. Henri, indigné de
cette violence , le reçut avec tant de
froideur, que , pour réparer sa faute,
ce navigateur jura de périr ou de réus-
sir : il repartit la même année. Cette
fois le succès couronna ses eflbrls, et
inspira une nouvelle ardeur au prince
et aux Portugais. lAinnée suivante,
Anes s'avança quatre-vingt-dix mil-
les plus loiu que le cap Bojador. Il
fit un troisième voyage en i455, et
. alla jusqu'au 21'. degré de latitude:
le manque de provisions le força de
retourner à Lagos. Dans ces deux
voyages, les Portugais avaient pour-
iVH.
G I L 5(3r)
suivi les Maures sans on saisir un
seu' , et a\ lient donne h utj lieu le
nom iV //ngia dns cavallos , parce
qy'ils y avaieul débarqué d<s che-
vaux, et à un autre c; lui cl'// '^ra dos
ruivas ^ à cause de l.i grand( (pi inlit<î
de phoques qu'ils y tuèrent , el dont
ils rapportèrent les peaux , qoi devin-
rent un objet de eorumeice et encou-
ragèrent à tenter d'autres entreprises.
Anes, api es être resté p'usieurs an-
nées a Lagos sans reprendre la mer ,
fut en 1445 nn des négociants de cette
ville qui se formèrent en comrjagnie
pour équiper six caravelles, destinées
à trafiquer le long des côtes d'Afrique
nouvellement découvertes. Cette ex-
pédition fut command<'epar Lançarot.
Anes fit un nouveau voyage en 14^6,
et fut chargé l'année suivante , par
l'infuît , d'aller à Gomera, l'une des
Canaries , remettre des prisonniers
qui en avaient e'té enlevés (ontre la
foi des traités. H relâcha au cap Verd,
où les nègres lui tuèrent cinq hom-
mes : il s'en vengea sur les Maures à
Ârguin, oîi il fil escl.iVes (juaiante-
liuit habitants. En repassant par l'île
de Palma , il voidut prendre deux
femiî'es à son bord : assailli par les
naturels , il eût péri si Diego Gonza-
lès, un de ses officiers, ne l'eût sau-
vé par des prodiges de valeur. Anes
retourna ensuite à Lagos, où la dignité
d'amiral que lui avait conféiée le prin-
ce, lui donna occasion de contribuer
aux progrès ultérieursBes découvertes.
E— s.
GILIBERT (Jean-Émanuel),
célèbre médecin et naturaliste fran-
çais, naquit à Lyon, le '2 1 juin 1741»
Destiné par ses parents à l'état ec-
clésiastique , il éprouva autant d'aver-
sion pour les lucubrations de la théo-
logie que d'attrait pour les sciences
exactes. Charmé des démonstrations
anatomiques , par lesquelles on 1er-
24
5*70 G I L G I L
minait communément le cours de pti- du bon roi Stanislas, qui lui avait
losonhie dans les grands collèges de constamment témoigne' une bienveil-
Fraiice, il sentit pour Tart médical un lance particulière. Le retour de Gili-
coiit, qui bientôt devint une passion ; bert à Lyon fut une véritable fête
et il alû, en 1760, l'étudier a Mont- pour lui, et pour ses compatriotes,
pcllier. Apres deux ans de séjour dans qui s'empressèrent de lui donner des
celte ville savante, il défendit, sous les preuves multipliées d'estime, de con-
auspices de Charles Leroy, une thèse fiance et d'amitié. Il fut élu médecin
Sur la puissance de la nature pour la de l'hôtel -dieu , médecin en chef des
^Memo/irfe^ma/a^/e^. Reçu docteur, épidémies, professeur au collège de
il revit sa patrie, et choisit, pour médecine, membre de l'académie , et
exercer sa profession, le petit village de la société d'agriculture. Le bonheur
de Chazay,où il trouvait les moyens dont il jouissait, fut troublé par les
d'appliquer utilement les grandes con- orages politiques. Nommé , au com-
naissances qu'il possédait en histoire mencemcnt de l'année 1795, maire
naturelle , et surtout en botanique. Le de Lyon , il se conduisit en magistrat
ministre de Portugal et celui de Po- vertueux et éclairé. Ces qualités étaient
Io<^ ne demandèrent en même temps à fréquemment alors des titres de
l'immortel Haller un sujet capable de proscription : Giîibert fut précipité
fonder une ccoie de médecine. Gili- dans un cachot. Rendu à la liberté,
bert fut propose'; il opta pour la Po- il n'en goûta pas long-temps les char-
logne, et partit en 1 775. Il signalason mes. La commission départementale
arrivée à Grodno par l'établissement le choisit pour la présider pendant
d'un beau jardin botanique , et par des le mémorable siège de Lyon. Ne vou-
Irçons de médecine clinique qui attiré- lant pas survivre à la ruine de son
rent un nombreux concours d'élèves, pays, il brûla deux amorces sur Sti
Giîibert suivit l'université lorsqu'elle ])oitrine sans pouvoir se tuer. Oblige
fut transférée à Wilna , et remplit de fuir, séparé des siens , manquant
honorablement les chaires d'histoire de tout, il erra d'asile en asile, dor-
naturellc et de matière médicale. L'a- mant contre une borne lorsque le
prelc du climat lithuanien et le zèle sommeil le forçait de s'arrêter , cher-
infatigable du professeur avaient fré- chant quelquefois un gîte plus sûr
quemmcnt altéré sa santé depuis neuf dans l'épaisseur des forêts, réduit,
années. Une fièvre calarrhale adyna- pour éviter les grandes routes , à Ira-
mique le conduisit aux portes du tom- verser au mois de décembre des ri-
beau. A [)eine convalescent , il eut à vicrcs glacées. Après ilix-huit mois
soutenir \n\v. cruelle épreuve : un mi- d'exil etde persécutions, il rentra dans
iiistre tombé dans la disgrâce par l'é- sa chère patrie, honoré pour son dc-
clat et le scandale de ses prévarica- vouement courageux , et recherche
lions , lui imputa sa chute, et lui sus- pour ses rares t dents. La chaire d'his-
cita une foule d'ennemis dangereux, toirc naluiclle à l'éco'e centrale lui
Tant de contrariétés accablèrent son fut décernée; et certes personne n'é-
coura'^e, et lui firent détester le ciel lait plus digne de l'occuper. Pendant
i\v la Pologne. Il sollicita sa retraite ; le cours de l'.umée it)«o, il fut lour-
cl, malgré la rigueur des frimas, il >e menlé par des accès d'une goutte ir-
mii en route au mois de lévrier I 7C<">, régulière, cl par de vives douleurs
vivement regretté de ses disciples, et ([wi annonç-icut inJubilnblcment la
prcscncc (le c.ikuls dans la vessie.
Qnalnaum'csdc .soiifTiviiiccs presque
ronîiuucllf s ne |iinTi)l .iij;rir som ci-
r.irtiic, ni I issrr .sa p.iticiire. Enfin ,
il sur.romba le 2 septembre 1814,
hissant un fils qui marche sur ses
traces, et fies ouvrages oslimcs ; T.
Les chcfs-iV œuvra de M. de Sau-
vages
ou Recueil des disscrtatious
de cet auteur qui ont remporté le
prix dans différentes académies ,
corrigés, traduits ou commentés par
M. J. E. G. , I.yon , 1770, deux vol.
m-\'X. Un Mémoire de réciiteur sur
Icsalaitcmcnts merceaaires , considc'-
rcs comme une cause de la dépopula-
tion des États, termine cet utile re-
cueil. If. V anarchie médicinale^ ou
la médecine considérée comme nui-
sible à la société^ Neuchatcl, i 77'2,
trois vol. in- 12. C'est à cette produc-
tion , composée dans sa charmante
solitude de Chazay, rpie Giiibert dut
le précieux avantage d'être distingué
par le grmd Haller, qui cite lionora-
biement le médecin-philosophe lyon-
nais, dans ses Bibliothèques anatomi-
quc et chirurgicale : u L'auteur, dit-
il, présente im tableau fidèle et ani-
mé de tous les abus qui déshonorent
Vdfi de guérir ; il peint des plus vi-
ves couleurs l'ignorance , le mono-
pole, le charlatanisme et la mauvaise
foi des pharmaciens , des chirurgiens
€t des médecins eux - mêmes. » Les
réformes qu'il indique , les amélio-
rations qu'il propose , révèlent un
esprit judicieux. Il a publié de nou-
veaux développements <à ses premiè-
res idées d uis une lettre adressée ,
en \yyi , à Tissol, de Lausanne, et
insérée dans riivers journaxu. Il T.
Flora lithuanica y Grodno , i78f ,
deox vol. in-i 2. IV. Indagatores na-
tnrœ in Lithuanid, Wiitia , 1 781 , in-
8*. \' . Exercilium botanicuni in
schold principe universilatis P^ilnen-
GIL 571
5i5 ^crrtr/f/m , "W il na , 1782, in- 12»
P« Tsonne n'a réj)an(lu plus de lumière
que Gilibf ri sui- riiisloirc nalurelio
de la Pologiu' : il a fait connaître quel-
ques minéraux , plusieurs animaux
et une immense quantité de pi lUtes ,
(jui jusqu'alors avaient été mal obser-
vés, ou ne l'avaient ])as été du tout.
YL Prœlectiones Antonii de Jlaen,
Lyon, 1784, d(ux vo'. in-^". Ces le-
çons du professeur de Vienne sont
enrichies, p.ir l'éditeur, d'une préface^
et d'une table analytique qui sert de
commentaire au texte. VIL Caroli
Linnœiy botanicorum principis , Sys-
tema plantarum Europœ , Lyon ,
1785, 4 vol. in-8 . Vlll. Caroli Lin-
nœi Fundamentorum botanicorum.
pars prima , Lyon , i 786, deux vol,
in-8". On préfère h ces fragments , à
cts choixy toujours un peu arbitraires,
les œuvres originales, pures et com-
plètes du savant naturaliste suédois»
IX. Abrégé du Sjstème de la natu-
re de Linné y Lyon, 1802, in-8*^-
Ce premier volume, composé de 700
pages , ne renferme que les mammi-
fères. Giiibert ne se borne point au
rôle d'abréviateur ; il s'attache priur
cipalement à décrire les formes , l'or-
ganisation , les mœurs des animaux
dont i'homrae retire une utilité réelle r
il joint ses propres observations à
celles des voyageurs , des zoologistes
les plus célèbres; il donne des ren-
seignements curieux sur le castor ,
l'élan, l'ours, le lynx, le hérisson.
X. Démonstration'^ élémentaires de
botanique. ï\édi'2,çs d'abord par Mai c-
Antoine-Louis Glaretdel.i Tourettect
François Rozier, ces éléments virent
pour la première fois le jour en i ']t')6y
et pour lasecondi en « 770, deux vol.
in-8'., fig. ( /^ojez Latourette et
RoziER. ) Chargé de prcp.irerune 5"^.
édition, Gildîcrt agrandit et peifoc-
lionna le plan de sçs prédécesseurs j
24..
372 GIL GIL
les Démonstrations parurent à LyôTn, œconomicis , proprid autoris expe-
en I 7H9 , aiigiiientees d'un volume , riertid natis , Lyon, 1 792, deux vol.
et réunirent tous les suffi âges. Le be- in-8°., fig. ^sW. Histoire des plantes
soin d'une quatrième édition ne tirda d'Europe, ou Eléments de botani-
point à se fiirc sentir, et l'infatigable que pratique , Lyon, 1798, deux voL
éditeur crut devoir la porter à quatre in- il, fig.; seconde édition» Lyon ,
volumes (i 796)5 mais celte fuis l'en- 1806, trois vol. in-8'., fig. XIII. Le
treprise ne fut pas couronnée d'un calendrier de Flore ,ljy on, \Sog,m^
succès aussi complet : on trouva que 8'. XIV. Adversaria medico-prac-
ie tome additionnel s,\n'c\ïdiY^^ed\i un tica prima, seu Annotaliones clinicce
manuel destiné aux élèves, plutôt qu'il quibus prœcipuè nalurœ mediçatri-
iie l'enrichissait; on regarda comme, cis jura vindicantur, artisque priscce
un hors-d'œuvre , comme une super- simplicitas numerosi'- peculiaribus
fétation, les deux volumes in-4''- de observation-bus stabilitur ^ Lyon,
planches, par lesquels le hbraire 1791 , in-8'.; trnd. en allemand,
Bruyset, homme d'ailleurs foit ins- avec des notes, par le professeur E.
truit en plus d'un genre, prétendit B. G. Hebenslreit , Leipzig, 179^^,
compléter les Démonstratims élé- inS'. y Ci^.HV. Le m^'decin natura-
mentaires. Celles-ci, débarrassées de liste, ou Observations de médecine
tout ornement superflu, et réduites aux et dlnstoire naturelle, Lyon et Paris,
trois volumes qui les composantes- 1800, in- 1 '2 , fig.; trad. en allemand,
sentielieinc'tit, sont un guide précieux Nuremberg, 1807, in-8'. , fig. Le
pour le botaniste et pour le médecin, but principal de ces deux traités est
Il n'exi te peut êire aucun livre où les de prouver la puissance raédicatrice
principes de la science phyfologique delà nature et les dingcrs in'^alcula-
soicnt présentés avec plus de métho- blés Je la polypharnucie. J. J, Rous-
de, d'cX'Utitudc cl de clarté. Lo sys- seau desirait quela médecine vînt sans
tèmc sexuel de Linné s'y trouve cons- le médecin ; Gilibert , au contraire ,
tammont associé à la classification co- venait sans la médecine , et sauvait
ro//<tre de Tournefort. I^a description presque toujours son malade; car l»
de rh.j(|ue plante est accum|iagnée de nombre des gucrisons est infai'lible-
son hi toire économique* et médicale, ment en raison inverse de celui des
Gilibert ne prodigue pas aveuglément médicaments employés. Les travaux
Sa confiance; i! ne se !ai.<.se point en- inipcrtants di^ Ginbert ont obtenu la
traîner par l'autorité des noms les plus bel'e des récompenses : son nom
plus célèbres; il ne répète point les est glorieusement inscrit dans les fas-
clog'^s fastueux a^'cordés d comme tes (h* la botanique. Une plante décan-
prostilués aux htrbes les plus in« ries : di ique lui avait d'abord été consacrée
l'expérience clinique est «:a boussole; parle comiiilateur Ginelin, dans sa
il écrit sous sa dictée. Xl. Excrcitia vaste et tri'> inct)rrecte édition du 5r^-
piiYtolo^ica , quibu*: omnes plantce tèmc de la nature, de Linné : mais
JSuropœcp quas vivas invenitinva- ce genre, mal établi , n'a point été
riis herhalionihus , in Lithuanid ^ adopté. Le titre de C/7t7'<?r</rt est con-
Gullid^Alpibus, analj si nova pro' .serve à un arhre dée»uivert dans ics
ponuntnrj ex tjpo nalurœ dcscri- forets du Pérou, par Ruiz et Pavon:
bunUtr , novisquc ohservationibus , il se compc^s.' jusqu'à préseiil d'une
empare Jlorcndi , usibus iiicdicis ai seule espèce ,à llcuis ombcilccs, qui
G I T. G l L 573
V.1 se ranprr cl;ins li fiimillc des ara- lit, en «"yio, à faire cliaqiifi semaine
lies, et enriiiiir la cliisse 1res peu un discours {liclurc)^ pour k:(juil on
noinbieusedel'lie|)lnn(lrie.Le doclcur souscrivait , et qu'il continua de pro-
E.S.iinte-Maric a |)nl)li(', m i8i4 ■< ^ iioncej jusqu'en i^S^avechcaucoupdc
Lyon , un Éloç^i' historique de M. succc? . 11 fit paraître dans cet inlcr-
Jean-Emmauuel Gilibert , dont nous valle plusieurs ouvrages , doiit le pluj
avons souvent profile. C. considérable est une Exposition du
GIMMhiU on Gelimer. Foj.W^- Noiiveau-Teslainent^Qul)\{)\.'u\-ïo\,
LisAiBE. 1 746-47-48. A cette occasion, l'uni-
GIlJj (Jean), tlieolof;ien anf;lais, versifé d'Aberdeen lui conleia, sans
de la secte des anab;q)tist('S, e't.ut fils sollicitation de sa part et d'une manière
d'un diacre de la congrcgalion anabap- distinguée, le degré de docteur eu
tiste de Ketterling, dans le comté de théologie. Son Exposinon de l'An-
I^orfliampton , où il naquit en 1697. cien- Testament , publiée depuis en
Son espiit et ses connaissances prc- 6 vol. in- fol., compléta son Comracn-
coccs attirèrent ralteufion de plusieurs taire sur la Bible, qui , devenu rare et
ecclésiastiques, qui fréqumtaient la recherché, a été réimpriméà Londres,
boutique d'un libraire où Gill p tssait en i8io-i8i'2, en 10 vol. in-4**»
une partie de son temps à lire. Telle Gill mourut à Cambcrwell, le i4 oc-
était son ardeur pour la lecture, qu'< Ile tobre 1 77 i. On a aussi de lui : 1. Un
avait donné lieu à une locution pro- Corps de théologie, 3 vol. in -4°.,
verbiale dans le pays : Cela est siîr, 1769-1770. IL La cause de Dieu
disait-on , comme il Vest que Jean et de la Férité, 4 vol. in-S"". , i;35
G m est dans la boutique du libraire, et ani.ées suivantes. 111. Considéra-
Il acquit une grande connaissaiice de lions sur les prophéties de V^îicien-
la théologie et des sciences morales , Testament , où Von prouve qu elles
ainsi que des langues anciennes, et de- ont éU- littéralement accomplies en
vint surtout profondément versé dans la vie de Jésus, IV. Dissertation sur
la langue hébraïque. 11 commença a Vantiqvite de la langue hébraïque ^
prêcher en 17 16, exerça d'abord ses les lettres ^ les voj elles ^ les points
fonctions à Higham Ferrars , où il se et les accents y 1767. Tous ces ou-
maria en 1718, et fut nommé, en vrages prouvent une grande érudition
1719, à vingt -d<ux ans, pasteur et de laborieuses recherches j mais le
d'une congrégation de sa secte , éta- style en est sec et diffus. X — s.
Llie dans Southwark , à Londres 5 il GILLES (Le comte), en latin
la dirigea avec réputation pendant jEgidius , était fils de Syagrius. Son
plus de cinquante-un ans. Après avoir aïeul avait possédé les plus grandes
publié quelques sermons et des écrits charges de l'empire. En 4^6 , Rici-
de controverse ihéologique , il donna, mer , Suève d'origine , et petit-fils de
en 1728, in-fol. , une Exposition du Vallia par sa mère, envoya le comte
Cantique des caîitiques y dans \a€[\\e\\e Gilles dans les Gaules, en qualité de
ilsout(nHil,contre v\ histon,raulhen- |^rand-maîlrede l.i milice. Dans Texer-t
ticité de cet ouvrage. Ses prédications cice de cette charge , il s'acquit une
étant singulièrement goûtées par les telle renommée de piété et de sa-
difiérentes classes des dissenlers , qui gesse, que lorsque les Francs, irrités
ne pouvaient convenablement paraître des débauches de leur roi (Jhildéric,
à un temple d'anabaptistes, il couscu- rcurent chassé du trône, en 4^7 , iis
574 <^II-
choisirent Gilles pour leur cTief. Ce
doniif.r sVlait attache' au parti de IVra-
pere »!• M.ijcfien : dans la incuif an-
— »e(' 4^" ^ i' e oiifla une firtioji qui s'é-
tait formée d-ius les G iuIcn , >oi:mii
XyHi, si-^p de I' rov.oite. v oiif j;' t-
liison , et fil reconnaître M Pluriel. Cet
cmporrur , ayant e'te assassine par
l'ordre de Ricimer le 7 août 4^' >
Gilles reprit les armes pour venger sa
mort : mais Ricimer suscita de nom-
breux ennemis au comte. Gilles fut at-
taqué dans une viîic situer, sur le Rhô-
ne, et courut les plus grands dangers.
The'odoric, roi des Visigolhs , se ran-
gea aussi parmi ses ennemis, et en-
voya contre lui le prince Frédéric ,
son frère, avec une armée. Un com-
bat eut lieu entre les rivières de Loire
et du Loiret. Le frère du roi des Vi-
5igothsfutbatlti,et perdit la vie. Gilles
passa ensuite la Loire, assiégea plu-
sieurs places, enti» autres celle de
Cliinon. Dans l'année 4^4 ■> il ^'^^'
voya des ambassadeurs « n Afrique ,
pour conlriicter un traité d'alliance
avec le roi des Vandales. Mais des
revers cruels vinrent renverser, à cette
é|)Oque , la fortune brillante du comte.
Les Francs s'éiaicnt lassés de la do-
minalion d'un étranger (pu, entndné
dans de fréquentes guerres , les gou-
vernail avec dureté. D'un autre coté,
Childéric, en quittant son trône et sa
jiafrie, avait laissé dans les Gaules
son ami et sou confident Vinomadus ,
en le cl» 'rgeanl tîu soin de lacilifrr son
retour. Vinomadus gagna la confiance
de Gilles, cl reuliaîn.id.ins diverses dé-
luarih'squi inilisjxisèrent les Francs.
Les chos«:s parvenues au peint qinl
desirait, il envoya à Clùldérie la moi-
tié d'une pièce d'or qu'ils avaient cou-
pée en se quittant. A ce signa! , l'an-
cien roi des l'ranes revint de la Tlm-
r Ti';v . fut reconnu par ses .sujets , et
JjûUil Gilles. Evaxic, roi des Vi>igolhs,
GIL
l'accabla aussi de ses armes, et le dé-
poui'l^ d'ime de ses provinces. Gilles
se retira h Soissons , oii il mourut
(même année 464), les uns disent
emnoisonné , les autres, assassiné. 11
régna en tout >sur les Francs huit
années. Son fils Svagrius recueillit
les débris de sa fortune, dont il no
jouit pas long -temps. { F oy. Clo-
vis. ) Quelques historiens modernes
ont traite de fable le règne de Gdles ,
qui n'f'st appuyé que sur le récit de
Grégoire de Tours ; mais l- docte Fré-
rct, dans son Mémvire sur l'origine
des Français , a levé tous les doutes
qui pouvaient , exister sur ce point
historique. " St. P — r.
GILLES ( Saint), Grec de nation,
et peut-être d'Athènes même , était-il
né au commeneem nt du vi^. siècle ,
ou seulement en 64o ? Cette question
a partagé les savants. Bollandu>, et un
érudit plus moderne , ont donné de
fortes raisons à l'appui de celle der-
nière opinion ; et il est d'ailleurs né-
cessaire qu'elle soit fondée pour trou-
ver le titre de propriété des vastes et
riches domaines qui furent , pendant
onze cents ans, le patrimoine des
successeurs du pieux ermite. Le roi
visigotli Waniba , l'ayant décou-
vert, par hasard, en l'an 0-^5, au
fond d'une grotte , lui donna , dit-on,
l'immense territoire au milieu du-
quel le S tint bâtit bientôt m)e église et
un monastère. 11 s'était renfertné, ti ois
ans avant la rencontre de W'aniba ,
d.ins la caverne où il lut tiouvé p ir
ce prince, après en avoir passé fleux
auprès de l'évêcpie d'Arles , «l s'èirc
foiiné aux ausleritcs de la vie soli-
taire, sons les leçons il'uu anacho-
rète établi sur les boids du Gardon .
dans un déseit du diocèse d'Ua^.
Pour se sousiraire à la juridiction de
l'ordinaire, et ne reconnaître (jue celK
du Saint-Sicge , (mIIcs lui donna sou
G T L
GIL
ûM) lyr; cl le j>,'«|n' lifiioîl TT ne m.in- devenir intciTSs.nil qu'au règne de
t|M;i p.is de l.i déclarer nulejuiul.inlc
de fuiite piiissaneeseVuIicre, privilec,«
t|ue, plus l.ud, les moines surent si
))i(n l.iire vnloir contre les comtes de
Toulouse. Mais du vivant du l'onda-
Ictir , la bulle du Saint -Père n'avait
])as ele lespcclee par les Sariasins.
(ïillcsse vit oblip;c, h leur approche,
d'aller clierclur un rctiigc auj)rès de
Charles IMarlil. Cependant les infi-
dèles ayant ctc dclails par Eudes, le
saint revint dans son abbaye, et eut
du moins la satisfaction d'y mourir :
ce fut le i**'. septembre 'jii. Les mi-
racles se mnitipîièrcnt sur son tom-
beau : ils atlircrent des pèlerins en
foule; et il s'éleva en peu de temps,
autour du monastère, une ville con-
sidérable, dont les habitants changè-
rent en une contrée riante et fertile ,
les bois et les marais que les moines
tenaient de la libérable de Wamba.
V. S. L.
GILLES (Nicole), chroniqueur,
né dans le xv*". siècle , exerça les
charges honorables de notaire et se-
crétaire du roi. Louis XI ï , et de se-
cre'taire du trésor jusqu'en i49^> i^
s'en démit alors , et mourut à Paris en
Louis XI ; njais il .se montre toujours
credtiie, peu judicieux, et on n'ose-
rait pas le citer aujourd'hui conum»
auloiilc. Les yînnalcs de N. Gilles
ont etè continuées j)ar Denis Sauvage ,
jusqu'à François II, Paris, i56o,
1 5()'2 , I 56() , in-fol. ; par Relleforest ,
jusqu'à Charles IX , Paris , i S-jT) , iu-
fol. j par Gibr. Chappuis , jusqu'à
Hrnii 111 , ibid. , i585 , in-fol. ; et
enfin par un anonyme, jusqu'à 1G17,
ibid., '1 vol. in-fol. Elles ont été tra-
duites en latin par Henri Panlaléon
et îsicolas Falkner, Baie, 15-^2, in-
fol. Gilles est un des auteurs qui ont
parle du préfendu royaume d'Yvelot.
{^Fojez Gaultier. ) — On connaît:
un grand nombre d'écrivains dont
Gilles était le nom ou le prénom.
Gilles HocHMUTH, pasteur à Torgau
et à Miihlberg , sur l'Elbe, à la suite de
son Schediasma de ritu o'jou.cc^zci'xç,
nominum inipositione et mutatione ,
(Wittemberg, 17:^5, in-B".), en «
signalé un grand nombre , sous ce
titre : Recensus nomine etcognomine
cXLii jEgidiorujn génère , scriptis
et eruditione clarorum ; il est vrai
que la plupart de ces cent quarante-
i5o3. L'ouvrage que nous avons de deux Gilles sont passablement obs-
lui est intitulé : Les ylnnaJes et Chro- curs , et que les notices qu'il en donne
niques de France ^ de Vorigine des sont bien superficielles. W — s.
François et de leur venue es Gaules ^
avec la suite des rois et princes ,
jusqu'au roi Charles FUI, Paris,
i49'^, in-^'\ , première édition très
rare ; ib. , 1 498 , in-fol. ; Caen , 1 5 1 o ,
GILLES (Pierre), en latin Gjl-
lius , l'un des premiers en France qui
se soient occupés avec succès et d'une
manière utile, de l'histoire nature'ile ,
naquit à Albi en i49^' î^^ bonnes
)n-4 '• ; Paris , 1 5'i5 , 1 547 , 'i vol. in- études l'ayant familial isé, dès son en-
fol. • il existe de ces deux éditions des fance , avec le grec et le latin , les ou-
exemplaircs sur peau de vélin; ibid., vrages d'Aristote, d'Elicn et de Pline,
\55'À , 1 vol. in-8**., édil. recherchée eurent bientôt pour lui un attrait par-
des curieux pour la beauté de l'impi es- liculicr. Aux coimaissances qu'on ac-
sion et la commodité du format. L'au- quiert par la lecture, il voulut joindre
teur n'a fait qu'abréger les chroniques ses propres observations , et il visita
do St. Denis et de Guillaume de Nan- les bords de la Méditerranée, de Mar-
gis ; et son ouvrage ne commence à seille à Gènes , et ceux de TAdriatiquô
5-6 GIL
depuis Venise jusqu'à Naples , où il
s', rrcia pendant un mois. Il revint
ensuite à Veni>e, où il fut accueilli
par Lnz.ire Biïf. notre ambassadeur
dans celte vilK ; et ce savant homme
ne déd.iigua pas de l'accompagner
ddi/S les pron»enades qu'il faisait sur
la mer p"ur étudier la nature et les
habitudes dis poibsous ( i \ De retour
en Fiance, Gilles demeura quelque
temps près de George a'Armagn.x ,
cvêqiiede Hliodcs,sou piotecieur. Ce
fui à l'invralion <le ce pré at qu'il com-
posa MMi ouvrHge, De vi et naturel
animaliiim. I. It dcdia à Fral)çoi^ I''.,
pjr une epîire fort inte'res-aute , dans
laquelie il < i ga^e ce gr.uid prince à
envoyer des savants dans les pays
éti.infjers avec la rc^muiission d'y re-
cueillir tous les faits propres a en faire
mieux connaître l'iii-loire et les pro-
ductions. Ke roi goûta cet avis; cl Gil-
les fut envoyé, peu de temps api es,
dans I' Levant. Ma s lorsqu'il eut épui-
se'rar^<'nt qu'il avait imporié pour les
fr lisde scii voyage, ne rec< vani point
de nouv.lles de Franco, il fut fircë
de s'< nrôltr, comme soldai, d.ins les
t^CMipes de Soliman 11, qui ctail alors
en guerre contre le roi de Perse. Il
perdit son cheval, et toutes h s choses
preVieuses qu'il avait reeueillies, dans
cette campagu' . Knfin ayant été en-
voyé eu quirticr d'hiv(r à Alep, il
ecii\il à ^es amis une leltre ou il dé-
peignait d'une manii re si »ouchanfe
sa triste siiualion, qu'ils lui firent pas-
ser de r rgent: il s'en -civil pour
acheter son congé , d se n udre à
Cons'anliiiople (i55o), où i! trouva
(i) RahrUii a cherché à jrlrr ilii ridiriilr tur
Ici ohirrvutioni de (tilirs <|ui lui iriiibljiiriil trop
minii(i)'i>s<'i II *ii|ipoii* que P.iiiliii;rii>'l iiv.iit vu
la tnrr ouvcrli Jii'i|ir<iiix ulilinei . rt un ni>nilr >■ in-
fini de |)oiii'>ns iiii'cx.iniinuil Ariiliitc ti nanl -iiic
Jaiitrrnr , cl tiiiM <!«> < inq iriils iitri't ccn* «uni
<i« liimir <> l'iiilrit irriii il u>i.<<i, Hil il, Pirrrn
i> G'Ili'i , li'f|nrl ('■n.iit un iirintil ru ninin , r<>ii«i-
iMlérniil m iirolonilc coolcinyUlioii l'uriae de ces
» beaux poiiioiii. »
GIL
André' Thevet ; ils allèrent ensemble
explorer les ruines de Chalcédoine
poury chercher dos médailles. Il revint
en France, la même année, à la suite
de M. D'Ara mont , notre ambassa-
deur -j et. comme il est certain que le
voyagp se fil par terre, c'est d'après
des renseignements peu « xacts qu'on
a dit que Gilles , en quittant Constaiiti-
nople , avait été pris })ar des corsaires,
et que le cardinal d'Aimagnac l'avait
délivré de leurs mains en payant sa
rançon. A peine arrivé en France , il
partit pour Rome, où ce ordinal lui
offrit un asile; -et il était occupé de
niettie en ordre ses mémoiics, lors-
qu'il mourut d'une fièvre, en i555 ,
à Soixante - cinq ans. On a dit que
Pieire Bclon , qu'il employait a la
transcription de ses ouvrages ^ lui en
déroba une pirfie; mais cette alléga-
tion n'est appuyée d'aucune preuve.
On a d( P. Gille- : I. Oratiories duce ,
qtiibiis su iiitt Carolo qui'do imper,
rejeta Galliœ prœlio captum , gra-
(h esse dimitlendum. Ces d- ux dis-
cours , écrits en i 525 , ne furent im-
primés que quinze années après, Bres-
cia , in-8'. Il en avait adressé trois
autres au roi d'Anglelerre , pour le
porler à renoncer au titre de roi de
France. II. Ex jE iani historid lalini
facti , item que ex Forphyrio , llelio-
do"o j Of'piano , luculenti.i acce:>sio'
mbns aucii libri xvi ; de in el na-
tura ar.imalium ; liber unùs de g^al-
liiis et latinis no mini bus pi'icium ,
Lyon, Séb. Gryphe, i555, in-4°. ,
ouvra5;e intéressant et peu commun,
dans lequel il a fondu pr(S(|ue entic-
remeiit V Histoire des animaux d'E-
lien , traduite en latin sur un ninnus-
crit de la bibliothèque du cardinal
d'Arm.iguac. (iOnr.id (M'^ner eoin])léta
celle traduction , rétablit l'ordre des
chapitres que (iilles n'avait point suivi,
cl l'ins'jra dans son c'Jiliou des œuvres
(; 1 L
Conn)]clesd'Éli(ii,Zmu'li,i550,in-fol.
Elle a icp.iru a Lyon, i5G2, in-8 .,
et ii Ckik'vc, (Ml iGi I , f't lOif), iii-
i(>. m. Pc Bosphoro Thracio libri
tres.Lyou, i5(ii, in-4"-j Ln<^«* ^
El/cvir, iGjart i635, in-24 , jolies
éditions, csliniécs d 'S curieux ; inscr.
dans le Thés, antiquit. Grœc. , de
Gioiio\ius , tome VI ,1 ). IV. Detopo-
S^raphid Constantinopoleos ctdeilUus
antùiuilntibus libri /r, I-yon, iSôi -
in-4"-, Jjcydc, i65jt, ii»-3'2 , cl dans
le Thesaur. d( Gi ouoviiis. Cette des-
cri|)tiou dcConsluitinople est très csti-
me'e par son exactitude. (2) liinduri Ta
réiniprimcc , ainsi que l'ouvrage pré-
cède ut , dans son Imperium orien-
tale. S. Elcphcnii descripiio missa
ad B. cardinalem Ârmni^nacum
ex urbe Berrhœd Sjriacâ j L>on,
1 56*2 , in-8'., à la su te de la trad.
de rin<i. des animaux d'ÉHen.VI.Des
traductions latines du Traite' de De'-
raëtrius de Con>tantiuo[)le , De cura
accipitrum canwnque j imprimé avec
la Descripiiun de f éléphant , et dans
le Recueil de Pvigau.t , A ccipitrariœ
rei scriptores (Voy. Demetrius I'É-
PAGOMÈ^E. XI, 45, à la iiote): — du
Commentaire de Tliëodorel , évéque
de Cyr, sur les douze petits prophè-
tes., i555, il) -8". et dans l'éditiGn
des œuvres de ce père , publiée par
Sirmond. Huel reproche a Gilles de
prendre trop de libi rie dans ses tra-
ductions. VII. Enfin il H pris soin de
l'édition de V Histoire de Ferdinand,
roi d'Aragon, pu- Val a, Paris,
(i> Quoiqu'il se soil glisse bien des fautes dans
«et écrit posthume du \oj aj^eur français, il est
iroporlant, en c- qu'il nous lepresente «-ii quelque
aorte Touvrage dp Dtnys de Byz nce jur le même
sujet, dont il n'est qu'une tradurtion abrégée;
ouvrag.' qui existait encore au seizième iiecle ,
mais qui s'est per.lu depuis, et dont AU.itius et
Diic.irge nous ont sculemerl conserve quelques
fragm. nts. Fuyez Sle.-Croix , Jaus le Journal det
savants, d'avril 1789. pag aSz et 248.
(a) C'est à Antoine Gilles, neveu de Pierre,
«n'on doit l'édition du traité JJe Bo.tphoro Thra~
i'O tKD* êopographia Co'islantiiiopoleoj.
GIT. 377
S. Colihcs, t5.u, in-4"'> ^' •'• f^ourui
de» additions au Dictionnaire grec cl
latin, iJâle, i 55^ , inl'.»l. W — s.
(jIIjLES ( Jlan), compositeur de
musique, né à Taraseon en 1GG9,
étudia sous Poitevin av(C le cclèbic
Gimpra , et siucéda à son maître, en
1697 ' ^''"^ '** maîtrise de St. Etienne
de Toulouse, dont Farinelli se démit
en sa faveur. Sa Messe des morts
passe pour son ch<'f d'œtivre. Indé-
pendamment du mérite réel de cette
composition , elle doit en partie sa cé-
lébrité à une anecdote , fatale pour
l'auteur, racontée ainsi par Laborde,
d'après Corelle. w Deux conseillers au
parlement de Toulouse moururent a
peu de distance l'un de l'autre; ils lais-
sèrent chacun un fds. Liés des leur
enfance par l'amitié la plus étroite,
ces doux jeunes gens convinrent en-
semble de se joindre pour faire à leurs
pères un superbe service. Ils engagè-
rent Gilles à composer une messe de
requiem, et lui donnèrent six mois
pour y travailler à son aise. La messe
étant finie, Gilles rassembla tous les
musiciens de la ville , entre autres
Campra et l'abbé Madin. Celle messe
fut trouvée admirable: cependant les
deux jeunes conseillers changèrent
d'avis, et n'eurent pas Lonte de se
dédire. Gilles en fut si piqué, qu'il
s'écria : Eh bien, elle ne sera exé-
cutée pour personne ; j'en veux avoir
Véirenne. » Il mourut, en effet , quel-
que temps après , en juillet i^oS,
ayant à peine atteint sa trente-sixième
année. On raconte une anecdote pres-
que semblable, sur la dernière raess«
de requiem écrite par Mozart.
B— s.
GILLES DE BRETAG^ÎE, seigneur
de Cbaiitocé, était fils de Je.tu V, et
frère de François l'^^, duc de Bre-
tagne. Mécontent de la paît que ses
frères lui laissèrent dans l'héritage pa-
57$ GIL
terne! , il quitta la cour en i4i5f se
retira an Guildo, et eutrctiut avec les
Anglais des liaisons que ses envieux
ne tardèrent pas à r'epré.sentcr comme
do^ crimes d'état. ApVcs une entrevue
que François I". eut avec le roi Gliar-
les VII , six cents Français ariêtèrent
«lu Guildo le prince Gilles , et le con-
duisirent à Dinan , où lo duc son frère,
n'ayant pu le faire condamner en jus-
tice réglée , le retint eu prison. Après
avoir essuyé les plus indignes traitc-
luenfs, l'infortune Gilles y périt, la
îuiil du 24 au '25 avril i45o, e'tonffe,
selon quelques auteurs , entre deux
matelas. ( ^o/. François, XV, 483.)
C. M. P.
GILLES DE CORBETL. Fofez
CORBEIL.
GILÏ.ES DE PARIS, ne vers l'an
I 164 î l'u» J^'S poêles qui hrillcrent
sous le règne de Philippe- Auguste,
èîait clianoine de St. -Marcel , et pi ofes-
sa les arts libérniiy: à l'université' de
Paris , avec bea)icouj) de distinction.
II ré'jniss.iit , dit r'ibi)e Lebeuf , le
goûta la fécondité. On ne conn.Vît ce-
j)cndant de lui qu'un poème intitule:
KaroUnus ou le Carolin, qu'il com-
posa pour l'instruction de Louis VIII.
L'elogcdcs principales vertus de Char-
Icraagne , la prudence, la justice, le
courage et la tempera née, fait le sujet
des quatre piemiers livres. Le cin-
quième est une cxliorlalion au jeune
})rince de suivre les traces de son il-
ustrc aitul. Fr. Duehesne a insère
quelques fiagmenls du quatrième et
du ciiKfuième livre de ce poème, dans
les Scriptur. rcrum Franc, j loin. v'.
I)oni Biial adonne le ciiKpiièuie tout
entier dans le tonie xvii du Recueil
des historiens de France. Le V. Labbe
«n annonçait une édition complète ,
qui u'a point [)aru ; cl Fabri< ius eu
avait adressé une copie à Smiuke , en
l'invitant à faire imprimer cet nuvraizf;
GIL
à la suite de sa seconde édition de
l'Histoire de Charlemagne , par Egin-
hard; mais ce projet n'a point eu d'exé-
cotion. Gil'cs de Paris a été confondu
par Moréri et ses continuateurs S(\çz
le cardinal Gilon et avec Gilles de
Delft. {F. Delpuus, XI , 2 1 .) Il sem-
blàit cependant avoir pris des pré-
cautions pour empêcher une sembla-
ble méprise, en donnant la liste des
savants de son temps , nés à Paris ,
dans laquelle il cite avec éloge , et
Gilies Deîphensis et Gilles de Cor-
bei! [CorhoUensis). On trouvera des
détails sur Gilles de Paris, dans une
Lettre de dom Jean-François Colomb ,
bénédictin , insérée dans le Journal
de rerdwi, septembre 1758; mais
ce religieux ayant avancé que le Ca~
roUa était dédie non à Louis VI If,
m lis à Louis IX, Dreux du Radier a
refuté cette opinion dans le même jour-
nal , janvier ly^Q. Dom Priai , d.tns
un IMéinoire sur Gilles de Paris, lu
à l'Institut le i 4 avril 181J, a f;iit
voir que ce poète ne vivait pi obabie-
menl plus en J2'23; mais il semble
aussi partaL'er le sentiment de ceux
qui le confondent avec Gilles de Delft,
en lui attribuant le travail siu" V Au-
rora. ( Voy. Riga. ) V^ — s.
GILLKÏ ( François - Pierre ) ,
avocat au p u lement de Piris , né à
Lyon en iti jH, niort le uS décembre
i7'.io, fut ass(Z considéré de son
temps. On a de lui des Plaidoyers ^
i(k)(), un volume in - 4". L'auteur
y a joint la traduction île trois
Oraisons de ('ieérou ^ celle pour G'-
lius, cell(! pour Milon et la Jt''. Phi-
lippique); et il a mis en lete de ses
Iradiutions un Discours sur le ^c-
nie de II lanf^ue française , cL la
manière de traduire. Uikî nouvelle
édition ilonnéc eu 1718,3 vol. in-
4"., contient de plus quelques Plai-
d'uevs et la Ira. ludion des quatre
(; ï L
Valilinatrcs. — (*iilm:t (Laurent),
son l'iôiT, i)v il Lyon tu i()()/| , y
exorç.i la piofi s.sioii d'av(»ral , < I. iitoii-
inl If i5 avril 177.0. On a de Ini
dtux Rvqiu'tes au roi , imprimées
avec les plaidoyers de son frcr<'. —
GiLLF.T (Jean), lieutenant en la jus-
tice royalr- de Verdun, a fait impri-
mer: y/jv/t?, ou Défense des pu-
pil< y conhnant un Traité bien am-
ple des tutelles et curatelles , 1 (3i 5 ,
in-8«.; iGiO, in-y». ; i(386, in-4".
— GiLLET ( ), proctneur , est,
suivant Cauius et l'e'dittur de la 5 .édi-
tion d'.' ses Lettres sur la profes-
sion d' avocat ^X w\\c\\y du Code Gil-
lel , ou Recueil de rés^lemenls con-
cernant les procureurs j 1694, in-
4 '.; 1717, in-4 ". A. B — t.
GiLLET ( Louis-Joachim) , cha-
noine régulier et bibliothécaire de
Sic. ■ G> nevicA^e, naquit à Fremorel ,
diocèse de St.-Maîo, en i(J8c), et fit
ses premières e'iudcs à Rennes , chez
les jésuites. Après avoir fait sa rhéto-
rique , il vint à Paris , et prit en 1 701
riialjit de chanoine régulier dans le
prieuré de Ste.-Calhcrine du Val des
écoliers. Appelé à Stc. -Geneviève pour
y faire son cours de théologie, il s'y
distingua par ses progrès, et par des
thèses publiques qu'il y soutint avec
.applaudissement. Ses supérieurs l'en-
voyèrent professer la philosophie dans
une maison que la congrégation avait
à Ilani en Picardie , d'où il revint à
Paris, et fut pourvu de l'emploi de
Libliothéraire , qui convenait à son
a:nour pour l'élufle et à sou goût pour
les livres. Il fit un si bon usage des ri-
chessc> confiées à sa garde, que, mal-
gré la laibîessede sa santé, il acquit
en fort peu de; temps, dans les langues
savantes et sur divers autres points
d'érudition , des eonnaiss.nicrs assez
clenducs pour se UnvQ recliercher
de ceux qui couraient la mcmc car-
(i I L ')7<)
rière. Le P. Gillct l'ut noramcen 1717
nti prifuré-rurc de Mahon, diocèse
de Sl.-Malo. Cette nouvelle de-lina-
lion ne le dé.'ourna point de l'élude.
Il sut allier les travaux littéraires aux
fonctions pastorales; et il exerça celles-
ci pendant vingt -trois ans avec au-
tant de zèle q\ic d'édification. Parvenu
à l'àgc de soixante ans , il se déter-
mina à retourner à Ste.-Gencviève, an
grand regret de son évêcpie et de ses
paroissiens. Il y reprit son emploi do
bibliothécaire , se livrant à l'étudo
avec plus d'application que jamais,
et surtout à celle des langues grec-
que, hébraïque , ehaldaïque et sy-
riaque. S. A. M. le duc d'Orléans
était alors rctiié à Sie.-Genevièvc, et
cultivait aussi les langues savantes. Il
honorait le P. Gillct de son csîime,
le consultait, se plaisait dans sa con-
versatioji , et ne dédaignait pas d'aller
dans l'humble cellule du savant reli-
gieux quand ce dernier y était retenu
par ses infiimités. Epuisé de travail
et de maladie, le P. Gillct linit cliré-
ticnnementsa carrière le '.118 août 1755,
dans la 74'. année de son âge. Il était,
par caractère , doux, poli, modeste
presque jusqu'à la timidité, et natu-
rellement porte à la mélancolie. A
l'étude des langues savantes il avait
su joindre des connaissances très va-
riées , ayant cependant toujours cher-
ché de préférence à acquérir celles
qui avaient rapport à la religion. Il a
laissé : L une Nouvelle Traduction
de V historien Joseplie, fuite sur le
grec j avec des notes historiques et
critiques, etc., Paris, Chaubert , 1 756-
1758 , 4 ^'<^'- i"-4''-5 imprimée par
conséquent après sa mort, avec une
Préface du traducteur, f^e P. Giile£
en avait seulement publié le Prospec-
tus en 1747- ^'<^l'e traduction a le me-
lite de la fidélité et de l'exactitude, et
remporte de ce côte sur celle d'Arjiaald
58o G IL
rl'Andllly, mieux écrite peut-être et
phis élégante : aussi la version du P.
Gillcl ii'a-t-el!e point fait oublier celle-
ci, « plus commune et plus connue ,
» dit un critique, quoiqu'elle soit pei:t-
» être moins digne de l'êlre. » II. Un
Opuscule sur la nature, le génie,
Vexccïlence de la lani^ue hébraïque.
III. Un Traite sur la méthode qu on
doit suivre pour apprendre la lan-
gue latine. IV. Des Commenlaires
abrégé <i sur plusieurs listes de V an-
cien Testament, et principalement
sur les Psaumes V. l).s Notes sur
S. Clément d^ Alexandrie. VI. Une
Critique des historiens anciens et
modernes qui ont écrit sur les pre-
miers temps de la monarchie fran-
çaise. L'auteur y npmd des doutes
sur d'S faits rapportés par Grégoire
de Toju's et Frédigaire, relève des
fautes de < hronologie et de topogra-
phie , et signale les méprises dans
lesquelles sont tombés plusieurs écri-
vains modernes. Sa critique est fer-
me , pidicieuse et sans fiel. L — y.
GILLLT ( J. R. G.), est auteur
d'un poème intitulé : U Imprimerie,
j-jOS, in-/i". C'est en grande |)arlie
une traduction du poème latin de L.
A. P. Hérissa.-it ( F. Hérissant) , et
surtout de celui de CL. Tliiboust(f .
Thidoust): mais il n'y a, dans le tra-
vail (le Gillef, \\\ talent, ni élégance;
et dans les i'!é(s qu'il a ajoutées de
son (licf il ne fait pas pieuve de
goût , témoin ce qu'il dit du compo-
siteur à la casse :
Ses <l()i|;(t ïcmhlcnt volrr «vrc îigililrf;
II» fondant $iir l.i Ipllrr a\rv uviditi- ;
<;h;iqu«' r'jiip «il rcrt.iin : •cuis l«-ur roiine rapide
l'C iiii-t.<l ilispurMit ri In fmsk' ar viilr
Aiini <lii limii (Irt h\t% un viiiitoiir i°jirnai>ier
NVlfluor iliiix 1,1 |>i;iinr , ciilrvr le (;iIm»t,
•■'.n'jiorlr il;in.i«Mii iiiil su s.-iiiKliinlir |iùtiire,
h.\. \o\r. (Ir nouveau cliercLrr la iiuurrilure.
On ignore l'époque de la mort de
Gillef. A. l;— T.
GILLET DE LA TlùSbON-
GIL
NIÈRE ( ), né en \6iOj tra-
vailla dès l'âge de dix-neuf ans pour
le théâtre. Il fut conseiller en la cour
des monnaies. Il y avait déjà qua're
ans que le Cid avait paiu quand Gil-
lcl donna sa piemicje pièce ; et l'on
ne piendrait pas l'auteur pour un
coiitemporain de Corneille. Voici le
titre des pièces de Gillet : I. la
belle Quixaire , tragi - comédie ,
1640, in-4^., suj(t tiié d'une Nou-
velle de Cei vantes. 11. La belle Pc-
licrite et la mort du grand Pro-
medon, ou l'exil de JYérée , tragi-
comédie, 1645, in -4". 111. Le
Triomphe des cinq passions ( la
vaine gloire , l'ambiiion , l'amour, la
j.'lousie , la fureur), ti agi -comédie,
1642, in-4«. {F. J. Gilbert.) IV.
Fraiicion, comédie (tirée du roman
de tenom,parSorelj, 1642, in-4". V.
IJ^rt de régner , ou le sage Goiiver-
newr, tragi-comédie, i645,in-4°. VI.
Le grand Sip,ismond ^ prince polo-
nais, ou Sigismond^ duc de Farsau,
tragi-comédie, 1640, in -4'.; i(J4^>
in- 12. VU. Le Déniaise , comédie,
164H, in-4''. ; «658, in-i'i. Mo-
lière n'a pas dédaigné de se servir
d'une des scènes de cette pièce pour
composer celle du pédant Méfaphraste
du JJépil amoureux. VIII. La mort
de F alentinian et d'Isidore , Pa-
ris, 1648, in-4*^. ; Lyon, in-ia;
tirée du roman d'Aslrée. IX. Le
Campagnard , comédie, j658 , m-
1*2. On lui attribue deux autres tra-
gédies, Constantin { 164 4 ) ^^ Soli-
man. A. B — T.
GILLET DE MOIVRE, avocat
au milieu du wiii . siècle , n'a laissé
aucun nom au ban (au ; mais on lui
doit : L La Fie et les yimours de
Tibulle et de Sulpicie , dame ro-
maine ; leurs poésies cl quelques
autres traduites en vers français ,
avec des remarques ci des Jigurcs
GIL GIL 5^1
17 |5, 9. vol. ia-i 2 , qu'il ne faut pas nllà l'expulsion dos T.irquinstîc Rorue,
confondri' .u'i'C los Amours de Ti- III. E.vpuùlio Deculo^i paraphras'
bulle, par J. de [iacU ipcl'e, 1712- itcvi, Besançon, 1 588, iu-4". Ctrtic p.i-
1715, 5 vol. iii-i'i. II. i^/t ^ia de raphrasc est en vers. \\ .CarnidH de
Pronerce ^ clwi'nlier romain, et la consuetudine Fallisiornm, cite dans
traduclion en prose et en vers fi an- ÏEpitouie de la Bibliolli. de Oesncr.
cais de ce qud y a de plus inté- Il avait aussi compose quelques antres
ressaut dans ses poésies , \ 74^ ? i"~ ouvrages en vers cl en pi ose, reste's
19.. On attribue aussi à dr IVIoivrc la m.nui^ciits. Son poème Idtin De l^cr-
f'' ie du marquis de Feuquieres ^ qui sarum monarchià^ dédie à Philijqie
se trouve dans l'édition de 1750 des III, était sur le point d'être imprime'
Mémoires de Feuquières. On \^norc en iSSi. L'approbation datée de la
l'époque de sa mort. A. 13 — t. même année se trouve sur le manus-
GîLLIiY (Jean de), seiî^neur de crit conserve' à la biblioîhèque du
Mirnoz , ne à Salins vers 15^7, roi d'Espagne; et Léon Pinelo en rap-
ctait (ils de Nicolas de Gilley , ambas- porte les premiers vers dans son Epi-
sadcur de Charles -Quint, en Suisse tome de la bibliotheca oriental y
et eu Savoie. Il suivit d'abord la car- occidental , col. 355. W — s.
ricre des armes, fut honore de lacon- GILLl (David), ministre protes-
fiaiice de son souverain dans plusieurs tant , né dans le bas Languedoc , s'ap-
occasions, et, s'étant demis des em- pliqua aux langues grecque et hëbrai-
plois q l'il avait à la cour d'Espagne , que dans lesquelles il se rendit habile.
se retua dans ses terres au comté de Se destinant au ministère évangéli-
Bourgogne, où il s'appliqua à la cul- que, il alla commencer sa théologie à
ture des lettres. C'était, dit GoUut Puy-Laurens, et l'acheva à Sauraur,
{Mém. histor. de la république se- sous le célèbre Amyrault. A peineavait-
efuanaise), « un gentilhomme, non il (i ni ses cours, que, tout jeune qu'il
seulement très valeureux et vaillant, était, on le nomma ministre de Baugé
mais encore très docte et bien ver- en Anjou. Il se distingua particulière*
se en toutes disciplines libérales et ment dans la prédication; et ses succès
en la connaissance de plusieurs lan- y furent tels, que catholiques et pro-
gues. » Il avait donné une carte du testants accouraient pour l'entendre.
comté de Bourgogne , et on croit qu'il Une chaire de théologie ayant vaqué
la fit graver vers 1 58o ; mais on n'en à Saumur , on songeait à l'y nommer :
1 connaît pas un seul exemplaire dans il en fut néanmoins écarté par les fer-
I la province. On a encore de lui:l. In vents de sa secte, qui le trouvaient
I laudem Hannibnlis è Livio exprès- trop tolérant. Étant allé prêcher à
' sam à rehu^ ejus gestis, et compara- Lyon , il satisfit tellemc'nt sou audi-
I tione imperalorumromanorum com- toire que les protestants de cette vdle
I m(^Mfano/M5, Bàle, Oporiu, i55o,iu- voulaient le retenir, et le prendre
t 8°. On trouve a la suite de ce poème pour ministre : il préféra de rester près
i denxé'égiesjdontruneeontientlades- de son petit troupeau de Baugé, et
i cription du village de Pa^nol, que Tau- retourna à sou modeste poste. De
1 teur h.ibit lit. 11. Chronica Joamiis profondes études sur la doctrine quM
Gillœi, I^yon, i58j, in -8°. Cette prêchait, lui ayant inspiré quelques
chronique est en vers hexamètres; le doutes au sujet de la réfoimalion , il
1". livre , le seul qui soit imprimé, fi- résolut d'en examiaer les foudemeuts
383 G I L G I L
et les trouva peu solides; il fit part civile et sacrée des royaumes etpro-
de ses idées à David Courdil son ami : winces espagnolesdela Terre-Ferme
tons deux les soumirent à un nouvel dans V Amérique méridionale, Ho-
exanicn , qui acheva leur conviction, me, i"8o-i';84, 4 vol. iu-8 ., avec
Des-lors its songèrent à rentrer dans une c^rle et des figures 1res bien gra-
le sein de l'Eglise catholique. S'étant vées. Le prpmi(r volume doune la
présentés, le 5 juin i685, au con- description des bords de l'Orénoque,
sistoire de Sorges, ils y déclarèrent des détails sur ses peuples et sur les
leur résolution et en développèreut productions du piys; le second traite
lei motifs. Le 6 du même mois. Jour de la géographie physique , et des
de la Pentecôte , ils firent leur abju- mœurs des habitants; !e troisième de
ration entre les mains de M. Arnauld, leur religion , de leur langue et des
évêque d'Angers , et se fixèrent dans établissements des missions. Le qua-
cclte ville : tous deux y devinrent trième qui a paru comme un supplé-
mcmbres de l'académie , qu'ils hono- ment aux prérédenls , décrit la Terre-
rèrent par leurs connaissances et leurs Ferme , ou pour mieux dire la capi-
travaux littéraires. Gilii servit avec tainerie de Caracas , et aurait du
zèleTcglise danslaquelleilétaitrentré, précéder les trois autres. Ou trouve
el ramena à la foi catholique plusieurs des notions très curieuses dans l'ou-
ministres et un grand nombre de pro- vragc de Gilli , qui ne peut qu'être
testants. Il mourut à Angers, le 27 très utile à quiconque voudra conuaî-
décembre 17 i i , peu de temps après tre les vastes contrées traversées par
sou ami Courdil.llétaitâgéde soixante- l'Oréuoque. Il réfute les relations
trois ans. Il a laissé: 1. Un Traité de inexactes sur les sources de ce fleu-
la véritable idée du christianisme ; ve, dont il admet la communication
resté muiuscrit. II. Un Abrégé de avec celui des Amazones. Il rectifie en
Vhistoireduvieuxetdunouvi'.auTes- cela l'opinion de son confrère Gu-
tament , avec de courtes réjlexions ^ railla, dont il corrige aussi d'autres
el un Abrégé deV histoire universelle erreurs à la demande même de ce
jusqu'à Charles- Quint, III. Sous le missionnaire, qu'il avait connu dans
titre de Conversion de Gilli, un Re- les régions sauvages de l'Oréuoque.
CMC'/Z où setrouventlesdiscours que lui On regrette que Gilli n'ait pas eu ,
rt Courdil prononcèrent au consistoire eu histoire naturelle, des connaissan-
do Soiges, et celui que h ur adressa ces suifisantes pour tirer parti de la
M. révê({ue d'Angers le jour de leur riche moisson qui s'ollVait à lui , et
abjuration. L — y. (pie trop souvent sou excès de crcdu-
GILIil ( Philippe -Sauveur ) , lilé lui ait fait dire des choses peu
jésuite, ne dans l'éîat romain, alla sensées. On souhaiterait qu'il eût mon-
comme missionnaire dans rAméri(|uc tre plus de criti<[ue relativement aux
mériflionale, vers 1740. Il parcourut, langues des indigènes de l'Amérique
j)endanl dix-huit ans, le pays arrosé en général , dans les UKU'ceaux où il
par rOrcnoque, et résida ensuite sept compare entre elles, par des voca-
ans à Sanla-Féde Bogota. 11 revint en bulaires et des phrases, la plupart île
rjuope lorscjuesou ordre eut été snp- celles qui se parlent dans le Nouveau-
pi iiné, et str (ixa (fins sa pairie. 0»» a Monde. Sa prolixité, surfout pour ce
de lui, en iliVwu, Essai suri hisluire qui concerne les missions, est f.ili-
d^ Amérique , ou histoire naturelle gante ; comme il se borne à indiquer
r. IL
|)nr 1rs noms usités dans le pays ,
K's p'aiitrs iIduI les niissioiinaiics se
scivrnt pt)in' niedicaniciils , il n'(;st
pas loujums r.icile de dcviiici- celles
(ionl il a voulu deMj2;iier les vertus.
Malj:;rc tons ces defiuts, roiivîM;;e de
(iil!i <.\st très important, jniisfpj'd est
presque le seul à ronsuiler, en a(tr:n-
dant que !M. de Humboldf ait donne
au publie le IVuit de ses observations
sur lesmciucs conlrccs.il est sinç;idier
que des auteurs qui ont écrit sur ces
pays ne l'aient pas cite jSprcnç^rl en a
donne un extrait en allemand, Hani-
bourç;, 1 "85 , in -8". Tout le 5*. livre
dutom. m, qui comprend les détails
sur les langues des peuples de l'Ore'-
noqiie, a clc traduit en allemand et
accompagne de notes par Fr. Xav.
Veigl, e^; je'suite, qui avait aussi voyagé
dans CCS régions lointaines. Ce mor-
ceau est inséré dans le Recueil des voya-
ges de quelques missionnaires de la
compagnie de Jésus , en Amérique ,
publié par de Murr, Nuremberg, 178^,
un vol. in-8'. E — s.
G IL LOT (Jacques), conseiller-clerc
au parlement de Paris, doyen de la
cathédrale de Langres et chanoine de
la S:iinte-Chapelle, était originaire de
Bourgogne , où sa famille jouissait
d'une grande considération. Apres
avoir fait de bonnes études, il embras-
sa l'état ecclésiasiique. Sa fortune lui
permettait de suivre son inclination
pour les lettres; mais trop modeste
ou trop sage pour courir a[)rès une
célébrité qu'on n'acquiert guère qu'au
prix de son repos, ilfii, delà littératu-
re , non pas une occupation, mais un
délassement. Il était lié avec la plupart
des beaux-esprits ; et, malgré le mal-
lienrdes temps, il les réunissait sou-
vent, etse|):aisaità leur entendre agi-
I ter différentes questions de critique
ou de philosophie. C'est dans une de
ces réunions que fuL fait le plan de
( i I f > :,y'*
la Satire Mrnip/Jrc , ou le calltoUcon
(ÏEsp'jL^nc; oiarage au>si gii (pi'in-
génieux , et qui , en conviant de lidi-
cule les chefs de li ligue, contribua
beaucoup a rétablir la tranquillité dans
le royaume. Gillot eut quelque part à
cet ouvrage : c'est de lui (] n'est l'idée ^
si plaisante de la proces>ion des li-
gueurs ; on lui attrihne la harangue
du légat à l'ouverture des étals de la
ligue, (i) L'attachement de Gillot à la
cause royale était bien connu, et lui
avait attiré différentes persécutions, il
fut arrêté par ordre du fameux Bussi
le Clerc, en 1 5Bç), et conduit à la B •':>-
tille. Gillot mourut en lOiy, et fut
inhumé dans le chœur delà Sainte-
Chapelle, où l'on voy.iitson épitanhc.
C'était, ditColomiez, un homme qui ,
outre son rare savoir, avait l'ame si
bienfaisante, qu'il ne se plaisait qu'à
obliger. Il était d'ailleurs si franc et si
ingénu , q'i'il ravissait en admiration
ceux qui l'approchaient. Sa bibliothè-
que était très belle, et remplie de ma-
nuscrits fort particuliers {-1) Le prési-
dent Savaron lui dédia son commcn-
tairesurleviiiMivrede Sidoine-Apol-
linaire; Juret, son édition de Syni-
niaque ; Baudius et Nie. Rapiu hu ont
adressé des vers. On connaît de Gillot
les (Hivrages suivants : L Recueil de
différents traités touchant les droits
et libertés de V Église gaUicafie , Pa-
ris, 1609 et iGi2,in-4<'. Ces deux
éditions ne sont plus recherchées de-
puis la publication de celle de P. Du-
puy. il. Instructions et missives des
rois de France et de leurs ambas-
sadeurs, et autres pièces concernant
le concile de Trente , prises sur les
(i) Voyez, pour les ditf»'r»;nt<Ts cdilions dé la
SalLre Ménippée , l<-s articles J.cob lkDuchat
et F. erre Pithou. O.* n';i pas cru devoir entrer i.-i
dans des détails sur Ûes diOVrenls auteurs qui on:
eu part a cette satire^, alin d'cvit.r les répétition;,
Le* rensei?;uem(nts qu'on a pu recueillir à ccï
égard f.-ront parti-v de l'article Pierre le Ror
_ 2, Voyei ia BihLot'ùqae choisie de Colojnièî,
f(4it. d»? 17 1 1 . paj^. 2 la.
58 i G I L
originauXy Paris, 1607, 1608, in-8°.
Elles ontëtë egnirmcnt surpassées par
ailes de P. et J. Dupuy. Ht. Relation
de ce qui s^esl passt^ les i /\ et i5 mai
1610, touchant la régence ^e la rei-
ne Marie de Médicib ; insévca dans
le traité de Diipuy, De la majorité des
rois. IV. Lettre à A bel de Sainte-
Marthe contenant plusieurs particu-
larités de la vie de Jacques Faje ,
sieur d^Espeisses , président au par-
lement de Paris ; insérée dans les
Opuscules de Loisel , Paris, i65i, in-
4". V. Des Lettres à Jos. Scaliger,
imprimées dans le Recueil des lettres
de plusieurs personnages doctes à
M. de la Scala, et insérées ensuite
avec des notes dans les Miscellanea
Groningana, lom. m. On loi attribue
encore une vie de Calvin; mais Baylc
â prouvé qu'elle n'est point de Gillot,
mais de P ipyrc Massou , sous le nom
de qui elle est imprimée. (Voyez le
dictionnaire de Baylc , art. Papjre
Masson.) W s.
GILLOT (Germain), docteur de
Sorbonne, mquil à Paris en 1622 ,
d'une famille où, disent les mciuoircs
du temps, la noblesse et la pn,bité
avaient tait eomme une étroite allian-
ce. Il possédait une fortune assez con-
sidérable; maisellr ne suffisait point à
ses libéralités, el il s'imposait des pri-
vât'eus journalières pour aider dans
leurs études de pauvre> enfmts, cluz
lesquels il reconnaissait des disposi-
tions à servir Dieu dans des profes-
sions utiles. Ou pcjrle à plus de cinq
ou six cents le nombre de ceux qu'il
fit élever de cette nianière, et dont
plusieurs acquirent par la suite de la
réputation dms l'étal «ju'ils avaient
choisi. Ce-i enfants étaient dé>igiiés
dans les écoles par le surnom de Gi-
lotins , qui était devenu luic preuve de
monte. Gillot était lui-même savant eu
tlje'ologic , cl lies ferme daus les scaii-
GIL
menls qu'il avait une fois embrassés.
C'est ainsi que lors de l'examen fait
en Sorbonne des lettres d'Amauld
( i656), tout en condamnant l'opi-
nion de ce grand homme sur la grâce,
il soutint que les explications qu'il
avait données étaient recevables , et
qu'il ne pouvait y avoir lieu à censure.
Gillot mourut à Paris le 10 octobre
1688, âgé de soixante - six ans , ne
lai^sant que peu de biens dont il dis-
posa encore en faveur des pauvres
auxquels il avait distribué plus de cent
mi.îe écus durant sa vie. W — s.
GILLOT ( Claude ) , dessinateur,
peintre el graveur, né à Langrcs en
i6'y3, mourut à Paris en 1722. Son
père, qui était peintre , lui donna les
premières leçons des arts , et l'envoya
ensuite à Paris pour se perf» ctiunncr
sous Jcan-Baprisfe Corneille^ peintre
d'histoire; mais Gillot, do lé d^lne
imagination vive, et incapab e dv? sui-
vre des études sérieuses, se livra d'a-
bord à la composition, d.ms un genre
analogue à ses goûts. Il étudia la na-
ture , non pas daus l'école du dessin ,
mais dans les places piibliques et sur
les tréteaux des farceurs; aussi toutes
ses compositions sont burlesques et
originales , et plus remplies de goût
que de correction. Il fut reçu néan-
moins à l'académie en 1 7 i5, et eut la
gloire de former Vatican; mais jaloux
de la supériori é de son élève, il re-
noiiç I cnlièremc ni à la peinture , et
s'occupa exclusivement de la gravure.
Cet ailiste est devenu assez célèbre
par les estampes qu'il a exécutées
d'après ses dessins : si ses tableaux
sont oubliés, on leiln reliera toujours
ses catix forl( s , touchées avec autant
d'e.sprir (juc de finesse, et qui en gé-
néral soûl pi(piantcs d'elfel, sans le
secours des grands moyms du clair-
obseur. P — E.
GILLY (David), ingénieur ar«
r, IL
cliitrclc, ('lait ne en i 74*^ î« Scliwotît
en 1)1- JiKlebonij; , d'ni:e fiimillc fr.in-
ç.iisc ref.ioice , ori^irj.iire du ii.in^uc-
doc. Apres avoir cfc ein[)lu)'C long-
ti inps comme inp^enienr à Sl.u };.'ird en
)^oiDtranic, il fui place à Bcilin, au
• lepaitemcnt des bâtiments , avec le
titre de conseiller du roi. 11 est mort
< n 1808, après avoir fourni une car-
) ière utile et honorable. Quelques an-
jie'cs avant sa mort , il avait fait un
voyage en France. Pendant son sé-
jour en Pomcranie, Gilly donna une
très belle carte de celle province. Ou
lui doit de plus un grand nombre de
mémoires et plusieurs ouvrages en
allemand sur l'architecture civile et hy-
draulique. Nous citerons : ]. Eléments
d'uiicours dliydraiiUque y avec ap-
plication à la pratiijue , Berlin ,
1795, in - 8°.; réimprime dans la
même ville en 1801. H. Instruction
pratique pour V architecture hjr-
draulique, accompagnée de plan-
ches , en société avec Ej ielwein ^
2 parties, in -8°., Berlin, 1802 et
i8o5, avec un atlas in-4". Le célèbre
Chodowiecki a f.iit le portrait de Gil-
ly, qui a été' gravé par S. H die, et
placé en tête du 48''. tome de l'Ency-
clopédie de Kruriilz et Floeike. —
Gilly, fils du précédent, mourut à la
fleur de l'âge, en revenant d'un voya-
ge en Italie. Il s'était également appli-
qué à l'architecture , et donnait les
plus belles espérances. Il a laissé un
ouvrage en allemand sur la manière
de cuire les briques et les tuiles,
et sur les terres qui peuvent servir
à leur confection en Brandebourg.
C--AU.
GILON (Le cardinal)^ bénédictin,
surnommé de Paris j était né à Tou-
cy près d'Auxerre, vers la fin du xi*^.
siècle. Après avoir fait ses études , il
prit l'habit ecclésiastique, et continua
'; Je demcurci' à Paris , où il s'était acquis
xvir.
G 1 L
une réputation par des connaissances
fort étendues, et surtout par son la-
lent pour la j)oéi.ie. Désabu>é du mon-
de , il y renonça en 1 1 kj, et se ntira
à l'abbaye de Cluui. Le pape (>alixte
II , dans un voyage qu'il Ht en J<Vance,
cul l'occasion de connaître Gilon
l'emmena à Rome, et le nomma peu
de temps après évêque de Tusculura
cl cardinal. Gilon obtint aussi l'estime
d'Honoré II, successeur de Calixte et
fut envoyé _, en 1127,»! la Terre-
sainte pour apaiser les querelles qui
divisaient le clergé. Il s'acquitta de
celte commission avec autant de pru-
dence que d'habileté; et à son retour
à Rome, le pape lui en témoigna sa
satisfaction, en le nommant son légat
en Pologne. Apres la mort d'Honoré,
Gilon eut le malheur de se déclarer
pour l'anti-pape Anaclel ; et il sou-
tint le parti qu'il avait embrassé, avec
nne opiniâtreté qui ne céda point aux
pieuses sollicitations de Pierre le vé-
nérable. Dom Mabillon assure, d'a-
près Ugheîli , que Gilon reconnut
enfin son erreur; mais les auteurs
de \^Hist. litt. de France reraarqi.ent
que ce fait n'est point prouvé. La date
de sa mort est demeurée incertaine •
quelques critiques la placent à l'année
I i4'^. On a de ce prélat: L Devîd
hierosoljmitand , quando expulsis
et occisis paganis , dtvictœ sunt
Nicœa , Antiochia et Hierusalem
àChristianis. Cette histoire, divisée
en six livres, est écrite en vers hexa-
mètres. Elle a été imprimée pour la
première fois, mais sur un manus-
crit défectueux , dans les Scriptores
rerumFrancicar. de Duchesne, tome
IV , à la suite d'une Histoire de V ex-
pédition des chrétiens à la Terre-
sainte , par un poète nommé Fulco
ou Foulques , sur lequel on n'a point
de renseignements, et que la ressem-
blance des noms a fait confondre avec
25
586 GIL GIL
Foulcher de Cbartres et avec le comte soutint mêmepubliquemcntles dogmes
Foulques, roi de Jérusalem. D. Mar- conire Jobii Hooper, devenu depuis
tcnc a donne dans le tome m de son évêque de Worcester , el l'un des
Thésaurus anecdotorum , une non- martyrs de la nouvelle doctrine : mais
vellecdiiion deimstoiredeGilon,aug- Pierre Martyr, protestant zéîe ,
mentëc d'une partie du iv*. livre (i), ayuit , après la mort de Henri VIII ,
du V*. et du VI ,. qui av.iient été in- été pourvu d'une chaire de théologie
connusà Duchesne. Les manuscrits de dans l'université d'Oxford , sa répu-
l'abbaye de Marcliiennes et de la bi- talion, et surtout son éloquence per-
bliothcque du Roi de France, sont suasive, firent chanceler Gilpin dans
plus complets que les imprimés. II. la foi de ses pères , et il embrassa la
Une Vie de Saint-ffugues , ahhé de prétendue réforme. Vers ce temps ,
6'/wm, imprimée par extrait avec celle l'évêque de Duiham, son oncle, qui
du même saint y par Ezelin, dans le avait composé un Traité sur i'Eucha-
recueil des Bollandistes, au 29 avril, ristie, l'engagea à faire un voyagea
Dom Martènc en a publié la préface Louvain et à Parts , pour en consul-
dans son Thésaurus. 111. Epistola ter les docteurs sur cet ouvrage, et le
adBernardumÀntiochenumpatriar- faire imprimer. Les fréquentes confé-
c^am, insérée dans les Eeliquiœ ma- rences qu'eut Gilpin avec les plus fa-
nuscript. de Ludewig, tom. 11. W-s. meux théologiens de ces deux villes,
GILPIN (Bernard), ecclésiasli- ne le firent pas changer d'opinion. Il
que anglais, né à Kentmire , dans le revint en Angleterre, plus alfermi
comté de Westmorland , en l'année que jamais dans sa nouvelle croyance :
1 5 1 7, s'est fait , par son mérite et ses il conserva du moins ses vertus et son
vertus, un nom qui est passé avec respect pour les règles de l'Eglise. On
honneur à la postérité. Sa fimillc te- lui avait oftcrt une cure dans le dio-
nait un rang assez considérable dans cèsc de Durham. Son oncle desirait
le comté; et l'oncle de sa mère était qu'il l'acceptât , ne fut-ce que pour y
évêque de Durham. Envoyé à l'uni- trouver les moyens de faire plus ho-
versité d'Oxford à l'Age de seize ans , norablement son voyage. Il offrait de
il y entra au collège delà reine, où la faire desservir. Gilpin refusa obs-
son amour du travail et ses progrès finement , ne voulant point, dit-il,
lui valurent l'avantage d'êlre agrégé, les revenus d'une place dont il n'au-
II ne se borna point aux études or- rait point acquitté les charges. Pourvu
dinaires que font ceux qui se des- de la cure d'Easingdon, à laquelle
tinent à l'état ecclésiastique; il voidut était uni un archidiaconé, ce double
encore savoir parfaitement le grec et emploi alarma sa conscience, et il ne
l'hébreu. Henri VllI , ayant fondé le tint pas à lui qu'on ne séparât les
collège de Christ, choisit Gilpin pour deux titres. H résigna bientôt l'un et
en être un des premiers professeurs, l'autre , et accepta ensuite U cure
L'hérésie de Luther commençait aloi s d'Houghton. Quoiqu'on sévît alors
à se r('i.aiulrc. Gilpin avait été élevé conire les protestants, et que le clergé
dans la religion eatliolique, et y de- catholiipie fût en crédit , Gilpin ne
mtnra «l'abord fort attaché; il en cessa de prêcher contre les abus qui
. régnaient alors, et surtout contre la
f l^ i.r qiiatririnf livre «U le «fpiiènif «ifliit le- non-résidence et la pluralité des béné-
^iii..n .1.- Dii.h, mm: , i.arr« que lo puème île ,- Dniinnré h h rpifiP Mario il
î.ui.iui»foMuiiUniui4iiteun.i.„ ntcs. ucnonct a la icinc marie, u
c; I L
fut mande à Londrrs. II obéissait ;
et pirsiiatld quM allait à l'ccliafaud ,
il avait fiit des |)roj),irarifs , et s'était
j)Oiirvii (l'un li.djit long [)oiir soiilenii-
dignement ce dernier combat. Il ap-
jnit en route la mort de la reine, et
leloiirna à Houghion, où ses parois-
>iens le reçurent avec une joie inex-
primable. Il avait à ses frais établi
dans ce lieu un séminaire et une école,
d'où sont sortis des sujets distingués.
La reine Elisabeth , étant montée sur
le trône , priva de leur siège tous
les prélats calholicpics. Cette circons-
tance ayant rendu vacant révêché
de C.irlisic , il lut offert à Gilpin ,
qui le refusa, quelque instance qu'oa
lui lit. Il mourut à Houghton en
i583, dans la 66^ année de son âge.
On prétend qu'ayant été renversé et
foulé aux pieds par un bœuf sur la
place du marché de Durhara , cet ac-
cident , dont il se ressentit toujours
depuis , avait avancé sa mort. Car-
leton, évêque de Chichester, a écrit
en anglais la Fie de Gilpin, Lon-
^ dres, i636, in-i8. On trouve à la
fin du volume un de ses Sermons ,
prêché en i5.^'2 en présence d'E-
douard \l. {Foj. aussi l'article sui-
vant.) Si l'on met de coté l'erreur
que Gilpin eut le malheur d'embras-
ser, sa vie offre un beau modèle des
vertus , du zèle , du désintéressement
et de la charité qui doivent caracté-
riser un ecclésiastique. L y.
GILPIN '(Guillaume), vicaire
deBoIdre, dans New-Forest, près de
Lymingfo/i , descendant du fameux
Bernard Gilpin, si Ton en croit quel-
ques biographes (i), et né vers l'an
te!:ll r^T. •*""".'^«"" paraît au moins .lou-
teuje.Carleton , 4U. .vait pu voir Bernard leaueï
«est moriquc-u .583 puisque de, ,58« il La
que Bernard G.lp.a vceut et mourul dan. le céli-
»at //e was want, d,t-Il , to command ihe. mar-
U.ed and dyed a ,in-^U mccn. (The Life o/Bc'.
nard Gdpm , bj CarUion , pag. ao6. ) '
OÏL 387
17^.4, tenait une maison d'éducation
estimée, à Cheam dans le comté de
Suriey. Jj en abandonna ensuite la
dncction à l'un de ses (ils. Un de ses
clè\cs,le colonel IMitford, connu com-
me auteur par une Histoire delà.
Grèce , lui procura le vicariat de
Boidre , qu'il conserva jusqu'à sa
mort. Gilj)in a décrit, dans plusieurs
voyages justement estimés, les beau-
tés pittoresques delà Grande-Bre-
tagne. Tous ses volumes sont accom-
pagnés de gravures en aqua- tinta,
qui éclaircissent ses descriptions, de
mêine que celles - ci servent à faire
discerner les biautés des paysages
que les gravures sont destinées à re-
présenter. Gilpin a en quoique sorte
créé un nouveau genre de voyages,
qui a eu beaucoup de mauvais imita-
teurs. On lui a reproché avec raison
un style trop poétique; mais ses ou-
vrages fourmillent de réflexions iu-
génieus^es, propres à enrichir la théo-
rie des arts, et à en guider la prati-
que. Nous avons lu plusieurs de ses
descriptions en présence des objets
mêmes, et nous les avons trouvées
exemptes d'exagération. Il saisit avec
beaucoup de sagacité les traits carac-
téristiques et les beautés des paysa-
ges et il les décrit avec vérité et avec
chaleur: on ne rencontre jamais dans
ses écrits ce faux enthousiasme , ces
expressions vagues et ampoulées qui
ont discrédité le genre descriptif. Gil-
pin est mort le 5 avril 1804, dans
sa 8o^ année. Il n'était pas moins
recommandable par son caractère que
par ses talents. Il consacra i5Go liv.
sterling, produit de la vente qui fut
faite en 1802 d'une collection de ses
dessins , à la dotation d'une école
paroissiale à Bo'dre, au maintien de
laquelle il destina encore ^es proHts
de ses ouvrages posthumes. Voici les
ouvrages que nous connaissons de cet
588 GTL Gir.
auteur, ils sont tous en anglais : I. et les beautés pittoresques des pays
La Fie de Bernard Gilpin , recueil- boisés , avec les vues de New -Fo-
lie tant de sa vie écrite par G. Car- rest dans le Hampshire , 1791 , 2
îetonqne de diverses relations con- vol. in-8'. ; trad. en allemand, Leip-
temporaines .lettres originales et au- zig, 1800, in-8'\ IX. Trois Essais,
très manuscrits authentiques , 1755, sur le beau pittoresque , sur les
in- 8°. II. La Fie d'Hugues La- voyages pittoresques , sur l'art d'es-
timer ^ 1754, in - 8°. m. Fies qiûsser le paysage ^ avec un Poème
de Jean fFiclef et de ses princi- sur la peinture de paysage , 1 792,
paux disciples , lord Cobham , J. in-8 '. Les deux premiers ont été irad.
Hus , Jérôme de Prague et Zis- en français, Breslau, 1799,111-8'*.
ca, 1764, in-8'. IV. Fie de Tho- X. Observations sur les parties occi'
mas Cranmer, 1784, iii-8°. V. Ob- dentales de V Angleterre , principa-
servations sur la rivière Wye et sur lement sous le rapport de la beauté
quelques contrées de la partie sud pittoresque , avec quelques Remar-
du pays de Galles ^ in-8°., 1782 , ques sur les beautés pittoresques de
1789; trad. en français, Breslau, Vile de fVight , 1798, in-8''., fig.
1800, in 8°. VI. Foyages en dif- XL Sermons prêches dans un cg'ise
Jérentes parties de V Angleterre , de campagne, avec quelques essais et
et particulièrement dans les monta- sujets pour des sermons, in-8'.,
gnes et sur les lacs du Cumberland tome i, 1799; tome 11, 1800; tome
et du fVestmorland , contenant des m, i8a5. X\IL Contrastes mc^rauXy
observations relatives aux beautés i798,in- 1-2, et autres ouvrages asce'-
pittoresques , 1787, in-8'.; 1788, tiques. On a imprime', après sa mort,
2 vol. in-8''. Il a paru une traduc- ses Observations sur les côtes de
lion franç;iise de cet ouvrage par le Hampshire ^ Sussex et Kent, 1806,
baron de Biumenslein , impriiuee à in-8'. de i35 pag.,et des Dialogues
Breslau, 1800, 5 vol. in-8'. Les sur divers sujets. iSo'] ,'\n-S'\ — Sou
gravures en aqua-tinta sont , dit-on, frèie, Jaurey Gilpin, arlisle distin-
supe'rieures à celles de Toriginal , et gue, né à Carlisie en 1755 d'un père
ont servi pour la traduction allemande, capitaine dans la troupe de ligne, a
imprimée également à Breslau en excelle dans l'art de peindre les ani-
2 vol. in-8''. La traduction française maux à l'aquarelle. Son chef-d'œuvre
de ce même ouvrage qui parut en est, dit-on, un groupe de figns que
'7^9 •' I^^ris, chez Dcfcr de Mai- possède M. S. VVhitbread. Les esquis-
sonneuve, est moins estimée ; elle est ses d'animaux qui se trouvent dans
de Guédon de la Berchère. Ou l'a les Voyages de soi) frère , sont aussi
reproduite avec un nouveau frontis- de lui : estimé pour la franchise de
pice, an v ( 1797). VIL Observa- son carictèrc et la simplicité de ses
lions relatives principalement à la nianières , il était un des ornements
beauté pittoresque . faites en 1776 de l'aculéune rovalc de peinture. Il
su- diverses parties de la Grande- est mort à Bromplon , le 8 mars 1807.
B etagne . et pariiculièrument sur W— n.
les montagnes d' I'] cosse , v\i\ . 1789, GIL-POLO Gaspard), poète cs-
2Vol.iri-H ., Irid. eu .ilicrn., L<'ip- paguoi , né a V.»lenee en i5i(),cxer-
zig, 1792 95, 2 vol. in 8 . \ III. Be- çait dans cette ville la profession dV
marques sur les scènes forestières vocat. Il avait beaucoup de goût pouc
la pocsic ; cl ses premiers essais le
placcrciit au raiip des iiicillcurs poètes
(le son temps. Mais ce qui servit le
pins à et.ihhr sa lepntatioii , ce fut sa
Diana enamorada ( Diane amou-
reuse ). Cette fable pastorale , écrite
fn prose raêle'c de vers, est en quel-
que sorte la suite de celle qu'avait
composée Moiitemayor : mais cet au-
tdir n'en ayant écrit que cinq livres ,
Gil - Polo en ajouta sept. Le succès
prodigieux qu'avait eu l'ouvrage de
Montemayor , le premier dans son
genre , ne nuisit point à celui qu'ob-
liut son imitateur. Gil -Polo ne sur-
passe assurément pas son modèle par
l'invention , ni par le ^oûf ; mais il
l'égale pour la pureté du style, l'har-
monie et l'elegauce des vers ; et son
ouvrage est bien supérieur à la Dia-
na de Ferez dit le Salmantino , qui
fut un des continuateurs de Monle-
mayor. Parmi le grand nombre d'ex-
cellents morceaux de poésie qu'on
trouve dans le premier , on regarde
comme deux chefs-d'œuvre, le sonnet
qui commence par Probaron en el
campo su désire za ^ et la chanson
En el campo venturoso , etc. Le
chant du Turia est aussi curieux
ou'intëressant j l'auteur, par le moyen
aune fiction ingénieuse, y rappelletous
les troubadours et poètes valenciens
jusqu'à son temps. Il paraît que Gil-
Polo ne quitta jamais sa province , et
qu'il n'alla pas , à l'exemple des poètes
ses contemporains , briguer à Madrid
les faveurs du monarque. Il mourut
dans sa patrie en 1572. Cervantes
fait un grand éloge de cet auteur dans
son Don Quichotte , lorsqu'en par-
lant des trois Dianes , il fait dire au
curé qu'on garde celle de Gil-l*olo ,
comme sielle étaitd'Apoilon lui-même.
Il en fait aussi l'éloge dans son chant
de Calliope , à la slancc Todas quan-
tas delidas alahanzas^ clc. etc. La
G 1 L 389
pifmière édition de la Diana de Gil"
Polo est de Valence, i564, in- 8".:
la plus estimée est celle de Lon-
dres , I 75() , revue et corrigée par le
juif Pineda , connu par celle qu'il
avait donnée de Don Quichotte. La
Diana a été imitée en latin par Bar-
thius , dans son Erodidascalus seu
nemoralium lihri quinque ad hisj)a'
nicum Gasparis Gilli-PoU, Uanau,
i6'25,in-8". B — s.
GIL-VICENTE, appelé le Plante
portugais, naquit à Barcellos,vers l'an
i485 , d'une ancienne et illustre fa-
mille. D'après le désir de ses parents ,
il étudia le droit* mais il le quitta bien-
tôt pour se livrer au théâtre : sa nais-
sance l'ayant attache à la cour de Lis-
bonne , il s'y occupa , avec activité,
de fournir des pièces de circonstan-
ce pour les solennités civiles et reli-
gieuses. Ses drames furent d'abord
représentés à la cour du roi Ema-
nuel* et le premier parut en i5o4.
Ils obtinrent un succès prodigieux j et
sa réputation s'accrut sous le règne de
Jean III, qui prenait souvent plaisir
à jouer lui-même un ro'e dans quel-
ques-unes des comédies de Gi!. II pa-
raît que celui-ci était aussi un des ac-
teurs : ce qu'il y a de certain , c'est
qu'il forma au théâtre sa fille Paula
(dame d'honneur de la princesse Ma-
rie) , qui se rendit célèbre, non seu-
lement comme la première actrice
portugaise de son temps , mais aussi
comme poète et musicienne. Gil-Vi-
ccnte, en précédant les grands poè-
tes dramatiques de l'Italie , de l'Es-
])ague , de la France et de l'Angle-
terre, avait acquis, pour ainsi dire,
une réputation européenne. On pré-
tend qu'Erasme apprit le portugais
dans la seule vue de lire les comédies
d'un homme qui excitait tant d'en-
thousiasme ; et si l'on considère Gil
comme le restaurateur du théâtre m>-
390
GIL
derne , cet enlhousiasme ne doit pas
étonner. La première représentation
connue en Italie est celle de l'Orphée
de Poliiicn, joué en la cour de Man-
tone , en 1 485. Mais l'Orphée n'est
qu'un*' exacte imitation du théâtre
grec , ainsi que la Calandra du Bib-
î)iena. / suppositi , la Cassaria de
l'Ariostc, la Clitia et la Mandragora
de Machiav. I (1) n'étaient calqués que
sur lemodèh: do Plaute et de Térencej
et la plupait n'élaieiit que des imita-
tions. Les comédies de Béo'co Ruz-
zante (le premier qui ait introduit sur
le théâtre le Brigheila et l'Arlequin ),
n'étaient que des farces insipides ,
écrites en jargon padouan ; et l'on ne
peut considérer les pièces de l'Arctin
que comme d'infâmes satires , sans
ordre ni invention , où les person-
nages les plus illustres et les plus res-
pectables étaient offerts à la risée du
pub'ic. En France, si l'on ne regarde
pas, dans son origine , la farce de
Maitre Patelin comme une comé-
die (2), on ne connaissait de pièce un
peu régulière (\\\e^Eugène de Jodclle
(né en i53'2), bien suj)érieure à ses
Irois tragédies. fiCS successeurs de cet
auteur dramatique , Hardy , Mout-
chreslien, Bjro, etc., ne parurent
que plus d'un siècle après j et la nais-
.sance de Gil-Viccnte précéda de qua-
tre-vingt-deux à quatre-vingt-quatre
ans celle de Lope de Vega et de Sha-
kespeare (5;\ L'admiration qu'excitait
(i)ToutP» cet p'i«Tci et Irt siiivnntrii parurent
en lialit: lie 1610 a l't^n. La idiit rxi.iint-tr i'(aitla
jMiindragiira ,i\\ti n ivé trj<liiin" par J.-B. Kous-
scnii , l.iiiulrci , 173^1. Ln Culiimlrn rit iiniti-r 'irt
Jtlciirchmei <l«; J'I-iulc , «'l la C/iittt «Je U Cmina
«lu mâi»e ;iii(riir Un ^t'-ndrul , li-»riii<| pirrri <|u'j
laisnéck l'.Vriotlr, U-i iroi .ilr M«i:rhi.ivrl, ri tonlri
criirs i|iii pnriiri'iil il ci'lti* C|inqiie , n'elai- iil ipin
<lr« cuniùdici |:itiii<'( , C'<'ril)-s en itJilirn l'iinoMt
le nicin«{ lel , le* m^nir« plaii.mlrrirt , l<'« mtïnint
«-\< Invita «t p^ir/i«it<'(, II! uii>n\o lirii de la fr(.'nr ;
ri . il l'iiuiiir i|r> Latin», l'ai liou $e raconte plut
«[uVlIr m- •»• vml.
(n^ l'uni le iiiiMiiIc «ait rpii* ri-ltr cnm^ilin , rcrile
\fr* lu lin lin iiuiniii-inr .tiitrlf , u é.iii rorrigue ,
«HSfii""!»'' ri rrnrnilnilf pur rirui'ya m l^ofj.
^ii] Lupc Uiiijiiii eu i;>(ji^ cl Miakcspfljf en <St>4«
GIL
Gil-Viccnte dans l'Europe, n'était donc
que très juste et très naturelle. Ses piè-
ces sont remplies , il est vrai , des dé-
fauts inséparables d'un premier essai ,
dans quelque genre que ce soit ; mais
dansées ébauches grossières, on ne
laisse pas de trouver une richesse
d'invention , une vérité dans le dia-
logue, une vivacité, une élégance et
une harmonie poétique dans le lan-
gage , inconnues jusqu'alors , et qui jus-
tifient l'enthousiasme national et la
curiosité des étrangers. Gil-Vicente
demeura toujours attaché au roi Jean
111, qui le combla de largesses;
il mourut à Evora en 1557. Pen-
dant sa maladie , il fit lui-même son
épifaphe , qu'on voit encore gravée
sur son tombeau. Ses ouvrages lurent
publiés par son fils , sous le titre de
Compilacaon y c'est-à-dire Recueil
des ouvrages de Gd-Vicente, en cinq
livres , contenant, 1". ses Poésies dé-
voles, 1°. ses Autos, 5". ses Tragi-co-
médies et ses Comédies, 4". ses Farces
( Fnrsas), 5". Poésies diverses , Lis-
bonne, i56'2, in-fol.; ibid., i586,
in-4°.Ses^//fo5, ou Pièces religieuses,
sont au nombre de seize , destinées à
célébrer les fêtes de Noél • les ber-
gers y jouent un rôle principal. Ses
tragi-comédies roulent sur des sujets
héroïques , et le style en est élevé;
telle est celle de dom Duardes ( iiii-
])rimée séparément, Lisbonne, 161 5,
1654.) Parmi ses comédies on dis-
tingue \q Juge de Beyra (imprimée
id. , i()Jo ), et le Fidalgo Portugais
( 1645 ).Ses Farsas peuvent être re-
gardées coinuK' un échantillon ou es-
quisse de la véritable comédie : elles
ont du sel, de la gaîté , du naturel
et des caractères nouve.uix (^ bien
tracés. Ce Recueil contiint cinquante
pièces, à peu près, dont sei/.e rou-
hnt sur des sujets sacrés. — Le fils
de cet auteur, appelé aussi Gil-V»-
G I N
crntc , suivit cîc inôinc îa ciniôre
<Jr;«niati(jiic. On cite :ivvc clugc une
de SCS coiiicdits: Doui Joan de los
T tir COS. 1^ — ?»•
(i 1 N ( Pierhe-Louis-Clai'di; ) ,
inaf;istral français, cll'undcscirivains
K\s plus féconds de nos jours, na-
quit à Taris en 172G. Il elait, par sa
mcre, arricrc-pclit-novcu de Boilcau.
Il fut successivement avocat, puis con-
seiller au parlement Maupcou, cl lors
de sa dissolution, il devint conseiller
un grand-conseil ; charges qu'd exerça,
de la manière la plus honorable, jus-
qu'à Tepoquc de la suppression des
cours souveraines en i -^(ji. Le premier
ouvrage qu'il donna au public est un
traite de V éloquence du barreau ,
I "fij^ i 11 - 1 2. jMalgrc les nombreux
modèles que l'antiquité lui ofïVait sur
celte matière , Gin ne composa qu'un
ouvrage dont il est difFicilc de carac-
tériser le degré de médiocrité. Lors-
qu'il s'occupe des objets qui ne mé-
ritent que peu d'attention , il est
d'une prolixité rebutante: sur les par-
ties les plus importantes de l'art , il
est d'une sécheresse et d'une stérilité
vraiment déplorables. Ce Traité de
l'éloquence ne renferme pas trois pa-
ges dignes d'être lues. Depuis la ré-
volution, l'auteur en a donné une
nouvelle édition, i8o3, in- 12., très
augnienléej mais malgré tous ses ef-
forts , l'ouvrage n'en est guère meil-
leur. Gin fit ensuite naraîlre un livre
intitulé :' Des vrais principes du gou-
vernemcnt^ 1778, in-8'.; 1780, in-
8".; i78'2, 2 vol. in-i'i.; 1801,
a volumes in-S". , revus et considé-
rablement augmentés. C'est un long
plaidoyer on faveur du gouvernement
monarchique où Gin combat Montes-
quieu et Mably, mais avec des armes
bien inégales. On sent à chaque insiaut
qu'il était dépourvu des qualités qui
couitiiucul suit le législateur, soit Té-
G 1 N OQf
criv.'iin. Ce ((ne cet ouvrage offre de
j>lus nu ieux ,('est une lettre e< iite par
Voltaire à Gin, pour le remercier du
cadeau qu'il lui avait fait de son livre.
11 abandonna pendant quelque temps
les hautes questions de la législation ,
pour publier une Analyse du droit
français comparé avec le droit ro-
main : la première édition parut en
1780 , I vol in-4". ; une seconde en
iHo5-i8o5, 6 vol. in-8\ Cet ouvrage
est peu recherché des jurisconsullcs.
Toujours entraîné par son amour pour
les lettres plutôt que par la véritable
inspiration du talent, Gin donna une
iraduclion des OEuvres complètes
d'flomère, 1785-84, 8 vol. in-i2. ,
avec des notes et des imitations des
poètes latins, italiens et anglais. Deux
éditions in- 12 et in -8°. se succédè-
rent. Au moment de la révolution,
Pierre Didot avait commencé d'en pu-
blier une édition in-4°., 1 788, ornée
de cinquante estampes et de deux car-
tes géographiques. Les événements po-
liiiques empêchèrent de faire paraître
l'Odyssée et de compléter cette édition.
Louis XVI, qui aimait à protéger les
lettres, avait souscrit pour cent exem-
plaires. Les traductions à' Hésiode ,
1785, in-8"., des Harangues politi-
ques de Démosthènes , et de celle
(i'Eschine contre cet orateur, 1791,
2 vol. in-8'\, suivirent la traduction
du prince des poètes. Gin donna de-
puis , Idylles de Théocrite, 1 788, 2
vol. in- 12 elin-8*^. ; Odes de P in-
duré ^ unique traduction complète ^
en prose poétique , 1801, in 8". ( il
avait en manuscrit les versions d'Ana-
créon , Bion , Moschus, Sapho et des
autres lyriques grecs); les OEuvres
(bucoliques) de Firgile , Irad. nou-
velle, [1788, in-i2 5 les Idylles de
Théocrite et les Eglogiies de Vir^
gile , trad. nouvelle, deuxième édition,
1801, 2 vol. in - 12. Les diverses
592 GIN biN
traductions de Gin , qui ont é\é im- noms propres, les termes tecliniques
primées, faurraillent de fautes et de y sont souvent défigures, et l'ou peut
contre-sens: aussi n'ont-elles jamais croire que l'auteur n'en a pas revu les
obtenu l'approbation des savants et e'pieuves. Dans la longue nomencla-
des hommes de goût. Cependant un ture des ouvraE;es de Gin , il faut aussi
certain luxe typographique fait encore compter un Eloge du Dauphin , père
rccherclier la dernière édition de la de Louis XVI , et uu autre de Suger.
traduction d'Homère. Gin publia aussi L'éloge du Dauphin offre quelques
des Nouveaux mélanges dephilo^o- morceaux assez bien écrits, tels que
phie et de littérature , ou Analyse l'exorde. Gin avait donné en 1779
rciisonnée des connaissances les plus son ouvrage De la Religion ^ par un
utiles à Vhomme et au citoyen, dé- homme du monde ^ f\ vol. in -8°.; il
diés au roi , 1784, in- r2 ; il y traite le retoucha, l'abrégea, cl le ^)ublia de
les questions les plus importantes de nouveau en i8o5, sous ce titre ; De
la métaphysique et de la philosoj)hic. la Religion du vrai philosophe ^ ou
31 combat à plusieurs reprises l'iiuttur l'Observateur impartial de la na-
du Système de la nature , le livre de ture , contenant Vexamen des sjs-
\ Esprit, et divers autres philosophes tèmes des prétendus sages duxFiii'.
modernes. On ne trouve dans ces siècle, et la preuve de la liaison dds
Nouveaux mélanges , comme dans principes du christianisme , avec les
tout ce qui est sorti de la plume du maximes fondamentales de la tran-
mcMQC écrivain , qu'un style lourd et quillité des états. Ce livre porte
incorrect , des pensées dépourvues de aussi le litre ôiOEuvres complètes de
profondeur et d'originalité. « Affligé P. L. C, Gin, n». i'^: l'auleur avait
de voir(p»'unc suite à l'irnrnortcl />«> en ellèt le projet de donner une édi-
conrs de Bo^suel, sur Vhi.toire uni- tion complète de ses OEuvres ; mais
verselle , manquait à la littérature il en est resté là. En tête de ce vo-
française, » Giu voulut y remédier, lume, il a placé la liste de ses divers
Il donna, en 1802, cette suite en 2 ouvrages, tant imprimés qu'inédits,
vol. in -12, et il la divisa en sept en y joignant les motifs qui lés lui
époques, depuis Cliarh magne justpi'à ont ln^pjrés. Dans uu avertissement
l'ouvcrtiue des états - généraux eu q' i suit, il donne quelques détails
1789. Quoique , sans doute, infini- sur sa vie. « La Religion, par un
ment au-rîessous de l'original , celle homme du monde , avait eu du suc-
continuation n'est pas absolument sans ces, dit l'auteur, même auprès de
mérite; le style a de la force dans nos prétendus sages, qui se trouvé-
quelques endroits , (pu hjuefois de la rent flattés d'y rencontrer une collcc-
«léclamalion , plus souvent encore i\ii6 tion complète de leurs systèmes , de
négligences. Malgré quelques iuexac- leurs vains so[)hismes, cl jusqu'à leurs
liludes, l'ouviMge a , sur les deux sarcasfues j le P. Beauregard, citant
continualions du même genre, pu- cet ouvr.ige, en 1780, dans son la-
l)liécs en 1704 clou 180") ( A^(>; t'S incux sirmon des philosiplics, disait:
lîossuET , V , 7.58-9 ) , l'avantage //> le connaissent , ce livre ^ ils n'y
incontestable d'être poussé jiis(prà nos <)nf pas répondu , ils n'y répondront
jours; et il ainait eu suis doute plus jamais, w L'.d>be Duvoisiu , dans
de succès sans les fautes d'impression l'approbation de la première cMition,
qui s'y trouvent à eliaquc page: les dit que l'on y trouve un plan vaste cl
\
r. IN
\\i'n rempli, des vues neuves, un
;vle noble et correct. Les bonnes
inteiilioiis de l'auteur .ivaicnt sans
doute dispose le censeur à riiidui-
gcnee ; car les ouvrages j hilosophi-
ques de (iin sont dépourvus de tout
cachet particulier. Ils n'ollrent que
des idées comnunies , nonces dans
nn style piolixe et souvent barbare.
Si cet auteur fécond ne peut êire place
qu'au nombre des écrivains incdiorres,
nous nous empressons de rendre boni-
niaqc aux vertus qui le distinguèrent ,
à rattaclicraentsans bornes qu'il porta
à la maison de Bourbon , cl dont il
donna des preuves d.ins les occasions
les plus périlleuses. G'fst ainsi qu'à
celte fatale époque où tous les Fran-
çais attendaient dans la stupeur l'issue
du plus horrible des procès , Gin
adressa , le 11 de'cembre 1 79'^ , à Ba-
rère, un plaidoyer en faveur de Louis
XVI. Ce plaidoyer , in)prinie à Bâle,
1795, in-S"., lie renferme en tout
qui huit pages , suivies de cinquante
p.iges de notes et additions : combien
cependant l'innocence du Roi martyr
y brille ? Dans ce moment affreux , le
défenseur s'est comme elevc au dessus
de lui-même* et il a trouve dans son
ame , toute royaliste , quelques ex-
pressions que le s^cnic ne desavone-
rait pas. Un si noble de'vouement de-
vait être récompensé; aussi Gin fut-
il incarcère', la même année 1793,
avec sa famille , à l'abbaye de Port-
Boyal , rue de la Bourbe. Sa captivité'
dura onze mois j et il en profita pour
appretidre la langue auglaisc,d'un au-
tre prisonnier au]utl il montrait le
grec. C'est à cette circonstance que
nous devons la traduction qu'il fit pa-
raître plus taid du Ministre de ïVa-
kefieldf 1 797 , in-8". Cette traduction
est fort mal écrite , et renf«'rme beau-
coup de contre-.^eus. En 1794 , î» sa
isorlic de prison ^ Gin fut maire ou
(; 1 N .')9">
agent delà commune de Clamart sous
Meudon , où il possédait une maison
de eam|)a;;iie. L'assend).ée qui tyran-
nisait alors la France , ayant rendu uu
décret par lequel tous \es fonctionnai-
res pul)lics étaiewt .ssujétis au serment
de haine à la royauté , il écrivit sur
le registre de la commune d'Issy, que
non seulement il ne ferait p.is ie ser-
ment qui lui était demande, mats que,
bien loin de là, il déeîaiai' que k- gou-
vernement monarthique élût le seul
qui [)ût convenir à la France. Gin ,
toujours occupé de travaux litté-
raires , mourut à Paris le 19 novem-
bre 1807 , âgé de 81 ans. Il a laisse'
en manuscrit , et se disposait à faire
imprimer, Y^nalyse raisonnée du
droit français par la camp ar-d son
de nos anciennes lois et du Code
Napoléon. 11 avait donité , peu de
temps avant sa mort, \e Prospectus
des OEuvres complctes d'Homère ,
édition polyglotte en cinq langues
(grec, latin, frarç;ds, anglais, ita-
lien). Cette entreprise n'a pas eu de
suite. Gin n'a laissé qu'un fils, ancien
conseiller au grand-conseil , qui pos-
sède plusieurs manuscrits de son père,
entre autres une traduction de Milton.
St. P— r.
GINANIouZINA]NI(i)(Ga-
BRïEL ), poète italien, qui a joui de son
temps de quelque célébrité , naquit à
Reggio dans le xvi". siècle (2). La na-
ture lui avait accordé d'heureuses dis-
positions , que ses parents cultivèrent
avec succès. Après avoir fait ses pre-
mières études, il fut envoyé à Fcr-
{i^ Lrs Ginanl de Repgio sont uiip branche de
ceux de Ravcnne ; et comme , dans lu j)r<)noncia-
tion lombarde , le if a le sou du i , ctux de Reggio
ont écrit leur nom indifféreiunicnl Ginaui om
Zinani.
(2 I Tiraboschi , d'api es un passage de la dédicace
des ^»e gitirn«fi\ croit i)ouv<iir placer la naissance
de Giiiani en i jG4 ; mais Jacques Vezrani , en lui
écrivant en 167.2 , le fiilicite sur sa 'uei le vieiliesie ,
remp.iment qui ne ]>araU ^uèie convenir à ua
homme <^ui u'aurail eu i|ue cIu(|uaiU«-huIt ans.
5y4 <^^ 1 N
rare , et y suivit les leçons de Fran-
çois Patrice, et d'autres professeurs
distingues. Il paraît que Ginani prit
d'abord le parti des armes ; du moins
011 vsl certain qu'il assista à quelques
combats , et qu'il était enfermé dans
Agria lorsque cette \ille fnt assiégée
parles Turcs en i5()6. Deux ans api es
il était à Naples, logé chez le duc de
v5eminara, qui s'était déclaré son Mé-
cène : mais quoique ce seigneur eût
pour lui beaucoup d'égards , sa situa-
tion n'en était guère plus heureuse ,
puisqu'on apj. rend, par une de ses let-
tres , qu'il fut obligé de demander de
rar<j[entau duc deGuastalla pour faire
imprimer un de ses ouvrages (T-r^rfe
del sef^retario)','i\ n'en reçut que des
compliments et des promesses, et lassé
d'attendre, il quitta JNaples pour ve-
nir à Home, oîi il fut admis en 1G02
h l'académie des humoristes. Il partit
ensuite poiirVenise; mais en passant à
lie^gio, il s'y arrétatjuclque temps pour
voir ses parents; et ayant fait aux ma-
gistrats un tableau fidèle de sa misère ,
il en reçut un présent magnifique pour
Vaiderà publier son Eracléide. Ginam
prenait le titn- de seigneur de Bellay que
lui avait conféré l'empereur Ferdinand
11, en récompense de la dédicace d'un
de ses ouvrages {la Bagionedi stato) ;
ce titre le flattait beaucoup: j'en fais
plus de cas, dit-il , que de très gran-
des provinces que d'autres princes s'é-
taient obligés de me donner. L'orgueil
<^xeessif fpu' montre ici Ginani n'é-
tait pas d'accord avec sa conduite; et
l'homme (pii s'abaissait à dem.indtr
quelques écus, n'aurait pas refusé nue
province, si elle lui eulctéofl'crle. li-
raboschi pense que c'est de IJelley
dans le liugey cpie Ginani était sei-
gneur; et il cherche à prouver que
l'empereur a pu disposer de ce do-
maine en faveur d'un de ses sujets:
mais le titre de Ginani était purement
GIN
honorifique; l'empereur n'y avait at-
taché ni revenus, ni pension, puisque
ce poète continua toute sa vie de se
plaindre du peu d'avantages qu'il avait
retiré de ses travaux. Il vivait encore
en 1634. Le Tasse, Marini, Balt. Cas-
tiglione furent au nombre de ses amis
et lui décernèrent des éloges. Tirabos-
chi a inséré dans la Bibliot. modenese
un article très déuiillésur Ginani, sui-
vi de la liste complète de ses ouvra-
ges; on se contentera d'en citer ici les
principaux : I. // Caride, fawolapaS'
torale , Parme , 1 582 , in-8**. ; édition
corrigée, Reggio, 1 5go ou 1 59 1 . Celte
production se ressent de la jeunesse
de l'auteur. II. VAmerigo , traged. ,
Reggio, 1 590, in-8".; Venise, i6'27,
in-i'2 : elle est citée par Tirabosrhi
comme une des meilleures tragédies
publiées en Italie dans le xvi'". siècle.
III. [jEracléide , poéma , Venise,
1625, in-4'' .C'est le sujet de la Croce
racquistatadc Bracciolini ( F. Brac-
cioi^iNi); mais Ginani avait terminé
son poème depuis plusieurs années ,
lorsque Bracciolini publia le sien. Ou
trouve à la suite quarante-une remar-
ques critiques sur ce poème avec au-
tant de réponses, sous le nom de Vinc.
Ant. Soiclla. Tiraboschî pense que
Ginani est l'auteur des remarques et
des réponses. IV. Ilsegretario, divi-
se in setle libri, ibid., lôiS, in-4".
\'. Jlcon5iglitre,\hu\., iG25, in-4*'.;
traduit en latin , par Jean Honigk,
Fraueloit, iG'H. VI. Délia raç^ione
di stato libri \ii , ibid. , 1 62G, iii-4''.
Iiad. eu latin par Honigk, Francfort,
1 (i'.>.8 , sous ce titre: /^6' ratione opti-
im) impcrnndi et de statu reipubliciv.
Vil. liime *i prose, Heggio, s. d.,
deux parties, in-8'. Rime amorose , |
\' e n i s f, 1 ( ) A •] . liime sa crc , i b . , 1 Ga -j , •
iu - l'jt. VI IK Discorso délia pas-
torale, ibid., 1G27, in- la; l'au-
t(ur y relève plusieurs défauts de
(ilN
YJminte du Tasse. IX. Une lunwclle
cditiuii de l.i / ictin Jassc, p-u M^uro,
<'t (|n<'lqiKS.uilics o/uiscules iiioiiisirn-
poit.Tiits. Il se |)io|)os.<if (|p publier
f»//' cloi;i de ^^Z/ illuslri Rt^^pani • mais
rct ouvnij;e ii'.t [loiiit clé ajclirve.
'^ W— s.
GINANI ou GlNANNl (Joseph,
conile) , célèbre natiu.jlistc, ne à Ra-
vcnne en i(3()'2 , s'apjiliqiia dès sa
jeunesse à rctiide de la botanique , et
suivit dans ses herboiisalioiîs , Mi-
cheli, botaniste du ç^ijuid-duc de Tos-
cane, qui acheva de lui inspirer une
vive passion j)Our cette science. Il par-
courut cusuile les diircrents états de
l'Italie , recueillant partout des plan-
tes, des coquillae^es et d'antres objets
d'hi^toire natuielle, dont il forma, en
peu d'années, une collection très in-
téressante. Il s'attacha particulière-
ment à bien connaître les bords de la
mer Adriatique, et tut récompense de
ses fatigues par la découverte d'un
grand nombre de productions natu-
relles encore inédites, l/académie des
sciences de Bologne l'admit dans son
sein en 1747Î et cinq ans après il fut
élu membre de la société littéraire de
Ravenne: enfin le grand-duc de Tos-
cane, pour perpétuer le souvenir des
travaux de Giuani , fit frapper en son
honneur une médaille, portant d'un
côté son portrait, et au revers la na-
ture, avec ce seul mot: irwenit. Le
comte Ginani mourut dans sa pairie
en I 755 , «1 l'âge de soixante ans. On
connaît de lui les ouvrages suivants :
1. Délie uova edei nidi degli uccelll
con iina disserlazione sopra varie
spezie di cavalletle , Venise , 1707,
deux parties en 1 vol. in-4".j ouvrage
recherché, et donlles figures sontpas-
Stblement exécutées. La dissertation
! sur les sauterelles cllic des dét,iils
cui ieux. 1 1. Lttiera alV accad. délie
scienze di Bologna sopra il nascere
G I N 3!)5
d'alcuvi tcstacei Jiiarini , insérc-c
dans les retucils de cette acafh'iiuc,
et dans les jourrjaiix. 111. l'rodiizioni
nalurali cfie si ritrcn'aiw nel imiseo
Ginanvi in Ecweiina y tftctodica-
inenle disposte e con annolazioni il'
lustrale, Lucques, 1 7/4^? g'- J""4"*»
iig. IV. Opère postume nclle (piali
si contengojio 1 i/\ plante chc vcge-
tano nel mare Adriatico , nelle pa^
ludi y e nel terrilorio di Ravenna ^
colV istoria d'alcuni insctti, Y onific ,
I 755 - 57, deux parties in-fol. , dont
la première contient les plantes , avec
55 planches, et la seconde les coquil-
lages, avec 58 planches. — Ginani
(François), neveu du précédent et
l'éditeur de ses œuvres posthumes ^
naquit à Ravenne, le i5 décembie
1716, et fut envoyé à Parme où il
étudia sous les niaîtres les plus dis-
tingués. De retour dans sa patrie, il
suivit l'exemple de son oncle en s'ap-
pliquant à l'histoire naturelle , et ac-
quit bientôt une réputation qui lui ou-
vrit les portes de plusieurs académies.
II eut part à la description du Museo
Ginamii , publia plusieurs opuscules
dans la Eaccolta Calogeriana , en-
tre autres une Dissertation sur les
maladies des grains (elle a paru sé-
parément à Pesaro, i759.in-4"., fig«\
et mourut en 1765, à l'àgc de qua-
rante-neuf ans. On lui doit encore
une Historia cii^ile e naiurale délie
pinele Bavennale , Rome, Salomoni ,
1774, iu-4". de 47^ pages , avec 18
planches et n cartes. W — s.
GINAiSlNl (Pieriœ-Pj\ul), béné-
dictin , de la même famille que h s
précédents , naquit à Ravenne en
1698. Après avoir terminé ses pre-
mières études sous les jésuites, il
entra dans la congrégation du ]\Ionl-
Ca^sin , en 1713, et fut envoyé
à Rome pour y faire ses cours. Il
professa ensuite la philosophie à
396 GIN GIN
Florence, cl revint à Ravcnne , où il elle a donne' le jour. II. Letleranelîa
enseigna la tlicologie avec le plus quale si dimosira che Ra\fenna è la
grand .succès. Ses talents lui mérite- vera pairia di san Pier Damiano.e
renl l'estime de ses confrères, et l'elc- non Faenza, Assise, i ']!\i,m-'6°.\\\,
Tèrent rapidement aux premières di- Dissertazione epistolare sulla lette-
gnitès de l'ordre : il renonça alors à h ratura Ravennate , Ravenne ( 1 75o),
carrière de rcnseijurienKnt, et s'appii- iu-S'*. , et dans le tom. 11 de la Nuova
f]ua à l'étude de l'histoire de sa pa- raccolta calogeriuna. Celte disserta-
trie; il visita les archives publiques, et tion , en forme de lettie, adressée au
dressa d< s inventaires des titres qu'rl- cardinal Quirini , contient l'cloge de
les renfermaient, genre de travail dont quelques littérateurs de Ravenne , en-
l'utililé seule put lui faire surmonter tre autres Jean Ftrrctti et Ambroise
les dégoûts. INomméen 1 ^4^ abbé de Travcrsari. IV. Dissertazione sopra
St.-Pau! de Ravenne, il fut appelé la V origine delV Es arcato e délia digni-
même année à Rome par Benoît XIV, ta degU Esarchi, insérée dans le
qui lui donna des marques particu- tome iv de la Nuova raccolta Calo-
lières de son affection et l'admit dans g-er. V. Dissertazione sopra il mau-
l'académic qu'il venait d'établir, pour soleo di Teodorico rè de Gotti in
y travailler à l'histoire ecclésiastique. Italia, Céiène , 1 -^65. VI. Elogio del
De retour à Ravenne, il reprit le cours dott. Ruggiero Calbi , dans U xxv".
de ses recherches, contribua à ac- \o\. du Journal littéraire puhWé pstv
croître dans cette ville le goût des Lami. VII. Elogi di due R. R. Pa-
leltres en accueillant les personnes dri ahhdti cassinesi D. Camillo
qui les cultivaient, fréquenta les se- jiffarosi di Reggio e D. Francesco
ciétés sav.intes , et mit à leur disposi- Maria Ricci Roniano , dans la Nuo-
lion une bibliothèque choisie , ainsi va raccolta, et dans le Journal àa
qu'un musée, qu'il avait formés dans Lami. VIII. Memorie storico-criti-
ses voyages. Élu en 1769 promoteur che degli scrittori Ravennnti ^ Facn-
général de la congrégation, il fut en- za, 1 71)9, deux vol. in-4 '• de plus de
core obligé de retourner à Rome. Le 5oo pages chacun, renfermant la no-
pape Clément XIV l'y retint, en le ticc plus ou moins circonstanciée d'en-
iiommanl membre de la consulte des viron quatre cent soixante écrivains ,
rits, et il y mourut en 1774,^ l'agedc natifs ou habitants de Ravenne, par
soixantesri/.e ans. Dom (iinannuftait ordre alphabétique. On trouve à la (in
membre de la plupart de."» .leadémies la liste des ouvrages imprimés et raa-
d'Italie; il a laisse- un grand nombre nuscrils df D.Ciiianni, une ample ta-
d'ouvragcs parmi les«fuels on se con- bir chronologique de tous les écrivains
tentera de citer h s suivants : I. Rac- Kavennais mentionnés dans l'ouvrage,
colta didle riim: dc^ pindi Ravtimati depuis i'archcvnpie St.-Eleueade qui
ilef unti , Waw^wwo j 1759, in-8". CiC vivait au il'", siècle jusqu'à nos jours,
recueil conli( lit les noms et la listeiles et une table plus volunnneuse en-
productions de près de trois cents corc des auteurs consultés pour la ré-
poèles nés dans cette ville depuis daction de cet ouvrage; leur nombre
i5/io jus(|u'eii 1750; cl (linaiini s'élève à plus de six cents. W — s.
])rouve par-la ((u'elle ne le i'iiU' à au- (ïlNCKICIi (Godaiu) Van), géné-
cuncautre de l'Italie parle nombre et rai hollandais, à <|ui l'Angleteire dut
la supériorilc des écrivains auxquels laconquclcdérmilivcdcriiiaudcsous
GIN
Ciiilluinif^ UT, naquit tle parent*; no-
I)I(\s , cil (lucldn- , on .selon »r.uilr(S à
Utrcclu. Il entra dv bonne heure dans
la carrière militaire, et mérita p.ir sa
valeur la ilecor.iiion de l'ordre de l'É-
lcj)li;tnt qu'd obtint loiig-lem[)S avant
ravcnement du pritice d'Oranj^e au
tronc de la Grande- Bret.igne. Il con-
tribua pui'^samment , pir son activité'
et sa prudence,.! rafTcnnissemcnt de
rantoriîé de ce monarque, dans les
premières années de son règne. Quoi-
que Jacques II cûi èlc force de quit-
ter rirlande, ce royaume refusait en-
core de reconnaître le gouvernement
de Guillaume IIÏ; et les catholiques^
à qui la France fournissait d'immen-
ses secours en hommes et en muni-
tions de guerre, s'y montraient sous
UQ aspect menaçant. Ginckel , char-
ge' de les réduire , de'ploya contre
eux la bravoure d'un vieux ge'ncral,
et le talent d'un négociateur habile.
Apres s'être empare' dans l'espace de
quelques jours de Baltimore, il vint
mettre le siège devant Athlone, qui ,
outre une garnison nombreuse et
d'excellentes fortifications, était enco-
re défendue par tonte r.irméc irlan-
daise, cam|)ée presque sous ses mu-
railles. Maigre ces avantages , la place
fut emportée d'assautau bout devingt
jours ; et l'armée insurgée profita
des ténèbres de la nuit pour décam-
per. Déterminée alors à livrer une ba-
taille décisive, elle se retrancha dans
une forte position à Aghrim, où elle
attendit l'ennemi: Giiickel vint l'at-
taquer le 22 juillet 1691, et, avec des
forces inférieures de moitié , remporta
sur elle une victoire complète. Saint-
Ruth , général franc is qui comman-
dait les insurgés , y fut tué d'un bou-
let de canon; et Tyrcoiincl , le princi-
pal partisan du roi détrôné, mourut
})eu de jours après, du ch<grin que
m causa cette fatale journée. Gallo-
GIO 097
way , dans le premier moment de ter-
reur, capitula apri'S une (aible résis-
tance. Kulin la prise de Liinerick, qui
était défendue par des troupes fran-
çaises réunies aux débris de l'armée
irlandaise, couronna le succès de cette
glorieuse campagne; et dès-lors l'au-
torité de Guillaume n'éprouva plus
d'opposition en Irlande. A son retour
en Angleterre , Ginckel fut récom-
pensé de ses services par les titres de
baron , de comte d'Athlonc et d'A-
ghrim , et par les reraercîments so-
lennels des communes , qui lui offri-
rent en outre un présent magnifique.
Kcvêtu dans sa patrie de la dignité
de feld-maréchal, il disputa, en cette
qualité , au commencement de la
guerre de la succession, le comman-
dement en chef de l'armée hollandaise
au comte de Marlborough; mais vain-
cu par l'ascendant de son heureux
rival , que les étals ■ généraux s'em-
pressèrent de proclamer généralissime
d('l( urs troupes , il mourut, en 1705,
à Utrecht, sans avoir illustré sa der-
nière campagne par aucun fait qui pût
faire revenir ses concitoyens de leur
injustic^*. N — e.
GIOGONDO (Fra Giovanni ] , en
latin Jocu.'idus ^ littaraleur profond,
savant antiquaire, habile architecte,
naquit à Vérone, vraisemblablement
vers l'année i435. Oïlandi le croit
issu de la maison Monsignori; Té-
manza le donne avec plus de proba-
bilité à la famille Ognibono. Entre
de bonne heure dans l'ordre des frères
prêcheurs, il fut destiné à professer
les 1 mgues et la littérature anciennes.
Un registre de son ordre paraît prou-
ver qu'en i449 ^^ ^^^'^ '^'^i'^ maître
des novices, magi'iter studentium. H
faudrait, en admettant ce fait, repor-
ter sa naissance vers l'an i43o. Ou
le choisit ensuite pour enseigner le
grec à Lodrouc, petite ville de révêché
f
598 GIO GIO
de Trenlc , sur la frontière du Bres- qu'il fut construit. Il y a lieu de croire
cian et des états de Venise. Le des- que ce fut avant la fin du quinzième
sin et rarclntectiire . occupaient ses siècle. Quoi qu'il en soit, la rëpiitatioii
moments de loisir. Le dcsir d'ob- de Giocoudo, comme architecte, était
server et de mesurer les ruines des sans doute solidement établie avant
édifices antiques, et celui de cou- cette époque, puisque Louis XII l'ap-
iiaître en général les monuments de pela à Paris en 1499, pour lui confier
l'antiquité, l'ayant conduit à Rome et la direction de dilFérenls travaux. Un
dans d'autres villes de l'Italie , il ras- des plus importants fut la construction
.sembla une collection de plus de deux du pont INotre-Dame. La première
raille inscriptions ancieunnes, et en pierre de ce monument qui subsiste
donna le manuscrit à Laurent de Mé- encore, fut posée le 28 mars de
dicis,qui lui témoigna constamment l'année i5oo, et la dernière, le 10
un? affection particulière. (il/<z^rti^ct juillet i5o7. Ou a cru faussement
LaureTilii amicilid clams. ) Cette que Giocondo avait bâti aussi , sur la
collection n'a point été imprimée sépa- Seine , le pont voisin de l'Hôtel-Dieu ,
rément ( 1 ). On n'avait encore p»)blié, dit le Petit-Pont. Cette erreur, établie
au temps de Giocondo, aucun recueil ou confirmée par le distique de San-
de ce genre; mais elle a sans doute nazar, que Vasari a daigné célébrer,
servi à enrichir celles de GrUter et Jociindusgerainumimpo$uittibt,Sequana,poQteni;
^ -, • r> I '. Jure tuuin potes Luuc dicere pontificem ;
de Muratori, et Bininann la cite avec
distinction , dans le discours prélimi- cette erreur, dirons-nous , a été cora-
naire placé à la Icte de l'édition de plèleraent réfutée par Mariette, dans
Gruter, donnée eu 1707. Vers les deux lettres adressées à Témanza,
années 1494 et 1 498, Giocoudo était en date du 9 août 177 i et du 1 4 mars
à Vérone, "auprès de l'empereur Maxi- 1 7 7-2. Sauvai assnre,dansscs^««/7Mf-
milien, soit en qualité d'architecte, tés delaville ileParis.({\\Q\eà\s\\(\v\^
soit comme littérateur; et ce prince de Sanna/ar, seul témoignage original
le chargea, conjointement avec Je- qu'on pût invoquer, n'a jamais élé
rorac-Dominique Noricus, d'enseigner gravé , comme ou l'a dit , sur le pont
le latin, le grec, et la littérature de Motre-Damc. Lemaire, dan? son ou-
ccs deux langues, au jeune Jules- vragc intitulé Paris ancien et mo-
César Scaliger, alors au nombre de derne ^ rapporte une inscription cen-
sés pages (/. C. Scali^. exercit. traire à celle-là, ci qui commence
cccxx/x). Les biographes ne disent pii' ce vers :
l)0int d'une manière certaine à quelle Jocun.lu» facilem priebetlibi,Sequan>,poatem.
époque Giocondo éleva le bulirnent Le Petit-Pont , construit en pierre
destiné à former la salle du conseil de en i4o8, n'a été rebâti tel qu'il est
la ville de Vérone, que Témanza pré- qu'en 1718, après avoir été gra-
scute cependant comme un des plus vement endommagé par un incendie,
propres à faire connaître fjnels étaient Peut être (ïiocondo aura-t-il dessiné
déjà les progrès de l'architecture lors- un pl.in pour quelque autre pont
' sur la Seilie ; et ce projet aura trompe |
(i") On en ronralt troi., ropirj , dont une «p- Ca,,,,;,^ ,,. ..,, ,J„»,U nintivp «il nrnsPP
ptrlenaut, nu . :omm.ncrmr„t du »iccle derin-r , OaimaZai , OU plUlOl mOllVC Sa JK IlsCe.
; Fr. Scip. lVIufl«!«i une a,arr,coMtervéi-riu;ore l)\,|l aUtrC COlé , SlUVal. làchcdc
aui'iunriiiii à Florence , dam la tiibli.iltea ^ ' ivr . i\
Ma^ii.tb„chiana ; eumo iromomt , Mir >i^iin , rccounaitre qiic Ic pout I>ofie-Uame,
G 10
*'t le mieux Làli de tous les ponts
inodornrs existants de son tcinj)s en
F.urope, lût i'onvr.igc d'un Italien,
vent qu'il ait etc eonstruil par un
architecte français^ nomme Didier de
l'clin , et que Giocondo n'ait e'te que
le contrôL'ur de lapicrre.W se tonde
sur un arrêt du pariiuient de Paris,
qui donne à Didier de Félin le litre
de maître principal touchant la sur-
intendance de V œuvre de la maçon-
nerie^ et à Giocondo , celui de commis
à soy donner ^arde sur la forme
d'icelui pont. Ma'\s l'artiste charge de
diriger la forme du pont , est bien évi-
demment l'arclntecte. Le continuateur
des Chroniques de Monstrelet, dit,
sous la rubrique de l'an i5oo, que
le Toy r envoya Jean de Doyac,
pour donner la conduicte de refaire
ledit pont, lequel fut fait en petit de
temps. On ne peut douter que le nom
de Jean de Doyac ne soit une corrup-
tion de celui de Giovanni Giocondo,
qu'on traduisait aussi en français,
par celui de Jean Joyeui (i). Gio-
condo remplissait alors les fonctions
d! architecte du roi; du moins voyons-
nous que Bude', dans ses Annotations
sur les Pandectes, le qualifie de ar-
chitectus tune reç^ius (fol. 120) . Il
I construisit le palais de la chambre des
comptes qui a été de'moli ( G. Brice ,
Descript. de Paris) , et rebâtit la
grande chambre du Parlement, dile la
chambre dorée , qui subsiste encore ,
mais qui n'a jamais offert de remar-
quable dans sa de'coration , aujour-
d'hui entièrement changée , que la
boiserie du plafond en ogives et à
culs - de - lampe , exécutée par un
(l^ Giocondo rererait jiour ses honoraires 8 liv.
par j uir. On a voulu in<luire de là (ju'il n'étaii pas
employé comuie architecte; mais des honoraires si
coiisid'irables prouvent au contraire qu'il avait
réellement cette (iualit<;, puitqu'aux prix compa-
rés lie l'argent , la somme de 8 liv. représenterait
aujourd'hui plus d" 4' ir, •. «tijue le iiavail dma
lept a:^5.
(i I o
^'OQ
menuisier , nomme Du Hanry , le-
quel avait appris en Italie cette ma-
nière, alors iu>iivelle. En admirant
les restes du château de Giillon, ap-
portes et relevés dans le Musée des
monuments français , des hommes
éclaiivîs ont supposé que cet édifice,
assez remarquable pour l'époque oîi
il a été construit , était aussi l'ou-
vrage de Giocondo. Celte opinion au-
rait besoin de preuves. Les formes
encore gothiques de ce monument ,
bien éloignées du slyle que les bons
architectes italiens avaient déjà mis en
vogue vers le même temps, pourraient
sulïire pour la faiie rejeter. Elle est *
d'ailleurs peu vraisemblable, attendu
que le château de Gaillon, bâti par
le cardinal d'Ainbuise, ne fut com-
mencé qu'en i5o5 , et que Giocondo
quitta la France pour se rendre à
Venise, au commencement de i5o6.
Il était appelé dv.is cette ville, par
le sénat , pour donner son avis sur
la manière de perfectionner et de ter-
miner le canal de la Brenta , dit le
Brentone , dirigé sur les lagunes de
Chioggia, à l'effet d'empêcher de nou-
veaux atlérissements auprès de la ville.
Giocondo se trouva en opposition
avec un ingénieur, nommé Aleardi,
qui avait commencé les travaux. Des
mémoires furent publiés de part et
d'autre en i5o6et 1507. Vasari as-
sure que les projets de Giocondo
furent exécutés j il cite Louis Cor-
naro , gentilhomme vénitien , con-
temporain et ami de cet artiste, qui
disait que pour un si grand bienfait,
il méritait d'être regardé comme un
second fondateur de la ville de Ve-
nise. Témanza dit, au contraire, que
la guerre produite par la ligne de Cam-
brai , fut cause qu'on ne suivit pi ovi-
soireinent que les plans d'Aleardi ;
que l'exécution de ceux de Giocondo
fut différée, cl qu'elle n'a jamais euheu.
4oo G I 0
Le séjour de Gioconclo à Paris n'avait
paséteinuiile a la littérature. Ce savant
y avait découvert un manuscrit de
Pline le jeune, renfermant, outre de
nombreux passages propres à remplir
les lacunes des éditions précédentes,
on7x* lettres de Pline à ses amis, et
toute sa correspondance avec Trajan,
partie intéressante de cette collection ,
et entièrement ignorée jusqu'alors. 11
donna ce manuscrit, par lui corrigé ,
au célèbre Aide jManuce, qui l'imprima
à Venise, au mois de novembre 1 5o8,
in-8°. Le pcrcNiceron, Maffei, dans
sa Feroua illustrata , Témanza , dans
ses Vite dei piu celehri architetti e
scuUori reneziani ,e\.ph]deuvsnulYCs
Jîiographes , ont pris pour l'édition
complète de Giocondo , celle qui a
c'té publiée par Beroaldo à Bologne
en i49^ * c'est une erreur. La pre-
mière édition des lettres de Pline,
^Venise (sans nom de lieu), 1471 , (t
celle de Milan, 1478, nerenferniaient
que i:i'i lettres, distribuées en huit
livres; celle de Beroaldo, entièrement
conforme à celle de Rome, de i490j
en contient '256, divisées en neuf li-
vres : celle d'Aide, de i5o8, nous en
a donné, dans dix livres, '^•j'5, y com-
pris celles de Domitien , etc. , et elie a
servi de type h toutes les éditions
subséquentes. Plusieurs bibliogr.iplies,
et notamment M. Biudini , d.m.s son
Catalogue des manuscrits latins de
la bibliutlièque de Médicis, suppo-
sent une prcnnère édition d'Aide, de
i5o4. Cette édit on qu«' Maitt.iire ne
cite pas, qu'on ne trouve ni dans
notre bibliothèque royale, m dans
aucun de nus plus riches c.d)inets,
et que M. Kcnouard, dans ses l anales
de V imjirinierie des Aide, dit n' voir
j.iin.iis vue, n'existe vr.usembl .ble-
ment pas, puisque Aide Manueedans
s;i lettre à Al vise Mocetugo, séna'cur
vénitien , placée li la tète de celle de
GIO
i5o8, dit que Giocondo lui a donné
le manuscrit deux ans avant qu'il ne
l'ait mis sous presse, et que cet inter-
valle nous reporte à l'an i5o6, épo-
que où, en eflfet, Giocondo se rendit
de Pans à Venise. A la suite de celte
édition des Leltrcsde Pline, de i5o8_,
Aide Manuce plaça le Traité de Julius
Obsequeus , De prodigiis , dont Gio-
condo lui avait aussi donné le manus-
crit , dono dédit, La guerre ayant
éclaté, le paisible religieux fut retiré,
en 1 509, du couvent des Dominicains
de Trévise, où , déj.à avancé en âge,
il cherchait le repos, pour protéger .
comme ingénieur, la sûreté de sa pa-
trie: il fortifia la ville de Trévise et di-
vers points des environs , sur lesquels
les Vénitiens allaient être attaqués. Lie
avec Guillaume Budé , Giocondo ,
pendant son séjour à Paris, lui expli-
quait les passages difficiles de Vitruve^
non seulement par des interprétations
verbales, mais encore par des dessins
(Bud. Annot. in. Pandect. fol. 1 20) .
En I 5 1 1 , il publia son édition de Vi-
truve, dont il avait corrigé le texte,
et qu'il 01 na de 1 58 figures en bois
( Venise, Joan. deTridino, in-fol. )
Cette édition est la première de cet au-
teur qui ait été donnée avec des gra-
vures. Peu de temps après , les admi-
nistr.iteiu'sdel 1 ville de Vérone recou-
rurent à Giocondo, pour fonder avec
solidité une dc> piles principales d'un
pont de l'Adige, <|ue les eaux avaient
rcnv( rsée plu>ieur> lois. Ces importan-
tts construit;oiis n'interrompaient pas
ses travaux littéraires. En 1 5 1 5, paru-
rent son édition des Commentaires
de César., 'lonnée à Venise {inœdibiis
Aldi), m-8' ., avec des figures rcpic-
sent int (l«s punis ef des fortifications;
cl une seeoinie éihliou de f'itnwc
(Morence, Gi-inta) à la(pielle Giocon-
do joii:tut le Traité de l'runtiu ( De
atjuœductil'Ks ). Vers le intiue temps
010
un incendie «lyaiir coii.Mimc', à Venise,
le (|ii.iriitr Je lliallo, cl e'br.jnlc le
pont (|ui |H)ite ce ncnn , il tiaçi, suc
rinvil.aiun du scn.it, des plans très
ririies, pour la constructicui d'un pont
nouveau vl des iiies les plus voisines.
Soil par défaut de lumières chez les
adnnnislrafenrs, ^^oil p ut-êlie à cause
de rèpuiscinent du trésor public, la
préleVence fut accordée aux pians de
Zaufra^nino ou Searpagnino , que
Vasari dépeint, quoique vivant encore
de son temps , comme un homme
ignorant et sans p,oul. Quelque c))agrin
qu'il diil ressentir de celte injustice,
l'illustre vieillard ne quitta pas sur-
le-champ Venise, comme Vasari l'as-
sure : plus sa;;c , il se consola, en
publiant les Traités d^ a^ricuUure. de
Cilon, Varron , (>olumelle it Palla-
dius (Venise , in œdibiis ^Idi y grand
in -8". ) Enfin , eu i 5 1 4 , et déjà sans
doute octogèn;ure , le Biamante étant
mort, il fut appelé à Rome par Léon
X, pour diriger, lic concert avec Mi-
chel-Ange , Baphaél , et Ant. Picoui
San-Gallo, la construction de l'église
de Saint - Pierre , et notamment pour
donner les moyens de consolider les
fondations de cet immense édifice. On
connaît les beaux travaux qui, exécu-
tés par œs grands maîfres , ont assuré
à la base de ce monument une soli-
dité inébranlable. J.-C. Scaliger d>inne
lieu de croire que Giocondo mourut à
Rome. Les nombreux passages où il
parle de cet ariisle , renfeiment des
témoignages de reconnaissance et d'es-
time, que nous ne saurions passer sous
silence. « Depuis que le Sî.-Père l'a ap-
» pelé auprès de lui, dit-il, je ne sais
» s'il a joui de plus de tranquillité
» qu'auparavant Vénérable vieil-
» lard, à qui je dois l'instruction de
» ma jeunesse, mathématicien pro-
» fond, physicien savant, prince des
» architectes , modèle unique et d«
XVII.
G 10 4oi
» sainteté el de tout genred'c'rudition,
» bd>liolliè(jne antiijiic ei moderne!..,
M Puisse- t -il avoir iiilin goule une
» vie plus conforme à ses vœux I Mais
» au milieu de t.ml <le travaux, ce se-
» raitune sorte de mirade, » {Lxercit.
Civ , cxxrr , cccxxix , cccxxxr ;
Poetn. , haroes.) (iioctiiio paraît
avoir en cfTet ret; relié le sacrifier- de
son indépendance. H écriv.iit à Jules
H, dans la dédicace de son fitritife ,
en parlant de divers écrits qu'il avait
commencés: « Occupé à rétablir dans
» leur pureté les ouvrages d'aufrui,
» le littérateur ne doit pas négliger
» les siens propres : je n ai point ce
» tort envers moi-même. J'ai écrit sur
» rarchileclure et sur l'emploi des
)> mathématiques; mais je n'ai jamais
« pu disposer de ma personne: je ne
» m'appartiens point. Mes ouvrages
» ne sont pas encore sufïlsamment
» polis. Il faudrait, .pourks terminer,
» que je jouisse du repos nécessaire à
» l'homme studieux; et vous serd, ô
» Saint- Père, pouvez me i'assuier. »
Tel fut ce frère Joconde , dont la tra-
dition a perpétué parmi nous un ho-
norable et juste souvenir. Poleni, dans
ses Exercitationes vitruvianœ , et M.
J.-G. Schneider, dans la ptéiace de l'é-
dition de Vitinve, qu'il a publiée en
i8o'^,luir{ prochent de s'êire trop livré
à son imagination, en corrigeant le lexte
desauteurs rustiques, et particulière-
ment dans les passages obscurs de
Vitruve. Il est vrai que quelques unes
de ses corrections ou de ses restitu-
tions sont un peu hasardées; mais
nous ne devons pas pour cela oublier
les servi("es qu'il a rendus aux lettres,
de même que tous les savants qui les
premiers se sont attachés à épurer les
anciens manuscrits. Poleni reconnaît
au surplus tout ce que lui doit le
t(Xte de Vitruve pour la clarté < t la
pureté générales ; haudpanim de Fi-
26
4o2 GIO G 10
truvii lihris méritas est. L'ordre qu'il bue réellement à la gloire de cette belle
a établi dans les cliapilr.s a étc main- époque de l'histoire littéraire,
tenu jusqu'à M. Schneider, qui en a E — c D — d.
îjcaleuientdiviséquelques-uiisendrux. GIOERWELL F. Gjoerwell.
Ou a cru faussement qu'à son retour GlOFFl ( liERNARD-MAfuE), ca-
cn Italie Giocoudo s'était fait cor- puciu, né à Naples dans le xvii% siè-
delier: cette opinion a pu venir de ce de, embrassa la vie religieuse, et se
que pendant plusieurs années il porta consacra entièrement à Tétude de la
l'habit de simple ecclésiastique. Les philosophie et de la théologie. Ses ta-
écrits qu'il annonçait à .lulcs H, n'ont lents pour la chaire l'ayanl^fail re-
)amais été publiés. Le Titien avait pla- marquer de ses supérieurs, il fut en-
cé son portrait dans une peinture qui voyé dans les missions de la Géorgie ,
ornait la salle du grand-conseil de Ve- où son zèle pour la propagation de la
nisc, et dont le sujet était puisé dans foi fut couronne par de grands suc-
la vie du pape Alexandre III; ce ta- ces. Après un séjour de plusieurs an-
bleau a péri dans une incendie.On croit nées en Asie , il revint à Naples , ins-
posséder un autre portrait de Giocon- iruisit ses confrères par ses leçons,
do, dans un bas-relief sculpté sur la les édifia par ses exemples, et mou-
façade de la salle du conseil de Véro- rut en 171 5. On conn;.ît de ce digne
lie, représentant un moine de l'ordre religieux des Prediche morali e pa^
de St. -Dominique, qui tient un livre negiriche y Naples, 17 10, in-4**. Le
ouvert , sur lequel esi gravée cette ins- P. Denis de Gènes dit qu'U a laissé en
cription , dont le dernier mot se trouve miiinxscr'nunc Relation de sonvoyag^
i-n partie carhé par une des deux en Géorgie. — Gioffi ( Romuald ),
inajus: G. PLL VERON. E., et que dominicain, né au xvii«. siècle, k
Von interprèle par C. Plinii Fera- Ariezzo, dans le royaume de Naples,
vensis epistol.v. Suit estime rc'cipro- fut lecteur en théologie dans diflcrcnts
que, et véritable amour pour les couvents de son ordre pendant vingt-
sciences et les lettres , soit désir trois ans, et professa pendant six
d'être à leur tour appréciés et loués, autres années au fameux collège de
les savants du xv% siècle cl des Monte di Diok ^An\es. Le Tup\ù Ait
premiers temps du xvi'. s'accordent que les ouvrages au père Homuald
fréquemment les uns aux autres de étaient, de son temps, dans les m uns
justes éloges , rt quelquefois mcuie de tous les étudiants en théologie,
de trop fastueuses épilhètes; ou les W — s.
voit aussi se faire honneur du me- GIOFFREDO (Pierre), né h
rite et de la cclébrilj; de Icins mai- Nice le i(5 du mois d'août lO'ip,
très : l'exemple de (iiocondo n'ollVe est l'un des historiens les plus csii-
cn cela rien que d'assez commun. Mais mables que le Piémont ait produits
le» éloges que bu ont donnés , après dans le xvii' . siècle. Après avoir ter-
«a moit couiiifc de son vivant, une miné ses études, il prit l'habit cccîc-
!'ou!c de ses contemporains les plus siaslique , et consacra ses loisirs h
illustres, Politien, Pauviiii , Mauuce , l'eKpIicalion des monuments luslori-
Budé, J. Osar et Joseph Sc.iliger , que<;. La publication de sou rfistoi-
cfl'rent un caractère de sincérité et ra di: jYicc lui attira l'csiime des
d'alleclion , (|ni inspire di- rintci/t savants et les bienfaits de la cour,
pour cet artiste savant, et fpii contii- Nommé eu i6(33 historiographe de
G 10
Savoie , il joignit bientôt k ce titre
celui do recteur de la paroisse S«int-
Ensèbeà Turin , et plusieurs bciieficcs.
En 1(373, il fut fait annionicr, prc-
cepleiir et conseiller du prince de
Piémont , depuis roi sous le nom de
\'ictor Amcdec, cf , l'année suivante,
bibliothécaire, avec uncaugmeulation
de traitement. Il reçut, en 1O77, des
lettres de l)our<;eoisic de la ville de Tu-
rin ; et en » 679 , il fut nomméchevalier
rfes SS. Maurice et L;iz.ire. Gioft'rcdo
mourut à Nice le 1 1 décembre i6ç)'i ,
à l'âge de soixante-trois ans. Ou trou-
vera la liste de ses ouvrages dans le
Sjllabus scriptorum Pedemont. de
Rossoti. Les principaux sont : I. Ni-
cœa civitas monunientis illustratay
opus in qiio pr.eter antiquitatwn no-
titiam , sanctorum et sanclitate il-
luslrium pesta descrlhuniur , nota-
tionibus illustrantur episcoporuin
Cemelio - Nicensiinn necnon abba-
tiim monasterii S. Pontii succès sio'
nés, aliaque ecclesiaslica décora
recensentiirj Turin, i658, in-fol. ;
rnscrëe dans le Thés, histor. Ital. de
Burmann, tom. ix, page 6. II. Co-
rograjïa e storia délie Alpe ma~
ritime, in-fol. , à la bibliothèque royale
de Turin; il en existait une seconde
copie in-4''., entre les mains d'un ne-
veu de l'auteur. III. La storia delV
ordine de SS. Maurizio e Lazaro ,
manuscrit, à la bibliothèque royale
de Turin. Les ouvrages de Gioffredo,
dit Vernazza, qui a écrit sa vie et que
cite Tiraboschi , se recommandent
moins encore par l'érudition que par
Tesprit de critique et !a sagesse du
style , qualités d'autant plus remarqua-
bles, qu'elles sont plus rares dans les
historiens d'Itahe de cette époque.
W—s.
GIOIA (Flavio), pilote ou capi-
taine de vaisseaux , naquit à Pasilano ,
tlJl.ige situé près d'Amalfi , vers la fin
G 10 4o5
du xiii". siècle. Ce navigateur a été
gcnéralcFucnt regardé, du moins pen-
dant long-icmps , comme l'inventeur
de la boussole. Les idées ont élé si
précises à cet égard, que quelques
écriviuus ont fixé la date d'une si mé-
morable invention à l'an i3o2 ou
i3o5. Chacun sait aujourd'hui que
celte gloire lui a cependant élé dis-
putée. Gioia a-til en eiïet inventé la
boussole? l'a-t-il seulement perfection*
née? ou bien serait-il totalement étran-
ger à l'invention de cet inslrurnent
qui a changé , pour ainsi dire, la face
du monde '} Pour être justes envers lui,
nous sommes obligés de rappeler les
opinions les plus remarquables élevées
à ce sujet, et surtout d'exposer les
faits sur lesquels on a cherché à les
établir. Polydore Virgile place Vin-
vention de la boussole au nombre de
celles dont les auteurs sont inconnus:
Omninb in aperto non est (Pol. Virg.
De invent, rer., lib. m, cap. 18) j
et quelque superficiel que soit cet écri-
vain , son témoignage est d'un grand
poids contre Gioia, attendu qu'il était
né en Italie , deux cents ans seulement
après ce célèbre Amalfitain. Plusieurs
savants ont attribué l'invention de la
boussole aux Phéniciens, aux Ty-
riens, au roi Salomon. Court de Gé-
belin est un de ceux qui en font
honneur aux Phéniciens. D'autres ,
induits en erreur par un passage mal
interprété de Plante , ont cru que les
Romains et les Grecs avaient connu
ce guide des mariniers. De ce nombre
est Abundantius Collina , dans soa
mémoire intitulé : De acûs nauliccz
inventore ( Bonon, , inst. , Comment.
to«ie II, part. 5). Ces opinions ont
été complètement réfutées par Tur-
nèbe , Bochart, Dutcns; par J. Chr.
Trombelli, De acils nauticœ inven^
for^(ibid.); parGr. Grimaldi , Sopr(f
il primo inyentore délia Bussold
26..
4o4 G 10
( IVcuciî de l'acaclcinie àc Cortone,
tume m); par IMontucla, d-jns sou
Histoire des mathématiques ; et plus
lecem ruent par M. Azuni, dans une
Dissertation sur l'origine de la
houssole , impiime'e deux fois en ita-
lien, et ensuite en français (Paris,
1807, in-8'.) Les anciens ne connu-
rent puinll^ vertu directive de l'aimant.
Le silence de tous les auteurs de l'an-
tiquité qui ont parle' de cette pierre , et
iiolan)UK'nt de Lucrèce, de Pline, de
Claudicn , de Plutarque , forme sur ce
fait uue preuve négative qui ne laisse
rien à répliquer. Gerbert, néen Auver-
gne, vers le commencement du X .siè-
cle, et pape sous le nom deSilvesirell ,
voulant, lorsqu'd e'tait évêque de
Magdebourt; , construire une montre
solaire lioiizontale, reconnut le point
du nord à l'aide d'un instrurnenl avec
Ircpul il considéra rèt(»ile polaire : In
Magdeburg horologiiim fecit, illiid
rectè consdUiens , con'^ideratd per
fislulam quamdam stelld nautarum
duce ( Dithmar. , Chronic. , apud
hnhm\z , Scriptores rer, Brunsw. ,
tome I , page 39{)). Le pè/c Costa-
dau, Collina, déjà cite', et d'autres
écrivains ont cru reconnaître dans
cet instrument une boussole. Monlu-
cla a détruit cette fausse opinion , et
n'a vu, dans l'in bruinent de Gerbert,
(pi'un tube (pu! dirigent sur l'étoile po-
laire, pour prendre la direction duraè-
ridi^^n. Maix dci témoignages j)Ius con-
vaincants a»te>ttnl (jue Irs navigateurs
de la Méditerranée cotn).iissaienl l'ai-
guille anmntéc, et savaient en faire
usage plus d( cent aut avant Gioia.
Albert, di» le Gr.md, dans sou trai-
té De miner' Jd/us ( lib. 11, tract. 5,
cap. (j ), r.'pporte un passage d'un
ouvrage fiussemenl attribue h Aris-
lole, <ju '1 H'ud fil ces Irrtnes : y/n-
cului mn'j^tittis quidam est, rujus
tkirius apprehciuicndi Jcrruin al ,
GIO
ad zoron , hoc est, seplenirionalem /
et hoc utuntur nautœ : an^ulus verb
alius magiteiis illi oppositus, trahit
ad aphron, id est, polum meridio-
nalem. Que ce passage ne soit point
d'Aristote , peu importe pour le temps
où vivait Alljcrt , né en iigS, et
mort en 1280; et il faut même re-
monter plus liau',car la citation doit
être extraite de quelque ouvrage plus
ancien. Le traité De mineralibus lui-
même ne fût-il pas d'Albert, comme
l'ont pensé quelques critiques, cela
n'atténuerait point le mérite du texte
que l'auteur y a inséré, l^e même
texte se trouve d'ailleurs cité par Vin-
cent de Beauvais, dans la prernière
partie de sa Bihliolheca mundi ( lib,
VIII, cap. 19); et cette première par-
tie intitulée, Spéculum naturale, a
été terminée l'an i'25o, ainsi (pi'on
le voit au liyre xxvïi, chapitre 102.
lirunetto Latini parle aussi de la bous-
sole dans son Trésor, composé d'a-
bord en français, à Paris, en 12G0,
et ensuite traduit par lui-même en
italien. « Pour ce, dit-il, nagent Ici
» niaiiniers à renseigne de ces deux
» étoiles, que Ton appelle Tramon-
» taincs...., et chacune des deux faces
» (lie l'aimant) aise la pointe de l'ai-
» gnille à celle tramontaiue a que celte
» face gi-t (lib. i , cap. i i3}.)) Il exis-
te un texte devenu f.imeux dans cette
discussion; c'est celui de la Bihle-
Guyot (vers G '2 à 658). La bous-
sole s'y trouve neltement désignée
sous les noms de manicr&oix mari-
nière, manette ou marinette , suivant
les varimtes des divers maimscrils. Il
commence par ers vers :
Dr nnttir )it-rr l'.ii>c>sioil(!
Volitiic qu'il seiiiulast l'estoil«
(^hii lie »e mu«l
et finit par ci ux-ci :
Molt r«t IVttoilr ri bnlle ft clere,
'lirx dt'vroit Cilrr iiuitre |>ere.
Ou peut le voir ou cuticr daos les
(. 1 o
Fahlidur et Conlt'S pnl)!i('s pnr Bai-
b.iz>iii cl Mcun (tome ii, |);ig(' 7)2']].
J.a s,ityie dile la Bibh-Gujol <;st
gencT.ildiuMit .itliibticc àGu^ol, ruoiiio
iiiiiiçais , iialii' de Fiovius, qui (lu-
rissaità U fin du xii". siècle, puisqu'il
S(* lioiiviul à la cour (le rciupirciir
FiedeJic 1'^ en i i8i. Celle pièce de
vers fût-elle, comme on Ta suppose,
un ouvrnc^e do Ilugiirs de Bercy, con-
temporain de Sairil-Lonis , celle dille-
rence ne rapproclierail la date que de
cinquante ou soixante ans. Un pas-
sade du cardinal de Vitry, également
clair, fixe enfin les e'poques d'une ma-
iiicre non équivoque; et il nous re-
porte an tinips de Guyot, et même
au-delà. Jacques de Vitry, natif d'Ar-
gentcuil et évêque de Ptolémais, alla
clans la Palestine lors de la quatrième
croisade , par conséquent , vers l'an
1204. De retour de ce voyage, il
remplit les fonctions de légat du pape
Innocent III^ en 1210, dans l'arnjée
du comte de Monlfort contre les Al-
bigeois. Reparti pour la Terre-Sainte,
il eu revint sous Honorius III ^ asstz
long-temps avant la mort de ce pape ;
et il mourut lui-même , en \'if\l^.On
croit qu'il a écrit sa d€scr'j)tion d'- la
Palestine, formant le premier livre de
son histoire , et intitulée Ilistoria
orientalis , pendant son second séjour
dans l'Orient, ce qui en place la coni-
position entre les années 121 5 et
ï'ino'y et d'ailleurs il parle d'un fait
qu'il a observé dès l'an 1204. Or. il
s'exprime ainsi (cap. 91 ) : Acus
ferreay pnstquam adamantem con-
tîgerit, ad stellam septenVimudem ,
quœ velitt axis firrnanienti , ûliis
verger? t ihus , nofi movetur , semper
convertiliir ; ii/idevu'dè necessarius
est navigantibiis in mai i. Le sens de
ces paroles ne [uésente aucune oh.ccu-
rilé. Ou voit niêmc qu'i: ne s'agii pas
d'une découverte nouvelle, mais d*uu
G î 0 4^^
usage déjà él.iMi, d'un instrument re-
g.uiié comme absolument nécess.iiic
aux marins, d'une connaissance (ie-
venue générale cl vulg.iiic. Alb(rt-le-
Cirand, Guyot, cl le cardinal de Vi-
tiy, étant tous des Français; Bruncito
Ïi4ini ayant composé son ouvrage
pendant son séjour en France, et Jac-
ques de Vitry ayant dû traverser la
Méditerranée sur des vaisseaux fran-
çais, les bénédictins , auteurs de l'His-
toire littéraire de France , ont cru
pouvoir en conclure que la boussole
est une iuvenlion française. Ils ont
aussi fait yaloir l'usage , sans doute
français, et adopté par toutes les na-
tions, de tracer une fleur de lis suc
ja rose des vents, pour marquer le
côté du Nord. C'est celte opinion
que M. Azuni a renouvelée et défendue
par tous les moyens qu'une érudition
étendue a pu lui fournir , dans i<i
dissertation que nous avons citée.
D'autres écrivains ont réclamé en fa-
veur des Arabes. Tels sont Tirabos-
chi jdnns sa Sioria délia letteratura
ilaliana; Andrès, Origine e progrès si
d'ugni leilcratura ; Bergeron, Abré-
gé de V Histoire des Sarrasins i R'c-
cioli , Geographia et hjdrographia.
reformata^ etc. Ceux-ci n'ont pré-
senté, il e.^t vrai, que des assertions
vagues et dénuées de toute preuve po-
sitive. Chardin , qui s'est élevé conire
leur opinion, est persuadé que les
Arabes ont reçu la boussole de l'Eu-
rope. Renaudut est allé jusqu'à soute-
nirqu'il n'txiste aucun écrit arabe, où
il soit fait mention , ni de la boussole,
ni même de la vertu directive de yÀ-
mAn\{Anciennes relations des Indes,
pig. '.i<S8, '291 ). Il paraît qu'on n'a
pu lui oppo.ser jusqu'à présent qu'un
ouvrage de BailakKiptchaki, intitulé,
en arabe, Trésor des marchands
diins la connaissance des pierres
( Bibliothèque royale des manuscrits,
4o6 G 1 0
in-fol. u". 970 )j et le passage de cet
écrivain , tlécouverl originairement
p;<r M. Silvestre de Sacy, confirme
î'opinion de Renaudot plutôt qu'il ne
la rlclrnit, puiîique l'auteur, qui écri-
vait l'an G81 de l'he'gire, rapporte
un f;iil dont il a été témoin en l'an
64o(i'24'-i de notre ère), et que ces
époques sont postérieures à Guyot de
Provins , et au caidinal de Vitry.
Ebn-Iounis, astronome arabe, dans
sa Grande table hakémite^ ouvrage
composé l'an 1 007 de notre ère, et
publié en français par M. Caiissin
( Notices des manuscrits de la bi-
bliothèque royale, toni. vu), four-
nit même une preuve négative très
concluante que les Arabes de son
temps ne connaissaient pas la bous-
solo; car, soit parmi les instruments
dont il fait mention , soit parmi les
observations qu'il rappelle , il n'en
parie en aucune manière. Mais il reste
toujours entre ces deux époques , c'est-
à-dire, entre l'an 1007 et l'an 1290,
le pass.'igc attribué à Arislote, néces-
sairement puisé dans quelque auteur
arabe. Les auteurs qui ont écrit sur
la Chine ont attaqué Gioia , avec plus
de succès. Le P. Le Comte , Mailla ,
le P.Gaubil, Histoire de V astronomie
chinoise^ Birrow, Noui^eau voyage
en Chine ^ etc. etc., se montrent con-
vaincus ((ue les Chinois faisaient usage
de la boussole, foil long-temps avant
notre ère. M. Jos. IJager a développé
cefte opiniofi dans une dissertation
])ub iée en italien, sous le titre de
Mtnwria sulla Bussola orientale ,
Pavic, 1809, in-fol.; il s'est attache à
j)roMV(r que la boussole est une in-
veniion des Chinois , et <|ue ce peuple
)!(>ns l'a Ir.insmisc par ses communi-
cations avec hvs Arabes. Il pourra pa-
laî ic étonnai. l, dans ce système, que
la boussole, en usage d.ins les mers
de riiide, 1000 ou '2000 ans avant
GIO
JcîHs-Christ , n'ait été connue ni des
navigateurs égyptiens, sous les Ptô,-
lémées, ni des Grecs de Constantin
nople , dans le moyen âge. Chardin
avait laissé la question dans le doute.
M. de Guignes a fait plus; il assure
que les sources où le P. Gaubil a puisé,
sont des romans modernes, et il blâme
cet liistorien d'avoir cru voir une
boussole dans des textes reconnus
pour fabuleux ( Mémoires de V aca-
démie des inscriptions , tom. xlvi ,
pag. 549, 55i). Cependant on ne
doute plus guère aujourd'hui , que les
Chinois n'aient possédé la boussole ,
sinon aux époques dont parle le P.
Gaubil , du moins long-temps avant
les Européens. Le jugement qu'eu ont
porté Barrow, Macartney et les autres
voyageurs les plus récents , a donné
une très grande force à cette opinion.
Les écrivains, enfin, qui ont attribué
l'invention à Gioia, sont innombra-
bles. G. Grimaldi, entre autres, savant
Napolitain , a rassemblé en faveur de
son compatriote, dans la dissertation
que nous avons citée, une foule de pas-
sages très positif , et s'est étayé de
noms très imposants. On ne peut se
dissimuler que Gioia n'ait eu pour lui ,
pendant long -temps , l'opinion de
l'Europe entière; et il faut bi*n que
quelque fait important ait donné sujet
à cet assentiment général. Quel est
donc le titre de ce marin à la recon-
naissance publique? Le P. Fournier
a résolu cette espèce de problènje,
dans son Hydrographie ( liv. xi,
ch. I ); et Montucla, adoptant l'opi-
nion de Fournier, l'a développée avec
une clarté piopre à salislaire tous les
esprits. La boussole en usage sur la
Méditerranée dans lexn'. cl le xiiT.
siècle, ne consistait qu'en une aigudie
.'limantée, qu'on f lisait nager dans on
vise, au moyen de deux brins de
paille ou d'un morceau de liège, qui
GIO
îa soufcnaient sur l'cnu. Telle est î.i
cit'scii|)tion qu'on f.nt rautciii' de la
liibie-Gurol. De là \c ixoin Ac Cala-
mité ou de Grenouille ^ sous lequel
on la trouve désignée dans quelques
auteurs. La boussole connue des Ara-
bes, au xiii". siècle, suivant Bailak
K.iptch.iki , n'était pas autre chose.
« Il est aise de sentir, dit Montucla ,
» combien ce moyen était peu cora-
» mode , et corabien de fois l'agitation
3> de la mer devait le rendre imprati-
» cable Les Melphitains, ajoulc
» cet auteur ( il aurait dil dire Ks
» Amalfilains ), imaginèrent la sus-
» pension commode dont nous usons
«aujourd'hui, en raettant 1 aiguille
» touchée de l'aimant , sur un pivot
» qui lui permet de se tourner de
)> tous les côtés aven facilité. On ne
» sait s'ils allèrent d'abord plus loin.
» Dans la suite on la chargea d'un
» carton divisé en 52 rurabs de vent,
» qu'on nomme Xsi Rose des venls ^
» et l'on suspendit la boîte qui la porte,
» de manière que , quelques mouve-
» ments qu'éprouvât le vaisseau , elle
» restât toujours horizontale. Les An-
» glais se font honneur de celle addi-
» lion à la boussole , jure an injuria, ,
» c'est ce que je ne saurais dire; je
)) n'en connais du moinsaucune preu-
y> ve. » Si l'on examine avec attention
le sens du vers d'Anton ius Panormi-
tanus, dans lequel on a cru trouver
une des preuves les plus fortes de
l'invention de Gioia , peut-être reraar-
quera-t-on qu'il ne lait allusion , en
effet, qu'a un grand et important per-
fectionnement. Ce vers est ainsi conçu:
Prima dt^ditnautis usum magnetis Amalphis.
Le poète ne paraît pas vouloir assurer
que la ville d'Amalfi ait donné la
connaissance de l'aiguille aimantée ; il
dit seulemeut qu'elle en a donné, ou
plutôt facilité l'usage. Voilà donc le
mérite de Gioia; c*csl, selon toute ap-
GIO 407
pnrcncc, relui d'avoir rendu vérita-
blement utiN' un instnimcnt dont k
peine ou pouvait faire usage au[)ara-
vant. La timidité de nos pilotes, dans
le xii*". et le xni". siècle, lorsqu'ils
étaient dc)à en possession de la Cala^
mite^ et l'audace qu'ils ont déployée,
munis de la Boussole d'Amalfi, attes-
tent évidemment l'iuipoi tance du ser-
vice qu'a rejidu Gioia à la marine
moderne. Perfectionner de cette ma-
nière, c'est réellement inventer. Il est
possible que les Français aient ajoute
la Rose des vents à l'aiguille suspendue
de Gioia : de là sera venue la fleur
de Ils qui désigne le Nord. 11 est pos-
sible encore que les Anglais aient con-
çu la pensée de renfermer l'aiguille,
son pivot, et la Rose des vents , dans
une boîte , box ou boxel : de là le nom
de Boussole. Les Allemands récla-
ment cependant et les noms des vents.
Est, Sud, Nord, Oue^t, et même
le nom de Boussole. Ces particularités
sont de peu d'importance. Ce qui pa-
raîtra démontré , c'est que la décou-
verte de la vertu directive de l'aimant
est antérieure à Gioia , et qu'avant lui
les navigateurs, tant de la Méditerra-
née que des mers de l'Inde, faisaient
usage de l'aiguille aimantée : ce qui est
plus que vraisemblable, c'est qu'il a
été cependant en Europe, par un per-
fectionnement très important, le vé-
ïitablc créateur de la boussole, telle
que nous la possédons aujourdluii.
On ne connaît d'ailleurs nullement
l'histoire de sa vie. Quelques écrivains
l'ont nommé Giri j le nom de Gioia
est le plus généralement adopté. Mu-
sanzio se plaint , dans st s Tables
chronologiques , de ce que Vossius
et d'autres savants l'appellent Gira^
et le disent natif de Melfi: c'est, dit-il,
Gioia d'Amalfi , qui a inventé la bous-
sole, en l'an i3o5. {Tab. xxxviii^
pag. 219.) E— c D— -Oc
4o8 GTO
GIOLITO DE' FERRARI (Ga-
briel), imprimeur et libraire à Ve-
nise ail xvi^. siède, était , à ce qu'on
croii, originaire de la fauiille des Fer-
rari de Plaisance. Il exerça son art
avec distinction ; et Haym qualifie de
belles impressions quelques unei de
celles qu'un lui doit. Sa marque était
un phénix regardant un soleil, et bril-
lant sur nii globe ailé où sont les trois
lettres G. G. F.; une inscription sor-
tant de clja(|ue coié des flammes,
porte : Seinper ealem; aulour du
phénix on lit ces mots : De la mia
morle eterna vita i vis^o. Ce l'ut Gio-
lito qui co/nincnça l'nn pression de la
Collana greca , iniiginée par Th.
Porcacchi ( P'oj. PoRCiCCHi). Il pré-
sida lui-même à la Colluna latina,
faite sur le même plan. L'ancienne
version italien ne de yimitalion de
J.-C. ayant et • revue par le P. Rrmy
Florentin pour les enf ints de Giolito
et lei>r mèi e Lucreiia Giolita , ctt
imprimeur en donna successivement
plusieurs é litions fort belles, en
i55(i, 1 55^ et années suivantes. Elle
sortit des mêmes presses , rt touchée
p»r Pureacchi, en 1569. Au frontis-
pire de l'édition de iSOi, que pos-
sède M. Ginee, an lieu du globe
on voit un vase ailé d'où partent des
flammes, au milieu desquelles est le
j)héni\; et autour de reucadrenient,
on ht: Fivo m rie rej'ccta med.Gxo-
lito mourut en i58i, laissant deux
fils, Jean et Jean Paul, (|ui eonliniic-
lenl l'état de leur père. Jean ne se
borna pas à sa profession ; il cultiva
les lettres, et, au jugement de llaym,
il .ivait du talent pour la poésie. On
lui doit , en effet, une traduction ita-
lienne du poème de Sannazar , dont
voiei le litre: Del parOtddla vermine
libri m , tradoWt in versi toscani,
Venise, 1588, in- 8°.; réimprimée à
Vérone, de l'imprimerie du phénix,
GIO
1^32, in-4*. On a encore de lui :
nta del P. I^nazio Lojola, tra-
doita dispagniiolo in italiano , 1 586,
in^". A. B — T.
G 1 0 R D A N I ( Vitale ) , célèbre
mathématicien, né, le i3 décembre
i635, à Bitonte dans le royaume de
Naples , fui destiné à l'état ecclésias-
tique; et ses pirents, quoique pau-
vres, lui firent taire ses études. 11 ré-
pondit mal à leurs soins; et, pour
éviter les reproches de son père, il
s'enfuit secrètement à Tarenle , où il
épousa une fille de basse condition
et sans fortune. L'état misérable dans
lequel il se trouvait, ne fut pas capable
de le tirer de son apathie. Un jour,
l'un de ses beaux- frères lui ayant re-
proché sa conduite avec aigreur, Vi-
tale s'élança sur lui, et, l'ayant sai>i à
la gorge, l'étouffi. Pour se dérober
aux poursuites de la justice , il s'em-
barqua sur un vaisseau qui se rendait
à Venise, et s'enrôla dans les troupes
qu'Innocent X levait alors contre les
Turcs. Il se trouva à plusieurs com-
bats, el s'y distingua. L'amiral ayant
eu l'occasion d'apprécier sa capacité,
lui donna l'emploi de secrétaire de sa
galère, qui était vacant. Vitale l'ac-
cepta avec [Jaisir; mais il fut d*abord
très embarr.issé pour établir ses comp-
tes, parce qu'd ignorait les preniières
règles de l'arithmétique : il les devina
par un effort de génie , et ce premier
succès lui donna du goût pour l'étude.
De refour à Rome eu i()5(), il fut
admis dans la garde du château S dut-
Ange, et résolut d'employer ses loisirs
à étudier les mathématiques. 11 ne
connaissait encore que {\irithmtti<jue
de Glavius : un ouvr.ige de Vièle lui
tomba alors entre les mains ; el la
difficulté qu'il éprouvait à le com-
prendre, pensa le faire renoncer à son
projet. Ibiireusement un de >es nmis
lui conseilla de lire les ElémtnU d'Eu-
C. l 0
clidc , ri il cil ^.lisif loiifcs le-; j)io-
po.sitioiis avec iiiic telle facilite, (jue
son anletir juuir les in.ithem.itiqiic.s
s'en aiii;rneiit.i encore. Ses progrès
dans cette science fnrcnt cxliaordi-
liaires, cl lui niei itcrcnl des prolec-
tems (jni lui aclutèniU son congé
et loi jdocnièrcnl tons les secours
dont il avait besoin ponie'liidicr. II lut
bientôt en état d'enseigner lui-iuèmc;
et sa réputation l'ayniil fait connaître
de la reine Christine de Suède , rlin
le nom nia son inatlieni aticicn. Il lut
ensuite choisi poiu' professer les ma-
llicraatiques à racide'mie fondée à
Rome, en i6()6, par Louis:XlV. Le
pape Cleincnl X lui donna, en 167'i,
la place d'ingénieur du château St.-
Angc ; et en i()85, il fut nomme à la
chaiic des mathématiques' du collège
de la Sapience. Vitale manda alors à
sa femme de venir !c rejoindre; mais
elle ne \ouiut point y consentir. Son
(ils ne demeura que quelques années
près de lui, parce queVaii de Rome
ne convenait point a sa santr. Il passa
donc sa vieillesse seul , souvent malade
par l'excès du travail , et mourut ic 5
novembre 1711,3 soixante-dix huit
ans. Il était, depuis 1691 , membre
de l'académie des /Vrcadicns; et son
e'Ioge y fut prononce. D.ms le nombre
de ses élèves, on doit distinp;uer
M'^'".Marie-Margueril€-CatheriiieGoy,
Parisienne, qui composa un ouvrage
intitulé : Studio di matematica ,
in -fol., dont il existait une copie
dans la bibliothèque de Floncel. On
a de Vitale : I. Corso di mate-
maiica clie comprende EucUderesti-
f//fo,Uome, lO^^o, 1686, in-foi.Ce
cours de malhcmatiqncs d< vait avoir
plusieurs volumes j mais il n'y a que
le premier qui ait èlé imprimé. 11. De
componendis grnvium momenlis ,
ib., i685. m. Fundamenium doc-
trines motus ^ravium , ibid., 1G8O.
r. 10 /,oo
1 V. Ad Tfyacint. Cristnphormii cpis-
tola, il)., 170"), iii-fol. V. l'Uenicnti
d' l'Aiclidi espUcd'i ludla rr<de aca-
dcmia inslituita in llviud dalla cris-
tianissima Maeslà LuigiXl r, G vol,
in-lol., manuscrit, cili' 11". i i8"> du
catalogue de la bibliothèque de Floi -
cel. VI. Quelques opuscules peu im- ^
portants. . W — s,
GIORDANO (Luc), peintre cé-
lèbre (1), né .1 Naples en i05'i , dans
une maison qui louchait à celle de Jo-
seph Ribera son premier maître, re-
çut de bonne heure le surnom de Fa-
Presto , soit parce que son père ne
cessait de l'exlicrtcr à travailler vite,
soit à cause de l'extrême célérité avec
laquelle il compos lit la plupart de ses
tableaux. ÉchaufTé par tout ce qu'il en-
tendait dire des chets-d'œiivrc qui em-
bellissent la ville de Rome, il s'échap-
pa de la maison paternelle, et se ren-
dit dans celte capitale des beaux-arts,
011 il fit la connaissance de Piètre de
Cortone , dont il fut presqu'en même
temps l'élève et le collaborateur. Gior-
dano , commençant à sortir de l'obs-
curité , fit successivement le voyage
de Bologne , de Parme , de Venise
et de Florence, oii il eut de nombreux
travaux; et sa réputation prit un tel
accroissement, que le roi d'E'^pagne,
Charles II , le fit venir à M.idrid pour
lui confier l'exécution des peintures
destinées à l'embellissement du palais
de l'Escurial. Ces ouvrages miient le
sceau à la réputation de leur auteur.
Quelque temps après la mort du roi
Charles , Giord^mo retourna à Maples,
où, malgré son âge avancé, il com-
posa encore un nombre prodigieux de
tableaux. On assure, que, pour plus de
(1) Long-tpmps appflé Jordans ou Jordajiepar
les oiogr.i|ilies Iraiiçais; ce qui donnait souvent
liru de le confondre avec Jacques Jorduens ,
peintre de l'école fl.ini»nde. Gior^lano signait quel-
quefois ses tableaux de la inanière suivaale : Jvr-
datius (^iu Luc, JorJanus)Jccii 1 cic.
4io GIO
célérité , il f mployail quelquefois ses
doigts au lieu de brosse, et qu'il ne
niellait guère plus d'une heure à pein-
dre une demi- figure de grandeur na-
turelle ( I ). Ce peintre avait une dispo-
sition toute particulière pour ce qu'on
appelle les pastiches, c'est-à-dire qu'il
imitait , avec une facilité et une exic-
titude surprenantes, les manières des
différents maîtres. Un jour, leroid'Els-
pagne, lui montrant un beau tableau
du Bassan , lui exprima le regret de
ne point avoir un stcond ouvrage du
même peintre. Dès le lcndem;(in ,
Giordano se munit d'une viei;le toile,
sur laquelle il peignit avec tant d'a-
dresse un t .bleau dans le goût du Bas-
san , que, peu de jours après, a-pas-
tiche y place dans la galerie du mo-
narque, fut pris, par les plus savants
connaisseurs , pour un ouvr<jge du Bas-
san lui-même. Une autre fois, il peignit
de souvenir , sans prcparalion, et
pour ainsi dire en une minute, la
figure de sa femme absente, que la
reine d'Esf.agne, devant laquelle il
travnillait, disait avoir envie de con-
naître. La reine, qui le croyait occupé
à toute autre chose, fut si surprise et
si enchantée de cette espèce de tour
de force , que, détachant de son cou
une ^nperlJe rhaîue de perles , elle la
remit à Giordano pour qu'il en fît ca-
d( au à son épouse. Les critiques sé-
vères refusent aujourd'hui à ce peintre
une place au rang des grands modèles,
c'est-à-dire à côté drs Michel-Ange,
des liapbaèl , des Ti'i« n : ils recon-
naissent à la vérité la prodigieuse Uc\i-
(i ^ Il €it peu «l'.itrlif ri «Il l'on nr rnrontr romm*
crrluin II' (••Il tiiiv.nl, qiio Im ix-iiitm ont )>riit-
éltc iiivrni»^ |>.ur «liinm r iinr 't>\éir <!«• rr»r.«jivc
l.iciliti^ avec luqii) II*- I.iic (iiordano niMniiiil !•'
piiirMiu. l'n jour i|ii'il Ktnil oc'cii|ii^ ■ (irinilrr iiit
t.<l>li-uii rr(>rt'-«riitiiii( Ji'iim nt iri diici|ilc*. il lut
<|ir<iiii;<^ fiT »oii |.L're (|IM I'^iiitUiI yi<uT ilîurr.
M Lmciii , «rinit \r pcrr p.ii uiia Irii^lm , «icd l'itil*
M loiil Ar ttiiln , lai<)upr tu mlroidir. — Ji* i»i* à
»< VI. u< , rKpiin<lil l« (ih , )r u'«i pla< « Iduc i^uv !<«
GIO
bililé de son talent , le feu de ses com-
positions , le moelleux de sa touche ,
et surtout l'effet séduisant de son co-
loris; enfin ils avouent que dans pres-
que toutes les parties de son art , le
Giordano est digne d'éloges : mais dans
aucune , suivant eux , il ne s'est élevé
au sublime; et les beautés de sa ma-
nière sont souvent plus brillantes quo
correctes. Tel est, ajoutent-ils, le sort
des artistes qui visent a l'universalité
des genres, et qui ne peignent que de
pratique, c'est-à-dire , d'après les di-
verses manières des autres peintres :
leur talent n'a point de caractère dé-
terminé, point de consistance; et s'ils
ont presque toujours la salisfaclion de
plaire à I » multitude , ils méritent ra-
rement d'avoir à leur tour des imita-
teurs. On peut, toutefois, sans crain-
dre d'être contredit par les artistes ,
considérer le Giordano comme un des
peintres de l'école napolitiine ({ui était
le plus richement pourvu des quali;é»
vives et séduisantes, propres à tenir
lieu .ju-^qu'à un certain ])0iut, ou d'une
élude approfondie de la nature, on
de la supériorité du génie. Quelques
écrivains l'ont appelé le Protée da
la peinture : cette dénomination doit
lui être conservée. Luc Giordano mou-
rut dans sa ville n.itale, en 1704 ou
1 705. Il y jouissait d'une grande con-
sidération , à laquelle ses richesses ,
et le litre de ciievidier qu'il tenait
du roi d'Espagne, ne contribuèrent
pas moins, sans doute, que la célé-
brité de ses productions. On assure
d'ailleurs qu'il faisait un noble usage
de sa fortune; qu'il donnait souvent
ses tableaux aux églises pauvremonl
dotées ; cl que sa conversation , tou-
jours vive et enjouée, le faisait re-
chercher (les personnes les plus con-
sidérables de la cour, où il était fami-
lièrement admis. Ou voit sa sépulture
dans \\''('wic do i^le.-Brigide , dont U
G 10
nv.ut cnlièrcmcul peint la coupole. Ses
principaux ouvrages sont à N.iples,
'1 Madrid , à Kloicncc et à Rome. Oa
coinplail aussi un bon nomljrc de ses
tableaux dans la }:;iderie de DusscU
dord", dans celle du duc d'Orléans ,
et , en dcruier lieu , au musoc du Lou-
vre. F. l>arlolo7.zi et J. Beauvarlet ont
grave, d'après Luc Giordano , le pre-
mier, Sainte Cécile mourante et AV-
riKs caressant l'amour; le second ,
Y Enlèvement d'Europe , celui des
Sabine s , le Jugement de J^dris et
j4cis et Galatee. Enfin, ce maître a
lui-même grave à l'eau-forte ceux de
ses ouvrages qu'il aimait le mieux j et
ces estampes , faites librement , ont
beaucoup de prix aux yeux des ama-
teurs.Douze cartons de liUC Giordano,
représentant les amours de Psiché
et de Cupidon , appartiennent au-
jourd'hui au roi d'Angleterre.
F. P-T.
GIORGI (Marino), doge de Ve-
nise, succéda, le 22 août i5ii , à
Pierre Gradenigo : il n'était point du
nombre des électeurs; et ceux-ci, ne
pouvant s'accorder , reunirent par ha-
sard leurs suffrages en sa faveur, parce
qu'ils le virent passer dans la cour du
Ï>alais 011 ils délibéraient. C'était un
lomme religieux et probe , mais très
avancé en âge; aussi mourut -il au
bout de six mois. Pendant son court
gouvernement , les Vénitiens furent
toujours engagés dans une giierre en
Dalraaiie, où Zara s'était révoltée, et
i dans une autre guerre avec le Saint-
Siège , qui les avait excommtmiés , à
l'occasion de leur entreprise sur Fer-
rare. Il eut pour successeur Pierre
iïoranzo, élu le i S juillet l'Sii.
S. S— I.
GIORGI ( Dominique), prélat ita-
lien , antiquaire et bibliographe , na-
• quit en lOgo à la Costa , près de Ro-
yigo ( et non dans l'île de Rhodes ,
( ; 1 0 4 » ï
comm* l'a dit le journal de Florence).
Après avoir été quelque tcn)ps secré-
taire de révc({uc d'Adria , il hit .qi-
pelé à Rome , où il devint cons( rva-
teur de la magnih(jue bibliothèque du
cardinal Imperiali. Son érudition le
mit bientôt en relation avec les plu-î
savants prélats de celle capitale; et il
fut souvent charge do travaux rela-
tifs à des recherches d'antiquité ecclé-
siastique , par les papes Innocent
XllIelBenoîlXllI. Ce dernier le fai-
sait de temps en temps travailler avec
lui dans i^on cabinet : il lui donna , en
1727, l'abbaye de Saccolongo. A la
mort du cardinal Imperiali en t'yS^,
l'abbé Giorgi rf-tonina dans sa pairie:
mais le pape Clément XII le f't reve-
nir à Rome, où il l'occupa dcdivrrs
travaux; et Benoît XIV, son succes-
seur, le mit au nombre de ses j re-
lais domestiques, cl le fit arr/ger aux
différentes académies qu'il él.iblil dans
celle ville. Il y mourut le 21 juillet
1-^47 7 laissant ses nombreux inaiius-
crils à la célèbre bibliothèque de la
Casanata. Les principaux ouvrages
qu'il a publiés , sont : L De anliquis
italiœ metropoUbus y exercitat o his-
<onc<z,5Rom€, i-; 22, in- 4". H. Trat-
tato sopra gV alriti sacri del soinvio
pontefice dlRoma, ibid., 1724, in-
4°. IIÏ. De origine melropolis eccle-
siœ Bene^'entanœ , ibid. , 1 725 , in-
^".lY. ^ntiquœ inscriptionis expia-
7iatio in qud de locatoribus scenico-
rum disceptaturj Monte Fiascone
[Monte Falisco), 1727, in -8'. de
56pag. : on en trouve i'exlraitdans les
Mém. de Trévoux, 1728, pr:g. 552.
V. De cathedra episcopali Setiœ ci-
vilatis y ibid., 1727, Jn-4"- î réim-
primé en I n5i . Il y traite de l'origine
de l'évêohé deSezza. VI. De liturgid.
romani pontificis in sqîemni cel-e-
Iralione mw5rt/7vm,ibid., 1751-4S—
44? 5 vol. in-foi. VII. De monC"
4i2 GIO
grammate Christi , ibid. , i n38 , ^^-
4 . ; il y rcfule une assertion de Bas-
nage. VIII. Fita Nicolai V Pont,
max.; accedii disquisilio de Nicolai
ergà litteras etlitteralos viros paVo-
cinio; ibid., i']^'2, in-4°. IX. Cata-
logo délia lihraria Capponi , ibid. ,
1747, iii-4'\ Ce catalogue, enrichi
de .savantes noies, ne comprend que
les livres italiens et les manuscrits de
la belle bibliothèque du marquis Al.
Greg. Cappoiii : celte bibliothèque a
e(é réunie à celle du Vatican. X. Eloc^e
historique du cardinal Corradini ^
et quatre antres morceaux insérés dans
la Raccoita du P. Calogerà, dans les-
quels Tailleur explique diverses ins-
criptions ou autres monumcnîs d'anti-
quité. Giorgi ne s'est pas rendu moins
rccommandable en qualité d'éditeur.
On lui doit la piiblicalion des quatre
livres De varietate forlunœ (1), et
de cinquante-sept lettres inédites du
Poggc , qu'd enrichit de notes, d'a-
près un manuscrit de la bibiiuthcqîie
Otfoboni, et que Jean Cliva, de Uo-
vigo, fit imprimer, souslcsauspiccsdu
cardinal A. G. de Hohan , à Paris chez
Coustelier, i "/ï^ , in-4*'. Giorgi ajouta
aussi des notes à ja belle édition des
Annales de Haronius, donnée à Luc-
ca , p.ir le P. Mansi , et en publia W4p-
paratus, Lucca, i^/j». in-fol. Enfin
on lui dort le Martyrologium .adonis,
ope codiciun recognitiiin , hihliotlie-
cje Faticame adnolationibiis illus-
tratum^ ibid., \'j\5, in-fol. de
'j^G pag. On trouve dans le re-
cueil, dé;n cilé, du P. Calogerà, lom.
^1) Lci troii prrmiiri livrai Riaient iii^dils; l«
(]untrirm« , contenant la rrliiliun d<-i v»> ng'-i de
Kicolai Conli , avait éié inipruni' vrri t'ff)'*, loiia
Ir liirii il'//u/i.« recoffuitiu, ten de vnrieiale J<jr~
titnm y rt traduit m iiulicn pnr Hiiiiuiiio i|iii l'tii-
t)!ra daui >.i relation . t'ini. 1, l> .)Ji)(/^i>r l.'onil,
IX, .5i4 )• l.a tr'idiiciion de n.iinii>i<i n «itr fiite
■tir la veriiou ripa;;Molc ilf \l. Rodrigo Ki rua iidet
do Sant'irlLi , |iuhli<-r iivcc li icliiti'iii i\r Vlu co-
l'olo, traduit*- pni- Ir in^ino nutrur , Scvillfl , i5 i8,
In-lol. L«ion l'iiiclo irnibir indiquer d'aiiUwl «îdi-
lioiii dt i5ii , iSiJ «t I63H.
GIO
xLi, la Vie de l'abbé Giorgi , par un
de SCS compatriotes. C. M. P.
GIORGI (Alexandre) naquit à
Venise, le i i septembre 1747 7 d'une
antirnne fannllc qui avait été autrefois
au nombre des p.tiiciennes de celle
république. Api es avoir fait de très
boiines étude-» chez les jésui(es , i! en-
tra , quoique fils unique , dans leur
compagnie, à l'âge de dix-sept ans. 11
profés.sa pendant quelques années les
belles-lettres à Parme, et ïc livra en-
sr.ife avec une grande application à
l'étude de la théologie. Il avait reçu
depuis deux ans la prêtrise, quand la
suppression de l'ordre , qui eut lieu
en 1775, l'obligea de retourner dans
sa patrie : il y donna aux jeunes ec-
clésiastiques des leçons particulières
de théologie. Quelque tt-n-ps après,
il fut appelé à Ferrare p.u- le marquis
Bevilacqua, qui lui confia l'éducdlion
de ses deux m veux : en dirigeant avec
soin leurs études , il continua les sien-
nes. Maître de littérature pendant (e
jour, il était érudit, philosophe et tliéo-
lugien pendant la nuit, qu'il consacrait
presque entière au travail. Il entrete-
nait en même temps jin commerce
épislolaire avec plusieurs savants dont
il cultivait l'amitié. De là était née l'i-
dée de plusieurs ouvrages qu'il avait
achevés eu partie, et même déjà pu-
bliés: tel est entre autres le prospectus
et le plan d'une nouvelle encyclopédie
italienne , entreprise immense pour
laquelle il avait engagé plusieurs des
hommes de lettres et des savants les
plus célèbres de l'Italie à se joindre à
luij mais des incommodités tontrac-
lées de longue main par cet ex(ès de
travail , l'arrêtèrent dans ses projets.
Des crache lucnls de sang réitérés l'a-
verlirent de sa fin prochaine; et ii
mourut à trente-deux ans, le i4 juillet
i77<), universellement regretté , sur-
tout du marquis Bevilacqu i, qui le fit
('. 10
rntoircr linnoi.ibk'iru'ul J.ins la sc-
piill'irc tir sa j)ro|)rc' lamilL\ ïiCS ou-
MM|îes (|ii'\U'\.iii(lic (iior^i avait doii-
iicsau ))iiblic,sont : \. Un polil Traite
sur la m initie (r('iiS(Mj;ncr nuxcnianls
les dciiv hni^uo". italiomie et lalinc,
selon II niciliodc qu'il avait suivie
pou! rcMiicalion de ses jol^le^ élèves:
Del moilo d'inwgnare a janciulll
le due lingw^ italinîin, e lalina ,
Ft'rraiT, 1-^-^5^11-8". II. Prodromo
di'lla niioi^a Enciclojjed'ui ilalianct ,
Sienne , i -ySo, in-4°. Ce programme
contionl non seulement rannonce et
le plan de la nouvelle encyclopédie,
mais des articles sur différentes ma-
tières , rcdigrs par des plumes habi-
les, et donnes pour exemple de ce (pie
devait être l'opvrage entier. Giorgi, qui
s'élait reserve les questions les plus sca-
breuses de la meta physique et de la thco-
logie,y avait insère deux arficlesti es re-
marquables dans leur genre; l'un traite
du péché originel^ l'autre de la li-
berté naturelle^ de la grâce efficace
et de son accord avec la liberté de
la vohmté humaine.Wl. Letleretre
alsignor Proposlo Marco LastriFio-
retitino intorno à cib che a scritto
il signor Martino Sherlock i dello
siato delta poesia italiana , 2 delc
uériosto, 5 del Shakespear, Ferrare,
1779. Ci'Str'»is lettres, imprime'espeu
de temps avant la mort de l'auteur ,
montrent en lui autant de bon goût
littciairc qu'il ivaitde profondeur dans
les matières abstraites, princip \\ objet
de SCS éludes. IV. L'année même de
la mort de Gior2;i, le chevalier Van-
iielli, secrétaire de l'académie de Ro-
veredo, publia sa Vie écrite en latin,
et suivie de la eorre>|ioMdance qu'il
avait entretenue avec lui duis la même
langue; ce précieux petit volume est
intitulé: Clcmentini P^annettii equi-
tis commentarins de vitd ALexandri
Georgu'i accédant nonnullœ utrius-
G 10 4rJ
que epislolœ ^ Sienne, 1779. C( s let-
tres l.itines eontienncntunedisctissiori
amicale (]ui s'cicva entre eu v en i 77O,
sur l'emploi même du latin dans les
écrits nioderues. Ivies prouvent qiic
Giorgi l'écrivait parf litement ; et ce-
pendant c'était lui qui en était venu
peu à j>cu <à adopter les opinions de
d'Alenihcrt et Av quelques autres au-
teurs, et qui soutenait qu'il était im-
possible à des modernes de s'exprimer
correctement en latin : Vannetti pré-
tendait au contraire qu'ils pouvaient,
sinon égaler, du moins imiter heureu-
sement les écrivains les plus élégants
de la latinité. Jamais ou n'a traité celte
question , ni aucune autre du même
genre, avec plus d'esprit, de politesse
et d'am> nité. Il paraît que Giorgi four-
nissait à son adversaire les armes les
plus fortes pour le combattre, et que,
tandis qu'il s'efforçait de prouver par
des raisonnements qu'on ne peut
plus bien écrire en latin, il prouvait
réellement le contraire par son exem-
ple. Un des meilleurs poètes latins de
ce tem{)s , l'abbé R limond Cunich ,
consacra cet élégant quatrain aux deux
illustres amis, que celte Vie et cette
correspondance sufïif aient pour ira-
moi laliser:
Quod vitam eximii scripsti , Vaniielte , Georgi
lUe tuo vivel clams al> iiigenio.
Vives tu claïus simul ,'exirtiiusque ferere
Scriploi- et cximiu» cullor aiuicittn;.
G-E.
GIORGI (Antoine- Augustin) ,
religieux augustin, né en 1711 à
Santo-Mauro, bourg près deRimini,
entra en religion à Bologne, cà l'âge de
seize ans , et s'appliqua avec zèle à l'é-
tude de la théologie qu'il professa en-
suite avec éclat dans plusieurs villes.
Benoît XIV, qui avait connu Giorgi
à Bologne, l'appela à Rome au grand
collège, où il ne tarda pas non plus à
briller; car il était é.;alement habile
dans la Gonuaissauce des langues grec-
4i4 Gio
que, hébraïque, chaldcenne, samari-
taine et syriaque , tontes si iraporlan-
tes pour rinterprctalioQ des livres
sacres. Le pape, qui voyait avec rc-
gref que les théologiens espagnols
eussent si mal jugé l'Histoire du pc~
)agiani«;me du eardiual ^'oris, mise
par eux à Vindex, chargea Giorgi
d«" f-ure Tapologie de cet ouvrage. Il
re'por.fïit si bien à la confiance de Be-
noît XIV, que ce pontife lui Ic'moigua
Sï saîisfacîion , en l'admettant au
rionibrc dfs hommes doctes qu'il re'u-
nis>ail dans son palais pour conférer
sur les affaires de la religion , et le
pl'iç int à la tête de la bibliothèque
Angélique. Les avantages et les agré-
ments dont il jouissait à Rome, expli-
quent le refus q\nl fit d'occuper la
chaire de théologie de Vienne. Etant
moins en évidence sous le successeur
de Benoît XIV, époque où les sec-
tateurs de la doctrine de Saint - Au-
gustin semblèrent perdre de leur cré-
dit, il put achever un travail pour
lequel sa profonde connaissance de
onze langues difTérentes lui donnait
une grande facilité. Il était très impor-
tant pour les religieux envoyés en
mission au Tibet de connaître la lan-
gue , les usages et la religion de ce
pays. Ce que Hyde et d'auti es savants
en avaient écrit était loin de pouvoir
satisfaire à ce que l'on desirait h cet
c^'iid. Giorgi avait voulu remplir
celte lacune; le fruit de ses vrilles lut
l'ouvrage qu'il intitula Alphahatimi
TibcVinum. Les recherches qu'il lui
avait occasionnées le mirent sur la
voie d'éclnrcir plusieurs points d'éru-
dition, «t il publia ses déauiverles.
Lf cardinal Borgia, juste appréciateur
de son mérite, l'aida souvent ilc ses
conseils dans tous les travaux (ju'il
eritrcpreniit. Un démêlé assez vif que
Giurgi cul , vers la fui de sa vie,
avec le I*. Paulin do Saint - l'ar-
GIO
thélemi , qui avait repris avec dureté
ses opinions sur la religion des Bra-
mes , prouva que l'âge ne lui avait rien
fait perdre de son ardeur : elle éclatait
toujours quand il s'agissait de soute-
nir la pureté de la foi; et c'est ce qui
l'avait engagé à prendre part a des
discussions qui s'étaient élevées sur la
dévotion au sacré cœur de Jé>us. Son
immense érudition faisait sans cesse
recourir à lui, et le mettait en corres-
pondance avec les savants de tous les
pays. D'un caractère tranquille et mo-
deste, il eût voulu ne vivre qu'avec ses
livres; mais il fut nommé à divers
emplois, et entre autres à celui de pro-
cureur - général de son ordre , qu'il
remplit pendant vingt-deux ans : il ne
profita de son crédit parmi fces con-
frères que pour rétablir la règle dans
toute sa pureté , faire disparaître des
écoles de théologie tout ce qui restait
de l'ancienne barbarie, et pour re-
mettre en vigueur la bonne littérature.
Il s'occupait encore,pour éclaircir l'his-
toire civile et ecclésiastique de sa pa-
trie , d'un ouvrage sur les inscriptions
grecques de l'église de Bimini. II ne
put y mettre la dernière main, étant
mort le 4 "lai i -^97. On a de lui : I.
Alphabetum. tibetaniim missionunt
aposto lie arum commodo tditum :
piaemissa est disquisitio , qud de
vario liUerarum ac regioni.i nomi-
ne , gdntis origine , moribuSy su-
perslilione ac manicheismo fu^è dis^
seritur , Heausobrii calumniœ in
sanclum Aitgustitntm , aliosque Ec-
cleùiv patres rtfutantur , l\ome ,
17GJ1, 1 vol. in-4"., ligures. Giorgi
|)rofita, pour composer cet ouvrage ,
des matériaux envoyés au collège de
la Propagande par les missionnaires
captuMus du Tibet, et enlreautres par
les pp. Horace de Pinnabilta il Cassicn
de INIacerala. La figure des caractères
avait été donnée par le P. Horace j
(. 10
Antoine Fonlavili les avait f;r-ive^ en
1 738; le cardinal Louis Bcllug.» les (ît
fondre pour \a société de la Propa-
p;ande. Après avoir donne l'alpliib; t ,
Tiior^i s'oecnpe de l'ortlio^iaphe des
ïuots, et de la syntaxe, ei appuie tous
les exemples sur les extraits des ma-
juiscrils til)i'tains deconverts en 1 7'i i ,
près des sources de l'irtiscli, publies
d'après les ordres de l'empereur Pier-
re i, par les soins de F. S. Bayer,
et insères dans les y^cla erudilorum
de Leipzig, et, avec une traduriioii
française de Fourninnt, dans le Mu-
séum siniciim de Bayer. Aide de la
connaissance de plusieurs langues qui
lui semblent présenter entre elles nue
sorte d'afiinité, Giorgi trouve que ces
rnanuscrils ne contenaient que des
fragments de lois; il essaie d'en don-
ner une nouvelle traduction qu'il ac-
compagne d'un commentaire explica-
tif, et se hasarde d'en traduire pour la
première fois la partie inédite. Le tout
est prece'dé d'une histoire littéraire de
la langue tibétaine en Europe, et d'une
planche où sont represcnte's les ins-
truments à écrire, en usage au Tibet.
Giorgi offre aussi au lecteur l'Oraison
dominicale, la Salutation ange'lique,
le Symbole des apôtres et les dix com-
mandements de Dieu en tibétain , et
la traduction en latin de privilèges
accordes aux missionnaires catholi-
ques par le gouvernement du Tibet.
Il avait eu d'abord le dessein de se
borner à faire entrer dans son livre
tout ce que l'on vient de passer en re-
Vue, et qui suffit pour la connais-
t sance de la langue. Une circonstance
lui fit changer son plan : voyant que
les Tdjctaius regardaient leur alpha-
bet comme une chose divine , et les
lettres qui le composent comme une
•émanation de la Divinité, il pensa
qu'il devait commencer par exposer
ie* preuves sur lesquelles reposait ce
C, I 0
4t5
sentiment : c'est à quoi il riuploiu
la première cl la plus considérable
jrirlie de son livre. Il comuicnce par
donner l'ètymologie du mol Tibet; et
les recherches auxquelles il se livre
])our la trouver, lui fournissent l'occa-
sion de faire l'histoire de Xaca, pro-
phète et législateur des Tibétains , dô
présenter la chronologie des rois dii
Tibet et des grands lamas, d'y join-
dre la géographie de ce royaume , et
le journal d'un voyage du Bengale au
Tibet j enfin de traiter de la cosmo-
gonie et du cycle, et d'expliquer la
formule religieuse des Tibétains. Le
tout est terminé par une oraison fer-
vente adressée à Dieu pour leur con-
version. Giorgi avoue, à la lin de sa
préfice, que le grand nombre des la-
mas ou moines tibétains , et le crédit
dont ils jouissent, rendent cette oeuvre
très difficile j mais il ajoute qn'i les
missionnaires chrétiens ne doivent
pourtant pas en désespérer, et que les
erreurs du manichéisme faisant le
fonds de la religion du pays qu'ils
ont à convertir, ils doivent surtout se
livrer à l'étude des œuvres de Saint-
Augustin, où ils puiseront les meil-
leurs arguments pour combattre Ter-
reur. Mais à quoi peut servir le tra-
vail de Giorgi? Son érudition n'est
pas seulement confuse et superflue ;
elle est encore vaine et mensongère.
11 prouve ordinairement toute autre
chose que ce qu'il avance; et le seul
objet qu'il semble avoir eu en vue ;
c'est d'entasser dans chaque page des
textes de toutes langues , coptes , ti-
bétains, grecs, anciens, modernes,
etc., sans choix, sans critique, sans
nécessité. On doit, en le lisant, s'at-
tacher à démêler soigneusement' ce
qui est de lui , pour n'en tenir aucun
compte , et les documents venus du
P. Horace et des autres missionnaires
du Tiber, documents authentiques ^i
4.0 GIO
p»-ccienx , mais que Gioii^l a malheu-
reusement embrouiliés , défigures ,
lourmeiilcs , pour les ramener à sou
système. Son parallèle du manichéis-
me et du lamisme , outre 1 1 puériîiie'
drs étymologies, et la tournure forcée
de ses rapprochements , pèche encore
par le fonds, en ce qu'il donne une
idée tout-à-fait fausse de la doctrine
indo - tibétaine. Quant à l'AlpIiabet,
Giorgi a tire un si mauvais parti des
matériaux qu'il a mis en œuvre, qu'on
ne peut , avec le volumineux traite
qu'il lui consacre , lire correctement
une seule svllabe tibétaine. Pour se
former une idée juste du système or-
thographique de cette langue , il faut
oublier tout ce qu'a dit Giorgi ou son
abrcviateur Amaduzzi , (t .s'en tenir à
ce qu'on en lit d'après le P. Domini-
que de Fano, dans l'ouvrage de Des-
liautcsrayes. Enfin , il est démontre'
pour nous que Giorgi, en écrivant
sur le tibétain , n'en conn.iissail pas
même les lettres; et c'est un fait cu-
rieux pour l'auteur d'un Alphabet de
900 pages (i). Ain>i l'un doit savoir
gic' aux savants qui ont fouille dans ce
chaos pour en tirer ce qui pouvait inté-
resser le plus grand nombre des lec-
teurs. J.N. Eyring publia en allen)and,
dans les tonies v, vi et vil de la Bi-
bliotlièquclii>>toriquc de Gatl( rcr, des
(extraits ronsidèrablcs de K Alphabe-
tiirn Tibctaimin. Fabri en a insère'
de plus amples, inaiN qui n'ont pas
ru de suite, dans son liteueil de géo-
graphie et de voyages, Hille, i'^85 ,
in-8'. , en allemand, avec figures. 11
faudrait peu de rliose pour compléter
ce travail, (pii ••Ci.iil ficilitè par une
table des nïalièrcs , très étendue, pla-
cée ià la {\\\ (\i'\' AlphahcUim Tibela-
( ») CVâl If iu;;»'inriil nur porli- «If rcl oiivrnse
M. Àlitrl Rt'iniitnl, nirmltrR (Ir l'inditiit el ]>ri>-
frttnir rovdl ^\^•^ |.iu;;iir« (liiiioiic cLIiirUirc , iiui
n liicn vi>iil» n»iu iiiilrr (le (ca «vit daat la rv-
•Jatlxiu Je cal «rude.
GIO
mim. L'histoire de le Chine de Dif- •
haldc , les Lettres édifiantes , les voya-
ges de Bogie etdeïurner, le more au
donné sur le Tibet, par Pallas, dans
ses Mélanges sur le Nord, et traduit
parRc'uilly, 1 vol. in-8"., et diverses
notes de M. Lançilès ajoutées à la irad.
des voyages de Thunberg, et à celles
des Rech( rches asiatiques , nous ont
procuré sur le Tibet des notions plus
exactes que celles que Giorgi avait re-
cueillies. II. Frdginentiim Evanç^elii
S. Johannis Grœco-Coplo-Thebaï-
ciim sœciili iv. A dditamentum ex
vt'tustissimis meinhraiiis lectionitm
evangelicarum àu'lme missœ , cod.
Diaconici reliquiiB et liturgie u alla
fragme/ita veieris Thebaidensiiim
ecclesiœ aiite Dioscorum, è Ftliter-
no Musen Borgiano mine prodeunt
ÎTi latinum versa et Jiotis illustrata ,
Rome, 1789, in -4". Giorgi ne se
contente pas d'examiner ce frai^ment
en grammairien; il saisit aussi l'occa-
sion de confirmer, p.»r son antiquité, .
qu'il s'attache à démontrer, le sens de
plusieurs passages mal interp.'étés par
desécrivains hétérodoxes. Il prouve de
plus, par les morceaux qu'il y a joints,
l'ancienneté de plusieurs points de la
docliinc de l'Église. Cet ouvrage don-
na lieu au suivant , imprimé à Paris:
Manuscrits précieux à la doctrine
de V Eglise et à la pratifpte du culte
catholique , nonvellcmcnl publies à
Rome sous ce titre : Fragmenta , etc.
III. De uvraculis sancii CoUuhi et
ridiquiis actoruni sancti Panesni^
martj ruvi fragmenta duo , nlterum
aucuns , allcruni nuiic priniùm edi-
tuin : prvil dissertutio ctninentissi'
mi St. Card.Borgiœ de cidlu S. Colu-
tir; accédant fragmenta varia notis
inscrta ; oinnia ex Museo Borgiano
/ eliterno dcprompta et illustrata ,
luune, 179'), in •4"- Tous ces frag-
ments buul iulércbsauls pour l'clude"
G 10
tic 1a lanf;nc cf;vi>lirnuc. Giorp;i pen-
s.iil qiriiKk'pcndammmt «Ifs dialutos
thcbiiquo d mciiiphiiiciiic , il y vu
avait (II) troisirinc ( le l)a( liniouricjiic ),
qu'il ap|nllc nmmoniquc , coiimi dès
le t- iiijis (rHc'ro(Ii)tr, jiai U* ilans touto
la piiilio occiilcnralc du S 'ïd , cl jus-
que dans la Nuhie, et cultive niênie
après l'invasiun des Arabes. Jl en re-
connaît des tiares dans ce> fra|^inents,
et dans d'anlres que lui dlT il la riche
collection du cardinal Boigia. Cette
disseitatiuu con lient aussi beaucoup
de choses relatives h la chronologie ,
à la geop;rapliie, et à tout re qui tou-
che le sujet principal. W. Christotimi
Amerislœ aihersùs epislolas duas ab
anouj'mo ceusore in riissuriationem
commonitoriam Camilli Blasii de
feslo cordis Jesu vul^atas aniir-
rheticiis ; accf'dit. mantissa contra
epistoliitm tertium nuperrimè cogni-
tum , Rome, i 772 , in- 4'. V. Letttra
di Antropisco Teriomaco a Cristo-
timo in defesa delV aivocato Blasi
contro la lellera Jiorcntina di un
Fillegiante detlo il Teologo caccia-
tore. Elle se trouve d.ius le livre in-
titulé : f ettere italiane a^^iunte alV
Antirretico in difesa délia disser-
tazione commonitoria deW avvocato
Caniillo Blasi sopra Vadorazionc
e la f esta del cuor di Gesù, Rome,
177*2 , in-4". Ces lettres furent écrites
comme on le voit, |>ciir défendre l'a-
vocat Blasi, qui avait combattu la de'-
votion au sacrérœur de Jésus. YI. De
arahicis inierpretationibus vcteris
Testamentiepistola.Owl^tKmveàaws
le Spécimen inediiœ versionis arabi-
ca-samaritnnœ peTitaieuclii è codi-
ce manuscripto bibiiothecœ Barbe-
rincp edidit et animadversioves ad-
jecit A. Chr. Hwiid ha^niensis , Ro-
me , 1780 , iii-b) . \ Jl. De versio-
nibiis srriacis novi Testamenli epis-
tola, dans l'ouvrage de J. G. Adler,
XVII.
G I 0 4 « 7
sur le même sujet, Copenliaj^uo, i 790.
\lll. Dr inscriptionihus paltnjre-
ni s , qun^ in Musco capiloUnn nd^
senantur ititc.rprclandis epislcAa ad
Nie. Fof^iiiniy 1 78.*, in-8". , se trouve
aussi dans le lome iv du Muséum
capitolimnn. Giort^i pense que le pal-
myrcen avait tant d'afllnifc avec l'hé-
bieu , que les mois lépondeiit les uns
aux autres dans les deux langues, et
(ifTient absolumml le même sens ,
rendu par les anciennes (Xpîiealions
latines et grecques qui accompagnent
ces inscriptions. li en prend occasion,
suivant sa couiumc , d'eiilamer une
l(jns,ue dissertation sur la lan::ue hé-
braïque. IX. Plusieurs autres ouvra-
ges, dont on peut voir la liste à la
suite do sa Vie insérée dans le tome
xviii des Fitœ Italorum de Fabroni.
Voyez aussi VElogio del P. Giorgiy
dalV abbate Fontani , Florence ,
i7()8, in- 4". E — s.
GIORGION (George Barbarel-
Li, dit le), peintre, de l'école véni-
tienne, naquit à Castel Franco eni477i
et fut d'abord élève de Jean Bellin*
11 ne taida pas à substituer à une cer-
taine sécheresse qui lui déplaisait dans
son maître, une sorte de liberté et de
hardiesse telle , que, dans ce genre ,
on peut dire qu'il a été inventeur. Il
continua d'agrandir sa manière, et
donna plus d'ampleur aux contours,
plus de vivacité aux figures, et plus
de noblesse aux draperies. Giorgion
travailla beaucoup à fresque, pour les
façades des maisons • mais il ne reste
aujourd'hui que fort peu de ces pein-
tures, |)arce que l'air de Venise les a
gâtées. Ses ouvrages à l'hui'e se ^ont
très bien conservés , à cause de i'< m-
pâtement j)rofonddes couleurs, *tde
la franchise du pinceau. Barbaielli a
été un des meilleurs peintres df por-
traits de son temps. Ou reconnaît ce
maître à ses airs de têle et à la bizar*
37
4i8 G 10
rerie des draperies, des clievclures,
des aunes et des panaches. Les ta-
bleaux du Gioigion sont 1res rares : le
musëc du Luiivre en possédait cinq ;
quelques - uns représentent des con-
certs , parce que Barbarrlli aimait
beaucoup la musique, et s'y e'tait mê-
me livre avant d'étudier la peintu-
re. Le mont-de - pid:e de Venise
a un Clirist mort, de ce maître. Il y
a eucore de belles compositions de
lui , à Venise , dans d<s maisons
de particuliers. On voit à Milan deux
caissons qui lui sont atliibues : les
figures sont de la grandeur dç cel-
les du Poussin. Cette espèce de ta-
bleaux qu'on trouve très diflicilemeut
en Italie, faisait partie, comme on le
sait, des caisses destinées à renfermer
les pre'sents que les nouveaux marie's
ofTr.uent à leur e'pouse. L'école flo-
leniine a fait aussi beaucoup de cais-
sons : If seul qu'on ail vu au Musée,
qui est sous le numéro iia6, est
attribué i\ Rapliaci. Le Giorgion avait
admis dans sou école, et comblé de
bienfaits Pierre Luzzo de Filtre, qui
inontraii d'heureuses dispositions. Ce-
lui-ci lui ctilcva sa maîtresse : Bar-
barrili qui eu était épcrdumeut amou-
reux, m* put se consoler d • cette infi-
déli'é<'t de coite iup;ratitud('; il mourut
de rhagi in en i 5 i i , âgé de Ireute-
quatie ans. Les autres élèves du Gior-
giuu fuient Sf'hasticu del Pioud)0 ,
Laurent Lu/.zi, Jeiu d'Udine et Fran-
çois Torbido , suriumiiué il Moro.
De Piles rapporte que le Giorgiou ne
.se servait, pour ses cainalions , que
de quatre couh iirs capitales , dont le
judicieux nu-l inge lui suflisait pour
établir la (liir'*r<:uee des âges et des
sexes. Un écrivain a bien peint le
Giorgion dans ce peu de mots : « (]c
génir supérieur jeta des reg uds sa-
vants >ui' les objt ts de la nalur»', et
sur l'essence de l'art. Il chcichu à cor-
GTO
riger la dureté de ses prédécesseurs ,
à fondre [)!us harmonieusement les
couleurs, et il eut le don d'une liberté
originale, même en suivant \a nature.»
On a eu torlde dire que le Titien avait
été l'élève du Giorgion ; le Titien l'ut
son rival : il était d'ailleurs né trois
ans avant lui. Dans les catalogues on
attribue souvent au Giorgion une
quantité de tableaux dont le style est
hardi , et qui représentent des scènes
de nuit et des attaques de voleurs,
I*^ous lui avons vu attribuer , par
exemple, une composition qu'on in-
titulait : Un trait de la vie de Gilblas ,
parle Giorgion; tandis que Le Sage,
auteur de GilOlas , est né 166 ans
après la mort du Giorgion. A — d.
GIOSEPPINO. /^or. JostpiN.
GIOTTINO (TuoMAs di Lappo),
peintre italien , connu d'abord sous le
nom de Thomas ^ fils (\' Etienne , na-
quit à Florei^ce en i3i^. La facilité
avec laquelle il imitait la manière
de Giolto, son bisaïeul, lui mérita
le surnom de Giottino , qui lui est
resté. Quoique cet artiste ait fait un
grand nombre d'ouvrages , ou ne cite
plus guère de lui que le grand tableau
où il représenta, sous les formes les
plus grotesques et entouré d'attributs
satiri(pies , Gauthier de Brienne, dit
le duc d'Athènes, que les Florentins
révoltés avaient chassé de leur ville
en I 5 j5, après s'être portés aux plus
cruels ( xcès. Ce tableau , coiumandé
par les chefs de l'insurrection , et des-
tiné par eu\ à eu perpétuer le souve-
nir dans le palais du podestat, eut
nu succès prodigieux. ( F". Hriennb,
V, 5()(i. ) La popul.icc se plut long-
lempsà v eonleuipleravec m\ odieu>:
|)laisir riiuagc du crime (pi'elle avait
commis. Mou content d'avoir fait de la
figure du duc une ctricalure ignoble ,
le Giottino avait ]>eint, à driute et li
gauche, tous les autres personnages
GÎO
q\ic 1rs Florentins vonainnl de sacii-
fliT à leur V('n.;cincc. « L'image, dil
)> F('lil)i«'ii, (!lailaccompau;ne(' (le celles
1) du C'Miseivalenr, de Fisdomini, de
» Malitidasse^ de Banicri, de San-
n GermanianoQiàii plusieurs aulres
» de ses crcalurcs , qui n'elaient pas
)) peints d'une manière moii.s dcsa-
» vantaj^cusc ; car, puur leur douu'.'r
» aussi une coiffure ridicule , mais
)) pourtant dillerentedc celle du duc,
» il leur mit sur la letc une espèce de
» mitre, dont en Italie on marque,
» par opprobre, ceux qui sont con-
î> vaincus de crimes. Outre cela, cha-
)) cun avait les armes de sa maison
» auprès de ^oi; et il y avait de grands
» rouleaux où étaient écrites d''s cho-
ï> ses qui avaient rapport aux figures
» et aux vêlements qu'on leur don-
)) naif. w Ce monument des fureurs
populaires ne fait honneui ni aux sen-
timents de l'artiste, ni à sou ge'nic
pour la composition. Le Giottino dut
sans doute avoir quchpie réj)utation
à une époque où la peinture était en-
core gothique, même en Italie; mais
on ne voit pas qu'il ait eu la moindre
influence sur les progrès dé* cet art.
Il est vrai que , n'.iyani qu'une faible
santé , ce jieintre n'eut pas le temps de
réaliser toutes les espérances qu'on
avait pu concf-voir de son talent. Il
mourut en i 556, âgé de 52 ans. F.P-t
GlOrTO(ou \ngiolotto, dimi-
nutif d'ANGiOLO ou d'ANGELO), di
Bondone ^ du notn de soii père, ou
da respii:,nano , du nom de s*)n pays^
peintre, sculpteur et architecte , na-
quit dans une ferme près de Vespi-
gnano , village situé dans la vallée de
Mugello, ci quinze mdies environ de
Florence. Vasari place sa naissance à
l'an l'i-^G. Baldinucci, généralement
très exact sur les dates , s'est rangé à
cette opinion , en f lisant toutefois re-
marquer qu'elle ç:>t peu yraisciubla-
GIO 419
Me, attendu queCilotto, ayant rxf'cuté
la mos.ii pic (le la Pcchc miraculeuse^
à Hume, en \:>()H, n'aurait eu alors
q te vin-l-d.;i\aus;e| qu'il faudr.iit par
conséquent supposer (ju'il aurait pro-
duit une grande |),irlie dr ses meil-
leurs ouvrages à Florence, à Arczzo,
à Assi.>,e, à Pise et à Rome même,
a ant d'être parvenu à cet àgc , et
pr.sque au sortir de l'cnfimce. On
piutcroue qu'i; a ééfailpai V-sri^
ou tout autre, une erreur de chiffre,
et que Giutto est né en 1260 ou en-
viron j vers le temps de la naissance
du Dante, son contcujporain et soa
ami suivant le même auteur , coeta-
neo ^ ed amico suo graTidissimo,
Mai^ cette opinion n'étant fondée sur
rien de bien positif, nous ne saurions
la piésenler que comme un doute ou
comme une forte présomption. Fils
d'un laboureur , Giotlo fut d'abord
enqdoyé à garder des troupeaux. Ci-
mabué , traversant les campagnes de
Vespignano , le surprit occupé à des-
siner sur une pierre l'image d'un de
ses moutons, l'em m en.j à Fl<Tence, et
eut la gloire d'en faire son élève. La
nature avait doué cet enfant de toutes
les quahtés dont elle forma plus tard
l'apanage de Raphaël et de Le Sueur.
Il devait, si des circonstances heu-
reuses lui p*rraetiaient de saisir le
pmceau, se montrer gracieux, noble,
grand, touch.mt, original. Miis il na-
quit lorsque l'Europe , à demi - bar-
bare, voyait luire à (.eine le premier
rayon de la luuuère qui devait en
changer l'aspect. D< puis dix sièeles ,
les peintres et les sculpteurs, et sur-
tout les (uaîtres latins , meco!. naissant
ce principe simpl--, que pour imiter
avec succès un oojel quelco:;(pie, il
faut pl.icer la chose inêmt; so is ses
yeux, étaient tombés d'erreurs en er-
reurs, jusqu'à crri^oniier des figures
diiTijriucs ^ où l'on retrouvait à peiné
-?•
4^^o GÏO
quelques traits du corps humain. Rap-
pelé p ir son génie à ce principe t'onda-
iïiental,le naît Guido di Siena parvint
à rendre avec quelque vérité' des figu-
res isolées. Digne rival de Michel-Ange,
sM fût entre dans la carrière vers les
temps de Jules II ou de Léon X , le
mâle et rude Ciinabuë éleva son pin-
ceau jusqu'à des images fortes et pa-
thétiques , mais sans grâces et sans
aménité. Vérité du dessin , style, co-
loris, art de la composition, il fallait
tout créer , ou plutôt retrouver tout
dans l'imitation de la nature; tel fui le
mérite de Giotto. C'est par la dignité
et la grâte que son dessin, qioique
incorrect , se fil parliculièremcnl re-
marquer. Les Latins du xii*. siècle,
roides et secs , ne traçaient plus ,
pour ainsi dire, que des lignes djoi-
tes. Les Grecs, à la même époque,
conservaient au contraire une prati-
que ancienne, dont ils avaient étran-
gement abusé , mais qui rappelait
encore l'habileté de leurs ancêtres ;
elle consistait à ceiritrrr largement les
contours, soit des formes humaines,
soit des draperies , pour donner au
style de l'ampleur et de la gravité :
à la maigreur ils préféraient l'en-
flure. L'éicvc de Cimabué reconnut
flii milieu de ces gonflements , le
principe c ichc du grand et du beau ;
et en repoussant l'exagération qui
dé>honorait les Grecs , il associa ,
autant que des connaissances peu
avancées le lui prrmellaient , à la vé-
rité que recherchait son maître , le
calbe élégant dont (amabuéavait senti
Ijien imparfaitement le charme , et
qu'appréciaient mal sans doute ces
Grecs dégénérés, dins les ouvraç;es
desquels il en retrouva le type. Si celle
observation est aussi juste qu'elle pour-
ra p.iraître neuve, c'est ici un des plus
Çrands services que (iiolto ail rendus
à l'art rcn«iis]»ant. Ou assure que
GIO
l'exemple de Nicolas et de Jean de
Pise , qui déjà avaient tenté de s'ap-
proprier le style de quelques bas-re-
liefs antiques apportés dan^ leur patrie,,
ne lui fut point inutile. Guidé par un
tact juste, inspiré pjr un sentiment
vrai et profond, Giollo, comme Ra-
phaël , mit ainsi à profil tout ce que
ses contemporains offrirent de meil-
leur à ses studieuses recherches; et en
peu de temps , il laissa bien loin ,
et Cim.ibué son raaîlre, et tous les
artistes qui jouissaient alors de quel-
que célébrité. La gloire de Cimabué
s'est éclipsée , dit le Dante ; il crut
régner toujours , et Giotto tient au-
jourd'hui le sceptre de l'art.
O vana glorta deir iiin.tne nosse.'
Com' |ioco il verde in sîila cioia dura ,
Se non è giuiita dali'' rtnili crusse!
Crc<lcllf , (liniabup , nellu pintnra ,
Tener lo campo : ed liora ba Giotto il grîJo ,
Si clio la fanin di colui è oscura.
( Il Purgal. , cant. XI , v, 91 -96.)
Les fresi^iies don t Giotto orna le chœur
de la cathédrale de Florence, et le ta-
blcdU du maître -autel de la même
église, furetit ses premiers ouvrages
publics. Bientôt il couvrit entièrement
de peintures les murs de quatre cha-
pelles des Franciscains de Ste.-Croix:
il y représenta différents traits de la
vie de vSt. Jean-lJaplisle et de St. Jean
l'évangéliste, les martyres des apôtres,
rhi.>tuire de la Vierge. Ces fresques,
quoique foit endommagées, subsis-
tent encore. Les murs du réfectoire
furent aussi ornés de sujets histori-
qiies. Vingt six petits tableaux, peints
sur la boiserie de la sacristie , suivi-
rent ces grands ouvrages : treize re-
présentèrent la vie de Jésus-Christ,
et treize celle de St. François. Ces pe-
tits chefs-d'œuvre, bien conservés
jusqu'à présent, .sont une des pro-
ductions les plus propres à honorer
la renaiss.mee de ï\\v\. On ne sait ,
njalgré des incorrections nombreuses,
mais inévitables , ce qu'on y doit le
r. 1 o
plus admirrr , ou l'clcv.tlion des pcii-
M'Vs (i rwiiclli^iMirc de li composi-
tion , ou 1,1 \iv;i(ift' (les altiludfS , l;i
iiol liesse «lu sf\lc, I.) justesse et la di-
guitc de rcxpr(Ssioii. Dans le tableau
de la Cène est !c type de la plupart
des belles compositions qui oiit lelraec
le incine sujet ; dans'a T;Mii>nLi;uiatiou
est \'exemj)laire (pie Ixapli.iël a dû seu-
lement e'purer [)our 1 1 j)aili('supeïieure
de son sublime ouvrij^e. A ees travaux
succedrienl les peintures de l'e-j^lise
dite (ici Carminé y et celles d'un des
palais de la seigneurie de Florence.
Ce l'ut dans ers dernières que l'ai tisle
plaçi le portrait du pape Clément IV,
déjà mort, ceux de 13iunetîo Latini,
du Dante , de Corso Donali , et le sien
propre. Il ne faut pas prendre ici dans
un sens abso'u ce que dit Vasari, que
depuis deux cents ans l'art de peindre
le portrait n'avait point éle mis eu
pratique , non s'era usato : cet art
n'avait pas ëte plus oublie que la peiu-
tineelle-mêuje n'avaitële abandonnée.
Mais Giollo y apporta un esprit et une
vérité que l'on lie connaissait plus de-
puis long-temps; et il en devint par-là
le nouveau créateur. Appelé à Assise
pour continuer les peintures CtHumen-
cées par Ciniabué dans la célèbre égli-
se des Franciscains , il traça sur les
murs de la nef supérieure trente-deux
sujets puisés dans l'histoire du fonda-
teur de l'ordre. Chefs - d'œuvre de
noblesse et de naïveté, ces peintures,
eiicoie existantes, lui firent dès lors
obtenir le titre glorieux pour lui , et
non moins honorable pour Je siècle
qui le lui décerna , de Disciple de
la nature. Sur le pouilonr de l'église
souierraiue furent peiîts plusieurs
sujets de la vie de Jésus-Christ , et no-
tamment une Glorification de Saint-
François. Dans la disposition de cette
scène mystique, se montre parlicu-
iKicnunt le disciple des Grecs mo-
GIO
4-..
dernes , mais bien supérieur à ses
guiiies. On se dissi-nide les imperfec-
tions du dessin, ehaiiné p«r les poses
gracieuses d» s figures, entraîné par
la vivacité de T' xptes'-ion générale.
Revenu à Florence , Giotto peignit ,
pour les Franciscains de Pise , le
tableau que nous possédons au Mu-
sée royal , représentant la vision oti
St. François i(çut hs sfi^'males. La
fermeté et l'expression de la tcte du
Saint, qui est de grandeur naturelle;
les plis larges et faciles de la draperie ,
évidemment dessinée sur la nature;
la véiilé et la transparcnec des ions;
la finesse de la touche ; le choix même
des formes , assez remarquable sur
la poitrine du Sauve.ir, ont également
droit de nous étonner dans ce tableau
précieux. Au-dessous de l'image prin-
cipale, sont peints , dans une espèce
de frise, trois sujets tirés de la vie de
St. François. Les figures de ces com-
])ositions additionnelles n'ont que huit
ou dix pouces de proportion. Giotto
se plaisait à l'exécution de ces petits
ouvrages. Vivacité du coloris, naïveté,
variété des attitudes, justesse de l'ex-
pression , entente déjà judicieuse de la
composition pittoresque ; tous les
genres de mérite permis à cette épo-
que , se trouvent réunis dans ces pe-
tits compartiments. Les Pisans furent
tellement charmés de la beauté de ce
travail, que, pour multiplier les ou-
vrag( s de Giotto dans leur patrie , ils
conçurent le projet d'orner de pein-
tures , sur toute leur surface , les
murs du cimetière que Jean Pisan ve-
nait de terminer. Giotto y représenta,
dans six grandes fresques , les mi-
sères et la patience de Job. De là l'o-
rigine de ces célèbres peintures du
Campo Santo, où les j)lus habiles
maîtres de la Toscane s'exercèrent à
l'envi pendant cent cinquante ans..
Giotlo terminait ces fresques, lors(uic
422 GIO
Je p-ipe Boniface V lï î , qui voulait l'em-
ployer a Horne, en-oya auprès de lui
un de ses genti'shoiuCies pour juger
si son mérite e'^alait ^a icputaiion.
Soit qu» Giot'O alrarhât en efFi l quel-
que importance à !a fernute' d'une
main capible de rracer d'un seul j t,
€l avec une délicatesse toujours égale,
un cercic ^larfai» ; soit plu'ol quf le
rege'ue'rateur df^ l'art se sentît offense'
d'un doute qui semblai' .umonccr peu
de lumières, il peignit .dors, sous les
yeux de Tenvové du p<ipe, cette figure
régulière, qui a donne naissance au pro-
verbe Rond comme V O de Giotto ; et il
insista pour que l'invoye portât ce
Irait .ni wSaint-Père, refusant obstiné-
ment de piésenter tout autre dessin.
Boniface, qui vraisemblablement re-
connut SOI erreur, se hâta d'appeler
l'artiste au|,r('S de iui. Giotto peignit
d'.ibordungrandtiblcauponrli sacris-
tie de r«'g'ise de St. -Pierre. Il couvrit
ensuite d'- fresques une partie du pour-
tour de cette ancienne église, démolie
depuis sous Jules II. Toutes ces fres-
ques ont péri, malgré les soins que
l'on a pris pour les enlever de dessus
les murs, et pour les conserver. La
mosai(pic qu'd exécuta immédi itt-
ïnent après , représentant la Pèche
iniraculeiise de St.- hierre , et cou t» ne
sons la dénomination de 'a lV ai>icella ^
se voit eiicoïc sous le portique de la
nouvelle basilique, mais restaurée par
Marcello Provt nz lie sous Paul V,
redessinée et refaite prestpie en entier
])ai Orazio Mannetti, sous Clément X.
Kllc fut composée en tmjS, suivant
récrit autliei'ti(|ne rappoUé par Ril-
<liinicci, et fui payée, par le c.irdinal
Gaét'uio de Stephaneschis , '^.2oo llo-
riiis. (jctte (l.ate nous donne, <'ii ré-
liogra lant , celle du tableau de notn;
Musée royal, ((ui doit avoir été pi'inl
vers \M)J ou ri<j(». Giollo st- délas-
sait en que'quc sorte des grands tra-
GIO
vaux de l'église de St.-Pierre, en or-
nant de miniatures une Tie de Su-
George ^ dcni le même rarduia' Ste-
pha.'iescus fit présent à U libr^iirie de
cette église. Ce manuscrit sur velui
existe peut - être enci»re dans la bi-
b'iothfqae du Vatian. On doit y
voir ie portrait du donateur et ce'ui
du |)aj>e Cél<'Stin V (Torrigio , Délie
sacre grotte vaticane , part, ii , <Mp.
2 1. Clément V, élu pape en i5o5,
rappela Giotto de sa patrie où il était
retourné , et l'emmena avec lui à
Avignon. Il serait inutile de diaincr
l'énuraération des peintures qu<- ce
maiire exécuta depuis ce moment ,
jusqu'à la fin de sa carrière, à Avignon
et dans d'autres vil'es de la Provence
et du Languedoc ; a Padoue, <à Véro-
ne, à Feriare, à Havenne, à Urbin ,
à Arezzo , a Lucques , à Gaëte ; à
iSaples où le demandait le roi Ro-
bert; à Rimini où il fut appelé jar le
prince Pandollo Maîatesta; à Milan,
dernier terme de ses voyages , et enfin
à Florence , où il accourait chaque
fois qu'il retrouvait sa lib( rté. Il
revint de France dans celte dernière
ville, en i5i() , chargé de b'ens ,
et accompagné d'une immense répu-
tation. Déjà, depuis sou retour, il
avait exécuté |)lusieurs ouvrages à
Padoue et à Vérone; et il se trouvait
à Ferrare , lorsque le D.mle, tour-
menté sans cesse p.«r le chagrin que
lui causait sou exil , appnnant (pie cet
ancien ami était dans son voisinage,
s'empressa de venir l'embrasser , et
le ciMidnisit à Ravenne, où le j)rince
( fuido IN velli) lui avait ilouné un asile.
Giotto V peignit des fresques sur les
murs intérieurs et extérieurs de l'é-
glise <le Saïut-l'r.inçois. C'est dans
cette églisf (pie tui enterré le Dante,
mort le i ,| scpleinbre i5m; (!<• Mirtc
(pie p.ir une eut onslanee assez lemar-
qirtb'c , Giotto ; célébré dans les ou-
r. 10
tripes (le rilliishi" proscrit florcnlm,
goûta la .sHtisraelion d'avoir ( iiihrili
Je lomluau de ce jioète mtllicuieux.
Due seule des priiitnKS (ju'il e\c« uta
alors à S.'.-I'iançois, subsiste enrôle j
clli' se voit sur un des iiiurN OKlciicuis.
Le {}. avril de Tan i334. Giollo fut
iioiunie airliileclc de la vdie (!c Flo-
re u<e, et ehar^c, eu citte qua'ilc, de
diii|;er les travaux de SarWa Mai la dcl
Fioie, et r« iix des roitificitioiis de la
vi!!c. Au niuis de juin de la même
année, lurent jfose's les foiid(Uients
du (^inipanile. Ce niouunicht, le S(ul
que nous ccnuaissions de son arclii-
tccluie, est gothique ou tudesque ,
suivant l'tXjrissiou de Va^a^i ; mais
il présente un caiactètc niale d une
l'e'j^ularilé qui le distinguent du gothi-
que oïdinaire du xiv''. siècle, et qui
annonceul un geui<'iuvcnlifelorigiua'.
LaurciiiGhiberli assure, dansun traité
manuscrit que nous avons cite { P^oj-,
Ghiberti), que les bas-reli- fs dont
cet edilice csteurirhi, et les statues
placées dans l'intérieur, ont etc scu!p-
tc< sur des dessins de Giotto,cl sont
raêrae en paitie l'ouvrage de son ci-
seau. Ce grand artiste mourut à Flo-
rence, le 8 janvier i556. Si , oubliml
la différence des temps, on compa-
rait ses ouvrages a ceux de U iphaéi ,
du Coi rège, de Le Sueur , du Poussin,
ou y remarquerait sans doute des dé-
fauts très graves; de là les critiques,
justis à c]ue'qu(\s égards, et souvent
aussi fort exagérées dont ce maître
a été l'objet. Mais si l'on considère
l'époque où il a vécu , l'état où il a
trouve l'art , la perfection où il l'a
élevé, tout paraîtra prodigieux dans
ses progrès. Appliqué a la recherche
du vr-ii , il a su choisir, suivant la
convenance, des types élég.inis et gra-
cieux, ou mâles et grandioses, ré-
former un original imparf.iit, (uibcllir
la nature j^jr ciic-mciiic. Le premier
G l O 425
])armi les modernes, il a montré réu-
nies d' iix d» s (pialil('s foiidimciita-
les d'i.n beau dessin , la giace d la
granileur. La simplicité qi'i a ajqjor-
téc dans le jet des (ba(i(rie.s, lait le
]i!us grand lioniMiir à son goùf.
Poète dans rinvcnlion , ingénieux
même dans rordonnaiice, il a, pour
ainsi dire, créé de nouveau les règles
de !a composition , lota'tmcnt ou-
bliées avant lui, et il a trace des plans
que les plus grands maîtres d'Jta'ie
n'ont [)as dédaigné d'imiter. Quand
il essaie d'enchaîner des groupes ,
comme dan^ les Misères de Job^ on
admire 1,. fécoiubté de son imagination,
en remaïqiaiit ses fautes contre la
perspective. Tantôt des poses naïves,
tantôt des attitudes vives et hirdies,
animent ses t^-bl aux. L'art d'<X['ri-
m< r les affe( lions de l'ame est en lui
un don nalind. Son coloris a quel-
quefois une vivacité , une transpa-
rence, et SI tt)uchc même une finesse,
qui suip.'issent toute attente. Souvent
aussi ses contours sont lourds, et ses
raccourcis paraissent tronqués ; il ca-
che sous de longues draperies des
pieds qu'il dessinerait mal. Mais l'art
du dessin ne pouvait [»as atteindre
tout à coup à la ()iéci^ion que nous
exigeons aujourd'hui: l'expérience a
prouvé que ce triomph" du talent et
du savoir exigeait les (ffjrts de deux:
siècles. Peu de maîtres ont exécuté
autint de travaux que Giollo , et ont
autant joui de leur réputation , et des
fiveurs de la fortune. Il ne pouvait
suffire aux grands ouvrages que les
princes et les républiques d'Italie ne
cessaif nt de lui demander. S'il a eu le
mérite d'accélérer les progrès de l'art,
son siècle a la gloire de l'avoir digne-
ment apprécié lui-même. La républi-
que de Floicnee, en l'admettant au
nombre de ses citovens, lui accorda
une pension annuelle de cent florins
4i4 G 10
li'or. Lorsqu'il fut nomme archilecle
de la titc, le décrd rentirnu ces rx-
pressious fiait» iiso : Càm in uiiwerso
orbe non reperiri d'ic<tur quem—
tjuani qui sujficientior sit in kis et
aliis mnltis i "jtibus ) , magistro
Giotto Bcndon s , de Florentid pic-
tori , et accipienJus sit in patrid
sua, velut marnas magister, etc. Il
fut enterre' dans l'ëi:;li5e de Sinta
Maria del Fiore , dont , pcudaiU deux
ans, il avait dirip;e' la construction.
Laurent de Me'dicis, dit le M.igni-
fique, lui eïij;ea uu tombeau où lut
place son bu^te en marbre , avec une
inscription composée par Ange Poli-
titn , commençant pjr ce vers :
nie e^o sum per quem pictura evtiarta revivit.
Les plus célèbres écrivains italiens de
hon temps, et du siècle suivant, l'ont
lionoré de leurs éloges. Pétrarque,
dans son testament, n'ayant rien, dit-
il , de pUis digue à pré>cnler au sei-
gneur deCaicaria, son ami, lui lés^ue
nue Vierge- de la main deGiotfo :0/?e-
ris JoUi , picloris e^regii... cujuspid-
chriuidinem ignorantes non intelii-
gunt , magistri uutem artis stupent
( tom. m, op., in fin.) L'influence
de Giotto sur l'art fut immense. On a
dit que de son école , comme du che-
val de Troie, sortit une année de hé-
ros. Il compta parmi ses élèves Piclro
Cavaliini , Pucrio Capanna, Pu'Iro
Laurati , Simon Memmi , Taddeo
(jaddi ,Ottaviano et Pue da Faeiizi,
(fu^liclmo d.i Forli , Frauresco di
Macster (jiolto, Stefano Fiorentino,
(jiusto Padovauo, etc. Atl.ichés à sa
manière, tous ses élèves accrurent sa
réputation. La j)luparl bornèreul leur
gloiie à rifuili r avec f icilité. Plusieurs
d'entre eux ouvrirent îles écoles où son
•style lut iraiisiiiis avec une sorle de
religion a d'autres élèves. Les pein-
tres dits CiolU'Schi remplissent prts-
GIO
qu'à eux seuls l'histoire pittoresque du
xiV. siècle. Parmi tant d'artistes, un
seul a para avoir surpassé le chef de
l'école; c'est Stefano Fiorentino , sou
petit-fils. Ce respect excessif des élè-
ves pour le maître, arrêta quelques
moments les progrès du goût. L'art
attendit un nouvc.iu régénérateur jus-
qu'à la naissance du Masaccio. Pietru
Cavaliini nnquit en \.^-5() {f^or. Ca-
vallum); il bit plutôt l'aide que le
disciple de Giotto. Son âge peut ce-
pendant servir à prouver que ce der-
mer naquit avant 1276. Giotto eut
quatre fils et quatre filles : un seul de
ses fils est cité comme peintre; c'est
Frincesco, surnommé di Maester
Giotto. Il eut de sa fille Calherine,
mariée à un peintie nommé Ricco di
Lapo, deux petits-fils, tous deux
peintres, B.irlolo et Stefano; c'est ce
Slefano , surnommé Fiorentino , qui ,
au jugement de Lar.zi , surpassa sou
aïeui. On voit des ouvrages de ce maî-
tre au Campo-Sanio de Pi>e- Ce Stefa-
no eut pour fil>Tommaso di Stefano ,
surnomme Giotùno ^ en qui,di>aii-on,
avait passé le génie de son* bisaïeul.
Giotto a été cité souvent , pour
ses bons mots, et la vivacité de ses
réparties. Il ctail fi»rt laid; ce que Pé-
ti arque remarquait avec r«'giel, en
considérant la beauté de son esprit
( F.pist. ad fumil. , lib. v , ep. 1 7 ).
Un de ses mois les plus heureux, dit
à l'occasion de sa laiiieur, à un .sei-
gneur aussi laid que lui, a fourni à
Jioccacele sujet d'une de ses Mouvellcs.
Les ouvrages de ce maître , ne long-
temps av.uil l'invention «le l'art d'im-
primer des estampes, ont été gravés
r.ireuient jusque vers la fin du der-
nier .siècle. I^oiis pouvons i iler main-
tenant : L La Pêche miracidettsc ,
par N. Héatri/cl (ir)5(), grand in—
fol.), telle (pi'elie existait avant les
cliangemcuts faits sous C)émcnt X.
(.10
ÎI. Irt T'itTÇ^e mise au tomheau ,
■p.ir Clarlo L.i.siiiic», d.n s ï'Etruria
J'ittricc, (le Lasiri. III. Quinze sujets
jiiiblies par ]M. Sctoux D.iginrouit ,
dans la i :j" . livr.iisoii de son Histoire
de r art. IV. La P&chc iniracuLwie
iwec les changements de Mannclti ,
et un Couronnement de la f'icrge ,
d'après un dessin , dans l'ouvrage
public par G. IM. Metz, à Londres,
1798, gr. in -fol., sous le titre de
Imitations of ancient and moderne
drawings. \ . Q latoizr pièces, parmi
lesquelles on rem irqiie le portr.iit de
Giollo, peint par lui- même; une
Annonciation ; Jésus parnùLes doc-
teurs ; la Transfiguration ; une. As-
somptiou de la Fierge^ etc. , dans la
collection publiéeàTubingen,en 1810,
par M. F. et J. Hiepenhausetj , sous
le litre allemand de Histoire de la
peinture et de ses progrès en Italie.
VI. J^cs Misères de Job , dans les
gravures du CampoSanIo, publiées
a Fiorcuce par Molini et Landi. VII.
Huit tableaux gravés par M. Pi-
loli, dans son ouvrage encore inédit
sur les peintres des xiu*^., xiv^. et
xv*^. siècles , savoir : i". Za Transfi-
guration et la Cène de la sacristie
de Sainte - Croix _, sur une même
feuille. *2". S. François guérissant un
habitant de Lérida. 3". S. François
rendant la vie à un personnage cou-
ronné. 4"« Jéaif-Chri'^t unissant S.
François à la Pauvreté. 5". S. Fran-
çois prêchant devant ses disciples.
G". La f ision d'Innocent fll^ à qui
S. François apparaît en songe, "j".
La Glorification de S. François :
tous sujets tiiés de l'église d'Assise.
Ces diverses gravures, et notamment
relies de jM. Piioli , où les fiçiures ont
de six à huit pouces de hauteur , et
«ont rendues avec esprit et avec fidé-
lité, contribueront à lairc connaî.rc et
appîcck'r Giollo. E — c. D^d.
G 10 425
GIOVANK (Jui.iANE, duchesse),
née Itaioi'.ne de Miidersbadi, damo
de Tordre de la Croix- éloiiée, mem-
bre honoraire îles académies de Stock-
holm cl de lierlin, nacjuit àWiJrtz-
bourg, et se distingua de bonne heure
par son amour pour les sciences. Elle
fil différents voyages, séjourna pen-
dant quelque temps àJNaples, et se
fixa ensuite à Vienne, oit , en 1795
l'empereur François II lui confia, sous
le titre de premicregouvernante, l'édu-
cation de la princesse Marie- Louise,
aujdur'riuii archiduchesse de Parme.
Elîe est morte en août i8o5, àOfen,
où elle s'était retirée. La duchesse
Giovane a publié, en difTérentes lan-
gues, plusieurs écrits qui lui assignent
à ju>te titre une place distinguée parmi
les femmes auteurs : I. Les quatre
Ages du monde d'après Ovide , efi
quiitre Idjlles [en aWeiDand) ^ \ ienne,
1 784 , in - 8'. II. Dissi^rtation sur la
question : Quels moyens solides y
a-til pour pouvoir conduire les
hommes au bien sans employer la
force ? (en allemand ) , Wiirtzbourg ,
1785, in -8". 11 1. Luttera di una
Dama siil codice délie legiii di
S. Z/ewc/o, Napics, i 790 , in 8°. (i)
IV. Lettres sur ^éducation des prin-
cesses, Vienne, 179», in -8".; ou-
vrage très estimé , dont on a pu-
blié plusieurs éditions. Joseph de
Keîzer a réuni tous ces écrits de la
duchesse Giovane dans un volume
in -8<^., Vienne, 1705, en y ajoutant
une Idylle qu'elle avait composée sur
Vabuliiion du servage en Bohème
(fu allemand), V. Idées sur la ma-
nière de rendre les voyages des
jeunes gens utiles à leur propre cul-
( i) Voyez, sur rét,ibllsseinent «le S. Leucio ,
VOri^iiie de la po/>iiiulion fie S. Leucio et set
progrèf ju'qu'à préfcnl , avec tes lois puur sa
bonne police fia r Ferdinand IJ^^ roi des Deux-
Siciles , traduit (le rit.iiicii eu français, par Wih-
bé Louis-Autoinc (^lemaroii , iu-S". , tans dale ui
lieu d'iru|irestioa.
4^6 G 10
îure et au "bonheur de la société ,
accompagnées de Tublecux, et pré-
£édees d'un Précis hisloiique sur
Vusa^e des voj âges, \u nnc, i 796,
in b . W . Plan pour faire servir les
voj âges à la culture des jt unes gens
qui se vouent au service de l Etal
dan lu carrière polilirpie , accom-
pai^né d'un Irecis historique de
Vusage des voyages , et d'une Table
pour Jaciiiler les (observations sta-
tistique^ et politiques ; le tout suivi
de V esquisse n^un poi te feuille à
Vus ge des voltigeurs , el de celle
d'une curie sUitist que , avec le por-
trait de l'auteur j Vici.ne, i 797, in-
4°. ('C cUniirr oijvi<'ip;e, doiu nous
copions exaclcuicnt le lilic, ainsi
que ceux des prcVcdcnts , d';ipics
Mi'usel , n*c.st pciil étir qu'ni e noii-
veilr éilition du jrcrcdi'nl. \\ — h — d.
GiOVA^ET'J I ( luANCEc:.), .sa-
vant jui S( oumjIic (in xvi . ^^iccle, na-
quit à lîolc^ne, dû i! lui e'!èvc du cé-
lèbre André Alf'i.it , fut reçu dortcur
in uln que ji.re en i54o, et ensei-
gna le di oil c.nion dans sa patrie ju —
qu'en 1 ')47' ^'^ répiiîalion de srn sa-
voir le fil redicrdicr; et le caidinal
èvcquc de Trente voulut l'allnir dans
celte ville. Giovanetli, retenu pa? l'es-
time de ses con<iltytns, geneK use-
rue ni récompense' par le sénat, re-
fusa ces propo^^ilions; inai.s il ne put
résister de même aux insianees du duc
de Bavière et aux promesses que ce
piiuce lut l.iisail ; A se nn.ljt en i547
à Ingolsladt, y lui c<;nd)!é d hon-
neur» <l de disliiielions , <t y eon-
traela un m iriage avanta^«iix. Djiis
un voyage (ju'd eut occision de l'.iire à
Vieure, r» rdiiiand I ^l'iionora aussi
du titre de >ou conseiller, et lui per-
mit , ainsi qu'à ses descendants , de
mettre un ai-le dins leurs armes.
IxJppelc dans sa patrie par les iiis-
lautis el lucuie par les menaces du
GIO
sénat de Bolof;ne, Giovanetti revint,
en i5(i4'> t)ccuj'er de nouveau la
chaire quM avait quittée depuis dix-
sept ans. Fantuzzi, dans son Histoire
des écrivains de Bologne, lui a consa-
cré un article, tome iv, pag. i65, et
nous a transmis le distturs noble et
touchant qu'il adressa à ses élèves
d'in^olstadl avant de se sépartr d'eux.
Ce sav.ini professeur continua d'occu-
per avec eelat la • haire de droit cano-
nique, el de s'acquitter <tvec zèle des
diverses charj;es d des emplois hono-
rables auxqu( Is il fut appelé par la
coi.fiwice de ses coi-ciloyens, jusqu'à
sa moi t arrivée et! 1 5(i<). Fantuzzi , qui
nous a conservé >on épitaphc, donne
aussi la liste des ouvrages que Giova-
n('ti a laissés sur la juris| rudence ,
tous peu consultés r.ujourd'hui : mais
ce qu'il a écrit sur l'hi.-loire peut ofVrir
plus d'inlérêl. La bib'iolhèque du roi
de Fr.iuce poss' de une Vie manuscrite
d< Pie V, di^nt Giovanetli est l'au-
teur. On '^onseiv*' aussi dans le Vati-
can p'u^ieurs Idires d' ce professeur
rdalives aux Vies des papes qu'il
avait entreprises. Lagomarsiui les a
publiées à la 'uile de celles de Guilio
Pog^'jani , dont il a donné le lecueii
en 1758. ^ous observer! ns à celle
occasion qu'il y a une faute considé-
rable (l'impression qu'on doit corri-
ger dans l'ouvrage de Fantuzzi,
lonii- IV, p;ige i()S, el (pi'il y faut
Urc .Juin PosL'iani Sunensis^ et non
Seneiisis. Cet auli iir élail de Suna ,
près du lac majeur , dans le Nova-
rèse. A. L. M.
(.|()\ AiSNi ( wSiii\), Florentin, cé-l
lèbre eonttur ilalii n, vivait vers la fin;
du xiv . siècle. On n'.» aucun détail
sur sa vie. Tout ce qu'on sait, e'es
qu'il composa les Mouvelles qui [)ori
tent son nom , en 1^78, au élu'
teau de Dovadola , situe dans wiU
vallée de la Komagne, à neuf milles d<
G 10
Foili. Lr litre tic Ser on Scrc, qui
j)itV((1(' son nom , i\ fiil cot)joctnrcr
qu'il l'i.ut notaire ; cl M. Gingmnc pa-
r.iîl ilii|)()>e à atlo(it(.'i cette opinion.
Les ciiliques italiens placent Gio-
vanni loi l peu .ui-dessous lie Boccax,
quant à la pureté du laniiago, aux
;ii;roinents du style cl aux termes
propres de la lan<;uc dans laquelle il fait
;iult)ri!e; mais il lui est très inférieur
sous le.-, autres i apports. Giovanni
suppose qu'un jeune norcntiii, vive-
ment epri.s d'une religieuse de Forli,
au récit de sa beaulc, se fait moine
dans l'espciance de devenir un jour
chapelain du eouvent où est renferme
rolijet de sa passion. Tout re'ussit au
gré de ses désirs; et les deux amants,
s'étanl rencontrés au parloir , se pro-
mciu ni d'y revenir tous les jours, et
s'imposejil l'ohligation de se racon-
ter l'un à l'autre des Nouvelles. Ce
cadre , dil M. Gingueiié, est froid et
mesquin, et n'a rien de l'intérêt, de
la grâce et de la variété de celui de
Boccace. Le lecueil de Giovanni est
intitulé : // Pccorone (i) nel quale si
cojitengono cinqiianla novtlle , Mi-
lau, i558, in 8 .; cette édition, ci-
tée par la Crusca , et qu'on doit à
Louis Domenichi , est extrêmement
rare : les exemplaires avec h date de
i559, ne différent des premiers que
par le changement de frontispice; Ve-
nise, i565,in-8"., édit.peucommune,
mai> moins belle et moins bien exé-
cutée que l'édition précédente; Tre-
vise, 1601 , in-8 ., mutilée et incor-
recie; Milan, sou^ la fausse date de
i5j4 , ii»-8°.; cette édition, publiée
à Lucqu(s , en 17*^7 , par l'abbé
Bracci, n'est qu'une réimpression de
celle de Venise, i5()5, et encore dé-
figurée par les fautes tvpographiques
(rN Pecorore est un nugincnlalif «le pécore,,
Wit fjiii a la nicinc si^nJ(îi:alion en Italleii fiirci»
G ï 0 427
dont elle fourmille ; Londres ( Livour-
ne), 1793, 'z vol. in-8 ., édition
belle et correcte, enrichit d'une prc«
f.ice de Gaétano Pt)Ugiali, etdes notes
d'AnU)ine-Marie Salvini : il en a été
tiré d»'ux seuls exemplaires sur papier
bleu. M. Antoine - Marie l^oiromco
possède, dans son cabinet à Padoue ,
troi^ Nouvelles médites de (iiovanni.
I>es deux premières sont rapportées à-
peu-piès avec les mêmes termes dans
les Chroniche de Je^m Vd'ani; ( lia li-
cence avec laquelle est écrite la troi-
sième, n'a permis à M. Borromeo d'en
insérer que le début dans sa Notizia
deNovellieri.itaJiani. Giovanni passe
cependant pour le moins licencieux
des conteurs de son temps ; mais il ne
parle pas avec moins de liberté que
ses confrères, des moines , des piètres
et de la cour de Rome. Negri {Istor.
degli scrittorifiorent.) dit que son re-
cueil a été prohibé, et mis à l'Index;
mais M. Gingucné assure le contraire.
Cet habile eriîicjue a donné dans son
Histoire litiéraire d'Italie {tome 11 r,
chapitre 1 n ) une analvse intéressante
de plusieuis Nouvelles de Giovanni ,
avec un jugement sur cet écrivain , qui
nous a été très utile pour la rédaction
de cet article. W — s.
GIOVANNI DAFIESOLEvFra),
peintre toscan , nommé aulremcnt il
beato Angelico , naquit en 1587. ^'^
style de ses p< intures semble indiquer
qu'd fut éiève de Gheraido Starnina;
mais il se perfectionna en étudiant les
ouvrages de Masaccio, son contempo-
rain. Angelico entra de bonne heure
dans le couvent de Siint-Domiuique
de Fiesole, et prit l'habit de cet ordre
à l'âge de vingt ans. Il peignit d'a-
bord de ces miniatures dont on sur-
chargeait alors les manuscrits et
le> livTes d'église , et devint fort ha-
bile dans ce genre ; mais bientôt il
rginndil sa manière, et exécuta plu-
4^8
GïO
sieurs ouvrages à fresque pour son
couvent. Cosme de Médicis faisait
grand cas de ce religieux, tant pour
ïa pureté de ses mœurs que pour ses
talents : il lui demanda des tableaux
pour les églises de Saint-Marc cl de la
Nunziata. On en fut si content, que le
pape Nicolas V Tappcla à Borne pour lui
faire exécuter, dans sa chapelle particu-
lière du Vatican, les principaux traits
de la vie de S. r.aurcnt. Ângtlico était
d'une simplicité dt- mœurs et d'une
naïveté exrêmes ; strict ob ervaleur
des rè;^les de son couvent, il jeûnait
av(C une telle rigueur, que le pdpe ,
touché de l'état où le réduisaient son
zèle pour la religion , et sa trop grande
applic.uion au travail , lui ordonna de
manger de la viande : « Je n'en ai pas
la permission du prieur, » repondit
le bon leligieux, sans penser à l'au-
torité du souverain pontife. Le pape
voulut le nommer archevêque de Flo-
r((icc;il refusa, par le motif que
cette dignité convenait bien mieux au
père Antoine Pierozzi , religieux de
son couvent, qui, en elfet, fut élu au
siège de Florence, et par la suite, en
i523, canonisé sous le nom de Saint
Antonin, Angelico répétait souvent
qu'il ét.iit plus aisé d'obéir que de com-
mander aux hommes ; aussi était-il
le plus soumis des religieux: il ne se
chargeait de travailler pour d'autres
couvents et des particuliers, qu'après
en avoir donij.ndé la permission à ses
supérieurs , auxquels il abandonnait
le prix de son travail. 11 disait à ceux
qui l'en blâmaient : u I-a véritable ri-
chesse consiste à se contenter de peu.»
Il était humain , modestr ; on ne le vit
jamais se mettre en colère. KuCiu la
sainteté de sa vie lui valut le surn(un
de ^^fl(o (bu'ulieureux ), (pi'il a con-
servé. Il mourut a Komc en i/|S5 , et
fut enterré dans l'egli.se de la Mi-
nerve^ où l'on voit âUii louibiau^ orné
GTO
de son portrait. Il existe à fa galeris
de Florence plusieurs tableaux de
chevalet de ce maître, dont les cou-
leurs ont encore tout leur éclat. Celui
qui représente la naissance de Saint
Jean- Baptiste , est d'un style très
agréable ; et en générai ses ouvrages,
qui représentent toujours des sujets
pieux, se distinguent par une grât*e
naïve qu'on trouve rarement chez les
artistes de ce temps. Lanzi appelle
Angelico le Guide de son siècle , tant
pour la beauté surnaturelle de ses têtes
d'anges et de saints que pour la sua,-
viié de sa couleur, qui, bien qu'à la
détrempe , est fondue è\tc un art in-
fini , quoiqu'il peignît toujours au pre-
mier coup. Benozzo Gozzoli et Za-
nobi Strozzi furent ses élèves. C — an.
GIOVANNINI (Jacques Marie),
graveur italien , né à Bologne eu
1667, apprit la pemture sous la di-
rection de Joseph Proli ; mais ayant
beaucoup de dispositions pour la gra-
vure , il s'y appliqua exclusivement,
et devint bientôt un des plus habiles
dans cet art. En iCJQi, il publia, en
vingt feuilles, le fameux cloître de Sl.-
Mithel-in-Bosco de Bologne, peint à
frisque par Carrache et ses élèves, et
représentant la vie de Saint Benoit.
Il gi'ava aussi, en douze feuilles, la
Coupole , la Tribune de Saint- Jean
de Parme y et le Saint Jérôme du
même auteur, qu'il dédia , en 1700,
au prince Ferdinand de Toscane. Le
duc (le Parme l'appela à sa cour pour
graver les médailles in)périalcs (pii
existaient dans son musée au nombrt
deseptmilie.Giovanninien avait gravt
deux mille , publiées depuis i(><>i-
ju,s(|u'en 17 I 7 , avec de savantes noies
du père Péilrusi , jésuite , lorsqu'il
mourut eu avril de celle même an-
née. Les ouvrages de cet artiste stuit
encore estimés en Italie , pour l'exaeti-
ludc cl la dclicalcssc du travail. Gio-
G 10
▼annini avnit «me ndrrsso tonfc pir-
tlnilirre pour rtst,nir<'r les peintures
(lc'j;r;ulcc.s, rpi'il savaii ivndic à leur
prcinirrel.il ; cl l'on doil à son taloul,
fil ce i;(MU(', la conservation ilc plu-
sieurs laMcaux des p!iis grands maî-
tre >. B — s.
r.lOViNAZZO (ViTo), rit-jesuite
italien , mort a Rome en i So5 , clait
célèbre par sa vaste et profonde con-
nais^^ancc des auteurs latins, par son
c'ionnanle erudiiion , rclcp;anec de sa
manière d'écrire, elsa grande habileté
dans le stvie lapidaire. Il réunissait à
CCS qualités une très grande pureté de
mœurs, et une ame'nite de caractère
qui le rendit clier à tous ceux qui le
connurent. Ou lui doit la découverte
d'un fragment de Tricite, dont il a
donné une savante interprétation.
G N.
GIOVIO (Benedetto), frère
aîné du célèbre historien Paolo , his-
torien et poète lui-même, naquit à
Como en Lombirdie l'an 1471 ' sa
famille , déjà anciennement illustrée
par la noblesse , acquit alors une il-
lustration littéraire que plusieurs au-
tres hommes distingués dans les let-
tres lui ont conserve'e depuis. Sa vie
fut égale et paisible; ses études et
ses travaux la remplirent. Il fut
l'instituteur de son frère , plus jeune
que lui d'un assez grand nombre
d'années; Paul lui a témoigné sa re-
connaissance , en plaçant son éloge
parmi ceux qu'il a faits des hommes
illustres. Benoît ne quitta sa ville na-
tale que pour aller à Milan suivre
pendant quelque temps les leçons de
Démétrius Chalcondyle, et se perfec-
tionner dans la lanj^ue grecque qu'il
avait apprise dès sa jeunesse. Il pos-
sédait aussi plusieuis langues orien-
1 taies: il mérita enfin par l'étendue et
la multiplicité de ses connaissances
^uc le savant Alciat l'appelât le Varroii
G I 0 4?o
dolaLombardie. Il vécut sain de corps
et d'esprit jusqu'à 'jTy ans, et mourut
à cet âge en i544' ^"^ considération
dont il jouissait était si grande qu'.ij)rès
sa mort de jeunes nt;b es porter eut
son corps sur leurs épaules jus(ju'à
la cathédrale de Como, où il fut in-
humé; sorte d'honneur qu'on n'avait
rendu jirsqu'a'ors qu'à des eeclésias-
tiques. Le seid de ses grands ouvrages
qui ait été publié, est son Histoire de
la ville de Como, à laquelle est jointe
une élégante description du lac qui
en tire son nom. Celte histoire, pleine
de recherches savantes sur les mo-
nument'. comme sur les faits , et qui
remonte jusqu'aux plus anciens temps,
était restée inédite, et ne fut publiée
qu'en 1 629 à Venise , chez Pinelli , in-
4°.; elle a été réimprimée en 1722
dans le tome iv du Thésaurus rerum
Italie. Giovio écrivit un autre ouvrage
historique sur les faits militaires et les
mœurs des Suisses ; il traduisit du
grec les Lettres d'Apollonius , un Ser-
mon de S. Jean Chrysostôme , le on-
zième livre de l'Odyssée, le Poème
de M'isée sur Héro et Léandre ; il
laissa un Recueil de cent lettres sur
différents sujets, une Dissertation sur
la patrie de Pline l'ancien, la Des-
cription des fêtes qui furent données
à l'empereur Charles-Quint à son en-
trée dans Como, une Collection de
toutes les inscriptions lapidaires qui
se trouvent aux environs de cette
ville, et enfin un grand nombre de
Poésies latines: mais tous ces ouvrages
sont restes manuscrits dans sa fa-
mille; il n'y a eu d'imprimé qu'un
Poème latin de peu d'étendue, inti-
tulé : De Feneiis Gnllicum trO'
pœum, qui parut à l'époque de celte
victoire, sans date et sans nom de
lieu. On pourrait surtout désirer la
publication de ses Lettres, d'après ce
qu'cii dit Argelati^ qui en a parlé plu-
45o GIO
sieurs fois dans sa Bibliolh. scrip-
tor. Mediolan, ; elles prouvent que
leur auteur était verse dans toutes
les connaissances qu'un pouvait ac-
que'rir de son temps. Benoît laissa
plusieurs fils, entre autres Alexan-
dre et Jules, qui cultivèrent aussi
les lettres , et dont la famille des
Giovio possède queiqius ouvrages
manuscrits. Ils eurent à leur tour des
enf;<iits plus célèbres qu'eux; et quoi-
qu'ils n'aient rien publié, ils servent
à remplir sans lacune ce qu'on pour-
rait appt !er la généalogie littéraire de
leur maison. G — e.
GIOVIO (Paolo), que nous nom-
mons P ul JovE, frère puîné du pré-
cédent, et l'un des auteurs italiens du
xvi* . siècle qui acquit le plus de cé-
lébrité dans rliisfoire, naquit à Conio,
le 19 avril i485. Privé de son père
dès son bas -âge, il fut confié aux
soins de son frère , qui avait douze
ans plus que lui, et qui prit plaisir
à l'instruirr. Benoît nous a[)prend,
à la fin du livre 11 de son Histoire de
Como, que Paul était encor • à la fleur
de son âge lorsqu'il se rendit à Ixonie;
qu'il commrnça dè>-lors d'y écrire son
histoire ; qu'i: en avait écrit un volume
lorsque Ir pape Léon X b- fil -ppeler,
eu lut plusieurs passages devant les
cardinaux et les ambassadeurs qui
étaient aiq)rès de lui , et dit tout baut
qu'après Tite ■ Live il ne connaissait
point de pus élégant el de plus élo-
quent éci ivain. Il n'y a aiuMun- r lison
de douler d^ ic fait ; mais il n'e>t du
moins p is ex.<el de dir" qtu« P.ud était
à lajlcnr de son d^c. Tir.ibos'bi,
qu'on m trontpe ])as aisément sur les
dates , suppute les anné« s où i\nd
avait siiivi à Padoue les bçons du pbi-
losoplie Punqxni ice , où li s'ét lir tnuivé
a Pavie (piand Louis XI Py bonora de
sa j»rcs( lire le célèbre professeur en
droit Jasoii del MaiaO;UÙ il avait élu-
GIO
die à Milan sous le savant L. C. Ri-
chicri ( Cœlius Rhodiginus)^ qui n'y
fut appelé qu'en i5i6: il conclut que
ce fui au moins postérieurement à cette
année qu'il alla pour la première fois
à Home; et il avait alors trente-trois
ans. Quoi qu'd en soit, il avait com-
mencé, pour complaire à son frère et
à sa famille, par se faire re^'cvoir, à
Pavie, docteur en médecine j et il s'é-
tait livré pendant plusieurs années à
la pratique de cet art. 11 continua de
l'exercer même à Rome ; el il ne se
donne, en tête du livre des Poissons
romains , qu'il y fit imprimer en 1 524,
d'autre titre que celui de médecin. Il
n'avaitcependant pas été l'un de ceux
de Léon X. Ce pape était mort alors
depuis trois ans , et n'avait eu le temps
de lui accorder qu'une de ces places
de cbevalier, à laquelle était jointe
une modique pension : il ne lui avait
même conféré cetie place que par moi-
tié; mais il l'avait artaciié au service
de son neveu le cardinal Jules, qui
devint pape en i5'23, sous le nom
de Clément Vil. Adrien VI, succes-
seur immédiat de Léon , ôta à Paul
Jove la pension et le titre que ce pon-
tife lui avait donnés ; il y substitua
un cauonieat dans la catbédrale de
Como, sous la condition «'xptesse (jue
Paul parlerait bor.oralflement de lui
dans son Instoin . il n'y a pas man-
qué dans la vie qu'il a écrite de ce
paj>e ; mais il s'en est m quelque sorte
dedomm. gé dans un endroit de sou
Traité des p( tissons , oîiil parle d'A-
drien VI comme d'un bomnu* sans ta-
lenl, sans babileté, sans esprit, eu un
mot, presque stupido. La foriune de
Paul Jove ne comnn nçi réellemen'
(pi'a ravénemenl de (ilémenl VU , qu-
le reprit à son service , le logea au Va-
tican , le mit au nond)rc de ses corn
mensaux les plus intimes, le déiray.
juurucllenicut lui cl touk si^ dôme
r. To
tiques, et lui (loim.i, lîms le voisi-
n.i^c de (joino , Mil sccoiul hciicTicc
intillt'iir (|U(* le premier, fi-i f.itilc an-
née iVjtn ilelniisit en pulic eelle
pro^^pcritc ivee celle du pjpe liii-iiicaïc
et (le toute la cour roni line. Paul per-
<lit fout au sac de Homo, jusqu'à un
eollVc di' fer qu'il avait cache dans Tc-
glise (le Ste.-St.iric de la Minerve , et
qui renfermait de l'arpienteiie et ses
m.inuscrits. Deux cipit lines csp igunis
trouvèrent ce coflre ; l'un prit l'ar-
gcutcrie, l'iulre les livres: celui-ci ne
gaida que les volum"S écrits sur ve'lin
et magnifiquenient re'iës; le re-te fut
disp' rse', et servit aux plus vils usa-
ges. L'Espagnol, sachant à qui ap-
partenait ce qu'il eu avait garde' ,
l'olfrit pour une forte somiric à Paul
Juve. Celui-ci, qui ne possédait plus
rien , exposa son ma'heureux état au
pontife: Clément Vi[ se détermina
à accorder au militaire espagnol un
bénéfice ecclésiastique qu'il desirait
avoir à Cordoue, sa patrie; et ay uit
ainsi recouvré les manuscrits , il les
remit à leur auteur. Pour le mieux
consoler de ses disgrâces , il lui
donna l'éveché de Nocera , dans le
royiume de Naplcs. Il l'emmena en
i53o, avec lui, à Bologne, lors-
que, réconcilié avec Charles-Quint,
il alla l'y couronner solennelleuuMît.
Paul Jove y fut accueilli avec dis-
tinction par l'empereur, et par tous
les princes ctrai;gers qui formaient
son corlége. Paul III traita l'éve-
que de Nocera moins favorablement
que n'avait fait Clément VII. La vie
peu épiscopalc , et h^s goûts de ma-
gnificence et de luxe que notre his-
torien affichait pour ainsi dire, en
furent peut-èlre la cause. I! avait em-
plové une partie de ses ri'hesses à
Élire bâtir, au bord du lac de Como,
sur les ruines de la superbe ^/7Z?f" de
^\\u.c le jeune, un palais dont l'aspect,
(.10 /pc
les jtrdins et tous l< s ornements n'é-
taient p as moins somptueux. P.iu! .love
(;tiit SI loin de se rcprocluM- les déùces
de ce séjour, qu'il en a tiacé lui-même
unedescrijjtion bri'laiit" dans la préface
d'un de ses miulleuis ouvrages, dont
il y puisa l'i lée et les m itéiiaux. Le
centre du bàlimcuit était occupé par
une galerie, ou par une salle oblotjgue
où étaient placés, en très grand nom-
bre, les portraits des p rsonnagcs les
plus célèbres dans les armes et dais
les lettres. Ce ridie mu>ée, qu'il avait
sans cesse au:;men^' avec de gr mdcs
dépenses et de grands soins, lui avait
fait donner à sa Filli^ toute entière,
le nom de Musée ; et ce fut de l'his-
toire et des portraits des personnages
qui le remplissaient, qu'il forma le
doub e ouvrage connu sous le titre
à^Eloges des hommes illustres, etc.
Il avait eu la faiblesse de croire des
astrologues qui lui avaient prédit qu'il
serait cardinal : il se lassa enfin d'at-
tendre Teffet de leurs piédictions , et
quitta la cour romaine en 1 549- Il
passa les trois années suivantes, la 4()t
à son musée, tantôt dins différentes
cours d'Italie, où il se faisait recher-
cher p ir la douceur de son earartère ,
les agréments de son esprit et sa 2;aî;é.
Il était à Florence auprès de C'j>me
P'". , lorsqu'il mourut d'une attaque
de goutte, le ii décembre i")52. H
fut enterré avec pompe à S? .-Laurent;
et le célL'bie sculptent Fr-uiç )isde S m-
Gd!o fut chargé de faire sa statue,
qu'on y voit encore aujourd'hui. En-
viron un an avant de mourir, i! con-
servait encore du ressf^nliment contre
Paul III, qui lui avait refusé de chan-
ger , comme il le demandait avec ins-
tance , son évéché de Nocera pour
celui de Como ; il écrivait ainsi , à ce
sujet, de Florence même, à l'un de
ses amis : <( A la barbe du pape Paul,
» ma tête conserve encore , Qiàce à
452
GIO
« Dieu , une mémoire vive , quoique
» mes jambes soient estropiées ; et
î) j'espère vivre avec honneur , qiicl-
-» temps après ma mort , pour l'hon-
» nêle plaisir de ceux qui liront
» les fruits de mes veilles ; et si ce
>i pape Paul ne m'a pas jugé digne de
» la mitre ëpiscopale de ma pairie ,
» s'il m'en a préfère d'autres , et .sM
» s'est moqué de moi en me promet-
» tant d'augmenter ma pension , je
» n en vis pas moins cependant : je
» me contente de ce que j'ai j je l'ac-
» crois par mon économie , n'ayant
» plus surtout ce csTprice ou cette rage
» de bâtir, dont je me suis si com-
» plètemeiit passe la fantaisie. » Il
n'avait pas besoin d'une économie birn
sévère pour vivre dans la plus grande
aisance. Ses richesses étaient consi-
dérables ; il employait plus d'un
moyen pour y ajouter sans cesse. Ou-
tre la vénalité de sa plume, dont on
chcrcrierait en vain à le disculper , et
dont il ne se défend pas lui-même
dans ses lettres, c'élait à obtenir des
souverains , des grands et des hom-
mes connus par leur opulence et
leur générosité, des présents et des
pensions, qu'il metlait les plus grands
soins , en paraissant ne s'occuper que
de leur plaire. 11 av ul reçu des dons de
Charles-Quint , de François I " . , des
ducs de IVIil.in , d'Urbin, de iMantoue,
de Ferrarc , de Florence , des manjuis
de Pescairc cl del Fasto, des cardi-
naux Fnrncse et de Carpi , etc. Oiinit
à SI vénalité , il avoue franehement
lui-même qu'il avait deux plumes ,
l'une d'or et l'autre de fer, et qu'il se
servait tanlot de l'une et tan(ôi de
V.iulre, selon l'occasion et le besoin.
Il pousse plus loin la fiancliise ; il re-
garde , dans une de ses lettres f.imi-
lières, comme un anci«'n pnviN'ge de
l'histoiie , de grossir ou d'attéuii» r les
▼iccs , d'élever ou d'abjisscr les ver-
GÎO
tus , selon les procédés et les mérifê^
des personnages. « Je serais bien dupe
(io stareifresco), ajoute-t-il, si mes
amis et mes patrons ne devaient pas
m'avoir des obligations quand je les
fais valoir un tiers de plus que les gens
moins bons pour moi , ou qui se con-
duisent in;il. Vous savez que, d'après
ce saint privilège, j'eji ai habillé quel-
ques-uns de fin brocard, et quelques
autres de grosse bure, selon qu'ils l'a-
vaient mérité. Tant pis pour qui a de
mauvais dés. S'ils tirent au but avec
des flèches , je fci ai jouer de la grosse
arlil'erit ; et puis va-tout pour qui aura
perdu. Je sais bien qu'ils mourront,
et moi j'échapperai au reproche après
la mort , dernier terme de toutes les
controverses. » Après des aveux aussi
positifs , on peut dire que ceux qui
ont voulu détendre sa mémoire sur
ce point, et ceux qui ont cru devoir
réfuter ces défenses , ont également
perdu leur temps. Nous ne pouvons
ni repousser, ni même examiner une
accusation plus grave formée contre
ses mœurs, et qui n'est que tnq) clai-
rement énoncée d.uis cette épitaphe
que l'Aiétin lui avait faite :
Qui giace Paolo Giovio ErmafroJito
(Jhe vuol (lire iu volgar ru«{;lte e marito.
Mais en apprenant la cause qui en-
gagea l'Aiéiin à faire cette épitaplie
mordante, nous apprenons .iu>si (juc
r.iu! Jove juignait a ses autres talents
celui de répij,rainme ; car ce ne fut
qu'une réponse fiile par rArélin à
celle épitaphe de la façon de revèque
de Noeera :
Qui niacr l'Arrlin poeta tosco ,
<.h.* li'ugr.iiiii (li.s<t' iiiii^c fuur tli Dm ,
Scusandoti cul Uir, io iio'l cunoico.
On a de cet écrivain , plus fécond quf
laborieux, les ouvrages suivants , tous
(•crits en latin, à deux e\cepti«nis près :
I. /V romanis pisribiis Uhtllns ad
Jjudov'icujn Borboniiim cardinaUtn,
GîO
Rome, i524, iii-fol.; ihitl., avec un
tirro plus ctciidu , mais sans aulic
ch.ini^cinrntà roiivr.j^c, i 5'^-7,iii-8".J
B.ilf , 1 55 i , in-8'. , etc. Ce livre, inc-
dioririnciil utile, sous le rnpport de
rcnulitioii , l'est encore moins sous
celui de l'histoire nalurelle. En le de'-
dianr. au cardinal de Bourbon , l'au-
teur avait compte sur de riches re-
compenses ; mais il n'en reçut aucune:
aussi ne lui dedia-l-il plus rien. 11.
Historiarum sui temporis ab aniio
i494 ^'^ annum i547 Uhri xlf y
Florence, Cl vol. iu-fol.jiSSo et i55'2*
Venise, 5 vol. in-8'*., i55'2; Pans,
Vascosan , i vol. in-fol. , 1 555 ; Baie,
5 vol. in-8°. , 1567, etc. L'époque
qu'il choisit pour commencer ce p;rand
corps d'histoire, auquel on peut dire
qu'il travailla toute sa vie , fut celle
de la conquête de Naples, par Charles
Vin , époque qui changea en effet et
la face des affaires , et le fond même
des inlérêts et des combinaisons po-
litiques en Italie. Les quarante-cinq
livres qu'annonce le titre devaient em-
brasser tous les événements mémo-
rables arrivés pendant un demi-siècie.
D'uze livres entiers y manquent, et
forment deuxlacums d'ffércntes, cha-
cune de ^ix livies. Les six de la pre-
mière, du cinquième au onzième, com-
prenaient ' epnis la mort de Charles
VIII jusqu'cà l'éiertion de Léon X; ce
sont ceux qui furent volés au sac de
Roiae : hs six autres , du dix-neuviè-
me au vingt quatrième, s'étendaient
delà mort de Léon jusqu'à cette ca-
tastrophe. L'auteur proteste, dans sa
préf ice , qu'il ne les a jamais é( rits ,
pour ne pas r.iconter des scènes si dou-
loureuses et si funestes. Il y suppléa ,
en quelque sorte , en publiant séparé-
ment les vies de plusieuis des souve-
rains, des princes et des. grands ca-
pitaines qui figuraient alors siu" le
théâtre du monde. Malgré la défiance
XVII.
G T 0 455
où Ton est lO'.ijours de la véracité de
cet historien , on ne lit point sans
plaisir son grand ouvrage: les ffiits v
sont bien ordonnés , la na» ration fa-
cile j son style, qui a plus d'abon-
dance que de force , ne manque pas
d'une certaine élégance, qui [)onrtant,
malgré le jugement jiorté par Léon X,
n'est pas du tout l'éîég.uice de Tite-
Live; enfin, ou y trouve un grand
nombre de fiits dont l'auteur était à
portée d'cire parliculièn ment instruit,
et qu'il a fait connaître !e premier. Par
malheur, c'est précisément dans celte
partie cuiicuse qu'on doit le plus se mé-
fier de lui, rien n'étant moins rassu-
rant qu'un témoignage unique, quand
le témoin même est suspect. Il parut
promptement une traduction italienne
de la i"^'. partie de l'histoire de Paul
Jove, sous ce titre : I-torie del suo
tempo di Paolo Giou'o , iradoite per
Lodovico Domenichi , parte prima,
Florence, i55i,in-4".; Venise, i56o,
in-4 "' La 1'. partie se fit attendre plus
long-temps , -et ne'parut qu'avec une
léimpression de Ii i '"^. : Istoria del
suo tempo , etc. , parle prima e se-
conda ^ Venise, i568, 3 vo'. in-8^.
Vincent Cartari avait donné, (juclques
années auj.aravaiit , en itali^^n , un
abrégé des deux parties : Compendio
delV ïsioria di Paolo Gioin'o , etc. ,
Venise, i5(j'2, iu-8 • C-et ouvrage fut
aussi traduit du latin en français, par
Denis Sauvage, seigneur du Parc,
Lyon, i552, in-fo'-. ; Par-is, «579,
2 vol., ibid. Lesliaranmiesquis'y fiou-
vent en assez grand nombie, hireut
traduites à part , par Bellefoiêt, et
insérées dans ses f/a' an^ues mili-
tailles et concions des princes , ca-
pitaines, etc. Ces tiaduclioiis suran-
nées ne sont plu*; d'aucun usage ; et
l'ouvrage orie!'»ial !•'< n mérite p.js une
nouvelle. 111. Elogia virorum illus-
trium , VtLÏbe, i546, m- loi.- Flo-
28
43i G 10
rence, i55i , in-fol. ; Bàle, i567, i
vol. iiJ-B'. C'est le recueil des vies et
des éloges historiques des grands per-
soiina^çes dont nous avons parlé plus
haut. Dins ces trois éditions, le nom-
bre eu fut successivement augmeiilë.
Les trois Vies suivantes parurent tou-
jours ensemble: P^ila Lsonis X pon-
tlficis mxximiy libri iv ; Hadrlani
VI, P, M.vita; Pompei Columnœ
cardinalis vita. Elles furent traduites
en italien par le Doraenichi, Floren-
ce, »549; Venise, i557,in-8'.
Les antres furent d'abord publiées
séparément : i". De vitd et rébus
gestis XII Fice comitum Mediolani
princii'um lihri XII , Paris, i5j9,
in-8'.; traduites en italien parle Do-
rneuichi, Venise, i 558, in -8°. —
3 ". De vitd et rébus gestis magni
Sforliœ liber, Bàle, i54'2, in-8'. ;
mais Nicerou soupçonne qu'il y a er-
reur dms ccUe date, qui paraît en
effet devoir être postérieure : traduite
aussi en italien par Domcniclii, Ve-
nise, i549 ) ii»-«'-i. — 5'. Fila Al-
fonsi Atestini Ferrariœ ducis , Flo-
rence, i5j(», in-fol.; trad. en ilalien
par J. B. Gclli , Florence , 1 55!^ , in-8''.
- 4"« De vitd et rébus gestis Consahi
Ferdinandi Cordubx cognomcnlo
Magni , libri très ; innimlii eu ilalien
parle Domcnicbi, Florence, i55o,
in - 8 '. - 5". De vitd et rebus ges-
tis Francisci Ferdinandi Da^ali
marclùonis Piscariœ , libri vu ;
Iraduilc en italien par le même, Flo-
renee, i5 "il , in-8'\ IV. FAogia vi-
roritm bellicd virtute illustrium sep-
tein libris compreUensa^ tr.iduits ea
italien, par le même, Florence, i 5 j/j,
in- 4'*' V. Elo'^ia doctarurn viroruni
abai'orurn tncmorid piddicnti^ "*p^'"
nii monument is illustrium. (le sont
ces deu\ ouvr.i|^<!S que son musée lui
donna l'idée et les moyens d'exei^ilcr.
Malgré leurs défauts, malgré la pas-
GIO
sion et les préventions qui règnen!
quelquefois , surtout dans les éloges
des savants et des hommes de lettres,
et quoiqu'en général ils soient trop
abrégés pour n'être pas très impar-
faits, on les regarde comme les meil-
leurs et les plus utiles de ses onvrag- s,
Thomas , q-ù avait le droit d'être dif-
ficile , en a fait le su et d'un chapitre
de son éloquent Essai sur les éloges.
Il en parut , du vivant de l'auteur ,
des éditions très imparfaites. Les por-
traits mêmes n'étaient p^s fidèlement
copiés d'après ceux qui ornaient la
p;aleriede son musée. On ne leur don-
na ce genre de mérite que plus d'un
siècle après sa mort, dtns les deu]^
éditions suivantes : Elogia virorum
bellicd virtute illustrium vu libris
jani olim ab authore comprehensa
etnuncex ejusdem musœo adviinim
exprès sis imaginibus exornata, Bcàle,
Petr. Porna, i6t)5 , in-fol. — Elogia
virorum litteris illustrium , etc. , ex
ejusdem musœo ( cujus description
né:m unà exhibemus ) ad vi^um ex-
pressis im'igu)ibus exornata, ibid.,
i()77 , in-f(jl. La plupart des portraits
y sont accompagnés d'épigramme»
ou d'inscriptions eu vers latins très
élégants, composées par le petil-nc-
veu de l'auteur, Paul Jove lejoime,
dont il sera parlé plus bas. Vi. Pauli
Joi>ii Descriptioues (juotipiot extant
regionum nt(pie locorum, Bàle, >57i,
in 8 . Ou a réuni dans ce vo'ume trois
ouvrages qui avaient paru séparé-
nieiii : Descripiio Britanniœ , ScotiiVf
Ilibernup et Orcadum.- j\Iosco\*ia,
in qud silus regionis antiipiis incog-
Tiilus , religio genlis , mure< , etc.
fidelissimè refcrwitur. ( I/auleur
av.iit appriscc ({u'il y r ipportc,<le De-
nietri ,(|U0 le c/.ar avait envuyéen am-
bassade à Clément VIL) - Descrip-
iio hirii litvds , imprimée d ahor»! à
Venise en i5j9, in-4 '. Vil. Coin"
G 10
mcntarj délie cose de' Turchl, Ve-
nin-, i;V|i , in 8'. P.iiil ,]ove rcrivit
tu it.ilini cdtc histoire .ibrcgc'c et très
incompirtc dt-s Turcs cl de leur ma-
inèrc lie dire l.i guerre. Il la dédia à
Ch.nle^-Qiiint , à qui il iViivoya s.tiis
doute en inauii-^ciit: sonépître dëdjca-
loirecstdfllccdii 'l'î j;uivicr i55j, an-
rrc qui suivit celic oîi il avait elc f ivo-
ralilciueiil accueilli à Balos^ne par rem-
pcrcur; c'< si une preuve des soins qu'il
se donnait pour pUire, et des à-pro-
pos qu'il ^savait s.ii«>ir. Cet ouvrage ,
traduit en latin par le savant Fran-
çois Ncgri, (le Bassano, fut d'abord
imprime en cette langue. Pans, i558,
in-8'. On en a aus>i nne traduction
ajigîaise. Londres, \5\6, in-8".VIIf.
Rd^ionamento di Paolo Giovio sopra
i jïwtti è dises;ni d'arme e d'amore
2foIg(irmente cid.imali imprese , Ye-
Lise, I j56, in-8**. Cet opuscule j)as.se
pour le piemier qui ait paru sur une
rnatière dont on s'occupa bientôt après
«xcesivemenl en Ilaiie. D'abord im-
prime seul , il le fut souvent ensuite
avec les traités plus ou moins volu-
mineux de Husce'.li, de Simeoni, du
Duni' nichi , etc. ; il fut traduit en
français par Vasq'iin Filleul, Lyon ,
1 5()i. I X. Lelteie vol^ari di M. Pao-
lo Giovio raccolte per Lodoidco Do-
menichi , \ euïsc j i56o, in-8°. fiCS
lettres des hommes célèbres olFrent
toujours , de quelque manière qu'elles
soient écrites, un genre précieux d'iii-
térêt. Elles donnent en bien et en
mal, sur leur caractère, des notions
précises , indépendantes de la répuia-
tion bonne oifima-vaise qu'on lenr a
faite : le passage que nous avons cité
plus haut est , par exemple , un té-
moignage irrécusable sur un point es-
sentiel; et l'on en trouve un assez
grand nombre d'autres dans ce re-
cueil des lettres du même auteur.
G— E.
G I 0 435
GK)\\0{PAOLo),PaidJoue,(]yion
appelé le jeune , pour le distinguer de
son grand-onrb , étail (ils d'Ali xan-
drc et pelit-lils de Benoît Giovio, frire
aîné de Paul rancien. Il nî^piil à Co-
mo, vers l'an i55o : diué di- beau-
coup de pénétration et d'i.ne gr.inde
vivacité d'esprit ^ il marrha de l)onne
heine sur les traces de son aï- ul , fit
des progrès rapidt s dans les b ities ,
et annonça aus^i , dès sa première j<^'U-
nf sse , q-i'i! imiterait le n)émc mudèlc
]iar la pureté de S(S mœurs. Ayant
embrassé l'état ecclésiastique, le crédit
de son oncle l'y av.Hiça rapidement,
et le fit nommer, dès l'âge de vingt-un
ans, archiprêtre de M<^nngio, sur le
lac de Como , sans qu'il un obligé à
résidence. II était auprès de Paul à
Florence dans les deux dernières an-
nées de la vie decelui-ci; il l'aidait dans
ses travaux et faisait pour lui ce que
les infirmités du bon vieillard l'em-
pechaicnt de faire lui-même. Il pro-
fita de son séjour dans cette viî'e,
pour cultiver hf^ bonnes grâces du
duc, et l'amitié des savants floren-
tins. 11 s'y fît connaître par des poé-
sies latines d'un mérite peu commun.
Après la mort de l'évêque de Nocera ,
il se rendit à Rome; il était dès-iors
évêque de Sa ma rie m partibus , et fut
nommé, (ni56o, porte-croix du pape
Pie IV j mais dès l'année suivante il
devint evcque de Nocen , par la rési-
gnation que lui en fit son oncle Jules,
troisième fils de Benoît. Jules , qui
avait été coadjuteur de Paul l'ancien,
était, après la mort de ce dernier,
resté titulaire de son évêché; il le
<;arda pendar <' environ dix ans, et le
résidu-, en j'iGi à son neveu, (ju'il
avait commeni é par nommer son co id-
]ut vir. Pc.nl II' jt u!ic renonça dès ce
moment à toutes ie> cfndrs profanes,
et se livra tout entier aux devoirs
de son ministère. Il se leudit^ ea
28..
/,56 GIO GIO
i56i, au concile de Tronic, où il uiêmeJean-Bapliste, nommé Françoi."?,
parut en pieux et digne prélat. On parcourut dans le monde une carrière
conserve dans les archives de la brillante, et, doue' d'un talent naturel
famille plusieurs lettres qu'il écrivit pour la poésie, laissa pour ainsi dire
alors, et qui pourraient jeter de nou- échapper un assez grand nombre de
velles lumières sur quelques actes de vers italiens que l'on trouve dans di-
cetle a-semblée célèbre. Il y acquit la vers recueils. — Il eut pour fils le
bienveillance du S. cardin.il Charles comte Joan-Baptiste Giovio,né le lO
Borroraée, qui la lui térapigna par décembre ij^S, le dernier de cette
plusieurs lettres conservées dans le illustre famille, et qui en a soutenu
même dépôt. Le concile fini , il ne fit l'honneur par ses connaissances éteu-
que paraître dans sa patrie, et s'em- dues et par ses écrits; nous ignorons
pressa de retourner à Nocera, où il s'il vit encore, et nous nous borne-
résida toujours rip;oureusement. 11 y rons à tirer les faits suivants de l'ar-
mourut en 1 585. Il n'a laissé que des ticle très court et très modeste qu'il a
poésies latines, dont une partie est donné sur lui-même , dans l'ouvrage
imprimée, comme nous l'avons dit, honorable pourComo s:^ patrie, qu'il a
avec les portraits des hommes illus- publié sous ce titre : Gli uomini dél-
ires, ; on en trouve d'autres dans le la comasca diocesi anlichi e mo~
cinquième vol. de la collection intitu- demi nelle arti e nelle leltere illus-
lée Raccolta d' Italiani poeti y publiée tri , etc. Ayant perdu sa mère pres-
à Florence en 17*20 : elles s'y distin- qu'en naissant et son père cinq ans
guent par une versification élégante , après, et resté sous la tutelle d'un sage
et une très bonne latinité. On lui avait parent , il fit ses études au collège des
attribué un opuscule historique sur les nobles à Milan, et au collège ducal
évêques de Como; mais il est prouvé de Parme. Il épousa en 1780, Claire
maintenant que Benoît son grand pè- Paravicini, fille du grand-chambellan
rc en est l'ruitcur. — On trouve encore de l'empereur, et obtint lui-même le
dans celle même famille, un Jcan-Bap- titre de chambellan actuel de S. M. 1.
liste Giovio , qui joignit dans le xvii". et R. , qu'il joignit à celui de chevalier
siècle 1,1 culture des lettres à Tctorcicc de l'ordre religieux et militaire de St.-
d'cmpluis publics distingués dans sa Etienne. La culture des lettres et des
patrie : il eut un fils nommé Jules , arts paraît l'avoir entièrement occupé.
<jui annonçait de l'esprit, des talents Passionné potir les livres, il a ajouté
rares, et s'éiait déjà concilié les suf- plusieurs milliers de volumes à la bi-
fragcs et l'amitié des poètes et des bliothèquc de ses ancêtres. Il a publié
hommes de lettres du premier nng; en italien une Lettre sur le bonheur ;
mais il fut enlevé rn 17 >>.(), à l'àgo uu Essai sur lu rdigion , I\lilan ,
de 'à7) ans par une élisie dont il était 1774? f^^sfii de poésie, Bergune ,
attaque dès l'enfance. Il enrichit de li- même année; Discours sur lu pein-
vres précieux la bibliothèque de SI f.j- ture , Lugano, sous la date de Lon-
inille, et y laissa un recueil considéra- dres, i77<>; Lettre sur le célèbre
l)le de vers italiens et de mélanges en peintre h'ussnn le vieux, Lugano,
prose, exempts des vices de style (pii 1 777; un Llo^^e funt-hre/ibid., 1 778;
ét.iietit alors à la mode ; une graiule Pensées div'erses ^ Como, 1780 et
partie de ce reciieil mériterait, dit-on, 1 781 ; les Kloçes ihi comte Algarolti,
de voir le jour.— Uu autre (ils de ce do Bcucdcllo (jioviocl de Paoio l'his-
(.1 p
toricn, IVIofîrnc cl Venise, 17S3, et
enfin le Dictionnjirc consacre aux
îtomuK's illustres de Vé^eclu' de Co-
ma , dont nous avons parle, IModcnc,
1 784 , in-S". Nous ajouterons à cette
simple notice qu'il nous a fournie lui-
nièuie, le teinoiguiigc honorable de
Tiraboschi : « Des six livres de l'iiis-
toire de Paul Jove, qui fuient perdus
au sac de Uonic, trois ont ete retrou-
ves depuis peu, dit- il, parmi les pa-
piers de la famille, par le comte J. H.
Giovio, jeune clicvalier d'un mérite
rare, dont il a déjà donne' des preuves
dans plusieurs ouvrages qu'il a publics,
Nous espérons avoir par lui ces trois
livres, et plusieurs ouvrages de Be-
noît , frère de Paul , de Paul le jeune,
cl de quelques autres de ses illustres
ancêtres. » [Storia délia letler. ital.
tonj. VII, part. 1 1 , pag. 249, pre-
mière cditiou de Modèiie, ï 77B , iu-
4".) G—E.
GIPHANIUS. Tores GiFFEN.
GlRAC (Paul THOMAS (i), sieur
DE ), né à Angoulême , et conseiller au
prcsidial de cette ville, au milieu du
xvII^ siècle, avait du savoir d des
connaissances en littérature. Il était
fils de Paul Thomas de la Maison-
nette ^ versé dans la langue hébraï-
que, littérateur lui-même, et qui, au
jugement de Balzac et de Nicolas Bour-
bon , cultivait la poésie assez heureu-
sement. Malgré CCS litres à quelque
célébrité, il est vraisemblable que celle
de Girac n'aurait pas dépassé les li-
i^ites de l'Angoumbis , sans la querelle
qui s'engagea entre lui et Costar^au su-
jet de Voilure. Les œuvres de celui-ci
ayant paru , Balzac, lié avec Voiture et
son rival de gloire , peut être un peu ja-
loux du succès de ces œuvres, enga-
gea Girac , son ami et son compa-
(i^ Thomas est le nom de famille de Girac ,
«clin de Girac uV'Uui que le nom d'une terre «ju'il
avait acquise.
cm 4:^7
Iriole , à lui en dire ^o\\ sentiment;
soit complaisance, soit conviction ,
Girac composa une courte dissertation
latine en forme de critique , où il re-
levait plusieurs fautes de Voiture.
Balzic monfra celle disserialion à Cos-
tar, qui cultivait aussi les lettres ,
pour en avoir son avis , espérant
peut-être qu'il ne lui serait pas moins
favorable. Cbstar, ravi de trouver une
ocC'ision de faire parler de lui, ami
d'ailleuis de Voilure , bien aise néan-
moins de prendre son temps pour
travailler à loisir, eut l'air de s'excu-
ser, mais mit en secret la main à
l'œuvre, et, quelques années après, en-
voya à Balz.ic, manuscrite, sa /?e/<?«5e
des ouvrages de Voiture ^ en réponse
à la dissertation de Girac ( Foy. Cos-
tar). U priait en même temps Balzic,
s'il y trouvait quelque chose qui lui dé-
plut, de le corriger, et même de jeter ,
s'il le jugeait à pi opos , le manuscrit
au feu. C'est du moins ce que ftiit en-
tendre Girac; et, à l'en croire, la
Défense aurait déjà été imprimée, et
entre les mains de tout le monde, tandis
qu'on la soumettait aux observations
et aux correction s de Balzac. Quoi qu'il
en soitjil est certain que c'était une satire
contre celui-ci , et que Voiture y était
louéàscsdépcns.lly avait aussi contre
Girac des choses piquantes. Girac ré-
pondit , soutint ce qu'il avait avancé ,
fit sa propre apologie, et ne ménagea
point Costar, qui, railleur assez mor-
dant, le lui rendit avec usure , en pu-
bliant contre lui un gros volume. Dans
ces écrits , les personnalités , l'invec-
tive , les imputations odieuses , les
expressions grossières fment pous-
sées aux dernières extrémités; et une
discussion qui n'aurait dîi être que lit
térairc , dégénéra cnunassautd'injurCg^
et de scandales. Costar aurait bie^^
voulu qu'après sa dernière réplique
la lullc en demeurât là. U ne néglige^
438 G I R
rien pour obtenir, dn lieutenant civil ,
un ordre qui interdît aux deux con-
tendants d'écrire davanlac;e sur ce su-
jet: cela n'était ni ju.ite ni gene'rcux,
puisque, p,ir-là, son adversaire se
trouvait prive' du droit de repousser sa
nouvelle attaque. L'ordre liCai. moins
fut doiiue'; njai> Girac trouva d.ins !a
suite, quoique long-u-mps après, le
movcii de faire imprimer une dernière
réponse. Celte indécente qiurelh dura
sept ans, ayant coraniencc en i655,
et n'ayant fini qu'en i66!i (i). (jiracet
Coslar y gagnèrent d'avoir f.iit p.aier
d'eux pendant cet cspaec de temps,
si toutefois on peut appeler g tin une
ce'lébritcdc ce genre. Costar, dit Bay le,
y gagna de plus une pension de cinq
cents écus , (jue lui donna le car îinal-
miuiilre, el se trouvait, disait-il , fort
oblige* à Girac , qui lui avait fourni
è'occasion de se produire , de faire du
bruit dans le monde, et de devenir
en outre l'objet des libéralités de son
éminence. Girac mourut en i665.
I Y.
GIRALDES (François), poète eî
8oldat portugais , né à Jii.«'bonne eu
1694 , fit son cours d'études dans l'u-
niversité de cette ville , et embrassa
ensuite l'état militaire. 11 passa en
Orient, et se trouva au combat naval
que les l^orlugais,comiu.indéspar dom
Antonio de Figueircdo , livrèrent au\
Turcs dans le golfe Persique , où Gi-
raldes se sigu.d.j par sou intelligence et
par sa valeur. Il eélébra eette vuloire,
remportée le 'i^t août 1719, en vers
latins, sous ce litre : Eveutus Lusi~
tancR classis quœ à God ad l'efsiam
profecta est. Ce poème , loné dans
le temps pour l.i pureté du .stvle, la
vérité des ini iges et l'elegancc des
(■] Coitar mourut \r i.t mai ifKîo; et cr fut lu
inikiiia uiinf^r que lu r<.'pli<,|uc tlir («inif fut iiii|)ri-
wiiii À Lryilr : |triil-<^lrr même iic |>4rul-rlU' qu'«-
ytèi Ip uiurl du premier.
GIK
vers, fut imprimé à Paris; mais Tédi-
tion est sans date. Le P. Cajctan de
Sousa en fait mention dans son His-
toire genéalog. de la mais. roj'-. de
Porlug. Gii aides, après avoir servi
avec bonneur son roi el sa patrie , et
obtenu le grade de capitaine , niouiut
à B'Ç.im en 1729. B — s.
GlKALDl ( LiLio-GREGORio).sa-
v.'»nt profond et poète l.ttin du xvi*.
siècle, naquit à Ferrare le i4 juin
1479, et non à Rome en 1478, comme
l'ont dit quelques auteurs. Il apprit
d'abord les langues grecque et latine ,
les mathématiques, et même le droit,
sous les plus liabiles professeurs, par-
mi lesquels on lemarqueBaptistaGua*
rino: doué d'une excellente mémoire,
il réussit principalement dans l'étude
des antiquités. Sa famille était hon-
nête , mais pauvre ; ne pouvant vivre
à son aise à Ferrare, il avait à peine
achevé ses premières études , qu'il
quitta sa patrie , et se rendit à Naples ,
dans lespoir d'y améliorer sa fortune:
il y connut personnellement Pontano,
Sannazar, et tous les autres poètes cé-
lèbres qui floris'.aienl alors dans celte
ville; il obtint bientôt leur estime el
leur amitié. Après avoir f lit u.i voya-
ge à la Mir.iudole , oij Galeas Pico
l'avait j^irf ilcment .iceueilli, il était
eu I 5o5 à (jarpi , clie^ le ]u ince Al-
berto Pio , qui lui témoignait beaucoup
de considéiation, lorsqu'il apprit la
mort de Pontano; ce fut alors qu'il
écrivit ses dialogues sur les poètes an-
ciens: aussi disluigue-l-on Alberto Pio*
p irmi lis savants de son temps , (pi'il
y fait parhr. 11 avait composé, deux
innées auparavant, et, comme il ledit
lui-même, dès sou pr« niier âge, sa
Dis'^erlnlion sur les Muses. V.w 1 .^107,
il se trouvait à INldau ; Démclrius
C-lialcoudvle y était alors professeur de
lauj^ue grerque : Giraidi ne perdit p.is
celte occasion de se perfccliuiincr
\
GTR
clans IVliulc de celle langue. Peu de
temps après, il fut charge, à Mn-
dôiic , de IVdnration du jeune comte
IKrrulr n.in^onc, qui lut depuis car-
dinal et son protccliur. Celui-ci ayant
t'!e appelé à Konie au coniinencernent
du poulificat do Léon X,Giraldi ne
tard.» pas à l'y rejoindre. On sait ,
d'une manière positive, qnVn i5i4
il logeoit au Vatican , par celle date
qu'il .1 n»ise à la (in de sa Vie de l'an-
cien Hercule, Eomœ ex Vaticanis
poritificis Max. œdibus , mense oc-
îobri i5i4. En donnant des leçons à
î,on élève dans le palais pontifical, il
y adracltait d'autres jeunes gens qui
venaient l'entendre. C'est ce que con-
jecture Tiraboschi , d'après ces vers
du premier livre de la Poétique de
Vida :
I, puer, atque frrcs Lilî pulsare doccntis
Ne ilubita , et valis sacratum insist; re limen.
l'xcipiet l'acilis , teqjie adiniretur al) aiinis,
Spcsque avidas ultro dictis accendet amicis.
Il faut remarquer que ces vers ne se
trouvent que dans un seul manuscrit,
et que Vida les supprima en faisant
imprimer sa Poétique. Gira'di fut sen-
Sib e à celte omission , comme on le
voit par les quatre vers suivants de
son E pitre au poète Tcbaldco , qui
avaient paru tont-à-fail e'nigmaliqucs
avant la de'couverlc du manusoit de
Vida; c'est ce qui nous engage à rap-
porter cette anecdote :
Poscere non aiisim Vidam, promittere quainvls
Sit mon!fs auri solims; nam carminé Doinen
Ipse su'> e\pu!ixil, nostroque à limine vates
bummovit leneros ; hune quî succurrere credas?
Gn-aldi , dans son long séjour à Kome,
jouit d'un très grand crédit auprès des
pontifes I.éou X, Adrien VI et C!é-
iiienl VII : il en espérait beaucoup ;
mais il n'en obtint d'autre avantage
que la dignité de protonotaire aposto-
lique. Il n'échappa point à l'influence
physique et morale du séjour de Rome,
et contracta des douleurs de goutte et
d'dulres infirmités , dont il fut tour-
G I K 4^9
mente le reste de sa vie. Son ami Celio
Calc.iguini, qui avait en vain tâclu* de
prévenir ces suites fâcheuses , s'ex-
prime ilaircnient, à ce sujet, dans une
de ses lettres ( Opcr., p. m ). L'an-
née i5'27 fut très fatale pour Giraldi;
il ))erdit dans le sac de Home tous se«i
etfcts et sa bibliothèque : une perte
encore plus douloureuse pour lui , fut
celle de son protecteur le cardinal
Rangone, mort dans la même année.
Alors il abandonne Rome, se rend à
Bologne; accueilli peu favorablement
par le légat , il passe à la Mirandole.
Jean - François Pico , qui l'y avait
reçu avec amitié, l'eiit arraché pour
toujours à sa triste position ; mais ce
prince fut assassiné en i553, et Gi-
raldi put à peine se sauver de celte
funeste catastrophe : il prit enfin le
sage parti de se retirer à Ferrare,
Jusqu'à cette époque , il avait bien le
droit de dire ce qu'il répétait souvent,
qu'il avait à combattre trois puissants
ennemis, la fortune, la nature, et l'in-
justice des hommes; mais dès qu'il
fiît rentré dans sa patrie, l'amitié de
Celio Calcagnini et du savanl médecin
Manardi , la protection de la duchesse
Renée et de plusieurs princes de la
cour de Ferrare, enfin l'estime de ses
concitoyens, le délivrèrent de la pau-
vreté. On croit , avec vrc-^iscmblance ,
qu'il fut un dos secrétaires du duc
Hercule lî. L'historien de l'universi-
té de Ferrare le met , avec moins de
fondement , au nombre des profes-
seurs de celte université. Giraldi
mourut de la goutte, non en i55o,
comme quelques auteurs l'ont écrit ,
mais en i55'2, date sur laquelle le
président de ïhou ne s'est pas trompé.
Il avait si bien rétabli sa fortune, qu'il
laissa eu momant une somme d'en-
viron dix mille écu^i. Malgré ses in-
firmités , qui le retinrent constam-
ment au lit pendant les dernières
44© 01 R
années de sa vie, il ne cessa , jus-
qu'à la fin de ses jours , de travailler
cl d'écrire. Tous ses contemporains
l'oRt regardé comme un d( s hommes
les plus savants de leur temps. En ad-
mirant ses talents et ses connais-
sauces, ils ont respecté ses piincipes:
Funtanini seul a voulu répandre quel-
que soupçon sur sa relif^ion , parce
qu'il a beaucoup loué la célèbre du-
chesse Kenée, dont on sait que la foi
était suspecle. Giraldi , sous ce rap-
port, a été amplement justifiépar J, A.
Barolti , dins la Vie qu'il en a publiée.
Mais sa niellfure justification est dans
ses œuvres : elles furent presque toutes
imprimées scparé.ment • et on les a
réunies dans la belle édition de Leyde,
1696, en 1 vol. in fol. Voici les ou-
vrages contenus dans ce recueil, avec
la date des éditions de ceux qui avaient
élé publiés précédemment: \.IIisio-
rla de diis ^entium 1 -j synta^ma-
libus distincta. Il, De musis sjntag-
ma y imprimé à ^)tra>bourg en i fui,
in-4"-; et à Jiâle en i54o,in-8<*. 111.
HercuUs vlia^ Baie, i54o, in-8°.
IV. De re naiiticd libellas, ibid. ,
1 540 , iii-8 '. V. De sepullurd ac va-
ria sepeliendi rilu , libellas .. ibid. ,
i539, in-8'.; id. animadversionibus
variis illuslratus ac locuplelatus à
Joanne /^^é'5, Helmsladt, i^-jô, in-
4". Vï. Historiœ poélaram , tam ^rœ-
corurn q'iàm latinorum , dialogi de-
cem, Baie i54^>, in-8^ ( f'oj: Co-
LOMiKS, iX, 5i'2.) \\\. Piuloi^i duo
de puétis nostrorum teniporuin^ Flo-
rence, i55i , in 8". Le pr«rnier de
ces deux Dialogues fut écrit à Rome,
au comme iicemeut du pcmiifical de
liéon X; et le second à Ferrarc , eu
1548. L'auteur ne loue pas simple-
ment les poètes q li florissaient à
celte é|H)(jue j iu.ms il purle un juge-
ment sur leurs écrits, et r<'lève avec
impartialité te U)éritc cl les défauts de
G I II
chacun. On peut regarder cet ouvrag:c
comme l'histoire de la poésie et des
poètes des cinquante premières an-
nées du XVI. siècle. VIII. Progj'm^
nasma adversLis liWras etlittei atoSj
Florence, i55i , in-8'. L'auteur l'a-
vait corappsé , ou comme un simple
jeud'esprit, ou pour se p'aindre sé-
rieusement de la fortune et de sa misè-
re : il y soutient la même thèse que Cor-
nélius Agrippa , dans son livre sur la
Vanité des sciences, Tassoni dans ses
Pensierij et J.-J, Rousseau , plus élo-
quemraent qu'eux tous, dans son pre-
mier Discours. IX. Libellas in quo
œnigmata pleraque antiquorum ex-
plicantur, Bâîe, i55i, in-S'*. , avec
les trois ouvr.iges suivants : X. Sym-
bolorum Pjthagorœ interpretatio ,
cui adjecta sunt pylhagorica prœ-
cepla mfstica , à Plutarcho inter-
pretata. XI. Parœneticus liber nd-
versus ingrates y Floreiice , i5j8,
in-8". XU. Libellas , quomodo quis
ingrati nomen et crimen effugcre
possit. Xlll. De annis et memibus
cœterisque temporis partibus disser-
tat'.o facilis et expedita , unà cani
calendario romano et grœco ^ Baie,
i54« , in-8°. C'est peut-être le titre
de cet ouvrage, qui a donné lieu à
quelques auteurs, d'jttribuer à Lilio
Giraldi l'invention de VEpacte et le
traité du Calendrier romain; mais
nous devons relte invention l\ Lilio
de Vérone, et à Antonio, son frère.
XIV. f^aria'critica. Cvtoxw'va^e avait
Clé imprimé sous le titre de Dialogis-
mi tri^inla , Venise , i55*2 , in 8 '. :
ce sont trente dialogues sur diflèniits
points d'aiili'|uilé et de critique. W.
Poëmata. Sous ce titre sont lasMiu-
blées ses poésies latines, dont on avait
f.ul dilférenles éditions , après celle
(pi'.tvaienl donnée les (iiyphesà Lyon,
i556, in-4". VEpislola, de incon^'
modis quœ in direptione urband pas-
GIR
sus est , est inlorcssanfc par rapport
à riM>toii(> littéraire de vv trnip'-l.î.
X\ 1. E/HiiuLi de imilatione. (Ictle
lelti f Ici iiiiiic le reçue il deN oeuvres de
Giialdi; ni.n-. on a encore de lui laliad.
siiivijire : XVII. Siineonis Sethi , ma-
f;isln Anliochiœ , sjntagjva, pcr lit-
tcrarum ordinem , de cibarioniin
facidtate, Bàle , i5:)8,in-8 . XViil.
Oïl lui .itiiilme aussi un coiuriK iilaire
J)c comœdid , ejusqiie apparatu et
partibus, que l'on trouve iiisciedaiis
Je Imilième volunie du Thesaur.anti-
ijuiL ^rœ car. an GviiiiO\'\\x9, j p. i474'
De tous CCS ouvrages, le meilleur et le
plus estime est son Historia de diis
gentiuiriy qui comprend div-sepl dis-
sertations. Du temps de l'anleur , il
n'y avait, sur la mythologie, que
l'ouvrage de Boccace, intitule : Ge-
nealogia deorum , dont les nom-
breuses imperfections sont aussi gc-
iiCTalemeiil reconnues que le mérite.
Il est donc vrai de dire que c'est Gi-
raldi qui le premier a convenablement
traité celte matière , difficile et par
son étendue et par sa variété. Il a
fait us.ige non seulement de tous les
auteurs grecs et latins, mais aussi des
manuscrits et inscriptions anciennes
qu'il a consultées et déchiffrées avec
beauconp de sag-icité. Quelquefois la
muîiiplicité des citations qu'il accu-
mule , le rend confus et obscur -, et
quelquefois aussi il n'est pas exact ,
faute de connaître des monuments
qu'on n'n retrouvés que depuis. Mal-
gré ces défauts, son ouvrage est en-
core meilleur que celui de Noëi dei
Conti , composé sur le même sujet ,
et publié quelque temps après j ausii
Xllistoria de diis geritium est-elle en-
core preférablement consultée par les
amateurs de l'antiquité qui ne peu-
Vent pas l'étudier dans ses sources.
S— I.
G1R.\LDI CliNTlO (Jean-Kàptis-
GIR 4/,i
te), poète et littérateur célèbre du
xvi''. siècle, de la même famille que
le prceédent , naquit à J'en are en
i5oi. Il fut reçu docteur en j)hiloso-
pliic et en médecine, dans l'université
de cette ville, et y occupa ensuite,
pendant 12 ans, la chaiiede ces deux
facultés. Ses taKnts, et les écrits qu'il
ne tarda pas à publier, engagèrent le
duc Hercule II, à le nommer son se-
crétaire; place qu'il remplit pendant
16 ans, c'est-à-dire, jusqu'à la mort
de ce prince, arrivée en iSSq. Une
di>putc très vive qu'il eut avec Jean-
Baptiste Pigna , premier secrétaire,
archiviste et bibliothécaire du duc
Alphonse 11, l'obligea de quitter sa
place, et de sortir même de Ferrarc.
Gintio et Pignn avaient publié dans la
même année, à Venise, leur ouvrage
sur les romans; ils s'accusaient réci-
proquement de plagiat , réclamant cha-
cun ses droits et sa propriété. Pigna
protestait qu'il avait écrit son Giudi-
zio inturno airomanzi dès l'an 1 547,
à l'âge de \-j ans, et qu'ayant communi-
qué son manuscrit à Cintio , qui était
alors son maître, celui-ci l'avait re-
tenu, et en avait profité. Cintio, au
contraire, reprochait à Pigna de lui
avoir volé son dessein, son sujet et
ses idées-, dans le temps qu'il était soa
élève et le confident de ses travaux,
et d'avoir fait un livre, où il n'avait
mis du sien que le titre. Le public
impartial, n'ayant d'autres témoins et
d'autres preuves que les auteurs et
leurs mutuelles accusations, ne put
décider entre eux ; le duc ne se pro-
nonça pas davantage. Cintio, irrité de
ce silence, qu'il regarda comme un
déni de justice, résolut d'abandonner
Ferrare, et son prince, qui lui en ac-
corda la permission. De là , il se rendit
à Mondovi, où le duc de Siivoie lui
avait offert une chaire d'éloquence avec
de bous appoinlcmenls. Cette univer-
44^ GIR
site fut transférée à Turin en i568.
Çintio, lioaor.;blcmenl congédie', mais
reste sans place, était incertain sur le
séjour qu'il devait clioisir , lorsqu'il
reçut, avec une lettre très flatlcuse
du sénat de Milan, le diplôme de
PhiiippeTI, qui !ui proposait la chaire
d'éloquence à l'université de Pavie. 11
accepta: mais tourmenté d'une goutte
Léréditnire, et s'apercevant que ce
climat ne lui ron venait pas, il prit le
parti de retourner à Ferrare^ et il y
mourut, trois mois après son arrivée,
le 5o dcccn)bre iS-yS. Il avait eu à
pleurer la perte de quatre de ses fils:
le cinquième , qui lui survécut , re-
cueillit les tragédies de son père ,
qui avaient d'abord été impiiiuées à
part ; et il en fit une édition, à Venise,
en I 58'2, en 'a vol. in 8 '., qu'ii dédia
au duc Al|)l!on.se II. De tous les ou-
vrages de Cintio, ce furent ses tra-
ji;édies qui lui firent, de son vivant,
le plus de réputalicui. Elles sont
au nombre de neuf :I. VOrcbecche ,
V /Utile, la Didone , les yhitiva-
lomeni, la Clcopntra, V^rrenopiaj
XEuphimia , VEpitia , la Sclene.
VOrbecche , qui est la plus célèbre
de toutes, fut jijuée pour la première
fois, avec b(.aucou|» de succès , chez
l'aulenr , devant le duc Hercule 11,
en 1.041. On l'a misf au même rang
que la Sofoiiisba de Trissino, VOrcste
de Buccell.i, et la Canace de Spc-
roni : mais ces |)ièc(S, si vantées <n
leur temj)s , ne sont (pie de froides
copies des tragédies grcc(pies ; cl
YOrbecchfi ^ plus que toutes les au-
tres , est r.jiie pour exciler plutôt l'hor-
leur que la pitic'. 11. Cintio av.iil de
plus e(Mnposé un drame p.isloral, in-
lilulc E'^lé y représente aussi chez lui,
«n i54'). Ce drame est donc, sui-
vant la remarque du 'rird)oschi, plus
ancien que le 'lirsi de Tansdio, et
If Sacrijïcio d'A^oslino Bi,ccari , rc-
GIR
présenté à Ferrare en i554; ïd^'S
on ne doit le regarder que comme la
première ébauche de ce nouveau gen-
re d'ouvrages dramatiques, auquel
Beccari fit faire, depuis, un pas de
plus, et que le Tasse, dans soa
yiminta et le Guarini dans son Pas^
torjido portèrent à sa perfection, lll.
On a encore de Giraldi Cmlio VEr*
cote , poème en Ottawa rima , de 26
chants, publié à Modène, en l'iSn,
in-4". Malgré quelques beaux détails,
il e>t pluloi hi: torique que poétique, et
n'intéresse j>as assez, ni par le plan ,
ni par la versification. IV. Le Finm-
me, pidjliés à Venise, en ir>48, in-
8°. ; c'est un recueil de sonnetti et de
c«/Jzor?i. V. Des puèsies latines (/^o<^mrt-
tia) liàle, i54o, in 8"., «t Sjlvœ ^
Ferrarr, i555. VI. De Ferrariae et
Ate^tirds /rincipibus crmintutario'
lu s, ex LïliiGre^orii Giraldi epitome
deductiis, traduit par Louis Donieni-
clii, Venise, in-8 . i55t) ('et ouvrage
est écrit avec beaucoup d'élégance; et
s'il minque quelquefois d'exactitude
sur l'histoire ancienne de la maison
d'Esté, l'auteurniérife plus de confiance
]^our les événements qui s'éiaicnt pas-
sés de son temps. Vil. Discorsi iVi-
torno a qucllo, che si convit-ne a
gioi'ane noble, e btn crcato net str-
i'ir un f^ran principe. VI II. Piscorsi
iniorno al comporre de'' rotnanzi,
dcllc commedie, délie tragédie edal-
Ire manière di ffoes'e, Venise, i554,
in-/|". IX. Dideientis oraisons, ou
haringuis l.itmes, parmi lesquelles,
Epicedium de ol'iiu di\fi Alphonsi
EsterLsis principis , Ferrare, iTj.'Î';,
in-4*'.X. Gli f/ecatomiti j ne' qitali
si cvtUfng^ono novelle e dia'o^^tiy
IMondovi, 1 .0(3;'), en -2 vol. in-8., et
Venise, i5()6 et 160H, en x vol,
in "4". C'est un recueil de cent nou-
velles, et l'ouvrage le plus distin-
gué parmi tous c;:ux de Ciulio. Ga-
(ilK GIR 4'j5
biicl Clia|)j)uis le tr.idm'.sil ni finii- jliiencc des c/rw.r, irndiiil cIp l'il.lifii
ç.iis , l\iris, 1584, '^- vol. in 8". : il du P.-C. Cô'rsiin , il), i r):'>7 , iii-8".
(Ml lune IxMiiroiip l.i inur.-k'Cl l'iiiterèi; 1 \ . {/y-ïiimosncric de jc.ni-Loiiis \'i-
mais (Tltr Iiadiiction .suiaiiiicc ne jfut vis, Epa^noi ,(livi.s(-c tn dmx li\rcs
donner (ju'inie idée très imparfaite de cl Iradiiiic du la'.in , il)., \JiHTy. Dans
l'onvra^e. XI. Dans le dictionnaite \c n:rw\\ \uIïI\ïU\ De la tfWtsforma'
pnblid à Naples et à Bassano, on lit tioji métallique, trois anciens traités
qiio Giruldi Cinlio avait aussi coni|iosc en rime francoiie , ctr. , Paiis i5()i ,
unv Storia d\-/ndreaDoria,])\ih\Hc in 8'., on trouve la Défense de la
à Lcycic f n iG()(;. — La famille de science et des hon?iétes ferscnuc*: qui
Gi raidi a e(e féconde en savants cl (n j' vacquent contre les e/Joits que
littérateurs. On dit que le père de Gin- Jacques Girard met à les outrcger.
tic, nomme Chrisltq.he, était homme G'csl une réponse fort courte et (rès
de leilres. INmis avons de Flavio An- snp' rfîciclîe à une ktire que Giraid
tonio, son frère, des poésies latines avait f lit imprirn» r à la suite de 1'^»/-
ct italuuncs . qu'on liouve à la suite mirable puissance de T art y par lio-
de difléunis onvrap;(s de Cintio. Il ger Bacon. W — s.
existe encore un RaL^ionamtnto iti GIRARD (Jean) , poète lalin , né
difesadi Terenzio, Mondovi. i 566, à Dijon (0 v<rs i5«8 , fit ses études
in-8'., par Lucio O^impio Giraldi, à l'universilé de Dole, et y fui reçu
qui , s'il n'était un d(S quatre fils de docteur en droit en 154;. É!ii maire
Cintio, appartenait sans doute à la de la ville d'Auxonnc, il n mplit celle
même famille. 5^ — i. place pendant quciqnts années : mais,
GIRALDUS CAMBRElN:5lS. F. s'il sut faire respecter les droits des
Barry. autres, il n'en fut pas de même des
GIRARD (Jacques), jurisconsulfe, siens; car nn de ses beaux -frères ,
né à Tournus en Buurjiocne d.ms le chanoine de Branne, avec lequel il
xvi'\ siècle, consacra a vie entière à était en difTérend, profita de son ab-
l'étudc, et mourut en i585. Il possé- sence pour pénétrer dans sa maisdn ,
dait a Boyer, près de Tonrnus, une d'où il enleva une grande quantité de
maison où il avait rassemblé une bi- blé et ses livres, après avoir mis le feu
bliolhèque assez considérabie pour le à ses papiers. Girard n'osa passeplain-
tcmpsj et <:'est dans celte retraiîe qu'il dre juridique ment de ce délit , et il se
composa les ouvrages suivants : 1. contenta d'en signaler l'auteur dans la
Anchora ulriusque jnris^ sive titidi préface d'un de sesouvr?^ges. il mou-
tolius Cœsarti juris et l'OJitiJicii par rut en i 586 , à l'âge de 68 ans, ainsi
tabulas , juxtà htterarum ordinemy qu'on l'apprend par la date mise au lias
etc., lyon, i55i , in-4"., livre rare de son portrait. Th. de Bezc l'a loué
mais inutile. II. De l'admirable puis- comme nn homme de bonnes lettres et
sance de Vavt et de la nature, où il de gentil esprit; mais Papillon a re-
est traité de la pierre philosophai e , ma» que que c'est sans fondement qu'il
traduit du latin de Roger Bacon , le place dans son catalogue des doctes
inséré dans un Recueil de traites protestants. On a de lui : 1. 5aco5fr«-
d'alchimie, Eyon , )5j7, in-8'. 111.
Des choses mcn'eillenses en nature "^'^ *^''''^ tiaprés 1h Libiwihhqn.'. dct aituur,
. • • j de Boutgvgue ., ijn'on a «lit cjuc Girard était cit:
OU est traite des erreurs des sens , Dijon; mais jur.iiu. «lans s,-s AnHijuHé) d'Au..
rioc T}i>ii. e^7i,'^f ,1 ^ V . ■.,. „ .> 7^ 1'' .y "iinc , paf;e ^o , .is'iurc qu'il élait ne en cel-s
(tes puiisances ue L ame a de l m- ^,ii« , «^ Vo icmoi^uasc ki d'un grami voids.
444
GIR
tia seu epif:rammatiim centuriœ v ,
Ly^'iî , I 5j'2 , in - 4". n. Poëmata ,
slicosiralia , epinikia grœcorum car-
mirum , metamorphosis novem so-
rorum^c^., ib., 1558; Paris, i584,
in -4*^. lIiT Chants du premier wé-
nement de J.-C, et plusieurs chan-
sons de carême , l.yon, i56o, Ik-B'.,
IV. Epigrammatum lei^alium liber
facetissimus , Lyon , 1676 , in - 8".,
réimprimé à Colop,ne en i656, in 8".,
sous le titre de Jus commune liga-
tum solutumque j c'est une explica-
tion en vers latins des lois du litre De
regulis juris : de toutes ces épigram-
mes, Homraeln'en a trouvé de bonnes
que deux qu'il rapporte dans sa Lit-
leratura juris , p.ig. 290. A la suite
de cet ouvrage, on a joint, dans l'é-
dition de Cologne , la Synopsis juris
universi metrica de H. Wesseling ,
dont les vers, au jugement du même
critique, sont en général plus coulants
que ceux de J. Girard. V. Phanias-
inatum prosopopœa et alia ejusdem
(irgumenti consolnloria, ibid., 1578,
in -4". VI. Traité aurpiel est naïve-
ment dépeint le sentier que doit tenir
Vhomme pour bien et heureusement
régir et gouverner les actions de sa
vie, ibid., 1^79, in- 16". Vil. Quel-
ques pièces de vers dans le Farrago
poëinatum de H. Ducliesne, et dans
ies Deliciœ pocLarum Gallorum de
Gruler.Le manuscrit autographe des
poésies de Girard a passé de la bi-
bliothèque de Lamare dans celle du
Koi. — Girard (Gilles), poète latin ,
lié en I70'.i, à (lanipière , diocèse
tic Coutances , embrassa l'étal erclé-
i-iastiquc , professa les humanités à
(iarn avec beaucoup de distirjciion ,
< t , ayant obtenu ensuite la cure
d'IIarmanville , [lartagea le reste de
fta vie entre les devoirs de son clal
Cl la culture des lettres. 11 mourut
tu I "ji'ri , à l'àgc de soixante ans.
GIR
Gilles Girard a fait d'assez beaux vers
latins. Il réussissait, dit - on , par-
liculièrement dans l'ode alcaïque; et
on a de lui plusieurs pièces de ce gen-
re, couronnées aux palinods de Caen
et de Rouen, et imprimées séparé-
ment. 11 a fait aussi des vers français
très agiéables; < t on a déjà exprimé le
vœu de voir publier un recueil de ses
poésies. W — s.
GIRARD ( Philippe ) était né à
Vendôme. On ignore l'époque précise
de sa naissance; on sait seulement qu'il
publia , en 1 587 , V Eloge de quelque
chose j composé par lui, en opposi-
tion au petit poème latin de Passerai,
inlituléle Bien{Nihii\Cf\in de Girard
fut réimprimé plusieurs fois , et en-
tre autres en i 750 , in-i2 ; plus tard
dans V Encyclopédie lilliputienne,
enfin, dans une nouvelle édition de
l'an m ( 1 795 ), par Mercier, de Cora-
piègne , et toujours avec le Nihil de
Passerai. Le Quelque chose peut te-
nir sa place dans les bibliothèques,
à côté des facéties anciennes que re-
cherchent de temps en temps les ama-
teurs. L—p — E.
GIRARD (Bernard de). F oyez
Hah.lan (Du).
GIRARD (Ralthasar). Voyez
Gl'rard.
GIRARD (Alîîert), géomètre hol-
landais , né vers la lin du xvi . siècle,
fui un des précurseurs de Descaries,
et entrevit plusieurs vérités dont le
développement était réservéà ce grand
homme. wSon [)rineipal ouvrage est in-
titulé: Invention nouvelle en algèbre y
i()7.9, in-4". Ce livre, dit IVlonlucla,
est fort remarquable, en ce qu'on y
trouve une connaissance des racines
ncgalives, plus développée que dans
ceux de la plujtart des aufris ana-
lystes. Un desobjrts dere livre eslde
niunlrcr qtu", dans lesé(|uations cubi-
ques qui cuuduibcnl au cas iii'éducli-
GIR
l)le , il y .1 toujours trois racines , deux
positives cl mit' lu'g.itivc, ou au con-
traire. 11 y lionne aussi un essai in-
gc'nicux sur les angles solides et leur
mesure, objet jus((iralors nc'glige p:ir
les geonièties. Girard publia ensuite
une édition, revue et augmentée, des
œuvres de Stevin, Leydc, i654, ^""
fol. Dans la préface , il annonce qu'il
vient de rétablir les 5 livres desPo-
rîsvies d'Euclide , et que cet ouvrage
est prêt à paraître; mais il n'a jamais
vu le jour. Si, continue Montucla ,
Girard avait en effet réussi , comme il
ledit, il faudrait convenir qu'il était
en ce genre, encore plus grand œdipe
que Simsou ^ car ce géomètre, tout
habile qu'il était dans la géométrie
|P ancienne, convient que les deux der-
niers livres des Porismes décrits par
Pappus sont pour lui une énigme in-
déchiffrable. Albert Girard mourut en
i654, dans un état voisin de l'indi-
gence.(V. ^ Histoire des mathéma-
tiques^ par iMoutucla, tom. ii, pages
8, 9 et I 12.) Robert Sirason a in -éré
dans les Transact. philosophiques
(i'j54, tom. 2), un Mémoire dans
lequel il examine la méthode em-
ployée par Girard pour former des
séries de fractious représentant de
plus en plus des radicaux simples.
W— s.
GIRARD (Guillaume), grand ar-
chidiacre d'Angoulême , mort en 1 665
dans un âge très avancé, avait été se-
crétaire du duc d'Espernon. Nous
avons de lui : I. Vie du duc d'Esper-
non, Paris, i655, in-fol.; i663,in-
12,2 vol.; I 73o, in-4"., i vol.;in-i2,
4 vol.; 1736, sous le nom d'Amster-
dam, in-r2, 4 vol.; Rouen, i663,
in- 12 , 3 vol.; traduite en anglais par
le chevalier Colton , Londres, 1670,
in-fol. Celte vie, assez bien écrite, et
remplie de faits singuliers , est moins
riiistoirc particulière de ce duc , que
GTR 445
celle de tout ce qui s'est passé on Fran-
co depuis itJ^o jusqu'en 1672. II.
\jApolos^ie de M. de Bcaufort con-
tre la cour, la noldcsse cl le peuple :
c'est une salire de ce duc , dont le
plan et les idées furent fournis par
des seigneurs de la cour , qui ne cher-
chaient (ju'à s'égayer ; Girard ne fit
que la rédiger. On la trouve dans les
Mémoires de Larochefoncauid et dans
les œuvres de St.-Evrcmont , à qui
l'ouvrage fut altribué dans le temps.
m. La rie de Balzac, à la tête des
œuvres de cet auteur, qui était ami de
Girard. IV. Traduction de la Guide
des pécheur s Aq Grenade. Le reste des
œuvres de ce pieux dominicain a été
traduit par un prêire de l'Oraloire ,
qui a gardé l'anonyme, 2 vol. in-fol.,
10 vol. in 8°. — fiC frère de Guillaume
Girard (Michel Girard, abbé de Ver-
teuil ) est auteur des Dialogues entre
deux paroissiens de Saint-Hilaire ,
sur les ordonnances de quelques évé-
ques contre la traduction du N. T.
de Mons, 1667, ''""4"' ^^ in-i2, où
ces ordonnances sont attaquées avec
beaucoup de vivacité. T — d.
GIRARD (Claude), théologien du
parti de Pori-Royal, et licencié delafa-
cultédc théologie de Paris, doit surtout
ce qu'il a de céle'brilé, au choix qui fut
fait de lui, dans le feu des contesta-
tions du jansénisme, pour amener à un
accommodement les opposants à la
signature du formulaire, et parvenir à
rétablir la paix de l'Eglise. Les assem-
blées du clergé de France, de i656 et
1660, avaient arrêté que tout ecclé-
siastique serait tenu de souscrire une
formule par laquelle on promettait
soumission aux deux constitutions,
l'une d'Innocent X, qui condamnait
cinq propositions extraites du livre
de Jansenius , et l'autre d'Alexan-
dre VII , contre ceux qui , en pro-
menant soumissiou à la premicie
415 GIR
biMic, soutenaient que ces proposi-
lioiii ne se trouvaient point dans le
livre de Janse'nins , ou qu'elles n'a-
Taient pas elé condarnne'cs dans le
sens de cet auteur. Le roi, en i66ï ,
avait, par un arrêt du consf'il du i5
avril, autorisé la délibération de l'as-
semblée du cierge' j et la faculté de
théologie de Pari»» avait donné l'exem-
ple de la soumission , le 2 mai de U
même année, par la souscrij^tiou du
formulaire. Néanmoins le parli oppo-
sé n'obéissait pas, et se jetait dans des
subterfuges. Ou eut quelques lueurs
d'espérance de pouvoir étouffer ces
scandaleuses querelles. M. de Choi-
seid , évêqiie de Cominges et qui de-
puis le fut de Tournai, s'étant irou-
fé à Toulouse avec le P. Ferry, jé-
suite , un ami commun les engagea
à chercher un moyen qui rappro-
chât les esprits; l'cvêque et le jésuite
vinretït à Paris, où l'on proposa des
conférences. Il en fut tenu cinq de
suite en présence de M. de Ghoiseid ,
entre le P. F< rry d'une part , et de
Fautre Gir;ird et Lalane pour les op-
posants j mais on ne put s'accorder.
M. de Choiseul proposa de s'en rap-
porter à trois évcques, savoir , M. de
Peiefixe, depuis archevê(pie de P.tris;
M. d'IL- liées, évêque de Laon, et lui :
ce moyen avorta encore. Tout ce
qu'on put obtenir des oppos.nils, fut
une procuration pour écrire en leur
nom au paj)e, et l'assurer de leur sou-
missmn. Klle est du 7 juin i(3(35, et
signée de (iirard et de lialane ; ils y
joignirent cinq arti( le.> de dottrine,
correspondants auxcinq propositions.
Toutes ces pièces fineiil envoyées à
Korne : le p ipe les fit ex uniner par
des théologiens qui en tirent leur r.»p-
port dau-s une eongrégifiou extraor-
dinaire, « où il fut résolu de no rien
répondre sur les cinq articles, parce
qu'ils étaient conçus d'une manière
GIR
ambigiie, qu'ils contredisaient dans un
en-lroil ce qu'ils semblaient accorder
dans un autre, et qu'il paraissait que le
dessein qu'on avait eu en les compo-
sant, avait été d'obtenir quelques ré-
ponses dont on pût tirer avantage con-
tre les constitutions. » (1) Ainsi s'é-
vanouit l'espoir d'un arrangement. Ou
a de Girard un compte rendu de ces
négociations, sons le litre d" Relation
de ce qui s^est passé depuis un anpour
terminer les contestations présentes ,
if)63. I! avait paru du même auteur
un Eclaircissement du fait et du
sens de Jansénius { sous le nom de
Denis Uavmoud) , en quatre parties,
Cologne, 1660 et i6()2. On lui attri-
bue aussi (oîi du moins il y eut grande
part), la rédaction, i**. de la Procu-
ration du 7 juin ; i'^. des ciwq u4rti'
des y joints et envoyés à Rome; S"*,
de la Déclaration mi>e entre les mains
de M. l'évêque de Cominges, présen-
tée au roi le 24 novembi e de la même
année, et vraisemblablement de di-
vers autres actes intervenus dans la
même .ifFaire. L — y.
GIKARD ( Antoine ) , jésuiie , né
au diocèse d'Aulia) en iGuj, mais
non à Corbigny comme le dit le père
Lelong, entra dan> la société en 1 6'2 i ,
à l'âge de dix-huit ans, et s'y attacha
ensuite irrévocablenirni par l'énnssion
des quatre vœux. C'était un é rivaia
non moms infatigable que pieux , qui
passa une vie assez longue à publier
nn grand nombre de livres de dévo-
tioti de s;i composition, ou à en mettre
en français nu plus grand m>mbre en-
core, originairem» ni en langue laline ;
occupation (pii lui fi' donner le sobri-
quet (h; le tourneur , [)aice (jue , dans
le titre de ses lra4ucM(uis, il se servait
de l'expression, tourné du latin. Due
(1^ !^fiinoire* pour fttvir à l'fliiloite eccté'
tiailiqite du ilir'hnitiimt liiclt , («cgndt éJi*
livii , iulruJ. , |>«g. ccb].xiti.
GIR
grande p.irlic de ses oiivngps ay.mt
clc imprimée à Paris, il |)iuviîl qu'on
doit CM coiicliuc qu'il a habile lonj^-
Icmps une des maisons de jésuites de
ctitr capitale: cependant en »6;4 ^ d
c'taità la Flèche, il mourut vers i(J8o.
On trouve dans Solwcl , dans la Bi-
bliollièque des auteurs de 13ourç;ogue,
et dau> IMorcii qui a copié celle Bi-
bliothèque, nue Ionique liste des ou-
vrages du P. Antoine Girard j nous
nous bornerons à citer les suivants :
I. Les Combats mémorables et vic-
toires des saints , avec diverses ima-
ges, Paris, i647' i"-4'- ''• ^^^^ Jour-
née s mémorables des François, Pav'iSy
niêuie amice < t même format , fij:;. III.
Sommaire de la vie et passion de
Jésus - Chri-it , avec figures, Paris,
i65o, iufol. 1 V. Les Peintures sa-
crées de la Bible ^ etc., avec figures,
in-t'ol. et in-1'2. V. Recueil des épî-
tres et évangiles de toute Vannée ,
imprimerie du Louvre, 1661 , in-4".
VI. Idée d'une mort pieuse et chré-
tienne y dans l histoire de la mort de
-Louis XIII, tirée d'un lecueii du P.
Jacques Ditiet, qui avait assisté ce
prince à la mort, imprimerie royale,
i656, in- fol. VU. Trois ouvrages
traduits du I itm, du jésuite Drexelius,
savoir : Le Bûcher des damnés ; la
Peinture de la miséricorde de Dieu,
ou les joies du Paradis , et {^Hélio-
trope, 1 653-1 609 1640. VIII. Les
quatre livres de l'Imitation deJ. C,
sous le nom de Gerson, Paris, 1641,
in-8 '. , imprimés un grand nombre
de fois. On a reproché, avec raison,
au P. Girard de rinex.a<"lilude surtout
dans la manière de rendre certains
passages relatifs à la grâce. Au reste ,
celte traduclion a encore été qucique-
. fois réunpriiuée dans le xvin . siècle.
IX. ] 4^ Histoire de Josaphat^ roi des
Indes, tra iuitede St. Jeau-Damascè-
I ne, 1643 , in- r2. X. Les vies
a
w
Paris, '2
GTR
des Saints de llibadcuéira,
vol. in -fol., réimprimées plusieurs
fois. — Jean Gm\uu, aussi jésuite, né
au diocèse de Mctzen 1 ^70, et admis
dans la société en i5S8, y cnseignt
les humanités, la ]»hi!osoj)hie et la
théologie, et s'y dislmgua plus encore
par son zèle pour le salut des amcs.
Il le faisait surtout éclater dans les pri-
sons, qu'il visitait souvent, et où il joi-
gnait l'instruclion aux consolations. Il
mourut àPonlaillier en Bourgogjie, le
29 septembre i634. On a de lui des
Pièces de poésie , des Cantiques
spirituels , et beaucoup de livres de
dévotion, tous imprimés à Paris, chez
Graraoisy. L — y.
GIKAHD (Jean), de Villelhierri,
prêtre de Paris, mourut dins celte
ville , en 1709, à 68 ans. Ce digne
et respectable ecclésiastique parta-
gea toute sa vie entre les devoirs de
son état, qu'il remplit avec une édi-
fication exemplaire , et la composilion
d'un grand nombre d'ouvrages de
piété, sur les obligations de toutes les
conditions, qui, recueillis, pourraient
composer un corps de morale prati-
que pour tous les états de la société.
On y trouve de l'onction , des lumiè-
res, delà solidité; c'est toujours en
s'étayant de l'autorité de l'Écriture
sainte, des Pères et des conciles, que
l'auteur propose les règles que chacun
doit suivre. Il y règne une noble sim-
plicité qui convient à cette sorte de
livres. En voici les titres : I. Le vé-
ritable Pénitent. IL Le chemin du
ciel. \\\. La vie des vierges. IV. Celle
de<; gens mariés , des veuves , des
religieux , des religieuses, des riches,
des pauvres , des clercs , de Jésus-
Christ dans V EuchariAie , de St.-
Jean de Dieu , des justes , des saints.
V. Tr;iité5 de la vocation, de la flat-
terie, de la médisance , des églises
et des temples , des vertus théolo -
448 GIR GIR
gales. Wl. Le Chrétien étranger sur de dix-huit ans, d\me famille hoiv
ia terre. VIL Le Chrétien dans la nêfe et d'une beauté' peu commune.
tribulalion.Lesleclcurs qui cherchent Cette jeune personne, douée d'une
de l'esprit dans les livres de piété', ne imagination vive, exaltée par la lecture
seront pas satisfaits de ceux de M. de impruilente des livres ascétiques les
Villethicrri , qui paraît s'être appli- plus remplis d'une fausse spiritua-
qué a dire des cliosf^s utiles et solides, lilé , portait à l'excès; toutes les pra-
plutot qu'à en dire de neuves. T-d. tiques de dévotion. Elle passait dans
GIRARD (Jean-Baptiste), jésuite, son quartier pour une sainte, et, se
devenu si malheureusement célèbre berçant de toutes les illusions du
par une des accusations les plus Scan- quiétisme, ne parlait que des mi-
daleuses qui aient jamais retenti de- racles dont elle croy»it être l'objet,
vaut les tribunaux, était né, vers Le père Girard, fl.itté d'avoir une
1680, à Dole, en Franche-Comté, pénitente d'une sainteté aussi relevée,
de parents honnêtes, et qui ne né- parut ajouter foi aux visions qu'elle lui
gligcrent rien pour lui donner une racontait, et l'encouragea par-là à de
bonne éducation. Après avoir terminé nouvelles extravagances. Elle passa
ses études, il fut admis dans la so- le carême de l'année i-jSo , sans
ciété, et chargé, quelque temps, de prendre presqu'ducnne nourriture: un
régenter les basses clas-^es dans diffc- jeûne si rigoureux Taffiiblit au point
rents collèges: il professa ensuite les qu'elle ne pouvait plus sortir de son
humanités et la philosophie avec beau- lit; et , dans cet état , elle cul de fré-
coup de succès, et enfin, de l'avis de quentes extases , pendant lesquelles
ses supérieurs , se consacra à la pré- elle disait entendre des voix du ciel
dication. Un bel organe, un débit qui lui prescrivaient la cond lite qu'elle
agréable, l'art de persuader, et celui avait à tenir. Le vendredi saint, elle
d'émouvoir ses auditeurs; telles étaient fut trouvée le visage couvert de sang ;
les qualités qui faisaient espérer que et elle assura que ce sang provenait
le père Girard parcourrait avec hon- d'une plaie au coté gauche, que lui
iienr celte nouvelle carrière. Il avait avait faite un ange pendant sou som-
déjà prêché dans les principales villes meil. f.e père Girard se montra incré-
du Ilaul-Languedoc et de la Provence, dulc pour ce nouveau miracle : il s'en-
lorsqu'il fut envoyé à Aix en 1718. Sa ferma avec sa pénitente, et vil elfecli-
répnlation l'y avait précédé; et il Tac- vement la plaie; mais il devina aussi
crut encore pendant dix années qu'il la supercherie, et, dès ce moment, il
demeura dans celle ville, séjour or- chercha à rompre avec une personne
dinairc des hommes les ])his instruits quipouvaitluireprochcrderavoirsou-
tl les i)lus spirituels de la province, tenue dans scséi;arements. ïiaCadière,
Au bout de ce temps, il fut nommé piquée du refroidissement du père
recteur du séminaire roval de la ma- Girard, alla trouver le prieur du cou-
rinc à Toulon; et c'est ici (pie coin- veut de^ Carmes, janséniste connu,
menée le récit de l'aventure déplorable cl grand ennemi des jésiHtes. Ce reli-
qui, en empoisonnant sa vie, lui a gieux, après l'avoir entendue en e(ui-
laissé une réputation douteuse. Parmi fession, l'engagea à répéter pnrde-
les pénitentes cpii s'empressèrent de vaut témoins, ce (juVIIc lui av.iil dit
choisir le père Girard pour directeur, de ses rapjiorts avec son ancien direc-
il distingua Catherine Cadièrc, ù;^ée leur. Les jésuites crurent prcvcnii- la
OIR GIR 449
scandale, en ohlcnant, rontrc la Ci- tîonnaire du Cdillcau (tome 3, p.ige
fliôrc, un oiiiie de icclu^ion anx: /|56j , à Lebcl (ou Bel), écrivain peu
Ursiilmes , avec défense de la laisser connu, ri qui ^ suivant M. Barbier
communiquer au-ddiors. Cet abus {Dictionnaire des anonym.)^ a eu
d'autorité fut dénonce; et un arrêt du part au Dictionnaire nénlogique , pu-
conscil d Vlat altiibua au parlement b!ie par l'ablie Desfontaines. On doit
d'Ai\ l'instruction d'une affaire qu'il ajouter, pour compléter cette notice
et. lit devenu impossible de der(jber à bibliographique , qu'il y a des exom-
la connaissance du public. La Gadière plaires de T'cdilion , in-fol., du /Vo-
présenta alors une requête de plainte ces du père Girard j avec des gra-
contre le père Girard, qu'elle accusa vnres obscènes, et que l'extrait de
de séduction, d'inceste spirituel, de cette procédure forme le second vo-
magie cl de sorcellerie. Le procès fut lume des Causes intéressantes , par
instruit; cl après de longs et tumul- Ricbcr. W s.
tueux débats, un arrêt du 10 octobre GIRARD (Gabriel), l'un des
inSi mit le père Girard hors de grammairiens français les plus distin-
cour et de procès, à la majorité' d'une guës, naquit àClermonten Auvergne
scnle voix, puisque, sur vingt-cinq versi677. Pourvu de très bonne heure
juges, douze le condamnèrent à être d'un canonicalà la coilègialedeNotre-
brûle vif. La Cadièrefulrcnvoyéeà sa Dame de Monl-Ferrand , son goût
mère, avec invitation de surveiller sa pour les lettres lui fît re' i^ner ce be'-
conduite de plus près. La haine du nefîce à son frère; et il vint à Paris
peuple contre le père Giraid se ma- pour se livrer entièrement à leur
nifcsta par toutes sortes d'excès; il culture. Il joignit à la connaissance
quitta secrètement Toulon , se rendit des langues anciennes , celle de plu-
à Lyon, et de là à Dole , où il mourut sieurs langues vivantes, entre autres
deux ans après , le 4 juillet i 753. Il se de l'esclavon et du russe. Les liaisons
prépara à la mort par beaucoup de qu'il forma à cette occasion et l'arae'-
bonnes œuvres ; et une lettre du préfet nité de son esprit , lui procurèrent U
du collège des jésuites de Dole , porte , place de secrélaire-interprète du roi
« qu'avant de recevoir le saint-via- et la fonction de chapelain de la du-
» tique, il déclara, en présence de chesse de Berri , fdie du re'f^ent. C'est
» toute la communauté assemblée, dans ces emplois , qui lui laissaient
» que, quoiqu'il fût un grand pécheur, du loisir pour l'étude , que son esprit
V i[ n'était tombé dans aucun des d'observation et d'analyse eut le temps
î) crimes affreux dont on l'avait ac- et la facilité de ^e développer parla
î) cusé.» On a recueilli toutes les pièces réflexion. L'abbé Girard, frappé de
du Procès du père Girard^ »7^ï ? celle vérité générale, entrevue par
deux volumes in-fol., et la Haye, Fénélon dans ses Dialogues sur té^
même année, huit volumes in-iSi Ou loquence , qu'il n'y a pomt de mots
a joint à celte édition une comédie en parfaitement synonymes, l'exposa dans
trois actes, mêlée de vaudevilles , in- l'ouvrage qu'il publia en 1718, sous
titulée: Le Ncweau^ Tarquin; ctUc ce litre: La justesse de la langue
espèce de farce , qui n'est m spirituelle française , ou Les différentes signi-
ni comique , a été réimprimée séparé- fications des mots qui passent pour
ment, Amsterdam, Desbordes, i ^32, sj nanymes ; ouvrage qu'il reproduisit
in- 12. Elle est allribuée dans le Z^ic- avec des augmentations et de nou-
XYII*
»9
45o C I R
veaux développements, en 1756, SOUS
le tilre de Synonymes français. Mé-
nage et Bouhours avaient bien assigné
la différence partjculière de quelques
synonymes ; mais ils nVn avaient
point étendu l'idée, en l'appliquant à
Ja considération générale des mots re-
gardés comme tels, a La ressemblance
))d'un mol avec d'autres, dit l'abbé
» Girard , n'cmbr^isse pas toute l'é-
» tendue de la signification ; elle con-
» siste dans une idée puncipale que
» tous énoncent , et que chacun diver-
» sifie par une idée accessoire qui lui
» donne un caractère propre et singu-
» lier. » C'est en réunissant sous le
même article les mots qui semblent
synonymes, c'est tn les mettant dans
le jour qui les distingue le mieux , que
l'auteur en fait ime analyse comparée,
où les nuances des mots, saisies pres-
que toujours avec justesse, sont ex-
primées finement, et rendues sensibles
par des exemples composés avec au-
tant d'esprit que de goût. Dès la pre-
mière édition, cet ouvrage dont te pro-
jet était neuf et l'exécution supérieu-
rement traitée , fut généralement ac-
cueilli. Lamottc, appréciateur sévère,
jugea dès lors que l'académie française
ne pouvait que s'honorer d'admettre
l'auteur parmi ses membres. Eu effet ,
la voix des académiciens les plus
éclairés l'y appelait. Mais un usage
consacré par des règlements n'en ou-
vrait l'accès qu'aux déruirches préala-
bles de l'homme de ^énie; tandis que
Louis XIV, moins difficile que le corps
académique, allait chercher au loin le
mériie ob-icur. Dumarsjis , niallieu-
leux et délaissé, ne fut point de l'aca-
démie ; et l'on ne doit pas s'étonner
qip Girard tartl.ll si long-temps à se
mettre sur les rangs. Il céda enliriaux
reproehesde sesamis, qui taxaient sa
liniidité d'indolence. Son amoiu-pro-
pre , ranimé par leurs vives lujdanccs ,
GïR
trlomplia de sa modestie. Néanmoins ,
les démarches de l'auteur, plus que
sexagénaire , et dont l'ouvrage, fruit
d'un esprit mûr, était, par son uti-
lité reconnue pour le dictionnaire de
la langue, acquis depuis long- temps
à l'académie française, furent d'abord
infructueuses: Girard ne lai.«sa pas de
louer, avec bonne -foi, ses concur-
rents plus heureux, en justifiant avec
noblesse les motifs de leur adoption.
Cependant quels titres pouvaient balan-
cer l'ouvrage dont Voltaire a porté ce
jugement , que les Synonymes subsis-
teraient autant que la langue , et servi-
raient même à la faire subsister I Mais
des académiciens qui se piquaient ex-
clusivement de grammaire, tâchèrent ,,
dit-on , d'éloigner un émule dont leur
médiocrité redoutait la comparaison.
Enfin le suffrage universel du public
décida celui de l'académie ; et Girard
fut nommé, en 1744» ^ '^ place de
l'abbé de Rothelin.Son ouvrage, de-
venu dès l'origine un livre classique ,
parut un trait de lumière pour tons
les écrivains, soit français , soit étran-
gers, qu'ail éclaira sur les finesses de
l'expression , aperçues plutôt , jus-
qu'alors , par une sorte d'instinct ,
que par une vue réfléchie. Bientôt les
Allemands et les Anglais eurent aussi
leurs synonymes. Les anciens n'a-
Taient laissé eu ce genre que des frag-
ments dans ce qui nous reste de leurs
grammairiens. Un auteur moderne .i
rempli cette lacune pour le latin. ( f .
Gahdin DuMESNiL. ) Lcs ciieyclopé-
disles eux-mêmes ne manquèrent pas
de doimer les différenecN des termes
synonymes que Girard n'av.tit point
épuisés. Malgré de tels litres d'admis-
sion à l'acidemie, l'abbé Girard ne se
crut pas dispensé d'y en ajouter de
nouveaux. Ce même esprit de rë-
fle\i()n qui lui avait fiil si l>»en dis-
lui^ruer les différentes modiliculions j
flu l.inç;.ip;o, le porta à rcclicrclicr ,
par l'aihiUsc lo^iijur, les règles de
l.i laiii;ne iV.iiiçaiic elle-mèino , à les
classer niethoiliqiieiuenl , et à les ré-
duire eu prinei[)es. Ce motif lui fit
produire, eu 17^7, un ouvraj;e sous
le titre de Frais principes de la lan-
e^ue f- ancaisc, ou la Parole réduite
en méthode conformé nient aux lois
dei*usage. Si cet ouvrage n'a pas paru
remplir en entier l'objet que Tauleor
se proposait , on ne peut nier qu'il
n'offre beaucoup de vues neuves et iu-
gcnii uses, et une grande connaissance
du cju'actèrc de la langue. Dumarsiis,
de son cote , s'est élevé à une the'orie
nouvelle, miis ])lus métaphysique,
peut-être, que grammaticale. Girard
a , sur ses prédécesseurs , le mérite
d'avoir établi un système plus con-
forme au génie des langues modernes,
ïl asu afFianchir Ki grammaire française
des méthodes latines. Il a joint la rai-
son à l'usage ; il n'a point plié la règle
à i'exempie , mais fait servir l'exemple
à l'appui de la règle. Il a enfin dé-
brouillé le chaos de la proposition
grammaticale, a exprimé par des déno-
minations plus ana'oçî,ues les fondions
des mois , et mieux déterminé leur em-
ploi dans la construction de la phrase.
Si ses dénominations on ses analyses
sont défectueuses à quelques égaids ,
il a rais sur la voie ceux qui sont ve-
nus après lui j et souvent ils n'ont fait
que développer ses principes , dégui-
sés q«ielquefoi> chez lui sous un style
moins simple que brillant, ou perdus
dans un ouvrage dont la lecture, par
le défiut de subdivisions, lasse la pa-
tience franc lise. Lorsqu'on lui repro-
chait la bigarnue de ce style doi:t les
méta|)lior('S contrastent avec la sévé-
rité du sujft , il répondait : J'ai mis
cela pour les femmes. Au reste , cette
I épouse prouve qu'il n'a em[)loyé le
style figuré qu'accidentellement. Un
GÎU 45i
reproche plus sérieux, mais que nous
n'avons point trouvé fondé, ce ser.dt
d'avoir, dans les exemples qu'il pro-
pose, énonce des assertions contraires
aux idées religieuses et à la spirituali-
té de l'amc (i) : et d'Alembert n'a pas
manqué de relever malignement l'ac-
cusation , en ajoutant que l'abbé Gi-
rard ne fut [las inquiété parce qu'il
présentait à la censure trop peu de
sut face par son obscurité. Cependant
î>i les Principes de la langue fran-
çaise y à cause de la nature du sujet,
n'(uit p'.int eu le succès des Sjyno-
njmes , ils ont « u l'honneur d'être
conlM'faifs dans l'étr.ujger, et ont été
bien connus de nos grammairiens.
Duclos l'avait prévu , en disatit de
cet ouvrage : C'est un livre qui fera
la fortune d'un autre. L'abbé Gi-
rard s'était proposé de donner une
nouvelle édition fort augmentée de ses
Sjnnnjmes. 11 mourut le 4 février
1748, avant d'avoir exécuté ce projet.
Environ quatre -vingts synonymes
laissés par l'auteur, et la table alpha-
bétique d'un grand nombre d'autres
qu'il avait dessein de traiter, ont été
recueillis par Bcauzée , qui en a lui-
même dounéde nouveaux, en y réu-
nissant ceux de Duclos , de d'Alem-
bert et de Diderot, dans l'édition qu'il
a mise au jour en Î769. L'abbé Hou-
baud en a ajouté d'autres , et a jùnt
aux synonymes d<'S explications tirées
de leur étyraologie et de 'eur :a'ine.
Un Dictionnaire universel en a offert
le recueil , Paris, i8u8 , 2 vol. in- 12.
(i) Dpux seuls pAssag-s peuvent avoir «lonné
lieu à celte imputai ion injurieuse : « Tout est
>> C"njpclur,il , excepté les seiis.i ious et les àé-
» monstre lions gr-omiirlipitts. i> 1^ Tom H , p. iq?..)
« La plus gr.inde parti, de ce iju'ofl écri' "tou-
» ch.int la religion . c'>ntribiit- plus à la renilre
>> priiliL-malique qui- certaine. >• ( ll>iil. , p. iq;î. \
Ces pissages, entenilus auirenienl que par rap-
jior: a la science nu a la raison iiuin i ne , ont pu
être mal intfrpri;lé< p.T A: s e» >ri.s prcvenus ou
«le n1^uvalse foi. Si l'abbé Girard eûi éic du parti
philosophique , d'AUmbert s'aurait pas manqué de
le prôner.
4^2 G î R G I R
Mais M. Giiizot a publie un Nouveau GlRARDET(jEAN-BAPTisTE),doc-
Dictionnaire universel des sj'nony- leur en médecine à Lons-le-Saiinier ,
mes , mis en meilleur ordre , aug- ddus le xvii". siècle, est auteur des
mente' d'une grande quantité de sy- druK ouvrages suivants : I. OEuvres
jionymes nouveaux , et précédé d'une diverses où Von remarque plusieurs
Introduction y Paris, i8og, a par- traits des Histoires saintes , prof anes
ties in - 8". de 1007 P'^g^*^* Outre et naturelles, Lyon (1675) in-12.
les deux ouvrages priucipjux de l'ab- Girardet avoue, dans sa préface,
bé Girard , on lui doit: I. Vortho'^ra- qu'il a rapporté plusieurs traits qu'on
phe française sans équivoque et dans a déjà pu voir ailleurs; mais l'abbc
ses principes naturels, Paris, 17 lO, d'Arliguy dit qu'd n'a fait qu'abréger les
in-i'2 : ce livre, adressé en forme de leçons de Pierre Messie, qu'il a gros-
Jetlres à un ami , est agréablement sièremcnt pillé sans le nommer, se
écrit; et les innovations qu'il propose contentant de changer les mots vieillis
comme plus conformes à l'analogie de l'ancienne traduction française aux-
ou au bon usage , ont été la p!up irt quels il en a substitué d'autres beau-
adoptées. U. Une traduction française coupmoinsexprcssifs.Quelquesexem-
de \^ Oraison funèbre de Pierre-le- pbires portent la date de 1684; mais
Grand, composée en russe par i'ar- ils ne diftcrcnl des premiers que par
chc'vè |ue de INovogorod, Ttïéophane la réimpression du frontispice et des
Procopnwicli , Paris, 1726. G — ce. pièces préliminaires. II. Ztf Miracle
GIK \RD ( ) , curé de St.- de la nature ou la guérison de toutes
Loup, au xvin". siècle, ne nous t■^t sortes de maladies par l'usage des
connu que par l'ouvrago intitulé : Les eaux de Louverot , près de Lons-le^
Petits Prônes, ou Instructions fami- Saunier , Besançon, 1677, in- 1*2.
îières pour les peuples de la cam~ CcluuvragePstiUvisëeuqiKUre parties,
crtg^ne, Lyon, 1753, 1760, «7(36, dans lesqu Iles Tanleur traite de la dé-
huit volumes in-r2; Bruxelles, 1769, couverte des eaux de Louverot, de
quatre vol. in-i2. Ce recueil peut être leurs propriétés , et de la manière de
fort utile aux jeuiies ecclésiastiqut'S, les prendre. La quatrième partie con-
anxpiels il est principalement des- tient la déicnsc des eaux minérales
tiné: le sty'e en est simple et rl.iir; et contre ceux qm en blâment l'usagi . Il
les matières Us plus relevées de la reli- ne put copendant réussir à nielire en
gion y sont mises à la por'ée des audi- réputtlion les ruix le Louveri.l , qui
leurs les moins instruits. Il a eu beau- n'oiil jam lis été fiequ» niées. W — s.
coup de succès, comme le prouvent (ilRAKl-KT (Jeaw), peintre, né
les nombreuses éditions qui en ont àLuuéville, le iT) décembre 1709,
été fûtes eu peu d'années; et il a été fu' d'abord destiné à l'étal cerlésias-
traduil en latin sous ce titre : Concio- tique; au sortir du rol!ég'', il fut rn-
nes in dominicas et (esta usai para- voycà Ponl-à-Munssou, pour f uresoii
choruni, Au^sbour^, i 70() , quilre cours de droit: il l'interioinpit pour
volumes iu H". (i'e4 par erreur ([u'ou entrer dans un n-gimenl de»avai< lie,
a avancé, dans quelques ouvrages, que ou il avait obleiiu une cornette; mais
(lirai-détail curé dans le diorî-sc de il ne l irda p.ix à donner sa démivsion,
Jk'sançon ; l'auteur de la A''/'//or^Rvy//(,' Ainsi, avant l'à^c de vin;;l ans, il
des prédicateurs j dit qu'il élru'l du avait essayé ne tous les états, sans
diocèse de Lyon. W — s. pouvoir se fixer à aucun. Mais la ua-
G 111
turc raVc'iil fait peintre. Depuis son
«'iil'iMCf , il cinYonii.iit avec C.irililc
luulcs sorles de sujets. Cl. unie Char-
les , prolesscur de dessin à Nanci,
vit quelques - unes de ses chouclies,
les luu;i, cl deUrniina ses parents à
le laisser suivre une carrière qu'il de-
vait parcourir avec honneur. Gir-ir-
del entra donc dans l';ilelier de Ciiar-
Jes , et s'appliqua , des ce moment,
à la peinture avec une ardeur qui ne
se ralentit janwns. Il fit ensuite un
voyaf^e eu Italie, où il demeura huit
années uniquement occupe d'e'ludier
les chefs - d'œuvrc des grands maî-
jres. A son retour , le duc François
m de Lorraine le chargea d'exëcu-
ler différents tableaux , qui commen-
cèrent sa réputation. Lorsque la Lor-
raine fut réunie à la France, Girardct
suivit son protecteur à Florence, et
traviilla aux peintures à fresque, qui
décorent la grande galerie. L'altaclie-
incnt qu'il conservait pour son pays,
l'y ayant rrimené, le roi Stanislas se
l'attacha en le nommant son premier
peintre, et lui donna constamment
des preuves fie son alTcetion. En 1762,
i! peignit à fresque un sallon dans le
palais de S'.uttgard. Cet artiste e'tait
extrêmement laborieux; et comme il
travaillait très vite, il mettait un prix
très bas à ses ouvrages : il avait en-
trepris, pour les chanoines de Ver-
dun, une Annonciation; lorsqu'elle
fut livrée , les chanoines voulurent
faire une diminution sur le prix , qui
avait été fixé à trois cents francs. Gi-
rardct, piqué, déclara qu'il s'en rap-
porterait à la décision de l'académie
royale i\c peinture. L'académie con-
damna les chanoines à payer le double
de la somme demandée , et adressa en
même temps à Gnardcl un diplôme
d'ass(jcié. L'excès du travad altéra sa
s.inîë : des m iladies longues et coû-
teuses absorbèrent une paiùe de sa
G T R 455
fortune déjà diminuée par sa généro-
sité envers eeux de ses élèves en qui
il reeonnaiss.iii du talent. Il mourut à
INanci, le uH septembre i7';8, et fut
inhumé dans l'église Saint-Séb.»stien ,
où ses amis lui élevèrent un tombeau.
Il est peu de villes de Lorraine qui ne
possèdent quelques-uns de ses ta-
bleaux. On en trouve à Metz, Com-
merci , Ponlà-Monsson , Ste.-Marie-
aux-IVIines, Verdun, Nanci , Luné-
ville, etc. Sa Descente de croix ^ qu'on
voyait autrefois dans une des églises
de JNanci , passe pour son chef-d'œu-
vre. Son portefeuille, contenant une
grande quantité de dessins d'un fini
j)récieux , a été acquis, après sa mort,
par M. Pergaud, peintre à Lunéville.
W— -s.
GIRÂRDET (Pierre- Alexis), jé-
suite, né en 17^5 à Nozeroy, petite
ville de Franche -Comté, professa la
rhétorique avec distinction à Stras-
bourg et à Dijon , pendant plusieurs
années. 11 quitta la société à raison
de la délicatesse de sa santé , obtint
un canonicat du chapitre de Noze-
roy , en fut nommé doyen , et mourut
le 1 3 mars 1 789 , à l'âge de soixante-
six ans. C'était un homme très sa-
vant et très laborieux j il s'était parti-
culièrement appliqué à l'étude du
grec et de l'hébreu, et possédait une
collection précieuse des meilleurs ou-
vrages dans ces deux langues. On a
de lui : Noui>eau Système sur la.
mytholog^ie, Dijon, 1789, in-4*'. H
y traite du Bethelisme y c'est-à-dire,
du lieu qu'habitait le Seigneur lors-
qu'il gouvernait lui - même le peuple
qu'il s'était choisi; et il cherche à
prouver que toutes les religions ont
tiré leur origine de celle des Juifs. Il
y a heaucoup d'érudition dans cet
ouvrage ; mais les faits y sont mal
classés , et le style en est peu agréa-
ble. On conserve à la bibliolhc<^ue pii»
454" GIR
blique de Besançon la seconde partie
de cet ouvrage en mauiiscrit , avec le
privilège pour l'impression, qui ne
put avoir lieu en raison des circons-
tances politiques des premiers temps
de la re'volution. — Il y a eu un Gi-
RARDET (D. p. Philibert), bëne'di» tin
de St.-Maur, qui a achevé le Diction-
naire hébreu àQ D. Guariu, 174^^»
2 vol in-4*'. 11 mourut le 1 o novembre
1754. W— s.
GIHARDI (Michel), anatomistc
et physicien d'Italie, mort le 17 juin
1797, était ne le 5o novembie 1731
à Limone di Benaco , dans le terri-
toire brescian. 11 vint commencer ses
études à Brescia , et alla les achever
dans l'université de Padoue. Jeune
encore, il ]iublia en latin un opus-
cule sur le IViut qu'on appelle raisin
d'ours , dont il regardait le suc
comme très efficace pour la guérison
de la gravelle ; et il s'occupa beaucoup
de celle maladie. Il combattit ensuite
l'inoculation, dont la découverte était
récente: on lui rcpliqu.i tant en France
qu*( n Italie. Son n pos en fut trouble ;
mais sa modération ne s'en altéra
point. Choisi pour remplacer le sa-
vant Murgagni dans la chaire d'ana-
tomie de l'université de Padoue , il
la remplit avec tant (réclal,qne l'ui i-
versité de P.irnic , alors tiès floris-
sante, désira l'avi ir pour piofes <'ur
de 11 niêirie s<ien<e. L'académie de
l'i-nstifMl de liologne se Tassoiia; et il
fut « iisuite agrégé à la société italien-
ne d(S siiencfs, ain.'i qu'à la soeiété
royair de M.uliid. Des arri-sd* gontle
vinrent contrarier son aideir pour le
travail; i.é.inn)()ins , quelcpie d()ult)u-
rcuse que celle maladw d( vînt pour
lui, il se n ndit à la demande (pic
Spallai'Zini lui avait Tiile de s'ccrui er
de rechfn lus ai:al(imi(pie> p.iriiculic-
tes , sur l'ouïe des chauves - souris.
GirardijCn les disséquant, rccounul
GIR
que leur faeullé d'entendre avait une
perspicacité et une délicatesse plus
exquise que ne l'ont ceux niêuie des
autres animiix en qui cet organe
passe pour être le pins parfait. La
dissertation 011 il exposa celle décou-
vciic, est restée inédite, ainsi qu'une
au!rr, non moins curieuse, intitulée:
Osservazioni riguardanti le uova,
délie pollanche , e gli organi inser-
l'ienti alla gênera zione nei galli e
nelle galline. Les ouvrages imprimés
de Girardi sont : I. De uvd ursind,
Padoue, 1764 , in-8"., lig. IL Lette-
ra sul ritorno del vajiiolo dopo Vin-
serto, Padoue , 1 766. III. lUustratio
tabularmn Joawùs Dominici Sanlo-
rini, Parme, «775; magnifique édi-
tion tant pour les planches que pour
l'impression, et dans laquelle, aux
tables de Santorini , Girardi en a
ajouté deux autres, formées par Co-
voli, et deux nouvelles , faites par
lui-même. IV. Sassio di osservazio-
ni anatomiche intorno agli orguni
délia respira zione degli iiccelli, dans
le tome n de la partie 2*^. des Memo-
rie délia sociità italiana. V. Sag-
gio di osservazioni anatomiche in-
torno agli organi elettrici dtlla
torpedine {\huUm ^ tom.iii.) VI. Os-
sen'azioni e rijlcssioni sulla to-
naca vaginale del testicolo (ibid.,
loin. IV.) VIL De origine nen'i in-
tercostalis , dissertatio , Florence ,
1-91. L'.blié liozier en donna un
fort bon extrait en français dans son
Jouri'al d<' phvsique , eu septembre
I79".>.. Vlli. Prolusione mile rose
anatomiche , Paime, 17H1. Kn im-
primant ee discours d'ouverture pour
les études de sa classe , (iirardi y
ajouta des notes prcVic uses , dans les-
quelles il confirma par ses propns
expériences celles d» Fii!lo])e et d'Aï-
l)iMUs sur la manièicde fiire renaître
Ici dtnts , cl il traita la quesUtn
GIR
du prétendu licrnia])hrodite que l'on
ciovail voir {'Il rr.mro dans Michcllc-
Annc Drouart , de l*aris : il prouva
que le sexe féminin était prédominant
dans cet individu. G — n.
GIUARDIN (Jacques -Félix),
prêtre , docteur en tl)éolop;ie , ne à
Fre'jus en 1678 , mort cure de la
même ville le i5 juin i^So, est au-
teur des ouvrages suivants : l. His-
toire de la ville et de l'église de
Fréjus , Paris, 1729, 1 part, in-
12: la prcnnère contient Tliistoire
civile , et la seconde l'histoire ecclé-
siastique. C'est l'ouvrage le plus com-
plet (ju'on ait sur ce diocèse j et ce-
pendant il n'est point recherché. L'épî-
tre dédicatoire (au cardinal de Fieury )
est attribuée à l'abbé Prévost. II.
Histoire de S. Ansile, patron de
Callas (près de Draguignan), Aix^
I 750, in- 1 '2. Ce p.itron avait échappé
aux recherches de l'abbé Chastelain ,
et ne se trouve point dans son T^oca-
hulaire hngiologifjue. 111. Pie du
serviteur de Dieu François Blets,
né au Bar j hennite du cap Baux,
ibid. , .759.. IV. Fie du serviteur
de Dieu Laureas Bonhomme , so-
litaire près de Fréjus ( mort en
1704, et jifédécesseur de F. Mets à
l'ermitage du cap Houx), in- 12, s. d.;
l'approbation est de ij^ij. V. Songe
historique j in- 12 de g pages, sans
date : c'est une pièce d(^ vers sur la
naissance de Cornélius Gallus à Fré-
jus {Foy. Gallus, XVI, 57g.) —
Jean-Baptiste Girardin , prêtre du
diocèse de Besançon, mort le i3oc-
tobce 1785 , à Maiileroncourt - St.-
Paneras , dont il était curé , est au-
teur d( s ouvr;'ges suivants : ï. Ré-
flexionf phy si(]ues en forme de Com-
mentaire sur le chapitre viii du
livre des Proverbes , depuis le ver-
set 22 jusqu'au verset 3i , Paris,
1758, ou litsaiKon, 17^9, iu- 12.
GIR 455
Son but est de prouver la bonté et la
sagesse du Créateur par l'ordre im-
muable de l'univers: il ne lait guère
que répéter ce qu'on trouve dans tous
les livres sur ce sujet; mais il a l'avan-
tage de mettre d'importantes vérités
à la portée de la classe commune des
lecteurs. II. ]J Incrédule desabusé
par la considération de l'univers
contre les spinosistes et les épicu-
riens, Epinal, 17O6, 2 vol. in- 12,
Cet ouvrage est la suite du précédent.
Dans la première partie, il démontre
l'existence de Dieu, et prouve sa sa-
gesse par des r.iisons tirées de ses ou-
vrages: il s'attache dans la seconde à
réfuter les objections présentées con-
tre la Providence. Son style manque
de correction et d'élégance ; mais il
est toujours simple , clair , et quelque-
fois il a de la chaleur. On lui attribue
encore une brochure intitulée : LeL^
ire d'un gentilhomme à un docteur
de ses amis, pour savoir s'il est
obligé de se confesser au temps de
Pâques à son curé, ou d'obtenir de
lui la permission de s'adresser à
un autre confesseur , avec la ré-
ponse du docteur , Epinal , 1 762 ,
in-12. W— s.
GIRÂHDIN (RÉNÉ-Louis marquis
DE ) , colonel de dragons , offrit une
retraite à J.-J. Uousseau, dans sa terre
d'Ermenonville, et lui fit élever un
tombeau dans la partie de ses jar-
dins connue sous le nom de l'île des
Peupliers, il se montra favorable aux
réformes annoncées en 1 78g ; mais
trompé dans les espérances qu'il avait
conçues, il crut pouvoir se soustraire
aux mallieursqu'il prévoyait, en vivant
dans le plus grand isolement. Dénoncé
au club des Jacobins, en novembre
i7g3, il échappa cependant à ses en-
nemis : mais ce ne fut qu'en faisant
l'apologie de leurs principes ; et cette
conduite, qui ne prouve que de la
456 GIR
faiblesse, lui a été cruelleracnt repro-
chée. Le marquis de Girardin char-
mail les ennuis de sa solitude par la
culture dos lettres. Il joignait à un
grand fonds d'esprit naturel , de l'ins-
truction, etdes qualités douces, qui le
rendaient cher à sa famille et au petit
nombre d'amis restés fidèles à son sort.
Il mourut dans la retraite le 20 sep-
tembre 1 808. On a de lui : J.De la com-
position des paysages ou des moyens
(VemhelUr la nature près des habi-
tations, en y joignant l'utile à Va-
gréable^ Paris, i']"'] ; 4'"'édil.,i8o5,
in-8°. ; trad. en allemand , Leipzig,
l'y 79, in-8"., et en anglais, 1785,
in-8°. Ctt ouvrage est très estimé. II.
Discours sur la nécessité de la ra-
tification de la loi par la volonté
générale y 1791, iii-8". W — s.
GIKARDOS (François), célèbre
sculpteur, naquit à Troyes, en i65o
( i ) . Son père , JNicolas Girardon , fon-
deur démet •ux,le destinait à la chicane,
cl l'avait pl.icé dans une étude de
procureur. N'y faisant aucun progrès,
Je jeune clerc ne cessa de solliciter
Ja libf-rié de se livrer entièrement
à son goût naturel pour les arts du
dessin. Le talent avec lequel il mode-
lait la cire er sculptait des figures en
l)ois , fil conjccfurer qu'il réussirait
dans la cis( lure. Il lui fut permis d'en-
trer chez un de ces menuisiers de pro-
vince qui eiitreprennrnt indifte'rem-
meiit tics panucaux poiu' h\s bibliothè-
ques, et des figures de saints pour 1rs
cli.ipelles. (iirardon ne tard.i pas .1 s'y
distiiigutr par sou adresse. Il éludia
avec soin un ccrtâ'iii nombre de statues
cpii décoraient alors les églises de
Troyes; et il sculpta une (igurc de
vierge avec tant dt- goût qu'il en fut
])arl(' (Ims toute |.i ville. Conduit par
*ou luaifreau ch.Ucau de Sl.-Licliault,
(<) D'autre* dueot ea 1627.
GIR
dans lequel il y avait des bas-relicfs
de bois à exécuter, il eut le bonheur
d'intéresser à son sort le chancelier
Séguier , seigneur du lieu; et ce fut
le commencement de sa fortune. Le
chancelier, après l'avoir placé à Paris,
chez François Anguier, sculpteur ha-
bile, l'envoya à Rome pour s'y perfec-
tionner, et paya les fiais du voyage.
Louis XIV accorda au jeune élève une
pension de mille écus. De retour en
Frnnce, Girardon brigua la faveur de
Lebrun, alors l«^ peintre du roi, et
obtint, par la protection de cet artiste,
qu'il affectait de nommer son maître,
une grande quantité de travaux pour
les maisons rovalesde Versailles et de
Trianon. L'académie royale de pein-
ture et de sculpture l'admit au nombre
de ses membres en 1637 : elle le nom-
ma professeur en 1659, adjoint à
recteur en 1674 ^ cf chancelier en
1695. Après la mort de Lebrun, Gi-
rardon obtint de Louis XIV l'inspec-
tion générale des ouvrages de sculp-
ture, et en exerça, dit- on, les fonc-
tions de manière à s'attirer justement
la haine du Pugot, son plus redouta-
ble adversaire: ce fut même, ajoute
la chronique , pour ne point dépendre
de lui, que celui-ci se relira brusque-
ment à Marseille, Cette dernière par-
ticularité ne mérite aucune confiuice.
Girardon , comme on vient de le voir ,
ne fut nommé inspecteur-général des
sculptures qu'a près la mort de Lebrun:
or, cette nomination ne put être la
cause du départ du Puget, puisque
Lebrun mourut en i()9o , el que, dès
l'année 16H9, le Puget était reparti
pour sa ville n itale ( f fv>*. Pvgkt).
C'était plutôt à l'autorité vraiment des-
potique de Lebrun que le Puget avait
ru le noble orgueil de se soustraiie ; « l
l'on conçoit aisément qu'avec son ima-
gination ardente, son génie ennemi
de toute espèce d'entraves, il lui eut clc
OUI
impossible do vivre dans celle de'pen-
d.uice, pour laqiirlic, au contraire,
(lirarduM srnibl.tit cire ne. On ne sau-
rait trop sVIcvcr contre cet usige
d'attribuer à un premier peintre et à
un premier sculpteur le droit de don-
ner , aux autres artistes, le sujet,
Tordonnance, et jusqu'au dessin des
taliicaux ou des statu» s qu'ils doivent
exécuter. 11 en resuite nécessairement
que tous les objets d'art de la même
époque semblent être l'ouvrage du
même auteur. Lebrun avait un talent
admirable , sans doute ; mais son
goût de dessin, qui convenait si bien
à la peinture et principalement au
genre de tableaux qu'on appelle de
grandes machines , n'était pas celui
que devaient étudier de préférence,
et encore moins copier servilement,
les sculpteurs. Les groupes en mar-
bre et en bronze exécutes d'après
ses dessins dans les jaidins de Ver-
sailles, quoique d'un stvie ge'nëralc-
ment noble et correct, foi ment un
ensemble tellement monotone , qu'il
ne contribue peut-être pas médiocre-
ment à la tristesse de ce majestueux
séjour. Il est prcsumable, par exemple,
qucGirardon eût beaucoup plus varie'
le caractère de ses compositions, et
qu'il i ût donné à ses fip;urcs des formes
plus svelies, plus élégantes , s'il se
fût moins scrupuleusement assuje'îi au
goût de son exigeant protecteur. On
ne peut nier, au surplus, que ce
célèbre statuaire n'ait laissé de très
beaux ouvrages. S'il n'a complètement
justifie ni l'extrême faveur dont il a
joui, ni les éloges pompeux que La
Fontaine et Boileaii lui ont prodigués,
s'il est vrai qu'd ait manque d'inven-
tion ( idée qu'il propageait lui même,
dit-on, pour flatter Torgueil et con-
server les bontés de Lebrun ) , s'il
négligeait quelquefois rexj)ression et
ce que les arliîtcs cnleudcnt par le
GIR ^'ï?
traifailHw marbre; enfin, si ses figures
sont un peu courtes et ses draperies
trop pesantes, il y aurait de l'injustice
à ne p is louer la sage et m.fjf siueuse
ordonnance de ses compositions , la
correction de son dessin et le beau
caractère de ses têtes. Le mausolée du
cardinal de Richelieu, qui était au-
trefois placé dans l'église de la Sor-
buniie et que les révolutionnaires ont
mutilé en plusieurs endroits , passe
pour le chef-d'œuvre de Girardon. Il
n'est pas nécessaire d'avoir long-temps
étudié la manière des çrands artistes
pour reconnaître, au premier coup-
d'œil, dans cegroiipe, toutes les beautés
et les défauts qui caractérisent le style
de Lebrun ( i) . Ce célèbre mausolée,
restauré après la révolution du 9 tlier-r
midoran 11 (ii7 juillet «794)? p^ï" ^cs
soins de M. A. Lenoir , conserva-
teur des monuments français, sera ,
selon toute apparence , rendu à sa
première destination. La figure prin-
cipale a six pieds; celles de la Reli-
gion et de la Science , représentées
auprès du cardinal, ne sont que de
grandeur naturelle. Après cette com-
position , d'un ordre vraiment supé-
rieur , on cite , de Girardon , les
quatre figures des bains d'Apollon à
Versailles. Elles lui valurent un prix
d'honneur, consistant en une bourse
de3oo louis, qu'il reçut des mains mê-
mes de Louis XI \'. Ce fut encore à la
protection de Ldjrun que Girardon dut
cette glorieuse récompense. Les frères
Marsy, qui avaient aussi exécuté pour
les bains d'Apol'on, un groupe admi-
rable, méritaient au moins de partager
le prix avec le favori du premier j)cin-
trc. La statue équestre de fiOuis XIV,
érigée sur la place Vendôme et exé-
cutée par Girardon, a été renversée
cl brisée par les auteurs de la funeste
^1) Ce peialre eu avait erfccùvcmeat fourni les
dosiiac.
45S GIR GIR
rëvolluion du lo août. Elle avait 21 avait aussi cultivé les beaux-arls; elle
pieds de haut; cl elle passait pour la peignait, avec succès, les fruits et les
pn inière pitce de cette dimension fleurs. Cette dame , reçue membre de
qu on tut osé fondre d'un seul jet. Des Tacadèmie royale de peinture et sculp-
curieux ont conservé le pied gauche ture, était morte en 1698, dans la
du cheval. Ce fragment e.st déposé 6g'.annéede sonâge. Girardon lui fit
au Musée des Petifs-AugustiLS, oij l'on élever un mausolée en mai bre, dont
voit aussi un petit modèle en bronze il voulut composer lui même les des-
de cefte même statue équotrc; mo- sins, et dans lequel, suivant ses in-
dèle d'autant plus précieux qu'il a tentions testamentaires, il fut inhumé
ete terminé avec soin par Giiarclon, à son tout. Ce tombeau, exeVuté par
et qu il donne une idée parfaitement Nourrisson et Le Lorrain (ses élèves),
exacte du beau monument dont les exislait encore, dans l'église de S.nnt-
agcnts de la terreur ont à jamais privé Laiidri, en i -jQ'i. C'était un monu-
Ja cq)itale. Il serait trop long de don- ment fort simple, représentant une
lier ia une liste complète des autres longue croix nue, et Notre Seigneur
])roductions de Giraidon. Nous indi- moit aux jjieds de la Sainte- Vierge,
querons seulement, comme plus par- La composition en était mesquine, et
licu.icreraeiildignesderemaïque, l'en- autorisait les ennemis de Giraidon à
lèveraerit de Proserpine, la iontaine dire qu'il n'avait pas le génie de l'in-
de S.ilurne, celle du Nord, la figure venlion : mais personne ne put nier,
de l'flivcr sous la forme d'un vieillard, du moins , que la douleur de la Vierge
et une immense quantité de bis-reliefs ne fût savamment exprimée. F. P. — t.
dans les jardins de Versailles, de GIRAMDOT (Jean), m. ur de
beaux groupes d'enfants à Trianon; Beauchemin , ne à Nozeroy, petite ville
des figures d'ornement dans l'intérieur de Franche-Comté, V( rs 1690, exerça
du château des Tuileries; une ))re- la profession d'avocat, et fut ensuite
mière statue équfstie de Louis XIV, pourvu d'une ehaige de eon>eiller au
tpii ayant élé trouvée trop petite pour parlement de Dtde. Il était membie du
la place Vendôme, fut cédée a la vilie conscd supérieur chargé de la dé-
de Deauvais; les toinheaux de la prin- lense de la province , en iG56 ; et il
fesse de Conti, de Luuvois et des se distingua dans cette campagne par
Ojstellans, enfin, [)liisieurs portraits, sa prudence et sa fenm lé. Un jour il
tant en ronde-bosse, qu'en bas-relief, s'opposa a l'exéeution d'une mesure
parmi lesquels on distingue Us bus- (pu venait d'eire résolue, m s'.ippuyant
tes de Louis XIV, d'Antoine Arnauld, de l'exemple du t;ranii Scipion ; et la
cl de Ijoileau. Ce fut j)Our ccdernirr suite prouva qu'il avait bien jugé l'é-
portrail que l'autenr de l'Art po<'i!«jue venenient. I)( puis ce moment , h s olli-
composa celte in^crij,tion si connue ; ciers i un nt plusde con-ideiationpour
Crâre .u p),i,ii,. Af, «ot« »«« , Giiardol ; et dans les oecasions diili-
Mrvoii«.fti,ir vyr aui.Mi .,...• rii.iivrri; ciK S , ils lui deiua tubieiit s'il avait
l»»oic»>in«rljir luiiuiix itiiU. «iir initii vi««j;r , CUCOie (jUeMjUes M'lfHOHatieS. Il lUOU-
l>rG.r«rdo..i„ujo..r.on,-,arr,rou.rag.:. ,„j ^ vicc- piésidiii t du parlement, à
Cet habile seul|)f»ur mourut à Paiis, l)oîe, .11 nuiis de jauvicr lO")!. On a
le |'^ septembre 1715 (le même de ce magistial :L J)tux mrmvinis
)<»ui queluFianeeperdil Louis Xl\ ). en faveur de Henri Routeehoux , tli-
iiallicriuc Duclicmin, i.011 époubc , iit leur des saliuts, accuse de malv ce-
(. 1 w
salions; le premier, iinprimd à Lyon ,
161 J , cl le second, à Anvers, iOi<),
in-8". Ils ^ont encore recherches <ie
quelques cuiiiux, à raison de.s dé-
tails qn'on y do"i»t* snr l'adininistra-
tion des salines , cl sur l'esprit des
h.il)itanls de la province à cette cpo-
qne. 11. Le chemin d'honneur de la
noblesse catholique dans le monde ,
])oIe, 1627, in-8". On pcnt , dit M.
Grappin, assurer qn'ii a snivi cons-
tamment la roule qu'il elurcliiiit à
frayer anx anires. 111. Oratoriiun
m-tilulinuTti viri chnstiaui in repu-
blic d agejitis , ihid. , 1 67)i) , i n - 1 'i .
C'est un recueil de passages des livres
saints , et de réflexions piruses à l'u-
sage dos maujislrats. IV. La Bourgo-
gne délivré e.Cvi ouvrage cite dnns la
Lettre de Louis Pi Irey, sur le sie'ge de
Dole en i65G, n'est peut-être que la
Relation sommaire delà guerre du
comté de Bourgogne , par Giiardot ,
dont le manuscrit original fut adresse
au chancelier, après la réunion de la
province à la Fiance. W — s.
(illlAUi) (Cl AUDE -Marie ), me'-
decin et litteralt^ur , ne en 1711 à
Lons-le-Sannier, fit ses études à l'uni-
versilé de Besançon , et api es y avoir
pris ses grades, se rendit à Paris, où
il fut attaché pendant quelque temps
à l'Hôiel-Dien. 11 avait annoncé, dès
son en lance , un goût très vif pour
la poésie ; et m dgré son peu de for-
lune , qui l'obligeait à chercher des
ressources dans l'exercice d'une pro-
fession lucrative, il ne laissait pas de
consficrer une partie de ses loisirs à
la lecture des auteurs anciens. Quel-
ques petites pièces de vers l'avaient
fait connaître comme homme d'esprit,
et lui avaient mérite des encourage-
ments. 8on séjour à P;;ris accrut en-
core son goût pour la littérature : il
s en éloigna momenfanémenl pour vi-
siter l'Italie et les provinces mcridio-
GIU 45r|
nales de la France; et à son retour,
il reprit avec empressement sd d( ii\
occupations habituelles , la pratupic
de sou art et la cu'lure drs lettres.
Giraud , fortement attaché aux prin-
cipes religieux, prit souvent la pbimc
j)Our leur défense; mais sa conduite
ne fui point la suite d'un calcul com-
me celle de tant d'autres eV.riv.iins do
la même époque : il ne chercha jamais
la fortune ni la réputation. Il ne sol-
licita qu'ime seule place, celle de cen-
seur royal ; cl il se consola faciiem< lit
de n'avoir pas pu l'obtenir. Il n'a mis
son nom à aucim de ses ouvrages, n a
été membre d'aucune académie ; et
désabusé mcme des illusions litté-
raires, il est mort presque inconnu, à
Paris, vers 1780. On connaîl de lui
les ouvrages suivants : L La Pejro-
nie aux enfers, on arrêt de Plu-
ton contre la faculté de médecine;
chez Mmos , 174^^ in-12, eu vers.
Cette pièce a trait à la dispute qui s'é-
tait élevée entre les médecins et les
chiiurgiens pour la prééminence de
leur art. IL Diabotanus , ou Vorvié-
tan de Salins, poème ( en prose) tra-
duit du languedocien, Paris , 1 749»
in- 12. Il a reparu sous ce titre : La
Thériacade , ou l'orviétan de Leo-
don (1), poème héroï-comique, suivi
de la D iahotano garnie , ou les noces
de Diabotanus, Genève (Paris), 1 769,
'2 vol. in-x2. Dans la préficc, qui est
bien écrite, l'auteur passe en revue
les poèmes épiques de toutes les na-
tions, et éiablit plaisamment la supé-
riorité du sien , non seulement sur
tous les poèmes modernes , mais même
sur ceux d'Homère et de Virgile. La
conduite de son ouvrage est régulière,
et il yfaitnnemploi assez ingénieux des
fables de la mythologie ; mais on lui
a reproché le défaut d'invention , et
(1) Zé«(/ci/j, <îe Lcdonain , uoui laiiii de la villa
de Luns-lc-baiiliiicr.
46o G I R
un style trop surchargé d'épilliètrs.
Le tiire seul de ces poèmes , dit l'ab-
bé Sabaticr , est capable d'cflVaver :
il faut néanmoins avouer qur l'auteur
a su y répandre des traits d'espiit, de
]a moj^le , et quelques saillies d'une
imagin;)lion pleine d'enjouement. L'é-
pisode de b'ilcmnus (dans la Diuho-
lanogamie ) est ecmnic un tableau de
l'Albriiie. IW.La Procopade , ou V^-
potheose du dcctsur Procoj'e, poî^rae
en six chants, Londres (Haris), 1754,
iu-i2. La [)orsie , dit le aiêuae criti-
que , y parle le langage du docleur
Dial'oirus, mais avec assez d'esprit et
de ta'.fnt i-our fiire repjrelter que le
poètf ail choisi dis sujets si biz^iircs.
IV. Efitre (en vers) iur les ecclé-
siastifjues ^ adicssée à l'aLbé Laïu-
birt, Furis , 1 759 , iii-12. V. Épîlre
du Diable à M. de foliaire, i -jOo, in-
8\, iciiiipiunec séparément un ijjrand
nombre de fuis , et insérée dans le
Recueil des satiriques du xviii' .
siècle. Les In. ils en sont ingénuux
et piquants j et l'on trouva que le Dia-
ble n'avait pas mil choisi son secré-
taire. VL Vision de Syluius Cryphu'
îetes y ou le Temple de mémoire ,
Londres , 1 «jf}'; , 'x vol. in- 1 1. Le se-
cond volume coniit nt des Lettres mê-
lées de vers; le Temple de Vhjmen^
en prose et en vers j des Ej>itves ^ des
Stances, d< s Odes y des Epi^ram-
mes , La Peyronie aux enfers et la
Prucop'ide. l^e jiremicr volume a été
réimpiimé, avec des correctious, sous
ce tilir- : I,e Temylf de mémoire, ou
disions d'un solitaire , Paris , 1775,
in-8'. ]/autcur, dit encore S.ibalier,
eût mérité d'y avoir une [«lace dislin-
piic , s'il l'eut coiySlniil avec un p{ u
pus de soin et plus de ç,oûL On y
lrouvequ( Iqui's tr ils agréables : m. us
*cs jugements sont durs et parfois
injustes; et l'ouvrage n'est réclununt
qu'iuie très faible imitation du Tcin-
GIR
pie du goût, de Voltaire. VIL ffymne
pour le jour de la Pentecôte, cou-
ronnée par l'académie de la Concep-
tion de Rouen , en I778. VIIL Une
Traduction de l'ouvrage latin de Meil-
leur, surlescorhuty Paris, 1778, ia-
1 2. iX. Des Poésies fugitives dans les
Almanachs des Muses, et dans d'au-
tres recueils du même genre. On lui
attribue la Préface de VEsprit de
l'abbé Desfontaines. \\ avait com-
mencé une Traduction de Plante ;
et l'on ignore ce qu'est devenu son
manuscrit (i). W— s.
GIRAUD( Bruno), cbirurgien en
second de i'hotel-dieu de Paris, puis
premier chirurgie n du roi de Hollande ,
était né à Dom pierre, département
de la Maïenne ; il est mort à Parii
le 1 5 janvier 1811. Très habile pra-
ticien, il ne consacrait qu'une faible
j)artie de son temps aux travaux du
c.ibinet, pour lesquels , d'ailleurs, il
avait moins d'aptitu'le. La dissertation
qu'iî soutint, en i8o3, pour obtenir
le doctorat, est une simple ^rie de
propositions chirurgicales. Ilavail en-
tre pris un Traité de clinique exierne,
dont il n'a publié qu'un fragment. Il
s'était ptrticnlièrement occupé des ma-
ladies des yeux ; et on lui doit un petit
inNirument destiné à porter le fil qui
doit servir à placer le selon à l'inté-
tieur du canal nastl, dans l'opératioa
de la fisliilr lacryunle. C.
GlUAUDEAÛ ( lîONAVENTURE ) ,
jésuite, né au bourg de Saint- Vin-
cent sur .lard , diocèse de Luçon, en
liiS-P.'itou, célèbre humaniste, en-
seigna long-temps la rhétorique à la
Rochelle , et consacra (piat<»ize années
de sa vie à rinslruclion de> jeunes ec-
clésiastiques élevés dans le séminaire
de celle ville. A la culture des bellcs-
( i\ Il y M un T'-isiii sur une iradiirlion l>bre dr»
«nni^dirt <lr rUmc pir nu Kl. JuJuJ , r«rii^
i7(u , iu.S«.
GIR r. IK 4^»
lettres, à laquelle il s'ctaft applique' il a rc'nni, en six cent quatorze vers,
dès sa jeunesse, le 1\ Girauflc.ui avait tous Ks mots radicaux, de la langue
joint une roanaissancc aproibndic gr»cr[ue , qui furuicut ainsi un texte
des langues savantes: ou lui doit d'ex- suivi, une espèce d'odys.scc, au lieu
«•clients livres pour en faciliter rctudc. d'être présentes chicun isolement ,
l/cslinie dont il jouissait dans son comme d:nis Ws Ptacincs i^vecquiS de
ordre, et son savoir, le firent appeler Port-Royal. ïjOdjssée du V. Girau-
^1 Rome, afin d'y remplir , près du n. deau a cle' puMice sepiremciit par
V. gênerai , l'ollicc de secrétaire. Quel- FI. l.cclusc, qui l'a reproduite avec de
que pende temps que lui laissassent savantes notes dans son Manuel de
les occupations altacliëes à ce poste , la langue grecque, Paris, 180*2,
il sut en trouver encore pour conli- in-8°. ; il l'a l'ait entrer aussi dans soa
nuer des travaux qu'il avait entre- Panhellenismos. 11. Lettres sur la
pris antérieurement. Ce fut à Rome grammaire de Masclef, Ml. Praxis
qu'il fit paraître la première édition linguœ sanctce, la Rochelle, 1757,
de SR MiHhode grecque, iiUqneWc, k in-4°. C'est un dictionnaire liebreu-
sou retour en France , il crut devoir latin fait sur le plan du lexicon de
donner plus d'étendue. Le P. Girau- Schrcvclius, et plus complet même
deau eut le déplaisir de voir la dis- (en quelques parties ) que celui de
solution de la société dans laquelle il Guarin, qui venait de paraître. Le
s'était engage, et passa dans les infir- P. Girau leau prétend y avoir fondu
mites les dernières années de sa vie. tout le grand dictionnaiie rabiniquc
Il mourut le 1 4 septembre 1774. On de Buxlorf. L'ouvrage est précédé
a de lui : L Introduclio in linguam d'une grammaire hébraïque, où l'ar-
grœcam, 1739. Ayant cru rccon- ticle de la lecture est surtout fort dé-
naître que les mélhodci grecques , im- taillé • le premier chapitre de la Ge-
primées jusque-là , étaient imparfai- nèse y est donné tout entier pour
tesj que les unes, bonnes pour les exemple, avec une verslur» littérale,
commençants, devenaient insuffîsan- et la manière de le prononcer avec et
tes, à mesure qu'on avançait dans sans points. Pour rendre chaque lettre
cette étude , tandis que d'autres plus hébi<.ïque par un seul caractère, l'au-
savantes l'étaient trop pour ceux qui teur représente le Tsadé et le Ssin
ne faisaient que commencer, il résolut, par les lettres grecques «i et Ç. vSa raé-
pour obvier ta cet inconvénient, de thodc pour lire l'hébreu sans points-
retravailler son ouvrage , et chercha voyelles paraît plus simple que celle
à le combiner de manière qu'il suivît de M^sclef , et moins sujète à Téqui-
pour ainsi dire les progrès des élèves, voque : elle consiste à intercaler un
depuis ceux qu'en cinquième on initie o entre deux consonnes , toutes les
à la langue grecque, jusqu'à ceux fois qu'elles se suivent dans un même
qui, parvenus aux classes supérieures, mot (1). L'ouvrage est terminé par
p;uv('nt lire Homère. Cette nouvelle une ample table des abréviations ra-
Jnlroduction à la langue grecque eU biniques , suivie des racines hcbraï-
en 5 vol. 4 • éJilion , 1777 : les deux ^'^**'** ^ **^* nombre d'enviion mille
premiers sont en français, et les trois qu lîre cents), eu trois cent cinquante
autres en htin. On y remarque, sous "VTTi . ,^- , '. ' i T^T
. . -, , _ •' ; ' ^ (i) n avait déjà donar; un aperçu de cet ingé-
le titre d Oouç^îtJ , un petit poème nieu» système. daa« un- letlre aux journalistes a»
kéfoique en six chants , dans bqucl lll'.^u^'"''"' ''' ^''""' ^"'""' '^'' '
462 G I R
vers hcximètres latins , divises en
trente leçons. V. \j Evangile médité
et distribué pour tous les jours de
Vannée y Paris, 1773 , i3 vol. in- 12;
lëimpriraë en 177^, 8 vol. in-12,
cl plusieurs fois depuis. La santé du
P. Giraudeau ne lui ayant pas permis
de publier lui-même cet ouvrage , il
remit son manuscrit à M. de ijeau-
cnoîil, archevêque de Paris, qui char-
gea l'abbé Diiquesiie de le revoir et de
le faire imprimer.! Voy. Duquesne.)
P;inni les livres de dévotion, \' Evan-
gile médité jouit d'une juste estime.
Il offre non seulement l'histoire e'van-
gélique , mais encore de judicieuses
explications du texte. « Le style, dit
l'abbë Feller, en est pur, coulant,
naturel; la manière grande , noble,
IfS idées vastes et les réflexions pro-
fondes. » — « Tout, dit un autre écri-
vain , dont l'éloge ne paraîtra point
suspect (i), tout y est digne du fiis
de Dieu; tout y répond à la sublimité'
de sa doctrine et à rexcellence de ses
saints préceptes. » VI. \jÀixiade ^
ou Vile d'Aix conquise par les An-
glais, 1757, p»)cme non achevé. VI I.
Histoires et Paraboles du P. Bo~
navenVire , Paris , i 7(i() , in- 1 •>. ; ou-
vrage écrit d'un style simple cl adapté
à l'éducation de ta jeunesse. Il a ctë
souvent réimprimé, cl a reparu, au
raoinsen p.'rlie,d,ins la Bibliothèque
bleue. I/ab))é Champion de Nilon a
donné une continuation à cet ouvrage
abcétique, Paris, 178G, in-i>..
L— Y.
GIHAULT (r>ENiG!VE), médecin,
ne à Auxonne en 172^), et mort en
l'-r)'"), étudia la médecine dans les
universités de Montpellier et de Pa-
ris. Il se relira ensuite dans sa j)atrie,
où il fut nnnmié njé«lccin des salles
militaires de l'hùpital civil. Pemlant
ait
(i> Nullat, protrjtaiit «l rrrlrur de lV|;liit «le
.-i'icrrc, il.iii* l'Ile Ua Giicnuit/.
GIR
l'exercice de ses fonctions , il pub'ia :
J. Deux Mémoires sur le privilège
des gradués , et sur le danger de
permettre V exercice de Vart de gué-
rir à ceux qui ne peuvent justijit r
d'études préalables, Dijon, 1754.
IL Observations de médecine pra-
tique faites dans les salles militaires
de Vhôpital d' Auxonne pendant
Vannée 1765, ins-rées dans le Jour-
nal de médecine militaire, quatrième
et cinquième volumes, 1784 ''t 1785,
IIL Observations sur les fièvres in-
termittentes traitées depuis cinq ans
dans la salle militaire du mène
hôpital i'\n\\\r\\ï\ées an 17^8, dans le l
deuxième volume des Observations
f'iites dans le département des hôpi-
taux civils. Ch — T.
(illlOD ( Pierre -François -Xa-
vier), médecin, né en 1735, à Mi-
gnovillard, près de Salins, a mérité
une assez grande réputation, pour avoir
introduit , le premier , en Franche-
Comté , la pratique de l'inoculation.
Après avoir pris ses degrés à l'univer-
sité de Besançon, il revint dans son
village, où il partagea son temps entre
r<'xeicice de la médecine et l'étude
des mathématiques. Heureux dans
cette retraite , dit Vicq d'Azir, il fii-
sait le bien et cherchait la vérité ; il
n'achetait et ne lisait qu'un petit nom-
bre de livres ; il avait peu d'amis, peu
de fortune et peu de besoins. Le méde-
cin en chefdesépidémiesde la province
sollicita et obtint la permission de lui
remettre sa place; et depuis I7(i3,
Glrod eut constamment à combattre
deux des plus grands fléaux qui
puissent aflliger le peuple, la conta-
gion et la misère. Ce fut en 176*3 qu'il
commença à pratiquer rinoeiilalion ;
et ses essais ayant été couronnes par
le succès , il luit toiit en œuvre pour
détrviire les préjugés qui s'opposaient
encore à railoplion de cette bicnfai-
GIR
ssntc piMtiqiie. Les ennemis de l'ino-
cnl.ition 1,1 coinbaHaiciit par lc> mêmes
iMOvens qu'on a vu employer (le[)iiis
contre la vaccine. Ils acciedilèrent le
l)ri»if (]inl rcstillait (le>; calculs laits en
Angleterre, que la vie des personnes
inoculées était plus courte que celle
des autres. Girod (il le voyage de
Londres , à ses fnis, et n'en revint
qu'avec des preuves évidentes de la
fausseté de celte assertion. Il était, de-
puis 1776, membre de la société
royale de méJecine, à laquelle il avait
adressé plusieurs mémoires intéres-
sants sur la nature et le traitement des
maladies épidémiques. A son retour de
Londres , il s'arrêta quelque temps à
Paris ; et la société royale profila de
cette circonstance pour lui décerner,
dans une séance publique, deux mé-
dailles d'encouragement. Il fit , peu de
temps après, un second voyage à Paris
pour inoculer quelques personnes de
marque qui s'efTorcèrent en vain de
le retenir. Une épidémie meurtrière
Tenait d'éclater à Ghatenoy, dans le
bailliage de Dole: il s'empressa de s'y
rendre, pour porter aux malades les
secours de son art ; mais, au milieu
de ses pénibles fonctions, il fut atta-
qué lui-même de la fièvre qui l'enleva,
le 5 septembre 1785, à lage de qua-
rante-sept ans. Le roi lui avait accordé
des lettres de noblesse, en récom-
pense de son zèle et de son désinté-
ressement. Son éloge, par Vicqd'Azir,
donton a emprunté ici plusieurs traits,
a été imprimé dans les Mémoires de
la société royale de médecine , et
dans le tome 11''. du Recueil des
éloges de cet écrivain. M. Pliilippon
de la Madelaine en a donné une édi-
tion , précédée d'un avertissement,
Besançon, 1785, in-8'. W — s.
GIRON (Francisco Hernandez),
suivit Pizarre en 1 552 , se distingua
à la conquête du Pérou, devint riclie
G 1 R 4r»^,
et puissant , jouit d'un grand crédit
])armi les eonipiéranls espagnols, et
excila en secret leur méconleiilement
contre lamétropol -.Cliar ;é,en i5 j5,
d'aller soumeltre la province de Cliar-
cas, il leva des lrou|)es à Cuzco , ar-
bora lui-même l'étendard de la révolte,
attirant à son parti tous les Espa-
gnols qui avaient été engage's dans
les factions d'Almagro et de Pizarre.
Après avoir fut arrêter le gouverneur
de Giizco , il s'empara du gouverne-
ment, défit les troupes royales, et
remporta, peu de temps après, une
seconde victoire encore plus complète,
près de Clniquisaca; mais il ne sut
point en profiler. Attaqué à son tour
par les royalistes, il fut défait à Pa-
cava, en i554, abandonné de ses
troupes , pris dans les montagnes où
il s'était retiré, et exécuté à Lima. Ce
fut la dernière révolte que fomentèrent
les conquérants du Pérou. B — p.
GIRON Garcias de Loaysa (Don
Pedro), savant Espagnol, naquit à
Talavera en i54'2. Après avoir ter-
miné ses études à l'université d'Alca-
la , il se retira à Tolède , où son oncle
Lopcz de Garvajal, qui en était alors
évêque, lui conféra une des pi eraières
dignités de la cathédrale. Giron était
très versé dans les lettres divines et
humaines, possédait les langues an-
ciennes, et se distinguait surtout par
la douceur de son caractère et la ré-
gularité de ses mœurs. Philippe lï ,
l'ayant appelé à sa cour, en i585,
le nomma son aumônier , cl lui confia
Téducafion de l'infant, son fils, depuis
Philippe m. Le caidinal Albert d'Au-
triche ayant succédé à dom fjopez de
Garvajal sur le siège de Tolède, choi-
sit aussitôt Giron pour son vicaire gé-
néral ; mais ce prince s'étant ensuite
marié avec l'infante Elisabeth ( 1 5c)8),
ce fut Giron qu'on nomma pour le
remplacer dans cet archevêché : il
464 GIR GIR
ne quitta cependant pas la cour, les de la Manche, où il ne tarda pns
Dans la même année arriva la mort à prendre l'ascendant !e plis marque,
de Philippe II : son successeur, qui C'est à son heureuse influence que l'on
jusqu'alors avait témoigné pour Giron doit la modéintion que montra cons-
de la considération et même de l'ami- tamment, à l'assemblée consliluanle,
tic, commença à le tiaiter avec froi- la députation de ce dépaiterarnt; et
deur, et le prit bientôt en aversion, les personnes, à qui l'hi.stoire de la
indisposé contre lui par les intrigues révolution est familière, n'ont pas ou-
de (pielques courtisans jaloux. Giron blié le manifeste énergique qu'une par-
ne put supporter cette disgrâce^ on tic de celte dépulation publia contre
croit qu'il eu mourut de chagrin, le 2Ci la constitution de 1791. Nommé re-
féviier iSgg, ayant à peme joui six présentant du peuple en 1792, Gi-
mois de sa iiouvelie dignité. On a de rouit crut devoir accepter une fonction
ce savant prélat une CollecUon des qui pouvait le rendre utile à la cause
conciles d^ Espagne, Tolède, 1594 , de la monarchie. Mais le mal était déjà
avec des notes et des corrections : elle sans remède : cet antique édifice , sapé
a été éclipsée par celle du cardinal jusque dans ses fondements , s'écrou-
Aguirie( 1693, « 75 î). B — s. lait de toutes parts ; enfin, la journée
GIIxOjN (D. Pierre). F. Osso>'e. du 10 août en consomma la ruine. Gi-
GIROULT (Etienne), député du rouit, qui jusqu'alors avait gardé le
département de la Manche à l'as- p'us profond silence, voulut au moins
semblée n.itionale de 1792, fut un de s'opposer aux attentats qui se rcnou-
ceux qui , à cette époque, montrèrent vêlaient sans cesse. Il fit inutilement
le pins de dévouement à la royauté. Il les plus grands efforts pour sauver
naquit en 1766, à Chértncé-le -Hé- le vertueux de Laporle , intendant
ion , près Villedieu , d'une famille de la liste civile , qui termina son
ancicnie et très considére'e. Son édu- existence sur l'échafaud révolution-
cation fut aussi brillante que solide, naire. Poursuivi par la haine active
Après avoir terminé ses éludes en des jacobins, qui ne pouvaient lui par-
droit à l'université de Caen, il fut reçu donner son attachement à la royau-
avocat au parlement de Rouen, à l'àgc te, ell'ravé des massacres de seplcm-
dc 27. ans. Thount et Bitouzé des bre, Giroult chercha son sahit dans
Linières, que l'opinion publique pla- la fuite. Bientôt son nom fut rayé de
çait alors à la tête du barreau de celle la liste des représentants, et >a tête
ville, remarquèrent le talent du jeune fut proscrite. Koland, qui, dansleiemps
Giroult, et lut firent les plus vives ins- de son ministère, lui avait offert la
tnnres pour l'engager à rester parmi j)lace de secrétaire-général et en avait
eux. Mais après un séjour de quel- été durement refusé, venait de trou-
qu(s années, entraîné par son pen- ver, dans un trépas volontaire, la fia
chaii! pour la littérature , il vint à Va- d'une vie Irop agitée. Otle cliulc terri-
ris, daui l'intention de s'y fixer. Il fut nbie d'un des |)lus ardents répiibli-
rap|»elé •?u)mentanéiuent au sein de sa caiiis ne fit qu'accroître les craintes
fiiuilie, luixpie les orages .s'amonce- de Giroult sur les excès dtuit la France
iaient antuur du trône, et dut alors se entière allaitdivei.ir le tlicàiie. Rentré
livrera utiijulregenred'oeeupation.Ija dans le département de la Manche, il
coiiO née (le ses compatriotes le forvi le revit dans uiîe situalion bun diffc-
d'entrer dans les assemblées élcclora- renie de celle où il l'avait laisse. Le fc*
roceTiCC.irpcnlicry coinrncllait alors
C<'S alrocilé.s qui ont rendu son nom
si cxcV.iabU'. Ct'l homme afTi'ciix con-
nut bientôt par ses émissaires la re-
traite (le (iiroull. ï/inforluné ropré-
sciilaiit, poursuivi d'asile en asile,
sVtait on!in réfugié dans le cloclicr
de rép;Ii5e conventuelle du Mesnil-
Garnier , comme dans une retraite
sûre ; mais il fut dénoncé par un
scélérat nommé Robert. Aussitôt des
détachemenls considérables de gen-
darmerie vinrent cerner l'église hos-
pitalière. Giroult , qui s'aperçut du
péril où il était, voulut se cacher dans
un lieu inaccessible; mais ayant eu le
malheur de mettre le pied sur une so-
live pourrie, que le poids de son corps
fit rompre, il tomba d'une hauteur
effrayante, eut le corps brisé, et fut
traîné expirant, dans une maison voi-
sine, où il mourut effectivement peu
d'heures après, le i o décembre i 793.
N— E.
GIROUST (Jacques), jésuite,
né, en 1624, à Beaulort , eu Anjou,
entra dans la société à l'âge de quinze
ans. Après avoir, suivant l'usage de
l'institut, parcouru les différents de-
grés de renseignement, il s'alonna à
là prédication , et fut entendu dans les
chaires les plus brillantes de la capi-
tale et des provinces. Sa manière était
simple, son éloquence forte et natu-
relle, sa vie exemplaire et conforme
à la morale qu'il précbail. Il n'écrivait
pas toujours ses discours, au moins en
entier; mais quand il en avait bien
médité les priiicipales parties , il s'a-
bandonnait à Son sujet. On lui re-
proche un style souvent un peu trop
négligé. Il possédait merveilleusement
fart de fixer ou de réveillei l'attention
de son auditoire par des mouvements
pathétiques qu'il savait ménager et
employer à propos. Il passait à juste
titre pour un des prédicaltars les plus
XYIJ,
GIR
465
distingués de son temps, a Tl n'a pas,
M dit un cnti(]ue , une onction aussi
» moelleuse que le P. Cheminais, ni
» une éloquence aussi persuasive; ses
» sermons cependant approchent de
» cette tournure vive et douce, qui a
» servi de modèle à ce dernier : quand
» on le ht, il est aisé d'y remarquer
» beaucoup d'incorrections, qui pou-
» valent être moins sensibles dans le
» débit, où la chaleur de l'action cache
» ou fait pardonner les néç;lip;encesde
» la composition. » Le père Giroust se
trouva arrêté dans cette carrière par
une attaque d'apoplexie, qui dégénéra
en paralysie, mais qui lui laissa la
tête saine ^ et l'usage de toutes ses fa-
cultés intellectuelles. 11 se voua alors
à la direction fies consciences, à la-
quelle le rendaient propre l'étude pro-
tonde qu'il avait faite des matières
théologiques , un sens droit et une
jîrande connaissance du cœur humain.
Il put ainsi , au milieu de ses infirmi-
tés , être encore utile. La mort ne le
surprit point j il passa les dernières
années de sa vie à s'y préparer. C'est
le '29 juillet 1689 ^^'^^ termina ses
jours, âgé de soixante-cinq ans. Le
père Bretonueau , son confrère, a pu-
blié ses 5ermo«î, d'abord en trois vo-
lumes , Paris, i-yoo; ensuite deux
volumes des Ser/uons de VAvent,
i';04, sous ce litre , le Pécheur sans
excuse , suivant l'usage de ce temps,
où les prédicateurs cherchaient un
sujet auquel ils Rattachaient , et qu'ils
traitaient à fond en plusieurs dis-
cours. L-»y.
GIRS ( Gilles ), savant Suédois du
xvii . siècle , fiit membre de la cour
de justice de Stockholm, et mourut ea
1 657. On a de lui une trnduclion en sué-
dois du Discursus militaris de Fran-
çois-Marie de Novère , et un Traité
de la vraie noblesse; mais ce sont
«es ouvrages historiques , imprimés
3o
/
46Ô GIR
après sa mort, qui méritent le plus
d'attention. Us reiitl rinent les Annciles
des règnes de Gustave i^^. , d E-
rie Hiy et de Jeun 111. Les (ienx pre-
miers règnes parurent en 1674 ; d le
troisième ne fut publicqu'en 1 74^ , par
les soi'is de Slii-rnraan, qui a donné
lui-même plusieurs mémoires très sa-
vants sur PHisloire de Suède. G — au.
GIRÏANiNËR(CHuiSTOPiiE), né à
Saint-Gtil, le 7 décembre 1760,
montra de bonne heure une con-
ception facile, une mémoire heureuse,
un amour-propre excessif, un carac-
tère impétueux et opiniâtre. Ces qua-
lités et ces défauts, développés avec
une énergie nouvclb par les progrès
<le rage, expliquent la vie agitée de
l'auteur, et l'incohérence qui caracté-
rise la plupart de ses travaux. Après
avoir terminé, d'une manière brillante.
Je cours de ses humanités , il se ren-
dit à Gottingue , pour étudier la wé-
decine à la célèbre université de cette
Tille. En 1783, il soutint sa disserta-
tion inaugurale sur la terre calcaire y
et obtint le doctorat. Revêtu, en ou-
tre, du titre de cousedler privé du duc
<le Saxr-Cobourg, il lit de nombreux
Yoyages en Allemagne, en Suisse, eu
Frane, en Angh terre, et mourut le
17 mai l^'oo, avant d'avoir atteint
sa quarantième année. Les ouvr^iges
qu'il a publiés sont écrits en allemand,
et se divisent natunlUinent en trois
sections : la première contient les li ai-
lés spéciaux de médt ciue • dans la se-
conde , viennent se ranger cv\.i\ (]ui
ont la cliiinie [)0ur objet ; ciiliu la troi-
sième stctiou est consacrée à la poli-
tique. I. Traité sur les mnladia vti-
TK'rit'nnes j 5 vol. in 8'., (îoiliugui',
I 788-1781); Jt. ediiioii, ibid., I7«)">.
Le premier voluiiu' renferme la p.tilie
did.icii(|ue ; les dnix .lutr» s prcsru-
lent une bibliothèque sipliilidcpic, si-
non plus exacte, du moins plus corn*
GIR
plète que toutes celies qui l'avaient
précédée. Girtarmer démontre , par
des léinoigiiag'^s multiplié^ , et par des
argiuneuis qui nous >erublint :rrélra-
gables, l'origine airȎiicaiiiede la siphi-
h>. Parmi les li.iductious de ce livre
utile, on en distingue une italienne,
en 4 vo'- »n-8\, Venise, 1801. La
version hollandaise, publiée à L;ydc,
en T 796 , ne comprend que le premier
volume de l'original, qui, du reste ,
forme à lui seul un manuel pratique.
1 1 . Traité sur les maladies et Védu -
cation phjsique des enfants , Got-
tingue, 1794 , iii-8'. ; traduit en ita-
lien , et enrichi d'un article sur l'ino-
culalion de la vaccine, Gènes, 1801,
2 vol. in-8**. On chercherait vaine-
ment, dans cette compilation, des pré-
ceptes sa^es , une théorie lumineuse,
une bonne méthode curative; l'auteur
éblouit quelquefois par un style bril-
lante; il invoque sa propre expérience
avec une aflectalion d'autant plus ri-
dicule qu'il n'avait j unais visité qu'un
très petit nombre de malides. lit.
Exposition détaillée^ littéraire et
critique y du système de médecine
pratiquede Bro-wn^ Gottingue, 1 797
— 1798, >- vol. in-S". Durant son sé-
jour en liicosse , (jirtanner trouva ,
dans la doctrine Biowaienne , u!ic
mine qu'il crut pouvoir exploiter à
son profit ; il en modifia Icgirement
les piincipaux points , les entremêla
de qu Iqut'S paradoxes chimico-phy-
jiologiques , et composa de ces pièces
empruntées un tableau zoonomicpic
qui était , à l'en croire , le huit île
ses recherches et de ses méditation'.
Deux Mémoires sur Titritnhiiité con-
sidérée comme principe de ine lians
1,1 noture or^^anisée , insérés , « n
1 790, (1 liis \q Journal de physique de
r.ibbé Ho/.icr , anucuM'èreiit la pie'-
tendue découverte , qui bientôt fut re-
counuc pour uu plagiat mal déguisé.
r. iR
Fm ii'ii\ «ravoir <Mc dc'misqiie, Icdoc-
tnir Nuisse dcrhir.i itnpi'oy.iblcmrnt
Cridi «lu'il avait cnVonlciiK ni de-
|>oinlK". IV. Expnsiiion coni/ilèle el
raisofi'ta'c tin sj \tctne de im^decinc
pruLque de Darwin , (loUi ligne ,
i^ç):), IL vol. in-8'. L'tnalysc de la
Zoonuinie\\y es? pasloiijoiir.s fidèle j
la ciilii[iio csl rneiuinl juilicieiisc :
soiivciif l'S liv|)()ll{èses de Darv^'in
sont rora|)lacec.s par des liypollièscs
pliis frivoles, plus luvraisenil)! blés.
V. Eléments de chimie antipJilo^is-
tique, (iotiiiigue, 1792, iii-8 .; se-
conde édition, leviie, eorri^ee et eii-
licliic des découvertes PTentes , Got-
tinc^ne , i7<)''>, in-8''. Girlanner
adopta « l pruelima , avec une sorte
dViidiousi jsine, les travaux immor-
tels des cltiinistes frnçiis Lavoisier,
Gnyl n , Ikr'dioliet el Fourcroy ;
mais il ne pnf s'( mpc( lier d'y joindre
queîqu'S unes de ses idées bizarre'^ :
il ptèlendit , par exemple , que Tair
alin(iS|diCiiqne est un mêlante des j^az
ox.ii;ène tl hydrogène. La fanssele de
cette assertion fut mise dans tout son
jour par Berlhoilet, qni Mj^nala et
reelilia d'autres erreuis. VI. NoU'
veUe nomenclature chiuwpie pour la
lans,ue allemande y B rlin , 1791,
iii-B . < et upuseule prouve la sagacité
de l'auteur . ain^i que la richesse et le
génie de ridiomo g( rinanique , qui
lire de soi? propre fonds tous les ter-
mes de sciences et d'arts , que nous
sommes forcés d'emprunter aux. lan-
gues grecque et latine. Un bon bour-
geois de Paris ne comprend abso-
hiraent rien aux mots hydrogène ,
ox.gène , azote , qui , traduits en
aiiiiiiand, olficulun sens 1res intel-
ligible au simple artisan de Leipzig,
de Berlin ei de Vienne Toutefois la
Tcrsion d'' Girlanner est inexacte à
plusieurs égards. Moramer les oxides
des demi-acides {halOsœiire^ , c'est se
GIR 467
montrer fraduclcur infidcicj carreau,
qui est un oxide, ne laisse pas. aper-
cevoir la pbis légère trace d'acidiié :
la déuomiuatiou diver'^c des aci'J(s,
plus ou moins oxigénés , est impir-
faite , pui'qu'elle ii'in liq ii' poiril suf-
fisamment leur véritable naliiie. II
serait aussi facile que snp( rflu b- si-
giia'er d'autres taches. V II. Nouifrlles
historiques , et consiJérati >ns poli-
tiques sur la révolution francaie ^
Berlin, 1791-1797, i5 vol. in-H".
Les huit premiers volumes ont été
réimprimés, i 792-1 79(1. Vlii. Ta-
bleau de la vie domestique , du ca-
ractère tt du gouvernement de Louis
Xf'^l, roi de France et de J\ avarie,
Goîfingue, 179^. in-8 , avev; le por-
traii du roi. IX. Mémoires du géné-
ral DumourieZj écrits pari i- même,
traduits en aVemand ^ avec des no-
ta^ Gottingue, 1794, 2 vol. in -8*.
Girfauner est accusé par ses compa-
triotes eux-mêmes d'avoir souvent
mrinqué de logique et trahi la vérité
dans ses éeiis politiques , comme
dans ceux qui ont les. sciences pour
objet. Bi n qu'il ait été moissonné au
milieu de sa carrière, il a jiublié ,
outre les productions déjà énumérées,
différents opuscules , et inséré dans
divers joui uaux un grand nombre de
mémoires. G.
GIHY (Louis) , avocat, né à Paris
en i^>9'>, aimait les lettres, et em-
ployait à relire les ouvrages des an-
ciens le temps qu'il n'était pas obligé
de donner aux affaires de son cabinet.
Des manières polies, une convers.:tioa
agréable, el enfin la conformité des
goûts l'avaient lié ivec l.i jîlupart des
beaux-espiitsqui s'assemblaient toutes
les semaines chez Gonrart. Ces réu-
nions, comme on sait, donnèrent
naissance à l'académie franç.'.ise : mais
Giiy cessa d^y a*«sisfcr, etil fallut une
itiv italien du cardinal de Uichelieu,
5o..
468 G I R G I R
pourrenpjagerà y reparaître, sa modes* trois Harangues sur la démolition
tie lui persuadant qu'il n'éfait pas digne de Vautel de la Fictoire par Syin-
de l'honneur qu'on voulait lui faire, maque et S. Ambroise, Paris, 1659,
IJ fdt nomme' avocat-ge'nérai près des in- 1*2; — et enfin de l'italien , la.
chambresd'amortisseinentetdestrancs Pierre de touche -politique de Boc-
fu'fs; et il en remplit les fonctions calini . ibid. , 1624, in-S". {Fojr.
avec autant de zèle que d'intëgi ité. Le Isaac Habert. ) W — s.
cardinal Mazarin , qui le regardait GIUY (François), savant et pieux
comme un homme d'un esprit solide minime, fils du pre'cédent, né à Paris
(X judicieux, l'avait admis dans son le 1 5 septembre 1 638 , fut ëleve' avec
conseil prive'. 11 mourut à Paris en soin, et fît une partie de ses études au
i665 , à '10 ans; et Boyer lui suc- collège d'Harcourt. La réputation elle
céda à racide'mie française. On a de mérite de son père semblaient lui pro-
Giry un grand nombre de traductions mettre dans le monde des avantages
qui eurent du succès dans le temps, propres à l'y retenir. Il avait déjà une
mais qui ont été surpassées. Il a tra- sœur aînée religieuse: il se sentit ap-
duitdu grec, Isocrate^ de la louange pelé au même genre de vie ; et l'inslitut
d'Ndene, Paris, 1640, in-12; — de St. Français de Paule, quelque
X Apologie de Socrate et le Criton austère qu'il fût, lui parut être celui
de Platon, ibid., i645, in- 12; où Dieu l'appelait. Il prévoyait des
— du latin , la Quatrième Catili- difficultés de la part de sa famille: il
naire de Cicéron , ei son Dialogue f fit les vaincre en se rendant secrète-
Jes orateun illustres, Paris, i652, ment au couvent de Chaillot, et lais-
jn-12; — Des causes de lacorrup- sant une lettre dans laquelle il indi-
lion de l'éloquence, dialogue attri- quail le lieu de sa retraite, et exposait
1/ué à Tacite , précédé d'une belle et les motifs de sa fuite. Son père fut dé-
5avanle préface de Godeau, caché sespéré: il résolut d'aller le chercher,
5011s le nom de Philandre ,V\ns , et , craignant un refus de la part des
3 63o, in-4".; — V Histoire sacrée supérieurs , il se munit d'un ordre du
de Sulpice Sévère, Paris» i652, in- parlement. Le jeune Giry revint dans
12: Godeau ne trouvait pas cette tra- la maison piternellc, où l'on fit tout
fiurtion inférieure à l'original, pour ce qu'on put pour le distraire de son
la pureté du style; — \\4pologéti- dessein. Mais voyant qu'il y persistait,
que de Tertullicn , i65(j , in-8 . , et son père cessa de s'opposer à une vo-
Î.0M Traité de la Résurrection de la cation si prononcée, et lui perniil de
chair, ibOi , in - i ;i : « Tertullien , retourner à Chaillot. Il y prit l'habit le
» disait Vaiigelas, s'étonne que , par 19 novembre lOji, cl prononça ses
» les charmes de noire éloquence ,on vœux le 3o novembre de l'ainiée sui-
» ait su transformer ses roeher.s cl vante. Aussilùl après sa profession,
» ses épines en des jardnis délicieux;» on l'envoya étudier en ihéologie. 11 y
— les Epitres choisies de Sùnt Au- fit de si rapides progrès, que ses su-
pustin , Ptiris, i653-58, 5 vol. in- péiienrs le choisirent pour aller sou-
l'i j — et les deux premiers livres de tenir à Amiens une ihèse d'apparat,
1.1 Cité de Dieu , ibid., i ()()"> et et le nommèrent professeur. Une au-
it)(3n,2 volumes in-8 .: a celle Ira- tre thèse plus solennelle encore, et
diiction , dit Baillet , manque d'cxac- dédiée au roi, devant être soutenue k
tiUide eu plusieurs endroits; » — Mirscille, eu 1667, peudaut le cha-
G I R GIS 4<59
f)ilie gênerai, le ré^i^iine de l'crdre £!;ieux du couvent des minimes ds
cuit ne pouvoir nictlrc en avant un Soisions , P.iris, 16B7, in-r2. VII.
hoinnu' c|iii lui fil pins d'honneur que J^a règle du tiers-ordre desminimes,
le père Giry. Ce religieux montra dans VU. La vie de M. Olier ^ curé de
celU- occasion tant de savoir, et une S. Sulpice , 1687, »"->'^- VIII. Les
telle solidité d'espiit, que l'arelievê- Fies des Saints pour tous les jours
que d'Avignon, qui présidait ce cha- de l^amiee , avec le Martyrologe ro-
pitre , dit qu'il n'avait jamais vu autant main, Paris, i^iS, drux volunaes
de mérite réuni à plus de modestie in-fol,; la première édition avait paru
Le P. Giry remplit successivement en i683, sous ce titre : ^«^ Fies des
dans son ordre les charges les plus Saints , composées par le père Si-
importantes. Il fut maître des novices mon Martin, corrigées et augmen*
et provincial. Devenu, après la mort tées par le père Giry , Paris, Léo-
du j)ère Ijarre son confrère, direc- nard, deux volumes in -fol. On trouve
teur-gènéral des maîtresses dos écoles dans Fevret de Fontelte, tome v,
charitables , il passa les dernières an- page 557 tt suivantes, une longue no-
uées de sa vie dans l'exercice de celte menclature de ces Fies des Saints et
bonne œuvre , qui consistait à former Saintes , écrites par Giry , très-pieu-
des filles pieuses, pour aller instruire sèment, mais malheureusement avec
les enfants des campagnes. Tantd'oc- peu de critique. L— y.
cupations ne l'empêchaient pas de se GIRY ( Odet- Joseph de Vaux
livrer à la prédication et à des travaux de), abbé de Saint-Cyr, sous - pré-
parliculicrs. C'est en prêchant dans le ccpteur du Dauphin, fils de Louis
couvent des religieuses de la Visitation XV, naquit à Bagnols, au commen-
delà rue Saint-Antoine, que le père cernent du xvI^^ siècle. 11 était
Giry sentit les premières atteintes de versé dans les langues grecque et la-
la maladie qui le conduisit au tom- tine, et il ne négligea rien pour en
beau, à un âge où l'on pouvait encore inspirer le goût à son élève. Cepen-
attendre de lui d'utiles services. Il dant ce prince se plaignait d'avoir été
expira le 20 novembre 1628, à 55 mal élevé, et recommença ses études;
ans. Le P. Claude Haffron, son con- mais il faut dire aussi qu'il conserva
frère, a écrit sa vie, Paris, 1691, toujours de l'estime et de la hienveil-
Jn-i'2.Le père Giry est auteur d'un lance pour l'abbé de Saint-Cyr, d'où
grand nombre d'ouvrages, dont plu- l'on peut inférer qu'il ne s'en prenait
sieurs sont restés manuscrits j les plus pas à lui du peu de succès de son édu-
cotinus sont : I. Un livre mystique sur cation.C'élait un droit acquis, du moins
r Enfance de Jésus. IL Entretien de par l'usage, aux précepteurs de l'hé-
Jésus- Christ avec Vame chrétienne , ritier de la cotironne, d'entrer à l'aca-
suivi d'aspirations saintes en vers, demie française. L'abbé de Giry y
III. Le Livre des cent points d'hu- remplaça le cardinal de Polignac en
viilité. La duchesse de Ventadour le I742. « L'académie, dit à cette occa-
fit imprimer à Moulins à ses dépens. > sion son dernier historien , ne doit
ly. Dissertatiochronologicade anno « pas se montrer plus difficile que
natali et œtate sancii Francisci de » son protecteur. » L'abbé de Giry»
JRauld, Paris, 1680, in-8°. V. Fie mourutà Paris, le i4 janvier 1761-.
dd père Pierre Moreau , avocat en V. S. L.
farUment, puis fondateur et rel> GISBERGE ouERMISINDF^
470 GIS
rcined*Araç;on, fii'e rie Renaud, comte
de Bigonc, princesse œiehvc pour sa
beauté, fut a preniùrc reine d'Ara-
gon , ayant épousé en i o3() R.unire,
qui avait pris le titre de roi d< ux ans
auparavant. A Id mort de ce prince,
tue dans une l)atriillc en io6^. >a
veuve gouvirna, a\ccj;loirc, l'Ara-
gon, et p.irl g- a Tautorite souveraine
aver don ^)an he, son (ils. li p.
GliïBEHT (Jean), jésuite et théo-
logien rclèbie, ne a (ahors en lôSg,
entra dans la socieië en «654, '^ y
professa pend iii un grand nombre
d'années toutes l<s chjsses , y com-
pris a pliilosopiiie et la théologie. Ses
supciiciirs r.!pp( Icrent ensuite a ïou-
lou>e, où on luiconfii l;i chaire d» théo-
logu- (ian> l'universiié; poste qu'il oc-
cnpa pend.uit iH ans avec l'applau-
dissement public. C'e'l.iit un homme
de beaucoup d'esprit, d'une érudition
étendiu', et d'unes, gacitéqu! Ini faisait
rc%oudre ;i\ec promptiiudr et .l'utio
iDjnicre satisfaisante les questions les
plus difli(i!< s. d se plaisait avec la
jeunesse, sav;»it se l'iltacher, profi-
lait de sa confianec pour lui inspirer
le goût de l'étude, qu'il liti facilitait
par d'util» s cons<ils et par les autres
moyens que lui fournissait une lon-
gue expérience. En i ^oS , le 1\ (iis-
jîcrf fut nemme rectiur du collé|;e
de Toulouse, et peu de temps api es
provincial. Il mourut d ins celte ville le
5 août I •] I I . Outre (pnl(|Mes discours
fie collège, on a de lui les ouvrag<s
suivants: I. Insrtnimum Sancti Tho-
mœ qmvsUones jiiris eljacti thtolo-
^/Vp, 1670, in loi. 11. f t-ra iilcLut,
theolo^icc ciim 1iislori(ic(:cl€>iaslicAL
sociatœ y i^>7G, in- ri; autre édition,
plus corr(ct» , Pans, i('H(), in- ri.
111. Disst rlationes aciultunira- sr-
lecta* alitn in aca'tcmià Tolosand
prn/iuntiiitft' , l*.iris idSS, in-8'. IMo-
lêri donne II liste des [licc.cs contenues
GIS
dans ce recueil , de'die' à Tuniversité
de Toulouse, et dont parle Dupin,
suite du xviir. siècle. Une des plus
curieuses est intitulée : Stj'lus nati rce
index , disstrtcitio acndeniica in quci
traditur arssanè mirabilis auctortin
quemlibet ex stjlo dignoscendi, et
f^trmnnos scriplorum lilros secer-
nendi ab adullerinis . IV. Sçientia
religionis univers a, etc., 1 vol., in-
8<>., Paris, iGcSç). V. Antipmbabdis-
mus , sive tractaïus théologiens fi-
delem totius probabilismi stateram
coniinens , Paris, 1706, in-4". Du-
pin en donne l'analyse, x\ III^ siè-
cle , première pariie, it loue l'esprit
impartial qui a pre'sidé à la con» po-
sition de cet ouvrage. — Gisbert
(Biaise), né le 'i\ févrir 1637, _
à Gihors, comme le prceédent, et
proLabI' ment de la même famille, sui-
vit la même vocation, il entra chtz
les jésuites en 167*2, y enseigna les
classes inférieures et la rhétorique,
puis se voua à la prédication, où il
obtint du succès. Dairs les dtrniires
années de sa vie, il se retira au col-
lège de IMonipi Hier, où i m-urut le
27 février i-jSi. Il est auteur des ou-
vra;;es suiv nts : I. M Art d'élever Wi
prince y dédié à IM. le duc de Bouigo-
gne, Paris, 1687, in-4"'» réimprimé
en i(>8S, sous le t Ire de Wtrt da
formel l'esprit et le cœur d'un prince »
1 vol. iuia. 11. /.a i>]iilosophie du
prince, ou la veritabU idèede la nou-
velle et de l'ancienne philosophie ,
deiliée a M. le duc de BoiirgOL;ne.
QueUpies uns ont attr.buécef ouvrage
au P. Galimart, aussi jésuite; mais
d ne (il (pi'< n scigner l'édition. IIJ.
Le bon godt de Cèlotpunce chrétien nty
Lyon, I7<)>., in-rj>>; léimpiimé sous
le litre de L' Eloipience clirètienne
dun^ l'idée et dans il pratique, I .yon,
1 7 I .'j, in |*\ Il V en a une 7) . ('ditiou,
avec les notes du célèbre protcsiaul
GIS
Jacques T.enrinl, Amslcrclain, 17^8,
iiiii. Ccl (»M\iaj;e, qui a ete traduit
en 11 iIk II , en .iINniand , olc.^ esl ce
que r lulnir a lait de mieux. I^c [irofcs-
scur Gihei t eu a tloimc une analyse
ll,lll^ .s(S .Juu;eincnts des savants. IV.
Histoire crili(jUii de l'art de prê-
cher , chez les Français, depuis les
premières années de François /'"'.
jus (pi* au règne de Louis XJ f^. Le
i\ ( Uuliii , jésuite , d.ms des TMeinoires
qu'il a laisses, parie de ci ite iiisloiro,
et dit que (iisbert l'avait achevée, mais
1)011 revue. Il ne paraît pas qu'elle ait
clc imprimée. L — y.
GISCAI.A (Jean de), fils de f.e-
vias, naquit à Gi^c,da, ville de Galilée.
Il fut un des chefs des factieux qui ,
sous le nom de zélateurs, commirent
les c:xcès les plus affreux à Jérusalem,
et défendirent cette ville lors du siège
que les Romains en firent sous le com-
mandement de Titus. Jean passa les
premières années de sa vie dans la
misère. Pouren sortir, il se mit à voler
sur les gnnds chemins. Plein de force
et d'audace, il se trouva bientôt à la
tête de quatre cents hommes, tous
aussi résolus que lui. Portant plus haut
ses vues, Jean qui ta sa vie vaj; abonde,
et sefil chargerpar Josèphel'historicn,
du S'»in de lorlifier sa ville natale. 11
j)ro(ita de celte circonstance pour s'en-
richir, en tourmentant les riches. Dé-
voré d'ambition , il aspirait à succéd, r
à Josèphe dans le gouvernement de la
Galilée; «'t pour réussir plus sûrement,
il était d.'cidé à le l'aire assassiner. Jo-
sèphe avant découvert ce dessein ,
Jean prit la fuite, accompagné de
aooo Tyriens, et envoya secrètement
à Jéi uî).i!em des ag< nls chargés d'ac-
fuser celui (jui avait été le premier
auteur de sa fortune. Quelques uns
des principaux magistra's de cette
ville lui firent alors passer de l'argent,
pour faire la guerre à Josèphe ^ ce
GIS 47»
qu'il n'exécuta pas. Cependant il per-
sista toujours à soutenir le caractère
tuibulent et audacieux qu'il avait
montré jusqu'alois. Assiégé dans Gis-
cala par les Romains, et se voyant
trop pressé, il eut recours a la ruse.
Il obtint du fils de Vc.spasien la per-
mission de célébrer le Sabat, s'enga-
geant à i;endre la ville ensuite. Le gé-
néi eux Titus accédi à cette demande,
et alb camper à Cydesse. J( an profita
de ce délai- pour se sauver, pendant
la nuit, à Jérusalem , accompagne'
de soldats Galiléens et d'une multitude
d'habitants de GIscala. Jérusalem était
en proie aux troubles les plus violents.
Les vagabonds, les voleuis, qui en
infestaient les environs, s'y étaient je-
tés en (ouïe, sous le prétexte de la
protéger contre les Humains. Ils pre-
naient le titre.de zélateurs, du nom
d'une quatrième secte juive , fondée
par Judas le Galiléen. Ces misérables,
qui ne voulaient , disaient ils, que
recouvrer la liberté et la procurrr
au peuple, avaient fait mourir, mal-
gré leur innocence, Anlipas, Levias
et Sophas , issus du sang royal. Ana-
nus , grand sacrificateur , souleva
le peuple entier contre ces factieux.
Us s'emparèrent alors du temple. A
son arrivée , Jean qui savait dissi-
muler jusqu'à la moindre de ses pen-
sées , • feignit de s'attacher au parti
d'Ananus, et parvint à gagner la con-
fi ince de ce pontife. Chargé de sa part
d'aller porter des proposilionsd'accom-
modement aux zélateurs, au lieu de
remplir sa mission, il ne s'occupa qu'à
losanimercontrelesacrificateur,elleur
inspira la pensée d'appeler à leur se-
cours les Iduuiéens. Les zélateurs s'em-
pressèrent de suivre ses perfides cou-
seils; une nuit qu'il faisait une affreuse
tempête, ils sortirent du temple , à la
faveur des éclairs et du tonnene, et
ils ûuviireut les portes de la ville aux
47^ GIS
Idurae'en?, qui bientôt la remplirent de
meurtre et de carnage. Fatigués eux-
uîcraes de leurs crimes, ils se retirè-
rent. Les zélateurs se divisèrent plus
tard en deux factions , coraraandëes ,
Tune pir Jtan, et l'autre par Eléazar.
Il n'y eut pas de crimes que Jean, et les
Galilëens qui étaient sous ses ordres,
ne commissent à cette époque dans Jc-
rusaiera. Les deux partis des zélateurs
en vinrent bientôt aux mains. Les
soldats galilëf-ns qui, d;ins l'origine,
avaient contribue à affermir le pouvoir
de Jean , se révoltèrent , et reçurent,
d'accord avec les sacrificateurs, Si-
mon , autre chef de brigands, qui, à la
tête de forces assez considérables, déso-
lait les environs de Jérusalem. ï/infor-
tunée Sion se trouva ainsi au pouvoir
de trois partis différents , qui ne ces-
saient de se déchirer mutuellement
que pour tourner leur ra^e contre elle.
Divers combats, tous funestes pour
la ville, eurent lieu entre ces trois
partis. Mais lorsque Titits vint as-
siéger Jérusalem, ils réimirent leurs
communs efforts pour le repousser.
Les assiégés ayant eu un instant de re-
J)0s , Jean profita de la solennité de
a fête des Aziraes, pour faire tomber
dans un piège EIé.>zar , chef de l'un
des trois partis. Il ne s'en trouva plus
alors que deux. Pendant la suite du
«iége de Jériisalf m , Jean ruina les
frn.is*<es que les Romains av.iient é!e-
▼ées de son roté. La misère était portée
à son comble dans c«tte inallieurense
ville. pDur y remédier, Jean qui avait
rlé l'uu des plus ardents à la piller,
^'empressa de faire fondre plu>ieius
des vases d'or qui étaient ilans le tem-
ple. Les r>oinains ayant encore élevé
de nouvelles terrasses, Jean voulut les
détruire j m.ii.^ il ne put y réussir, cl
fif chassé (le la tuiir An'onia qu'il
ormp.Til. Jérusalem tomba enfin au
pouvoir Jt Titus ( le 8 scptcmbic lie
GIS
l'an 70 de Jésus-Christ); alors Jean
se cacha dans un souterrain. La faim
l'en ayant chassé , il se rendit aux
Romains. Tous ses crimes ne furent
punis que par une prison perpétuelle.
St. P— r.
GISCON, fils d'Himilcon, général
carthaginois, d'un mérite distingué,
fut bannideCarthage par une cabale, et
rappelé ensuite vers l'an 539 avant
Jésus-Christ. F^e sénat et le peuple
l'ayant autorisé à exercer contre ses
ennemis la vengeance la plus com-
plète, il se contr^nta de les faire pros-
terner à terre, et de leur presser le cou
sous un de ses pieds, montrant par-là
qu'abattre ses ennemis par l'ascendant
de ses vertus et leur pardonner, est
la seule vengeance qui soit digne d'une
ame supérieure. Giscon s'embarqua
ensuite avec une armée pour la Sicile;
mais apprenant queTimoléony avait
triomphé de tous ses ennemis , il con-
clut la paix avec ce grand homme à
des conditions avantageuses, vers l'an
358 avant l'ère chrétienne. B — p.
GISCON, général carthaginois,
commandant de Lilybéc en Sicile, se
distingua sous Amilcar, père d'Anni-
bal, et fut choisi, à sou retour ea
Afrique , pour apaiser le soulève-
ment des soldats mercenaires à la
solde de Carthage; mais ceux-ci lui
ayant demandé insolemment des vi-
vres, Giseon les renvoya, par déri-
sion , à Mathon , l'un des chefs de la
révolte. Ce trait de mépris mit tout
le cimp en fureur : les séditieux cou-
rurent à h tente de Giscon, le char-
gèrent de fers, le traînèrent en prison,
et déchirèrent la guerre à Cirthage.
Après avoir été défaits par Ainilear,
les chefs des révoltés, pour leur ôter
tout espoir de rentrer en grâce, or-
donnèrent le massacre du malheureux
Giscon ; ce (pii fut exéeuîé de la ma-
nière la pluj barbare. Ou lui coupa
GIS
ksm.àns; on dôcliir.i son corps en
])icccs, cl on rriifoui' , tout vivant,
dans une fosse , l'an à3cj avant Jesus-
Christ. B— P.
(iISRKK (Nicolas-Thierri). ^.
GlESECKE
GlSKKt(PAUL-THiERRi), ne en
174^'^ Hanil)()ui|;,all<< étudier ia méde-
cine à Tuniversitc de Gottinçjuc , où il
oblinl le doctorat en 17G7. Sa thèse,
oflVant l'analyse ciilique des ptinci-
j)aux systcnus pliylologiques moder-
nes, révélait uno pj éddeciion bien mar-
quée pour ia botanique , qui continua
cfTeclivemcntdêtre la science favorite
et presque exclusive de Giseke. Nom-
mé professeur de physique, de poésie,
et bibliothécaire du gymnase de Ham-
bourg, il remplit honorablement cette
triple fonction jusqu'à sa mon , arri-
vée le '16 avril 1 796. Aucun ouvrage
fondamental n'est sorti de sa plume j
il n'a publiéque des opuscules, desno-
^ tices, des tables, des traductions et des
suppléments aux œuvres immortelles
de Linné, dont il était admirateur : ï.
Dissertatio solennis historico-litte-
: raria de meritis Hamhurgensium
in historiamnaluralenij Hambouig ,
1791, in-4'. H. Thèses botanicce,
in usum auditorum exscriplœ, ibid.
1790, iu-8°. III. Index Linnœanus
, in Leonardi Plukenetii opéra bota-
nica; accedit Index Linnœanus in
Joannis Jacohi DiUenii Historiam
muscorum, ibid., 1779, in-4°«; il
faut joindre à cet Index les additions
et corrections que l'auteur y fit l'an-
née suivante. IV. Caroli à Linné ^
. tertnini botanici classium methodi
sexualis , generumque plantarum
characteres compendiosi/\h.y 1781 ,
in-8".; ibid., 1787, in-8'. Cette se-
conde édiliou contient les versions al-
lemande , fratiç.iise et anglaise de la
terminologie botanique , ainsi que les
fiOQis géuériqucs âllcmâud^; propost;s
G î S 475
par Jean-J.icqnes Planer. V. PrϔeC'
tiones in ordines naturalcs planta-
rum è proprio Fabricd prof. Ail.
manuscripto : acccdit Uheriur pal-
marum ci scitaminum ejpositio ,
prœter pluriwn novorum ^enerurtt
reductiones , cum mappd geoç^ru"
phi co- gène alogicd affmitatum, Ham-
bourg, i79':i, in-8**. fig. (/^r;^. J.C.
Fabricius, XIV, ti6.) Giseke a été îe
principal rédacteur des deux recueils
suivants, l'un botanique, l'autre mé-
dical, dont il n'a paru ([we la pre-
mière livraison : VI. Icônes planta-
rum , partes , colorem , magnitu-
dineni et habitum earum ad amus-
sim exhibe ntes , adjectis nominibus
Linnœanis , H.jmbourg , 1777, in-
4'. VII. Mémoires et observations
de médecine , par une société de mé-
decins de Hambourg, ibid., 1776,
in-S'^. (en allemand. ) On doit à Gi-
seke les éloges funèbres du magistrat
Jean Schluter, et des professeurs
Jean Wunderlich et Godefroi Shiilze.
Il a exposé les moyens de retirer tous
1rs avantages possibles du gymnase
de Hambourg, et l'utilité de fonder
dans cette ville un jardm botanique.
Linné lui a consacré, sous le nom de
Gisekia, un genre de plante pentan-
drique, dont la seule espèce connue
jusqu'à ce jour est comprise dans la
famille des portulacées, et croît aux
Indes-Orientaîes. C.
GISOLFE , premier duc de Frioul ,
fut le premier des grands feudataires
qu'Alboin institua en Italie, lorsqu'il
fit la conquête de cette contrée. Gisolfe
était neveu du roi lombard et !e ser-
vait comme écuyer. Celui-ci s'étaiit
rendu maître, en 568, de la ville d«
Forum Jidii [ Ciîlà di Friuli ) , en in-
vestit Gisolfe, avec le titre de duc. Il
lui doima un certain nombre degentils-
liommes lombards, pour garder avec
lu; les postes de son nouveau royaume
4:4 GIS
el occjiper toute la province, tandis
qu'il s'avançait vers le cœur de Tltalie.
Gi^olfe gouverna très long-lemps le
Fhou!. Il favorisa, en 6o5, la division
du siège patriarcal d'Aquilée, dont
la juiidiction s'e'tendait sur les !,oin-
bards et les Vénitiens. Dès cette épo-
que, les Véiiitiens eurent un paînar-
cheà Grado, el les Lomb.irds un putrc
à Aqiiilée. Giso'fe fut lue en (3ii,
dans une bataille contre le eaghan,
ou roi des Avans, qui, avec une
armée nomlueusc, envrduss?«itla Vé-
nélie. Soi) fils Griraoïld, fut en uite
duc de Béiiévent et roi des Loniitards.
S. S—i.
GIvSOLFK I, duc de Be.iévent ,
était petit fils du duc de Frioul , de
même nom, fils de Grimoald I el
frire de Giirno.ild II. Il succéda au
dernier, [uobiblement vers l'^tn 690 ;
mois eeite [*ai tie de ia chronologie ita-
li( une est très obscure. On ne connaît
autre chose de son histoire , qu'une
iirnpfioi! qu'il fiten '^o'js dins !e liuclié
deRofue,a ors dépendant des (irecs. il
le ravagea, et emmena un grand noai-
brede prisonnit rs. Cependant le pape
.ban VI lui envoya d(s prêtres, qui
fléchiienl sa colère, richetèrent les
captifs, et If detcrmiiièrent à se reti-
rer. Gisolfe 1*-'. mourut, après avoir
régné lyans. Romuald II, sou (ils, lui
^ucccda. — Gisolfe 11 , duc de Béné-
vcnf, fils de Grimoald II, n'avait point
succédé à son père ou à son oiu le.
Sa famille avait été dépouillée quelque
temps du duché de Hénévent. Il en
fut mis eu possessi(»n en r \'>. , par le
roi f.uitpr.md, qui en chassa (iodes-
talchi. Apri's un rigne dr huit .iiis, il
mourut en "^So. Luitpt.uid, (pu paiail
avoir clé neveu du roi des Lonibuds
de niêu)»' nom , lui succéda. vS. S — 1.
GISOI ['\'. I, piiiice de Siltrne,
était (ils de Guaiuiar il, auquel il
»uc(cda en 935. Il était alors âgé de
GIS
quatre ans ; et l'on ne sait rien sur sa
longue minorité. M fis en g5[) il prit
la défense des princes de Benévent et
de Giipoue, contre le p pe Jean Xll.
A cette époque , il commandait une ar-
mée nombn use; et il ét.iitenlouiédrtns
sa cour de toute la pompe el de toute
l'élégance qui distinguaient . dans le
lx^ et le X . siècle , les provinces de
l'Italie méridionale de tout le rt ste de
l'Ki rope. Le c(>mmeice f jcile av e les
Grecs et les Sarrasins, le mélange
conlii.uel des nations, et les Testes
d'une antiqiu" opidence, avai nt com-
mencé la civilisation des principautés
hinbaides. au mi'ieudes j)euples bar-
bares. ljors(pj'Otliou-le-Graud porta
la guerre d ms ces provinces en 9'>9,
Gisolfe se joignit auxGrei s coi lie lui,
el il ne lui laissa point entamer ses
fnnticres. 11 avait donné a-i'e dans
sa cour à Laudolfe, fils d'Aténolfe
II, prince de Béuévenl, son cousin,
qui avait été dépouillé de ses états.
Celui-ci , abusant de l'hospitalité qi
lui avait élé accordée , surprit de uuit
son bienfaiteur, en 973, avec une
troupe de conurés , le retint prison-
nier, et se lit prt'clainer piiiiee à sa
place. Mais Gi>olfe fut secouru par
Paiidolfe Têie-de-fer, princ^e de Bé-
ne'venl , qui le tira de piison en
c)7^l,el le réiab'il surletiôue. Gisolfe
n'.ivant point d'entants, adopta Pan-
dolfc II, (ils de son libér.it» ur , qui
lui Mieeéda en 0-8. S. S — ».
GISObl'K \\[ était fils de Guai-
mar IV, aiMjiiel il succéda en i(»f)»,
dans 1,1 ptineipaulé de vSalei ne , lors-
(pie celui -Cl fut assassine'. Gisolle
eonimença sou règne |)ar venger sé-
vèr. ment la inoit <le son père. Quttic
de ses parents et lr<'nte six geiilils-
hoiiiines (le sa coui' , (pii avaient eons-
pué contre lui, el (|ui, aprè.s sa mort,
étaient demeurés queltpio jours niaî-
Ircs de Salerne, périrent tous du dei-
r. \s
r\c\' supjilici. l^c iioiivrau prince,
cntouic par les av( iiliiii<.T> nor-
inaiici.s dont la puissauce s'aaroi.ss.iil
sans ccs';( , maria ss sœur iîigt'l^.iita
à Utjbirl (iiiis- ard ; cl il crut s'iSMircr
ainsi la prutcction de ce rcdoutaUc
conqix'Vaiif. Gi.solfc i:;>i;ni aussi l'a-
li'iiiodi- {ir('\;<)irc \I1, «pii lui Ic'uioi-
gn.i IxMUCoup de eon(ianc«, tt r;i|)p( la*
à pliisitiir» conciles. Cipcnd.nt le
prince de SaUrnc était d'un caractère
dur eturp;iiciîlcux. Il>'a!iena i'allcctiou
de ses p» nplrs, et surtout des Am.il-
fitains, dont il ne respectait pas les
privilèges. Ceux-ci recoururent à Ro-
bert Guiscaid. L'ambitieux Norroand
saisit avec ernpressefnent une occasion
de se f.iire nicilialenr dans les états de
sou b'au-frèie. Gisolfe refusa celle
médiation avec hauteur; et Robert
GuiNC.trd, irrité, ou feigna'tt de l'être,
vii.'t, en 1077 , mettre le siège devant
Sal< rnc. An bout de huit mois , il prit
cttt- ville par la famine, et il dépouilla
Gisolle de tous ses états. Grégoire
\ II donna par compassion à ce jirince
fugitif, le gouvernement de la Campa-
ric romaine. vS. S — i.
GlbORS (Louis-Marîe Fouquet
comte de) , fils du ccKbre maré-
cbal de Bclle-lsle, naquit en i-jD'i ,
et donna, des sa jeunesse, les plus
brillantes espérances : entré luie fois
dans le monde, il es jur.lifi i et les aug-
menta encore. Colonel du régiment
de Champagne , il éiait tous les jours
levé a quatre heures du matin, as^is-
tait a tous les exercices, et était lui-
même , pour les soldats sous ses or-
dres, l'exemple et le modèle d'i'.n mi-
litaire accompli. Nommé, en i^ô^,
gouverneur de Welz et du pays Mes-
sin, et, peu de temps avant sa mort ,
ni^stre - de - eam[) lieutenant du lé-
ginient royal desc rabinicrs, il faisait
partie, ainsi que son régiment, d( s
luiccs confiées au comte de GIci -
GIT 4:5
nionf , si ronnn alors pir bs ic-
Ir.iile»^ mallieiiicuscs qu'il ( xécnta.
l*leiii de resohilion, Gisors aniur.it
sans cesse .sou général, qui, à la télc
de Fr inç.iis , n'avait pas su défen-
dre le iUiin, ni .s'oppo>tr aux pro-
grès du prince Ferdinand de l>rnns-
vvick. Il sut enfin décider h comte de
Cicrmont à attendre son adversaire
dans la po^ition avantageuse de Crc-
vell. MalheuKUsenxnt des conseils
pusillanimes furent donnés au géné-
ral en chef; c:l au lieu d'une victoire
qu'ils devaient remporter, les Fran-
çais ne fiienl (ju'une retraite honteuse
( roj'. Clf.rmoint, IX, 87 . ) Gisors
fut blessé dangereusement, en char-
geant avec intrépidité à la tcle de ^.cs
carabiniers. Conduit à J>i'u3'lz, il expira
le 16 juin 1708, dans la 27*. année
de son âge , trois jours après la fu-
neste bataille de Cl cvclt; c'est ainsi
que sVt(ignit en sa personne, la nou-
velle maison fondée par le marécha!
de Belle- I>le. Le duc de Nivcrnois ,
dans le discours cicadémique qu'il pro-
nonça lors de la réception de l'abbé
Trubli t , a jeté qiielqnesfl(;urs sur la
tombe du comte de Gisors, qui était
son geiuhe. St. P— r.
cVriADAS, de Lacédémone,
sculpteur grec, florissait vers la xiv .
olympiade , 7*24 ans avant Jésus-
Christ. Il a\ait construit dans sa pa-
trie, un t(mj)Ic célèbre, dédié à Mi-
nerve Chalciœcos- lA'dificc était tout
en broiîze, ainsi que la statue de !a
déesse.' Des bas- reliefs n«imbr(ux dé-
coraient i'intéiieur; on y voyait les
travaux d'Hercule, l'enlèvemint des
filles de Leucipj)e par les Dio^cures,
et d'autres sujets tirés de la mytho-
logie. Architecte et srr-lpitur, Gitiadas
clail encore poète. Il avait compose
des car.tiques sur le mode dorien , et
entre autres une hymne en l'honneur
de Minerve. L — s — e.
4:6 GIU GIU
GIULINI (George) , naquit à Mi- les conjectures ne sont e'tablies que
lan, le i6 juillet 1714 : il fit ses étu- sur de fortes probabilités : l'auteur
des à l'école des jésuites avec tant de emploie nou seulement les historiens
succès, qu'il fut reçu docteur à Pavie, et les chroniqueurs, mais il s'aide
à l'âge de 17 ans, et continua de se des diplômes, des sceaux, des mon-
îivrer à l'e'tude sous les plus savants naies, des monuments de toute espè-
professeurs. L'e'tude des antiquités ce; la plupart sont rapporte's, et ser-
élait alors en grande vogue dans i'Ita- vent de preuves à ses assertions. De
lie; Giulini se mit à scruter tous les si grands travaux n*empêchaient point
monuments antiques et les documents Giulini de soigner Téducalion de ses
du moyen â;;e qui avaient quelque enfants, et de se rendre utile dans la
rapport à l'histoire de sa patrie. L'a- direction du mont-de-pictéet du grand
cade'mie des trasformati venait d'être hôpital, dont il fut un des adrainistra-
institue'e, ou pluiôt rétablie en 1764. teurs. La musique était son principal
ÎI y lut des vers, et une tragédie inti- délassement; il chantait avec goût en
tulée Alcmeon, qui n'a pas été repré- s'accompagnant de la guitarre , et il se
sentée.Ilavaitdonné, en «ySô, unesa- plaisaità composer des airs pour des
vante Dissertation sur une inscription scènes dont ses amis ou lui étaient les
de Julia Drusilla , jille de Germa- auteurs. Plusieurs académies de l'Iiu-
niCM5; elle est insérée dans le recueil rope s'empressèrent d'enrichir leur
qu'Agnelli a publié à Milan : il fit pa- liste de son nom. 11 fut nommé, par un
laîîre l'année suivante , dans le même décret spécial des magistrats de lacora-
recueil, et séparément, une Disserta- mune, historiographe de Milan. Le
tion sur l'amphithéâtre de Milan, prince Kaunitz elle comte Firmian,
3757. Il avait commencé un grand rinvitcrcnt, au nom de l'empereur, à
f^uvrage sur les anneaux ; mais il ne continuer encore son Histoire, et à y
l'a pas terminé. Occupé tout entier traiter au moins deux siècles encore,
à recueillir et à expliquer les mo- en lui promettant tous les sccours^
lîuments relatifs à l'histoire de sa pa- dont il aurait besoin. Giuhni entreprit
trie depuis l'entrée de Charlemagne l'ouvrage, et rassembla encore les ma-
après le renversement du royaume tériaux de 4 volumes, dont le premier
des Lombards, il y consacra vingt seul fut rédigé; et il en adressa en
années de sa vie. Le grand ouvrage 1 77 i , unecopie à l'impératrice Maiie-
dans lequel il l'a traitée, porte le litre Thérèse. Sa santé commença alors à
modeste de Mcmo'wcs-.Memorie spci- s'altérer, et il fut frappe d'apoplexie la
tantial ffouerno ed alla descrizionô veille de Noël de l'an 1780. Parmi
délia città e dcila carnpagna di ses manuscrits on a trouvé deux Ira-
Mdann ne secoli hnssi ,raccolte ed gédies , .-ilcrneon, et Lavinio , et
é»^aminate y «fr., 8 vol. iu-Zj". : il en trois coniedies, le Prodigue, le CaJ'f\
A joml»un nruvième qui contient des la Fantazima, elun grand nombre de
rorrections et des tables; et il y a pièces de vers, de romances, de can-
ftjnuté trois volumes qui comprennent t.ites, ainsi (pie quelques disseï talions
l'histoire depuis i5 I I jusqu'à i447' sur des sujets d'histoire et d'érudition ;
Cet ouvrage est un monument de cri- on en trouve la liste à la suite de sa
tique et d'érudition. Tous les faits y viecpii acte écrite par le P. Fraucesco
font discutés av<'C une sagacité rare. Foutana , barnabitc. KHe a été insé-
liirti n'y est admis sans preuves; cl jcc dans le tome xm des ?'Uœ lia-
C lU
Inrum. Tl v a cncoimn autre éloge
do (Miilini dans le recueil dci;li uomi-
ni illnslri dclla Comasca. A. L. M.
GlUMA. roj.JuivTE.
GIUSSANO ( Jean - I^ierre ), en
Iitiii Clussianus , noble milanais, ne'
d uis le xvi". siècle, cultiva d*abprd la
médecine avec succès. Ayant reconnu
la vanité des sciences , il résolut d'en-
trer dans la congrèf^ation des Obi. ils
de St.-Ambioise. Le vénérable arche-
vêque de Milan, Saint Charles Fior-
romèe , l'enconragea dans ce pieux
dessein , l'ordonna prclre , et lui con-
fia une partie de l'administration de son
vaste diocèse. Après la mort du saint
prélat, Giussano se retira dans une
cirapagne près de Monza , et y ter-
mina, vers i6i5, une vie pleine de
bonnes œuvres et d'utiles travaux. On
a de lui plusieurs ouvrages, la plu-
part ascétiques, parmi lesquels on dis-
tingue : I. Istoria evan^elica in cui
sono spiegaii i quattro evangeli con
lor senso littérale y Venise, 1601 ,
in-'l".; « assez bon, dit Lrnglet Du-
fresnoy. » II. Istruzione a padri
per saper hen gouernare la famiglia
loro , co ricordi del B. Carlo Bor-
romeo. Milan, i6o3, in-B'.IIl. Fita
di San Carlo Borromeo arcivescovo
dl MdanOj Rome, 1610, in-4''. , p»"e-
mière édition ; Venise , 1 6 1 5 , in-4''*;
Brescia, 1620, in-4'.; Rome, i6^g,m-
4"^.; traduite en latin par Barth.Uossi;
en français , par Nie. de Soulfour, de
l'Oratoire , Paris , 1 6 1 5 , in-f^'., et en-
suite par le F. Cloiseault, de la même
congrégation, Lyon, i685, in-4°, ;
en espagnol, par Uafaël de Miralles,
Siragoce , iGiS, in-S**. Personne,
dit Apostolo Zeno, ne pouvait écrire
la vie de ce saint Cardinal avec plus
de solidité et d'exactitude que le doc-
teur Giussano, qui avait eu le bonheur
de vivre avec Kfi dans la plus grande
familiarité. IV. ^ûa di Fitippo Ar-
GIU 477
cliinto , arcwescovo di Miluno ,
Corne , 161 I , in- 4'- V. Un Pané^iy-
rique de Saint Charles. Vï. La f^ie
et les Miracles des Saintes Fierges
Liherata et Justine ; la Vie de
Saint Abbon'y celle de Saint Jo-
seph; ce! le de Saint Jean; d'après
Dosithée. VIL Un Traité des églises
privilégiées de Milan; un autre du
Sacrement de pénitence; une Ins^
truclion pour les curés ^ un Traité
du respect du à la sainte Croix ;
des Entretiens sur la doctrine chré^
tienne. W — s.
GlUSTINIANI (Laurent), pa-
triarche de Venise. Fof. Laurent-
JUSTINIEN (St.)
GIUSTINIAINI (Bernard), né à
Venise, le 6 janvier i4o8 , d'une fa-
mille patricienne, reçut une éduca-
tion conforme à sa naissance. Il eut
pour maître Guarini de Vérone ,
George de Trébizonde , et le célèbre
François Philelphe, avec lequel il fut
toujours en correspondance. Après
avoir terminé ses études, et pris ses
degrés à Padoue , il fut admis au se'-
natà l'âge de dix-neuf ans, et remplit
avec beaucoup de sagesse et de pru-
dence les différents emplois qui lui fu-
rent confiés. Il complimenta, en i45 r^
l'empereur Frédéric III à son pas-
sage dans les états de la république;
etiediscoursqu'ii lui adressa fut trouvé
excellent. Député, en i453, près de
Ferdinand , roi de Naples , qui se
rendait à Rome, il le harangua deux
fois avec un égal succès. On l'envoya
ensuite en France près du roi Louis XI }
et ce prince fut si charmé de son élo-
quence, qu'il le créa chevalier, hon-
neur dont l'université de Paris le fé-
licita publiquement. A son retour à
Venise^ on le renvoya à Rome , près
du pape Pie II j et il fut chargé de
haranguer son successeur Paul II, au
sujet de son exaltation. Giuslimaiiifut
478 G I U
nomme , eu 1 467 , gouverneur de
Padouc; il entra peu de temps après
au conseil des Dix , ce qui ne i'crn-
pêcha pas d'être envoyé une troi-
sicaiffois à Rome, pour complimenter
Si^tc IV, sur son avènement an pon-
tificat. U fut eufin éiu, en i474 i ^
la chari:;c de procurateur de Sf.-Marc,
la pins importante de la re'pïiblique
après Cille de di'j^e, et mourut le 10
mars 1489, à l'âge de qu.ilrc vingt-
un ans. On a prél<'nilu qu'il avnt dans
sa bibliolhc(jue le fameux traité De
^lorid de Ciccron, et qu'après sa
uïort, le manuscrit passa entre les
mains d'Alcy<mius,qui est reste' chargé
da soupçon de s'en être approprié la
plus gran le partie; mais Tiraboschi
réfute solidement celé fable dans le
tome r''. de sa Storia littéral, ilal.
On a de 13. Giustmiani les ouvrages
suivants : I. Oratlo habita apud
Sixtum quarturrij Pont. Max. , Rome ,
1471 , in fol. de neuf fcud es : celte
cdit on , sortie des presses de Philippe
de Lignaniine y est fort rare. II. B.
Jjaurcnlii Juatiniani pnlriarchœ ve-
nel. vita, Venise , Ja<"ques de Kubc is,
t/yl'J , in-4". Le patriarche de Venise
était ronclcdc H. Giustiniani( F. Lau-
BKwï - Jusïinien). l/édition qu'on
vient de ( iler de cette vie ,et dont on
connaît un exemplaire sur y)eau de vé-
lin, est très rare; mais elle a été réim-
primée en Icle des œuvres de Laur.
(iiustiniani, dans les yicta sanrtoriim
de Surius , et dans le recueil d'* Bol-
landiis. Daniel Hosa l'i insérée dans le
vttlume intitulé: Summor. ponlifir.um
d(i B. Laur. Jnsliniani vitatcsli ma-
nia ; et elle a éié trad(ii;e en it.tlu'ii
pu- le pcrc Nicolas Manciti, cam d-
du!e. 111. De nrij^inn urhis rfnfliit-
riiin rcbm(fnf ah ipsà ^eslis hislorin ,
ib., lirrnard IVnalio, i4<)^fc , i» toi.
Olte ('ililion , due aux soins de lîc-
lioîi lirugiiolo, est fort rarc^ et plus
GIU
b lie que la réimpression de 1534.
Louis Domcnichi a traduit cette his-
tui e en italien , Venise , i54^, et
ibid. i6ub), in-8 .; elle est divisée en
quinze livi'< s, cl s'ctcnd depuis la fon-
dation de Venise ju^tp'.'à l'an 809. P.tul
Jovcen loue le style; mais ellee^t sur-
tout es'imable , paice que les causes
des événements et leurs résultats y sont
indiqués avec beaucoup de justesse.
I/auteur a été obligé de suivie André
Dando'iO pour l'histoire des premiers
temps; et il répète, d'après lui, plu-
sieurs récits populaires. Mais à me-
sure qu'il avance, son ouvrage prend
un caractère de vérité; et Foscarini
n'hérite pas à dire que, s'il était ter-
miné, on ne pourr lil pas en désirer
un niedleur. Giustmiani v a traité, par
occasion, de la guerre des Golhs, et
de leur étiblissement en Italie. C'est hî
ce qui a donné lieu à Phi'ippr de Ber-
game, de lui attribuer une Histoire
des Goths, erreur atloptée pir Vos-
sius et d'autres biographes IV. f^ ita
sancli Marci , evnngelistœ , et de
corpore ejus renetias translato , à
la suite de l'ouvrage préccdenl: l'un
et l'autre sont in>érés dans le cin-
quième volume du Thcs. antin. Ital.
de 13urin.inn. V. 0)ationes et ep'is-
tolœ , Venise, in-fol. , sans date,
mais de i 49 iX» re. ueil est très rare,
parce qu'd a été suj)pruné pour des
r.iisons d'état ; c-pendant on le trouve
quelquefois réuni à l'Histoire de Ve-
nise. Outre les discours dé)à cités , il
en contient quchjues autres , plusieurs
lettres, la traduction latine de la ha-
rangue d'Loerate à Nieo.lès , et enfui
les Irtfirs de Léonard (iiusiini mi ,
père de Bernard et auteur de fies
tradu.tes de Pîulanpie, en latin , dans
la Cdllectiou de Venise, iJT^^ ^^
iï Hymnes pieuses (^dei^otissiine lan-
de), puhliées a Venise, en ii«)o,
in '1'. C'est [>ir crijur que \c Vie
GIU
tionnnirc hi<il()ri(jue , cMiiion do ïVis-
saio, I 7<)(>, .ttfiihnr .» Horiurd (mis-
tiniuii , prtxur.iffiir de vSl. - IMarc ,
V/Ii>U)ri(' rhriinolo'J!,'u:hi' dclC oyi'j^ine
deç^V onlini militari e di Utile le re-
li^ioni cai'tilleresche , Vcni-^e, >0()'2,
dr(i\ vulniuos iii-fol. ^ fiç;, ( F. Coko-
WELLi , IX, <i47«^ ^'^*t ouvr.ige , dont
la piviuicrc édition est de V<nisn ,
Coinhi , i'i72 , in- 4'\ , est d'un
abbc R'rn.iid GlU'=TI^'lAlVI , rhcvalrr
grand-cri)i\ de l'ordre nnjx'ri.d (ie St.-
Gcor;;e. Li P'ie de H. Giustiniani a
éleecrile par Vntoine Stella , Venise ,
l555, iii-H**.; on peut encore con-
sulter le Diario ilalinno, tome xix,
et les Dis'^ertazloin ^'o^>/an,?(^Apo^-
lolo Zeiio, loin. II. — Pierre Giusti-
niani , autre séiiateur ve'nilien , de la
même famille . a aussi eVrit, en treize
livres, wnc Hitoria rerwn Feneta-
rum , qui s'étend de l'an ^9.\ jusqu'à
1575, Venise, 1576; Strasbourg,
1610, ibi I , in - fol. Celte dernière
édition comprend de plus deux haran-
gues de Giustmiani; Coriol. Cepio De
gestis Pctri Mocenigi; Alex. Pœant
lienedictus De bello f'^enetorinn cum
Carolo f^HÏ , etc. F/cdilion de 1 \ç)'iy
indiquée dans \oiBibliotheca Mencke-
niana , paraît être un quiproquo , ou
tjue faute d'impression. I^a traduction
iîiUenne que Maym met à l'an 167G,
Venise , m ^\j est de i57() suivant
Floncel. W — s.
GIUSTINIANI (Jean), poète , né
au XVI . siècle, dauN l'île de Candie,
fut amené à Venise par ses parents,
à i'àge .|ed:x ans. 0 i le conduisit peu
après en Espagn*, et de là en France,
où il demeura quelque temps. Il ne
revint en Italie (ju'en i5io, après
une absence de près de vingt ans. Ce-
pendiul il parlait et écrivait sa langue
avec autant de pureté que s'il n'eût
jamais quitté son pays. 11 avait été
accueilli , à sou passage en France ;
G I b /,79
par rieort;e d'Armagnac, éveque de
llliode;6, et depuis cardind ; et ce
prélat lui avait ménaj^é la protection
<le François I'»". : m lis ce prince élajit
mort , lor>>q le Giu-)lirjiani avait le
plus besoin (réj)rouvcr les effets de
sa iibérdiîé, ce dernier tombi dans
une si grande indic^ence , qu'il fut
ol>ligé d'ouviir une école, et d'en-
seigner les éléments de la langue la-
tine pour ])Ouvoir subsister. Il vécut
quel<pie temps de celle manière ,
à Venise, à Padoue, à Capo d'Is-
tria , gagnant à peine de quoi se pro-
curer du pdin. Enfin on lui oITr t , en
i552, la direction des écoles publi-
ques de Nicosie, dans l'île de Cypre,
avec des appointements suffisants.
Mais il refusa cet emploi, soit à raison
de son âge , soit parce qu'il crai-
gnit de ne pouvoir s'habituer à l'oiir
du pays. Il mourut vers i556, dans
un étit de misère qui fiit penser que
le chagrin abrégea ses jours. H était
lié avec Louis Vives, Alamanni, Paul
Jove, Manuce ^ Jean Oporin, Math.
Gribaldi, et d'autres savants. On a
de lui : I. La traduction en ita-
lien de la seconde Philippique de Ci-
ce'ro/z, Venise, i558, in 8'. H. Le
huitième livre de {'Enéide de Fir-
gile ^ traduit en vers sciolti, ibid.,
154^2, in-8"., dédié à François r*".
Giustiniani dit, dans une de ses lettres
à Paul iManuce, qu'il avait égilement
traduit le septième et les quatre der-
niers livres de l'Êuéide ; mais Apos-
tolo Zéno observe qu'il avait l'habi-
tude d'annoncer comme terminés des
ouvrages qui n'ont jamais existé qu'en
])roj( 1. 1 U. \j A iidrienneQ\.l'E- unique
de Tére/tce , traduits en vciasdruc"
c/a/i, ibid., i544' i"-8''. Ces Ira luc-
tions sont admirables '^i l'on s'en rap-
porte nu jugement de l'Arétin. Nicolo
Franco parie également avec éloge de
celle de Téreuce. IV» La traduolioa
48o GIU GTU
de la première Harangue de Cicê- il éprouva une maladie très gr.ivc , k
r on contre Ferrés^ Padoue, 1649, ^^ ^"^^^ ^^ laquelle il revint dans sa
in - ^^. V. Le Panégyrique de patrie : ramené par cette maladie à
Cosme V\ de Méàicis y e\\ '\\dX\tn '^ ti son premier dessein , il entra dans
la Réponse de Carmide, Athénien y à l'ordre des durainic.iins , et prit, en
T. Q. Fulvio, Romain, sujet imite' faisant profession, le nom d'Augu. tin ;
de Boccace (x*. journée, viii«. nou- c'était lU mois d'aviil 1488. Dans le
velle), Padoue, 1 553, in-8'\ W.Epis- loisir d'une vie retirée , il se consacra
tolœfamiliaresischolasticœsivemo- tout entier à l'étude de la reli(;iGn et
raies ; declamatoriœ;de D. ISicolao des langues orientales. Son rare sa-
supremo pordijîce sermo ; memora- voir le mit en relation avec les hommes
hilis facti S. Bohemiœ reps Maxi- les plus doctes de son temps , ei entre
7nilianicommentarioluSjBà\e,i555, autres avec le célèbre J. Pic de la
iQ-i(). Plusieurs pièces de ce recueil Mirandole. Après avoir visité divers
avaient déjà été imprimées séparé- colicgcs de son ordre , et y avoir
ment, mais d'une manière peu cor- professé, il se livra, en i5i4, à de
rccte. Giustiniani a laissé en manus- grands travaux, dont le but éi.iit de
cril une traduction d'Horace , quel- mettre au jour les livres sacrés en hé-
ques comédies, et le discours de Nés- breu , cbaldéen , arabe , grec et latin,
tor à Achille, en italien; enfin un Vers le même temps, le cardinal Ban-
commentaire sur les Canzoni de Pé- dinelli, son pctrent , le fit élever par le
trarqup, en espagnol. H promettait en pipe Léon X au siège épiscopal de
outre une traduction complète de Té- iNebbio. Après avoir visité le troupeau
rcncc, des douze Césars de Suétone, confié à ses soins, Giusliniani vint à
et du Traité de la relij:;ion chrétienne Borne, assister au 5'. concile de La-
par Vives ; mais ces versions n'ont tran, où il combattit plusieurs articles
point été retrouvées après sa mort, du concordai fait entre la cour de
Les Lellere di diversi alV Aretino Rome et celle de France. Bandinelli,
eu renferment quatre de lui, qu'il son protecteur, tomba dans la di grâce
a souscrites de ces mots : Giusiiniano en 1 5i 7 , et mourut dans l'ex»' . G.uSr
povero. Doni lui attribue une Folian- tinimi se retira auprès de Bonif.tce
thea envers sdruccioli; mais Zeno Ferreri, évêque d'Ivrc'e. François 1".
regarde cclouvrage comme imaginaire, rassemblait alur^ en Fr^ince les hom-
VV — s. mes les plus distingués p.ir leur sa-
GIUSTINIAM (Augustin), évê- voir : informé du mëiite de Giustiniaui
que de N<bbio, en Corse, était de par Poncher, évêquo de Paris, qui
rilluslrc fimille de ce nom , et naquit î'dv.iil connu en Italie , d l'appela au-
à Gènes en 1470. Seul rejeton de près de lui , le fil son ch.ipelain , lui
cette branche des Giustiiiiaiii , il reçut accorda une pension, et le chargea
de ses pin nts une éducation très soi- d't nsei-ner l'hébreu à Paris; fonc-
gnée. Dès l'âge de quatorze ans, il tiou dont il s'aequiltri pendant quatre
voulut eniicr dans l'oidre des frères- ans. Vers le même temps, il fit uu
prêcheurs : ses parents employèrent voyage en Ho' lande et en Angleterre ,
tout leur (rédil j)0ur le détourner do fut accueilli p.ir Henri Vlll ; et, à sou
ce dessein, et le firent partir pour retour en France, il r< çu! «les priuves
Valdice. Là, s'étant hvru avec trop éclatcinles de la bui.veillanee et de
d'ardeur aux plaisirs de la jeunesse , Vtstiuie du cardinal de Lorraine. En
GIU
i5?.'>. , Oiiislini.ini se rendit à Gcncs :
h faction îles ,/thrnt's y .iv.iit porle
K' |)lus {^liuid trouble; il i'ul blessé
ciu bras dans une émeute. De retour
a ^t•llbio, il renonça au projet qu'il
avail fi)! nie de s'établir en France, et
resta dans son diocèse jusqu'en 1 55i.
A cctt( époque , il entreprit un voyage
à Gènes et à HouJej en(in,d.a)s un
troisième voyage qu'il fil en i 556 , il
périt avec le bâtiment qui le poitail,
pendant la traversée de Gènes en
Corse. Giustiniani connaissait l'aiabe,
riicbreu, le chatdeen , le grec et le la-
tin. On lui doit plusieurs ouvrages :
I. Precdiio pietatis plena ad Deum
onwipotejitcm coinpuiita ex duobus
€l sepiuag.inta nominihiis dwinis lie-
braïcis et Icdinis ciim interprète corn-
mentariolo , Venise, i5i3, in-8"'.
II. Liber Job nuper hehraicœ veri-
tati restitutus cum ciuplici versione
latindj Paris, i5iG, ou i5'io, m-
4". 111. Fsaltdrium hebrœiim^ grœ-
cuin, arabicuni , chaldaïcuin, cum
tribus latinis interpretationibus et
glossis ^ in-folio. Le volume, dëdiè à
Léon X ne jiorte en té e ni iiidicaiiou
de lieu, ni date d'impression ; mais on
lit à la fin qu'il a été imprimé à Gènes,
par Pierre Porrus , de ftJibn, et que
l'impression en a été terminée (n no-
vembre i5i6. Le litre du livre, l'é-
pîlre dédicaloire, la noie de rim[)ri-
meur, sont en latin, en hébreu , en
grec, en arabe et en chakiéen. Quant
àl 1 disposition de la matière, la voici :
le verso et le recto de chaque feuille
offrent huit colonnes; la première
donne le texte hébreu , la deuxième,
la veriion latine liltci aie ; la lroi>ièine,
la version Lline vulgaire ; la quatrième,
la version grerque; la cinquième,
l'arabe ; la sixième , la para|)hrase
chaldéenne, Targum, écrite en carac-
tères hébreux; ia septième, la traduc-
tion laiiuc de cttlc paraphrase; tl la
XVII.
OIU 48i
huitième contient des scholies, qui
oceujieiit ég.tlemeul le bas de^ ])J^«s.
Giustiniani annonce dans S( s Annale?,
qu'il a fait imprimer cet ouvrage à ses
frais; qu'il y a consacré «a fcjrfune
dans l'espoir d'en oblenii de l'Iion-
Dcur, et même qutlquc profil; qu'il a
élé tiré à deux mille txemj)laires , et
cinquante sur vélin , ( dont i',;ut(ur
fit dis présents aux souverains, tant
cliréii. ns que m.diornétins), in.iis que
le résiliai n'a point répondu à son
attente; à peine s'en était il vendu le
quart. Ce psautier, coinmeleremarque
Huct, est le pi eniier de ce genre qui ait
été publié en Eiiro|,e ; car, bien que la
bible du cardinal Ximei.ès eût com-
mencé à paraître dès ifji/j ou i5i5,
ceper.danl le psautier qui en fait par-
tie ne parut qu'en 1 5 1 7 ; et il'ail leurs
celte bible ne renfermait ni la para-
ra()hrase chaldaùpic , ni la version
arabe. Au surplus , les caractères
arabes et grecs employés par Giusti-
niani , sont très infoimes (i). IV.
Philonis judœi cenlum et duœ ques-
tiones , totidem responsiones mo^
rah'S super Genesim , Paris , 1620,
in - folio. V. flabbi Mossei Egyp"
tii dux seu director dubitantium ,
etc. , in III libros divisus et sum-
md accuratione lecog'dtus , ibid. ,
1620, in-folio. VI. Castigatissiml
annali con la loro cnpiosa tai'oîa
délia eccelsa ed Ulusltissima repu-
bica di Genova dafideli ed appro-
bâti scritlori , Gènes, 155^ , in-fol.
Cet ouvrage, pub ié api es la mort de
l'auteur, a élé Tobjct de jugements
très opposés, les uns le louant, les
autres en faisuit une critique amère.
Giustiniani a laissé, manuscrits, i". le
Nouveau Testament en hébreu , chal-
(1) Il est à remarquer que dan« cet estai , comme
dnus criix de la même époque , on a pris pour mo-
dt'lif (les cardctcrrs ar;ibrs le caraclcre appelé
loaugrvbia ou des Arabes d'Afrique.
3i
4^2 G I U
déen , grec, arabe et latin, tel que
son psautier; 2°. une Description
de Vile de Corse , indiquée pnr Lc.m-
dre AlbcTli dans s» Description de
l'Italie. J— N.
GIUSTINlÂiNI( Jérôme), poète,
ne àOcnes, vers i5(>o, de la inème
famille que les précédents , cultiva la
littérature avec quelque succès. H
était membre de l'académie des Ar-
gonautes de Mantone. Ou connaît de
lui les ouvrages suivants : I. Jephte\
tragédie, Parme , 1 585 , in - 8". H.
IjAlceste d'Euripide , traduite en ita-
lien , Gènes, iSqq, \n-b°. III. VA-
jax furieux f traduit du grec de So-
phocle, en italien , Venise, i6o5,
iB-12. Paitoni pense qu'il avait fait
cette traduction d'après celle que
George Hottalcro avait donnée en la-
tin , et cherche k prouver par-là que
Giustiniani ne sav;dt pas le grec.
IV. OEdipc à Colone, traduit en ita-
lien ,ibid., 1611 , in-1'2. V. OEdipe
roiy ibid., 1610, in- 12. Os trois
pièces sont les seules qu'il ait tradui-
tes de Sophocle. VI. La passion du
Saui^eur, tragédie, Venise , i(3i 1 ,
in- 12. W— -s.
GIUSTINIANI (Horace) , cardi-
nal, de la même famille que les pré-
cédents, mais d'une branche pauvre,
embrassa l'étal ecclésiastique, et entra
dans la congrégation drs prêtres de
Sjinl-Philippcdc Neri. Il fut créé car-
dinal pjr le pape Paul V , et obtint en-
suite l'ovcché deNocera.Grégono Lcti,
écrivain très satyricpie, le représente
comme nu esprit médiocre , (jui ne
laissait pas d'avoir de grandes pré-
tentions au pontifical ; et à cet effet,
dit-il, il se fût faire fort rarcmetit la
hirbe afin <le paraître plus âgé : mai»
il convient ccpend. «ni (piil ('lait irré-
prochable du coté des mceurs. Iiino
cent X le fil son grand ponitrncicr cl
suit bibUolhccairc. U mourut ii Uomc
GIU
en 1649. On lui attribue le Recueil
des actes du concile de Florence ^
avec des notes, Rome , i658, in-fol,
W— s.
GIUSTINIANI (Orsatto), noble
vénitien , se rendit célèbre au xvi*.
siècle, non seulement par son amour
pour les lettres, par son goût formé à
l'école des anciens, cl par ses talents
poétiques, mais parnn trait courageux
et peu commun de piété filiale. Sa
mère, attaquée de la peste en iS-jG ,
avait au sein le principal bubon , qui
lui faisait souffrir des douleurs atro-
ces ; il était pnrvenu à un tel de-
gré de malignité pestilentielle , que
les gens de l'art refusaient d'y loucher,
et de laire une opération, qu'ils ju-
geaient d'ailleurs inutile. Orsatlo, seul»
eut assez de tendresse et de fermeté
pour rentreprendre : il se fil indiquer
par les médecins ce qu'il y avait à
faire, et l'exécuta sous leurs yeux avec
autant d'adresse que s'il eût professé
l'art toute sa vie. L'opération réussit;
mais, comme on l'avait prévu, clleélait
trop tardive. Li malade succomba peu
de jours après , emportant la consola-
tion d'avoir reçu de son fds une telle
preuve de dévouement. L'ouvrage de
Giustiniani qui a eu le plus de répu-
tation , est sa traduction en vers de
V OEdipe roi^ de Sophocle, sous le
Xilic A' Edipotiranno y Venise, i585,
in-4''.: il la lit dans l'espace de peu de
jours, tandis qu'il élait dans sa déli-
cieuse retraite d(> Pradazzi, terre qu'il
possédait sur le ]Musone,près d'Asolo,
dans la marche Trévisane. Les acadé-
miciens olvmpiques de Vicence donnè-
rent en I 5B4, avec une pompe extraor-
dinaire, une repré«>entalion de celle
tragédie , sur le magniliquc théâtre
^u'ils avaient fjit balir à leurs frais par
.' célèbre Palladio , leur compilriole,
et qui est encore aujourd'hui l'objet de
Tadmiratiou dis voyageurs. Celle re-
OïU
prcfscnt.'ition rut des pirticuI.irl(L's re-
iDar(ju.i!)lcs : les aculemiciens firent
venir, pour rrprescnter OKdipe, deve-
nu nvni^le à la (in de la pièce, le
pocle Gn)ll{», à qui sa récite avait fait
doîjner le nom de Um'eiiglti d'Adria.
( y. CiROTTo). On a de plus d'Orsatto
(iiiistiniani un recueil de rime ou
poésies diverses , imprimées en i (îoo ,
in-8"., à Venise , avec celles deCelio
INIapno , son ami. Quoiqu'il s'occupât
lort peu des affaires publiques, sa
naissance le porJa au ranfi; de se'na-
teur. Il mourut à Venise, en septem-
bre i6o5, âge de soixante-cinq ans.
G— E.
GIUSTINIANK Pompée ), nëdans
l'île de Corse en 1 5^)9 , entra au ser-
vice à l'â'^c de quatorze ans, parvint
en très peu de temps au grade de co-
lonel, fut nommé ensuite, par la
cour d'FvSpagne , conseiller de <:;uerre ,
et plus tard mare'chal-de-camp dans
Jcs Pays-Bas. Au siè^^e d'Ostendc ,
une bille lui fracassa le bras droit ^
on fut oblige d'en faire l'amputation ,
et Giusliniani le fit remplacer par un
bras mécanique en for, ce qui lui
■valut le surnom de Bras - de - fer.
Après la paix , Giustiniani fut encore,
pendant quelque tenips, gouverneur
de la Frise; puis il retourna en Italie,
et devint gouverneur de Candie, en-
suite général 'et commandant en chef
des forteresses, au service de la ré-
publique de Venise. Le 10 octobre
1 6 1 6 , il fut tué d'un coup do feu , en
faisant une reconnaissance avec d'au-
tres çiénéraux. Le sénat de Venise lui
fit éiiger une statue équestre, et ré-
compensa généreusement sa veuve et
ses enfants. Il avait laissé en italien ,
sur les guerres de Fiandre, un ou-
vrage en six livres, qui a été traduit
en l.ilin par Jos. Gmiburini , et pu-
blié sous ce titre : Bellum belgicum^
Anvers, 1609, in-V'J Cologne, 1611,
(1 î U 4.SS
Venise, iGi '2, in-8". ; Milan , iGiS,
in- 17,. 1} — u — D.
GltJSTINIAN! (Micuel), littéra-
teur ittlien , naquit à Gènes le 10 avril
iGi":*, d'une famille patricienne qui se
vantait de descendre des anciens sou-
verains de l'île di: Cliio. Il fit ses étu-
des sous la direction de Barthelemî
Giustiniani , son cousin, évèqiic d'A-
vellino , et se rendit ensuite à Komc
pour y prendre ses degrés en droit.
Destiné à l'état ecclésiastique , il en
portait l'habit depuis l'âge de treizs
ans , et jouissait déjà de plusieurs bé-
néfices dans le royaume de Najiies.
Dccio Giustiniani, son cousin , évêque
d'Aleria (en Corse), le choisit pour
son grand-vicaire; et après la moit de
Decio, le pape Innocent X le chargc.i
de l'administration du diocèse pendant
la vacance du Siège. Son goût pour
la retraite lui fit refuser tous les em-
plois : retiré à Homo , il y partagea son
temps entre ses devoirs et la culture
des lettres, et mourut vers 16H0. H
laissa en manuscrit quarante- quatre
ouvrages dont on trouvera la liste dans
la Bibliothèque napolitaine de Toppi^
t-om.i^^., pag. 1 15. Parmi ceux qu'il
a fait iiftprimer et qui sont en grand,
nombre, on se bornera à citer les
principaux : I. La Fie ^ en italien, d»
Barthelemi Giusliniani, évcque d'A-
vellino, à la tête d'un recueil de 5o/z-
nets de ce prélat* et celle du pèro
George Giustiniani, jésuite, au-devant
de ses OEuvres spirituelles. If. Dell*
Oîigîne délia madona di Costanti-
nopoli , o sla d'Istria, e délie di lei
prelese traslalioni, libri due y Rome,
ir)57 , in-8^. III. Costituiioni Gius^
tiniane ecclesiastiche , istrutt'ive c
precetWe , Avellino , i658, in - 4".
C'est le recueil des règlements et sta-
tuts publiés par les différents prélats
delà famille Giustiniani. IV. La Scio
sacra del rito latino , ihïà» j i658,
5r ..
m
GlU
in - 4"^. V. Hisloria del contaggio
d'^vellino , Kome , i66-2 , in - i •2.
C'est U description de la peste qui ra-
vagea la ville d'Avelliiio pendant les
années i65G et 1657. Vl.Z^e'vescop'i
c dti' governalori di Twoli libri due ;
impiimes à la suite de V Histoire de
celle ville, par François M.irzi , Ho-
me, i66j, in-4''. Vil. Gli scrittori
JJguri^ parte prima, il»id. 1GG7, in-
4"., rare. La seconde partie est restée
inanuscrile : c'est la Bibliographie des
écrivains de la côte de Gènes; Tira-
bos( hi dit qu'elle aurait besoin d'être
refaite el corrigée soigneusement. VUI.
Letiere memorabili , Rome , i6n5 ,
trois parties, in- 12; iNaples , i()8j ,
'1 vol. in ï'2. W — s.
GIUSTINIANI (Marc Antoine),
doge de Venise, succéda , en 1G84 , à
L. Contarini , à l'époque où l'ambition
du grand vézir, Cara Mustapha, ren-
dait nwc guerre avec les Turcs inévi-
table. Les Vénitiens, pour la soutenir,
conîractèrenl une alliance avec l'em-
pereur Lcopold i , et J. Sobieski, roi
de Pologne , qui venait de battre les
Turks devant Vienne. Celte guerre fut
signalée par la conquête de la Morée;
mais la gloire en appartient moins au
doge sous le gouvernement duquel
elle s'accomplit , qu'à François Mo-
rosini , commandant des lrouj)es vé-
nitiennes. Le sénat reconnaissant le
choisit pour successeur de Giustiuia-
jii , mort en i(j88. S. S — i.
GIVIU (Jean-Antoinl de Mes-
MKs, comte d'Avaux , niaïquis »ii ).
f^. AvAUX, tom. Ul, pag. 10^.
GlZKLiVS (KusTACiit), théolo-
gien du xvn'". siècle, néeji lUissie,et
qui s'attacha aux soeiniens de Pologne.
]1 publia, en société avec Stoinius et
Sclilichting, le nouveau Test.unenl de
Uacau, et (il paraître à Franc fort sur
l'Oder, rn 1O2G, selon ^anll^^s, une
traduction en grec de ï linUuUvn de
GJO
Jésus-Christ. On a aussi de lui quel-
ques ouvrages en langue polonaise,
C— AU.
GJOFRANSON (Jean), savant
Suédois du XVIII . siècle, entra jeune
dans la carrière ecrlé.>iaslique, et par-
vint à une j)lace d'a'ichidiacre; mais
il s'est fait connaître principalement
par ses travaux sur les antiquités du
Nord. Ayant eu occasion d'examiner
le fameux manuscrit de TEdda , qui se
trouve à la bibliothèque d'Cpsal , il
entreprit de donner une nouvelle édi-
tion de celte production remarquable:
il n'en publia cependant qu'une partie;
et on lui a reproché de n'avoir pas re-
produit lo mauusci il assf-z fidèlement,
bon édition n'a donc pas rendu inu-
tile celle qu'avait donnée le savant da-
nois Resenius , d'après un autre ma-
nuscrit que l'on regarde comme plus
moderne. Gjoeransou a publié de pi us,
Âatlingay owDela littérature et de
la religion des Gotlis en Suède ,
Stockholm, 1747» in-fol., fig.; et
BauLil, ou Inscriptions runupies sur
pierres suédoises, de J'an du monde
2,000 à l'an de J.C.i ooo,Slockholm.,
1750, in-4". , recued le plus considé-
rable de ces monuments du Nord ,
dont la haulc aniiqmté n'est cependant ^
pas généralement reconnue. C — au.
GJOEUWELL (Charles - Chris-
topue), savant Suédois j naquit le 10
février 1751, d.ms la province de
Scaidc. 11 commença ses etutles a l'u-
niversité de Lund , et les acheva à
celle de Greil'^vvald. En 17^0 il fit ua
Vi)yage en Danemark, en Allemagne
et en France. Placé à son relotir dans
le dép.irteniciit île la chancellerie
royale, il y oblml le rangd'asscsseur;et
après avoir travail c quelque teujps à la
bdjiiollièqnc loyale, il re^ul le litre de
bibliofhécairedu roi. On peut regarder
(ijoervvell comme le londaleur des jour-
naux littéraires en Suède; les fiuilics
pcricxliqiir? piiMicVs aiipnravnnl par
Siilvtiis. uVl .lit (pirdcs nomeiicl.iMins
tic fiîns, ,»vf(' (1rs ndlicrs dr peu d'cf-
triultio. ]jV Men lire dr Gjoi rwc I eut
liOAiKNtnp (Ip .siicccs; il conimrnç.» à
p.tr.'iîlK' 111 i-jVO, rf lut suivi de (y\o\-
(jiifs .uiMcs iTCMicils poi'iodifjiH'S du
niomc ,iiil( iu\ qui sVîaïf .T^vocir' r>lii-
situis Ixtiimirs de Ir'ties, < l cii p.iiti-
cnli'r M. BiO( rkt'C'zcn , ■itl.irlio à la
Lil)lioih<(pie du roi. A la îiaiss.iiirc
du prince royrd , depuis Gustave IV ,
Gjcunvrll lotida à Sfoi kîuvni uncso-
cic'lc d'éducation , qui publia des livres
élciruntairp'^. Atrii intime du ce èhie
voyageur Bjo< riisfalii , il fut l'éditeur
de ses Voyages. Il donna aussi an pu-
blic les premiers vulnrnes de la Bi-
bliothèque hisioiiqus de la Suède,
par W iiuholz ; ouvrage imporifiiit ,
qui continue à pandire, <l qui est
achevé en m muscrit. On lui doit en
outre des traductions de pînsit urs ou-
vrages fr;inçais et al.< maiids. Il e'tait
membre de quelques sociétés littéraires
d'Allemagne ; ( t il en'retinl pend.mt
sa longue carrière un»' correspondan-
ce suivie avec Bû«>cliiiig , Scliloezcr,
et d'autres •^avants étrangers auxqu. Is
il fournissait des mémoires sur la géo-
graphie et l'histoire d<Sii('d''. Il pos-
sédât des manuscrits précieux sur
l'administration et 1rs révolutions po-
litiques des pays du Nord. Gjoerwcll
mourut le 26 août 1811. Le célèbre
sculpteur Sergcl a fait sou buste, qui
est regarde comme un des meilleurs
de cet artiste , mort lui même depuis
peu. C—ÀV.
GLABER (0 (Raoul), historien
du XI . siècle, ct;iit ne en Bourgogne;
c'est du moins roj)inion des auteurs
de l'Histoire littéraire de France , qui
appuient cette conjecture de fortes
présomptions. .Sa jeunesse fut très
• 1) Glaber »\^n'\iiii ehùuve, «jui n'a pas de che-
veux ou dv poil.
CL A /,8i
dissipc'e. Un de ses oncles crut arrê-
ter ses désordres , cw le faisant ad-
mettre dans un couvent à I âge de
douze ans ; m lis si conduite resta la
même, et il '^r vit ob'iKC de rhançicr
de maisoi's plusieurs f"is pour cMfcr
de pistes cli.riineiifs. Guill mme , abbc'
d«; St.-B nigne de Dijon , .;yaiif démêle'
ses heureuses disposi'ioris pour les
Utiles, le choisit pour le con)j>igûon
de ses voyages , et l'r inmena avec lui
à S'ize en Italie, Glaber fit pidive
dins cette viiie de saciacilé et de cou-
rageen démarquant un fourbe qui abu-
sait le peuple p.ir de fuisses reliqiics.
Mais il e'iait d'un caractère trop
indocih" p<»iir goûter les conseils de
l'abbc GuillHiiuie. Il le quitta fuitive-
mciit, et se retira à St. - Germain
d'Auxerre, d'ca'i il passa ensuite dans
différents autres monastères. Il mou-
rut à Ckmi vers 1 o5o , après avoir
déploie se-i égarements. Son princi-
pal ouvra'j^e est un'* Chronique qiTil
avait entreprise pour jil.iire à i'abbé
Guillaume, et qu'il termina à la prière
deS. Odilon, abbe' de Cnni, à qui
elle est dédiée. Elle est divisée en
cinq livres , et s'étend denuis l'an
900 (où finit cdle de Bède ) jusqu'à
1046. Cet ouvrage oftre l'assemblage
choquant de tous les défauts du siè-
cle où il a été composé; mais on n'eu
doit pas moins le regarder comme mi
des monuments les ])lus précieux de
notre ancienne histoire. « C'est là,
» dit Lacurnc Sfe. - Palaye , qu'on
» voit cha.'.gi r pour ain^i dire toute
» la face de notre gouvernenient; que
» l'on voit l'origine de p'usieurs mai-
» sons qui. tirées d'un état médiocre,
» que!quelois même de l'état le plus
» abject , s'éevèrent k l'ombre de
» l'autorité de Hugues Capet , ou-
» blièrent depuis ce qu'elles lui dc-
» vaient, osèrent se révolter contre
» lui , et établirent plusieurs des
486 G L A
» grands fîefs , dont la puissance
» contrebalança souvent, depuis, celle
5> dont iis étaient emane's. » La Chro-
nique de Glaber a clé imprimée pour
]a première fois dans les Hisioriœ
JFrancorum de Pilhoii , Francfort,
i54^, in- fol.; elle Tri été depuis ,
d'après un manuscrit de la biblio-
thèque de De Thou , d-)ns les Scrip-
lor. Francor. coœtan. de Duchesne ,
tom. IV, et dans les Ber. Gallicar.
scriplor. de dom Bouquet, tom. x.
On a encore de Gliber une Vie du
bienheureux Guillaume , abbé de
St. -Bénigne, sous ce titre: fVil-
helnii ahhalis gestorum liber; clic
a été insérée dajis V Histoire de Vnb-
haye deReoméou Moustiers St.-Jean,
par Pierre Bouvière, Paris, 1657,
in-4'., dans les /écta Sanclorum de
Bollandus an i*'''. janvier, et dans les
jictes des Saints de V ordre de S. Be-
noît y par Mabillon , tom. vni. On
peut consulter le Mémoire concer-
nant la Fie et les onvras,es de Gla-
her y |)ar Lacurne Sl<'.-Pal.<ye, d^ns le
Becucil de l'académie des inscrip-
tions, loui. viii (copié par Niceron,
lom. xxvnii, et la Vie de Glaber
clans l'Hisloire littéraire de France,
tom. VII. W — s.
GLABIUO. roy. Acilius.
Gf.ACAN (Neil 0'), plus connu
?ous le nom de Nellanus Glacaniis ,
>avant mcdcom , ne daus le cdujté de
Donegali en Irlande , était fixé à
Toulouse avec le titre de premier pro-
iesseur ca inédrcine , lorsque la j)cslc
«Icsola cctie grande ville au cuiuuien-
cenicnl du xvii . siècle. Il y jouit
jiieuie de l'estime et de la considéra-
tion la ]»lus j;énérale , à cause du
dévouement qu'il montra en bravant
Il cont.«f;ion pour voler ;mi secours
des nial.nies. (ilacan, ayant passé de-
puis eu Italie, enseigna quelque temps
îi.ius runivcisicé de Boloj:;ue , et iiiuu-
GLA
rut dans cette ville sans que l'on sa*
che en quelle année. Ce médecin a
laissé d^-ux ouvrages, dont le pre-
mier mérite d'autant plus d'être rap-
pelé, que les bibliographes se sont
lonteniés d'en rapporter le titre : I.
Tractalns de peste, seu hrevis , fa-
cilis et experta methodus curandi
peslem y Toulouse , 16. hj , in - l'i.
l/auleur traite d'abord , d.uis cet ou-
vrage, de l'essence, des causes, des
variéîés, des signes et du prognoslic
de la peste, ainsi que du régime qu'il
convient d'observer dans celte mala-
die. Il détermine ensuite l'emploi de
la saignée, et celui des médicamcnls
particulièrement purgatifs. Trois cha-
pitres assez étendus sont employés
à indiquer, i**. les remèdes curatifs
et préservatifs, recommandés par les
auteurs ; 2". ceux dont l'eiiicacité a
été reconnue par Gl.uan lui-même;
3". enfin ceux qui ont été administrés
populairement et avec succès. Gla-
can passe à la considération du char-
bon ou anfrhax , aux complications
que présentent la scarlatine, les dou-
leurs de tête opiniâtres, une somno-
lence profonde, les vomissements et
le cours de ventre. Vient ensuite
la double indication d'une première
méthode pour fumiger et lessiver bes
maisons , les meubles et les vêle-
ments infectés , cl d'une seconde
méthode propre à sanifier les conva-
lescents de la peste avant qu'ils ren-
trent dans la société. On s'aperçoit, en
lisant l'ouvrage de Glacan, qu'il con-
naissait bien , et en remontant aux
temps les plus anciens, les écrivains
qui avaient traité celte matière avant
lui , et (pi'il avait acquis préecdfm-
ment beaucoup d'expérience a Sala-
matiquc, à Xaleuee eu Espagne, et
à Kig<'ac en France. La latinité de
Glacan est aiiscz pure. 11 est souvent
dogmatique, et iraile avec bc.uconp
G L X G L A 487
.di'h.iiitcnr]rsiç;iu)r.inls prcsorapfticn^ rourotiTu,', en '7'"o, p.ir l'ncadcriiM;
«ju'il p.iniîl.ivoir liiVn»; minent iroiivcis de JM.tr.scillo, Zriksf, i77~>> i»i-8'*,
Mir M's pas. 11. Cursus medicns , U- VI. Le Traité des (ijfeclions vapo-
hris tredecim pro/fosiUis ^ l)olop,nc, rtuses des deux sexes y y^urlcdoclcur
i()5.5 , in-4\ ('0 doiiiier oiiviMgc ;» Poiiimr, Brcsiau ri Lrijjziç;, 1775,
vieilli par Miilc des jirogrcs (les scicn- in-8". Gladh.icli a publie an supplé-
ées, cl M'i» tot.ilemcnl oublie, tandis ment à la ïablciatiuc raisonne'edcs
<pje (jucUpu-s pat;;cs, ({(►elques liç;ncs Corruncn 1.1 ires de Van Swiclni. Ses
<iij j)reinier,allanluronl lenonideGla- douxdisscrtationsiiianguralcsrnérilcnt
can à rbisloirc de la peste. D — G — s. à peine d'clre cilées : la première, De
GLADlJACIi ( Jean- Adolphe ) , inumiis m praxi medicd non facile
médecin allemand, né en 171(3 à adhihendis , 1 755 j la seconde, De
Franctort sur le INlcin, fit ses études herniis incarceratis sœpè non letha-
dans cette viile , ainsi que dans celles lihus. — (jladbach ( George - Jac—
de Hanovre , Halle cl Hcimstadt. C'est qucs), médecin allemand comme le
dans celte dernière qu'il obtint le doc- ])réccdent, naquit également à Franc-
torat, en 1 758. Le prince de Anbalt- fort , en 1 706, et fut reçu docteur en
Zcrbsl le no'nuia son conseiller, mc'de- 1759 a l'université de léna , après
cindesacoureldela province. llexerça avoir soutenu une dissertation sur
ces fonctions jusqu'à sa mort, arrivée le squirre. ^ommé conseiller, et mé-
en I 785. Soit par modestie, soit qu'il deein de sa ville natale, il devint, en
manquât réellement d'un géflie créa- 1 785, archiâtre du comte impérial de
leur, Gladbacli n'a composé aucun Schœ[iburg,<tmourutlei 3 septembre
ouvrage origmal ; mais il a traduit en 1 7y(). Ses écrits sont en petit nombre,
allemand plusieurs bons livres français: peu volumineux, et préscRlent un fai-
L Le Mémoire de Denis liarberet, Lie intérêt. L Commentaiio de mor^
sur les maladies épidémiques des bis à vestitu conira friç^us insufji-
hesliaux , couronné, en 1765, parla ciente , Francfort. U. Disquisitio de
société d'agriculture de Paris, avec medicamentorum ahsorbenlium iii
les notes de Bourgelat , Wittcraberg Jehribus acutis prœstantid , Franc-
ci Zerbst, 1770, in-8". 11. Les £/(?'- fort, 1761 , 10-4". \\\. Description
mcnis de l'art vétérinaire, de hour- et figures de papillons, 4 cabiers,
geiat , Dantzi^, 177*2, in-8". Le tra- Francfort, 1777, in-4°' (en alle-
ducteur publia l'année suivante , à mand. ) IV. Catalogue des noms et
Zerbst, un suj)plément, contenant l'a- des prix des papillons , sphinx ^ plia-
natomie du cheval. HI. Les Expé- lènes , ainsi que d'autres insectes,
riences et observations sur la cause tels que les coléoptères aquatiques
de la mort des nojés , et des phéno- et terrestres, les sauterelles , les gril-
Tnènes qu'elle présente, faites pnbli- Ions, les frelons ^bourdons , guêpe s y
qucmcnl à l'école vétérinaire de Lyon, mouches, cousins, etc. Francfort,
par Cham peaux cl Faissûle, Dantzip;, «778, in-S. , écrit en allemand,
1772, in-8". IV. Les Expériences sur comme celui qui précède. Cet opuscule
îabonification de tous les vins par est paieillemenl rangé dans la classe
Maupiu , Zcrbst, 177^, in-8". V. des productions les plus médiocres;
Le Mémoire de l'abbé Ixo/àer, sur l.i mais il ])eut servir à prouver à quel
meilleure manière de faire et de j)oinl l'entomologie est cultivée cnAI-
gQuverner les vins de f'rovcnce, lemagne, puisque les iji sectes y sont
488 G L A
un objf t de commerce susceptible d'un
bulletin de prix courants. C.
GLAFEY Adam Frédéric), pu-
blici>te allerainl , n.iquii à Reichen-
barh dans le Voi;itland , Je 17 jan-
vier 1692. Sa première e'ducation
fut très négligée , son père, mu-
cband ruine' , ayant été oblige de
s'engager comme simple so'dit. GI.1-
fey ne put entrer au gymnase q'i'à
l'âge de onze ans; et, réduit à l'indi-
gence , il ç;a<;;nait sa vie en chantant
dans les chœurs. A l'université de lena,
qu'il fréquenta dans la suite, 'a né-
ces'-ité de vivre du produit de ses
leçons particulières l'empêcha aussi
de s*wppli(pirr avec assiduité à sis
éludes. Cependant, à vingt-un ans il
commença déjà à publier des cVrils,
après avoir été gratuitement, et par
ordre du duc de S ixe - Gotha , pro-
mu, en 1712, au grade de m dire
en philosophie. C'est aussi vers cette
épofpie, qit'il ouvrit im cours sur le
droit naturel. H accompaç;»ia, quel-
ques années après, deux jeunes gen-
tilshommes allemands, à l'université
de Tubingue et dans les difFérentes
cours de l'Allem-igne. Au retour de
ce voyagp, il fut reçu docteur en droit
. à l'univCr-^itc de Halle, s*ot;djlit à Leip-
zig, et contmua ses leçons publi(pi('s.
11 s'attira beiucoup de désigréments
par d<''ix ouvr.igcs qu'il publia alors,
les Principe de la jurisprudence ci-
vilecl V Histoire de Saxe. Néanmoins
Il cour de vSixe (t d'autres cours
étrangères , auxquelles il avait été re-
commandé par le comte de Sec kendorf,
gouverneur de L<izj»ig, l'employèrent
ù la rédaction de divers mémoires; et
il fut nommé en i72(>, archiviste
privé de la cour de Dresde. Il mou-
rut le 1 4 juillet 1753. Ce juriscon-
sulte, d'après If jugement de Moser,
«•tait médiocrement instruit dans This-
toirc cl le droit public de rAllema-
GLA
gne; mais personne ne le surpassa
dans l'art de susciter des prétentions
et des querelles. De qu irante-trois ou-
vrages dont il est auteur, et qui ont
tous été imprimés, à l'exception de
sept qu'il a rédigés par ordre de quel-
ques souverains ou d'autrrs personnes
de distinction, nous indiquerons seu-
lement les suivants : I. Diss. Jurîs
vaturcB de officiorum collisione ,
Icna , 1 7 1 5 , in-4^. H. V Eclectique
méditant , communiquant ses obser-
vations philosophiques et philolo-
giques, etc., ouvrage périodique, ib. ,
1713-1714, 5 cahiers iu-8'. Ilï.
La plus grande partie deThisloire par-
ticulière de l'Allemagne dans le Dic^
tionnaire de l'histoire universelle ,
publié par Fritsch. IV. Précis de
l'histoire de la maison él.'ctorale
de Saxe, F laucïoïl. et Leipzig, 17*21,
in-8'., avec gravures et pièces justiQ-
catives , Nuremberg, 1755, in-S".
Cet ouvrage lui attira beaucoup de dé-
saL^réments de 'a part de la cour de
Dresde. V. Hisloria Germanice pôle-
mica, ou Précis de V Histoire polémi-
que de V Allemagne, etc., Francfort cl
Leipzig, i7'>-2, in-4 '. (en allemand.)
VI. Défense de cette histoire polé-
mique contre la critique contenue
dans le 77'". cahier des actes alle-
mands,publiés a Leipzig, I7'2"2,in-
4'. Vil. Theatrum hi^toricum prœ-
tentionum et cnntr>:\>ersiarum illus-
trium, ou Théâtre historique dt^s
prétentions et des disputes di'Sgi'ands
soui>erains et autres princes régnants
en Europe , où l'on représente leur
orig-ne, les motifs, les objections ,
et l'éiat actuel des prétenti(-ns les
plus importantes ; précédemment pu-
blié par Christophe J/ermann Schro-
der, continué et augmenté de moitié,
Leip/.ig, >7'^7, in folio. J. Roussef ,
dans ses Intérêts présents des puis-
sances de l'Europe , 4 traduit en
r. r, A
frmrils |ir('>;(|tuî ton! r«>uvrnf;c do
(iLlcy, à l'cxr.i |)lioii ilc 1» p.trlic qui
Iriifc dos |iroUMili()iis occlc'.siasliqiKS.
\ 111. Epi.Uola ad llenricnia, jam
Comité m di' Bùnaii y de novo ins-
tU.ito Idstoriam Saxaniœ ex si^il-
lis dl:istra/idi, Dio.sde, i 7'),8 , in-4 '•
1\. J/i'stoire pniiimaticfue de la cou-
ronne de Hohnnc, l^tipzij;, \']M)y
i:r-4 . X. Aneciloiaruni S. H. 1.
hisloriam ac jus puhliciini illii.s-
tranlinm colleclio, l)nscl'> cl L(;i[)-
zig, 1754, iii-8 . Celle rollcclioii dc-
\ail êiio composée de cinq voiiimos;
mais il !i'('ii a ete pnblio qu'un seul.
XI. Histoire comjdèle du droit de
lu nature^ Lei[)zi<î, lyoç), in-/|". (ou
alloin.iiid), nccoiMp,iL;ijëe il'iiiir Biblio-
thèque du droit de la nature et des
^ens , que i'dut ur avail déjà domic'c,
m< lis d'une içianière moins coiîip'cîo,
dans sou Tnnté du droit riaUirel^
1723 el \']~t'i. Clir. Fred. George
Meister puLlia , en 1740 et 1741»
deux spécimen d'additions et cor-
rections à cette Bibliographie, et en-
treprit ensuite sur la même matière
un ouvrage plus complet , dont la
jnemière partie parut à GÔtlinguc ,
1749, in 8". XII. Bibliothera Rinc-
Jiianaj avec une préface par Giafey ,
Leipzig, 1747 , iu-S". ; catalogue im-
portant pour les bibliographes. Par-
mi les ouvrages inédits de Glafîy,
ou distingue : Deduclio juris et
facli pro asserendd siiperioritate
ieniloriali regiœ inajcstatis Sardi-
iiiœ , qud ducis Moniisj'erralensis
in loca et castra Millesiini , Crucis
J'errecE , Alleris ^ Mallarum ^ Ctiy-
ri y Iiochœvig7ia!is,De^hi ,v\c. alin.-
queftuda Lan^haruni, contra Dn.
Franc. Dota, coinitem Mdlcsiini et
a^natos Careitenses , aliosque Lan-
gharum vasallos ^ litis hujus socios ;
et Jus regicE majcslali Sardiniœ
in marçhionaium Nvvdli et Mon-
fortis competcn.: vindicaium , hn^
jttsijiie invitsliliird diutiàs non de-
jicganda; el <ii(in Responsiones <td
quœstiones novem. G'afey avait com-
pose ce dernier ouvrage d'après les
ordres qu'il avait r<çus du ministre
du roi de Sar. 'aiguë. B — u — D.
GLA.\D()Rl*'( JiiAJv), savant lit-
teratcur, né à ]V!un>ler au eon)men-
cement du xvi. siècle, c'tudia à l'a-
cadeuiie de Witteuiheri; , so«is le ce'-
lèiuc Meianchllioji, d ar(piit s >us cet
habile m.tîlre une connaissance très
étendue des langues anciennes. Il s'ap-
pliqua ensuite .1 la t'teoiogie; et ayait
ete admis au saint ministèie, il argu-
menta publiquement, en I 535, coutrc
les anab tptisles , avec beaucoup de
succès. JNoniiHC r(Cfe'.:r du gymnase
d'Hanovre, il fut oblige' de se de'-
meitr;- de cet emploi , en i555 , par
les iiilrii;uesdes professeurs, et se re-
tira à G«>lar, où il fut suivi par le
plus grand nouibre de ses élèves.
Les maui'trats de cette ville lui ifTri-
rent la direction d'^ l'école publiq e;
et il commençait etifîn à jouir de quel-
que tranquillité , lorsque de nou\ elles
traverses vinrent tioiibler sa vie. La
mauvaise conduite de son épouse
l'avait deterudiie à se séparer d'elle j
le pasteur voulut le contraindre à
la reprendre , et Glandor p préféra
renoncer à sa place plutôt que de
vivre avec une feuime qui le désho-
norait. Accueilli à IVlarbourg , il y
obtint la chaire d'histoire en i5()0,el
mourut le 11 lévrier 1 564 '^ ' )• ^" "• ^^
lui : I. Sylva carminum elfg'ucoruni
in enarrationem Commentariorum
C. Juin Cœ saris de hello gallico
et cii'ii'iy T 55 1 . U. Disticha sacra et
moralia, Magd'bourg , i55ç). UL
Descrlptio gémis Antoniœ i?iter Ro-
(i) ROnig, Bib'. vet. et nova, dit qu'il' mourut à
F.rrciri eu t5G3; Saùiis croit «ju'il vivaiiencdre vm
49»
GLA
manos non postremœ , Leipzig, 'SSg,
in-8°. IV. Descripiio Juliœ s;entis ,
Romanas inter famillas neuticjuam
postremœ , Baie, iS-jb, in-8'. Ce
fut Ambroise Glatidorp , son fils ,
qui publia cet ouvrnç;e, avec la se-
conde partie des Disticha. moralia.
"V. Onomaslicon historiée romance,
Francfort , 1 589 , intbl. ( i ); ouvrage
piein d'érudition , et précédé d'une
savante préface , par Heineccius. VI.
Des Notes siir les Commentaires de
Ccsar , Leipzig, 1^74; et sur les
Epîtres familières de Ciccrou , Baie*,
i58o, publiées également par Rci-
necrius. On trouve plusieurs pièces de
Glandorp dans les Delitice poetar.
Germanor. , tome m. — Ebcrhard-
Théonhile Glandorp ou Glandorf ,
autre philologue allemand, quatrième
bibliothécaire, à Tuniversilé de Got-
tinguc, et depuis 1^80 co-recleur du
gymnase d'Anspac'n , né en i-^jo à
Wimpfeu en Souabe , mort le 1 no-
vembre i794i 3 donné une édition
des vers doré'» de Pythagore, enrichie
de notes et de variantes , sous ce
titre : Sententiosa velustissimorum
f^nomicorum qiiorundam poèiariim
fipera, Leipzig, '77^» in-8'. On a
aussi de lui , Unit en latin qu'en alle-
mand , plusieurs Dissertations ou
Opuscules acadétuiqucs ; nous indi-
querons les suivants : l. Compara-
tion'im recentiorum poétarum , prœ-
seràni nnf^lorum , cura antujuls , do-
mi à pufiris instituent arn , scholus-
tinum esse exfrcitann ndinodàm pro-
habile y Aiispid», 1781, i:i-4°- H.
Jdinmata çrœca qitd rations sint
scholis tradenda ? ibid. , 178*2,
in-4'\ W — s.
GLANVILL ou plutôt GLAN-
"VI li (HARTnti.KMi ), franciscain an-
(1) Une prétrnilue ëdllion dr i5i|8, citée par
l'Ciiglct Uiilrcanny; ne duii «<>n «XMtencr qu'a une
(auIo «l'iinpresiion.
G L A
glais du XIV*. siècle, de la famille des
comtes de -Suirolk , paraît avoir étu-
dié à Oxford , à Paris et à l\ome. Il
composa des sermons, qui furent im-
primés â Strasbourg en i495, et un
ouvrasse curieux , intitulé , De pro-
prietatihus rerum^ où il a fondu les
idées d'Aristote, de Platon et de Pline
avec ses propres observations. Cet
ouvrage , divisé en dix-neuf livres ,
traite de Dieu, des anges et des dia-
bles , de l'ame et du corps, des ani-
maux , etc. Quelques exemplaires con-
tiennentjun vingtième livre, qui n'est
])as de lui , sur les nombres , les
poids , les mesures , les sons , etc. ,
L'ouvragé de Glanvil, qui est un des
premiers sur lesqu'ds s'est exercé l'art
de l'impiiraerie, a été traduit en an-
glais, et imprimé ainsi par VVynkyn
de Worde , avec beaucoup de luxe.
On en trouve une analyse très éten- ^
diw et très exiclc dari^ le 1^. vol. des
antiquités typographiques , par M.
Dibdin : il a aussi é'é traduit en fran-
çais {Foy. CORBICUON ). X — s.
GLANVILL ou GLANVVILE
(.losEPii), né à Plymouth en i65(),
élève de l'université d'Oxlord, obtint,
en iG6() , la cure d'Abboychurch , à
Bath ; devint, en 1678 , prcbenditr
de l'église de Worcester , et mourut
à Bilh, le 16 novembre 1680, à
l'a ;j;e de qu;iranlequa1rc ans. Cet écri-
vain, le pren)ier qui, en Angleterre,
ait présenté le scepticisme soirs une
forme systématique, mérite une atten-
tion plusiiiarfpjée (piecellequi luiaéié
arcordée jusqu'à Ce j'»urj on est éton-
né de voir que lîruckcr ne lui ait
donne aucune plicc daus son Histoire
critique de la J)hi^»S(1p^lic'. Il y a'deux
sortes de scepticisines essentielle-
ment distincts, dont l'un , en profes-
sant un doute .ibsolu , tendrait à con-
damner la raison humaine à une le
ihargif^ m'^rlellf j dont l'autre, ne pro-
G I. A
dnis.mt qu'un (loiito icblif, pxcifc nu
conliairc la raiNoii, par iitio saj;c (ic-
i]n\uc (iVllc-mciiic, à un plus sévère
t'xairuMi.Ix' piruiitr r.'cst qu'une jrme
de deslruclion ; le second est un ins-
trument de censure et d'eprtuv*'.
C'est au second que Glanvilic vouUit
donner un appareil systcraati(iuc, eu
ti;içuit une route moyenne entre le
dot;niatisnie , qui aKirnic lont ^\ci\-
glc'inenl,etle pyrrljonisme qui nie tout
d'une manière aussi aveugle. Deux
partis exisf. lient alors en Anj:;!olerre;
l'un «abusait du nom de la plii'osopliic
pour aecrcditer l'a théisme; l'autre abu-
sait du nom de la religion pour jus-
tifier la superstition : Glanvill déplo-
rait ce double égarement; il sentit que
la philosophie elle-même invoquriit une
réibrme j i! travailla à la préparer plu-
tôt qu'à l'exécuter lui-même: c'est&ous
ce point de vue que ses écrits doivent
être étudiés et pigés. Los deux prin-
cipaux , tous deux en anglais , sont,
l'un: La vanité du dogmatisme ^ ou
de la conjiniicd dans nos opinions ,
rendue manifeste dans un traité sur
les bornes étroites et l'incertitude de
nos connaissances et de leurs prin-
cipes y avec des réflexions sur le
péripatéticisme , et une apologie de
la philosophie , iGOi , in-b".j l'au-
tie : Scepsis scientifica , ou V igno-
rance avouée , cliewin de la science,
essai sur lu vanité du dogmatisme
et de la confiance dans nos opinions,
suivi d'une réponse à Thomas Al-
bius, Londres, i()6"), in-4 '. Le der-
oier de ces deux écrits lui valut
l'honneur d'être reçu membre de
la société royale de Londres. Mon-
taigne et Charron paraissent lui avoir
servi de guide; et il a beaucoup em-
juunlé à l'un et à l'autre : il parcoiut
les prinripaux objets des c(»nniiissan-
ces humaines, et s'attache à montrer,
à l'égard de chacun, d'eux, la faiblesse
GLA /5oi
et l'impuissance de la raison. T^a dor-
irine périp.iteticienne, et les système»;
de Desearles q-i'd paraît spécialement
avoir en vue île combattre , lui four-
nissent eux-mêmes des armes : il es*
saie de trouver aussi dans les rapides
progrès que la physique avait obtenus
à celle époque , des motifs pour mieux
faiie sentir notre ignorance dans
l'étude de la nature. Hobbes est
l'objet fréquent de ses critiques. Eu
général , il cherche à prévenir l'abus
des spéculations rationnelles; et c'est
dans les écarts auxquels elles ont con-
duit , qiùl prend hs considérations
propres à inspirer cette défiance. Ses
vues sur la source des erreurs humai-
nes sont présentées avec beaucoup de
netteté et de méthode, souvent d'une
manière neuve. La manière dont il
traite la grande question de la causa-
lité est d'autant plus remarcjuable ,
qu'elle semble avoir ouvert la routcî
à Hume, dans une recherche qui a
produit de nos jours une des plus
grandes révolnlionsqucla philosophie
ait éprouvées. Suivant lui , nous sa-
vons seulement que les choses se ren-
contrent et se suivent, mais non
qu'elles s'engendrent ; nous voyons
leur rapport de coïncidence, mais non
le nœud qui les unit: ainsi la rela-
tion de l'clfet à sa cause f st pour nous
un fait , et non une loi véritable. Glan-
vill compare le dogmatisme à ime pri-
son étroite dans laquelle Tcspi il hu-
main est enfermé, et hors de l'enceinte
de laquelle ses regards ne peuvent s'é-
tendre : « Fruit de l'ignorance et de
» l'orgueil, le dogmatisme est le pcro
» des erreurs; le scrptirismc est ap-
» pelé à lui servir de remède, non par
» des négations aussi arbitraires, mais
» en pe'-anl avec impartialité les
■>•> preuves.» On comprend qu'à l'épo-
que surtout ofi il écrivit, Glanvill dut
cL''c pris par un grand nombre de Icc-
49CS G L A
tcurs pour un sceptique absolu, cl dut
être traite comme tel- les partisans des
sysièraes régnants voient souvent avec
plus d'huriieiir les lioruraes qtii pro-
voquent les discussions, que ceux qui
rejcttnit le;jrs doctrines sans e:çampn :
Glanvili fut donc viveraent attaqué ; il
se justifia dans sa réponse à Thomns
Alltiiis : il entjepnt aussi i';ipol<'f;ie de
la plulosophie, et il crut que ce droif
appai tenait surtout à ceu\ qui la rap-
pei.'iieut dans sa véiitaLle carrière.
Chose singulière et qui n'est crpondant
pas sans exenipld cet écrivain, qui
avait non-seulemrnt montré mais exa-
géré la faiblesse de la raisot) bum.iine,
lui paya lui même un étrange tribut;
et, après avoir combattu le dogma-
tisme scientifique, non seul» ruent il
céda lui-même à des superstitions vul-
gaires, mais il f>ntrepiit de les accié-
djterdaiis ses Considérations philo-
sophiques touchant Vexislence des
soniers et de la sorcellerie, publiées
en 1 ()()(), in-4". I/aventure d'urr pié-
tendu laud)our qu'on enten^lait, di-
sait-on , toutf'S i<'S nuits dans 'a maison
d'un habitant du comté de Wilt ,
aventure qui fit beaucoup de bruit en
i6()3, et qu'on suppose avoit fourni
à Addison l'idée de la comédie du
Tambour y seud)le avoir donné occa-
sion à cet ouvrage. On -pourrait croire
qu'd ne fut qu'un simple jeu de la
part de Glinvill,et que notre philo-
sophe av.uts(ul«'me;)t j)Ourbut(ic tour-
ner en ridicule la crédulité de ses com-
patnot( s. Mais cet écrit donna lieu à
une controverse qui ne finit qu'avec
la vie de Glanvili. Il laissa à sa moii
un écrit intitulé: Sadducismus Irinm-
phuns ^ qui fut imprime en i()Hi ,
in-8 ., réimprimé avec des addiliorrs
cri i(3H'^, et ti-.«duil en allemand en
1701 ; il y avait rassemblé vingt- si\
relations du même gjrirc que celle
du Tambour, pour établir , sur une
GLA
suite de fûts, l'opinion qu'il avait ex-
primée dans ses Considérations phi-
losophiques. Glanvili soutint une
cause plus honorable, lorsqu'il entre-
prit l'jtpoiogie de la société royale de
Ijondres , sous le titre de Plus ultra ,
ou Progrès et avancement de la
science , dep(d> le temps d'Ar^stote y
iG58, in- 12. Il avait cherché à ré-
futer un ecclésiastique qui avait pre'-
tendu qu'Aristote réunissait plus de
connaissances qu'on n'en pouvait trou-
ver dans cette société, ou njême dans
le XV n". siècle tout entier. Il s'aftira ,
par-là _, à lui-même, un adversaire
assez violent dans la personne de
Slubs, médecin de Warwick : mais
après une dispute fort animée, il nVn
fil pas moins l'éloge de sou antago-
niste dans son sermon- funéraire ,
lorsque celui-ci fut eidcvé à la vie par
un accident. On a encore de J. Glan-
vili les productions suivnntes : I.
Lux orientalis , j66a. 11. Philo-
losophia pia , ou Discours sur le ca~
ract!'rc rclii^ieux , et la tendance de
la phdosophie expérimentale , 1671,
in-S\ IIJ. Essais sur différents à
sujets de philosophie et de religion , 1
i()76, in-4". IV. Un £"5^71* sur ^
Vart de prêcher, 1O78, in-8''. V.
\}i*> Sermons. On a aussi publié après
sa mort, en 1G81 , des sermons et
autres ouvrages posthumes , en un
volume in-4". Son style est el.iir , fa-
cile et animé. D — G— o.
GLAPTIIORNE (Htwni), auteur
dram.ili(pie anglais , vivait sous le
rèf;ne de Charles I". Ses pièces ,
qui eurent un grand succès dans
le temps, sont aujourd'hui enlière-
ment abandonnées , quoiqu'elles ne
soient pas sans mér-ite. Elles sont au
nombre de neuf, tant tragédies que
ciuucdies . parmi les(pi( Ih's nous <;!-
tons Albert frallenstein et la f ^es-
talc' Il a aussi cent un volume de
G L A
poésies , cidresscVs à sa in.iîd'essc ,
sous le nom île Luciniie. X — s.
C'.I,AKK\MIS( IlKNni-KoiuTi),
suiiioniine <lii lieu de s;\ nais.sauct; ),
l'un (le eeux qui eonlriljuèrcnl le plus
à ravMnrcinciil iIcs lettres au xvi''.
siècle , na(|uif d ins le canton de (ilaris
en 1 488. C'était un homme d'un savoir
prodigieux; théologie, philosophie,
géographie , liistoire , chronologie ,
matheiualiqucs, aslrouomie, toutes ces
sciences et.iicnt de son ressort , et il
n'en est pas une seule sur Jaquclje il
ii'ail donne des ouvrage s rcmar((uaLies
pour le temps où ils ont èle composes :
c'était ej» outre un ciitique assiz judi-
cieux; il aimait les arts, surtout la
musique, et il faisait des vers latins qui
étaient fort goûtes. 11 ensci.î»nait les
mathématiques à Bàle eu 1 5 1 5 , et
y occupa une chaire de philosophie à
divers intervalles ( i ) jusqu'en 1 529 :
mais ne voulant prendre aucune part
aux troubles religieux qui éclatèrent
alors en cette ville, il se relira à Fri-
bourg en Brisgau, où il ouvrit une
école d'histoire et de litfe'rature. Sa re'-
putalion y attira un grand nombre d'é-
lèves, qui répandirent ensuite le goût
des lettres dans, toute l'Allemagne.
L'empereur M.jximilieu r*'. décerna
à Glareanus le laurier poétique en
i5i2, et liù fit présent d'un anneau
d'or en récora[)ense d'une pièce de vers
qu'il avait chantée devant ce prince en
s'a^compagnanidcsiuslruments.L'hu-
meur de cet érudit était fort enjouée ,
et l'on cite de lui quelques bons mots :
die devint triste avec l'âge. Il passa
(1) Sur la reramraand,iti<in d'Érasme , il obtint
en 1.52 1 une pUce de professi-ur de l)elles-lritres
•Il collège roy-HJ de France, et 1 nccupa p.;ndant
trois an» , fjn (rienniitm ibi liœsil et flifJendio re-
gio itsttt , dit Melcliior Adiiu, paj;. a.J-. [I s"y lia
pirticulicremeiit dvi;c le Febvre d'Iùlaplfi el avec
J. Lasciris, ïous Icsqu'-ls il se firlifia enri>rei)ans
la connaissance de Ihcbreii et du g' ••«;. Goujet n'a
pas coiiim ces détails, ci a cru mal a propos que
«e p'-olesseur n'.ivait pis élë accepté. [^Mtin, lur
ie caliégc Royal , 1 , 6x , édit. iu-ia. j
G LA 41)5
ses dernières animées dans une re-
Ir.iile absolue, et mourut à Fribourg,
le ■i'^ mai i.'ito, à 7,5 ans. Krasme,
son ami, fait l'eloge de (ilan-anus
dans plusieurs de ses lettres, et loue
ses mœurs et sa sobriété n(jn moins
que retendue de ses coiuiaissunes.
Il paraît que cette amitié se refroi-
dit dans la suite; ce (pi'on atliibue
à un peu de jalousie de la part
d'Rrasine, qui voyait avec peine que
Glareanus le raillait quelquefois un
peu trop vivement sur son système
de prononciation de la langue grec-
que, et passait pour être plus pro-
fond que lui , sur l'histoire et les an^
tiquités. Quoiqu'il en soit, on observa
qu'Erasme, dans son testament, avant
donnédcs témoignages de sou affection
à tous ceux de ses amis qui se trou-
vaient à Baie ou dans les environs,
n'y oublia que Glareanus. il est vrai
que cette omission fut réparée par
son héritier (Bonif. Amerbach), qui
fil présent à ce dernier d'un beau vase
d'argent qui avaitappartenu à Erasme,
Vossius et Juste Lipse ont aussi
rendu justice au zèle de Glareanus
pour les bonnes études. On a de lui
des notes sur Horace, sur les Méta-
morphoses d'Ovide, sur Lucain, sur
le livre de Cicéron De la vieillesse,
sur les fragments de l'Histoire romaine
de Salluste, sur Valère Maxime, Sué-
tone, Eutrope, les commentaires de
César , les histoires de Tite-Live,
de Denis d'Halicarnasse, etc. "Ses re«
marques sur Tile-Live furent criti-
quées par Sigonius. Glareanus lui ré-
pondit par une lettre adressée à Jean
Hervagius, et impriméç à Padoue en
155"]. f^armi ses autres ouvrages on
se contentera de citer : l. De Geoqra-
phid liber, Bàle, iS-i-j, in-4'*., réim-
primé plusieurs fois in-8". et iu-
fol., dans le xvi''. siècle. Il traite, dans
l'introduction , de l'étal de la géogra-
494 GLA
phie chez les anciens. IT. Helvetiœ
J)escriptio [t\\ vers); De quatuor
iielt^etiorum pci^is ; Pro justissimo
helveiiurum fœdere panegjricus ,
Jiàle, I 5j4> i5i5, avec dos notes
fi'Oswild G' ishaensler ( en latin Mv-
conius ou Molilor Lucerinus); ibid.
1 5 1 9, in-4''- de 7 1 pag. ; ibid. 1 554,
iu-H". de 93 pag. , et dans le tom. 1 ' ".
des Script, rerum Germanicar. , de
Schnrd et djns le Thesaur. hist.
Ilebet. de J. Conrad Fuessly. Man-
iVed Barl)arin luit cet ouvrage en mu-
sique, sous ce titre: Quinque voci-
bus cantiones elegantissimœ in gra-
tiam et laudem tredecim urhium
Jifehetiœ^Vf'dley i55B, in-8 .de 102
pag. La pièce sur l'ailinnce des can-
tons Suisses valut de leur part, à l'.ju-
teur, un présent de dix écusd'or. Ilï.
Panegyricus ad Maximilianum im-
peralorem, d.ins les Scriptor. reriiin
Germanie, de Fielur, toiu. 11. IV.
Annolationesiii Tacilumde moribus
Germanor. et populis Germaniœ ^
M'e, i574i et dcTns le i*^"". vol. du
Schardius rediwiwus.V. Jiulicium in
P. Terenlii carmina per omnes eo-
mœdias, Lyon, 1 54o,in-8".VI./5rt«^o-
^ge in musicam, lîàle, 1 5 » 6. Wl.Do-
decaehordon , Bàle, 1 547 , i'**fol. de
400 pag.; ouvrage curieux en ce qu'il
fiit connaître fëial de la musique pra-
tique au commencement du xvr. siècle.
L'auteur établit les douze tons du
chant ecclésiastique, et donne sur
chacun, d'après les chefs-d'œuvre
dkîs mcillrurs maîtres du lem[)s, un
choix de pièces à 2, 5, 4 , f"' •'> P'" f'< •'^^
etc. VIII. De nrte mitsicd, Hale^
Hcnripierre, i5/|9, in-f'ol. , cite par
Draud et par XAlhenœ liauricœ (i) .
(1) (Irlte ritation n'«(t ^•cul-âtrr relalive t|ii «lU
4icliiircii<enicnl> rt «iix fi;;iirtM «|iif C.l.irr.iiiin a
{ukutct au tr;iil«i Pu arithinctictî rt De minicd
«Ir Uwcce , (l.iiii ta LrUi' «-'lilion i|u'il n (loiinoi; <!•■*
ULiivrrt lie cet illiitlrn Knniaiu , Ritlr , Hrnri-
Firrre , i J70 , in-lol. L<i iirirfaïc de GUr(«i>u» vsl
4«\«« i^u ^(inivt mut i >^(! .
GLA
IX. De ponderibus et mensuris, Bâip^
i55o , in-fol. X. Libellas de asse et
par tihit s ej us , ih'id., i55o, i554,
in- fol. XI. Des vers dans les Deliciœ
poëlar. Germanor. tom. m. On peut
consulter pour plus de de'lails les F'itiV
philosophor. Germanor. par Melchior
Adam , et surtout \'Athenœ Rauricœ,
— Il parait que c'est à nn autre Henri
GLAREA^•us qu'il fautattribuer \*Agon
divorum Felicis , Reguice et Exupe-
ranliiy inséré, dans VHist. écoles.
d'Hûltinger, tom. viii., pag. loGi —
1077 , et la traduction latine de la
vie de S. Bernard de Menthon , rap-
portée dans la Biblioth. Coloniensis
d'HariZ' ira , pag. \'x^. W — s.
GLASER ( Christophe ) , chimiste
distinçîuè, vivait sous lerègfte de Louis
XIV, dont il fut le pharmacien ordi-
naire. Il quitta la Suisse, sa patrie,
pour venir étudier en Fr.lnce , professa
la chimie à Paris et fut apothicaire du
duc d'Orléans . vSes ouvraç;es impri-
més sont : I . Traité de la chimie , Pa-
ris, i655; 1667, In-S".; i675,in-i2.
11. Hodegus chjmicus, léna , 1684
et 1696, eu allemand. III. Nov^uni
laboratorium medico - chymicum ,
Ts^iremberg, 1677 , en allemand. Sou
Traite de chimie fut réimprimé eu
1688 à Paris, et traduit en anglais.
Glaser avait adopté les principes de
ParaceUe; mais son style était plus
clair et plus concis. C'est à lui que
l'on doit la connaissance du sulfate de
potasse, dont il décrivit les propriétés
et qui porta long-temps le ru>m de sel
polychreste de Glaser. 11 le préparait
cii faisant détonner dans un creuset
un mélange de nitrc et de soufre. Gla-
sci' fut un savant estimable; mais ou
chercherait vainement dans ses ou-
vrages l'explication satisfaisante d'uu
seul phénomène chimiijue, ou un fait
(pu fût mieux présente que dans les
ouvrages roodernes. C. G.
G LA
GLASKR (Jean-Henri ) , naqiiil à
Hàlc (Ml i()->9, it y moiuiit en 1O75.
Il clutlia la iiic'dcciiic, (il un long sé-
jour en France, et occupa, dcpins
i()(S5 , dilVcMCnlcs charges à l'uinver-
sile de sa ville natale, où il lot suc-
ccssivcnjcnl professeur en grec , eu
analonnc, en botanique, et enfin rec-
teur en 1671. Outre plusieurs dis-
sertations qu'il a données, il a célèbre
dans un discours imprimé eu 1661 ,
la mémoire de Jérôme Ihuliin. En
j68o a paru à l^âle, in -8''., son Traité
du cerveau. 11 a aussi publié un
Traité du rhumatisme. V — i.
GLAStU ( Jean-Fkldéric) , ]>hy-
sicicn allcuiand , né à Wasungeu
dans le comté d'Hcnnebergen Fran-
conie , le 5 septembre « 70-^ , était fils
d*un exécuteur de la haute justice (1).
Il se distingua des ses jeunes ans ,
par son appHcation à l'étude de la
physique et de la médecine. Après
avoir obtenu , à Harderwyk , le do-
gré de docteur , il txerçi la profes-
sion de médecin , ti'abord à Wasun-
geu y et ensuite à Suhla dans le du-
ché de Saxe - Meinungeii , et fut
enfin nommé, en l'jSi , par le duc
de Saxe - Gotha , conseiller aux mi-
nes. 11 mourut le 7 décembre 1 789,
après avoir rempli , jusqu'aux der-
niers moments de sa vie , avec un
zèle infatigable , les devoirs de sou
état. Glaser possédait des connais-
sances très-étendues , non-seulement
en médecine, mais aussi en physique
et dans les sciences économiques. Un
incendie qui, en 1755, réduisit en
cendres la ville de Suhla qu'il habitait,
l'engagea à s'occuper ^ pendant plu-
sieurs années , de la recherche des
moyens de garantir les maisons et
(i) Les exécuteurs de la jiistice , en Allemagne ,
prottqucnt assez cunimiincnicnt la médecine , et
vendant cher leurs voiuultations et leurs reinèdcs ,
^ui sont au moins aussi recherchés par le {>euple que
«eux tie« lué^fcius , furlout dau; let pvlite^ villes-
G L A 4fi5
de sauver les meubles de ce danger.
Il en indiqua deux, et lein- ciricarilû
hit (lenKujlréc par des expériences.
Le pieruier, qui sert à préserver de
rmrenclie , consiste dans une espèce
d'enduit composé de terre glaise , d'ar-
gile, de farine de seigle , et d'un sable
très fin, dont on couvre toute la char-
pente de la maison. Le second , destiné
à éteindre les incendies , consiste dans
l'emploi de la lessive des cendres de
bois : mais, malgré les résultats avan-
tageux des expériences et la simplicité
du moyen, le public n'a pas encore
tiré grand parti de ces découvertes.
Glaser a publié neuf ouvrages sur cet
objet. Nous indiquerons seulement les
suivants : 1. Mémoire sur la manière
de préparer les lois de construction
pour pouvoir résister aux incendies ,
Dresde et Leipzig, 1762 , in-8°. IL
Mémoire sur le perfectionnement des
établissements de secours contre les
incendies dans les petites villes et
villages , ibid. ,1775, in- 8". Ces deux
mémoires ont valu des prix à leur au-
teur. 111. Une dissertation sur les
chenilles qui dévasteiit les arbres
fruitiers , et sur les moyens de les
détruire, Francfort el Leipzig, 1774,
in-8^. y ibid. , 1 780 , in-8". , avec gra-
vures. 13 — H — D.
GLASS (Salomon), l'un des plus
célèbres théologiens prolestants du
xvii". siècle, naquit à Sundershauscn
en iSgS. Après avoir terminé ses
études , il fut chargé d'enseigner la
théologie à l'université deléna,i;t s'ac-
quitta de cet emploi avec beaucoup de
distinction ; il fut ensuite nommé sur-
intendant des églises et des écoles du
duché de Saxe-Gotha, et mourut dans
l'exercice de cette place, à Gotha, le
27 juillet if356, à l'àge de 65 ans.
JMicbel Walter prononça son oraisou
funèbre. De tous les ouvrages de Glass,
celui qui a le plus contribué à sa re-
/i<)6 GLA
piUation, est son Philolugice sacrœ
libri duo , quibus S. Scripturœ Stylus ,
liUeratura , sensus expandilur^ Itina
1625. Lf s cdilions eu sont îrcs mul-
tipliées; on se contentera de citer, com-
me les meilleures, celles de Leipzig,
i-yoS et 1 -j 1 5 , et celle d'Anislcidiim ,
1 7 I 1 , in 4**' J.-A. Dathe en a donne'
une, revue, corrigée, et où :cs uKitières
sont disposées dans un nouvel ordre,
Leipzig, 1 776, 1 v.in-8".(/^. Dathe.)
L'ouvrage est divisé en cinq livres ; les
deux premiers contiennent des obser-
vations générales .>^ur le style et le sens
des Ecritures; les deux suivants ren-
ierracnt la grammaire, et le cinquième
larhéloriquesacrée.L'édilionde i 705,
qu'on doit à Jean-Godefroi Olearius,
contient , en outre , la logique sacrée ,
ou plutôt , les fragments que Gla^s
avait laissés de cet ouvrage, qui aurait
complété le cours d'études d'un théo-
logien. Il parut une seconde étlition de
cette logique, la même année, à léna,
in-4"« Glass n'avait que trente ans,
lorsqu'il j)ublia les premières piirtics
de ce grand ouvrage, qui lui assure un
rang distingué parmi les critiques,
mais où l'on regrette de trouver des
déciamalions contre les catholiques,
ioit étrangères à son suj. t. On citera
encore de lui : I. InslitutUmc^ grum-
maticœ ebrtœ^ léni, iGiJ, m /j».
IL Loci theolo^ici. Gotha, i()()i,
in-H** 111. Exe^esis evan^j^clionnn et
epislulurum, ^urend)er.;, i(iG4, 'i
\ol. in-fol. IV. Christolosia Uosnica
et Davidica; Otiomumlogia Alessùe
projfhclicti. La meilleure édiliou de
ces deux ouviages est celle (]uvu a
donnéeTh«>inaN(ireiiiiis,Leydc, 1 700,
in-4". Ce volume contient > ncore (jnel-
ques opuNCules du même aut< ur. V.
Vispuiationcs in Àugustan mi cvn-
febsiuncm. W— s.
(îLaS^ ( Jkan), né, en i()(|S, à
Duudcctu Lcobsc^cluiluiini^trc d'une
G L A
paroisse voisine de son pays natal,
lorsqu'il s'avisa de publier, en i7'27 ,
un traité où i! se proposait de prouver
que l'ét ibîisseracnt civil de la religion
était contraire à l'esprit du christia-
nisme. \\ fut déposé, et devint le chef
d'une nouvelle secte appelée en Ecosse
Glassites, et en Angh terre Sandemo-
niens; mais sa doctrine, d'ailleurs ex-
trêmement rigide, trouva peu défaveur
et n'eut q-i'un fort petit nombre de
partisans, malgré les écrits qu'il com-
pos;^ pour la justifier, et qui ont été
publiés à Edimbourg en 4 vo!. in-<S".
Il mourut à Dundee, en 1770, agë
de 75 ans. — Glass (Jean), fils du
précédent , naquit à Dundee en 1 7*2 5 ,
et fit d'. bord plusieurs voyages aux
Indes Occidentales en qu.ihté de chi-
ruigien; mais le ptu de goût qu'il
avait pour sa profession lui fit accepter
ensuite le commandement d'un vais-
seau marrhand appartenant à !a ville
de liOndres, et il s'engagea dans le
commerce du Brésil : il s'embarqua
pour cette contrée en 1763, av(C si
femme et sa fille. Il revenait à Londres,
et éliiit eu vue de la côte d'Irlande,
lorsque quatre des matelots de S(m
vaisseau formèrent un complot, et l'é-
goi gèrent, lui, sa famille, le contre- L
maître et que Iques autres p( rsonnes, ^
Ces scélérats ayant chargé eur balelet
de dollars , coulènni le vaisseau à
foitd , <t alièrerU débar(pier à Uoss :
mais ils ne juuiient pas du fruit de
leur crinw; ils furent arrêtés à Dublin,
(t e\et utés en 17(15. (ilass étù' un
hommi ai méi ite et de talent. On a de
Im une Di sciiption de Tmeriffe,
(li'i'r les mœurs cl coutuuies des i\)r-
lu^us ijiU y SOUL établis , 1 vol. in-
4". X— s.
GLAS>iK ( Samuel ) , lhet>'ogien
au^li :u> , l'un d' s « hap( lains tudmai-
rcN du 101, c prebendn r de Si-P.ml,à
Lundi es, se dibtiujjnu comme prédica-
I
0 Tj a g li A 407
tcur et comme magislrat. On a de lut, iioinhie de oii/.c, parmi lesquelles on
outre (les sriiuoiis iiupiinirs sej»aie- icru.ucjue les suivantes : Sur la biblio-
jucul : 1. Cours de leçons sur les fctes thèijuc d' Alcxatidrie ; — f^ie de P.
religitfusesy 1797, lu-S'.W. J'^vpUca- JiuliUus Rufus ; — Sur la vie d'Ué-
iion claire et pratique des commande' raclite ; — Sur l'origine des commu '
incnts,\'6o\ ,\i\-S'.\\\.jIdresse d'une nés (qu'il trouvedans les villes muni-
Oamc de qualité à ses enfants , au eipalcs des Romains , et dont Louis-
deruier période d'une maladie de le-Gros ne fut que le restaurateur);
langueur, ouvrao^e indique comme — Sur les auteurs qui ont écrit sur
traduit du français , 1777, 1779, '2 lu guerre de Troie; — Sur l'usage
vol. in-8'. Ce théologien est mort à des dictionnaires , et sur les gram-
Londres, le -27 avril 181 2 , à 79 ans. mairiens. A. l\ — t.
— Son fils, Classe (George-Henri), GLAUBER (Jean-Rodolphe), clii-
recteur d'Hanwell , dans le comté de raisle allemand, né au commencement
■ Middiesex , chapelain du duc de Cam' du xvr. siècle , est un des hommes qui
bride,e et du lord Sefton, mort le 5o se sont occupés du grand-œuvre avec
octobre 1809,3 Tàge de 5o ans, le plus d'ardeur. Plein d'amour et:
unissait beaucoup d'espri» et d'érudi- d'enthousiasme pour le merveilleux ,
tion à une imagination brillante. Pos- il s'abandonna sans réserve aux idées
sesseur d'une fortune considérable, extravagantes qui régnaient de son
son goût pour le luxe, et pour les temps en chimie. Ses longs et pénibles
plaisirs de la table, le plongea dans travaux, poursuivis avec une pcrsévc-
des embarras qui, joints à d'autres rance infatigable et un courage digne
dégoûts, paraissent avoir abrégé sa d'un plus noble objet, furent presque
vie. lia publié, entre autres ouvrages : toujours dirigés vers la recherche de
I. Une traduction en vers grecs , de la panacée , de la pierre philosophale
la tragédie de Caractacus , ^av Ma- ei autres chimères dont les alchimistes
son, 1781. II. Une autre du Samson se berçaient l'imagination. Infatué de
Agonistes , de Milton , accompagnée la doctrine des adeptes, il passa en
d'une version latine , 1 788. III. Cou- quelque sorte sa vie sur les malras et
templations sur V Histoire sainte^ sur les fourneaux; et ce n'est pas sans
rédigées en langage moderne , d'après raison qu'il fut regardé comme un
les ouvrages de l'évêque Hall , 1 795 , second Paraeelse. Non moins présomp-
4 vol. in-8''. X — s tueux que son modèle , il se vantait de
GLATIGNY (Gabriel de), né à la découverte de plusieurs secrets
Lyon , le 10 octobre 1690, succéda merveilleux. Soit qu'il fût véritable-
cn 1717,3 son père , dans la place ment convaincu de la réalité de ses
d'avocat- général en la cour des mon- inventions, soit qu'à l'exemple des
naies de cette ville. H était membre charlatans de toutes les classes , il
de l'académie de Lyon , et y est mort se proposât de f lire son profit de fi-
le ^4 niai 1755. Ses harangues au f^uorancc et de l'aveugle crédulité des
palais et ses discours académiques hommes ; il eut l'art de séduire beau-
ont été recueillis sous le titre de : coup de monde par des promesses
OEuvres posthumes de Monsieur aussi vaines qu'exagérées. On lui re-
de ***, Lyon, 1757, petit in - 8". proche même d'avoirfiit un vil trafic
Lesharangucssontaunombredesept; de ses prétendus secrets, qu'il vendait
les dissertations académiques sont au quelquefois, un prix excessif, à plu-
XVII. 5 2
4o8 G L A
sic'ur5 personnes dit'iërentes ; ce qui
uf l'eropc^ bail pas de les publier en-
suite sous son nom , pour augmenter
sa réputation. Dépourvu de l'instruc-
tion et de la force d'esprit nécessaires
pour tirer de justes conséquences des
nombreuses expériences auxquelles il
se livrait avec assez d'habileté, Glau-
bcr n'est parvenu qu'à un ran^:; subal-
terne parmi les chimistes. Touletois
il a découvert plusieurs faits impor-
tants, qui ont puissamment concou-
ru à mieux faire connaître certains
sels et plusieurs métaux, et qui ont
eu, par la suite, une influence mar-
quée sur les progrès ultérieurs de la
chimie et de la matière médicale. C'est
ainsi qu'en examinant le résidu de
la dc'composiiion du sel marin , par
r.iciile su'.furiqne , ce laborieux chi-
miste découvrit le sulfate de soude
(sel admirable de Glauber), auquel
son nom est irrévocablement attaché.
Ce qu'il a écrit sur les bains à sec et
sur les fumigations sulfureuses, pour-
rait, sous certtins rapports, le faire
regarder comme l'inventeur des bains
de vapeurs par encaissement, dont on
a récemment présenté la découverte
comme nouvelle. Il est ég dément l'in-
venteur de pluNicurs médicaments chi-
miques , dont l'usage s'est conservé
dans la plupart des pharmacopées.
On lui doit enrorc un gr.ind nombre
d'ouvrages dont on peut voir la liste
exacte (au nombre de trente-deux)
dans le curieux article que lui a con-
sacré Adelun*;;, au tomciv de son His-
toire de la jolie humaine , et dont le
recueil a été imprimé vn |)lusieurs vo-
lumes in 8°. et en deux volumes
in-/i'., Francfort, i(i58, iOr)(), et
traduit en anglais par Pifk , liOndres,
i(i8<), m fol.; nous indiquerons seu-
lement les principtux. I. f^a Prospè-
TÎtti de la Germanie ( Deittsclilunds
ff''ollfuhrt)j Amsterdam, iG5G, in-
GLA
i}^.; souvent rcimpiimé. La première
partie de ce mince opuscule traite de
l'art de tirer, du vin, du blé, etc.,
une sorte d'extrait susceptible de se
conserver long-temps, d'être trans-
porté , à peu de frais , à de grandes
distances , et de former avec de Tenu ,
et à volonté, du vin , du pain, etc.
La deuxième pariie traitr des miné-
raux. IL Furni novi philosophici ,
ou Description d'une noui^elle ma-
nière de distiller^ etc. , Amsterdam ,
164B, in-8'., fig.; traduit en français
parDuleil, Paris, i659,in-8°. C'est un
ouvrage de pure alchimie, dms lequel
l'auteur se corn plaît à donner de préten -
dus préceptes, pour opérer la trans-
mutation des métaux, et pour chan-
ger les minéraux , les végétaux et les
animaux en médicaments salut;iires.
111. De medicind universali si^e de
auropotabilivero, \msicrdinî)^\n H' .f
i()58. « Un grand volume, s'écrie '
» Glauber dans son enthousia^mc, ne
» suffirait pas pour taire connaître
1) toutes les vertus de ce puissant mc-
» dicament. » Toutefois cet opuscule
en donne un assex bel échantillon.
W. Miraculum mundi y in-8''., fig.,
Amsterdam, i655. Ce grand miracle
se ré luit à la ridicule prétention de
dévoilt r les phénomènes de la nature ,
et à quelques procédés, soit réels,
soit illusoires, pour retirer le nitrede
toutes les subsTances minérales, vé-
g('l.iles et animales. V. Pharmacopœa
spti^yrica/\\\-H ., Amsterdam, i(55 4.
L'auteur y indi((uc les moyens cer-
tains, selon lui, d'extraire des médi-
caments de Ions les corps des trois
règnes de l,i nature. Vl. De tarlaro
ex vini fiFcibus , in-8'., itif)!). L'ex-
traction du larlre de la lie du vin est
l'objet de cet opuscule , qui , plirs
raisonnable <|ue la plupart des ou-
vrages de l'auteur, a été traduit eu
latin. VIL Dissertatio medica hcr-
metica et cnlholica maç^ni natiirœ
7na{:^ist(riiilisin} iterii, iii-^> '., Kr.mc-
i'oil, liijli. Dcviiitr les luyslcics
lis plus scciTtb de la nature, exposer
au giMiid joui' les pliciioinèncs du
monde, telles sont les uiude,st( s pré-
tentions de l'auteur, tel est le but de
cet ouvrage, où l'on ne trouve lien de
positif qtie qiieUjiieg procèdes eliimi-
(pu*s sur l'txiraction du nilre. VI 11.
Consolation des navigateurs , lu -8".,
Aiusterdarii , i Gjn.C't si uii movcn de
remédier .lUX puvaliuiis nixquclles on
est ex pose dans les voyages maritimes,
à l'aide d'un extriit qui renferme la
partie alimentaire des végétaux, et
dont on peut faire à volonté une es
pèce de bière en le mêlant avec de
l'eau. IX. Opus minérale ^ in - 8" ,
Amsterdam , i Gj i , divisé en trois
parties : la première traite des moyens
de retirer l'or du silex, de l'arj^ile ,
des sels, etc.; la deuxième, de l'ori-
gine et de la formation des minéraux;
la troisième , de l'influence des astres,
etc. Duteil l'a aussi traduit en fran-
çais, Paris, 1674 1 in - 3". X. De
Elid ardstd , in - 8°. , Amster-
dam, iGb8. Cet ouvrage, publié eu
allemand, est plein , dit Haller, de
louanges excessives de l'auteur ou de
ses travaux , et d'expressions obscu-
res et énigmatiqucs. Glaubcr a pu-
blié bi^aucoup d'autres productions
alchimiques , qui ne sont ni moins
obscures, ui moins énigmatiqucs que
les précédentes , et où l'on trouve
souvent ks plus vagues hypothèses
et les conceptions les plus chiméri-
ques à la place des faits et de la
raison. Tous ces ouvrages sont en
allemand ; cl quoique la plupart aient
les premiers mots du titre en latin,
on a lieu de croire que Glaubcr ne
savait pas cette langue. C — h — t.
GLAUBEK( Jean, dit /^o/r^/ore),
l'uu des bons paysagistes de l'école
GLA 499
Iiollandaisc, naquit à Utrerlilcn lO jG,
et uKiurut à Amsterdam en I'^xCk Les
productions de sa jeunesse avaient
beaucoup de ressemblance avec celles
de son maître , le célèbre Her-ihem ;
mais ayuit vu et copié cluz un mar-
eliand detabcaux, quelques paysages
des granis p( iiiln s de l'Italie , d con-
çut le projet d'ajouter des beautés
d'un nouveau genre à celles de sa
preuiière manière , qui était moins
sévère (pie séduisante. Ce fut dans ce
dessein qu'il fil le voyage de Kome ,
où il séjourna environ deux ans. Il
alla ensuite à Padoue, puis à Venise;
et il revint enfin se fixer à Amster-
dam, rapportant avec lui un grand
nombre d'études, d'après lesquelles il a
coniposé ses tableaux les plus estimés.
Peu de p' intres ont mieux observé la
nature , ( t l'ont su rendre avec plus de
vérité. Sa manièie de feuilîcr est re-
commandée aux jeunes p lysagistes ,
com/ne un des meilleurs modèles
qu'ils puissent suivre. Sans s'assu-
jétir trop scrupuleusement à cette pré-
cision de détails qui nuit à l'effet des
grandes masses, il avait le talent de
rendre sensibles toutes les variétés de
feuilles, de branches et d'écorces qui
nous servent à distinguer les diffé-
rentes espèces d'arbres ; et il excellait
surtout dans l'art dfc marquer les dis-
tances par la perspective aérienne.
L'ordonnance de ses tableaux est à-
la-fois sage et pittoresque. Sun style
est dans le goût héroïque. Quoique
Glaubtr ail souvent réussi à peindre
les figures de ses paysages, il lui ar-
rivait plus souvent encore de confier
ce soin à d'autres artistes (notamment
à G. de Laircsse ). Les amateurs coi;-
servent précieusement des estampes
qu'il avait gravées lui-même, d'après
ses propres ouvrages , et qui com-
mencent à devenir rares. Sa famille^
allemande d'origine, était presque
5oo G L A G L E
toute composée d'artistes. — Jean- GLEDITSCH (Jean-Théophile),
Gotllieb Glauber , son fière , pei- naturaliste célèbre par ses vastes con-
gnait aussi le paysage avec succès; et naissances en botanique, et par Tap-
sa sœur, Diane, peintre d'histoire, plication qu'il en fit à l'économie pu-
réussissait principalement dans le blique, naquit à Leipzig le 5 février
portrait. Les composilions de Goltlicb 1 7 1 4- H venait de terminer ses études
sont agréables : elles se distinguent à l'université de cette ville , lorsque
par la vérité de la couleur, et par le le professeur Hebenstreit , quittant
dessin spirituel des figures. F. P — t. Leipzig pour entreprendre son voyage
GLAUCIAS, sculpteur grec, en Afrique, lui confia la surveillance
d'Egine, florissait 480 ans avant J.-C, du jardin botanique de l'académie , et
dans la nS''. olympiade. H exécuta de celui qu'on appelait le jardin de
dans l'Aîtis , à Ôiympie , la statue et liose. Ces soins n'empêchèrent pas
le char de bronze que Gelon , tyran Gleditsch de faire plusieurs voyages
de Gela el ensuite de Syracuse, fit botaniques en Saxe, sur le Harz et
i)!acer dans ce lieu comme un monu- dans les forêts de la Thuring*. De
ment de la victoire qu'il remporta à là il se rendit à Annaberg, pour sui-
la course des chars dans la 73^ olym- vre les leçons du docteur Haenel, et
piadc. Un autre ouvrage de Glaucias peu de temps après à Berlin , où il
d'jvint célèbre par les événements devint l'élève de Budaeus, de Schaar-
Muguliers qu'il occasionna. C'était la schmidt , de Senf et de Neumann. Il
.statue de bronze de Théagène de continua en mccne temps ses excur-
Thase, qui, dès l'âge de neuf ans, sions botaniques; et ses observations
;jvait remporté des couronnes aux enrichirent la Flora BeroUnensis ,
jeux olympiques, et qui dans la comme la F/om X/pi/>/i5i5 avait pro-
'-J*'. olympiade y vainquit tous ses ri- fité de celles qu'il avait faites dans ses
vaux. Après sa mort, un de ses eune- voyages précédents. Le roi Frédéric-
iiiis s'approcha la nuit de la statue, Guillaume h^ recommanda Gleditsch
et la frappa avec fureur. Elle tomba à M. de Ziethcn, grand amateur de
sur cet insensé, et l'écrasa. Les fils du la botanique; et le jeune naturaliste
raort citèrent la statue en justice; et publia, en 175G , la description des
le peuple de Thase , d'après une loi plantes rares cultivées dans le jar-
deDracon,la condamna à être jetée din de ce gentilhomme, à Trebnitz.
à la mer. Quelque temps après, une Nommé médecin à Lebus , peu de
famine ayant affligé IcsThasicns, ils temps avant la mort de Frédéric-Guil-
r.onsullèrent l'oracle de Delphes , qui laume, il s'établit dans la suite à Franc-
leur reprocha leur injustice envers la fort sur l'Oder , où il fut promu au
statue de Théagène , el qui leur or- degré de docteur. 11 y enseigna la phy-
donna de la remettre en place. Des siologie , la botanique et la matière
pêcheurs furent asset adroits pour médicale. Gleditsch, dans ses voyages,
la retirer du fond de la mer avec leurs avait été présenté au duc Erncst-Au-
filets. Elle fut replacée dans l'Altis, guste de Saxc-Wcimar : ce prir\ce
où elle reçut des honneurs divins, et voulut l'attacher à sa personne en
où ou la voyait encore du temps de qualité de médecin ; mais Gleditsch
Tausania^. 1^ — S — 1:. préféra le titre de botaniste el de
(iLAUNYlLLE(;liARrujLLEMi ol). membre ordinaire de l'académie des
Foj\ Glanvh.. sciences de licrlin , dont il avait clé
iwclu dans la nouvelle organisnlion.
Kii 1 •; |0 , il y fui nummc second pro-
fesseur d'auafomie , et directeur du
jardin botanique. Peu de ten)])S après
on l'invita de sVlablir à Pclersbourt^ ,
avec un trnitrmenl annuel de 2000
roubles et beaucoup d'autres avanta-
ges; mais Frcderic-Jc-Grand, au lieu
d'accepter sadcniission , augmenta ses
honoraires de 200 rixdalers. Un or-
dre particulier de ce prince l'obligea
do donner des leçons publiques sur la
science forestière ; et Glcditsch fut le
premier qui composa un système des
ronnaissauces nécessaires pour bien
diriger celte partie de l'administration
publique. Ses nombreux écrits , ses
leçons , et les excellents élèves qu'il a
formés dans son école, attestent le
succès de cet établissement. Gleditsch
mourut le 5 octobre 1786. Ses écrits
se distinguent par une grande clarté ;
mais sa manière d'envisager et de trai-
ter les objets sous tous les points de
vue , rend ses ouvrages un peu diffus.
On voit avec surprise jusqu'à quel
point ses avis , en économie adminis-
trative, fondés sur une longue. expé-
rience, et ceux qu'il a donnés à l'aca-
démie dont il était membre , ont été
négligés. La modestie de ce professeur
égalait son érudition : plusieurs de ses
productions savantes qu'il avait lais-
sées en manuscrit, ont été publiées en-
suite par le conseiller des finances, Ge-
rhard, son gendre. Nous nous conten-
terons dedonner un aperçu de ses prin-
cipaux ouvragesenallemaudet en latin:
I. Catalogus plantarum, tamrario-
i'um quàm vul^arium , quœ in horto
domini de Zleiheii Trehnizii coliin-
iur , et in vicinis locis sponte nas-
cunlur , Leipzig, i^oG, in-8\ IT.
Consideralio epicriseos Siegeshe-
hianœ in Lmnei Systema planlaruin
sexuale et methodnm botanicam hiiic
supcrstritclam ,• viro celeberrimo ,
G LE
5oi
Christinno irolfio,veritntum restau-
ratori et cujilscuwjue gencris scien-
tiariim proniotori , communicaia ,
J^erlin , 17/10, in-8'. \U. Diss. de
jnethodo holanicd , duhio et fallaci
virtutiim in plantis indice^ Francfort-
sur-l'Oder, i"]']'}. , in-4". IV. Lucii-
hratiuncula de fïico subgloboso ses-
sili et molli inMarchid reperiundo ,
Jîerliu , 1744 ) i»-4''' 0" trouve une
traduction allemande de cet écrit ^
dans le 5'". volume de ses Diss. sur
la botanique. V. Methodus fungo-
rurn , exhibens gênera , species et
varietates , cum charactere , diffe-
rentid specificd, synonymis , solo ^
loco et observationibus , ibid. , 1753,
avec 6 planches. VJ. Dissertation
sur la destruction des sauterelles ^
ibid., 1754, in-8". Une dissertation
en latin De locastis orientalibus , du
même auteur, avec figures , se trouve
aussi dans les Mémoires deVacndé-
mie de Berlin^ publiés en 1752. Vll^
Instruction sur Vart de formuler en
médecine, ibid., 1757. Vlïl. Sys-
tema plantarum à staminum situ ,
secundùm classes, ordines et gênera,
cum characteribus essentialibus ,
ibid., 1 764 > in-8°. D'après cette mé-
thode , tout le règne végétal est divisé
en huit classes. Les quatre premières
comprennent les plantes dont les par-
ties de la fructificalion sont visibles à
l'œil ; et les quatre dernières, celles oii
l'on ne peut les distinguer qu'à l'aide
du microscope, telles que les fougères ,
les mousses , les champignons , clc.
L'auteur, à peu d'exceptions près, a
suivi dans les familles et les dénomi-
nations le système de Linné, en in-
diquant brièvement les marques dis-
linctives des genres et des espèces.
La division des quatre dernières clas-
ses est entièrement l'ouvrage de Gle-
ditsch , qui , dans la préface de sa
méthode , explique son système. IX^
5oi G LE
Dissertations ph^ sico-bolanico-éco-
nomiques , H.»lle, lyGo'^i ^O-j, 5 vol.
iii-8'., avec des planches. C( rcnicil
rcnfi-rme un grand nombre de Me'-
moiresqui ont e'iëlusà l'acadrinic des
sciences de Berlin, et qu( GKdi'sch a
rassembles en les rectifiant. X. Obser-
vations relatives à la médecine, à la
botanique et à V économie , Leipzig,
1 -jôB , in-8 '. Cet ouvrage est une con-
tinuation du pièce lent ; mais il nVn
a été publié (jM'on seul volume. XI.
Catalogne alphabétique des plantes
médicales les plus communes , Ber-
lin, 17O9, iii-8 . Xll. Catalogue des
plantes vivaces , exotiques et indi-
gènes, ibtd. , 1775, iii 8". Ce cata-
Jogue indique d ms l'ordre alpliabe'ti-
qiic onze cent trente qu.itre planles
vivaces , avec les dénominations de
Liimc, et en donne une description
dëlaille'e. XIII. Introduction sj sté-
matique à la science forestière mo-
derne , fondée sur les f>rincipns pfij-
siques et économiques qui lui sont
■particuliers y ibid., 1774- '77^ 1
^ vol. in-8 .; ibid. , 1775 in-8'. Cet
ouvrage a beaucoup conti djuc , en Al-
Icujagnc , .';u pei rectionnement de celte
branche de l'adMiiuislr.ilion pi!bli(pie.
!XlV. f/istoire complète ^ théorique et
pratique des plantes employées dans
la médecine rt dans les arts , d'a-
près des principes historiques et phi-
losophiques , ibid., 1777, iii-8". Il
n'en a pu II qu'un volume. XV. In-
troduction à il science des remèdes
simples y d)id. . 1778-1781 , •>. vol.
in 8". XVI. Histoire naturelle des
planles indii^èncs les plus utiles, i""' .
partie, lilbing, 1 780 , in 8". I>a mort
de riiilenr a inleircmipu ce tr.iv.iil
infëressinl. XVMI. Dissrrtittions sur
un cas singulier de fracture d^os
chez les bœufs , etc. , Berlin , 1787,
lu 8'. XVlil. Hotnnica médira .mi
'j'r'uité dci p'.untcs usuelles iitdi^^à-
GLE
7?e5,ibid., 1788, 1789, 2vol.in-S*.
F. W. A. Liiders , un des élèves l» s
|)ius di>lingués d«' Glcditsch , est l'é-
diteur, et en giandc pirtie l'auteurde
cet ouvr.'ipe. XlX. Quatre disserta-
tions posthumes sur la science fores-
tière, avec une préface de K. Â.
Gerhard , ibid. . i -88 , in-8". XX.
Disseitatums économiques et bota-
niques , avec une préface de Ger-
hard, ibid., 1789, 5 vol. in-8 • C'est
Gl( ditsrh qui a donné la 1^. édition de
la Philosophia bntanica de Linné ,
Berlin, 1779, in - 8". ; il est aussi
l'auteur d'un grand nombre de disser-
tations ei de mémoires insérés dans le
Becueil de V académie des sciences
de Berlin , dans les Mémoires des
amis de Vhistoire naturelle a Berlin^
et dans les Fariétés publiées par D.
Martini. La vie de cet illustre bota-
niste a été écrite par Wiildenow et
Usteri , et publiée à Zirich, 1790,
in-S"., et son portrait se trouve eu
tête du 4' • volume de rFncyclopédie
de Kiiiiiitz. C.itesby a consacré à sa
méiucire, >ous le nom de Gleditsia,
un grni c de plantes légumineuses dont
les diverses espèc( s, désignées en fran-
çiis sous la dénomination de févi(r,
sont e\ot (pics. 15 — h — D.
GI.EICIIEN (Louis, comte de\
ror. Gleicumann.
GLKIC-HKM (P'ntnLRic GuiLLAu-
MK Di: ), dit BussvvoRM, du nom de la
l'ami le de s.» mère, célèbre naturalis-
te, naquit à Bireuth, le i/[ janvier
1717. Ivaiit encore presipjc enfant et
sans instruetion , il comiuença sa car-
rière eu qualité dv- page à la cour du
prince de la Tour < t Taxis à Franc-
fort; mais il quitta bientôt ce s<rvice,
et entra dans l'école descidets à Dres-
de : (h'ux. ans après, les suites d'im
duel , auquel il avait assisté c(>mme
second, l'obligèrent à quitter la Saxe.
Il retourna alors dans sa i>atiie en
G L K G L E 5o5
1 734 ; cVlaif pi ccisciiicn^ l'c|)()qii(' 011 I.cdri iDullcr; mais la joie de ccîle ac-
l'oii ort;aiiisait le conliii^cnl du cercle qiiisition fui de courte durée : voyant
tic lî,i>icnlli; il y accepta une coin- (lu'on iic pouvait p.js s'en .servir pour
mission dVii.scij;uc , c! se distingua si les corps opaques, il fabriqua lui-
bien dans la carrière militaire , qu'il mcjne, aide d'un horloger, d'abord
iivinça assez r.q)id( nient de p;i'adcen un autre microscope universel, et en-
•j;rade , jusqu'au ran^^ de lieutenant- suite un micjoscopc solaire. On trouve
«uloncl : en même temps il occuj>a des la descripîion du premier dans ses
(barges à la c^ur de J]areulb , et Nouvelles du résine végétal : \{^ mi-
lul, en 1750, nomme graud-e'cuyer croscope solaire est décrit dans Wip-
potu' les voyages , et décore du cor- pendix de ses découvertes. L'ob>er-
don do l'Aigle - louge. Eu 174^» vation des animalcules spcrraatiques
il reçut du margrave l'ordre de se et infusoires, et des pistils des plantes,
rendre en Silcsic, aupicsde Frédéric devml son occupation favorite: il ac-
II , pour féliciter ce monarque sur la quil une telle habileté' dans l'art d'ob-
victoire de Moivsitz, cl jiour entamer server, qu'il liissa bientôt derrière lui
des négociations sur diircrenls objels. ceux qui, jusqu'alors , s'étaient occu-
Gleicben , alors major, profita de cette pés d'aprofondir cette matière. Pour
occasion pour faire, sous l' s ordres ])ublier le re'aultat de ses études ,
de ce prince, la c.impagoe de 174I) il f^il lait savoir peindre, et il n'avait
m qualité de volontaire; il captiva jamais dessiné une plante* mais son
tellement la bienveillance du S(juvc- zèle pour les sciences lui donna le
rain de la Prusse, que celui-ci parla courage d'apprendre , à un âge déjà
plusieurs fois de lui d'une manière avancé , l'art de la peinture. Glei-
très favorab'e dans sa correspondan- clicn s'est occupé aussi de la chimie;
ce avec le margrave son beau - frère, et il avait des vues très vastes et
En T748, il hérita de biens considé- très solides en économie générale. Il
rabies provenant de son grand-père est, entre autres, l'inventeur d'une
maternel, qui lui imposait pour clause espèce de toile imperméible qu'il lit
de succession l'adoption de son nom fabriquer dans ses terres. Ses éludes,
de fimille Russworm. Les faveurs de qui le portaient toujours à la conlem-
la cour, dont i\ fut comblé, n'avaient pîaîion des merveilles de la nature,
cependant pas de charmes assez puis- l'avaient rendu i^icile à admellre tou-
sants pour l'y retenir; il demanda sa tes sortes de superstitions: il croyait
démission en 1756, et l'obtint avec sérieusement aux prédictions relatives
une pension. Trois ans après, son sou- à la (in du monde, même aux spec-
verain lui conféra le tilre de conseiller très, non pas comme revenants, mais
privé. Jusqu'àcelte époque, Gleichcn, comme des êtres extraordinaires que
entièrement occupé de la vie de cour- la nature se serait plu à produire. Ce
tisan, n'avait pas songé à se livrer aux naturaliste, digne au surplus de l'estime
sciences; mais son séjour dans ses quesesconlemporainsluiontaccordée,
terres lui en donna l'occasion. La lec- travaillait avec un zèle infatigable au
ture des Amusements des jeux et de progrès des sciences naturelles : il avait
Vesprit à l'aide du microscope ^ par placé, au-dessus de la porte de sa bi-
Ledermïdler,(\miom\)hve\\\ entre ses bliothèque. un avertissement aux gens
mains , lui inspira le goût de l'histoire d('su.Mjvrés , de ne pis troubler f-ou
uaturcllc.llscprocuralemicroscopede iravail. Celle passion pour l'étude lui
5o4 G L E
fit , vers la Gn de ses jours , négliger
entièrement le soiti de sa personne; et
cela itnt bien .*voir rivancé la fiu de
sa cari :rre, arrive Me i6 juin 1785.
Il a publie', en allemand : 1. Notices
^e ce qu*ily a de plus nouveau J :ns
le règne végétal^ surtout concernci'it
les mystères des amours des plan-
tes ^ Nuremberg, i -^ôi- 1765, dent
j)artie.s, petit in-folio, avec gravures.
Ce même ouvrage a été publie aussi
sous ce titre : Nouvelles du règne vé-
gétal, ou Observations microscopi-
ques sur les organes de la fructifica-
tion des plantes enjleur , et des in-
sectes qui sy trouvent; avec quel-
ques essais sur le germe , un appen-
dix de différentes observations , et
une préface de C. C. Schmiedel ,
îbid. 1764, petit in-fol. , avec 5i pi.
en couleur; ibid., i 790 ; il a été tra-
duit en français par J. F. Iscnflamm,
sous ce titre : Découvertes les plus
Tiouvelles y etc.^ ibid., 1770, trois
parties, grand in-fol., et avec un non-
Teau titre, ibid., 1790. II. Histoire
de la mouche commune , ibid. , 1 764,
iii-4'*., avec 4 gravures coloriées;
ibid., 1790: la traduction française de
cet ouvrage est aussi de J. F} Isen-
jflamni , ibid. , 176(3, gr;ind in-fol.;
et ibid., 1790. \\[. Essai d^une his-
toire des pucerons el de V aphidivore
de Vormc (c'est une larve de V Ileme-
roh. Perla ) , avec une préface par
Delius /i\)\l\.^ '77*N iu-4". , avec 4
pi. coloriées; ibid., 1787 , in-4°. IV.
Découvertes microscopiqurs sur les
plantes , les fleurs , les insectes et
autres objets remarquables , ibid.,
' 777 ~ '7^' y ^^'^ cahiers 111-4"-, ^^''^
85 gravures col()ri(;Vs. V. Disserta-
tion sur les animalcules spcrmati-
qua et infusoires , et sur leur pro-
duclmn , «ivec des observations mi-
croscopiques sur la semence des
ar.imaux et sur différentes i/ fusions.
GLE
ibid., 1778, in-4"., avec 35 figurca
colorieVs ; en allemand , traduit en
français, in-4"., Paiis, an vu. Cest
dans c^r ouvrage qui l'auteur attribue
aux animalcules des passions, telles
que l'amoin- et la colèr'% puisqu'ils
s'HCCoi;p'( r)t et s'enire-dévon nt. VI.
Dissertation sur le microscope so-
laire et le microscope universel^
ibid., 1781, ni-4 • VII. De Vori-
gine, de la formation , de la trans-
formation et de la destination du
globe terrestre , tiré des archives
de la nature et de la physique ,
Dessau, 178-2, in-8 . l/anteur cher-
che à démontrer par des observations
que l'eau est le principe de toute
croissance : dans la seconde partie de
cet ouvrage, il traite d'une manière
très ingénieuse de la transformation
de l'eau en corps solide; et il appuie
ses assertions par de n«'mbreuses
expériences chimiques qu'il a faites
sur des végétaux. On trouve encore
de ce laborieux observateur de la na-
ture, des dissertations d'un grand in-
térêt dans plusieurs ouvrages périr>-
diques , dans 1rs Nouvelles varié-
tés ; dans les Mémoires de la société
des amateurs de Vhistoire naturelle
à Berlin ; dans les Acla acad. elect.
Mog.; et dans la Collection franco-
nienne publiée par Delius. Sa vie a
été écrite par iM. A. Weickard, i 7S5,
in-8".; et on la trouve aussi dans le
v*". volume des Ecrits de la société
des amis de llii^toirc naturelle , à
Berlin. Jicqucs lùluinid Smith lui a.
dédié , sous le ncun de Gleirhcfia ,
un genre de plantes de la finiilU des
f (tuyères.
W-
•n — D.
(irrdClIFN (Charlis - lIiM\i ,
baron de), chambrll.m ih* S. IM. le
roi de Dincinaik, chevalier «le l'or-
dre de Diiubrog et df l'Aigle rouge
de Prusse, naquit à JNcmcrsdorI", <lans
le [ia)sdc Dareulh, en 1753. Apres
G M-: OLE 5o^
avoir fait i1»î tirs bonnes ofndrs à î7/iO ^t 5?): tels furent les ohjels
rniiivcrsite do Lciji/.i^ , il cnlicpril , ])rinrip,'nix de la niis>ion du liaioa
« IViL^p do vin^l ans, M>n premier do GIciclien. 11 conserva sa mission
vovai^o df Pans. Il aeeonipagna on- de P.iris sept ans, ol rcçnt , en l'y^iS,
suite, on ir.'iS, le niarf;iavc do l>a- l'ordre de Danebrog comme un tf-
reutli on llaiio. y resta un an , et s'y moignagc de la satisfaction de son
voua onlu !•( nioiil à l'otude do i'aiili- maîlre. Le ni de Danemark vint ,
fjtiito et des bennx-arts. Il y retoiirna dans les derniers mois de la même
encore clj.irso' io difTcicntos ooiiimis- année, à Paris: il eut tout lieu d'être
sions d'arbals })our le n)..rgrave , content du séjour qu'il y fit; et c est
parcourut toute l'Italie depuis 1756 M. de Gleichen qui l'y reçut et Tac-
iuscpi'à I -jSB, n vint par Avignon, et compagna partout. Ce lut cependant à
se rendit à Bai eutli , où la j)ro(ec- cette époque que le comte de Berns-
lion du duc de Clioiseul , dont il s'e- torf prit de l'humeur contre Tvl. de
tait acquis ramilio à Rome , lui oh- Gleichen , et lui fît perdre son poste :
tint la place de ministre de Barcuth il reconnut ses torts par la suite, et
à Paris. Il ne conserva ce poste que s'occupa de le re'parer en lui procu-
Je temps nécessaire pour se faire con- rant celui de Naples. La nouvelle mis-
naître , demanda sa dc'mission au sion fut intéressante sous tous les rap-
bout de neuf mois, et se rendit alors, ports; les relations établies entre ics
d'après les conseils du duc de Chot- deux cours étaient très agréables : les
seul, à Copenhaaue. En 1759, le roi affaires n'étaient nullement difficiles ;
do Danomaik le nomma son envoyé elles se réduisaient à protéger le com-
à la cour de Madrid: il y résida trois merce danois, et à lui procurer tout
ans, et fut envoyé de là à Paris on le développement possible. C'est dans
juin 17G5, après le rappel du comte cette vue que la cour de Danemark
de Wedel - Frys. Cette mission était avait proposé, quelques années aupa-
l'objf^t de ses souhaits les plus ardents, ravant, h celle de Naples, un traité de
I/époquc à laquelle le baron de GIci- commerce qu'il s'agiss.iit de conclure,
cheu vint à Paris , était très intéres- Gleichen fut envoyé K Naples en i 770
Santé pour le Danemark. Les vues aiu- pour cet objet; il y remplaça le comte
biticuscs de Catherine II sur le Nord d'Ostein , qui^ peu de temps après,
alarmaient le roi, qui chercha à resscr- succéda au comte de Bernstorf dans
j rer plus éljoitrment les nœuds do son le ministère. Le nouveau ministre
' alliance avec la France. La lihorié du n'eut rien de si pressé que de sup-
Nord, le rétabiissomonl de l'équilibre primer entièrement le poste de Na-
dans cette partie de l'Europe, la dimi- pies. Le rescrit du roi qui énonce
iiulion do l'influence du cabinet de celte disposition est du 1 5 août 177 t.
St.-Pélor.>boiirg, devenu si impérieux: Le baron de Gleichen quitta alors 1
' et si entreprenant; la protection de la carrière diplomatique; il passa quel-
France m fivcur des nations navi- ques années à voyager , et finit par
gantes et commciçantcs contre le sjs- se fixera Pialisboniic en 1779. Il
le me d'asservissement et de mono- avait l'esprit d'analyse et d'obscrva-
pole des Anglais ft des Hollandais sur tion au plus haut degré , et la tète
I mer, l'observation <\('S anciens trai- meublée des meilleurs auteurs an-
I lés , le paiement àc^ subsides arric- ciens et modei nos. Ayant vécu avec
I rés et dus par tuile des trailés de ics pcriioniici les pin* instruites cl Ici.
5o6 GLE
plus spirituelles de son temps , ayant
beaucoup vu , beaucoup comparé ,
il avait une conversation agréable ,
instructive , rlclie do faits anccdoti-
qnes et d'observations piquantes. A
tant de connaissances et de nioyrns,
il ajoutait un caractère excellent et
d'une indulgence extrême. Ce tut de-
puis sa retraite des affaires, qu'il se
livra plus particulièrement à l'étude
de la philosophie et de la métaphy-
sique. A cette époque , il publia dif-
férents ouvrages en allemand, dont
les deux principaux sont les Héré-
sies métaphjsiques (Metaphysischc
kelzereien), en ?. vol., imprimés
d'abord en 1791 , et augmentés eu
1 ""OÔ, et les Pensées sur divers su-
jets de la politique et des arts libé-
raux, tw 1797. Une partie du pre-
mier ouvrage lut traduite en franc lis,
sous le titre i\' Essais ihéosophiques ,
en î79'i. M. de Glcichen mourut à
lîatisbonne le 5 avril 1807 , âj^é de
plus de soixante-treize ans. Il a laissé
en manuscrit des Mémoires de sa
Vie , qui présentent un grand intérêt:
sou ami iniime , le comte de Wester-
liolz, a Ralisboniie, en est le (léj)Ovi-
taircj il en sera probablement l'édi-
teur. U — I.
GLEICHMANN (Jkan Zachauik),
nomme aussi Helmond ( Clarus Mi-
chncl), historien et l)d)!i()graphe, se-
crétaire du gouvernement ducal de
^Saxe-Weisscnfels, avocildc la cour
de Saxe-Gotha , et receveur des im-
positions à Ohrdnif en Thurit)ge ,
vivait dans la prenuère moitié du
xviii^ siècle. On présume ((U il perdit
sa place par suite des opuiions (pi'd
.availmanifcslées clans ses écrits politi-
ques; car il se plaint beaucoup d'a-
voir été disgiacic par son prince, et
ge'mit de l.i délresse à la((Ui Ile il est
léiluil. (l'en hmann est mort ( 11 i 758,
ipvès avoir cnruhi la littérature, sous
GLE
les noms de Puramandus , Sincera
jïianduSy Fevamandus , Clnrarri'ui-
duSy Miramandus , Fridemnndus ,
ete., de beaucoup d'écrits, sur divers
sujets, tant en latin qu'en allemand ,
d(uit la plupart n'offrent plus aujour-
d'hui un grand intérêt* nous citerons
ceux qui , sous le rapport histori-
que, peuvent êtie consulîés encore
avec utilité: I. Delineatio juris pu-
bliai Saxonici , léiia et Leipzig ,1717,
in - 8'., sous le nom de Claïus Mi- ,
ch^ël Helmond. 11. Spicilegiwn non- :
nullonim scriplorum Rejormalionis \
hisloriam illustrantium , quœ non
riperiuntur in ceJeherrimi flernian-
ni von der IJardt tribus tomis .^u~
tograj'hujuin Lutheri , aliornnvjue
celebrium virorwn ;cum quatuor con-
tinuationihus , Gotha , i y'iS- 1 727 ,
in - 4". llï« Huit Dialogues des
morts^, publiés sous le nom de Jean
Sperantes , i 725 - 1 7*28, in - 4'"- ^-^'^
Dialocrues ont lieu entre le docteur
Luther et le docteur Samuel Stiyk,
le landj^rave Louis le Sauteur et le
comte Ijouis de Glcichen ; entre la
papesse Jeanne et un docteur luthé-
rien 'j entre un jiéhrin qui entre-
prend le voyage de Rome et Henri de
Ziitphenj entre Pallavicino et Roeea- |
liiii. IV. Neuf autres Dialogues des '
morts, publiés sou^; le non» de Vera-|
mandus, Francfort et Leipz g , i "jiS- \
1730, in-'i". V. Observutiones his- ^
toriciB de coronis Ducutii , léna ell
Leipzi;; , 1700 , in-4'. Gleirhmann a |
publie ce même ouvrage eiialleniand,, J
I 755 , in-4 '. VI. Observutiones lit- \
teruriiV sur des ouvrages anciens cl
luodei nés (en allemandj, deux cahiers,
léna et Ij'iji/.ig, 1730- 1731 , in-4".
VIL JSotice bistorique des très*
cachés dans les anciennes égli.^, j
(t dans les couvents où les religieux
les ont enterres au commencement
de lu réf'onnation de Luther , soub
G r> E
ic nom de PiumimuikIh'^ , i'"'. c.iliirr,
Fr.iiuIcMl cl Irii.i, i-jT)! , in -8'. I-i
suiic de cet oiivr.ij:;^ n'^» l'-^s t^ic |>'>-
Micc. \'1II. Cuiiosités liislori^fucs
du rè'^uc de V électeur de Saxe, Fré-
déric JJJ, surrwinmé le Sage, Franc-
Ibil ( t Ti(i|)/.i«;, 1 735 , in-4''. IX. Un
Cdtaloi^ue de sa bibliothèque , a'^'ec
des notes j 5 vol. , Icna , 1 -jSO-i 73(i,
in- 8". X. Prophétie qui aimouce
(sous le nom de l\Jirani.indns ) qua-
vant la fin du inonde la Babjlone
romaine sera détruite par des ou-
vriers aux mme^, Fraiicforlet f>('ip-
zig , 1 -^55 , in- 4". XL Curiosités lus-
toriques du règne de l'électeur de
Saxe , Jean-Frédéric , le Mau^nani-
me , il)id., in-4". , 1 -j^S-i 74 • • XII.
Examen historique d'une monnaie
de Balderic ou fValderic , roi de
Thuringe , «74^? in - 8". Xlil. La
vérité de l'histoire de la papesse
Jeanne^ rt^futation de la recens ion
du docteur Heumann à GottijiguCy
Fnjncfort et Leipzig , 1744? iii-4'*«
XIV\ Apologie de la princesse tur-
que qui épousa le comte Louis de
Gleichen après Vavoir délivré de
l'esclavage , on Réfutation de ce que
le conseiller de cour de Falkcnsfein
dans le tom. x de ses An.ilect.i
Tliuiiiiç;o - Noidgavicnsia a voulu
accréditer contre son innocence en
la désignant comme la maîtresse de
ce comte, ibid., i745, in-4". On
connaît la Jolie hisloricUe sur le comte
Louis de Gleichen , qui , du temps des
croisades, avait , dit on , quitte son
comte, sa femme et ses enfants , pour
aller cofnb.itlre les infidèles en ))reux
chevalier. Ayant eu le malheur de
tomber en captivité , la fille du sullhan
en devint amoureuse, et lui proposa
de briser ses fers , s'il consentait à l'e'-
■ penser et à remmener avec bii en
Europe. En vain le comte proteste
^ qu'il est. ac'jà marié : '.e doir de rcccu-
G T. E 507
vrer sa liberté liiomphe de ses scru-
pules. Us paitenlct .u rivent ensemble
à Venise, cl de là à Home, où le pape,
touché du dés ouemi Ht de la jeime nni-
sulmane, accorde au comte de Glei-
chen les dispenses nécessaires pour
garder cnsend)le ses deux femmes.
Cit'ttc condescendance de l'église ro-
maine , qui rend la véracité du fait un
peu plus que suspecte , fut suivie , ;i
ce fjuc raconte Hondorf, dans son
Théâtre historique, d'une autre mer-
veille non nmins extiaordinaire : les
dcuxépousrs, dit-il, vivaienlensemble
dans la plus parf tile harmonie et s'j'i-
maienttendrement.il ajoute, peut-ctie
pour expliquer ce rare accord, que la
comtesse européenne donna une nom-
breuse postérité à son époux , tandis
que l'autre n'eut point d'enfants. fiC
tombeau du comte de Gleichen existe
encore dans un couvent d'Erfurt (1):
on le voit , sur ce monument , couché
entre ses deux femmes ; et cette cir-
constance a probablement donné lieu
à celte ancienne tradition accréditée
dans la Thuringe, mais peu digne de
foi. Souvent, en effet, les anciens tom-
beaux nous présentent un chevalier
couché entre sa première et sa seconde
femme. On trouve encore de Gleich-
mann des Observations sur les mon-
naies anciennes de plomb , et la.
Description d'une monnaie de ce
genre dans le tom. i de la collection
des Notices diverses , par S. VV. Oet-
ter, pages 27 1-275, et dans le même
ouvrage, t?»me 2, pages »6o- 162,
une Notice sur une tris ancienne
monnaie en argent, qui selon l'opinion
(1) Un prélat de ce couvent a publié , en 1788 ,
un Mémoire sur l'histoire de ce comte, et y traite
de l'abl.e sa bigamie On trouve un extrait de ca
Mémoire dans VArcJiiv fur die Geogra/j/iie, etc.
( Archives pour la gcogr. , l'hisl c7 /a sialistiijue
fin comte de Glciclicn) ^ j).)r .L - (] llelihach,
Altenbourg, i8o5 , •?. vol. in-S*". L.i quatrième
sertioii diî tome M est consacrve à rLi&loire <lc ce
JiJIKCll^: •CMUlC ElJltSt.
5o8 G L E G L E
de W. G. Pachcibel de Goliaf;; , a e'ie' pour se livrer à son pencîiaDl po4>r
irappëe au sujet de la papesse Jeanne, ia poe'.sie. 1! perdit la vue sur la firt
B — H — D. d^ sa carrière , arrivée le 18 février
GLEIM(Jean-Guillaume-Louis), i8o5, à lage de quatre-vingt-quaire
ce'lcbre poète allemand, naquit à Erms- ans. Gleini s'e'tait voué de bonne
leben,petile ville du pays de Halbers- lipure au culte des Muses, et il ne
tadt, en avril 1-] 19. Il étudia le droit déposa sa lyre que peu de temps
à l'université de Halle , et s'y lia d'à- avant sa mort. Hor.ice et Auacréon
miliéavcc Uz et Goz , qui, comme lui, furent ses modèles , et les grâces de
ont illustré leur nom dans la littéra- ses poésies l'ont fait appeler l'Ana-
ture. A cette époque, Bodmer et Brci- créon allemand. Imitateur heureux du
tinger avaient commencé la réforme poète grec quand il célèbre le vin , les
delà littérature allemande, et la poé- roses et l'amour, il est bien plus sé-
sie s'cnricbissail de quelques produc- duisant encore lorsqu'il s'abandonne
lions heureuses; à celte même époque sur les mêmes sujets au délire de sa
Gaertncr, Schlcgel, Cramer, Klopstok propre imagination. Ses premiers es-
<t liabener formaient aussi à Liipzig sais dans ce genre ne laissent rien à
une réunion littéraire qui fît connaître désirer; mais en lisant ses ouvrages,
dans la suite aux Allemands la richesse on sentie refroidissement de sa verve à
de leur langue. C'est alors que Gleira, mesure que la jeunesse abandonne le
encore étudiant , débuta comme poè- poète. D'heureuses dispositions, dé-
tc, par un Recueil de poésies hadi- veloppécs par le commerce du grand
77e.>. Ayant achevé ses éludes en 1740, monde, suppléaient aux connaissan-;
ii donna quelques leçons à Berlin , où ces qu'il avait négligé d'acquérir. 11
bientôt après il devint secrétaire du avait peu cultivé l'étude des langues
prince Guillaume, fils d'Albert, mar- anciennes et modernes , et il ne cou-
grave de Brandebourg- Schwedt. 11 naissait guère Auacréon que par des
le suivit à la guerre en 1744» ^^ se trathutions ; la théorie des belles--
trouvait auprès de lui lorsque ce lettres lui était étrangère, et en gcné-
prince fut renversé par un boulet à rai il reculait devant tout travail qui
coté du grand Frédéric. Après ce fu- demande une application assidue. L'o-
neste événement , Glcim lut pendant riginalitédeson talent, qui s'alfrancliit
quelque temps secrétaire particulier des règles ordinaires, l'a seule placé au
du prince fvéopold de Dcssau : mais rang des premiers poètes allemands; et
dégoûté de cet cmi/loi par le specta- c'est sans dente a cedé;.ordrcappart ut,
clc des cruautés de ce prince, connu qu'on ne rencontre guère chez aucun
rn Allemagne sons le nom du vieux autre poète , excepté l'Arioslc , qu'il
Dessuu j il revint à Berlin , attiré par faut attribuer les mauvaissuccès lie ses
l'i pioujesse d'une place d'inspecteur nombreux iiMitateins. La grande re'-
des postes, (pi'il n'obtint pas. Deux pulation de (ileim, comme poète, s'est
ans après, en \']\'] -, il fut nonuné étaldie et s'est soutenue par ses chants
^iecrctiire du grand-chapitre de Mal- guerriers. I/ouverturc de la guerre de
bcrst.idt , et d ins la suite chanoine sept ans lui nispira ces poésies !■
de celui de Walbeck : il résigna cette ques auxquelles il donna pour tiii^ .
<lernière digt)iié en 1794 J niais il oc- /.- (àvcnadirr prussien ; surnom qui
cupa plus de cinquante ans la prc- r<sla long-temps à l'auteur. Il en fit
niièrf', qui bii lai^sait assez de loisir di;>!t;luK mille exnnplancs à l'aï-
mec du ]Miiicc llciin, mais pas un de ses amis, cl les plus grands ho)ii-
>eul îi SCS c.imarailt's de r.irmee du mes de sa n.iliou (ftucnt de rc iiond)ic.
roi, ni innnc au prince licredilairc de Kleisl av.iil el<i .son disciple. Gleiin ob-
Biuiiswiek ; « ci,iit;nanl , dit-il, que tint lu pci'niis>ion de faire j)lacerdan<*
» le jïrince , qui voit souvent le roi, l'eç;lise de la garnison de Jkilin,un
» ne lui parlât des chants de guerre, tableau (ju'il avait l'ail peifidreenThon-
» et que le roi lui - meuic ne prît le neur de ce pocle gucriier, par C. L*.
«grenadier pour un flatteur: » de Rode, directeur de l'académie. Enue-
sorte que Frédéric eut à peine l'occa- mi de tout despotisme^ il s'éleva sou-
sion de savoir le nom du poète gre- vent avec force contre celui des rëvo-
nadier , et ne l'a point cité dans sou lutionnaires français ; et cependant ,
ouvrage sur la littérature allemande, quoique prévenu par ses principes et
Nous ne connaissons dans l'aiitiquile' par son éducation en faveur du gou-
aucuuc production avec laquelle ou vernement monarchique , il sépara
puisse les comparer , si ce n'est les l'homme de la cliose , et chanta liuo-
Fragments de Tyrtée.Onnmc fabu- naparte, a l'occasion de ses traités de
liste , Gleim n'a pas moins de mérite : paix, ou quand on lui attribuait quel-
ses ouvrages en ce genre se recom- que pensée honorable pour l'huma-
mandent j)ar une narration facile et nité. I^a perle d'un grand nombre des
par la brièveté, mais surtout par le amis de sa jeunesse, celle de sa vue,
talent de lier la morale à l'action allé- cl quelques critiques amères dirigées
gorique. La romance , ce genre de contre ses dernières productions lit-
poésie cultivé avec succès en Espagne téraires, couvrirent de deuil le soir de
et en Angleterre, n'était pas encore la vie de ce respectable vieillard. Gleim
connue en Allemagne : Gleim s'en a publié des poésies badines , des
empara ; il y fit de très heureux es- poésies sérieuses , des chants de
sais, et eut des imitateurs dont les guerre, des élégies, des romances^
productions ne sont pas aujourd'hui des fables, des poèmes dramatiques,
moms estimées que celles des Espa- des poèmes didactiques, des épîtres,
gnols et des Anglais. Dans ses poé- des satires et des épigrammes. Nous
sies didactiques , Gleim enseigne la nous contenterons de citer ceux de
morale la plus pure, avec une exal- ses ouvrages qui ont le plus marqué
talion presque orientale et prophé- dans chacun de ces genres : I. Es-
tique: son Ilalladat , poème phi- sais de Chansons badines, Berlin ,
losophique , quoique d'une simpli- 174^? 5 vol. in-8°. II. Recueil ds
cité touchante et digne du plus pro- Chansons^ Zurich , 1745 ;, in - 8°.
fond penseur, est écrit avec un tel III. Êpitres , Berlin, m -8°., 1746,
élan d'imagination que l'ouvrage n'est 1 760. Dans ce Recueil d'épîtres ,
(pas susceptible d'être compris par adressées aux amis du poète, la prose
toutes 1rs classes de la société. Cet est entremêlée de vers : mais Gleim
estimable poète, protecteur d'un grand qui les a livrées lui-même à l'impres-
1 nombre d'hommes de lettres , avait sion pour qu'elles ne tombassent pas
I tellement contracté l'habitude de la entre les mains des contrefacteurs ,
! bienfaisance, qu'il se fâchait sérieu- aurait mieux fait de les supprimer
: sèment contre celui qui lui avait laissé entièrement 5 car cet auteur ne peut
: ignorer une occasion de l'exercer. II pas servir de modèle pour le style
i .meubla son appartement des portraits épistolaire. Il ne faut pas confondre
5 1 o G L E
<:e recueil avec celui de la rorrrspon-
iîancc de Gieim et de plusieurs j;ens
;le lettres avantagcuseiuenl connus ,
qui a etc public en plusieurs volumes
.^près Iri mort du poète. Plusieurs lel-
ires de Gleim à l'historien J. Millier
6C trouvent traduites en franc lis à la
iuite de la tradjicliou des lettres de
îVîiiîItr à Boustctten , Zurich , 1810,
iit-B'. IV. Fables, Borliu, i-j^ô-
I 757 , 2 liv. iu 8'.; ibid. , i 786, in-
8 '. Gctie dernière édition , revue par
S*auteur, est divisée en quatre livres ;
«lie contiMil j)lusieurs imitations de
i/i Font.jine , de Phèdre, de Gay,
de Camcrarius et d'autres fabulistes ,
qui ne se trouvent pas dans la pre-
mière édition. V. Romances, ibid.,
1757,10-8". Ce recueil ne contient
(jue trois poèmes, dont le premier,
quoique fondé sur un événement tra-
gique arrivé à Berlin, est nue imita-
tion heureuse de la romance de Mon-
cn{'\n\.\i\\\ée: Les coni,t(mies Amours.
Gleim a encore fait imprimer en 1777
nn Recueil de Romances ; mais ce
volume n'.i été distribué qu'a ses amis.
VI. Chansons prussiennes pour la
guerre , fuites par un Grenadier,
dans les campagnes de i7j(> et
1767 , a^>ec musique , ibid., 1758 ,
in- 12; ibid., i78G,in 8'. On trouve
(pielqucs-unes de ces cliansons, tra-
duites en français, dans le Journal
étranger, novembre 17G1. VIL Le
Grenadier à la Muse de la guerre
après la victoire de Zorndotf, i']5l),
in- 1.2. Vlll. Le Pliiloias de Les-
sin^ymisen vers ^ lUrlin, i7<)o,
iii-8". IN.. J'oesies dans le genre de
Pétrarque^ ibid., i7(i4' i»»-8'. X.
Lloge de la vie champêtre, ibid.,
1 7O4, iu-4"- XI. Sept petits Poèmes
dans le genre d'Anacrèun, ibid.,
17O4» '" * *'^" ^^'* ^^''''*"'^' *""'f'^
d /t nacré on y Berlin et Brunswick,
1 7GG, iu-8 . Xlll. La Mort d'J dam,
GLE
tragédie de Klopsiock mise en vers,
B.riiu , 17GG, iu-8'. XIV. Odes
imitées d'/Jorace, ibid., 1769, in-
8". XV. Epigrammes, i 769 , in - 8".
La plupart de ces epigrammes sont
imitées avec succès des poè:es latins
et grecs ; quelques-unes sont tirées de
Machiavel, de Voltane , etc. Celles
dont l'idée appartient a Gleim s." dis-
tinguent par une grande n livc té.XVI.
Le meilleur des Mondes , Halbcrs-
tadt, 1771, in-8'. Ce recueil de
poésies sérieuses est composé de trois
chants j le deuxième est l'ouvrage de
Jacobi. Gieim expose au premier
chant ses doutes sur le système de
l'optimisme. Jacobi démontre au se-
cond que dans ce monde le bien
est toujours mélangé avec le mal j et
dans le troisième Gleim trace le ta-
bleau d'un monde idéal et meilleur.
Ce poème est très bien écrit, et mé-
rite l'e.stime dont il jouit. XVIl.//rt/-
ladal, ou le Livre rouge, destiné
pour les écoles y H.imbourg, 1774»
in-4<>.; poème didactique très esti-
mable, mais peu pro[)re a l'usage
auquel l'auteur l'avait consacré. Jean
IMiiller s'exprime sur cet ouvrage,
dans uue lettre adressée à Bonsletten ,
de la manièie suivante: « Dans le
» Ifalladat de Gleim, tout ce qui est
» grand est décrit avec une noble
» simplicité , et il a prêté un caractère
» de noblesse à tout ce qui est petit.
» IjC llalladat siupasse, sous le rap-
» [)ort de riiaimonie de la langue,
» tout ce qu'on connaît de semblable :
» il fit d'abord passer cet ouvrage
» connue une tiaduction de Tirabe,
» et Boyseu donna dans le piège. »
XVIII. Chajiums pour les soldats
prussiens dans les années «778 et
suivantes jusqu'à i 790, H.dber.*>tadt,
1790, iu - 8". XIX. Kpodes ., ibid.,
1792, iu-8''.; publiées aussi sous
le litre d(î Poésies satiriques y ibid.
G L E
, l'jf)'^, in -S". Ou voit p.ir ce rc-
icucil (|iic le poclc .ivail plus do ver-
ve ([ 10 i\r véritable lalcnl pour ce
gcine de poésie. Quelques morceaux
cepeiulaul me'iiteiit une Iionoriible
1 tlislinclion , entre autres celui qui a
pour tilre : Qmmd il était (jncslion
du ^rec Avcliiloquc. XX. Poésies de
circonstance muint et après la mort
de S. Louis Xf I. \jv litre allemand
est Zeilgcdichte vor und iiach dem
Tode des heili^en Ludwi^ des
Sechszehiitiii , ll.tibeisladi, 171)5,
in-8". XXI. Quelques fleurs sur le
tombeau de Spiegel , ibid., 17B5,
in-8'. Cette e'ic^ie fut inspirée au
poète par l'amitié. Gleim en a com-
pusé plusieurs sur divers événements,
sur la mort du général Ziethen , sur
' celle du duc Lpo[)old VI et autres.
Klamcr-Schmidl en a inséré dix neuf
de ce poète dans son Recueil d'élé-
gies des Allemands imprimées ou
inédiles, Lcmi^o y *77^* XX[J. Poé-
sies diaprés fVallherde P^ogelweide,
J779, in-8". C'est un recueil d'imi-
tations des anciens JV innés ins^ers al-
lemands. XXllï. Poésies nocturnes
dans le printemps et dans l'été ^
i8o'2. Ce recueil, imprimé seu'cment
pour être distribué à ses amis, ren-
ferme les derniers accents poétiques
du vieillard frappé de cécité, et qui
implore eu vain le sommeil. Un re-
cueil des œuvres poétiques de Gl< im
a été imprimé à SlraNbourg, 176J,
in-8". : une autre édition en a été
publiée à l'insu de l'auteur, Franc-
fort et Leipzig, 1765- 1770, 8 vol.
in-8'\ L'éditiou la plus complète de
ses œuvres est celle que Guillaume
Korte son petit -neveu, a publiée à
Haiberstadt, en 7 vol. in-8'\, 181 i-
181 5, sur les inanuscrits de l'auteur.
Ce poète, dont les accords inspiraient
souvent l'enthousiasme des combats
aux guerriers de sa patrie, a eu bcau-
GLK 5ii
coup de l}iograph('S. Ileider a écrit s.«
Vie dans b; neuvième rallier de .smi
yidraslea , llimly dans le Journal
de Berlin ( lîeiliner Mon itsclirift ) ,
décembre 180!"), et .1. (î. C. Ilopliier
dans la Gazette littéraire de Leipzig ,
1803, n"\ 97 et qH. Son portrait se
trouve à la tète du tinquième cahier
du Nouveau Mercure allemand, |)U-
bhc par VVieland, i8o3. B — u — d.
GliEN (Jean de), imprimeui- et
graveur eu bois, naquit à Liège vejs
le milieu du xvi". siècle. On connaît de
lui deux ouvrages assez importants :
]. Les Merveilles de la ville de
Rome , avec fig, IL Des habits ,
mœurs, cérémonies , façons défaire
anciennes et modernes , in - 8 ". ,
Liège, 1601. Cet ouvrage , dont il
est l'auteur et l'imprimeur , est orné
de io5 figures, composées et gravées
par lui; il contient des pairons d'ha-
bits et diiïérenls costumes : il est de-
venu rare. Le dessin en est assez cor-
rect, et les figures ne manquent pas
d'une certaine expression. P — e.
GLLON (Geneviève Sa VALETTE,
marquise de), née vers 1702 , à Pa-
ris , i éunissait aux avantages de la
figure tous les talents agréables. Elle
en avait un particulier pour jouer la
comédie de société, et elle l'employa
avec succèsdans cesréunionsbrillantcs
qui avai( nt lieu à la Chevrette, dans
h vallée de Montmorenci, chez M,
Savalette de Magnanville , dont elle
était la nièce. Tous les mémoire^
de la même époque parlent de ces
représentations données par des ama-
teurs distingués, qui ne jouaient que
des pièces de leur composition. Le
chevalier de Chastellux , ami inti-
me de madame de Gléon , était un
des principaux auteurs et acteurs.
Elle eut l'idée de faire imprimer, en
1787, les amusements littéraires de
sa jeunesse. Dans un siècle où l'on nç
5i2 GLI GLt
s'allaclialt guère à pcinclre sur la autres Opuscules de pliilosopKie mo-
scène que les mœurs du grand monde, raie, dont Lc'un AlJacci a donné la
ceux qui en faisaient partie pouvaient liste dans sa Dramaturgie ; — et en-
avoir quelque avantage sur les gens fin Trattato délia pietra Jilosofale
de lettres proprement dits; mais les traduit en latin par Laurent Strauss ,
comédies de M"^"". de Glëon fournis- Giessen, 1671 , in-S". W — s.
sentune preuvede plus, queles auteurs GLISSON (François), médecin
dramatiques appartenant à la haute anglais , né en 1 597 à Rampisliani
classe de la société, mettent plus au comté de Dorset, occupa pendar.
d'esprit que de comique et plus de quarante ans la chaire de médecine .
conversation que de mouvement dans Cambridge, fut admis en 1654, dans
leurs productions destinées au théà- le collège des médecins de Londres .
tre. Aucune des pièces de cette dame dont il devint président par la sui-
B*a été jouée ailleurs qu'en société, te, et qui le choisit en 1659 comme
Elle mourut , émigrée, à Vicence, état professeur d'anatomie. Il remplit celte
vénitien , dans l'année 1 795. place avec beaucoup de réputation jus- |
L — p— E. qu'au commencement de la guerre ci- 1
GLlCAS. ^or. Glycas (Michel), vile, qu'il se réfugia à Colchester, (
GLISCENTI(Fabio), médecin, né Après la reddition de cette ville aux !
dans le xvl^ siècle à Veslone , près rebelles , il vint à Londres , fut ua
de Brescia , fit ses éludes à l'univer- des premiers membres de cette réu-
sité de Pavie, y prit ses degrés en nion de savants qui fut l'origine de la
philosophie et en médecine, et s'éta- société royale, et y publia en iG5o
blit ensuite à Venise, où il exerça ?>Q\\Tia\.\.é De Rachitide , seu morbo
la profession de médecin avec succès, puerili , maladie nouvelle alors en
Il mourut en cette ville vers 1620 , Angleterre, où elle ne paraissait qiK
suivant Ghilini , qui fait de lui une depuis trente ans, et qui fut d'aborù
mention très honorable ( Teatro de désignée dans les autres pays sous le
^li uomini illuslri , iom. 11 , p. 74). nom de maladie anglaise. Glissoii
Il a laissé plusieurs ouvrages en la- fut aidé dans la composition de ce
tin et en italien, à peine connus au- traité par les docteurs Bâte et Regc-
jourd'hui des bibliographes. Parmi mortes. Il fit paraître en i654, iu-
ccux qui sont écrits en latin, on citera 8'., sou Anatomîa hcpatis ^ avec un
ses Commentaires sur les Prœdica- u4ppendix concernant les conduits
hilia de Porphyre, sur les Prœdica- lymphatiques récemment découverts,
menla d'Aristote , et enfin sur le et qui est regardé comme le mcil-
Trailé de sex principiis de Gilbert leur de ses ouvrages ; en 1672, le
de la Porréc, cvêque de Poitiers. Ses IVactatus de naliird substantiel:
ouvrages italiens olFrent plus d'interèr, energcticà , seu de vitd naturœ ejiis-
a eu i'igcr du moins par leurs titres : (jnc tribus primis faciillatibus , et ei\
ce sont des Dialogues contre la i(>77, année de sa mort, le livr(
crainte de la mort et sur l'immor- De ventriculo et intestinis , in - 4 •
talitede l'ame ; — // dili'^ente oi'ero ( 'est le premier ouvrage oii l'on trouve
il sollicitn ^favnla morale , V«»ise, des conjectures sur la nature de la
]Go8, iu-iti; — Il viercato overo la fibre simple, cl où on lui attribue le
• fiera délia vila uinana , fuvola mo- i)rincipe inné de l'irritibililé, dont le
////(• . ibi-l. , I O20 , iu- 1 2 } — quelque* nom cbl de Imyculiou de Glbsun , cl
(i LO
qiurdislini^no (le II .scn.sil)ili(c. 0!i^-
soii attribu.» , le picinici-, In routrar-
twn dti (YiMir cl (les antiTS niiisccs
a l'aclifui d'u-i slimulus sur leur prin-
cipe irrifahlo. Jl traite aveo ctruduc
«•t judicic'Dscnirnt du niouvoincnl pc-
lislaitiqiic rt anl:pristaltiquc des in-
IfStiiis. La plupart de ces onvrai;rs ont
clc .souvent réimprimes en diit'rciits
p.iys. On y trouve dc>i fiu-tliodcs nou-
velles et des découvertes , entre autres
celle de la capsule de la veine- porte-
du moins est-il certain r/n'il a ru le
premier le mérite de IVxandner, et de
ia décrire avec exactitude. On a encore
♦ie lui, De {ymphœductis imper re-
/»m/5, Amsterdam, i^Sq, ^wcc Jna-
tomicci prolegomena et ^înalomia
hepatis. Il fut un des plus heureux
disciples d'Ilarvey. Boërhaave le re-
gardait comme « le plus exact de tous
» les anatomistns • » et Hallcr , en
parlant d'un de ses ouviaqcs, dit :
« C'est un livre excellent comme tous
» ceux du même auteur. » Ce que
Glisson a écrit sur la physiologie est
peu estime aujourd'hui. X s.
GLOGAU (Jean dej, professeisr
de philosophie et de théologie à i'uni-
^versiië dcCracovie dans le xv^ siè-
: de , était très versé dans la philoso-
phie scolaslitjue, qui, de son temps,
était r.^gardée comme la science prin-
cipale. Ses connaissances et la subti-
lité de son esprit .itdrcrent li l'univcr-
Mtc, où il professait, beaucoup de
; jeunes gens d'Allemagne, pumi les.
quels on com])tait Eckius , qui devint
un des plus zéiés antagonistes de Lu-
ther, et qui composa contre la doctrine
des luthériens un giand nombre d*ou-
vrages. Jean de Glogau avait été lui-
même disciple de Michel de Breslau ,
un des premiers professeurs de l'uni-
versité de Cracovie qui se firent im
nom dans l'étranger. C— au
I GLOSKOUSKl (IMathieu), ccii
XVII.
GT,0 n.-
vain polonais du xvii". siècle, est
auteur d'un Poenn* i..li(nîé : Suih'c-
nir de la Passion de Nolre-Sci-
ç^neiir.dmsé en vingt-nnatre heures;
ce poème a eu plus de qu..tre éditions.
On a de hii un autre Poème infi-
f^Iè: Gconiclria perc^rlnajis , et des
Discours en prose sur divers sujets.
C AU.
Gr.OUCESTER ( Robert de), l'un
des iJus anciens poètes anglais dont
les ouvrages nous aient été fn^nsmis ,
était moine de l'abbaye deGloncester'
et vivait sous le règne d'Edouard V\
Il composa , dans le langage vulgriirc
-nglo-saxon, une Chronique en vers
d'une assez grande étendue, conte-
nant l'histoire de l'Angleterre, depuis
Brutus jusqu'au règne d'Edouard 1".
On a lieu de croire qu'il l'écrivait
vers liSo. Camdcn en rapporte quel-
ques strophes, et vante le génie de ce
poète; nr.is Thomas Wirlon. qui dans
son fiistoire de la poésie anglaise
en cite des fragmen's étendus, n'y
trouve ni art , ni imagination. « L'au-
» teur, dit -il , a mis en rimes ks fa-
» l.les de Galfrid de Monmouih , qui
» ont souvent une tournure plus poé-
» tique dans la prose de Galfrid. »
Le style en est obscur et f nîn.nr. La
Chrojiifjue de Robert de Gloucester a
été publiée par Hearne, en i vol. in-
8"., Oxford, 1724. X— s.
G LOVER (Richard), poète an-
glais, né en 17 12, était fils d'un né-
gociant de Londres, qui, tout en le
destinant à la carrière du commerce,
lui fit faire cependant de bonnes étii'
des, dont il sut profiter. Richard,
placé dans une école particulière, à
Cheam , dans le comté de Surrey , prit
beaucoup dégoût pour la langue grec-
que, et en acq-iit une connaissance si
profonde , que par la suite Thomas
Warton le déclara le premier helléniste
anglais de son temps : mais le goiu ùq
5ii GLO GLO
la litlëratnre n'exclut point de sa pari d'ailleurs de grandes beautés, fut lu
une application suivie aux études com- avec empressement, et eut en deux
merciales et même politiques. Le pre- ans trois éditions. Glover succëila à
mier essai public de sa musc fut un son père dans la direction de ses affaires
poème à la mémoire de Newton , cora- commerciales ; mais la fortune ne fa-
posé à Tâge de seize ans, et auquel on vorisa point des opérations que lui
reconnut assez de mérite pour l'im- faisaient sans doute négliger son cora-
primor à la tête de Xjipercu de la raerce avec les Muses , l'intérêt actif
philosophie de Newton , donné par qu'il prenait aux affaires publiques ,
le docteur Pcmberton , i7'28, in-4''. et ses liaisons nmltipliées avec des
Ce médecin, homme de savoir et de liomrnes d'état et des gens de lettres,
goût, avait conçu pour Giover un vif II se maria, en 1737, avec une
intérêt, et lui procura des encourage- femme qui jouissait de quelque opu-
znents qui provoquèrent de nouveaux lence. Il pub ia , la n>eme année , le
rffortsde son talent. Glover puisa daus recueil des Poésies ^d Mathieu Green^
l'histoire des Grecs le sujet d'un poè- lun de ses premiers amis ; en 1 759 ,
me, en neuf chants, qu'il fit paraître un petit poème de sa composition, in-
en 17^7, in-4'., Léonidas y dédie au titulé : Londres, ou les progrès du
lordCobham, l'un de ses protecteurs, commerce ^ et V Ombre de l^amiral
Cet ouvrage eut alors un succès ex- Hosier{Hosiers ghost), ballade qui
traordinaire , du aux circonstances jouit encore d'une grande popularité ,
plus encore qu'à son mérite. Le parti et qui avait pour but, en peignant for-
qui se prononçait avec énergie contre tement les torts de l'Espagne à Té-
lé ministère de sir Robert Walpoie, et gard de l'Angleterre, d'animer le pcu-
qui finit par le renverser, jugea le pie à la guerre contre celte puissance,
poème de ieomV/rtS propre à servir ses Les talents de Glover, son patrio-
inlérêts , par la chaleur avec laquelle tisme , la droiture de son caractère,
l'amour et les principes de la liberté y lui valurent la confiance de la bour-
sont proclamés. Les meilleurs écri- geoisic et des négociants de Londres,
vains de ce parti exaltèrent à l'envi les dont il défendit les intérêts avec ar-
qualitésqtii le distinguent. Le lordLyt- deur m diflerenles occasions, de !
tcllon, dans l'ouvrage périodi({ueinli- 17^9 à 1743, et qu'il servit égale*
luIé le Bon sens ( Common sensé ), ment par la sa-^essede ses avis et l'é- I
CM fit un grand éloge, sous le double loquencede ses discours. Le parti de 1
rapport du talent du poète et de l'ob- l'opposition , à l'époque des élections !
jet politique du poèn»e. Le docteur parlementaires , le regardait en quel- |
PembiTton publia, en 1 738, des Ob- que sorte comme son chef. Eu 1 74 i » I
serifalions sur la poésie , purliciiliè- la ducliesse de ^larlborough, par sou |
remCTit sur la poésie épitfue , à Vue- testament, le chargea d'écrire, cun- |
casion du poème récemment publié joinlenienl avec David Mallct , l'his-'l
j///'/ve?b«fV/<'is,oùil donna àcttouvra- toiiedc la vie du iluc son mari, eu |
pcdcs éloges dont la partialité de l'a- leur assignant à chacun une soamie
njili(' et l'esprit de parti peuvent .seuls de 5()o li\ . slerl. ; mais ne présumant
cxpiicpier l'exagération. Fielding porta pas pouvoir s'occuper de ce travail,
aussi, dans le Champion^ un juge- il déclara aussitôt renoncer à ce legs,
jnent trcR favorable à ce poènu* , (pu , (junitpje sa l'urtune se trouvât alors a
tUul si bien rccointnandc et ollraiit peu près .inéaiilic. Son piocé.le, dans
r.ro GLO 5i5
celle orcasion , ne lut pas imite par augmentée de trois chants. Mais les
M.tilel. ^ /"o)'. David IM Al, tiii. ) («lo- circoiisl.inccs polili(jucs qui avaient
Vit, à l'aide des liber.ililes du piiii- autrclois procure; une si «grande vjcue
ce de (ialles, vécut quehjuc leu)ps, à cet ouvrafrc, n'oxislaieut plus pour
loiu du tr;u\is des alFaues publi- le soutenir. L'attention pidjliqjie
qucs , occupe de travaux littéraires, absorbée alors par des maux ])res-
II présenta , en 1755, au théâtre de sants , ne pouvait guère se porter
Drury-L.Mie, sa tragédie de Z>oar//cv/e. sur des objets de lillerature ; de
La dureté de sou organe n'etcùt pas sorte que cette réim])r(;ssion fit peu de
j)ropre à pievenir, en sa f;ivcur, les sensation, et que Touvragc n'eut pas
comédiens auxquels il s'obstina à la mèuic le genre de succès auquel il
lire lui-même jusipi'à la fin , maigre j)Ouvail justement prc'tendie. Le sujet
les elForts icilc'rcs de Garnck. , pour du poème est d'un choix hcuieux •
hii épargner ce soin. Cependant la le plan en est Lien tracé ; les cirac-
pièce fut reçue ; mais malgré le talent lères sont fortement d'ssincs et
de pliL-ieursactcursdu premier ordre, l'intérêt est soutenu jusqu'à la fin:
elle ne put se soutenir plus de douze on y admire des compar usons neuves
représentations. Il fit imprimer, en et brillantes j et le > épisodes, qui sont
I 761 , une tragédie de A/eVZee, écrite assez multipliés, ne paraissent ja-
sur le modèle de la tragédie grecque, mais étrangers à Tensemble : mais
et qu'il hasarda de faire jouer , en l'auteur, en rtjctant entièrement de
1 767,3 Drury-Lane, oii elie n'eut que sa composition le merveilleux s'est
quelques ropréseulations froidement privé d'un puissant moyen de séduc-
accueillies (1). Il composa une suite tion j et la construction brusque et
de s3l Médée j qui ne put être repré- laconique de ses périodes, est loin
sentée , parce qu'elle exigeait une dé- aussi d'être favorable à l'harmonie. 11
coralion trop dispendieuse. Glover, y a en général, dan? toutes ses pro-
nommé cette année membre de la ductions en vers, plus de poésie dans
chambre des communes pour Wcy- la pensée et les images que dans l'ex-
moulh, y siégea jusqu'à la dissolution pression. Cependant le Léonidas im-
dc ce parlement , et s'y fit remarquer primé pour la sixième fois avec élé-
dans les longs débats qu'occasionna gance et orné de gravures, en i"q8
l'état embrouillé des affaires des An- Londres, 1 vol. in-S"., a été traduit
glais dans l'Inde. Les négociants de en prose française, par J. Bertrand
la comp.ignie des Indes, reconnais- la Haye, 1759, in-Ta, et conséquera-
sants des services qu'il leur avait ren- ment d'après les premières éditions,
dus dans le parlement, lui votèrent Glover mourut le ^5 novembre 1785
«n présent de la valeur de 5oo liv. âgé de soixante-treize an.<. D'heureu-
slerl. En 1770, il donna une nouvelle ses qualités sociales lui avaient mérité
édition du Léonidas^ en 1 vol. in- l'amitié de quelques hoiiimes du plus
1 2 , corrigée d'iui bout à l'autre , et haut rang et de l'esprit le plus distin-
— gué; l'ascendant de ses talents si di-
(0 M. KoUe, qui tut occasion de voir jouer vcrs ct dç SOU inflexible vcrtu lui
cette pièce , la trouve , miigre quelques beau- ■ , , , ,
té« , inférieur»' a tuults celle» qu'il conunU sur le avait mCUagC IC rCspCCt dc CCUX qui luî
niérue sujet. Voyez un article i tcre'.sant «le ce ^i^:,.,* I „l 1 •
critique d.nslr. 1ic.nieyhilosoyhu,ne. de juin ,«07. «"l^'^nt IC pluS OppOSCS par IcUrS pnU-
On M représenté a Pan», en avril 1807, sur le cipCS poliliqueS. H était aiiué du PCU-
tlieatre des Variétés étrangères , uuc Iraducliou \ C ' J
4e la Ji««f«fi aoolaise , qui y a obtenu du succi.»» pIC , Ct lut CarCSSC dcS grauds. ScS
55,.
5i(3 (;lo
mœurs étaient siniples, et il conserva
une humeur égale dans la bonne et
dans la mauvaise fortune. Après sa
mort, sa fille, mistris Halsay, publia
en 5 vol. in - 12, en 1 788 , ^Alhé-
iiaïde , poème en 5o ch<ints, auquel
]1 n'avait pas mis la dernière main, et
qui formait en quelque sorte la suite de
Léonidas. C'est, comme il le dit bù-
niéme , la Mort de Léonidas vengée
par les vertus des Athéniens.
Toedealh ofgreatLconidas aveng'd by alticTirtue.
Cet ouvrage de sa vieillesse , pour
lequel il montrait une prédilection
partieulièrc, et qu'il semblait se f;io-
rifier d'avoir fait plus lons^ que ï Ilia-
de, a paru une composition faible ,
où rintérèt divise, en se portant sur
une race de héros , ne se fixe forte-
ment sur aucun d'eux. Plusieurs des
discours de Glover ont été imprimés,
notamment ceux qu'il prononça h la
barre du parlement, en 1740, avant
la rupture avec l'Espagne. Giovcr
avait tenu une sorte de journal de ses
observations sur les événements et
sur les personnages éminents ou in-
fluents de son temps. Ce journal ma-
nuscrit, après être resté long-temps
dans l'obscurité, a été imprimé par
extrait, sous ce titre : Memoirs of a
celehraled literary andpoUticul cha-
racter, etc. [Mémoires d'un homme
tiélèbrej comme liUérateur et comme
politique f dapms la résignation de
sir Ilohert ff^alpole, en 1742, jus-
ijuà Vétablissement de la seconde
administration du lord Chatham,e/i
1757, Contenant des Jiolices sur plu-
sieurs des hommes les plus dislin-
ç,ués de cette époque)^ Londrrs, in-
^S'.j iJ)i4. Ces mémoires se fuut re-
inanpKr par un caractère soutenu de
vér.jcilé, et |).ir l'énergie et même l'à-
prelé avec l.ujiiclle sont tracés (piel-
'{ucs-uuidtfii portraits qu'il rcufcimc:
GLO
la tournure que prenaient les affaires
publiques, et le spectacle des vices des
grands , avaient disposé son ame au dé-
couragement , et donné à ses idées
une teinte très prononcée de raisan-
tropie. L'éloquent portrait qu'il y fait
de lui-même, est loin d'être attrayant.
Cette publication tardive des mémoi-
res de Glover avait particulièrement
pour but de prouver que c'est à lui
que l'on doit les Lettres de Junius.
Des critiques judicieux ont pensé que,
bien que rien, dans ces mémoires, ne
pût les autoriser à adopter cette as-
sertion , l'auteur leur paraissait avoir
autant de titres à cette attribution
qu'aucun de ceux à qui on a précé-
demment attribué ces Lettres cciè-
bres. On a publié , très peu de temps
après: An intjuirj' into the aiithûr ^
etc. ( Recherches sur V auteur des
Lettres de Junius, à l'occasion des
Mémoires d'un homme célèbre ,
comme littérateur et comme politi-
que , récemment publiés ; à laquelle
on a ajouté de nouveaux extraits de
ces curieux mémoires inédits) y Lon-
dres, in-8^., 1814. Ou rapporte uu
traitqui peut faiiejugerdc la manière de
composer de ce ]>uète. Lorsqu'il rési-
dait à la maiïion de campagne du lord
Temple, à Stovvc , il se leva un jour
de très grand matin, maîtrisé ])ar une
idée qui lui était survenue pendant la
nuit , et descendit au jardin , où il se
livra cnlièrement à sa verve. Par
malheur il avait alors une canne à la
main , et, dans une sorte de délire poé-
ti(jue, il se mit à en trappcr au mi-
lieu d'un parterre de tulipes , dont
lady Temple faisait *('S délices. Il avait
alors si peu la connaissance de ce qu'il
faisait, que lorsque (juchpi'un , au mo-
ment du déjeuner , lui parla du de^at
dont il était rauteur, il commença par
nii-r formellement : mais il avait éle*^
jpcj «;u par plusieurs personnes ; cl ne
GLU GLU n.7
ponv.ml plus lui-nuMno (loiitrrdn f<ir, f..l!.iil donc (jinui liouimo iVim nic'riiff
il récit, la ballade (ju'il avait conipo- rmiiK.'iil , sWarlanl des sentiers hatlus
sec dans le jardin ( VOmhre de l'a- ]vir la routine et par les prcjiigc's, osât
miriil //osier), l'une do ses pioduc- se frayer une route nouvelle ; <M Gluek.
lions où il Y a le plus de poésie. eut le bonheur de rencontrer cet liom-
X — s. rnc dans le Florentin Ranicri di Calza-
GLUfiK ( Christophe ), le plus bi^i , qu'il connut à Vienne. Ce der-
grand conipo.sitcur dont puisse s'ho- nier entreprit d'écrire des drames dont
norer la setne lyrique , naquit d'une toutes les parties fussent liées ejitre
famille noble, dais le Haut-Palatinat, elles cl avec le dénouement ; où l'iu-
sur les frontières de la Bohème, en térct , établi dès l'exposition , allât tou-
3714. Sans doute , en le formant , la jours en croissant, sans être suspendu
nature imprima sur son front le sceau par des épisodes étrangers , par de ri-
du génie; mais ce feu sacré ne devait diculcs bouffonneries; dans lesquels,
se manifester cnlui que dans un âge où, enfin, Varia ne put servir de pré-
depnis long-temps , «os facultés intcl- texte au caprice du chanteur , à la sté-
Icctuelles ont acquis tout le dévelop- rile redondance du maestro di cU'
pement dont elles sont susceptibles, pella. Ce fut d'après ces idées qu'il
Comme le citoyen de Genève, Gluck composa dans la langue italienne les
avait plus de quarante ans lorsqu'il o\)éia^ à^F/élène et Paris , à' ^Iceste^
mérita de fixer l'attention publique, et d'Orphée , que Gluck mit en mu-
]l fit ses études musicales à Prague , et sique, de 1 762 à i 764 , et qui, contre
se rendit habile dans le jeu des instru- l'usage observé pour les compositions
ments , surtout du violoncelle. A dix- ultramontaincs , furent tous les trois
sept ans, il visita l'Italie , et suivit les imprimés à Vienne. Le ))remicr est
leçons du célèbre San-Marlini. 11 écri- peu connu en France , où jamais il ne
vit à Milan son premier opéra , V^r- fut représenté. Les deux autres sont
taxerce } donna D émétrius y aWcnise, du nombre des cinq drames lyriques
en 174^; trois ans après, la Chute qui assurent à Gluck l'immortalité,
des Géants, en Angleterre, et plus Armide , Alceste, Orphée, et les
de quarante autres opéras (i) dans deux Jphigénies. U faut entendre ce
l'espace de dix-huit ans. Mais toutes grand maître exposer lui-même le plan
ces compositions, rapidement tracées, qu'il s'était tracé, a L'imitation de
suivant l'usage des musiciens d'Italie , » la nature , dit-il, est le but commun
n'étaient qu'un vain bruit , une série )) que doivent se proposer le poète et
de chants plus ou moins bigarrés, dé- » le ipusioien ; c'est aussi celui auquel
pourvus d'ame et dévie. L'opéra ita- » j'ai tâché d'atteindre. J'ai voulu re-
lien , dit l'abbé Arnaud , n'est qu'un )> duire la musique à sa véritable fonc-
concert dont le drame fut le prétexte. » tion, celle de seconder la poésie pour
Gluck , s^ns doute , avait plus d'une « fortifier l'expression des sentiments
fois senti tout le vide de pareils ouvra- » et l'intérêt des situations , sans inter-
nes ; mais la mauvaise ficlure des » rompre l'ac'ion et la refioidir par
poèmes lyriques était nu obstaclecons- «des ornements superflus. Je pense
liant aux efforts du compositeur.il » qu'elle doit ajouter à l'autre ce qu'a-
■ » joutent à un dessin correct cl bien
(t)Te\imie Dèmophoon , Phèdre, Siphax, la )) composé la vivacité des couleurs et
Clémence de Titus, Anli^one, le J'riomi/fie de i> i i i •< i i
Camille , eic. » l accurd Gcs lumicrcs Cl des ombres ,
5i8 GLU
)) qui animent les figures sans en a](e'-
» rer les contours. » Les plus brillants
succès couroanèrent les efforts de
Gluck; et, ce qui paraîtra presque
incroyable , l'Italie entière applaudit
avec transport à des chants si nou-
veaux peur des oreilles en quelque
sorte efféminées (i). Parme, JN.iples,
Rome , Milau , Venise , furent les
théâtres de sa gloire ; et la ville de Bo-
logne, pendant un seul hiver, s'enri-
chit de plus de 900,000 fr. , par le
concours des étrangers qu'attirèrent
dans son sein les représenta (ions d'Or-
j)hée. Cependant , si l'on en excepte
S'tlieri, Gluck n'eut aucun imitateur
chez une nation si sensible aux char-
mes de la musique; tant ses mâles ac-
cents diflèrent des jolis, mais insigni-
fiants cajitabile des compositeurs ita-
liens. Son triomphe était grand , sans
doute. Le premier il avait fixé le ca-
ractère de la musique dramatique, et
tracé les règles à suivre par l'artiste
capable de les saisir. Mais un champ
plus vaste , une palme plus glorieuse
encore , s'offraient à son ambition. La
langue française , dont il avait fait une
ctude approfondie, lui paraissait , com-
parativement à l'italienne, fpi'énervc
le fréquent concours des voyelles, pré-
^enler au poète des ressources plus fé-
condes , et surtout une plus grande
énergie pour peindre le délire des pas-
sions , l'horreur des combats, et le ta-
bleau déchirant des misères humaines.
Gette langue, d'ailleurs, était depuis
longtemps Irtppée d'anathème quant
«i ses pr()[)ri<ftés musicales; et nous
devons même ajouter que les succès
de Gluck n'ont point détruit les asser-
tions avancé* s par Kous^ean. Que de
.sujets pourii ritcrl'anioui-jjropre d'un
GLU
homme qui , sans doute, avait le sen-
timent de ses propres forces ! Vers
1770, le bailli Du Rollet , que sou sé-
jour à Vienne avait lié avec l'auteur
àiAlceste , entreprit de mettre en
opéra VIphigénie de Racine. 11 res-
serra le drame en 5 actes, supprima
l'épisoded'Eriphile, mit le dénouement
en action d*après une idée fournie par
Racine liii-même, et , du reste , con-
serva le plus qu'd lui fut possible la
versification du moderne Euripide.
Gluck mit une année entière à com-
poser la musique de cet ouvrage; lui
qui , naguère , notait en quinze jours
un poème italien. 11 s'agissait ensuite
d'ofirir au jugement des Parisiens un
travail spécialement conçu pour leur
plaire ; et le bon Allemand eut lieu de
reconnaître qu'en mettant à bien son
entreprise, il n'avait p;is surmonté les
plus grandes difficultés. La simple
annonce de sa tudesque harmonie
avait soulevé contre lui tout le peuple
des musiciens , et la classe plus nom-
breuse, plus indocile encore des ama-
teurs. 11 ne fallut pas moins qu'un or-
dre de la reine Marie-Antoinette, jadis
élève du chevalier, et sa constante
protectrice , pour f »irc recevoir à l'O-
péra Viphigénie. Enfin, en 1774»
Gluck vint à Paris : il avait alois
soixante ans ; et, le 19 avril de celte
année , on donna la pn mière repréi
sentation d'Iphigtinie. S\ le concours
des spectateurs était prodigieux , le
succès de l'ouvrage le fut également.
On (il r<'C()n»inencerrouvertiue, chose
inouic dans les annales de l'Opéra; el
la |iièce obtint d'un bout à l'autre les
mêmes a|)plaudis.H(inents. Le 2 août
de la même année , on exécuta l'opéra
d'(>r/>A<r (1) , dont M. Moline avait
(0 Non» nr |inrlniii ici qiir (Ici o|irriii A'HcIrtit ( i^ \.a pjirtilion ilnliriine tV Orphre . impriiiirek
ri iV (li/ifiie , tjr rw/t«"/c' nr lui |i(>inl ulori rr- n Viiiuif ru >'0\, fut :iii«*i piiblitie « P.trisdiPl
rri'iKMii'P m Itjl'fl, n i:Hiiir <lr lu •lifficull^ ile Ki vriivr DurliitiK! , nvrr un btuti rrunii^pii-r ^im-
eaieulion , «la Glutk lui-iutute ( *^^^)• ><^- l^' » p«rulci Uc Calutigi .ivattui rtv lrailviiVc%
GLU
mis en franc lis les paroles. Les ac-
cords ravissantsduclianlre de Tlnace,
lc5fn^/ordes furies ( i ) , loul ii'eli.irmc
répandu dans cet ouvrage, enlevèrciil
les suHrageSjCl reconeilièient,pour nn
moment , avec Gluck , les partisans
fruiçais de la musique itniicnue. Deux,
compositions, d'un mérite bien inlc-
1 ieur , suivirent VOrplèâe : V Arbre
enchanté , de Vadc , mis en vers par
lMolinc,ctrepresenteà Versailles le •l'j
février 1775, et la Cjthère asHégée y
de Favart , donnée sans succès à l'O-
péra, le 1^'. août de la racine année;
ce qui fit dire à l'abbé Arnaud qu'lJer-
culc savait mieux manier la massue
que le fuseau. Le 9.5 avril 1776, parut
\Alceste, mise en français par Du Rol-
Ict. Cette pièce, remplie du pathélique
le plus sublime, est, par son sujet
même, esscntie!lement monotone,
puistiu'unc tristesse constante en fait
la base ; et, quoique assez exactement
imitée 0! Euripide , il n'a pas fallu
moins que tout le ç;énie de Gluck pour
en rendre la représentation supporta-
ble, pour soutenir pendant trois actes
une action qui ne roule que sur deux
passions , l'affliction et l'cifroi, et dont
le dénouement, plus que simple , est
facilement prévu. On rapporte qu'un
homme se plaignant à Gluck de l'air,
Caron t'appelle , motivé sur une seule
note : « Ami , lui dit le composi-
» teur , dans les enfers les passions
» s'éieigncnt et la voix perd ses in-
» flexions (2). » Nous possédons des
en prose française dès 1704- Toutes les partitions
franç.iises soiil};ravéfS ; mais la plupart foiirniiUcnt
«le fautes. On sait que cr fut Pliilidor qui fui Tedi-
teur de 1.1 pjriiliou d'Orp/i'-c, et qui y pilla sans
scrupule pour sou Sorcier cl son Lmëlirule.
(i' On a trouve dans les papiers de Rousseau ,
et p'iblié après sa mort une Réponse du Pelil-Fai-
leuràion préle-noni, sur le (#.nss;!gc de VOrph^e
que nous indiquons ici. Elle coiilieni d'utiles ob-
o-rvrflious sur la n-'iture et l'emploi du genre en-
i>.irmoiiique .
[ij Ne pouv. ni tirer des inslruments , par la
voie ordinaire , des sons assez sourds et assez lu-
j^ubres pour accompaf^ner ce morcian,on assure
^uau\ repiilitions il imcjjina d ûbcucLcr les cora
GLU 5i9
fragments d'observations de Rousseau
sur ÏAlceste italienne. Elles con-
tiennent les vues les j)liis profondes
et les j)lus neuves sur la nature de
la musifjuc dramalifjue , et sur les
trois parties qui la constituent. L'au-
teur y montre que, si l'accent, dé-
terminé par le poète, asservit en quel-
que sorte le musicien sous sa loi ,
ce dernier a du moins les ressour-
ces du rhylhme et de l'iiarnionie ,
dont l'heureuse combinaison lui per-
met souvent de voiler les défauts du
premier , et de suivre sans obstacle
l'impulsion de son génie. Plus de douze
bistres n'avaient point afïiiibli relui de
Gluck. L'année 1777 vil paraître VAr-
mide de Quinaull, mise jadis en musi-
que d'une manière si lamentable par le
Florentin Lulli. C'est la seule pièce en
cinq actes du maître allemand , per-
suadé qu'il était que l'allenlion de l'au-
diteur se faîiguebeaucoupplus prorap-
temenldans les compo.sitions musica-
les que dans les tragédies déclamées.
Armide excita d'abord une vive fer-
mentation dans le public; mais la magni-
ficence du spectacle, la perfection du
récitatif, l'habile emploi des contrastes,
en assurèrent le succès. Celle pièce eut
plus de trente représentations consé-
cutives; et, en janvier 1778, c'est-
à-dire, en moins de quatre ans, les
quatre opéras nouveaux avaient pro-
duit plus de 900,000 francs. En don-
nant à Larrivée le rôle ingrat du che-
valier Duuois , Gluck lui avait dit:
« Un seul vers vous dédommagera , je
» l'espère , de votre complaisance ;
» c'est le vers : Noire général vous
» rappelle, -t^ Jamais prédiction ne fut
mieux accomplie. Un sujet plus tra-
gique et ])!us sombie , sujet dont l'a-
mour est exclu , où deux amis , pour
deux à deux ; en «ortc que le» tons , en se lieiir-
tant au passade , produisirent reflcl «iéch'rant
el Idiiiijic (ju il se proposait. Z.
:r2o GLU GLU
sauver l'un d'entre eux , se rouent rc'- et sou médecin n'y connaissait pas do
ciproqucmeutà la raort, oùleurbour- plus puissant remède que. de mcltic
jcau doit cire 1.1 propre sœur de l'une sous cief tous ses inslniiucnts. En
desvidimcs, Iffùgénia en Tauride, 1778, le i/^niars, le poi avait fait
tcrmiiLT la carrière lyrique de Gluck, placer, dans le foyer de l'Opéra, le
en f -^-jç). Nul ornement étranger, nulle buste de Gluck , exécuté par Houdon ,
vaine punipe, nri'Ie danse Icj^ère , n'ai - sur le produit d'une .souscription for-
tcrent IViustérite'dece dranii . Un seul uieV par les admirateurs de ce grand
ballet s'y trouve, et ce ballet faitfré- maître. On a remarque qi:e ce buste
niir. Les chœurs, rais en aclion^ sui- fut le seul préservé des ravapicscleTin-
vantla mclbod'' giecque, loin de nuire ccndie qui consuma la salle du Palais-
à l'intérêt, le fortifient; ces chœ^irs lloyal. La révolution opérée dans la
qui j idis n'étaient, comme le dit piai- * musique en France, par le clicva'ier
sammentral)béArnaud,quedesluy3ux Gluck, fut le signal d'une guerre pres-
sonores , faisant entendre une savante que aussi vive, mais beuieuscment
pièce d'orgue. LapiècccommcnccavcG moins sanglante qiicceilc qsu, depuis,
le premier coup d'archet, et n'a point a désolé l'Europe vingt-cinq ans. Les
d'ouverture préliminaire. On ne sait vieux amateurs , qui se pâmaient en
ce qu'on doit le plus admirer, delà entendant les trilles, les cadences, l»s
lerapêle, du songe d'iphigénie , du ports-de-voix des Fel et des Géliot,
chœur des Ei:mén:dcs , des adieux défendirent avec acharnement leur an-
«fOreste et de Pylade. Lorsqu'après tique et traînante psalmodie. Les Z>of^
ses fureurs, Oresic accablé dit: Le funistes , plus exclusifs encore, ne
calme rentre dans mon cœur ^ pour- voyaient de muvique que dans les rou-
quoi , demandait-on à Gluck, ce mur- lades , les cavalnies et les cantahile,
mure des basses , ce glapissement Piccini débuta sur la scène lyrique
//<?5 vioZon.s? Il ment, répond ce grand en 1778, par l'opéra de Roland; il
lïomme, il a tuésa mère. JNousne fe- donna depuis, comme Gluck , une
j'ons qu'mdiqucr l'opéra (ÏEcho et Jphigenie en Tauride. Dès ce nio-
JVarcisse j doimchï même année. Ou ment, tout Paris fut ou Gluckiste ou
rencontre quelques beautés dans la Piccinis'e. On attaqua , on défendit,
musique; niais, en général , elle se on se distribua force injures; (t snr-
jcssentdu mauvais choix du sujet, et tout on compara des choses qui u'é-
cie la faiblesse du poème. Gluck avait taient nullement comparables. l'ji eflVl
entrepris un opéra de Roland ; mnis il la faetiue de Gluck et celle de l^iecini
jeta ses papiers au feu quand il sut que présentent entre elles de telles diflé-
Piccini .s'occupait du même sujet. Il a renées, qu'il est impossible de s'en-
laissé ifnparl.ut celui des Danaïtlcs y tendre quaiul ou veut rapprocher les
que Salicri termina de la manière la ])rocédés employés par chacun d'enx.
plusheu) euse.Celopéra fut ie[)résenié (hioi qu'en ])uissent dire les partisans
*ii ] 78/1. Rassj>ié d(; gloire, comblé du dernier, ses jolis chants ne sont
<le richesses, Gluck r{ tourna dans sa qnedelanursicpieitalienne.Onyirouvc
]>atrie veis I "87, Il mourut à Vienne , iV'^ beautés sans doute , une harmo-
d'unc attacjiie d'apoplexie , le l 'i no- nie brillante , dis coupes Ireiireuses ,
vembre 1 787, laissant une succession des tableau\ vrais , des scènes patlié-
<le plus de tioo, 000 livres. Il avait été' lupu'.s , niais point d'unité. Tout cria
l'ujle sa vie sujet au choiera- mm hits ; ne fera jamais de 1) musique drama-
tw]!;c. Quant à (iluck, pour se coii-
vauicrc (le sa supcrioiitc' sur les autres
in;iîtrcs,il sulVil de remonter aux prm-
ripes lie l'art. Les sons n'en doivent
.'irc que la matière , comme la terre
l'est pour le sculpteur, les couleurs
jKiur le peintre. Aussi Gluck a-t-il dit
souvent qu'avant de composer , il
tachait d'oublier qu'il était musicien.
Lnili^r l'ac< cnldespas^'ions, peiudreles
objets qui , picseiils o<» rilrace- sur la
scène , concourent à l'action drama-
tique , tel doit être le dou])le but de
l'arliatc- De ces deux p^inlurcs , la
secoirde ajiparlient à rorclicslre : et
quel maître a su tirer des in«frumcnls
un aussi grand parti que Giuck ? Sou-
vent , dans ses compositions , ils pei-
gnent les tableaux les plus vastes, les
images les plu5 terribles. C'est dans
son orchestre que vous trouverez la
pompe imposante des sacrifices, les
îioncurs de la ç^uerrc , rcffort des
vents , le mugissement des tempêtes ,
l'éclat de la foudre, le cri qui rappelle
à la gloire l'amoureux lîenaud , la
peinture elïVayante des enfcis, le gé-
missement des mânes, l'aboieraent de
Cerbère , le calme inaltérable des
Champs-Elysiens. C'est Gluck qui, le
premier en France , a lait connaître le
trombone, dont l'empioi, sagement
ménagé , donne aux peintures de l'or-
chestre une couleur si vigoureuse. Pos-
sédant à fond le génie de \a langue
française , il saisit toujours avec jus-
tesse renchaîuement des [)hrascs , la
coupe du discours. Il ne faut que par-
courir ses ouvrages pour reconnaître
que , partout , il observe l'accent lo-
gique avec le j)Ius grand soin ; ce que
nul aulre musicien n'a fait. Lorsque la
facture d'un air nécessite la répéiilioii
des paroles, il l'amène adroitement,
et sait les couper avec une habileté
r.iie. Nous n'en citerons poiu' exemple
que l'air d'Iphigénic : Cruelle , non
r.
GLU 5m
jamais votre inflexible cœur, etc.
Mais ce (pii d(jit surtout éterniser s »
niémoire , ce (jui l'élève teliement au-
dessus des nulles composit<'urs, quil
nous a ravi tout espoir de voir naître ja-
mais son égal, c'est son inépuisable ta-
lent pourlegcîin: p.ilhéli'jue.Décîama-
teur consomme, il a saisi l(\s infl» xions
mcmc de la nature ; rt, rapprcjchant, à
IVxemple des anciens, le (h'aitdc la
déclamation, il semble avoir défrrrai-
né le point où finit l'une et où l'autre
commence. On lui a reproche de jnan-
quer de chant, tandis que Rousseau ,
le plus éclairé des juges en celte ma-
tière, disait que léchant lui sortait par
les porcs. Que répondre à des gens
qui ne trouvent de chant que dans nos
insignifiantes ariettes , qui bornent î.i
musique à l'agréable combinaison des
sons, et qui se soucient fort peu d'être
émus , jiourvu que leur oreille soit
satisfaite? C'est préférer le menuet de
Marcel et les pirouettes de Duport
aux pantomimes de Noverrc. Nous le
répétons , et chacun avec de la bonne
foi peut s'en convaincre, le grand mé-
rite des compositions de Gluck est
que toutes les parties en sont liées
entre elles , et présentent néanmoins
une telle variété, que l'auditeur arrive
à la fin du drame sans s'apercevoir
que son attention ait été captivée. Son
chant , simple et naturel , n'est jamais
déparé par des ornements superflus ;
son récitatif est rapide , vrai , tt)Uio;jrs
noble; ses airs de danse (i) sont de
la plus aimable fraîcheur.Ses chœurs ,
toujours en action , loin d'alfaiblir l'in-
tciét, ajoutent souvent au pathétique
de la situation. Enfin, ses ouvrages
sont le résultat d'une méditation telle
(i) Dans toutes les traj^c'ùies lyriques di; Gluck ,
ses ^irs lie «iaiisc j)<>rl«'nl .lu plus haut ilej-rc le e. -
r;iclcri; tles peisoiina.;;» ;:. du pays et île I i silualiori.
Il est asicz rein<irt]uul)le que cet boniiue , auquel
SCS ennemis refusincut «lu c/i»iu , sjil le »eul qui
ait su faire Uacif t. '£.
5i2 G L U
que, presque toujours, il mettait une
année entière à préparer son sujet
avant de rien écrire, et qu'il n'a pas
donné d't>pér.) qui ne lui ait coûté au
moins une m;iladie. Burncy l'appelle
le Michel- An^e de ia musique ; le P.
Martini, et Wieland , nssez mal nom-
mé le T^oltaire de rAIIem.igne , lui
donnent les plus grands éloges. Un
derni(T tr.iit achèvera de prouver com-
bien Gluck fut supérieur aux autres
lijusicicns par l'instruction. Rousseau,
fiaj)pé de la sévérité du rôle d'Hélène
dans l'opéra df ce nom , disait : « C'est
y> comme Spartiate que Gluck a peint
* Hélène; mais il a fait un anncliro-
wnismc, puisque Lycurguc ne dicta
» ses lois aux Lacédémoniensquelong-
» temps après la femme de Ménélas.
» — Aussi , répondit l'artiste , ce n'est
» point par celte raison que j'ai peint
» Hélène sévère , c'est parce qu'Ho-
» mère nous ia représente ainsi. »
(Homère ditqu'clleétait estimée d'Hec-
tor.) Plus les compositions de Gluck
sont parfaites, plus on conçoit qu'il est
facile d'en dénaturer l'expression si
l'on en altère le mouvement. « Que
» Ton fasse, dit-il lui-même, lemoin-
» dre changement à mon air, CheJ'ard
V senza Euridice , soit dans le mou-
>♦ vement, soit dans la tournure de
» l'expression, et cet air deviendra un
» nir de marionettes. Il ne serait pas
n même impossible d'en faire une con-
» tredanse. » Aussi , du temps de
(iluck , avions-nous proposé de fixer
le mouvement de Ions ses airs par le
moyen du duonomèlre. (lel utile pro-
jet est jus(pi'i<:i resté sans exécution ( i ).
I I ) l)i> luit l>r.-iiiriiiip ili; liriiil m et* iniiiiit'iit
ii'un rhroiioiiii Ir K ipir l'on \iiu<lriiit I urr niiJsrr
liiMir unr iiivriition iiDiivcllr , rt t|iii <l< vait, ilil-nn,
« IfC ninployi! , un <!iiiMri'vntoirr de l'.irii, pour
litrr Ira niduvrmt'nls <lrf «liviirn i roiupiMiti<>ii«
rLiisiiinri. Ir (°liriiii<>iii<Mrr n'iril <|iriino u|>|ilii'j-
It'in |i'irti<-iilicrn du |iriidiili' , cl smi ii>ji);ii cit
GLU
Aujourd'hui, la tradition est perdue ;
et ses opéras ne sont plus exécutés
comme ils devraient l'être. L'abbé le
Blond, enthousiaste du compositeur
allemand, a réuni, sous le titre àc Mé-
moires pour servir à Vhistoire de la
révolution opérée dans la musique ,
etc. , Paris, i-jBi , in-8'. , quelques-
unes des pièces publiées pour et contre
pendant la guerre musicale. M. Suard
et l'abbé Arnaud figurent parmi les
défenseurs du chevalier ; Framery, La
Harpe et Marmontel , prirent le parti
des Italiens, et se couvrirent de ridi-
cule par leur ignorance dans l'art qu'ils
voul.iient traiter. Riedel a donné, en
allemand , un livre intitulé : Sur la
musique du chevalier Gluck, Vienne,
177.5, in-S". D. L.
GLUCK (Ernest) était pasteur
et archidiacre dans la petite ville de
Maricnbourg en Livonie. Ce fut dans
sa maison que trouva un asile cette
jeune fdie d'une origine obscure
et presque inconnue , que des cir-
constances extraordinaires élevèrent
ensuite sur le trône de Russie sous le
nom de Catherine L Les Russes ayant
pris Marienbourg sur les Suédois en
1702, après un siège très meurtrier ,
tous les habitants de celle malheu-
reuse ville furent exilés et dispersés
en différentes provinces de l'empire.
On n'épargna point le pasteur, qui,
après avoir éprouvé des traitements
bail>ares, fut envoyé à Moscou avec
s» famille, y compris la jeune fille,
dont il était le protecteur. On con-
naît les destinées (|ui la conduisirent
au faîte des grandeurs. Gluck , de
< lin , li(»rln';rr ou l'aUi» RiivhI , m fil voir un au-
iiiicl il doiiiuiit Ir nom «le rlij tlnuuiiirlrr. A r^g«<
jilt' !■> plus |>iirl'<iile dans l<<t «m illilions , cet iiis-
triiinc lit joi^ii.iii Ir incrtlo piirlioiilicr «te pouvoir
iii rclirrr un rclnid**)' n noIoihc et;* os cil lut ions , cl«
sorif ipic , p.ir un ini (i.iiii«ntiJ trvs simple , le innt"
Irc .Ml Ciiniliii tnir pouvait « son ^xé prrtscr oi|
»ii(i('ii. l'onri^lrr nni t , il doit , coiniur « c di rnirr, r ilriilir la iiiri nre , s 111.1 «'prouver , dai;s cv» divcH
#i*ir un ( •inpCBMU'ur. Lu 17^7 , ua uoiuiuO Uu' tbuu^'suicul) , lu plu* k^jnr rclarii.
r. LY
concert nvic le pic'rcptc nr île ses m-
l'riiits, cl.iblil dan^ le palais Narisch-
kiii à Moscou un iuslitul tVcducalioii ,
et traduisit lui-mnnc ou fit traduire
en russe MU <;raiid nombre d'oiivra«^es
allemands, li mourut au moment où
rorpliclinc qu'il avait lerucdlic dans
sa détresse eomnjençail à entrer dans
Il eairière de la fortune, et cajitivait
le cœur de Pierre-h'-Cirand. Parvenue
jus([u'au trône , Catherine i/oublia
point la famille qui avait protc|:^é son
enfance. Gluck avait laissé un fils et
une fii!e. Le fils, qui s'était appliqué
avec beaucoup de succès aux éludes ,
fut employé comme conseiller dans
le dépai temcnt des finances. Modeste
et même timide, il ne chercha point
une fortune brillante, et se borna à
remplir avec z-èle les devoirs de sa
place. Sa sœur, Marthe Gluck, de-
vint dame d'honneur de Timpératrice ,
qui lui fil épouser l'amiral Viilcbois.
C'était un Français que le sort avait
conduit en Russie au commencement
du règne de Pierre, et qui avait gngné
l'aflc'Ction de ce monarque pai'la viva-
cité de son esprit et ractivilé de son
caractère. Il était veuf lorsqu'il épousa
]\[arlhe Gluck ; et il laissa de ses deux
mariages des fils, dont le plus remar-
quable a été le grand -maîlre d'artil-
lerie Alexandre Viilcbois , qui , dans
nu â^e avancé, chercha à plaire à Ca-
therine II, et qui, ])our témoigner son
dévouement à cette princesse, contri-
bua a lui faire oblenir le pouvoir su-
piêrac au moment où ce pouvoir
cchajip.iit à Pierre lll. C — au.
G L YCA S ( MicuEL ) , l)islorien
byzantin, habitait en Sicile, et vivait
au xv*". siècle selon quelques criti-
ques ; mais l'opinion commune le
place au xii*". Le savant C. G. Waich,
qui a inséré dans les IMémoires de
Vacadémie de Goltingue ( i ';8o, tom.
y^ hist. pag. i8-44) ; ^^^'^ Disscita-
G T. Y
). »
lion spcViale sur cet (»!))( t, finit par
l.iisser indécis ce point de chronolo'
gie. G ycas composa en grec des y/n-
lutli'S qui trait< lit de ce qui s'est j>a^sé
depuis la cré ilion du niondc jus(ju*à
Alexis Comncnc , mort en iiiB.
Celle chronique esl encore consultée
avec fruit, non seulement pour quel-
ques faits historiques, mais encore
])0ur des notions qui servent à l'in-
telligence des livres de la Bible , et
qu'il a tirées d'auteurs que nous n'a-
vons ])lus. Lcunclavius , qui publia
en latin cet ouvrage ( Baie, i57'>. ,
in-8".),y ajouta une cinquième [)ar-
tie, qui conduit jusqu'à la prise de
Constantinoplc. Meursius donna une
partie du texte grec ( depuis CeVar
jusqu'à Constantin le Grand), d'a[)rès
un manuscrit d'André Schott qui at-
tjibuait ce fragment à Théod. Meto-
chita, et y joignit nue version latine
et des notes , Leyde, 1G18, in - f\\
Enfin, l'ouvrage entier, grec et latin,
fut publié par le P. Labbe , Paris,
1660, in-fol. Cette édition , qui est la
plus complète et la seule qui soit re-
cherchée, fait partie de la Byzantine.
Glycas est encore auteur de plusieurs
Lettres qui sont instructives et cu-
rieuses. La plupart roulent sur des
matières théolo^iqufs. On en trouve
quatre-vingt-treize dans un manuscrit
de la bibliothèque royale de Turin :
J. Lami n'en a publié qu'un petit nom-
bre (1), d'après un manuscrit de la
Bicardiana, qui n'en contient que
quatorze. C. F. Mattha.n en a aussi
publié quelques-unes d'après un ma-
nuscrit de Moscou, Leipzig, 1777,
in-8". C. M. P.
(i) 11 en a donné cinq dans le premier voliinif
de ses DeiicicK eruditoriim , i^^G, in-8°., et cin<^
linns le septième en i7'ij)- U a donné si'piirrmcnl,
vers f^S, le discours de Glycas, (ifi inonachuni ,
De clatitale priini Ad^v. François Foiitana a,
pul)lic les (jualre autres lettres (|ue contenait 1"
manuscrit de la Ricardian.i , dans les NqVix Ollir
<ij<.^!U-n (hlicitK y t«m. i, ijiij, iu-S*^.
5^4 G L Y G M E
GLYCÉRIUS, empereur romain îion qui porte son nom , ne fui inlro-
d'Occident, fut un de ces souverains duiîe que postcrieureFnent au siècle
que les barbares, depuis longtemps d'Alexandre; et le silence que géirde
maîtres de l'empire, plaçaient à leur Pausanias sur ce sculpteur doit faire
grc pour quelques instants sur un penser qu'il avait peu travaille' pour
tronc dégrade dont rien ne pouvait la Grèce sa patrie. On peut en con-
rctarder la cbute. Ricimer avait fait dure qu'il fut du nombre des artistes
couronner Olybrius , qui mourut grecs que la magnificence et la puis-
presque aussitôt en 47^- Giindo- sance romaine appelèrent en l'alie
bald, prince bourguignon , neveu de vers la fin de la république. L'abbé
Ricimer, voulut aussi faire un cm- Dubos s'est trompé en avançant que
pereur j il revclit de la pourpre Gly- PliueacitélenomdeGlycon.L — S — e.
cérius , guerrier obscur, attaché à son GMELIN (Jean-George), bota-
scrvice. A peine sur le trône, Glycé- nistc allemand, fils de Jean-George
rius \it attaquer l'Ilalie par \ide- Gmelin, habile pharmacien de ïubin-
mir, roi des O^trogolhs , et obtint à gen, naquit dans celte ville en 1709.
prix d'argent qu'il se retirerait dans Jl fréquenta l'université dès l'âge de
les Gaules. L'année suivante, Léon, quntor/.e ans , et prit ses degrés en
premier empereur d'Orient , irrité médecine en 1727 : voyant que plu-
que Glycérius eût été nommé sans sieurs de ses maîtres étaient partis
son consentement, donna l'empire pour Saint Pétersbourg, il s'y rendit
d'Occident à Jules Népos , et le fil dé- aussi, et s'y distingua bientôt par son
clarcr Auguste à Ravennc. Glycérius , habileté dans l'anatomie et la pratique
surpris dans Rome par son rival, con- de la médecine ; il fut reçu membre
sentit sur-le-champ à renoncer h l'em- de l'académie des sciences, el, ayant
pire, et à recevo r la mitre et l'éve- voulu retourner dans sa patrie deux
ché de Salone en Dalmatie. On doute ans après, on le retint en lui faisant
si ce fut ce même Glycérius qui de- accepter la chaire de chimie et d'his-
viut archevêque de Milan pour s'être toire-naturelle, qu'il remplit avec beau-
prêté h l'assassinat de Népos en 4H0. coup de talent, il ne s'était engagé à
L — S — E. rester en Russie que jusqu'en i755;
GLYCON , statuaire grec, n'a été mais il ne put résister au désir de
cité par aucun auteur ancien; mais faire partie de la caravane savante que
son nom est immortalisé par le chef- l'impératrice Anne Iwanowua avait ré-
d'œuvrc qui nous l'a transmis. La sta- solu d'envoyer poiir explorer la Sibi-
tuc dite V Hercule Farnèse ^ ou- rie, et pousser ses recherches jusqu'au
vragc de Glycou , comme le témoigne Kanitschatka , pays encore presque
riuscripliuu qu'où y lit encore, réu- ineonuus. l/cxpéditiou était composée
nit toute la vigueur et le grand carac- de (i'ueliii, comme naturaliste, de
îère que les plus anciens sculpteurs Deli^lc de la Croyèrc, comme astro-
grees firent briller dans leurs ompo- nome, et de G. F. Millier, comme
.■citions il la finesse de rexéculiou, h historien. Ou leur adjoignit six étu-
la grâce , au moelleux, qui disliu- (liants, un interprète, cinq géome-
guèrent les ouvrages de Praxitèle (t 1res, un niécanieieu , un peintre et un
de ses imitateurs, (i'e.st parmi ces der- dessinateur. JVring, Tchirikoll et
niers qu'il fuit placer Glycon. La ^|)angenberg, faisaient aussi , comme
forme de \'ume^a f.) dans l'inscrip- marins, pailie de l'expéilition ; mais
G M E
ils parlireiil avant les acadcmiciens.
(-ciix-fi se mirent en roule avec leur
troupe If S août i -^53, |)as.sèient par
('a^^an, entrèrent en Sibirie à la (in
(le (Ucenibre , et à Tubolsk le âo jan-
vier 17') |. Dclisie 1<S (piitla pour al-
b'i' rejoiMiIre, avec le dflailic'iiicnl tie
marins, le capitaine Ufiin^: Gtnelin
et Millier s'enib.uq'ièrent le .14 mai
sur i'irliscli , qu'ils remanièrent au
milieu des jjteppes habitées par (les
liortles nomades. On y voit cp irscs les
ruines de monuments qui attestent le
séjour d'un peuple plus civilise. C'est
dans une de ces ruines qu'avaient cte
trouve's les manuscrits tanguts décrits
j>ar Bayer, [^es voYaj;eurs voulurent
aller visiter le temple d'Ablaikit; leurs
préparatifs étaient faits : des obsta-
cles ks retinrent j ils se contentè-
rent d'y envoyer un détachement.
Après avoir examine' les mities de cui-
vre de Kohwan , ils f;aç;nèrcnt le
bord de l'Obi, puis ceux du le'nisei ,
et allèrent passer l'hiver à Icniseisk.
« Le froid y était si excessif, dit Gme-
» lin 7 qu'à la mi-dccembre, l'air mê-
» me p iraissait gelé; la brume con-
» densëe ne laissait pas monter la fu-
» me'c des cheminées. Plusieurs oi-
» seaux tombaient du ciel comme
» morts. » En février 1^55, Gmelin
et Millier se remirent en route pour
Irkoufsk; traversèrent, le 27 mars,
le lac Baïkal encore gelé, et retrou-
vèrent Delisle à Kiatcha , placé sur la
frontière de la Chine, au milieu d'une
misérable steppe, qui ne produit rien.
Après être retournés à Selinginsk, ils
se dirigèrent vers l'est, visitèrent les
rames d'argent d'Armin dans le pays
des ïuDgouses, et allcrenlbien près du
fleuve Amour. Revenus vers l'Ouest,
ils traversèrent le lac Baïkal à la voile.
Une tempête affreuse les y accueillit.
Ees bateliers l'attribuèrent au cour-
roux du Baïkal, irrite de ce que les
r,»*:
GME 5'2»
voyageurs, nu lieu de l'appeler mer,
l'avaient simplement traité de lac. Oii
passa l'hiver à likoutsk. Dès le mois
de janvier i-^TyC), les deux académi-
ciens parcoururent les pays arrosés
par l'Angara et la Lena , et se sépa-
rèrent, (imeiin , arrivé à Iakoutsk eu
septembre, y retrouva Millier et De-
lisle. A celte distance immense de St.-
Pélersbourg, les ordres du gouverne-
ment n'obtiennent pas toujours une
obéissance complète. Les académiciens
et leur suite eurent bien de la peine à
se procurer des logements passables :
dès la fin de scpîernbrc, la Lena cha-
ria des glaces ; et pour mettre le com-
ble aux désigrémen'.s que Gmeliu
éprouvait, un incendie affreux dévora
SCS livres et le fruit de ses dernières
observations. L'hiver fut plus doux et
moins long qu'on ne l'aurait cru; et,
le 20 îuai ï7'57, Gmelin et Midler
purent examiner les environs de Ia-
koutsk , en attendant l'occasion de
partir pour Ochol>k ; mais , malgré
leurs représentations réitérées , ils ne
purent se faire donner par les agents
du gouvernement les objets qui leur
étaient nécessaires pour eutrepren Jre
cette longue cî; pénible route, et aller
ensuite jusqu'au Kimt>chalka. Voyant
qu'il n'y avait qu'inctrtitude sur le
temps et les moyens de continuer
le voyage jusqu'au terme qui leur était
prescrit , il leur parut convenable de
remonter la Lena , tandis que Delisle
la descendrait. Gmelin avait d'ailleurs
à réparer la perte que lui avait fait
éprouver l'incendie de l'hiver précé-
dent ; ainsi , après avoir recueilli , avec
Millier, tous les renseignements qu'ils
avaient pu réunir sur Likontsk et le
]iaysd*a:entour,ils résolurent de passer
l'hiver à Kirensk, sur le Haut-Léna,
Ii< u 011 ils étaient à l'abri de toute es-
pèce d'importunité, et <a portée de cor-
respondre facilement avec toutes les
bS G ME G ME
TJlles de la Siblrie. Rien ne troublait ciens , Gmeliii écrivit qu*i! diffVrcrail
la tranqiiil'ilédoiit ils jouissaient dans son départ ju'^qu'à ce qu'il connût les
celte solitude, lorsque la mauvaise dernières résolutions de la cour , et
santé de Millier le contraignit à partir, que dans l'intervalle il parcourrait les
ru novembre, pour Irkoutsk , où il es- pays silue's sur les bords du lénise'i , eu
gérait d'ailleurs obtenir de la chan- remontant jusqu'à Krasnojarsk.il s'ar-
celierie des secours pour le voyage an rêta là avec Miiler , qui le quitta le 2
Kamtsctka. Ceha fut dans cet espoir février i740' ï^t; lôjum, Graeiiusor-
qucGmclin quitta Kirensk, en février tit de sa solitude pour examiner les
itjS, pour rejoindre son compa- déserts voisins j et deux, mois après il
gnon : il y arriva malade; les frimas reçut un exprès qui lui fit espérer soa
lui avaient pénétré le corps. Les solii- retour. 11 se rendit aussitôt à Tomsk ,
citations des deux académiciens au- où il trouva J. E. Fischer, son nouvel
près du gouverneur, qvii fit pour les adjoint pornr les recherches histori-
obliger tout ce qui était en son pou- qucs,qui partit pour Irkoutsk en jan-
voir, les convainquirent de l'impossi- vier i74ï'( f'oj. Fischer.) Ce fut
bilité de remplir complètement leur sur les bords de TOby , que Gmclin
mission. Ils convinrent donc d'écrire reçut, le 25 juin , la permission de
;i Saint-Pétersbourg pour demander retourner à Saint-Pétersbourg. Il se
leur rappel, et continuèrent, en atten- bâta d'aller rejoindre Millier à Tobolsk.
dant, leurs observations : ils visitèrent Ils partirent de cette ville à la fin de
les pays arrosés par l'Angara, et, le septembre, examinèrent, en i']^\'î ,
25 août, entrèrent à léniséisk. En une grande partie des pays situés entre
janvier 1 709 , Stellerairiva de Saint- l'Oby et le Jaïk, rentrèrent en Europe"
Pétcrsbourg, pour les aider dans leurs au commencement de 1 74^ » ^'^ P''^"
travaux. Ils l'envoyèrent rejoindre nant leur route par Wologda , arri-
Deiislc; et, dès que la navigation fut vèrcnt à Saint-Pétersbourg le iGjan-
ouvcrte,ils descendirent le lénisèi , vicr. Gmelin ayant obtenu, en 1747,
jusqu'à Mangaseia, près du G6". de la- la permission de retourner dans sa
lifude boréale. Le 21 juin, ils y vi- patrie, se démit de tous ses emplois
renl tomber une neige abondante: en Russie. Ou lui donna, en 1749, la
c inq jours après , la végét.ition faisait eli.iiie de botanique et de chimie à Tu-
des progrès sensibles. A leur relotir à bingen. L'ardeur avec laquelle il se
If'ni^éisk, Muller trouva des «lépêchcs livra au travail, et 1rs fatigues qu'il
qui le dispensaient de continuer ses avait ])rcV.édemmcnt éprouvées et qii
voyaf»es eu Sibirie ; mais en même avaient beaucoup altéré sa santé, lui
tf;nips,Guielin reçut ordre d'y rester, causèrent une complication de maux
et (ie se préparer à partir pour le auxfjuels il succomba le io mai i 755.
Kamlschalka le plus tut qu'il serait « Ce fut, dit Millier, une vraie porîc
possible. Il ne redoutait rien tant (pie » pour les sciences; car il s'en fallait
<:c voyage, prévoyant les peines (pie » be<iui!oup qu'il eût mis au net h s
lui ferait essuyer la mauvaise vo- » observations aussi nombrcu>îes qui-
lonlé de ceux dont il des ait dépendre » ciiri(usis(pi'ilavait failesen Sibirie. »
pour passer danscetteprescprile. Coin- On a de Gmelin: 1. Flora Sihirica
lue ou ne savait pas en« oie a S.-Pélers- siue historiu plantai uni Sihiriœ, St.-
boiirg, au (h^pail de ces lettres, l'ar- PéKrsbourg, 17^7-70, 4 vol.iii-4".,
Mvée de Slcller auprès des acadénu- lig. Ou y trouve la dcscnpliou d'une
G M E
fonlr ilo plantes iioiivellcs , \.\ figure
et 1,1 description dc't.ulN'e des [)liis
rares , et tout ce qui concerne leurs
divers usages chez les ii'itin els du pays.
H dicr, (pii donne des eloqes à la cri-
tique botanique de cet ouvrage, avait
vu les dessins ojiginaiix; il assure
qu'ils étaient faits avec une liabilele et
une vérité dont la gravure n'approche
pas. Les plantes sont classées d'après
la méthode de Van iloyen. Il devait y
avoir un !j^. volume pour la erypto-
gamie. S. G. Gmeîin, neveu de l'au-
teur , et éditeur des 2 derniers volu-
mes ,cn promettait la publication dans
la prctace du iv , , datée de Woroiicz ,
en 1769. Sa mort prématurée l'em-
pêcha probablement de tenir sa pro-
messe. Celle flore est préce'dée d'une
pre'face, dans laquelle Gmeiin trace à
grands traits la géographie physique
de la Sibirie , donne le sommaire de
son voyage , et l'esquisse de l'histoire
naturelle de la vaste contrée qu'd a
parcourue pendant dix ans. Il indique
dans des tableaux les plantes commu-
nes ou particulières à l'Asie et à l'Eu-
rope, et enfin celles qui sont, pour
ainsi dire , fixe'es à un coin de terre.
Strahlenberg avait pose' les limites de
l'Asie aux monts Oural : Gmeiin , en
suivant cette opinion , lappuie sur
des faits qui l'ont fait adopter par les
ge'ographes. a C'est , dit - il, au - delà
» des monts Oural et du fleuve Jaik
» que l'aspect du pays , les plantes ,
•> les animaux, l'homme, enfin, et
» tout ce qui l'entoure, prennent une
» physionomie nouvelle. » 11. f^o/a-
ge en Sibirie, de i -jdS à \']\'5,
Gottingen, lySi-o?. , quatre volu-
mes in-8 '. , fig. (en allemand). Gmeiin
s'y montre très savant , observateur
e^act , mais narrateur trop minu-
tieux. Il a surcharge sa relation, dont
le fonds est du plus haut intérêt, d'une
foule de détails insignifiants et très
G M K 59.7
cnnnyruT. C'était pai- un motif dont
on doit lui s.ivoir gré. « Je ne inc
» rappelle jamais .san> plaisir , s'ccric-
» t-il dans sa préface , les années que
» j'ai employées à faire ce voyage j et
» je jn'im.igine qu'un journal (jui en
» présentera tous les événements ,
» causera une salisfaclion pareille au
)) lecteur qui n'a pas d'indilférence
)) pour son prochain.» Nous avons eu
français deux abrégés de ce voyage ;
l'un ])ublié par Keralio , sou> le litre
suivant, qui donne i'aualyse du livre:
Foya^^e en Sibérie ^ contenant la
description des mœurs et usasses des
peuples de ce pays ^ le cours des ri-
vières considérables , la situation des
chaînes de montagnes , des ^randey
forets , des mines , avec tous les faits
d'histoire naturelle (jui sont particu-
liers à cette grande contrée , Paris ,
1767,- 2 voL in-12; l'autre, inséré
dans le tome xv!!!*". de ^ Histoire gé-
nérale des Voyages , de Prévost.Ges
deux extraits sont faits d'une manière
absolument différente ; cbacim a ses
avantages et ses défauts. Le second
donne au moins les cartes et les figures
de l'original. Une particularité très
remarquable est celle qui a donné
lieu à celle réflexion de Millier : « Ra-
» rement , dit il , on verra l'exemple
» d'un voyage si pénible et si long ,
» entrepris par tous ceux qui en fu-
» rent , avec plus de courage et de sa-
» tisfaction que celui-ci. On s'cncou-
» rageait les uns les autres; on uené«
)) eliireait rien ; on était attentif à tout
» ce qui paraissait devoir tourner le
» moins du monde à l'avantage de ce
» dont on était charge. » Gmeiin ,
dans la préface de sa 2*70^ Sibirica ,
rend la même justice à ses compa-
gnons. Un accord si touchant et rare,
peut-être, dans des circonstances sem-
blables , fait le plus bel éloge de tous
ces savants. Il n'y a pis, dans celte
i'iS
G ME
relalion , de détails rclalifs à la bota-
itiqi.if.-. La cour voulut qu'ils fussent
réserves pour l'ouvrage qui traiterait
des plantes de la Sibirie. C'est peut-
ê're ce qui a donne lieu à queLjues
bibliograj/hes de dire que l'académie
dePe'iersbourg avait fait retrancher de
ce livre plusieurs passac^es intéres-
•sants. III. Une Dissertation sur la
production de nouvelles plantes de-
puis la création; traduite parKeralio,
cl insérée dans sa Collection de diffé-
rents morceaux sur VHistoire du
nord. IV. D'autres Mémoires sur la
botanique et la médecine ^ tant eu
l::tin qu'en allemand, imprimés sé-
pnrémentjOU dans les actes de l'aca-
démie de Pétcrshonrg , et dans ceux
des Curieux de la nature. Y. Fie de
Sleller, adjoint de la société des scien-
ces de Sainl-Pélersbonrg , Francfort,
1748, in-8'. L'auteur y retrace les
travaux de ce savant , rectifie les dé-
tails déjà donnés sur son compte, et
on ajoutf* de nouveaux. Linné , pour
reconnaître les services de Gmelin en-
vers la botanique, a nommé gmeZm«
un genre de sa didynamie ani^iosper-
inie : ce genre comprend des arbres
épineux de la famille naturelle des py-
rcnacécs , ornés de fleurs semblables
à celles de la tligitale. E — s.
GMELIN ( Philippe-Fri'dliuc )»
médecin, frère cadet du précédent,
naquit à Tubingen en 17.21. Après
avoir achevé ses études, il jiarcourut
la Hollande, l'Angleterre et l'Allema-
gnc, revint dans sa p^Uic en 174^ >
fut nomme médecin de la ville , cl , en
1750, professeur extraordinaire de
médecine. Il succéda à son frère dans
U's chaires de botanique cl de chimie,
et mourut le <) mai i 7GS. On a de
lui : L Otia botanicuy Tubing., i 7()o,
in-8". IL liecucil de renseipiements
sur les eaux minérales de licutlini;,
\hk\.j 17O1, iii-8", JH. Notice dé-
G M E
taillée sur les eaux minérales aci-
dulés du pays de Nassau , ibid. ,
in-S*". ( Ces deux ouvrages sont en
allemand. ) IV^ Uu grand nombre de
Mémoires sur la médecine, la bota-
nique , l'histoire natiirelle et la chimie.
V. Il a eu part à l' Onomatologia me-
dica compléta, Francfort et Leipzig,
1 754-55, 1 vol. in-8 '. ; et à l'Histoire
et explication des plantes , dont
Knôrr, de INuremberg, publia les fi-
gures, depuis 1750, sous le titre de
Thésaurus rei herhariœhorlensisnue
universalis. \ I. Des Mémoires dans
les- Transact. philosoph. cl dans la Bi-
bliothèque raisonnée. — Jean-Coniad
Gmelin, frère aîné des deux précé-
dents, et médecin renommé, avait
beaucoup voyagé eu Allemagne , en
Pologne et en Hongrie. Il acquit de
grandes connaissances en chimie et eu
métallurgie. Il publia, mais sans y
mettre sou nom, un grand nombre de
dissertations dans les Mémoires de
plusieurs sociétés savantes , et mourut
ea nSg. Il fut père de S. T. Gmelin.
E— s.
GMELIN (Samuel-Treopuile),
naquit à Tubingen, le 'ïô juin 1745.
Apres avoir obtenu le bonnet de doc-
teur en médecine à l'âge de dix-neuf
ans, il alla achever ses études à Leydc,
où la conformité de go ut pour l'histoire
naturelle le lia avec Pallas. Les cir-
constances dilliciles où il se trouvait,
lui firent naître l'idée de s'embarquer
comme chiiurgien sur un navire des-
tiné pour les Indes Orientales ; mais
il se contenta de s'établir, en attendant
des secours de sa f.uuille, dans la pe-
tite ville de l.i l>rille. Le voisinage de
la mer , cl cpielques excursions qu'il
fit par eau dans les environs, lui four-
niient l'occasion de recueillir beau-
coup de plantes marines, d'examiner
avec attention les varechs , et lui sug-
j^i'rèreut l'idée d'éciire leur histoire.
G M E G M E 529
Il visita ensuite la Belgique et seren- une partie de son monde : lui-mêm«
dit à P.iiis où il tut bien accueilli par vu fut atteint; et pour comble de dis-
Ail.«nson,qiu lui inspira (pu'lquceho.se grâce, Mciiemet-kliàn, gouverneur
(le son elui^nemenl pour le système de I.j province, homme avare et crnel,
d? liinnc. Apres un court séjour dans le (il emprisonner eomme espion,
s.i pilrie, il fut, en i 7^)0, appelé à Graelin eut bean reclamer; il ne put
retcrsbourg pour y professer la bota- espérer sa liberté qu'à condition de
nique. Citberine il, fidèle au plan guérir le frère du khâu,att.)que d'une
exécuté par plusieurs de ses prédé- fistule lacrymale. Le hasard servit
oesseurs, de faire voyager des s.ivanls bien ce nouveau médecin malç^rélui^
dans les diverses parties de l'empire qui, sorti de ccsmauvais pas, s'cn-
russe , oidonna une nouvelle expédi- fuit àEnzelli, et, après une traversée
tion du mémo ;^enre. Gmelin obtint longue et pénible, arriva à Astrakan
d'en faire partie; et après avoir eu le 10 avril 1772. Il devait, d'après
l'honneur d'être présenté à l'impéra- le plan approuvé par l'académie, par-
trice, il partit au mois de juin 1768, courir les steppes situées des deux
visita les monts Valdai, passa l'hiver côtés du Vol^a, au - dessous de Za-
à Woronez, et descendit le Don jus- rit/.in , et celles des Kuraaniens jus-
qti'a Tscherkask, où la peinture ef- qu'au Tcrek. 11 n'exécuta que la der-
f rayante qu'on lui fit d'un voyage par nière partie de ce projet. L'année sui-
les steppes, le long de la frontière, vante il changea de dessein, et vou-
depuis Azof jusqu'à l'embouchure du lut aller visiter la côte orientale de la
Terek dans la mer Caspienne, l'enga- mer Caspienne, puis revenir par la
gea à renoncer à son premier pro- Perse. I/année était trop avancée pour
jet. I! retourna parla route ordinaire, que ce projet pût réussir. Pallas, qui
jusqu'à Zdiitzin , pour aller à Astra- venait d'arriver à Astrakan, chercha
kan, par le Volga. Il trouva dans vainement à le dissuader de ses idées,
cette ville Guldcnslaedt , autre voya- en lui prédisant qu'il n'en résulterait
geur envoyé de Pétersbourg pour le rien de bon. Gmelin, pousse par une
même but. Après s'être concerté avec malheureuse fatalité, partit d'Astra-
lui sur le plan ultérieur de leurs kan, le 25 juin i 775, avec une suite
courses, Gmelin s'embarqua, le 19 nombreuse, longea la côte orientale,
juin 1770, sur un bâtiment équipé aborda en quelques endroits du pays
exprès pour lui et pour sa suite. Il des Troukhmènes sans éprouver d'ac-
altérit à iJerbent, alla par icne visi- cident; mus il ue put. à cause de la
ter les fameuses sources de naphte saison , trouver beaucoup de plantes,
de Bakou, et Schamakie, reprit la 11 se hâta donc d'aller à Asterabat,
mer à Sdlian, resta tout l'hiver à En- puis «à Euzelli , on il prit la route
zelli, dans le Ghilaii , et fut bien ac- de terre. Arrivé à Derbent le i5 jan-
cueilli à Rescht par Hcdaet-khâu , do- vier 1774,1! reçut ordre du khan d'en
minateur de cette province. Les trou- sortir le 4 février. Au !ieu de retour-
bles qui désolaient la Perse, fempêchè- ner à son navire, qui l'attendait a Ba-
ient de pénétrer dans ce royaume.ll se kou, il dirigea sa luarehe vers Kislar
contenta de suivre la côte du Mazan- sur le Te;ek. H fut airèiésui la route
deran , mais ne put aller à Asterabat. par le khân des Kh «itakes, ((ui mit un.
Obligé de retourner à Balrousch, des haut prix à s.i rakiçon. Dès que la
maladies contagieuses lui enlevèrent nouvelle de ce fune^l» évenemeulpar-
3Lvn. 54
55o GME
Tint à Pc'tersbourg, l'impëralrlce, sans
attendre que racadëmie des sciences
réclamât son intervention en faveur
de Gmelin , donna des ordres pour
q«'on fît tout ce qui e'tait néces-
saire pour lui procurer sa liheite'.
I/inforfuné ne put voir relTct de la
sollicitude de ses confrères et de sa
souveraine. Le chagrin et la ri-
gueur de la prison ha causèrent une
maladie, à laquelle il succomba le 27
jin'n à Achmetkent dans le Caucase.
J.e barbare qui l'avait fait languir dans
un cachot froid et humide, rendit
aussitôt la liberté aux compagnons de
Gmelin, et leur permit d'emporter
son cadavre et ses papiers; mais la
grande ch.ilcur ne leur laissa pas le
temps de transporter le corps jusqu'à
Kisliai : il fut enterré près du village
de Kijokent. Catherine II récompensa
lichemi nt la veuve de ce martyr des
.^ciences. On a de Gmelin : I. Histo-
riafucorum iconibiis iliustrata^ St.-
Pctersbourg, 1768, in-4'\ Cet ou-
vrage, le premier qui ait été publié
sur les varechs, estaujourd'hui incom-
plet et bien en arrière des connais-
sances que l'on a acquises sur ces
]>lanles marines. Il est cependant en-
core bon à consulter. Gmelin ne croit
j»as à l'exislcnce des parties sexuelles
dans ces vcgcfaux , opinion partagée
par plusieurs habiles botanist<'S. II.
F'ojaa^es dans dij'fcvcntes parties
de V empire de liussie, pour faire
des recherches relatives à l'histoire
naturelle, 8t.-PcliMsbourg, 1770-
1774-1 7<^4' 4 ^^'* in-4°-, avec c.irtes
et figures (en allemand) . On y trouve,
indépcndamfuent (h- ce qui concerne
rhisloirc naturelle de l.i llus.sie, c\cs
notions ncnvrs et curieuses sur les
liordcs nui hibitenl les steppes , sur l.i
vilh; d'Asi. .(kaii cl ia colonie des (rères
Moraves à ^Sarept;* |)rès de Zirit/.iu,
sur les provinces persanes du Ghilan et
GME
du Mazanderan , sur les troubles qui
ont déchiré la Perse depuis la mort
de Nadir Schah , enfin sur les steppes
à l'orient de la mer Caspienne. L'ou-
vrage de Gmelin dénote un homme
doué d'une irriagination ardente et en
même temps du talent de bien obser-
ver. Enfermé dans un cachot infect
et dénué de tout , il ne cessa de tenir
la plume que lorsque ses forces l'a-
bandonnèrent ; et il fit les adieux
les plus touchants à l'académie de
Saint - Pétersbourg. Son ami Pallas
recueillit les matériaux du iv% vo-
lume , et le publia en y joignant quel-
ques corrections relatives à des fautes
qui avaient échappé à Gmelin dans
les premiers volumes. Ceux - ci fu-
rent imprimés sur les manuscrits en-
voyés à Saint-Pétersbourg: le comte
Wladimir Orloff avait enjoint aux
savants d'expédier par chaque occa-
sion le fruit de leurs observations ;
précaution salutaire , qui sauva un
grand nombre de matériaux précieux.
Le iv^. volume est terminé pir un
mémoire de Gmelin sur le commerce
des Russes dans la mer Caspienne,
et par un vovage dans le Gliilan, fait
par Charles Hablizl, l'un de ses com-
pagnons. La relation de Gmelin est
en partie traduite en français dans un
recueil pid)lié sous le titre suivant:
Histoire des découvertes faites par
divers savants voyageurs ^ la Hiye,
1779, '2 vol. in-4"., ou six volumes
in - 8'. lll. Plusieurs mémoires dans
les recueils de la société de Harlem et
de l'académie de St. -Pétersbourg. Il
fut éditeur des tomes m cl iv de la
Flora Sibirica, de sou oncle J.-G.
Gnieliu. I'^ — s.
GMELIN ( Jean-Frédéuic ) , phy-
siricu et médecin 1res estimé, nacjuit
à Tubingen le 8 août 174*^» *-'^ ^c li-
vra très jeune à l'étude des sciences
médicales et de l'hisloirc ualuicllc,
G ME G ME 53i
sous 1.1 dircrJiou de son père, qni elait i/ulipenarum fTuh'w^cny i ^•^•î ,in-8''.
piofrssenr de b()t;mi(|LU' cl de cliimic VI. O. an aflslririficntifi et rohormi'
il.ius cctlc univrrsilc. Après .ivoir tia .stricte sic dicta ferreo principio
rerii le l»oiinet de docteur en pliilo- suam deheant efficaciain ? ibid. ,
.sopliie , il entreprit un grand voyjge «775 , in-4". VII. Dissertation sur
MMcnlifiquc vn Hollande, en Ani;lc* les plantes vénéneuses de l'^dlle-
tcrre et en Autrirlic, et ne revint qu'en magne, Ulni , i -^-jj , in-8'. VIII.
1771 dans sa patrie , après une ab- De alcalibus et prœcipilationibus
seiice de trois ans. 11 donna ensuite , chimicis ope eorum factis , Godin-
îi Tubingcu , des leçons d'histoire na- gue, 177^, in-4'. IX. Histoire a^é né-
tureile et de botanique, et ouvrit aussi , raie des poisons , Leipzig et Nurem-
comine professeur extraordinaire, un berg , 1776-1777 , 3 vol. in b'. X.
cours de sciences médicales. En 1 776, \.^ Art d^ observer , par J. ùenebier^
il fut nommé prolesseur extraordi- traduit du français et auj^mentc' de
nairc,ct, trois ans après, professeur notes , ibid. , 1776, in-8°. XI. Le
ordinaire de sciences médicales à système du règne minéral de Linné „
l'université de Gottingue. Il acquit traduction libre de la douzième édi-
alors une grande réputation, non seu- tien latine, et considérablement aug-
lement en Allemagne, mais encore mcntéc , ibid., 1777-1779, 4 vol.
chez rétranger , par ses leçons et par in-8'\, avec fig. Xll. Dissertation sur
ime activité littéraire infatigable: les différentes espèces d'ivraie ^ sur
aussi doit- on à sa science et à son la manière d'en tirer parti , et sur
zèle un grand nombre d'ouvrages rem- les moyens de les extirper , Lubeck ^
plis d'érudition, et qui prouvent une 1779, in-8'. XIII. Introduction ala^
variété de connaissances bien peu chimie^ à l'usage des universités ^
commune. Après avoir enseigné pen- Nuremberg, 1780, in 8°. XlV. Ob-
dant trente ans, il mourut le i^*". no- servaticns minéralogiques sur les
vembre 1804. Nous citerons ici seu- mines de fer de Rio et d'autres mi-
lement quelques - uns des ouvrages nés dans Cile d'Elbe , de E, Fini ,
qu'il a publiés : I. Pourquoi l'homme traduites de l'italien et augmentées des
respire-t-il? (en allemand), ïubin- observations modernes de Koestlin et
gen , 1767, in-4". II. Irritabilitas d'autres, avec une Dissertation sur
vegetabilium in singulis plantarum quelques cristallisations particulier
partibus explorata , ulterioribusque r es du feldspath ^ Halle, 1780, in-S"*.
experimentisconfirmata, ibid., 1 768, XV. Introduction à Ici minéralogie y
in-4°. III. Onomatologia botanica à l'usage des universités , Nurcm-
compléta y on Dictionnaire complet berg, 1780, in-8'. XVI. Introduc-
delà botanique, d'après le système tion à la pharmacie , ibid., 1781,
WeZm/ie, Francfort et Leipzig, 1-^71- in-8<*. li^\ï. M • moires pour servir
1777 ,9 vol. in-8''. Tous les articles à l'histoire de V exploitation des mi^
contenus dans le premier volume de nés en Allemagne y dans le moyen,
cet ouvrage , ne sont pas de Gmclin j âge et dans les temps modernes,
mais il est l'auteur des huit autres vo- Halle , 1781 , ia-8'. XVIII. Lettres
lûmes. IV. Table des matières ren- à un médecin, sur les découveites
fermées dans V Onomalolos^ia ( en récentes et leur application ea mé-
latin et en allemand), 1778. V. £'7iM- decine , Berlin, 1784, in-8". . Une;
meratio stirpium agro Tiibingensi seconde éditiou de cet ouvrage a été
34..
5.02
GME
publiée sans cliangcraents , à i'iusu Ac
JViUtcur , ibid. , 1795, in-8'. XlX.
Vis s. de tingendo , per nitri acidum
swe nudum sive len^d aul métallo
saturatum , acido, Erfurt, 1783,
in-4". XX. Principes de la chimie
techniq lie, HaWe, 1786; ibid., 179^^^,
iji-8 . XXI. Principes chimiques de
la docimasie , ibid., 1786, iu-8 .
XXII. Eléments de chimie générale,
à l'usage des universités, Gdiîiiigue,
1789, >- vo!. in-8'.; ibid., i8o4,
in-8**. XXIII. Eléments de minera-
lof^ie , ibid. , 1 790 , in-8''. XXIV.
Eléments de pharmacie, ibid., 1 792,
in-8<*. XXV. De aëris vitiosi e.rplo-
ratione , ibid. , 1794» in-4'. XXVI.
Principes chimiques de la technolo-
gie y Hanovre, 1794? in-4". XXVIÏ.
lApparatus medicaminum tam sim-
plicium quàm compositorum , in
praxeos adjumentum consideratus ,
Gottingue, 1795—1796,2 vol. iii-8'.
On joint ordinairrmenl c-s deux vo-
lumes, qui traitent du règne minerai,
aux six de J. A. Murray, qui portent
le même titre et sont consacrés exclu-
sivement au règne végétal. Giuelin
s'est efforrc de suivre la même mar-
che que Murray; mais il est resté loin
de son modèle. XXV i II. Journal
des sciences naturelles, Gollinqne,
1797, quatre cahiers in-8'. XXIX.
Histoire des sciences naturelles , pu-
bliée aussi sous le titre iX Histoire de
la chimie , Gôtliiiguc, ï 797-1 799»
5 vol. in-8 '. ('el ouvrage forme I» 8'.
partie de V Histoire des arts et des
sciences , publiée p.ir les pi ofe>seui s
dcGollingue. Gm< lin e.st aussi Vvûi-
teiir de la i3'. édition du Systema
naturœ , de Linné, 1788-1795(1);
(l^C«lt« trriiiàm' édition, compoii'e <lr trnii
toMi»f lin p.Mir ch.iqiif! ré'^ii'' , dutrihii « ru iloiiir
«'•lumri in-H". , m trriiiincc par di^t (itMci iiliilia-
)iitti(|uri Irr» ^t-ndiirt cl |)i>iy;;Iiiirr« «In nom*
triviiiui rt l^tt<:iniiti(|iir«. Mail l'nuvra,;n rilrvi*-
caU tin» Ui4<,'ern«iaca(. C'cK ui>« «ompilaiion
GNI
des Principes élémentaires de Vhis-
toire naturelle , par Erxleben , et de
la Mater ia me die a de Losecke , qu'il
a entièrement refondue. Ce laborieux
professeur a enrichi en outre , d'un
grand nombre d'articles , les Mémoi-
res de V académie de Gottingue , le
Journal chimique de Crell , le Ma^
gasin de Baldinger , et beaucoup
d'autres ouvrages périodiques et jour-
naux littéraires. On trouve des détails
sur les travaux de J. Frcd. Gmelin,
dans [^Histoire littéraire de Gottin-
gue, par Putter , et dans la Souabe
savante, par Gradmann. B — h— n,
GN\PH;ËUS. Foy. Foulon,
GNIPHON ( Marc- Antoine )
vivait plus d'un siècle avant l'ère chré-
tienne. Né dans les Gaules , d'une fa-
mille libre, mais abandonné par ses
parents, il fut exposé peu de temps
après sa naissanre. Le hasard, eu lui
conservant sa liberté, lui procura le
bienfait d'une heureuse éducation.
Il fil ses premières études à l'acadé-
mie do Marseille , l'une des plus cé-
lèbres du monde à cette époque. La
nature l'avait doué d'un esprit ingé-
nieux et f icile ; il fut de bonne heure
distingué par ses îalents cl ses connais*
sances dans les langues grecque cl la-
tine. Riche des trésors de l'étude, Gni-
phon vint à Rome, où Lucius Plotius,
sou compatriote, enseignait avec suc-
cès i'élo(juence. S'étant attache d'abord
à suivre ses leçons , il se sentit bien-
tôt en état d'embrasser la proft ssiou
de gramuiairien . qui n'était p is alors
informe , inutile nu prorcsseiir , rt plu» propre à
i';;irer t <'lcv>- qu'a I cclairt'r et à liiis:ruire. l'iii
»-ft>i, iitui pr'-iexte ilr ilunncr une synonymie coin-
plète , Ir réilacleur entasse, au bav.ird , tout lei
uiims <|ii'il troiiv duns 1rs ilivers aiiirurs, «ans
•'aprrr.-voir qip> t-l ;iniiual , telle [ilanle , tri
minéral dut <-té uoinnir-s ilil'tViemnieiit par di-
vers .laturalisles , landi< ijur souvent l.i ni^mr
d' iiuniiii.iliuit 4 lidt <luun>''e à des nlijeU ilirft^renii.
(I--tte double vrn-ui' , dont le tr ivail dti Cïmeliii
«ifl're lies milliers dexiinplei , prou>e que rrl t^cri-
v<)iii trop féeond ii'ivuit que d«s connaiiiance'*
sii|>eriictillci , et a'étudiatl (luint le livre d'- I «
nature i'..
aisce n Lim remplir, puisqu'il fal-
lait èlic non st'ulejucnl lirs versé
dans tons les Cjciircs de liuérature,
mais encore eliv en état de parler et
d'cciire d'une manière agréable et so-
lide sur uu sujet donné, le plus sou-
vent même d'enseigner publiquement
]( s belles-lettres et réioqucncc. Gni-
jilion compta parmi ses élèves les
deux plus grands hommes de Home
profane , Cicéron et César. Malgré
laflluence et le goût des auditeurs,
il ne déclama jamais dans son école,
se réservant de satisfaire à la mode
générale dans les occasions où l'on
demandait qu'il élevât la voix au
milieu d'une place publique. On a dit
de ce rbéleur, par comparaison avec
un de ses compatriotes et de ses ri-
vaux , célèbre comme lui dans rensei-
gnement des belles-lettres, Valérius
Caton , que celui-ci faisait des poètes
et l'autre des orateurs. La vie de Gni-
pbon n'alla pas au-delà de cinquante
ans: il trouva néanmoins, et mal-
gré les occupations sans cesse renais-
santes qui l'cnchiiînaicnt au milieu du
tourbillon de Rome , le temps d'écrire.
On lui attribuait un grand nombre
d'ouvrages : toutefois Atteius le philo-
logue, l'un de ses élèves, ne lui en
donne que deux, écrits en latin, et
regarde tout le reste comme pouvant
cire sorti de son école, mais certaine-
ment pas de sa plume. G. F — r.
GOADBY (Kobert), imprimeur
et libraire anglais très instruit, na-
quit à Sherbornc, dans le Dorset-
shire , en 17*21 ; il se distingua par
la manière dont il exerçait son étal
et par ses connaissances profondes
dans les langues savantes. Il mourut
à Slicrbornc, le 12 août 1778. Parmi
les ouvrages écrits en anglais , dont
Goadby est l'auteur, son Explication
de V Ecriture sainte , en trois gros
volumes in • folio, mérite une men-
G 0 A 535
tion particulière. Avant la publication
de ce travail , auciui commentaire
anglais des livres saints n'avait osé
attaquer de front les systèmes des
Tritliéistes et des Calvinistes : aussi
ces sectaires en furent-ils très alar-
més j ni leurs menaces ni leurs invecti-
ves ne purent empêcher Goadby d'en
continuer l'impression : mais il mani-
festa son amour pour la vérité, en re-
cueillant avec un grand soin, dans les
éditions postérieures , toutes les re-
marques qui pouvaient servir à rec-
tifier quelques erreurs qui lui étaient
échappées. 11 composa ensuite et im-
prima un Extrait de la Bible ^ sous
le titre à^lmlnicteur ou Manuel des
chrétiens. Cet ouvrage, fortement re-
commandé par l'évcque Sherlo( k , fut
très bien accueilli du public; mais
l'auteur, par le mauvais état de sa
santé, ne put l'achever : il en a publié
seulement l'ancien.Testament. Goad- .
by donna, en 1777, au sujet de l'exé-
cution du docteur Dodd , un petit
écrit, dans lequel il prouva que les
crimes commis par un ecclésiastique
doivent être punis plus sévèrement
que les antres. Dans le journal hebdo-
madaire intitulé , Le Mercure de
Sherborn, dont il fut l'éditeur, il se
montra constamment un défenseur ar-
dent de la hberté politique et reli-
gieuse. Partageant l'opinion du célè-
bre Hume, que « la liberté de la
presse et la liberté nationale augmen-
tent ou diminuent ensemble, » il n'hé-
sita jamais à défendre éncrgiquemcnt
la constitution de son pays contre les
attaques du parti opposé. B — h — d.
GOAU (Jacques), savant domini-
cain^, né à Paris en 1601 , fit ses pre-
mières études avec beaucoup de suc-
cès, prit l'habit religieux en 1619,
et, après avoir terminé ses cours de
})hi!osophie et de théologie, fut clurgé
d'enseigner ces dcuîw sciences dans
554 GO A
diffcrenles maisons de son ordre. L'ap-
plication qu'il avait donnée à la langue
grecque , lui inspira le désir de visiter
l'Orient , où il espe'i ait découvrir des
restes précieux d'antiquité, écliappe's
aux autres voyajieurs. Il partit en
i65i ; et ayant été nommé pri; ur du
couvent de S.iint-Séhasticn , dans l'île
de Cliio , il y passa huit années, uni-
quement occupé de satisfaire sa cu-
riosité par tous les moyens qui étaient
€n son pouvoir. Sa récolte en manus-
crits anciens ne fut pas aussi abon-
dante qu'il se rélait prorais; mais en
revanche , il amassa une grande quan-
tité de matériaux sur la croyance et
les coutumes des Grecs modernes. De
retour à Rome en 1640 , on voulut Ty
retenir, en le nommant prieur du
couvent de Sainî-Sixie; mais le désir
de revoir sa pairie l'emporta sur les
avantages que lui offrait un plus long
séjour dans la capitale du monde
chrétien , et il revint à Paris en 1 64^.
Des l'année suiv mtc , 1rs intérêts de
son ordre r<jbligèrt'nt encore d'aller à
Home ; ce voyage fut court , puis-
qu'on le voit déjà à Paris en iC)44»
travailler à son EiLColns;e. Élu , en
jGj2, vicaire-général de l'ordre, les
soins qu'exigeait cet emploi ne le
détournèrent pas de ses études ac-
coutun)ées; mais il ne put résister à
tant (le fatigues. Sa santé s'altéra ; et
une (lèvre lente le conduisit atj tom-
beau le 'x?t s(plenïl.re i(ir)5, à l'âge
de rii qu.inte-deuxans. Le père Goar
c't. it lié d'une élroile amitié avec I éon
iXll.itiu.s , l)iic.inge et plu.>ieurs autres
savants distingués. On a de lui : Eu^
clioln^ioti si^'i! [\ilunlc Grœcorunt ,
coinplrctctis rinis et ordines diriniv
ÏUur^iœ , oj/iciorum sacramtnto-
riini , cousvcratitinuni , btnedu tio'
intui, funcrutn, oratLoiiuniy ilv.^juxtà
itsurn oriimlalis ecclcsiœ ^ Paris,
1047, in-iolio. Cet ouvrage, fort rc-
GOA
cherché, même des protestants, dit
Richard Sunon, est devenu rare,
quoique réimprimé à Venise en i-jDO.
Il suffirait seul à la réputation de soa
auteur , dont il prouve la vaste érudi-
tion et l'infatigable patience. On y
trouve un grand nombre de pièces
inédites , tirées de la bibliothèque du
Roi , de celle du Vatican, et de plusieurs
autres dépôts d'Italie et d'Allemagne.
LeP.Goaraélél'undesplus laborieux
collaborateurs du précieux recueil
connu sous le nom d^f/istoire byzan-
tine. On lui doit les éditions de Geor-
ge Cédrcnus, et de Jean Scylitzes,
Paris, imprimerie royale, 1647, ^*^
Codin Curopalates, ibid., i04^> et
du Syncelle, ibid., i65'2; la traduc-
tion latine et une partie des notes qui
accompagnent l'édition de Théopha-
iies , ibid., i655 , publiée par le père
Combffis : il s'était occupé de revoir
la traduction de Zonare, par Jérotue
Wolf. Son travail passa au père
Combefis, et cnsuile à Ducange , qui
en a fait usagedans la belle édition qu'd
a publiée de cet historien , ib., i685.
On trouve dans le traité de Léon Al-
latius. De ecclesiœ occidentalis at-
qiie or ientalis perpétua consensione ,
un écrit du père Goar, intitulé : ^f-
teslatio de communione orientaliitm
suh specie unicd. l'.nfin il a laissé en
manuscrit des traductions latines de
la Collecùo clementaris omnium sa-
cris et divinis canoiuhus contento-
rum, par Mathieu Blaslare, et de
V Histoire du Synode de Florence ^
par Sylve^tle Syropulo. Ces deux
ouvragcscxistaienlau couvent des Uo-
niinieaius de la rue S.iint - lloiioié,
d'où ils auront sins dcutc cfc tr ms-
porlés à la bibliothèque du Hoi. Ou
peut <orusnlter 1rs Scripîor. ordinis
prcvdir/Uor.iUi père l'îchard, toni. 11 ,
page 574» '^'^ Mémoires de Niceion,
lomo XIX, et VUistvirc des hommes
(. 0 1) r. 0 V, 535
illustres dis Dominicains, jinr le du prlncp-c'votjuc clc Dàlc , fini don-
pcrc 'romon , V, /,,S<). \V — s. n.iij uno iilc'c peu .'ivaiil.iîijciisc du ra-
(U)BKL(.Ii:AN-HArTiSTE-Josi.iMi), iMctîrc (le (iobtl. Les cvcqiics cons-
i'VC([uc de Lvddj , et suffrnj;<inl de liliitioiincls fais.iienl tous paraître, à
j^àle, puis e'vècpie coiistilulioiiiK'l <le celte cjxiqiir, des iri.iridcinenfs , en fue-
J'.iii^ , naquit à Thanii , dans la liant possession de leurs sièges, (jo-
liaiite Alsiice , le i'"'. septembre bel, dans une Ictirc pastorale du 2C
I "j'i'j. Il lut elevc' à Rome, au collc'i^e avril i 791 , s'efforça de prouver la
^crjn.inique , où il se distingua j)ar légitimité de sa mission; et, le 18
son travad et par sa conduite. L'cvc- septembre suivant, il publia un lonç;
que de Portnlrui se l'attacha , et le inaiidemcnl sur la (in de la session
nomma chanoine de son chapitre. Ses de l'assemblcc constiluante, et sur
principes erronés commencèrent alors l'acceptation de l'acte conslitulionnel
a se développer; les hommes clair- ]>ar le roi. Nous ne connaissons pas
voyants aperçurent en loi une ain- de lui d'autre écrit de ce genre. Ce
biiion demcsurce , et l'orgueil qui faible cvêquc flottait encore entre s.i
l'entraîna, plus tard, à l'apostasie. Le conscience et la peur : il écrivait au
9.7 janvier i'j']'i, il fut fait cvêque pape, et n'avait pas la force de suivre
de Lydda , in partibus infideliuiriy les conseils qu'il paraissait solliciter.
et suffragant de l'évêquc de Baie , MM. Noël et De Laplace disent, dans
pour la partie française de son dio- \<i\\vs Evhémèrides^ ^\\qi\ 1792,00-
ccse. il résidait en France en celle bel se présenta chez le marquis Spi-
qualiie';et en I 789, il fut nomme de- nolj , ariibassadonr de Gc n«;s , eu
pute du cierge de Belfort aux e'tats- France, et le pria de demander pour
généraux. Lors de la prestation du lui au pape une somme de cent mille
serment à la constitution civile du cler- ccus, promettant de rétracter sou sî^r-
gé, il y a])posa d'abord quelques res- ment. Le marquis déclina cette étrange
trictions, qu'il se bàla de rétracter , commission, et Gobel se laissa en-
sur la dénonciation d'un de ses collé- traîner au torrent. Lié avec d'ardents
gués. Ou l'en récompensa en le nom- révolutionnaires, il ne parut plus oc-
mant à-la-fois à trois desnouveaux évc- cupé qu'à servir leurs vues , et mérita
chés, savoir à ceux du Haut-Rhin , de le« reproches des constitutionnels qui
la Haute- Marne et de Paris. Jl opta étaient encore attachés à la religion,
pour ce dernier siège ; et le 25 fé- Ou se plaignait qu'il tolérât les plus
vrier 1 791 , il fut un des deux prélats Lonteux scandales, qu'il laissât par
assistants au sacre des ])remiers évê- exemple en place un cure de la capi-
ques constitutionnels. On dit qu'il îale, qui avait pnblié un écrit irrcli-
s'adressa successivement, pour avoir gicux du ton le plus déclamatoire
l'instilulion canonique, à l'archevêque < t le plus insultant. On était indigné
de Sens et à Tévêque d'Orléans, qui qu'il permît à des prclres mariés de
le refusèrent , quoi<pi'ils se fussent rontinucr les fonctions sacerdotales,
attachés au nouvel ordre de choses. Gobel fit plus ; le jour de la fête de
Le tribunal du district de Paris le l'Ascension, en 1795, il installa,
renvoya par-devant l'évêque d'Autun; comme curé de S-ùut - Augustin, ou
et le nouveau métropoiil-jin fut installé des Pelil< - Pères, un prêtre marié^
en cette qualité, le 27 mars 1791. nommé Aubert, dont la femme assis-
On répandit dans le temps une lettre lait à la ccréDaonic. Deux curés ^
536 GOB
Beaulieu et Brugières , reclamèrent
contre ce scandale ; leur ëvêque leur en
réservait d'autres. Enfoncé dans le
jacobinisme, il ne fréqucnlait plus que
Chaumeftf, Hébert, AnacbarsisCloofz,
et autres fougueux démagogues. Ce
furent, dil-on, Anachaisis Clooh: et
Pereira, qui l'entraînèrent à laConven-
tion, le 7 novembre 1995. Il y parut
accompagné de treize de ses vicaires.
Voici comment son discours est rap-
porté dans le Moniteur : « Aujourdbui
» que la révolution marche à grands
» pas vers une fin heureuse Au-
» jourd'hui qu'il ne doit plus y avoir
» d'autre «-ulte puhl-c et national que
» celui de la liberté et de U sainie éga-
» lité, piii,que le souverain le veut
» ainsi; conséquent à mes p.incipes,
» je m" soumets à sa volonté , et je
» viens vous déclarer ici hautement,
» que dès aujourd'hui, je renonce à
» exercer mes fonctions de ministre du
» culte catholique. En conséquence ,
'> nous vous remettons tous nos titres.»'
Le président le félicita de sacrifier
ces hochets gothiques de la supers-
tition et d'abjurer l'erreur. On
rendit de grands honneurs à Gubt-l,
qui déposa sa croix et son anneau , et
s'affubla lu bonnet rouge. Ce fut le
signal des apostasies et des piofa-
nations qui remplirent cette séance et
les suivantes. Gob' I survécut peu à
sa honte: dominé pard'indjgncs amis,
il passait ses journées dans les clubs
et dans le tumulte des factions, lors-
qn il tomba dans la disgrâce de Ko-
besp.erre. Jl fut arrêté avec Chau-
mette , le comédien Gramrnonl et
d autres révolutionnaires. Son procès,
qui commença le 8 avril i7<)/;, at-
tesi4 encore sa faiblesse dans'ce der-
nier moment, où, prévoyant qu'il ne
pourrait érli.,ppcr au n.pplicc , il
^ur.if du s'efforcer au moins do ré-
pirersts torts passéi. Il affectait en-
GOB
core au contraire le langage des pa-
tiiotesdece temps-là. On lui reprocha
sa raisMon à Poreuirui, où il avait
pille les meubles de l'évêque de Baie,
cl s'était enrichi lui et les siens. On
alla jusqu'à l'accuser d'athéisme : il
fut condamné et exécuté le 1 3 avril ,
avec Chaumette et plusieurs autr.-s!
M. Lothringer, un de ses vicaires, rap-
porte , dans une lettre du 1 1 mars
1797, insérée dans les Annales crt-
tholwues lorn^ui, page 466, que
ijoiDel , enfermé à la conciergerie , et
ne voulant voir aucun prêtre, lui en-
voya, par un inconnu , sa conf -ssion
écrite, avec ce billet : « Mon cher
» abbé, je suis à la veille de ma mort;
» je vous envoie ma confession par
» éc! Jt. Dans pm de jours, je vais ex-
» picr par la miséricorde de Dieu
» tous nies crimes et mes scandales
» contre sa sainte religion. J'ai tou-
>' jours applaudi dans mon cœur à
î> vos principes. Pardon, cher i.bbé,
» SI je vous ai induit en erreur. Je
» VOUS prie de ne me point refuser
» les derniers secours de votre minis-
» 1ère, en vous transportant à la
» porte de la conciergerie sans vous
» compromettre, et à ma sortie, de me
» donner l'absolution de mes peVhés,
» sans oublier le préambule, ab omni
» 'vmcnloexcommunicatiows.A iieu,
» mou cher abbé; priez Dieu pour
» mou anie, à ce qu'elle trouve mi-
» séricorde devant lui. J-U. J., cVê-
'> que .le Lydda. » T.lle fut lâVin de
cet cvê.pic, que l'anibitiou , la f.ii-
blesse et la peur avaient fjit tomber
dans de grands écarts, mais qui pa-
rait les avoir reconnus avant de mou-
*■"'• P—C-T.
GOBIEN ( Le). Tor. Legobien.
GOIJIN (lîoBERT). prêtre, avo-
cat, et doyen de L .gny-sur-iVlarne,
fit paraître, en iSof), un ouvrage in-
titulé Zro Loups ratissants, CVii une
GOB GOB 557
salire tlirigc'e contic toutes les classf s porsonnngcs , tant de l'histoire an-
tîc la sociéie, cl principalcmcnl contre cicniic que de l'hisioiic moderne. Ils
les moines et Us ^ens d'église. Dans r. content les (liv(i>cs av( nlures de
un proioj^ue de l'acteur, c'est-à-dire leur vie, et expriment les regrets qu'ils
de l'auteur, Gi'bin stjppo.se, que le ressentent de leur conduite passc'e.
1^^ janvier i5o5, il allait s'ebailrc à C'est ddus celle dernière partie, que
la can)p;)gne, lorsqu'il vit dans «n Gobin attaque vivemnil les papes
grand champ un troupeau de loups, Je.m XXII et Boniface Vlll ; enfin,
petits et grands, et au milieu d'*ux api es un dernier discours prononcé
un grand loup, qui s'appelait ^rc/a- par l.i Mort, la terre s'entrouvre, et
lupus; de l'autre côté était une belle engloutit l( s divers objets que l'auteur
pucelle pastourelle, nommée Sainte- a vus. Celui-ci alors s'éveille, et écrit
Doctrine. Le grand loup s'adressanl à toul ce dont il a été le témoin. Celle sa-
ses louveteaux, leur enseigne les doc- lire, mêlée de prose et devers, peut
trines les plus anii-sociales, el f.iit la avoir en tout huit cenis i>ag' s. Au
pcintuie cl l'éloge de tous les vices, milieu des idéesbizarres quiy régnent,
Sainte -Doctrine, dans des discours ctqui sont noyées dansunslylelourd et
où elle cite sans ce5se l'Écriture et les prolixe, on rencontre cependant quel-
docteurs de l'Église, rélute victuricu- ques expressions aussi neuves qu'ori-
sement Archilupus. Celui-ci emprunte ginales. On connaît deux éditions de ce
souvent le costume des divers ordres livre singulier; elles sont in-8". gothi-
religieux qui existaient alors. C'est ques, sans date 5 l'une parut chez An-
ainsi que, vêtu en moine de Saint Be- toine Yérard; l'autre porte la marque
noîi, il prêche le matérialisme dans de Philippe le Noir. Foberl Gobin fit
les termes les plus grossiers ; que sous encore paraître en 1 5o6 une confcsî^ion
l'habit de bernardin , il fait l'éloge de générale en rimes , appelée YAdver-
Tavarice. L'ouvrage est divisé en douze tissement de conscience , imprimée â
clwpitre," , dont chacun commence Paris, chez Lcnoir, sans date, in-4".,
a\ec un mois de l'année. Au milieu gothique. St. P — r.
des discussions qui se succèdent sans GOBÏNET (Charles), docteur de
cesse , Gobin explique les règles du la maison et société de Sorboune ,
rudiment. Knfin . Archilupus s'avoue né à Saint-Quenlin Tan j6i5, fit
vaincu, confesse ses crimes, et fait ses éludes d'une manière brillante à
son testament. L'auteur apprend alors l'université de Paris. Il s'était lel-
à ses lecteurs qu'Archilupus repré- Icment distingué dans son cours de
sente le diable d'enfer; les louveteaux, licence, que plusieurs évêques dcsi-
les pécheurs ; et Sainte-Doctrine , la rcrent se l'attacher en qualité de
sainte Église. Gobin a aussitôt une grand-vicaire, pour s'en aider dans le
seconde vision. C'est la mort qui lui gouvernement de leur diocèse; mais
apparaît avec un personnage nommé les circonstances décidèrent, d'une
Accident. Viennent aussi les trois autre manière, du sort de sa vie et de
chambrières de la mort , Guerre , Fa- l'emploi de ses talents. Le cardinal de
TTiinc, et 71/orfa//<e. Ces êtres allégori- Richelieu, après avoir, pour ainsi
ques prononcent tous des discours où dire, adopté la Sorbonne, dont il
ils attaquent sans ménagement les dif- é\s\\. proviseur , et en avoir lait recons-
fcrents états de la société. Gobin met truirc les bâtiments avec une magni-
eusuitc en sccnc une fuule d'illustres fircnce royale, y réunit le collège du
53S GOB
Plfssis, qu'il avait aussi fait restaurer,
et e[i douna l'adminislraiion à cette
maison. Elle jeta les yeux sur GoLinel,
comme devant être le premier princi-
pal. Aucun choix ue convenait mieux;
il y fit un bien incroyable par le soin
q l'il prit d'y établir un bon plan d'ins-
truction, par les solides et i'rc'qucntes
leçons qu'il donnait lui-même aux élè-
ves, par ses bons exemples, et par une
excellente e'conomie des revenus qui
lui fournit les moyens d'étendre et
d'augmenter les bâtiments de ce col-
lège. 11 le ç;ouvcrna pendant quarante-
iroisans, (ty mourut le 9 mars 1690.
Kollin, .-.on c<illcgue, a célébré, dans
un beau poème latin , ses vertus et ses
longs et utiles services. Gobinet avait
fonde, datîs le coilégc du Plessis, deux
bourses, peur > élever deux jeunes étu-
diants, tirés de sa ville natale, et en
avait d*.nné !a nomination à l'aîné de
sa fdinill'^. On a de lui les ou-
vrages suivants, tous de piété, et
propres à en entretenir ou à en ins-
pirer les sentiments: 1. Instruction de
la jeunesse en la piété, tirée de VE-
criture Sainte et des Saints-Pères ,
Paris, i655. un volumein-isi.De tous
les livres de Gobinet, c'est celui qui a
tu le plus de vogue. On s'en servait
.•ïuliefois dans les écoles, pour y ap-
prendre à liie. Aussi a t-il eu tant
d'éditions , qu'il serait impossible d'en
fixer le nombre. Un ecclésiastique,
nommé Mori<i, .>'avisa, en i^oS, d'en
détacher le qualrièmc rhnpiire sur la
Correction fraternelle ^ et y ajouta
«es j^opres K'fb xious.dont quelcpies-
unes auiorisaidit, conseillaient même
les (lél.ilions. I/ouvr.ige fut publié;
mais -lyaut paru dangereux , \\ lut sup-
primé, et l'auteur fut admonesté. II.
Xnstrucùcn >ur lu pénitence et lu
iuinle communion , Paris , lOO^ , nu
volume in- 1 'x , ï'éimpi imé |)our la liui-
ti^mc fis eu i-j-if). \\\. Imtiuclioti
GOB
sur la vérité du Saint-Sacrement ,
Paris , in- 1 '2 , 1 67 7 , 1 69 1 . IV. Ins-
truction sur la religion, Paris, in-
12, 1687, 1755. V. Addition à
r Instruction de la jeunesse, conte^
nant cinq traités, Paris,in-i2, 1689,
i7i4« VI. Instmction sur la ma-
nière de bien étudier, Paris , in- 1 2 ,
1 689 , 1 690. VI 1 . Instruction chré-
tienne des jeunes filles, Pai is , in- 1 2,
1682 , I 709. Tous ces ouvrages ont
vieilli pour le langage ; mais la mo-
rale eu est si pure et si substan-
tielle, ils peuvent si bien contribuer
à inspirer l'amour des vertus chré-
tiennes, qu'ils mériteraient que quel-
que main habile prît la peine d'en
retoucher le sly'e, pour ôter tout pré-
texte de les écarter de l'éducation,
où ils ont été et peuvent être encore
si utiles. — Jean Goeipjet, docteur
de Sorbonne, et neveu du précédent,
lui succéda comme principal du tol-
légc du PIcssis , où il continua de
faire le même bien. 11 quitta cet em-
ploi pour être grand - ch.tntre de l'é-
glise de Chartres _, où il mourut en
L— Y.
GOBUYAS , l'un des sept qui cons-
pirèrent contre les mages , était de
l'une des principales familles de la
Perse. Otane s'etant assuré qu'un ma-
ge , nommé Smerdis , avait profité
(le sa ressemblance avec le fils deCy-
rus, du même nom, pour usurper le
troue, fit ])ait de sa découverte à Go-
bryas et à Aspallùnès. Ils s'associèrent
Inta[>hcrme , M(gaby/.e, Hydarne ot
Dai ius , et résolurent, en commun , de
délivrer la Perse d'un Joug aussi hon-
t<ux. Le rang élevé qu'ils tenaient dans
l'clat, l< ur d(>uiia la facilité de pénétrer
dans la juemièrc enceinte dti palais.
Tes emiiiqucs voulant les empêcher
tl'aller plu» avant , les conjuiés les tuc-
r(i;t, et fondirent surSmerdis et Pâli-
'^iilièi son fjcrr. Les miij^cs se mirent ctt
1724
GOC
cîcfciisc ; (îtMix dcsconjtircs furent ])1p5-
M'S : ni.iisP.ifi/illii s lui ttu-siif l.i pl.ur,
• t Smcrdis s'ciiliiil diiis une aiilic
• lianibiT , où il fut poui.siii>i j^ir Go-
})ivas tl Darius. Gohryas le saisi! ; et
voyant que Uai iiis craignait dv le bles-
ser à cause de robscurile, il lui dit de
frapper liardirnent, dût-il le tuer hii-
mèiuc. Darius lut assez heureux pour
jie j)erccr que le m.iîjje. Guhryas jouit
du plus grand crédit sous le rcs;ue de
Darius, dont il avait e|)ousc la sœur,
5ans doute avant qu'il lût roi, et qui
épousa Jui-ujCMiie, dans la suite, une
des filles de Gobryas. Le célèbre Mar-
doni:is ctail (ils de Gobryas et de la
sœur de Darius. G — r.
GrOCKEL ( Ererhard ), médecin
très estimé eu Allemagne vers la fin
du xvII^ siècle , naquit à Ulm en
i656. Il pratiqua d'abord à Gicn-
gen , et fut ensuite nommé médecin
du duc de Wiiitemberg et membre
de l'académie des Guricux de la na-
ture. H passait pour un des meil-
leurs praticiens de son temps. Ses
écrits, conjointement avec ceux de
Henri Screta de Schafhouse et de Ro-
sinus Lcnlilius de Nordiingen , ont,
suivant Sprengel , fait prévaloir en
Allemagne le systènii' c])iuiico- médi-
cal. Ce médecin a publié en allemand,
et en latin : 1. Consilioriun et ob-
scivationum iiieàicinaliuin décades
sex collectée, et ver experieiitiam
confirmatœ , Au^hhourq^, i(i8'2. Goc-
kcl a continué le même ouviage sous
ce titre : GcdUcinium niedico-prac-
iicmii, sive consilwrum , ohservalio-
num et curationiirn medccinaliinn
ncvarum centuries duce , ann diml-
did , 1702, in-4''. Ses observations
y sont classées selon l'ordre du temps
où elles ont été faites ; et il a indiqué
avec soin le nom cl les qualiîés des
malades, leur âge, leur tempéra-
ment , Tbisloire des maladies ; leurs
G 0 G r.5()
symptômes, 1rs ienu'*des qu'il a eru-
]>loye,s p(uu' l( s giuirir , cl les .succès
qu'ils <int obt* nus. 11. Jje cuq ovi-
pare; Du pi ('tendu œuf de Cfj<j , ou
du basilic^ avec un appentiix , dans
lequel on traite de tontes sortes
d^œufs rares y Ulm, 1(^97, in -8'.
III. Des Fins frelatés ju mojende
la litharge , ibid. , 1 (397 . in -»S". I V .
De venenis , annexus e>t Eiwhiri-
dion de peste , Augsbourg , 1GG9,
in-8''. On ignore l'époque de la mon
de ce nu decin. B — 11 — d.
GOCLENIUS (RoDOLPUE » naquit
à Witlembtrg en i^ùyx. 11 alla éltidier
à Marbourg, où il prit, en 1601 , le /
grade de docteur en médecine. En
1 608 il fut nommé professeur de phy-
si([ue , et, en iGi'2, de malliémati-
ques, dans l'université de la même ville.
Cet écrivain crédule, enthousiaste, et
surtout trop fécond , mourut en 1 62 r .
Il a laissé les ouvrages suivants: I.
Phj'siolo^ia crepilus veniris ; item
risus et ridiculi , et elogium nihiU ,
Francfort , 1 607 , in- 1 '2 j insérés dans
Y Amphitheatrum de DornaTi. J. C.
Becnian , dans !e Catalogue de la bi-
bliothèque de Francfort ( sur l'Oder) ,
attribue ces deux plaisanteries à Go-
clénius le père. II. De peste ^ ftbris-
que pestileritialis causis , subjecto ^
differentiis , signis, Marbourg, 1607,
in- 1 2 . 1 1 1. De vitd proruijandd , id
est aninii et corporis vigore conser-
vando et salubriler producetulo ,
Francfort et Maïcnce, 1608, in- 12..
IV. Uranoscopia , chiroscopia , me-
toposcopia^ ophtalmoscopia y i6o5,
in-8^.; Fran<-fort , 1608, in- 12. V.
Tractatus de mngneticd curatione
vulnerum , citrà idlum dolorem et
remedii appUcationcm , Ma i hou rg ,
1608, in-8 .j 1609, in-12; Franc-
fort , 1 6 1 5 , in- 1'2 ; Nuremljcrg, 1 66'2,
in-4", avec d'autres ouvrages. Dans,
l'écrit principal , ou celui aui cstp'acé
54o GOC
en tête de ce recueil , Goclënïus adopte,
à l'exemple de Pancelse et de Basile
Vaientiii , un magnétisme propre à
re'conornie animale , tel à peu près
que Mesmer Ta reproduit vers la fin
du siècle qui vient de s'écouler , et
comme im principe de physique gctié-
rale , et coirune un agent spécial et cu-
ratif. Goclénius mêlait à ses procédés
physiques des enchantements et des
cxorcismes, qui avaient prin»ipale-
ment pour but d'agir sur l'imigina-
tion. Cette doctrine, qui eut beaucoup
de partisans, trouva , en débutant dans
le monde, de redoutables adv( rsaires ,
à la tê'e desquels il faut placer le jé-
suite Roberfi, qui publia a cetie occa-
sion un écrit intitule ; -énatome cura-
tionis magneticce Goclenii. V 1 . Trac-
talus de portentosis , luxuriosis et
monslrosis nostri sœculi conuiviis ,
JVÏ.irbouig, i^ioc), in- l'i; déclamation
confr*' un abus (p»i est allé en i*r<'i s.mt.
Vil. Erichir dion reint^diorum facile
para ilium, Fr.incfoit, iGio, in 8°.
V II I . huemographia et qidd in specie
in peste Marpurgensi anni i(iii
evenerit , Francfort, i6i3, in-8'.
Cet ouvrage est, de tous ceux de Go-
clénius, celui qui reufeime le plus de
choses utiles ; en effet, l'auteur traite
avec sagesse plusieurs points inicres-
sanls fie la doctrine de la conlagion,
considéiéeen généial. Il expose , com-
me un témoin fidèle, les caractères,
la marche, et h terminaison heureuse
ou fatale de la peste. Il inditpie .lussi,
fort judicieusement, 1*6(11 ploi (le moyens
énergiques et efficaces, tels que les vé-
sicaloires. En voyant que Goclénius
possédait les talents d'un bon obser-
vateur, on ne peut s'empêcher de re-
gretter qu'il se soit si souvent livré
aux écarts d'une imagination déréglée.
IX. Synarthrosis magnetica^ Mar-
buurg , i()i7, in-8". Apolgie de la
doclcinc magneliqijc énoncée ci-des-
GOC
sus. Robcrti publia , â celte occasion,
en i6i8, unenouvelle réfutainn 'y mt
pour titre : Goclénius Fleautontimoriu
menos , id est curationis magneticce
r«*nrt. Goclénius répliqua par un écrit
intitulé: Morosophia Hoberti jesuitce
in refutatione SjnartJtroseos Gocle^
/ziartfp, Francfort, « 6 1 g. X. Acroteleu-
tion aslrolos,icum , M ubourg , 1 6 1 8 ,
in- 4''. XI. Asserli'} medicinœ univer-
salis , adverms universalem vidgb
jactatri m,Fiài\ciorl, i62o,in-4''.XlI.
Trnctatus phy siens et medicus de
sanoriim diœta, ibid., 1621 et i645.
XWl.^l^hurisini chromantici, 1 097,
in-8'. XtV. Ch'romintia et phy»
siognomica specialis. Marb. , 1621;
Hauihouig, 16 »i. XW . ^pologeticus
pro astromaniid d'scurius , Mar-
bourg, i()i 1 , iii-4 . XVI. Mirabi'
lium nalurce liber, sive defensio "a-
gneticœ curatioms vidm rum , Fi anc-
fort, 1625, 1643 , in-f< lio. D rnier
efÇjrt de Goclénius pour défendie la
plus erronée de ses doctrines. Son
obstination fut vaine ; et le champ de
bataille resta à Roberti , qui l'avait ac-
cablé sous le double poids d'une meil-
leure physique et d'utie dialectique
plus sévère. — Son père , nommé
aussi Rodolphe Goclénius , né en
i5^7 à Corbach , dans le comté de
Waldeik, fut long-temps professeur de
logique à Marbourg; il survécut à son
fils, et mourut le 8 juin iG'io, après
avoir, dans sa longue carrière, con-
féré le doctorat ou la maîtrise à plus
de six cents élèves formés par ses
soins, cl p iblic un grand nombre
d'ouvrages. Voici les principaux : I.
Spongia errorum Ileiz. Buscheri ,
Fiancfort, i58f),in 8°. Il.y/ri^'er-
saria ad exotericas aliquot exerci-
tationes Scaligeri , Marbourg, i5tj4,
in-So. Cet ouvrage de J. C. Sealiger
était le livre favori de Goclénius le
pcrc, et il Tappclait sa Bible. III»
GOD
Quœsliones cl disfuitcitione'! de or-
dinc et mclhodo diddSCtilicn, ibid,,
i")*)! , iii-8". IV. Philosophia prnc-
iica Mnuriliana, Cissol , i (iu/j , in 8 '.
V. Phjyucœ coinpUtce spcculnm ,
Fr.iiK luit , i()o4 , in-H". VI. Mi^cel-
lanea philosophico theolopca, M :ir-
boiii\;, lOo-j-oi), 5 vol. in i5 . VII.
ComUiator philosophicus , Casscl ,
i(3o9,i!i-4 '•; i''' "'^'f*>*' î iGm), i0'25,
in- 4". VIII. Obser^ationes ling'tce
Intinœ y Fraiicfoit, iGo().itt 8 . IX.
Idea philosophiœ PlaV>nicœ , M<r-
Loiuç; , I (3 1 2 , in-8 '. X, Lexicon phi-
losophicurn, Francfi»! l , 1 fi 1 5 , in-4 '.
Nous .jvons donne cette bibliographie
avec quelque détail, paire que l'iden-
tité' de prénom a souvent fait con-
fondre les ouvrages du père avec ceux
du fils. D— G— s.
GODARD ( Jacquen ) , c(;ré de
Cliastre en Berry, a donné un Petit
traicté en vers, contenant la de'plo-
Taiiotide toutes les princes de Rome
depuis la fondati m et constiintion
d'icelle , faicte par Roniiilus , jus-
cjues à la dernière prinse d:s Espa-
gîiols qui a esté la plus cruelle de
toutes les autres , 1 j'iS , in 8°. — Go-
dard (Jean), né à P.iris le 1 5 sep-
tembre 1 554 , était lieutenant-général
au baiHiage d( Rii)emont. Il fut amou-
reux d'iuie demoiselle qu'il a célébrée
dans ses vers sons le nom de Lucrèce;
el il mourut après i6'24- C)n a de lui:
1. Les Triomphes de Henri IV^ Pa-
ris, 1594, in-8 '.;impiiiMé,s aussi sous
ce litre : Les Trophées de Henri IF^
I^yon, 1594, in-8 .C'estunerc'iinion de
trentc-qu itre sonnets. W.OEnvreSy
Lyon, 1594, >>> vol. in-8°., dédiéer. à
HcnrilV.Ou y trouve Zrt Franviade^
tragédie en cinq actes; et Les Dégui-
sés, comédie en cinq actes et eu vers
de huit sy'Iabes , sujet tiré de la pièce
de l'Arioste , intitulée : / suppositi.
Tiodard donna une secoude édition de
GOD 5/îi
sesœuvresen \Vy).\. IIÎ. f.aiwiwrlle
Muse , <iu les Loisirs de J. Godard ,
Lyon, 1618,111-8". W. La Langue
frnnciise^ première partie , l^y "S
1620, in-8'. A. B — T.
(iODAHD D'ADCOUB, né à
Lan^res, au commencement du dix-
huitième siècle , fut fermier-général, et
mourut en 1775. Il s'était occupé de
littérature. Voici la liste de ses ouvra-
ges : 1. Mémoires turcs avec ^histoire
galante de leur séjour en France ,
174^ , '-2 vol. in-1'2. « Ouvrage trop
)) libre , dit M. l'abbé Sabattier , mais
» plein d'intérêt, et dont la seconde
» partie renferme une excellente cri-
» tique de nos mœurs. Le style en est
» vif, élégant et facile. Ou en a donné
» depuis une nouv. édition, à laquelle
)> l'auteur a ajoutéuneépîtredédicatoire
» à M^^^. D. T. (Duthé, courtisane cé-
» lèbre de Paris , alors existante) , 011 ,
» sous le voile d'une ironie piquante
» et bien soutenue, il fait la critique
» du luxe impertinent des ï>aïs de la
« capitale. » L'édition dédiée à M'^*.
Duthé, est la «ixième; elle est en 'î vol.
in- 12, et porte la date de 1776. ll.ie
herceiu de la France , 1 744» in- 1 2.
m. Louis Xr, poème , 1744, '"-'2.
IV. Le Bien- aimé , allégorie , 1 7 4 4 ?
in- 12 , contenant une critique des
écrits qui pariuent sur la convales-
cence de Lo\iis XV. V. Histoire et
aventures de *** , par lettres, i ^44 >
in- 1 2. VI. Naissance de Clinquant
et de sa fille Mérone, conte allégo-
rique et critiqu". , 1744? '"" ^ 2- ^^f •
The mi dore , 1745, in-12; 1797,
drux volumes in - 12 , roman licen-
cieux. VIII. Académie militaire ^ ou
les Héros subalternes , par un auteur
suivant L'armée , I7^5, six parties
in - 12. Il y en a plusieurs réim-
pression'? en 2 vol. in- F 2. IX. La
Pariséide , ou Paris dans les Gau-
les , 1775, 2 vol. in-8'. X. Quelques
54'2 GOD
pièces de tlicatre inédites , savoir (avec
Viilarct et Brel ) , Le Quarlwr d'hi-
i'er, comédie, jouée au Thcâirc-Fian-
çais en i ^44 '•> ^^ ''^"^ ^^ Théâtre- Ita-
Jien, La Déroute des deux Paméla^
( celle de Lirh'Tusscp cl celle de Boissy) ,
1 "j/^^j cl L^^mour second, \']^5.
A. B—T.
GODDARD (Jonathan), physi-
cien et rhiraiste ang ais , naquit à
Greenwirh en 1617. Il iut reçu doc-
teur en i64'2j à i'université de Cam-
Lridge , et fut nommé depuis méde-
cin en chef de l'armée analaise. En
cette qualité il accompagna Gromweil,
d'abord en Irlande et ensuite en Ecos-
se , et revint à Londres en 1 65 1 , après
Ja l)atail!c de Worcester. Goddard
avait été nommé, la même année,
principal du collège de Merton , etavait
clé également agrégé comme docteur
en mé'Iecine à l'université d'Oxford ,
dont Cromwell était chancelier. Quand
ce dernier retourna en Ecosse, l'an-
née suivante, pour réunir ce royaume
à TAngleterre, il nomma, par un arrête
du 16 oct. i6f)2, Goddard et quatre
autres , ses délégués pour toutes les
concessions et dispenses qui exigeaient
son consentement. Lorsqu'en i6()5,
le parlement fut dissous par Cromwell
et remplacé parmi nouveau, Goddard
fut nommé représentant de l'université,
et roiiseiller d'état la même année.
Quoique les honneurs dont il avait été
comblé par le proicctcur , l'eussent
mis en défaveur auprès de Charles
II, ce physicien ne laissa pas île jouir
d'une grande considération , par les
.serviras ii'iles qu'il rendit à la soric'lé
royah; de Londres. Il enseigna aussi
la médecine au collège de Gresham , et
publia différents écrit.s. Il mourut le
•j\ mars 1674. l'C' souvenir de son
ïmm s'est ronservé par l'inventicni qui
lui rsl tlue de dillércntes drogues,
anjourd'hui hors d'iisa^je , et «pj'uii
GOD
trouve indiquées dans Sprat : Uis-
tory oflhe royal Society, pag. jçyy,
290. Mais il mérite surtout d'être
cité , parce que si l'on en croit Seth
Ward , évêqtie d*" Salisburv, dans "
son Inquisitio brebis sur XAsiron.
philolàicœ fundanwnta, de Boulliau,
Oxford, i655, in - 4**-'» Goddard
est le premier Anglais qui ait cons-
truit un télescope. Voici la liste des
ouvrages qu'il a publiés en latin et
eu anglais : I. Ârcana Goddar-
dianciy qui ont été réimprimés dans
la Pharmacopeia Bateana. IL De
Vahus des remèdes. III. De la mal-
heureuse situation où se trouve la
pratique de la médecine à Londres ,
1^69,10-4^. Les Transact. philoso-
phiques , et y Histoire de la société
royale , par Birch , indiquent encore
nombre d'autres écrits de ce mé-
decin , mais qui de nos jours n'ont
plus d'importance. B — 11 — d.
GODEaU (Antoine), évêque de
Grasse et de Vencc , né à Dreux eii
i6o5, fut l'un des premiers membres
de l'académie française. Il s'adonna de
bonne heure à la poésie; et, de sa
province, il envoyait, sans aucune
prétention , ses premiers essais poéti-
tiques à Conrart, son parent, chez
lequel il logeait lorsqu'il venait à P.iris.
Os productions d'un jeune homme
furent tellement goùiées par les per-
sonnes auxquelles Conrart les mon-
tra , que celui - ci conçut l'idée de
rassembler, dans sa maison quelques
g<ns de lettres pour leur en faire la
lecliirr. Ces assemblées furent, pour
ainsi dire, le berceau do Tacadcmie
française ; et ce lurent elles qui
commencèrent la réputation de Go-
deaii. Conrart engagea le jeune poète
à se fixer à Paris. Il y fut accueilli par
tout ce que les sociétés de la capitale
diTiaient de plus aimable et de plus
dibtiiigué; soit eu bcaux-espiits , soit
GOD
ru prccit'U.ses , |)our nous servir do
rcxprc'ssion (le ce trinps-là. M.nlc-
inuisclle de U.unboiiillcl, Julie d'Aii-
gennes, dil, dans une de ses lellresà
Voilure : « II y a ici un homme plus
V petit que vous d'une coudée, et,
» je vous jure, mille lois plus gal.inf. »
]^l Ciodcau fut appelé le nain de Ju-
lie. 11 se fit une soi te de renommée de
ce qu'on ëlail convenu d'entrndjc par
galanterie , dans un siècle où Texem-
ple de quelques écrivains à la mode
avait appris à rafiner snr tout. Voi-
ture , qui peut-être avail conçu quelque
jalousie de la prëdileeiion que sa nol)le
correspondante, la dispensatrice des
réputations du jour , alTectciit pour
Godeau , adressa quelque temps après
à ce dernier le 'rondeau,
Comme iiu galant et brave chevalier,
qui se termine ainsi :
Quittez l'amour, ee n'est votre métier;
Faites des vers, tradiiiseï le Psautier}
Votre façon d'écrire est fort jolie ;
Mais gardez-vous de faire de folie ,
Ou je saurais, ma foi, vous cL&lier
Comme un galant.
Du galant de l'hôtel de Rnrabouillet,
il y a loin à l'cvêque de Grasse et de
Vence. Par quel enchantement a pu
s'opérer une telle métamorphose? Go-
deau vivait dans un temps où l'humble
]>elil-coilet était presque toujours com-
ble' des faveurs de la fortune : Godeau
fut abbe'. Ayant composé en vers fran-
çais une paraphrase du cantique Bé-
nédicité, il en fit hommage au cardi-
nal de Richelieu , protecteur des let-
tres. Le ministre reçut avec bonté le
présent, et dit, du ton le plus gra-
cieux, à celui qui le lui offrait: u M.
w l'abbé, vous nie donnez Benedicite,
y> et moi, je vous donnerai Grasse. »
Peu de jours aj>rès , Antoine Godeau
s'appcldit monseigneur de Grasse. Si,
dans cette occasion, le cardinal dit un
bon mot, il fit en même temps un
digue prélat : Godeau uc cessa de se
GOD fJO
faire remanpK r p ir ses vertus cliié-
tirnnes, sa haute piété, et sa scrupu-
leuse exactitude a rcmj)lir tous les
devoirs de son pieux mmislcre. Si
nous voulons maintenant le considé-
rer connue écrivain, nous serons for-
cés de convenir que Despréaux «t
raison ; Antoine Godeau fut un pau-
vre poète. Il était loin de mau(jucr
d'esprit; mais il n'avait tenu compte
du précepte d'Horace :
Sumite maleriam veslris ,qui scribitis , aqtiam
Viribus.
Son talent était au-dessous du genre
qu'il avait adopté. Ce n'est pas qu'on
ne trouve , parfois , dans ses odes ,
des pensées dignes des grands poètes;
par exemple ces vers :
.... f.eur gloire tombe par terre;
Et comme elle .1 i'<'elat du verre ,
Elle en a la fragilité
que Corneille n'a pas dédaigné de s'ap-
])roi>rier dans Polieucte. En général les
productions de Godeau prouvent la
fécondité de son esprit : il écrivait avec
une abondante f^icililéque l'on ne con-
fondra jamais avec la verve. L'cvê-
que de Grasse fui député des états de
Provence , sous la régence d'x\nne
d'Autriche ; on remarqua , dans sa ha-
rangue , qu'il dit, en parlant de cette
province, et pour donner une idée de
sapauvreté, que, comme elle ne portait
que des jasmins et des orangers, on la
pouvait appeler une gueuse parfumée.
Godeau partagea le sort du grand nom-
bre d'écrivainsmédiocres dontla gloire
usurpée s'évanouit le lendemain du
jour où leurs productions ont fait naî-
tre un fol enthousiasme. Le nom de
Godeau , cependant , plus heureux
que ses vers, a sur eux cet avantage
qu'il est encore assez connu, lorsque
depuis long - temps personne ne lit
ses faibles écrits. On pourrait douter
qu'il eût donné la mesure de son ta-
lent, s'd avait restreint ses moyens
544 GOD
dans l'enceinte de la ca mère poétique:
mais il parcourut un plus vaste champ;
et l'histoire et la biographie ont tour
à tour occupe' sa plume. \J Histoire de
l'Eglise depuis le commencement du
monde jusqu'à la fin du Fin . siè-
cle, Paris, i(353- 1678, cinq vol.
in-fol.; la Fie de St. - Paul, ibid.,
1 647, in-4'.j celle de St. Augustin y
ibid., i652, in -4"., Lyon^ 1^)8),
ia-8\; celle de M. de Cordes, con-
seiller au Cliatelet, il)., i645, in-
1 2 ( anonyme ) ; les Eloges des évê-
(jues qui , dans tous les siècles , ont
fleuri en doctrine et en sainteté, P.i-
ris, i665, in-4''. ; les Éloges histo-
riques des empereurs, etc., ibid.,
1(367 ,in-4°-, fixèrent l'opinion qu'on
devait concevoir de son meVite comme
prosateur et comme écrivain. La Ver-
sion expliquée du nouveau Testa-
ment, Paris, 16G8, 2 vol. in-8\;
167 2 , in- 1 2.; la Morale chrétienne ,
ibid., I 705,5 vol.in-i2, et 1709; la
Fie de St.- Charles Borromée, ibid.,
1657, in-8". ( Fof. BoRROMEE, V ,
201 ); ï Eloge de St.François de
Sales, Paris, i()63, in- 12, et le
Panégyrique de St.- Augustin, ibid.,
1 055 , in- 1 2 , ceux de ses nombreux
ouvrages qui, pour leur importince
ei leur mérite , furent le plus recher-
chés dans le temps qu'ils parurent,
ne feront ressusciter ni la grande célé-
brité de son nom, ni l'éclat de sa gloire
passée. Nous nousibsiiendrousdr par-
ler de la Paraphrase sur les Epîtres
de St.Paul, P.«ris , i()4 1 , in 12; tle
celle des Epitres canoniques y ibiJ.,
1640, in-i2, ainsi que do Fastes
da l'Eglise , ibid., 1O74 , in 12 ,
poème de plusde i 5,()00 vers. Ces vo-
lumineuses com|)ositions, non plus que
les Eiiloaues chrétiennes, le poème de
V Assomption, celui del.» Maddeine ,
celui de St.- Eustache y ne trouveront
contre les ouir.iges du temps aucune
GOD
défen-^c dans la sollicitude de la pos-
térité. Quelques vers de la paraphrase
des Psaumes de David, Paris, 1648,
in-4'.,et du poème de St. Pauly'ih.^
1654, in-i2, et quelques unes de
ses lettres , sont peut-être , les seuls
vestiges qui resteront parmi tant d'é-
crits (1). Ses Psaumes ont été mis
en chant , et quelquefois substitués à
ceux de Marot dans les temples ;
mais la musique de Gobert n'a pu
réchauffer la froide prolixité des vers
de Godeau , et elle est elle - même
oubliée. Un homme d'esprit r«:ndait
raison du délaissement où sont res-
tées ces poésies, souvent parsemées
de beaux vers, en disant , « qu'elles
ont la simplicité, mais non la force; »
ce qui fait souvenir du mot de Boileau
sur ce poète qu'il appelle , toujours à
jeun. On a cité mille fois une anec-.
dote qui fait beaucoup d'honneur à
Godeau. Venant les derniers, nous
n'off'iirons au lecteur que le mérite de
l'exactitude , en la transcrivant d'un
recueil contemporain: « Lorsque l'his-
» toire ecclésiastique de M. Godeau,
» d('jà évêque , commença à paraître ,
» le père Le Cointc, de l'Oratoire, se
» trouva chez un libraire avec quel-
» ques savants. M. Godeau y était
» aussi. Il avait eu soin de cacher
» totites les marques de sa dig^nité
» qui auraient pu le faire reconnaître.
» \i 1 conversation roula sur cette nou-
» velle histoire; et, suivantla coutume
» assez ordinaire aux savants , on en
» parla avec beaucoup de hberlé. Le
» père Le Gointe convint qu'il y avait
{t) La plupart >rfQtre eut u'ont p.«t ^l<^ tout-
à-fiit inutiles u rFl^lise , r( rLiiioirc ue (Iéil4i{;ne
liai <lr 1rs coniultir encore quelqu"roif . tëinoiit
la r(!iinprejsiu>i i|ue M. Jaullret, aujour<l'hui <tvé-
qiif (11- Mrtx , a ilotiiié des Etofin' ilts iviquet ^
1801, iii-K". Ce woliime, dont les ajiiiùuns forinriit
M p'-n prc» 1.1 Cinquième partie, est enrichi J'uim
Vie de Giiileaii, i|ui se trouve à son ran}; parmi
relie» di-s «'vi'uiirs. N'iu» u'avoM» don»- pa» eu 1*
prëleiitiiiii lie jutf'rlrs <>iivr<i(;ri ili; Go4c*ll *U*
Ueiwcnt ([Ut soui le rapport liUériurc .
r.on OOD 545
« beaucoup ilo ( Ijiiscs ( xccllenics d.jns vivjgc 0» prose ilc Godraii, qui n'.iv.iit
1) cet ouvr.T^o , (prori lie poiiv.iit «|uo vini;l-f|ualrc ans Jorscju'il le pii-
» lien lire de plus jiuliricux cpur ses bli.i , l'.nis, i()'2|), in 4"« î «eprodiiiC
» rcllcxidiis ; in.iis il .ijoiil» qu'il au- à la tclr de riiditioii des OEnvres de
» rait souhaitr j)lus dVxaclitudc dans Mallurbc \M\r Mc'iia^c, i7'-i';t, 5 vol.
» les laits et plus do rriliquc. Il fit iu-i7>. Ce discours est reniarquahlo
» cnsuiu rcniaïqiirrqucKjutspiKlroils j)ar la sapfessc des idées et la j^nrclc
» qui r.ivaicnt le plus frappe. M. Go- du style ( 1). G. V — a.
> (leau écoutait sans rien dire. Apres GODEAU ( MiCHtr, ), ne vers
' !o d<'part de ce père, il eut ^raud iG56, professait la rhétorique au
>) .soin de savoir sou nom et sa de- collège des Grassins , en 1684, <t f"t
)) meure. Le même jour il se rendit à recteur en i ■] 1 4. H fut .uissi cure' de
« Toratoire , et se lit annoncer; on St.-Conic. Se trouvant implique dans
» peut s'imaginer quelle lut la sur- les affaires du jansénisme et dans
» prise du P. Le Cointe lorsqu'il le l'opposition de la facullc des aris à
» vit : il lui fil des excuses de son in- |a Jsulle Uni^erùlus , il fut en i-jSG ,
» discrétion. Le prélat le remercia au iéxile à Corbeil , quoiqu'il (ût alors
» contraire de sà sincérité, le pria de quatie- vingt.»» ans; et il mourut !c 'l'j
» continuer ce qu'il avait commence' mars de la même année. Il est auteur
» le matin, et lui fit cette prière avec des ouvrau,cs suivants : 1. Âlrés^édes
» tant d'instance qu'il ne put lui refu- maximes de la vie spirituelle^ re-
» ser sa demande. Ils lurenlensemble cueilli des sentiments des Pères et
» cette histoire, sur laquelle le P. Le traduit du latin de D. Barthélemi
» Cuinte fit d'ampîcs remarq\»es. Le des Martyrs ^ Paris, 1699, b)-i'2.
» pre'Iat, après l'avoir remercie, en DansVBisloire de l'académie fran-
» profita dans une nouvelle édition. c<ïije par Pelisson, celte traduction est
» Depuis ce temps, il honora le P. attribuée à M. Godeau,e'vêque de Ven-
» Le Cointe de son amitié'. » Ce rcs- ce. Il n'y a de ce prélat dans Touviage,
pectabie prélat mourut à Veuce , le que l'éloge de dom Barthélemi des
•J.I avril iG''j2. Comme la bibliogra- Martyrs. IL De V Amour de Dieu,
phie de ses nombreux ouvrages est trailédeSt-Bonawenture,l?ai\s,\ni'2^
Lrt étendue, nous renvoyons _, pour in-i 2. III. Une grande partie des/;oe-
li compléter , aux Bibliothèques de sies de Boileau , mises en vers latins
Dupiu, et du P. Le fiOiig, aux Mémoi- et réunies en un recueil sous le titre :
r<?5 de IN iceron, tom. XVIII et XX , et Perillusiris viri Nicolai Boileau
surtout à V Histoire de V académie Despréaux opéra è gallicis nume-
jrancaise , 1743, tom. i '., pag. 1 -2, ris in latinos translata, Paris, 1 737,
95, 5 14 et 596. Ce dernier ouvrage in- 12. Les pièces traduites sont le
fournira des détails curieux et plus Discours au roi , les douze Satires y
étendus sur la personne de Godiau, les douze Epilres, les quatre chants
Nous ne croyons pouvoir mieux ter- ■
miner cetarticle qu'en appelant l'atten- ('^ Les biMiopLiies auraient droit de do««
» ri reprocher d avoir négligé celte occ.ision de faire
lion sur nnedeSproduCtionsdecelécri- connaUre a nos lecteurs un ouvrage de Godeau
1 . I 1-1 !• „1 „ „ . ' ' qi'i paraît n'avoir pas été connu de» historien»
Vain,d0nt les bibliographes ont gène- 3e l'academie française, daiUeurs fort exact»
ralement neyise de donner l'indication Ç;"";.'^ '.' ™»"- ^ ''/ "". ''^î? '"tiiuié : Prières es
no /Kledilations ^ par Antutne Godeau , Pans, ib43 ,'
prCriSC : C est un Discours sur les q"; n'a jamais été tiré qu'a six exemplaires, e*
j nr JJ 1 \ qui fut imprimé pour Tusace de la reiae de Fraac»
œui'res de Malherbe fie itrcmicv OU' Inuc d'AuuicLe.
XVII. 35
546 G 0 D
de VArl poétique. Il avait aussi , dit-
on , traduit le Lutrin; mais celte tra-
duction ne fait pas partie du recueil.
Si l'on en croyait l'auteur de l'appro-
bation , Boileau se serait reconnu dans
cette version , et aurait même trouve'
que l'expression latine rendait quel-
quefois mieux sa pensée. D'autres sont
d'un sentiment bien op[)Osë. Us disent
que Godeau a moins traduit Boileau
qu'il ne l'a travesti^ et suivant eux,
« le Virgile de Scairon approche plus
de l'Enéide, que la traduction de Go-
deau de son original ( i ); » jugement
qu'on peut croire également exagéré
des deux cotés. On trouve dans le
même recueil la traduction latine de
deux Pièces en vers français , de
l'abbc de Villicrs, et à la tête un petit
poème de l'abbé de Lavarde , in vers
hendécasyllabes,iutittdé : UmhraGo-
delli ad suum librum. IV. Traduc-
tion en vers saphiqiies de l'ode de
M, Roi sur V étude ^ et quelques au-
tres pièces de poésie, les unes impri-
mées, les autres restées manuscrites
cl aujourd'hui sans inlcrêl. L — y.
GODliBl':irr, roi des Lombards,
en 6(ii et G62. Aribcrt appela en
mourant ses deux fils , Godebert et
Pcriharile, à lui succéder. Godebert
s'établit à Pavi(! , et Perlharile à Mi-
lan : cependant celui ci, qui était l'aî-
né , voyait avec jalousie son frère
cg.ilé à lui. Des disputes survinrent
relativement aux limites des deux apa-
nages : Godebert fit demander des
se-ours ."i Gi imoald , duc de Béné-
v<'nl,lc plus puissant fcud.itaire lojn-
bard; et Grimoald accourut avec une
nombreuse armée , dans riiilenfiou
de profiter de la discorde drs deux
ftrères, pour s'inipirer lui - merne de
la couronne. Il fut reçu à Pavie , ( t
logé dans le palais , comme un ami
(1) Le* Troit Sikcles de la Liltirutmrc J'ran y.
GOD
fidèle ; mais Godebert , ayant conçu
quelque défiance , mil une cuirasse
sous ses habi's à sa première en-
trevue avec Grimoald. Le duc de
Bénévcnt, en embrassant son souve-
rain, sentit celle cuirasse : il feignit
de la prendre pour l'indice d'un pro-
jet hoslile ou d'une trahison; il fit
massacrer Godebert, cl s'empara de
son palais. Perlharile, attaqué à son
tour, chercha son salut d ms la fuite ;
et Grimoald, quinze mois après Ift
couronnement des deux frères, fut
couronné roi des Lombards, en 662.
S. S— I.
GODEFROI DE BOUILLON, duc
de Lorraine , et premier roi chrétien
de Jérusalem , naquit au village de
Bczy, près de Nivelle, dans un châ-
teau dont on montrait encore les res-
tes à !a fin du dernier siècle. Son père
était Euslache II , comte de Houlo<ine,
et sa mère , 1 de , fille de Godefroi le
Barbu, duc de f^orraine, qui comptait
Cliarlemagne parmi ses ancêtres. Go-
defroi le bossu , frère de Ide, ayant
adopté Godefroi de Bouillon , l'aîné
de SCS neveux, lui transmit leduchéde
Lorraine. Hf^iiri IV, empereur d'Al-
lemagne, animé d'une haine invétérée
contre les ducs, et espér.uit que la jeu-
nesse du nouveau prince servirait
ses vues ambitieuses, voulut contr.i-
rier cette dis|M)silion, sous le prétexte
que le droit d'élire les ducs de Lor-
raine était une des prérogalivo df !a
couroiuie impériale. Godelroi de Bouil-
lon eut donc à se défendre contre
Tliéoil()ric,éve |ue de Verdun, el Al-
bert, comte de Verdun , ennemis que
lui suscitait la polili(|ue de Henri;
el il lutta contre eux , sinon avec
succès , du moins avec une grande
valeur. Dans la suite , la guerre
ayant éclaté entre le pape el l'empe-
reur, Gudefroi prit parti pour celui-
ci , et entra le premier dans Rome ,
G on
avec les .irmccs iinpëi ialcfî : iiiie mala-
die p;iMvc r.jyinl IV.tppo apics cette
guerre, il Id regarda conime un châti-
ment envoyé du ciel , pour le punir
d'avoii |)i)i te les armes coiitic le Sl.-
Sief;e, cl (it le vœu de se rcndreà Jé-
rusalem , non comme pèlerin , mais
ci^mmc défenseur des clircficns. (lO-
detVoi donna encore de nouvelles
preuves de courage dans la révolte
des vSa\ons , qui voulaient élever au
tronc Raoul , duc de Souabe ; et ayant
rencontre ce prince dans la inèice,
il retendit à ses pieds. Vers ce
temps, l'Occident anime par les pré-
dications de Pierre l'ermite, et saisi
d'un pieux enthousiasme , se levait
eu armes pour marcher à la con-
quête de la Terre-Sainte. Godefroi ,
lié par son vœu , prit la croix ; et
pour subvenir aux frais de la croisa-
de , il permit aux habitants de Metz ,
dont il e'tait le suzerain , de racheter
leur ville, vendit la principauté' de
Stcnayà l'cvêquede Verdun , etce'da
ses droits sur le duché' de Bouillon à
l'cvèque de Liège. Sa renommée et son
exemple attirèrent sous ses drapeaux
ce qtje la noblesse avait de plus dis-
tingué en preux chevaliers : il partit
pourConstantinople le i5 août 1096.
Godefroi éiablit dans ses trounes une
discipline scvcre, et s'efforça d'ef^icer
la mauvaise impression qu'avaitlaisse'e
le passage des premiers croisés : bien
qu'il ne tût revêtu d'aucun comman-
dement absolu , chaque chef condui-
smt un corps d'armée soumis à ses
orclres particuliers, néanmoins il jouis-
sait d'une influence acquise par sa re-
nommée. Lorsqu'on approchait de
CoJtstanlinop'e , on apprit que Hugues
le Grand, frère du roi de France, qui
avait été pris par des cors iire.> avec
quelqiKS autres seigneiu'S, languissait
dans les fers de l'empereur : Godefroi
Tajant réclamé , et ayant éprouvé un
GOD 547
refus, livra la campagne au })illage :
tout le peuple prit la fuite vers Gons-
tanliuople, et y jeta la terreur L'ar-
mée des croisés, continuant sa mar-
che, vint camper devant !a capitale ;
alors Al( xis intimidé, mit h s captifs
en liberté : Hugues le' Grand, Dieux
de N'esie, (iuill.uunc Chirpcntier, et
Glerembault de Verdeuil, durent leur
délivranceà Godefroi. Pend.iiit leur sé-
jour sur les terres de Constantinopic,
les croisés eurent à se ganntir de la
perfidie et des embûches des Grecs :
la sagesse et la fermeté du duc triom-
phèrent de ces obstacles , et forcèrent
l'empereur à changer de politique.
Non seulement il traita les chefs de
l'expédition avec la plus grande dis-
tinction, mais même, dans une audien-
ce solennelle, il fit revêtir Gudefroi
du manfeau impérial, le fit placer à
ses côtés, l'adopta pour son fils, et
mit l'empire sous sa protection. Outre
de riches présents qu'il lui offrit en
draps d'or, d'argent et de soie, en
perles , pierreries et vases de toute es-
pèce; il ordonna que depuis la fête
des Rois jusqu'à l'Ascension , le trésor
impérial lui donnerait chaque semaine
autant d'or et de pierreries que deux
hommes pourraient en port< r, et neuf
boisseaux de monnaie blanche : tous
les princes croi es furent traités avec
la même munificence. iVIais on con-
vint que les conquêtes qui auraient
précédemment fait partie de l'empire,
seraient remises à Alexis, et que, pour
les autres, on lui rendrait hommage.
Godefroi quitta donc i'emj)ereur avec
des démonstrations de l'amitié la plus
franche, et prit la route de Nicée. Pen-
dant le mémorable siège de cette ville,
il donna une preuve d'adres«;e qui
mérite d'être rapportée : un soldat sar-
razm, d'une force extraordinaire, se
tenait sur le haut d'une tour, d'où il
bravait les croisés parmi lesquels il
55..
^,;b god god
jetait la terreur et h mort. Ses coups aussitôt sa proie, et se jette sur lui •
étaient cert:<ins , tandis qu'aucun trait au même moment le cheval du duc
ne pouvait l'atteindre. Godefroi sur- s'abat, et renverse son cavalier: Gudc-
vient, saisit une arbalèt;', et dirigeant IVoi conserve son sang froid , se relève
1 œil et la flèche vers le terrible sarra- avec la rapidité de l'éclair, et porte uu
zin , il le frappe dans la poitrine et coup d'épée au terrible adversaire.
l'étend sans vie. Apres un assez long L'ours , se sentant blessé, se précipite
siège, et un combat très acharné , au sur bii et le foule à ses pied^ ; G )de-
moraentou le. chiéliens allaient li\ ler froi , d'un bras, serre ie corps de l'ani-
iin dernier .^s^aul , l'étendard d'Alexis mal elluiplongtantde l'autre son épée
flotta sur les tours et les remparts de dans les entrailles, il l'étend sur la
la ville, dans hxpielle il entreienait des j)Iace. lile.ssé grièvement à la cuisse,
intelligences à i'in.su de ^es alliée, affaibli par une perte de sang cousidé-
Néanmoins Godefroi vouluf prendre rable, il fut reconduit au camp par le
la nouvelle conquête au nom de l'em soldat qui lui devait la vie, au milieu
pcrcur, Im envoya la femme et les des acclamations de toute l'armée. Au
enfants de l'émir qui y commandait , fameux siège d'Aulioche , lorsqu'il
et répondit à un trait de perfidie , en était à peine guéri de sa blessure , il se
gardant fidèlement la foi due aux scr- signala dans une mêlée par une iiou-
menls. L'armée des croisés, divisée en velle prouesse : un Sarrazin , d'ime
plusieurs corps, reprit sa route : une taille extraordinaire , l'attaque, et du
partie, altaquée à peu de distance de premier coup faif voler sou bouclier
JNicéc par des forces supérieures, al- en éclats. Godefroi se dresse sur ses
lail succomber et fuyait déjà en dé- étriers , s'élance sur son adversaire ,
sordre ; Godefroi survint , rétablit le et lui assène sur l'épaule uu coup si ter-
coml)at,et arracha la vietoireaux Sar- rible, qu'il partage son corps eu deux
lazins. Depuis ce moment les chrétiens parties , dont l'ime tomba à terre , et
marchèrent ensemble. Dans la grande l'autre resta sur le cheval, qui la porta
disette d'eau qu'éprouva l'armée, en dans la ville, où cet aspect hideux se-
traversant le pays de Sauria{ l'isau- ma la terreur. Après la prise d'Antio-
rie ), on vit le duc de Lorraine se pri- cbc, les chrétiens étaient devenus as-
ver de ses propres provisions pour les sièges, d'assiégeants qu'ils étaient; ils
distribuer aux femmes qui suivaient curent à supporter une horrible fa-
l'aimée. Au sortir de cette terre de miue, et tous les maux qui la suivent :
douKur , on entia dans une plaine plusieurs chefs renommés, trop fai-
lertile, couverte de bois, et coupée de blés pour en supporter le poids , quit-
plu.sieurs ruiss(aux. Godefroi, suivi tèrent l'armée; la défection devenait
df (juelqu'S seigneurs de Pisidie, pro- de plus eu plus munbreuse. Le fana-
lita du si'jour (p»e l'armée fit à Autio- tismc et la superstition détournèrent le
che pour prendre le plaisir de la danger d'un aussi funeste exemj>le,
chasse. S'ètant écarté de sa troupe, qui aurait entraîné la nuillitude. Les
il entendit des cris qui mai (luaient l'el- révélations , les prophéties , les mira-
froi, courut vers l'endroit d'où ils par- des se nmlliplièrent ; le courage se râ-
laient, et trouva uu soldat charge de nin>a:'rancrède, inuté par Godefroi et
bois, que poursuivait un ours allamé. ])lusieurs autres chefs illustres , jura
Acetle vue, il saisit son épée, et vole (pi'd ne renoncerait jamaisà délivrer Jé-
à la défense du soldai : l'ours quille rusaleiu lanl (pi'il compterait soixante
r, oD
comparions pour romhnltrp. IXius
celle (iitn faite, Sailli Aiidrc apparut
à lin j)rètr(' marscill.iis , pour lui an-
noncer (pif la lance (pii avait perce le
côld (le Notro-Seignenr , e'tait enfouie
près (le rauU'l de IV'^Iise (rAntioclie,
t'i (ju'ellc .-erail retrouvée le troisième
jour après cette re'vclition. Les chefs,
et l'armée à leur exemple , reçuicnt
celle nouvelle avec la plus vive joie-
et en effet , la terre ayant etc creusée
au lieu et le jour indiipics, en pre'seiicc
des personna[;cs les plus respectables
d'entre le c!erp,é et les chevaliers, le
pi cire marseillais s'élança dans la fos-
se , et en ressortit tenant en sa main
la lance cle."-tinèe à produiic des mer-
veilles. A celte vue , tous les croises
poussèrent des cris d'aîégrcsse ; et,
certains désormais d'être invincibles,
ils marchèrent contre l'armée de Kor-
l)oga , émir sarrazin , qui les tenait
assiégés. La sainte lance était portée
dans les rangs, où elle excitait l'ardeur
la ])!us vive: les soldats exténués par
la f;imine, les malades menus, ras-
semblaient le peu de forces qui leur
restait , soulcnus par l'espoir de vain-
cre ou de mourir pour Jésus-Christ ^
et tel fut le miracle opéré par l'in-
fluence de cette lance , que les Sar-
razins fuient mis dans une pleine
déroute et taillés en pièces, quoique
très supérieurs aux chrétiens en nom-
bre , tt pleins de confiance dans
leur courage et l'avantage de leur
position. « Au lieu que les hommes ,
dit un histoiien du temps , avaient
accoutumé d'être ensevelis sous la
terre , la terre fut elle - même ense-
velie sous les hommes et les che-
vaux: tant le nombre en était crand. »
Parmi les jirodiges de celte mémora-
ble journée , on rapporte que trois
hommes d'une grandeur extraordi-
n-iirc, moulés sur des chevaux blancs,
apparurent à toute l'armée, précédant
r, 0 I) 549
les cohoites cli)éiienncs,cl jet.int [)ar-
tout l'épouvante et la mort : c'étaient
Saint - Défuelrius, Saint - Cicoioe rt
Sanit-l'héodore. Godefroi conunan-
dait l'aile djoite au coramencrmcnt du
combat; il enfonça l'dinemi tpii lui
était oj)|)05é , et fit des prodiges de
valeur. Telle était la détresse où l'avait
réduit sa générosité er.vers ses com-
jiagnons, que ce jour-là il fut oblige,
pour combattre, d'emprunter un che-
val au comte do Toulouse. Enfin l'ar-
mée arriva devant Jérusalem : l'iion-
neurde monter les premiers à la brèche,
d'entrer dans la ville siintc, étiit ré-
servé à Godefroi , à Eustache son frère
et à un petit nombre de braves ( f^oy.
Estourmel)^ et il n'en fallait pas da-
vantage pour satisfaire toute l'ambi-
tion du pieux héros. Le duc de Lor-
raine s'élança donc sur les murs, pé-
nétra dans l'intérieur de la ville, s'em-
para de la porte de St. -Etienne, et
l'ouvrit aux chrétiens, qui poursuivi-
rent les Musulmans dans les rues,
renversant les barricades derrière les-
quelles ils cherchaient un dernier asile.
Godefroi , c[ui s'éîait abstenu du car-
nage après la victoire , laissa ses com-
pagnons livrés à l'excès de leur joie,
et, suivi de trois serviteurs , se rendit
sans armes et nus pieds dans l'égli-
se du Saint-Sépulcie. Cet acte de dé-
votion édifia toute l'armée , et lui rap-
pela les devoirs de la piété : aussitôt
toutes les veniieances , toutes les fu-
reurs s'apaisent ; les croisés se dé-
pouillent de leurs habits sanglants,
font retentir Jérnsaleu» de leurs gé-
missements, et, conduits par le clergé,
maichent eiiscmbîe , les pieds nus,
la tête découverte, vers l'église de la
Résuriectiori. Dix jours après la prise
de Jcrusalein , on s'occiq^a d'en réta-
blii" le roV'Tume, et de lui donner un.
chef qui j)ût dé'cndre et conserver une
avissi précieuse conqueLc. Quatre per-
55o G 0 D
soiinag^cs egalpramt illustrps, Gode-
froi , Kaytnond , Robert, duc de Nor-
mandie et Tancrède pouvaient préten-
dre à la couronne; et les opinions des
croises se part igeaitnt entre ces can-
didats. Dix chrétiens, choisis parmi
les personnages les plus recomnian-
dables du ckrgé et de l'armée , furent
appele's à élire le roi de Jérusalem.
Guillaume de Tyr rapporte à ce sujet
que les dix arbitres, voulant s'éclairer
de tous les moyens propres à les con-
duire à un bon choix, questionnèrent
les familiers et ks domestiques des
prétendants : à chacun d'eux on re-
procha quelque défaut ; les amis et les
gens du seul Godefroi ne mêlèrent au-
cune restriction au témoignage una-
nime qu'ils rendirent des veruis de ce
grand personnage. Les électeurs pro-
clamèrent donc le nom de GodclVoi;
et l'armée reçut cette décision avec la
joie la plus vive. On conduisit le duc
en triomphe à l'église du Saint-Sépul-
cre; et là il fit le serment de respecter
les lois de l'honneur et de la bonne
foi. La cérémonie de son inauguration
se borna à l'exécution de cette forma-
lité; car Godefroi refusa le diadème
et les marques de la royauté, disant
qu'il u'accej)terait jamais une couroii-
nc d'or dans une ville où le Sauveur
avait été couronné d'épines : il se con-
tenta du titre modeste de baron et
défenseur du Saint-Sepulcre. Était-ce
par humilité, ou par un sage ménage-
ment pour l'orgueil des autres chels,
<juc Godefroi en agit ainsi ? Cette
conduite, quel qu'en lut le motif, n'en
fSt pas moins digne d'admiration. Les
Musulmans , ronstcrnés par la prise
de Jérusalem , firent de nouveaux < 1-
forts, et rasseinblèrrnl tles troupes de
toutes le«; pai lies de la Perse , do la
Syrie et de l'I'ïgyjite; leur iiouilirrusc
aimée s'av.inça vers Jéiusalein. Go-
defroi ^ SUIVI de tous Us ciuisés en
GOD
état de porter les armes , la rencontra
dans les plaines d'Ascalon ,et eut en-
core à bénir le ciel d'une nouvelle
victoire. Ce ful-là le dernier des ex-
ploits de la i ""'. croisade : l'armée
chrétienne rentra dans Jérusalem ,
chargée des dépouilles des Sarrazins.
Godefroi s'occupa de reculer les bor-
nes de son royaume, de le mettre à
l'abri des invasions; enfin de donner
à ce peuple nouveau , composé de
nations diverses , un code de lois pro-
pres à comprimer les ambitions par-
ticulières , à concilier et à favoriser les
intérêts de tous , en sorte que le gou-
vernement et la justice prissent une
marche régulière. Dans cette vue ,
Godefroi, après avoir accompagné les
princes croisés à Jéricho , réunit dans
sa capitale des hommes^ éclairés et
pieux, qui formèrent les Etats ou As-
sises du royaume. Cette assemblée so-
lennelle sanctionna un certain nombre
de lois qui réglaient les droits des sei-
gneurs envers leurs vassaux, et des
vassaux envers leurs suzerains ; les
devoirs et les engagements des princes
à l'égard du roi , etc. : ces lois furent
déposées en grande pompe dans l'é-
glise du Sainl-Sépulcrc , et reçurent le
nom iï Assises fie Jérusalem , ou
Lettres du St.-Séyulcre{\ ). Ainsi Go-
defroi, après s'être attire l'admiration
des chiélitns par sa bravoure et ses
vertus , s'acquit des droits à leur re-
connaissance,en jetant les fondements
de l'ordre et de la félicité publique. A
peine Tancrède était-il retourné dans
SI piincipanté, qiu'le sultan de Damas
r.itlaqua avec toutes ses forets : («o-
dcfroi marcha à son secours", cl vain-
(pul les Sarra/.in>. Au retour de cette
expédition, l'euùr de Césarée vint à
sa rencontre, et lui présenta des friiils
( i) Ir cnilc (1«! »•••» iit)>inrii loi» a •'lé iirtprim»' à
lliiiir^cs , rn •(°h|<> , O'ii» \r tiln ilr l.ifir i/i > «l'w.
J«/ et i/t'j bons l^^ll^ll^ dtt ruj uiint« t/« Jriujut'tm.
GOD
de 1.1 Palcsliiip : (iodctVoi acrrpla une
jioiMinc tic cèdre, et peu de temps
après il lonil).i ui.ilade ; ou supposa
qu'il av.iil ètè euipoisonuc. Il rcviul
avec peiuc d.ms sa capitale , où il mou-
rut le i8 juillet i loo. Son cor])S fut
dépose dans IVuceiute du Calvaire,
près du tombeau de Jésus -Christ ,
(pi'il avait si vaillamuuMit défendu,
(iodefroi avait luie jdiy'^ionouiie im-
posante, et qui annonçait en même
tetnps la domeur et la senvihilitc de
son auie : son corps et ses mcndjres
étaient dans une juste proportion ;
à une taille élevée, il joiejnait une force
extraorduiaire. On rapporte à ce sujet
qu'un émir arabe étant venu à son
camp, et ayant oui parler souvent de
son adresse et de la vigueur de son
bras , voulut se convaincre de la vérité
de CCS récits ; il présenta à God( froi
un chameau sur lequel il le pria d'cs-
saver sa force. Godeftoi lui abattit la
tête d'un seul coup de sabre. L'A-
rabe attribua ce prodige à la qualité
du glaive de Godefroij et ayant remis
I son sabre au prince chrétien , il l'in-
vita à recommencer : la tête du second
chameau fut séparée du corps avec la
même rapidité que la première fois.
Alors l'émir avoua que les récits qu'on
lui avait faits étaient encore au - des-
î^ous de la vérité. JNous placerons ici
un trait de la pieuse simplicité de Go-
defroi. Des ambassadeurs d'une peu-
plade du Liban, ayant éîé introduits
aiqirès de lui, le trouvèrent assis sur
un sac de paille : eux qui s'attendaient
aie voir environné du luxe des prin-
ces oricLtaux , témoignèrent toute leur
surprime ; GodelVoi leur ré[)ondit :
« La terre doit être le siège temporel
des hommes pendant leur vie , ptu's-
qu'elle leur sert de sépulture apiès la
mort. » Les religieux de Saint-Fran-
çois conservaient précieusement à Jé-
rusalem I epée de Godefroi , cl la cci-
GOD
5St
gnaicnl au\ voyageurs ou aux pelei in$
qui visitaient le Saint - Sépulcre. On
sait que le 'Lusse a f.iil de la conquête
de Jérusalem , par Godefroi de Bouil-
lon , le snjet de son beau poème si
connu sous le titre de la Jérusalem
délivrée. Qu'il nous soit permis de
terminer cet article, par le passage
suivant , emprunté à notre Histoire
des croisades: « La mort de Gode-
froi fut pleurée par les chrétiens dont
il était le père et l'appui, et parles
Musulmans qui avaient plusieurs fois
é|)rouvé sa justice et sa clémence.
L'histoire peut dire de lui ce que
l'Kcrilurcdit de Judas Machabée. Ce
fut lui qui accrut la gloire de son
peuple ; semblable à un géant , il
se revêtait de ses armes dans les com-
bats , et son épéc était la protection
de tout le camp. Godefroi de Bouillon
surpassa tous les capitaines de son
siècle par son habileté dans la guerre :
s'il eût régné plus long-temps, on l'au-
rait placé parmi les grands rois. Dans
le royaume qu'il avait fondé, on le
proposa souvent pour modèle aux
princes comme aux guerriers. Son
nom rappelle encore aujourd'hui les
vertus des temps héroïques , et doit
vivre parmi les hommes aussi long-
temps que le souvenir des croisades.»
M— D.
GODEFPxOI, surnommé de Vi-
terbe, du lieu de sa naissance, fut
successivement chapelain et secrétaire
des empereurs Conrad III, Frédéric
L*". et Henri IV^. Après avoir employé
quarante ans à voyager dans les dif-
férentes parties de l'Europe pour re-
cueillir les matériaux dont il avait
besoin, il rédigea une chronique uni-
verselle en vingt parîies, qui com-
mence à Adam et finit <à l'année i 186.
Cet ouvraj^e, (ju'il intitula Pantheoriy
quoique la plupart des princes dont
il y trace l'hisloirc n'aient été iicu
552 G 0 D
moins que des dieux, est de'dle à Ur-
bairi IIÏ, qui occupait alors le troue
pontidcal. Il est écrit en pro.se luêléc
de' vers , et le slyle se ressent de la
barbarie du siècle. L'auteur se mon-
tre d'ai'lrurs entièrement de'pouivu
de cet esprit de critique, si né(es>aire
pour démêler la vérité, même dans
les récits contemporains ; mais on ne
peut lui refuser beaucoup de bonne
ici, de la franchise, et une érudition
très V'jstf pour le temps où il a vécu.
Jean Hérold pu])lia le premier , le
Chrojiicon unh'ersale , Bâ!e, iSGg,
in- fol. ( 1 ) . Jian Pislorius rins<'ra
ensuite dans les Scriptoi . rerum Ger-
majHcar. ,Yi\'incioit, i584j lianau,
i6i5; et l^ur. Gotlh. Slruvius, qui
donna une nouvelle édition de ce re-
çut il , Rati.^bonne , 17:16, Jijouta à
l'ouvrage de Godefroi , des vaiianles
tirées d'un manuscrit de la bibliothè-
que de Nuremberg. Mnidtori en a
inséré, dans le lom. vu de son Thés,
script. Italiœ y les cinq dernières
parties, corrij^ées et complé'ées d'après
une chronique manuscrite de la biblio-
thèque d'Kstc, dont l'auteur anonynie
convient s'être beaucoup servi de i'ou-
vragc de Godefroi. On conserve à la
bibliothèque de Vienne un manuscrit
de Godi froi , intitulé : Spéculum re-
(^um.Ctsl une liste chronologique des
rois et enqiereurs, depuis le déluge
jusqu'à Henri IV, à qui elle est dé-
diée, (•onq)o.sée d'a[)rès IJède, lùisèbe,
cl St.-Ambroise. On peut consulter à
ce suj< i le catalogue des n)anuscrils
dr cette bibliothèfpje par Lainbrcius ,
tom. II, ])ag. 7^5. VV — s.
Gni)i:i-ia)l. ror. Gintmoi.
GODKl'hOY (DÎms), célèbie ju-
risconsulte, naquit à Paris eu i54<)»
de parents alliés âtix familles les pins
( i) I.Vililion ilr l'raiii fort , iTiSiPilér pur Lrn-
|ï'»t Diifr«'»in>j, n'a jioiiit «-lu roiiniir «le l'ubiiciti),
«( j>'iurr«i( bif I» iU« iiu*;|jiuairr.
GOD
distinguées de la robe, et qui rem-
plissaient eux-mêmes d'honorables
emplois. Après avoir terminé ses
études classiques, il s'apphqua à celle
du droit, et suivit les leçons des fa-
meux professeurs qui enseignaient
alors dans les universités de Lou-
vain, de Cologne et de Heidelberg.
De retour en France , les troubles
civils qui éclatèrent de toutes parts
l'obligèrent bientôt de cluicher un
asile dans les pays étrangers. 11 se
relira à Genève, où il espérait trou-
ver le caliue nécessaire à ses projets,
11 y fut accueilli avec beaucoup de
distinction , et nommé à ure chaire
de droit en i58o. Henri IV le (it
bailli de Gex en i58g; mais cette
ville ayant été pri^e l'année suivante
par le duc de Savoie , sa maison fut
pillée , et il ne lui resta d'autre res-
source que de passer en Allemagne.
Retenu à Strasbourg , il y ensei-
gna les Pandccles depuis i^Qi jus-
qu'en 1600, que l'électeur palatin le
lit venir à Heidelberg. Les mauvais
procédés de ses contrères l'engagèrent
à retourner six mois après à Stras-
bourg, où il demeura encore trois
années, au bout desquelles il consen-
tit à revenir prendre sa place à Hei-
delberg, sur l'assurance qu'on lui
donna qu'd n'aurait j)lus nen à le-
douter de la jalousie des autres pro-
fesseurs. Ce fut seulement alors qu'on
s'aperçut de 1.» {,iu\c (ju'on avait faite
de ne pas chercher à rc tenir en France
un liunnne d'un si haut mériie ; et ou
lui oflVit la chaire ([ue Cujas avait lais-
sée vacante à Ijouiges : mais il la re-
fusa, ailcguant son âge, qui île lui
jiermeltail pas de tenter un nouvel
établissement, (^elte excuse lut celle
qu'il (q)pusa à toutes les instances
qui lui furent fiiles pour l'-tllinr a
Angers , à Valence, il dans d'autres
universités dcFraïue il d'AlIeuiogne.
G 0 I)
Il fut tlcpiitc, en i()i8, par Volcctcur
])al.(liii piTs tlii roi Louis Xlll,(pii
le recul avec boute (i) et le sollicita
de ileineurer à Paris; mais Godehoy
.se plaisait à Ucicielberg, où il jouis-
sait de toute- la eousideration due à
SCS talents, cl il souhaitait d'y termi-
ner ses jours. Celte altculc fut déçue.
Jya gueire qui fiuhrasa le P.ilatinat
l'obligea de revenir une troisième lois
à iSfrasbourg; et accable de chagrin
(l d'infirmités, il y mouiut le 7 scp-
tembic iGi'i , à soixante-treize ans.
fMalh. Ijerncggcr, sou ami, prononça
son oraison funèbre ; elle est impi i-
1^ mec daîis les Opuscules de Loisel.
De tous les ouvrages de Godelroy ,
celui qui lui fait le plus d'honneur , et
(|ui lui assure à jamais nu rang dis-
liiigue' parmi les juriscousultcs, est
son cditiou du Corps du droit ro-
main (^Corpus jujis ciifilis). La pu-
blication en fait époque dans l'his-
toire de la science. Sou texte , dit
Cmins, est celui qu'on a adopté pour
leçon commune dans ks universités
et au barreau , et les notes sont fort
l_ estimées (li). Ce Corps de droit a eu
H une foule d'éditions. La première est
■ de Lyon, 1 583, in-4". Les plus recher-
chées sont celles de Paris , Vitre ,
1628, 2 vol. in -fui.; et Amsterdam,
Ei/xvier, i6G5, 2 \ol. in-fol., par
les soins de Simon Van Leeven. Parmi
les autres ouvrages de Godehoy , on
citera : 1. Notœ in Ciceronem , Lyon ,
i5b8 et 1591, in-4*'. H. Ardiquce
(0 Ce prince lui fit présent de son portrait et
d'une médiiille d'or.
(9.) Ces notes sont très souvent rel.mivPs nu
Tapprochemenl d<-s aptinomitfs eu /ois qui parais-
.%<!iit ronlr.iduloMCS. G. A. Striive a rfciicilli les
noirs (le ce genre, en y joignant Tes so!iilii)r:s <\r.
ret ditlicullt^s , sons ce titre ; Dion, irnlliufredi
Immo h. e. roncitialio /egum in speactn jju~
^iKintiiitn qiias in nolif ad Pandeciar D. Co-'
thojrsdus vcrbuni imraù utiirfjando indicarc
ftl'jne argutie, omiiiii f/lfiituuiiir; jdliilionc m-
.'iineial : diicu<ji.f lO'Hi ari»ntm Icric/irii, evulvit
el in loncordiam adtlitxil G. A. Slru\ius , IrailC-
l'.Tt , 1G95, ia-4^.
GOD 555
historitp ex xxyiT auctnrihus con-
texliu lihri sex , IJàle, i5()o, in 8'.;
Lyon, i5()i , 2 vol. in-12. On lui
rejjrociie d'avoir Diit entrer dans ce
recueil les ouvrages apocrvphcs pu-
blics par Anniiis de Viterbe. IIL
Conjeclurœ , variœ leclioncs et loci
coimnujies in Scnecd, impiimcesà la
suite des OKuvies de Sénèque. Jean
Griller attaqua diflerenlcs remar([Mes
de Godefroy. Celui-ci lui répondit
j)ar un livre (Francfort, iSgi, iu-
8".), qui termina la dispute. IV.
Aulhores Latinœ linguœ in unum
redacû corpus , adjectis notis ^ St.-
Gervais (Genève), i^cp, 1602 ou
1G22, in-4"^. Ce volume contient dif-
féients traités d'anciens grammairiens
jalins, avec les notes de Godefroy
sur Varron, Fcstus , Nonius et Isi-
dore de Séviijc. On doit joindre ce
recueil aux Aulhores grammaticce de
Pulselîius, parce que ces deux col-
lections sont entièrement difréientes.
V. Maintenue et défense des prin-
ces souverains et églises chrétiennes
contre les attentats et excommuni-
cations des papes de Rome , i r)()4 y
in-8".; réimprimée avec quelque chan-
gement dans le titre, 1607, in-8". ,
el insérée dans les Mémoires de la
ligue, ton), iv. Cet ouvrage fut com-
posé à l'occasion des Lettres moni-
torlales publiées par Grégoire XIV
contre Henri IV; et l'on y démontre
que le pape n'a jamais eu et ne peut
avoir aucune autorité sur le ciouver-
ncrnent temporel de la France. VI.
Dissertatio de nohililate , Spire ,
i()ii, in -4**- VIL Statuta Galiiœ
juxtà Francorum , Bura^undiumim ,
Gothorum et Anglojiini in cd domi-
nantium consueludines , Franc-
fort, lOi 1 , in fol. C'est à tort qu'on
lui a attribué , y^fm yyo^fr réihnrc les
monnaies à leur juste prix et va-
leur ;, Palis, lOii, in -8'., puisque
55} GOD
l'auteur prend le titre d'avocat, ci-
de^ant procureur du roi aux mou-
naies. W — s.
GODEFROY ( Théodore ) , fils
du précèdent, ne' à Genève le i^
juillet i5Ho, fit SCS études à Stras-
bourg, où son père occupait une
chaire de droit : après les avoir
terminées , il vint à Paris en 1602 ,
abandonna la religion protestante dans
laquelle il avait été élevé, et se fit re-
cevoir avocat au parlement. 11 parut
cependant très rarcriient au barreau :
son goût le portait vers les recheichcs
historiques, (t il s'y appliqua avec
ar-kur. Duiié d'une patience infatiga-
ble et d'une grande Srigacité, personne
n'était plus propre à débrouiller nos
anciennes annales; et Ton convient
généralement que ses travaux en ce
genre ont été très utiles aux historiens
qui sont venus après lui. Un Mémoire
dans lequel il établit la présécince des
rois de France sur les rois d'Espagne,
Un mérita une pension, qui fut aug-
mentée successivement. Nommé his-
toriographe en i(i3a, il fut envoyé
deux ans après en Lorraine avec le
titre de conseiller souverain de cette
province. Il dressa l'inventaire des
pièces que renferm lient les archives
ileNanci, et en envoya les plus im-
portantes à Paris. 11 aeromp.igna le
cardinal de Lyon au congrès de Co-
logne, le suivit à Munster, où la
paix fut enfin conclue en 164H, et
demeura dans cette ville comme ehargc
des alTaires de Fnnce. 11 était déjà
revêtu de la dignité de conseiller
d'état et privé. H mourut à Munsler
le 5 octobre i(y\() , à soixante-neuf
ans. On a de lui un gr.md nombre
d'ouvrages, dont on trouvera la liste
dans les Mémoires de INiceron ,
tom. xvii , et dans la Ijibliothècjue
hist(ai(pu' de l'iauce. Les pnnnp.iux
sont : !. Le Mcinoiir, doiil on a déjà
GOD
parlé, concernant la préséance des
rois de France sur les rois d^Es-
pagne j Paris, 161 5, 161b, in - 4".
On trouve à la suite différentes pièces
curieuses, dont la plupart paiaissaient
pour la première fois. II. De lu vé- 1
ritahle origine de la maison d'Au^
triche^ ibid., 1624, in-4 . H y ré-
fute l'opinion qui la faisait descendre
de Méiovée, et prouve que Werner 111,
comte de Habsbourg, m e-t le véri-
té ble chef. lll. Généalogie des ducs
de Lorraine, ibid., i6a4, in-4*'.
Il en préparait une nouvelle édition,
augmentée d un grand nombre de
pièces originales ; mais ce projet n'a
])as eu de suite. IV. Traité touchant
les droits du Roi très chrétien sur
plusieurs états et seigneuries possé-
des par plusieurs princes voi.sins y
Paris , i655, et Rouen , lO-jo, in- fol.
Cet ouvrage a paru sous le nom seul
de P. Dupuy; mais on sait que Go-
d(froy en a rédigé la phis ginnde
partie. V. P ie de Guillaume i^J ares -
c(t, conseiller d'état , dans les Opus-
cules de l-oisel. On lui doit encore ,
les premières éditions de V Histoire
de Charles VI , par JeanJuvénal des
Ursin>; de Charles / 777, par Guil-
laume de Juligny et d'auties auteurs
cont(mporains; de Louis XII, par
Cl. deSe>ssel, Jean d'Authon , Jean
de St. -Gelais , etc. ; du maréchal
Boncicault ; A'Jrlus JII, comte de
Luhemont } des .-additions à l'His-
toire de Baj ard Il a publié la pre-
nnire eMiiion du Cérémonial de
France, P.iri-;, 1^)19, in-4 • > ^^^'
vr;(go important , auqiul il a tra-
vaillé plus de tr(nte anné.s : enfin il
a laisse en inanusf rit 88 volumes in-
fi.lio sur (liidrents objets, conservés à
la bibliollièipit du Koi. \\— s.
(.ODi.KbOY (JAcgi'Es), IVèu du
iMccedeut , ne se riudil pas ni(»ms re-
libri <pje son père, so\l touiuicjuris^-
(;oD
roîi«;ulfo , si)it roininc rdltciir. Ne' à
Crriù'vc cil «5^7, il fut noinnic , in
!<)!(), prorossciir de droit dins sa
villo iiat.ilc, entra dans le conseil dix
.TUS nj)r('s , fui fait secre'inire d'état,
et elii eiiKj fois syndic de la lepiibliqiie.
La confiance de ses coneiloyens l'ap-
}icln aussi à diverses missions diplu^
niatiqiKsen France, en Piémont, en
Allemagne et en vSuisse. Os voya[;es le
mirent en relation avec les gens de let-
tres les plus distingues; et l'université'
de Levdc voulut l'avoir pour rem-
])l,ic(r le savant P. Gunaeus, mort en
iGjS. Il passait, dans sa communion,
pour un excellent llieologien , et ne
s'appliqua pas avec moins de succès
à ^lJi^toire de sa patiic. 11 avait forme
le projet de l'c'crire ; et l'on en a
trouvé le plan parmi ses papiers. Les
recherches qu'il a laissées sur les an-
ticiuiles de Genève, for m dent trois
volumes in-4''. Ce n'était guère qu'une
compilation de pièces relatl\cs, pour
la plupait, à l'histoire du moyen âge,
et qu'il avait le projet de publier sous
le lilre de Genève Bourrai ^lotte. Il
paraît qu'il ne s'en est pas conserve'
de copie dans la bibliollièquc publi-
|§ que de Genève j au moins Senebier
n'en fait point mention dans le ca-
talogue qu'il a donne des manuscrits
de cette bibliothèque : mais Spon , qui
en a fait usage et qui les cite souvent,
dit qu'il en avait eu communication
par Nie. Chorier , et que ces mémoires
|j| allaient jusqu'à l'an i6"^.7. JacaucsGo-
dcfroy mourut dans sa patrie le '^4
juin \(Sô'i. Sun tombeau fut orne d'ime
cpiiaphe qu'il avait composée lui-
même, et qu'on peut voir dans iNi-
ceron ( tom. xvii ) , avec une liste de
ses ouvrages, plus exacte que celle
qu'on trouve daris Senebier. Ils sont
au nombre de vingt-un : nous n'in-
diquerons ici que les principaux, en
corrigeant en même temp^ les erreurs
G 0 D 555
('(happées à ces bibliographes. T. De
sUUu ffnç^anorum sub imperatoribus
c/iristianis , Leipzig, Voegcl, lOiG,
in-V'.Gelte dissertation est relative au
fit. X du liv. XVI du CodeThéodosien,
IL Fragmenta duodecim Tabula^
riim, suis nimc primùm tabulis re:,-
tituta , probalinnihus , nous et indice
munila , Heidelbcrg , i G i (3 , in- 4". ;
chef-d'œuvre d'érudition , qui a servi
de bsc aux éditions plus complètes
qu'on a données depuis, ( Foy. liou-
CHAUD, V, •}.{){).) Godefroy !e réimpri-
mai avec d'autres fragments de l'ancien
droit romain , sous ce titre : Fontes
ivjuris civilis , etc. , Genève , 1 638 ,
Jn-4 . ; ibid., i653, in-4°. IIl. Con-
jectura de siihurbicariis re^j^ionibus
et ecciesiis seu de episcopi itrbis Bo-
mœ diœcesi , Francfort, 1617, \u-.\°.
On attribua quelque temps ce livre a
Saumaisc, parce c|ue ce fut lui qui ré-
pondit à la critique du P. Sirmond ,
lequel, en i6i8, avait censuré cet
ouvrage anonyme , qui a aussi été rt -
futé par M. A. Capelli ( Voyez le Jour-
nal des sai^. de 17^4)- iV. Fétus
orbis descriptio ^/œci scriptoris ,
Genève, 161 b, in-4**., gr.-lat. 11 ne
restait de cette ancienne géographie ,
composée originairement en grec ,
vers l'an 347, ^^ attribuée mal à pro-
pos à Alypius, favori de Julien l'apostn?*,
qu'une traduction latine lout-à-fait bar-
bare. Au moyen de cette version , héris-
sée d'héllénismes , et par conséquent à
peu près littérale, Godefroy rétablit
le texte grec, et l'accompagna d'une
bonne version latine^ avec de savantes
notes. Jacq. Gronovius a publié de
nouveau cette ancienne traduction la-
tine , réunie à Scylax et à d'autres an-
ciens géographes, Leydc, 1697, in-
4'., et en 1700 dans le tom. m des
Petits s^éo^raphes d'Hudstm j mais
celte édition ne renferme ni le srco ,
ni les notes de Go.dcfroy. Y. Opus-
556 GOD
cula historien, politica , juridica ^
Genève, i64i, in - 4°. Ce recueil
contient l'ouvrage précédent; les cinq
discours de l.ibanius , dont Gode-
froy avait donné la première édi-
tion en i63i ; Orationes politicœ très
( Ulpianus , Julianus et Aehaïca ),
qu'il avait déjà publiées en i6i4 > ^^^
deux livres de Tntullien , ad natio-
nes , floiit il avait donné la première
édition , avec des notes, G^^nève {^ii-
relianopoli) , \iyiS , iu-4**.; et quatre
autres c^)iiscules qui avaient déjà pa-
ru >séparém( nt. \'\. Dissertaùuncidœ
duce de tiiteld et cura , ibii., iôvlS ,
iu-4'^ Vil. I-'kHoslorgi Cappadocis
ecclesiastica historia^ gr.-l.u., ibid.,
164^, in 4''«5 avec deux dissertations
qu'on y joint par foi me d'appendice.
Cette édition princeps des extraits de
Philosiûige, pub'iéc ti' près un ma-
nuscrit de la bibliothèque de Bongars,
a été éclipsée par celle qu'a donnée
}I. do Valois à la suite de Théodoret,
etc. , Paris, iCi-jo , in-t'ol. C'est dans
ses noîes sur cet ancien historien ,
que Godefroy ])iétcndit le premier
démontrer la fausseté de la vision de
Couslautinj mais il a été solidement
réfuté par l'abbé Duvoisin. ( Voyez
Constantin, vu, 4^i9.) VHI. Opiis-
cula varia , Genève, i(i54 , i''-4*'.,
avec le portrait de l'auteur. C'est \m
recueil de liuit dissertalions juridi-
ques , histoiiqiies et critiques, déjà
publiées séparément. IX. Codex
Thecdosianus , (pus posihumum ,
Lyon , if>()5 , G vol. iu-lol. ; Leipzig,
i-j^^fi-i ^4') , () vol. iu-ful. (Vcst le
plus impoiiaut des ouvrages de J ic-
ques Godefroy , <pii s'en était occupé
trente ans. Sa bibliotliècpie ayani été
aclielée par Ant. iMarvill'.;, prolèsseur
à Valence , ce dernier y liouva (C
manuseiit et en fit l'édileur. l.eCode
Tlieoilosien , ce précieilx ni(>numenl ,
si inU'icssunt pour l'histuirc civile et
GOD
ecclésiastique de l'empire romain ,
jusqu'au cinquième siècle ( Fojez
ThiÎodose le jeune), avait déjà été
publié, mais d'une manière impar-
faite, par Sichard , en iSiB, et jiar
Tilius, en i549. Cujas en avait donné
une édition plus complète , Lyon ,
i5G6, iii-fol.; Getiève, «560, in-4'.
Mais l'édition, beaucoup plus soignée,
de Jac. Godefroy .est accompagjiée de
nonibreuses f-tbles cluonul()L;it|ues et
géoi^iapbiqut s , de notes hisuaiques
et d'autres pièces (i^ qui en font un
ouvrage absolument neuf, et qui peut
servir de modèle en son genre. Mor-
hof regrette vivement qu'on n'ait point
encore fait sur les Pandectes un pareil
travail , qui serait de la plus graiule uti-
lité. X. Tractatus practicus de sala-
ria , ouvrage posili., j)iiblié par Isaie
Co'ladon, Genève, i(i56, ii-j".;ib.,
i66(), in-4'. X^- te Mercure jésuite y
ou Recueil de pièces concernant les
progrès des jésuites , leurs écrits et
différends, etc., ib. , i6m6, i65o,
1 vul. in-8".;id.,revuetaugm.; ibid. ,
1 65 I , '2 vol. in-B". Plusieurs des opus .
cules de G defroy ont été recueillis
dans le Thésaurus juris ci^>ilis, d'E-
verard Olton, Ulreeht, 1735-1736.
C. H. Trolzius en a publié vingt-sept,
sous le liucd' Opéra juridica minora,
L(yde, 1755, in-fol. , avec la Nie et
le portrait de l'auteur. Philippe Mes-
tr(zat, recteur do l'.icademie de Ge-
lièvc, a conipo^é un piopramme sur
la rnort de Jaeq. Giiiiebey ; (t Paul
Frelu r eu doune l'cxtiaii dins sou
Tlicalruix viiorum docioruni; vo\(Z
aussi J. G. Joe 11 , Frogriinima de
merilis jurisconsultoruni , specinlun
Jdcchi Oothofrcdi iti hi.storiam cc-
clcsiuiticaui f Kl furi , i 702 , in-j ".
(lA On y remarque (rallicarnr hi'toria aiumle*
erutnin nnnuruni , ex toiistillitioinOa» to.ùcir
'J'hcoilouiiiii ab anno 3ia, Iwiu. VI, l>«g. 43«^^1*>
Tciltl. de Ljuii.
GOD
de f\0 p.ip;os. — .l.icqiics CiODEFnGY»
sieur (lo la Cominmio, avi'C.il m la
vicomte ilc (Virrnt.m, mail en i().>/j ,
est r.uitciir (les Couimentaire<i mrla
couliiinc rêfurmét' du ]>nys ci duclié
de yi^rnuindic , iioueii , Davi'i dti
Petil-Val, i()m(), '2 vol. iti-lol. , ])ii-
l)lic.s par J. ("lodeiroy , avocat eu la
cour lia paiiemciit, cl neveu <le l'au-
teur. C. M. P.
(VODEKROY (Denis II), fils
de Théodore, ne a Pans, le 'x^ août
1 6 1 5 , suivit les traces de son père , et
se montra iXv^wQ de lui succéder. 1 1 n'a-
vait que viugt-cinc[ ans, lors(ju'il ob-
tint la survivance (le sa place d'histo-
riographe. Louis XIV augmenta son
traitement de deux mille livres^ et,
on i668, après la prise de Lille, le
nomma garde des arcliives de la
chambie des comptes de Flandre :
en iG-8 , GoielVoy fut chargé de
dresser l'inventaire des titres conser-
ves au château de Gand. Après s'être
acquitte de sa commission, il revint à
Lille, oîi il mourut le g juin i68i ,
dans sa QQ"^' . année. On lui doit: L
Une nouvelle édition du Cérémonial
français, Paris, 1649, '^ ^'^^'- i"-^ol.
C'est le recueil le plus étendu de l'or-
dre tenu dans les cérémonies qui se
sont faites en France. Cet ouvrage
éprouva tant de critiques, que Gode-
froy renonça à mettre au jour deux
autres volumes qu'il annonçait , et qui
auraient complété cette intéressante
collection : l'on est donc obligé de re-
courir a la première édition pour la
partie des pompes funèbres , qui n'a
pas été réimprimée. IL Histoire du
roi Charles VU , fjui contient les
choses mémorables advenues depuis
\l\xi à 14^1, Paris, i(36i, in-fo!. il
a réuni d lUS ce volume les Mémoires
de Jean Chjrtier , Jacques Bouvier,
dit Berry , Mathieu de Coucy, etc. ,
et y a joint toutes les pièces jusliûcati-
GOO 5:';7
vos. TIT. Mémoires et instructions
pour scr\>ir dans les né[^oci -liions et
afffiires concernant L.s droits du
Roi ^ P.u'is, i()Gj, in -loi.; Amster-
dam, iGO"), in-i'2; l^iris, i()8(j,
in-1'2. Il les avait couiposés par ordre
du chancelier Scgiiier, qu'on en crut
l'auteur, parce (jue le manu^crit fut
trouvé dans sa bibliothèque. On doit
encore à Denis Godefroy des éditions ,
de Comines j ( Voy. Comines, loin.
IX, page .')54); •— de ï Histoire de
Charles V L , prir Juvénal des Ursins;
et de Charles FUI, par G. de Jali-
gny, plus ampUw que celles qu'avait
données son père ; — et enfin de
V Histoire des connétables , chance-
liers, gardes des sceaux, par Jean
Leféron. 11 avait le projet de conti-
nuer le Recueil des historiens de
France , commencé par Duchesne;
mais ses autres occupations ne lui per-
mirent pas de l'exécuter. 11 eut de son
mariage avec Geneviève Desjirdins,
sept enfants, entre autres Denis II(
et Jean , dont on parlera ci-après. On
peut consulter, pour plus de détails,
les Mémoires de Niceron, tome xvir,
et la Bibliothèque histor. de France^
tome III. W — s.
GODEFPvOY(Denis III), néà
Paris en iG35, prit ses degrés en
droit, fut reçu avocat au parlement,
et nommé garde des archives de la
chambre des comptes. Il mourut à Pa-
ris le 6 juillet 1719, âgé de 66 ans.
On a de lui : I. Abréa,é des trois états ^
du clergé, de la noblesse et du ûers'
état, Paris, 1682, in-i'i. II. Une
nouvelle édition de la Satire Ménip^
pée,avec les notes de Dupuy et de
Duchat, auxquelles il en ajouta quel-
ques-unes, Katisbonne(nouen), 1 7 1 1,
5 vol. in-8°. m. Des Remarques sur
V addition à l histoire de Loids XI,
par Gabr. Naudé, dans ic. Supplément
aux Mémoires de Comines ^ Bru-
558 GOD
selles, 1713.11 fut charge par le duc
cVOrle'ans, rëgrnl, de revoir la Des-
cripûon historique de la France , de
r^ibhé de Longuerue. — Jean Gode-
FaoY, frère du précèdent , ne à Paris
\ors 1660, accomp.igna son père en
Flandre, fut nomme procureur du
roi au bureau des finances de celle
province , obtint la survivance d'.irchi-
viste de la chambre des comptes de
Lille, et mourut en celte ville au mois
de février i-^Zi, âgé d'environ soi-
xante-douze ans. Cet lit un homme si-
vant , laborieux et d'une grande pro-
bité. On lui doit de bonnes éditions des
dVéïnoires de Comines, des Lettres
de Rabelais, des Mémoires de Mar-
^erile de Falois, de la Satire Më-
jiippéey des Mémoires de VEstoile ,
delà Véritahle Jatalité de St.-Cloud
( Voy. GuYAKD ) , de V Histoire des
Templiers^ par P. Dupuy; At.'s Mé-
moires de Lastelnau , et enfin un
Supplément à Vhtstoire des i^uerres
de Flandre, par Strad;» , contenant
les procès crimitiels des comtes d'Eg-
jnond et de Horn. On a eu outre de
lui : I. des Notes sur la confession de
Sancy. (Voy. Aubigné. ) 11. Inven-
taire des titres du paj s et cointé de
IliiinuiU, 'X vol. in-fol. manuscrit, lll.
Jnvent. des titres de la chambre des
comptes de Lille, in-fol ., mss. VV — s.
GODÉGISILK est le premier roi
vandale dont l'histoire fas e nu nlion.
Jielon Procope, les Vandales, nation
gothique, qui , en /|oG, ei.lrèrent
dans les Gaules sous la conduite de
Godégisilc, venaient de la Dacitet des
enviroi.s du Palus- Mc^olidr. llsélairnl
leslés long-tenq)s dans l'inarljon ,
lorsqu^i celle n>cme époque, la i)/.
année (\n règne d'Ilonorius , ilsfiicnt,
«1 i'iustigaliuii «le Stili<;on, une nrup-
lion dans les Gaules .iv^c les AUins 1 1
les Sucves. Miis (iodégisile , a)ant
voulu passer le Uhin avec son armée,
GOD
fut attaqué par les Francs, qui lui tuè-
rent vingt mille hommes. Godégi>ile
lui-même périt dans ce combat, et eut
pour successeur Gonderic. ( f^oj. ce
nom. ) Cependant les Alains et les Suè-
ves, arrivés au secours des Vandales,
obligèrent les Francs à se retirer^ et
ces liarbarcs réunis passèrent ensuite
le Rhin sans opposition dans les der-
niers jours de l'an 4o6. Procope ajoute
que les Vandales qui entreprirent cette
expédition, avaient été contraints,
par la ftmiue, d'abandonner leurs an-
ciennes demeures; mais (|ue cependant
la plus gi ande partie de la nation ne
s'éloigna pas du D.mube. B — p.
GODEGiSlLE. /^. GONDEGISILE.
GODEllARD ( St. ) , né d'une ta-
mille distinguée de Bavière, vers la fin
du x^. siècle, se livra à l'étude de la
littérature, contre le vœu de ses pa-
rents , qui apparemment ne le desti-
naient point à l'état ecclésiastique, et
fut nommé évê(|ue de flildesheim , en
1 025. Couslamnient appliqué , dit soa
historien , à dissiper les ténèbres de
l'ignorance qui couvraient son diocèse,
il bâtit près de son palais un monas-
tère de Ijénédiclins, où il réutut les
jeunes gens qui annonçaient le plus de
talents, et oii il les fit ius'ruire no-
lauiuienl dans récriture et dans la pein-
ttire ( I ). Le rapprochement de ers
deux mots , l'ét^riture <t la peinture,
pourrait fiire croire qu'il ne s'abais-
sait, quant à l'art de peindre, que de
miui.tures propres à orner les manus-
crits ; mais hs résullats prouvent le
coutraiie. (iodehard orna son église
non seulenu'iil d«' livres (//V^m), et de
vêtements |)OMtificaux ou de tentures
en sow{sericis) , mais encore de véri-
tables peintures ( ^>fff//m ;, cest-à-
dire , de fresques et de t.ibieaux. Il
Toulait que les élèves se lendissent
11) ChroH. /'yiic. i/i7«/<r</ipm , npml l.ribnili,
Sn^t. itr. Biuimv. , luiu. 1 , vl > <<•< S. GutA i >1>.
GOD
iililos clans les dlireicutcs m.inièrrs
d'e. 1 ire ol de pciiidii' , in di;' tirai) stu-
dio sculpturœ <-t picliirœ nilionubi-
liler utiles. l/ex€mi)lc de BcrnwJid,
son jM'cdece.ssciir iiriincdiit dans le
même c'vcclie, pioiive d'ailleurs (ju'on
pratiquait dans cetle c'colc tous les
genres de jx-ininrc. Berinvard, ne
vers l'an 96J , petit-fils, jxrsamcre,
d'Athalheiou , comte palatin , el ne-
veu de File.tnar, evê(['ic d'Ulrccht ,
fit ses éludes dans le séminaire du
Hildcsiicim. En 987 , l'impératrice
Théopliane le choisit ponr être un
des précepteurs du jeune Othon III,
alors âge de sept ans ; et , en 99I , il
fut eln ëvêque de celte même ville de
Hildcslieim , où il avait reçu l'instruc-
tion par laquelle il se distingua. Pas-
sionné pour tous les arts, soit me'ca-
niqucs , soit libéraux, il les exerçait
tous lui-même , cf il les fit enseigner
dans la principale e'colc de son dio-
cèse. Peintre, arcliitccle , modeleur,
fondeur , metteur en œuvre, il pissait
habituellement une partie de ses jour-
nées dans les ateliers qu'il avait éiablis
près de son évêchéj et il y travaillait
de ses propres mains à tous les ouvra-
ges d'orfèvrerie et do jouaillerie dont il
ornait ses églises (i). Il excella pirli-
culièrement dans la peinture : Pictu-
ram etiam liniatè exercuit. Il peignit
des fresques sur les murs et sur les
plafonds de son édise principale :
Exff'iisitd ac liicidd picliird laia pa-
riâtes quain laquearia exornahat. Il
cxécula même une mos lique sur le
sol: Musivum inpavimentis. On voit
dans une observation f.ùte à ce sujet
par sou historien , qui avait é\é son
contemporain , q l'on n'enseignait
point fart de la mosaïque à récole de
HiMe>)ieim j B -rnward l'avait apprise
par une autre voie : il produisit cet
(%) yUa s. Lerii. , ibid.
GOD 559
ouvrage, dit râ^iivain païf, sans avoir
eu de m dire : Proprid industi id ,
Tuillo monslranta. (iuiJé par son
goût n.iturel , Bi'rnwird recherchait
avid('in''nt les beaux vases de tous les
genres ; il en fiisait acheter parlouî.
Il avait soin , afin que rien de beau
OH d'élégant ne lui échappât , de se
fiirc accompagner dins ses voyages
par plusieurs de ses élèves , qui des-
sinaient sous ses yeux ce qu'il ren-
contrait de plus digne de son attention.
Il alla à Borne, auprès d'Othon , en
l'an 1000, dans l'espoir de contri-
buer à rendre la paix à l'Italie; il
as^ista au siège de Tibur, aj>aisa la
colère de l'empereur, qui voulait dé-
truire cetle ville antique, et revint à
Pavie avec ce prince, qui lui témoigna
constamment la plus grandecondance.
Cet homme éclairé et bienfaisant, qui
fonda le monastère de St. - Michel à
Hildcsheim, mourut le 20 novembre
loi'i , et fut mis au rang des saints
en 1 193. Godiihard justifia , par sa
conduite libérale et par son zèle pour
l'instruction , le choix q li fut fait
de lui pour remplacer Bernward. Il
mourut le 4 ï'''^i io38_, el fut ca-
nonisé en ii3i. On a de lui plu-
sieurs lettres sur des sujets de piété;
elles ont été publiées dans le Co-
dex historico - epistolaris de dom
Pez. — Godehard eut au nombre de
ses successeurs un autre Bernward,
d'abord maître des écoles à Hildes-
hcim , ensuite évêque de la même
ville, et qui mourut en i i55, après
vingt-trois ans d'épiscopat. Ce Bern-
ward II orna de peintures le couvent
cîi étaient placées les écoles : MonaS"
tcrium nostrum picturis adornavit.
Des faits si positifs contribueront à
prouver que la peinture ne fut nulle-
ment oubliée dans l'Occident aux x*^. ,
xf. et wx". siècles. E — c D — d.
GODESC VLCH , duc de Bénéveur,
56o G 0 D
s'eitipara de ce duché' vers ratine'e
^58, à la mort de Grégoire, neveu
du roi Luitprand, sans atlrudre l'iii-
veslituie de ce roi. Il fil alliance avec
ses ennemis , le pape Giégoirc 111 et
Frasniond, duc de Spolète. Ce dernier
ayant été chasse' de ses états pnr le roi
des Lombards, GodescalcU l'aida en
'^4^ ^^ recouvrer sou duché. Mais Luit-
prand revint, Tannée suivante , atta-
quer CCS deux fcudataires avec une
armée plus formidable: il fit, en n^i ,
la conquête du duché de Spolète; au
printemps suivant, il se mit en mar-
che vers Bcnévent. Godescalch n'osa
pas l'attendre: il (it charger son trésor
et les meubles les plus précieux de son
palais sur un vaisseau, pour se réfu-
gier en Grèce avec sa femme. Les
Eéiiéventins , qui ne l'aim.iii'nt pas,
l'ariêtèrent dans sa retraite, et le mas-
sacrèrent. Luitprand lui donna pour
successeur Gisolfe IL S. S — i.
GODESGAUD (Jean-François),
savant et laborieux ecclésiastique, né
en 1728, à Rocquemont, diocèse de
Rouen, fut, sous MM. de Beaiimont
et de Juigné, secrétaire de l'archcvc-
ché de Paris, prieur de Notre-Dame
de Don - Rc[)os près Versailles, cha-
noine de Saint-Louis du Louvre, et
ensuite de Saint -Honoré à Paris. II
aimait les livres et l'élu. !c : il se forma
une bibliolhèqtic nombreuse et choi-
sie, et s'en servit pour la composition
d'ouvrages utiles, presque lous rela-
tifs à la religion. Sou étude de la
l.ingut; angl.jise l'avait mis à portée
de traduire de bons ouvrages écrits en
C(tle langue. L'ijcailémir des bellts-
If lires et arts de Koiicn luidonna |)lacc
parmi ses membres. Privé à la révo-
lution , cojume les aiilrcs ecclésiasti-
ques, de ses bénéfices et moyens de
subsistance, il vécut de son travail,
(pii , dans (cs moments dr désastre,
n'tilVail pas de grandes rcsbourccs. H
GOD
s'était retiré au séuiinaire des Anglais.
où il passait son temps au milieu de jj
ses livres, rangés avec ordre , maigre
l'eviguité de sou logement, qui l'avait
forcé à les entasser, pour ainsi dire,
les uns sur les autres. L'abbé Godes-
card manquait presque du nécessaire,
à cette époque , et supportait ses pri-
vations sans se plaindre : il était ré-
duit à corriger des épreuves pour le
compte d'un imprimeui ; il se consolait
en travaillant. Il eût pu tirer de la
vente de sa bibliothèque les moyens
dejder un peu plus d'aisance sur ses
dernières années, et ses amis l'en
pressaient ; il ne put jamais s'y résou-
dre. Il mouiut à Paris le '21 août
1 800 , justement regretté de tous ceux
qui le connaissaient. On a de lui : I,
Fies des Pères , des marijrs , et des
autres principaux saints , traduites
de l'anglais d' Alban Butler ^ Ville-
franche de Rouergue , i -jCj et suiv. ,
12 vol. in-8'. j nouvelle édition aug-
mentée , Paris , Barbou , 1 -^84 , 1 2
vol. in-8" ; réimprimée à Maestrieht
en I ']()4 ; à Toulouse et à Versailles
en i «S I I . On y a joint un xiii''. vol. ,
contenant les fêtes mobiles, traduit
de l'anglais du même auteur par M.
INagol, ancien directeur du semin.iire
de St.-Sulpice. L'ouvrage de Butler
était estime; il avait été reçu favo-
rablement en Angleterre , même par
les proteslanls. L'abbé Goilescard ,
et l'abbé Marie , professeur de ma-
théjualiques au collège Mazaiin , et
depuis sous - précepteur de M. le
due d'Angoulêuie , ciurent faire une
chose utile en en donnant »me tra-
duction. Ils ne s'asireignirenl point
à la faire littérale : non seulement ils
s'écartèrent (pieNpudois du texte, mais
ils se permirent de refondre, d'.«jou-
ter , de retrancher , toutes les fois
que cela leur parut nécessaire ; ce
qui , dit - on, ne fut pas toujours
GOD GOD 56t
i\\\ ç;orit il(* rjutcur. ( l'^of- But- lorsque ]\^\^)('. Gndescnrd mourut.
v,Lf\.) Us assurent j)ourlJnl qu'ils lui L'.ibbc liourdicr D< j)iiifs , cx-jc'.snilc,
coiiimniiiquèriMit leur Iraduciioii; qu'il iiioit en i8î i , le tonliiiiia et le tcr-
prit la j)(iiic de la lire , v.l qu'il ap- mina. L'abbe Gode.sc.ird .ivail laissé
prouva les libertés qu'ils avaieut pri- en ruaiiuscril une fraduclion de la
.'«t'S. Quoi (pi'il en soit, l'ouvrage n'a Fie du canUnal l*olus , par Pbi-
eiM laiueinent rien perdu sous leur lips ; des Fondements de la religion
]»lu»ne. Ils nous ont enrichis d'un cÂr^fiV/me , pai Cliajioner; des Ser-
in re ('difiant et instructif , d'une bon- mom de ^lierlo(k; de VfliAoire du
ne Fie des saints, e'crile d'une ma- sacrilège^ de Spclmans ; une Table
iiièie convenable et dégagée des anec- al/ diabétique des Mémoires de Tré-
dolcs apocryphes et des historiettes if ou.v , jusqu'en 174^, etc. L — y.
qui communément deshonorent ces GODET des MARAIS ( Paul )
sortes de eompusiiions. Bu'.rrr avait cvcque de Chartres, était ne en 1G47.
charge ses Fies de notes curieuses; Pourvu de bonne heure de l'abbaye
les traducteurs les ont conservées , d'Igny dans le docèse de Reims, il
et en ont même augmente le nom- fit ses études à Paris, au sémin.iie
bre. Cette partie est celle principale- de Siint - Sulpice, où il fut le dis-
ment dont s'est occupé l'abbé Marie ; ciple et l'ami du respectabJe Tron-
clle est pleine d'érudition. Ils ont aussi son. Reçu docteur de Sorbonne en
suppléé à l'omission de plusieurs 1677,11 devint supérieur du sémi-
saints français. 11. ^. Holden analy- naire des Trente -trois; et il occupait
sis fidei , Paris, 17O7, in-i2;nou- cette place , lorsque M*"', de Main-
velle éJition, avec la vie de l'auteur, tenon le choisit pour son directeur
1786, in i'2. m. De controversiis à la mort de l'abbé Gobtiin. On eut
fidei Tractatus per Adrian. et Petr. ])eine à vaincre la répugnance de l'ab-
de Falemburgh. , nouvelle édition , bé des Marais pour un emploi qui eût;
avec la vie des auteurs, ibid., 1768, tenté un horam?' moins modeste; et
iii-i'2. IV. De la mort des persécu- il fallut que M. Tronson, pour lequel
leurs , par Lactance, avec des noies il avait beaucoup de déférence le.
historiques^ nouvelle traduction , Pa- pressât d'acC'pier. Son extérieur n'é-
ris, 1797, in 8^ V. Béflcxùrns sur tait pas apparemment ce qui avait sé-
Ze c??^e/ , "puscule tr.iduit de l'anglais, duit M'"»^. de Maintenon. Il avait
pul lie après la moit du traducteur l'air froid et austère ; mais tout ce
par M. lioiilard, Paris, iHoi,iu- qu'elle avait vu de lui , dans ses
8'. VI. Essais historiques et crili- rapports avec Saint - Cyr ( il avait
ques sur la suppression des monas- été consulté pour les règlements de
tères et autres établissements pieux cette maison ) , faisait paraître tant
en AncJ.eterre , traduits de l'anglais de sagesse, de vertus , de modéra-
( de Dodd , dans son Histoire de tion et de pieté, qu'elle se décida
V Eglise ) ^ 1791. VU. Eloges de ainsi qu'elle le dit elle - même, à lui
Vabhé Bergier, et de l'abbé Legros donner sa confiance. En 1G90, l'abbé
{d!\u<i les Annales calholiques).Yi\l. des Marais fut nommé à l'évêché
Abrégé de la vie des saints, Paris, de Chartres. Les différends entre Ro-
1802, 4 vol. ini 2, réimprimé à'Lyon me et la France n'étaient pas encore
en i8i5. C'est l'abrégé du grand apaisés. On a lieu de croire que l'ab-
ouvrage: il n'était qu'au 18 juillet, bé des Marais fui du uombre de ceux
XVII. jG
562 GOD
qui administrèrent en vertu des pou-
voirs du chapitre. Il ne fut sacre que
le 3i août 1692; et l'anncc suivante,
il abandonna tous les revenus de sou
évêcheaux pauvresqui souffraient de
la diseltc. Quoique fort appliqué à ses
devoirs , 011 plutôt par cela même
qu'il en connaissait Tetendue , il fut
le premier d'avis que l'ou partageât
non diocèse en deux pour ériger l'e-
vêohé de Bois. Lors des disputes sur
le quiéîisine, l'évêque de Chartres eut
à creur d'cloi^ner M'^^ Guyon , de
St. Cyr, qui étùt dans son diocèse,
et de prémunir les religieuses de cette
maison contre la doctrine de celle
feiume extraordinaire. Par une or-
dounance du 21 novembre iôqS, il
condamna plusieurs propositions ex-
traites de ses ouvrages et de ceux du
p. Ijacouibe. Il aurait voulu amener
Fénélon à un désaveu j et quoique ce-
lui-ci n'ait pas suivi ses conseils , il
rendit cependant toujours justice à la
droiture , à la pieté, et à la pureté de
vues qui animaient l'évêque. Charge
d'examiner le livre de Fénélon, Go-
det des Marais le pressa lorlcment de
faire une démarche qu'd croyait né-
cessaire. Il signa, le G aoiil 1697,
avec le cardinal de Noailles et Bos-
suet, une déclaration de leurs seuti-
nicnls sur le livre des Maximes des
Saints y déclaralion qui fut envoyée
à Piome; et, l'année suivante, il pu-
blia une instruclion pastorale contre
ce même livre: mais, après la déci-
sion, il fut le premier à féliciter Fé-
nélon sur sa soumission , et il le fil
solliciter de renouer leur anrimnc
amilic. A un zèlesincère pour TK^Iise,
ce prélat joignait un esprit de dou-
ceur cl de ci)n( iliation. (^.ioi(pie di-
clare' contre le jansénisme , il n'a ja-
in.iis été ar;cn>é de provixjuor des
mesures de rigueur. Il eonlamna le
Cas de conscionce , cl blâma la cuu-
GOD
dulte du cardinal de Noailles 5 mais il
ne s'efforça de le ramener que par les
insinuations les plus douces. Il n'eut
point celte consolation , et mourut
dans son diocèse le 26 septembre
1709. On lui doit la fondation de
quatre séminaires , et d'écoles pour
l'instruction de la jeunesse. Simple ,
modeste , ami du bien , plein de l'es-
prit de son état, et en même temps de
sagesse , de discrétion et de mesure ,
ce vertueux prélat refusa , dit - on ,
une place de conseiller-d'élat, et la
nomination du roi à un chapeau de
cardinal. Ses fouctions auprès de
M™", de Maintenon lui donnaient uti
crédit donl il n'abusa jamais. Renfer-
mé dans les devoirs de son ministère,
il n'excita ni plainte ni jalousie. Le
duc de Saint-Simon , quelque difficile
qu'il fut, lui a néanmoins rendu, ea
général , assez de justice dans ses Me- ^
moires : Ses mœurs , dit-il , sa doc-
trine , ses devoirs épiscopaux , tout
était irréprochable. Il ne faisait à
Paris que des voyages courts et
rares y logeait à SainL-Sulpice y et
se mollirait encore plus rarement à
la cour. Il était fort saluant , avait
de l'esprit, de la douceur , de la
fermeté y de la finesse d mt il ne se
ser%>ait jamais sans vrui bes dn. Son
désinléress('ment sa piété ^ sa rare
probité étaient son s'ul lu>tre. M.
d'.' B lusset , dans sou //istoire de Fé-
n'ion , a mieux f.iit connaître encore
les (ju.lilés de l'évêiiue de Giiirtres :
Kn iG()") , dit M. l'ovc jue d'A'ai> , //
ai) <nd n/iu Vni^ les revenus de son
évcciié aux pauvres de son diocèse y
qui Si >j /'fraient beaucoup de la di-
sette d:s L^ruins. To''tc' sa va ss lie
d'argent , cn^islait en wie eu lier et
une fuurchiite , et il Us vendit. Il
prJi.halt souvint <t n • pla't^atp.is;
mais il convcrlissait. S> s lettres à
Louis XI y y au pape , an roi d'Es-
GOD
jJrtpie , ê latent dii^nes des premiers
siècles de l'Eglise. On a imprime,
lon^-lemps après sa tnort, ses let-
tres de direction à M""", de Main-
tenon; et on admire la saî^esse^ lame-
sure, V habileté jlaprofonde science
élu monde a^ec laijuclle ceprélaty qui
n aidait jamais vu le monde , conduit
y)/""', de Maintcnon dans tous les
détails de sa singulière position. Go-
det des Marais ciil beaucoup de part à
la fondation et à la direction de Saint-
Cyr , et eut la sati-sfaclion , en mou-
rant, de laissera son diocèse , dans la
personne de son neveu et coadjuleur
( Dcnioustiers de Mcrinville), un suc-
cesseur, héritier de sa pieté, de son
désintéressement, de sa charité et de
son zèle pour tous les devoirs de l'é-
piscopat. P — c — T.
GODl^TS. f^of. Desgodets.
GODl ( Antoine ), historien, né
à Vicence, florissait dans cette ville
vers le milieu ou au commencement
du xv^ siècle (i). lia composé, en la-
tin , une Chronique des événements
les plus mémoraî)les , arrivés dans le
Vicenlin depuis l'année 1 194 jusqu'à
1 255. Elle a été publiée , pour la pre-
mière fois , par Alb. Mussati , dans sou
Historia augusta , Venise , 1 656 ,
in-fol. On la trouve encore dans le
Thesaur. antiquitat. Italiœ de Grae-
vius, tome vi, avec un supplément
de Sigonius ; et dans le tome vm des
Rerum Italicar. scriptor. de Mura-
tori , avec une préface de Jos. ^nt.
Saxi , et des notes de Félix Osi.
W— s.
GODIN, ou GODDIN (Nico-
las), médecin de la ville d'Arras ,
où il paraît être né, vivait au coin-
mcncement du xv!*". siècle. Il a pu-
f 1) J. B. Pajarini , Vossius clTiraboschi , placent
Ant. Godi a Taunt'e il\ii; ainsi les caniiuuateurs
«le Moréri oat commis uut.- grave «ireur eu Usant
ea inoi'l a r^niiée i54i>.
563
GOD
blic : I. La Chirurgie pratique de
maître Jean de l^i^o , divisée en
deux parties, avec les aphorisme s
et les canons de la chirur^ie^ Pans,
1 55 1 ; Lyon , 1 537 , in - 8". H. /?<?
chirurgid militari : ce petit ouvrage,
traduit en français par Jean liloiidel
de Lille, sous ce titre, La Chirur-
gie militaire très utile à tous chi-
rurgiens , etc. , Gand , 1 555 , in- 1 2 ;
Anvers, i558, in -S*., traite des
plaies d'armes à feu, de la peste, de
la dysenterie, etc. , mais d'une ma-
nière très générale, et d'après les prin-
cipes de Galien. L'auteur y a consa-
cré un chapitre .mx errturs que com-
mettent les chirurgiens dans le trai-
tement des maladies : il se plaint beau-
coup de l'autlace des charlatans et des
empiriques de son siècle, non moins
coupables et presque aussi impudents
que ceux de nos jours; mais il subs-
titue à leurs pratiques dangereuses
des moyens qui ne sont pas toujours
sans inconvénients. Ch— t.
GODIN ( Louis), membre de l'a-
cadémie royale des sciences, né à Pa-
ris le 28 février 1704 , fit ses pre-
mières éludes avec succès , et , après
avoir terminé sa philosophie, s'appli-
qua entièrement à l'astronomie , mal-
gré les remontrances de son père ,
qui aurait désiré de lui voir embras-
ser une profession plus lucrative. Il
se mit soos la direction du célèbre Jos.
JSicol. Delisle j et ses progrès , sous
cet habile maître , furent si remar-
quables , que l'académie lui ouvrit ses
portes en 1 725 : il était alors âgé de
21 ans ; et, dès l'année suivante, il
lut, dans une séance publique , des
Observations sur l'aurore boréale
dont l'apparition effrayait un grand
non^Dre de personnes. L'explication
qu'il donna de ce phénomène était
fausse; mais elle n'en contribua pas
moins à rassurer le public. Foutenclltî
56„
564 O 0 D
avait laisse imparfaite l'histoire de l'a-
cadémie avaut suu renouvellement;
Godin fut chargé de la terminer, et il
se montra digne de la confiance qu'on
lui avait accordée. La question de la
figure de la terre , qui s'éleva parmi
les savants , fixa son attention; et ce
fut sur son rapport que le ministère
résolut d'envoyer des astronomes à
i'cquateur et au pôle, pour déterminer
la mesure de la terre d'une manière
précise. ( Voy. Bouguer et Mauper-
Tuis.)ll fut choisi avec Bouguer et
!a Coridumine pour aller au Pérou;
mais, avant d'entreprendre ce voya'2;e,
il se rendit à Londres pour prendre
les instructions de Ha'îlev. Enfîi,il
partit de la Bochelle le i6m.ii i755;
et , après avoir séjourné quelques
mois à Saint-Domingue, il arriva à
Quito , où les acailéniicic ns commen-
cèrent h'urs observations. Lorsqu'elles
furent terminées, le vice-roi de Lima
jfefusa de les laisser partir , à moins
que Godin no consentît à enseigner
quelque temps les mathénicttiques dans
cette ville. Il fut témoin de l'affreux
tremblement de terre, qui détruisit, en
j 746? '•'* p'us grande partie de Lima ;
et il incliqu;i,pour sa reconstruction,
desprocéilé.squi rendirent les m usons
moins susceptibles, en |)areil cas, d'ac-
cidents fichoux. Ce ne fut qu'en i 7^1
qu'il lui fut permis de revoir enfin sa
patrie: mais, pendant son absence,
on avait nommé à sa place d'.ic.idémi-
cicn-pensionnaire; et il se vit obligé
de repartir presqu'aussitot pour l'Ks-
p.tgne, où on lui offrait la direclion de
l'école des gardes - marines à Cadix.
Cette ville fut ébranlée par le tremble-
ment do terre qui détruisit Lisbonne
en I 755 ; et Godin eut la plus grande
part aux mesures (pi'on j)rit j)Our di-
minuer le danger et réparer le dégàl
causé par ce terrible pliénomènc.
On eiîl dit, ajoute Fouchy , que la
GOD
ProvidcTiceîe conduisait, comme par la
main, partout où ses talents pouvaient
être utiles. Il fit un voyage à Paris en
1 756, et eut le plaisir de se voir ré-
tablir dans sa place d'académicien-
pensionnaire. Il retourna encore une
fois à Cadix pour y régler ses affaires;*
mais il tomba malade presqu'en y ar-
rivant : le chagrin qu'il eut de la perte
de sa fille acheva d'épuiser ses forces,
et il mourut, le 1 1 septembre i 760 ,
d'une attaque d'apoplexie , sans avoir
pu goûter la consolation de revenir se
fixer dans sa patrie à laquelle il était
toujours resté attaché. Godin ét.iit lié
de la plus étroite amitié avec Mairan
et Fouchy qui prononça son éloge.
Il était membre des sociétés royales
deLondies,ileBerliu etdeStockholm.
Outre plusieurs Mémoires épars dans
le Pucneil de l'académie des sciences,
on a do lui : 1. V Histoire de cette
savante compagnie depuis 1680 à
1699, II vol. m-4'. II. La Tabla
alfjhafféiirjue des matières conUnues
dans r Histoire de l académie depuis
son établissement jusquen i 700 , 4
vol. in- j". (i ) III. Un Appendix aux
Tahlesastronomiques de Lnhire^iUns
l'édition de i 727 , in-4°- IV. La Cnn"
naissance des temps, années 1750,
1731 , 175*2 et »7"»3. V. Il a aussi
eu part au Recueil des machines ap'
prouvéesparl\icademie des sciences^
public par Gdion , (i vol. m -4'. H
travdiil;iif,lor>qu'il mourul,à un cours
de mafhématiques à l'usage de ses
élèves. Ou peut consiiltor, pour plus
de détails, son Èlo'^e ^ par Fouchy,
iXixnsV Histoire de l\icadi-mie, 171)0.
W— s.
GODIN DES ODONMS M"".),née
Grandîuaisou , était la fouime d'un
des compagnons de voyage de M. de
la Condamine, établi à Quito en i 74'^*
(1) l.llci a élf: coiuiniii'r par OviBourj ciGottr
juitju'cn i;9<>, iw vd. in-4''>
G on
M. ("loilin , ()Mii;c de. se icndrc à
Cuniic pour tits .ill'.tiics de larnillc,
partit seul , afin clV[)argri('r à sa icni-
inc la fali<;iic d'une si luuguc roule;
c'était au mois de mars i ^49 î •' ''""^''"
va, en avril i 7^0 , à C l'ieune, en des-
cend.*nl le fltuvc des Amazones. (!er-
îain de ne pouvoir retourner à Quiîo,
il s'occupa tout de suite d'obtenir de
la cour de Portugal , dos passeports ,
qu'il ne reçut qu'au bout de 1 5 ans ,
pour d'aller clierclicr sa femrac et ses
enfants, remonter Je fleuve, et les
amener par la mêrae voie. Ce voyage
de i5oo lieues, lui fournil roccasion
d'envoyer au cabinet du Roi, à Paris,
plusieurs morceaux d'histoire natu-
relle, et de faire hommage à M. de
JUiffon , d'une grammaire de la langue
des Incas, imprimée à lama. Enfin ,
en i-yGSjM.Godin vil arriver à Caïen-
ne une galiolte pontée avec un équipage
de 5o rameurs , commandée par un
capitaine portugais, qui devait lui faire
remonter le fleuve jusqu'au premier
cfablissemcnt espagnol , attendre là
son retour, et le ramener à Caïcnne
avec sa famille , le tout aux frais de Sa
IMajesté très fidèle. Malheureusement
il tomba malade à Oyapok, et ne pou-
vant s'embarquer il se trouva dans la
nécessité de donner sa confiance à un
nommé Tristan d'Orcasaval , qui s'en
montra peu digne ; car, au lieu d'aller
cliercher M™*. Godin et de mettre à sa
disposition les moyens de transport
fournis par la cour de Portugal, il resta
dans les missions portugaises à faire le
commerce pour son compte. Cepen-
dant un bruit vague , répandu dans
la province de Quito , parvint aux
oreilles de M'"^. Godin. indécise sur
le parti qu'elle devait prendre , elle
envoia aux missions un nègre d'une
fidélité éprouvée. Après bien des obs-
tacles , ce serviteur zélé arrive à Lo-
rclOj où il trouve Tristan et s'assure
G 0 D 565
par lui -même que rarmrment du roi
de Porlugal est destiné |)Oni- ramener
M"". Godin à Caienne. Alors celle
dame brusque ses préparatifs, aban-
donne une partie de ses effets, et se
met en route pour Canelos , petite
ville située sur une rivière qui se jettr
dans l'Amazone; c'était la que devait
se faire rembarquement : mais ce nefut
qu'avec des peines inouies qu'elle par-
vintencelieu, oîi de nouveaux chagiins
l'attendaient. La petite vérole, récem-
ment apportée dans ces climats par
les Européens , avait fait déserter tous
les habitants de Canelos. Les 3o In-
diens qui, au moment du départ, com-
posaient l'escorte de ÎVi"'^ Godin ,
1 avaient successivement abandonnée
en route : elle restait seule avec son
fils , ses deux frères et quelques do-
raesîiques ; en tout huit personnes.
Deux Indiens, revenus dans la bour-
gade, promircntàM"'^ Godin de cons-
truire un canot et de la conduire dans
la mission d'Andoas, distante d'envi-
ron I 5o lieues; de là elle aurait joint
l'armement. Le canot achevé, on part
de Canelos, on navigue deux jours;
on s'arrête pour passer la nuit, et
les deux Indiens qui avaient reçu
leur salaire, disparaissent. La troupe
infortunée se rembarque sans guide,
et rencontre un canot arrêté dans un
petit port. Un Indien convalescent
consent à se joindre aux voyageurs, et
à tenir le gouvernail :1e troisième jour
cet Indien tombe dans l'eau et se
noie. Voilà le canot dénué de gouver-
nail : tout le monde est forcé de pren-
dre leire. On détache quelqu'tm dé
la troupe à Andoas, en lui faisant
prometlie qu'avant quinze jours il en-
verra un canot et des Indiens. Vingt-
cinq jours se passent, sans qu'on en-
tende parler de licn. Les voyageurs,
réduits à la plus alFreuse situation dans
ce désert, perdent toute espérance.
566 G 0 D
Dans cette extrémité ils se de'cident à
suivre à pied les bords de la rivière^
mais s'étant engagés trop avant dans
les bois , ils s'y égarent. C'est là
qu'épuisés par la marche et par la
faim , ils sont réduits à la dernière ex-
trémité. Au bout de trois jours , tous
expirent successivement* et M""^. Go-
din reste seule, étendue auprès du ca-
davre de ses frères et de ses domes-
tiques : pendant quarante -huit heu-
res elle est comme anéantie ; enfin
pressée par une soif ardente , elle
se traîne jusqu'aux bords de la ri-
vière. Elle erre ensuite pendant plu-
sieurs semaines , dans un bois cm'
barrassée de ronces H de lianes ,
toujours en danger d'êlre dévorée
par les bêles féroces j à peine cou-
verte de mauvais lambeaux , épui-
sée de fatigue et de faim elle se
trouve sur les bords du Bobonasa,
rivière qui tombe dans l'Amazone. Un
matin, au lever de l'aurore, elle en-
tend du bruit à environ 200 pas d'ellej
elle s'approche, cl voit deux Indiens
qui poussaient un canot à l'eau : elle
^es conjure de la conduire à Andoas;
ils le promettent, et tiennent parole.
Arrivée à Laguna, elle est reçue à bras
ouvert par le supérieur des missions;
mais ce fut en vain qu'on essaya de
iaire venir Tristan : jamais elle ne put
)»n)filer de l'armement qui avait été
îail pour elle. Apres xm lonj:; espace
de temps et beaucoup de soufTianres,
on p.irvint rcjicndniit à lui j-.rocnrer
Je moyen d'enlreprendre ce voyage,
qui él.'ut au moins de mille lieues.
Au bout de plusieurs années d'ab-
sence , de traverses et de malheurs
réciproques , M. et M""". Godin se
virent enfin réunis à Oyapock, oi'i le
pn inier elul toujours reslc h attendre
bd f<nirne. Les ilcnx e'ponx reinontè-
r<'nl à (^orupa, cl se retulirent delà à
iiaicnne, d'où ils s'cinLaïqucrcnt, cl
GOD
arrivèrent à la Rochelle le 26 mai
l'j'jS, après 65 jours de traversée:
ils se rendirent ensuite à St.-Amant
dans leBerri, où ils possédaient une
très belle terre. Les aventures de M"*".
Godin sont attestées par les lettres
originales de plusieurs missionnaires
de l'Amazone. Celle des Icitres de M.
Godin , qui contient ce récit , a été
imprimée à Paris en 1770. B — y.
GODINEZ vBlasco), capitaine
espagnol , accompagna Pizarre en
i552, se distingua dans toutes les
guerres du Pérou , et se mit , en 1 55 1 ,
à la tête des mécontents qui s'opposè-
rent, à main armée, à l'exécution de
l'édit relatif à la liberté des Indiens.
Les rebelles l'ayant nommé gouverneur
de Cuzco, tout le haut Pérou lui obéit.
Dans l'impuissance de le réduire par
la force des armes, la cour royale
de Lima employa l'artifice. Elle déclara
Godinez général de toute l'armée, et
le fit assassiner en i552, par Al-
phonse d'Alvarado, que Godinez avait
reçu comme un ami dans son camp. Ses
nombreux complices furent recher-
chés et punis sévèrement. B — p.
GODINHO ( Manuel ) , né en
i65o à Montai van , en Portugal ,
entra, à l'agc de quinze ans, chez les
jésuites de Coimbre. Étant passé dans
l'Inde, il fut renvoyé en Portugal par
un ordre du vice-roi. Il s'embarqua h
Baç.iïrn le i5 décembre i6G'i ; et,
arrivé en Perse, il alli par terre jus-
qu'à Alcp. Un vaisseaii le tran'^port.»
des cotes de Syrie à Marseille , d'où
un autre vaisseau le ramena en Por-
tui^al. Il y arriva le *i5 octobre
i6(35 , après un voyage de dix mois.
11 etj a public la* relation sous ce tilre :
lUd icam do nova caminfio , etc. ,
Lisbonne, i()()5, iu-4". On a encore
de lui : I. Notirias sin^ulares , etc. ,
c'est-à-dire , Nouvelles singulières
de ce <}ui est arrivé à Constan-
GOD G CD 567
tinopîe y après la défaite de Var- rinfortunc, f.iiir le bien pour le seul
mée otlonuïue , sous les murs de ])laisir i\c le faire , et se refuser le
rienne ,em'oyccs deConstaïUinoplc .su|)ciflii pour procurer aux aulrcs
à un chevalier de Malte ^ Lisbonne, le iie\cssnirc, voilà en peu de mois
1684.11. r/V//i, etc., c'cst-à-cbre,Z« le portrait du respectable ecclcsias-
vie ^ les vertus et la mort du Fr. tique qui nous a paru nicritcr une
Antoine Pas C/ingas , Lisbonne^ ])lace dans ce dictionnaire. Persuadé
i(")8n , réimprimée en \']'iS.{ f^'oy. que les ricliesses iierendon» les hom-
FoîNsi.CA SoARKS. ) Nous oracttoiis mes heureux que par le bon usage
quelques ouvrages asccli(iucs , qui qu'ils eu font, il crut pouvoir unir
nous semblent sans intc'rêf. Godinbo le commerce des vins aux paisibles
quitta les jésuites, et eut différents bc- fonctions de son ministère : la for-
iicûccs ccclesi.isliques. 11 mourut en tune qu'il y acquit, lui fournil les
i-yi^. — GoDiNnoCARDOso(Manuel), moyens de suivre son noble penchant
dcfJbonne, s'embarqua, le 10 avril à la bienfaisance. Apiès avoir rendu
j5H5, sur le vaisseau \v Sant-Iago , le double de son patrimoine à sa fa-
capitalne Fcrnand de Mendoça. Le mil!e, il employa, dit-on, plus de
j 5 août de la même année , ce vais- 5oo,ooo liv. , tant à établir des fon-
seau fit naufrage. Godinho, échappe taines publiques, et à faire paver et
à ce malheur, publia , à Lisbonne, en dessécher des égoûts qui répandaient
iGoi, l'ouvrige suivant : Relacam , une infection dangereuse, qu'à fon-
tlc. , c'est-à-dire, Belations du nau- der des hôpitaux pour les malades ,
fra^e du vaisseau le Sant-Iago ^ augmenter le nombre des écoles chré-
et voyage des naufragés qui purent tiennes , et embellir le chœur de l'é-
se sauver, — Godinho de Sein as (Ma- giisc métropolitaine. Ces monuments
luiel ) naquit à Sanlarcm , le ï 5 août ont mérité à Godinot les titres de père
16^8. Dans une traversée de Lis- et de bienfaiteur de sa patrie. Son
bonne au royaume d'Algarve, il fut opposition à la bulle Unigenitus lui
pris par les Algériens le 'i5 juin attira la censure de quelques - uns
I7'25. Hcvenu à Lisbonne, le 190c- de ses compatriotes; les chanoines,
tobre i^^i , après cinq ans de cap- ses confrères, étaient sur le point de
livité, il se fit prêtre, et donna des lui refuser la sépulture ecclésiastique:
leçons de lutér,!ture. Il a publié, en mais la réclamation générale de ses
i'y5o, des vers sur l;i mort du roi concitoyens obtint qu'il serait inhume
Jean V. Nous ne pouvons dire si une avec tous les honneurs qui lui étaient
épîtie en vers et en prose, où il dus, et d y eut un grand concours à
fais.ul l'histoire de sa vie et de son ses obsèques. La ville de lltims, qui
voy.ige a été imprimée ; elle ne l'était doit au généreux Godinot de si utiles
pas ( iKore en i -jSq , temps où écri- établissements , conservera un éternel
vait Barbosa , à qui nous avons cm- souvenir de ses bienfaits. C'est d'après
pruhtp CCS détails. \\ — ss. les Mémoires de Godinot, que Pluche
(jODINOT ( Jean ) , docteur en a inséré dans le tome 11 du Spectacle
théolou,ie , et chanoine de la métro- de la nature y le détail des procédés
po^e de Kciins, n.iquit dans cette de la culture de la vigne et de la raa-
vilb' en iCiOi , et y mourut le i5 nièrc de faire le vin de Champagne,
avril 17495 â^é de quatre-vingt-huit J — B.
ans. Ne respirer que pour adoucir GODIVE, fcmmede LéofTric, duc
56fi G 0 D
de Mercic , vivait en Angleterre au
XI \ siècle , sous le rè!::;ne d'Edouard
le confesseur. Un trait de dévouement,
d'une siiiî^ularilé remarquable, a pré-
serve' sou nom de roul)Ii. ÎNe pouvant
obtenir par ses prières la remise d'une
furte amende que son époux avait
imposée aux habiîants de Covenlry,
en punition de quelque délit grave ,
elle résolut , pour les en libérer ,
de rempur la condition bizarre, sous
laquelle le duc promettait de leur
pardonner j ce fut d'aller à cheval ,
toute nue , d'un bout de la ville à
l'autre. Après avoir défendu aiix ha-
bitants , sous peine de mort , de pa-
raître dans li.s rues ou aux fenêtres,
elle paicournt effectivement la ville
sans antre voile que ses longs cheveux.
M 'is , malgré la sévérité du châti-
ment, un homme (c'était un boulan-
ger) lut assez téméraire pour s'y ex-
poser , et la duchesse assez cruelle
pour venger, aux dépens des jours de
ce m.ilheureux , sa pudeur offensée.
Pour conserver la mémoire de cet
événement , on institua une fêle so-
lennelle , où la statue de Godive ,
ornce de fl<'urs , était ch tque année
portée en procession au milieu d'i»ne
fuule (Il ppup'e; et l'on voyait la sta-
tue du boul.iiig' r à la même fenêtre
où l'atliia sa fatale cnrio>ité. Ija ri-
gueur que Godive déploya dans cette
occasion, aurait bien (Ki leuipérer les
louanges excessives qui lui ont été
prodiguées par quelques historiens
angl.iis. K — e.
GonOLPlIIN (Jean), juriscon-
sulte anglais, né en 1617 à GodoU
phin, dans les îles vSoflingues, se fit
connaître, vers i()5o et i65i , par
quelques ouvrage- de théologie , écrits
dans les principes des purit.iins; mais
il s'était partieulièremcnl attaché à
l'éfuih (les lois , rt il prit le degré d(!
ùc'Cteur en ilioil vn i^'/iJ. Ktanl venu
GOÏ)
ensuite à Londres , il se rangea dans
le parti anti-monarchique, et fut cons-
titué, en 1 655, l'un des juges de l'ami-
rauté. La faveur dont il avait joui sous
Cromwell ^ devait lui faire appréhen-
der la restauration ; mais Charles II
aimant mieux s'aider de ses lumières
que de perdre ce jurisconsulte, le
nomma avocat de la couronne. Il
mourut le 4 avril 1678, après avoir *
publié, entre autres ouvrages estimés:
I. Tableau de la jurisdiction d'un
amiral^ 1661, in-S". II. Le legs
d'un orphelin (relatif aux testaments),
16^4) in-4"' III- Reperlorium cano-
nicum, 1678, in-4"., où il soulientla
suprématie royale. X — s.
GODOLPIilN(SiDNEY, comte de),
grand - trésorier d'Angleterre , issu
d'une frtmille distiiiiruée du comté de
Cornvvall , naquit vers le milieu du
xvir. siècle. Il entra dans sa jeu-
nesse au service de Charles II , qui,
lorsqu'il fut rétabli sur le troue de ses
pères, le nomma l'un de ses valels-
de-chambie. En iti-^S , Godolphin
fit deux voyages en Hollande, chargé
de missions d'une haute importance.
L'année suivante , il fut nommé
commissaire de la trésorerie et mem-
bre du conseil privé. Mais ces fa-
veurs dj la cour ne rempêchèrent
pas de voter , dans la chambre des
communes, contre le due d'York, que
le parti populaire voulait alors ex-
clure de la couronne. Eu 1G84, il fut
créé baron de Rialton , et uhlinl la
place de premier commissaire de la
trésorerie , après avoir résigné celle
de vSecrctaire d'étal , qui lui avait
été conférée peu de temps aupara-
vant. J'isqu'alors il avait siégé dans
la chambre basse comme représen-
tant des communes de Helston el
de St. Mavves. A l'avénemenl de
Jacques II au troue, il fut ii'Humé
vhaïubillun de la reine, cl remplaça
G 0 D G 0 D 569
à 1.1 trésorerie le c(mi le tic Roclifsfcr, 11 fut l'un de ceux (jiii se pronoiuc-
qiii lut ilcslitue. Lorxjue le pnuce lent avec le plus de lurce , d uis le
ti'()raii{;c vint, ;j I.i Iclc d'une arniec, conseil , conlrc la vénalité des oniees
att,»(iuer son bc.ui-|H'rc , ce fui Godol- dans la maison royale, vénalité qu'il
pliin qui, eonjoinfenient avec Halifax regardait comme aussi indigne de la
l't Noltini;l)ain, fut chaire d'.dicr au majesté' souveraine, que decoura-
camp du prince liullandais, pour en- géante pour le vrai mciile. Lorsque
trer en négociation avec lui. Il s'ac- la faveur de M'"". Masliaiu cul delmit
quitta de cette mission de'licatc avec dans l'esprit de la reine le eiedil iks
autant d'adresse que de prudence. Wiglis , le renvoi de Godolphiu fut
Jacques s'ctanl enfui dans les e'tats de bientôt décidé. Il perdit sa j)lacc de
Louis XIV, le parlement mit en dé- grand-trésorier, le 18 août i-^io. il
libération si le trône serait déclaré va- avait été créé , en 1706, clievaiier
cant. Godolpbin , sans ouvrir d'avis de la Jarretière , comte de Godol-
sur la brandie qui devait être appelée phin , et vicomte de Rialton. L'opi-
à succéder, opina pour la régence. Il nion publique, qui se prononça liau-
i'ut admis, en 1689, dans le conseil tement contre sa destitution, et le
privé du roi Gudlaume , et entra de zèle des employés de la trésorerie, ne
nouveau à la trésorerie , dont il fut purent mettre un terme à sa disgrâce,
nommé premier lord en 1G90. Eu II mourut à St.-AIbans, le 23 sep-
1695, il fut l'un des sept commis- tembre 1712, sans avoir été rap-
saires chargés du gouvernement en pelé. Ses restes furent inhumés d-^us
l'absence du roi. Il fut réintégré dans l'abbaye de Westminster. Il bissa ua
cette place , en 1701, aussi bien que fîis qui épousa la fille de Mariborougli,
dans celle de premier lord de la tréso- et à la mort duquel s'éteignit le titie
rerie,dontilavaitétédcstituéen 1697. ^^ comte de Godoîphin. Si l'on en
A peine la reine Anne eut-elle été pro- croit Burnct, le grand-trésorier était
damée, qu'elle s'empressa de nommer grave, taciturne et modeste, quali-
Godolphin grand -trésorier d'Angle- tés qui se rencontrent rarement dans
terre. Mais, assez modeste pour croire un homme élevé à la cour. Quoiqu'at-
cette charge au-dessus de ses forces, il taché par inclinalion au parti du
refusa long-temps de céder aux vœux prince , il jouit constamment de l'es-
dc la princesse. Il ne se rendit qu'.iux lime populaire, estime dont il ne fut
pressantes sollicitations de Marlbo- redevable qu'à son incorruptdDle pro-
rough, qui déclara ne pouvoir prendre bité. Il ne souffrit jamais qu'aucun de
le commandement de l'armée, si le dé- ses serviteurs s'enrichît aux dépens
pnrteraentde> finances n'était remis en du public; et lui-même n'avait pas
des mains aussi habiles. Par une sage augmenté son patrimoine de plus de
administration, Godoîphin sut rani- 4^00 liv. sterl., après trente ans pas-
mer la confiance et relever le cré- ses à la tête de l'administration de la
dit public. Les succès de la guerre trésorerie , dont neuf comme grand-
furent dus en partie à l'exactitude trésorier. Dans une place oii il est si
qu'il mit à effectuer les paiements de difficile de ne pas froisser beaucoup
l'armée. A son instigation , la reine d'intérêts , jamais homme n'eut plus
contribua d'une somnje de cent mille d'amis et moins d'ennemis. Godol-
livies stcri., prise sur sa liste civile, phin vivait avec la plus grande fru-
aux frais Je ces glorieuses campagnes, galilé : son jugeracul était sûr , quoi-
570 GOD
qu'un peu \cnl ; sa conception claire,
son caractère franc et loyal. A ces qua-
lités si recommandables , d'autres his-
toriens ajoutent qu'il connut parfai-
tement la constitution de son pays, le
caractère de ses compatriotes , et que
ses talents l'ont placé au premier rang
parmi les ministres de la Grande-
Erefagne. Quelques écrivains anglais ,
et Swift en particulier, ont pre'seule'
le c.<r.»ctèie de Godolphin sous un
jour moins fivorable. Mais nous
avons pense qn'nn homme , qui a réu-
ni un grand nombre de suffrages im-
posants , n-- devait pas être jugé sur
des allég.uions sans preuve, ou sur
les ;mpur*tions de quelques Torys.
N— E.
GOD0^'AR. To/eZ GONDEMAR.
GUDO^^:^CHE Nicolas), gra-
veur, ne .1 Paris vers la fin <iuxvii'".
siècle, lut mis à In Bastille en 1751 ,
pour avoir gravé 1rs estam['es d'un
ouvrage de l'-ibbc iJoursi^r , fimeux
appelant , inlituic: Explication abré-
gée des principales questions qui
ont rnppfft aux affaires }>rcsentts ^
in-i>,. La suppression de cette bro-
chure Ir* fif rechercher par les cu-
rieux, et jieut mêir:e lui donner, en-
core à |)rcsent, qu< ique prix, quoique
le», traits satirirpics qu'elle renferme
ii'iiient plus rien de piquant. Godo-
liesche resta peu de temps enferme;
mais il perdit sa place de garde des
médailles du cabinet du Roi, pl.;cc qui
était à peu près sa seule ressource. Il
avait pulilié h s Médailles du règne
de Louis A'/^, » 727 , in-fol. ; et il en
donna, en 17J6, une seconde édition
cpii contient cinquante-quatre plan-
clies. (jc rerntil a élc conlinué par
Flenrimont , jn qu'à la paix d'Aix-la-
Chapelle , I 74s ; et cdle dernière édi-
ti(»n rcnf rme soixante-di\-lniit plan-
ches ou médailles. Le duc de la Val-
\ièie pussédaîl uu nuinu^civl sur ve-
GOD
lin , exécuté par Godonesche , et con-
tenant : Idée du cabinet du Roi pour
les médailles; têtes des douze Césars,
dessinées sur V antique ; pierres ari"
tiques du cabinet du Roi. Cet artiste
mourut à Paris le 29 janvier 1 761.
W— s.
GODOUIN (Jean), néà Paris, y
fit ses études à l'université. Il s'atta-
cha lui-même à ce corps; et, après
avoir professé pendant long-temps au
collège du cardinal Lemoine , il fut ,
vers 1660, nommé professeur d'hé-
breu au collège de France , et mourut
le 8 octobre 1 700. Il avait composé
une Grammaire hébràique y qm n'a
pas été imprimée. Ce fut lui qui fut
chargé de donner les Commentaires
deCesar, adusum Delphini^ ï678,
in-4". Parmi les opuscules qu'd a pu-
bliés , nous citerons : I. Jn secundufit
rectoratum Pétri Lalemant , extem.'
porale et subitarium cannen , 16') 5,
in-4'. \\. yld Pomponiinn Belie^
viœum^suprcmi Galliœ senaiûs prin-
cipem , postqnam ad hoc munus
evechts est, cannen, in-4'. ( '^^■*7)
111. Les E pitres familières de Cicé-
ron , nouvellement traduites , avec le
latin, \ 665, 1 vol. in-8". , im| rimécs
sur deux colonnes ( Foy. P. Duryer ,
XII, 588); traduction effacée par
celles qu'on a ])ubliécs depuis. Dans
ces trois ouvrage^, l'auteur prend les
noms de GodoUin et God<vin.Goi\\'t
dit cependant ( Mem. hist. et litt. sur le
collège royal de France , i , 53() ) ,
que l'aiilenr s'appel.iil a Goudoiun et
» non Godouiu ;» ce qui nous porte
à cioire que l'auteur écrivait son nonl
de ces deux: nianières. A. I! — t.
(iODOUNOF ou GllDb:^OF( no-
ms), c/ar d<' IvussSe, dont le rè|;nc
fut un des plus rematquables de ceux
(ji'i précédèrent l'époqtie de Pierre le-
(.ratul . était d'ori^i^ine talare : il avait
liue ^œiir imimîv'C" liènc , (pu devint
GOD
rc'pousc (lu C7AT Fc'dor Iwanowilcli ,
parvenu au trône eu i584. Cette al-
liance donna à rainbilieuxTatare l'oc-
ea.siuM de piendie de l'uifluenee , et
d'usurper le pouvoir. H fil exiler ou
périr tous les eonseillers du ezar. Le
frère de ce prince, le j< une Dtnilri ,
dernier rejeton de la race de Rnrik ,
i\\l assassine dans la petite ville {.W-
glilch , où il avait eie relègue. Quelque
temps après, en iSqS, le cz.arFcdor
mourut d'une maladie de ianç^neur,
dont on attribua l'origine à son beau-
frère, qui élait devenu en même temps
son premier ministre. La dynastie qui
avait régjic jusqu'alors se trouvant
éteinte , on jeta les yeux sur Boris
Godounof , dont les grands talents
pour l'administration contrebalan-
çaient les inclinations sanguinaires. 11
fut clu en 1598^ et, Tannée suivante,
son couronnement eut lieu avec la
plus grande magnificence. Il fil aus-
sitôt de grandes largesses aux c'gli-
ses et aux monastères , et fit fondre
uneclochedupoidsde 4 80,000 livres,
qu'il ordonna de placer dans une tour
construite pour cet objet au milieu du
Kremlin. En i(5oo, le sort conduisit
en Russie un prince suédois, Gus-
tave, fils d'Éric XIV et de Catherine
Mansdoter. Son père ayant été dc-
Irôné par Jean III, il s'était vu force
de s'expatrier j et dénué de ressources,
il cherchait un asile et les moyens de
subsister. Boris conçut le projet de
lui faire embrasser la religion grecque,
de liii donner en mariage sa fille Axi-
1,'ia, ou Alcxia, et de l'engager à fur-
mer des prétentions aux dépens de la
Suède sur la Finlande et rKsfonie.
Mais le jeimc Gustave, digne du nom
qu'il portait , et ne voulant trahir ni
sa religion i;i sa patiie, refusa d'en-
trer dans les vues du rzir, et moui ut
dans l'obscurité, à Uglilch , six ans
ûprès. Une autre alliance tenta ensuite
G 0 n S"; c
Tambilion de Boris. Ku lOoi, il n.-
voya deux ambassadeurs àChiistiaii
IV, roi de Danemark, pour négc-
cier le n)ari ige d'Alexia avec J( an II,
frère de Chiistian. Le roi accepta la
proposilion , pour se procurer à l'est
de la Baltique un allié puissant conlie
la Suède, dont il craignait les projets
ambitieux. Il rappela son frèie, quï
était au siège d'Ostende,et IVnvoya
en Russie, escorté d'une flotte, qi î
le conduisit jusqu'à Narwa. avec trois
sénateurs et une suite brillante. Le
jeune prince passa ensuite à Moscou,
où il fui reçu magnifiquement j mais
une fièvre violente l'emporta avant
que le mariage fût consouînië, qua-
rante jours après son arrivée. Dans
ce même temps , luic grande famine
désola la Russie; Moscou et ses envi-
rons en éprouvèrent surtout les rava-
Q-es: ce fléau amena des maladies cot:-
tagieuscs , une ties grande mortalité,
et les plus affreux brigandages. Boris
eut occasion de déployer son activité
et son courage ; il prit des mesures
aussi sages que fermes , et son autorité
se maintint. Il craignait cependant,
et baissait les grands. La farai'le Ro-
ipanof , une des plus considérées ,
était surtout l'objet de sa jalousie. Fé*
dor Romanof fut relégué dans un mo-
nastère près d'Arcbangel , et oblige
d'y prendre le froc , sous le nom de
Pbilarète. Sa femme, Axénic, fut en-
voyée dans un couvent sur les bords
du lac Onega. Elle emmena avec ello
son fils Michel, encore enfant, qui
commença ainsi , sous des auspices,
malheureux, une carrière qu'il était
destiné à coniinuer cl h finir sur le
trône, en devenant la lige de l'illnstie
dynastie des Romanof. Clle graudo-
révolution se prépara dès-lois par
l'appariiion sul)'.tc de Grégoire Olr<w
).i<f ( f^. DôiETRius ) , (h'aere d'un
couveul à Moscou, qui se fil puiM-i'
572 GOD
pour le jeune Dmitrl ou Deme'trius ,
assassine' à U|;!itch , douze ans aupa-
ravant. Grcp;oiie,ou le faux Deme'-
trius , eut dos partisans : Boris Go-
floundf marcha contre lui ; mais il s'a-
p( rçut que ses soldats secoudaient mal
ses tlForts. Au sortir d'un repas , il
mourut d'une colique violente. On ne
douta pas qu'il n'eût été empoisonné ;
et plusieurs écrivains ont rapporte
qu'il avait pris du poison lui-même. II
termina ses jours en i6o5, api es avoir
rc^né sept ans. Quoiqu'il eût souillé
sa carrière de plusieurs crimes, il s'é-
tait montré di|:;iie de porter le sceptre.
Il prit des mesures pour répandre en
Bus>ic les lumières et les arts de la ci-
vilisation. Il y attira des médecins et
des pharrairiens ; il envoya des jeunes
gens en Suède et en Allemagne, pour
s'y livrer à l'étude. Dans le dcs^em de
favoriser le commerce , il entretint de.^
relations étroites avec les villes Anséa-
tiqucs, et surtout avec Lubeck,qui
lui envoya une ambassade brillante.
On a prétendu que Boris, pour em-
pêcher les émigrations du peuple ,
avait attaché les paysans à la glcbe :
mais celte opinion ne saurait être ap-
puyée de preuves suffisantes ; et il y
a heu de croire que l'origine du ser-
vage, en Russie, remonte à une épo-
que plus ancienne, et qu'il a été renfor-
cé par d'autres causes dans des temps
postérieurs. Boris Godounof continua
les travaux commencés par Iwan
Wasiliewitch , pour la culture et la ci-
vilisation de la Rus>ie, travaux qui fu-
ient repris ensuite, après rextinclion
des fmx Dém(;Irius, sous les princes
de la maison de Uomanof, anivée au
ti ônc en i G 1 5 par l'élection de Michel
Fédorowilch. ( f^oy. Michel Fédoro-
witch.) C — AU.
GODWIN ( liC comte ), seigneur
anglais , dont la puissance lit trend)ler
les rois , après avoir long - leinps
GOD
régné sous le nom de quelques princes
faibles ou dégradés, que ses intrigues
avaient placés sur le trône, transmit,
en mourant , à l'aîné de ses fils , les
moyens d'usurper la dignité royale :il
vécut dans la première moitié du XI^
siècle. Il était fils d'Ulnoth ou Wolf-
noih, comte de Sussex, qui, sous le
règne d'EtheIred II , obligé de s'ex-
patrier pour se soustraire aux persé-
cutions d'Edric Stréon, entraîna dans
sa fuite un grand nombre de vais-
seaux , avec lesquels il revint ensuite
ravager les côtes d'Angleterre et dé-
truire la flotte équipée pour repousseç
les Danois. ( P^. Ethelred II.) God-
win jouissait déjà d'un crédit extraor-
dinaire parmi ses compatriotes, lors-
que Canul-le-Grand s'empara des états
d'Edmond Côte-de-F!<,r. Ce fut cette
considération qui lui fil obtenii- le
comuiaudement du corps d'élite an-
glais^ que le nouveau monarque con-
duisit en Danemark, contre les Van-
dales ( 1019 ). Dès l'ouverture de h
campague, une entreprise audacieuse ,
mais couronnée du plus heureux suc-
cès , lui mérita toute la confiance de
ce prince. Les deux armées étaient
campées à peu de distance l'une de
l'autre, et tout annonçait un combat
prochain. Vers le milieu d'une nuit
obscure, Godwin, profitant deré|)ais-
scur des ténèbres , se dérobe furtive-
ment du camp avec sa troupe, fond à
l'improviste sur les Vand.des, les met
d.ms une déroute complète, cl, les
poursuivant avec vigueur , achève de
les écraser avant (ju'ds aient eu le
temps de se reconnaître. Canut , qui,
.1 son réveil , avait appris le brusque
dépari des Anglais et ne doutait pas
(pi'ils n'eussent passé à rcnnemi , rc-
lléehiss.iit avec inquiétude aux moyens
de surmonter les difficultés que lui
suscitait cette défection inalUndue,
lor.^'pril aperçut loul-à-coup Godwin ,
non
(p>l venait i loiitr britlc lui porlor Iiii-
luviur la nouvelle de sa victoire. En-
cliaiile d'iine prrnvc si ecl.it.iijte de
cour.J[!;c , le prince danois le nomma
snr-le champ comte de Kent, et lui
fil ('j)oiiS( r la sœur d'Ulpli(jn , son
J)e.iii-lVèn'. ('(S (li>lincliinis ne fut nt
«p l'a ce roi lie rinfluence de Ciodvvin eu
Aii^ldeiie. A la mort de Canut l". ,
airivce en io5(), de violentes divi-
sions s'élevèrent entre les (grands sur
le choix du succcsseui- de ce monar-
que. Godwiu , tout puivsaiit dans les
provinces situées au sud de la Tamise,
se déclara pour Hardi-Canut , et le fit
proclamer roi de VVcssex. Comme le
nouveau monarque se trouvait alors
absent du royaume, Emma, sa mère,
obtint le titre de régente , et Godwin
fut mis à la tète de l'administration.
Mais Huold Pied-de-Lièvre , que le
crédit des Danois avait élevé sur le
trône de Mr rcie , se voyant privé des
provinces méridionales par les seules
cabales du comte de Kent , fit tou> ses
efforts pour engager ce seigneur dans
ses intérêts, et il parvint à le gagner
par la grandeur de ses promesses.
Godwin s'occupa dès-!ors du soin de
créer un parti en fiveur de ce prince.
Emmi , qui n'ignorait point les com-
plots de son perfide ministre , crut
faire une démarche politique en appe-
lant auprès d'elle ses enfants du pre-
mier lit, Alfred et Edouard, se flat-
tant de réchauffer par leur présence
l'amour des Anglai- pour le sangd'h!,d-
mond : elle ne fil que creuser un pré-
cipice sous \e\\v< pas. Par les conseils de
Godwin, H-^rold invita les d< ux princes
de se rendre ta .sa cour. Emma , vou-
lant éviter une rupture ouverte, mais
craignant quelques embûches de la
part de ses ennemis, pigea prudent
de n'envoyer qu'un de ses fils et de
retenir l'autre. Alfred fut arrêté à Guil-
ford , comme il s« rendait à Loudrcs :
GOD 575
sa suite fut massacrée; et lui-même ,
après avoir eu les yeux arrachés, fuf
conduit au monastère d'K'y , où la
nnut t(;rQHna bientôt sa malheureuse
existence. La voix publique accusa
Godwin de ce crime affreux. On dit
même que le prince ne fut attaqué que
lorsqu'il eut rejeté , avec mépris , les
conditions aux(pielles l'ambitieux et
cruel ministre lui offrait de le faire
monter sur le trône. Quoi qu'il en soit ,
Emma et Edouard, à la nouvelle de
cet horrible attentat , s'enfuiient sur
le continent pour mettre leurs jours à
l'abri du fer des assassins. Alors God-
win, profitant habilement de l'absence
de la régente, publia que Hirdi-Canut,
ayant négligé de vei.ir en personne
gouverner ses états , était déchu de
ses droits; et Haiold se trouva pro-
clamé roi de toute l'Angleterre , avant
que les partisans de son rival eussent
pu concerter aucun plan de résistan-
ce. Pour prix de sa trahison, le comte
de Kent vit augmenter ses biens et sa
puissance ; et le litre de grand-tréso-
rier de la couronne fut ajouté à ses
autres dignités. Mais Harold ne jouit
pas longtemps de son usurpation. A
peine eut-il fermé les yeux, que toute
la noblesse s'empressa de reconnaître
Hnrdi Cinut pour roi légitime ; et God-
wiu , courtisan aussi lâche qu'impu-
dent , fut le premier à lui rendre ses
hommages. Cet homme abject poussa
même !a bassesse jusqu'à se f lire l'ins-
ti uuK nt des odieuses vengeances que
le no'iveau roi exerç» contre la ville
de Worcester , et sur le cadavre de
son frère. ( P^of. Canut II.) Miis
ces comphisances serviics ne pou-
vaient effacer du cœur de Hardi-Cinut
le .souvenir des perfidies qui lui avaient
naguère ôté la couronne. Edouard , son
frère utérin , s'étant rtudu à sa cour,
lui deui mda la punition du meurtrier
d'Alfred } et l'archevêque de Cantor-
5:4 GOD GOD
béry ayant nommé Godwin , le roi Flandre. Lorsque l'assemblée de la
ordonna à ce seigneur de comparaître nation se fut réunie h Gillingham
en jugemenf. Le coupable semblait à (io4i)> Godwin disposa les esprits
la veille de recevoir le juste châtiment avec tant d'adresse, que tous lessuffra-
de ses forfaits; mais la cupidité du ges se réunirent en faveur d'Edouard ,
monarque sauva des jours réclamés qui fut aussitôt reconnu roi d'Angle-
par la vindicte publique. Avant l'épo- terre. Tous les vœux du comte parais-
que fixée pour la sentence , Godwin saient alors exaucés. Au faîte des hon-
demanJa et obtint la permission d'of- neurs , il voyait encore sa fille parla-
frir à Hardi-Gmut une galère, dont ger le trône d'un roi qu'il gouvernait
la poupe était dorée, et montée par avec un empire absolu. Mais i'orgucil-
quatre-vingls soldats, qui avaient cha- leux ministre voulait des faveurs ex-
cun un bracelet d'or pesant seize on- clusives; et le prince montrait la plus
ces , avec un casque, un cimeterre et grande prédilection pour les ISor-
une lance ornés d'or et d'argent. En maads, dans la patrie desquels saîjeu-
favcur d'un présent si magnifique, le nesse avait trouvé un généreux asile,
comte, sur son simple serment, fut ren- Les Normands furent donc en butte à
voyé absous du crime qu'on lui impu- la haine de l'implacable Godwin. Un
tait. La mort de HardiCanut, qui suivit accident imprévu la fit bientôt éclater
de près l'issue scandaleuse de ce pro- avec violence. Sommé, par le roi , de
ces , mit dans la plus grande évidence sévir contre les habitants de Douvres ,
lepouvoir sans bornes qu'avait usurpé qui avaient maltraité le comte de Bou-
(jodwin. La noblesse, indécise entre logne, Godwin répondit avec arro-
les princes danois et saxons, ne sa- gance que ce n'était pas la coutume en
vait à laquelle des deux dynasties défé- Angleterre de punir les gens sans les
rer le scf ptrcde l'Angleterre. Edouard, entendre , et que les sujets avaient des
qui venait de montrer tant d'acliarne- privilèges qu'il fallait respecter. Puis
ment contre le comte de Kent, mit il ajouta fièrement qu'étant comte de
alors tout en œuvre pour s'attirer sa Kent, c'était à lui de protéger les
bienveill.itïce. Non seulement il lui peuples de son gouvernement contre
promit l'entier oubli du passé, et la les violences des étrangers. Edouard
j)rinci[).ile administration des affaires, se sentit extrêmement offensé d'une
mais rncorc il s'obligea de prendre sa réponse si audacieuse , et qui ajoutait
li!le Editlic en mariage, s'il faisait à la désobéissance le reproche san-
pi ncher la balance de son côté. A ces glant de sa partialité pour les étran-
condilions, Godwin crut pouvoir s'en- gers. En vain cherchai- il à faire res-
gaç^c r à lui f;ùre obtenir la couronne, pcclrr l'aulorilé royale par la force des
Ce qui donnait à ce seigneur une auto- armes; un sujet o>a la braver, et
rite »i exorbitante , c'étaient des ri- contraignit son souverain de souscrire
<;h(Ss(s immenses, le gouvernement aux eondilions qu'il vdiiIuI imposer,
de iiruf provinces qu'il possédait par (/'.Edouard le confesseur.) Mais la
lui on ses fils, les premières dignités mort vint mettre un ferme aux enlre-
du rovuuuie , et de grandes alliances j)riscs de cet homme ambitieux : God-
tant .lU dedans qu'au dehors de l'An- win mourut subitement, taudis qu'il
g!eteric; car il était parsa seconde fem- était à table avec le roi , en io54. Il
inr bctu-fière du dernier roi, et beau- avùteu de Tlivia, sa première femme,
père de la fille de liaudouiu , comte de uu fils qui périt dans la Tamise , où il
(ion r. oD 5^3
fut cm porlc par un cIkîv.iI fongueux; cl in-fol. La Iraduclioa c'iait Jf'diee à
lie Gitlio, sa sccoiulc femme, une iille JaeqMCS T""., qui rcrompciisa rantcnr,
qui cpoiisa Kclotiaril, cl cinq fils, tloiil en le transfcT.uil, cii 1(^17, à revc-
l'aînè inonla sur le troue ( ^oy. IJa- clic de llcrcfoid. Godwin |)ul)lia, cq
ROLD II) , et nii autre (Svvcin), apics i(3vi(), iu-B'. , Nunc'ms inaniinalus
avoir long-temps lucuc une vie seau- i^foyy/a?, où ilcxposemyslcricnsf mont
dalcuse avec une abbcsse qu'il avait les avantages d'une mctliodc sccrcle
enlevée, désola les cotes d'Angleterre de son invention, pour correspondre
j)ar ses pirateries, égorgea de sa pro- par signaux avec bien j)lus de cdiciilé
pre main le comte Bcoin son parent, que ])ar la voie ordinaire des lettres,
qui, à la sollicitation de Godwin, avait I^cs biographes anglais pensent que
cherché à le réconcilier avec le roi, c'est dans ce livre (pi'on a pris l'idée
et mourut dans uu pe'li rinage à Jcru- des télégraphes élabiis dans la Grande-
salera , entrepris pour expier ses cri- Bretagne. On a aussi de lui : les Cri-
mes. N — E. nales des résines (V Henri VllI ,
GODWIN (François) , savant pré- d'Edouard V L et de la reine Marie
lat anglais, fils d'un ëvêque de liath (en latin), réimprimées, pour la 5*^.
et Wells, naquit en i56i à Having- fois, en iG3o, in-4'. , ainsi que la
ton , dans le comté de Northarapton : traduction de l'ouvrage en anglais,
il partagea le goût de Caraden pour par son iils Morgan Godwin; un sieur
les recherches relatives aux antiqui- de Loigny les traduisit en français,
tés de son pays , et l'accojnpagna daas Paris , 1 (347 » iri-4 "• """ -^^ calcul de
ses excursions au pays de Galles , en la valeur du sesterce romain et du
iSqo; mais il restreignit ensuite ses talent attique, i63o; — vi L'Homme
recherches aux hommes d'église , et il dans la lune, ou Relation d'un
publia le résultat de ses travaux en voyage à cet astre , par Domingo
1601 , in-4*'., ^^^^ ^^ *''^*^ ^^ Cata- Gonzales , production ingénieuse de
logue des éve'ques anglais^ depuis la jeunesse de l'auteur, mais qr.i , con-
le premier établissement de la reli- ttariant quelques idée> reçties de son
gion chrétienne dans cette île, avec temps, ne fui imprimée qu'après sa
un précis historique de leurs vies et mort, en i658, in-8". ; elle a clé tra-
actions mémorables. 0:i ouvrage , duile eh fr.mçais par Baudouin , Pa-
joint au crédit dulordBuckhursl, dont ris, 1666, in- 12. François Godwin
i'autcurétait chapelain, lui valut l'évê- mourut en i655. X — s.
ché de Lambelh:il eu donna uncau- GODWIN (Thomas), savant
tre édition en i6i5, avec beaucoup maître d'école anglais, né en i587,
d'additions; et l'année suivante, en fa- au comté de Somerset, fut nommé,
veur des étrangers , mais plus encore, en 1609, chef de l'école gratuite d'A-
à ce qu'on présume, pour faire sa bingdon, dans le comté de Bcrksj
cour à J,»cq)»es I«''., dout il connais- école qu'il mit en réputation par les
s lit le faib'.e pour la réputaliou de la- élèves disting^iés qu'il y forma. Etant
tinistc , il traduisit lui-même son ou- entré ensuite dans les ordres , et ayant
vra^e en latin , et le (il imprimer sous obtenu, vers i(ii 7,lacure de Briglh-
ce titre : De prœsulibus Jngliœ well , il résidu i si place d'iustitute/.r,
commenlanus , Londres, 1616, in- dont il pjraissdt être extrêmement fa-
4^-, réimprimé avec des additions de ligué. 11 mourut en iG43. On a de
Guill. Richardson, G imbridge j 174^, lui, entre autres ouvrages : I. Roma-
•>-6
GOD
nce historiœ anthologlay explication
aoglaise des antiquités romaines , Ox-
ford, i6i5, in-4'.; et i6i3, avec
beaucoup d'additions. II. Florile-
gium phrasicon^ ou Vue de la lan-
gue latine. ÎII. Synopsis antiquita-
tum hehralcarum , 1616 , in-4 • ^^ -
Moïse et Aaron , etc., i(i'25 , in-4°«
réiinprifué à Utrecht, en i6()8, avec
des no'eN de Ueitz. X — s.
GODWIN (Misfriss Marie
Wor.LSTONECRAFT ), Anglaise célèbre
par SCS t iknts littéraires, ses opinions
et ses malheurs, naquit en 1759 à
Londres ou lUX environs; elle montra
de b'iune heure une disposition aux
* sentiments exaltés. Sa première édu-
cation fut très négligée; mais elle y
suppléa par la lecture, et, après la
mort de sa mère, qui la laissa sans
fortune, elle se trouva suffisamment
instruite pour tenir , conjointement
avec ses sœurs, une école qui lui
procura les moyens de subsister. Elle
vécut ainsi , d'abord à Ishngton, et
ensuite à Newingtongreen , où elle
s*aftira la bienvtillauce du docteur
Bricc. En i ^85 , une femme pour qui
elle avait conçu une amitié 1res vive ,
étant tombée dangereusement malade
à Li>bonne , Marie n'hé.sita point
d'abandonner son école pour aller lui
rendre les plus tendres soins; mais
elle n'arriva guère aMj)rès d't-lle que
pour recevoir ses derniers adieux. A
son retour en Anglelenc, elle entra,
comme gouvernante d'aifmts, dans
la maison du lord vieomiede Kings-
borough , lord lieutenant d'Irande.
En I780,ei!e vint lésiderà Londres,
et conmjença, des l'année suiv.ii?tc,
% s(; fane connaître comme aulcur ,
en pidjlianf des Pensées sur l'éduca-
tion des fdles, in- ri. El'e continua do
nietlie au joiu- diveis ouvrages dont
h'S plus connus soni une Dèfen'ie des
droits de VhomviG , une LtHre à
GOD
Edmond Burke yà Voccanon de ses
Réflexions sur la révolution fran-
çaise . 1790, in-8'\ , et U Défense
des droits des femmes , avec des
réjlexions sur des sujets politiques^
et moraux ^ i79'2> '" - 8". Dans ce"
dernier ouvrage , miss Wollstone— '
crafl prétend que la femme est appe-
lée par la nature à partager avec
l'homme toutes ces fonctions élevées
que celui-ci s'est arrogées exclusive-
ment; que l'homme n'a d'autre supé-
riorité que celle de la force musculaire;
et que c'est par l'empire tyrannique de
l'amour, que son sexe est tombé dans
l'état de dégradation oij elle le sup-
pose. Ce système avait déjà été pré-
senté par mistriss Macaulay , dans
son Traité sur V éducation; mais
Marie Wollslonecraft lui a donné plus
de développements , et lui a prêté
l'éloquence qui distingue presque tou-
tes ses productions. On trouve quel-
quefois un peu d'enflure, et plus sou-
vent de l'incorrection dans cet ou-
vrage ; ce qui n'étonne pas quand
on sait qu'elle le composa dans l'es-
pace de six semaines. Ce fut quel-
que temps après qu'elle fit la connais-
sance de M. Fuesli, peintre estimé ,
pour qui elle conçut un sentiment très
tendir , qu'elle ne put celer, mais que
cet artiste, qui était marié, ne pouvait
encourager. Elle passa en France eu
I 79'i , dans la ime ^ écrivait-elle, de
perdre au sein du bonheur public
Vidée de ses malheurs privés. Ses
esper.inees furent déçues. Son en-
thousiasme pour la liberté l'avait abu-
sée; le bonheiH' public avait quitté la
France, et d'autres malheurs person-
nels y attendaient mistriss Wollstone-
craft. Elle se lia intimement avec
j)lusieurs républicains du parti des
Girondins , dont elle vit les chefs les
plus fafucux périr sous la hache ré-
volutionnaire. A l^aris, un négociant
G 0 1)
amciicain noiniiul Iml.ty , lui inspira
une |)i».ssion Itiidio, (pii lut d'-ibnicl
piyeedo rcloiu*; car elle joii^iiait niic
iii;urc agreahlf cl iiilcrcssaiite aux
rions de l'cspril <t do la scnsiljilite.
IinKiy , après l'avoir rendue mère,
liiut pir la .s.icrifior à son inconslancc.
Kclournce en An«^lctci rc , cl réduite
au désespoir, clic clicrclia deux lois à
s'ùtor la vie, ni.ilgrc raffcdion qu'elle
purlait à sa fille. A quelque icnips de
li, elle eut occasion de se lier par-
ticulièrement avec M. Godwin , au-
teur de plusieurs ouvrages peu favo-
rables au gouvernement , el plus connu
par son roman de Calcb fVilliams.
Ils s'étaient vus aulretois, mais s'é-
taient quilles peu satisfaits l'un de
l'aulrc. Un ami comuiun^cn les rap-
pioclianl dans une visite, les mit à
portée de se mieux apprécier. Ils se
plurent, habitèrent ensemble , et s'u-
nirent au bout de quelques mois ,
malgré le mépris que tous Aq\w avaient
pour l'inslitution du maiiage. Cette
union fut heureuse, mais courte; mis-
triss Godwin mourut d'un accouche-
ment pénible le lo sept. i'797. ^"^
éducation négligée et une imagination
ardente avaient causé ses erreurs et
ses iufortuncs. Elle n'avait, au rapport
de son mari, d'autre religion que celle
qu'elle s'était créée. Kilo etail d'ail-
leurs obligeante, généreuse, et simple
dans ses manières. Ses principes n'ont
pas dii manquer de partisans pendant
celte affrruse révolution qui devait
faire le tour du globe. On a vu en
Amérique, à Salem, près de Boston,
une espèce d'académie, où l'on s'atta-
chait à former, d'après les instruc-
tions de mistriss Godwin, ce qu'on
n appelé des femmes saus sexcj mais
ces principes ont aussi heureusement
provoqué l'éloquente indignation de
plusieurs écrivains, amis de l'ordre ,
de la morale et de la reh^ioD. On a
XVII.
G 0 D 577
publié la Vie el les IMéraoiies de mis-
liiss (iodwin, rédigés sur des ma-
tériaux fournis par son mari ; et ces
IMéiuoins ont été traduits en français,
iHo'.>. , I vol. iii-i'jt, avec portrait.
Voici l(S titres de quelques- uns de
ses ouvr.iges qui n'ont j)as été cités
ci-dessus : I. Histoire originale de
la vie réelle , à l'usage des enfants.
W.Abré^^îdu nouveau Grandisson,
tr,;duit du hollandais. III. Le lecteur
féminin. IV. Importance des opi-
nions reliii^ieuses , trad. de M. Ncc-
kcr. V. Physiologie de Lavater ,
abrégé du français. VI. Eléments de
morale, traduits de l'allemand de
Salzmann, Schnepfenlhal, 179'i, 5
vol. in- 12. Salzmann, en reconnais-
sance, traduisit en allemand la Dé-
fense des droits de la femme. Vif.
Lettres écrites pendant un court sé-
jour en Suède , en Norvège et en
Danemark, i7ç)6,in-8'\ ^l\\. Ma-
rie ^ ^797) roman où elle a retracé
d'une manière intéressante son senti-
ment pour celte amie de sa jeunesse
qu'elle avait vue mourir h Lisbonne.
IX. F^ue historique et morale de
l'origine et des progrès de la révo-
lution française, et de l effet quelle
a produit en Europe , '794? i'i-^'-J
le premier volume seul a paru. X. Les
maux de la femme ( The wrongs
ofwoman), roman imprimé après
la mort de l'auteur, et qui a été tra-
duit en français par B. Ducos, sous
le titre de Maria , ou le malheur
d'être femme, '79^7 in- 12. XI. Des
articles dans la lievue anal^j tique,
ouvrage périodique. IM. Godwin a
publié les OEuvres posthumes de sa
femme, composées de mélanges de
lettres et de fragments , et précédées
de l'histoire de sa V^ie , Londres ,
1798, 4 vol. in-S**. L.
GODY ( Dora Simplicien ) , béné-
dictin^ ué à Ornans, au commence-
37
578 GOD
mentduxvii^ siècle, prit, en 1618,
l'habit religieux à l'abbaye Saint -Vin-
cent de Besançon , et fut charge' par
ses supérieurs d'enseigner les belles-
lettres aux novices, emploi dont il
s'acquitta avec succès. Il passa ensuite
de la congrégation de Saint -Vannes
à celle de Ciuni , et fut envoyé' à
Paris , où il professa la philosophie
pendant plusieurs anne'es : de retour
dans sa province, il fut mis à la tête du
collège de S- Je'rome à Dole , et chercha
à y maintenir le goût des bonnes e'tu-
des. En 1659, les congrégations de
Saint- Vannes et de Cluni ayant ëlë
re'unies pour la seconde fois, il fut
clu prieur de Cluni ; mais l'année sui-
vante, il revint à Besançon, et il y
mourut le i3 août 1662. On a de
lui : I. Odes sacrées pour entretenir
la dévotion des personnes de piété ,
^iaint-NicoIas (en Lorraine), 16^29,
in 12. II. Les honnêtes poésies de
J^lacidas - Philemon Godj- , divi-
sées en cinq livres, Nanci ^ i65i;
( I ) Paris , 1 652 , in-8". Ces poe'sies ,
dit Goujct, respirent une grande pie-
té' , et c'est à peu près tout leur nie'-
rite. lîl. f/iimbertiis,tragœdia,data
Parisiis in collegio Cluniacensiunt
hcnedictino j Paris, i65'2, in-4". Le
sujet de cette pièce est la conversion
d'Hurabcrl, comte de Boaujcu. IV.
Genethliacon sive principia ordinis
Benediclini y ibid., i635, in- 12. V.
£legia sanctorum illustrium cum
(1) I). Calmet cite réJition )Ir Nanci , <l.inj la
Bibl. de Lorraine . et dit quVlle a ('l<^ inipriinco
en raractKm ilalirpiei , par S<'.baslirii Pliili{>|ie. Il
ajoute qin: l«" premier livre contient le Vnyji^e
«l'ainnur ; Ir icconil , des Llé^irs ; le Iruinieino ,
«te» Sonnrt» ; \r i(iiatrii;m«; , l.t Joiirnt'r di'volc ; Itî
cin(pii>;nie , la Mute iuiièlirf , et que rouvr.i(;r rst
i'.iîdii; n M. dr Alrrcy , prieur de SL-Thnnini rt de
Monl.St.-M^irliu. Lédilioii dr P.iri» , qui est r^ii-
Jirmrnt imprimer en leltrc» iialupirs, porte a»
t'rniiliii|>i(-r le nom de Jean (riiilleinut , iinprinienr ;
elle e«l d<^dii^e a mnilaine dr (ninltalcl p.ir une
épltre tinnée P. I'. ' l'Imnlu i l'fti'fiiioii) \ la Juur-
lict; déviilr lormc le liomènie livre, le (]iintrit:inR
t^i>nlieiit In Muse fuiièlire , ri le CtlIi^uièuiC Ic
\oj»g<i de Fuljtlur n Muul-Clicr/.
GOE
aîiis nonnullis , ibid. 1647, în-'^^
C'est un recueil d'hymnes à la louange
des saints de l'ordre de St.-Benoîl.
VI. Ad eîoqueniiam, chrislianam
via, ibid., 1648, in-i 2. Gibert parle
avec éloge de ce traité sur l'éloquence
de la chaire. VII. Conduite inté-
rieure pour Madame de Comhalet,
ibid. , 1648, in- 12. VIII. Les sa-
crifices du chrétien dans Vaccom^-
plissement de ses devoirs , ibid. ,
1648, in- 12. Cette édition est la se-
conde. IX. Histoire de V antiquité et
des miracles de N. D. de Mont-Ro-
land, Dole, i65i , in-12; Besançon,
i7io,ift-8". Il attribue au monastère
de Mont -Roland une origine fabu-
leuse , en s'appuyant sur un titre
évidemment fabriqué dans des temps
d'ignorance. X. Pratique de l'orai-
son mentale ^ Dole, iG58, in - 4**-,
deux parties. Cet ouvrage fut cen-
sure par un chanoine de Besançon ;
dom Gody lui répondit par l'ouvra-
ge suivant : XI. Spon^ia censuras
D. Valet y canonici ecclesiœ Bi-
suntinœ , iu - 4 "• Xïl- ^Lusa con~
templatrix , Lyon , 1 660 , in- 1 6 ; re-
cueil de vers pieux. XlIL Quelques
Ouvrages ascétiques peu importants.
W— s.
GOEBEL (Jean-Guillaume DE ),
jurisconsulte et publici>.te allemand ,
naquit en i()85 à Hoxter, en Wcst-
phalie. Elevé par les jésuites, il s'ap-
pliqua d'abord à l'étude de la théolo-
gie; mais après avoir été nommé maî-
tre en cette faculté, à l'âge de dix-sept
ans , il se livra exclusivement à la ju-
risprudence , qu'il étudia dans les
universités de Copenhague, Konigs-
berg, Hintein et llelmslaedl : il ac-
cotnpigna ensuite deux jeunes genlils-
honuues allemands dans leurs voya-
ges en Ilollinde, en b'rancc et en Al-
lemagne. Au letoiir de ce voyage,
LeibnitZ; qui k'uccupait alors de sou
GOE GOE 579
nouveiu Corpus juris, et de son f/is- son viaitre est en ç^ucrre? Xf. Dis-
toirr (hi ducht^ de lintnsivick , vou- cours sur Vuùlilé du commerce.
lut associer Gœbcl i\ ses lravau\; mais Outre ces écrits publies en français
celui-ci accepta de prelercncc la place (iœJjcl a composé un {',rand nombre
de professeur de droit à Helmslaedt. de disserlaliuns ])oli(iques : De ided
Ses leçons et ses e'crits en latin , en principis virluosi; De origine juris
allemand et en français, qui traitent venandi ; De ori^iue et progressa
pour la plupart des (jueslioMS de droit lilterarum oblif^ationum ; De juri-
public , sont 1res estimes. L'empereur bus procerum imper, majtslalicis y
Charles VI lui donna, en 1750, des Ilcljnsladl, 17 18, in-4".^ De statu
lettres de noblesse • et, peu de temps nohilitatis germanicœ, etc., etc. Ce
après , Goebcl fut nomme conseiller piibliciste est aussi l'éditeur des OEu-
de la cour de Brunswick. Il mou- i^res de Conrijig, en 7 vol. in- fol.
rut le 6 mars 174^. Le professeur (A^o/.ConrinGjIX, 45i-2.) — Jean* ,
Brcithaupt a publié, en 1748, la vie Henri-David Goebel, historien alle-
de ce pubiicistc , en latin. Voici la niaiid, né en 1717,3 Neustadt sur
liste de quelques-uns des nombreux TAisch , dans le Haut- Bourçjraviat ,
ouvraç;cs que Goebel a mis au jour : étudia la théologie à Altdorf, et fut
L Commeut. de archiofficiorum Im- ensuite instituteur et ministre pro-
féra' R. Germ. origine et archithe- testant à Venise; mais il abandonna
saurario ^ Planovre , 171O7 in -8''.; dans la suite le ministère ccclésias-
Leipzit^-, 1755, in-4°. IL Notœ ad tique, et accepta la place de secré-
inslrumenlum pacis ' Westphalicœ. taire du }jaron de Senkenberg, con-
W\. Les loisirs de H ehnstoedt , eï\ Q sciller auliquc à Vienne. Après la
vol., en allemand. \N. Réponse à Ici mort de son patron , il passa dans
lettre de M. de B.y touchant la ques- la maison du conseiller aulique de
tion, si un prince peut en recevoir et Gaertncr , en qualité d'instituteur et
protéger un autre chassé par ses en- de bibliothécaire: il mourut le 5 avril
nemis , sans violer la neutralité? V. 1771. Goebel a publié: L Marquardi
Recherche des causes de la présente Freherl , de secretis jvdiciis olim i>r
guerre entre S. M. l'impératrice de JVesiphalid^aliisque Germaniœ par-
la Grande-Russie et la l^orte Otho- tihus usilatis , posteà aholilis ^ com-
mane. y \. U ordonnance de Charles mentariolus ; cui accedit Joannis
Quint relative aux monnaies , avec de Francofordid contra Feymeros
des notes (en allem. ) VH. Lettre d'un tractatus, et Henrici Christiani L. B.
Français de Paris , à son ami , tou- de Senkenberg collectanea manu-
chant r élection d'un nouvel empe- scripta; edidit et prœfationem de
reur. VIII. Réflexions sur la liaison scriptoribus horum judiciorum ^ nec-
qui existe entre l'Empire et les pajs non de vitd scriptisque Freheri ad^
de Florence^ de Par me, de Plaisance jecil. Ratisbonne, 1762, in-4". H-
et de Milan. \X. De V origine de la Mémoires pour servir à l'histoire po-
dignité électorale dans la maison de liVque de V Europe sous l'empereur
Bavière ^ et deVacq,ihitlon du Haut- Charles Quint, extraits de Notices
Palatinat et du comté de Cham. X. imprimées et manuscrites , avec une
S'il est permis d'arre'ler un ambas- préface du baron de Senkenberg
sadeur qui traverse sans passeport (en allemand ), Lcm^o , 1767, in-4"«
les états du souverain avec lequel — Jean- Henri -Erdmann Gojebel
57..
58o GOE
philologue allemand , ne' à Lauban
en 1752, se livra, pendant soixanle-
deux ans , dans le lycée de celte ville,
comme co -recteur et dans la suite
comme recteur, aux fonctions de l'en-
seignement, et termina sa carrière la-
borieuse le 7 aoiit 1795. 11 a publie
environ soixante dissertations et pro-
grammes en latin et en allemand, sur
différentes matières historiques, philo-
logiques et philosophiques. Nous nous
bornerons à en citer : I. De la pre-
mière culture de la contrée de Lan-
ban, Lauban, 1763 , in-4^. II. Des
premiers événements de la ville de
Lauban, ibid., 1765, in-4°. HI- ^*^^-
toire de la ville de Lauban ^ depuis
\^^6 y jusqu'en 176G, ibid., 176G,
in-4''. l\^. L'épizootie parmiles hom-
mes, où Von combat la Vie et les
opinions de Sebahl. Nolhanker, et
l(s Passions du jeune Werther, ibid.,
1^7.5, in-4". B—H — D.
GOEBLER (Justin), juriscon-
sulte et historien , ne à Saint-Goar ,
dans la Hesse , vers le commencement
du XVI*. siècle, s'établit à Francfort,
où il exerça la profession d'avocat
avec succès ; il mourut dans celte
ville en avril 1567. On a de lui uu
grand nond^re d'ouvrages, parmi les-
quels on dislingue lessuivants: l.Pro-
sopngraphiœ libriiv,inquibus perso-
narum illustrium descriptiones ali-
quolseu imagines ex optimis quibus-
dam auctoribus selectœ continentur,
Maience, 1 557 , in-8 '. 11. Déprava-
tard mililum non tolerandd, Franc-
fort , i5()4 , in- 4". 111- Narratio de
hello IJildeshemcmi inter E rien m
D. Brunsw. et episcopum Ililde-
shem.y anno t5iç), durante inter-
régna gesto , insérée dans le tome 11
des Scriptnr. rerum German. de
Schard. \\ .Chroniconhistoricumdu-
cum Brunswii.cnsium , Francfort ,
1 504, iii-iylit). V. L'fliiluire du tain-
GOE
pereur Maximilien P"". , en allemand,
ibid. , i566, in-folio. VI. L'Histoire
de Brandebourg, depuis Vannée 76B
jusquen 1279, ibid., 1 566, in-folio,
en vers allemands. VII. Les Fies
( en latin ) d' Ulrich Fahricius , jui is-
consulte, et de Pierre Shade_, plus
connu sous le nom de Mosellanus ;
la dernière est insérée dans les ,
Fitœ virorum qui superiore nos-
troque sœculo illustres fuerunl
( Voy. FiCHARD, XIV, 4^2 )• Goe-
b!er a traduit du grec eu latin la Ha-
rangue àe Démosthènes sur la paix y
et celle de Lycurgue contre Léocrate.
Il a également traduit en latin les Or-
donnances de Charles-Quint touchant
V administration de la justice , et les
a publiées avec des notes ^ la Chro-
nique de Luheck par Hermann 13o-
iKT. On a en outre de lui : Les Insti"
tûtes cl les Novelles de Juslinien, tra-
duites en allem., quelques Ouvrages
de droit peu importants, /yw^fre livres
de vers latins , et d'autres opuscules^
On conserve à la bibliotbèque du Va-
tican , un manuscrit original de Goe-
bier , intitulé : Hisloria de quddam
jîlid régis Franciœ , quam ipse
paler uxorem habere optabnt, ab eo
Jlagitio divinitàs servald , è germa^
nicis rythmis Buheleri in latinam
linguam conversa , ad Philippwn
Caroli Quinti Jilium ^ in -toi. On
ignore à quel roi de France se rap-
porte celte anecdote qui paraît mé-
riter peu de confiance. W — s.
GOEDAUT ( Jean), naturaliste et
peintre hollandais, né à lMiddeli)ouig
en i6'iO , mort en i()(i8, a été l'un
des meilleurs observatfurs de la na-
ture et des propriétés des insectes,
cl le premier qui ait bien observé
et décrit leurs métamorphoses. Dans
.son ouvrage, il a non seulement in-
di([ué tout ce qu'il avait rcmarcpié de
nouveau s»ir les ia:>cctcs , mais, coin-
G or
me il c'tail peintre, il .« eu soin d'en-
richir SCS descriptions de dessins co-
lories , très exarts. Son livre a jiani en
hollandais , sons ce litre : Descrip-
tion de l'origine, de V espèce ^ des
qualités et des métamorphoses des
vers, chenilles j etc. ^ Middeihourp; ,
5 part. in-8". , avec cent cinqiiantc-
cin([ planches coloriées. Le litre de
cette édition n'indi(jue j)as la date
de l'impression; mais la dédicace est
de l'aniice i66'2. Le texte fut aussi
mipiimc en latin et en français. La
traduction latine fut publiée sous ce
titre : Metamorphosis et historia na-
turalis insectoritm , cuiii commen-
iario Jo. de Mey et diiplici ejusd,
appendice , una de hemerobiis , aU
tera de naturd cometaruni , Middel-
burg, 1 (36 1-1667. ^^^ '-^ • ^'o'i^f'^6 ^^
cette e'diiion renferme un Mémoire de
Paul Voezaerdl sur i'ori?;ine cl Tuli-
lité des insectes. Mari. Lister, qui en
a donné une traduction an^^laise, mise
en ordre et enrichie de notes, York ,
1682 , in-4°. , en a fait paraître aussi
une seconde édition latine, totalement
refondue, selon un ordre méthodique
et une classification qui lui est propre
sous ce litre : Joh. Goedartius de
insectis y in methodum redactus ,
Londres, i685, in-8"., avec i4 pi.
31 y a joint une nouvelle édition de
XAppendix à son Historia anima-
lium An^liœ , et quatre nouvelles
planches de scarabées, etc., sans texte
explicatif. ( Foy. Lister.) L'édition
française est intitulée: Métamorpho-
ses naturelles , ou V Histoire des in-
sectes, etc., Amsterdam, 1700, 5
vol. in-r2. Goedart a observé jusqu'à
cent cinquante espèces différentes de
chenilles et d'autres insectes. Sans
doute les travaux des entomologistes
modernes ont répandu de nos jours
plus de lumière sur celte partie de
l'histoiie naturelle; mais on a lieu
GOE 5<?i
d'admirer la patience avec laquelle
Goedart a cherrhc à connaître le
caractère et jusqu'aux passions de ces
petits animaux ( 1 ). Jj — 11 — d.
GOEDIIALS. rojez GAND
(Hr.NRi de).
GOELIKE ( Andke - Ottomar ),
médecin allemand , né à Nienburg
sur la Saaie , le 1 février 167 i , étudia
à Francfort-sur-l'Oder et à Halle, où
il enseigna , en 1 709, les sciences mé-
dicales. Nommé en 1715 professeur
à l'université de Duisburg, il se fit
remarquer par ses leçons et par dif-
férents ouvrages qu'il publia. Il en-
seigna dans la suite à l'université de
Francfort , cl fut aussi médecin du
cercle de Lebus ; mais il renonça
bientôt à ce dernier emploi, qui
était trop fatigant pour son âge. Il
mourut le 12 juin i744- Goelike était
nn des défendeurs les moins habiles
de la doctrine de Stahl ; et il publia
beaucoup d'ouvrages qui furent vigou-
reusement attaqués. Nous en citerons
les principaux : I. Epist. de damnis
purgantium in diathesihectico-phthi^
sico-hydropicd , Leipzig, 1 708, in-4''.
1 1 . De rei^ellentibus ac derivantihus
veterum , eorumque rationali expli-
catione , Halle, 1709 , in-4"' nLZ>c
veritate praclicd diversionis vete-
rum per re^ellentia ac derivantia ,
eorumque operandi ratione, ibid.,
1712, in-4"' IV. De diversione hu-
morum per rcvidsionem ac dériva*
tlonem eorum, Francfort-sur-l'Oder ,
1721 , in-4". V. Historia anatomice
nova œquè ac antiqua ,\\d\\e , 1713,
in-8'. \\. Historia chirurgiœ anti'
qua , ibid. , 1715, in-8''. VII. His-
toria chirurgiœ recentior, ibid., 1713,
in-S''. Eidous a traduit en français ces
trois derniers ouvrages. YWl. Histo-
ria medicinœ universalis qud cele-
(1) Voyez les Mémoire/ d* 7;#i'«»j;jr , juiHcl»
i;«i, pag. bô -98.
i8a
GOE
hriorum qiioruvicunque viedicorum
qui à priinis artis natalibus ad nos-
tra usqiie tenipora inclaruerunt , vt-
tœ, nomina , dogmata singularia ,
raliocinia , hypothèses , seclœ, eic.j
accuratè pertractantur, ibid. , 1717-
17*20 , 3 vol. in-8*'. Goelike a divise
son histoire en six e'poqucs. La pre-
mière donne l'histoire de la médecine
dès avant le déluge : il y traite d'une
manière très e'tendue de la me'docine
des Hébreux. La 1''. comprend celle
des Phéniciens, des Babyloniens, des
Assyriens, des Indiens, et surtout celle
des Égyptiens. La troisième époque
traite de la médecine des Grecs depuis
Esculape jusqu'à la guerre de Troie.
La quatrième commence à la destruc-
tion de Troie, et s'étend jusqu'à Hip-
pocrate. La cinquième période est en-
tièrement consacrée à la doctrine
d'Hippocrale. La sixième enfin traite
des successeurs de ce célèbre médecin,
et finit à l'époque où l'art de la mé-
decine a été partagé en trois profes-
sions difïcrentes. IX. Spiritus ani-
maîis èforo medico relegalus , ibid.,
17^5 , in-4"' L'auteur prcteiid , dans
cette dissertation , que les nerfs vi-
brent comme des cordes, aussitôt que
l'ame exerce sur eux son influence.
Ce système n'est qu'une répétition de
celui de Cari, de Bidloo et d'autres,
qui avant Goelike ont rejeté les esprits
vitaux. X. Institutiories medicre ,
secundùrnprincipiamechanicoorga-
nica reforinatœ , Fraucforl-sur-l'O-
der, i7^>5, in-4". I/.uiteur n'admet
point, dans ces Institutions, le meVa-
nisme comme cause j)rincipale d<'S
«:hangenK'nts du corps; il le rejette au
«Contraire ; il s'emporte, sans raison,
contre les médecins mécanistes; mais
on çhercher.iil en vain , dans son ou-
vrage, des preuves démonsiralivcseu
f.iviur du preaticr principe de la doc-
trine de Stahl , ccKu de 1 udlucnce de
GOE
l'ame sur toutes les fonctions du corps :
il n'y est aussi nullement question de
la doctrine de la génération. Goelike
a publié encore un grand nombre de
dissertations ; De corticis Chinœ usa
noxi'o , licet recto in febribus ; De
emeticorum usu et abusu; De ono-
pordo carcinomatis averrunco ; de
lue contagiosd bovillum genus de-
populante y e'c. B — n — D.
GOELNITZ C Abraham), en la-
tin GolnitiuSj géographe , né à Dant-
zig dans le xvir. siècle, a publié plu-
sieurs ouvrages estimables , mais qui
ont été surpassés depuis. Il avait par-
couru dans sa jeunesse la plus grande
partie de l'Europe, non en simple
curieux, mais m voyageur qui veut
s'instruire par ses propres observa-
lions. On sait qu'il habitdit Copen-
hague en i64'2; niais on ignore l'é-
poque de sa mort. On connaît de lui
les ouvrages suivants : I. Ulj^sses Gai-
lico-Beh^icus , per Belgium, Hispa-
niam^ regnum Galliœ, ducatum Sa*
baudice, Taurinum usquePedemontis
mctropolini ^ Leyde, iG5i; Amster-
dam , i(i55 , in- 12 ; trad. en français
par Louis Goulon, sous ce titre : !'£/"—
lysse français, Paris, iG45, in- 12.
Quoique suranné à beaucoup d'égards,
et fourmillant de fautes dans les noms-
propres , ce livre peut encore être con-
sulté avec fruit pour quehpies objets
peu connus : on y trouve par cxenj[)lc
le texte des statuts et privilèges de la
nation germanique à l'univcrsitéd'Or-
léans ( /^^oj>'. GiFFEN ). II. Coinpen-
dinm geographicuui succinctd we-
thodoadornatum, Amsterdam, i()45,
1049 , in- 1 •! ; et avec des au^tnt nta-
lions, Wittemberg , 1(371, i(>78,
in-i 2. ('et abn-gé est inliTe>sant sur-
tout pour ce (pu coiuerne l'Espagne:
l'auteur lecomposa pour l'éducation du
fiis dcChrislianThomacus, chancelier
de Danemark; et dans l'cpîtrc déili-
G 0 r> 0 0 E 585
catcMte , il lui pionul de travailler m ^tc. rcdovnlilc do Tutirorin , de Ma-
sa faveur à une Prosopogruphic (\ni iiaar, et de la juV.lic des perles à ift
coiitirndra 1rs i;e'iieaIopies des princi- eôtr de Coromaiidel ; du royaume de
y;\Us WinwWc^. \\\. J^ ru/ceps ex Corn. .ladanapalnaiii ^ de Craiigauor, (^ou-
Tacito, ciirald operd deformatus ^ laii cl Cochin, à la côte de Malabar.
Levde, 1 ()")(), in- rj!. IV. Une édition 11 gap;na plusieurs batailles sur les
Si\\<^i\\(^u\(^c(\c Va Politique chrétienne Porluf;ais. Il se permit, en 167?.,
de Lambert Dancan^ Jjejdc, it>5(j, une chose bien hardie, et peut-être
in-i'j>. W — s. sans exemple : de son chef, il com-
GOEMOERY (David), médecin, né meiiça dans l'Inde la guerre contre la
à Rosnau en Hongrie , l'an 1 708. Il fit France. Voici ce que raconte à ce sujet
SCS études à Icna , s'établit à son retour Guillaume Van-Haren, dans ses notes
dans la ville de Kaab, et fut élevé au sur son poème des Gueux , tome 11,
rang de noble hongrois. 11 vivait page 547, édition de i^SS: « Des
encore en i 778, et avait publié: Dis- » 1670, Louis XI V^ avait résolu d'at-
piit. de srllogismo y léna, \']'b'i\De » tarpier la Hollande sur tous les
peripneumonid yihuï. , i'j'55; Praxis » points; il fit passer une flotte dans
medica usui apothecœ manualis » l'Inde , sous le commandement de
pharmaceiiiicœ accommodatœ, sans » La Haye, afin d'y commencer les
année ni lieu d'impression, in-fol. ; «hostilités aussitôt qu'il aurait reçu
Traité de la giiérison de la peste , en » la nouvelle de la rupture en Europe,
langue hongroise _, Raab, 1759. Voy. » Celle-ci n'eut lieu qu'au printemps
f^Teszprem y Biogr. medic. Uns:,ar. » de 1672. Au mois de mars de la
cent. II. G — AU. » même année , la flotte de La Haye ^
GOENS (Ryklof van), Frison «forte de treize vaisseaux de ligne,
d'origine, mais ué à Rees , dans le » se présenta sur les côtes de Ceyian.
duché deClèves, en 1619, d'un père » Celui-ci n'ayant pas encore d'avis
qui était au service des états-généraux, «de ce qui s© passait en Europe,
passa dans l'Inde à l'âge de neuf ans » laissa passer librement, en vue de
avec ses parents , dont il se vit orphe- » son escadre , une flotte marchande-
lin deux ans après. Il s'engagea au scr- » hollandaise, composée de treize bâ-
vice de la compagnie des Indes hol- » liments, se rendant deBatavia à Cey-
landaises, en i65i ; et, de grade en » lan, et commandée par Roothaas;-
grade, il parvint, par sa bonne con- » mais à peine cette flotte fut elle ar-
duite, à être nommé gouverneur de » rivée à Colombo, capitale de Cey-
G«ylan en 1G60, directeur-général à w lan, que le gouverneur Van Gocns
Batavia en 167$, et gouverneur- «la fit armer en guerre, et qu'en
général en 1678. Dès i65:2, il avait » ayant pris le commandement, il at-
rempli avec un grand succès une am- » laqua l'escadre de La Haye, et
bassade auprès de l'empereur de Ja- » s'empara de tous ses bâtiments qu'il
va, et il avait commandé une flotte » trouva isolés, le tout de son autorite
de retour en i655. Il fut renvoyé à » privée, et sans information pussi])le:
Batavia deux ans après. Van Goens » car je trouve dans le journal d'un
est peut-être, de tous les Hollandais, » officier français , pris à bord du
celui qui, de sa tête, de son épée et m Phénix , capitaine I^mellinière^
de sa plume, a le mieux servi sa pa- » que ce vaisseau fut pris le 3i mai
trie daus l'Inde. La compagnie lui a » 1G72, ciï Europe ^ capitaine Des-
584 GOE
M pipz , également de l'escadre de
» L'i Haye, le i5 juin suivant. Or !a
» guerre coi-tro la Hollande no fut dë-
■n clarée à Pruis que le 6 avril. Van
M Goens n'en a donc pu être avise' aux
V époques en que-lion. La singnlari'é
» de cet évéueuicnt ne paraît pas avoir
» été remarquée par les Iiistoriens. »
Van Goens, ayant reçu un honorable
congé de la Compagnie , vint pour
goûter le repos dans sa patrie , en
jf>82; mais il mourut à Amsterdam
peu de temps après son ai rivée, le i4
novembre. M — on.
GOENS ( Fyklof-Miciiel van-),
arricrc-pelit-fils du précédent, né à
Uireclit , de Daniel -François Van
Goens , membre distingué de la ma-
gistrature de ccUc ville, docteur en
pliilosopliie et en droit, mérite d'être
place au nombre des bons pliiltlo-
j^ucs de la Hoîlaude. Imbu, des l'âge
le plus tendre, des lettres grecques et
latines , il se trouva à onze ans en état
d'écrire pendant ses vacances:!. Une
savante dissertation intitulée de Cepo-
taphiis y ou sur les sépultures dans
les jardins. Diverses circonstances en
relardèrent la publication de quelques
mois; mais elle parut à Utrecht vers
la fin de 17^)5, in-cS". j^llc avait eu
rap|»robalion du maître de l'auteur,
le professeur Wcsselinj;, et il la dédia
à son père. 1 1. Dès l'anMce suivante,, il
soutint, en (orme de tlièse, sous ïi^s
auspices de VVesscling : Obsen'aliones
misccllancœ , philoloi^ici poli^simum
argumenti^ Utreclit, i -04, in-/|". I H.
La ujcrne année encore , il ajouta urjc
Epi.stolacriUca aux Coujectiirœ crilî-
<YP d'Antoine de Uooy, ibul. iii-8^. IV.
J^orphyriiis de anlro nyinphnntni en
grec cl en latin , suivi d'une Disscrta-
tiu llomerica cl A' À nimadvcrsiones ,
IJlreclit, 17O5, in-4'. (îet (tuvray;e
ayant beaucoup ajouté à la réputation
de ce précoce érudit , les curateurs
GOE
de l'acadcmie d'Utreclil le nommèrent
en conséquence professeur extraordi-
naire de littérature ancienne, en 1706;
piace dont il prit poss ssion par une
harangue latine : \ . De incrementis
quœ humaniores litterœ , historiarum
imprirnis et grœcce linguce siuduim,
sœcido :s.viii ceperunt. VI. H eut une
discussion avec Dukcr, De Simonidc
Ceo , poetd et philosopho, Ulr. dit,
1 768, in-4°. VII. 11 enrichit de deux
excellentes préfaces , aux tomes i et
\i,!atraduction hollandaisedu voyage
de Foickmann, en Italie, Utrecht,
1775 et 1774,6 volumes in-8^. VI II.
H traduisit également de r.illemand eu
hollandais , le traité de Moses Men-
delssohn sur le sublime et le naïf ^
ibidem , 1770 , et y ajouta quriques
observati'ons. IX. Desthéologiens zéla-
teurs, de Uottcrdam, l'avant attaqué
à ce sujet, dans un ouvrage périi)d.i(jue,
il publia un avis [Berigt] sur cette
querelle en 1775 : il paraît néan-
moins que ces misérables tracasseries
le décidèrent, l'année suivante, à
résigner sa chaire de professeur, et à
entrer dans la niagislralnre de la ville
d'Utrecht; nouvelle carrière où il fut
loin de trouver le repos. H semble
avoir perdu le goût des lettres eu
changeant de situation ; car il ven-
dit, en 1776, sa riche bibliothèque,
dont il donna le catalo<^ue en Iran-
çais, soMS ce litre : X. Catalogue fait
sur un. plan nom' eau y SYstemali(pte
et raisonné^ d'une bHdi()thè(pie de
littérature y Ufrecht, deux volumes
in-H". Les troubles politiipies de la
Hollande ne larJèrent pas à l'occuper
tout entier : il se montra partisui à
culrance du système slathoudéiien,
dont le discrédit, prolongé, entraîna
cn(in son émigr.ifion vu AI emagiie ou
en suisse. H s'était .si|;na é iluis la po-
lémique révoluùoniiiire. par un Mé-
moire politirptc sur la i'rai système
G 0 F.
de la ville d'yimdcrdnm, in-folio
(cil lioll.Hulais). M — ON.
COHIU'll^ ( Hugues-Guillaume ) ,
ne à IMulcIt Ibour^ , mort vers iG43,
reuniss.til deux c'iats qui vont assrz
rnrcmcnl riisrui!)lc .iiijomd'lnii , ceux
tle tl»colu''i('n cl de rucdccin. Il .1 Ira-
diiit du latin en hollandais le Tr ailé de
la vt'publitjue des Hébreux , de Pierre
Ciiiiaeus , et y a fait siuccssivement
trois conlinuitions. Le tout a paru
en français , 5 vol. in -8°., Amster-
dam , i';o'). ( T'^oy. Cunjcus. ) —
Guillaume Goerée, fi's du précèdent,
lie à Middclbourj^ en i655, vit ses
premières éludes interrompues par
la mort prématurée de son père ', et
force de prendre une autre pro-
fession , il clioisil celle de libraire ,
comme plus analo<;ue à son goût pour
les sciences et les Icilres. Il s'établit à
Amsterdam, où il mourut en 17M,
laissant un assez cratid nombre d'ou-
vrages qui font honneur à ses con-
naissances et à son application. Quel-
ques-uns ont pour objet les arts du
dessin , surtout la peinture et l'archi-
tecture ; mais les principaux sont : I.
Introduction à la science biblique
et à l'Histoire sainte ; tirée des plus
anciens monuments des Hébreux ,
des Chaldéens , des Babyloniens _,
des Egyptiens , des Syriens , des
Grecs et des Romains ; deux vol.
in-fol. d'une exécution typographi-
que soignée, et enrichis d'estampes ,
Utrecht , 1700 et 171G. II. His-
toire de VE^U'^e judaïque , ouvrage
dans le genre du précèdent • quatre
vol. in-fo!. , qui ne conduisent l'his-
toire du peuple juif que jusqu'à son
eiitiéc dans la terre promise; Amster-
dam, I 700. Tous ces ouvrages sont en
hollandais. — Jean Goeree , fils du
pré(éiJcnl,néà IMiddelbourgrn H)7o,
mort à Amsterdam en i 75i , s'est iait
connaître comme poète cl comme dcs-
GOE
585
sinaleur. Il a compose' les dessins de
l^lusieurs t ibleaux qtii ornent l'hofrl-
de- ville d'Amsterdam : il gravait aussi
à l'cau-fortc j et les amateurs recher-
chent ses ouvrages en ce gcnie, qui ne
sont pascouMMUMS.Ses Poésies mêlées'
ont paru à Amsterdam, 1 vol. in-8". ,
1754. On y regrette l'absence du goût
plutôt que celle de la verve et de l'es-
piil. Il a traduit en hollandus l'His-
toire de Louis XIF par les mé-
dailles. M ON.
GOEUTZ (George-IIenuf, baron
DE ScuLiTZ , nommé de), ministre de
Cha ries Xlî, était d'une fami' le de Fran-
conic, et entra d'abord au 'crvice de la
cour de Holstein-Gottorp. Ayantécarté
les anciens ministres , d déploya une
grande activité dans toutes les affaires
relatives à la situation politique du nord
de l'Allemagne. On a même rapporte
qu'il traita avec Pierre T''. , pour dé-
pouiller du tronc de Suède Charles
XII, qui était alors retenu à Bender.
Ce prince , après son retour de Tur-
quie, s'arrêta quelque temps à Stral-
sundjet parmi ceuxquise présentèrent
pour s'entretenir avec lui, fut le ba-
ron de Goerlz. Soit que la négociation
avec Pierre l'"'". n'eût pas eu lieu , soit
que Charles l'ignorât , il fit un accueil
favorable au ministre d< Holstein • et
la conformité de caractère qui existait
entre ces deux hommes extraordi-
naires, les rapprocha bientôt. Goerle
fut invité à se rendre en Suède , et pas-
sa dans ce pays quelques jours avant
Charles. 11 s'occupa aiisbitôt d'un plan
definances, pour procurer les moyens
de continuer la guerre. La plupart des
ressources étaient épuisées ; et un fi-
nancier suédois venait de faire melti"C
en circulation une monnaie de très bas
aloi, qui fut nommée la monnaie de
détresse. Le plan de Goertz était d'é-
mettre des obligations d'état, ayant
pour hypothèque tout le capital cxis-
5^6 G 0 E
tant dans le royaurae, et les profits
que donneraient les exportations. II
fit approuver ce plan par le roi , et
prit pour l'exécuter plusieurs mesures
arbitraires qui mécontentèrent la na-
tion. On l'accusa de despotisme , de
témérité et d'injustice j mais il ne se
laissa point intimider , et poursuivit
ses opérations avec une constance iné-
branlable. Cependant les finances n'é-
taient pas le seul objet dont s^occupàt
son esprit actif et hardi. 11 entreprit des
voyages en Hollande , en Fiance, en
Bussie , négociant dans ces différents
pays en faveur de Charles. Il vou-
lait que ce prince fît la paix avec le
czar, que la Norvège dcrint une pos-
session de la Suède, et que Charles
et Pierre envoyassent des troupes en
Ecosse pour rétablir le prétendant.
Alberoni était, dit -on, instruit de
ce projet, et se proposait de l'appuyer
des ressources de l'Espagne. Mais la
cour de Londres , en ayant été in-
formée par le régent de France, alors
attaché à ses inlércls , se hâta d'en
prévenir les suites. En 1714» Gocrtz
fut arrêté à La Haye ; et le comte
de Gyllenborg , ministre de Suède ,
en Angleterre, eut le même sort : on
s'empara de leurs papiers, qui fu-
rent rendus publics , et leur déten-
tion dura plusieurs mois. Rerais en
liberté, ils retournèrent en Suède; et
Cioerlz , apiès s'être occupé pendant
«juclquc temps de l'administration des
finances, fut nommé plénipotentiaire,
<j» 17 «8, au rougi es qui eut lieu à
l'ilc d'Alaiid , pour négocier la paix
avec le c/ar. 11 avait eu le talent de
j)crsuafler ce monarque, qui se montra
disposé à favoriser les plans de Chir-
les. Il fut encore question de la Nor-
vège et d'une invasion en Ecosse :
<n même temps Pierre s'engageait à
faire recouvrera la Suède ses posses-
sions en Allemagne, et à rétablir Sla-
GOE
nislas sur le trône de Pologne, à con-
dilionqueringrie^l'EstonieellaLivo-
nie seraient cédées à la Russie. Goertz ,
parti d'Aland pour porter les prélimi-
naires à Charles , qui avait entrepris le
siège de Frédéricshall , en Norvège,
était sur le point d'arriver au quar-
tier-général , lorsqu'il apprit que le roi
avait cessé de vivre , et que lui-même
était prisonnier d'état. Ou le condui-
sit à Stockholm , où il fut trailuit de-
vant un tribunal extraordinaire, et
condamné à avoir la tête tranchée.
H demanda à se justifier; mais il ne
put l'obtenir, et la sentence fut exé-
cutée le a mars 1719- Les motifs allé-
gués par les juges furent qu'il avait
semé la discorde entre le roi et ses
sujets , qu'il s'était emparé des trésors
de l'état, et qu'il avait contribué à l.i
prolongation de la guerre. Lorsqu'on
discuta dans les divers ordres de la
diète, si Goertz serait admis à se jus-
tifier, les paysans, les bourgeois (t
le clergé opinèrent pour l'admission;
mais la noblesse refusa son assenti-
ment. Il est hors de doute que la ja-
lousie de plusieurs personnages mar-
quants, et l'esprit de parti qui s'était
ranimé , même avant la mort de Char-
les XII , aggravèrent le sort du baron
de Goertz. Ce ministre , venu de l'é-
tranger, avait effacé le crédit des mi-
nistres suédois : il avait favorisé les
plans d'un monarque peu aimé de l.i
plupart des graïuios familles ; et il
était le plus solide appui de la mai-
son de llolstein _, qu'on voulait écar-
ter (lu li(M»e. C — AU.
GOES (Oamian de), historiogra-
phe j)orlugais , naquit à Alenquer, eu
I 501 , d'une famille illustre. l)q^ l'à^e
de neuf ans, il fut attachée la cour
(lu roi (lom Einanuel, où, sous d'ha-
biles professeurs , il lit des progiès
rapides dans les sciences et les lellres.
Ayant ensuite fréquente , pendant
GOE
quntrc ans, runivcrsitc do Pndouc ,
il fut employé de bonne licme, par
le roi, cl.iris des missions importantes
auprès de plusieurs cours, et notam-
ment de celles de Suède, de Polofjuc et
de Danemark. II parcourut les princi-
pales villes de l'Iiurope, où il se con-
cilia l'estime de tous les savants , et de?
souverains près desquels l'appelaient
souvent les intérêts de son maître et
de son pays. Le pape Pau! III , sur-
tout, riionorail de toute sa bienveil-
lance. Gocs s'était relire' à Louvain
pour se livrer à l'étude , et ne s'occu-
per (jucde la rédartion de ses ouvrages,
lorsque celte ville fut assiégée , en
1 54 '2 , par Martin de liossom , maré-
chal de Gueldre , alors au service du
roi de France. Goes , s'étant mis à la
tête des étudiants de l'université, pro-
longea long -temps la défense de la
place. Mais , à la fin , voyant qu'elle
ne pouvait tenir davantage, les Fran-
çais demandaient deux cent-vin^t mille
écus d'or et toutes les munitions de
guerre , pour la sauver du pillage.
Goes parvint à obtenir une trêve ;
et étant allé conférer avec le géné-
ral Longeval , il l'avait amené à des
demandes plus modérées , lorsque ,
on ne sait pas trop comment, le
canon de la place tira sur les Fran-
çais , au moment où Goes se relirait
de leur camp. Longeval , considérant
ce procédé comme une infraction de
la trêve , fit arrêter Gocs , et l'envoya
dans le Verraandois. Gocs ne fui relâché
qu'aux instances du roi de Portugal,
et moyennant une rançon de 2000
ducats. De retour en Poitugal, le roi
Jean III le nomma histoiiographe du
royaume , et garde -major de la tour
de Tombo , qui est une des premières
chargCN de l'étdt. 11 lui ofifrit ensuite
des places plus lucratives ; mais Gocs
(Ut la noble générosité de les refu-
ser. Il donna une preuve non e'quivo-
G 0 E 587
que de ce désintéressement et de sou
j)atriotisme lors de la disette générale
(jui alfligeait le Portugal (i55(i). Il
iburuit, à ses propres frais, la ca])ifa!e
d'une quantité considérable de blés
qu'il fit veiùr de la Sicile et des rôles
de l'Afrique. Après une vie tran-
q'ùlle , il mourut des suites d'un
accident à un âge peu avancé , eu
décembre 1 56o. Goes était très versé
dans le grec, le latin , l'arabe et
l'éthiopien : il parlait et écrivait h s
langues modernes avec une étonnante
facilité. Il était excellent musicien,
jouait de plusieurs instruments , et fai-
sait des vers avec grâce et élégance.
Ce savant a laissé plusieurs ouvra-
ges , dont les plus remarquables sont r
1. Deploratio Loppianœ ç^eniis^ Ge-
nève , i52o, in- 19.; Paris, i54ï,
in- 12. II. Le^atio inagni IndO'
rum iwperatoris presbjterî Joannis
ad Emnianuelem Lusilaniœ res^em,
anno i!Ji5. Item de Indorum fide ,
cereinoniis y reli^lone , etc. , Lou-
vain, i55'2, in-8". III. Fides, reli-
gio y moresque jEthiopum siib im^
perio pretiosi Joannis , etc. , querw
uulgb presbjterum Joannem vocant,
Paris , 1 5*4 1 , in-B". ; Cologne , 1574,,
in-8".^ Anvers , 161 i , in-12. Cet ou-
vrage, que l'auteur dédia au pape Paul
III, doit être considéré comme la suite
du précédent; et l'un et l'autre sont
recommandables, autant par l'élégance
du style que par l'exactitude des no-
tices qu'ils présentent. IV. Commen-
tarii rerum ^estarum in Indid dira
Gan^em à Lusitanis anno i558,
Louvain, iSây, in-4**. C'est une re-
lation du premier siège de Diu , dé-
diée au cardinal Bcmbo. V. De bello
Cambaico idtimo commentarii très ^
ibidem, i547,in-4". Nicolas Antonio
se trompe lorsqu'il dit que ces deux
ouvrages n'en font qu'un , avec des
lilrcs difréienls 5 puisque ce dernier
583 G 0 E
donne l'histoire du deuxième siège de
Liu , soutenu par les Portugais , eu
j546. \J. De relus et imperio Lu-
sitanorum , etc., Louvain, i554, in-
4°. Ce livre contient des détails inté-
ressants concernant l'histoire du Por-
tugal. VIT. Hispania, ou De'fense des
Espagnols contre les calomnies débi-
tées contre eux , par Sebastien Muns-
ter, dans sa Cosmographie , Louvain,
1 54-2 , in-4". Ce livre est remarquable,
en ce que c'est un Portugais qui en-
treprend de défendre les Espagnols.
Il paraît qu'il a e'ié traduit en plusieurs
langues. VllI. Chronica de dom Ma-
noel^ enquatre parties, Lisbonne, 1 5G6
€l 1567, in -loi. J. B. Lavanha en
a donne, en 1619, une nouvelle
édition, re'imprime'c en 1749* IX.
Chronica do principe dom Joan
( depuis , Jean II ), Lisbonne , 1 667 ,
in-S".; 1724, i"-è". X. Urhis Olis-
siponensis descriptio , in qud obiler
tractanlurnonnulla de indicdîiavi-
gatione per Grœcos et Pœnos et Lu-
sitanos diversis temporihus inculca-
td, Cologne, iGo'2, in-8'.; ouvrage
curieux, écrit avec une louable im]3arlia-
litc. XI. Nohiliario de la familias de
Portugal, écrit en portugais , et con-
serve eu manuscrit, dans le cabinet
de don Jérôme de Mascarcnhas ,
c'vcque de Se'govie , et dans d'autres
bibliothèques. — ÎVlanoel de Goes ,
jc'suite portugais , ne à Porlel, diocèse
d'Evora, eu i54'i, enseigna la phi-
losophie , pendant dix, ans , dans
runiversile do Coimbre, et mourut
dans cette ville en iGç)5. On a de lui
plusieurs conunentairis sur Aristofe,
qui cmenl diirerenles éditions. (Iclui
qui lui (it le plus d'honneur, est inti-
tule : Commentarii collcgii Conim-
hrcmis in octo lihros phjsicorum
yïristotelis , Lyon , 1 5()4 > iii-4' •
L— s.
COES (Benoîx de), jésuite poi-
GOE
tugais, naquit dans l'île de St. Mi-
chel, une des Açores, en i562. Il
passa très jeune dans les Indes , sui-
vit d'abord la profession des armes,
et mena une vie très dissipée. Dégoiîié
du monde, il fit, en i588, profes-
sion dans la compagnie de Jésus à
Goa. Les heureuses dispositions qu'il
montrait le firent choisir pour la mis-
sion du Mogol. 11 y gagna si bien la
confiance de l'empereur Akbar, que
ce prince l'adjoignit aux ambassadeurs
qu'il envoyait au vice-roi des Indes.
Tandis que Goes était à Goa , avec
cette qualité , le visiteur des Indes
jeta les yeux sur lui pour aller poser
les fondements de la nouvelle mis-
sion qu'il voulait établir au Calhay.
Le P. Mathieu Ricci , qui résidait
alors à Pékiu , mandait que le
Calhay était 'c même pays que la
Chine • mais cet avis ne s'accordant
pas avec le témoignage des jésuites de
Lahor, le visiteur résolut d'éclaircir
ses doutes , et d'ouvrir du moins une
voie plus courte pour le voyage de la
Chine. Au mois de février 1602 , Goes
se rendit à Agra, où le Grand-Mogol,
approuvant son dessein , lui donna
non seulement des lettres pour divers
petits rois , ses amis ou ses tributaires,
mais aussi une somme d'argent pour
les frais de son voyage. Goes en-
tendait parfaitement la langue per-
sane , et connaissait les usages des
Mahométans ; ce qui le rendait très
propre à la mission qu'on lui confiait.
A Lahor , où il arriva le 1 3 décem-
bre, il .se réunit à une caravane de
marchands persans qui partaient tous
les cinq ans pour la Chine, avec la
qualité d'ambassadeurs de leur souve-
rain , afin d'avoir plus de ficililé pour
leur commerce. Il se vêtit eu mar-
chand aiinénien, et j>ril le nom d'Ab-
dallah , auijuel il joignit celui d'isaie,
j^our marquer qu'il était chrétien ; c«
GOE
f!ct;nlsemcnl lui était nécessaire pour
obtenir 1.1 lihtrte du p iss.jgc, qu'on ne
lui rut p.Ts .iccurdc'c î)'il culcle reconnu
j>()ur l'ortu^ais. Il avait <lt'j;j acliclc
diverses marchandises de l'Inde, poin-
se procurer, par des c'cbani^es, tout
ce qui lui serait nécessaire dans sa
route. On lui donna pour compagnons
deu\ Grecs, l'un prelro et l'autre mar-
chand : il laissa (juatre IMahonietans
convertis qu'on avait delermiiic's à
Je suivre , ])rit à leur jdacc un Armc-
iiien nomuié Isaac, et partit de La-
hor en iGo5. Ayant, après cinq mois
de marche , rencontre h Caboul une
princesse, sœur du roi de Kaschp;ar,
qui revenait du pcleiinage de la Mè-
que , et qui commençait à manquer
d'argent , il ne Ut pas difficulté de lui
en prêter, en refusant d'en tirer le
moindre intérêt : elle ne fut pas in-
grate ; car elle l'appuya plusieurs fois
de sa recommandation , et le rembour-
sa eu pièces de marbre, marchandise
la plus pre'cieuse que l'on pût porter
au Cathay. Les deux Grecs le quittè-
rent, La caravane furattaquëe par des
brigands. Isaac manqua de se noyer;
Goes perdit six chevaux dans un che-
jnin périlleux : enfin, on entra dans
Hiarkan , capitale du Kascligar , au
mois de novembre i6o3. Goes fut
présente au roi, qui lui donna des
lettres de protection ; et après un sé-
jour de près d'un an dans cette ville ,
il en sortit avec une nouvelle caravane
composée d'habitants du pays , dont
on lui avait bien recommande' de se
défier. A Chalis, ville dépendante du
khdn de Kaschgar , et gouvernée par
un de ses fils, il vit arriver une cara-
vane qui revenait du Gitluy. Les
marchands racontèrent à Goes que
s'étant , suivant leur usage, attribué
la qualité d'ambassadeurs, ils avaient
pénétré jusqu'à la capitale, et avaient
iabiié pendant trois mois avec le P.
G 0 E 589
Ricci cl les autres missionnaires jé-
suites. Goes apprit enfin, parce ré-
cit, que le Cwhay était la Chine, et
que Cambalu était Pékin. Comme le
bâcha de la caravane s'obstinait à
vouloir rester à Chalis , pour que le
nombre des voyageurs s'accrût, Goes
obtint du vice-roi la permission de
partir, ainsi que des lettres de protec-
tion , et se mil en route avec Isaac,
et un petit nombre d'autres voya-
geurs. Les chemins étaient infestés de
brigands : souvent on ne marchait
que la nuit pour les éviter. Dans une
de ces n)archcs nocturnes, Goes étant
tombé de cheval , ses compagnons
arrivèrent au gîte sans lui. ïsaac re-
tourna heureusement sur ses pas, et
trouva son maître dans un état 1res
dangereux. Enfin Ton atteignit un fort
de la grande muraille de la Chine.
Après avoir attendu vingt-cinq jours
la permission du gouverneur de la
province de Chen-si pour entrer dans
l'empire , on arriva dans un jour a
Socheou; c'était vers la fin de i6o5.
Goes se trouvait riche des fruits de
son commerce, durant une si longue
route. Il écrivit au P. Ricci , pour lui
annoncer son arrivée. Mais l'adresse
de ses lettres était en caractères euro-
péens ; les Chinois qui s'en chargè-
rent, ne connaissant ni les noms chi-
nois des jésuites , ni leur logement à
Pékin, ne purent les remettre. L'an-
née suivante , Goes écrivit encore :
cette fois , ses lettres , confiées à ua
mahométan , parvinrent à Pékin au
mois de novembre. Les missionnaires,
qui Tatiendaient depuis long-temps ,
lui expédièrent un chinois chrétien
nommé Ferdinand. Celui-ci fut volé
en route, et abandonné par son valet.
Il eut bien de la peine à se traîner
jusqu'à Socheou , où il trouva Goes
mourant. Cet infortuné missionnaire
reçut quelque consolation des lettres
590 GOE
de ses confrères : mais onze jours après
l'arrivée de Ferdinand, il succomba à
ses chagrins et à ses faligues , le i 8
mars 1606. On soupçonna les Maho-
me'fans de Tavoir empoisonné, sur-
tout quand on les vit, aussitôt après
sa mort, mettre la main sur tout ce
qu'il avait laissé. Ils firent même em-
prisonner Isaac. Ferdinand ne se laissa
pas décourager par les mauvais trai-
tements. Il vendit jusqu'à ses habijs
pour soutenir un procès qui dura six
mois- enfin on lui restitua les effets de
Goes : mais il ne s'en retrouva qu'une
petite partie; la plupart des papiers
furent perdus. Ferdinand et Isaac ar-
rivèrent heureusement à Pékin. Après
un séjoijr d'un mois, ce dernier fut
envoyé à Macao. Il s'y embarqua pour
l'Inde , fut pris et dépouillé par les
Hollandais. Les Portugais de Malacca
le rachetèrent. La nouvelle de la mort
de sa femme lui fit perdre le désir de
retourner dans le Mogol ; il s'établit
à Ch.'uil. Il y vivait encore lorsque le
P. Trigault écrivit son Histoire de
la Chine. Isaac avait remis au P. Ricci
ce qui restait des papiers de Goes, et
lui avait raconté les particularités du
long et pénible voyage de ce zélé mis-
sionnaire. Ce fut sur ces renseigne-
ments (jue le P. Ricci en écrivit la re-
lation. On conçoit qu'elle doit être très
fautive sur tous les points; ce qui fait
vivement regretter la pirte du journal
de Goes , puisqu'il avait parcouru des
pays que depuis lui aucun voyageur
européen n'a visités. Néanmoins les
détails informes de ce voyage, si long
ci si périlleux, attachent par leur siu-
j^ularilc.'. Ils donnent l'idée !a plus
ijvantugeusc du caractère de Goes, et
contietinent des notions inléiessaiiles
sur plusieurs peuplades et .sur divers
Jieux de la grandeTartarie. Ce curieux
ouvr.ige se trouve dans les Gunmen-
t'iires de Ricci , traduits en latin par
GOE
Trigault, dans le tome m du Recueil àe
Purchas, et en abrégé dans la Chine
illustrée de Kirclier. E — s.
GOES ( Guillaume van der), en
latiu Goesius , seigneur de Bouck-
horst, né à Leyde en 161 1 , mort à
la Haye le i5 oct. i6ï56, mérite d'être
compté parmi les bons jurisconsultes
et philologues hollandais. Employé
d'abord à des fonctions de magistra-
ture dans sa ville natale , il fut ensuite
conseiller de la haute-cour de justice à
la Haye. Ses loisirs ont été tous con-
sacrés à la culture des lettres. Marié à
une fille de Daniel Heinsius , il la per-
dit en i66'2. Son beau-frère, Nicolas
Heinsius, mourut chez lui en 1681.
Goesius a laissé : I. (Sous le nom de
Lucius Férus), Spécimen contrôler'
siœ quœ est de mutui alienalione in-
ter jurisconsultos et quosdam ^ram-
matico-sophistas , avec des Findiciœ
à la suite, Leyde , i64t), in-8". II.
Animadversiones in quœdain loca
capilis I et 11 Speciminis Salnia-
siani , quitus varii viri docti ah ejus
calumniis vindicantur , la H.iye ,
iGS-y , in-8'. Il paraît, par ces deux
ouvrages , que Goesius avait hérité de
l'inimitié de Daniel et de Nicolas Hein-
sius pour leur savant antagoniste,
Claude Saumaise. III. Pilatus judex,
ibid. , 1681, in-4". L'auteur s'attache
à répanilre un nouveau jour sur l'his-
toire de la Passion de notre seigneur
J. G. , au moyen de ses connaissances
on matière de jurisprudence et d'anti-
quités romaines. Ce truite curieux ,
adressé au célèbre Constantin Huy-
ghens , est suivi d'une e^^pèce d'apo-
logie , qui fait voir que (iocsius était
passablement chatouilleux sur le cha-
pitre de la contradiction. IV. Scrip-
torcs rc'i as;rariœ , cuni antiquitali-
bus et U'iiibus tif^rariis , Amslerd.ini,
i()74, in- 4'* V. Des notes sur /V-
trufic , dans l'édition de Bunnann ,
(iOE
Ulrecht , i 7 09 ; Amslci dam , 17/»"),
in-4"-; et sur Siu'tonc , 1578 (1078),
iii-4 ".; cl tl.ins rc'ditioii do Ciian'iiis,
i()()i cl 1705, in- 4"- — '*^<"' ^i'*^
aîiic, .l(Mn \'an nr.u GoiiS (I'Aiismadi:,
niliivait .tiissi avec (iislinctioii i.i iillo-
iMtiiie niicicnnc. Thcudorc Ryckius
lui .« dc'dicsa savante dissrrlation De
jnimis Juiliœ colonis et jEneœ ad-
s'cutUy qui se trouve à la suite des
Not(B et casùi^aliones in Steph. Bf-
zant. de I.ucas Holstenius, I.cyde,
1GS4, iii-lul. — Le nom de Van der
(ioes a encore été illustre en Hollande
])ar deux hommes d'e'lat , qui ont Lissé
î'nn et l'antre des mémoires précieux
pour riiisloire de leur patrie , Aart
Van derGoes et son fils Adrien , tous
les deux grands pensionnaires de HoU
lande, dans le courant du xvi^. siècle;
le premier mort en i545, le second en
i5Go. M — ON.
GOESEKEN ( Henri ) , pasteur
luthérien et philolop:ue instruit, naquit
À Huiovrc en 16 ri. Après avoir
.achevé ses études à Kostock, il passa en
Suède ; il était instituteur à Stockholm
en 1654 "• '^y^i^t ensuite été envoyé
sur les frontières de la Russie, à Be-
val, qui appartenait alors à la Suède,
il s'y appliqua à l'étude de la lanc;ue
du pays ( l'esthonien, dialecte du scla-
von ), exerça le ministère du Saint-
Evangiie à Harrien et à Goldenbeck ,
et lut enfin nommé assesseur du con-
sistoire à Reval , où il mourut le '24
novembre 168 1. Voici les ouvra2;es
dont il est auteur : T. Livre des chants
d^ église , en langue csthonienne. 11.
l)]anuductio ad lin^uam œslhoni-
cani^ licval, 16G0, iu-^*^. ï/autour a
joint à cette «rau)niaire un dictionnaire
assez, étendu. Goesekon a aussi traduit,
en langue csthonienne , l'Ecrilure-
Sainte ; mais celte traduction , qui
forme deux gros volumes in-folio, n'a
pas été publiée'. V> — u — d.
GOETTEN ( Henri-Louis ) , thco-
logirn protestant , nacpiità lîrunswick
en i(>77 , lut nommé en 1700 pasteur
à VVahbdorf, et six mois après à
lMap;(lebourg, où il mourut le f) août
1707. CiCt autciu" a publié, en alle-
mand : 1. Notice des journaux^ Gar-
dclegcn , I7i8-i7'24,5 vol. in 8".
II. Description de la ville de Suden-
burg , in-4"., ^^ "'^ grand nombre de
sermons. — G'ibricl -Guillaume Goet-
TEN , lils du précédent , théologien et
bibliographe, naquit à Hanovre le 4
dècend)re i 708, fut, depuis 1 752, suc-
cessivement pasteur à Hildesheim , â
Zelleelà Lunebourg, et depuis 1746,
surintendant , prédicateur de la cour,
et conseiller du consistoire à Hanovre,
où il mourut en août 1781. Outre un
grand nombre de dissertations et d'ar-
ticles littéraires insérés dans plusieurs
journaux et recueils périodiques ,
Goetlen a publié vingt ouvrages tant
théologiques que littéraires. Nous nous
bornons à ciîer : L La vérité de la
religion chrétienne prouvée d'une
manière démonstrative par la résur-
reciion de Jésus-Christ , traduit de
l'anglais d'Humfi ey Diiton , Hildes-
heim , 1752, in-8\ ; ô'"»^. édition^
Brunswick, 1764, mS\\\. L'Eu-
rope littéraire vivante , ou Notices
biographiques et littéraires sur les
savants fjuivivent en Europe^ Bruns-
wick et Hildesheim, 1755-37, in-8".
Les deux dernières parties du 3^. vo-
lume ont été rédigées par E. L. Rath-
lef, qui a continué cet ouvrage sous
ce titre : Histoire des littérateurs ac-
tfiellement vivants. Goctfeu est aussi
l'éditeur, en français, des ]*ensées
choisies de M. Trublet sur l'incrédu-
lité, Colle, i757,iu-8". B — h — ^d.
GOETÏLING (Jean-Frl'deric-
Auguste), chimiste laborieux, naquit
à Bernbmg en Allemagne , le 5 jan-
vier 1755. La mort prématurée de
f)ç/2 G 0 IL
son père Texposa à l'indigence ; mais
grâces aux bienfaits du poète Gleim ,
il put achever son éducation , et pro-
fita si bien des leçons de Wicgicb ,
habile chimiste , que , très jeune en-
core, il fut placé comme pi o viseur à la
tète de la première pharmacie de Wei-
raar. Ayant ensuite étudié ht médecine
à GÔttingue , où d se lia d'amitié avec
le célèbre Lichtenbcrg, et après avoir
voyage en Angleterre , en Hoilande
et en Allemagne , il fut nommé eu
i-jBg, professeur extraordinaire de
philosophie à l'université de léna ; il
y enseigna la chimie et la technologie
avec un grand succès. Les travaux
littéraires de ce professeur sont très
considérables, et ont tous été très bien
accueillis. Par la clarté et la méthode
qui! a su mettre dans ses leçons et ses
ouvrages, il a beaucoup contribué à
répandre en Allemagne les principes
de la nouvelle chimie, et à faire con-
naître les nombreuses découvertes
dont celte science s'enrichissait en
France. Il est mort le i"". septembre
1809. Ses écrits sont en si grand
nombre, que nous nous confenlcrons
d'en citer ici les pi incipaux : I. Inlro-
duclion à la chimie pharmaceutique
pour les apprentis , Altenburg, 1778,
iu-8**. II. Des avanta<^es et des amé-
liorations pratiquas de différentes
opérations chimiques des pharma-
ciens^ Weimar , i 78") , 'i vol. in-8". ;
1801, ihid., in-8. W\. Principes
élémentaires de la docimasie , Leip-
zig , 1794» i»-8 . l\,Jpercu 5/6-
tématiquedetechnolof^ie^\vu.\, 1 797,
in-8". \ .Manuel de chimie théorique
rt pratique , ibid. , 1 799-1800 , 5 vol.
in-8°. VL Instruction prutiijue de
l'art d'essayer et d'analjst-r en chi-
mie, ibid. , 180.1, in-8'. VIL VAmi
tic la maison, écrit pt'riodique sur
1,1 physi(|uc et la chimie , ibid. ,
1804-1807, 5 vol. m-8'. y m
GOE
Encyclopédie phjsico - chimique ,
ibid. , 1805-1807 , 5 vol. in-S".
Goettling a été pendant vingt-neuf
ans le rédacteur en chef de ['An-
nuaire pour les chimistes et les phar-
maciens , depuis i 780 jusqu'en i8og.
Ce recueil périodique n'est pas moins
estime dans les au're> pavs qu'en Al-
lemagne. Plusieurs auties journaux
allemands qui s'occupent des sciences
physiques, ont aussi été enrichis d'ar-
ticles intéressants par cet auteur.
B— H— D.
GOETZouGOEZ(ZAcnARiE), nu-
mismate allemand , né à Miihlhausen
en 1662, étudia à léna et à Leipzig,
et remplit diverses fonctions académi-
ques à Lemgo, à Lippstadt et à Osna-
briiek. On croit qu'il mourut à Bruns-
wick en 1705. Ce laborieux philolo-
gue a publié plusieurs ouvrages en
allemand et en latin : I. Disp. de
hierurchiisangelorum, Lemgo, 1687,
in-4". IL E/ementa philosophica ,
Osnabriick, 1699, ï""^"* l^ï* ^^^
JSotes sur l'Histoire de V église et des
hérétiques , publiée par Arnold , ib.,
1701 , in - i'2. IV. Schediasma que
prœcipuè ea quœ ad virum solide
doclum spectant traduntur , 1705,
in-4". 7 c" se[)t programmes. V. Vingt
di>sertation«i DenumiSy Witlemberg,
171G , in - 8"., et sous le titre d'y/-
mœnitaies numismaticœ ^ ib., i754>
in 8 '. VI. Celeberrimorum virorum
epistolœ de re numismalicd ad eumf
accosit iMuseum Goëzianum /xhid. y
i7iG,in8°. li — H — D.
GOEIZ ou GORZ (0 ( A^DRL ) ,
philologue alieniand , naquit à Murem-
berg le a5 novembre 1G98. Après
avoir achevé ses études , il lut nommé
instituteur à l'école de Saint Sobald ,
dans sa ville natale , et y mourut le
Ui avril 17H0. Ce laborieux littéra-
(il L«t AUriu«U(l} éirivcul Cvl» ou CJ».
(;oE
tcur avait conlractc des relations in-
times avec le cardinal Quirini , avec
Isirciolali, cl snr (oui avec le dorlcur
Il.umann. Nous no«is bornerons à ci-
ter ses principaux onvrafjes: I. Intro-
tiurtio in ^co^raphiam untujuani in
A tahli. ^t'ogr. y Nurcnihcit^, 17'ii),
in-8°. Gel ouvraf^e a clc anssi jinhlic
rnallem., ibid., eod., in-hi'.ll. Index
fmrœ et impuvœ laliaUatis ^ex pnvs-
iantissiniis opusculis collectas , ibid. ,
i-jSo, in-8 . m Anl'uiidlates ro-
manœ[ en allemand), ibid., 17^0,
iii-8". , n^. IV. Orthographia ro-
niana, ibid., 1739, in-fol. V. No-
menclature de tous les lieux indiqués
sur la carte du cercle de Fran-
co?ue, ibid., 1740, i«-fo'. VI. Fita
G. M. Raidelii j ibid., 174'^? in-4''
Vil. Brebis hisloria devitd, fatis ac
morte Euphrosinœ virginis Alexan-
drinœ ,'\\ni\. j 1 755 ,in-4'. , fif;;. YIlJ.
Une quantité prodigieuse d'epig*. am-
nies latines sur toutes sortes de >ujets :
il les distribuait à ses amis ; et le pro-
fesseur Will en a recueilli un assez
grand nombre dans sa Biblioth, Nor.
On doit au zèle de Goetz quelquesjjon-
nés éditions d'auteurs latins ; il a pu-
blie , avec une préface : /. F. Chris-
tii super signis , è quihus manus
agnosci antiquœ in genunispossunty
annotatio J. D, Kœltri hre{>is de
gemmis sculptis opère antique his-
toria , sernione iheotisco , vS<hwa-
bacli, 1760, in-8". — Georgii Pa-
soris Lexicon grœco-latinuni in no-
vum Testamentuin ,hfï\yL\'J!^, ï7'-i^^7
in- 12 ; la G'', édition est de 1 7 ;4« —
Euiropius , Altorf , 1 740 , in- 1 1. —
Rutila itinerarium , ibid., 1741,
în-8°. — Censorinus de die nat<di ,
ibid., eod., in-8'. ; et ibid., 1744»
in-8". — Cresconii Corippi , de lau-
dihus Justini Augusli, ibid., 174^- ?
iii-8". — Enianuel Godcfroi Gorz ou
Goz , médecin , né dans le Wiutcm-
XVII.
G 0 E 593
berg, pratifjua son art à Scîdaitdorf,
prî's Tubingen , et y mourut le i4 dé-
erndjie •'^99. Il a pid)lié : Geogra-
[fhia academica, Nuremberg, 1 789 ,
111-8. B — H - D.
GORTZ (Jean-N^icolas), poète
allemand, naquit à Worms, le 9 juil-
let 17*21, et perdit son père, pasteur
dans cette ville , étant encore très
jcinie. S'étant rendu , en 1759, à
rumveisité de Hillc pour étudier la
théol«.gie,il y forra.jdes rel;itions d'à-
initie avec Uz et Gleim, et se livra sur-
tout avec le premier de ces poètes à des
travaux littéraires. Le baron de Kal-
krcuter, commandant prussien à Era-
den, dans l'Oslfrise , proposa , en.
174*2, à Goetz, q'ii venait d'achever
ses études , d'être à-Ia-fuis son secré-
taire, gouverneur de se,^ rnfints et
aumônier de sa maison: Goetz ac-
cepta; mais ne pouvant supporter le
ciimai de l'Oslfrise , i! quitta ces pla-
ces au bout de i'année, et retourna
dans sa patrie après avoir visité les
villes principales de !a Hollande. Il
fut, en I 744 » eljyrgé par la comtesse
douairière de Slrahlenhvim de l'édu-
cation de ses ne^'eux, et nommé en
même temps ch ipeliin au château de
F'>ib;Hcb « n Lorraine. Ses élèves e'tant
uflicifTS dans un réiiim- nt français
dont leur oncle, le coi.ite de Sparre ,
ét;»it propriétaire, Goetz les accom-
paç;na d «ns leurs garnisons à Sarlouis,
Metz et Strr<sbourg; et il piit alors
une grande j)révention en faveur de la
littérature fr.uiçaise. Il suivit ses deux
élèves , en 174 , à l'.ica lemic de Lu-
iiéville, et devint i'ailnee suivante au-
mônier du régiment Hoval-Allemind.
il fit en celte qualité" les campagnes
d ns le Brabant; :•' i^-ant revenu en
Alsace après la conclusion de la paix ,
il (lit appelé successiveiDJ'ni, en '749?
à la puu^e de pasleur ta !i( rnbach ,
peiit'M'ilIcdans'ep }sdeDeuv.pont5,
38
594 GOE
en 1754» â celle de principal pas-
teur et inspecteur à Meisinheim; en
17G1 , à Winterburg dans le comté
de Sponhcim, aux mêmes fonctions,
et comme assesseur du consistoire de
Deux-Ponts; et en 1 76G il fut nomme
surintendant des églises et écoles lu-
the'riennes à Kirchberg, Winterburg
et Sprendlingen , dans le pays de B i-
de-Durlach. Goetz mourut le 4 i^^"
verabre 1 781. Cet écrivain est un des
poètes allemands les plus agréables
et les plus gracieux des temps moder-
nes; ses poésies badines et sentimen-
tales se distinguent surtout par la
délicatesse des images, par des ex-
pressions louchantes, par une légèreté
naturelle et par une versification har-
monieuse ; ses élégies , ses idylles et
ses contes , dans lesquels on croit
retrouver l'esprit des poètes de la
Grèce et même la mollesse du dialecte
ionique, ont puissamment encouragé
Jes auteurs contemporains à s'occuper
davantage , dans leurs écrits , de l'har-
monie de la langue allemande. Fré-
déric II, si peu disposé à estimer les
productions de la muse ccrmanique,
ne pouvait s'empêih'-'r d accorder la
5 aime à Goetz. Vlsle des Jeunes
''illes [ die Maedcheninsel ) pièce
séduisante par les grâces de l'imagi-
nation et qui a conservé le titre de
reine des élégies allemandes, obtint
les éloges de ce souverain. Un homme
jeté par la tempête dans une île dé-
serte la peuple de jeunes filles; tel est
le sujet du poème. Cette élégie, et près
que tous les petits poèmes du même
auteur, ont été insérés dans des re-
cueils de poésies allemandes publiés
par C. - H. Sclmiid et par liamler.
Voici la liste des ouvrages de Goetz:
I. Les poésies d'Anacréon et les
Odes de Sapho , traduites du f^rcCj
avec des notes , Francfort , 174^^ »
in - B°. ; Carlsruhe , 1760, in - 8'.
GOE
Goelz et Uz ont travaille' en com-
mun à cette traduction; mais les notes
qui développent les beautés de ces
poésies, alors peu connues même en
Allemagne, appartiennent exclusive-
ment à Goelz.QuL'lques essais poétiques
ajoutés à la première édition ont été re-
tranchés dans la seconde, parce que l'au-
teur sentit combien ces productions
de SI jeunesse figuraient mal à côté des
modèles qu'il avait traduits. II. Pa-
perle y Carlsruhe, i 752, in-8°. C'est
une traduction en ver^ du Ververt
de Gresset. III. Le temple de GnidCy
traduit en prose dufraucais de Mon^
lesquieu, Câvï^nihe^ i748;ib. , 175g,
in-8 '. Selon les dernières volontés de
Goelz toute sn succession poétique fut
envoyée par son fils au professeur Ram-
ier, pour choisir et pour corriger les
morceaux dignes d'être publiés ; le
recueil en fut imprime sous ce titre :
Poésies diverses de Jean-Nicolas
Goetz y publiées par C. }V. Ramier,
Manheim, 1783, 3 vol. in-8". A la
tête de cet ouvrage se trouvent le por-
trait de l'auteur, et sa vie écrite par
lui-même. On ne peut guère juger
ce poète par ce recueil, pirce que son
éditeur avait l'habitude de substituer
fréquemment ses propres idées à
celles de ses amis : les productions de
Goetz recueillies dansTAntlioIo^ie d^s
Allemands, publiée par Schmi>l,sont
plus propres à faire appreeier son
mérite. Sa vie se trouve aussi dans le
sci ond volume du Nécrologe de C.-H.
Schruid. U — u— D.
GOKTZ. roj. Egun.
GOKTZ ( François - Ignace ),
médecin inocul.iteur , né à Guebers-
weir près de Colinar, le *2() décem-
bre 1728, pralicjuait son art avec un
grand succès lorsjpul fut .ippelé, eu
1780, pour inoeuler I\î""". l'.lisabetii
de France. H le fui , en 1782, cl les
deux années buivaulcs , en Piémout ,
G 0 E G 0 E 595
pour donner les idimucs soins aux mémo, où les ouvr,ip;cs originnux ont
priiH'CN cf piijic -sx's (ic la cour de cte rcTtiies donnis l<i)g temps. Z.
Tiiiiu; et ce ne fui qu'.iprès vin^l- (iOK'I'ZK ( George IIlnui ), mi-
d(U\ .MIS de l.i prttiqiic la plus heu- nislrc lulherien, ne a L(ipzi;en 1GG8,
rcuse( 1 ), (pr*! don la sur sou art, en Impicnti les eouis des universités de
I -jc) ) , un Tr.'iUc complet, (p.i uut le Witleniherf:; et de Icna, et, .ly.nt tcr-
sce.ui a SI réputation. Le docteur Goctz mine' ses études, fut env.iye •. lîiirg
est niort à Paris, le 9.8 juin 18 13, em- près de Mjgdehourg et ensuite à Kem-
porlanf les regrets dos pauvres de son nilz, où il exeie.a le saint ministère pcn-
quartier , doui il e'i.iitl père, et aux- dant plusieurs années. De là il passa
quels il prodiguait généreusement les à Dresde, où il fut, quelque temps, al-
secours de son art. Il était décoré de taehc à l'église de Sainte- Sophie ;
l'ordre de Sninl-Miclicl, et correspon- nommé, en 1697 , surintendant ^^s
dant de l'académie des sciences de Tu- églises d'Anneherg, il fut appelé, en
rin. Il a publié: I. Traité complet de i7o5,à Lubcck , où il remj)lit les
la petite vérole et de V inoculation j mêmes fonctions jusqu'à sa mort,
Paris , 1790, in-i'2 , avec le portrait arrivée le 25 mars 1729, ou, selon
de l'auteur. Li méthode de Goetz est, Jôcher, le aS avr.l in'28. C'était un
au fonds , celle de Sutton , ou plutôt homme très laborieux, et f^rand ama-
de Vicusscux , avec quelques perf'ec- teur d'anecdotes littéraires, dont il a
tionnements. H insiste parti: uliète- publié plusieurs recueils; mais il s'at-
mentsiirles avantages de l'air frai-^ et tachait phis à multiplier les ouvrages
pur , cl des purgatifs pendant l'inocu- qu'à leur donner toute la perfection
lation. Les faits nombreux dont cet ou- dont ils étaient su^^ceptibles. Struvius
vrage est le dépôt, le feront toujours lui reproche de manquer de goût et de
consulter avec fruit, malgré quelques critique; et l'on jugera par le nombre
opinions de théorie qui n'ont pas été de ses productions qu'il était difficile
9.àQ^\éts.\\. DeVinuti ité etdes dan- qu'il possédât ces deux qualités. iSi-
^ers de la vnccine prouvé par les ceron a cité, dans le tome xxiii de
faits, Paris, an xi, in-8'\ IH. La vac- ses Mémoiivs, les titres de cent cin-
cine combattue dans le pny s où elle a quante-dcux ouvrages de Goelze; et
pris naissance, ou Traduci. de trois encore convient-il qu'il nelesapastous
ouvrages anglais (de Rowley , Mose- connus. Ce sont , pour la plupart, des
ley, etSquirrel), avec 2 grav. color., thèses, des programmes et d'autres
Paris , 1H07, in 8". Ces deux figures écrits forlconrts, mais qui traitent pres-
représentant de hideuses difformités quetousd'objets singuliers. On se bor-
attribuées à la vaccine, la police en fit nera ici à indiquer les principaux :LZ?ff
défendre la publi'^ation ; ce qui a quel- scriptoribus hœreseologicis disputa-
que temps f.jit rechercher , comme eu- tiones duce, Witiembf-rs;, 1697 ' ^"'
riosiiés bibliographiques , les exem- /y". II. De claris Schmidiiso ratio sy^
plairesoùeilesselrouventeneor'. D'ail- nodalis, Leii^zi^, ^699. in 4°. H parle
leurs la plupart des faits allégués dans dans ce discours des écrivains qui ont
ce livre ont été déuentis à Londres porté le nom de 5cAmiW en allemand,
— — Smith en anglais, Lefèvre en fran-
(,^ Le .iocleur Vaume . son .mi , Vayant un p,^ çj F ab er i' n hÙll. Hl. De tkeO'
cine, de d<'rlarer conihun il croyait avoir ino. logîs pSeUdO-mcdiciS ^ ibid., l'^OO,
«ulé d'iD(li\idus , M Trcnle-qua(re à Irenle-cinq • /„ /-i» , J' •! '' i
» Œille,r<i)OQdil.il,jaB«enayoirperduunina.» 'li"4 • ^ CSt UnC aiatriDe COntlC lôS
38..
5g6 GOE
ccclesiisllqucs qui exercent la méde-
cine. IV. De imperatorihus Romano-
Germanicis qui fidem Lutherano-
evangelicam morte confirmdrunt ,
Dresde, l'joi, in-Zj.". On sera bien
surpris de trouver parmi les disciples
de Luther, Chailcmagne, Maximi-
iicn, Lharles-Quiiit , etc.; et le motif
qui a détermine' Goelze à les y placer
tst la confiance de ces princes aux
mérites de Jésus-Clirist. V. De Lu-
theranismo D. Bernarâi , Dresde
et Leipzig, 1701 , in- 4°. de G3 pag.
C'est encore un développement du
même raisonnement appliqué à St.-
Bernard. On peut voir l'extrait de
cette dissertation dans les Mémnires
de Trévoux (juin i7o5,pig. ioi5).
VL De erudilis hortorum cultorihus
difisertalio y Lubcck, 1706, in-4''.
C'est la liste des savants qui ont ha-
bité la campagne. VU. Meîetemata
^nnœher^ensia varii argument.i _,
ib., 1707, in-8".; 1709^ 3 vol. in-
i'2. Ce recueil contient vingt disserta-
tions qu'il composa pendant son sé-
jour à Anncbeig , et qu'il avait déjà
juil)liéossép.irém< nt.Ony retrouve les
]NMI, III (t IV ci dessus, (r., sur
ce reçu» il, les Mémoires de Tréi^oux,
de juillet 1710, pag. r.îii.) VIII.
Elogia prœcocium enulitorum aliu-
rumqiie viromm doctorum, ibid. ,
1708, in-8 . Ce volume foi me la
dixième décade du recu(il dr Witten,
intitulé , Memoriœ philosophorum ,
etc. , et I enferme les t.tbles des neuf
précédentes. IX. Selecla ex hislo-
rin Utlerarid f ibid. , 1709 , in-
4*'. C'est le ri rueil do cinq biogra-
])hi('S spéciales qui avaient déjà paru
•>e'parém<nt : i". De mercutorihus
eruditis. 'i°. De ritslicis erudilis ( 1 ).
(0 Crtto Jiitfrtatinn , nui avait di'jii paru k
liihr^rk. i;"? . <» 4"- '''• '» |>''K- , "t «m mipplc-
Tin ni .1 crilr <|iii! J. N. fl.iuiiHiill , »lc Mfliit'vrr,
iwail |iiiIilicR » li'ii.i II iiil'iiic 4IIU«c ^ iVoi^M Lu.
Garni, , juMi 1707 , njg. aoi ).
GOE
5". De svtoribw; erudilis. 4"' -^^
sartorihu> erudilis. 5^. De viris eru-
dilis ab opijiciis ad litterarum stu-
dia revocatis. La troisième a été
traduite en allemand, lena , I7'i9,
in - 8 '. X. De erudilis qui , vel
aquis petierunl, vel di^inilàs libe-
rati fuerunl ^ ibid., 171^, in-4''.
Xl. De cœcis erudilis, ibid. 1715,
in- 4°. XII. Princeps s^rœcè doclus
sive de principibus viris et fœminis
grcFcè doctis , Ltipzig, 1704, in-
4'. Dans cette disserta'ion, dont on
peutvoirl'cxtraitd ans les Novci Utler.
Germ. mars 1704, l'auteur passe
en revue non seulement les princes ,
etc., qui ont cultivé la littérature
grecque, mais encore ceux qui en ont
favorisé ou encouragé l'élude. 11 y
sigii.ile surtout l'empereur Oihon II,
qui btmficio a;rœcœ li'iguœ ex hos-
tium inanibus liberalusfint; et parini
les s ivantes hellénistes , il compte
une dame de Fontevraut, sœur de
M""", de Monlespan. XI 11. Elog,i(i
Germanorum quorumdam theolo-
gorum sœculi xvi H XFii , Lubeek,
1708-1709, 3 vol. in 8 . XIV. J5t-
bliothec.a anli-poulificia presby terii
LubecensiSy ibid., 1717, in-4**' XV.
Bibli th. anli-pontificice cîaror. Lu-
beccnshim spccimni , ibid., 1 7 ï 7 ♦
in-4 . XVI. Bihlioth. anli calviniana
presb) (erii Lubecrnsis, ibil. 17*20,
'n\^f^". XV il. lUbl olh. anlifanaiica
lAibecensi^^ ibid , i7:i>, in -4°.
X\ III. Onilio scholuslica de hvm-
nis et hymnopœcis Lubccensibus
co'.tinuo auctorum sjllabn, ibid.,
i7'.>. I , in b'\ XlX. /)e odio ponti"
fuiarum in hjmnos ccclesiiv luthc-
rurue, Liipzig, l'yo^. Il s'y plaint
que les calholijpies il' Allemagne ont
corrompu K* texte des hymnes dr Lu-
ther; mais le savant Reiniinann , dans
son Ca^alof^us bibliothccv thcolo^
giae, pag. 83(3, fait voir cpie ces
altc'rnlioTîS nVxi^fdit que d.ins quel-
ques édifions XX. De hibliuthccd
scholœ Anuœbi'r'j^ensis ^ inoivcau iii-
siMc (l.ius l(S IVoi'a littcrarid Ger-
vinniœ ^ de dcreinbic 1708, pag.
i\l\'6-!\iSi). L'auteur v juibiic dix Icl-
tics oiij;ina!es ou autres morceaux
inédits, tires des manuscrits, ])eu nom-
breux, (le cette bibliotlièque dont il
f.iit l'histoire 1 1 la description abiegec,
en exprimant le rep;ret que le défaut
de fonds ne jurnutte pas de la rendre
plus complète , quoique depuis i65G
Tusage se fiit introduit à Anntbcrg,
de fiirc une quête pour cet cbjct
dans les repas de noces les plus bril-
lants, lorsqu'on voyait les convives en
g.iîlé (i). — GoETZE (Godefr.-Cliris-
toplie), frère du précèdent, conseiller
et juge de la ville de Leipzig, où il mou-
rut en 1724, a publie'un Pro^rnmme
on latin sur l'oridne et les accroisse-
ments de la bibliothèque du sënal de
cette ville, dont il était conservateur,
Leipzig, i7ii,in-4°. W — s.
GOETZE ( Jean -Christian ) ,
tbe'ologicn et bibliographe allemand ,
né en 1692 à Hoburg près de Wurt-
zen, 011 son père était ministre protes-
tant, était maître en philosophie à l'u-
i)iver.-ité de Leipzig, lorsqu'il^fut con-
verti à la foi catholique: il alla continuer
ses éludes à Vienne et à Rome, oii il
fut reçu docteur en théologie au col-
lège de la Sapience, ordonné prêtre,
fait chanoine de Breslau, et en 1717,
premier chapelain du roi de Pologne
électeur de Saxe, qui le nomma, en
1724, conservateur de la bibliothè-
que royale de Dresde. Outre plusieurs
ouvrages théologiques qu'il a compo-
sés eu allemand ou traduits de l'italien,
\^i> Sc<l lie AnnKbfrf;enaiI)H5 meis sci.is vrlim in
nupliis solennioribiis ii coït ivi» . cura .iiiimo paulô
liberior».- 5o!paut pssp pra'dili , niimmos quo&dam
«Togarl fosque .isservnri, qiio libri .... in scholoe
civiiimqiie usum pHr.-)ri qin-.-int . qtipin collit^endi
modum anno i6»0 primuin inlrodurtura fui»?* de-
yicbeadi.
(\ 0 E 5(^7
il n publié en alleinand : Mcmorabi-
lia hibliotltcca.' re^iœ Dresdcnsis ,
1743 et anuéis suivantes, dix-huit
cahiers qui sf relient en 5 volumes
iu-4'. Cl i ouvrage est rédigé avec
beaucoup de .soin et d'ex-ictitude. liU
préface contient l'histoire de cette cé-
lèbre bibliothèque, fondée en 1588
par l'élecleur Auguste de Saxe. Goefz
mourut le 5 juin 1 749? avant d'avoir
terminé son ouvrage , que Struvius
desirait vivement de voir continuer.
Il avait f-it quatre voyages en Italie,
et en avait rapporté un grand nombre
de manuscrits précieux dont il enri-
chit la bibliothèque confiée à ses soins.
W— s.
GOETZE (Jean -Auguste-
Ephraïm ) , célèbre naturaliste alle-
mand, naquit le 28 mai 17")!, à As-
chersleben, 011 son père était premier
pasteur. Goetze étudia la théologie
à l'université de Halle j et malgré sa
prédilection pour l'histoire naturelle
et la physique, il s'appliqua avec zèle
aux sciences théologiques. Après avoir
achevé son cours académique, il refusa
plusieurs places d'instituteur qui lui
furent offertes, et resta, par attache-
ment filial, auprès de son père malade,
qu'il remplaça souvent, avec succès,
dans le ministère de la chaire. Il avait
à peine vingt-quatre ans, quand il fut
appelé aux fonctions de ministre pro-
testant à Quediinbourg. Peu de temps
après avoir accepté cette place , il eut
le chagrin 'de perdre son beau-frère
et son collègue qu'il aimait tendre-
ment : cette peitc fit prendre à Goetze
la résolution de ne pas se marier
avant que ses neveux fussent élevés et
placés; en effd, il ne se maria qu'à
l'âge de quarante ans. Jusqu'à cette
époque la théologie l'avait occupé ex-
clusivement ; il était surtout profondé-
ment versé dans l'histoire de la réfor-
mation • mais les disputes qui s'élc-
598 G 0 E
■vèrent alors entre les tlie'ologiens
protestants sur la critique et l'inter-
prétation de quelques vcrseîs du nou-
veau Testament, relatifs au dogme de
la Trinité, et que Goetze ne regardait
pis comme authentiques, mais que son
frère, pasteur à Hambourg, défendait
avec chaleur, contribuèreiit par le rc-
froid'ssemcnt qu'elles firent naître en-
tre les deux frères, à diriger l'activité
de son esprit vers des études moins
épineuses ; et l'acquisition d'un ex-
cellent microscope d'Hofmann de
Leipzig , détermina son goût pour
l'histoire nriturel'e. Il fit , avec cet ins-
trument, des ob'^crvalions très impor-
tantes sur les polypes d'eau douce.
Avec le secours d'une mémoire ex-
cellente , un cspiit judicieux , et beau-
coup de pénétraîion , Goetze apprit et
sut s'approprier en très peu de temps
les arides nomenclatures de la science.
Ses Mémoires entomologiqucs, en 4
vol. , prouvant jusqu'à quel point il
posséd.iit tout le système de Linné.
Il devint bientôt un des premiers cn-
tomologist s de son temps. Son Essai
sur Vhi^toire naturelle des vers en-
gendrés dans le corps humain aurait
seul suffi |)our !ui assignt 1 une place
honorable parmi le^ natur;ilistes qui
ont agrandi le domaine des connais-
sances pliv.siqucs. Goetze possédait
une riche collection de vers conserves
dans fie l'espiil-de-vin. L'empereur
Jo.^ephll la lui aclu la pour nulle écus,
et l'envoyi à l'univ» isité de Pavie. Ce
prince avait fait une bonne ac(jui>ition;
car quelques jours après la conclusion
du iiiardiéle celibre anatOlni^l(• Hun-
tercffril i 800 ecu.s de ( ettc collection.
Gu( tzc a aussi public un grand tutin-
bre d'tuvrag<s destinés à détniiicles
erreurs poj)ul ire.s, et à donnei aux
en finis des idée-, justes et le goiit de
réliide des sciences naturelles; ils ont
<u un grand succès en Allemagne.
GOE
Depuis 1756 jusqu'en 1787, Goetze
exerça le ministère de la chaire avec
un zèle infitigable. Lorsqu'on 1786,
la sœur de Frédéric-leGrand, Anne-
Atnélie, abbesse de Quedlinbourg, vi-
sita le cabinet d'histoire natureîledece
célèbre entomologiste, celte princesse
le pressa de lui designer un emploi
qu'il désirât d'obtenir; il se contenta
de solliciter une place moins fatigante
que la sienne , et il fut alors nommé
premier diacre de la cour. Goeize,
dans ce nouvel emploi, vécut encore
quelques années en cultivant sa science
favorite ; mais une application trop
constante avait affaibli sa constitution
physique. 11 mourut le 27 juin 1795.
Voici la liste de ses principaux ou-
vrages : L Mémoires entomolo^iques
pour servir de supplément à la 1 2'.
édition du système de Linné, Leip-
zig , 1777-1781, 4 vol. iu-8'\ II.
La vie du célèbre naturaliste Mar-
tini, Bel lin, 1779, m-l\^.\\\. Essai
d'une histoire naturelle des ver^ qui
se trouvent dans les intestins des
animaux , Dessau et Blankcnbourg,
1782, in-4 . , avec 44 p'^inobes.
Goeize a fait, à cet ouvrage, un pre-
mier supplément, que J.-G.-H. Zeder
a publié av«c des notes , Leipzig ,
1800, in-4 ., ^^^^ ^ planch^'S. IV.
F assit -temps et enseif^nement des
enfatits de l'a^e de trois an^ jusquà
dix , en pttitrs liistoires, dialogues ,
et lettres , 1785-1785, 5 vol. in-8'.;
ibid. , I 7^,8- 1 79() , in-8' . V. Disser-
tation p,ur pnui'er (jue la lad erie
des porcs n'est pas une maladie des
friandes; mais (pie ces houlons sont
de vériltbU's hydatules , Halle,
178/1, in-H". VI. Les environs du
J/ftrz , vo) ai:;e de trois j(>nrs , pour
l'instruction et ianuiy nnent de la
jeunessCy Leipzig, 1 78"); x"' .y^ .eti\^.
v>\ra^e,\h\i\.^ \ 78(); 5'".î'0)7/^'/',il id,
i787;G'".î'(i7 rr^c,ibid., 1788)111-8'.
VII. Mehtnçrrs instructifs , tirt^'s de nature , la vie des hommes et la
la nature < t de lu vie. commune pour providence ; puLliè après la mnrt dc
toutes sortes île lecteurs, ibid., i ^tSf), r aideur par J -A. l)oniidorj\ il)iri.,
1788, G vol. in-8'.; il^-, 17^^^» 5 vol. 1794 , iii-8". XV. Dictionnaire des
in 8"^. V 1 1 1 . Sur la prétendue corne de honi'nymes de la langue allemande.
Licorne ln>uv'ec près de Qucdlin- pour scivir a apprendre l'ortko^ra-
Z/OMrg. Qiicdliiiboiiig, 1 787,111-8' .IX. /;/i<?,ibicl., i 7()4> '"-8".Cc iaboiiciix
La miture , la vie de lliomme et la et zclë inslitutiiir de la naîion .illc-
pî'ovidence^lectuî e pour toutes stries mande a encore enrichi la litlcriîure
de persornes y ibid. , > ]^o-\'^()'î, de l'hisfoire intiirelle, d'une inultilude
6 vol. in-8 . O r(Ciicil est une conli- de Iradnctions d'ouvi.i^es, de Honncf,
luiatittn d. s Mélanines instructifs , de Geer, de Trenibley , de Ferrnin (t
etc. X. Cornélius y lectwe pour le de Crevecœnr. Les années 1770, à
peuple qui veut craindre Dieu et 1775 des A^ariVfe'.ç publiées à Ijcriin,
faire ce qui e A ju te y ibid., 17H9, Y Observateur de la nature ^ et d'.iu-
179*2, 5 vol. in-8 . J/auteur attaque, très ouvrages périodiques rinfcrment
dans cet ouviap,e , la masse des su- de hii, plusieurs dissertations. 11 est
pcrstitions et des préjugés qui s'op- auss\ Yédïlt^uv de Y /liUoire des arai-
posent à la pratique de la véritable gnées par Lister, traduite en aile-
rclijiion. Gocize a bien mérite de son mand par Martini, Q ledlinbourg ,
siècle sous plusieurs rap^iorls ; mais '77^? in-8°. ; ibid., 179^. La vie
son Cornélius passe pour le meilleur de ce savant à été publiée par M.-M.-
de ses ouvrages eu ce gcure. XI. DeS' A. Cramer, Leipzig, 1 795, iu-8". ;
cription d'une lampe cVétude écono- et son portrait se trouve à la tétcdu
inique, ibid., 1791, in-8". XII. 1 0:2*". volume de la Bibliothèque alle»
Faune européenne , ou histoire na- mande universelle. B — h — d.
turelle des animaux d'Europe mise GOETZE (Jean-Melchior), frè-
en récits et narrations amusantes, re du précédent, savant bibliographe,
pour tentes sortes de lecteurs^ et et fameux théologien controversiste
principalement pour la jeunesse , protestant, naquit à Ilalbcrstadt le 16
ibid., 1791-1805, 9 ,ol. in-8'\ Cet octobre 1717; il étudia la théologie,
ouvrage mol à la portée de toutes les d'abord à léna, et ensuite à Halle, sous
classes de la société une multitude de ^Si^rismond Baumgarten, le plus docte
connaissances en histoire naturelle, théologien protestant de cette époque,
qui avant Goetze n'avaient pas encore Après avoir exercé à Aschersieben,
été enseignées d'une manière aus^i gé- pendant neuf ans , les fonctions d'ad-
néralcmcnl intelligible. XIII, Cata- joint au ministère de la chaire, il ob-
logue du cabinet d'histoire naturelle tint un meilleur emploi dans une des
de Goetze, surtout des objets du églises de Magdebourg. Il fut nomme,
règne animal , pour la plupart con- en 1 7 55 , par le sénat et par le consis-
seruéj dans Vesprit de-vin, avec des loire de Hambourg, premier pasteur
notes, et Vindication du système et à l'église de Ste. -Catherine. Il mourut
des meiVeurs dessins qui les repré- dans cette dernière ville, le 19 mai
sentent, ibid., «792, in-8'. XIV. 17H6, après avoir, pendant 45 ans,
Instructions sur des objets de la na- défendu en chaire et par ses écrits , les
ture et de la vie commune, servant dogmes luthériens , avec un zèle qui le
de supplément au livre intitulé: La faisait appeler le )t7«/;e de Hambourg,
6o© G 0 E
Son luimrur agressive, toujours prêle à
combattre tout auteur qui s'éc rirât le
inoinsdumoiidedcladortiiuedeis livres
syruboliques, et rérudition protonde
que déployait Goetze dans la dispute,
lui susf itcrcut de nombreux enuf nus.
Ce cliampion infatigable a publié plus
de soixante ouvrages tliéolcgiques plus
ou moins voluuuneux, plus ou moins
véhéments , mais pleins d'érudition. 11
cuvrir celte carrière jioléiriique par
la défense de la réalité de la résur-
rection de la fille de Jaïre, et de
rapparition divine de l'asfrc qui servit
lie ^uidc aux Mages. Mais ses guerres
liiléraires contre R mier, Basedow ,
Alberti, Bii^cliing, Goethe, Ephraïra
ï.es>iiig , Wiiickler et contre sou pro-
pre frère le naturaliste , prouvent quel
mauvais emploi Goetze fit de son
profond savoir : plusieurs de ces dis-
cussions haineuses ne se terminèrent
que par la mort de ses antagonis-
tes. Il fit un livre contre le fam» nx
Basedow, au sujet des prières des
muets, et lâcha contre lui trois ou
quatre brochures dans lesquelles il
Faccusait desocinianisme et de natura-
lisme. Il tonna contre le théâtre, qui,
.sous ses yeux, se perfe(tioun;ut à Ham-
bourg trèsr.ipidemenf. Il publia, cou-
Irc Goethe, un écrii à l'occasion des
Passions du jeune IVerther; il atta-
qua Semler, |)rofesseurtrès érudit,au
sujet d'une traduction de la Bible- il
accusa le savant Lessing , qui d'ailleurs
estimait beaucoup rérudition dcGoelze,
d'être un littérateur dangereux |i0ur
la religion chrétienne ; et il maltrai-
ta si fort, dans ses écrits, Albeiii et
Winckler ses collègues , que cette
querelle les conduisit tous deux au
tombeau. Pour connaître les nombreux
ouvrages de ce savant et lougueux
théologien, nous nnvoyons au Dic-
tionnaire des ailleurs allemands de
Meustl, iv\ volume , pag. '203-:274,
GOE
Leipzig, t8o4, in 8 . En parcourant
cette liste d;in^l'ordiede>d i'e>,on voit,
parles attaques du zélé Goetze, quels
progrès la phiiosopliie et la liberté de
pen»;er ont faits eu Ailemagne depuis la
paixde Huber?sbouig. qui termina la
guerre de sept ans. Nous n'indique-
rons ici que ses principaux écrits, et
surtout ceux qui son! bibliographi-
ques : I. Exercitntio hist.-theologica
de patruni primiUvœ Ecclesiœ feli-
ciori successu tant in projligandd
gtntiujïi superstition:' ^ quàm in con-
Jirinandd docVina chrisiiand, Ha'ie,
i'jùS, iu-4". H. RéfUxions salutai-
res sur la mort et sur l'éternité ,
Breslau et l^tijzig, i'^55,2 vol. in-
8 .; ibid., i-;; .6,ibid. , 1765. L'ou-
vrage fut traduit en hollandais par J.-
J. Rhenanus, sous la direction de L.-G.
Corde^., Ziilphcn . i'^^^, iu-/|0. lli.
Preuve de la vérité que Jésus a res-
suscité la Jille de Jair-^ d'une mort
réelle et non pas d'une àéjaillance ,
Maedc bourg, 176 >, in-8''.IV.7^r^M-
i^e de lu divinité du phénomène qui ,
lors de la naissance de Jésus , a ap-
paru aux ly/agcs de (''Orient , ibid.,
I '64 , in 8". V. JJefense de la poij-
glotte d' Alcnla y surtout du jwuvean
Testament , contre les doutes sur
son authenticité , élevés par TVet'
stein et Semler ; dans lequel on donne
la description d'une édition exlré-
memenl rare de la Traduction du
nouveau Testament y par Luther, pu-
bliée en bas -saxon, à Hambourg,
i5'jt5,in-S" , Iliiuboiirg, i7()j,iu-
8". VI. Avis nécessaire <>ur V écrit de
M. lUisching , intitulé : O'oservations
générales sur les ouvrages s) mboli-
ques de l'église luthérienne ^ ibid.,
1770, in 8". ; traduit en hollandais
par A. -F. Van Khnke, Amsterd.im,
1774, in-8'. Un Supplément à cet
écrit a été publié pir Goetz'', flam-
bouig, 1771 , in-8". VII. Avis siK'
GOE
cinct, mais nécessaire, sur îcs Pas-
:,i()NS du jeune frrrlher, \h\(\. , i 77 >,
iii-S . VIII. lissai d'une hisU)ira
di's luhles imprimées dans la Basse-
Saxe y depuis i(i'2i jusfjueu 1740,
il,il!c , 177"), in-4"« IX. Catafalque de
la collection formée pdt Goetze des
Jlibles rares e/i différentes langues
avec des observations critiques et lit-
téraires, iltid., '777> iri-4 '. X. Com-
paraison t xacte et très soignée entre
les édiiions oris^inales de la Traduc-
tion de la Bible par Mari, Lu (lier,
de i^i'j à I 5/p, etc., Hirnboiirp; et
r>('i|)/j'^, 1777-1779, '^ p.ntifs in-4 .;
Diss.iu , I 78->.. Xi. Découvertes ré-
centes et importantes coicernuutla
critique vtl histoire des Traductions
delà bible par JAither , HaMlioin^,
1777, in-4 . ^^I' Nouvell' s décou-
vertes sur le nifnie objet , ibiii. , 1 78*?,
in-4 • ^'^' '''1><>1''' '>^ l)i!)ln)j;r;4plie ri clé
an">si réiilcur de ï Histoire de la tra-
duction allemande de la Bible par
Luther , depuis » 5 1 7 jusqu'à i ^54?
parJ.-G. Païin ,\i,i\\c^ 1772, in-4".
ÏjÇs ouvrages i«eri(;dif]ues p biics de
son terrjps en Ailcin.i^no, cunlienncnt
un gland nombre de dissertations et
d'arlicies lilférairts qui attestent l'éru-
dition de Goetze. Les Atnusemenls
numismatique s de Koler rcnfei ment
de lui un Mémoiri^ sur le fameux écu
de Mansf Id , auquel la supersti-
tion attribua t toutes sortes de prjdi-
ges. Dans les annonces littérai-
res de ffambourgy on trouve de lui
un Mémoire fort cm if*u\ sur V histoi-
re de V imprimerie à Hambourg; ,
avant Van \~)2~)-, et , dans I" Mer-
cure littéraire d* Altona , une Lettre
sur les marques pnnciu aies qui dis-
tinguenl, d'une manière positive,
les deux premières éditions de la Tr l-
duction du nouveau Testament par
Luther. Une Notice sur la \Me de cet
infatigable ccrivaia polémicjue a clé
GOG Ooi
pnl)liéc à Hambourg, 178G, in - 8".
|3_u_u.
GOF//. rof, GoES.
(jOFF (Thomas), auteur anglais,
né diiis le comté d'Essex en i5 ;2,
obtint en iG>.3, la cure d'Kast-Glan-
don , dans le comté de S«»rrcy , et
mourut le 27 juillet 1627, âgé seu-
lement de trente-cinq ans. Ijc carac-
tère et la langue insupportable de sa
femme, espèce de Xantippe, au rap-
port de i/ingbaine, ne contribuèrent
pas peu à abréger ses jours. Il n*est
pas donné à tous les hommes d'être
pliiK)S0|)h( s à la manière de Socrate-
Ou a de lui divers ouvrages , entre
autres des Sernionsetciiiq Tragédies,
qui furent publiés quelques années
après sa mort. X — s.
GOFi;iDY. To/. Gaufridy.
G 0 G U E T ( Antoine - Yves ) ,
conb( iller au parlement, naquit à Pa-
ns'e 18 janvier 1716. La plus tendre
amitié l'unit dès son en fanc( avec Fu-
gèro (/'''oj'. FuGÈRE, tom. XVI , pag.
i 53 ) ; et il n'exista peut-être; jamais
une telle conformité de goûts, d'hu-
meur, de caractère, entre deux amis.
Ils firent en-emble leur plnlusophie
au collège d'Hircourt; et après avoir
terminé leurs études, l'un et l'autre
sentirent la nécessité de les recom-
mencer. Ils se livrèrent à un projet
ajissi louable, avec une ardeur qui
fut cottronnée du même succès. Fu-
gèie avait l'esprit plus \if et plus pé-
nétrant ; Gogiiet était capable d'une
application plus forte et plus soutenue.
Le premier travaillait ])rrsque sans
antre but que celui de s'instruire; le
S(^cond avait un plan auquel il rap-
portait tout. Lorsque Goguet eut en-
trepris son grand ouvrage de l'Ori-
g'ue des lois, e\c.^ Fugi'rcl'ai la doses
eon^eils el de sei critiques, et lui four-
nit un grand nombre de matériaux.
Le buccès de cet ouvrage fut l>iillanl
Oui
GOG
et mérité; et Fuç^cro, qui n'avait pas
\-oulu que son nom p^iût dans la pré-
face, fut relui des deux amis que ce
succès flatta davantage. Une santé
robuste semblait promettre à Go-
Çuc't de longs jours; et il se livrait à
de nouveaux travaux, lors'pi'il fut
atteint de la petite vérole, maladie
qu'il avait toujours redoutée , sans
pouvoir se décider à recourir à l'uo-
culation. Il pressentit qu'il ne lui res-
tait que quelques jours à vivre , de-
manda les secours spirituels, et mou-
rut le 2 mai 1 758, à l'âge de 4^ ans
et trois mois. Il léguait, |)ar son testa-
ment, sa bibliothèque à son ami;
mais Fugère, affaibli par le chagrin ,
tomba malade, <'t ne lui survécut que
de trois jours. L'ouvrage de Goguet
est intitulé : De l'origine des lois ,
des arts et des sciences, et de leurs
progrès chez les anciens peuples^
Paris, 1768, 5 voI.in-4".,figvibid.,
1759, 6 vol. in-1'2; 1778, 6 vol.
in- 12; 1809, 5 vol. in-S". , et la
Haye, 1758, 3 vol. in-12; traduit
en anglais sous ce titre : Origin of
lawSf arts, and sciences, iranslaied
from thefrench ofthe président de
Goguet, 1775, 3 vol. in-8". J-.a
première édilion est la meilleure :
celle de 1809 est accompagnée d'une
tableal}*liabeti(jue; mais elle est peu re-
cherchée , parce que les ])lanches ne
sont que de mauvaises épreuves, les
cuivres étant lout-à-fait usés. L'mteur
parcourt les temjts qui se sont écoulés
depuis le commencement des sociétés
jusqu'au rè^ne dcCyrus. Sun ouvr.ige
est divisé en tiois parties, et chaque
p;irlie en six livres qui traitent sépa-
icment du gouvernement, des arts et
métiers, des sciences, du commerce
et de la navigation, de l'art militaire,
et enfin , des mœurs et des usages.
1/élat de chacun de ces objets à dil-
féiintcs époques , ckt présenté d'ua«
GOH
manière complète; des faits discutés
avec autant d'érudition que de bonne
foi servent toujours de bases aux rai-
sonna menis. Le vtvleestagié.>ble, sans
être exempt de mauvais goût. A la
fin de chaque volume se trouvent pré-
sentés, dans de savantes dissertations,
les points dont l'examen détaillé n'eût
pu entrer aisémenl dans le corps de
l'ouvrage; et le dernier volume est
terminé par des Extraits des histo-
riens chinois (Voy.DzSHAUTERAYES,
XI, ï8i ). Goguet se proposait d'é-
crire V Histoire des progrès des lois,
des arts et des sciences en France ,
depuis l'établissement de la monar-
chie ; et l'on doit regretter qu'il n'ait
pas pu terminer cet ouvrage précieux
pour nous, et qu'il était en état de
rendre très intéressant. VEloge de
Goguet a été imprimé «dans V Année
littéraire, 17^8, tom. ly, et dans le
Journal des savants , supplément au
mois de juillet, même année. W — s.
GOH fi. f^oy. GoLius.
GOHOURY ( Jacques ), traduc-
teur, poète, historien et alchimiste,
né a Paris dans le xn*^. siècle, était
proche paient de Perrot, conseiller
au parlement , et du président Fau-
chei; cependant il n'étiit pas riche,
puisqu'il fut obligé de donner des le-
çons de mathématiques , et que, cette
ressource ne lui suffisant pas, il se'
mit aux g-'ges des libraires. Il avait
peu d'érudition , et encore moins de
critique; mais il écrivait ftcilement,
et pos^éd.iit l'ii.ilien et l'rsp.ignol ,
deux langues qui avaient déjà pro-
duit de bons ouvrages. Il mourut à
Paris, le i3 mars 157G. Il a pris
quei(juel'ois à la tête de >es ouvrages
\c nom de Lto Suatùns , ou celui de
Si)litarius,oi\ \c Solitaire, prieur de
Maisilly ; d'.-uMes fois il ne ««'est dé-
signé que par les it.itiaies J. G. P, ,
ou p.ir celle espèce d« jeu de mots ^
G OH
ûtivie en vie, qui signifie que l'en-
vie s'attache au\ cfciivains princi})ale-
lueiit prml.mt leur vie. (i(»horry a
tr.uliui (lii latin en franc. lis les Deux
premiers Iwres de la première dé-
cade de Tile Live, Lyon, i555,
in-8'., et les Occultes tnen^eilles et
secrets de nature de lieviu Lemnius ,
Paris, 15G7, ï^74' «"-B'.; de l'ita-
lien , les Discours sur Tite-Lii^e , le
Prince^ et \\4rt de la guerre de
ÎMachiavel ; \^ Histoire de la Terre
neuve du Pérou, Paris, i553, in-
8 .; et enfin, do l'espagnol, les IO^,
II'., I3^ et 14. livres âiAmadis
de Gaule y Paris , i568 et i5G3. On
a eu outre de lui : I. Le Devis sur
la vigne, vin et vendanges, auquel
la façon ancienne de plant , labour
et garde , est découverte et réduite au
■présent usage, Paris , i549, 1575,
in-8^. Goh jrry , dit M. de Musset {Bi-
hliogr. agr.), est le premier des œno-
logistes modernes , si l'on excepte
Charles Estienne , qui avait publié
eu i556 son Finetum ^ insère de-
puis dans la Maison rustique de
Liebaulf. II. De usu et mrsteriis no-
tarum liber , in quo vetusta litlera-
runi et nunierorum et divinornm ex
sibj^lld nominwn ratio explicatur ,
ibid., ij5a, m-S'. lU. Listruction
de la cognoissance des vertus et
propriétés de Vherbe nommée Pe-
tum, appelée en France l'herbe à
la raine ou Medicée, ensemble la
racine mcchoncam , P.iris , 1572;
Rome , 1 588 , in - S\ L'herbe {1) pe^
iumestk tabac, nouvellement connu
en France, où il était nommé l'herbe
à la reine, par honneur pour la reine
G'jtmrine de Médiois. IV. Commen-
taire sur le livre de la fontaine pé-
(i) L'édition de Houeo cit intitulée: Descrip-
tion lie l'herbe NicoLiane , «:l 'J'iaîlé de la racine
JU':(.Uoacan Olnsunnee la rhubarbe de> InJ^i ,
Iruduitdc rcipajjuoi «u Irinfai» j par J. (i. t*.
G 0 I Co3
rilleuse, avec la charte d'Amours ,
œuvre très excellente de poésie an-
tique, contenant la stéganographie
des mystères secrets de la science
minérale , Paris , 1 57 2 , in - S**. Go-
horry n'a fait que commenter cet ou-
vrage , dont l'auteur , qui est in-
connu , vivait après Alain Charlier.
V. Discours responsif à celui d'A-
lexandre de la Tonicité sur les se-
crets de Vart chimique et confec-
tion de l'or potable fait en la dé-
fense de la philosophie et médecine
antiques contre la nouvelle para"
celsique , ibid., 1^75, in-8«. VI.
Sequana ad Vistularn ^ exhilaralio
solitarii , Paris, Buon , 1574, in-
4°. ; poésie de circonstance compo-
sée en l'honneur du duc d'Anjou, de-
puis Henri III. lorsqu'il fut appelé
au trône de Pologne, Gohorry est
encore l'auteur des Explications qui
sont au bas des estampes représen-
tant l'histoire de Jason et son expé-
dition de la toison d'or, gravées par
Kené Bo}"^'in , Paris, i565, in -fol.
( Foj'. René Boy vin , au supplé-
ment. ) On conserve à la Bibliothè-
que du roi deux de ses ouvrages en
manuscrit; ce sont les Fies en latin
de Charles FUI et de Louis XH,
formant la continuation de l'Histoire
de Paul Emile , De rébus gesds
Franc or um ( F. Flamel.) W — s.
GOIBAUD. r.DuBois(tom.XlI,
pag. 67 ).
GOIFFON (Joseph), né à Cer-
don, dans le Bugey, vers la fin dut
XVII". siècle, embrassa l'état ecclé-
siastique , entra dans la carrière de
l'enseignement , et devint principal
d(i collège de Thoissey en D^mbes.
Le duc du Maine le nomma son au-
mônier. 11 était associé de l'académie
des sciences pour la classe d'astrono-
mie. D'AIcmbert ayant eu une dis-
pute assei vive avec le P. Tolonns^
6o4 G 0 1
Goiff>n prit le parti du plillosoplie,
ft lut un des incmbiTS de l'académie
de Lyon qui donnèrent liur démis-
sion , parce que cette compagnie re-
fusa d'exclure le jésuite. Il mourut
♦ n i-jai. On a de lui : l. Un Dis-
cours latin sur la naissance du
Dauphin , intitulé : Félix srderum
situs nascente serenisûmo De^phino,
l'jtti y iii-4"'i ^ï ^v^^ ""^ traduction
traMçaisCv, i']58. II. Harmonie des
deux sphères céleste et terrestre^
ou la Correspondance des étoiles
aux parliez de la terre. Puis,
ï^Tm, in- 12; 1759, in-4'. ^"^et ou-
vrage , dit Lalande , contient des
éléments d'asironomic et de géogra-
phie, et principalement la comparai-
son des déc inaisons des étoiles sous
les latitudes terrestres. I/auleur fut
un exemple assez rare du goût pour
Tastronomie dans une province éloi-
gnée (le la capitale. W — s.
GOIFFON ( Jean-Bapti TE) , mé-
decin , né eu 1 658 , à Cenlon , dans
le Bngey , de la uicrac famille que le
précédent, fit ses premières études à
Lyon , et se rendit ensuite à Montpel-
lier , où il suivit les cours de Tuni-
versité avec beaucoup de succès. Il
s'appliquait en même temps à la bo-
tanique ; et si, comme on l'assure,
ce fut Goilfon qui inspira le goût de
cette science au célèbre Jussieu , ce
n'est p.is' le moindre service qu'il lui
ait rendu. Après avoir pris ses grades,
il retourna dans sa patrie. Quelque
temps après , il l'ut appelé.) I^yoïi pour
soigner le marquis de Uougeimjnt,
blessé dangereusement. Le malade
guérit; et r,( tte cure, regardée comme
trèsdillicdc, uni Guidon en réputation.
Nommé nuMecin à l'armée d'Italie,
il se fit distinguer par le maréchal de
GOI
Catmat, qui l'honora d? sa confiance?
cl lui donna des preuves multipliées
de sou afifection. A la pux, il re-
viut à Lyon, se maria en 1693,
et cnrame:iça à exercer sa profession
dans celte ville , avec un Qrai.d succès.
En 1 703, le mruéeha! de Tessé l'em-
mena avec lui en Espagne; il y reçut
l'accueil le plus flatteur de la mne,
qui lui i fiVit la place de son premier
médecin. Il refusa cet emploi hono-
rable par attache n. eut pour sa fami'le;
et il s'empressa de revenir à Lyon,
aussitôt que son devoir le lui penuit.
Nommé éehevin en 1 7 1 7 , il contribua
, à préserver celte ville de la contagion ,
proposa cl fit adopter plusieurs règle-
ments utiles aux pauvres mal «des : il
mourut d'une apoplexie foudroyante,
le 5o septembre 1730. On a de lui,
L Réponse aux observations de CM-
corneau , Verny et Soullier, sur la
nature , les événements et le traite-
ment de la peste de Marseille, Lyon,
1721 , in-i2, à la suite de l'ouvrage
rctutc. II. Relation et dissertation
sur la peste du Gévaudan, ibid.,
i722,ii!-8'. III. Index pLmtarum,
quœ circà Lugdunum nascuntur. H
existait une copie de cet index , mais
incomplète , dans la bibliothèque de
.lussicu. GoifFon a laissé d'auttes ou-
viages en manuscrit, dont ou n'a pu
tirer aucun parti , parce qu'ils étaient
inrléchiffrab'es. — Goiffon, petit-
fils du précédent , professeur a l'c-
eole vétérinaire d'Alfort , mort vers
1779, a jiublié en société avec M.
Vint eut : Mémoire artificielle ^ con-
tenant Vcxposé des principes re-
latifs à la jidcle représentation des
animaux , tant en peinture quen
sculpture y 1777, petit in - loi., fig.
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FIN DU UIX iliPTILMt VOLVMr,
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