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Full text of "Biographie universelle ancienne et moderne, ou, Histoire, par ordre alphabétique, de la vie publique et privée de tous les hommes qui se sont fait remarquer par leurs écrits, leurs actions, leurs talents, leurs vertus ou leurs crimes : Ouvrage entièrement neuf"

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Digitized  by  the  Internet  Archive 

in  2010  with  funding  from 

University  of  Ottawa 


http://www.archive.org/details/biographieuniam17mich 


BIOGRAPHIE 

UNIVERSELLE, 

ANCIENNE  ET  MODERNE. 


GE— GO. 


BIOGRAPHIE 

UNIVERSELLE. 


ANCIENNE  ET  MODERNE, 


OU 


HISTOIRE j   PAR    ORDRE  ALPHABETIQUE,  DE   LA  VIE  PUBLIQUE  ET  PRIVEE  DE 
TOUS    LES  HOMMES    QUI  SE    SONT   FAIT   REMARQUER  PAR    LEURS   l'crITS 
LEURS  ACTIONS,  LEURS  TALENTS,  LEURS  VERTUS  OU  LEURS  CRIMES. 

OUVRAGE    ENTIÈREMENT    KEUF, 

RÉDIGÉ  PAR  UNE  SOCIÉTÉ  DE  GENS  DE  LETTRES  ET  DE  SAVANTS, 


On  doit  des  égards   aux  vivants;  on    ne   doit,   aux  morts, - 
que  la  vérité,     (  Volt.  ,  première  Lettre  sur  OEdipc.  ) 


TOME  DIX-SEPTIÉM^^^ 


A  PARIS, 

CHEZ  L,  G.  MICHAUD,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE, 

HUE  DES  BONS-EMPAHXS,  M».  34. 

1816. 

"univers  It^ 
BISLHDTHPCA 


^  7" 


W5 
.AI  6' 


SIGNATURES   DES  AUTEURS 


DU   DIX-SEPTIÈME   VOLUME. 


MM. 


MM. 


A.B— T. 

A — G R. 

A.  L.  M. 

A.  R — T. 
A— s. 
B-n. 
B—n— D. 
B— L— T. 

B.  M. 
B— P. 
B-s. 
B—ss. 
B— u. 
B— Y. 

C. 

C— AU. 

C.  G. 

Ch— T. 

C.  M.  P. 

C— N. 

C— R. 

C T R. 

D— B— S. 

D.  G— o, 
D— G— s. 
D.  L. 

D-I.— E. 

D.  L.  M. 
D— s. 
E-c  D-D. 

E-_s. 

F LE. 

F.  P— T. 

F— z. 

G— CE. 

G— É. 

G.  F— R. 


Beuchot. 

G-s. 

Gallais. 

AUGER. 

G— T. 

GuizOT. 

MlLLlN. 

G— Y. 

Gley. 

Abel  Remusat. 

J-B. 

Jacob-Kolb. 

AUGUIS. 

J— w. 

Jourdain. 

BoULARD. 

L. 

Ijefebvre-Cauchy. 

Bernhard. 

L— lE. 

Lasteyrie. 

Boucharlat. 

L—P—E. 

•   HlpPOLYTE   DE  LAPORTE, 

Bertr  ahd-Moleville. 

L-s. 

Langlès. 

Beauchamp. 

L— s— E. 

La  Salle. 

Bocous. 

L-u. 

Ledru. 

Boisso?.-ade. 

L— Y. 

LÉCUY. 

Beaulieu. 

M— D. 

MiCHAUD. 

BOLLY.    (Mme.) 

M— DJ. 

Michaud  jeune 

Chaumetoiî. 

M — on. 

Marron. 

Catteau-Calleville. 

N— E. 

NiCOLLE. 

Cadet-Gassicourt. 

P— c. 

PropiAC 

Chamberet. 

P — c— T. 

Picot. 

PiLLET. 

P-E. 

Ponce. 

Castellax. 

P—N—T. 

Poncelet. 

Clavier. 

Q.R~T. 

QuATREMÈRE-Roi'iSY, 

Ccvier. 

R—D— lï 

.  Renauldin. 

Dubois  (Louis). 

R.  R. 

ROCHETTE. 

De  Gerando. 

s— I. 

Salfi  (revu  par  M.Ginguené)* 

,  Desgenettesv 

S-L. 

Schoell. 

DelaulnAye. 

S.M— N. 

Saint-Martin. 

Delamere. 

St.  p— r 

.  Saint-Prosper  (De). 

De  la  Malle. 

S.S— I. 

SlSMONDE-SlSMQRDI. 

Desportes  -  Boscheron. 

St.  S—Ti 

r.  Saint-Surin. 

Emeric-David. 

S— Y. 

Salaberry. 

Eyries. 

T— D. 

Tabaraud. 

Fayolle. 

T— N. 

TÔCHON. 

Fabien  Pillet. 

TJ— I. 

USTÉRI. 

Féletz. 

V.  S.  L. 

"Vincens-Saint-Laurent. 

Gehce. 

W— R. 

Walckenaer. 

GlNGUENÉ. 

W— S. 

Weiss. 

FOURNIER  fils. 

X-s. 

Revu  par  M.  SuARD. 

GuiLLON  (Aimé). 

Z. 

Anonyme. 

BIOGPxAPIIIE 

UNIVERSELLE. 


G 


GkaNGIR.  ?^.DJIHAN-GUYR. 

GÉBACER  (  George  -  Chris- 
tian), jniiscoiisnlte  cl  plulologne  al- 
lemand, niqnità  Bieslrui  en  iGijo.  En 
i-j  I  I,  il  f.itrrçiuloclc'ircn  clruitàAlt- 
dorf  :  il  y  [jubli.i ,  à  ceUe  occasion,  ujie 
Dissci  latiou  Oe  aqitd  caUd^occasio- 
nehiç^is  eigc'Himœj  in-^^*^.,qiu  lui  (itle 
plus  grand  honneur.  En  i  -]  i  7  ,  il  vint 
se  (ix.'jr  à  Leipzig,  où  il  fut  successi- 
vement nomtné ,  en  i  -^o,  agrégé  de  la 
ficullé  de  philosonhie;  en  1  727,  pro- 
fesseur de  droit  féodal  saxon  ,  et  enfin, 
en  1  -5o,  agrégé  à  la  cour  suprême  de 
justice.  Les  écrits  qu'il  publia  pendant 
cet  intervalle,  et  le  succès  avec  lequel 
il  exerçait  les  inrii;ortantes  fonctions 
du  professorat ,  lui  avaient  acquis  une 
réputation  telle,  que  1 1  cour  d'Angle- 
terre ne  négligea  rien  pour  l'attirer  à 
l'université  de  Goîtingue  :  elle  lui  fit 
proposer,  en  17^4»  ^'^  pl^^e  de  pre- 
niier  protésseur  Oii  doyen  de  l'univer- 
sité de  droit ,  et  celle  de  conseiller  de 
cour  ;  Gébauer  accepta,  et  vint  ha- 
biter Go!finj;ue,  où,  pendant  près  de 
quarante  années  ,  il  retnplitavccexac- 
titude  les  devoirs  de  sa  charge,  aux 
applaudissements  unanimes  des  nom- 
breux élèves  qui  accouraient  de  toutes 
paris  pour  profiter  de  ses  leçons.  Ce 
fu[  aussi  à  Goîtingue  qu'il  entreprit  ou 
publia  les  ouvrages  qui  lui  assurent 
à  la  fois  le    rang  le  plus  honorable 

f)arn»i  les  critiques ,  les  historiens  et 
es  jurisconsultes  les  plus  distingués. 
Il  est  peu  de  matières  sur  lesquelles  il 

XYII. 


no  se  soit  exerce  :  le  droit  romain  et  le 
droit  ct)mmun  lui  étaient  également 
familiers  ;  on  a  de  lui  plusieurs  dis- 
cours académiques ,  et  divers  mor- 
ceaux de  poésie  en  vers  latins ,  qui 
ne  sont  point  sans  mérite  :  la  politi- 
que ne  lui  était  pas  non  plus  étran- 
gère. Néanmoins  h  plus  important  de 
ses  ouvrages,  et  celui  qui  lui  mérite 
l'attention  el  la  reconnaissance  des  ju- 
risconsultes de  toutes  les  nations,  fut 
le  célèbre  Corps  de  droit  auquel  il 
employa  trente  années  de  travaux, 
mais  qu'il  n'eui  pas  la  satisfaction 
de  voir  publier  de  son  vivant.  On 
sait  que  les  bases  de  cette  édition 
furent  les  manuscrits  du  savant  Breu- 
kmann,  qui  avait  consacré  son  exis- 
tence à  réunir  et  à  comparer  ensem- 
ble tous  les  manuscrits  et  toutes  les 
éditions  qu'd  avait  pu  recueillir  des 
Pandectes  de  Justinien ,  et  à  noter 
avec  soin  toutes  les  variantes.  (  f^or. 
Brenkmann.  )  La  mort  le  surprit 
avant  qu'il  eût  pu  terminer  ce  bel 
onvnge.  Bynkershoeck ,  auquel  il 
av^il  légué  ses  manuscrits,  hù  sur- 
vécut trop  peu  pour  pouvoir  y  metîre 
la  dernière  main;  et  ce  f.U  à  la  v^nte 
de  celui-ci  que  Gébniei',  en  1  \~>y 
se  rendit  acquéreur  de  ces  pjé.ieux 
matériaux.  Il  s'occupa  le  reste  ue  ^a 
vie  à  les  continuer;  ma  s  il  se  pro- 
posa, au  lieu  d'une  éd'tion  criti- 
que des  Pandectes  seulement,  d'é  en- 
dre  son  travail  a  la  totalité  du  Corps  de 
droit.  Il  est  à  rcgrcUer  que  ce  projet 


3  GEB 

n'ait  pas  reçu  son  entière  exécution 
par  les  soins  de  Gébauer  seul.  Après 
sa  mort,  arrivée  à  GoUingue  le  27 
janvier  177^,  ses  manuscrits  tombè- 
rent entre  les  mains  de  George  -  Au- 
guste S|)angonl>erg ,  qui  se  chargea 
de  publier  et  de  continuer  l'èdiliou 
préparée  par  Gébauer.  Le  premier 
volume  parut  en  etïet  sous  ce  titre  : 
Corpus  juris  civilis  coàicihus  vete- 
ribus  mamiscripLis  et  optimis  quibus- 
que  editionibus  collaùs  recensuit 
G.-C.  Gébauer  y  et  postejus  obilunij 
curavLl  G.-^ug.  Span^enberg ,  Got- 
tiugue,  1776,  gr.  iu-4".  Il  ne  ren- 
ferme que  les  Institules  et  les  Pandec- 
tes  :  les  premières  sont  la  reproduc- 
tion de  l'édition  dounée  par  Cujas, 
avec  un  très  petit  nombre  de  va- 
riantes nouvelles;  mais  les  Pandcclcs 
ftpnt  traitées  d'une  manière  supérieure: 
les  notes  qui  accompagnent  ce  volu- 
me ne  sont  que  critiques,  et  point 
dans  le  genre  de  celles  que  Godefroy  a 
mises  au  l).is  de  son  édition  (  P^oj'. 
Denis  GoDKFnOY).  Le  second  volume 
jic  lut  public  par  Spangenbrrg  qu'en 
1797  :  il  renferme  le  surplus  du 
Corps  de  droit  ;  mais  il  est  fort  iniè- 
rieurau  premier,  et  il  attira  sur  sou 
éditeur  quelques  critiques  méritées. 
Quoiqu'il  en  soit,  celte  édition  dont 
Gébauer  peut  être  regardé  comme  le 
principal  auteur,  l'emporte,  pour  la 
pureté  du  trxte,sur  toutes  celles  ([ui 
ont  été  publiées  depuis  la  renaissance 
du  droit  romain;  et,  à  ce  titre,  elle 
mérite  d'occuper  une  place  distinguée 
dans  la  bibliotlièquc  de  tons  les  sa- 
vants, (jfébauer  a  laissé  de  nombreux 
ouvrages,  dont  aucun  ce|>endant  n'est 
très  volumineux,  mais  dont  la  liste, 
doim('«'  |)ar  M<ii>el  ,  est  trop  longue 
])uur  l'iiiikérer  ICI  dans  son  entier;  ou 
Y  di>tiugue  :  1.  (iinq  dissertations, 
De  M.  ^'/grifipù,  Leip/ig ,  1717,10- 
4'.;  Oç  murmuic  hiacu  ^dans  l  i 


GEB 

\/4cta  eniâitorum  de  17^0  };  Va- 
Bomiilo  obsenfationibus  varii  ge- 
neris  illustrato ,  Leipzig  ,  1 7  1 9  ,  in- 
4".  ;  De  NiimdPompiliOy  ib. ,  1 7  1 9, 
in-4''.  ;  De  Tullo  ffoitilio,  ib. ,  1  720, 

I I .  De  ca  Idce  et  ca  Idi  apud  vêler  es  po- 
tu,  liber  singularisj  Leipzig,  1 72 1 ,  in- 
8°. ,  lig.  C'est  la  thèse  que  soutint  Gé- 
bauer en  1714»  revue  et  augmentée, 

III.  De  jiirisdictione  j  ibid. ,  1729, 
in-4°.  ;  ouvrage  précieux,  reproduit 
sous  ce  titre  :  Commentatio  acade- 
niica  de  jurisdictione  secundwn  doC' 
trinam  Romanorum,ejusdemque  doc- 
iriiiœ  in  Germanid  usa  ^  ib.,  17S5, 
in- 4".  IV.  Anlhologicamm  disserlu- 
tionujïi  liber ,  cum  nonnuUis  adopli- 
vis  et  brevi  GelUani  et  AntJiolov^ici 
collegiornm  Upsiensium{i)  historid, 
ibid.,  1755,  iu-8''.  V.  De  jusùtid  et 
jure,  Gtittingue,  1758,  in-4''.  Celte 
dissertation, fort  supérieureau  Traite 
énorme  que  Vandermuelcn  publia 
sur  la  même  matière,  Ulrecht,  1723, 
in  -  4".  ,  a  cependant  été  surpassée 
par  les  ouvrages  de  Kant  et  de  Fi- 
langieri.  VL  Flan  d'une  histoire  dé- 
taillée des  principaux  empires  et 
états  lie  V Europe  ,  avec  une  préface 
sur  les  avantages  qu'offre  l'étude 
de  l'histoire,  et  suivi  de  notes  et 
d'éclaircissements ,  Leipzig,  1755, 
in-8'\  (  eu  allemand.  )  La  troisième 
édition  de  cet  utile  abrégé,  continué 
jus({u'à  lii  paix  de  VVeslpIiaJie  ,  parut 
en  Ï779.  La  méthode  employée  par 
Gébauer  pour  l'étude  de  l'histoire,  .1 
été  imitée  avec  succès  par  Aleusel , 
dans  son  1  ntroduction  à  la  connais' 
sauce  de  l'Iùitoire  desét.iti  de  l'Eu- 
rope ,  ilont  la  ([uatrième  édition  a  pa- 
ru à  Leip/àg  en  1800.  VII.  fie  et 
fails  remarquables  de  Richard ,  élu 
empereur  des  humains  (  en  lajy  )^ 


(0  Ct^tnirat  ileiix  ««cii^ti**   litlAratm    fonilrc* 
l'iiiiK  en  ifkji  ,  ri  l'autre  VVC&  i6 J J |  «llciutci  c« 


(.Elî 
iA-ipzig,  1741,  (en  alicrn.iii(l)  5  vol. 
in -S', ,  (ii;.  VIII.  De  palrid  poU'Sta- 
tc.  Cv\.w.  iHi|iort.nite  nialuic  du  droit 
rotnaiii  est  traiice  dans  deux  disser- 
tations assez  eteixiues,  dont  la  pic- 
iuière|>aruleii  in57>,ct  la  deuxième 
en  i^Si  ,à  Leipzig;.  Gébauery  prou- 
ve, contre  ropiiiion  de  Byukcrshocck, 
adoptée  par  Heineccius,  que  la  puis- 
sance ])atcrnclle  n'était  pas  aussi 
étendue  à  Home ,  quant  nu  droit  de  vie 
et  de  mort,  que  ces  jurisconsultes  le 
prétendent  :  il  discute  et  démontre 
que  c'est  également  à  tort  qu'ijs  ont 
cru  voir  l'origine  de  celte  puissance 
dans  le  droit  de  propriété;  que  c'est 
plutôt  dans  le  pouvoir  domestique 
du  père  de  famille  qu'il  faut  la  cher- 
cher. Cette  controverse  fut  ranimée 
parmi  les  jurisconsultes  allemands  en 
1 784  :  1<'S  uns  prirent  parti  pour 
Bynkcrsboeck,  les  autres  défendirent 
Gcbauer;  et  l'on  doit  à  cette  dispute 
la  pul)lication  de  trois  dissertations 
excellentes  de  MM.  Jcnsen,  Robert  et 
Gunther.  IX.  Ordo  Institutionum 
Justinianeanun  hrevibus  positioni- 
hus  comprehensus  ;  accédant  Proie- 
gomena  historiam  Institutionum  ad- 
umbrantia  et  in  earumdem  libruin 
pritnum  excursus  sex  ,  Goltingue , 
1702,  in-S-".  Il  existe  peu  d'abrégés 
plus  succincts  et  à  la  fois  plus  subs- 
tantiels des  lu«.titutes  :  Gébauer  le 
composa  pour  l'usage  de  ses  élèves;  il 
est  précédé  d'une  préface  où  l'auteur 
se  livre  à  des  recherches  historiques 
sur  les  princes  qui  ont  étudié  le  droit 
et  obtenu  le  titre  de  docteur.  Les  Pro- 
légomènes peuvent  êlre  considérés 
comme  un  des  morceaux  les  plus  cu- 
rieux qui  existent  sur  l'histoire  des 
Institutcs  ,  les  diverses  éditions  qui 
en  ont  été  données,  et  les  principaux 
jurisconsultes  qui  ont  consacré  des 
commentaires  à  leur  explication.  Les 
sis^excursHS  qui  terminent  le  volume^ 


CE15  S 

sont  des  dissertations  qui,  pour  la 
j)luparf  ,  avai<nl  été  publiées  >éparc- 
nieut.  11  est  i;i(;h(ux  (pie  (jcbauer  n'eu 
ait  point  compose  de  semblables  siu* 
les  trois  autres  livres  des  Institutcs. 
X.  Histoire  de  ^'orlui^al^  ou  I) enve- 
loppements du  premier  cfwpiire  du 
Plan  de  l'histoire  des  états  de  l'Eu- 
rope,  Leipzig,  1759,  in-8*^.  (en  alle- 
mand.) Cette  espèce  de  commentaire 
n'était  que  le  prélude  d'une  pins  gran- 
de entreprise.  Gébauer  se  proposait 
de  traiter  dans  le  même  goût  l'histoire 
de  tous  les  états  sur  lesquels  il  n'avait 
])u  donner  que  des  notions  abrégées 
dans  son  premier  ouvrage.  Un  sem- 
blable travail  était  prêt  sur  l'histoire 
d'Espagne;  mais  il  ne  put  être  publié 
ni  par  Gcbauer  ni  par  ses  héritiers. 
XL  Nar ratio  de  Henrico  Brenk- 
manno ,  de  manusc.  Brenkmannia- 
nis ,  de  suis  in  corp.jur.  civ,  conati- 
bus  et  lab. ,  Leipzig  ,  1764 ,  in-4".  ; 
auquel  il  finit  joindre  Manuscripti 
cujusda  m  Brenkmanniani  spécimen^ 
ibid.,  i767,in-4*'.  Cette  iJiographie, 
dans  laquelle  Gébauer  rend  compte 
des  travaux  de  Brenkraann  et  de  ses 
projets  sur  leur  contuuialion ,  est  ter- 
minée par  une  notice  sur  Henri  New- 
ton ,  chargé  d'affaires  d'Angleterre  à 
la  cour  du  grand-duc  de  Toscane  ^ 
homme  instruit,  ami  des  lettres,  et  à 
la  protection  duquel  Brenkmann  duc 
l'entrée  de  la  bibliothèque  des  Médi- 
cis  à  Florence,  et  la  communication 
du  célèbre  manuscrit  des  Pandectes 
florentines  ,  qu'on  montrait  si  diffici.* 
lemenf  aux  étrangers.  XI I.  P^estigia, 
juris  Gernianici  anîiquissima  in  C. 
C.  Taciti  Germanid  obvia,  sive  dis- 
sertationes  xxii  in  varia  aurei  il- 
lius  libelli  loca,  cum  nonnullis  simi- 
lis argumenti, GoUmç^i\e, l'^Gô^'inS^ . 
Cet  ouvragf!  seul  sufllrait  pour>a«isurcr 
à  Gcbauer  la  réputation  la  pljis  écla- 
tante  comme  jurisconsulte  et  comme 


I.. 


4  »EB 

liistorien  :  il  se  compose  de  vingt- 
deux  dissertations  ,  publiées  scpaie- 
ment  pour  la  plupart,  à  Gdtlin^ue, 
depuis  1741  jusqu'en  i-jëS.  L'au- 
teur nous  conduit  au  milieu  des 
forêts  de  l'antique  Germanie;  il  nous 
racon'e  les  fêlos,  les  jeux,  les  maria- 
ges des  Germains,  nous  trace  les  lor- 
mts  de  leurs  gouv<rucments,  leurs 
institutions  civiles  et  guerrières,  leur 
discipline  inilifaire;  il  paile  de  la 
maniciedont  la  justice  était  adminis- 
trée paimi  eux,  lie  leurs  lois  civiles 
et  criminelles  :  il  entre  lians  le  détail 
des  supplices,  etc.  ;  en  un  mot,  rien  de 
tout  ce  qui  les  concerne  ne  nous  de- 
vient étranger.  Ce  recueil ,  trop  peu 
connu  en  France,  peut  être  considéré 
comme  le  plus  précieux  commintaire 
de  l'immortel  ouvrage  de  Tacite  sur 
les  Germains.  Xlll.  Exercitutiones 
acadeinicœ  varii  ar^^umenti.  C'est  la 
collection  d'S  principales  disse  rtatioiis 
que  Gébauer  avait  publiées  sur  le  droit 
civil.  Outre  toutes  celles  que  nous 
avons  citées  dans  les  n°».  I,  V,  VIII 
de  cet  article,  on  y  remarque  encore 
les  disserfaions  ,  De  actione  tutelœ 
adversàs  maL:,istratns ;  De  successio- 
ne  iriter  ingcnuos  jure  sanguinis  ab 
intcslaio  civili  ;  De  imputatione  fac- 
ti  alieni  cire  a  delicta  ;  De  origine 
testamentorum  ;  De  matriniGniacum 
(li'iinculi  oidiid;  De  differentidinler 
procunsules  et  legaloa  Cœsaris  ;  De 
hercto  cito  ob  iniquitalem  in  melius 
rcjormando^  etc.  L'éditeur  de  ce  re- 
cueil est  W'issmanlel,  qui  fit  paraître 
le  premier  volume  à  Lrt*iirt,cn  1  776, 
in-4". ,  et  le  deuxième  ,  au  même  en- 
droit, en  I  777  :  t^f  dernier  est  précédé 
d'un  elogf  de  Gebauer  par  l'illustre 
//(  ync  ,  (pii  avait  paru  à  (lOtliiigue  en 
1775,  iii-fol.  ludéjjeiidammcnt  des 
ouvr.iges  que  l'on  vient  de  citer,  on 
doit  encore  à  Gébaucr  une  loulr  de 
ébscriaùf ns  >iir  des  matières  féuda- 


GEB 

]e«!,  insérées  dans  le  Thésaurus  jurts 
feudalis  de  Jenicbcn  ;  des  notes  sur 
l'éiiition  des  Prœlectiones  d'Hubert 
(  Ulric  ),  donnée  à  Leipzig  en  1 725  , 
5  vol.  in-4"-,  3^'^c  celles  de  Thom^»- 
sius  et  de  Mencken ,  et  sur  l'édition 
des  Imlituliones  juris  feudalis  de 
Scliiltcr,  Leipzig,  1728,  in- 8°.,  3*". 
édition,  1751.  Un  lui  doit  la  colloc- 
tion  des  D ui s crtations  juridiques  de 
B^rth,  Leipzig,  1755,  in-4".  Il  est 
l'éditeur  de  Grot'ii  Jlorum  sparsio  , 
Htllc,  1750,  in  8".;  de  V/Jistoirc 
d* Hermann  (  Arminius  )  et  Thus- 
ne  Ida,  par  Lohtnslein,  Leipzig, 
1751 ,  4  ^'ol.  in^**'?  <'t  ^^  plusieurs 
autres  ouvr  ges.  P — n — t. 

GEBELliN.  roj.  COUKT. 

GEHEH  ou  GlABEH,  fameux  al- 
chimiste arabe,  dont  le  véritable  nom 
est  Abou  Moussab  Pjafar  al  Sotl  , 
était  de  Hauran  ,  en  Mésopotamie,  cl 
vivait  dans  le  viiT.  siècle,  suivant 
Abuulfeda.  C'est  à  tort  que  certains 
auteurs  le  font  Grec,  d'autres  Espa- 
gnol, d'autres  enfin  un  roi  des  Indes. 
Lu  ignorant  traducteur  des  deux  pre- 
miers volumes  de  {^Histoire  de  la. 
médecine  d<'  Spreiigel ,  croyant  sans 
doute  Gtber  d'origine  allemande,  tra- 
vestit stupidement  ce  nom  propre  eu 
celui  de  Donateur.  Ou  n'a  aucun  dé' 
tail  sur  la  vie  de  ce  chef  des  adeptes  : 
maison  voil,pir  ses  oua  rages,  que 
les  recherches  qu'il  entreprit  i.ur  les 
métaux  pour  en  reconnaître  la  nature 
et  le  degré  de  fusibiiilé,  dans  la  vue 
d'opérer  leur  lr.ui?.mut  ition  en  or,  lo 
conduisirent  à  p!usi(  urs  découvertes 
importantes  poar  la  cliimie  et  la  mé- 
decine, telles  que  le  sublimé  corro- 
sit"  (  luuriale  surowile  de  mercure  )  , 
le  précipité  rou<;e  (  oxyde  rouge  de 
mercure  )  ,i'eau-forle(  acide nili  ique  ), 
le  nitrate  d'argent,  «te.  (^'cst  ainsi 
que  la  plulo.sopliie  hermétique  donna 
liaiisance  à  la  cbiuiie  j  et  que  Gcbcr 


0  E  B 

rrsfcra  célcl)re,non  pour  avoir  cou- 
ru .jjMts  niiccliiriièn  (  l.i  pifrrc  plû' 
lo.s(i|tlialo  ),  luiùs  [)ou\    .'ivoir   Iroiivc 
ilis  vcriics  foiuleps  sur  rcxpcriencc. 
Ou  uc  dit  p;i.s  s'il  se  ruina  à  ce  mé- 
tier ,  (oniinc  laul  «l'.uitrrs.   il  paraît 
que  ce  fameux  soulllcur  cultiva  aussi 
rasfrouomic  avec  soiu  :  ou  a  niêiue 
Voulu  lui  af(r:l)U(r  l'iiouueur  de  i'iti- 
veuiion  de  l'algèbre  ,  en    supposant 
(|u'il  a  douuii  .st>n  nom  à  cette  scien- 
€■'■.  Cardan   ne  Tiil  pas  dilllcultc  de 
Tadmeltre  au  nombre  des  douze  plus 
subtils  ';,eni(S  du  monde.    Boerhaave 
eu  parie  aus.si   avec  cslime.  Tout  cela 
prouve  au    moins  dans    Gebcr  une 
grande  étendue  de  connaissances  pour 
le  siècle  où  il  vivait  :  mais  il   n'était 
point  mt'deciuj  et   il    ne  paraît    pas 
qu'il  ait  cherche  un  remède  universel, 
j*  est  vrai  que  l'on   trouve  dans  ses 
ouvrages  certaines  expressions,  toiles 
que  les  suivantes  :  L^or,  ainsi  prépa- 
ré,  guérit  la  lèpre  et  toutes  sortes 
de  maladies.  Mais  il   faut  observer 
que,  dans  son  langage  mystique  et  fi- 
gure, Gebcr  qualifie  de  lépreux  les 
métaux  les   moins  parfaits,  et  qu'il 
met  l'or  au  nombre  de  ceux  qui  se 
portent  bien.  Ainsi,  lorsqii'il  dit ,  Je 
voudrais  guénr  six  lépreux  ^  i\  en- 
tend par-la  les  convertir  en  or  capa- 
ble de  soutenir   l'épreuve   de  l'anti- 
moine. Geber  était  enthousiaste  d'al- 
cbimie,  au  point  de  comparer  les  in- 
crédules à  des  entants  qui,  renfermés 
dans  une  étroilc    maison,  ne  voient 
rien  au-delà,  et  n'ont  aucune  idée  de 
l'étendue  du  globe  terrestre.  Voici  la 
liste  de  ses  ouvrae;es  dans  les  traduc- 
tions  latines  :  1.  Summ(E  perfeclio- 
nis  magislerii  in  sud  naturd  libri 
IV y  cum  additione  ejusdem  Gehri 
reliquorum    tractatuum  _,   nec   non 
Avicennœ,  Merlini  et  aliorum  opus- 
culorum  similis  argumenli  ^  Danîzig, 
iG82  ,  in  8".  Celte  édition ,  qui  n'est 


flEB 


9 


pas  comminie,  et  qui  renferme  plu- 
sieurs figur*  s  de  vaisseaux  et  de  four- 
neaux cluiiiicjiies ,  a  été  laite  sur  une 
édition  de  Rome,    très  ancieni  c    et 
eMraordinaiicfuent  r.ire,  suivant  \\x\e 
no!c  mauuscrtte  île  Lenglel  du  t'res- 
noy.  i!  est  inutile  de  citer  les  éditions 
subs''([ueut(S  ,  si  ce  n'est  une  Iraduc- 
lioii  ftaiçaisede  la  .^omnie  de  la  per- 
fection,  faite  parSalmon,  et  insérée 
dans  l'ouvrage  qu'a   pub'ié  ce  méde- 
cin ,  sous  le  titre  :  Bihliolhèque  des 
philosophes  chimiques ,  Paris,  167'^ 
et  1678,  '1  vo!.  in- 12.  II.  Deinvesti- 
aatlone   perjeclionis    metallorum  , 
Bàle,  i5o2,in-fo!.  Ce  livre  est  joint 
à  l'édition  deDantzig  de  i(38'2,  ainsi 
que  les  deux  suivants   :    Testamen- 
tum}  De  Jornacibus  construendis; 
ce  dernier  avait  déjà  paru  à   Ijerne, 
en  I  545  ,  in-4^.  Lengiet  (  llist.  de  la 
philos,  hennét.  tom.  m  )  cite  quatre 
manuscrits  arabes  de  Gcber  :  le  pre- 
mier, conservé  dans  la  bibliolLcque 
du  Koi,  sous  le  n".  972  ,  est  intitulé  , 
Opiis  cui  tiiulus  Liber  divitiarum , 
tractaius  chj  miens  ^  et  pars  octava 
qiiingentorum  illorum  ,  quos  de  hoc 
ar<iurnento  litteris  consignai>il  Ahou 
Moussa  Giaber  ben  Ilaijam  al  Soji, 
qui  vulgo   Geber  mmcupalur  ;   les 
trois  autres  manuscrits   se   trouvent 
dans    la     bibliothèque   publique    de 
Leyde,   sous  les   titres  :   De  lapide 
philosophico  [  n".  800  )  ;  Tractatus 
de  ini>eniendd  arte  auri  et  argenti , 
sii^e  alchrmid  (  n".   801  );  cet  ou- 
vrage est  le  premier  de  Geber  qu'il 
faut  lire  ,  suivant  Taut-cur  même  -^  Duo 
alii   tractatus   de   cddem   materid 
(  n".  802  ).  R — D — N. 

GliBHABD  (Jean),  philologue, 
né  à  Ncubourg',  dans  le  Haut-Paîati- 
nat,  fit  ses  études  avec  succès  à  l'uni- 
versité de  Heidclbeig,  où  }\  eut  pour 
maître  le  savant  Grutcr.  II  était  à 
peine  âgé  de  vingt-trois  ans ,  lorsqu'il 


6  GEB 

fit  pnraitrc  un  Recueil  d' observa- 
lions  critiqnes  sur  les  principaux  au- 
leurs  fie  t  antiquité  :  c'étail  h  fruit 
d'une  leriurc  ;ïssidne  de  leurs  ouvra- 
ges; el  G"I>hard  fut  dcs-lors  conipte' 
j)armi  les  érudits  que  jxjs.sedait  l'Aîle- 
m-iî^iic.  I.a  prise  de  Hcidclberg,  en 
3  62*2  ,  lui  lui  fatale  ;  il  y  perdit  tous 
ses  livres  et  ses  manuscrits,  et  outre 
autres  un  travail  sur  Tiie-Live,  dont 
il  s'ot:cupait  depuis  plusieurs  années. 
Après  avoir  mené  une  vie  errante  et 
luiscrabtc  ,  il  obtint  enfin  ,  en  1G28, 
Ja  chaire  (Tlustoire  el  de  lan;i;uo  grec- 
que à  l'université'  de  Groningue , 
vacante  par  la  mort  d'Ubbo  Em- 
mius.  II  la  remplit  avec  beaucoup  de 
distinction,  et  mourut  en  i05'2, 
n'ayant  pas  encore  atteint  sa  quaran- 
tième année.  On  a  de  lui  :  1.  Cre- 
pmuliorum  siwe  juvenilium  cura- 
rumlibri  III ,  Hanau,  iGi5,  in-4°. 
31.  Antiquarum  lectionum  libri  duo. 
Jean  Hcrmann  Schminck  a  insère' 
ces  deux  ouvraej>s  dans  son  Sjntag- 
jna  criticum,  Marbourg ,  1717,  in- 
4°.  III.  In  CatuUum  j  Tibullum  , 
I^'roperlium  animadversiones  ,  Ha- 
nau  ,  1618  ,  in-8". ,  et  dans  plusieurs 
autres  éditions  de  ces  trois  poètes. 
JV.  In  vitas  Cornelii  Nepotis  spi- 
cile^ium  «of«rMm, Amsterdam,  i  ^44, 
in- 1.2  ;  à  la  suite  des  Fies  de  Corné- 
lius-Népos ,  et  dans  un  ^rand  nom- 
hrc  d'autres  éditu)ns  de  cet  histo- 
rien. V.  y ari arum  lectionum  et  ani- 
ma dv'cr  s  iommi  in  Livium  ex  tribus 
codicibus  hibliolh.  Pcdaùmc  crutn- 
rum  spcrinwn  ad  librum  primum 
Livii,  Halle,  1 7 1  >. ,  in-4".  H.  !.. 
Schurzlleisrh  en  est  l'éditeur.  VI. 
Exiiium ,  si\'e  carminum  in  exilio 
scriptoîuni  libri  duo ^  Amsterdam, 
jG'jtR,  in-i'J».  11  composa  ces  vers 
dans  ic  temps  (pj'd  el.iil  nbli[;é  de 
fuir  sou  pays  ravaj^c  par  la  ç;uerre  ; 
et  c'est  à  celle  espèce  a'cxil  qu'il  lait 


GEB 

allusion  dans  le  litre  sous  lequel  il  Îe5 
a  réunis.  Gebhard  avait  peu  de  ta- 
lent pour  la  poésie;  on  lit  cependant 
queKjues-unes  de  ses  pièces  de  vers 
avec  plaisir,  parce  qu'elles  contiennent 
des  déîails  touchants,  et  qui  font 
bien  conn^îuc  sa  triste  situation.  Sa 
Fie ,  p.r  André  Gebhard,  son  frère, 
est  très  nitcressante  :  elle  a  été  impri- 
mée à  Groiiiue;ue ,  i655,  in-4''. 

W— s. 
GEBH ABDI  (  Jean  -  Louis  -  Lé- 
vin  j,  né  en  169'.)  à  Brunswick,  y 
fit  ses  premières  études  sous  son 
père  Jean -Albert ,  qui  y  était  recteur 
du  iiyranase,  et  qui  est  connu  par 
quelques  ouvrages  en  langue  latine, 
tels  qu'un  drame  historique  intitulé  , 
Decus  familiœ  Ducum  Bnmswi- 
co-  Lunehargensium  à  Fridtrico  I , 
imp.  laljefaclum ,  Brunswick,  1 708 , 
in-4".  Gebhrtrdi  alla  ensuite  achever 
ses  études  à  Helmstadt  el  à  léna.  L'u- 
sage des  universités  allemandes  est 
qu'avant  de  quitter  ce>  écoles  les  jeu- 
nes gens  soutiennent  pubhquomrnt 
des  thèses  ou  dissertations,  qui  sont 
souvent  Tuuvragr  dii  prnfevsoui  qui 
préside  à  celle  solennité.  Le  jeune  Ge- 
bhirdi  s'y  conforma  ;  mais  sa  disser- 
tation se  distingue  de  la  plupart  des 
autres,  en  ce  qu'il  en  fut  lui-uicnie 
l'auteur,  et  qu'au  lieu  de  n'èlie  qu'une 
brochure  de  quelques  feuillets,  elle 
furnic  un  ouvrai;e  en  i3(j  pag.  in- 
4".  Elle  olli  il  encore  une  aulre  parti- 
cularité :  (jcbhardi  s'était  vi»ué  à  l.i 
théologie,  et  ce])endanl  sa  disserta- 
tion est  un  SU;(  l  historique;  elle  ]>orlc 
le  litre  suivant  :  Fada  sereni'^sinio- 
Tum  ducum  Bruns\viccnsium  Iwroï- 
ca,  lena,  i  7.10,  iu-4".  Ainsi (îebhar- 
di  préluda  aux  travaux  qui  devaient 
illu.siK'r  >on  nom.  Si  vie  lut  la  cariièri; 
lianijiiilh'  d'uu  savant  qui  s'est  des- 
tine à  rinstruction  ])ul)li(]ue  ;  elle 
ullrc  peu  de  l'ails  digues   d'ctrc   rc- 


GEB 

cnrillis  par  un  l)i(it;r.iplio.  Aprrs  .ivoir 
j)ic>iclt'  ooiiiiiu:  gouvcnuiii  auxcliidcs 
t\\m   jeune   sc'i|j;i)rur    hanoviicn ,    et 
r  ivoir  accoiiipa^iKi  aux  univrr.silcs  de. 
lliljcil  (le  llcliiisladt,  il  i'iit  noiiiirui 
ru  l'j'j'.j  prolcsscur  do  llicolo^ic,  de 
]oj;iqiic  et  de  ])l5ilulogic  à  l'academic 
des   jeunes    nobles    de    Lnnebonrg; 
clinire  qu'il   remplit  jusqu'en    174^* 
Ce  fut  pendant  qu'il  professait  la  théo- 
logie,  qu'il  publia  en   1700  et  1731 
.son  grand  ouvrage  gcucalogiquc,  qui 
est  son  titre  à  riramortalitc.   H   prit 
pour  base  de  son  travail  le  livre  de 
i>oluni;icr  ;    mais    il    le  refojidit    en 
entier,  et  le  continua  jusqu'en   1700. 
L'ouvrage  de  Gebhardi,  icdigc  en  al- 
lemand, est  divise  en  5  vol.  in-fol. , 
dont  chacun  porto  un   titre  particu- 
lier. Le  premier  renferme  la  généa- 
logie des  maisons  impériales  et  royales 
européennes  existantes  en  17005  le 
second,  celle  de   ces    maisons    qui 
e'iaient  éteintes  à  cette  e'poque  ;   le 
îroisième,  la  généalogie  des  maisons 
souveraines  musulmanes  et  p./ieimes. 
Ce  grand  recueil  est  la  base  de  tous 
les  travaux  généalogiques  des  savants 
A\i    xviii'".   siècle    jusqu'à    Gatlercr 
>ct  Koch.  En    174^3,  Gebhardi    fut 
nommé  à  une  chaire  plus  analogue  à 
^es  occupations  favorites  ,  celle  d'his- 
toire; et  en  même  temps  le  roi  d'An- 
f;lclcrre ,    ciecteur    d'Hanovre,    lui 
<ilonna  le  titre  de    conseiller.    Geb- 
liardi  mourut  à  Lunebourg,  le  10  no- 
vembre 1764.  Parmi  plusieurs  autres 
'ouvrages  historiques  et  généalogiques 
qu'il  a  publiés ,  nous  ne  nommerons 
que    ses    Mémoires    historiques   et 
^éne'alogiqms  (en  allemand),  dont 
il  a  paru  5   vol.  in-8'*.    Les  deux 
jiremiers   furent   imprimés  en  1749 
et  1761  :  le  troisième  (1)  a  élépubhé 


(  i)  <Jn  J  irouvc  uue  Liograpliie  «le  raiiteur,  dont 
■mous  n'avons  j>u  faire  usu^^c ,  ce  livre  uc  se  tro»- 
Tftni  p<t$  a  Pans. 


Icinnç^ne 


GEB  7 

après  la  mort  de  Friutcur  par  son 
fils  Loui.s-Albcrt  (  mort  en  i8o'a). 
liC  même  (ils  j)ul)lia  en  177G,  177<> 
et  178.5,  3  voliunes  in-Zj".,  renfer- 
inaiit  les  matériaux,  laissés  par  son 
j)('rc  poui"  une  Histoire  ç;énénlo^i- 
quc  des  maisons  souveraines  tVÀl- 

S— L. 
GKBLER  (ÏOBiE -Philippe,  ba- 
ron de),  né  le  li  novembre  1726  k 
Zculenrod,  petite  ville  du  pays  du 
prince  de  r>euss-(jrailz,  enclavé  dans 
le  Voigtland  (  Haute-Saxe  ),  oii  son 
père  occupait  une  ])lacc  à  la  chan- 
cellerie ,    fit    ses    études     dans    les 
universités   de   Ic'na  ,    Goltingue    et 
Halle.   Apres   avoir    voyagé   en    Al- 
lemagne ,    en  Danemark  ,  en   Nor- 
vège et  en  Hollande,  il  entra  au  ser- 
vice des  Etats-Généraux ,  qui  le  nom- 
mèrent, en  I  74s ,  secrétaire  de  léga- 
tion à  la  cour  de  Berlin  ;  il  y  rem- 
plit pendant  trois  ans  les  fonctions 
de  chargé  d'affaires  en  l'absence  du 
ministre.  Vers  la  fin  de  l'année  175S 
ii  quitta  ce  poste,  et  accepta  la  placé 
de  secrétaire  du  directoire  général  du 
commerce   des   États  de   la   monar- 
chie autrichienne  à  Vienne.  H  passa 
le  reste  de  sa  vie  dans  cette  capitale, 
oii  il  fut  successivement  promu  à  des 
dignités  éminentes.  En   1759,  il  fut 
nommé  membre  de  la  chambre  au- 
lique,  qui  était  chargée  de  l'adminis- 
tration suprême  des  affaires  de  i'in- 
téiieur.  H  eut  la  direction  de  \à  par- 
tie des  mines  et  des  monnaies.  Lors- 
qu'en  i  762  Marie  Thérèse  fit  une  or- 
ganisation   nouvelle    de    toutes    les 
branches  de  l'administration    publi- 
que, Gebler  fut  nommé  conseilier  au- 
hquc  all:iché  à  la  chancellerie  de  l'Au- 
triche et  de  la  Bohème.  L'année  sui- 
vante ,  il  fut  anobli  et  gratifié  de  l'in- 
digénat  en  Bohème.  En  1 768 ,  l'impe'- 
ratrice-reine   le  nomma  mombre  du 
couscil  d'clat^qui  dclibciait  en  présence 


8  GEB 

de  la  souveraine  sur  les  affaires  inté- 
rieures de  la  monarchie.  Peu  après , 
elle  lui  confe'ra  le  (ifre  de  baron  et 
l'ordre  de  St.Eiennc,  distinction 
très  peu  prodigue'c,  mcine  de  nos 
jours.  Enfin,  en  1782,  il  p.irvint  à 
une  charge  qui  équivalait  piesqiie  à 
celle  de  ministre.  Il  fin  nomme  con- 
scillei'  intime  actuil  et  vice-chance- 
lier de  Bohême  et  d'Autriche.  Il  mou- 
rut à  Vienne,  le  9  octobre  1786.  Le 
baron  de  Gebler  fut  un  de  ces  hom- 
mes rares  qui ,  sans  intérêt  person- 
nel, soutiennent,  pai  pur  patrioi'sme 
et  par  amour  pour  le  bien  public, 
toutes  les  entreprises  qui  paraissent 
dirigées  vers  ce  but.  Les  hommes  de 
lettres,  les  artistes,  les  spécul.itcurs 
trouvaient  en  lui  un  protecteur  zélé. 
Il  contribua  beaucoup  au  perfec- 
tionnement de  l'instruction  pub'iquc 
en  Autriche,  surtout  pour  ce  que  les 
Allemands  a-j)pellenl  les  sciences  ca- 
méralisliques ,  qui  embrassent  ton- 
tes les  br.-nches  de  l'administration 
de  rÉ*at.  Ou  <xige  ,  en  Allemagne, 
de  ceux  qui  se  destinent  à  cette  car- 
rière ,  non  pis  une  routine  ;icquise 
des  travaux  <!e  bureau  ,  mais  des 
études  réglées  dans  les  universités 
où  il  existe  des  professeurs  pour  ces 
sciences.  Gebler  a  le  méiite  d'avoir 
fncoura|;é  celle  élude  en  Autiiche. 
Il  aimait  bcancoup  le  théâtre,  et 
travailla  à  l'épurer  et  à  former  un 
vrai  théâtre  national.  Ne  trouvant  pas 
dans  la  litiérature  allemande  un  assez 
grand  nombie  de  [  ièces  qui  satis- 
fissent son  f;'  ût,  il  employa  ses  mo- 
ments de  loisir  à  eu  composer  lui- 
même.  On  a  publié,  en  1771,  un  re- 
cueil de  ses  piècesen!^  vol. in  8'.  Il  fuit 
les  juger  avec  l'indulgence  qu'exigent 
les  circonstances  qi;i  les  firent  naî- 
tre, le  biU  de  l'auteur  et  la  précipi- 
talion  avec  laqiu'lle  elles  furent  ceriles. 
Mlles  ont  amené  une  révolution  dans 


CED 

l'histoire  du  théâtre  allemand  ,  et 
surtout  du  théâtre  de  l'Autriche. 
Elles  ont  introiliiit  sur  la  scène  de  la 
capitale  un  ton  décent  et  noble;  elles 
respirant  tou!es  une  morale  pure , 
et  font  aiiîj'  r  la  vertu  ,  la  m;igm- 
nimité  et  l'aniilié  généreuse  ;  elles  of- 
frent un  tableau  vrai  des  mœurs 
d'une  grande  ville  ,  et  en  particu- 
lier de  la  classe  avec  laquelle  Gebl*  r 
vivait  habituellement.  Paimi  ces  piè- 
ces, qui  sont  presque  toutes  du  genre 
de  la  haute  comédie,  il  en  est  une 
qui  mérite  d'êîre  distinguée  des  au- 
tres :  c'est  son  Ministre,  en  5  actes, 
qui  parut  pour  la  première  fois  en 
1771,  et  a  été  souvent  réimprimé. 
On  est  élO!U>é  de  la  hardiesse  avec 
laquelle  nn  homme  de  cour  y  peint 
les  mœurs  des  grands  seigneurs  (  F, 
Frikdel  ).  S — L. 

GED  (  Guillaume  ),  artiste  écos- 
stis  du  XV 111.  siècle,  quitta,  en 
1725,  l'étal  d'orfèvre  qu*il  exerçait  à 
Édiaiboiirg,  pour  venir  à  Londres 
fiire  l'essai  J'ini  procédé  nouveau 
qu'il  voulait  introduire  dms  l'art  de 
l'inipiimerie.  Les  Chinois  et  les  J;ipo- 
nais  impriment  U  lus  livres  au  moyen 
dr  planches  de  bois  sculptées  ;  et  il 
païaît  que  ee  fut  aussi  1 1  !iu''lhode  (pie 
suivirent  d'abord  les  premiers  inven- 
teurs de  la  typographie  en  Europe. 
I/invention  de  Ged  consistait  à  subs- 
tituer aux  caractères  mobiles,  cin- 
plovés  un  à  un ,  des  planehes  de 
métal  coulé,  qui  représentaient  des 
pages  ou  des  feuilles  entières.  Il  for- 
ra  iil  d'abord  ,  avec  des  caractères  mo- 
bdcs  ordinaires,  nue  planche  sur  la- 
quelle il  coulait  une  composition  de 
plâtre,  qui  devenait  un  moule  où  l'on 
vcisaitdel.i  malière  (jifi  sert  ordinai- 
renient  pour  les  caractères  d'impri- 
merie, et  d'où  sortait  la  planche  soli- 
de (jue  Ged  emj)loyait  pour  l'impres- 
sion. Cctle  nutiiodc  paraissait  ofTrir 


GKÏ) 

qn(l<jur=;  nv,inl.it;es  sons  1rs  rnpporls 
de  rc'coiioniir,  àv  la  conrclioii ,  de  la 
!)rnufc  cl  dcriniiforniitc.  G(d,  s'claiit 
associe  ,  dans  cet  essai ,  Giiillamnc 
iVniier,  papetier  ,  un  foiuieiu'  en  e.i- 
raelcres,  et  son  propre  fils  Jaetpics 
GecI,  sollieita  el  obtint,  le  a3  avril 
1  •j3i  ,  de  l'oniversile'  de  Caml^ridge, 
le  privilec;e  d'imprimer ,  avec  des 
j)laiicliesiM)nlc'es,  des  l^ibles  H  des  li- 
vres de  prières.  L'impression  de  deux 
livres  de  prières  Tut  tout  le  résultat 
de  cet!"  association,  qui  inina  eniièrc- 
mcnt  l'inventeur.  Il  allribua  ce  revers 
à  riiifidclilc  de  ses  ouvriers,  el  aux 
mauvais  jirocèdèi  de  sts  associes,  par- 
ticulièrement de  Fenner.  Les  autres 
impiimcurs  et  les  libraires,  pour 
ctoufïer,  dans  sa  naissance,  une  inno- 
vation qui  pouvait  leur  devenir  très 
nuisible,  èlaienf  pai  venus,  dit-il,  ta  dé- 
primer le  mérite  de  son  procède,  en 
fusant  corrompre  le  texte  de  ses  édi- 
tions pour  les  remplir  de  fautes.  Il  re- 
tourna en  Ecosse  en  i  -ySâ  ;  et,  pour  sa- 
tisfaire aux  désirs  de  quelques  amis  de 
l'art,  il  donna  une  cdilion  de Sallusle 
en  latin  ,  imprimé'  si;ivanl  sa  mclhode 
(  tahellis  seu  laminis  fusis  ' ,  i74i? 
in-i2  de  i5o  p.  Camus,  qui  a  vu  à 
Paris  un  exempl.iire  de  cette  édition, 
ainsi  qu'une  des  pluicbcsqui  y  a  ser- 
vi ,  l'a  présenté  comme  étant  d'im  bon 
usage  ,  mais  sans  avoir  un  méiile  re- 
marquable. On  peut  consulter  sur  ce 
sujet  son  Hisloire  et  procédés  du  po- 
{ytfpnge  et  de  la  SiéréoU  pie,  aux, 
in-8°.  Les  affaires  de  G.  G' d  ne  s'é- 
lant  pas  améliorées  en  Ecosse,  et 
Fenner,  contre  lequel  il  avait  inutile- 
ment inîcnté  une  action  devant  les 
tribunaux  ,  étant  mort  insolvable,  il 
.s'était  décidé  h  aller  rejoindre  son 
fils  h  Londr,'s;  mais  il  mourut  avant 
l'exécution  de  ce  piojet,  le  19  octo- 
bre 1749'  Jacques  Ged  publia,  en 
1751  5  un  Mémoire  cù  il  expose  les 


GEO  0 

nvanfap;es  del.i  méthode  de  son  père, 
cl  se  plaint  amèicmcnf  do  iilstieles 
et  des  !iac.isser)es  (pjc  lui  avait  susci- 
tés Il  jalousie  de,  ses  co'ifières.  Alexan- 
die  Tilloili,  é«lileiirdn  Philnsophical 
mag;aziiie,  a  f lit ,  depuis,  un  essai 
analop;uc  à  celui  de  Ged,  qu'il  ne  con- 
naissait pas,  dit-cn,  cl  obtenu  un  pri- 
vi?ép.e  à  cet  effet.  On  voit  dans  le  lo*". 
vo!.,  août  1801  ,  de  l'ouvrage  pério- 
dique que  nous  venons  de  citer,  des 
réflexions  sur  ce  sujet  ,  avec  des 
c<  liantiHons  de  l'impression  de  Ged, 
de  Fonlis,  de  Tilloch  et  de  Oidot; 
mais  il  paraît  que  l'auteur  de  ce  nou- 
vel essai  n'eut  pas  assez  de  succès 
pour  suivre  son  entreprise.  L'in- 
vention du  Ciiebage  a  s<ule  fait  faire 
un  pas  important  à  la  slcréotypie. 
(  T^oj,  Carez.  )  André  Wilson  a  e'té 
plus  heureux  que  T;fo<  b  ,  et  a  donné 
depuis  des  éditions  stéréotypes  de  plu- 
sieurs ouvrages  importants.  Le  savant 
libraire  INichols  a  publié  en  1781, 
iM-8  .,  au  profit  d'une  fille  de  Ged, 
àvs  Mémoires  hiographijues  de 
GiiiVawne  Ged  ,  comprenant  un 
exposé  de  ses  progrès  dans  l'art 
d'imprimer  en  planches  (bluck  piin- 
ting  );  et  ii  ^  inséré  quelques  détails 
sur  le  même  sujet,  d;ins  sa  belle  édi- 
tion des  Anecdotes  liltéruires  de 
Bowyer.  X — s. 

GEDDES  (Michel),  ibéologien 
anglican ,  né  en  Ecosse  ,  passa,  en 
1671  ,  de  l'université  d'Edimbourg 
au  collège  de  Balliol  à  Oxford.  Eu 
1678,  il  alla  résider  à  Li>bonne,  en 
qualité  de  chapdiun  de  la  factorerie 
anglaise.  En  1686,  on  ne  dit  pas 
pour  qu«  1  motif,  l'inquisition  le  cita 
à  son  l:  ibunal ,  el  Ud  (iéfendit  de  con- 
tinuer ses  fonctions  ecclésiastiques  , 
qu'il  exerçut  cependant  eu  vertu 
d'une  des  stipulations  du  traité  con- 
clu entre  l'AngK terre  (t  le  Portugal. 
Les  négocianls  anglai-s  s'adressèrent  à 


lo                  GED  GED 

Tëveque  de  Londres,  pour  se  plaindre  GEODES  (Alexandre),  prêtre 
c!c  celte  infraction  du    traité;  mais  écossais  ,  naquit  à  Rulhven ,   dans  le 
avant  que  leur  rëclaraaiion  lui  fût  par-  comté  de  BamfT,  en  i  '-57 ,  de  parents 
venue _,  Geddes  avait  été  suspendu  de  catholiques,  qui  l'envoyèrent  faire  ses 
SCS  fonctions  par  la  commission  ecclé-  premières  études  à  Âberdeen ,  sous  un 
siasliquc  convoquée  par  Jacques  II ,  maître  particulier.  De  là  il  fut  admis 
qui  travaillait  alors   a  rétablir  le  ca-  dans  l'école  de  Scalan,  établie  dans  les 
îholicisme  en  Angleterre.  Il  y  revint  monlagnes  pour  les  catholiques  desti- 
en mai  1688,  prit  le  degré  de  doc-  nés  à  l'église,  et  qui  doivent  achever 
leur  en  droit,  et  fut  élu  chancelier  de  leurs  études  dans  quelque  université 
^>alishury  par  Tévêque   Burnet,  qui  étrangère.  En    1708,  il  vint  au  col- 
parle  de  lui  avec  éloge  dans  son  [lis-  lége  des  Écossais  à  Paris,  étudia  la 
toire  de  la  réformation.  Il  s'occupa  théologie  à  Navarre,  et  prit  des  Ic- 
alors  à  traduire,  de  l'espagnol  et  du  çons   d'hébreu  sous    l'abbé    Ladvo- 
porlugais  en  anglais,  quelques  ma-  cal.  Son  goût   le    portait  dès-lors  à 
jiuscrits  ou  livres  rares  qu'il  avait  re-  l'étude   de   la    Lible;  et  il   songeait 
«ueillis  durant  son  séjour  à  Lisbonne,  même  à   en  faire   une   traducliou  à 
tels  que  XHistoire  ecclésiastique  du  l'usage  des  catholiques  de  son  pays. 
Malabar^  Londres,   1694?  i'>-8".j  Laborieux  cl  doué  de  beaucoup  de 
t't  y  Histoire  ecclésiastique  de  VE-  facilité,  il  apprit  le  français,  l'italien, 
ihiopie,  ibid.,   1G96,   in-8".   On  a  l'espagnol  et  l'allemand.  Après  six  ans 
aussi  de  lui  quelques  autres  écrits  di-  de  séjour  en  France,   il  retourna  eu 
rigés  contre  l'Église  romaine ,  et  des  Ecosse,  et  fut  ordonné  prêtre  à  Dun- 
ÎVIélanges  (  Miscellaneous  tracts  )  dee ,  en    1764.  On  l'envoya,   peu 
.sur  l'histoire  civile  et  ecclésiastique,  après,  eu  qualité  de  chapelain,  chez  le 
3  vol.  in-S". ,  publics  successivement  coinle  de  ïraquaire,  seigneur  catho- 
cn  1702,  17  14  et  1750.  On  ne  sait  lique.  Il  y   resta  peu,  revint  à  Pa- 
point  la  date  exacte  de  sà  mort,  ar-  ris,  où  il   passa  neuf  mois,   et,  de 
livée  avant  l'année  1714»     X — s.  retour  en  Ecosse,  en  1  7(3(),  il  fut  pré- 
GEUDES (Jacques), auteur  écos-  posé  à  la  congrégation  d'Auchinhal- 
.sais,névers  1710  ddus  le  comté  de  rig,  dans  le  comté  de  Bamft'.  Ce  fut 
Tvvecdale  en  Ecosse,  exerça  quelque  là  que,  s'étant  lié  avec  des  seigneurs 
temps  avec  succès  la  profession  d'à-  cl  des  gens  de  lettres,  il  prit  d(  s  seu- 
vocal ,  et  se  serait  fait  probablement  timenls  un  peu  accommodants  sur  les 
une  réputation  au  barreau,  si  une  ma-  matières  de  religion  ,  imita  les  plai- 
ladic  de  langueur  ne  l'eût  enlevé  au  s.interirs  des  protestants  sur  1rs  in- 
mondc  avant  sa  quarantième  année,  dulgcnces,  les  images  et  les  reliques. 
Mais  il   s'est  assuré   une  réputation  et  prétendit,  à  leur  exemple,  que  l'É- 
cl'un   autre  genre,   par   wn  ouvrage  criture  était  la  seule  règle  de  foi.  Quel- 
plein  d'érudition  et  de  goût, intitulé  :  ques  variations  dans  la  croyance  lui 
Essai  sur  la  composition  ci  la  ma-  paraissaient   une  chose    j)eu  impor- 
nière  d'écrire  des  anciens  y  et  parti-  tante;  et  comme  il  él.iilvif  et  ardent, 
cidièremcnt  de  Platon  j    Glascow,  ces  opinions  hardies  éclatèrent  bien- 
1748,  in-8".  Il  a  laisscen  manuscrit  tôt  d.nis  ses  conversations,   et  scan- 
de (pioi  former   un  second  volume,  <lalisèrenl  les  ealholi(pies.  Ses  con- 
«pii  ne  paraît  pas  cependant  avoir  clé  frères   lui  eu  (irent  des  reproches: 
imprimé.                              X — s.  M.  Iliy,  son  évêquc,  prélat  pieux  et 


cclalrd,  sVfTorça  de  le  ramener  à  de 
uicilkurs  seiiliments  ,  et ,  voy.mt  ses 
fxliortalious  imililes  ,  ineii.iç.i  de  le 
dcel.ucr  suspens  de  ses  fonctions, 
lieddes,  que  des  générosités  immo- 
dérées avaient  jeté  dans  des  embarras 
de  finances  ,  les  vit  alors  s'angmenier 
par  de  mauvaises  spéculations  :  il  avait 
acliete  un  ]ietit  domaine ,  et  s'occn- 
])ait  d'économie  rurale  ;  ses  essais  ne 
ï'nrent  pas  heureux ,  et  l'auraient  bien- 
tôt redm't  à  l'indigence  sans  la  généro- 
sité du  duc  de  Norfolk,  qui  paya  ses 
dettes  :  ce  fut  alors  qu'il  songea  à  tirer 
lin  parti  lucratif  de  ses  talents  litté- 
raires; sa  traduction  en  vers  anglais 
de  Satires  choisies  d'Horace  ^  pu- 
bliée à  Londres,  1779,  in-8°. ,  fut 
favorablement  accueillie.  Vers  ce  mê- 
me temps  ,  Geddes  quitta  sa  con- 
grégation ;  et  l'université  d'Aberdcen 
lui  conféra,  en  17B0,  le  titre  de 
docteur  en  droit,  qui  n'avait  encore 
ctc  accorde'  à  aucun  catholique  de- 
puis la  reforme.  Toujours  occupe' 
de  son  projet  de  traduire  la  iiibic,  il 
Tint  à  Londres  avec  lord  Traquaire, 
dans  l'espérance  d'y  trouver  plus  de 
secours.  Il  paraît  avoir  totalement 
abandonne  les  fonctions  pastorales  en 
I  782,  et  il  se  livra  alors  plus  que  ja- 
mais à  son  travail  sur  i'Ecrilure-saiu- 
tc.  Quelques  obstacles  qu'il  éprouva 
de  la  part  des  catholiques,  furent  le- 
vés par  la  protection  de  lord  Petre, 
auprès  duquel  l'avait  introduit  la  du- 
chesse de  Gordon,  et  qui  lui  fournit 
^généreusement  les  moyens  de  conti- 
nuer ses  recherches.  Le  Prospectus 
de  sa  traduction  de  la  Bible  parut  en 
1  786,  en  un  volume  assez  considéra- 
ble ,  eî  fut  suivi  d'une  lettre  à  l'évêque 
Lowth  ,  et  d'une  autre  au  docteur 
Piiestley_,  pour  prouver  que  la  divi- 
nité de  J.-C.  est  un  principe  fondamen- 
tal du  christianisme.  En  1788,  il  propo- 
sa une  souscription  pour  sa  traduction 


G  E  D  ï  f 

(i);  et,  en  i  790,  il  donna  nne/?^/^on5« 
générale  aux  (jucstions  et  aux  con^ 
seils  qui  lui  muaient  été  adressés. 
IjC  premier  volume  de  sa  Traduction 
renfermant  le  Pentateuqne  et  Josué, 
vit  le  jour  en  1  79"^,  <^t  excita  un  oragd 
contre  l'auteur.  Trois  vicaires  aposlo- 
li(jues  ,  MM.  Walmcsley  ,  Gibson  et 
Douglas ,  avertirent  les  fidèles  de  leurs 
districts,  dans  une  lettre  pastorale  du 
2G  décembre  i  792 ,  de  se  défier  de 
cette  Traduction.  Dc-là  une  corres- 
pondance entre  le  dernier  de  ces  pré- 
lats et  Geddes,  auquel  l'évêque  finit 
par  annoncer  sa  suspension  de  toutes 
fonctions  ecclésiastiques,  s'il  r.e  se 
soumettait.  L'auteur,  blessé,  répon- 
dit par  une  lettre,  où  il  lai  disait  net- 
tement qu'il  se  moquait  de  ses  cen- 
sures. Il  soutint  ce  ton  dans  une 
u4 dresse  au  public ^  et  dans  une  plus 
longue  lettre  à  l'évêque  :  ces  deux 
écrits  respirent  l'amertume  et  l'orgueil. 
Son  second  volume  fut  publié  en 
i7<)7,  et  comprend  \es  Juges ,  Sa- 
muel,  les  Rois  ,  et  les  FaralipO' 
mènes  (2).  Geddes  y  combat  formel- 
lement l'inspiration  entière  de  l'Ecri- 
ture, et  ne  fait  pas  difficulté  d'avancer 
que  les  écrivains  sacrés  rapportent 
quelquefois  des  faits  contraires  à  la 
raison  ,  et  qu'U  faut  les  lire  avec  dis- 
cernement. Ce  volume  attira  au  tra- 
ducteur de  vifs  reproches,  tant  de  la 
part  des  catholiques,  que  de  celle  des 
protestants,  choqués  de  sa  hardiesse. 
Ses  Remarques  critiques ,  en  1 800 , 
ne  firent  qu'augmenter  le  méconten- 
tement public.  La  même  année ,  il 
donna  sa  Modeste  apologie  pour  les 
catholiques  romains  de  la  Grande- 
Bretagne.  L'impressiou  qu'avaient  fai- 
te sur  son  caractère  irritable  les  atta- 


(i)  Le  nombre  des  souscripteurs  ne  fut  que  do 
trois  cent  «(uaranto-trois,  parmi  lesquels  oa  ue 
comptait  que  peu  de  cullioliques. 

(v.j  On  a  public  .'iprès  sa  mort  (en  i8oj^  sa  Ira* 
duciiou  du  i-'/af/tjer ,  just^u'au  psaume  ii^J." 


12  GED 

qucs  qu'il  s*etait  altiiëes,  avait  en  une 
infli.cncc  furie  sle  sm  s.i  sanlc.  La  mort 
du  lord   Pflre  lui   poila   le   dnni  r 
cou|).  Ce  fui  de  son  lit,  ina'aJe  et  in- 
fîtmr,  (|  l'il  cciivit  une  olcgif  l.tiine 
sur  celte  iridié  cin onj-ttiic» .  Le  fils  Je 
ce  seigneur  lui  continua  les  bidifails 
de  voM  père;  mais  Geddes  dcv.'ii  en 
jouir  peu  de  Icmp.-..  Dans  une  au!re 
clcgi    ,  Adumhrani  C.ilberti  T^akc- 
field  ,  cut'wv  le  \i  orh-brc   iboi  ,  il 
semble  prr^ssenlir    s.i    fin    frcs    pro- 
cl:aine.  Il  f  xjùra  d  ns  le  lotigm  s  souf- 
frances, le  '2(3  lévnr    iSo'i.  C/éî  lit 
cerlainemenl  nu  lioiume  instniil  d.ins 
l'histoire  eccle'siayli'juc  et  dans  !a   it- 
tcrature  biblique.  Il  se  flalt.àt  tl'être 
toujours  catlid'iqiie,  sans  approuver, 
disail-il,  l'allia^^e  qu'on  avait  mêle  à 
l'Évangile  ;   et    sa   raison   s'indignait 
que  les  écrivains  sacres  eussent  gâté 
des  faits   re'els    par  une   inyiliologie 
de   leur    invention  :   aii'si   ])arlriit  ce 
critique  te'rnér  lire  et  ce  prêtre  hété- 
rodoxe. Ou  est  aile  jusqu'à  le  traiter 
d'incrédule  :  ce  reproche  paraît   peu 
luérilé;  mais  Geddes  donnait  prise  sur 
lui  par  la  singularité  de  ses   idées , 
l'impétuosité    de   son   carartèie,     et 
la   pétulance  de  sa   conversation  :  il 
était   surtout  fort  vif  contre  la  cour 
de  Uorae,  et  en  parlait  très  librrinent. 
11  reçut  l'absolution  à  la  niorl,  (pioi- 
qu'il  soit  douteux  qu'il  se  soit  rétracté: 
le  vicaire  apostolicjiie  de  Londres  dé- 
fendit de   célébr»  r   pul)liqu('nu'nl   la 
messe  pour  lui.  (ieddes  avait  une  idée 
bizarre  :  il  s'était  persuadé  cpTon  pou' 
vail  juger  le  caractère  des  hoinuws  |>ar 
la  forme  de  leur  nez  ,  comme  Lavatc  r 
en  jugeait  parla  physionomie  ;  cepen- 
dant, sur  la  fin  ,  il  était  ntoins  infilué 
de  ce  système  ridicule.  Sa  vie  a  été 
écrite  par  ,1.  Mason  Good  (  iHo3,  in- 
8".  de  5()o  pag.  ';  et  l'on  en  trouve  un 
extrait  dans  le  Jiiogrupliical  diclion- 
nary  ^  de  Chalmcrs.  Ou  y  donne  le 


GED 

catalogue  de  ses  ouvrages  ,  au  nom- 
bre de  irente-lro  s.  Nous  indiquerons 
seuiem(nt,    outre   c«  ux    dont    nous 
avons  parlé  plus  huit  :  1.  Select  sa- 
tires of  Horace  (Choix  des  Satires 
d'}]i)i  ,ue,  ,^da|)îécs  .  en  grai.de  j.artie, 
au  f(  mps  (  t  aux    mœ  irs  aciu*  îles  ) , 
Lofidres,    i  •-•jq  ,  in-4'.  IL    Carmen 
sœcidarc  p- o  Gallicd  gejile  tjraii- 
ind    aristocraticœ   erepid ,    1790, 
in-4**.  :  ce  sont   es  ratilicuis  v<  rs  la- 
tins qu'il  ait  faits,    lil.  Le  premier' 
livre  de    VIliude ,     rehdu    li Itéra- 
lemcTil   en   vers  anglais,  avec  des 
notes  criiiq  es  y  \  792  ,  in-h^.  Ce  spé- 
cimen   n'ayant   pas  été  goûté,   il  ne 
dofini   pas  la    suite  de  cette  traduc- 
tion. IV.  \^ Avocat  du  diahl' ,  1792, 
in-4'*.  (  I  )  ^  •  Ca^mina  scrcidaria  tiia 
pro  Irihus  cAebsrriinis  liberlalis  G  ah 
licj'  epf'chis,  1  79"),  iii-4°.  \  L  Fert- 
Vert  y  traduit  eu  vers  anglais,  1793, 
in  4'.  VIL  La   bataille  de  B.Ida 
Btngor),  ou  le  tiomphe  de  l'E- 
glise, poème  héroï-comique ,   1  797  , 
iri-8\(en  anglais).  VI II.  B'irdoma- 
ch'ia  ,  poéma  macaronico  latinum  , 
1800,   in-4'.   IX.  Divers    morceaux 
dans  quelques   recueils  périodiques, 
notamment  une  Dissertation  sur  le 
dialecte  écossais- saxon;  la  P'.  Eglo- 
iiue  de  Virgde ,  en  vers  écossais, 
dins  le  dialecte  d'Edimbourg;  et  la 
1"'.  Idylle  de  Théocrite,  dans  celui 
de  Huchan  ;  ces  truis  [)ièces  sont  im- 
primées dans  la  Collection  di  s  anti- 
quaires   d'Edimbourg  ,    volume    de 

1792.  P C T. 

(IKDIMCUS.  roy.  Gkdik. 
GÉDÉOIN,  iils  de  Joas,  de  la  tri- 

(3'^   Wyli'ocal  du  Viable  (  ce  tilrc  c»t  m  fran- 

I'ait  lUtii  r<iri;;iiiiil  )  ,  r»t  iinr  satire  contre  un 
«rti  li..  .,i|uelc  aocleur  Wnlcolt  (Peter  riiiaur) 
avait  iluni  srs  vrri  i'(>iii|>ar>?  n  l.iicirrr.Sa  5ri;;ueu- 
ri<-  i>rrrii»<-r  iiilciila  un  piurrs  au  pni'-Kr  ,  et  la  •••• 
tire  «lo  lirililr»  cil  une  paroilir  dr  la  nroceilure. 
Ici  «•Vit  Ir  iliiible  iiui  «r  trouve  ollViu»'  u'élte  eaïu- 

iian'  nu  l<<rtl  l (  Ir  fru  lorM   Loii.ilal<*  >  ,   ri   qui 

lutriilo  une  action  contra  le  poclc  Ut'\.i<U(<t  COUt 
(ic*  VtanU  ritiM  cirffuriitfi/.  ^ 


GKD  6En                  i3 

l)ij  de  I\I.tn.issc,   j<ti^iiil    an  tifre  de  »  B.ial;  coupez  le  bois  qui  renviron- 
jiigc  dont  il  fut  iTVCtu  vers  l'iin  i}/\~)  »  ne,  et  clcvc/.  un  .infd  .»ii  vr;ii  Dieu, 
avnnt  J.  C. ,  ct'Iui  de  lilnir.ilcur  d'Is-  »  dans  le  lieu  même    où  le    miracle 
laei.  (lliargcs  de  la  juste  iiidipjiialion  »  dont  vous  vcik  /  d  e're  temoio  s'est 
du  Seigneur,  et  livres,  depuis  sept  w  opère.  »  (icdeoii  prolila  de  l'oLscn- 
aus,  à  rcsclavage  clu7.  les  iMadiaiiiics,  liic  de  la  nuit  pour  exécuter  les  cr- 
ics   Isrjcliics    geiuissaieiil    sous     ce  dres  du  Seigneur.  Le  l- ndemain ,  au 
joug,   plus  dur  que  tous  ceux  qu'ils  lever   du  .soleil  ,  les  liahil  uis  de  la 
avaient  preccdciniiicnt  portes.  Ils  le-  ville  ,  s'etaiit  aperçus    que   l'autel   de 
vèreul  leurs  mains  suppliantes  vers  liial  avait  c'te  n  nvcrse',  clierchcrent 
rÉ'.ernel ,  qui,  louelie  de  leur  repen-  parlo.t  le  coup  ble,  et  apprirent  en- 
tir,  cuvoya   un  de  ses  ai;ges   sur   la  i\\i  que  c'était  Gedeon.  P.(ins  de  fu- 
terrc,  aiin  de  mettre  un  terme  à  leurs  rcur,  ils  voulurent  A^n  er  Joa**  de  leur 
maux.  Le  choix  fait  par  l'envoyé'  du  livnr  sou  fils,  afin  de  1-^  fiire  mou- 
Scigueur  tomba  sur  Gedeon,  qtii ,  uc  rir.  Mais  la  pre-enre  d'espiil,  la   fer- 
dans  la  classe  ordinaire  du  peuple ,  et  mêle  et  la  foi  de  ce  bon  pèr*'  confondi- 
naturcllcmcnt    modeste,  se  défendit  rent    leur    barbare    dessein,    a  Que 
d'abord    de  remplir  celle   honorable  »  Baal ,  s'eciia-t-il,  punisse  mon  fiis; 
mission,  alléguant    pour    excuse  le  »  et,  s'il  est  Dieu,  qu'il  se  venge  lui- 
peu  de  considération  dont  il  jouissait  »  mê(ue  de  celui  ([ui  a  renversé  son 
et  l'impuissance  descsmosens.  L'an-  »  autel  I  »   On  ailendit  vainement  la 
ge    l'ayant   rassuré    sur  ce   dernier  vengeance  d'un   Dieu   qui   n'existait 
point,   Gédcon  le   pria   de  lui   faire  pas;  et,  de  ce  moment,  Gcdéou  ,  qui 
connaître,  par  quelque  miracle,  qu'il  fut   nomme  Jérobaal ,   réfléchit  aux 
était  véritablement  l'envoyé  de  Dieu,  moyens  qu'il    devait  employer  pour 
Sur  la  promesse  qui  lui  fut  fiiie  que  opérer  l'heureuse  délivrance  d'Lsraël. 
son  vœu  serait  rempli,  il  rentra  chez  Son  plan  dressé,  il  douta  encore  de 
lui,  fit  cuire  un   chevreau,  du  pain  lu -même,  et  supplia  l'Éternel  de  lui 
sans   levain,  mit    la  chair   dans  un  prouver,  par  de  nouveaux  miracles, 
'bassin,  le  jus  dans  un  vase  ,  et  vint  qu'il  lui  accord. àt  sa  protection  p.trli- 
retrouver  l'ange,  qui  l'attendait  sous  culière.  il  demanda  que  la  toison  d'une 
un  chêne.  Il  l'invita  <à  prendre  pari  à  brebis,  étendue  dans  un  champ,  reçût 
ce  repas.  L'ange  lui  ordonna  alors  de  seule  la  rosée  du  ciel,  tandis  que  le 
prendre  la  chair  et  les  pains,  de  les  champ    demeurerait    sec.    La    rosée 
mettre  sur  une  pierre,  et  de  verser  tomba,  et  il  n'y  eut  que  la  toison  de 
dessus  le  jus  delachair.Gédéon  obéit;  mouiilée.  Il  désira  ensuite  que  la  loi- 
ct  l'ange  ayant  étendu  le  bout  d'une  son  demeurât  sèche,  tandis  que  ie 
yerge  qu'il    tenait  à  la  main,  il  en  champ  recevrait  seul  la  rosée  du  ciel, 
toucha  la   chair  et  les   pains,   et  il  La  rosée  tomba,  et  il  n'y  eut  que  le 
sortit  aussitôt  de  la  pierre  un  feu  qui  champ  de  mouillé.Ucmpli  d'une  sainte 
consuma  le  tout.  Gédéou  resté  seul,  et  confiance,  il  parvint  à  rassembler  de 
saisi  d'un  saint  effroi,  avait   peine  à  suite  une  armée  de  trente-deux  mille 
reprendre  ses  sens,  lorsqu'une  voix  liommes,  et  vint  camp-r  devint  les 
céleste  lui  fit   entendre   ces  paroles  M^uianites,  qui  éfaient  au  nombre  de 
consolantes  :  «  Ne  craignez  rien  j  vous  cent  Irente-einq  mille.  Il  se  disposait 
»  ne  mourrez  pas.   Alhz,  sans  per-  aies  a;taq<ier  avec  toutes  ses  fijrces, 
V  drc  de  temps,  détruire  l'autel  de  lorsque  le  Seigneur;  voulant  prouver 


i4  GED 

aux  Israélites  qu'ils  ne  devaient  la  vic- 
toire qu'à  sa  toute-puissance,  lui  ordon- 
na de  publier  que  les  plus  timides,  et 
ceux  qui  auraient  peur,  pouvaient 
s'en  retourner  :  vingt-deux  mille  s'en 
retournèrent,  et  il  n'en  resta  que  dix 
mille.  Le  Seigneur  dit  encore  à  Ge'- 
deon  de  choisir,  parmi  ces  derniers, 
ceux  qui,  pour  se  dcsahércr,  pren- 
draient de  l'eau  du  fleuve  dans  le 
creux  de  leurs  raains,  sans  mettre  le 
genou  eu  terre.  Il  s'en  trouva  seu- 
Jemcnt  trois  cents.  Il  lui  commanda 
alors  de  diviser  cette  petite  troupe 
en  trois  bandes,  de  leur  faire  pren- 
dre une  trompette  dans  la  main  , 
dans  l'antre  un  vase  vide,  où  il 
y  aurait  une  lampe  allumée ,  et  de 
sonner  ensuite  de  la  trompette,  dès 
qu'ils  entendraient  le  son  de  la  sien- 
ijc,  en  criant  tous  ensemble  :  Vé- 
•pée  du  Seigneur  et  de  Gédéon!  Au 
signal  de  leur  chef,  les  Israélites  fi- 
rent retentir  les  airs  du  son  de  leurs 
trompettes;  et,  brisant  le  vase  qu'ils 
tenaient  à  la  main,  ils  élevèrent  leurs 
lampes  en  poussant  le  cri  convenu, 
lie  bruit  des  trompettes,  les  cris,  et  la 
lueur  de  ces  trois  cents  lampes,  re- 

Î)andirent  une  si  grande  terreur  dans 
c  camp  des  Madianites ,  que,  se 
croyant  assaillis  de  tous  cotes  par  des 
forces  considérables,  ils  tournèrent 
leurs  armes  les  uns  contre  les  autres 
et  s'cntre-tuèrcnt.  Ceux  (jui  ècha|)pè- 
rentà  cet  horrible  carnage  prirent  la 
fuite;  mais  Gcdcon  les  suivit  IVpèe 
dans  les  reins  ,  et  les  tailla  en  |)ièces. 
Deux  des  clK-fs  ennemis,  Zèbce  et 
îSilmana ,  périrent  de  sa  propre  main. 
Tant  d'exi)loits  glorieux  engagèrent 
les  enfints  d'Israël  à  donner  à  Gcdcon 
l'autorité  suprême,  et  à  le  reconnaî- 
tra; pour  leur  prince.  Mais  il  refus.» 
rts  honneurs  en  disant  :  «  Un  si  haut 
»  rang  ne  m'est  point  dû  :  il  appar- 
wr  lient  au  Seigneur,  qui  vous  a  dèli- 


GED 

»  vre's;  c'est  lui  seul  qui  est  votre 
»  prince,  et  qui  doit  vous  comman- 
»  der.  »  Cependant, comme  les  Israe'- 
lites  le  pressaient  d'accepter  quelque 
gage  de  leur  reconnaissance ,  il  leur 
demanda  tous  les  pendants  d'oreil- 
les qui  avaient  été  pris  sur  les  Madia- 
nites. Ces  bijoux  lui  furent  aussitôt 
apportés ,  et  il  les  consacra  au  Sei- 
gneur. La  paix  ainsi  rétablie,  Gé- 
déon gouverna  les  enfants  d'Israël 
avec  autant  de  sagesse  que  de  gloire  , 
et  mourut  dans  une  heureuse  vieil- 
lesse, l'an  1 559  avant  J.-C,  laissant 
soixante  et  dix  enfants  de  plusieurs 
femmes,  sans  compter  Abimelcch , 
qu'il  eut  d'une  concubine  de  Sichcra  , 
nommée  Druna  (  P^of,  Abimelecu  ). 
Il  fut  enterre  à  Éphra,  dans  le  tom- 
beau de  Joas,  son  père.  P — c. 

GÉDIK  (Simon), en  latin  Ged^ 
dicus,  théologien,  né  à  Magdcbourg 
en  1549,  *^'^^^  guère  connu  que 
par  sa  réponse  au  livre  dans  lequel 
AciJalius  s'est  amusé  à  soutenir 
cette  proposition  paradoxale  :  Mu" 
lieres  non  esse  homines.  (  Voyez 
AciDALius.  )  Gédik  n'entendit  pas 
raillerie  sur  un  pareil  sujet  :  il  s'é- 
tablit l'avocat  de  la  moitié  du  genre 
humain  ,  et  composa  pour  sa  défense 
une  espèce  de  Factum ,  où  il  exagère 
si  fort  les  qualités  des  femmes ,  qu'il 
prouve  plus  qu'il  ne  voudrait;  car,  si 
tout  ce  qu'il  en  dit  était  exact,  le  pa- 
radoxe d'Acidalius  cesserait  d'en  être 
nu,  et  les  femmes  n'appartiendraient 
];as  à  l'espèce  humaine ,  par  la  rai- 
son qu'elles  seraient  d'une  nature  in- 
(ininunt  supérieure.  Cette  réponse  de 
Gedik,  imprimée  pom- 1.«  première  fois 
en  1 595  ,  a  été  reproduite  à  la  suite 
de  l'ouvr.ige  dont  eJL'  est  la  réfutation , 
La  ll.iye ,  1  (j\  1 ,  iu- 1  2  ;  1 6\\  ,  même 
(ortnal.  On  a  encore  de  Itn  :  Poslilla 
ivaifj^elicci  ;  licfntatio  Sal.  Finckii  ; 
J'c'liirgus  iijwitlutu.  GediL   mouriit 


f  ;  K  D 

en  iGji,  à  qualrc-vingt  doux  ans. 

W— s. 
GRDIKE  (Frldi'ric),  naquit  le 
i5  janvier  i  ']5f\y  à  Bobcrow  ,  village 
(le  la  IMarclie  de   Prcgnilz  (dans  le 
IJiandebourg  ) ,  où    son    père    était 
pislenr.  Orphelin   à   l'âge    de   neuf 
ans,  sans  roilnne,  il  tut  eleve  d'abord 
à  Tccolc  de  Seeliauscn  dans  la  Vieille- 
JMarche,  et  ensuite  dans  l'hospice  des 
orphelins  de  Znllichau  ,  où  il  resta 
pendant  sept  ans  sous   la   direction 
d'un  homme  d'un  grand   mérite,  le 
professeur  Sleinbart.  En  1771,  ii  se 
rendit   à    l'iiniversite   de  Franctbrt- 
sur-l'Oder,  où  il  étudia  la  théologie: 
ce  fut  pendant  son  séjour  dans  celle 
ville ,   qu'il  prit  la  résolution  de  se 
-vouer  à  renseignement    pulilic.   En 
.1 775  il  fut  appelé  à  Berlin  pour  ins- 
Iruire  les  enfants  de  Spalding ,  un 
xles  moralistes  et  des  théoloiziens  les 
plus  célèbres  de  1  église  protestante , 
dans  la  maison  duquel  il  passa  quel- 
ques années.  11  y  demeurait  encore  , 
lorsque    le   magistrat  de   Berlin    le 
nomma  vice-recteur  d'un  des  gym- 
nases de  cette  ville ,  celui   de  Frie- 
drichs-wcrder.  En  177g,  il  obtint  la 
direction   en   chef  de  cet  établisse- 
ment. Le  magistrat  le  désigna  en  1791 
pour  assister  Biisching  dans  la  direc- 
tion d'un  antre  gymnase  de  celte  ville, 
celui  dit  de  Cologne^  et  Gedike  remplit 
ces  fonctions  en   même   temps    que 
celles  de  directeur   du  gymnase  de 
Friedrichs-werder  jusqu'à  1793,  où 
il    remplaça    entièrement  Biisching. 
Dès  1784*  il  avait  été  nommé  mem- 
bre du  grand  consistoire;  en  1787, 
un  des  conseillers  au   département 
de  l'instruction  publique  {Ober-Schul 
collegium)  ;  en  1790  ,  membre  de 
l'académie  des  sciences  de  Berlin ,  et 
plus  tard  du  comité  chargé  du  per- 
fectionnement  de     la    langue    alle- 
«andc,  et  ds  l'açadcmie  des  arts  et 


T,KD 


I  > 


sciences  uiccani(|ucs.  Ce  ne  fui  (ju'cn 
1791  que  la   ficullé  de  ihéuiogic  de 
Il  illc  lui  envoya  le  diplôme  de  doc- 
teur :  il  avait  cessé  depuis  long-temps 
de  s'occuper  de  colle  science;  mais 
le   règlement  voulait   (jue    le  direc- 
teur du  gymnase  fût  revêtu  de  la  di- 
gnité de  docteur.   En   i  797  ,  Gcdik^r 
lit  un  voyage  en  Italie  ;  en  i8o'A,  it 
reçut  l'ordre  de  visiter  les  écoles  de 
la  Prusse  méridionale  cl  de  la  Nou- 
velle-Prusse orientale.  Depuis   quel- 
ques années  sa  constitution  robuste 
s'était  affaiblie.  Il  mourut  le  9.  mai 
i8o3.  Quinze  jours  avant  son  décès, 
le  roi  l'avait  chargé  de  faire  un  voyage 
en  Suisse,   pour   rendre  compte  au 
monarque  de   l'établissement   d'ins- 
truction de  Pestalozzi ,  dont  la  mé- 
thode commençait  alors  à  faire   du 
bruit.  Tous  les  instants  de  la  vie  ac- 
tive de  Gedike  ont  été  consacrés  à 
l'éducation  de  la  jeunesse.  Ses  prin- 
cipes, sa  méthode,  les   règlements 
dont  il  est  l'auteur,  ont  fait  une  révo- 
lution  dans   rinstruction    publique^ 
et  les  établissements  qu'il  a  dirigés* 
sont  devenus  des  écoles  d'où  sont 
sortis  un  grand  nombre  de  savants , 
de  littérateurs  et  d'hommes  de  cabi- 
net. Il  enseignait  lui-même  la  rhéto- 
rique ,  la  poétique  ,  l'histoire  de  la 
philosophie  ancienne ,  et  donnait  un 
cours  d'encyclopédie,  dans  lequel  il 
faisait  voir  comment  toutes  les  scien- 
ces liées  entre  elles  se  prêtent  un  se- 
cours mutuel.  11  expliquait  aussi  Pin- 
dare  et  Horace,  qui  étaient  ses  poètes 
favoris.  C'est  à  Gedike  que  Berlin 
doit  la  fondation  du  séminaire  où  sont 
élevés  huit  jeunes  gens  qui  se  vouent 
à  la  haute  instruction.  Dans  les  diffé- 
rentes   administrations    et    commis- 
sions où  Gedike  siégeait^  il  se  distin- 
gua par  la  clarté  de  ses  rapports , 
par  l'excellence  de  ses  plans,  par  les 
idées  liujiineuses  c^ue  renferment  tous 


i6  GED 

les  règlements  dont   II  fut  l*auleur. 
Dans  sa  vin  privée  Gedike  éttiil  d'un 
carutcre  franc   et   vrai  ,    qui    allait 
quflqiiofois  jusqu'.î    la  rudesse;  son 
extérieur  était  néglige'  et  peu  préve- 
nant ,  et  il  faLait  connaître  particu- 
lièrement SOS  ejiri  llentes  qualités  pour 
l'aimer.  La  jalousie  et    la    haine    lui 
étaient  étrangères.  On  Tarcuse  d'avoir 
aimél'argint;  mais  s'il  est  vrai  qu'il 
n'ait  pas  été  exempt  de  ce  défaut, 
plusieurs  traits  dt:  sa  vie  prouvent  au 
moins  que  sa   délicatesse   repoussait 
tout  gain  qui  ne  paraissait  pas  com- 
patible avec  la  sévère  justice.  Parmi 
les   nombreux  ouvrages  de   Gedike 
nous   ne  citerons  que   quelques-uns 
des  plus  remarquables  :  I.  Des    tra- 
ductions allemandes  des  Odes  olym- 
piques et  pythiques  de  Pindare  :  les 
premières  parurent  en  1777  ,  et  les 
autres  en  1779-  Ces  traductions,  qui 
assurent  à  Gedike  une  place  disliti- 
guée  parmi  Irs  poètes  allemands,  n'ont 
pas  encore  été  «urpassées.  H.  Une  tra- 
duction allemande  de  quatre  Dialogues 
de  Platon  .  le  Ménon  ,  le  Criton  et  les 
deux  Alcibiades,  Halle,    1780,  iu- 
8".   II  a   ajouté  à  l'édition  du  texte 
donnée  ])ar    Biestcr    des  notes   f(»rl 
estimables.  111.  Une  éiiition  du  Phi- 
loctète    de    Sophocle,    avec   notes, 
Berlin,    17H1,   in-8".    IV.  M.   Tul- 
îii    Ciceronis   historia    philosojihiœ 
aniiqncp;  ex  omnibm  iWus  scri/Uis 
colleifity  disposait,  aliorunuiiie  aitc- 
iorum,tum  lutinnriim  ,  tmn  i^rœcO' 
rurn,  locis  illuslravit  et  amjilijica- 
vily  Berlin,   1781,  in  8'.;  léin.pri- 
xnéen  1800  cl  181  5.  C'est  mie  idée 
très  ingénieuse  tl'avoirexfrait (les nom- 
breux ouvrages  de  Cicéron   les  pas- 
sages qui  traitent  des  sy.slènies   des 
anciens  philosophes,  et  de  les  avoir 
réunis  en  un  seul  corps,  de  uianiiie 
qu'ils  forment  tine  histoire  eouiplèle 
de  la  philosophie  des  Grecs  cl  des 


GEO 

l^omains.  V.  Griechisches  leseluch 
fur  die   er.ten   anfœn^er^   Berlin , 
1782,  in-8"    VI.   Lateimsches   /e?- 
sebuch  fiïrdie  esUrn  finfcenger,  Ber- 
lin, F  782.  Ce.sdeuxouvragi  s,  quisont 
des  recueils  de  morceaux  choisis  dans 
les  auteurs  classiques ,  rangés  dans  une 
suite   mélhoditpie,   out  eu  un  grand 
nombre  d'édiiions.  Le  piemier  a  e'ie' 
réimprimé  seize  fois  ;  le  second  a  eu 
nei.f    éditions.   VIL   Franzosisches 
lesebiich  fiir  anfœn§er,Ber\'w,  i  785. 
Ce   recueil   de  lectures  françaises  a. 
eu  onze  éditions.  VI IL  Pindari  car- 
mina  selecta ,  cum  scholils  selectis , 
sidsijue  nous ,  in  usum  academicum 
et  scholnrum  ^  Birliii,  1786,  m -8°. 
1  X.Fran  zosische  Chrestomathie  zum 
Gebrauch  derhoherenClassen  (mor- 
ceaux choisis  de  littérature  française 
à  l'usage   des  hautes   classes),   Ber- 
lin, 1792,  179^^^  1800  et  1809.  X. 
Lateiw'sche  Chrestomathie  ans  den 
cJassischen  Auloren,  zum  Gebrauch 
J'ùr  miulere  Classtn,  Berlin,  1792, 
réimprimé   in  -  8".   Les   deux    pre- 
miers sont  destinés  aux  jeunes  gens 
qui  out  lait  quelques  progrès  dans  le 
grec  et  le  français.   XL    EngUsches 
Lesebuch  fiiruTifirnger,l^{t  lin,  1 794? 
réimpriiné  en    «797   '"l    i8o4-    Ge- 
dike a  été  depuis  1  785  jnsqu'»  n  1790 
un  des  éditems  d'ini  ouvr  ige  pério- 
dique tiès  eslimé,  qui  porte  le  titte  de 
Berhner  Monathschrifî.  { V.  Biester 
au  supplément,  j  Sa  vie  ,  par  François 
llorn  ,  se  trouve  à  la  lêle  d'un  Recueil 
dequehpies-uns  de  ses  ouvrages  pos- 
thuuK'S,  qui  fut  public  à  Berlin  eu 
1808.  S— L. 

GKDOYN  (  Nicolas  ) ,  prêtre ,  na- 
quit à  (M  léans  le  1  7  juin  1667.  Sa  fa- 
mille ,  d'nne  noblesse  ancienne,  avait 
])eu  de  iorlum';  elle  s'éteignit  «n  lui , 
(pi()i(pie  son  pèr.  eût  laisse'  onze  en- 
fants. D.uis  son  bas  ;lge,  on  le  erut 
myrt^  à  la  suite  d'uuc  longue  uiuladic; 


GED  OED                  17 

déjà  innuc  on  l'avait  enseveli  :  M™*-  une  Iriste  immortalilt^.  La  piolacc  de 
lie  Cormiel,  5i  eomiuo  par  ses  hons  Godoyii  est  iii-s  esJimec.  CVsl  en 
mots,  voulut  le  voir,  cl  ses  soins  le  cflro!  icplus  ludicicux  el  le  p!us  soigne' 
rendirent  à  la  vie.  Eu  i()84,  Gedoyn  de  ses  ouvrages:  il  y  développe  les 
Mitra  chez  les  jésuites  :  il  professait  causes  de  la  cun  uption  de  re!o(jU(  nce 
la  rhetori<{ue  à  lîlois,  lors([ue  la  l'ai-  chez  les  Homnin»;.  Quant  à  la  traduc- 
Messe  de  sa  conî[)lexioij  le  fit  sortir  lion,  j)hilôt  libre  que  littérale,  elle 
de  cette  société.  Kn  (piiltanldes  con-  omet  des  mots,  des  phrases,  ei  jus- 
ircres  qu'il  aima  toujours,  parmi  les-  qu'à  des  paç;es.  IM<ilj;re  les  omissions 
quels  il  avait,  j)endant  dix  ans,  formé  et  le^iuexaeliludes  quo  Claude  et  Jean 
SCS  mœurs  et  son  esprit ,  il  fut  trans-  Capperonwiery  ont  trouvées,  eîlecon- 
porlé  dans  une  école  bien  différente,  serve  une  juste  réputation.  Pour  en 
où  se  développèrent  les  qualités  agréa-  apprécier  le  riiénte,  il  faut  se  reporter 
blés  qu'il  avait  reçues  de  la  nature,  au  temps  où  elle  fut  publiée;  le  texte 
On  l'introduisit  dans  la  maison  de  la  n'était  pas  encore  épuré  par  les  belles 
fameuse  Ninon  de  Lenclos,  sa  pa-  éditions  qui  lui  sont  postérieures.  Il 
rente.  Cette  femme,  qui  conserva  si  est  peu  de  livres  classiques  dont  les 
long-temps  l'empire  de  la  beauté,  manuscrits  soient  aussi  rares  que  ceux 
passe  pour  n'avoir  voulu  lui  accorder  de  Qnintilien  ;  ce  qui  liisse,  indépen- 
luï  rendez-vous  ,  que  le  lendemain  du  damment  de  la  difficulté  des  matières 
jour  ou  elle  aurait  eu  quatre-vingts  ans  qu'il  traile  ,  bien  peu  d'espérance  de 
accomplis:  on  aime  à  penser  que  celle  pouvoir  jamais  en  éelaircir  certaines 
anecdote  est  aussi  dépourvue  devérité  obscurités,  il  existe,  de  cette  Tra- 
que de  vraisembianee.  Gedoyn,  dont  duction,  plusieurs  éditions  en  4  vol. 
le  patrimoine  se  bornait  à  une  pension  in-i  2  :  M.  Adry  en  a  donné  une,  qui 
de  qoo  fr. ,  eut  des  amis,  qui  le  firent,  doit  être  recherchée  ;  elle  est  accom- 
cn  1701  ,  nommer  à  un  canonical  de  pagnée  du  texte  latin  ,  corrigée  ,  aug- 
la  Samte  -  Chapelle  de  Paiis.  Dans  raenlée  des  passages  omis  par  le  tra- 
la  suite,  il  poR^éda  successivement  ducteur,  Paris  ,  Voiland,  1810,  6  vol. 
deux  abbayes.  En  171»,  l'acadéraie  in-S".  Pau^anias  n'avait  pas  encore  été 
des  inscriptions  et  bdks-lettres  i'ad-  traduit  en  français;  il  est  obscur  par  lui- 
mit  dans  son  sein.  Les  Dissertations  même,  et  plus  encore  par  le  vice  des 
qu'd  y  lut,  sont  insérées  ,  la  plupart ,  manuscrits  :  en  1751,  Gedoyn  en 
danslesMéuoires  de  cette  compagnie,  publia  la  Traduction ,  av ce  une  pré- 
On  y  remarque  des  recherches  sur  face  et  des  notes,  2  vol. in-4''., cartes  et 
Dédale,  et  principalement  sur  les  figures.  Elle  n'eut  pas  moins  de  succès 
courses  de  chevaux,  et  les  courses  que  celle  de  Quiniijien,  quoique  l'au- 
de  chars  aux  jeux  olympiques,  etc.  leur  grec  soit  plus  it)structifqu'agréa- 
Ce  dernier  sujet  est  celui  qu'il  discute  ble.  Lareher,  dans  les  notes  de  sa 
avec  le  plus  d'étendue.  En  1718,  Traduction  d^ Hérodote,  relève  des 
parut  sa  Traduction  de  Qnintilien  ,  méprises  graves  et  nombreuses,  dans 
in-4".;  elle  le  fit  entrer  l'année  sni-  lesquelles  est  t6m])é  Gedoyn.  Il  l'ac- 
vanie  à  l'académie  française.  Cette  cuse  de  s'être  constamment  servi  de 
Traduction  méritait  d'autant  mieux  la  version  latine  d'Araaseus,  et  de 
d'être  accueillie,  que  l'on  était  réduit  ne  l'avoir  même  pas  rendue  avec  fidc- 
à  celle  de  l'abbé  de  Pure ,  l'un  de  ces  lité.  M.  C'avier  lui  fait  !e  même  repro- 
auteurs  condamnés  par  Dcsprçaux  à  che  dans  la  préface  de  sa  Traduction 

XVII.  2 


i8  GED 

nouvelle  de  Pausanias.  L*abbé  Beî- 
laiiger  avait,  bien  des  années  aupara- 
vant, tenu  le  njême  langa^^e  dans  ses 
Essais  de  critique  sur  les  traduc- 
tions d' Hérodote.  L'édition  la  plus 
recherchée  de  la  Traduction  de  Gc- 
doyn  est  celle  d'Amsterdam,  1755, 
4  vol.  in-i'2.  Ce  traducteur,  le  plus 
souvent ,  travaillait  à  la  cantpagne  , 
chez  des  parents,  chez  des  amis  ,  où  il 
était  privé  du  secours  des  grandes  bi- 
bliothèques ,  et  de  l'entretien  dis  sa- 
vants :  aussi  le  mauvais  état  du  texte 
de  Slrabon  le  détourna  du  projet  qu'il 
avait  formé  d'en  traduire  la  Géogra- 
phie. Sa  composition  paraît,  en  géné- 
ral ,  précipitée  :  son  style  est  clair  , 
facile  ,  animé;  mais  il  abonde  en  locu- 
tions familières  :  c'est  mal  à  propos  que 
des  diclionnain  s  ,  qui  se  copient  sans 
examen,  en  vantent  l'élégance  comme 
la  qualité  di^tinctive.  Suis  avoir  eu 
aucune  des  iiifirmités  de  la  vieillesse, 
il  mourut,  en  trois  jours,  d'une  pleu- 
résie, le  lo  août  1744^  •''"  château 
de  Font-Perluis,  à  une  licuc  de  l'é- 
j»lisc  de  son  abbaye  de  Notre-Dame  à 
Baugcncy,  où  r»)n  voit  encore  son 
e'pitaphe.  Il  était  affable,  obligeant, 
])lein  de  candeur  ,  et  se  taisait  aimer , 
quoi(pi'il  fut  d'un  naturel  impétueux. 
jj'Olivet,  d'après  sa  correspondance 
manuscrite  avec  le  président  JJouhicr, 
a  certainement  dirigé  l'édition  du  vo- 
lume in-r:i  qui|)aruten  1745,  sous  h; 
titre  d' OEuvres  diverses  de  M,  l'abbé 
Gédojn;  Goujet  crut,  par  cette  ni- 
son  ,  (pie  l'edileiir  avait  composé  le 
Mémoire  biogra|)hique  (jui  se  trouve 
en  Icle.  Mais  la  France  littéraire  l'at- 
tribue à  Petit  de  liichaumont,  parent 
de  (iedoyii;  et  les  détails  géni-alogi- 
qucs,(lontil  est  rempli,  rendent  celle 
opinion  plus  vraisend)Ial)!e.  [.qsOEu- 
i'res  diverses  eonlienneut  1rs  mor- 
rcaux  suivants  :  I.  De  l'éducation  des 
ujj'anls.   II.   J'ic   d'Ejjaniinoiulas. 


GED 

UT.  Des  anciens  et  des  modernes, 
IV.  Entretien  sur  Horace.  V.  De 
l" urbanité  romaine.  VI.  Des  plai^ 
sirs  de  la  table  chez  les  Grecs.  VII. 
Apologie  des  traductions.  VIII.  Ju- 
geinent  de  Phoiius  sur  les  dix  plus 
célèbres  orateurs  de  la  Grèce.  IX. 
Relation  des  Indes ,  tirée  du  même 
Photius.  Ces  divers  morceaux  sont 
insérés  dans  les  Mémoires  de  l'acadé- 
mie des  inscriptions ,  mais  d'une  ma- 
nière abrégée,  sans  doute  parce  qu'ils 
consistent  moins  en  recherches  labo- 
rieuses qu'eu  réflexions  morales  et 
littéraires  :  c'est  par  ce  motif  que  l'au- 
teur souhaitait  qu'après  sa  mort  on 
les  réunît  sans  aucun  retranchement. 
On  trouve  des  Réjlexions  sur  le 
goût  par  Gédoyn,  dans  uu  vol. in- 12, 
intitulé  :  Recueil  d^opuscules  litté- 
raires ,  publiés  par  un  anonyme 
(d'Olivet),  Amsterdam^  Van  Har- 
revclt ,  1767.  Ces  réflexions  sur  le 
goAt  déposent  quelquefois  contre  ce- 
lui de  l'auteur  :  Voiture  et  La  Fon- 
taine, Saint-Evrcmont  et  La  Bruyère, 
y  sont  placés  sur  la  même  ligne.  L'au- 
teur du  Siècle  de  Louis  XIF'  avait , 
dès  son  enfance,  connu  particulière- 
ment Gédoyn,  qui  était  le  voisin  et 
l'ami  de  son  père.  Il  prétend  «  qu'il 
»  aurait  voulu  (pi'on  eut  pardonné  à  la 
»  religion  des  bons  auteurs  de  l'anti- 
»  (jiiité,  en  faveur  de  leur  mythologie .  » 
11  ajoute  (pi'il  avait  composé,  contre 
le  poème  de  Miiton,  quatre  Disserta- 
tions très  curieuses,  qin  n'étaient  point 
impiimécs.  D'Alcmbert  ,  tlms  son 
Histoire  de  V académie  française , 
transcrit  avec  c(»m plaisance  de  longs 
passages  des  OEu^rcs  diverses  de 
Gédoyn;  il  les  commente,  et  il  en 
conclut,  qu'il  navait  ni  les  pré ju- 
pés  de  sa  robe  ni  ceux  de  l'érudition. 
11  semble  (jue  Cl  s  deux  écrivains  célè- 
])res  soient  bien  aises  de  prêter  leurs 
opinions  à   Gédoyn.  'lout  ce  qu'un 


lecteur  impnrlial  jxmiI  inrc'rcr  de  ses 
ouvr;i^os,  c'est  (|u'.i(liniraloiir  pas- 
sionne (les  o'.ateiirs  et  des  poètes  de 
l'antiqinte,  il  Cî>t  rareraeiit  juste  en- 
vers les  modernes  jxiur  ee  qui  est  du 
ressort  des  bclles-Ielrres.  11  ollre  sou- 
vent des  aperçus  pleins  de  sens  et 
de  veiite;  mais  sa  vivacité'  naturelle 
s'oppose  à  ce  <p»'il  mette  à  tous  ses 
juj^cmenls  les  nioddications  néces- 
saires :  au  nsle ,  on  voit  partout 
l'homnic  de  bien,  qui  pense  d'après 
lui-même,  et  qui  s'énonce  avec  Iran- 
chise.  S. — S — N. 

GEEP\  (Louis  de),  ne  en  Hol- 
lande, d'une  famille  ancienne  de  ce 
pays  ,    se    rendit   en   Suède  sous  le 
rc<;ne  de  Gustave-Adolphe-le-Grand , 
et  seconda  les  vues  de  ce  monarque 
pour  la  prospérité  intérieure  du  royau- 
me. Ce  fut  De  Geer  qui  introduisit  eu 
Suède  les  meilleures  méthodes  de  ion- 
dre  le  fer,  et  qui  établit  les  fonderies 
de  canon ,  les  manufactures  d'armes  et 
les  fabriques  de  laiton.  Pour  faciliter 
rexccutioo  de  ses  projets,  il  avait  fait 
venir  des  ouvriers  du  pays  de  Licpe 
et  des  contrées  voisines.  Ces  ouvriers 
formèrent  une  colonie,  dont  on  ob- 
serve encore  avec  intéicl  les  descen- 
dants au  canton  de  Danmora,  où  sont 
les  principales  mines  de  fer.  Les  en- 
treprises auxquelles  se  livra  De  Geer, 
€n  contribuant  au  bien   de  l'état,  lui 
procurèrent  à  lui-même  une  fortune 
considérable,  qui  lui  donna  de  nou- 
veaux moyens  d'être  utile.  Il   encou- 
rageales  talents,  fonda  des  hôpitaux, 
des  écoles,  et  fit  venir  en  Suède  Amos 
Comenius  pour   organiser    l'instruc- 
lion  publique.   {Foyez   Comenius.) 
Sous  le  règne  de  Christine,  il  équipa 
une  flotte,  qui  servit  à  défendre  les 
cotes  et  à  protéger  le  commerce.  Les 
services  que  rendit  De  Geer  à  sa  pa- 
trie adoplive,  furent  reconnus  et  ho- 
norés. Le  gouycf  nciiicut  piaf  a  ses  ar- 


GEE  If) 

mes  parmi  celles  de  la  noblesse  du 
])ays,etliii  accorda  d'autres  distinc- 
tions flatteuses.   Les  descendants  de 
cet  homme  remarcpiabic  sont  restés 
en  Suède  ;  et  l'un  d'eux ,  (pie  nous  al- 
lons l'aire connaîlic,  a  joint  aux  titres 
et  aux  richesses ,  des  succès  glorieux 
dans  'a  carrière  des  sciences.  C — au. 
GEEK  (Chaules,  baron  de),  ma- 
réchal de  la  cour  de  Suède,  et  com- 
mandeur de  Tord  re  de  Va;sa,  naquit  cil 
Suède  l'année  i  'j2o.  H  passa  une  par- 
tie de  son  enfance  et  de  sa  jeunesse 
en  Hollande,  où  il  prit    le   goût   do 
l'histoire  naturelle  ,  en  observant  des 
vers  à  soie  qu'on  lui   avait  donnés 
comme  un  obict  d'amusement,  et  eu 
s'entretenant  ensuite  avec  Je  célèbre 
Maschetd)rûek.    Après    avoir     com- 
mencé ses  études  à  Utrecht ,  il  les 
continua  à  Upsal,  et  suivit  avec  un«î 
grande  assiduité  les    cotirs   de  Cel- 
sius, de  Kiingenstiern  et  de  Linné. 
Ayant  hérite,  par  le  testament  de  son 
0!icle,  d'une  des  premières  fortunes  de 
la  Suède ,  il  se  montra  digne  de  la  pos- 
séder en  se  livrant  h  la  bienfaisance 
la  plus  active,  et  en   s'intéressant  à 
toutes  les  entreprises  utiles.  Il   mé- 
rita surtout  la  reconnaissance  publi- 
que lorsqu'il  consacra   des  sommes 
considérables   à    la    réparation    des 
mines  de  Danmora,  inondées  par  la 
crue  d'un  lac.  En  même  temps  il  ac- 
quérait des  titres  à  l'estime  des  sa- 
\ants  en  cultivant  l'histoire  naturelle 
et   les  sciences  qui    s'y   rapportent. 
L'académie    de   Stockholm ,  dont  il 
était  membre ,  le  voyait  assidu  à  ses 
séances,  et  lui  fut  redevable  de  plu- 
sieurs Mémoires  intéressants.  Avant 
recueilli  un  grand  nombre   d'obser- 
vations sur  les  insectes,  il  les  publia 
eu  français  sous  le  litre  de  Mémoires 
pour  servir  à  V histoire  des  insectes , 
Stockholm,  1752-78,7  v.  in.4«.,fig. 
Ce  livre  contient  la  description  de 

2., 


20  G  E  E 

plus  de  1 5oo  espèces.  C'est  l'ouvrage 
de  RéannuH-  qui  avait  inspire'  à   De 
Gecr  un  goùl  partirulicr  pour  i'ento- 
mologie.  Les  Mémoires  qu'il  publia 
sur  celle  braDchc  de  l'histoire  natu- 
relle, lui  ont  valu  à  juste  titre  le  sur- 
ijom  de  Rcamnur  suédois.   Si  De 
Geer  a  moins  de  charme  dans  la  nar- 
latiou  et  dans  l'exposition    des  faits 
(fue  le  naturaliste  français,  il  est  moins 
prolixe,  il  a  plus  de  méthode,  pirce 
queljnué  qu'il  imitait  aussi,  venait  de 
créer  un  art  tout  parliculicr  declisser 
et  de  décrire  les  objets  de  la  nature; 
et  De  Gecr  en  a  fait  sou  profil.  Les 
Mc'muires  de  (jcer  et  ceux  de  Ik'au- 
mur  sont  les  deux  ouvrages  les  plus 
importants,  les  plus  c'airs,  les  plus 
profonds,  les  plus  riches  en  faits  et 
en  observations  qu'on  ait  encore  pu- 
bliés sur  les  insectes.  H  y  a  peu  d'es- 
poir de  les  voir  surpassés  et   même 
égalés,  parce  qu'il  faut  pour  cela  un 
concours  de  circonstances  difficiles  à 
rassembler;  il  est  même  étonnant  que 
les  richesses,  le  génie  et  la  persévéran- 
ce se  soient  trouvés  réunis  également 
dans  deux  hommes  diiïércnts  ,  pour 
pousser  à  ce  point  de  perfection  une 
des  branches  les  plus    didiciles   de 
riiistoire  iialurelle  ,  et  qui   n'a    que 
très  peu  de   prosélytes.  Le  premier 
volume    du    bel    ouvrajie   de    Geer 
parut  en  1752  ,  et  est  plus  rarr  que  les 
autres.  M. Paykull,  membre  de  l'aca- 
démie  des    sciences  de  Stockholm  , 
et  savant  entomologiste,  nous  a  as- 
suré que  la  raison  de  celle  rareté  pro- 
venait de  ce  (pie  De  Geer  lui-même 
avait  jeté  au  feu  toute  l'cdiliou  de  ce 
premier  voliune,  j)ar  dépit  ilu  [)eu  de 
soeeès  (pi'il  avait  eu  :  depuis  il  reprit 
courage,  et  il  envoya  en  présent  cha- 
cun   des    volumes    suivants    à    tous 
ceux  qui  avaient  fait  l'accjuisition  du 
prcmi(  r.  Le  septième  cl  dernier  n'a 
paru  qu'eu  1778,  après  la  mort  de 


G  EU 

l'auteur;  il  renferme  une  méthode  gé- 
nérale, fondée  sur  la  nature  des  ailes 
pour  les  insectes  ailés,  et  pour  les 
aptères  sur  la  nature  des  métamor- 
phose*. On  a  publié  un  volume  qui 
contient  tous  les  insectes  décrits  par 
De  Geer,  classés  selon  sa  méthode. 
Attaqué  depuis  plusieurs  années  de 
la  goulle  ,  le  baron  de  Geer  mourut 
de  cette  malidie  le  8  mtr*  1778. 
Sa  veuve  fit  piésentà  Tacadémie  des 
sciences  de  Stockholm  des  nombreux 
objets  d'histoire  naturelle  qu'il  avait 
rassemblés.  Le  buste  du  baron,  en 
marbre  blanc,  a  été  placé  dans  la 
salle  où  ces  objets  sont  réunis. 

C — AU  et  W — R. 
GF.FFKIS.  Toj.  Jefferys. 
GEHAN-GUIR.  Foy.  DJIHAN- 
GUYR. 

GEHEMA  (Jean-Abraham),  mé- 
decin polonais  du  17''.  siècle.  Ayant 
perdu,  à  l'àgc  de  quatorze  ans  ,  son 
père ,  qui  était  staroste  et  chauibellari 
du  roi,  il  ne  recul  point  de  ses  tu- 
teurs l'éducation  littéraire  qui  lui  avait 
été  destinée;  mais  son  esprit,  avide 
de  connaissances,  se  développa,  pour 
ainsi  dire,  sans  culture.  Gehema  sui- 
vit d'abord  la  carrière  des  armes,  et 
partit  avec  son  régiment  pour  la  Hol- 
lande. Dans  ce  pays,  où  les  sciences 
ont  presque  tou|ourî>  brillé  d'un  vil' 
éclat ,  le  jeune  officier  consacrait  à  l'é- 
tude tous  les  irtomeuîs  dont  le  service 
militaire  lui  permettait  de  disposer.  Il 
lit  plus  :  pour  se  livrer  sans  réserve  à 
ses  occup.itions  chéries,  il  abandonna 
son  emploi  de  capitaine  de  cavalerie, 
et  devint  candidat  de  l'université  de 
Leyde.  La  philosophie  cartésienne, 
professée  p.ir  Heiui  Dnroy,  lui  ins- 
pira un  vif  intérêt;  et  constamment 
il  en  fil  le  /élc'  défenseur.  Après  en 
avo  r  termine  le  cours,  il  fixa  irrévo- 
cablement son  choix  sur  l'art  de  gué- 
rir, et  choisit  Hontekoe  pour  guider  ses 


I 


G  E  H 

pas  (l;ins  celte  cariirrc.  Ses  prop,rcs 
fuiTiit  1  apuics  ,  ri  lui  inci  ilèrcnl 
])r(niij)t('m<iil  !<■  (ioctoial.  lUvètii  de 
ce  lilio  ,  il  servit  dans  le  Ilolsteiii ,  en 
qualité  de  tnedi.ciii  d<'s  troupes  da- 
noises. Le  duc  de  Me»  klenboiug  et 
J'éleeteur  de  Brandebourg  le  choisi- 
rent suecessivcmeut  pour  leur  areliia- 
tre;  il  lut  aussi  rne'dcciu  et  conseiller 
du  roi  de  Puloi^ue.  Ces  fonctions  bril- 
iaules,  jointes  à  l'exercice  publie  do 
sa  profession,  ne  diminuèrent  poinC 
sonaideur  pour  le  travail  du  cabinet, 
Cumme  le  pronvt  ni  les  nouil)reux  ou- 
Vr.ige.s  qu'il  a  couipose.-..  Quelques-uns 
sontcci ils  en  lalin  ,  la  pluput  en  alle- 
mand ;  ceux-ci  ^eront  de'signe's  en 
friDcais  :  I.  Obser^ationiim chiriiri^^i- 
caruin  decas  i  et  ii ,  Hauibourg , 
i(iH2,  iu-»'2;  ibid. ,  iGSG;  traduites 
en  a'i(m.ind,Franerort,  1698,  in-ri. 

II.  Observaiionum  medicarinn  de- 
cas ,  Brème ,  1 6SG ,  in- 1  2.  Plusieurs 
de  ces  observation'^  ne  inanqucnl  pas 
d'intérêt;  mais  ei!( s  porleut  raremeni; 
le  cachet  irréfragable  de  l'authentici- 
té'. Faut-il  croire  qoe  des  ulcérations 
de  l'estomac  ont  été  guéries  par  l'usa- 
ge des  concombres?  Esf-il  bien  vrai 
que  Bontekoc  dissipait  le  hoquet  en 
faisant  f^ure  une  inspiration  profonde, 
cl  calm.iit  les  ciernu*  menl>  opiniâtres 
en  frottant  les  gencives  avfc  le  doigl? 

III.  De  morbo  vuls,o  dicto  p'.ica  po- 
ionica  liierulœ^Uiun'ù.^  i6y5  ,  in-  !  2  ; 
la  Haye,  i685,  in-8".;  traduit  en  hol- 
landais par  Hoogstraatcn,  Dordrccht, 
i(385,  in-8  '.  Ou  sait  que  la  p.iitjue  po- 
lonaise, endémiqne  sur  les  bords  de  la 
Vislule,  est  une  mriiadie  singulière, 
dans  I;^qiiellc  les  cheveux  sont  mêlés, 
ou  plutôt  feutres  d'iuie  manière  inexlri- 
cabU\  Rien  n'est  plus  disparate  ,  plus 
con'.radictoire,  que  les  opinions  des 
écrivons  sur  celte  affection  étrange: 
cenx-ci  nous  r"présenlenlles  cheveux 
prodigieusement  grossis  et  injectés, 


distillant  du  sang,  causant  des  dou- 
leurs intolérables  Cl  même  la  mort,  à 
la    plus    légère   Uicision  ;  ceux-là    ne 
voient  qu'un  simple  mél,ing<;  des  che- 
veux, produit  j)ar  li  négligence  et  la 
mil[)roprelé.Ce  n'est  point  iei  le  lieu 
de  discuter  ces  deux  sentiments  erro- 
nés, au    milieu  d<'S(jie!s  se  trouve  la 
vérité.   IV.  Homicides    médicinaux 
commis  par  la  saisies ,  les  purga- 
tifs ,  les  ventonses ,  les  cly stères  ,  les 
juleps  et  les  cordiaux ,  Brème ,  i  (388, 
in-8".;  Leipzig,    i']\f\,  in -12;  tra- 
duit en  hollandns,  la  Haye,    i^^go, 
in  8  .  Cotte  doctrine    est  mauvaise, 
puisqu'elle    s*  exclusive.  L'auteur  cite 
à  i'nppui  vingt-deux   années  d'expé- 
liences  (  B(  ilin  ,  j  7  i '2  ) , pmrlant  Ics- 
qudiesil  dit  avoir  guéri  toutes  sortes 
de  fièvres,  suis  saigner  ni  purger  les 
malades.  V.  I je  Médecin  militaire  ins- 
truit,  dei>oil%ntle.s  abus  qui  se  cotU" 
mettent  dans  II  médecine  et  la  chi' 
rwi^ie  des  armées ,  et  enseignant  les 
moyens  d'j  remédier ^  Hambourg, 
1G84,  in- 12;  Bie,  1(391  ,  in-8".  Ge- 
hema  ne  s\  si  point  borné  à  ce  livre 
sur  la  médecine  d'armée  ;  il  en  a  com- 
posé deux  sur  la  chirurgie  m  parti- 
culier ,  et  six  ou  sept  sur  les  pharma- 
cies civile  cl  milit;nre.  YL  La  goutte 
sûrement  s^uérie  par  le  moxa  des 
Chinois  y  Hambourg,    i68'2,  in- 12. 
VU.   Combat  du   thé  de   la   Chine 
avec  Veau  chaude,    Berlin,    1686, 
in-  8**.  Ce  premier  mémoire  fut  suivi 
de  trois  ou  quatre  autres,  dans  les- 
quels le  di'iciple  de  Bontekoe  fait ,  à 
l'exemple  de  son  maître  ,  un  éloge  fas- 
tr.eux  et  ridicule  du  thé,  qui  sciait ,  à 
les  en  croire,  une  véritable  panacée. 
VI IL  Hygiène  rationelle ,  Brème  , 
i688,iu-i'2;  Leipzig,  1696,  in-8'. 
Celle  édition  est,  ainsi  que  celle  de 
171SI,  enrichie  de  notcb,  d'observa- 
tions et  d'une  préface  de  J.  A.  Schle- 
gei.  Les  traductions  hollandaise  et  la- 


22  G  EH 

line  ont  e'të  faites  sur  la  première  édi- 
tion de  Blême.  L'auteur  a  reproduit 
celle  liygièi.e,  laiitôt  modifiée  «  t  abré- 
gée, tantôt  disposée  en  aplioiismes; 
il  y  souiicnt,  romme  dans  ses  aunes 
écrits,  des  hypothèses,  des  parado- 
xes, des  erreurs  ;  il  blàme  l'usaiie  des 
fruits,  donne  la  prélcrence  au  pain 
de  seigle  sur  celui  de  froment ,  et  ne 
lais'ie  crliappcr  aucune  occasion  de 
célébrer  de  nouveau  les  vertus  mer- 
veilleuses du  ihé  pour  conserver  et 
prolonger  la  vie.  Grbema  eut  de  nom- 
l)îeux  adversaires  ,  contre  lesquels  il 
)anç4  des  diatribes  ,  qui  ne  restèrent 
pas  sans  réponse.  Ecrivain  intarissa- 
h\o ,  il  a  mis  en  latin  le  Trailé  hollau- 
dais  de  liontekoe  sur  les  lièvres  ;  la 
Haye,  iG85,  in-8''.  j  il  a  public 
*ur  les  devoirs  des  nourrices,  sur 
ceux  des  archiâtres  et  sur  quel- 
fjues  autres  matières,  des  opuscules 
qui  ne  méritent  pas  d'être  tirés  de 
l'oubli.  C. 

GliHr.EN(  Adolphe-Ferdinand), 
savant  chimiste,  membre  de  l'acadé- 
inic  royale  de  Munich,  y  est  mort  le  i  5 
juillet  i8«;3  ,  dos  suites  d'un  empoi- 
.sonnenient  produit  par  le  développe- 
ment du  giz  hydrogène  ar-îcuiqué, 
en  faisant  des  expériences  sur  des 
métaux  mixtes.  On  ignore  le  lieu  et 
rannéc  de  si  naiss;inee.  Ce  labo- 
rieux chimiste  n  été  l'un  des  collabo- 
rateurs du  Journal  f^eneral  de  chi- 
mie ^  \W\\\\\  ^  i8o5,  i8»)j,  cinq  vol. 
in- 8". ,  et  ei^suite  du  Journal ptnti  la 
chimie  et  la  physique  ,  ibid. ,  i8n(i  , 
1807  ,  in-8  .  Il  a  publié  ausî<i  :I.  Une 
Iradiiction  allemande,  enrichie  de  notes 
])ar  le  dot  leur  S.  F.  licrnibstaedt,  sur 
la  seconde ,  édition  des  Principes 
élémentaires  de  l'art  de  la  teinture , 
suivis  dune  description  du  blan- 
chissa  I  par  le.  moyen  de  l'acide 
inuriali<pte,  par  HertliolKt,  avec  gra- 
\un5,dcu>L  vol.  in-8  .,  Jk'rlin  i8u<). 


GEH 

II.  Dans  les  Annales  berlinoise5 
pour  la  pharmacie  ,  de  l'année  i8o5  , 
quelques  Ob<;ervations  sur  des  pro- 
jets ayant  pour  but  V amélioration 
de  l'état  de  la  pharmacie.    B-u  d. 

GEllLEU  (  Jean-Charles  ),  me*- 
decin- accoucheur  et  professeur  à 
l'université  de  Leipzig ,  né  à  Gôr- 
litz  le  1»^  mai  i^Si,  se  distingua 
non  seulement  par  ses  talents  comme 
médecin  ,  mais  aussi  par  des  connais- 
sances étendues  dans  les  différentes 
branches  de  l'histoire  naturelle.  Pro- 
mu en  1758  au  degré  de  docteur  en 
médecine  à  l'université  de  Leipzig  ,  il 
entreprit ,  peu  de  temps  après,  un 
voyage  scientifique  à  Freiberg,  en  Al- 
lemagne et  en  Suisse.  A  son  retour , 
il  fut  le  premier  qui  donna ,  dans 
cette  université,  des  leçons  particu- 
lières sur  la  minéralogie.  Nommé  en- 
suite, en  ^"jd'i,  professeur  extraor- 
dinaire de  botanique,  et,  en  1775, 
professeur  de  physiologie,  il  mourut 
le  6  mai  1  79G  ,  après  avoir  publié 
une  cinquantaine  de  dissertations  et 
mémoires  sur  différents  objets  relatifs 
aux  sciences  naturelles,  la  plu[)art 
écrits  en  latin,  et  dont  on  trouve  l'é- 
numéialion  dans  Menscl.  Nous  nous 
bornons  à  citer  sa  première  disser- 
tation ,  De  characteribus  fossilium 
externis,  Leipzig  ,  1757  ,  in-4".;  — 
un  Recueil  de  plusieurs  mémoires 
concernant  l'art  de  V accouchement 
(  en  alh  mand  ) ,  publié  par  C.  G. 
Kidui ,  Leipzig,  1798,  1  volumes 
in-8".;  —  et  sa  tratlnction  alleman- 
de de  la  Chimie  expérimentale  et 
raisonnée  de  A.  Baume,  5  vol.  in- 
8'.,  L«ipzig  ,  177'»,  1776,  avec 
gravures.  Ses  ililîérentes  dissertations 
séparées  mériteraient  d'être  recueil- 
lies et  pubiiies  ensemble.  —  Jean- 
Guillaiime  (Wuli  fv  ,  jurisconsulte  , 
mais  surtout  laborieux  numismate  et 
astronome,  naquit  à   Sobrneuudoif 


G  EH 

pvcs  (3c  Gorli!/.,  cil  ;»vill  \6ç)G.  Aprôs 
^\o'\v  (.'le  rc^ii ,  t'<i  »  7  •  9  '  <lu("t(Mir  ou 
«Iroil  à  ruiiivcibilc  de  llcimstadt,  il 
revint  à  (iorlitz,  et  y  fut  surccssivc- 
lucnt  scnatonr,  inspcclcur  des  bàti- 
îucnts  et  ]j()iirp;uicsfrc.  11  motinit 
le  •!€)  avril  i  'j()5.  11  a  puhlic  :  1.  Diss. 
inait^.  de  œqiiitalc  successionis  con- 
jui^uin  ,  juwpriinis juxià ilaiiitaGoV' 
iicensia,  Ilclmst.,  i  7  19,  iii-4°.  11.  Un 
Mémoire  sur  les  monnaies  hracléates, 
insère  dans  les  Annonces  littér.  , 
publiées  à  Halle.  111.  Différents  mé- 
moires anonymes  y  insères  dans  la 
JJibliolhèque  des  comètes  ,  publiée 
par  G.  Uolh  en  174^-  IV.  Plu- 
sieurs observations  astronomiques 
insérées  sans  nom  d'auteur  dans  diffe- 
renls  journaux.,  entre  autres,  dans 
les  j4cta  eruditorum.     B — h — d. 

GEHLER  (Jean  Samuel-Trau- 
GOTT  )  naquit  à  Gôrlitz,  dans  la  Lu- 
sace,  le    i".  novembre  l'jSi.  Plu- 
sieurs de  ses  ancêtres,  ainsi  que  son 
père,  Jean-Guillaume  Gehler,  avaient 
cccupc     la    place    de    bourgmestre 
dans  celte  ville,  où  sa  famille  était 
très  considérée  depuis  plus  de  trois 
siècles.   J.-G.  Gehler,   le   bourgue- 
mestre,  avait  des  connaissances  très 
solides  en  philosophie  et  eu  raathc- 
inatliiques:  il  entretenait  une  corres- 
pojidance  suivie  avec  le  célèbre  WolfT 
à  Halle.  Une  particularité  de  sa  vie 
rous  semble  digne  d'être  citée  :  J.-G. 
Gehler  épousa,   en  secondes  noces ^ 
en  i7'27,  la  sœur  cadeîte  de  sa  pre- 
mière femme  :  c'est  le  premier  cas  de 
cette  nature  pour  lequel  on  ait  obtenu 
des  dispenses  dans  la  Saxe  électorale, 
et  non  sans  de  grandes  difficultés  ;  car 
on  avait  consulté  a  ce  sujet  neuf  uni- 
versités. Jean-Samuel  Traugott  était 
le  sixième  et  dernier  enfant  de  ce 
mariage:  sa  constitution  faible,   qui 
recelait  dès  sa  naissance  le  germe  de 
sa   destruction ,  rcnde^it  son  esprit 


G  E  H  f'j 

conlcmplalif;  et ,  (  n  exploitant  dans  la 
suite  le  eli.uiip  d(!S  sciences,  où  sou 
père  avait  guide  ses  premiers  pas,  il 
s'attachait  do  j)iéférence  à    la  partie 
a])sfrai(e  et  spéculative.  Après  avoir 
achevé,  à  Gorlilz,  ses  études  élémen- 
taires, il   fut,  à  l'âge  de  quinze  ans, 
cnvové  à  l'université  de  Leipzig,  où 
son  frère  aîné,  alors  médecin  ,  dirigea 
ses  études.  J.  A.  Erncsti,  et  Morus , 
dont  il  suivait  les  cours  avec  assiduité, 
sont  les  professeurs  auxquels  il  doit 
l'élégance  de  son  style  latin  :  mais  les 
sciences  mathématiques  et  physiques, 
et  la  chimie,  ne  furent  ]ias  négligées; 
et  il  en  fit  tellement  son  occupation 
favorite,  que  son  esprit  méditatif,  et 
ejinemi  de  toutes  les  idées  vagues  , 
eut  beaucoup  de  peine  à  quitter  la 
ligne  droite  des  sciences  exactes  pour 
se  jeter  dans  le  labyrinthe  de  la  juris- 
prudence. Cependant ,  par  une  appli- 
cation assidue,  il  acquit  bientôt  des 
connaissances  profondes   dans    celle 
partie.  En  1775,  il  devint  le  fondateur 
d'une  société  de  jeunes  poètes  à  Leip- 
zig, connue  sous  le  nom  de  V Alliance 
des  tendres  amis  ;  et ,  par  ce  moyen , 
il  exerça  une  heureuse  influence  sur 
Téducation  littéraire  et  savante  de  ses 
jcuMCs  amis,  entre  lesquels  on  distin- 
gue Galiisch  et  Jùnger.  Apiès  avoir 
fini  SCS  études  académiques ,  Gehler 
fut,  depuis  1773  jusqu'en  177/1,  gou- 
verneur  de    trois    jeunes   seigneurs 
russes ,  pour  le  temps  que  ces  jeunes 
gens  suivaient  les  cours  de  l'univer- 
sité de  Leij>zig.  En  1774»  ayant  été 
reçu  maître  ès-arts,  il  donna  des  le- 
çons de  mathématiques.  Les  progrès 
de  ses  élèves  ,  et  surtout  le  succès  de 
sa  traduction  des  Ueclierches  sur  les^ 
modifications  de   l'atmosphère  par 
De  Luc,  qu'il  publia  en  1776,  l'enga- 
gèrent à  écrire  nnc  dissertation  connue 
sous  le  litre  iXHistoriœ  lo^aritlimo- 
rum  naluralium  primordia  ^  ail« 


24  G  E  II 

d'obtenir  le  tlroll  de  faire  des  leçons  pu- 
bliques sur  toutes  les  parties  des  scien- 
ces mathématiques.  Gehlcr  ,  n'ayant 
hérilc  de  son  père  qu'une  bibli(rtiîè- 
que  consido'iable,  mais  peu  de  for- 
tune, avait  forme'  le  plan  de  consa- 
crer sa  vie  à  l'instruction  :  un  riche 
maiicige  changea  entièrementcettedis- 
position,  et  ie  fit  entrer  dans  la  car- 
rière de  la  magistrature.  Reçu  docteur 
eu  droit  en  1777,  il  fut,  six  ans 
après  ,  nomme'  sénateur  de  la  ville  de 
Leipzig,  et,  en  1786,  assesseur  de 
lahautc  cour  de  justice.  La  multitude 
et  l'importance  des  fonctions  qui  lui 
furent  cunlices  ,  entre  autres  l'inspec- 
tion très  pe'nible  sur  les  maîtrises,  la 
direction  de  la  maison  de  prêt,  etc. , 
ne  le  dét*  urnaient  point  de  ses  tra- 
vaux li'.leraires^  mais  il  refusa  cons- 
tamment toulis  les  places  académi- 
ques: il  occupa  seulement,  pendant 
^ix  mois,  celle  d'assesseur  du  se'nat 
acadenuquei  Le  zèle  infatigable  avec 
lequel,  mal'j;re  les  instances  de  ses 
amis,  il  se  livniil  .sans  relâche  à  ses 
travaux  ,  avançait  rapidement  la  lin 
de  sa  carrière  laborieuse.  Le  désir  de 
furc  j)araî:re  le  dernier  volume  de 
son  Lictiomiaire  des  sciences  phy- 
siques,  h  un  terme  qu'il  avait  fixe 
pour  ce  travail,  l'avait  force  de  ncgli- 
j^er  l'usage  des  eaux  de  Carlsbad,  qui 
soulageait  ses  souiTrances.  (1  termina 
sa  cariière  en  octobre  »7Ç)j  :  en  dis- 
.scquant  son  cadavre  ,  on  trouva,  du 
cote  droit  de  la  poitrine,  un  grand 
.sac  d'une  peau  très  foi  le,  et  rempli 
d'ime  énorme  quantité  d'e.m  brunâ- 
tre; tout  le  côlè  droit  des  poumons 
était  consomme,  et  le  pouls  de  ce  sac 
d'e-iu  avait  totalement  gêne  les  l'onc- 
lions  de  toutes  les  parties  nobles  :  il 
était  aflligu  (le  celle  inlirniilè  d('>  si 
n.iissance.  En  ouvrant  sou  corps,  les 
médecins  apprin  ni  bien  la  cause  de  sa 
loaladie;  mais  ils  ne  purent  juuais 


G  EH 

concevoir  comment  il  lui  avait  clé 
pos'^ible  d'exiàtrr ,  et  surtout  de  se  li- 
vrer à  une  vie  aussi  active.  Gehierest 
l'auteur  des  ouvrages  suivants  :  I. 
Diss.  historiée  logarilhmorum  natu- 
ralium  primordia,  Leipzig,  1776, 
in- 4".  IL  Diss.  inaiig.  de  la'sione 
emioris  ultra  dimidium  reclè  com- 
putaiidd,  ibid.,  1777,  in-4°-  Ces 
deux  dissertations  se  distinguent  non 
seulement  par  le  fonds  de  science , 
mais  surtout  par  la  pureté  du  style. 

III.  Dans  le  Becueil  pour  la  physi- 
que et  V  histoire  naturelle,  publie'  en 
allemand,  à  Leipzig,  depuis  1778, 
et  icdigé  par  bi  et  son  fière  aîné* 
(  J.  G.  Gehier ,  médecin  et  professeur 
de  botanique  ) ,  on  trouve  également 
un  giand  nombre  de  mémoires  et  de 
morceaux  traduits  dont  il  est  l'auteur. 

IV.  Dictionnaire  de  physique ,  etc. 
(en  allem.),  4  v.  in-8'. ,  avec  gravu- 
res, publiés  a  Leipzig,  de  1787  à 
1791.  C'est  le  plus  important  de  ses 
ouvrages.  Il  y  ajouta,  eu  «79^,  un 
volume  de  Supplément ,  qui  renferme 
les  Découvertes  et  les  opinions  les 
plus  modernes  connues  à  la  fin  de 
l^année  i']\)^.  A.  BI.  Birkholz  a 
ajouté  à  ce  dictionnaire  un  volume 
cuiihi\:\uf  quatre  Tables  des  matiè- 
rt?.ç,  in-8°..  Leip/.ig,  »79(->.  Gehier  a 
de  plus  traduit  en  allemand  les  Re- 
ehcrches  sur  les  modifications  de 
ï atmosphère  y  p.ir  A.  De  l^uc,  'X  vol. 
in-8'.,  Leipzig,  J77<i;  la  Disstrta- 
tion  complète  sur  la  doctrine  de  iV- 
lectricilé y  {)ar  ti.ivallo  ,  Ltipzig  ,  in- 
8'.,  1778,  et  celle  sur  la  DocLiine 
magnétique,  par  le  même,  ibid.,- 
17HS,  jn-8'.  ;  les  Lettres  physiques 
et  uwrales  sur  l'histoire  de  la  terre 
et  de  l'homme ,  par  De  Luc,  *i  vol. 
iu-8  '. ,  1  .ei|)/.ig,  I  78 1  -8  A.;  1.»  Descrip" 
tion  (L'S  c.iperiences  faites  av'cc  les 
machiius  tu  roi^tatiques  y  \>i\v  Faujas 
de  SLEond  ,  2  \o\,  ui-8^.,  Lei[«i^, 


I 


OEI 

1784  ;  la  philosophie  chimique,  de 
Fuiiirioy,  Leipzig,  i79^->'  in -8"., 
etc.  (icliler  nVtail  pas  étranger  à  la 
poc'sic;  on  trouve  de  lui  plusieurs 
inoiccMiix  eu  ce  genre,  avec  la  sii:;iia- 
turc  H — M.,  dans  un  petit  Recueil 
puliHe  à  Leipzig  eu  1777»  iiililujc  ; 
GiuUrhte.  B — u — d. 

ClKKiER  (Jean-Conrad),  pein- 
tre de  Zuriel» ,  ne  en  ifxj'^  ,  mort  en 
iG74'  11  se  rendit  célèbre  par  de  très 
belles  |>eintnrcs  sur  verre,  pnr  lui 
grand  pi. in  géométrique  du  canton  (ic 
Zurich,  qui  est  conserve  à  la  biblio- 
thèque de  cette  ville,  et  quia  cle  grave 
<t  publie  en  sept  grandes  i'euilks,  par 
Jean  Meyer.  —  Son  frère  ,  Pl)ilip()e 
Geic.er,  a  publie'  divers  ouvrages 
eieinent.'iires  de  maîhcinatiques.  — 
Malachie  Geigeu,  médecin  el  cliirur- 
gieu  de  Munich,  vivéut  vers  le  milieu 
du  xvii'".  siècle.  Il  a  public:  I.  Mar- 
^arifologia  ùve  disseriatio  de  Mar- 
garitis ,  Muiiich  ,  1657,  in-8°.  II. 
JSIicrocosnius  hfpochondriacus  sive 
de  melancho'id  hfpochondriacd j 
Munir.h  ,  i65i,  in/j."*?  Cs*  U — 1. 

GEILFJx.  /^oj-.  Geyler. 

GEINOZ  (  François  ) ,  membre  de 
l'aradcmie  des  inscriptions  _,  naquit  à 
Bulle  en  Suisse,  au  mois  de  juillet 
1696.  Apres  avoir  fait  ses  premières 
études  dans  sa  famille,  il  fut  envoyé' 
au  collège  de  Fribourg,  tenu  alors 
par  les  jésuites ,  et  ensuite  à  Paris  , 
où  il  obîinl  une  bourse  dans  la  com- 
munauté desTrcnle-trois.  Ija  candeur 
de  son  caractère,  sa  docilité  et  son  ap- 
plication au  travail,  le  rendaient  cher  à 
ses  maîtres.  Il  fit  son  cours  de  philo- 
sophie au  collège  du  Plessis:  mais,  quoi- 
que très  jeune  encore,  il  sentit  l'inu- 
tilité des  questions  scolastiques  qu'on  y 
agit;iit  j  et  laissant  à  ses  condisciples 
le  frivole  avantage  de  briller  dans  les 
argumentations,  il  revint  de  Iiti-mème 
à  rétude  des  poètes  et  des  auteurs  an- 


G  E  I  25 

ciens ,  dont  les  ouvrages  lui  éiaient 
déjà  familiers.  Destine  par  ses  p.ircnls 
à  l'état  ec(;lésiasliqiic,  il  fut  obligé 
d'interromjjre  cncoie  ses  études  ché- 
ries, pour  s'appliquer  à  la  théologie: 
mais  ayant  obtenu  de  ses  supérieurs 
la  disj)ense  de  fréquenter  les  leçons 
de  la  Sorbonne  par  le  motif  fju'il 
n'aspirait  à  aucun  grade,  il  étudia 
riu'bieu,  et  eruploya  quinze  heures 
pîir  jour  à  l'explication  du  texte  des 
livres  saints  el  à  la  lecture  des  meil- 
leurs ouvrages  de  ihé  logie.  L'excès 
du  travail  altéra  sa  santéj  il  tomba 
malade  deux  fois,el  fut  en  danger  :  sa 
jeunesse  le  sa':va;  et  les  médecins  lui 
ayant  conseillé  d'aller  respirer  l*air 
natal,  il  revint  d.uis  sa  patiie ,  en 
172*2,  après  une  absence  de  neuf  an- 
nées. Il  reçut  alors  l'orelre  de  prêtri- 
se ,  fut  pourvu  d'un  canonieat  ele  la 
collégiale  de  Bulle  ,  et  se  consacra  en- 
tièrement aux  devoirs  de  sou  minis- 
tère. Mais  l'ennui  ne  tarda  pas  à  le  ga- 
gner dans  la  solitude:  sans  cesse  il  re- 
grettait les  amis  et  les  moyens  d'ins- 
truction qu'il  avait  perdusj  et  après 
avoir  liitlé  pcndantsept  ans  entre  sou 
attachement  pour  ses  parents  et  sa 
passion  pour  l'étude,  il  résigna  son 
îjénéfîce  ,  et  revint  a  Paris  en  i^So. 
Deux  ans  après,  il  obtint  la  place 
d'aumonier  dans  les  gardes  suisses; 
et,  en  1735,  il  remplaça  l'abbé  de 
Vertot  à  l'académie  des  inscriptions  : 
il  justifia  l'honneur  qii'on  lui  avait  fait 
par  les  Mémoires  qu'il  lut  aux  séances 
publiques  de  cette  société,  et  qui  se 
distinguent  par  une  vaste  érudition 
unie  à  une  critique  judicieuse.  Il  entre- 
prit aussi  une  édition  d'Hérodote,  eu 
revit  le  texte  sur  les  excellents  ma- 
nuscrits de  la  bibliothèque  du  Roi,  et  il 
se  disposait  à  en  donner  la  trailuction  ; 
mais  cetravad  fut  interrompu  par  un 
voyage  que  l'abbé  Gtinoz  fit  eu  Suisse, 
pour  embrasser  encore  une  lois  ses 


2G  GEt 

psrcnts.  A  son  retour  à  Paris,  la  rup- 
ture de  la  trêve  de  174*^  l'obligea  de 
suivre  en  Fi<indre  le  régiment  des  gar- 
des sui.s.«;es  ;  et  ce  fut  seulrment  en 
17/^,6  qu'il    put  reprendre  enfin  sa 
traduction.  A  celte  époque,  des  dou- 
leurs fréquentes  de  sciatique  l'incora- 
modaicnfjelce  ne  fut  que  dans  les  in- 
tervalles que  lui  laissait  la  douleur, 
cju'ij  put  continuer  un  travail  auquel 
il  attachait  un  ç;rand  prix.  Une  fièvre 
maligne  IVn'eva  aux  lettres,   le  23 
mai  l'jS'i.  Son  éloge,  prononcé  à  Ta- 
cadémicdes  inscriptions  parBougain- 
viil'-,  a  été  imprimé    dans  le  xxv*. 
vol.  lies   Mémoiies  de  cette  société. 
On  a  (!c'  !ui  :  I.  Observations  sur  les 
med'iil'es  antiques  (Extrait),  dans  les 
Mémoires  de   l'acadéniic,  tome   xii. 
H.   Dissertation  sur   l'o>tracisme , 
tome  xir.  111.  Recherchns  sur  Vori- 
^ine  des  Pelasses  ,   avec  l'histoire 
de  leurs    mia,rations ,    tome    xiv; 
suite,   tome  xvi.  IV.  Observations 
et  corrections  sur  le  texte  et  la  ver- 
sion du  premier  livre  d' Hérodote , 
(  Extrait  )   tome  xvi;   suite ,  tome 
xviir;  fin,   lomc   xxiii.  V.  Défen- 
se d^flérodole   contre  les  accusa- 
tions de  Plutarque  y  tomes  xiv,  xxi 
xxiii.  Il  a  en  outre  fourni  un  grand 
nombre   d'artirles  au    Journal   des 
savants  j  dont    il    était  le  ])iincipal 
rédacl(ur  d<  puis  1745.        W — s. 

GEISLEU  (  Fui'DKnir),  bibliogra- 
phe, né  à  Ueuss(ndoill  en  Silésic 
Je  'i(j  octobic  i(i5n,  professeur  et 
doclrur  en  droit  à  l'université  de  Leip- 
zig ,  et  eu  iG()4  fondateur  d'un  éta- 
blissement savant  connu  sous  le  nom 
de  ColLgium  antliolo^icurn ,  mort 
le  II  avili  1G71),  est  Tant  ur  d'un 
grand  nombre  de  dissertations  pu- 
bliées en  laiin  sur  diflTérmtes  ques- 
tions de  droit,  comme,  De  jure  colle- 
^iorum;  De  jiire  cœinclcriorum;  De 
inlestato;  De  temperamentis  pœna- 


G  El 

mm,  ele.,  qui  ne  nous  inle'ressent 
plus  aujourd'hui.  Mais  il  fut  le  pre- 
mier qui  s'occupa  de  celte  partie  de 
l'histoire  littéraire  qui  traite  des  au- 
teurs anonymes  et  pseudonymes.  Sa 
dissertation  De  nominum  mutatione 
ad  leg.  unie,  codic.  hoc  lit.  unà  cum 
decadibus  quinque  scriptorum  ano- 
nymorum  et  pseudonymorum  à  se 
deteclorum ,  antérieure  à  l'ouvrage  de 
Drckherr,  et  à  la  Visiera  alzata  pu- 
bliée sous  le  nom  de  P.  J.  Villani 
(  /^^o^r.  Aprosio),  parut,  en  1669, 
et  fut  insérée,  sans  le  consentement  de 
l'auteur,  en  1670,   dans  le    Thea- 
trum  de  Placcius  {P^oy.  Fabricius, 
XIV,  60  );  elle  a  même  été  réimpri- 
mée à  Leipzig,  sans  nom  d'auteur,  eu 
1G7  I,  sous  ce  titre  :  Larva  detracla , 
i.  e.  brevis  expositio  nominum  sub 
quibus  scriptores  aliquot  pseudonj^ 
jni,  recentiores  inprimis ,  lalere  va- 
luerunt.  A  cette  dernière  édition  est 
joint  un  catalogue,  qui  contient  cin- 
quante auteurs  dont  les  noms  étaient 
inconnus  ou  déguisés.  Geisler  a  éga- 
lement publié  un  Sjlloge  variarum 
literarum^etun  Becensus  axiomaUnn 
philosophico'juridicorum ,  etc. ,    qui 
porte  pour  devise  :  Non  omnis  mo- 
riar y  Horat.  B — n — d. 

GElSLEli  (  Jean  -  Godefroi  ) ,  sa- 
vant humaniste,  naquit ,  en  17*26,  à 
liangenau  en  Lusace:  il  se  forma  sous 
le  célèbre  Ernesti,  et  présida  lui-même, 
à  Gorlitz,  h  Gotha,  et  à  Fforta, 
de  1751  à  1787,  divers  clablisse- 
inrnts  d'instrurtion  juibliquc,  des- 
(jiicls  soûl  sortis  plusieurs  savants 
distingués.  Une  nombreuse  quantité 
d<'  dissertations  ,  de  programmes  cl 
d'autres  écrits  académiques,  dont  ou 
trouve  l'énuuiéralion  dans  Meuscl, 
alfrstent  la  variété  de  ses  connaissan- 
ces. 11  hil  nommé,  en  175^7,  direc- 
teur de  la  bibliothèque  ducale  à  Go- 
tha, et  y  mourut  le  u  septembre  1800. 


P.irnii  srs  ouvrages  nous  nous  bor- 
nons à  citer  :  1.  CommentnVo  de 
JHhotii  j  jmlrinrcha'  Consttinlinopo- 
litani ,  scicntid  tncdicd ,  iitip/iu;, 
174*''  ii»-4''  II*  I^iss.  de  ded  Con- 
cordid ,  ev  inonumentis  velerum  il- 
lustral.d,  ihid.,  l 'j'io,  in-/j". ,  fi;.  Il l. 
Cinq  (lisscrLilions  De BUdiothecd M i- 
2ichiatw\Gi)i\i'z,  i  -jdS,  1  •jdS.  I  V.i\o- 
iice  succincte  de  la  BiiUolhèquc  des 
paiwres  appartenant  au  £^}  mnasc  de 
Gorlitz  (on  .illon»and  ),  ii)icl. ,  1  7O5, 
in-Zj. '.  W.Recensio  TUtmoi'unithesaii- 
ri  fridericiani ,  in  quibus  concor- 
dia  laudalur,  pars  i  et  11  ;  ibid. 
eod.  in-4°.,  cjusd.  recensionisp.  m, 
il)i<l.,  I  "yOç),  iii-4".  Il  efait  aussi  un  des 
colhiboraleurs  de  la  Gazette  littérai- 
re de  Gotha.  —  Geisler  (  Fied.- 
Daniol  ),  notaire  à  Leijzig,  où  il 
naquit  en   1771  ,  est  mort  en  mars 

1  798.  Ou  a  de  lui ,  dans  le  Diction- 
naire de  conversation  par  Loehel , 
lieipzig  ,  1 796 ,  1 797  ,  in-8.° ,  les  ar- 
ticles qui  ont  rappoit  à  l'histoire  de 
France  et  à  la  révolution.    B — h — d. 

GELADASou  ELADAS,  d'Argos, 
sculpteur  grec,  florissait  vers  la  80^. 
olympiade,  4^0  ans  avant  J.-C.  Son 
nom  rae'titerait  à  peine  d'être  conser- 
\é,  sM  n'avait  ëlé  le  maître  de  Phi- 
dias. Geladas  avait  fait,  pour  une  tri- 
bu de  l'Allique ,  une  statue  d'Hercule , 
qui  fut  cleve'e  en  actions  de  grâces,  à 
la  fin  d'une  peste  dont  les  ravages 
avaient  e'ie' terribles.         L — S — e. 

GELAIS  (Saint).  Foy.  SAlîNT- 
GELAIS. 

GELALEDDIN.  Foy,  DJELAL- 
ÉDDYN. 

GÉLASE  r^  (Saint), ëlu  papcle 

2  mars  [\Ç)'.i ,  succéda  à  Sainl-Fëiix  II : 
i!  était  Africain  ;  son  père  se  nommait 
Valère.  Euphcmius,  patriarche  de 
Coustanlinoplc,  lui  écrivit  pour  se 
plaindre  de  ce  qu'il  ne  lui  avait  j)as  fait 
part  de  son  ordination.   Gclase  rc- 


G  E  L  17 

pondit  qu'il  n'avait  j)oinl  rempli  cette 
formalité  d'usage  envers  celui  qui  s'é- 
loignait de  sa  e(»n)nunii(>n,en  ne  recon- 
naissant point  la  condamnatio!!  d'Aca- 
ce.  Le  décret  contre  Acacc  déplaisait 
aux  Grecs.  Gclase  mit  tous  ses  s(ji us  à  le 
jusiilier,  en  démontiant  que  son  pré- 
décesseur n'avait  fait  qu'exécuter  les 
statuts  du  concile  de  C!»alcédoine,  et 
qu'il  en  avait  le  droit.  C'est  l'objet  do 
plusieurs   lettres  qu'il  écrivit  tant  à 
Eu[)hémius  qu'à  rcm[)creur  Anastasc: 
dans  celle  qui  est  adressée  <à  l'empe- 
reur, il   dislingue    expressément    les 
deux  puissances,  et  pose  en  principe 
que  les  évéques  et  le  pape  étant  sou- 
mis aux  rois  dans  tout  ce  qui  tient  à 
l'ordre  politique,  les  rois,  à  leur  tour, 
doivent  se  soumettre  aux  décisions  de 
l'Eglise  dans  lout  c<^  qui  appartient  à 
la  religion.  Cette  doctrine  de  St.-Gé- 
lase  a  été  souvent  opposée  aux  pré- 
tentions  des    ultramonlains.    Gélase 
poursuivit   avec  vigueur  le    péîagia- 
nisme ,  qui  semblait  renaître  dans  la 
Dalmatie,  et  fit    chasser  des   mani- 
chéens, qui  se  cachaient  dans  l\ome. 
I!  s'occupa  avec  un  soin  particulier  de 
remédier  aux  maux   que  les  églises 
avaient  soufferts    en  Italie   par   les 
guerres  élevées  entre   Tliéodoric  et 
Odoacre.  Afin  de  donner  plutôt  à  ces 
églises  les  pasteurs  dont  elles  étaient 
privées,  il  se  relâcha  de  la  rigueur 
des  règles  canonirpies ,  et  rappjocha 
les  intervalles  des  ordinations.  Gélase 
tiîit  à  Rome,  en  494'  ""  concile  où 
l'on  établit  la  distinction   des   livres 
aulhcnîiques  et  des  livres  apocryphes. 
Après  avoir  posé  en  principe  la  pri- 
mauté de  l'église  de  Rome,  à  cause 
de  la  parole  de  Jésus-Christ  même 
à   St.  Picne;  après  avoir  donné  le 
second  rang  à  Alexandrie  et  le  troi- 
sième à  Aulioche,on  y.fait  l'énuraéra- 
tion  des  écrits  dont  la  lecture  est  per- 
mise. Il  est  rcrcarquable  que,  dans  ee 


ii8  GEL 

îjombre  ne  sont  point  compris  Içs  Ac- 
tes des  mari jrs,  qu'il  nVsl  point  d'u- 
sage de  lire  dans  l'Église  romaine, 
parce  qu'ils  peuvent  être  altérés  par 
des  infidèles  ou  des  ignorants;  ce  qui 
iiVœpêcbe  pas  que  la  mémoire  de  ces 
saints  personnages  ne  soit  hoiorée. 
Gébse  ëcriyit    co'.tro    Eutychcs    et 
Kestorius,  toiil-à-la-fois,  dans  un  ou- 
■vnige   intitule  :  Des   deux  natures. 
Outre  CCS  écrits,  Gélase  fit  un  Traité 
contre  le    sénateur    Andromaquc   et 
d'autres  Romains,  qui  voulaient  réta- 
blir les   Lupercales    abolies  de   son 
temps.  Enfin  ,   il  avait  composé  des 
IIj  mneSj  à  l'imitation  de  St.-Ambroi- 
se,  ainsi  que  des  Préfaces,  des  Orai- 
sons pour  le  saint  sacrifice ,  et  pour 
Tadministration  des  sacrements.  C'est 
pourquoi  ou  lui  attribue,  avec  beau- 
coup  de  vraisemblance,  un    ancien 
Sacramentaire  de  l* Eglise  romaine ^ 
qui  contient  les  messes  de  toute  l'au- 
iicc  ,  et  les  formules  de  tous  les  sacre- 
ments. Ce  Sacramentaire,  découvert 
dans  la  bibliothèque  do   St. -Bencit- 
sur-Loire,  après  avoir  passé  des  mnins 
du  fils  de  Paul  Petau  dans  la  biblio- 
thèque de  Christine,  lut  ctivoyé  aii 
P.   Thomasi,   qui  le  fit  imprimer  à 
lîomc  en  1680  :  il  est  regardé  comme 
le  plus  aucien  que  nous  connaissions  ; 
le  Synjbolc  s'y  trouve  saiw  la  par- 
ticule /ilioffue,   qui    n'y   fut  ajoutée 
qu'au  viir.  siècle,  en  France,  où  ce 
livre  a  éle'  écrit  (i).  Philippe  IJnoun- 
mici,  dans  son  livie  De  claiis  pon' 
lificiarum  Ultcrarum    scriptoribus , 
fait  l'éloge  des  Lc'.trcs  <îc  Gél.ise  I  '"., 
cl  les  met  au-dessus  des  productions 
du  même  temps.  Gélase  mourut  eu 
4<)(3,  après   un  pon' ific.it  de  qu.itre 


(1)  (/«•Idunt  le  cuncile  de  Geutilly  prri  Parii, 
tfliiu  en  nG^  ,  en  |>r(«tctife  »le  l.i  pliiniirt  «IfJ  ivf  ipir» 
«le  Fr«iirr,  ilei  l^iiti  (lu  \>.\\\v  PjiiI  I  r'  <lii  mi 
l'epiii,  qu'il  lut  l'r.iiKinC"!  ciiolfe  le»  tirec«  iiir  la 
/;»««-rctiofi  .liiS.  r;«i..li,  etipel.i  fgrœulc_/i7i'i'/n« 


fui  «JMut^e  JU  Symbole 


GEL 

ans  et  huit  mois,  Tanne'e  même  oà 
Clovis,  qui  léguait  a!ors  en  France, 
embrassa  la  religion  chrétienne. Gélase 
fut  un  modèle  de  pureté,  de  zèle  et 
de  simplicité  dans  sa  conduite.  Ses 
mœurs  répondaient  à  sa  doctrine.  De- 
nis le  mit  a;i  nombre  des  saints,  ft 
l'Eglise  honore  sa  mémoire  le  'i\  no- 
vembre, jour  de  sa  mort.  Il  eut  pour 
successeur  St.- Anastase  IL      J) — s. 

GÉLASE  II,  éiu  pipe  le  25  jan- 
vi(r    M  18,  succéila  à  Pascal   II.  Il 
s'appelait,  Jean  de  Gaëte,é;ait  iiédans 
cette  ville,  de  parents  nobles,  qui  le 
firent  étudier  de  bonne  heure,  et  aux 
soins  desquels   il   répondit    p;ir  des 
surcè".  nombreux  <  t  non  iiiterrompns. 
Etant  cncon    fort  jeune,  il   fiit   fait 
cardinal   par  Urbain    II,  et.  bientôt 
apris  chancdi'  r,  pour   rétablir,  dit 
Pandolfe  d'Alatii,  l'aLcienuc  élégan- 
ce (lu  style,  qui  était  pre>que  perdue. 
Après  la  mort  d'Urbain ,  le  chance- 
licr  Jean  de  Gaël»-  s'attacha  à   Pas- 
cal il,  et  ne  le  quiita  pas  un  seul  mo- 
ment dans  ses  .ifllictiotis,  cornnse  s'il 
eût  voulu  faire  ,  à  ses  côtés  ,  l'appren- 
tissage des  malheurs  qui  l'attendaient 
à  son  tour,  et  dans  le  même  degré  de 
puissance.  Eu  efltt,  Cencio  de  Fran- 
gipane, chef  de  cette  orgueilleuse  et 
tiubuler.te  famille,  qui  (ii^;posait  de  la 
princij'ale  autorité  dans  Home  et  te- 
nait toujours  pour  le  parti  de  l'empe- 
reur ,  n'eut   pas  plutôt  appris  l'clec- 
tion  de  Gélase,  qu'il  accourut  iinné  et 
fiéinis^anlde  colère,  rompit  les  por- 
tes, entra  dans  l'église,  prit  le  papc»^ 
la  gorge,  le  frappa  à  coups  de  poing  et 
de  pifd  ju^tju'à   rensaiiglauler  de  ses 
éperons;   puis,  le    traînant    par    les 
rhtvfiix,  il  le  mena  chez  lui,  l'en- 
ch  lîiia  et   Tm ferma.  Cette    violence 
souleva  les  Koiuaius  :   l'ierre,  préfet 
de   la  ville,  Pierre  de    Léon   et  ptu- 
sieuis    nob'es,   se  ra^seiublèr(  nf  ;  le 
peuple  prit  les  armes;  un  marcha  au 


Ci  M  L 

Cjpitolc  :  les  iM-iii^ipaiios ,  rfrrjycs  , 
rcndir.Mt  le  |)>|)c;  l'ini  d'eux,  iioin- 
iiie  LcDii,  si'jt'ta  à  ses  pii-ds  pour  lui 
di'inaiulcr  p  irdon  ,  cl  sut  échapper 
;uMsi  ;\  une  luurl  rcrt.iiuc.  Gelasc,  ra- 
iiiciie  eu  Irioiuphe,  reçut  les  hon- 
neurs accoutumes.  Ou  se  préparait  à 
rorih)iiner  et  à  !e  sacrer  soleunelle- 
nienl  (car  il  n'ciait  encore  que  dia- 
cre ) ,  loisqu'il  fut  averti  que  l'em- 
pereur Henri  V  c'tait  en  armes  à  St.- 
Pierre.  Gelasc  n'eut  qu<'  !e  temps  de  se 
jeter  sur  uu  clieval,  et  d'aller  se  cacher 
chez  un  citoyen  nomme  Dulgamin.  Le 
lendemani,  il  prit  son  parti  de  sor- 
tir de  Home,  et  .^'eu^b,uqua  avec  les 
siens  sur  le  Tibre,  où  deux  g  dèrcs  les 
attend  lient  et  les  menèrent  jusqu'à 
l^orlo.  La  ,  ils  furent  arrêtes  par  une 
tempeiehorrii)le,  mais  ordinaire  d  ns 
cette  saison.  (On  était  au  mois  de  fe'- 
vri'.r.  )  Les  Allemands,  qui  les  sui- 
vaient en  bordant  le  rivage,  leur  ti- 
r.'.ienl,  dit  i'histoirc,  des  traits  em- 
poisonnés, lis  menaçaient  de  les 
pon^^uivre  jusque  dans  l'eau,  s'ils  ne 
rendaient  le  pq)e.  Le  cardinal  Hu- 
gues d'Alalri  tut  oblige  de  le  charger 
sur  SiS  ëpaides,  et  de  le  mener,  à  la 
faveur  de  la  nuit,  jusqu'à  un  endroit 
d'oij  lui  et  ceux  de  sa  suite  s'emhar- 
qièrcnt,  et  parvinrent,  demi- morts 
de  frayeur,  le  troisième  jojir,  à  Terra- 
cine  ,  et  le  quatrième  à  Gaëte.  Gelase 
fut  reçu  avec  joie  pir  ses  compatrio- 
tes. L'empereur, embarrasse  par  celte 
fuite,  envoya  prier  Gelase  de  venir  se 
faire  sacrer  et  couronnera  Rome,  lui 
faisant  entendre  en  même  temps,  que 
ce  serait  une  occasion  de  conférer  en- 
semble, et  le  meilleur  moyeu  de  réta- 
blir l'union.  Mais  Gelase,  instruit  par 
l'exemple  de  Pascal  II,  ne  voulut 
point  se  fier  aux  promesses  du  per- 
fide Henri ,  et  se  fil  ordonner  et  sa- 
crer à  Gaëte.  Furieux  d'avoir  man- 
que sa  proie,  l'empereur  résolut  de  se 


G  E  h 


^9 


venger  en  créant  un  nnîî-papf»,  et 
choisit,  à  cet  clfrt ,  Maurice  Ijourdini 
(Voy.  Bourhin).  Ol  intrus  ne  man- 
(pia  point,  en  s'ét<d>lissant  à  Home, 
de  chercher  à  consolider  ion  pouvoir; 
et  l'cni  des  premiers  aeies  de  son  au- 
torité fut  de  couronner,  en  sa  qua- 
lité de  pipe,  Henri  (ju'il  avait  déjà 
couronne  n'étant  encore  qu'arche- 
vêque de  Brague.  11  envoya  de  tous 
cotes  des  bulles ,  et  réussit  à  se 
faire  reconnaître  dans  quelques  en- 
droits de  l'Allemagne  et  de  l'Angle- 
terre. Le  reste  de  la  chrétienté,  et  la 
France  surtout,  continuèrent  de  recon- 
naître Gelase.  Un  petil  nombre  ne  re- 
connut ni  l*un  ni  l'autre.  I/empercur 
cependant  s'était  retiré  de  Rome;  et 
Gelase ,  l'ayant  appris  ,  se  décida  à  y 
rentrer  secrètement,  et  se  cacha  dans 
une  petite  église  nommée  Ste.-Maric- 
du-second-Cierge.  H  voulut  même, 
conlic  l'avis  de  quelques-  uns  de  ses 
amis ,  ofïi  icr  un  jour  de  fcte  dans 
cette  église ,  qui  dépendait  des  forte- 
resses occupées  par  les  Frangipanes. 
Cette  imprudence  eut  les  suilcs  fu- 
nestes qu'on  avait  prévues.  Les  Fran- 
gipanes vinrent  attaquer  le  pape  au 
nii'ieu  de  l'office  ,  avec  une  troupe  de 
leurs  gens  armés.  Crescence  Gaétan, 
neveu  du  pape,  et  un  autre  de  ses  par- 
tisans nommé  Etienne  -  le-Normand , 
résistèrent  avec  courage.  Le  combat 
dura  tout  le  jour.  Gelase  s'enfuit,  à 
moitié  vêtu  de  ses  ornemerUs.  Sou 
porte-croix  tomba  en  le  suivant  :  une 
pauvre  femme  le  recueillit,  et  le  cacha 
jusqu'au  soir.  Le  combat  durait  en- 
core ,  cl  ne  cessa  que  lorsque  les  deux 
partis  convinrent  enfin  que  la  fuite 
du  pape  ne  pouvait  produire  qu'une 
ifnmense  effusion  de  sang.  Gél  ise  fut 
rejoint  par  ses  jynis ,  qui  le  trouvè- 
rent dans  la  campagne  près  de  l'église 
de  St.-Paul ,  las  et  gémissant.  Ils  tin- 
rent conseil  le  lendemain  j  et  le  pape 


3o  GEL  GEL 

parla  ainsi  après  les  autres  :  «  JNIes  zoiiis  qui  parfdgeait  leur  erreur;  mais 

î)  frères,  suivant   l'exemple  de  nos  V.ilens  e'tant  mort,  Gëlase  fut  rétabli 

»  pères  et  le  précepte  de  l'Évangile,  sur  son  siège,  qu'il  occupa  jusqu'en 

»  puisque  nous  ne  pouvons  plus  vi-  595. 1!  était  l'un  des  cent-  cinquante 

»  vrc  dans  cette  ville,  fuyons  dans  pères  qui  composaient  le  concile  œcu- 

ïï  une  antre;  fuyons  cette  Sodomc  et  raénique  de  Constantinople  ;  et  il  se 

0)  cette  Egypte.  Je  le  dis  devant  Dieu,  trouva  à  un  autre  concile  tenu  dans 

3)  j'aimerais  mieux  ,  s'il  était  possi-  la  même  ville  en  694  ,  le  24  septem- 

»  ble,  avoir  un  seul   empereur  que  brc.  Il  mourut  quelque  temps  après, 

V  d'en  avoir  un  si  grand  nombre  :  un  et  certainement  avant  le  mois  de  mars 

y>  méchant  au  moins  perdrait  les  au-  ou  d'avril  de  l'année   suivante,  Jean 

»  très  plus  méchants  ,  jusqu'à  ce  qu'il  son  successeur  ayant  dès  -  lors  ordon- 

»  sentît  lui-même  la  justice  du  souve-  né  S.- Porphyre  évêque  de  Gaza.  Ou 
»  rain  empeieur.  »  L'avis  du  pape  sait  que  Gélase  composa  :  1.  Un  Z>«- 
avant  été  approuvé,  il  fil  ses  disposi-  cours  sur  l'Epiphanie,  dont  Theodo- 
tions  pour  distribuer  le  gouvernement  ret ,  qui  donne  à  Gelase  le  titre  d'ad- 
lie  l'Église  tt  de  Uome  pendant  son  mirable,  cite  un  passage  contre  les 
absence,et  s'embarqua  pouriaProven-     Eutychiens.  IL  Une  Histoire  eccîé- 


ce ,  où  il  fut  très  bien  accueilli.  Le  roi 
tic  France  ,  Louis  VI,  envoya  au-dc- 
"vanlde  lui  l'abbé  Sugcr  avec  des  pré- 
sents. Ils  convinrent  du  jour  où  le 
l\oi  devait  se  rendre  à  Vézelai  pour 
voirie  pape  et  conférer  avec  lui.  Ge- 
lase avait  indiqué  un  concile  à  Vienne. 
31  avait  donné  ordre  à  l'archevêque 
Gui  de  venir  le  trouver  à   Clugni. 
Nais^vaiit  son  arrivée,  Gélase  fut  at- 
taqué d'une  pleurésie  et  d'un  accès  de 
goutte,  qui  le  mirent  au  tombeau.  Il 
expira  le  29  janvier  i  1  19,  après  un 
an    tt    quatre   jours    de    ponlilicat. 
Ses  derniers  moments  furent  un  la- 
Llcau  touchant  de  piété  et  d'humilité. 
11  approuva,  en   niunraiil,le  choix 
qu'on  voulait  faire  pour  son  succeiseur 
de  l'archevèqne  Gui,    qui   lui    su«- 
céda  en  effet  sous  le  nom  de  Calixle  IL 

D— s. 
GÉLASE,  éveque  de  Césaiéc  en 
Palestine,  était  nev(U  de  S.  -Cyrille 
de  Jérusalem  ,  et  (ils  de  sa  sœur,  (a: 
fut  ce  saint  qui  le  Ht  évêcpie  de  Césa- 
lée,  veis  l'an  dG^.  Néanmoins,  les 
Ariens,  favorisés  pji\alens,  curent  le 
crédit  de  l'empêcher  d'en  remplir  les 


siaslique,pour  servir  de  suite  à  celle 
d'Eusèbe.  Pholius ,  après  avoir  parlé 
de  cet  ouvrage,  semble  douter  que  le 
fonds  en  appartienne  à  Gélase,  ayant 
lu,  dit-il,    qu'il  avait  seulement  tra- 
duit en  grec  l'histoire  de  Bufin  ;  ce  qui, 
suivant  Tillemont,  ne  paraît  aucune- 
luenl  fondé  ,  Gélase  étant  mort  avant 
que  Fuifin  commençât  à  écrire  son  his- 
toire, laquelle  ne  fut  finie,  au  plutôt , 
qu'en  l'année  400. 11  est  vraisemblable 
que  Gélase  de  Césarée  a  composé  d'au- 
tres écrits.  S.-Jéronie  dit  de  lui  qu'il 
cachait  ceux  qui  sortaient  de  sa  plu- 
me, s'abstenant  sans  doute  d'y  mcttie 
son  nom  par  humilité.  Léonce  de  By- 
zunce  lui  donne  le  titre  de  confesseur; 
ce  qui  semble  insinuer  que  sa  mémoi- 
re a  clé  autrefois  honorée  par  l'Eglise, 
quoi(pie  nos  m.utyrologes  ne  fassent 
de  lui  aucune  mention.  L — y. 

GÉLASE  DE  CY/IQUE  florls- 
sait  vers  47^ii'-l"  temps  des  empe- 
reurs Ijastlis(pie  et  Zenon;  il  était , 
comme  lui-même  nous  l'appi  end  ,  iils 
d'un  [irêtie  ntt.iehé  à  l'église  de  sa 
ville  natal»'.  Il  «si  connu  pir  une  ///s- 
ioire  du  concile  de  JMcee ,  laquille 


fondions,  et  de  mettre  ù  sa  place  Eu-     n'est  (pi'un  recueil  de  pièces  et  dvdv- 


GEL  GEL                   5i 

«umcnts  tires  (I'ImisMjc,  de  SorraVe  ,  à  Cliarlos  d'Aulriclic,  depuis  crnpc- 
de  SozoïiuMicrtdcTIieodorel.  Quoique  icur;  ruais,  n'ayant  pu  se  décider  à 
celle  compilation  ne   contienne  rien  le  suivre  en  Espagne  ,  ii  prit  le  parti 
que  dWlhodoxe  ,  elle  ne  doit  pas  être  d'entrer  dans  la  maison  de   Philippe 
lue  sans  précaution,  parce  qu'elle  pre-  de  13'jur^ogue,  évècpje  cTUlreclit ,  (ils 
sente  bcaucoiq)  de  laits,  ou  douteux,  naturel  de  Phiiippe-le-Bou^  et  lui  ser- 
ou  manifestement  faux.  L'auteur  a  Ira-  vil  de  chapelain  et  de  secrétaire.  H 
vaille  sur  de  mauvais  mémoires;  et  écrivait    en   cette   qualité  à  Erasme 
son  clocution  est  h)in  'de  racheter  ses  (  Erasini  Epist.,  lib,  m,  ep.  4  '  ) ,  et 
autres  définis.   Celte  histoire,  nc'an-  lui  donnait  les  assurances  de  la  bien- 
moins,  a  e'ie'  imprimée  plusieurs  fois  veillancc  la  plus  dévouée  de  ce  prélat, 
en  grec  et  en  latin.  Le  P.  f^ablje  parle  Érasme  et  Gérard  de  Nimègiic  s'é^ 
d'un  édition  donnée  par  Robert  B  d-  taient  connus  et  liés  à  Louvain  ,  où 
four,  Écossais,  Paris,  Morel,  i5()9,  ils  avaient  fait  quelque  séjour  ensem- 
in-4°.  L'ouvrage  est  divisé  en  deux  ble  ;  mais  leur  amitié  ne  dura  pas 
livres:  quelques  lettres  de  l'empereur  toujours.  Gérard  de  Nimcgue  ayant 
Constantin  en  forment  un  5^.  On  l'a  été  envoyé,  en  iSiij,  à  Witlemberg, 
réimprimé  à  Rome ,  dans  le  tome  v  afm  d'y  examiner  l'état  des  écoles  et 
des  Conciles  généraux  ;  et  on  le  trou-  celui  de  l'Église  ,  semble  avoir  été  en- 
ve  aussi  dans  la  Bibliothèque  des  Pè-  gagé  par  ce  voyage  à  embrasser  les 
res. — Le  P.  Labbe  parle  d'un  troisiè-  opinions  de  Luther  j  il  écrivit  en  f;i- 
me  Gelase  ,évécpie  de  la  même  ville,  vcur  de  la  réforme  ,  et  ne  fut  point 
et  qu'on  croirait  être  celui  de  Césarée,  approuvé  par  Érasme,  qui  tâcha  inu- 
si  Pholius,  en  lui  attribuant  le  Traité  tilement  de  le  dissuader,  et  qui  finit  par 
contre  les  Anoméens,  ne  l'en  dis-  le  traiter  de  la  manière  la  plus  outra- 
tinguail  formellement,   «  le  style  de  geuse.  Gérard  lit  passer  ses  écrits  con- 
»  ce  dernier,  dit  -il ,  étant  beaucoup  tre  Érasme  et  contre  l'Eglise  romaine, 
»  plus  élevé  que  celui  du  neveu  de  àladiètedeSpire,  et  il  ne  négligea  rien 
»  S.  Cyrille.  »                      L — y.  pour  brouiller  Érasme  avec  le  pape , 
GELDENHAUR  ou   GELDEN-  l'empereur,  le  roi  Ferdinand  et  les 
HAUER  (  Gérard  ),  né  à  Nimègue  autres  princes  catholiques.  Il  faut  au- 
(ce  qui  l'a  fait  assez  communément  ap-  jourd'hui  plutôt  livrer  à  l'oubli  ces  rai- 
pcler  Gérard  de  Nimègue),  vivait  au  sérables   disputes  que   les  ressusci- 
commencement  du   xvi^.  siècle,    et  tcr.Ceuxqui  seraient  curieux  d'en  voir 
jouissait  d'une  assez  grande  réputa-  quelques  détails,  pourront  sesatisfiire 
tion  comme  littérateur  et  poète.  I!  étu-  dans  la  Vie  d'Érasme,  par  Burigny, 
dia  à  Deventer  ,  école  alors  célèbre  ,  2^vol.,   pag.  3o6  et  suiv.  Geldon- 
ct  y  reçut    les  leçons   de  ce  même  haur  finit  par  se  retirer  en  Allemagne  : 
Alexandre    Hcgius  ,    qui   dirigea  les  il  se  maria  à  Worms  ,  d'où  il  fut  rap- 
premières  études  d'Érasme.  Son  ta-  pelé  à  Augsbourg  ;  et,  en  i554,  ""^ 
lent  pour  la  poésie  latine  le  fit  cou-  académie  ayant  été  créée  à  Marbonrg, 
ronncr  poète  lauréat  par  l'empereur  il  y  accepta  une  chaire,  et  la  desservit 
Maximilien   I^''.  ,  en    lÔi-;.  La   vie  pendant  quelques  années.  Delà  s'étant 
clduslralc  à  laquelle  Geldeuhaur  s'é-  encore  rendu  pour  affaires  à  Willem- 
tait  voué  d'abord,  ne  lui  ayant  pas  berg ,  il  mourut,  le  lo  janvier  154^, 
convenu    à   la  longue,  il  s'attacha,  delà  peste,  selon  les  uns,  et  selon  d'au^ 
avec  le  litre  de  lecteur  et  d'historien ,  très  par  la  main  de  quelques  biigauds 


5*2  GEL 

qui  lui  fendirent  le  crâne.  Outre  le« 
productions  de  tliëologie  polémique 
de  Gcldcuhanr,  on  a  de  lui:  I.  Sc/w- 
lia  in  dialecticam  Geors;u  Trape- 
ziintii ,  Cologne,  i538,  in  -  8".  lï. 
Diîfcrents  opuscules  relatifs  à  l'his- 
toire de  Rolande  ,  qui  ont  été  la  plu- 
part recneillià  dans  !a  Baiavia  illus- 
truta  de  Pinrc  Scriverius,  i(>5o, 
in-Zj".  111.  Inférions  GermaniiP  ?iis- 
toria ,  inse'ree  dans  Beatus  Hhena- 
nus  de  rébus  Germa niœ ,  i6io,  in- 
8". ,  et  d ms  Pirckhtimeri  descrip- 
tio  Germaniœ.  IV.  Une  Fie  de  Phi- 
lippe de  Boiirsogue  ,  en  latin  ,  pu- 
bliée à  Str^jshourj;  en  i52i),  ctfju'Aii- 
toine  Mathieus  a  mise ,  accompagnée 
de  notes  ,  d.ms  $es  Analecta  prisci 
œvi,  toni.  i"".,  pa;^.  '2iO,  Leyde  , 
169H.  V.  Satyrœ  y  m  ,  Lonvain, 
i5i5:  Tauteur  de  cet  article  les  a 
inurilfinent  recherchées.  Il  n'y  a  rien 
de  Geldenhaur  dans  les  Deliciœpoë- 
tarinn  helg^iconirn.  VI.  La  f-ie  de 
Rodolphe  Ai^ricoLa  et  ce  lie  de  fVes- 
selus  Gansjoitius  ,  insérées  dans  Fi- 
chardi  vit/je  virorum  illmlrium , 
Francfort,  i55'»,  in-4".    M — on. 

(jEI^ÉK  (THÉOpniLE),  njedccin 
de  Dieppe,  mort  en  i65o,élu  lia  la 
médecine  à  Montpellier  ,  où  il  fut 
iTÇi»  docteur  sous  la  présidence  de 
Dulaurens.  Il  avait  ctc  le  disciple  as- 
sidu de'  ce  médecin  ,  q(u  jouissait  alors 
<le  beaucoup  de  célébrité  en  France; 
cl,  pendant  toute  sa  vie,  il  fui  un  de 
.•^es  plus  /clés  partisans.  L'ait.iche- 
inent  qu'il  conserva  toujours  pour  son 
ancien  m.îtie,  lui  a  fait  publier:  I.Sur 
la  goutte  ,  la  lèpre  et  la  maladie  véné- 
rienne, un  ouvrage  qui  a  \m\\v  titre: 
Qiiclnues  Opttscnlcs  recueillis  des 
leçons  de  Dulaurens  en  les  années 
^M^  et  i.^)KH,  Piris,  iGiT),  in-fol. 
IL  Ofùii'rcs  d'André  Dulaurens 
recuediies  ci  traduites  en  français , 
Koucn,   iGOi  ,  luiol.,  fig.   11).   Un 


GEL 

Abrège  d*analonùe  ,  tiré  en  grande 
partie  de  Riolau  et  de  Dulaurens. 
Cet  ouvrage ,  qui  fut  parfaitement 
arcuedli  du  public,  a  pour  titre: 
\jAnaiomie  française  en  forme 
d  abrégé ,  recueillie  des  meilleurs 
auteurs  qui  ont  écrit  sur  cette 
science ,  augmentée  d'un  Discours 
sur  les  valvules,  Rouen,  i655,  in- 
8'.;  Paris,  i656,  in-8  .  ;  avec  les 
additions  de  Gabriel  Bertrand ,  Rouen, 
i66|,  i683,  in'8\;  Paris,  1742, 
in-8\  Ch— T. 

GELÉE.  Foy.  Lorrain. 

GÉLÉNIUS  (Sigismond)  e'iriit  né 
à  Pra;;ue,  à  la  fin  du  xv'\  siècle, 
d'une  famille  honorable  et  considérée 
h  la  cour  de  Bohème.  Son  père  (Gre'- 
goirc  Hruby  de  Geleni  ),  homme  d'es- 
prit et  lettré,  avait  traduit  dans  sa 
langue  i'Éloge  de  la  folie  par  Éras- 
me (j),  et  était  connu  du  roi,  qui 
l'estimait. Sa  mère,  femme  d'un  me- 
nte distingué,  jouissait  des  mêmes 
avantages  et  du  même  crédit  près  de 
la  reine.  Gélénius  reçut  une  excel- 
lente éducation,  et  fit  de  grands  pro- 
grès sous  ses  maîtres.  Pour  se  per- 
fectionner encore  ,  il  résolut  de  voya- 
ger. Il  parcourut  l'Aliemagne  ,  la 
France  et  l'Italie,  recherchant  les  sa- 
vants, et  prenant  dos  leçons  dos  plus 
fameux,  ou  leur  demandant  des  con- 
seils pour  ses  études.  C'est  dans 
celle  tournée,  pour  ainsi  dire  acadé- 
mique, qu'tl  apprit  !e  grec  et  l'hébreu  , 
cl  (pi'il  .se  perfectionna  dans  le  latin. 
11  .s'appli(pja  avec  tant  de  soin  a  ces 
Iruis  langues,  qu'elles  lui  étaient  de- 
venues extrêmement  fnniiières.  Re- 
tournant en  Allemagne,  il  pasjâ  par 
JUIe,  y  vil  Erasme,  et  se  lia  d'ami- 
ti(f  avec  lui.  Ctt  homme  célèbre  fut 
éionné  de  trouver  dans  Gelcnius  tant 

^1)  Il  •  eiK-iire  trailiiit  rn  liohtfinirn  \v.  UmIiS  de 
J*i!lr.iri)u«  ,  l>f  Hfiueiitu  iitntur/ite  Joririn  V,  Vra- 
i;ue  ,  i.K)i  ,  rt  <!'. mires  uiiYra(jc«  rc«lCf  lUiguui- 
vTiti.  Il  iiivuiiit  le  7  inai'i  fj\.\. 


GEL 

tVdnulilion.   Il   parla  do   lui   à   5cm 
Frobcn,  itiniriiiii'iir  à  H-ilo,  aldis  oc- 
cupe (rclilioiis  Siiv.iiiU's  :  il  lui  rcprc- 
îiciii.iGclrnins  connue  un  homme  (jiii, 
pai'  son  savoir  cl  ses  prototijcs  con- 
ii.iis.sances  ilcsl.ingucsniicieinie.s,  pou- 
vait lui  êlre  il'iifie  ^laiiile  utilité  clans 
SOI)  entreprise.  Froben  le  mit  a  h»  ictc 
de  son  imprimerie.  G(  lenius  se  char- 
gea (le  II  lâche  clilllciie  et  j  eniîjlc  de 
corriger  les  épreuves  des  livras  grecs  , 
hébreux  et  latins;  mais  il   ne  boi  n  i 
point    à   cela   son  trav  lil  :  il   s\ij)p'ii- 
qua  à  traduire  l<i  p!n|)ait  dc^  .luleuis 
grecs  (jui  sortaient   des    prc.-^ses    de 
Fiobcn,  à  en  revoir  le  texte,  cl  sur- 
tout à  corriger  les  OEuvies  de  IMine 
d'après    les    anciens  manusciits.  Ja- 
mais vie   ne  fut   plus   laborieuse,  ni 
boMiine  plus  studieux.  Gelenius  don- 
nait a  ces  occupations  tout  son  temps  : 
il  n'en  devint  pas   plus   riche.  «  La 
»  pauvreté,  dit  De  lliou ,  tut  le  par- 
»  tage  de  ce  grand   homme  pendant 
»  toute  sa  vie.  »   Ce    n'est  pas   qu'il 
n'eût  pu  améliorer  sa  situation;  mais  il 
en  négligea  plusieurs  lois  l'oexasion, 
piéfcranta  des  postes  lucratifs  et  aux 
avantages    de   la   fortune,   le   plaisir 
d'être  utile  à  la  littérature ,  à  laquelle 
il  rendit  de  grands  services.  Géfait 
d'ailleurs  un  homme  ci'unc  extrême 
simplicité    de    mœurs ,    d'un    carac- 
tère doux  et  sociable  ,  et  d'un  flegme 
imperturbable  ;  on  ne  le  vit  j.mais 
se  mettre  en  colère.  Il   s'était  marié 
à  Bàle,  et  y  mourut  en  i554  ou  55, 
â'^é  de  soixante  dix -sept  ans,  lais- 
sant deux  fils  et  une  fille.  On   peut 
le  regarder  comme  un  des   hommes 
ics  plus  siv.mts  du  xvi  .  siècle.  On 
doit  à  ses  travaux  :  ï.  Lexicon  sjrn- 
j)honum  quatuor  lin^uarum  grœcœ 
scilicet ,  lalifhE ,  gennanicœ  et  scla- 
vinicœ  (  sic  ) ,  Baie  ,   i  55^  ,  in  -4"«? 
i544>  in-4°.  C'est  u!i  des  plus  an- 
ciens vocabulaires  de  la  langue  scla- 

XVII. 


GEL 


55 


vone  :  on  n'y  trouve  qu'un  petit  nom- 
bre   de  mi  Is  ;    mai*    il    est    curieux 
j)ar  l'analogie  frappante  qu'il  f.ùl  voir 
entre  les  mots  de    ces    quatre   lan- 
gues.   II.    La    traduction    en    latin 
de  quelques  lloinélics  de  S.  Jean 
Ciirysoslùme.    ilL    \a  Histoire    ru- 
inaine    da   Denys   d'Haiicarnassç, 
IV.   {///istoire  ecclésiastique  d'E' 
va^re.    V.     \/ Oui^  a^e     d'i^ri^ène 
contre  Celse.W.   Ls    OEuvres   de 
Ph.îon.  Vil.  Àppiani  de  belUs  ^al- 
licis  llher,  vcl  poliàs  epitoine,  grœcè 
et  latine  :  cet  Abrégé  se  trouve  dans 
son  Ibsîoiie   lomaine  en  grec  et  en 
latin  de  l'éil.tion  de  Henri  Eslienne, 
i5çi'2,  iu-fol.    Vlll.   Il   enlHïpri'    la 
Version  des  OEuvres  de  S.  Justin, 
m<irtyr,    et    les    avait   traduites   en 
grande  partie  lors(pi'il  mourut.  Cette 
version  a  été  publiée  à  Paiis,  i575, 
in-f(>.  IX.   Il  lit  -\XY  Ammien  Mar- 
cellin  un  irav.ii  loué  paiH>  mi  de  Va- 
lois. X.  Il  donna  des  noies  sur  Pline  et 
sur  Tite-Live.  Érasme  biâine  les  pre- 
mières, et  re|  roche  à  son  ami  d'avoir 
donné  trop  de  confiance  à    un   ma- 
nuscrit   peu    ^Ir.   Huet,  en   rendant 
justice  à  l'érudition  de  Gelenius  et   à 
son  habileté  pour  la  correction  des 
manuscrits,   l'accuse   d'interpréter  à 
sa  fantaisie  les  passages  dont  le  sens 
échappe  à   sa   pénéir'.tion.  XI.  Une 
édition  d'Arnobe,    qui    a  été   con- 
damnée. —  Gilles  Gelenius  ,  qui  ne 
doit  pas  ê!re  confondu  avec  le  précé- 
dent, était  historiographe  de  l'électeur 
de  Cologne  et  chanoine  de  St.-Andié 
de  cette   ville.   Il  a  laissé  :    I.    Co' 
lonia  supplex,  Cologne,  i63t),  in- 
12.  II.  Chronici  {\)  sancii  Andrée^ 
Coloniensis    pretiosa    Hierotheca , 
Cologne,    i654,   in  -4'.    HL  Ds 
adnnrandd   Colonice  magtiiludine , 


(i")  Cet  oiivr«f;c  est  cit(;  da  s  Fiiiiiettp  ,  tom.  I, 
n**.  86Cio.  Au  Supplément,  tom.  JV  pig.  3i3,il 
est  dit  (|u'auUeu  de  throniei  il  faut  lire  canoniei. 


H  GEL 

ibid. ,  1645,  in  -  4''.  Dans  ces  deux 
ouvrages  Gilles  Gclcnius  donne  !es 
Vies  de  piusieurs  cVêqiies  de  Co- 
Ioç;uc.  IV.  Findex  lihertatis  eccle- 
siasticœ  ft  martyr  sanctns  Engel- 
herlns ,  ibid.,  if)55,  iu-4  .  —  Sou 
frè/e  Jean  Gelemus,  chanoine  de 
Cologne,  mort  en  i63i  ,  avait  Ira- 
"vaillé  à  la  plupart  de  ces  ouvragrs  ; 
et  ils  ont  laisse ,  du  fruit  de  leurs 
veilles,  \mc  collection  manuscrite  for- 
mant pins  de  trente  volumes,  sous  le 
titre  de  MctropoUs  Coloniensis.  Eik- 
liart  en  donne  un  aperçu  dans  ses 
jdnnales  Franciœ  oriental! 5 ,  tom.  i. 
—  Un  autre  Jean  Gelenius,  ne  à 
Kempen,  dans  IVIeciorat  de  Colo- 
gne, est  auteur  d'un  Traite*  De  na- 
turel et  rÀ^7iificûtionib:is  cometarwn , 
eclip'ihun  et  terrœ  motuiun,  Colo- 
gne, iGG5,  in-i'2, —  Jonas  Gele- 
îîius ,  ne  à  Sl.-G'.orge  en  Honç;rie , 
étudia  dans  le  gymnase  de  la  Croix 
à  Dresde,  sous  le  savant  F-genolpli , 
auquel  il  succc'da.  Jl  mourut  le  19 
septembre  »7'-i7,  après  avoir  pu- 
blic quelques  programmes  académi- 
ques, dont  les  plus  remaïqnablcs 
sont:  De  Alla  (sur  l'Elbe)  disser- 
tationes  III ,  17^9,  in-fol.  ;  De  bi- 
hliothecd  schnln  sanclœ  Cnicis , 
Dresde,  1710,  in-fol.  ;  J?e  curcrrc 
iiorporls  et  anitni  medicOy  etc.  L — t. 

Gi'^I-LEKT  (CllRlSTIAN-FuRCHTE- 

r.oTT  ) ,  ne' !'•  4  i"'''*'i  i7i5,à[Iay- 
ni<  lion  près  de  Freiberg  ,  en  Saxe  , 
est  un  des  écrivains  qui  ont  le  plus 
contrhue  à  f.ire  snriir  la  liftcTa- 
tiue  .'d'eniande  de  l'et.il  de  b.ub  irie 
cl  d'iibNCiiritc  où  clic  était  plongée 
nu  mrnmenceiiu'nt  du  xviii'.  siè- 
cle. Sou  père,  rcsprclable  j)asteur  de 
Haynichcn,  avait  treize  enfants  ,et  ce- 
pendant ne  n('g!igea  rien  ])Our  don- 
ner à  Clirisli;iu  une  èdue.jtion  soi- 
gnée: rintciligctirr  f  tcile  et  la  douceur 
(le  caraclcic  du  jeune  Gellert  sccon- 


GEL 

dèrrnt  merveilleusement  ses  effort^,; 
L'étude  luielait  agréa hie  et  l'obéissan- 
c  peu  perubif;  ii  fit  ses  premières 
ctudrs  a  l'éco  e  de  Meissen  ,  où  il  con- 
ti  ricta  avec  Gaertner  et  H  ibcner  une 
liaison  d'araitiequi  dura  jusqu'à  la  fin 
de  sa  vie.  Le  goût  de  la  poésie  se  ma- 
nifesta en  lui  de  bonne  heure  ;  à  l'âge 
de  douze  ans  il  composa  ,  pour  l'an- 
niversjire  de  la  naissance  de  son  père^ 
un  petit  poème  allégorique,  que  dans 
la  suite  il  rappela  toujours  avec  com- 
plaisance. F2n  I  734  il  se  rendit  à  l'uni- 
versité' de  Leipzig;  les  leçons  qu'il  y 
suivit,  lui  furent  peu  utiles  ;  la  langue 
vulgaire  éttit  méprisée  ties  savants;  et 
de  vaines  subtilités  philosophiques  ^ 
une  étude  des  anciens,  aussi  sèche  que 
prolixe  ,  faisaient  presque  l'uniq  iC 
occupition  des  maîtres  comme  des 
élèves.  Gellert  revint  à  Haynichen  en 
1758,  deVidé  à  suivre  la  carrière  de 
la  prédication  ;  son  premier  essai  fut 
malheureux  :  nafurelleinent  timide,  ii 
demeura  court  au  bout  de  quelques 
phrases,  et  ce  triste  accident  le  dé- 
goûta ])0ur  toujours  de  la  chaire.  En 
17J9  il  retourna  à  Leipzig,  charge 
de  diriger  l'éducation  de  MM.  deLut- 
lichau  ,  et  ensuite  d'un  de  ses  neveux  : 
il  s'y  occupa  de  sa  propre  éduratiou, 
aussi-bien  que  de  celle  des  jinmes 
gens  qui  lui  clùent  confiés;  quelques 
hommes  de  lettres  éclairés  avaient  déjà 
f  lit  un  premier  effort  pour  tirer  de  la 
barb.irie  la  langue  alleiuandc  ,  et  don- 
ner à  leur  nation  une  liltcralure  :  le 
mouvement  était  général;  Goltsched, 
Ebcil.  Schlegel ,  GaMlner,  Breiiinger, 
lU)diuer,  y  travaillaient  châtain  .1  sa 
mai- ière  ,  et  h  s  q.it  relies  ipii  les  divi- 
saient «  xciluentles  esprits  à  l'activité. 
Seinvabe  entreprit  un  ouvrage  pério- 
dnpie  ,  inlitulé  :  Ainiiscincnts  du 
Cd'ur  cl  tic  l'v<pril  (huit  vol.,  L  ip- 
zig,  17V'*  -  •74'^)î  ^'^'llt-Ml  y  donna 
quelques  fables  et  d'autres  pièces  dt 


0  K  F)  G  K  r.  35 

Vers,  qui  ic'iissirciit ,  m.ii^rc  Tinror-  olail  r,li"K   son  relieur;  rntro  un  vil- 

rcction  du  style:  ce  jourii.il  cl.mt  «ir-  l.i^cois  qui  donne  .in   relieur  un  livre 

venu    l)ientot    le   eli;nu|)   de     baf.iillc  en  l'euillcs,   vu    lui  dis.nil  :  «Tenez, 

(l'une  guerre  littéraire  (|ui  ne  conve-  »  relie?, moi  eela  bien  ferme.  —  Où 

liait  ni  à  son  honnêteté  ni  à  sa  don-  »  ave7.-vons  pris  ec  livre?  lui  dein.in- 

€(  ur ,  il  y  renonça  ,  et  publia,  de  eon-  n  de  le  relieur.  —  Je  l'ai  aehete  à  la 

cert  avec  quelques  amis,  un  autre  on-  »  ville;  notre  bailli  d  notre  maître 

vra^e  du    ineuie  {:;enre,  sous  le  titre  »  d'école  l'ont  trouve  si  drôle,  qu'ils 

de  MaU'riaiix  pour  former  Veaprit  »  oi;t  man(]uc  en  c'toufF  r  de  rire  rj'ai 

el   la   ;vrj.vo;i  ,  (piatre  vol, ,    Brème,  »  un  j]5.'M(^'f>u  qui  commence  à  lire  eou- 

i']l\(j  y  OÙ   toute    satire    personnelic  »  raninu'ut  ;  il  me  lira  ça  le  soir  pcn- 

c'tait  interdite.  ï!  av.iiî ,  eu  i  74I1  p'is  »  dant  que  je  fumcjai  nja  pipe,  et  je 

le  dej;re  de  maîlic  es-arts  dans  la  la-  »  n'irai  presque    plus  au  cabaiet.    » 

culte  des  lettres  de   l'université';   et  Lors  de  la  prise  de  Leipzig  parles 

dès  -  lois  son  temps  fut  enlièrcroent  Prussiens  en  17^^,  un  lieutenant  de 

consacre',  soil  à  écrire,  soit  à  donner  hussards  cuira  brusquement  clnzOei- 

des  leçons  publiques  de  littérature  et  lert ,  pour  le  remercier  aussi  d'avoir 

de  luoraîc.  En  l'^^G  p^rut  lepr(mier  fait  ces  beaux  'ivres  qui  l'avaient  tant 

recueil  de  ses/'^i/y^e.v;  il  fil  imprimer, la  diverli  pendant  ses  campagnes;  et  il 

même  année,  s^-n  roman  de  La  Coin-  voulait  absolumt  ntlémoii;ner  sa  recon- 

tesse  suédoi<ie  :  ces  deux  publications  naissance  au  paisible  professeur  ,  ea 

furent  suivies  de  celle  de  plusieurs  eo-  lui  faisant  présent  d'une  paire  de  pis- 

ïnedies  ,    La   Dévole  y    Ja'S  tendres  totets  qu'd  avait  pris  à  nu  Co>aque, 

Sœurs  y  etc.,  et  du  second  recueil  de  et  d'un  fouet  qui  avait  servi,  disail-il, 

ses  Fables  et  Contes.  Ces  divers  ou-  à    doniier   le  knout.  On  rencontre  à 

vrages   eurent  le  plus  grand  succès  ;  chaque  instant  dans  la  Fie  et  dans 

le  ton  en  e'tait  simple  et  naturel,  le  les  Lettres  de  Gellert ,    des  preuves 

style  correct  et  facile:  ses  i^«Z>Ze5  de-  de  cet   enthousiasme  populaire  qu'il 

Tinrent  une  lecture  tout -à-fait  popu-  avait  excité  dans  toute  l'Allemagne  : 

laire  ;  on  les  lut  dans  les  villages,  on  au  milieu  des  desastres  de  la  guerre  , 

les  apprit   par  cœur  dans  les  écoles;  des  régiments  prcsqneentiers  venaient 

chaque  jour   apportait    à  Gellert  de  assister  à  ses  leçons  ;  les  soldais  le  sa- 

nouvelles  preuves  de  ce  succès.  Un  luaient  respectueusement ,  et  un  ser- 

paysan    vint  à    Leipzig",   conduisant  gent  qui  avait  obtenu  son  congé,  se 

une  voiture  chargée  de  bois  qu'il  fit  détourna  de  sa  route  pour  voir,  avant 

arrêter  devant  la  maison  du  proies-  de  retourner  dans  son  pays  ,  ce  brave 

scur.  «  N'est-ce  pas  ici  que  demeure  M.  Gellert ,  dont  les  livres  l'avaient 

)>  M.  Gellert?  deraande-t-il.  —  Oui,  empêché  de  devenir  un    malhonnête 

»  montez.  »  Il  arrive  devant  Gellert:  homme.  Une  morale  simple,  douce, 

«  —  N'êtes- vou§  pas,  monsieur,  le  et  à  la  portée  de  tous  les  esprits,  est 

»  M.  Gellert  qui  a  composé  des  fables?  en  effet  un  des  principaux  mentes  des 

»  —  C'est  moi-même.  —  Eh  bien  !  ouvrages  de  Gellert  ,  et  a  sans  doute 

))  voici  une   voiture  de   bois  que  je  été  une  des  causes  de  leur  influence  • 

w  vous   amène  pour  vous  remercier  les  Allemands  aiment  qu'on  leur  parle 

))  du  plaisir  qu'<llcs  nous  ont  fait,  à  de  morale,  et   leur  piêcher  la  vertu 

>)  moi  ,  à  ma    femme   et  à  mes  en-  est   parmi  eux  un   moyen  de  succès 

)•  fants.  »   Uue   autre   fois,  Gellert  à  peu  près  sur:  Gellert  la  leur  rccom- 

5.. 


53  GEL 

mandail  cVaill.iirs  avtcce  Ion  de  bon- 
homic    qui    };laît,    surloiil  eu   Ai'c- 
magnc,  aux  ciasscs  inférieures  de  Li 
socielë.  Sa  réputation  sVtendil  bientôt 
du  peuple  aux  j:,ran;is  seigneurs:  pen- 
dant la  guerre  de  sept  ans ,  le  grand 
Frédéric  et  le  prirjce  Henri  voulurent 
le  voir.  On  connaît  cette  conversation 
où  le  professeur  soutint    noblement 
devant  le  Roi  l'honneur  de  la  littéra- 
ture   aîlt'mande  et  la  nécessité  de  la 
paix.  Gellcrt  se  plaignit  de  riudifféren- 
ce  des  souv<.rains  allemands  pour  leur 
n^itionet  leur  j)ropre  langue:  a  11  nous 
»  faudrait,    Ir.i  dit  -il,  des  Auguste, 
»  des  Louis  XIV.  —  Comment  î   la 
»  Saxe  n'a-t-eile  pas  eu  deux  Augus- 
»  te?  —  Oui,  siic,  aussi  avons-nous 
»  de  bons  commencements.  »  Frédé- 
ric ne  fut  poiut  choqué  de  la  franchise 
du  professeur,  et  lui  parla  de  ses  Fa- 
bles :   Gcllert  en  récita  une  qui  plut 
au  roi  ;  et  quel([ue   temps  aprè>, Fré- 
déric écrivait,  en  parlant  de  lui  :  «  Ce 
»  petit  bourru  de  Gellerl  est  réelle- 
j)  ment  un  homme  aimable  j  c'est  un 
»  hibou  qu'un  ne  saurait  arracher  de 
»  son  réduit;  mais  le  tenez-vous  une 
»  fois  ,  c'est  le  philosophe  le  p' us  doux 
»  et  le  plus  g.ii,  un  esprit  fin,  lou- 
»  jours  nouveau,  toujours  ne  ressem- 
»  blanl  qu'à  lui-même:  pour  le  cœur, 
»  il  est  d'une  bonté  attendrissante;  la 
))  candeur  et  la  véiité  s'échappent  de 
))  ses  lèvres ,   et  son  front   peint  la 
»  droiture   et  l'humanité.  Avec  tout 
w  cela,  on  est  embarrassé  de  lui  ilu 
»  moment  que  l'on  est  quatre  person- 
»  nés  ensemble;  ce  babil  l'éfourdif , 
»  la  timidité  le  .saisit ,  la  mélancolie  le 
»  gagne,  il  s'oublie,  et  on  n'en  lire  p;is 
»  un  mot.  »    Gellert,  limiile  cl  s.ins 
hibilu  le  cl  II   monde,  devait  en  ell'et 
se  trouver  déplacé  dans  la  .société  vive, 
brillante  et  m()'jueui.e  de  Fr<'ileiic.  Il 
rtçwl  cep«ndant,  dc.<>  hommes  (|ui  la 
<:oinpo:>aiciit  ,  cl  eu  parliculicr    du 


GEL 

prince  Henri ,  d'honorc-bies  marques 
d'eslini'  qu'il  ne  chercha  point  à  faire 
fructifier  ;  la  faiblesse  de  sa  santé  le 
condamnait  à  cette  vie  sédentaire  qu'il 
avait  choi^ie  par  goût  :  ses  soulfran- 
ces  le  faisaient  souvent  tomber  dans 
l'hypocondrie  et  la  tristesse;  tout  l'ef- 
frayait, rien  ne  le  nssurait,  et  les 
soins  de  ses  amis  lui  faisaient  seuls 
quelque  bien. Ses  cours  publi'  s  étaient 
fort  suivis:  il  ne  parlait  point  avec 
éloquence;  il  ne  mettait  point  en  avant 
CCS  idées  neuves  et  hardies  qui  entraî- 
nent tous  ceux  qu'elles  ne  repoussent 
pas  :  mais  sa  diction  était  facile;  ses 
idées  étaient  claires  et  justes.  Les  trou- 
bles de  la  guerre  de  sept  ans ,  et  les 
malheurs  de  la  Saxe  ,  inquiétèrent 
souvent  son  repos,  sans  interrompre 
ses  travaux  et  ses  succès.  En  17S4  , 
parurent  ses  Poésies  didactiques  mo- 
raUs ;qi\  i  7J6,  ses  OEuvre^,  mêlées, 
recueil  des  discours  qu'il  avait  pro- 
noncés à  rouverluie  et  à  la  clôture  de 
ses  leçons  publiques.  La  même  année 
il  donna  s  s  Cantiques ,  celui  de  ses 
ouvrages  auquel  il  tenait  le  plus,  et 
qu'il  a  travaillé  avec  le  plus  de  soin  : 
ce  sont  des  morceaux  de  poésie  reli- 
gieuse, pleins  d'une  piété  douce  et 
d'une  véritable  onction,  plus  riches 
en  serilinu.'iils  qu'en  images  ,  et  d'un 
ton  souvent  iioble,  mais  rarement  éle- 
vé. En  175IS,  il  donna  un  cours  de 
mor  de  dont  le  succès  fut  prodigieux  : 
ce  n'était  point  un  tnité  philosophi- 
que de  morale,  xvnU  une  suite  de  ré- 
ilexions,  bien  enchaînées  et  b'cu  pré- 
sentées, sur  la  n.iture  cl  la  destina- 
tion de  l'hoinnu-  ,  sur  l'importance  et 
la  beauté  de  la  vertu;  toute  pédante- 
rie scol.istKpie  en  était  bannie  :  celte 
maniiie  .simple  et  sans  prétention  de 
science  elail  alors  uii  phénomène  j 
aussi  fut-(  IIh  nniverseîlemenl  giuVéc. 
Lorsque  la  j)ai\  de  i  ^GS  eut  rentlti 
la  lrun([uillitd  à  la  Sax.c  ,  l'clcclcui* 


GEL 

FrcdiM  le  -  Cljrisli.in  vl  son  fils  Frcdr- 
rir  -  Aiij^iistc  lt'iii(»ii;i\cr( ut  à  Grliirl 
mw  l)i«iiv( ill.nici'  pUinc  d'islinic  :  (C 
dcriiiir  lui  fit  une  pension  que  Gi  1- 


G  E  L  37 

rmrhre,  m  plaire,  en  cire,  sur  la 
luile  el  sur  le  bois;  on  ouvrit  nue 
soiiscrio'iuu  pour  lui  eiifjerun  momi- 
nienl  :  M.  Oi"^  er,  profesheur  de  des>in 


lert  trouva  Iroj)  eunsid:  raMe,  et  qui  à  Leli-z^g,  devait  eu  être  eharj^e;  mais 
lui  fut  conservée  in,ilc,re  ses  represen-  des  eiiconhtiuees  p.uiicu.icies  en  fi- 
rent remettre  le  soin  à  M.  .Sdilej^el. 
Ce  mon'iment  est  place'  dans  re<ç'lise 
du  (imctière  de  L'ipzig,  faubourj:^  de 
Grimrna  :  il  représente  la  Heli^ioii 
ofiTiaut  le  nieMaillou  de  Gcllert  à  la 
Vertu,  qui  s'apprête  à  le  couronner; 
les  deux  fi-^urt  s  d';dhalre,  avrc  le  mé- 
daillon de  cuivre  jp.uue,  rrpo'^ent  sur 


tations.  Eu  i7(>-'>,  \'~/^']  et  1 7O9  , 
rdeeteur  et  sa  cour  voulurent  assister 
aux  leçons  du  professeur  de  Leip/Js^; 
et  il  j)r()uonç.»  devant  eux  trois  dis- 
cours, le  pr' mier  sur  ht.  nature  , 
Vdtendue  el  Vuùlité  de  la  morale  ; 
le  serond  ,  sur  les  causes  di'  1 1  préê- 
mintiice  des  anciens  sur  les  inolcr- 


nés  ;  \c  [uns'dmc,  sur  l'empire  qu  il     un  sareopliapçe  de  marbre  noir.  M 
faut  ai'oir  sur  soi-même.  Ces  trois     Wendler,  libraire  de  Gellert,  lui  fit 


niorccaus.  lui  valurent  de  nouvelles 
marques  de  considération,  dont  il  fut 
eueoi  c  plus  louclié  que  flatic'.  M  >lgrc  le 
déplorable  étal  de  sa  santé,  et  sa  mélan- 
colie habituelle,  il  entreprit  de  mettre 
V\  dernière  main  à  ses  Leçons  de 
morale,  pour  les  donner  au  publie  ; 
mais  ell(  s  ne  devaient  paraître  qu'après 
sa  mort.  En  vain  il  essaya  de  plusieurs 
remèdes  :  les  eaux  de  Carisbad  ne  le 


clevrr  dans  son  jardin  un  autre  mo- 
nument, qui  fut  exécute  parM.OEser  : 
un  ci])pe,  surmonté  d'une  urne  sépul- 
crale,  cffie  le  méd<»i'lon  de  Gcllert; 
les  trois  Grâces ,  encore  dan?  l'en- 
fance, pleurent  leur  père  :  leur  en- 
fance fait  allusion  à  C(  Ile  de  la  lilté- 
ialurealleraand(-.C<' monument  mérita 
l'apfirubalion  de  Pigalle,  passant  à 
L^  ip7-ig  en  1 7 7^.  Tous  ces  ténioignages 


soulagèrent  que  momcnlanément  ;  il  d'affection  et  de  regret  étaient  dus 
voyait  approcher  la  fin  de  sa  vie  avec 
tristesse,  mais  sans  effroi  :  le  5  décem- 
bre 1769,  ses  évanouissements  re- 
doublèrent, et  les  douleurs  devinrent 
plus  ai'^ucs  ;  il  languit  sans  se  plain- 
dre jusque  dans  la  nuit  du  i5  au  i4 
décembre  :  Je  ne  croyais  pas  quil 
fût  si  difficile  de  mourir  ^  dit- il  a  ses 
médecins,  en  leur  demandant  com- 
bien de  temps  cela  pouvait  encore 
durer . — Peut  éire  encore  une  heure , 


aux  vertus  comme  a  l'influence  des 
talents  de  GelK  rt  :  son  caractère  con- 
tribua presque  autant  que  ses  ouvra- 
ges à  répandre  en  Allemagne  le  goû!; 
des  leltr(  s.  11  accueil'ait ,  avec  une 
extrême  bonté,  tous  ceux  qui  vou- 
laient le  voir ,  et  prêtait  libéralement 
aux  jeunes  gens  le  secours  de  ses  lu- 
mièies  ,  de  sa  protection  ,  souvent 
même  de  sa  bourse.  Une  corres- 
pondance  très  étendue   lui   donnait 


lui  répondirent-ils. —  Dieu  soit  loué!     beaiîcoup  de  moyens  de  servir  ceux 


encore  une  heure  !  —  et  il  mourut 
en  effet  dans  la  nuit.  Sa  mort  fut  pieu* 
rce  de  l'Allemagne  entière,  comme 
celle  d'un  bienfaiteur  de  sa  nation  :  les 
chaires  publiques  retentirent  de  son 


qui  avaient  besoin  de  ses  bons  of- 
fices. Le  recueil  de  ses  Lettres  est 
un  monument  authentique  de  sa  bon- 
té :  on  y  rcconn.ût  une  ame  hon- 
nête  et    tendre ,  une  rare   sincérité 


éloge;  tous  ceux  qui  savaient  écrire  de  conscience,  et  cet  amour  de  per- 
firent  des  vers  ou  de  la  prose  en  son  fcctionnemenl  qui  distingue  la  vraie 
honueurj  on  multiplia  son  image  en     vertu.  Le  taractcre  de  Gcllert  man- 


58  GEL 

quait  (\e  vigueur  coiurae  son  esprit; 
SIS  soiiftiaiicrs  phvsiqurs  rmiicient 
quelquefois  son  humeur  ine^aîe  :  il 
lî'éi.iit  pas  iiiacro  sibJ.'  aux  petits  plii- 
sirs  de  la  vaiii:é;  m  is  Ij  fraiicîiise 
avec  laquelle  il  avonail  ses  f.iibîcises, 
et  le  de^ir  qu'il  avait  de  \cs  siinnoii- 
ter ,  ne  permettent  pas  de  ks  con^i- 
derer  Cniume  d»>  toil^  ;  on  les  lui 
paidurjiied'.iulaiit  (dus  aiscruenr,fpi'il 
se  Ks  pardoMiiait  moins  lui-mcmc.  La 
codtctiou  de  ses  OEuvres  a  elc  suu- 
\eiit  reim|>rimcc:  Lei[)zig,  17^6,  10 
volumes  iii-8°.  ;  Ijeine,  i'yhç)-'-4, 
10  vol.  in-i'2;  1773,  1  o  vol.  iii-i  i; 
Fraiiclbit ,  1770,4  ^'oi.  };raiid  in-8  .; 
Leipzg,  177^3,  in-h)\;  ibid.,  1784; 
etc.,  elc.  :  ces  deux  demictcs  C'iitions 
sont  \is  plus  complètes  et  b  s  plus  sui- 
gnces.  Celle  de  Berne,  que  nous  avons 
sous  les  ^eux,  coutii  lit:  i°.Une  Dis- 
sertation sur  h:  st/)  le  êpistulaire ,  et 
les  Lettres  de  Gc  lert  avec  qsiebpies 
lettrcà  de  son  aiiu  R.jb(  i;er.  Ce  s  let- 
tres ,  dont  (]uel(pies-unes  sont  fort 
piqu.iufes ,  oi»t  elc  tiaiiuitesen  fran- 
çais par  M.  fluber,  qui  les  a  lait  pre- 
cc'der  d'un  Elo^c  de  Gellcit,  i  vol. 
in-1'2,  L«ij)zi.;,i777;  et  p.»r  M""",  de 
Lafi  e  (  LilM'chl ,  1775  ) ,  qui  y  a  joint 
la  traUiction  de  la  F'ie  de  Gelleit 
j).u-  M.  Cram<r.  —  1°.  L"  s  Caiïiujues 
ou  Pue^ics religieuses  — 5  '.  ïjesPoé 
sies  rnor  îles  tli(lacti(jues.  —  4^-  '--^s 
Contes  et  Us  Fahh's ,  tiaduits  dm  s 
presque  toutes  leslan,;u'  s,  et  p'iisieuis 
fois  en  fr mç iis,  entre  aulr<s  par  lioul- 
Icnger,  cl  en  vcr^  par  'loiissainl  ;  1). 
ComiiK'  rabuli*>te,  (îellcrt  a  un  t. dent 
ori^iiiil  et  vrai;  sa  nirraiion  nianipte 
de  viviiile,  mais  elle  est  naturelle; 
son  slvie  e-l  plus  e!ri;ant  (p»e  j)ueti- 
quc;  ses  relIcMons  sont  ^uiivent  in- 
pciiieuses,  cl  exprimées  avec  j;race  , 

(l>  Il  V  m  a  niiiii  iinr  trixliirlinn  rn  vrrt  rriii)i;i«i«, 

Sarnii'^  fummc  ttv.Jitifle      VKiriMor  Willir!i»iiir  r)v 
trvfli),  JUimIjii      1777,    lu-H^.    Le  jml   Abrjhaui 
eo  puLlitt  ,  il  Hait*  ,  unu  IraUtictiun  nt:brjti|iiu. 


GEL 

miis   elles  interrompent  quelqiiefoi» 
le  fil  du  récit.  Ses  meilleures  fables 
sont  celles  dont  le  sujet  est  de  son 
invention ,  et  cVst  le  plus  grand  nom- 
bi  c;  mérite  trop  rare  parmi  les  fabu- 
listes.  Celles  qu'il  a  imitées  de   La 
Fontaine  sont  très  inférieures  à  l'ori- 
j;ina!,  et  Gcllert  n'en  disconvenait  pas. 
La  ^'Âlé  ne  lui  est  pas  étrangère,  mais 
la  sienne  est  plus  naïve  que  piquan- 
te; (t  quand  il  essaie  de  donner  à  la 
fab'c  le  ton  de  la  satire,  il  manque  de 
concision  et  de  se!.  — 5°.  Des  Corné' 
clies.  Gcllert  ne  connaissait  pas  assez 
le  monde  et  les  travers  de  la  nature 
bumaine  pour  réussir  dans  la  comé- 
die :  l'exagération  prend  souvent  dans 
les  siennes  la  place  de  la  vérité;  il  suf- 
fit ,  pour  s'en  convaincre,  de  life  sa 
Véwote  ,  mauvaise  imitation  du  Tar- 
tuffe, sans  intérêt,  sans  caractère,  et 
sans  dénouement  :  il  a  mieux  réussi 
dans  le  drame  des  Tendres  sœurs , 
dont  le  dialogue  est  naturel  et  la  mar- 
che touchante.  Ses  Comédies ,  comme 
tous  ses  ouvrages ,   ont  été  d'abord 
imprimées   séparément,    et  souvent 
réimprimées  depuis  ;  Leipzig  ,  i  74^  , 
in-8".;   1747,  in-8'.;   1758,  in-8<>.  : 
que'iques-uiies    ont   été   traduites    en 
IVanç.iis  (i\  —  6'\  La  comtesse  sué- 
doise de  C**. ,  roman  où   la  vérité 
des   détails   l'ait    pardonner   l'invrai- 
semblance des   événements,   et    qui 
attache,   par    le   charme    des    senti- 
ments, malgré  la  faiblesse  de  la  pein- 
ture des  caractères,  Leipzig,   174^^ 
in-8'.;   i7'î8,  in-8'.  :  on  en  connaît 
deux     traductions    françaises;    l'une 
(  par  rormey),   I75f,   in-8'.;  l'au- 
tre par    ^^  de    B.,  Paris,    1779    et 


(1^  /.«  IhUcl  lin  loterie,  romcilie  «!r  (ipllrrt , 
fait  pitrlia  «lu  l'Iifàtr*  aUemiimi ,  traduit  par 
Jii:i^cr  et  t.:nliiitil,  '77*'  *  *"'•  '"-•'*;  l*' 
Sirnrt  itniiet ,  «'oiiit  ilio  «  n  y\v\i\  nctri ,  »r  tron- 
v<  nt  liant  li'»  l'fuf^riit  Jet  Alltmumit  ilnnt  tê-t 
fctenccf  ,  pni  If  l'urun  <U  Ihtlfeld,  i7<t8,  iii-8.  ; 
In  OtvotM  ,  (r«(luiii-  par  Poiieaui ,  a  elc  imi>riai<i«> 
à  jiart ,  Bcrliu  ,  i7jfj  ,  in- 1 J. 


G  E  h 

178» ,  1  pniiics  in-1'2.  —  7°.  Des 
Olùu>res  mêlées,  coiUeii.uit  des  con- 
tos  ,  (Irs  idylles,  etc. —  8".  l)<.s  J)is- 
sertaUons  de  lUtératiirc  et  de  mo- 
rale,  ai;rCtibl(S   à  lire,   souvent  spi- 
riltielies,  quehiuefois    iiisi^iiifianles , 
et  beaucoup  plus  reinai(ju,il)I<'S  dans 
le  temps  où  elle-*  ont  paru  (piVlIcs  ne 
le  sont  aujourd'hui,  Lripzjp;,  '747» 
in-8'.;  i7(i<i,   in-8°.,  etc. — 9°.  Ses 
Leçons  de  morale ,  publiées  a])rcs  sa 
mort,  parj.  A.SclilegelelG.  L.lleyer, 
Lripzig,  1  770,  li  vol.  in-h".  :  elles  ont 
été  traduites  en  français  parM.Pajon, 
qui  y  a  joint  des  Réflexions  sur  laper- 
sonne  et  les  écrits  de  Vauteur;  tra- 
duites aussi  de  l'aHemand  (de  Garve), 
Utrechtet  Leipzig,  1  vol.,  177'.*;  cl 'es 
Font  encore  ctc  par  la  reine  de  Prusse, 
veuve  du  grand  Frédéric   (  Berlin  , 
1790,  '2  vol.  in-8°.  )  Cette  princesse 
a    aussi    traduit  ,    en  français  ,    les 
Hjmnes  et  les  Odes  sacrées  de  Gcl- 
lert,    ibid.,    1789,   in-8<*.    {Voyez 
Elisabeth-Christine.  )  Tels  sont  les 
titres    littéraires   d'un   lioranie    qui , 
maigre  les  révolutions  qu*a  essuyées, 
depuis  sa   mort,   la   littérature  alle- 
mande, malç^rc  le  dédain  que  témoi- 
gnent, pour  ses  poésies  et  ses  idées, 
certains  critiques  modernes,  conser- 
vera toujours ,  aux   yeux   des  juges 
équitables,    le  mérite  d'avoir   puis- 
?        sammcnt  contiibué   à  former  la  lan- 
gue ,  et  à  mettre  en  mouvement  les  es- 
prits de  ses  compatriotes  :  rien  n'est 
plus  commun  que  l'itigratiludo  en  lit- 
tératJire;  le  génie  rnêrne  n'y  échappe 
pas  toujours,  et  Geilert  n'était  poiut 
un  homme  de  génie  :  mais,  si  l'on  peut 
lui  contester  la  gloire  dont  il  a  joui  de 
son  vivant,  on  ne  saurait  lui  ravir  la 
réputation  qu'il  a  justement  acquise. 
On  a  beaucoup  écrit  sur  sa  vie  :  le 
meilleur  ouvrage  à  ce  sujet  est  celui  de 
son  ami  Cramer,  qui  forme  le  x^  vol. 
de  la  plupart  des  collections  de  ses 


G  R  L  3f) 

OP!uwres.  Le  (clMtre  Garve  a  bien 
juge  Gc  lert  danv  se.s  Observations  sur 
la  morale  de  G  elle  ri ,  ses  écrits  et 
son  caractère ,  Lcijizi:,  1770,  in-8". 
Krnesii  a  aus.^i  écrit  son  éloge  en  la- 
tin ,  Leipzig,  1770,  iu-'i  '  ;  et  Haur  , 
en  allrniaiid,  dans  le  tome  11  de  ses 


Biofrrophies. 


(i  —  T. 


GIllLLEîS T  (  Christf,!!:»-  Euni:- 
gott),  frère  aîné  du  précédent,  sa- 
vant professeur  de  m^'t  d'urgie  ,  né  à 
Haynichen,  pics  de  Freibcrg,  en 
août  171 3,  fit  ses  premières  études 
à  Meissen  ,  et  ensuite  à  l'universilc  de 
Leipzig.  Appelé  avec  plu>ieurs  au- 
tres savants  saxons  à  Pélersbourg, 
il  y  enseigna  d'abord  pendant  un 
an ,  et  fut  ensuite  pendant  dix  ans 
adjoint  à  racadémie.  Ses  lelations  in- 
times avec  le  célèbre  Euler  lui  inspi- 
rèrent le  goût  de  la  physique  et  de 
la  chimie  ;  et  ce  fui  pendant  sou  sé- 
jour à  Pélersbourg  qu'il  commença 
à  cultiver  ces  sciences,  luippclé  eu 
Saxe  en  1746  ou  1747,11  s'y  livra 
de  nouveau  à  la  carrièie  de  rensei- 
gnement. Ses  coiu's  miuéralogiques 
attiraient  à  Fieib  ig  une  quantité 
d'étrangers  de  la  plus  haute  distinc- 
tion ,  et  lui  furent  piyés  très  cher; 
car  le  prix  ordinaire  d'un  cours  pu- 
blic était  de  5  à  4  cents  thalers  (12a 
16  cents  fr.),  (t  pour  un  cours  par- 
ticidier  il  recevait  jusqu'à  1  raille  ï\\ 
îl  fut  noraiMC  successivement  en  1753 
conseiller  commissionné  aux  mines , 
chargé  de  l'inspection  des  machiiies, 
de  l'examen  des  fontes  et  de  c<:'lui  des 
minéraux  de  la  Sixe  ;  en  1764  ,  ad- 
ministrateur en  chef  des  fonderies  et 
forgP'^  à  Kreiberg  ;  en  i  765  ,  profes- 
seur de  métallurgie  à  l'académie  des 
mines  établie  dans  la  raêu)e  ville,  et 
enfin  en  1  782  conseiller  effectif  des 
mines.  Ses  reclicrches  métallurgiques 
ont  f.dt  faire  un  grand  pas  à  \n 
science.  11  a  le  premier  iotioduit  en 


1^0  GEL 

grand  le  procède  du  départ  des  me'- 
taux  par  jmalgaraalion.  La  méthode 
dVxtr.jire  es  n.ëtaux  précieux  des 
minerais  par  le  moyen  du  mercure, 
él.iit  ii.vei:(ce  et  sui'H  p;ir  les  E-^pa- 
gno^  dans  l'Amérique  méridionale  de- 
puis plus  d'un  sièc'e  ava-il  -pie  Ir  ba- 
ron de  Born  en  eut  f.iil  1(  s  premiers 
estais.  Gejiciid.ânt  le  j»rocéde  d'amal- 
gnraafion  introduit  par  de  Bt-rn  ,  ne 
s'oj  e'rail  (jue  par  \v  moyen  rlu  feu  ; 
l'ixirai  ti(<n  | ..»  amd^am*  ion  à  iVoid 
n'èla  t  pas  encuc-  en  usa 4»  .  ri  tes  «*s- 
sais  qu'<n  avait  entrepris  dans  ics  mi- 
nes df  Hongrio,  n'avaient  pas  eu  de 
succès.  Gcllcrt,  convaincu  de  l'e'.ono- 
niie  qui  résulterait  de  1'»  xtnc'ion  dt  s 
métaux  pir  amalgamation  à  froid , 
en  épargnes  de  bois,  sa'aires  d'ou- 
vriers ,  cl  dépenses  pour  les  cliaudic- 
res  de  cuivre  ,  ap],liqua  c<  tte  dernière 
méthode  aux  uiinerais  de  la  S  xe  Ses 
essais  ayant  complètement  réussi  en 
jirand ,  Chrpentier,  conseiller  des 
mines  de  In  Saxe,  fut  en\o\é  en 
i-jBG,  par  réitcttur,  en  Hoigric, 
pour  s'inslriiire  de  tout  ce  qui  a  rap- 
port à  (  ette  oj)éraiiun  •  el  a  son  re- 
tour il  fut  charj»é  par  l'électeur  de 
construire  à  Halsbiiitk  un  ateli.  r  d'a- 
mal^amatiou  à  froid,  qui  est  le  plus 
grand  qui  <  xiste  en  Europe  pour  cette 
opéialion.  (V(st  drpuis  1790,  qiu-  le 
pro(  édé  de  iîorn,  pour  le  dcj)jrl  dis 
métaux,  a  été  suivi  dms  c>  t  afrliCr 
en  grand  d'après  les  principes  de 
Gellcrl.  (le  bàiiruent  fut  en  1791  la 
proie  des  flammes;  mais  il  a  été  re- 
levé depuis,  et  on  coniinue  à  y  i\v,- 
ploycr  le  même  procédé.  Siqiu  ira 
(  .T.  P.  Fragosode  )  a  publi.-  < n  fr.ui- 
çais  cl  en  a'iemand  une  Dcscr'rtlon 
tic  tous  les  travaux  tant  (V amalga- 
mation fjuc  (les  fonderies  (jui  sont 
actuellement  en  usa^e  dans  les  ate- 
liers de  Ilalsbrùch ,  près  de  Frey- 
hcrg,  Dresde,   1800,  in-Zj".  Gellerl 


GEL 

est  mort  le  1 5  mai  1 795 ,  à  l'âge  de  82 
ans.  Autant  le  poète  Gellert  son  hère 
était  enclin  à  la  mélancolie  ,  autant 
celui-ci  était  disposé  à  la  taîfé;  el  quoi- 
que se  fusant  paver  chèrement  ses 
leçons  par  les  étudiants  étrangers,  il 
n'épari:iîai'  rif  n  peur  instruire  gratis 
les  ouvriers  et  les  empiovés  aux 
mines  de  ia  S.«xe.  On  a  de  lui  plu- 
si(nis  ouvrap;es,  tous  en  allemand: 

1.  Eléments  de  la  Docimasie ,  ex- 
posés selon  les  principes  ue  la  théo- 
rie et  de  la  pratique ,  parJ.  A.  Cra- 
nit-r,  traduits  du  latin  en  allemand, 
Slo^kiiv  l>;i  ,  i74'">,  in-8°.,  i^i'.^- ;  et 
Leipzig,  1766,  in  8.,  {\^.\\.  Elé- 
ments de  la  Chimis  métallurgique , 
considérés  sous  le  rapport  de  la 
théorie  et  de  la  pratique ,  Leipzig, 
1750,  in-S".;  a*",  édit. ,  coiri^^ée  et 
aiiç^mcntéc,  ibid.,  1776,  in-8".  III. 
Eléments  de  la  Docimasie  ,  ou 
tome  II  de  la  Chimie  métallurgi- 
que ■j)r'  tique  ^  ouvra«;c  dans  lequel 
on  démontre  ddfér'^nls  nouveaux  pro- 
cédés pour  essayer  a\ec  certitude, 
Leip/ij:;,    1755,  in  8^. ,  avec  5  pi.; 

2.  édit. ,  augmentée  par  raut(ur, 
ibid.,  i77'>.  ,  in  8'.  U  existe  de  cet 
ouvrage  une  traduction  française  ])ar 
le  baron  d'Hulbacli ,  Paris,  1758, 
1  vol.iu-1'2;  et  une  traduction  an- 
g'ai>e  ,  p>r  J.  G.  S.  (Sey(eith), 
Londres,  177O,  in -8**.  On  trouve 
également  de  Gellert  quelques  Dis- 
>erlaliops  chimi(|nes  dans  \e  Journal 
pour  la  Miné' alof^ie  ,  par  Koliler; 
(I,  dans  le-  Cinnientarii  Hetropoli- 
tani,  un  Meumu»-  De  densiiale  mix- 
tcrtiin  ex  metallis  el  semimetallis 
Jactrrum  ,  itlc.  W — u — D. 

Gl'.LI.I  (Jean-Baptiste),  célè- 
bre auteur  italien  »lu  wi" .  sièch* ,  se 
distingua  dans  l.i  liiléiature  philolo- 
gique, dans  la  comédie  et  dans  la  phi- 
losophie nutr.de.  Tl  prouva  par  .sOU 
exemple,  ctnime  l'a  observé  Sfipion 


G  K  L 

Ammiralo  ,  que  ceux  qui  s'excusent 
de  leur  if;norance  et  <Jc  i'éloigiicinciil 
où  ils  oui  vc'cn  de  la  enltiirc  (I(îs  let- 
tres et  des  ails,  sur  leur  j)auvr(lc  , 
leurs  affaires,  ou  sur  d'autres  raolit's 
de  e«  ftc  iialure,  n'en  doiveul  en  effet 
accuser  que  leur  paresse.  Ne  à  V\o- 
jente  eu  l4oH,  ii  c't.iit  fils,  selon 
.les  uns,  d'un  li oiuîclier  ou  chau*^sc- 
tier,  Cdhiiiuolu;  selon  d\<\\\rcs.  d'un 
pauvre  tailleur,  Sarion%c\  uicuie  d'un 
simple  raccommodeur  d'habits  (i): 
il  ai'la  loug-leiups  sou  père  dans  celte 
profession;  il  l'exeiç»  lui-nieiue,  et 
l'exerçait  encore,  ainsi  q  le  nous  le 
venojis  plus  bas,  lorsque,  reçu  mem- 
bre de  l'acadeuiie  fJorentiiic,  <  t  mciue 
après  en  avoir  elc  consul,  il  prononça 
devant  cette  illustic  académie  le  dis- 
cours oratoire  qui  précède  ses  Icçiuis 
sur  le  Dante.  ]Mai;.;re  le  désir  très  vif 
qu'il  avait  toujours  mo?'trcde  faire  S'S 
cludes,  ii  n'en  obtint  la  pernussiou 
de  son  père  qu'à  i'agc  de  vingt-ciuq 
ans.  Ses  progrès  Jurent  aussi  p;rand5 
que  rapides.  11  n'apprit  point  le  grec, 
mais  il  devint  très  savant  dans  la 
langue  latine  ;  et  s'e'tant  parlicuhcre- 
rncnt  applique  à  connaître  les  prin- 
cipes, le  vr.ii  caractère  et  rèlègance 
de  la  langue  to'^cane,  il  fut  bientôt 
regarde  comme  un  de  ceux  qui  la 
parlaient  et  l'cVrivai;  nt  !e  mieux.  Il 
fut,  en  i54o,  un  d<'S  principaux 
lilterateuis  qu.i  se  rissrn.b'èrent  chez 
Jean  Mazz  loli ,  plus  connu  sous  le 
nom  du  Siiadino,  ef  qui  y  formc- 
renl  l'académie  des  Humides  ;  'iue 
confoimc  à  la  mode  acadcmiqnv;  qui 
régnait  alors,  et  qu'elle  chaugea  trois 
mois  après  sa  fondation ,  pour  le 
nom  plus  convenable  d'académie  flo- 
rentine, qu'élu;  a   illuslie',   et  qu'elle 


f  0  Dans  le  langage  CDmmun  et  dans  la  langue 
psrl<5e,  calzniiiolo  a  souvent  en  Ilalie  ce  der- 
Durr  «mis;  m:iis  dans  la  langue  écrite  et  régulière 
il  ne  signifie  <juc  chans'seticr ,  ft«-. 


GEL  4i 

a  toujOur"s  conserve  depuis.  Son  prési- 
dent,  (jiii  ('i.it  n  nouvcle  tous  les  sir. 
mois ,  avait  le  titre  d(!  ecuisul.  Oelli  ob- 
tint le  consulat  eu    i548:  il   fut   de 
plus  nommé  trois  fois  e(  ns(  iir  et  re- 
format- ur  de  la  langue,  qiii  (itail  la  se- 
conde digîiifc  de  l'académie  j  et  ce  fut 
en  1  555,  (pie  le  duc  de  Florence  ,  Cos- 
nie  l*"'.,  le  cliargea  d'exp'iquer  publi- 
quement \i\  Dwina  coTnmcdiaàu\),\vi- 
te,  fandis  qu'ii  chargeait  aussi  leVarchi 
d'expliquer  \v  Canzonicrc  de  Pclrir- 
que.  (les  dates   peuvent   paraîtie  in^ 
difrcrenles;  mais  vtiici  ce  qui  les  rend 
dignes  d'attention  :  dans  le  discours 
d'apparat  que  Gelli  prononça  devant 
l'académie  pour  i'ouvetlure  de  ses  le- 
çons sur  le   Dante,  il  compte  pour 
l'une  des  principales  raisons  qui  l'ont 
engage'  dans   une  entreprise  si  diffi- 
cile, l'amour  qu'il  a  et  qu'il  a  toujours 
eu  pour  ce  grand  liomme  ,  tant  à  rai- 
sou  de  son  savoir  et  de  son  sub'ime 
talent,  que  parce  qu'il  a  e'ic   la  pre- 
mière et  la   principale  cause  qui  lui 
a    fa't  apprendre  tout  ce    qu'il  sait. 
a  Le  ieul  désir  coutinne-l-i',  d'entcn- 
»  dreles  liaut<s  et  profondes  peuse'es 
»  de  son  mervriliet.x  poème,  fut  ce 
))  qui  me   porta  ,   dins  cet    âge   où 
))  l'homme  est  le  plus  livré  aux  plai- 
»sirs,  et    d  iis   cette    j  rv  fcssion  si 
»  étrai  g'  re  aux  h  lires,  (pie  j'exerçais 
»  et  (fie  j'exerce  encore ,  à  me  met- 
»  lie  a  é'.u.iier  la  laUj;ue  latine,  et  en- 
))  suite  à  consacrer  tout  le  tc^mps  que 
»  je  pouvais  prendre  sur  mes  affiires 
»  donic.->ti..;n!  s  .  à  l'étude  des  sciences 
»  el  des  b- a  :x-arts;  jiig.  ant  avec  rai- 
»  souque,  vouloir  sans  leur  secours 
»  entendre  ce  poèrae,  c'était  vouloir 
»  voler  sans  ailes ,  et    vouloir  na^i- 
»  gucr  sans  boussole  et  sans  gouver- 
»  nail.  ))  Ainsi ,  à  l'âge  de  cinquanle- 
cinq  ans ,  honoré  des  premières  di- 
gnités littéraires  de  sa  patrie, el  après 
avoir  publié  avec  succès  un  grand 


43  GEL 

nombre  d'ouvrages,  il  travaillait  en- 
core <!e  son  métier  de  boundier  ou 
de  taiîleur  d'habits  ,  et  cela  ,  non  pas 
dau>  Horencc  républicaine,  mais  sous 
le  seci;iid  de  ses  durs,  et  sous  les 
yeux  d'ui.e  cour  brillante.  Les  affai- 
re* domestiques  dont  il  parle  l'avaient 
en  effet  toujours  beaucoup  occupé.  Il 
avait  une  femme,  des  enfants;  il  était 
pauvre,  et  ii  ét.iit  bon  mari  et  bon 
père.  Il  mourut  en  i563,  à  Flo- 
rence, d'où  il  n'était  jamais  sor- 
ti. D'après  sou  portrait,  gravé  en  tête 
de  quelques-uns  de  ses  ouviages,  .«a 
iiguie  était  belle,  douce,  et  rendue 
vénérable  par  une  barbe  longue  et 
épaisse.  C'était  un  des  hommes  que  la 
nature  avait  le  plus  heureusement 
doués,  et  à  qui  il  n'a  manqué  que  la 
fortune.  Ses  ouvrages  ,  cités  par  les 
académiciens  de  la  Crusca,  comme 
autorités  dans  la  langue  ,  sont  :  L 
Tulle  le  lezioni  faite  nelV  accade- 
miafiorentina ,  Florence,  i  55  i  ,  in- 
8\  Ce  sont  les  leçons  ou  lectures  qu'il 
avait  faites  d.ms  les  séances  de  l'uca- 
démie,  depuis  i547,  ''"'*  quelques 
passages  du  D.*nto  et  de  Pétrarque  : 
elles,  avaient  d'abord  paru  séparé- 
ment ,  à  différentes  dates  ;  elles  lurent 
recueil  ies  en  ini  seul  volume  dans 
celle  édition  de  i55i,  par  Torren- 
tino,  qui  n'y  mil  point  son  nom.  Ce 
fui  le  sucrés  de  ces  leçons  qui  enga- 
g<a  CM.srac  I  '.  à  cli.irger  l'auteur 
d'exp  iquer  publifpiemenl  le  poiine 
entier  (lu  D.mte;  ce  qu'il  fil  jus(ju'(  n 
I  55i ,  deux  ans  avant  sa  mort.  Files 
furent  publiées  d(  puis  i554  jus(pi'a- 
lors ,  en  sejd  dillérenls  pdiu  volu- 
mes ,  dor)l  chacun  porte  le  titre  de 
J.ctiura  i«.,2". ,  5*».,  etc.  sopralo 
inj'erno  ili  Dante,  avec  le  nom  du 
consul  sous  lequel  ces  leciures  ont  été 
faites;  ce  (pii  <ti  marque  l'.innée.  Klles 
ftont  toutes  divi.sées  en  Leçons  :  la 
première  Itclurc  en  a  douze,  et  le 


GEL 

discours;  la  seconde,  un  autre  dis- 
cours et  dix  leçons  ;  la  troisième  ci 
la  plupart  des  autres,  aussi  dix  le- 
çons. Il  est  rare  de  pouvoir  réunir  ces 
sept  parties.  Salvini ,  dans  ses  Fastes 
consulaires  f  indique  surtout  la  cin- 
quième comme  très  diffiei'e  à  trouver. 
II.  1  Capriccj  del  Bottajo ,  Flo- 
rence, 1  548,  iu-b.  C'est  la  meilleure 
édition  et  la  plus  rare  de  ce  livre, 
dans  lequel  l'auteur  introduit  un  cer- 
tain Giusto,  vieux  tonnelier  floren- 
tin, qui  disserte  dans  une  forme  sin- 
gulière sur  différents  suj»  ts  de  philo- 
sophie morale.  Il  feint  que  ce  Gnisto  , 
homme  sans  instruction  et  sans  let- 
tres,  mais  doué  d'un  bon  sens  natu- 
rel et  d'une  longue  expérience,  dor- 
mant peu  la  nuit ,  à  cause  de  son  grand 
âge,  avait  l'habitude  de  parler  tout 
liaut  et  de  s'entretenir  seul  avec  son 
ame,  c'est-à-dire  avec  lui  même:  Bin- 
do,  son  neveu,  qui  coueh.iit  dans  une 
chambre  voisine  ,  séparée  par  une 
simple  cloison,  avait  tout  entendu, 
tout  recueilli  ;  et  c'est  d'après  ses  no- 
tes, que  Gelli  tait  part  nu  public  des 
dialogues  nocturnes  du  vieux  Giusto 
avec  son  ame,  sous  le  litre  plus  ori- 
ginal que  l'ouvnge  même,  des  Capri' 
ces  du  tonnelier.  \\  n'en  parut  d'a- 
bord que  huit,  simplement  inlilulés  : 
Dinlos^hi  delGello,  col  dialogo  deW 
invidi(i,V\oiviiCQ y  i5i(i,  »n  4  •  1-" 'au- 
teur en  ajouta  deux  autres  en  i54H;  et 
c'est  d'après  eelte  seconde  édition,  (jui 
est  très  brile  et  très  correcte,  qu'd  en  a 
é!c  fait,  tant  a  Florence  qu'ailleurs  , 
nn  grand  nombie  d'autro,  où  l'on 
ne  trouve  p.is ,  à  beaucoup  près ,  la 
mênie  élégance  typographique  ni  la 
njènie  correction.  Les  explieations  et 
les  instructions  que  l'ame  de  Giusto 
lui  donne,  sont  fort  sages;  elles  ont 
pour  objet  la  nature  même  de  l'ame, 
la  conduite  de  la  vie  ,  le  soin  d'éviter 
les  vices  qipi  b  troublent,  le  bonheur 


G  E  L 

(^'imr   condilioii  privée  et  iVimc  vie 
obsciui'.  Cl  lui  que  l'on  |)tut  couler, 
mcmcdaiis  la  vicilh'.ssc ,  et  les  av;iu- 
tigrs  (le  cet  à^c,  .si  l'on  veut  en  ocar- 
tcr  les  pas-ions  folles  ,  les  ie<^rcts  tlii 
p.issc  et  les  craintes  de  l'avenir  :  celte 
]ihili)SO|)liic n'est  pa'^très  profonde;  et 
l'on   poiirrnit  peut-être  tirer  plus  de 
puti  de  ce  cadre  Li/.irrc,  mais  assez 
ingénieux  ,  et  qui  était  alors  nouveau. 
111.  La  Circe,  Florence,  Torrenliiio, 
1 5/}9  ,  in-8°.  ;  ouvrage  dont  l'idée  est 
encore  plus  bizarre,  et  dont  rexëculion 
est  aussi    plus   originale  et  plus  pi- 
quante. La   fiction  allégorique  d'ilo- 
lucre  (  Odyssée  y  /.  X  ) ,  qui  fait  chan- 
ger des  Grecs  en  pourceaux  dans  l'île 
de  Girce,  est  le  fondement  de  celle  de 
Gelli.  Mais  dans  Homère,  Ulysse  ob- 
tient de  la  magicienne  que  ses  compa- 
triotes, rendus  à  leur  première  forme, 
retourneront  avec  lui  dans  leur  pa- 
trie :  la  Circc  deGel'i  n'a  ])as  changé 
les  Grecs   en  pourceaux  seulement, 
mais  en  différentes  sortes  d'animaux; 
et ,  quand  Ulysse  la  prie  de  leur  ren- 
dre la  forme  humaine,  elle  met  pour 
condition  ,  qu'ils  y  consentiront  eux- 
mêmes.  Ulysse  n'en  fait  aucun  doute; 
mais  il  se  voit  bien  loin  de  cèinpte, 
lorsqu'ayant  propose  à  chacun  cTeux 
de  redevenir  homme  et  de  quitter  son 
ctat  de  bcte,  il  reçoit  un  refus  de  tous, 
et  l'explication  de  leurs  motifs.  Il  n'y  a 
que  l'elcphant  qui  soit  assez  raisonna- 
Lie  pour  consentir  à  reprendre  l'exer- 
cice entier  de  la  raison  humaine  ;  et 
c'est aveclui seul  qu'Ulysse  va  rejoin- 
dre ses  compagnons  et  son  vaisseau. 
L'ouvrage  est  divisé  eu  dix  dialogues, 
dans  chacun   desquels  Ulysse  fait  sa 
proposition  à  l'un  de  ces  animaux, 
qui  tous  ,  à  l'exception  du  dernier , 
lui  font  les  mêmes  réponses.  Il  prend 
les  choses  de  loin  ;  car  les  quatre  pre- 
miers auxquels  il  s'adresse, sont  une 
bi;ît;c,  une  taupe,  un  serpent  et  un 


GEL  43 

lièvre.  On  sent  (pie  mIs  trouvent  des 
raisons  sjx'eieuses  pour  préférer  leur 
état  au  nôfr<',  des  animaux  tels  que  le 
chien,  le  lion  ,  le  cheval,  en  ont  en- 
C'uedeplus  fortes.  Ou  recourait  dans 
cette  fable  ,  dont  il  existe  une  ancien- 
ne traduction  françtise  par  le  sieur 
Duparc  (  Paris,  1  5G7 ,  i  57-2  ,  in- 1 6), 
et  par  un  anonyme  (  ibid.,  i()8i  , 
in-i'2  ),  la  ^ource  d'où  La  Fontaine 
a  tiré  la  première  de  son  xn'.  livre, 
intitulée  :  Les  compagnons  d'Uljsse, 

II  s'en  vit  de  pellls  ,  exempliim  lU  talpa. 

La  Circé  n'eut  pas  moins  d*éditions 
que  les  Capriccj.  Torrentino  la  réim- 
prima en  i55o  et  en  i56'2,  in-S**.^ 
ces  réimpressions  ont  des  Tnérites  par- 
ticuliers qui  les  font  préférer,  surtout 
la  première  des  deux,  à  celle  de  1 549* 
IV.  Deux  comédies  en  prose,  l'une 
intitulée  La  Sporta,  Florence,  i545, 
i548,in-8".;et  l'autre,  Lo  Errore, 
Florence,  i556,  iu-8'.  La  première 
est  ù\éç^àe\^ Aididaria  ou  (\eV Avare 
de  Plante  ;  la  Sporta  est  un  petit  pa- 
nier à  deux  anses,  où  le  vieux  Ghi^ 
rigoro  a  mis  son  trésor.  Gelli  avoue , 
dans  son  prologue,  l'emprunt  qu'il  a 
f  lit  au  poète  latin  :  on  assure  qu'il  eu 
avait  fait  un  autre  dont  il  n'a  pas  par- 
lé; que  c'était  Machiavel  qui  avait 
voulu  traiter  ce  sujet ,  d'après  la  co- 
médie de  Plaute,  qu'il  n'avait  point 
achevé  la  sienne,  qu'il  en  avait  laissé  les 
fraîïuients  entre  les  mains  d'un  de  ses 
amis,  que  ces  fragments  étaient  par- 
venus au  Gelli,  et  ([u'ayant  suppléé  ce 
qui  manquait,  celui-ci  l'avait  publiée 
sous  son  nom  ,  sans  mettre,  comme  il 
l'aurait  dû ,  Machiavel  entre  Plaute  et 
lui.  Cette  pièce  fut  réimprimée  à  Flo- 
rence ,  i55o,  i55G,  1587  ,  et  depuis 
à  Venise  et  ailleurs.  Dans  plusieurs  de 
ces  réimpressions,  on  a  retranché,  de 
la  première  scène  du  cinquième  acte, 
à'cs  traits  un  peu  vifs  sur  les  martyrs 


44  GEL 

et  sur  St.-M.Titin;    mais  ce  sont  les 
preiiiièrf:.>  éd!tion> ,  q.<i  sont  vnfi'rfs, 
quenieiiiiei.  acaJeiuitieus  de  L  Crus- 
C3.  il>  ne  foi  l   Huriine   mepli"n  de 
VErrore,  cionl  k  Gcili  avoue  que  le 
snjpt  (st  einprnnle  de    U    CliUs  de 
l\î.'>ci.iavcl.  C'e»l  un  vici!'.i'"d,  aii;ou- 
rtux  d'une  f(  nmie  qui  n'e>t   pas   la 
sienne  :  !es  deux  femmes,  qui  sont 
amies,  s'ent/ridciit  ])Our  se   incquei* 
de  lui.  Pri/  tluis  un  p'cj^e  qu'on  lui  a 
tendu,  il  ne  »\i\  lire  qu'en  consenfaul 
au  inaiia^c  de  soh  (ils  :»vpr  la  fille  de 
celle  raênic  U  n'rac  à  qri  il  avait  voulu 
j)blre.  Machiavel  a   lire'  lui-mcnic  de 
la  Casina  de  Plautc ,  celle  cOTnedie 
don!    le  foni  e't  1res  immoral  :  le 
Geili  en  a  fort  ailoi.ci  le  fond  el  la  for- 
me j  lUiis  il  en  a  aussi  presque  cnlière- 
raçnl  (fTice  la  couleur,  et  ue'truit  la 
force  comique.  La  première  édition 
est  extrêuH  nient  rarej  elle  fui  reim- 
prime'e  à  Floreui'e  en  i6oj,  et  l'a  ctc 
plusieurs  fois  dep.iis.  Ou  donne  gc'ne'- 
ralcment  à  ces    deux  comédies  des 
clogcs  qui    sont  pcul-etrc  exage're's, 
snriout  à  l'eg.ird  de  la  seeon<le.  Les 
caractères,  la  situation,  l<  diaîogje  et 
le  style  de  la  Sporla  ont  bien  plus  do 
vivacilé;el  cette  inégalité  peut  auto;  i^er 
à  croire  qu'elles  ne  .sont  pas  en  eiretde 
la  même  main.  V.  On  trouve  des  vers 
duGellidans  la  desciiption  dis  fêtes 
<jui  furent  célébrées  à  l'Iortnce   en 
1  559,  pour  le  mariage  de  C')sme  1  ''. 
avci  Éléonore  de  Toiède  ;  Af^pttralo 
e   fcsle  nelle  nozze  dtU'ulusirissi- 
mo  signor  duca  di  Flrenzn  t  dd  a 
d'ichcssa  sua  consortc  ,  con  If  siid 
slanze ,  inadrif^ali,  coinincdia  eiin- 
Lcrmedi  in  quelle  recUati ,  Florence, 
i5")9,  in-8'.  Dins  ces  fêtes,  aecom- 
pa;;nees   de    spectacles   maguifitpies, 
Apollon,  et  les  neuf  Muses,  décorés 
de  tous  leurs  altiibuls,  les  dieux  <l  les 
<léesses  des  llcuves  el  des  rivières  de 
la  Toscane ,  les  principales  villes  de 


GKL 

ce  duclie'  persouniiiées ,  récitaient  et 
chaut. i«i't  des   jièces  de   vers,  des 
sîauces   hén  u;u'S,  des  madrigaux,  à 
la  louunge  des  deux  époux.  Tt>u;>  ces 
vers^  parmi  lesquels  il  y  en  a  de  très 
in^éiiKux,  sont  d'  Gelîi.  VI.Darjsle 
liecueil  intilulé  TitV.i  itriunfi ,  carri , 
mtischevîde  o  canîi  carniisciulfschi , 
ou  cliints  com[)0-cs  pour   les   fèlcs 
p.  polaires  d.'  Florence,  du  tenips  de 
Laurcnt-k-îMi'gnifique,/M5<jri/'e'<i559, 
il  y  a  deux  de  ces  chants  qui   sont 
de  Gelii;  ce  sont  ceux  des  f  i^eurs  de 
miroiis,  macstri  di  f  r  specchj ,  et 
des  couturiers,  agucchiaturi.  Dans  le 
premier,  quelques  iJées  morales  sur 
l'iiSogc  qu'hommes  el  femmes  ,  jeunes 
el  vieux,  peuvent  faire  du  miroir,  sont 
plus    and'gius   au  caractère  et  aux 
idées  h.ibituelics  de  l'auteur  ,  que  ne 
le  sont,  dans  le  second,  les  plaisan- 
teries libi'-s  el  les  équivoques  sur  les 
b."s,  les  bonnets  el  les  bourses  que 
fabiiquenl  les  couturiers  et  sur  l'ins- 
Irumcnt  dont  ils  se  servent.  Le  sujet 
qu'il  choisit  pour   ce  dernier  chant , 
esl  ujie   raison  de  plus   pour  croire 
que  c'était  plutôt  la  j>rofession  de  bon- 
netier que  eelie  de  ladleur  qui  était  la 
sienne  :  en  lête  de  l'une  de  ses  comé- 
dies,  la  Sporta,  on  lui  donne  ou  il 
prend   aussi   le   li'rc  de   C  dzuiuolo 
Jiorciilno  ;  cependant  le  dictionnaire 
historique  italien  de  B'ssano  lui  don- 
ne celui  de  saitore.  IM  lihuu  Toscano, 
dans  sou   l  cpliis   ItaliiP ,  n".    iOt, 
lui  altiibue  le  même  état,  en  lui  con- 
saer.in!  ce  (ju  itrain  : 

yuK  i '.tUnio  a'trriXiS  r»nsiripsit  ilrslcr»  libro* 
Sifiir  bprr  riifn  (;<-ii)iiio  l'orlifr  re-xit  acum. 

Iniliiii  lue  h'iiiii  iiifn  prrilurA  i-urpor.*  vrttc  ; 
Sciiid  lanirn  libris  non  prrilura  Uedit. 

Ft  dans  la  prose  (|ui  suit,  il  ajoute: 
SuLriam  arieni  cxt-rcnit  Flomiti- 
nus  GfUins ,  etc.  VII.  Enfin  Gcllî 
traduisit  du  litiii  phi<ieurs  ouvrages , 
tels  que  Xtltcubd  d'lMin|>ide,  qu'il 
transnoria  ,  de  son  aveu,  du  latin  d'^É» 


r.  E  L 

Và'^mç  cti  vers  ililiciis,  et  qui  fui  ini- 
primce  iii-H'.,  sans  iltlo  cl  sans  nom 
de  lion  :  d'e  o^^  très  r.uc;  —  la  T/c' 
d'Jlphonse  d'Esté,  (lue  de  Fcirarc, 
Ciiilc  «Ml  laliii  par  l^n^l  J«ne,  Floieii- 
ce,  1 553,  in  8'.;  —  un  Tr.iilc,  non 
pas  des  couleurs  en  gênerai ,  conuno 
11'  portent  presjne  lont<\s  les  Biogra- 
phirstl  les  Ijibliograpliies,  mais  des 
couleurs  des  yeuK ,  de'  coJori  dc^li 
vcchi ,  de  Simon  Por/jo,  p'niîosophe 
napolitain,  Fiorcricc,  Toncntino, 
i55i  ,  in-8°.  On  tronve  à  la  fin  du 
volume  «me  pelilc  dissertation  tradui- 
te du  même  ant«'ur,  sur  une  jeune  fille 
qn'ou  prétendait  avoir  vécu  en  Alle- 
magne plus  de  deux  ans  sans  man- 
ger et  sans  huire.  Le  pliilosophc  Por- 
zio  prend  d  ois  cet  opuscule  la  Idjcrte 
de  révoquer  en  doute  un  phe'nomène 
qu'on  donnait  p'ur  ronstml;  et  il 
explique  au  paj'e  Paul  II l  les  raisoiis 
qu'il  a  de  n'y  pas  croire ,  linsi  que  les 
t^its  naturels  qm  ont  pu  donner  lieu  à 
cette  erreur.  G — e. 

GELLIBRAND  (ÎI-^wri),  astro- 
nome anglais,  né  à  Londres  en  i5{)'y, 
cl.iif  curé  de  (ihlddingstone,  an  comté 
de  K^-nt,  lorsqu'une  sorte  de  pas  >ion 
qnl  prit  tout  a  coup  pour  les  mathé- 
matiques, après  avoir  assisté  à  une 
leçon  publique  sur  cette  scienc,  lui 
fit  abandonner  la  carrière  ecclésiar>ti- 
que,  où  il  pouvait  cependant  espérer 
de  ravancement.  Il  entra  comme  étu- 
di  mt  à  Oxford ,  où  ses  j)rogrès  ra- 
pides lui  mcrilcrent  Tamitié  et  la  pro- 
tection de  Henri  Jjrijj;gs.  Ce  savant 
professeur  lui  fit  obtenir,  eu  1627,  la 
chaiie  d'astronomie  du  collège  de 
Gresliam,ct  le  chargea  en  mourant, 
en  i63o,  d'achever  et  de  priblier  son 
ouvrage  ,  iiiiitnlé  :  Tri^onomctria 
Britannica.  Cet  ouvrage  fut  im prune 
en  i633,  in -fol.,  pir  le  célèbre 
Vhcq  (Adrien),  à  Guude  en  Hol- 
lande. Le  second  livre  est  de  Gelli- 


GEL  45 

braniL  C'est,  avec  qu'iques  petits  trai- 
tés tendant  au  perfcCiionm  nient  de 
l'art  de  la  navig.tti-in  ,  à  peu  pi  es  tout 
ce  (pi'on  connaît  d"  lui.  il  m  juiut  !o 
uO  février  i()57,a  l'.'igc  il-  (jjarantc 
ans  ,  avec  la  répuiation  d'un  savant 
géomètre,  ma'sqin  ne  devait  ses  pro- 
grès qu'a  une  ij)plitation  i.  fatig  nie, 
et  non  à  un  géine  n-.tiiiel  II  «*tait  fer- 
mement attaché  au  système  de  Pto- 
léraée,et  ne  craignit  pas  de  le  dé- 
fcMuIre  coritre  celui  de  Copernic, 
qu'il  traitait  d^lb^urdlté.  On  peut  ci- 
ter ,  parmi  ses  autres  ouvrages  ,  son 
Iiii^tiiution  tri^oroinélriquii  ,  ])u- 
bliéc  en  i654,  ctréi  iq)rimeVaveedes 
additions  par  G.  Leybourn  en  iG52. 

X — s. 

GELLTUS.  T'''oy.  Aulu  celle. 

GhLMI  (Jf-JAN-ANToiNiij,  iuipro- 
visateui  italien  ,  né  à  Vérone  dans  le 
xvi^.  siècle,  était  fils  d'un  baul.mger: 
il  exerça  la  profes«;ion  de  son  père  ^ 
mais  les  soins  qu'il  était  obligé  de 
donner  chaque  jour  à  ses  afTnrcs,  ne 
l'empêchèrent  pis  de  produire  une 
foule  de  pièces  d'  poésie,  remarqua- 
bles par  le  choix  d.-s  expressions  et 
la  délicatesse  du  sentiment  ([ni  y 
domine.  O.j  a  de  lui  deux  Recueils 
de  Sonnets,  imprimés  à  Vérone  ea 
1 584  et  en  i588,  et  j)'usienrs  Elé- 
gi's  sur  la  mort  d'un  de  ses  fils  ,  que 
Scipiou  M-ifTei  trouve  dignes  des  meil- 
leurs poètes  de  l'Italie.  W — -'. 

GELON ,  roi  de  Syracuse  ,  uacpui  à 
Gela,  ville  de  Sici  e.  li  descend  ni  ae 
l'un  des  Gn  es  qui  vinrent  fonder 
cet  e  ville.  La  di;.;nité  d'hiérophante 
de  Céiès  et  de  Proserpiue  fut  toujours 
exercée  par  ses  ancêties  depuis  ïe- 
linès,  qui  en  avait  été  revêtu  le  premier. 
Hérodote,  à  qui  nous  devons  ces  dé- 
tails ,  nous  apprend  que  Gélon  était 
(ils  d(;  Dinomenès,  cl  que, de  siiuple 
garde  du  corps  d'Hippocrates  ,  tyran 
de  Gc!a ,  il  paryiut  psr  sou  mérile  à 


40  GEL 

la  charge  de  çjënëral  de  cavalerie.  Il 
se  dislinç^na  dans  toutes  les  |;uerres 
qu'Hippocrales  eut  à  soutenir  ;  et ,  à 
la  mort  de  celui-ci,  il  prit  los  armes 
contre  ses  concitoyens ,  sous  piétcxte 
de  d(ifendre  les  intérêts  des  entants 
du  tyran.  Bientôt  tyran  lui-même,  il 
usurpa  la  souveraineté,  en  dépo(iilia 
Euclidc  et  Clémdre,  et  prépara  ^msi 
les  voies  qui  devaient  le  conduire  au 
Irone  de  Syracuse.  Ayant  eu  le  nioven 
de  se  former  un  parti  dans  cette  ville, 
il  sVn  fit  ouvrir  les  portes  ;  et,  après 
avoir  abandonné  le  gouvernement  de 
Gela  à  Hiéion  son  frère,  il  s'empara 
de  l'autorité,  cl  no  tarda  pas  à  se  ren- 
dre très  puissant  (i).  Son  prcnàer 
soin  fut  de  réformer  les  mœurs  de 
.ses  nouveaux  sujets,  nalurcliemcnl 
cncîins  à  la  poressc,  et  de  les  rriidre 
actifs  et  laborieux.  Il  étendit  les  limites 
de  ses  états,  (  t  en  augmenta  teileme^it 
les  forces ,  qu'il  fut  en  état  de  fournir 
aux  Giccs  des  sccouts  contre  le  roi 
de  Perse.  Les  an)bassad»urs  de  Sp  irle 
et  d'Athènes  se  rendirent  à  sa  cour  , 
pour  lui  demander  de  se  joindre  à  la 
oonfédéiation  de  li  Grèce,  contre  les 
barbares  qui  voulaient  l'asservir.  Gé- 
lon,qiii,  peu  de  tcmp'^  auparav.int, 
avilit  imploré  en  vain  i'.issist.ince  des 
Grecs  contre  les  Cai  ihaginois,  se  plai- 
^nit  justement  d'avoir  éié  ahatidonnc 
par  eux  à  ses  propres  moyiis  :  il 
leur  offrit  néanmoins  vingt  luille  hom- 
mes de  pied,  deux  mille  chevaux  et 
deux  cents  vaisseaux,  s'ils  voulaient 
le  reconnaître  pour  général.  Le  Lacé- 
démon  ien  r«  fusa  avec  dédain  les  .ve- 
cours  de  Gélon,  qui  proposa  alors  de 
laissera  S|'arle  le  rommandementdc 
l'armée  de  terre,  si  on  voulait  lui  cé- 
der celui  de  l'armée  navale;  mais  l'am- 


(l^  Drnjr«  rrUiillrarnatir  Pnr  rctlc  «^]>f>qiir  \crt 
lAirroiiili?  aiiiirr  il«  la^^c.  <ilyiii|iMiilr  ,  l'un  ila 
Hnnir    alil  ,   «v.    .1    -{',    /)<ji  ;    111.1M    I«m    liistnriCDS  va- 

riaat  tuui  d«  <{u«l<iuci  aiin«ci  sur  cr  iiuiitt. 


GEL 

ba.ssadenr  d'Athènes ,  offensé  de  celle* 
proposition  ,  fit  valoir  les  droits  de  sa 
patrie,  et  répondit  que  jmiais  un 
Athénien  ne  consentirait  à  marcher 
sous  les  enseignes  d'un  Syracusain* 
Gé'on  sourit:  «Je  vois  bien,  leurdil- 
»  d,  que  vous  manquez  non  de  gé- 
»  néraux,  mais  de  soldats;  partez, 
»  et  annoncez  aux  Giecs  que,  des 
»  qu  .tre  saisons  de  l'année,  on  a 
»  ôfé  le  printemps.  »  Il  comp-arait 
ainsi  la  Grèce,  privée  de  son  alliance^ 
à  une  année  sans  printemps.  Les  am- 
bas>adc!irs  quittèrent  Syracuse;  et 
Gélon  se  contenta  d'observer  les  mou- 
vements de  Xerxès ,  pour  se  con- 
duire ensuite  suivant  sa  politique  et 
les  circonstances.  II  avait  d'ailleurs 
d'autres  ennemis  dont  il  devait  redou- 
ter les  entreprises  :  les  Carthaginois 
ne  lui  auraient  pas  laissé  le  temps 
d'envoyer  en  Grèce  une  armée  dont 
il  avait  besoin  pour  défen<lre  contre 
eux  ses  j)ropres  états.  Voilà  peut-être 
le  véiilable  motif  qui  l'empêcha  de 
secourir  les  Grecs.  Hérodote  semble 
le  reconnaître  lui-même,  lorsqu'il 
rapporte  que  les  pe  iples  de  Sicile 
disent  que,  sans  les  circonstances  oii 
se  trouva  Gclon ,  ce  prince  aurait 
donné  des  secours  aux  Grecs.  Eu 
effet  ,  les  Carthaginois  ayant  débar- 
qué peu  de  temps  après  dans  cette  île, 
;iu  non)l)ie  de  trois  cent  mille  hom- 
mes ,  sous  la  conduite  d' Amilcar,  ils 
voulurent  former  le  siège  d'Hi- 
méra,  où  rég riait  ïhéron,  beau-père 
de  Gélon.  Celui  -  ci  vola  à  sa  dé- 
fense; et,  après  avoir  employé  la 
ruse  pour  se  drfaire  d'Amilcar,  qui 
fut  poignardé  dans  son  camp,  il  pro- 
fita du  désordre  et  de  la  confusion 
d'une  armée  (pii  venait  de  perdre  son 
chef,  pour  l'alta  pier  avec  impétuo- 
sité. Son  succès  égala  son  courage  : 
l'ennemi  fut  taillé  en  pièecs;  les  flam- 
mes devoièient  les  vaisseaux  de  Car- 


GEL 

tirage  ;  crnl  ciiKiu mtc  mille  liom- 
iiies  y  pcrdiiTiil  la  \'\c  :  à  [»cine  .ir- 
iivai  il  (H  Afrique  (|ii('l(iiics  Injanls 
J)()ur  aimonccr  ce  dc'sastrf'.  Ctrl  liage 
craignit  de  voir  venir  Geloii  jusque 
sous  ses  murs  poursuivant  sa  vic- 
toire ;  et,  pendant  (p»'ellc  veillait, 
qiiMIe  délibérait  sur  les  moyens  d'ar- 
rêter son  ennemi,  qu'elle  lui  envoyait 
des  ambassadeurs  ,  Gelon  distribuait 
à  ses  soldat >  les  dépouilles  des  vain- 
cus, réservait  les  plus  riches  pour  les 
t(  mples  des  dieux ,  et  partageait  entre 
les  diirerejit>  corps  de  son  armée  cl 
les  villes  de  Sicile,  les  captifs,  qui 
étaient  en  si  grand  nombre,  qu'on 
eût  dit  que  toute  la  Libye  e'tait  pri- 
sonnière. Diodore  de  Sicile  assure 
qu'à  Agiigrnte,  quelques  particuliers 
curent  jusqu'à  cinq  cents  esclaves. 
Gélon,  couvert  de  gloire,  revint  en- 
suite à  Ssracuse  avec  les  troupes  et 
les  prisonniers  qui  lui  e'taienl  échus 
en  partage;  il  y  reçut  les  ambassa- 
deurs de  ceite  ville  africaine ,  dont 
la  cupidité  convoita  constamment  la 
possession  de  la  Sicile,  et  qui  en- 
tretint, jusqu'à  sa  destruction,  les 
malheurs  de  la  guerre  et  les  divisions 
intestine?,  au  sein  de  celte  î!e.  Plus 
grand  encore  par  sa  modcralion  que 
par  la  victoire  ,  Gëlon  accorda  la  paix 
aux  Carthaginois.  Il  exigea  d'eux  l'a- 
bolition des  sacrifices  humains  qu'ils 
étaient  en  usage  d'offrir  à  Saturne,  et 
Je  paiement  de  deux  rail'c  talents  pour 
les  frais  de  la  guerre.  ïleureux  les 
peuj)les  dont  les  princes  sont  assez 
magnanimes  pour  n'être  anime's  que 
par  d'aussi  nobles  sentiments  de  ge- 
ne'rositcl  Les  Carthaginois  ne  furent 
point  humilies  par  ces  conditions  :  ils 
se  hâtèrent  d'exécuter  le  traite';  et, 
comme  on  crut  que  Damarèle,  femme 
de  Gelon,  avait  contribué  à  inspirer  à 
son  époux  cette  douceur  qu'il  montra 
tuveri  ks  vaincus,  les  ambassadeurs 


GEL  47 

reconnaissants  lui  oflrirent  une  cou- 
ronne d'or  de  cent  talents,  dont  on 
fil  ensuite  une  monnaie  qu'on  apj)ela 
Daniaretiou.  La  conduite  (pie  tint 
Gelon  dans  celte  ciiconst.inrc  indifpie 
assez  que  le  bonheur  des  Syr.ieus.iins 
occupait  toute  sa  pensée.  Loin  de 
s'enorgueillir  de  ses  succès,  il  ne 
voulut  point  profiler  de  l'ascendant 
que  lui  donnait  son  triomphe;  il  dé- 
daigna de  s'assimiler  au  vainqueur 
qui,  après  avoir  employé  la  force  des 
armes  pour  humilier  les  vaincus,  s'en 
sert  ensuite  pour  faire  peser  le  même 
joug  sur  le  peuple  qu'il  est  appelé  à 
rendre  heureux.  Géîon  convoqua  une 
assemblée  du  peuple,  y  parut  sans 
armes,  fit  un  exposé  de  sa  con- 
duite, rendit  compte  de  l'usage  qu'il 
avait  fait  de  son  autorité,  et  re- 
mit sa  vie  et  son  pouvoir  entre  les 
mains  de  ses  sujets.  Les  Sy/acusains 
admirèrent  la  confiance  de  Gélon  ,  et, 
voulant  récompenser  ses  vertus  et  ses 
talents,  le  saluèrent  par  acc'amallon 
roi  de  Syracuse .  On  lui  décerna  une 
statue,  où  il  fut  représenté  sans  ar- 
mes, tel  qu'il  s'était  nionliéau  milieu 
de  ses  concitoyens,  plein  de  confiance 
dans  leur  justice  et  dans  sa  conduite. 
Des  dépouilles  des  Car'haginois,  Gé- 
lon bâtit  ensuiie  deux  temples,  l'un  à 
Gérés,  l'autre  à  Proserpine,  et  il 
envoya  à  Delphes  un  trépied  d'or. 
Il  faisait  élever  un  autre  temple  de 
Cérès  au  mont  Etna,  lorsque  la  mort 
Tenleva  à  ses  sujets  :  il  mourut  vers  l'an 
478  avant  J.-C. ,  après  avoir  désigné 
son  frère  Hiéron  pour  sou  succes- 
seur. Les  honneurs  héroïques  lui  fu- 
rent décernés;  on  lui  érigea  un  super- 
be monument,  oii  les  Syracusains  al- 
laient pleurer  la  perte  de  leur  roi;  et 
lorsque  ,  1  5o  ans  après  ,  Timolcon  fit 
rendre  à  Syracuse  sa  liberté,  et  dé- 
truisit les  statues  des  tyrans  qui  l'a- 
vaient gouYcrkée  jusqu'itlors,  celles 


48  GEL  GEL 

Je  Gëlon  fureni  seules  conservées.  La  à  Yvoy  ,  ancienne  ville  du  ducLe'  de 
recDnijai-SsancecJesSyraciisaii.ss'ëteij-  Luxembourg   au  diocèse  de  Trêves, 
dit  jusqu'à  leurs  descendauts.  Tiince  de   parents  honnêtes,  mais  qu'on  ne 
prcleiid   (jue  Geion   laissa  sa  f  Tnmc  dit   pas  y  avoir  occupé  un  rang  dis- 
D^marètc  à  Poiizclc  son  fièrc,  prince  tinguc.  Il  vint  n  Paiis  faire  ses  éludes 
d'un  grand  njérite,  pour  (juM  eu  iît  dans  l'utiiversité,  et  il  nous   apprend 
s(»n  épouse,  il  avait  en  ore  deux  au-  lui-même  qu'il  y  passa  m.iître  ès-arts 
très  frères,  Hiéron  et    l'rasybale  ,  qui  en   i38>  ;  ce  qui  indique  à  peu  près 
régnèrent  après  lui.  Si  Dei-ys  le  tyran,  le  temps  de  sa  naissance.  Après  avoir 
qui  vécut  et  régna  plus  de  cent  ans  achevé  sa   phi  osophic  ,  il    suivit   les 
après,  n'a  point  lusse  de  mcJailles  écoles  de  droit  à   Haris ,  y  reçut  le 
frappées  on  son    honneur  (  Voyez  grade   de  baclu-licr  ès-décrets ,  alla 
DE^YS    XI,  io5  ),  nous  ne  devons  prendre   sis  licences  à  Orléans,   et 
pas  espérer  d'en    trouver   qui  aient  revint  dans  la  capitale  occuper  une 
été  frappées   pour  c(  lui  -  ei.  Cepon-  chaire  de  la  même  faculté.  Le  bruit 
dant  d  existe,    dans   tous    les  cabi-  de  son   savoi»    parvint  ju>qu'au  duc 
nets,  des  médailles  qni  nous  offrent  d'Orléans , frère  de  Charle-  Vi,  ami 
la   tête  diadémèe  de   ce  prince.  Plu-  des  savants  et  des  lettres.  Ce  prince 
sieurs  antiquaires,  qui  les    ont  pu-  donna  à  Geu  une  place  de  maître  dos 
bliées,  n'ont  pas  douté  qu'elles  ne  rc-  re(|uêles  de  son  hôte!.  Peu  après  ,  ce 
montasseivt  au  tem[)S  niêmede  Gélon,  même  mérite  lui  v..lut  un  office  de 
et  ont  tirede  la  des  ronsétjuences -sur  conseiller    au  parlement,    ayant  été 
l'état  des  arts  en  Sicde  à  celte  époque;  élu  pir  cette    cour  de   préférence   à 
mais  il  est  reconnu,  aujourd'hui,  que  quatorze  concurrenl.>  qui   se  présen- 
ces médailh  s  oui  été  Inppées  long-  laienl  avec  lui.  Gelu  perdit  en  14^7 
temps   après  son  règne,  par  le  peu-  le  duc  d'Orléans  son  maîire  et  sou 
nie  de  Syracuse,  ou  }.lul6t  <  nrore  par  protecteur  ,  Jean  siws  peur,  duc  île 
des  princes  qui  descendaient  de  Gé-  Bourgogne,  ayant    fait  assassiner   ce 
Ion,  ou  qui  prétend. lient  a  cette  ori-  prince;  mais  le  roi ,  qui  i'estimail,  le 
nineilluslie.  Elle>  n'en  sont  pas  moins  nomma  présidi  nt  de  la  province  du 
tl'une  h.Mite   antiquité;   nous  aurons  Dauphiné,  et  l'attacha  aux  trois  prin- 
cncore    l'oi 'asinu    d'en    parler   dans  ces  ses  fils  ,  qui  portèrent  .sueccs.sive- 
Tarriclc  d'Hicron    P'.  On  a  discuté  ment  le  titre  de  dauphin.  Le  concile 
fort    longuement   cl  fort    vagiuinent  de  Constance,  en  1 4  >  4  >  '^*  P''"*''^'"^ 
sur  la  monnaie  nommé.' y>^^fmrtré?'//o/i:  archevècpie  de  Tours,  (juoiqu'alors  il 
nous  n'avons  pas  île  documenis  a>sez     lût  à  Paris;  et  peu  de  tcmp>  après,  le 
positifs  pour  ponvuu   train  r  ce  .Mijel      ni  le  fit  entrer  au  conseil  d'état.  i)*é- 
d'une manière  salisfaisaiite;ainM nous     tant,  l'aïuiee  suivante,  rendu  au  cou- 
lions absiiendrons  d'en  pailei   T — n.     cile  de  Constance,  il  fut  mis  à  la  tête 
(iELU  (Jacques),  an  hevê(pii- de     de  la    (léputati(»n  ,  envoyée  à   Benoît 
Touis   (t  ensiuie  tl'Einbrun,  oublié     Xlll  (  Pierre  de   Lune  )  pour  lui  de- 
mi né'digé  i)ar  les  biographes  ,  a  quel-     mander  son  abdication,  et  partit  avec 
que  droit  a  la  célébrité  ,  poin-    s'être     le  roi  des   l»omains.  Lorsqu'il  fut  de 
élevé  i).'r  son   mérite  aux  premières     retour,  la  nation  française  le  choi.sit 
di'nitésde  ri''glise,  et  avoir  été  cm-      pour  concourir  à  l'éleclioii  d'un  iiou- 
ployé  dans  d'importantes  affaires  <-l     veau  pape.  Dans  les  premiers  scrutins, 
des  négociations  dé.icales.  Il  était  né     plusieurs  sulliagcs  su  réunircul  eu  sa 


I 


GEL 

faveur:  nmislc  (".'ndiiial  Colonne  par- 
vint à  les    obtenir  tons,  cl    lut  [)ro- 
clanrc  sous  le  nom  de  M.irlin  V.  Gc~ 
lu  el.iil  à  P.nis  en    i/|  i8,   lorsque  le 
duc  de   liomgo^nc   y    revint  ;  et   il 
faillit  d'eire  enveloppe  dans  les  mas- 
sacres qui    sij;nalèrent    eetfe   e'poqnc 
désastreuse.  L'année  suivante,  le  dau- 
phin ,  depuis  Charles  VU,  l'envoya 
près  du  roi  de  Castille  sollicit<  r  des 
^ecours  de  troupes,  qu'il  obiint.  11  fut 
moins  heureux,  dans  un.r  autre  ne'};o- 
ciation,d<U)t  Martin  V  le  chargea  près 
de  Jeanne  II ,  reine  de  Na pies,  afin  de 
coneilur    Us   dilleniuls  qui  s'étaient 
tileve's    entre    le     roi    d'Aragon    et 
Louis   III,  au  sujet  de  la   suocfssion 
de  celte  princesse.  Ayant  e'ié  Iransi'e- 
lë  du  aiége  de  Toius  à  celui  d'Km- 
brun  ,  sur  la   demande  du  chapitre 
de  cette  église  dont  i\  avait  e'të  autre- 
fois chanoine,  il  ne  se  mêla  pius  q;ie 
du  gouvernement  de  son  diocèse  et  de 
l'instruction  de  son    troupeau ,  don- 
nant l'exemple  des  mœurs  ecclésias- 
tiques, maintenant  la  discipline  dans 
son  cierge',  et  faisant   rehver  à  ses 
frais  des  ëglise*.  el  d'auties  étabhsse- 
mcnls  pietix  qui  tombaient  en  ruine. 
Il  mourut  en  i  43'2.0;i  a  de  lui:  I.Une 
Apologie    pour   ['(empereur  Sigis- 
mond  y    le   roi  d'Ari^on ,    et   les 
ambassadeurs  du   cojicile  ,   contre 
Benoit  XIIl ;  elle  fut  écrite  à  Nar- 
Lonne,  après  que  cet  antipape  .se  fuî 
clandestinement    enfui  à  Perpignan. 
Gelu  y  peint  rarabition   de  Pierre  de 
Lune,   sa    conduite   tortueuse,    ses 
subterfuges  ,  son    obstination.  Cette 
pièce  ,  adressée  à   tous  les   fidèles  , 
louée  et  approuvée  par  le  concile  , 
contribua  be  lucoup  à  la  paix   Je  l'E- 
glise ,  en  détachant  de  l'obédience  de 
Benoît  XIII  ceux  qui  tenaient  encore 
à  son  parti.  II.  Fita  Jacohi   Gelu, 
usque  ad   annum    if\i\  ^    ab    ipso 
conscripta.  C'est  une  courte  notice 

%\  II. 


GEM  49 

des  choses  qui  lui  sont  arrivées  ;,  ran^ 
gè<  s  par  ordre  des  temps;  elle  n'est 
composée  que  de  dix-huit  articles  : 
elle  fut  trouvée,  écrite  de  sa  main, 
sur  te  revers  de  la  couverture  et  sur 
quelques  feuillels  blancs  d'un  manus- 
crit de  l'egli>c  de  Tours,  cohlcnant 
le  Dë'-ret  de  Gralien.  Dom  Marlène 
l'a  insérée  au  tome  m  de  son  Novus 
TheS'iUr.  yi necdotor. ,  page  1947. 
\\\.  Jacolii  Gelu  ministri  (  archie- 
piscopi  )  Ebredunensis  de  Huelld 
Aurtlianensi  Dissertatio  ;  manus- 
crit sur  vëiin  delà  bibliothèque  du  Roi 
(  tom.  IV  ,  n®.  6 1 99  ).  Il  vient  de  la 
bibliothèque  de  Ducangc.  G«  lu  avait 
ëlè  consulté  au  sujet  de  la  Pucelle 
d'Or'éans,  par  ordre  du  rci  Charles 
VU;  il  répond  par  ce  traité  à  cinq 
questions  qui  lui  avcâent  été  propo- 
sées à  ce  sujet.  IV.  Rerum  ab  an- 
tecfssoriius  suis  in  ecctesid  Ebre- 
dunensi  gistarum  brève  compen^ 
dium.  h — Y. 

GEMBICIUS  (Jacob),  théolo- 
gien polonais  de  la  religion  protes- 
tante, né  eu  1569,  mourut  en  i653  à 
Dombnitz,  où  il  était  pasteur.  On  a 
de  lui  des  Hymnes  sacrées  en  polo- 
nais ,  faisant  partie  du  Recueil  de 
Cantiques  à  l'usage  des  protestants 
de    Pologne,   imprimé    à    Dmtzig, 

€111619.  C AU. 

GEMELLI-CARERI  (  Jean-1  ran- 
çois ),  voyageur  célèbre,  était  né  à 
Naples,  en  i65i,  d'une  famille  qui 
tenait  un  rang  distingué.  Il  étudia  la 
jurisprudence,  et  obtint  le  degré  de 
docteur  en  droit  civil  ;  mais  sa  curio- 
sité le  conduisit  de  bonne  heure  dans 
les  pays  étrangers.  Il  parcourut  rapi- 
dement l'Italie,  la  France,  l'Angle- 
terre ,1a  Be'gique,  la  Hollande,  l'Al- 
lemagne, el  servit,  comme  volontai- 
re, en  Hongrie,  en  1687.  Il  vit  en- 
suite le  Poitugal  et  l'Espagne,, levint 
par  Gènes  dajis  sa  patrie,  en  1689, 


5o                  GEM  GEM 

et  publia  la  relation  de  ses  courses.  Il  palian  le  1 7  juillet.  Il  visita  Schiras  et 
nous  apprend  que  «  les  mauvais  irai-  les  ruines  de  Perse'polis,    alla,   par 
V  tcinents  et  les  outrages  p(  rpctuels  Lar,  à  Bender-Congo ,  où  il  prit   la 
»  auxquels  il  s'était  vu  exposé  dans  mer,  et  dcbirqua,  le  10  janvier  1695, 
»  sa  famille,  avaient   ëte  les    véri-  à  Daman.  11  compare  le  plaisir  que 
»  tables  causes  de  ces  longs  et  dan-  lui  causa  son  arrivée  dans  Tlndostan, 
»  gercux  voyages  qu'il  entreprit  en-  après  une  longue  et  ennuyeuse  tra- 
»  suite.  »  11   s'emban{ua   le   i5  juin  versce,  à  la  joie  qu'éprouve  le  voya- 
1693,  et  s'arrêta  à  Rcdicina,  en  Ca-  geur  qui  est  de  retour  dans  sa  pairie 
labre,  pour  prendre  congé  de  son  frè-  et  se  retrouve  au  milieu  de  ses  amis, 
rc,  ecclésiastique  respectable,  auquel  II  allait  voir  et  juger  par  lui-même  un 
il  dit  que  son  dessein  était  seulement  pays  dont  il  avait  entendu  raconter 
de  visiter  la    Terre-Sainte;  mais  il  tant  de  merveilles.  A  Baçaira ,  le  su- 
avait  résolu  de  ne    point    s'arrêter  périeur  des  jésuites,  qui  avait  appris 
qu'il  n'eût  vu  la  Chine.  Il  fit  son  tes-  que  Geraelli  était  jurisconsulte,  lui 
tament,  congédia  son  homme  d'affai-  proposa  un  mariage  avantageux,  et 
res,  et,  après  avoir  aborde  à  Messine,  lui  promit  de  le  faire  avocat  des  ccu- 
alla  à  Malte,  puis  à  Alexandrie,  re-  vents  et  de  quelques  maisons  nobles, 
monta  le  Nil,  et  fut  accueilli  au  Caire  afin  de  l'engager  à  se  fixer  dans  le 
par  Maillet,  consul  français.  Il  se  fai-  pays;  mais  le  peu  d'inclination  que 
sait  toujours   passer  pour  Français ,  ce  voyageur  sentait  à  passer  sa  vie 
afin  de  payer  moins  de  douanes,  et  de  dans    les   pays   chauds  ,   lui   fit    re- 
profiter de  la  considération  dont  notre  jeter  ces  offres  brillantes.  Il  vit  tou- 
nalion  jouissait  dans  le  Levant.  Il  vit  tes  les  villes  frimeuses  du   nord  de 
les   antiquités   qui   rendent  TÉgyplc  la  cote   de  Malabar,  et  admira   les 
célèbre,   et  s'embarqua  à  Damietle,  monuments  gigantesques  de  Kennc- 
pour  la   Palestine.  Quand  il  y  eut  vi-  ri,  dans  l'île  de  Salsette.  Dès  le  com- 
sité  les  lieux  saints  ,  il  revint  par  mer  mencement    de    son    voyage,    G(^- 
à  Alexandrie,  où,  le  12  octobre,  il  mdli  avait  résolu  de  voir,  à  quelque 
prit   son   passage   pour    Smyrne.  Il  prix  que  ce  lut ,  la  cour  et  le  camp  du 
quitta  cette  ville  le  1 3  dcVcmbre,  dé-  grand-mogol.  Les  obstacles  et  les  d;in- 
barqua  à  Gallipoli  de  Romanie  ,  et  gers  qu'on  lui  fil  entrevoir  dans  l'exé- 
traver«:a   un    pays   en  partie  inculte  cution  de  ce  dessein,  ne  purent  l'eu 
faute  d'habitants,  jusqu'à  Adrianoplc,  détourner.  Il  partit  de  Goa  avec  un 
où  le  çrand-seigncur  faisait  alors  sa  Canarin  pour  porter  ses  provisions, 
résidence.  fiC  4  j'>»vier    ir)()4  ,  il  alla  et  un   Hindou  de   Golconde,  qui  lui 
à  Constantinople,    retourna   ensuite  servait  d'interprète  ;  et,  après  bien  des 
prendre  ses  eft(  ts  à  Smyrne ,  et   pro-  fatigues  ,  il  parvint  sur  1rs  bords  deli 
fila  d'une  caravane  poiu-  revoir  la  «a-  Krischna.  Le  grand-mogol  ,  Aureng- 
pitalo  de  l'empire  othoman.  Sa  curio-  zcb  ,  faisait  la  guerre  au  roi  de  Visa- 
sité  lui  allira  une  aventiue  désagréa-  pour,  et  se  tenait  dinsun  camp  àGal- 
hU'y  et  i!  fut  près  de  voir  ses  courses  gala,  (iemelli  fut  reçu  par  des   mili- 
5e  terminer  ilans  le  fond  d'un  b.igne.  taires   chrétiens,  cl,    peu   de    jours 
l^'chappé  à   ce  danger,  il  se  hùta  de  après   son    arrivée  ,   obtint ,    par  le 
&'cmb.'«rquer  pour   Trc'bisomlc,  tra-  moyen  d'un  chrétien  d'Agra  et  d'un 
Tersa  les  monfagîics  de  l'Arménie,  la  cuniupie  de  ses  amis,  une  audience 
Géorgie  cl  la  Pcïsc,  et  entra  dans  U-  parliculicrc   du  lamcux   conquc'raul 


dont  la  vicillossc   n'avait  pas  ofcint 
r.jcrivito.    Aurcn^-Zcl)  c'iail   voufi*  et 
inarcliaif     appnyo     sur    un     l)àl<)M  ; 
jn.iis  il    cVrivait  sans  lunrites  les  rc- 
])on-cs  qu'il   f lisait  atix  nvjiit'los,   et 
p.irais>ait   se   plaiie    à    celle  occupa- 
tion.  11    etail   de    petite  taille,  avait 
le  n(  z  j;i<»s,  et  paraissait  délicat.   Il 
s'entretint  avec  (ienielli,  cl   lui  ofTVit 
de   le  prendre  à  son  service  :  celui- 
ci   s'en  cxcu^^a   sur   ce   que   des   af- 
faires   cxlreinement    importantes  le 
rappelaient  dans  sa  patrie   Lorsque 
Gemelli  reprit  le  cheniin  de  (loa  ,  il  se 
vit  abandonne  de  son  interprèle  et  de 
son    esclave  ,    qui    disparurent  sans 
avoir  reçu  le  moindre  sujet  de  plain- 
te. 11  fut  donc  ohliQ;e'   de  s'exposer 
seul  sur  une  route   infeslëe  de   bri- 
c;ands.  Il  arriva  néanmoins  heureuse- 
ment à  Goa  ,  où  il  profita  d'un  navire 
portugais  destine'  pour  la  Chine,  et 
atlérit  à    Macao  le   4  août.  Gemelli 
s'habilla  à  la  chinoise,  prit  congé  du 
lioupou,  et  en  reçut  un  passeport, 
parce  qu'il  avait  avec  lui  un  bagage 
considérable  et  un  esclave.  Les  fran- 
ciscains le  reçurent  civilement  à  Can- 
ton :  ce  ne  fut  pourtant  pas  sans  quel- 
que marque  de  jalousie.  On  le  prit 
pour  un  émissaire  du  pape,  envoyé' 
pour  prendre  connaissance  de  la  di- 
vision   qui    existait    entre    les   mis- 
sionnaires des  différents  ordres  reli- 
gieux. Il  essaya  de  les   faire  revenir 
de  ce  soupçon  sur  son  compte:  «  Je 
»  ne  pus  jamais  les  desabuser,  dit- il  ; 
)î  et  ils  me  repondirent  que  depuisquc 
»  les  chemins  de  la  Chine  étaient  ou- 
»  verts  ,  on  n'y  avait  jamais  vu  de  h'ïc 
»  italien,  et  encore  moins  de  Napôli- 
»  tain.  »  Il  leur  proposa  de  visiter  ses 
malles:  tout  fut  inutile;  et  les  jésuites 
ainsi  quelescordcliers  firent  plusieurs 
consultations  au  sujet  de  son  arrivée. 
Heureusement  pour  lui  que,  lorsqu'il 
communiqua  au  supérieur  du  couvent 


GEM  5i 

sa  rc.^lution  d'aller  à  Péking,  ce  der- 
nier le  fil  s.ivoir  sous  main  à  un  jé- 
suite lombard ,  qui   lui  dit  de   laisser 
l>arlir  Gemelli.  «  Si  c'eut  été  nu  jésui- 
»  le  portugais,  ajoute -l- il,  ceriaine- 
»  meut  il  aurait  emj)e(hé  mou  voya- 
i>  gc.  »  Ce  dessein  confirma  k-s  mis- 
sionnaires dans   leurs  soupçons.  Ge- 
melli prit  deux  domesfiqii'  s  chinois, 
et  se  mit  en  roule  pour  Nanking  ,  par 
la  barque  de  poste  que  le  vice-roi  ex- 
pédie, tous  les   trois  jours  ,  pour  in- 
former l'empereur  de  ce  (pii  se  passe 
dans  sa  province.  Dans  ce  voya-'e,  il 
ne  put  s'empêcher  de  réfléchir  s'il r  sa 
témérité  et  sa  folie  d'aller  errant  avec 
deux  domestiques  chinois, qu'il  n'en- 
tendait  pas,  et   qui  ne  l'entendaient 
pas  mieux  :  «  mais ,  dit-il ,  un  homme 
»  qui  a   résolu  de   faire  le  tour  du 
))  monde,  et  qui  veut  tout  voirel  savoir 
»  par  lui-même,  doit  braver  tous  les 
»  dangers.  »  Il  poursuivit  par  terre  sa 
roule  de  Nanking  à  Péking,  oii  son  ar- 
rivée excita  parmi  les  missionnaires  les 
mêmes  défiances  qu'à  Canton.  Ils  lui 
témoignèrent  leur  étonnemeut   de  la 
résolution  qu'il  avait  prise  de  visiter 
la  capitale,  où  il  n'était  pas  permis 
aux  Européens  de  venir  sans  y  avoir 
été  appelés  par  l'empereur.  Le  père 
Grimaldi,  supérieur  provincial  de  la 
mission,  ne  pouvant  le  recevoirdans  la 
maison  du  collège  qu'après  avoir  con- 
sulté le  monarque,  Gemelli  fut  obli- 
gé de  se  procurer  un  logement  dans  Ja 
Tille  chinoise.  Ce  même  missionnaire 
lui  ménagea  une  audience  de  l'empe- 
reur, et  ensuite  lui  donna  un  passeport 
avec  lequel  Gcmeîli  quitta  Péking,  le 
23  novembre  i()Ç)5,  après  avoir  fdit 
une  excursion  à  la  grande  muraille. 
Il  partit  de  Macao  le  9  avril  1696, 
et  arriva  à  Manille  le  8  mai.  Un  «a! 
lion  espagnol  le  transporta  à  Acapul- 
00,  longue,  ennuyeuse  et  épouvanta- 
ble traversée,  dit-il^  qui  dura  depuis 

4. 


1)2 


GEM 

le  7  août  1696  jusqu'au  11  janvier 
169-1.  Lorsqu'il  arriva  à  Mexico,  le 
1 1  mars,  la  Nouvelle -Esp-igoe  avait 
pour  vice-roi  le  comte  dcMonteziimi, 
descendant  des  anciens  souverains  du 
pays.  Geme'.li ,  malgré  le  bon  accueil 
qu'il  reçut  à  Mexico  ,  s'y  fnnuyr.it.  11 
alla  visiter  les  mines  de  i^ichuca  ,  et 
les  pyrami  les  de  Tezruco ,  et  s«-  mit , 
le  I  o  Oitohre  ,  en  route  pour  la  Ver  j- 
Cr  iz.  Il  s'y  crabarq-ia  le  14  Jéccnibre 
pour  la  H^v.ine,  et,  après  une  tra- 
verse'e  très  orag  use  ,  cn'ra  d.ins  le 
port  de  Cadix  le  4  i"J"  i^'9^-  Il  tra- 
versa l'Espagne  et  le  midi  de  la 
France,  quitta  le  continent  à  Mar- 
seille ,  débarqua  à  Gcmî'S  ,  alla  à  Mi- 
lan, et  de  cette  ville  à  Naples,  où  il 
arriva  le  5  décembre  :  d'a()rès  son 
calcul ,  on  était  au  4*11  ^vait  mis  ainsi 
cinq  ans  ,  cinq  mois  et  vingt  jours  à 
faire  le  tour  du  monde.  11  employa 
les  premiers  jours  à  sali-«faire  la  curio- 
sité de  diverses  personnes  qui  vinrent 
le  voir:  m  lis  à  la  (In  elle  se  rassasia; 
il  fut  délivré  de  ces  importunilés,  et 
put  enfiu  jouir  du  repos  dans  la  so- 
ciété de  ses  amis,  qui  pouvaient  bien  , 
ce  sont  ses  expressions,  le  regarder 
comme  un  homme  revenu  de  l'autre 
monde.  Il  sui  vécut  assez  long-  temps 
à  ce  grand  voyage,  dont  il  ne  farda 
pas  à  publier  la  relation  en  italien  sous 
ce  titre  :  Giro  del  monrio  (  Tour  du 
monde),  Napics,  1O99,  1700,  6  v. 
iu-i  2  ,  avec  fig.  Cl>;ique  volume,  pré- 
cédé d'une  dedic;ice  adressée  à  un 
personnage  différent,  est  consacré  au 
voyage  el  à  la  description  d'un  pays 
en  particulier,  qui  est  indiqué  d.ins  le 
titre.  L'auteur  s'élend  moins  sur  la 
Turquie  et  la  Perse,  contrées  con- 
nues par  des  relations  nombreuses  et 
reVrnles,  que  sur  niiiidostan ,  la 
Cliine,  les  Philippines  ella  Nouvelle- 
Espagne.  Sa  méllioile  est  ré^ulièie  ; 
se«  uutériaux  sont  bien  ordonnés  j  il 


GEM 

entremêle  sa  narration  de  descriptions, 
sans  qu'il  en  résuite  de  la  confusion. 
Dcpui-^  son  arrivée  au  Mexique  ,  son 
journal  est  très  minutieux.  Dans  son 
long  voyj'.',e ,  au  milieu  de  tant  de  na- 
tions diverses,  dont  le  plus  souvent 
il  ne  comprenait  pas  la  langne,  Ge- 
inelli  éprouva  peu  de  désagréments 
personnels  :  si  bonhomie,  dont  il 
est  aisé  de  reconnaître  les  traces 
dans  son  récit,  les  lui  épargna  sans 
doute  ;  et  son  adresse  extrême  à  se 
servir  des  armes  à  feu  ,  lui  en  fit  évi- 
ter bv-aucoup  dans  les  parties  les  plus 
reculées  de  la  Turquie ,  seul  pays  011 
il  en  ait  essuvé.  Il  lui  fallut  une  vo- 
lonté bien  décidée  pour  faire  le  tour 
du  mon  le  par  terre,  entreprise  bien 
plus  difficile  ,  à  quelques  égards ,  que 
de  faire  ce  voyage  par  mer.  Pour  que 
son  expérience  pût  être  utile  à  ceux 
qui  ser  lient  tentés  de  suivre  son 
exemple,  il  donne  des  conseils  à  ce 
sujet,  et  établit  y)0ur  principe  que 
l'humme  le  plus  riche  ne  peut  faire 
le  tour  du  monde  sans  exercer  quel- 
que commerce  sur  la  route  :  s'il  se 
chargeait  de  grosses  sommes  d'argent, 
il  serait  sans  cesse  exposé  à  les  per- 
dre avec  la  vie.  S'il  prenait  des  lettres 
de  change,  peut-être  lui  arriverait-il , 
par  la  grande  distance  des  lieux,  de 
trouver  lecorresjnuidant  mort  ou  hors 
d'état  de  payer.  Celui  qui  emploie  sou 
argent  en  maridi mdises  ,  est  exempt 
de  toutes  ces  craintes;  mais  il  ne  faut 
pas  que  le  désir  du  gain  prenne  jamais 
assez  de  force  pour  faire  oublier  au 
voyageur  que  son  véritable  objet  est  de 
s'instruire.  Gurume  il  est  impo.'sible 
(pt'il  voie  tout  par  lui-même,  il  doit 
chercher  à  se  lier  avec  les  gens  de  let- 
tres ,  s'il  y  en  a  dans  le  pays,  ou  bien 
avec  quelques  vieillards  iiilelligt  nts,et 
il  comparera  leurs  téujoignages  res- 
pectifs. Cn'inelli  eut  lui-même  recours 
à   ce  moyen;  car  le  peu  de  temps 


GEM 

qu'il  resta  d.nis  jiliisu'ur.s  endroits,  ne 
lui  laissa  ni  le  loisir  ni  roci.jsion  do 
fiirc  lonJcs  les  rcinanjncs  di)nl  son 
livre  (Si  rempli.  Il  re^iit  (|U(  Iquc  fuis 
<lcs  doeuiniMUs  dunt  i'rxarlilnde  pi  ut 
paraître  .su.s|)eete  :  par  cximpleil  parle 
serieusenienl  d'iiomines  à  qm  ne  an 
Las  du  dos;  il  <'st  vrai  qu'il  cUc  pour 
garant  un  missionnaire.  Ce  nVsl  pas 
au  r(  .'•te  le  seul  exemple  de  crédulité 
qu'il  donne;  et  cependtnt  il  se  mon- 
tre gencr.ilement  judicirux.  Quoiqu'il 
ne  soit  pas  très  profond  observa- 
teur, son  voyage  iw  laisse  pas  d'of- 
frir beaucoup  de  choses  curieuses  et 
nouvelles,  notamment  sur  les  Philip- 
pines et  le  Mexique.  Cet  ouvrage  con- 
tenait ,  à  l'époque  où  il  fut  publie  ,  le 
seul  journal  détaillé  de  la  route  de  Ma- 
nille à  Acapuleo,  et  lé  seul  récit  des 
grandes  opérations  par  lesquelles  on 
est  parvenu  successivement  à  préve- 
nir les  dégâts  des  inondations  dans  la 
vallée  de  Mexico,  il  donne  sur  la  con- 
quête du  Mexique,  et  sur  ce  pays  en 
général ,  des  pai  ticularilés  cl  des  no- 
tions qui  manquent  aux  anciennes  re- 
lations. Quelques  critiques  ont  accusé 
Gcmclli  de  n'ètie  pas  sorti  dcNaplcs, 
et  d'avoir  composé  son  ouvrage  à 
l'aide  de  lambeaux  tirés  d'autres  voya- 
geurs. D'autres  ne  lui  contestent  pas 
ses  courses  dans  des  pays  lointains, 
mais  piétendcnt  qu'il  ne  rédigea  sa 
relation  que  de  mémoire ,  et  non  sur 
des  notes  écrites.  Ces  deux  imputa- 
tions sont  fausses.  Une  lettre  d'un 
missionnaire  français,  imprimée  en 
original  à  la  fin  du  dernier  volumede 
sa  relation  ,  et  qui  lui  fut  adressée  de- 
puis son  retour  eu  Europe ,  prouve 
bien  évidemment  qu'il  avait  été  en 
Chine -et,  quant  au  Mexique,  voici 
le  témoignage  que  lui  rend  M.  de 
Humbuldt  :  «  Par  l'efTet  du  scepli- 
»  cisme  le  plus  extraordinaire ,  le  li- 
^  vre  de  Gemclli  a  clé  regarde  com- 


G  E  M  55 

»  me  un  amas  d'injpostures  et  de 
»  mensonges,  .le  ne  fleeidcrai  pas  la 
»  question  si  Gemelli  a  été  en  Chine 
»  ou  en  Perse;  mais  ayant  lait  dans 
»  l'intérieur  du  Mexique  une  grande 
»  partie  du  chemin  qu«*  le  voyageur 
»  italien  décrit  si  rninutieuscment,  je 
»  ])ui-i  affirmer  qu'il  est  aussi  indubi- 
»  table  que  Gemelli  a  été  à  Mexico, 
»  à  Acapidco,  et  dans  les  petits  villa- 
»  gcs  de  Matzîan  et  de  San-Augiistin- 
»  de-las-(iUevas,  qu'il  est  certain  que 
»  Pallas  a  été  en  Crimée  et  M.  Sali  en 
»  Abyssinie.  Les  descriptions  de  Ge- 
»  melli  ont  cette  teinte  locale  qui  fait 
»  le  charme  principal  des  relations  de 
»  voyages  écrites  par  les  hommes  les 
»  moins  éclairés,  et  que  ne  peuvent 
»  donner  que  ceux  qui  ont  eu  l'avan- 
»  tage  de  voir  de  leurs  propres  yeux. 
»  Un  ecclésiastique  respectable ,  l'ab- 
»  bc  Clavigero,  qui  a  parcouru  le 
»  Mexique  un  demi-siècle  avant  moi , 
»  a  déjà  élevé  !a  voix  pour  la  défen- 
»  se  de  l'auteur  du  Giro  del  mondo, 
»  Il  a  très  justement  obrervé  que,  sans 
»  avoir  quitté  l'Italie,  Gemelli  n'au- 
»  rait  pu  parler,  avec  cette  grande 
»  exactitude,  des  personnes  qui  vi- 
»  vaient  de  son  temps ,  des  couvents 
»  de  la  ville  de  Mexico,  et  des  églises 
»  de  plusieurs  villages  dont  le  nom 
»  était  inconnu  en  Europe.  La  même 
»  véracité,  et  nous  devons  insister 
»  sur  ce  point,  ne  se  manifeste  pas 
»  dans  les  notions  que  l'auteur  pré- 
»  tend  avoir  puisées  dans  les  récils  de 
»  ses  amis.  L'ouvrage  de  Gemelli- 
»  Careri,  comme  celui  d'un  voyageur 
»  célèbre  qui,  de  nos  jours,  a  été 
î)  traité  avec  une  si  grande  sévérité, 
»  semble  offrir  un  mélange  inexlrica- 
»  ble  d'erreurs,  et  de  faits  exactement 
»  observés.  »  Voilà  une  autorité  irré- 
cusable, qui  lave  complètement  Ge- 
melli du  premier  grief;  car  le  même 
raisonnement  peut  s'appliquer  à  ce 


54  GEM 

qui  concerne  les  auties  pays  :  quant 
au  stconfl  grief,  il  n'est  pas  admissi- 
Lie;  car  Geiueiii  dit  positivfmeut,  en 
parlant  du  danger -^u'il  courut  en  tra- 
versant une  rivière  entre  Mexico  et  la 
Yera-Cruz,qu'il  faillit  de  perdre  ses  ma- 
nuscrits de  4  ans  et  4  mois  de  voyages  ; 
€t,  dans  ses  avis,  il  recommande  d'é- 
crire ,  chaque  jour  au  soir,  ses  remar- 
ques ,  parce  que,  dans  une  si  grande 
variété  de  soins  et  d'objets ,  la  raé- 
inoire  peut  manquer  ;  et  il  ajoute  que 
ceux  qui  ne  veulent  rien  donner  au 
hasard,   font    deux   copies   de    itur 
Journal,  dont  ils  confient  l'une  à  un 
nnn  d'une  droiture  éprouvée.  Menace, 
dans  plusieurs  occasions ,  de  voir  pé- 
rir les  manuscrits  dont  sa  relation  est 
com[)usce  ,    il    regretta    quelquefois 
amèrement  de  n'avoir  pas   suivi  cet 
avis.  11  le  donne  avec  cet  aveu,  pour 
que  l'on  en  sente  mieux  l'importance. 
Le  seul  reproche  fonde'  que  Gcinelli 
ail  encouru,  e>t  d'avoir  voidu  en  im- 
poser dans  le  récit  qu'il  fait  de  l'au- 
dience de  rcrapereur  de  la  Chine  et 
dans  la  descrijîlion  de  la  cour  impé- 
riale. L'ahbc  Prévost,  tout  en  conve- 
nant qu'il  est  diUlcilede  défendre  Ge- 
melli  contre  le  témoignage  formel  du 
rédacteur  des  Lettres  édifiantes ,  ob- 
.servc  qu'il  est  assez  étrange  que   le 
F oy as^e  autour  du  inonde  ay nul  été 
publiédèslecomracncemenlduxviii^. 
siècle ,  personne  n'ait  relevé  cet  en- 
<lroil  jusqu'à  l'ani  7U0,  oùvraiseudjla- 
Idemeiit  le  père  Cirimaldi  et  Geindli 
étaient  morts  tous  deux.  On  a  encore 
de  ce  dernier,   P^ia'^^j  di  Europa , 
Napics,    1701,   '1    vol.    in-8'.  ,avec 
une  vue  du  chaleau  de  Versailles.  Ce 
voyage,  divisé  en   h  tires,  n'est   pas 
d'un  bien  grand  intérêt  :  on  y  trouve 
cependant    des    parlirularilés    ush(/ 
eu  H  uses.  I.iC  Giro  del  nxondo  a  eu 
plusuiu"^  ('dilloiis  en  Italie,  entre  au- 
nes eu  I  "^uS  el  «7'-i;  Celles-ci  iout 


GEM 

bien  plus  amples    que   la   première* 
Dans  celle  de  i  7*2 1,  en  9  vol.,  tous  les 
voyages  de  Gcraelli  ^ont  réunis;  le 
vil"',  et  le  viii^.  contiennent  le  voya- 
ge  en   Europe,  et  le  ix^.  celui  de 
Charles  III  de  Barcelone  à  Vienne. 
JjC  Giro  del  monda  traduit  en  fran- 
^)s  est  iiitiiule  :  l^oyaiie  autour  dit 
iMonde ,  Paris,  1719,6  vol.  in-12, 
avec  (ig.  Cette  verMon  ,  qui  est  d'Eust. 
Le  NiibiC,  manque d'eiégance  et  quel- 
quefois d'exactitude  ,  parce  que  l'au- 
teur,  ignorant  plusieurs    usages    lo- 
caux, s'est  mépris  sur  le   sens   des 
mots  qui  les  indiquent.  Dans  l'origi- 
nal, les  dates  sont  indiquées  à  la  fois 
par  les  jours  delà  semaine  et  le  quan- 
tième du   mois;  presque  toujours  le 
traducteur  néglige  ce  derni«r  point,  ce 
qui  jette  beaucoup  de  conlusion  dans 
le  récit.  Il  a  d'aii  eurs  fait  précéder  sa 
ver>iou  d'une  préface  destinée  à  rele- 
ver le    mérite  de  l'ouvrage,   et  d'un 
sommaire  du  contenu  des  dilïéients 
volumes;  mais  il  n'a   pas  duine   les 
Conseils  aux  voyageurs.    La  pliip»rt 
dos  collet tioiii  de  voyages  en  dillc- 
rentes  languesconli<nnen;des  extraits 
de  la  relaiionde  Grmelli.  L'abbePic- 
vost  a  ,  dai.s  son  xi  .  vohuîie  ,  repéré 
sur  la  Chine,  ce  qui  se  trouve  dans 
le  v".  E— s. 

GEMINIANI  (François),  cé- 
lèbre musicien  italien  ,  prit  nais- 
same  à  Lueques  en  lOBo.  Un  gon- 
lilhomme  de  son  pays  ,  reeonnais- 
s;mt  <  n  lui  beaucoup  de  dispojiiious 
pour  la  inusKpie  et  de  'j;oûf  pour 
le  violon,  l'envoya  à  Nip'.rs  étudier 
sous  le  chcVilwr  ScarLiti.  (îeini- 
niani  prit  ensuite  ,  pendant  plusieurs 
années,  des  leçons  du  tamcuv  (jO- 
rclli,  et  devint  le  plus  ilislingué  de 
ses  élèves.  Il  joua  son  premier  con- 
certo de  violon  dans  l'académie  des 
nobles  <le  Naphs ,  ayant  .dors  à 
peine  aUeiol  sa  dix-liuilièiuc  année. 


GEM 

11  snij  rit  tous  los  spoctalcurs  ;  cl  dc- 
j)ui.s  ("(  itc  cpociuc  il  lui  reconnu  pour 
tiu  lies   plus  celclircs    violons   de  ce 
temps.  Après  avuir  parcouru  les  prin- 
cipales villes   (le  l'Italie  ,  il    fut  em- 
mcneà  Londres  par  un  seigneur  an- 
«;lais  en  170-^;  cl  dès-lors  il  fixa  son 
^cjour  dans  l.i  Grandc-Bret  ignc,  ou 
il  publia  SOS  ouvraues  llièori([ues  :  1. 
Traité  du  bon  f^oiit,  et  règles  pour 
exécuter  avec  ^oiU.  II.  Leçons  pour 
le  clavecin.  111.  L'Art  de  jouer  du 
violon  y  avec  des  rè'^les  nécessaires 
pour  la  perfection  ,    etc.    Dans   ce 
dernier  tiuvragc  il  traite  de  l'usage 
du  inanclic  du  violon,  cl  de  la  raa- 
mèrc  de   se   servir    de    l'arclict.    Il 
donne  a  ce  sujet  une  gravure  dans 
l.'ujuelle  il  divise  le  manclie  en  douze 
lignes ,  en  Ions  entiers  cl  en   demi- 
tons.  11  exige  que  l'e'colicr  transporte 
rcs  ligues  avec  de   la   craie    sur    le 
manche   du   violon;  et  il  en  montre 
l'usage  en  traçant  plusieurs  cclielles 
avec  l'indication  du  doigte  ,  ainsi  que 
six  diirèrcntes  positions  de  la  main. 
Il   eclaircit   cette   ruelhode  par    des 
exemples,  et  enseigne  ensuite  h   se. 
servir  de  l'archet,  et  la  manière  d'ob- 
tenir les  forte  et  les  piano.  Ces  rè- 
gles   sont   suivies   de   douze    solos  , 
i'ivec  accompagnement  de  basse  dans 
tous    les     styles  ,     dans     tous    les 
tons   et  les  mouvements.  M.  Sidbcr 
lils  a  donne  une  nouvelle  édition  de 
cet   ouvrage    en    1801.    IV.    \/Art 
d' accompagnement  ,    ou     Méthode 
nouvelle  pour  exécuter  proprement 
et  avec  goût  la  basse  continue  sur 
le    clavecin,    Londres,    i74'2«    V. 
Guide   ou    Dictionnaire    harmoni- 
que pour  l'harmonie  et  la  modida- 
tiun ,  Londres,   i'jt\i.  Cet  ouvrage, 
qui  ne  consiste   qu'en  des   passages 
très  courts,  et  auquel  on  prétend  que 
l'auteur  a  travaille  vingt  ans ,  a  ctc 
traduit  eu  fiançais  avec  le  mcmc  ti- 


G  E  M  55 

tre,  Paris,    i75().    Iliiler,  d.ins    ses 
Moticcs  [llillcrisclie  nac/trichten)  ^ 
pag.  8a,  donne  des   détails   satisfai- 
sants sui'   cet  ouvrage.    On    a    aussi 
plusieurs    conqiositions    gravées    de 
(icininiani,    cou)me     lrc!ite    sonates 
pour  violon  en  trois  œuvres ,  douze 
trios   pour  violon  en  deux  cahiers, 
trcufe  -  six  grands   Concerli  en   six 
œuvres  ,  dont    un   contient  l'œuvre 
cinquième    de  Corc'li.   Le    premier 
œuvre  des  Sonates   parut  en  1716. 
Gcniiuiani  fit  en    Ecosse  el    en   Ir- 
lande plusieurs  voyages  qui  lui  pro- 
duisirent bpaucoup  d'argent.  Il  mou- 
rut très  riche  à  Dublin,  le  i  7  septem- 
bre  1762,  à  l'âge  de  quatre-vingt- 
deux  ans.  Awison  cite  les  composi- 
tions de  cet  artiste  comme   un   mo- 
dèle d'excellente  musique  instrumen- 
tale ,  en  loue  la    modulation  ,  l'ex- 
pression ,  l'harmonie,  et  le  naturel 
des  liaisons.  Burney  dit  que  sa  coin- 
position  est  hardie  et  pleine  d'inven- 
tion, mais  dcfcctucusedans  le  rhythme 
et  dans  la  mélliode ,  et  qu'elle  con- 
tient si  peu  de  phrases  qu'un   musi- 
cien qui  se  tromperait  en  jouant  sa 
pai  lie  aurait  beaucoup  de  peine  à  se 
retrouver.  Nous  n'ajouterons  rien  aux 
diiïe'i entes  décisions  de  ces  deux  ha- 
biles connaisseurs,  sinon  que  la  mé- 
thode de  Geminiani   pour   jouer  du 
violon  a  été  considérablement    sim- 
plidée  j)ar  les   compositeurs   techni- 
ques qui  lui  ont  succe'dé,  et  notam- 
ment par  le  célèbre  Nardini.    B — s. 

GEMlNUS.Ce  nom  paraîtrait  ce- 
lui d'un  Romain;  c'est  celui  d'un  au- 
teur qui  a  e'crit  en  grec  une  Introduc- 
tion à  l'étude  des  phénomènes  ce- 
lestes.  On  croit  qu'il  était  de  Lhodes, 
mais  qu'il  écrivit  à  Kome  vers  les 
temps  de  Sylla  et  de  Cicéron.  Il  a 
lui-même  fixé  celte  époque  à  peu 
])rcs,  par  un  passage  de  son  livre, 
où  il  dit  que,  120  ans  auparavant,  la 


S6  GEM 

fête  d'Isis  cliez  les  Egyptiens  tombait 
au  solstice  d'hiver,  ce  qui  ne  peut  ar- 
river qu'une  fois  eu   1460  ans.  Les 
auteurs  cependant  ne  s'accordent  pas 
tout-à-fait  dans  leurs   calculs  sur  ce 
passage.  Petau  en  couclut  que  Gerai- 
niis  vi\  lit  'j'j  ans  avant   J.-C.  Bon- 
jour pre'tcnd  qun  ce  doit   cire    137 
ans  avant  notre   erc.   Gcminus   cite 
Hi()parquc,qui  observait  de  l'an  160 
à  Tau  l'ij;  il  est  donc  postérieur  à 
cette  époque.  Voilà  tout  ce  qu'on  sait 
de  lui.  C'est  un  de  ces  auteurs  dont 
toute  1.1  vi    e'tait  dans  leurs  ouvragrs; 
et  ceux  de  Gorninus  sont  perdus  en 
partie.  Il  avait  corapo>ë  un  Traité  de 
malhéinatiqiies,  dont  Proclus  a  pro- 
filé dans  son  Commentaire  sur  Eu- 
clide  ;  mais  il  n'est  pins  connu  au- 
jourd'hui que  pir  son  Introduction 
ou  ses  Eléments  d'astronomie.  C'est 
un  ouvrage  un  peu  superficie'  ,  mais 
.simple,  lumineux,    tel    à    beaucoup 
d'égards  qu'on   pourrait  le  composer 
aujourd'hui,  et  le  meiHeur  sans  con- 
tredit de  tous  C(  ux  (jui  nous  restent 
des  Grecs.  La  premier.*  édition  parut 
n  Ahorf  en  1  5ç)0    avec  1 1  traduction 
latine  d'Hiiderir.  L«  p'us  connue  est 
celle  qur  Petau  a  donnée  dans  son 
Uranologion ,  ou  Collection   d'écrits 
relatifs  à    i'.»stroni)mie.   Gcminus    y 
traite  des  cercles  de  la  spiière,  des 
clim  >ls ,  des  levers  et  couchers  des 
étoiles,  des  jours,  des  mois,  des  an- 
nées, et  des  diverses  périodes  im.tgi- 
nécs  p.ir  les  Gr(cs;  des  mouvements 
du  î>oI<il,  de  la  lune  et  des  plii'èfes; 
dcTexeligme,  c'est-à-dire  d'une  pé 
riodc   luni-so'aiK    dci;agéo  de   fr.tc- 
lions.  Ce  qu'il  dit  «le  l'inégalité  «lu  so- 
leil prouve  qu'il  n'était  pas  gi'oniètre; 
et  dans  ses  calculs  de  l'inég.tlilé  de  la 
lune,  il  ne  se  nu)nlre  pas  arithméti- 
cien bien  habile:  du  re>te,''spril juste 
et   sage,  il    n'écrivait  pas  pour   les 
savants  ,  mais  snnpIcnK-nt  pour  les 


GEM 

gens  du  monde  et  les  littérateurs.  II 
a  le  mérite  de  ne  pas  croire  à  l'astro- 
logie ;   il  s'élève   même  contre  ceux 
q!ii  |)rét('ndaie!it  que  les  le*^ers  et  les 
couchers  des  étoiles  pouvaient  avoir 
quelque  11. fluence  sur  les  vents  et  la 
pluie.  Il   a  îmet  tout  au   plus   qu'ils 
peuvent  servir  à  des  annonces  pure- 
ment locales,    qui    ne    conviennent 
qu'à  une  seule  position,  et  auxquelles 
on  ne  doit  ajouter  quelque  foi,  qu'au- 
tant qu'une  longue  expérience  en  au- 
rait démontré  h  certitude.  Dans  son 
tableau  du  ciel  étoile,  c'est  Caliiuiaque 
et  non  le  géomètre  Conon,  q:i'il  don- 
ne comme  auteur  de  la  constellation 
connue  sous  le  nom  de  Chevelure  de 
Bérénice.  Il  est  vrai  que  le  poète  s'ap- 
puyait du  témoignante  de  l'astronome; 
et   des  écrivains  qui  se   souvenaient 
plus  particulièrement  des  vers  de  Cal- 
limaque  et  de  Catulle,  avaient  ciu  les 
deux  poètes  sur   leur  parole,  et  en 
avaient  conclu  que  Conon   était  un 
courtisan,  un  bas  fl.tttcur.  Nous  avons 
tâché,  à  l'arti;  !e  Conon,  de  venger 
sa   mémoire  de  cette  inculpation   si 
p(  u  vraisemblable. .11  semble  que  Gé- 
rainus  doit  fixer  nos  idées  sur  cette 
fiction    poétique  ,   fort  conv(  nable  à 
CaHimaque,  mais  qui  serait  peu  digne 
d'un  géomètre  tel  que  Conon.   D-L-e. 
GEMISTE  (George),  surnommé 
Plélhon,  philologue  et  pnilosophe  pla- 
tonicien, naqu.l  à  Constanlinople.  Il 
viva'l  vers  le  milieu  du  xv'".  siècle,  et 
rendit  son  nom  célèbre  par  la  diver- 
sité de  ses  conn;iissanex\s  et  son  atta- 
chement à  la  doctrine  platonicienne. 
11  fut  (lu  nombre  de  ces  Grecs,  mal- 
h«ureux  et  savants,  qui  transplantè- 
rent en  It.die  r.irbre  impéris.>«able  de 
la  science,  que  les  cllorts  du  barbare 
Mahomet   11    venaient    de  déraciner 
dans  la  Grèicll  s'étiit  trouvé  au  con- 
cile de  l'Iorence,  sous  le  pape  Eugè- 
ne IV,  eu  i/joB,  et  s'y  était  fait  ad- 


G  E  M 

iniicrpar  son  éloquence  cl  son  grand 
savoir  (bns  la  qncstion  rdalive  au 
schisme  qui  divisait  les  Grecs  cl  les 
Latins.  Il  i'ul  admis  à  la  eonr  du  |)rc- 
inier  de  ces  IMetiicis,  (kuil  l'un  elait  le 
père  du  peuple,  et  l'autre  le  père  des 
lettres.  CJVsl  In  que  piit  naissanee  la 
dispute  f.iniense  entre  les  partisans 
d'Arislole  et  ceux  de  Platon  ;  car  ces 
deux  grands  hommes  avaient  alors  , 
cliaouii  ,  leurs  .seclaleurs.  La  pliiloso- 
phie  de  Platon  fut  adoptée  à  la  cour 
des  princes,  et  ,  par  cette  raison,  fut 
Ijieiitôl  en  grand  liMincur  p;irnii  les 
lioinmes  de  l  ttres  du  temps.  Gemiste 
lie  suivit  point  l'impulsion  :  ce  fut  en 
quelque  sorte  lui  qui  la  donna.  Les 
scola-liques  étaient  décriés;  et  l'on 
jugeait  qu'il  fali-ùt  à  resjiril  liufnain 
iiouvellenient  régénéré  un  aliment  plus 
solide  que  de  vaines  disputes  :  la  vé- 
ritable philosopliir  n'était  jias  encore 
connue;  on  sentait  seulement  com- 
bien etaiidéfectucuse  Celle  qu'on  aban- 
donnait. Gtmiste  se  déclara  le  cham- 
pion de  Platon  contre  Aristotv  et  :  es 
défenseurs.  George  dcTrébisonde  ra- 
massa le  gant;  et,  dans  ce  ridicule 
défi,  ce  philosophe,  épousant  la  cause 
d'Aristote  avec  une  sorte  de  fureur, 
rabaissa  beaucoup  Platon.  La  victoire, 
toutefois,  resta  pour  lors  à  ce  dernier. 
Le  cardinal  Bt^ssarion,  compati  iole 
de  Géuiiste ,  mil  aussi  nne  extrême 
chaleur  à  soutenir  la  faction  platoni- 
cienne; et  ce  fut  la  première  îois,  de- 
puis les  beaux  s-iècles  dc^  la  Grèce,  que 
l'admiration  pour  do  .si  grands  hom- 
mes piit  le  caractère  d'une  espèce  de 
fanatisme.  Gérnistc  vécut  près  d'un 
siècle  :  peut-être,  que'qurs  années  plus 
tard,  aui  ait-i!  vu  renverser  l'idole  qu'il 
avait  élevée  à  si  grands  frais ,  et  brû- 
ler ce  qu'il  avait  adoré.  C'est  le  pro- 
pre des  meilleures  choses  d'être  faci- 
lement altérées  «t  détourneVs  de  leur 
vrai  but  par  les  insensés  tl  les  supcrs- 


G  K  M  57 

litienx  :  le  système  des  géiùes,  la 
préexistence  des  âmes,  le  culte  exclu- 
sif des  livres  de  Platon,  que  d'aveu- 
îi'es  sectaires  V(»ulai<  ni  substituer  au 
texte  sacré  (  i  ),  tous  ces  excès  de  la  su- 
blime doctrine  de  Pl.ttun  ,  perveitic 
par  SCS  plus  ardents  piosélytes ,  la  fi- 
rent tomber  dans  le  ridicule;  <l,  dès 
lors,  c  le  fut  généialement  abandon- 
née. Au  commencement  du  xvi'.  siè- 
cle, elle  avait  p' rdu  tout  son  crédit. 
Aristote  avait  pris  la  place  accordée 
quelques  années  avant  à  Platon.  Gé- 
mi>le  p;uîeigea  la  disi;iâce  de  son  hc- 
ro<;  et  i'S  écrits  qu'il  avait  pu})liés  à 
l'ocasiou  de  ces  querelles,  ne  leur 
survé;urei.l  pas.  Ce  qu'il  y  a  de  plus 
rcmarqurible  dans  ce  délaissement, 
c'est  que  peu  d'écrivains  ont  eu  l'avan- 
tage d'ui-e  aussi  grande  quantité  d'his- 
toriens :  beaucoup  se  sont  occupés  de 
noustransjiiettre  le  titre  de  ses  nom- 
breux ouvrages  ;  car,  outre  la  philo- 
sophie, il  écrivit  sur  la  grammaire, 
les  mathématiques,  l'histo're  ,  l'astro- 
logie, la  théologie,  la  géographie,  la 
choiographie  ;  aucune  pai  lie  de  la 
science  ne  lui  fut  étrangère:  il  s'adon- 
na même  à  l'éloquence;  mais  ses  dis- 
cours ne  sont  pas  au-dessus  du  mé- 
diocre. 11  nous  suffiia  d'indiquer  les 
pins  intéressants  de  ses  ouvrages  , 
écrits  en  grec  :  L  De  platotncœ  ai- 
que  aribtotelicœ  philoscpldœ  dijfc' 
rerMà,  ijàli  ,  \S']^.,  in-4''.;  id.,  Pa- 
ris, i54i,  in-8".  il.  Oracula  ma- 
gica  Ziroastris,  Paris,  i558,  iu- 
4°.;  id.,  ibid.,  1599,  in-8\;  opus- 
cule de  quatorze  à  quinze  pages,  et 
de  peu  d'importance.  lïL  De  gestis 
Grœcorum  post  pugnam  ad  Mari' 
tineain ,  tractatio  duohus  libris  di' 
geffa  ,  Venise  ,  i5o5,  in-fol.;  et  réim- 


{\'\  Sur  le  livre  i\o  Pletlion  ,  où  il  voulait  f  IbLlir 
une  nouvelle  religion  ,  et  sur  les  siii'es  de  ce 
projet ,  voyez  Bojvij»  ,  Acad.  des  Uel(es-Leilre\ 
toni.  2  ,  i>.  •;i(). 


58  G  E  M 

prime  plusieurs  fois  dans  lexvi^.  siè- 
cle; traduit  en  français  par  .Saliat, 
Paris,  i556.  Le  manuscrit  autogra- 
])he  est  à  Venise,  dans  la  bibliuihè- 
<iue  de  St.-Marc.  il  existe  de  cet  ou- 
vi?age  une  édition  plus  re'cente  et  bien 
préférable  aux  anciennes,  Leipzig, 
1770,  par  Kcnr.  -  God.  Reichard , 
pelil  in -8°.  Calderino  a  publié,  en 
1478,  une  édition  latine  dédiée  à 
Sixle  IV,  de  la  Géographie  de  Fto- 
iéniée,  revue  d'après  un  ancien  ma- 
nuscrit grec,  non  seulement  écrit, 
comme  on  l'a  dit  à  l'article  Calderino, 
mais  corrigé  de  la  main  de  Gemiste. 
Laporte-Dutheil,  dans  sa  traduction 
de  Strabon,  a  fait  usage  d'un  Extrait 
que  Géraiste  avait  rédigé  des  livres 
vu,  VIII  et  IX  de  l'ouvrage  de  ce 
géographe  (i)  :  le  savant  trailucteur 
rcmarfjue  que  les  citations  contenues 
dans  cet  extrait  sont  loin  d'être  tou- 
jours fulèlcs.  Il  convient  cependant 
qu'd  lui  a  été  utile  pour  rétablir  plu- 
sieurs des  lacunes  du  texte  ancien, 
surtout  celles  du  ix*".  livre,  qui  se 
trouve  mutilé  d.ms  tous  les  manus- 
crits. L'Oraison  funèbre  que  Géniiste 
avait  composée  en  grec  pour  l'impé- 
ratrice Cléopé,  morte  en  i455,  n'a 
€té  publiée  qu'en  i  792 ,  par  les  soins 
do  Fulleborn,  avec  une  autre  pièce 
du  même  genre.  (  f^oj.  Fulledorn.) 

G.F— R. 
GEMISTE  (  Jean  ),  Grec  de  n.iis- 
sancc,  s'était  réfugié  en  Italie,  vers  la 


(l  )  La  hil)li<>llicqnc  du  Roi  pntjèile  quatre  rirm- 
■filairr»  m;mincrilï  t\v.  orllc  rjpoot:  il'iilin'gti  rri- 
lii|iic  «!«•  lu  y«M>';rai)lii»r  ilr  âlrnlioii  ,  cimmijosi;  ,  iiii- 
\.iiit  L.i|M)rl<-l)iilliril  ,  vrr»  ilS  ;  Ir  liouième, 
»<>iii  Ir  iS*'.  /(i,<  ,  ccritdc  1  i  main  il'Aii^i-  Vrr(;i;co, 
fil  slirtiiiit  rcKiiirfiu.'iblc  par  tinrrnrlcr  rnliiiniiioc , 
«iir  laquelle  le  relobrc  r.iMi;;rn|ihr  a  iiiiii;;iiir  ilr 
ri'tiri-sriilcr  rAniéri<pif  iriine  nidricre  rrriiniiuis- 
5;ili|r^  qiioiqiir  lri:i  inr<irinc,  Stf.-(<iiiiK  ilciiiti);  un 
«•xiruit  iiiti-rcsiAiil  de  rrt  (>uvrn);«  <lc  (ithiiiilr  , 
«lan»  tuii  Mt-mnirc  sur  les  pctitt  gro^raphet  an- 
riens  ^  Journal  île»  Sav.  ,  aviil,  itJ*»),  p.  a'<)). 
•Sidbeiikeci  ,  <Uiit  un  jinedlula  ,  a  publi»^  dfiu» 
"pilitulri  lie  (>i;iiii«lr  ,  l'nci  intituli-  :  Cuifection 
il"  'filcli/nes  rirciéis  iln  Sli  itbun  ,  cl  rnulro  :  Dt 
ta  junnc  et  de  la  ^randçitr  de  In  tcira. 


GEM 

fin  dn  xv\  ou  au  commencement  du 
xvi"".  siècle.  On  ignore  à  quel  drgré  il 
fut  parent  du  précédent.  A  l'cxpusple 
de  plusieurs  de  ses  compatriotes ,  il 
cultiva  les  muses  latines. Dans  un  poè- 
me d'une  certaine  étendue  qu'il  nous 
a  laissé,   il  prend  le  litre  de  secré- 
taire de  la  ville  d'Ancône.  Son  ouvra- 
ge ,  sous  le  titre  de  Prolrepticon  et 
prunosticoji  ad  Leonein  X,  ponliji' 
cem  maximinn,  imprimé  ta  Ancone, 
au  commencement  de  i5iG,  a  pour 
objet  d'exciter  le  Saint-Père  à  se  met- 
tre à   la  tête  des   princes    chiéliens, 
pour  aller  délivrer  la  Grèce  du  joug 
des  Ottomans.  I!  est  en  vers  héroïques* 
et,  dans  une  gravure  en  bois,  au  fron- 
tispice, on  voit  l'auteur  faisant,  à  ge- 
noux, hommage  de  son  livre  au  pape. 
C'est  un   in-4'.  de  56  feuillets  non 
chifTrés ,  mais  avec  signatures  ,  cirac- 
tères  ronds.  11  est  extrêmement  rare  , 
et  a  é(  happé  à  la  connaissance  de  U 
plupart  des  bihlio';;raplics.      M — on. 
GEMAL\  (Régnier),  communé- 
ment surnommé  Ftisius ,  ou  le  Fri- 
son ,   mathem  ilicien    et    astronome 
hollandais,  était  ué  en  i5o8,  à  Doc- 
kum,  en   Frise;    il    commença    son 
éducation  liltér.iire  à  Groninguc  ,  et 
l'acheva  à  Louvain ,  où  il  étudia  en 
médecine,  et   fi,t    reçu    docteur    en 
•  542.  Il  jouit,  de  son  temps,  d'une 
gr.indi-  citU'^idération    comme    astro- 
nome. Chai  les -Quint   en    fusait   un 
cas  particulur,  el  le  consulta  en  plus 
d'une  ore.ision.  La  modestie  de  Gem- 
ma r«'ngagea  à   se  refuser  aux    pro- 
positions de  l'empereur,  qui   aurait 
voulu  l'auinr  a  sa  cour.  Il  excellait 
encore   à    fainr   des    in.siruments.    Il 
mourut  à  Louv.ùn  en  i553,  laissant 
u\\   (ils  héritier  de    sa  sriciicc  et  do 
sa  chaire.  On  a   de  lui  ;   I.    Arith- 
ineticœ  ptucliav  mothodus  facilis, 
Anvers,  »  5/|0  ,  in  •  8  .  11.  /fe  radij 
astroiwinico  et    g!'omctrico    liber  ^ 


r.  E  M 

il)i(l.,  r>/,^),  iii/f  .  m.  I>e  arinnli 
ttstronomici  usu  ,  ibicl.,  i5.jS,  ni- 
8^.  IV.  Pe  principiis  astronomiœ 
fl  cosmnji^rtipfnœ  ,  .ivcc  quelques  au- 
tres jxlils  traites,  Paris,  i!J47  ,  i«i- 
8^.,  et  Anvers,  i548,  in-i'2.  15ois- 
bièie  l'a  IraJuil  en  français,  Paris, 
ij8'.i,  in  8'.  V.  De  astrulabio  ca- 
tholico  et  usu  ejusdem ,  Anvers, 
inSC),  inh*^.  VI.  CJuirtd  swc  inappa 
viundi ,  deilie'r  à  Cliarles-Quiol,  1a)U- 
vain  ,  \\j.\o.  \  H.  Il  a  rcimprirnc, 
corrige  et  augnienle  en  plusieurs  édi- 
tions successives  ,  la  CosmograpJiia 
de  Picrifi  Apiiiius.  11  en  a  paru  une 
traductivjn  iVançaisc,  à  Anvers,  en 
i54i  ii:  4°'  <  so^'^  ce  titre  :  La  Cos- 
moj^rni'hie  de  P.  j4picji,  traduite 
par  Gemma  Frison ,  mathémati- 
cien de  Lointain.  ,  avec  autres  Li- 
i>res  du  même  Gemma,  Le  Recueil 
de  cousullaMons  publié  par  Henri 
Garet,  Francfort,  l 'jg'.i ,  in-8°. ,  con- 
tient Consilia  quœdam  de  arlhri- 
tide  de  notre  G^  luma.        M — on. 

GEMMA  .Corneille),  fi'.s  du 
précèdent,  suivit,  sans  def;enerer,  la 
même  carrière  :  ne  à  Louvain  en  1 555, 
il  Y  fut  crée  docteur  en  médecine  en 
15^0,  et  aussitôt  nomme  pour  la 
professer  dans  cette  université.  La 
peste  l'y  enleva  aux  sciences,  à  la 
fleur  de  son  âge  ,  eu  1579.  Le  duc 
d'Albe  l'avait  appelé  peu  de  temps 
aiqiaravanl  à  INiaiègue,  dans  le  des- 
sein de  le  consu'ter.  Il  a  cent  :  L 
jDe  nrte  cj  cloguomicd  ^  tomiiiiy 
doctrinam  ordiiuim  universam  ,unà- 
que  p/iilosophiam  flippocratis ,  Pla- 
ton is  _,  Galeni  et  AristoicUs  ,  in 
unius  communissimœ  ac  circularis 
methodi  specicin  rcferenteSy  etc., 
Anvers,  iS^k),  in-4".  Cf't  ouvraç^e , 
dediii  à  Philippe  H  ,  ofTic  à  la  lois 
beaucoup  de  connaissances,  d'érudi- 
tion et  de  singularité;  il  est  précédé 
d'une  pièce  qui  prouve  le  talent  de 


G  E  M  59 

Gemma  pour  la  poésie  laline;  elle 
est  intilidce  :  Mcnli  rcrum  arclii- 
tectrici,  divini  amuris  et  Psychés 
Ilj  menewa  Cornélius  Gemma  , 
loco  hrmnij  magici  consecritvit.  IL 
J)e  Stella  peregrind ,  quœ  superiori 
anno  apparere  C(cpit,  C.  Gemmée 
et  Gui.  Poslellijudicia,  O^j,  in- 
4**.  II L  De  naturœ  divinis  charac- 
terismis ,  seu  raris  et  admirandis 
spectaculis  ,  causis  ,  indiciis ,  pru- 
prietatibus  rerimiy  in  partibus  sin- 
gulis  univcrsi ,  lihri  11^  Anvers, 
i5;5,  iu-8".,  suivi  de  deux  petits 
Traités  de  médecine,  l'un  sur  un 
abcès  sin^lidier,  l'autre  sur  une  fièvre 
pestiienlielle.  IV.  De  prodiglosd 
specie  nalurdque  cometœ  anni  1 577, 
cum  adjunctd  explicaiione  duorum 
chasmaturn  anni  i575,ibid.,  1578, 
in- î  2.  L'auteur  n'est  j)as  éloigné  de 
voir,  dans  la  comète  qu'il  décrit,  et 
qui  est  celle  dont  De  Thou  a  f<iit  ex- 
pressément mention  dans  le  05*^.  li- 
vre de  son  Histoire  (  pag.  SgS  du  vii^ 
volume  de  la  traduction  française  ) , 
des  pronostics  effrayants.  D'après  la 
description  qu'il  en  donne  ,  les  deux 
chasmata  nous  ont  paru  beaucoup 
ressembler  à  deux  grandes  aurores 
boréales.  L'opuscule  est  suivi  d'une 
pièce  de  vers  latins,  intitulée:  Eidyl- 
lion  falalis  vicissitudinis  in  Bel- 
gico  statu.  C'est  une  églognc  dialoguée 
entre  la  SibyllaErythrœa  et  la  Firga 
Bel^ica.  M — on. 

GEIMMA  (Jean-Baptiste),  mé- 
decin vénitien,  disciple  deTrincavelli, 
murt  en  i58i ,  fut  médecin  de  Sigis- 
mond  m ,  roi  de  Pologne  ri  de 
8uèdc,  et  publia  l'ouvrage  suivant  : 
Meihodus  raiionalis  mn>a  atque  di- 
lucidissima  curandi  hubonis  car- 
hunculique  pestiientis ,  in  qud  morhi 
essen'da ,  causœ ,  signa  _,  prognosti- 
cum ,  prœcautio  atque  curatio  os- 
ienduTilur,  Gra'z  ,   i584;   i"-4''v 


6o  G  E  M 

Daiilzig,  i^iSg,  in -4**.;  Francfort, 
i<io3,  in-8  .;  V«  iii>e,  i6i)2,  iii-8  .  : 
cette  dcrtiièie  é  lition  est  la  racilicure. 
Cet  ouvrage  niifcrme  li  df.scription 
de  la  pcstt  qui  désola  Venise  en  i  S-jS 
et  iS-jG,  plusieurs  consiiiëraions  cu- 
rieuses sur  les  cau>rs  et  le  traitement  de 
cette  maladie,  cl  rhi-.toiie  d'une  cpi- 
de'mie  meurtrière  qui  fit  pe'rir ,  selm 
lui,  plus  de  quarante  ini'.lc  soldais 
de  celte  répub!i(]ue.  Ce  livre  fut  très 
bien  accueilli  par  les  contemporains 
de  Gemma  ,  et  ne  contribua  pas  peu 
à  la  reputalion  de  l'auteur.     Cu — t. 

GEMUSiEUS  (Jérôme),  médecin 
et  philologue  célèbre,  ne  en  i5oj  à 
Mulhausen  en  Alsace,  manifesta  des 
son  enfance  un  extrême  dcsir  de  s'ins- 
truire et  une  grande  aptitude  pour  les 
sciences.  L'intellit;ence  et  la  rare  pers- 
picacité' qui  l'avaient  constamment  fait 
distingua  r  dans  l'école  où  il  reçut  les 
premiers  éléments  des  lettres,  détermi- 
nèrent ses  parents  à  l'envoyer  à  Bàlc, 
à  l'âge  de  dix-huit  ans,  pour  y  conti- 
nuer ses  études.  Les  grands  moyens 
d'instruction  que  lui  fournissait  ce  nou- 
veau ihéâtre,  ne  firent  que  lui  donner 
une  nouvelle  ardeur  pour  les  lettres 
grecques  et  latines;  et  il  v  fil  de  si  ra- 
pides progrès  qu'il  fut  bientôt  remar- 
qué par  Glarearuis  ,  dont  il  était  le  dis- 
ciple :  cet  habde  maître  aimait  à  se  re- 
poser sur  lui  du  soin  de  l'enseignement, 
et  le  chargeait  souvent  de  faire  les  le- 
çons publiques.  Opendant  (iejnusœiis 
ne  se  bornait  pas  à  la  simple  littérature: 
il  se  livrait  avec  le  même  zèle  à  l'étude 
des  diffcVentes  sciences  qu'on  ensei- 
gnait alors  dans  les  universités;  et  dans 
toutes  il  obtint  des  distiiicliotis  so- 
Jenjielles  et  des  succès  éelUints.  Dans 
un  voyage  qu'il  fil  en  France  pour 
son  iiisfrurtion,  il  se  montra  partout 
si  fanniier  avec  les  éciits  d'Aiistotc 
cl  de  Platon  ,  révérés  alors  dans  les 
dcoics  comme  des  oracles ,  qu'on  le 


GEM 

regardait  de  toutes  parts  comme  ur 
des  hommes  les  plus  sav;inis  du  siè- 
cle. A  des  cimnaissances  très  éten- 
dues tn  philologie  et  dans  la  philo- 
sophie scola>tique,  il  joignit  encore 
celle  de  la  physiologie  et  de  la  mé- 
decine :  les  app!a\idissements  una- 
uim(  s  au  milieu  desquels  les  profes- 
seurs de  l'université  de  Turin  s'era- 
prc^sèrcnt  de  lui  décerner  le  titr« 
de  docteur,  prouvent  même  qu'rl 
n'excella  pas  moitis  dans  celte  scien- 
ce que  dans  les  autres  genres  d'e'- 
ludes.  De  retour  à  Bàle  en  i554, 
il  fut  nommé  professeur  de  physique 
dans  l'université  de  cette  ville ,  et  y 
enseigna  îa  physique  d'Aristote  avec 
un  talent  très  propre  à  justifier  la 
haute  réputation  qu'il  s'était  acquise. 
Peu  de  temps  après,  il  épousa  la  fille 
de  Gratander,  imprimeur,  de  laquelle 
il  cul  deux  fils ,  Polycarpe  et  Jé- 
rôme, qui  embrassèrent  l'un  et  l'au- 
tre la  même  profcs-ion ,  et  l'cxer- 
crreni'.  dans  leur  patrie  de  la  ma- 
nière la  plus  honorable.  Quoique,  par 
sa  vaste  érudition,  Gemusaeu>  se  fîit 
élevé  au-dessus  de  presque  tous  ses 
contemporains,  il  ne  craigmt  pas  de 
se  remettre  sur  les  bancs,  à  l'âge 
de  trente-cinq  ans,  pour  étudier  la 
langue  hébra'i(juc  sous  le  fimeux 
Sébastien  Munster  ,  dans  l'intention 
de  puiser  à  leur  source  primitive 
les  jiriueipes  de  la  doctrine  évau- 
gélique,  si  souvent  défigurée  par  les 
traducteurs  :  mais  une  mort  préma- 
Inrée,  qui  vint  l'arrêter  .mi  milieu  de 
sa  bnllinte  carrière^  l'empêcha  d'exé- 
cuter ce  dessein.  Ayant  clé  appelé  en 
Italie  auprès  d'tni  prince  ,  il  tomba 
malade  eu  route;  et  rentré  che/,  lui, il 
y  mourut  d'une  fièvre  ardente,  le  iÇ) 
janvier  i545,  à  l'âj;e  de  trente-huit 
ans  (ou,  selon  d'autres,  le  ic)  juin 
ifï'i'i  ,  a^c  de  cinquante-neuf  ans  ) , 
et  avant  d'avoir    pu  jouir   du   iVuil 


de    tous   SCS   ir.âvaux.  Il    a   laissr' :  OKuvres  de  Thco|»ljr.iste(i),  et  au 

1.  Oiic  (' llti(»n  };ri'C([(U!   des  œuvres  Traite  des  fièvres  de  Fuinaiiclli. 
do    Paul  d\Ei\ine  ,   corrigée,  ang-  ^  Cii  —  t. 

iiiciitee  ,  collatiounee  avec    le    plus         (iRNDllE  (Le),  ^o^.  Legendre 

p,nuid  soiu  sur  les   anciens    luauus-  cl  SAir^T-AuBiiv. 
frits,  enricliie  de  notes  savantes,  et  GENDKON  (Claude  DE^^nAis  ), 

iec;ardce  par  Eabricius  comme  la  racil-  docteur  en  mc'Jecine  de  la  facuhe  de 

Icure  que  nous  ayons  des  ouvrages  de  Montpellier,  et  ensuite  mcd<riii  du 

ce  luedecin   j^iec,   |]àlc,  (hatauder,  duc  d'Orléans,   re'gent    de  France, 

i558,  in -fol.  II.  Une  Préface  la-  était  né  en  Beaucc.  Le  goût  précoce 

tinc  (  savante  mais  prolixe  )  et  la  Fie  qu'il  manifesta  pour  les  sciences  phy- 

de  (r<^^Z/67^,  aussi  en  latin,  imprimées  siques   lui  ayant   fait  embrasser  par 

à  la  icte  des  ORuvres  grecques  de  cet  choix  la  médecine,  il  se  livra  avec  tant 

illustre  médecin ,  Càlo,  i558,  5  vol.  d'ardeur  à  l'é'ude  de  Citte   sieiice, 

iu-fol.  Iir.  Une     Tt\iihicUun   latine  qu'il  ne  tarda  pas  à  y  acquérir  b^-au- 

de  V Abrégé  des  dix  sept  li\>res  de  coup  d'habileté  et  une  grande  jépu- 

géographie  de   Slrabon,  imprimée  talion.  La  place  de  médecin  du  ré- 

avec  les  OK«>vres  de  ce  dernier,  Bàle,  gcnt  l'avait  mis  en  rapport  avec  les 

i559,  in-fol.  j  Amsterdam,  1707,  'à  grands:  son  amour  pour  les  sciences^ 

vol.  in-fol.,  et,  avec  la  Géographie  les  agréments  d'un  esprit  très  cul- 

de  Marins  Niger,  Baie,  iSjy,  ir.-fol.  tivé  et  les  qualités  du  cœur  les  plus 

On  la  retrouve  aussi,  avec   le  texte  estimables,  le  lièrent  avec  la  plupart 

grec,   dans    les  Petits   Géographes  des  savants  de  son  temps j  et  quoique 

d'fiudson,  tome  11.  IV. Une  Traduc-  obligé  de  vivre  à  la  cour,  il  fut  tou- 

tion  latine  d'une  partie  des  OEuvres  jours  compatissant  envers  les  malheu- 

d'Aristote ,  aveo  mie  préface ,  une  reux ,  simple  dans  ses  mœurs  et  ami 

critique  des  dogmes  de  ce  philosophe  de  la  vérité.  Parvenu  à  un  âge  avan- 

ct  des  commentaires  dans  la  même  ce,  il  se  retira  à  Autcuil ,  près  de  Pa- 

langue  sur  les  A naljtica posteriora  :  ris,  dans  la  maison  qui  avait  appar- 

c'est  à  ses  soins  que  l'on  doit  l'édition  tenu  autrefois  à  Boileau-Despréaux, 

d'Aristote  de  Bâie ,  i54'-ij  «545  et  son  ami.  Les  savants,  les  ambassa- 

I  548.  V.  On  a  cru  aussi  qu'il  était  l'au-  d.  urs  et  les  grands  du  siècle,  venaient 

leur  de  la  version  latine  des  deux  livres  souvent  le  visiter  et  le  consulter  dans 

De  plantis ,  faussement  attribués  à  cette  retraite    philosophique,   011    il 

Arislotc,  qui  se  trouvent  dans  l'édition  mourut  le  3  septfmbi  e  i  750  ,  à  l'âge 

de  Bâ!e  des  OEuvres   de  ce  philoso-  de  quatre-vingt-sept  ans.  Voltaire  en- 

phe,  1559,  iu-fo'.;mais  celle  tra-  core  jeune   était   venu    un  jour    lui 

duction  par.iîl  plus  ancienne  que  Ge-  présenter  un  de  ses  ouvrages;  inspiré 

musaeus  f  ^.Hnrles,  tora. iii,p.  244?  par  le  souvenir  de  Boileau  et  par  la 

de  la  Bibliolh.  grœca  de  Fabi  icius  ).  présence  du  vieillard  vénérable  dont 

VI.  Enfin  il  a  fait  des  Préfaces  la-  il  ambitionnait  les   suffrages  ,  il  lui 

tines  à  i'Almageste  de  Ptolémée  (  Plo-  adressa  ces  vers  : 
lemœi  opéra  excepta  seonraphid .  c'est  ici  le  vrai  Parnasse 

T>  M         IJ  ■     •  ~/  ■        ■    î  Des  vrai»  enf.ints  d  Apollon  ; 

Baie,    nenripierre,     104*  »    m-tol.    )j  Sous  le  nom  de  Boilcau  ces  murs  virent  Horace  ; 

'     p^il     • ;  I    ,•  .    J„   „-..   ^    „         j Esculape  y  paraît  sous  celui  de  Gendron. 

a  1  aDrej:;e  latin  de  cet  ouvrage,  don-  „_„ ^.— — 

né    p'ir  Muller    (  RegiOmOntanWi)   et  (i.Bâle,  1534,   i54i,in-fol.  en  grec.  Quelque» 

i^i       1         r,*i  ^^  ^      .       p    ,         '  exemplaires  do  cette  édilioa  onl  une  prgface  de 

PurbacU,  Bale^  i54^>;  m-iol.;  aux  joachim Camer«riuî.  *^ 


62  G  EN 

Le  seul  ouvrage  qu'il  ait  pu- 
blie ,  a  pour  titre  :  Recherches  sur 
la  nature  et  la  guérison  des  can- 
cers ,V.ni^,  1700,  in-i-2.  Ce  Traite 
n*esl  peut  être  pas  en  rapport  av<  c  la 
Jurande  réputation  dont  l'auteur  jouit 
pendant  sa  vie  ;  mais  il  est  cent  avec 
sagesse.  A  une  e'poque  où  une  foule 
de  charlatans  et  de  mëdicastrcs  pro- 
tégés par  des  hommes  puiss.ints  se 
vantaient  d'avoir  des  secrets  pour 
guérir  radicalement  celte  redoul;djle 
maladie ,  Gendron  fit  voir  que  l'ex- 
tirpation est  le  seul  moyen  de  guéri- 
son  sur  reillcacilc  duquel  on  puisse 
compter  :  comme  palliatif,  il  con- 
scill.iit  les  applications  topiques  de 
bcliadone  ,  dont  son  oncle  avait , 
long-temps  avant  lui ,  fait  usage  avec 
succès  dans  cette  maladie.  Un  de  ses 
neveux ,  docteur  de  l'université  de 
3Monlpellicr  comme  lui,  hérita  de  ses 
manuscrits  ;  mais  aucun  n'a  paru 
dign^  d'être  publié.  Cii — t. 

GENDRON  (Louis -Florentin 
Desuais),  autre  neveu  du  précé- 
dent, fut  professeur  et  démonstra- 
teur oculiste  à  l'école  de  chirurgie  en 
ir(j-2.  On  lui  doit  :  J.  Lettres  sur 
plusieurs  maladies  des  yeux ,  cau- 
sées par  l'usage  du  rouge  et  du 
blanc  ^  Palis,  17^)0,  iu-i2.  11. 
Traité  des  maladies  des  yeux ,  et 
des  moyens  et  opérations  propres  à 
leur  guérison,  Paris,  1770,  'i  vol. 
in- 12.  Cet  ouvrage,  dans  lequel  l'au- 
teur aura  probablement  fondu  les 
lettres  qu'ilav.iit  [irécédenimenlécriles 
sur  le  même  objet,  constitue  une  fort 
bonne  monographie  sur  les  maladies 
des  yenx  et  des  parties  accessoires. — 
(iENi)f\oN  (  Pierre  )  est  aulcin-  d'un 
Traité  portugais  d'hygiène  publi(iuc  , 
i)ù  l'on  trouve  dos  choses  utiles  sur 
li.'S  causes  de  l'insalubrité  de  l'air  des 
villes,  des  hôpitaux,  des  prisons, 
des  vaisseaux,  sur  les  moyens  de  rc- 


GEN 

incdier  à  cette  insalubrité,  et  sur 
plusieurs  autres  causes  de  maladies 
auxquelles  les  soldats  et  les  marins 
sont  parlieulièreraent  exposés  ;  \\  a 
j)our  titre  :  Tratadn  da  conseri'a- 
caô  da  sanda  dos  povos  y  Paris, 
1756,  in-S".  Cu — T. 

GENEBRARD  (Gilbert),  béné- 
dictin de  l'ordre  de  (Jlimi ,  archevê- 
que d'Aix  et  fougueux  ligueur,  né  à 
Riora  en  Auvergne  vers  l'an  f  557,  se 
fit  un  nom  par  sa  rare  érudition. 
Ayant  pris  l'htibif  de  S.  Benoît  dans 
le  monastère  de  Maussac,  voisin  de 
sa  ville  natale,  il  fut  envové  pour  ses 
études  à  Paris ,  où  Claude  Duprat , 
évêque  de  Clermont ,  charmé  des  dis- 
positions qu'il  annonçait  ,  le  soutint 
par  ses  libéralités.  Il  y  prit  des  le- 
çons des  meilleurs  maîtres,  d'André 
Turnèbe  pour  le  grec ,  de  Jucques 
Charpentier  pour  la  philosophie,  et 
de  Claude  de  Saintes  pour  la  théolo- 
gie. Avec  de  tels  secours  et  une  grande 
application ,  il  fit  des  progrès  ra- 
pides ,  se  rendit  très  habile  dans  Ks 
langues  savantes,  et  parvint  surtout 
à  posséder  parfaitement  l'hébreu. 
Ayant  fini  ses  cours  en  1  565 ,  il  se 
lit  recevoir  docteur  de  la  maison  de 
Navarre,  fut  nommé  quelque  temps 
après  à  la  chaire  d'hébreu  au  Col- 
lège royal,  et  pourvu  des  prieurés  de 
St.-Denis  de  la  Cliarlre  et  de  Fer- 
rières.  Sa  réputation  s'était  étendue 
d.ins  les  pays  étrangers;  de  sorte 
(jti'ayant  «u  occision  de  faire  un 
voyage  à  Rome  sous  le  pontificat  de 
Sixte-Quint,  il  fut  reçu  de  ce  pape 
et  du  sacré  collège  avec  des  distinc- 
tions particulières.  Heureux  s'il  se 
lut  tenu  dans  les  limites  d'une  car- 
rière (ju'il  j).«reourait  avec  tant  d'hon- 
iKMirl  Le  celi'bie  Pierre  Dînes,  qui 
r limait,  voulant  reconnaître  son  mé- 
rite, se  démit  en  sa  faveur  de  son 
évcchc  de  Layaur,  cl  présenta  aux 


G  EN 

f'iats  (le  Rlois  une   requête    pour   le 
f.iire   .«'^mr.    llniri   lll,  le  cl(ii;('  cl 
la  noblesse,  .ippiouv.iici.l  ce  elioix  j 
m.iis  le  |ir('.si(l«iif  rihrac.  désirait  cet 
cvt'chc   j)()ur    son    frère    (/.nide    du 
Faur,  el  fit  si  bien  «ju'il  rcniporla. 
Soit  dépit,  coinnïc  qnelqnes-uns  l'ont 
j)rctendu,  soit   que   Genebr.nd,   ca- 
tholique .irdent,  crût  ne  voir    d;njs 
les  chefs  de  la   li^ne  que   les  dclen- 
seurs  du  catholicisme  à  une  époque 
où  le  proleslanti>me  menaçait  la  foi 
en  France,  il   se  jeta   dans  ce  parti 
avec  un  emportement  qui  tenait  de 
la  licncsie.  La  ligne  s'.ipplauditd'avoir 
acquis  un  pardi  cliani|)ion.   Le  duc 
de  Maïennc  lui  fit  avoir,  en   1592, 
rarchcvcvhc  d'Aix  ;  et  le  pape  Grë- 
soire  XlV  lui  en  donna  les   bulles. 
De   son  côte'  il  servit   merveilleuse- 
ment la  ligue  par  ses  écrits  et  ses  dis- 
cours. Il  lit  un  livre   où    il   déclara 
excommunies  tous  ceux  qui   avaient 
communique  avec  Henri  III  après  le 
meurtre   du    cardinal   de    Guise.   Il 
poursuivit  Henri  IV  avec  le  même 
acharnement  ,   signa  la  requête  des 
seize,  prêcha  le  11  février  i  595  dans 
l'église  de  Notre-Dame  le  sermon  du 
Béarnais^  tissu  d'injures  grossières, 
réitéra  le  jour  de  la  Pentecole  de  la 
même  aunce,  dans  un  autie  sermon, 
les  mêmes  invectives,  déclama  con- 
tre la  paix,  desire'e  par  tons  les  gens 
sages  ,  et  ne  cessa  d'entretenir  le  peu- 
ple dans  la  rébellion.   Cependant   la 
ville  d'Aix  s'etant  déclarée  pour  le 
roi,  il  fut  obligé  de  se  retirer  à  Avi- 
gnon.  Alors   le  parlement   de    Pro- 
vence procéda  contre  lui.  Un  an  et 
du  '?Â)  janvier    1 59(>   condamna   au 
feu  un  livre  qu'il  avait  fait  contre  le 
concordat,  déclara  l'auteur  déchu  de 
Tarchevêche  d'Aix  (i),  el  le  bannit  à 


(^^  Il  est  remarquable  que  Paul  Hiiraiit  de 
rHiOpital,  iiommi'r  n  cet  arclii:vérli(!  p.ir  M.'-iiri  IV, 
fui   ue    rcc«iiuiiu>aLl    pi»   CririuLrarJ  ,    iuslUuc 


G  E  N  05 

perpétuité'.  Le  clément  Henri  IV  adou- 
cit ce  jugement  ,  et   permit  à  Gen»  - 
brajcl  de  se    rt'tirer  dans  le  prieuié 
de  Senuir  en  Auxois,  bffncTicc  assez 
coM-Nidèr.djIe,  dont  il  (-tait  liiidairc.  H 
mourut  dans  cette  lelraile,  le  i()  fé- 
vrier  1)1  597  ,  âge  d'un  peu  plus  de 
soixante   ans.   Genebrard   était   sans 
contredit  un  homme  de  mérite  et  un 
sivant  très   distingue.  Il  fut  même, 
si  l'on  en  croit  les  auteurs  du    Gal~ 
lia    christiana ,    un    bon    évêque, 
ejnscopus  ineriiissiinus  (sans  douf'.î 
à  son  fanatisme  près);  il   comptait 
pour    amis    des    personnages    de   la 
m'Mllenre    réputation  ,   meîioris   nn- 
tœ ,  parmi  lesquels  était  S.  Françoiî 
de  Sales,  qui  se  glorifiait  d'être  son 
disciple.  Il  était  lié  avec  tous  les  sa- 
vants de  son  temps.  De  Thou  lui  ac- 
corde même  des  mœurs  douces,  mais 
auxquelles  ,   dit  -  il  ,    «    sa    manière 
»  d'écrire  ne  répondait  pas.»  L'Étoile 
rapporte   que   «  Henri   IV  dînant  h 
wSt.-Denis,  demanda  qui   était   un 
»  nommé  Genebrard,  et  que  Demery 
«répondit,    par   l'organe  de  Perrt- 
»  rin,  lecteur  du  roi,  qui  était  der- 
»  rièrc  lui ,  que  c'était  un  moine  qui 
»  ne  pouvait  dire  ni  éciire  un  mot 
»  qui  ne  fut  une  injure.  »    Sa    mé- 
moire néanmoins  reçut  encore  d'ijo- 
norabies  hommages.  La  Bibliotlièquo 
générale  de  l'ordre  de  S.  iîcnoît  dit 
qu'il  était  qualifié  d'astre  éclatant  de 
l'Égiise  et  des  sciences  ,  prœdamm 
Ecclesiœ  et  lilterarum  sjdus.  Sce- 
vole  de  Sainte-Marthe,  en  rendant  jus- 
tice à  sa  profonde  érudition,  regrello 
qu'elle  n'ait  pas  été  accompagnée  d'un 
jugement  plus  sain  ;  et  la 'courte  épi- 
taphe  ('2)  mise  sur  sa  tombe  en  dif. 


sans  nomination  royale  préalable,  n'en  prit  cepen- 
d.inl  possession  qu'a|.rcs  la  mort  de  Genebrard. 

(1)  On   le   24  mars,   selon  le  nouveau    Caîlia 
(Jirisliiina. 

(>.)  Voici  cette  dpitapbc  : 

L'irin  cfrf'/(  çincrc! ,  rwmcn  non  orl>e  tenetur. 


64 


G  EN 


beaucoup  plus  qu'il  n'en  faut  pour 
le  fiite  etaoi'  a»><'Z  ivaritag  useuieiit 
juger  par  la  po*ténté.  Qudfil  à  la  uii- 
Dièrc  dout  il  ëcrivaif  eu  latin,  langue 
dans  laqueîie  sont  composes  presque 
tous  ses  ouvrag'S,  il  y  a  plus  de  fa- 
cilite' que  de  g"ùt.  On  r  proche  à 
sou  sivie  d'êfre  d'ir ,  et  enfle  d'épi- 
tliètes  et  de  syuonvnie.>.  On  preteàid 
que  souvent  ilétudian  <juafurz'  h'-nres 
par  jour.  ()n  peut  voii  dans  Niceron 
(  loiii.  XX.U  ;  !a  lisie  de  oes  nombreux 
ouvrages;  nous  indiqu<  rons  tes  prin- 
cipaux :  [.  Un  A  phabei  hébreu, 
a.'ec  le  Décalo'^ue  tn  hébreu  et  Li 
versioîi  latine.,  P.ui  ,  iSu^,  in -8'. 
de  'iH  paj;.  II.  fsa^o^e  rtbbinica 
ad  le^endii  et  intell igendu  lieb^'œo- 
rum  et  orienlalium  sine  pnnctis 
scripta,  etc.,  ibid.,  in-4".,  >  ^)G5 , 
15^7,  cl  dau".  les  Andecti  rab- 
binica  de  Ri-'iand ,  Ulerlif,  I7'2, 
in-8".lll.  Psalmi  DavuHs.,  culen- 
dario  hehrœu,  S)  ro,  ^rjjco  lalino, 
ari^ume'itls  et  cornntnl.i'iis  ^c- 
nuinum  eoriim  senswn,  hf^hràimiios- 
(jue  locupleliàs  fjuàm  unteà  aperien- 
tibus,  Paris,  \~i"j'],  in  S'.,  fjès  sou- 
vent rciiuprirné  in-4'.  et  i  )-ibl.;^Oln- 
Inf'nt,u^c  tiès  cslime,  et  le  incdicur  , 
dit  dorn  Caiaitt,  que  l'on  ail  sur  les 
psaumes.  Gentbraid  y  défend  la 
version  grecque  des  S(.'ptante  con- 
tre le  texte  liebreu.  l!  avait  Lusse 
.5ur  tout  l'ancien  Testament  un  com- 
inentùie  dont  le  uianu>ent  se  con- 
.servait  dans  la  bib!ioliiè([iJe  du  col- 
lège des  jcsuil(S  à  P.iri.<>  ,  et  dont 
Edm.  liirher  desiia  f  viviMiicnf  la  |»u- 
blicuion.  IV.  Canlicuni  Cunticuruin 
varsibliS  ïiirnhicis  cl  conimentariis 
axpliculuni,  adi'trsà^  trochnicani 
Theod.  bezœ  paiaphrasiin.  Pans, 
l5h~),  iii-8°.  Il  avait  dcja  donne  <'n 
.1 570  m-4  .  le."»  Cumrninlaires  de  trois 
raluiis  sur  'e  iuèni<:(i<uiiqu<'  des  (an- 
tiques. V.  Scdcr  OUun   Zuti   (en 


GEN 

hébreu  ) ,  avec  une  vf^rsion  latine 
s<»us  ce  titre  :  ffebrœorum  bitve 
chronicon  stve  comnendium  de  mundi 
ordine  et  tempi/nbus ,  Paris,  iS-ja, 
in  8  .  Cette  chronicjue,  superficielle  et 
Il  es  inexacte  ,  va  jusqu'à  l'an  i  1 12  de 
J.  C.  On  trouve  à  la  suite  ^Hislo- 
rica  Cabbaa  Bahbi  Âbruhœ  Da- 
vidis  jîiil  ^iiWU'yt  chroiuque  terminée 
à  i'aii  1121),  et  des  extraits  de 
Maïmonide  et  de  deux  autres  ra- 
bins  sur  les  passages  du  Talmud  qui 
traitent  du  Christ.  Vi.  Chrono^ra- 
phiœ  libri  IF ^  Paris,  i58o,  in-fol.; 
plusi.urs  fois  réiraprirné,  et  vive- 
ment critique  pai  Rieh.  Simon.  Ou 
trouve  à  îa  suite  divers  Traités  tra- 
duits des  rabins  (  Foj.  Eldad.  ) 
Vil.  \i\\Q  Histoire  de  Josèphe ,  tra- 
duite en  français,  P.iris,  1678  et 
1601),  in-tol.  ,  aujourd'hui  oubliée. 
VI !ï.  La  première  partie  de  la  li- 
turgie de  S.  Denis  Varécpagite.  IX. 
D 1  sanctd  Trinitate  libri  lr>'s;  et  des 
édiiions  d^Origenc ,  de  quelques 
Discours  de  S.  Hiiaire  d'Arles  et 
d'autres  Pères.  X.  Liber  de  jure  et 
nac,'<,,-iitale  sacrarum  electionuin  ad 
ecclesiœ  Gallicanœ  redinte^ratio- 
nem ,  Pari-.,  iSç)^,  in- 1*2;  Lyon, 
iT^jj;  Liège,  1601.  C'est  le  livre 
que  le  parlement  de  Provence  fil 
binler.  Geiu'brard  v  soutient  le  droit 
des  églises  pour  l'élection  des  évê- 
ques,  contre  le  concordat  de  Léon  X. 
XL  De  clericis  prrsertim  episco- 
pis  ,  qui  p  irticipdrunt  in  d'omis 
sciiiUcr  et  spcnte  cuni  L/enrico  Fw 
lesU)  post  curdinidicidium ,  T.  P, 
(  th(  'd')^i  Punsiemis  '  assertio  , 
ejusquc  illustratio  ,  1 589  ,  iu  -  8'\ 
Il  y  en  a  «u  une  lia'lurtioii  en  iV.ui- 
ç  us  II  même  .innce.  Genebrard , 
couHU''  il  a  élé  dit  plus  haut  ,  y  dé- 
clare bioii  et  dùmenl  cxcoinmuniés 
les  évècpits,  abbés  et  duciturs  qui 
ont   assisté    au   service    divin    avec 


G  EN 

iTrnri  de  V.ilois  après  le  meurtre  du 
•  udiiiil  dr  (iiiiso.  XII.  Oraison  fu- 
ncbrc  de  Pierre  Dunes  y  I^.iris, 
1577,  in-8".  1^ — Y. 

OKNKBRIER.  Il  fut  un  tomps  où 
les  l)(Mnmcs  dV't;il  et  <l(;  c.ibiuct  cher- 
cliaicnt  un  a|;rc<»blc  délassement  dans 
l'ctutlc  dos  antiquités  et  prinripilc- 
ment  dans  celle  des  médailles.  Tel  a 
a  etc  le  savant  auquel  nous  consacrons 
cet  article.  11  prend  lui-même  d.ins 
ses  écrits  le  titre  de  médecin  ;  et  c'est 
tout  ce  que  nous  savons  de  lui.  Il  fit 
paraîfrc,  en  1704,  un  petit  volume 
in-8".,  qui  contenait  doux  disserta- 
tions :  la  prerairro  traite  des  médail- 
les de  Mu^nia  Urhica  ,  qu'il  dédia  à 
M.  Fonçant  de  Magni.  Il  y  établit  que 
cette  princesse  a  cic  la  femme  de 
Carus;et  son  opinion  a  été  adoptée 
par  Banduri  et  Venuli  :  d'autre  s  anti- 
qur^i^cs  ont  pensé  qu'elle  était  femme 
de  C.uinus,  avec  qui  elle  est  figurée 
sur  plusieurs  médailles  (  f^oy.  Ca- 
RiNUS  ).  L'autre  dissertation  traite  de 
Nigri7iianus,qu\  n'est  connu  non  plus 
que  par  ses  médailles,  et  dont  l'épo- 
que est  également  incertaine.  II  la  rap- 
porte au  même  temps;  et  c'est  au- 
jourd'hui l'opinion  de  la  plupart  des 
antiquaires  (i).  11  paraît  que,  dès 
cette  époque,  Gencbrier  avait  com- 
mencé à  s'occuper  des  médailles  de 
G  irausius ,  et  que  le  désir  d'en  con- 
naître un  plus  grand  nombre  le 
conduisit  en  Angleterre ,  où  il  fut 
très  bien  accueilli  par  les  antiquai- 
res, et  principalement  par  mylord 
comte  de  Perabrok ,  un  des  plus 
célèbres  amateurs  de  la  numismati- 
que. Gcnebrier,  de  retour  à  Paris, 
adressa  à  cet  illustre  Mécène  une  Let- 
tre sur  une  médaille  singulière  de 
Carausius ;  elle  est  insérée  dans  le 


fi)  Ces  deux  dissertations  ont  été  traduites  ea 
laïui ,  et  iuicrée»  daas  les  Electa.  nwnaria  de 
Woltereck. 


G  E  N  65 

Mercure  de  Franœ^  «cptembrc 
1751.  Cl-  ne  fut  (jiic  niiif  iius  après, 
qu'il  fit  par.iîirc  l'ouvrage  Jiquel  il 
trav.iillail  depuis  ^i  long-l( mps  ,  Ylfis- 
toire  de  Carnusins  ,  empe;  ,.ur  de  la 
Grande-  Brelas^ne ,  c  ii"^ue  de  Oio- 
clctien  et  de  Maximien ,  j)rom>ée 
par  les  médailles,  Paris,  17^10,  in- 
4°.  Eile  reçut  1'.  pprob.j'ioji  du  monde 
savant.  Il  paraît  que  Gencbrier  est 
mort  avant  1760,  puis((  j'd  n'est 
point  cilé  d.ms  la  France  litléraire  , 
quia  été  publiée  à  ce'te  époque. 

A.  L.  M. 

GENES.  roY.  FROGER  et  GEN- 
NES. 

GENES  D'ARLES  (S.),  natif  ou 
originaire  de  cefl'^  \il!e.  vivait  dans 
le  m"'  siècle.  Il  s'était  retidii  célèbre 
par  son  talent  d'écrire  (  n  notes,  où  il 
était  devenu  si  [j.ibfle,  que  ia  rjpidité 
de  sa  main  égalent  celle  de  îa  p. -oie: 
il  devint  plus  célèbre  encore  par  soa 
courage  à  confesser  la  foi.  G'éîiit  lui 
qui  écrivait  les  plaidoyers  des  avo- 
cats, et  les  autres  discours  publics  im- 
provisés qu'on  voulait  consciver.  Il 
exerçcftt  l'enjploi  de  grcfïier  ou  no- 
taire; et  il  était  chargé  de  rédiger  les 
arrêts  des  cours  de  justice  et  les  au- 
tres actes  civils.  L'empereur  Maxi- 
mien-Hercule, collègue  de  DiocJétien, 
étant  venu  à  Arles,  vo(dut  y  faire  pu- 
blier un  édit  de  persécution  contre  les 
chrétiens.  H  était  de  l'office  de  Genès 
de  le  transcrire  sur  les  registres  pu- 
blics. Celte  loi  de  sang  lui  fit  horreur, 
quoiqu'il  ne  fût  que  catéchumène  :  il  re- 
fusa son  ministère  à  une  telle  œuvre 
de  bi'ubarie  et  d'iniquité,  et  fut  obligé 
de  prendre  la  fuite.  Il  parcourut  plu- 
sieurs villes  pour  se  dérober  aux  per- 
quisitions qu'on  faisait  contre  lui  : 
enfin  il  fut  découvert  et  arrêté.  Ou 
lui  trancha  la  tête  sur  le  bord  d^ 
Rhône.  Il  ne  paraît  pas  qu'il  ait  reçu 
d'autre  baptême  que  celui  du  martyre  . 


XVII. 


66  GEN 

Prudence,  Grégoire  de  Tours,  et 
d'aulres  saints,  en  parlaut  de  lui, 
rappellent  la  gloire  de  lavUle (V Ar- 
les. Le  Martyrologe  romain  marque 
sa  fête  au  «jS  d'août.  A  la  fin  des  Let- 
tres de  St.  Paulin,  se  trouve  l'histoire 
de  St.-Genès  d'Arles.  Quelques  écri- 
vains croient  qu'il  on  est  l'auteur:  ce 
qu'il  y  a  de  certain,  c'est  que  dans  qua- 
tre manuscrits,  celte  histoire  porte  le 
nom  du  bienheureux  Paulin, évêque, 
sans  que  nc'anmoins  il  soit  fait  mention 
du  siège.  l)om  Ruiuart  l'a  aussi  pu- 
blie'e  sous  le  nom  de  VE^e'qae  Paulin 
d'heureuse  mémoire;  et  le  dernier 
éditeur  de  St.-1'aulin  Ta  laissée  dans 
les  œuvres  qu'il  a  publiées  (  Voyez 
Paulin  ).  —  Gènes  (S.) ,  comédien , 
appelé  aussi  Genès  de  Rome,  y 
exerçait  cette  profession  sous  l'empi- 
re de  Dioclélien.  Ce  prince  devant  se 
rendre  dans  celte  vilie ,  on  fit  de 
grands  préparatifs  pour  lui  donner 
des  fêtes  ;  et  il  fut  résolu  que  les  spec- 
tacles, plaisirs  si  chers  aux  Romains, 
en  feraient  partir.  Genès,  devant 
jouer  en  présence  du  prince,  crut 
<ju'il  ferait  une  chose  qui  lui  serait 
extrêmement  agréable,  en  mettant 
sur  la  scène  et  y  livrant  au  ridicule  et 
à  la  dérision  les  mystères  des  chré- 
tiens, pour  lesquels  la  haine  de  IJio- 
clétien  n'était  que  trop  conriue.  Genès 
exécuta  son  dessein  :  il  puiit  sur  le 
théâtre  en  préstnrc  de  l'empereur, 
dans  la  situation  d'un  malade  à  l'ex- 
trémité; pnis,contrcfaisaut  les  calé- 
chumèiies,  (pi'il  n'était  pas  rare, dans 
ces  temps- la,  de  voir  recourir  au 
baptême,  à  l'article  de  la  mort,  il 
demanda  à  être  bjplisé.  Deux  autres 
acteurs  se  présentèrent,  l'un  faisant 
Tofliee  d'exorciste,  et  l'autre  de  prê- 
tre. Tandis  qu'avant  de  [)roc<iler  à  la 
cérémonie,  ils  interrogeaient  Genès 
suivant  le  rit  rhrélien  ,  Dieu  agissait 
>lans  sou  cœur;  en   i»orlc  que,   déjà 


GEN 

changé,  ce  fut  sincèrement  qu'il  re- 
pondit en  demandant  le  baptême.  I!s 
le  baptisèrent  en  se  moquant ,  et  le 
1  cvêlirent  de  la  robe  blanche  des  néo- 
philt^s ,  croyant  toujours  que  c'était: 
un  jeu.  Four  compléter  le  divertisse- 
ment, d'autres  comédiens  se  présen- 
tèrent vêtus  en  soldats  ,  et  saisirent 
le  nouveau  chrétien,  qu'ils  conduisi- 
rent devant  l'empereur.  Là  ,  au  grand 
éionnement  des  spectateurs ,  Genès 
décara  qu'il  avait  toujours  hiï  les 
chrétiens,  et  n'avait  paru  au  théâtre 
que  pour  se  moquer  de  leurs  mys- 
tères; mais  que  tout  à  coup  il  s'était 
senti ,  malj^ré  lui,  entièrement  chan- 
gé ,  et  qu'éclaire  par  une  lumière  in- 
térieure ,  il  n'avait  pu  s'empêcher  de 
reconnaître  que  Jésus-Christ  était  le 
vrai  Dieu.  Après  quoi ,  s'adressant  à 
Tempereur  lui-même  et  à  tous  ceuK 
qui  l'écoutaient,  il  les  conjura  d'ouvrir 
les  yeux  à  celte  même  lumière ,  et  de 
reconnaître  Jésus  pour  le  Sauveur. 
Dioclétien  ,  irrité  de  ce  discours  ,  fit 
cruellement  fustiger  Genès;  après 
quoi  il  le  livra  au  préfet  du  prétoire 
PIautien,qui  le  fit  mettre  sur  le  che- 
valet ,  et  ordonna  qu'on  lui  déchirât 
les  flancs  avec  des  ongles  de  fer,  et  puis 
qu'on  les  lui  brulàt  avec  des  torches 
ardentes.  M'ayant  pu  vaincre  la  pa- 
tience de  Cîenès  par  ces  tourments, 
il  le  fit  décapiter.  Les  uns  placent  le 
martyre  de  Genès  en  -286,  les  autres 
en  3o5  ;  l'Eglise  l'honore  aussi  le  uiS 
d'août  (0.  —  Gi:i>ii::s  (S.) ,  évêipie  de 
(lUrnionl  en  Auvergne,  d'une  famille 
illustre,  renonça  à  une  grande  fortu- 
ne et  ;iux  avantages  de  sa  naissance 
pour  le  service  des  autels.  Etant  entre' 
dans  l'état  ecclésiastique,  il  devint  ar- 
chidiacre de  (ilermoiil;  et  lorscpie  ce 
siège  vint  à  vaquer  en  (350,  il  lut  una- 
nimement  élu  évêque,  dignité    qu'il 

(O  s.    (icnùi  r»t    le     lii-ro»    ilc   driix    tragoJiei 
/'u> .  Ukifun TÀiNti ,  \(,  i(i8  ,  elKoTROu  ). 


G  E  N  (i  i:  N  67 

n*acccpta  qu'avec  ])cinc.  Il  gouverna  sa-     sile  le  Macedouit  11 ,   oioil   en    HHG. 
gcnicul,  et  (il  fli'uiii  les  iiia'iirs  «tics     Jcan-AiitlK-  llosius  cul  !'•  piojct  de  la 
vertus  thn'liciints.  j/crrcur  de  JNova-     jiuljli«.r-  inais^  m  mourant,  il  ne  l-issa 
lieu  cl  de  Jovinicn  ayant  lait  quelques     i\\\q  (juchjucs   nolca  en    niar^c  d'un 
in  ogres  dans  son  diocèse,  il  ne  |)rit     m  muscnl  que  l'on  eonseive  à  la  bi- 
point  de  repos  <|u'clle  ne  l'ut  extirpée.     Lliotluquedei'aradcmicdelcnn.  Geor- 
On    lui    doit    divers    établissements     ge  Scaub.irt ,  et,  après  lui ,  Godefroi 
jii(ux,  tels  qu'un  hôpital  dans  la  ville     Wagner ,  en  annonecrcnl  des  éditions, 
de  Clerinonl  ,  et  la  lundation  de  l'ab-     GoJeiVoi  Olèarius  ,  après  avoir  levii 
baye  de  IMauiieii,  Mwj^ni  locî ,  dans     le  texte  de  Gencsius  avec  le  plus  grand 
le  bourg  de  ce  nom.  Il  mourut  vers     soin  ,  le  traduisit  en  latin,  cl  en  cxpli- 
l'an    G6'i.    I^e  diocèse    de  (lierniont     qua  par  des  notes  les  passages  les  plus 
l'honore  le  3  juin;  cl  la  même  jour,     diiïlciles.  Son  travail  était  ])ret  à  voir 
l'Église  lait  mènmire  de  lui.  —  St.-     le  jour  en  172G.  Enfir»  \' Histoire  de 
GenÈs,  ëveque  de  Lyon,  vivait  sous     Genesius  a  été  imprimée,  pour  ia  pre- 
Ciovis  lî,  et  était  abbé  d'unmonastèrc,     mièrc   fois,  en   grec  et  en  latin,  sur 
lorsque  la  icinc  Balliilde  le  fit  son     un  manuscrit  de   la  bibliothèque  de 
chapelain  et  le  distributeur  de  ses  au-     Jean    Mcnckcn  Burckard  ,    Venise, 
môncs.  11  succéda  ,  sur  le  siège  de      i^SS,  in-fol.  Ce  volume,  dans  lequel 
Lyon,  vers  l'dn  ()65,  à  Anneraond  ,     on  a  réuni  plusieurs  autres  opuscules 
connu  dans  les  légendes  sous  le  nom     sur  le  même  sujet,  se  joint  à  la  collec- 
de  St.-Chaumond,  lequel  fut  assassi-     tion  à^i  \' Histoire  bjzantine/im^ri- 
ne  par  les  ordres  du  maire  du  palais     mée    au  Louvre.    Frcytag  ,    d'après 
Ebroin  ,  qui  craignait  qu'il  ne  fît  con-     Lenglet-Dufresnoy,  cite    une  édiliou 
naître  ses   malversations.  St.-Genès     de  {'Histoire  de  Genesius,  Venise, 
de  Lyon  mourut  en  G81.      L — y.  i5'J0,  in-Zj.".;  mais  on  doit  la  regar- 

GENESIUS  (Joseph),  historien  der  comme  imaginaire  ,  puisqu'elle  a 
du  Bas-Empire,  florissait  vers  le  mi-  été  inconnue  à  tous  les  savants  cite's 
lieu  du  x".  siècle.  Jean  Scyiilza  est  dans  cel  article  comme  ayant  tra- 
ie seul  auteur  contemporain  qui  l'ait  vaille  sur  le  même  ouvrage,  et  qui, 
nommé ,  mais  sans  entrer  dans  aucun  par  celte  raison  ,  auraient  eu  tant  cl'iii- 
dctail   à   son   égard.    Le   P.   Lobbe,     térêt  à  se  la  procurer.  W — s. 

trompé  sans  doute  par  qudque  faute  GË^EST  (CuARLES-CLAUDE),fils 
de  copiste,  a  cru  chn'oir  distinguer  d'une  sage-femme,  liaquit  à  Paris  le 
Genesius  de  Josephus  Bysantinus  ;  i -j  octobre  iGjg.  Pour  toute  éduca- 
mais  Fabricius  rejette  cette  opinion  ,  tion  ,  i!  appiit  d'abord  à  lire,  et  ensuite 
comme  n'étant  nullement  fondée,  à  très  bien  écrne,  afin  de  pouvoir en- 
L'histoirc  qui  porte  le  nom  de  Gène-  trer  dans  les  bureaux  de  Colbert.  Mais 
sius  fut  entreprise  parl'ordrede  Cons-  un  de  ses  camar^^des,  qui  allait  cher- 
tantin  Porphyrogéncle  (1);  elle  corn-  cher  fortune  aux  Indes  avec  une 
menée  à  l'année  81  5,  et  comprend  les  petite  pacotille,  l'emmena  avec  lui 
règnes  de  Léon  l'Arménien,  Michel  pour  tenir  ses  livres.  Us  furent  pris 
le  Bègue,  Théophile  sou  fils,  et  Ba-  en  mer  parles  Anglais,  dépouillés  de 
'  tout,  et  conduits  a   r,ondrcs.  Un  sei- 

(i")Oa  ne  doit  pas  confondre  r//ùfoiVe  de  Ge-  nncur  du   p.lVS  prit    GcilCSt    llOUr  CU- 

nesiiis  avec  la  Chronique  .   composée  fgaleraenl  ^  ,  \     c    "  •       ^  o 

par  l'ordre  de  Cunslautiu  Porphyroft..-ni:ir,  et  ini-  SClgUCr  Ic  iranÇaiS    û    SCS    CnLiUtS,  Ct, 

primée  dans   les   Scriplotes  vosi    J'fieophanem,  ^„.    ^cr  ,        l'^„,,^„„    i    „  •  J 

iubUis  par  F.  Çombcfis ,  Haris,  .6»J ,  m-foi,  »  cct  cttcl  j  1  cnvova  3  Sa  maison  de 

5m 


68  GEN 

campagne.  Il  y  acquit  une  grande  con- 
naissance des  chevaux;  cl  ce  fut-là  i'o- 
rigine  de  sa  fortune.  Un  e'cuyer  du  duc 
de  Nevers  étant  venu  acheter  des  che- 
vaux en  Angleterre  pour  son  maître, 
eut  affaire  à  Gcnest,  fut  émerveillé  de 
son  savoir,  lui  persuada  de  reveiiiren 
France,  elle  présenta,  comme  un  hom- 
me habile,  au  duc,  qui  l'emmena  avec 
lui  dans  les  campagnes  de  lôni  et  -jS. 
Ayant  appris  des»  vers  dans  sa  jeunes- 
se, Genest  s'imagina  d'en  co.'uposer 
sur  les  conquêtes  du  roi,  à  qui  ils  furent 
présentés;  et,  peu  de  temps  après,  il 
remporta  un  prix  de  poésie  à  l'aca- 
démie française.  Le  père  Ferrier,  con- 
fesseur du  roi  ,lui  avait  dit  à  l'armée: 
Je  voudrais  bien  vous  voir  plus  de 
sagesse j  et  un  autre  habit;  et,  d'a- 
près cet  avis  bienveillant ,  il  s'était  ré- 
forme, et  avait  adopté  le  costume  ec- 
clésiastique- Il  se  fit  connaître  de  Bos- 
suet  et  de  Malezieu,  qui  prirent  inté- 
rêt à  lui,  se  plurent  à  l'instruire,  et  le 
firent  entrer,  en  qualité  de  précep- 
teur, auprès  de  M^'*".  de  Blois ,  de- 
puis femme  du  régenî.  Cette  éducation 
terminée,  il  fut  recueilli  par  la  du- 
chesse du  Maine ,  qui  lui   donna  un 

locemenl  à  Sceaux:  il  contribua  beau- 
o 

coup  aux  divertissements  de  cette 
cour.  A  l'âge  de  quarante  ans,  il  se 
mit  à  apprendre  le  latin,  et  il  en  vint 
à   bout.    Il  mourut  le    19  novembre 

I  "j  19,  âgé  de  quatre-vingt-quatre  ans. 

II  avait  été  reçu  à  l'académie  fran- 
çaise,  en  1698.  Louis  XIV  lui  avait 
dimné  l'abbaye  de  vSt.-Vilmer,  et  le 
régent ,  une  pension  de  deux  mille 
livres  sur  l'archevêché  de  Sens.  11  a 
rais  en  mauvais  vers  la  philosojihie  de 
Dcscarles  ,  sous  le  litre  de  Principes 
de  philosophie ,  ou  Preuves  nalurcl- 
Ics  de  l'existence  de  Dieu  et  de 
V  immortalité  de  lame ,  iii-8".,  Pa- 
ris, l'jiG.  «  Cet  ouvrage,  dit  Vol- 
»  taire  ,  signala  plus  sa  palieucc  que 


GEN 

»  son  génie  ;  et  il  n'eut  guère  rien  de 
»  commun  avec  Lucrèce  que  de  ver- 
»  sifier  une  philosophie  erronée  pres- 
»  (|ue  en  tout.  »  Ce  fut  Malezieu  qui 
lui  persuada  de  travailler  pour  le 
lhéà're,où  i!  donna  Zélonide,  Pc- 
l/mnestor ,  Joseph  et  Pénélope.  De 
ces  quatre  tragédies ,  la  dernière  ,  qui 
eut  le  moins  de  succès  dans  le  temps , 
est  cependant  la  seule  qui  soit  restée. 
«Elle  est,  dit  encore  Voltaire,  au 
»  rang  de  ces  pièces  écrites  d'un  style 
»  lâche  et  prosaïque,  que  les  silua- 
»  lions  font  tolérer  à  la  représenfa- 
»  lion.  »  Dans  la  préface  de  ses  odes 
sur  les  conquêtes  de  Louis-le-Grand 
(  1674  ),  l'auteur  s'étonne  d'avoir 
quelquefois  reproduit  les  pensées  de 
ces  anciens  qu'il  n'avait  jamais  lus. 
On  trouve  dans  le  Recueil  de  Fers 
choisis ,  donné  parle  père  Bouhours, 
une  1res  belle  épîtrc  en  vers  de  l'abbé 
Gcnest  à  M.  de  la  Bastide  ,  pour  l'en- 
gager à  abjurer  le  calvinisme.  Il  a  eu 
aus>i  beaucoup  de  part  au  recueil  in- 
titulé :Ze5  Divertissemens  de  Sceaux 
(Trévoux,  I  712,  a  vol. in- 12  ).Lavic 
de  l'abbé  Gcnest,  qui  est  insérée  dans 
les  Mélajio^.  hîst.  et  philol.  de  Mi- 
chault,  est  de  l'abbé  d'Olivct.  A-g-r. 
GENET  (  Edme- Jacques  ),  se- 
crétaire -  interprèle  de  Monsieur  , 
mt^mbre  de  la  société  littéraire  d'Up- 
sal  (  Apollini  sacra) ,  mort  en  1781, 
a  donné  au  public  :  !.  Histoire  des 
différents  sièges  de  B erg- op- zoom  ^ 
i74'7.  11.  Lettres  choisies  de  Pope, 
trad.  de  l'anglais,  1  764  ,  '2  vol.in-i!2. 
\[\.  La  Férité  révélée  ,  trad.  de  l'an- 
glais, 1755,  in- 1*2.  IV.  Le  Peuple 
instruit  y  ou  les  Alliances  dans  leS' 
quelles  les  ministres  ont  engagé  la 
nation,  trad  de  l'anglais  (  de  Sh-ib- 
béar  ) ,  1  75() ,  in- 12.  V.  /-<?  Peuple 
juge ,  trad.  de  l'anglais  ,  i  75(>,  in-  IQ. 
VI.  Petit  Catéchisme  politique  des 
Anglais,    1757,   in-i2.  \ il.  État 


J 


G  E  xV 

politique  actuel  de  l'yïngleterre,  ou- 
yvap  pciiodiquc,  !•  5^    69,   10  vol. 
in-i>.  Vlll.   y  e  moire  pour  les  mi- 
nistrtsiV .4n^letivrt'  cmlre  l  amiral 
Bj  «^,  liad.  de  raiii;!ai.s,    i  -^57  ,  in- 
i'>..!X.  Essai<:  hisluriques  suiVAn- 
^h  terre  ,  1  7G1  ,  2  vol.  m-i  x.  \.  Let- 
tre  au   comte  rie  Bute    sur  la  re- 
traite de  M.  Pitt ,  II. ici.  lie  rai)|;lais, 
1  7G I  ,  iii-S<^.  Xl .  JSouvclle  Lettre  au 
comte  de  Bute  ,   concernant  la  rup- 
ture de  V  Angleterre   ai^ec  l  Espa- 
gne ,   fj&i,  iii  8^.  Xil.    Table   ou 
Abrège  (tes  1 55  volumes  de  la  Ga- 
zette de  France  ,  depuis  son  com- 
inencemeht ,  en    i65i,  jusquà  la 
Jin  de  l'année  1765,  Paris,  «7^8, 
3  vo!.  iii-4".  Xlll.  Histoire  d'Éric 
IT^,  roi  de  Suède  ^  trad.  du  suédois 
de  ÎM.  Olof  r.elsius  ,   1777,   '2  vol. 
in- 1:2.    XiV.  Recherches  sur  V an- 
cien peuple  finois  ,   d'après  le  rap- 
port de  la  langue  fiuoi se  avec  la 
langue  grecque  f  par  M.  Idrnan  ,  trad. 
du  suédois,  inrH,  111-8*.   A.  B — t. 
GENEVE  (  Robert  de  ),  pape  à 
Avignon  sous  le  nom  de  Clément  V^ll, 
élu  à  Fondi  le  'in  août  1578,  était 
frère  du  comte  Amédéc  de  Genève, 
d'une  naissance  illustre  ,  et   allié   à 
presque  tous  les  souverains.  Il  avait 
élé   chanoine  de    Pari'^,  évêque    de 
Térouanne,  puis  de  G  imbrai ,  pro- 
mu au  cardinalat  par  Grégoire  XI  ; 
et  cependant ,  il  n'avait  que  56  ans, 
lorsqu'il  lut   élevé  au    Saint  -  Nége, 
Mais  on  avait  besoin  d'un  adversaire 
ft-rme  et  co'irageux  contre  Urbain  Vi; 
et  cette  raison   fut  une  de  celles  qui 
déterminèrent  en  sa  faveur.  Les  cir- 
constances où  il  fut  nommé,  méritent 
d'être  rernaïqures.  Ce  lut  \<'  commen- 
cement du  schisme  d'Occident,  où  l'on 
vit  deux  et  qu<iquefois  trois  corapé- 
titciirs  se  di^^^juter  la  thi.ire.  et  parta- 
ger les  sulFiages  des  puissar.res  cl  l'o- 
bédience des  peuples.    Urbain  VI, 


G  E  N  C9 

ayant  été  élu  à  Rome  d*unc  manière 
un  peu  tiiinullueusc,  ne  tarda    pas, 
avec  un  caractère  dur   et  hautain,. i 
indisposer  contre    hù   les   cardinaux 
qui  l'avaient  nommé,  et  doi;l  la  plu- 
part étaient  Françai>s.  Ils  étaient  au 
nombre  de  seize,  dont  quatre  seule- 
ment Italiens.  Les  Français  trouvè- 
rent le  moyen  de  rattacher  ceux-ci  à 
leur  pirli;  et  ce  fut  à  Fondi  que  de 
leur  réunion  sortit  la  nomination  de 
Robert  de  Genève,  qui  prit  le  nom 
de  Clément  Vil.   Il  n'est  p^s  admis 
par  tous  les  auteurs  dans  le  rang  des 
papes   légitimes  ;   ce  qui  fait    qu'un 
autre  pape  (Jules  de  Médicis  )  a  pris 
ce  même  nom  de  Clément  VU.  Quoi 
qu'il  en    soit  ,  Robeit  de  Genève  fut 
choisi,  parce  que,  n'étant  ni  Fran- 
çais ni  Italien ,  on  crut  qu'il  ne  se- 
rait suspect   à  aucun  parti,  et  parce 
qu'à  une  haute  noblesse  iljoignait  de 
l'activité ,  de     l'éloquence ,   et     une 
grande   aptitude  aux   affaires   et  au 
travail.  Toute  la  chrétienté  se  trouva 
donc  divisée  entre  ces  deux  pontifes. 
Quelques  états  gardèrent  la  neutralité 
en  attendant  un  concile  œcuménique, 
ïei  fut  le  sentiment  de  la  France  en 
particulier,  qui,  cependant,  se  décida 
ensuite  pour  Clément  sous  îe  règne 
de   Charles  V.    Une  partie    de  l'Es- 
pagne reconnut  aussi  Clément  au  con- 
cile de  Sal.  manque,  par  les  soins  de 
Pierre  de  Lu'^e.  Cette  lutte  scandaleuse 
était   appuyée  ,   de   part  et    d'antre, 
par  tous  les  moyens  que  les  ciicons- 
tanccs  pouvaient  fournir  à  l'un  et  à 
l'autre    parti.  Tandis  qu'Urbain    VI 
appelait  Charles  de  Dur  s  au  trône  de 
Naples  ,C!émentVll  engageait  l^ouis 
d'Anjou  à    venir   s'emparer   de    ces 
mêfues  états   dont    !a    reine  Jeanne 
lui  faisait  donation.  Mais  cet  auxiliaire 
ne  suffit  pas  pour  .soutenir  le  parti  de 
ce  pipe,  qui,  se  voyant  sans  appui, 
prit  la  résolution  d'abandonner  i'ita- 


70  GEN 

lie,elclc  se  retirer  à  Avi£;non.Lcsdeux 
pontilcs  s'excommuniaient  récipro- 
quement. Cepcndiint  Urbain  mourut  : 
son  successeur  Boniface  IX ,  clu  à 
Rome,  fut  un  nouvel  adversaire  pour 
Clément  VII.  Louis  d'Anjou  était 
mort 5  et  son  fils  avait  succède  à  son 
titre  de  loi  de  Sicile.  Charles  de 
Duras  avait  pe'ri  en  Hongrie  ,  et  lais- 
se pour  héritier  de  ses  droits  Ladislas 
que  Buniface  protégeait  contre  la 
maison  d'Anjou.  CIcincnt  et  Boniface 
créaient  des  cardinaux  ,  chacun  de 
leur  côté.  Pour  soutenir  leurs  pré'cn- 
tions  respei  tivfs,  ils  commirent  des 
exactions  en  levant  des  impôts  sur  les 
peuples  de  leurs  obédiences  respec- 
tives. Ce  furent  ces  excès  qui  éveil- 
lèrent le  zèle  de  l'université  de  Paris  : 
elle  imagina  ce  projet  d'imion  et  de 
cession  réciproque  que  Ciément  \  il 
rejeta  ou  éluda,  ainsi  que  son  adver- 
saire ,  et  qui  perjtéfu  1  Je  scliisme 
après  eux  (  Voj.  Benoit  Xlll  ou 
Pierre  de  Lune,  anti-pape.  )  Cepen- 
dant la  pro|)osition  de  l'université 
causa  un  violent  chagrin  à  Clément 
\II,  qui  tomba  malade,  et  mourut 
frappé  d'apoplexie,  le  i6  septembre 
3  5()4,  après  un  pontificat  d'environ 
lôan^.  D — s. 

GEJNEVIÈVE  (  Sainte  ),  patrone 
de  Paris,  liaquit  a  Nantcrre,  à  deux 
lieues  de  cette  ville,  vers  l'an  /j^J). 
Son  père  nommé  Sévère,  et  sa  mère 
Geroncc,  habitaient  ce  lieu.  Une  tra- 
dition populaue  fait  de  Geneviève  une 
sim[)le  bergère;  ;  d'autres  prétendent 
que  ses  parents  étaient  (\vs  personnes 
considéiables.  L'historien  de  sa  Vie 
se  lait  sur  le  rangcju'ilsocnip.uent.On 
voit,  par  la  suite  de  son  histoire,  que 
(/eneviivc  avait  des  biens  à  elle,  et 
même  qu'ils  ne  devaient  pas  être  mé- 
diocres. File  fut  él(  vée  dans  la  piété. 
Sun  père  souhaitait  ([uVllc  se  consa- 
crât à  Dieu  ;  et,  soit  que  des  prcuiièics 


GEN 

insinuations  l'y  eussent  porle'e,  soif 
que  ce  fut  chez  elle  un  sentiment  na- 
turel ou  l'effet  de  la  j!;race,  elle  nour- 
rissait ce  dessein  dès  ses  premiers 
ans.  Saint  Geimaiu  d'Auxerre ,  et 
Saint  Loup  de  ïroyes,  chargés  d'al- 
ler dans  la  Grande-Bretagne  com- 
battre  1  hérésie  de  f*élage  ,  passant 
à  Nanterre,  le  peuple  se  rassembla 
pour  les  recevoir  et  les  conduire  à 
l'église.  Germain  distingua  dans  la 
foule  la  jeune  Geneviève,  qui  alors 
n'avait  guère  que  sept  ans.  Une  sorte 
d'inspiration  intérieure  la  Itii  désigna 
comme  un  vase  d'élection  :il  la  fit  ap- 
procher, et  l'interrogea. L'enfant  parla 
de  son  désir  de  se  vouer  à  Dieu. Ger- 
main !a  liénit  et  lui  imposa  les  mains  , 
recommandant  au  père  de  la  lui  ame- 
ner le  lendemain ,  avant  son  départ. 
Sévère  ne  manqua  pas  de  présenter  sa 
fdle  au  Saint,  qui  lui  demanda  si 
elle  pusistdit  dans  sa  ré>olulion  ;  et, 
sur  sa  réponse  affirmative,  il  lui 
passa  au  cou  une  petite  médaille  de 
cuivresur  laquelle  était  gravée  la  croix, 
signe  du  salut  :  «  Elle  doit  être,  lui  dit 
Germain  ,  le  seul  ornement  d'une 
éjiouse  du  wSauvcur  »  ;  et ,  en  même 
temps,  il  lui  prescrivit  de  s'alistenir 
de  tous  bijoux,  de  colliers  d'or,  et  de 
j)ierreries  ;  recommandation  peu  ap- 
propriée a  la  condition  de  Geneviève, 
si  elle  n'eiil  été  qu'une  pauvre  villa- 
geoise. La  leçon  de  Gi  rnjain  demeura 
profondi'meu!  gravée  dans  le  cœur  de 
l'enfant.  Uè>»-lors  elle  mena  une  vie 
e\«'nq)laiic  et  mortifiée.  A  l'âge  do 
quinze  ans,  affermie  dans  sa  vocation, 
elle  reçut  le  voile  de  vierge  des  mains 
de  VelicuSjévèqiiede  Chartres.  Api  es 
la  mort  de  ses  parcnis,  elle  se  retira 
à  Paiis  ch(Z  sa  marraine.  Quehpic 
sainte  qu'cJtait  la  vie  de  Geneviève  , 
elle  ne  lut  à  Tahri  ni  de  la  calomnie 
ni  de  I»  petsécution.  On  traita  d'hy- 
pocrisie  ses   pratiques  pieuses.  Les 


r.  EN 

biirliarcs,  roiidmts   par   Altila  ,    mc- 
uaçaiil  Paris,  et  les  hahilanlscirraycs 
s'ajtprctanl  à  fuir,  Gciicvirvc  osa  ras- 
surer srs  (oiirit()v<'iis,cl,  nia!«:rc  l'iin- 
iiiiiieiicc  (lu  ii.in<;or,  leur  annonça  (ju'il 
lie  leur  arriverait  rien  de  làclieux.  On 
lui  re[)r()clia  de  vouloir laiie  la  j»roi)lic- 
tesse  ;  on  l'injuria  ,  on  alla  mciiie  jus- 
qu'à former  le  dessein  d'.iltenter  à  sa 
vie  :  elle  soullVil  tout   avec  patience. 
Cependant  la  prédiction    s'acconiplil. 
Cet  événement  ,  une   visite  de    Saint 
Germain      d'Auxerre  ,    et     d'autres 
marques  d'estime  qu'il  donna  à  Gene- 
viève, firent  taire  l.i  malveill mce.  La 
Sainte  ,  depuis  lors  ,  fut  constamment 
l'objet  de  la  vénération  publique  ;  et 
rien  d'ini[K)rt.int   ne  se    faisait   dans 
Paris  qu'on  ne  la  consultât.  Elle  ren- 
dit aux  Parisiens  de  signales  services. 
Leur  ville  ayant  été  assié^ée(i),  ou  se 
trouvant  par  (juelque  autre  circons- 
tance  affligée   d'une  longue  disette, 
Geneviève   parvint  à  leur  procurer 
des  vivres  en  abondance.  On   croit 
qu'elle  contribua  à   la  conversion  de 
Clovis ,    et    qu'elle    le  détermina   à 
construire  ,  en  l'honneur  des  saints 
apôtres,  Pierre  et  Paul,  la  basilique 
qui  depuis  porta  son  nom.  Elle-même 
bâtit,  à  ses  frais,  une  église  à  rendtoit 
où  Saint  Denis    et  ses  compagnons 
avaient  été  martyrisés.  Pleine  de  mé- 
rites et  d'années  ,   elle  mourut  le  5 
janvier ,  jour  où   l'Église  célèbre  sa 
fête.  Ce  fut  l'an  5i2,  suivant  quel- 
ques auteurs  ,   ou ,    selon    d'autres, 
quelques  années  auparavant.  Elle  était 
âgée  d'environ  88  ans,  et  fut  enter- 
rée ainsi  que  Clovis ,   qui  mourut  à 
peu  près  vers  la  même  époque,  dans 
cette  même  église  de  Saint-Pierre  et 

{i)  Ce  siège  de  Paris,  qu'on  place  ordinaire- 
ment sous  le  rè^ne  de  Ghilderic,  se  concilie  dil'iî- 
cilcmeut  avec  l'hisloire  de  ce  prince.  L'hislorion 
de  lit  Sainte  parle  il'im  iit-s,c  ^  ou  Llocus  ^  de  dix 
ans  ,  et  dil  quoGenevicve,  ayant  remonté  la  Seine 
jusqu'à  iruyest  ^'^  ramena  onze  ba^eau^  charges 
ùa  \ivres. 


GEN  71 

Saint-Paul  (  \  ).  On  lui  attribue  plusieurs 
miracles.  Son  corps,  par  la  suite  ,  fut 
exliuirié,  et  l'on  déposa  ses  reliques 
dans  une  riche  chaise  ,  ouvrage  de  St. 
l'iloi.  En  19.4';^,  un  abbé  de  Sainfe-Ge- 
jieviève  en  fit  fiire  une  plus  riche  en- 
core, toute  couvcrle   de   pierreries  , 
présents  de  nos  rois  et  de  nos  reines. 
Elle  devint  la  proie  du  gouv(  rnemcnt 
de  sang  qui  signala  son  impiété  pen- 
dant nos  fureurs  révolutionnaires;  et 
les   reliques  de  riHustrc   vierge    que 
Paris  avait  prise  pour  sa  protectrice, 
à  qui  il  devait  tant ,  furent,  par  l'ordre 
de  ce  même  gouvernement,  publique- 
ment brûlées  sur  la  place  où  le  crime 
s'expie  par  le  supplice.  La  plus  ancien- 
ne vie  de  Sainte  Geneviève  est  d'envi- 
ron Tan  55o,  dix-huit  ans  après  sa 
mort.  On  n*en  coiuiaît  point  l'auteur. 
Les  PP.  Lallemantel  Duraolinct  l'at- 
tribuent à  un  nommé  Salifias.  Dora 
Doublet  pense   qu'elle  est  du  prêtre 
Genesius,  duquel  il  est  fait  mention 
dans  l'ouvrage.  Elle  est  écrite  sage- 
ment, avec  la  gravité  convenable;  et 
l'auteur ,  pour  le   temps  ,  paraît  ne 
pas  manquer  d'érudition.  On  reniar- 
qiic,  sur  diftérents  manuscrits,  des  al- 
térations faites  par  des  copistes.  L'abbé 
Lebeuf,  tom.  i,  p.52  de  ses  Disserta- 
lions,  soupçonne  que  cette  Vie  a  été  in- 
terpolée, au  xi''.  siècle,  par  un  nommé 
Félix\  diacre  et  doyen  de  Ste. -Gene- 
viève :  ce  n'est  qu'en  i5'2i  qu'elle  fut 
connue,  Jean  de  Ravisi   de  Nevers 
[Ravisins  Textor  ',  qui  l'avait  décou- 
verte ,   l'ayant  insérée  dans  le  recueil 
de  ses  Femmes  illustres.  Swrius  l'a 
donnée  ,  en  en  changeant  le   style. 


(1)  D'autres  clironolop;lste3  prétendent  que  la 
Sainte  inijurul  avant  Clovis.  Vcliy.  Hiit.  di  Fran~ 
ce,  loni.  l,  paj;.  ti.')  ,  eu  parlant  de  la  mor!  de 
ee  prince,  (îu  :  «  Il  l'ut  ontfrré  dan*  réglise  de 
>i  St. -Pierre  et  St. -Paul.  L'histnre  rapporte  i|uc  , 
«quelques  mois  auparavfivt,  on  y  avait  transporté 
»  le  corps  de  Ste. -Geneviève,  etqu'uu  mort  ressus- 
>>  cita  sur  sou  tonibean.  »  Voyez,  à  ce  sujet ,  le» 
jVoïd'f//^'  annales  de  Parir .  i^aix  ToussataL-Duf 
pkssi»,  pajj.  .'jo  cl  4'' 


72  GEN 

LVdition  des  Buliandistes  _,  i645, 
est  plus  estimée  que  celle  du  père 
Ciiiffl'^l,  inse'ree  à  la  fin  de  sa  Con- 
corde (hi  vénérable  Bède  et  de  la 
Chronologie  dt  Frédégaire ,  Paris  , 
1681  ,  \o!.  iii-4  .  La  plus  exacte  est 
ccil<;  du  pèr<'  Cltarpcntier,  cbanoine 
re'^n'ier  de  Saiutt-Gcneviève ,  Paris, 
i6b7,iii-B  .,  revue  sur  neuf  manus- 
crits. Selon  le  père  leLung,  il  y  en  a 
eu  une  traduction  française  en  1 6t33  , 
ou  seulement  en  jGG^  ,  suivant  Bad— 
let.  Il  en  a  paru,  en  iG83,  une  nou- 
velle traduction ,  ou  la  même  retou- 
clièe  et  enrichie  d'observations,  1  vol.: 
il  s'y  est  glisse  des  fautes  qui  ne  sont 
pas  dans  l'original.  Les  uns  l'altri- 
l)ucnt  au  père  Dumolinet ,  les  autres 
au  père  Lallomant.  L — y. 

GE^EVlÈYE  de  Brahant  est 
cite'c  par  les  hagiologues  tantôt  comme 
sainte  ,  tantôt  comme  simplement 
be'ahfie'c.  Plusieurs  auteurs  ont  parle 
d'elle,  tels  que  Freber  dans  ses  Ori- 
gines du  Falatiiiat,  Aubcrt  le  iVlirc 
dans  ses  Fastes  de  la  Belgique,  Jean 
Molan  dans  sa  Naissance  de»  saints 
belges,  Mathieu  Rader  d.ms  sa  Ba- 
vière, Henri  Dupuy  (  Erjcius  Futea- 
nus)y  Browcr  dans  ses  Annales  de 
Trêves,  les  Bollandistei  dans  le 
tome  i'.  du  mois  d'avril  ,  etc.  C'est 
dans  ces  auteurs  qu'ont  puisé  les  Al- 
lemands et  les  Français  qui  ont  écrit 
l'histoire  vraiment  p.jlhéli([iie  de  Ge- 
neviève. Elle  était  fille  d'un  duc  de 
Brabant,  (jui  la  tiiaria  à  Sillroi  ou 
Silliiil,  palatin  d'OHiendiuck,  dont 
le  château ,  nommé  Hohcn-Sinime- 
ren  ,  se  trouvait  dans  le  canton  de 
Meifeld  ,  au  pays  de  Trêves.  Ce  ma- 
riage eut  lieu  du  temps  que  llildoIlV 
était  archevêque  de  Trêves  vers  Tan 
•yoo.  Marié  depuis  quelque  temps  , 
et  n'.iyant  [>;is  encore  d'cnlants,  le 
palatin  fut  obligé  do  quitterson<ipouse 
]iour  se  rendre  à  l'armée  que  Charles 


GEN 

Martel  conduisit  avec  tant  de  gloire 
contre  Abdoul-Rahmân  (Abdéiame) 
et  SCS  Sarrasins.  Geneviève,  enceinte 
sans  qu'elle  le  sut  encore,  fut  confiée 
par  le  palatin  à  .son  intendant ,  nommé 
Golo.  Ce  malheureux  n'ayant  pu  par- 
venir à  séduire  la  femme  de  son  maî- 
tre, la  lui  dénonça  corame  infidèle  à 
ses  devoirs,  et  comme  venant  de 
mettre  au  jour  le  fruit  de  son  adul- 
tère. SifTroi  écrivit  à  Golo  de  faire 
noyer  la  mère  et  l'enfant.  Le  coupa* 
ble  intendant  livra  les  deux  victimes 
à  des  domestiques,  qui, parvenus  dans 
une  forêt  voisine ,  et  près  du  lac  où 
ils  devaient  les  faire  périr,  furent 
émus  et  attendris.  Ils  résolurent  de 
leur  conserver  la  vie,  et  de  les  aban- 
donner dans  ce  lieu  sauvage.  Jusque- 
là  1!  ii'y  a,  dans  le  récit,  rien  que  de 
vraisemblable;  mais  la  suite  cesse  de 
l'être.  En  efiet,  comment  concevoir 
qu'une  mère  et  son  enfant  soient  res- 
tés sans  secours,  vivant  de  fruits  sau- 
vages et  du  lait  d'une  biche  qui  s'at- 
tacha à  eux,  passant  les  hivers  sans 
feu  et  sans  vêtements  dans  une  grotte, 
pendant  cinq  ans  et  trois  mois  ?  Ils 
avaient,  suivant  les  auteurs  que  nous 
avons  cités,  été  exposés  le  6  octobre 
752.  Ils  ne  furent  retrouvés  que  le 
(i  janvier  ^S-j  par  Siifroi  lui-même 
et  ses  coni[)agnons  de  thassc,  qui, 
ayant  poursuivi  long-temps  une  bi- 
che et  son  faon  ,  fuient  conduits  par 
eux  jusqu'à  la  grotte  de  Geneviève. 
Au  bruit  que  firent  les  chasseurs,  Ge- 
neviève el  son  (ils  essavèrent  en  vaiû 
de  se  cacher.  Un  des  historiens  la- 
tins que  nous  avons  cités  ,  Fréher  , 
s'exurinjc  ainsi  à  cet  CLT-ud  dans  sou 
histoire  de  la  1  hapelle  de  Frauenkii- 
chen  :  «  Le  pai.itin  s'approcha  de 
»  .son  épouse,  ([inl  ne  reconnut  point, 
»  —  Etes-voiu  adorateur  du  Clirist, 
M  lui  cri  i-t-il  ?  —  Geneviève  lui  ré- 
))  pondit  :  Je  suii   femme   et    chré- 


G  EN  OEN                   75 

»  tienne  ,  scigucur,  et  raa  nudité  .ib-  partcnî''nl  tic  Rhin  et  Moselle  (M.  Mas- 

»  soluc  me  lorcc  de  lue  tenir  c.icliee  son)  en  pat  le  eoinnie  .13^1. t  vu  tes 

»  loin    de    votre    présence.     Prelex-  lieux:  «  Le  lac,  dit-il,  oii  le  perfide 

»  niui  votre  njaiileaii,  si  vous  desirez  »  cliAlel;jiii  ordonna  de  j)recipil(r  Gt- 

)' que  je  p.ir.iisse.  —  I^c   palatin  lui  wncviève,  est  dans  le  voisinage;  la 

))  jeta    ce   ve  eineiit  ,  et  s'c'cria    avec  »  contrée  a  porte  le  îiorn  de  Pclentz 

»  etotineinent  :    Eli    quoi,    nialheu-  »  (Palatinal);    on    icconnaîl    encore 

»  reuse!  vous  n*avez  en  ces  lieux  ni  »  les  ruines  d'un  vieux  palais  :  mais 

»  vclcmeuls  ni  nourriture  ?  —  Mes  »  le  lieu  où  l'on  voit  la  chap;  lie  n'est 

»  habits,  lui  répondit  -  elle,  se  sont  »  plus  une  vaste  foret;  c'est  aujour- 

»  uses  entièrement  ,  cl  je  n'ai  pour  »  d'iuù  une  campaj^ue  fertile  et  cul- 

»  aliment  ({ue  les  végétaux  de  la   fo-  »  livee.   l.a   cbapelle   est    située   .*^ur 

»  rêt,  Silboi  ayant  conliîiuc  de  l'in-  »  une  cmincnce  :  elle  a  etc  presque 

»  terroc;er,  elle  ajouta  :  J'tiabile  ces  »  totalement     détruite     pendant     la 

»  lieux  depuis  plus  de  cinq  années;  i>  guerre.  Sur  l'autel  dégradé  on  voit 

»  cet  enfant  est  mon  fils;  son  père...  »  encore  l'iiistoire  de  Geneviève gros- 

»  Dieu  sait  que  ma  bouche  fut  tou-  »  sièremenl  scuipice ,  et  les  tombes 

»  jours  étrangère  au  mensonge  ;  ef  »  de  Geneviève   et   de  Sig'froi   qui 

»  moi,  seij'.neur,  je  suis  celte  infor-  »  avaient  clé  fouillées.  »  Nous  avons 

»  lunée  Geneviève  qui  sortit,  jeune  et  en  français  une  Histoira  de   Gène- 

»  recherchée  avec  éclat,  du  palais  des  \^ièi>e  de  Brahant,  par  le  jésu:!e  Ce- 

»  ducs  de  Brabant ,  pour  épouser  le  risiers,  Paris,  1647  ,  in-8'.<  laquelle 

»  palatin  de  ces  conlrees.  A  C(  s  noms  a  élé  depuis  revue  et  corrigée   par 

»  de  Geneviève  et  de  palatin,  Silboi  l'abbé  Richard.  MM.  Duputel  et  Louis 

)>  reconnut  son  épouse.  Les  officiers  Dubois  ont  publié  chacun  un  n>man 

»  de  la  suite  du  prince  et  quelques  sur  ce  sujet,  in  8'.,  i8o5,  et  2  vol. 

»  anciens  serviteurs  de  la  princesse  in-12,  1 810.  Cerisiers,  D'Auie,  Cor- 

»  la   reconnurent  facilement    à    une  neille  Bîessebois,  la    Chaussée,    Ci- 

»  cicatrice    qu'elle    avait    au    front,  cile,  ont  fait  de  cette  touch.'inte  his- 

»  ainsi  qu'à  l'anneau  conjugal  qu'elle  toire  le  sujet  de  tragédies  etdedraraes. 

ï)  avait  conservé.  »  Le  palatin  ne  put  L'allemand  Tieck  a  traité  aussi  ce  su- 

croire  qu'une  conservation  aussi éton-  jtetdans  sa  tragédie  de  Geneviève  de 

nanle  ne  lût  pas  miraculeuse;  il  cm-  Jirabant,  ouvrage  dont   M""",  la  ba- 

brassa  avec  transport  son  épouse  et  ronne  de  vStaël  f;it  un  juste  éloge.  (jDe 

son  fils,  et  ordonna  de  les  porter  sur  l'Allemagne  ,  tora.   11,  p^g.  "249.  ) 

un  brancard  au  château.  Sur  ces  en-  Une  jolie  romance  de  Berquin,  plu- 

trefaiies  Golo,  s'étant  présenté,  fut  sur  sieurs  cantiques  populaires,  enfin  de 

le  point  d'être  mis  en  pièces  par  les  belles  gravures,  ont  aussi  letracé  ces 

personnes  qui  se  trouvaient  la.  Siffroi  événements,  qui  offrent  plus  d'uitérêt 

le  fit  écarteler  par  quatre  taureaux  que  de  vraisemblance.       D — b — s. 

indomptés.    Geneviève  exigea  qu'au  GENGA    (  Leonore    dei     conti 

lieu  où  elle  avait   élé  trouvée,   une  DELLA),née  à  Fabriano  à  l'époque 

chapelle  lût  érigée   à  la  Vierge.  Le  de  la  renai^sance  des  lettres  en  Italie, 

palatin  y  consentit ,  et  fit  bâlirFrauen-  cultiva  la  poésie  avec  succès.  Jean- 

kircheu,  dont  les  ruines  existent  en-  André  Gilio  a   publié  quelques   son- 

core  ,  et  attirent  beaucoup  de  pèle-  nets  de  cette  dauie,  à  la  suite  de  son 

rins.  L'auteur  de  la  Sialislique  du  dé-  Topica  poética ,  Venise ,  1 58o  ,  in- 


74  G  EN 

4"'  Apostolo  Zeno ,  dans  ses  notes 
sur  la  Bililiotbèque  de  Foiitanini,  dit 
que  ces  sonnets  sont  si  beaux  qu'on 
les  croirait  du  temps  même  de  Gi- 
lio,  c'est-à-dire,  du  siècle  le  plus 
brillant  de  la  poésie  italienne.  W — s. 
GhiNGA  (Jérôme),  peintre  et  ar- 
cliitecle  ,  né  à  Urbiii  vers  1/176,  fut 
à  dix  ans  mis  en  apprentissage  chez 
un  cardeur  de  laine.  H  révéla  son  ta- 
lent pour  le  dessin,  en  traçant  des  fi- 
gures avec  du  charbon  j  et  ses  pa- 
rents s'étant  déterminés  à  le  retirer 
de  l'atelier  du  cardeur  pour  le  faire 
entrer  chez  un  peintre,  ils  n'eurent 
qu'à  s'applaudir  de  cette  résolution. 
A  quinze  ans  ,  il  passa  dans  l'école  de 
Lucas  Signorelli  ;  et  cet  habile  maître 
prit  en  lui  une  telle  confiance,  qu'il 
le  chargea  souvent  de  traiter  les  ac- 
cessoires dans  ses  tableaux.  11  de- 
meura ensuite  trois  ans  sous  la  di- 
rection de  Pérugin,  qui  lui  apprit 
l'art  de  la  perspective  et  le  secret  de 
distribuer  les  elléts  de  lumière  d'une 
manière  piquante.  Raphaël,  compa- 
triote et  ami  de  Gonga  ,  frcquonlait 
en  même  temps  que  lui  l'école  de  Pé- 
rugin  ;  et  l'on  peut  croire  que  les 
conseils  d'un  si  grand  homme  ne  lui 
furent  pas  inutiles.  Après  avoir  ter- 
miné ses  études,  Gcnga  se  rendit  à 
Florence,  et  de  là  à  Sienne,  où  il 
peignit  pour  Pandolfe  Petrucci  plu- 
sieurs tableaux,  dont  Y.isari  loue  la 
correction  de  dessin  et  la  fraîcheur  de 
coloris.  De  retour  dans  sa  pitric  , 
après  une  assez  longue  .ibscnro ,  il 
fut  employé  par  le  duc  Gui  liablo  à 
l'embcllissemt  nt  de  son  palais,  cl  au  re- 
nouvellement des  décorations  du  théâ- 
tre ,  genre  dans  lequel  il  déj)l())'a  une 
rirhes>c  d'imagination  et  une  intelli- 
genc(î  (xtraordinaircs.  Le  désir  si 
naturel  à  ini  artiste  de  visitf  r  hs 
beaux  restes  d'atititjuitéqueUomeollie 
auxcuricux,  lui  fil  demander  un  cou< 


GEN 

gé.  Pendant  son  séjour  à  Rome ,  il  exé- 
cuta, pour  l'église  Sle.-Gîtherine  de 
Sienne,  la  Résurrection  du  Christ^ 
tableau  très  estimé  des  connaisseurs, 
mais  qu'on  regrette  de  voir  placé  dans 
un  endroit  si  obscur  qu'il  est  impos- 
sible de  juger  de  la  perfection  des  dé- 
tnils.  Le  duc  d'Urbin  François- Ma- 
rie, ayant  succédé  à  Gui  Baldo,  rap- 
pela Gcnga,  et  le  chargea  de  toutes 
les  dispositions  nécessaires  pour  les 
fêtes  de  son  mariage.  Ce  prince  étant 
obligé ,  peu  après ,  d'abandonner 
UrLin,Genga  le  suivit  à  Mantoue, 
et  se  retira  ensuite,  avec  sa  permis- 
sion, à  Césène,  où  il  peignit ,  pour  le 
maître-autel  de  l'église  St.-Augustin  , 
un  tableau  à  l'hiiile,  divisé  en  trois 
parties  ,  et  (jui  représente  Wdnnon- 
dation  de  la  Fierté ,  au  dessous  le 
Père -Eternel  dans  une  gloire,  et 
plus  bas  la  Mère  de  Dieu  tenant  son 
Fils  dans  ses  bras,  et  entourée  des 
quatre  Docteurs  de  l'Eglise.  Il  pei- 
gnit au<si  dans  le  même  temps  une 
Chapelle  de  l'ég'ise  St. -François  à 
Forli,  dont  le  principal  morceau  est 
une  Assomption  de  la  Fierté,  qui  est 
très  estimée.  Lorsque  le  ducd'Urbiii 
fut  rentré  dans  ses  états,  Genga  y  re- 
vint avec  son  souverain,  qui,  ayant  pu 
apprécier  sa  fidélité  et  ses  talents  ,  le 
nomma  son  architecte,  le  chargea  do 
réparer  son  ])alais  ,  et  d'en  cons- 
truire un  nouveau  sur  le  Meut  impé- 
rial,  près  de  Pesaro.  Le  duc  ayant 
résolu  de  fortifier  Pesaro,  Genga  as- 
sista à  l'assemblée  où  les  dillèrents 
projets  furent  discutés;  et  son  avis 
prévalut  si  souvent,  que  bien  qu'il 
n'ait  pas  eu  la  dirertiou  des  tr.Jvaux, 
on  peut  le  regarder  cependant  comme 
le  principal  auteur  des  fortifications 
de  cette  j)l.ice.  On  a  encore  ,  de  cet 
artiste  ,  des  plans  de  diUerents  bâti- 
ments que  la  mort  «lu  duc  l'empèelKi 
de  tcrmmcr  ou  de  mcllrc  ù  cxécu- 


OEN  G  EN                  75 

lion.  INI  lis  (  'est  à  lui  (pi'on  doit  la  rcs-  par  l'ctudcdcs  monuments  :  Gcnf;a  y 
tanr.ili  n  ilu  palais  aichicpiscopal  de  j)assa  quatre  ans,  et  rrvint  ensiul(î  à 
]MaiitoiU'  :  ce  lut  sou  deiiiiiT  ou-  Urbin  ,  où  il  lut  cm  ployé  par  le  duc 
viam'.  Impulse  par  fàge  et  les  l'aligues  à  diire'renls  ouvraf];<s.  11  accompagna 
d'une  vie  laborieuse,  il  se  retira  dans  ce  prince  dans  la  visite  des  places  de 
tinr  maison  qu'il  avait  achetée  près  la  Loinl)ardie  qu'il  voulait  fortifier, 
d'Lrhiu,  pour  y  joiur  de  ([uclipie  re-  et  en  leva  les  plans.  Après  la  mort  de 
pos.  Il  y  dessina  au  cravon  ,  dans  un  son  père,  il  fut  fait  intcndantgéne'ral 
moment  de  loisir,  imc  Conversion  des  bâtiments  publics,  et  chargé  de 
de  S,  Puni ,  morceau  que  Vasari  dit  la  construction  de  dilTèienls  édifices, 
être  très  précieux,  et  (|ui  prouve  que  tant  à  Urbin  ({u'à  Pesaro.  11  dontia 
son  imagination  n'avait  rien  perdu  de  aussi  les  j)lans  de  l'église  de  Monte- 
son  activité  ni  de  sa  vi'.\ueur.  Ce  fut  l'Abbate  et  de  celle  de  St. -Pierre  de 
dans  celte  retraite  qu'jGenga  mourut,  Moudovi  ,  que  Vasari  dit  être  ce 
le  II  juillet  i55i  ,  à  soixante-quinze  qu'on  peut  voir  de  raieui  dans  de 
ans  environ.  Il  joignait  aux  talents  de  petites  proportions:  il  fit  encore  des 
peintre  et  d'archi'ecte  ceux  de  sculp-  projets  pour  ajouter  aux  fortifica- 
teur  et  de  musicien  ;  et  il  avait  écrit  lions  de  Vérone  et  de  Borgo-San-Se- 
sur  les  arts  dillérents  petits  Traités  polcro  ;  mais  les  circonstances  en 
que  l'on  conservait  dans  sa  famille,  empêchèrent  l'exécution.  Plusieurs 
Vasari,  qui  a  compose  la  Vie  de  souverains,  entre  autres  le  roi  de 
Genga,  lui  donne  le  plus  p,rand  éloge  Bohème,  s'étaient  dispute  l'avan- 
que  puisse  recevoir  un  homme,  en  tage  de  posséder  dans  leurs  étals  un 
disant,  «  que  jamais  il  ne  fit  une  aussi  habile  artiste  ;  mais  le  duc 
»  chose  dont  il  eût  à  se  repentir.  »  d'Urbin  avait  toujours  montré  beau- 

W — s.  coup  de  répugnance  à  le  voir  s'éloi- 
GENGA  (  BarthÉlemi  ),  archi-  gner  :  il  ne  crut  pas  cependant  pou- 
tfcte  ,  fils  du  piécédent,  naquit  à  voir  le  refuser  au  grand -maître  de 
Césène  en  i5i8.  Son  père  voulut  Rhodes,  qui  le  demandait  pour  mel- 
d'abord  qu'il  apprît  les  belles-lettres;  tre  en  état  de  défense  l'île  de  Malte, 
mais  voyant  qu'd  n'y  faisait  que  des  Barlhé'emi  partit  donc  avec  les  che- 
progrès  médiocres,  et  que  son  goût  valiers  qui  étaient  venus  le  chercher; 
le  portait  vers  les  arts  ,  il  l'envoya  à  et ,  arrivé  à  Malte  ,il  leva  le  plan  de 
Florence  étudier  le  dessin,  à  l'école  l'île,  traça  celui  de  la  cite  Valette,  de 
des  grands  artistes  (Uii  faisaient  alors  quelques  ég'ises  et  du  palais  du  grand- 
l'ornement  de  cette  ville.  Le  jeune  ar-  maître:  mais  comme  il  souffrait  beau- 
tistey  travailla,  pendant  trois  ans, avec  coup  de  la  chaleur,  s'étant  mis  entre 
tant  de  zèle  et  d'application  que  son  deux  portes  pour  travailler  plus  com- 
père, l'ayant  rappelé  près  de  lui,  le  modémcnt,  il  fut  attaqué  d'une  pleu- 
jugea  en  état  de  diriger  les  travaux  de  résie,  dont  il  mourut  le  l'j^.  jour,  au 
l'éL;lise  St.-Jean -Baptiste  de  Pesaro.  mois  de  juin  i558.  11  était  âgé  de 
Barthéiemi  avait  plus  de  connais-  quarante  ans.  W — s. 
sanees  dans  l'architecture  que  dans  GENGA  (  Bernardin)  ,  docteur 
le  dessin:  son  père  s'en  aperçut  ;  et  en  philosophie  et  en  médecine,  na- 
aprèslui  avoir  donné  quelque  temps  qultdans  le  duché  d'Urbin  ,  enseigna 
des  leçons  de  pcrspeclive,  il  l'en-  Tanatouiic  et  la  chirurgie  à  Pvome , 
voya  à  Korac  pour  se  perfcclicnner  vers  le  milieu  du  xvu^.  siècle^  et  fut, 


76  GEN 

selon  ]Vrin?;et,  chirurgien  de  l'hôpital 
du  S.iinî-Espril  de  cette  ville.  Actif, 
entreprenant  et  partisan  des  idées 
nouvelles,  il  fut  un  des  premiers  à 
admettre  la  circulaiion  tin  sang, dont 
il  attribuait  la  découverte  à  Fr^Paolo; 
et  il  l'enseigna  publifiuernêi.t  à  une 
e'poque  où  elle  ëtut  eucore  vivement 
combattue  dans  les  univrrsite's  d'Ita- 
lie. On  lui  a  reproche  de  s'eire  élevé 
avec  un  ton  peu  modeste  cuiilrc  Hip- 
pocrate,  qu'il  accusait  ouveîtt-nient 
d'avoir  commis  de  graves  erreurs 
dans  le  traitemonl  de  plusieurs  m.j- 
ladies  chirurgicales.  Il  en  commit 
lui-même  de  bien  plus  gr.indt  s  ,  «n 
rejetant  l'opération  de  la  hernie  dans 
tous  les  cas  d'étranglement ,  et  en 
condamnant  le  trépan  sjr  les  su- 
tures. Cn  a  de  lui  :  I.  jinalnmia 
chlrurç^ica  ,  sive  isloria  anatomica 
delVossa  c  musculi  del  corpo  unia- 
no  colla  descrizione  de  vasi  ^  home, 
1672,  16^5;  Bulogne,  iG87,in-8''. 
On  y  trouve  une  dissertntion  sur  la 
circulation  du  sang,  et  plusicur.N  ano- 
malies anatomiques  curicusrs  sur  les 
doigts,  les  muscKs,  etc.  11.  /Inato- 
mia  per  use  ed  intelU^enza  dcl  di- 
se f^no,  ricercala  non  soi)  su  gl  os  si 
e  musculi  del  corpo  himano  ,  ma 
dimoslrala  ancora  su  le  statue  an- 
tiche  più  insigni  ,  Rome  ,  iG()i  , 
in- loi.  ,  avec  des  explications  par 
Lancisi.  Cet  ouvrag*'  ,  destiné  aux 
peintres  et  aux  sciîlp'euis,  m*  traite 
que  des  njuscles  superficiels,  l/auteur 
li'S  considcredans  Us  illilud. .»  lurrées 
que  prenaient  les  anciens  ^.l.idiateurs, 
et  dans  celles  que  préscntcut  les  sla> 
tues  antiques,  telles  que  «'Apu'lon  ,  la 
V^énus ,  Hrrcule  ,  le  Liocofu.  î  !  I  In 
f/ippocratis  aphorismos  ad  rliiinr- 
f;iam  spcctantes  commenturia  ,  iniui 
et  italien,  Home,  i6<)/|  ,iii-8  .  ;  Mo- 
logue,  «717,  17^5,  iji  8'.;  Irad.  en 
espagnol  pnr  A.  G.  Viisqucz,  Madrid, 


GEN 

1744?  *""^'*  L'iuteur  ne  sVst  pas 
borné  à  commenter  les  aphori.^mes 
d'Hippocrale  sur  la  chirurgie  ;  il  y  en 
a  inséré  plusieurs  qui  n'ont  ;iucun  rap- 
port h  ce  sujet.  Ch — T. 

GENGIS-KâN.  Fo^.  Ujenguyz- 
KnAN. 

GRNISSIEUX  (  J.  J.  V.)  était 
avocat  à  Grenoble  avant  l.i  révo- 
lution; il  en  adopta  les  piincipes  avec 
enthousiasme  ,  et  fut  nommé ,  par  le 
département  de  l'Isère,  député  à  la 
Convention  nationale.  Dès  le  iS  dé- 
cembre I  792,  et  pendant  l'instruction 
du  procès  de  Louis  XVI,  il  vola  pour 
l'expu  Sîou  de  toute  la  famille  de  ce 
monaïque.  «  En  abolissant  !a  royauté, 
dit  il ,  vous  auriez  dû,  FiOuis  XVI  eût- 
il  été  aussi  vertu»  ux  que  Titus  et  Tra- 
jan ,  l'exciur»  par  l'ostracisme.  Sa  fa- 
mille porte  ombrage  à  la  liberté;  il  faut 
l'exclnre  aussi  :  par  cet  exil,  vous  ne 
leur  supposez  pas  de  crimes,  vous  leur 
Conservez  leurs  biens, leur  honneur; 
niai>  Vous  preiiczcontreeux  une  gran- 
de mesure  de  sûreté  générale.  Ou  dit 
que  Cet  exil  préjugerait  le  jugement  de 
Louis  XVI  î  Je  suis  bien  étonné  que  ce 
soient  ceux-là  même  qui  demandaient 
que  sa  tête  tombât,  qui  opposent  au- 
jourd'hui ce  préjugé.  Si  les  Bourbons 
en  laveur  desquels  on  réclame,  avaient 
autant  de  civisme  qu'on  le  suppose  , 
ils  n'auraient  pas  attendu  le  décret, 
ou  pîu'ùt  ils  seraient  venus  le  proposer 
eux  mêmes.  Ou  a  dit  que  ce  décret 
porler.iit  alleinte  à  la  souveraineté  du 
])«"Uj>le:  mais  je  supjmse  que  lMuli|)pe 
d\)rléans  ,  au  lieu  dt  ^e  montrer  bon 
citoyen  comme  itafait  jusqu'à  présent, 
eût  été  mi  citoyen  daug»ieux  et  mé- 
chant ;  quoi!  p.irce  qui  serait  mem- 
bre de  la  Couveiitiou,  v'iMis  ne  pour- 
rie/. prouv)ncer  eoutro  lui!  »  Lois  des 
voles  .sur  le  sort  de  Loms  XVI ,  Gé- 
nissicux  le  déclara  coupable  ;  ei  il 
vota  contre  ce  prince  la  peine  de  moi\t, 


(.  K  N  0  E  fl 


77 


sans  appel  .nu   jKUipIc  et  s.ms   sursis,  srcrclairc  ,   et  il    vota   pour  qi;c  le-» 
Cet  lionimc  n'cl.iit  doiui  ni  (L'  graniis  journaux,  fusscjit  mis  sous  la  survcil- 
talonls,  ni  do  bc.iiicoiip  d'ciicit^ic.   Il  l.mcc  du  gonvciiicim'iil.  Ll*  5  novrwi- 
paila  peu  dans  la  suite  de  la  session  brc, ilalla([iia  violcnuiieiit  soncolN'giic 
convcnliotincllc;   ni.Tis  sic'gtvml  Ion-  Uourlian,  cpns'oppos.iii  à  la  confisca- 
jours  sur  la  Monl;ȍ;tic,  il  appuya  de  lion  des  hk-ns  des  dcpoilcs    j).ir   la 
tous  ses  moyens  les  mesures  les  plus  loi  du  19  fructidor  .m  v  (4  septcubre 
rcvoliilionnaires  et  les  plus  tyranni-  1  797  ).  Plus  tard,  il  attaqua  ;.Uj.m  l'al- 
qiieN.  Trav.iilleur   infalii^ahle  ,   il  fut  ininislra(ion  financière  du  dircoloiic, 
employeconstamnient  dans  les  conii-  ainsi  que  la  gestion  de  son  ministre 
tes,   rit  souvent  des  rapports  en  li;ur  Ramcl  ,  et   fut  nomme  pie^Nidenl   de 
nom,  parliculièremcnl  sur  la  legisla-  l'asscmblce.  Toujours  attache  aupirti 
tiou  ,  la  police  et  les  mesures  de  sûrele'  des  demngop;ues  les  plus  ardents ,  il 
intérieure  ;  il  poursuivit  avec  fureur  se  mo?iîra  fort  oppose  à  la  revolulioa 
les  nobles,  les  prêtres  et  les  parents  du  18  brumaire,  où  Buonaparle  s'etu- 
d'émigrcs.  Le  16  mars  1 795,  il  pro-  para  du  pouvoir.  Tl  futarrêle  par  suite 
posa  de  désarmer  tous  les  suspects;  de  cette  opposition,    avec  plu>>ieurs 
et  le  G  mai  179^  ,  il  s'éleva  contre  les  de  ses  colloques  :  la  libelle  lear  fut 
facilités  accordées  aux  éin^rcs  pour  rendue  le  même  jour  j  mais  ils  furent 
leur  rentrée  en  l^rancc,  cà  la  faveur  du  pour    toujours  éloignés   de   la   puis- 
rappel  des   citoyens  qui   avaienl  fui  sance     suprême.    Génissieux   devint 
par  terreur.  Cependant  en  septembre  juge  au  tribunal  d'appel  de  la  Seine j 
il  parla  en  faveur  dc>  prêtres  déportés  et  il   conserva  cette  place  jusqu'à  la 
et  de  leurs  familles  ;  maiN  i!  s'opposa  à  fin  d'octobre  1 8o4,  époque  de  sa  mort. 
la  rentrée  de  M.  de  Talleyran^l-Péri-  Au  milieu  des  fureurs  ef  des  discordes 
gord,  et  du  général  Moniesquiou.il  fit  delà  révolution,  il  n'avait  jamais  perdu 
écarter  de  toutes  fonctions  pu!)liques  de  vue  ses  intérêts  personnels  ,  et  on 
les  prêtres  insermentés  et  les  parents  le  vit  souvent  embrasser  la  défense 
d émigrés.  A.  la  suite  du    i5  vende-  des  fripons  et  des  concussionnaires, 
miau'c  an  iv  (5  octobre  i  79)  ),  il  fil  II  augmenta  considérablement  sa  for- 
décréler  la  suspension  provisoire  d<s  tune;  ei  le  but  de  sa  conduite  et  de  ses 
mises  en  liberté.  Géaissi^ux  entra  au  opinions  ne  fut  jamais  équivoque, 
conseil  des  cmq-cent'' lors  de  sa  forma-  M— d.  j. 
tion  ;  et  il  y  d>  manda  Texclusioii  de          GEN^^ÂDE  ,   évêque  et  patriarche 
J.J.  Airnécomme  chef  dos  coinpagnies  de  Gonstanlinople,  succéda  dans  ces 
royalistes  auxquelles  on    donnait  le  dignités  à  Anatole,  et  fut  élu  en  Tan 
nom  àc  Jésus  ci  da  Soleil.  Le  direc-  4->^*  I^  ^'■^^^  né  avec  un  génie  vif  et 
.   luire  lui    confia  le   portefeuille  de  la  jiénétranl ,  qu'il  avait  fortifié  par  l'é- 
juslice  le  5  janvier  1796;  mais  il  ne  Inde.  Il  parlait  avec  facilité,  avait  une 
le  garda  q'ifc  jusqu'au  5  avril.  Nommé  connaissance    profonde    des    saintes 
alors  cju  u!  a  Birct'lone,  il    refusa  Ecritures,  et  passait   pour  éloquent, 
cet  emploi ,  i  t  passa  à  celui  de  substi-  Il  tint  en  4^9  "n  synode  composé  de 
tut  du  corn  lissaire  du  gouvernement  70  évcques  ,  outre  les  légats  duSaint- 
près  U  cour  de  cassation.  En  1 798  ,  il  Siège  ,  pour  terminer  les  disputes  qui 
présida  l'assemblée  électorale  de  Paris  divisaient  l'Eglise  d'Orient,  au   sujet 
à  rOiatuiie,  et  fut  élu  au  conseil  des  du  concile  de  Ciiaîcédoine.  Onfitdes 
cinq-cents;  le  21  août,  il  fut  nommé  légicments  de  discipline  dans  cette 


•jB  GEN 

assemLIee  :  il  y  fut  arrêté  qu'on  ne 
pourrait  cire  ordonné  prêue  à  moins 
qu'on  no  sût  le  psautier  par  cœur;  et 
l'on  y  prit  des  mesures  pour  erapê- 
clier  la  simonie.  Gennade  reforma  les 
abus  qui  s'étaient  glissés  dans  son 
clergé,  et  gouverna  avee  s.igcsse.  Jl 
mourut  sous  le  règne  de  l'empereur 
Léon,  en  47'«  ^'i  prétend  qu'il  fut 
averti  de  sa  mort  par  ra[>paiition  d'un 
spectre  ,  qui  lui  prédit  en  rnèiue  temps 
les  troubles  dont  son  église  devait 
être  agitée  après  lui.  Gennade  de 
Marseille,  son  contemporain,  lui  a 
consacré  un  article  dais  son  traité 
des  Ecrivains  ecclésiastiques,  et  ciîe 
parmi  les  différents  ouvrages  dont  il 
était  l'auteur  :  I.  Un  Commentaire 
littéral  sur  Daniel.  \\.  Des  Homé- 
lies. III.  Une  Lettre  sy no dique  con- 
Ire  l^s  simoniaqiies;  celle  sans  doute 
qui  fut  composée  dans  le  concile  qu'il 
avait  tenu  (  i  ).  De  ses  autres  ouvrages, 
il  nerr  sic  que  d'S  fragments;  I'um, rap- 
porté par  Facundus,dans  lequel  Gen- 
nade se  plaint  de  i^aint  C^'iille  avec 
aigreur  et  emportement ,  à  l'occasion 
des  contestations  de  ce  père  avec  les 
Orientaux  ;  un  autre  tiré  du  livre  2*". 
à  Parthénius  ,  rapporté  par  Léontius 
dans  les  Lieux  communs  de  l  origine 
de  Vame.  Les  Gre«s  dans  leur  mé- 
iioioge  font  mention  de  (jcnnade  de 
Constantinojile  comme  d'un  saint 
évèque,  et  célèbrent  sa  fête  le  izS 
d'août.  r — Y. 

GENINADEde  MARSEILLE, 
Gaulois  de  naissance,  (lorissait  à  la  (in 
du  v«.  siècle,  sous  l'empire  d'Anas- 
tase.  Quoique  des  modernes  aient 
prétendu  (ju'il  était  évêcpie,  de  Mar- 
seille suivant  les  uns ,  cl  de  Tolède 
suivant  les  autres ,  il  est  certain  qu'il 


f  i)  EHe  %t  troiivr  dnni  la  Collection  dei  euii- 
ci/rr  ,  et  4i>iM  la  liiOlmlliètfu,:  ili-l  l'ire/.,  «I«  Mur- 
Kueriii   J«    U    Ui;;ue,    édilioiii  ilc   P«iil  ,   i5ij   et 


GEN 

ne  fut  que  simple  prêtre;  et   il   ne 
prend  que  ce  litie  dans  ses  ouvrages, 
li  était  versé  dans  les  langues  grecque 
et  latine  ,  avait  étudié  l'Écriture  et  les 
Pères,  et  n'était  point   étranger  à  la 
littérature   profane.  Celait  d'^ailleurs 
un  écrivain  laborieux  et  de  beaucoup 
de  lecture,  mais  ayant  plus  d'éindi- 
tion  que  de  goût  et  de  solidité.  On  ne 
s'accorde  point  sur  son  orthodoxie  ^ 
et  l'on  pftDse  qu'il  lut  engagé  dansl'er- 
reur  des  senn-pelagiens.  Dès  le  vi*". 
siècle ,  l'église  de  Lyon  crut  aperce- 
voir dans  ses  écrits  des  traces  de  pé- 
lagianisme,   11  y  avait   |)Ourtaut  at- 
taqué    Pelage.    Vossius,    dans    son 
Histoire  du   j)é!agianisme  ,  le  défend 
contre   celle  imputation;  et  le  pape 
Adrien   1 ,  dans  une  lelti  e  à   Cliarle- 
mague  ,  parle  de  lui  comme  d'un  des 
plus  saints   personuagos.  Il  est  diffi- 
cile néanmoins  de  le  justifier  à  cet 
égard.  On  ne  peut  nier  que  dans  sou 
traité  des   Dogmes   ecclésiastiques  , 
il  ne  se  trouve  des  ernurs  ;  et   son 
livre /^Éf  viri<  illustribus^  appelé  aussi 
De  scriptoribus  ecclesiasticis ,  con- 
firme celle  idée.  Il  s'y  déclare  contre 
la  doctrine  de  St.  Augustin,  et  fait  de 
ce  pcrc  un  cloge  équivoqu'^;  il  relève 
au  contraire  le  mérite   d'Evagre  que 
Saint  Jérôme  accuse  d'être  nn  origé- 
niste,  (leRufin  qui  partageait  la  mènn- 
crre'tn^el  loue  complètement  Fausic 
de  liiez,  bien  connu  pour  être  semi- 
pélagien.  Il  parle avanlageusementdes 
Eulof^ics  de  Pelage  que  Saint  Jérôme 
taxe  d'liérésie,et  improuve  le  livre  de 
Saint  Prosper  contre  Gissien  ,  pour 
lequel  il  témoignait  une  estime  particu- 
lière, (ienn.ule  de   Marseille  a  beau- 
coup écrit    Outre  les  ouvrages  dont  il 
est  l'auteur,  il  a  traduit  du  gr(  c  en  la- 
tin   plusieurs    de    ceux  des    anciens 
pères.  Il  donne  l.i  liste  des  siens  à  h 
fin   de  sou  Traité  des  Ecrii'ains  ec- 
cléiiastiijues.  Il  y  cite  contre  les  hé- 


GEN 

rdsîes,  S  livres  ;  contre  Nesloriiis,  G; 
ronlrd  l^àla'j,e ,   3;   un    Traite  des 
mille  ans  iM  de  l'apocalypse;  \c^  Ecri- 
vains ecclésiastiques  y  cl  une  Profes- 
sion de  foi  cnvoycc  ;mj  j).j[)c  Gclasc. 
De  tous  CCS  ouvrages,  il  n'eu  csl  venu 
((lit*   deux  jusqu'à    nous  ;  savoir,  le 
livre  <lcs  ^'tvàv/m.v  ecclésiastiques, 
cl  sou  Traité  des  Dogmes.  i^\\fi\([\\C'^- 
uns  pensent  que  le   premier  tut  com- 
pose sous   !e  pontificat   du  papc.Gc- 
lise;  (rnJrcs,  qu'il    peut   l'avoir  c'te' 
dès  Tan  477 1  quoiqu'il  n'ait  eteaclicve 
que  plus  tard.  Ce  catalo2;ue  est  regarde 
avec  raison  comme  la  suite  de  celui  de 
St.  Jérôme  ,  et  ou  les  joint  ordinaire- 
ment   ensemble.   L'usage   de   réunir 
ces    deux    ouvrages  reuionte    à   une 
liante  antiquité.   On    en    trouve  des 
traces  dès  le   vi*^.  siècle  au  teiops  de 
Cas.^iodore  ;  et  ils  sont  joints  dans  un 
manuscrit    de     Corbie ,  qui  compte 
plus  de  goo  ans  d'ancienneté.  Le  livre 
de  Genuade  est  écrit  sans  art  et  avec 
beaucoup  de   simplicité,   mais  avec 
concision  et  une  sorte  d'elegance.  L'au- 
teur    y  a    conserve  ,   touchant    les 
écrivains  dont  il  parle,  beaucoup  de 
traits    historiques    qu'on   chercherait 
inutilement  ailleurs;  cl  il  y  donne  la 
connaissance  d'un  grand  nombre  d'ou- 
vrages qui  n'existent  plus.  Ce  livre  est 
compose  de  cent  articles  ,  depuis  l'an 
53o  de  J.-C,  jusqu'en  l'an  ^\)0.  Outre 
qu'il  est  insère  dans  presque  toutes  les 
éditions  de  St.  Jérôme ,  il  y  en  a  eu  un 
grand  nombre  d'autres  éditions.  Dom 
Marlianay  ,   en   1706,  l'a   mis  à   la 
Iclo  de  son  v^.  volume  de  St. -Jérôme; 
et  le   savant  J.  Alb.  Fabricius  l'a   lait 
entrer  dans  sa  Bihliothsca  ecclesias- 
tica,  Hambourg,   17 18,   iu-fol.  Le 
Traité  des  dogmes  ecclésiastiques , 
autre  ouvrage  de  Gcnnade,  a  passé 
pour  cire  de  St.  Augustin,  et  a  été  in- 
séré dans  ses  œuvres  ,   quoique    les 
scnlimenls    qui   s'y   trouvcut   soient 


GEN  70 

fort  opposés  à  ceux  de  ce  saint  doc- 
teur :  d'autres  l'ont  attribue  à  difTc- 
rents  auteurs  ;  mais  la  ptuscommuno 
opinion  le  donn<;  à  Gennade.  Dès  le 
VIII  .  sièchî,  ce  traité  se  trouvait  sous 
sou  nom,  dans  la  bihiiothcque  de  St.- 
Vandrille  près  de  liouen.  11  paraît, 
d'ailleurs  ,  et  c'est  le  sentiment  de 
Jjellarmiu,  que  c'est  le  même  ouvrage 
que  la  Profession  de  foi  envoyée  par 
Gennade  au  pape  Gelase.  Les  criti- 
ques ont  rcmai(jué,  au  sujet  de  ce 
traité,  qu'il  y  avait  plus  d'érudition 
que  de  jugement  ;  que  desimpies  opi- 
nions y  étaient  données  pour  des  vé- 
rités dogmatiques  ,  et  que  des  senti- 
ments très  catholiques  y  étaient  con- 
damiïcs  ;  que  l'auteur  s'y  trouvait 
évidemment  en  opposition  avec  Su 
Augustin ,  et  d'accord  avec  Fauste  de 
Riez  sur  la  grâce  ,  le  libre  arbitre ,  et 
sur  la  corporéité  des  âmes.  Sur  d'au- 
tres points  cependant  il  s'exprime 
d'une  manière  très  catholique.  Il  y  a 
eu  deux  éditions  du  traité  des  dogmes 
ecclésiastiques,  toutes  deux  de  Ham- 
bourg; l'une  de  i594,  l'autre  de  161 4, 
in-4°.  Un  manuscrit  de  St.-Victor  at- 
tribue au  même  Gennade  l'addition  de 
quatre  nouvelles  hérésies  à  la  liste  de 
celles  sur  lesquelles  St.  Augustin  avait 
écrit  des  traités.  L — y. 

GENNARlou  G ENARÏ  (Benoît), 
dit  Yancien,  peintre  italien  ,  né  dans 
la  ville  de  Cento ,  dépendant  alors 
du  duché  de  Ferra re ,  y  avait  ses 
ateliers  vers  la  fin  du  xv!*".  .siècle.  Sou 
premier  titre  de  recommandation 
auprès  de  la  postérité ,  est  d'avoir  été 
l'un  des  meilleurs  maîtres  du  Guer- 
chin,  qui,  avant  d'entrer  dans  l'école 
des  Garraches ,  et  après  avoir  quitté 
celle  d'un  peintre  médiocre,  dont  il 
reçut  les  premières  leçons  de  l'art , 
trouva  dans  l'école  de  Gennari  une 
grande  partie  des  talents  qui  distin- 
guent ses  propres  ouvrages.  Le  se- 


8o  G  E  N 

cond  tilre  de  gloire  de  son  maître  est 
d'avoir  laisse  des  tableaux  disques  du 
piiiicau  de  cclciève,  et  qu'on  prend 
souvent  pour  des  œuvrer  du  Giur- 
chiu.  La  galerie  de  Milan  en  possède 
i:n  de  ce  genre  ,  qui  r.-pre'scnle  le 
Fiepas  du  Sauveur  avec  les  voya- 
geurs d'Emmaûs ,  1 1  qui,  par  la  no- 
blose  et  la  >iniphcilc  de  la  composi- 
tion, peut  clie  mi:,  à  coté  de  celui  où 
le  ïiiien  a  peint  le  même  sujet.  Gen- 
ii.iri  e'fait  si  franchement  zèle'  pour 
les  prtigrès  de  l'art,  qu'élraiiger  à 
toutej  dousie,  il  se  passionnait  à  l'ins- 
tant pour  le  talent  même  naissant  que, 
des  ;e  premier  abord,  il  jugeait  de- 
voir être  supérieur  au  sien.  En  voyant 
se  développer  celui  de  son  élève  Gucr- 
chin  ,  il  se  crut  bientôt  surpasse  par 
lui;  et  dès  lors  ,  non  seulement  i!  se 
l'associa  comme  son  égal  dans  ses  ou- 
vrages les  plus  importants,  mais  en- 
core il  le  pria  de  corriger  ce  que  bii- 
mcme  y  avait  peint.  Quoique  le  Gucr- 
rliiii  ait  ensuite  passe  dans  l'école  des 
Carraches  ,  il  n'a  jamais  abandonne 
la  minière  de  Gennari  j  et  l'on  [)eut 
jugt'r,  d'.iprèsia  peinture  dont  il  vient 
d'être  parle,  que  c'est  de  lui  qu'il  ap- 
prit à  donner  aux  têtes  un  beau  ca- 
raclcrc,  à  louclirr  ses  sujets  avec  tant 
de  facilité,  et  à  devenir  si  parfait  dans 
les  teintes  et  dans  le  clair-obscur.  — 
Son  fils  aîné,  Dartliélemi  Gennabi, 
né  en  i  Scj/j,  s'appliqua  aussi  à  la  pein- 
lur«;  et  l'on  voit  encore  de  lui  aux  en- 
viions  de  Cenio  quelques  Tableaux 
d'autel;  mais  il  est  moins  connu 
que  son  frère  Hercule  Gennaui,  ne 
à  CcnJo,  le  lo  mars  i^f)^.  Celui-ci 
s'était  d'abord  destiné  à  la  chirurgie: 
le  Guetchin  ,  dont  il  avait  ép(uisé  la 
sœur,  ayant  reconnu  son  talent  pour 
le  dessin,  lui  enseigna  son  art,  dans 
le(picl  il  Ht  d'.rsse/  gr.mds  progrès.  Il 
monrutà  Holognern  i05B. — Son  fils 
»îné,  Dcni'îl  Gkwivaiii,  dit  W  jeune ^ 


GEN 

né  en  1 635 ,  fut  aussi  élève  du  Gucr- 
chin  son  oncle,  et  passa  en  Angle- 
terre ,  où  il  eut  le  titre  de  premier 
peintre  des  rois  Charles  II  et  Jac- 
ques H, avec  douze  mille  écusd'appoin- 
tement  annuel,  il  peignit  encore  pour 
Louis  XI V^  et  pour  le  duc  d'Orléans  j 
et  il  revint  à  Bologne ,  où  il  mourut  en 
1715.  —  César  Gennari,  son  frère, 
né  en  1 64 1 ,  suivit  également  la  même 
carrière ,  et  réussit  surtout  dans  le 
paysage.  Son  caractère  jovial  le  fai- 
sait parlicidièrcment  aimer  de  ses 
élèves.  Il  se  fixa  à  Bologne,  auprès 
du  Guerchin,  dont  il  continua  l'école; 
et  il  mourut,  dans  la  même  ville  ,  le 
1 1  février  1 688.  Son  portrait  et  celui 
de  son  frère  ont  été  gravés  dans  les 
Pitture  di  Cenlo  ,  Ferrare ,  1768, 
in-S".  G— N. 

GENNARO( Joseph- AuRÈLE  de)  cé- 
lèbre avocat,  naquit  àJNapIcsen  i  701, 
et  y  fit  ses  premières  études  sous  les  jé- 
suites. Ses  parents  qui  le  destinaient 
à  la  carrière  du  barreau  ,  ne  négligè- 
rent rien  pour  qu'elles  répondissent 
aux  espérances  que  le  jeune  Gennaro 
fiisaitdcjà  concevoir.  En  peu  de  temps 
il  fut  en  état  de  se  passer  de  ses  maî- 
tres ,  et  de  suivre  un  plan  d'instruc- 
tion qu'il  s'était  lui-même  tracé,  et  qui 
ne  saurait  être  trop  médité  par  ceux 
qui  se  proposent  de  suivre  la  même 
carrière.  Après  un  cours  de  lettres 
grecques  et  latines ,  où  il  obtint  le  plus 
brillant  succès,  il  se  livra  à  Tel u de  de 
la  diaiccliqur,  à  l.iquelle  il  consacra  une 
année  entière,  mais  (]u'il  dégagea  de 
la  méthode  surannée  des  classes.  La 
philosophie scolaslii[ue  occupa  peu  ses 
in>tants;  i\  ne  put  s'astreindic  aux 
formes  barbares  dont  elle  était  alors 
environnée,  et  rarement  lai>sa-t-il 
échapper  l'occasion  de  manifester  son 
dégoût  à  ce  sujet  dans  les  écrits  qu'il 
publia  par  la  suite.  Il  s'adonna  de 
préférence  à   l'hisloire,  à  la  géogra- 


GEN 

pKic,  elne  m'gli^ca  mémo  pas  les  m.i- 
tlirnialiqurs  :  ccscoim.iissanccs  prcli- 
iiiiii.iiirs  lui  paruinil  iriclispciisablrs 
pour  justifier   le  dessein   qu'il  avait 
forme  Je  dciniirc  les  préventions  qui 
existent  entre  les  jurisconsultes  et  les 
gens  de  lettres  ,  en  leur  montrant  que 
ces  deuï.  nobles  professions  n'ont  rien 
d'incompatible.  Ce  fut   ei^alemenl  ce 
raotifqiii  l'eufijagca  à  dilTcrcr  son  en- 
trée an  barreau:  il  voulut  auparavant 
se  livrer  à  une  étude  re'flccliic  du  droit 
civil  et  du  droit  public.  Il  consacra 
plusieurs  années  à  méditer  sur  toutes 
les  parties  des  lois  romaines  ;  et  dans 
le  notnbrc  infini  des  commentateurs, 
il  ne  consulta  que  les  écrits  d'Alciat, 
de  Gujas ,    de   Duareu ,  de   Gouvea 
et  de  Brisson  ,  ses    auteurs  favoris , 
et  pour  lesquels  il  témoigna  toujours 
une  prédilection   marquée.    La   con- 
naissance approfondie   du  droit   ro- 
main  ne  le   détourna  pas  cependant 
de  celle  des   lois  de    son   pays  ;   et 
il    s'appliqua ,   avec   non    moins    de 
soin  ,  à  l'étude  de  tout  ce  qui  con- 
cernait le  droit  public  et  coutumier  du 
royaume  de  Naples.  On  sent  avec  quel 
e'clat,  après  des  travaux  si  bien  diri- 
gés ,   Gennaro  dut  paraître   au  bar- 
reau; aussi  ne  tarda-t-il  pas  à  acqué- 
rir une  réputation  telle,  qu'il  ne  fut 
plus  bicutol  de  cause  importante  qu'il 
lie  se  trouvât  chargé    de    défendre 
soit  à  l'audience ,  soit  par  écrit.  Le  pu- 
blic se  portait  en  foule  à  ses  plaidoi- 
ries; et  les  magistrats  eux-mêmes, sur 
leur  siège,  lui  témoignaient  le  plaisir 
qu'ils  avaient  à  l'entendre.  Le  bruit  de 
sa  réputation  étant  parvenu  aux  oreil- 
les de  Charles    111,  il  fut   nommé, 
en  l'SS,  magistrat  de  la  ville  de  INa- 
ples.  Lorsqu'cn  174'  Je  roi ,  sur  les 
instances  du  marquis  Tanucci,  résolut 
de  donner  à  ses  états  le  bienfait  d'une 
législation  uniforme,  en  réunissant  en 
un  seul  corps  de  doctrine  toutes  les 

XVII. 


GEN  81 

lois  napolitaines,  il  chargea  de  cet  im- 
portant  travail    Gennaro  et   l'.ivocaC 
CiiTillo,  dont  les  cnorls  restèrent  mal- 
heureusement sansrésullaf.  En  1745, 
Gennaro  fut  nommé  secrétaire  de  la 
chambre  royale  de  S  tinlc-CÎIaire;  et, 
en   17^8,   il  y  devint  conseiller  du 
roi.  Depuis  celle  époque  ,  il  fut  suc- 
cessivement  appelé   à    diverses   au- 
tres fonctions  puljliques,  telles   (jue 
cdles  do  professeur   de  droit  féodal 
en  1755,  de  membre  du  conseil  su- 
périeur  du  commerce  en  1764,  etc. 
D'aussi  importantes  fonctions  ne  pu- 
rent rien  diminuer  des  soins  qu'il  don- 
nait à  ses  clients  et  aux  affaires  de  son 
cabinet,  nialtérerce  caractère  aimable 
et  liant  qui  lui  avait  concilié  tous  les 
cœurs,  et  auquel  on  ne  pouvait  com- 
parer que  sa   modestie   et  son  rare 
désintéressement.  Cependant  le  soin, 
des  affaires  ne  lui  fît  point  négliger  la 
culture  des  lettres  :  mais  aussi  quel 
que  fût  le  charme  qu'il  goûtait  à  les 
cultiver ,  elles  ne  l'empêchaient  point 
de  remplir  les  devoirs  de  son  état. 
Les  vacances  seules,  en  lui  offrant  plus 
de  repos,  lui  permettaient  de  se  livrée 
avec  moins  de  réserve  à  ses  occupations 
favorites,  pour  lesquelles  il  sacrifiait 
même  dans  le  cours  de  l'année  plus 
d'une  nuit.  C'est  àces  loisirs  trop  courts 
que  nous  devons  le  petit  nombre  d'é- 
crits qui  ont  échappé  à  la  plume  in- 
génieuse et  spirituelle  de  Gennaro,  et 
qui  tous  portent  le  cachet  de  ce  goût 
épuré  ,  de  cet  esprit  de  critique,  et  de 
ces  connaissances  aussi  variées  qu'é- 
tendues qui  le  distinguaient.  Le  pre- 
mier qu'il  publia  à  l'âge  de  trente  ans, 
est  intitulé  :  Respuhlica  jurisconsiiU 
iorum,  Naples,  1731  ,  in-4°.  H  sup- 
pose que,  dans  un  coin  delà  Méditer- 
ranée   il  existe  une  île   où  tous  les 
jurisconsultes  se  rendent  après  leur 
mort,  et  oîi  ils  ont  fondé  un  gouver- 
nement, dont  les  bases  sont  celles  de 

6 


82                  G  EN  GEN 

la  république  romaine  :  corame  ccic-  au  bas  des  pages.  C<  t  onvrnge  est  en- 
cijltur  république  est  partagée  eu  trois  treinèlc  de  diverses  poésies  lalines,  et 
ordres ,  les  sénateurs ,  les  chevaliers  entre  autres   d'uti  poème  didactique 
ft  les  plébéiens.  Les  premiers  sont  d'environ  dix-huit  cents  vers  sur  la 
tous  les  anciens  jurisconsultes  qui  ont  lui   des    douze  Tables,  où  l'on    ne 
vécu  depuis  Sextus  Papyrius  jusques  sait  ce  qu'on  doit  admirer  le  plus, 
à  Modesliu,   sous  lequel  la  jurispru-  du  mérite  de  la  difficulté  vaincue,  ou 
dence   romaine  commença  à  tomber  du  talent  poétique   que  l'auteur  fait 
en  décadence:  les  chevaliers  sont  ceux  briller  daus  un  sujet  si  pou  propre  à 
qui  depuis  Modestin  ont  professé  le  la  poésie.  Une  traduction  p<îr  l'abbé 
droit  à  Rome,   à  Gonstantinople,  à  Dinouart,  a  paru  en    1768,  Paris, 
Eéryte;  on  y  comprend  aussi  tous  les  in-12;  mais  elle  est  remplie  de  coijtrc- 
auleurs  qui  depuis  Alciat  jusqu'à  nos  sens,  et  imprimée  avec  si  peu  de  soin 
Jours  ont  traité  la  jurisprudence  avec  qu'elle  fourmille,  à  chaque  page,  d'er- 
nn  esprit  cultivé  par  l'usage  des  belles-  reurs  grossières  dans  les  noms-pro- 
lettres.  Enfin  le  peuple  est  composé  près  et  les  litres  des  livres  :  d'ailleurs 
des  Accurse,  des  Bariole,  et  de  lous  les  l'abbé  Dinouart  s'est  permis  d'élaguer, 
jurisconsultes  qui  ont  porté  dans  la  en   plusieurs  endroits,  l'ouvrage   de 
science  du  droit  un  esprit  de  subtilité  Gennaro,  sans  donner  d'autre  motif 
et  d'argutie ,  ou  n'ont  discuté  que  des  de  ces  mutilations  que  son  propre  juge- 
questions  futiles  et  lidicules.  C'est  dans  ment,  dont  la  sagacité  n'était  pas  assez 
celle    île  que    Gennaro    se   suppose  reconnue  pour   légitimer  de  pareilles 
transportéavec  quelques  compagnons,  licences.   Heureusement,    la   Iraduc- 
Au  moment  oîi  il  y  aborde,  Ulpien  et  tiondu  poème  sur  la  loi  des  douze  Ta- 
Papinien  sont  consuls  ,  Cujas  est  pré-  bîes  n'est  point  de  lui;  elle  eat  due  à 
teur  ,  Caton  et    Irncrius  censeurs  ,  Drouol,   docteur  agrégé,   et  c'est  ce 
ServiusSulpicius  préside  le  sénat,  etc.  qu'il  y  a  de  mieux   dansée  volujne. 
On  voit  tout  ce  que  ce  cadre  offre  de  Gennaros'occupaensuited'uuouvrage 
piquant,  et  quelles  ressources  il  pré-  d'une  utilité  plus  générale;  et  il  fit  pa- 
sente  pour  faire  passer  en  revue  les  raîlre  à  JNaples  ,  en  1^44 1  i"-4"''  ^'" 
plus  célèbres  jurisconsultes  ,  tl  leur  iTixïXé  Délie  viz'wse  manière  dtl  di- 
<lislribner  selon  leur  mérite  la  louange  fenderle  cause  nel  foro.  Cet  ouvrage, 
ou  le   blâme.  Gennaro  s'est  acquitté  dédié  au  pape  Benoit  XIV,  assure  à 
de  cette  double  tache  avec  autant  de  Gennaro   la   reconnaissance  de   tous 
goût  que  d'imp.irlialité  ;  et  il  a  su  ré-  ceux  qui  se  destinent  à  la  carrière  épi- 
pandre  sur   une  matière  aussi  aride  neuse  du  barreau.  C'est  un  recueil  des 
yssez  d'agrément  pour  que  son  ouvrage  préceptes  les  plus  importants  sur  les 
se  f.jisse  lire  avec  beaucoup  de  plaisir,  défaulsque  doit  éviterTavocal:  l'auteur 
Aussi  le  succès  en  fut-il  complet: le  sa-  parle  d'abord  des  éludes  qui  lui  cou- 
vant Frédéric-Oihori  Meneken  en  pu-  viennent;  ilexamineensuilelesccuoiîs 
bii.i  à  Leipzig,  en  l'jJJ,  une  nouvelle  sur  lesquels  il  lui  est  f<<cile  de  scImn- 
<'di'iun  in-B'.,  avec  une  préficect  une  .<cr  entraîner  même  magré  lui ,  et  it 
dédicace    à    Gennaro  lui-même.  Les  les  parcouit  successivement.  Pirlout 
é  iilionssesonlnmllipliéesdepuiseette  le    précepte  evt    suivi    de   l'exemple, 
époque;  mais  il  faut  prélércr  celle  de  Le  style  de  Gennaro  est  toujours  pur 
tapies,  175-1,  in  -  4"'.  -î  caus»>  des  et  élégant;  ses  réflexions  tfl  ses  pré- 
uotiees  biographiques  qui  se  trouvent  repies  sont  dég  igés  de  ce  ton  dogma- 


, 


GEN 

iHiiie  et  .srutrnciciix  dont  les  oiivrap;cs 
de  ce  |;rni  ('  n'ciirreDl  que  trop  (i'cxciii- 
])!c.s  :  p.iitoiit  «»ii  iccoiiiMit  t.i  tr.KC 
tl'mi  Ik)ii  rspnl  tl  d  un  is|)nl  ccl  lirc. 
j /oiivi'Hj^*' ,  accojnjKic;iic  (1*11110  pre- 
f.icc  de  ù'tiifcnr,  .1.  A.  Scigic,  .ivor.il  à 
Naplos,  inontau  lort  ciujciix,  ol  finis 
leqml  t)ii  trouve  une  lii^^toire  de  l'élo- 
quence du  b.M  rcnu  eiu7.  les  peuples  .tu- 
ciens  el  modernes,  est  précède  d'une 
iulroduetiou  dans  latpulle  Genuaro 
traite  de  Ttiri^ine  cl  di.s  progrès  de  la 
profession  (i'ivocai.  Gc  livre  a  cle 
traduit  en  français  ,  sons  le  litre  :  de 
VAmi  du  harreau^  pai  H(  ycr-Duval, 
Orléans,  i -^S^  ,  iu- i-.i.  Ou  a  encore 
de  Gcnnaro  :  1.  Ftriœ  aututnnales 
post  rediLmii  à  reonblicd  jnrii'Con- 
5«Z/t)r////i,  Naples,  175*2,  in  8  .  G<'.st 
en  quelque  sorte  une  suite  de  la  Rc- 
publique  des  jurisconsultes  ;  l'auteur 
8U()pose  qu'au  retour  de  cette  île,  les 
voyigcurs  passent  ensemble  les  va- 
cances d'automne  à  uiscnter,  dans  des 
dialogues  (à  la  manière  de  ceux  de  Ci- 
ceron  dans  ses  livres  de  philosophie 
et  de  rhétorique  ),  le  litre  au  Digeste 
De  rei^ulis  jiiris ,  que  l'un  d'eux  tra- 
duit même  tout  entiei-  en  vers  laîins. 
Cette  traduction  est  écrite  avec  une 
facilite  et  une  e^ogince  dont  on  croi- 
rait dilllciiement  qu'une  p  ireille  ma- 
tière tût  susceptible.  Voici  un  exemple 
de  la  loi  i  ^. 

Re£;ula  rem  bre\itcr  narrât  •  non  nascitur  ex  Lac 

Jus  ;  c  jain  iiato  rrj;ula  jure  venit. 
Hxc  qn«p<lam  est  causa*  c^>iijrctii>  ,  test>'  Sabino  ; 

Irrita  ,  jiinLe  allqiià  si  viliclur  ,  crit. 

La  même  enlrcpiise  avait  e'te  dcj.à 
tenlce,  mais  sans  aucun  succès  ,  par 
Jerôaie  E  eni  ,  et  d'autres  auteurs. 
(  f^or.  J,  Girard.)  11.  Oralio  de  jure 
Jeudaii ^  Naples,  i;55,  in-.V*;  «''est 
i'iiitroduclion  au  cours  de  droit  féo- 
dal que  Gennaro  fut  charge  de  pro- 
fesser :  Puttmann  l'a  lait  réimprimer 
à  la  suite  de  sa  dissertation  De  J'eudo 
fiduciario  ,  Leipzig  ,    1777»   i'A-^°' 


GEN  83 

III.  Opcre  dwerse  y  N^aples  ,  17^7, 
in-8  .   Il  n'a    paru    que    «e  volume; 
il    eonlicnl    une    fraducfioo    eu    vers 
italiens  par  Gcnnaro  Jui-Uième  de  son 
poème  sur  la  loi  des  d(*nz'.,  T  blés, 
el  plusieurs  nu-moires  sur  la  |»oliiique 
de  rancieune  jurisprudence  rom  »ine. 
fj'editeur,  J.  A.  Seigio,  a  nus  à  la 
(in  de  ce  vo  unie  un  ehoix  de  letties 
écrites  a  Gennaro  par  les  personnages 
et  les  savants  les   plus  distingues  de 
l'Kurope,    tels  (pn    Benoît  XiV,    le 
cardinal  Quirini,  Muratori ,  Sl'uvius, 
Heineccius,  Faeeiolali,  Lami,Gori, 
^^cipiou  IVIaftei ,  Vnlj)i,etc.:  ces  lettres 
dénot'  ni  la  profonde  estime  qu'ils  fu' 
saient  de  ses  talents.  \^  .EpistolaJ.A. 
de  Januario ad  Da/i. Felienbergmmy 
jNapIcs,  1759.  Felienberg,  juriscon- 
sulte suisse,  se  pro{'Osait  de  publier 
une  collection  d'opuscules  sur  la  juris- 
prudence ancienne  :  avant  d'exécuter 
ce  projet,  il  le  soumit  à  Gennaro,  et 
sollicita  de  hii   une  lettre  qu'il   pût 
mettre  à  la  tèie  de  son  recueil.  C'est 
ce   morceau  qui   lui  fut  envoyé  par 
Gennaro ,   et  qu'il   plaça  en  effet  en 
têlc  du  premier  volume  de  sa  collec- 
tion, publiée  à  B.  rne  en   «760.  sous 
le  titre  de  Jurispnidenlia  antiqua  , 
2  vol.  in-4"^.  \f^oy.  Jordens.  )  Celte 
lettre  fut  la  dernière  producfion   de 
Gennaio  :  sa  santé' aft'ublie  par  l'txcès 
du  travail  l'.iVait  oblige  de  se  retirer  à 
unecarapagUi  aux  environs  dr  N  <ples; 
ce  fut  là  qu'il  mourut,  le  8  septembre 
1761,  à  peine  âgé  de  soixante  ans.  La 
collection  de  ses  œuvres  a  cte  im  iri- 
raèe  avec  luxe  en  4  vol.  in  8'".  a  Na» 
pies,  en   176'^,  aux  frais  et  par  les 
soins  de  Domini pie  Tories  ,  qui  v  a 
ajoute    iiue   picficc.   Le  \'\  volume 
renferme   la    République  des  juris- 
consulte^, le  2''.  le-  Ferip  autiuuna- 
les,  le  5  .  les  poésies  liiines  tt  ita- 
liennes (pii  avaient  déjà  e'ic  pre'ce'dem- 
meiit  recueillies  par  Scrgio ,  sous  le 

6.. 


«4  G  E  N 

titre  de  Latina  carmina ,  N;)p!es, 
i'j4'^  )  in- 4°'  0"  trouve  aus^i  dans  ce 
volume,  Oratio  de  jurefeudali,  et  la 
lettre  à  Felleiibcrg.  Le  4*^^*  volume 
contient  l'ouvrage  sur  le  birreau  avec 
la  préface  de  Sergio  et  quelques  Tes- 
timonia.  Ou  a  place  en  têle  du  pre- 
mier volume  un  bcauporir.iil  dcGen- 
naro ,  et  son  éloge  par  le  marquis 
Salvalor  Spiriti  ;  celle  dernière  pièce 
a  été  réimprimée  avec  dos  notes  dans 
le  recueil  publié  par  Piirimann  sous 
ce  titre  :  Ex  celle  nliiim  aliquot  jnrU- 
consultorum  et  Uueralorwn  vttœ  cli- 
que memorice ,  variis  à  scriptoribus 
exaratcBj  Leipzig,  1 796 ,  in-8". 
P — N — T. 

GENNES(De).  V.  Froger. 

GENNES  (Julien -René -Benja- 
min de),  prêtre  de  l'Oratoire,  naquit 
à  Vitré  en  Bretagne  ,  le  16  juin  1 687. 
11  avait  plusieurs  frères,  dont  deux  se 
firent  jésuites.  11  suivit  une  route  dif- 
férente; et,  ayant  étudié  la  théologie 
à  i'Orntoiîe,  sous  des  maîtres  préve- 
nus en  faveur  des  nouvelles  doctri- 
nes, il  se  déclara  pour  l'appel,  en 
171b,  la  même  année  qu'il  fut  or- 
donné prêtre.  Ayant  été  nommé  pro- 
fesseur de  théologie  h  Saumur,  il  y  fit 
soutenir  une  thèse  que  l'évèque  d'An- 
gers cl  la  faculté  de  théologie  de  cette 
ville  censurèrent.  Forcé  de (piitter  Sau- 
mur après  cet  éclat,  il  fut  envoyé  à 
Troyes,  où  il  ne  montra  pas  un  zèle 
plus  mesuré.  Un  >ermon  véhément  fut 
cause  qu'on  le  lit  |)artir  pour  Nevcrs; 
et  sa  conduite,  a  l'assemblée  de  sa 
congrégation  en  1  7'2(),  lui  attira  un  or- 
dre d'exclusion.  Alors  il  se  jeta  dans  le 
parti  des nuiacles  et  des  convulsions, et 
t-'crivitcn  faveur  de  ces  folies.  Il  com- 
posa entre  autres  la  Lettre  du  10  juin 
i7r)G,  souscrite  par  l'évêque  de  S»'- 
ncz  (So.«neu  ),  contre  les  cn'cttrs 
avancées  dans  quelques  nouveaux 
écrits.  11  cuurail  alors  de  retraite  eu 


GEN 

retraite;  et  il  finit  par  se  cacher  a  Se'* 
mei  ville,  village  du  diocèse  de  Blois, 
où  il  vivait  en  laïc,  ne  disant  pa&  la 
messe,  et  passant  même  plusieurs  an- 
nées sans  faire  ses  pâques  ,  le  tout,  à 
ce  qu'il  croyait,  par  piété.  Ce  fut  là 
qu'il  composa  un  recueil  en  faveur 
d'un  miracle  opéré,  disait-on,  dans 
le  voisinage,  et  un  autre  écrit  intitu- 
lé, Réclamation  des  défenseurs  lé- 
gitimes des  convulsions  et  des  se- 
cours; écrit  plein  d'illusions,  et  jugé 
tel  même  par  un  grand  nombre  d'ap- 
pelants. De  Gennes  mourut  dans  l'obs- 
curité, à  Séinerville,  le  18  juin  1748. 
On  dit  qu'il  était  instruit  dans  la  théo- 
logie: mais  une  imagination  excessi- 
vement exaltée  l'entraîna  dans  les 
plus  tristes  écarts;  et  l'on  peut  même 
douter  que  sa  tète  fût  fort  saine.  — 
Un  P.  DE  Gennes,  son  frère,  qui  était 
jésuite,  professa  long-temps  la  théo- 
logie à  Caen,  et  se  montra  fort  oppo- 
sé au  jansénisme.  11  dénonça  à  l'évêque 
de  Bciïcux  l'enseignement  des  profes- 
seurs de  Caen  ,  et  passa  pour  l'auteur 
d'une  brochure  publiée  en  1 757 ,  sous 
ce  litre  :  Le  jansénisme  dévoilé. 

P C T. 

GENNES  (Pierre  de),  avocat  au 
parlement  de  Paris ,  est  mort  en 
1759.  Ou  chercherait  vainemeut 
dans  ses  Mémoires  de  ces  traits  bril- 
lants et  pathétiques,  qui  frappent  l'i- 
magination ,  et  laissent  dans  le  cœur 
des  imj)r(Ssions  profondes.  Mais  si 
Pi(  rre  de  Gennes  ne  saurait  être 
compté  au  premier  rang  parmi 
les  orateurs  du  bureau  français,  la 
sagesse  de  SCS  conceptions  et  la  nette- 
lé  de  ses  idées  lui  assurent,  dans  le 
second  ,  une  place  honurable.il  était 
en  elUl  doué  de  la  pénétration  néces- 
saire pour  bien  saisir  tous  les  points 
d'une  ailaire  ,  et  possédait  surtout  l'art 
plus  iiécessaire  encore,  de  les  présen- 
ter sous  un  jour  avantageux.  Sa  die- 


CEN 

lion,  souvent  neç;lif;ce,  rst  quelque- 
fois trop  l;unilicrc.  C'est  l'unique  re- 
|)rorlic  qu'on  [)iiisse  lairc  à  son  slyle, 
eu  ^curi.il  l'.jrile,  unturci,  et  lonjoius 
auntoî:;ue  au  sujrt  (ju'il  traite.  vScs 
Mnnoirrs  Ic^  plus  lutcrossants  sont 
ceux  (ju'ila  publics  pour  M  thé  de  la 
Bourdonnais  j  l*.'ins,  i^^o,  i  vol. 
in-4". ,  5  vol.  iu-  1  2,  et  fwitr  Pupleix, 
contre  la  cotnpaa^nie  des  Indes ,  Pa- 
ris ,  1759,  iu-/|".  Les  autres  sont  : 
1.  Four  kiinglin ,  préleur  de  Slras- 
hourg ,  in-t'ol.elin-ri,  Paris  et  Gre- 
noble ,  1  755.  II.  Pour  le  prince  hé- 
réditaire landu^rnve  de  H  esse- 
Dannstadt,  contre  les  représen- 
tants de  la  comtesse  de  Nassau , 
Paris,  inSn,  in-4".  lïl.  Pour  le 
premier  chirurgien  du  roi,  contre 
les  frères  de  la  Charité,  Paris, 
1757,  in-4".  N — E. 

GEINNETÉ,  physicien  -  fumiste 
du  dix  -  buitième  siècle,  prenait  le 
titre  de  premier  physicien  et  rae'ca- 
niste  de  S.  M.  l'einnercur  d'Alleraa- 
gue,  et  se  fit  connaître  par  des  in- 
ventions utiles,  ainsi  que  par  divers 
ouvrages.  Il  s'était  proposé  de  résou- 
dre le  problème  d'une  cheminée  qui 
ne  fumât  poiijt;  recherche  d'autant 
plus  importante  à  l'époque  où  il  écri- 
vait, que  toutes  étaient  plus  ou  moins 
affectées  de  ce  vice ,  quoiqu'on  eût 
déjà  fait  quelques  tentatives  pour  y 
remédier.  (  Foy,  Gauger.  )  Genneté 
n'oublia  rien  pour  parvenir  à  un  per- 
fectionnement. Il  fit  un  grand  nom- 
bre d'expériences,  et  alla,  jusque  dans 
les  liouiilères  du  pays  de  Liège  ,  étu- 
dier le  mécanisme  de  la  circulation 
de  l'air,  relativement  à  ses  vues.  Il  ne 
lui  suffit  pas  de  pourvoir  aux  moyens 
d'empêcher  la  fumée;  il  voulut  don- 
ner à  ses  cheminées  d'autres  avanta- 
ç;es,  comme  celui  de  pouvoir  étouf- 
fer le  feu,  quand  il  y  prend,  de  l'y 
allumer  promptcmcnt^  de  conserver 


GEN  iS 

la  chaleur,  etc.  Quand  il  crut  avoir  as- 
sez vu  et  observé,  il  présenta  à  l'aca- 
démie l'fxposé  (le  ses  moyens.  Elle  y 
appl.uulit ,  et  jii<;(M  qu'on  pouvait  eu 
espérer   du  sucrés  :  on  sait  que,  de- 
puis ,  beaucoup   de  travaux  ont  été 
fûts  avec  plus  ou  moins  de  rciussite, 
pour    obtenir    une    amélioration    de 
conslruelion ,  sous  le  r.ipport  non  seu- 
lement de  la  fumée,  m-iis  encore  de 
l'économie  du  combustible.  On  a  de 
Genneté  :  I.  Cahier  présenté  à  MM. 
de  V Académie  des  sciences  de  Pa- 
ris ,  sur  la  construction  et  les  e/Jets 
d^une  nouvelle  cheminée,  qui  ga- 
rantit de  la  fumée,  Paris,  1759,  in- 
8°.  11  y  en  eut  une  2'".  édit.  sous  le  ti- 
tre de  Nouv.  construction  de  chemi- 
nées ,  qui  garantit  du  feu  et  de  la 
fumée ,  à  l'épreuve  du  vent,  de  la 
pluie  et  des  autres  causes  qui  font 
fumer  les  cheminées ,  Paris,  Jorn- 
bert,  i7Go,in-r2;  et  une  troisième 
édition  en  1764-  II.  Expériences  sur 
le  cours  des  fleuves ,  1760,  in-8'\ 
III.   Purification  de  l'air  croupis^ 
saut  dans  les  hôpitaux ,  les  prisons  , 
et  les   vaisseaux   de   mer,  Nanci , 
1  767,  in-8\  IV.  Manuel  des  labou- 
reurs ,    réduisant    à    quatre   chefs 
principaux  ce  quily  a  d'essentiel  ce 
la  culture  des  champs ,  ib.,  1 761;  il 
a  eu  plusieurs  éditions.  V./^o/î«  de  bois  ■ 
de  charpente  horizontal,  sans  piles, 
ni  chevalets,  ni  autre  appui  que  ses 
deux  culées^  etc.^  1770,  in-8''.  Vf. 
Connaissance  des  veines  de  houille 
et  de  charbon  de  terre  ,  et  leur  ex- 
ploitation dans  la  mine  qui  les  con- 
tient, Nanci,   1774,  iu-8'.  Genneté 
avait  élé  à  portée  d'étudier  ces  tra- 
vaux ,    lorsqu'en    1744   i'   était  allé 
visiter  les  houillères  de  Liège.  Yll. 
Origine  des  fontaines,  et  de  là, 
des  ruisseaux ,  des  rivières  et  des 
fleuves,lS.'\uc\,  1774,  in-H".  L — y. 
GEt^OUILLAG.  -Toj.  GALIOT. 


S6         ^        G  E  N 

GÉNOVESI  (Antoine),  un  des 
philosophes  italifns  les  plus  disliii- 
guéb ,  naquit  le  i  "^  iiovem!>re  i  7  i  '2 , 
à  Casligîione,  près  Je  Saicrne,  dms 
le  ruyauuie  de  Naples.  Dès  ^o^  pre- 
mier âge,  il  annoiiç-i  beaucoup  d'es- 
prit et  des  talents  extraordinaires: 
après  rinsiruction  préliminaire  ,tci!e 
que  son  village  put  la  lui  fuurnir,  il 
fut  oblige'  par  son  père  de  se  livrer  à 
Tëtude  d.'  la  théologie  scoiastique,  et 
de  se  consacrera  l'ctat  ecclésiastique. 
En  peu  de  temps,  il  se  fil  remarquer 
parmi  lous  les  autres  dans  retle  prati- 
que de  l'argumentation,  qu'on  piend 
trop  souvent  dans  les  c'coles  pour  l'art 
du  raisonnement  j  cependant  s'éîant 
épris  d'une  jeun^  personne,  il  se  pro- 
posait de  lui  sacrifier  tout  son  savoir 
ihéologique  et  les  projets  de  son  père. 
Celui-ci,  s'en  é'tnl  aper^^u ,  le  re- 
légua dans  u))  village,  où  il  trouva 
un  prêtre  qui  le  dnigea  nn  peu  mieux 
danssa  carrière.  Excommunié  [)ar  l'ar- 
clievéque  de  G-nz-t,  pour  avoir  joué 
un  rôle  dans  un»;  comédie,  il  retour- 
na à  C-iStighoiic  ;  mais  ayant  trouvé 
sa  miîtiessc  mariée,  il  repnt  la  sou- 
tane, cl  se  fil  prêtre,  à  Salcriie,  eu 
I  "jbG.  Sis  connaissances  et  son  esprit 
lui  méritèrent  la  ]>;  oUction  de  l'arche- 
vêque de  cette  ville,  qui  lui  confia  la 
chaire  d'éloquence  dans  s  ju  .séminaire. 
A  celte  époque,  Génovesi  n'él  lit  qu'un 
lheoI('gi''ii  lie  l'école;  cependant  un 
savant  eciiésiaslique  de  ses  amis  lui 
fit  entrevoir  (pi'au-dclà  de  la  sphère 
bcolastiqiie,  il  y  avait  un  autre  luotde 
plu.  cteiulu,  plus  uiléressaiil ,  plus 
réel.  Génovesi  «ntra  dans  ce  nou- 
veau monde  inlelKclutl  par  la  l  c- 
tnre  de  quelques  romans  :  de  la  il 
s'ch'va  a  l'élmle  de  l'hisfoire,  dévora 
les  Vifs  de  Tiularque ,  chercha  de 
toute"*  parts  des  livres ,  des  jour- 
iiau\  ,  des  lumières  ,  el  ,  passant 
d'une  recherche  a   l'autre ,  se  fraya 


G  EN 

une  roule  nouvelle  parmi  les  opinioni 
et  les  cireurs  :  enfin,  il  connut  Leib- 
nitz  et  Locke.  Dans  l'espoir  de  s'ins- 
truire encore  davantage,  il  se  rendit 
dans  la  capitale  du  rovaume;  et, 
n'ayant  pa^  tous  les  movens  nécessai- 
res pour  s'y  soutenir,  il  prit  le  parti 
d'exercer  la  profession  d'avocat.  iMai>.  il 
ne  put  s'.iccoulumer  à  la  pratique  lasti- 
dieiise  qu'elle  entraîne,  et  sacrifia  bien- 
tôt l'espérance  de  sa  fortune  au  plaisir 
de  ses  méditations  et  de  ses  études. 
Il  se  perlVctionna  dans  la  connais- 
sance de  la  langue  grecque  et  de  plu- 
sieurs langues  vivantes;  il  vit,  il  en- 
tendit tons  les  professeurs  les  plus 
célèbres  de  l'université  de  Naples,  «t 
il  s'aperçut  bientôt  de  l'impeifeetiou 
de  l'enseignement  public.  Malgré  les 
progrès  (juc  U  philosophie  av;nt  f,»its 
alors  dans  l'Europe  civili^ée ,  le 
royaume  de  Naples  se  trouvait  dans 
un  état  presque  rétrograde,  ou  du 
moins  stiitiunuaire.  Il  n'était  pas  dé- 
pourvu d'hommes  a  talents  ;  mais  ils 
manquaient  de  celle  institution  libé- 
rale el  hardie,  qui  s(ule  pouvait  les 
faire  marcher  de  p^ùravec  les  lumiè- 
res européennes.  Génovesi  le  senlit; 
el  il  résolut  d'achever  sa  réforme, 
pour  entreprendre  celle  de  ses  couei- 
tovens.  De  tous  ceux  qui  ont  tenté  d'é- 
claiier  leur  pays,  aucun  n'a  réussi 
j>lus  que  lui  dms  ce  dessein  géné- 
reux. Qu(>iqu'il  exisîat  à  Naples  une 
aneienne  université  que  plusieurs  sa- 
vants et  littérateurs  ont  rendue  eélè- 
bie,  les  élèves  av.iient  l'usage  de  laiic 
leurs  cours  dans  ilesé<"ole>  j>rivécs.Gé- 
novesi,ayaul  conçu  le  dess(  in  d'en  ou- 
vrir une,  se  (ir  nommer  professeur  ex- 
traordinaire de  iné'.iphysicpie  l'uiii- 
versilc,  pour  se  faire  connaîiredu  pu- 
blie. A  pt  iiie  ei:f-il  été  entendu,  iptc 
lous  les  élèves  de  ce  temps  la  acton- 
ruienl  ù  sou  école.  Il  s'était  formé  des 
méthodes  particuhcrcs  daus  toutes  les 


GEN 

f.rcnlli's  qui  con.stidicnt  le  cours  entier 
(If  I.»  pliilosopliic:  SCS  premiers  ess.iis 
J<-  porii'rt'iit  à  donner  en  l.itiii  ses  Elé- 
inents  métap//}  si<jues ,  dont  \v.  I^ 
vulnnie  pamtcn  i -j 'j^,  iri-H**.  ;  et  cn- 
.«^nile  sa  ^r.uidc  J.oi^iqiie  ,  inlilulce  : 
Flcrnentoriim  artis  lo^ico  -  criticœ 
libri  (j'iinqne^  in-8  .,  \']f\'^  Dans  ees 
dei!.\  oiiviagcs,  il  avai» ,  pour  ainsi 
dire,  fondu  et  amal^ime  les  llieoiies 
et  les  principes  de  Baeon ,  de  Des- 
cartes, de  i.eibnitz  et  de  [.ocke;  et, 
comme  \\  avait  .su!)s(ilue  le  doute  phi- 
losophique à  la  croyance  automati- 
que, les  t>l)Seivati'>nsde  la  nature  aux 
spéculations  de  l'école,  la  raison  à 
l'auloritc,  c'en  fut  assez  pour  le  faire 
dénoncer  comme  hérétique,  ou  à\\ 
moins  comme  irrélii^ieux.  Il  eût  été 
sacrifie',  si  rarchevêque  de  Tarente, 
Galiani,  grand-aumonier  du  roi,  et 
grand-maître  de  l'université,  ne  l'eût 
soutenu.  Malgré  celle  proleclion,  Gé- 
iiovesi  eut  de  la  peine  à  être  nomme' 
professeur  ^ éthique  on  de  philosophie 
inoiale:  mais  il  ne  put  réussir  à  se 
faire  nommer  professeur  de  théologie, 
dont  il  ambitionnait  les  honneurs  et 
les  privilèges;  et ,  ce  qui  est  remar- 
quable ,  on  finit  par  l'autoriser  de 
la  part  de  Brancone,  ministre  du  roi, 
à  imprimer  ses  écrits  ihéologiques, 
mais  avec  défense  de  les  professer  en 
chaire.  La  guerre  injuste  et  obstinée 
qu'il  essuya  pour  cet  ouvrage,  le  dé- 
tourna de  cette  carrière  dangereuse, 
cl  le  ramena  dans  cel  e  de  la  philo- 
sophie purement  rationnelle.  Il  conli- 
iiua  donc  à  donner  la  suite  de  ses 
Eléments  métaphysiques  ,([uû  porta 
jusqu'à  5  vol.in-8'.;  nwiis  d  éprouvait 
encore  à  chaque  publication  les  cen- 
sures et  les  conlradielions  des  parti- 
sans de  la  routine  scolastique.  On  dis- 
tinguait parmi  «  nx  le  cardinal  Spi- 
nelli,  archevêque  de  Napies ,  et  un 
aLbc  Magli,  que    Génovesi  couvrit 


G  E  N  87 

de  ri<licule  dans  des  lettres  intitu- 
lées :  Leitcre  ad  un  amico  provin- 
ciale. JMalgré  ces  tracasseries  conti- 
nuelles,  (iénovcsi  obiint  l'approba- 
tion et  l'estime  de  Benoît  XIV,  do 
plusieurs  cardinaux  et  de  tous  les  sa- 
vants (pli  ilorissaient  à  cette  époque  en 
Italie.  ï)c  ce  noml)re  était  Barthélemi 
Iniicri,  Florentin  ,  qui ,  ayant  fait  un 
long  séjour  à  Napies,  aimait  ce  pays 
comme  le  sien  propre.  Cel  homme, 
aussi  distingué  par  ses  qualités  phi- 
lanlropiques  que  par  ses  connaissan- 
ces utih  s,  était  encore  plus  estimable 
par  l'emploi  qu'il  faisait  de  sa  for- 
tune. C'est  à  lui  que  l'Italie  doit  la 
première  chaire  d'économie  politique  j 
il  la  fonda  à  ses  frais,  avec  l'autori- 
sation du  gouvernement,  dans  l'uni- 
versité deNaples,en y  mettant  ces  trois 
conditions  ,  que  les  leçons  fussent  en- 
seignées en  italien;  que  Génovesi  lût 
le  piemicr  professeur  qui  la  remplît; 
et  qu'après  la  mort  de  ce  savant,  au- 
cun religieux  ne  pût  lui  succéder. 
Génovesi  ouvrit  le  cours  de  ses  le- 
çons de  commerce  y  ou  d^économie 
politique  y  le  5  novembre  1754.  Le 
sucées  en  fut  étonnant  :  la  nouveauté 
et  l'intérêt  du  sujet,  la  manière  élo- 
quente et  agréable  du  professeur,  lui 
attirèrent  une  foule  d'auditeurs  ,  et 
imprimèrent  un  grand  mouvement 
aux  esprits  en  Italie;  partout  on  ne 
parlait  que  d'agriculture,  d'économie, 
de  commerce.  Pour  satisfaire  encore 
davantage  l'avidité  du  public,  Géno- 
vesi publia  non  seulement  ses  Le- 
zioni  di  commercio  ,  o  di  economia 
civile  y  en  2  volumes  in-8".,  mais 
aussi,  en  1737,  la  Storia  del  com- 
inercio  délia  Gra?i-Bretagna ,  [i.ir 
Jean  Cary ,  qu'il  avait  fait  traduire  pu- 
Pierre  Génovesi,  son  frère,  3  vo!. 
in-8^.;  et,  en  1764,  !e  Corso  di 
agriciiltura  di  Cosimo  Trinciy  l'un 
et   l'aiilre  ouvrage   enrichis    de   s;s 


83  GEN 

notes  et  de  discours  préliminaires. 
Ses  Ix'çons  de  commerce  sont  in- 
contestablement l'ouvrage  le  plus  in- 
tëres>ant  de  tous  ceux  qu'il  civait 
donnes  jusqu'alors.  Il  est  vr.u  qu'on 
y  trouve  qiulques  imperfections  de 
inethode,  et  même  de  théorie  ;  mais  cet 
ouvrage  contient  des  vérilés  impor- 
tantes en  tout  genre  d'administration 
publique  ,  et  une  bonne  application 
de  l'analyse  à  des  recherches  (jui 
ji'elaient  pas  encore  bien  aprofon- 
dies.  Enfin  c'est  le  premier  livre 
qui,  en  Italie,  et  particulièrement 
dans  le  royaume  de  Naples,  ait  fait 
sentir  l'intérêt  et  le  goût  de  l'écouo- 
inie  politique,  science  que,  dans  ce 
même  royaume,  Antoine  Serra  avait 
en  vain  conçue  et  cxposc'c  dès  l'an 
iGi5,  et  que  Bioggia  avait  ensuite 
appliquée  à  plusieurs  branches  de 
l'administration  publique.  L'heureux 
succès  de  ce  cours  donne  en  italien, 
engagea  Gënovcsi  à  faire  un  code 
complet  de  philosophie  dans  la  même 
langue.  L'usage  était  alors  en  Italie, 
et  surtout  à  Naples ,  d'enseigner  tout 
en  latin  ,  ce  qui  empêchait  l'ins- 
truction de  se  répandre  dans  les 
classes  à  qui  celle  langue  ne  pou- 
vait pas  être  fiinilière;  et  le  peu- 
ple napolitain  avait  besoin  d'instruc- 
tion plus  que  tout  autre.  A  celle  épo- 
que, on  eut  de  Genovesi,  en  italien, 
ses  Medilnzioni  jilosofiche  ,  sur  la 
religion  et  sur  la  morale,  |)iib  lèes  en 
n58,  et  ses  Lettere  accadcmiche  , 
sui-  rutilitc  des  sciences  et  des  arls, 
contre  .I.-J.  Housseau,  publiées  en 
17O4.  Enfin  il  entreprit  de  refondre 
tous  ses  ouvrages  latins,  d'en  amélio- 
rer la  forme,  et  de  leur  donner  une 
tournure  originale  et  plus  inlèies- 
.saute.  iiC  pr(  niier  qu'il  publia,  fut  s,i 
Lo^ica  per  ^U  ^iovaiicUi .  inS'., 
i-jOt),  divisée  en  cinq  parties,  qu'il 
appelait,  cmvndatrice ,  inycntriçc , 


GEN 

giudicatrice ,  ragionatrice  et  ordo- 
natrice. Celle  logique  laisse  quelque 
choie  à  désirer,  pour  ce  qui  regarde 
la  génération  et  le  mécanisme  des  idées; 
mais,  en  général,  on  y  trouve  beau- 
coup d'esprit  et  de  hardiesse,  et  sou- 
vent l'auteur  lance  des  éclairs  qui, 
quoique  rapides,  font  apercevoir  l'é- 
paisseur des  ténèbres  dont  le  vulgaire 
des  hommes  était  encore  enveloppé. 
On  a  fait  plusieurs  éditions  de  ce  petit 
ouvrage:  quelques-unes  sont  corrigées 
et  augmentées  parl'auteur  même;  mais 
il  y  en  a  d'autres  dans  lesquelles  les 
passages  les  plus  hardis  ont  été  retran- 
chés. On  doit  surtout  remarquer  le 
chapitre  où  l'auteur  enseigne  à  juger 
d'après  le  fait  et  le  droit ,  et  le  der- 
nier ,  qui  contient  ses  Considéra- 
tions sur  les  sciences  et  les  arts.  Dans 
\a  même  année,  il  publia  un  Traltato 
di  Scienze  metafisiche ,  en  i  volume 
in-8°. ,  divisé  en  trois  parties  :  dans 
la  première,  il  donne  un  essai  de  la 
cosmologie  ;  dans  la  seconde,  de  la 
théologie  j  mais  en  philosophe  chré- 
tien ,  et  non  pas  en  théologien  sco- 
lastiquc;  et,  dans  la  troisième,  il  ex- 
pose les  vrais  principes  de[' anthro/jo- 
logie,  ou  de  la  mécanique  physique 
et  morale  de  l'homme.  11  s'était  bien 
convaincu  du  vide  et  de  la  futilité  des 
livres  des  métaj)hysiciens;  et  il  s'était 
presque  moqué  de  lui-même  dans 
quelques-unes  de  ses  lettres,  en  se 
rappelant  les  cinq  volumes  de  ics 
Eléments  métaphysiques.  Ainsi ,  ré- 
duisanl  en  |)eu  de  pages  ce  qu'il  y 
avait  de  mieux  dans  ses  écrits  précé- 
dents ,  et  y  ajoutant  ce  qu'il  y  avait 
omis  de  bon  ,  il  indiqua  qu'on  devait 
mépriser  tout  le  reste.  Enlin  on  im- 
prima,  en  17G7,  b  JJiceosina  y  ou 
la  scieme  des  droits  et  des  devoiis 
de  rhuuime,  (pie  raiitriir  n'eut  pas 
le  tnnps  d'.ichever.  Dans  tous  ses 
ouvitiges ,    tt    priucipalciucut    dans 


GEN  GEN                   Sç) 

t>çs  .  Méditations    cl   ses  Lettres,  il  dans  un  style  prescjnc  pocliqnc;  c'est 
règne    nnc  cspiTc  d'allortalion   d.ins  «e  (jni  caractérise  p.èrticulièrcracnt  cet 
le    -slvlc  ,  (jui    nn)ntit'   que,    ({uoi(|ii('  liomnic  illnslrc  ,  cl  ce  (jni  lui  donnait 
railleur    eût    In    i)('auconp    de   livr(;,s  anlanl  d'empire  snr  l'iniip^ination  (pie 
toscans,    il    n'avail  pas    acquis  cette  snrlejui;cmentdesesdiseiples.Coniine 
faeilile  (pii  cache  tont  efï()il  de  l'art.  Pyllia^ore  l'avait  ele  dans  l-t  'grande 
Gi'pcndanl  on  y  trouve  bien  ex[»osc's  Grèce,  il  lui  l'inslilnlenr  de  tout  le 
les    systèmes    et  les  idées  des  plus  royaume  de  Naples.  On  peut  dire  (pie 
cclèhres  plii'osoplies,  et  particulière-  tont  ce  que  la  philosophie  et  la  poli- 
ment dcLcibnit/,  et  de  \  ico,  qu'il  es-  tique  ont  produit  de  mieux  après  lui 
tiniait  beaucoup;  on  y  trouve  aussiles  dans  cette  partie  de  l'Italie,  est  dû  à 
plus  grands  j)rincipes  de  la  morale  so-  rinfluencc  de  son  école.  Enfin  ce  philo- 
ciale,  et  surtout  de  l'amour  le  plus  su-  sophe,  chéri  et  respecté  de  ses  conci- 
blime  de  !a  patrie.  Après  tant  de  tra-  toycns  et  des  étrangers,  partageant 
vaux  utiles,  Gcnovesi   était   devenu  ses  dernières  heures  entre   les  doux 
respectable  pour  ceux-mêmes  qui  ne  entretiens  de  ses  amis  et  la  lecture  du 
l'aimaient  pas.  Lorsqu'après  la  sup-  Phédon  de  Platon,  succomba  à  une 
pression  des  ]e>uites,  il  fut  question  attaque  d'bydropisie,  le  3'2  scptem- 
de  les  remplacer  pour  l'enseignement  brei-^Gj),  âgé  d'environ   cinquante- 
public,  le  gouvernement  consulta  Gé-  sept  ans.  La  nature  lui  avait  donné 
novesij   le  philosophe  conseilla    de  une  haute  taille,  une  très  belle  figure, 
remplacer  les  chaires  scolastiques  par  une  santé  robuste,  et  des   manières 
des  écoles  de  mathématiques,  de  phy-  pleines  de  décence  et  d'aménité.  J.- 
sique,  d'histoire ,  et  il  en  proposa  une  M.  Galanti ,  l'un  de  ses  élèves  les  plus 
pour  Texphcation  des  O/j'icej  de  Ciré-  distingués,  lui  a  consacré  un  Éloge 
ron.  Dès  le  commencement  de  l 'jôS,  il  historique   très  étendu,    dont   nous 
s'était  aperçu  d'une  maladie  organique  avons  fait  usage  dans  cet  article.  S-i. 
du   cœur,  qui    s'annonçait   chez  lui  GENSEBIG,  roi  des  Vandales^  en. 
par  des  battements  extraordinaires  de  Espagne,  né  à  Séville  en  ^06-,  suc- 
ce   viscère;  mais   il   ne  cessa   jamais  céda  à  son  frère  Gonderic,  quoiqu'il 
d'enseigner  et    d'écrire   jusqu'à    son  fut  petit  et  boiteux,  et  que  son  frère 
dernier  jour  :  avant  de  mourir,  il  cul  tût  des  enfants.  Mais  il  avait  acquis 
la  douce  satisfaction  de  voir  iui-mê-  une  grande  autorité  sur  les  soldats, 
me  tout  le  succès  de  ses  travaux.  De-  et  il  s'était  fiit,  dès  son  jeune  âge, 
puis  Télesio  et  Campanella ,  aucune  une  réputation  de  haute  valeur;  ce 
école   n'avait  eu   à  Naples    plus    de  qui  est  la  première  de  toutes  les  qua- 
crédit  et  de  célébrité  que  celle  de  liiés  aux  yeux  des   barbares.  Boni- 
Génovesi.  Des   élèves,  des  savants,  face,    gouverneur  d'Afrique,  et  qui 
des  personnages  illustres,  tels  que  le  voulait   s'y   rendre    indépendant   de 
prince   de  Brunswick,  l'archevêque  Rome,  invita  Genseric  à  quitter  son 
Galiani   et    plusieurs    autres,    s'cm-  établissement    précaire     d'Espagne, 
pressaient  d'écouter   ses   leçons  ;  et ,  pour  venir  en  fonder  un  plus  riche  et 
lorsqu'on  l'avait  entendu  ,  on  ne  pou-  plus  étendu  dans  les  belles  contrées 
vait  se  dispenser  d'adopter  ses  idées  qu'il  gouvernait,  et  qu'il  avait  l'inten- 
et    de   suivre    ses   maximes.    11   ev-  tion  de  soustraire  au  joug  des  Ro- 
posait  les  choses  les  plus  abstraites  mains.  Le  roi  des  Vandales  y  con- 
de  la  manièic  la  plus  agréable;,  et  sentit  avec  joie,  rassembla  sa  peu- 


90  G  E  N 

platîe ,  composée  d'environ  quatre- 
vingt  raille  aines,  passa  le  détroit 
sur  les  vaisseaux  que  IJoniface  lui 
avait  envoyés,  déb  »rqua  dans  le  mois 
de  mai  4 '-8,  et  prit  possession  des 
trois  Mauritanics ,  qui,  eu  verlii  de 
Talliance  qu'il  venait  de  contracter, 
lui  furent  cédées  en  toute  propriété. 
La  paix  ne  régna  pas  long- temps 
entre  un  rebelie  et  un  barbue  ,  qui 
avaient  eu  d'abord  d(  s  intérêts  com- 
muns à  défendre,  mais  qui,  dans 
leur  ambition,  manifestèrent  bientôt 
des  vues  difi'ércntcs.  Boniface,  trom- 
pé dmsla  sienne,  se  réconcilia  avec 
rempereiir ,  et  promit  de  réparer 
le  mal  qu'il  avait  ftiit.  Il  ofiiit  à 
Genseric  les  moyens  de  conquérir 
toute  rtspigne;  mais  celui-ci,  aussi  ru 
vséque  son  ancien  complice,  luisigni- 
fia  qu'il  conserverait  par  la  force  ce 
qu'il  tenait  de  la  traliison.  La  ç;uerrc 
éclata  aussitôt,  cl  fut  affreuse.  Gense- 
ric ,  naturellement  féroce ,  et  de  plus 
offensé,  entra  dans  les  province^  ro- 
maines, et  y  mit  tout  à  feu  et  à  sang. 
Ses  soldats  ,  Arieus  comme  lui ,  bais- 
saient mortellement  les  catholiques, 
et  Joignaient  les  tourments  aux  mis- 
sacres.  La  plus  riante  contrée  de  l'u- 
nivers ,  la  plus  fertile  et  la  |)lus  peu- 
plée ,  ne  fut  bientôt  plus  qu'un  désert. 
ÎN'i  le  rang,  ni  la  riaissance,  ni  l'âge, 
ni  le  sexe,  neliouvcrent  grâce  auprès 
de  ces  cœurs  impitoyables.  Ils  (har- 
geaient  de  fardeaux  énormes  les  fe/n- 
mcs  les  plus  délicates  ,  et  les  furç  licnt 
démarchera  coups  de  fouet  ou  d'ai- 
guillon* ils  arrachaient  les  enfants 
des  bras  de  leurs  mères ,  pour  les 
écraser  sous  leurs  ])ieds.  Mais  il  est 
permis  de  croire  qu'il  y  a  de  l'cxigé- 
ralion  dans  ces  récits,  qui  tous  nous 
ont  élc'  transmis  par  des  cithoiicpies  , 
SI  cruellement  traites  par  les  Aiicns, 
et  qui  en  ont  conservé  de  longs  ns- 
senliimuts.  (icnscric^  a[)rcs avoir  pil- 


GEN 

lé  et  dévasté  toutes  les  campagnes, 
s'empara  de  toutes  les  vil!es  ,  excepté 
de  Cirlhc,d'Hippone  et  de  Carlhage. 
Boniface,  au  désespoir,  hasarda  une 
bataille  avec  des  forces  très  inférieu- 
r(  s ,  fut  défait ,  et  contraint  de  se  ren- 
fermer dans  Hippone,  ville  forte, 
que  le  vainqueur  assiégea  vainement 
pendant  quatorze  mois.  L'année  sui- 
vante, Boniface  reçut  d'Orient  un 
puissant  secours ,  qui  le  mit  en  état  de 
tenir  la  camp.igne,  et  de  ])iendrc 
l'offensive,  il  attaqua  Genseric,  et  fut 
battu  celle  seconde  fois  plus  romplè- 
tement  encore  que  la  première.  Les 
habitants  d'Hippone,  effr.iyés  de  sa 
défaite,  abandonnèrent  leur  ville  qiuls 
avaient  défc  nduc  .si  vaiPamment  Tan- 
née précédente.  les  Vandales  n'y  en- 
trèrent (jue  pour  y  mettre  le  feu.  Glmî- 
seric  était  cependant  trop  bon  politi- 
que pour  se  laisser  éblouir  par  des 
succès  qu'il  ne  devait  qu'a  la  terreur 
qu'il  inspirait.  11  ne  se  rehisa  point 
aux  offres  de  paix  que  lui  firont  les 
liomaiiis.  Par  le  traité  (pii  fut  signé  le 
Il  févrur43o,  les  Romains  lui  cé- 
daient hi proconsulaire,  à  Texceptiou 
de  Carlhage  et  de  son  territoire;  la  Bf' 
sacène^  et  ce  qu'i' avait  conquis  dans 
la  Numidie  :  à  ces  conditions ,  il  s'en- 
gagea ,  par  serment,  à  ne  rien  entre- 
prendre contre  le  reste  d~C  l'Afrique; 
et,  pour  sîireté  de  sa  puole,  il  don- 
na son  nis  Hunrric  en  otag'*.  Tran- 
quille possesseur  des  plus  belles  œn- 
Irécs  d'Afrique,  Genseric  les  gouver- 
na avec  vigu<Mir  et  >évéiité.  Il  crut 
cdte  se!\ élite  nécessaire  à  sa  propre 
sûreté  et  au  repos  de  ses  états,  que 
menaçuent  de  troubler  à  ch.ique  ins- 
tant les  querelles  religieuses,  si  vi- 
ves et  si  fiéqurnics  dans  ce  malheu- 
reux siè;le.  Mais  il  se  vov-dt  avtc 
peine  privé  de  la  possession  de  Gir- 
thage,  capitale  du  pays  dont  il  était 
le  maître.  Le  traité  ne  put  raricter: 


r.  EN 

il  s'en  cmpai-a  par  surprise,  !o  H)  0( - 
tuhiT  lie  II  iiièiDc  .tniice;  d  r<lt''  cile 
fiiiiciisr  ,  (loiil  l.«  coïKpicle  av.ii!  ci-utc 
Uni  de    sang  ;m\  Hom  iiis,  ri  (pi'ils 
]lo^st'(l.li<'lll  tlcpiiis  5S5   ans,    passa 
sans  (iilîlciillc  an  pouvoir  des  Vandi- 
l(\s.  (icuMi  i(',  en  v  <ii!riinl ,  dc'f.iulit 
Je  massacre  et  le  pdlage;  mais  c'était 
pour  se  re'scrver  à  lui  seul   le  droit  de 
disj)oser  d's  habitants  <t  de  leur  for- 
tune. 11  se  fit  apjîorter  tout  ce  qu'ils 
avaient  d'or,  d'aigert,  de  bijoux,  et  de 
meubles  prceirux;  et,  après  les  avoir 
cnlièreifient  dcpouil'csdctontcecpi'ils 
possédaient,  il  relégua  les  uns  dans  le 
désert ,  et  lit  embarquer  les   autres 
sur   des  vaisseaux   brises  et   prêts  à 
faire  naufrage.  Queltpics-nns  de  ces 
infoi  tuucs  se  jetèrent  a  ses  pieds  pour 
loi  erier  merciï  «  J'ai  résolu,  leur 
lepniidit  il   en    co'ère ,    d'exterminer 
votre  nation  toute  entière.  •»  La  clmle 
de  Cartilage  relcntit  dans  toit  l'uni- 
vers; et  les  débris  de  celle  ville  opu- 
lentecouvrirent  en  quelque  sorte  la  sui- 
facede  i'aneim  monde.  Genseric  avait 
trois  fils,  Huneric,   Genton  et  Theo- 
dorie  ,    auxquels    il    abandonna    les 
meilleures  terres  de  sa  nouvelle  con- 
quête: il  parla<^ea  les  autres  entre  ses 
capitaines.  Ce  futalors  que ,  se  croyant 
invincible  et  supérieur  à  la  fortune  ,  il 
se  laissa  enivrer  d'adulations,  et  prit 
le  litre  de  Eoi  de  la  terre  et  de  la 
mer.  Les   conquérants  qui     veulent 
former    un    établissement    durable, 
songent  ordinairement  à  s'y  fortifier 
et  à  se  mettre  liors  d'insu'.te.  P;<r  une 
politique  toute  contraire  ,  Genseric  fit 
démanteler  tontes  les  villes  d'Afrique, 
de  peur  que  les  Romains,  venatit  à 
prndre  leur  revanche  contre  lui,  ne 
trouvassent  dans  les  p  aces  fortes  des 
boulevaids  contre  sC'»  armées  ,  et  que 
les    peuples ,  mal  aifermis    dans  son 
obéissauce ,  n'y  cherchassent  un  asile 
coiitre   sa   tyrannie.  Celle  conduite , 


c.  1-:  N 


0» 


qui  p  irnt  alors  fort  sage  ,  causa  d.uis 
la  suite  la  ruine  prompte  et  totale  de 
l'empire  des  Vandales.  Aucjnnr  [)lace 
ne  tut  en     étal    d'aiiêter   lielisaire, 
lors(pj'il  descendit  en  Afrique.  Gen- 
seric,  maître  d<;  Cartilage  ,  songea  à 
tirer   parti  du    porl    avantageux    de 
cette  ville  :  il  aeheta  des  vai-^scaux, 
en  construiMl  de    neufs,  enrôla  Aiis 
matelots  étrangers ,  exci  ça  ses  troupes 
aux  opérations  de  la  mer  j  en  un  mot, 
il  créa  eu  ti  es  peu  de  tcmjis  une  ma- 
rine formidable,  et  en  état  déporter 
au-delà  Aas  mers  la  terreur  de  ses  ar- 
mes. Pour  premier  essai  de  ses  forces 
maritimes,  il  fit  une  descente  en  Si- 
cile ,  ravagea  le  pays,  et  assiégea  Pa- 
normo  (  aujourd'hui  Païenne  ).  Une 
cxpédilion    plus    imporîaiite   appela 
bientôt  son  attention  ,  et  combla  ses 
vœux;  voici  à  quelle  occasion.  Maxi- 
me,  raeurtiier  et  snecesscur  de  Va- 
lenlinien  11,  avait  contraint  Eudoxie, 
sa  veuve,  à  l'épouser  :  eel!e-ei,  pour 
se  défdiiedu  tyran  qu'elle  abhorrait, 
ne  craignit  pas  û'avoir  recoiirs  à  Gen- 
seric ,  et  lui  écrivit  pour  le  piier  «  de 
»  venir  la  délivrer  de  l'afljeu^e  cap- 
»  tivilé  dans  laquelle  elle  gémissait , 
»  étant  forcée  de  recevoir  les  embras- 
»  sements  d'un  monstre  encore  souillé 
»  du  sang  de  son  époex.  »   Genseric 
n'hésita  pas,  promit  de  la  délivrer,  se 
mit  en  mer  avec  une  p^'.issaijtc  armée, 
et  vint  débarquer  à  l'emboi;c}iure  du 
Tibre.  Le  lâche  Maxime,  en  appre- 
nant cette  nouvelle,  eut  une  frayeur 
extrême,  abandonna  son  palais,  et  se 
disposait  a  quitter  la  ville,  lorsqu'un 
de  s»  s  propres  s>)ldals,  indigné  de  sa 
lâeheté,   le  peie.i  d'un   coup   d'épéc. 
Trois  jours  aprè.s,  Genseric  entra  dans 
Rome,  qui  ne  lui  opposa  aucune  rcMS- 
tanec.  Le  pape  S.  Léon  alla  au-devant 
de  lui ,  et  eu  obtint  la  promesse  qu'il 
épargnerait  les  l;abilants  et  les  mai- 
sons. Le  pil'ai^e  néanmoins  dura  i4 


9^                  G  E  N  G  E  N 

jours,  et  le  butin  fut  immense.  Tous  servaitpour  punir  et  humilier  les  îiom- 
Ics  trésors  du  palais,  les  meubles  pré-  mes.    Lorsque    les  côtes   d'Occident 
deux,  les  vases  d'or  et  d'argent  des  cessèrcut  d'offrir  un  appât  à  sa  cupi- 
cglises  et  des  particuliers,  les  riches-  dite,  il  porta  ses  vues  et  ses  ravages 
ses  entassées  dans  la  capitale  du  mon-  sur  celles  d'Orient.  Léon ,  qui  régnait 
de,  devinrent  la  proie  des  brigands,  alors  à  Constanfinople,  le  fit  menacer 
Un  de  leurs  vaisseaux  ,  chargé  de  sla-  d'une    vengeance   éclatante,    s'il   ne 
tues  grecques  et  de  vases  antiques,  cessait  ses  pirateries  : —  J'irai   au- 
lut  englouti  dans  la  mer  avec  sa  riche  dei^ant  de  lui,  répondit  le  fier  Van- 
cargaison.  Ils  emportèrent  jusqu'à  la  date;  et,  en  même  temps,  il  envoya 
couverture  du  temple  de  JupiîerCipi-  tous  ses  corsaires  ravager  les  côtes 
tolin  :  elle  était  d'un  cuivre  très  fin,  et  de  la  Thrace,   celles   d'Egypte,  de 
doré  à  une  grande  épaisseur.  Les  dé-  l'Asie    mineure,   et   porter    l'alarme 
pouilles  du  temple  de  Jérusalem,  que  jusque   dans  la   capitale.  Léon,    ir- 
Tilus  avait   lait    conduire  à   Rome,  rite  au  dernier  point  de   tant  d'au- 
furent  transportées  en  Afrique.  Parmi  dace  ,  jura  d'en   punir  l'auteur,  mit 
les  habitants  des  deux  soxcn,  les  Van-  sur  pied  toutes   ses  forces  de   terre 
dales  enlevèrent  ceux  dont  la  jeunesse  et  de  mer,  équipa  une  flotte  de  cent 
ou  l'induslrie  leur  promettaient  plus  tn  ize  galères  ,  qu'il    fit    monter  par 
de  plaisirs  ou  plus  de  profits.  Eudoxie  cent  mille  soldats,  et   dont  il   don- 
clle-meme,  qui  les  avait  appelés  à  son  ua  ,   pour  so!i  malheur,  le  comman- 
secours,  ne  fut  pas  à  l'abri  de  leurs  dément  à  Basilisque,  frère  de  l'impé- 
violences;  elle  fut  emmenée  en  capti-  rafrice.  Un  armement  si  formidable 
\ilé   avec  ses  enfants,   et  lenfernice  devait  écraser  Genseric  ;  il   le  fi!  au 
pendant  plusieurs  années   dans   une  moins  trcmbier.  Au  défaut  de  la  for- 
étroite  prison  à  Carlhage.  Sous  pré-  ce,  celui-ci  appela  la  ruse  et  la  trahi- 
texte  de  réclamer  les  biens  de  Valen-  son  à  son  secotus.  Basilisque  avait  dé- 
tinicn,quM  retenait  contre  le  droit  jà  dcbirqué  une  partie  de  ses  troupes 
des    gens,    Genseric    infestait,  tous  à  Tripoli  ,  et  marchait  sur  Carthage, 
les  ans,  les  côtes  de  Sicile  et  d'Italie,  lorsqu'il  s'arrêta  tout  à  coup,  revint 
Les  prétextes  ne  manquent  jamais  ni  sur  ses  pas  ,  et  accorda  une  suspension 
aux  pirates,  ni  aux  conquérants  pour  d'armes.  C'était  l'effet  des  présents  et 
justifier  leins  con(juétes  et  leur  bri-  des  promesses  de  Gi'nseric.   Pend.uU 
gandage.    La    guerre    et    le    pillage  ce  temps-là ,  le  roi  des  Vandales  fit 
étaient  devenus  le  premier  besoin  de  armer  en  brûlots  tout  ce  qu'il   avait 
celui-ci.  Tous  les  ans  il  s'embaïquait  de  vaisseaux  dans  le  poH  de  Cartha- 
au  printemps,  pour  aller  porter  la  dé-  ge  ,  h  s  fil  conduire  pendant  la  nuit  au 
solation  tantôt  sur  un  rivage  et  tantôt  milieu  de  la  flotte  des  Hom.iins,  qui , 
.sur  un  autre,  brûlant  les  villes,  et  en  peu  d'inslants ,  n'offrit  plus  qu'un 
traînant  les   habitants  en  esclavage,  immense  océan  do  feu  :  dans  le  désor- 
Uu  jour  qu'il  sortait  du  port  de  («ir-  dre   de    l'iucrudie,    Genseric  tomba 
tliage,  le  pilote  lui  ayant  deniiiulé  de  sur  la  partie  de  l'armée  qui  était  dé- 
quel  côté  il  devait  cingler  :  —  Dncô-  barquée,  et  la  tailla  cri  pièces.  Tel  fut 
té  dtts  peuples  (/ue  Dieu  veut  punir,  le  succès  de  la  dernière  expédition  des 
rr'pondit  Genseric,  qui  se  rendit  jus-  Hojuains  contre  lui.  Ni  Léon,  ni  au- 
liec  sans  le  savoir,  en  se  regardant  cuu  autre  empereur  n'osa  plus  l'alla- 
comuic  le  flcau  dont  la  Providence  se  quer.  Zéiiou  ,  (jui  succédai  Léon, 


GEN 

lui  domniid.i  l.i  paix;  elle  fut  sip;aee  en 
47r).Cn'n-»oric  \eVut  rnrore  deux.  ;uis, 

t'i  inoiirm  en  477»  '^'''"*'  '''  '^'J''^'*"'*^'" 
onzième  aiine'e  (le  son  agc  ,  et  la  cin- 
(juaiiti('iin'  de  sou  rc'j:;rie,  comble  de 
l.i  j^luiic  <les  conquérants,  c'esl-à-dirc 
couvert  du  sanc;  des  peuples  ,  et  pour- 
suivi par  la  malédiction  de  ses  con- 
temporains. Ce  lut  sans  doule  le  plus 
grand  prince  de  son  siècle  :  vainqueur 
dans  toutes  les  liatailles  où  il  se  trou- 
va en  personne^  créateur  d'une  ma- 
rine redoutable  ,  maître  de  Culliagc 
cl  de  l'Afrique,  fondateur  d'un  em- 
pire; aussi  terme  dans  le  gouverne- 
ment de  SCS  états  qu'habile  à  troubler 
ceux  de  ses  ennemis ,  mais  crui  1  et  fa- 
rouche, se  complaisant  nu  milieu  des 
pleurs  et  du  sang.  Après  s'être  établi 
par  la  guerre,  il  laissa  son  royaume 
puissamment  aflèrmi  par  la  paix,  et 
mourut,  sinon  sans  remords,  au 
moins  sans  trouble,  au  sein  d'une  fa- 
mille nombreuse  cl  soumise.  Il  n'e'tait 
pas  moins  cruel  chez  lui  que  chez  les 
autres.  S'ctant  imagine  que  sa  bru 
voulait  l'empoisonner  pour  régner  un 
peu  plus  lot,  sans  autre  information,  il 
lui  fit  couper  le  nez  et  les  oreilles  ,  et 
la  renvoya  dans  cet  eiat  au  roi  Théo- 
demer,  son  père.  Le  nom  de  Genseric 
fut  long-temps  un  objet  d'effroi  parmi 
les  peuples  d'Occident;  et  celui  de  sa 
nation  est  encore  aujourd'hui  svno- 
iiyme  de  barbare,  ennemi  des  arts 
el  de  l'humanité.  M'^^''.  Deshoulières  a 
fait  une  tragédie  de  Genseric.  G — s. 
GENSFLEISCH.  Foj.  Guttem- 

BEKG. 

GENSONNÉ  (  Armand),  né  à 
Bordeaux  le  lo  aoiit  1758,  suivit  la 
carrière  du  barreau  dans  sa  patrie  , 
avec  assez  de  succès  ,  se  jeta  dans  la 
révolution  comme  la  plus  grande 
partie  des  jeunes  gens  de  son  âge 
cl  de  son  étal,  et  fut  membre  du  tri- 
bunal de  cassation^  lors   de  la  foa- 


G  E  N  o5 

dation  de  rc  tribunal.  Oiiand  il 
lallut  ensuite  nommer  des  dépu- 
tes à  la  seconde  assemblée  natio- 
nale, Gensonné  obtint  facilement  les 
sunVagcs  de  ses  compatriotes.  Il  for- 
ma, dès  ce  moment,  avec  ses  col- 
lègues Guadcl  et  Vergniaud ,  une 
espèce  de  triumvirat  Bordelais  (  Fqy. 
GuADET  et  Vergniaud  ) ,  connu 
sous  le  nom  de  faction  de  la  Gi- 
ronde ou  des  Girondins:  parti  mal- 
heureux, qui,  après  avoir  été  la  prin- 
cipale cause  de  Tentière  destruction 
de  la  monarchie  ,  devait  périr  bien- 
lot  lui-même  de  la  manière  la  plus 
déplorable.  La  population  de  JJor- 
deaux  qui ,  au  moment  où  nous  écri- 
vons ,  montre  tant  d'attachement  au 
gouvernement  monarchique  sous  ses 
rois  légitimes ,  manifestait  alors  des 
idées  très  voisines  du  système  répu- 
blicain. Forts  de  cet  assentiment,  ces 
députés ,  ou  du  moins  les  trois  per- 
sonnages que  nous  venons  de  nommer, 
et  auxquels  il  faut  joindre  un  autre  de 
leurs  collègues,  nommé  Grangeneuve, 
firent  serment  d'établir  ce  système, 
et  prouvèrent,  par  leur  conduite, 
qu'ils  voulaient  y  être  fidèles.  Le  com- 
merce des  Colonies,  et  particulière- 
ment de  Saint-Domingue ,  faisait  la 
prospérité  de  Bordeaux.  Avant  d'être 
député,  Gensonné  avait  adressé  à 
l'assemblée  constituante,  au  nom  des 
Bordelais  ,  un  facium  ,  dans  lequel 
il  prétendait  prouver  que  l'indépen- 
dance des  hommes  de  couleur  ne 
pouvait  qu'être  favorable  aux  Co- 
lonies. Cette  opinion  qu'on  cita  dans 
rassemblée  constiluanle  ,  lorsqu'elle 
s'occupait  de  leur  sort,  contribiiii 
beaucoup  aux  déterminations  funes- 
tes qu'elle  prit  sur  cet  objet  im- 
portant. Avant  d'entrer  dans  l'as- 
semblée législative ,  Gensonné  avait, 
en  exécution  d'un  décret  de  l'assem- 
blée couslituanto ,  été  envoyé  dans  les 


9i  G  EN 

clep.iilemciils  de  l'Ouest ,  pour  voir 
quel  était  l'esprit  des  habilanls,  rciali- 
veinrnt  a  la  nouvelle  consii!iition  ci- 
vile du  cierge.  Il  lit  son  rapport  à  ras- 
semblée législative  ,  dans  les  premiers 
jours  de  son  installation  ,  et  déclara 
que  presque  personne  ne  reronnais- 
.'iail  les  prêtres  qui  avaient  prête'  ser- 
ment à  cette  constitution,  en  f  isnnt 
sentir  qu'il  ser.iit  impossible  <.le  la 
faire  adopter.  Malgré  cette  déclaration, 
Gensonné  prit  part  à  toutes  les  nie- 
.suros  de  rigueur ,  à  tous  les  actes  ly- 
ratir.iqnes  dont  les  prêirts  fidèles  fu- 
rent les  victimes.  11  tut  membre  du  cc- 
mité  diplomatique  que  l'assemblée  lé- 
gislative créa  aussi  dans  son  sein, 
comme  un  do  ses  moyens  pour  ren- 
\'crs{  r  l'autorité  royale ,  et  qui ,  en  ef- 
fet, y  coritnbna  beaucoup.  Ce  df  puté 
discutait  avec  assez  d'art,  et  suivait, 
avec  opiniâtreté  ,  les  opinions  qu'il 
vouliiit  faire  triompber.  Uaiileur  et 
caustique,  il  saisissait  à  propos  les 
moyens  qui  produisent  de  l'elfet  dans 
«ne  grande  assemblée;  et  il  obtint,  de 
cette  manière,  un  certain  ascendant. 
Ce  fut  lui  (jui,  a«i  nom  du  comité  dip!(»- 
malique,  proposa  un  décret  (r.-.ccnsa- 
lion  contre  k"»  d<ux  princes,  frères  du 
Roi ,  le  piii\cc  de  (iOndé,  le  vicomte 
de  Mirabeau  et  le  m;trquis  de  Laqueille. 
Cv.  décret  fut  rendu,  le  i".  janvier 
!']<)'>■  ,  à  l'unanimité  d(  s  voix  :  il  n'y 
rtit  pas  une  seidc  opposition  dir< de. 
Apres  cette  victoire ,  Gensonné ,  d'ac- 
cuid  avec  les  députés  de  son  jiarii , 
r\m  formaient  alors  la  (action  vérita- 
b!(HKnt  répubiu-ainc,  continua  d'a- 
dopter toutes  les  mesures  qui  pou- 
VPJM't  provoquer  à  la  guerre  ,  telles 
que  des  interpellations  à  l'cnipereur 
d'Allemagne,  do  eontiiniellrs  attaques 
contre  les  ministres  du  \\o\  ,  et  sur- 
tout eontie  le  p-atilirpie  Dcless.irt. 
(  F^o^'tz  Brissot.  )  Ce  fut  Gensonné 
qui,  toujours  au  nom  du  comité  di- 


4 

GEN 

plomatique,  présenta,  le  21  avril  179^, 
dans  une  séance  du  soir  ,  le  texte  du 
décret  qui  dc'cl  irait  h  guerre  à  l'em- 
]>eret:r  d'Allrm^gne,  comme  souverfiin 
d'Autriche,  de  Bohème  et  de  Hongrie. 
Cette  résolution  ,  qui  a  é:é  suivie  de 
tant  de  désastres  ,  fut  adoptée  à  la 
presque  unanimité  des  voix  :  sept  dé- 
putés seulement  se  levèrent  contre. 
il  est  remarquable  cependant  que  le 
parti  de  Robespierre  repoussa  la  guer- 
re, et  prit  de  là  occasion  pour  attaquer 
le  parti  des  Girondins,  qui  tuient 
bientôt  à  se  défendre  contre  ces  nou- 
veaux adversaires:  Gensonné,  Gua- 
det  et  Brissot  furent  Us  primiers  en 
butte  aux  traits  de  ce  parti.  Alors  ils 
en)[)lo>èrt^nt  tous  leurs  njoyens  pour 
conserver,  en  leur  f.jveur ,  l'opinion 
populaire;  ils  iinoginèrent  mille  rusrs 
pour  exalter  les  passions  de  la  multi- 
tude. A  peine  la  guene  fut-elle  décla- 
rée qu'ils  s'efToieèrent  île  faire  cioire 
à  l'existence,  à  Paris,  d'un  comité  au- 
trichien ,  dans  lequel  ils  tirent  entrer 
leurs  adversaires,  les  royalistes  de 
toutes  les  couleurs.  Ils  répandirent 
que,  d'accord  avec  la  cour,  ce  comité 
s'occuptit  d'opérer  la  contre-dévolu- 
tion ,  et  de  faire  arriver  l'année  de 
l'empereur  en  France.  G*  n,H»nné  s'en- 
g.igea  à  prouver  la  rétlite  du  projet; 
mais  il  ne  fil  que  répéter  les  ai  ticles  des 
g.izcttcs,  qiu-  Si  s  amis  et  lui  -  même 
avaient  composés.  Il  voulut  fiire  dé- 
créter d'accusation  r^lAî.de  Montmo- 
rin  et  Pjirtr'ind  de  Moleville  ,  miuis- 
tres  du  lloi  ;  mais  il  ne  put  alors  y 
parvenir.  Ajuès  ics  événements  sédi- 
tieux du  •••o  juin  I  "jiy.i ,  il  ail  iqua  vi- 
vement M.  de  la  F.iy  tte,  qui  lieman- 
dail  que  les  auteurs  de  cette  journée 
fussent  punis:  cependant  comme  Gen- 
sonnc  et  son  parti  redoutai,  iil  surtout 
Dinion  et  Hobcspurre  ,  i!s  pi-nsèrent 
un  moment  àse  rapproeln-r  a*'  l.«  coiw, 
et  employèrent,  pour  faire  parvenir 


I 


Icnis  jirojtosliiniis  ,  un  prlntic,  nom- 
nic  l5o/.r,([ui  V  avait  .iccrs.O  tul  (x<'ii- 
soniM-  qui  réilii;oa  le  nieinoiit'  que  ce 
])(Mii(i('  prcM'iii.'!  k  Louis  XVI  ;  unis 
coin  im-,  avant  tout,  les  Girondins  vou- 
i;ii(iil  iloniinrr  ,  leurs  propositions  ne 
furent   point  acceptées  :  alors  ils  se 
réunirent    moni' ntancnicnt  au    parti 
qui<  li<  rrhail.  eoninic  eux,  arcnver.ser 
le  (roue,  d.ins  ôcs  vues diilercntcs ,  et 
qui  y  parvint  <irtelivenirn(.  Aj)r('s  le 
10  août  I7<)'i,  Gensonne  (it  i!(;lerini- 
uer  les  attributions  du  conseil  provi- 
soire ,  substitue  au  gouv»  rnetnent  du 
Roi,  et  parut  alors  un  peu  moins  vio- 
lent. Il  faut  rendre  h  ce  parti  la  justice 
de  dire  que  la   plupart  des  hommes 
qui  le  composaient  auraient  voulu  em- 
pêcher les  atrocités  dont  les  factions  de 
ilobespierre  et  de  Danton  se  rendirent 
coupables,  et  surtout  arracher  le  pou- 
Toir  à  celte   commune   sanguinaire, 
qui  autorisa  tous  les  attentats  ,  ou  plu- 
tôt les  dirigea  elle-même.  Gensonne' 
fit  déclarer  la  nuinicipalite  de  Paris 
responsable  de  la  sûreté'  des  person- 
nes et  des  propriété'» ,  et  rendre  un 
de'cret  qui   détermina  les  rè<ïles  q«ie 
les  atitorites  de  cette  nature  devaient 
suivre,    tant    à   Paris   que  dans    le 
reste  de  la  France  :  m  lis  on   n'y  eut 
aucun  e'i'jard.  Ce  fut  encore  Genson- 
ne qui  fît  arrêter  que  chaque  citoyen 
devait    toujoms   avoir    sur    lui    une 
carie  de  sûreté  y  sous   peine  d'être 
ai  rêle.    Keelu   députe  k  la    Conven- 
tion, |»ar  le  département  de  la  Gi- 
ronde, il  se  déclara  aiors  franchement 
re'pub  icain  ;  mais  il  fut  presque  aus- 
sitôt attaque'  de  la  manière  la  plus  vio- 
lent*' :  oti  i'accusa  d'avoir  participe'  à 
des  disîrdjulions  d'argent,  faites  par 
le  ministre  Narhonne,  et  d'avoir  voulu 
pactiser  avec  la  cour.  De  son  cote' ,  il 
repoussa  ses  adversaires  avec  beau- 
coup de  force  ,  et  ne  cessa  de  deman- 
der, de  concert  avec  ses  amis,  la  pu- 


•G  E  N  o5 

nilion  des  crimes  commis  le  '2   sep- 
teruhr»;  ,  et  auxrpiels  avaient  pris  part 
J)»nton,  Tallien  et  autres  (lépul('S  <le 
Palis.  Il  est  certain  que  le  j-arti  des 
Girondins  n'aurait  pas  voidu  condam- 
ner le  Hoi  :  l'idée  de  ce  j;!  and  forfait 
les  effrayait;  ils  auraient  désiré  le  sau- 
ver, mais  sans  compromettre  lem* sys- 
tème de   répidjlicanisme  ,  auquel   ils 
tenaient  avec  opiniâlreic  :  ce  fut  dans 
cette  intention, qu'ils  adoptèrent,  avec 
le  plus  grand  empressement,  ia  voie 
de  l'appel  au  peuple,  qui  fut  imaginée 
par  le  députe  Sales.  (  F'oyez  ce  nom.  ) 
Gensonne   vota   cet  appel;  mais,  le 
voyant  rejeté  ,  il  vota  pour  la  murt  et 
contre  le  sursis  à  l'exécution.  Il  s'op- 
posa à  ce  qu'un  mémoire  du  ministre 
d'Espagne  fût  entendu, et  ne  voulut  pas 
non  plus  qu'on  examinât  le  jugement. 
En  cela,  il  se  montra  plus  implacable 
que  son  ami  Guadet,  qui  manifesta 
une  opinion  différente.  L'affreux  dé- 
nouement de  ce  procès  n'apaisa  pas 
encore  les  ennemis  delà  monarchie: 
la  plupait  d'entre  eux  avaient  un  au- 
tre projet  que  celui  de  constituer  une 
république;  et  d'aillenrs,  leur    vœu 
principal  était  de  disposer    exclusir 
vcment  de  l'autorité  suprême.  Gen- 
sonne parut   néanmoins  s'intéresser 
à   la  jeune  princesse ,  fille  du  Koi  , 
et  à   Louis  XVII  son  frère;   il    de- 
manda que  la  municipalité  fût  res- 
ponsable de  leur  sûreté  :  mais  cette 
preuve  tardive  d'humanité  ne  servit 
qu'à  fournir  des  armes  cà  ses  ennemis- 
Dcs-lors  l\o])espierre  poursuivait, avec 
un  acharnement  excessif,  le  parti  de 
la  Gironde,  et  ne  cessait  d'amnuter, 
par  ses  discours  ,  la  populace  qui  était 
entièrement  à  sa  disposition.   Les  Gi- 
rondins avaient  aussi  pour  adversai- 
res Marat,  qui,  bien  que  méprisé  dans 
l'assemblée,  éiait  cependant  redouta- 
ble par  son  audace,  et  Dmton  qu'ils 
poursuivaient  indirectement ,  eu  dé- 


96  GEN 

nonçant  chaque  jour  les  assassins  de 
septembre.   Vergniaud  ,    Guadet   et 
Gf^nsotiué,  qui ,  tous  trois,   avaient 
beaucoup  de  talent ,  se  partageaient 
les  rôles  dans  celte  terrible  lutte  ,  en 
se  chargeant  de  paraître  au  combat  , 
alternativement,  soit  pour  l'allaquc  soit 
pour  la  défense.  I/assemblée  conven- 
tionnelle présentait  alors  un  spectacle 
épouvantable.   Les  discours  les  plus 
•violents  animaient  les  passions,  déjà 
naturellement  porlces  à  la  dernière 
exaltation  :  alors  les  cris,  les  huées, 
les  applaudissements .  les  brai^o  des 
députes  et  des  tribunes,  faisaient  re- 
tentir les  voûtes  de  la  salle  ;  et  la  mul- 
titude, répandue  au  flehors,  y  répon- 
dait par  de  véritables  hurlera»  nts.  Mal- 
gré l'épouvante  que  faisait  naîîre  un 
pareil  état  de  choses  ,  on  y  entendait 
quelquefois  des  sorties  assez  plaisantes; 
et  c'était  préi  isément  ce  qui  faisait  le 
plus  d'efïel.  Gensouné  traçait  un  jour 
à  la  tribune  un  tableau    hideux  des 
horreurs  qui  s'étaient  commises;  et, 
du  geste  et  de  la  voix,  il  en  désignait 
claiieracnt  les  auteurs  ,    lorsque  l'un 
d'eux  s'écria  :  «  Mais  ils  ont  sauvé  la 
»  patrie.» — «  Oui ,  répliqua  Genson- 
»  né;  comme  les  oies  du  Capitule.  »  il 
est  impossible  d'imaginer  l'cllet  que 
produisit  ce  sarcasme;  ceux-ci  riaient, 
ceux  -  là    applaudissaient  ;    d'autres 
huaient ,  ou  criaient  comme  des  for- 
cenés :  jamais  on  n'cnUndit  un  pareil 
vacarme,  (iensonné  se  défendit  avec 
assez  vie  succès,  jusqu'à  la  défection  du 
général  Dumouiiez,  avec  lequel  il  en- 
irelenail  une  correspondance  particu- 
lière. Mais,  après  cette  défection,  Uo- 
bespierrc  le  fil  plus  aiséujenl  passer 
pour  un  traître.  Ce  fut  dans  celle  cir- 
constance pérdieuse  que,  le  u)  avril 
in(»3, (iensonné demanda  la  eouvoca- 
liuii   des  assemblées  primaires,  si  ul 
moyen  (pii  reslàl  à  son  paili ,   pour 
échapper  à  la  proscription  doulil  clait 


GEN 

menacé.  Déjà ,  au  commencement  de 
mars,  une  scclion  de  Paris,  dite  de  Bon- 
Conseil,  avait  demandé  leur  tête.  Gen- 
sonnc  et  les  siens  avaient  repoussé  cette 
attaque  avec  avantage  :  mais  leurs  en- 
nemis revinrent  bientôt  à  la  charge. 
Celle  f"is ,  ce  fut  la  section  de  la  Halle- 
au-Bled,  dirigée  par  Real  ,   qui  sol- 
licita leur  expulsion  de  rassemblée, 
et  fit  adopter  ce  système  de  persécu- 
tion par  le  corps  entier  de  la  cité,  qui 
vint  en  cette  qualité  faire,  à  la  barre, 
la  même  demande.  Gensouné  fut  en- 
suite lui-même  particulièrement  com- 
promis dans  la  correspondance  du  gé- 
néral Miasinski,  l'un  des  officiers  de 
Dumouriez ,  que  le  tribunal  exlraor- 
din.iire,  nommé  depuis  tribunal  ré- 
volutionnaire,A\d\{  conilamné  à  mort. 
Une  commission   fut  chargée  d'exa- 
miner sa  conduite;  et  bientôt  la  révo- 
lution du  5«  mai,  dirigée  contre  sou 
parti,  arriva.  Il  lut  arrêté  le  2  juin, 
avec  plusieurs  de  ses  collègues,  déte- 
nu pendant  quelque  temps  au  Luxem- 
bourg ,  puis  envoyé  au  tribunal  révo- 
lutionnaire ,  qui  le  condamna  à  mort, 
avec  vingt-un  de  ses  collègues,  le  5t 
octobre  i  ^^5.  B — u. 

GENSSÀ^'E  (De),  directeur  des 
mines  de  Languedoc,  concessionnaire 
de  celles  de  Franche-Comté,  et  mem- 
bre de  la  société  des  sciences  de  Mont- 
pellier, cultiva  avec  succès  les  scien- 
ces naturelles,  et  envoya  à  l'académie 
des  sciences  de  Pans  des  mémoires 
assez  intéressants  pour  faire  juf;cr 
qu'il  deviendrait  pour  elle  un  collabo- 
rateur utile.  Le  «y  mars  1757,  l'a- 
cadémie le  nomma  correspondant  de 
llellol;  cl  eu  i  770  ,de  Montigny.  Par- 
mi les  mémoiies  qu'il  donna  à  Tacadc- 
mie,  on  cite:  \.  Description  d'un pla- 
Tiisplicrc  ,  cadrun  et  machine,  pour 
observer  les  astres  par  lo  méridien  , 
i7')().  IL  Observations  sur  un  mé- 
téore i^né  enj orme  lie  comète,  175^). 


G  E  N  G  E  N  07 
III.  Nouvelle  correction  faite  aux  çais,  florissailn  1j  Cm  diixiir.  on  vers 
pompes,  1741.  I\.  Olfseiv  (liions  sur  le  cuiiiiik  iiccnwiii  du  xiv".  siècle.  Il 
un  nii'eaii  construit  île  mmiicre  (juc  p'tai'  de  P.iris;  et  Fmrlict  roiijf»  tiire 
seit  pièces  essentielles  soient  à  l  abri  qu'il  cl;iil  (ils  de  l'un  des  d(■u^c  Irrrcs 
du  vent  y  i7iï'  ^'  ^'^liinière  d'em-  G<  iil'cn  ,  qui  furent  lues,  eu  i5o4, 
ployer  Veau  pour  les  pompes  ,  \'j\i.  à  li  ])af.iillc  do  iMoiis-cu-Pucilc  ,  eii 
VI.  Correction  faite  à  la  pompe  à  couihallaut  v.'ùll;iuwu(;til  sous  les  veux 
Jeu  y  1744-  y\l' Ol^servations  sur  du  roi  Pllili|^|)e-lf•-l)cI.Gentienacom- 
/É'.v  mines  d\4lsiice  et  du  comté  de  pose  un  livre  eu  rimes,  daus  lequd 
hourgopie ^  elles  sont  insérées  dans  il  nous  apprend  que  1rs  daines,  qui 
la  '2''.  partie  du  recueil  des  Anciens  voulaient  accompagner  les  chevaliers 
minéralogistes  de  la  France,  par  dans  leurs  voyages  d'outrc-mer,  cc- 
Gobd,  p.ig.  7<5  et  suivantes.  Vil),  le'brèrcnt  un  tournoi  pour  s'exercer 
Histoire  naturelle  de  la  province  de  au  maniement  des  armes  ,  et  y  dis- 
Langaedoc ,  partie  minéralogique  puter  le  prix  de  la  valeur.  I>a  dcs- 
et  géoponique  ,  Moiilpellier  i^^Gct  cripfiun  de  cette  fête  donne  lieu  au 
1777,  **  ^''^''*  i'>  8  .  IX.  La  géonié-  poète  de  nommer  quarante  ou  cin- 
trie  souterraine  pour  l'exploita-  quante  dames  d<s  pUis  belles  qu'il  y 
tioîi  des  mines ^  Montpellier  ,  1776,  eût  alors  ;  et  Fauclief  dit  que  son  ou- 
in-8°.X.  Traité  de  la  fonte  des  mi^  vrage  mérite  plus  d'être  lu  pour  Ja 
nés  par  le  feu  de  charbon  déterre,  mémoire  des  anciennes  familles,  que 
Paris,    1770  et  1776,  'i  vol.  in-4''.  pour  rcxceticnce  du  style.  W — s. 

L— Y.  GENTIEN  (  Henoît  j,  célèbre  reli- 
GENT  (  Thomas),  antiquaire  an-  gieux  de  St.-Denis  ,  était  docteur  en 
gîais  ,  Pié  à  Yoik  en  1691  ,  exerça  théologie.  Son  mérite  le  fit  choisir  par 
la  profession  d'imprimeur  à  Londres,  l'université  pour,  porter  la  parole  en 
et  ensuite  dans  sa  ville  natale,  oij  il  diverses  actions  d'éclat,  soit  daus  l'af- 
niourut  le  17  mai  1778,  âgé  de  87  faipe  du  schisme,  soit  pour  obtenir 
ans.  On  a  de  lui ,  entre  autres  compi-  le  soulagement  des  peuples.  Il  fut  l'un 
lalions  grossièrement  imprimées,  mais  Ide  ses  députés  au  concile  de  Cons- 
recherchées  aujourd'hui  pour  les  par-  ^tance,où  il  se  distingua  par  son  élo- 
ticularités  qu'on  y  trouve,  et  qu'on  queuce  et  par  son  zèle,  il  est  princi- 
cherchcrait  inutilement  dans  d'autres  paiement  connu, parmi ni^s  historiens, 
ouvrages  historiques  plus  considé-  par  son  Histoire  de  Charles  f^I ^ 
râbles  :  \,  Histoire  ancienne  et  mo-  ^^nisle  uom  de  moine  de  St.Denjs. 
derne  de  la  fameuse  cité  d'York,  Du  moins,  le  Laboureur,  qui  l'a  tra- 
in-12.  II. ///5to/re  rt^ré-'i^ee  ^ZeZ^^w-  duite  et  juibliée  et>  si  vol.  in-fol.  ,1a 
gleterre  et  de  Rome,  York,  174*  ?  'l'i  ;iltribue-t  il.  Il  païaît  fort  instruit 
Sk  vol.  in- ('2.  III.  Histoire  ancienne  des  intrigues  de  la  cour  d'wignon  et 
et  moderne  de  laloyale  ville  de  des  alf  «ires  de  la  cour  de  France.  Son 
Rippoti,  ibid.,  1755,  iu-S".:  ces  trois  style  est  simple.  Il  sc  raontie  impar- 
ouvrages  sont  en  anglais.  IV.  An-  tial;  ce  qui  est  rart  dans  un  temps  de 
nales  Regioduni  Hullini ,  ou  His-  troubles.  On  ne  s'aperçoit  point  s'il 
toire  de  Kingstonupon  Hull^  ibid.,  tenait  à  aucune  des  fictions d'Orieans 
1755,  in-8'.  X — s.  ou  de  Bourgogne  :  il  avait  écrit  cette 
GENT.  Foy.  Gentius.  histoire  par  les  ordres  et  sur  les  mé- 
GENnEIN(  Pierre)  7  poète fran-  moires  de  Gui  de  Monceaux  et  de 
XVII.  n 


gS  G  E  N 

Philippe  de  Villelle ,  abbe's  de  St.- 
Denis.  Le  Laboureur  croit  quMl  était 
père  de  Pierre  Genlien,  prévôt  des 
marchands.  •  T — d. 

GENTIL  (  Le  ).  Foy.  Legentil. 

GENTIL  (Jean  -  Baptiste  -  Jo- 
seph ),  colonel  d'infanterie,  cheva- 
lier de  l'ordre  royal  et  militaire  de 
St. -Louis,  ué  à  Bagnois  le  25   juin 

I  -jsG ,  était  issu  d'une  famille  noble  et 
livrée  depuis  long-temps  à  la  profes- 
sion des  armes.  Ayant  passé  dans 
l'Inde,  en  1702,  avec  le  régiment 
d'infanterie  dont  il  faisait  partie  , 
Gentil  servit  avec  dislinctioii  sous 
3MM.  Dnpleix ,  de  Bussy ,  Law  de 
Laurislon,  de  Conflans,  et  de  Lally. 

II  contribua  aux  succès  de  nos  ar- 
mes dans  cette  belle  contrée;  il  fut 
aussi  témoin  de  nos  revers.  Après 
que  les  Anglais  se  furent  emparés  de 
Pondichéri,  en  i^GojCt  en  eurent 
démoli  les  fortifications,  il  traversa 
la  presqu'île  pour  se  rendre  auprès 
du  général  Lauriston  ,  qui  fut  obligé 
de  capituler  auprès  de  Cliandernagor 
cl  d'abandonner  encore  ce  comptoir 
aux  Anglais.  Voyant  nos  affaires  ab- 
solument désespérées  dans  l'Inde  , 
Gentil  alla  offrir  ses  sei  vices  au  na- 
bab du  Bengale  ,  Myr  Cacem  Aly- 
Khân,  qui  était  alors  en  guerre  avec  les 
Anglais.  La  conduite  atroce  et  perfide 
du  prince  indieu  révolta  son  hôte. 
Celui-ci  exposa  même  sa  vie  pour 
Siuver  celle  de  plusieurs  prisonniers 
anglais,  qui  furent  massacrés  en  sa 
présence.  A  l'instant  même  il  s'éloi- 
gna de  cette  cour  odieuse,  et  se  rendit 
auprès  du  célèbre  Clioudjaà  ed-doulah, 
nabàl)  d'Aoude  et  vé/yr  de  l'empire 

in<)gh<'l.(  f^OJ.  ClIOUDJAA    ÈD-I)ou- 

LAH.  ;  Quoique  prévenu  alors  contre  la 
nation  française ,  ce  vézyr  a(  cueillit 
avec  empres.s^ra<'nt un militiire que  si 
répulalio!!  avait  devancé;  il  le  combla 
de  bienfaits  honorifiques  et  pccuniai- 


GEN 

res.  Le  généreux  Gentil  consacra  un 
revenu  annuel  de  plus  de  80,000  ir. 
à  soulager  les  malheureux  Fpançais 
errants  dans  l'Inde.  II  enrôla  même 
six  cents  d'entre  eux,  qui  formèrent  un 
corps  soldé  par  le  nabàb,  à  raison  de 
"^6,000  fr.  par  mois.  Sa  bourse  et  sa 
maison  étaient  ouvertes  à  tous  ceux 
qui  se  présentaient;  il  employa  aussi 
des  sommes  considérables  à  acheter 
des   objets  d'histoire  naturelle,    des 
armes,  des  médailles  de  l'Inde,  et  1 35 
manuscrits  arabes ,   persans ,  mala- 
bars ,    bengalis   et   samskrils ,   ainsi 
qu'une  collection  d'environ  5oo  des- 
sins indiens.  A  son  retour  en  France , 
il  déposa  généreusement  a  la  biblio- 
thèque du  Hoi  et  au  cabinet  d'histoire 
naturelle  ces  précieuses  acquisitions , 
dont   les   Anglais   lui    avaient    offert 
120,000  roupies  (  3oo,ooo  francs). 
La   b. taille  de  Baléhchar,    livrée  le 
25  octobre  1764  par  le  vézyr  con- 
tre les  Anglais,  qui  furent  d'abord 
battus  et  finirent  par  être  victorieux, 
rétablit  la  paix  entre  les  deux  puis- 
sances belligérantes.  Décoré  du  titre 
de  résident  français  auprès  de  la  cour 
d'Aoude  (  charge  dont  il   ne   voulut 
jamais  toucher  les  émoluments  ,  Gen- 
til contribua  beaucoup  à  celle  paci- 
fication ,  qui  eut  lieu  au  mois  d'août 
I  7^5;  et  il  fut  encore  plus  utile  à  son 
patron,  qui  se  livra  alors  tout  entier 
à  l'administralion  ,  et  s'occupa  de  for- 
mer à  la  discipline  européenne  le  peu 
de  troupes  que  les  Anglais  lui  avaient 
laissé.  Ces  amélioralions,  qui    deve- 
naient chaque  jour  plus  sensibles ,  ins- 
pirèrent des  idées  ambitieuses  au  na- 
bàb ,  mais  excitèrent  la  jalousie  des 
Angliis.  Ceux-ci  employèrent  leur  ia- 
jlueiice   pour    l'écarler    de    la    cour 
d'Aoude  :  il  avait  demandé  un  congé, 
après  avoir  accompagné  le  nabàb  d.tns 
son   expédition  contre  les  Rohy  lahs 
(  Fojez  Cuot'DJAA  );  mais  dès  qu'il 


G  EN 

•  pjiril  1.1  maladie  du  prinrc,  il  re- 
vint .mpiès  de  lui,  sous  prcicxfc 
de  |)i tiidre  congé  :  il  lui  prodigua  les 
plus  tendres  soins,  lui  procura  même 
lui  (■lururgi(  n  français  ,  qui  Taurait 
jn'(»l)al)l<  nu'ul  pneri  ;  mais  les  Icmnies 
du  li.ircni  el  les  grands  de  la  cour 
repoussèrent  cet  infidèle  ,  dont  un 
vrai-crojant  ne  pouvait  accueillir  les 
secours.  Clioudjàà  succoinlja  le  iG 
janvier  17755  el  le  17  lévrier  sui- 
vant. Gentil  reçut  ordre  d'Asicf-êd- 
doulah  de  quitler  delinilivenuiit  la 
cour:  il  se  rendit  aussitôt  à  Cliander- 
iiagor  ,  et  ne  tarda  pas  a  revenir  dans 
sa  patrie  ,  où  il  arriva  en  177^.  I^a 
même  année  il  obtint  le  grade  de  co- 
lonel :  il  avait  reçu  la  croix  de  St.- 
Louis  des  1771.  Ces  récompenses, 
tout  honor.ib'es  qu'elles  sont ,  n'ont 
point  paru  excessives  aux  hommes  ca- 
pables d'apprécier  le  chev  ilicr  Gen- 
til. Outre  les  objets  précieux  dont 
nous    avons    déjà    parlé   ci-dessus  , 


GEN  99 

sVmpeclicr  de  communiquer  cette 
lettre  au  niiiiistrc  de  l'intérieur  '  M.  le 
comte  François  de  INeiircliàle.aj  )  :  à 
l'instant,  une  ordonnance  de  ()oo  (r. 
lut  expédiée.  Elle  .•rrivaejuelqucs  jours 
après  (pie  le  vénérable  et  iiiiorlunc 
vieillard  avait  exli.dé  son  d<  rnier  sou- 
pir. 11  mourut  à  Bagnols  ,  â^e  de  73 
ans,  le  i5  lévrier  i7yv^,  des  Miites 
d'une  attaque  de  paralysie,  ne  lassant 
à  son  fils  d'autre  fortune  que  des  ser- 
vices trop  oublies,  et  l'inipiiiv.sante 
reconnaissance  des  administrateurs 
el  des  savants  ,  qui  ont  fréquemment 
sous  les  yeux  de  nombreux  monu- 
ments des  connaissances  et  de  la  géne'- 
rosilc  de  son  père.  Le  chevalier  Gen- 
til a  composé:  1.  Lne  Histoire  me- 
tallique  de  Z'//7É?e ,  renfeimant  les 
dessnis  d'un  grand  nombre  de  mon- 
naies, I  vol.  in-fol.,  que  nous  avons 
eu  occasion  de  voir  plusieurs  fois,  et 
dont  nous  ignorons  le  sort.  II.  Une 
Histoire  de  Vempire  mogol  ,  tirée 


et  qu'il  a  généreusement  déposés  dans     principalement  de  Férichtah  (   Fb/. 
les  établissements   publies  ,  on    doit     Ferichtau  ) ,  ornée  de  vignettes  et 


savoir  qu'il  avait  le  projet  de  nous 
enrichir  des  moutons  du  Tibet,  qui 
procurent  cesprécicuses  laines  dont  se 
fabriquent  les  beaux  schalls  de  Kach- 
mvr.  Les  six  brebis  et  les  six  béliers 


des  portraits  des  souverains  ,  d'une 
jolie  exécution,  i  vol.  in-fol.  IIL  Un 
y/bregé  géographique  de  Vlnde, 
extrait  en  grande  partie  de  KAyin 
Jkhéry  (  Voy.  Akbar  et  Aboul  Fa- 


qu'il  s'était  procurés,  restèrent  à  l'Jie-  zel  )  ,  avec  la  carte  géographique  de 

de-France;   le  porte-musc  qu'il  avait  chaque  soubthougouvernement:celle 

aussi  expédié  pour  la  métropole,  ar-  du  Kachmyr  a  été  publiée  par  le  tra- 

riva  vivant  à  la  ménagerie  de  Ver-  ducteur  du   Voyage  du  Bengale  à 

sailles.  Ces   actes  d'un  vrai   patrie-  S  t.- Péter  sb  0  urg  \^3ir  Geo  t^c  For  ster , 


tisme 


,  et  ij  ans  de  services  militai- 
res, ne  le  préservèrent  pas  des  tristes 
effets  de  la  révolution.  Ayant  à  cette 
époque  lamentable  perdu  sa  pension, 
qui  eonsfituaitses  seuls  moyens  d'exis- 
tence, il  écrivit  de  Bagnois  ,  où  il  s'é- 
tait relire,  à  l'auteur  de  cet  article, 
pour  lequel  il  avait  toujours  conservé 
une  tendre  amitié,  et  lui  peignit  sa 
situation  avec  une  candeur  et  une  ré- 


Paris ,  i8u2,  5  vol.  in  8**.  (Foycz 
FoRSTER.)  G^ttc  traduction  est  dédiée 
à  hi  mémoire  du  chevalier  Gentil 5  et, 
au  verso  de  la  dédicace,  se  trouve  une 
courte  notice  biographique,  renfer- 
mant une  partie  des  faits  consignés 
ici.  IV.  Histoire  des  Radjahs  de 
r Hindoustdn  depuis  Barlh  jusquà 
Petaurah ,  manuscrit  déposé  au  ca- 
binet des  estampes.  On  trouve  de  plus 


«ignaliou  héroïques.  Celui-ci  ne  put     grands  détails  daos  une  brochure  dç 

^ .  1' 

BIS'JOTHKA 


300  GEN 

24  p3g6S  in-8''.,  publiée  par  son  fîîs 
eu  ï8i4i  sous  ce  titre:  Précis  sur 
J.-B.-J.  Gentil ,  ancien  colonel  d'in- 
fanterie .  (le.  L — s. 

GENTIL  (  André  -  Antoine- 
Pierre),  bernardin,  l'un  des  af];ro- 
nomes  les  plus  laborieux  du  xviii  . 
siècle,  naquit  (i)  à  Pesmes ,   petite 
ville  de  Franche  -  Comte  ,  de  parents 
honnêtes,  mai^s  prives  des  biens  de 
la  fortune.  Pendant  quM  achevait  ses 
études  au  collej:;e  de  Dole ,  il  se  lia 
avec  le  prieur  d'Acey ,  qui  l'invila  à 
venir  y  passer  le  temps  des  vacances. 
L'accueil  qu'il  reçut  dans  cette  mai- 
sou,  un  penchant  naturel  pour  la  re- 
traite ,  et  peut-être  aussi  Tesperance 
de  pouvoir  se  livrer  tranquillement 
à  reliide ,  déterminèrent  sa  vocation. 
11  prit  i'habit  de  S.  Bernard  à  1  âge  de 
dix-huit  ans ,  et  fut  envoyé  à  Clair- 
vaux,  oîi  il  fit  son  noviciat.  Plusieurs 
fennecs   s'écoulèrent   sans    que    rien 
annonçât  les  dispositions  particuliè- 
res de    dom  Gentil  :  il  remplissait 
avec  exactitude  ses  devoirs  de   reli- 
j;icux,  et  employait   le  reste  de  la 
journée  à  lire  des  ouvrages  de  chi- 
mie ,  de  physique  ou   d'histoire  na- 
turelle ;  mais  ces  lectures  semblaient 
être  pour  lui  moins  une  occupation 
qu'un  simple  délassement.  Cepcndint 
un  de  ses  supérieurs  ,  ayant  remar- 
qué qu'il   s'informait  avec  ciuiosité 
des  difiércnles  pratiques  des  labou- 
reurs du  canton ,  le  nomma   procu- 
reur de  la  maison ,  cl  le  chargea  de 
\\  direction  des  fermes  qui  en  dépen- 
daient. Ce  fut  alors  (p»'a[)pli(|uant  à 
l'agricullure   les   connaissances   qu'il 
avait  acquises  dans  les  sciences  ,  et 
vérdiant  par  des  expériences  multi- 
pliées les  méthodes  qu'il  avait  imagi- 
nées pour  tirer  nu  parti  plus  avanta- 
geux des  dillérentes  espèces  de  terres , 

^i)  1.11  l'Ta.'i,  luivant  M.  «le  Kimliaiubc  rg  ,  miia 
eu  17J1  li  l'un  ca  cruil  l«  F.  DiiuaiiJ. 


GEN 

dom  Gentil  augmenta  en  peu  de  temps 
les  revenus  de  l'abbaye  et  l'indus- 
trie des  habitants  du  voisinage.  Ce 
résultat  avantageux  le  fit  connaître  ; 
et  il  fut  nommé  prieur  de  Fontenai 
dans  l'Auxerrois.  11  était  alors  âgé  de 
près  de  cinquante  ans,  et  n'avait  en- 
core rien  écrit.  En  1773  ,  il  rédigea 
son  premier  Essai  tf astronomie , 
dont  il  fil  remettre  un  exemplaire  à 
chacun  des  membres  des  États  de 
Bourgogne ,  en  les  engageant  de  vo- 
ter des  fonds  pour  rétablissement  de 
fermes  expérimentales  ,  oii  l'on  pût 
faire  en  grand  des  essais  sur  les 
moyens  d'épargner  les  fumiers  , 
d'améliorer  les  engrais  et  d'accroître 
les  produits  de  l'agriculture.  L'ou- 
vrage de  dom  Gentil  fut  très  bien 
reçu:  on  convint  qu'il  renfermait  des 
vues  utiles;  on  loua  son  zèle  ,  mais 
il  ne  put  obtenir  aucun  secours.  Dif- 
férents mémoires  couronnés  par  les 
académies  de  France  et  de  Hollande 
vinrent  ajouter  successivement  à  la 
réputation  de  ce  bon  religieux  ;  et 
quoique  sa  santé  naturellcFuent  déli- 
cate fût  encore  affaiblie  par  l'âge  et 
par  l'excès  du  travail,  les  succès  qu'il 
obtenait  semblaient  redoubler  son  ar- 
deur. Bufion  (i  ) ,  qui  le  connaissait 

(1)  Buffon  ne  parlait  jamais  qu'avec  Jistiuction 
de  ce  re«pec(.ible  ri'U^irux  ,  ><  ijui  ensevelit  dans 
»  l'ombre  du  cloitre  des  laleiitsdi^nrs  du  plus  ^rand 
*  jour.  Souvent  créalcur  ,  toujours  hfurcux  dans 
»  ses  o|>(-ratlons  cbiniiqu)'s  ,  |)urce  qu'il  est  iiirati- 
»  gable  «laos  srs  rfcbrrihcs  ,  il  ne  voit  lieu  dans 
»  It  iij'.urc  qui  ue  puisse  tourner  par  tes  soins  au 
><  urolit  du  l'espèce  liumaine  :  il  ferait  sortir  I« 
»  Chvpr<!  et  le  >lala^j  d'une  tonne  remplie  de  vin 
»  rorr  'Uipu.  Lisez  son  ouvrafje  sur  la  lenner.tation, 
»  et  ses  dissertations  sur  divers  ol>jets  d'utilit<^  pre- 
»  iiuère  :  mais  je  dois  respecter  le  voile  modeste 
>•  dout  il  veut  couvrir  sa  vie  ,  sou  nom  et  ses  ivun  res. 
>->  Ali!  si  l«  ({(■nie  et  la  vertu  étaient  les  seuls  droit* 
M  aux  b.'lles  abhuycs  de  sua  ordre  ,  qu'il  serait  piiis- 
>'  saut  Juiiourd'liiii  '  et  que  d'iiifortuiKW  le  l><tni- 
»  raient  demain  !  Passiuun''  pour  les  sciences  ,  il 
»  n'eu  cultive  pas  avec  moins  de  (;rice  et  de  |;o&t 
>i  la  littérature  qui  lr%  embellit.  J».<  eonxersilioa 
»  est  iiigénieuie  et  piquante  ;  son  idiome  est  pillo- 
»  rcMpie  et  u'jipparlient  qu'à  lui  seul.  Urbanisation 
»  vive,  snnte  fr.lr  ,  iime  urdente  .  voila  le  porlrail 
i>  du  prieur:  Lii<'  lame  île  celle  iremiie  itsi-violeitt- 
X  ment  son  lourreau.  »  ^A  i«  f'fitfc»  dé  DttJ/^tu  ,  par 
IVl.  Auitt.  ) 


G  E  N 

(Icjà  p.ir  srs  ouvrages  ,  désira  de 
le  voir  :i  Monh;ird,  cl  lui  prodigua 
les  luuques  du  plus  vif  intérêt. 
J)oin  (ieiitil  uniqucnu'Ut  occupe"  de 
])roicts  d'utiliîe  publique  c't.iit  l)ieii 
éloigne  de  prcvoir  les  maux  dont 
étaient  meu.icés  ses  derniers  jours. 
La  icvoiiition  l'exila  de  son  cloîlre  ; 
et  il  se  réfugia  à  P. iris,  dans  le  des- 
sein de  revoir  ses  ouvrages,  et  d'en 
publier  la  substatice  sous  le  titre  de 
petit  Econome  :  mais  le  cliagrin  qui  le 
dévorait,  avait  accru  ses  infirmités,  au 
point  qu'il  lui  lui  im[)Ossible  de  se 
livrer  à  ce  tr.jvail.  ]ji  pension  q\i'on 
lui  avait  promise  était  mal  payée; 
ses  parent',  ne  pouvaient  lui  donner 
des  secours  :  il  était  trop  fier  pour  en 
solliciter  de  li  pilie.  Il  vécut  pendant 
qucl({ue  temps  du  produit  de  ses  livres; 
et  l'homme  qui  avait  tant  travaille' 
pour  le  bonheur  do  ses  semblables, 
mourut  dans  un  état  voisin  de  la  mi- 
sèie,  et  presque  ignore'  à  Paris,  en 
î8oo.  Dom  Gentil  était  membre  des 
académies  de  Montpellier  ,  Dijon  , 
Auch  ,  Limoges, et  des  sociétés  d'agri- 
culture de  Paris,  c!eNanci,du  Mans, 
de  Mczières  et  de  Besancon,  il  or- 
donna,  parson  testament,  que  ses  ma- 
iiuscrits  fussent  partagés  entre  les 
compagnies  savantes  auxquelles  il 
avait  appartenu.  Dans  le  nombre  il 
en  est  plusieurs  qui  sont  écrits  en 
chiffres,  et  qui  par  cette  raison  ne 
seront  vraisemblablement  jamais  con- 
nus du  public.  Les  ouvrages  les  plus 
importants  de  dora  Gentil  sont  :  L 
premier  Essai  d^ agronomie  ,  ou 
Diététique  générale  des  végétaux j 
et  application  de  la  chimie  à  V agri- 
culture,  Dijon,  1777  ,  in-S".  IL  Mé- 
moire sur  cette  question  :  «  Les  cn- 
))  grais  peuvent-  ds  être  suppléés  par 
î)  de  fréquents  labours?  Jusqu'à  quel 
»  point  les  labours  influent-ils  sur  la 
»  végétation  ?  et  peuvent- ils  y  siil- 


GEN  loi 

»  Pire?  »  couronné  par  la  société  d'a- 
griculture d'Aueh  en  m'^f).  111.  Afé' 
moire  indiquant  les  substances  fos- 
siles propres  à  remplacer  la  marne, 
couronné  j)ar  la  société  d';igriculturc 
de  Limoges  en  1  779.  IV.  Quel  est  le 
meilleur  m,ojen  de  cuJtii^cr  les  terres 
basses  et  nouvellenwnl  desséchées  ? 
Cette  qucstioti  avait  été  mise  au  con- 
cours par  l'académie  d'Amst(;iclam  : 
un  Hollandais  leraporfa  le  prix  ; 
mais  dom  Gentil  eut  le  premier  ac- 
cessit. V.  Mémoire  sur  le  sujet  pro- 
posé {en  1779)  par  la  société  des 
sciences  de  Montpellier  :  a  Dciter- 
r»  miner  par  un  moyen  fixe,  simple 
»  et  à  la  portée  de  tout  cultivateur , 
»  le  moment  auquel  le  vin  en  fer- 
))  mcntation  dans  la  cuve  aura  ac- 
»  quis  toute  la  force  et  toute  la  qua- 
»  lité  dont  il  est  susceptible.  »  Le 
premier  prix  fut  accordé,  dit  M.Chap- 
tal,  à  une  rapsodie  théorique  de  l'abbé 
Berlholon  ;  et  l'excellent  ouvrage  de 
dora  Gentil  n'obtint  que  le  second. 
Les  deux  Mémoires  furent  imprimés 
ensemble  aux  frais  de  la  société;  et 
celui  de  dom  Gentil  a  eu  plusieurs 
éditions.  VI.  Les  avantages  et  les 
désavantages  de  l^ incinération  sim- 
ple ^  de  celle  à  Vécohue  et  de  la 
fumigation  aussi  à  Vécohue,  mé- 
moire couronné  par  la  société  de 
Limoges  en  1781.  VIL  Désigner 
les  plantes  inutiles  et  vénéneuses  qui 
infestent  souvent  les  prairies  et  di- 
minuent leur  fertdité ,  et  indiquer 
les  mojens  d'en  substituer  de  sa- 
lubres  et  d'utiles  ,  de  manière  que 
le  bétail  y  trouve  une  nourriture 
saine  et  abondante .  Le  Mémoire  de 
dora  Gentil  eut  le  premier  accessit, 
en  I  785,  à  l'académie  do  Dijon.  VllL 
Estril  avantageux  ou  von  de  souti» 
rer  les  vins  ?  Dans  le  cas  de  Vafjir- 
mative  ,  quand  et  comment  doit  -  on 
les  soutirer  pour  ne  point  nuire  à 


I02  GEN 

leurs  principes  et  à  leurs  qualités  ? 
couronne  par  racadémir  de  Lyon  en 
1787.  IX.  Manière  défaire  de  très 
bon  vinaigre  avec  du  pttit-luit , 
imprime  i  Dijon  en  1787,  avec  l'ap- 
probr.îion  de  l'académie.  La  socieié 
d'Aj;riculture  de  Besançon  possède 
les  manuscrits  originaux  de  plusieurs 
Mémoires  de  dom  Gentil,  entre  au- 
tres des  Suppléments  inédits  à  sou 
Traité  sur  les  vins.  On  peut  consul- 
ter, pour  p'us  de  de'tails,  son  Eloge, 
par  M.  de  Fuschamberg; ,  imprime' 
dans  le  tome  m  du  Recueil  des  tra- 
vaux de  cette  socielc.  W — s. 

GtMlLE  GENÏILI,  en  latin, 
Gentilis  de  Gentilibus ,  médecin, 
surnomme'  Fulginas ,  du  nom  de  Fo- 
ligiio  ,  ville  d'Italie,  où  il  naquit  vers 
l'an  i25o  ,  fut  disciple  du  célèbre 
Thadée  de  Florence.  Les  connais- 
sances qu'il  avait  puisées  sous  cet  ha- 
bile maîue,  lui  acquirent  parmi  ses 
concitoyens  une  réputation  qui  s'éten- 
dit bientôt  dans  toute  l'Italie.  La  ma- 
nière biillante  avec  laquelle  il  com- 
mentait Avicenne,  dont  les  ouvrages 
étaient,  à  celte  époque,  la  base  de 
l'ensi  i^^nemenl  ])ublic  de  !a  médecine, 
lui  avait  même  do::né  une  tics  grande 
considération,  et  une  sorte  de  préémi- 
nence dans  la  plupart  des  universités 
de  l'Europ»^.  Il  mourut  à  Bologne, 
vers  l'an  i3io,  après  avoir  fait  plu- 
sieurs ouvrages  dont  le  Rtcucil  a  été 
publié  à  Vi nisc ,  1 4H4 ,  1  /|86 , 1 49-i , 
4  V.  in-fol.  On  y  trouve  les  Traités 
suiv.i'ifs  ,  dont  plusieurs  ont  été 
imprimés  séparém-  nt  :  1.  Expositio- 
iies  cum  textu  Avicennœ.  il.  De 
f'-bribus ,  Viiusc,  i^.iO,  info!,  lil. 
Expnsitio  cum  commenta  /Ei^idli 
nionnciti  Benedictini  judiciurum  de 
urinis ,  lib.  i ,  et  da  pulsibus ,  lib. 
i,  Venise,  \L\ç^\y  in -8*^.;  Lyon, 
iSofj,  iii  H".  IV.  Consilia  prngre- 
f^ia  ad  quœvis  morborum  toùus  cor- 


GEN 

paris  gênera,  Avec  les  Conseils  ^An- 
toine  Cerinizoni ,  Venise,  i5o5, 
in- fol.  V.  Qucestiones  et  tractatus 
extravagantes f  Venise,  i5*20,  in- 
fol.  V\.  Deleprd  tractatus ,  avec  \e 
Traité  de  chirurgie  de  Oino  del  Gar- 
bo  ,  Venise,  i556.  Vil.  De  propor- 
tianibus  medicinannn ,  dans  le  Re- 
cueil des  opuscules  De  dosibus  par 
les  plus  célèbres  médecins,  Padoue, 
i5r)6,  in-8'.j  1^79,  in-4'.;  Lyon, 
i584,  in -8".  —  Gentile  Gentili, 
surnommé  le  Spéculateur ,  naquit  à 
Foligno,  comme  le  précédent,  dont 
on  croit  qu'il  était  fils.  L'éclat  avec 
lequel  il  exerça  la  médecine,  lui  va- 
lut une  si  grande  réputation  que  1rs 
ville  de  Bologne  et  de  Pérouse  lui  ac- 
cordèrent le  droit  de  bourgeoisie  : 
cette  dernière  lui  fil  même  présent 
d'«inc  maison.  Plein  de  reconnaissance 
pour  une  récompense  aussi  honora- 
ble ,  lorsque  cetie  ville  fut  ravagée  par 
la  peste  en  i  548  ,  il  vola  au  secours 
de  SCS  habitants.  Mais  bientôt ,  afïècté 
lui-même  de  la  maladie  qu'il  était  ve- 
nu combattre,  il  mourut  victime  de 
son  zèle*,  le  12  juin  de  la  même  année. 
Ses  dépouilles  mortelles  furent  trans- 
portées à  Foligno  ,  sa  patrie  ,  où  il  fut 
enterré  avec  pomj)C  dans  une  église. 
Il  est  diHicile  de  déterminer  auquel  de 
ces  deux  Gentilis,  père  et  fiis,  appar- 
tiennent réellement  les  ouvrages  qiii 
viennent  d'être  «itcs;  Maiigellcs  attri- 
bue au  père  ;  Eloy  les  place  sous  le 
nom  du  fils. Quoi  qu'il  en  soit,  ce  der- 
nier futcojid)lé  de  faveurs  et  de  bien- 
faits pa:  le  pape  Jean  XXll.  —  Par- 
mi plusieurs  autres  hommes  célèbres 
du  même  m)m  que  l'Italie  a  produits, 
on  doit  citer  (itisTiLis  (  Mathieu  ).  H 
exerça  la  médecine  avec  distinction 
dans  la  M  uehe-d'Ancone;  mais  ayant 
endirassé  la  religion  réformée ,  il  fut 
obligé  do  (piiller  sa  patiie  et  sa  fa- 
mille. U  se  relira  en   Caruiolc,  avec 


r.  RN 

<lcnx  de  ses  fils,  A'bcric  cl  Sciplon, 
rt  rt'iiiplil  |)ciicl.inl  quelque  temps 
remploi  (le  mr'ilt'cin  de  celle  provin- 
ce. Kiiliu  il  teriuiiiu  ses  jours  m  An- 
glekiie,  oïl  il  était  aile  joindre  son 
fils  Alberic,  devenu  professeur  de 
droit  à  Oxford,  Cii — t. 

GKNTILKSCHI  (  Okazio),  pein- 
tre d'hisioirc  ,  ne  à   Florener,  nom- 
me Genliel  par  les  Flamands,  quitta 
ritalie  fort  jeune,  pour  voyager  en 
Espa;;ne,  où  il  fil  plusieurs  grands  ta- 
bleaux pour  r^scurial.  De  là,  ayant 
passe  en  Angleterre,  il  vint  se  fixer 
d.ins  les  Pays-Bas.  Eu  peu  de  temps, 
sa  réputation  s'y  accrut  beaucoup;  et 
Charles  I*"'".,  roi  d'Angleterre,  lui  com- 
manda deux  tableaux,  dont  l'un  repre'- 
sentait  une  Ste.  -  IM;uleIène,  et  l'au- 
tre ,  liOth  et  ses  filles.  Cet  artiste  exé- 
cuta aussi,  pour  la  Hollande  et  pour 
le  Brabaut,  différents  ouvrages  qui 
lui  firent  infiniment  d'iionnenr.  Réu- 
nissant à  SCS  talents  comme  artiste, 
beaucoup  de  connaissances ,  d'esprit 
et  même  d'érudition,  et  possédant,  ou- 
tre tous  CCS  avantages,  un  caractère  ai- 
mible  et  doux,  il  se  fit  un  grand  nom- 
bre d'amis,  et  obtint  plusieurs  emplois 
honorables.  Appelé  en  Angleterre  par 
le  roi,  il  y  séjourna  iong-temps  ,  et  y 
peignit  beaucoup  de  t;ib!eaux  :  il  est 
probable    qu'il    mourut    dans    celte 
coDti  ée.  Sandrart,  qui  a  écrit  sa  vie, 
et   qui   en  fait  un    grand   éloge,  ne 
nous  donne   aucune   lumière    à    cet 
égard.  Suivant  le  Nouveau  diction- 
naire historique ,  il  mourut  à  Rome , 
en  1647.  ï* — E. 

GENïiLlS  (Alberic),  laborieux 
jurisconsulte  du  xvi*.  siècle,  doit  être 
mis  dans  la  classe  des  écrivains  de 
celle  époque  qui  ont  eu  plus  d'éru- 
dition que  de  goût  et  de  jugement.  Il 
naquit  en  i55i,  à  Caslcllo-di-Sin- 
Gcnesio,  dans  la  Marche-d'Ancoiie  , 
et  fit  SCS  études  à  Pérouse,  où  il  fut 


G  EN  io5 

reçu  docteur  en  dioit  civil,  à  l'agcde 
vingt-un  ans.  Peu  de  temps  api  es,  il 
obtint  une  place  de  juge  dans  la  ville 
d'Ascoli  ;  mais,  ne  ()o'ivant  y  profes- 
ser avec  sécurité  la   religion  protes- 
tante dont  il  était  ardent  sectateur,  il 
alla  (hercher  un    asii(.'  d'.ibord  dans 
laCarniole,ct  en  dernier  lieu  en  An- 
gleterre.  Pendant  sou  séjour  h  Lon- 
dies,qui  fut  de  plusieurs  années  ,   il 
vécut  uniquement  des   secours  qu'il 
put  tirer  de  quelques  généreux  amis 
des  sciences.  Enfin  le  comte  de  Le  i- 
cestcT  ,  son  prolcctcur,  lui  procura , 
en  I  587  ,  une  chaire  de  droit  dans  l'u- 
niversité d'Oxford  ,  dont  il  était  chan- 
celier. Cette  place  ,  et  le  titre  que  Gcn- 
tilis  ne  tarda  pas  ensuite  à  recevoir , 
d'avocat  perpétuel  des  sujets  du  roi 
d'Espagne  pour  les  causes  qu'ils  au- 
raient en  Angleterre,  le  firent  jouir, 
le   reste  de  ses   jours ,    d'une  assez 
grande  aisance.  Il  mourut  au   com- 
mencement  de   l'année     i(iii.    Les 
travaux  d'Albéric  Gentilis  sur  la  ju- 
risprudence lui  donnent  peu  de  droits 
à  notre  estime  :  outre  qu'il  montra 
quelquefois  des  sentiments  erronés  , 
les  saines  doctrines  que  peuvent  con- 
tenir  ses  ouvrages  sont  comme  en- 
sevelies dans  une  multitude  de  cita- 
tions sans  fin ,    tirées   des    philoso- 
phes,  des  saints  Pères,  des  poètes, 
des    historiens  et  des  jurisconsultes. 
Cette  énorme  érudition  le  fait  même 
chanceler  fréquemment  dans  des  ma- 
tières importantes  :  Aussi   Bayle  lui 
reproche-l-il  d'avoir  fait  un  éluge  in- 
direct des  opinions  des   catholiques 
sur  quelques  points  de  controverse, 
quoiqu'il  fut  d'ailleurs,  ainsi  que  nous 
l'avons  dit,  zélé  protestant.  Mais  ses 
Traités  sur  le  droit   des   gens,   ont 
rendu  son  nom  digne  d'être  recueilli 
par  rhistoirc.  Son  livre  De  jure  belli 
renferme  d'exceilenles  vues  sur  une 
science  qu'Aristole  et  Ciec'ron  n'ont 


io4  GEN 

pis  même  soupçonnée; et,  si  raiitour 
n'a  p;iS  suflisaramcut  aprofondi  son 
sujet,  si  trop  souvent  il  décide,  par  les 
préccpte>  de  la  religion  ou  de  la  mo- 
rale, des  questions  purement  politi- 
ques ,  on  doit  toujours  lui  savoir  gré 
d'avoir  fourni  d'ibondanls  matéiiaux 
à  Grofius.  La  liste  exacte  de  ses  ou- 
vraf;;cs  se  trouve  dans  les  Mémoires 
<lc  isiceron  (  lora.  xv  et  xx  ).  Nous 
indiquerons  seideinent  :  1.  Liber  con- 
ditionum,  Witteiubeig  ,  i58o,  iu- 
8*^  ;  «t  Londres,  1587,  '<^'"'''  H* 
De  juris  inierpretibus  dialogi  sex , 
Londres ,  1  582  ,  m  -  4  '•  î  cet  ou- 
vraf:;e  a  été  réimprimé  avec  les  Yics 
des  jurisconsultes ,  de  Pancirole,  à 
Leipzig,  '721,  in-4".  IH.  De  in- 
justina  hellicd  Romanorum  aclio, 
Oxloid,  1390,  1118'.  IV.  De  jure 
helli  libri  très  ,  Hanau,  i  ')98,in-8'*.; 
ibid. ,  i()i  2.  V.  Disputationes  dwp  : 
prima  de  acioribus  et  spcctatoribus 
Jnbularum  non  nolandis  j  stcunda 
de  (ibusu  mendacii,  Hrinau,  '599, 
in-8  .  (i  in- 1.4.  VI.  y'Id  Joannem 
Rainoldum  de  ludis  scenicis  epislo- 
Icp  duœ,  IMiddt'Ilioiirg,  1599,  in-4  •» 
idem,  Oxlord  ,  1629,  in -4**.  VU. 
Dispittationes  très:  i*.  de  libris  ju- 
ris canonici;  '2a,  de  libris  juris  civi- 
lis ;  3«.  de  latinitate  vcUris  Biblio- 
rum  versionis  mule  accusdtd ^  Ha- 
nau, 1604  el  i6o5,  in  H  .  VIII.  De 
lingunruni  mixturd  disputatio  pa- 
reraica ,  ilanaii,  i()o4,in-8  .  N — e. 
GENTILIS  (Scipion),  tVeredu 
précèdent,  qu'il  ar-  onipagn.i  dans  sa 
retraite  en  Gariiiole  ,  et  jurisconsulte 
comme  lui,  nacjuit  c^abment  dans  la 
Marclie-d'Ancon»',  a  ria>lello-di- 
San  -  Grncsio,  l'ui  i5G5.  Il  fit  ses 
études  à  l'aradémie  de  Tidjinf;en  ;  et 
elles  (uucliaient  a  peine  à  leur  terme, 
qu'il  publia  qiK  Icjucs  Opuscidcs,  qui 
aniK'iiÇ'ient  d'Iieureuses  disp(>^itions 
pour  la  poésie.  Après  avoir  appris  le 


GEN 

droit  clans  les  écoles  de  VVittemberg 
et  de  Leyde ,  il  fut  reçu  docieur  en 
celte  faculté  à  iiâle,  le  i5  avr.  iSBg. 
Il  se  rendit  d'abord  à  Heidelberg , 
dans  Tespoii  d'y  trouvrr  de  l'emploi  ; 
mais  contraint  de  quitter  cette  ville 
par  la  jalousie  de  Jules  Pacius ,  qui 
y  professait  la  jurisprudence  ,  il  vint 
à  Altorf,  où  la  proteclion  de  Hugues 
Doneau  lui  fit  bientôt  obtenir  une 
cbaire  de  droit  romain.  Sa  manière 
d'enseigner,  qui  réunissait  tous  les 
a  rémeuts  d'une  imagination  bril- 
lanie  à  une  profonde  instruction,  at- 
tira un  grand  concours  d'auditeurs  a 
ses  leçons  ,  et  le  fit  connaître  dans  les 
priui  ipaux  étals  de  l'Europe.  Michel 
Picarl  assure  même  q-e  le  pape 
Cirmcnt  Vil  fit  des  tentatives  pour 
r»  n  :ager  à  venir  professer  à  Bolo- 
gne, et  qu'il  lui  promit,  dans  ce 
cas ,  la  liberté  de  conscience.  Scipioii 
préféra  toujours  sa  chaire  d'Aitorf  à 
des  fonctions  plus  avantageuses  sans 
doute,  mais  dont  la  durée  n'eut  peut- 
être  pas  été  très  longue.  Il  mou- 
rut d'une  dysenterie  opiniâtre,  qui  le 
tourmentait  depuis  long-temps,  le  7 
août  1616.  La  postérité  n'a  point  con- 
firmé les  éloges  que  son  siècle  lui  a 
donnés}  ceux  surtout  qui  furent  gra- 
vés sur  son  tombeau.  Ses  ouvrages  , 
la  plupart  composés  sur  des  matières 
oiseuse  s  ou  d'un  faible  intérêt ,  et 
énits  avec  au^si  peu  de  goût  que 
de  critique,  ne  sont  pas  propres  à 
tirer  sou  nom  de  l'oubli  où  il  est  tom- 
bé. Cependant  on  pourrait  encore 
tuer  qu«  Iqiie  iViut  de  la  lecture  des 
Tr.iités  suivants,  qui  sont  sortis  de  sa 
plume  :  1.  De  d  nationilnis  inter  vi- 
rum  et  II  X  01  cm  itbri  ir,  Framfv)rt, 
i()o4,  'm-/\".l\.  Deerroribus  testa- 
inentomm  à  tiWldtorilms  ipsis  com- 
mis ds,  et  de  dii'iduii  et  indiuiduis 
ohli^ationibus y  Strasbourg,  i()99, 
iii-b°.  Pour  le  catalogue  de  ses  autres 


G  F  N 

cuvrap;c.<;,  i'oy.  le  toin.  xv  Jes  Mc- 
moircs  dcNiceron  et  Lippenius.  Tou- 
tes ics  œuvres  de  Sri  pion  Genlilis 
oui  éie  réunies  en  4  vol.  iu-4'.,  Na- 
zies ,  I  7G5  ef  1  -^Gr).  rs — E. 

GKr^TlLlS;,li:AN-VALENTiN), 
lic'rc'si.injue,   ne  à  CiOScnz.i ,  dans   le 
royaume  de  tapies,  au  xvi*'.  siècle, 
enibiassa  les  opinions  de  Socin  ,  et 
ïuit  si  peu  de  discrétion  à  les  répan- 
dre,   qu'il  fui  réduit  à  s'enfuir  pour 
c'chaj)per  aux  poursuites  qu'il  s'eiait 
attirées.  Il  se  refiii^ia  à  Genève,  où  il 
crut  pouvoir  débiter  iiiipuncment  ses 
erreurs;  mais  les  chefs  de  la  reforme 
et. .lent  loin  d'avoir  pour  les  autres  l'm 
dulgciice  qu'ils  réclamaient  pour  eux- 
luèmcs.  Oblige,  en  1 558,  de  signer  un 
formulaire  de  foi   donné  par  le  con- 
sistoire italien,  Genlilis  fut   accusé, 
quelque  temps    après,  d'avoir  conti- 
nue de  dogmatiser  contre  la  Ste.-Tri- 
iiitc,  et  rais  en  prison  ,  d'où  il  ne  sor- 
tit qu'aprcs   avoir  apaisé  Calvin  par 
ses  sourai>sions.  On  exigea  en  outre 
qu'il  fit  amende  honorable,  qu'd  jetât 
lui-même  ses  écrits  au  feu,  et  s'enga- 
geât, par  serment,  de  ne  point  quitter 
Genève  sans  la  permission  des  magis- 
trats. Il  se  sauva  ceperidant,  au  bout 
de   quelques  mois ,  et  se  tint  caché 
dans  un  village  du  canton  de  Berne. 
Il  passa  ensuite  en  Savoie,  et  parcou- 
rut le  Lyonnais  et  le  Dauphiné,  cher- 
chant à  faire  des  partisans  au  socinia- 
iiisrae.    La  crainte  d'être  découvert  et 
puni  le  contraignit  bientôt  à  regagner 
sa  première  retraite.  Il  y  fut  arrête  et 
mis  en  prison  par  l'ordre  du  baitli  de 
Gex ,  qui  lui  demanda  une  profession 
de  foi ,  pour  la  faire  examiner  par  des 
théologiens.  Il  parvint  à  obtenir  son 
c'iarg.ssemcnt ,  et  retourna  à   Lyon  , 
où  il  fit  imprimer  sa  profession  de  foi, 
qu'il  dédia  à  ce  même  bailli,  l'auteur 
de  son  arrestation.  Celle  imprudence 
le  jeta  dans  un  nouvel  embarras  :  les 


G  EN  io5 

magistrats  de  Lyon  crurent  devoir  s'as- 
surer de  sa  pers(fnne;  mais  il  leur  per- 
suada qu'il  n'en  voulait  rpi'à  Calvin,  et 
on  lui  rendit  encore  une  lois  la  liberté. 
Il  en  profila  pour  aller  en  Pologne, 
où  deux    disciples   do  Socin  ,  Geor- 
ge Bl.uidrafa  et  Jean-Paul  Alciat,  ve- 
naient de  l'appeler,  afin  qu'il  les  aidât 
à  propager  leur  doctrine.  Les  sectaires 
s'élant  divisés  sur  quelques  points,  il 
en  résulta  des  troubles,  auxquels  le 
roi  de  Pologne  mit  fin  en  les  obligeant 
de  sortir  du  royaume.  Genlilis  se  re- 
tira d'.d)ord  en  Moravie  et  ensuite  eu 
Autriche  ,  d'où  il  revint  dans  le  can- 
ton de  Berne.  Mais  le  bailli,  dont  il 
aurait  dû  se  défier,  le  fil  arrêter  une 
seconde  fois,  le  1 1  juin  1 566 ,  et  con- 
duire à  Berne,  où  son  procès  fut  ins- 
truit solennellement.  Les  débats  durè- 
rent depuis  le  5  aoîit  jusqu'au  "j  sep- 
tembre j  et  enfin,  ayant  été  convaincu 
d'avoir  attaqué  le  mystère  de  la  Ste.- 
Trinié,il  fut  condamné  à  perdre  la 
tête.  On  dit  qu'en  allant  au  supplice, 
il  se  fl.ilta  d'être  le  premier  martyr  de 
la  gloire  du  Père;  les  apôtres  et  les 
autres  martyrs  n'étant  morts  que  pour 
la  gloire  du  fils.  Bénédicl  Aretius  a 
écrit  en  latin  Y/Jistoire  de  la  con- 
damnation de    Gentiîis ,    Genève, 
i58i ,  in-8\  On  y  trouvera  le  détail 
de  ses  opinions,  qui  différaient  de  cel- 
les de  son  maître,  et  dans  lesquelles 
il  a  varié  plus  d'une  fois;  chose  inévi- 
table,  lorsqu'on  n'a  d'autre  règle  de 
foi  que  la  raison    ou    l'imagination. 
Cette  idée  lui  était  particulière ,  que 
Dieu  avait  créé ,  dans  l'étendue  de  l'é- 
ternité, un  excellent  Esprit  qui  s'était 
incarné  lui-même  dans  la  plénitude 
du  temps.  On  peut  consulter  encoie 
le  Dictionnaire  des  hérésies ,   par 
l'abbé  Pluquet,  aumotSociMANisME. 

W— s. 
GENTILOTTI    (Jean- Benoît), 
né  à  Lngclsbruu,  dans  le  Tyrol,  en 


io6  GEN  G  EN 

ifj^a,  d'une  ancienne  et  illustre  fa-  cianos ,  insérées  dans  ks  Rerum  itaL 
tnille,  après  avoir  fait  d'excellentes  s criptores  de  Mur àiori,  tow.u  ,prnt, 
e'tudes  à  Saltzbourg  et  a  Inspruck,  2.  II.  Epistola  ad  Joan.  Burchar- 
alla  les  continuer  à  Rome,  où  il  ac-  dum  Menkenium^  de  conspeclii  in- 
quit  une  connaissance    profonde  du  si^nis  codicis  diplomalico-historico 
droit  canonique  et  des  Iai)<:ues  grec-  epistolaris  dato  adacloriim  Lipsen- 
quc,  hébraïque  et  arabe.  L'archevê-  siuni  collectores  ad  Bern.  Pez^  Ve'- 
quedt  Saltzbourg  Tappela  auprès  de  rone,  i-]  i  n  ^  in  -  4".  Genîilotli  s'était 
lui  en  I  ■]o3,  poui  remplir  à  sa  cour  déguisé  à  la  fête  de  cette  lettre  sous  le 
les  fonctions  de  directeur  de  chan-  nom  de   Fonteius  angélus    FerO' 
celieric  et  de  conseiller  intime.  L'.innée  nensis  ,  afin  de  ne  pas  être  obligé  de 
suivante,  il  se  rendit  à  Vienne,  où  il  paraîîre  dans  une  dispute  littéraire, 
succéda  à  D.  Nessel  dans  la  place  de  Apostolo-Zcno ,    dans  ses  Notes  sur 
directeur  de  la   bibliothèque  irapé-  Funtanini,  parle  de  ce  prélat  avec  un 
ria'.e,  et  ^c  fit  aimer  des  savants  par  grand  éloge.  W — s. 
son  affabilité  et  son  empressement  à         GEiNTlUS   (George),    orienfa- 
leur  fournir  tous  les  secours  dont  ils  liste   allemand,    naquit  en    1618  à 
avaient  besoin  pour  leurs  travaux.  Il  Dahme,  dans  la  principauté  de  Quer- 
continua  le  catalogue  de  celte  riche  furt.  A   l'âge  de  quinze  ans,  il  alla 
bibliollièque,  et  rédigea,  sur  les  prin-  achever    ses  études  à  l'université  de 
cipaux  ouvrages  qu'elle  renferme, des  Halle j  et,  deux  ans  après,  il  partit 
notes  que  Je  libraire  Weidmanii  se  pour  Sleswig,  où  il  fit  l'éducation  des 
proposait  de  publier.  (  ^or.  les y/of«  enfuïts  d'un  pasteur  de  la  ville.  En 
eruditorum,    l'ji'].)    Des   circons-  iG56,  il  se  rendit  à  Hambourg,  et  de 
tances  ayant  fait  connaître  toute  l'ha-  là  à  Breraeu  ,  pour  se  perfectionner 
bilelé  de  Gentilotti  pour  les  négocia-  dans    la    connaissance    des    langues 
tions,  l'empereur  le  nomma  son  com-  orientales  :  il  visita  aussi  Leyde;  ce  fut 
missaire  près  du  souverain  pontife,  là  qu'd  s'adonna  avec  le  plus  de  succès 
pour  régler  différents  objets  itnpor-  à  l'étude  de  l'arabe,  du  persan  et  <l«l 
lanls  au  bien  de  la  religion  et  à  la  lurk.  A  cette  époque,  le  grand -sci- 
tranquillité  de   l'Allemagne.  11   s'ac-  gneur  envoya  une  ambassade  en  Hol- 
«|uitta  de  cette  commission  de  manière  lande:  Genlius  profita  du  retour  de 
à  se  concilier  la  bienveillance  des  deux  cette  ambassade  pour  aller  à  Const.in- 
souverains,  qui  se  réunirent  pour  le  tinop!c.  Son  séjour  dans  la  capitale  de 
récompenser.   Il  fut  nommé  auditeur  l'ciupirc  othomnn  ne  fut  p>  nt  inutile 
de  rote  eu  i']'2â,el  évèquedc  Tirnle  aux  Icllres  :  il  l'employa  à  visiter  les 
deux  ans   après.    Mais   él;u)l  tombé  bibliothèques,  à  étudier  la  médecine 
nialade  peu  de  joins  après  son  élec-      des  Orientaux  ,  à  se  fortifier  dans  les 
tien,  il  mourut  à  Kome  en  I  7:25  ,  em-  langues    orient. des,  cl   acquérir   des 
portant  des  regrets  universels.  Outre  manuscrits  et  divers  objets  curieux.  H 
les  noies  dont  on  a  parlé,  et  dont  le  voyage»  aussi  eu  Perse  cl  en  Grèce; 
maniisnil  conservé  à  la  Hibiiothè(pic  et,  après  une  absVnee  de  sept  ans,  il 
un  [)ériale,  forme  i  o  vol.  in-fol.^i  ),on     rentra  en  liirope  par  Venise,  cl  de 
connaît  de  lui  :  I.  yldditamenta  et     là  il  retourna  à  Amsterdam.  L'électeur 
crisis  In  annules /'rnncorii m  Lanihc'  de  Saxe,  Jean-Oeorgu  II,  lui  donna  le 
; brev«l    d'un'.'  ixilsIoii    de   .six   cents 

(0  II  V  <li>niw  une  Notice  r-iisoiiiii^c  tl«^  4u4>  U"-  '       i    ii         ■  .       '  'ii      r  -\ 

rnac».  .lai.cui ,  fr«nv.u,.Mtu.nna. , uun. , etc.     nxdallcs  ^  cuvirou  Uois  mille  hancs). 


G  EN 

En  ivi7;'),  il  alla  trouvcL  ce  prince, 
qui   le    lit   .son   conseiller ,    cl   ren- 
voya une   scronile    fois    en    Hollan- 
de ,  pour    qu'il   retournai  tle    là    on 
Orirnt.  Mais  ce  voya;;e  n'eut  pas  lieu. 
I/electeur  se  (it  ac(onipai;ncr  de  Gcn- 
tius,  lorsqu'il  .se  rendit,  en   1*07,  à 
Francfort ,   pour    assister  à   la  dicte 
qui  devait  e'iire  Tempcrcur.  fja   J  ur- 
quic    iiyant    en\oye   une    ambassade 
pourcouiplimcnlcr  le  nouveau  prince, 
Gcntius  servit  d'interprète.  L'électeur 
l'avait  prccedemnicnl  nomme  concil- 
ier de  légation ,  et  avait  porte  à  huit 
cents   rixdalles    son   Irailement,  qui 
l'ut  encore  aui;mcntc  de  cinq  cents  au- 
tres. Comme  Gentius  savait  très  bien 
le  latin,  le   français  et  l'itilicn  ,  il  fut 
employé  pour  négocier  avec  les  mi- 
nistres étrangers.  Entre  les  diverses 
missions  qu'il  remplit ,  il  fut  envoyé, 
en  1G62  et  en   i6(i4  ,  à  Ratisboone  , 
pour  représenter  à  la  diète  d'Allema- 
gne le  danger  de  la  guerre  avec  les 
Turks.  Après  ces  voyages  ,  il  se  relira 
à  Glimck,  près  de  Halle  ,  oii  il  vécut 
en  repos.  Mais,  l'année  suivante  ,  l'é- 
lecteur l'appela  à  Dresde  dans  l'inten- 
tion de  le  faire  partir  pour  Constanti- 
nople  avec  l'ambassade  impériale:  il 
fit  même  à  cette  occasion  le  voyage  de 
Vienne.  L'électeur  de   Brandebourg, 
Frédéric,  le  fit  venir  auprès  de  lui  en 
1677  ,  tandis  qu'il  assiégeait  Stettin  , 
pour  ouvrir  des  négociations  avec  un 
envoyé  tarlare.  Mais  la  fortune,  qui 
l'avait  favorisé    jusqu'alors  ,  l'aban- 
donna :  il  tomba  dans  la  plus  grande 
pauvreté  ,  montra  même  des  marques 
el'un  dérangement  d'esprit,  en   sorte 
que,  par    sa  conduite  singulière,  il 
s'attira  le  mépris.  En  1687  ,  il  alla  de 
Berlin  à  Fnyberg,  ou  il  mourut   et 
fut  enterré  par  chai ité.  Nous  avons 
rapporté  ici  l'opinion  dejôcher:  mais 
quelques   bio^;raphes  disent  au  con- 
traire que  Gciilius  mourut  en  voyage, 


G  EN  107 

à  la  suite  de  l'.imbassadc  que  l'élec- 
teur George  111  envoyait  à  Vienne. 
Comnu-  on  l'avait  accuse;  d'.ivoir  em- 
biassé  le  mabomélisme  ,  il  s'en  |u.«>li(ia 
av<nt   sa    mort    devant   le    ministre 
Bayer.  On  a  de  ce  sav.nl:  I.  Musla- 
dini  Sadi ,  polllicum  Hosariiim  siue 
amœnitm  sortis  humanœ  theaUum  , 
Aui^t.,  i63i  ,  in-ful.  :  c'est  la  '.radin- 
tion  latine,  accompagnée  du  UxU-  per- 
san, de  l'ouvrage  célèbre  de  Sadi ,  inti- 
tulé :  GulisLan  ou  pnfs  des  roses. 
(  Tof.  Sadi.)  La  vcrsn)n  de  Gentius 
est  généralement  fidèle,  et  le  texte  est 
pur  ,  plus  correct  néanmoins  dans  les 
premiers  livres  que  dans  les  derniers. 
On  pourrait  croire  que  Gentius,ayant 
voyagé  dans  le  Levant,  avait  expliqué 
cet    ouvrage    sous    quelque   khodjah 
turk ,  qui  lui  avait  fait  saisir  le  vrai 
sens  de  l'auteur.  Cette  traduction  la- 
tine de  Gentius  a  été  réimprimée  (|ua- 
tre  ans  après ,  sous  ce  titre  :  Rosarium 
Polilicum  sive  ,  etc. ,  de  Persico  in 
Jatinum  versinn  et  notls  ilîastratitm , 
à  Geo7'gio  Gcntio,  /imslerdam^  i655, 
in-isi;  elle  est  ornée  de  gravures.  II. 
Hisloria  judaïca  res  Judœorum   ab 
eversdœde  Hierosoljmiland  ad  hœc 
ferè  tempora  usque  complexa,  ibid. , 
i65i,  in-4'-"-  ouvrage  traduit  deSdo- 
mon  bcn  Virga,  médecin  espagnol;  le 
texte  avait  «té  imprimé  plusieurs  fois, 
m.  Canones  ethici  B.  Moseh  Maimo- 
niâes,  ex  hehrœo  in  latinum  fern, 
uheriorihuscjue  notis  illustrati ,  ibid. , 
j(34o,  in-4"-  On  a  une  Vie  de  Geu- 
lius  écrite  par  Aug.  Beyer.      3 — w. 

GENTLEMAN  (François),  écri- 
vain et  comédien  irlandais ,  né  en 
17-28,  et  élevé  à  Dublin,  était  fils 
d'un  officier,  et  entra  lui-même  au 
service  militaire.  Se  trouvant  licen- 
cié par  suite  de  la  réduction  de  sou 
régiment  à  la  fin  de  la  guerre  en  1 748, 
il  céda  à  un  pencbant  qu'il  avait  pour 
la  profession  de  ccraédien,  et  joua  la 


io8  GEO 

tragédie  sur  le  théâtre  de  Dublin,  avec 
applaudissement,  s'il  faut  Teu  croire 
lui  -  même,  malgré  une  figure  peu 
imposante  et  b  aiicoup  de  timidité  :  ce 
succès  cependant  ne  tint  pas  contre 
!e  désir  d'aller  vivre  dans  l'indépen- 
dance à  Londres,  à  l'aide  de  quelque 
revenu  récemment  accru  par  un  hé- 
ritage. Ce  ne  fut  qu'après  avoir  dis- 
sipé tout  son  bien  ,  qu'il  recourut  à 
sa  première  profession  ;  il  joua  suc- 
cessivement à  Bath,  Élimbourg,  Man- 
chester, Liverpool ,  Chcster  et  dans 
d'autres  villes.  Une  Épîlre  intitulée 
les  Caractères,  in-4*^.,  et  des  Fables 
royales,  in -H".,  publiées  par  lui  en 
1766,  indiquent  du  talent  pour  la 
poésie.  Il  travailla  aussi  pour  le  théâ- 
tre; et  ce  fut  vers  1770,  étant  alors 
attaché  à  la  troupe  de  celui  de  Hay- 
m.irket  à  Londres ,  sous  la  direction 
deFoole,  qu'il  composa  et  arrangea, 
d'après  d'anciens  auteurs  ,  plusieurs 
tragédies  et  comédies ,  dont  la  repré- 
sentation eut  peu  d'éclat,  et  qui  sont 
ignorées  aujourd'hui.  On  cite  aussi  ua 
ouvrage  composé  vers  le  même  temps, 
et  intitulé  le  Censeur  dramatique ^ 
1 770, 2  vol.  in-8  '., où  il  jugeait,dil-on, 
avec  goût  et  impartialité,  environ  cin- 
quante des  principales  pièces  du  ré- 
pertoire ,  et  les  principaux  acteurs  de 
son  temps  (i).  Gentleman  a  donné 
une  édition  du  Théâtre  de  Shakes- 
peare ,  pidjlié  par  Bill,  1774-5, 
qui  ne  lui  a  valu  que  des  reproches. 
Il  passa  ses  dernières  années  dans 
son  pays  natal ,  où  il  mourut  dans 
rindigeiHC ,  épuisé  par  des  mala- 
dies, le  8  dérombre  1  78  |.  X — s. 
GliOFFRlN    ou    JOFKAIN 


(1^  Un  niivrn};»' lirhilom.irl  irr  ,  porUnt  Ir  ra^mc 
tilrc  ,  |i.>r  M.  Dulloii  ,  lui  publiij  en  iHnn  ;  In  Nu- 
miiroi,  jiiii[ii',iii  iiiiiii  <lr  iiiiilrt,  nn  ont  é\é  re- 
curillii  011  1  vol.  iii-'-t^'.  Il  |>iiriil  tlc|iuis  nii  «'cim- 
m'-ncrmenl  ili:  <:h  iqiir  rnnii.  Ou  y  juni'.iil  non  irti- 
lemiTnt  Ici  piooc»  Ar  llx-àlrn  ri  !««  nclruri ,  muii 
niKii  Ici  labludUk  de  rexpotUioa  dt  l'Acddùmic 
roynU. 


GEO 

(Claude),  né  à  Paris  vers  1659, 
embra-sa  Tordre  de  S.  François, 
d'où  il  se  fit  transférer  dans  celui  des 
Feuillants  ;  il  y  prit  le  nom  de  Jé- 
rôme de  Ste.- Marie  ,  et  n'a  plus  éto 
connu ,  depuis ,  que  sous  celui  de  dora 
Jérôme  :  il  se  distingua  dans  ce  nou- 
vel institut  par  sa  régularité  et  par 
son  talent  pour  la  chaire,  et  y  oc- 
cupa successivement  toutes  les  digni- 
tés, fut  prieur,  visiteur,  assistant-gé> 
néial,  emplois  qu'il  remplit  à  la  sa- 
tisfaction des  premiers  supéiieurs. 
Il  eut  aussi,  à  la  cour  et  dans  toutes  les 
chaires  de  la  capitale,  des  succès  com- 
me prédicateur;  ses  sermons  sont  so- 
lides, nourris  de  l'Ecriture-Sainte  et 
forts  de  raisonnement.  Il  n'y  comt 
point  après  les  ornements,  et  pour- 
tant ne  néglige  pas  ceux  du  genre  : 
quelques-uns  pensent  que  son  ac- 
tion sage ,  souvent  pathétique  et 
pleine  d'onction  ,  contribua  plus  en- 
core que  le  mérite  de  sa  compo'-ifion  , 
à  la  réputation  qu'il  se  fit.  Geoffrin  , 
en  1717,  se  trouva  impliqué  uans 
les  disputes  du  jansénisme  ,  et  fut 
exilé  à  Poitiers;  on  lui  permit  néan- 
moins de  revenir  à  Paris.  Il  y  mou- 
rut en  1721,  âgé  de  quatre-vingt- 
deux  ans.  Ses  Sermons  ont  été  pu- 
bliés par  r.ibbé  Joly  de  Fleury,  cha- 
noine de  Notre-Dame,  Paris,  17^7, 
5  vol.  in- 19..  L — Y. 

GFOFFRIN  (Marie- Thérèse 
RoDET ,  madame) ,  naquit  à  Paiis  le 
2  jiun  I  ()()().  Son  père  était  valet- 
dc-chambre  de  Madame  la  dauphine. 
S^  mère  joignait  aux  agréments  de 
l'espiit  des  talents  très  distingués. 
Ils  lui  firent  épouser  à  quinze  ans 
M.  Grolïrin ,  qui  portait  le  titre  de 
lieutenant-ct)lonel  de  la  milice  bour- 
geoise de  Paris,  el  y  fut  l'un  des  fon- 
dateurs de  la  luauulact^ure  dos  glaces. 
On  a  prét(Midu  (jue  c'était  cet  homme 
bou  et  bimplc  qui,  Usant  toujours  le 


GEO 

nuVne  vol umo, s'apercevait  seulement, 
(lo  temps  à  nuire,  (|uc  l'aiiteiir  se  re- 
j)ctaii  un  peu.  Li  tbitinie  qu'il  laissa 
à  sa  icmme  uVtiit  j)as  très  consicld- 
laljle  ;  mais  el!e  rau^miMifa  bcuticuup 
par  sou  esprit  (Voidre  et  s»u  écono- 
mie, qu'elle  appelait  elle-même  «  une 
»  source  cVnidepentbnec  et  de  libera- 
»  litc.  »  Douce  (le  beaucoup  de  rai- 
son et  d'une   grande  justesse    natu- 
relle d'esprit,  elle  londa  ses  plaisirs, 
son  bonheur  même,  sur  la  bonté  et  la 
bienfaisance.    Iji    considération    pu- 
blique devint  le  but  et  l'occupation 
de  toute  sa  vie  :  mais  elle  voulût  une 
considération  tranquille;  et  il  est  per- 
mis de  croire  qu'elle  ne  serait  jamais 
arrivée  à  une  aussi  grande  célébrité',  si 
elle  n'avait  eu  pour  amis  des  gens  de 
lellres  qui  e'taient  alors  les  dispensa- 
teurs de  la  Innommée.  Elle  ne  se  Iwr- 
liait  pas  ,  comme  M"",  de  Tcuciu,  à 
leur   donner   à  dîner,  et  à  leur  faire 
quelques  petits  pre'senls  fort  utiles  ; 
elle  les  aidait,  ainsi  que  les  artistes  de 
Paris  les   plus   conims  ,  soit   de  sa 
bourse ,  soit  de  son  crédit ,  et  ajou- 
tait à  une  extrême  gc'nerosite'  le  rae'- 
rîte  lie  ne  jamais  blesser  leur  délica- 
tesse. Elle  rapprochait  ces  deux  classes 
d'hommes ,  des  gens  en  place  et  des 
grands,  et  leur  faisait  connaître  aussi 
les  ambassadeurs  et  les  étrangers,  qui, 
dans  une  capitale,  sont  toujours  atti- 
rés par  une  bonne  maison,  surtout  si, 
indépendamment  des  avantages  d'une 
conversalion  instructive  et  amusante, 
ils  savent  qu'une  réunion  d'hommes 
célèbres  doit    y  satisfaire  leur  curio- 
sité. Les  voyageurs ,  à  cette  époque , 
croyaient  n'avoir  vu  Paris  qu'impar- 
faitement s'iU    n'avaient  pas   connu 
M"*''.  GeortVin.  Deux  dîners  par  se- 
maine étaient  alternativement  consa- 
crés par  elle  aux  gens  de  lettres  et  aux 
artistes;  mais  elle  avait,  de  plus,  le 
soir  à  souper,  des  réunions  be4Wcoup 

XV  H.. 


GEO  ïof) 

moins  nombreuses,  et  qui  étaient  sou- 
vent reelierehées  par  des  persomiesdu 
grand  monde.  Ces   réunions  étaient 
précédées  par  les  visilc->  (jui  se  suc- 
cédaient sans  foule  de[)uis  quatre  ou 
cinq   heures  jusqu'à  dix.  On  n'allait 
pas  seulement  chez  M""'.Geo(rrin  pour 
y  voir  la  plus  intéressante  compagjne 
en  tout  genre;  on  y  allait  aussi  pour 
jouir  d'elle-même ,  de  ses  qualités  ul- 
lachantcs  ,  enfin  de  l'aimable  singu- 
larité de  son  caractère ,  vif  jusqu'à  la 
brusquerie,  et  cependant  tempéré  par 
la  sagesse  de  son  esprit,  par  la  scr.- 
sibililé  de  son  cœur.   Il  est  certain 
qu'elle  avait  un  caractère  à  elle  ,  un 
caractère  décide  ,    mais   sans    traits 
absolument  marquants.  Une  de  ses 
maximes  ordinaires  ,  car  elle   avait 
réduit  sa  raison  en  maximes  ,  c'est 
que  tous  les  maux  qui  nous  alfligent 
ici-bas  viennent  d'un  défaut  de  fer- 
meté. Aussi  n'en  manqua-t-elle  jamais 
dans  sa  conduite ,  quoiqu'elle  sût  allier 
à  sa  fermeté  pevsoniïelle    beaucoup 
d'indulgence  pour  les  autres,  et  une 
grande  tolérance  en  fait  d'opinions. 
Son  esprit  n'ayant  été  cultivé  que  par 
le  commerce  du  monde ,  elle  conve- 
nait avec  franchise  qu'elle  était  igno- 
rante, et  ne  savait  même  pas  l'ortho- 
graphe; mais  grâces  à  un  tact  qui  lui 
était  propre,  elle  paraissait  rarement 
étrangère  à  ce  qui  occupait  son  cer- 
cle de  tous  les  jours.  Jamais  elle  n'a- 
vait étudié  ni  le  dessin  ni  la  musi- 
que ;  et  cependant  elle  fut  un  excel- 
lent juge,  une  protectrice  éclairée  des 
sciences  et  des  arts.  Elle  montra  par- 
ticulièrement son  bon  jugement  dans 
l'opinion  qu'elle  se  forma,  et  qu'elle 
émit ,  à  l'époque  de  la  publication  de 
y  Esprit  des  lois.  Très  liée  alors  avec 
Montesquieu,  elle  lui  adressa  les  té- 
moignaç!;es  de  son  admiration  pour  ce 
livre,  n'ayant  pas  l'air  desavoir  qu'il  eu 
fùl^aulettr,L'JSoûtdcM"^Geol^iin,et 


iio  GEO  GEO 

surtout  un  sens  très  droit,  lui  sugge-  à  son  araitie  bienfaisante  fort  au- 
raient toujours  en  parlant  le  tour  et  le  delà  du  nécessaire  ;  peu  des  artistes 
terme  convenables.  Si  quelquefois  elle  les  plus  dislingues  de  l'ëpoque  où 
employait  des  images  et  des  expies-  elle  vivait ,  dont  elle  n'ait  commencé 
sions  familières,  »rivialesmêfne,ellelfs  la  fortune  en  même  temps  que  la  rè- 
lelevail  par  le  grand  sens  qu'elle  y  •  en-  putalion.  Elle  avait  aussi  h  pardonner, 
fermait. Son  vrai  talent  èlailceliiidera-  puisque,  sans  compter  les  ingrats  , 
conter,  sans  artetsansprctention,com-  doul  elle  embrassait  pir  priucipes  la 
me  si  elle  eût  voulu  sen'craent  donner  défense,  elle  a  trouvé  des  ennemis,  et 
l'exemple  aux  autres.  Elle  avait  adopté  surtout  parmi  les  personnes  de  sou 
de  bonne  heure  un  costume  simple,  et  sexe,  puisqu'elle  a  eu  connaissance 
qui  lui  allait  bien  dans  sa  vitiilesse.  il  de  plusieurs  satires  ,  et  entre  autres 
fa'îail  la  voir  dans  son  fauteuil,  les  d'une  comédie  imprimée  en  5  actes,  le 
mains  presque  recouvertes  de  longues  Bureau  d'esprit  (  ^.  Kutlidge)  ,  qui 
m.Tiiches  plates, diriger  la  conversât  on  était  composée  dans  la  seule  vue  de 
sans  en  avoii-  l'air,  laisser  liabiîuel-  pcrsilllcr  elle  et  sa  société.  Mais  pour 
lement  les  autres  en  faire  les  Irais,  ne  parler  ici  que  des  témoignages  de  ré- 
el niellre,  par  un  art  délicat ,  chacun  connai.-^sancc  qui  lui  furent  le  plus  sen- 
dans  son  jour  le  plus  avanîageux  ,  au  sibles,  on  sait  qu'entre  autres  étrangers 
moyen  de  simples  (piesîions,  ou  de  illustres  elle  avait  accueilli  d'une  nia- 
quelquesmots  remplis  d'intérêt,  qu'el!e  nière  particulière  le  comte  Stanislas 
jetait  pour  ainsi  dire.  Faire  tout  le  Ponifllow>-ki ,  après  avoir  aimé  très 
Lien  possible,  et  respecter  toutes  les  tendrcmentlc  père, et  soigné  les  quatre 
convenances  établies  :  voilà  ses  deux  frères  de  ce  jeune  seigneur,  destiné 
grands  principes.  Le  savoir- vivi-e  à  devenir  le  souverain  de  la  Pologne, 
était  pour  elle  la  suprême  science j  Elle  lui  avait  même  rendu  à  Paris, 
et  on  aurait  pu  lui  demander  des  où  il  se  trouvait  momentanément  dans 
leçons  pour  bien  connaître  les  hom-  une  position  difïicile,  un  service  pé- 
mes  ,  comme  aussi  pour  se  con-  cuniaire  fort  important.  Il  l'appelait 
diùre  toujours  selon  les  règles  de  la  sa  mère;  et  à  peine  pirvenu  au  trône 
prudence.  Heureuse  par  sa  raison,  de  Pologne,  il  lui  écrivit:  a  Maman, 
à  l;;quelle  on  a  souvent  répété  qu'elle  »  voire  fils  est  roi.  »  Pressée  par  lui 
avait  donné  la  furuie  et  l'cclal  du  de  se  rendre  à  Varsovie  ,  M""".  Gcof- 
Ijel-esprit,  et  soignant  son  bonlieur  IViu  cul  le  courage  d'entreprendre  ce 
autant  que  sa  santé,  M""".  Geoilrin  grand  voyage  en  i70(),  à  lage  de 
était  occupée  sans  cesse  à  modérer  soixante-huit  ans,  et  fut  accueillie  par 
les  idées  et  les  sentiments  des  per-  son  fils-roi  avec  toutes  les  recherches 
sonnes  avec  qui  elle  vivait  le  plus  in-  de  la  grâce  et  de  la  magnificence.  Eu 
limement,  en  connue:  (aiil  par  se  passant  par  Virnne,  cette  dame,  sim- 
inodércr  elle-même.  Qiu'hpi'un  a  dit  j)!e  bourgeoise  de  Paris  ,  avait  reçu 
que,  pour  conserver  l'équihbre  eu  de  l'impératriie  -  reine  et  de  son  fils 
tout,  eJle  n'aimait  rien  passionné-  .loseph  11  les  témoignages  de  bonté 
ment,  pas  même  la  vertu.  Sa  devise  les  plus  fiatteurs  ,  les  plus  honora- 
ou  maxime  favorite  était  :  «  Donner  bics  :  elle  les  vit  encore  à  sou  retour 
»  (t  pardoimer.  »  (hianl  au  premier  de  Pologne  ,  et  fut  coudde'e  de  fa- 
j)oint,  il  (Si  peu  des  gens  de  lettres  vcurs  pir  la  fimille  inipériale  toute 
avec  qui  clic  était  liée,  qui  u'aicnl  dû  culicrc.  On  prclcud  même  que,  soup- 


C.  E  0 

fnnnant   \\n    \no\vl' i\c  in.uiagc  qui 
scinhiait  alors  ne  pouvoir  elrc  lorme 
<|iii'  [)oiirl('  builu'iir  tic  la  France  cl 
])our  (tIiiï   do  l'aiipiastc  Maiic-An- 
loinctlc,  clic  (lit  loul  bas  un  jour,  an 
cercle  lie  rimpc'ratriro  :  «   Voilà  une 
»  petite     aiclndiiciicsse     charmante; 
»  )C  voudrais   bien   l'emporter   avec 
»  moi.  »  —  «  Emj)orlcz,  emportez,  » 
eut  la  honte  de  repondre,  en   sou- 
riant,  Marie- Thérèse,  qui  avait  en- 
tendu M""".  Gcoffrin  ,  ou  bien  s'était 
fait  repeter  ce  que  colle-ci  n*aurait  ja- 
mais ose  articuler  tout  haut.  Elle  revint 
à  Paris  au  bout  de  cinq  mois,  tout  aussi 
simple  qu'elle  en  était  partie.  Si  celte 
simplicité  était  chez  elle  un  système, 
il  faut  convenir  que  le  système  lui 
réussissait  bien.  Elle  reprit  son  train 
de  vie  ordinaire,  et  eut  l'honneur  de 
recevoir  la  visite  de  plusieurs  souve- 
rains voyaj^eurs.  Bref,  rien  ne  changea 
pour  elle  jusqu'à  l'époque  où  sa  santé 
vint    s'altérer.   Une   maladie  qu'elle 
eut  en  1776,  donna  lieu  dans  sa  so 
ciéîé  à  plusieurs   querelles ,    et   par 
cette  raison  fit  beaucoup  de  bruit  à 
Paris.  La  marquise  de  la  Ferté-Im- 
bault,  qui  ne  partageait  pas  tous  les 
goûts ,  ni  la  tolérance  de  sa   mère , 
qui  s'affligeait  surtout  du  vernis  de 
philosophie  qu'on  avait  cherché  à  lui 
donner,  avait  cru  devoir  fermer  la 
porte  de  la    malade  à  D'Alembert, 
Marraontcl  ,  l'abbé  Morcllct  et  au- 
tres   encyclopédistes.  Ils    s'en   plai- 
gnirent amèrement.  Leur  amie  ,  ren- 
due à  la  vie,  ne  gronda  personne,  elle 
qui  avait  la  réputation  d'êlre  gron- 
deuse. Mais  lorsqu'elle  fut  en  élat  de 
recevoir    du   monde,   elle   confirma 
l'exclusion  donnée  à  ceux  des  an- 
ciens habitués  de  sa  maison  qui  effa- 
rouchaient irop   M"*'',  de  la   Ferté- 
Imbault.  Tant  qu'elle   avait   craint , 
tout  en  gardant   les    principes   reli- 
gieux de  son  enfance  ^  de  se  brouiller 


GEO  iif 

avec  les  philosophes  du  xvnr.  siè- 
cle ,  elle  ne  s'était  livrée  qu'avec  sa 
modération  accoutumée  à  une  dévo- 
tion  que    Marmontcl   aj^pclait  clan- 
desliue.   Elle  la  montra  plus   à  dé- 
couvert sur  la  fin  de  ses  jom.s.Fiap- 
pée    de    paralysie    pendant    un  an  , 
elle  conserva  un  grand  calme  physi- 
que et  moral,  et  mourut  en  octobre 
1777  dans  les  meilleurs  soritimcnls 
religieux  ,  n'ayant  oublié  aucun   de 
ses  amis  dans  son  testament,  et  lais- 
sant à  plusieurs  d'entre  eux  des  legs, 
des  rentes  viagères  même  ;  ce  qui  a 
fait  dire,  avec  plus  de  méchanceté  que 
de  justice,  que   les    gens  de  lettres 
étaient  payés  pour  la  louer.  Thomas, 
l'abbé  Morellet  et  D'Alembert  fuient 
ceux  qui  mirent  le  plus  d'empresse- 
ment à  acquitter  cette  dette,  qui  était 
pour  eux  la  dette  du  cœur.  Ecrivant 
long-temps  après  eux,  La  Harpe ,  Mar- 
montel  et  M.  Suard ,  enfin  l'abbé  De- 
lille  (dans  son  poème  de  la  Conver- 
sation), ne  nous  ont  pour  ainsi  dire 
rien  laissé  à  apprendre  surM"^".  Gcof- 
frin.  Mais  s'ils  n'avaient  pas  autant 
détaillé  tous  les  genres  de  mérite  qui 
lui  étaient  propres,  et  que  nous  eus- 
sions à  la  juger  ici  sans  autres  don- 
nées que  les  mots  et  les    maximes 
qu'on  cite  d'elle,  que  ses  lettres  et 
quelques  fragments  de  sa  main ,  il 
nous  resterait  encore  une  idée  très 
positive  de  son  genre  d'esprit.  Les 
qualités  qui  le   distinguaient    étaient 
évidemment   le   naturel  ,  la  jusfes.sc 
et  la   finesse,   quelquefois   aussi   la 
grâce.  Dans  le  peu  qu'on  a  imprime 
de  M"*  .  Geofîrin,  l'on  a  fiit  disparaî- 
tre les  fautes  qui  justifieraient  ce  que 
dit  Marmontcl  dans  ses  Mémoires, 
qu'elle  écrivait  en  femme  «  mal  cle- 
»  vée,etqui  s'en  vantait.  »  A  la  vé- 
rité c'était  un  travers  du  temps  par- 
mi les  personnes   de    son   sexe,  et 
peut-ctre  aussi  parmi   les  hommes 


iii  -GEO 

dans  un  certain  ordre  de  la  société. 
Son  style  est  concis ,  clair  et  sim- 
ple ;  il  n'a  aucun  des  défauts  qu'on 
reproche  au  style  acade'miqiic.  Les 
mots  rendent  toujours  sa  pensée  d'une 
manière  heureuse,  et  souvent  origi- 
nale :  enfin,  dans  ses  e'ciits  comme 
dans  ce  qu'on  nous  a  rapporte'  de  ses 
entretiens  et  de  sa  vie  ,  on  reconnaît 
les  avantages  que  donne  le  bon  sens 
joint  à  la  saj^esse  de  caractère,  quand 
ils  sont  perteciionnés  l'un  et  l'autre 
par  un  grand  usage  du  monde. 

L_P^E. 
GEOFFROI,  premier  du  nom  ,  fut 
aussi  le  premier  qui  prit  le  titre  de 
duc  de  Bretagne  j  Conan  P'. ,  son 
père,  n'ayant  eu  que  celui  de  comte 
de  Rennes.  Parvenu  à  la  souverai- 
neté' en  992,  il  débuta  p<ir  con- 
traindre Judicaël  Bcrenger  à  lui  faire 
hommage  du  comte  de  Nantes.  Il 
fut  long-temps  et  injuslemf  ni  en  guer- 
re avec  ce  prince,  dont  il  convoi- 
tait les  états.  Ayant  e'pousé  Hedvvige , 
fille  aînée  de  Richud  l  '.,  dit  le  t^/eZ, 
duc  de  Normandie  ,  GjGpffroi  vint  au 
secours  de  Richard  II,  successeur  de 
ce  prince,  contre  le  comte  de  Char- 
tres, leur  beau  frère  ,  qui,  à  la  mort 
de  sa  femme ,  sœur  de  Richard ,  décé- 
dée sans  postérité  ,  n'avait  pas  voulu 
rendre  la  partie  du  comté  de  Dreux 
assignée  en  dot  à  celle-ci.  Richard 
ayant  aussi  appelé  à  son  secours 
Olaiis,  roi  des  lloriqucs  ,  et  fiicman, 
roi  des  Snèvcs,  ces  barbares  équi- 
pèrent une  fl«)tte ,  qui ,  au  lieu  de  se 
porter  en  Normandie,  vint  débarquer 
les  troupes  qu'elle  avait  à  bord,  sur 
les  côtes  de  Bretagne,  aux  enviions  de 
Cancalej  ils  brûlèrent  Dol,  et  en  mas- 
sacrèrent tous  les  habit.inls  qui  avaient 
voidu  s'opposer  à  leur  débarquement: 
reMonlanl  ensuite  sur  leurs  vais  eaux, 
ils  firent  voile  vers  li  Normandie. 
GeolIVoi ,  legaidanl   ce  malheureux 


GEO 

événement  comme  une  punition  du 
ciel  courroucé  de  la  gueirc  injuste 
qu'il  avait  faite  au  comte  de  Nantes, 
fit  de  grandes  concessions  au  clergé, 
afin  de  fléchir  la  colère  de  Dieu ,  et 
résolut  en  outre  de  faire  le  voyage 
de  Rome.  Au  retour  de  ce  pieux  pè- 
lerinage, en  1008,  il  fut  lue  d'un 
coup  de  pierre ,  qui  l'attcii^nit  à  la 
tête;  cette  pierre  avait  été  lancée  par 
une  femme  chez  laque' le  il  avait  logé, 
et  qui  était  furieuse  d'avoir  vu  étran- 
gler une  de  ses  poules  par  un  de  ces 
oiseaux  de  proie  que,  suivant  i'usage 
de  ce  temps,  on  portait  à  la  suite 
du  due.  Geofti'oi  1''.  eut  deux  fils, 
Alain  III,  dit  le  RebrUy  qui  lui 
succéda ,  et  Eudes  ,  vicomte  de  Por- 
hoët  :  ce  dernier,  qui  régna  après  son 
frère,  eut  sept  fils,  connus  dans  l'his- 
toire par  leurs  aventures  ixtraordi- 
naires.  Adelais,  aussi  fille  de  Geoffroi, 
morte  en  1067  ,  bit  abbesse  do  St.- 
George  de  Rennes.  P — e. 

GEOFFROI  II,  surnommé  l-  Beau, 
comte  d'Anjou,  troisième  fils  d'Henri 
Il ,  roi  d'Angleterre ,  et  d'Éléonore  de 
Guienne,  épouse  divorcée  de  Fjouis-le- 
Jeunc,  roi  de  France,  naquit  en  1  1 58, 
et  devint  duc  de  Bretagne  par  son 
mariage  avec  Constance,  fille  de  Co- 
nan IV  ,  et  héritière  de  ce  duché.  Quoi- 
que îes  accords  fui.seni  fûts  dès  l'an- 
née 1 16G,  époque  à  laquelle  le  prince 
n'avait  que  huit  ans,  et  la  princesse 
quatre  ou  cin(| ,  le  mariage  ne  se  con- 
clut qu'en  1 182,  à  cause  des  diillcultés 
élevées  par  le  pape  pour  donner  des 
dispenses,  h  s  conjoints  étant  parents 
au  troisième  degré.  Depuis  l'accord  de 
ce  mariage,  (".oiian  IV,  qui  avait  été 
contraint  de  le  condure  par  la  force, 
ne  fut  plus  que  le  lieutenant  du  roi 
d'Angleterre,  iiisqu'à  sa  mort ,  arrivée 
en  1171.  GeolVioi ,  possesseur  de  la 
Bretagne,  se  di>tingua  fort  jeune  dans 
les  guerres  qu'il  soutint  eu  faveur  de 


GEO  GEO                 ii3 

riullppc-Aii^iKslc,  contre  les  ducs  de  comte  d'Anjou  rt  du  Maine,  nnr|iiii  à 
13oiirg()i;nc  et  les  comtes  de  Flandre  An^^ers  ,  le  7.3  août  i  ii  5.  Foulques 
et  de  ('Jiani()au;nr.  Fntraîiic  dans  la  son  père,  nn  des  pins  pMis»«.uifs  sci- 
revolte  conirc  son  propre  père  à  fins-  gneurs  d<-  l'ianiT  ,  lui  fi»  épouser,  en 
tig  lion  de  sa  mère  ,  de  ses  frères  et  i  127,  Mathiide,  fiîl<'  di  Henri  I'.,  roi 
du  roi  le  France  ,  il  ravigr  l'Aqni-  d'Aii'^lelerrc,  et  voiivr  sans  (  tifinlsde 
taine,  pille  le  trésor  de  Si. -Martial  de  rcnipereuiHonri  V.Othyrnrn  lut  celé- 
Limoges  ,  reÇ'  it  Sun  frère  H  nri  djiis  bréau  Mans,  par  des  fêtes  magnifiques 
le  chàlrau  de  cette  ville  ,  et  tait  lirer  (pii  durèrent  trois  semain-s.  Bientôt 
des  (lèches  sur  le  roi  Henri  11  lui-  Foulques,  a[)p«' c  au  trône  dejcriisa- 
Hiêuie,  qui  se  prc-icntait  pour  y  en-  Km,  investit  avant  son  dépajtOcof- 
trer.  Hevenu  à  Paris  pour  se  con-  IVoi  des  comtés  d'Anjou  et  du  Maine, 
ccrteravec  Philippe-Auguste,  a\cc  le-  Le  jeune  prince  fit  ses  premières  ar- 
quel  il  était  inliiacineni  lié,  GeofFroiest  mes  contre  p'usieuis  vassaux  rebelles 
reiiverséelfoulcaux  pieds  de> chevaux  qu'il  réduisit  à  l'obéissance.  Devenu 
dans  ur.  tournois  qiii  avait  élé  doniié  héritier  duduché  de  Norm.  ndie,  par 
en  son  honneur.  Les  suites  de  cet  acci-  la  mort  de  Henri  son  beau -père,  il 
dent,jointesàune(lysenteriedunt  il  fut  combattit  huit  ans  pour  recueillir  cette 
atteint,  terminèrent  ses  jours  en  1  186.  ri'  he  succession,  que  lui  disputaiMit  le 
La  mémoire  de  ce  prince,  d'un  ca-  comte  de  Bois  élu  pirles  Normands, 
îaclère  doux,  quoique  très  vaillant,  cl  Louis  le  jeune,  roi  de  France.  De 
a  éié  long-temps  en  vénération  par-  nnuveauxtroublessuivirentcetteguer- 
mi  le  clergé  <'t  la  noblesse  de  Bre-  re.  Dubellai ,  sénéchal  d'Aquitaine  , 
tagne.  Il  lit  pendatjt  son  règne  de  avait  ravagé  l'Anjou;  Geofnoi  le  pour- 
grandes  don  liions  aux  églises;  il  leur  suit  àoulrance,  et  le  fait  prisonnier, 
donna  en  une  seul  fois  jusqu'à  40,000  Louis  le  ji'uji^e,  réclame  à  main  armée 
marcs  d'argent.  Il  c>t  l'auteur  de  cette  la  délivran(k;-iu*captif  :  plusieurs  pro- 
loi  célèbre,  app«lée  communément  vinces  sont  dévastées.  Enfin  le  comte 
l'flj^/j^e  du  comte  Geoffioi,  par  laquelle  d'Anjou  cède,  et  met  Dubellai  en 
les  (iis  aînés  d-'S  barons  et  des  che-  libellé;  mais  il  dédaigne  de  se  faire 
valiers  recueillaient  l'entière  succès-  absoudre  des  cen^iures  que  le  pape 
sion  de  leurs  pères,  au  détriment  Eugène  HT  avait  l-<ncées  contre  lui. 
de  tous  les  autres  enfants.  Il  eut  En  vain  St.-Bernard  l'exhorte  case  sou- 
de son  mariage  avec  Constance  ,  un  metlrerlefierGeoffroiproteslequ'elles 
fils  né  posthume,  nommé  Arthus,  que  sont  nulles.  Cette  discussion  n'était 
son  oncle  Jean-saus-Terre  fit  périr,  et  pas  terminée,  lorsqu'il  mourut  à  Châ- 
une  fille  née  en  1 184,  q"i  fut  accor-  teau-du-Loir,  en  septembre  i  i5i  j 
déc  au  fils  de  Léopoid,  duc  d'Autri-  il  fut  inhumé  dans  la  cathédrale  du 
che .  que  le  même  Jean-sans-Terre  re-  Mans,  où  l'on  voyait,  avant  1 795,  sou 
tifit  long-temps  prisonnière,  et  qu'il  portrait  en  émad,  sur  une  table  de 
enferma  ensuite  dans  le  monastère  de  cuivre,  avec  ce  distique  : 

Cerf,    à    Bristol,     où    elle    mourut    en  Euse  tuo.  prlnceps,  prœdonumturbafugatur; 

^      /                                                                   P__Tr  Ecclesiisijue  quies ,  pace  vigcnle  ,  datur. 

GEOFFHOT  LE  BEL,nomméaussi  Ce  prince  était  brav(%  généreux,  ma- 

Planlas:^tnet ,  parce  qu'il  portait  or-  gnonime,  ri  d'tme  btd  e  stature  ;  mais 

dinaireuienl  un  rameau  çle  cet  arbuste  les  gucrn  s  féodales  sans  cesse  renais- 

à  son  casque  ,  duc  de  Normandie ,  sautes  q[u'il  çut  à  soutenir  pendant 

XVH.  8 


ii4  GEO 

vingt  ans ,  rendirent  ses  sujets  mal- 
heureux: «  La  famine  fut  si  grande 
en  \  \L\6,  que  la  somme  de  bled  (  en- 
viron 5oo  /.  )  valait  ^o  sols,  ei  l'a- 
voine, alors  Le  manger  ordinaire  des 
plus  grands  seigneurs ,  se  vendait  i6 
sols.  On  mangea  de  la  chair  humai' 
ne.  »  j^Dumoulin,//i\f<.  de  Normand.) 
Le  raarc  d'argent  valail  alors  2  liv.  6  s. 
8d.  Geoffroi  eut  trois  enfants,  dont 
l'aînc  [  Henri  II  )  monta  sur  le  trône 
d'Anglefeno.  L — u. 

GEOFFROI  MARTEL,  fils  de 
Foulques  Ncrra  ,   couite  d'Anjou   et 
d'Hildeg.irde  ,  naquit  le    14  octobre 
JO06.  C'était  un  prince  guerrier,  qui 
se  faisait  des  ennemis  pour  les  com- 
battre et  les  écraser ,  comme  un  m.ir- 
teau  qui  frappe  de  grands  coups  :  de- 
là le  surnom  de  Martel,  surnom  ca- 
ractéristique de  sa  valeur.  U  n'avait 
qu'environ  'i'2  ans  quand  il  déclara  la 
guerre  à  Guillaume  V  ,  duc  d'Aqui- 
taine, le  défit  deux  fois  en  bataille 
rangée ,  et  s'empara  de  l'objet  de  la 
dispule,  c'est  a- dire  de  la  Saintonge, 
qu'il  prétendait  lui  appartenir  du  cote 
de  sa  mère.  Par  le  conseil  d«  celle-ci, 
il  demanda  et  obtint  en  mariage  Agnès 
de  bourgogne  ,  veuve  de  Guillaume  ; 
car  ce  .%€igueur  était  mort  de  chagrin, 
après  ôtie  reste  trois  ans  prisonnier 
de  Geoffroi.  Agnès  lui  poita  en  dot 
le  comté  de  Poitou  et  d'autres  biens 
considérables.  Il  était  j)rcsquetoujours 
en  guerre  avec  ses  voisins,  et  le  plus 
souvent  avait  sur  eux  l'avaulage.  Ce 
fut  les  armes  à  la  main,(|u'il  dépos- 
séda du  comté  de  Vendôme  Foulques 
dit  \^ Oisvn ,  aow  neveu,  mais  d'accord 
avec  Adèle,  mère  de  crlui-ci,  qui  avait 
à  s'en  plaindre.  Après  avoir  joui  plu- 
sieurs .muées  de  rc  comté  ,  d  le  reiulil 
à  Foidqiies  ,  ««ous  le  bon  plaisir  du 
roi  Henri  1'"'.,  dont  il  rr(,ul  ,  dans  le 
cours  de  sa  vie,  de  grandes  marqiuvs 
de  cunfiauce  et  de  faveur.  Agnès  de 


GEO 

Bourgogne  était  ,  comme  son  mari, 
d'iuie  humeurturbulenteel  ambitieuse. 
Pendant  un  de  ses  séjonis  à  Ven- 
dôme, Geoffroi  y  fonda  l'abbaye  de 
la  ïrinité,  en  îo3'2.  Michel  Paphia- 
gonien  ,  empereur  d'Orient ,  ayant 
envoyé  demander  au  roi  de  F'rance 
des  secours  contre  les  Sarrasins  qui 
faisaient  de  grands  ravages  dans  ses 
états,  et  surtout  en  Sicile,  Geoffroy 
s'y  transporta  et  les  défit  près  de  Mes- 
sine. A  la  suite  de  cette  victoire, 
invité  par  l'empereur  à  venir  le  voir, 
il  se  rendit  à  Constantinople,  où  il  re- 
çut, comme  un  témoignage  de  la  re- 
connaissance de  Michel,  la  Sainte 
Larme  :  il  fit  présent  à  l'abbaye  de 
Vendôme  de  cette  relique ,  qui  y  a 
long-temps  excité  une  jurande  dévo- 
tion y^  et  donné  lieu ,  en  \  -joo  ,  à  une 
discussion  assez  vive  entre  le  père 
Mabillon  et  le  curé  de  Vibraie.  (  f^oj^. 
Thiers.)  Indépendamment  du  comté 
d'Anjou,  Geotiroi  Martel  devint,  par 
la  mort  de  son  père  Foulques  Nerra, 
maître  de  tous  les  domaines  de  celui- 
ci  ;  il  s'empara  du  comté  de  Blois  et  de 
la  Touraine,  on  il  fonda  la  petite  ville 
de  Clialeau-Regnault ,  etc.  H  laissa  à 
ses  successeurs  une  partie  de  ses  con- 
quêtes. Las  de  guerroyer  et  de  mener 
une  vie  agitée,  il  prit  l'habit  religieiix 
à  S.'unt-lNicolas  d'Angers ,  monastère 
bâti  par  Foulques  Nerra,  y  vécut  deux 
ans  dans  la  re!raitc,ct  mourut  en  1  061, 
sans  laisser  de  postérité.      L — p — K. 

GEOFFROI  DE  MONMOUTH. 
For.  Gai.frid. 

(.F:oFFKOI  D'AUXERRE,nédans 
ente  ville  au  xiT.  siècle,  fut  disciple 
d'Abailard,  rahamloiuia  p(uir  se  mettre 
sous  la  dnection  de  Sl.-Bernanl  ,  el 
devint  le  secrétaire  de  cet  illustre  fon- 
dateur. Elu  abbé  d'igny  dans  le  dio- 
cèse de  Reims ,  il  fut  rappelé  en  1  161 
à  Clairvaux  pour  prendre  le  gouvcr- 
ucment  de  cette  maison,  la  quitta  aa 


GEO 

Loul  i\c  dix  ans,  ft  pass.i  en  \n^h- 
tcrre,  où  il  sut  se  concilier  si  bien  les 
bonnes  gr.ices  de  lU-nri  II,  qnc  ce 
prince  écrivit  au  cli.ipiire  «j^encral  de 
l'ordre  et  au  pape  ,  pour  obtenir  la 
permission  de  le  retenir  à  sa  cour. 
iyAn[;l(  terre  il  se  rendit  en  Italie,  fut 
fait  iibbe  de  Fossa-Nova  t?n  i  i^S,  et 
se  retira  ensuite  à  l'abbaye  de  Hautc- 
roinbe  en  S  t voie,  où  d  mourut  après 
i'an  I  iSo.  Oudin  recule  sa  mort  jus- 
qu'en I2i5  ;  mais  b  s  raisons  dont  il 
;>ppnie  sou  ojMtuon  ne  paraissciil  pas 
liii-n  fondées.  Ou  a  reproche  à  Gcof- 
froi  son  ingratitude  enveri  Abailard, 
son  premier  maître,  contre  lequel  il 
écrivit  dans  le  temps  même  où  celui- 
ci  était  persécute j  et  l'on  avoue  qu'il 
est  difficde  de  le  justifier  à  cet 
«gard.  On  a  plusieurs  ouvrages  sous 
le  nom  de  Gcoffroi  d'Auxorrc  ou  de 
Clairvaux;  ce  sont  :  I,  Fitœ  Sancti 
Bernardi  lihrl  très  ;  de  ejus  mira- 
culiSy  et  sermo  in  die  memoriœ  il- 
lius  sacro;  dans  l'édition  des  œuvres 
de  Siint-Bernard,  donnée  par  Ma- 
biilon  (i).  IL  Epistola  de  morte 
Sancti  Bernardi;  elle  a  été'  insérée 
dans  le  tome  v  des  Miscellanea  de 
Baluze.  IIJ.  Fita  Sancti  Pétri  ar- 
chiepiscopi  Tarenlasian&nsis  ;  dans 
les  Vies  des  Saints  par  Surius,  et 
dans  les  Jcia  sanctorum  des  Bollaii- 
distes ,  au  8  mai  :  cette  vie  a  élé 
traduite  en  français  et  en  flamand. 
JV. Epistola  de  transsuhstantiatione 
aquœ  mixtœ  vino  in  sanguine  Chrisli; 
dans  l'Hist.  de  Baronius,  sous  l'an- 
née 1 188.  Y.  De  gestis  in  concilio 
Bcmensi,  anno  1 1  4'^;  (\'\v\s  l'Hist.  ec- 
clésiast.  de  Baronius.  Yl.  Sermones 
in  festum  S.  Joanuis  Baptislœ  et 
infestum  S.  Martini  ;  dans  la  Bibl. 

(^^  La  vie  entière  de  St.  Bernard  est  composée 
de  cinq  livres,  dont  les  trois  derniers  seulement 
seul  de  Geoffroi.  Les  deux  premiers  sont  de  Gnil-« 
J,.unie.  abbé  de  i>t.-Xliierry,  cl  d'Àrnould  ,  abbé 
éc  Bounevanx. 


GEO  ii5 

concionatoria  ^n  P.  Cond)efjs.  VU. 
Liber  contra  P .  Abail  irdum  ;  Com- 
menlar.  in  Canlicutn  canticoniin  ; 
Sermones  in  y/pocal)  p^iin  :  manus- 
ciils.  Bertrand  Tis.^ur, prieur  de  iion- 
nefontaine,  préparait  auxvii'.  sièric 
une  ("dition  comj)  ète  des  œuvres  de 
GeofTroi,  dans  laquelle  il  se  |>roposait 
d'insérer  les  pièces  inédites  qu'on 
vient  de  citer,  et  d'autres  eixoic.  D. 
de  Visele,  en  travaillant  après  Tissicr 
à  mettre  en  ordre  les  pièces  qui  por- 
tent le  nom  de  GeoflVoi ,  reconnut 
qu'elles  ne  pouvaient  pas  être  de  la 
même  main  ,  et  renoup  à  l'exécution 
de  son  projet,  par  l'impossibilité  oii 
il  se  trouva  de  distinguer  celles  qui 
appartenaient  à  Geoffroi  de  celles  qui 
sont  d'autres  écrivains  du  même  nom 
et  du  racine  siècle.  W — s. 

GEOFFROI  ou  GODEFROÏ,  cin- 
quième  abbé  de  la  ïriuilé  de  Ycu- 
dome  ,  était  né  à  Angers,  d'une  fa- 
mille noble ,  et  y  fut  élevé  par  l'ar- 
chidiacre Garnier.  Ses  parents  le  des- 
tinaient à  de  hauts  emplois  civils; 
mais  il  préféra  d'entrer  dans  le  mo- 
nastère qui  avait  été  fondé  à  Ven- 
dôme par  Geoffroi  Martel  ,  comte 
d'Anjou.  Ses  progrès  dans  la  piété, 
les  lettres  et  la  science  ecclésiastique, 
furent  tels  que ,  n'étant  encore  que 
novice  et  diacre,  il  fut  jugé  digne, 
en  1092,  de  remplir  le  sié'^e  abba- 
tial. Il  reçut  la  bénédiction  du  célèbre 
Yves  de  Chartres.  Par  sun  serment 
d'obéissance  à  cet  évêque  ,  il  avait 
renoncé  au  droit  que  prétendait  avoir 
l'abbaye  de  ne  relever  que  du  pape; 
mais  il  céda  aux  reproches  et  aux  ins- 
tances de  ses  religieux  ,  qui  l'enga- 
geaient à  entreprendre  le  voyage  de 
Rome ,  pour  y  faire  anuuller  ce  ser- 
ment. Urbain  II  lui  conféra  l'ordre 
de  la  prêtrise,  ainsi  que  la  dignité  de 
cardinal ,  dont  le  titre  était  déjà  atta- 
ché à  l'abbaye  de  Vendôme.  II  en 

a. 


i.i6  GE9 

obtint,  (le  plus,  une  bulle  qui  con- 
firmait tous  les  privilèges  dont  celte 
abbaye  avait  joui  précédemment.  Geof- 
froi  eut  occasion  de  témoigner  sa  re- 
connaissance au  souverain  pontife,  eu 
lui  fournissant  des  sommes  d'ari^ent 
considérables  ,  des  chevaux  et  des 
équipages  pour  atrêlerles  cnlicprises 
deranti-papeGuibert,  quise faisait  ap- 
peler Clément  111. Ce  fut  même  Tabbé 
de  Vendôme  qui  aida  Urbain  TI,  en 
logS,  à  rentrer  dans  le  palais  de  La- 
tran.  Il  revint  Tannée  suivante  à  Ven- 
dôme, où  il  reçut,  en  1096,  la  visite 
du  même  pape.  Employé  à  plusieurs 
affaires  importantes  de  rÉglisc  et  de 
l'État,  il  assista  à  divers  conciles,  et 
fut  choisi  par  Louis-le-Gros  pour  ac- 
commoder un  diff'ércnd  qu'avait  ce 
monarque  avec  le  comte  d'Anjou.  Ex- 
trêmement zélé  pour  les  intéiêts  du 
Saiat  -  Siège,  Geoff'roi  passa  douze 
fois  les  Alpes,  fut  trois  fuis  prison- 
nier des  ennemis  du  pape ,  et  courut 
souvent  le  risque  de  la  vie.  II  eut  per- 
sonnellement à  soutenir  un  procès 
contre  des  évêques ,  des  abbés  et  des 
seigneurs ,  relativement  aux  droits  de 
son  monastère,  droits  qu'il  conscrra, 
et  qu'il  parvint  même  a  augmenter. 
Par  sa  douceur  et  sa  prudence ,  il 
triompha  des  intrigues  d'un  de  ses 
religieux,  apostat,  qui  l'avait  brouillé 
avec  le  comte  de  Vendôme  ,  GeoflTroi 
de  Prcuilly.  En  différentes  occasions, 
il  exigea  la  réparation  d'outrages  ou 
d'.itleintcs  portées  à  ses  privilèges  ; 
cl  cela  d'une  manière  qui  prouve  bien 
quel  était  alors  l'ascendant  des  gens 
d'église  sur  les  plus  grands  seigneurs, 
quoique  ceux-ci  eussent  1 1  puissance 
des  armes,  et  plusieurs  d'entre  eux 
une  disposition  à  peu  près  perma- 
nente à  en  abuNCr.  l>c  train  de 
l'abbé  de  Vendôme  était ,  dil-oti ,  si 
considérable,  (pi'uu  cvê([ue  du  Mans 
le  pi  i«  de  11c  point  passer  chez  lui , 


GEO 

attendu  qu'il  ne  se  trouvait  pas  eu 
état  de  recevoir  un  si  riche  abbé.  Du 
reste ,  soignant  le  spirituel  et  le  tem- 
porel avec  un  zèle  égal ,  il  entretenait 
la  régularité  et  la  ferveur  de  ses  re- 
ligieux ,  et  fiisait  admirer  les  quali- 
tés de  l'amc  réunies  en  lui  à  celles 
de  l'esprit.-  Indépendamment  de  la 
considération  qu'avaient  pour  lui  les 
papes ,   il  fut  regardé   comme   une 
des  lumières  de  son  siècle.  Geoffroi 
mourut  dans  son  abbaye ,   en  avril 
I  i3o.  Il  a  composé  divers  ouvrages, 
dont  une  partie  a  été  publiée  par  le 
père  Sirmond,  en  1610.  Ils  consis- 
tent, i"".  en  cinq  livres  de  lettres, 
dont  plusieurs  sont  adressées  à  des 
papes  et  à  des  légats  ,  à  des  évêques, 
abbés ,  moines ,  et  à  différents  parti- 
culicis.   Une  des  plus  fameuses    est 
celle  qu'il  écrivit  à  Kobert  d'Aibrissel 
(  f^oy.  Arbris^el),  fondateur  de  l'ab- 
baye de  Fontevrault.  Elle  est  la  47^ 
du  IV™''.  livre.  C'est  l'épanchement 
d'un  ami ,  qui  avertit  charitablement 
son  ami  que  des  bruits  de'^savauta- 
geux,  scandaleux  même,  courent  sur 
son  compte,  afin  que  celui-ci  se  cor- 
rige, si  ce  qu'on  dit  de  lui  est  vrai. 
Geoffroi  a  l'air  de  ne  pas  croire  au 
fait  singulier  rapporté  dans  cette  let- 
tre, fje  père  Sirmond  se  repentit  de 
l'avoir  imprimée,  d'.iutaul  plus  qu'elle 
était  démentie  par  plusieurs  auteurs, 
c'est-à-dire  ,  attribuée  à  d'autres  que 
l'abbé  Geoffroi;  nuis  la  lettre  exis- 
tait dans  les  manuscrits  des  abbayes 
de  11  Couture  du  Mans,  et  de  la  Tri- 
nité de  Vendôme.  Diux  moines  de 
Foutevrault  ,  envoyés  pour  renlevei* 
d.ins  cette  dernière  ville,  le  tenlèient 
sans   succès  ,   n'ayant   pu  soustraite 
qu'un  bvu\  feuillet  du  livre  ,  qui  est 
déposé  aujourd'hui  à  la  bibliutliè<{uu 
de  Vendôme.  — ?.".  A  la  suite  des  let- 
Ins  (l(  G.olfroi  se  trouvent  plusieuri 
Of>uscule:ff  où  il  a  traité  avec  asscx 


GEO 

êl'ordrc  cl  tic  InmiiTo  divers  points 
(le  (liMlrinc  et  tic  discipline  ecclcsi.is- 
ti(pus. —  5".  Des /fj  innés  en  prose, et 
onze  Sermons.  11  .n'ait  cncuir  com- 
i><)se  dcscoinrnciit.iiies  sur  les  Epîlres 
(le  St.-P.inl.  Kiifin  ,  l'on  voyait  à  l'/ib- 
b.iye  de  iJt.-Gcrm.iin-dc^s-Pres  de  Pa- 
ris un  gros  manuscrit ,  qui  contenait 
un  connncnlaire  du  même  auteur  sur 
les  cinquante  premiers  psamncs  de 
0.1  vid.  1. — P — T., 

GEOFFnOY    (  Etienne- Fran- 
çois ),  célèbre  médecin  ,  naquit  à  Pa- 
ris, le  I  5  février  1672  ,  de  Mathieu- 
François   GcolTroy,   habile  et  riche 
apothicaire.  «  Si  nous  disions  que  Fe- 
ducation  d'un  jeune  homme  a  été  telle, 
que,  quand  il  Fut  en  physique,  il  se 
tenait  chez  sou  père  des  conférences 
réglées ,  où  Gissini  apportait  ses  pla- 
nisphères ,   Truchet   ges    machines , 
Joblot  ses  pierres  d'aimant ,  où  Du- 
Terney  faisait  ses  disse  étions,  et  Hom- 
berg  des  opérations  de  chimie,  où  se 
rendaient  plusieurs  autres  savants  fa- 
meux ,  et  des  jeunes  gens  qui  por- 
taient de  beaux  noms;  qu'enfin  ces 
conférences  parurent  si  bien  enten- 
dîtes et  si  utiles,  qu'elles  furent  le  mo- 
dèle et  l'époque  de  l'établissement  des 
expériences  de  physique  dans  les  col- 
lèges ,   sans  doute   on   croirait   qu'il 
s'agissait  de  l'éducation  d'un  fds  de 
ministre,  destiné  aux  plus  brillants 
nnpiois,  aux  plus  émincntcs  dignités. 
Gependant  tout  cela  fut  fiiit  pour  le 
jeune  Geoffroy ,  que  son  père  ne  des- 
tinait qu'à  lui  succéder  dans  sa  pro- 
fession ;  mais  il  savait  combien  de 
connaissances  demande  la  pharmacie 
embrassée  dacs  toute  son  étendue.  » 
Le  disciple  ju>.tifia ,  ou  plutôt  surpassa 
l'attente  de  ses  maîtres.  Il  cultiva  sur- 
tout avec  une  sorte  de  prédilection  la 
botanique  et  la  chimie.  Dans  ses  heures 
de  récréation ,  il  tournait ,  il  travail- 
J.:il  des  verres  de  lunettes  j  il  exécutait 


GEO  iisy 

des  machines  en  pelii.  Son  père  voulut 
(pi'il   allât  en  i  ()()7. ,  à    Montpellier, 
pour  y  apprendre  la  pharmacie,  chez 
un  apothicaire  instruit,  l<(piel,  en  re- 
tour, envoya  son  (ils    à    Paris   chcK 
GeolTroy.  Le  séjour  d'une  cité  fameuse 
à  plus  d'un  lilie  ,   fut  extrêmement 
utile  au  jeune  Pai  isien  ;  il  suivit  avec 
ardeur  les  plus  célèbres  professeurs 
de  l'université.  Avant  de  revenir  dans 
la  capitale,  il  voyagea  dans  Us  belles 
provinces  du  midi  de  la  France,  et 
visita  les  ports  de  l'Océan.  De  retour 
à  Paris,  en    1G94,  il  fit  son  ch(f- 
d'œuvrc  en   pharmacie  :  la  gravure 
ingénieuse,  placée  à  la  tête  du  pro- 
gramme ,  inspira  an  savant  Charles 
Rullin  de  beaux  vers  latins ,  que  l'abbé 
iJosqni'Ion  tradui<^it ,  ou  pour  mieux 
dire,  imita  en  vers  français.  Le  comte 
de  Tallard  ayant  été  nommé,  en  1698, 
à   l'ambassade   extraordinaire  d'An- 
gleterre ,  choisit  Geoffroy  pour  son 
médecin  ,  et  ne  crut  point  que  cette 
confiance,  accordée  au  mérite  dépour- 
vu de  titre,  fût  trop  hardie.  Les  prin- 
cipnix  membres  de  la  société  royale 
de  Londres  ,  chirmés  des  connais- 
sances variées  et  profondes  du  jeune 
Français  ,  l'admirent  dans  leur  sein; 
et  l'année    suivante ,  l'académie  des 
sciences  de  Paris  lui  accorda  le  même 
honneur.  En    1700,  il  accomp-gna 
l'abbé  de  Louvois  en  Itaiie ,  comme 
son   médecin  et  son  ami.  Revenu  à 
Paris ,  Gcoffi  oy  obtint  de  son  père  la 
liberté  de  suivre  la  carrière  médicale. 
Entréen  licence  au  moisdemars  1702, 
il  soutint  des  thèses,  fort  curieuses  et 
parfiitement  écrites,  pour  son  bacca- 
lauréat et  sou  doctorat.  Dans  l'une , 
il  examine  si  toutes  les  maladies  pro- 
viennent de  la  même  cause ,  et  peu- 
vent être  guéries  par  le  même  re- 
mède. Dans  une  seconde ,  présidée 
par  Fagon  ,  en    1704,   le  candidat 
conclut  que  le  médecin  pliilosoplio 


iï8  GEO 

doit  être  Jnëcanicien-chiraisle.  Une 
troisième  est  de  la  plus  piquante  ori- 
ginalitc  :  An  à  vermibus  huminum 
ortus  ,  interitus  ?  Elle  servit  en  quel- 
que sorte  de  ranevas  à  la  di>scrtation 
inauj^urale  que  le  jeune  docteur  pré- 
sida la  niê:jie  année,  et  fit  soutenir 
à  Claude  Ducerf  :  y4n  hominis  pri- 
mordia  vermis  ?  Ce  singulier  suj(t 
excita  vivement  la  curiosité  des  da- 
ines ;  elles  voulurent  lire  In  thèse,  et 
Nicolas  Andry  la  traduisit  en  français, 
sous  ce  titre  :  Si  l'homme  a  com- 
mencé par  être  ver  ?  Persuadé  que 
l'exercice  de  la  médecine  doit  être  pré- 
cédé par  de  lonj^ues  et  sérieuses  mé- 
ditations ,   GcolTroy  continua  d'étu- 
dier avec  une  ardeur  infatigable,  pen- 
dant dix  années  ;  ce  fut  alors  seule- 
ment qu'il  consentit  à   pratiquer  un 
art  dans  lequel  une  erreur  peut  de- 
venir un  homicide.  Désigné  en  lyc^y 
pour  su|)plécr  Fagon  ,   celui-ci  jugea 
qu'im    pareil   suppléant   méritait  un 
plus  noble  titre;  et , par  le>  démarches 
généreuses  de  son  Mécène,  la  chaire 
de  chimie  au  Jardin  des  Plantes  fut 
confiée  à  Geoffroy  :  en  1709,  il  ob- 
tint celle  de  médecine  et  de  pharma- 
cie au  collège  de  France,  et  se  montra 
digne deson  illustre prédécesseurTour- 
neforf.  «  La  faculté  de  médecine,  dit 
Fontenelle,  crut ,  en  l'jiiJ,  se  trou- 
ver dans  des  circonstances  où  il  lui 
fallait  un  doyen  qui,  possédant  toutes 
les  qualités  nécessaires,  ne  fît  cepen- 
dant aucun  ombrage  à  sa  liberté,  et 
qui  aimât  mieux  sa  compagnie  que  sa 
place.  «Geoffroy  fut  élu  :  mais, comme 
tous  les  mend)rrs   d'une  répub'i(pic 
ne  sont  pas  également  réj)iib!irains  , 
quelques-uns  attaquèrent  son  élection  ; 
et  hii-meiiie  aurait  été  volontiers  de 
ieur  parti.  Il  lut  confirmé  par  le  ju- 
gement d(    Il  cour,   et  conliiiué  le.s 
deux  a  nu  (  s  snivanU  s,  par  les  suffra- 
ges du  C(  ux  même  qui  auparavant  lui 


GEO 

avaient  e'te'  contraires.  La  faculté  lui 
donna  plusieurs  autres  témoignages 
de  la  plus  honorable  confiance.  Ja- 
loux de    remplir   glorieusement   ses 
nombreuses   et   pénibles   fonctions  , 
Geoffroy  tomba  ,  pour  ainsi  dire,  ac- 
cablé de  fatigues,  et  mourut  le  5  jan- 
vier i-^Di.  Sa  bibliothèque,  riche  et 
pai  faitement  choisie  ,  fut  vendue  la 
même  année,  d'npjcs  le  catalogue  ré- 
digé  par   Gabriel  ÎSÎarlin.   Geoffroy 
avait  entrepris  de  dicter  à  ses  audi- 
,  tcurs  du  Collège- Royal  toute  l'histoire 
de  la  matière  médicale.  Le  règne  mi- 
néral .1  été  terminé  ;  et,  pour  le  règne 
végétal,  il  était  arrivé,   en  suivant 
l'orvlre  alphabétique ,  jusqu'à  la  m,e'- 
lisse.  Tout  ce  qu'd  a  dicté ,  a  été  re- 
cueilli, revu  et  publié  par  Etienne 
Chardon  de  Courcelles,  sous  ce  titrer 
Tractatus  de  materid  medicd ,  sive 
de  medicamcnlorum  simpliciumhis- 
torid  ,  vij-tute ,  deleclu  et  usu  _,  Pa- 
ris ,  1741»  ^  vol.  iu-B'^.  Le  tome 
premier  comprend  les  fossiles;  le  se- 
cond, les  végétaux  exotiques;  le  troi- 
sième ,   les   végétaux  iudiiicnes.  L'é- 
diteur  a  joint  au  premier  volume  une 
partie  des  thèses,  et  quelques  autres 
ojiuscules  de  Geoffroy,  ainsi  que  sou 
éloge,  par  Fontenelle.  Cette  pharma- 
cologie a  été  traduite  en  français  par 
M*** (  Antoine  Btrgier),  Paris,  1741- 
1745,  7  vol.  in- 12.  Ce  traducteur, 
aidé  du  savant  Bernai d  Jussieu, com- 
pléta l'histoire  des  végétaux ,  depuis 
ïiiméliase  jusqu'au  ar>  m,Paris,  1  750, 
5  vol.  in-r.^.  La  partie  zoologiquc  fut 
traitée  par  les  docteurs   Arnaull  de 
Nchleville  et  &d(rne  ,  Paris,  175G- 
17;'» 7,  6  vol.  in-i:i.  Jean  Goulin  pu- 
blii,   en    1770,  une  lable  généra!© 
alph.ibéliqiu' de  tout  l'ouvrage,  en  uti 
gros  Volume  iii-i -A  (leGoo  pages.  Gar- 
saiill  dessina  (i'a|  rcs  nature,  et  mit 
au  jour,  vu    17G4,   les  fleures  des 
plantes  d'usure  cii  màiccinc ,  de- 


CEO  GEO                 ii<) 

ciitc.<!  ilans  la  matière  médicale  de  qu  elles  sont  accompagnées  du  rc- 
Ccof'froj\  frai'ées  par  de  Fehrt ,  jroidissement  des  liqueurs  dans  les- 
Prcvôl  ^  Ihtjlns  ,  Martinet;  Puis,  quelles  elles  se  passent,  i-yoo.  IV. 
i'-()4  ,  4  ^'^'*  •'i-H'«  (  f^oj.  Gar-  Examen  des  eaux  de  P'ichy  et  de 
SAi;i/r. )  Les  rliaiiî;;('r.s  se  sont  cm-  Bourbon  l'Archamhault,  i^O'i.  V. 
|)lTS^(''s  (rcniicliir  leur  lifleV.ifmc  de  Détail  de  la  manière  dont  se  fait 
celle  produclioii  iinpoilaiite.  L'uiigi-  Valun  de  roche  en  Italie  et  en  Ân- 
n.'il  laliii  a  clc  leimpiiiiie  plusieurs  çj.eterre ,  i  70*2.  J.icquin  a  consacre  à 
fois  eu  Italie;  «l  la  conlinuation  a  etc  la  mémoire  de  cet  illustre  pliarmaco- 
Iraduite  dans  la  même  langue,  5  vol.  légiste  ,  sous  le  nom  A^Cxeoffi-œa ^\\\\ 
111-4"',  Venise,  1771  ,  '79i'  I>a  ver-  genre  de  plantes  légumineuses,  com- 
>ion  allemande ,  avec  tme  préface  de  posé  d'im  petit  nombre  d'espèces  , 
Chrétien -Théophile  Ludwig ,  parut  toutes  exotiques  ,  dont  Tune,  origi- 
à  Lcip/Jg,  I  ^Go-  I  765  ,  8  vol.  in-8".  nairc  de  Surinam,  produit  une  ccorce 
La  traduction  anglaise,  par  G.  Don-  qui  passe  pour  un  précieux  vermifuge, 
glas  ,  r.ondrcs,  1  736,  in-8' ,  est  loin  G. 
d'être  complète  :  l'imitation  ousupple-  GEOFFROY  (Claude- Josipii  ), 
inentanonynie,  puhliéen  1751  ,  sous  f»ère  puînë  du  procèdent  ,  naquit  à 
k  litre  A  new  treatise ,  etc.,  est  une  Paris  ,  le  8  août  i685.  Son  père  le 
rapsodie.  L'accueil  universel  fait  à  la  destinait  à  la  médecine,  et  desirait  que 
Matière  médicale  de  Geoffroy,  re-  l'aîné  prît  la  pharmacie:  il  arriva  pré- 
pose-til  sur  le  mcjitc  réel  de  l'on-  cisémenl  le  coniraire.  Claude- Joseph 
vragc  ?  Oui ,  sans  doute;  et  l'espèce  montra ime prédilection  marquée  pour 
de  dédain  auquel  on  semble  ia  con-  les  études  pharmaceuiiques.  Il  suivit 
damner  aujourd'hui ,  témoigne  bien  avec  ardeur  les  leçons  de  Tournefort, 
plutôt  un  amour  irréfléchi  de  la  non-  dont  il  se  concilia  Testime  et  l'araitié. 
veauté  que  les  progrès  du  bon  goût.  Jaloux  d'augmenter  encore  ses  con- 
Lcs  recherches  nombreuses,  l'érudi-  naissances,  déjà  très  étendues,  et  d'ob- 
tion  choisie  ,  les  observations  impor-  server  la  nature  dans  un  climat  oùelle 
tantes  rassemblées  ,  et  pour  ainsi  dire  répan)  avec  une  sorte  de  libéralité  ses 
accumulées  dans  ce  livre ,  lui  assigne-  plus  brillantes  productions,  il  par- 
ront  éternellement  une  jilace  distin-  courut  en  philosophe  les  provinces 
guée  parmi  les  meilleures  pharmaco-  méridionales  de  la  France,  pendant 
logics.  r.e  savant  et  laborieux  auteur  les  années  1704  et  1705.  Au  retour 
a  enrichi  les  Mémoires  de  l'académie  de  ce  voyage,  dont  il  rapporta  une 
des  sciences  de  divers  articles,  dont  foule  de  productions  curieuses,  i'aca- 
il  suffira  de  mentionner  les  priuci-  demie  des  sciences  l'admit  dans  soa 
paux  :  L  Table  des  difjérejits  rap-  sein ,  bien  qu'il  eût  à  peine  atteint  sa 
ports  observés  en  chimie  entre  diffé-  vingt-deuxième  année. Il  consacra  tous 
Tentes  substances  ,  et  Eclaircisse-  ses  travaux  à  celte  illustre  société  , 
ments  sur  cette  table ,  i  7 1  8  et  i  7'2o.  dont  il  a  été  Tun  des  plus  zélés  colla- 
]|.  Observations  sur  le  vitriol  et  sur  borateurs.  Les  mémoires  qu'il  a  four- 
le  fer,  1715.  On  retrouve  ces  trois  nissontau  nombre  de  64,  parmi  les- 
opuscules  en  tête  du  premier  volume  quels  on  distingue  les  suiv-mts:  L  Ob- 
de  la  Matière  médicale.  III.  Sur  les  servations  sur  le  nostoch ,  qui  prou- 
dissolutions  et  sur  les  fermentations  vent  que  c'est  véritablement  une  plan- 
que l'on  peut  appeler  froides ,  parce  te ,  1708.  11.  6ur  la  végétation  des 


120  GEO 

truffes,  171 1.  II f.  Sur  la  structure 
et  i,urru>ai^e  des  principales  parties 
des  fleurs ,  \'^\  \.  i\ .  :ur  les  Jlt'urs 
du  blé  de  Turquie,  ou  maïs,  1712. 
Gs  quafi'c  incinoiies  jrcst nient  des 
réflexions  très  ingénieusiS,  et  nicrne 
de  véiil;j}>les  découvertes  sur  la  struc- 
ture et  les  fonctions  des  org.iDcs  de 
la  frurtificatiou.  ï/auleur  prouve  qu'un 
végétai  ne  peut  ê  i  e  conipiet ,  s'il  c>t 
prisé  d'anliièrej;  ;  U  résection  de  ces 
parties  sexuelles  mâles  et  fécondantes 
détcj  mine  toujours  l'avortemenf .  L'Iia- 
biie  expérimenlHteur  a  constaté  ces 
faits,  aiota  lu  ut"; ,  sur  le  uidis,  et  mê- 
me sur  diverses  cr^ptog.'imesj  il  a  dé- 
montré le  premier  que  le  nostoch  ne 
se  reproduit  qu'au  moyen  des  semen- 
ces. V.   Observations  sur  les  huiles 
essentielles ,  avec  quelques  conjec- 
tures sur  la  cause  des  couleurs  des 
feuillesetdesjleursdesplanti.s,  1  707. 
VI.  Surljs  huiles  essentielles,  et  sur 
dijjérettes  ma'ùeres  de  les  extraire 
et  de  les  rectifier,  l'jii^  1728.  Vil. 
Différents  moyens  d'enflammer  ^  non 
seulement    les   huiles    essentielles , 
rfiais  mémei  s  baumes  naturels,  par 
les  esprits  aci'es ,  1  7  v) 6.  V  11  I .  Sur  le 
mélange  dt   quelques  huiles  essen- 
tielles  avec  L'espril-de-vin ,    I7'2  7. 
IX.  il/oj  eus  de  congeler  Vespri   de 
vin ,  et  de  donner  aux  huiles  frw^ses 
quelques-uns  des  caractères  des  hui- 
les essentielles  ,  I  74  > .  Geoirro_y  s'est 
occupé  Ion,;  temps  ,  et  .ivcc  une  sorte 
de  comp'.iisance,  des  huiles  essentiel- 
les ou  volatiles,  au\(|iielles  il  al!ril>nc 
peut-être  une  influenr  c  trop  «  xclusivc 
C41  général,  et  s;)é(ia.enienl  puur  la 
coloiation  des  diverses  parties  du  \c- 
j:;e''al.X.  Observations  uirln  gnmnie- 
lucque,  et  sur  les  autres  matières 
animales  qui  fournissent  la  teinture 
pourpre,   \'}\i\.   XI.  Méthode  pour 
connaître  et  déterminer  ,iu  juste  la 
qualité  des  liqueurs  spiritueuses  qui 


GEO 

portent  le  nom  £^'eau-de«vic  et  ^^espri  (- 
dt-vii) ,  1 7  1 8.  XII.  Nouvelles  expé- 
riences sur  quelques  espèces  de  ver- 
nis dont  on  fait  des  bouteilles,  «724. 
Xl  1 1.  Examen  chimique  des  viandes 
qu'un  emploie  ordinairement  dans 
les  bouillons^  par  lequel  on  peut  con- 
naître la  quantité  cC extra  t  quelles 
fournissent,  et  déterminer   ce  que 
chaque  bouillon    doit    contenir   de 
siic  noir  rissnnt  ;  on  y  a  joint  l'ana- 
1}  se  chimique  du  pain ,  l 'l'bo,  1  752. 
XIV.  Description  du  petit  nain  nom- 
mé Kicolas   Feriy  ,    i74^'  Tout   le 
monde  a  entendu  parler  de  ce  petit 
personnage,  plus  connu  sous  le  nom 
d.  B'^hé.Oii  voit  dans  les  cabinets  de 
la  Faculté  de  raédeeine  de  Paris,  sa 
slaïue  en  cin- ,  parfaitement  resscm- 
bianfe,  rt  velue  des  mêmes  habits  que 
portait  Bebc  à  la  cour  du  roi  Stanislas, 
qui  l'aimait  I)caucoup.  Geoffroy  mou- 
ru»  le  9  mars  i"]^'!,  laissant  un  beau 
cabinet  de  cuiiosilés,  dont  le  catalogue 
a  été  publié  par  Guérin,  Paris,  1750: 
celui  de  sa  bibliothèque  parut  l'année 
suivante.  C. 

GEOFFROY  .Étienne-Louis),  fils 
d'Éiienn(-Fran|(Ois  ,  naquit  à  Paris  en 
i7'.>/).  l!  montra,  comme  son  père, 
une  sorte  de  passion  pour  les  diverses 
brandns  d«  l'ait  de  guérir,  et  no- 
tamment pour  l'histone  naturelle.  En 
1748,  il  soutint  avec  distinction  plu- 
s'cursthèses  poui  obtenir  le  doctorat. 
L'une  est  destinée  à  prouver  que  la 
saignée  convient  moins  aux  personnes 
grass(S  (jii'aux  maigres  ;  l'antre,  à  dé- 
montrer que  les  incisions  profondes 
préparent  el  favorisent  la  suppuration 
nécessaire  aux  gr  iiules  et  fortes  con- 
tusions. Le  goiit  de  Geoffroy  pour 
la  zoologie  ne  nuisit  point  à  l'exercice 
d(  sa  proli'ssion;  il  fui,  pendant  près 
de  (piaraiitc  aniu'CS,  un  dvs  médecins 
les  plus  reiioinniés  de  la  capitale.  Les 
orales  rcvoluliouuaircs  viliicut  liou- 


GEO 

Llrr  la  Innqiiillitd  do  ce  TdncraLlc 
pliiLuitropc:  il  .s'eloi^tia  avec  lioinnr 
d'uiir  \ille  qui  chaque  jour  olFr.til  le 
Jiidtiix  .s|)((i<i(le  dis  crimes  les  plus 
revoit. ii)!>.  lU'hrc  dniis  i,i  pt  lile  cuiii- 
iniinc  deChailreiive,  pies  Sois.sons,  il 
consacrait  ses  vrilles  au  ti  avail  du  ca- 
binet,  au  soula^cincDt  des  inalhcu- 
reux,ct  aux  fonctions  de  maiie,  qui 
lui  avaient  c»e  décernées.  Deux  antres 
distinctions  bien  llaltenses  étaient  re- 
scrvces  à  sa  vieillesse  :  il  fut  nomme 
membre  du  jury  médical  du  uepaitc- 
racnt  de  l'Aisne,  et  corrcspondiiit  de 


r,  Eo  I9.Ï 

coquilles ,  tant  fluviatiln:  que  UT' 
resti\;s  ,  (jui  se  trouvent  aur  environs 
de  Paris,  Paris,  l'^t)'],  in-ict.  Giof- 
frov  avait  l'intenlion  de  publier  sur 
les  v<'rs  une  mcno^r.tpliie  comj)lètc, 
dont  cet  opuscule  Ji'e-)t  qu'un  frag- 
ment ,  loit  estime  Mes  coiu  h\li(»lo- 
gisles.  1  il.  Disse! talions  surTv^ane 
de  l'ouïe  de  l'homme ,  des  reptiles  et 
des  poiss.nSj  Amsterdam  et  l^aris , 
i-j-jH,  iu  8  .  ;  trad.  en  allemand, 
avec  des  remarques ,  I^ci]  zig ,  «  780  , 
in -8**. ,  iig.  Ces  rceiu  robes  intéres- 
santes, qui  coMlieimeiit  plusieurs  dé- 


rinstilut  de   France.  Doyen  d'âge  «t     couvertes,  sulïïraient  pour  démontrer 
de  réception  de  l'auciciine  faculté  de     que  l'anatomie  des  brutes  répand  une 


médecine  de  Paris,  il  termina  sa  car 
nère  au  mois  d'aoû'  1810,  laissant 
des  souvenirs  honorables,  et  des  ou- 
vrages importants.  T.  Histoire  abré- 
gée des  insectes  qui  se  trouvent  aux 


vive  lumière  sur  celle  de  l'homme. 
C'est  principalement  dans  la  descrip- 
tion de  l'organe  auditif  des  poissons 
que  brille  le  talent  de  Geoffroy,  dont 
les   travaux,   anléri(urs  à  ccnx    de 


environs  de  Paris,  dans  laquelle  Camper  et  de  Vicq-d'Azr,  sontcepen- 

ces  animaux  sont  rangés  suivant  un  à  .nt  plus  complets.  1 V .  ffyp,ieine,  sive 

ordre  méthodique,  Vdi\&,    i']()'if  ^  arssanifatemconservandi^  Poéma , 

vol.  111-4".,  fig-  I^a  contrefaçon  de  Paris,  1771,  in  8'.;  trad.  en  prose 

1764,  a  des  figures  beaucoup  moins  frai:çaise  par  le  docteur  Delaunay  , 

belles.  L'édition   de   1799  est   enri-  "Paris,  1774^1"  b^.  (>  poème  réunit 

chic  d'un   supplément  et  de   figures  le  double  mérite  de  l'élégance  et  de 

coloriées.  L'auteur  a  fondé,  comme  l'exactitude.  L'uuteur  chante  en  beaux 

Linné,  sa  classification  générale  sur  vers  l'art  utile  et  négligé  de  conserver 

l'absence  ou  la  présence,  le  nombre,  la  santé.  C'est  la  première  bonne  hy- 

la  forme  et  la  texture  des  ailes.  Il  a  giène  qu'on  ait  publié.- en  France.  Le 

cru  devoir  réunir  les  névroptcres  et  traducteur  s'est  montré  dic;ne  de  son 

les  hyménoptères  sous  la  dénomina-  mode\e.\.  Manuel  de  médecine  ffra- 

tion  de  télr aptères  à  ailes  nues.  La  tique,  à  V usage  des  chirurgiens  et 

distribution   des  ordres ,   d'après  la  des  personnes  charitables  qui  s^a- 

quantitédes  articles  des  tarses, est  sans  donnent   au   service    des   malades 


contredit  une  modification  très  utile  au 
système  de  l'immorlcl  naturaliste  sué- 
dois, qui  cite  fréquemment  le  médecin 
de  Paris.  On  regrette,  en  lisant  cet 
ouvrage  précieux  à  beaucoup  d'é- 
gards ,  de  n'y  point  renconticr  les 
noms  spécifiques.  Le  professeur  Four- 
croy  a  parfaitement  rempli  celte  la- 


dans  les  campagnes  ,  Paris ,  an  ix  , 
1  vol.in-8**.  Fruit  infortuné  de  la  dé- 
crépitude ,  ce  manuel  de  médecine 
populaire  ne  méritait  pas  de  voir  le 
grand  jour,  et  surtout  de  porter  au 
frontispice  un  nom  justement  célèbre. 

G. 
GEOFFROY  (Jean  Baptiste)  ,  né 


cune  dans  son  excellente  Entomologie     à  Charolles  en  1 706,  se  fit  jésuite  ,  et 
parisienne.  II.  Irailé  sommaire  des     succéda  aux  TF.  Porée  et  de  la  Sanlc 


122 


GEO 


dans  la  chaire  de  rhétorique  au  col- 
lège de  Loiiis-!e-Giaiid,  qu'il  remplit 
pendant  plusieurs  anne'es  avec  dis- 
tinction, il  survécut  à  la  société  dont 
il  était  raeiubre,  et  se  relira  dans  sa 
patrie,  où  il  est  mort  en  1782.  On  a 
de  lui  :  I.  Plusieurs  harangues  latines  , 
Gallis  ob  re^etn  ex  morbo  restitu- 
tum,  17445  Deamorepntrîœ^  «744? 
Liidovico  Belgico ,  i'jl^S;  De  pace, 
1749;  Quo  loco  inler  cives  vir  liile- 
ralus  habendus  sit ,  1706  (Il  décide 
ainsi  la  question  :  s'il  est  honnête 
Iiorame,  parmi  les  meilleurs;  s'il  est 
corrompu,  p;irmi  les  plus  dangereux); 
Jn  aiigustissimas  Delph'mi  Jiuptias , 
Au^^uslis  parentibus  Delphino  et 
Delphinœ,  l'jji;  In  reslitutam  Del- 
phino valetudinem ,  l'j^'i.  II.  Fers 
français  sur  la  convalescence  du 
Dauphin,  l'jSi.  III.  Exercices  en 
forme  de  plaidoyers  prononcés  par 
les  rhétoricicns  du  collège  de  Louis- 
le- Grand,  1766,  in- 12,  réim[)rimés 
depuis  avec  des  augmentations  en  2 
vol.  in- 12.  IV.  Oraison  funèbre  du 
Dauphin  (père  de  Louis  XVI),  i  "jOH* 
iu-4".  Le  P.  GeulTroy  lit  représenter, 
en  175"),  au  collège  des  Jésuites  de 
Paris,  Basilide ,  tr.igédie  en  5  actes 
cl  en  vers ,  dont  on  peut  voir  l'extrait 
dans  le  Mercuie  de  mai  1755,  et  le 
M i santrope  ^  comédie  totalement  dif- 
férente de  celle  de  Molière.  —  Mi'gré 
J'aulorité  de  quelques  bibliographes, 
uitus  croyons  que  c'est  à  un  autre 
GcolïVoy  que  Ton  doit  le  Songe  de 
Scipion,  lu  Lettre  politique  à  Quin- 
lus  ,  cl  les  Paradoxes  de  Cicéron , 
traduction  nouvelle  avec  des  re- 
tnarques,  et  le  latin  à  côtê^  1725  , 
iJi-ii.  l^eP.  Geollioy  n'avait  que  dix- 
ïicuf  ans  à  celle  époque.      A.  i^ — r. 

GKOFFiiOY(  .ki.iEN-Louis),  né 
ik  iJcnnes  eu  174^7  ftl  ses  éludes  au 
collégo  des  Jcsiiilcs  df  cette  ville,  et 
vint  lc5  pcri'ccliouncr  à  Paris,  aucoU 


GEO 

lége  de  Louis-le-Grand  ,  le  plus  cé- 
lèbre de  ciux  qui  étciieut  dirigés  par 
la  même  société.  Habiles  à  étudier 
les  dispositions  de  leurs  élèves  ,  à  dis- 
cerner le  mérite  naissant ,  et  le  talent 
qui  s'annonce  dans  les  premiers  essais 
et  les  premières  compositions  de  la  jeu- 
nesse, les  Jésuites  distingi:èrent  Geof- 
froy ,  et  se  l'attachèrent.  Témoins  de 
ses  succès  dans  ses  études,  et  très 
bons  jugfs  de  son  goût  et  de  son 
aptitude  pour  les  belles  -  lettres  ,  ils 
le  destinèrent  à  les  enseigner.  Mais 
la  catastrophe  qui  anéantit  cet  ordre, 
laissa  Geoffroy,  à  peine  âgé  de  vingt 
ans,sansétatetsansoe.cupation;ilétait 
naturel  qu'il  en  cherchât uneconforme 
à  celle  qui  venait  de  lui  être  enlevée. 
A  cette  époque,  la  carrière  de  chacua 
était  fixée,  et  à  peu  près  irrévocable- 
ment déterminée  par  la  première  di- 
rection qu'il  avait  prise  ou  qu'on  lui 
avait  donnée.  Tout  homme  ne  se 
croyait  pas  propre  à  toutes  choses;  et 
le  jeune  homme  privé  des  biens  de 
la  fortune,  et  qui  avait  fait  de  bonnes 
études  ,  ne  cherchait  guère  une  res- 
source que  dans  cet  avantage.  Geof- 
froy ne  quilla  donc  un  collège  des  Jc- 
suilcs  que  pour  passer  dans  un  collège 
de  l'université;  et  il  occupa,  à  Mou- 
laigu  ,  l'humble  et  modeste  emploi  de 
maître  d'éfudes  ;  ce  qu'on  appelait 
alois  maître  de  quartier.  Bientôt  il 
en  sorlil  pour  mirer  chez  un  riche 
particulier,  lM..I)Ontiu,  qui  lui  con- 
fia l'éducalion  de  ses  enfants.  Ce  fut 
là  qu'il  contracta  le  goût  des  specta- 
cles ,  où  le  menait  souvent  la  mère  de 
ses  élèves.  Ce  goût  ne  fut  point  pure- 
ment frivole  chez  lui  ,  pui^qu'd  l'en- 
gagea à  étudier  l'art,  à  en  apprototulir 
les  règles  ,  à  juger  et  les  elfeis  drama- 
li((ues  ,  et  le  mérite  des  pièces  ,  et  le 
génie  des  auteurs,  et  le  talent  des 
acteurs.  Pour  mieux  connaître  encore 
la  théorie  de  ces  compositions  quo 


G  KO 

lotiloslrs  liitrraliiiTs  pliccnl  an  yrc- 
Uilir  lanj;  des  plaiMis  de  rr.s|)rit  et 
des  pioduclii'iis  du  (^éiiie,  il  voulut 
CM  r.iii'  l'appluMlion  ,  cl  il  coinpos.» 
lni-intMM<'  une  tr.f^eiiie.  Il  choisit  pour 
Mijrl  la  luorldcCiton  :  ce  n'ctait  pour 
lui  qu'une  c'fude.  Il  présenta  cepen- 
dant .«ia  piè<'c  aux  coundiesis  ,  qui  la 
Kçiuent^et  lui  donnèrent  ses  entrées: 
c'était  tout  ce  que  (ici)i"tVoy  demandait. 
Jamais  il  ne  sollicita  la  représentation 
de  sa  tra<;édie;  J.imais  dans  la  suite 
il  n'eu  rappela  aucune  situation  ,  au- 
cune scène  ,  aucun  vers.  Toutefois  de 
mauvais  plaisants  ,  ou  des  auteurs 
luirailics,  ayant  appris  que  cette  pièce 
avait  existé,  imac,ii;èrent  cin(|  ou  six 
vers  bien  ridicules  ,  et  même  une  tra- 
gédie entière  quMs  firent  impiiraer 
sous  son  nom  (  i  ).  Il  ne  tint  qu'a  Geof- 
froy de  les  faire  condamner  à  un  dé- 
saveu humiliarit;  ce  fut  par  modéra- 
tion qu'd  s'en  abstint.  Jusqu'ici  Geof- 
froy avait  tiré  parti  de  son  instruc- 
tion et  de  ses  talents,  sans  néanmoins 
s*cu  faire  un  état  :  il  crut  qu'il  était 
temps  d'y  penser  j  et,  ne  s'écartant 
point  de  la  route  qu'il  avait  constam- 
ment suivie,  il  demanda  à  être  agrégé 
à  l'université  de  Paris ,  et  fut  reçu 
au  concours.  Ses  examens  furent  biil- 
lanls  et  remarqués.  L'univetsité  dis- 
tribuait tous  les  ans  un  prix  auquel 
étaient  iibres  de  concourir  tous  les 
maîtres- ès-arts  ,  et  qui  était  la  récom- 
pense du  meilleur  discours  latin  sur  un 
sujet  proposé  par  elle.  Geoffroy  con- 
courut, pour  la  première  fois, en  1773, 
et  obtint  le  piix;il  se  présenta  encore, 
et  avec  le  même  succès  ,  l'année  sui- 
vante :  enfin,  une  troisième  palme, 
remportée  en  1773,  fit  craindre  à 
runiver>i'éque  ce  redoutable  concur- 
rent ne  dccouragcàf  tous  les  autres  • 


'i  Oti  iittriniia  «lans  le  temps  à  M.  Cubières 
Palroezenux  ,  cette  rid  iculc  U»^<'dlc  co  ô  dCUs  et 
CB  ivTt ,  t8o^  ,  in-8. 


CEO  125 

elle  déclara  qu'un  même   nthicfc  ne 
j)ourrait  être  eouioniié  ([ue  trois  fois. 
On  a  d'assez  fortes  raisons  de  croire 
qu'eneourau,é  par  ces  siiciès,    Geof- 
froy en  ambilionna  de  plus  eclitants 
et   sur    un  plus  brillant    théâtre.  Il 
concourut  ,  dit-on  ,  à  l'académie  fran- 
çaise ,  pour  l'éloge  de  Charles  \  ;   et 
son  discours  fut  honorablement  re- 
marqué à  ce  concours  ,  où  La  Harpe 
remporta  le  prix.  Enfin  ,    Geoffroy 
entra  dans  la  carrière  où  il  s'est  acquis 
une  grande  célébrité.  Fréron   venait 
de  mourir- et  les  héritiers  et  succes- 
seurs de  ce  critique  fameux,  cherchant 
un  écrivain  qui  pût  soutenir  la  répti- 
tation  de  Vannée  liltéraire ,  jetèrent 
les  yeux  sur  Geoffroy.  Il  avait  été  ré- 
cemment nommé  à  la  chaire  de  rhé- 
toriqucdu  collège  de  Navarre,  d'où  il 
passa  bientôt  à  celle  du  collège  Maza- 
riii.  Il  était  regardé,  dans  l'université, 
comme  le  plus  habile  des  professeurs 
de  rhétorique.  Il  accepta  la  proposi- 
tion qui  lui  fut  faite  par  les  proprié- 
taires de   X Année   littéraire,  et  ne 
trompa  point  leur  espoir.  Il  débuta 
dans  celte  carrière,  au  commencement 
de  1 776  ,  par  un  article  sur  le  Cour.* 
d'études  de  l'abbé  de  Condillac.  Geof- 
froy n'examina  point  les  16  volumes 
in-8°.  dont  ce  Cours  était  composé; 
il  s'attacha  à  celui  de  ces  volumes  qui 
a  pour  titre  ,  De  l'Art  d'écrire ,  ce- 
lui de  tous  qui  entrait  le  plus  dans  le 
plan  de  ses  réflexions  habituelles ,  et 
auquel  il  pouvait  le  mieux  applie[uer 
ses  excellents  principes  littéraires.  Il 
démontra  combien  ceux  de  l'auteur 
de  Y  Art  d'écrire  élaient  ou  superfi- 
ciels ou  erronés,  et  vengea  sitilout  la 
belle  poésie  de  Boileau  de  la  fausse 
métaphysique  de  l'abbé  de  Condillac, 
qui,    p.ir    ses     analyses,   disséquait 
tout ,    refroidissait  tout ,  et  se  mon- 
trait éli.'.nger  aux   arts  de  l'imagina- 
tion et  à  leur  langage.  Tous  les  arti- 


324  GKO 

cîes  dr.i.t  Geoffroy  enricliit  \ Année 
liitéraire  ,  d.Jiis  le  roiirs  de  quinze 
années  qu'il  y  trr.v;ii!:a,  sonlsoli'jrs, 
judiiriix,  et  renin quables  par  d'ex- 
celcnts  principfsdi  pi.ilos  phie,  de 
mor.le,  el  surlout  de  liffcrature.  Son 
esprit  est  piste ,  sa  logique  ferme  , 
et  son  <t>le  clair,  pur,  concis,  mais 
génëraieraf  nt  «lavc  ,  quoicpj'il  ne 
manque  point  do  vivacité.  Ses  articles 
sont  plutôt  austères  que  légers  et  ba- 
dins :  il  ne  chcrclie  point  h  cgriyer 
ses  lecteurs  ,  et  ne  se  permet  qtir  de 
loin  à  loin  qur'q.es  traits  d'iionic. 
Geoffroy  |,rit  plus  tard,  dans  un 
autre  journnl,  un  autre  ton  ,  et  don- 
na un  auae  toi:r  à  ses  ciifiqiicsj 
il  prouva  en  cela  son  tact  et  sop  esprit, 
et  montra  iju'd  «avait  très  li  n  jugrr 
la  différence  des  cadres,  des  temps, 
des  esprits  et  des  matières.  De  fous 
les  articles  icpandus  dans  l,i  volumi- 
neuse collection  àaS Année  littéraire^ 
il  n'en  est  point  où  l'on  reu'axpie, au- 
tant que  d.uis  ceux  de  Ge(ffoy,le 
goût  et  la  connaissance  de  l'-uicienne 
litte'ralure,  <t  des  éciivains  des  deux 
siècles  dePcriclès  et  d'\uf;u>(e.  Il  fut 
aussi, pendant  pliisieuisaniices,undes 
principaux  rédacteurs  du  Journal  de 
Monsieur ,  écrit  périodique  rédip;o 
dans  IcN  mêmes  principes  que  V An- 
née li.léraire.  I^a  révolution  devait 
mettre  fin,  du  moins  pour  un  temps  , 
à  ces  discussions  paisibles  cl  littéraires. 
Geoffroy  en  combattit  les  excès  et 
les  principes  auarcliiijncs,  soit  dans 
\  Année  littéraire ,  qui  subsistait  en- 
core p<  ndant  les  deux  premières  an- 
nées de  la  loiH mente  politupie  ,  soit 
dans  des  feuilles  (pii,  paraissant  tous 
les  jours,  étaient  plus  du  j^oût  des 
lecteurs,  dont  elles  satisfaisaient  plus 
vile  l'avide  empressement  ella  curiosi- 
té passionnée.  Il  entreprit,  avec  M.  l'ab- 
l)é  Hoyou,  VAmi  du  l\oi  ,  journal 
qui  eut  cl  uicrila  beaucoup  de  succès. 


GEO 

Mais  bientôt  les  ennemis  du  Roi,  de 
la  patrie  et  de  la  société,  proscrivi- 
rent ce  journal  et  ses  léd.icteurs. 
Geoffroy,  pendant  la  terreur,  avait 
fui  Paris  et  tous  les  dangers  de  la  cé- 
lébrité; danger^  dont  l'obscurité  ne 
préservait  pas  toujours.  Il  s'était  ré- 
fugié dans  un  hameau  à  quelques 
li(  ues  de  la  capitale:  là,  confon- 
du avec  es  villageois,  vêtu  d'un  ha- 
bit serabl.'bie  au  leur ,  i!  leur  avait 
j)roposé  d'tnseigner  à  lire  à  leurs  en- 
fants ,  avait  été  examine'  par  les  plus 
h.  biles  d'entre  eux,  et  jugé  capable 
d'exercer  cet  emploi.  11  l'exerça  en 
eff-t  pendant  toute  la  lutte  des  factions 
qui  se  disputaient  la  puissance  et  en- 
.'auglaîitaicnt  leurs  querelles.  Keyenu 
à  P.irisdaus  l'année  i  799  et  loi:jours 
fi  ièle  à  la  carrière  qu'il  avait  d'dbord 
embrassée,  il  erttra  chez  un  maître 
de  pension  dans  un  âe>  quartiers  les 
plus  reculés  de  la  capitale;  c'est  là 
qu'un  de  ses  amis  alla  le  chercher  dans 
le  printemps  de  l'aunée  1 800  ,  et  lui 
proposa  de  se  charger  delà  partie  des 
spcctaehsdans  \c  Journal  des  Débats. 
Geoffroy  ai  cepta  ;  et  alots  commença 
pour  lui  une  nouvelle  carrière,  une 
nouvelle  vie,  une  véritable  célébiité. 
Ce  fut  aussi  dans  l'histoire  des  jour- 
naux un#  époque  neuve  et  singulière. 
Depuis  dix  ans  et  plus,  toutes  Us 
fausses  duetrinesen  philosophie,  en 
n)orale,  en  politique,  en  litti-riture, 
avaient  été  proclamées,  et  régnaient 
audacieusement  sur  les  esprits  subju- 
gués ou  épouvantés  ;  le  vrai  seul, 
dans  tous  les  genres,  n'avait  plus 
d'interprète  et  de  délenscur  :  oublié, 
pour  ainsi  dire,  de  tous,  il  était  de- 
venu une  nouvcajité  pour  tous  les 
lecteurs.  C'était  un  grand  avantage 
pour  la  eritupie  :  elle  pouvait  parler 
de  tout  ;  remettre  en  queslion  ce  qui 
avait  été  cent  fois  jugé  ;  reproduire  les 
plus  anciens  axiomes  de  philosophie 


^l  lie  morale;  apprécier  toute?;  les  lit- 
teiafiMTS  aiirieiincs  cl  inoderiirs  , 
eoiunu;  si  elles  no  l'avaient  pas  etedejà, 
parler  enini,  comme  d'une  nouveau- 
té, d'Homère,  d'Kurij)ide,  de  Virgile, 
de  Lncain  ,  de  liossiiel,  de  llacinc  , 
de  Corneille,  de  Boilean.  Chose  étran- 
ge! la  crilifine  était  craulant  pins  pi- 
quante qu'elle  elail  i)lu'>  raisoimable, 
j>lus  juste,  |)lus  vraie  :  mais  il  fallait 
loutel'ois  nn  homme  de  beaucoup  d'es- 
prit et  de  savoir  pour  entreprendre 
et  bien  remplir  une  tache  aussi  varice 
et  aussi  étendue  ;  et  comme  nne  pa- 
reille entreprise  devait  être  ,  à  cette 
époque,  un  condial  opiniàtie  et  con- 
tinuel,  il  fallait  un  homme  a^^uerri 
dans  ce  f;enrc  polémique  _,  et  fécond 
en  ressources  :  cet  homme  fut  G(;of- 
froy.  Chargé  de  rendre  compte  de  la 
représentation  des  pièces  de  théâtre, 
il  sut  ramener  datis  ce  cadre,  qui  pa- 
raissait borné,  toutes  les  questions  , 
toutes  les  discussions;  il  ne  ménagea 
ni  les  nouvelles  doctiiîies  ni  leurs  au- 
teurs. Ceux-ci  s'indignèrent  et  fré- 
mirent :  ils  discutèrent  aussi;  plus  sou- 
vent ils  insultèrent  ,  et  quelquefois 
ils  dénoncèî'cn'.  Geoffroy  ne  se  laissa 
point  intimider;  et ,  chaque  matin  ,  il 
paraissait  sur  la  brèche,  armé  de  nou- 
veaux raisonnements,  de  nouvelles 
plaisanteries ,  de  nouveaux  sarcas- 
mes :  heureux  si  ,  souvent  attaqué 
avec  violence  ,  il  eût  toujours  répondu 
avec  mesure  et  avec  politesse  1 11  se 
devait  à  lui-même ,  il  devait  à  ses  lec- 
teurs une  modération  que  sv.s  adver- 
saires n'avaient  peut-être  pas  le  droit 
d'exiger,  et  qu'il  ne  garda  pas  tou- 
jours ;  et  l'on  peut  lui  reprocher 
des  sarcasmes  trop  amers,  des  plai- 
santeries de  mauvais  goût.  Ceux 
qui  combattaient  sous  d'autres  dra- 
peaux ,  regardaient  Voltaire  comme 
leur  chef;  GeofFioy  attaqua  ce  chef 
avec  violeucç ,  et ,  il  faut  le  dire ,  avec 


I!>,5 


G  KO 

exagération  :  il  fil  des  critiques  ))c« 
jonde'e-.,  injustes  même  ;  il  rcprodui- 
Ml  tioj)  S()iiv<M)l  erlics  qui  f-taient  pis- 
tes ,  et  c'était  la  fjulc  d'un  sujet  bor- 
ne', dans  le(piel  il  était  obligé  de 
trouver  un  fonds  inépuisabb  :  :l  ne 
distingua  ^pas  assez  le  génie  extraor- 
dinaire de  l'homme ,  de  l'abus  fpi'il 
en  avait  trop  souvent  fait,  paila  trop 
des  défauts,  et  ne  remarqua  pas  asMZ 
les  beautés  •  cl  l'on  ne  sait  (pjel  fut  soi» 
motif,  car  personne  n'é.ail  plus  en 
étal  de  faire  celte  distinction  et  celle 
juste  appréciation.  Quelque»  autres 
exagérations  lui  fiiroit  justement  re- 
prochées :  mais  en  général  on  p(  ut 
dire  que  Geoffroy  fut  juste  à  peu  près 
toutes  les  fois  qu'il  voulut  l'être  ,  ei  il 
le  voulut  souvent.  Il  eut  sans  doute 
beaucoup  d'ennemis.  Comment  ne  pas 
en  avoir,  lorsqu'on  est  aux  prises  avec 
l'orgueil  des  poètes,  des  poètes  drama- 
tiques surtout,et  des  comédiens?  La  co- 
lère de  ceux-ci  a  été  quelquefois  portée 
jusqu'au  scan«^ale.  Mais  >.es  ennemis  , 
ceux  du  moins  qii  sont  dignes  d'avoir 
un  avis,  dont  le  jugemeut  est  compté 
pour  quelque  chose  ,  rendent  justice 
à  son  esprit ,  à  ses  connaissances ,  à 
sa  littérature ,  à  ses  talents.  Ses  nom- 
breux lecteurs  s'étonnaient  surtout  de 
celte  prodigieuse  fécondité  qui ,  dans 
uji  cadre  borné,  ne  s'épuisait  jamais  , 
ne  se  lassait  jamais,  et  trouvait  , 
dans  un  fonds  cent  fois  exploiîé  ,  de 
nouveaux  et  d'ingénieux  motifs  d'ar- 
ticles. Le  naturel,  l'abandon  ,  la  vi- 
vacité, étaient  le  caractère  dominant  de 
son  style  ;  il  raltach.iit  avec  beaucoup 
d'art  les  principes  de  la  philosophie 
usuelle  cl  de  la  vie  commune  aux 
préceptes  de  la  iitlcrature;  ingénieux 
artifice  qui  faisait  le  principal  agré- 
ment de  ses  articles,  comme  il  fait 
celui  des  épîlres  d'Horace  et  de  Hoi- 
leau.  Quelquefois  il  pouvait  choquer 
la  vérilé ,  la  justice  ,  souvent  les  pré- 


126  GEO 

juges  j  on  était  mécontent,  maïs  |a- 
înais  ennuyé'.  On  lui  a  beaucoup  re- 
proche' les  flatteries  que,  dans  un 
grand  nombre  de  ses  feuilletons,  il 
prodiguait  au  lyran  qui  opprimait  la 
France  ,  et  nous  ne  sommes  nulle- 
ment dispose's  à  les  excuser  :  nous 
remarquerons  seulement  quepcrsonne 
ne  se  montra  plus  conslaninient  l'en- 
nemi de  la  révolution,  des  principes 
re'volutionnaires,  et  des  i^omrnes  re'- 
volutionnaires.  Personne  ne  fat  plus 
haï  de  CCS  derniers  :  il  crut  avoir  be- 
soin d'une  protection  contre  le  res- 
sentiment de  ces  hommes  dont  quel- 
ques-uns c'taient  puissants  et  dange- 
reux, et  il  flatta  leur  mJitre.Son  es- 
prit Tabandonna  presque  toujours 
dansccs  occasions; et  peut-être  serait- 
il  permis  d'en  concluie  que  ces  adu- 
lations, qui  trop  souvent  venaient 
détruire  tout  l'agrément  et  II'  charme 
d'une  excellente  discussion  littéraire, 
et  d'une  suite  de  réflexions  ingénieuses 
et  piquantes  ,  lui  ëtiient  arrachées 
contre  son  grc  ,  ses  inclinations  et  S"S 
sentiments.  Considérées  dans  l'eft'et 
général  qu'elles  pouvaient  produire, 
ces  flatteries  sans  grâce  ,  sans  esprit 
et  sans  mesure,  n'ont  eu  aucune  in- 
fluence sur  l'opinion  publique  ;  tandis 
que  la  guerre  contiiuielle  et  vigoureuse 
qu'il  déclara  aux  principes  de  la  ré- 
volution ,  aux  conséquences  qui  en 
dérivaient,  aux  préjugés  qu'elle  avait 
accrédités,  aux  écrits,  et  sut  tout  aux 
ouvr;iges  dramatiques  qii'elle  inspirait, 
aux  hommes  qui  l'avaient  fiite  ,  cl  qui 
voulaient  la  perpétuer  ,  contribua 
beaucoup  à  éclairer  les  esprits,  à  y 
ramener  des  idées  justes  et  saines,  à 
détruire  les  faux  systèmes  de  philoso- 
phie et  de  politique  ,  et  à  faire  con- 
ïiaîlrc  le  charlatanisme  de  ceux  qui  1rs 
professaieiU.  Chargé  d'un  travail  qui 
semblait  devoir  prendre  tous  les  mo- 
ments de  l'horamc  le  plus  laborieux  et 


GEO 

le  plus  fécond,  et  remplissant  ses  en- 
gagements avec  la  pîus  scrupuleuse 
fidélité,  allant  même  souvent  au-delà, 
Geoffroy  trouva  néanmoins  le  temps 
de  publier,  en  1808,  un  Commen- 
taire sur  liacine,  en  7  vol.  in-8°.  Ses 
ennemis  ne  manquèrent  point  cette 
occasion  de  se  venger; il  se  défendit, 
mais  ,  ce  qui  est  remarquable  ,  sans 
passion  et  sansclnleur.  Ou  afaitsans 
doute  de  justes  critiques  de  cet  ou- 
vrage de  Geoffroy,  compose  avec  trop 
de  précipitation  ,  où  il  y  a  trop  de  re- 
marques minutieuses,  et  où  l'art  et  le 
génie  du  grand  poète  ne  sont  pas  assez 
approfondis  :  on  ne  peut  disconvenir 
toutefois  qu'il  est  semé  d'ingénieuses 
réflexions  et  de  très  bonnes  observa- 
tions littéraires.  Mais  ce  qui,  malgré 
ses  défauts,  peut  recommander  cecom- 
menlaire,  ce  sor.t  les  excellentes  tra- 
ductions de  fragments  considérables, 
et  même  de  deux  tragédies  entières 
des  anciens  auteurs  grecs  ou  latins  , 
imités  par  Racine.  Geoffroy  avait  un 
talent  véritable  pour  la  traduction;  et 
il  eût  été  à  désirer  qu'il  n'eût  pas  borné 
ce  talent  à  la  traduction  agréable  et  élé- 
gante de  ïhéocrite  ,  qu'd  publia  en 
1 801,  en  I  vol.  in-B^.  Cependant  il  est 
permis  de  croire  que  ,  dans  aucun 
genre  ,  il  n'aurait  acquis  plus  de  célé- 
l)rité  que  dans  celui  où  il  s'est  princi- 
])alement  distingué.  Ati  jugement  de 
ceux  qui  l'ont  suivi  de  plus  près  et 
avec  plus  d'honneur  dans  c»  Ite  utile 
carrière,  il  est  le  premier  critique 
d'une  épo(fue  où  l'on  peut  aflirnier 
que  l'ail  de  la  crititpic  n'a  pas  dégé- 
néré, (pioiqu'on  la  voie  trop  souvent 
culti\('c  par  de  jemies  éro!ier>  sans  ins- 
truction, sans  talent  cl  s  insespril.l\)ut 
en  se  livrant  au  travail  qu'exigeait 
le  Journal  des  D&hats ,  GeoflVny 
avait  eutr(j)ri>  de  ressusciter  l\4nnée 
littéraire.  Il  en  a  publié,  avec  M.Gro- 
sîer,  treute-six  numéros,  formant  (5 


GEO  OEO                 127 

volumes  in- 19.,   (Ml  l'an  \\:  ils  nVii  pour  los  professions  savantes:  mais 
(loiincrrnt  (jiic  luiir  niiincMOS  l'anncie  son  excessive  punvrefe  le  l.niç.i  d.jns 
siiiv.intc.  On  n  }nil)lie  la  J'ie  poléini-  une  nuire  caiiièrc.  Ilunleiix  tl'avoir 
nue  di'  l'oltaire  cl  histoire  de.  ses  ctc  réduit   à   contracler  des  dettes, 
proscriptions  y  suivie  de  pièces  justi-  bien  clictives  à  la  veiitc  ,  il  s'enrôla 
jicalii>t>s  ,  par  (i***Y,  Paris,  Dcnlu  ,  dans  un  régiment  de  linssards  prus- 
i8o-.i,  in-H'^.  Ile^t  à  croire  que  i'edi-  siens  j  et  l'engagement  (ju'on  lui  paya  , 
leur,  par  ces  lettres,  voulait  l'aire  at-  l'aida  à  s'acquitkr.  Le   tumulte  des 
tribner  cet    ouvrage  à  (ieoflTroy,  et  camps  ne  le  détourna  pas  de  la  cul- 
qnelques  personnes  ont  donne  dans  turc  des  lettres.  II  avait  emporte  un 
le  [)ic£^e;  mais  ou  sait  que  ce  n'est  au-  Cornélius  Nëpos  ,   qu'il    lisait    sans 
Irc    que  le    Tableau  /fhilosophiipie  cesse  :  il  aurait  pu  diiïlcilemenl  mieux 
de  l'esprit  de  M.  de  Foliaire  (  par  choisir  pour  sa  position.  Au  bout  de 
l'abbe  Sabalier  de  Castres).  Geoffroy  trois  mois,  on  voulut  le  faire  entrer 
est  mort  le  2(>  février  iHi4«    F — z.  dans  un  régiment  d'infanterie,  à  qui 
GEORG  (Jean-Michel),  direc-  son  colonel  l'avait  vendu  avec  queï- 
teur  de  la  régence  prussienne  de  Bai-  ques-uns  de  ses  camarades.  Outre  de 
reutli  ,  naquit  en    1740  à   BiscbofF-  cette  infraction  aux  promesses  qui  lui 
griin  ,  bourg  de  cette  principauté'.  11  avaient  e'te  faites,  il  adressa  des  repré- 
eiit  pour  j)ère  un  charbonnier,  qui,  seutalions  aux  chefs;  il   pria   qu'on 
âu  sortir  de  l'enfance,  l'envoya  gar-  le  laissât  dans  les  hussards.  On  fut 
der  les  vaches.  Le  jeune  Georg  mon-  sourd  à  ses  re'clamations.  11  déserta  ; 
ira  de  bonne  heure  un  esprit  vif  et  et,  après  avoir  couru  plus  d'une  fois 
disposé  à  observer.  Frappe' des  dif-  le  risque  d'être  découvert ,  il  rentra, 
férencesqucluioffraicnllesmœursdes  au  mois  de  mai  1759,  dans  la  misé- 
oiseaux  qu'il  voyait  dans  les  forêts,  rable  hutte  de  son  père.   Il  l'aidait 
il  en  dressa,  d'après  ses  observations ,  dans  son  travail ,  lorsqu'un  riche  pro- 
im  tahlcau  systématique  qui  annon-  priétairc  de  forges   le   connut ,  prit 
çait  une  sagacité  peu  commune.  Sa  confiance  en  lui ,  et  le   chargea   de 
mère,  femme  au-dessus  de  son  état,  l'inspection  de  ses  propriétés.  Georg 
lui  avait  enseigné  à  lire  et  à  écrire  acquit  dans  ses  nouvelles  fonctions 
correctement,  ainsi  que  les  éléments  beaucoup    de    connaissances    prali- 
de  l'arithmétique  et  de  la  langue  la-  ques.   Son    esprit    ayant    graduelle- 
fine;  elle  le  mena  à  l'âge  de  douze  ans  ment  repris   sa  première  direction, 
dans  une  ville  voisine  pour  qu'il  pût  toutes  ses  pensées   se  tournèrent  de 
rerevoir  des  leçons   qui   satisfissent  nouveau   vers  l'étude   des    sciences, 
son  désir  d'apprendre.  Admis  dans  Ses  parents  alarmés  le    supplièrent 
une  école  de  charité,  le  jeune  Georg  de  renoncer  à  son  projet ,  et  de  ne 
fit  des  progrès  surprenants,  notam-  pas  abandonner  un  emploi  avanta- 
ment  dims  l'arithmélique  :  il  inven-  geux.  Son  peikchant  était  trop    fort 
tait  même  des  formules  pour  résou-  pour  qu'il  écoutât  leurs  remontran- 
drc  les  problèmes  les  plus  difTiciles  ces:  mais,  d'un  autre  côté,  il  avait  déjà 
de  cette  science.  A  seize  ans  ,  il  entra  vingt-deux  ans  ;  il  ignorait  jusqu'aux 
au  gymnase  de  Hof;  et  en  moins  d'une  éléments  de  la   plupart   des  choses 
année,    ses   maîtres  le  proposaient  qu'il  desirait  savoir;  sa  pauvreté  le 
pour  modèle  à  ses  camarades.  Tout  privait  des  moyens  de  les  acquérir 
dénotait  eu  lui  une  cxtrêtue  aptitude  sans  abandonner  son  poste.  La  Pro- 


ia8  GEO 

vidence  viul  à  son  secours.  Un  ec- 
clésiastique très  instruit,  qui  exerçait 
depuis  peu  de  temps  le  miiiistère  à 
liischoflgiim ,   consentit  à  donner  à 
Gcorg   l'enseignement   qui  lui  man- 
quait.  Geliu-ci,  occupe  tout  le  jour  , 
consacrait  à  l'étude  avec  son  maître 
les  picmièrcs  h'ures  de  la  nuit,  et 
ensuite  en  emplovaif  le  reste  a   re- 
passer les  leçons  qu'il   avait   reçues. 
Dès  qu'il  se  vit  en  ètMt  d(^  suivre  a\ec 
frui-   ies  cours  d'un  j  rof  >s.' ur  pu- 
blic, il  quitta  la  maison  de  son  bien- 
fdileur ,  a   qui  son    deparf  causa   de 
vils  regiets,ei  se  rendit  a  Erlang.  Il 
joignit  a  l'étude  de  la  tiiéoloçie  celle 
de  fa  plu!o?;oi)}iie  et  des  mathémati- 
ques ;  \\  n'c'it  pour  celte  sciHUced'autre 
m  lîlic  que  Us  ouvnges  de   Kaestner. 
Ce  livre  fuî  pour    Gcorg    une   mine 
abondant'  dr  recherches,  qui  produi- 
sirtnî  des  resuiiat.s  dont  il  serait  dif- 
ficile de  -'C  faire  une  idée.  Un  travad 
opiniâtre,  conlinnc  deux  ans  sans  re- 
lâche le  jour  et  une  grande  ])artie  de 
la  nuit ,  porta  une  si  rude  atteinte  à  sa 
santé,  qu'il  fut  obligé  de  sacrifier  une 
paitie  du   icstc  de  sa  vie  à  la  réta- 
blir. D'ailleurs  la  pauvreté  le  pour- 
suivait encore  :  à  peine   pouvait  -  il  , 
avec   le   produit   des  leçons  paiticu- 
lièies  qu'il  donnait,  suffire  à  pay^r  le 
pain  qui  faisait  son    ui  i(iiie   nuinri- 
ture.  Enfin  il  »»biinl  nm-  bourse,  et 
put  s.tlisl.iiie  à  ses  besoins  h'S  plus 
pressant»».   Il   alla  ensuite  a   Lcipzi;;. 
Un  élndiaiil,   qui  coiiçul  do  l'eslime 
pour  lui,  le  condui>it  a  lena.  Satis- 
fait de  ses  progrès  dus  à  une  perse- 
veiance  Ci  iistanie  penjant  cinq  ans, 
Gforg   retourna   <  n   i  •jtii)  a  Erlang  , 
çi  obtint  le  grade  de  inr.îlrc-è.s-;«rls. 
Jl  ouvrit  un  cours  dr  philusophit-  et 
de  niallu  mati((ii('S  ,  dont  le  t.urrès  le 
lit  appeh'r  à  Haireuth,eu  177H,  pour 
y   professer  les  inalliémati(jU(  s  ei    \n 
physique.  Cet  emploi  couycuail  par- 


GEO 

faitement  à  ses  goûts  :  il  recevait  en* 
fin  le  prix  de  son  assiduité  et  de  son 
ardeur  pour  l'étude.  Ses  connaissances 
variées  le  mettaient  à  même  de  choi- 
sir une  profession  savante  qui  fût  as- 
sez lucrative  pour  procurer  de  l'ai- 
sance à  sa  familie;  car  il  venait  de  se 
marier.  L'exercice  de  la  médecine  ne 
li.i  aurait  pas  laissé  le  temps  de  rem- 
plir ses  devoirs  de  professeur:  il  se 
décida  pour  la   pratique  de  la  juris- 
prudenee.  Suivant  sa  coutume ,  il  se 
prépara  ,  par  un  travail  prodigieux,  à 
l'examen   (ju'il   devait    soutenir.    Le 
snci  es  couronna  S'  s  efforts.  Dès  qu'il 
se  fut  mis  au  courant  di  s  usages  des 
tribunaux,  à  peine  put  -  il  suffire  à 
rempressrmt  ut    des    clients   qui   ve- 
naient lui  confier  leurs  in'éiêls.  Sa 
réputation   de  jurisconsulte  éclairé  , 
laborieux  et  intègre,  lui  valut  un  avan- 
cement graduel  :  enfin,  en   1782  ,  il 
fut  nommé  conseiller  de  régence.  Ne 
pouvant   plus  alors  s'occuper  de  la 
pratique  j'idici.. ire  ,  il  se  livra,  dans 
ses  heures  de  loisir ,  à  l'ctode  du  droit 
public  de  la  principauté  de  Baireuth, 
et  amassa  une  immense  qu.»niité  de 
documents,  vrai  trésor  pour  ceux  qui 
sont  chargés  de  la  diiection  des  af- 
faires publiques.  En  éliuliant   l'his- 
toire de  son  pays,  il  n  connu!  que  dans 
l'idiome  usité  en  l'r  nconie  un  grand 
nombre  de  mots  étaient  d'origine  so- 
rabe-\Vrud<-  ;  que  le  peuple  avait  con- 
servé plusieurs  usages  qui  dérivaient 
probabh ment  de  cette  branche    des 
anciens  Slaves,  ce  (|ui  pouvait  servir 
à  éclaircir  «livers  points  du  droit  du 
p.ivs.  C'en  fit   aNsez    pour  stimuler 
l'ardeur  de  (ît-oig  a  tirer  riiisloire  an- 
cienne de  l.i  Fi  ancoiiie,  et  même  d'une 
p.«rliedu  ^ord  et  (h*  l'AlIrmagin' ,  des 
ténebics  tpn  l'.ivaieni  jusqu'alors  cou- 
veite.  Mais  comment   apprendre   la 
langue  wende  sans  grammaire  et  sans 
dictionnaire  ^  Voici  coiumc  il   sur- 


\ 


gp:o 

monta  cello  (lirticultc.  II  fit  venir  de 
la  Ijasse  -  [jiis.icc  une  |jil)li.'  sorabe- 
wendc  ;  et  à  l'aide  li'iine  concord  mce 
en  allemand  ,  il  composa  une  '^rarn- 
maire,  un  dictionnaire  et  une  my- 
tlioio|;iesorabe.».-wt'Md('s.(^U(lrnirs  an- 
nées après,  le  lias.ird  lui  (il  rencon- 
trer mie  viedie  grammaire  wende,  qui 
ne  valait  pas  la  sienne.  D'autres 
études  suivirent  celle  de  celle  lan- 
gue. Ayant  été  nomme  cons(  rvateur 
des  forets  ,  et  ensuite  ju.;e  du  ti  ibu- 
li.d  des  mines  dans  l'Obergebirg  ,  il 
appr  >fonilit,  jusque  dans  les  plus  pe- 
tits détails  j  toutes  li  s  branches  de 
l'histoire  naturelle,  la  chimie*,  l'ex- 
ploitation des  mines  et  la  mclallur- 
gie,  et  enfin  tout  ce  qui  concerne  la 
jurisprudence  des  forets  et  des  mines. 
Son  rare  mérite  fut  récompensé  par 
le  poste  éinincnl  de  directeur  de  la 
régence.  Un  an  après,  le  i4  juin 
i-joG  ,  il  mourut,  consumé  par  son 
I.  ardeur  pour  l'élude  ,  laissant  un  bel 
exemple  à  tous  ceux  qui, écoutant  une 
noble  ambition  ,  cherchent  par  leur 
mérite  et  leur  travail  à  s'élever  au- 
dessus  du  rang  où  ils  sont  nés.  On 
a  de  Gcorg ,  en  allemand  :  I.  Essai 
d^une  Grammaire  générale  en  dia- 
logues ,  Seh v>'y ba ch  ,  i  7 ^9 ,  i  n  -  8 °. 
II.  Histoire  du  tribunal  auiique  de 
Baireuth ,  Baireulh  ,  1774?  *  78"^ , 
2  vol.in-4".  lîl.  Dictionnaire  com- 
plet de  chasse  ,  Leip/ig,  »  797 ,  'i 
vol.  in -8'.  Ce  livre  a  été  rédigé  sur 
ses  manuscrits.  IV.  Des  Disserta- 
tions sur  des  qii'stions  de  juiispru- 
dcnce  et  de  physique.  Indépendam- 
ment de  ces  ouvrages  imprimés,  il  a 
laissé  en  manuscrit  60  volumes  in- 
fol.  sur  l'histoire  et  le  droit  public  du 
pays  de  Baireuth;  3o  volumes  in- 
fol.  etin-.jO.  sur  les  mathématiques, 
la  physique,  la  chimie,  l'administra- 
tion des  forêts  et  des  mines,  ctc.j  un 
Dictionnaire  ,  une.  Grammaire,  une 

XVII. 


GEO  ici9 

Mythologie  sorabfswendes.  Sa  Vie, 
écrite  par  son  fi!s  Fiédéric  -  Adam 
(icorg,  docteiu-  en  philosophie,  a 
été  imprimée;  à  Kriang,  1  vol.  in-4"., 
1 798  :  «  lie  »  st  précédée  de  considc- 
r mous  sur  la  Hiographic  en  général , 
et  se  fait  lire  avec  inîérèt  pai  h  s  parti- 
cularités qu'elle  contient.       E — s. 

Gh:()UGE  I"-.,  roi  d'Angl,  t(  .re  , 
fils  d'Kriic>t-Augu.ste  ,  premier  éh  c- 
teur  de  Hrnnswick-Lunebonrg,  et  de 
la  prineesse  So[)hie  ,  petite-fille  du  roi 
Jacques  P'".,  naquit  a  Osnabtick,  le 
28  mai  1660.  Issu  de  la  maison  de 
Sîuart,  par  sa  mère,  et  né  d;ins  le 
protestantisme,  il  dut  à  ce  double  ti- 
tre d'être  appelé  au  troue  d'Angle- 
terre, le  12  août  1714?  'ipiès  la 
mort  de  la  reine  Anne,  décédée  sans 
enfants,  a  Jamais  l'autorité  suprême 
ou  plutôt  la  toute- puissance  sa'utaire 
de  la  constitution  anglaise  n'avait 
été  déployée  d'une  manière  plus  im- 
posante qu'elle  le  fut  à  l'accession  de 
la  f.iniille  de  Brunswick  au  trône  de 
la  G landc  Bretagne,  dans  un  moment 
où  tous  les  éléments  d'une  guerre  ci- 
vile étaient  en  fermentation  ,  où  la 
nation  entière  était  divisée  en  deux 
partis  opposés  ,  où  une  ancif  nne  dy- 
nastie, encore  existante,  devait  être 
proscrite  en  faveur  d'une  nouvelle, 
en  un  mot  quand  l'héiiticr  naturel ,  à 
qui  le  tronc  appartenait  par  le  droit 
de  sa  naissance  ,  ayant  un  parti  con- 
sidérable dans  l'intérieur  du  rovauaje, 
et  pouvant  être  soutenu  par  quelques 
puissances  étrangères  ,  devait  être 
exclu  par  l'héiitier  légal  qui  n'avait 
ptMir  lui  d'autre  titre  qu'un  acte  du 
parlement.  Toutes  les  appan  nces  de 
dinger  s'évanouirent  néanmoins  au 
nu.-ment:  où  la  reine  Anne  expira  : 
Geori;e  fut  proclamé  roi  ;  et  aussitôt 
tous  les  paitisse  réunirent  en  faveur 
de  l'acte  qui  avait  régie  la  succession 
au  tronc  ;  et  rccoanurenl  la  légitimité 


j3o  GEO  GEO 

des  droits  de  S.  M.  »  George,  en  arri-  pour  sa  femme,  Konigsm-irk  eut  l'iin- 
vaiit  en  Angleterre,  vivait  à  se  déci-  prudence  de  renouveler  publiquement 
der  sur  un  point  très  important ,  du-  sos  assiduités  auprès  de  Sophie.  Er- 
quel  dépendait  essentiellement  la  Iran-  nesl-AugusIe,  père  de  George,  en  fut 
quiliitc  de  son  règne  j  il  avait  S(  s  nû-  informé;  et  un  soir  que  le  comte  sor- 
uislres  à  choisir,  ou  parmi  les  Vv'bigs,  tait  de  1  appartement  de  cette  prin- 
ou  parmi  les  Torys  ,  ou  bien  en  sui-  cesse,  il  fut  a-sassiné  dans  la  pièce 
vant  rcscmplc  que  lui  avaient  donné  suivante  sons  les  yeux  de  rélecîeur, 
la  feue  reine  et  le  roi  Guillaume,  qui  par   une  personne  apostée  sur  son 
les  avaient  pris  alteinalivement  dans  passage  pour   l'empêcher  de   sortir, 
les  deux  partis  p'iur  en  composer  une  La   princesse  fut  mise  aussitôt  aux 
administration  mixte  ;  essai  très  dan-  arrêts;  et  George  obtint,  Je  28  dé- 
gereux  dont  la  Conséquence  nécessaire  ccmbre  1694,  une  sentence  du  coii- 
cst  de  placer  le  moi.'arque  entre  les  sistoire  ecclésiastique  ,  qui  prononçai 
deux  partis,  sans  lui  en  att;.chcr  au-  leur  divorce.  Renfermée  au  château 
cun.  George  eut  la  sagesse  de  ne  vou-  d'Aldcn,  la  malheureuse  Sophie  ter- 
loir  pas  renouveler  cette  épreuve;  et  le  mina  sa  déplorable  existence ,  après 
zèle  avec  lequel  les   Whigs   avaient  trcnte-dei;x  ai:s   de  captivité.   I/au- 
soutenu  et  fait  triompher  ses  intérêts,  teur  de  cet   aitide   a  donné,   dans 
détermina  son  choix  en  leur  faveur,  son   histoire  d'Angleterre,   vol.  vi, 
<(  Ma  maxime,  disait-il ,  est  de  ne  ja-  p.ig.    ii5,  les  détails   les  plus  cir- 
«  mais  abandonner  mes  amis,  de  ren-  constanciés  sur    cette    anecdote  in- 
«  dre  justice  à  tout  le  monde  ,  et  de  léressante.  George  1»^^.  unissait  aux 
«ne  craindre  personne.  »   Il   avait  qualités  les  plus  propres  à  faire  aimer 
épousé,  le '21  novembre  i6o'.î,So-  inic  nouvelle  dynastie,  les  t.dents  né- 
phie-Dorothée  de  Zcll,  sa  cousine  ,  cessaires  pour  la  consolider.  Son  ci- 
qui  n'avait  alors  que  quinze  ans.  Tes  ractère  séiieux  n'empêchait  pas  qu'il 
qualités  de  son  cœur  et   les  grâces  ne  fut  affable,  familier,  et  même  la- 
de  son  esprit  égalaient  les  charmes  célieux  dans  ses  heures  de  déUsse- 
dc  sa  personne.  Ses  attraits  néanmoins  ment.  Tour  à  tour  indulgent  et  sé- 
îie  fixèrent  pas  longtemps  les  affec-  vèrc,   suivant  les    circonstances,  il 
lions  de  son  mari:  il  négligea  son  ai-  n'était  jamais  plus  heuieux  que  lors- 
ma!)le  compagne,  après  en  avoir  eu  qu'il  pouvait  se  livrer  à  cette  bien- 
un  (ils  et  une  fille,  et  s'attacha  à  la  vciilance  qui ,  étant  le  senlim»  nt  do- 
duchcsse  de  Kendal.   Le  comte  de  minant  de  sou  cœur,  se  peignait  na- 
Konigsmark  ,  grand  seigneur  suédois,  turelh-mentsursa  figure. Sage  cl  ferme 
arriva  à  Hanovre  dans  cette  circons-  dans  ses    résolutions,  il  p(uirsuivait 
t'Uirc.C'ét-iitundes  plus  gilanls  et  des  avec  une  constance  inflexible   IVxé- 
plus  beaux  hommes  de  son  siècle.  Il  cution  de  celles  qui  lui  paraissaient 
avait  été  auparavant  amoureux  de  la  les  plus  ju>tcs  et  les  plus  conformes 
priiicessiî   Sojdiie   de    Zcll;   et   l'on  à  rhouncurde  la  nation  et  à  sa  prop/o 
avait  supposé  qu'il  avait  fait   quel-  dignité.  Jaloux  de   son  autorité ,  et 
que  impression  sur   son    cœur.  En  très  attaché  à  .sa   prérogative ,  il  eu 
la  revoyant,  la  p;«ssion  thi  comt»*  .se  coun.ùssail  cependant  les  limites  ,  et 
ranima  :    lavorisé  par   l'ab.sence   de  n'inibilionnail  de  pouvoir  que  celui 
George,  qui  rtait  ;il(>rs  à  l'arniée,  et  en-  dont  il  avait  besoin  pour  faire  le  bou- 
Lardi  p.r  raver-ion  de  ce  nionar.[iiC  heur  do  icsinjcls.  Sou  heureuse  étoile. 


) 


GEO  CEO  i5ï 

«t  plus  encore  sa  sagesse  et  sa  vii^i-  m.irqiiaîjles  de  la  mode'ration  et  de  la 
lance,  assurjioiit  généralement  le  suc-  sage  politique  de  George  1".,  est  (pie, 
ces  de  SCS  mesures.  Maigre  son  goût  sans  prendre  put  aux  guerres  du  con- 
pour  l'elat  militaire,  et  quoique  dans  tinent,  il  parvint  à  conserver  à  i'Au- 
sa  jeunesse  il  eût  déployé  autant  de  gleterre  la  prépondérance  que  les  vic- 
hravoure  que  de  talents  en  Hongrie  toires  du  règne  précédent  lui  avaient 
«t  dans  la  iMorce   contre  les  Turcs,  acquise.  Il  laissa  à  la  justice  un  libre 
ainsi  qu'en  Flandre  et  en  Allemagne  cours  ,  sans  chercher  à  influencer  ha 
contre  la  France  ,  il  préfera  à  l'éclat  décisions  des  magistrats,  même  dans 
des  victoires  l'avantage  bien  plus  so-  les  causes  qui  pouvaient  l'intéresser 
lide  d'assurer  à  ses  nouveaux  sujets  personnellement.  On  cite  de  lui  des 
les  bienfaits  d'une   paix  honorable  ,  traits  qui  prouvent  qti'il  savait  avec 
de  conserver  ses  états  en  Allemagne,  adresse  se  tirer  d'une  situation  dé- 
et  de  voir  le  prétendant  définitive-  licatc.  Dans  un  bal ,  une  dame  mas- 
ment  exclu  du  royaume  d'Angleterre,  quée,  qui  causait  avec  lui  depuis  quel- 
Des  alliances  défensives,  et  des  me-  ques  moments  ,  le  mène  au  buffet,  et 
sures  de  précaution ,  furent  en  con-  lui   propose    des   rafraîchissements: 
.'équence  le  principal  objet  de  sa  po-  George  accepte.  ^  la  santé  du  pré- 
jiliquc,  le  fondement  de  la  gloire  et  te/z^û^nt^,  luidiirinconnuc.— •J^e^owC 
du  bonheur  de  son  règne,  que  rien  mon  cœur,  répond  le  roi  sans  se  dé- 
n'anrait   altérés,   sans    les  désastres  concerter  j  je  bois  volontiers  à  la 
et  le  discrédit  qu'entraînèrent  les  fol-  santé  des  princes   malheureux,   il 
les  spéculations  delà  compagnie  du     rétablit,  en  i -y  25,  l'ancien  ordre  rai- 
Sud  :  effet  déplorable  de  l'avidité  et  de  litaire  du  Bain,  dont  l'institution  est 
la  corruption  des  ministres ,  ainsi  que     attribuée  à   l'un   des   premiers   rois 
de  l'incxpériencedu  roi  en  finance,  éga-     saxons,  et  qui  ,  depuis  Charles  IT  , 
ré  par  le  désir  louable  de  réduire  la     était  presque  oublié  :  le  nombre  des 
dette  publique.  Ce  fut  aux  talents  su-     chevaliers  fut  fixé  à  trenle-huit.  Après 
périeurs  de  sir  RoJjrrt  Walpole,  qu'il     avoir  ainsi  retrace  avec  impartialité 
eut  l'obligation  de  retirer  son  royau-     les  traits  honorables  du  caractère  de 
me  de  cet  abîme  de  perdition.   La     George  I".,  et  ses  vertus  royales, 
confiance  sans  réserve  dont  George     l'austérité  de  l'histoire  nous  impose 
honora    ce   ministre   pendant   toute     le  devoir  pénible  de  reconnaître  que 
la  durée  de  son  règne,  fut  la  j  iste     ses  vertus  privées  étaient  loin  d'être 
récompense  d'un   service   aussi  im-     aussi  estimables.  Epoux  infidèle ,  iu- 
poitanl.  II  est  assez  curieux  de  rc-     juste  et  cruel,  il  ne  fut  certainement 
marquer  que  le  i*ji  ne  pouvait  pas     pas  meilleur  père  ;  et  rien  ne  peut 
parler  anglais  avec  plus   de   facilité     excuser  les  mauvais  traitements  que 
que  Walpole  ne  parlait  français.  Le     son  caractère  ombrageux  et  jaloux  fit 
ministre  était  obligé  de  donner  son     éprouver  à  son  fils;  quoique  ce  fils 
avis  en  latin  à  S.  M.;  et  comme  l'un     vertueux  ne  s'écartâî  jamais  du  rcs- 
et  l'autre  parlaient  peu  correctement     pect  qu'il  lui  devait,  la  popularité  qu'il 
et  encore   moins  couramment  cette     s'était  acquise  par  ses  aimables  quali- 
îangue,  on  entendit  souvent  Walpole     tés,  le  lui  fusait  regarder  comme  un  ri- 
dire  que,  sous  le  règne  de  George  1*^'".,     val  dangereux.  Les  Hanovriens  étaient 
il  avait  administré  le  royaumeenmau-     ses  sujets  de  prédilection;  et  il  allait 
vais  latin.  Un  des  traits  les  plus  re-     presque  tous  les  ans  passer  quelques 

9- 


i52  GEO 

mois  avec  eux ,  lorsque  les  affaires  de 
la  Grande  -  Bretagne  n'exigeaient  pas 
absolument  sa  pré.sence.  Parti  pour  le 
Hanovre  au  mois  de  juin  i  -j^-y,  il  e(ait 
arrive  en  parfaite  santé' à  Dtldcn;  mais 
s'etanl  arrêté  dans  la  maison  de  cam- 
pagne du  comte  de  Twiltet,  à  vingt 
milles  de  celte  ville  ,  il  mangea  beau- 
coup de  melon  après  souper  :  l'indi- 
gestion qui  en  résulta  fut  probablement 
la  cause  de  l'attaque  d'apoplexie  dont  il 
mourut,  le  1 1  juin  ,  dans  la  soixantc- 
tuitième  anne'e  de  son  âge  ,  et  la  dix- 
bnitièrae de  son  règne.  De  deux  enfants 
qu'il  laissait,  son  fils  ^  qu'il  avait  crée 
prince  de  Galles  en  arrivant  en  Angle- 
terre, lui  succéda,  et  sa  fille,  mariée 
au  roi  de  Prusse  Frédéric  I".,  fut  la 
mère  du  grand  Frédéric.         B.  M. 

GliORGE  II  (Auguste),  fils  et 
successeur  du    précédent ,  naquit  le 
5o  octobre   i685;  il  reçut  de  la  reine 
Anne  ,  en  1 706 ,  l'ordre  de  la  Jarre- 
tière ,  avec  les  litres  de  pair  d'Angle- 
terre et  de  duc  de  Cambridge  ,  et  fut 
Î)roclamé  roi  de  la  Grande-Bretagne , 
e  26  juin  1727,  quinze  jours  après  la 
mort  de  sou  père.  Il  était  entré  de 
très  bonne  heure  dans  la  carrière  des 
armes.  Il  fit  la  campagne  de  1 708  sous 
le  duc  de  Marlborougl),ct  se  distingua 
bonorablemcut,  en  qualité  de  volon- 
taire, à  la  bataille  d'Oudcnarde,  où  il 
chargea  l'ennemi  à  In  tète  des  dragons 
banovriens,  et  eut  un  cheval  tué  sons 
lui.   Si   ses   talents  dan;»   le  conseil 
n'cgal.iient  pas  ceux  de  son  père,  il 
avait  sur  lui  beaucoup  d'autres  nv.iu- 
tagcs,  et  particulièrement  celui  d'avoir 
su  se  concilier,  avant  de  monter  sur 
le  trône,  l'eslimc  (l  l'alïection  de  ses 
sujets  :  il  dut  l'une  cl  l'autre,  non  .seu- 
lement àlaconnaiss.mcc  de  la  langue, 
et  de  la  conslilution  anglaise  dont  il 
avait  fait  son  étude  particulière  ,  mais 
encore  à  la  jtrudcnt  e,  à  la  justice  et  à 
ia  bonté  (pTil  avait  déployées  lorsque. 


GEO 

pendant  l'absence  du  roi  en  1716  ,  il 
avait  été  nommé  gardien  et  lieutenant- 
général  du  royaume.  Sa  conduite  dé- 
cente pendant  la  malheureuse  mésin- 
telligence qui  eut  lieu  entre  lui  et  son 
père,  ne  contribua  pas  peu  à  augmen- 
ter sa  ])opularité.  Mais  la  Providence 
lui  avait  accordé  un  avantage  bien  plus 
précieux  encore,  en  lui  faisant  trouver 
dans  la  princesse  Giroline  d'Anspach, 
qu'il  épousa  le  2  septembre  1705,  la 
compagne  la  plus  aimable  et  l'amie 
la  plus  essentielle  par  le  bon  sens  ad- 
mirable ,  le   jugement  et  la  sagacité 
dont  elle   était  douée  y  aussi   eut -il 
toujours  la  plus  entière  confiance  en 
elle. Cette  princesse  le  gouverna  com- 
plètement jusqu'à  la  fin  de  ses  jours 
avec  tant  d'adresse  et  de  douceur  , 
qu'elle  ne  donna  jamais  le  moindre 
ombrage  à  un  époux   excessivement 
jaloux  de  son  autorité,  et  a  qui  elle 
eut  toujours   l'art   de  faire    accroire 
qu'elle  n'avait  d'autre  opinion  que  la 
sienne  :  elle  employa   principalement 
l'ascendant  qu'elle  avait  sur  son  esprit, 
à  lui  inspirer  une  entière  confiance 
dans  le  mérite  et  dans  l'habileté  de 
sir  Robert  Walpole,  le  ministre  des 
finances  le  plus  célèbre  qu'ait  eu  l'An- 
gleterre. Ce  fut  à  lui  que  la  n*ition  fut 
redevable  de  rétablissement  du  fonds 
d'amortissement,  base  essentielle  de 
son  crédit  et  de  sa  prospérité.  George 
11  allait  tous  les  ans  faire  un  voyage 
dans  son  élecloiatde  Hanovre;  et  pen- 
dant son  .ibsence,  ia  reine,  revêtue  du 
litre  de  régente,  sans  être  astreinte  à 
prêter  serment ,  gouverna  la  Grande- 
Bretagne  avec  loute  la  plénitude  de 
l'autorité   royale.   Elle  mourut  le  20 
novembre   1757;  mais,  avant  d'ex- 
piier,   elle  engagea  son  époux  avec 
lis   plus    \ives    instances    à    s'aban- 
donner toujours  aux  conseils  de  Wal- 
pole. IMalgré   cette    reconnu  mdalion 
pressante,    et    qui    semblait    dévoie 


r.  KO  GEO                 ï35 

rcmirc  son  cmlil  iiicbranlablc,  le  mi-  les,  ils  ne  pouvaient  recevoir  ni  vi- 
iiistrc  lavori    ne   \n\l   rcsisic  r  lonj;;-  vr('s,ni  munilions.   Li  gloire  de  ce 
t<nins  ans  rlanicms  et  ati\  cabaU  s  de  sucrés  lut  hicntol  obscurcie  par  la  ba- 
sses trop  nombreux  ennemis.  lies(l«)o/,o  taille  de  Fonlcnoi  (  i  745),  j)erdue  par 
premières  années  du  règne  de  Gcor-  leducdeCumberland contre LouisXV. 
no  II  s'étaient  écoulées  d.«ns  une  paix  Mais  le   sentiment   pénible    de  celle 
profonde  :  VValpole  ne  cherchait  (pj'à  deTailedut  faiic  piace  à  des  inquiètu- 
cn  proloni;(rla  durée;  njais  en  17^9  des  plus  vives.  Le  prince  Edouard  , 
les  déprédations  continuelles  des  Ks-  fils  du  prétendant,  n'ayant  pour  ainsi 
pagjiols  sur  iecommercede  la  (Irandc-  dire  d'autre  appui  que  son  nom  et  les 
i^ietagne  excitèrent  une  telle  indii;na-  droits  de  ses  aicuX;,  était  descendu  eu 
lion  , qu'il  fallut  se  préparer  à  veuji;er  Ecosse,  et,  en  p«u  de  jours,  avait  pe- 
la   nation  outragée.    Quelque    repu-  nétré  jusque  dans  la  capitale  de    ce 
gnance  que  le  minislre  éprouvât  pour  royaume  ;  ce  succès  Important  cxal- 
une  rupture,  il  ne  put  se  défendre  de  tant  son  audace,  il  avait  fait  une  ir- 
déclarcr  la  guerre.  Des  revers  qui  lui  ruption  en  Angleterre,  à  la  tête  de 
étaient  étrangers,  et  que  la  haine  lui  quelques  milliers    de   montagnards  , 
imputa  ,  le  forcèrent  de  donner  sa  dé-  accouru^sous  ses  drapeaux,  et  il  mar- 
mission.  {Foy.  llobeit  VValpole.  )  rhait  à  grandes  journées  sur  Londres. 
liOrd  Garttret,  le  nouveau  ministre  qui  II  n'était  plus  qu'à  cent  milles  de  cette 
lui  succéda  dans  l'affrction  et  la  cou-  métropole:  le  sceptre  de  la  Grande- 
fiauce  de  Gcore,e  lï;,  attira  bientôt  sur  Bretagne  semblait  devoir  échapper  à 
sa  patrie  de   plus  grands  désastres  ,  la  maison  de  Brunswick  ;  l'épouvante 
en  fiiisant  intervenir  son  maître  dans  avait  saisi  tous  les  cœurs.  Sur  ces  en- 
Li  guerre  que  la  mort  de  Charles  VI  trefaites,  le  duc  de  Cumberland  est 
venait  d'allumer  sur  le  continent.  L'at-  rappelé  en   Angleterre:  sa  présence 
lâchement  que  George  II  avait  con-  ranime  le  courage  de  la  nation;  il  force 
serve,  ainsi  que  sou  père,  pour  l'élec-  renuemi  à  retourner  sur  ses  pas  ,  le 
torat  de  Hanovre,  le  portait  naturel'  joint  à  Culloden(i7/i.6),  et  le  metdans 
îemeut  à  faire  tous  ses  efforts  pour  en  une  déroule  complète.  Cette  mémora- 
luaintenir  la  sûreté,  qui  dépendait  du  ble  journée,  qui  renversa  pour  jamais 
juste  équilibre  des  divers  intérêts  du  les  espérances  des  Stuarts  ,  fut  suivie 
corps  germanique.  Quarante  nulle  An-  de  sanglantes  exécutions  contre  les 
glais  marchèrent  au  secours  de  la  reine  Lcossais  qui  dans  celte  conjoncture 
de  Hongrie  ,  IMarie -Thérèse ,   alors  s'étaient    montrés    leurs     partisans, 
abandonnée  par  l'Europe  entière,  et  (  Foy.  Cumberland  et  Stuart.  )  La 
pour  ainsi  dire  accablée  sous  les  forces  victoire  de  Cuîloden  fut  la  dernière 
de  la    France.   Le  roi,   qui  dans  la  faveur  que  les  armées  anglaises  ob- 
guerre  de  la  succession  avait  donné  tinrent  de  la   fortune.   Elles  furent 
de  grandes  preuves  d'intrépidité,  vint  battues  par  le   maréchal  de   Saxe  à 
en  personne  prendre  le  commande-  Lawfeld  (  1  747  )•  Le  ministère  britan- 
nenl  de  cette  armée.  La  victoire  de  nique,  ne  voyant  plus  dans  la  guerre 
Deltingen   (1743),  due  en  partie  à  des  chances  as^ez  heureuses  pour  la 
l'impétuosilé  mal  calculée  du  duc  de  continuer,  consentit  enfin  à  la  paix; 
Gramont,  sauva  les  Anglais  d'une  rui-  etletrailéd'Aix-la-Chapellemitun  ter- 
ne presque  totale;  car  depuis  quelques  me  aux  calamités  de  l'Europe  (  i  748). 
^ours,  coupés  par  le  maréchal  de  Noail-  Après  une  guerre  si  dispendieuse,  ei. 


i34  GEO  GEO 

qui  avait  porte  la  dette  publique  à  mais  droite  et  bien  faite;  ses  cheveux 
une  somme  énorme,  la  Grande-Bre-  étaient  |)londs  ;  il  avait  les  yeux  très 
tagneétonua  l'Europe  par  une  mesure  saillants  et  le  nez  rctrous.sé.  Son  pre- 
qui  prouva  et  la  richesse  de  son  com-  iiiier  mouvement  était  vif;  mais  il 
merce,  et  l'étendue  de  son  crédit  na-  s'apaisait  aisément,  et  était  généra- 
tional.  Les  créanciers  de  l'état  acquies-  loment  doux  et  humain.  On  en  vit 
cèrent  volontairement  à  une  telle  ré-  un  exemple  remarquable  à  l'époque 
duction  d'intérêts  qu'à  peine  aurait-on  de  la  rébellion  réprimée  en  174^* 
osé  croire  que  la  proposition  en  pût  I^orsque  la  majesté  royale  offensée  dc- 
étre  faite  avant  même  que  la  ration  mandait  vengeance,  que  la  prudeticc 
eût  contracté  la  moitié  de  celle  dette,  exigeait  des  exemples,  et  que  l'huma- 
La  paix  d'Aix-la-Chapelle  était  peu  nilé  et  le  repentir  solhdtaient  des 
l^loricuse  pour  l'Angleterre  :  aussi  fut-  pardons,  plusieurs  coupables  furent 
elle  de  courte  durée.  Quelques  misé-  punis ,  et  le  plus  grand  nombre  fut 
rablcs  querelles  survenues  à  l'occasion  pardonné.  Ses  infenlious  furent  ton- 
des limites  du  Canada  entre  les  com-  jours  droites  ,  et  il  fut  toujours  fidèle 
mandants  anglaise!  français,  causèrent  à  sa  parole.  On  ne  peut  pas  dire  qu'il 
une  nouvelle  rupture  entre  les  deux  eût  des  qualiié>  très  brillantes;  mais 
nations.  Des  revers  passagers  trom-  toute  sa  conduite  ofTie  des  preuves 
pèreul  d'abord  les  espérances  delà  d'un  bon  sens  très  remarquable,  et 
Grande-Bretagne;  George  lise  vit  d'un  jugement  solide  et  éclairé.  Sobre 
luême  dépouillé  de  toutes  ses  posses-  et  légulier  dans  sa  manière  de  vivre , 
sionsen  Allemagne:  mais  des  conque-  son  économie,  qu'on  prit  souvent  pour 
tes  brillantes  dans  les  deux  ïixies  ré-  de  l'avarice,  le  mit  en  étal  d'entretenir 
parèrent  bientôt  cette  perte  momen-  dans  le  Hanovre  un  corps  considéra- 
tanée.  George  mourut  subiteminl  peu  ble  de  troupes,  qui ,  en  cas  de  guerre, 
de  temps  après  (  25  octobre  1 760)  ;  mettait  à  sa  disposition  une  force  dis- 
ct  sa  mort  eut  pour  cause  la  rup-  plinée  pour  l'opposera  l'ennemi;  et  la 
inre  de  la  substance  du  ventricule  Grande-Bretagne  dut  principalement 
droit  de  son  cœur ,  qui  arrêta  sur-  à  cette  mesure  son  influence  prépon- 
Je -champ  la  circulation  du  sang,  déranle  dans  les  affaires  du  continent, 
sans  aucune  apparence  de  douleur,  I!  mourut  précisément  à  l'époque  où 
et  sans  que  celte  maladie  eût  élé  sa  puissance  militaire,  Ténergie  cl  la 
préceVhmuicnt  annoncée  par  aucun  sagesse  de  son gouvernemenf,  avaient 
.sympiùme.  Jl  était  alors  dans  la  élevé  rAngietcrrc  à  un  degré  de  gloire 
soixantc-dix-septièmc  année  de  son  et  depuissance  qui  n'avait  été  surpassé 
âge,  et  la  5?)".  de  son  règne.  Il  avait  sous  le  règne  d'aucun  de  ses  prédé- 
cu  de  la  reine  Giroliue  d'Anspach  cesscurs.  Nul  d'cLtrc  eux  ne  fut 
deux  fils  et  cinq  filles,  savoir  :  Frédé-  plus  aimé  du  peuple  que  George  II 
rie,  prince  de  Galles,  pèie  du  roi  ac-  )  était  à  sa  mort.  Cette  morl  fut  con- 
tiu'l  (George  111  );  Guillaume  ,  duc  de  sidérée  par  beaucoup  de  gens  con)nie 
Guud)erland;  Aune,  mariée  au  prince  une  calamité  nationale,  parliculière- 
d'Orange;  Marie,  qui  épousa  le  land-  nient  dans  une  conjonclurc  où  l'An- 
grave  de  Hessc-Cassrl  ;  Louise,  ma-  gleterre  <'tait  engagée  dans  une  guerre 
liée  au  roi  de  Danemark;  Amélie  et  dangereuse  tlout  il  avait  élé  le  prin- 
Caroline,  qui  n'ont  jamais  été  mariées,  cipal  instigateur,  et  donl  il  aurait  su 
Gtoige  II  c;ail  d'une  petite  taille,  conserver  les  avantages ,  qu*un  chaii- 


GEO  ORO                 i5f; 

f rmcnt  de  mrsnns  trop  prompt  pnii-  îiicmc  ponssd  plus  loin.  Surprise  par 
v.iit  f.iiro  pcrdrr.  On  l'.i  nccnsoM'.tvoir  1rs  duiilcurs  de  IVnf.tfil('m('iil  à  II:iii)[i- 
J'Ousm:  trop  loin  son  .itfiuiieuu'iit  pour  loficourl ,  uii  se  trouvait  alors  ia  fa- 
/;fs  sujets  h.iiioviicns,  (Unc'i/ied'.tvoir  linllc  royale,  la  |)rinc(•s^c  fut  Irans- 
Tialii  pour  Irurs  inlcrèl.s  cvux  de  la  porter,  par  oidrc  de  son  Cjionx,  au  pn- 
<  M.iiu|e-l>reti^n(  ;  m.iis  il  a  lionora-  lais  de  Sî.-Janics  ,  où  elle  aecoiirlia 
h'nnt-ntrepousHi  et  anéanti  tout  soup-  pour  ainsi  dire  ciand<'.-)linenieiit.  Li 
Ç(»n  de  cclie  espèce,  dans  la  guerre  de  reine,  ni  aucun  des  grands  officiers 
sept  ans,  par  son  rm|)ressetn('iit  à  d'etaf,  d(uill.i  présence  est  rei^aidee 
exposer  ses  c'tals  (rAI!<'niap;ne  à  utiQ  comme  nécessaire  en  pareil  c.is,  n'a- 
rninc  presque  inévitable,  plutôt  que  dî  vnient  ctc  avertis.  Vivement  offense  de 
consentir  à  la  Rioindre  réduction  sur  celle  omission  aficctëe  d'un  devoir  iu- 
les droits  que  les  Ani^iais  prétendaient  disppusrd>le,  George  II  fit  signifier  à 
cri  Amérique.  La  facilite  de  son  ca-  son  fils  de  quitter  le  palais, et  ne  voulut 
raclère  fut  pour  lui  la  source  de  I>ien  jamais  lui  permettre  de  venir  recevoir 
des  chagrins  doniesiiques.  Des  horu-  ia  bénédiction  de  sa  mère  expirante, 
mes  intrigants,  qui  surprirent  sa  con-  i^a  reine  mourut  efTeclivcment  sans 
fiance,  le  tinrent  presque  toujours  l'avoir  vu;  mais  la  bonté'  maternclie 
i^o'e  de  sa  famille.  Sous  le  règne  de  lui  fit  notifier  par  nu  message,  qu'elle 
son  père,  il  cul  pende  part  augouver-  avait  pardonné.  De  ce  moment  ,  le 
neuu'ut.  La  seule  fois  qu'il  lui  fut  pcr-  prince  de  Galles  s'attacha  de  plus  en 
mis  d'administrer  le  royaume  en  l'ab-  puis  aux  membres  de  Topposition  : 
fcnce  du  roi,  qui  était  parti  pour  le  sa  maison  devint  le  rendez-vous  ha- 
llanovrc,  on  donna  tant  de  limites  à  biiuel  des  Bolingbroke,  des  Pitt,  des 
son  pouvoir,  qu'il  ne  pouvait  prendre  Chesterfield  ;  elc. ,  et  on  le  vit  cons- 
aucune  resoluiion  sans  le  consente-  tamment  combattre  avec  eux  les  pro- 
incnl  des  ministres.  Il  parvint  nëan-  jets  présentes  parla  cour  au  parlement, 
inoins  à  se  rendre  très  agréable  au  George  iï,  étant  déjà  d'un  âge  mûr 
peuple  par  l'aiïabiiiîé  de  ses  mafùères.  lorsqu'il  vint  en  Angleterre,  ne  put  ja- 
Celte  circonstance  ne* servit  qu'à  ang-  mais  acquérir  une  connaissance  assez. 
menfer  h's  inquiétudes  ombrageuses  pi  oloude  de  la  langue  du  pays  pour  eu 
qui  indi-^posaientie  roi  contre  lui.  au  apprécier  Pcncrgie et  les  beautés:  aussi 
point  de  lu:  interdire  le  palais  de  St.-  ne  paruî-ii  jamais  faire  assez  de  cas  de 
James,  et  do  le  priver  des  honneurs  la  littérature  angl.ase,  qui  ne  fit  que 
de  son  rang  pendant  plusieurs  années,  très  peu  de  progrès  sous  son  règu',-, 
George  II  n'éprouva  guère  plus  de  C'est  à  lui  cependant  que  TAngleterrc 
satisfiction  de  la  pari  de  Frédéric,  fut  redevable  de  rétablissement  du 
prince  de  Galles,  son  (ils;  ce  jeune  Musée  bril^nni(pje,  service  le  plus  iin- 
prince  ,  doué  d*ai!!enrs  do  talents  portant  qui  pût  être  rendu  aux  scicn- 
endnents  ,  mais  c^aré  par  des  sugges-  ces  et  à  la  littérature  en  général,  et 
tions  perfides  ,  n'eut  point  pour  lui  qui  assure  pour  jamais  à  ia  mémoire 
les  égards  respectueux  qu'un  fds  doit  do  George  Jï  la  reconnaissance  de 
à  son  père.  La  princesse  de  Galles  ap-  tous  les  savants.  Son  pelit-fils  hii  suc- 
])rochait  du  terme  de  sa  grossesse  céda,  sousle  nom  dcGccrgelII.  B.M, 
(  1757  ),  sans  (pi'aucune  nouvelle  en  GEOîKrE  ,  duc  de  Clarencc,  frèro 
€Ût  encore  été  donnée  au  roi,  son  aîné  ù'E'lùuard  IV,  roi  d'Angîe- 
beau-père  j  l'oubli  des  bienséances  fut  terre,  naquit  eu    î449'    Pi'csomp- 


i36  GEO 

tiieux  ,  emporte  ,  d'une  humeur  in- 
•Ljiiirte  et  remuante  ,  il  se  crut  r?p- 
•pAé  par  sa  naissance  aux  premiers 
emplois  de  la  couronne;  et  se  voyant 
i)égiij;e'  par  le  roi,  e!<)ij;iie'  n'ême  du 
gouvernement,  tandis  que  le^  pircnts 
de  la  reine  étaient  comblés  d'hor.- 
neurs  et  jouissaient  d'une  ii;fluei;ce 
sans  bornes ,  il  regarda  celle  préfé- 
rence exclusive  pour  des  parvenus 
comme  le  plus  san^lmt  dis  outrages. 
Le  comte  de  W;uAvi(k,  alors  dis- 
gracié, et  qui  méditait  la  chut<  du 
monarque  ingrat  qu'il  avait  placé  sur 
le  trône,  sut  profiter  avec  adresse  des 
mécoi'ieitteinents  du  jeune  prince 
pour  i'a>sociir  à  ses  projets  de  ven- 
geance; et  lui  donnant  sa  file  Isa- 
telle  en  m.rioge,il  rendit  leurs  in- 
térêts communs.  Uiàs  par  une  al- 
liance >i  ctriiie,  ces  deux  l)on)me» 
puissants  s'occupèrent  bientôt  des 
moyens  de  salisf.iire  kurs  ressenti- 
ments. D'.  bord  ils  excitèrent  en  se- 
cr(  t  à  la  révolte  quelques  seigneurs 
turbulents;  et  voyant  se  piop  ger 
avec  rapidité  rinceiulic  qu'ils  avaient 
allumé,  ils  cruient  l'occasion  f»vo- 
rable ,  se  mirent  à  la  tête  des  re- 
belles, et  [xdjlièient  un  manifeste 
contre  Edouard.  Mais  la  défaite  im- 
prévue de  Koberl  Welles  ,  l'un  de 
leurs  pirlis<ns,  ayant  rompu  leurs 
ine.M.res,  ils  furent  contraints  d'aller 
en  pays  étranger»  herclieriin  asi'e  con- 
tre \ii  fureur  du  r(»i  vit  lorieiix,  qui  ve- 
nait de  metlie  leur  têli'  à  prix.  Ils  se 
réfugièrent  en  France,  où  Warwick, 
par  l'entremise  de  Louis  XI ,  ne 
tarda  pas  à  se  réconcilier  avec  IVIar- 
gueri;e  d'Aijuu  ,  et  s'cn^ai;ea  for- 
iiiellemenl  à  rendre  à  l'époix  de 
cette  reine  infui  lunée  le  sceptr»*  qu'il 
lui  avait  ra\i.  ïc  Ile  était  raveugle 
animosiîé  du  duc  de  Clarence ,  qu'il 
promit  de  coi. courir  de  l^.ifes  ses 
forces  d  rixécutiou  d'un  tr-iité  cjui^ 


GEO 

s'il  eût  été'  couronné  long  -  temps  du 
succès  ,  riit  anéanti  pour  jamais  la 
maison  d'Yoïk.  Tandis  que  ce  prince 
imprudent  négociait  avec  les  plus  im- 
]ilacables  ennemis  de  sa  famille  ,  une 
favorite  de  f»  duchesse  son  épouse  , 
gagnée  par  Edouaid,  vint  le  trouver 
sous  un  prétexte  plausible,  et  lui  ou- 
vrant les  yeux  sur  l'abîme  qu'il  creu- 
sait sous  ses  pas,  l'ctt  bientôt  ra- 
mené aux  sentiments  de  la  nature. 
Clarcnce,  frappé  des  raisons  de  cet 
émissaire  ,  après  avoir  obtenu  la  pro- 
messe que  ses  torts  seraient  oubliés, 
fit  as>urcr  le  roi  d'Angleterre  qu'il 
abandonnerait  le  parti  des  Lancas- 
tiiens  au  premier  moment  favorable. 
On  peut  voir,  à  l'ai  licle  Edouard  IV, 
avec  quelle  incoi  cevabîe  promptitude 
ce  prince  fut  préci[ilé  du  trône,  et 
Henri  VI  rétabli  dans  tous  ses  droits, 
et  comment  le  roi  fugitif  reconquit  sa 
puissance  après  quelques  mois  d'exil. 
Clarcnce  fut  fidèle  à  la  promesse  ({u'il 
avait  faite  à  son  fière.  Dans  un  instant 
décisif,  la  veille  de  la  bat.tille  de  Bai  net 
(avril  1471),  il  abandonna  le  comte 
de  Warwick,  et  entraîna  dans  sa  dé- 
fection un  corps  de  douze  mille 
hommes.  Malgré  ce  service  impor- 
tant, il  ne  put  recouvrer  l'amitié 
d'Edouard ,  qui  conserva  toujours  le 
souvenir  de  sa  trahison.  A  peine  , 
dans  l'espace  de  sept  ans,  en  obtint-il 
une  marque  de  confiance.  Toutefois 
nommé  plénipotentiaiie  de  la  nation 
britannique  en  i475,  il  signa  en  cette 
qualité  le  traité  de  Tecquigny.  Mais  un 
orage  terrible  devait  bienlôt  éclater 
sur  sa  tête.  Clarcnce  s'apercevait  de- 
puis long -temps,  qu'il  ne  jouissait 
(l'aucune  considération  personm  Ile  à 
la  cour,  et  que  toutes  les  faveurs 
él.ii(  .it  ,  c«>mme  autn  fois  ,  rés(  rvécs 
pour  les  Woodwill.  Trop  franc  pour 
dissimuler  sa  h,;iuc,  il  se  répandait 
eu  invectives  contie  la  niiic  cl  ks  fa- 


GEO 

voris  ;  cl  srs  tli.scoiiis  iiuliscrcls  nc- 
cusaitnl  iiuinc  Ir  roi  de  son  aviii^lc 
piilliliU'.    Kdoii.iid    croyait    n'avoir 
(jur  irop   dr  motifs  de   r<d(mlcT   un 
Mijit  si  dai!j;crcux.  Unr  nouvelle  cir- 
con.st.mrc  vint  encore  ajciilcr  à   son 
rcssenliii«rnt.  Le  duc  de  Bourgoi^ue 
venait,  en   mo  nnt ,  de  transniellre 
son  iinniense  lieVila^e  à  sa  fi. le  uni- 
que Marie.  Cl.ir(nce  ,  qui  a\ail  perdu 
son  épouse,  fit  demander  cette  prin- 
cesse en   mariage  ;  el  i    était  sur  le 
|)uiut  de  rublcnir  ,   lorsqu'ÉJonard  , 
P    indigne  d'une   alli.nce  qui   se  con- 
tiactail    sans    sa     paiticipation  ,    el 
crai'j;nant   d'ailK  urs    l'eievulion   d'un 
frère  qu'il  haïssait  moilelleiuent,  em- 
jL    ploya  tous    ses  effuits  pour  rompre 
^    l'union  projeîce,  el  I,:  roinjiil  en  effet. 
Le    monarque   anglais    mit   dans    sa 
conduite  Ls  j.rocedés  les  plus  insul- 
tants pour  son  frère  ,  ju.<:quc  la  qu'il 
osa  proposer  à  Marie   d'épouser   le 
comte  de  Ri  vers ,  l'un  des  frères  fa- 
voris de  la  reine.  De   nouveaux  ou- 
trages exaspérèrent  encore  le  duc  de 
Clarence.  Quilques-uns  de  ses  plus 
intimes    confidents  fiirent  punis    de 
mort  sur  des  prétextes  frivoles,  sans 
que  ses  sollicitations  el   ses   prières 
pussent  fiire  adoucir  leur  sentence.  Il 
fut    Oifin    forée  de   reconnaître  que 
son  amitié  était  leur  seul  crime.  Son 
cœur  était  ulcéré  ;  quelques   propos 
peu  racsuiés  jurent  échapper    à   sa 
colèie.  Il  n'(n   falli  t  pas   davantage 
pour  le  faire  aceuicr  de  tramer  de 
nou\  elles  cnspirations.  Le  duc    de 
Gio(e>ler  ,  ne  .song( ant  qu'à  détruire 
ses  frères  l'un   par   l'autre   pour  se 
frayer  un  chemin  au  tronc,  aigrit  en- 
core l'esprit  du  roi  contre  le  duc  de 
Clarence.  Édouurd  se  porta  lui-même 
accusateur  de  ce  piinre  ma'.brurcux  , 
que  le  parh  ment  condamna  bientôt  à 
perdre  la  vie.  Pour  toute  faveur,  on 
lui  accorda  le  choix  de  son  supplice  j 


GEO  i57 

cl  il  fut  noyé  clandestinement  dans 
un   tonneau   de   malvoisie  (  147B): 
choix  hizine,  dit  Hume,  et  qui  sup- 
pose une  passion  excessive  poiu'  cette 
liqueur.  Polydore-Virgilc  a  avance'  , 
et    plusieurs    hi.stoiiens    ont     rcpclc 
après  lui,  qu'il  fallait  allrihucrla  mort 
du  duc  de  Carence  à  la  réponse  d'un 
devin  qui  avait   prédit  que  ,  quoique 
Edouard  eût  des  <  nfmls,  d  aurait  pour 
successeur  uu  prince  dont   le   nom 
commence rait  par  un  G,  et  que  Cla- 
rence s'appeliiit  George  fut  celui  sur 
1(  (juel  le  roi  jeta  ses  soupçons.  Dans 
un  siècle  où  l'on  croyait  aux  sorti- 
lèges, il  n'est  pas  impossible  qu''une 
considération  de  cette  nature  ait  en 
partie   fait  commettre   un   crime    si 
atroce.  ÎS — e. 

GEORGE  ,    prince    de    Dane- 
maik,  fils  de  Frédéric  llï  ,  fière  de 
Cluislian  V,  était  né  en  i653,  et  fit 
avec  Christian  les  campagnes  de  Sca- 
nie ,  contre  Ch  .r!es  IX ,  1  oi  de  Suède. 
L'année    i683  ,   la   cour  de   Dane- 
mark entra  en  négociation  avec  celle 
d'Angleterre  ,   sous  les  auspices    de 
Louis  XIV  î  et  il  fut  résolu,  pour 
gagner  Christian  V,  que  son  frère  le 
prince  George  épouserait  la  princesse 
Anne,  fille  de  Jacques  11 ,  alors  duc 
d  Yoïk.  Ce  mariage  eut  lieu  le  28  juil- 
let. Jacques  ,   devenu  roi ,  ne  put  se 
maintenir   sur  le  trône  :    le   prince 
George  s'attacha  à  la  fortune  de  Guil- 
laume d'Orange  ,  qui ,  peu  après  s'être 
emparé  du  trône  ,   le   créa   duc  de 
Cumberland.  Il  naquit  de  sou  union 
avec  Anne  ,  qui  devint  reine  à  la  mort 
de  Guillaume  ,  treize  enfants  ,  tous 
morts  en  bas  âge.  George  mourut  lui- 
même   en    iroS  ,   plusieurs    années 
avant  la  reine  ,  qui,  en  montant  sur 
le  trône  ,  l'avi'it  créé  lord  et  grand- 
amiral  du  royaume.  Il  ne  partagea  ni 
le  titre ,    ni   les   prérogatives  de   la 
royauté,  et  ne  prit  aucune  part,  même 


î33  GEO 

indirecte,  aux  affaires  iraportantcs. 
Yera  Tannëe  lôgS,  il  obtint,  pour 
la  nation  diuoise,  le  droit  de  construire 
une  éj^lise  à  Londres ,  et  d'y  faire  le 
service  divin  en  danois.  Cette  église 
est  dans  le  quartier  de  Wapping,  où 
Ton  voit  aussi ,  à  peu  de  distance , 
lej^iise  des  Suédois.  En  Danemark  , 
la  mémoire  du  prince  George  s*est 
conservée,  par  les  soins  qu'il  donna 
à  la  culture  iks^  arbres  fruitiers ,  et 
dont  les  résultats  se  font  surtout  re- 
marquer aux  environs  de  Wordios- 
borg  ,  dans  i'île  de  Selande.  Ce  can- 
ton est  encore  le  plus  riche  de  l'île 
en  arbres  fi  uiliers.  C — au. 

GEORGE  I".  (GroRGi  ou  Korki), 
roi  de  Géorgie  et  des  Abkhaz,  de  la 
race  des  P.igralides  ,  succéda  à  son 
père  Bagrat  ÏJI ,  l'an  ioi5.  Il  était 
l'un  des  plus  puissants  princes  chré- 
tiens. 11  possédait  tous  les  pays  qui 
s'étendent  depuis  la  mer  Noire  jus- 
qu'à l'Albanie,  c'est-à-dire  la  Géorgie 
proprement  dite,  le  Kakheti ,  le  Gou- 
riel ,  l'imirette  et  !a  Mingrelie ,  avec 
plusieurs  provinces  des  contrées  si- 
tuées au  nord  du  mont  Caucase.  11 
avait  une  très  grande  influence  sur 
les  événements  politiques  des  états  qui 
environnaient  son  royaume.  De  son 
tomps,  c'est  à-dire  l'an  i  o-.io  ,  le  roi 
Kaki^  1*"".,  roi  d'Arménie,  mourut. 
Ce  prince  était  le  chef  de  la  famille 
des  Pagr..lide>;  il  u'-idait  dans  la  ville 
d'Ani,  et  il  prenait  le  litre  de  v*"clia- 
i^anschah  (roi  des  rois).  Il  laissa  fn 
mnurant  deux  fils  :  r.iîué,  Mohanuès 
Si  mpad ,  boinine  d'un  caractère  |)a- 
cirique,  monta  sur  le  troue;  mais  son 
frère  Aschod,  prince  guerrier  et  en- 
treprrnaiit ,  voulut  l'eu  chasser.  Le 
roi  George  reconnut  pour  roi  d'Ar- 
ménie ilohannès,  lui  envoya  une  cou- 
ronne royale  par  un  ambassadeur  ,  el 
lin  secours  de  tioupes  pour  résister  à 
son  frère,  qui,  soutenu  par  les  princes 


GEO 

de  l'Arménie  méridionale ,  vint  mettre 
le  siège  devant  Ani.  Après  plusieurs 
combats  très  sanglants  ,  les  deux  frè- 
res firent  la  paix,  et  partagèrent  le 
royaume  par  la  médiation  du  roi 
George  et  des  princes  arméniens  Va- 
sag  et  Vahram.  L'an  1021 ,  George, 
fier  de  sa  puissance ,  se  révolta  contre 
l'empereur  deConstantinople  Basile  If, 
el  refusa  de  lui  payer  le  tribut  qu'il 
lui  devait  pour  une  portion  de  la  pro- 
vince de  Daik'h  ,  limitrophe  de  ses 
états ,  que  ce  prince  lui  avait  cédée 
antérieurement.  Il  rasscfubla,  de  tous 
cotés ,  des  troupes  pour  soutenir  sa 
lébellion  ,  et  demanda  du  secours  à 
Hohannès  ,  qui  lui  envoya  un  certain 
nombre  de  soldats.  Lorsque  l'empe- 
reur Basile  apprit  la  rébellion  de 
George  ,  il  était  dans  la  plaine  de 
Garin  ou  Theodosiopolis  ;  el  il  dépê- 
cha vers  ce  prince  plusieurs  de  ses 
ofïiciers  pour  l'engagera  rentrer  dans 
le  devoir.  Mais  celui-ci  renvoya  ces 
messagers  avec  mépris,  et  ne  voulut 
entendre  aucune  proposition.  Basile 
alors  entra  dans  l'état  du  roi  de  Géor- 
gie ,  fit  livrer  aux  flammes  la  ville 
d'Oj;ormi,  et  se  dirigea  vers  le  pays 
de  Vanant,  puis  vers  le  lac  de  Bala- 
patsis,  où  il  rencontra  l'armée  de 
GeOige  ,  commandée ,  sous  les  ordres 
de  ce  prince,  par  Rhad  et  Zoiad,  de 
la  race  des  Orpéîiaus.  On  s'attaqua 
avec  iureur:  dans  le  commencement, 
l'avantage  parut  être  du  coté  des  Géor- 
giens; mais /{uand  le  générât  Uhadeut 
été  lue  ,  la  victoire  se  déclara  pour 
les  Grecs.  George  perdit  dans  cetfe 
alfaire  la  plus  grande  parlie  de  sou 
armée;  et  il  lut  contraint  de  chercher, 
avec  une  partie  de  son  peuple  ,  un 
asile  dans  les  profondes  vallées  du 
(laucase,  du  côté  du  pays  des  Abkhaz. 
B.isile  pénétra  ,  sans  trouver  de  résis- 
tance, dans  l'intéiienr  de  la  Géorgie  , 
qu'il  mil  à  feu  et  à  sang;  el  il  revint, 


G  E  0 

après  avoir  rava};c  dou/.c  provinces, 
]);»sscr  riuvcr  à  Trcbizoïulc^,  dans  le 
\\n\l.  IVml.uil  «|imI  e'til   d.ms  celte 
Ville,  lcroiii'Ariucijir,al!ictleG('orL;c, 
tpuuvantc  par  la  dcfaitc  de  ce  dernier, 
ciivova  dennudcr  la  p.ÙK  à   D.ksiK' , 
eu  oirraiit  de  lui  céder  la  sonver.ii- 
iiefc  de  SCS  états ,  .iprc6  sa  mort.  F/erii- 
]>crear  lui  accorda  sar)S  peine  la  paix 
à  cette  condition.  L'année  siuvanle, 
George  sortit  de  sa  reliailc,  ras.setii- 
Lb  une  armée,  vainquit  les  troupes 
grecques  qui  étdent  restées  dans  son 
rovaunic,  et  lit  des  courses  jusque 
dans  l'Anatolie,  cl  même  dans  les  en- 
virons   de   Trcbizonde.    Basile   était 
alors  occupé  à  soumettre  quelques  re- 
l)elles  de  l'Asie  mineure,  qui  l'inquié- 
taient beaucoup.  Lorsqu'il  en  fut  dé- 
barrasse', il  se  hâta  de   passer  les 
jnonts  Khaglidik'h ,  et  d'entrer  dans 
\i  province  de  Daik'h  ,  pour  putiii* 
les  Géorgiens   de  leur   insolence.   11 
ravagea    de    nouveau    les    états   de 
George,  qui,  a[ipréhendant  le  même 
sort  que  celui  qu'd  avait  éprouve  l'an- 
née précédente,  demanda  la  paix  avec 
beaucoup  d'instance  :  l'empereur  la 
lui  accorda  ,  et  emmena  en  otage  son 
iils  iiagrat ,  qu'il  renvoya  dans  sa  pa- 
irieenviron  troisansaprès.  George  l'. 
mourut  en    lo^i-^;  et  son    fils    Ba- 
grat  IV  lui  succéda.  S.  M — n. 

GliOHGE  11,  fils  et  successeur  de 
Bagrat  IV,  moiîta  sur  le  trône  en 
l'an  1072  de  J. -C.  Les  piinees 
lurks  de  la  dynastie  des  Seldjouki- 
cîes,  possédaient  alors  plusieurs  loile- 
resses  dans  la  Géorgie;  et  de  temps 
à  autre  ,  ils  y  eavoy.nent  des  corps 
de  troupes  qui  rava[4,eaienl  le  pays. 
Teflis  même  ,  capitale  du  royaume  , 
était  en  leur  pouvoir.  Lorsque  le  sul- 
llian  Melik-Scliah  ,  fils  d'Alp-ArsIau, 
fit  mon'é  sur  le  trône  de  son  père, 
et  qu'jl  eut  soumis  toute  la  Perse  sous 
ï3  puissance,  ii  envoya  une  grande  ar- 


GLO  iSrj 

mec  pour  soumettre  entièrement  lai 
Géorgie.  Le  roi  George  se  propira  à 
la  rej)ous.ser,  et  cireetivemcnt  il  rem- 
porta sur  clicplusieursavintages  .-mais 
comme  ses  troupes  étaient  peu  nom- 
breuses ,  et  qu'il  n'avait  pas  de  nioyci 
de  réparer  sa  perle  ,  il  ne  put  parvenir 
à  vaincre  complètement  l'armée  per- 
sane ;  il  fut  défait,  et  contraint  de 
fuir  dans  la  partie  la  plus  reculée  de 
ses  étals.  Ce  prince  prit  alors  la  ré- 
solution d'aller  en   Perse  trouver  le 
snllhan   Melik-Scliab  ,  qui  le  reçut 
coinme  il  convenait  à  un  roi,  le  re- 
plaça sur  son  tiône ,  et  le  lenvoya 
dans  son  priys,  à  condition  qu'il  lui 
paierait  un  tribut.  A  cette  époque  , 
plusieurs   bordes    do   Tiars    et    de 
Turkmans,  de  îa  nation  des  Khav.ks, 
vinrent  s'établir  en  Géorgie ,  où  leurs 
descendants  se  trouvent  eneore  ac- 
tuellement. Les  uns  se  fixèrent  sur 
les   rives   du  Kour,  entre    l'embou- 
chure de  l'Aiazani  et  la  ville  de  Ghori , 
cl  les  autres  entre  la  rivière  lori  et 
Khaschmi.  George  II  régna  en  paix 
jusqu'à  sa  mort ,  qui  arriva  en  l'an 
1089.  Son  fils  David  II  lui  succéda. 

S.  M— N. 
GEOPxGE  ni,  roi  de  Géorgie ,  fils 
de  Démétrins  P'.,  monta  sur  le  trône 
en  l'an  1 156  de  J.-C,  et  succéda  à 
son  frère  David  III ,  qui  ne  laissa  en 
mourant  qu'un  fils  en  bas  âge,  appelé 
Temna.  David  avait  fait  venir  auprès 
de  son  lit  de  mort  le  jeune  Tem- 
na ,  son  frère  George ,  le  patriarclie 
de  Géorgie ,  le  sbarabied  Ivane  Or- 
péiian,  avec  son  fils  Sempad,  et  tous 
les  grands  du  pays;  et  il  leur  avait  fait 
jurer  de  reconnaître  son  fils  pour  roi, 
et  de  le  faire  sacrer  en  cette  qualité. 
George  prit  l'engagement  d'accomplir 
la  dernière  volonté  de  son  frère  ;  et 
son  neveu  fut  confié  à  Ivane  Orpé- 
lian,  qui  avait  été  chargé  par  Da- 
vid de  le  protéger.  A  peine  ce  priucc; 


j4o  GEO 

eul-il  fermé  les  yeux,  que  George 
oublia  sa  promesse ,  s'attacha  à  ga- 
gner les  grands;  et  enfin,  du  con- 
sentement même  d'Ivanc,  remplaça 
son  frère  sur  le  Irone.  Voulant,  par 
ses  belles  actions ,  faire  oublier  son 
parjure  et  sa  honîcuse    usurpation, 
il  se  pre'para   à  faire   une  invasion 
dans  les  pays  occupes  par  les  Mu- 
sulmans en  Arménie,  pour  se  ven- 
ger de  leurs  fréquentes  incursions  en 
Géorgie.  Il  entra,  en  1161  ,  dans  le 
pays  de  Schirag ,  et  assiégea  la  ville 
d'Ani ,  possédée  alors  par  un  prince 
musulman  ,  nommé  P'hadiouu  :  elle 
ne  tarda  pas  à  tomber  en  son  pou- 
voir. A  cette  nouvelle,  MihranSchah- 
armen  ,  roi  de  Khelalh  et  de  Mand- 
zkerd  ,    redoutant    le  voisinage   des 
Géorgiens ,  et  le  sort  de  P'hadloun  , 
se   hâta  de  prendre  roffensive;  et , 
vingt  jours  après  la  prise  d'Ani  par 
George  ,  il  vint  se  présenter  devant 
ses  murs ,  pour  tenter  de  reprendre 
cette  ville  avec  une  armée  de  quatre- 
vingt  mille  hommes.  Le  roi  de  Géor- 
gie ,    dont    les   forces    étaient    bien 
inférieures ,   s'était  enfermé  dans  la 
place  pour  «e  défendre  :  il  en  sortit 
avec  sept  mille  combattants,  défit  en- 
tièrement l'armée  du  roi  de  Khelath , 
qui   fut  obligé  de  lever   le  siège  et 
de  se  retirer  dans  ses  états.  Gt.'or'ie, 
content  de  ses  succès  ,  confia  la  garde 
de  la  ville  d'Ani  à  m\  prince  nomme 
S.itouu,  cl  il  se  retira  dans  ses  états. 
Saloun  fit  peu  après  relever  les  for- 
tifications d'Ani,  (t  la  mit  dans   u\i 
état  respectable  de  défense  ;   ce  qui 
irrita  beaucoup  George ,  qui  craignait 
que  ce  gouverneur  ne  se  révoltât  con- 
tre lui  :  aussi  il  lui  ùta  le  commande- 
ment de  celle  ville ,  et  il  le  donna  au 
prince  arménien  Sarkis ,  fils  de  Za- 
k'haro.  Satoun    fut    si   piqué  contre 
Georj*" ,  (pj'il  se  relira  à  la  cour  de 
l'alabck  lldigiiiz,  priucc  de  l'Adei'- 


GEO 

baidjan,  où  il  fut  assassiné  peu  après 
par  des  émissaires  de  son  souverain. 
La  fuite  de  Satoun  amena  une  guerre 
entre  les  Géorgiens  et  l'atabek  :  le  roi 
George  rentra  en  campagne  en  i  lOi, 
et  s'avança  en  vainqueur  jusqu'à  la 
puissante  ville  de  Tovin  en  Arménie  , 
qui  était  alors  possédée  par  les  Mu- 
sulmans ;  elle  fut  prise ,  et  soixante 
mille  prisonniers  persans  tombè- 
rent entre  les  mains  des  chrétiens. 
Aussitôt  que  l'atabek  apprit  cette  nou- 
velle ,  il  se  prépara  à  tirer  une  ven- 
geance éclatante  des  chrétiens  ,  el  il 
rassembla  une  puissante  armée  pour 
aller  chercher  George  jusque  dans  le 
sein  de  ses  états  :  il  prit  el  bi  û!a  les 
villes  de  Mrean  et  d'Aschuag,  passa  au 
fil  de  l'épée  tous  les  Arméniens  et  les 
Géorgiens  qu'il  rencontra  ;  enfin  il 
entra  dans  la  province  de  Koukark'h  , 
et  vint  camper  dans  la  plaine  de  Gaga. 
Le  roi  George  et  son  sbarabicd  Ivane 
Orpélian  vinrent  l'y  chercher  avec  une 
armée  assez  nombreuse  ;  il  s'y  livra 
une  bataille  très  longue  et  très  san- 
glajite,  où  i'al.ibck  tut  mis  dans  une 
déroute  complète,  et  contraint  de 
rentrer  couvert  de  honte  dans  ses 
état:?.  L'année  suivante  ,  Ildigbiz  fit 
un  nouvel  armement  contre  les  Géor- 
giens, et  il  engagea  le  sulthan  des  Seld- 
joukides,  Arsian  ,  à  prendre  part  à  la 
guerre.  Ces  priuces  ^e  mirent  en  mar- 
che avec  des  forces  considérables  , 
composées  de  Persans  et  do  Turks  ; 
cl  ils  vinrent  mettre  le  siège  devant 
Ai'.i ,  qu'ils  tinrent  bloquée  pendant 
trente  jours  :  ne  pouvant  enlever  la 
place  de  vive  force,  ils  en  levèrent  le 
siège,  el  se  contentèrent  de  faire  des 
courses  dans  le  pays  des  Géorgiens. 
La  guerre  traîna  en  longueur  jxn- 
danl  (pieNpies  années;  el ,  à  la  lin  , 
(ieorge,  pour  faire  la  paix,  ronsen- 
tit  à  remetlre  Aui  enirc  les  mains  dos 
Persans.  Peu  après  ^  vers  Tau  1171, 


GEO  GEO                 t4i 

George  se  rnnil  à  la  ictc  de  ses  lioii-  iiciulanl  longtemps  elroitemcnl  blo- 
pes,   et   inarrlia    roiilrc   celle   ville,  <juec  :   tons  ceux  qui  y  étaient  ren- 
qu'il  n'avait  altamioiinre  aux  Persans  fermes    avec   le  prince  Orpclian   l'a- 
qu'avrc  braucoiip  (le  regret.  Il  lit  pli-  bandonnèrenl ,    rcfionluit    la    colère 
sonnier  IVmir  musulrnan  Arairschali,  de  George /Femna  liii-memc  le  qiiilta, 
cpiiy  Citniniajulait,  reniiiieiia  en  (icor-  et  Ivane  se  vit  [)resquc  seul  enfermé 
gic,  cl  con(ij  la  défense  d'Ani  à  son  dans  la   forteresse,  attendant  vainc- 
sharibicd  IvaneOrpclian.  lldiglii/,  vint  ment  des  secours  de  Perse.    George 
alors  avec  son  armée  assiéger  encore  envoya  alors  vers  lui,  pour  l'engager 
ime  fois  cette  ville  ,  qui  fut  réduite  à  la  à  rendre  la  place ,  et  à  se  soimicttie 
derinère  extrcmil('  :  Ivane  était  sur  le  à  sa  puissance  :   il   promettait  de  ne 
point  de  se  rendre  ;  njais  les  Arme'-  lui  faire  aucun    mauvais   traitement, 
ïiicns  qui  habitaient  Ani,  et  qui  re-  Le  prince  Orpelian,  voyant   que  sa 
doutaient  la   vengeance  des   Musul-  re'sislance  n'avait  plus  d'objet,  puis- 
iiians ,  le  pressèrent  de  résister  en-  que  Temna  l'avait  abandonne' ,  sor- 
corc:  il  le  fit  avec  tant  de  succès  que  lit  de  la  forteresse,  et  vint  dans   le 
l'atabik  fut  forcé  de  s'en  retourner  cainp    de   George,    qui  viola   indi- 
eu Perse.  Vers  l'an   117"^,  il  éclata  gncment  sa  parole  en  le  faisant  raas- 
de  grandes  divisions  entre  ks  princes  sacrer  avec  tous  ceux  de  sa  famille 
ge'orgiens  :  Ivane,  irrite  contre  le  roi  qui  se  trouvaient  dans  la  Gc'orgie  ; 
George,  voulut  le  détrôner, et  mettre  il  fit    bien   plus    encore;  il    voulut 
en  sa  place  son  neveu  Temna  ,  qui  anéantir  jusqu'au    souvenir  de  leur 
était  le  légitime  héritier  de  la  cou-  nom  dans  son  royaume,  en  ordon- 
ronne.  Un  grand  nombre  de  pnnces  nant  de  détruire  tons  les  livres  qui 
géorgiens  et  arméniens  se  joignirent  traitaient  de  leur  histoire.  Ces  événe- 
à  lui  dans  le  même  dessein.  George,  ments  arrivèrent  en  l'an  1177.  Pour 
épouvanté  de  cette  ligue,  se  réfugia  qu'il  n'y  eût  plus  à  l'avenir  de  troubles 
dans  Téflis,  où  Ivane  vint  l'assiéger  dans  ses  états,  George  fit  crever  les 
avec  toute  son  armée.  Le  siège  dura  yeux  à  son  neveu  Temna.  Il  parta- 
fort  long-temps  :  les  princes  alliés  dT-  gea  ensuite  toutes  les  possessions  du 
vane  s'ennuyèrent  ;  George  parvint  à  prince  Orpelian  entre  ceux  qui  Ta- 
lcs détacher  du  parti  de  son  adver-  vaient  servi  avec  le  plus  de  zèle  dans 
saire ,  et  à  les  faire  passer  dans  le  sien,  cette  guerre. George  mourut  peu  après. 
Il  reçut  bientôt  un  secours  qui  lui  vint  vers  l'an  1 1 80  ;  il  eut  pour  successeur 
du  Kaptchak  ,  et  qui  lui  fut  amené  par  sa  fille  Thamar.               S.  M — n. 
un  nonmié  Klioubasar.  George  sortit  GEORGE  IV  ,  surnommé  Lasciia 
de  la  ville  ,  défit  les  troupes  d' Ivane  ou  le  Lippu,  roi  de  Géorgie  ,  succéda 
et  le  contraignit  de  lever  le  siège  :  ce-  environ  vers  l'an    1198  à    sa  mère 
lui-ci  se  vit  abandonné  par  ce  qui  lui  Thamar,  fille  de  George  lïl.  Il  était 
restait  de  partisans,  et  il  fut  réduit  fils  d'un  prince  de  la  race  des  Pagra- 
à  s'enfermer  avec  le  jeune  Temna,  tides  nommé  David,  qui  possédait  le 
dans  la  forteresse  de  Lorhi  qui  lui  ap-  pays  des  Ossi  dans  le  Caucase  ,  et  qui 
partenait.  Il  envoya  alors  son  frère  fut  le  second  mari  de  sa  mère  ,   la 
Libarid  et  ses  deux  fils  auprès  de  reine  Thamar.  Au  commencement  de 
l'alabek  Ildii^hiz  pour  lui  demander  son  règne,  les  Musulmans  de  Gandjah 
du  secours.    George    vint    chercher  firent   une   invasion  en   Géorgie  :  il 
Ivane  jusque  daas  Lorhi ,  qu'il  tint  marcha  contre  eux  avec  une  puis- 


i4^  GEO 

santé  armc'e,  et  1rs  contraignit  de  se 
sonmetfre  à  sa  doininalion.  Sons  le 
régie  de  Georp;e  IV,  les  arme'cs  gcor- 
gicnncs  soutinrent,  en  conibaltant  les 
Musiilraons,  la  gloire  qu'elles  s'e'laicnt 
acquise  sous  le  lèpne  prëccilent. 
Zak'hare,  prince  arménien  ,  génëra- 
J'Ssime  dos  troupes  du  roi  (ioor^ïe  , 
fut  chargé  en  l'K^g  d'une  expédition 
contre  les  atnb'  ks  de  l'Adcibaïdjan  , 
passa  l'Araxe,  s'empara  de  ia  ville  de 
M.irand  et  de  son  territoire;  il  y 
fit  beaucoup  de  piisonnicrs,  et  força 
tin  crand  nombre  d'habitants  du  pays 
d'embrasser  la  religion  chrétienne  et 
de  se  faire  baptiser.  L*annéc  suivante 
il  pénétra  dans  riiitcricur  des  étals  de 
i'atabck,  et  prit  Ardcbil  où  il  y  eut  un 
grand  massacre.  Ce  génér;il  rentra  en 
Géorgie  avec  un  immense  butin,  et 
mourut  en  laii,  dans  la  ville  de 
Lorlii,  sa  résidence.  George  régua  en- 
suitcrnpaixpendantplusieurs  anné'S, 
jusqu'à  ce  que  les  généraux  moghols 
de  Djenghiz-Khan  entrèrent  en  Ar- 
Tnénic* Après  la  défaite  du  sulthan  de 
Kbarizm  Djelal-lvldyn  et  sa  retraite 
dans  l'Inde,  Sabada-Bahadour  ,  chef 
ri*nn  corps  de  Moghols  ,  pénétra  dans 
l'Adf  rhaïdjau,  avec  riutcuiion  dcsou- 
inrltrc  tous  les  peuples  qui  environ- 
naient la  mer  Caspienne.  L'an  12*20, 
ce  général  «^'avança  vers  le  défilé  de 
Derbend ,  dont  il  se  rendit  maître, 
puis  entra  sur  les  terres  du  roi  de 
Géorgie,  où  il  fit  de  grands  ravages, 
traversa  le  Kour,  et  vint  passer  l'hiver 
dins  la  plaine  de  Peghameilch  entre 
ia  ville  de  Banlaah  et  IV'luiiguutn.  Au 
commencement  du  printemps  ,  il  s'a- 
"vança  vers  la  province  de  Konk  iik'h, 
pourconquérir  le  reste  de  la  Géorgie. 
A  cette  nouvelle,  le  roi  George,  le 
sbarabied  Ivane,  qui  avait  surcédé  à 
.son  frère  Zak'hare, et  Vahram,j)rin(C 
«le  wSchauik'hor ,  rassemblèrent  leurs 
teonnes,  ctviuicntàla  rcuconlre  des 


GEO 

Mof»lioîs,  dans  la  plaine  de  Khounan , 
où  ils  leur  livrèrent  bataille:  les  corps 
commandés  par  George  et  Ivane  furent 
mis  dans  une  déroute  complète  et  con- 
traints deprpn<irela  fuite  ;  maisVah- 
rara  et  ses  soldats  se  conduisirent  si 
vaillamment,  qu'ils  parvinrent, a nrè* 
un  combat  fort  long  et  très  sanglant, 
à  forcer  les  Moghols  de  faire  retraite 
jusqu'au  pays  de  Kartman.  Ces  étran- 
gers restèrent  encore  quelque  temps 
dans  cette  contrée  ;  puis  ils  se  mirent 
en  route  pour  en  sortir  par  le  défile 
de  Derbend,  qu'ils  trouvèrent  occupé 
par  leurs  ennemis.  Ne  pouvant  passer 
par  cet  endroit ,  ils  furent  obligés 
de  se  frayer  un  chemin  à  travers  les 
gorges  inaccessibles  du  Caucase  :  les 
peuples  de  Khountchakh  voulurent 
s'opposer  à  leur  retraite;  mais  ils 
étaient  trop  faibles  pour  résister  aux 
Moghols ,  qui  les  vainquirent ,  eu 
firent  un  grand  carnage,  et  continuè- 
rent leur  marche  vers  le  pays  de  Kapt- 
ehak,  pour  aller  rejoindre  les  armées 
mogholes  qui  étaient  à  l'orient  de  li 
mer  Caspienne.  L'an  1222  ,  un  ass(Z 
grand  nombre  d'habitants  du  pays  de 
Khountchakh,  dont  les  habitations 
avaient  été  détruites  par  les  Moghols, 
vinrent  trouver  le  roi  George  et  le 
sbarabied  Ivane  ,  et  les  prièrent  de 
leur  accorder  des  terres  dans  leurs 
états,  promettant  de  les  servir  fidè- 
lement :  refusés  dans  leur  demande  , 
ces  fugitifs  dirigèrent  leurs  pas  vcri 
la  ville  de  Gandjah  ou  Kandsag, 
(jui  était  alors  occupée  par  les  Mu- 
sulmans, pour  obtenir  un  asile  dans 
son  voisinage.  Les  Musulmans  leur 
ayant  accorde  ce  qu'ils  demandaient, 
ils  s'éiablirent  dans  les  environs  d«î 
cette  ville.  Cet  arrangement  ne  plut 
])as  aux  Géorgiens,  qui  voulurent 
chasser  ces  étrangers  des  cantons 
qu'ils  venaient  d'occuper.  Ivane  ras- 
sembla, eu  iTijf  les  armées  géoi 


GEO  G  KO                 i4:S 

gicniies ,  cl  vint  fuiulic  à  l'iinpro-  .sions  intcbliiics  djiis  la  r.icc  royale 
visie  sur  les  fugitifs  de  Klioimt-  des  Pat^ratldcs  ,  divisions  foinrnleos 
cli.Ali ,  qui  le  vninqiiircnt  coniplclc-  par  les  j)iinces  ino^liols  de  Perse,  qui 
inciif,  dt'frui.sirenl  son  armce,  firent  clicrdiaicnt  à  se  rendre  rn;iî(res  de  ce 
prisonniers  un  ^'rand  nombre  de  ses  royaume.  George  p:irvinl  par  ses  belles 
parents,  et  le  contraignirent  de  pren-  qualités  à  faire  cesser  les  {guerres 
tire  la  fuite.  I/aunce  suivante ,  Ivane  civiles,  et  à  engaji,er  tous  les  Geor- 
revint  avec  une  nouvelle  armée,  et  se  gicns  à  se  souniellrc  à  une  seule  do- 
vcngca  des  revers  qu'il  avait  prc'ce'-  niination.  11  gouverna  toute  la  con- 
dcmment  éprouves.  Le  roi  George  tre'e  depuis  les  limites  occidentales  du 
n'existait  plus  à  cette  e'poque;  il  était  royaume  d'Imireih  ,  jusqu'au  flciive 
mort  en  1 223  :  ce  prince  n'.ivait  pu  Tchoroklii,  et  de  là  jusqu'au  pays 
se  consoler  des  ravages  que  les  Mo-  de  Kaklictbi  et  au  deHie  de  Der- 
ghols  avaient  faits  dans  la  partie  me'-  bcnd.  Quand  il  fut  paisible  possesseur 
ridionale  de  ses  états,  ni  oublier  quM  de  ses  e'iats  ,  il  secoua  le  joug  ôcs 
avait  été  vaincu  par  eux;  ce  chagrin  sulthans  mogliols  de  Perse,  dont  i'em- 
avait  termine'  ses  jours.  Il  n'avaitpoint  piresVcroulailjil  s'affranchit  du  tribut 
eu  d'épouse  légitime,  et  ne  laissa  d'une  que  ses  pre'de'ccsseurs  leur  payaient  , 
concubine  qu'il  aimait  beaucoup,  qu'un  rassembla  des  troupes,  chassa  entière- 
jeune  cnfint,  nommé  David  ,  qui  fut  meut  les  armées  mogholes  de  la  Gcor- 
roi  dans  la  suite  sous  le  nom  de  Da-  gie,et,  déplus,  ravagea  les  provinces 
vid  IV,  et  mis  sous  la  tutelle  de  Bon-  d'Erivan,  de  Schirvvan,  et  de  Mogan , 
Soudan,  sœur  du  roi  j  mais  elle  s'em-  qui  restèrent  sous  leur  domination, 
para  de  la  royauté'  au  préjudice  de  son  Quoique  les  contrées  soumises  à  ra 
neveu.                              S.  M — n.  puissance  eussent  été  dévastées  pir  de 

GEORGE  V  ,  roi  de  Géorgie,  fils  longues  et  sanglantes  guerres  ,  il  par- 

de  David  V  ,  fut  placé  sur  le  trône  vint  à  les  rendre  florissantes,  et  à  ré- 

après  la  mort  de  Vakhlang  III,  en  parer  tous  les  maux  causés  par  le  ra- 

i5o4,  par  Aldjaiton,  sulthnndesMo-  vage  des  Moghols.Ce  prince  mourut  eu 

ghols  de  Perse.  Comme  il  était  encore  paix  en  i54^,  après  uu  règne  long  et 

fort  jeune,  et  qu'il  n'était  pas  en  état  heureux;  son  lils  David  VI  lui  suc- 

de  tenir  lui-même  les  rênes  du  gou-  céda.                                S.  IVI — n. 

vernement,  on  confia  l'administration  GEORGE  VII  était  fi;sde  BagratV. 

du   royaume   à  George,  fils  du   roi  En  l'an  i588,  Tamcrian  entra  dans 

Démétrius  II.  Le  jeune  prince  vécut  la  Géorgie  pour  détruire  ce  royaume, 

fort  peu  de  temps  ;  et  il  fut  remplacé  et   forcer    ses    habitants  à  embras- 

par  son  tuteur  George,  qui  suit.  ser  le  musulraanisrae.  Le   roi  Bagrat 

S.  M — N.  fut  vaincu  dans  plusieuri  combats  :  sa 

GEORGE  VI,  fils  de  Démétrius  îï  capitale  Teflis  fut  prise;  et  lui-même 
ou  Dimiiri^  succéda  à  son  parent  fut  contraint,  pour  conserver  sa  cou- 
George  V,  dont  il  avait  été  le  tuteur,  ronne,  d'aller  trouver  le  conquérant 
II- est  compté  au  nombre  des  rois  les  lartare  en  personne,  de  reconnaître  sa 
plus  célèbres  de  la  Géorgie  ,  par  les  puissance  et  de  se  faire  musulman  , 
services  qu'il  a  rendus  à  son  pays: les  tandis  que  ses  fils^George,  Constantin 
Géorgiens  lui  ont  donné  le  surnom  de  et  David,  qui  ne  voulurent  point  suivre 
très  illustre.  Depuis  fort  long-temps  son  exemple,  se  réfugièrent  dans  lefi 
la  Géorgie  était  déchirée  par  des  divi-  gorges  du  Caucase,  avec  uu  petit  nom- 


i44                 OEO  GEO 

bre  de  partisans.  Le  roi  Bagrat ,  qui  George ,  qui  avait  chassé  les  armées 

n'avait  embrassé  la  religion  de  Maho-  musulmanes  de    ses  états.  Tamerlan 

met  qu'en  apparence,  tut  emmené  par  vint  camper  près  du  monastère  de 

Tamerlan  en  Arménie  jusqu'au  pays  Manglisi,  dans  lepaysde  Somkhethi , 

d'Artsakb  :  ne  sachant  que  faire  pour  et  envoya  un  messau,e  vers  le  roi , 

se  tirer  de  SCS  mains  et  retourner  dans  pour  le  sommer  devenir  lui  rendre 

ses  états,  il  prétexta   un  grand  zèle  hommage  dans  son  eamp,  en  lui  or- 

pour  la  nouvelle  croyance  qu'il  venait  donnant  outre  cela  d'embrasser  la  loi 

d'adopter,  et  demanda  à    son  vain-  de  Mahomet.  George  méprisa  les  me- 

queur  un  corps  de  douze  mille  Persans  naccs  de  Timerlan  ,  et  se  r-  lira  dans 

pour  rentrer  dans  son  royaume,  et  la  partie  la  plus  inaccessible  de  son 

pour  en  convertir  enlièiement  les  ha-  royaume  :  Tauieilan  alors  s'avança  à 

bilants.  Tamerlan  se  laissa  tromper  la  tête  de  son  armée,  et  prit  la  lorte- 

par  cette  proposition,  et  accorda  à  Ba-  resse  de  Birlvi>i ,  située  sur  les  bords 

trratle  nombre  d'hommes  qu'il  desirait:  du  fleuve  Algèle,   au  sud-oue^t  de 

celui-ci  lit  aussitôt  avertir  secrètement  Teflis  ;  mais  bientôt  après  il  changea 

SCS  fils  de  se  tenir  prêts  a  les  attaquer  de  dessein  ,  rentra  en  Perse  ,  et  aban- 

avec  avantage  dans  des  lieux  dilïkiles  donna  la  Géorgie  pour)am;iis.  Dès  qu'il 

où  il  se  proposait  d'engager  ces  Per-  l'eut  quiitée,  George  rassembla  toutes 

sans.  George  rassembla  tout  ce  qu'il  ses  troupes,  reprit  Teflis  avec  toutes 

trouva  de  soldats  géorgiens  cl  iraéré-  les   autres  t'uteresses  conquises ,   et 

tiens    se  mit  à  leur  tête ,  se  conforma  chassa  tous  les  Musulmans  de  ses  états, 

entièrement  aux  avis  qu'il  avait  reçus,  Les  Persans  tentèrent  plusieurs  fois 

détruisit  tout  "ce  corj)s  d'armée  per-  de  venger  cet  outrage,  et  de  rentrer 

San    et  délivra  son  père,  qui  abjura  en  Géorgie  :  jamais  ils  ne  purent  en 

le  musulmanisme,  et  rentra  avec  lui  venir  à  bout;  George  les  mit  toujours 

dans    Teflis.    Tamerlan,    transporté  en  déroute,  et  ils  furent  contraints  de 

d(  fureur,  rentra  dans  la  Géorgie,  où  faire  la  paix  avec  lui.  La  Géorgie  fut 

il  Ih  les  plus  horribles  ravages  ,  ruina  tranquille  et  heureuse  sous  le  gouver- 

et  dévasta  les  villf-s,  les  églises  cl  les  nement  de  George,   qui  mourut  en 

monastères.  Cesmalheursneces>èrei;t  i4o7;  son  IVèrc  Constantin  ^^  lui 

point  pendant  tout  le  temps  que  Ba-  succéda.                             S.  M — n. 

cral  régna  encore  sur  la  Gt;orgie:  il  GEORGE  Vllï,  roi  de  Géorgie  ou 

mourut  en    \7n)f\.  Son   fils  Ge(.rge  plu  ôt  de  la  partie  de  la  Géorj;ie  nom- 

étant  monté  sur  le  trône,  ne  voulut  mée  K'hartuli ,  dont  la  capitale  était 

pas  plus  que  son  père  se  soumettre  à  la  Teflis,   était  fds  de  Constantin  II;  et 

puissance  de  Tamerlan  :  ce  conque-  en  ir»>./i  il  succéda  à  s(m  frère  David 

rant  fil  en  Géorgie  une  troisième  ex-  VU,  qui  s'était  fiit  moine.  Ce  prince 

péJition,quine  fulpasbeaU('oup  plus  était  tributaire  des  sullhans  de  Perse 

décisive  (jue  la  précédente.  George  se  de  la  r.ice  di  s  solis.  Il  régna  en  paix 

réfugia  dans  les  montagnes:  les  armées  pendanl  dix  ans  ,  et  mourut  eu  i  )54, 

persanes  ravagèrent  le  plat  pays  ;  et  laissant  le  trône  à  son  neveu  Louar- 

Tamcrlan  retourna  en  Arménie  sans  sab  1 ,  fils  de  David  VIL  S.  M — n. 

avoir  pu  forcer  le  roi  dans  sa  dernière  GKOlUiE   IX,   roi  de  Géorgie, 
jetraitc.  En  l'an  i/joo,  le  conquérant     fils  et  successeur  de  Simon  l,  monta 

tartare  rentra  pour  la  quatiième  fois  sur  le  trône  en  iGoo,  avec  la  permis- 
dans  la  Géorgie,  résolu  de  punir  K*  roi     sion  du  roi  de  Perse  SchaU-Abbas,  qui 


(;  E  0 

avait  rnluit  son  pî  rc  à  l.i  quarte'  de 
simple  vassnl.  Sons  le  it-j^nc  «le  Goor- 
pp,  m  160"),  lis  Ollioiii.uis  firent 
une  invasion  en  (leoii^ie ,  et  s'empa- 
rèrent ilu  p.iys  nonutu''Sn-Ala]);iç;o,  qui 
conij)rnul  l.i  ville  d'Akli  il-TsikIic  elle 
leiritoirc  qui  en  d('j)en(l.  Il  fut  alors 
démembre  dn  royaniiic  de  Géorgie  , 
réuni  à  l'empire  otliuman  et  adiuinis- 
trc  par  un  paclia.  A  peu  j>rès  vers  la 
uièmc  époque,  le  roi  de  Géorgie  en- 
voya une  ambassade  vers  le  Izar  de 
Russie,  Boris  Feotlorovitch  Goudou- 
nof,  pour  mettre  ses  états  et  sou  fds 
Jesseï  sous  la  protection  de  ce  prince. 
Celui  -  ci  lui  demanda  alors  f  le'lène 
en  mariage  pour  son  fils  Fedor;  et 
i|  promit  de  donner  sa  fille  Xenia 
Borisowna,  au  neveu  du  roi  George, 
nommé  Kbosdro,  qui  fut  envoyé  à 
Moscou  pour  terminer  ces  négocia- 
tions. Tous  ces  projets  n'eurent  point 
de  suite  ;  car,  vers  la  fin  de  ïa  niérac 
année  i6o3,  George  IX  mourut  em- 
poisonné par  les  ordres  de  Schah- 
Abba<.  ]1  eut  pour  successeur  son  fils 
Louarsab  II,  qui  monta  sur  le  trône 
avec  la  permission  du  roi  de  Perse. 

S.  M— N. 
GEORGE  X  ,  roi  de  Géorgie  , 
fils  de  Vakhtang  IV,  succéda  à  son 
père  dans  le  gouvernement  du  pays 
de  K'Iiarthli ,  en  1676,  tandis  que 
sou  frère  Artcbil  prit  possession  du 
royaimie  de  Kakhethi.  Ce  prince 
gouverna  en  paix  la  Géorgie  pendant 
plusieurs  années,  sous  la  souverai- 
neté des  rois  de  Perse  ;  mais  ensuite 
voulant  profiter  de  la  faiblesse  d'Hous- 
sein-schab,  il  leva  des  troupes,  se  ré- 
volta, et  tenta  de  soutenir  ses  préten- 
tions par  la  forée  des  armes.  Hous- 
scin-schali  conféra  alors  le  titre  de 
roi  à  Héraclius  I'  '^.,  fils  de  Tlieimou- 
ras  r*".,  roi  de  Kakhethi.  Ce  prince 
embrassa  la  religion  musulmane,  prit 
U  Dora  de  Nascr-ali-klun ,  et  entra 


r,  EO  f/i5 

en  i()SS  dans  le  pays  de  K'barthli 
avec  une  année  persane.  Les  deux 
rivaux  se  livrèrrnt  de  longs  et  de  san- 
glants cond)ats,  qui  n'eurent  aucun  ré- 
sultat décisif,  lléraclius  ne  put  jamais 
devenir  paisible  possesseur  de  la  cou- 
ronne; George,  épuisé  par  les  fré- 
quentes batailles  qu'il  avait  livrées  à 
son  compétiteur  et  aux  Persans  ,  con- 
fia l'administration  de  ce  qui  lui  res- 
tait de  son  royaume  à  son  frère  Le- 
van,  et  alla  auprès  de  Schah-hous- 
sein ,  à  Ispahan,  où  il  embrassa  lo 
inusulmanisme ,  et  prit  le  nom  de 
Gourgliin -khan.  Schah-housscin  le 
reçut  avec  bonté,  et  lui  accorda  le  ti- 
tre de  waly  de  Géorgie  :  mais  il  ne  le 
renvoya  pas  dans  ses  états  ;  il  le 
garda  à  sa  cour,  et  lui  donna  le  gou- 
vernement de  la  province  de  Ki  4- 
man.  Pendant  l'absence  de  George, 
Héraclius  rentra  en  Géorgie  avec  des 
troupes ,  en  chassa  Levan ,  et  s'y  fit 
reconnaître  roi  :  mais  son  autorité  fut 
de  courte  durée;  car  il  fut  bientôt 
après  chassé  par  Levan.  Lorsque  les 
Afghans  se  révoltèrent  pour  la  pre- 
mière fois  contre  le  roi  de  Perse,  ce 
monarque  nomma  Gourghin  -  khan 
gouverneur  deKandahar,  et  il  l'en- 
voya avec  une  puissante  armée  pour 
soumettre  les  rebelles.  Gourghin  les 
eut  bientôt  fait  rentrer  dans  le  de- 
voir. Le  bruit  de  sa  valeur  s'était  ré- 
pandu jusque  dans  ces  contrées  :  il 
n'eut  pas  la  peine  de  combattre  ;  per- 
sonne n'osa  soutenir  sa  présence. 
Quand  il  fut  établi  dans  son  gou- 
vernement ,  il  voulut  rechercher  les 
auteurs  de  la  révolte;  et  sous  ce  pré- 
texte il  accabla  les  Afghans  des  plus 
cruelles  vexations,  et  les  réduisit  au 
désespoir.  Ceux-ci  envoyèrent  des 
députés  de  leur  nation  à  Ispahan  au- 
près de  Schah-houssein  pour  se  plain- 
dre de  Gourghin  :  les  grands  de  la 
cour  ,   amis  de   ce  dernier  ,  empc- 

10 


i46                 CEO  GEO 

chèrent  leurs  priores  de  parvenir  jus-  vainquit  une  fois  ;  mais  ils  n'en  conlî- 
qii'au  souverain.  Gourgliii),  cxtiême-  n aèrent  pas  moins  leurs  de'vastcilions. 
ment  irrité  de  ce  que  l'un  s'élait  piaint  Dms  ce  temps  les  Turks  entrèrent 
de  lui,  appesantit  encore  le  joug  de  sa  dans  la  Géorgie  par  un  autre  côté, 
domination  sur  les  malheureux  Af-  sous  le  commandement  du  pacha  de 
ghans.  Il  (ît  arrêter  tous  les  chefs  des  Kars.  George  fit  march*  r  contre  lui 
familles  ,  parmi  lesquels  était  Mir-  son  fils  aîné  David,  qui  mit  en  dé- 
Waïs,  Tun  des  personnages  les  plus  route  l'armée  turkc ,  et  prit  la  for- 
distingués  du  pays.  Lorsque  ce  dcr-  teresse  de  Kizil  -  tchaktchak  ;  on  fit 
jiier  fut  arrivé  à  Ispahan,  où  il  de-  bientôt  la  paix,  et  David  rentra  avec 
vait  être  gardé  prisonnier  comme  ses  troupes  dans  le  royaume.  Après 
éuspect,  il  s'occupa  d'y  pratiquer  des  la  mort  d'Agha- Mohammed  -  khan  , 
liaisons  avec  les  courtisans  pour  ga-  son  neveu  Baba-khan  devint  souve- 
gner  la  bienveillance  du  roi,  et  pour  rain  de  Perse,  et  envoya  une  am- 
inspirer  de  la  défiance  .-iur  la  puis-  bassade  au  roi  George  pour  l'enga- 
sance  et  les  projets  de  Gourghin-  ger  à  se  mettre  sous  sa  protection  ,  en 
khan  son  ennemi.  Mir-Wa'is  parvint  lui  donnant  pour  otage  son  fils  Da- 
bientôt  au  succès  de  ses  vues  dans  vid.  George ,  qui  redoutait  la  puis- 
cette  cour,  et  il  fut  environ  deux  ans  sancedcsRusses, aurait  bien  voulu  ac- 
après  renvoyé  avec  honneur  dans  sa  ceptcr  cette  proposition  ;  mais  il  la  re- 
patrie j  ce  que  Gourghin  -  khan  re-  fusa  cependant ,  parce  qu'il  en  craignit 
garda  comme  un  alFront  insigne,  dont  les  conséquences  pour  son  royaume, 
il  chercha  le  moyen  de  se  venger  à  Afin  desemeltreàrabridc  lavengean- 
quelque  pris  que  ce  fût  :  mais  avant  ce  des  Persans,  il  songeait  à  se  mettre 
d'avoir  pu  accomplir  ses  projets,  il  sous  la  protection  des ïurks,  attendu 
fut  assassiné  par  son  ennemi  au  mi-  qu'il  se  trouvait  alors  sans  aucun  se- 
lieu  de  son  camp  en  1 709,  lorsqu'il  cours  de  la  partdes  Russes  j  il  ne  le  fit 
allait  combattre  une  tribu  d'Afghans  pas  non  plus,  parce  qu'il  craignit  en- 
révoltés.  S.  M — N.  core  d'irriter  ces  derniers.  Il  envoya 
GEORGE  XI  ,  dernier  roi  de  donc  demander  du  secours  à  l'empc- 
Géorgie,  était  fils  du  fameux  Pléra-  reur  Paul  l*'". ,qui  fit  |)artir  deux  ré- 
chus II.  Du  vivant  de  son  père,  il  fut  giments  pour  le  soutenir  contre  lesPer- 
couverneur  des  provinces  de  Bort-  sans.  Ayant  alors  rassemblé  ses  trou- 
chalo  et  de  Somkhethi,  situées  dans  pes  et  cilles  que  lui  fournirent  les  peu- 
la  partie  méridionale  de  la  Géorgie,  pies  de  Schouschi  et  de  Srhaki ,  i\  en 
et  s'illustra  par  son  courage  dans  donna  le  couunandenicnt  à  son  fils 
les  fréquents  combats  qu'il  soutint  Jean ,  qui  se  joignit  aux  troupes 
contre  les  Persans  pour  défendre  le  russes,  cl  marcha  contre  les  Lezghis, 
royaume  où  il  était  appelé  à  régner,  commandés  par  Omar-kh.in,  du 
Héraclius  mourut  le  I  i  janvier  I  798.  pays  d'Awar.  Ces  peuples  furent 
George  XI  ne  monta  donc  sur  le  vaincus  sur  les  bords  du  ileuve  Voii, 
Irôiie  que  dans  un  Age  fort  avancé,  dans  le  pays  de  Kakhelhi  ;  et  la 
Sous  son  règne,  la  Géorgie  fut  conti-  Géorgie  fut  pendant  quehpie  temps 
nuellemcnl  ravagée  par  les  invasions  délivrée  de  leurs  incursions.  George 
des  iiezghis  ,  qui  se  répandirent  ini-  mourut  ])ru  après,  en  1800.  Ce 
j.unénunl  dans  toutes  les  parties  du  prince,  (pu  fut  le  deruier  roi  de  la 
royaume.  Le  prince  Jean  suu  iils  les  Géorgie,  aviut  éj»ou>é  ilcux  lemmes. 


GEO 

qui  sr  nninmaioiii ,  Kclcvan ,  de  la 
famille  K.aiomkasclivili,  et  IMuir, 
ii.li-  ilii  priiK-c  Gcov^Q  Zi/.iaii.  Il  ^cul 
de  1.1  piciuière  David ,  qui  céda  l'Iic- 
rilago  de  son  l>t'ro  à  rempcrciir 
Alexandre  ,  cl  qui  vit  ai  tuelloineiit  à 
lVui>l)oiir^  avec  le  titre  de  lieiUc- 
iianl-pieneial ,  Georj;^,  Ijigrit,  Tli  i- 
liimuas,  et  quatre  filles  nommées  Var- 
vara,So|)lji.i,  Anna  »!  Riplisima  ;  li  scn- 
fanls  de  la  seconde  lemme  sonlMik- 
jMel,Diibnl,  Jlia,  Okrop'lian  ,  Iz.ikii , 
TlKunar  «t  Anna.  S.  iM — n. 

GEORGE  P^,  ou  JOURl  P^, 
Wladirnirowkch  ,    grand -prince    de 
Kiew,  alors  le  siège  de   la   souverai- 
neté en  Russie,  monta   sur   le  troue 
l'an    ii4(),    après   en    avoir   chassé 
Isiaslaf  :   il  en  fut  cliassc  lui-même 
plusieurs  fois  jusqu'en  i  iS/jXelte  an- 
née il  affermit  sa   puissance,  et  vit 
tous  les  autres  princes  s'humilier  de- 
vant lui.  11  se  proposait  d'entrepren- 
dre une  expédition  contre  la  ville  de 
îio\vgoiod,  dont  il  e'fait  mécontent; 
mais  la  mort  le   surprit,   et   il  ter- 
mina, en    II 56,   son  orageuse  car- 
rière. La  passion  de  tout  envahir  et 
de  dominer  aux  dépens  de  ses  voi- 
sins lui  fit  donner  le  surnom  de  Dol- 
gorouki     (aux  longues    mains).    Ce 
surnom  lut  conservé  à  l'un    de   ses 
fils  ,  duquel  prétend  descendre  la  fa- 
mille  des  princ(S    Do'gorouki ,   une 
des  plus  distinguées  du  pays.  Ce  fut 
George  ou  Jouri  1  '^.  qui  donna  nais- 
sance a  la   ville  de  Moscou.   Il   n'y 
avail  alors, dans  l'emplacement  qu'oc- 
•  cupe  celte  vile,  qu'un  village -ippar- 
tenanl  a  un  riche  propriélaiie.  George, 
pa  saut  par  les  dom:iines  de  ce  pro- 
priétaire, tut  à  se  plaiiîdre  de  lui ,  le 
iit  condamner  à  mort,  et  s'empara  de 
ses  biens.  Peu  api  es  il  fit  construire, 
près  de  la   rivière  de   iMoskwa  ,   un 
bourg,  qui  fut  entouré  d'un  rempart 
de  bois ,  et  qu'il  peupla  d'une  colo- 


&E0  i47 

nie   appelée   de   <livers    endroits    de 
ses  étals.  Telle  fut  l'origine  de  cMIe 
ville  de  Moscou,  q  ù  dans  la  suite  de- 
vint  la  capitale  des    c/ats,   qui    par 
son  imnnnse  étendue  a  toujours  f.iit 
rétonnemeni    des    vcy.igcuis,  el   «luî 
dans  les  dernier^  temj)s  fix  i  l'atten- 
tion de  l'Europe  par  un  d(S  évcnc- 
menlslespus  remarquabifs  d''  Ihis- 
loire.  —  r,EORGE  11,  ou  Jouhi  II, 
Usevoh^dowitch  ,    t;r.ind    piince    de 
Wolodimir ,    oiî    était  alors   le   pre- 
mier tronc  de  Russie  ,  monta  ,   d'a- 
bord, sur  ce  trône  en  l'an   i,ii'2  :  au 
bout  de  cinq  années  de  rc;;ne,  il  fut 
obligé  de  le  céder  à  Constantin   son 
frère.  Celui-ci, au  moment  de  mourir, 
rappela  George,  et  ie  décîai  i  .son  suc- 
cesseur.   La    Bussie   avaii    beaucoup 
souffert  par  le  par'.age  des  provinces 
entre  plusieurs  souver.ins  :  mais  elle 
éprouva  une  calamité  bi'-n  ]dus  ter- 
rible ;    ce   fut    l'invasion  dt^s  Tatars 
mongouls  ,   qui   avaient  alors    pour 
khan  le  fameux  Djenguiz.  Les  princes 
russes   ne    purent   concentrer    leurs 
forces  pour  résister  à  ces  farouches 
guerriers,   parce  qu'ils  se   méfiaient 
les  uns  des  autres.  George  ou  Jouri, 
qui ,   en   qualité  de  premier  souve- 
rain ,  eût  dii  se  mettre  à  leur  tête , 
resta  long-temps  dans  l'inaction ,  et 
ne  songea   à    conjurer    l'orage    que 
lorsqu'il  avait   déjà  éclaté    sur    une 
grande  partie  du  pays.  Sa  capitale  fut 
prise;  sa  femme  et  ses  enfants  furent 
égorgés.  Réduit  au  désespoir,  il  ras- 
semble, en  1237,  une  armée  con,«;idé- 
rable,  combat  avec  fmcur,  fait  ba- 
lancer la  victoire,  et  succombe  enfin 
percé  de  coups.  Sa  mort  acheva  de 
répandre  la  confusi'm  et  le  découra- 
gf  ment.  Batou ,  qui   commandait  les 
Tatars   dans   celte     expédiiion  ,    ne 
trouva   plus  de  résistance,  tt  devint 
le  maître  drs  destinées  de  la  Russie. 
La  soumission  des  princes  russes  au 


i4B  GEO 

joug  de  ces  étrangers  dur.i  jusqu'à  la 
fin  du  xv^.  sicclf.  Iwan  Vasiiievvitch 
re'ussit  à  y  mettre  un  ternie  par  son 
courage,  et  en  profitant  de  h<  désu- 
nion survenue  parmi  les  chefs  des 
Tatars.  C — au. 

GEOKGEl  IT  ,  patriarche  d'Arme'- 
nie  ,    succéda   à   Zacharie  T  '.  ,  le 
i3  janvier  876.  11  était  né  dans  la 
ville  de  Karhni,  et  il  avait  été  élevé 
dans  le  palais  patriarcal  :  il  était  gé- 
néralement estime  pour  sa  science  et 
ses  vertus;  et  tout  le  monde  le  vit 
monter  avec  plaisir  sur  le  premier 
siège  pontifical  de  l'Arménie.  En  885, 
il  sacrale  prince  des  Paj^ratides ,  As- 
chod,  roi  d'Arménie.  Cette  cérémonie 
se  fit  avec  une  grjndc  solennité  dans 
la  ville  d'Ani,  eu  présence  de  tous  les 
grands  du  pays,  et  du  général  arabe 
qui  gouvernait  l'Arménie  p(»ur  le  kha- 
lyfe.  Il  y  avait  près  de  cinq  cents  ans 
que  la  dignité  royale  était  éteinte.  Ce 
prince  montra  pendant  (ont  son  règne 
la  plus  grande  considération  pour  le 
patriarche  George,   et  ne  fil  pres- 
que rien  sans  le  consulter.  Ce  fnt  entre 
SCS  bras   qu'il    mourut,   en  889,   à 
K'harsbarh-Abarajn,  dans  le  pays  de 
Scbirag,  en   icvenant  de  Constanti- 
nople.  L'année  suivante,  George  cou- 
ronna roi  le  fils  d'Aschod,   qui    se 
nommait  Scmpad;  mais  bientôt  l'on- 
cle  de  ce  piince,  appdé  Apas ,  se 
révolta  à  Kars ,  s'y  lit  déclarer  roi, 
fit  charger  de  fers  son  parent  Ader- 
nerseli  ,    roi    de  Géorgie,   qui  était 
du  parti  de  Scnqiad  ,  et  marcha  pour 
lui  enlever  le  trône.  George   voulut 
prévenir   la  guerre    (jni  était  sur    le 
point   d'éclater    mire  les   iicux   pa- 
rents. Il  se  hâta  d'aller  trouver  Apas, 
pour  l'engiger  à  rendre  la  lil)crlé  à 
Adernersch  et  à  faire  la  paix:  ses  siqi- 
plicaiions  furent  iiuitiles;  et  Sempad 
fut  oblig<:  d'em[»loyer  la  force  des  ar- 
mes  pour   conliaiudif   son  oncle  à 


GEO 

reconnaître  son  autorité.  Apas  ,   ir- 
rité contre  le  patriarche  qui  n'avait 
pas  voulu   prendre  part  à  ses  pro- 
jets,  répandit    beaucoup    de    bruits 
calomnieux  contre  lui,  pour  le  faire 
chasser  de  son  siège  ;  mais  il  ne  put 
en   venir  à   bout ,  et  il  en   mourut 
de  chagrin  en  l'an  891.  L'année  sui- 
vante, le  khaiyfe  fit  remettre  à  Sem- 
pad une  couronne  royale  par  son  lieu- 
tenant Ap'hschin  ;  et  le  patriarche  le 
sacra  dans  l'église  d'Erazgavors,  dans 
la  province  de  Schirag.  L'an  895 , 
Ap'hschin  ,  gouverneur  de  l'Arménie 
méridionale  ,   qui   était   ennemi   de 
Sempad  ,   voulut  le   faire  périr ,  et 
se  prépara  à  venir  l'attaquer  dans  le 
sein  de  ses  états.  Le  patriarche  alla 
au-devant  du  général  arabe,  pour  tâ- 
cher de  désarmer  sa  colère  et  l'en- 
gager à  ab.indonner  son   entreprise. 
Ap'hschin  feignit  de  se  laisser  con- 
vaincre par  les  raisons  de  George; 
et  il  lui  persuada  d'amener  Sempad 
pour  avoir  une  conférence  avec  lui. 
ijC  patriarche  vint  donc  trouver  le  roi 
d'Arménie  ,  pour  lui  faire  part  des  in- 
tentions d'Ap'hschin  :  mais  ce  prince, 
qui  connaissait  la  perfidie  de  ce  der- 
nier, refusa  d'aller  au  rendez-vous; 
et  George  retourna  annoncer  au  gé- 
néral   ennemi    que    ses    démarches 
avaient  été  inutiles.  Celui-ci ,  trompe 
dans   ses  espérances  ,    ne   put   mo- 
dérer sa  fureur  :  il  fit  charger  de  fers 
le    patriarche  ,    qu'il    emmena    pri- 
soiuuer   à  sa  suite ,  et   qu'il   gard.i 
dans  son  camp  jus([ti'àceque  llamam, 
roi  des  Aghovans,  le  racheta  pour  une 
sonuue  considérable;  et  ce  prélat  re- 
tonrna  dans  sa  résulence  en  /Vrménic. 
Mais  extrêmement  allligé  de  l'étal  dé- 
sastrenx  où  se  trouvait  sa  patrie  ,  qui 
était  déchirée    par   les  démêlés    des 
princes  de  la  famille  royale,  et  par 
les    courses  des   Arabes ,   il    se    re- 
lira dans  la  province  de  Vasbouia- 


r.EO  f.EO  i^<5 

f.in  ,  où  il  tomba  I)i<'iit»')t  ninl.ulc,  rt  sioiim  dr  gr.iiuls  tron!)lcs  en  Ar- 
iiiomul  l'ail  Ht)7  ,  apirs  .«voir  occu-  iiuiiiK'.  (icoi  j|;c ,  p.ir  l.i  durcie  de  son 
pc  le  palri.iicut  pendaiil  .u  ans  et  caractère ,  mecoiitnila  la  plupart  des 
quelipics  mois.  ()ii  rmtcrra  dans  lo  pr^-tros  et  des  princes  qui  eliient  al- 
iiioiiaMère  de  Dsoicii  -  Vank'ii ,  au  taches  à  son  ]).irti.  Ils  rabandonnèrcrit, 
pays  de  Dosl)  :  ii  eut  pour  succès-  el  allèrent  joindre  Grégoire  dans  la 
bciir  IMasclidols.  S.  M — N.  iiioiit.'j^ne  Noire  ,  où   l'on  forma  im 

Cil'X)HGE  m,  palriarrlic,  naquit  à     concile,  qui   déposa  George    en   Tau 
liOrhi,  ville  du  pays  de  Dascliir,  dans      i''75,  après  un  yjalriarcat  de  moins 
J'Anneuie  scptentiionalc.  Il  fut  sccrci-     de  deux  ans.  Abandonne  de  tous  ses 
taire  du  patriarche  Grégoire  II ,  qui     j-.arlisaiis  ,   Gcoige   fut  contraint    de 
résidait  dans    la  petite    Arménie,   à     quitter  TItavplor;  il  se  retira  à  Tarse, 
Tliavplor,  ville  du  pays  de  Dchahan,     où  il  mourut  bientôt  après.  S.  M  —  sv. 
où  les  patriarches   d'Arménie  siégé-         GEORGE  LE  FOUf^ON,  ou  de 
jcnt    pendant    quelque    temps.    En      rV//>/7rtr7oc6' ,  intrus  placé  sur  le  siège 
l'ail   1071  ,   le  patriarche  Grégoire,     d'Alexandrie,  fut  appelé  du  premier 
ennuyé  des  soins  de  l'cpiscopat  ,  et     nom  ,    parce   que    cette    profession 
allligé  par  le  spectacle  des  maux  qui     était  exercée  pnr  son  père;  et  du  se- 
dcsolaient  l'Arménie ,  résolut  d'aban-     cond ,  parce  qu'il  était  originaire  de 
donner  sa  dignité,  et  de  se  retirer  dans     celte  province.  Ammien-Marcellin  dit 
une  solitude  pour  y  (inir  saintement     qu'il  était  d'Epiphanie  ,   en   Gilicie  5 
sa  vie  :  il  ne  communiqua  son  dessein     mais    son     opinion    ne    peut   pré- 
qu'à  son  secrétaire  George  Lorhetsi,     valoir  sur  celle  de  Saint  Albanase  , 
qui  voulut  l'accompagner  dans  sa  re-     qui  dev.iit  bien  connaître  George,  et 
traite.  Les  rois  et  princes  de  la  petite     qui  le  fait  Cappadocien  ,  ni  sur  celle 
Arménie,  K^ikig,  Adovm  et  Aponsàhl,     de  St.  Grégoire  de  Nazianze  ,  Cap- 
lentèrent  de  dissuader  le  patriirchc     padocicn   lui-même,  qui  reconnaît 
d'accomplir    ce  dessein;  mais  ils   ne     George  pour  son  compatriote.  Le  ca- 
piirent  en  venir  à  bout.  Us  se  détei-     ractère,  les  sentiments  et  la  conduite 
minèrent  alors  de  mettre  en  sa  place     de  George  répondaient  à  labassesse  de 
son  secrétaire  George,  qui  se  laissa     sanaissance.Peud'hommesontéléplus 
ficilcment  séduire  par  l'éclat  delà  di-     corrompus  et  plus  méprisables.  Il  fit 
guitc  patriarcale.  Lorsqu'on  fit  con-     d'abord  le  vil  métier  de  parasite. Pour- 
naîire  cette  résolulion  à  Grégoire,  il     vu  ensuite  d'un  emploi  subalterne  dans 
fu  fut  très  étonné  :  bon  gré  mal  gré,     les  fournitures  de  l'année,  il  détourna 
il  sacra  George  patriarche  à  Thav-     à  son  profit  l'argent  qui  lui  était  confié, 
j<lor,  et  se  relira  dans  la  montagne     et  fut  obligé  de  s'enfuir.  11  se  livra 
r^oire  de  la  Gilicie  occidentale.  Jkau-     alors  au  vagabondage.  A  tant  de  raau- 
coip  de  ptrsonnes  ne  voulurent  pas     vaises  qualités,  il  joignait  une  pro- 
leconnaître  le   nouveau    pontife,    et     fonde  ignorance ,  n'avait  aucune  con- 
allèrent   trouver    Grégoire   dans  sa     naissance   des  lettres   humaines  ,  et 
solitude,  en  continuant  de  le  regar-     bien  moins  encore  des  saintes  Écri- 
dcr  comme  le  seul  légitime   patriar-     tures  et  de  la  théologie.  Get  homme, 
che.   George  en   fut   très   irrité,  et     néanmoins,  «  hardi,  sans  pudeur  et 
maltraita  beaucoup -ceux  qui   s'alta-     w  sms  entrailles,  »  parut  aux  Ariens, 
chaicnt  au  patriarche  Grégoire ,  mal-     dont   il    partageait   les   erreurs,    uu 
grc   soQ    abdicaiioij  j   ce  qui  occa-     iustruineut  dout  ils  pouvaicut  uùlf 


i5o  GEO 

ment  se  servir.  Ils  firent  entrer  dans 
leurs  vurs  l'eiu^j' rciir  Constance  ,  qui 
était   ieui    pr«>l«.cteur  et  leur  appui. 
Ce  fuf   à   Aulioclie,  Tan   556,  dans 
une   dsscmbice    de    trente    évêques 
ari'jus,  que  le  respectable  Geors^i-  fut 
ordonné   et  reçut  la  nii>sion   d'wller 
gouverner  rëgli-ic  dont  St.  A  i)anase 
ët-^it  ie  ve'ritabic  cvcque.  Gcor-^e  fit 
son   entrée   à  Alexandrie  ,  ac<  ompa- 
giie,  par  ordre    de    Ci)nstancp,   des 
sold  (fs    commandés   par  Sébas-lieu , 
duc  d'LgVj'ie  et  nianirlȎeu  ,  digue  es- 
coi  U'  d'un  intrus.  Sun  arrivée  tut  pour 
les  catholiques  un  signal  de  persécu- 
tion. Sous  préttx'.e  de  chercher  St. 
Alhaujuc  ,  qu'on  supposait  caché  dans 
lavihe,  ou  touilla  partour  ;  on  viola 
les  a^il(^s  les  plus  sac  es;  «  les  viejges 
fun  lit  met  érs  en  prison  ,  les  e\êques 
liés   et   11  aînés  pir  les   soldats;   on 
pilla  les  maisons  ,  on  enleva  les  <hré- 
îiens  pen.laiit  l.i  nuit,  »  et  il  n'y  eut 
sorte  de  dé>oidre  a-  quel  ou   ne  se 
livrât.  Ce  n'est  pas  seu  em^ut  sur  les 
catho'iques  que  Georg'  <  x(  rça  sos  vio- 
lences; Icsijolàlies,  ;es  Ariens  ménjc 
n'en  furent  pas»  xcmpts,  de  sorte  (ju'il 
se  rendit  également   odieux  à  toiji. 
Telle   fut   sa   conduite   à    Alexandrie 
jusqu'en  56.1.  Les  Alexandrins  s'é- 
tait nt  déjà  soulevés  contre  lui ,  et  l'a- 
vaient obligé  de  fuir.  Mais  ,  ap[)uyc 
par  Constance  ,  il  revint  plus  terrible 
que  i^imnis.  Il  n'est  j)as  douteux  qu'un 
nouveau  soulèvement  n'(  ûi  écl.ité  con- 
tre lui ,  si  les  esprits  n'avaient  été  re- 
tenus par  la  crainte  d'Arthème,  alors 
duc  d'pj'^yple,  ami  de  Geoige.  Julien, 

});irvenu  a  j'empire,  ayant  fait  couper 
a  tête  à  ce  duc,  les  païens,  d(Mit 
George  avait  pillé  les  tuiiples  à  son 
])ioni,  cl  qui  le  regardaient  comme 
je  destructeur  de  leurs  dieux,  ne  se 
continrent  plus  ;  ils  se  jetèrent  sur 
George  ,  ri  racciblèrent  d'injures 
çl  do  coups,  Le  lendemain  j   ils  ic 


GEO 

promenèrent  par  toute  la  ville  sur  un 
chameau  ,  et  ,  ayant  fait  allumer  un 
bii.her,  l'y  précipitèrent  avec  sa  mon- 
ture; ;qircs  quoi,  ils  jetèrent  ses  cen- 
dres au  vent ,  et  pillèrent  sa  maison 
et  ses  trésors.  Julien  ,  en  apprenant 
cette  nouvelle  ,  fut  irrité  ,  ou  feignit 
de  l'être.  Il  écrivit  une  lettie  sévère, 
mais  ne  poursuivit  pas  les  coupables. 
Seulement ,  en  amateur  de  livres  ,  il 
fit  faire  des  recherches  pour  recou- 
vrer la  bibliothèque  lie  George ,  qui 
était  très  nombreuse  {\),  et  qu'il  con- 
nais>ail.  C'est  le  sujet  de  deux  lettres 
de  ce  prince  ,  Tune  à  Ecdicius  ,  gou- 
verneur, et  l'autre  à  Porphyre,  tré- 
sorier-général d'Egypte.  —  George  , 
patriarche  d'Alex.aidrie,  succéda,  en 
l'an  G'.>.o  ,  à  Jean  l'Aumônier,  qu'on 
croit  avoir  été  son  oncle.  Dès  l'année 
tii6,  les  Perses  s'étaient  empares  de 
l'Egypte  ;  et  Jean  avait  été  obligé  d'a- 
bandomu  r  son  siège  et  de  se  réfugier 
dans  l'île  de  Cypre  ,  où  il  mourut. 
(  f"oj\  Jean  l' Aumônier.  )  L'église 
d'Ah'xandrie  gémissait  sous  la  domi- 
nation de  ces  peu[)les,  lorsque  George 
en  prit  le  gouvernement.  Il  eut  à  sou- 
tenir et  à  consoler  son  troupeau.  On 
sait  |)eu  de  choses  sur  ce  qui  le  con- 
cerne. Haronius  fait  mention  de  lui 
en  l'an  ()2o  ,  commencement  de  son 
épiscopat ,  et  eu  63o ,  temps  de  sa 
mort.  Estd  auteur  de  la  f^ie  de  St. 
Jean  -  Chrjsoslôme  ,  dont  Pholius 
fiit  mention  ?  Pholius  dit  qu'il  n'ose- 
rait l'assurer.  Casimir  Oiidin  penche 
pour  r.ifiirmalive.  Tilman  ,  char- 
tnux  de  Paris,  très  habile  dans  h  s 
lettres  grecques,  a  donné  une  version 
latine  de  celte  vie  ,   in-fol.  ,   Paris  , 


,rr.-: 


G  KO  OKO                i5i 

>JT.  VMc  se  trouve  en  grec  au  vin',  un   pocinc  sur  la  Vanité  de  la  vie. 

volume  <lc   IVdition  des  œuvres  de  (iiiiliaumc  Civc  ri  Lëon  Allacci,  tout 

Sf.  Chi ysostùinr,  inipriinco  en  iGi?),  ou   iu(li'|iiaiit  Tcdiliou  de  Pnris,  ont 

parU'N.NoiusdolIciuiSavilU',  j>rcvôtdu  ciie,  comme  cdiliou  princaps  ,  celle 

rollc'm-  trKion.  Le  iiiènio  Oudiu  pense  de  Home,  i  Sqo  ,  in-8°. ,  qfii  ne  con- 

«pi'il  ('.Mil  encore  ntlrihuci  à (i(Oigf'(.rA-  tient  que  le  texte  puhlie  par  .N-iômo 

K'xandrie  le   Chroniam  Jlcxandn  jjiiineau  ,  jésuite;  l'ouvrage  de  George 

jium  ,  decouvcil  dans  une  ancienne  s'y  trouve  sous  Je  nom  de  St.  Cyrille  , 

bihliullièqne  de  Sicile,  par  Jérôme  patriarche  d'Alexandrie ,  sans  qu'au - 

Znrila,  eenvaiu  espagnol.  Le  jésuite  ciuie  noie  ciitique,  dis«:utanl  la  no- 

Malliieu  S.iiuîerns  lit  imprimer  celte  toricfc    de   1  édition  de    1384  ^^    '<'S 

chronique  à  [Munich,   l'-ni  i(3i5,  en  droits  incontestables  de  PiMdès,  puisse 

grec  et  en  latin.  C'e.^t  un  ouvrage  utile  un  moment  les  avoir  balances  et  donne 

en  chronologie;  et  Ton  y  trouve  des  quelque  poids  à  cette  ve'ritable  erreur, 

extraits  de  Jules  Africain,  et  d'Eu-  qui  a  élc  bien  re'paree  dans  les  éditions 

scbe  de  Ce'sarce,   qu'on  chercherait  suivantes;  toutes  celles  delà  Bil»iiothè- 

v:;inenicnt  ailleurs.  George  d'Alexan-  que  des  Pères  reproduisent  l'Hcxae- 

drie  eut  pour  successeur  dans   sou  meron.  Il  acte  imprime  avec  soin  dans 

siège  Cyri!»  le  Monolhëlile.     L — y.  le  Recueil  des  poètes  grecs ,  tragiques , 

GEORGE  PlSiDÈS,  qu'il  ne  faut  comiques,  lyriques, epigrammatiques, 
pas  confondre, ainsi  que  l'ont  fait  plu-  qui  parut  en  grec  et  en  latin  ,  à  Ge- 
sicurs  critiques,  avec  le  George  qui  ncve,  1606,  iGi/|,  'i  vol.  in-fol.  Mais 
fui  archevêque  de  Niromédie,  sur  la  l'édition  la  plus  recherchée^  sans  qu'on 
(In  du  ix^  siècle,  florissait  en  63o.  puisse  cependant  la  regarder  comme 
Il  était  diacre,  garde  des  chartes  et  la  meilleure,  est  celle  qui  parut  à  Hei- 
rëfërendaire  de  i'ëgîise  de  Constanti-  dclberg,  chez  H.  Commehn,  iSfjÇ, 
iiople.  Il  est  rau(eur  d'un  poème  en  in-S''.  George  Pisidès  était  un  auteur 
vers  ïarabiques  ,  sur  la  création  du  très  fécond  -,  car  la  liste  de  ses  pro- 
monde. Cet  ouvrage,  autrefois  céiè-  ductions  est  fort  longue. Toutes  n'ont 
bre  ,  est  connu  sous  le  titre  consacré  pas  vu  le  jour  ;  la  plupart  sont  des 
de  Hexaémeron  (  ouvrage  des  six  poésiesïambiques  relatives  aux  événe- 
jours  ).  Suidas  rapporîe  qu'il  était  de  meiits  de  l'histoire  contemporaine.  Le 
0000  vers  :  le  temps  l'a  réduit  de  recueil  le  plus  complet  de  ses  œuvres 
moitié;  il  en  est  resté  1 800,  etc'estbien  se  trouve  dans  la  belle  collecliou 
assez  puisque  personne  ne  le  lit  plus,  connue  sous  le  nom  de  Byzantine.  II 
La  première  édition  de  ce  livre,  inti-  y  fait  partie  du  volume  publié  par  Fog- 
tulé  ,  É^arjuc/iov  h  Ko(7ixovpyi7. ,  De  gini ,  et  généralement  regardé  comme 
mundi  opijficio  ,  carmen  ïambiciim,  le  plus  beau  pour  l'exécuiion  typogra- 
fut  faite  a  Paris  en  i  584,  iii-4"-  g'".-lat. ,  phique  :  Corporis  hiUoriœ  Bjzan- 
sous  les  auspices  do  Frédéric  Morel,  tinœ  noi>a  appendix  ^  opéra  Geor- 
impriraeur  du  roi  ,  d'après  un  ma-  gii  Pisidœ  ,  Theodosii  diaconi  et 
nu>erit  de  la  bibliothèque  du  cardinal  Corippi  Africani  i^rammatîci  com- 
Sirlet  ;  quelques  exemplaires  de  cette  plectens,  Rome,  i  777,  in-fol.Voici  les 
racme  éduion  portent  la  date  de  1 535.  titres  des  principaux  ouvrages  de 
A  la  suite  de  VlJcxaëmeron  se  trou-  Pisidès  qu'il  renferme  :  I.  De  ex- 
vent  quelques  fraiiments  du  même  pediiione  Heraclii  contra  Persas 
auteur;  parmi  lesquels  on  distingue  acroasestrcs.W.  Bellum  Abaricum, 


i52                GEO  GEO 

III.  Hexa'émeron  seu  de  opère  sex  médecin,  nestorien  de  religion  ,  ivti  le 
dieruin.  Cette  édition  contient  de  premier  de  sa  famille  qui  passa  au 
plus  que  les  pre'ccdeutcs  une  ccn-  service  des  khalyfes  arabes.  Voici  les 
tainc  de  vers  qui  ne  rendent  pas  le  détails  que  nous  doune  sur  sa  per- 
puèmebeaucoup  plus  précieux.  W .De  sonne  Abou-Osaiba ,  dans  sa  Biogra- 
vanltate  vitœ.  Le  texte  de  ces  deux  phie  des  médecins  :  George,  père  du 
derniers  ouvrages  est  accompagné  de  piemicr  Bakhlicluia,  dirigeait  l'hopi- 
)a  version  latine,  en  vers ïambiques ,  ta!  célèbre  de  Djundi-Schabour,  lors- 
de  l'édition  de  Paris.  V.  Contra  Sève-  qu'il  fut  appelé  tn  i  48  de  l'hég.  (  766 
rum.  YI.  Encomium  in  sanctum  de  J.-G.)  auprès  du  klialyfe  Mansour, 
uinastasium  inartyrem.  C'est  à  tort  attaqué  d'une  maladie  grave  qui  avait 
qucdans  un  dictionnaire  on  décide  que  résisté  à  l'art  de  tous  ses  médecins, 
les  écrits  de  Pisidcs  n'offrent  ni  poé-  Moitié  de  gré  et  moitié  par  force , 
sic,  ni  élégance.  En  général,  eu  égard  il  se  rendit  à  Baghdad,  et  il  justifia 
au  temps  où  il  vivait ,  ses  vers  sont  l'espérance  qu'on  avait  conçue  de  son 
harmonieux  et  d'une  belle  facture.  Son  habileté,  en  rendant  proraptemcnt 
stvle  pèche  plutôt  par  redondance  et  la  santé  à  Mansour.  Celle  cure  bril- 
par  les  ddlauts  opposés  à  la  sèche-  lante  fut  l'origine  de  sa  fortune  et 
resse,  quincscfaitapercevoirquedans  de  celle  de  ses  enfants  :  traitements 
le  choix  et  la  conception  de  ses  sujets,  considérables  ,  habitation  splendide, 
également  dénués  de  charme,  de  na-  honneurs,  rien  ne  fut  ménagé  pour 
turel  et  d'intérêt.  Cependant  Pisidès  lui  faire  oublier  sa  patrie.  Mais  il 
fut  regardé  chez  les  Grecs  comme  un  paraît  que  le  séjour  bruyant  de  la 
crand  écrivain.  Rien  n'égalait  l'en-  cour  ne  put  le  distraire  cntière- 
thousiasme  qu'on  avait  conçu  pour  ment.  Son  esprit  se  reportait  toujours 
son  talent  poétique.  On  le  comparait-  vers  les  lieux  où  il  avait  laissé  sa  fa- 
iVéquemment  a  Euripide;  et  dans  ces  niille.  Apres  cinq  ans  de  séjour  à  Bagh- 
siccles  dégénérés,  il  se  trouva  même  dad  ,  il  fut  attaqué  d'une  maladie  gra- 
quelques  petits  Aristarques  qui  n'iié-  ve  pendant  laquelle  il  reçut  des  preu- 
sitèrent  point  à  le  mettre  au-des-  vcs  non  équivoques  de  l'attachement 
sus  du  prince  des  tragiques.  De  si  de  son  prince.  Minsour  s'informa  ré- 
bons  juges  ne  seront  point  accusés  gulicremcnt  de  son  état ,  et  Payant 
certainement  d'une  aveugle  prcven-  fait  transporter  dans  une  des  salles 
tion  en  faveur  de  l'antiquité.  George  de  son  palais,  il  vint  lui-même  le  voir. 
Pisidès  vivait  encore  à  la  fin  du  règne  George  répondit  aux  premières  ques- 
tl'Héraclius ,  dont  il  avait  clianté  les  lions  qu'il  lui  fit  sur  sa  situation  par 
exploits.  Le  père  Combirfis  ,  dans  sa  des  sanglots,  cl  s'écria  :  «  0  prince  des 
Biblioihèque  des  sermonaircs,  a  pu-  croyants  I  laisse-moi  retourner  dans 
Llié,  sous  le  nom  de  Pisidès,  des  dé-  ma  patrie,  afin  que  je  puisse  voir  ma 
clajnafions  fort  ridicules,  qui  ne  sont  funille,  et  que,  si  j'y  meurs,  je  sois'en- 
probalilemenl  pas  de  cet  auteur,  puis-  terré  auprès  de  mvs  pères.  »  Mansour 
qu'aucun  des  anciens  écrivains  qui  se  hn  |»roposa  alors  d'embrasser  l'isla- 
iiont  occupés  de  lui  n'en  a  fiit  nieu-  niisme,  lui  promettant  le  jiar.idis  des 
lion.                                   G.  F — u.  Musulmans,  (ieoige  lui  dit  avec  une 

GEOR(»E.  ^.  AttiopoLiTEjCHiiY-  toucliante  naivclé:  «Je  mourrai  d.ms 

|0<;ot;<:i  s,  SvNCti.r.i:.  la  religion  de  mes  pères,  et  je  veux 

GEOUGE,  fils  de  Gabriel;  célèbre  aller    les   liuuvcr   uù  ils  soûl,  soit 


r,RO  r.KO  155 

fti  par.ulls,  soit  (Ml  ciifiM-.  »  M;msoiU'  et  proscrite,   loml).!  dans  Voiilili.  On 
Jic  put  s'i'iiipn  lier  de  riir  de  <<ilc  ir'-  pcul  ci)ii.sulU'r  mit  (elle  hi.iiKlic  (l(S 
poiisc,  cl  il  lui  permit  de  quitter  H;ii;h-  luedccins  syriens   .ill.K-lies  aux  kl»a- 
did;  mais  rn  même  temps   il  lui  fit  lyfcs  ,  la  ]jiugraplu(!  (rAbuu-O.sjiba 
douiier  10,000   pièces   d'ur,  tl  or-  ( /^^qr.ceuom,  loin.  I ,  p.  ()()  ).  J — ^. 
donna  à  l'un  de  ses  serviteurs  de  l'ac-  GEO iUi E  de  T [\ E  lî  1  VA)  N  1) E 
compaj;u«r  ,  et,  dans  !e  cas  où  George  na(pjit  en  1 5()G  ,  non  pas  à  Tre'hizon- 
niourrail  pendant  le  cln  niin.de  tr.Mvs-  de,  comme  i'oni  écrit  cpielques  bio- 
porler  son  corps  dans  le  lieu  où  il  vou-  graphes,  mais  à  Cliandace,  dans  l'île 
Jail  être  enterre.  George  arriva  à  Djun-  de  Crète  :Trel)izonde  était  la  patrie  de 
di-Scliabour;  cl  il  paraît  qu'il  y  resta  ses  ancêtres.  11  vint  en  Italie  sur  l'in- 
jusqii'à  sa  mort,  dont  nous  ignorons  vitatiou  de  François  Barbaro,  noble 
i'epoque.  En  quittant  Mansour,  il  lais-  vénitien  ,  pour  y  professer  le  grec  à 
sa  auprès  de  lui  Aisa  l'un  de  ses  élèves.  Vciiise.  Ce  voyage  peut  être  fixe  vers 
Celui-ci  trahitla  confiance  du  klialyle,  l'auncc  1 45o  ;  car  George  devait  rem- 
et fut  puni  de  mort.  Mansour  voulut  placer  Philelphe,  et  Ton  sait  que  Phi- 
alors  que  Grorge  revînt  près  de  lui  ;  lelplie  quitta   Venise  en    i^'iS.  Les 
mais  ce  vieillard  avait  ialt  une  chute  leçons  de  George  eurent  le  plus  grand 
peu  de  temps  avant  de  connaître  la  succèsj  et  sa  réputation  s'ëtant  rcpan- 
volonté  de  Mansour,  et  il  ne  put  s'y  due  par  toute  l'Italie,  le  pape  Eugène 
conformer.  11  se  lit  remplacer  par  un  l'appela  à  Uome, etlcfil  son  secrétaire. 
de  ses  élèves  nommé  Scrgius,  qui  plut  Aux  fonctions  de  secrétaire  apostoli- 
au  khalyfe,   et  le   servit  jusqu'à  sa  que,  qu'il  continua  d'exercer  sous  le 
mort.  George  parlait,  outre  le  syriaque  pontifical  de  Micolas  V,  George  joi- 
sa  langue  naturelle,  l'arabe,  le  persan  gnit  celles  de  professeur  de  littérature 
cl  le  grec.  Il  traduisit  en  arabe,  pour  et  de  philosoj)hic.    Les  Italiens,  les 
Mansour,  plusieurs  ouvrages  grecs;  Français,  les  Allemands,  les  Espagnols 
et  il  composa  en  syriaque  un  Traité  accouraient  pour  l'entendre  ;  et  pen- 
de  médecine  qui  fut  traduit  en  ara-  danl  plusieurs  années, sa  gloirc.comme 
be  par  llonaïn.  Il  laissa  un  fi'.s  nom-  professeur   et   comme  écrivain  ,  alla 
mé  Balvhtichua.  —  De  la  faucille  de  toujours  en  augmentant.    Mais  vers 
George    sont  sortis    plusieurs   mé-  i45o,  Valla  ayant  pris  publiquement 
decins  célèbres  dont qwelques-uns  ont  la  défense  de  Quintilien  que  George 
porté  le  nom  de  Bakhiichua,  et  qui  censurait    sans   ménagement  et  sans 
tous  se  sont  distingués  par  leur  taleul  justice  ,  la  querelle  fut  poussée  si  loin , 
et  leurs  ouvrages,  lis  jouèrent   long-  que  George  abandonna  l'enseignement 
temps  un  gtand  rolc  à    la  cour  des  public.  Dès- lors   sa  réputation  cora- 
khalyfi  s  Abbacydes  par  leurs  riches-  mcnça   de  déchoir  :   la  concurrence 
ses  ctlecrédil  que  leur  donnaient  lems  de  Gazi  acheva  de  le  perdre.  George 
charges:  ils  eurent  même  une  iuflucn-  avait  traduit  en  latin  les  Problèmes 
ce   quelquefois  utile,    plus   souvent  d'Arislote)  Gaza  les  traduisit  après 
dangereuse  dans  les  afiàires  des  eliié-  lui ,  et  la  nouvelle  traduction  effaça  la 
tiens.  IMais  ces  mêmes  richesses  n'ex-  première.  On  s'aperçut^  vers  le  même 
citèrent  pas  seulement  la  jalousie  de  temps,  que  George,  qui  était  fort  era- 
leurs  confrères  :   elles  tentèrent  aussi  ployé  par  le  pape  à  la  traduction  des 
l'avidité  des  khalyles  j  et  peu  à  peu  auteurs  grecs,  ne  répondait  pas  à  sa 
cette  famille,  dépouillée  de  ses  Liens  confiance,  et  qu'il  passait  des  pag^cs 


i54  GEO 

entières  ,  même  des  livres  entiers  : 
l'on  alliibuait  ses  négligeoces  et  ses 
infidélités  à  une  excessive  précipita- 
tion, et  cette  précipitation  à  l'envie  peu 
honorable    d'achever  plus    vite  son 
travail,  pour  recevoir  plus  prompte- 
inent   la  réronpcnsc  promise  par  le 
souverain  pontife.  Ce  hit  de  celte  mn- 
nière  expédilive  qu'il  traduisit  la  Pré- 
paration évangclique  d'Eusèbe;  et  sa 
négligence  fut  telle ,  que  le  P.  Vigier 
n'a  pas  craint  d'avancer  que  George 
«  avait  dérobé  Eusèbe  à  Eusèbe,  et 
»  que  dans  cette  version  prodigieu>e 
»  nous    avions    nwins    Eusèbe    que 
»  George.  »  Sr/ traduction  du  7>^- 
.sordeSt.-Cyril/c;  estdemême  remplie 
d'interpolations  ,  de  transpositions  , 
d'erreurs  de  tout  genre,  comme  l'a 
montré  Vuloanius  ,  qui ,  après  lui ,  a 
travaillé  sur  ce  Père.  Le  mécontente- 
ment du  pape  fut  tel,  que  George  se 
vit  obligé  de  s'éloigner  ;  tl  il  se  retira 
iiuprès  du  roi  de  Naples.  Mais  Phi- 
Jelphc  fit  sa  paix  avec  le  souverain 
pontife;  et  George  revint  à  Rome,  où 
il  mourut  en   i48G,  âgé  de  quatre- 
vingt-dix  ans.  Outre  Eusèbe  et  Sf.- 
Cyrille,  George  a  encore  traduit  en 
Jalin  plusieurs  Homélies  de  St.-Chry- 
soslorne,  la  Vie  de  Moï>e  par  St.- 
Grégoire  de  Nysse,  la  Hliétoriqi;e  d'A- 
ristote  ,  le  Cenliloqiùum  et  l'Alma- 
geste  de  Ptolémée.  Cette  dernière  tra- 
duction ,  quoique  pleine  de  fautes  ,  est 
cependant  encore  recherchée,  parce 
qu'il  n'y  en  a  pas  d'auti  e  qui  soit  com- 
plète. Nous  ne  nous  arrèlerons  pas  à 
donner  sur  ces  ouvrages  peu  impor- 
tants ,  dont  quelques  édifions  >oiil  ra- 
res, des  renseignements  bibliographi- 
ques, que  l'on  petit  trouver  dans  Al- 
latius  de  ireor^iis  (i),  dans  ï>uerner 

fi'^  I.eonit  Allatii  dr  Georffiit  tnjriiittiitti-  uiifi- 
tii  hinlribu,  i'arii,  i(i.'n  ,  J.  All>.  I  iilnn m»  a  «In 
lintivfTiiii  publié  Celte  i  uricusi*  li>ini<iiiyniii^'r.i|)lii» 
rn  iy.«i,  iliim  le  lonm  X  <!«•  »ii  Ditiliui/ii-i^t  ffnrca  , 
|''g   5'|(^b2},  avec  uuv  table  tt  tl*-'>  lupiilvuicul}. 


GEO 

de  Doclis  hominibus  Grœcis,  dans  la 
Bibliothèque  Grecque  et  ailleurs.  Nous 
serons  tout  aussi  sobres  de  détails  dans 
ce  qui  nous  reste  à  dire  de  George,  con- 
sidéré comme  auteur;  car  ses  produc- 
tions originales  ne  jouissent  pas  aujour- 
d'hui de  plus  d'estime  que  ses  traduc- 
tions. Il  a  composé  un  commentaire  sur 
les  thilippiques  et  d'autres  harangues 
de  Cicéron  (  on  le  trouve  dans  quelques 
anciennes  éditions  de  l'Orateur  ro- 
main); une  llhélorique  ;  une  Dialec- 
tique en  latin  ;  des  Observations  sur 
r Evangile  de  S.- Jean,  où  il  s'etïbice 
de  prouver  que  cet  apôtre  n'est  pas 
mort  ;  une  Comparaison  de  Platon 
et  d'Aristote  ^  dans  laquelle,  pour 
plaire  à  Paul  II,  ennemi  des  platoni- 
ciens d'itaiic,  il  immolait  l'académie 
aux  péripalc'ticicns.  La  publication  de 
cet  oi.vraîTc  lut  l'occasion  d'une  vive 
querelle,  dont  nous  avons  parlé  avec 
quelque  ('tendue  à  l'article  du  cardinal 
BtssARioN.  Plusieurs  autres  produc- 
tions lie  George  de  ïiébizonde  sont 
restées  inédites  :  ce  sont  des  Lettres  , 
des  opuscules  de  théologie  polémi- 
que et  parénétlque  ,  quelques  livres 
de  Diodorc  traduits  en  latin,  une  In- 
troduction à  l'yîlmage.^te  de  Ptolé- 
mée, et  les  Loi:,  de  Platon.  JJessarion 
a  dit  de  cetle  dernière  traduction  que 
«  si  quelqu'un  avait  assez  de  loisir 
»  pour  la  vouloir  comparer  avec  le 
»  texte  ,  il  y  trouverait  cert.iinement 
»  autant  d'erreurs  que  de  mots.  » 

li—ss. 

GEORGE  (  David).  To^.  David 
GtORc.i:. 

(SrEORGE  (DoMiNiQiir.'),  abbé  ré- 
gulier du  Val-llicher,  ordre  de  Cî- 
tcaux ,  au  diocèse  de  I»,ùeux  ,  nnipiit  à 
(aifiy  près  Eongwi,  frontière  du  du- 
ché de  Luxembourg,  au  commence- 
ment (le  itiif).  Dennuré  orphelin  de 
buniie  heure,  il  trouva  d.ins  un  frère 
aîné  j  curé  de  Wuxcu   et  doyen  de 


r.  Eo 

Cli.itclnoil   nu   diocèse  de  Tonl ,    nn 
j)i()|.Tl<ur  (i  un  appui.  O  iWi^uc  co 
«Icsi.tslnjuc  lui  enseigna  les  premiers 
cltunenls  du  latin,  et   l'envoya  con- 
tinuer  ses  études    à    ï^ouvain,   d'où 
(l.oige  vint  laire  sa  tlie'oiogie  à  Ponl- 
àJMoiisson,    chez   les  jésuites.   Il    y 
av. lit  d.uis  celte   ville  une  maison  de 
chanoines   rej^uliers  de  la    congrcga- 
ti(Ui  de  Lorraine,   reforme    nouvel- 
lenunt  établie  :  George  demanda  d'y 
ctre  .idniis;  mais  !a   guerre   fpii   dé- 
solait alors    la    Lorraiiu*  ayant   dis- 
perse le  troupeau  du  P.  Fouricr,  su- 
périeur de  celle  congiéj;ation  (  f^ojez 
FouRiER  )  ,  George   se  présenta  au 
concours  pour  obtenir  la  cure  de  (iir- 
court,  alors  vacante,  cl  fut  trouvé  le 
})lus  ca[)able,  quoiqu'il  ne  fût  pas  prê- 
tre. L'évê(jue,  charmé  de  son  savoir  et 
de  sa  modestie,  l'ordonna,  ce  qu'on 
appelle  extra  iempora^  et  lui  ordonna 
d'aller  sans  délai  gouverner  sa  parois- 
se. Lf  jeune  ecclésiastique  s'y  compor- 
ta en  pastcurzélé:  mais  les  temps  étaient 
pénibles;  les   Suédois  occupaient  le 
pays,  et  faisaient  la  guerre  au  catho- 
licisme :  George  et  ses  paroissiens  se 
virent  plusieurs  fois  obligés  de  se  sau- 
ver. Le  villaîie  deCircoutt  etsonc'slise 
furent  incendiés.  George,  sauségliseet 
sans  ouailles,  remit  son  titre  entre  les 
mains  des  supérieurs  du  diocèse  ,  et, 
avec  leur  permission,   vint  à  Paris, 
où  M.  Bourdoise  le  fil  préfet  du  sé- 
minaire de  St.-JNicolas  du  Chardonnet 
et  le  chargea  de  l'éducation  des  jeunes 
clercs.  H  eut  occasion  de  connaître, 
-dans  cette   maison,    M.  Dclaplace  , 
pourvu  en  commande  de  l'abbaye  du 
Val  Richer  dè>  l'âge  de  quinze  ans,  et 
qui  venait  au  séminaire  dans  le  dessein 
pi'ux   d'y  contracter  l'habitude  des 
mœurs  ecclésiastiques.  Il  se  lia  avec 
George,  et  se  mil  sous  sa  direction. 
Li  cure  (lu  Préd ange,  dépendante  de 
6UU  abjjaye,  étant  ycuue  à  vaquer,  il 


G  KO  ifi'; 

engagea  George  à  la  prendre.  lîieiilôt 
aucune  paroisse  du  diocèse  ne  fut  plus 
édifiante  ni  mieux  réglée,  (ieorge  ne 
se  borna  pas  an  soin  des(ui  troupeau* 
il  parvint  à  étab'ir  (Ulie  lescuiés  des 
conféieneesec<lésiasti(pies,donl  le  suc- 
cès et  les  boj)S  effets  passèrent  ses  es- 
pérances, et  en  étendirent  l'usage  dans 
les    diocèses   voisins.    Des  léforraes 
s'introduisaient  à  cette  époque  dans 
les  ordres  religieux,  et  celui  de  Cîteaux 
avait  la  sienne.  M.  Delaplare  crut  sa 
conscience  obligée  à  procurer  à  l'ab- 
baye dont  il  était  titidaiic,  cet  avan- 
tage spirituel  :  il  savait  que  personne 
n'était  plus  propre  que  Gefîrge  à  ame- 
ner ce  saint  projet  à  une  fin  lipureuse. 
11  résolut  de  se  démettre  en  sa  faveur 
de  l'abbaye  du  Val -Richer  ,  et  le  dé- 
termina à  l'accepter  en  considération 
du  bien  qui  en  résulterait.  George, 
persuadé  qu'il  était  dans  les  principes 
de  l'église  d'être  religieux  avant  de  de- 
venir abbé ,  et  convaincu  que  pour 
prêcher  la  réforme  utilement,  il  fallait 
commejicer  par  l'embrasser,  se  ren- 
dit à  l'abbaye  de  Barberi ,  réformée  , 
pour  y  faire  son  noviciat.  Il  avait  alors 
quarante  ans.  Après  avoir  prononcé 
ses  vœux,  il  vint  au  Vaî-Richer,  bien 
moins  pour  prendre  possession  d'une 
dignité,  que  pour  se  charger  d'un  lourd 
fardeau.  Beaucoup  d'obstacles  s'oppo- 
saient à  la  reforme  :  il  les  vainquit  par 
sa  patience,  sa  douceur  et  sa  persévé- 
rance. Les  PP.  de  la  réforme  ayant  jugé 
en  1664  que  les  intérêts  de  leur  con- 
grégation   exigeaient  qu'ils  envoyas- 
sent à  Rome  quelqu'un  pour  la  soute- 
nir, ils  y  députèrent  l'abbé  du  Val- 
Richer,  avec  i'abbé  de  Rancé.  George 
y  reçut  du  pape  des  marques  parti- 
culières d'estime  et  de  bonté.  De  retour 
au  Val-Richcr,  il  fut  nommé  visiteur 
de  la  province  de  Normandie,  et  char- 
gé do  })lusicurs  commissions  relatives 
au  maintien  de  !a  discipline  monasti 


i56  GEO  CEO 

que.  Parvenu  à  l'âge  de  quatre-vingls  tait  le  jeune  Lcmercier,  de  Cliateaw- 

aiis,   il  mourut  doucement  et  sans  Gontliier,  qui  avait  pris  le  surnom  de 

agopie  ,  le  8  novembre  iGgS.  Le  P.  La  Fendée,  ayant  joint  les  Vendéens 

Buffier,  jésuite,  a  e'crit  sa  vie,  Paris,  en  même  temps  que  George.  Deve- 

1694,  in- 12.  h — y.  nus  compagnons  d'armes,  ils  parta- 

GhOKGE  (  JuAN"  ).  P^oy.  Juan.  gèrent  les  mêmes  dangers ,  conçurent 

GEORGE  CADOUDAL ,  fils  d'un  les  mêmes  projets ,  et  furent  animés 

meunier,  nommé  Caduudal ,  naquit  à  des  mêmes  sentiments  :  en  un  mot,  ils 

lîrech,  village  près  d'Auray ,  dans  la  devinrent  inséparables,  et  furent  les 

Basse-Bretagne,  en  i  7(ig.Connu  dans  artisans  les  plus  actifs  de  l'iiisurrcctioii 

les  guerres  civiles  sous  son  seul  pré-  royaliste  du  Morbihan.  Cette  insur- 

r.om,  c'est  ainsi  qu'il  doit  être  dési-  rection  était  alors  fomentée  par  plu- 

gné  dans  l'histoire.  George  fut  élevé  sieurs  ecclésiastiques  cl  par  quelques 

au  collège  de  Vannes,  dans  des  piin-  gentilshommes.  George  et  Lemeicier 

cipes  de  teligion ,  qu'il  n'oublia  jamais,  parcouraient  le  'pays ,   enrôlaient  les 

il  avait  à  pt'ine  fini  ses  éludes,  lorsque  paysans  et  les  matelots  oisifs  de  la 

la  révolution  éclata  :  il  n'y  prit  d'iibord  côte.  Dans  une  de  ces  courses,  ils 

aucune  paît;  mais  au  mois  de  mars  furent  surpris  par  un  détachement  ré- 

1795,  lors  de  la  première  insurrec-  publicain ,  et  conduits  dans  les  pri- 

tion  du  Morbihan,  il  se  réunit  comme  sons  de  Brest.  Leur  captivité  dura 

simple   cavalier  aux  rassemblements  plusieurs  mois  :  ils  trouvèrent  dans 

royalistes.  Ce  mouvement  n'eut  au-  la  même  prison  M.  d'Allègre,  gentil- 

cuiie  suite  en  Bretagne  j  il  n'en  fut  pas  liomme  provençal  du  même  parti ,  qui 

de  même  dans  la  Vendée.  Le  jeune  leur  donna  quelques  notions  sur  l'art 

George,  instruit,  en  novembre  de  la  de  la  guerre  et  sur  la  politique  ,  pour 

même  année,  que  les  Vendéens  ve-  suppléer  à  ce  qui  manquait  à  leur  cdu- 

iiaicnt  de  passer  la  Loire  ,  conçut  le  cation.   Cependant    l'impulsion    était 

projet  de  les  joindre  ;  il  se  mit  à  la  donnée  dans  le  Morbihan;  et  pendant 

tele  d'une   cinquantaine  de   paysans  la  captivité  de  George  ,  en  1  79/^  ^  le 

bas-bretons,  traversa  les  forêts,  es-  pays  fut  divisé  en  cantons  d'insurrec- 

suyap'usieuis  petits  combats  en  route,  tion  :  il  y  eut  un  conseil  civil  et  mi- 

f.l  arriva  à   Fougères,   où  les  chefs  lilaire,  et  le  comte  de  Silz  fut  nommé 

Joyalisles  firent  distribuer  des  fusils  général  des  royalistes.  George,  étant 

a    son   détachement.    George    suivit  parvenu  à  s'évader  sous  des  habits  de 

1  armée  vendéenne,  cl,  se  distinguant  matelot  avec  ses  compagnons  d'infor- 

par  sa  force  et  son  courage  ,   se  fit  tune  ,  trouva  l'organisation  royaliste 

dès-lors  une  sorte  de  réputation  :   il  aclievce;    et  il  dut    se  contenter  du 

^it  nommé  oITicicr  au  siège  de  Grau-  grade  de  chef  de  canton.  Il  se  pro- 

viile.  A  la  bat.iille  du  M.»ns  ,  s'ctant  iionç^,  eu  i  795,  contre  la  pacification 

embusqué,    avec   ses    Morbihanais,  de  la  Mabil.iis,  reprit  les  armes, et  com- 

)>rès  de  Pont-Lieu,  il  soutint  le  pre-  battit  à  (irand-Chainp,  où  le  comte 

inier  choc,  et  revint  plusieurs  fois  à  de  Silz  perdit  la  vie.  On  croit  qu'il 

la    charge.   L'armée  royale  avait   été  asj)iia  dès-lors  au  conunaudemeuf.  Kii 

.successivement  dispersée  au  Mans  et  l'Hèt ,  sou  caractère  inébranlable  et 

àijavenay;  George  rentra  dans  son  son  courage  Iroid  le  destinaient  à  être 

j)ays   natal  ,  avec  l'expérience  de  la  c\\vï  de   parti.  Ou   préparait  à  cetl« 

j^iicrre,  cl  un  ami  digue  de  Uiijc'c-  époque,  dans  les  ports  d'An|^lclcric, 


GEO 

rcxpiUilloM  il(*  Oiiiboion.   Le  com- 
iiLUidcjucnt  (lu  IVIorbilian  ny.iiit  ctc 
conlVrc   .111  chovalicr  tle   'rmlciiiac , 
pcutillioiiune     breton  ,     George    se 
h  il.i  de  le  secomlcr  clans  sa  j)r<inièrc 
opération,  qui  eut  pour  objet  de  ras- 
sembler   sous    Carnac    les    paysans 
royalistes,  pour  soutenir  le  dcbarque- 
incnf.  A  peine  ce  débarquement  ful- 
il  opère,  que  les  Chouans  firent  plu- 
sieurs diversions  dans  l'intérieur  du 
pays  y  la  plus  considérable  se  dirigea 
vers  les  Cotes-du-Nord  :  George  et 
La  Fendée  en  faisaient  partie.  Tiu- 
teniac  ayant  cte  tue  à  leur  telc,  et 
les  olViciers  émigrés  qui  le  snivaient 
croyant  tout  perdu  après  le  desastre 
de  Quiberon,  licencièrent  les  (^/iOMrt/ij; 
mais  George,  connaissant  mieux  le 
pays  et  les  ressources  de  celte  guerre, 
ranima  leur  courage  ,    et  ,  après  les 
avoir  rallie's,  s'engagea  à  les  ramener 
au  centre  même  du  Morbihan  :  il  tint 
parole  ,  et  les  pre'serva  de  tout  dan- 
ger. Le  succès  de  celte  opération  aug- 
menta la  réputation  de  George,  qui 
dès-lors  considéra  l'insurrection  de  la 
Basse-Bretagne  comme  sa  propriété'. 
Il  adopta  le  système  anti-nobibaire, 
c'est-à-dire  qu'il  écarta  du  comman- 
dement les    nobles  et   les    officiers 
émigrés,  s'érigeant  en  chef  du  parti 
plébéien   royaliste   dans    celte   con- 
trée.   Il   voulut   se   débarrasser    en 
même  temps  de  l'influence  de  Puisaye, 
accablé  alors  sous  la  terrible  respon- 
sabilité de  la  catastrophe  de  Quibc- 
ron.  Il  le  fit  même  arrêter  par  sou 
ami  La  Fendée ,  dans  le  dessein  de 
le  faire  fusiller:  mais  Puisaye,  ayant 
demandé  à  être  conduit  devant  Geor- 
ge ,  parvint  à  le  toucher  et  à  le  con- 
vaincre par  son  éloquence;  el George 
lui  rendit  la   liberté.  Cependant  les 
soldais  de  Hoche  couvraient  le  Mor- 
bihan; et  vers  le  mois  d'août,  George 
Ae  >it  coiiliMiiit  de  licencier  tous  les 


GF.O  KO7 

rasseniLIemenls  royalistes  jusqu'à  ce 
que  les  républicains  se  fussent  retirés. 
Mais  il  mit  ce  temps  à  profit,  s'oecu- 
pant  sans  cesse  d'une  nouvelle  orga- 
nisation :  il  eut  bientôt  ini  état-major, 
un  corps  d'élite  permanent,  des  chv.h 
de  division;  et  à  peine  âgé  de  vingt- 
six  ans,  il  se  vit  aussi  piussant,  dans 
celte  partie  de  la  Bretagne,  que  Cha- 
rettc  l'était  dans  la  Vendée.  Il  forma 
un  grand  rassemblement  à  la  fia  de 
celte  campagne ,  et  attaqua  le  bour^ 
d'Elven  ,  mais  sans  succès  ,   malgrrf 
l'intrépidité  et  le  sang-froid  qu'd  mon- 
tra dans  les  différentes  attaques  :  les 
Chouans  étaient  peu   propres  à    la 
guerre   de    sièges   et   de   retranche- 
ments. Accable  de  nouveau  par   les 
trou[)es  de  Hoche,  George  dépêcha 
l'abbé  Guilîo  à  Puisay^e,  pour  lui  faire 
connaître  l'état  désespéré  du  Morbi- 
han, auquel  il  ne  restait  plus  que  le 
parli  d'une  feinle  soumission.  H  fit 
en  même  temps  demander  une  sus- 
pension d'armes  (  mai   i-ygG);  mais 
Hoche  la  refusa  ,  exigeant  une  sou- 
mission entière  et  le  désarmement  des 
royalistes.  George  feignit  de  céder, 
el  donna  des  ordres  secrets  pour  que 
les  armes  fussent  cachées  avec  soin. 
Lui  et  ses  principaux  officiers  évitè- 
rent de  se  soumeltre  à  la  surveillance 
des  autorités  républicaines ,  aspirant 
toujours  au  moment  de  reprendre  les 
armes.  Les  royalistes  de   l'intérieur 
étaient  alors  occupés  d'un  plan  géné- 
ral ,  fondé  sur  de  fausses  bases ,  et 
qui  ,   mal   conçu    et    mal    conduit , 
échoua  au  18  fructidor  (  septembre 
1797  ).  George,  sûr  de  l'appui  du 
gouvernement  anglais,  n'attendait  que 
le  signal  de  Paris  pour  recommencer 
les   hostilités.   Voyant    l'espoir    des 
royalistes  déçu  ,  il  fut  forcé  de  rester 
près  de  deux  ans  dans  l'inaction  ;  mais 
ce  temps  ne  fut  point  perdu  pour  son 
instruciion  et  pour  son  expérieiice. 


i58  GEO 

Il  conservait  toujours  la  mcme  in- 
ilueucc  sur  ics  [laysans  bas-bretous, 
qui  aspiraient  comme  lui  à  reprciiùre 
les  firmes  quand  la  guerre  du  dehors 
pourrait  le  permettre  avec  quelque 
€S{»oir  de  succès.  Tout  annonçjit  une 
nouvelle  coalition  contre  la  puissance 
desorganisalrice  des  hommes  qui  s'é- 
taient emparés  du  gouvernement  de 
la  France  (  les  membres  du  direc- 
toire ).  Au  mois  de  janvier  1799, 
Georg;*  ,  toujours  maître  de  ses  éié- 
menls  d'insurrection ,  annonça  aux 
ohcl's  royalistes  ,  cicliés  dans  la  Bre- 
t.iqnc  et  dans  le  Maine  ,  un  prochain 
soulèvement.  11  s'adressa  directement 
ûu  gouvernement  anglais  et  à  Monsei- 
gneur le  comte  d'Arlois ,  en  vlépêchant 
à  Londres  Lemereier  ,  son  lieute- 
nant et  son  ami ,  pour  avoir  des  ar- 
mes et  des  munitions.  La  guerre,  déjà 
commencée  aux  froulièies  ,  fut  réso- 
lue dans  l'Ouest.  Vers  le  mois  d'août, 
Geori^jc  fornja  ses  rassemblcmeuls,  et 
occupa  le  camp  de  Beaachéne,  où  il 
exerçait  les  paysans  et  ralliait  les 
déserteurs.  De  toutes  les  divisions,  la 
sienne  était  la  plus  considér.ible.  A 
Tarrivée  des  principaux  cluls  ve- 
nant de  Londres,  il  les  convoqua  en 
co/iscil  général  au  chàle;«u  de  la  Jon- 
chère  ;  et  cette  assemblée  décida  qu'il 
conserverait  le  commandement  en 
chef  du  Morbihan  et  des  Cotes -du- 
INord ,  et  que  les  hostilités  commen- 
ceraient contre  les  républicains.  Gcor- 
r«!  occupa  un  p;r.ind  nombre  de 
bourgs,  menaça  Vannes  ,  et  prit  (piel- 
ques  pièces  de  canon  à  Sarzeau.  Il 
jouissait  de  la  confianec  entière  de  ses 
tioupes,  et  se  trouvait  alors  le  seid 
général  m  chef  royaliste  <(ui  ne  fût 
pa>  gentilhomme.  La  guerre  civile  se 
montrait  p.irtout  menaçante,  sinlout 
ri  ans  le  M  linc,  en  Normandie  cl  dans 
la  IJasse-ib-ctagno  ,  lorstpi'r  la  révo- 
lution polilicpic  du  iS  brumaire  (  uo- 


GEO 

vcmbrc  1-99),  qui  mit  Buonaparte 
en  possession  de  l'autorité,  vint  pa- 
ralyser de  nouveau  les  elforts  du  parti 
royaliste.  Dans  les  premières  confé- 
rences tenues  à  Montfaucon,  George 
vota  constamtnent  pour  la  continua- 
tion des  hostilités,  11  commandait  lui- 
même  au  mois  de  décembre  l'c  xpédi- 
tion  qui  eut  lieu  sur  les  bords  de  la 
Vilaine  ,  pour  recevoir  un  transport 
de  fusils  et  de  munitions  qu'y  débar- 
quèrent les  Anglais.  Après  avoir  es- 
corté le  convoi  dans  l'intérieur  du 
pays,  à  la  tête  de  800  Chouans  d'é- 
lite, il  répartit  ces  secours  entre  toutes 
les  divisions  royalistes.  S'étant  rendu 
aux  conférences  de  Pouancé,  il  cher- 
cha à  ranimer  l'ardeur  des  autres 
chefs ,  et  à  les  exciter  au  comb  «t  ; 
mais  ils  étaient  déjà  divisés  au  sujet 
des  propositions  de  paix.  George, 
toujours  opposé  a  toute  espèce  de 
soumission,  rentra  dans  ses  canton- 
nements. Là ,  devenu  l'objet  de  la 
protection  spéci.ile  du  gouvernement 
anglais ,  il  redoubla  de  vigueur  et 
d'audaee ,  s'obstiiianl  à  rejeter  la  paix 
et  ralliant  autour  de  lui  près  de  i5 
îuille hommes.  IMais  déjà  pnsque  tous 
les  autres  chefs  avaient  succombé,  ou 
s'étaient  soumis  au  gouvernement  des 
consuls.  George  eut  bientôt  à  lutter 
contre  une  armée  entièie  eomm.jndéc 
par  le  généial  Brime.  Il  disputa  le 
terrain  ;  nuis  à  la  suite  des  combats 
de  Grand -Champ  cl  d'Klven  {'25  et 
îîti  janvier  1800  ),  il  songea  à  parti- 
ciper à  la  p;nx  pend  nt  qu'il  en  était 
encore  temps,  i.e  9  février,  il  eut 
une  conférence  avec  le  général  Brune, 
près  de  Theix  ;  tout  fut  terminé  en 
une  heinc  d'entretien.  George  pro- 
mit d(?  licencier  ses  troupes,  et  d<'  re- 
mettre l'ailillcrie  et  les  fusils  qu'il 
possédait,  mais  k  des  conditions  fa- 
vorables au\  royalistes  du  Moibihau. 
Une  convention  en  dix  articles  fut  si- 


GEO  (.1:0  i5() 
gnec  entre  les  deux  gcncV.inx.  George  fii  fusiller  par  ses  soldats.  Ne  se  iroii- 
se  rcMidit  à   Paris  pour  en  obtenir  la  vanl  plus  vu  .sûreté  dans  le  Moibi- 
ralilicjlion;  il  y  icsla  j)rcs  d'un  mois,  liati  ,    surtout   depuis    la   dissolution 
mais  sans  pouvoir  obtenir  la  confir-  gcncrale  du  parti  royaliste,  il  repass.i 
luiti(M)  des  riaii'jes  qui  devaient  sou-  eu  Anp,leterre,  où  il  eut  des  relations 
la-er  les  Bas-Jkelons.  Buonapaite  le  .'Jvec  Piclicgru,  doue  comme  lui  d'une 
fn  sonder  pour  l'attirer  dans  son  ar-  amc   forte  cl  énergique.  Jjtiona parte 
mee  avec  un  grade  supérieur;  et  tout  regardait  George  comme  un  ennemi 
fuleniployë  pour  le  séduire.  George,  tellement  dangereux,  qu'après  la  paix 
inehruilable  ,   et  averti  secrètement  d'Amiens,  il  fil  demander  au  gouverne- 
que  Buonaparlc  allait  le  fiirc  arrêter,  ment  anglais,  par  M.  Otto,  qu'on  le 
passa  en  Angleterre,  bien  dc'eidé  à  ne  bii  livrât,  cl  chargea  depuis  M.  An- 
jamais  servir   que  son  roi   légitime,  drcossi  de  renouveler  la  même  dc- 
Voué  au  rétablissement  de  la  maison  raande.   Pichegru    cl  George  s'e'tant 
de  Bourbon,  il  ne  pouvait  renoncer  conccrle's  sur  les  moyens  de  renver- 
à  des  plans  formes  des  sa  jeunesse,  scr  le  gouvcincment  de  Buonapartc, 
et  qui  faisaient  ,   en  quelque  sorte ,  George  proposa  ,   non  pas   d'assas- 
iine  partie  de  son  existence.  Il  fut  siucr  lâchement  Napoléon,  mais  de 
accueilli  avec  beaucoup  de  distinction  l'attaquer  publiquement  et  à  force  ou- 
par  le  gouvernement  anglais ,  et  reçut  verte,  au  milieu  de  ses  propres  r'ardes: 
de  Monseigneur  le  comte  d'Artois ,  au  ce  fut  pour  accomplir  ce  dessein ,  qu'il 
nom  du  Roi ,  le  cordon-rouge,  le  grade  fit  passer  en  France ,  dès  le  mois  de 
de  lieutenant-général,  et  des  félicita-  janvier  i8o3,  plusieurs  de  ses  ofïi- 
tions  sur  sa  conduite  honorable.  Vers  ciers ,  et  qu'il  débarqua  lui-même    le 
la  fin  de  1800  ,  il  repassa  secrète-  21  août,  au  pied  de  la  falaise  de  Be- 
rnent en  Bretagne,  avec  le  commande-  ville.  De  là,  se  dirigeant  sur  Paris  par 
ment  général  du  Morbihan,  d'ilIc-ct-Vi-  des  stations  préparées,  il  resta  seerè- 
laine ,  des  C6tes-du-Nord  et  du  Finis-  tcment ,  près  de  six  mois ,  dans  dilfé- 
tcre.  Il  avait  alors  l'espoir  de  sur-  rents  domiciles ,  et  attendit  que  Pi- 
prendre Belle-Ile,  et  de  s'emparer  de  chegru  el  Moreau  lui  donnassent  lo 
Brest  pour  le  Roi,  d'après  les  plans  de  signal  d'agir.  Mais  trop  de  terf^iver- 
M.  de  Rivoire,  ancien  olTicier  de  la  sation  et  de  lenteur,  et  le  défaut  d'u- 
marine  royale.  Mais  tous  ces  projets  nité  de  vues  parmi  les  chefs ,  firent 
furent  éventés  et  par  suite  évanouis,  avorter  le  corapîot  avant  même  qu'il 
La  vie  de  Buonaparte  ayant  été  en  pût  recevoir  un  commencement  d'exc- 
danger  par  l'explosion  de  la  machine  cution.  Ce  fut  vers  le  mois  de  mars 
infernale,  la  police  accusa    George  i8o4,  que  la  police,  ayant  obtenu 
d'avoir  été  l'ame  de  cette  conspira-  des  révélations  de  la  partie  quelques 
tion  ,  tramée  à  Paris  par  ses  officiers,  conjurés  subalternes  ,  fit  rechercher 
Mais  George  a  constamment  nié  qu'd  George  avec  une  activité  extraordi- 
eût  autorisé  ce  moyen  terrible  de  des-  naire  :  la  plupart  de  ses  adhérents  fu- 
truction. Devenu uuobjetd'iuquiétude  reut  arrêtés.  S'étant  aperçu  que  soa 
et  de  terreur  pour  Napoléon,  il  fut  dernier  asile  était  observé,  il  essaya 
en  butte  à  tous  les  pièges  de  sa  police  :  de  prendre  la  fuite  en  cabriolet  ;  mais 
des  émissaires  furent  envoyés  de  Pa-  déjà  il  ét;iit  cerné ,  et  son  cheval  fut 
ns  pour  le  surprendre  et  l'assassiner  ;  arrêté  près  du  Luxembourg.  Geor^^e 
Biais  il  pénétra  leurs  desseins,  et  les  tirant  aussitôt  ses  pistolets,  renverse 


i6o  GËO 

deux  agents  de  la  police  à  ses  pieds , 
et  cherche  encore  à  s*évader  ;  mais 
une  foule  d'émissaires  renvircnncnl 
et  ameutent  le  peuple.  George  est 
saisi  par  les  efforts  d'un  boucher ,  et 
conduit  à  la  préfecture  de  police,  oii 
il  déclare,  avec  sang-froid,  au  maç^is- 
trat  chargé  de  l'instruction  ,  que  c'est 
lui-même  qui  était  à  la  têle  do  la  cons- 
piration pour  rétablir  les  Bouibons 
sur  le  trône.  Traduit  au  tribunal 
criminel  avec  un  grand  nombre  de 
co-accusés  ,  il  montra  dans  les  dé- 
bats beaucoup  de  calme  et  de  fermeté, 
évitant  avec  soin  de  compromettre 
aucun  de  >es  compagnons  d'infortime, 
et  faisant  tout  haut  profession  du  dé- 
vouement le  plus  absolu  à  la  cause 
du  roi  légitime.  Le  ii  mai  i8o4,  il 
fut  enveloppé,  avec  onze  de  ses  offi- 
ciers, dans  une  condamnation  à  mort, 
comtne  coupable  d'avoir  voulu  attenter 
à  la  vie  de  Buonaparte.  ïranslérés  de 
la  maison  de  justice  à  Bicètre  ,  ils 
.furent  tous  jetés  dans  les  mêmes  ca- 
chots. Le  lendemain  ,  on  apporte  à 
George  un  place t  tout  rédigé  ,  en 
l'assurant  que,  s'il  consent  à  le  signer, 
lui  et  ses  compagnons  d'infortune  ob- 
tiendront la  vie  ;  George  prend  tran- 
quillement le  papier,  et,  après  avoir 
1(1  ces  mots  :  A  S.  M.  l'Empereur 
des  Français  ,  il  le  rend  au  con- 
cierge avec  le  même  sang-froid;  puis 
se  tournant  vers  ses  oiliciers  :  Mes 
camarades,  leur  dh-'û  ,  faisons  lu 
prière;  c'était  celle  du  soir,  qu'ils  ré- 
citaient en  commun.  vSa  fermeté  ne 
l'abandonna  pas  un  seul  instant;  et 
il  donna  encore  de  grandes  preuves 
de  courage  au  monient  (h*  soi»  exé- 
cution, qui  eut  lieu  le  25  juin,  en  pré- 
sence d'une  foule  innondirable.  Ainsi 
périt  à  trente-cin(i  ans  un  lionmie  il- 
lustré par  SCS  seuls  exploits,  et  dont 
la  guerre  civile  avait  développé  les 
talents  et  le  caractère.  Il  montra  suc- 


GEO 

cessivcment  toutes  les  qualités  dV.n 
véritable  chef  de  parti.  Son  esprit 
cutivé  et  mûri  au  milieu  de  l'agita- 
tion et  des  armes ,  n'était  pas  élr.m- 
ger  aux  combinaisons  et  aux  vues 
politiques  ;  et,  par  la  force  même  de 
son  carnrtère ,  il  eût  fait  de  plus 
grandes  choses  sur  un  théâtre  moins 
borné  et  dans  des  circonstances  plus 
favorables.  Nul  ne  servit  le  parti  des 
Bourbons  avec  plus  de  constance,  de 
courage  et  de  fidélité. C'est  en  vain  que 
Buonaparte  a  voulu  flétrir  George 
du  titre  de  brigand;  l'Europe  a  dé- 
cidé, entre  George  et  Buonapaite,â 
qui  appartient  ce  titre.  Voici,  à  ce  su- 
jet ,  les  vers  qu'un  mouvement  d'in- 
dignation arracha  à  M.  de  Sainl-Morys, 
au  moment  où  il  lut  le  récit  de  l'exé- 
culion  de  George: 

Sous  le  nom  Je  brigand  ,  un  Français  plein  d'hon» 

nrur 
Metirl  pour  avoir  servi  son  prince  et  sa  patrie; 
Quel  monstre  ,  en  quel  p^\s  ,  a  pu  trancher  sa  vie? 
Un  Corse  ,  dans  Paris  ,  «ous  le  num  d'en\percur. 

B— P. 
GEOBGEL  (Jean  -  François  )  , 
ex-jésuite  ,  secrétaire  d'aird)assade  et 
chargé  des  affdir«s  de  France  à  la 
cour  de  Vienne,  grand -vicaire  de 
l'évêché  de  Strasbourg ,  et  en  dernier 
lieu  de  celui  de  Nanci ,  né  à  Bruyères 
en  Lorraine  le  29  janvier  1751  ,  est 
mort  dans  la  même  ville,  le  1 4  no- 
vembre 181 5.  Ses  parents,  quoique 
peu  favorisés  de  la  fortune  ,  lui  pro- 
cuièrent  une  éducation  très  soignée. 
L'éclat  de  ses  premières  études  le  lit 
remarquer  parmi  les  jésuites  ,  dans 
i'ordi  e  desquels  il  entra  à  l'âge  de  treize 
ans.  11  enseigna  d'une  manière  dislin- 
guée  la  rliélonquc  et  les  mathémati- 
ques ,  dans  les  collèges  de  Pont-à- 
Moussou,  de  Dijon  et  de  Strasbourg, 
(l'est  dans  celle  dernière  ville  que  sa 
réputation  le  fit  connailre  du  prince 
Louis  de  Hohan,  letjuel  parvint,  en 
1  *;()'.> ,  à  se  rallacher  enliciement.  Dèi 


GEO 

ce  momonl  ii  acroi da  .'«  l'abbe  Georgcl 
mit-  11. Mlle  oonii.niCe",  qui  s*arr,rul  |)ar 
les  snvii .  s  (|iir  «  cliii-n  lui  roiidil  [)on- 
(l.iiil  l'afnlias.Nuio  de  Vienne  cl  dans 
d'.iiiliTS  circonstances  importantes.  Eu 
i"-;!  ,  le  due  d'Aiguillon  ,  qui  avait 
succède  au  duc  de  Glioiscul  dans  la 
direction  des  affaires  étrangères,  vou- 
lant donner  de  fcclat  à  son  nouveau 
minislcre  ,   fil  i appeler  île   l'ambas- 
sade «le  Vienne  le  biron  de  Breteuil, 
et  nommera  sa  [)lace  le  prince  f.ouis 
de  Kohan.  1/ ibbc  Geoi  gel  dirigea  tons 
les  détails  de  l'ambassade  pendant  deux 
ans  et  demi  ;  il  resta  à  Vienne  comme 
charç;c'  des  alTaircs  de  France   jus- 
qu'à l'arrivée  du  nouvel  ambassadeur. 
Lorsque  le  prince  Louis  revint  à  Pa- 
ris en   1774  3  r<iccasion  de  la  mort 
de  Louis  XV,  les  mcm.  ires  qu'il  en- 
voya au  cabinet  de  Versailles  furent 
goûtes,  autant  par  l'exaclitude  et  l'e'len- 
due  des  détails  que  par  la  sagesse  qui 
avait  dirige  ses  observations.  Lui  et  le 
prince   ambassadeur   avaient    donné 
l'éveil  sur  la  connivence  de  la  cour  de 
Vienne  pour  le  premier  partage  de 
la  Pologne,  qui  eut  lieu  à  cette  épo- 
que: mais  le  duc  d'Aiguillon,  fa>ciné 
par  les  protestations  réitérées  de  cette 
cour ,   repoussait  opiniâtrement    les 
in-inualions    qui    lui    étaient    faites. 
Humilié  lorsqu'il  vit  le  partage  con- 
sommé à  son  insu,  ce  ministre  cher- 
cha   sourdement    à   rejeter    sur   d(s 
hommes    innocents    une   faute   qu'il 
n'aurait  dii   attribuer   qu'à   i'jrapié- 
voyance   de    sa   politique.   Étant  re- 
venu de  Vienne  ,  le  prince  Louis  fut 
successivement  nommé  grand-auraô- 
iiifir  de  France ,   cvèquc    de    Stras- 
bourg, cardinal,  abbé  de  St.-Waast , 
proviseur  de  Sorbonne  ,  et  adminis- 
trateur de  l'hopilal  des  Quinze-Vingts. 
Eu  qualité  de  grand  vicaire,  l'abbé 
Georgel  était  charge  des  détails  at- 
tachés  à   ces  hautes  dignités  :  mais 
Ï.VI1, 


GEO  161 

désapprouvant  les   liaisons  du   car- 
dinal avec  Cagliostro,  avec  la  com- 
tesse de  la  Motte  (  roy.  Rouan  ),  et 
avec  d'autres  personnages  semblables, 
il  s'éloigna  insensiblement  de  ce  prin- 
ce, et  n'eut  plus  avec  lui,  comme  au- 
trefois, de  relations  intimes  et  confi- 
dentielles ;  il  ne  le  voyait  plus   que 
pour  lui   soumettic   son    travul    de 
vicaire  -  général.  Le  cardinal  de  Ro- 
han  ,    lorsqu'il    fut    arrêté,     le    i5 
août  lyS'),  à  l'occasion  de  la  trop  fa- 
meuse affjirc  au  collier  ,  sentit  vive- 
ment les    dangers    de    sa    position: 
il  vil  le  gouffre  (ju'il  s'était  creusé  par 
ses  im|)nidences  ,  et  pensa  d'abord 
à  l'abbé  Georgel,  le  regardant  comme 
le  seul  hoFjime  capable  de  diriger  sa 
défense.  Rappelé  par  le  cardinal   et 
par  sa  famille,  l'abbé  Georgel   ou- 
blia facilement  des  torts  provoqués 
par  sa   franchise    et  par  son   zèle  ; 
il  voua  tous  ses  soins  et  ses  veilles 
à  la  cause  de  son  illustre  et  malheu- 
reux protecteur.  Ce  fut  lui  qui,  mal- 
gré les    efforts  du    biron    de   Bre- 
teuil ,    parvint  à   répandre  quelque 
lumière   sur  cette    affaire   dont    les 
inexplicables  complications  étonnaient 
la  France  et  l'Europe.  Dans  la  qua- 
trième section  de.»  Mi' -noires  que  l'abbé 
George!  nous  a  laissé-;,  il  développe 
la  marche  de  ce  dr^me  intéressant. 
On  t'y   voit  luttant  sans  cesse  contre 
la    haine  du   baron   de  Bretaiil,  qui 
l'aurait   fait  s^vrèUr  ?>\  la  reine  elle- 
même  ne  s'y  lut  opposée,  en  assurant 
que  depuis  quelques  années  il  n'exis- 
tait plus  de  relations  ifîfimes  entre  lui 
et  le  prince  Louis.  Eîiié  à  iVlortagne  au 
Perche,  le  10  mars  ï';8(î,  en   vertu 
d'une  lettre  de  cachet  obtenue  par  ce 
minisire,  il  ne  laissa  pas  de  continuer 
à  soutenir ,   qui^iqn'-  moins  eftlcace- 
mcnt,  ainsi  que  le  baron  "'avait  bien 
prévu,  le  jh'ocès  dont  l'Europe  at- 
tendait l'isbue  avec  tant  il'impalience. 

n 


iG2  GEO 

Le  parlement  rendit   enfîa   5a   spn- 
lence,  le  5i  mai   17S6.  Le  cardinal 
fut  absous  à  la  ve'rilé  devant  la  loi  ; 
Mnis  il  ne  fut  point  lave,  aux  ytux  des 
Français ,  du  reproche  d'avoir ,  par 
une  légèreté  impardonnable  à  un  bum- 
me  de  son  rang  et  de  sa  naissance , 
compromis  si  grièvement  la  majesté 
du  tronc.  Le  jour  même  du  jugement , 
le  roi  lui  ôta  ia  graudc-auniôncne  de 
France  ,  ainsi  que  le  cordon-bleu,  et 
l'envoya  eu  exil   dans   son    diocèsr. 
Pour  l'abbé  Georgel,  il  obtint  l'auto- 
risation de  revenir  dans  sa  ville  na- 
tale: mais    desservi   aupix's   du  car- 
dinal  par  de  pri Tides  insinuations  , 
il  s'éloigna  du  monde  et  des   affaires. 
Il  commençait  a  goûter  quoique  repos 
au  sein  de  sa  famille ,  lorsque  la  révolu- 
tion vint  mettre  un  terme  à  l'existence 
agre'.iblc  et  paisible  dont  il  jouissait  à 
Bruyères.  Arrache  en   1  •jijS   au    sé- 
jour délicieux  qu'il  avait  embelli  avec 
afTcclion  ,  il  fut  déporte  en  .Suisse , 
d'où  il   alla  s'établir  à    Friwonrg   en 
Bri.sg'iu.  Là ,  étranger  à  toute  espèce 
d'aiïaire  pub(i'|ue,  ])aitageant  ses  mo- 
ments entre  l'élude   et  les   exercices 
d'une  piëte  solide  et  eclaiiee,  il  com- 
mença à  revoir  et  à  metirc  en  ordre  ses 
Mémoires.  En  i  799,  âge  de  soixaiite- 
buit  ans  ,  il  fui  jeté  de  noiive m  dans 
l'agitation  des  afflnres.lJuonapai  le  ve- 
nait de  s'enïparer  de   Mail»':  l'ordre 
de  Si. -Jean  de  Jérusilcm  clait  iiie- 
iiacé   d'un    anéantissement    complet. 
IjCS  langues  de  Provence,  d  Auver- 
gne ,    (le    France  ,  n'existaient  plus  : 
celle    d'Italie    ne    tenait  cpi'à  uti  fil  ; 
€l  le  grand-m  tîlre  nompc'.cli  gardait 
un  silence  obstine  sur  b  s  raisons  qui 
])0U"ai(nt  l'avoir  porte  à  rendre    si 
]nomplcment  la  capitale  de  l'ordre. 
J)ans  ces  circouslaiices  ,  l.i  langue  de 
Lilbuaifio  prit  la  resoiuliou    d'ull'iir 
la  grande-maîirisc  au  czir  Paul  1' '^. , 
«'•^pcranl  par  celle  protcclion  arrcUr 


GEO 

dans  sa  ruine  un  ordre  que  plusieurs 
siècles   de   gloire  avaient  illustré  et 
rendu  si  cher  à  la    chréîienlé.    Les 
langues  de  Bohème,  d'Allemagne  et 
de  Bavière  ,  suivirent   cet    exemple  ; 
elles  envoyèrent  à   St.- Péter.sbourg 
des  députés ,   pour  offrir  au  monar- 
que ,    qu'elles   reconnaissaient    pour 
leur  grand-maître  et  protecteur,  l'hom- 
mage de  leur  obéissance.  La  langue 
d'Allemagne,  rassemblée  à    Heiters- 
beini,  résidence  du    grand -prieur, 
nomma   pour   députés    le   bailli    de 
Pfiirdt  -  Blumenberg  (Ferclte-  Flori- 
mont),  Pilier  de  la  Langue,  et  le  ba- 
ron de  B'idcn,  commandeur  de  We- 
sel.   L'abbé  Georgel ,  dont    le    nom 
avait  percé  à  travers   Tobscurilé  de 
sa  retraite,  fut  invité  par  le  grand- 
prieur  à  venir  prendre  part  aux  dé- 
libérations ,  cVrédiger  les  instructions 
pour  les  députés  ,  à  les  accompagner 
en  Russie,  et  à  diriger   leur   travail 
comme  conseiller  de  légation.  11  ob- 
tint enfin  de   rentrer  en  France  en 
\^o'x.  Le  ministre  des  cultes  Porlalis 
lui  offrit  un  évêché,  qu'il  refusa,  sans 
doute  par  crainte  de  se  trouver  par-là 
trop  rapproché  de  l'usurpateur,  qu'il 
avait  démasqué  d'avance,  en  le  pei- 
guuit  dans  ses  beaux  moments  avec 
des  traits  aux(|uels  tout  le  monde  le 
reconnaît  aujourd'hui.  Cependant,  ne 
voulant  point  rester  iinitiic  dans  un 
moment  où  il  pouvait  encore  rendre 
de  grands  services  à  la  religion ,  l'abbé 
Georgel  accepta,  sur  les  sol'icitations 
de  M.  d'Osrtioud,  évèque  de  Nanci , 
ia  place  de  vicaire-g«*ncial  du  diocèse 
pour  le  département  des  Yôgcs.   Ce 
poste  lui  convenait  d'autant  mieux  , 
que  son  habit  ilion  chérie  de  lîruvère.s, 
qu'd  avait  retrouvée  à   sou  retour  , 
eiait  plaréc  à  peu  près  au  centre  du 
déparlciucnt.  -Sa  manière  d'adminis- 
îrer  dans  des  temps  si  diffii  iles  ,  ne 
lit  <pi'augniculcr  la  couûaucc  de  son 


GEO 

cvn|nr  ;  tlU'  lui  concilia  l'csliine  dos 
aiiloiitt'S  civiles,  ainsi  que  la  vcne- 
ralioii  et  ratt.ulïrnieiil  du  rlcr^d  du 
dc'p.irfcnirnf.  IViul.uit  sou  exil ,  l'ab- 
|ic  (icoii;rl  av.iil  mis  eu  ordre  1rs 
notes  quM  nvail  recueillies  sur  les 
c'vcncmcTits  de  son  temps  ;  il  rédi- 
gea sur  cria  ses  iMc'moires,  qu'd  di- 
visa en  six  sortions.  La  section  l'V 
fait  rarntion  de  la  destruclinn  des  Jé- 
suites; la  1''..  dos  dernièies  années  du 
règne  de  Louis  XV  ,  ce  qui  comprend 
les  ministères  du  duc  de  Clioiseul  , 
du  duc  d'Aipuillon  cl  du  chancelier 
Maupeou;  la  5^.  s'altacLe  au  règne  de 
I>ouis  XVI ,  et  aux  ojierafions  de  ses 
ministres,  jusqu'à  la  convocation  des 
notables;  la  4*^.  donne  des  détails  sur 
l'aU'ure  du  collier;  la  5''.  traite  de  la 
révolution  française  jusqu'en  i8o5; 
dans  la  6'".  l'auteur  nous  a  conserve  les 
observations  qu'il  avait  faites  pendant 
son  voyage  à  St.-Fëlcrsbourg  en  i  799 
et  iSoo.L'abbcGeorgel  est  aussi  l'au- 
teur d'un  Mémoire  pour  M.  de  Sou- 
})iso, publie  à  Paris,  1771  ,in-8".,  en 
réponse  à  l'écrit  anonyme  (  de  M.  Gi- 
bert  ),  intitulé;  Mémoire  sur  les  rangs 
et  les  honneurs  de  la  cour.  G — y. 
GEORGI  (Christian  Sigtsmond), 
pbilologftç  alleinuid, naquit  àLukkau, 
dans  la  Basse- Lusace,  eu  juillet  1 70'i, 
et  (ît  ses  e'tudcs  à  Wiltembcrg.  1!  y  prit 
en  1723  le  degré'  de  maître  en  philo- 
sophie, devint  professeur  adjoint  dans 
celte  faculté  en  i7'27,  et  professeur 
ordinaire  en  1756:  sept  ans' après  il 
professa  la  théologie  dans  la  même 
université.  Il  juourut  le  6  septembre 
1771.  On  a  de  ce  savant  un  grand 
nombre  de  dissertations  relatives ,  la 
plupart,  à  la  critique  du  tcxlc  sacre, 
et  dont  on  troi»ve  la  nomenclature 
dans  Mcusil.  (  Lexique  des  écri- 
vains morts  de  1760  à  iSoo).  Nous 
n'indiquerons  ici  (|uc  ses  principaux 
«dits :  L  Dissertatio  de  Chaldxo-<y- 


GEO  iG5 

rismis  ,  rahhifii'imis  et  Pcrsistnis  , 
diclioni  N.  J'œderis  immerità  ajjic- 
ti'i,  VVilloM.b  rg,  i72(;,  in-4".  if. 
JHerocrilicus  ^'.  T.  sive  de  stjh 
IV.  T.  libri  ires  ,  r/iiiUis  diahclus 
N.  Fœdcr/s  atlica  à  Pliryjnchi , 
Thomœ  uiaf^istri  ,  Sabnnsii ,  Paso- 
rîs  ,  IFjssii,  Lcusdenii ,  Oleaiii, 
etc.  dcprav ationihus  liberalur  _,  at- 
que  ah  idiolicîsmis  ,  fonismis,  Do' 
rismis  y /Eolismis ,  BœotismiSj  Sy^ 
ro-chaldaïsmis  et  Persismis  vindi- 
catur,  juxta  ac  Spiritus  S.  dictio  ra- 
tione  figurai um  y  nominum  ,  verho- 
mm  ,  particularum  ac  phrasium  , 
ejusrjue  vis  et  senlentia ,  ex  Grœcid 
allias  arcessitur,  etc.  Id.  p^:rs  ').», 
sive  conlroversiarum  de  lalinismis 
N.  T.  libri  fr^5,  Wiltomberg  et  F^eip- 
zig,  1753,  in-4".  IIL  Diss.  de fatis 
linguœ  grœcœ  y  Wilîemberg,  i733, 
in-4".  ^V.  De  linguœ  hebrœce  et 
grœcœ  harmonid,  ibid.  eod.  V.  IVo- 
t*um  Teslamentum  grœcum,  adpro- 
hatissimcrum  codicum  exempla 
summd  diligentid  recognitum  ^ 
charlarum  ac  tjporum  degantid 
magnificè  adornalum  ^  capilum  ar- 
gumenlis  ac  locis  parallelis  curùliùs 
instructum,  nous  pariter  theologicis 
ac  philologicis  quoad  dHf.ciliores 
locos  exquisitiùs  illuslratum  ,  etc. , 
ibid.,  1736,  in-8".  VL  No\fum  Tes- 
tamentum  grœcum^  versione  latind 
Benedicti  Ariœ  Monlani  donatum  , 
ibid.,  1738^  in-8°.  VIT.  Jpparatus. 
philologico-lhi  ologicus  ad  Evange- 
lica  Domini  festlsque  diebns  de- 
dicaia^  vol.  i,  Leipzig,  174 5;  vo'. 

II,     1747;    vol.    III,     1750;    vol.  IV  , 

1 754  ,  in-4".  VJIL  Diss.  I  —  F,  qui' 
bus  Hernnhutianam  sectam  Augus- 
tanœ  confessionis  socios  non  esse , 
7iec  pacem  religiosam  ad  eos  per- 
tinere  evincil ,  Wittemberg  ,  eoJ. 
in-4°.  On  a  publie  après  sa  mort  l'ou- 
vrage suivant,  auquel  il  eut  part  :  An- 


1 1.. 


iG4  GEO 

nales  ncademîœ  f^Fitembergensis , 
in  quihus  nomina  rectorum ,  ins- 
criptoriim  numerus ,  disserUitlones 
inaugurales ,  proftssorum  reccptio- 
nes  atque  obilus ,  etc.  aliaque  no- 
talu  di^na ,  quce  ah  anno  i655  us- 
qne  ad  annum  l'j-J^,  in  hdc  almd 
Musarwn  sede  per  singula  accide- 
runt  semestria,  hre^iter  enarrantur, 
post  placidum  autoris  discessusn  , 
usque  ad  annum  '772  conUnuati  j 
ah  Ern.  God,  Christ,  Schroedero  ; 
cuni  XI  fig.  aen. ,  ib.  1775  ,  inVf. 

J — N. 
GEORGl   (Aug.-Ant.  )    Fq/ez 

GlORGI. 

GEORGIEWITZ  (Barthelemi), 
voyageur  hon{];rois  ,  tut  enlevé  de  sa 
pairie  par  les  Turks ,  lors  de  l'inva- 
sion qn'i's  y  firent  en  i5'2H.  Réduit 
en  cscbv<îç;e ,  Georgiewitz  fut  mené 
en  Roméiie  ,  et  ensuite  dans  l'Asie 
mineure ,  vendu  et  revendu  sept  fois 
comme  une  bête  de  somme,  employé 
aux  travaux  les  plus  vils  et  les  plus 
rudes,  et  accable  de  mauvais  trai- 
lemcnts ,  sort  commun  à  ses  compa- 
î^nons  d'infortune  ;  enfin  ,  on  le  força 
(l'apprendre  le  métier  des  armes,  au- 
quel il  paraît  qu'il  ne  s'était  pas  des- 
tiné. Las  de  souffrir  ,  il  prit  la  fuite  , 
nayanl  pour  se  nourrir  que  des  lier- 
l)es  et  des  racines,  qu'il  assaisonnait 
d'un  peu  de  sel,  et  pour  se  guider, 
au  mi'ieu  des  déserts  infestés  de  jjêtcs 
féroces,  que  l'étoile  polaire.  Arrivé 
sur  les  bords  de  la  mer  de  Marmara, 
il  fut  repris  à  l'instant  où  il  allait 
«'einbarqucr  sur  un  radeau.  On  le  re- 
conduisit à  son  maître,  qui  lui  fil  ap- 
pliquer la  baslonade,  et  le  revendit 
ensuite  à  des  marchands  d'esclaves. 
Enfin  ,  après  triize  ans  de  la  plus 
dure  captivité  ,  Georpevvitz  réussit  à 
s'évader;  et  après  avoir  traversé  les 
«léserls  de  la  Caramanic  et  de  la  Syrie, 
il  parvint  jusque  dau»  1j  Tcrr«-Saintc, 


GEO 

après  un  voyage  d'un  an,  et  se  retrouva 
au  luiiieu  des  cbrcliens.  li  revint  par 
mer  e:;  Europe.  On  le  trouve  à  Louvain 
en   i544  •  enfin  il  retourna  dans  sa 
patrie  à  travers  mille  dangers.  Étant 
à  Waradin  au  mois  de  mai  i545,  il 
y   rencontra   un  dervis   qui   desirait 
beaucoup  avoir  avec  un  chrétien  une 
conférence  publicpie  sur  la  religion. 
Aucun    des   nombreux   religieux  qui 
étiient  dans  la  ville  n'osa  se  présen- 
ter. Georgiewifz,  indigné  de  cette  tié- 
deur, qui  pouvait,  aux  yeux  des  ha- 
bitants, faire  du  tort  à  la  religion, 
parce  que  l'on  aurait  eu  l'air  de  céder 
la  victoire  à  un  infidèle  ,  se  présenta 
pour   disputer   contre  le   dervis.   Il 
raconte  que  l'avantage  lui  resta  dans 
cette  discussion  ,  qui  eut  lieu  le  jour 
de  la  Pentecôte.  Le  dervis  finit  par 
le  prier  de  lui  reciter  l'Oraison  do- 
minicale en  turk.  Gcorgievsntz ,  à  qui 
les  malheurs  de  sa  patrie  avaient  fait 
perdre  tout  ce  qu'il  possédait,  quitta 
un  pays  occupé  ])ar  les  ennemis  de 
la  foi  ,  et  finit  par  aller  dans  la  ca- 
pitale du  monde  chrétien  ,  où  il  reçut 
des  bienfaits  de  quelques  prélats  ,  el 
termina    sa  carrière.   On  a  de  lui  : 
L  De    Turcarum  ritu  et  cceremo- 
n/Vj,  additis  quàm  pluriniùm  diclio- 
nihus ,   cum  salutalionibus   et  reS' 
ponsionibus Pcrsarum ,  Paris,  i545, 
I   vol.  in- 16.  Celle  relation  est  suc- 
cincte et  exacte.  Un  vocabulaire  de 
mot>   turks  expliqués  par  le  latin  ,  y 
précède  un  dialogue  dans  les  mêmes 
langues;  il  est  suivi  de  règles  gram- 
maticales el  des  noms  de  nombre  de 
la  langue  turke.  11.  Prognoma  si^'iJ 
prifsugiuin   JMehcmetaiwrum  ,  pri- 
muni  (le  Christianoruin  valavùtuti^ 
lus  ,  deinde  de  suce  gentis  inleritu 
ex  lin^ud  persicd  in  Uuinuni  ser- 
moncui  com>ersum  ;  suivi  d'une  Kpis^ 
tola   exhorlatoria   contra  infidèles 
ad  m.  principem  Maximilianum  nr- 


G  KO 

^hithicem  Ânslr'uv ,  Anvers,  i5/j(), 
iri-i().  (l(\s  o|)iiscuks  ayant  clc  favo- 
r.ibliinint    accueillis   du    pul)Iic ,   et 
Tiic/nr  Iradiiils  en  ])lusicui'.s  !an|;nes, 
(i(i)rgie\vitz  les   iciuiit  et  les  jinMia 
.sons  ce  fitre  :  De   Turcarum  mori- 
hus  Epîtome  ,  P.uis,  i555,  in- 16.; 
jciinpiinic  j)liisiciirs  lois  ,   dins  celte 
ville,  à  Lvoii  et  ailleurs.  Indc'jicn- 
damment  des  trois  traites  cites  ])lus 
liant,  et  qui  forment  autant  de  clia- 
jiitres  ,  on  y  en  trouve  trois  autres, 
intitules  :  i**.  De  afjiictionetain  cap- 
tworum  qucim  sub  tribulo  vivenlunn 
dvistianornin.  ï /auteur  termine  ce- 
lui-ci par  des  conseils  pour  les  captifs 
qui  veulent  s'évader ,  et  donne  uq 
vocabulaire  esclavon  à  l'usage  de  ceux 
qui  pourraient  arriver  dans  les  divers 
pays  où  cette  langue  est  en  usage , 
quoique  avec  des  différences.  2".  Dis- 
putationis  cum  Turcd  habitce  nar- 
ratio.  ct^'.Deploratio  cladis  christia- 
nor^m.Le  recueil  esttcrminepar  l'Orai- 
son dominicale  en  arabe  et  en  latin  , 
parce  que,  dit  l'auteur,  dans  toute  la 
Syrie  et  laPalestine,ccltelangueest  usi- 
tée pour  le  service  divin.  Lese'ditions 
antérieures  à  1 566  ont  omis  Je  vocabu- 
1  aire  lurk  j  et  toutes  celles  qui  sont  pos- 
térieures à  1 555,  ont  une  table  des 
matières.  Ces   opuscules  sont    aussi 
insérés  dans  plusieurs  recueils  pu- 
bliés sur  les  Turks  ;  ce  qui  prouve 
le  cas  que  l'on  en  faisait  à  juste  titre. 
111.  Forage  de  Jérusalem  ai^ec  la 
debcriplion  des  citr's ,  villes,  etc.; 
de  l' estât  de  V empereur  des  Turcs  y 
mis  en  lumière  par  Lambert  Dar^ 
mont,  fiié^i^e,  1600,  in-4^.     E — s. 

GEOKGISGH  (  Pierre),  savant 
publiciste  allemand  ,  né  en  1698, 
fut  d'abord  conseiller  commis, sionné, 
et  ensuite,  en  1744?  conseiller  de 
cour ,  et  archiviste  à  Dresde  ,  où  il 
mourut  le  7  avril  1746.  Il  a  publié 
ki  ouvrages  suivants  :  1.  Corpus  ju- 


G  !•  R 


[G5 


ris  f^ermaniri  antiijui ,  quo    conti- 
nenifir  Icç^csFrancorum  Salica'et  Hi- 
puariorunij  Alamannorum ,  lioiua- 
riornm  ,     Bur^undioimm ,    Frisio- 
runi^  Jnç^lornm  et  fVerinorum  (  h. 
c.  Thnringorum  ) ,  Saxonum  ,  Lan- 
gobardorum ,    Fisigolhoiian  ,   Ost- 
gnlhoruni ,  nec  non  capitularia  re- 
gum  Francorum ,  unà  cum  libris  ca- 
pitidariimi  nb  yinsegiso  abbate  ^  et 
Bencdicto  Levitd  collectis  ,    Halle  , 
1708,  in-4".  Celte  édition  contient 
des  variantes  d'après  Herold  ,  Lin- 
denbrog,  Baluze ,  Ercard,  Muratorî 
et  autres  ,  ainsi  qu'une  bonne  préface 
d'flcincccius ,  qui  est  une  savante  dis- 
sertation sur  l'origine,  le  sort  et  l'u- 
sage des  loi.s*'saliqucs.  Il  y  est  bien 
prouve'  que  la  première  édition  des 
lois  saliques  a  été  faite  en  Germanie, 
à  la  fin  du  quatrième  siècle,  ou  bien  au 
commencement  du  cinquième,  avant 
que  les  différentes  hordes  des  Frmcs- 
Saiiens  se  fussent  réunies  sous  la  con- 
duite de  Pharamond,  qu'ils  choisirent 
pour  leur  chef.  H.  Fssai  d'une  in- 
troduclion  à  Vhistoire  et  à  la  géo- 
graphie    romaine  ,     en  allemand  , 
ibid.  ,    1732,    in-4°.    111.   Regesta 
chronologico-diplomatica ,  in  quilms 
recensentur  omnis    generis   monu- 
menta   et  documenta  publica ,   uti 
sunt  tabulœ  cojwentionum  ,   fœde- 
rum  y  pacis ,  armistitiorum ,  mutuce 
amicitlœ,  nec  non  capitulât iones^ 
concordata  ,   sanclioues  pragmati- 
cœ ,  etc.,  Francfort  et  Leipzig,  1  740- 
1744'  in-folio,  4  vol.   B — h — d. 

GEORGIUS.  Foj.  George, 
Georgi  et  GiORGi. 

GEIUI.DÏNI  (Alexandre),  pre- 
mier évêque  de  Saint-Domingue  ,  na- 
quit en  1455  à  Araelia,  en  Ombrie, 
où  sa  famille  tenait  un  rang  distingue. 
H  embrassa  d'abord  la  profession  des 
armes  ,  et  alla  avec  son  frère  en  Es- 
pagne, ou  il  servit  dans  l'armée  qui 


î66                GER  GER 

repoussa  l'invcision  que  les  Portugais  »  vert  uneautre  au  pôle  oppose';  qu'ils 
venaient  <le  faire  eu  Castiile.  Il  fut  »  avaient  trouve' tous  les  pays  sous  la 
ensuite  ëchanson  de  la  reine  Isabelle,  »  zone  torfide  bien  peuples,  etc.» 
puis  suivit  son  frère  qui  fut  envoyé  Cet  argument  produisit  son  effet;  Co-^ 
en  ambassade  à  François,  duc  de  loiub  fut  écoute.  Geraklini  fut  em- 
JBrefagne.  La  mort  de  ce  prince  ayant  ployé  à  un  grand  nombre  de  ruissions 
mis  fin  à  la  légation  ,  Geraldiiii,  à  son  diplomatiques,  entre  autres  auprès 
retour  auprès  de  Ferdinand  et  d'Isa-  de  Henri  VIII ,  pour  tâi  her  de  le  ré- 
belle,  entra  dans  la  carrière  ecclé-  concilier  avec  Gulieriue  d'Aragon, 
siastique.  Son  mérite  lui  fit  confier  II  nV  put  réussir;  et  se  voyant  en 
l'éducation  de  quatre  princesses  qui  butte  à  la  mauvaise  humeur  de  Henri , 
toutes  devinrent  reines;  et  il  passa  il  quitta  la  cour  de  ce  prince,  et  se 
vingt  ans  à  remplir  ers  fonctions  ho-  rendit  auprès  de  Marguerite,  gou- 
iiorables.  IVndrinl  qu'il  était  à  h  cour,  vernantedes  Pays-Bas,  qui,  de  même 
il  eut  occasion  de  rendre  à  un  homme  que  Catherine,  avait  été  sou  élève.  Il 
célèbre  un  service  qui  ne  doit  pas  visita  ainsi  presque  toutes  les  cours 
être  passé  sous  silence.  Christophe  de  l'Europe,  toujours  avec  un  carac- 
Colomb  venait  de  présenter  aux  rois  tère  diplomatique.  Ayant  obtenu  pour 
de  Castiile  et  d'Aragon  son  projet  recompense  d'abord  l'évêché  de  Vol- 
d'aller  à  la  découverte  d'un  monde  terre  et  de  Montt-(">orvino,  et  ensuite 
nouveau.  «  On  discutait  ce  projet  dans  celui  de  Saint-Domingue  ,  il  s'embar- 
•»  un  conseil  composé  des  hommes  qua  en  i520  à  Séville,  pour  aller 
3>  les  ])lus  éminenls  en  dignité.  Les  prendre  possession  de  son  siège.  Il 

V  avis  étaient  partagés,  dit  Geraldini ,  s'occupa  avec  zèle  de  tout  ce  qui  pou- 
5)  parce  que  plusieurs  prélats  espa-  vait  faire  fleurir  la  religion  dans  ces 
3)  gnols  traitaient  l'opinion  de  Colomb  régions  lointaines,  fonda  des  écoles  et 
■>}  d'hérésie  manifeste;  ils  citaient  l'au-  des  séminaires,  et  mourut  en  i5i5. 
3)  torilé  de  Nicolas  de  Lyr  i ,  qui  re-  ^  On  a  d'AlcxandreGeraldini  plusieiu's 

V  présente  le  globe  Icrresire  comme  ouvrages  de  théologie,  des  recueils 
5)  ne  runtenant  ..ucune  terre  sur  les  de  lettres,  des  exhortations  adressées 
î>  cotés,  ni  par-dessous,  au-delà  des  aux  princes  chrétiens  contre  les  ïurks, 
•î)  Canaries;  et  celle  de  St.  Augustin,  des  poésies  sacrées  et  profanes,  une 
5)  qui  alfirni''  qu'il  n'y  a  pas  d'anti|)o-  vie  de  Catherine  d'Autriche,  femme- 
3)  des.  Je  me  Irouvais  alors  par  ha-  de  Henri  VIII  (en  vers  hexamètres), 
■»  s;ird  derrière  le  cardinal  de  Mcn-  des  traités  de  politique  et  d'éducal ion, 
3)  doza,  homme  également  recomuian-  eniiularelationdeson  voyage  au\  An- 
-»  dable  par  ses  qualités  et  son  savoir:  tilles,  qui  parutsousce  titre  :  Jùncra- 
•>y  je  lui  repiésenl.ii  que  Nicolas  de  riiiin  ad  reç^iones  sub  œqitinoctiulî 
1)  fiyra  avait  été  un  très  habile  théo-  }'ln<!;d  constiUitas  Alexandn  Geral^ 
3)  logicn,  et  Si.  Augustin  un  docteur  dini  Amerini^  cpiscopi  civilutis  S. 
»  de  l'Église  iîlusire  par  sa  doctrine  J)oininici  apud  Indos  occidentales  ^ 
•a  et  sa  sainteté  ,  niais  que  Ituis  deux  apostidicis^  impcrialilms  et  re^iislc- 
»  s'étaient  montres  mauvais  géogra-  }^<tiio/nlnisJ'iiiicti,opusanti(piitatt's, 
M  phes;  car  les  Portugais  étaient  par-  rifiis,  mores  et  nUgiones  popidorum 

V  venus  à  un  point  de  l'aufi'e  Iiémis-  JUInopiiXf,  A friciX' ,A duiUici  Occaid^ 
i»  phèr<',  où  ils  avaient  perdu  de  vue  Juiticaninupn'  îc^ionunl  cvmpltc- 
»  l'cloilc  noluiie,  el  eu  avaient  décou-  tenu  ;  nunc pi imiun  adidit  Onup/irius 


Ccrahliuus  de  Cad  na  cri  s  J.  If.  D. 
atttoris  tthiu'/'os ,  lioiiK- ,  iG5i  ,  un 
vol.  in-i'i.   O'Io  relation,   mise  par 
«jii(l<]ii»s    l)il»liogr.i|)lios    .111    iiomhre 
<!(>  Iivic.sraics,t'st  (icdicV  an  papr,  et 
(livisce  en  seize  livres.  Elle  lenlVrine 
!••  détail  de  la  iiavipjalion  de  dcialdiiii 
lo  Ion;;  de  la  côte  d'Afrique  jusqu'au- 
de'à  du  iSenegal ,  et  jus((u'à  Saint-Do- 
inin^ue:  l'edileur  y   a  juint  un  précis 
de  la  vie  de  l'anleur ,  et  la  liste  de  ses 
ouvrap;es  ,  tant  imprimes  que  manus- 
crits. On  trouve, dans  ce  livre,  «le  cu- 
rieuses parlicularilcs  sur  la  partie  de 
l'Afrique  que  l'auteur  a  vue;  il  parle 
aussi  sur    ouï-dire   de  l'intérieur  de 
cette  partie  du  monde;  il  finit  pardon- 
ner   la   descripliou   de  l'île  dont  il 
c'îait  le  |)aslcur.  On  est  surpris  qu'un 
prélat  respectable  ,  écrivant  un  livre 
qu'il  dc'die  au  souverain  pontife,  ait 
cile  des  inscriptions  anciennes,  en  la- 
tin, qu'il  prclend  avoir  copiées  tout  le 
long  de  la  rôle  d'Afrique:  elles  por- 
tent si  évidemment  le  caractère  cle  la 
fausseté,  que  l'on  ne  sait  que  penser 
(le    la  bonne-foi  de   Gcraldini  ,   qui 
d'ailleurs  fiit  aussi  mention  de  peu- 
ples ,  de  pays  et  de  fleuves   qu'il  a 
vus  en  Afrique,  et  de  rois  de  cette 
]vufie  du   monde  qui  l'ont  accueil- 
li ,  et   dont    aucun    auteur    no    fait 
mention.  Le  petit-neveu  de  Geraldini, 
tout  en  avouant,  dans  la  préface  qu'il 
a  mise  en  icte  de  ce  livre ,  que  son 
oncle  parle  de  beaucoup  de  choses 
peu  croyables  ,  ajoute  que  néanmoins 
iirrsoune  ne  sera  tei-ilé  d'accuser  de 
Fuensonge  un  homme  si  respectable, 
(.'est  pourtant  un  mouvement  très  na- 
turel chez  ceux  qui  le  lisent;  et  c'est 
bi(  n  gratuitement  que  Saxins  le  cite 
comme  un  antiquaire.  Ce  qu'il  y  a  de 
meilleur  dans  cet  ouvrage  est  ce  qu'on 
y  trouve  sur  vSaintDominr^ue,  dont  il 
lait  bien  coniaîlre  létal  à  l'cnocpie  oi!i 
il  fut  écrit.  Déjà  la  race  des  indigènes 


éfaif  prr<;que  totalement  exterminée, 
Geraldini  ,  dans  une  des  lettres  an- 
nexées à  sa  relation  ,  annonce  qu'il 
envoie,  entre  autres  raretés,  deux 
dindons;  ce  qui  sert  à  prouver,  contre 
le  sentiment  de  qtielques  auteurs  , 
que  cet  oiseau  est  orip^inain-  d'Amé- 
ricpic.  La  lettre  a  probablement  été 
écrite  en  i  5'25  ;  elle  est  par  consé- 
(punt  antérieure  à  l'ouvrage  cl'Ovi(  do , 
(pie  l'on  jegardait  comme  le  premier 
auteur  qui  eût  fait  mention  des  din- 
dons. Dans  une  lettre  au  pape  LéonX, 
(kraldini  donne,  pour  les  églises  et 
les  hôpitaux  de  Saint-Domingue,  des 
projets  d'inscriptions  qui  ,  j)0ur  le 
siy.e,  ressemblent  entièrement  à  celles 
qu'il  a  adressées  au  Saint  -  Père  , 
comme  les  ayant  découvertes  sur  la 
côte  d'Afrique. Outre  les  ouvrages  iné- 
dits de  Geraldini,  mentionnés  par  sou 
petit-neveu,  on  doit  citer  un  traité 
cm  ieux ,  De  viris  Geraldinis  qui  in 
obseqw'o  apostoUcœ  Sedis  per  varia, 
tempora  insuddrunt ,  qu'Aliacci  avait 
lu  en  manuscrit,  et  dont  il  parle  dans 
SCS  Apes  urhanœj  pag.  208.  —  An- 
toine Geraldini  ,  frère  aîné  du  pré- 
cédent, et  dont  il  a  été  question  au 
commencement  de  cet  article  ,  est  au- 
teur de  diverses  poésies  latines  :  I. 
Edogce  XII  de  mysteriis  vitce  Jesu- 
Christi ,  Salamanque  ,  i5o5,  in-4". 
II.  Pœniientialis  psalmodia ,  i48(i, 
in/j".  ;  c'est  une  paraphrase,  eu  vers 
latins  ,  des  sept  Psaumes  de  la  péni- 
tence. E — s. 

(tÉRARD  ,  premier  duc  hérédi- 
taire de  Lorraine,  était  issu  de  l'illustre 
et  puissante  maison  d'Alsace,  coniiue 
depuis  le  vu  .  siècle,  et  dont  les  des- 
cendants occupent  aujourd'hui  le  trône 
impéiiai  d'Allemagne.  Après  la  mort 
de  Gérard  II  son  père,  en  1047  ,  il 
fut  confirmé  dans  la  possession  des 
vastes  domaines  de  sa  f.unillc,  par 
l'empereur  licnri  111^  et  l'année  sui- 


ï68  GER 

Tante,  ce  prince  y  ajouta  la  Lorraine 
moseilane.  Il  eut  à  combattre  Gude- 
froi  Je  HarHi,  réuni  aux  autres  sei- 
gneurs pour  lui  disputer  ses  droits 
sur  celte  province.  Il  contraighit  Qo- 
defroi  et  ses  alliés  à  le  reconnaître  pour 
souverain,  et  ne  put  se  dispenser  de 
tourner  ensuite  ses  armes  contre  ses 
propres  sujet»,  qui  s'étaient  révoltés.  Sa 
valeur  et  sa  sagesse  le  firent  triompher 
de  tous  les  obstacles.  Il  avait  épousé 
Hadvide  de  Naraur,   arrière- petite- 
fille  de  Chirlfs  de  France,  frère  du 
roi  Lothaire;et  de  là  vient  .p.e  quel- 
ques historiens  l'ont  nomme  Gérard 
de  Flandre.  Il  établit  sa  résidence  or- 
dinaire à  Chatenoy,  prieuré  llndé  par 
son    épouse.   De  nouveaux  troubles 
.nyant  éclaté  dans  les  V6ge>,  Gérard 
inarcha  pour  les  apaiser;  mais  arrivé 
à  Reniircmon',  il  y  tomba  malade,  cl 
mourut  en  1070,  à  qu*raiirr.six  ans, 
si  subitement  qu'..n  crut    qu'ii  avait 
été  empoisonné.  Ihieni  le  Vaillant, 

son  fils  aîné,  lui  su( céd.j.     W s.' 

GEiUHiJ,  céièbie  ir-dunetir  du 
xii".  ^iècle,  est  .surnommé  tantôt  Car- 
monensis,ctl:nnô\  Cremonemis,  se- 
lon qu'on  le  fail  Esp-iguol  ou  Italien. 
Mais  aujourd'hui  Ici  opinions  des  sa- 
vants ne  sont  plus  partagées  touchant 
la  patrie  de  cet  auteur;  et  les  expres- 
sions de  Fr.  Pipini  ne  l.iissent  aucun 
doufc  à  cet  égard.  Ce  chroniqueur 
nous  apprend  que  Gérard  uaquit 
c:n  Lumhardie,  sur  le  sol  deCiémone, 
vers  l'an    11  14.   Dès   sa   jeunesse  il 

î)'appliqua  à  la  philosophie,  et  suivit  le 
tours  des  études,  selon  que  tula  se 
piatifpi.ut  alors.  Il  paraît  que  l'astro- 
nomie cul  pour  lui  beaucoup  d'allrails  ; 
Cir,  ayant  eu  connaissance  de  la  Com- 
posilion  maihémafique  de  Ptolémée, 
sans  doute  d'après  les  cilalions  des 
.nuleiirs  anciens,  et  cet  ouvi.ige  ne  se 
^ouv.inl  point  chez,  les  Latins ,  il  alla 
W  Tv^çtlf,  v«lliic  |)ar  l'cçlat  fpicjctaicul 


GER 

les  sciences  parmi  les  Maures  d'Es- 
pagne. Là,  il  éd.dia  l'arabe  ,  et  avant 
rencontré  dans  cette  langue  beaucoup 
d'ouvrages  imporiants,qi)i  n'existaient 
point  jarnii  S(  s  comj  alri(»tes,  il  s'oc- 
cupa de  les  traduire,  et  remplit  celte 
taclie  avec  une  ardeur  incomparable. 
On  ne  saurait  déterminer  \e  nombre 
des    traductions   du<s    à    Gérard  de 
Crémone  :  queKpies  unes  portent  son 
nom  ;  un  plus   grand  nombre   sans 
doute  lui  appartiennent,  sans  qu'on  les 
lui  atliihueHujoiiKriMii: mais  il  s'exer- 
ça sur  toutes  les  m  itières,  et  Fr.  Pipini 
fait  monter  fe  nombre  des  livres  qu'il 
traduisit  à  soixante-seize,  p-rmi  les- 
qu-  Ls  il  plu,  e  \'Avicennœ  et  Aima- 
ti^ti    Ptolomœi    solemnis  transla- 
tio.  Ce  passage  est  très  importaot  ;  car 
il  prouve  évidemment  que  la  traduc- 
tion latine  de  la  Composition  mathé- 
matique   de   Ptolémée,  faite  d'après 
une  version  arabe,  et  nommé  depuis 
Almageste  avec  l'article  arabe  «Z,  est 
due  ,1  (i-érard  de  Crémone;  ce  qui  n'a- 
vail  point  encore  été  dit  positivement. 
Q'ianr  à   l'Avicenut ,   il  a  seulement 
ims  en  latin  son  traité  de  médecine, 
connu  sous  le  nom   de  Canons.  La 
philosophie  de  cet  écrivain   arabe  a 
eu  un  autre  traducteur.  On  a  beaucoup 
discuté  le  mérite  des  traductions  de 
Geiard;    et    l'on  doit    avouer  qu'en 
les  comparant  aux  textes  originaux , 
aujourd'hui  qm-   nous  possédons   les 
glands  dictionnaires  de  Golius  et  de 
Castcl,  où  la  crit.que  peut  s'aider  de 
nombreux  secours,   ou    les    tiouve- 
lait  très  imparfaites.  D'.ulleurs,  la  ma- 
nièrc  même  dont  on  traduisait  dans 
le  XII'".  et  lexiii'.  siècle,  s'opposait  a 
re  (pi'il   lui  possible  de  niidre  exac- 
tement  le  sens   de  l'auteur,   et   d'é- 
tablir  une    parfaite   synonymie    en- 
Ire    les   mots    arabes  et    latins.    Ou 
allait    a    Tolède  :   là   on    choisissiil 
un  juil,  diKjMcl  ou  appjcuait  les  cic* 


G  !•  R 
mcnls  àc   l.j  lnni;iu'  .«rabc;  puis  or- 
dinairement   on    traduisait    sons    sa 
di<  Ur  ;  uiiiis  on   nVliuliait  jioini  .lycc 
niclhodc,  et  l'on   n'ac(|nor.iit  jamais 
une  connaissance   aprolbndie   de  la 
langue.  Ajoutons  encore    que  le  tra- 
•  ducleur    n'avait,    le    jilus    souvent, 
qu'une  connaissance  très  superficielle 
delà  inalicre  seicntififjuc  sur  l.ujuelle 
il  ^'exerçait.  Roger    Bacon ,  homme 
doué  d'un  génie  vraiment   extraor- 
dinaire, avait  étudie  toutes  ce>  tra- 
ductions ,  et  en  démontre  parlailement 
les  deïauls.  Gérard  revint  à  Ci  e'mone , 
cty  inounilcn  1 187,  àTagiede  7:)  ans. 
Il  lut  enterre  dans  le  monastcte  de 
Sle. -Lucie,  où  l'on  conservait  encore 
sa  InbliotLèque,  du  temps  de  Fr.  Pi- 
piui.  Nous  indiquerons  ici  les  ouvrages 
inanu>crits  ou  imprimes  de  Gérard  de 
Crc'mone ,  qui  sont  venus  à  notre  con- 
naissance.  J.    Theoria  planetaniin. 
II.  Allaken  de  eau  sis  crepnsculo- 
rum.  III.  Geomantia  asironomica  , 
imprimée  parmi  les  œuvres  de  Coiii. 
Ai;rippa.  Cet  ouvrage  a  ete'  traduit  en 
Irapçais  par  de  Salerne,  sous  ce  tilre  : 
Giwmajitie    astronomique,    Paris, 
1 6(59  ei  1 682  ,  in- 1  :î.  I V.  Le   Traité 
de  médecine  d' Jvicenne,  connu  sous 
le  litre  de  Canons.  Cetie  traduction, 
faite  de  l'arabe,  a  ete'  réimprime'e  plu- 
sieurs fois ,  et  corrige'e  pnr  Fortuna- 
tus  Piempius ,  Andic'  de  Alpago  ,  etc. 
V .  Abrégé  de  la  médecine  de  Rha  zis, 
fait  par  AL>uali  bcn  David.  \  ].L(î  Trai- 
té de  médecine,  du  même  Rliazis, in- 
titule Almansori.  Wl.Practica,  sive 
hreviarium  medicum ,  de  Srrapion. 
Vlll.  r^e  livre  d'Albenj^ntfii ,  de  vir- 
tute  medicinarum  et  cihorum.  IX.  La 
Thérapeutique  de  Scrnpion.X.  L'ou- 
Vraç^e  d'I.shac  de  definitionihus.  XI. 
Alhucasis  ,  methodus  medcndi  Jihri 
II j.  XII.  VArs  pari^a,   de  Galien. 
Xlll.  Commentaires  sur  l^s  pro^ytios- 
|/(;5d'iiippociitlc,  Uiuclusts  de  l'arabe, 


GER  lOfi 

elc.  Tous  CCS  Ouvrages  ont  e'tc' impri- 
mes piiisicin  s  fois.  ,1 — N. 

GEUAIil)   (  JUi.TiiA'iAH  \    fanati- 
que, ne  en    i '■)88  a  Will.ifans,  petit 
bourg  de  Franclic-domté,  forma  l'hor- 
rible   projet    d'jssassiner    le    j)rinr<» 
d'Orange,  Guill.iume  de  Nassau.  Afin 
de  rcxecul<r  plus  facilement,  il  entra 
au  îiervire  de  ce  prin  e,  et  dep;uisa  si 
bien  Sfs  sentiments  qu'il  passait  pour 
un   des    protestants   les  plus  outres. 
Le  10  j  lilk't   I  584  7  «^'^  moment  où 
le  prince  d'Orange  soitait  de  son  pa- 
lais à  Deifl ,  Gérard  s'avança  comme 
s'il  eût  eu  à  hii  parler,  et  le  tua  d'un 
coup  de  pistolet  chaigc'  de  trois  balles. 
Après  avoir   coinmis  ce  crime  ,  il  ne 
chercha  point  à  s'<:nfiiir  ,  et  se  vit  ar- 
rêt-r  sans  montrer  le  moindie  trou- 
ble. Il  déclara  qu'il  n'avait  point  de 
complices,  et  soutint,  au  milieu  des 
touunents,  qu'il    avait  ete'  pousse'  à 
cette  adi.in   par  une  insj  iration  di- 
vine. 11  fut  appliq  lé  à  la  torture,  et 
ensuite  éc.ntele  le  *i4  juil'ît.  Ce  mal- 
heureux, n'était  âgé  que  de  vingt-six 
ans    Le   roi  d'Espagne,  Philippe  IF, 
accorda  des  lettres  de  noblesse  à  la 
famille    de    Gérard  ;    mais    elle    ne 
jouissait   plus   d'aucun  privilège    de- 
puis la  conquête  de  la  Franche-Comte. 
Levinus  Torrentianus  eompo>a  à  la 
louange  de  cet  assassin  une  ode  latine, 
qu'on  trouve  dans  le  recueil  de  ses 
poésies.  On  publia  encore  en  son  hon- 
neur   les    ouvrages    suivants  :  I.  Le 
glorieux  et  triomphant  martyre  de 
Ballhasar   Gérard ,    advenu  en  la. 
ville  de  Deljt ,  Douai,  1 584  •  i" '^'>" 
Cette  pièce  est  très   rare.  11.   Bail. 
Gherardi   Borgnndi  morte  e  cos- 
ianzaperh  ver  ammazzatto  il  prin- 
cipe   d^Orajige,  Rome,   i584,  i"- 
8*^.  111.  Mu.^e  Toscane   di  diversi 
nobiliss.  ingegni  per  Gherardo  Bor~ 
g^og-7?o,Bei  crame,  i5()4,  in-8".  W — s. 
GEIURD  (Dom),  religieux,  bi- 


i-o  GER 

bliothc'cairc  de  l'abbaye  de  Trois- 
Fontaines,  ordre  de  Cîlcjiix,  ëlait  ne 
dans  le  Barrois.  Élevé  au  niili(  u  des 
fniêfs,  il  se  forma  lui-inèrnc.  Son 
3'^[;lo;^ue,  intitulée,  Le  Patriarche , 
ou  le  vitux  Laboureur  ,  qui  ob- 
tint racccssit  au  concours  de  l'Acadc'- 
luii' française  en  1784,  est  également 
remarquable  par  les  fautes  de  versi- 
fication et  \c^  beautés  poéliqucs  qui  y 
rcgnenf.  Ce  sont  ces  fautes  ,  sans  dou- 
te, qui  firent,  de  pr.'^rérence  ,  adju- 
ger à  rég'Oj;ue  de  Buth,  par  Flo- 
ri.in,  uu  piix  que  le  j)ub!ic  moins 
difficde  déc'  rnait  au  l*atriarche.  On 
est  fâelié  de  reucontrer  des  dispa- 
rnt'S  de  goût  dans  une  pièce  où  se 
trouvent  des  vers  aussi  beaux  que 
les  suivants  : 

IVl.iiï.  lorsque  «'emparant  de  la  voûtr  azuri^e  , 
l^e  nébuleux  (léreriibre  ulongea'il  la  soirce, 
Un  j'-une  enl'inl  |)r<  n.iit  le  «  uni  livre  ,  le  seul 
<JiU!  j   111,1'»  avJMl  lu  son  vertu'  iix  .''icul. 
Il  le  biisf  p:i  l'ouvratU  :  sa  ni.iiii  respectueuse 
Ij'iiporoohe  des  lueurs  irunt^  nicciic  onctueuse.... 
A\i\  liijuint  un  cristal  sur  set  yeux  obscurcis, 
Kl  (in  jeune  |tT(cur  diri^esnl  les  récils  , 
Le  vipill.iril  lui  disait  :  «  Lisez  ces  pages  saintes  , 
Abel  ,  le  juste  Abel  di*  soi  sani;  li"s  a  triiilrs. 
l>'un  frcre  jusqu'oii  va  l-«  jalouse  turcur.' 
IVuriiuoi  le  incuririer  lul-il  un  labjureur? 

jNous  avons  cite  celte  tirade  pour  prou- 
ver le  talent  cminent  que  l'auteur 
«avait  reçu  de  la  nature,  et  que  les 
conseils  du  ^oiit  auraient  placé  à  un 
i.uig  très  distingué.  Le  dernier  vers 
est  un  trait  sublime  de  sentiuient. 
Dans  le  cas  où  il  eût  remporté  le 
prix,  r.uiteur  en  destinait  la  valeur 
,'iux  pauvres;  mais  il  mourut  avant 
d'apj)rendre  le  sort  de  sa  |)ièce.  Sa 
santé  était  si  mauvaise  qu'il  pa^si 
presque  sans  dormir  les  viu^t  der- 
nières années  de  sa  vie.  Il  a  laissé  en 
ininiisctit  in\  Poi-me  en  huit  eli.mts 
Mir  ['//unùlitc j  rempli,  comme  sou 
ï'î^iogue ,  de  beautés  et  de  défauts. 

F— LL. 

Gl'dWIU)  (  AlexandheI  ,  écrivain 
ccosNais,  né  en  l 'j'xH  a  Gariocli ,  dans 
le   comté    d'Abcrdeen ,    tit    de    très 


GER 

bonnes  e'tndes  aux  universités  d'Aber- 
deeii  et  d'Edimbourg,  et  fut  admis  ,  à 
vingt  ans,  à  prêcher  dans  l'église  d'E- 
cosse ,  enfiu  adjoint  deux  ans  après 
à  David  Fordyce  professeur  de  phi- 
losophie naturelle  et  expérimentale 
au  collège  Maréchal  d'Aberdcen.  En 
i-^j^,  ce  professeur,  au  retour  de  ses 
voyages  ,  ayant  péri  dans  une  tem- 
pête sur  la  côte  de  Hollaude  ,  Gérard 
lut  choisi  pour  remplir  sa  place  ;  et 
ce  fut  sur  lui  que  l'université  jeta  les 
yeux  pour  justifier  une  réforme  qui 
venait  de  s'y  opérer  dans  renseigne- 
ment. En  1756,  la  société  philoso- 
phique d'Edimbourg  lui  adjugea  une 
médaille  d'or  ,  pour  im  Essai  sur  le 
goût,  qu'il  fit  imprimer  en  1769,  et 
qui  a  eu  depuis  deux  nouvelles  édi- 
tions; Ia5'.e>tde  i^Ho,  revue  et  consi- 
dérablement augmentée. En  1  7  5g,  avec 
l'agi  émeut  de  cette  société,  il  offrit 
lui-même  nue  médaille  pour  la  meil- 
leure dissertation  sur  le  style.  U  fut 
ordonnéceltcannée ministre  de  l'église 
d'Ecosse,  et,  en  1760,  nommé  pro- 
fesseur en  théologie  an  collège  INIaré- 
chal,  et  ministre  de  Gray-b'riars.  Il 
résigna  ces  diverses  fondions  en  1771 
ou  1773,  lorsqu'il  fut  appelé  à  la 
chaire  de  théologie  du  collège  du 
Roi  à  Aberdeeu,  place  qu'il  occupa 
jusqu'à  sa  mort,  arrivée  en  1795  ,  le 
l'À  févri(  r  ,  jour  anniversaire  de  sa 
naissance.  Ses  talents  étaient  solides 
plul("jt  (pie  brillants.  A  un  jugement 
droit  il  joignait  une  mémoire  peu  com- 
mune. Son  exemple  sert  à  prouver 
combien  celte  faculté  peut  se  perfec- 
tionner par  l'exercice  qu'on  lui  ilonne. 
Le  dixlrur  lîcallie,  l'un  des  élèves  de 
Gérard,  rapporte  ,ilanssesEss;iis  sur 
la  mémoire  et  l'imagination,  qu'un  ec- 
clcNiastujue,  son  anu  intime,  bu  a  dit 
suuv( m  que  lorsqu'il  avdt  commence 
à  prêcher  il  lui  fallait  plusieurs  jours 
d';ipplicalion  [xpiuapprendrc  par  cutur 


C  F.  R 

son  sermon;  nuis  (jiir,  par  une  loii- 
giu'  h  .biludo,  il  av.iit  perlcctioiinc  sa 
jiicm<iin>  .111  point  de  pouvoir,  nprcs 
une  cliidc  dt.  deux  luMins ,  fixer  un 
sermon  dans  s,)  icle,  do  manière  à  le 
rcVilcr  en  public  sans  y  elianj^cr, 
onullrc  ou  Iransposcr  un  seul  mot. 
Alex.  Jiower,  auteur  d'une  Vie  de 
IJiMÎlic  ,  nous  apprend  (jue  cet  ami 
intime  nVlait  autre  que  (ierard.  Ce 
dernier  était  membre  d'une  société' 
littéraire  récemment  formée  à  Kduii- 
Lourg  ,   et   dont   faisaient  partie   les 

Sircmiers  littérateurs  de  l'Ei^osse, 
[îlackwell,  Gregory  ,  Tli.  Reid  , 
George  Campbell,  Bcatlie.  etc.  Gé- 
rard avait  publié  en  1 7(56,  in -8°.  ses 
Dissertations  sur  des  sujets  relatifs 
au  f^éfiie  et  aux  preuves  du  chris- 
tianisme  ;  en  1774?  in-8".  un  Es- 
s  ai  sur  le  génie;  en  1780  un  vo- 
Jjime  de  Sermons ,  il  un  autre  en 
1782.  Le  docteur  Gilbert  Gérard, 
.<;on  fils  cl  son  successeur  dans  la 
chaire  de  théologie  ,  donna  au  public, 
en  1799,  les  Devoirs  du  pasteur  {thc 
Pastoral  care),  par  Al.  Gérard.  Beal- 
tie,  qui  remplaça  ce  dernier  comme 
professeur  de  philosophie,  profita  de 
ses  manuscrits  pour  remplir  des  fonc- 
tions auxquelles  il  n'était  point  pré- 
paré. Plusieurs  des  ouvrages  de  ce 
luétaphy.sirien  ont  été  traduits  en  dif- 
férentes langues.  L'Essai  sur  le  goût 
l'a  été  en  français  ,  sur  la  1^,  édition, 
par  Kidous,  qui  y  a  ajouté  trois  Dis- 
sertations sur  le  même  sujet,  par 
Voltaire,  d'Alembcrt  et  Montesquieu, 
P.Tiis,  i7()6,iu-i2.  —  Son  fils  Gilbert 
Gérard  fut  pendant  plusieurs  années 
ministre  de  l'église  anglaise  à  Ams- 
terdam ,  et  fut  ensuite  nommé  pr^-fes- 
scur  de  langue  grecque  au  coilégc  du 
loi  de  l'université  d'Aberdeen ,  où  il 
.succéda  à  son  père  d.ms  la  chaire  de 
théologie.  Un  extrait  de  ses  leçons  a 
clé  ifiipiimé  sous  le  titre  à'Jnstitules 


GER  171 

of  Inhlical  ailicism,  etc.  (  Insliti:- 
tions  de  criti<pie  sacrée ,  ou  matières 
du  cours  de  leçons  sur  ce  sujet, 
etc.),  j(So8,  in -8'.  de  471  p-'g^-"^* 
C'est  un  ouvrage  plein  d'érudition,  et 
composé  d.ins  un  bon  e«?piit.  L'anleor 
était  alors  l'on  d(S  chap.  l.uiis  ordi- 
naires du  roi  pour  l'Ecosse.  Il  est 
mort  le  .;,^î  septembre  181  5.  X — s. 
GÉRARD  (  PiiiLippE-Louis),  cha- 
noine de  St.-Louis  du  Louvre,  naquit  à 
Paris  en  1  737,  d'une  fainillv  honnête, 
mais  pruai.sée.  Il  ne  tint  à  rien  que  dans 
sa  première  enfance  il  ne  devînt  vie-, 
tiuic  d'un  attentat  qui  ne  fut  pns  con- 
sommé, mais  aux  suites  possibles  du- 
quel il  ne  pensa  j  imais  depuis  sans 
frémir.  Une  de  ces  mendiantes,  qui 
offrent  aux  yeux  du  public  des  en- 
fants pour  intéresser  sa  pitié  ,  l'ayant 
trouvé  scu!  dans  une  allée  obscure, 
l'avait  saisi,  et  malgré  ses  cris  l'em- 
menait,  sans  doute  pour  en  faire  cet 
usage,  lorsqu'on  vint  le  délivrer.  Il 
fit  ses  études  au  collège  de  Louis-le- 
Grand  sous  les  jésuites.  On  le  desti- 
nait au  barreau  :  la  mort  prématurée 
de  son  père  empêcha  l'exécution  de  ce 
projet.  En  sortant  du  collège,  il  se 
trouva  sans  guide,  livré  à  lui-même, 
à  l'ivresse  peut-être  de  quelques  ta- 
lents ,  et  à  des  passions  naissantes  : 
ses  mœurs  jusque-là  innocentes  ces- 
sèrent de  l'être  5  sa  foi  s'aflaiblit  ;  il 
se  laissa  séduire  par  une  fausse  phi- 
losophie, et  tomba  dans  l'incrédulité: 
c'est  lui  qui  fait  tous  ces  aveux.  Heu- 
reusement il  eut  occasion  de  conn.âtro 
l'abbé  Legros,  alors  chanoine  de  la 
Sainte-Chapelle,  et  depuis  doyen  de 
Saint-Louis  du  Louvre.  Ce  digne  ec- 
clésiastique rendit  le  jeune  homme  a 
lui-même,  à  la  vertu,  à  la  religion  : 
Gérard  devint  aussi  pieux  qu'il  avait 
é!é  indévot  ;  et,  résolu  de  se  vouer 
au  service  des  autels,  il  entra  au 
séminaire  de  St.-Nicolas -du-Char- 


172  GER 

donnet,  y  prit  le  sous-diaconat,   et 
n'en  sortit  que  pour  accomp.ipiner  à 
Malte  le   bailii  de  Fleiiry.  Ordonne 
prêtre  dans  cette  île,  il  revint  à  Paris, 
et,  se  livrantentièrt  ment  au  ministère, 
fut  vicaire  de  la  paroisse  dt-  Saint- 
Mërv,  où  il    fit,  de   la  prédication 
et   de  la  direction  des  consciences, 
son    occupation  journalière.  Un  ca- 
uonicat  de   Saint-Louis    du  Louvre 
devint  la  récompense  de    son  zèle , 
ft  il  fui  un  des  ecclc'si.istiques  à   qui 
l'assemblée   du  cierge  de   1770  dé- 
cerna des  honneurs  et  des  cncoura- 
peraents,  pour  avoir  pris  la  défense 
delà  religion.  L'ajibc  Gérard  fut  té- 
moin des  fureurs  de  la  révolution  , 
et  eut  sa    part   des  persécutions  de 
ces  temps  désastreux  :  il  resta  long- 
temps en  prison.  Rendu  à  la  liberté, 
il  alla  ])asser  dans  la  retraite  le  reste 
de  sa  vie,  occupé  de  la  culture  des  let- 
tres cl  de  pratiques  pieuses.  Il  est  mort 
le  24  avril  181 5.  On  a  de  l'abbé  Gé- 
rard :  L  Le  Comte  de  Fnîmont,  on  les 
égarements  de  la  raison.  Ceux  dans 
lesquels  il  était  tombé  lui-même,  pa- 
raissent lui  avoir  donné  l'idée  de  ce!  ex- 
cellent ouvrage,  qu'il  publia  d'abord  eu 
3  vol.  in-.i  '1 ,  et  qui  aujourd'hui  en  a  5, 
non  compris  un  f)''.  sous  le  litre  de 
Théorie  du  bonheur.  Le  comle  de 
Valmonta  eu  jusqu'à  présent  quatorze 
éditions,  tt  n'est  pas  vraisemblable- 
ment ta  sa  dernière.  L'auteur,  dit  un 
écrivain  judicieux,  «  y  montre  dans 
une  ficiion  les  écarts  d'un  jeune  hom- 
me entraîné  par  ses  passions  et  par 
des  sociétés  pernicieuses,  et  y  établit 
les  preuves  qui  ramènent  tôt  ou  lard  à 
Il  religion  un  esprit  droit  cl  un  C(imu- 
veifueux.  »  M.  Les  Leçons  de.  l'his- 
toire,  ou  iMtres  d'un  père  à  son  fils 
sur  les  faits  intéressants  de  l'histoire 
universelle,    i-jHd — iHoti,  11    vol. 
in- 13.  Les  premiers  volumes  de  cet 
ouYrage,  ornés  de  caries  ilacconipa- 


GER 

gnés  de  savantes  dissertations,  offrent 
autant  d'érudition  que  de  critique;  les 
derniers,  qui  terminent  l'histoire  an- 
cienne jusqu'à  Jésus- Christ,  paraissent 
traités  avec  moins  de  soin.  Les  Leçons 
de  rhisluire  sont  divisées  par  gran- 
des époques j  cl  dans  chaque  période 
on  y  traite  séparément  l'histoire  de 
chaque  peuple.  IIL  \j  Esprit  du  Chris- 
tianisme^ précédé  d'un  précis  de  ses 
preuves  ,  et  suivi  d'un  plan  de  cou" 
duitej  Paiis,  i8o5,  in-12;  on  trou- 
ve à  la  suite  quelques  Poésies  chré- 
tiennes et  morales  par  le  même  au- 
teur. IV.  Des  Mémoires  sur  sa  vie, 
suivis  de  Mélangées  en  prose  et  en 
vers,  Paris,  1810,  in-12.  V.  Des 
Sermons,  Lyon,  1816,  4  vol. in-12, 
dont  un  pour  X^avent^  deux  de  ca- 
rême, et  un  de  mj stères i  à  la  suite 
du  dernier  est  nn  panégyrique  de 
Saint-Cliarles.  Parmi  les  ouvrages  iné- 
dits de  Tabbé  Gérard,  dont  on  fait 
espérer  la  publication  ,  nous  indique- 
rons un  Essai  sur  les  vrais  princi- 
pes relativement  à  nos  connaissan- 
ces les  plus  importantes j  3  vol.  ; 
Etudes  de  la  lans^ue  française ,  de 
l/f  rhétori(jue  ,  de  la  philosophie  , 
3  vol.,  etc.  L — y. 

GRUARD  DE  INIMÈGUE.  Fojr. 

GliLDENHAUER. 

GÉRAUD  DE  RAYNEVAL  (  Jo- 
si  ph-IVIatiiias  ),  mort  à  Paris  le  5i 
décendjie  181*2,  à  l'âge  de  'jG  ans, 
avait  suivi  la  carrière  iliplomaliquc. 
Chef  pcnd.iut  vingt  ans  au  bureau 
des  alïaires  étrangères,  il  avait  pris 
part  à  des  négociations  dilllciles,  avait 
concouru  à  plusieurs  traités,  et  parli- 
culiènment  au  traité  de  commerce 
avec  rAuglcterre  ,  en  178G.  (ihargé 
des  intérêts  do  l'Espagne ,  durant 
la  paix  de  17B3,  il  re\iil  de  la  cour 
(1(  Mulrid  l'ordre  do  Chai  1rs  111. 
11  est  aus^i  connu  par  h  s  ouvrages 
suivante:  I.  Institution  au  droit pii" 


(i  K  U 

hlic  à'Jllcmas^ne ,  Liipzif; ,  \')CiG^ 
iu-8'.  II.  In^tilidions  au  droit  de  la 
naliirc  ci  des  ^cns ,  i\'nis,  kSoj, 
in-8°.  m.  De  la  liberté  des  mers  , 
l8i  I  ,  iii-8'.  II  <>  laisse  en  in.iiiiiscrit 
un  ComniciiLiirc  sur  Machiavel ,  dans 
lequel  il  s'aîfaehc ,  dit-on  ,  à  venger 
]a  mémoire  de  cet  écrivain  politique, 
juge  avec  trop  de  rigueur ,  d'après 
plusieurs  fausses  inlcrprctations  de 
ses  maximes  d'état.  Z. 

Gh:UAl\DDOVV.  Vor.DoYj. 

GlUUl^l)  GROOT,  ou  le  Grand, 
fondateur  de  l'iuslitution  des  Frères 
delà  vie  commune,  qui  donna  nais- 
sance à  la  célèbre  congrégation  des 
clianoines  réguliers  de  Windeshem  , 
naquit  à  Deveuter,  en  i54o.  Weruer 
Gruot  sou  père,  consul  de  celte  ville  , 
l'envoya  faire  ses  études  à  l'université' 
de  Paris,  où  le  jeune  Gérard  se  dis- 
tingua bientôt  parmi  ses  condisciples. 
A  dix-huit  ans  ,  il  vint  à  Cologne  en- 
seigner la  ]îhilosopliie  et  la  théologie. 
La  réputation  qu'il  y  acquit  en  peu 
d'années  ,  par  la  supériorité  de  son 
éloquence  et  de  son  savoir,  lui  mérita 
véritablement  le  surnom  de  Grand. 
Outre  la  fortune  dont  il  jouissait,  il 
fut  pourvu  de  plusieurs  bénélîces, 
d'un  canonicat  cà  Utrecht,  d'un  autre 
à  Aix-la-Chapelle  ,  etc.  La  gloire  du 
.siècle ,  plus  que  le  soin  de  son  salut , 
l'occupait  alors;  mais  la  visite  d'un 
compagnon  d'études,  prieur  de  la 
chartreuse  de  Monichuscn  dans  la 
Gucldre,  l'enlrelien  qu'il  eut  avec  ce 
solitaire ,  ainsi  qu'avec  Je  contem- 
platif Jean  Rusbroeck,  prieur  des 
chanoines  réguliers  du  Val  -  Vert 
près  Bruxelles,  le  déterminèrent  à 
changer  de  vie.  S'ctant  démis  de 
ses  bénéfices,  il  ne  songea  plus  qu'à 
la  retraite  :  au  lieu  du  bonnet  de  doc- 
teur, il  prit  le  ciliée  ;  et  s'instruisit 
dans  l'exercice  de  l.i  vie  régulière, 
ifiu  d'apprendre  aux  aulvcs  à  la  pra- 


GER  !-"> 

4 

tiquer  eux  menu  s.  Il  reçut  I.  s  ordres 
sacrés,  mais  en  se  hoiiianl  au  simple 
diaconat,  par  Inuuililé,  et  pour  pou- 
voir prêcher  la  parole  de  Dieu.  Ses 
prédications  à  Devenler,  àZAVûll,à 
Amsterdam,  à  Lcyde,  à  Zutjjhcn  et 
dans  les  autres  villes  delà  Jlollandc, 
lui  attirèrent  un  concours  prodigieux 
d'auditeurs  ,  et  Ojiérèrent  un  grand 
nombre  de  conversions,  soit  parmi 
1rs  laïcs,  soit  parmi  les  clercs  mêniis. 
Gérard ,  pour  mieux  fixer  les  règles 
de  leur  conduite,  et  multiplier  le  tcxie 
de  l'inslruction ,  fit  venir  dos  divers 
monastères  cl  collèges  les  manuscrits 
les  plus  anciens  et  les  meilleurs  de 
la  Bible  et  des  Pères.  Les  écoles  d'hu« 
manités  flori^^saient  alors  à  Deveuter, 
où  affluait  la  jeuuessc  de  toutes  les 
parties  de  la  Flandre  et  de  l'Allema- 
gne. Il  rassembla  plusieurs  des  cîercs 
et  des  élèves  pour  transcrire  les  ma- 
nuscrits qu'il  avait  recueillis,  et  en 
extraire  ce  qui  pouvait  être  utile  à 
l'instruction.  Il  leur  donna  sa  mai- 
son, établit  entre  eux  la  communauté 
de  travail ,  et  y  préposa  Florent  Ra- 
dewyn,  de  Leyde,  chanoine  de  St.- 
Pierre  d'Utrecht ,  et  professeur  à  l'u- 
niversité de  Prague.  La  calligraphie, 
les  travaux  manuels  les  plus  uti- 
les, l'éducation  et  la  prière,  furent 
l'objet  principal  de  l'institution,  qui 
prit  le  nom  de  Congrégation  des 
clercs  et  des  frères  de  la  vie  com- 
mune, (i)  Cette  institution  ne  tarda 


ix)  La  transcription  des  manuscrits  étant  l'un 
Je«  points  principaux  de  l'institut  des  Frères  de  la 
vie  conimunc  ,  l'art  typo{;raphiqne  leur  fut  d'une 
{grande  utililé  pour  en  multiplier  les  copies  ;  aussi 
imprimèrent-ils  des  premiers,  dons  plasieurs  de 
leurs  maisons.  Ceux  du  Val  Sainte  -  Marie ,  a« 
diocèse  de  Maïcuce  ,  publièrent  le  Psautier  ft 
le  Bréviaire^  en  1.474  <  10-4".  ;  —ceux  de  St. -.Mi- 
chel, àRostuck,  les  OEu^res  de  Lactance ,  in- 
fol.  ,  1/176;— ciMix  de  la  maison  de  Naz.irelh  ,  à 
Rruselles,  Ariwldi  de  Ruterodarnis  Spéculum 
conscienliarum^  ^'\'',(*^  iu-f.  «le  près  de  800  pa^cs 
sur  deux  colonnes  ;  cet  ouvrage  du  docteur  Arnold 
de  Rollerdum,  chanoine  régulier  du  Val-Vert,  e.st 
le  premier  livre  imprimé  a  Druxelles.  Parmi  les 
autres  prvduolioas  torlics  de  leurs  picises  d.iBi  le» 


174 


GER 

pas  à  se  répandre  de  Devenlcr  dans 
les  antiLS  villes  des  Pcjy.s-Bis.  Des 
congrégations  de  sœ;irs  s'ëtaljlirent 
sous  le  nom  de  Béguines  ,  à  l'instar 
de  celles  des  Frères.  Ces  réunions 
d'individus  qui  n'étaient  assujétis  à  au- 
cun vœu,  et  qui  vivatcnî  eu  cominnn 
du  produit  de  leur  travail,  e?C(iièrent 
la  jalousie  des  ordrns  mendiants,  qui 
déhonccient  les  frères  de  la  vie  com- 
mune en  les  assimilant  aux  Bé- 
j;ucirds,  ou  frères  de  la  vie  Tbie,  dont 
l'associai  ixtii  avait  été  réprouvée  par  les 
Cléiucnfines.  Gérard  dismlpa  pleine- 
menf  sou  institut,  qui  fui  ipprouvc 
pai  Grégoire  Xl,  en  1576. Une  scni- 
blabic  accusation,  reproduile  depuis 
au  cotu  i'e  de  Constance,  fui  victoi  ieu- 
senunl  rcpousscepar  Gerson.(  Tojk. 
Gerson.)  Dans  la  vue  d'cx'iler  le 
zèle  des  frères,  et  de  les  édifier  par 
rexem])Ie  de  la  perfection, Gérard  se 
proposa  de  réunir  plusieurs  de  ses 
clercs  par  dc^  vœux,  sous  la  règle, 
non  pas  des  Cliartieux  ou  des  moines 
deCîleaux,  corrune  trop  solitaire  ou 
trop  rigide ,  mais  sous  celle  des  clia- 
noines  le'gulicrs  de  Si-.  Augustin, 
comn-e  plus  rapprochée  de  la  société, 
cl  (lu  régime  déjà  formé.  Une  ma' 
lodic  pcshlenlielle  étant  surventie  à 
Devctitii,  1«  j)ieux  et  humain  Gérard, 
cri  visi'aiit  un  ami  opulent  atteint  de 
cet'e  mal -die,  la  cunlracta  lui-même, 
cl  rnoirut  à  Tage  de  quaraulcquatrc 
ans,  eu  i?tH\.  Ses  inlcnlions  furent 
remplies  |)ar  Floieut,  qui,  à  Wi'ili: 
des  lil)''rililé.s  du  (l('tunt,  son  ami, 
et  d'antres  nrhes  prusélytes  que  Gé- 
rard avait  fail^,  él.ib!il,  en  iTiSH,  à 
Windtslnni,  ini  ministère  de  cha- 


tM\néim  (niiv»nlfi  o>  ritr  Ir»  Sermom  ml  \ft  Lfil- 
trrt  lit  S  lieinitrit,  i/iH»,  a  vi.l  in-fol.  Il  •  it 
4i«>utiiint  1(11  il»  n  (lieril  i>oitil  iinpiin»'  le  livrr  iln 
Vl'ttlulinn  do  JiiHi'Clilnl,  «M  étuil  rerlltm.nl 
roiivr  n'  «I''  Krrnpii  ,  un  «le  Ifiim  niu  ip»»  fuli»-- 
rot  ,  Ifiriqnil  m  »•^i>l  m  uik»  ro|iir  ilr  »»  nmiii.  Ou 
ne  voit  nin  iKiP  |>liu  i|ii  il»  ..iriil  mil  au  j'xir  i|iml- 
uuc(-UBCi  Jci  ceutrei  aieiili<]iUi  de  leur  u»nJjleur. 


GEU 

noines  réguliers,  dont  les  règlements 
furent  confirmés  par  Bouifacc  IX  et 
ses  successeurs.  Cet  ordre  se  propa- 
gea rapidement  eu  Flandre  et  en  Al- 
lemagne, tellement  qu'il  comptait  en 
i45o  quarante-cinq  maisons,  et  en 
i4fio,  selon  Busch,  le  triple  au  moins 
d-  ce  nombre.  De  Windeshem,  le 
chef-lieu ,  et  des  autres  miisons  de 
Hollande,  sont  sortis,  dès  l'origine, 
non  seulement  beaucoup  d'ouvrages 
distingués  pcjr  la  piété  tt  l'onction  , 
mais  des  chefs-d'œuvre  de  cailigra- 
phie,  remarquables  par  la  correctioa 
du  texte ,  comme  par  la  netteté  de 
l'éciiture.  De  doctes  et  habiles  trans- 
cripteurs  y  ramenèrent  les  livres  de 
l'ancien  et  du  nouveau  Testament  à  la 
version  primitive  de  St.-Jérome  :  ce 
texte  ,  approuve  par  les  pontifes,  a 
servi  de  base ,  en  partie  ,  au  travail 
des  éditeurs  de  la  Bible  do  Sixte  V. 
Il  en  a  été  de  même  de  plusieurs  écrits 
des  Pères;  et  les  docteurs  de  Lou- 
vain,  dans  leurs  éditions,  ont  beau- 
coup profité  du  texte  de  ces  ma- 
nuscrits. La  chronique  de  l'ordre  de 
de  Windeshem  ne  cite  aucun  des  ou- 
vrages nombreux  de  Gérard ,  la  plu- 
part dirigés  vers  le  but  de  son  insti- 
tution. Quelques-uns  ont  été  publiés 
à  la  suite  de  sa  Vie  par  Thomas  ou 
plutôt  par  Jean  de  Kempis  ,  son  frère, 
disciple  de  Gérard.  (  f'^oy.  KEMPrs.) 
Tels  sont  ceux  da  Feridicd  predica- 
t/orie,  et  de  Librorum  sacrorum  stii- 
<//o.  liCS  autres,  restés  inédits  ,  cl  dési- 
gnés d'après  le  lénioignage  de  Bunder, 
quiavait  fuit  un  index  dt'S  manuscrits 
des  monastères  de  la  Belgique,  sont 
j)i  iueij)a!ement  :  I.  De  vitd  in  coin- 
muni  deccntinni  y  chez  les  chanoine^ 
réguliers  de  Tongres.  II.  De  inconi- 
moditatihiis  inaUimomi y  au  nu)nas- 
lère  de  Uougeval,  près  Bruxelles,  et 
à  St.-IMarlin  de  TiOnvain.  III.  Trac- 
talus  de  ptrupertatc ,  au  Val  -  Vert. 


IV.  De  cohabilationc  cl  exercltiis 
devotorum ,  au  monastère  des  Scpt- 
Font.nncs.  \^  De  eriidilionc  scliold- 
runi,  à  Sainl-iM.Mtiii  (11'  Louviiiu.  VI, 
J)t^  rc'iiiinine  vionialiiim ,  à  Aix-la- 
('.li.ipolle.  Vil.  Une  vcrsiuM  l.jtine  du 
livre  U.jniand  De  IVupUis  sinrilua- 
libus,   etc.,  de   Je;ui    Hiisbrocck,  à 
Sainte -Croix  de  Njinur.    Gcijrd  et 
Kcmpis  louent  bcauconp  Ic5  ouvra- 
ges   de    Rushroeck,    dont   le    livre 
mystique  de  nuptii^-  nlùvii  néanmoins 
la    censure  de   Grrson.   VllI.   Sev- 
moîies  varii  ,  à  Saint  -  Jac({ues  de 
Liège,   et   dans   plusieurs    chartreu- 
ses de  Flandre.  IX.  Epislolœ  ad  di~ 
pc;'io^,dans  la  cliarlrcuse  de  Gaud. 
Nous  avons  trouve  plusieurs  lettres  de 
Gérard,  à  la  suite  de  la  correspon- 
dance manuscrite,  de  1570  à    j4o8, 
de  Henri  Kalkar ,  prieur   de  char- 
treux, conservée  à  ia  bibiioilicf[ue  de 
Strasbourg.  Pierre  du  lîeck  attribue  à 
Ge'rard  ,   mais  sans   fondement  ,  le 
traite  De  cowersalione  interna,  qui 
])auaît  être  le  second  livre  vulgaire  de 
\ Imitation -(jÛKhKO  de  Zutphen,  dit 
le  jeune  ,  fut  bibiiuthéc.iire  et  i'iui  des 
premiers  élèves  de  Técolc  instituée  par 
Gérard  Groot.  11  fut  à  son  tour ,  avec 
Florent,  le  maître  de  Thomas  à  Kem- 
pis,  qui  a  e'crit  la  vie  de  l'un  et  de 
l'autre,  et  que  Triihèmc  a  cru  disciple 
du  grand  Ge'rard.  Il  a  laissé  quelques 
opuscules  ascétiques,  nourris  de  l'es- 
prit de  l'Ecriture,  et  dont  l'auteur  de 
sa  vie  fait  l'éloge  :  i".   De  reforma- 
tione  interiori,  seu  viriiim  animœ. 
'2'\  De  asceimoue  spirituali.  Ils  ont 
clé  imprifncs  à  Paris,  \^\j'i^  à  Co- 
logne, 1559;  et  insére's,  en  outre, 
dans  la  Hibliolhcque  des  Pères,  Colo- 
gne, i()i8.  Gérai d  de  Zuîplien  mou- 
rut à  l'âge  de  trcnlc-un  ans,  en  i3()8. 

G CE. 

GERARD    TIIOM  ou  TENQUE 

(Le  bienheureux),     iuililuteur     et 


G  F  R  1  ^  j 

premier  grand -m  (îue  de  l'ordre  de 
St.  -  Jean  de  Jérusalem  ,  était  né  vers 
l'itu    lo/jo  dins  l'île  de  M.irtigue  sur 
la  côte  de    Provence.    11    p.naît    que 
dans  sa  jeunesse  il  s'applifjiia  ;iu  com- 
merce, et  que  ce  fut  à  la  snilr  d'un 
voyage  qu'il  avait  cnrrc{)ris  pour  ses 
all'aircs,  qu'il  vint  à  Jérusalem.  Arrive 
dans  la  ville  sainte,  il  se  sentit  tou- 
ché de  la  grâce,  renonça  à  tous  les 
avantages  qu'il  pouvait  espérer  dins 
sa  patrie,  et  se  consacra  à  la  prière  et 
au  soulagement  des  pèlerins  qui  ac- 
couraient alors  en   foule   visiter    ie^ 
lieux   témoins   de  tant  de  prodiges. 
Les  négociiints  d'Amalfi  avaient  ob- 
tenu en  loôo  de  Bomeiizor,  sulthan 
d'Egypte  et  de  Syrie,   1.»   permission 
de  construire  à  Jérusalem  une  église 
qu'ils   dédièrent  à  Ste.- Marie  la  La- 
tine, et  dont  la  direction  fut  confiée  à 
un  abbé  de  l'ordre  de  S.  Benoît  (i»u 
de  S.  Augustin  suivant  quelques  au- 
teurs;. L'abondance  desaumô;)es  per- 
mit à  l'abbé  de  faire  bâtir  en  1 080  un 
li6pit<d   pour  les  pèleiins  ;  e^  il   en 
nomma  supérieur  Gérard,    dont    la 
vertu  et  la  charité  étaient  déjà  con- 
nues au  loin.  Gérard jemplit  ces  fonc- 
tions pénibles  avec  un  zèle  extraor- 
dinaire ;  sa  patience,  sa  douceur,  sa 
bonté  le  firent  estimer  même  des  Sar- 
rasins: mais  lorsque  les  chrétiens  ar- 
rivèrent dans  l'intention  de  délivrer 
Jérusalem,  Gérard  ,  soupçonné  de  fa- 
voriser leurs  projets,  fut  mis  en  pri- 
son (1).  Godcfroi  de  Bouillon  brisa 
ses  fers,  et  le  replaça  à  la  tête  de 
l'hôpital,  dont  il  augmenta  les  reve- 
nus. Ce  fut  l'année  suivante  (  i  100) 
que  Gérard  jeta  les  fondements  de 

(O  C'est  le  récit  de  Guillaumf  «le  Tyr.  Mais  le 
P,  Pnoli  pense,  d'après  Albert  d'Aix,  historirn 
contemporain  ,  que  cet  archevêque  a  oinlomlii  ici 
l'hospilalier  Gérard  Tliom  avec  Gérard  d'Avesnre, 
attaché  à  Godefroi  de  BouilioD  ,  et  qui  ,  ayant  cl.; 
donné  en  otage  auT  Sarrasins,  fut  lié  par  eux  à  un 
polrau  sur  les  rem|>ai-is  d'Assur,  lors  de  i'assiul 
douné  p'*r  les  chiélicus  à  celle  place. 


1^6  GER 

l'ordre  hospitalier  de  S.  Jean,  u  II 
»  prit  lui   habit  religieux,  avec   une 
»  croix  blaiicîte  à  liuit  puinies ,  cuu- 
»  sue  sur  la  poitrine,  et  donna   cet 
y>  habit  aux  p(r»?on!»es  qui  joi  .nireut 
«  aux.  troL-;  vœux  decliaslelé  ,  d'ubeis- 
»  sance  et  de  pauvreté',  celui  de  se  li- 
»  vrer  au  soula,;enHnl  dis  cl.rctit  us.» 
Cet  ordre,  dont  Gérard  redi:oa  les 
statuts,  obtint  de   grands    privilèges 
dès  sa  naissance,  et  fut  co  lîrmé  par 
plusieurs  bulles  des  souverains  pon- 
tifes. Le  pieux  fondateur  eut  !a  con- 
sohition  d'en  prévoir  la  gran  Je!:r  fu- 
ture, et  mourut  vers  ir2i.  C'est  la 
date  d'une  charte  par  laqutlle  Aine- 
lius,    évêque   de  Todouse,  autorise 
Gérard  à  acquérir,  au  noui  de  Tor- 
dre,    dans    son  diocèse,    des   biens 
tant    ecclésiastiques    que    laïcs.     On 
trouve  la  Vie  du  bienheureux  Gérard 
dans  le  Becueil  des  f^ies  des  Saints 
et  des  Saintes  de  l'ordre  de  S.  Jean 
de   Jerusalm  ,    Paris  ,  in  -  fol.   De 
H.iitze  a  public  l'Histoire  du  bienheu- 
reux Gérard  Tenque  de  Marti^ues , 
Aix,   l'jSo,  in-rji.  Ou  peut  consul- 
ler    aus>i    la     savante     Dissertation 
DelVori^ine  ed  istituto   del  sacra 
militur  ordine  di  S.  Gioifambalista 
Gerosolirnilano...  ,  par  le   l\   Paul- 
Antoine  Paoli ,  de  la  congrégation  de 
la   Mère   de   Dieu,  et    président   de 
l'acade'mic  des  nobles  ecclésiastiques, 
Rome,  i-jHi  ,iii-4  •;  ocorc  l'extrait 
qu'en  a  donné  Diipuy  dans  le  Jour- 
nal  des  savants,   décembre,    17H2, 
p. g.  780.  W — s. 

GERARD  ou  GKRARDÏ*:  (.Jlam), 
chirurgien  anglais,  et  l'un  des  plus 
savants  botanistes  du  wi.  siècle, 
naquit  en  îO/jf)  à  N  uujUwieh  ,  dans 
le  Cheshire,  et  fut  long-  temps  jardi- 
nier en  chef  de  lord  Riirleigli,  (|ui  était 
lui-même  un  grand  amil<'ur  dr  bota- 
nique. Gcrarde  introduisit  en  Arigle- 
lerrc  im  nombre  cunsidcrabic  de  plau- 


GER 

tes  exotiques j  et  il  possédait  h  Lon* 
dr(  s,  quartier  d'fiolborn,  un  vaste  jar- 
dic  botanique,  dont  il  publia  le  catalo- 
gue en  logij  et  en  i5€)9,  et  qui  fut  un 
dts  premiers  jardins  de  ce  genre  qu'on 
ail  vus  en  E  .rope.  Ce  catalogue ,  dont 
on  ne  connaît  plus  que  l'exemplaire 
Conservé  au  Muséum  biii  an  nique, 
contient,  ««livant  le  docteur  Pultc- 
ney,  io53  espèces,  ou  au  moins 
supposées  telles ,  quoique  beaucoup 
ne  soient  certainement  que  des  varié- 
tés. Gerarde  publia  en  i5g7  un  ffer" 
hier  ,Qy\  ni<toire  gênéraU  des  pMn-- 
tes ,  Londies,  in-fol.,  avec  des  plan- 
ches en  bois  ,  qui  avaient  été  gravées 
pour  riierbier  allemand  de  Tabernae- 
Moiitaiius,  imprimé  à  Francfort.  Lo- 
bel  accuse  Gerardc  d'avoir  fait  fré- 


quemment usage,  sans  en  rien 


din 


d'une  traduction  inédite  de  l'ouvrage 
intitulé   Pemptades  ,    de  Dodonée; 
et  c'est  ce  que  lonflrme  la  lecture  at- 
tentive de  son  livre,  qui  manque  de 
liaison  et  d'ensemble.  On   s'aperçoit 
aussi ,  dans  ce  qu'il  a  traduit  de  Léclu- 
se,  Lobel,  etc.,  qu'il  n'avait  qu'une  fai- 
ble connaissance  de  la  langue  Ltinc  ; 
mais  cela   n'empêche   pas    qu'on   ne 
doive  lui  avoir  des  obligations   pour 
les    progriîs    que    ses    connaissances 
])ratiques  et  son  zèleont  fait  fiire  à  la 
botanique.  Le  docteur  ïlioma>  John- 
son a  donné,  eu   i()5(),  une  édition 
iKujvelle   de  ^Herbier  de  Girarde, 
où  il  a  lait  des  corrections  essentic  lies. 
l/oiivr.ige  est  enciue  cslimc  au)our- 
d'Iuii.  Les  descriptions  y   stmt  rédi- 
gt'cs  avec  bvMueotip  de  clarté.  «    Les 
»  auteurs,  «iil-tui  dans  VEncjclt^pé" 
yy  die  britannique^  se  sont    attachés 
»  à  fiirc  coniiaiiie  à  leurs  lecteurs  les 
»  caraclèrrs  des   plantes   plutôt  qu'à 
»  leur  faire  part  de  leur  érudition  ca 
«grec  et  en  latin.   »   L^  iloeleur  Th. 
Johnson  conjecture  queGérardc  mou- 
rut vcis  l'aiimic  iGo].  Plumier  a  cga-. 


r.  ER 

sncre  à  la  moinoiro  de  ce  bol.inisfc, 
sous  If  nom  (le  Gcrardia,  un  genre 
(le  pKiiiles  à  lletir  moiiopctaîe,  pcr- 
sonnee,  ilc  la    lainillc    des    .^cropliu- 
l.iircs  (je  Jiissicii ,  et  dont  les  espèces 
jx'ti  notiibreuses  sont  exoli(jues.  X — s. 
(lEKliAlS  (Jean  ),  doelcur  de 
Sorbonne,  n.Kjiiit  en  iOjaj  à  Rnpois, 
dans  le  diocèse  de  Reims,  de  parents 
pauvres,  mais  qui,  lui  voyant  d'iicu- 
leuses    dispositions  ,    r(îsolurcnt   de 
tout  sacrifier  pour  lui  f.iirc  flaire  ses 
ctudes.  Après  qu'il  les  eut  terminées, 
il  se  prcîsetita  eu  Sorbonne  pour  pren- 
dre sa  licence  ;  mais  ce  ne  fut  qu'à 
l'âge  de  Irenlc-dcux  ans  qu'il  soutint 
sa  (licse  pour  le  doctorat.  L'année  sui- 
vante (  I  ()Gi) ,  il  iut  nommé  à  la  chaire 
d'(îloquence  du  Collëf^e- Royal,   qu'd 
remplit  avec  beaucoup  de  succès.  11 
avait  déjà  été  honoré  du  rectorat  de 
l'universilé;  et  les  discours  qu'il  pro- 
nonça pendant  son  exercice,  avai.nt 
donné   une  idée  très  avanMgeuse  de 
ses  talents,  i/assembice  du  clergé  le 
chargea  de  p  biii  r  S(  s  Décisions  tou- 
chant les  régulier ^ y  avec  les  commcn- 
tiires  de  Fr.  H  .lier  (  f^oy.  H  allier  )j 
travail  qui  lui  valut  une  pen:iion  de 
600  liv.  L'histoire  du  re^te  de  sa  vie 
n'est  plus  que  celle  de  ses  ou\rages, 
peu  nombieux,  mais  so'ides,  (t  dont 
quelques-uns  ont  C()n^crvé  beaucoup 
d'intercjt.  Gerbais  était   piincipai  du 
collège  de  Reiras  à  Paris  ;  et  d  y  fonda 
deux  bourses,  sans  doule  en  recon- 
naissance   (les    secours  qu'il  y  avait 
trouvés  pour  sesét.idcs.Cer'  sp^cîabie 
savent  mourut  le  i4avril  1699,3  'jo 
ans.  On  a  de  lui  :  1.  De  serenissimi 
Franciœ  Delphini  slwiiis  felicibus 
oratio,  1673,  in-4°.  Ce  discours  fut 
prcjnoncé  au  Collége-Roval  à  la  ren- 
trée des  classes  :  le  style  eu  est  très 
élégant ,  et  annonce  un  homme  nourri 
de  la  lectuie  des  bons  auteurs.  II. Dis- 
sertalio  de  caiisis  majoribus  ad  ca- 
xvir. 


"^  CRU  177 

put  concordatoriim  d<'  cau<:îs ,  Paris ^ 
i(>7(),  in-/|".  Il  y  ét.iblil,  d'.q)iès  les 
principes  de  l'Eglise  de  France,  que 
les  cau^cs  majeures  doivent   être  ju- 
gées par  les  évêques, avant  d'(}lre  j)or- 
tées  à  la  décision  de  la  cour  de  Rome. 
Une  bulle,  du  18  novembre  1680, 
condamna  l'ouvrage  5   et  l'auteur  fut 
obligé    d'adoucir    les    passages    qui 
avaient  déplu,  dans  les  cdiiions  sui- 
vantes, Lyon,  i685,  et  Piri>,  1690, 
toutes  deux  in- 4".  II 1.  Traité  paci- 
fique du  pouvoir  de  l'Église  et  des 
l^rinces  sur  les  empêchements  du 
mariage  ^  ibid. ,  1690-1696  ,  iii-4*. 
Dominiq.  Galesio  ,  évêque  de  Ruvo , 
dans  le    my  jume  de  Naphs  ,    avait 
soutenu  que  rÉg'ise  seule  a  le  pou- 
voir de  mettre  opposition  aux  ma- 
riap,es  ;  et  J.  Laun(jy,  au  contraire, 
avait  prétendu  que  c'est  un  droit  in- 
hérent à  !a  puissance  civil»'.  G;  rbais 
cherch.»  à  concili;  r  ces  deux  opinions  • 
mais  il  ne  put  y  réussir.  IV.  Lettre 
au  sujet  de  la  comédie,  Paris,  1694, 
in- IV.,  contre  une  A[)o!ogie  du  ihéâ- 
tre,  attribuée  au  P.  CafKuo ,  théalin, 
qui  la  désavoua,  la  même  ai) née.  V. 
Plusieurs  lettres  touchant  le  pécule 
des  religieux  faits  curés.  VL  Let' 
tre  touchant  les  dorures  des  habits 
de  femmes  y  oit  Von  examine  si"  la 
défense  que  St  -  Paul  a  faiie  aux 
femmes  chrétiennes  de  se  parer  avec 
de  tor  y  ne  doit  passer  que  pour  un 
conseil,  ibid.,  1696,  in- 12.  il  y  sou- 
tient que  la  défense  de  St.-Paul  est  de 
précepte.  VIL   Des  traductions  du 
traité    de    Panorme    (  Nicol.    Te- 
deschi,  archevêque  de  Paîerme),  tou- 
chant le  concile  de  Baie ,  et  d'une 
lettre  de  l'église  de  Liège,  en  ré- 
ponse à  un  bref  de  Pascal  II,  qui 
déclarait  excommuniés  les  Liés^eois 
restés  fidèles  à  l'empereur  HenrHV^ 
leur  légitime  souverain.  Ces   deux 
pièces  sont  une  apologie  de  la  célèbre 

Ï2 


178  GER 

Déclaration  du  clergé,  devenue  la  base 
des  Jibertés  de  l'Église  g.tiiicane.  M. 
Barbier  (  Dictionnaire  des  anony- 
mes ,  11".  2821  ),  dit  que  l'on  a  at- 
tribué à  Gei  b.'iis ,  V Histoire  des  con- 
ciles généraux  depuis  les  apôtres 
jusijuau  concile  de  Trente ,  Paris  , 
1699,  2  vol.  in- [2.  On  peut  con- 
sulter, pour  plus  de  détails,  \qs  Mé- 
moires de  Niceron  ,  tome  xiv  ,  et 
V Histoire  du  Collège  -  Royal ,  par 
l'abbé  Goujet.  W — s. 

GERBERON  (Gabriel),  bénédic- 
tin de  St.-?vlaur,  était  né  à  St.-Gdais, 
dans  le  Maine  ,  le  28  aoûf  1 628. 11  fit 
ses  études  au  collège  de  l'Oratoire  à 
Vendôme,  rt  à  vingt  ans  entra  dans 
la  congrégalion  de  Sf.-Maur.  Ayant 
clé  fait  prêtre  en  i655,  il  enseigna 
la  théologie  dans  plusieurs  maisons. 
La  liberté  avec  laquelle  il  s'expliquait 
sur  les  contestations  naissantes  du  jan- 
sénisme, ainsi  que  sur  des  persounes 
en  place  et  sur  les  jésuites,  obligea 
ses  supérieurs  de  l'envoyer  à  Corbie, 
où  il  ne  se  montra  pas  plus  réservé. 
Ou  l'accusa  d'écrire  snr  les  disputes 
de  ce  temps-là,  d'être  opposé  à  la  ré- 
gale, et  d'.'ivoir  eu  part  à  quelques 
brochures  contre  rarchcvêque  de  Pa- 
ris De  Harlay.  Un  exempt  tut  char;;é 
de  r.inêtcrj  mais  Gerberon  ,  averti, 
prit  la  fuite,  et  passa  en  Flandre,  puis 
en  Hollande.  11  y  prit  le  nom  d'Au- 
pjustin  Kergié,  et  se  fit  nitiualiser 
bourgeois  de  Rotterdam.  Pendant  la 
j^uerre  entre  la  Fr/ince  «t  1 1  Hollande, 
en  lOc)»  ,  il  rcvMit  à  iiruvelles,  où 
il  s'occupait  à  écrire  pour  le  soutien 
de  sa  cause.  H  y  Int  arrêté  le  r>o  mai 
i^of);  et  son  procès  lui  fut  tiil  au 
tribunal  de  rar('lievêque,I\ï.  dePrcci- 

})iano.Lfne  sentence  rendue  contre  lui , 
c  24  novembre ,  l'accusait  d'avoir 
pris  l'haliit  séculier ,  d'avoir  lait 
imprimer  plusieurs  livres  sans  ap- 
probation ;  d'avoir  délundu  W/upa- 


GER 

tiniis ,  refusé  de  souscrire  le  For- 
mulaire,  et  d'avoir  propagé  le  jansé- 
nisme. 11  fut  renvoyé  à  ses  supérieurs, 
pour  être  plus  amplement  corrigé. 
Gorberon  en  appela  j  mais  cette  dé- 
marche n'eut  pas  de  suite.  En  1707, 
on  le  ramena  en  France  ;  et  on  le  garda, 
tantôt  à  Amiens,  tantôt  à  Viucennes. 
En  I  7  I  o  ,  il  se  résigna  à  souscrire 
le  Formulaire  et  une  déclaration  de 
soumission  à  l'Église  ;  après  quoi 
ou  le  tira  de  prison.  Réuni  à  ses  con- 
frères à  St.-Germain-des-Prés ,  il  ra- 
tifia ce  qu'il  venait  de  faire  à  Vin- 
cennes ,  et  mourut  à  l'abbaye  de  Saint- 
Denis  ,  le  29  mars  1 7  1 1 .  Sa  vivacité 
et  son  indiscrétion  furent  cause  de  ses 
traverses-  et  le  dictionnaire  de  Mo- 
réri  avoue  qu'il  s'expliquait  avec  trop 
de  chaleur.  Son  zèle  parut  surtout 
dans  le  nombre  et  la  nature  des  écrits 
qu'il  publia  pour  le  soutien  de  sa  cause: 
V  flistoire  littéraire  de  la  congréga- 
tion de  St.-Maur  en  compte  cent 
onze.  Nous  nous  garderor<s  bien  d'en 
donner  la  liste ,  et  nous  ne  citerons 
que  ceux  qui  firent  alors  le  plus  de 
bruit  '.\.  Le  Miroir  de  la  piété  chré- 
tienne, 1G76,  qui  fut  condamné  pai" 
plusieurs  évêques,  et  dont  Arnauld 
lui-même  blâmait  des  propositions  un 
peu  dure*.  11.  Vue  édition  des  OEu- 
ures  de  St-  yinstlnie ,  abbé  du  Bec, 
Paris  ,  1G71  ,  iu'fol.  III.  La  f'érité 
catholicpie  victorieuse  ,  Amstei  dam  , 
itiH^.  IV.  Les  u^i'is  salutaires  de 
la  />.  /'.  Marie,  à  ses  de\'ols  indis- 
crets,  traduits  du  latin  de  Wendel- 
feld,  Gind,  1G75  ;  ils  furent  con- 
damnés à  Rome  l'année  suivante.  V. 
Une  édition  des  OEuvres  de  Bàius, 
\  \.  Histoire  générale  du  jansénisme, 
1700,  !~)  vol.  in- 12  ,  où  il  ne  méua- 
gc  giuMc  St. -François  de  Sales  et 
St.  Vincent  de  Paul;  et  une  foule 
d'écrits ,  de  lettres ,  de  factums  el 
de  pamphlets  eu  faveur  de  ses  amis 


G  EU  n  EU                  i-jO 

et  contre  ses  cmicmis,  f^orez  son  jilaccr  dniis  l'onsrii^ncmrnt,  on  lui 
article  dans  V Histoire  littéraire  d:  la  confia  la  dirorlion  (le  la  Ijiblicilhèque 
congrégation  de  St.-Maiu\  yiw  V).  du  couvent,  (/est  en  exeiçanl  cMlc 
Tas>in,  j»jg.  3 1 1.  Ct'l  ail ic!e  l'orme  lonrlion  qu'd  (il  heaiic».ii|i  de  re- 
iHiarantc  })ai^cs  in  4"'»  ^'t  GrCrberon  y  cherches  sur  Thi-stoire  cceicsiaçiifiue 
est  reprôenlc  connue  une  linnièrc  du  moyen  âge,  et  (|iûl  ia,ssfni!)la  les 
de  l'Église.  Il  aurait  pu  être  utile  eu  matériaux  de  son  histoire  de  l;j  niu- 
t'det  :  mais  res[)rit  de  parti  ctoufiCi  ses  siquc  et  de  la  lituigic.  Il  cnlrepiit, 
lalcntsjetia  fccoudité  de  sa  plume  iu-  en  i  7G0  ,  un  voyage  en  France,  ca 
fitigable  n'a  abouti  qu'à  entasser  des  Italie  et  en  Allemagne,  et  s'y  Ha  d'a- 
«'crits  qui  eurent  quelque  vogue  parmi  mitic,  à  Paris  ,  avec  Gluck  ,  et  à  lîo- 
Ics  siens  ,  mais  dont  le  temps  a  fait  lognc  avec  le  P.  Martini  :  ce  dernier 
justice  comj)!èlc  :  on  en  a  [)resque  avait  fait  aussi  de  grandes  recherches 
oublie  jusqu'.tnx  litres.  (  ^.  Delfau  sur  l'histoire  delà  mu>ique;  ils  se  corn- 
et M.  Feydeau.  )  P — c — T.  muniquèrcnt  réciproquement  leurs 
GEUBEUÏ.  ^o^.  SiLVKSTRE  II.  ri(  liesses ,  et  convinrent  en'^emble 
GEUBliUTi  .Martin),  baron  dellor-  que  l'un  publierait  une  Histoire  de 
«au,  savant  prelalcatholique, naquit  à  la  musique  d'église  ^  et  que  l'.iutre 
Horb,sur  le  Neckei',dans  l'Auti  iche  au-  e'erirait  V Histoire  générale  de  la  mu- 
icrieure  ,  le  1 3 août  1  7*20  ,  de  parents  sique.  Gerbert  fut  d'abord  surpiis  de 
peu  aisés,  mais  dont  la  famille  avait  l'immense  nomenclature  de  dix-sept 
clé  très  florissante  à  Bàîe  avant  la  mille auteui s,  dont  Martini  lui  donna 
rcfurmation.  Après  avoir  fréquente'  connaissance  ;  mais  il  assure  qu'eu, 
^successivement  l'école  d'Ehingen ,  eu  visitant  les  différentes  bibliothèques 
Souabe ,  le  collège  des  jésuites  à  Fri-  d'AJIen»agne  ,  il  en  découvrit  un 
bourg  en  Brisgau  ,  et  l'écolede  Klin-  nombre  bien  plus  considérable  encore, 
j;nau ,  il  vint  à  l'abbaye  de  Saint-  qu'il  fit  connaîrre  à  son  tour  à  son 
Biaise,  dans  la  Forél-Noire,  pour  y  collaborateur.  A  l'âge  de  quarante- 
étudier  la  ihéologie  et  la  philosophie,  cinq  ans  ,  en  1764,  Gerbert  fut  élu, 
Le  prince-abbé  pressentait  dans  le  par  sa  congrégation ,  prince-abbé  de 
jeune  Gerbert  de  grandes  dispositions:  St.-Blaise.  Ses  nombreuses  occupa-* 
il  se  chargea  de  son  éducation,  diri-  tions  administratives  ne  pouvaient  ar- 
gea  ses  études,  le  fît  voyager,  se  ser-  rêter  son  zèle  pour  les  travaux  litté- 
vit  de  lui  dans  plusieurs  affaires  j  en-  raires.  En  1762  ,  il  avait  annoncé  , 
fin  il  le  forma  pour  être  un  jour  son  par  un  Prospectus  xmT^mné,  sondes- 
successeur.  A  l'âge  de  seize  ans ,  Ger-  sein  d'écrire  ÏIJiitoire  de  la  musique 
bert  y  fit  profession.  La  solitude  des  d^église  ;  et,  malgré  un  grand  iuccu- 
lieux  qu'il  liabilait ,  et  qui,  jadis,  die  qui,  en  1768,  dévora  les  bâti- 
avaient  servi  d'asile  aux  sciences  cou-  incuts  de  l'abbaye,  l'église,  li  blblio- 
tre  la  barbarie  du  moyen  âge ,  ne  fit  thèque ,  à  peine  relevés  depuis  trente 
qu'enflammer  de  plus  en  plus  son  ans,  et  quantité  de  matériaux  lit- 
goût  pour  les  lettres.  En  1744,  il  fut  léraires  très  précieux,  cet  ouvrage 
ordonné  prêtre,  et  enseigna,  dans  sortit  des  presses  de  St. -Baise,  en 
l'abbaye  de  St. -Biaise,  la  f)hilosophie  '774-  En  moins  de  trois  ans,  de 
et  la  théologie.  Après  qu'il  eut,  par  nouveaux  bâiiments,  construits  par 
ses  leçons  et  par  sou  exemple,  formé  ses  soins  ,  avaient  déjà  réuni  les 
plusieurs  de  ses  élèves  pour  le  lem-  membres  de   la  congrégation.  Il  fit 

12,, 


i8o                GER  GEn 

élever  avec  magnificence  une  nouvelle  premier  volume  a  cfë  publie'  en  1 79/4  / 
église  sur  le  modèle  de  la  Rotonde  à  par  les  soins  du  P.  Emile  Uffermann, 
Rome,  et  la  décora  d'un  albâtre  que  bibliotîiccaire  de  j'abbnye  de  Saint- 
fournissaient  les  montagnes  voisines  Bîaisc.  Quand  les  rédacteurs  firent 
ducouvent.  Ce  temple  est  Tun  des  plus  part  à  leur  abbe  du  plan  de  l'ouvra- 
majestueuxdel'Allemagne.  Pour  avoir  gc,  il  en  fut  tellement  satisfait,  qu'il 
une  idée  de  la  supériorité  de  la  nou-  s'écria  :  Nunc  dimiuis  serv>um  tuum. 
velle  construction  sur  l'ancienne,  ou  11  avait  un  goûtprédominant  à  la  mu- 
peut  consulter  une  gravure  qui,  dans  sique  j  et  il  avouait  naïvement  qu'il 
IciVecroZog-edeF.  Schiicbtegroil(tomc  avait  eu  beaucoup  de  peine  à  re- 
nde 1795},  se  trouve  .qoutée  «î  l'ar-  tenir  celte  passion  dans  de  justes 
ticle  de  Gerbert.  Elle  représente  la  bornes  :  u  c'est  par  celte  raison  , 
médaille  que  les  religieuxdc  Saint-  ajoutait-il ,  que  j'ai  préféré  de  m'oc- 
Blaise  ont  fait  frapper,  en  1^83,  cuper  de  la  musique  d'église.  »  Pour 
en  riionneur  de  Gerbert,  leur  prin-  esquisser  le  caractère  moral  de  l'ab- 
ce  -  abbé ,  et  le  revers  d'une  autre  bé  Gerbert ,  nous  nous  servirons 
rnéJaille,  qui  avait  clé  frappée,  en  des  propres  paroles  d'un  philoso- 
1  ']^o  ,  pour  son  prédécesseur.  L'une  pbe  de  ses  amis  ;  «  Ce  qu'il  avait 
et  l'autre  figurent  l'église  et  les  »  de  dévot,  f  lisait  aimer  la  dévotion; 
ciifices  de  l'abbaye  tels  qu'ils  cxis-  »  ce  qu'il  avait  de  moral  (  pour  m'ex- 
taient  à  ces  deux  époques,  (i)  Les  »  primer  ainsi)  dans  sa  physionomie, 
soins  du  prélat  tendaient  surtout  à  »  faisait  aimer  les  mœurs;  ce  qu'il  avait 
enrichir  la  bibliothèque  de  l'abbaye.  »  d'imposant,  faisait  aimer  l'ordre,  la 
Son  temps  élait  partigc  entre  ses  de-  »  distinction  des  rangs,  la  subordi" 
voirs  ecclésiastiques  et  l'élude.  Il  ex-  »  nation.  Il  était  un  modèle  delà  véri- 
hortait  sans  cesse  ses  religieux  à  cul-  »  tableluuniiité  chrétienne,  et  il  avait 
tivcr  les  sciences.  Eu  leur  rappelant  »  aussi  plus  de  sensibilité  de  cœur 
que  le  monde  littéraire  devait  aux  »  (juc  je  n'en  ai  encore  trouvé  dans  un 
travaux  de  leurs  prédécesseurs,  l'his-  »  moine.  Ah,  que  je  l'aimais  î  Ah  ,  que 
toire  des  XI^  et  xii'".  siècles,  il  leur  »  je  l'ai  regretté!»  Il  mourut  le  1 5  mai 
disait  souvent:  «  Notre  étal  est  ur  1 79^),  dans  un  âge  très  avancé.  Comme 
•  état  de  pénitence  ,  de  travail;  littérateur,  il  s'est  acquis  la  plus  haute 
»  s'il  y  a  des  gens  qui  nous  repro-  i  éputation,  par  un  gr.uid  nombre  d'ou- 
»  client  d'c;re  des  membres  inutiles  vr.iges  savants  sur  diverses  matières. 
»  dans  la  so(iélc,  nous  ne  pouvons  Dès  le  temps  même  qu'il  professait,  il 
»  mieux  y  répondre  qu'en  nous  oc-  en  avait  déjà  publié  qtiehpies-uns  ,  qui 
»  cupant  utilement,  et  en  publiant  avaient  pour  objet  des  questions  dephi- 
»  des  ouvrages  savants  qui  alleslent  losophie  et  de  théologie.  Le  premier 
»  notre  application  à  l'élnde.  »  Ou  ou v Mgr  que  nous  connaissons  de  lui 
doit  \  celte  impulsion  l'entreprise  du  est  intitulé  :  Martini  Gerherti  et  Re- 
grand  ouvrage  sur  le  movcn  âge  ,  in-  mi^ii  Kleesati  XXIF  offertoria  scy 
tilulé,     Gennania  sacra  ^  dont  le  InnniainfistisDornini^B.rirgi- 

riisct  SS.y  Opus  i ,  Augsbourg,  1747» 


{,)  L.  con.tniciion  de  J.  noureiie  ëgiiie  était  îu  fol.  Après  avoir  été  uoinuie  l)ibho- 

.ci.ovér  m  17M, .  ru.n.  riir ..«  in(  co„.,cr.'r  quV,.  théciire  ilc  l'abbave  -  il  fit  paraître  son 

17SI  ,   piTi-e    <iui:    Ir   iihit    iiurirn    «liploine   «lU*    la  J       '                 i 

I  josr.'^.iiir.n  clcSt.-HijuK  ii.ijiii.- („miiii;.i)b.i»i-,  u-fftfximtus  ad  eruditionem  theol. , 

cl  nui   lui   a    été  ilmiur    ixir    l'    lutiiTciir  Otli)!!    U.  «■         di                            r   /        •                       "1 

-,tdaWd.r«Dysi,huu„«ci«..ui.«rây-ut.  ùt.-lilaiic,   1754,  imprimc dc  nou- 


G  En  G  EU                 1^1 

▼canon  l'-fx),  iii-S".  Éf.inl  devenu  po.s.iil  des  potisessions  de  cet  cmpc- 
priiicc-.jbbc,  il  publii  :  I.  lUr  JL'-  leur  en  Suisse  et  m  Alsace.  IV.  Ta- 
mannicumfacccdil  Jtaliaim  et  Gai-  pho^raphla  jniricipuiïi  Aitslriœ,mo- 
//c//r/i ,  St.-iil.nsc,  i7()J  ,  in-8 '.;  une  numeniorum  doinds  yJnsUiacœ  to- 
«erondc  edilion  ,  revue  et  conij^ce,  a  mus  iv  et  ultiinns ,  i  -j-^';» ,  '.>.  })arlic5 
pniu  en  1775,  in-8°.  Cet  ouvrage  in-fol.,  avec  1  i8gravui es. Ce  volume 
contient  la  relation  de  *^es  voy.igcs,  est  d'un  grand  inlercl  |)Our  l'iiisfoire 
faits  en  17(50  et  1761  :  il  traite  piin-  bclvctique,  nou  seulement  souslernp- 
cipalrment  de  la  Suisse;  et  il  est  très  port  des  recLcrclies  savantes  de  j'au- 
prccieux  pour  la  (lescri|)fion  drs  nio-  tcur,  mais  aussi  à  cause  d'un  re- 
nunients  d'antiquité  ,  et  des  riches  l)i-  cucil  soixante-treize  pièces  juslifica- 
bliolhèqiies  des  lieux  de  cette  contrée  lives.  Il  y  a  dans  la  seconde  partie, 
visites  p.ir  l'auteiir.  On  y  peut  pui-  une  description  dètailic'e  des  tom- 
ser  aussi  d<'s  notions  très  exactes  beaux  trouves  en  Suisse,  et  transpor- 
sur  les  limites  qui  .séparaient  TAlle-  les  à  St.  Biaise  de  1762  à  1770.  On 
magne  de  la  Suisse,  dans  le  moyen  y  a  j'ùnt  une  version  allemande  du 
âc;e.  Il  existe  de  ce  Voyage  une  tia-  Chronicon  Kœnigsfeldense.  Gerbert 
duction  allemande,  par  K6lil€r(J.  E.},  a  réuni,  dans  un  volume  particulier, 
Ultn,  i7<^>7,  in  8\  ;  mais  elle  n*est  les  matières  les  plus  importantes  cou- 
pas esfiuiec.  II.  Codex  epistolaris  tenues  dans  la  deuxième  partie  de  cet 
Rudolphi  I ^  Bomancrum  régis,  coin-  ouvrage,  et  les  a  publiées  sous  ce  litre: 
meniario  iUitstratus  :  prœmiltunlur  De  translalis  Habspurgo  Austria- 
fasti  tludolphini  ;  accedunt  auc-  corum  principwn  eorinnqiie  conju- 
taria  diploniatum,  St.  Biaise,  fj'j'i,  ^um  cadaverihus  ex  ecclesid  calhe- 
in-fol.  Cette  colleelion  importante  drali  Baileensi  et  monaslerio  Kœ- 
pour  riiistoirede  la  maison  de  Habs-  ni^svcldensi  in  Helvetid  ad  condi- 
Îdoui  g ,  est  plus  complète  et  plus  exacte  toriuni  mwum  rnonastera  SlL-Blasii 
que  celle  qu'a  [)ubliëe  Gaétan  Cenui,  in  Sj^h'd  li'tprdpsr  Mariinum  Ger~ 
F.  J.  Bodmanu  y  a  fait  un  supplé-  herUim ,  1777.  j  iu-Zj"., avec  sept  gra- 
mctit,  L<ij7jg,  1806,  in  -  8°.,  %.  vures.  Ti  a  néanmoins  fait  des  change- 
Wl.Pinacoth'ca  principwn Austriœy  mcnts  dans  ce  volume,  qui  renferme 
in  qud  mnrchiofiiim  ,  diicum  ,  ar-  quinze  documents  nouveaux,  qu'on  ne 
chidiicumque  Austriœ  utriusqne  tiouwe  ])as  dans  h  Taphographia^  et 
sexus  siinulacra  ,  statuœ,  auagly-  qui  ont  rapport  à  l'histoire  de  Berne  et 
pha  ,  ceteraque  sculpta ,  cœluta  pic-  de  Lausanne.  Une  autre  édition  de  cet 
tave  monumenta ,  tabulis  œneis  in-  ouvrage  fut  publiée  sous  ce  titre: 
cisa  proferuntur  et  commenlariis  Crjpta  San-Blasiana  nova  princi- 
illu^trantnr  ;  opéra  et  studio  Marq.  pum  Austriacorum  ,  St.  -  Biaise  , 
Ilerrgott.,  Busten  Heer  et  Martin,  1786,  in  4".,  avec  neuf  gravures.  V. 
Gerbcrt ,  l'jGS.  Une  nouvelle  édi-  Historia  Nigrœ  Sihce,  irS'^,  5  vo\, 
tion  en  ftit  publiée  en  1775,  in-fol.  in-4".,  avec  cartes  et  gravures  :  c'est 
Cet  ouvrage  rectifie  une  erreur  long-  un  livreindispensal)lc  pour  les  reclier- 
temps  acrréditcc  j)ar  les  historiens  ches  historiques,  et  surtout  pour  celles 
qui  soutenaient  que  le  Ducatus  Sue-  sur  la  Suisse.  Nous  remarquons  dans 
viœ ,  dont  l'emperrur  Hodolplie  I  le  tome  ir  une  description  très  éten- 
fit  don  à  son  fils  Rodolphe,  était  si-  due,  aussi  neuve  que  curieuse,  des 
tue  eu  Souabc,  tandis  qu'il  se  corn-  ruines  des  ihernics  construits  parles 


l82 


GER 


Romains,  près  de  Badenweiler,  dans 
le  gr.Jiid-<!urhé  de  Bdden,  cl  qui  n'ont 
été  dé  Otivcitcs   qu'en    1784    prsr  Je 
diacre  Preuschcn.  Plusieurs  planches 
répandtn'  beaucoup  de  cl.irté  sur  ces 
construciions  auliqucs.  VI.  De  Rii- 
dolpho  Suevico  comité  de  Ehinfel- 
den ,  duce ,  rege ,  deque  ejits  iniu>tri 
familid  ex  augusia ducum  Loiharin- 
g'iCE  prvsapid   apud    O.   Blasii  se- 
pulrd  ;  cr^rptv   hiùc    anliijuœ   nova 
Aiistriacorum  principum  adjiincta, 
Sf.-Blaise,   1785,   in  4  «7   ^vec  gra- 
viires.  Ou  v  trouve  df's  matériaux  pré- 
cieux pour  l'histoire  du  xi'.   siècle. 
Ces  produr!ioi!>  ;i  iraient  suffi  pour 
assigner  à  Gcib» rt  une  place  distin- 
guée d  ins  le  monde  litter.jiro  :  mais 
le  service  qu'il  a  rendu  à  l'art  musi- 
cal,    par    ses   savantes    recherches, 
n'est  pas  moins  digne  de  reconnais- 
sance.   Parmi   les    ouvrap;es    qu'il  a 
publiés  sur  cet  art ,  on  distingue  les 
suivants  :  VII.  De  cantii  et  mu>icd 
sacrd  h  priind  eccltsice  œt<ite  uS" 
que  ad  p  œsens  ttmpus ,  ^'.-Biaise, 
177:1,  u  v()l.in-4'-  i>'<nsce  livre, au- 
quel l'autrnr  a  ajouie  quarante  ytUu- 
ches ,    il    di^  ise    l'histoire  du   chant 
d'église  en  trois  p.irlics  :  la  prrmitîrc 
finit  an  pontifie it  de  St.  Grégoire,  et 
la  seconde  au  xv*^.  siècle.  Il  y  donne 
de  curieux   délails   sur   les   diverses 
manières  d'écriie  In  musique  dans  hs 
dilTérenls  siècles  ,  et  y  examine  avec 
le  p!uv  gnndsuin  toutes  les  branches 
du  (haut  de  l'église  rom  linc.  Vllf. 
Feins  lilurgia   Alemannica ,  dis- 
fpdsitivnihus  pnrviis  ,  nous  et  ohser- 
vatioruhus    iliuslnila  ,    St. -lit  use, 
I77ti,  deux  pailies  grand  in-40.  On 
y  trouve   deux  dissertations   remar- 
(pialil(s;!a  preniièn',  iulisule'e:  Orlgo 
ac  prop  g'itio  relia  oiiis  chrisUanœ 
in  y/letn/tnnin;  et  1  autre,  Sur  le  Sa- 
crninenlaira  ou  Misseldn  ruT.  i/<'- 
cle ,  conservé    à   Soleurc  dans  le 


GER 

trésor  du  chapitre  royal  de  Saint- 
Ours.  C'est  un  des  plus  anciens  ma- 
nuscrits du  Sacramentaire  de  Saint- 
Grégoire  (mort  en  6o4  )  ;  il  est  écrit 
sur  parchemin,  en  lettres  onciales, 
qui  ,  par  leur  forme ,  indiquent  qu'il 
est  du  viii"^.  siècle,  et  non  du  x".  ou 
du  XI*',  comme  quelques  auteurs  le 
prétendent.  Ce  missel ,  écrit  à  PfelTers, 
est  dédié  à  l'abbé  Adalberl ,  dans  la 
suite  évêque  de  Coiie  ,el  il  a  passé  du 
couvent  de  Hornbach  à  Soleure.  IX. 
Monumenla  veteris  liturgiœ  Ale- 
mannicœ  j  ex  antiquis  manuscriptis 
cudicibus.  Pars  i ,  St.  Biaise  et  Dira, 
1777,  et  Pars  ji  ^  ibid.  ,  1779, 
grand  iii-4".  X.  Scriptores  ecclcsias^ 
tici  de  Musicd  sacra ^  potissiinùm  ex 
varùs  Italice ,  Galliœ  et  Germaniœ 
codicihus  collecti  y  St. -Biaise  et  Uim, 
1784  .  5  vol.  grand  iu-4°.  Ces  trois 
volumes  eon'ienneiit  la  collection  de 
tous  les  auteurs  originaux,  au  nom- 
bre de  plus  de  quarante,  qui  ont 
écrit  sur  la  musique  d'église  ,  de- 
puis le  m'',  siècle  jusqu'à  l'invention 
derimpnrairic;  leurs  diflcrcnts ou vra- 
Ses  sont  classés  selon  l'ordre  chro- 
noiogique,  en  sorte  que  les  pièces  jus- 
ti(icaiives  se  trouvent  toujours  placées 
àcôledcl'hisloiredel'art  musical.  C'est 
un  des  plus  beaux  monuments  litté- 
raires que  Gerbert  ait  laissés,  li'oidre 
et  la  clarté  qui  s'y  distinguent  prou- 
vent combien  ce  savant  piflal  était 
supérieur  au  P.  Martini,  dont  les  ou- 
vrages, sur  la  même  matière,  sont 
dift'us,(pioiqu'ils  ne  manquent  pasd'ail- 
leurs  (l'iTudition.  Après  la  mort  du 
prince-abbé,  on  a  publié  encore  de  lui: 
x^.De  suh:  mi  in  Evangelio  Chris ti 
jiixtii  divinam  Fk  rhi  incarnati  œco- 
noiniain  ,  tumi  trr ,  1  7<)3  ,  in-S". — 
u".  Une  nouvelle  édition  de  la  Au- 
mothcrn  principum  de  P.  Marq. 
Ilcrr^rtt^  (pii  forme  la  première  et 
seconde  partie  du  tome    1  des  Mo^ 


GER  GER                 i8j 

rmmevta  domiîs  Justr.,  1791  ,  in-  dos  triomplics  :  il  cfTaç.i  tout  ce  qui 
fol.  —  "y.  Olfscivalioncs in Hcrlholdi  avait  brillé  .lU  b.jiTcaii  depuis  Cocliiii. 
scii  lûTuoldi,  Coristantiniansis  prcs-  La  nature ,  qui  voulut  eu  func  l'oralcur 
hyteriy   opii'icula  ,  ex  ejiis  scriptis  le  ]»lus  séduisant,  l'avait  comble  de  ses 
colli'rltf  cl  illii<lrni(i',  qui  se  trouvent  dons  :  il  eu  ;ivail  reçu  une  Tip^iire  noble, 
à  la  tèle  des  Moniunenla  r('S  Aleman-  un  regard  plein  de  feu ,  une  voix  éleu- 
nicas  illnstraniia  y  par  Ullerinann  ,  duo  et  pénétrante,  une  diction  nette, 
I7(j'2,  9.  vol.  in-4". Ces  trois  ouvrages  une  cloculiou  facile,  une  grâce  infi- 
sont  encore  sortis  des  presses  de  i'ab-  nie,  un  charme  inexprimable  le'pan- 
baye  de  St.-Blaise,  qui  ont  si  bien  du  dans  toute  sa  personne:  son  teint 
secondé  le  génie  infatigable  de  cet  il-  brun  ,    ses  joues    creuses  ,  son    nez 
lustre  prélat.                    B  — 11 — D.  aqui!in,son  œil  enfoncé  sous  un  sour- 
GERBIEK  (  Pierre -Jean- Bap-  cil  cminent,  faisaient  dire  de  lui  que 
tiste),  célèbre  avocat  au  parlement  l'aigle  du  barreau  en  avait  la  pliysio- 
de  Paris,  né  à  Rennes  le  29  juin  1  725,  noniie,  Le  caractère  dominant  de  l'é- 
ctait  fds,  frère,  neveu  et  cousin  d'à-  loquence  de  Gerbier  était l'insinualioa 
vocats  de  ce  nom.  Son  père  ,  qui  le  et  le   pathétique;  il  en    trouvait  les 
destinait  à   la  même  carrière ,  donna  principales  ressources  dans  son  ame , 
beaucoup  de  soins  à  son  éducation.  Ne  et  personne  ne  justifiait  mieux  que  hii 
le  voulant  pas  livrer  à  des  précepteurs  celte  maxime  de  Quintilien  :  Fectus 
vulgaires,  il  fit  venir  exprès  de  Hol-  est  qitod  disertos  facit.  Il    narrait 
lande  des  hommes  très  instruits  aux-  avec  un  grand  intérêt,  disposait  ses 
quels  il  confia  ses  premières  années,  preuves  avec  infiniment  d'art;  et  il 
Lorsqu'on  le   jugea  assez  avancé  ,  il  excellaitparticuiièrem^'nt  dans  les  cau- 
fut  envoyé  à  Paris ,  où  il  finit  ses  clas-  ses  d'inductions  et  de  présomptions, 
ses  au  colloge  de  Beauvais,  sous  MlVr.  L'action  surtout,  cette  partie  si  né- 
Coilin  et  Rivard.  A  dix-sept  ans  il  fit  ccssaire  et  si  victorieuse  de  l'art  ors- 
sou  droit,  et  fut  reçu  avocat  à  Paris,  toire,  était  admirable  en  lui.  Ceux  qui 
en    1745.  M.  Gerbier   père,  avocat  l'ont  vu  plaider  (car  il  fallait  le  voir), 
distingué  du  parlement  de  Rennes,  ne  croient  pas  qu'aucun  orateur  ait 
qui   savait  combien   il  fallait  ajouter  clé,  sous  ce  rapport,  plus  accompli  : 
d'études ,  de  préparations  et  de  mé-  toute  l'habitude  du  corps  était  par- 
diiatious  aux   leçons  de  l'école  pour  faite;  se  tenant  droit,  mais  avec  ai- 
forraer  un  jurisconsulte  et  un  grand  sauce;   ferme  sans  roideur  ,  flexible 
avocat ,  et  combien  il  importait    de  sans  balancement;  la  tête  élevée  avec 
n'être  pas  pressé  de  se  raoulrcr ,  con-  une  espèce  de  fierté; la  figure  expres- 
tiut  le  plus  long-temps  qu'il  put  irapa-  sive,  et  qui  s'animait  au   gré  de  son 
tience  de  son  fils.  Gerbier  n'entra  dans  discours  ;  le  geste  rare  et  toujours  no- 
la  lice  qu'à  près  de  vingt-huit  ans;  mais  ble  :  souvent  on  le  voyait ,  dans  la  dis- 
il  y  parut  avec  un  grand  éclat ,  et  fit  la  cussion,  tenir  ses  bras  croisés,  comme 
plus  vive  sensation.  Guéau  de  Rcver-  se  jouauldesa  matière;  puis,  lorique 
seaux,  l'un  des  plus  célèbres  avocats  quelque  traitdeseiitimentou  de  mœurs 
de  ce  temps  ,  s'étant  trouvé  à  son  dé-  l'y    sollicitait  ,    lorsque  l'indignation 
but,  présagea  ce  qu'il  serait  un  jour,  l'arrachait  à  ce  calme  imposant  ,  il 
le  prit  en  grande  amitié,  et  se  porta  se  déployait,  il  s'élevait  ,  il  s'enflara- 
pourson  patron.  De  ce  moment,  tou-  mait  ;  son  accent  devenait  impérieux 
tes   les  plaidoiries  de  Gerbier  furent  ou  déchirant,  et  sa  belle  voix  qui  allait 


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GER 


au  cœur,  ne  manquait  point,  quanri  il 
le  voulait,  de  faire  couler  les  larmes. 
Li  disposition  du  barreau  ët.àt ,  au 
parlemeiii  d<  P.iris,  lrë>  f.tvorable  cu 
développ'.aienl  de  fous  les  raovcnsde 
Geibier:  on  y  pl.ii  iiit  souvent,  aux 
grand'  jours  ,  dans  l'iuierieur  du  p  ir- 
qu(t  jel  Gtrb  cr  qui, en  parlant,  f  is  it 
un  pas.  et  puis  un  autre,  sr  trODVdil 
insensil)leminl,au  milieu  de  l'iiudience, 
environne  des  ji^es  et  du  cor.c  mrsdes 
av  rats,  vu  de  la  tête  aux  pu  ds,  dans 
tout  I'ccIhI  et  avec  tout  l'empire  de 
l'ëlo({ueu(e.  Un  a  dit  de  Gerbier  qu'il 
n'éeriv.ul  pas  bien,  et  que  ses  me'- 
moires  ne  doi  niicni  aucune  idée  de 
son  t.jÎMil  :on  le  dit  encore  du  fameux 
Coehn,dont  la  reiionimé*' est  si  gran- 
de, df  qui  l'histoire  du  barreau  ra- 
conte des  pri)d:g<s,  et  que  Rolin  lui- 
même  apj)(  lait  le  grand  Corlùn.  Le 
recur  I  de  factum.*,  de  précis  et  de 
consultations,  qu'on  iniitule  ses  cew- 
vres,  montre  partout  i.n  grand  juris- 
consulte,  mais  lai^sc  qiiel.ju;(ois  seu- 
lement cntrfvoir  rorateui  :  cependant, 
lorsqu'on  fait  reflixion  que  la  rtuom- 
roe'e  de  Cocliin  et  de  (ieibi^r  s'est 
formée  dans  les  plus  beaux  siècles  de 
la  lillér.ilure,  qu'ils  ont  c'tc  entendus 
par  ce  qu'i'  y  a  eu  de  plus  éc!aiic  en 
France,  qu'ils  et  lient  les  aigles  du  bar- 
reau ,  alors  qu'il  abondait  en  hommes 
supérieurs,  on  n'-  p<  nt  douter  que  leur 
reput. »tion  n*ail  e'té  justement  acquise, 
el(pi'i!s  n'ayeiitcu  un  raretalent.  Nous 
ii'.jviuis  aucun  de  leurs  plaidoyers  : 
obii;;és  le  pins  souvent  d'imjiroviscr 
leurs  repli(pies,  ils  s'itaient  accoutumés 
de  bonne  h(ur<'à  parler  sur  desim- 
pies notes.  Il  n'est  pas, au  reste,  dilFi- 
cile  d'expliquer  comment  «es  hommes, 
si  vanlé>  pour  leurs  disctMirs,  I  ussenl 
peu  voir  d.ins  leurs  écrits  ce  (pi'ils 
étairnt;  comment  lU  ont  pu  faire  une 
vive  impression  en  parlant ,  et  obte- 
nir les  plus  glands  bucccs  sans  t'irc 


GER 

de  grands  érrivains.  Les  succès  de 
l'orateur  et  ceux  de  l'écrivain  ont  des 
sources  différentes  :  chez  l'un,  la  pa- 
role est  d'inspiration;  chez  l'autre,  le 
style  est  une  œuvre  calculée.  L'orateur 
agit  sur  l'auditeur ,  tout  autrement 
qne  l'écrivain  sur  le  lecteur  :  il  agit 
de  sa  personne  sur  l'auditeur;  armé 
de  toute  la  puissance  de  la  voix  ,  du 
regard  et  du  geste,  il  a,  pour  le  cap- 
tiver et  pour  l'entraîner  ,  l'empire 
qu'il  exerce  à-la-fois  sur  tous  ses  sens. 
L'art  et  la  force  du  raisonnement ,  se- 
condés par  les  moyens  de  l'a.  tion  , 
peuvent  se  passer  de  l'élégance  et 
même  des  couleurs  du  style,  dont 
la  rechtrchc  nuirait  souvent  au  mou- 
vement et  à  la  chaleur  du  discours. 
L'accent  tout  seul  est  pour  le  dis- 
ct>urs  un;  magie  qui  supplée  et  qui 
surpasse  quelquefois  toutes  les  res- 
sources du  s'yle;  c'est  pourquoi  l'on 
est  souvent  étonné  ,  en  lisant  un 
discours ,  une  pièce  de  théâtre,  de 
ne  plus  retrouver  l'impression  qu'où 
avait  éprouvée  à  les  entendre  :  l'é- 
criv<iin  ,  dénué  de  ces  moyens  de 
V  lincre  et  de  régner ,  a  besoin  d' it- 
lacher  le  lecteur,  cl  de  le  satisfaire 
par  la  pureté  du  langage  et  par  tou- 
tes les  beautés  du  style  :  le  lecteur,  que 
rien  ne  distrait  cl  à  qui  rien  n'échappe, 
ne  pardonne  rien.  Telle  est ,  ilnoussem- 
bl<*,  la  solution  de  cette  question,  ap- 
plicable surtout  au  genre  judiciaire, 
où  tout  l'intérêt  de  ceux  qui  y  prennent 
parti  se  porte  sur  les  faits  et  sur  les 
moyens  de  la  cause;  et  puisque  cette 
question  s'est  élevée  particulièrement 
sur  (ierbicr,  elle  appartenait  à  son 
ar'iele.  Ajoutons  qu'.ui  temps  de  Co- 
ehin  et  de  Gerbier,  les  futums  impri- 
nus  des  avocats  plaidants  n'étaient 
que  des  précis,  ch's  extraits  faits  pour 
mettre  sous  les  yeux  des  magistrats  le 
somniaire  du  procès,  dans  lequel  on 
n'avait  ni  le  temps,  ni  le  dessein  de 


CRU 
clicrclier  à  Î3rillcr  |).ir  sa  îiiAniî  rc  d'e- 
crirc,(l  où  l'on  son  .rMit  à  in.striiitr 
le  jiij;  •  plus  «|ii';«  'ui  ))l  >»)<•.  i^-'ns  les 
plaidoiries  inciiic,  rcK)(|Ucnre  du  bar- 
ri au  ('t.iit  j;i.ivr  rt  ioric  do  choses. 
Trop  de  so»n  de  l'clcf;.uiec  'M  df;.s  rij^rc- 
nicots  du  style  .iur..il  paru  Tiivo'c  cl 
d'un  homme  plus  orcupé  de  lui  que 
de  sa  cause,  fin  cai rièie  que  Gerbicr 
a  parcourue,  fil  parla<^ce  par  les 
cvcncfucnls  publ\cs  «  n  doux  cpo(jucs, 
dont  la  ptcmière  i/a  cic  masquée  que 
par  des  su<cès  toujours  croissants,  et 
par  une  gloire  dont  rien  n'obscurcis- 
sait l'éclat  :  la  seconde  a  elc  mêlée  d'a- 
luertume.  Pendant  l'exil  et  l'interrè- 
gne des  pirlemeuls,  sous  le  chancelier 
INIaupt  ou  .  Gcrbier  fut  du  nombre  des 
avocats  qui  se  laissèrent  séduire  par 
le  chancelier,  et  qui  plaidèrent  à  ia 
commission  remplaçant  le  parlement 
de  Paris.Lc  souvenir  et  le  ressentiment 
de  cette  défection  s'altachcrenl  à  lui 
lorsqu'il  reparut  au  barreau  devant  le 
parlement  réinstalle'  en  1774  •  on  ne 
lui  pardonna  pas  d'avoir  été  de  ceux 
qui  donnèrent  l'exemple  et  dont  l'in- 
fluv-nce  entrciîna  les  autres.  Ce  ressen- 
timeal  parut  lors  de  l'arrêt  qui  le  mit 
hors  de  c  'ur  sur  une  accusation  de  su- 
bornation de  témoins,  dans  laquelle 
on  l'avait  impliqué  au  procès  du  comte 
de  Guignes.  Dans  le  même  temps , 
Linguet,  rejeté  par  l'ordre  d.s  avocats, 
le  dénonçait  à  l'opinion  pr.biquc  com- 
me son  persécuteur  ,  rt  comme  le 
principal  .luteur  de  sa  di-grace  :  il  pu- 
bliait contre  lui  des  mcmonesoù  l'a- 
creté  de  sa  p  nrac  et  l'animosité  d'un 
riva!  étaient  erapseintes.  L'amc  tendre 
de  Gi  rbier  ,  jusque  -  à  enivrée  de 
louanges,  fut  mortellement  blessée. 
Le  ehagrin  corrompit  les  jouissances 
qu'il  devait  se  promettre  des  succès 
qtuson  talent  nec'>sa  pointd'obtenir, 
et  ses  dernières  années  furent  tristes 
et  mélancoli(jues  :  ccpcndaut,  à  l'cxccp- 


GKR  i85 

lion  de  quelques  ennemis  que  la  ja- 
lousie et  des  qllerelle^  de  pi'olession 
lui   suse.itèrerit,  il  con^erva   toujours 
l'estime  et  ralleclirm  de  son  corps,  cpii 
lui  en  donna  un  dernier  témoignage  , 
eu  l'élisant  batoruiier  en  17^7;  çc  l'ut 
une  couronnedéposéesnr  son  cercueil  : 
il  ne  sut  vécut  que  quelques  mois.  De- 
puis  plusieurs  a'.. nées  ,  sa  santé  était 
1  luguissanle:  un  fâcheux  acc'idtnt  l'a- 
vait .dlérc'c;  il  avait  été  atteint  de  poi- 
son, par  nu   mets  prép.'ïré  dans  une 
pièce  de  batterie  de  cuisine  mal  soi- 
gnée :  son  estomac  et  sa  poitiine  en 
étaient  restés  afTcclés ,  et  sa  vie  en  fut 
abrégée.  Il  mourut  le  26  mars  1788  , 
âgé  de  soixante-trois  ans,  vivement 
regretté  du  barreau  dont  il  était  la  gloi- 
re, cl  plus  encore  de  ceux  qui,  ayant 
vécu  dans  son  intimité,  connaissaient 
la  bonté  de  son  cœur  et  le  charme  de 
sa  société.  Cet  orateur  si  brillant,  si 
ingénieux,  si  puissant  dans  la  lutte  , 
dont  la  répartie  était  si  vive  et  quel- 
quefois si  piquante,  lorsqu'il  y  était 
provoqué  par  son  adversaire  ,  appor- 
tait dans  le  commerce  de  la  vie  un 
entier    abandon,  une  facilité   char- 
mante, une  simplicité  d'esprit  et  de 
cœur  surprenante ,  qui  le  rendait  con- 
fiant jusqu'à  la  crédulité,  et  complai- 
sant jusqu'à  la  faiblesse.  Sans  doute  il 
dut  à  ce  caractère,  à  cette  disposition 
de  son  espn>,  la  foi  aveugle  qu'il  ac- 
corda aux  jongleries  du  magnétisme , 
dont  il  fut  dupe  et  peut-être  victime  , 
pour  avoir  fini  par  en  préférer  les  il- 
lusions à  tout  autre  secours  dans  le 
dépérissement  de  .sa  santé.  Toutefois, 
tendre   père,  ami  fidèle,  prolecteur 
généreux,  si  son  caractère  eut  des  fai- 
blesses et  son  esprit  des  erreurs ,  la 
sensibilité  et  la  bonté  de  son  cœur 
devaient  les  lui  faire  pardonner  (i). 

D.  L. M. 


(i)  il  peut   être  intéressant  pour  ceux   qui   sui- 
vent la  cirrière  du  barreau,  de  trouTer  ici  vma 


i86  GEPx 

GERBILLON  (Jean  François),  jé- 
suite, néà  Verdun  sur  Meusele  1 1  jan- 
vifT  1654,  entra  à  seize  ans  dans  la  so- 
cietc.Commeildcsir.nitviveraenld'aller 
inêcher  la  £oi  dans  les  Indes,  et  qu'il 
n'ignorait  pas  que  la  connaissance  des 
mathématiques  pouvait  lui  procurer 
le  moyen  d'atteindre  à  l'objet  de  ses 
vœux  ,  et  de  remplir  avec  fruit  le 
devoir  de  missionnaire ,  il  se  livra  à 
leur  étude  avec  une  ardeur  qui  lui  fit 
fiire  les  plus  grands  progrès.  Aussi 
fut-il  un  des  six  je'suiies  mathémati- 
ciens qui  furent  envoyés  en  iG85  à 
Siam  ,  avec  le  chevalier  de  Chau- 
inont,et  dont  cinq  allèrent  ensuite  à  la 
Chine ,  où  ils  devinrent  les  fonda- 
teurs de  la  mission  française.  (  Foy, 


note  des  principales  causes  d.ins  lesijiiplles  Ger- 
ticr  a  été  entendu  ,  et  qu'aiirua  rerueil  île  ju- 
risprudence m;  leur  offrirait.  Les  plus  Cf'Ièbre» 
qu'il  ait  défendues  ,  et  dont  le  souvenir  s'est 
conserTé  plus  particulièrement,  sont  :— Avant 
l'exil  du  parlement,  celle  du  romle  de  Mimf- 
Inissicr  contre  sa  femme,  qui  l'accusait  de  l'a- 
voir fait  enfermer  par  lettre  île  cachet,  et  qui 
dcni.indaitsa  séparati-m.  -  Celles  des  enfants  Si- 
ïnonnet,  défendant  Icurélat  contre  les  créanciers 
de  leur  père.  —Des  frères  Lyoncy  contre  les  jé- 
suites, poursuivit  comme  fjarants  des  lettres  de 
clianf;e  souscrite»  par  le  P.  I,avalette  ,  supérieur 
des  lle»-du-Vent,  peur  une  somme  de  i,5oo,ooo  1. , 
«ju'ils  furent  condamnés  a  payer.  —  De  la  veuve  de 
li.illbazar  (;a»lill(;,  qui  vail  émis  des  vtrux  irréf;u- 
liers  dan»  l'ordre  des  Bernardin»  ,  conlre  l'abhé  el 
le»  reli;;ieuv  de  (^lairvaux  ,  qui  ,  ayant  fait  cnl'-ver 
*■!  «-nfirmer  .i  .Sle.Pél.ij;ie  cette  fimme  et  une 
fille  iuue  de  son  niariam-.  furent  condamne»  en 
^10. DUO  liv.  de  domrn.it;es  rt  intérêts.  --  La  c.iuje  fa- 
meuse du  comte  de  Bii«»y  contre  la  compagnie  des 
Inde»;  et  elle  fiu  sieur  île  Rou};erooiil,  se  pré- 
tendnntfiU  <lr  madame  llatle.  —  Depiiii  la  rentrée 
du  parlement,  la  cnu«e  dmeitamenl  fie  M  de(jou- 
\eruey,  Irouvi:  après  quinze  an»  dan»  une  serre 
•  bandounce,  a  l'exlréinilé  d'un  jardin  ,  parmi  de 
■vieim  p;ipirr»  ri  d<;i  paipiet»  de  (jriinej  éventée»  , 
«t  dont  l'i-xérulion  fut  ordonnée.  --L.«  rnu»e  du  tes- 
tament de  (^)ueinel  ,  bouclier  de»  Invalides,  par 
lequel  il  rédiiituit  à  la  légitime  la  lille  ,  qui,  i» 
l'A^e  de  \iiiKl-i!iiiq  an*  ,  l'étant  mariée  «ans  son 
cousenteineiit ,  cl  qui  fut  conlirnié.  —  La  cause  cé- 
lèbre de»  sieurs  de  Ourysiac  ,  trois  frèrss  .  tous 
trois  oUiciers,  contr:-  le  steur  Dainade  ,  nëi;ocisnt: 
s'élant  battiit  en  duel,  ils  s'accusaient  lécipr'»- 
«piemcnt  d'asn:iisiniil.  —  Enfin,  celle  du  teslanu-nt 
«le  l'.ilibé  Dctiillicres  ,  attaqué  comme  contenant 
«l  cnntinuaiit  li-  ndéi-cnnimis  de  l'ubbé  (Vicide  eu 
laveur  de»  jansénistes,  cause  dan»  l.iquallr  <>er- 
l'irr  (it  un  l'Iofje  iriVi  l'ioqiirnl  de  l'ilbnirc  maison 
«le  l'ort-KoyaLOii  peul  dire  qu'il  mourut  les  arni rt 
a  la  main,  ayant  cimuui  iicé  les  pli'idoirirs  qu'il 
S)  acbrv4  p'iinl,  pour  l.i  daine  Sirey  ,  récl.iiuaii t 
l'élit  lie  tiUv  du  marquis  et  de  I.1  inarquiic  de 
iiouibtii. 


GER 

Bouvet.)  Le  25  mars  1686,  ils 
furent  conduits  devant  l'empereur 
Kang-Hi  ,  qui  retint  près  de  sa  per- 
sonne Gerbillon  et  Bouvet.  Après  qu'ils 
eurent  appris,  par  son  ordre,  la  langue 
tartare,  l'empereur  chargea  le  pre- 
mier, avec  Ptreyra  ,  autre  jésuite, 
de  suivre ,  en  qualité  d'interprètes , 
les  ambassadeurs  qu'il  envoyait  à 
Kipichou  ou  Nerczin.sk ,  pour  régler 
avec  les  Russes  les  limites  des  deux 
empires.  Ils  contribuèrent  ainsi  au 
traite'  de  paix  par  hquel  Yacksa  ou 
Sakhalieu-oula,  place  frontière,  si- 
tuée sur  le  fleuve  Amour,  fut  cèdc'e 
aux  Chinois  et  presque  entièrement 
de'molie.  L'empereur  crut  devoir  ré- 
compenser Gerbillon ,  en  le  choisis- 
sant, avec  Bouvet,  pour  maître  de 
mathe'maliques.  Ce  prince  vivait  avec 
eux  si  familièrement  .  qu'il  leur  fais.iit 
prendre  place  auprès  de  lui  sur  le 
même  sic'gp.  Ils  traduisirent  et  compo- 
sèrent plusieurs  livres  pour  son  usage. 
Gerbillon, qui  ne  quittait  prcsqi.-e  plus 
l'empereur,  elqiii  en  obtenait  tous  les 
jours  de  nouvelles  grâces,  demanda 
l'exercice  public  de  la  religion  chré- 
tienne; ce  qui  lui  fut  accorde  par  un 
édit  du  11  mars  1692.  L'empereur 
ayant,  par  un  effet  de  son  application 
à  l'cliide ,  èle  attaque  de  l.i  fièvre 
tierce ,  en  fut  guéri  par  les  soins  de 
Bouvet  et  de  Gerbillon  ;  il  reconnut  ce 
bien  lait  en  dunnaut  aux  jésuites  un 
emplacement  près  de  son  palais ,  pour 
y  construire  à  .ses  frais  une  maison  et 
une  chapelle.  Les  relilions  ajoutent 
que  Gcrhillon  ,  qui  aurait  bien  voulu 
convertir  ce  prince  à  li  foi,  n'eVhoua 
dans  ce  projet  (pie  parce  qu'il  fut  des- 
servi à  la  cour.  Il  possédait  plusieurs 
langues;  car  il  fut  chargé  .par  rempe- 
reur  de  converser  en  italien  avtc  Is- 
br.in(lt-ides,anib.issadrurde  IMoscovie 
à  la  Ghine,  en  i()r)r).Gemelli  fiit  aussi 
lucntioiideGcibillon  comme  d'un  mis- 


GKR  GER                 187 

siomiairc  habile  et  /ele,  qui  jouissait,  Dans  lo  linitièrne,  il  pnilit  avec  trois 
ainsi  (jiie  ses  courière.s,  de  l'csliinc  et  grands  de  l'cinpirc  cliarj^es  de   prc- 
de  l'alVcclion  de  rcnipercur.  Mais  ils  sidcr  aux  assemblées  qui  devaient  se 
avouèrent  au  voyageur  que  leur  vie  tenir  dans  les    c'tals    des    ïartares- 
c'iait   rude  et  fatigante.  Ils  n'avaient  Kalkas  ,  nouvellement  soumis  à  Tein- 
cte   requis   à  Peking   qu  après  avoir  pcreur,  pour  y  régler  les  .ifï'aires  pu- 
cprouvc  beaucoup  d'opposition  de  la  bliques,  établir  les  lois  et  indiquer  les 
part  des  pères  porlii,^.iis  de  leur  ordre,  habitations  à  fonder.  Gcrbillon  profita 
Gerbillon  eut  ensuite  la  direction  du  de  cette  course  pour  déterminer  les  la- 
collegc  des   Français  à   Peking,    fut  titudes  de  plusieurs  lieux  de  la  grande 
fait  supérieur  -  gênerai  de  la  mission  Tartarie.  Toutes  ces  relations  oilrent 
de  Chine,  et  mourut  dans    la  capi-  des  renseignements  trcs-prccicux  sur 
talc  de  cet  empire  ,  le  25  mars  1  707.  la  nature  du  pays,  sur  la  manière  de 
On  a  de  ce  respectable  missionnaire  :  vivre  des  habitants,  sur  les  mœurs  des 
I.   Eléments  de    Géométrie  ,    tirés  lamas  régénérés,  sur  la  grande  mu- 
d'Euclide  et d' Archimède.W.  Géo-  raille  de  la  Chine,  les  chasses  et  la 
métrie  yraliqne  et  spéculative.  Ces  cour  de  l'empereur  :  elles  contiennent 
deux  ouvrages,   composés    en  chi-  aussi  tout  ce  qui  concerne  le  séjour  des 
liois  et  en  tartare,  furent  imprimés  missionnaires  à  lacour  et  k  Péking,  et 
à  Pékin.  III.   Une  Lettre  de  1705,  leurs  rapports  habituels  avec  Kanghi, 
insérée  dans  le  tome  xviii  de  îa  non-  qui  avait  pour  Gcrbillon  une  bien- 
velle  édition  des  Lettres  édifiantes  ;  veillance  extrême.  Les  observations 
on  y  trouve  des  détails  de  missions  et  de  Gcrbillon  nous  ont  été  conservées 
de  géographie  sur  une  partie  du  pays  par  Duhaide,  qui  les  a  insérées  dans 
des   environs  de  Péking,  sujet  aux  le  iv'^.  volume  de  sa  Description  de  k 
inondations,  et  dont  les  jésuites  avaient  Chine.  Les  auteurs  de  l'Histoire  géué- 
c'ié  chargés  de  lever  le  plan.  IV.  Une  raie  des  voyages  les  ont  abrégées  et 
autre  Lettre  de  1695,  sur  les  mis-  placées  dans  les  tom.  vu  et  viii  de  leur 
sions ,  insérée  dans  un  ouvrage  du  P.  collection  ,  en  les  disposant  dans  un 
le  Gobien,  intitulé  ,  Lettre  sur    les  ordre  différent.  Ils  rendent  hommage 
progrès  de  la  religion  à  îa  Chine,  à  l'exactilude  de  l'auteur,  que  sa  po- 
V.  La  Relation  de  huit  voyages  dans  silion  à  mis  à  même  de  faire  des  re- 
la.grande  Tartarie,  faits  depuis  1688  marques  plus  étendues  et  plus  cer- 
jusqu'en  1698.  Le  premier  eut  lieu  ,  taines  qu'on  ne  peut  en  attendre  des 
comme  nous  l'avons  vu  plus  haut ,  autres  voyageurs.  Eu  effet,  tout  ce 
pour  conclure  un  traité,  qui  ne  fut  que  nous  savons  de  la  grande  Tar- 
termiiié  que  dans  le  second  voyage,  tarie  nous  vient  des  jésuues  français. 
En  revenant  de  celui-ci,   Gerbillon  et  notamment  de  Gerbillon.  Michault 
rencontra  l'empereur,  qu'il  accorapa-  dit  avoir  lu  le  manuscrit  de  la  relation 
gna  ensuite  à  Péking,  et  il  en  fil  cinq  du  voyage  de  Gerbillon  jusqu'à  Siam, 
autres  avec  ce  pi  ince.  Le  but  de  ces  et  prétend  que  l'abbé  de  Choisi  en 
voyages  él.iit  de  prendre  le  plaisir  de  avait  composé  la  sienne,  à  laquelle  il 
!a  chasse  dans  les  déserts  et  les  vastes  n'avait  fait  qu'ajouter  quelques  orne- 
plaines  de  la  Tartarie.  Pendant  le  cin-  inenis.   Il    en  donne  quelques  frag- 
qnicme,  qui  eut  lieu  en  169G,  Gcr-  incnts   dans  ses  Mélanges  hist.  et 
billon  fut  témoin  de  la  guerre  dans  la-  philol. ,  tom.  1 ,  l^d^^-'i'][\.'ï..  S.  Bayer 
quelle  Kang-Ili  vainquit  les  Elcutus.  et  M.  Langlès  attribuent  aussi  àGei- 


i88  GER 

billon  les  Elementa  lingiicB  tarla- 
ricœ  j  qui  se  ironvcnl  dans  le  second 
volume  de  la  cul'eclion  de  Thevrnot, 
dont  ou  avait  lait  lioiiucur  au  P.  Cou- 
plet (i)*  E— s. 

GERDES  (Daniel),  tliëolopcn 
protestant,  naquit  .1  Brème  en  i6(.)8; 
il  étudia  dans  sa  ville  natale  et  à 
TJtiTcht.  Ses  éludes  finies  ,  il  voya- 
f;ea  en  Alltraagne,  en  Suisse  et  en 
France.  En  1724  il  fut  nommé  pas- 
teur à  Wa^i  nnirrcn  en  (lucldrc.  L'uni- 
versitc  de  Duisbnur^  l'appela  en  i  726 
à  une  cliaire  de  théologie,  a  laqudie, 
deux  ans  après,  il  réunit  ffllc  d'his- 
toire ecclésiastique.  En  i^Sa  il  ac- 
cepta une  chaire  de  théologie  à  Gro- 
nini;ue,  où  il  mourut  en  i^ô^.Gcrdcs 
doit  être  compté  au  nombre  des  plus 
lab'irirux  et  des  plus'rccomraandablcs 
théologiens  protestants  de  sou  ttraps, 
II  a  surtout  Lien  mérité  de  l'histoire 
ccc!ésia,^lique  et  de  l'hisloire  littéraire. 
Son  principal  ouvrage  est  une  His- 
toire da  In  n'/'orrhalion  ,  sous  le  li- 
tre df  Ilis'.oria  Evan^elii ,  sœcu- 
lo  XFi  pnssim  per  Europam  re- 
novuti,  Hièrne  et  Gronin^ue,  i744~ 
52,  4  vol.   in-4''.  Après  si  mort,  a 

(O  II  n'y  a  Riirtin  motif  rai.ionn.ible  pour  altri- 
biirr  au  P.  Coiiplrl  l«-5  h' lenienla  lingiijf  lartaricofy 
qui  |>  .tteiit  t:i>inroiin<-mri  t  pour  (Vire  (lui*.  GrrbiU 
l»n  ;  Ir  |ircmicr  de  <:«'s  iniiiionniiii  ri  ii't'st  p.i^  connu 

Îiar  dr\  clu'livf  tnriarr»    Ou  »ait  que  l'-iulrr  n|i|)rit 
e   niJiiilcIioii  jiiir   orilrr  rie    K.aci{;  -  lii  ,  «-l  fui  i-iii- 
ployé,  a  la  «oiir  dr  cet  rm|>'-rcur  ,  <  traduire  <laii,t 

•  a  longue  nialcrni'llc  If»  livrr»  élcmenlairpi  de 
divers  j;inrff  «jut:  ce  prinre  v  >ulail  lire  :  il  y  fut 
nu.^ii  iiitrrprcle  dons  le*  alfairc*  de  la  Chioe  et  de 
la  Ituisie  ;  et  lauedr  aiiouyinr  des  h'.leinritla 
rappelle  cette  tpialit'  daus  «ii  pr^larr.  (le  p<>ur- 
raitclre  pluti^t  le  1*  l<  ■nvel.  L'  <  l'Iemmln  ltngii,r 
tarlfiriuœ  tout  lu  srul<-  uraoïnia  ire  m  ludchou  >|u'oii 
possède;  c.ir  celle  du  l'.  Aniiot  »,  .Wé'u  <7»i/ioi.r) 
n'en  est  ipi'uiie  tradurlinn  lucompli-te.  On  ne  suit 
pourquoi  l'on  a  jupprimi'  diiiis  celte  Jcrnièrr  les 
§5.  ii1-i,Vf,    ijui   reuirrmeul   de»    notions    ncces- 

•  airei.  On  p<  ul  reprocher  au  l*.  (ierl)illon  de  s'être 
trop  allnclié  a  suivre  le  p'un  de.i  (;r'iniiuaiririis  la- 
tins: mais  les  re;;les  qu'il  loiine,  tiilliient  pour  ap- 
prendre le  inaiidrlioii  ;  elles  soiil  seulemi'iit  trop 
<:ompliquees  I. 'édition  de  l'in'veriol  n'est  pa»  1res 
■  oi(;iiiTe  ;  les  mois  lartares  sont  pleuM  de  fnnt.  s. 
IiVditiiin  française  est  plus  1  orrec-li-  ;  ce  qui  prou\n 
r|«relle  a  rtiHaile  «iir  nu  manuscrit  reste  en  ('.i>ine. 
il  parait  d'.iilicur*  que  le  I'.  Aniiot  ne  savait  pna 
•l'ir  la  grumioaire  Uu  Ocrbillou  vùl  il"j  >  «Hé  uu- 
f rimcc.  A.  U~i. 


GER 

paru  son  Spécimen  Italiœ  reforma^ 
tœ ,  seu  ohscrvnta  quœclam  ad  his- 
toriam  renati  in  Italid  temporere- 
Jormaiionis  Evangelii ,  Lcyde,  i  765, 
in-  4°-;  ouvrage  qui  ci^t  comme  une 
suite  du  précédent ,  et  à  la  tête  du- 
quel ou  a  joint  une  Vie  de  l'auteur. 
On  lui  doit  encore  deux  R  cueils  pré- 
creux,  sous  le  litre,  Miscellanea  Duis- 
bitrgensia  y  ad  incremenium  rei  lit- 
terariœ  omnis ,  prœcipuè  verb  eru- 
ditionis  thenlogicœ ,  Amst.  et  Duisb., 
i73?.-<734  ,  in  -8  .  ,  en  1  tomes,  et 
Miscellanea  Groningana  ,  ^'j^']' 
1745.  en  2  tonies.  A  ce  dernier  re- 
cueil fait  suite  son  Scrinium  aniiqua- 
rium ,  sive  Miscellanea  Gronin- 
gana  nova,  174^- '7^^^?  ^  tomes. 
Pendant  qu'il  était  pasteur  à  Wage- 
ringen,il  aviit  j)ublié,  f'esperce  Fa- 
denses^  Ulrecht,  I7'i7,  in-4''.  Dif- 
férents petits  traités  et  di^^cours  aca- 
démiques de  Gcrdes  avaient  d'abord 
paru  séparément  ;  il  les  réunit  en- 
suiîe  dans  ses  Exerciiaùomim  aca- 
deniicariim  libri  /// ,  Amst.,  173^, 
in-4".  Il  était  ordinairement  heureux 
d.ins  le  choix  de  ses  sujets,  comme 
De  doctd  in  ihcologid  ignorantid  ; 
De  usu  EuchariUiœ  medico ,  etc. 
Nous  \\f  voulons  pwnt  passer  sons 
silence  ses  Ohservaliones  miscclla- 
neœ  ad  quœdam  loca  Scripturœ  sa- 
crœ  (fuilnis  hislnria  patriarcharum 
illuslratiir ,  Dui-b. ,  i7'29-  «735,  in- 
4  '.  ; —  Obsenuilionum  miscelUuwa- 
rinn  ad  historiani  Isaaci  decas  , 
ibid.,  I  73/1,  in-  \  .; — Oripncs  evan- 
gclicœ  intiT  Saltzf'urgensci  avte  Lu- 
lln'nini/\h'u\.^  1733,  in-4".; — Brè- 
ves illitstrtitiones  ctrcu  vitam  1 1  scrip- 
la  /htishiirgcnsiuin  Ûuudogonan,  ib.^ 
même  année,  iu-4'*î  —  Elorilcgiuin 
Insloricu  -  crilicuvi  lihroruni  rario- 
rum,  1747,  174»),  i7Ù3,iii-«'.(i); 

(1)  GcmIùs  parle    tlans  rc  livre   de   plus  de  8«>o 
•UTKga*  ,  «l  ac  se  comlciitc  poiul  «l'uu  d*iiu«t  ict 


C  E  R 

—  îianora  qnœdam  supcrioris  œta- 
ils  ln'^yjy.; — HiUorica  tr.otuiuii  ec- 
clcsiaslicoriun  in  cU'iUilc  lircnicnsi, 
1 54  7  à  1 5(3 1 ,  Gron.,  1 7  ')(),  in-4".  ;  — 
MflclernaUi  sacra  y  Giun.  cl  ilrèrnc  , 
i-Oi),  m  \'\  Nous  laissons  de  cote 
d'.Mitics  écrits  cxcgcliqius  ,  quel- 
ques tr.tilcs  poleiniqucs  ,  cl  onfin  quel 
qups  ouvrages  eu  langue  iiollaudaise. 

—  George  -  Gu.sl  »vc  de  Gerdes  , 
savant  liUeralcur  pomcianicn  ,  con- 
seiller de  justice  et  syndic  de  la  ville 
àc  Slelliu,  a  publie  en  latin,  de  1752 
à  1  754 ,  quelques  Opuscu'es  académi- 
ques de  jurisprudence  ;  et  en  alle- 
mand: 1.  IViitzliche  S atmnlung,  etc., 
c'est-à-dire,  Recueil  intéressant  de 
pièces,  la  plupart  inédites ,  sur  le  droit 
et  riusloirc  du  iMeckleiibourg  ,  Wis- 
ïuar,  1756  et  années  suivantes,  in- 
4".  H.  .'luseriesejie  Sammlung,  elc.j 
cest-à-dirc,  Hccueil  choisi  de  diverses 
notices  sur  l'agriculture  et  le  droit  de 
la  Pomeranie  et  de  l'île  de  Riigcn, 
Greifswald,  1747  '  ^^  suite  a  paru  à 
Roslock  et  à  Wisniar,  1 75G.  M — on. 

GERDIL  (  Hyacinthe  -  Sigis- 
MOND  ) , cardinal ,  et  l'un  des  membres 
les  plus  illustres  du  sacre'  collège  à  la 
fin  du  dernier  siècle,  était  né  à  S^ 
moens  en  Savoie,  le  20  juin  1718. 
Sa  famille ,  recommandable  sous  le 
rapport  de  l'honnêteté,  el  des  vertus 
morales  et  religieuses,  ne  tenait  point 
un  rang  considérable  dans  cette  pe- 
tite ville.  Son  père  y  occupait  une 
charge  de  notaire;  ainsi  Gerdil  dut 
tout  à  lui-même,  rien  à  sa  naissance. 
1  Son  éducation  fut  soignée  :  dès  l'âge  de 
sept  ans,  on  l'envoya,  pour  ses  pre- 

I  titres-,  il  apprend  très  souvent  la  cause  de  leur 
I  rareté  ,  le*  jugements  qu'on  en  doit  )>orter  ,  ren- 
voie aux  critiques  qui  en  ont  parlé  ,  donne  quel- 
quefois des  anicilotcs  intcressant-s  sur  iii  vie  de 
leurs  auteurs.  Dès  1740  il  avait  f.iit  paraître  un 
premier  essai  de  ce  tr.ivail  sons  ce  titre  :  Spicilc- 
giumlibionun  quurumilam  rartorutnjn  Cataloao 
yof;iiaiio  uniiisurum.  Ce  spicilcf^c  fut  imprimé 
d'abord  dam  1q«  MOcelin/ieit  Crt(/u/igfl(n«,  et 
'     ««ni  •  part. 


mieres  études,  à  R.niicville  ;  et  il  les 
acheva  aux  coréges  des  Ijarti  ihi'is,  de 
Tlionon  et  d'Auncci.  R'au('o>.|>  d'ap- 
plication, une  gr.uidc  péiietraJiuii  d'es- 
prit, la  mémoire  la    plus    heureuse, 
mais  bien   plus  encore,    une    pureté 
demœuts  admirable  el  uneéminenlc 
piété,  le  firent  dislin-ucr  paises  n).iî- 
trci  comme  un  é  ève  d'un  mérile  rare  j 
el  lorsque,  ses  études  finies,  il  témoigna 
le  désir  d'entrer  dns  leur  congréga- 
tion, ils  ne  purent   (pie  s'applaudir 
de  faire    une  acquisition  aussi  pré- 
cieuse. Après  lesépreuvesdu  noviciat, 
il  a' la  faire  a  liologne  son  cours  de  théo- 
logie. A  l'étude  des  saintes  lettres,  il 
joignit  celle  des  langues  anciennes  et 
moJerues.  ll.ipprit  'e  grec ,  et  y  (il  des 
progrès  assez  ripi'fes  pour  être  bi(;n' 
tôt  en  étal  de  recouiir  aux  sources  ori- 
ginales. 11  prit  desieçons  d'italien  sous 
le  père  Gorlicelli ,  membre  célèbre  de 
l'académie  de    la  Grusca,  cultiva  le 
français  avec  un  soin  égal,  se  p-rfec- 
tionna  dans  le  latin,  et  parvint  non 
seulement  à  pouvoir  parler  ces  trois 
langues  avec  pureté,  mais  encore  à  les 
écrire  avec  autant  de  facilité  que  d'élé- 
gance, lufatigabl*' au  travail,  ayant  une 
santé  qui  pouvait  y  suffire,  et  animéde 
Il  plus  vive  ardeur  de  savoir  ,  GerdiI 
faisait  tout  marcher  de  front  :  l'élude 
des  langues,  la  thév)logie,  la  pliiloso- 
pliie,   les  mathéiuatiqiies,    la  physi- 
que, l'histoire;  et,  sur  di^s  matières  si 
diverses,  on  a  de  lui  des  ouvrages 
qui  ont   méri(é   les  sufftages  du  pu- 
blic et  l'approbation  des  savants.  Quoi- 
qu'une vie  aussi  occu[)ée,  jointe  a  soa 
amour  de  la  solitude,  ne  lui  permît 
pas  de  se  répandre  au  dehors,  il  était 
connu  et  estimé  de  tout  ce  que  l'ins- 
titut de  Bologne  renfermait  de  mem- 
bres les  plus  célèbres  el  les  plus  recora- 
mandablcs;  des  Zanotti^  des  Man- 
frediy  des  Bianconi,  des  Beccari  , 
etc.  Son  mérite ,  et  les  avantages  qui 


irjo  GER  GER 

devaient  un   jour   en   résulter  pour  vêque  de  Turin  , au  conseil  de  cous- 
la  religion  et  les  lettres,  nVchappè-  cieuce,  tandis  qu'il  recevait  de  son  or 
rent  point  à  la  pénétration  d'un  pré-  dre  une  autre  marque  de  conûance 
lat  qui  ,    depuis  ,  tint  avec   tant  de  par  sa  nomination  à  la  charge  de  pro- 
gloire le  sceptre  pontifical.  Prosper  vincial  des   collèges  de  Savoie  et  du 
l.ambcrtini  était  alors  archevêque  de  Piémont.  Il  se  comporta  dans  ce  der- 
Bologne  :  il  connut  Gerdil  jeune  en-  nier  poste  avec  tant  de  prudence  et  de 
core,  rt,  démêlant  ce  qu'il  devait  de-  modération,  que  la  congrégation  des 
venir  un  jour,  l'accueillit,  l'encoura-  Barnabites  ayant  perdu  son  supérieur 
gea ,  se  servit  même  de  sa  plume  ,  général ,  il  fut  question  de  lui  donner 
pour   traduire    de   français  en   latin  Gerdil  pour  successeur  (i);  projet  qui 
quelques  pièces  sur  les  miracles,  les-  vraisemblablement  aurait  été  réalisé, 
quelles  devaient  entier  dans  son  bel  si  ,  vers  ce  même   temps ,  Charles- 
ouvrage   de   la  béatification  et   de  Émanuel  111,  d'après  les  insinuations 
la  canonisation  des  Saints.  Fier  à'uuQ  de  Benoît  XIV,  n'eût  fait  choix  du 
distinction  si  flatteuse,  Gerdil  se  sou-  savant  barnabite  pour  élever  son  pe- 
vint  toujours  avec  une  vive  et  tendre  tit-fils,  le  prince  de  Piémont,  depuis 
reconnaissance,  des  bontés  dont  ce  roi,  sous  le  nom  de  Charles  -Éma- 
grand  pape  avait  honoré  sa  jeunesse,  nuel  IV.  Gerdil  vint  à  la  cour,  et  y 
et  il  aimait  à  en  parkr.  11  éiait  naturel  vécut  comme  il   le  faisait   dans  son 
que  les  Barnabites  chercliassent  à  pro-  collège,  aussi  retiré,   aus^i  modeste, 
duire  en  public  un  sujet  qui  pouvait  tout  entier  aux  soins  qu'il  devait  à  son 
leur  £.irc  tant  d'honneur,  mais  qui,  auguste    disciple,   ft    employant    le 
modeste  et  content  dans  la  retraite ,  temps    que   no   réclamait    pas   l'ins- 
ii*eûi  pas  songéàseproduirelui-même.  truction  du  prince,  à  la  composition 
Kn  I  737,  lorsque  Gerdil  avait  au  plus  d'ouvrages  utiles  à  la  religion  ou  aux 
dix-neuf  ans,  ils  l'envoyèrent  à  Mace-  jirogiès   des    sciences.    La  cour    de 
rata,  pour  y  enseigner  la  philosophie  Turin  récompensa  les  soins  du  père 
dans  l'université,  et  bientôt  après  à  Gerdil,  par  sa  nomination  à  une  riche  , 
Casai ,  ou  il  réunit,  aux  fonctions  de  iibbayc;  mais  il  jouit  des  revenus  de  ce 
])rofesseur,  celles   de  préfet  du  col-  bénéfice  en  titulaire  qui  connaissait  la 
lége.  Il  remplit  ces  deux  placescomme  destination  des  biens  ecclésiastiques  , 
aurait  pu   le  faire  un  homme  d'une  prenani  sur  eux  le  strict  nécessaire  ,   j 
expérience   consommée.    Des   thèses  ttcoii'^acrant  le  reste  à  de  bonnes  œu-   ' 
que  pendant  son  séjour  à  Casai  il  dé-  vres.  Il  aidait  ses  parents,  mais  seu- 
diaauducdeSavoie,et  deux  ouvrages  leiurnt  suivant  leurs  btsoins,  i/ayant 
de  métaphysique  ([u'il  publia  contre  jamais,  pendant  qu'il  était  à  la  cour,  j 
Locke,  ayant  attiré  sur  lui  l'attention  sollicité  pour  eux  ni  emploi  ni  pen-  \ 
de  la  cour  de  Turin,  luivalutent,  en  sion.  11  tontiibuait  à  réducalion  de  1 
I  n/|(),lacliairede  j)hiloso|)hiedans  l'u-  ses  neveux  sans  parcimonie, mais  sans 
iiivei  site  de  cette  ville,  et,  environ  cinq  faste.  Une  autre  récompense  bien  plus 
ans  après,  celle  de  théologie  morale,  importante,  due  à  sou  mérite  et  à  ses 
D'un  autre  côté,  sa  réputation  de  sa-  services,   attemlait  Gerdil;  le    pape 
gesse  et  «le  lumières  ,  mais  surtout  des  Clément  XIV  ,  dans  le  consistoire  du 

écrits  solides  en  faveur  de  la  religion  ,  

qui  méritèrent   les  éloges  de  Rciioît        (1^  Voy.z,  dam  I'F.Iokc  Jp  c.cniii  (  traduit  J« 

Jr,.,       ,         ..  I    ^  I'         I  Foiilaiij      ,  Cl  riti'  ri-anrt'f  ,  la  Irttrr  par   luqucllo 

AlV,  le  urcul  appeler,  par  larclic-  iirei«c«iictiiiimi«  ^i...ii.  m-;,  uoi.  ji). 


(iER  C1:K  h)I 

s6  «nvrll  i^-j^,  le  réserva  carcli!i;il  in  dos  clrronslanccs  où  jI  ne  fut  p.is  à 

p'/^> ,  avec  tMlti' (Ic'sl^n.ilion  (|ui   CJ-  \\\\)v\   du    l)(Soin.    Lurs(ju'(Mi     179^, 

lactorisail  la  haute  repulalioii  du  iiio-  après  l'ciivahisscniciil  de  Ruine  par  les 

tlcste  religieux,  et  son  amour  pour  Français,  il  tut  oblige  de  quitter  celle 

la  viecjchée:  nnlus  orbî,  i^i.i  notas  ville,  il  lui  faliiil  vendre  ses    livres 

urbi.  Sa  iioruinalioii  néanmoins  n'eut  pour  subsister.  Respecte'  par  les  puis- 

Jieu  (pic  sous  Pie  Vr.  Ce  pape  l'appela  sances    bcllige'ranlcs  ,    et    arrive   à 

a    Rome,  le   nomma   consullenr  du  Sienne,   près  de  l'inforlunè  Pic  VF, 

St.  -  Oflicc,  le  fit  sacrer   cveque  de  qui  victime  de  la  plus  cruelle  traliisoii 

Dibon  ,  et  l'agrégea  au  sacre  collège  le  était  réduit  lui-même  à  la  pauvreté  , 

t.>7  juin  1777.  Le  i5  décembre  sui-  le  cardinal  Gerdil  n'eût  pu  se  rendre 

vant,  il  le  publia  cardinal  du  titre  de  en  Piémont,  où  il  seproposiitdccher- 

Ste.  Cécile.  Gerdil  se  montra  digne  cher  un  asile,  sani  la  générosité  du 

de  ce  liant  rang  par  son  exactitude  cardinal  Lorcnzana  ,  archevêque  de 

à  en  remplir  les  devoirs,  et  par  son  Tolède , et  de  Mgr.  Despuig,  archevê- 

zèle  pour  les  intérêts  de  l'Église.  Bien-  que  de  Séville,  qui  fut  élevé  ensuite 

lot ,  appelé  à  partager  les  travaux  de  au  cardinalat.  Retiré  dans   le  sémi- 

l'illustre  collège  auquel  il  appartenait,  naire  de  son    abbaye  de  la  Glusa, 

il  fut   nommé  préfet  de  la   Propa-  il  se  trouva  plusieurs  fois  sur  le  point 

gande  ,  membre  de  presque  toutes  les  de  manquer  de  tout.  Cette  situation 

congrégations  ,  protecteur  des  Maro-  pénible  n'altéra  point  sa  résignation  , 

niles,  et,  en  cette  qualité,  chargé  de  et  n'ébranla  en  rien  son  courage.  Il 

la    correction   des    livres  orientaux,  savait  se  passer  de  ce  qu'il  n'avait  pas. 

Il  jouissait  a  Rome  de  la  plus  grande  et  s'en  remettait  à  la  Providence,  qui 

considération  ;  et  tandis  que  le  monde  souvent  vint  à  son  secours  par  des 

poli  fréquentait  la  maison  du  cardinal  moyens  inattendus.  Il  trouva  la  possi- 

dc  Bernis,    on  trouvait  les  savants  bililé  de  soulager  encore  les  corapa- 

dans   la  cellule  du  cardinal  Gerdil,  gnons  de  son  exil;  et  quoiqu'il  vécût  de 

où  l'on  tenait  à  grand  honneur  d'être  secours  gratuits,  il  faisait  distribuer 

admis.  F.mployé  dans  les  affaires  les  régulièrement  du  pain  et  de  l'argent 

plus  délicates,  il  devint,  pour  ainsi  aux  pauvres  de  sonabbaye.il  vitainsi 

dire,  l'ame  et  l'oracle  du  St.-Siége,  ou-  s'écouler  le  temps  de  la  persécution^ 

vrant  toujours  les  avis  les  plus  sages,  partagé  entre  l'étude  et  la  prière.  Après 

se  rangeant  du  parti  le  plus  modéré,  la  mort  de  Pie  VI,  il  se  rendit  à  Ve- 

et  aussi  conciliant  quand  les  principes  nise  pour  le  conclave  qui  y  avait  e'té 

n'en  soujfTraient  pas,  que  ferme  quand  convoqué.  Dès  les  premiers  scrutins  , 

il  s'agissait  de  leur  maintien.  C'est  la  les  cardinaux  lui  firent  hommage  de 

conduite  qu'il  tint  dans  i'.ifTaire  du  leurs  suffrages  pour  la  papautéj  mais 

concordat.  Jamais   ses  revenus  n'a-  il  en  fut  exclu  par  la  politique  d'une 

vaient  été  considérables;  et  Ton  a  vu  puissance,  et  peut-être  aussi  par  les 

comment  il  en  usait.  Il  conserva  TeS'  considérations  que  fit  naître  son  grand 

prit  de  pauvreté  sous  la  pourpre  ,  au  âge,  les  circonstances  difficiles  où  Ton 

point  de  n'avoir  qu'un  seul  couvert  se  trouvait  ne  permettant  pas  de  s'ex- 

d'argcnt  et  une  tabatière  de  buis.  Non  poser  à  la  nécessirc  de  recourir  en  peu 

seulement  sa  fortune  n'augmenta  point  d'années  à  une  nouvelle  élection.  L'é- 

avec  son  élévation;  il  y  eut  même,  minent  savoir  du  cardinal  avdt  dû  na- 

daus  les  dernières  années  de  sa  vie,  tuidlemcnt  l'appeler  aux  honneurs 


193  G  E  R 

académiques.  Aussi  p!u<;ieurs  des  so- 
ciétés savantes  les  plus  célèbres  de  i'Eu- 
ropt  î>'étciicnt-ellcs  empressées  de  l'.id- 
mettredans  leur  sein.  L'iiistitiW  de-  l5o- 
logne  se  r.ngrégeaeD  i'j^ç),\*iïCOiàéai'ïe 
de  la  Crusca  vu  i'jO']',  et  la  même 
année  il  devint  membre  de  la  soriélé 
royale  des  sciences  de  Turin,  qui  se 
formait  alors.  Il  fut  encore  de  la  so- 
ciété royale  de  Londres,  de  l'académie 
des  Arcades  de  Rome ,  etc.  Le  cardinal 
Gerdil  était  retourné  dans  cette  ville 
après  réie(  tion  de  Pie  VU  ;  sa  santé 
se  soutenait  loalgré  son  âge  avancé  et 
ses  fatigantes  occupations,  et  il  ne  se 
servit  jamais  de  lunettes.  A  la  suite 
d'une  maladie  qiii  ne  dura  que  vingt- 
cinq  jours  ,  il  mourut  le  1  *2  août  i  Hoci, 
sans  agunie,  dans  la  modeste  cellule 
de  son  couvent,  âgé  de  84  ans,  uu 
mois  et  quelques  jours.  Il  lut  honoré 
des  regret-  du  sacré  collège,  de  cr ux 
de  tous  les  savants  et  du  public.  Le 
pape  lui  ordonna  de  magniliques  ob- 
sèques, auxquelles  assistèrent  le  roi 
et  la  reine  de  Sarda-.gne  ,  vingt- cinq 
carduiaux,  etc.  Sj  Sainteté  fit  elie- 
mèiiie  la  cérémonie  de  l'absoute.  Une 
médaille  fui  frapjiée  en  son  honneur. 
Le  père  Fonlana,  général  des  Barna- 
bite-.,  ami  du  défunt  ,  et  aujourd'hui 
cardinal,  piononça  son  orrison  fu- 
nèbre, etcompv  sa  pour  le  monument 
qui  lui  lut  érigé  dans  l'église  de  son 
ordre  [San  Carlo  de'  Catinari)  ^  l'é- 
pitjphe  suivante  ,  qui  peut  être  citée 
comme  un  modèle  en  ce  genre: 

Mrmorix  et  cinrrilm» 
HyaciiiUii  .>i^iiinunili    (icrdill 
Allubrucis  ,  l'osiiiii^icrnsit.... 
Qui  inel<<pliy»«fu»  tui   triiip.jn»  primiit , 
Pbysicii*  ,  jiliilol  >(ju»,  tli«(ili>j;m   |)ra-«liuiliuiniui , 
lutinurtalciii  iiif;i-nii   «li»  inii.iij^iie    laiiiuiu 
l'Iuriniis   ii>vit:l>i    o|<rriliiii 
In  omjiij;<'mi»  rrliH'"""»  Liutti 
I^utiiii;  .    (^all.cè  ,  Lrtruirt-  rditia 
^\ihi  iihiijiir  ^rnttuiii  (lurljin 
IVlmlfitill  ,    Iriiilatr,     C'iiiiltato 
Abiliiii-iitiii  ,  lifnrrici-iiiiii 

Omiiiiin»!"''  vir'.iilum  »j)l«Mnl:>rr  iiM|iinvit 

Der<'>*it   ciilii    innclittiiiio'  viliv   (°r>iiiriitanc« 
lu  «juà  lauguQ  «arpà  uiuiCccUiiK  liul.... 


GER 

Savant  du  premier  ordre  et  presque 
dans  tous  les  genres  où  s'est  exercé 
l'esprit  humain  ,  prélat  digne  des  pre- 
miers siècles  de  l'Église,  Gerdil  fut, 
dans  ces  derniers  temps,  uu  des  hom- 
mes qui  ont  fait  le  plus  d'honneur  à 
la  rehgion  ,  et  qui  lui  ont  été  le  plus 
utiles.  Toujours  occupé  de  ce  grand 
objet,  ne  connaissant  que  son  cabinet 
et  son  oratoire,  il  conserva  la  paix  de 
Tamc  au  milieu  des  orages  dont  sa 
vieillesse  fut  agitée.  Ses  ouvrages  sont 
très  nombreux.  Plusieurs  ont  été  im- 
primés à  mesure  qu'ils  étaient  compo- 
sés. Ils  furent  en  suite  recueillis  à  Bo- 
logne en  6  volumes  in-4*. ,  et  publies 
par  les  soins  du  père  Toselli,  de  1  "^84 
à  1791.  Le  père  Fontana  ,  aidé  du 
père  6cati,  en  a  entrepris  une  nou- 
velle édition,  dont  les  six  premiers  vo- 
lumes parurent  en  1806.  Quinze  sont 
déjà  imprimés.  La  vie  de  l'auteur,  par 
le  père  Fontana  ,  doit  terminer  le  ving- 
tième volume.  Voici  une  liste  des  ou- 
vrages de  Gerdil,  d'après  l'éilitiou  de 
Bologne,  et  les  renseignements  qu'on 
a  pris  sur  ceux  qu'elle  ne  comprend 
pas.  Us  y  sont  classés  suivant  la  langue 
dans  laquelle  ils  ont  été  écrits.  Les  deux 
premiers  volumes  contiennent  les  œu- 
vres italiennes  ;  on  y  trouve:  l.  Irh- 
troducUon  à  l'étude  de  la  relig:on, 
aveclu  réfutation  des  philosophes 
anciens  et  modernes ,  touchant  l'E- 
tre sup'énie,  l'éternité^  etc.  La  pre- 
mière édi'ion,  dédiée  à  Benoît  aIV 
(Turin,  i^Si)  ,  réunit,  dans  le  temps, 
les  sullVages,  non  seulement  des  savants 
ccclési.»sti(|ucs  ,  niais  encore  des  pro- 
testants Dutens  et  Brucker  ,  acadcf- 
miciens  de  Berlin.  IL  Exposition  des 
caractères  dt^  la  vraie  religion  (  tra- 
duite en  fiançais  (i)  par  le  pète  de 

(l^  Drltr  IriuliK-ti'iu  ,  f.iitr  <ur  l'i-ilitioii  de  Tu- 
rin ,  I7(>7.  uuL;iiwiitér  ilr  nniri  imr  l'jiitrur,  rit 
pnS-cili'r  il'iiii  niaiiilniuriil  ilii  curdiiiéil  ilr«  l.aiicei^ 
cl  iiiivic  «l'iiiir  Irtlrc  tlu  P.  lïr  l.ivoi ,  qui  réfute  Itf 
M^JicAionj  in«ral«t  il'Âiaclold«la  Uoutiojt. 


c;  r.  w 

ï.ivol,  birn.ibilc,  l\uis,  1770,   nn 
\()l.  iii-H*^.  )  i'^llc  a  ct(i  souvent  rcim- 
IMMiuëe,  et  traduite  incmc"  en  polonais. 
111.    Disscrlalion  .sur  l online    du 
sens  moral,  sur  l'existence  de  Dieu , 
rininiatériidité  des  natures  inlelli- 
pentes  ,  (wec  deux  dissertations  sur 
les  études  de  la  jeunesse.  IV.  Projet 
pour  la  formation  d'un  séminaire  , 
et  Essai  d'instruction  pour  le  même 
objet,  avec  seize  traités  de  théolo- 
gie ,  et  quatre  dissertations  sur  la 
nécessité  delà    réi'élation,  etc.   Le 
cardinal  des  Lances  mil  à   exécution 
ce  plan  _,  (jue  Gerdil,  son  ami  intime  , 
avait  tracé  à  sa  demande.  Le  iiT. ,  le 
IV''.,  le  v^.  et  nue  partie  du  vr.  vo- 
lume contiennent  les  œuvres  françai- 
ses; ce  sont  :  V.  l a  Immatérialité  de 
Varne,   démontrée  contre  Locke,  et 
la  Défense  du  sentiment  du  P.  Male- 
hranclie ,  contre  ce  philosophe ,  Tu- 
rin,   1747   et    '74^7  '-*    vol.  in-4''. 
Gerdil  y  démontre  que,  des  principes 
de  Locke  lui-même  ,  \\  suit  que  l'ame 
est  immalcriclle  ;  les  mêmes  preuves 
par  lesquelles  ce  plulosopîie  démon- 
tre l'imiii  iteVialilé  de  Dieu  élant  ap- 
j>licables  à  l'ame.  Dans  sa  réfutation  du 
fameux  doute  de  Locke ,  relativement 
à  la  possibilité  de  la  matière  pensante , 
il  combat,  avec  un  égal  succès  ,  le  phi- 
losophe anglaifN^  Montesquieu  et  Vol- 
taire. VI.  Essai  d'une  démonstration 
mathématique  contre  l'existence  éter- 
nelle de  la  matière  et  du  mouvement, 
etc.,  et  des  preuves  que  l'existence 
et    l'ordre  de  l'univers  ne  peuvent 
être  déterminés  tû  par  les  qualités 
primitives  des  corps ,  jû  par  les  lois 
du  mouvement.  Vil.  Essai  sur  les  ca- 
ractères distinctifs  deV homme  et  des 
animaux  brutes  ,   où  l'on  prouve  la 
spiritualité  de  l'ame  par  son  intelli- 
gence.\ m.  Mémoires  sur  l'infini  ab- 
solu ,  considéré  dans  la  grandeur, 
et  sur  l'ordrs  dans  le  genre  du  vrai 

XVII. 


G  EU  195 

et  du  beau;  ce  dernier  a  été  insère 
dans  les  Miscellanea  Taurinensia  , 
tom.  V,  I  77  I .  IX.  Incompatibilité  des 
principes  de  Descartes  et  de  Spinosa, 
Paris,  1  7G0.  X. Eclaircissements  sur 
la  notion  et  la  divisibilité  de  l'éten- 
due {géométrique ,  en  réponse  à  Ici 
lettre  de  M.  Dupais,  Turin,  1741. 

XI.  Réjlexions  sur  un  mémoire  de 
M.  Beguclin ,  concernant  le  prin- 
cipe de  la  raison  suffisante  ^  et  la 
possibilité  ou  le  système  du  hasard. 

XII.  Dissertation  sur  V incompati- 
bilité de  l'attraction  et  de  ses  diffé- 
rentes lois  avec  les  phénomènes  ,  et 
sur  les  tuyaux  capillaires ,  Paris  , 
1754,  vol.  in-i'2j  ouvrage  dont  le 
premier  travail  av.^it  déjà  paru  dans 
ïc  Journal  des  savants,  de  mai  1 752. 
L'auteur  ayant  cru  trouver,  dans  les 
phénomènes  des  tubes  capillaires,  des 
arguments  contre  le  système  de  l'at- 
traclion  ,  Lalande  y  répondit  dans  le 
même  journal,  octobre  1768;  à  la 
suite  est  un  Mémoire  sur  la  cohésion, 

XIII.  Observations  sur  les  époques 
de  la  nature ,  pour  servir  de  suite  à 
l'Examen  des  systèmes  sur  l'anti- 
quité du  monde ,  inséré  dans  l'Essai 
théologique.XiV.  Traité  des  combats 
singuliers  ou  des  duels,  Turin ,  175g. 
L'auteur  y  combat  ce  barbare  usage, 
et  y  montre  l'absurdité  du  faux  point 
d'honneur  sur  lequel  on  l'appuie  ;  il 
prouve  que  la  religion,  la  raison  et  l'intc- 
rêtsocialclemandcnt également  (pi'on  !e 
proscrive.  XV.  Discours  philosophi- 
ques sur  l'homme  _,  considéré  relati- 
vement à  l'état  de  nature  ,  à  l'état 
de  société  et  sous  l'empire  de  la  loi, 
Turin  ,  1769,  in-8°.  Ils  ont  été  tra- 
duits en  italien,  par  le  docteur  Giu- 
dici,  Lodi ,  i78'2.  (i)  XV L    De  la 

[i^  Les  Discours  philosopftiqnet tiir  riiumtnc 
sur  tu  religion  et  ses  ennemis ,  udvis  des  lois  cc- 
clésiuslionet  tirées  des  seuls  Livres    saiiiis  ,  vnr 
feu  M.  l' allié  lie  "  ^  publiés  pur  M.  F...  D.  Z. 
.V.  F.  U.  /'. ,  in-i2  ,  Pari»,    ijSi  ,  ue  sont  qu'au 


pi  '(jiat  lie    <;«t  ouvrage. 


IJ 


194  G  Eli 

nature  et  des  effets  du  luxe,  avec 
l'examen  des  raiwnnements  de  M. 
Melon  ^  auteur  de  V Essai  poliliijue 
sur  le  commerce  y  enfnweurdu  luxe, 
Turin  ,  1768,  in-8°  GercJil  y  rcfute 
Moiiicsquicu.  XVII.  Discours  sur  la 
divinité  de  la  religion  chrétienne. 
XVIII.  Réflexions  sur  la  théorie  et 
la  pratique  de  Véducaùon  ,  contre 
les  principes  de  J.  J.  Rousseau,  Tu- 
rin, 17O5,  in-8".  Ellrs  se  trouvent 
fj.ins  le  premier  volume  de  la  nouvelle 
édition  ,  sous  le  tilrc  (W^nti-Emile , 
ttc.  Il  s'en  est  fjit  à  Londres  une  tra- 
duction en  anglais.  La  princesse  here'- 
ditaire  de  Brunswick  s'empressa  de 
les  introduire  à  sa  cour,  pour  éclairer 
ceux  qui  avaient  été'  séduits  par  ces 
funestes  nouveautés.  Gerdil  y  examine 
les  principes  de  Kousscau  sur  l'édu- 
cilion.  En  le  traitant  avec  égards  ,  il 
\e  suit  pas  à  pas,  signale  ses  soplîis- 
mes ,  et  ne  f.iit  grâce  à  aucune  erreur. 
Quelque  sensible  que  Kousseau  fut  à 
la  critique,  l'écrit  de  Gerdil  ne  l'of- 
fensa pas  :  il  rendit  justice  à  la  forme 
et  au  fond  ,  en  parla  avec  estime,  et 
dit  à  ce  sujet  :  «  Parmi  tant  de  bro- 
w  clîures  irripiiniées  contre  ma  per- 
»  sonne  et  mr&  écrits,  il  n'y  a  que  celle 
»  du  P. Gerdil  que  j'aie  eu  la  [)aticncc 
»  de  lire  jusqu'à  la  fin.  Il  est  fàclienx 
»  que  cet  auteur  eslimabîe  ne  rn'ait 
»  pascompris.(i)  »  XW.Considéra- 
lions  sur  l'empereur  Julien,  (le  mor- 
ceau passe  pour  im  des  meilleurs  011- 
Trages  de  l'auteur.  Gerdil  y  soumet  à 
un  examen  iinpirtial  le  caractère  âevc 
firinrc,  et  le  trouve  bien  au  -  dessous 


(i)  0  toi  ilotil  Iri    <rrrc<ir«,    le*   lophifiiici  nou- 
veaux, 
Pnr  un  iiri  sifiliiiinot  pri-parcrml  nos  miui\  !   .. 
Oan^rrriiv  tiov.itfiir   <loiit  lu  raiimi  aluj^ri; 
A  tout  le   (;pnri-   liiuniiid  niinoiirait   la   litiiiiiuc, 
(.)iii  le  r(>iii|ir<-ii(lr.i  >l(mc   »i  Ir  (irnlonil  (irrdil 
I»«!  Ir»  rniionnrinriiti  uc  prutnuivrc  lit  lU.' 
Si,  il'.ipri:»    Idii   nvru  ,   en  f^ruiul   liorniur    lui - 
inique 
.    A  lait  (levains  rffortt  pour  «uiiiir  ton  lyttcmu  ?.. 
(L'abbé  D'Aitribf  «H  ,  aux  Arcadri    de  Auniv.) 


GER 

des  éloges  que  quelques  philosophes 
se  sont  plu  à  lui  prodiguer.  Les  preu- 
ves qu'il  en  donne  sont  d'autant  moins 
»'ecusablts  ,  qu'il  déclare  qu'il  ne  se 
sert  pomt  du  témoignage  des  pères  de 
l'Eglise,  et  qu'il  ne  veut  fixer  son  opi- 
nion sur  cet  empereur  philosophe,  que 
d'après  les  écrivains  avoués  de  ses  pa- 
uégyrisfes.  XX.  Observations  sur  le 
vi".  livre  de  V Histoire  philosophi- 
que et  politique  du  commerce  dans 
les  deux  Indes ,  par  Vabhé  Rajnal, 
Il  le  réfute  avec  solidité,  et  fait  re- 
gretter que  ses  remarques  ne  se  soient 
pas  étendues  à  tout  l'ouvrage.  Les  piè- 
ces latines  qui  suivent,  achèvent  le 
vi'\  volume  ,  de  l'édition  de  Bologne, 
XXL  Firtutempolilicam  ad  optimum 
statum  ,  non  minus  regno  quàm  rei- 
puhlicœ  necessariam  esse ,  oratio, 
XXIL  De  causis  academicarum  dis- 
putalionum  in  theolo^iam  moralem 
inductarum ,  or^f/o.  Gerdil  y  combat 
V Esprit  des  lois.  Ces  deux  harangues 
furent  prononcées  en  présence  de  la 
société  royale  de  Turin;  la  première 
en  1  700,  et  l'autre  en  175  |.  XX II F. 
Disputiitio  de  religionis  inrtutisque 
politicœ  conjunclione.  XX IV.  Ele- 
menlorum  mnralis  prudentiœ  juris 
spécimen.  XXV.  Le  cardinal  Délia 
vSoin,ig;ia  fit  imprimer  à  ses  frais,  à 
Parme,  chez  Dodoni,  en  1789,  un 
vo I  u m e  i  n t i I  u  I  é ,  Opuscula  ad  h ierar- 
chkam  ccclesiœ  cimstitutioncm  spec^ 
tantia  ;  réimprimé  à  Venise  en  1790, 
iri-H".  XXVL  La  réfutation  (en  ila- 
lien)  de  deux  pAm])Mets  coulrc  le  bref 
Super  soliditate,  dans  lequel  Pie  VI 
condamne  le  livre  d'Eybel ,  intitulé, 
Qu'at-ce  que  le  pape?  Kome  ,  i  789, 
u  vol.  iu-4'.;  et  W/pologiedc  ce  mê- 
me bref,  ibid.,  i^yi  et  I  79?. ,  in-4'*. 
(-et  l'!vbel ,  professeur  de  droit  canoa 
à  Vieiwu',  essaie,  dans  son  libelle, 
d'èllaiblir  le  respect  dû  au  chef  de 
l'Eglise.  Gerdil  le  combat  avec  d'au- 


GER 

tant  plus  (V.ivaiifap;c  ,    qu'il   se   sert 
contii-  lui  de  r.ailcnle  des  docteurs 
fi.»ii\',us  les  pins  altaclie's  .uix  Idieites 
de  l'Église  i;.illie,n»e ,    de  Gcisou  ,  de 
Diipiii ,  du  \ùrr  Alexandre,  de  Fleury 
et  surtout  de  Bussuet,  doul  il  possé- 
dait partait»  incul  les  ouvrages,  et  ne 
]),ulail  iauiai>  qu'  tvec  le  plusuoblc  i-u- 
IJjousiasuie.  XXV II.  Remarques  (  la- 
imvs)surte  comincnlaire  de  Fehrd- 
nius  y  relnlivemenl  à  sa  rétract  iiîon. 
Gerdil  ue  trouve  poiut  edic  rétracta- 
tion aussi  iVauclie  qu'Hie  auiail  <iij  l'ê- 
tre: il  moutre  eu  quoi  elle  pèilie;  et 
ce  sont  encore  les  théoîigierrs   fran- 
çais ,  Thomassin ,  de  Maicj  et  Bossucf, 
qu'il   oppose  à  l'auteur  du  commi  n- 
taire,  contre  lequel   i!  pb  ii  de  nou- 
velles Ohseivatiojies ,  Roiw.,   i  79"2, 
iii  -  4'»    XXVI li.  Auimadverslones 
in  notas  qnas  nonnuliis  Pistoriensis 
synodi     proposai  onibus    damnatis 
in  dogmaticà  cunstltutione  PU   VI 
(Aucloreuj  fidei),  clar.  Feller  clario- 
ris  inteUip:efitiœ  nomine  adjiciendas 
curavii ,  Rome  ,  1 795.  XX I X   Eia- 
men  ,  eu  italien  ,  des  m  itifs  de  V op- 
position de  Vé\'e'qne  da  Noli{Beiuiit 
Solari)  à  la  publication  de  la  bulle 
qui  condamne  les  propositions  ex- 
traites du  sjnode  de  Pi:>toie,  Home  et 
Venise,  1800,  1801  ,i8o2.L.  même 
année  1802,  parurent  des  Réflexions 
sur  une  nouvelle  lettre  de  cet  evéque^ 
imprimées  à    Venise,  jprès  la  mort 
do  Gerdil.   XXX.   Plusieurs   lettres 
pastorales ,  adrt^ssées  aux  pai^oisses 
4]ui  dépendaient  de  son  abbaye  de 
la  Clusa ,  et  ses  Constitutions  syno- 
dales. XXXI.  Précisd  un  coursdf ins- 
truction sur  l'origine  ,  les  devoirs  et 
ïextrcice  de  la  puissance  souverai- 
\  72d,  Turin,    1799,  in-8'.;   il  y  en  a 
deux  traductions  italiennes,    Home, 
3  800,  et  Venise,  180  i,  in-8".XXXn. 
.  JSoles  sur  le  poème  de  la  Religion, 
du  cardinal  de  B émis ,  Parme,  Bo- 


OEK  19^ 

doni,  1795.  Enfin  il  restait  en  m.'uius- 
crits  inédits  à  l'e'potpic  de  sa  mort  :  i". 
Enit.dirn,  une  R,  filiation  des  sjilè" 
mes  contraires  à  V amortie  de  l'Egli- 
se ,  touchant  le  mariage.  —  x     En 
frauçaiN  ,     li     f  ie  (lu    bietilieureux 
yflexandre  Sauli .  barnabite,  éi-ejue 
d'^/l('fia,  et  ensuite  de   Pavie.  ?>",• 
Précis  des  devoirs  des  princpiux 
états  de  la  société.    4  '.  lnstntcd<ms 
sur  les  différentes  causes  de  la  ii^ian- 
deur  et  de  la  décadence  des   ^tuls» 
5  '.  ^vi<  sur  la  lecmre  et  le  choix 
des   bons    livres.  6  .    Tradé  d'his- 
toire naturelle  ,  contevai.t  les  règnes 
minéral ,  végétal  et  an'raal.  7  .  Un 
Tableau  historique  de  l  empire  ro- 
main ^  depuis  César  jusqu  en  \,\'^Z. 
8  '.  Un"  Histoire  d  1  temns  de  Li.uis 
X  r jusqu'à  lapait  d'f/w'crtsbourg; 
c«s  (le.x  m-rceuix  ^e  trouvent  dans 
le  tome  viiî  .  de  l'édition  r!e  R  mie. — 
9".  En  latin  ,  Traités  de  la  primauté 
du  pape ,  de  la  ^rdce  ,  des  lois  ,  aes 
actes  humains  .,  et  du   réi ,  avcc  une 
dissertation  sur  V usure ,  contre  Puf- 
j'endorf  y   5  vol.    10  ,  Un  Cours   de 
philosopiii  :  morale  ,  etc.   B<  aucoup 
d'autres  manuscrits  furenr  perdus  pen- 
dant les  d<  rnièiTS  agitations  de  sa  v  ic, 
ou  livrés  aux   flunmes  pav  sa   pru- 
dence. Le  caraetère  de  tous  ces  ou- 
vrages et  la  force  du  raisonnement 
unie  à  la  sagesse  et  à   la  modéraiiOQ. 
L'-  eaidinal  Gerdil  presse    vivement 
ses  adversaires;  mais  il  ne  lui  é-hap- 
pe  contre  eux  rien  d'offeu^aut.  C'est 
O!  din;nremcnt  de  leurs  propres  écrits 
qu'il  emprunte  les  armes  avec  lesqiicl- 
les  il  les  combat.  On  voit  que  c'eNt  la 
vérité  qu'il  cherche  et  dont  il  s'étaoijt 
le  déreu5eur;et   c'est  l'erreur  seule, 
et  non   pas  l'homme  qu'il   poursiut  : 
aussi  les  savants  les  p'ns  distingués  , 
pl'.'S'Curs  même  dectux  dont  il  n<  par- 
tageait pas  les  opinions,  se  firent  jin 
bunncurde  Tavor  jour  ami  •  et  tous 

i3.. 


^lO                 GER  GËB 

rendirent  justice  à  son  meïile,  à  sa  divise  en  trots  parties  :  I.  Les  œuvres 
inodcslic,  à  ses  profondes  connaissaii-  renfermées  dans  Tédilion  de  Bologne. 
CCS.  Il  étonnait  par  son  immense  érii-  11.  Les  autres  ,  imprimées  à  pari.  Ilf. 
dition,  et  jiar  la  plus  lieureuse  lué-  Celles  de  ses  œuvres  ])0stl) urnes,  des- 
inoire  qu'il  conserva  jusqu'à  la  lin  (  i}.  tinéesà  l'édition  romaine.  liya,dep!us, 
]1  était  si  pénétré  de  l'Écriture-sainle,  à  la  louange  de  Gerdil:!.  Une  Oraison 
des  Pères  el  des  conciles,  qu'il  en  par-  funèbre^  en  italien  ,  par  le  P.  Grandi, 
Jait ,  admirablement  et  sans  elfort,  le  baruabitc,  brochure  in-4'.,  Macerata, 
langage  (2  ).  Il  avait  cmineniracnt  iSoi.  II.  Elogio  letlerario  ,  etc., 
l'esprit  ju>te  et  lumineux;  et  ses  con-  brochure  in-4'*.  de  cinquante  -  deux 
versations  les  plus  intimes  avaient  la  pages.  Le  père  Fontana  ,  auteur  de  cet 
modération  et  l'autorité  d'un  livre  im-  éloge  littéraire,  y  passe  en  revue  les 
])rira.?  depuis  plusieurs  siècles  (3).  principaux  ouvrages  de  Gerdil.  Il  le 
Apologiite  infatigable  de  la  religion  lut  dans  l'assemblée  générale  de  l'aca- 
])endant  [>lus  de  soixante  ans ,  émule  demie  des  Arcades,  le  6  janvier  i8o4; 
de  Ijacon  (qu'il  appelait  le  sa^^e  Ba-  et  M.  l'abbé  d'Auribeaii  offrit,  dans 
con  ^  esprit  lé^islaleur  s'il  enfui  j  a-  la  même  séance,  un  hommage  poéii- 
mais),  de  T^eibiiitz ,  de  S.  Augustin  ,  de  que  à  la  mémoire  de  ce  grand  homme. 
S.  Thomas  et  de  l>ossuel,  ttc,  Gerdil  L — y. 
possédait  encore,  à  un  rare  degré,  la  GERFURD  (Jean),  théologien  lu- 
tailigraphio,  avantage  peu  commun  à  ihérien ,  né  à  Quedlinbourgen  i58'Ji, 
la  plupart  des  auteurs  (4).  \i  Oraison  avait  d'abord  commencé  à  étudier  la 
funèbre  du  cardinal  Gerdil,  ])ar  le  médecine  à  Wilfembcrg;  mais,  quoi- 
])ère  Fonlma  ,  tiaduite  de  l'italien  eu  qu'il  y  eût  déjà  f.iil  des  progrès  mar- 
français,et  enrichie  dénotes  histori-  quants  ,  il  quitta  cette  université  en 
ques  ,  au'.si  précieuses  qu'étendues  ,  i6o5,pour  se  rendre  i\  cellede  léna. 
.]>ar  M.  l'abbé  d'Ib  srnivy  d'Auribeau  Ce  fut  là  qu'il  se  livra  aux  sciences 
(Rome,  i8o'2,  in-S".  de  i-jopag.),  ihéologiques  avec  tant  de  zèle,  qu'en 
(levait  cîrc  suivie  de  r/i.v/?n7  r/c^  (^(?/"-  i  7  1  5  ,  la  réputalion  qu'il  avait  ac- 
dil  :  m, lis  ce  dernier  travail ,  quoi-  qiiise  par  un  gratjd  nombre  de  dis- 
que tité  plusieurs  fois,  n'a  pas  tu-  seitittons  ihéologiques  le  lit  appeler 
corc  païu.  Ou  trouve  dins  cette  Ira-  à  la  place  de  surintendant-général  des 
duttion  les  anecdotes  les  plus  iuléies-  égli>es  luthériennes  à  Cubourg.  Pen- 
banles  ,  et  (jui  cuactérisent  l'homme  daut  l'txerciee  de  cetJe  fonction  ,  il  ré- 
privc  ,  (  oujiue  ses  écrits  peignent  l'au-  digea  pour  les  églises  de  ce  pays  uu 
leur.  Elles  sont  terminées  par  1*^  eala-  règlement  qui  est  encore  la  base  de 
loguc  complet  des  œuvres  de  Gerdd,  celui  (pi'ou  observe  aujourirhiii.  Mais 

____^___  rem[)lui  de  prédicateur  n'étant  pas  de 

.     [x)yoye%,  i  ceiujri,  „i,e  a.,r..J..ie  ...rt  ,,i.  «""  K^"*''  i  •'  piéléra  la  cluire  de  pro- 

a..anl«  ...r  le.  d.r,.i^r,  moment,  de   f  rurdinal ,  fcsseur  lie  ihéoloilic  à  léu.l,    à  laipullc 

•  dans  la    IrAducitui)   Iratuum:  de  tuti    Oiutiuiiju-  ....                    ,                -^         .               i          i   •        • 

liihre ,  (.iij;.  lu. ,  iiou-  Otj.  il  lut  appelé  v\\  i()i().  Gerhard   oms- 

V3)  Lettre  du  c;.rd.ni.I  Maury  «  M.  P»hht'  d'A.i-  ^'"^  *'  '""'  ^«  '«"«h'  COnsuhMMflon  aiq)reS 

.ibB.u,  c.it'.- p..f-r  (i»H  dr. /..x/ni.</  .u>  icru,  dcs  priuces  luthériens  desonlen)ps, 

•Je  cr  (liKnerc<  li>(ia.ttiriiM-i|u4.  Kiiis  la  direction  et  .,',.           ,              ,                             ,        -.,,.         ' 

|.Mr  les  cuiii<;iu  du  ciirdidjii  <;erdii,  n  ^■^n^tt^ct^s  ct  il  lut  cluirgc  par  ciix  uc  dillercntes 

t'inj»  tetniii  iKs  \('il|f(  t\    hi  rt'Iici'Hi  rt  au\  lettrri  •  ■        .                      I   •    .   I             C 

.  l'Me.  .H.V, ,  ,  vol  in-a".  d.,  7»opi.K                  '  ""^sious  (|ui  avaiciit  pour  ob)<'t  les  af- 

r»i  /-o/cîde  cuneuv  d.iu.i,  «  ,..i  ,'n«"i ,  l'-K-  fures  de  l'éiili.se  i)rotestanfe.  Il  fut  le 

J  '»<..    noltf  »J7  et   «.s  d.-  l  0,a.i„,./M„«/.,e  cilù"  i     •  i  •               i      i      nii       i      itr" 

ji"«i*«"t.  prMicq)al  éditeur  de  la  IJiblc  de  v\  rt- 


G  i:  i\ 

war  ;  cl  c'est  à  lui  qu'on  doit  T^xplicn- 
tioii  (lu  piciiiiir  livre  dv.  IMoïsc  ,  des 
pruplictifs  (le  l>niii(l,  cl  lif  rApnc.i- 
îypsc.  La  bil)liolbc(iuc  (hicalc  à  Gotha 
posscdo  pics  (le  hcnlc  volumes  eu  ina- 
inisci  il  (le  ses  oeuvres  poslliumes.  Sa 
correspouflanee  p()lili([ue  et  lillér.iirc 
avec  les  princes  cl  sav.uits  a  vie  si  con- 
sidérable (pj'il  a  e'cril  plus  de  dix  mille 
lellrcs;  celles  qui  lui  oui  (-le?  adicssccs 
forment  un  Uecucil  en  douze  gros  vo- 
lumes. Ce  laborieux  lli(^o!ogien  est  en 
core  rem.Mquab!e,  parce  qu'il  cxcrçiit, 
conjointement  avec  ses  fonctions  paS" 
torales,  celles  de  la  nie'det  iue,  et  qu'il 
se  rendait  ainsi  utile  à  l'iunnanitesous 
un  double  rapport.  Il  mourut  le  17 
août  1G57.  On  lui  Ç\l  l'epitaphe  sui- 
vante : 

Hîc  recubat  pietns,  probltas,  candorque.,  Joliannes 
Gerlihrdus  ;  cui  laus  convenlt  iUa ,  sat  est. 

Sa  vie  a  clé  écrite  en  latin  par  Fis- 
cher (  Erdmann-Uodolphe  ) ,  pasteur 
.\Cobourg,ct  publiée  en  i^îD.  D'un 
grand  nombre  d'ouvrages  qu'il  a  mis 
au  jour  nous  ne  citerons  que  les  sui- 
vants :  I.  Methodus  studii  ifieolo- 
gzci ,  Icna  ,  i6'2o.  11  y  recommande 
fortement  aux  jeunes  théologiens  Tc;- 
lude  de  la  philosophie.  II.  Patrolo- 
gia,  ibid.,  i653.  III.  Philologîa  sa- 
craSalomonis  Glassu^\\nà.^iiS^'è,n\- 
4".  VW .HarmoniœEvangelicœ  Chem- 
nitio-Ly^serianœ  contmuatio ,  Rot- 
terdam, 1646,  in  fol.  Y.  Confessio 
cathoUca  et  ei^angelica,  le'na ,  i(334- 
37,  en  4  vol.;  il  y  examine  à  fond 
l'état  de  l'église  évangélique  avant  les 
temps  de  Luther.  \1.  Meditationes 
sacrœ ,  Leyde  ,  1G27  ,  in- 12.  Ce  der- 
nier ouvrage  a  élé  mis  en  vers  latins, 
et  publié  à  Alloua  en  1753  ;  on  l'a 
aussi  traduit  en  langues  allemande , 
française,  anglaise  et  italienne. 

li— n— D. 
GEf^HARD  (Jean  Ernest),   sa- 
vant orienlaiistc  cl  historien,  fils  du 


G I-:  RI 


^<M 


preVe.lent,  né  à  léna  le  i  T»  décembie 
it)2i  ,  til  ses  élud<s  d-^ns  les  univer- 
silc's  de  b'iia  ,  Alloif,  Helnistyilt , 
Leipzig  et  Wittenibcrg  ,  et  s'ap[)li- 
qi:a  principalement  aux  langues  orien- 
tales <t  à  l'histoire  ecclési  j-litpjc.  Dans 
un  voyage  qu'il  fit  en  Iloll.nide,  en 
France  et  en  Suisse,  il  s'aliacha  priti- 
cipalemenl  à  recueillir  dans  Us  bi- 
bliothèques tout  ce  qui  a  rapport  aux 
diiïcrenles  sectes  de  la  religion  chrc« 
tienne.  A  son  retour  à  le'na  ,  il  fut 
nommé  professeur,  d'abord  d'histoire, 
et  ensuite  de  théologie.  11  mourut  le 
24  février  1668.  Il  (xistc  de  cet  au- 
teur une  innombra})le  quantité  de  dis- 
sertations et  d'écrits  (jui  traitent  des 
langues  orientales,  dcriusloirect  de  la 
théologie. Nous  nous  contentons  de  ci- 
ter de  SCS  ouvrages,  tiarmonialingua' 
mm  €  rient  aliiim ,  avec  GuiL  Fis- 
chardi  Instituliones  linguœ  hebrœœ; 

—  De  sepidturd  Mosis  ; — De  eccle- 
siœ  Copticœ  crin,  pj'og  ressu  et  doctri- 
nd ,  etc.,  léna,  i6G5.  —  Gerhard 
(Jean -Ernest,  dit  le  jeune),  fils  du 
précédent,  théologien  lull)cVien ,  na- 
quit à  léna  eu  féviier  i()6.2,  étudia  à 
léna  et  Aitorf ,  et ,  après  avoir  voyagé 
dans  le  nord  de  T Allemagne,  fut  norn- 
mc  prédicateur  de  la  cour  de  Gotha: 
mais,  ne  pouvant  accepter  cet  emploi 
à  cause  de  la  délicatesse  de  sa  santé, 
il  se  chargea  de  la  pîace  d'inspecteur 
des  églises  et  des  écoles  dans  le  pays 
de  Gotha,  accepta  en  169H  la  nomi- 
nation à  une  place  de  piofesseur  de 
théologie  de  l'université  deGiessen, 
et  y  mourut  le  18  mars  1707.  11  a 
pul)lié  différentes  dissertations  :  De 
sainte  infantum  anle  haplismuni  de- 
cederitiinn  ; —  De  spectro  Endorco; 

—  De  evocatione  mortuonmi ,  etc. 
Une  moi  l  prématurée  l'empêcha  d'a- 
chever un  O pus  pastorale,  qu'il  avait 
entrepris.  13 — u — d. 

GERHARDT  f  MAtic  -  RocoLrnE- 


198  GER 

jBalthasar),  laborieux  calcu'ateiir , 
naqiii'  a  Lripzig  le  4  m.irs  i-jD). 
L'ariihniéliqMe  avait  été  dès  sa  jeu- 
nesse S'il  occupation  favorite;  et  il 
avait  p  lise  d  ns  les  l(ç  tns  de  son 
père  des  connais  ances  très  pro- 
fondes sur  le  coiniiieice,  connais- 
sances qui  devenaient  encore  plus 
précieuses  par  une  élude  .«y.>»émati- 
qvie  du  droit  à  laquelle  il  s'éiait  livré 
pendant  plu^eurs  années dius  sa  ville 
naiale.  I^a  guerre  de  sept  ans,  qiu, 
surtout  en  Saxe,  ava>t  détruit  la  for- 
tune d'un  grand  nombre  de  famille*, 
avait  aussi  dérangé  celle  de  Gerhardt; 
il  entra ,  en  1701  ,  dans  une  ruiison 
de  commerce  de  Berlin  ,  et  fit  ensuite 
employé  par  la  banque  de  cette  ville 
en  1 7G5  :  il  y  éiait  principal  teneur 
<le  livres,  lorsqu'il  rnomut,  le 3o  sept, 
jHo5.  Dans  ses  voyages  au  service 
de  la  binque,  Gerhardt  avait  parcou- 
ru la  Russie  et  presque  loulesles  pro- 
vinces de  la  Prusse.  Les  persécutions 
que  lui  attira  son  caractère  franc  et 
loyal  le  rendirent  sombre  et  misan- 
thrope :  son  s(ul  plaisir  était  alors 
d'inventer  de  nouvelles  métbodes  de 
calcul ,  et  de  former  des  collections  de 
nionnaies,  do  poids  et  de  mesures  ; 
c'est  à  ce  goût  que  l'on  doit  plusieurs 
ouvrag*  s  uldcs  qu'il  a  publiés  en  al- 
lemand :  I.  Belles  générales  et  par- 
ticulières pour  le  calcul  du  cours 
des  changes^  Berlin,  i7<)0,  in-B".  II. 
Tables  lies  lo<:^aritlime'i  pour  les 
commerçants f  ibid.,  1  yhB,  in-B".  lla- 
phaël  L<  vi  avait  déjà  commencé  eu 
l'y^^,  eiNe  ck.cnbrechcr  en  i^iVi  ,  à 
pnbln  r  des  tables  de  logarilbnics  dres- 
sée.^ pour  les  calculs  du  cominerce; 
mais  celles  de  Gerhardt  ont  beau- 
coup contribué  à  en  rendre  l'usage 
j)liis  commun  en  Allemagne.  111.  Ma- 
nue'  de  la  connaissance  des  mon- 
naies ,  poids  et  mesures  usités  en 
Jltemu'^iie,  ibiJ.,  i7BB,'ii-B^,  IV. 


GER 

Mémoires  sur  le  calcul  commercial, 
ibid.,  I  788,in-8'.  \ .le  Comptoriste 
universel  y  ibid.,  1  vol.  in-4  •,  179'' 
VI.  Cabinet  de  monnaies  portatif , 
ibid. ,  1  794,  iii-4**-  Le*'  tabîes  de  Ger- 
hardt pour  la  réduction  des  nmnnaies 
de  tous  les  pays  ont  paru  en  français 
dans  les  dernières  éditions  de  la  Géo- 
graphie de  Gulhrie  et  dans  l'xVlma- 
nach  du  commerce;  on  les  a  aussi 
imprimées  à  par:  en  iBi3,  sous  le  ti- 
tre de  Tableau  du  pair  intrinsèque  , 
tant  en  or  quen  art^enl ,  des  mon- 
unies  de  compte  de  tous  les  états  du 
monde,  in  8°.  Gerhardt  a  aussi  pu- 
fa  ié  et  augmenté  six  ou  sept  éditions 
différent;  s  du  Manuel  de  N'dcktn- 
brecher ,  depuis  la  5".,  imprimée 
en  1772,  jusqu'à  la  9^.  eu  iBo5. 

B~n— D. 
GERICKE  (  Pierre  ) ,  médecin  , 
né  à  Stendal  le  4  avril  1695,  fit  ses 
premières  études  à  Berlin.  11  s'oc- 
cupa d'abord  de  théologie  ;  mais  il 
renonça  bientôt  à  celle  science  pour 
se  livrer  entièrement  à  l'étude  de  la 
médecine.  Dans  celle  intention,  il  par- 
courut successivenunt  les  universités 
de  léna,  de  Leipzig  et  d'Altorf.  Après 
avoir  été  reçu  docteur  en  \']'X\  ,  il 
fut  nommé  professeur  extraordinaire 
de  médecine  et  de  phi!osoj)hie  à  Halle 
en  i7'2^;  en  1730,  professeur  ordi- 
naire d'anatomie  ,  de  pharmacie  et 
de  chimie,  dans  l'université  d'Helms- 
tadt,et,  en  1751,  membre  de  l'acadé- 
mie de  Berhn.  Tous  ces  lities  conlri- 
bucn  nt  beaucoup  à  étendre  sa  répu- 
tation; il  devint  niédecin  du  duc  de 
Brunswiek  -  Lmiebuurg,  et  mourut 
le  8  octobre  1750,  après  avoir  pu- 
blié un  grand  nombre  de  disseï  ta- 
lions sur  difîéients  points  de  niéde- 
ane,  de  chirurgie,  de  chimie  tt  d'ana- 
tomie. Nous  indiqueronslessuivantes: 
I.  De  studio  novitatis  in  médicinal 
Alloil,  i7>. i,in-  j^.  II.  De  venu- 


G  K  R 

FY071  vnU'uUs  /larunKjtu:  mu  ,  Hclms- 
todl,  1723,  in-  4".  1/aiiU'ur  prcieiul 
i\uv  1rs  v.iIvuIjs  des  veines,  ilonl  il 
;illiil)uo  l<i  (Ic'couvtrlc  à  Sfivcl,  sont 
plulùl  ilcstinccs  à  provenir  l'cxlrnsion 
«les  parois  de  ces  vaisseaux  ((ii'à  ern- 
jK»  lier  le  sang  de  rcdograder.  III. 
J)e  injhixu  liinœ  in  corpus  humanum, 
Ilallc,  in-4".  IV.  De  conUiç^iis ,  il)id. 
V.  De  vulnerum  rcnunciatione , 
ibid.,  i^Si.  VI.  De  valttudinis  ra- 
tione  cl  prœsidiis  autumno  ,  ibid. , 
j-jj'i,  in "4".  Vil.  De  necessarid 
vulneris  inspeciione  post  homici- 
dium ,  ibid.,  1737,  in-4".  VIII. 
De  academiarum  Julio;  et  Geor- 
f^ice  Aus^ustœ  forlund  concordi  ^ 
Helmsîadt  ,  1707,  in-4".  'X-  P^'^^- 
gramma  (pto  inspeclionem  cadcwe- 
ris  in  lioniicidio  ajiud  Romanos 
olim  in  usu  fuisse  ostenditur ,  ibid. , 
1708,  in-4^.  X.  De  resurf eclione 
jnorluoruni,  rationi  nvn,  sed  Plato- 
nis  dogmatibus  contrario ^  in  quo  si- 
mul  Evangelium  medici  explodiiur, 
ibid.,  1759,  in -4°.  XI.  De  Atho- 
tis  ,  Tosorihri  et  antiquissimoruni 
.Egrpliorum  anatomid  fahulosd  , 
ibid.,  1709,  in-4".  Wl.Diss.  in  qud 
conjecLurœ  phjsico-medico-hjdros- 
taticœ  de  respiratione  fœtus ,  in  lia- 
lid  tertio  abhinc  anno  propositœ  exa- 
min/intur ,  ibid.,  1740»  in -8".  Xi  il. 
Programma  mirarum  sed  vanarum 
artium  in  oppugnandd  veritateexem- 
phnn  in  historid resurreclionis  Chris- 
ti  exhibens  ,  ibid.,  1  74 •  ?  in  -  4°. 
XIV.  De  lapide  philosophorum  seu 
medicind  universali ,  vero  anfalso, 
ibid.,  1742,  iii-4"«  XV.  De  crisi- 
bus,  ibid.,  174^^,  in-4*'.  XVI.  De 
indulgendo  œgrorum  appetitui,  ibid., 
17'! '2,  in  -  4°.  XVll.  De  insomniis , 
il)id.,  1742,  iii-4°.  XVIII.  rie  de 
Dieteric ,  archevêque  de  Magdcbourg, 
jlanovre,  1745,  in-4''.  (en  alie- 
inaad  ) ,  avec  un  supplctiiCiU  pubb^c 


GER  199 

la  même  année  à  Hcimstadt.  XIX. 
De  institutis  et  scholis  medicis  ta 
JEgypto ,  dccfUe  nicdicinœ  statu  in 
Graicid  antc  //ippocralis  tewpora , 
Helnjstadt,  1743,  in-4".  XX.  Dis- 
(juisitio  de  vii!:  gcîiilurœ  ad  ovarium 
et  concepiione  ;  accesserunt  obser- 
i^ationes  (ptœdain  phjsiologicœ  de 
primis  Jwminibus  ,  ibid.,  1740,  iii/- 
8".  Ch-,t. 

GEBING  (Ulric),  ne  au  dio- 
cèse de  Constance  ,  et,  selon  toutes 
les  apparences  ,  dans  le  canton  de  Lu- 
cerne  ,  tut,  avec  Martin  Grantz  et  Mi- 
chel Friburger  ,  appelé'  à  Paris  eu 
1,469  par  Louis  XI,  ou  plutôt  par 
Jean  de  La  pierre  (  Von  Stein  ),  Al- 
lemand, prieur  de  Sorbonne.  Ils  ap- 
portèrent les  premiers  à  Paris ,  et 
même  en  France,  l'art  de  rinij)rimc- 
rie.  Ils  établirent  leur  atelier  dans  la 
maison  de  Soi  bonne.  C'est  à  tort  qBo 
quelques  bibliographes  assignent  la 
date  de  1464  à  ia  Bible  qu'ils  impri- 
mèrent. Cetle  édition  ,  il  est  vrai ,  est 
sans  dalc  j  mais  la  souscription  indi- 
que clairement  qu'elle  est  de  147'^ 
et  1476  :  d'adieurs  ,  comuic  nous 
l'avons  dit,  ils  n'étaient  arrivés  à  Pa- 
ris qu'en  1469,.  Le  premier  ouvrage 
sorti  de  leurs  presses  est  intitule  : 
Gasparini  Barzizii  Pergamensis 
epistolœ  (  1 47<^)  ?  in-4°.  (  f'^oy.  Gas- 
PARiNO. )  On  lit,  à  la  fin,  ces  quatre 
vers  : 

Primos  ecce  libres  quos  hsecii^diistria  fiiixit 
Francorum  iu  terris,  xdibus  atque  tuis. 

Michaél,  L'id^ritiis,  Mar!,inii6q«ic  ma^islri 
Hos  luipresserunt  ac  f  acient  aiiuo. 

C'est  la  même  année ,  à  ce  qu'on  pré- 
sume ,  qu'ils  publièrent  aussi  sans 
date  le  Summa  casuum  conscientiœ 
Bartholomœi  Pisani,  iii-4°.  Il  ne 
faut  pas  confondre  ce  B:;rthélemi  de 
Pise  avec  Bai  thélemi  de  Pise ,  corde- 
licr  (  Voyez  Albizzi),  ni  avec  Bar- 
ihélemi  de  Pise  ,  médecin  (  V.  Pise.) 
Gcriug  cl  SCS  associés  douncrent  eu- 


20O  GER 

Miitc  la  Klietoriquc  de  Fichct  (  Voy. 
FiCHF.T.  )  Parmi  les  autres  éditions 
sorties  des  mêmes  presses  on  doit  dis- 
tinguer, L.  A.  Flori  cpitome  rerum 
Romanarum  (  1471  ),  in  -  4^-,  qui 
paraît  être  l'e'dilion  princeps  de  Flo- 
rijs.  Les  trois  associes  quittèrent  la 
Sorbonno  en  i475  ,  et  allèrent  scta- 
l)lir  rue  Saint- Jacques,  à  l'enseigne 
du  soleil  d'or.  L'un  des  ouvrages  les 
plus  remarquables  qu'ils  y  impriraè- 
jenl,  fut  le  Jacob i  Ma gni  Sophuîo- 
gium,  Paris,  i4;5>  in  -  fol.;  ibid., 
3477*  Cranlz  et  Friburger  se  retirè- 
rent en  1477;  t-'t  Gering,  qui  resta  à 
Paris,  continua  5cul  de  diriger  l'èla- 
l)lissement.  Eu  ï485  il  le  transporta 
de  la  rue  Saint  -  Jacques  dans  la  rue 
de  Sorbonne,  où  il  exerça  son  art 
jusqu'en  1  5o8,  en  société  avec  Bcr- 
tliold  Rcraboll.  La  maison  de  Sorbonne 
était  pnivre;  et  plus  d'une  fois  il  lui 
(il  des  libéralités  qui  nVtaient  pas  in- 
tempestives. En  reconnaissance  il  y 
oblint  un  lo'j;ement  à  vie,  et  y  mou- 
rut en  1 5io,  sans  avoir  cte'  marie,  et 
paitageant  ses  biens  entre  les  collèges 
de  Sorbonne  et  de  Montaigu.  D'une 
partie  des  fonds  que  reçut  la  Sor- 
bonne ,  elle  établit  deux  chaires  de 
théologie  ,  l'une  pour  l'ancien  ,  l'au- 
tre pour  le  nouveau  Testament.  Ces 
deux  chaires,  réduites  depuis  à  une  , 
claient  les  plus  anrionues  de  la  mai- 
son de  Sorbonne  lors  de  sa  destruc- 
tion, (f^oy.  Elye.)  a.  B — T. 

GI*^RLA('iPETERSEN(rils  de  Pierre), 
cnlaliu  G erîucu s  Pctri,  Wm  des  n),iî- 
trcs  dans  la  vie  ascétique, dit  vulg.ii e- 
jnc.ulundutrc  Kempis,u:\([u\th  Deven- 
ter,en  \7)'^^.  Il  entra  de  bonne  heure 
dans  la  communauté  des  clercs ,  dta- 
Mi(;  |)ar  (îfe'rird  Groot ,  sous  la  di- 
rection de  Florent  Radewin.  (  f'(\y. 
GÉRARD.)  De  \h  il  passa  au  monastère 
«les  chanoines  rcgulicis  de  Windes- 
bem,  où  il  fut  admis  par  Jean  Vos 


GER 

de  Huesdcn  (i),  quoique  long  temp.^ 
borne'  à  la  qualité  de  simple  clerc.  Il 
se  distinguait  toutefois  entre  ses  con- 
frères par  son  zèle  pour  la  prière  et 
la  contemplation.  Sa  docilité  e'fait  ad- 
mirable ;  et  la  pureté  anj:;èlique  de 
ses  mœurs  répondait  à  la  douceur  de 
sa  physionomie.  Mais  l'époque  de  sa 
profession  se  trouvait  retardée,  parce 
que  sa  vue  basse  ne  lui  permettant 
pas  déchanter  au  pupitre,  il  ne  pou- 
vait être  reçu  au  rang  des  choiistes. 
Jean  Scutken,  son  directeur,  suppléa 
à  ce  défaut  ,  en  transcrivant ,  pour 
son  usage,  des  livres  de  plain-chant. 
En  même  temps  Gerlac  s'occupait  à 
composer  des  entretiens  spirituels  et 
intérieurs  qu'il  s'adressaità  lui  même, 
pour  apprendre  à  supporter  paisible- 
ment ses  défauts  naturels  et  exté- 
rieurs. Il  fit 'enfin  profession,  en 
i4o5,  après  avoir  commencé  sa  car- 
rière par  où  les  autres  finissent  la  leur. 
Gerlac  n'en  devint  que  plus  soumis 
et  plus  humble,  et  ne  voulut  jamais 
remplir  d'autre  fonction  que  celle  de 
sacristain,  qui  lui  donnait  l'occasion 
de  rester  seul  et  plus  long-temps  au 
chœur.  S'il  se  promenait  quelquefois 
avec  ses  confrères  ,  il  ne  tardait  pas  à 
retourner  dans  sa  cellule,  o/i ,  disait- 
il,  (juelquun  Valtendait.  Ce  mot  a 
été  altiibiié  à  Thomas  de  Kempis,  par 
l'auteur  aimnymc  de  la  vie  de  ce  der- 
nier; mais  il  appartient  au  chanoine 
de  Windeshem.  Gerl.jc  fut  même 
nommé  ,  comme  on  l'a  dit ,  un  second 
Kempis,  par  la  confuruùlé  qu'on 
crut  voir  entre  l'esprit  général  de  ses 
Soliloques,  connus  plus  tard,  et  celui 
de  yiinilation  de  .1.  (i. ,  (pu  avait  été 
attribué  à  Kempis.  Cependant  l'Imi- 

^i)  Suni^ririir  (;i'n<'r«l  de  l'ordrr  m  i.T»)i,  Jrfnuti: 
•  Il  <  oncilr  ilr  (liiiMt.iiK'o  m  l^ii.  mort  m  i^  >4  ■ 
il  r»l  aiilrur  «lu  livre  «In  /'.'.re/fn'*/  if>iritn«li  «11» 
NViiiiliMlirtii  ,  i|iii  jt  (Uo  trMiliiit  de  rallcr.vdnd  en 
l.itiii  |ijr  lliMcli,  Anvert,  i(>)i  ,  ri  nuj  co  Iran^°«il 
il  1j  luitc  dci   Au/i/<></i<cr  de  Gerliti'. 


G  F.  W 

tnllon  ,   rt   snrtoul    le  4*.  livre ,  De 
SacTUmcnlo  nllaris  ,    est  poslciicur 
aux  Solilofjiies.  Tcstclcttc,  dans  ses 
Findiciiv,  .jppiiquc  à  Gcilic  ce  qui 
est  dit  dans  ce  livre,  que  quelques-uns, 
fil  recevant  le  sacrement,  paraissaient 
liors  d'eux  -  mêmes,  dans  les  Iraus- 
j>or(s  de  leur  joie.  A  la  vérité,  pendant 
la  célébration  du  sacrifice,  envoyait, 
suivant  la  chronique  de  Windeshcm  , 
Gcrlac,  ravi  en  extase,  tressaillir,  et 
sou  corps,  en  quelque  sorte,  se  soule- 
ver de  terre.  Ncanirioins  les  expres- 
sions extraordinaires  qu'une  dévotion 
exaltée  lui  suggéra   dans  ses  écrits, 
ne  sont  pas  celles  qui  caraclérisenl  les 
XiW'CsàQY Imitation.  L'impression  que 
son  exemple  avait  produite  sur  ses  con- 
frères, a  pu  faire  insérer  par  Kerapis, 
dans  l'ouvrage  dont  ce  pieux  et  zélé 
écrivain   faisait   une  copie    pour  sa 
maison,   en   i44'?  ""  passage  des 
Soliloques ,  où  Gerlac  va  jusqu'à  dire 
que,  s'il  lui  fallait,  pour  la  plus  grande 
gloire  de  Dieu,  être  éternellement  en 
Enfer  ,    il  n'en  éprouverait  aucune 
peine.  Ce  passage,  trop  éloigné  de 
l'esprit  de  X Imitation  de  J.  C.  pour 
avoir  pu  être  dicté  par  son  auteur , 
ne  tarda  pas  à  être  rayé  ;  et  les  éditeurs 
même,  dits  autographes,  l'ont  laisse 
à  Gerlac ,  qui  d'ailleurs  n'avait  écrit 
ses   Soliloques  que  pour  lui-même. 
Les  souffrances   excessives  que    les 
douleurs  de  la  pierre  dont  il  fut  at- 
teint ,   lui    firent  éprouver   pendant 
plusieurs  années,  l'avaient  accoutumé 
à  la  patience  la  plus  grande  et  à  une 
résignation  admirable.  La  force   de 
l'amour  divin  lui  faisait  surmonter, 
non  seulement  sans  murmure,  mais 
avec  joie,  la  violence  de   ses  tour- 
ments. 11  garda  cette  même  sérénité 
jusqu'à  la  fin  ;  et  il  mourut  en  \f^\i  , 
après  avoir  recommandé  au  père  Jean 
Uuesdcn  de  recueillir  et  de  brûler  ses 
ouvrages ,  qui  étaient  demeurés  dans 


G  EH  -xoi 

sa  crilule,  et  ne  servaient,  selon  lui» 
que  pour  lesoutcnirdansscsexerciccs. 
IjC  p.  llticsden  conserva  et  fit  copier 
ces  écrits,  dont  le  pjincipal  (  t  le  plus 
connu  a  placé  Gerlac  au  rang  des 
premiers  mystiques  flaniati^ls ,  entre 
iuisbroeck  et  Ilarp'oius. Outre  le  Dre- 
i-iloqiiiumde  accidentiis  exterioribus 
qnii  avait  composé  avant  sa  profes- 
sion, et  le  livre  de  Libertate  spirUus 
qu'il  fit  depuis  et  dont  il  existait  des 
exemplaires  chez  les  chanoines  régu- 
liers de  Tungres  ,  on  a  de  lui  principa- 
lement :  Imiitam  cum  Dec  Solilo- 
qiiiiun,  que  Jean  Sculken  a  divisé  par 
chapitres  ,  comme  autant  de  soliloques 
particuliers  j  Cologne,  iGiG,  in-12.  Il 
a  été  traduit  du  latin  en  flamand,  Boîs- 
le-Due,  iG'^D,  in  -  8".;  en  français, 
(  Port-l\oyal  )  Paris  ,  1G67  ,  in- 1 2  , 
sur  l'édition  donnée  à  Paris,  i65g, 
par  l'abbé  de  Ste.-Gcneviève  ;  en 
italien,  Kome,  1674?  i"-i'2;  et  eu 
espagnol,  Barcelone,  1686,  in-16. 

G CE. 

GEHLACfl  (  Etienne  ) ,  voyageur 
allemand,  était  né  en  1 54 G  à  Kintlin- 
gen,  près  de  Maulbronn ,  dans  le  pays 
de  Wurtemberg.  Il  professait  avec 
distinction  la  théologie  à  ïubingen , 
lorsque  l'université  de  cette  ville  reçut 
de  David  Ungnad  ,  nommé  par  Maxi- 
niilien  II  ambassadeur  à  Constanti- 
nople ,  l'invitation  de  lui  envoyer  un 
bon  prédicateur  pour  raccompagner 
dans  sa  mission.  Le  choix  tomba  sur 
Gerlach  ,  qui  pourtant  ne  partit  qu'a- 
près bien  des  sollicitations.  II  quitta 
Tubingen  au  mois  d'avril  iS^o, 
gagna  la  confiance  de  l'ambassadeur  , 
se  fit  chérir  et  estimer  de  toutes  les 
personnes  attachées  à  la  légation,  et, 
à  son  retour  à  Vienne,  en  septembre 
1578,  fut  congédié  avec  les  témoi- 
gnages de  la  plus  grande  satisfaction 
Rentré  à  l'université  de  Tubingen  * 
il  devint  successiveraenl  docteur,  pro-' 


302 


GER 

fiesseur  de  théologie,  et  enfin  sur- 
inlendanf.  Attaque,  sur  la  fin  de  ses 
jours,  d'une  foule  de  maux,  il  perdit 
tellement  la  mémoire,  qu'il  ne  se  sou- 
venait pas  même  de  son  nom.  Il  mou- 
rut le  20  janvier  i6i2.Gi?rlacli  a  lais- 
se des  dissertations  et  dts  écrits  pole'- 
n)iques;car,  alors,  un  professeur  de 
théologie  ne  pouvait  se  dispenser  d'en 
publier  :  tous  ces  écrits  sont  depuis 
long-temps  oublies.  L'on  ne  connaît 
j)lus  que  la  relation  de  son  voyage , 
qui  parut  sous  ce  titre  :  Journal  de 
V ambassade  e/wojée  par  les  empe' 
reiirs  Maximilien  II el  liodolphe  II 
à  la  Porte  oltomane ,  et  heureuse» 
ment  effectuée  par  M.  D.  Ungnad , 
baron  de  Sonnegk  et  de  Prey- 
bourg  ,  écrit  par  Etienne  Gcriacli , 
Francfort ,  1674  ,  un  vol.  in-fol.  (en 
allemand),  avec  figures.  Gerlach  a 
tenu  un  journal  exact  ,non  seulement 
des  événements  du  voyage  ,  mais 
aussi  de  tout  ce  qui  s'était  passe  pen- 
dant six  ans  que  dura  l'ambassade, 
t't  de  tout  ce  qu'il  apprit  de  remar- 
quable. Oji  y  trouve  même  des  faits  pré- 
cieux relatifs  à  l'Europe.  L'auteur  s'est 
principalement  attaché  à  ce  qui  concer- 
ne b  croyance ,  les  cérémonies  rcli- 
j;icuscs  cl  les  mœurs  des  Grecs  el  des 
Mahomélans.  La  méchanceté,  la  perfi- 
die, la  cruauté  de  ces  derniers  ,  étaient 
alors  à  leur  comble.  Quoiqu'il  fut  char- 
gé d'acheter  des  manuscrits  anciens, 
il  ne  s'cit  guère  occupé  de  détails  lit- 
téraires. Il  ne  dit  pas  un  mot  des  an- 
tiquités, des  arts,  ni  des  curiosités 
iiaturelles.il  a  inséré  à  la  fin  jdu.sieurs 
documents  politique* ,  tant  en  latin 
qu'en  allemand.  Le  peu  d'art  que 
iicilach  à  mis  dans  sa  rel.itioii^  fiit 
présumer  qu'il  ne  la  destinait  point  à 
I  impressiou.  iSes  héritiers  ne  se  hà- 
tcienl  pas  de  la  publier,  parce  (pi'elle 
renfermait, sur  plusieurs  personnages 
iiijporlanls  de  la  cour  impériale ,  des 


GER 

traits  hardis,  qui  eussent  pu  attirer 
du  désagrément  aux  éditeurs.  Ce  fut 
Samuel  Gerlach  ,  petit-fils  de  l'auteur 
etj sur-intendant  de  Wïirtemberg  ,  qui 
la  fit  imprimer.  Il  paraît  que  Tobic 
Wagner  ,  qui  fut  chargé  de  ce  soin  , 
r(  jeta  plusieurs  morceaux  ,  dont  ou 
trouve  la  nolice  dans  le  livre  d'Hei- 
neccius,  sur  l'Eglise  grecque.  On  peut 
donc  croire  qu'il  en  existait  plusieurs 
copies  manuscrites.  E — s. 

GERLACH(Benjamin-Theophile^, 
laborieux  philologue,  naquiten  1O98, 
à  Liegnitz,  en  Silésie.  Il  étudia  les 
lettres  et  la  philosophie  à  Breslau  el  à 
Wiltemberg.  Après  avoir  donné  long- 
temps, dans  cette  dernière  ville,  des 
leçons  parliculières,  il  y  fut,  en  i  728  , 
appelé  au  rectoral  de  l'école  latine. 
Probablement  l'école  de  Miihlhau- 
sen  lui  oiFrit  plus  d'avantages  que 
celle  de  Wiltemberg  ;  car  il  quitta 
celle  dernière  ville,  après  y  avoir 
exercé ,  pendant  deux  ans ,  la  fonction 
de  recteur,  et  accepta  celle  même  fonc- 
tion à  Miih'hauscn,  où  il  présida  l'é- 
cole pendant  huit  ans.  Il  fut  alors 
appelé  à  la  direction  du  gymnase  de 
Zillau,oiiil  mourut  le  18  juin  i^SÔ. 
Sa  plume  était  très  féconde;  il  a  pu- 
blié soixante -huit  écrits  el  disserta- 
tions en  latin  et  en  allemand,  dont 
la  plupart  traitent  des  questions  phi- 
losophiques et  théologiques  :  quel- 
ques-uui  de  ces  écrits  contiennent  des 
matériaux  historiques,  et  otlVent  as- 
sez d'intérêt.  Nous  citerons  dans  ce 
nombre:  I.  Pi^s.i  et  11  U-xrptoo^xvLX 
eruditoruin,\\iUvn\hn'^y  i  7 '23,  in-4°. 
IL  De  Marlino  Opitzio ,  poëtd maxi- 
rno  Teutonico  , '/j\U:niy  1 7 !^(),  in-fol. 
111.  Detcmplo  Sinensiportatdi,  ibid., 
i7?ic),  in-4'.  IV.  De  Vinvenlion 
de  L'imprimerie  (  en  allemand  ),  ibid. 
17^10,  in-4".  V.  De  vitd  Uierony- 
mi  ff'olfii ,  ibid.,  174^  ,  in  fol.  VI. 
DcvildDonat.  Gjvssiij  ibid.,  i744> 


GER 

in-fol.  VII.  De  clarh  IforatiiSy  ibid. , 
i745,i»-4  -^  'ï  •  f^t-hortorumaina- 
loribiis  iipiul  Homauos  et  Cr<rcos  , 
iltid.,  i^So,  in-l«)l.  IX.  De  Zituvid 
erudiloriimfcrace ,  ibid.,  tj52  ,  in- 
fol.  X.  De  arro^aniKt  Utteralo- 
niin  ,  ibid.,  i  7  :')">,  iii-iul.  XI.  De 
mi^raiionihus  lilUrarum  ,  ibid.  , 
i-jD  ^ ,  in-lol.,  Ole.  On  peut  consulter 
Ja  C'ummentatio  de  //'  Gc lacis, 
j)arChr.-Aiil.  Fiidenci,  IMuhlhauseii , 
i75g,in-4°.  ii — h — d. 

GKRLaND  on  GARLAlND,  cha- 
noine de  l'abbiye  de  Si.  -  Paul  de 
Besançon  ,  duis  le  douzième  siècle,  y 
établit  la  réforme ,  et  en  fut  nomme 
le  premier  prieur  régulier  en  i  i5i .  Il 
avait  exercé  pendant  plusieurs  an- 
nées les  fondions  d'écolàtre  de  cette 
abbaye ,  charge  qui  revient  à  celle  de 
supérieur  des  études  ,  et  y  avait  pro- 
fessé la  théologie  et  le  droit  canon 
avec  quelque  succès.  Il  mourut  vers 
1149,  à  Lanlenans,  village  près  de 
Baume-les-Dames,  où  il  avait  fondé 
une  maison  de  chanoines  réguliers. 
Il  est  auteur  d'un  ouvrage  intitulé  , 
Candela  juris  pontificii ,  divisé  en 
\iugt-six  bvres.  C'est  une  compilation 
de  passages  des  SS.  PP.  et  d'extraits 
des  conciles,  des  canons,  des  décré- 
tales  qui  servaient  alors  de  base  à 
la  jurisprudence  ecclésiastique.  Dom 
Martène  en  a  inséré  la  préface  daas 
son  Thésaurus  anecdotorum ^  tom. 
i'"'".  Il  existait  des  cupies  de  cet  ou- 
vrage dans  les  bibliothèques  de  St. 
Etienne  de  Dijon  ,  des  dominicains  de 
Troycs,  de  l'abbjye  de  Sf.  Victor, 
des  dominicains  de  la  rue  St.  Jacques , 
et  de  Sîe.  Geneviève  de  Paris.  La 
ressemblance  des  titres  l'a  fuit  con- 
fondre avec  la  Candela  evangelica  , 
publiée  par  J.- Juste  Chartreux,  Co- 
logne ,  1  527  ,  in-8".  Ou  trouvera  des 
détails  intéressants  sur  la  compilation 
Ue  Gulaud,  dans  ks  Mémoires  de 


G  F.  R  '       io5 

Tre'i^oux,  mai  i-^ti?).  I.es  auteurs  de 
y  Histoire  littéraire  de  France  ^ 
tom.  XII,  lui  .'itlnbuerif  rurorc  un 
t  rai  lé  de  Coin/>ulo  ecclesiaslico  , 
et  un  autre  de  Dialecticd  ;  mais  ces 
deux  ouvrages  .ipp  r'ienncnt  ])roba- 
b'ement  à  Jean  de  (jarUnde  (  f'^oy, 
Gablande  ).  C'est  aussi  par  erreur 
que  dom  lîivet  a  confondu  Gerland, 
c'colatre  de  Besançon ,  avec  un  evèque 
deGirgenti,  du  même  nom,  qui  vivait 
à  la  (lu  du  onzième  sicc'e.     W — s. 

GERMAIN  (Sx  )  d'Auxerre, 
était  né  dans  celte  ville,  d'une  lanulle 
illustre,  plusieurs  années  avant  la  fin 
du  quatrième  siècle.  11  fut  uns  par  ses 
parents  dans  les  meilleures  écoles  des 
Gaules,  pour  s'y  instruire  dans  les 
sciences  et  dans  les  lettres  ;  et  quand 
il  eut  achevé  ses  premières  études  ,  il 
alla  à  Rome,  faire  son  cours  de  droit 
civil,  et  se  former  à  l'éloquence  :  il 
se  mit  ensuite  à  plaider ,  et  le  fit  avec 
succès  devant  les  préfets  du  prétoire  , 
dans  des  causes  importantes.  Un  ma- 
riage avec  une  femme  de  haute  nais- 
sance, et  son  propre  mérite,  le  firent 
connaître  à  la  cour  de  l'empereur  Ho« 
norius,  et  lui  valurent,  avec  le  gouver- 
nement de  la  ville  d'Auxerrc  ,  la 
charge  de  duc  ou  général  des  troupes 
de  plusieurs  provinces.  Il  était  chré- 
tien :  mais  ,  jeune  encore,  il  avait  les 
goûts  de  son  âge,  et  surtout  était  pas-^ 
sionné  pour  la  chasse,  où  il  se  piquait 
d'habileté;  il  aimaità  enétaler  les  preu- 
ves ,  et  faisait  suspendre  à  un  grand 
arbre,  sur  la  place  j)ubiiquc,  les  ictes 
des  bêtes  qu'il  avait  tuées  ,  comme  au- 
tant de  trophées.  Cette  coutume  ayant 
quelque  rapport  avec  certaines  supers- 
titions païennes.  St.  Amator,  évèque 
d'Auxerre  ,  lui  fit  représenter  qu'il 
convenait  à  un  chrétien  de  s'en  abs- 
tenir. Germain  n'en  tint  compte  ; 
mais  l'évcqiie ,  un  jour  que  le  duc  était 
absent, fil  abattre  l'arbre  cl  disperser 


fîO^ 


G  EU 


les  monuments  d'une  vanilé  pne'rilr. 
Germain  souffrit  impatiemment  celte 
correction ,  et  menaça  de  s'en  venger  : 
Dieu  en  disposa  autrement.  Amator 
était  d'un  âge  avance  :  soit  qu'il  ciit 
cté  averti  de  sa  mort  prochaine  par 
une  inspiration  secrète  ,  et  qu'elle  lui 
eût  aussi  fait  connaître  celui  qui  de- 
vait lui  succéder,  comme  Font  écrit 
les  auteurs  de  sa  vie,  soit  qu'il  eût 
découvert  en  Germain  des  qualités 
propres  à  faire  un  grand  evêque ,  il 
convoqua  ,  d.ms  son  église ,  une  as- 
semblée des  fidèles  ^  et  Germain  s'y 
e'iant  trouve,  il  le  saisit,  lui  dot)na  la 
tonsure  cléricale,  elle  revêtit  de  l'ha- 
bit ecclésiastique ,  sans  lui  laisser  le 
temps  de  se  reconnaître,  le  prévenant 
qu'il  devait  lui  succéder.  En  effet , 
Amator  étant  mort  le  i*'.  mai  4 '8, 
le  clergé  et  le  peuple  élurent  Ger- 
main :  dès -lors  tout  changea  en  lui; 
il  se  sépara  de  sa  femme ,  et  vécut 
avec  elle  comme  avec  une  sœur.  Il 
s'astreignit  à  une  austère  pénitence  , 
€t  praliqu.i  les  vertus  é[>iscopales  dans 
toute  leur  étendue.  Les  catholiques  de 
la  Grand)  -Bretagne,  effrayés  des  pro- 
grès que  f:us,iit  le  pélagianisme  dans 
cette  île,  s'étant  adressés  au  pape  Cé- 
leslin  et  aux  évêques  des  Gaules  pour 
en  obtenir  du  secours  contre  cette  er- 
reur ;  ceux-ci ,  dans  une  assemblée 
tenue  en  /j'.iB  ou  ?,(),  leur  envoyèrent 
ffcrmain,  au(piel  ils  associèrent  St. 
Loup  ,deTr()y('s.  Tous  deux  partirent 
aussitôt.  C'est  dans  ce  voyage  que , 
passant  à  Nanferre,  Germain  y  re- 
marqua la  jeune  Geneviève,  la  bénit, 
et  prévit  ce  qu'elle  serait  un  jour. 
(  P^oy.  Geneviève.  )  I-a  mission  eut  le 
succès  que  promettait  le  /.èledes  deux 
saints  évêques  ;  leur  5a voir,  leurs  ver- 
tus, des  miiachs  même,  rapportés 
j)ar  les  historiens  du  temps,  triomphè- 
rent de  rhciésiej  et  ils  revinrent  avec  la 
«onsolalion  d'avoir  délivré  le  pays  de 


GER 

cette  plaie.  Elle  y  reparut  néanmoins 
l'y  ou  i8  ans  après.  Germain  y  re- 
vint avec  Sévère ,  évêque  de  Troyes  ; 
et,  pour  cette  fois ,  l'hérésie  pélagienne 
y  fut  entièrement  extirpée.  Germain  , 
pour  en  empêcher  le  retour  ,  établit, 
dans  la  Grande-Bretagne,  des  écoles, 
qui  en  bannirent  l'ignorance  et  qui  de- 
vinrent célèbres.  A  peine  était-il  reve- 
nu à  Auxerre,  que  les  Armoriqucs  le 
firent  prier  d'employer  en  leur  faveur 
sa  médiation  auprès  d'Évaric,  en- 
voyé par  Aëtius  ,  pour  les  châtier 
d'une  rébellion  qu'on  leur  imputait. 
11  partit  sur-le-champ  ,  vit  le  prince 
barbare  et  parvint  à  arrêter  sa  marche. 
Mais  celte  affaire  ne  pouvait  se  termi- 
ner sans  l'aveude  l'empereur;  Germain 
se  rendit  à  Ravenne,  où  était  la  cour, 
et  fut  reçu  avec  beaucoup  d'honneurs 
par  Placidie ,  mère  de  Valcntinien  IlL 
Cette  œuvre  de  charité  fut  la  dernière 
du  saint  évêque.  Il  mourut  dans  cette 
ville,  le  3i  juillet  44^  i  après  trente 
ans  d'épiscopat.  Le  prêtre  Constance 
écrivit  sa  Fie ,  à  la  sollicitation  de 
St. -Patient,  évêque  de  Lyon;  tt 
Eric,  moine  d'Auxerre,  mit  en  vers 
cette  même  vie ,  à  la  prière  de  son 
abbé.  On  la  trouve  dans  Surius,  au 
3i  juillet;  le  père  Labbe  l'a  insérée 
dans  sa  Bibliothèque  des  manuscrits; 
et  Arnauld  d'Andilly  en  a  donné  une 
traduction.  Il  est  probable  qu'un 
évêque  aussi  instruit  que  l'était  Sl.- 
Gcrmain  d'Auxerre  n'est  point  mort 
sans  avoir  laissé  quelques  écrits:  au- 
cun n'est  parvenu  jusqu'à  nous.  Ce- 
pendant ,  les  bénédictins  ,  qui  ont 
donné  l'édition  des  œuvres  de  St.- 
Anibroise ,  ont  pense  qu'on  devait 
peut-être  altnbuer  au  saint  évêque 
d'Auxerre  ,  un  ouvrage  intitulé  , 
Liber  Sitticti  ^^mlwsii  in  lande 
Sanclorum  comi'ositiis ,  conservé 
d.ms  la  bibliothèque  de  Sl.-(iall,  et 
dont  le  mauusciil  aurait  aujourd'hui 


(.  i:u  i»VA\            •io'i 

{^liis  i\c  oij/c  cents  .lus.  Dora  INlAbil-  estimer,  (t  g:i^na  sa  confiance.  Bien- 
Ion  s'en  était  procure  une  copie  ,  pour  tôt  l'exeniple  de  revê((iic influa  sur  le 
l'inscier  dans  l'édition  de  Sf.-Andjroi-  prince,  dont  les  mœurs  devinrent  plus 
se:  mais  les  sav.mts  éditeurs  ont  bien-  clircliennes  :  les  pauvres  furent  sou- 
tôt  reconnu  qu'il  ne  pouvait  être  de  ce  lages  par  d'al)ondanlcs  aumônes  ;  de 
père;  et  la  mention  d'un  voyap;e  en  An-  pieux   elablissements   s'élevèrent,  et 
i^k'terrc,   ayant  un  rapport  frappant  des  églises  turent  bâties.  On  compte 
■ncc  celui    qu'y    fit  Saint  -  Germain  parmi  celles-ci  l'cpilise  de  Stc.-Croix, 
d'Auxeirc,    leur  a  fait  j)enser   qu'il  sous  l'invocation  de  St.-Vincent ,  au- 
j)ouvailen  être  l'auteur.  On  a  encore  jourd'huiSt.-Germain-des-Prës.Cc  fut 
la  messeque  l'on  disait  autrefois  le  jour  Germain  qui  en  fit  la  dédicace  ;  il  y 
de  la  fête  de  St. -Germain  ,  suivant  la  joignit   un  monastère  qu'il  dota,  et 
liturç;ie  gallicane.                     L — y.  qu'd  exempta    de  toute    juridict.on- 
GERMAIN  DE  PAKIS(St.),  ai»si  Le  pieux  e'vêque  avait  conserve  des 
nomme' ,   parce   qu'il  fut   e'vêque  de  rapports  avec  Stc.-Radcgondc  :  il  fit 
cette  ville  ,  naquit  au  territoire  d'Au-  exprès  le  voyage  de  Poitiers  pour  la 
luti ,  à  la  lin  du  v'.  siècle.  Éleulhère  visiter;  et  ce  fut  lui  qui  institua  Agnès 
son  père,  et  sa  mère  Eusebie,  étaient  abbcsse  du  monastère  que  cette  reine 
dcj  personnes  de  qualité'.  Il  fit  ses  avait  fonde.  (  Fbj^^.  Fortunat.)  Ger- 
jiremicrcs  études  dans  la  petite  ville  main  assista  à   divers  conciles,   tc- 
d'Avaion,  et  fut  ensuite  confie  à  l'un  nus  de  son  temps  ,  au  5^,  de  Paris, 
de  SCS   parents  ,  nomme'   Scapilion  ,  en  55^  y  au  2*.  de  Tours,  en  564;  au 
qui   s'a|>p]iqua  à    perfectionner  son  4^.  de  Paris  ,  en  S^D.  Dans  tous  il 
éducation  et  à  le  former  à  la  pie'te  et  parut  avec  éclat,  et  eut  la  plus  grande 
aux  bonnes  mœurs.  Agrippin  ,  evê-  part  aux  sages  règlements  qui  furent 
que  d'Aulun,  charme  du  savoir  et  de  drcsse's  dans  ces  assemble'es.  Childe- 
la  bonne  conduite  de  Germain  ,  lui  bert  était  mort  en  558  ;  et  après  lui 
donna  le  diaconat  en  555  ,  et ,  quel-  de  honteuses  amours  ,  l'inceste  ,  l'a- 
ques  années  après,  l'éleva  au  sacer-  dultère,des répudiations  scandaleuses, 
doce.  Nectaire  ,  successeur  d'Agrip-  n'étaient  devenus  que  trop  communs 
pin,  le  fit  abbé  de  St.-Symphorien,  dans  la  famille  royale.  Cliaribert  avait 
monastère    situé  dans   un    faubourg  renvoyé   sa  femme  légitime  ,    pour 
d'Autun  ,  et  le  mena  avec  lui,  eu  549,  épouser  Mirofléc  ,   fille  d'un  ouvrier 
au  cinquième  concile  d'Orléans.  Une  en  laine  ,  et  l'avait  bientôt  remplacée 
aff.iro  ayant  conduit  Germain  à  Paris  par  Marcovèse  ,   sa  -sœur,  quoique 
en  554,  et  le  siège  épiscopal  de  celte  celle  -  ci  eût  pris  le  voile  et   se   fût 
ville   étant  alors  vacant  par  la  mort  consacrée   à  Dieu.   Germain  s'éleva 
d'Euscbe  ,  Germain  fut  élu   pour  lui  contre  ces  unions  criminelles  :  il  aver- 
succéder.  Celte  nouvelle  dignité  ne  lui  tit  le  prince  de  se  corriger;  et  n'en 
fit  rien  changer  à  sa  manière  de  vivre,  ayant  point  obtenu  de  satisfaction  ,  il 
11  fut  aussi  simple,  aussi  détaché  du  n'hc'sita  point  à  le  retrancher  de  la 
m  onde  qu'auparavant;  et  il  ne  sembla  communion  de  l'Église,  lui  et  sa  corn- 
avoir  été  élevé  aux  plus  hauts  bon-  pîice.  Aussi  soigneux  de  conserver  la 
iieuis  ,  que  pour  joindre  les  vertus  paix  entre  les  princes,  que  de  répri- 
épiscopalcs  à  l'humilité  et  aux  ausléii-  mer  leurs  desordres,  il  ne  négligea 
tés  monastiques.    Childcbcrt  régnait  rien  pour  réconcilier  Chilperic  et  Si- 
alors  à  Paris  :  Germain  sut  s'en  faire  gebcrt,  prêts  à  eu  venir  aux  mains , 


2oG  G  E  R 

cl  écrivit  à  Brm.ehaut  pour  qu^elIe 
ménageât  un  accommodement  entre 
les  (Jeux  frères.  Ce  ç;rand  cvcque  niou- 
riit  le  M  mai  de  T-ui  676,  jour  où 
l'Église  célèbre  sa  fête,  li  était  âgé  de 
quatre-vingts  ans,  et  fut  cnlerrc  dans 
l'église  d(^  Sl.-Vmcent.  Chilpéric,  au 
témoignage  d'Airaoin  ,  lai  composa 
une  épitaphe  honorable,  que  cet  écri- 
vain a  conservée.  St.  Germain  est  re- 
gardé comme  un  des  évêques  qui 
ont  le  plus  honoré  le  siège  de  Paris  et 
l'Église  d  France.  On  co?nple  parmi 
ses  écrits:  1.  Une  Exfdication  de 
l'ancienne  liturgie  gallicane.  Du 
moins  dotii  Mulènc  et  dom  Durand, 
qui  l'ont  jnibliée  sur  un  manuscrit  de 
i'dbbayc  de  S  tint  -  Martin  d'Autun, 
la  lui  .ittrihucnt.  Elle  contient  des 
choses  extrêmement  curieuses  :  on  l'a 
imprimée  au  commencement  du  v'^. 
tome  du  Thésaurus  anec^iolonim. 
Ï/Histoire  liltér  ire  de  Fiance  en 
donne  une  courte  analyse,  tome  in , 
pag.  5i3.  11.  La  Lettre  à  Brune- 
haut  ,  citée  ci-dessus  ,  pièce  digne 
d'un  évêcpie  par  sa  sagesse  et  par  les 
motifs  rpii  l'avaient  dictée  :  <  Ile  fut 
])Ourlant  sans  ((Tel,  et  les  passions 
remportèrent  sur  1rs  bons  conseils. 
Diichesne  l'a  fiil  im|'riracr,  d'après 
Freiier  ,  au  i*^"^.  vo'.  de  ses  Monu- 
ments de  V tîistoire  de  France.  Elle 
a  aussi  été  insérée  dms  les  collections 
<|es  concihîs  et  dans  \^ Appendice  des 
anivre's  de  Gr^i^nire  de  Tours,  lll. 
\}n  Diplôme  d'exemption  aec(udé  au 
inon.islère  de  Si.-G<  ruiain-des-Prés, 
souscrit  de  Sl.-Gerni.iin  ,  de  la  reine 
Dltrogotluî ,  et  des  deux  princ»  sses 
ses  filles.  L'original  de  (<  Ile  pièce,  ((iie 
le  moine  Aiuuuu  r.q)porte  en  enHer, 
cl  qui  a  passé  <lans  divers  lecueils, 
écrit  sur  de  l'erorce  il'aibre,  .ivail  élé, 
jusque  d.«n.s  les  derniers  temps  ,  con- 
.srrvé  dans  les  archives  de  cette  cé- 
libre  abbaye.  Eorluuat  a  écrit  la  vie 


GER 

de  St. -Germain ,  ([u'il  avait  connu  par- 
ticulièrement :  elle  est  imprimée  dans 
Surius,  au  '28  mai  ,  mais  avec  beau- 
coup de  fautes. DomiVlabiilon  la  revit, 
et  la  publit  avec  des  corrections,  au 
i^"".  tome  des  Actes  de  St.  Benoit. 
Elle  se  trouve,  au  at»  mai,  dans  le 
recueil  de  liollandus  ,  avec  d -s  notes 
savantes.  Il  y  en  a  une  traduction  y 
par  Jran  Jallory,  curé  de  Ville->euve- 
St.-Geor:2;e,  près  Paris.         L — Y. 

GERMAIN  DE  SILÉSIE( Domi- 
nique), religieux  de  l'ordre  des  mi- 
neurs obscrvantins  réf;  rraés ,  s'adon- 
na à  l'étude  des  langues  orientales,  et 
1(  s  professa  pend. ml  plusieurs  années 
dans  le  couvent  de  Saint-  Pierre  m 
Montorio  hWoxnc.  On  lui  doit:!  Fa" 
brica  Oi^ero  dittionario  délia  lingua 
vo'gare  arabica  et  italiana ,  copioso 
de'  voci  et  locutioni ,  con  osservare 
le  frase  delV  una  rt  ded'  altra  lin- 
^ua,  home,  i(ir)6,  in-4 '.  <le  i  o  >,  p.ig. 
Plusieurs  biblioj;raphes,  trompés  par 
ce  titre  ,  oiit  indiqué  cet  ouvraL;e  com- 
me un  tlictionn.iire  de  la  langue  ara- 
be viiigaire  ;  mais  l'auteur  préludait 
p-^r  cet  opuscule  au  dictionnaire  qu'il 
publia  trois  ans  après  :  ce  n'est  pro- 
prement qu'un  essai  de  grammaire  , 
auquel  le  P.  G'  rmain  de  Silesie  donne 
le  litre  de  Introductorio  mamade 
délia  lingua  arabica  volgaie  ,  et 
qu'il  divise  en  trois  puties.  II.  Fabri- 
ca  linguvarahirœ  cuminterpret  -tio- 
ne  Idtnà  et  italicd ,  acconimodata 
ad  usum  lin  \uce  vulgaris  et  scriptu- 
ralis,  Koine,  it>3i)  (i),  iu-foLC^e  dic- 
tiouii.jiiccoiifinit  loH.t  jiages,el  il  est 
rangé  selon  l'ordre  alph  béiiquc  des 
mots  ifdiens:  les  m«'ls  de  celte  lan- 
gue, intei  prctés  en  latin,  occupent  la 
droite  de  ta  pagr,  et  leur  tradurtiou 
ai,d)e  est  placée  à  li  guirhe.  L,i  pré- 
face est  ecite  en  italien,  eu  latin  et 


(OC'iiiipnr  uan  faute  d'iinpr«»tioa  qH«  la  titra 


G  E  K  G  i:  U                9.07 
€n  ar:il)c;  elle  est  suivie  d'une  it)tro-  Commentarius   de.   auliquis  repim 
i\\U'\\o\\  pour  r.irilit(M-  la  leiliire  de  l'a-  Franc.oritnij)al<diis.V!ii'^\\i:iY\'^U\hi\e 
ralic  :  l'ciuviM^c  <•>[  Knniiic  par   im  livre  de  la  Dij)luinali(pie  de  Mahillon: 
iiidc\  arabe,  un  index  ialin  ([ui  man-  il  y  nomme  jus(iu'à  cent  soixante-trois 
que  dans  ((ueiques  excm]>laires,  el  un  maisons  royales  ;   (  l  les  diseu^sions 
trrata  i\\\\\c  lorgucnr  (/ïiayaiile;  il  auxquelles  il  s'est  livre  pour  en  fixer 
roniprend  Ti  pac;esà  4  colonnes,  f/au-  la  position  ,  répandent  un  grand  |onr 
leur  nous  apprend  qu'il  a  passe  qua-  sur  la  topographie  de  la  France  dans 
tre  ans  en  Orient,  et  qu'en  coMiposant  le  moyen  âge.  D.  Martènc  a  publié 
rot  ouvrage,  |iour  la  ronlcclion  du-  des  additions  à  cet  ouvrage  dans  U 
quel  il  s'est  aide  du  secours  de  Tho-  ])rcfacedela  CoUecliovetcrum  scrip- 
mas  Obieino,  ila  eu  rinleullon  di-la-  torum.     II.    flhtoire    de   l'abbaye^ 
cilitcr  aux  jeunes  religieux  destines  royale  de  N,  D.  de  Soissoiis,  Vàiis^ 
aux  missions  de  l'Orient,  l'ctude  de  1O75,  in-4^.  Elle  est  intéressante;  et 
la  langue  arabe.  Un  catalogue  des  li-  on  trouve  à  la  fin  un  grand  nombre 
vres  impiimei  à  rimprimerie  de  la  de  eharles  et  de  bulles  en  faveur  de 
Propagande,  sons  la  date  de  1775,  at-  cette  abbaye,  dont  la  fondation  est  at- 
tribue au  même  auteur  l'ouvrage  sui-  tribnee  à   Ebroin ,  maire  du  palais, 
vant  :  D.  Germani  de  Silesid  atiti-  \V\.Monaslicori  gallicanum,  seuhis- 
theses  fidei,  arahicè  el  latine ,  Kornc  toriœ  monasleriorum  ordinis  S,  Be- 
i658,  in-4'\  Enfin  si  n.)us  devons  nedicti   in    compendium  redactœ  , 
en  croire  Wagenseil ,  Maracci  se  se-  ciim  tabulis   topogruphicis   centum 
rait  adjoint  le  P.  Germain  de  Silesie  et  octoginta  monasterioriun.  Cet  ou- 
pour  sa  belle  édition  de  l'Alcoran,  vrage ,  que  l'auteur  neu-t  pas  le  tomps 
quoique  ce  savant  ne  !e  nomme  dans  de  terminer,  était  conservé  dans  la 
aucune  de  ses  préfaces.  Nous  ignorons  l)lbliolhcque  de  St.-Germain-des-Prés. 
au  surplus  l'époque  de  la  mort  de  cet  Ou  en  a  inséré  des  extraits  dans  la 
orientaliste:  Wa'iding  dit  qu'il  partit  Gallia  christiana.              W — s. 
pour  les  missions  de'  Tartarie;  Wa-  GEKMAlN  (Pierre),  habile  eise- 
genseille  vit  dans  un  âge  très  avancé,  leur,  né  à  Paris  en  1^47 1  manifesta 
ce  qui  ferait  croire  qu'il  mourut  à  Ro-  des  son  enfance  de  grandes  disposi- 
rae.                                         J — N.  lions  pour  l'orfévrcrie,  qui  était  la 
GERMAIN(Michïïl),  bénédictin,  profession  de  son  père.  A  l'âge  de 
né  à  Péronne  en  i6jj,  accompagna  dix-sept  ans  ,  il  avait  déjà  un  talent 
dom    Mabillon  dans  ses  voyag'"s  en  formé.  A  peins  en  avait-il  vingt,  que 
Allenngne  et   en    llaiic  ,   et  fut  très  Lti)run  l'employa  à  divers  ouvrages, 
utile  à  son  savant  confrère  pour  la  L'ayant  présenté  à   Louis  XIV,  ce 
collation  des  manuscrits  et  l'explica-  prince  le  chargea  de  la  gravure  des 
tion  des  monuments  qu'il  avait  le  pro-  tables  d'or  qu'il  destinait  à  1j  raagni- 
jct  de  publier,  {f^oj.  Mabillon.)  Il  fique  couverture  du  Recueil  de  ses 
eut  pai  i  aussi  à  son  Traite  de  diplo-  conquêtes.  Ce  jeune  artiste  réussit  si 
matiqne,  et  lui  fournit  plusieurs  pièces  bien  dans  la  composiiion  et  dans  la 
pourîles  Actes  des  Saints  de  l'ordre  ciselure  des  diverses  allégories  dont  il 
de  St.  Benoît.  L'excès  du  travail  abré-  or^a  cet  ouvrage,  que  le  roi  lui  donna 
goa  ses  jours;  il  mourut  en  i6g4  à  différentes  récompenses,  entre  autres 
l'abbaye  de  St.Gcrmain-des-Prés  ,  à  \n\  logement  au  Louvre.  Chargé  de 
quarante-neuf  ans.  On  a  de  lui  :  I.  plusieurs  autres  ouvrages  pour  orner 


9,oS  G  E  R 

la  grande  galerie  de  Versailles,  ainsi 
que  les  appartements  du  roi,  sa  répu- 
tation s'accrut  à  un  tel  point  ,  que  les 
princes  cl  les  grands  de  la  cour  vou- 
lurent aussi  avoir  quelques-unes  de  ses 
productions. Désirant  satisfaire  à  l'em- 
pressement de  tous  ceux  qui  se  mon- 
traient jaloux  de  posséder  quelques- 
uns  de  bes  ouvrages  ,  si  s.inlé  s'épuisa 
Itllemeut  qu'il  succomba  à  ce  travail, 
<t  mourut  a  la  fleur  de  l'âge  ,  en  1 682. 
On  a  de  lui  aussi  un  grand  nombre  de 
médailles  et  de  jetons ,  représentant 
les  conquêtes  de  Louis-ie-Grand. 

P  — E. 

GERMAIN  (Thomas),  architecte, 
sculpteur  et  orfèvre  ,   fils  du  précé- 
dent, né  à  Paris  eu  1673,  perdit  son 
pcrc  à  l'i^c  de  neuf  ans.  Ne  au  milieu 
des  arts  ,  il  n'est  pas  étonnant  que  do 
bonne  heure  il  ressentît  les  cfiets  de 
leur  heureuse   influence.  Après  qu'il 
eut  fait  ses  premières  études  dans  l'ate- 
lier de  lioullongnc  l'aîné,  sa  mère  le  fit 
partir  pour  l'Italie,  sous  la  protection 
ile   Louvois.  Mais  ce  ministre  étant 
mort  j)endant  son  voyage  ,  le  jeune 
Germain,  resté   sans  appui   comme 
bans  fortune,  se  vit  contraint,  pour 
subsister,  de  conclure  un  engagement 
de  six  ans  avec  un  orfèvre  de  Uome  , 
(•use  réservant  néanmoins  deux  heures 
par  jour  pour  aller  dessiner  au  Vati- 
cm.  Ayant  ac(]uis  une  certaine  célé- 
l)ritc  ,    les  jé>uilcs  de  cette  ville   le 
chargèrent   de  plusieurs  grands  ou- 
vr.iges  d'orfèvrerie,  auxquels  il  réus- 
hil  cumplètemt  ni.  Il  fit  aussi,  pour  le 
tçrand-duc  «le  Toscane,  plusieurs  bas- 
sins d'.irgent  d'une  dimension  consi- 
dérable ,  et  ornés  de  b,is  reliefs  repré- 
Miilanl    l'histoire    do  la  maison  de 
ïMédieis.  G»;  bit  i>endant  son  séjour  à 
Uomu,    qui  bit  d'environ  dou/t;  an- 
nées ,  qu'il  contracta  une  liaison  d'a- 
ujiiié  avec  le  célèbre  Legros  ,  bidule 
iculplcur,  liaison  qui  lui  devint  t'Xlrc- 


GER 

mement  utile  pour  son  talent.  Désirant 
connaître  parfaitement  l'Italie  ,  avant 
de  revenir  dans  sa  patrie ,  il  passa 
Irois  ans  à  parcourir  celte  contrée  , 
laissant  partout  des  monuments  de  ses 
talents;  entre  autres,  à  Livourne,  oii 
il  bâtit  une  église  fort  estimée.  De 
retour  à  Paris,  en   1704  ,  il  exécuta 
un  des  trophées  qui  ornent  les  piliers 
du  chœur  de  Noire-Dame.  Non  seule- 
ment la  cour  de  France  chargea  Ger- 
main d'un  grand  nombre  d'ouvrages  , 
mais  les  princes  étrangers,  à  l'enviles 
uns  des  autres,  s'empressèrent  démet- 
tre ses  talents  à  contribution.  Ce  fut 
lui  qui  exécuta,  en   i72'2,  le  soleil 
dont  Louis  XV  fit  présent  à  l'église 
de  Reims   le  jour  de  son  sacre  :   ce 
prince,  à  cjtte  occasion  ,  lui  accorda 
un  logement  aux  galeries  du  Louvre. 
La  ville  de  Paris ,  voulant  aussi  don- 
ner à  cet  artiste  des  marques  de  son 
estime,  le  choisit,  en    1758,  pour 
l'un   de   SCS   échevins.  Ce  fut  cette 
même  année  qu'il  donna  les  dessins 
de  l'église  de  Saint- Louis  du  Louvre, 
dont  il  dirigea  la  construction.  Tho- 
masGcrm  linmournt  à  Paris  en  1  7/18, 
emportant  au  tombeau  les  regrets  des 
étrangers  comme  des  nationaux.  Le 
roi  de  Portugal  ayant  appris  sa  mort, 
lui  fit  faire  un  service  solennel  ,  et 
voulut  ([ue  tous   les  artistes  de   Lis- 
bonne y   assistassent.   La  correction 
du  dessin,  la  finesse  du  rcxccution, 
et  le  goût  qu'il  mettait  dans  ses  com- 
positions, diNtingucut  particulièrement 
toutes  ses  productions.  P — e. 

GEKMAN  Y  LLOREINTE  (  Ber- 
^AnI)),  peintre  espagnol,  naquit  à 
Sévdle  ,  patrie  de  plusieurs  artistes 
renommés  d'Espagne,  eu  i()H5. 11  re- 
çut ses  premières  leçons  de  sou  père, , 
cl  de  Christophe  Lope/.  ;  mais  Ger- 
man  surpassa  bientôt  ses  maîtres,  et 
nc(put  une  si  grande  réputation, qu'eu 
1711^  Philippe  V  le  fil  appeler  pour 


G  E  R  G  E  R                 9,o() 

fiirc  le  portr.iil  dr  l'iiirinl  don  Plii-  IVigr  d'environ  vin^l  ans;  il   eut  im 

lippe.   fiiMinan   rxr'cula   et   ouvrage  comniaiuicinciilcii  D.ilin.ilir,  j)r(Jviiico 

avir  iiiK  telle  prrfcclioii,  qiulicçiil du  alors  re'vollee  contre  les  Romains,  et 

roi  nn  itiagnidcpie  presint,  et  tut  nom-  se  couvrit  de  (;loire  dai)S  des  eircons- 

me  p«'inlre  de  la  cour:  mus  (lerman  ,  tances  dilliciles.  La   ç;ucrre  finit  par 

ne  avec  un  caractère  brusque  et  in-  l'entière  soumission  de  ce  pays.  I/au- 

dépendant,  tionVa  le  moyen  de  re-  née  suivante,  Germanicus  j)assa  dans 

fuser  cette  place,    sans  déplaire  au  la  Pannonie,  qui  était  aussi  en  phine 

roi.  En  \  755,  il  fut  créé  membre  liO'  révolte,  et  il  y  eut  de  farauds  succès. 

noraire  de   l'académie  de   St.-Ferdi-  Les  oinements  du  triomphe,   et  les 

iiand.  Un  capucin  de  Séville  (le  P.lsi-  honneurs  delà  prcture  ,     furent    sa 

dore),  ayant  imaf^jiné  de  rej)résenter  récompense.  En  765,  Auguste  le  fit 

la  Vierge  sous  la  figure  d'une  bergère,  élever  au  consulat,  sans  qu'il  eût  exer- 

enlourée  de  brebis  ,  image  des  fidèles  ce  les  fondions  de  préteur.  Cet  em- 

qui  sont  sous  sa  proteclion  ,  German  percur  itlFectionnait  Germanicus    qui 

d'après  celte  idée  exécuta  ces  tableaux,  était  son  petit-neveu,  et  le  mari  d'A- 

qui  se  répandirent  bientôt  dans  toute  grippinesa  pelile-fdle  :  peu  de  temps 

l'Espagne  et  l'itabe  ;  il  y  mit  tant  de  avant  sa  mort,  il  lui  donna  une  grande 

grâce  et  de  délicatesse  qu'on  croyait  marque  de  confiance  en  le  plaçant  à  la 

y  reconnaître  le  pinceau  du  f^imeux  tête  de  huit  légions  stationnées  sur  les 

JMurillo.  C'est  ce  qui  fil  donner  à  Gcr-  bords  du  Ixhin.  Ces  forces  imposantes, 

man  le  surnom  de  Peintre  de  ber-  jointes  aux  secours  puissants  des  al- 

gères.  Cet  artiste   mourut  à  Séville  liés  et  à  la  faveur  publique ,  rendirent 

en  1757.  Ses  tableaux  les  plus  con-  Germanicus  un  sujet  d'inquiétude  pour 

nus  se  trouvent  dans  la  même  ville,  le  soupçonneux  Tibère,  quand  cclui- 

Dans  les  dernières  années  de  sa  vie,  ci  fut  parvenu  à  l'empire.  La  positioa 

German  avait  eu  la  manie  de  rembru-  du  jeune  César  devint  plus  critique 

iiir  tellement  ses  tableaux  avec   de  encore  par  les    mouvements  que  la 

Vespalte  {\),  que  la  confusion  qui,  nouvelle  de  la  mort  d'Auguste  causa, 

avec  le  temps  ,  en  est  résultée  dans  le  dans  les  armées.  La  révoile  commença 

coloris,  empêche  souvent  de  recon-  par  les  légions  de   Pannonie  :  celles 

naître  ,  dans   ses  ouvrages   de  cette  que  commandait  Germanicus,  étaient 

époque,  même  le  sujet  qu'ils  repré-  divisées  en  deux  corps  j     celui   du 

sentent.  La  beauté  des  poses  et  l'exac-  haut  Rhin  avait  pour  chef  Silius  ,  et 

titude  du  dessin  sont  les  principales  celui  du  bas  Rhin  Cécina.  C'est  dans 

qualités  qui  distinguent  le  talent  de  cet  ce  dernier  corps  que  la  sédition  éclata 

artiste.                                     B — s.  avec  fureur  :  l'esprit  général  d'indis- 

GERMANICUS  (César)  vint  au  cipline  se  cachait  sous  des  plaintes, 

monde  vers  l'an  de  Rome  758.  Il  était  des  réclamations,  des  prelentions  ;  1© 

fils  de  Drusus  Nero  Germanicus  ,  et  temps  était  venu  ,  disait-on  ,  de  hâter 

d'Antonia   la  jeune,    H   est   proliable  les  congés  des  vétérans ,  d'augmenter 

qu'il  naquit  à  Rome,  et  qu'il  y  fut  cle-  la  solde  des  jeunes  soldais ,  de  soula- 

vé  sous  les  yeux  de  sa  vertueuse  mère,  ger  la  misère  de  tous,  et  de  les  venger 

Tibère  son  oncle  l'adopta  pour  fils,  de  la  cruauté  des  centurions.  Ces  lé- 

Germanicus  fit  ses  premières  armes  à  gions  se  flatiaient  que  leur  général , 

»__ trop  fier  pour  obéir,  seiettcrait  dans 

(O-Sorte  de  t«Kileiirq.iiîerU  affaiblir  les  teintes.  IClU'S    braS  ,    Ct  CntraiCCrait  lOUt    OVCC 

xvw.  l\ 


210  GER 

lui.  Pendant    ce  soulèvement  trune 
partie   de   son    armée  ,    Geimanicus 
était  absent ,  occupé  dans  la  Gaule  à 
percevoir   un  tribut  :  à    la  nouvelle 
qu'il  en  reçoit,  il  part  en  diligence; ar- 
rive' à  son  camp  ,  il  convoque  ses  sol- 
dats :  dans  la  harangue  qu*il  leur  adres- 
se, il  rappelle  avec  éloge  les  victoires 
de  Tibère ,  remportées  dans  cette  mê- 
me Germanie  avec  les  mêmes  légions; 
il  leur  parle  de  la  fidélité,  de  la  sou- 
mission qu'il  a  trouvées  partout  pour 
Tempercur.  Quand  il  en  vient  à  la  sé- 
dition ,  les  plaintes,  les  réclamations 
éclatent  de  tous  cotés;  en  même  temps 
des  acclamations  se  font  entendre  en 
sa  faveur  :  on  lui  promet  de  le  porter 
à  l'empire,  s'il  y  prétend.  A  ces  mots, 
qui  lui  font  horreur,  Germanicus  s'é- 
lance de  son  tribunal,  et  veut  partir. 
Les  soldats  arrêtent  leur  général,  et 
lui  présentent  leurs  armes  avec  me- 
naces ,   s'il    ne  remonte  ;  mais    lui , 
criant  qu'il  mourrait   plutôt  que  de 
trahir  sa  foi,  tira  son  épée,  et  allait 
se  percer  si  l'on  n'eût  arrêté  son  bras. 
Ses  amis  profitèrent  d'un  moment  de 
calme  pour  l'entraîner  dans  sa  tente. 
On  y  tint  conseil  :  le  mal   devenait 
pressant  ;    les   séditieux   préparaient 
une  députalion  au  corps  d'armée  du 
Lautlxhin,  et  se  proposaient  de  sac- 
cager la  ville  des  Ubiens  (Cologne). 
D'un  autre  coté,  l'ennemi  instruit  de  ce 
quise  passait, menaçaild'unr  invasion, 
si  l'on  quittait  le  boid  du  fleuve.  Tout 
balancé,  on  s'arrêta  au  pariide  sup- 
poser une  lettre  de  Tibère ,  qui  ac- 
cordaille  congéabsolu  après  vingt  ans, 
et  lavélérance  après  seize,  en  restant 
sous  le  drapeau  ;  on  actpiillail  le  legs 
d'Aiisuste,  et  on  le  doublait.  I^a  'M". 
cl  la  5'".  légion  voulurent  être  payées 
sur  l'heure:  il  fallut  que  leur  général 
épuisât  sa  bourse  et  celle  de  ses  amis 
pour  les  sati.sfiiire.  Il  se  rendit  ensuit(> 
auprès  de^  légions  du  haut  lUiin  pour 


GER 

recevoir  leur  serment  :  elles  le  piêfè- 
rent,  et  eurent  part,  sans  l'avoir  de- 
mandé, aux  mêmes  faveurs  que  les 
autres.    Germanicus  était  de  retour 
vers  les  troupes  qu'il  avait  calmées , 
quand  un  incident  y  fit  de  nouveau 
éclater  la  révolte.  Des  députés  du  sénat 
arrivent  :  aussitôt  les  soldats  se  per- 
suadent que  ces  députés  viennent  ré- 
voquer les  grâces  qu'ils  ont  extorquées. 
Ils  accusent  Munatius  Plancus,  chef 
de  la  députation,  d'être  l'auteur  d'un 
sénatus- consulte  rendu  contre  eux. 
Vers  le  milieu  de  la  nuit,  ils  viennent  en 
foule  à  la  maison  de  leur  général,  en  en- 
foncent la  porte,  et  le  forcent  à  leur 
livrer  le  drapeau  :  ils  courent  ensuite 
dans  les  rues,  insultent  et  veulent  mas- 
sacrer les  députés,  qui,  au  premier 
bruit,  étaient  accourus  vers  Gernia- 
nicus.  Plancus  échappe  avec  peine  à  la 
mort.  Quand  le  jour  eut  paru,  Germa- 
nicus entra  dans  le  camp  des  mutins  : 
en  leur  apprenant  le  sujet  de  la  dopu- 
tation,  il   leur  reprocha,   avec  l'élo- 
quence de  la  douleur,  l'atrocitédc  leurs 
violations  ,  l'infamie  de  leurs  excès;  il 
profita  d'un  instant  de  calme  ou  de 
stupeur ,  pour  renvoyer  les   députés 
sous  une  escorte.  Dans   cette  crise , 
tout  le  monde  blâmait  Germanicus  de 
ne  point  se  retirer  auprès  des  troupes 
du  haut  Hhin,  où  il  aurait  trouvé  de 
l'obéissance  et  du  secours  contre  les 
rebelles.  On  s'étonnait  qu'il  retînt  au 
milieu  de  ces  furieux  sa  femme  et  sou 
fils.  {fûj-.  Agrippine  r*.)  11  balança 
long  -  temps  ,   consentit  enfin  au  dé- 
part d'Agrippinc  ,  et  l'y  décida.  Ce  dé- 
part, les  gémissements,  les  lamenta- 
tions des  femmes,  frappent  lesoreilles 
et  les  veux  des  soldats  :  ils  voient  l'é- 
pouse de  leur  général   se  mettre  en 
marche  sans  aucun  appareil ,  sans  au- 
tre cortège   (pic  des  femmes;  ils  ap- 
prennent (ju'elle  se  réfugie  chez,  des 
«(rangers.  Daus  ce  moment,  la  honte, 


GER 

la  pitic  ,  (les  souvenirs  louchnnts,  t.int 
do  vertus  dans  A^rippine  ,  tout  les 
cmctit  :  ils  courent  après  clic,  et  arrê- 
tent s  1  marciie;  nn  pins  grand  nombre 
rclouine  vers  (lernianiens.  Ce  ^encrai 
saisit  le  moiuenl ,  (  l  les  li.irangnc  avec 
une  force  et  un  pathétique  qu'il  faut 
voir  dans  Tarite.  Ce  discours  opère 
une  révolution  entière  :  les  soldats 
s'empressent  d'arrêter  les  plus  sédi- 
tieux, et  se  rendent  eux-mêmes  les 
instruments  de  la  justice  qui  eu  est 
faite  à  l'instant  par  un  lieutenant  de  la 
première  légion.  Gcrmanicusne  s'op- 
posa point  à  CCS  exécutions.  L'ordre 
rétabli  de  ce  cote,  il  restait  beaucoup 
à  faire  contre  la  férocité  de  la  5'".  et 
de  la  2  r.  légion  qui  étaient  en  quar- 
tier d'hiver  à  soixante  milles  de  là. C'é- 
tait par  elles  qu'avait  commencé  la  ré- 
volte, et  que  les  plus  grands  excès 
avaient  été  commis;  mais,  sans  effroi 
et  sans  remords,  elles  persistaient  dans 
leurs  emportements.  Gcrmanicus équi- 
pa une  flotte  ^ur  le  Hhin  ,  et  s'avança 
contre  el'Cs  pour  les  combattre  ,  s'il 
y  était  forcé.  Ses  troupes  étaient  dé- 
barquées, et  tor.t  était  prêt  pour  le 
chaiiment  des  rebelles:  mais,  espérant 
qu'ils  s'en  chargeraient  eux  mêmes  , 
à  l'exemple  des  mires  légions  ,  il  vou- 
lut différer.  Il  écrivit  à  Oeina  leur 
chef,  qu'il  arrivait  nvec  des  forces 
imposantes ,  et  que  si  les  so'dats  ne 
faisaient  eux-mêmes  justice  des  plus 
coupables,  personne  ne  serait  épar- 
gné. Celte  lettre  communiquée  aux  of- 
ficiers et  à  la  plus  saine  partie  des  lé- 
gionnaires, le  jour  fut  fixé  pour  faire 
main  -  basse  sur  les  pervers  ,  obsti- 
nés dans  leur  rébellion.  Les  soldats 
qui  étaient  dans  le  secret  eurent  seuls 
la  direction  du  châtiment  :  le  lieute- 
nant et  les  tribuns  ne  s'en  mêlèrent 
point.  Gcrmanicus,  qui  s'était  éloigné, 
arriva  peu  de  tenqis  après  que  l'exécu- 
tion eut  lieu.  Le  tableau  de  son  camp 


GRR  21  f 

lui  lira  des  larmes.  liicntot  la  férocité 
des  légioiinanes  change  d'objet  :  ils 
veulent  tous  marcher  à  renneFiii  pour 
expier  leur  fureur.  Gernianicus  pr(jfite 
de  cette  ardeur  des  soldais  ;  il  jellc  un 
pont  sur  le  Rhin,  et  h;  passe  avec  i  ii 
mille  hommes  fies  légiot)s,  cent  \\u"t 
cohortes  des  alliés,  et  huit  corps  de 
cavalerie.  L'armée  romaine  fuiliicntôt 


nA 


en  présence  fies  ennemis  sur  le  terri- 
toire des  Mars€s;  elle  les  surprit,  et 
mit  tout  à  feu  et  à  sang  dans  un  espa- 
ce de  cinquante  milles.  A  la  tête  d'une 
partie  de  ses  troupes  ,  Gcrmanicus 
fondit  sur  les  Galles  ,  qui  ne  l'atten- 
daient pas  :  leur  capitale  fut  brûlée  ,  et 
tout  leur  pays  ravagé.  Les  vainqueurs 
eurent  ensuite  à  faire  de  plus  grands 
efforts  :  Arminius  ,  le  plus  terrible  en- 
nemi des  Romains  dans  la  Germanie^ 
appelle  contre  eux  toutes  les  nations 
aux  armes.  Il  parvient  à  soulever 
les  Chérusques,  et  toutes  les  peupla- 
des voisines.  Dans  sa  ligue,  il  entraîne 
Inguiomar,  son  oncle,  général  distin- 
gué. Pour  diviser  des  forces  si  consi- 
dérables ,  Gcrmanicus  envoie  Cécina 
et  d'autres  lieutenants  avec  des  trou- 
pes se  porter  sur  divers  points.  Les 
Bructères  s<)nt  mis  en  fuite,  et  taillés 
en  pièces  :  on  pénètre  jusqu'aux  extré- 
mités de  leur  pays. Près  delà ,  se  trou- 
vait la  forêt  de  Teutberg  ,  où  l'on  di- 
sait que  Varus  et  ses  légion:?  étaient 
restés  sans  sépulture.  Le  général  ro- 
main éprouva  le  désir  et  le  besoin 
de  rendre  les  derniers  devoirs  au 
chef  et  aux  soldats.  Toute  son  armée 
partagea  ce  pieux  sentiment:  on  péné- 
tra dans  les  profondeurs  de  la  foret, 
guidé  par  quelques  témoins  du  désas- 
tre, (jui  avaient  échappé  au  carnage 
ou  aux  fers.  Toul  fut  reconnu  autant 
qu'il  pouvait  l'être.  Enfin,  après  un 
laps  de  six  ans,  les  ossements  de  trois 
légions  furent  inhumés  par  toute  l'ar^ 
mée.  Gcrmanicus  posa,  le  premier,  du 

i4.. 


2L131  G  E  R 

gazon,  sur  le  tombeau  qu'on  éleva. 
Occupe  de  son  grand  objel ,  il  se  mit 
à  la  poursuite  d'Arminius  ,  qui  s'en- 
fonçait dans  des  li^-ux  irnpraiicibles  ; 
il  rattt'ii;nit  enfin,  et  fit  avancf^r  sa 
cavalerie  pour  le  chasser  d'une  plaine 
qu'il  occupait.  Le  général  enueiui  avait 
averti  les   siens  de  se  replier  et  de 
s'approclicr  de  la  forêt  :  aussitôt  il  fit 
donner  le  signal  de  l'attaque  à  ceux 
qu'il  y  avait  embusqués.  La  vue  d'une 
nouvelle   armée  troubla  la  cavalerie 
romaine,  qui  se  renversa  sur  les  co- 
Lortes  envoyées  pour  la  soutenir,  et  les 
entraîna  dans  sa  fuite.  Le  desordre  de- 
"venait  général,  et  ils  allaient  tous  être 
poussés  dans  un  marais,  quand  Ger- 
manicus  fit  avancer  les  légions  en  or- 
dre de  bataille.  Ce  mouvement  intimida 
l'ennemi,  rendit  la  confiance  aux  Ro- 
mains, et  Ton  se  retira  avec  un  égal 
avantage  de  part  et  d'autre.  Germani- 
cus  ayant  ramené  son  armée  versTEms, 
rembarqua  ses  légions  sur  sa  flotte. 
Comme  il  avait  à  cœur  de  terminerîui- 
inêaje  la  guerre  contre  les  Germains  , 
après  trois  campagnes, il  forma  la  réso- 
lution de  tenir  la  mer  la  campagne  sui- 
vante; il  y  devait  trouver  une  route  fa- 
cile pour  les  siens  et  inconnue  àTeu- 
ncmi  ;  il  embarquait  ses  convois  avec 
ses  légions  et  sa  cavalerie  ,  et,  en  re- 
montant par  les  fleuves ,  ses  troupes 
arrivaient   toutes  fraîches  au   centre 
de  la    Germanie.  En    conséquence  , 
Gécina  et  d'autres  lieutenants  furent 
préposés  à  la  construction  des  vais- 
seaux. :  mille  parurent  sufiisants.  L'île 
des  Jiatavrs  fut  assignée  pour  le  ren- 
dez-vous  de  la  flotte:  (juand  elle  lut 
arrivée,  Germanicus  y  distribua  ses 
légions  et  les  alliés,  et  entra  dans  lo 
canal  de  l)rusus,d'oùil  gagna  l'Océan 
par  les  lacs.  11  arriva  ainsi  à  l'embou- 
chure de  l'Ems  :  l'armée  traversa  ce 
lleuve,  et  prit  ses  campetnenls.  Le  V<> 
ler  cuuluil  untiv  les   Romain»  et  les 


GER 

Chérusques.  Germanicus  l'ayant  pass^ 
apprit  qu'Armiuius   avait   choisi    un 
lieu  pour  combattre ,  et  qu'on  tente- 
rait la  nuit  d'attaquer  son  camp.  Se 
voyant  ainsi  à  li  veille  d'un  engage- 
ment décisif,  il  voulut  connaître  par 
lui-même  les  dispositions  de  ses  sol- 
dats ,  et  les  entendre  s'exprimer  libre- 
ment. La  nuit  venue ,  prenant  des 
routes  détournées ,  enveloppé  d'une 
peau  de  bête  et  suivi  d'un  seul  homme, 
il  traverse  les  rues  du  camp,  et  s'ar- 
rête à  chaque  tente  :  il  jouit  des  élo- 
ges qu'on  fait  de  lui.  L'un  exaltait  sa 
naissance  ,  l'autre  sa  bonne  mine,  la 
])lupart   sa  patience  ,  son    affabilité, 
l'égalité  de  son  caractère;  tons  se  pro- 
mettaient de  lui  marquer  leur  recon- 
naissance sur  le  champ    de    batail- 
le, en   immolant  les  perfides  infrac- 
teurs  de   la  paix  à  sa  vengeance  et  à 
sa  gloire.  Les  deux  armées  enflammées 
par  les  harangues  de  leurs  chefs  ,  et 
brillant    de   combattre  ,   descendent 
dans  la  plaine  d'idistavisus  (  f^,  Ar- 
MiNius),  entre  le  Véser  et  des  colli- 
nes :  derrière  s'élevait  une  forêt.  La 
ligne  de  bataille  des  barbares  occup.iit 
la  plaine  et  l'entrée  de  la  forêt  ;  les 
Chérusques  se  portèrent  sur  les  hau- 
teurs, à  dessein  de  tomber  sur  les  Ro- 
mains pendant  le  comba».  Germanicus 
fit  marcher   son  armée  dans  l'ordre 
suivant:  les  auxiliaires  gaulois  et  ger- 
mains étaient  à  la  tête,  suivis  des  ar- 
chers; puis  quatre  légions;  venait  en- 
suite le  ccnéral  avec  deux  cohortes 
prétoriennes  et  l'élite  delà  cavalerie; 
après  lui(|natre  autres  légions  ,  eidm 
les  lr()Uj)es  légères  et  le  reste  des  al- 
liés, (irermaniciis  s'apcrcevant  que  I  in- 
fanterie  des  Chérusques  s'était   jetée 
en  avant  par  un  excès  d'audace,  doniiiî 
ordre  à   sa  meilleure  cavalerie  de  la 
prerulre  «n  flanc  ,  et  à  l'un  de  seslieu- 
tcnantN  de  lei  tourner  et  de  les  atta- 
quer à  dos  avec  le  reste  des  escadrons: 


îl  jnoinrl  <lc  les  joutrnir  a  propos. 
(>t  pciul.uil  linil  :i\ç}cs  se  l'oiil  voir  pic- 
li's  h  ciilrci"  tlcJiis  i.i  forèlj  ce  biill.int 
.Tiii;iiio    attire  raltoiilion    du   général 
lom.Mii  ;  il  cri"  do  niarclior  ,(]e  suivre 
CCS  oi>t\uix.  de  Rome,  ces  dieux  des 
levions.  Aussiicil  l'mlanlcrie  ei)ga{:;ea 
r.u'liun,cii  iiit'inc  Icmps  que  la  cava- 
Jeric  .se  porla  sur  les  lianes  elles  der- 
rières de  l'cnncnii.  Ses  dctix  ailes  fu- 
rent mises  en  déroute;  IcsChcrusiiues, 
qui  étaient  postés  entre  ces  deux  corps 
sur  des  liaïUeurs,  en  lurent  délogés: 
au  milieu  d'eux  on  distinguait  Arnii- 
*  iiius,  qui  de  la  main  et  de  la  voix  s'ef- 
forçait de  soutenir  le  combat.  11  s'ét  iit 
jeté  sur  les  archers  romains  ,  et  les 
aurait  rompus,  s'ils  n'eussent  été  pro- 
tégés par  les  cohortes  desRhctes,  des 
Vindeliciens  et  des  Gaulois.  Malgré 
ces  obstacles,  il  se  fit  jour  par  ses  ef- 
forls  et  ceux  de  son  cheval  ,  s'élant 
couvert  le  visage  de   son  sang  pour 
n'èlre  pas  reconnu.  Inguiomar  se  sau- 
va de  même.  Le  carnage  que  les  Ro- 
mains firent  des  ennemis,  dura  depuis 
ï'.cuf  heures  du  matin  jusqu'à  la  nuit. 
Un  monument   de  cette  victoire   fut 
élevé,  avec  un  trophée  où  l'on  inscri- 
vit le  nom  des  nations  vaincues.  La 
vue  de  ce  monument  outra  les  Ger- 
mains de  douleur  et  de  rage ,  plus  que 
n'avait   fait  tout  le  nsle.  Bientôt  ils 
ne  parlent  que  de  combals  ;  ils  courent 
aux  armes,  harcèlent  les  Romains  par 
des  incursions  subites,  et  enfin  choi- 
sissent un  champ  de  bataille.  C'était 
un  lieu  fermé  par  le  fleuve  et  par  des 
bois  :  dans    l'intérieur  ,  une    plaine 
étroite  et  humide  ;  un  marais  profond 
cnîoinait  la  forêt  de  tous  côtés,  hors 
un  seul  où  les   Angrivariens  avaient 
élevé  une  large  chaussée  pour  se  fai- 
re   une   barrière.  Ce   fut  là   que   se 
posta  l'infanterie  ennemie;  la  cava- 
lerie se  cacha  dans  des  bois  voisins. 
Gtrcianicus  n'ignora  rien  de  ces  dispo- 


.«citions;  il  se  chargra  de  l'infinterie  et 
tie  la  lorèt,  se  réservant  l'atlafjue  de 
la  chaussée  comme  la   chose  la   plus 
dilllcile.    Ses    soldats    se    trouvaient 
dans   une   mauvaise  position  ,  ('tant 
comme  au  pied  d'iiu  mur,  en  butte 
à  tous  les  traits  qui  leur  étaient  lancés 
d'en  haut.  Le  général  romain  sentit 
que  le  conibat  de    près  était  inégal  : 
il  fit  retirer  un  peu  ses  légions,  et 
fit  avancer  les  frondeurs  et  les  ma- 
chines qui ,  à  force  de  traits,  balayè- 
rent le  rempart  :  il  fut  bientôt  forcé. 
Germanicus  se  jeta  le  premier  dans  la 
forêt  avec  les  cohortes  prétoriennes. 
Là  on  se  battit  corps  à  corps.  L'en- 
nemi avait  à  dos  le  marais;  les  Ro- 
mains étaient  enfermés  par  le  fleuve 
ou  les  montagnes.  11  n'y  avait,  pour 
les  deux  partis,  de  salut  que  dans  ia 
victoire.  Les  Germains,  dit  Tacite, 
n'étaient  pas  inférieurs  aux  Romains 
eu  courage;  mais  la  nature  du  combat 
et   des  armes  leur  donnait  du  désa- 
vantage. Ils  furent  forcés  de  céder. 
Arminius  lui-même,   comme  s'il  eût 
été  rel)nlé  de  la  continuité  du  péril, 
ou  alTaibli  par  sa  dernière  blessure, 
se  retira.  Inguiomar,  au  contraire, 
volait  de  rang  en  rang.  Germanicus, 
pour  être  mieux  reconnu,  avait  oté 
son  casque  :  il  criait  à  ses  soldats  de 
s'acharner  au  carnage;  de  ne  point 
faire   de  prisonniers;    que  la  guerre 
ne  pouvait  finir  c[ue  par  l'extermina- 
tion de  l'ennemi.  Ses  légions  se  bai- 
gnèrent jusqu'à  la  nuit  clans  le  sang. 
Le  général  romain,  après  avoir  don- 
né des  éloges  publics  aux  vainqueurs, 
fit  dresser  un  trophée  avec  cette  ins- 
cription: U Armée  de   Tibère   Cé- 
sar y  victorieuse  des  nations  entre 
VElbe  et  le  Rhin,  a  consacré  ce  mo- 
nument à  Mars,  à  Jupiter  et  à  Au- 
guste. On  voit  que  Germanicus  ne 
disait  rien  de  lui.  L'été  s'avançanl,  il 
renvoya  une   partie  des  légions  par 


2i4  GER 

terre  dans  leurs  quartiers  d'hiver ,  et 
embarqua  le  reste  sur  sa  fluttf  pour 
regagner  ,  par  l'Eras ,  l'Océan.  Etie  y 
fut  bientôt  assaillie  par  une  horrible 
tempête,  emportée  et  dispersée  en 
pleine  mer.  Une  partie  des  vaisseaux 
fui  engloutie;  un  plus  grand  nombre 
fut  jeté  sur  des  îles  éloignées.  La  tri- 
rème de  Germanicus  aborda  seule  au 
Î)ays  des  Gauques.  On  le  voyait  courir 
e  jour  et  la  nuit  sur  les  rochrrs  et 
les  promontoires  ,  s'écrianl  quil  était 
coupable  d'une  si  grande  calamité. 
Ses  amis  cnreiil  de  l.i  peine  à  l'empê- 
cher de  se  précipiter  dans  la  mer. 
IjC  bruit  de  ce  désastre  redonna  de 
l'espoir  aux  Germains;  mais  Ger- 
manicus n'en  lit  que  p'us  d'ilForts 
contre  eux.  Il  envoya  Silius  contre  les 
Cattes,  avec  trente  miih  hommes  de 
pied  et  trois  raille  chevaux.  Il  mar(ha 
lui-même  avec  de  plus  graudcj»  forces 
contre  les  Marses.  11  eut  le  bonheur 
de  recouvrer  encore  une  des  aigles 
de  Varus.  Animé  j'ar  ces  succès ,  il 
pénétra  dans  l'intérieur  du  pays,  et 
y  porta  la  dévastation  Hieu  ne  put 
tenir  devant  lui  :  la  consternation 
L'iait  générale  chez  l'ennemi ,  qui  pa- 
raissait disposé  à  demander  la  paix; 
une  autre  campagne  aurait  sufli  pour 
terminer  celte  importante  guerre. 
Tibère  ne  v<'u'ul  pas  laisser  cette 
gloire  à  Germanicus,  qui  la  sollieilail; 
jiiais  il  chercha  à  le  dédommager  p.ir 
III)  second  con<;iilat.  Le  héros  céda 
aux  défiances  ou  à  l'envie.  Un  arc  de 
tiioiiiphe  lut  élevé  en  nïémoiie  de  ce 
qu'il  av.iil  recouvré  les  aigles  perdues 
par  Varus.  H  triompha  des  (ïhérus- 
qucs,  des  Catles  et  des  autres  nations 
qui  habitaient  entre  le  Khin  et  l'I^lbe. 
kScs  cin((  enfints  l'accompagnaient 
dans  son  char.  I/enipdc  iir  trouva  , 
ilans  des  mouvements  (préproiivaient 
alors  les  ro}aum(S  (h;  l'Oiieiil  et  les 
piovinces  de  l'Asie,  un  prétexte  hu- 


GER 

norable  pour  éloigner  Germanicus  : 
il  no  voyait  que  lui  qui,  par  sa  sa- 
gesse ,  pût  calmer  ces  troubles  :  en 
conséquence,  un  décret  du  sénat  lui 
déféra  le  gouvernement  de  toutes  les 
provinces  au-delà  de  la  mer,  avec 
une  autorité  supérieure  à  celle  de 
tous  leurs  commandints.  Tibèir  avait 
retiré  de  la  Syrie  Silanus  ,  qui  en 
était  gouvernrui  ,  et  lui  avait  substitué 
Pison  ,  homme  d'un  caiartèie  violent 
et  inca|)able  d'égards ,  dont  l'orgueil 
était  exalté  par  la  naissance  et  le 
crédit  de  Plancine  ,  sa  femme.  Ce 
nouveau  commandant  croyait  bien 
qu'on  l'avait  envoyé  en  Syrie  pour 
réprimer  ra-'<ctndant  de  Germanicus. 
Il  était  certain  que  Livie  avait  re- 
commandé à  Plancine  de  fatiguer 
Agrippiiie  par  des  rivalités  de  femme. 
G(  riiiaiiieus  ,  dans  son  voyage  pour 
se  rendre  en  Orient,  vint  à  Athènes; 
et ,  par  égard  pour  cette  ville  célèbre  , 
alliée  de  Rome,  il  y  parut  av(  c  un 
seul  licteur  (il  était  alors  consul).  L  s 
Grecs  le  reçurent  avec  les  honneurs 
les  j)lu5  recherchés.  De  là  ,  gagnant 
l'Eubée  ,  il  traversa  Le.vbos,  visita 
une  partie  de  la  Thracc ,  et  pénétra 
par  la  Propontide  jusqu'à  l'eiubou- 
chure  dcrEuxin,eurieiixde  connaître 
les  lieux  intéressants  par  leurantiquilé 
et  leur  renommée.  Lis  ruines  d'ilion 
a'iirèrent  à  leur  tour  ses  regards.  Ce 
fut  des  son  séjour  à  Athènes  que  Pi- 
son,  qui  était,  pour  ainsi  dire,  à  la 
poursuite  du  consul,  commença  à 
exécuter  son  projet  de  l'insulter.  A 
6on  occasion  ,  il  prodigua  aux  Athé- 
niens les  outrages  et  les  reproches 
les  plus  sanglants.  Accélérant  ensuite 
sa  navigation  à  travers  les  Cycl.ules, 
il  atteignit  Germanicus  à  Uhodes. 
Gelui-ei  n'ign-uait  pas  à  «pnihs  per- 
sécutions il  était  réservé  ;  mais  il 
nuHait  tant  de  douceur  dans  ses  pro- 
cédés ,  <pie  voyant  une  Icmpêlc  qui 


G  R  K 

cmpoitill  Pisoii  contre  des  rochers , 
il  envoya  des  vaisseanx  h  son  scconrs 
cl  sauva  ainsi  son  ennemi,  l'ison  n'eu 
fut  pas  adonei  :    dès  le  lendemain  il 
<iulila  et  devança  (iermanicus.  Arrive 
en  Syrie ,  il  s'attacha  à  p;agner  l'ai  mëe 
j>ar  tous  les  moyens  de  corruption  : 
il  |)<irvint  à  s'en  faire  appeler  le  ])crc 
(Its  légions,  Planeiuc,   de  son  côte, 
s'emportait  en  invectives  contre  Agrip- 
pineet  Germanicus.  Ce  dernier  savait 
tout;  mais  l'Armcnic  lui  parut  deman- 
der SCS  premiers  soins.  Elle  n'avait  pas 
alors  de  roi  :  les  vœux  de  la  nation 
appelaient   au   trône  Zenon  ,  fils  du 
roi  de  Pont.  Germanicus  s'y  rendit , 
et  courouna  de  sa  main  Zenon  dans 
la  ville  d'Artaxate.  Les  royaumes  de 
Gappadoce  et  de  Com-igcne ,  devenus 
provinces  romaines,  eurent  des  Pio- 
mains  pour  commandants.  La  salis- 
i'aclion  que  pouvait  goiucr  Germani- 
cus ,  e'iait  troublée  par  les  chagrins  que 
lui  donnait  l'orgueil  de Pison,  qui,  ayant 
reçu  l'ordre  de  conduire  lui-même, 
en  Arménie,  ou  d'y  fiire  conduire, 
par  son  ÇiUy  une  partie  des  légions, 
lie  l'avait  pas  exécuté.  Ils  se  rencon- 
trèrent à  Cirrhe.  Pison  affectait  de  ne 
point  craindie,  et  Germanicus  de  ne 
point  menacer  :  celui-ci  était  doux; 
mais  ses  amis   aigrissaient  ses   res- 
sentiments.   Enfin  ,   ils  eurent  une 
explication    en    piésence    de    quel- 
ques  personnes.   Germanicus    com- 
jiicnça  :  Pison  répondit.  Ou  vit,  dit 
Tacite  ,  dans  l'un  ce  que  produit  la 
colère  qui  dissimule,  et  dans  l'autre 
l'arrogance  qui  s'excuse.  Ils  se  quit- 
tèrent   avec   une    haine   concentrée. 
l^e   dépit  de    Pison    éclata   un  jour 
dans  un   festin  que  leur   donnait   le 
joi  des   ^'abathéens.  Des  couronnes 
d'or   furent   offertes  aux  convives  : 
celles  de  Germanicus  et  d'A^rippine 
étaient  d'un  grand  poids  ;  celles  de  Pi- 
îou  et  des  autres  convives,  assez  légè« 


r.ER  ii5 

res.  Pison  se  permit  de  dire  que  ce  fes- 
tinétait  donné  au  fils  du  premier  des 
lU)mains  ,  m  lis  non    pas   au  fils  du 
roi  des  Partlics;  et  en  même  temps  il 
jela   sa    couronne.    Gennanicus   dé- 
vorait ces  outr.iges.  Quelque  temps 
après  il  fit   un  voyage  en  Egypte 
pour  en  visiter  les  aiitiq'iiiés  ,   et  se 
rendit    agréable  à  la    multitude   en 
marchant  sans  gardes,  avec  la  chaus- 
sure et  l'habit  grecs.  A  son  retour, 
il  trouva  abolis  ou  changés  les  règle- 
ments  qu'il  avait  faits   relativement 
aux  villes  et  aux  légions.    Il  se  ré- 
pandit en  reproches  contre  Pison  , 
qui  s'en  vengea  ,  en  lui  donnant  de 
nouvelles     mortifications.    Vers    ce 
temps,  Germanicus  tomba  malade  à 
Anti(>che.  Il  était  à  peine  rétabli ,  qu'il 
éprouva  une  rechute.  La  persuasion 
que  Pison  l'avait  empoisonné  ajoutait 
à  la  violence  de  son  mal.  Des  émis- 
saiics  semblaient  ne  venir  que  pour 
en  épier  les  pi  ogres.  Germanicus  était 
en    proie  aux   ressentiments  et  aux 
alarmes.  11  écrivit  à  Pison  qu'il  rom- 
pait avec  lui.  Pi>on  ne  b liança  plus  , 
et   se   mit    en    devoir   de  quitter  la 
Syrie.  Germanicus    eut  encore   une 
lueur  d'(  spéiancc  ;  mais  bientôt  un 
affaissement  tola!  l'avertit  que  sa  fin 
approchait.   Alors  il   s'adressa  à   ses 
amis  qui  l'entouraient,  et  leur  fit  un 
discouis  qu'il  faut  lire  dans  Tacite, 
si  l'on  ne  craint  p.iS  d'être  attendri.  II 
y  dénonce  Pl.mcine  et  Pison  comme 
ses  empoisonneurs,  et  demande  ven- 
geance de  leur  crime.  Il  adressa  en- 
suite   quelques   mots    à    sa    femme 
[  Foj.  Agrippine  P' ■^  )  ;  et  peu  de 
temps   après,  il   expira,  à  l'âge  de 
trente-quatre  ans,  l'an    ig  de  J.  C. 
La   mort    prématurée    de  ce    héros 
causa,  dans  la  province  et  chez  les 
])(  uples  voisuis  ,  un  deuil  universel. 
Les  nations  étrangères,  les  rois  pleu- 
rèrent ce  grand  homrne,  si  affable 


2i6  GER 

poiu-  les  allies,  si  doux  poiu'  les  en- 
ueinis,  dont  l'aspect  et  les  discours 
imprimaient  également  la  vénération. 
C'est  le  portrait  qu'en  fait  Tacile. 
Avant  de  brûler  le  corps  de  Gerraa- 
uicus,  on  l'exposa  im  dans  \c  forum 
d'Antioche,  lieu  destine  à  sa  sépul- 
ture. 11  ne  fut  pas  constant  qu'il  portât 
des  traces  de  poison.  Agrippine  re- 
cueillit les  cendres  de  son  mari ,  et 
s'embarqua  avec  ces  tristes  restes.  A  la 
nouvelle  que  Gcrmanicus  avait  cessé 
d'exister,  il  n'y  eut  point  de  douleur 
comme  celle  qui  se  fil  sentir  à  Rotue. 
Pour  la  soulager  et  y  donner  le  chan- 
ge, on  invci.ta  de  nouveaux  lionneurs 
]>our  èfredcccrnésà  sa  mémoire.  Il  lut 
décrété  que  le  nom  de  Germaniais  se- 
jait  chanté  dans  les  liyrunes  des  Sa- 
lmis ;(\ui\  y  auvaillouyn'.vs  a\\\s\)ccla- 
clés  sa  chaire  curule,  à  la  place  réser- 
vée aux  prêtres  d'Auguste,  et  qu'au- 
dessus  de  celte  chaire  on  [)laceraitdes 
couronnes  de  chêne;  qu'à  l'ouverture 
des  jeux  du  cirque,  on  promènerait 
^a  statue  en  ivoire  ;  que  les  flamines  ou 
les  augures  qui  lui  suceéder.iienl,  ne 
seraient  jamais  pris  (|ue  dans lam.iisou 
des  Jules.  Ou  lui  éleva  un  tombeau 
;i  Aulioche,  et  de  nouveaux  arcs  de 
triomphe  à  Rome,  au  bord  du  Rhin, 
il  sur  le  mont  Amanus  en  Syrie  , 
.'ivrc  tme  inscription  qui  rappelait  ses 
«•xploits  ,  et  portail  qu'il  était  mort 
1>o.ir  la  rcpublifpie.  Les  restes  do 
Ocrmanicus  turent  déposés  dans  le 
îombe.iu  d'Auguste  :  mais  la  pompe 
«le  .Hfs  fiiuérailles  ne  répondit  pas  au 
deuil  et  aux  iiounturs  publics.  J,<'s 
images  de  ses  aicux  n'y  furent  point 
])orlées  :  la  sienne  ne  ("ut  point  [>l,ieée 
au-devant  du  lit  funéraire;  on  ne  pro- 
nonça point  de  vers  ,  ni  d'éloges  funè- 
bres, libère  avait  supprimé  pour  lui 
ce  qui  avait  été,  de  lout  tenq)S,  ob- 
servé aux  o!)sè(jucs  des  grands.  Ger- 
tnai:icus   laissa  ^ix   cuf.ints    de  suu 


GER 

mariage  avec  Agtippine  ;  il  en  avait 
eu  neuf:  le  plus  connu  est  le  trop  fa- 
meux Caligula.  Quoique  Germanicus 
soit  mort  si  jeune,  et  qu'il  ait  été  long- 
temps à  la  tête  des  armées,  il  avait 
composé  plusieurs  ouvrages  ,  ^fruits 
des  loisirs  d'un  esprit  cultivé.  Dans 
sa  première  jeunesse  ,  et  p.endant  son 
premier  consulat  ,  il  s'était  exercé  à 
la  plaidoirie.  Suétone  parle  de  comé- 
dies qu'il  avait  composées  en  grec  , 
et  Pline  d'un  poème  à  la  louange  d'un 
cheval  à  qui  Auguste  avait  élevé  uu 
tombeau.  Ovide  ,  qiu  avait  dédié  ses 
Fastes  à  Grmanicus  ,  loue  son  élo- 
quence cl  ses  vers.  !l  ne  nous  reste  des 
ouvrages  de  Germanicus  que  la  tra- 
duction en  vers  des  Phénomènes  d'A- 
ratus  ,  et  quelques  ép'grimmcs:  on  les 
trouve  dans  le  recueil  intitulé  ,  Car- 
mina  fnrniliœ  Cœsareœ,  Cobourg, 
i-jiS,  petit  in-8".  La  vie  de  Germa- 
nicus a  été  écrite  par  de  Beaufort, 
Leyde,  174',  petit  in-8'.  Germani- 
cus est  le  héros  et  le  titre  de  trois 
tragédies,  [f^oy.  Boursault  ,  ("olo- 
rïiA,  Pradon.)  Q.  R — Y. 

GEUMON  ;BAr.TfiÉLEMi),  jésuite, 
né  à  Orléans  en  iGC)5,  entra  dans  la 
compagnie  de  Jésus  à  l'âge  de  dix-sept 
ans,  et  y  fit  d'excellentes  élude.»;  il 
écrivait  eu  latin  avec  pureté  et  même 
avec  élégance  :  il  cultiva  aussi  le 
champ  de  rërudition,  et  y  accpiit  des 
connaissances  fort  étendues.  On  lui 
a  reproché  d'être  parfois  léger  dans 
ce  qu'il  avance ,  et  d'ériger  eu  prin- 
cipes C(*  (jinl  eût  fallu  commencer 
par  prouver.  Son  style  est  poli,  sa 
dictiuii  séduisante,  et  il  met  dans  la 
discussion  la  décence  et  les  méntge- 
meuts  convenables.  11  se  rendit  célè- 
bre par  une  dispute  avec  les  béné- 
dietius  de  St.-lMaur  au  sujet  de  U 
Vifdomalique  de  dom  INIabillon.  11 
y  avait  vingt  ans  que  ce  mémoriblp 
ouvrage  avait  paru;  et  sa  réputatiou 


srn)l^l;»*a  .'ifl'irmio ,  liUMpio  le  P.  (icr- 
inori  cssay.i  de  r.»lf  ujimt.II  \)u\)\u\  suc- 
cos>ivciuriit  pliisirurs  disscrlalioiis ,  où 
il  piriciul.iif  (jiic  l(  s  (.lij)loin<s  sur  l'^s- 
qucls  (loin  IM.ibillon  aj»j)iiy<iit  les  il- 
ç;l<s(jnjl  .ivail  luceVs,  irc'laiciit  j^oint 
à    r.j|)ri  du  reproche  de  supposition, 
et  (jii'cn  eonsev|ueiice  ne  perlant  que 
sur  un  fondement  incertain  ,  elles  ne 
iiu'rilaicnt  aucnueconfianre.  D.  MabiU 
Ion  ne  crut  pas  devoir  repondre  à  cdle 
agression ,  non  qu'il  craignît  son  ad- 
versaire, et  moins  encore  qu'il  le  mé- 
prisât ,  mais  j)arcc  qu'd  haïssait  les 
di>j)ules,  et  qu'il  ne  les  croyait  bonnes 
à  rien  ;    cependant  comme    il  avait 
un    supplément  à  sa  Diplomatique  , 
prêt  à  être  mis  sous  presse,  il  pro- 
fita de  l'occasion    pour  donner  une 
liGuvclic  force  et  plus  de  développe- 
ment à  ses   preuves,  et  il   répondit 
aux  objections  du  P.  Germon  sans  le 
îioinmcr.  Celui-ci  ayant  continue  l'at- 
taque,  Mabillon  se  tut;  mais    dom 
Cousfant ,  son  confrère,  contre  le- 
quel le  jésuite  avait  aussi  dirigé  quel- 
ques  traits,   entra   en  lice,   et  dom 
Kuinart,  élève  de  Mabillon,  se  joi- 
gnit à  lui.  Les  savants  prirent  parti 
pour  et  contre.  Le   P.  Germon   eut 
pour  lui  Gilles  Raguet,  ou  du  moins 
l'auteur  d'un  ouvrage  qui  lui  est  attri- 
bué. îMais  la  Diplomatique  bénédictine 
réunit  les  sulïrages  les    plus    impo- 
sants, ceux  de  l'abbé  Fontanini ,  pro- 
fesseur d'éloquence  à  Ixome ,  de  l'abbé 
La/aririi,  de  Gialti,  jurisconsulte  de 
Plaisance,  et  même  du  P.  Papebrock, 
jésuite  (i),  quoique  dom  Mabillon  i'cût 


(i  )  Si  Ton  en  croit  une  note  insérée  dans  la  Bi~ 
bliollicque  hisloriijue  et  critique  de  dom  f^ecerf , 
ce  ne  serait  pas,  suivant  lî^ivic  ,  l'inlérél  de  la 
science  qui  aurait  mis  .<u  P.  Germon  la  plume  à  la 
main  contre  !••  Diploiiialiqiie  ,inais  une  vengeance 
Je  laSiicieté  ,  oflcnsé»-  de  ce  que  dom  Mabillon  y 
avait  réfuté  le*l'.  l'aj^ehroek  ,  mi  de  ses  membres. 
Si  cela  étiiit ,  l'.'i]ieb.' .1  k  du  mniiis  naurnit  point 
partiii;i'  ce  ressenlim  .1;  il  remercia  au  contraire 
dom  Mabillon  d'av.nr  si  bien  écrit  sur  cetle  ma- 
ticr«  ,  el  l'autorisa  à  publier  qu'il  éuil  euUère- 


G  EH  'il 7 

réfuté   dans  ce   livre   même  ,  rir.  La 
plume  du  P.   Germon,   faite  pour  le 
genre  polémi(ju(',|)iivée  d'alinnnt  par 
la  (in  de  cette  discussion,   chercha   à 
s'exercer  sur  d'autres  m.iticrcs.  C'était 
le  temps  où  les  questions  sur  la  grâce 
agitaient   les   espiits.    Germon    atta- 
qua l'Histoire  de   la  congrégation  de 
aiixiliis   du    P.  Serry  ,    dominicain 
français   et  professeur  de  théologie  à 
Padoue.  Le  religieux  défendit  vigou- 
reusement son  ouvrage  ;  et  cette  nou- 
velle lutte  donna  heu  à  plusieurs  écrits 
de  part  et  d'antre.  Le  P.  Germon  mou- 
rut à  Oiléans,  le  i  octobre  1718.  Les 
ouviages  qu'il  a  laissés  ,  sont:  I.  De 
veterihus  regum  Francorum  diplo- 
inalibus  dissertatio  ,    Paris,    i7o5, 
in- 1  '2 ,  adressée  à  dom  Mabillon.  Celte 
dissertation  fut  suivie  de  deux  autres , 
en  i^oGet  1707.  lien  publia  même 
une  quatrième.  Dom  Mabillon  avait  ré- 
pondu à  la  première  dans  son  Supplé- 
ment. Dom  Constant  répondit  aux  au- 
tres par  deux  écrits  intitulés, l'un  Fia- 
diciœ  mamiscrijAorum  codicum ,   et 
l'autre  Findiciœ  confirinatœ.  (  Voy. 
CousTANT.)  Biaise  Garofalo  prit  au>si 
la  défense  de  Mabillon ,  par  l'ouvrage 
suivant ,  qui  parut  sous  le  nom   de 
Scipio  Maranta  Messanensis  :  Ex- 
■jjostidatio  in  B.  Germonium  pro  an- 
i'ufuis  diplomatibus   et   codd.  mss. , 
Messine , 1 7 08,  in-8°.Pour  toutecette 
querelle  on  peut  consulter  VBistoire 
des  contestations  sur  la  Diplomati- 
^?/d  (attribué  à  l'abbé  Raguet),  Paris  , 
1708,  in-ri.;  Naples  ,  1767,  in-8'. 
II.  Lettres  et  Questions  importantes 
sur  V Histoire  des  congrégations  de 
AUXiLiis.   Le  P.  Serry,  contre  lequel 
ces  lettres  étaient  dirigées ,  y  répondit 
par  un   gros  volume  in- 1  a.  Germon 
répliqua    par  I'Errata  de  V Histoire 

ment  de  son  avis  :  Tu  porto aiith/cier  iestare 

qnàin  lotiit  inliinin  sentenliatn  ix'crini.  Exemple 
rrinari|ualj!e  et  trop  r.ire  de  l'amour  du  vrai  l  Kiu- 
porlaut  sur  les  suggestion*  de  l'^mour-proprei 


2iS  GER 

des  congrégations,  elc, ,  et  s'attira  de 
la  pai  l  de  son  adversaire  un  nouveau 
pamphlet,  sous  le  litre  du  Correc- 
teur corrigée  ;  eVriis  qui  soil  aujour- 
d'hui de  !rès  peu  d'iutéièt.  III.  Traité 
théologiqiie  sur  les  cent  une  proposi- 
tions énoncées  dans  la  bulle  Unige- 
nitua ;  ouvrage  adopte  par  le  canli/tal 
de  Bissy,  et  qu'il  publia  sous  son  nom. 

L— Y. 

GFRMOiNDAde Montpellier,  roj. 
Figuier. 

GERMONIOf  Anastase),  arehe- 
Tcque  de  T.nciitaivc,  habile  canoniste 
et  jurisconsulte,  né  à  Sala  au  mois  de 
mars  î55i,  (lait  issu  de  l'ancienne 
et  noble  f.uuille  de  Ceva  en  Piémont. 
11  quitta  entièrement  ses  études,  à 
treize  ans,  pour  se  livrer  aux  dissipa- 
tions de  son  â^'c-  mais  il  les  rcpiii 
neuf  ans  après,  et  avec  une  telle  ar- 
deur, qu'il  eut  bientôt  réparc  le  temps 
perdu  (i).  Apres  avoir  suivi  les  cours 
de  i'uiuversité  de  Turin  ,  qui  comp- 
tait alors  ,  parmi  ses  j  rofcsseurs,  Jean 
Manuce  et  Pancirole,  il  se  ren.lit  à 
Padoue,  où  d  étudia  plu^ieui  s  années 
sous  Méiiochius.  De  retour  à  Turin  , 
il  reçut  le  laurier  doctoral  de  la  main 
de  Panciiole;  et  ayant  embrassé 
Tétai  ecclésiastique,  il  lut  ch  irgé  d'ex- 
pliquer le  dioit  canon.  I.a  réputation 
dont  il  jouissait  déjà,  attira  à  ses  le- 
çons un  gr.ind  nombre  d'aiMhteurs  ,  et 
lui  mérita  des  distinctions  flatteuses. 
Lorsque  Jérôme  <le  la  I\ov(ti',  aiche- 
véque  de  Turin,  fut  élevé  aii  cardi- 

(l)  C'rtl  l'uiii'irolc  qui  rap|>(>rt«  ccll«?  nnrtii'ul.i> 
fil(i  vraiintut  rriiiar'|tiililr  ,  «-l  •  omiiir  il  «v^iil  «mi 
<»cmi()ni<>  pï>«r  lilrvp,  il  m  t\lr  toiilr  confinnce  à 
•■••l  r^.iril.  <)ri>riiiluiit 'lirabnichi  tilr  un  liciuiil 
«]r  ptii'girt  latinrt ,  iniprimi:  ii  Turin  rn  ir»")  ,o  U 
ilii  (liii|ucl  nit  lit  i|uv  1rs  |iii-cri  ri>iii|iriii'«  <luni  ce 
Miliimi:  ont  rUi  ('iiiii|io'u^i-i  en  ii.irtir  purRod.  et  i  ii 
)i.if\tr  y,,T  Aiiiitt.ise  (f  rrinoiiiK ,  a  l'â^r  dt-  viiiKl 
iiu»;  cl  il  011  c'tiiriiil  i|iir  l'.iiiriiolc  a  t-ii  ti>rt  de 
«lire  «|ur  Garnionio  n'nvait  reprit  if»  «'•tiidru  qu'A 
i.M^I-di'MX  ans  Ci'pnuhini  on  ponmiil  «'iU:r  d'iiii- 
lit'S  r  «rmpli's  lie  j>-iiiuvt  ^rn«  qui,  nuiii  suivre  ili-s 
•;oiiri  rr(;ii|irii  ,  siiiis  fmrn  u  pronrrincnt  piriir 
dVludt'i  ,  t:t;iicnt  Jours  d'uvirt  ilVipiil  naturel 
|iour  co?n|ioicr  (]ucliiuei  iittilr»  piccrs  Uc  vtr». 


GER 

ralatjGermonio  l'accompagna  à  Rome, 
où  il  reçut  lia  souveniu  pontife  un 
accueil  très  l'avorab'e.  Il  fut  nommé 
référendaire  des  deux  signatures,  et 
protonotciiie  apostolique.  Innocent  IX 
l'autorisa  à  coutmuer  le  Recueil  des 
Dc'CjéîH'es  ,  et  à  en  éclaircir  les  passâ- 
tes dî/îiciles  par  des  notes.  Le  duc 
dXrbin  le  choi.vit  pour  son  orateur 
près  la  cour  romaine  ;  et  ii  s'acquitta 
de  cet  emploi  avec  tant  de  |  rudence  , 
qu'il  se  concilia  l'estime  de  ce  prince, 
sans  rien  perdre  de  la  f;ivcur  que  lui 
accordait  U  pape.  Le  duc  Charles  Éma- 
nuel  l'ayant  rajqîelé  en  Piémont,  quel- 
que temps  après,  lui  donna  une  j)lace 
dans  l'admini-stralion  ,  et  en  récon- 
naissance de  ses  ser\ices  le  nomma  , 
eu  i()o8,  à  rarch<'vêrhé  de  Taren- 
taise.  U  (il  réparer  et  agr;ii.djr  le  pa- 
lais .'irchié|)iscopal  ,  fit  adeqiter  le 
bréviaire  lomaiu  dans  son  diocèse, 
et  ol>ti;it  pour  ses  chan<'ines  le  privi- 
lège de  porter  le  camail  violet.  Ger- 
motiio  s'occupait  de  choses  p'us  im- 
portantes pour  son  église  ,  lorsqu'il 
fut  envoyé  en  ami  a^sade ,  par  son 
souverain,  près  de  Philippe  II.  Il 
mourut  à  Madrid  le  4  'i^^iil  '627,  et 
fut  iidjumé  dans  le  monastère  des 
hiéntnvniiles.  Pcjncirolf,  Antoine  Fa- 
vre  ,  et  le  P.  Posseviu  ont  parlé  de 
Germonio  avtc  eluge.  Alphonse  Cha- 
con  !e  nomnwà  lurl  Cermanus;  m:\is 
les  continuateurs  de  Moréri  ont  e^om- 
mis  une  f.uile  plus  grande  en  lui  don- 
nant deux  artitles  ,  l'un,  sous  le  nom 
d'A'hanase  Gentioin,  <t  l'autre,  sous 
(eltii  d'Anastast;  Germon.  On  a  dû 
signaler  cette  <'ireur  ,  paice  qu'elle  a 
été  rép('te'e  m  j>arlie  dans  le  Diction- 
naire unii'erstl\  et  (pi'elle  pourrait 
leire  encore  parla  suite.  On  connaît 
de  ce  jurisconsulte:!.  Ponuridianm 
yessioncft  in  quibus  ïatuuv  lini^ihc 
dignitas  defcnditur,  lurin,  i.OHo, 
in-4  '.  Il  y  kuulicnl  la  supérioiilc  du 


G  Eli  210 

faire  enlever  l'imporfnnte  forfrrrssc  fie 
Cronemboig  mi\  Sicdois,  qiii.sVn 
clairnl  riTi|>arcs:  m  i^  il  fut  pris,  elmis 
en  |)ri.son.  P<  ndant  pliih  de  trois  mois, 
il  luf  cliMr^c,  aux  mains  et  aux  pieds, 
déchaînes  pesantes,  et,  prndanl  six 
lienies,  on  le  mit  à  la  question  pour 
lui  ariacLer  de>^  aveux.  Son  procès 
ayant  ë(e  instruit ,  il  fut  condamne  à 
être  décapite  :  mais  le  roi  de  Dane- 
mark fit  des  leprësentations  en  sa 
faveur ,  et  les  Suédois  se  contentèrent 
de  lui  faire  payer  une  forte  rançon. 
Li  paix  ayant  cte'  conclue  en  1660  , 
Gerner  reprit  ses  fonctions  5  et,  en 
](5()5,il  (ut  nommé  e'vcque  de  Wi- 
bor^:;  eu  Jutland.  Il  mourut,  en  1  700, 
cloulTc  par  un  morceau  de  viande 
qu*il  ne  put  parvenir  à  avaler.  On 
voit  encore  dans  r(:c;'ise  de  B'icherod 
les  cliaîncs  dont  il  avait  e'ic  chargé 
dans  sa  prison.  On  a  de  lui  divers  ou- 
vrages, dont  nous  ciltrons  les  sui- 
vants :  i.  Traduclion  d'Hésiode  en 
vers  danois  y  Copenhague,  iC'jo. 
II.  Ortographia  danica ^  en  danois, 
avec  une  instruction  siîr  la  manière 
de  prononcer  l'ai  glais  ,  Copenhague, 
1679.  III.  Epitome  philologice  da- 
nicœ,  en  danois,  ihid..  1(^9^. —  Un 
de  ses  petits  fiis,  Henii  Gerner  s'at- 
ta(  ha  à  la  C(  ramunauté  des  H' rnhu- 
t(s  ,  et  ])ub!ia  ,  en  langue  danoise,  à 
Coprnliagne,  en  1  77*2,  une  Belaticn 
de  sa  ve  avec  des  renseignements 
sur  les  Frères  évanf^éliques. —  Cer- 
ner (Henri),  marin  et  très  habile  cons- 
tructeur de  vaisseaux,  était  arrière-pe- 
tit-fiis  de  Tévêque  de  Wiboig.  Né  à 
Copenhague  en  l'jLyi,  il  scjonina  en 
Angleterre,  en  Hollande  et  en  France, 
pour  y  étudier  i'aichilectuic  navale. 
Apres  avoir  passe  par  les  grades  in- 
férieurs de  la  marine  ,  il  fut  chargé  de 
diriger  les  constructions  navales  dans 
le  grand  chantier  de  la  flotte  à  Copen- 
hojîimcbardi  cl  entreprenant,  pour     bague  j    et,   eu    1781  ^  il  obliut   le 


GER 

latin  sur  l'italien  ,  la  seule  des  lan- 
gu(s  modernes  qiu  fut  alors  fixée  par 
des  cliefs-d'œuvre  dans  ])lus  d'un 
genre.  11.  .hiiinadversiontun  lain  ex 
jure  pontificio  quàni  arsareo  ,libri 
duo  ,\h\à.  i.'jSC),  in  loi.  lîl.  Hara- 
tilla  in  Ubros  quinqtic  Decretnlium. , 
ibid.,  I  fjcSG,  in  fo!.  J  V^.  Dcsacrorum 
iinuiunitaiibus  lihri  très  ,  necnon 
de  induhis  aposlolicis ,  Kome,  «597, 
in- fol.  V.  Asserlio  liherUdis ,  iininu- 
nitatisque  ecclesiasticœ  , ib:d.,  1 607 , 
in-4".  L'ntiteur  y  défend  les  droits  ou 
bs  prétentions  de  la  cour  de  Rome 
contre  la  république  de  Venise,  et 
Paul  V  le  récompensa  en  le  nommant 
vicaire  de  la  basilique  de  Sainte  Ma- 
rie-Majeure. VI.  Ve  legatis  princi- 
pum  et  populorum ,  lihri  ires  y  ibid. , 
1(527  ,  in-4".  Germonio  a  publié  lui- 
même  une  édition  où  ces  ouVra^es 
sont  réunis,  Rome,  xiri"^  ,  in-fol. 
WX.Acta  école siœ  Tnrentasiejuis  , 
in-4". ,  Rome,  1620;  in-4". ,  Lyon, 
1097.  ^^  ^^"'  ^^'^  actes  du  synode 
qu'il  tint  àMoûliers,  le  5  mars  161 9. 
\111.  Epislolarum  pastoralium  ad 
clerum  et  populuin  Tar entasienseniy 
libritres  ,  Rome,  i()'20,  in-4".  ^^^' 
mi  les  ouvrages  qu'il  a  l.iis'-és  manus- 
ciits,  on  trouvait  une  correspondance 
intéressante  avec  S.  François  de  Sahs, 
les  Mémoires  des  négociations  qui  lui 
avaient  été  confiées  ,et  ceux  de  sa  pro- 
pre vie,  De  rébus  ÂnaslasiiGermo - 
nii ,  s  eu  de  ipmi'i  vitd.       W — s. 

GER^'ER  (  Henri  ),  évèque  de 
Wiborgen  Danemarck  ,  naquit  à  Co- 
penhague en  1629  ,  et  fit  ses  éludes 
en  Hollande  et  en  Angleterre.  Revenu 
dans  son  pays ,  il  obtint  une  place  de 
pasteur  à  Direherod  en  Séîande. 
Pendant  la  guerre  de  1657,  entre  le 
Danemark  et  la  Siède,  son  presby- 
tère fut  pillé  six  foii.  Ayant  pris  la 
fuite,  il  s'entendit  avec   Ster.winkel, 


250  GER 

litre  de  commandeur  de  la  marine. 
Plus  de  cent  vaisseaux,  de   diverses 
grandeurs  ,  ont  été  construits  d'après 
SCS  dessins.  lia  invente,  déplus,  des 
macbiiies  propres  à  plusieurs  usages 
économiques.  La  société  royale  des 
sciences  de  Copenhngue  lui  décerna 
le  prix  pour  ut)  Mcmtirc  sur  la  meil- 
leure manière  de  nettoyer  les  bassins 
d'eau   douce,  cl    l'aditiit   parmi  ses 
jutmbres.  J.a  société  économique  cou- 
ronna un  autre  Mémoire  de  Gerner, 
destiné  à  faire  connaître  unemélliodc 
nouvelle  de  sécher  les  grains.  Dans  ses 
henrcs  de  loisir  ,  il   composa  en  da- 
nois un  Recueil  poétique,  ayant  pour 
litre,  Chants  pour  Vamusemfiiit  des 
marins  danois  y  Copenhague,  i-jBo: 
ce   lîecued  a  été  tiaduit  en  allemand 
]»ar  le  professeur Christiani, de Kiel, et 
imprimé  à  Dcssau  en  l'j'èiL.  La   mort 
du  commandeur  Gerner,  arrivée  vers 
la  fin  du  dernier  siècle  ,  fut  un  deuil 
public;  et  ou  lui  lit  les  obsèques  les 
plus  distinguées  ,  pour  payer  un  tri- 
but solennel  à  ses  vertus  et  à  ses  ta- 
lents. C AU. 

GERNLER  (Jean-Henri),  né  à 
Bàle  en  1727,  y  mourut  en  17G/1.  Il 
se  distingua  par  ses  connaissances 
dons  riiisloirc  et  dans  la  Jiittéralurc 
anciennes. Eu  1  754,  il  ol.lml  la  chaire 
cl'hisloire  à  l'univcisilé  de  sa  pairie. 
Jl  a  publié  diirérentcs  dissertations  : 
hi'^œ  hisloriconun  ^rivcoriim  llero- 
doli  ntque  T/uicidjdJs-,  i  ^,\  >.  ;  —  De 
diJjlcitUalil)U\  Umlii  lin^^uœ  ç^rœcœ 
Iti'undis,  I  7'i'j  ,  etc.  L — l. 

(iE^^^)l)OUE  (.Iian),  mctlrein,  né 
ou  rommeiiccment  du  xvi^  siècle,  est 
regardé  à  jusle  lilie  conjnic  un  des 
restaurateurs  de  la  chirurgie  en  Alle- 
magne. H  a,  le  [)reriii(;r,  trace  des  pré- 
ceptes judicieux  ,  il  publié  dos  docii- 
nieiits  exatls  surla  chirurgie  militaire. 
J. 'ouvrage  allemand,  Fcldhuch  dcr 
ff"  iindarzncy ,  qu'on  lui  doit,  impri- 


GER 

me  à  Strasbourg  en  1 5 1 7 ,  in-fol. ,  fig. 
en  bois;  réimprimé  à  Francfort  sur 
le  INÏein,  i526,in-4°'»  i54o,in-4°. , 
i55i,  iii-fo!.,  fig.,  ibid.,  i598,in-4°., 
a  paru  en  latin  sous  le  titre  suivant  : 
Ve   chirurgid  et    corporis  humani 
«n^fomm, Strasbourg,  i54.i  ,iti-fol.; 
Francfort,  i55i  ,in-8'.  Il  a  été  tia- 
duit en  hollandais,  Amsterdam,  i^qS, 
ibid.,  1622,  in-4".  jfig.  Quoique  en 
grande  partie  calqué,  an  rapport  d'E- 
lov,  sur  la  chirurjrie  de  Guv  de  Chau- 
liac,  ce  livre  est  précieux  sons  le  rap- 
port de  l'histoire  de  l'art,  par  les  dé- 
tails curieux  qu'on  y  trouve  sur  diffé- 
rents poirits  de  doctrine  chirurgicale. 
C'est  ainsi  que  dans  l'amputation  il  coh- 
seiilede  ramener  la  peau  sur  le  moi- 
gnon, de  l'y  retenir  au 'moyeu  d'un 
bandage  serré,  et  de  recouvi  ir  la  place 
d'une  vessie.  Les  objets  de  médecine 
que  l'auteur  a  traités  dans  cet  ouvrage, 
ne  sont  pas  moins  dignes  d'attention  ;  il 
y  parle  cntreautres  des  maladies  de  la 
p(  au  ;  l'on  y  trouve  surtout  des  don- 
nées positives   (  t  fort  exactes  sur  la 
lèpre  en  parlicniier.  Ch — t. 

GEBSUORF  (  Adolphe-Tr  AUGOTT 
DF,  ),  laborieux  physicien  et  natura- 
liste, né  à  Rcngcrsdorfdans  la  Haule- 
Lusace  le  20  mars  17/14  »  cultiva 
j)ar  goût  les  sciences  qui  ont  rapport 
à  la  physique.  H  lut,  en  1779,  ï^-w- 
dafeur  de  la  société  des  «cienceR  dan* 
la  Haute-Lusace,  et  pul.lia  différents 
écrits  :  L  Essai  pour  fixer  la  han- 
ienr  des  monlaa^nes  des  Géants  [^\v\ 
séparent  la  Rohèmc  et  la  Silésie  ), 
Lei]  zig  ,  1772,  in- 4"-  IL  De  la 
J'ouzzolane  ,  H  de  la  manière  de 
l'employer  utilement  dans  les  con$- 
trnclions  ,  traduit  du  frau^-ais  ,  avGC 
des  ivotes,  Dresde,  1784  ,  in-S'.  Ilf. 
Pi  ('cautions  à  ohsnver  pendant 
/'or//j!T<',GiiiIilz,  179S,  1800,111-8". 
IV.  Ohxervations  sur  lêlcctricilè  at" 
viosphèriqur,  ibid.,  i8o'i,  in  4".  l>g« 


CE  II  CKR                 10.  t 

La  Feuille  licbdoiuail.iiro  de  Willcin-  d.ui.s  Ic({uol  seul  railleur  est  doiioin- 

Ler^,  le  Joiinial  de  la   llaulc-Lusacc,  nie  ainsi  cl  qualifid  abljc,  est  le  tilie 

cl  11'  i\I.t;j;a.sin  j;coj;r.ij)lii(jU(Mlc  Fabii  jMiucipal  ,  quoiciue  sans  date,  qui   .1 

renrcriiuMil  plusieurs  IMe'rnoircs  de  cet  lail  supposer  tiii  pcrsonnaj^c  disliuct 

auteur,  (pli  ot  luorl  le  i()  iniu  1807.  de  .fcaiiGcrson  ,  elianeelicr  do  l'eVlise 

—  (Charles-  Auç;usle  de  GtRSDor.F,  de  l^aris,  aurpiei  Y  Imitation  6ia\i  cc- 

luiuislrc  de  rciccleur  de  Saxe,  et  se-  ncraîeineut  altiibuee.  (  Ployez  Jean 

crct.iirc  dVtat  pour  la  guerre,  e,cMU'ral  Gïuson.  )  Cependant   aucun   tenioi- 

d'infunlerie  et  cliefdu  corps  de  ^enie  guage,  soit  des   historiens  ,  soit  des 

saxon,  ne   à    Dresde  en   1705,  et  monumonls  ,  n'a    prouve'  l'existence 

mort  le  1 1  février  i  787  ,  a  public  des  de  ce  personnage.  Il  a  e'ie'  crcë  _,  par 

Observations  s^énérales  et  particu-  G  ijelaii  et   Valgrave  ,  abbe'  de  Saint- 

îicres  sur  le  commerce  tant  inlerieiir  Llienne  de  Verceil ,  d'après  une  nol(î 

(ju  extérieur,  et  sur  la  perception  de  manuscrite  allcguéesans  êircproduite: 

linéiques  impôts  ^  (pd ,  dans  diffé-  il  a  e'ic   fait  contemporain  de  Sainl- 

rents   endroits ,  est  fort  mal  enlen-  François  d'Assise  ,  sur    une  maxime 

due ,  et  encore  plus  mal  appliquée,  de  ce  Saint,  citée  au  présent    par 

Cosmopolis,  1775,  in-4".;  Leipzig,  l'auteur  de   \' Imitation  ;  enfin,  pu 

1776,  in-4".  —  Hcnricttc-Catliérinc  l'a    fait  originaire  de    Cavaglia  près 

deGersdob.f,  neebaronuedcFriesen,  de  Verceil,  d'après  l'inscription  d'un 

naquit  à    Suizbacb    eu    1648.    Elle  manuscrit  allemand   sous  le  titre  du 

se   distingua  par  uu    goût  éclaire  et  Joannes  de  Canabaco,  dont  le  prc- 

par  ses    connaissances  dans  les  lau-  nom  a  cte  pris  pour  celui  de  Gersen  , 

gués    orientales:   clic  mourut  le    5  et  le  surnom  pour  le  lieu  appelé  6"/-^- 

mars  i7'26.   Son  neveu  ,  le  fameux  Z?e/Zmczf/7z ,  vulgairement  Cavaglia , 

comie  de  Zinzendorf ,  prononça  son  011  existait,  dit-on  ,  une  tradition  sur 

éloge  funèbre,  et  composa  aussi    la  une  famille  de  Gersen.  Mais,  pour 

musique  qui  fut  exécutée  à  son  enter-  appuyer  l'existence  de  celte  tradition 

remeut.  Elle  est  auteur  de  Poésie$  re-  prétendue  ,  il  manque  :  t".,  le  témoi- 

ligieuses  cl  de  Rejlexions  poétiques ,  gnage  des  historiens  du  pays.  Jean- 

qui  ont   été   revues  et   corrigées  par  Baptiste  Mcdène,  dans  sou  histoirede 

Zoliikofer  et    Schlegel  ,  et    publiées  Verceil  ^  ne  dit  pas  un  mot  de  (?er5e7i/ 

après  sa  mort  à  Halle,  1729,  in-8".  il  dénomme  seulement  un  Jean  Scot, 

13 — H — D.  abbé  de   Verceil.  François-Augustin 

GERSEN  ouGESSEN  (  L'abbé  délia  Chiesa  est  le  premier  qui,  dans 

Jean  ).  Nous  ne  faisons  mention  de  son  Historia  chronologica  abbatum 

ce  nom  que  pircc  que  des  autorités  Pedemontanœ  regionis ,  donnée  en 

respectables  ,   Bellarmin  ,    Mabillon  ,  1 645 ,  ait  fait  mention  d'un  Jean  Ger- 

etc.  ,  ont  cité  l'auteur  de  Y  Imitation  sen ,  abbé  de  St.-Étiennc  de  Verceil , 

ds  J.-C,  sous  le  nom  d'un  individu  de  l'i'io  à  i'25o,  qu'il  dit  avoir  com- 

ainsi  désigné,  quoique  inconnu.  On  a  posé  le  livre  de  l'Imitation  de  J.  C. 

même  été  jusqu'à  graver  son  portrait  Néanmoins,  il  n'eu  avait  point  parlé 

eu  tcie  de  j.lusieurs  éditions  de  l'/mi-  dans  son   catalogue  Di  tnlti  II  Scrit- 

faa'on,  d'après  un  manuscrit  anonyme  tori    Piemonteù,   publié    en    i6i4 

portant  reffigie  d'un  moine  ;  et  son  avant  l'époque  de  la  contestation  sur 

nom  a  été   inséré  dans  le  Ménologe  l'auteur  de  Ylmitation.  Il  manque, 

<ics bénédictins.  Le  manuscrit  d'Arone  'i^.^U  té.iioîgnage  des  historiens  de 


aaa  G  E  R 

l'ordre  des  bénédictins,  la  vraie  f.imi!le 
de  ce  personn  ige .  s'il  eût  existé.  Mais 
Trilhèiiie,  Arnold Wion,  Pierre Hicor- 
dati,  nVn  ofFieiit  aucune  trace;  et  les 
bétiédi -tins  franc  lis  ,  quoique  enfants 
de  Saint- Maiir,  répnic  le  fondateur  de 
Saint-Éticiine  de  Verccil_,  n'en  ont  eu 
aucune  tradition  :  ds  ont  même  ,  en 
3  520,  dans  l'édition  de  Badins  , 
revendiqué  l'Imitation  ,  contre  Gcr- 
son  ,  en  faveur  de  Kcmpis.  Il 
manque  ,  5'.  ,1c  témoignage  des  mo- 
numints.  M.  l'abbc  Gniccllieri  a  cité  , 
de  nos  jours,  une  note  manuscrite, 
nienlionneV  dans  un  Mémoire  de  M. 
Napione,  qui  l'avait  rtçue  de  Jac- 
ques Durandi  ,  lequel  la  tenait  de 
TabI)C  Joseph  Frova.  Celle  note  ,  an- 
noncée connue  dcnommmt  un  Jean 
Gersen,  i(lip;ienx  de  Snint- Etienne 
de  Veiceil ,  n'a  j^as  été  [ilus  anllunti- 
quernent  [)roduit.'  que  celle  deGqétan: 
au  contraire,  la  conespondance  de 
l'abbé  Frova  lui-même,  rapporter  par 
Amort ,  atteste  qu'il  n'a  tiouvé  ni 
dans  le  monastère  de  Saint  É'iehue, 
ni  dans  celui  de  Saint-André  de  Ver- 
ccil,  aucun  religieux,  du  nom  fie  Ger- 
sen. (^.  FnovA.)  Ccpeuflant  Va'art , 
avant  rencontre  un  abbé  deSt.- André, 
à  l'époque  de  i  xio,  ami  de  S.  F  rançois 
d'Assise  etm.iître  de  S.  Antoine  de  Pa- 
doue,  en  a  lait  l'-uileur  d«  r/r/iifa/Zo:?, 
sous  le  nom  de  Jcmu  Girscn,  tandis 
que  cet  abhé  de  S. dut-André  se  nom- 
mait Tliom.is  Gallns  ou  GaUo.  (A^. 
Gallus.j  lU'slj'enlin  le  te'moigti.it^cdu 
manuseiil  d'Arone  ,  qui  ne  désigne 
Gersen,  comme  distinct  tie  Gerson, 
que  parla  diffi'rence  vocale  d'une  vy  - 
labc,  et  par  11  (pi.ilité  comminie  d' «bbe. 
Ce  manuscrit,  appoiU)  de  Gènes  en 
x^'^i),  lut  tioiivc  dansl.im.us(ui  des  jé- 
suites d'Arone  ,  «pu  était  jadis  uti 
monastère  de  bénédictins.  Bernardin 
Hossignol  l'avait  regardé  ( omine  très 
aucicn  ,  parce  qu'd  le  croyait  provenu 


GER 

de  la  bibliothèque  de  ce  mouaslèrr» 
C/est  -là  ce  qui  indtu'sit  en  erreur  Bel- 
l^rmin  :  l'erreur  détruite,  le  préjugé 
est  resté.  Mabillon  ne  fut  pas  exempt 
non  plus  de  prévention:  son  opinion 
sans  doute  influa  sur  celle  de  nos 
savants.  Le  manuscrit  d'Arone,  pro- 
duit devant  une  as'^emblée  d'érudits 
franç.iis,  réunis  à  l'abl)ayc  de  Saint- 
Geimaiu-des-Piés  ,  \tm  parut  avoir 
au  moins  5oo  ans,  en  1G87.  Cette 
opinion,  qui  au  reste  n'avait  point  le 
caractère  d'une  décision  ,  a  été  infir- 
mée par  d'habiles  antiquaires  du  pays 
même  ;  et  le  P.  Zaccaria ,  l'homme 
le  plus  versé  dans  la  connaissance  des 
anciens  mannscril»  d'Italie  ,  a  jugé  le 
manusr  rit  d'Aione  postérieur  ci  Ger- 
son.  (  rof.  à  ce  sujet  nos  Considé' 
rations,  à  la  suite  de  la  Dissertation  de 
M.  Baib'er,  <urle.>tiaductions françai- 
ses <\e\' Imitation,  Paris,  1812.}  Un 
Spécimen àcs\ii  pages,  dont  l'autcui' 
de  cet  article  est  redevable  à  M.  Ver- 
nazza  de  Freney ,  savant  littérateur 
et  bibliothécaire  de  Turin  ,  qui  l'a  fait 
calquer  et  graver  d'après  le  manuscrit 
d'^Vrone  retrouvé  par  lui  à  la  Biblio- 
thèque de  cette  ville,  devra  mettre  les 
bibliographes  à  portée  de  vérifier  par 
eux-mêmes  le  jugement  des  doctes  an- 
tiquaires sur  l'écriture  de  ce  fameux 
manuscrit,  (pii  ,  après  tout,  n'étant 
point  déeidcnK'ul  antérieur  à  l'âge  de 
(irrson  ,  ne  saurait  démontrer  l'exis- 
tence d'un  auteur  homonyme  diirérenf, 
C'(  st  donc  it  tort  (pie  la  plupart  des 
dictionnaires  historiques  ont  donné 
Jean  Gersen  eounne  nu  personnage 
qui  ait  existé  réellement.     G — ce. 

GEHSON,(iU  de  Levi,  fut  la  tige 
de  deux  familles  très  nombreuses , 
p  lisipie  au  temps  de  la  sortie  d'Fgvpte 
elles  se  composaient  déjà  de  "jôoo 
personnes,  sans  compter  les  femmes, 
liCs  Gcr^onides,  ou  enfinls  de  (Ver- 
son,  étaient  chargés  spécialement  du 


G  E  W 

soin  (lu  t.<l)rni,»cl(',  on  de  la  fente  fini 
tMiloiir.iil  r.iicljc  iralliuicc,  du  voile 
et  des  ridciiiiJt  du  p.irvis,  etc.  L'illus 
ti.ition  de  cette  lamille  de  lévites  a 
rendu  le  nom  de  Gerson  commun  à 
un  gi.Mid  nombre  de  r.d)ins  ,  men- 
tionnes dans  les  ouvrages  de  l^arto- 
lozzi  et  de  Wolf.  On  se  conlenlcra 
d'iudi([uer  ici  les  i)rinrij).\ux,  —  Ger- 
son beu  S.domon  vivait  en  Espagne 
au  milieu  du  xiu''.  siècle,  cl  a  laisse, 
sou<  le  litre  de  Porte  du  Ciel ,  un 
livre  [diilosopliique,  divise'  en  trois 
parties  ,  qui  a  ctc  imprime'  à  Ve- 
nise, 1547,  i"~4"'  Gii  en  conserve 
des  manuscrits  dans  plusieurs  biblio- 
tLèques.  —  Levi  ben  Gerson,  ap- 
pelé aussi  Ralbagh  ou  Gersoiiides  , 
fimeux  rabin,  médecin  et  philoso- 
phe, ne  à  Bagnolas  en  Catalogne, 
mort  à  Perpignan  en  iS^o,  a  laissé 
plusieurs  ouvrages  theologiques,  mé- 
taphysiques et  mathématiques  ,  dont 
le  plus  connu  est  \vï\\\.w\é  Milchamot 
Adonaï  (Us  Guerres  du  Seigneur). 
Son  Commentaire  hébreu  sur  Job, 
imprimé  à  Ferrarc  eu  i  477  ,  in  -  8°., 
passe  puur  le  1''.  livre  hébreu  por- 
tant une  date  d'impression.  Son  Com- 
mentaire sur  le  Pentateuquc,  in  -  fol. 
de4o8pag.,  est  sans  date;  mais  il 
porte  le  nom  du  typographe  (Abr.  Co- 
nath  ) ,  qui  imprimait  à  Mantoue  eu 
i476.(/^.  GiGGEi.) — GERsoNbenMo- 
bé  ,  né  à  Soncino  dans  le  ducliéde  Mi- 
lan,  où  le  rabin  Moséson  pcrcavait  éta- 
bli une  imprimerie,  donna  lui-même 
m\c  édition  de  la  liiblc  hébr  ïque,  à 
Brescia ,  1 494  ,  in-8°.  II  en  avait  déjà 
donné  une  en  1491 ,  dans  les  formats 
in-8^,  in-4".  et  in-fol.  Toutes  ces  Bi- 
bles sont  très  raros.  Gerson  ,  qu'on 
appelle  aussi  Soncinales  ,  transporta 
ensuite  sa  typographie  à  Constanlino- 
plc.  On  ignore  l'année  de  sa  mort. 
—  Isaac  Gerson  ,  autre  imprimeur 
liébrcu,  exerçait  son  arl  à  Venise  à 


la  fin  du  xvi".  siècle  cl  nu  rommen- 
cenient  du  wiT".  il  a  cniiclii  de  sa- 
vantes préfaces  plusieurs  d(  s  ouvrages 
sortis  de  ses  presses.  —  Chrisliin 
Gerson,  ne  en  1 5(J9  à  Heckiitig- 
hausen  ,  d<«ns  l'électoral  de  Co!o;^rie, 
fol  quelque  temps  professeur  d'hé- 
breu et  de  lilléiaturc  talmudicpic  cl 
rabini(pie  à  Francforf-^ur-le- Mein. 
La  lecture  du  Nouveau-Testament  de 
Lu;her  Tayaut  converti  au  christia- 
ni  me  ,  il  fut  baptisé  à  Halberstadt, 
étudia  la  théologie  à  Helrastadl ,  y 
donna  des  leçons  d'hébreu,  et,  après 
avoir  embrasse  la  communion  réfor- 
mée, fut  fjit  pasteur  de  Bcrg,  près 
de  Bcrubourg.  Il  périt  malheureuse- 
ment noyé  dins  la  Saale,  où  sa  voi- 
ture fut  précipitée  le  '25  septembre 
1627.  Il  avait  publié  un  Talmud 
judaïque^  Goslar,  1O07,  in-8'.,  et 
un  ouvrage  iulitulé,  Chelec^on  Tré* 
sor  des  juifs  lalmudistes ,  Helms- 
tadt  ,  1610,  in  -  S^.  —  Gersow 
(Chaphetz  ben  Mosé),  rabin  véni- 
tien, né  vers  la  fin  du  xvii^'.  siècle, 
doit  êlrc  compté  parmi  les  savants 
précoces  ou  les  enfants  célèbres ,  étant 
mort  à  l'âge  de  dix-sept  ans.  On  lui 
doit  un  livre  de  Poésies  (  Maniis 
rhj'thmorum),^v\h\\é  k  Venise,  1700, 
in-4°. ,  avec  une  préface  de  son  père , 
qui  en  fut  l'éditeur.  C.  M.  P. 

GERSON  (Jean  Charlter  de), 
chancelier  de  l'université  de  Paris, 
dit  le  docteur  très  chrétien  ^  la  plus 
grande  lumière  de  France  et  de  l'É- 
glise dans  le  xv".  siècle ,  tut  surnommé 
Gerson,  du  village  de  ce  nom,  près 
de  Rliélel ,  diocèse  de  Reims ,  où  il 
vit  le  jour,  le  i4décen)brc  i56:>.  En- 
voyé, à  l'âge  de  i4  ans,  au  collège 
de  Navarre,  il  y  éiudia  pendant  dix 
années  ,  en  passant  par  tous  les  dé- 
grés des  facultés,  et  eut  pour  profes- 
seur et  pour  ami  le  grand-  maître 
Pierre  d'Aiîly ,  auquel  il  succéda  dans 


2^  i  G  E  R 

les  places  de  cliancelicr  de  Tunivcr- 
versité,  et  de  chanoine  de  Notrc- 
Datne.  Les  troubles  de  l'Église  et  de 
l'État  rendaient  très  difficiles  à  rem- 
plir les  devoirs  attachés  alors  à  la  pre- 
mière de  ces  dignite's.  Mais  l'intérêt  de 
la  vérité  l'emporta  toujours  chez  lui  sur 
loiUc  autre  considération.  Les  obli- 
gations qu'il  eut  au  duc  de  Bourgo- 
gne qui  l'avait  fait  nommer  doyen 
de  l'église  de  Bruges,  le  ressentiment 
du  duc  d'Orléans  dont  Gerson  avait 
i)aru  désapprouver  la  conduite  poli- 
tique dans  un  discours  prononcé 
devant  le  roi  Charles  VI,  et  com- 
mençant par  ces  mots ,  Fwat  Bex , 
ne  purent  empêcher  Gerson,  lors  de 
l'assassinat  du  ducd'Orléans ,  de  mon- 
ter en  chaire  à  St.-Jean-en-Grève, 
dont  il  était  curé,  d'y  faire  l'oraison 
funèbre  de  ce  prince,  et  de  s'élever 
hautement  contre  cet  attentat.  Dans 
une  émeute  populaire,  sa  maison  fut 
pillée  par  les  séditieux  :  il  n'échappa 
à  leur  fureur,  qu'en  se  cachant  dans 
les  voiites  de  Notre-Dame,  où  il 
resta ,  selon  les  uns  qut'hjues  jours  , 
selon  d'autres  plusieurs  mois,  seul  et 
livré  à  ses  méditations.  La  persécu- 
tion dont  il  avait  failli  être  victime, 
ne  put  ralentir  son  zèle.  Uendu  à  ses 
fonctions,  il  poursuivit,  devant  l'é- 
clisc  de  Paris  et  devant  l'université ,  la 
doctrine  de  Jean  Petit,  lâche  apologiste 
de  ratlentat  commis  contre  le  duc 
d'Orléans;  et  il  ne  tint  pas  à  Gerson 
que  les  écrits  de  ce  courtisan  nefu.ssent 
ensuite  flétris  au  concile  de  Constance, 
où,  par  méni'^einent  pour  un  j)arli 
puissant,  on  se  contenta  de  condam- 
ner en  général  une  doctrine  qui  ten- 
dait àjuslilier  le  meurtre  sous  le  nom 
de  tyrannicide.  Gerson  fut  plus  d'une 
fois  député  vers  les  piprs,  durant  le 
schisme  qui  divisa  si  long  -  temps 
rÉclise,  lors  des  doubles  élerlions 
faites  à  Uomc  et  à  Avignon.  Apres 


GER 

avoir  réfuté,  dans  un  rae'moire  de 
Unitate  ecclesiasticdj  tout  ce  qu'on 
allé'^ruait  contre  la  convocation  du 
concile  de  Fisc,  il  y  p<'irut  avec  éclat  ; 
et  il  se  conduisit  d'une  manière  fer- 
me, mais  prudente,  lorsqu'on  pro- 
céda dans  le  concile  à  la  déposition 
des  deux  contendants  Grégoire  Xll 
et  Benoît  XI II,  et  à  l'élection  d'A- 
lexandre V.  Ce  fut  pendant  la  tenue 
de  ce  concile  qu'il  publia  son  fameux 
traité  De  auferibilitale  Papœ  ,  non 
pas  ,  comme  quelques-uns  l'ont  ima- 
giné, pour  reconnaître  dans  l'Église 
le  pouvoir  de  supprimer  la  pa- 
pauté ;  mais  pour  prouver  qu'il  est 
des  cas  où  l'Église  assemblée  peut 
obliger  deux  concurrents  à  se  désis- 
ter, et  qu'elle  a  droit  de  les  déposer 
s'ils  s'y  refusent ,  qua-id  l'intérêt  de 
la  paix  et  de  l'unité  l'exige.  Le  con- 
cde  de  Constance  ouvrit  une  nouvelle 
carrière  à  son  zèle  et  à  ses  talents. 
11  y  assista  en  qualité  d'ambassadeur 
du  roi  Charles  VI  ,  de  l'église  de 
France  et  de  l'université  de  Paris. 
Il  en  fut  l'amc ,  et  en  dirigea  toutes 
les  démarches  dans  l'alFaire  de  Jeau 
XXlII,qui  avait  succédé  à  Alexandre 
V  ,  et  dont  la  conduite  irrcgulicre  et 
l'opposition  aux  vues  du  coneilc  ne 
firent  qu'accroître  le  schisme  au  lieu 
de  l'éteindre.  Les  discours  que  Gerson 
prononça  en  diverses  occasions,  et  les 
traités  qu'il  y  ptd»lia  ,  eurent  surtout 
pour  objet  de  faire  voir  ([ue  l'Kglise 
peut  se  réformer  elle-même,  tant 
dans  son  chef  que  dans  ses  mem- 
bies ,  lorsque  le  pouvoir  est  divisé; 
de  montrer  qu'elle  a  la  faculté  de 
s'as>embler  sans  le  consentement  du 
pape,  l()r>qu'il  s'obstine  à  ne  vouloir 
pas  la  convoquer;  de  prouver  la  né- 
cessité de  la  tenue  des  conciles,  tant 
généraux  que  particuliers  ;  de  pros- 
crire les  annates,  d'extirper  la  simo- 
nie, devenue  très  commune^  etc.  Il 


0  E  n 

r.vait  fait  ctabllr,  <  omiiic  base  des  dc'- 
ncts  du  concile,  l.i  d(îctrinc  delà  su- 
prcinatic  de  rf';:;lisc,  en  ce  qui  con- 
«cnie  II  foi  et  les  inreiirs.  On  lui  prête 
à  ce  5ujcl,  sur  Vimmaciih'C  Concep- 
tion dont  la  question  agitait  alors  les 
esprits,  un  discours,  prononce  au  con- 
cile de  Bàle,  postérieurement  au  temps 
où  il  vivait.  La  pielc  de  Gcrson,  quoi- 
que vive  cl  7-clcc,  ne  lut  ni  supersti- 
tieuse ni  crédule.    Il   dénonça,  dans 
son  traité  conlrà  scciam  Flagellan- 
tiiim  ,   l'abus   que  ces    seclaiies  fai- 
saient des  flaji^cllations ,  dont  Vincent 
Ferricr  était  l'apôirc  ;  et  il  lui  adres- 
sa ,  là-dessus,  des  rcmonlrances  ami- 
cales. Il  composa  un  livre  de  l'exa- 
men des  Esprits  (  De  probatione  Spi- 
rituum) ,  où   l'on  Itouve  des  règles 
pour  di>ccrncr  les  fausses  révélations 
des   véritables  ;    on  doit  juger    qu'il 
était  loin  de  se  montrer  f.ivorable  aux 
visions  de  Ste.-  Brigitte,  qui  auraient 
été  condamnées  sur  sa  proposition  ,  si 
elles  n'eussent  rencontré  un  apolo- 
giste  dans  le  cardinal  Torquemada. 
On  pense  bien   encore  que   Gerson 
ne  partageait,   ni  avec  Huberlin  de 
Casai ,  ou    Jean  Rusbroeck  (  Admo- 
nit.  de  vitd  Christi ,  et  Epist.  de  li~ 
bro  vilœ  conlemplatlvœ)^  le  système 
de  l'union  passive  de  l'ame  absorbée 
en  Dieu ,  qui  ressemble  beaucoup  à 
l'amour  pur  dos  quiétisles  ^  ni  avec  le 
docteur  Pierre  d'Ailly  ,  les  rêveries 
de   l'astrologie   judiciaire  ,  qui    était 
alors  en  grand  crédit  auprès  des  prin- 
ces ,  et  qu'il  combattit ,  même  dans 
si  vieillesse,  avec  quelque    succès, 
contre  des  médecins  de  Lyon  et  de 
Montpellier  (  Xt7;,  de  sis^ilUs,  et  de 
chservalione  dierum  ,  (  i  )  etc.  )  :  déjà 

(i^  Ces  deux  trai'cs,  écrits  en  i4'-^i  avaient 
surtout  en  vue  la  doctrine  de  Jacques  Angeli,  in<;- 
«lecin  astrologue  de  lY-cole  de  Montpellier  ,  qui 
avait  fi-it  graver  sur  uu  talism.in  la  figure  d'un  lion 
avec  certains  caractèreî  pour  la  î;uérison  des  tn^ux 
de  reins,  et  qui  recomniauduit  aussi  robservaliuii 
«le  certains  jour»  peur  la  turc  dc«  Maladies. 

XVH. 


(;  E  R 


9.15 


son  livre  De  astrologid  reformata. 
lui  avait  valu  [ircscjuc  l'assentiment  du 
docte  évêrpic  de  Cand)rai.    Dans  uu 
autre  traité  (  De  erroribus  circà  ar- 
tem  mui^icam),  il  ti'attatpie  pas  moins 
les  erreurs  superstitieuses  delà  magie, 
que  les  préjugés  de  la  médecine  em- 
pirique. Mais  l'erreur  invétérée,  com- 
me aussi  la  prévention  opiniâtre,  ne 
devaient  céder  qu';iux   progrès  de  la 
raison  et  de  l'opinion  ,  que  le  génie  le 
plus  sage  ne  pouvait  alors  que  prépa- 
rer. Sévère,  mais  humain,  Gerson  eût 
voulu  ne  frapper  que  l'araour-propre 
des  sectaires,  en  renversant  leur  doc- 
trine :  il  réfuta,  avec  force,  les  erreurs 
graves  soutenues  contre  l'autorité  de 
l'Eglise   et   de  son    chef  ,  par  Jean 
Hus ,  qui  ne  se  réfracta  point  ;  mais 
il  réussit  à  faire  abjurer  à  Mathieu 
Grabon  (  i  ) ,  religieux  -mendiant  do- 
minicain, une  doctrine  qui  proscrivait 
ces  congrégations  utiles  ,  établies  eu 
Flandre  et  en  Allemagne  pour    l'é- 
ducation et  l'instruction  chrétienne , 
et  subsistant  en  commun  du  produit 
de  leur  travail.  Il  avait  déjà  contribué 
à  faire  révoquer,  par   ses  écrits,  la 
bulle  d'Alexandre  V  en   faveur   des 
frères  prêcheurs,  contre  les  privilèges 
des  pasteurs  et  des  universités.  Quel 
que  fût  l'esprit  de  sagesse  et  de  paix 
dont   Gerson  était   animé  ,  tant   de 
franchise  et  de  zèle  lui  suscita  de  nom- 
breux   ennemis ,  surtout   parmi    les 
fauteurs  de  Jean  Petit ,  qui  l'obligè- 
rent à  se  justifier  de  quelques  pro- 
positions avancées  dans  ses  sermons 
et  dans  ses  écrits.  Les   adversaires 
de  Gerson  furent  confondus  :  mais  la 
crainte   des   dangers  auxquels  il   se 
serait  exposé  de  la  part  de  la  faction 


(i)  Thcolcj^ien  de  Welniar,  dans  la  Saxe,  au 
diocèse  de  .Mershourj; ,  auteur  du  livre  De  verd- 
re/i^ioiie  et  jicrfcclione  ,  dans  lequel  élaicnt 
avancées  des  projjositious  ^lirigées  contre  Tinsli- 
tutiou  des  frtres  de  U  vie  couimunc.  [^k'oj.  Gî.- 
F.àftD  GimoT.  ) 


i5 


216  G  E  R 

des  Bourguignons,  s'il  fût  retourne  à 
Paris ,  lui  fit  prendre  le  parti  de  se 
réfugier  en  Allemagne,  déguise  en 
péieriu ,  vers  l'époque  des  dernières 
sessions  du  concile.  Dans  une  lettre 
rapportée  par  Edmond  Richer ,  sons 
la  date  de  la  fin  de  i/yi6,  ou  plutôt 
de  i4«7,  il  prévient  de  son  voyage 
le  moine  Jean  ,  son  frère ,  dont  il 
emprunte  la  qualité  et  l'habit ,  en  lui 
adressant  sa  défense.  Gerson  s'arrêta 
d'abord  dans  les  montagnes  de  Ba- 
vière :  c'est  là  qu'à  l'imitation  de  Boè- 
ce,  il  composa  son  livre  De  Consola- 
tione  theologicUj  mêlé  de  prose  et  de 
vers  (  i),  avec  une  apologie  de  sa 
conduite  au  concile  de  Constance. 
Ijienlot  après  ,  il  se  relira  dans  le 
duché  d'Autriche,  où  le  duc  lui  offrit 
un  asile  [fu^Uivo...  Dux  miserans  of- 
fert... assignatque  locum ,  dit  Ger- 
son ).  L'on  a  Irouvé  à  l'abbaye  de 
Mœltk  beaucoup  de  copies  de  ses 
ouvrages,  composés  durant  son  exil, 
et  notamment  le  traité  de  Consola- 
tione  theologice ,  à  la  suite  duquel 
paraît,  pour  la  première  fois  ,  l'/m/- 
tation  (le  Jésus-  Christ,  dans  un 
recueil  transcrit  en  i4'2i  :  c'est  l'é- 
poque cil  commençait  à  se  répandre 
ce  livre,  qui  oflfrail,  à  tons  ,  durant 
CCS  temps  de  troubles  et  de  calamités, 
des  consolations  d'un  autre  genre  , 
dont  l'auteur,  sans  doute,  avait  dïi 
être  éprouvé  par  la  persécution  et  le 
malheur.  Après  plusieurs  années  de 
MJour  dans  celle  t(  rre  étrangère  , 
Gerson  revint  enfin  se  fixer  à  Lyon  , 
il  II  monastère  des  Céleslins  ,  dont 
>on  frère,  du  mrtne  nom,  avec  Ic- 
<pi(  I  l'ossevin  l'a  confondu  ,  était 
JM  icur.  Ce  grand  homme  ,  que  le  car- 
<lin.il  Zabarella  avait  proclame  le  plus 
excellent  docteur  de  l'Efijlisc  ,  dans 

(r,  <>«•»  vrri  rt  «rm  e|;ii  %r.  Iriiiivt'iil  r<*|iniiilii« 
Amix  (l'.iitliKs  (crili  ,  l'uni  l*a  mettre  |>.ir  t.  .1. 
V'i'iiiK  iii  tau^  tics  (iiiùU'i  Uliiii  ilvul  kl  (Ixiiuu 
rkitloire. 


GER 

le  concile  de  Constance;  dont  les 
écrits  fixaient  sur  les  points  les  plus 
importants  l'opinion  des  théologiens 
les  plus  éclairés  ,  et  que  la  divine 
Providence,  suivant  Tillustre  rappor- 
teur de  l'assemblée  du  clergé  de 
France  de  168.2 ,  avait  élevé  au-dessus 
des  autres  par  son  caractère  et  sou 
esprit  pour  l'opposer  aux  erreurs 
de  son  siècle ,  se  réduisit ,  par  hu- 
milité, à  la  funclion  de  maître  d'école 
ou  de  catéchiste  des  enfants  ,  qu'il 
rassemblait  chaque  jour  dans  l'église 
deSt.-Paul,  et  dont  il  n'exigeait  d'au- 
tre  salaire  que  celte  simple  priera 
adressée  à  Dieu,  et  qui  fut  encore  ré- 
pétée par  eux  la  veille  de  sa  mort  : 
Seigneur,  ajez  pitié  de  votre  pauvre 
serviteur  Gerson!  11  mourut  à  l'âge 
de  soixante -six  ans,  le  12  juillet 
1429,  après  avoir  fondé,  dans  la 
nicme  église,  un  anniversaire  qui  fut 
célébré  de  son  vivant ,  et  après  avoir 
légué  aux  céleslins  et  aux  chartreux 
d'Avignon ,  ses  livres  et  ses  manus- 
crits ,  tn  leur  laissant  ,  d,«ns  son 
Testamentum  peregf  ini ,  un  monu- 
ment de  la  [)ur(lc  de  ses  sentiments 
et  de  sa  doctrine.  On  grava  sur  la 
tombe  du  saint  docteur  ces  mois  , 
(ju'il  avait  continuellement  à  la  bouche: 
Faites  pénitence^  et  croyez  à  V Evan- 
gile. Les  lettres  delà  correspondance 
de  révê(|ue  de  Bàle ,  et  du  clergé  de 
Lyon,  en  1  5o4,  nous  apprennent  (pie 
Charles  VI 11,  d'à  près  les  témoignages 
qiii  lui  furent  adicssés  et  le  rapport 
de  son  aumônier  Laurent  Bureau  (  1  ), 
fit   ériger,  à    Gerson,   une  ch  q)clle 

(iHlrl  ainnâitirr  ,  confessrur  de  Charles  VKl  et 
(le  l.tiiiis  XU  ,  n-lit-iriix  carmr  ,  ri  iloiti'ur  en 
tbc<ili>;;ir  lU-  ruiiivrr>ilc'  ilf  Paris,  mtrii.iit  iiiia 
intMitioii  (l.iiis  l.>  /fic»;,'r<<;'/jie,  «on  in*ritn  li-  lit  uotu- 
iiirr  tWi^]iir  de  Suteroii  »-ii  i^»)}.  Ur.itfiir  ti(;nMl4 
|i.ir  ion  iolr  ,  il  proflin  ayei;  succès  In  Vaudois  , 
ciiiitre  lrsi|ui-U  Nv.iit  inl'oriiio  le  |i*«rleinriil  de  (.irr- 
lioblc  ,  vl  il  !«•»  ruiiirii.i  ,  par  la  prnuusioii  ,  ,i  U 
«roy.iMCf  de  l'r'.;;li»c,  Ils  »Vii  srp.irerrnt  dr|i||is, 
ni.iis  l.iiiiri-iil  lliirr.iii  ••mit  iii<>rl  .ilora.  m  tUiiis,  en 
ijoi.  Il  iH.iil  lié  u  l.ieriiais  |ii'«-«  d«  Sitiilieu  ,  «lil 
UTut  l'ail  uu  )i«»cmc  lutilulO  Ultlmile 


G  E  R  0  !•:  R                120.7 

dans  1.1   paroisse  de  St.-Paul,  où   il  Adiien  Florent,  picccplcur  de  C!iar- 

av.iit  c'tc  iiihnnu';  que  son  image  fut  Ics-nninl  ,    et   <!e|)uis   j)ape    sous   le 

placée  sur  l'.iiilcl ,  .ivcc. '«a  devise,  ^SV/r-  nom  d'Adrien  VI.  Aussi  l'evefpje  de 

snin  corda  ,  el  «lu'un  ;;rand  concours  IMe.uix,  celle  aulre  luniii-re  de  i'I^lglise 

de  j)eup!e  y   vint    lioiioier  son  tom-  gallicane,  cet  elorpienl  défenseur  de 

l)e.ui.  (lot  autel  avant  elc  détruit  dans  la  snino  doctrine,  s'esl-il  fjii  <j;loirr  de 

les   mierrcN   du    calvinisme  ,   le  lieu  prendre   les  jirincipes  du  cli.^iie<.'Iicr 

desase|)nlture  lu!  découvert  en  i6/p,  pour  la  base  de  ses  sentiments  sur  les 

et  attira  rie   nouveau  les   Jiommages  matières  contestées  entie  les  Fr.mr.iis 

des  (idèîes.  Le  cardinal  Alphonse  de  elles  Uomaius.  «  Gcrson ,  dit-il,  dc'- 

Kichclitu,  archevêque  de  Lyon,  s'y  »  fendit  avec  u'i  courage  invincible  la 

porla  lui  niêuie.  La  relation  d'Éliennc  m  ve'rile  catboliquc,  et  les  inlc'rêîs  de 

Yernay,  qui  lui  fut  dc'dice,  te'moigne  »  son  roi  et  de  la  famille  royale;  ce 

qu'un  grand  nombre  d'enfants  eprou-  »  qui  lui  me'rita  le  nom  de  docteur 

"vèrent  les  bienfiifs  opères  pai"  Tin-  »  Zr^s-cAré'VfV/î...  Ses  c'crils,  ajoutc-t-il 

tercession  de  celui  qui  avait  consacré  »  avec  Sixte  de  Sienne,  marque's  au 

ses  derniers  jours  à  l'instruction  de  »  coin  d'un  profond  savoir,  el  remplis 

l'âge  le  plus  tendre.  Du  Saussay,  dans  «de  pensées  vives   et  affectueuses, 

sou    Martyrolos^ium    ç^alUcanum  ,  »  sont  très  instructifs  et   en   même 

dit  que  l'on  .s'accord.ut  généralement  »  temps    très    propres   à   donner  ce 

à  le   regarder  comme  bienheureux  ,  »  goût   et  ces    sentiments   de    piété 

et  qu'on  l'honorait  en  celte  qualité,  »  dont  l'auteur  était  pénétré,  et  qu'il 

principalement  à  Lyon.  Cependant ,  »  desirait  ardemment  de   communi- 

il  n'a  point  été  procédé  à  sa  canoni-  »  quer  aux  autres.  »  11  faut  cependant 

sation;et  l'on  présume  assez  que  la  reconn;tître  qu'on  retrouve  dans  ses 

cour  de  Rome  s'y  serait  difiicilement  ouvrages  plusieurs  des  défauts  du  sic- 

prêtée,  à  l'égard  d'un  docteur  dont  cle  où  il  vivait.  Son  style  est   inégal, 

les  écrits  n'ont  cessé  d'être  invoqués  négligé  ,  mêlé  d'expressions  vicieuses 

en  faveur  des  libertés  de  l'église  de  ou  demi-barbares ,  plein  d'idiotismes 

France.  Au  reste  ,  les  cardinaux  Tor-  et  même  de  locutions  étrangères ,  enfin 

quemada  ,  Bellarmin  et  autres  célè-  semé  de  citations   d'écrivains   sacrés 

bres   ultiamontains  ,  quoique   oppo-  et  d'auteurs  profanes.  Au  reste  ,  Ger- 

sés  à   sa  doctrine  sur  la   Fuissan^  son ,  dédaignant  le    luxe   des    orne- 

ce  ecclé<iiasiique  ^   parlent  toujours  raents  et  des  images ,  cherchait  plu- 

avec  vénération  de  lui ,  comme  d'un  tôt  dans  ses  écrits  l'utilité  que  l'agré- 

bomme  docte   el   pieux  _,  qui  ,   par  ment.  Néanmoins ,  lorsqu'il  s'anime, 

son  amour  pour  la  paix  et  son  zèle  et  qu'il  prie ,  exhorte  ou  conseille  , 

pour    la    foi  ,   combaliit    toutes    les  sou  style  n'a  rien  de  dur  ,  et  coule 

hérésies.   Sa   doctruie   sur  l'autorité  de  source;  il  est  à  la  fois  péiiodique 

de  l'Lglise,  professée  par  l'université  et  concis  ,  elliptique  et  simple  ,  et  le 

de  Paris,  devint  celle  des  universités  plus  souvent  biblique.  Les  passages 

de  Cologne,  de  Vienne  ,  de  Craco-  de  l'Écriture  et  des  Pères,  dont  il  est 

■vie ,  de  Bologne,  de  Louvain  même,  nourri,  ceux  même  des  écrivains  aa- 

Elle  fut  enseignée  en  Allemagne  par  ciens  ,  les  uns  et  les  autres  adaptés  à 

le  Cardin. il  de   Cusa  ;  en    Espagne,  ses  vues  ,  mais  toujours  appropriés  au 

par  Alphonse  Tustatjen  Italie,  par  sujet,  y  sont  la  plupart  digéré-^  et  fon- 

Kicolas  deCatane;  en  Flandre,  par  dus  dans  le  texte  du  discours.  Tous 


i5.. 


228  G  E  R 

ses  traites  ne  sont  pas  non  plus  egaïc- 
ment  achevés  :  l'inégaiitc  de  la  forme 
a  pu  influer  sur  celle  du  fonds  ;  mais 
tous  remplissent  plus  ou  moins  direc- 
tement leur  objet.  On  lui  fait  le  repro- 
che de  ce  qu'en  s'égarant  queîqurfois, 
il  a  dépasse'  le  but  qu'il  se  proposait; 
de  ce  que  trop  prévenu  des  idées  de 
la  politique  sur  la  natuie  du  gou- 
vernement de  l'Ej^lise  ,  il  en  faisait 
uiiC  monarchie  aristocratique,  dont  le 
pape  était  le  chef;  de  ce  qu'entraîné 
par  les  circonstances  du  sclnsiue  à 
parler  souvent  de  déposition,  il  sem- 
ble en  avoir  transporté  l'idée ,  des 
pontifes  douteux ,  aux  chefs  légitimes , 
lorsqu'ils  abusent  de  leur  pouvoir.  Mais 
eu  général  on  découvre  chez  lui  une 
science  protonde  ,  qui  épuise  les  su- 
jets importints;  un  jugement  solide  , 
qui  s'attache  à  l'Ecriture  ,  et  aux 
principes  d'une  raison  éclairée  ;  un 
amour  sincère  de  la  vérité,  un  cou- 
rage à  toute  épreuve  pour  la  sou  te- 
nir; une  grande  résignation  à  toutes 
les  contradictions  auxquelles  son  zèle 
pouvait  l'exposer.  On  l'a  accusé  d'a- 
voir montre  de  l'inconstance  en  re- 
connaissant tantôt  Benoît  XIII,  tantôt 
Alexandre  V  :  mais  il  reconnut  le 
premier  avec  tonte  la  France,  jus- 
qu'au nioracut  où  ce  pape  eut  été  dé- 
posé au  concile  de  Pise  ;  et  alors  il 
s'attacha  au  dernier,  avec  toute  la 
France  ,  dès  ([ue  les  Pères  de  Pise  eu- 
rent appelé  celui-ci  n  la  papauté:  on 
ne  pouvait  tenir  une  autre  conduite 
ians  devenir  sclii'imaticpie.  Gcrson  , 
comme  on  l'a  dit ,  fut  le  plus  ferme 
soutien  de  l'autorité  de  TK^Iise  contre 
les  prétentions  de  l'esprit  ue  parti  ou 
«le  secte;  il  le  fut  aussi  des  droits  de 
la  hiérarchie  contre  les  entrepris<;s  des 
réguliers.  Il  s'éleva  datis  .ses  c'crils 
contre  les  vices  d'une  partie  du  ch  rgc 
et  des  moines,  mais  non  avec  l'exa- 
gération et  ramcrlunic  cpic  Clamcngcs 


GER 

a  plus  d'une  fois  mises  dans  ses  élo- 
quentes déclamations.  Les  actes  de  la 
faculté  de  théologie  contiennent  un 
monument  du  zèle  de  Gerson,  dans 
les  règlements  qii'il  fit  touchant  les 
abus  de  la  méihode  scolastique  et  le 
mauvais  goût  des  questions  oiseuses 
qui  nuisaient  singulièrement  à  la  saine 
théologie.  Ce  même  zèle  pour  la  pu- 
reté des  études  et  la  gravité  de  l'ins- 
truction ,  liii  fît  blâmer  la  lecture  des 
romans  tels  que  celui  de  la  Rose  ^ 
et  les  représentations,  dans  les  égli- 
ses et  dans  les  collèges,  des  scènes 
de  comédie,  qu'il  nommait  Judi  stul- 
toriun.  D'au.>si  nobles  qualités  étaient 
relevées  par  un  grand  fonds  de  mo- 
destie ,  par  des  mœurs  simples  et 
pures  ,  par  beaucoup  de  modération 
au  mdicu  de^  disputes  animées  et  des 
afliiircs  épineuses  dans  lesquelles  il  se 
trouvait  engagé.  On  a  voulu  récuser 
son  autoi  ité,  ainsi  que  celle  du  cardinal 
d'Ail ly  ,  sous  prétexte  qu'ils  avaient 
écrit  dans  un  temps  de  schisme  : 
«  mais,  dirons-nous  avecBossuet,  ni 
l'un  ni  l'autre  n'ont  pu  être  suspects 
sur  les  droits  du  St. -Siège  ,  puisqu'ils 
furent  les  plus  intrépides  défenseurs 
du  siège  apostoli(pie  et  de  la  majesté 
pontificale  contre  Wiclcf  et  les  Hus- 
sites  ,  et  qu'après  l'extinction  du 
schisme  ils  rétablirent  l'autorité  du 
pontife  dans  l'élit  d'oii  le  schisme  l'a- 
vait fait  déchoir.  »  l^nlin,  l'on  a  pre'- 
tcndn  «pie  Gerson  s'était  rétracté  avant 
sa  mort  de  tout  ce  qu'il  avait  écrit 
touchant  le  pouvoir  des  conciles  sur 
le  pape  ;  mais  ce  paradoxe  a  été 
conipièteinent  réfuté  par  Dupin.  Il 
n'existe  guère  d'auteur  dont  on  ait 
des  éililions  plus  anciennes  cl  plus 
multijiliées,  comme  il  en  est  peu  dont 
les  ouvrages  aient  été  plus  répandus, 
plus  souvent  transcrits  ,  cl  soient  en 
plus  grand  nombre  que  ceux  de  Ger- 
son ;  la  plupart  n'otlirnl ,  il  est  vrai. 


G  E  R  G  i:  r»            1^) 

qu'une  nioJiocrc  clcndiic.  11  .''crait  en  ayniil  dlttotiii  la  suspension  ,  ]ien- 
trop  lonj^delaiic  re'nunicralion  (Je  «.(S  danl  la  ({u(  relie  de  Paul  V  avec  les 
écrits:  nous  nous  sommes  bornc's,  Vcnilicns ,  qui  s'etayaicnt  beaucoup 
dans  le  eours  du  reVit  metue,  à  eu  de-  de  l'autorilede  Gcrson,  soulcnue  par 
signer  les  plus  remaicpiahles.  Peu  de  l'organe  de  Fra-Paolo.  C'tflait  André 
temps  après  l'inventiou  de  l'impiimc-  Duval  ,  ennemi  de  l'edileur,  qui 
rie,  une  édition  de  ses  principaux  ou-  avait  dénonce'  celle  édition  au  nonee  j 
vrages  fut  publiée,  sans  date  et  s.ms  cl  ce  fut  à  ce  sujet  que  Rirlicr  com- 
iioni  de  typographe:  ce  qui  forme  posa,  en  latin,  son  Apologie  de 
un  des  caiactcies  des  premiers  livres  G  ers  on ,  qui  ne  put  cire  imprimée 
imprime's.  Des  éditions  partielles  de  qu'eu  Hollande (Lcyde,  iG-jG),  après 
SCS  opuscules,  donne'es  ensuite  (vers  la  mort  de  \'aul('ur.\j' Esprit  de  Ger- 
14;'^)  à  Cologne,  à  Augsbourg,  à  son,  que  Lenoble  donna,  sous  la 
Nuremberg,  furent  réunies  en  (\vu\.  désignation  de  Londres,  en  1691  et 
tomes  ,  eu  i  479»  sans  désignation  de  i  7  i  o  ,  et  dont  il  a  e!e  fait  une  reitn- 
lieu.  La  première  édition  générale  de  pression  à  Paris,  1801  ,  en  est  en 
ses  œuvres  parut,  non  à  Bàlc,  comme  grande  partie  l'extrait  en  français, 
le  dii  Dtipin,  mais  à  Cologne,  i4B5-  sauf  quelques  propositions,  telles  que 
84,  in-fol.,  4  volumes.  Elle  contient  la  faculté  altribue'e  au  pape  de  repre'- 
jilusicurs  pièces  relatives  à  l'affaire  de  senter  l'Église  universelle  lors  d*un 
Jean  Hus,^,et  qu'on  ne  trouve  point  concile  non  œcuménique,  proposition 
dans  les  ediliors  qui  se  sontsucccdc'es  qui  fut  jugée  contraire  à  la  doctrine 
peu  après,  à  Strasbourg,  1488  (  Z'^.  de  Gerson  et  de  l'Eglise  gallicane. 
Geyler),  àBàle,  1489  ,  etc.  Les  ser-  D'fJèrouval ,  cbanoine  régulier  de 
nions  de  l'auteur,  que  Dupin  croit  l'abbaye  de  St. -Victor,  où  se  trou- 
avoir  ctc  ajoutés  dans  une  édition  de  raient  beaucoup  de  manuscrits  iuc- 
Paris  en  i49>  ,  étaient  déjà  dans  la  dits  de  Gerson,  avait  mis  sous  presse 
collection  de  Co'ogne.La  plupart,  pro-  une  nouvelle  édition  de  ses  œuvres  : 
nonces  en  français,  y  paraissent  en  elle  en  fut  retirée  par  ordre  de  Louis 
latin  ,  traduits  par  un  théologien  al-  XIV,  a  qui  l'on  avait  cherché  à  rendre 
lemand  (Jean  Jirisgoèk).  Ces  édi-  suspects  les  ouvrages  du  célèbre 
lions  furent  réimprimées  à  Baie,  à  chancelier  de  l'université,  comme 
Paris,  â  Lyon,  à  Venise,  etc.  ,  dans  contenant  des  principes  anti-monar- 
le  xvi^.  siècle,  plus  ou  moins  cora-  chiques.  Les  matériaux  en  furent 
plèteraent ,  ou  avec  des  additions  ,  remis  au  docteur  Dupin  :  celui  -  ci 
mais  sans  beaucoup  de  soin  et  d'or-  travailla  sur  un  plan  plus  vaste  ; 
dre.  Au  commencement  du  xvii"-,  mais  n'ayant  pu  obtenir  de  privi* 
Bicher  en  donna  une  plus  étendue  Ic'ge  pour  publier  son  édition  à  Paris  , 
et  mieux  soignée  que  les  précéder.tcs  :  iî  fut  obligé  de  la  faire  imprimer  à 
mais  il  y  règne  encore  de  la  confusion  Amsterdam,  sous  la  rubrique  d'An- 
dans  la  distribution  des  pièces,  parce  vers,  1706,  cinq  vol.  in-fol.  Cette 
que,  comme  il  le  déclare  lui-même,  édition  est  la  plus  complète  de  toutes, 
on  ne  lui  laissa  pas  le  temps  de  les  Les  difTércnles  pièces  qui  la  compo- 
mettre  en  ordre,  ni  de  les  revoir  sur  sent,  ont  été  revues  sur  les  meilleurs 
les  manuscrits.  Son  édition  était  prête  manuscrits,  et  rangées  dans  un  ordre 
eu  iGoGj  mais  elle  ne  parut  que  méthodique.  On  y  trouve  plus  de  cin- 
l'annéc  suivante,  !c  nonce  B^uberini  quantc   traites   qui   n'avaient  jamais 


:i5o  GER 

vu  le  jour.  Eile  comprend  toutes  les 
pièces  relatives  à  l'afFurc  de  Joiin 
Petit,  et  beaucoup  d'écrits  des  auteurs 
contemporains  sur  les  matières  qu'on 
discutait  aiors  avec  chaleur  dans  i'É- 
gliseetdausrÉtal.L'cdileur  l'a  fait  pré- 
céder d'un  Gersoniana ,  contenant  i:n 
historique  abrège  des  controverses  , 
de  la  doctrine  et  des  ouvrages  de  l'au- 
teur ou  qui  lui  sont  attribues.  Mais  on 
n'y  a  pas  mis,  Jion  plus  que  dans  la  liste 
de  ses  écrits,  arrache'c  à  Gcrson  par 
«on  frère,  et  qui  est  loin  de  les  com- 
prendre tous,  le  Floretus,  imprime' 
a  Lyon  ,  sous  le  nom  de  Gerson,  ea 
1494»  c'est  un  commentaire  sur  une 
espèce  de  Somma  théologirjue  en. 
vtis  ,  mol-à-j)ropos  atlrdjuce  à  St. 
Bernard  :  le  texte  est  peu  de  chose  : 
mais  le  commentaire  a  toute  la  méthode 
et  la  clarté'  qu'on  peut  désirer.  Ou  n'y 
a  pas  mis  davantage  la  traduction  en 
langue  vulgaire  du  Stimulus  amoris  de 
St.  Bonavcnliu'e,  paraphrase  [)ar  Ger- 
son pour  ses  sœurs;  ni  encore  Vlnter- 
nelle  consolation ,  en  trois  livres,  ([ui 
aurait  ètc  écrite  en  français  pour  le 
même  objet,  et  qiii  n'est  autre  que  1'/- 
mitalion  de  J.  C,  mais  sans  l'appli- 
cation aux  nioines,  et  avant  la  dispo- 
sition qui  a  donné  lieu  à  l'inscription 
actuelle  de  l'ouvrage  latin  ,  existant 
jadis  chez  les  chartreux  d'Avignon  et 
dans  d'autres  monastères,  sous  le  ti- 
tre De  Consohitione  inlernâ.  (iersou, 
surnomme  par  les  théologiens  mcuie 
lie  Flandre  et  d'Allrm;igne,  le  docteur 
<les  consolations  [docior  consoiito- 
lias  ) ,  est ,  comme  on  sait ,  un  des  pré- 
tendant -  droit  au  livre  de  Vlmitalioji 
de  J,  C.  Il  est  même,  sans  en  exee[?- 
ter  Saint  Bernard  ,  le  |)lns  ancien 
auteur  auquel  ce  livre  ait  ele  géné- 
ralement atliibiu*.  Celte  attribution  » 
pr(u»vec  par  l'inscription  d'un  grand 
uoiubrr  dcnianusnils  sous  son  nom 
iiw  sous  cc'ni  de  son  pseudonyme  (/^ 


GER 

Gersen)  ,  est  confirmée  par  la  raidli- 
tnch?  plus  grande  encore  d'édilioi/S  des 
XV  .  et  xvr.  biècies,  qui  portent  soa 
nom.  Tl  tslrésuitéde  l'extrait  que  nous 
avons  f.if  du  volumineux  Index  du  Va- 
tican, contenant, en  plus  de  cinquante 
volumes  in-fol.,  riiidicalion  de  tous  les 
livres  (xistants  dans  les  l.ubliothè- 
qucs  des  monastères  d'itaiie  avant 
1600  ,  qu'il  ne  s'est  guère  écoulé 
d'années  depuis  1470  jusqu'à  cette 
époque,  où  il  n'y  ait  eu  plusieurs 
éditions  latines  ou  italiennes  de  l'/mi- 
taiion  J  avec  le  nom  du  chancelier 
de  Paris,  soit  à  Venise,  soit  à  Flo- 
rence ,  soit  à  Rome  ou  ailleurs  ;  tandis 
qu'il  ne  s'en  est  trouvé  aucune  sous 
celui  de  Gersen  ,  et  qu'il  en  existe  très 
peu  sous  celui  de  Kempis  ,  et  scnle- 
nu'nt  dans  la  seconde  moitié  du  xvi'\ 
siècle.  Bossueî  regardait  en  effet 
Gerson  comme  très  digne  d'avoir 
composé  cet  ouvrage  ,  par  l'onction 
et  la  pieté  qui  c.iractérisent  plusieurs 
de  ses  traités  ascétiques,  tels  que  ceux 
De  monte  contcmplutionis ,  De  pau- 
pertale  spirituali ,  De  parvulis  ad 
Chrislum  trahtndis ,  De  simpUcitate 
cordis ,  etc.  Le  docteur  .Tii-quci  de 
Ste.-Bcuve,  Chai  les  Labbé  et  Dupin, 
ont  énoncé  une  opinion  qui  ajqniie 
ce  sentiment.  J/.iutcur  de  cet  article, 
dans  ses  Considérations  touchant  le 
même  objet,  ujises  à  la  suite  de  la 
Dissertation  de  Ï>L  Barbiir  sur  les 
traductions  fiançaises  de  Vlmitalion 
(Paris,  iSi'i),  a  encore  revendique' 
ce  livre  en  faveur  de  l'illuslie  chan- 
celier de  l'université  ,  en  l'otant  au 
prétendu  Gersen,  leproduit  par  !\î!\!. 
N  ipiotic  et  Canccllicri,  et  le  restituant 
au  vrai  titulaire  français  |)Hr  de  nou- 
velles preuves  ,  tirées  stit  des  rir- 
conslances coïncidentes  avec  le  temps, 
le  lieu,  la  situation  où  s'est  tiouvc 
Gerson  ;  ,M>it  de  l'.uialogie  de  senli- 
nicnl  et  d'expiession  qu'ofîVenl  plu- 


sieurs    (le    SCS   LcUres    spirilitelles 
avec  le  livre  de  V Imitation  qui  leur 
t st  nnti-ilciir  ,  cl   dont  il  scr;iil  bien 
cfîoiuiaiil  qu'il  n'eût  point  p.iiic  dans 
son  traite  /?<?  laiule  Scriptorum  ou 
dans  son  cj)îlrc  De  lihris  Ic^endis , 
si  l'on VI âge  lui   elait  ctranç;cr.   Une 
vie    détaillée  de    Gcrson    cclaircrait 
bcaucouj),  non  seulement  reltc  ques- 
tion ,  niais  riiisloiro  rcli;;icusc ,    po- 
litique et  lilteraiic  de  son  temps.  La 
iiumcnclaturc  de  ses  écrits,  dans  le 
Gcrsoniana ,  en  d(\signant  l'époque 
et  en  indiquant  les  circonstances  dans 
lesquelles  il  n  produit  ses  ouvrages  , 
suit  moins  l'oidre  de  leur  composi- 
tion ,  toute  relative  aux  ctudcs  ,  aux 
fonctions   et  aux  diverses   positions 
de  l'auteur ,  que  la  division  des  ma- 
tières qui  forment  les  volumes  de  la 
collection  de  ses  œuvres.  On  y  trouve 
réunis  les  Eloges  historiques  jllace's 
cnlèle  des  dilFéi  entes  éditions,  plutôt 
que  la  Vie  proprement  dite  de  Ger- 
son  ,  qu'il  serait  à  désirer  qu'on  re- 
cueillît de  ses  écrits  dans  un  ordre 
qui  uffiirait  successivement  l'homme 
public,  ou  l'orateur  de  la  chaire,  de 
la  cour  et  des  conciles  ,  et  l'écrivain 
ascétique,  ou  l'homme  de  l'exil,   de 
la  méditation  et  de  la  retraite.  G-ce. 
GERSON  (Thomas  de),  neveu  du 
jirécédent,  chanoine  de  la  Sle.-Cha- 
pelle  de  Paris  en    1 4 58,  et  chantre 
dignitaire  de  St.-Marlin  de  Tours  ,  se 
trouve  nommé  et  quahfié  ainsi  dans 
une  note,  sous  la  date  de  i^ç^b,  rap- 
])ortée  au  bas  d'un  exemplaire  d'une 
ancienne  traduction  française  de  X Imi- 
tation de  J.-C,  provenant  des  livres 
léç^ués  par  M.  Tietellier ,  archevêque 
de  Kcuns,  à  la  bibliothèque  de  Sainte- 
Geneviève.  Suivant  cette  note,  sur  la 
foi  d'un  témoin  domestique  qui  aurait 
vécu  depuis   i/|4o   avec  Thomas  de 
Gerson  jusqu'à  sa  mort,  celui-ci  serait 
auteur  (ou  plutôt  traducteur)  français 


GE1\  o.-n' 

de  VI  mi  talion,  ([ud  aurait  donnée  à 
sou  oncle  Jean  Gcrson  ,  par  humilité. 
Il  aurait  élé  aussi  le  traiisciij)lenr  ,  eu 
1  /j-y.i ,  de  ce  beau  m musci  it  de  \ Imi- 
tation^ in-fol. ,  décrit  par  de  Launoy, 
et  portant  en  tctc  l'dVigic  du  chance- 
lier, qui  paraît  être  un   p(u  trait   de 
famille.  Il   aurait  de  plus  traduit  les 
Vies  des  Pères  du  désert ,  d'anrcs 
St.-Jérômc,  et  composé  un  livre  in- 
titulé :  Des  sept  paroles  du  Sauheur 
en  Varhre  de  la  croix.  Nous  avons 
vu  en  effet  une  édition  de  ce  livre  , 
de  nouveau   imprimé  à  Paris  ,  Ca- 
velicr,  i538,  in -8".,  avec  la  figure 
d'un   chanoine   à   genoux   devant  la 
croix  ;  et,  dans  le  Catalogue  de  la  bi- 
bliothèque du  Uoi,  on  trouve  cet  ou- 
vrage  attribué   à  un  chanoine  de  la 
Sainte  -  Chapelle.  Enfm  ,  d'après  la 
note  cilée,  Thomas  de  Gcrson  serait 
mort  en  i  475 ,  et  enterré  dans  l'église 
de  Si.  -  Martin  de  Tours.  La  biblio- 
thèque de  M.  Barré  ,  auditeur  des 
comptes ,  mort  en  i  ^4^  ?  possédait  nii 
cxcnudi.iie   du  poème  Des   faulses 
amours  ,  Paris,  in  -  4"*  >   gothique, 
sans  date ,  désigné  sous  le  nom  de 
Guillaume  Alexis,  et,  dans  une  note 
manuscrite,  sous  celui  de  Thomas  de 
Gcrson.  G — ce. 

GERSONIDES.  Foy.  GERsoKfils 
de  Levi. 

GEUSTEN  (Chrétien-Louis), 
mathématicien  allemand,  né  àGiesseii 
en  février  1701  ,  fut  nommé  profes- 
seur ordinaire  des  sciences  mathéma- 
tiques dans  cette  université,  en  i  705. 
S'étant  laissé  condamner  par  défaut , 
dans  un  procès  qu'il  eut  contre  son 
beau-frère,  et  privé  d'une  grande  par- 
lie  de  son  traitement  de  professeur,  il 
prit  le  parti  de  quiiter  sa  ville  natale. 
Mais  ayant  vainement  cherchédc  l'em- 
ploi à  Alloua  et  à  Pétcrsbourg,  il  revint 
|)eu  de    temps  après  dans  le  pavs  de 
Darmsladt ,   où  ii  vécut  dans  un  état 


0.52  G  E  R 

voisin  de   !a  misère,  parce   qu'il  ne 
voulut  ni  s'arranger  avec  son  heau- 
frcre,  ni  reprendre  les  fonclions  de 
professeur  qu'on  lui  otlVit  de  nouveau. 
En  1 748,  il  fui  arrelc  à  Francfort  pour 
avoir  écrit  en  termes  inconvenants  au 
landgrave    de    Hesse  -  Darnistadl  , 
et  fut  conduit  au  château  de  Marx- 
hurg  pour  y  rester  prisonnier  toute  sa 
vie.  La  cour  lui  avait  assigné  uu  traite- 
ment de  200  florins;    il  donnait  eu 
outre  à  Marxburg  des  leçons  particu- 
lières: ses  observations  et  prédictions 
méiéorologiques  étaient  fort  estimées; 
enfin  il  aurait  pu  encore  être    heu- 
reux ,  autant  qu'on  peut  i'cfrc  dans  la 
captivité.  Cependant, quoiqu'il  fût  loin 
de  reconnaître  ses  torts   et   de   de- 
mander grâce,  et  qu'il  alfictàt  mêiuc 
de  b'-avcr  la  cour  do  Darrnstadt,  elle 
se  décida  à  lui  rendre   la   liberté  eu 
1  ^(io  ;  et  pour  s'assurer  avant  tout  de 
l'usage  qu'il  <n  ferait,   la  banlieue  de 
Braubach  lui   fut  d'abord  désignée  , 
comme  prison  pour  un  an.  Mais  avant 
l'expiration  de  ce  terme,  il  s'évada,  et 
se  tint  caché  tantôt  à  Wisbaden,  tan- 
tôt à  Offenbacli  ou  bien  à  Francfort. 
]l  mourut,  le    i5    aoiit  l'^d'i,  dans 
cette  dernière  ville,  accablé  de  tout  le 
poids   de   l'indigence.  vSon    ciractèrc 
inflexible  et  opiniâtre  avait  causé  son 
malheur;  mais  il  était  plein  de  pro- 
J>ité,  et   avait  comnu;  mathématicien 
im    mérite  distingué.  Des    1722,  il 
nvait  inventé  une  Machine  tu ithmc- 
tùjue  fort  ingénieuse  ,  dont  il  adressa 
en   1735  la  description  au  chevalier 
llansSloane,  (pii  l'a  fait  insérer  dans 
les     Trrmsaclions   philosophiques  , 
11".  45H.  L'auteur  y   passe  en  revue 
les  principales  tentatives  faites  en  ce 
genre  avant  lui;  mais  il  paraît  n'avoir 
fu  conuai.ssajice  ni  de  celle  de  Pas.  al, 
Di  de  celle  de  Grillel,  les  plus  aiicieiv- 
1105  en  date,  cl  à  plusieurs  égards  les 
plus  avantagcuics.  Un  sait  que  l*ascal 


GER 

avait  inventé  sa  machine  arithmétique 
dès  1 64 '2  :  mais  elle  n'a  été  décrite  que 
long -temps  après  (/^^.  \çs  Machines 
approuvéesparV académie  des  scien- 
ces)-, et   quoique  du  cabinet  du  Roi 
elle  ait  passé  à  la  collection  de  l'aca- 
démie _,  et  au  conservatoire  ou  dépôt 
des  machines  de  l'abbaye  St.  -  Martin- 
des-Champs,  elle  est  généralement  as- 
sez peu  conn\>e  :  sa  grandeur  est  celle 
d'une  petite  caisse  ,  susceptible  d'être 
posée  sur  une  table.  La  maclnnc  de 
Grillel  ,  tout-à-fait  portative ,  et  plus 
commode  sous  ce  rapport  (  V.  Giul- 
LET  ),  avait  été  décrite  et  figurée  dans 
le  Journal  des  savants  de  1 678  ;  on  a 
lieu  de  s'étonner  qu'elle  ne  soit  pas 
plus  connue.  Le  chevalier  Morland  en 
avait  imaginé  deux  ,  et   en  publia  la 
figure,  mais  sans  description,  à  Lon- 
dres en  1678;  l'une  devait  servir  pour 
l'addition  et  la   soustraction  ,  l'autre 
pour  la  multiplication.  Il   paraît  au 
suq^lus  qu'il  ne  les  fit  jamais  exécuter, 
et  qu'elles  n'auraient  pu  remplir  en- 
tièrement leur  objet.  Celle  que  Leib- 
nilz  présenta  en    1673  à  la  société 
royale  de  Londres,  et  dont  il  a  donne 
la  description  dans  les  Misccllanea 
Berolincnsia,  tom.  i,  en  1  709,  quoi- 
que iWin  volimie  peu  coniniOLlc,  pa- 
raît supérieure  aux  préccLlentcs.  Le 
marquis  Poleni  s'était  aussi  exercé  sur 
le  même  sujet;  sa  machine  est  décrite 
avec  celle  de  Leibnilz,  <lans  le  Thea- 
triini  arilhnietico  -  ^conielricuni    de 
LcupohI ,  publié  à  Leip/.igen  1727, 
après  la  mort  de  l'auteur,  qui  en  avait 
aussi  imaguié  ime  sur  un  plan  un  peu 
dilTérenl  ,  et  dont  d  se  [)romettaif  de 
grands  avantages  ,    mais   qu'il   n'eut 
point  la  satisfaction  de  voir  Icrmiuee. 
Enfin  Ij'pine,  en  I7'2.5,  et  llilleriii 
de  Roislissandeau  ,  en  1730,  s'occu- 
pèrent encore  de  cet  objet;   et  leurs 
inventions  se  Irœivent  dans  le  liecueil 
des  machines  de  l'académie  des  scien- 


(.1 JV 
CCS  ,  tom.  IV  et  V  ;  la  |)rcinicre  un  peu 
roin|)li((nce,  dilîùrc  peu,  d'ailleurs,  de 
«cl le  (11'  ]\j.sral.  IWislissandcau,  vou- 
lant ciulierir  sur  ses  picdcccsscirs,  fit 
trois  uiaclùncs  difFercntcs.  La  prcmicrc 
iiVl.iit  j)oiiit  assez,  simple,  ot  de  plus 
fiait  iihcoiiunode  et  sujcllc  à  clic  de- 
laugco  à  cause  des  frotlcinenls  ;  la 
deuxième  avait  les  mouvements  plus 
doux,et  s'adaptait  mieux  aux  difTeïcnts 
genres  de  fractions  complexes;  la  troi- 
sième, moins  com|>Jicpiec,  était  d'une 
exécution  plus  facile ,  et  l'auteur  en 
avait  fait  des  modèles  en  bois  qui 
avaient  assez  bien  réussi.  La  machine 
invente'e  par  Gersten,très  diltiirente 
dans  le  plan  et  l'exécution,  semble,  sous 
quelques  rapports,  supérieure  à  toutes 
les  prc'ccdcntcs ,  quoique  au  fond  ces 
sortes  de  machines  ne  doivent  être  re- 
gardées que  comme  des  curiosités  in- 
ge'nieuses,  propres  à  figurer  dans  le 
cabinet  d'un  am-atcur.  On  ne  peut  ti- 
rer, dans  la  pratique,  une  véritable  uti- 
lité que  de  celles  qui  sont  fondées 
sur  la  propriété  desIogarithmes(/^o/, 
Guntuer).  Les  autres  ouvrages  de 
Gcrsteu  sont  :  L  Tentamina  sysie- 
matis  noi>i  ad  mutationes  harome- 
iri  ex  naturd  elateris  aërei  demons- 
trandas  ^Y^Audon ,  1733  ,  in  8"*.  H. 
Melhodiis  nova  ad  cclypses  terrœ 
et  appulsus  lunœ  ad  siellas  suppu- 
iandaSy  Giessen,  174^  1  i"'  4°*  I^'au- 
teur  y  a  joint  un  précis  de  l'histoire  de 
l'observatoire  de  cette  ville.  Wl.Exer- 
citalioiies  recentiores  circà  roris  me- 
<eom,Oirenbach,  1748,  in-8MV. 
Diflérents  Mémoires  aslronoiniques 
insérés  dans  les  Transactions  philoso- 
phiques, N"\  473,  48-2  et  483  :  le 
dernier  décrit  un  quart-de-cercle  mu- 
ral perfectionne.  V.  Un  Traité  de 
perspective ^  resté  manuscrit. 

E— H—D. 

GERSTLACHER  (Charles-Fre- 
DLRic),  publicisle  estimé;  naquit  eu 


G  E  Pv  9.55 

1  702  à  Eoblingcn ,  dans  le  Wiirleni- 
bcrg  :  nommé,  en  1761,  professeur 
extraordinaire  do  droit  à  l'université 
de  Tubin};;en  ,  oii  il  avait  ftit  ses  élu- 
des,  il  accepta  ensuite,  en  1767,  une 
place  d'assesseur  au  tribunal  do  li 
cour  à  Carîsruhe;  et,  ay.uit  rempli 
cette  charge  avec  la  plus  grande  dis- 
tinction, il  devint  successivement  en 
1789,  conseiller  privé  cfTcclif,  et 
en  1791  ,  assesseur  à  la  cour  de  ré- 
vision que  le  gouvcrnemenl  de  Bade 
venait  d'établir.  Il  mourut  le  i  5  août 
1 795.  11  a  publié  dix  -  huit  ouvrages , 
dont  on  trouve  l'énuraéralion  dans  le 
4'".  vol.  du  Dictionnaire  des  auteurs 
allemands  par  Meusel,  Leipzig ,  1804. 
Nous  citerons  seulement  :  1.  Commen- 
taiio  de  quœstione  per  lonnenta , 
Francfort  et  Leipzig,  1753,  in-  4"'IE 
Spécimen  juris  publici  de  majore 
statuuni  imperii  œtate  antiquissimd, 
antiqnd  et  kodiernd,  Frauciort,  1 7  55, 
in-4".  in.  Bibliothèque  juristique , 
dans  laquelle  on  indique  tous  le'! 
ouvrages  qui  traitent  de  la  jurispru- 
dence,  ou  qui  peuvent  servir  aux 
personnes  qui  s^occupent  de  celte 
science ,  1  vol.  en  six  cahiers ,  Slut- 
gart,    1758-1762  ,  grand,  in  - 8". 

IV.  Recueil  des  édits  et  ordonnances 
du  duché  de  fViirtemherg,  avec  une 
Introduction  sur  la  constitution  an- 
cienne et  moderne  de  cet  état^  deux 
vol.,   1759-1760,  in-4".  et  in-8*'. 

V.  Recueil  des  ordonnances  de  Ba- 
den  Durlach^  Francfort  et  Leipzig, 
5  vol.  in-8  .,  1775-  1774.VL  Cor- 
pus juris  Germanici  etprivati,  c'est- 
à-dire.  Le  texte  le  plus  exact  de  tou- 
tes les  lois ,  ordonnances  et  autres 
édits  de  l  Empire  geriaanique ,  en 
ordre  systématique  ,  avec  des  notes ^ 
4  vol.  gr.  in-H'*.,  Francfort  <  t  Leipzig 
(Carîsruhe),  1785-1789.  ÎjC  pre- 
mier volume  traite  (ka  lois  et  ordon- 
nances de  l'Empire  germanique;  le 


354                 OER  GER 

second,  des  concordats  entre  îa  na-  -velle  communauté.  Gertrnde  justifia 
tion  allemande  et  l'église  de  Rome,  par  sa  conduite  le  choix  qu'on  avait 
du  traité  de  Passau  et  de  celui  de  lait  d'elle  j  et  Idebrrge  elle-même 
Westphaliej  le  troisième  contient  les  se  mit  sous  la  diiection  de  sa  fille, 
autres  traités  de  paix  conclus  par  l'era-  Cette  sainte  dsme  mourut  âgée  de 
pire  germoninue,  et  le  quatrième  rcn-  soixante  ans  ,  cinq  années  après  être 
ferme  également  des  traités  «le  paix,  entrée  d;;ns  le  monastère.  Les  marty- 
res lois,  des  édits  et  des  ordonnances,  rologes  de  Fiaudre  en  font  mention 
avec  une  table  des  malièrcs  contenues  le  8  m-)i.  Gcitrude,  privée  de  l'aide 
dans  les  qn.jtic  volumes.  M\.  ])'IaT7uel  de  sa  mère,  se  déch^igea  d'une  partie 
des  lois  de  V Empire  germaniques  des  soins  de  la  suj>ériorité,  sur  des 
d'après  le  texleleplus ex act^  dans  un  personnes  dont  elle  connaissait  la 
ordre  systématique .^  oi  ze  vol.in-b'.,  vertu,  pour  se  livrer  plus  librement  à 
Francfort  et  J.<ij'zig,  i']B5-  I794«  la  contemplation  et  aux  pratiques  de 
Ces  derniers  ouvrages  sont  en  aile-  la  pénitence.  Sa  sauté  s'étant  atVaihIic, 
mand.  H — h — d.  elle  se  dérail  de  la  dignité  abb'tiale, 
GERÏHUDE  (Sainte)  ,  pbbcsse  et  vécut  encore  trois  ans  après  sa  tiè- 
de Nivelle,  était  fille  du  bicr.heureux  mission.  Elle  mourut ,  le  i  7  mars  de 
Pep'n  de  Landen,  prince  du  Brabant,  l'iU  65ç),  âgée  de  trente  -  trois  ans  : 
maire  du  palais  d(  s  rois  d'Austrasie,  son  cnlie  s'est  extrênu;raent  répandu 
cl  de  la  bienheureuse  Ile  ou  Idc-  en  Brabant  et  eu  Allemag'.e;  beaucoup 
herge:  élevée  sons  les  yeux  de  pieux  d'églises  y  sont  sous  son  invocation, 
parents,  elle  5uça  pour  ainsi  dire,  avec  Son  monastère  a  été,  au  xiT.  siècle, 
Je  lait  ,  l'arnour  des  choses  divines,  changé  en  uu  chapitre  noble  de  cha- 
Dès  l'â^e  <!«•  dix  ans,  elle  résolut  de  noinesses.  Sa  vie  a  été  écrite  par  un 
consacrer  à  Dieu  sa  virginité.  Demau-  auteur  qui  avait  assisté  à  ses  luné- 
dce  en  mariage  par  le  fils  du  gouver-  lailles;  il  ne  rapporte,  dit-il,  que  ce 
ncur  de  la  hante  Anstrasic  ,  quoique  qu'il  a  vu  ou  appris  de  témoins  iné- 
cette  alliance  fût  aj>prouvéc  du  roi  prochabîcs.Cetancien  monument  nous 
Dagobcrt  et  de  ses  parents,  elle  dé-  a  été  conservé;  les  bollandisles  l'ont 
clara,  en  ]iréscnce  du  prince,  qu'elle  fait  imprimer  dans  leur  Recueil,  au 
ri'aurait  d'autre  éponx  que  son  sau-  1  «^rnars,  avecleursobservation- :  duui 
vcur.  Dagobcrt,  charmé  de  tant  de  IVI.dillon  en  adonné  une  nouvelle édi- 
vcrlu,  ordonna  qu'on  la  laissât  libre,  tion  sur  un  manuscrit  des  Feiull.iuts 
Ayant  perdu  son  père  à  l'àgc  dequa-  de  i'aris. — Gei\trudi: (  Sainte),  cha- 
lorze  ans  ,  et  restée  avec  sa  mère,  noinesse  de  l'ordre  de  Pi émonlré,  fiée 
l'une  et  l'autre,  fpu'lqucsannécsapri's,  de  I^ouis  landgrave  de  Hesse  et  de 
])ar  le  conseil  (h  S.-Amand,  résolurent  Tluuin;^c,  et  de  Sainte  l'Elisabeth,  fi'le 
<lc  se  retirer  dans  nu  monastère, (pi'l  -  d'AuiIré  roi  de  Hongrie,  renonça  aux 
«leberge  fonda  à  Nivelle  en  Jîrabant.  avantages  de  sa  naissance,  pour  se 
Gelte  sainte  entreprise  ne  s'exceuta  con5arrer  à  Dieu,  et  fut  une  des  pre- 
poinl  sans  quehpies  traverses  :  Ide-  mières  maîtresses  ou  supérieure  s  du 
))erge,  les  ayant  surmontées,  ])résenla  nubie  chapitre  d'Altenberg,  au  diocèse 
iierlrudc  aux  évê(|ues.  qui  lui  donné-  de  Trêves.  Elle  lit  construire  à  cote 
rent  le  voile,  et  li bénirent  (pioiqu'eile  de  son  mouasli-re  un  h()pital,  où  die 
iiVul  guère  plus  de  vingt  ans,  «mi  servait  elle-même  les  malades.  Urbain 
qualité  de  priiuièjcabbcssc  de  la  iiou-  IV  ayant  public  une  croisade,  Gcr- 


r,  ER 

triulc  se  croisa  ,  cl  lll  croiser  les  clia- 
iioincsscs  SCS  (illes  ,  pour  concourir  , 
disait-cl!r,  nu  succès  (le  la  guerre  sain- 
te par  l'arme  spirituelle  des  prières, 
]iuis(|u'eilrsnf  Irjjouvaicnl  autrement. 
Elle  lut  aussi  une  des  premières  qui 
solennisa  la  lètc  du  8l.  -  bacnmont, 
insiiuicc  par  le  même  pape.  Après 
beaucoup  (lebonnes œuvres  et  d'cxrm- 
ple.s  de  viMtu  ,  elle  mourut  le  1 5  août 
ï2()7  ,  et  fut  mise  au  lang  d<'S  saintes 
par  Clément  VI. — GLRTRUDE(8ainf('), 
abbcsse  de  l'ordre  de  S.-Bei.<iîr,  née 
à  Eisieben  en  Hante-Saxe,  était  sœur 
de  Sainte-Mcchtiide,  et  fut  mi>eà  l'â- 
ge de  cinq  ans  chez  les  bénédictines 
de  l\ob(  r.sdorf,  oii  elle  prit  l'habit  en 
1  .^94.  Klif  savait  le  latin  ,  et  l'écrivait 
avec  facilité  :  elle  a\  ait  aussi  étudié 
l'Écriture  samte  et  lu  1rs  Pères;  mais 
sa  principale  occupation  était  la  con- 
templation ,  et  elle  s'est  partirnlièrc- 
inent  rnidue  fameuse  par  un  livre  de 
Béi'élatiofis ^  où  elle  fait  le  récit  de 
SCS  communications  avec  Dieu.  Tout 
y  respire  un  abandon  absolu  à  la  vo- 
lonté divine,  et  une  entière  abnéga- 
tion de  soi-même.  Nul  livre,  disent 
les  maîtres  de  la  spiritualité,  a))rès  ceux 
de  Sainte-Thérèse  ,  ne  peut  être  plus 
utile  aux  contemplatifs.  Cette  Sainte- 
Gertrude  mourut  en  i554,  après 
avoir  été  abbcsse  quarante  ans.  Le 
livre  des  Révélations  a  été  souvent 
imprime:  les  meilleures  éditions  sont 
celles  de  Lanspergius  ,  chartreux  , 
mort  en  i559  ,  et  de  Blosius,  abbé 
de  Liessies  et  restaurateur  de  ce  mo- 
nastère, qui  mourut  <n  i568.  Le  mê- 
me livre  a  été  réimprimé  sous  le  titre 
de  Insinuaiiones  pictatis,  seu  vitœ 
sanctœ  Gerlrudis  Firginis  et  ah- 
batissœ  Saiicti  Benedicii  ,  Paris  , 
1G62,  parles  soins  de  dom  Nicolas 
Cantcleu,  l)énédictin  de  la  congréga- 
tion de  S.-Maur  ;  sous  le  même  litre, 
Saitzbourg,    iGG.»,    in-12,  par  dom 


GER  -in^ 

Laurent  Clément,  bénédictin  ,  qui  fit 
j)récéder  celte  édition  d'une  Fie  da 
Sle.-Gertnulc  ,  tr.idiiitc  ensuite  par 
lui-même  en  français;  et  deux  ans 
après  sous  celui  de  <SVt//r<<T?  Gerlrudis 
y.  etabbatissœ  Sancti  benedicii  in- 
sinunùonum  divinœ  fnclads  cxerci- 
tia^  par  dom  JVlége,  de  la  niêmc  con- 
grégation ,  qui  en  donna,  en  1674? 
une  traduction  en  français.     L — y. 

GEKVALS  (Saint).  F.  Protais. 

GERVAIS,  i4'.  abbé -général  de 
Prémontré,  et  ensuite  évêque  de 
Sécz,  était  né  on  Angleterre,  au  dio- 
cèse de  Lincoln,  de  parents  illustres. 
Etant  venu  en  France  pour  y  perfec- 
tionner ses  études,  après  avoir  pris  le 
bonnet  de  docteur  en  théologie  dans 
l'université  de  Paris,  il  enibrassa  l'ins- 
titut de  Prémontré  à  l'abbaye  de  St.- 
Jnsl,  diocèse  de  Brauvais.  Son  abbé 
ayant  été  élevé  sur  le  premier  siège 
de  l'ordre  eu  t  195  ,  Gervais  fut  choisi 
pour  le  remplacer  :  il  devint  bientôt 
après  abbé  de  Thenailles  ,  et  en  1209 
abbé-géiicral  de  Prémontré.  Il  eut  et 
mérita  ia  confiance  des  papes  de  sou. 
temps.  Céiestin  111,  lorsque  Gervais 
était  encore  à  Sf.-Just,  le  chargea  de 
l'administration  du  diocèse  de  JJeau- 
vais,  pendant  la  captivité  de  l'évêque 
Philippe  de  Dreux  ,  cousin  du  roi , 
fait  prisonnier-  en  défendant  les  armes 
à  la  main  le  Beauvaisis,  où  Richard- 
Cœ'.ir-dc-Lion  faisait  du  dégât.  ïnnor 
cent  111 ,  au  concile  de  Latran  ,  où  as- 
sistait Gervais,  lui  donna  des  mar- 
ques d'une  estime  particidière  ;  il  le 
fit  son  grand  pénitencier  ,  et  lui  ac- 
corda en  Italie  plusieurs  établisse- 
ments pour  son  ordre,  qui  jusque-là 
n'y  en  avait  point  en.  Honorius  111, 
continuant  à  Gervais  la  même  bien- 
veillance ,  engagea  Henri  III  ,  roi 
d'Angleterre,  à  le  nommer  à  l'évêchc 
de  Scez,  et  vonlnt  le  sacrer  lui-même 
(18  juillet  1226.)  Sous  ces  deux  der- 


256  GER  GER 

iiiers  ponlifcs,  Gervais  fut  charge  de  clies  ,  le  P.  Hugo  n'a  pu  recouvrer 
négociations  et  de  commissions  im-  aucun  de  ces  ouvrages.  L — y. 
portantes,  les  unes  au  sujet  de  la  GEUVAIS  (Robert),  né  à  An- 
croisade  qui  se  préparait  alors;  les  duse  avant  le  milieu  du  xiv^.  siècle, 
autres  ,  pour  le  maintien  de  la  disci-  fut  d'abord  religieux  de  l'ordre  des 
plinc  ecclésiastique,  la  réduction  des  frères  prêcLeurs,  et  tiré  de  son  cloî- 
Albigeois  à  l'obéissance  et  leur  con-  tre  par  le  pape  Urbain  V  pour  être 
version  à  la  foi.  Devenu  évéque,  Gcr-  fait  évêque  de  Sencz.  Dans  le  grand 
vais  ne  changea  rien  à  sa  façon  de  vi-  schisme  d'Occident ,  il  prit ,  ainsi  que 
vre  humble  et  modeste.  Après  avoir  tous  les  évcques  français,  le  parti  de 
ouvcrné  son  ordre  pendant  onze  ans,  Clément  VU,  et  écrivit  en  1 388  con- 


Î3 


et  le  diocèse  de  Séez  pendant  huit,  il  tre  Jean  de  Lignano  et  Balde  ,  qui 
mourut  le  y-8  décembre  i2ii8,  égale-  tenaient  pour  Urbain  Yl ,  un  Traité 
ment  regretté  de  ses  religieux  et  de  du  schisme ,  qui  se  trouvait  au  nom- 
ses  diocésains.  11  fut  enterré  à  l'ab-  bre  des  manuscrits  de  la  bibliothèque 
baye  de  .Silly,  de  son  institut.  On  a  deColbert.  La  même  bibliothèque  ren- 
de lui  des  Lettres  intéressantes  pour  fermait  un  autre  ouvrage  du  mcme 
1  histoire  de  son  temps.  La  plupart  auteur,  composé  en  1 585,  et  intitulé 
sont  adressées  à  des  papes  ,  à  des  le  Miroir  royal.  Gervais  mourut  en 
rois,  à  des  princx-s,  à  dcsévêques,  etc.  1 5()G.  V.  S.  L. 
Quelques-unes  lui  sont  écrites  par  les  GERVAIS  (Maître).  Foy^dimi- 
mêmes  personnages.   La  latinité   en  tiej^. 

est  bonne  pour  le  temps,  dont  elles  GER  VAIS  de  TILRURY,  histo- 
servent  admirablement  à  faire  con-  rien  du  xiir.  siècle  ,  né  dans  le  bourg 
naître  l'esprit.  Elles  étaient  restées  de  ce  nom  sur  les  bords  de  la  Ta- 
ignorécs  ,  lorsqu'cn  i665  Norbert  mise,  après  avoir  visité  une  partie  de 
C.aillcu  ,  prieur  de  Prémoniré,  en-  l'Europe,  arriva  vers  1208  à  la  cour 
voyé  par  l'abbé  général  le  Scellier  d'Olhon  iV,  empereur  d'Allemagne, 
dans  les  abbayes  de  Flandre  pour  y  Ce  prince,  qui  descendait  par  sa  mère 
recueillir  ce  qu'il  pourrait  y  trouver  d'une  illustre  famille  d'Angleterre,  ac- 
d'anciens  moiuiments ,  les  découvrit  cueillit  Gervais  avec  une  grande  dis- 
dans la  bibliothèque  de  l'abbaye  de  tinction ,  le  (It  l'im  de  ses  orateurs , 
Vicogrie,  ))rès  Valenciennes ,  et  les  le  nomma  ensuite  chancelier ,  et  eii- 
fit  imprimer  dans  cette  ville  au  nom-  fin  maréchal  du  royaume  d'Arles.  Ger- 
bre  de  soi\antr-dix.  Depuis,  le  P.  Mu-  vais  mourut  vers  1  '218.  On  a  de  lui  : 
go,  abbé  d'Estival,  ayant  aj^pris  qu'il  Otia  imperialia  ,  libri  très  (1)  ;  ce 
yen  av.iil  un  exemplaire  inamiscrit  sont  des  mélanges  de  physique,  d'his- 
a  l'abbaye  de  Slciufcld,  diocèse  de  Co-  toire  et  de  géographie.  11  leur  donna 
logne,  se  le  fit  adresser,  et,  au  lieu  de  ce  litre,  parce  cju'il  les  avait  eompo- 
soixaiitc-dix  lettres,  y  eu  trouva  cent-  *>v<s  pour  dr^siperlVimui  d'Othon  ,  au- 
ircnte-cinq,  qu'ila  publiées  dnns  sou  re-  quel  il  les  dédia.  Leibnilz  a  publié  cet 
iwcW  m\\\.\\\v:  Sacrœ  anùijHit a \i s  vio-  ouvrage  dans  ses  Sctijitores  BritnS' 
fiurneiUa  ,Ks{\\:\\j  1  77.5, -ji  vol.  petit  \vicenscs  ,  tome  1".,  pngrs  8S1- 
in-fol.  Gervais  avait  aussi  laissé  des  ioo/|,  et  les  différentes    leçons    de 

Commentaires  sur  les   psaumes    et 

les  t'ctits  fronhctcs  ,   et  des  Jloniè'        ii)  OioHvroK»' «"^i  «"«'•«•"""""»""'•»«''"■'■•  ' 

lies.   Maigre  de   soigneuses   icclier-  0,6... 


(r  E  R 

qd.Tlrc    niamiscriîs    de   ViiU ,    ainsi 
qu'un  supplcincnt    dans   le  tome  ii , 
l)'i|:.    7^1 --jS/,.    J.-J.    IMadcr    avait 
déjà     jjublie     une     parîie     du     se- 
cond livre  d'.)prcs  un  manuscrit  de 
la    hi"bliollièque  d'iltlnisladt ,    ibid. , 
107")  ,  in-/|.*'.  ,  sous  le  titre  suivant  : 
D(i  imperio  Romano,  et  Gothorum , 
Lon^ol/ardoj'uni ,  Brilonum ,  Fran- 
coriim,  An^lorumqiie  regjiis  ex  Oliis 
imperialibus.   La  préface  de   Madcr 
peut  cire  regardée  connue  une  savante 
disseit.ilion  sur  l'origine,  l'accroisse- 
mcut  et  les  diflfcrentcs  révolutions  du 
royaume  d'Arles.  Duchesne  a  iuse'ré 
la  Descriptio  Galliarain  de  Gcrvais 
dans  ses  Scriptores  Francor,  coœta- 
nei ,  tome  I^^ ,  pag.  19  ,  et  les  autres 
passages  du  même  auteur  qui  ont  rap- 
port à  la  France,  tome  m,  pag.  363- 
575.  Dora  Bouquet  (ou  plutôt  dom 
Poirier)  en  a  aussi  publie'  des  extraits 
dans  le  Recueil  des  historiens  de 
France,  tome  xi ,  el  il  en  annonçait 
d'autres  parmi  les  volumes  suivants. 
Plusieurs  écrivains  postérieurs,  et  en- 
tre autres  le  moine  Helinand,  se  sont 
«ipproprie's  un  grand  nombre  de  passa^ 
ges  de  l'ouvrage  de  Gcrvais  sans  lui  en 
faire  honneur.  Toutes  ses  ide'es  sur  la 
physique  ,  qui  étaient  celles  de  son 
siècle,  annoncent  beaucoup  d'ignoran- 
ce et  de  cre'dulité.  L'abbe  Lebcuf  en 
a  rapporte  quelques  -  unes    dans  le 
tome  n   de    ses   Dissertations    sur 
V Histoire  de  France,  pag.  187. On 
attribue  encore  à  Gcrvais  :  I.  lllus-- 
trationes    Galfridi  Monemuthensis 
libri  /r.II.  Historia  Terrœ  sanclœ. 
m.  De  origine  Burgundionum.  Les 
nouveaux  éditeurs  de  la  Bibl.  hist, 
de  France,  observent  que  c'est  à  tort^ 
que  le  P.  Lelong  a  dit  que  cet  ou- 
vrage  avait   ete    imprimé   dans   les 
Scriptores  Brunswicenses.  IV.  Fa- 
cetiarum   liber ^  dédié    à  Henri  II, 
roi   d'Angleterre  ,   dont  ou  dit  que 


G  E  R  9.37 

Gorvais  était  proche  parent.  V.  Tri- 
colunininm  Angliœ.  VI.  Melrica 
descriptio  Raliieorum  Putcolano- 
mm.Tuus  ces  ouvrages  restés  en  ma- 
nuscrit sont  peu  connus.     VV — s. 

GERVAISE  (Nicolas),  né  à 
Paris  en    1662  ou    iGG3  ,  élait  fds 
d'un  médecin  en  réputation ,  attache 
au  surintendant  Fouquet.  Ucuibrassa 
de  bonne  heure  l'état  ecclésiastique. 
A  peine  âgé  de  vi«gt  ans  ,   l'abbé 
Gcrvaise    partit   avec  des   mission- 
naires pour  le  royaume   de  Siam  , 
oii  il  séjourna   environ  quatre  ans. 
Avide  d'instruction ,    il  étudia   avec 
soin  les  mœurs ,  les  usages  _,  le  ca- 
ractère, et  jusqu'à  l'histoire  des  ha- 
bitants  de    ce  pays.  De    retour  en 
France,  il  publia  une  Histoire  natu- 
relie  el  politique  du  royaume  de 
Siam  (  I  volume  in-4". ,   »  688  ) ,  et , 
peu  de  temps  après,  une  Description 
historique  du  royaume  de  Macassar 
(  I  vol.  in-12  ).  Ce  savant  ecclésias- 
tique avait  amené  avec  lui ,  des  Indes 
orientales ,  deux  fds  du  roi  de  Macas- 
sar. Plus  capable  qu'aucun  autre  de 
suivre  leur  éducation ,  puisqu'il  était 
à  peu  près  le  seul  homme  de  France 
qui  sût  parler  la  langue  de  ces  en- 
fants ,  il  fut  chargé,  par  Louis  XIV, 
de   les  instruire  dans  la  religion  ca- 
tholique. Celle  tâche  remplie ,  il  devint 
curé  de  Vannes,  en  Bretagne  ,  puis 
prévôt  de  Suèvres  ,  dans  l'église  de 
St,-Martin  de  Tours.  Sa  résidence  à 
Sucvres  fut  de  longue  durée  :  ce  fut 
dans  celle  relraite  qu'il  composa  ses 
ouvrages  les  plus  importants ,  et  il 
ne  quilta  sa    prévôté  qu'en    17^4, 
pour  se  rendre  à  Rome,  où  le  pape 
le  sacra  évêque  d^Horren.  A  peine 
revêtu  de  ce  titre ,  qui  lui  imposait 
de  dangereuses  obligations ,  le  coura- 
geux prélat  se  mit  à  la  tête  do  plu- 
sieurs ecclésiastiques,  et  se  rendit  en 
Amérique ,  dans  l'espoir  d'y  convertir 


!i5vS                 G  E  R  G  E  R 

à  1.1  foi  chrelicnue  les  peuples  sau-  de  St.  -  Marlin  ,  dont  la  pre'v6té  de 
vagcs    de    cet   hémisphère.  Mais    sa  Siièvies  dépend.  Gervaise  avait  en- 
pieuse  témérité  lui  devint  funeste  :  hs  tn'pris  et  presque   terminé  des  ou- 
Caraibes  rjssaisiiièrent ,  lui    et  tous  vrjgcs    considérables,    lorsque    son 
ses    compagnons  de  voyage,  le   'lo  zèle    pour    la    religion  l'entraîna  de 
novembre  l'j'ig.  Outre  les  deux  ou-  nouveau  au-delà  des  mers.  Au  nom- 
vragcs  dont    nous  venons   de  parler  bre  de  ces    productions ,   qui   n'ont 
(ouvrages  très  faiblement  c'crils,  mais  pas  vu  le  jour,  on  compte  une  Vie 
remplis   de    rlétails   curieux),    nous  de  S.  Louis,  dont  la   préface  et  Té- 
2yonsde\^nhhéGcr\  m>,(',\a  Fie  de  St.-  pitre  dédicaloire  étaient  achevées,  et 
Martin ,  évéque  <£t?  7owr5  (  1699,  in-  qui  devait  former  1  volumes  in -4". 
4°.),    et  une   f/i^toir.:'  de    ïîoéce ,  Cetautcur  avait  aussi  commeucéla  Vie 
sénateur  romain ,  avec  L'analyse  de  de  M.  de  Raïué.   abbé  et  réforma- 
tous   ses  ouvraf^es  ,  etc.,  divisée  en  teur  de  la  Trape.  Des  ordres  «-upé- 
deux    p.iities   (iu-i'2  ,  i'ji^  )  •  cette  lieurs,  dont  on  ne    connaît  pas  les 
dernière  pro(lu(tion  est  stipéiieure  à  motifs,  l'obligèrent  à  abandonner  ce 
tous  les  autres  ërrits  de  l'auteur;  on  travail.                              F.  P  —  t. 
y  trouve   nue  critique    saine  et  des  GERVAISE  (Dom  François-Ar- 
iecherclies  aprotbndies.  Gervaise  l'a-  mand  ) ,  d'abord  c.irrae  déchaussé  , 
vait  dédiée   à    I^ouis    XlV;  mais  ce  et   ensuite  abbé  de  la  Trape,  frère 
prince  étant  mort  avant  queTimpres-  du  précédent,  naquit  à  Paris   (ou, 
siou   du   livre    lut  terminée,    l'ablté  selon  d'autres,  à  Tours),  vers  1660: 
présenta  cet  ouvrage  à  Louis  XV  ,  il  fit  ses  études  chez  les  jésuites  ,  et 
sans    néanmoins    supprimer   ré[)ître  brilla  dans  ses  clisses.  A  i5ans,  se 
dédiratoirc   au  feu    roi.   a  Sire  ,  dit  sentant  pressé  du  désir  d'embrasser 
»  Gervaise  au  jeune  monarque  ,  cet  la  vie  re!i{:;ieuse  dans  un  ordre  aus- 
V  ouvrage,  que  j'ai  l'honneur  de  pré-  tcre ,  il  choisit  celui  des  carmes  de 
»  senter  à  V.  M.,  est  le  dernier  mo-  la  reforme  de  Ste.  Thérèse,  nommés 
»  nurncnt  du  zèle   que  j'ai   eu   pour  autrement    carmes    déchaussés.    H 
»  la   gloire  du  roi  votre  bisaïeul  :  il  avait  à  peine  '22  .ms,  qu'i!  fut  charge' 
1)  devient  le  premier  hommage   que  d'y  jirofesser  la  théologie.  Cette  occu- 
»  je  \\cn^  rendre  à  V.  M.,  comme  à  p.tlion  ne  suffit  pas  à  un  esprit  aussi 
i>  mon  roi,  à  nn)n  seigneur  particu-  actif  que  le  sien  ■  p.irlant  avec  firilitè, 
»  lier  et  à  mon  abbé....  m  Nous  avons  même  sans  préparation  ,  doué  d'une 
aujouririiui    cpiehpie    peine    à    com-  hem  eiise  mémoire  ,  il  se  mil  à  prêcher 
*)rcndre  comment  le  roi  de  Fiance  et  le  lit  avtîc  succè>.  Ayant  été  nomme 
pouvait  n'être,  il  y  a  renl    ins,  que  prieur  de  Gregv  ,  couvent  situé  dans 
le  sci"neur  narliculirr  d'un  de    ses  levuisinai;e  de  Meanx  (  l  juès  de  Ger- 
sujels,  et,  surtout,  pour  ipielle  lai-  rmgny.  maison  <1.  Ciimpaguede  l'évc- 
son    ce    sujet    l'.ippilail    son    abbé,  que  ,  il  «ut  (lecasitdi  tic  Ntiir  Hossurt , 
1/histoirc  de  Touraine  nous  exp'ique  (pii ,  trouvant  en  lui  un  religieux  zélc 
celte  double  énigme.  Gervaise  était  ,  et  plein  de  talent ,  lui  donna  d'utiles 
comme  nous  l'avons  dit,  prévôt  de  conseils.  ïii  s  c  unies  avaient  à  Ihnne 
iiiièvres  ;    or,   ce  domaine  <sl,a  ce  des  all'aii  es  pour  hstpu  lies  ilfillait  <le 
qu'il  pu  ait,  un  des  plus  anciens  ar-  la  capaiité;  ils  i'v  dépulèrenl.   Quel- 
rière-heCs    de   la    couronne,   <t    les  que  aiisti-re  que  fût  riiistitiif  des  car- 
rois  de  France  sont  de  droit  abbés  mes,  boilièle,  suit  iiiquicludcd'cspril. 


gi:r 

CfTrvalsc  IIP  le  trouva  point  assez  ri- 
goureux pour  lui.  Il  resolnl  <ic  se  i<'- 
tiivr  à  II  Tr.j[)c',  où  il  lut  admis  après 
qiici(pics  (liniciillJs.  [/.ibbe  de  Kaiicc 
lui  (lodiia  liii-inciiic  l'Iiabil  eu  iOi)5, 
et  ajouta  le  nom  d'Aiinand,  (jui  était 
riwi  (les  siens,  à  eclui  de  François  que 
portait  déjà  doiri  (iiTvaise.  Les  infir- 
uiite's  de  l'abbc  de  la  Trape  l'ayant 
C'iii;aj;c  à  se  démettre  do  son  abbaye, 
A'  et  dom  Zuzirac  Foisel,  qu'il  s'était 
'  donne  pour  successeur  ,  ctaut  mort 
}ieu  de  temps  après  ,  le  pieux  réfor- 
mateur crut  dom  Gervaise  propre  à 
maintenir  l'ausleiile'  et  l'esprit  de  pc- 
nitcucc  ((u'il  <»vail  introduits  dans  sou 

I  monastère,  il  lit  demander  au  roi  et 
obtint  l'abbaye  pour  lui.  Mais  il  ne 
tarda  pas  à  s'apercevoir  qu'il  s'était 
trompe.  Heureusement  le  nouvel  abbc' 
ofFiit  lui-même  sa  démission.  Quehjues 
auteurs  prétendent  qu'il  en  cul  du  re- 
gret, cl  qu'il  ût  tout  son  possible  pour 
]a  retirer. Dans  deux F'ies  de l'ibbc  de 
Kancé,  il  est  accusé  d'avoir  eu  de  mau- 
vais procédés  à  l'égard  de  ce  dernier. 
D'autres  le  justitlcnt,  et  lui-même  a 
composé  divers  écrits  pour  son  apo- 
logie. 11  faut  bien  que  l'abbé  de  Rancé 
ait  eu  à  s'en  plaindre ,  puisqu'après 
l'avoir  élevé  lui-même,  il  a  souhaité 
qu'il  quitlât  le  poste  dont  il  l'avait  jugé 
digne.  Gervaise  se  retira  à  l'abbaye  de 
Lou^Pout,  et  depuis  erra  de  monas- 
tère eu  monastère,  jusqu'à  ce  qu'un 
ordre  du  roi  le  relégua  à  l'abbaye  des 
Reclus,  dans  le  diocèse  de  Troyes, où 
il  mouiut,  en  i65i,  âgé  de  quatre- 
vingt-onze  ans.  Ou  ne  peut  refuser  à 
dom  Gervaise  beaucoup  de  talent  et 
plusieurs  qualités  estimables.  Les  nom- 
breux ouvr  iges  qu'il  a  laissés,  prou- 
vent combien  il  était  laborieux;  et  la 
vie  de  la  Trape  qu'il  n'a  jamais  cessé 
de  mener  avec  la  même  rigueur  de- 
puis sa  sortie  de  ce  monastère ,  ses 
tifurts  constants  pour  le  maintien  de 


r,ER 


1JIJ 


la  réforme  de  son  ordre,  ne  pertnet- 
teul  pas  de  douter  qu'il  ne  lût  un  re- 
ligieux attaché  à  sa  lè^lc;  mus  natu- 
rellement iiKpiiet ,  d'iuie  liumcur  sin- 
gulière et  bizarre,  et  d'un  caractère 
bouillant,  il  ne  convenait  <'n  aucune 
manière  au  gouvernement  d'une  com- 
munauté où  il  fallait  lui  homme  de 
paix.  On  a  de  lui  :  I.  Les  Vies^\  plu- 
sieurs Pères;  savoir  :  dcSt.-Cy/jrien, 
Paris,  I  7  I  ■],in-4".;  • — de  St.-irenée, 
Paris,  1  723,  li  vo!.in-i  i;  —  de  Ritfin^ 
prêtre  de  Végliite  d'A(juilf'.e,  Piris, 
1  725  ,  2  vol.  m- 1  '2  ,  refondue  depuis 
par  l'abbé  Goujet; —  de  Sl.-Pdulin  y 
1  745,  in-4".  ;  —  de  Sl.-Èpiphane  , 
Paris,  174*^,  iii-4''7  '^^  plupart  avec 
l'analyse  des  ouvra;^es  qu'ils  ont  lais- 
sés, des  notes  historiques  et  critiques, 
et  des  dissertations.  Les  Mémoires  de 
Tillemont  ont  en  grande  partie  fourni 
les  matériaux  de  ce  travail.  IL  La  Vie 
d'Abailard  etd'Héloise  son  épouse , 
Paris,  1720,  2  vol.  in-i2.  111.  Les 
Lettres  des  mêmes  ,  traduites  en 
français  ,  d'un  style  plus  libre  qu'il 
ne  convenait  à  \x  profession  du  tra- 
ducteur (F"qx.  Abailard;.  IV.  La  Fie 
de  Vabhé  Su^er ,  avec  des  disserta- 
tions, Paris,  1720,  2  vol.  in -12. 
Elle  est  curieuse,  mais  inexacte.  V. 
Défense  de  Li,  nouvelle  histoire  de 
Vabhé  Su^er,  avec  l'apologie  pour 
feu  M,  Vabhé  de  la  Trape ,  contre  les 
calomnies  de  dom  Fincenl  Thuil- 
lier.  Dom  ïhuillier,  dans  son  édition 
des  Œuvres  posthumes  de  dom  Ma- 
bil!on,cut  occasion  de  parler  de  la 
contestation  de  ce  célèbre  bénédicliii 
avec  l'abbé  de  Raiicc,  au  sujet  des 
Etudes  monastiques.  On  doit  penser, 
d'après  son  caractère ,  qu'il  n'a  j)oiut 
passé  les  bornes  de  la  modération; 
au  lieu  ([ue  celui  de  dom  Gervaise, 
souvent  peu  mesuré,  rend  ses  qualifi- 
cations un  peu  susp.ct.'S.  VI.  IJ His- 
toire de  Vabhé  Joachini ,  religieux 


a4<>  ^ER  GER 
ds  Vordre  de  Cite  aux  ,  surnom'  t\^s.lîU.  Histoire  de  la  réforme  de 
mé  le  prophète,  Paris  ,  1745  ,  2  Vordre  de  Cite  aux  en  France ,  kVi- 
volumes  in- 1*2.  lAuiteur  essaie  d'y  gnon,  1746,  in-4''.;il  devait  yen  avoir 
montrer  raccomplisscracnt  des  pro-  deux  volumes,  dont  il  n'a  paru  que  le 
pheties  de  cet  abbe,  dont  il  raconte  premier ,  l'ouvrage  ayant  été  arrêté  : 
aussi  les  miracles.  Cette  production  ce  volume  est  devenu  rare.  Les  supe'- 
passc  pour  être  plus  dénuée  de  criti-  rieurs  de  l'ordre  de  Cîteaux  n'y  sont 
que  qu'il  ne  convient  à  un  ouvrage  pas  ménagés.  C'est  à  l'occasion  de  ce 
de  celle  mtuie.  Vil.  Jugement  cri-  livre  qu'intervint  l'ordre  du  roi,  qui 
tique ,  mais  équitable  des  Fies  de  M.  relégua  dom  Gervaise  aux  Reclus. 
l'abbé  de  fiancé,  Londres  (Troyes),  Outre  tous  ces  ouvrages,  dom  Ger- 
1742,  in-1'2.  Ces  vi»'s  sont  celles  v.iise  on  laissa  de  manuscrits  :  on  cite, 
qu'ont  données  l'abbé  Marsoliicr,  et  entre  antres,  un  nhvé^é  de  V Histoire 
Maupeou  ,  curé  de  Nonancourl.  Dora  ecclésiastique  de  Fleur/  j  un  Traité 
Gervaise  y  est  fort  maltiaité.  Il  re-  des  devoirs  des  évéque s  ^  nue  Vie  de 
pousse  de  son  mieux  \qs  imputations  dom  Abraham  Braugn/ ,  curé  du 
de  ces  deux  écrivains  ,  et  relève  plu-  diocèse  d'Arras,  mort  religieux  de 
sieurs  fautes  et  inexactitudes  dans  les-  la  T râpe ,  aie .  Dom  Gervaise  écrivait 
quelles  il  prétend  qu'ils  sont  tombés,  bien;  son  style  est  net,  coulant  et 
VJII.  Lettres  d'un  théologien  à  un  léger,  et  ses  pensées  ne  manquent  pas 
ecclésiastique  de  ses  amis,  sur  une  d'élévation  :  mais  il  est  inégal,  souvent 
Disserintiontouchant  les  ordinations  peu  exact  ;  exagéré,  quand  le  préjuge 
anglaises,  Paris,  1724,  in- 12.  Cette  ou  la  passion  le  domine,  il  ne  connaît 
dissertation  est  celle  du  fameux  père  plus  alors  de  ménagement,  et  sort 
Le  Courayer  (  Foy.  Courayer).  Les  des  bornes  d'une  sage  discrétion.  Le 
Lettres,  au  nombre  de  deux  ,  ont  été  résultat  de  ces  défauts  a  été  une  vie 
supprimées  ,  et  le  privilège  en  a  été  semée  d'épines  ,  et  continuellement 
l'tùié. \^.V  honneur  deV  Eglise  et  des  agitée.  L — y. 
souverains  pontifes^  défendu  contre  GÉRY  (  Andrl'-Guillaume  de), 
les  calomnies  et  invectives  du  père  cVianoine  régulier  et  abbé  de  Sainte- 
té Courayer ,  dans  son  histoire  du  Geneviève,  l'un  des  oralcursdistingués 
concile  de  Trente^  Nanci,  174'-*)'^  duxviii.  siècle,  naquit  à  Reims  le  17 
volumes  in-  12.  X.  Cinq  Lettres  février  1  727. 11  commença  ses  huma- 
contre  dora  Marquard  Ilergott,  au-  nités  dans  cette  ville,  et  les  termina 
tcur  du  livre  intitidé  :  Disciplina  mo-  sous  la  direction  des  chanoines  régu- 
jiasticd ;  cWcs  ont  été  imprimées  dans  liers  de  St.- Vincent  de  Senlis.  Étant 
les  journaux  de  Trévoux,  de  1727.  entré,  en  174^,  dans  la  congrégation 
Ce  dom  Marquard  Hergott  était  un  de  cet  ordre,  il  y  prit  des  leçons  de  lil- 
«avanl  religieux  de  l'abbaye  de  St.-  térature  et  de  langues  anciennes  sous 
Biaise,  dont  l'ouvrage  est  plein  de  un  maître  instruit  et  modeste,  le  père 
choses  cunvnsvs.W.  Fie  de  S.  Paul,  Gillel.  Kn  174^  1  il  fut  envoyé  à 
apôtre  des  Gentils  et  docteur  de  V  E-  Samte-Rarbe  en  Auge,  pour  y  élii- 
glise,  Paris,  1754,3  vol.  in-12;  ou-  (lier  la  philosophie.  Dans  ses  moments 
vrage  d'un  goût  singulier,  divise  en  de  loisir  ,  on  lui  fit  ap[>nMidre  et  dé- 
iix  livres,  dont  les  quatre  premiers  biler  des  sermons  de  iNIassillon;  ce 
contiennent  l'histoire  de  cet  apùtrc ,  qui  développa  ses  dispositions,  et  lui 
ft  les  deux  derniers  exposent  ses  ver-  donna   le  u,uùt  de   l'éloqticncc  de   l.i 


GER  G  En                241 

cliairc.  Il  vint  i\  P.iris,  m  1747»  ^'''"^  Onclqiirs  anncTs.ipns  la  morldere- 
Sui)  cowvs  (ic  Jlic'ulK^ic;  les  llièscs  (ju'il  vinjuc  ;M.  de  FitzJ.inics),  (pii  le  con- 
y  soutint  cure jil  (le  IVcl.Jt ,  cl  mon-  .siclciait  b:.mLou|)  cl  iavoris^il  son 
tiriciit  qu'il  joignait  à  l'cinqiicnce  niic  zèle,  il  «juilta  Soissons,  cl  ,<ll.i  ,  CD 
r.uson  rVlrijcVrl  rcsj)ril(lc  clisrussion.  i^GcS,  prendre  |:o.ss('.ssion  a  Lyon  du 
]l  l'ut  rh.ir^c  d'enseigner  la  plnloso-  ])rieiire-cure  de  Saint- 1 renée.  Il  y  sc- 
jiljjo  dans  le  incine  colleté  où  il  avait  conda  le  zèle  de  M.  de  Montazet,  et 
aelievc  SCS  lunnanifes.  On  lui  donna,  eut  la  plus  grande  j),Mt  aux  mande- 
l)irutôt  apiès,  la  chaire  de  ihcologie  nienls  de  cel  archevc(jue  ,  au  noii- 
à  la  maison  de  H  un ,  avec  la  dignité  veau  rituel  et  au  catéchisme  de  son 
de  sous-prieur.  C'est  alors  qu'il  s'ap-  diocèse  :  mais  il  refusa  du  prélat  toute 
jiliqua  principalement  à  l'étude  de  dignité'  qui  aurait  pu  le  détacher  de 
Saint  ChrysosJome  ,  de  Saint  Cy-  sa  congrégation.  En  1770,  il  passa 
prien  ,  et  de  ceux  des  Pères  les  plus  à  la  prioralure  de  son  ancienne  mai- 
éloquents  cl  les  plus  doclfS  :  il  prit  son  de  Saint-Vincent  de  Scnlis  ;  en 
surtout  pour  base  de  ses  leçons  la  i  773,  à  celle  de  Saint-Marliud'Éper- 
doctrinc  de  St.  Augustin,  el  oljliut  iiay;  et  en  1775,  :<  celle  de  Tous- 
des  succès  qui  le  firent  appeler  à  Ste.-  saints  à  Châ'ons-sur-Marne.  Dans 
Geneviève,  oii  il  exerça  les  mêmes  cette  dernière,  n'ayant  poinC  de  foiic- 
fonctions  de  1755  à  1761.  Maigre  tiou  curiale  ,  il  se  livra  plus  libre- 
cet  emploi  pénible  et  assidu ,  son  zèle  ment  au  mini.'^tère  de  la  parole,  avec  l'a* 
le  portail  en  même  temps  à  exercer  le  giément  de  M.  de;  Juigné,  alors  évê- 
ininistère  de  la  chaire  évangélique,  où  que  de  Ciiâlons,  Le  zèle  pour  la  dis- 
il  déployait  à-la-fois  l'éloquence  de  la  cipline  régulière  qu'il  avait  montre' 
raison  et  de  la  persua>ion.  Ses  ser-  depuis  longtemps,  l'avait  fiit  nom- 
mons, d'une élocution  facile, d'une  ins-  mer,  plusieursannées  auparavant,  au 
truclion  vive  et  accompagnée  d'onc-  prieuiéde  Sainte  Geneviève:  il  avait 
îion  ,  lui  attirèrent  un  auditoin  nom-  été  porté  ensuite  à  >'en  démettre,  par 
ÎDreux.  Il  suivait ,  en  les  composant  amour  pour  la  paix.  Enfin ,  sa  coa- 
d'un  seul  jet ,  l'impulsion  de  son  zèle,  duite  ferme  ,  tempérée  par  la  dou- 
Après  avoir  travaillé  avec  soin  l'exorde  ceur  constante  de  son  caractère,  son 
d'un  sermon  qu'il  devait  prononcer  expérience  acquise  et  reconnue  dans 
devant  le  roi  le  jour  de  la  Pentecôte,  les  diverses  maisons  qu'il  avait  ad- 
il  en  resta  là  ;  jamais  il  r.e  put  ter-  ministrées  ,  firent  tonjber  toutes  les 
rainer  la  composition  entière  d*un  dis-  préventions  j  et  il  fut  élu  ,  avec  l'ap- 
coui s  étudié  qu'il  lui  fallait  remettre  probation  générale,  abbé  de  Saintc- 
à  jour  fixe.  Quelques  passages  d'un  Geneviève,  en  «  778.  Il  s'occupa  alors 
sermon  (sur  le  baptême),  en  quelque  fout  entier  des  rég'emcnls  de  son  or- 
sorte  improvisé,  dont  le  sens  fut  m  d  dre  et  du  soin  des  bonnes  études  ,  et 
intci  prêté  auprès  de  M.deBeaumont,  ne  prononça  plus  que  de  loin  en  loin 
archevêque  de  Paris ,  fit  ent  suspendre  quelques  panégyriques  el  des  discours 
des  le  déhut  la  continuation  d'iui  ea-  détachés.  En  1784,  s'étant  déeh  u-gé 
rême  qu'il  devait  prêcher  à  St.-Jcic-  sur  son  coadjuteur  du  poids  de  l'ad- 
ques-du-Haut-Pjs.  Le  chapitre  gêné-  ministration  j  rendu  à  lui-même  ,  et 
rai  de  sa  congrégation  l'envoya  rem-  jouissant  en  apparence  d'une  santé 
plir  alors  (en  1763)  la  fonction  de  ferme  et  robuste,  il  se  proposait  de 
prieur-curé  de  Samt-Lcgei  à  Soissons.  reprendre  el  de  suivre  de  nouveau 

XVII.  16 


J242  GES 

le  ministère  de  la  chaire ,  lorsqu'une 
apoplexie  soudaine  vint  l'enlever,  le 
'j  octobre  1786,  dans  la  Go'',  année 
de  son  âge.  On  a  de  Tabbé  Géry  un 
assez  grand  nombre  de  Sermons ,  de 
J^anégjriques  et  d^ Homélies  qui  ont 
ële'  recueillis  en  six  voî.  iu-12,  Pa- 
ris, l'jBS.  Ses  sermons  cl  instruc- 
tions, pleins  d'une  raison  e'ioquente, 
qui  les  faisait  suivre  avec  tant  de 
succès  _,  sont  encore  lus  avec  fruif. 
Parmi  ses  panégyriques,  on  distingue 
celui  de  St.  Augustin ^  composé  vers 
1758  j  V Oraison  funèbre  de  Louis 
X  f^ ,  publiée  en  1774?  \e  Pane'gjr- 
ri(jue  de  Saint  Louis,  en  1777  ;  et 
Y  Eloge  de  Jeanne  d'Arc,  dite  la 
Pucelle ,  en  1 779.  H  a  aussi  public , 
sans  se  nommer  ,  une  Dissertation, 
sur  le  véritable  auteur  du  livre  de 
l'Imitation  ,  Paris  ,  1 708  ,  in- 1 2. 
C'est  une  réponse  à  la  Dissertation 
de  l'abbé  Valart ,  pour  Gcrsen.  Il  y 
défend  moins  l'opinion  favorable  au 
<;hanoinc  régulier  Kcrapis  ,  qu'il  ne 
s'altjcbe  à  combattre  l'assertion  de 
Valart,  qui  attribuait  \^  ImitationliX  àh- 
bé  de  Verceil  ,  maître  de  Saint  An- 
toine de  Padoue,  pour  donner  quel- 
<[uc  réalité  au  prétendu  personnage  de 
Gersen.  (  Foy.  Gersen  et  Thomas 
Gallus.)  Une  traduction  latine ,  aussi 
anonyme,  de  la  Dissertation  de  Géry, 
se  trouve  insérée  dans  la  Deductio 
critica  d'Eusèbe  Amort,  Augsbourg, 
17(31 ,  in^"-  G — CE. 

GESEMUS  (Guillaume),  mé- 
decin à  Nordhauscn  cl  à  Walkcnricd, 
lié  en  I  760  à  Schoningen ,  dans  le  du- 
ché de  Brunswick ,  jouit  d'une  assez, 
grande  réputation  dans  la  lillératurc 
médicale.  Il  est  mort  le  i".  avril 
l3oi,  après  avoir  publié  v\\  alle- 
mand :  1.  Essai  d'une  Encyclopédie 
h'l)iflof)térologï(jue ,  ou  Manuel  pour 
les  personnes  qui  font  des  collcc- 
iiu/w  de  papdluns  j  Erlurl,  178G, 


GES 

in-8'*.  II.  Pathématologie  médico- 
morale  ,  ou  Essai  sur  les  passions 
et  leur  influence  sur  les  fonctions  du, 
corps,  ibid.,  1786,  in-8'.  III.  De 
la  fièvre  putride ,  bilieuse  et  épidé- 
micjue  des  années  1785  et  1786, 
Leipzig,  1788,  in-S".  IV.  Catalogue 
descriptif  des  médicaments  simples, 
tirés  du  règne  végétal ,  d'après  l'or- 
dre alphabétique  des  dénominations 
usitées  dans  les  pharmacies  ,  Sten- 
dal ,  1790,  in-£ol.  V.  Manuel  de 
matière  médicale ,  ibid.,  1791  >  in- 
8°.^  1796,  in-8^         B— u— D. 

GEsSEK  (  Conrad  ) ,  naturaliste 
célèbre ,  surnommé  le  Pline  de  l'Al- 
lemagne,  a  été,  pour  son  temps, 
un  pi odigc  d'application,  de  savoir 
et  de  sagacité.  11  naquit  à  Zurich,  le 
26  mars  1  5 16  ,  d'Ours  Gesner,  four- 
reur, et  de  Barbe  Frick,  parents  as- 
sez pauvres,  et  qui  avaient  encore 
plusieurs  autres  enfants;  en  sorte  qu'il 
n'aurait  pu  se  soutenir  dans  ses  étu- 
des, sans  les  secours  de  son  oncle  ma- 
ternel,  Jean  Frick,  ministre,  qui  le 
forma  dans  les  lettres,  et  lui  donna 
les  premières  notions  de  la  botani- 
que. Mais  cet  oncle  étant  mort,  et 
son  père  ayant  été  tué ,  en  1 53 1  ,  à  la 
bataille  de  Zug,  celle  où  péril  aussi 
le  célèbre  réformateur  Zwingle,  le 
jeune  Gesner  se  vit  obligé  de  chercher 
fortune  dans  l'étranger.  Il  alla  à  Stras- 
bourg, où  il  seconda  pendant  quelque 
temps,  moyennant  un  salaire,  les 
travaux  de  Capiton;  puis,  ayant  ob- 
tenu quelques  subsides  des  chanoines 
de  Zurich,  il  se  rendit  à  Bourges,  et 
y  commciifa  à  étudier  l.i  médecine.  A 
i'age  de  dix-huit  ans ,  il  eut  occasio^i 
devenir  à  Paris,  et  s'y  livra  ,  sans  rè- 
gle comme  sans  contrainte,  h  sa  pas- 
sion pour  tous  les  genres  d'études,  se- 
couru dans  sa  pauvreté  parJeanSteiger, 
jeune  Bernois  de  famille  patiieienne, 
avec  lequel  d  i'clait  lié  d'amilic.  De  là, 


GKS 

W  rctourii.i  une  seconde  fois  à  Stras- 
boui|;,  d'où  il  fut  rappelé  à  Zurich, 
eu  I  5  j() ,  pour  y  occuper ,  dans  le  col- 
lè-^v ,  uu  [)elit  emploi  de  re:;ciit.  Mais 
les  ni,ij;istral.s  s' <i perçurent  prompte- 
iJUMif  (pi'il  elait  t'ait  pour  des  travaux 
moins  ub.s(  urs,  et  lui  accordèrent,  eu 
i  i)?tn ,  un  nouveau  secours  pour  con- 
tinuer à  B.ile  ses  éludes  eu  médecine. 
C'est  dans  celte  ville  qu'il  commença 
à  travailler  pour  le  public ,  en  donnant 
des  soins  à  l'édition  du  Dictionnaire 
grec  de  Favorin  {J^oj.  Favorinus). 
jj'annee  suivante,  le  sénat  de  Berne 
ayant  fonde  une  académie  à  Lausanne, 
il  y  fut  appelé,  et  y  enscii;na  les  let- 
tres grecques  pendant  trois  ans.  11 
p;issa  ensuite  une  année  à  Montpel- 
lier, où  il  se  lia,  d'une  manière  intime, 
avec  le  célèbre  médecin  Laurent  Jeu- 
bert,  et  le  grand  naturaliste  Uoudelet. 
Enfin,  il  fut  reçu,  en  i54i  ,  docteur 
eu  médecine  à  Baie  ,  où  il  mit  la  der- 
nière main  à  quelques  extraits  d'au- 
teurs grecs  et  arabes  sur  la  botanique 
et  sur  la  médecine,  qui  furent  j)iibliés 
cette  année  et  la  suivante,  à  Zurich 
et  à  Lyon.  Bientôt  après,  il  donna 
v.n  Catalogue  des  plantes,  en  quatre 
langues,  où  il  fit  déjà  preuve  de  con- 
naissances trfs  étendues  sur  la  bota- 
nique, et  indiqua  plusieurs  végétaux 
nouveaux  pour  le  temps.  Quelques 
courses  dans  les  Alpes  de  Suisse  et  de 
Savoie,  lui  procurèrent  d'autres  plan- 
tes nouvelles,  et  lui  donnèrent  lieu  d'é- 
crire, en  i54^,  son  petit  livre  sur  le 
lait,  accompagné  d'une  lettie  sur  la 
beauté  des  montagnes.  La  même  an- 
née, il  traduisit,  du  grec,  un  Traité 
des  syllogismes  ,  et  d'autres  ouvra- 
ges philosophiques  ,  qu'il  fit  suivre  , 
en  1 545  ,  des  Sentences  de  Stohée  ; 
et,  eu  i544'  ^^s  Allégories  d' Hé- 
raclide  de  Pont,  du  Discours  de  Dion 
Ckrisostôme  sur  Homère,  d'une  édi- 
tion purgée  de  Mai'!i;il.  En  1 545 ,  il  fit 


GES 


a45 


un  voyage  à  Venise  et  à  Augsbourg, 
où  il  ha  connaissance  avec  plusieurs 
hommes  de  mérite ,  et  eut  la  facilité  do 
consulter  des  ouvrages  rareset  des  ma- 
nuscrits précieux.  C'est  alors  qu'il  com- 
mença de  mettre  au  jour  sa  fameuse  Bi- 
hliothèque  universelle,  prcjnier  grand 
ouvrage  bibliographique  qu'aient  pro 
duit  les  modernes.  Les  titres  de  tous  les 
ouvrages  connus  alors,  en  hébreu,  ea 
grec  et  en  latin ,  soit  cju'ils  existassent 
ou  qu'ils  fussent  perdus,  et  souvent  un 
sommaire  de  leur  contenu,  un  juge- 
ment sur  leur  mérite  ,  et  quelque  v 
échantillon  de  leur  style,  composent  le 
fonds  i\G  ce  recueil.  Le  premier  vol., 
publié  à  Zurich  en  i545j  est  classé 
j)ar  ordre  al])l)abétique  des  noms  d'au- 
curs;  le  deuxième,  rangé  par  ordre  de 
matières ,  et  divisé  en  dix-neuf  livres , 
parut  en  1  54B  ,  ibid.,  sous  le  titre  de 
Pandectes  ;  le  vingt-unième  livre , 
consacré  à  la  théologie,  parut  l'année 
suivante;  mais  le  vingtième,  qui  de- 
vait traiter  des  ouvrages  de  méde- 
cine, n'a  point  élé  imprimé,  ])arce 
que  l'auteur  ne  crut  jamais  l'avoir 
perfection  nécomme  il  raéritaitdel'être. 
La  Bibliothèque  de  Gesner  a  été  abré- 
gée par  Lycosthenes,  et  complétée  par 
Simier,  et  par  J.-J.  Fiies,  Zurich, 
i585,  in  -  fol.  (i)  Pendant  le  même 
temps  ,  les  éditions  ou  les  traduc- 
tions de  divers  petits  Traités  grecs 
l'occupaient  encore  :  il  donnait  ,  de 
plus ,  une  édiFiou  corrigée  d'Hermo- 
laus  Baibaro;  une  Préface  critique 
sur  les  ouvrages  de  Galien  ;  une 
autre  sur  ï Histoire  des  plantes ,  de 
Tragus  (  Voy.  Bock,  IV,  65i  )  ; 
un  Traité  des  eaux  minérales  de 
Suissd  et  d* y4llemagne  s  une  Des- 
cription du  mont  Pilât,  près  de  Lu- 
cerne  ;  et  néanmoins,  il  ne  laissait 

(1)   Voyez  aussi  les  articles   Rob.  CojisTArcTir* 
^^IX  ,  491),    Dmybrdisr   i^XU,  4a«j,  et  Hai.i.6«- 


a44  G  ES 

pas  de  lëiinir  de  toutes  paris,  et  de 
coordonner  les  niate'riaux  du  grand 
ouvrage  sur  X Histoire  naturelle,  dont 
il  avait  conçu  le  plan  des  sa  première 
jeunesse.  De  nombreux  amis ,  que  son 
mérite  lui  avait  procures  presque  dans 
toute  l'Europe  ,  lui  envoyaient  les 
figures  et  la  notice  des  productions  de 
leurs  climats ,  ou  même  les  objets  en 
nature,  quM  faisait  peindre  et  graver. 
Lui-même  voyageait,  chaque  fois  qu'il 
en  avait  le  loisir,  en  Suisse  et  en 
AllemagDC.  Il  avait  toujours  désiré 
voir  les  côtes  de  la  mer  du  Nord  :  mais 
la  guerre  de  religion  ,  qui  éclata  en 
i55i  ,  le  contraignit  de  retourner 
chez  lui  avant  d'avoir  atteint  ce  terme 
de  ses  vœux.  Gesner  a  écrit  sur  les 
trois  règnes  de  la  nature  :  mais  sou 
Histoire  des  animaux  est  le  plus 
considérable  de  ses  ouvrages  d'his- 
toire naturelle,  et  celui  qui  lui  assurera 
une  renommée  plus  durable.  Elle  est 
divisée  en  cinq  livres ,  que  l'on  relie 
d'ordinaire  en  3  volumes  in-folio  : 
le  premier,  imprimé  pour  la  première 
fois  à  Zurich  en  i55i,  traite  des 
quadrupèdes  vivipares;  le  second, 
ibid.,  ij54,  des  quadrupèdes  ovi- 
pares; le  troisième,  ib. ,  i555,  des 
oiseaux;  le  quatrième,  ib.,  i  556,  des 
poissons  et  autres  anijinux  aquati- 
ques; le  cinquième  est  posthume,  et 
fut  public  à  Zurich  en  1587,  P^^ 
Jacques  Cairon,  médecin  de  Franc- 
fort; il  traite  des  serpents  ,  et  est  plus 
rare  (pie  les  autres  :  il  s'y  trouve  ordi- 
nairement joint  un  Traité  particulier 
du  scorpion,  égalrmcnl  posthume,  et 
publiéaus^ien  •  587,  par(^asparWolf, 
<le  Zurich.  Il  devait  y  avoir  un  sixième 
livn%  sur  les  insectes  :  mais  on  doute 
que  Gesner  ait  commencé  à  le  rédiger , 
v\  il  n'en  est  resté  (pie  quehpies  figures 
jiicdiles  de  papillons.  Outre  ces  pre- 
mières éditions  des  différentes  par- 
ties d«  l'histoire  des  animaux,  il  cti 


GES 

a  paru  plusieurs  autres ,  dont  quel- 
ques-unes, plus  amples,  imprimées 
du  vivant  de  l'auteur,  ou  après  sa 
mort,  en  latin,  en  allemand,  en  fran- 
çais, et  divers  abrégés ,  sous  les  titres 
à' Icônes  animaliiim  ;  Icônes  auium; 
Nomenclaior  aquatilium  j  etc.  L'au- 
teur ,  dans  ce  grand  ouvrage  ,  range 
les  animaux  par  ordre  alphabétique 
des  noms  latins,  et  donne  sur  chacun 
d'eux  des  de'tails  divise's  en  huit  cha- 
pitres ,  savoir  :  ses  dénominations 
dans  les  diverses  lancues,  anciennes  et 
modernes;  sa  description  interne  et 
externe,  ses  variétés,  et  les  pays  qu'il 
habite  ;  1 1  durée  de  sa  vie ,  de  son  ac- 
croissement ,  l'époque  de  sa  féconda- 
tion, et  de  la  naissance  de  ses  petits, 
le  nombre  de  sa  portée  ;  les  maladies 
ausquellesilest  sujet;  ses  mœurs  etson 
iu'^tinct;  son  utilité;  les  aliments  qu'on 
en  tire;  1c>î  remèdes  qu'il  fournit;  en- 
fin les  images  qu'il  a  procurées  à  la 
poésie  et  à  l'éloquence,  les  épithètes 
qu'on  lui  a  données,  etc.  :  tout  ce  que 
les  auteurs  anciens,  et  ceux  du  moyen 
âge,  avaient  écrit  de  relatif  à  ces  dé- 
tails, est  employé  aux  chapitres  cor- 
respondants. Gesner  ajoute,  en  même 
temps,  avec  autant  de  critique  qu'il 
e'tait  possible  d'en  mettre  à  une  épo- 
que où  l'autorité  des  anciens  était  en- 
core fort  respectée,  et  la  nature  même 
assez  peu  connue,  une  infinité  de  dé- 
tails nouveaux,  tirés  de  ses  propres 
observations,  ou  communiqués  par  sc% 
nombreux  correspondants.  Il  donne, 
prnicipalement  sur  les  animaux  de  lu 
Suisse,  beaucoup  de  fiits  exacts  et 
importants,  qui  ne  sont  pas  encore 
tous  à  négliger  aujourd'hui  :  clia(juc 
espère  est  représentée  par  une  figure 
eu  bois;  et  celles  que  l'auteur  avait  pu 
faire  copier  tl'après  nature  sont  Tort 
exactement  rendues  :  mais  il  fut  aussi 
obligé  d'en  emprunter  quchjues-unes 
ù  sus  prédécesseurs;  et  celles-là  ne 


CES  r,R5  7\ty 

soiU  |ias  toujours  aussi  rx.iclos.  1/liis-  (lies,  i  'J,\.^,'^\a\.  iii-Zj".,  comme  relies 
toirc  des    poissous   n'csl  pas  tout  à  sur  les //ùfo/Ve.sw/tVcr.çt'^,  (bus  l'cdi- 
f.ut  sur  le  inûne  plnn  que  les  autres  :  lion  de  Leyde,  i-jai,  iu  4''.lîicn  qu'il 
Gesiur  y  copie,  sur  cIwkjuc  esj)ècc,  ait  (.'1(3  moins  lituieux  dans  la  puMiea- 
les  arlieics  de  ses  deux  amis  et  cou-  lion  de  ses  travaux  sur  la  holaïu'qne,  il 
temporains  ,     Iklon    et    Hondelit  ,  s'est  peut-cire  rendu  plus  célèbre  dans 
aiixcpuls  il  se  borne  à  faire  quelques  eclte  science  pirla  fcVondiled(s  vues 
adililions.  Les  Ahrc^és ,  ayant  j)aru  qu'il  y  a  introduites:  non  seulement  il 
après   les    grands    Traites ,  conlieii-  s'ctait,  dès  son  enfance,  attache' à  re- 
ncut  plusieurs  rensarques  (pii  ne  sont  cueillir  des  plantes, et  il  .ivait  susepro- 
pas  dans  ceux-ci  ;  et  l'on  est  oblige  de  curer  un  jardin  pour  en  e'!ever  j  mais  il 
consulter  les  uns  et  les  autres  pour  apprit  bientôt  à  les  dessiner,  et  en  pei- 
avoir  une  idée  complète  de  ce  qui  était  gnit  plus  de  i5oo,  dont  il  destin-^it 
connu  à  cette  (époque.  V Histoire  des  les  figures  à  une  histoire  générale  des 
animaux ,  dcGesner,  jieul  être  cou-  vcge'taux.  Cet   exercice  lui  fit  porter 
sidérée  comme  la  première  base  de  son  attention  sur  les  nombreux  détails 
toute    la   zoologie    moderne  :  copiée  de   la  fleur  et  du  fruit;  et  il  arriva 
presque  liltérah  ment  par  Aidrovande,  ainsi  à  découvrir  cet  art  de  distingue  r 
abrégée  par  Jonston,  elle  a  fait  le  et  de  classer  ks  plantes  par  les  or- 
fonds   d'ouvrages  bien  plus  récents;  ganes  de  la  frucîiftcation ,  art  qui  a 
cl  plus  d'un  auteur  célèbre  en  a  cm-  véritablement  créé  la  botanique  scien- 
prunté,    sans    s'en   vauler,  presque  tiHque.  Il  exprime  nettement,  dans 
toute  son  érudition;  car  on  doit  re-  plusieurs  lettres  imprimées,  la  uéces- 
marquer   que  les  passages  des   an-  site  de  s'attacher  en  botanique  aux  ea- 
ciens,  qui   ont    érhappé  à  Gesner,  ractères  de  cette  nature.  On  ne  doit 
n'ont  presque  pas  été  pris  en  considé-  point  donner  d'attention  à  VEncTiiri- 
ration  par  les  modernes.  Il  méritait  dion  lùstoriœ  plantarinn  ,  impriné 
cette  confiance  par  son  exactitude,  sa  à  Paris  en   i54i  ,  in-i6  :  ce  n'cst-la 
clarté,  sa  bonne  foi,  et  même,  en  di-  qu'un  ouvrage  de  la  jeunesse  de  Ges- 
vers  endroits,  ])ar  la  finesse  de  ses  ner,    et   nne    pure  compilation.  Ses 
aperçus.  Quoiqu'il  ;i'ail  point  encore  véritables  OEiwres  botaniques ^  aprhs 
établi  de  genres,  ni  de  classification  avoir  passé  en  manuscrit  dans  difïc- 
nalurefe  ,  il  indique  très  bien  ,  en  di-  renies bil)liothèques,  furent  acquises, 
vers  endroits,  les  vrais  rapports  des  vers  le  niilieu  du  dernier  siècle,  par 
êtres.  Un  service,  également  fort  con-  ïrew,  botaniste  de   Nuremberg,  et 
sidérable,  rendu  par  Gesner  à  la  zoo-  publiées  par  les  soins  de  Schnnedel  , 
logie,  c'est  son  édition  d'une  Traduc-  médecin  an  margrave  d'Anspach,  en 
tioTi  complète  des  OEuvT es  d'Élien ,  2  vol.  in-fol.,   INuremberg,  i'^54  et 
qu'il  donna  en  1  556,  immédiatement  1770:  elles  consi^len  ten  Commen- 
après  son  volume  des  poissons  (1). Ses  taires  sur  un  cinquième  livre  de  Va- 
nouvelles  notes  surce  texte,  auxquelles  lerius  Cordus  ,  en  Fragments  d^ww 
il  travailla  encore  long-temps,  ont  pa-  Histoire  des  plantes  ^    commencée 
ru,  pour  la  première  fois ,  dans  l'cdi-  d'après  le  plan  de  Gesner,  par  Wolf 
tion  donnée  par  Abr.  Grcnovius,Lon-  son  élève;  et  en  un  grand   nomlre 
,  ,  , — ~ — : — T ~~^'^ '■ — r  d'échantillons  des  figures  qu'il  avait 

(i)  l.cs  Jiiftoires  diverses  sonl  de  la.  \e\swn  (\e         ,         .      ,  -,  ^  ,   *■    -, 

Viilteius,  et  VUisloire  des  nnimanx ,  de  celle  de  dcSSinécS,   aVCC  ICS  nOtCS  Ct  IcS  dcSCrip- 

Cyllius,  que  Gesner  a   corrigée  en  plusieurs  eu-  .•  •     »„ ^^^, .     r > 

a/oiis.  t>        i  t^y2j5  qm  5  y  rapportent.  Long-temps 


24<5  GES 

auparavant ,  les  planclies  en  bois  que 
Gcsncr  avait  lait   faire,   d'après    ses 
dessins  ,  pour  \ Histoire  des  plantes 
qu'il  projetait ,  ayant  ans^i  passe  dans 
clifTereiitcs  mains,  avaient  servi  à  une 
édition  abrégée  de  Mathiole ,  donnée 
par  Joachim  II  Caméra  ri  us  ,  à  Franc- 
ibrt,  i580,  in-40.  (  /^.Camerarius, 
"Vl,  6o5);  et  Haller  déclare  que  ces 
figures  ont  fait  de  ce  livre  un  de  ceux 
où  il  est  le  plus  commode  et  le  plus 
agréable  d'apprendre  à  connaître  les 
Tégélaiix.  Le  petit   Traité  de  Gesner 
sur  les  figures  des  fos>iles,des  pierres 
et  des  gemmes ,  Zurich,  1 565 ,  in-8"., 
attira  l'attention  sur  les  pétrifications 
et  sur  les  cristaux.  On  voit,  par  ses 
e'pîtres,  qu'il  avait  fait  des  expériences 
sur  plusieurs  nunéraux,  et  qu'il  n'i- 
gnorait pas  les  verlus  électriques  de 
certaines  pierres  précieuses.  Enfin^  il 
n'est  pas  jusqu'à  la  comparaison  des 
diverses  langues  entre  elles,  dont  Ges- 
ner ne  se  soit  occupé;  et  il  a  donné, 
sur  ce  sujet,  dans  son  Mithridaies  de 
differentiis  lins^uarum^  Zurich,  1 555, 
i\\-'6'\  (i),  plusieurs  itiées  ingénieuses, 
qui  ont  été  plus  amplement  dévelop- 
pées dans  ces  derniers  temps,  il  pos- 
sédait en  effet ,   très  bien ,   les  trois 
langues  savantes,  avait  qucl([ue  tein- 
ture de  l'.ir.ibe,  entendait  le  français, 
l'it.ilicn  et  le  flamand,  et  avait  beau- 
coup travaillé  à  perfectionner  la  langue 
allemande.  Il  a  inséré,  dans  son  Mi- 
thridulcs  ,  une  Traduction  de  l'O- 
raison   dominicale,    eu  hex.imèlre» 
iioii  rimes,  qui  est  le  premier  essai  de 
re  genre    que    l'on  ait   fait  en  alle- 
mand   ('.i).    Tant    d'ouvrages    utiles 

(1)  La  tecondc  «idition,  ilunni'rn  jur  (loin.  Wnif-r 
(Zurich,  1610,  iii-H".  )  ,  ri  «ngtnnnlrd  <l  un  lniir,| 
c-omiiirnUirt* ,  ni  birii  moini  cirrrclr  ,  r.l  iiiAinn 
moiiii  coiTipIctr.  O  ciiririix  i>uvra;;r  ,  mi  Ton 
Iront  o  iinu  rourtn  ODlicr  ilr  prrtqiii-  loiitet  Ici 
|.iii^ii>-*  nnc  iriiiin  et  moilrriiri  iilorj  i-i>iiiiurfi,  r.in- 
|{iïei  pwr  «irirr  iaph;i|i<^tlr|iir  ,  un  iionihri- di'  ijn, 
t  »l  liTMiinr  pur  un  pr lil  vornhtiln irr  ilii  jargon  ilti 
«r»  vn^jli.iiidt  coniiiM  <oii«  II-  II. .111  Hc  liidirniiriK, 

^•)  On  liuu<«  ddiu  la  picmitic  cdtliou  de  ce 


GES 

avaient  fini  par  valoir  â  Gesner  Lean- 
coup  de  considération.  Les  magistrats 
de  Zurich  le  créèrent  professeur  pu- 
blic   d'histoire    naturelle   en    i555. 
L'empereur  Ferdinand  l'*".,  qui  aimait 
les  sciences,  et   à  qui  il  avait  dédié 
son  Histoire  des  poissons ,  le  fit  ve- 
nir près  de  lui  à  Angsbourg  en  i559, 
lui  accorda,  en  i564)<i^^  armoiries 
emblématiques  de  ses  travaux,  et  lui 
envoya   quelques    fragments  de  bc- 
zoar,   chose   regardée  en   ce  temps 
comme  très  précieuse.  Mais  il  ne  jouit 
pas  long-temps  de  ces  marques  d'es- 
time :  une  maladie  pestilenlielle,  qui 
avait  commencé  à  Baie  au  printemps 
de   i564,  et  s'était  propagée  à  Zu- 
rich, où  elle  se  renouvela  l'année  sui- 
vante avec  une  grande  fureur,  attei- 
gnit  Gesner.  Il  avait  donné,  pen- 
dant ces  deux  années,  beaucoup  de 
soins  aux  malades  qui  en  étaient  at- 
teints, et  avriit  même  écrit  une  Dis' 
sertation   sur  la   meilleure  méthode 
de  la  traiter  :  mais  un  bubon  s'élant 
montré  sous  l'aisselle  droite,  quoiqu'il 
souffiit  peu  il  ne  douta  point  qu'il  ne 
fût  condamné;  il  se  fil  Iranspoi  ter  dans 
son  cabinet,  pour  achever  de  mettre 
ordre  à  ses  ouvrages ,  et  y  mourut , 
dans  celte  occupation,  le  i5  décem- 
bre i565,  cinquième  jour  de  sa  ma- 
ladie ,   âgé   seulement    de   quar.mle- 
neuf  ans  et  quelques    mois,  et   ne 
laissant   qu'une  veuve  sans  enfants. 
Il  céda  sa  bibliothèque  et  ses  manus- 
crits à  Gispar  VVoll ,  son  élève,  qu'il 
chargea  de  j)ublicr  tout  ce  qu'il  pour- 
rait extraire  de  ses  papiers,  de  prf>prc 
à  étendre  ipulquis  parties  de.s  seu'u- 
cx'S.  Les  Gesn(r  qui  se  sont  rendus  il- 
lu^tres  dans  le  xvin''.  siècle,  desct  11- 
daient  de  sou  onelf  Andié,  celèbie  à 

livrp  un  tatilcéiu  qui  conlicul  l'Oraison  dominical* 
«n  vitj^t  drn\  luii^ufi.  C'est  le  proniirr  tt>*'\  f  n 
rr  |;«nrt*,  qui  a  rrru  de  nus  jour*,  sous  le  même 
tiirr  ,  un  d<ivrIopp«  mont  si  cuuitddrablc  {,  ^  i-J- 

Asi-LUHa  ,  l  ,  33).  ) 


CES  CES  2^7 

Zurich  ]>oiir  nvcir  reçu  TS  blessures  des  cnulits  qui  ,  d.ins  le  sirrJe  dor- 

;»  la  iKiIiillo  df  Zti^,  pour  avoir  vo'cfi  nier,    ont  l'ail  le  plus   d'honneur   à 

depuis  preeiscinont  autant  d'années,  l'Allcinagne  ,  se  croyait  de  la  famille 

et  rire  parvenu  aux  premières  eliar-  de  Conrad  Gcsner ,  et  il  en  avait  pri«; 

g(  s  de  la  ville.  On  a  peine  à  conipreii-  les    armes  :  cette    prétention,    qu'il 

drc    qu*un    homme,    d'abord    aussi  n'appuyait  que  de  faibles  preuves,  le 

lualtraiie  de  la  fortune  ,  condamne  à  fit  quelquefois  taxer  de  vanitel  II  était 

une    vie   aussi    pénible  que   Conrad  ne,    en    1691,    à    Roth ,   selon  ses 

Gcsner,  ait  pu  composer  des  ouvrages  biographes;  à  Anspach,  s'il  faut  s'en 

si  nombreux  ,  si  varies,  et  pleins  de  rap|>ortcr  à  ce  qu'il  dit  lui-même  à 

tant  d'érudition  ;  car,  outre  ceux  que  la  fin  de  sa  préface  sur  les  Scriplores 

nous  avons  cites,  il  en  a  encore  écrit  reiruslicœ: — Onoldumurbemlon^è 

ou  public  un  assez  p;rand  nombre,  illani  mihi  dulcissimam  ^  quhd  pa- 

dont  on  trouvera  le  catalogue  complet  tria   est  et  pneritiœ  noslrœ   nidus. 

dans   les  additions  de  Teissier   aux  Mais  ces  témoignages  contradictoires 

Éloges  àQ  M.  de  Thou  ,  et  dans  les  sont  faciles  à  concilier,  Roth  e'tant  ua 

Mémoires  du  père    Niceron  :  -il  en  petit  village  dans  la  de'pendance  et  le 

avait  lui-uicmedounele  détail  dans  son  voisinage  d'Anspach.  A  onze  ans  ,  il 

Epistola  ad  Guill.  Turnerum ,  de  perdit  son  père ,  qui  e'tait  un  fort  res- 

libris    à    se    editis ,    i562,in-8''.  peclable  eeclesiastique,  et  passa  sous 

Cette  fécondité  s'explique  par  la  sim-  la  tulèled'un  oncle  qui  le  traita  comme 

plicité  de  ses  mœurs,  son  ardeur  pour  son  fils  ,  et  qui ,  après  avoir  dirige  ses 

le  travail ,  et  la  facilite  de  son  esprit  :  premières  e'tudcs  ,   le  plaça  dans  le 

il  fut  pieux  et  pur  j  son  air  était  doux  gymnase  d'Anspach.  George  Koler , 

et  modeste,  et  il  s'attacha  beaucoup  directeur    de   cette  école,    était   un 

d'amis.  Théodore  de  Bèze  l'a  célébré  homme  très  savant  et  un  excellent 

dans  de  beaux  vers;  Josias  Siraler  fit  professeur  ;  mais  ,  avec  beaucoup  de 

son  oraison  funèbre,  et  écrivit  sa  vie  mérite  ,   il  avait  peu  de  réputation  , 

(Zurich,  i566,  in-4''.)?sur  laquelle  parce  qti'il  n'écrivait  point.  Un  élève 

lui-même  a  donné  des  détails  dans  la  tel  que  Gesner  lui  fit  un  honneur  que 

préface  de  sa  Bibliothèque.  De  Thou  peu  d'ouvrages  lui  eussent  procuré  au 

en  parle  avec  beaucoup  d'éloge  dans  même  degré.  Du  gymnase  d'Anspach, 

sa  grande  Histoire.  Mais  U  Biogra-  Gesner  entra  à  l'université  de  ïéna , 

phie  la  plus  complète  que  l'on  en  ait,  oiî  il  compléta  le  cours  de  ses  études 

est  celle  de  M.  Schmiedcl,  en  tête  des  et  prit  ses  degrés.  Une  place  de  pro- 

OEuvres  botaniques  de  Gesner,  que  fesseur  lui  fut  bientôt  offerte  dans  le 

nous  avons  citées  plus  haut.  Les  ama-  gymnase  de  Weimar.  Cette  situation 

teurs  de  la  botanique  ont  attaché  le  ne  semblait  pas  proportionnée  à  ses 

nom  de  ce  r;rand  naturaliste  à  une  es-  talents  ;  mais  elle  lui  ])laisait,  et  d'ad- 

pècede  tulipe,  qu'il  avait  décrite  dans  leurs  il  était  encore  jeune.  Il  ne  tarda 

une   Epure  à  CoUin,   et   qui   s'ap-  pas  à  être  mis  à  la  tête  de  la  biblio- 

pellc  encore  tidina  Gesneriana.  Plu-  thèque  publique.  Rien  alors  ne  luisem- 

•rnier  a  consacré  à  Gesner,  sous  le  nom  bla  plus  doux  que  son  sort,  et  il  ne 

de  Gesîieriu ,  un  genre  de  la  famille  formait  d'autres    vœux  que   de  n'en 

des  campanidacées  :  «;'est  un  arbuste  changer  jamais.  La  mort  du  duc  Guil- 

d'Amcrique.  C — v — r.  laimie-Ernost  vint  déranger  toute  son 

GEi)^ER  (  Jeajx-Matuias  ),  Tuu  cxistcacc.  Le  nouveau  prince  loi  ôla 


248  GES 

la  place  de  bibliothécaire:  ce rle'sagre'- 
menl,  qu'il  ne  ώiilaif  pas  et  qu'il  avait 
ete'  loin  de  prévoir,  lui  fît  prendre  en 
haine  le  séjour  de  Weimar;  et  vers  ce 
temps,  la  direction  du  gymnase d'Ans- 
pach  étant  venue  à  vaquer  ,  elle  lui  fut 
proposée,  et  il  l'accepta  comme  un 
don  du  ciel. I! habitait  Anspach  depuis 
un  an ,  lorsque  le  sénat  de  Leipzig;  l'ap- 
pela au  rectoral  de  i'école  de  Saint- 
Thomas.  Après  qiidrpie^  années  de 
résidence  dansceii-  ville,  i'  lut  nom- 
mé professeur  de  i)»  l!es  lettres  à  l'uni- 
versité de  Gdttin<;ue  ;  (  t  bientôt  il 
joignit  à  sa  chaire,  la  ch.irgp  de  bi- 
bliolhécr.ire  et  la  direction  du  sémi- 
naire pfnlologîque  ^  dont  il  avait  été 
le  créateur.  C'est  une  école  supérieure, 
où  sont  reçus  ,  après  le  cours  de  iem-s 
études  classiques  ,  les  jeunes  £;<  n->  qui 
se  vouent  à  l'enseignement  |)ub  ie.  Ou 
les  prépare  par  des  leçons  1 1  de-  exer- 
cices de  tout  genre,  aux  fonctions 
qu'ils  veulent  remplir.  J.e  gouvern»- 
luent,  pour  encourager  cet  établisse- 
ment utile,  accorde  même  .lUX  élè- 
ves un  léger  traitement.  Ou  voit  que 
c'est  à  cette  institution  qu'est  due 
l'idée  de  ce  que  nou^  appelons  eu 
France  VEcole  normale.  Gesner  pos- 
sédait une  éiudilion  presque  univer- 
selle. 11  savait  à  peu  jrès  toutes  les 
langues  de  l'Orient,  et  il  était,  parti- 
culièrement eu  hébreu,  au  rang  des 
plus  habiles.  Dans  la  littérature  la- 
tine ,  peu  de  savants  pourraient  lui 
cire  comparés  :  en  grec,  il  était  peut- 
être  un  pcji  moins  fort.  Il  avait  lu 
tous  les  auteurs,  étiidiant  autant  les 
choses  que  hs  mots.  11  admirait  les 
grands  dassicpies  ,  mais  sans  mé- 
|)riser  les  auteurs  d'un  tilenlet  d'iui 
siècle  inféiirurs.  Connaissant  à  fond 
la  philos(q)hie  ancienne,  il  n'ignorait 
pas  les  systèmes  et  les  dé<(Mivcrtes 
des  nouveaux  philosophes.  L'histoire 
dis  peuples  de  l'anuquilc  ne  l'avait 


GES 

pas  non  plus  tellement  occupé  qu'il 
ne  fût  aussi  très  versé  dans  celle  des 
étits  modernes.  Il  était  encore  habile 
théu!o<j;ien  ,  et  avait  des  notions  éten- 
dues de  jurisj  rudcnce ,  de  mathé- 
matiques ,  d'histoire  naturelle.  On 
conçoit  à  peine  comment,  au  milieu 
des  fonctions  publiques  qui  occupè- 
rent presque  toute  sa  vie,  ii  p  f  iiou- 
v(r  le  temps  d'acquérir  de  m  vastes 
conn.iissanccs  ,  et  de  com{)()ser  les 
grands  et  nombretix  ouvrages  qui  ont 
fait  sa  réputation.  Dès  1714,  qnand 
il  était  encore  à  léna  ,  il  donna  une 
éditi-»n  ilu  Philojjairis  de  Lucien  , 
av(e.  tuie  fiis^Mlalion  où  il  traitait  de 
l'âge  et  de  l'-iuteur  de  cet  opuseule, 
qu'il  reporte  au  temps  de  Julien.  Cet 
excelhnt  morceau  d»  critique  a  été 
réiritpiiuié  plusieurs  fois,  et,  en  der- 
nier lieu  ,  daiis  le  neuvième  volume 
du  Lucien  de  Deux -Ponts.  Une  Dis- 
sertation sur  les  jeux  et  les  années 
séculaires  des  Bowuins  (  1 7  1  7  )  ,  et 
des  Eléments  de  rhétorique ,  ^ont , 
a  ce  que  nous  erovons,  les  seides  pro- 
ductions de  sa  plume  qui  parurent 
pend.int  sou  séjour  à  Weimar.  Ses 
leçons,  et  rarrangcraent  de  la  biblio- 
thèque durale  ,  dont  il  Ut  un  Catalo^ 
^ue  raisonné ^  lui  laissaient  peu  de 
loisirs;  et  ces  loisirs,  il  les  consacrait 
au\  ^itgriculteurs  latins  j  Calon,  Var- 
ron  ,  C'»lumeîle  ,  Palladius,  dont  l'éili- 
tion ,  qui  rorcuj)a  pendant  neuf  .uis, 
parut  à  L(  i|'zig  en  i  "JÔS,  1  vol.  in-4"« 
il  y  a  joint  la  médecine  vclériuiiire  de 
Végèee,  et  un  fragment  de  Gargilius 
Nartialis  de  cura  boum  ,  mais  non 
pas  l'ouvrage  moderne  de  Pierre  de 
Crescentiis ,  comme  on  l'a  dit  par  er- 
reur à  l'arliele  CutscLNZi.  Ce  recueil 
est  remarqu  d)le  pir  la  correction  ilu 
texte  ,  l'utilité  des  notes  ,  et  surtout 
par  un  excellent  lexi(p«e  des  termes 
tl'agriculture.  Erncsii  l'a  redonné  eu 
177J,  avec  quelques  additions.  Le 


CES 

tcxlf  (le  CiOMii  r ,  et  son  lrxi([ijr,  ont 
cl('  .kIojiIo's  par  les  pMilcurs  de  la  Col- 
h'ctiun  BipoTitine.  (îcsncr  lit  pnr.iîtio 
^ilnull.^^^mollt  imo  nouvelle  édition 
(lu  \  j.stc  Lexique  de  Basile  F.ibcr  , 
qu'il  revit  d'un  bout  à  Tiiutre ,  et  dans 
l.Kjudie  il  (ît  beaucoup  doconcclions 
et  cranumcnlations  ,  la  Haye,  1705, 
deux  vol.  in  -  fol.  Une  Chrcstorna- 
thie  (le  Ciccron  ,  cl  une  Chresloma- 
thie  grecque  ,  apj^articnncnl  aussi  à 
i'e|io({ue  de  son  séjour  à  Leipzig.  Ce 
dei  nier  recueil,  (pu  es!  compose'  avec 
beaucoup  de  goût ,  devint  classique 
en  A'icmagnc,  et  les  réimpressions 
en  sont  très  nombreuses.  A  Gciltin- 
guc  ,  Gesner  publia  le  Panégyrique 
et  les  Lettres  de  Pline  {\'jT)5-i ']'5g-- 
l'-j^çi),  avec  des  notes  utiles  et  des  ta- 
bles bien  faites.  Erursti  a  icimpiiraé 
ce  travail,  après  la  mort  de  l'auteur, 
et  y  a  joint  un  supp!(îmenl  de  remar- 
ques importantes.  Le  Quintilien  (jue 
Gesner  donna  en  1758,  est  en  gcn(î- 
lal  satisfaisant.  Les  variantes  n'y  sont 
pas  notées  partout  avec  assez  d'exacti- 
tude ,  probablement  parce  que  Ges- 
ner ,  selon  l'usage  des  professeurs 
allemands,  s'en  était  rapporté  du  soin 
de  les  recueillir,  à  quelqu'un  de  ses 
élèves.  C'est  son  texte  qui  a  servi  de 
base  au  Quintilif  n  de  Deux-Pont«.  En 
1  752,  Gesner  publia  une  édition  d'Ho- 
race, qui  ne  nous  paraît  pas  foit  im- 
portante •  et,  en  1769,  les  OEuvres 
de  Claudien  ,  avec  des  notes  savan- 
tes ,  et  de  longs  prolégomènes .  oii 
tout  ce  qui  concerne  Claudien  et  ses 
dilTérenls  interprètes  est  traite  avec 
une  grande  érudition.  Quelques  an- 
nées auparavant,  il  avait  donné  une 
seconde  édition  de  ses  PAémenls  de 
rhétorique ,  et  y  avait  joint  Ilutilius 
Lupus,  et  d'autres  anciens  rhéteurs, 
dont ,  en  quelques  endroits ,  il  réta- 
blit le  texte.  Mais  son  travail  a  été 
sur^jassé  par  ce^ui  de  UuhiAkcJiius , 


G  E  S  9./,o 

qui  a  public  ces  rhéteurs  avec  beau- 
coup de  soin  ,  (  t  les  a  ornés  d'un  ex- 
cellent commentaire.  Vers  le  même 
temps  ,  Gesner  traduisit  <  n  lalin  la 
plus  grande  j)arlie  des  Oeuvres  de  Lu- 
cien ,  pour  Reitz,  qui  continuait  l'é- 
diliou  de  ce  soplii>te,  abandonnée  par 
JIcmsterhuis.  Dans  une  préface  fort 
intéressante  et  fort  agréable  à  lire, 
comme  le  sont  toutes  celles  qu'd  a 
écrites,  Gesner  répond  avec  beaucoup 
de  grâce  et  de  politesse  à  une  amcre 
et  violente  critique  que  Pontédéra 
avait  faite  de  ses  Agriculteurs  latins, 
La  plupart  de  ces  ouvrages  avaient 
été  composés  pendant  qu'il  travaillait 
à  sa  nouvelle  édition  du  Trésor  la- 
tin y  de  Robert  Estienne.  Elle  parut 
en  1747*  C'est  une  entreprise  im- 
mense ,  et  qui  seide  eût  suffi  pour 
immortaliser  son  nom.  Sa  dernière 
production  est  une  édition  du  Pseudo- 
Orphée ,  à  laquelle  la  mort  l'empê- 
clia  de  mettre  la  dernière  main ,  et 
qui  fut  achevée  par  Hamberger.  Le 
(\éln\  (les  Dissertations ,  des  pro- 
grammes qu'il  a  publiés  pour  les  so- 
lennités acadcmiquci» ,  et  des  mémoires 
quM  a  d(  nr.és  dans  le  Recuri'  de  la 
société  (le  Gottingue,  nous  mènerait 
trop  loin;  on  l<  s  trouvera  fidèiemenl 
indiques  dans  leDictionnaire  de  l'exact 
Meusd.  Nous  iious  contenterons  de 
citer  sa  Disse rt  tien  en  f.veur  des 
mœurs  de  S.iCrate  ,  à  cause  de  la  célé- 
biiléque  lui  a  donnée  l'indécente  bi- 
zarrerie du  tîtic  :  Socrates  sanctus 
pœderaita  ;  accedit  corollarium  de 
anliqud  asinorum  honestate.  Cette 
dissertation  ,  publiée  d'abord  dans  les 
Mémoires  de  l'académie  de  Gottingue, 
a  été  réimprimée ,  en  1 768,  à  Utrecht, 
Peut-être  se  trouve-t-elle  aussi  dans 
la  collection  des  Opuscules  de  Gesner, 
faite  à  Ijreslau  ,  en  8  vol.  in-8".  Ce  sa- 
vant homme  mourut  à  Gottingue,  l'e 
3  août  I  -jO  I .  Sa  vie  a  clé  écrite ,  avec 


35o  GES  GES 

plus  ou  moins  de  détails  ,   par  plu-  i';5o,  en  six  niime'ros  in-fol.  If.  De 

sieurs  auteurs,  dont  on  trouvera  i'in-  rehiis    ad   gymnasium   Eothenbur- 

dication  dans  Saxius   et  Mensel  ,  et  gense  pertinentibus  ,   ibid. ,  174"- 

particulicrcment  par  le  célèbre  Ernes-  1752,   in-fol.   IIÏ.    De   bibliothecd 

ù,  qui  avait  ete'  long-temps  lié  avec  Bothenburgensi ,  ibid.,  1761  ,  in-fol. 

lui  d'une  étroite  amitié.        13 — ss.  IV.  FitaJoannis  Georgii  Strrzelu; 

GES^^ER(  Andre-S-amuel),  frère  ibid.,  1751  ,  in-fol.  V.  De  Reineri 

du  précédent,  naquit  à  Roih  ,  dans  la  Eeineccii  meritis  ,  ibid.,  in-fol.  — 

principauté  d'Anspach  ,  en  1690.  La  Je.in-Albcrt  Gesner,  frère  du  précé- 

inort  de  son  père  Pavait  réduit  à  l'in-  dent,  né  à  Roth  en    1694  ■>  apprit 

digence;  mais  il  ne  continua  pas  ses  d'abord  la  pharmacie,  et  l'exerça  pu- 

c'tudes  avec  moins  de  zèle,  et,  par  sa  bliquement  à  Gunzenhauscn,  dans  le 

conduite  et  son  application,  mérita  pays  d'Anspacb.  Après  avoir  perdu  sa 

bientôt  la  protection  de  son  souve-  femme  et  ses  enfants,  il  étudia  la  mé- 

rain.  Après  avoir  achevé  ses  étudts  à  decinc  à  Altovf ,  fut  reçu  docteur  en 

Téna,  il  accompagna  à  l'univcisité  de  i  723,et  appelé  àSluttgard,  en  1  728, 

Halle  un  jeune  gentilhomme.  Il  y  fré-  comme  médecin  de  la  cour  de  Wiir- 

quenln  les  cours  d'histoire,  de  phi-  tomberg.  Le  duc  lui  conféra,  en  i  754, 

losophie  et  de  droit  ;  mais  il  dut  s'in-  le  titre  de  conseiller ,  le  nomma  en 

tcrdire  les  leçons  de  WolIT,  parce  que  même  temps  son  médecin  particulier , 

la  mère  de  son  élève  lui  avait  défendu  et  le  choisit  pour  accompagner  les  prin- 

cxpressément  d'y  assister.  Il  fut  ap-  ces  «es  lils  dans  leurs  voyages  en  Ai- 

pclé  ,  en    1  7  16  ,  au  gymnase  de  Ro-  lemagne  et  en  Hollande.  A  son  retour, 

thenburg  sur  le  Taubor ,  en  qualité  de  Gesner  devint  aussi  assesseur  du  con- 

rccteur  et  de  bibliothécaire;  il  y  reçut  seil  des  mines  à  Stutfgard  ,  où  il  nuni- 

tn  17481e  titre  de  professeur,  et  y  rut  le  10  juin  1760.  On  lui  doit,  pour 

mourut  le  29  mars  1778,  après  avoir  la  majeure  partie,  la  Pharmacopœa 

exercé  ,  pendant  soixante  ans,  les  Wirlember'^ica ,  Stultgard,   \']l\i  y 

))énibles  fonctions  de  l'enseignement,  in-fol.;  editio  11 ,  priori  mitltb  aitc- 

G<  suer  écrivait  en  latin  avec  beaucoup  tior  cl  emendalior  ^  ibid. ,  1750  ,  in- 

d'élégance  ;   il   a  eu  une  grande  part  fol.  Les  principaux  ouvrages  en  latin 

au  Thésaurus  latinœ  lin  guœ ,  publié  et  en  allemand,  dont  il  est  auteur, 

par  son  frère.  Son  emploi  de  recteur  sont  :  I.  Jlistcria  cadmiœ    fossilis 

lui  fournissait  l'occasion  de  se  faire  melnllicœ  sii'c  cobalti  et  ex  illo  prœ- 

remarquer  par  un  grand  nombre  do  paratorum  zaffarœ  et  smnlli.  Pars 

programmes  instructifs,  sous  le  rap-  prior^  Rerlin,  1743,  in-4"-  H.  Des- 

port  historique    et    bibliograpliique  :  cription  InUoriquc   et  phfsitpie  de 

mais  ces  jieliles  (Iiss(  rtations  di.spcr-  f^Udbad ,  dans  le  pays  de    Wiïr- 

secs   n'ont  été  bien  connues  que  par  temberg,  suivie  d'une  Description  de 

le  Recueil  qu'en  .1  f;iit  Ilarlcs  à  l'.rlang;  tous  Us  fleuves  ,  rivières  ,  lacs,  eaux 

1ienle-(pialie  ont  été  |Mil»litMS  sous  ce  minérales  et  thermales  du  Jfuttctn- 

titre  :  Selectct  exercitatiunes  scho-  berg ,    Slullgard,    174^1   in-8  .   III. 

laslicai  varii  argumenti  ;  coUegit  et  Description  de  Jlirschbad ,  près  de 

pra'fatus  est  J.  C.  Ilarles,  INmem-  Stutlgard  ,  ibid.,   \-]'\('^,  in-8^.  Il  a 

berg,  1780,  iiJ-8°.  Gesner  avait  publié  fourni  également  la  Description  des 

^i^\yM  vmvwiA.  H  istnriagymnasHBo-  baijis    de  Zaysrnliausin  ,  de  Zell  et 

thcnhurgrn'is  ,  I^)lll(•J•l)Ul•^  ,   1745-  de  Canslatl ,  et  la  maj'-ure  partie  des 


GES  GES  afït 

Memoirfs  ronlcnns  dans  1rs  Selccla  sur  la  niimism.Tlirjiiefjrrcqnr,  In  kxfc 

pin  sico-irconomicn  ,  on  Hccucil  de,  doiiiic  l'cxplic.ilioii  lr<'>  siktIih  le  des 

f(iit<  Ti'lalifa  à  VliisLuim  iiatarcllc  planches, qui  oui  p.iriidui.s l'ordre sui- 

ct  à  l'économie  domestique ,  .Slull-  vant  :•]  des  rois  de  Macédoine,  9  cies 

gard,  1749-"' 7^^?  ^^  ^'*^''-  >'^-^*''  roisdc  Syrie,5  d'!£gyj)U',4dcs  Aisa- 

B — n — D.  cides  et  du  Pont;  5  àcs  rois  de  Sicile  , 

GESNER  (Jean- Jacques),  ne  à  5  de  Judc'e,  et  4  minornm  f;entium 

Zurich  CM  I  707  ,  mort  dans  la  lucmc  et  virorurn  illmlriiim  ;  enfin,  8*)  de 

ville  en  de'cciubrc  1787,  y  était  pro-  j)cij|)!es  et  de  villes,  rarigees  par  01- 

fesseur  d'hébreu  depuis  1  740  »  et  de  dre  aîpliabctiquc,  depuis  le  mot  Aba- 

théologie  biblique  depuis  1754,  dans  ccnorum  jusqu'à  Zancle.Ti)\\\.  cclt 

le  gymnase  connu  sous  le  nom  de  C<î-  foi  me  le  premier  volume  dans    les 

roZmMm;  mais  il  sVsl  princij)alement  exemplaires   les  plus   complets.   Ou 

distingue  par  sa  passion  pour  la  nu-  forme  \\ui'\  volume  de  médailles  rc- 

mismatique.  Il  conçut  de  bonne  heure  ranines,  compos;int  v54  planches  j'î'! - 

le  projet  de  faire  graver  et  de  re'unir  iniliarum  ramanarurn  par  ordre  al- 

en  un  seul  corps  toutes  1rs  médailles  phabcfique,  depuis  le  mot  Aburiœ ^ 

grecques  et  romaines  connues  et  pu-  et  i85  \^mm:\\qs  ài^  Numismata  im~ 

blic'cs  jusqu'alors,  pour  épargner  aux  peratorum  romanorum  grœca  et  la- 

amatcurs  de  cette  science  l'acquisition  tina^  jusqu'à  Trajan  -  Dcce  ;  ce   qui 

d'une  multitude  de  livres  dont  la  rcu-  fait  voir   qu'il  a   voulu  pousser  son 

iiioii  serait  très  coûteuse  et  fort  diffi-  travail  jusqu'à  l'cpoque  oii  commcn- 

cile.  11  donna  d'abord  le  plan  de  ce  ce  l'ouvrage  de  Banduri.  Ce  deuxiè- 

grand  ouvrage,  sous  ce  titre  :  Pros-  me  volume  n'a  point  de  texte  exj)h- 

-peclus  tliesaiiri  universalis  numis-  calif.   Ces   diverses  parties  ont  cha- 

VI  atiim  antiquorum  ^  Zurich,  1754»  cune  un  titre  imprime,  et  déplus  un 

in-ful.  Cette  collection  ,  annoncée  par  frontispice  gravé  ,  qui   est  le  même 

souscription  (1), et  dontla  i'''.  livrai'  pour  tous,  au  moyen  d'un  mol  ou 

son  parut  sous  le  titre  de  Spécimen  deux  effacés  et   changés  successive- 

rei  numariœ  j  ibid.,  t755,  in-fol.,  ment  sur  la  planche.   Voici  ce  titre 

se  compose  de  557  planches  (  conte-  complet,  tel  qu'il  est  après  le  dernier 

liant  ordinairement  ()o  médailles  cha-  changement  :   Numismata   antiqua 

cune),  et  de  254  pages  de  texte  (?.),  populonim  et  urhium,  omnia  quot- 

dont  l'iô  sont  imprimées,  à  l'ordi-  quolexnumismato-phylaciisetscrip- 

naire ,  en  lettres  mobiles ,  et  les  sui-  toribus  de  re  numarid  comparare 

vantes  sont  gravées.  Comme  cet  ou-  licait  intégra  série  tahulis  œneis  re- 

vragc  est  rare  et  se  trouve  difficile-  prcesentata,adscriptis ?iomijiibus mu- 

nient  complet,  ayant  été  publié  par  seorumundè  deprompta  sunletlocis 

])rirlies  détachées  ,  nous  avons  cru  de-  prœstantissimorum  authorumquisin- 

voir  le  décrire   avec  quelque  détail,  gula  illustrdrunt  ;  digessit  et  edidit 

Après  Go  pages  de  prolégomènes  (5)  /.  /.  Gessnerus.  Ce  livre  n'a  pas  eu 

{.)y.y.\.Journaidcssa.ant..  de  ,.34, p.  ô^s.  ^^  succcs  quc  l'autcur  cspérait.  I/en^ 

(2)    La   pagination    se    suit   sans    interruption  ;  trCprisC  était  immCUSC,    Ct  il  Clail  dif- 

mais  la  dernière  pas»»  est  cotée  35^  au  lieu  de  254,  r»    -r         t         i  '  -il 

1,,  faute  d'impression  de  la  pa(;e  laC),  cotée  mal  à-  llClIc    dC     donnCr    a    CC   travail  Ja    pC»'- 

LTJIme"^  ''^"'  ^'^  "''^^'"  '"  '""'"  ^"  P"^"  fcction  nécessaire.  Gcsner  a  copié  les 

(3>  On  y  trouve ,  pf.;e  ^4 ,  le  catalogue  des  mén  ciTcurs  dc  scs  dcvaucicrs  ,  3  dounc, 

daillesdu  cabinet  dehourmont  delà  Tour,  pcn-  jj  .  1  '1    -n  c 

dinl  (ju'il  demeurait  iZurjch.  QaprCS    CUX  ,    CICS     mCClaillCS     laUSïCS 


252 


G  ES 


ou  suspectes ,  et  n'a  pas  assez  soigné 
la  gravure  des  monuments  qu'il  a  réu- 
nis. Son  ouvrage  manque  essentiel- 
lement de  critique;  et,  sous  ce  rap- 
port, il  n'est  pas  d'une  grande  utilité 
pour  les  amateurs  d'une  science  qui 
a  ,  d'ailleurs,  fait  de  si  grands  progrès 
depuis  rë[)oque  de  celte  publication. 
Gesner  est  encore  auteur  d'uue  Des- 
cription historique  d'un  voyage  d'a- 
musement ,  fcjit  en  la  compagnie  de 
quelques  jeunes  politiques  de  Zu- 
rich, par  Zug,  Lucerne,  le  mont  Pi- 
late  cl  autres  lieux  remarquables  de 
la  Suisse  ,  en  l'joo,  in-4".de  g?  pog. 
Ccfte  relation,  aussi  curieuse  qu'ins- 
tructive, n'a  pas  été'  imprime'c  ;  et 
fauteur  s'y  est  caché  sous  le  nom  de 
J.  Conrad  Orell.  llallcr,  quicn  pailc 
avec  éloge ,  en  a  vu  le  manuscrit  chez 
le  conseiller  Lcu,  l'un  des  voyageurs. 

T— N. 

GESNER  (Jean),  frère  du  pré- 
cèdent, né  à  Zurich  en  1709,  y 
mourut  en  1790.  Jacques  Schcu- 
clizer  et  Jean  de  Murait  avaient 
communiqué  à  leur  jeune  compatriote 
le  goût  des  sciences  naturelles.  Il 
étudia  la  médecine  à  Leyden ,  sous 
Jjocrliaave  ,  qui  refusait  les  honorai- 
res des  petits  -  fils  du  célèbre  Conrad 
Gesner  ,  comme  contraires  au  serment 
prescrit  par  Hippocrate.  A  l'univer- 
sité, il  se  lia  d'amitié,  pour  la  vie, 
avec  l'illuslrc  Haller.  Apres  un  séjour 
à  Paris,  il  revint  dans  sa  patrie  ,  étudia 
les  mathématiques  à  Bàle,  sous  lîcr- 
iioulli^  et  continua  les  voyages  dans 
les  Alpes ,  qu'il  avait  commencés  dès 
sa  première  jeunesse.  La  fiiblesse  de 
sa  san-té  et  d'autres  raisons  l'engagèrent 
à  quitter  bientôt  la  pratique  de  la  mé- 
drrine,pour  se  vouer  exclusivement  à 
i'étudeetà  l'enseignement.  La  chaire  de 
matliématiques  au  gymnase  de  Zurich 
lui  fut  conférée  eu  i-jT)?),  et  celle  de 
physique ,  avec  le  cauouicat  qui  y  est 


GE5 

attaché ,  en  1 758.  Pendant  les  qua- 
rante-cinq années  qu'il  a  rempli  les 
fonctions  de  ces  places  ,  il  a  rendu 
des  services  essentiels  et  durables  à  sa 
patrie  ,  en  propageant  le  goût  des 
sciences  e^tactes,  et  en  formant  un 
nombre  considérable  de  disciples  qui 
le  révéraient ,  et  qui  l'ont  honoré  par 
leurs  mérites.  Avec  le  bourgucmestre 
Heidegger,  et  quelques  nulres  amis, 
il  a  fondé  la  Société  physique,  en 
1757  ;  il  en  a  dirigé  les  travaux  pen- 
dant les  3o  ans  de  celte  activité  esti- 
mable ,  qui  a  tant  contribué  à  amélio- 
rer l'agriculture  et  à  répandre  les  ré- 
sultats utile  des  sciences  dont  s'occu- 
pait celte  société  :  c'esl  à  lui  surtout 
qu'on  doit  l'établissement  du  jardin 
bolanicpjc.  Laborieux  et  infatigable  au 
travail ,  sa  modestie  allait  jusqu'à  la 
timidité ,  lorsqu'il  s'agissait  de  rendre 
publiques  ses  productions  littéraires. 
IJHisLoria  plantarum  Ileheliœ  de 
Hailer,  est  en  grande  partie  son  ou- 
vrage; il  ne  voulut  pas  que  son  nom 
parût  en  tefe  du  livre.  On  trouve  dans 
la  collcilion  des  lettres  adressées  à  M, 
de  Haller,  la  série  intéressante  de  celles 
que  Gesner  lui  écrivit.  Un  autre  ou- 
vrage de  botanique,  qui  l'occupa  long- 
tenqis,  et  qui  a  été  publié  depuis  sa 
moi t, aurait  obtenu  un  succès  brillint, 
si  l'auleuravait  eu  le  courage  dele  fiire 
paraître  lui-menic  et  trente  ans  plutôt. 
Ce  sonl  les  Talulœ  phjto^raphiœ , 
ouvriige  qui  devait  rcni[>l.icer  les  Ins- 
tilulions  deTournelbrt ,  et  qui  les  sur- 
passait en  raison  des  progrès  qu'avait 
faits  la  scienee,  et  des  augnicntations 
(ju'elle  avait  reçues.  L'exécution  des 
planches  est  fort  belle  ;  et  si  l'on 
achève  l'édition,  les  exemplaires  co- 
loriés en  seront  toujours  rechenhés 
comme  un  des  plus  beaux  livres  de 
l)()tani«pir.  Outre  les  IMénioîres  insérés 
dans  h  s  actes  de  laSuciclé  phy.si([ue, 
Gesner   a  donné   deux  volumes  da 


r.  K  s 

Dissorlatidus  ac.i(lciiii(iucs  ,  dont  sa 
place  lui  imposait  l'oblii^alion  :  elles 
roninit  sur  ilcs  points  cl  sur  <ii'.>>  ob-  ^ 
jets  inlcVossanls  de  phyvsique  et  trius- 
toirc  iialiirillc;  une  j)arlie  on  esl  con- 
sacrée à  Ij  Fhytographia  sacra  ,  ou 
ilcscrijition  dts  [)iaiilcs  dont  il  est  tait 
iiicntiuii  dans  les  Ecritures  saintes. 
Il  a  aussi  joint  un  Coninicntairc  à 
rHerbier  deWcininann.  On  a  encore 
parmi  les   dissertations  de  Gcsuer. 

I.  De  hydroscopio  consianlis  men- 
surœ ,  Zurich  ,    i  754,  »»  -  4"-  »  ^'o- 

II.  Delhennoscopio  botanico  j\h\à., 
1^55,  in-4°.  111.  De  variis  annonce 
conser\>aniîœ  metkodlsearumqiie  de- 
leclu  /\h'ià.,  17^' 1  in-4".  Elles  ont 
été  traduites  en  allemand;  et  la  2*. 
l'a  aussi  clé  en  français  sous  ce  titre  : 
Dissertation  sur  le  thermomètre  bo- 
tanique,  Biile ,  i76i,iri-4'.  Des  ri- 
ches et  belles  collections  d'histoire 
naturelle  que  Gesner  a  laissées ,  la 
meilleure  partie  se  trouve  conservée  , 
et  est  devenue  la  propriété  de  sa  ville 
natale.  Il  a  été  marié  sans  laisser  d'en- 
fants :  homme  vertueux  et  religieux, 
plein  de  bienveillance  et  d'aménité , 
il  était  chéri  et  honoré  par  ses  conci- 
toyens. (  Voy.  y  Eloge  de  Jean  Ges- 
ner, par  le  docteur  Hirzel,  Zurich, 
1790,  in-8^,  en  allemand.)  U — i. 

GESNEU  (Salomon),  poète  et 
graveur -paysagist'j,  naquit  à  Zurich 
en  T  ^50  ;  il  était  fils  d'un  libraire  ,  et 
appartenait  à  la  même  fîimille  que  les 
précédents.  Son  père  ayant  confié 
son  éducation  aux  soins  du  célèbre 
Bodraer,  celui-ci  le  lui  renvoya  pour 
cause  d'incapacité,  déclarant  qu'il  ne 
croyait  pas  que  ce  jeune  homme  put 
réussir  jamais  à  autre  chose  qu'à  l'é- 
criture et  à  l'arithmétique.  Le  père 
de  Gesner  fit  une  nouvelle  tentative, 
et  le  plaça  auprès  d'un  de  ses  pa- 
rents ,  ministre  protestant  d'un  petit 
yillage  près  de  Zurich,  C«  nouvel 


G  ES  !)'> 

instilulciir  étudia  davantage  le  carac- 
tère de  son  élève,  et  s'aperçut  que  , 
sous  une  apjiarcnte  stupidité,   il  ca- 
chait inie  ame  brûlante  et  susceptible 
d'enthou->ias!nc.  Pendant  long-temps 
sa    passion   dominante  avait  été  de 
modeler  de  petites  figures  en  cire  ; 
tous   ses  loisirs  étaient  employés  à 
crllc  occupation,  et  il  y  aurait  passé 
des  journées  entières.  Dans  un  agc 
moins  tendre ,  ayant  lu  le  roman  de 
Robinson  -  Crusoé,  il  voulut  à   son 
tour  se  créer  un  héros,  dont  il  écrivit 
lesvoyages;  et  tous  les  papiers  qui  tom- 
baient entre  ses  mains ,  devenaient  les 
dépositaires  de  ses  rêveries.  Son  insti- 
tuteur vit  donc  que  pour  obtenir  de 
lui  des  succès,  il  ne  s'agissait  que  d'en - 
fl  imracr  son  imagination  :  d  uis  celte 
vue,  il  lui  faisait  parcourir  les  beaux 
sites  d'un  pays  pittoresque ,  et  admi- 
rer la  variété  de  la  nature.  Alors  char- 
mant son  esprit  par  d'adroites  citations 
de  Théocrite  et  de  Virgile ,  il  fit  insen- 
siblement naître  en  lui  le  désir  d'étu- 
dier ces  auteurs. Néanmoins  Gesner  ne 
put  acquérir  des  connaissances  bien 
étendues  dans  les  langues  anciennes. 
Le  goût  de  la  poésie  lui  vint  à  la  lec- 
ture des  pastorales  de  Brockes.  En- 
goué de  cet  auteur  allemand,  il  décla- 
mait ses  idylles  en  se  promenant  dans 
des  lieux  solitaires.  Enfin  ,  l'amour 
que  lui  inspira  la  fille  de  son  institu- 
teur acheva  de  le  rendre  poète  ,  et  il 
fit   des   odes   anacréontiqucs    et  des 
chansons.  Au  bout  de  deux  ans,  il  fut 
rappelé  à  Zurich ,  et  n'y  rapporta  que 
le  goût  de  la  poésie.  Son  père,  qui  ne 
révérait  pas  beaucoup  les  Muses,  vou- 
lant le  détourner  de  leur  culte,  l'en- 
voya dans  une  maison  de  librairie  de 
Berlin,  pour  y  apprendre  le  commerce. 
Là,  coratne  un  autre  Tantale,  entouré 
de  ces  livres  dont  la  lecture  eût  fait 
ses  délices  et  qu'il  ne  pouvait  connaî- 
tre qa«  par  leur»  titres,  Gesner  sî 


254  GES 

vit  contraint  de  se  livrer  à  des  travaux 
manuels  et  à  des  occupations  fasti- 
dieuses. Humilie' de  celle  servitude,  il 
s'en  affranchit;  et,  quittant  son  librai- 
re, il  loua  une  chambre,  fit  des  vers 
et  dessina  des  paysages.  Ce  fut  alors 
qu'il  ire'queiita  les  réunions  littéraires 
des  Gieini ,  des  Lessing  et  des  Ramier. 
Ayant  communiqué  ses  vers  à  ce 
dernier,  celui  -  ci  les  trouva  si  mau- 
vais, qu'il  lui  conseilla  d'écrire  dans 
un  genre  qui  lui  présenterait  moins 
d'obstacles  à  surmonter  ,  et  lui  fit 
adopter  une  prose  cadencée  et  poéti- 
que. Gesner  parvint  à  mettre  dms 
cette  prose  une  correction  et  une  pu- 
reté d'autant  plus  remarquables,  qu'il 
ëciivail  dans  un  pays  cù  l'on  ne  paile 
qu'une  langue  ronorapuc  (i).  La  cri- 
tique de  Ramier  n'avait  lait  qu'aug- 
menter la  timidité  naturelle  du  jeune 
poêle.  Elle  était  si  grande  que,  lors- 
qu'il eut  composé  son  poème  de  la 
INuif ,  voulant  un  jour  lire  cette  pro- 
duction dans  une  société  littéraire,  il 
portait  et  reportait  sans  cesse  la  main 
sur  son  manuscrit  ;  et  connne  il  hésitait 
toujours  pour  en  proposer  la  lecture, 
la  société  se  relira  sans  qu'il  se  fût 
arraché  à  son  iiidécisiou.  Bientôt  la 
détresse  lui  fit  quitter  ses  occupations 
hlléraircs  ;  il  crut  trouver  des  ressour- 
ces dans  la  peinture,  et  le  voilà  de 
nouveati  engoué  de  cet  art.  Sans  en 
connaître  les  principes  ,  et  Uavaillant 
à  la  hâte ,  il  eut  bientôt  couvert  de  ses 
productions  les  murs  de  son  modeste 
réduit.  Alors  il  va  trouver  Kempel, 
peintre  de  la  cour,  et  l'entraîne  au 
milieu  de  ses  paysa'j;es.  Kempel  lui 
demande  d'après  quels  modèles  il  a 
travaillé?  Gesner  l'assure  que  tout  est 
de  son  invention;  ce  que  Kempel  n'a 

(i)  Lortcpir  par  1»  suilr  Mcjncrr  eut  «iqtii»  <•«•  U 
•  élél)rtl<'  ,  K«nilrr  IrncJunit  ir»  |io«titiri  i-ii  vt-r»  itl- 
Irrrijinilt,  ri  iir  rnntnltuj  uur  la  qu'a  faire  rrunr- 
tir   <lavaiitjiK«i  !•*    nicrilc    U«  ioriguial  ,  Uoul  n<n 


GES 

pas  de  peine  à  croire  :  cependant,  k 
tnivers  toutes  ces  in 'o» mes  ébauches, 
celui-ci  ne  peut  s'empêcher  de  remar- 
quer des  intentions  heureuses,  elles 
germes  d'un  grand  talent  ;  mais  il 
sourit  à  la  question  du  jeune  artiste 
qui,  ignorant  jusqu'à  l'usage  de  l'huile, 
de  lin  dans  la  peinture,  se  plaignait 
de  ce  que  ses  tableaux  ne  séchaient 
point.  «  Allons  ,  lui  dit  -  il ,  je  vois 
»  bien  qu'il  n'y  a  que  peu  de  temps 
»  que  vous  êtes  du  métier  ;  mais 
»  que  ne  doit  -  on  pas  attendre  , 
»  dans  une  dixaine  d'années ,  d'uu 
»  commençant  qui ,  même  en  igno- 
»  rant  de  pareils  détails  ,  compose 
»  de  tels  ouvrages  ?  »  Néanmoins  , 
avec  toutes  ces  belles  espérances  , 
Gesner  restait,  plus  que  jamais,  dans 
le  besoin.  U  fut  donc  forcé  d'avoir  re- 
cours à  sa  famille,  et  rentra  eu  grâce 
auprès  de  son  père,  qui,  dès  ce  mo- 
ment, cessa  de  le  contraindre  dans  ses 
inclinations.  La  poésie  allemande  tou- 
chait alors  à  son  plus  haut  période  : 
on  voyait  presque  dans  le  même  temp» 
paraître  sur  l'horizon  littéraire  Gleim, 
Lessing  ,  Utz  ,  Ramier ,  Klopslock  et 
"Wieland.  L'enthousiasme  était  à  son 
comble;  et  l'on  ne  s'occupait,  dans 
toutes  les  sociétés,  que  des  produc- 
tions de  ces  poètes  célèbres.  Il  était 
impossible  que  le  caractère  ardent  du 
jeune  Gesner  ne  se  ressentît  pas  de 
la  eommoiion  générale.  De  retour  à 
Zurich,  il  se  vit  précédé  dans  cette 
ville  par  KIopstock  qui  venait  d'y 
produire  la  plus  viv«'  .sensation.  L'ar- 
rivée subite  de  Wieiand  accrut  encore 
c(  tte  effervescence  litlér.iire.  Gesuer, 
ne  p(;u\ant  résister  à  l'impulsion  qui 
reiitr.iîiiait ,  publia  son  poème  de  la 
Auil.  l/.trdeiir  dont  il  et  lit  animé  fut 
bientôt  U  nipéiée  j)ar  le  peu  de  .succès 
•pt'cul  ce  ptième,  <jui  pourtant  annon- 
ç.til  déjà  beaucoup  de  talent  pour  la 
description.  De  nouveaux  «ssais  lurent 


CES  ^'^^'^                -''"''' 

encore  infrnrftieux  :   enfin  il  mit  .ni  dcnics,  dtns   le  -cinc  pastoral.    I.a 

jonr,  on  in'):'),  k  pocinc  p.KStoral  tlo  pins  don rc  scnsibililo  rc^tic  dans  cet 

Daphnis,  (pii  'le  lira  de  l'obscuiile;  onvraj^c ,  écrit   avec   les  grâces  et  la 

nuis  ce  ne  l'nt  pas  sans  epionvcr  d'à-  iiaïveUf  do  ri;donl;nne.  L'antcnr  sait 

bord  beanconp  de  désagréments  de  la  tirer  parti  des  moindres  circonstances 

part  des  renseurs  de  Zurich.  Uefen-  et  sednit  le   lecteur  par  une   funledo 

scnrs  austères  des  bonnes  mœurs,  ils  tableaux  cliarmants,  dont  ([uehpies- 

se  recrièrent  surtout  contre  quîlques  uns  paraissent,  il  est  vrai,   un    peu 

passages  on  ils  trouvaient  que  la  muse  trop  librcs.il  excelle  surtout  à  peindre 

du  jeune  poète  était  trop  libre,  et  ne  la  pietc  fdiale  et  toutes   les  douces 

consentirent  à  la  publication  de  Da-  afTiclions   de  l'ame.    Ses  héros   sont 

phnis,  que  sons  la  cou  lilion  que  l'au-  ceux  deraged'or;mnis  leur  perfection 

leur   ne  se  ferait  point  connaître,  et  idéale  jette  quelquefois  de  la  monolo- 

qu'il  supprimerait  Tcpigraphe ,  cora-  nie  sur  plusieurs  scènes ,  qui  d'ailleurs 

mcuçant  par  ce  vers  de  Properce  :  pourraient  comporter  plus  de  mouve- 

„  ,  ment:  si  Ton  n'y  trouve  pas  toujours 

Me  invat  in  eremio  doctie  legisie  piteUa!  ,  /   •.  '         •  .'  •  i 

J          ^                   or  ^g  j^j^    ^^  vente  qui   caractérise  les 
Quoique,  dans  ce  poème,  Gesner  ait  pastorales   des    grands   modèles   de 
]>eint  l'amour  avec  les  traits  les  plus  Tantiquite,  c'est  que  l'auteur  oublie 
séduisants,  il  est  cepcndantbien  éloigne'  trop  souvent  les  convenances,  en  met- 
de  tomber  dans  ces  licences  qui  dé-  tant  dans  la  bouche  de  ses  person- 
parenl  le  Daphnis el  Cloéde  Longus,  nages  ce  qui  ne  peut  être  dit  que  par 
qu'il  paraît  avoir  pris  pour  modèle,  lui.  Mais,  si  l'on  fait  abstraction  de  ce- 
du  moins  pour  le  style  :  car,  excepté  lui  qui  parle,  les  invraisemblances  dis- 
la  belle  description  des  premiers  mou-  paraissent,  el  l'on  reconnaît  la  nature, 
vements  de  l'amour  dans  le  cœur  de  Gesner  sentait  trop  vivement  pour  ne 
Daphnis  ,  ces  deux  écrivains    n'ont  pas  en  être  le  fidèle  interprète;  et  il 
rien  de  commun  que  la  délicatesse  et  semble  qu'il  lui  ait  surpris  ces  traits 
la  naïveté  du  style ,  ainsi  que  le  fond  naïfs,  ces  répétitions  charmantes,  et 
du  sujet.  Gesner  l'a  traité  d'une  ma-  ces  chutes  heureuses  qui  en  font  res- 
nièrc  moins  romanesque,  et  a  cons-  sortir  les  nuances  les  plus  délicates, 
truit  sa  fab'e  avec  plus  de  simplicité  Les  idylles  de  Gesner  eurent  d'abord 
et  de  régularité.  Cependant  on  peut  lui  un  si  grand  succès  qu'en  peu  de  temps 
reprocher  d'avoir,  en  quelque  sorte,  il  en  parut  des  traductions  dins  pres- 
amené  le  dénouement  dès  le  premier  que  toutes  les  langues  de  l'Europe, 
chant  :   le  second  n'est  qu'un  hors  Hid)er  nous  en  a  donné  une  en  fran- 
d'œuvre;  et  le  troisième,  surchargé  çds;  et  c'est  à  l'abbé  FerrietàMatteo 
d'épisodes,  fait  oublier  trop  long-temps  Procopio  que  l'on   est  redevable  de 
les  personnages  principaux, parceque  celles  qui  existent  en  italien.  Gesner 
h  matière  manquait  à  l'auteur.  Ce  n'est  s'éleva  à  la  h  luteur  de  l'épopée  dans  le 
donc  que  dans  les  détails  qu'il  faut  ^okme  àe  h  Mort  d' A  bel ,  qui  parut 
chercher  le  mérite  du  poème  de  Da-  pour  la  première  fois  en  ijSH.  C'est 
phnis;  et  l'on  doit  convenir  qu'ils  sont  là  qu'aux  beautés  de  sentiment  il  sut 
remplis  d'intérêt,  de  délicatesse  et  de  allier  les  beautés  maies  de  h  haute 
fraîcheur.  Ses  Id viles,  qui  parurent  poésie.  Il  a  beaucoup  imité  Milton  el 
pour  la  première  fois  en  1756,  l'ont  la  Bible  :  c'est  en  se  pénétrant  des 
placé  au  premier  rang  pu  mi  les  mo-  saintes  Écritures  ,  qu'il  a  pu  rendre,. 


256  GES  G  ES 

avec  tant  de  vérité',  celle  belle  sim-  en  danois  par  M' '^Biehl, auteur  dra- 
plicité  des  mœurs  patriarcales.  Mais,  matique  de  Copenhague  ,  en  hou- 
en  rendant  justice  à  ses  talents,  on  grois  par  F.  deKusinski,  et  en  russe, 
ne  peut  s'empêcher  de  rccuunaître  par  J.  Zacharovv.  On  a  fait  parmi 
qu'il  n'a  pas  assez  fortement  d-ssiué  nous  plusieurs  efforts  iufructueuxpour 
les  caractères  de  ses  héro."»;  qu'i  aurait  le  liaduire  envers  français.  La  tra- 
dû  éviter  davantage  les  répe'tilions;  duction  tiop  concise  de  M'"*,  du  Boc- 
qu'il  a  rempli  son  poème  de  dfscrip-  cage  ,  est  bien  inférieure  à  celle  que 
tiens  de  la  nature  qui  se  ressemblent  Gilbert  nous  a  donnée  du  quatrième  , 
trop;  et  que,  s'il  a  p^int  avec  toutes  chant  de  la  Mort  d'/lbel  ;  ce  poète 
les  grâces  du  style  les  morceaux  qui  nous  offre  du  moins  dans  son  imila- 
tiennent  du  genre  de  l'idylle,  il  n'a  pas  tion  quelques  vers  bien  frappés  et 
toujours  rendu  aussi  heureusement  des  morceaux,  descriptifs  heureuse- 
ceux  où  il  fait  agir  les  passions.  Dans  ment  rendus;  mais  on  désirerait  qu'il 
les  scènes  P'ithéliqucs,  il  prolonge  trop  eûî  moins  souvent  substitué  l'esprit 
lon^-temps  les  mêmes  situations  :  ce  au  scntunent.  D'ailleurs  il  n'a  pas  sur- 
défaut ,  assez  commun  aux  poètes  al-  monté  la  grande  difficulté  que  pré* 
lemands,  d'épuiser  un  sujet  dans  tous  sente  la  traduction  du  poème  de  la 
ses  détails  ,  est  poussé  à  /excès  dans  Mort  d'Abel  :  celle  de  rendre  avec 
les  longs  discours  de  ses  personnages,  une  élégance  continue  une  foule  de 
Telles  sont  les  causes  de  la  langueur  détails  re!)elles  à  la  poésie.  Voilà 
que  l'on  éprouve  à  la  lecture  de  ce  sans  doute  la  cause l:lu  style  burlesque 
poème  ;  mais  ce  ne  fut  point  là  le  et  des  trivialités  qu'on  rencontre  dans 
motif  du  mauvais  accueil  ({u'il  reçut  des  traductions  plus  récentes  ,  dont  les 
d'abord  des  journalistes  allemands:  vers  froids  et  prosaïques  sont  bien  loin 
ces  critiques,  jugeant  la  Mort  d* A-  de  donner  une  idée  des  grâces  et  de  la 
bel  moins  en  littérateuis  qu'en  théo-  n.iiveté  de  l'original  (i).  En  1762, 
lof^iens  ,  accusèrent  Gesner  d'avoir  Gcsuer  fit  paraître  son  poème  du /Vd- 
falsifié  la  Bible ,  et  émis  des  opi-  mier  naviifateur.  L'idée  eu  est  heu- 
nions  qui  sentaient  l'hérésie  et  rappc-  reuse;  le  merveilleux  y  repose  sur  des 
{aient  celle  des  Valentiniens  ,  secte  fictions  ingénieuses  et  poéli  pies,  et  les 
qui  fut  proscrite  dans  le  deuxième  siè-  caractères  y  sont  bien  soutenus  :  tout 
de,  parce  quelle  admettait  deux  prin-  ce  (pii  échappe  à  la  naivelé de  la  jeune  , 
cipes  gériéialeurs  desquels  émanaient  héro'iuc ,  est  pris  dans  la  nature; 
une  trentaine  d'anges  (pii  régissaient  niais,  à  cet  égard,  quelques  mères  de 
ia  terre.  Ce  sont  ces  mêmes  censeurs  famille  pourraient  trouver  que  Tau-  ' 
qui,  regardant  les  Widand,  les  Les-  leur  l'.-;  trop  bien  imitée.  Il  serait  à 
sing  et  les  Kamier  comme  des  écri-  desinrque  l'action  de  ce  poème  lan- 
vains  frivoles  et  affadis  par  la  galan-  guîl  un  peu  moins  :  une  entreprise 
tcrie  française,  leur  donnèrent  le  nom ^ 

(le    bcllt'terisleS.    («CpendaUt  le   poème  (1)   tl  y  a  «usù  une    iraducllo»,   m  ver»  fran- 

,        ,         mt       .     j»  jéi     I  *    »l  ,    i  ra\f,  i\r  Id  l\turt  il'ytbel  ,ynr  Vnulrxir  iïv   crt   ar- 

de  la  Mort  a  AUeL   ne  larua  pas  a  j,^,^    p^,;,    ,sn,in.i«.  ou  peut  voir  «lai.»  la 

être  traduit  en  diverses  langues.  11  le  Monu.uràn  ";  i--;v>.r  .8.3.  I.  juR^mrni  qu>.i 

fut  en  français  i)ar  Iiubcr ,  eu  anglais  i,>iii  |.r.-»»c.   i.r$  «iiurs  traiiueùoMï   iiuc  nouf 

avon»  «If  ce  j><»»îiue  ,  »(>iitil<-  MM.  HoaUm  ,  Mar- 
l:iiix,  l.«l»lor,  ei  d'un  ofHiiur  d'.irtillrrir  l>»  Arrtx. 
lirnuirrt    «ml    tlt^   jiiililitfs   a   l'arij   diiii   lei  an- 

.         -  I'    I      1  "•'"»   '^"*    •■'    '**"•'     l"''!»*!   in-18.  (.".elle    de    M. 

jtUUe  ,  eu  suédois   par  L.    Lckcbom,  Uuai-u  «y»Ui>aru«Lcii.»ij;  ca  i7«ji,  «uS*. 


p  «r  mistriss  Collyer  ,  en  italien  par 
i'abbé  Perini  ,  en  espagnol  par  P.  Le- 


(IKS 

«jiil  s'cxccutc  SUIS  (iiranciui  obstacle 
ne  la  tra\cr>c,  (les  pri.soini.im'S  piiii- 
<)|);m\  (lui  no   so  coiin.M.sScul   qii'.ui 
diiiouciucnt,  des  scènes  ([ni  se  repio- 
duKSciît,  et  quehjues  lonç^iicuis  ,  con- 
tribuent sans  doute  a  rendre  cet  ou- 
vraE;c  d'un  inlèiî-l  moins  vif  (|ue  ne 
sen)bleraient  le  piouiellie  les  beautés 
qu'il   renferme.  Les  nouvelles  idylles 
de  Gesner,  dont  M.  Panl-llenri  Meis- 
ter,  de  Zurich  ,  nous  a  donne  une  tra- 
duction, en  1773,  présentent,  en  p;e'- 
iie'rai ,  un  but  plus  moral  et  plus  phi- 
losopliiqiie  que  les  anciennes.  H  y  a 
pcul-elre  moins  de  na'iveto  et  d'esprit; 
mais  l'auleur  n'y  perd  rien  du  côte  de 
li  sensibilité,  à  laquelle  il  ajoute  une 
légère  leinfc  de   mélancolie.    Il  s'est 
peint  lui  -   mcnie  dans  l'idylle  qui  a 
pour  titre  :  la  Matinée  cCautomne  : 
on  ne  peut  voir  un  tableau  pins  frais 
et  plus  touchant  de  l'union  conjugale. 
Gesucr  a  encore  compose  des  Contes 
moraux ,  des  Drames ,  un  petit  poème 
intitulé,    Tableau  du  déluge ^  cl  des 
IjCltres    sur   le  paysage.   Ses  contes 
inoraux,  écrits  d'un  style  assez  trivial, 
cflfrent  des  traits  d'une  grande  vérité  , 
à  côté  de  plusieurs  invraisemblances. 
Ses  drames   décèlent  du  talent  dans 
l'art  de  conduire  une  intrigue,  et  des 
caractères  sacrement  tracés.  Le  drame 
d^Eraste  a  fourni  à   Ma r mon  tel   le 
sujet  de  son  opéra  de  Sylvain,  Le  Ta- 
bleau du  déluge  est  un  épisode  très 
intéressant    de    cette    grande    catas- 
trophe. Le  pinceau  du  poète  a  de  la 
fr.iîcheur  ;    mais   ou    ne  peut  s'em- 
pêcher de   remarquer  que   ses    per- 
sonnages  ne  disent  pas   toujours  ce 
qu'ils  devraient  dire.  ILiifin,  dans  ses 
l>ellrcs  sur  le  paysage,  Gesner  a  con- 
signé d'excellentes  observations  faites 
d'après  sa  propre  expérience.  Ses  prin- 
cipaux ouvrages  avaient  paru;  et  ce- 
pendant il  ne  jouissait  enrore  dans  sa 
patrie  que  d'une    réputation   médio- 


OES  '^57 

cre:  on  le  regardait  comme  un  poète 
aimable,  comme  l'auteur  de  quelques 
idylles  assez  agréables  ;  mais  on  était 
loin   encore    de    le    pl.iccr    au   rang 
des  premiers  liltérateurs  d'Allema"ne. 
(/était  du   sein    de   la  c.i])itale  de  la 
France  que  sa  renommée  devait  re- 
tentir dans  toute  l'Europe  ;  et  il  le  dut 
aux  diverses  traductions  d'Huber.  Il 
était  encore  si  peu  connu  lorsque  ce 
littérateur   présenta  à  un  libraire  la 
traduction  du  poème  de  la  Mort  d'A- 
bel,  que  ce  libraire  ,  peu  prévenu  en 
faveur  de  l'ouvrage  d'un  poète  suisse, 
ne  se  chargea,  qu'en  tremblant,  de 
l'impression.  Des  causes  particulières 
contribuèrent  beaucoup,  en  France, 
au    rapide  succès    des  ouvrages   de 
Gesner.  L'une  des  plus  influentes  fut 
la  part  qu'un  ministre  célèbre  prit  au 
travail  d'fJuber  :  on  sait  maintenant 
que  c'est  ïurgot  qui  a  traduit  le  pre- 
mier livre  des  Idylles  de  Gesner,  le 
poème   du  Premier  navigateur  ,    les 
premier  et   quatrième   chants  de    la 
Mort  d'Abel ,  et  qui  a  écrit  la  préface 
de  la  traduction  française  de  ce  poème. 
D'un   antic  C()té  ,  Diderot,  qui  avait 
traduit  les  Contes  moraux  et  les  ïdvl- 
les,  n'influa  pas  moins  sur  la  réputaliou 
d'un  auteur  dont  il  s'était  fait  le  pané- 
gyriste. Dès-lors,  Gesner,  préconisé 
par  les  économistes  et  les  philosophes, 
fut  porté  aux  nues.  Devenu  l'homme 
à  la  mode,  on  voulut  l'attirer  en  France. 
La  du(.hesse  de  Choiseul  lui  fit  pro- 
poser une  place  dans  les  gardes-suis- 
ses ;   mais    il    rejeta   cette  offre  (j). 
Ileiu'cux  dans  son  pays,  il  y  voyait 
prospérer  son  commerce  de  librairie 
(sous  le  nom  d'Orell,  Gesner  ctC«.), 
et   venait   de   contracter    une   union 
qu'il  desirait  depuis  long  temps,  avec 

(0  Ce  refus  amène  le  H«'iiouerneiit  dr    la  pièce 
iiUitulc'c  :    Gesntr.  pai  M.M.  Harrà  ,  Radol  ,  Bour 
giieil  et  Oesl'ontaines,  1800.   Gesner  joue  aussi   ua 
xile   imporlant    dans    la   puce    du    Liibtlh      rat 
M.    l-"aM.Tes  ,   1-97,111-8''.  ' 


W\\. 


î-^ 


258  GES 

M^^*'.  Heide;;ç;er,  filie  d'un  consclHer 
d'état  à  Zurich.  C'est  elle  qu'il  a  cclë- 
bre'e  sons  le  nom  de  D.iphné,  dans  sa 
première  idylle.  Celle  femme  aimable 
et  sensible  ,  aprc'ciant  tout  le  me'rite 
de  Gcsner,  se  chargea  elle-même  des 
soins  minutieux  du  commerce,  pour 
lui  laisser  le  loisir  de  cultiver  les  let- 
tres et  les  arts.  Cependant,  au  lieu 
de  se  livrer  plus  que  jamais  à  la  poé- 
sie ,  il  en  fut  détourne  par  une  nou- 
velle passion. Transporté  d'admiration 
à  la  vue  de  la  belle  collection  de  ta- 
bleaux de  son  beau-  père,  il  sentit 
renaître  le  goût  qu'il  avait  eu  pour  la 
peinture;  et,  ne  se  dissimulant  point 
le  peu  de  progrès  qu'il  avait  fait  dans 
cet  art  à  Berlin ,  il  crut  le  cultiver 
avec  plus  de  fruit  en  dessinant  d'après 
nature;  mais  ,  obligé  de  marcher  sans 
guide ,  il  se  perdit  dans  une  foule  de 
détails  minutieux,  prit  un  genre  sec, 
et  négligea  entièrement  les  effets. 
Bientôt  il  revint  de  son  erreur  :  Mon 
premier  prog^rès ,  dit-il  (  Lettres  sur 
ie  paysage  )  ,fut  de  m' apercevoir  que 
je  rien  faisais  pas.  Changeant  de 
marche ,  il  étudia  les  grands  paysa- 
gistes de  l'école  flamande,  et,  en  les 
comparant,  il  se  créa  une  méthode. 
C'est  en  pariant  des  deux  talents  qu'd 
réunissait,  qu'on  a  dit ,  avec  autaiit 
de  justesse  que  d'esprit,  que  ses  idylles 
étaient  des  paysages ,  cl  ses  paysages 
des  idylles.  Ses  plus  beaux  tableaux 
ont  été  gravés  à  l'eau  -  forte  par  M. 
Kolbe  (  I  )  :  lui  -  même  s'exerçait  aussi 
;i  la  gravure; et,  dans  cet  art,  il  s'est 
acquis  nue  grande  répulaliou  en  Al- 
lemagne. Il  commença  par  hasarder 
quehpies  fleurons  sur  les  frontispices 
de  ses  ouvrages;  insensiblciuenl  il  eu 
mit  au  jour  un  plus  grand  nonibre , 
qu'il  fil  suivre  de  quelques  paysages. 

(0  '/.iiricli,   i8o.')-iHii,  tin  cjliirri  in-fnl.    coii- 
Iritanl  viii{jt  cioi]  pivcc*  ,   el  trc*  rcckercLé*  il«« 


GES 

Eu  176J,  il  publia,  et  dédia  à  son 
ami  Walelet,  dix  paysages  gravés  a 
l'eau-foi  te.  En  i  -^69,  il  en  fit  paraître 
dix  autres;  et,  depuis  celte  époque,  il 
a  dessiné  et  gravé  un  nombre  considé- 
rable d'estampes  pour  les  ouvrages 
sortis  de  ses  presses.  Les  vertus  dé- 
peintes dans  ses  ouvrages  formaient 
le  fonds  de  son  caractère;  bon  père, 
tendre  époux,  ami  fidèle,  il  bornait 
tous  ses  vœux  à  faire  le  bonheur  de 
ceux  qui  l'entouraient  :  aussi  ne  s'ab- 
senla-t-il  que  rarement  de  Zurich  ;  et, 
lorsque  des  circonstances  imprévues 
le  conduisirent  momentanément  à  Ber- 
lin ,  à  Leipzig  et  à  Hambourg,  il  reçut 
partout  lui  accueil  digne  de  ses  ta- 
lents. Mais  ces  honneurs  n'altéraient 
point  sa  modestie  :  jamais  il  ne  par- 
lait le  premier  de  ses  ouvrages.  Un 
homme  de  marque  voyagea  avec  lui. 
et  ne  le  reconnut  pas.  Aimé  el  honoré 
dans  sa  pairie,  Gcsner  y  fut  élevé  aux 
premières  charges  :  il  était  assez  dé- 
nué d'amour  -  propre  pour  s'étonner 
d'avoir  pu  captiver  les  sullVages  de  ses 
concitoyens ,  et  il  ne  les  rechercha 
jamais.  Dans  toutes  ces  différentes 
fonctions,  il  fut  animé  par  la  gloire  de 
son  pays  ,  el  jamais  il  ne  rejeta  aucune 
vue  qui  tendît  à  l'augmenter,  ou  qui 
lui  parût  devoir  être  utile  à  l'humanité. 
Zélé  protecteur  du  talent  naissant ,  il 
le  soutenait  de  son  crédit ,  l'aidait  de 
ses  conseils  ,  et  cherchait  à  lui  aplanir 
tous  les  obstacles.  Sa  maison  était  le 
rendez- vous  des  hommes  de  lettres  et 
des  habitants  les  plus  recommandahles 
de  Zurich  ;  on  y  voyait  coulinuelle- 
ment  accourir  h'S  voyageurs ,  attirés 
par  sa  rcuominéo,  et  ils  le  quittaient 
rarement  sans  emporter  quelquisuns 
de  ses  paysages.  Naturcllemenl  méian- 
culi(pie  ,  il  s'échappait  à  la  multitude, 
et  aimait  à  se  proiueuersur  les  bcuix 
rivages  de  la  jiinl  et  de  la  Limiualh. 
C'est  là  (ju'il  a  rêvé  la  plupart  de  sis 


I 


» 


r,  E  s 

i(3)lles.  Ce  n'est  pas  au  milieu  des 
cercles  brill.mls  de  la  société  qu'il  fal- 
lait jiif^cr  Ge.sner:  il  avait  dans  sa  con- 
tenance auprès  des  e'traiigcrs  ,  (jiieiquc 
chose  de  lirnide  et  d'enibirrassc.  Mais 
il  rentrait  dans  son  naturel  au  milieu 
de  ses  amis:  sa  conversation  devenait 
alors  vive  et  animée,  et  il  l'égayait 
souvent  par  ces  lieureuses  saillies  qui 
naissent  de  l'à-propos.  C'est  dans  ces 
moments  d'ab.mdun  qu'il  contrefaisait 
quelquefois,  d'une  m. mière  lies  grotes- 
que, les  ligures  ridicules  de  certains 
Jiersonnagcs  :  il  se  plaisait  aussi  à  pren- 
dre part  aux  jeux  de  ses  enfants.  Ou 
peut  voir  dans  les  Souvenirs  deFéli- 
cie,  un  tableau  aussi  curieux  que  pi- 
quant de  l'intérieur  du  ménage  de  Ges- 
iier.  Cet  homme  célèbre  mourut  d'une 
paralysie,  le  2  mars  1788,  à  l'âge  de 
cinquante-huit  ans.  Un  monument , 
dont  l'exécution  est  due  au  ciseau  du 
sculpteur  Trippel,  lui  a  été  érigé  par 
quelques-uns  de  ses  concitoyens  dans 
l'une  des  plus  belles  promen.ides  de 
Zurich  et  au  confluent  de  la  Lint  et 
de  la  Linimalh.  Il  a  laissé  un  (ils  qui 
a  hérité  de  ses  talents  pour  la  pein- 
ture. La  vie  de  Gesner  a  été  écrite 
en  allemand  par  Hottinguer  (  i  ).  La 
notice  historique  qui  est  à  la  tcte  de 
l'édition  de  ses  Œuvres  ,  imprimée  à 
Paris  en  1799,  est  due  à  i\L  Petitain. 
L'édition  la  plus  remarquable  des 
OEuvres  de  Gesner,  traduites  en  fran- 
çais par  MM.  Huber,  J.  H.  Meiuer 
et  Brute  de  LoircUes,  est  celle  qui  est 
en  trois  vol.  gr.  in-4  ". ,  fig.  de  Le  Bar- 


dai L'académie  éicc'orale  de  Manùeim  ayant 
proposé  un  priv  pour  la  meilleure  biographie  de 
Gesner,  M.  Hottinguer,  qui  avait  clé  lié  avec 
Jiii,  s'empressa  de  répondre  à  cet  appel,  et  com- 
posa un  ouvrage  sur  ce  sujet,  qu'il  n'envoya  ce- 
pendant pas  a=i  Concours,  mais  qu'il  publia  à  Zu- 
Ticb  ,  ijqG  ,  iu-8''.  n  a  paru  traduit  en  français 
Cpar  J.  II.  Meister")  ,  Zurich  ,  chez  Heuii  Gesner, 
1^99,  in-ia,  sous  ce  titre:  Salomun  Go.sner, 
nvec  son  portrait.  Cette  traduciion  paraît  être 
Touvrage  d'uu  Lomme  peu  iamiliarisé  avec  notre 
1  jngue. 


G  E  S 


259 


bicr,  Paris ,  i  "j^^iUp.  CA\c  de  Dijon, 
1795,  en  4  vol.,  petit  in-8".,  n'a  de 
prix  qu'avec  les  figures  de  Le  Barbier. 
On  distingue  ,.nssi  l'édition  de  Paris 
de  1799,  en  4  vol.  in -.8.,  av.o  les 
fig.  de  Moreau  jeune.  On  recl.Nche 
beaucoup  l'édition  française  de  Zu- 
rich, de  ses  Contes  moraux  et  iiouvelks 
Idylles  ,  dont  les  figures  ont  éié  dessi- 
nées par  l'auteur  même:  elle  parut  en 
1773 -77,  <?»^  vol.  ia-40,  j/ediiioii 
allemande,  avec  les  mêmes  dessins 
eu  '1  vol.  in-40.,  est  aussi  de  \^n' 
11  existe  d'autres  éditions  moins  pré- 
cieuses, en  trois  vol.,  ou  en  6  vol. 
in-18,  et  en  1  vol.  in-8o.(i)  L'OEu* 
vredeSalomon  Gesner,  contenant  les 
33G  planches  qu'il  a  dessinées  et  tra- 
vées pour  difTérentes  éditions  denses 
ouvrages  ,  a  été  publié  à  Zurich  eu 
2  vol.  in-fol.  de  1752  à  1788.  Ou 
prétend  qu'il  n'eu  a  été  tiré  que  vinot- 
cinq  exemplaires  complets.  H.  Gesner 
a  publié  un  Recueil  des  lettres  de  la, 
famille  de  Salomon  Gesner,  Berne 
1 80 1  -,  2  vol.  in-8^ ,  fig.  B— L— T.  ' 
GESSl  (François),  peintre  ita- 
lien qu'on  appelle  Guido  seconda^ 
parce  qu'il  imita  parfaitement  la  ma- 
nière du  Guide,  naquit  à  Bologne  en 
i588.  Ses  parents  qui  avaient  de  la 
fortune  et  tenaient  un  certain  ran«- 
dans  la  société,  lui  donnèrent  des 
maîtres  pour  lui  enseigner  ics  belles- 
lettres;  mais  il  était  d'un  naturel  si  lé- 
ger, que  leurs  leçons  lui  furent  tout 
a  fait  inutiles.  Il  ne  parvint  pas  même 
à  savoir  bien  écrire  son  nom.  .Son 
père  se  vil  forcé  à  le  laisser  faire  tout 
ce  que  lui  suggéraient  sfs  ciprices. 
On  s'aperçut  bientôt  que,dans  ses  jeux,* 

(i)  On  en  a  fait  une  traduciion  française  litté 
raie  .nterhnéa.rc  avec  le  te  .te  :  les  idvl'es  out  été 
publiées  par  M.  A.  M  H.  Boular.i,  -^  V'.l  in  8° 
et  le  reste  ,  sous  le  tiire  de  Court  rie  langue  allé 
mande  ,  a  paru  en  .8o3  ,  égaU-mmc  en  a^'gros  vo- 
lumes .u-S". ,  dont  le  premier  contient  /W,„;, 
d-^Vr'"""'  ^'''^'S'iieur,  et  le  seco.id  U  J)lon 


J7.. 


2Go  G  E  s 

il  s'amusait  de  piétereiice  à  tracer  de 
j;rolcsq".esl)ambocliadesavecdu  char- 
bon; et  l'on  en  conclut  qu'il  pouirait 
avoir  quelque  penchant  pour  la  pein- 
ture. Son  père  le  mit  ,ilors,  pour  étu- 
dier le  dessin,  dans  l'école  de  Calvvatt, 
qui  peignait  à  Bologne ,  et  ensuite  dans 
Celle  du  Crcmosini;  mais  ni  l'un  ni 
l'autre  de  ces  maîtres  ne  fut  capable 
de  fixer  l'esprit  volage  de  ce  jiune 
homme.  La  di;nile ,  la  s;.gesso  cl  la 
douceur  qui  distingnaienl  le  caractère 
du  Guide  ,  presque  autant  que  ses 
talents  ,  firent  penser  au  père  de 
Gessi  qu'il  ne  fallait  rien  moins  qu'un 
tel  homme  pour  modérer  et  diriger 
son  fiLs  :  il  ne  se  trompa  point.  Fran- 
çois ch.ingea  tellement  dans  cette  troi- 
.sicme  école,  que,  malgré  la  prompti- 
tude et  la  iacilitë  avec  lesquelles  il 
j)arvint  à  peindre,  il  montrait  dans 
son  travail  une  patience  et  une  atten- 
tion dont  l'arliste  le  plus  calme  eût 
«lé  difficilement  capable.  Jamais  il 
n'était  content  de  son  ouvr.i^e  ,  et 
jamais  il  ne  cessait  d'y  faire  des  cor- 
rections et  des  chuigemeuts.  S'i  n'é- 
gala pas  toujouj»  le  Guide  dans  la 
perfection  du  djssin  ,  dans  le  choix 
des  ])l>ysionomies  et  d.!i:s  rexj)ression 
des  adeciions  de  l'ame,  il  l'égila  d.ms 
1 1  franchise  et  la  lermelé  du  pinceau , 
comme  aussi  dans  le  moëlKnx  des 
couleurs.  Son  maître. rtinniena  avec 
lui  à  Home,  où  ils  travaillèrent  en- 
send)ie.  De  la  Gessi  passa  à  Naples. 
La  j.ilousie  cpi'y  <xcilcicnt  ses  laki.ts  , 
lui  fit  courir  de  grands  dangers.  Ce 
malheur  fut  aggravé  par  uii  procès 
ruineux  qui  le  n-duisit  à  un  tel  état 
de  détresse,  qu'obligé  de  trav.iiller 
])Our  vivre,  il  devint  moins  soigneux 
dans  ses  ouvr.H'cs.  liCs  table.»uv  qu'il 
lit  ahus  s(mt  presque  sans  luciile: 
«  la  composition  en  est  Iroidc  .  la 
rouleur  superficielle  et  les  figures 
souvent  incorrectes,  »  dit  JLaiizi.  Mai* 


GES 

ceux  des  temps  antérieurs  dénotent 
un  excellent  élève  ,  et  à  plusieurs 
égards  un  rival  du  Guide.  On  en  voit 
de  lui  un  très  beau  de  cette  époque , 
dans  1.1  galeriede  Milan;  il  représente 
une  S;iiute- Vierge,  à  l'enfint  de  la- 
quelle quatre  saints  ou  saintes  rendent 
d'afrecaieiix  hommages.  Les  figures 
y  sont  groupées  et  mises  en  action 
avec  beaucoup  de  naturel ,  de  grâce  et 
de  simplicué.  La  détresse  de  Gessi 
l'entraituidins  un  des  vices  trop  com- 
muns de  cette  pauvreté  dont  le  sort 
s'améliore  par  intervalle?.  Acioulumé 
à  consumer  eu  nourriture  indispensa- 
ble tout  ce  qu'il  gignaif  ,  il  en  vint 
bientôt  à  employer  en  bonne  chère 
tout  ce  que  son  travail  lui  procurait 
au-delà  de  ses  besoins;  et  il  se  livra 
si  fort  à  l'inletupérance,  que  sa  c<uis- 
titution  n'y  put  résister  :  ses  excès  en 
ce  genre  le  conduisirent  au  tombeau. 
Il  mourut  en  i(348.  G— N. 

GE*>SNl*.U.  /  oj.  Gesner. 

GESTEL  (CoRNtiLi.E-VAN\  né  à 
M.diiirs  en  i658,  et  mort  cliaiu)ine 
de  la  cathédra'ede  cette  ville  en  i  74^» 
a  laissé  une  histoire  de  l'arciievêchë 
de  Malines .  sous  le  titre  de  IJistoria 
sacra  et  jfrofana  archiepiscopatus 
iMechlini.HMS ,  la  Haye,  17  >f),  'i  voî. 
in  -fol.,  fig.  Cet  ouvrage  passe  pour 
être  plus  rei;ommandab!e  par  Us  re- 
cherches ,  que  p  ir  Tordre  et  le  style. 

M— ON. 

GESÏKIN  (Jf.aiv),  malhémaii- 
cien  .suédois  ,  enseigna  avec  succès 
les  sciences  maihéuiafiques  à  l'univer- 
sité d'Upsal,  où  il  fut  placé  sous  îc 
règne  de  Gustavc-Adulphe.  il  pidjlu 
des  Connncntaii  es  sur  Eucliile  ,  nu 
Traité  de  n)ecani(pie  et  un  Traité  d'as- 
tronoimc.  A  peu  près  dans  le  même 
temps,  K'*xler,  professeur  de  l'iuii- 
vcrsiié  tl'Abo,  répandait  le  goût  des 
menus  sciences  dans  une  autre  partie 
du  royaume,  par  ses  leçons  et  ses  ou- 


GKT  CET  ?0r 

Tr.igc<;  ,   fl   Slienilnclin  iltoniinit  los  los  Calcdotiiciis  :  ils  rcvinrrnt  riiscni- 

savants  clraimcrs  <|ui  .urivalcnt  à  la  Mt-avec  riinpc'raJiicc  Julie,  lappoilanl 

C"ur  do  Cluisliiio,  par  son  traite  mti-  Tninc  ((ni  renfrimaif  les  rendirs  di'. 

\\i\c:  ,-ïrdmned(S  rcfurinaUis.  Icui- jxt.'  mort  dans  la   Grande-l)ie- 

C — AU.  ta^iic  ,  et  ils  l(ii  rendirent  solenncllc- 
CiKTA  (  P.  Si.PTiMius  )  inl  |)  ce  ment  à  Uoinc  les  dcrnirr*;  devoirs. Ca- 
par  la  nature  entre  un  j)ère  cruel  <  l  racalla  avait  essaye  de  faire  jK-rir  .son 
grand  ,  et  uu  fièrceru(  1 1 1  scélérat.  Il  frère  pendant  le  voyaf;c.  Leurs  divi- 
jiatjuità  Milan,  et  el;iit  le  second  fils  siens  iugmenlant  tous  les  jours,  ils  ima- 
dc  i'cmpereurSc'vèie  clcle  Julie.  Après  ginèrent,  pour  s'accorder,  de  se  par- 
avoir  ruontredans  son  enfance  peu  de  tager  l'empire.  Gela  se  contentait  de 
douceur  (le  caractère,  il  devint  par  sa  l'Asie  et  de  l'É-^ypte  :  ce  projet  n'eut 
})on(e  et  son  .dr,d)dUc  les  délices  du  point  d'exécution  par  l'opposition  ((n'y 
peuple  et  de  r.irnice.  On  cite  de  lui ,  mirent  l'impératrice  et  les  grands  de 
à  l'aqe  de  huit  ans,  une  i épouse  pleine  Horae.  Dans  des  saturnales  qui  se  ce- 
d'humanitè.  Son  p«  redirait  devant  lui,  lcbrcrenl,Geta  fut  expose'  à  un  nouvel 
en  parlant  des  complices  de  difll'nntes  attentat  de  son  frère  contre  sa  vie. 
révoltes  qu'il  cnndaiiinait  à  mort  :  Ce  Caracalla,  décidé  à  régner  seul  à  quel- 
sont  des  ennemis  dont  je  vous  dé-  que  prix  que  ce  fût,  feignit  de  vouloir 
livre.  L'enfant  lui  demanda  combit  n  se  réconcilier  avec  Géfa  ,  et  engagea 
il  en  périrait  :  rempercur  lui  en  dit  Julie  à  les  appeler  ensemble  dans  sou 
ie  nombre.  Ont-ils  des  parents  ou  appartement.  Le  jeune  pi  ince  conscn- 
ilds  proches?  ie[)rit  Gela.  Sur  la  ré-  tit,  sans  défi  aice,  à  une  entrevue.  A 
pense  qu'ils  en  avaient  plusieurs  :/Zj-  peine  fut-il  entré  dans  l'apivart^ment 
aura  donc ,  répliqua-t-il,  plus  de  gens  de  sa  mcre,  que  des  Ct  nuirions  apos- 
ij^igés  que  jnj- eux  de  notre  victoire,  tés  par  Caracalla  se  jetèrent  sur  lui , 
Il  dit,  à  ce  sujet,  à  Caracalla,  qui  sou-  et  le  poignardèrent  entre  les  bras  de 
tenait  qu'il  fallait  mettre  à  mort  fous  Julie  ,  où  il  s'était  re'fugié:  elle  fut 
les  coupables  avec  leurs  enfants: /^ow5  couverte  de  son  sang  et  blessée  à  la 
ne  voulez  épargner  personne  ,  vous  main.  Ainsi  périt  Géta  ,  le  'i'^  féviier 
qui  êtes  capable  de  tuer  un  père,  de  l'an  212.  L'hypocrite  assassin  fit 
Géta  était  fort  jeune,  quand  son  père  décerner  par  le  sénat  les  lionneurs  de 
lui  donna  le  titre  d'Auguste,  comme  l'apothéose  à  son  frère,  {f^oy.  Cj\ra- 
l'avait  Caracalla  son  frère,  et  qu'il  s'en  calla.)  Sil  diuus ,  dum  non  sit  vi~ 
fit  accompagner  dans  son  expédition  vus:  Qu'il  soit  dieu,  disait-il,  pourvu 
contrclesCalédoniens  dans  la  Grande-  qu'il  ne  soit  pas  vivant.  M.  Petitot  a 
Bretagne:  à  celte  occasion,  il  reçut  du  f.it  une  tragédie  intitulée  :  Géta  , 
se'nat  le  surnom  de  Britannicus.  Se-  '797»  J"  -  8".  {^oj,  aussi  Pi'chaiv- 
vère  étant  mort  l'an  211  de  l'ère chré-  tre.)  Q — R — y. 
tienne,  ses  deux  fils,  qu'il  avait  ins-  GETHIN  (Lady  Grâce),  nëe 
titués  conjointement  ses  successeurs  à  d'une  bonne  famil  e  dans  le  comté  de 
l'empire,  commencèient  à  régner.  Ils  Sommersel  en  1697  ,  morte  à  l'âge  de 
avuient  commencé  à  se  haïr  dès  qu'Us  vingt-un  ans,  a  écrit,  en  anglais  ,  uu 
avaient  pu  se  connaître.  Caracalla  tenta  ouvrage  qui  a  été  publié  après  s.a 
inuliitment  auprès  de  l'armée  de  se  mort,  sous  le  litre  de  Beliquiœ  Ge- 
faire  reconnaître  seul  empereur.  Géta  thinianœ,  Londres,  3  700,  in  -  4"., 
le  suivit  dans  uuc  expédition  contje  avec  son  portrait.  C'est  un  recueil  de 


^Cri  G  E  U 

discours  composés  par  elle  sur  l'ami- 
tic,  l'amour,  la  mort,  le  monde,  le 
courage  ,  la  jeunesse  ,  la  vieillesse  , 
l'usage,  etc.,  etc.  Elle  était  bien  jeune 
sans  doute  pour  traiter  de  pareils  su- 
jets ,  qui  demandent  une  longue  ex- 
périence et  un  esprit  mûr  et  réflé- 
clu.  On  trouve  néanmoins  dans  ses 
essais  du  talent  et  des  connaissances. 
Parmi  les  poésies  de  Congrève  on  lit 
des  vers  à  la  mémoire  de  cette  dame , 
inspirés  par  Ij  lecture  de  son  livre, 
cl  qui  renferment  un  éloi^c  très  flat- 
teur. Les  Reliquiœ  gethinianœ  ont 
aujourdhui  un  autre  mérite  pour  les 
curieux  ,  celui  d'être  un  livre  fort 
rare.  On  a  érigé  à  l'auteur  un  beau 
mon  liment  dans  l'abbaye  de  West- 
inm.>ler  ,  où  l'on  prononce  encore 
tous  les  ans  ,  le  mercredi  des  cen- 
dres ,  un  discours  funèbre  en  son 
lionn'ur.  X — '*. 

GKLiUNCX  (  Arnold  ),  né,  vers 
16.45,  à  Anvers,  étudia  la  |)hiloso- 
phic  et  la  ihéoiogic  à  Louvain,  et  y 
fut  appelé  en  1646  à  enseigner  la 
première  de  ces  sciences.  Après  douze 
années  de  professorat ,  le  n^auvais  état 
de  ses  aflfiires  le  décida  à  aller  en 
Hollande.  Arrivé  à  Leyde  ,  il  y  fit  pro- 
fession de  la  religion  réformée  ,  et  y 
fur  d'abord  répétiteur  de  pldlosopbie; 
il  finit  par  êlic  nommé  à  une  chaire 
uriiinaire  de  cette  science ,  giace  aux 
bons  (dFict  s  de  son  protecteur  Abra- 
liam  Hevdanus.  11  mourut  à  l.eyde  en 
i(J6t).  On  a  de  lui  :  T  Saturnalia  seii 
quœstionc.s  qnodhbflicœ  ,  liCyd'*  , 
»6'>5,  in- 19.  .11.  Lo^ica.  ibid.,  i(j(i», 
in-iG.  III.  \\'')0i  TîauTûv  JjVtf  Elhica. 
riiilarèlc  ,  pseudonyme  ,  publia  ce 
livre  après  la  moi  l  de  raiiteur,  Leyde, 
iG^fi,  in  -  \'i.  On  |)rél(ii(l  <pie,  dans 
cet  uuvra;;r,  Geuliiicx  expose  la  doc- 
triin-  lie  Vhannwiia  prt'ctaldie  ,  dont 
Leibnil/,  .s'est  attribué  a  deeouvnlc 
vingt  ans  ipiès   (vers  if>y">).  On  a 


GEU 

d'autres  productions  poslbumes  d« 
Geulincx,  telles  que:  IV.  Compen- 
dium  phjsiciim,  Franc ker,  1 688,  in- 
12.  V  et  VL  Annotata  prœcurrentia 
et  Annotata  majora  ad  Ren.  Car- 
tesii  principia  :  le  dernier  est  suivi 
à'  Opuscula  philosophica  .Dordrechl^ 
1690  et  1691,  in-4°.  VII.  Metaphy- 
sica  vera  et  ad  mentem  peripateti- 
cam,  Amsf.,  1691,  in-  16.  VIIT. 
Collegium  oratoriitm,  ibid.,  1696, 
in- 12.  Ce  n'est  pas  seulement  de  sou 
vivant  que  Geulincx  a  été  harcelé 
d'invectives  et  de  reproches  :  long- 
temps après  sa  mort ,  un  ministre  de 
Middelbourg  ,  Charles  Tuynraan  ,  l'a 
traité  de  spinosiste.  M — on. 

GEUNS(ÉtienneJean  Van),  mé- 
decin hollandais,  naquit  à  Groningue 
en  l'jG'j.Dcssa  plus  tendre  enfance, 
il  montra  un  gnût  bien  prononcé,  et 
même  une  sorte  de  passion  pour  l'é- 
tude des  sciences  exactes  :  il  aimait 
surtout  à  contempler  les  figures  et  à 
lire  la  description  des  animaux  et  des 
plantes.  Au  lieu  de  perdre,  comme  la 
plupart  des  autres  enfants  ,  à  des  amu- 
sements frivoles,  les  heures  de  la  rc- 
créalion  ,  il  les  consacrait  à  parcourir 
les  meilleurs  livres  d'histoire  naturel- 
le, et  notamment  l'utile  dictionnaire 
de  V.ilmont  de  Bomare.  Ayant  termi- 
né en  i']8'.>.  son  cours  d'humanités, 
dans  lc(picl  il  mérita  des  distinctions 
et  des  récompenses  honorables,  il  dé- 
sira entrer  ,  comme  cadet ,  au  service 
delà  marine,  persuadé  que  cette  car- 
1 1ère  lui  luurnirait  les  moyens  de  vi- 
siter drs  régi(»ns  éloignées  et  incon- 
nues, de  recueillir  dis  objets  rares  et 
curieux.  Mais  cédant  aux  sages  con- 
seils cl  aux  aHèctueuses  représenta- 
tions de  ses  parents,  le  jeune  Van 
Geuns  abandonna  ses  projets  de  voya- 
ge. 11  se  mil  sur  les  bancs  de  l'uni- 
versité de  f  lardervvyk,dont  son  père, 
IMalhias,  c  ail  un  des  professeurs  les 


G  E  U  <^'  F  U  ?.07 

flusdistinmics.  Il  cultiva  les  (îivorsrs  gnrmcnt  dont  il  ct.iit  rl),irp;c  j  Tiini- 
braiulics  Je  Vint  dp  guérir,  cl  surtout  vri site  d'Utrcchl.  Viiu  Geuiis  rnlra  en 
les  .sricniTS  physiques  avec  une  ar-  lonclion  le  2()  sc[)tera]jre  i^c)!  ,  et 
ileuriurili-^able,  et  un  tel  succès  qu'en  pionoiiçi  un  discours  inaupiural  :  D(f 
1-88  ,  à  j)cinc  agc  de  vin^^t  an>),  il  iiisiaurando  inler  Balavus  studio  hi- 
reni|)()ila  le  |)rix  propose  par  l'aca-  ianico.  Le  5  avril  17945  ''  ^^  I"'"- 
demie  i\{i^  sciences  de  Haricin  ,  sur  noin^M  un  second  ,  à  Touvcrlure  de  ses 
rntilitc  que  les  Hollandais  peuvent  re-  j)rcleçons  physiologiques  :  De  phjsio- 
tirer  des  reelicrches  en  histoire  na-  logiœ  curporis  humani  cum  clicmid 
turelle.  On  apprend  avec  une  surj)rise  conjiinctione  ulili  ac  periiecessarid. 
inclcc  d'admiration,  que  ce  mémoire  Une  mort  prématurée  vint  enlever 
intéressant,  sur  une  question  déjà  pro-  ce  jeune  savant  à  la  carrière  dans  la- 
posée  deux  fois  eu  vain  ,  fut  rédigé  quelle  ses  premiers  pas  avaient  été  si 
daiis  le  court  espace  de  quelques  se-  glorieux;  il  fut  moissonne  par  une 
indues,  pendant  les  intervalles  des  fièvre  ataxique  le  16  mai  1795.  Ses 
travaux  scolaires,  et  sans  que  le  père  talents  et  ses  vertus  furent  célèbres 
du  concurrent  en  eut  le  plus  léger  par  plusieursécrivains.  P.  W.  P.  Kluit 
soupçon.  Van  Geuns  publia  la  même  publia,  en  1795,  à  Utrecht,  et  un 
année ,  à  Harderwyk,  un  opuscule  in-  anonyme  à  Harlem ,  une  Esquisse  bio- 
8'.,  mhUilc  :  Plantariim  Belgii  con-  grapliique;  J.  Hcringa  fit  imprimer, 
faderati  indigenaruin  Spicilegium  ,  en  1  796,  à  Utrecht ,  une  Oraison  fu- 
f^uo  Davidis  Gorteri  Jlora  septevi  nèbre  :  ces  trois  opuscules  ,  in-S**. , 
Frovinciariim  locuplelatur.  En  effet,  sont  écrits  en  hollandais.  G. 
le  rédacteur  tient  parole ,  et  enrichit  GEUSAU  (  Levin  de)  ,  lieutenant- 
la  flore  de  Gorter  de  plus  de  deux  cents  général  et  quartier-maître-général  de 
espèces  de  plantes.  Auteur  de  plu-  l'armée  prussienne,  né,  en  1734,  à 
sieurs  bons  écrits,  Van  Geuns  ne  pos-  Kreuzburg  près  d'Eisenac,  entra  fort 
sédait  encore  aucun  litre  académique,  jeune  au  service,  fil  les  campagnes  de 
Après  avoir  fait  un  voyage  scientifi-  la  guerre  de  sept  ans,  et  s'y  distingua 
que  en  Allemagne,  il  revint  en  Hol-  tellement,  que  le  grand  Frédéric  l'al- 
lande  ,  où  il  fut  revêtu  du  doctorat ,  tacha  ,  comme  lieutenant,  à  l'état-ma- 
d'abord  eu  philosophie,  puis  en  me-  jor  des  quartiers-maîtres  de  son  ar- 
dccine,  sous  les  auspices  de  son  père,  mée  ,  que  le  roi  instruisait  lui-même. 
q(ù  termina  la  séance,  et  couronna,  Après  la  mort  de  Frédéric,  Gcusau  fut 
pour  ainsi  dire,  l'acte  probatoire  par  nommé  coioncl  et  adjudant-général  de 
un  discours  intéressant  ;  Z?e //îmirt7ii-  l'infanterie,  et,  en  1796,  promu  au 
iate  virtute  medici  prœstantissimd.  grade  de  lieutenant-général  :  en  même 
I^e  jeune  docteur  exerçaità  peine  de-  temps,  le  roi  le  nomma  quaitier- 
])uis  six  mois  sa  profession  à  Ams-  maître-général  de  l'armée  ,  et  lui  con- 
terdarn  ,  lorsque  les  curateurs  de  l'u-  fia  l'inspection  générale  sur  toutes  les 
niversité  de  Harderwyk  lui  offrirent  forteresses  du  royaiune.  Il  conserva 
3a  chaire  de  botanique  et  de  chimie,  ces  places  jusqu'au  moment  où  ia 
Des  motifs  particuliers  l'empêchèrent  guerre  entre  la  France  et  la  Prusse 
d'accepter  cet  honorable  emploi;  mais  éclata  en  1806.  H  exerça,  pendant  le 
il  accueillit  avec  plaisir  et  reconnais-  règne  de  Frédéric-Guillaume  II ,  une 
sance  la  cession  que  lui  fît  le  profes-  giande  influence  sur  l'organisation  de 
seur  Nahuys  d'une  portion  de  i'cnsei-  l'armée   prussienne.     Les    étal)lii>sg- 


264  G  E  V 

mcnts  d'éducation  militaire  ,  l'acadc- 
niie  des  officiers  ,  et  la  pe'pinicre  idc- 
dico-chirurf;icaie  de  l'armée  ,  confies 
à  sa  direclioi),  on!  e'te',  par  ses  soins, 
portes  à  un  haut  défère' de  perfection- 
nement. Le  général  Gcusauéiait  mem- 
bre de  l'académie  de  Berlin  et  de  la 
sociéîc  des  amis  des  sciences  na'u- 
j  elles  :  il  est  mort  le  2-^  décembre 
j8o8.  B— ii—D. 

GEVARTIUS(  Jean  -  Gaspar)  , 
pLilologue  bel^e  des  plus  distingués, 
naquit  à  Anvers  en  i595.  Son  père, 
Jean  Gevarlius,  figure  lionorable- 
ment  dans  les  afF.iires  des  Pays  Bis  , 
pendant  le  cours  du  xvi*".  siècle.  Il  lut 
un  de  ceux  qui  conclurent  la  (rêve  de 
j2ansen  \C)og.  Il  était  singulière- 
ment versé  dans  les  annales  de  sa 
patrie;  et  l'on  regrette  que  son  His- 
toire des  ducs  de  Brabanl  n'ait  pas 
vu  le  jour.  L'historien  belge ;,  Pontus 
Uruterus ,  reconnaît  lui  avoir  eu  de 
Jurandes  obligifions.  Notre  Gcvartius 
étudia  d'abord  à  Anvers,  dans  le  col- 
lège des  Jésuites.  Il  passa  de  là  à  fiou- 
vain  et  à  Douai ,  et  fit  ensuite  quelque 
séjour  à  P.tris ,  où  il  se  lia  paiticu- 
lièremenl  avec  Henri  de  Mesmes, 
depuis  conseillor-d'élat ,  etc.  De  re- 
tour à  Anveis,  il  fut  noinmé  secré- 
taire de  la  ville;  et,  on  i()ii,rem- 
]U'reur  Fcrdin.ind  111  le  eréi  cons(il- 
b-r-d'élat  et  hisloiiogra[)he.  Il  mourut 
dans  sa  ville  nalde  ,  à  l'âge  de  ';3 
ans,  en  iGGO.  On  a  de  lui  :  I.  Lcclio- 
nes  Papinifineœy  à  la  suite  des  poé- 
sies de  Stace,  Leydc,  iGiG,  in-8". 
Cette  édition  de  Slice  est  dédiée  à 
henjaniin  Aulx  ry  ,  sieur  du  Mauricr, 
alors  ambassadrur  en  llolîaiule,  et 
dans  !•  f.inullc  duquel  (ievarliiis 
s'honorait  d'avoir  vécu.  CiCS  Lcctiotics 
ne  roulent  que  sur  les  Sylves  de  Slace, 
cl  elles  ne  se  ressentent  guère  de  la 
jeuncss(r  de  l'.iutour,  qui  n'aviil  que 
lij  ans.  II.  ElecLuiuni  libri  ires  , 


GEY 

Paris,  1619  ,  in- 4'.  0"  J  admire 
une  critique  également  savante  et  in- 
génieuse. III.  Une  nouvelle  édition 
des  Imper atorum  Romanorum  Icô- 
nes de  Gollzius.  Gevartius  y  a  joint  la 
suite  des  empereurs  d'Autriche  de- 
puis Albert  Il  jirsqu'à  Ferdinand  III, 
Anvers,  i645,in-fol.  IV.  Des  Poé- 
sies latines,  publiées  en  diftérentes 
occasions,  entre  autres,  celle  de  l'éta- 
blissement de  la  statue  de  Henri  IV 
sur  le  Pont-Neuf.  Nous  ne  croyons 
pas  qu'elles  aient  été  recueillies.  Il  n'y 
a  rien  de  Gevartius  dans  les  Deliciœ 
poëtarum  Bels^arum.  Il  s'était  occupé 
de  notes  sur  Vylstronomicon  de  Mani- 
lius,  ou  plutôt,  selon  lui,  de  Man- 
lius  Thcodorus,  celui  que  Claudien 
a  célébré  dans  un  de  ses  poèmes  et  à 
qui  nous  devons  un  bon  ouvrage  sur 
les  mètres,  llav  lit  projeté  un  Commen- 
taire sur  les  Réflexions  de  Marc-Au- 
rèle  :  il  a  aussi  laissé  en  manuscrit 
des  Mémoires  sur  l'histoire  des  Pays- 
Bas.  Toute  sa  famille  périt  le  même 
jour ,  empoisonnée  par  des  champi- 
gnons ,  s'il  faut  en  croire  J.  G.  Grœ- 
vius,  ad  Cicer.  de  OJf.  1.  1,  c.  34- 

M ON. 

GEYCiER.  I^oy.  Geiger. 

GKYLI  Jî,  GEII.EK,  ou  GAILEU 
{  Jean  ) ,  nom  (né  aussi  Kaisersberg 
de  l'endroit  ou  il  fut  élevé  ,  ftineu\ 
prédicateur  ,  naipiit  à  Sehalbousc  le 
i(3  mars  i44^-  J'  perdit  en  bas  âge 
son  père,  notaire  à  Ammerweiler  ,  et 
se  rendit  à  Kaisersbcrg  (  en  Alsace  )  , 
auprès  de  son  grand-pèic,  qui  prit 
soin  de  son  éducatu)n.  il  étudia  d'a- 
bord l.i  philosophie  et  les  belles-lettres 
à  Friboj.Tg  en  lirisgau;  et  après  avoir 
passé  à  J>àle,  en  i  47-2  7  d  s'y  nppli- 
(pia  avec  be.iucoup  d'ardeur  à  l'étude 
de  la  théologie,  et  fut  promu  au  degré 
de  docteur  eu  1^"^^.  Il  ({uilta  Uâle  , 
et  ac;epta  une  ];lacc  de  prédicateur 
a  Eribourg ,  qu'il  remplit   seulcmenl 


(.LV 
liciul.int  une  aniicc.  Larqnitalioiifiinl 
y  acquit  en  si  peu  de  temps  (itait  dcjà 
telle,  (|iHi  f'iK   appelé  à  Wiirl/.bourg 
pour  1.1  inèiue  loneliitn.  La  sonitnc  de 
deux  cents  ducats   à  laquelle   on  fixa 
ses  honoraires,  somme  très  considc- 
lablc  potir  colle  époque  ,  prouve  as- 
sez combien  il   elait  considère.  Tl  ne 
icsia  même    pas   lonp;  -  temps  dans 
celte  ville  :  en  i  47^  ?  »*  *"t  app^''c  à 
Strasbourg.  Les  dominicains  avaient 
occupé  jusqu'alors  la  cliaire  de  la  ca- 
tliédrale  de  cette  ville;  mais  des  dis- 
j)utcs  scandaleuses  qu'ils  av.iicnt  eues 
en    1454,  avec  Jean  Crutzcr ,  cure 
de  SL-fiaurcnt,  et  avec  les  autres  curés 
de  la  ville,  cl  des  propositions  indé- 
centes qu'ils  avaient  débitées  dans  la 
chaire  de  vérité  (i  ),  firent  perdre  peu 
après   à   ces  religieux  la  prérogative 
de  prédicateurs-nés  de  la  cathédrale. 
Geylcr  s'y  livra  au    saint  mimstcre 
avec  le   plus    grand    zc!e ,    pendant 
trente  années  consécutives.  Ses  ser- 
mons forment  un  mélange  du  sacré 
et  du  profane  ,  de  latin  et  d'allemand. 
Geyier  s'y  élève  sans  cesse  avec  force 
contre  les   désordres  des  moines  de 
son  temps.  Le  choix  de  ses  in»ages  et 
de  ses  expressions  ,  qui  blesseraient 
anjourd  hui  nos   oreilles   délicates  et 
n'exciteraient  que  le  rire  ,    touchait 
alors  nos  anccîrcs  jusqu'aux  larmes,  et 
convertissait  quelquefois  les  pécheurs 
les  plus  endurcis. On  doit  a  l'éloquence 
deCieyler  l'abolition  de  plusieurs  abus 
contre  la  décence  et   la   majesté  du 
culte  divin ,  tels  que  les  cérémonies 
qui  se  faisaient  dans  la  cathédrale  le 
jour  des  Innocents  et  pendant  la  se- 
maine de  la  Pentecôte,  ainsi  que  les 
assemblées  nocturnes  de  la  Dédicace. 


(O  On  les  accjisajl  entre  .nntrcs  d'ensciîiTier  : 
(^iiod  munialis  projct'a  ,  si  cartiis  lentatione 
incla  cauUaleni  seivare  nullel,  'nttjorit  vcniœ 
i:t  niinoris  culpœ  esnel  ,  fi  ciiin  religioso  tjitàm 
ciirn  la'icn  commillal  JIttgiliiim.  Voyez  Joh.  Ber- 
iicjij^err  Berickt  von  dem  rogciiannie'n  uUintum 
'l'ute  1  fifttd  Schiller,  pay.  i  i-/8-i  i38. 


GEY  .if:> 

C'est  aussi  à  ses  exhortations  cl  à  celles 
de  Jac.  Winipheling,  son  biographe 
et  sou  ami ,  (pic  la  ville  de  Strasbourg 
doit  la  j)remièrc  idée  d'une  école  pu- 
blique. Les  sermons  de  Geyier  atti- 
raient un  si  nombreux  auditoire,  que 
la  place  de  la  chapelle  de  Saint- I^au- 
rent,  où  était  la  chure    de   la  basi- 
lique ,    devint    bientôt    trop    étroite 
pour  pouvoir  contenir   la  foule.  Ou 
construisit  alors,    en    i486,     celte 
chaire  magnifique   qui   existe  encore 
aujourd'hui,  sur  les  dessins  de  Jean 
Hammerer,  architect-e  de  la  f  ibrique, 
et  d'après  les  idées   de   Geyier   lui- 
même,  f/appui-main  de  la  rampe  de 
l'escalier,  qui  y  conduit,  est  semé  de 
petites  figures  grolesqucs  et  curieuses 
par  leur  bizarrerie  ,  et  dont  il  tirait 
souvent  le  texte  de  ses  sermons.  Cet 
orateur  sacré  était  fort  considéré  par 
Maxlmilien  I ,  à  cause  de  sa  probité 
€t  de  son  érudition  :  cet  empereur  l'ap- 
pela souvent  à  sa  cour,  le  consulta  sur 
les  matières  les  plus  importantes  ,  et  le 
protégea  contre  les  ennemis  que  sus- 
citait à  l'orateur  la  hardiesse  avec  la- 
quelle il  prêchait.  Geyier  réglait  minu- 
tieusement l'emploi  d'j  son  temps,  dont 
il  connaissait  le  prix  ;  i!  dormait  peu  , 
vivait  frugalement,  mais  ne  baissait 
pas    le  bon  vin.   Peu  de    personnes 
furent  admises  dans  sa  société  intime: 
on  ne  lui  connaît  d'amis  que  Sébastien 
Brandt  et  Jacques  Wimpheling.  Au- 
cun de  ses  contemporains  ne  possé- 
dait peut-être  une  bibliothèque  aussi 
considérable  et  aussi  bien  choisie  que 
la  sienne.  Il  avait  l'habitude  d'écrire 
tous    ses  sermons,  tantôt  en  latin, 
tantôt  en   allemand  :  ces  manuscrits 
passaient  ensuite  entre  les  mains  de 
ses  amis  et  de  ses  admirateurs,  qui 
les  ont  publiés  en  partie  de  son  vi- 
vant, en  partie  après  sa  mort;  car  il 
n'avait  pas  la  patience  de  soigner  lui- 
même  l'impression  de  ses  ouvrages. 


266  G  E  Y 

î*»eanmoins  il  entreprit  une  édition 
des  œuvres  de  Jean  Gerson  ,  sous  ce 
titre  ;  Jo.  Gersonis  cancellarii  Pa- 
Tisiensis  Opéra ,  Strasbourg,  1488, 
5  vol.  in-fol.  ;  et  il  (it  un  voyage  eu 
France ,  sans  autre  objet  que  de  réu- 
i)ir  les  différents  écrits  de  ce  grand 
îiomine.  A  la  tête  de  cette  édition  se 
trouve  reloge  de  Jean  Gerson,  par  P. 
Scbolt,  chanoine  de  S:rasbourg.  Gey- 
ler  fut  nommé  prébendier  du  grand 
cliceur  de  la  cathédrale  de  cette  ville, 
où  il  mourut  le  i  o  mars  1 5 1 o.  Il  fut 
enterré  au  pied  de  la  chaire  qu'il  avait 
illustrée  par  son  zèle  et  son  éloquence; 
on  y  grava  l'épitaphe  suivante,  qu'on 
Y  ht  encore  aujourd'hui: 

Q»rro  merilo  «lefles ,  nrbs  Argrntina  ,  Joannes 
Geiler,  monte  quidem  Caesaris  cgenitiu  , 

S>-AfT  siib  hàe  recnbat  qu^nn  rexit  prwco  tonantis 
Fer  »e\  lustra  docens  verba  salutifera. 

Les  sermons  de  Geyier  forment , 
avec  ses  autres  ouvrages,  18  vol.  in- 
fol.  cl  6  in-4°.  ;  on  en  trouve  le  cala- 
jogue  dans  Riegger ,  Amœuitates 
lilterariœ  Fribur^enses ,  tome  i  ,  p. 
62-65;  mais  surtout  dans  la  disser- 
tation de  L.  F.  Vierling  DeJ.  Geileri 
scripiis  ^ermanicis  ,  Strasbourg  , 
1780,  in  4"-  de  58  pages  (i).  Cette 
disserlalion  renferme  la  bibliographie 
complète  de  4  I  ouvrages  qui  sont 
sortis  de  la  phinic  de  cet  auteur.  Le 
plus  connu  vl  le  seul  qui  soit  un  peu 
recherché  aujourd'liui,  est  son  TV^r- 
retischiff[  on  Nef  des  fous  ),  qui  est 
une  espèce  de  commentaire  sur  la 
Aarragonia  de  Scb.  lirandt,  que 
Geyier  avait  d'abord  tiadtiite  eu  latin, 
€u  1498,  et  dout  les  rimes  servaient 
de  texte  h  ses  sermons.  H  établit  cent 
on/.e essaims  de  fous,  ensuivant  l'or- 


(r^  Cent  une  théio  toiilrniK*  ions  l«  pr«'«idriii  i? 
«io  «nvant  Ji^rrm.  J.if.  Dlin  lin  ,  qui  »r  propo.^jit  iln 
|tuMii'r  t\e  |ilui  nnriplr*  iliituili  ,  loiH  ce  tilrr  :  Cher 
Ocittri  von  KaiienOrr^f  Lihen  iinii  Schrijtcit. 
Voyrx  »on  Vticourt  (iron^ncrt  •  roiiverliirr  de 
racuiii.mii)  le  i5  brunuire  an  Xil,  Slraibutirj  , 
iSoj,inb''.,|>'.-j.    JJ. 


GEY 

dre  que  Brandt  avait  adopte' ,  et  il  les 
représente  décorés  de  grelots  :  dans 
chaque  sermon ,  il  attaque  un  de  ces 
différents  essaims  et  ses  grelots.  C'est 
ainsi  qu'il  relève  successivement  les 
sept  grelots  dont  il  orne  l'essaim  des 
fous  savants.  Jac.  Otlicr,  un  des  élèves 
de  Geyier,  fut  l'éditeur  de  ce  Recueil 
en  lalin  ,  imprimé  à  Strasbourg  en 
1 5  I  o ,  avec  des  caractères  allemands , 
sous  ce  ûtte.Nai^icu^n,  sive  spéculum 
fatuorum  pre  stands  s  imi  sacranim 
literarum  doctoris  Joannis  Gejler 
Kej^sersber^ii  ,  concionatoris  Ar- 
gentinensis  ,  in  sermones  juxla  tur- 
Tiiarum  seriem  divisa;  suis  Jîguris 
jam  insignita  ;  à  Jacoho  Olhero  di- 
li-ieiiter  collecta  :  compendiosa  vitœ 
ejusdem  descriptio  ,per  Beatam  Rhe- 
nanum  Scelestalinum  ^  in  -  4"'  Les 
gravures  en  bois,  qui  se  trouvent  à  la 
tête  de  chaque  sermon,  sont  assez  bien 
faites.  Ce  Recueil  contient  cent  dix 
sermons;  au  dessus  de  chacun  on  ht 
ces  mots  :  SiuUorum  infinitus  est  mi~ 
merus.  On  en  cite  plusieurs  édi'ions 
imprimées  à  Strasbourg  en  i5oi  , 
i5io,  i5ii  et  ï5i5;  mais  il  n'en 
existe  qu'une,  commencée  en  i5io, 
et  qui  n'a  été  achevée  qu'en  1 5 1 5 ,  et 
nne  autre,  imprimée  à  Râle  en  i5']'2. 
Celle  de  i5oi,  dont  il  est  question 
dans  la  Bibliotheca  Goihqfr,  Tho- 
mas ii ,  tom.  I,  n".  9O7,  n'est  sans 
doute  ({ue  le  résultat  d'une  erreur  ty- 
pographique. On  a  publié  deux  tra- 
ductions allemandes  de  ces  discours  ; 
la  première  a  paru  à  Strasbourg  , 
i5'2o,  in-fol.,  avec  les  gravures  eu 
bois,  qui  représentent  les  sujets  qu'on 
trouve  dans  les  éditions  du  Navis 
stultorum  de  Brandt.  Cette  édition 
est  encore  remarquable,  en  ce  qu'elle 
est  le  prenii<r  livre  qui  ait  été  impri- 
mé avec  privilège  impérial.  La  seconde 
édition  a  été  imprimée  de  même  , 
avec  piiviîége ,  à  Ràlc ,  1 5^  i ,  ir.-8  . 


GEY 

Tous  les  ouvrages  de  Gcylcr,  qui  ne 
sont  j;nèrc  que  tics  sermons  ,  sont 
nuiciix  p.ir  le.>  flrtails  qu'ils  rcnlcr- 
nirnt  sur  les  usn^(  s  cl  les  mœurs  du 
temps  tic  l'cnipinur  Maximilicn  I". 
Son  style  est  rempli  d'expressions 
proverbiales  et  de  locutions  sinj^ulic- 
res  :  J.-J.  Obcrlin  a  recueilli  les  plus 
remarquables  à  la  fin  de  la  disserta- 
tion que  nous  venons  de  citer,  pour 
servir  de  supplément  au  glossaire  de 
^>eherz,  dont  il  avait  etc  l'éditeur  en 
i'j84-  l-ics  ouvrages  latins  de  Geyier 
ont  été  recueillis  à  Strasbourg ,  en 
i5c9,  i5io  cl  i5i8,  sous  le  tilre 
iV  Opéra  omnia.  On  n'y  trouve  ce- 
pendant ni  son  Oratio  in  synodo 
Arg^entinejisi  habita  ,  imprirae'e  à 
part  en  i48'2,  ni  ses  Sennones  de 
Juhilœo ,  publies  en  1 5oo.  La  vie  de 
ce  savant  théologien  a  été  écrite  par 
Hiide,  plus  connu  sous  le  nom  de 
lîeatiis  Bhcnanus  ,  et  par  Jac.  Wim- 
})lieling.  La  première,  dont  on  peut 
voir  le  précis  dans  les  Athenœ  Èau- 
ricœ  j  se  trouve  à  la  snile  du  Navi- 
cilla ,  sive  specidumfaîuoriim  ,  et  la 
seconde  bien  plus  dc'taiiiee,  dans  1'^/?- 
pendix  du  recueil  des  Sennones  et 
'varii  tractatus  Keysersbergii ,  jani 
recens  excusi ,  Strasbourg,  i5j8. 
Le  porirait  de  Geyier  est  place  à  la 
lêle  de  sa  Poslille  (ou  commentaire) 
sur  les  quatre  Ei>angélistes{en  alle- 
ra,ind),  Strasbourg,  i522,  et  dans 
la  Description  de  la  cathédrale  de 
Strasbourg,  traduile  de  l'allemand, 
Strasbourg,  1703,  in  -  8*>. 

B— H— D. 
GEYSA  ,  nom  commun  à  un  duc 
et  à  deux  roi.^  de  Hongrie.  Ce  pays  , 
qui  rai>ait  partie  de  l'ancienne  Panno- 
nie  et  de  la  Dacie,  avait  ële  conquis 
par  les  Huns,  après  le  milieu  du  m", 
siècle.  Ceux-ci  en  ("uirut  chasses  par 
les  Lombards.  Les  Ab  1res  et  les  Sla- 
ves l'occupèreut  succcssiyemcî:t.  Dc- 


GEY  267 

meure'  sous  la  domination  de  Charlc- 
mague  et  de  ses  successeurs,  jusqu'à 
Chaihs-le-Gros ,  il  devint,  sur  la  fin 
du  ix".  siècle  ,  la  proie  d'iui  peuple 
sorti  de  la  Seylliie,  auquel  les  Pau- 
noniejis  donnèient  le  nom  de  Hon- 
grois. Geysa  ,  duc  de  Hongrie,  issu 
d'Alraus,  chef  de  ces  peuples,  cl  ins- 
truit par  Adelbcrt,  èvêquede  Prague, 
embrassa  le  christianisme  ,  et  eut  de 
Saioth  ,  son  épouse,  un  fils  nommé 
Éliciine  à  son  baptême,  et  surnommé 
le  Saint,  qui ,  en  9^7,  succéda  à  son 
père.  (/^.ETIENNE,  XIII,  438.) Gey- 
sa I  était  fils  dcB'-'lal.  Celui-ci  s'était 
rendu  maître  de  la  persoime  d'André 
son  frère  aîné,  et  s'était  emparé  «lu 
trône.  Geysa  ne  lui  succéda  pas  im- 
médiatement. Salomon  ,  fils  d'André, 
avait  remplacé  Bêla.  Lui  et  Geysa  se 
firent  la  guerre  :  elle  fut  suivie  d'un 
accommodement,  au  moyen  duquel 
Geysa  se  contenta  de  la  seconde  place. 
Néanmoins  la  guerre  ayant  recom- 
mencé en  1074,  entre  les  deux  cou- 
sins ,  Salomon  fut  vaincu,  et  laissa  le 
troue  à  son  concurrent  :  il  voulut  y 
remonter ,  mais  ses  efforts  n'eurent 
aucun  succès.  Geysa,  au  reste,  était 
un  prince  aussi  prudent  que  valeureux; 
mais  son  règne  fut  court  :  il  mourut  en 
1 077. — Geysa  II,  arrière-petil-fils  de 
Geysa  ï,  fut  couronné  roi  de  Hongrie, 
le  16  février  ii/^i  y  trois  jours  après 
la  mort  de  Bêla  II,  son  père,  prince 
vertueux  et  brave  :  il  maintint  l'ordie 
dans  ses  états,  et  les  défendit  courageu- 
sement contre  Borich  ,  fils  naturel  de 
Coloman ,  son  grand-oncle.  L'empe- 
reur Conrad  III,  en  partant  pour  la 
croisade,  vers  i  i5i  ,  et  passaijt  par 
la  Hongrie,  obligea  Geysa  de  lui  prê- 
ter hommage.  Geysa  mourut  en  1 161. 

L~y. 
GEYSER  (CnRÉTiEN-TnEOPniLE), 
habile  graveur  allemand,   naquit  en 
1742  à  Gorlitz,  où  il  rrçiU  les  pre- 


t 


268  G  E  Y 

raières  leçons  de  dessin ,  au  gymna-^c 
de  cttte  ville.  Envoyé  dans  la  snite 
à  l'université  de  Leipzig  pour  y  étu- 
dier le  droit,  Geyser,  en  dessinant 
tous  les  )ours  dans  la  maison  d'Oeser, 
directeur  de  l'académie  des  aits  à 
Leipzig  ,  se  passionna  pour  cet  art  ; 
et  lU  lieu  de  suivre  la  carrière  de  la 
jurisprudence,  dans  laquelle  il  avait 
déjà  subi  un  examen  ,  il  accepta  une 
place  de  professeur  dans  une  nou- 
velle école  de  dessin  établie  à  Leip- 
zig. Il  s'appliqua  d'abord  à  la  mi- 
niature ;  mnis  il  changea  bientôt  le 
pinceau  contre  la  pointe.  On  i;c  lui 
avait  jamais  enseigné  l'art  de  manier 
le  bîinu  j  aussi  ses  essais  dans  ce  genre 
ne  furent-ils  pas  heureux  :  mt>is  ses 
estampes  gravées  à  la  pointe  sont  ad- 
miribles;  elles  ont  un  caractère  d'o- 
riginalité qu'on  n'a  pas  su  imiter.  Les 
vignettes ,  d'après  1;  s  dessins  d'Oeser, 
qui  ornent  l'édition  des  poésies  d'Ulz, 
furent  les  pnmiers  échantillons  de 
son  talent.  Ses  pavsages  avec  de  j)e- 
tites  figures,  d'après  Ferg ,  Wouver- 
mijnn  etPynacker,  en  grand  format, 
sont  les  plus  estimées  et  1rs  plus  re- 
cherchées de  ses  productions.  Il  re- 
nonça en  1770  à  sa  place  de  profes- 
seur à  l'école  de  dessin  ,  devint  mem- 
bre de  r.M.;è(lcmie  de  Dresde  et  de 
Leipzig  ,  et  >e  retira  à  la  campagne 
avec  nno  petite  pension  de  la  cour  de 
iJaxe.  C'est  dans  sa  retraite  qu'il  a 
exécuté  les  bcllfs  vignettes  de  l'édition 
du  Virgile  de  Ileync.  Il  avait  souvent 
exprimé  le  desir  de  mourir  eu  plein 
air;  ses  VfiviK  furent  exaur('s  :  fr;q)pc 
à  la  campagne  d'une  attaque  d'apo- 
plexi(;  à  la  promenade,  il  expira  le 'ji^ 
mais  i8<)3. — Siimuel-GodelVoi  (li  v- 
sER,  ihéologii-n  danois, naquit  àGorlilz 
rnj  anvirn  y  Jo,  ib'luditàWillendierg, 
où  il  m;  distingua  avantagnisement  par 
quelques  ériits  acadéninpies.  Il  arcej^ 
la,  en  1771,  une  chaire  de  théologie 


GEZ 

et  de  langues  orientales  a  RevaJ.  En 
1777  '^  ^"^  appelé  à  l'université  de 
Kiel,  comme  piofisseiii  ordinaire  de 
théologie;  il  fut  nommé  conseiller  ec- 
clésiastique dans  cette  même  ville  en 
1 782,  et  y  mourut  Je  1 5  juin  1 808.  Il 
a  publié  quelques  disseï  talions  :  L  De 
la  facilité  du  patriotisme  sous  un  bon 
^(uvemement  en  ;illeniand),  Reval, 
I  77'2  ,  in-4".  il.  yéphorismi  ethici  in 
usumscholar*.  Kiel ,  1  789,  in  8".  Les 
JVoua  acta  eruditorum,  la  Biblio- 
thèque théologique  d'Ernesti  ,  et  la 
Gazette  littéraire  de  Halle,  renfer- 
ment un  grand  nombre  d'articles  four- 
nis par  ce  professeur.     B — h — d. 

GEZELIUS  (Jean),  docteui  en 
théologie  et  évêque  d'Abo ,  capitale 
de  la  Finlande,  naquit,  en  i(3i5, 
dans  la  paroisse  de  Gezala ,  où  son 
père  était  fermier  de  ia  couronne ,  et 
de  laquelle  il  prit  le  nom  de  Grztlius. 
Après  avoir  professé  la  théoloc;ie  et 
la  largue  gn  cque  à  Dorpat  en  Livonie, 
il  obtint  successivement  plusieuis  di- 
gnités ecclésiastiques;  et  en  1664, 
il  fut  élevé  à  l'évcché  d'Abo  ,  qu'il 
occupa  jusqu'en  i6()0  ,  aimée  de  sa 
mort.  Versé  prolondémeul  dans  la 
théologie  ,  dans  les  langues  savan- 
tes, d.ins  l'histoire  et  la  philosophie, 
il  jouissait  d'une  grande  considéra- 
tion, dont  il  profita  pour  répandre  le 
goût  des  sciences  et  pour  faire  naître 
des  établissements  nii'es.  11  entreprit 
nn  travail  (|ui  man(]uait  en  Suède,  et 
qui  a  surtout  illustré  son  nom  dans 
ce  pays  :  c'est  un  Commentttire  sur 
la  Bible  ,  en  langue  suédoise;  son  fils 
l'acheva  il  le  publia.  Ou  a  de  plus  , 
de  ce  savant  évêtpie  ,  une  Gram- 
maire  ^reaiue  ,  une  Crtimiimire 
héhraïijuc  ,  nn  Abrégé  encyrlopédi- 
(jue  des  scienecs  {Kncjclofiedia  sj - 
impùcd)  ,  nu  Viclionnaii  e  jienta- 
f^lotte  ,  et  plusieurs  autres  ouvrages , 
tous  CM  latin.  C— av. 


C  il  Z  0  H  A                 aG() 

fiEZFXlUS  (.Ie\n  ),  fil';  (lu  pre-  et  à  iJpsal  en  trois  volumes  in-8". , 

ceMciit  ,    na-iuil  on    }(')[']  ,    et   rein-  de  177GÀ  1778.  Kn  1780,  r.iuleni' 

pl.iç.i  son  père  ilaiis  rcvêclie'  d'Abo ,  publia  un  volume  (Je  suj)pleinent.  Le 

en  i(>()o,  ai)rès  .ivoir  professe' la  tlieo-  dic[iouua:re  de  Ge/elius  est  consacré 

loi;i.  et  s'èlre  di.stiii?;ue  dans  la  plaec  aux    lionirncs    remar<[uables   (jue    ia 

de  surintendant eeeleMastiqiie  à  Narva.  Suède  a  produits  dans  la   politicpie, 

La  ville  d'Abo  ayant  clc  occupée  par  dans  les  ai  nies ^  dans  les  sciences,  les 

les  Uusses  ,  il  se  retira  en  Suède,  et  lettres  et  les  ails,  depuis  Gnslave  V^. 

inonnil  en  1718,  duis  nue  terre  voi-  (i52t)  jusqu'à  Gustave  111(1771). 

sine  de  Stoekliolnî.  Il  avait  une  ins-  Tous  les  articles  n'en  sont  pas  egale- 

truclion    très   étendue;    mais  il   n'y  ment  intéressants;  mais  on  en  trouve 

joip;nair    pas     l'esprit    de    tolérance  de  très   importants ,  qui  conlienn'jnt 

([u'cile  aurait  dû  lui  inspirer.  Quel-  des  faits  et  des  anecdotes  qu'on  n'a- 

qucs  familles  calvinistes,  réfugiées  à  vaitpas  publiés  auparavant.  L'auteur 

Stockholm  ,    ayant   présenté   au  roi  a     toujours    l'attention    de   désigner 

Charles  XI  une  requête  pour  obtenir  les  sources  dans  lesquelles  il  a  puise, 

le  libre  exercice  de  leur  religion  ,  le  Dans  les  temps  les  plus  modernes,  il 

clergé  de  Suède  fit  contre  cette  de-  y  a   plusieurs   lacunes.   On  regrette 

mande  une  protestationconçuedans  les  aussi  que  les  ouvrages  des  savants  de 

termes  les  plus  durs, et  que  l'évêque  Suède ,  dont  Gezelius  donne  la  vie  , 

Gezclius  adressa  aux  étalsdu royaume,  ne  soient  pas  toujours  indiqués  avec 

Il  résulta  de  cette  démarche  que  tout  assez   de    précision    et   d'exactitude, 

autre  culte  que  celui  du  rit  luthérien  II  est  mort  le  24  lûai  '7^9?  H^  ^^ 

fut  défendu  eu  Suède,  et  que  ce  pays  cinquinte-trois  ans.            C — av. 


perdit  une  occcasiou  favorable  d'ac- 
quérir les  bras  industrieux  dont  il 
avait  besoin.  Outre  la  continuation  du 
Commentaire  sur  la  Bible,  commence 


GEZERI  (  Abulaz  -  ÎSMAEL  ) ,  re- 
nommé par  un  talent  extraordinaire 
dans  son  genre  ,  est  auteur  d'un 
Traité  des    machines   ingénieuse- 


par  sou  père,  Gezelius  donna  plusieurs  rntnt  inifentées.  Ce   traité  est  divisé 

autres  ouvrages  en  latin  ,  et  des  Tra-  en  six  parties  ,  et  traite  des  montres 

duclions  du  français,  de  l'allemand  et  et  des  horloges;  des  instruments  de 

du  lai  in  en  suédois.  Il  fit  aussi  une  musique  ,    des    machines    hydrauli- 

Traduction  de  la  Bible  en  langue  fin-  ques,  etc.  Il  a  été  traduit  en  turc,  et 

noise.  C— au.  dédié  à  l'empereur  Selim.  On  possède 

GEZELIUS  (  George  ) ,  théolo-  à  la  Bibliothèque  royale  de  Paris  un 

gien  et  littérateur  suédois,  du  xviir.  livre  manuscrit  d'hydraulique  de  sa 

siècle  ,    était   curé  et  archidiacre  de  composition ,  qui  fait  partie  du  traité 

de  Liilkyrka,  en  Néricie;  et  dans  les  dont  nous  venons  de  parler.       Z. 
dernières  années  de  sa  vie  ,  il  reçut         GïlAZAN-KHAN,  vu*",  prince  de 

le  titre  d'aumônier  du  roi.  C'était  un  la  dynastie  djeuguyz-khânicune,  éta- 

horaine  studieux  ,  qui  consacrait  aux  blie  dans  la  Perse  occidentale,  naquit 

recherches  savantes  le  loisir  que  lui  àSuULân-Dowéy  dan   le  canton  d'As- 

laissaient  les  occupations  de  son  état.  ter-Abâd  ,  province  du  Màzendéran, 

Secondé  par  plusieurs  savants  de  son  dans  les  derniers  jours  de  rabyi  2". 

l^Ay s ,ï\  ciilio\M\lmi  Dictionnairebio-  O70  de  l'hégire  (décembre  127  i  ).  Il 

graphique  des  hommes  illustres  de  était  fils  d'Arghouu  Khan  ( /^ojK.  Ar.-- 

Suède.Cel  ouvrage  parut  àSlocklioIra  ghoun\  et  neveu  d'.ibucà  -  Khan  (  P^^ 


l'jO 


GHA 

Abaca),  qiii  le  fit  élever  à  sa  oour.  Il 
avait  à  peine  trois  ans  quand  son  pro- 
tecteur mourut  :  son  père  le  fit  venir 
auprès  de  luij  et  e'tant  monté  lui-mê- 
me sur  le  trône  de  Per>e,  en  683 
(1284),  Ghazân,  qui  avait  alors  treize 
ans  ,  tut  nommé  au  gouvernement  du 
Khorâçan.  Il  trouva  dans  cette  pro- 
vince un  rival  redoutcjble,  autant  par 
son  adroite  politique,  que  par  sa  cou- 
rageuse et  inflexible  haine  contre  tous 
les  idolâtres,   et  suitout  contre  les 
Moghols.L'c'myrNourouz  était  lui-mê- 
me d'origine  raoghole,  et  conséquem- 
ment  idolâtre;  mais  il  avait  embrassé 
l'islamisme  :  il  protégeait  et  répan- 
dait sa  nouvelle  religion ,  et  persécu- 
tait celle  qu'il  avait  quittée  avec  tout 
le  zèle  d'un  nouveau-converti.  Après 
cinq  années  d'une  guerre  très  achar- 
née, dans  laquelle  Nourouz  remporta 
plus  d'un  avantage  signalé,   une  ré- 
conciliation franche  et  5ini;èreeut  lieu 
entre  lui  et  le  prince  moghol,  qu'd  dé- 
termina  bientôt  à  embrasser  la  reli- 
ç;ion  du  Prophèle.  Cette  abjuration  de 
l'ilol  Jtriedc  la  part  de  Ghazân  ,  deve- 
nu suithâu  Mohammed,  n'était  qu'un 
acte  de  politique  qui  lui  facilita  en  ef- 
fet l'accès  du  trône  de  ses  ancêtres, 
après  la  mortde  Beydou-Khân,  son  on- 
cle, le  9.9  du  mois  dezoulhedjah  Og4j 
re'porjd.jnt  au  20  novembre  i'2()5  de 
J.  -  (j.  Il  feignit  pourlanl  de  ne  pas 
vouloir  y  monter  avant  d'avoir  été 
clu  par  les  grinds  de  l'empire.  11  as- 
sembla à  cet  effet  un  coitnltdj- ,  es- 
pèce de  cour  plénière  :  celte  formalité 
n'était  qu'un  moyen  plus  sûr  de  signi- 
fier à  ces  grands  feu  lit, lires  dev(  nus 
iniléj)endants  cl  les  fléaux  du  reste  de 
la  nation, l'intention  de  rendre  à  Tau- 
turité  royale  lontr  son  énergie,  et  de 
faire  revivre  et  respecter  les  lois  pro- 
tectrices du  monarque  cl  du  peuple. 
Comme  on  paraissait  avoir  oublie'  \y'. 
Code  de  Pj''tiguj  z-h'hiin,  ou  qui*  du 


GHA 

moins  il  n'était  plus  observe',  le  jeune 
souverain  promulgua  un  nouveau  code 
fort  sage  et  très  circonsMncié  :  on  y 
remarque  surtout  d'excellents  prin- 
cipes de  finances,  des  règlements  pour 
la  perception  des  impôts,  l'adminis- 
tration de  la  justice ,  l'entretien  et  la 
discipline  de  l'armée,  l'établissement 
des  kârvansérâvs  ,  la  réoriianisation 
des  postes,  le  cliâtiment  des  voleurs 
de  grands  chemins  et  des  ivrognes, 
la  fixation  des  monnaies,  des  poids  et 
des  mesures,  le  soulagement  des  pau- 
vres, la  nourriture,  Tenlretien  des  en- 
fants-trouvés; il  pourvut  aussi  aux 
fondations  pieuses  et  scientifiques;  les 
molas  des  mosquées,  les  professeurs 
de  nombreux  collèges  et  leurs  écoliers 
furent  amplement  pensionnés.  Tout 
en  obligeant  ses  sujets  moghols  d'em- 
brasser l'islamisme  (et  plus  de  cent 
mille  hommes  suivirent  à  l'inslanl 
même  l'exemple  de  leur  monarque)  , 
il  afficha  la  plus  grande  tolérance  en 
faveur  des  religions  fondées  sur  une 
loi  écrite  ,  dont  les  sectateurs  sont 
nommés  par  les  Musulmans  les  pos- 
sesseurs dulU're ;  ce  sont  les  juifs  qui 
ont  le  pentateuque ,  les  chrétiens  qui 
ont  l'évangile, et  Icsguèbresqui  croient 
avoir  conservé  le  zend-avesla.  Afin  de 
rendre  sa  conversion  plus  éclatante,  il 
ordonna  que  cette  formule  si  fréquem- 
ment usitée  par  les  musulmans  ,  ^i/u 
nom  du  dieu  clément  et  miséricor- 
dieux ,  serait  substituée  au  nom  du 
chef  de  la  famille  djengiiyz  -  klià- 
nicnne,  Hurak  ,  souverain  du  Capt- 
chac.  Cette  innovation  provoqua  une 
guerre  cotitre  ce  monarcjue  lal.ir.  L'é- 
myr  Nourouz  ,  qui  s'él.iit  acquis  à- 
la  -  fois  r.unilié  et  re.stime  de  son 
rn.iîde,  fut  diargé  de  repousser  les 
'i'atars  ,  et  remplit  luureu^emenl  s.i 
mis*»ion  :  mais,  pendant  son  absence, 
les  ncH'jnnoii  seigneurs  mogh^lsqui 
ii(t  pouvaient  lui   pardonner  de   ks 


G  HA  r.  HA                Î71 

avoir  confrainls  à  embrasser  une  ro-  blcs  de  prcscnls  m  >j;iiifiqiir.s ,  cl  le» 
li'Muu  qu'ils  (l(.''t('st;ii<!/il  ;in  fond  (le  lioslilitcs  rccoimiuMirèrcnl.  Lvs  gcu<'- 
r.iiiR',  oiinlirciit  contre  lui  une  Ira-  raiix  que  (i!i;'i7.an  avait  envoyés  en  Sy- 
inequi(init  parluiclrc  fatale;  il  per-  rie  furetilbatliisetpcidirenl  nièuicrar- 
ciit  .son  crédit,  ftit  prosent ,  poursuivi  mee  qu'on  leur  avaitconfiee.  \jQs  revers 
et  assassine  :  on  porta  sa  tele  au  sul-  les  plus  désastreux  cprouvesau  dehors, 
tli;îfi,qui  eut  I.»  faiblesscet  la  cruau-  dans  l'intérieur  une  famine  horrible, 
te  d'oriionner  qu'elle  fut  placée  sur  résultat  trop  naturel  d'une  sécheresse 
un  i^ibct,  le  à2  de  chawwàl  696  de  inouic  ,  laquelle  avait  enlevé  plus  de 
riiéj^ire  (  i  i  août  19.97).  ^^''^'  pusil-  5o,ooo  amesdans  la  seule  vilIcdeChy- 
laninie  condescendance  ne  pouvait  râz en  1299,  portèrent  un  coup  morte!, 
balancer  le  mauvais  cllVt  que  produi-  au  prince  moghol  ,  dont  la  santé  était 
saitsur  l'esprit  des  Musulmans,  sa  pré-  très  altérée  par  ses  immenses  travaux  , 
dilection  bien  connue  pour  les  chré-  et  surtout  par  les  inquiétudes  que  lui 
tiens  ,  la  protection  qu'il  leur  accor-  donnaient  les  dissensions  sans  cesse 
dait ,  et  le  désir  qu'il  avait  plus  d'une  renaissantes  entre  les  Mogliols  idolâ- 
Ibis  manifesté  de  les  remettre  en  pos-  très  ou  nouvellement  convertis,  et  les 
session  des  i>ainls  lieux  :  ce  projet  mal  Persans  musulmans.  Après  avoir  traî- 
déguisé  lui  attira  une  guerre  dont  l'is-  né  pendant  quelque  temps  une  exis- 
sue ne  fut  pas  heureuse.  Il  commença  tencelanguissante,et«s'êtreconvaincu 
pourtant  par  remporter  contre  Nàs-  de  l'inefficacité  des  prières  et  des  au- 
ser ,  sullhàn  d'Egypte  (  f'oj.  Nasser  ),  mones ,  et  de  l'impuissance  de  la  mé- 
un  brillant  avantage ,  et  montra  dans  decine ,  w  il  se  fît  porter  en  litière  à  sa 
le  combat  qui  cul  lieu  près  d'Emcsse  résidence  d'été  y  nommée  Chdm  ghd" 
le  27  de  rabyi  2*".  699  (20  janvier  zdtiyah  (Syrie  de  Ghâzân),  palais 
i3oo),taDtdecourage  et  de  prudence,  délicieux  qu'il  avait  bâti  non  loin  de 
qu'un  écrivain  chrétien,  conlempo-  la  ville  de  Rey,  peu  de  temps  après 
rain  (Haylon),  ne  peut  s'empêcher  sa  première  expédition  de  Syrie.  C'est 
d'exprimer  son  étonnement  de  voir  là  qu'il  réunit  ses  ministres  et  les 
de  si  grafidcs  qualités  réunies  dans  un  grands  de  l'empire  autour  de  son  lit 
corps  petit  et  laid.  Ghazân n'était  pas,  de  mort  :  il  leur  dicta  ses  volontés, 
comme  on  voit,  favorisé  des  dons  ex-  mit  ordre  aux  affaires  de  l'état,  dé- 
térieurs  de  la  nature.  Le  suIlhân  Nasser  signa  pour  son  successeur  Moliam- 
se  sauva,  sans  s'arrêter,  depuis  les  raed  Kbodâbcndèh,  nommé  avant  sa 
environs  d'Émesse  en  Syrie  jusqu'au  conversion  à  l'islamisme  Oldjaïlou  ; 
Caire,  oii  il  arriva  accompagné  de  sept  elle  dimanche  1 5  de  chawwâl,  705 de 
cavaliers  :  cet  échec  ne  servit  qu'à  l'ir-  l'hégire  (21  mai  i5o4),  ce  monarque 
riter;  il  s'occupa  de  rassembler  une  expira  «  continuant  de  professer  l'in- 
nouvelle  armée ,  tandis  que  Ghâzân,  divisible  imité  de  Dieu»,  après  un 
qui  était  resté  en  Syrie,  retournait  règne  de  huit  années  solaires  ,  six 
dans  la  Perse  occidentale.  Avant  d'en  mois  et  deux  jours.  Ghàzàn-Khân  eut, 
venir  â  de  nouvelles  hostilités,  les  suivant  la  remarque  ingénieuse  de  M. 
deux  monarques  s'envoyèrent  des  am-  le  chevalier  Malcolm  {Hist.  ofPersia, 
bassades  réciproques,  formalité  tout  i,p.  44o)>  ^^ï'^''^ 'J^^ntage  d'être  van- 
aussi  insignifi.inteen  Oiient  qu'en  Eu-  té  par  les  auteurs  persans  comme  un 
rope.  Les  ambassadeurs  furent  hono-  modèle  pour  les  souverains,  et  d'être 
lablement  reçus j  ils  s'en  allèrent  com-  rcgrcUé  par  les  écrivains  occidcnlaux 


lyi  GHE 

qui  ont  regardé  sa  mort  comme  une 
Irlande  perle  pour  les  habitants  clnc- 
liens  de  ces  contrées  ,  cl  mcme  pour  le 
christianisme;  en  effet,  soit  qu'il  fût 
idolâtre  ou  chrétien  avant  de  se  déter- 
miner ,  par  des  vues  purement  poiiti* 
ques^  à  embrasser  l'islamisme,  il  ne 
cachait  pas  sa  prédilection  pour  les 
chréiiensjeton  peut  le  regarder  tomme 
«  le  dernier  monarque  persan  qui  ait 
témoigné  le  désir  d'aider  les  .tdorateurs 
de  la  croix  à  reconquérir  îa  Pdostine.» 
La  nomenclature  des  édifices  et  autres 
travaux  d'une  utilité  ])ubhque,  exé- 
cutés par  Ghàzân  ,  serai:  trop  consi- 
dérable pour  trouver  [)Iacc  ici  j  nous 
nous  bornerons  à  indiquer  un  canal 
Uacé  de  l'Euphrate  à  Nedjef,  et  qui 
fertilisait  le  désert  inculte  de  Kf  rbélâ, 
non  loin  de  Koufah  j  les  murailles  de 
(jhyràz;  son  propre  mausolée  à  Tau- 
ryz,  lequel  consistait  en  une  magni- 
fique mosquée  -  cathédrale  ,  m\  col- 
lège, un  observatoire,  un  hôpital  et 
des  bains  ;  enfin  la  ville  d'Oudjén  , 
bâtie  entièrement  par  lui.  Il  était  doué 
«n  outre  d'une  immense  érudition;  car 
son  premier  vezyr,  le  savant  Rachyd 
<M-dyn  ,  convient  lui  êu*e  redevable 
d'une  grande  partie  des  matériaux  de 
r Histoire  des  hordes  mogholes,  conte- 
nue dans  le  Djdmi  lléwdrykh  (  F. 
Rachyd  ed  dyn.  )  Un  Extrait  du  code 
de  Gliâ/.in-Khàn  ,  très  bien  rédige 
d'après  le  Ilhabyb  ùs-sé^yrAc  Khond- 
cniyr  et  traduit  par  IVI.  Kirk- Patrick  , 
avec  d'excellentes  notes,  a  été  inséré 
dans  le  New  Asialic  miscellany  ^  p. 
\{\Ç)y'lX^^  collection  puhliée  à  Gil- 
culla  en  1780,  par  M.  (iladwiu,  pour 
î'.iirc  suilcà  Wlïuitic  miicellany  ,  Cal- 
r'jlta,  I7HG  et  i'jBS:  ces  deu\  pré- 
<  leux  recueils,  de  format  in-4'-)  •'»""l 
extrêmement  rares.  L — s. 

Gllh.DINI  (Fekdinand-Ankhne), 
n.ituralisie  et  poète  italien  ,  nupiil  à 
Uu!"giie  en  1O8/1,  et  s'a[»[»liqua,  dans 


GHE 

sa  jeunesse,  à  la  médecine  qu'il  exerfa 
avec  intelligence  et  succès.  Mais , 
considérant  que  cet  art  n'est  souvent 
que  conjectural  ,  il  en  abandonna  la 
pr.'itique  ,  à  cause  de  la  répugnance 
qu'il  avait  d'agir  au  hasard,  en  ce  qui 
concernait  la  vie  des  hommes.  Dès- 
lors  i!  se  voua  tout  entier  à  des  travaux 
littéraires  en  prose  cl  en  vers,  comme 
encore  à  l'étude  des  mathématiques  et 
de  l'histoire  naturelle.  Se  trouvant  sans 
fortune,  il  fut  réduit  à  entrer  au  ser- 
vice de  l'ambass^ideur  d'Espagne  près 
la  république  de  Venise  ,  le  prince  de 
Bisignano,  en  qualité  de  piécepleur 
de  son  fils.  Ce  prince,  ayant  été  nom- 
mé ensuite  vice-roi  des  Indes  ,  em- 
mena avec  lui  Ghedini ,  qui ,  à  peine 
arrivé  à  Cadix  pour  s'embarquer,  ne 
put  se  résoudre  à  s'éloigner  davan- 
tage de  sa  patrie.  Il  abandonna  le 
vice-roi  des  Indes  ,  renonçant  aux 
richesses  qu'il  [)0uvait  y  acquérir,  et 
revint  à  liologne.  En  1715,  il  alla  à 
Rome ,  où  il  lut  bien  accueilli  et  très 
goûté  de  plusieurs  grands  person- 
nages ,  qui  cependant  ne  purent  lui 
faire  oublier  son  pays  natal.  On  l'y 
revit  bientôt  ;  et  l'estime  qu'on  y  avait 
pour  ses  talents  et  ses  lumières,  le  fit 
inscrire  parmi  les  membres  de  l'ins- 
titut des  sciences  de  Bologne.  Charge'^ 
en  outre,  d'y  enseigner  l'histoire  na- 
turelle, il  commença  ses  leçons  par  nu 
discours  latiu  très  élégant.  Le  savant 
Euslache  Manfredi  le  fit  ensuite  nom- 
mer professeur  d'humanités  dans  le 
collège  Sinibaldi;  et  il  se  plut  telle- 
ment dans  cet  emploi ,  conforme  à 
ses  goûts  ,  (pi'il  y  re>la  jusqu'à  sa 
mort,  arrivée  en  i ']()7.  Vincent-Ca- 
mille Alberli ,  <pii  a  écrit  sa  vie ,  le 
icpréseiile  eomme  le  vrai  sage  d'Uo- 
iai(î  ,  il  lui  a[)pli(jue  le  Si  fractus 
illuhatur  orhis,  etc.,  à  propos  surtout 
de  ce  qu'une  nuit,  le  plancher  de  la 
chambre  dans  iatpiclle  il  était  couché  . 


Giin: 

avilit  manque  sous  son  lit ,  il  ct.iil 
Icmbc  jus  |ue  ilans  l.i  cave  sans  (jne  la 
st'coussi'  IVAl  l'vcillc'.  Knslache  IVlan- 
fiTiii  ilisail  de  (ilinjini ,  dans  une  let- 
tre à  Tliom.is  Naidticci  de  I.ii(:(|ucs  : 
«  Je  ne  foiniais  personne  qui  écrive 
mieux  que  lui,  soit  en  latin  ,  soil  eu 
italien  ,  en  v<'rs  ou  en  prose  :  son  ta- 
lent est.iceon)p.>giie  d'une  morale  par- 
faite, el  sa  modestie  esl  si  grande ,  qu'il 
5c  croit  autant  au-dessous  des  autres 
<jue  les  autres  le  croient  au-dessus 
d'eux.  »  Ses  ouvrages  impriinc's  sont: 
1.  Le  discours  d'ouverture  du  cours 
d'histoire  naturelle,  dont  nous  avons 
parle'  ;  il  a  pour  titre  :  ^d  exercita- 
tioTies  de  rébus  naturalihus  prœfa- 
tio  ,  Bo'ogne,  l'i'xx.  il.  De^  son- 
nets, que  Roberti  et  Jjeltinelli  ont  fort 
vante's  ;  le  premier ,  dans  son  second 
dialogue  Del  lasso;  et  l'autre,  dans 
son  traite  Del  sonetto.  Ghcdini  ex- 
cellait aussi  dans  le  genre  de  i'ode  ; 
et  les  Italiens  citent  en  preuve  celle 
où  il  a  décrit  l'enthousiasme  pociique 
de  Pindare.  G — n. 

GHELEN  ou  GESLEiN.  rojez 
Gelenius. 

GllÉHAI  (IMenguely),  souverain 
de  la  Crimée.  Menguély  Glieraï,  prince 
de  celte  famille  illustre  qui  descend 
de  B'itou  khan  ,  fils  aîné  de  Touschi , 
et  petit-fils  de  Djenguiz,  implora  le  se- 
cours des  Olhomans  ,  l'an  de  l'he'gire 
87(3;  et  ayant,  avec  leur  assistance, 
vaincu  et  lue  son  frère,  il  demeura 
paisible  souverain  de  la  Crimc'e.  Men- 
guely  Gheraï  fut  le  premier  khan  des 
Tartarcs  ,  habitants  de  celte  presqu'île 
liimeuse,  qui  se  soit  soumis  aux  sul- 
tLans  :  il  ordonna  le  chulbe,  ou  prières 
publiques,  pour  Mihoraetsecond,  au- 
quel il  devait  son  élévation  au  trône. 
Sa  poslcrilé  se  perpétua  dans  !a  Cri- 
mée, sous  les  noms  plus  ou  moins  il- 
lustres de  Caplan  Gheraï,  de  Dewlet 
Gheraï ,  de  Maksoud  Gheraï  jusqu'en 

XVII. 


CIIE 


275 


i-jS!)  que  l.i  presqu'île  fut  définiiive- 
menl  cédée  à  la  Hussie.  Les  sullhàus 
olhomans  n'en  ont  pas  moins  toujours 
reconnu  les  Ghériï,  descendants  de 
I)jenG,uiz-Khan  ,  conime  sucecsseurs 
éventuels  au  trône  de  (îonsLiulinople, 
si  les  descendants  d'Ottoman  venaient 
à  manquer.  C'est  légèrement  que  l'es- 
timable Peysson<  1  conlredit  la-dessus 
l'auterr  des  Ccnsidcraiions  sur  la 
guerre  actuelle  des  Turcs,  i-jHB. 
Cette  opinion  se  trouve  appuvée  de 
preuves  historiques  ;  et  elle  fut  consa- 
ciée  de  nouveau  par  le  témoignage  du 
muphti ,  à  l'époque  de  la  déposition 
de  Mustapha  11,  en  i'jo2.     S  -y. 

GlJERAPiDESCA,  famille  illustre 
de  la  noblesse  immédiate  de  Tos- 
cane, souveraine  des  comtés  de  Ghe- 
rardesca  ,  Donoratico  ,  Montcscu- 
daio ,  etc.  ,  dans  la  iMaremme  ,  entre 
Pise  el  Piombino.  Les  comtes  de  la 
Gherardesca  s'aiïilièrent  à  la  répu- 
blique de  Pise,  tout  au  moins  dès  le 
commencement  du  xm'.  siècle;  mais 
au  lieu  d'être  confondus  avec  le  reste 
de  la  noblesse  pisane,ils  se  mirent  à 
la  tête  du  parti  du  peuple,  et  ils  se 
rcnduent  puissants  en  combattant 
l'aristocratie.  Leurs  querelles  avec  les 
Visconti ,  vers  l'an  i'i37  ,  V^^^*^' 
gèrent  la  république  de  Pise  en  deux 
partis  ,  celui  des  Comtes  dont  nous 
parlons  et  celui  des  Visconti.  Le  pre- 
mier ,  qui  conserva  presque  toujours 
la  supériorité  ,  était  essentiellement 
gibelin.  Aussi  les  Comtes  de  la  Ghe- 
rardesca donnèrent  -  ils  des  preuves 
de  leur  dévouement  aux  empereurs 
de  la  maison  de  Souabe.  Gérard  et 
Galvano,  comtes  de  Donoratico  ,  sui- 
virent Conradin  dans  son  expédi- 
tion contre  Naples.  Apiès  l'avoir  fidè- 
lement servi,  ils  furent  faits  prison- 
niers avec  lui ,  et  ils  périrent  après 
lui  sur  le  même  échafaud.  S.  S — i. 
GHERAUDESCA   (Ugolin, 


3^4  GHE 

comte  DE  LA  )  ,  tyran  de  Pise ,  de 
1*282  à  128S,  et  devenu  fameux 
par  son  supplice  dans  la  Tour  de  la 
faim ,  demeura  chef  de  sa  famille  à 
Pise  après  le  defpart  des  deux  comles 
qui  accompa2;uèrent  Gonradiu  dans 
le  royaume  de  Naples.  Il  était  ap- 
pelé à  diriger  le  parti  gibelin,  et  à 
être  le  premier  magistrat  de  la  répu- 
blique de  Fisej  mais  cette  carrière  ne 
su/lisait  point  à  son  ambition.  Ugo- 
lin  voulait  régner  sur  ses  couci- 
toyens,  et  fonder  une  principauté  nou- 
Telle,  comme  vers  la  même  époque  les 
Dclla  Scala  eu  fondaient  une  à  Vé- 
rone ,  et  les  Visconti  à  Milan.  La  vio- 
lence de  l'esprit  de  parti  n'élait  ja- 
mais considérée  par  les  Italiens  comme 
une  tache  dans  le  caractère  ;  ils 
voyaient  au  contraire  quelque  chose 
de  dévoué  et  de  généreux  dans  l'hom- 
me qui  préférait  la  cause  de  ses  pères 
à  sou  intérêt  personnel  et  à  soii  re- 
pos. Ugolin  excita  donc  le  blâme  uni- 
versel ,  lorsque  ,  paraissant  chanceler 
dans  le  parti  pour  lequel  ses  ancê- 
tres avaient  versé  leur  sang,  il  donna 
sa  sœur  en  mariage  h  Jean  Visconti, 
juge  de  Gallura,  chef  du  parti  guelfe 
à  Pise.  Les  deux  chefs  él.iient  entrés 
en  effet  dans  une  secrète  alliance  pour 
asservir  leur  patrie.  Le  juge  de  Gal- 
lura devait  fournir  à  Uji^oliu  les  sa- 
tellites qu'il  faisait  venir  de  S  irdaignc, 
et  lui  procurer  l'appui  des  Guelfes  de 
Toscane  ;  mais  leurs  trames  lurent 
rompues  par  le  gouvernement  pisan  , 
qui,  le  24  juin  1274»  t-*^'!^  Gallura, 
et  retint  Ugolin  eu  prison.  Le  pre- 
mier ayant  armé  les  Guelfes  contie  sa 
patrie  , mourut  peu  après  à  San-Mi- 
iiiato;  le  second,  exilé  à  son  tour, 
passa  dans  l'armée  des  Florentins  et 
des  Lurquois.  Olle  armée,  après 
avoir  remporté  divers  avantages  sur 
les  Pisans,  h  s  contraignit ,  m  il^O, 
de  rappeler  Ugoliu.  Le  comte  du  la 


GHE 

Gherardesca,  de  retour  à  Pise,  s'ef- 
força de  conserver  en  même  temps 
les  anciens  partisans  gibelins  de  sa 
famille,  et  l'alliance  des  Guelfes  au- 
dehors.  Se»  richesses  le  mettaient  eu 
état  de  récompenser  généreusement 
ceux  qui  s'altachaienl  à  sa  fortune; 
et  pendant  quelque  temps  on  ne  parla 
dans  Pise  que  des  fêtes  où  les  chefs 
des  différents  partis  étalaient  leur 
magnificence.  Sur  ces  entrefaites,  la 
guerre  éclata  en  i '282  entre  les  répu- 
bliques de  Pise  et  de  Gènes.  Celte 
guerre,  dans  laquelle  les  deux  peu- 
})les  déployèrent  toute  l'étendue  de 
leurs  ressources,  et  mirent  en  mer 
des  flottes  égales,  par  le  nombre  des 
bâtiments  ,  à  celles  qu'ont  armées 
dans  la  suite  les  premières  puissan- 
ces maritimes ,  parut  à  Ugolin  pro- 
pre cà  favoriser  rcxéculion  de  ses  pro- 
jets. Il  trouvait  encore  trop  d'énergie 
dans  le  peuple,  trop  de  vigueur  dans 
les  conseils,  pour  pouvoir  asservir  la 
république.  Il  desirait  voir  les  Pisans 
affaiblis  par  de  nouveaux  combats  ,  et 
même  humiliés  par  des  défaites  ,  pour 
les  ranger  plus  facilement  sous  le  joug. 
Aussi  assure-t-on  que  dans  la  terrible 
bataille  de  la  Meloria ,  le  (i  août  1 284, 
bataille  qui  anéantit  pour  jamais  la  ma- 
rine des  Pisans,  et  qui  laissa  plus  de 
onze  mille  prisonniers  entre  les  mains 
des  Génois, Ugolin  donna  le  signal  de 
la  fuite,  etc.iusa,  par  une  désertion 
préméditée,  la  ruine  de  toute  la  llolte. 
A  la  nouvelle  de  la  défùlc  de  la  Me- 
loria ,  les  républiques  de  Florence, 
Lucques  ,  Sienne,  Pistoii,  Pralo , 
Volterra  ,  San -Gcminiano  et  Colle, 
tous  les  Guelfes  enfin  de  Toscajie,  dé- 
clarèrent la  guerre  aux  l^sans  ,  pour 
détruire  avec  leur  ville  le  dernier  re- 
fuge du  parti  gibelin.  Ugolin,  dont 
les  relations  avec  les  Guelfes  étau*nt 
coninies  ,  .s'oHrit  alors  pour  média- 
teur, sous  couditiou  qu'où  lui  donne- 


G  H  E 

làit  (les  pouvoirs  sufTisanls  pour  dis- 
soudre celle  ligue  rcdoulabic  ;  cl  les 
Pis,! us   se  viuul  rcduils  <«    nominci- 
4'a|)it  Mnc-gciu'iMidcIcur  ville  l'iioinrue 
dont  ils  se  defi iii.nt  le  plus.  Le  comle 
de  l.i  Gliciardcsca  réussit  en  effet  à 
rompre   l\illi.uicc   rormée    contre   sa 
j).ilrie:  on  assure  qu'il  gigni  par  des 
présents  considérables  les  chefs  <le  la 
Figue  guelfe;  il  se  (it  imposer  par  eux 
)e$  conditions  qui  lui  étaient  le  plus 
favorables  à  lui  même.  Les  Floren- 
tins exigèrent  que  tous  les  ennemis  du 
comte  et  tous  les  chefs  des  Gibelins 
fussent  exiles  de  Pise  :  ils  se  firent  li- 
Vi'cr  plusieurs  châteaux;  et,  en  éten- 
dant leur  territoire,  ils  se  mirent  en 
même  temps  à  portée  de  protéger  Ugo- 
lin.  Celui-ci  desirait  aussi  ouvrir  aux 
Guelfes  de  Lncques  une  route  pour 
marcher  à  son  secours  dès  qu'il  se- 
rait menacé  :  mais  les  magistrats  s'étant 
refusés  à  faire  aux  ennemis  de  l'état  la 
concession  d'aucune  forteresse ,  Ugo- 
lin  fournit  aux  Lucquois  les  moyens 
de  surprendre  tous  les  châteaux  qu'il 
voulait  leur  céder;  en  sorte  que  les 
Guelfes  avaient  le  chemin  lUjre  jus- 
qu'aux portes  de  Pise  ,  et  que  cette 
république  ne  possédait  plus  d'autres 
forteresses  que   Mutrone  ,  Vico  Pi- 
sano  et  Piombino.  Ugolin  ne  fit  point 
la  paix  avec  les  Génois  ;  il  craignait 
trop  le  retour  des  citoyens  faits  pri- 
sonniers à  la  Meloria  :  mais  il  évita 
de  mettre  un  seul  vaisseau   en  mer , 
tellement  qu'il  n'eut  plus  d'occasion  de 
les  combattre.  Cependant  il  affermis- 
sait son  autorité  dans  Pise  ;  il  écra- 
sait ses  ennemis,  dont  il  faisait  raser 
'les  maisons  ,  et  il  s'élevait   rapide- 
ment   au    pouvoir    tyrannique    qu'il 
s'était    proposé   d'obtenir.    JSino    de 
Gallura,  quoique  son  neveu,  ne  put 
sans  indignation  le  voir  détruire   la 
constitution  de  sa  patrie  :  il  réunit  les 
Guelfes     amis  de  la  liberté,  à  ceux 


GHE  9.75 

des  Gibelins  qui  avaient  échappé  à 
la  piosciiplion.   L<s  Giialandi ,  Sis- 
inondi  cl  lianfraîichi   (  nfri.'reht   dans 
son  alliance;  et  tous  ensemble  ils  s'ef- 
forcèrent de  metln-  des  bornes^ïu  pou- 
voir du  comte,  de  terminer  la  guerre 
avec  les  Génois  ,  et  df^  remettre  en  li- 
berté onze  mille  citoyens  retenus  pri- 
sonniers à  Gènes.  Près  de  trois  années 
fuient  employées  à  cette  lutte;  mais 
Ugolin,  consommé  dans  l'art  des  in- 
trigues, réussit  a  dissoudre  la  nouvelle 
ligue  formée  contre  lui.  Il  employa 
rar(  hevêque  de  Pise ,  Roger  de'  Ubal- 
dini ,  pour  regagner  les  Gibelins.  H 
promit  à  ce  prélat  de  partager  avec 
lui  l'autorilé  suprême;  et  s'étant  ré- 
concilié avec  les  Gualandi  ,  les  Sis- 
mondi  etlesLanfranchi,  il  chassa  de 
Pise  Nino  de  Gallura  avec  tous  les 
Guelfes.  Mais  Ugolin  ,  demeuré  vain- 
queur, manqua  effrontément  aux  con- 
ditions arrêtées  avec  l'archevêque  ;  il 
refusa  de  partager  avec  lui  son   pou- 
voir, le  fît  sortir  du  palais  public  où 
une  élection  populaire  l'avait  fait  en- 
trer, et  exerça  un  pouvoir  absolu  sur 
une  ville  qui  n'était  point  encore  as- 
souplie pour  l'esclavage.  La  violence 
de  son  caractère  se  développait  aussi- 
tôt qu'il   rencontrait    quelque    résis- 
tance à  ses  volontés.  Les  murmures 
du  peuple,  causés  par  la  cessation  du 
commerce  et  la  cherté  des  blés  ,  ai- 
grissaient ses  passions  ;  la  moindre 
représentation  le  mettait  en  fuieur  :  il 
voulut   frapper    d'un    poignard    son 
propre  neveu ,  qui  lui  donnait  quel- 
que conseil  ;  et  un  neveu  de  l'arche- 
vêque lioger  s'étant  jeté   entre    eux 
pour  l'arrêter,  il  l'étendit  mort  à  ses 
pieds.  Il  c(>mbla  ainsi  la   mesure  des 
outrages  que  Roger  pouvait  suppor- 
ter; et  dès-lors  celui-ci  prépara  tout 
pour  sa  vengeance.  Non  moins  am- 
bitieux et  non    moins   cruel    que    le 
comte  ,  l'archevêque  Roger  était  plus 


2-6  GHE 

dissimule  que  lui.  Il  ne  laissa  point 
percer  son  rrssenliraent,  jusqu'à  ce 
que  tout  le  parti  gibelin  se  lut  asso- 
cié de  nouveau  à  ses  intérêts  :  alors 
profitant  de  ce  que  le  comte  refusait 
de  faire  la  paix  avec  les  Génois  ,  il 
fit  crier  aux  armes  le  i'  '.juillet  1288, 
et  sonner  le  tocsin  au  palais  du  peu- 
ple, à  la  sortie  du  conseil  oii  cette  paix 
civaitété  discutée.  Les  Gualandi,  les 
Sismoudi  et  les  Lanfrandii  attaquèrent 
avec  fureur  le  comte  Ugolin  ;  ils  l'as- 
siégèrent dans  le  palais  du  peuple , 
où  le  comte,  avec  deux  de  ses  fils, 
deux  de  ses  pelits-fils  et  quelques- 
uns  de  ses  partisans,  se  dcft-ndil  jus- 
qu'au soir.  Les  Gibelins  y  pénétrèrent 
enfin  au  milieu  des  flammes  qu'ils 
avaient  alliunées,  et  ils  firent  p»i- 
sonnicrs  le  comte  Ugolin  ,  les  plus 
jeunes  de  ses  fils,  Gaddo  et  Uguc- 
cione,  Nine,  dit  le  Brigaîa,  fils  d'un 
de  ses  fils  nommé  Guelfo,  qui  était 
mort,  et  Aurel.  Nuncio,  fils  d'un  au- 
tre de  ses  fils  nommé  Lotto,  qui  était 
absent.  Ce  sont  là  les  cinq  person- 
nages dont  le  Dante  a  rend+i  ^i  célè- 
bre la  mort  déplorable.  L'archevêque 
Boger,  après  les  avoir  fait  enfermer 
dans  la  tour  des  Gualandi  aux  sept 
chemins  ,  jeta,  au  bout  de  quelques 
mois,  les  clefs  de  celte  tour  dans 
l'Arno  ,  et  laissa  mourir  de  faim  les 
prisonniers.  La  poésie  italienne  n'a 
rien  dans  le  genre  terrible  qui  puisse 
ê!re  comparé  à  l'admirable  discours 
que  le  Danle  prête  au  comte  Ugolin  , 
lt>r>(|iic  ce  tyran  qu'il  rencontre  aux 
enfers  ,  où  il  rong»*  dans  le  séjour  des 
traîtres  le  crâne  de  l'archevêque  Ro- 
j^' r  son  ennemi,  lui  raconte  la  der- 
nière agonie  de  ses  enfants  ol  de  lui- 
inème  dans  la  Tour  de  la  faim.  Les 
p«  iritres  et  les  sculpteurs  d'Italie  ont 
cherché,  à  leur  tour,  à  représenter  ces 
horribles  moments.  L'art  du  graveur 
cil  a  miilliplié  l'imige;  cl  tout  k  monde 


GHE 

connaît  Tliorrible  supplice  d'Ugoîin , 
tandis  que  ses  crimes  sont  universel- 
lement oubliés.  S.  S — I. 

GHERARDESC\  (  Manfred  ),  gé- 
néral des  Pisans  en  Sardaigne,  était 
fils  naturel  du  comte  Rieri  ou  Renier 
de  Donoratico,  qui  gouverna  Pise  de 
i52oà  i326.  H  fut  chargé  par  son 
j)ère  et  sa  patrie  de  défendre  la  Sar- 
daigne contre  Alfonsc  IV  d'Aragon  , 
fils  du  roi  Jacques  IL  Malgré  l'extrê- 
me infériorité  de  ses  forces  ,  Manfred 
soutint  longtemps  le  siège  de  Cagliari  : 
le  28  février  1 524 ,  il  livra  aux  Ara- 
gonois  h  Luco-Gsterna ,  une  bataille 
que  sa  valeur  rendit  douteuse  ,  quoi- 
que sa  petite  troupe  fût  accablée  par 
le  nombre  des  ennemis.  11  se  renfer- 
ma de  nouveau  dans  Cagliari;  et  cette 
place  ne  fut  prise  qu'après  que  Man- 
fred eut  péri,  par  suite  des  blessures 
qu'il  avait  reçues  dans  une  sortie. 

S.S-i. 

GHERARDESCA  (Fazio  ou  Bo- 
NiFACE  ),  chef  de  la  république  à  Pise, 
de  i529  à  i54o  ,  avait  été  nommé 
capitaine  de  Pise  en  i52(j  ,  lorsque 
celte  république  secoua  le  joug  de 
Castruccio,  et  de  l'empereur  Louis  de 
Bavière.  Par  la  sagesse  de  son  admi- 
nistration il  se  concilia  l'estime  et  le 
respect  de  ses  concitoyens,  et  de  toute 
la  Toscane,  et  fit  fùre  aux  Pisans  une 
paix  honorable  avec  la  ligue  guelfe. 
Eu  butte,  en  1 555,  à  une  conjuration 
des  gentilshommes,  il  prévint  leur* 
menées,  les  vaimpiit  dans  un  com- 
bat, et  les  contraignit  à  sorlU-  de  la 
ville.  Il  mourut  de  la  peste  le  22  dé- 
cembre i54o.  Ses  compatriotes  le 
plein  èrent  amèrement  ;  et  par  uncsuilc 
de  l'affection  qu'ils  lui  portaient ,  ils 
lui  donnèrent  pour  successeur  dans  l.i 
charge  de  capitaine  du  peuple,  son 
fils  Renier,  (pioiquc  celui-ci  fût  .-igc 
seulennntde  on/.c  ans.  Ce  fut  ce  der- 
nier (pii  s'attacha  André  Gambacorta^ 


(.  IIK 
aiiqnci  il  fil  pl.ui'  ilaiis  le  gouvcrnc- 
nu'iif  de  Fisc,  lorsqu'il  mourut  aussi 
(le  l;i  peste  rri  i5.j8.  La  famille  Ghc- 
rarde.sca,  ailàiblic  à  cette  époque  par 
\o  praïui  noutbrc  irhomities  que  ce 
flenu  lui  avait  enlèves,  se  n lira  dans 
ses  fiefs  lie  IMaremme  ,  cl  prit  dès- 
lors  peu  de  part  au  gouveriumeul  de 
Pise.  S.  S~i. 

GHERAPDESCA  (  FnairPE  ),  mu- 
sicien et  compositeur  italien ,  naquit 
h   Fistoie  en  l'jTto.  Etant  jeune  en- 
core ,  il  passa  à  I3o!oj;ne,  où  il  devint 
un  des  plus  habiles  élèves  du  célèbre 
P.  Martini.  En  176G,  il  composa  un 
jietit  opéra  boufTon  ,  qui  tut  joue  sur 
le  théâtre  Marsili  de  cette  ville  ,  et 
qui  eut  un  brilL.nt  succès.  De  retour 
en  Toscane ,  il  fut  eiii^igé  à  Florence 
successivement  pour  le  théâtre  Nuo- 
vo  et  pour  celui  del  Cocomero  ;  et 
les  opéras;  qu'il  y  donna  ,  me'ritèrert 
également    les    sufTrdgcs  du    publie. 
Celui  qu'il  composa  à  l'occasion  des 
trois   mois  d'autonuie   que  le  grand 
duc  Léopoid  vint,  selon  son  usage, 
passer  à  Fisc  en  1770,  fut  très  ap- 
plaudi ,   et    plut   singulièrement    au 
gr.md-dac,  qui  était  un  excellent  mu- 
sicien. Ce  prince  le  nomma  aussitôt 
raaîtic  de  musique  de  sa  cour  •  et  de- 
puis cette  époque  ,  il  paraît  que  Ghc- 
rardesca  cessa   de  trav^jillcr  pour  le 
théâtre.  Ce  maître  avait  aussi  un  grand 
talent  sur  le  piano-forlé.  Il  réunissait 
tout,  précision,  force,  ensemble,  etc.; 
et  il  exécutait,  impromptu,  les  sonates 
et  les  œuvres  les    plus  diliicihs   de 
Eaydn,Sttbclt,Clemenli,  etc.  Il  était 
spécialement  chargé,  par  Léopoid,  de 
diriger    les    concerts   que   ce    prince 
donnait  presque  tous  les  jours  dans 
ses  appartemens,  où  n'assistaient  ce- 
pendant que  le  grand-duc,  la  grande- 
duchesse  et  les  aînés  des  princes  leurs 
fils.  C'est  dans  ces  concerts  que  Léo- 
poid ,  doué  d'une  excellente  voix  de 


(ilIE 


;; 


basse-taille,  ne  dédaignait  pas  de  chan- 
ter avec  les  musiciens  de  sa  chapelle, 
(p>i  élaiciil  tous  des  artistes  renommés. 
Le  grand  -  duc  voulait  que  tous  ses 
enfants  fussent  bons  nnisiciens  j  et 
Gherardesca  ne  négligeait  aucun  soin 
pour  r(  mplir  ce  but.  11  avait  à  en- 
seigner à  dix  élèves  (Léopoid  a  eu  qua- 
torze enfants).  Ce  prince  ayant  été  ap- 
])elé  à  Va  couronne  impériale  par  la 
mort  de  son  frère  Joseph  II,  Gherar- 
desca resta  attaché  à  Ferdinand  III , 
fils  de  Léopoid  j  et,  lors  du  départ  de 
celui-ci,  il  entra  au  service  de  Louis  I 
de  Jiourhon  ,  roi  d'Etrurie.  Ce  jeune 
monarque,  grand  musicien,  et  com- 
posit<iir  lui-même,  sut,  mieux  encore 
que  ses  j)rcdécrsseurs  ,  apprécier  les 
talents  de  Ghcrardfsca ,  en  augmen- 
tant ,  presque  du  double,  ses  appoin- 
tements ,  qui,  jusqu'alors  ,  n'avaient 
été  que  très  modiques.  En  1782, 
Gherardesca  avait  publié  six  Sonates 
pour  pimo  et  violon:  elles  sont  très 
estimées.  Mais  ce  qui  lui  fît  le  plus 
d'honneur,  ce  fut  la  Messe  de  re- 
quiem qu'il  composa  pour  la  mort 
du  roi  d'Etrurie  (  i8o3  ) ,  et  qui  passe 
pour  un  chef-d'œuvre  dans  ce  genre. 
Cependant  elle  n*a  pas  encore  été 
gravée.  Quelque  temps  après  ,  ce 
compositeur  se  relira  à  Pise,  où  il 
est  mort  en  janvier  1808,  âgé  de 
soixante -dix  ans  j  âge  remaïqualjle 
dans  un  homme  contrefait  ,  et  qui 
n'avait  jamais  joui  d'une  bonne  santé. 

B— s. 
GHEPvARDI  (^Évariste),  né  à 
Prafo  en  Toscane,  de  Jean  Gherardi, 
connu  au  Théâtre-Italien  sous  le  nom 
de  Flaulin  ,  fil  ses  éludes  à  Paris,  au 
collège  de  la  Marche.  Il  venait  d'y 
achever  son  coûts  de  philosophie, 
lorsque  le  i'''.  octobre  1G89,  il  dé- 
buta par  le  rôle  d'arlequin,  vacant  de- 
puis la  mort  de  Dominique.  (  Voyez 
Dominique  j  XI,  523.  )  Le  Divorce , 


278  GHE 

comédie  dans  laquelle  Glicrardi  prit 
ce  rôle  ,  n'avait  pas  réussi  en  1G88, 
du  vivant  de  Dominique;  il  obtint  du 
succès  «n  1689.  La  carrière  théâtrale 
de  Ghcrardiful  très  agréable  pour  lui; 
mais  elle  ne  fut  pas  longue.  En  1G97, 
le  Tbéâtre-Italien  fut  fermé,  parce  que 
dans  une  comédie  {la  Prude),  que 
l'on  y  annonçait,  on  crut  r'.coLuaître 
d'avance  madame  de  Maintenon.Ghe- 
rardi  espéra  (.'ai  ses  prolertions  faire 
révoquer  l'ordre  fatal;  ra.is  ses  solli- 
citations furent  vaines.  Il  s'occupa 
alors  de  recueillir  lesraeil'eurrs  pièces 
ou  scènes  françaises  qui  avaient  paru 
au  Tucàtre-Lalien;  et  ce  recueil  vit 
le  jour  sous  le  titie  de  Théâtre  ita- 
lien (sans  nom  d'auteur),  Bruxelles, 
1G91  cl  1G97,  ^  vol.  in-12;  et  avec 
le  nom  de  Giierc-rdi,  Paris,  1 700 ,  six 
vol.  in- 1 1  (recueil  amusant,  réiuiprintc 
plusieurs  fois  ,  et  que  nous  avons  cité 

aux   article    BRUGUlKREric'BARENTE, 

Fatouville  ,  etc.  )  Queiques  mois 
avant  i>a  puljlicalion,  Gheiardi  avait 
fait  une  chuln  sur  la  tctc  ,  dans  un  di- 
vcrlis-scmrnt  joue  à  Sainl-Maur  avec 
la  Xhorillière  et  Poisson  :  il  négligea 
cet  accir'ent;  et  le  5i  août  1700, 
comfu*;  jl  n  vciiail  de  Vers^uilej  où  il 
était  hIIc  yiiés(  nter  son  Théâtre  ita- 
lien au  Dt:  pliiu,  il  se  trouva  mal  et 
mourut  .•ïubilenKnt.  il  était  à  la  fleur 
de  son  àg'-.  On  n'a  de  lui  qu'une  srule 
pièic,  ic  Jidtour  île  la  foire  de  JJe- 
zons^  comédie  jouée  en  i(i<)j,et  qu'il 
a  in'.fréediMS»<on  ruciiil.  A.B — t. 

(ilIl>.QlJIKKEDL  RAKMMJ()i\K 
(  JoaLPH  UE),  jésuilc,  lié  a  Court) ai 
vers    1706,  fut  un  des  B(  llan<iist(  s 

(   roy.    lioLLANDUS   ).     Il  St:    clrJlgCa 

d'extraire,  <h'  la  vaste  coiiij)d  licui  à 
l.Kjuelle  \\  trt\iil!ait,  les  Virs  des 
vSamts  de  la  Irigiqne,  qu'il  p(d)lia 
sous  ce  titre  :  yïctu  Sanctorum  licl- 
gii,  \']H7)-i)\  y  (5  vol.  in/,".,  avec 
des  couimciilaircs  et  i\cs  nntcs  niii- 


GHE 

ques ,  historiques ,  géographiques  , 
etc.  On  ne  sait  où  a  passé  le  cabinet 
des  Bollandisles  ,  qui  avait  été  trans- 
féré d'Anvers ,  lors  de  la  suppression 
des  jésuites  ,  à  l'abbaye  de  Tongerloo, 
supprimée  elle  -  même  vers  la  fin  du 
XVIII^  siècle.  On  a  encore  de  l'abbé 
Ghesquièrr:  1.  Mémoires  sur  trois 
points  intéressants  de  Vhistoire  des 
Pa;ys-Bas  ,  avec  les  figures  de  plu- 
sieurs  monnaies  belgiques ,  frappées 
avantV année  i/pQ,  Bruxelles,  i  78G, 
in-8  .  II.  Dissertation  sur  les  diffé- 
rents genres  de  médailles  antiques, 
ou  Examen  critique  des  Nouvelles 
recherches  de  M.  toinsinet  de  Sivry^ 
Nivelle,  1779.  \\\.  Bé flexions  sur 
deux  pièces  relatives  à  Vhistoire  de 
Vimprnnerie  j  Nivelle,  1780.  IV. 
Catalogus  numismatum  nummo- 
rumque  Caroli  Alexandii  ducis 
Lotharingiœ ,  Bruxelles,  i78i,in- 
8  .  V.  Zrt  vraie  notion  des  dîmes  y 
i785,in-8''.  VI.  Observations  his- 
toriques et  critiques  sur  (  l'ouvrage 
de  M.  Massez  ,  intitulé  ):  Examen  de 
la  question  si  les  déciraaieurs  ont  l'in- 
tention fondée  en  droit  à  la  percep- 
tion de  la  dîme  des  fruits  insolites , 
1780,  in  1  a.  VII.  Lettres  histori- 
ques et  critiques  pour  servir  de  ré- 
ponse à  l'Essai  historique  sur  l'origine 
des  dîmes  (  f^oy.  Uutuepont  ) , 
Uirecht,  1784,  in-Bo.  Vm.  David 
propheltty  doctor  y  hymnographus  y 
historiographus  ,  Duisbuurg  ,  1800  , 
iii-8  .  IX.  Dissertation  sur  hauteur 
du  livre  intitulé  :  De  riniilalion  de 
J.  C. ,  i77^>,  in -12.  Mercier  do 
S.  Léger ,  éditeur  de  cette  brochure  , 
y  ajouta  nu  avertisse  ment  cl  des 
notes.  L'abbé  Ghesquicro  ,  dans  cette 
l)iss(  rt  ition  ,  répondait  ,  avec  Eu- 
sèbe  Ani'trt,  aux  nouveaux  paiti- 
sans  de  (iersen,  en  leur  opposant  des 
arguments  juiisés  dans  la  Deductio 
crtticu  et  d.ms  la  Moralis  ccrti'.udo 


G  HE 

^In  doyen  de  Polling.  {P^oy.  Amort.) 
vSoii  olijcl  ctiiit  ru  mt'iMC  temps  de 
Itirc  coimaîlie  un  manuscrit  de  17- 
juitation  qui,  selon  Ini  et  l'abbe  Mer- 
cier de  S.  Léger  ,  portail  le  nom  do 
Kenipis,  avec  une  date  antérieure  h 
celle  de  tout  autre  manuscrit  sous  ce 
nom,  et  annonçait  un  texte  original. 
Mais  le  tout  s'est  réduit  à  une  note 
marginale,  plus  récente  que  rcciiturc 
peu  ancienne  du  manuscrit  j  et  cette 
note  qui  mentionne  simplement  une 
date  et  un  nom,  est  elle-même  sans 
nom  et  sans  date.  De  plus  ,  un  texte 
fréquemment  vicieux  a  achevé  de  de'- 
nicntir  le  caractère  d'originalité  qu'il 
semblait  olFiir.  Aussi  l'abhe  Glies- 
quièrc  n'en  a-t-il  point  donne  d'édi- 
tion ,  quoique  celle  de  iJollandus  (An- 
vers ,  i65o)  ,  revue  d'après  Hos- 
wevdc  sur  la  copie  manuscrite  de 
I  4  1 1  ,  eût  pu  faire  désirer  une  e'di- 
tion  d'un  manuscrit  daté  de  i^'25.  Au 
reste,  ce  manuscrit  a  été  acquis  par 
M.  V-an-Hultem  ,  à  Gand,  en  i8to, 
à  la  vente  des  livres  de  l'abbc  Ghes- 
quière.  A  l'entrée  des  troupes  fran- 
çaises, en  1794  ,  Ghesquière  avait 
quitté  les  provinces  belgiques  ,  et  s'é- 
tait retire  en  Allemagne  ,  où  il  mou- 
rut dans  les  premières  années  du 
xix^.  siècle.  G — ce. 

GHKYN  (Jacques  de),  ou  Ghein 
le  vieux ,  peintre,  dessinateur  et  gra- 
veur, naquit  à  Anvers  en  i56j.  Jl 
apprit  les  éléments  du  dessin  et  de  la 
peinture,  de  son  père,  peintre  sur 
verre,  assez  habile  :  Gollzius  lui  en- 
seigna ceux  de  la  gravure;  il  fit  d'as- 
sez rapides  progrès  dans  l'école  de  cet 
artiste,  et  se  voua  particulièrement  à 
la  pratique  de  cet  art.  Sa  manière  de 
faire  est  assez  brillante  :  son  burin 
a  même  de  la  fermeté;  mais  on  pour- 
rait lui  reprocher  un  peu  de  séclie- 
resse,  comme  à  tous  les  graveurs  des 
Pays-Bas  et  de  l'Allemaguc,  ses  cea- 


G  II  E  9.79 

fcmporains.  On  a  de  lui  près  de  cent 
quatre- vingts  morceaux.  De  Gheyn 
peignait  les  (leius  et  la  miniature;  il  a 
peint  aussi  l'histoire  :  ou  montrait  de 
lui,  avant  la  révolution,  dans  l'église 
des  dominicains  de  Bruges,  un  ta- 
bleau qui  représentait  Sainte- Hélène 
avec  la  vraie  croix.  Ce  tableau,  peint 
en  iGoi  ,  quoiqu'un  peu  sec,  offrait 
de  belles  })arlies.  Glieyn  a  gravé  quel- 
ques portraits,  tels  que  ceux  de  Cosme 
de  IMéJicis  ,  de  Ïycho-Brahé,  d'A- 
braham Gokevius,  de  Grutius ,  etc. 
Outre  plusieurs  collections  et  différents 
sujets  de  sa  composition  ,  parmi  les- 
quels on  dislingue  la  suite  des  Mas- 
ques en  10  feuilles,  les  12  jiremiei"S 
Empereurs,  un  Lion  couché,  il  a  aussi 
dessiné  et  gravé  la  statue  du  L  locoon. 
B.  Dolendo  a  gravé  d'après  lui  un 
Christ  d'une  très  belle  composition. 
On  a  encore  de  ce  maître ,  l'Enfant 
prodigue  ,  la  Confusion  des  langues  , 
la  dispute  d'Apollon  et  de  Pan  ,  d'a- 
près Karl  Van  -  Mander;  Jésus  cru- 
cifié entre  les  deux  larrons ,  d'après 
Crispin  Van-den-Broeck  ;  les  quatre 
Evangélistes ,  d'après  Gollzius;  l'em- 
pire de  Neptune ,  une  suite  de  douze 
estampes  représentant  des  soldats  de 
la  garde  de  l'empereur  Rodolphe,  d'a- 
près le  même;  l'Annoiiciation  ef  le 
Repos  pendant  la  fuite  en  Egypte  , 
d'après  Biocmarl.  Il  a  gravé  concur- 
remment avec  Dolendo  ,  une  suite  de 
la  Passion  en  1 4  feuilles,  d'après  Karl 
Van-  Mander.  De  Gheyn  est  mort  en 
161  5. — Jacques  de  Gheyn  le  jeune , 
dessinateur  et  graveur,  né  vers  iGio, 
à  Anvers,  a  voyaçé  en  Italie,  ou  il 
a  gravé  d'après  ïem pesta  ;  on  croit 
même  qu'il  fut  son  élève.  On  connaît 
de  lui  une  partie  des  huit  planches 
représentant  divers  sujets  de  la  vie  de 
Charles  -  Quint,  et  dont  Coryn  Boël 
a  lait  l'autre  partie.  —  Guillaume  de 
Gheyn  ,  dessinateur  et  graveur,  est 


î28o  G  H  E 

ne  aussi  dans  les  Pays-Bas  vers  1610: 

on  le  croit,  ainsi  que  le  pre'ce'denf,  pa- 
rent de  J.icques  de  Gheyn  ,  dit  le 
vieux '^  mais  on  ne  sait  pas  à  quel  de- 
gré. Ce  Guillaurae  vint  â  Paris  ;  il  a 
gravé  pour  le  fonds  de  Jean  Le- 
blon  ,  rndrchaud  d'estampes.  On  con- 
naît do  lui  un  Louis  XIV  ,  et  un  duc 
lienaril  de  Weyraar,  tous  deux  a  che- 
val :  le  Printemps  et  TÉlé,  estampes 
faisant  partie  du  fonds  de  planches  de 
Leblon  ,  sont  également  de  lui.  P — e. 

GHEZZI  (Nicolas),  jésuite  italien, 
naquit  à  Domaso ,  sur  le  lac  de  Corne , 
en  avril  i685.  Jl  entra  dans  la  com- 
pagnie de  Jésus  en  i-joS  ,  et  s'appli- 
qua d'abord  avec  succès  aux  sciencts 
])hysiqu('S.  On  a  de  lui  un  Traité  sur 
Vorigine  des  fontaines  ^  et  sur  la  ma- 
nière d'adoucir  l'eau  de  la  mer,  Ve- 
nise, I -^4-*,  ii>-8'.  Lorsijue  dans  plu- 
sieurs écrits  on   publia   1rs  doctrines 
spécieuses  5Mr  le  prohabilisme  et  sur 
le  rigorisme  ,  le  P.   Nicolas  mit  au 
jour ,  pour  la  défense  des  principes  de 
son  ordre  ,  un  Essai  de  suppléments 
théologiques  j  moraux  et  critiques , 
nécessaires  pour  l'histoire  du  pro- 
habilisme et  du  rigorisme ,  Lncqucs, 
1745,   I   vol.  in-H".  Cet  Essai,  qui 
/it  beaucoup  de  bruit,  irrita  extrême- 
ment les  adversaires  de  Ghezzi ,  qui 
se  déchaînèrent  contre  lui.  Il  ne  per- 
dit cependant  pas  courage,  cl  il  donna 
.sur  l'iaterminable controverse  dupro- 
bdjilismc,  ses  Principes  de  la  phi- 
losophie morale ,  comparés  avec  les 
principes  de  la  religion  catholique  ^ 
TlTilan,    175J1,  deux  volumes  in -4'. 
Cet  ouvrage  e«.t  cerit    en   forme   de 
dialoj];ue;  et  l'auteur  s'y  montre  aus«.i 
î^rand  philosophe  que  bon  théologien. 
Tout  y  est  exposé  avec  clarté,  force 
<t    précision.   Opend.int    Ghezzi    se 
l.iissc  un  peu  trop  emporter  par  M)n 
>èle  ;  (;i  voulant   accabler  ses  a^iver- 
s^ires  ,    il    ie  p(  rniet  de  reproduire 


G  M  E 

cerlalus  traits  piquants  ,  et  même 
odieux.  La  publication  de  cet  ouvrage 
av,)it  déjà  éprouvé  quelques  difficul- 
tés de  la  part  de  l'inquisiteur,  diffi- 
cultés que  le  marquis  Pallavicini,  ami 
de  Ghezzi ,  parvint  à  surmonter;  mais 
avant  attiré  de  nouveau  l'attention  des 
censeurs,  il  fut  mis  à  l'Index.  Le  car- 
dinal Landi ,  qui  s'mtéressait  an  père 
Ghi  zzi ,  arrêta  le  coup  prêt  à  tomber  : 
il  obtint  des  censeurs  de  ne  pas  procé- 
der à  la  condamnation  de  cet  ouvrage; 
et  d'accord  avec  eux ,  le  père  Ghezzi 
rédigea  une  Déclaration  sur  quel- 
ques propositions,  et  la  publia  à  Co- 
rne en  1754-  Soit  que,  même  dans 
cette  protestation  ,  il  eût  laissé  échap- 
per quelque  trait  cootre  les  jansénistes, 
soit  que  ce  lût  un  effet  de  la  malveil- 
lance de  ces  dernieis  contre  lui  c^ 
ceux  de  son  ordre ,  celte  déclaration 
parut  tout-à-fait  altérée  dans  le  Jour- 
nal ecclésiastique  du  20  novembre  de 
\a  même  année  17.54.  Après  cette  der- 
nière guerre ,  le  père  Ghezzi  s'adonna 
entièrement  à  l'étude  de  la  physique, 
et  ne  s'occupa  plus  de  réfuter  les  doc- 
trines des  j.insénistes ,  dont  les  dis- 
putes avec  les  pères  de  la  compaj^nie 
allaient  toujours  croiss.int,  II  avait  un 
soin  infini  de  sa  santé,  et  il  craignait 
surtout  les  impressions  de  Pair.  Sous 
une  immense  perrnque  ,  il  portait  sept 
bonnets  l'un  sur  l'autre  ,  qu'il  ôtait 
et  remettait  sans  cesse.  Il  était  déjà 
d'un  âge  avancé,  lorsqu'un  jour  ayant 
oté  quelques  -  uns  de  ces  bonnets  ,  et 
l'air  étant  >enu  à  elMn^-^er,  il  oublia 
de  les  remettre.  Un  rhume  de  cer- 
veau ,  dont  il  fut  saisi ,  dégénéra 
bientôt  en  un  calharre  qui  l'cmporla 
en  peu  de  jours,  le  i5  novembre 
I  -iM).  —  Pierre-ljéon  Ghezzi,  peintre, 
né  à  Kome  <;n  i()74  1  niorl  le  io  no- 
vembre 1755,  a  laissé  des  ouvrages 
remanjuables  dans  celte  ville  et  à 
Parme.  \\ — s. 


r.TlI  OUI  oSr 
riIIinCPiTi  (Laurent),   liaLiîc  des  plus  renommes  fuiTntpartimlicrc- 
srulptnir,  fils  à'Uguccione  ,  dil  j);ir  iiicii»  cltoisis  jxmi  roiicourir:  s'ivoii-: 
abréviation  Cione  ,  ii.iquit  à  Floiciicc,  JacohodellaQucrcin,  iirififclcSicniiP; 
non  en  i3Ho,  comme  le  dit  Vas-iri,  Niccolo  d'Arezzo,  elcve  de  ce  .l.i- 
ni.iis  en  iStS,  suivant  les  pirces  ori-  cobo;  Simone  du  Collc^  siirnotunn' 
finales  r.ipportces  par  JJ.iidinucci.  Sa  de  Bronzi ,  à  cause  de  son  hibiicie 
il  mille,  illustrée  d'c<,   le  xiii^.  siècle  ,  à  couler  et  à  ciseler  le  bronze  ;  Fran- 
d.uis  le  gouvernement  de   Florence ,  cesco    di     Valdamhrina  ;    Filippo 
iiar  diverses  fondions  publiques,  s'c-  Brunelleschi  ;  Donalello,  génie  pre- 
t.iit  appliquée  aux  arts,  plusieurs  gc-  cooc,qui,à   peine  âge  de  dix- huit 
nerafions  avant  lui ,  et    pariiculière-  ans ,  avait  déjà  fixe  l'attention  publi- 
inenr  à  l'orfcvreric  ,  gcnic  où  les  Flo-  quej  et  Ghiberti  lui-même.  Chicun 
lenliiiS  avaient  acquis, à  cette  époque,  de    ces  artistes  reçut  une  ind(mnite' 
une  Jurande  cciebritc.  \,c  jeune  Gbi-  pour  le  travail   d'une   année,  ainsi 
berti  appiit  le  dessin,  l'ait  de  mode-  que  pour  ses  débourses ,  et  s'obli;;ea 
1er,  et  celui  «le   fondre  les  métaux  ,  àpicsentcr,    au  terme   d'un  an  ,  un 
d'un  orfèvre    nommé    Bartoluccio  y  panneau  en   bronze   doré,  où  serait 
mnri  de  sa  mère  en  secondes  noces  ,  sculpté,  eu  bas-  relief,  le  sacrifice 
lequel   appartenait  à   une    école    de  d'Isaac.  L'année  étant   expirée  ,  on 
sculpture,  qui   remontait   à  Andréa  nomma  trente-quatre  experts  parmi 
Ugolini,   dit   André  de    Pise.    On  les  sculpteurs  ,  les  peintres  et  les  or- 
croil  qu'il  reçut  ensuite  des  leçons  de  fèvres  ,  soit  de  Florence,  soit  du  de- 
peinture  de  Starnina.  La  peste,  cpii  hors ,  qu'une    nouvelle  proclamation 
affligea  son  pays  à  la  fin  du  XIV^  avait  appelés  à  celte  intéressante  so- 
siècle,  l'ayant  obligé  de  s'en  éloigner,  lennité.  Il  fut  réglé  qu'ils  prononce- 
il  peign.iit,   eu  l'an  i4oi,une   fies-  raientleur  jugement  en  public,  devant 
que,   a  Piimini,  dans   un   palais   du  les  modèles  soumis  à  l'opinion  géné- 
priuce    Pandolfo     Malatcsta  ,    lors-  raie,  et  que  chacun  d'eux  donnerait  à 
que  les   prieurs  de  la   confrérie  des  haute  voix  les  motif-,  de  sa  détermina- 
uiarcbands  de   Florence  ouvrirent  le  tinn.  Les  ouvrages  de  Brunelleschi,  de 
concours    proposé    pour  l'exécution  Donatclio  ,  et  de  Ghiberti  ay^mî  attire 
d'une  des  portes  de  Ijronzc  qui  déco-  tous  les  regards  ,sont  mis  d'abord  au- 
renl  encore  aujourd'hui  le  baptistère  dessus  des  autres  ;  miis  bientôt,  frap- 
de  Saint-Jean.  11  s'agissait,  non  seule-  pés  de  la  supériorité  de  leur  jeune  ri- 
ment de   surpasser   André  de  Pise,  val ,  Brunelleschi  et  Donatello  se  reti- 
auleur  d'une  de  ces  trois  portes  ,  ter-  rant  à  l'écart,  s'interrogent  récipro- 
minée  en    iSSq  ou  i54o,  mais  en-  quement,  et  tous  deux  sont  assez  jus- 
core,cc  qui   était   plus   difficile,  de  tes  pour  se  confesser  vaincus,  et  assez 
l'emporter  sur  les    plus   habiles  ar-  grands   pour  déclarer  publiquement 
listes  vivants.  Ghiberti,  âgé  de  vingt-  leur  opinion.  Ce  jugement  fut  coufir- 
deux  ans ,  vint  se  présenter.  Ce  con-  mé  au  milieu  des  applaudissements  de 
cours ,  digne  de  servir  d'exemple  aux  l'assemblée.    liCS  prieurs   des   mar- 
administrateurs  qui  désirent  véritable-  chands ,  en  donnant  la  palme  à  Ghi- 
nienl  obtenir  des  chefs-d'œuvre,  m.é-  berti,  l'invitèrent  à  n'épargner  ni  le 
rite  d'être  connu  dans' toutes  ses  cir-  temps,  ni  la  dépense,  pour  produire 
constances.  Entre  les  maîtres  venus  un  ouvrage  digne  de  lui  et  de  la  ré- 
des  différealcs  p^rliesde  l'ilolic,  sept  publique;  et  ils  niérilèrcnl  par  celle 


385t  G  H I  G  H I 

sage  concluite  que  le  génie  de  la  sculp-  vers  1 4 1 7  >  deux  bas  -  reliefs  ,  dont 
ture  enfantât  pour  eux  ces  belles  por-  les  sujets  sont  tires  des  actes  du 
tes  que  Michel-Ange  jugeait  dignes  même  S<tint,  pour  le  bap:i.stère  de  la 
d'orner  l'entrée  du  Paradis. Celle  dont  cathédrale  de  Sienne;  vers  i/j'io  , 
Ghibcrti  fut  alors  chargé,  et  à  laquelle  une  statue  de  Saint  -  Malhieu  ,  pour 
il  travailla  pendant  vingt-un  ans  ,  en-  l'église  d'Or  -  San  -  Michèle  ;  vers 
tièrement  semblable  pour  les  propor-  i/p^  ,  «ne  statue  de  Saint-Étienne, 
tions  à  celle  d'André  de  Pise ,  est  de  pour  la  même  église  ,  etc.  ;  et  en 
même  divisée  en  vingt  panneaux,  14^9,  la  châsse  de  St.  Zénohius  ^ 
renfermant  autant  de  bas-reliefs  dont  évêque  de  Florence  ,  placée  «  Santa- 
les  sujets  sont  tirés  du  Nouveau-Tes-  Maria-del-Fiore.  Tous  ces  ouvrages 
tamenl,  et  ornée  dans  les  angles  de  subsistent.  Les  époques  oîi  ils  fuient 
bustes  figurant  des  prophètes  et  des  exécutés,  ne  marquent  pas  seulement 
sibylles.  Elle  fut  posée  le  23  avril  les  progrès  de  Ghjberti;  ils  montrent 
14^4?  ^  l'une  des  entrées  latérales;  aussi  les  perfectionnements  successifs 
et  en  1 4'28  ,  les  prieurs  chargèrent  de  l'art.  Instruit  par  des  maîtres  de 
Ghiberli  d'en  exécuter  une  autre  en-  l'école  de  Giotto ,  ce  grand  dessina- 
core  plus  riche ,  pour  remplacer ,  à  leur  avait  conservé  quelques  restes 
rentrée  principale ,  celle  d'André  de  de  la  sécheresse  dont  le  crayon  du 
Pise  ,  qui  fut  transportée  de  l'autre  fondateur  de  cette  école  n'avait  pu  se 
cote.  Ghiberli  se  siu passa  lui-même  préserver;  m.iis  l'élude  de  l'antique 
dans  ce  nouveau  travail,  qui  l'occu-  à  laquelle  ,  un  des  premiers  parmi 
pa  dix  -  huit  ou  ving^t  ans.  M.  Ci-  les  modernes,  il  fut  appelé  par  son 
cognara  {Storia  délia  scult.,  tome  11)  goût  naturel ,  lui  donna  un  style  de 
veut  que  la  première  porte  ait  été  jonr  en  jour  plus  moelleux  et  plus  fer- 
terminéc  en  i4'4»  et  cette  dernière  me;  Ja  statue  de  Saiut-Jeau-B.ipiiste 
en  1424.  Feroux  Dagincourl  croit  au  n'annonçuut  encore  qu'un  génie  capa- 
confraire  que  la  seconde  ne  fut  posée  ble  de  devancer  ses  contemporains  : 
qu'en  1456.  Nous  ne  saurions  adop-  mais  déjà,  dans  celle  de  Saint -Ma- 
ter ni  l'une  ni  l'autre  opinion.  Le  ihieu  ,  on  reconnut  le  disciple  des 
second  monument  ,  commence  vers  Grecs;  et  les  bas-reliefs  de  la  châsse 
142H,  fut  vraiserrdîlablement  con-  de  Saint  Zcnobius,  ainsi  t|ue  la  se- 
sacré  vers  l'an  1 44^»  P^'isque,  d'une  conde  porte  du  baptistère  de  Saint- 
part,  suivant  les  preuves  aulhrn-  Jean  ,  chefs-d'œuvre  de  la  sculpture 
tiques  rapportées  par  Haldinucci  ,  du  xV.  siècle,  méritent  même  au— 
Ghib'  rti  y  travaillait  encore  au  mois  jourtl'hui  d'èlre  comptés  parmi  les 
de  m;u  de  l'an  144^,  «"t  que  de  l'an-  plus  beaux  monuments  de  l'Italie 
tre  part,  on  ne  saurait  étendre  beau-  moderne.  Ces  ouvrages  se  font  cg.de- 
coup  plus  loin  les  quarante  années  ment  remarquer  par  l'esprit  et  la  sa- 
cnviron  que  cet  écrivain  donne,  ainsi  gesse  de  la  composition,  parla  vérité 
que  Vasari ,  à  la  durée  de  reusend)lc  des  attitudes,  par  l'eXiictitude,  la 
du  travail.  Pendant  ces  quarante  an-  fermeté,  et  très  souvent  rélégance 
«ces,  Ghiherti  produisit  d'antres  ou-  des  contours,  par  la  justesse,  la  vi- 
vr.iges  de  scuIpluM  en  bronze  ,  Iri's  vacilé,  la  dignité  de  l'expression, 
remaïquablcs  ;  sa^ir  :  en  i4i4  1  i>"c  Leur  influence  sur  les  progrès  du 
statue  repiésenfaiif  Saint  .T<MU-I)ap-  goût  fut  anssi  grandi*  rpie  celle  des 
liste  pour  i'églisc  à!  Or- S  an  Michclc;  fameux  carions  de  Léonard  du  Vinci 


GUI  GUI            2b:^» 

fl  (le  Miclul-Anpc  le  devint  soixante  nns.  Ghiborli   cul  un  fils,  nomme 
ans  plus  tard.   lii»ns   1<'  travail  de  la  Viionaccorso  ,  suivant    Vasari  ,    ou 
prcmuTC  porte  ,    Gluln'rli    lonna  ,  plutôt  Fitlorio  ,  d'.iprès   hs  rccher- 
parmi   SCS   élèves,  quant  au  dessin,  clics   de  Baldinucci.  Ce   fils  ,  habile 
IMasolino      da     Panicalc  ,     qui     fut  sculpteur  clfundciir,  Ici  mina  le  cliam- 
Ic  maître  du   Masaccio  ;  dans  l'exc-  branle  de  la  principale  porte  du  bap- 
cutiou  de  la  seconde,  il  instruisit  Ma-  liste» c  de  S.  Jean  ,  et  le  mit  en  place 
50   l'iniguerra  ,    Paolo    Uccrilo  ,     et  après  la  mort  de  son  père.  C'est  vrai- 
notamment  Antonio   del  Pollaiuolo  ,  semblablement  ce  fait  qui  aura  porté 
alors  enfant,  célèbre  scnlpleur  et  or-  JDagincourt  à  croire  que  celle  porte 
fèvre,  un  des  fluides  de  JMichel-Ange  ne  fut  posée  qu'en   i4'>(>-  A  Villorio 
dans  Tctude  de  ranaloniie.  Ghiberti  succéda  son  fils  Buonaccorso  ,  sculp- 
cultivnit  tous   les  arts.   Peintre    sur  leur  et  orfèvre;  et  à  ce   dernier  ua 
verre,  il  imprima  une  figure  de  St.-  autre  Fittorio  ,  ardent    républicain, 
Jean-Baptiste  sur  une  des  fenêtres  de  qui ,  durant  les  discordes  civiles  ,  an 
l'église  d' Or  -  San- Michèle  y  et  exe'-  rapport  de  Varcbi ,  peignit  un  portrait 
cuta  la  plus  grande  partie  des  vitraux  de  Cle'raent  VII,  accompagne  d'jma- 
de   Sanla-Maria-del-Fiore.   Archi-  ges  peu  décentes ,    dont  l'objet  était 
tecte,  il  fut   associé  à  Brunelleschi ,  de  louiner  ce  pape  en  ridicule.  Oa 
en  li'O  -  pour  la  construction  de  ce  voit  au  nombre  des  bustes  qui  ornent 
dernier  édifice  ;  mais  s'élant  aperçu  la  principale  porte  du  biptistcre,  cè- 
de la  peine  que  cette  association  eau-  lui  de  Ghiberti ,  et  celui  de  Bartoluc- 
sait   à  un  concurrent    généreux _,   il  cio^  son  beau  -  père  et  son  maître, 
s'abstint  de  tout  travail.  Il  composa  Tout  auprès  est  cette  inscription  en 
aussi  un  écrit  sur  la  sculpture,  dont  lettres  d'or:  Laurentii  Cionis  de  Ghi- 
on  conserve  une  copie  dans  la  biblio-  bertis  mira  artefahricaluin.XJnQ.'mS' 
thèque  Magliabecchiana,  à  Florence  ,  criplion  si  flatteuse  pour  lui ,  et  son. 
ftdont  M. Cicognaraa  publié  un  long  buste  lui-même,  n'ont  dû  être  inau- 
fragment   dans   l'ouvrage    que  nous  gurés  qu'après  sa   mort.    T.  Patch, 
avons  cité  plus  haut.  Les  concitoyens  réuni  à  F.  Gregorio ,  Théodore  dit 
de  Ghiberti  nerélcvèrent  point,  corn-  le  Galmouck_,  et  Calendi ,  ont  gravé 
me  nous  l'avons  dit  par  erreur  dans  plus  ou  moins  fidèlement  la  principale 
nos  Recherches  sur  L'art  statuaire  ,  porte  du  baptistère  de  S.  Jean.  L'en- 
au  rang  suyrême  de  gonfalonnier  de  semble  de  cette  porte,  deux  des  bas- 
jusiice;  mais,  en  \l\'\5^  il  fut  porté  reliefs  dont  elle  se  compose,  et  celui 
au   nombre  des  douze  prudhommes  de  la  partie  antérieure  de  la   chasse 
dont  se  composait  alors  la  Seigneu-  de  Saint  Zenobius  ,  se  trouvent  gra- 
rie,  et   il   fut  un  des   trois  majeurs  vés  dans   ^Histoire    de   l'art  ,   i}kC 
parmi  les  douze.  Il  avait  commencé,  Dagincourt  (pi.  xli  et  xlii).  Trois 
dans  les  dernières  années  de  sa  vie,  bas-reliefs  de  la  même  châsse  ont  été 
le  modèle  d'une  troisième  porte  ,  qui  publiés  dans  l'ouvr/ige  de  Bicha  ,  in- 
devail  remplacer  celle  d'André  de  Pise,  lilulé  ,  Notizie  isloriche  délie  chiese 
et  qui  ne  fut  jamais  terminée.  On  dif-  Fiorerdine ,  tome  vi ,  pag.  204,  pi. 
fcre  sur   l'année  on  il  mourut.  Son  504.  M.  Cicognara   a  donné,  dans 
testament  est  daté  du   mois  de  no-  son  Ilisloire  de  la  sculpture  (  tome 
vembre  i4^5.  Sa  mort  dut  suivre  de  11,  pi.  xx  et  xxi  ),  des  gravures  des 
près,  puisqu'il  élait  alors  âgé  de  77  panneaux  présentés  au  concours  par 


284  G  H I  G  H I 

Ghiherti  et  par  Brunelleschi  ,  d'un  intimes  de  ce  malheureux  prince,  pour 
des  bas -reliefs  de  la  porte  late'rale  le  faire  plus  sûrement  tomber  dans 
de  Saint-  Jean,  d'un   de  ceux  de   la  le  pic'gf.  Le  misérable  qui  se  chargea 
porte   principale,  et  delà  statue  de  d'une  si  lâche  commission  était  capid- 
S.  Malineii.  IVI.  Pircli  a  grave,   avec  gi  bachi.;  il  arriva  avec  le  titre  d'e'- 
beaucoup d'exactitude,  plusieurs  bas-  cuver  du  grnnd-seigneur  et  d'inspec- 
reliefs  de  la  grande  porte,  dans  son  teurdela  forteresse  deChoizin.  Cette 
ouvrage   projeté"  sur  les   monuments  commission  extraordinaire  devait  d'au- 
de  l'Italie  moderne,  antérieurs  k  Ra-  tant  mieux  avertir  Ghicca  d'être  sur 
phaèl.                         E — c   D — d,  ses  gardes ,  que  des  amis  sûrs  qu'il 
GHICCA  (Grégoire),  prince   de  avait  à  Constantinople  Tav-ùent  prc- 
Moldavie,  avait  été  drogman  de   la  venu  des  mauvaises  dispositions  de  la 
porte  othomane,  et  était  devenu  sou-  Porte  à  son  égard,  et  du  départ  de  ce 
verain  de  Moldavie  à  l'époque  de  la  capidgi  :  le   prince  de  Valachie  lui- 
guerre  contre  les  Russes  ,  terminée  en  rncme  lui  avait  écrit  de  veiller  à  sa  sû- 
1774  par  la  paix  de  Kaïuardjik.  En-  rcté.  L'infortuné  ne  tint  compte  d'au- 
voyé  en  Valachie  au  commencement  cun  de  ces  avertissements  j    et  son 
des  hostilités  ,  il  fut  pris  par  un  parti  ancien  ami  lui  ayant  fait  dire,  à  son 
russe,  qui  le  conduisit  à  Pélersbourg.  arrivée  à  Yassi  ,  qu'une  indisposition 
Il  prétendit    avoir  été   d'intelligence  l'empêchait  d'aller  le  voir ,  il  alla  lui- 
avec  ceux  qui  l'enlevaient.  La  cour  de  même  rendre  visite  à  cet  ami.  Ghicca 
Russie,  le  croyant  dans  ses  intérêts,  avait  si  peu  de  défiance,  qu'il  ne  vou- 
Je  fit  partir  pour  l'armée  de  Moldavie  lut  pas  permettre  au  capitaine  de  sa 
commandée  par  le  feld-maréchal  comte  garde  albanaise  ,  homme  intrépide  et 
Roraanzofr.  On  s'aperçut  bientôt  que  qui  lui  était  dévoué,  de  l'accompagner 
Ghicca  était  en  correspondance  se-  dans  l'appartement  du  capidgi  oîi  il 
crête  avec  les  Turcs,  et  qu'il  trahissait  entra  seul.  Après  quelques  moments 
ses  bienfaiteurs.  Le  général  russe,  in-  de  félicitations  mutuelles,  le  perfide 
digne  de  sa  folie  et  de  son  ingratitude,  turc  lui  demanda  du  tabac,  et  teignit 
le  fit  long-tems  garder  à  vue  dans  de  ne  pas  le  trouver  de  son  goût;  il 
son  camp.  Le  crime  de  Ghicca  n'em-  ordonna  à  un  homme  de  sa  suite  d'en 
pêclia  pas  l'impératrice  Catherine  II,  apporter  au  prince  de  meilleur:  l'es- 
loujours  grande  et  généreuse,  de  le  clave,  au  moment  où  il  en  présentait 
faire  comprendre  dans   le   traité  de  à  Ghicea,   lui  donna  deux  coups  de 
.1774)  ^'^  de  le  faire  nommer  de  nou-  poignard.  Ghicca  se  leva  pour  santt  r 
veau  prince  de  Moldavie.  Il  ne  s'oc-  j)ar  la  fcnêlre  :  la  croisée  se  trouvant 
cupa  qu'à  intriguer  et  à   gagner  des  trop  étroite,  il  fut  saisi  par  des  meur- 
trésors  immenses;  mais  bientôt  il  se  Iricrs  aposlés,  qui  arhevèrent  de  l'as- 
rendit  suspect  à  la  Porte  ,  en  s'oppo-  sassincr.  La  tête  de  ce  prince  confiant 
Rant   à  la   cession  de  \;\  Rukovine  à  et  sans  douteeoupable,  fut  coupée  sur- 
l'Aulriehe;  et  les  troubles  ilc  la  Crimée  Ic-chanip  et  envoyée  à  Constantinoj)Ic, 
C'iant  survenus,  elle  ne  voulut  j)as  lais-  où  elle  resta  pendant  trois  jours  ex- 
scr  en  Moldavie  un  sujet  d'une  fidélité  posée  à  la  porte  du  sérail.  Grégoire 
aussi  équivoque.  M.iis  la  manièie  <lont  (ihicca  périt  en  1  777  ;  son  crime  fut 
le  ministère  othom  in  se  d('fit  de  Gré-  douteux  :  sa  mort  pouvait  être  juste  ; 
j»oire  Ghicca  est  aussi  honteuse  que  mais  1.»  Porte  othonnne,  en  cm[)loyanl 
M.lmaMe.  Il  fil  choix  d'un   des  amis  pour  se  délaircdelui  le  moyen  le  plus 


GUI  ^'IH                 ^^"î 
infime  et  le  plus  iàclic,  a  [clc  sur  sa  la  -  Quint,  il  vint   à   la   rcnconlrc 
vicfiino    un   intcièl  qu'il   ne  mcrilait  de  ce  prince  après  son  cxpedilion  de 
pcui-clre  pas.                  ^ — y.  Tunis  ;  mais  il  fut  ob!ii;c  de  relâcher 
(iIlllilNl  (Jean-Jacques),  gen-  ru  Sicile,  et  il  y  mourut  en  1 555  du 
lilhornnie  uîil.in.iis,    ne  dans  le  xv'".  poison  qui  lui  avait  ete  donne,  dit-on, 
siècle,  remplit  .ivec  dislinelio«i  Tem-  par  l'ordre  d'Antuine  de  Leva.  On  con- 
ploi  de  secrétaire  des  ducs  Jean  Ga-  naît  de  CarailU;  :   Tellinœ  vallis  ac 
leaz  ri  Louis  Sforce.  Si  probité  et  sa  Larii  lacds  particularis  descrijHio , 
délicatesse  étaient  encore  relevées  par  Hanau,  iGi  i  ,  in-8''.,  insérée  aussi 
des  talents  qui  lui  avaient  acquis  l'es-  dans  le  Thés.  rer.  Germ.  de  Frclier , 
lime  des  savants  de  son  temps.  On  a  cl  dans  le  tome  ni,  deuxième  partie 
de  lui:  ErpediUo  ilalica  anrio  1/197  ^^'     Thesaur.  aniiquitat.  italicar.  ^ 
à  Maxiiniliano  I  suscepta ,  insérée  de  Graîvius.  Celte  description  de  U 
dans  le  tome  m  des  Scriptor.  rerum  Valleline,  quoique  trop  superficielle, 
Gennanicarum  de  Frelur.  Quelques  contient  des  notices  instructives  ,  sui- 
bioî^raplics  lui  atti  ihuent  aussi  la  tra-  vaut  Haller,  qui  croitque  Jean-Jacques 
duction  de  l'ouvrage  de  Fre^ose  :  De  Ghiiini  en  est  aussi  l'auteur.  W — s. 
tUctis  factisque  inemorahilihus . —  GHl LIN I  (Jérôme)  ,liistorien,  de 
Ghilini  (Camille)  son  fils,  ne  à  Milan  la  même  famille  que  les  précédents  , 
Ters  1 490,  se  déclare  Tauteur  de  cette  né  en  1 589  à  Monza  dans  le  Miianez, 
traduction  ,  et  rend  compte  dans  la  fit  ses  premières  éludes  sous  le^  jésui- 
preïice ,  avec  beaucoup  de  franchise ,  tes  à  Milan  ,  et  alla  ensuite  étudier  le 
de  la  manière  dont  il  l'a  faite  :  «  Mon  droit  à  Padoue.  Une  maladie  grave 
î)  père ,  dit-il,  ami  intime  de  Frégose,  l'obligea  d'interrompre  son  cours  j  et 
»  ayant  eu  la  communication  de  son  il  commençait  seulement  à  serétabl.r, 
»  manuscrit ,  crut  qu'il  était  de  son  lorsque  la  mort  de  son  père  le  plongea 
î)  devoir  d'exécuter  la  dernière  vo-  dans  l'affliction.  La  nécessité  où  il  se 
»  lonlé  de  Tauteur,  en  mettant  cet  trouva  de   veiller  lui-même  à  ses  in- 
»  ouvrage  en  latin  ;  mais  au  lieu  de  térêts  ,  et  les  conseds  de  ses  parents, 
»  prendre  la  plume,  il  m'ordonna  de  le  déterminèrent  à  se  marier  ;  mais 
w  traduire  l'ouvrage ,  et  me  distribua  ayant  eu  le  malheur  de  perdre  sa  fem- 
»  ma  lâche  par  jour.  »  Il  paraît  donc  me  au  bout   de  quelques  années,  il 
certain  que  Camille   est  l'auteur   de  embrassa  l'état  ecclésiastique,  reprit 
cette  traduction  ;  mais  il  est  probable  l'étude  du  droit  canon,  et  se  fit  rece- 
aussi  qu'elle  fut  retouchée  par  son  voir  docteur.  Il  fut  pourvu  ,  peu  de 
père ,  qui  la  mit  en  état  de  paraître,  temps  après ,  de-  l'abbaye  de  Saint- 
Cimiile  était  encore  fort  jeune  lors-  Jacques  de  Cantalupo  àd^wshvoysLW- 
que  celte  traduction  fut  publiée,  pour  me  de  Naples,  et  honoré  du  titre  de 
la  première  fois  {Foy.  Baptiste  FrÉ-  prolonotaire  apostolique.  Le  cardinal 
GOSE ,  XVI ,  5  )  ;  et  celte  raison  a  en-  De'  Monli ,  archevêque  de  Milan ,  le 
gigé  Baillet  à  lui  donner   une  place  nomma  h  la  théologale  de  S.-Ambroi- 
dans  son  catalogue  des  Enfants  cèle-  se;  mais  il  ne  la  remplit  que  cinq  an- 
tres. Il   succéda  à  son  père  dans  la  nées.  L'administration  des  biens  de 
charge  de  secrétaire  d'état,  et  fut  em-  sa  femme  dont  il  était  l'héritier,  l'ubli- 
ployé  par  le  duc  François    II   dans  gea  de  se  fixer  à  Alexandrie;  et  il  y 
différentes  négociations.  Envoyé  avec  mourut  vers  1670,  dans  un  âge  très 
le  titre  d'ambassadeur  près  de  Char-  avancé.  Ghilini  c^ait  membre  de  l'a- 


286  GHI  GHI 

cadcraie  des  Incogniti  de  Venise.  On  que,  sur  les  camées  et  autres  pierres 
connaît  de  lui  :  1.  Teatro  d'uomini  précieuses,  lui promellanl  de  le  pren- 
letterati ,  Milan,  in  -  8''.,  sans  date  j  dre  à  son  service.  Ghinghi  apprit  cet 
Venise,  1647,  in- 4"« ,  édition  aug-  ^^^  ^^  P^"  d'années.  L'ouvrage  qui 
mentée.  C'est  le  plus  connu  de  tous  les  commença  sa  réputation  ,  fut  le  por- 
ouvrages  de  Ghilini,  et  celui  qui  a  trait  du  grand-dur  Cosrae  1 II  (surnom- 
fait  sa   réputation  :  il  est  cependant  mé  père  delà  patrie),  qu'il  grava  sur 
très  médiocre,  et ,  à  l'exception  d'un  une  calcédoine  <le  deux  couleurs.  Il  le 
petit  nombre  d'articles  vraiment  eu-  présenta  à  Ferdinand;  et  ce  prince, 
rieux ,  les  autres  ne  contiennent  que  prolecteur  des  arts  ainsi  que  tous  ses 
des  éloges  assez  fades;  il  n'indique  ni  ancêtres  ,  le  récompensa  noblement  et 
le  format,  ni  les  éditions  des  ouvra-  le  retint  à  son  service.  Les  camées  de 
gcs  ,  et   il  n'en  rapporte  même   les  Ghinghi  les  plus  estimés  sont  :  le  Na- 
tures que  très  inexactement.  La  3^.  et  vonarola  ^  un  Adrien,  un   Trajaii, 
Ja  4''«  partie ,  encore  inédites,  étaient  et  le  supplément  qu'il  exécuta  sur  des 
«onsexvés  en  manuscrit  dans  la  biblio-  saphirs  orientaux  ,  pour  la  collection 
thcque  de  Jacques  Morelli  à  Venise  ;  d'empereurs  romains  que  possédait 
ÎVïazruchelli  en  a  fait  usage.  II.  Annali  l'électrice  Anne-Louise  de  Médicis.  Il 
di  Alessandria  e  del  territorio  cir-  fit  aussi  pour  celle  princesse  le  por- 
convicino  ,  dalV  origine  sua  sin  alV  trait  de  l'électeur  son  époux ,  celui  de 
1659  ,  Milan,  1G66,  in-fol.;  peu  es-  Cosme  ïll,  et  ceux  des  deux  frères  de 
méc.  111.  Des  Sonnets  sous  ce  titre  :  l'électrice  Ferdinand  et  Gaston;  tous 
La  perla  occidentale  ;  et  un  recueil  gravés  sur   des  émeraudes.  Mais  ce 
d'odes  intitulé  :  Tanaro  {i)glorioso.  qui  contribuai  le  plus  à  sa  gloire,  ce 
IV.  Un  recueil  en  latin  de  plusieurs  fut  une  Vénus  de  Médicis  qu'il  avait 
cas  de  conscience;  avec  leur  solu-  faite  pour  le  cardinal  Gualtieri ,  etqui 
iion.  V.  Tempio  di  litterati  e  letle-  après  sa  mort  passa  au  muséum  royal 
rate  per  santità  illustri ,  manuscrit,  d\\uguste  lll,   roi  de  Pologne:  elle 
conservé  dans  la  bibliothèque  de  Jo-  est  gravée  sur  une  améthyste  pleine 
scpli  lîolla  à  Alexandrie.     W — s.  de  ramifications,  du  poids  de  dix-huit 

GHINGHI  (  François),  célèbre  livres.  Tous  les  connaisseurs  regar- 
graveur  en  pierres  fines,  vit  le  jour  à  daient  comme  impossible  de  travail- 
Florence  en  1 089.  Il  apprit  le  dessin  1er  une  masse  si  énorme  et  si  dé- 
dans la  fameuse  galerie  de  cette  ville,  fcctueuse  :  cependant  Ghinghi  entre- 
sous François  Giamiuiughi ,  et  l'art  de  prit  ce  travail,  et  le  finit  en  moins 
modeler  sous  Foggifti ,  sculpteur  re-  de  dix-huit  mois.  Cosme  lll,  ayant  vu 
nommé.  Ses  premiers  essais  furent  cet  ouvrage,  avoua  que  dans  sa  galc- 
qnehpies  médailles  en  bronze;  ils  lui  rie,  où  il  existe  tant  de  chefs-d'œuvre 
méritèrent  l'approbation  de  ses  mai-  de  toute  espèce ,  il  n'y  avait  rien  qui 
1res,  et  la  protection  du  marquis  In-  l>ût  lui  être  comparé.  11  combla  d'élo- 
contri,  surintendant  de  la  galerie.  Ce  g<s  Ghinghi,  et  lui  fit  un  magnifique 
seigneur  le  reçut  chez  lui ,  lui  assigna  piésenl.Cct  artiste  resta  à  la  cour  de 
une  pension  ,  et  le  présenta  à  Ferdi-  Toscane  jusqu'/i  la  mort  du  grand-duc 
nand  de  Médicis  ,  qui  l'engagea  à  Jean-(Kasfon ,  arrivée  en  17^7.  Il  eut 
étudier  la  gravure  dans  le  goût  anti-  aloi s  l'ofcasion  de  f .iie  plusieurs  ou- 
_^_     vrages  pour  le  duc  de  Mortrniar  lors- 

10  Ce.»  i«  nom  Uu  u.uve  40»  •*'««  AieiauJue.     quc  cc  général  occupa  U  ïoscanc.  I 


GHI 

pril  Gliingl)!  iMi  amilic,  le  conduisit 
àN.iplcs,  et  le  pnscnti  ensuite  à  (ion 
Carlos,  roi  des  Dcux-Siciles,  qui  l'at- 
tacha à  sa  cour,  et  le  nomma  direc- 
teur d'un  laboratoire  en  pierres  dures 
«m'il  établit  à  sa  sollicitation.  Ghinghi 
lit  le  portrait  du  roi  sur  un  caïuc'c  , 
vt  grava  sur  une  calcédoine  orientale 
les  armes  de  ce  prince  et  celles  de  la 
reine  son  épouse.  Le  laboratoire  de 
(iliinghi  existait  encore  en  1802,  à 
Naples,  dans  la  rue  appelée  du  Géant. 
Joseph  ,  père  de  ce  graveur,  Vin- 
cent et  André  SCS  frères,  furent  de  très 
bons  artistes  dans  le  même  genre  ,  et 
sont  honorablement  mentionnes  dans 
les  Mémorie  de  gV  intagliatori  in 
pielre  dure,  etc.,  Livourne,  1753, 
un  vol.  in-S".  Mais  François  les  sur- 
passa tous.  Il  était  si  pene'trc'  de  l'an- 
tique, et  l'imitait  avec  une  telle  per- 
fection, quel'ou  confondait  souvent  ses 
ouvrages  avec  les  chefs-d'œuvre  les 
plus  recherchés  qui  nous  sont  reste's 
des  Grecs  et  des  Romains.  11  sortit  de 
son  école  des  hommes  distingués  qui 
se  répandirent  dans  tonte  l'Europe. 
Ou  voit  une  grande  partie  des  ouvra- 
ges des  Ghinghi,  et  particulièrement 
de  François ,  dans  la  galerie  royale  de 
Florence.  Ce  dernier  s'occupa  de  son 
art  jusque  dans  uu  âge  avancé,  et 
mourut  à  Naples  le  29  décembre 
ï']Gô.{Foy.  \es> Disserta zioni  Glit- 
tograff.  de  Vittori,  pag.  g5.  B — s. 

GHINI  (Luc),  médecin  et  bota- 
niste italien,  né  en  i5oo  à  Croara, 
près  d'imola,  et  mort  le  4  niai  i556, 
lut  le  premier  botaniste  que  le  pro- 
toraédicat  de  Bologne  choisit  pour 
occuper  la  chaire  des  simples ,  ins- 
tituée en  1554,  et  qu'il  remplit  pen- 
dant neuf  années.  Appelé  à  Pise  ,  en 
i5^j4îil  y  fonda  le  jardin  botanique 
dont  il  fut  nommé  directeur.  11  passait 
le  temps  des  vacances  à  Bologne,  où 
il  eut  occasion  de  eonuaîtrc  Ulysse  Al- 


G  H  I  287 

drovandi,  si  célèbre  dcpuiF,  {Foj\  A^- 
DftovANDi) ,  qui  ,  en  conversant  avec 
ce  savant  botaniste,  sentit  augmenter 
sa  passion  pour  rélude  des  sciences 
naturelles.  Afin  de  s'y  |xrfeclionuer  , 
ce  seigneur  passa  à  Pise,  et  suivit  un 
cours  entier  des  leçons  de  Ghini  , 
qu'il  écrivit  de  sa  main,  et  dont  on 
conserve  le  manuscrit  à  la  Specola 
(ou  muséum)  de  Bologne.  Ghiuiétait 
aussi  bon  médecin  que  savant  bota- 
niste; mais  sa  prédilection  pour  les 
sciences  naturelles  l'empêchait  d'exer- 
cer la  médecine.  Il  a  laissé  un  traité 
fort  estimé  :  Morbi  neapoUtani  cu~ 
randi  ratio  perhrevis  ^  S^wq  ,  iSBc), 
in-8'\  Cet  ouvrage  a  eu  plusieurs  édi- 
tions. Ghini  avait  conçu  le  dessein  de 
publier  la  description  de  dilTérenles 
plantes  qu'il  avait  soigneusement  exa- 
minées ,  observées  et  dessinées  :  celte 
compilation  formait  déjà  plusieurs  vo- 
lumes,lorsqueMathiole  fit  paraître  son 
Dioscoridesj  Ghini  se  désista  alors 
de  son  projet;  mais  il  eut  la  généro- 
sité d'envoyer  à  Mathiolc  différentes 
plantes  que  cet  auteur  ne  pouvait  pas 
connaître,  en  l'invitant  à  s'en  servir 
dans  une  nouvelle  édition.  Matliiole 
témoigna  sa  reconnaissance  pour  un 
si  noble  procédé,  dans  une  lettre  qu'il 
écrivit  à  Aldrovandi.  Foj",  Fantuzzi 
dans  sa  vie  d'Aidrovandi,  et  le  doc- 
teur Jean  Calvi  dans  son  Commenta^ 
rium  historicum  pisani  viretiy  etc., 
Pise,  1777.  ^ — ^* 

GHIRARDACCI  (Chérubin)  , 
religieux  augustin ,  né  à  Bologne  en 
i524^  partagea  sa  vie  entre  l'étude  et 
les  devoirs  de  son  état,  et  mourut 
dans  sa  patrie,  en  iSgS,  à  soixante- 
quatorze  ans.  On  a  de  lui  :  I.  Niiovo 
e  spirituale  nascimento  delV  uomo 
crisiiano  ^  Venise,  1572,  in-8".  IL 
Teairo  /norale  dei  moderni  ingegm\ 
dove  si  scorgono  belle  e  grai^i  sen- 
tenzCj  ibid.,  i575,  in- 12.  III.  Jnst 


?B;5 


G  îl  I 


iîtuzione  cnsliana,  Manloue,  i5']8, 
in- 1  2.1V.  Le  storie  di  Bolognadaîla 
suafundazione  sin  ail  anno  i-\"i^y 
Bologne,  iSgf),  infol.  Le  P.  Solima- 
iii,  son  confrère^  publia  le  second 
volunuî  en  i65^;  et  il  en  reste  un 
troisième  encore  inédit,  dont  on  con- 
serve des  copies  dans  quelques  biblio- 
thèques d'Italie.  On  ne  doit  pas  ,  dit 
Tiïabosclù,  chercher  dans  cet  ou- 
vrap,c  rélè^aiice  du  style,  ni  s'attendre 
à  y  trouver  cette  critique  et  cette  exac- 
titude qui  sont  les  premières  qualite's 
de  l'historien  :  mais  Ghirardacci  n'en 
incTite  pas  moins  des  éloges  ponr  la 
patience  infatigable  avec  laquelle  il  a 
compul>é  les  archives  publiques  et 
pailiculières  dont  il  a  tiré  un  grand 
nombre  de  pièces  intéressantes  ;  et 
sM  a\ait  réuni  à  l'ardeur  pour  les 
recherches  le  talent  de  bien  employer 
les  m  ifériaux  qu'il  s'était  procurés  , 
peu  d'histoires  ponrraieiU  être  com- 
parées à  la  sienne.  W— -s. 

GHIIURDELLI  (Cornelio),  rc- 
ligieu\  francisc.iin,  né  à  lîologr.e,  vers 
la  fin  du  xvi'.  siècle,  employa  ses 
loisirs  à  l'étude  de  l'astrologie,  de  la 
raétoposco|)ie,ef  d'autres  sciences  éga- 
lement vaines.  On  connaît  de  lui  :  f . 
Discorsi  astrolugici  delV  anno  1617 
per  anni  20  in  circa ,  ai  quali  sono 
annessi  varj  discorsi  eruditi  di  ma- 
icrie  diverse.  Il  (  n  fut  fait  plusieurs 
édilioiis.  II.  Considéra zioni  soprà 
L'ecclisse  del  sole  succedutci  net 
di  xx  ma^'^io,  \('yM  ,  Bologne,  in- 
4".  ni.  Osservazioni  astrologiche 
inlorno  aile  mulazioni  dei  tenipi , 
ihid.,  »(3>.'2,  in-/i  .  W.  Discorso  ^iii- 
iiiziario  délie  mulazioni  dei  Icnifd 
sopra  l'anno  i(i'i5,  ibid. ,  in-4'.  V. 
J/anno  hisrslile  ^  ibid.,  iO-ï/j,  in-4'. 
\  I.  Cefalo^iajisonomicrt,  con  ccnlo 
teste  intaf;liale ,  sotlo  opuima  délie 
tjnali  runsonnettoeundislico,  ibid. , 
iGjo,  in  4''->  léimprimée  sous  le  titre 


CHI 

de  C ompendio délia  Cefalogiuy  ibid., 
1675,  in-8'*.  La  première  édition  doit 
être  fort  rare  ,  puisqu'elle  a  été  incon- 
nue à  Cinelli  et  à  d'autres  bibliogra- 
phes italiens.  Le  P.  Ghirardelli  était 
membre  de  l'académie  respertinc  , 
ainsi  nommée  parce  qu'elle  tenait  ses 
séances  le  soir. — Ghirardelli  (Jean- 
Baptiste-Philippe),  poète  dramatique, 
originaire  de  Castel-Fidardo  dans  la 
Marche  d'\ncone,  naquit  à  Rome  en 
1625.  Il  cultiva  la  littérature  avec 
beaucoup  d'.irdeur,  et  mourut  d'un 
excès  de  tiavail  le  26  octobre  i655, 
à  i'âge  de  trente  ans.*  On  ne  connaît 
de  Inique  deux  tragédies:!.  Oltoney 
représenté  en  i652  au  palais  du  prin- 
ce Pjufili.  Allacci  en  possédait  *une 
copie  manuscrite.  IL  II  Costantino , 
Rome,  i65j — 1660,  in- 12.  C'est  la 
première  tragédie  italienne  écrite  en 
prose.  Ghirardelli  se  vantait  de  n'avoir 
rais  qu'un  mois  à  la  composer;  elle 
fut  critiquée  sévèrement  par  Augustin 
Favo;iti ,  caché  sous  le  nom  d'Ippo- 
lito  Schirihandoh.  L'.mteur  entre- 
prit de  se  justifier  des  fautes  qu'on  lui 
reprochait;  mais  il  s'échauffa  tellement 
en  travaillant  à  sa  défense,  qu'il  fut 
sai  i  d'une  fièvre  qui  l'emporta  au 
bout  de  quelques  jours.        VV — s. 

GHIRLANDAIO.  For.  Curadi. 

GHISl  (Jean -Baptiste  Berta- 
NO  ou  BRiTANo),dit  le  Mantuan^ 
peintre,  sciilpluir,  architecte  ,  et  gra- 
veur au  burin,  naquit  à  Manloue, 
vers  i5oo,  et  travailla  dans  plusieuis 
villes  d'Italie.  Jean-Biplisle  estle  chef 
de  la  famille  de  Ghisi ,  si  féconde  eu 
habiles  artistes,  qui  tous  ont  pris  le 
suriudn  de  Mantuan.  Vasaii  nous 
apprend  que  Ghi>i  fut  disciple  de  Ju- 
les-Hi-imin.  On  ne  saur.iil  dire  avec 
certitude  de  (pli  il  apjirit  à  graver  au 
buiiii;  mais  la  manière  de  Marc  An- 
toine ((u'on  croit  retrouver  dans  quel- 
que.-unes  de  SCS  ccmpoiilious  faitprg* 


0 II  l  O  II  I                 'iSo 

smmrrqnr  ccî^rnnd ailisfcavaitt^tc' «ton  trop  de  saillip.  Il  rcisiilfcdo  cite  liop 

maître,  (ililsi  ciitiMiilnit  1res  bien  r.nt  p;r,iii(lc  fidolilc    une   reparlilioii   mal 

lie  Ir.iilcr  lc>  dill'ei  entes    parties  du  ciiteiidiic  d'ombres  et  di;  lirnièi  es  ,  et 

corpAlnunaiii;  son  dessin  est  prfS(pic  nu  défaut  d'hirrnonie  qui  nuit  à  l'effet 

ImiuMirseorrcel:  mais  son  biiiin  man-  delà  compositinri.  Cette  discordance 

inie  de  doueeor,  ses  taiilessonl  ç;e-  dans  leslonscsl  surtout  sensible  dans 

tie'ralcmentdurc^  et  son  style  manière;  l'estampe,  si   estimée   pour  d'autres 

il  pisse  troj)  bru^qurm<nt  du  jour  à  p.ulies  de  l'art, où  George  a  rejiroduit 

l'onjbre,  et  semble  dédaigner  les  de-  la  terrible  création  du  Jugement  der- 

ini- teintes  inlermcliaircs,  sans  les-  «j>r.  La  plupart  des  estampes  de  cet 

quelles  il  n'est  point  d'iiarmonie.  Aussi  liabile  graveur  sont  marquées  aijisi  : 

reprocjje-t-on  aux  gravures  de  Ghisi ,  George  Ghisi  de  Mantoue  fecit;  ou 

si  recommandables  dans  d'autres  par-  elles  portent  son  ehiffre  qui  est  un  G 

ties  de  l'art,  de  manquer  d'clFct.  Ce  et  un  iM  dont  le  dernier  jambi^^e  figu- 

inaître  marquait   le  plus  souvent  ses  re  un  V.  Michel  -  Auge  ,  Raphaël  et 

pièces  des  lettres  initiales  de  son  nom.  Jules-Rura..in  sont  les  maîtres  d'après 

Les  plus  remarquables  de  ses  gravn-  lesquels  Ghisi  a  le  plus  souvent  gra- 

res  so!it  :  L  Un   Dieu  fleu^^e,  d'à-  vé  ;  les    plus  beaux  ouvrages  de  ces 

piès  Lucas  Penni.  IL /^at'iV/ roif^rt/it  grands   peintres    ont  été'    reproduits 

late'le  de  Goliath,  d'après  Jules-Ro-  par  son  burin.  D'après  Michel-Ange, 

rnain.  IIL  Un  jeune  o^uerrier  enle-  owlvt  \g  Jugement  dertder  àowl  wows 

ifant  une  jeune  fdle.  IV.  L'Emhra-  avons  déjà  parle  :  L  Les  Prophètes  et 

sèment  de   Twie,  [)ièce  capitale,  et  les  Sibylles  de  la  chapelle  sixtine. 

qui  mérite  toute  Testirne  des  amateurs.  IL  Le  Son^e  de  Bapha'el ,  nomme 

Ghisi  a  souvent  gravé  d'apjès  ses  pro-  aussi /«  Melancolie.D'di\)rks  Raphaël  : 

près  compositions.                A — s.  \.  Le  portrait  du  pape  Jules  II.  II. 

GHISI  (George),  dit  le  iI/<i«fMrt/i,  La  Sainte   Famille.  IIL   L'Ecole 

fils  du  précédent,   peintre,  destina-  d!'^£^è«e5.  D'après  Jules-Romain  :  I. 

tcur,  et  graveur  au  burin,  naquit  à  1/ Amour  et  Psyché ,  couronnés  par 

Mantoue  en  i5'24)  ^^  travailla  à  Ro-  V Hymen.  W.  La  naissance  de  Me ttL' 

me  jusque  vers  la  fin  du  xvi.  siècle,  non.  111.  Ce'phale  et  Procris.  lY.  Ré- 

Il  apprit  les  principes  de  son  art  dans  gulus   conduit  au  supplice  parles 

la  maison  paternelle  ;  mais  son  burin.  Carthaginois.  V.  Réguhis  enfermé 

plus  harmonieux  que  celui  de  son  pè-  dans  un  tonneau  dont  l'intérieur  est 

re,donna  àscs  estimnesun  effet  beau-  hérissé  de  pointes  de  fer.  D'après 

coup  plus  agréable.  II   apportait  une  Lucas  Fenni  :  L  La  Calomnie  traî- 

Attenlion  particulière  à  bien  rendre  nant  V Innocence  au  tribunal  de  la 

les  extrémités  de  la  figure  humaine;  Sottise.  IL  Endyrnion   allant  à   la 

les  attachements  des  membres  sont  chasse  ,  emportant  Diane  sur  son 

exprimés  avec  précision  ;  il  excellait  dos.  D'après  Perin  dcl  Vaga  ,    F^é- 

à  dessiner  d'une  manière  agréable  les  mis   dans  les  forges  de   P^ulcain  : 

genoux  de  ses  figures.  Il  a  beaucoup  d'après  Angelo  Rronzino  ,  une  Ado- 

travaillé  d'après  Michel-Ange  :  fidèle  ration  des  Rergers  :  d'après  Lambert 

imitateur  de  la  manière  de  ce  maître  ,  Lombud ,  Jésus- Chri'it  célébrant  la 

il  a  conservé  à  ses  figures  leurs  eon-  Cène  a\>ec  ses  apôtres  .iVai\)v'ts^aiVih, 

tours  durs  et  souvent  exa<;érés.  et  :iux  Sprangcr ,  la  Naissance  de  la  Vier- 

muscles  ce  renflement  qui  leur  donne  ge^  et  enfin  d'après  les  composilious 

xvn.  19 


290  <"'  H I 

de  son  père  un  [^rand  nombre  de  gra- 
vures également  recherchées.  La  [)!us 
remarquable  de  ces  dernières  repré- 
sente un  Cimetière  rempli  de  sque- 
lettes ,  d'ossements  et  de  morts  qui 
ressuscitent,  George  Ghisi  avait  deux 
frères  et  une  sœur,  Théodore,  Adam 
et  Diana  :  le  premier  fut  un  pc^intre 
babile;  George  a  gravé  plusieurs  de 
ses  tableaux.  Le  second,  né  à  Man- 
toue  vers  i55o,  a  gravé  d'après  plu- 
sieurs grands  maîtres  italiens.  S^s  es- 
tampes Icsplus  estimées  sont  :  d'après 
Martiuclli ,  la  Présentation  au  tem- 
^Ze,- d'après  Michel-Ange,  une  Fierté 
de  pitié i  d'après  Jules  -  Romain ,  la 
ISativité  de  Notre-Seigneur  ; — Fé- 
nus ,  nue,  se  baignant  les  cheveux; 
—-  Endymion  regardant  la  lune  ; 
—  Hercule  assis  à  côté  d'Éole  ;  -— 
Hercule  sur  le  chemin  fourchu  ,  dé- 
libérant entre  la  Fertu  et  la  Folup- 
té ,  etc.,  etc.  — Diana  Ghisi  ,  ou 
Diana  Mantuana,  née  à  Mantoue, 
vers  i556,  apprit  le  dessin  et  la  gra- 
vure, de  son  frère  George,  dont  elle 
^aisit  très  bien  la  maHière;  nous  avons 
plusieurs  excellentes  estampes  de  cette 
femme  artiste  :  les  plus  jecherchées 
sont,  d'après  Raphaël ,  la  Fierge  as- 
sise sous  un  pavdlon  ;  —  la  Sainte 
jFamille;  — St.-Pierre  institué  chef 
de  V Eglise  ,  accompagné  des  dix 
Apôtres  :d*après  Jules-  Romain,  la 
Femme  adultère ,  au  portique  du 
temple  } — Horatius  Codés  passant 
le  Tibre  à  la  nage  ;  —  la  Conti- 
nence de  Scipion  ;  —  la  Naissance 
de  Castor  et  de  Pollux;  et  enfin  une 
grande  Bacchanale  des  Dieux  y  avec 
celle  inscription  :  ce  festin  des  Dieux  y 
bains  de  Mars  et  de  f'énus  :  fait 
de  stuc  sous  la  conduite  et  sur  les 
dessins  de  Jules^Iiomainy  att  palais 
du  T,  à  Mantouc;  celle  c^tampc 
capitale  est  vu  trois  planches.  A-s. 
GHlSLLRLA'oj.  ht  Y. 


GHI 

GHISTÈLE  (Corneille  Van)  , 
d'Anvers  ,  cultiva  la  poésie  hollan- 
daise naissante,  et  a  mérité  d'être 
inscrit  dans  les  Annales  de  cette  poé- 
sie, par  M.  de  Vries,  tom.  i,  p.  58. 
Il  était,  vers  le  milieu  du  xvi^.  siècle, 
facteur  d'une  de  ces  chambres  de  rhe- 
toriciens  flamandes  ou  hollandaises  , 
dont  M.  Guillaume  Kops  a  esquissé 
l'intéressante  histoire,  dans  le  deuxiè- 
me vol.  des  Mémoires  de  la  Société 
philologique  de  Ley de ,  pag.  'jiS- 
35 1.  Familier  avec  les  poètes  de  l'an- 
cienne Rome,  Van  Ghistèlc  a  traduit, 
en  vers,  des  morceaux  détachés  de 
Virgile,  d'Ovide,  d'Horace  et  de  Té- 
rence.  On  a  encore  de  lui  un  poème 
en  deux  chants,  sur  le  Sacrifice  d'I" 
phigénie ,  Anvers  ,  i554. 

M ON. 

GHISTÈLE  (  JossE  Van),  et  non 
Joseph,  erreur  commise  par  M.  Bou- 
cher de  la  Richarderie ,  dans  sa  Bi- 
bliothèque universelle  des  Foyages 
(tom.  IV,  pag.  4o5))  naquit  à  Gand  , 
d'une  famille  ancienne  et  illustre,  avant 
le  milieu  du  xv'^.  siècle  jet,  après  avoir 
servi  le  duc  Charles  -  le  -  Hardi ,  qui 
le  créa  chevalier  en  i464  ,  il  rerapht 
les  premières  p'aces  de  magistrature 
dans  sa  ville  natale.  Il  en  fut  nommé 
grand  bailli  en  i49'^'  H  possédait 
plusieurs  seigneuries,  et  fut  successi- 
vement conseiller  et  chambellan  de 
Maxirailien,  roi  des  Romains,  et  de 
Philippe,  son  fils.  On  ignore  la  date 
précise  de  sa  mort.  Sa  piété  lui  fit  en- 
treprendre ,  en  1 4Bo  ,  un  Voyage  à 
la  Terre  sainte ,  dont  il  a  donné  la 
Description  y  en  flamand  ;  clic  a  été 
imprimée  à  Gand,  i  S-ya ,  petit  in-fol. 
gothi(jue,  de  5iS5  p.,  non  compris  la 
dédicace  ,  la  préface  et  les  tables.  La 
sincérité  cl  la  crédulité  semblent  ca- 
ractériser cet  itinéraire,  qualifié  dans  le 
temps  de  Foyai^e  excellent  y  grand, 
singulier  et   aUangcr,  L'auteur  i« 


GIA 

dicta  .1  son  clia])elaiii,  son  comp.ic;non 
de  Kuitc  vl   sou    filifciir,  Aiiibiuisc 
Zctlntut  (cl  l'oii  Zcrlu'nt,  autre  ci- 
reur (le  ,M.  la  Kicliaidciic).    IM — on. 
(ilAO  (PiKiu.ii  i)i:  ) ,    ministre   de 
Cliarl<s  VII,  liujrinic aiiibif icijx autant 
(|iic  nu'diocrc  ,  et  <ioiit  aurune  vertu 
n'a  racheté  les  vices ,  descendait  d'une 
Jamille  d'\uver;;nc,  qni  a  donné  \\n 
chancciier  à  la  Franco.  Pierre  fil  pc'rir 
de  poison  Jeanne  de  Naillac,  sa  pre- 
mière femme,  «t  e'pousa, quelques  inoiî» 
après,  ("atherine  de  Li>le-Bi'Ucliard, 
veuve  du  comte  de  Tonneire,  la  plus 
belle,  la  plus  spirituelle,  mais  aussi 
)a   pliis   danj^ereuse   femme    de    son 
temps.    Comme  l'ambition   avait  eu 
plus  de  part  que  l'amour  à  ce  ma- 
riage, Giac  vit  sans  jalousie  les  a  si- 
duilès  du   président  Lonvet  près  de 
sa  nouvelle  épouse  j  et  le  prix  de  sa 
complaisance   fut   son  élévation  aux 
premières  dignités  du  royaume.  Lou- 
vet,  obli<;é  de  quitter  le   ministère, 
désii^na  le  seigneur  de  Giac  pour  le 
remplacer,  et  le  recommanda  forte- 
ment au  jeune  roi  Charles  VÏI,  qui  lui 
confia  la   direction   de  ses  finances. 
Cependant  le  connétable    de  Pùche- 
moiit,  ennemi  de  Louvet,  et  qui  avait 
exigé  son  éloignement,  venait  de  créer 
une  armée  comme  par  miracle  ;  et , 
après  avoir  remporté  quelques  avan- 
tages sur  les  Anglais ,  il  avait  résolu 
de  leur  enlever  les  places  fortes  de  la 
Normandie.  Giac,  qui  ne  se  condui- 
sait que  par  les  conseils  de  Louvet, 
laissa  manquer  de  vivres  Tarmée  du 
connétable,  et  s'appropria  les  sommes 
levées   pour  l'entretien  des   troupes. 
La  désertion    se   mit  parmi  les  sol- 
dats; et  le  duc  de  Richemont,  battu 
devant    St.  -Jean  -  de  -  Beuvron ,   fut 
obligé  d'en  lever  le  siège.  Irrité  de 
cet  échec,  le  connétable  arrive  à  Chi- 
non,  où  était  la  cour,  et,  profitant 
de  l'absence  du  roi ,  fait  enfoncer  les 


GIA  291 

portes  de  la  maison  de  Giac,  et  l'en- 
lève des  bras  de  sa  femme,  qui,  dit- 
on,  était  entrée  d.ins  le  projet  forme 
contre  un  époux  dès  long-temps  l'objet 
de  son  aversion.  Giac,  conduit  à  Dun- 
le-Uoi,  comparut  devant  les  juges  que 
lui  donna  le  connétable,  et  fut  appliqué 
à  la  question.  Les  tortures  tirèrent 
de  sa  bou;:he  les  aveux  les  plus  éton- 
nants. Il  confessa  avoir  donné  une 
de  ses  mains  au  diable  ,  afin  de  par- 
çenir  à  ses  intentions  y  et  lorsqu'il 
eut  vainement  tenté  de  racheter  sa 
vie  à  prix  d'argent,  il  demanda  ea 
grâce  qu'on  lui  coupât  C'tte  main  , 
dans  la  crainte  que  le  diable,  en  la 
réclamant,  ne  s'emparât  de  toute  sa 
personne.  Moréri  ,  et  les  écrivains 
qui  l'ont  copié,  disent  que  Giac  fut 
jeté  dans  la  rivière  ;  mais  Hc'nault, 
dont  Topinion  est  plus  vraisemblable, 
assure  qu'd  eut  la  tête  tranchée  en 
\/i'i6.  En  convenant  qu'il  avait  mé- 
rité son  sort,  on  ne  peut  s'empêcher 
de  reraarqu  r  que  le  jugement  qui  le 
condamna  fut  irrégulier,  et  n'a  pour 
excuse  que  le  malheur  des  cit cons- 
tances :  son  (ils  essaya  inutilement 
de  le  faire  réformer.  Sa  femme  épou- 
sa ,  en  troisièmes  noces ,  le  seigneui' 
de  la  Tréinoille.  W — s. 

GIaCCETO.  royez  Cattaisi. 

GlACOBAZIO,  en  latin  Jacoha- 
tins  y  est  un  nom  commun  à  deux  car- 
dmauxde  la  même  famille. Dominique 
Gi  icobazio ,  Ro  !i  lin  ,  oncle  de  Chris- 
tophe, était  né  vers  1 44 5,  et  fut,  dès 
sa  première  jeunesse ,  destiné  au  ser- 
vice du  St.-Siige.  Il  fit  les  études 
convenables  pour  exercer  les  emplois 
de  cette  cour ,  étudia  la  jurisprudence, 
le  droit  canon,  l'histoire  ecclésias- 
tique et  les  bullaires.  Devenu  auditmr 
de  rote,  il  se  distingua  dans  cette  fonc- 
tion par  son  savoir,  son  intégrité  et 
son  désintéressement.  Le  temps  que 
lui  laissaient  les  devoirs  de  sa  place  , 

19.. 


1(^1  G I  A 

il  l'employait  à  la  culture  des  lettres,  à 
(les  conversations  avec  les  savants  , 
ou  à  la  compo-ilion  d'ouvrages  uti- 
les. Il  servit  l'Église  sous  les  pon- 
tificats de  six  papes,  Sixte  IV  ,  lu- 
nocent  Vlil,  Alexandre  VI,  Pie  III , 
Jules  11  et  Léon  X,  et  fut  successi- 
veracnt  évêquc  de  Lucera  ,  de  Massa- 
no  et  de  Grossctto.  Enfin,  Léon  X, 
le  premier  juillet  1 5i 7  ,  récompensa 
ses  longs  services,  en  le  créant  cardi- 
nal du  tifre  de  S.  Barlhelemi  de-l'Ilc. 
A  la  mort  d'Adrien  V,  successeur  de 
Léon,  les  cardinaux  Colonne  et  Me'- 
dicis,  rivalisant  entre  eux  pour  la  pa- 
pauté', et,  cherchant  mutuellement  à 
s'e'carler,  Colonne  proposa  pour  pape 
le  cardinal  Giacobazio  ,  comme  un 
homme  digne  d'occuper  ce  poste  e'mi- 
iient;  mais  le  cardinal  de  Clermont, 
chef  de  la  ligue  de  France,  le  fit  ex- 
clure, parce  qu'il  e'tait  une  créature 
de  la  maison  Colonne,  et  attaché  au 
parti  de  Charles  -Quint.  Médicis  fut 
clu,  etpritle  nomdeClémentVlI. C'est 
sous  ce  pape,  le  2  juillet  i^'i^,  que 
mourut  Dominique  Giacobazio;  il  fut 
enterré  dans  l'église  de  St.-Eu^tache. 
Victurelli  a  fait  son  éloge.  On  a  de 
lui  un  TTaiiè  des  conciles ,  qui  a  eu 
plusieurs  éditions:  il  foiino  le  der- 
nier volume  de  la  collection  des  con- 
ciles du  père  Labbc.  —  Christophe 
GiACODAZio,  neveu  du  précédent  et 
.'iussi  cardinal ,  avait  été  élevé  sous 
les  yeux  de  son  oncle.  Après  avoir 
achevé  ses  études,  dans  lesquelles  il 
s'appliqua  ,  et  réussit  p.irfaitement , 
dit  Aubery  ,  a  coucher  ou  écrire  en 
htn^ue  latine  ,  il  devint  chanoine 
de  Saint  -  Pierre  -  du  -  Vatican  ,  et 
ensuite  évequc  de  Massano,  par  la 
I  ('signalion  de  son  oncle  ,  dont  la  ré- 
putation et  le  mérite  furent  pour  lui 
lin  moyen  d'avancement.  Paul  III  le 
(il  son  secrétiire,  et  auditeur  du  sai  ré 
palais.  Attaché, coixiiuc  l'avait  él(*  Dg- 


GIA 

niiniqiie  ,  son  oncle  ,  au  parti  de 
Charles  -  Quint ,  il  cultiva  les  bonnes 
grâces  de  ce  prince,  à  la  recomman- 
dation duquel  le  mêinc  pape  le  créa, 
en  1 556 ,  cardinal  du  titre  de  S.  Anas- 
tase.  Presque  immédiatement  après  sa 
promotion  ,la  guerre  continuant  entre 
François  I»""  et  l'empereur,  Christophe 
Giacobazio  fut  envoyé  en  légation  à  la 
cour  de  ce  prince  ,  et  vint  rendre 
compte  de  sa  commission  dans  uncon  - 
sistoirequiselint  à  Plaisance, ledernier 
avril  iSS-j.  Deux  ans  après,  le  pipe 
le  nomma  à  la  légation  de  Pérouse  et 
d'Ombrie.  Il  mourut  à  Pérouse  dans 
le  cojrs  de  cette  mission ,  le  7  octo- 
bre 1 540. Son  corps  fut  rapporté  à  Ro- 
me ,  et  inhumé  à  côté  de  celui  de  son 
oncle.  L — y. 

GIACOBBI  (Jérôme),  maître  de 
musique  italien ,  naquit  à  Bologne 
en  iS-yS,  fut  un  des  premiers  classi- 
ques de  l'école  bolonaise,  et,  par  son 
talent  dans  cet  art  ,  prépara  ,  pour 
ainsi  dire,  le  siècle  de  Jomelli,  Bu- 
ranello  et  Pergulesi.  11  corrigea  la 
monotonie  des  accompagnements  qui , 
alors,  ne  faisaient  que  suivre  et  exé- 
cuter les  mêmes  notes  que  la  voix;  et 
il  créa,  pour  ainsi  dire,  la  musique 
instrumentale,  en  lui  donnant  un  ca- 
ractère tout  particulier,  sans  cepen- 
dant nuire  à  la  mélodie  du  chant.  Il 
excella  dans  les  compositions  d'église  ; 
et  l'on  conserve  plusieiu-s  de  ses  Mes- 
ses dans  les  archives  de  musique  du 
couvent  de  St.-Franç<»i<  ,  à  Bologne. 
C'est  le  célèbre  père  Martmi  qui  eu 
fit  Tacquisilion ,  en  formant  ces  ar- 
chives. Gi.icobbi  a  écrit  aussi  plusieurs 
opéras,  des  premiers  qu'on  ait  joués 
en  Italie  et  en  Europe.  Il  avait  asso- 
cié à  ses  travaux  Campeggi,  le  meil- 
leur poète  dratualiipie  de  son  temps. 
11  mil  en  musique,  entre  autres  dra- 
tnes  ,  W'hulromède  de  cet  auteur  » 
qui  fut  joué  eu  iGio,  au  ihcâlrc  Zau' 


f 

G I  A  0 1 A                 2o5 

mmi,  cl  ({ui  eut  un  succès  prodigieux,  nces  .iu  service  de  l'empereur  Cliarics 
Daus  cet  opéra  ,  rouconnaeiiça  à  en-  VI.  De  rciour  à  Napics  ,  il  coin[)osa 
tendre   les    aritlU'S  à   Avkw  lem])s  ,  son  opéra  d' Fpaminondas  ,  qui  fut 
cV.st-à  (lire,  composées  d'un  adagio  représente,  en    i-jôi  ,  sur  le  llicâtre 
et  d'un  allegro.  Parmi  plusieurs  bons  de  Sl.-Charles  :  sa  Mérope  fut  joue'e 
morceaux  tpi'on  y  distingue,  le  plus  à  Venise,  en    1754  ,   sur    le  iheatrc 
fameux,  est   l'ariette   lo  te    sfido    o  St.-Samuel.   Il   donna   à    Turin  ,  en 
mostro  infâme.  C'est  Persec  qui ,  Te-  1  755  ,  Cesare  in  Egitlo  ,  (pu  passe 
pee  à  la  main,  la  ch.mte  en  aposlro-  ])our  le  meilleur  de  ses  opeVas  ;  son 
phmt  le  monstre,  lors(jii'il  se  disj)Ose  dernier  ouvrage  connu  est  yirsace  ^ 
a  Tattaqucr.  Quoique  la  situation  de  qui  fut  représenté  au  théâtre  royal 
cette  scène   ne  prouve   pas    assez  le  de  Turin,  en  1756:  on  a  aussi  de  lui 
bon  goût  du  poète ,  elle  n'ote  rien  au  douze  Arie  a  soprano  solo  e  cem- 
mérite  du  compositeur;  et  les  Italiens  balo.  Giacomelli  mourut  le    19  jan- 
dc  ce  temps  -  là  ne  voyaient  aucune  vier  ijlyi.  Le  style  de  ce  composi- 
invraisrujblanee  à  ce  qu'un  monstre  teur  était  brillant  et  plein  de  saillies. 
affame,  près  de  la  proie  qu'il  dévore  Son  imagination  était  très  féconde;  et 
des  yeux,  reste  tranquille  à  sa  place,  il  connaissait  surtout  l'art  des  modu- 
tandis  que  Persée  le  menace  en  clian-  lations.    Ses    parties    cantante  sont 
tant.  La    musique   de   i'ariette  était  très    mélodieuses,  ses  accompagne- 
belle;   et  ils  n'en  demandaient   pas  menls  simples,  mais  vifs;  et  contrt; 
davantage.  A   une   parfaite  connais-  le  système  de  quelques  modernes,  il 
sauce  de   son  art,  à   une  ame  émi-  n'asservissait  jamais  la  voix  à  l'orches- 
nemment  harmonique  ,  Giacobbi  joi-  ti  e  ;  et  celui-ci  n'en  effaçait  pas  les  sons 
gnait   une   oreille   très   fine.  Il  n'est  par    le    tumulte  assourdissant   d'une 
donc  pas  extraordinaire  qu'avec  ces  multitude   de  notes.  On  joue  encore 
qualités,  la  réputation  de  son  talent  quelques  -  uns  de  ses  opéras  sur  plu- 
se  soit  conservée  jusqu'à   nous.    \\  sieurs  théâtres  d'Italie.          B— s. 
mourut,  dans  sa  patrie,  le  3o  no-  GIACOMELLI  (  Micuel-Ange  ) , 
vcmbre   i65o.                       B — s.  illustre  prélat  et  littérateur  italien, 
GIACOMELLI  (Geminiano),  naquit  à  Pistoia  en  1695.  Après  avoir 
compositeur  de  musique,  né  à  Parme  étudié  dans  sa  patrie  les  langues  la- 
en    1686,  fut  élève   de  Capelli,   et,  tine  et  grecque  et  la  phi'osophie,  il 
très  jeune  encore,  sut  se   faire  dis-  passa  à  Pise;  et,  sous  la  direction  des 
tingucr  parmi  les  meilleurs  composi-  célèbres  professeurs  Valsecchi,  Gran- 
teurs  de  son  temps.  Il  n'avait  guère  di  et  Averani ,  il   devint  suecessive- 
que  (lix-htHt  ans  lorsqu'il  donna  son  ment  profond  théologien ,  habile  ma- 
Ipermnestre  ,   qui  fut  jouée  sur   le  thématicien  ,  et  très  versé  dans  la  lit- 
grand  théâtre  Farnèse ,  et  qui  lui  attira  térature  ancienne  et  motitrne.  Son  mê- 
les suffrages  des  connaisseurs.  Le  duc  rite  ne  tarda  pas  à  être  connu  ;  aussi 
de  Parme  le  nomma  niaître  de  musi-  ne  dépendait-il  que  de  lui  de  faire  un 
que  de  sa  cour,  et  Tenvoya  à  INaples  choix  paimi  plusieurs  postes  hono- 
se  perfectionner  sous  Scarlatti  ctJo-  rabies  qu'on  lui  offrait.  Son  évêque 
melli.  Après  avoir  parcouru    l'Italie,  ir.i  promtîtait  de  riches  bénéfices  ec- 
et  travaillé  pour  plusieurs   théâtres,  clésiastiqucs ,  afin  de  le  retenir  dans 
toujours  avec  un  égal  succès ,  il  alla  à  sa  patrie;  ses  maîtres  lui  proposaient 
Vienne,  où  il  demeura  plusieurs  an-  une  chaire  dans  Tuaiversilé  de  Pise  ;  et 


?94  G  I  A 

monseigneur  Fortc^uerri,  son  compa- 
triote ,  l'appelait  a  Roiiic.Giacomelli , 
cédant  aiix  insiaiiccs  de  ce  prélat,  se 
rendit,  en  1718,  dans  la  capitale 
du  inonde  chrétien ,  où  ii  reçit  un  ac- 
cueil tavorabie  du  cardinal  Fabroni , 
alors  secrétaire  de  la  Propa-^and»^  , 
sous  le  pontificat  de  Clément  XI  ;  ce 
cardinal  lui  donna  la  direction  de  sa 
vaste  bibliothèque.  Giacomelli  s'ap- 
pliqua alors  particulièrement  à  l'élude 
<i'.;  l'éloquence  ,  se  nourrissant  de  la 
lecture  des  classiques  grecs  et  latins. 
Il  publia  dans  ce  tertips  plusieurs 
écrits  relatifs  au  jansénisme,  où  il  pre- 
nait la  défense  du  cardinal  Fabroni , 
contre  les  censures  du  cardinal  de 
îîoailles ,  et  sur  son  opposition  à  l'e- 
leetiori  du  cardinal  Coscia.  Tant  que 
Fabroni  vécut,  Giacomelli  jouit  cons- 
tamment de  la  protection  de  cet  illus- 
tre prélat,  ainsi  qu'il  mérita  dans  la 
suite  celle  des  ordinaux  Colliç;ola 
et  V.ilenti.  Les  papes  Benoît  Xlll  et 
Clément  XII  l'em  ployèrent  avec  suc- 
cès au  sujet  desdilïcrends  qui  s'éLiicnt 
élevés  entre  la  cour  de  Rome,  le  duc 
de  6a voie  et  rempereur  Charles  VI. 
Bn  rccompinsc  des  services  impor- 
tants que  Giacomelli  avait  rendus  à 
rÉj;lise  et  a  l'Iîltat,  Clément  XII  le 
nomma  son  aumônier  secret ,  l'éieva 
;i  la  dignité  de  prélat  et  de  bénéficier 
de  la  basilique  de  St.-Pierre.  Il  rem- 
plit au  si  plijsi(urs  emploie  distinf;ués 
«ous  le  pi.ntilicat  de  KcnoÎ!  Xi  V,  dont 
il  traduisit  t\cux  ouvrages  en  latin, 
(f'q)'.  BknoÎt  XIV,  1\',  i()/j),el  qui 
le  chargea  de  la  réforme  du  bréviaire 
romain.  Mais  les  grandes  dejx'iises 
qu'rxigeail  ce  vaste  proj»  t  ,  furt-nl 
cause  qu'on  ne  put  le  rédiser.  Tons 
les  amis  de  Giicomilli  s'atiendairni  à 
le  voir  clevn  à  dos  p(»stes  plus  émi- 
iienl.s;mais  iJenoîi  XIV,  pontife  d'ail- 
l'iirs  très  recnniinandablc  et  j)ar  ses 
lumières  et  par  ses  vertus,  savait, 


GIA 

dit-on  ,  mieux  applaudir  au  raérito 
que  le  récompenser.  Sous  les  aus- 
pices du  cardinal  Valcnti  ,  ministre 
d'état,  Giacomelli  entreprit  (  174*^  ), 
la  rédaction  du  journal  De'  letterati^ 
dans  lequel  il  était  particulièrement 
chargé ,  avec  b  s  abbés  Petroni  et 
Cenni ,  des  articles  concernant  !a  phi- 
losophie et  la  philologie.  A  la  même 
époque ,  Giacomelli  publia  la  plus 
grande  partie  de  ses  traductions  du 
grec  ,  dans  lesquelles  on  reconn.ît  l,i 
profonde  connaissance  qu'il  avait  de 
la  délicatesse  et  des  finesses  de  cette 
langue.  Mais  ce  qui  lui  fit  le  plus 
d'honneur,  et  lui  ouvrit  de  nouveau 
la  carrière  de  la  fortune  ,  ce  fut  sa 
version  italienne  des  livres  de  Sainf- 
Je.in  Chrysosiôme,  sur  le  Sacerdoce, 
Clément  XIII  fut  si  <  ontent  de  cet  ou- 
vrage ,  qu'il  en  nomma  l'auteur  (  en 
i^Dvj)  secrétaire  des  lettres  latines, 
ensuite  des  brcf>  aux  princes ,  et 
le  créa  ,  en  1  -^(ii  ,  chanoine  de  Saint- 
Pierre  ,  et  archevêque  de  Chalcéd<»ine. 
Outre  la  protection  de  ce  vertueux 
pontife  ,  Giacomelli  obtint  son  ainiiie' 
et  sa  confiance,  dont  il  reçut  un  té- 
moignage éclatant ,  lorsqu'il  fut  nom- 
mé secrétaire  de  son  cabinet.  Dans 
ce  nouvel  emploi ,  Giacomelli  ^e  mon- 
tra ,  par  son  savoir  et  la  sngessc  de 
ses  vues  ,  un  diç;ne  émule  des  l^embi , 
Sadolet  et  Anlonuni  ,  >es  prédéces- 
seurs :  mais  la  mort  de  Clément  Xlll 
vint  mettre  nn  terme  a  c<tte  prospé- 
rité. Clément  XÏW  réduit  aux  recla- 
malionsdedilléieiits  monarques,  avait 
décidé  l'abolition  des  jésuites.  Giaco- 
melli se  crut  anlorisé  ,  en  quelque 
sorte,  paisa  j'lace,à  enlreprcndr<*  la 
défense  de  la  compagnie.  Ola  lui  siis- 
(  ila  un  grand  nombre  d'fnnemis,  et  lui 
attira  la  disgrâce  du  pape,  qi.i  lui  ô  .1 
son  emploi.  Alors  une  vie  chrétienne 
et  vraiment  philosopbitpie,  la  médi- 
tation ,  le  plaisir  de  vivre  au  miiicu 


d'une  finiillc  qui  lui  efail  r.licrc  (In  f.i- 
inilli'  S.ii-(liclti\  les  lettres  et  \;ï  imisi- 
quo  qu'il   av.ut  roujouis  cullivccs ,  le 
consolèrml  de  l'iuconslancc  de  la  l'or- 
tuiu'cl  des  lioinincs.  Sa  snnfc  s'allcia 
.scnsil)lcnicnl  depuis   sa  disj;racc  ;  et 
une  attaque  de  l)iie  l'einporla,  après 
quatre  jours  de  maladie,  le  i-y  avril 
l 'j'j.'y ,  î\^(!  de  qualre-vinj^ts  ans.  Quoi- 
qu'il lût  d'uuc  luimeur  aussi  vive  que 
son  caractère c'iail  sensible,  il  savait  si 
bien  la  réprimer,  que  sa  conversation 
le  rendait  agréable  à  fout  le  monde, 
ricnerenx  ,   franc  ,   aimable  ,  docile 
dans  SOS  opinions,  niodeste  dans  sa 
fortune,  il  reunit  en  lui  toutes  les  ver- 
tus chréliennes.  11  entretint  une  cor- 
respondance suivie  avec  les   Jittc'ra- 
tcurs   Jes  plus    célèbres  de   l'Italie , 
tels  que  ,  Algarolli ,  Genovesi ,  etc. 
Les  plus    remarquables  de  ses   ou- 
vrages sont  :  l.  Di   san  Gioif.  Gri- 
soslomo  ,  del  sacerdozio  libri  vi  y 
volgarizzati ,  Rome,  1736,  avec  de 
savantes  notes.  II.  Philonis  enarra- 
tio  in  canlicum  canticorum,  grœcum 
textum  adhuc  inedltum  quampluri- 
n%is  in  locis  depravatwn  emendavit , 
etc.,  Korac,    1772,  xn-l^".  III.  De 
Paitlo    Samosaleno ,    deque   illiiis 
dogmnie  et  hœresi,  ibid.,  i  74  ï  ,  5  vol. 
ÏV.    Orazione   in   Iode   délie  belle 
arli  récif ata  in  Campidoglio  ,  ibid., 
jnSi.    V.  lîifonnazione    historien 
délie  dijferenzefra  la  S.  Se  de  e  la 
carte  di  Savoia ,   ibid.^  1732.  Vf. 
FAtiira    di    Sofocle    volgarizzata 
ed  espffsta,  ibid. ,  1  754  ,  in-4°.  VU. 
Fromelci)  Icgato  ^  Trag.  d'Eschilo, 
volgarizzalo,  \h'\di.,  1754,  in-4°. Cha- 
cune de  ces  deux  traductions  (  en  vers) 
est  accompagnée  du  texte  grec.  Le 
tiavail  de  Giacomelli  est  peu  impor- 
tant   sous   le   rapport  philologique  : 
son  langage  est  tiès  pur,  très  correct; 
niais  sa  poe'sic  est  habituellement  fai- 
ble et  prosaïque.  YlII.  Prologi  in 


G  f  A  593 

comrpdiaa  Tcrentii  ci  Plnuti ,  ibid. , 
1708;  l'isfoia  ,  1777,  avec  la  vu; 
m  laliii  de  l'auteur.  IX-  Di  Caritonc 
^frosideo,  etc.  {VJIistoire  amoureu- 
se de  Cher  eus  et  Callirhoé  ,\.radiùu: 
du  grec),  Rome,  i7'>'2,  175G, in-B". 
On  a  aussi  du  même  auteur  une  ver- 
sion italienne  des  Choses  mémora- 
bles de  Socrate  ,  par  Xenophon  ; 
une  Chaîne  grecque  formant  un. 
commentaire  inédit  sur  Véi^angile 
de  St.-M althieu.  Ces  ouvrages  ont  eu 
plusieurs  éditions.  Giacomelli  allait  pu- 
blier ses  Réflexions  sur  Platon^  lors- 
que la  mort  le  surprit:  ces  Réflexions 
se  trouvent  parmi  le  grand  nombre  de 
manuscrits  qu'il  a  laissés.  Outre  la  Fie 
de  Giacomelli,  par  Maltani,  inse'rée 
dans  la  2*".  édition  de  ses  Prologues 
de  Térence  et  de  Plaute  (  N°.  VIII 
ci-dessus) ,  on  trouve  son  Eloge  dans 
le  Journal  de  Pise  (  xx,  ivi6),  et  il 
a  été  réimprimé  dans  les  Elogj  ail" 
lustri  italiani,  Pise,  1786  (i,  1 14)« 

B— s. 
GÏACUINTO  (CoRRADo),  peintre 
italien  ,  naquit  à  Molfeta ,  petite  ville 
du  royaume  de  Naples ,  en  juin  1 700. 
11  étudia  les  principes  de  son  art  dans 
celte  capitale,  et  ensuite  à  Rome  dan* 
l'acidémie  de  Saint-Luc,  dont  il  fut 
nommé  membre  en  1755.  Il  s'était 
déjà   fait  connaître  avantageusement 
dans  celle  ville  par  plusieurs  ouvrages 
à  ûesquc  qu'il   avait  exécutés   dans 
différents  temples  et  palais,  lorsqu'en 
1 755  il  fut  appelé  à  Madrid,  par  Fer- 
dinand VI,  pour  remplacer  J  icques 
Amiconi ,  premier  peintre  de  S.  M. , 
et  mort  l'année   précédente.    Il  fut 
particulièrement  destiné  par  ce  mo- 
narque à  peindre  les  voûtes  du  palais 
royal  de  Madrid  j  ce  qu'il  exécuta  à 
la  satisfaction  des  plus  habiles  con- 
naisseurs. Il  resta  eu  Espagne  jus- 
qu'en 1761 ,  époque  à  laquelle  Char- 
les m  (^successeur  de  Ferdinand  j  ap- 


296  G 1 A 

pella  à  sa  cour  le  célèbre  Mengs.  Gia- 
cuinto  relourna  à  Naples ,  comble  des 
dons  de  ces  deux  souverains,  el  mourut 
en  1765.  Ses  principaux  ouvrages  à 
fresque,  peints  sur  les  voûtes  du  palais 
de  Madrid  ,  sont  :  La  Naissance  du 
Soleil ,  représente^  par  un  Apollon, 
entouré  de  plusieurs  signes  allégo- 
riques. —  Sur  un  c;roupc  de  nuages  , 
la  Religion  et  V Eglise  ,  aux  pieds 
desquelles  est  rËS|)  igne  (  entourée  de 
différentes  notions  soumises),  leur  of- 
frant de  riches  présents.  Cette  fresque 
est  très  estimée ,  et  a  reçu  les  plus 
grands  éloges  de  Mengs  lui  -  même. 
— Un  superbe  Hercule  arrachant  les 
Colonnes  ,  sur  1»  >qnollcs  est  écrit  : 
Plus  ultra,  etc.  —  Dans  la  coupole 
de  la  chapelle  du  palais,  on  voit,  du 
même  auteur.  !a  Ste.-  Trinité;  et ,  dans 
l'une  des  voûtes  ,  la  Bataille  de  Cla- 
i'ijo  (  gagnée  sur  les  Maures  en  1 2  1 5), 
où  Giacuinto  a  déployé  toute  la  fé- 
condité de  son  imagination  et  la  beauté 
de  son  coloris,  etc.  On  conserve  aussi 
de  cet  artiste  plusieurs  excellents  ta- 
bleaux ,  tels  que  celui  qui  rej)résente 
la  Justice  et  la  Paix ,  placé  dans  un 
des  s.ilons  du  palais  de  Madrid.  — 
Au  Retiro  ,  huit  tableaux  concernant 
la  Passion  du  Saui^eur.  —  Une  Ste.- 
Trinité cl  une  Notre-Dame.  —  P.uis 
la  chartreuse  du  Paular^  un  Saint 
Toribe.  —  Dans  celle  de  Grenade, 
nue  Conception ,  etc.  Le  l.ilcut  de 
Giacuinto  était  aussi  apprécié  eu  Es- 
j)agne  qu'il  Tav/iit  été  en  Italie;  el  il 
paraît  qu'il  ne  quitta  Madrid  qu'à 
rausc  de  l'enthousiasme  avec  le(jMel 
Mcng5  V  fut  reyu.  Peu  de  pcititres  ont 
possédé  autant  de  talent  et  de  lacilité 
que  Giacuinto  pour  les  fresques,  un 
goût  aussi  exquis  pour  les  leintes  ,  el 
ont  su  produire  aijtant  d'eflct  dans 
rcnvcmble.  Il  connaissait  parfaitement 
Il  nature  des  coideurs  et  leur  emploi, 
composjit  avec  grâce  et  correction  j 


GIA 

et  tous  les  connaisseurs  s'accordent 
à  dire,  qu'il  portait  dans  les  fresques 
un  génie  créateur.  B— s. 

GlAMBELLl  (Frédéric),  ingé- 
nieur ,  né  à  Mantoue  dans  le  xvi% 
siècle ,  passa  en  Espagne  pour  offrir 
ses  services  «à  Philipf)e  II,  et  lui  de- 
mander de  l'emploi  dans  ses  armées: 
mais  n'ayant  pu  parvenir  à  obtenir 
une  audieiice  du  munarque,  il  repartit 
extrêmement  piqué  du  mépris  qu'où 
semblait  faire  de  ses  talents;  el  l'on 
assure  qu'il  dit  alors  que  si  les  Es- 
pagnols ne  le  connaissaient  pas,  ils 
entendraient  un  Jour  parler  de  lui. 
Elisabeth  l'envoya ,  en  1  585  ,  au  se- 
cours d'Anvers,  assiégé  par  Alexan- 
dre Farnèse;  et  ce  fut  pour  la  dc- 
ferise  do  cette  ville,  qu'il  construisit 
cette  machine  de  guerre,  connue  de- 
puis ,  dans  les  annales  militaires  , 
sous  le  nom  de  Machine  infernale, 
Alexandre  venait  de  faire  élever  sur 
l'Escaut  cette  fameuse  digue  qui  fer- 
mait l'enîrée  de  la  ville  du  côlé  de  la 
mer  ,  et  empêchait ,  par  conséquent  , 
l'arrivée  des  vivres  dont  elle  com- 
mençait à  manquer.  Giambelli  dirigei 
contre  cet  ouvrage  sa  machine,  qui 
consistait  en  quatre  bateaux  chargés 
d'artifice  ;  et  un  seul  et  tnt  arrivé  vers 
la  digue,  y  creva  avec  uu  fracas  épou- 
vantable. «  On  vit  en  l'air,  dit  Stra- 
»  da  (  Histoire  de  la  ç;uerre  de  Flan- 
»  dre,  livre  vi  ),  une  nuée  de  pierres  , 
î)  de  poutres,  de  chaînes, de  boulets. 
»  lie  château  de  bois,  atjprès  du<pjel 
»  la  mine  avait  joué  ,  une  pHrtie  de  la 
»  digue,  les  canons  qui  étaient  dessus, 
M  les  soldats,  fuient  enlevés  el  jetés  d'e 
»  tous  côtes.  Ou  sentit  la  terre  irem- 
»  bler  à  quatre  lieues  de  là  ;  cl  dte 
M  grosses  |)icrres  fiir<'ut  lancées  à  [)liis 
»  de  mille  pas  de  l'ivscaut.  »  On  trou- 
vera la  description  de  la  machine  de 
(iiainbelli ,  dans  l'Encyclopédie  ,  au 
mol  Macfiine.  W — î>. 


G  I  A  (t  ï  A                  '2()^ 

r.îAMHERTI  (  Antoine  \    Tcv.  ,nu»i(|uM  remplît  cxactrinrul  lous  ses 
Sa>  (Iallo.  (icvoiis,  il  savait  encore  trouver  l<  s 
G  lA  IM  BU  Mi  AU  1  (  lir.itNARD  ) ,  loisirs  (;«i'cxigeaieiit  ses  trav.iiix  litté- 
rtoèlc  it-ilien ,  ne'  à  Florence  vers  le  raires.  Il  employa  son  eredil  sur  l'cs- 
iniliou  du  XV".  siècle,  a  joui  d'une  rc-  pril  d'Alplionsiue  ,  nicie  de  Laurent 
pdlation  assez  c;rande  j);<rtni  les  litle-  de  Mcdicis,  de  la(iuei!e  il  avait  ctc  le 
latcius  de  son  temps.   On  eonnaît  de  secrétaire,  pour  faire  accorder  des 
lui los  oiivrag<'S suivants  :1.  Z.rt  LSVon'a  pensions  aux  artistes  et  aux  savants 
(il  S.   Zanobi  ,  vescovo  fioreniino  ,  qu'il  en  jugeait  le  plus  dignes;  cl  il  con- 
in  Ottawa  rima,  Pistoie,  sans  date,  tribua  à  rétablissement  de  l'académie 
in-4".;   Florence,    i55(i    et   iSqd,  florentine,  qui  a  donné  naissance  à 
in  4°.  11.   Sona^lio  dellc    donne,  cellcde  la  Crusca ,  si  justement  célèbre 
•poei:ictloinoitavarima,m-[^'\^  sans  par  les  services  qu'elle  a  rendus  à  la 
mdiralion  du  lieu  de  l'impression,  et  langue  et  à  la  littérature  italiennes, 
sans  date,  mais  du  commencement  du  Fidèle  aux  devoirs  que  lui  imposait  le 
xvi'.  siècle;  id.,  Sienne,  i6  i  i  ,  in-/^".  titre  d'académicien,  il  les  rempli»  avec 
(îe  petit  poème  (raite  des  inconvcnienis  un  zèle  infatigable ,  et  que  l'âge  même 
du  mariage.  III.  Ciriffo  calvaneo  e  ne  diminua  point.  H  s'occupait  encore 
ilpovero  Uvi>eduto  ,  poema  in  Ottawa  d'un  ouvrage  important ,  et  qui  l'obli- 
riina,  Venise,  i555,  iu-4**.  Le  pre-  geait  à  d'immenses  recherclies  ,  lors- 
mier  chant  de  ce  poème  est  de  IjUC  qu'il  mourut  à  Florence,  eu  i5G4,  à 
Pufci,  etlestroisaulres  de  B.Giambul-  l'âge  d'environ  soixante- neuf  ans.  L'a- 
iari.  (  F.  Pulci.  }  La  conlinu.uion  de  cadémie  lui  fit  célébrer  de  magnifiques 
Giambullari  est  citée  dans  la  deuxième  obsèques,  auxquelles  elle  assista  eu 
édition  du  dictionnaire  de  la  Crusca  j,  corps;  et  Corne  Barîoli  prononça  sou 
parmi   les  ouvrages  qui  font  autorité  oraison  funèbre.  On  connaît  de  Giam- 
pour  la  langue.  IV.  Des  Canti  car-  bullari  les  ouvrages  suivants  :  L  Z^^J- 
nascialeschi ,  imprimés  dans  les  re-  crizione  del  sito  ,  forma  e  misure 
cueils  du  temps.                 W — s.  delV  inferno  da  Dante  cantato- , 
GIAMBULLARI  (  Pierre-Fran-  Florence,  i544,  in-8\II.  Origine 
çois),   littérateur  italien  ,  ne  à  Flo-  délia  lingua  fiorentina  allrimenti  il 
rence  vers  l'année  1 4^5  ,  s'est  acquis  Gello,  ibid.,  i  546,  in-4"- J  deuxième 
une  réputation  durable,  moins  peut-  édition  augmentée,  ibid.,  iS.^Q,  iu- 
êîre  par  ses  ouvrages,  que  par  le  zèle  8*^.  ;  cl  dans  le  recueil  des  Autoriper 
avec  lequel  il  encouragea  la  culture  des  len  parlar  e  jYemsc,  i648,toni.vi. 
lettres  dans  sa  patrie.  Bernard,  son  11  y  traite  de  l'origine  de  la  langue  iia- 
père  ,  poète  estimable  lui-même  ,  ne  lienne,  et  s'efforce  de  prouver  qu'on 
négligea  rien  pour  son  éducation ,  et  doit  la  cherclier  dans  l'ancien  étrus- 
eut  le  plaisir  de  le  voir  répondre  à  ses  que(i).  «  On  peut  imaginer,  dit  Tira- 
soins.  Son  fils  apprit  le  latin,  le  grec  et  »  bosclii,  dans  quels  écarts  le  jette 
l'hébreu ,  et  s'appliqua  ensuite  à  l'é-  »  un    pareil    système.  »   Cependant 
lude  de  l'histoire.  Ayant  cmbr  issé  l'é-  Giambullari  doit  êtrccomplé parmi  lei. 
tat  ecclésiastique ,  il  fut  pourvu  d'un  écrivains  qui  ont  rendu  le  plus  de  ser- 
canonicat  à  l'église  ducale  de  St.-Lau- 

rent     Ot      nilflnup  trrnns  anrès     dp    la  (0  Cette  opinion  ,  regardée  [on;-temps  comme 

leui,  Cl,^  qutiq^e   lCmj)S  apiCS,  Ue    la  ^ij^u^de,  a  été  en  partie  justifiée  par   les  roonu- 

cure  de  Saint-Pierre.  Rien  ne  pouvait  mei.ts  tHrusqucs  découverts  plus  rrcemment.  Voy 

ralentir  son  ardeur  pour  l  étude:  et ,  p.g  ...î 


298  GIA 

vices  à  la  langue  italienne,  en  s'alta- 
chant  à  fixer  le  sens  des  ?ools,  et  à 
i)'cn  employer  que  de  chois.'SJ  raais 
li  n'est  point  aussi  correct  qu'éic>;anl, 
et  son  orthographe  est  dëfectueosc. 
lîl.  Le  regole  per  hene  scrivere  f. 
parlare îoscano j  ibid.,  1049,  in  8". 
IV.   Délia  lingua  che    si  parla  e 
scribe  in  Firenze ,  e  un  dialogo  di 
Giamhattista   Gelli  sopra  la  ciijfi- 
cultà  delV   ordinar  detta   lingua, 
ihid. ,  i55ï  ,  in-8".  «  Les  Toscans, 
»  dit  Salvini,  ont  l'avantage  d'avoir  le 
»  plus  bel  idiome  et  de  posséder  le 
»  ifiritoire   le  plus    fertile  de  toute 
»  l'Italie;  mais  comme  ils  négligent 
»  d'ijouter  par  la  culture  à  la  fertilité' 
»  de  leurs  champs,  de  même  ils  sem- 
y>  bicnt  dédaigner  de  |>olir  leurs  com- 
»  positions  littéraires.  »   V.  Lezioni 
sopra  alcuni  luoghi  di  Dante ,  ibid. , 
1 55 1 ,  in-8^.  Elles  sont  au  nombre  de 
quatre  :  la  première  traite  de  la  situa- 
tion du  purgatoire  ;  la  seconde ,  de  la 
pitié;  la  troisième  ,  des  influences  cé- 
lestes; et  la  quatrième,  de  l'ordre  de 
l'univers.  Les  deux  premières  avaient 
déjà  paru  dans  le  recueil  des  Lezioni 
ilagli    academici    fiorenlini    sopra 
Dante,  publié  par  Doni, ibid.,  i547, 
111-4".  VL  Istoria  dnlle  cose  acca- 
ditte  in  Enropa  dalV  anno  800  sino 
al  l'jioo  dopo  la  nascita  di  Cri^to. 
C<ffe  histoire,  que  l'autrMir  a  laissée 
imparfaite,   a  élé  imprimée  p,u"  les 
.soins  de  Barloli ,  Venisp,    i5f)f>,  in- 
4".  L'édiirur  y  'ijoufa  V (yraison  fu- 
Vf'hre  (\c  (V\iim\)\\\\nr\  et  son  portrait. 
Kil<*  est   citée    par  l'académie  de   la 
Cnisra  dans  la  liste  des  Testi  di  lin- 
^7/<T.  Tiraboschi  en  loue  rcxaclifude, 
♦•t  regrette  qu'elle  n'ait  point  cfe  ter- 
minée :   les  sept  livres  im|)rimés  ne 
vont  que  jusqu'à    l'année  91^.  VII. 
^)i\  Chansons  ou  chants  de  carnaval , 
dins  le  recueil  inMfii'é:  Tutti  itrinn- 
Ji  ^  cnni  e  maschcrate  ,  clc,  ,  pu- 


GIA 

blié  par  le  Lasca,  Florence,  i55g, 
1  vol.  in  -  4°-  VJII.  Des  Opuscules 
dans  les  recueils  de  l'académie  ,  et 
un  Commentaire  manuscrit  sur  le  Poè- 
me du  Dante.  W — s 

GlANELLA  (François),  ex-jé- 
suite et  mathématicien  de  Milan ,  mort 
ou  cette  ville  le   r5  juillet  iBio,  y 
étaîl  né  le  i5  janvier    \']f\0.  Entré 
dans  îrt  compagnie  de  Jéius  à  l'âge  de 
seize  ans,  il  fut  bientôt  envoyé  par 
ses  supérieurs  à  Turin,  où,  collègue 
du  jeune  Lagr-ange,    qui    était    déjà 
célèbre,  il  ne  tiiîda  pas  à  s'associer 
pareillement  à  sa  gloire.  Agrégé  à  l'a- 
cadémie de  Turin,    dès  sa  formation, 
il  fournit  quelques  bons  Mémoires  au 
recueil  qu'elle  publia  de  î^cs  travaux  ^ 
en  1769,  sous  le  titre  de  yiiscella- 
neataurinensia.  On  en  trouve  encore 
d'autres  du   même  auteur  dan^'    les 
mémoires  de  cette  société,  en  i7*S.^; 
I  785  et  I  786.  Gianelhi,  rappelé  dans' 
sa  patrie  ,    y  fut  nommé  professeur 
d'abord  de  physique ,  et  ensuite  de 
mathématiques.  Delà,  il  passa  à  Pa- 
vie  ,  où  il  enseigna  les  mêmes  sciences 
dans  l'université  de  cette  ville.   Les 
Milanais  le  rappelèrent,  et  il  vint  re- 
prendre chez  eux  les  mêmes  chaires 
qu'il  y  avait  remplies  :  il  les  occupa 
assez  longtemps  pour  atteindre  à  la 
pension  de  retraite  comme  émérife;  cf, 
n'étant  plus  alors  détourné  des  études 
du  cabinet  qui  lui  ejlaient  fort  chères , 
il  y  passa  le  reste  de  ses  jours  à  s'ap- 
pliquer aux  mathématiques,    unique 
objet  de  ses  alVe*  tions  et  de  ses  dis- 
cours. 11  n'aimait  à  converser  qu'avec 
des  hommes  versés  dans  les  science*; 
f  x.irlrs  ,  pnrre  (pi'il  ne  pouvait  plus 
pi:  1er  d'autre   chose   que  de  calculs 
algrbriqncs,  quoiqu'il  tut  très  instruit 
d.!n<  beaucoup    d'autres   parties  ,  et 
notamment  dans  la  sricnce  des  lan- 
gues. Néanmoins  la  candeur  de  son 
aine  et  la  buntc  de  son  cœur  le  fai- 


saifMil  ninïcr  do  tons  ceux  qui  pon- 
vnicnt  le  CDMiiaîtir.  Iii(lrpcndanuiirnt 
(les  Meiuoiics  que  Giandla  n  foui- 
llis anv  div«r.s  rfcucils  imprimes  de 
l'aradriuic  de  Turin,  il  a  publie  en 
parliculicr  les  ouvrages  suivants  :  I. 
une  Dis.M  rtafion  De  igné  ,  IMilan  , 
17*; '2.  II.  Une  aulre  ,  De  fuixio- 
nibiis ,  carumque  usu,  Mil.m,  1772. 
JII.  De  paradoxis  virium  agen- 
tiiim  in  ratione  fjudi'is  distantia- 
runi  à  dalo  piincto  in  medio  non 
resistente ,  Milan,  1775.  IV.  De 
tensione fiininm ,  Milan ,  1775:  cette 
pièce  est  plus  pârliculièrenienl  eslime'e 
des  niatliem.ilîeiens.  V.  Elemeîitid'ol- 
f,ebra  ,  Pavic  ,  177^>.  VI.  Elementi 
€ii  mattmatica  y  Favie,  1781. 

G N. 

GlANI  (  Arcangelo)  ,  servile  ,  ne 
n  Florence,  en  i!}:"):),  de  parents  no- 
bles ,  prit  l'habit  reli|:;ieux  à  râp;e  de 
dix  ans,  et  s'assujëfit,dès  ce  moment, 
à  toutes  les  privai  ions  que  lui  impo- 
sait la  rc^le  qu'il  était  re'solu  de  suivre 
le  reste  de  sa  vie.  Après  avoir  termine' 
.ses  études  sous  la  direction  du  père 
Bruscoli ,  son  oncle ,  il  s'appliqua  à  la 
théolugie,  et  (It  dans  cette  science  des 
pro;;rcs  remarquables.  H  remplit  avec 
beaucoup  de  distinction  les  principaux 
omp'ois  de  son  ordre,  en  tut  nomme' 
vicaire-général ,  et  protonotaire  apos- 
tolique pour  la  Toscane.  La  pureté  de 
ses  mœurs,  son  affabilité,  sonérudition 
et  ses  travauxlittéraires,luiavaienl  mé- 
)iîc  uslime  nniversclie.  il  mourut  à 
riorenee  ,  le  il^  détembre  iG.>5,  âgé 
de  soixante-dix  ans.  On  a  de  lui,  outre 
quelques  écrits  ascétiques  et  peu  ini- 
portants  :  I.  Fera  origine  del  sacro 
ordine  de^   servi  di  6anla-Maria , 
Florence,  «-^91  ,  in-4".  Ol  ordre  fut 
londéà  Florence  en  i ';i55.  II.  Cafalo- 
giis  ri'oriim  clarorum  coUegii  ujii- 
uersitalia  theologica?  florentinœ  ,  ib., 
1614,  in-/i*'.  Le  P.  (jiani  était  alors 


(3 1  V  'Of) 

doyen  de  la  nieulté  de  ihéologie.  III. 
ylimales  ordirns  frnlrum  servorunt 
li.  Mariœ ,  ah  anno  \  7,25  u<;(iue  ad- 
1610,  ibid.,  1618,  'Ji  vol.  in-fol.  Il 
V  a  de  l'érudition  et  de  rex-ielilude 
dans  cette  histoire.  IV.  Des  Dissert.»- 
tions  théolop,iques  De  divindy  cœ- 
lesli  et  ecclesiaslicd  hiernrddd.  V. 
Une  Fie  ,  en  italien  ,  du  P.  Phdippc 
Benizzi ,  servile.  Giani  a  publié  les 
Constitutions  et  liéfdements  de  Vuni- 
versitéde  Florence^  rédigés  par  Zao 
caria,  qui  en  fut  le  restaurateur. 

W— s. 
GIANNETTASIO  (NiccoLoPivn- 
TEivio),  poète  latin  moderne,  naquit: 
à  Naplescn  1648.  H  entra  fort  jeune 
chez  les  jésuites,  parcourut  les  divers 
degrés  de  l'enseignement  des  belles - 
lettres  ,  sHon  l'usage  de  cet  institut, 
fut  ensuite  professeur  de  philosophie 
dans  la  Calabre,  et  enfin  de  mathé- 
matiques dans  le  grand  collège   de 
INaples.   Au  milieu  des   travaux  que 
cette  dernière  cbairc  surtout  exigeait 
de  lui,   et  malgré  la  faiblesse  d'une 
santé  toujours  chancelante ,  il  ne  cessa 
])oint  de  cultiver  la  poésie  latine  pour 
laquelle  il  avait  monlrédebonne  heui  e 
des  dispositions  et  du  goût.  Il  com-- 
posa  d'abord    des    églogucs  de   pé- 
cheurs, dans  le  genre  dont  Sannazar 
avait  donné  l'exemple  et  laissé  d'ex- 
cellents modèles.  Le  succès  de  cet  es- 
sai l'engagea  dans  une  entreprise  plus 
difficile  :  il  écrivit  un  poème  didacti- 
que et  descriptif,  en  huit  livres,  .sur 
la  navigation  ,  et  s'y  livra  avec  tant 
d'ardeur  et  de  suite,  qu'il  l'eut  achevé 
en   six  njois.  Il  le  publia  en    i685, 
avec  ses  églogues,  sous  ce  double  ti- 
tre :  Nicolai  Parihcnii  Giannettasil 
JVeûpolitani  soc.  Jesu  Piscatoria  et 
JVanfica ,   Naples  ,  de   l'imprimerie 
royale,  in-i2,  jolie  édition  ,  ornée  de 
gravures  d'après  lesdessins du  fameux 
peintre  Solimène,  qui  était  son  ami^ 


3oo  G  I  A 

€t  qu'il  a  ccîebré  dans  une  de  ses  e'glo- 
gues.  L'auteur  Qt  paraître  successive- 
ment un  poème  sur  la  pcchc,  en  dix 
livres ,  H alieuiicorum  libri  x ,  1 68g, 
m-8",;  —  un  sur  la  guerre  de  mer  ,  en 
cinq  livres,  Naiimachicorum  lib.  y; 
—  un  ,  en  dix  livres ,  sur  la  guerre  de 
terre ,  Bellicorum  libri  x ,  1 697  ;  — 
une  Année  savante,  divisée  en  quatre 
poèmes,  JEslates  Surrentince ^  ^697; 
Autummii  Surrentinus,  iQi^^yHje- 
mes  Puteolani,  et  P'er  fferculanum, 

I  704  ;  — enfin  une  Cosmographie  tt 
une  Géographie  :  letoutformait douze 
volumes,  réimprime's  chacun  plusieurs 
fois,  et  qui  furent  réunis  en  1715, 
Kaples,  5  vol.  in-4"«  1'^  poésie  du 
P.  Giannettasio  a  delà  noblesse,  du 
nombre,  de  la  facilite,  dcrabondance, 
et  même  de  la  surabondance,  et  ce- 
pendant de  la  justesse  et  de  la  raison. 
On  y  trouve  souvent  des  détails  nou- 
veaux et  difficiles  ,  rendus  avec  des 
couleurs  toujours  poétiques  et  une 
grande  clarté,  tels  qiielj  description 
i.'t  l'usage  de  la  boussole  ,  l'origine  drs 
vents  ,  leurs  caractères  ,  et  jusqu'à 
leurs  noms  exprimés  très  poétique- 
ment. Il  a  fait  trop  de  vers;  mais  on 
y  voit  partout  le  poète  instruit,  et 
surtout  le  poète  patriote  :  attaché  eu 
quelque  sorte  au  sol  tt  au  rivage  natal , 
il  ramène  tout  à  la  louange  et  à  la 
gloire  de  Napirs,  sa  patrie;  et  ce  sen- 
timent met  de  l'intércl  dans  des  poè- 
mes qui,  sans  cela,  ne  seraient  pas 
toujours  exempts  de  faiblesse  et  de 
langueur.  Un  a  encore  de  lui  :  I.  Va- 
negjricus  et  carmen  sœcularc  Jnno 
cenlio  XII j  Maplcs  ,  1  ()()<),  iu-8'. 
II.  Panegjricus  inj'unere  Innocen- 
ta XII,  P.  M.  dictas,  ibid.  1700, 
Ju-8**.  \ll.  Xai/erias  viulor ,  ibid., 
1721  ,  in-4".;  fruit  de  la  jeunesse  de 
l'auleur,  qui  l'avait  même  abandonné 
après  le  commencement  du  dixième 

II  Vil» ,  ne  le  destinant  pas  à  voir  le 


GIA 

jour.  Le  P.  Ant.  Fiani,  je'suile,  en  fut 
l'éditeur,  et  y  joignit  une  vie  du  père 
Giannetasio  ;  on  la  retrouve  au  com- 
mencement de  l'édition  que  le  même 
P.  Fiani  donna,  en  1722  ,  de  )^ An- 
nus  eruditus ,  ibid.,  a  vol.  in-4°.  IV. 
Une  Histoire  de  Naples-,  écrite  en 
latin  et  en  fort  bon  style ,  comme  tous 
ses  autres  ouvrages,  Naples,  1715, 
5  vol.  in-4".  ^à\s  ce  n'est  qu'une  es- 
pèce de  traduction  de  l'Histoire  de 
Suramonle ,  ouvrage  qui ,  même  avant 
que  Costanzo  et  surtout  Giannone  eus- 
sent écrit ,  n'a  jamais  joui  de  beaucoup 
d'estime.  Giannetasio  a  de  plus  donné 
une  édition  des  Eglogues  du  P.  Rapin 
et  de  son  Poème  des  Jardins ,  des 
Poésies  latines  de  Sannazar ,  et  de  cel- 
les de  Fracastor.  Ce  savant  religieux 
mourut  à  Massa,  dans  le  collège  de 
sa  société ,  le  i  o  septembre  »  7  1 5  (  i }. 
Le  produit  de  sesouvragis,  quiavaient 
eu  le  plus  grand  débit  dans  toute  l'Eu- 
rope, lui  servit  en  partie  à  faire  cons- 
truire une  magnifique  égli-e  dédiée  à 
la  \  ierge  Marie,  à  laquelle  ilavait  une 
dévotion  particulière.  On  lit  encore 
sur  le  frontispice  celte  inscription  : 
Malfi  Parlht'niœ  vates  Parthenius. 
Il  est  vraisembl  ible  qu'il  n'avait  pris 
ce  surnom  de  Parthenius  qu'après  son 
entre*  chez  les  jésuites,  et  conunepour 
faire  de  cette  dévotion  même  une  es- 
pèce de  protèssion  pubiique.  G — E. 

Gl  A  MS  l  N 1  (  Thom  A  s  ) ,  médeci  n  , 
né  à  Feirare,  v«rs  le  milieu  du  xvi\ 
siècle,  avait  reçu  de  la  nal'ue  des 
dis|  ositions  m  heureuses,  qu'il  eut 
tei  mine  ses  éludes  a  l'âge  où,  pour 
l'ordinaire, ou  commence  à  fréquenter 
les  écoles.  Il  était  sans  cesae  occupé 
des  (pu'stions  de  métaphysique  les  plus 
importantes;  et  les  solutions  qu'il  en 


(1)  C.Vtt  par  învkXt!  d'impresiion  qur  lUni  l"él<>p<> 
hiiliirii^un  ,  Ircs  iii|iri  litirl  ,  <|iie  lui  oui  coutâClé 
In  M(*»«Mrrs  «l*>  Tri  vou»  ()utll  17^^  ,  J>»g.  I  \0\*\  , 
OQ  Iv  lia  uotl  Cil   17)3. 


01 A  GlA                  5rtf 

donnait ,  clomiaidit  ses   maîlrcs.   Il  pondant  sa  vie.  (>h  se  contentera  do 
n'.tvait  p.is  iMuojT  di\.-sr[)t  ans,  lors-  citer:    \.  De  inctiti'i  huinamp  statu 
qu'il   se    nrr'H'iil.i  pour  soutenir   .ses  post  hominis  obitumy  \i')\\.  W.  De 
thèses  en  nliilosophio  et  en  médecine;  substantid  cœli  et  cœlorum  efficicn- 
t't  il  niuiitr.»  'lins  ses    rc[H)ns>\s  tant  fia,  Venise,  1G18,  iii-/|". — Giannini 
d'haijileté,  d'érudition  et  de  jugement,  (  8''l)astien  ),  archiiecte  ,    a   publié 
que  les  examinateurs  lui  accordèrent  l'OEuvre  de  François  liurromini,  avec 
nue  disjKMKse  d'àgc  ,   et  le    reçurent  dos  descriptions  en  litin  et  en  italien, 
doetcur  par  acclamation.  Cesnccès  ne  Rome,    i  7^5  ,  in-foL  ,  allant,  (f^cr^, 
ronorgmillit  point;  il  se  tintrcnfeiraé  Bouromim.)  — Giannini  (Gilles), 
pondant  cinq  ans,  uniquement  occupé  })rêlrc  ,  né  à  Pergola,  dans  le  duclié 
do  la  lecture  dos   ouvrages  dos   an-  d'Urbin ,  s'appliqua  particulièreracnt 
ciens;  et  quoique  sa  bibliothèque  fut  à  des  recherches  sur  l'histoire  de  sa 
nombreuse  ,  il  disait  qu'elle  ne  conte-  patrie,  et  publia  :  Memorie  istoriche 
nait   pas  un  seul  livre  qu'il  n'eût  des-  di  Pergola  e  de  gli  uomini  illustri 
lors  feuilleté  très  souvent.  Après  ce  di  essa  ,\}v\)m,   1731,10-4°.  Un 
tcraps-lr,  cédant  aux  instances  de  ses  anonyme  critiqua  cet  ouvrage  dans 
amis,  il  commença  à  donner  gratuite-  une  FiCltre  datée  de  Gubio  ,le  3o  avril 
raent  des  leçons  de  philosophie;  mais  1  753.  Giannini  lui  répondit,  et  l'ano- 
l'afflueuce  des  auditeurs  devint  telle,  nyme  répliqua  ,  en  donnant  une  nou- 
que  s  I  maison  ne  pouvant  les  contenir,  voile  édition  de  sa  lettre,  à  laquelle  il 
les  magislr.its  de  Fcrrare  lui  assigne-  joignit  sa  défense  et  un  abrégé  chro- 
rent  un  bâtiment  public  pour  y  conti-  noiogique  de  tous  les  événements  ar- 
Ducr  ses  leçons,  avec  un  traitement  rivés  dans  la  seigneurie  de  Pergola, 
qui  le  mit  à  même  de  soutenir  son  Ces  différentes  pièces  sont  assez  eu- 
rang.  Giannini  fut  très  sensible  aux  rieuses.                                 W — s. 
preuvesd'estime  qu'il  reçut,  dans  cette  GlANNONE  (Pierre),   fameux 
circonstance ,  de  ses  concitoyens;  et  écrivain  napolitain,  naquit  le  7  mai 
les  villes  de  Bologne,  de  Modène  et  1676,  dans  la  terre  d'Ischitolla,  pro- 
de  Pise,  lui  ayant  fait  faire  des  offres  vincc  deCapitanata.  I!  alla  à  Naples,  à 
considérables  pour  l'attirer ,  il  les  re-  l'âge  de  dix-huit  ans ,  pour  y  finir  ses 
fusa  toutes,  disant  «  que  la  gloire  de  études.  Ses  progrès  dans  la  jurispru- 
»  sa  patrie  lui  était  plus  chère  que  la  denccetla  pénétration  de  son  esprit  lui 
«  sienne  propre.»  Ce  savant  professeur  donnèrentbientôt  :3ccè'-  dans  la  maison 
mourut  de  la  pién  e  ,  vers  1 63o  ,  âgé  de  Gaétan  Argento  _,  ch»  z  qui  se  ras- 
de  près  de  quatre-vingt-deux  ans.  Bos-  semblait  une  espèce  d'académie  des 
si  rapporte  que,  peu  d'instants  avant  gens  de  lettres  les  plus  célèbres   d'à 
sa  mort ,  il  expliquait  tranquillement  temps.  C'est  là  qu'il  conçut  le  projet  de 
différentes  questions  de  théologie  aux  son  histoire  de  N  ipîes,  qui  devait  com- 
personnes  réunies  daus  sa  chambre:  prendre  ses  lois  et  son  gouvernement, 
fiit  qui  prouverait  dans  Giannini  une  Cet  ouvrage,  interrompu  de  temps  en 
force  d'arae  extraordinaire, et  qui  ren-  temps  par  les  affaires  du  barreau  ,  ne 
drait  croyable  ce  qu'on  a  dit  du  cou-  fut  terminé  qu'au  bout  de  vingt  ans, 
rage  avec  lecjuel   les   stoïciens   bra-  et  parut  en  1725 ,  sous  le  litre  d'^iV 
vaient  les   plus  vives  douleurs.  Les  ioire  civile  du  royaume  de  Naples ^ 
ouvrages  de  Gi  umini  sont  bien  au-  4  ^o'-  '"  "  4"'  (^n  italien.)  Il  y  avait 
dessous  de  la  réputation  dont  il  a  joui  pris  pour  guide  Angelo  di  Costanzo, 


5o2  G I  A 

le  meilleur  historien  de  Naplcs  que  Ton 
tùt  alors  (  f^oj.  CosTANZo),  et  dont 
Touvragc  se  trouve  fondu  presque  en 
enttfr  dans  celui  de  Glaunone;  mais 
ce  dernier  s'est  principalement  attaché 
à  tout  ce  qui  est  relatif  à  la  constitution 
civile  et  ecclésiastique,  aux  lois  et  aux 
coutumes  du  royaume.  Quoique  le  style 
n'en  soit  ni  élégant,  ni  correct,  l'es- 
prit philosophique,  l'éniditiou  ,  et  la 
profondeur  des  recherches  qui  carac- 
térisent cette  Histoire  ,  lui  donnèrent 
une  grande  réputation.  Mais  l'auteur 
affecte  trop  de  passion  contre  la  cour 
de  Rome.  Les  traits  hardis  qu'il  s'y 
pernjit  contre  les  gens  d'église ,  lui  atti- 
rèrent une  guerre  terrible  et  opiniâ- 
tre ,  que  ne  purent  apaiser  ni  l'auto- 
rité du  vice-roi ,  cardinal  d'Althann  , 
)ii  le  crédit  de  la  commune  de  Naples, 
dont  Giannone  fut  élu  l'avocat,  et  dont 
il  reçut  un  présent  de  i55  ducats. 
Argento  lui  dit  à  ce  sujet  :  Vous 
vous  êtes  mis  sur  la  tête  une  cou- 
ronne d'épines  très  piquantes.  Après 
avoir  clé  insulté  plusieurs  fois  par  la 
.  populace  ,  excommunié  par  la  cour 
archi  épiscopale,  et  avoir  vu  son  livre 
niis  à  V index ,  il  sortit  de  Naples  le 
3C)  avril  17^5,  et  alla  chercher  un 
asile  à  Vienne.  L'empereur  Charles 
VI  le  regarda  d'abord  d'un  œil  peu 
favorable;  mais  la  protection  du  prin- 
ce Eugène,  du  chancelier  Zinzcndorf, 
(lu  fameux  comte  de  Bonneval  ,  et 
<lu  chevalier  (larelli,  premier  méde- 
cin de  l'empereur,  lui  procura  nue 
pension  de  c<  nt  florins,  sur  les  droits 
tic  la  sfcrélaireru'  de  Sicile.  Quoi(|ue 
relevé  de  son  oxcomnnmicalion  par  le 
cardinal  Pignalelli,  arclu'vê(jue  de  Na- 
plcs ,  il  ne  laissa  pas  décomposer  quel- 
ques petits  écrits  satiri(pies  contre  sa 
sentence,  contre  la  prohibition  de  son 
bvre,etc.  Mais  par  le  conseil  de  ses 
amis,  il  ne  les  fit  circuler  (juVn  ma- 
jMSciit.  Cvbl  surtout  dins  ces  opus- 


GIA 

Cilles  que  sa  passion  contre  la  cour  de 
Rome  ne  connut  plus  de  bornes.  Pen- 
dajit  son  séjour  a  Vienne,  oii  ii  jouis- 
sait de  la  faveur  des  grands  cl  des  gens 
de  lettres  ,  il  travailla  à  un  ouvrage  in- 
titulé :  Iltriref^no,  ossia  delregno  del 
cielo,  délia  terra,  e  del  papa  ,  qui 
l'occupa  près  de  douze  ans,  et  auquel 
il  ne  mit  la  dernière  main  qu'à  Ge- 
nève (1).  Don  Carlos  étant  monté 
sur  le  trône  de  Naples  et  de  Sicile 
en  i  7.54,  Giannone  perdit  sa  pension 
et  toutes  ses  espérances.  Contraint  de 
quitter  Vienne,  il  se  retira  à  Venise, 
où  il  fut  accueilli  avec  de  grandes 
marques  de  distinction,  par  les  per- 
sonnes de  qualité  et  les  gens  de  lettres  , 
surtout  par  le  sénateur  Ar^giolo  Pisa- 
ni ,  qui  lui  donna  un  logem^^nt  dans 
une  de  ses  maisons.  Il  refusa  la  charge 
de  consulteur  de  la  république,  et  la 
chaire  de  droit  romain  dans  l'univer- 
sité de  Padoue ,  avouant  ingénument 
qu'il  n'était  point  en  état  d'expliquer 
les  lois  ,  selon  i'us  «ge  d' s  écoles  ,  en 
langue  latine.  Le  repos  dont  il  comp- 
tait jouir  à  Venise,  ne  fut  pas  de 
longue  durée.  Dénoncé  comme  peu 
lavor  ble  aux  prétentions  de  la  répu- 
blique sur  la  mer  Adriatique,  il  lâcha 
de  conjurer  l'orage,  en  publiant  une 
Letlera  intorno  al  dominio  del  mare 
ytdrialico  ed  ai  trattati  seguiti  in 
Venezia  ira  papa  ALessandro  III  e 
Vimperador  Federico  Barbarossa  : 
mais  les  inquisiteurs  de  l'état  prirent 
de  l'ombrage  au  sujet  des  visitts  pro- 
longées (pul  rendait  aux  ambassadeurs 
di'  l'ranre  et  d'Espagne;  son  eloigne- 
nu'ut  fut  décidé,  et,  la  nuit  du  *i5 
sr|)l«'mbre  1735,  des  sbires  l'enlevè- 
rent et  le  l'onduisircnt  dans  unebar- 


(i>  Cet  oiivr.icc  ,  dans  Irqurl  rhoinmr  ot  re- 
prtaroté  tiiccFt.iiveinenl  dans  l'cul  «1»  luliirr  , 
s>nis  l.»  lui  ilr  ^riicr  .  <*C  sont  l»  iloniinntioii  lciiii.u- 
rrUr  ilrj  |imir.,  ,  <|rv«il  c>>m|)rril<lrr  »ln  t'p.>i|uc«  ; 
i'-\  iroK  |iriMiiit'm  sVlriKlriil  |Uii}it'au  UCU\(i:niC 
$M  lI«  ,  Iv  rcuc  u'u  {)«!  et*.'  attiL-vc. 


(;1V  GIA                  ôo!') 

(jiic  jusqu'aux  fronlii'rcs  du  territoire  délie  de  Turin  (i),  où  il  passa  dnu/.-» 
lie  Ferr.nc,  La  crainte  de  plus  liraiids  ans  conbccuîifs  daus  les  troubles   et 
malheurs   ro])Ii^<a    de   chanj^er   son  l'a^itilion.  C'est  l.i  (jue,  pièlaut  l'o- 
iioni  conlre  celui  de  Anloine  Rinaldo.  reille  aux  avis  du  P.  Frcver,  de  l'Ora- 
Il  séjourna  à    Modène ,  à  Milan,    à  toirc,  Gianiioiic  retracta,  le   4  ^vril 
Turin,  et   arriva,  avec   son    iils,   à  i -y  58,  les  maximes  quiavaienl  fait  con- 
Gcncve,  le  5 décembre. Sa  réputation,  damner  son  Histoire.  Cette  soumission 
qui  l'avait  devance  dans  ces  diveises  ne  lui  procura  point  sa  liberté;  car  il 
^illes,  lui  .procura,  dans  cette  der-  mourut  dans  sa  prison  ,   le  7  mars 
iMcrc,  l'accueil  le  plus  satisfaisant  de  1758,  âgé  de  -y'i  ans.  On  a  publie,  à 
la  part  du  doctciu'  Turrelin,  du  rai-  l^ausanne^cn  i  7G0,  scsOEuvres  pos- 
nistre  Vcrnct  et  du  libraire  Bousquet,  thumes ,  en  i  vol.  iii-4*'.  {Opereposlu- 
qui  lui  fournirent  tous  les  moyens  do  me  in  difesa  délia  sua  Sioria  civile 
vivre   à  son  aise.    Il   se  dis})Osait  à  del  regno  di  Napoli y  con  la  di  lui 
faire  imprimer  un  volume  de  supplé-  profesûone  di  J'ede.)  Louis  Bochat  , 
ment  à  son  histoire,  lorsque  ,  conduit  de  Lausanne,  avait  traduit  sonliistoire 
]>ar  un  perfide  ami,  en  1706,  pour  en  français  ;  mais  le  libraire  Bous- 
faire  ses  paques,  dans  un  village  ca-  quet,  de  Genève,  n'ayant  pas  vouiti 
tholique  appartenant  au  roi  de  Sar-  se  charger  seul  des  frais  de  l'impres- 
dai!;nc,il  fut  arrêté  par  ordre  de  ce  sion,  cette  traduction  n'a  pas  vu  le 
souverain  :  ses  manuscrits  lui  furent  jour.  Celle  de  Desmonceaux,  a  paru 
enlevés  et  envoyés  h  Kome  (i).  Lui-  à   la  H.iye,  en   1742  ,    4  volumes 
même  fut  meneau  château  de  Miolan,  in-4°.  Les  passages  les  plus  virulents 
et  ensuite  au  fort  de  Cève.  Il  s'y  occu-  contre  la  cour  de  Rome,  ont  été  pu- 
pait,  dans  ses  moments  de  calme,  à  bliés  séparément  (par  Jacques  Ver- 
traduire  divers  ouvrages  en  italien  ,  net  )  sous  le  titre  d! Anecdotes  ecclé- 
à  écrire  sur  la  politique ,  et  à  rédiger  siastiques  ,  la  Haye,    1758,  in-8''. 
des  Mémoires  sur  sa  vie.  La  discus-  Parmi  les  réimpressions  de  l'ouvrage 
sion  élevée  entre  les  cours  de  Rome  deGiannone,  on  dislingue  celle  qui  a 
et  de  Turin  sur  la  nomination  aux  paru    avec   des   éclaircissements   de 
bénéfices  consistoriaux  dans  les  états  l'abbé  Cestari.  Dans  le  nombre  des 
du  roi  de  Sardaigne,  et  qui  fut  ter-  réfutations  qu'on  lui  a  opposées,  nous 
minée  par  le    concordat    de     1708  citerons  seulement  les /î///e55iom  mo- 
{Foy.  GiACOMELLi),  fournit  à  Gian-  rali  e  teologiche  sopra  Vlstoria  ci' 
none  l'occasion   d'écrire  ,  en  faveur  i>ile  del  regno  di  Napoli,  d'Eusebio 
des  droits  du  souverain  ,  un  Mémoire  Filopatro(le  P.  San-Felice,  jésuite),  en 
qu'il  envoya  au  roi.  Ce  prince  parut  2  vol.  in-4". ,  dont  on  peut  voir  l'ex- 
le  recevoir  avecplaisir;  mais  il  fit  res-  trait  dans  les  Mémoires  de  Trévoux, 
serrer  l'auteur  avec  plus  de  soin, et  dejanvier  1750.  L'édition  de  l'^isfoire 
ordonna  qu'il  fût  transféré  à  la  cita-  du  président  de  Thou,  donnée  à  Lon- 
: .  dres  par  Samuel  Buckley  en   i735, 

(x)  Son    Triregno  fut  acheté  à  Genève  par  uu  rCufermC   (  tOm.   Vil  )  ,    UUe    DisSCrta- 

•bbé  Bentivoglio,  qui  le  vendit  Sooécus  à  la  cour  |-          H«»  fiianrinnP   «îilP    la  mpd^lillp  ailfi 

de  Rome,  et   eu  reçut  de   plus   uu   petit  btnéHce  l^""  "^  UianUOne   SUr    Id  meUdUie  qUC 

pour  un  filt  qu'il  avaii  eu  avant  de  prendre  le  petit  ^ 
collet.  Ce   manuscrit  fut  placé,   avec  d'autres  du 

même   anleur,  dans   les  archivet  du  tribunal    de  (l)  Son  fils  n'eur  pis  la  permission  de  l'y  suivre; 

rinqnisilion  ,  oii  il  est  resté.  On  en  trouve  quelque  et  on  Tobligea  même  de  sortir  des  états  du  roi  de 

jdép  dans  la  secotide  partie  des  Ofcluvres  poslbumes  Sardaigne.  On  le  défrays  jusqu'à  Naples  ;  de-là  il 

de  Gi<uttuac ,  imprimée  à  Londres  eu  i-^QQ.  se  reuvlit  eu  Hingrie  ,  où  il  eiura  au  service. 


3oi                   GIA  GIA 

Louis  Xtl  fit  frapper, avec  lalegcnJe  laquelle  on  a  joint  la  vie  de  Jérôme 
Perdam  Bàbjlonis  nomen;  el  il  y  Savognauo,  illustre  capitaine  et  liltèra- 
prouvc,  contre  le  P.  Hardouin,  qu'elle  leur  vénitien  ,  Venise  ,   i5^2,  "2  vol. 
fiit  allusion  au  jwpe  Jules  !I.  La  Vie  in-8°.  On  a  du  même  auteur  :  L  Fie 
de  Giannone  a  c'te  écrite  en  italien  ,  de  Niccolo  Capponi,  gonjalonier  de 
par  l'abbé  Fernando  Panzini ,  et  en  la  république  de  Florence ,  Florence  y 
latin,  par  Fabroni  (  Fitœ  llalorwn ,  iG'io.  Tl.  Délia  republica  Fioren- 
tom.xii);  on  peut  aussi  consulier  les  tina^  libbri  ^,  V^enise,  1721  ,  in  -8". 
Memorie  slorico-critiche  de'  Storici  Giannotti  était  un  excellent  helléniste 
Napoletaîdy  par  F.  A.  Sori.» ,  Na-  et  latiniste,  et  avait  une  grande  capa- 
ples,  1781.                           T— D.  cité  pour lesaffaires.Sesmœursétaient 
GL^NNOTTI    (  DoNATO  )    naquit  pures,  son  caractère  affable;  on  lui 
à  Florence,  en  février  i49i'  Q^ioi-  reprocliail   cependant  que  ,    malgré 
que  sorti  de    la    classe  du   peuple ,  son  amour  pour  l'indépendance ,  il 
il   sut  bientôt  se  distinguer  par  ses  faisait  trop  sa  cour  aux  plus  riches  et 
talents.  Souple ,  adroit,  insinuant,  il  aux  plus  puissants  parmi  ses  conci- 
se captiva  la    protection  de  Tarugi,  toycns.  Son  ouvrage  le  plus  remar- 
sccrétaire  de  la  république,  qui  lui  quable   par   rcxaclitude  des  faits    et 
procura  une  place,  et  eut  soin  de  son  pir  l'élégance  du  style  ,  est  sa  Ré- 
avanccment.  A  la  mort    de  Tarugi,  publiifue  de  Fenise.heNAvçh\,AAr\s 
r^icolas  Machiavel'i  crut  pouvoir   le  son  Histoire  de  Florence ,  fait  beau- 
remplacer;  mais  il  était  haï  par  le  coup  d'éloges  de  cet  auteur.  La  /{re- 
peuple autant  que  Giannotti  en  était  colta  di  prose  Florentine,  Venise, 
aimé.  Celui-ci  fut  donc  nommé  secré-  i  -jo  j  ,  renlérme  six  Lettres  de  Gian- 
lairedes  Dix- de-la-liber ié  (c'étaient  nutli  à  Varchi.                        B— s. 
dix  citoyens  qui  formaient  le  conseil  GLiUDlNl  (Felice),  célèbre  vio- 
suprême,  à  la  tête  duquel  était  le  gon-  linisle,  naquit  à  Turin,  en  avril  1*^  i(3. 
falonier  ).    L'élection   de    Giannotti  Son  premier  maître  fut  Lorenzo  So- 
affecta  tellement  son  compétiteur,  qu'il  mis,  un  des  plus  habiles  élèves  de 
en  tomba  malade  et  mourut  bientôt  Corelli.  A  peine  âgé  de  dix-sept  ans,  il 
après  de  chagrin.  Giannotti  se  litre-  partit  pour  Naples,  oîi ,  par  la   re- 
marquer, dans  son  nouvel   emploi,  commandation   de  Jomelli ,  il  obtint 
par  ses   talents  et  son   amour   pour  une  place  parmi  les  Ripieni  de  l'or- 
l'indépendance.   Il  montra  beaucoup  chestrc  de  l'opéra.  On  ne  tarda  pas  à 
d'habileté  dans   les   négociations  de  reconnaître  ,  dans  Giardiui, beaucoup 
Cosme  1^*".  avec  Gharles-Quinl  ;  mais  de  facilité  et  de  talents,  et  on  le  plaça 
voyant  que  ce  prince ,  qui ,  avec  de  bientôt  à    côté   du    premier   violon, 
grandes  qualités, avait  beaucoup  d'am-  C.oujme  il  était  déjà  un  bon  concer- 
bilion,  cherchait  à  porter  atteinte  à  la  liste,  il  portait  ce  goût  dans  tout  ce 
liberté  de  la  république,  il  se  retira  à  qu'il  accompagnait;  de  façon  qu'il  em- 
Venisc,  où  il  mourut  en  mai   ifiGj.  barrassail  souvent  lechanteur,  dont  la 
C'est  priulanlson  séjour  en  cette  ville,  voix,  quelque  flexible  qu'elle  fut,  ne 
qu'il  écrivit  sa  Repu'dica  di  f'enezia,  pouvait  suivre  la  vélocité  de  l'areliet 
publiée  à  Rome,  i54o,  in-4".  (1),  à  de   Giardini.  Son  plus  grand  plaisir 

. était  de  changer  et  de  préluder   les 

(1)  i;<aiiionari  l'Ui-vir»,  i.fydr ,  iti5i ,  in-H  .  passagrs  (ju'il  avait  à  jouer.  Il  raconte 

:;":";:;:«fr.r;:..X;;::"  ■•■""  •"  "  '''•  im-mùnc  qu'uu  jour  que  jomcn.  éia.» 


r 


GT\  01 A                3oj 

venu  se  placer  à  rorclieslre  auprès  de  cl  un  œuvre  de  sonates  iValto  ,  avec 

liu,  il  (Il  reçut  nn  vigoureux  soufllet,  accuinpj^ncinent  de  guitare.  Gianlini 

j>oiir  prix  des  broili  lies  (|u'il   ajoutait  jouait  presque    loujoius  ses  coiicc.rtl 

à  sa  paitie  (l'.u:t:onipaj;neuienl.  Apiès  avec  le  violon  de  Gorelli ,  dotil  il  était 

s'être    lait    admirer    duis    plusieurs  possesseur,  et  qu'il  coda  ensuite  à  M. 

cours  et  tlieàlies  de  l'Italie,  il  passa  en  Ciceri  de  Corne.  Giardiiii  ,   considère 

Anf;letcrre,   en   1744-^^"   arrivée  à  connue  chef  d'orchestre,  n'était  pas  de 

Londres  forme  une  épo(ju(;  niémora-  la  force  de  Pugnani,  son  comp  itriote, 

Me  dans  l'histoire  de  la  nnisique  ins-  quoiqu'il  fût  aussi  grand  nuisieien  q:!e 

trunicntale  de  ce  pays.    Il  sut  y  in-  lui;  mais  il  égalait  (t  surpassait  niênicle 

troduiie  le  bon  goût  ,et  parvint  à  faire  célèbre  Nardini  de  Florence  (qui  était 

oublier  aux  Angi.tis  leurs   anciennes  aussi  son  contemporain),  dans  la  force, 

rapsodies.  Giardnii  fonda  en  Angle-  la  pureté  et  l'expression  de  V adagio, 

lerre  une  école  de  violon,  qui  a  donné  où  il  a  eu  fort  peu  d'imitaletus.  Ses 

dans  la  suite  d'excelienls  prolesseurs.  œuvres  sont  pleins  de  goût  et  d'har- 

11  y   lit  représenter  ,  en    »74^'    "'^  rnonie;  mais,  malgré  tout  le  mérite  de 

opéra  séria  Ejiea  e  Lavinia  (qu'on  ses  compositions  dramatiques,  on  y 

joue  avec  succès  sur  les  théâtres  d'I-  voit  toujours  le  chant  domine  par  la 

talie),  et  un  opéra-comique  anglais,  partie  instrumentale,  dans  laquelle  il 

V Amour  au  village.  \\  i^i\.  Awssi  ^YA-  excel'ait.                                  B — s. 

ver,  six  œuvres  de  sonates  pour  le  GlATTINI   (  Jean  -  Baptiste  ), 

violon  ,  trois   livres   de  duos ,   deux  jésuite  sicilien  ,  né  à   Palerme    vers 

œuvres  de  quatuors  ,  un    œuvre  de  i6oo,  entra  dans  la  société  en  i6i5, 

quintelti,  et  six  sonates,  lin  1748,  il  et  enseigna  la  rhétorique  dans  cette 

vint  à  Paris,  et  joua  avec  beaucoup  de  ville    pendant    plusieurs    années  ;  il 

succès   au  Concert  spirituel.  Étant  re-  avait  étudie' avec  soin  les  langues  orien- 

tourné en  Angleterre  en  i756,Us'as-  taies,  et  était  parvenu  à  savoir  très 

socia  à  iMeiigolti  dans  l'entreprise  de  bien  le  grec,  l'hébreu,  le  cbaldéen, 

l'opéra  de  Londres;  mais  y  ayant  dé-  le  syriaque  et  l'arabe:  il  possédait  aussi 

rangé  consi<léiabIement  sa  fortune,  il  le  talent  de  l'horlogerie  à   un  assez 

se  hâta  d'y  renoncer,  et  se  borna  à  haut  degré.  Il  s'engagea  par  des  vœux 

jouer  les  50Z0  dans  \qs  concerts.  En  solennels  en   i654.  Envoyé  à  Rome 

1784   il  se  rendit  à   JNaples,  sous  la  par  ses  supérieurs,  il  continua  de  s'y 

protection  de  sir  William  Hamilton,  distinguer  dans  la  carrière  de  l'ensei- 

revint  à  Londres  cinq  ans  après,  et  gnement,  et  ])rofessa  successivement 

fut  ensuite  appelé  à  la  cour  de  Kussie,  pendant  le  cours  de  seize  années,  dans 

où  il  résida  jusqu'à  l'époque  de  .s.<  mort,  le  collège  romain,  la  logique,  la  phy- 

arrivée  en  septembre  1796;  il  était  sique  ,    la  théoiogie  scolastique  et  la 

alors  âgé  de  quatre-vingts  ans.  La  force  morale,  jl  travaillait  en  même  temps 

de  son  tempérament  pouvait  lui  faire  à  divers  ouvrages  ,  et  s'occipail  de 

espérer  de  vivre  encore  davantage  ,  la  recherche  d'anciens  manuscrits.  Il 

s'il  n'avait  pas  négligé    un  érysipèle  mourut  à  Kome  en  1672,  après  avoir 

qu'il  avait  à  la  jambe.  Il  laissa  ,  en  pid)lié  un    grand    nombre    d'écrits, 

manuscrit,  a  IM.  Testori  (habile  so-  dont  voici  les  principaux  :  I.   Quin- 

prano^  qui  avait  vécu  avec  lui  pcnd;int  cjuaginta  orationes  de  morte  Christi 

cinqar.s),  deux  œuvres,  dits   trios  j9o7/i/m,  Rome,   i(i4i,   in- 12.  II. 

de  iamille ,  quatre  souales  de  violon  Orationes  vîginti   quatuor  hahitcç 

XVII.  20 


5o6  G I  A 

ad  summos  pontijices  et  S.  R.  Ë. 
cardinales,  Rome,  1661  ,  in- 12.  III. 
Plusieurs  autres  Discours  ou  Ha- 
rangues prononce's  en  diverses  oc- 
casions. IV.  Différentes  Pièces  de 
vers  latins  à  la  louan{];c  d'eminents 
personnages.  V.  Des  Tragédies  la- 
tines à  l'usage  des  collèges  de  la  so- 
ciété, et  dont  voici  les  titres  :  Léo 
philosophas  ;  Cafres  ;  Anii^onus , 
iragœdia  moralis  ;  Adriana  Au- 
gusta ,  etc.  VI.  tfne  Logique  et  une 
Physique  en  latin  j  la  première  im- 
primée en    i65i;  l'autre  en    i655. 

VII.  Une  traduction  italienne  de  la 
helation  de  la  Chine  par  le  P.  Al- 
vares  Semedo,  Rome,  ^643,  in-  4®. 

VIII.  Une  Traduction  latine  de 
l'histoire  (  ilalieiine  )  du  concile  de 
Trente  du  cardinal  Pallavicini ,  An- 
vers, i67zet  1677,  5  tom.  in-4".; 
CiOloç;ne,  1 7 16  ,  m- fol.  IX.  Une  Tra- 
duction latine  du  grec  des  v  et 
Vf.  livres  de  S.  Cyrille  d'Alexan- 
drie sur  l'Evangile  de  S.  Jean^ 
d'après  un  manuscrit  apporté  de 
Scia.  Moréri  cite,  à  ce  sujet ,  un  pas- 
sade latin  fort  curieux ,  tiré  d'une  let- 
tre de  Holstenius  à  Pciresc,  du  12 
février  1654.  Il  '»»  mande  qu'un  jé- 
suite sicilien  versé  dans  les  lettres 
grecques,  et  occupé  de  la  recherche 
des  manuscrits,  en  a  apporté  de  Si- 
cile un  très  ancien,  que  depuis  long- 
temps il  clierclie  à  déchiffrer  pour  le 
traduire,  mais  qui  fourmille  de  tant 
de  fautes  qu'il  n'ivait  pu  en  venir  à 
bout.  Il  ajoute  que  le  P.  jésuite  s'était 
adressé  à  un  jeune  allemand  qui  écri- 
V  lit  très  bien  le  grec ,  et  que  lui  Hols- 
tenius  occupait  eu  qualité  de  copiste  ; 
mais  que  le  jeune  liumine,  à  qui  une 
récora|»cnse  avait  été  promise ,  se 
trouvant  embarrassé  après  quelques 
essais  ,  avait  eu  recours  à  lui  ;  que 
considérant  qu(î  re  minusciit  était 
pcul-elte  iu»i<pie,  tl  que  de  JW  piibii- 


GIB 

cation  pouvait  résulter  quelque  avan- 
tage pour  la  religion  ,  il  1  avait  renus 
entre  les  mains  d'un  prêtre  de  Cor- 
fou,  habile  théologien  et  très  expert 
dans  les  lettres  grecques;  que  ce  prê- 
tre en  quelques  semaines  en  avait  f^it 
une  copie  correcte ,  laquelle  avait  été 
remise  au  jésuite  ,  et  emportée  par 
lui  avec  l'original  en  Sicile,  d'où    il 
n'était  pas    revenu.    «  J'en  ai  ,    dit 
»  Holstenius  à  Peiresc,  gardé  un  dou- 
»  ble  pour  publier  ces   livres    dans 
»  l'occasion.  Vous  penserez,  comme 
»  moi ,  qu'il  faut  tenir  la  chose  se- 
»  crête,  et  qu'il  est  de  notre  intérêt 
»  comme  de  l'intérêt  public  de  dire 
«  que  le  manuscrit  a  été  acheté  par 
»  le  copiste  allemand,  ou  trouvé  dans 
»  la  bibliothèque  de  notre   cardinal 
»  (le  cardinal  Barberini,  à  qui  Hols- 
»  tenius  était  attaché;.  »  Alegambe,en 
parlant  du  travail  de  son  confrère  sur 
les  deux  livres  de  S.  Cyrille,  dit  que 
lorsque  Giatlini  se  préparait  à  les  li- 
vrer à  la  presse  ,  un  autre  l'avait  de- 
vancé sans  qu'on  sût  d'où  il  les  avait 
eus ,    eosdem    undè  undè    naclus. 
Soit  que  le  passage  de  la   lettre   h 
Peiresc   jette    ou    non   quelque   lu- 
mière sur  ce  fait,  il  est  difficile,  ce 
nous   semble  ,  de  disculper  Holste- 
nius d'un  manque  de  délicatesse,  pour 
ne  pas  dire  d'une  infidélité.  Giattini 
avait  aussi  composé  un  Traité  d' hor- 
logerie,  eidonné  une  Siàte  des  Con- 
troverses  du  cardinal  Bellarmin  ; 
mais  ces  écrite  sont  restés  inédits. 

L— Y. 
GïBBES  (Jacques-Alban),  fils 
de  Guillaume  Gibbes,  médecin  de 
Bristol  ,  naquit  à  Rouen  vers  l'au 
i(n6.  Après  avoir  fait  ses  huuiani- 
tés  à  Sl.-Omer ,  il  voyagea  dans  la 
Belgique  ,  en  Allemagne  ,  en  Espa- 
gne et  en  Italie,  fia  grande  célébrité 
dont  jouissait  alors  l'université  de  Pa- 
douc  ,  rcUjj.jgou  à  séjourucr  quclqiiC 


Gin  01 B                 5o7 

Irmps  dans  celte  ville.  De  la  il   se  celte  entreprise,  des  traces  de  ce  sccp- 
iTntlit  ù  Uorne  ,  où  il  se  fixa,  et  où  ticismc  ingenicdx,  à  l'aide  duquel  il  a 
il  .jcquil  bientôt  beaucoup  de   repu-  si  souvent  deinelc,  ilans  son //istoire 
tatiod  coinmo  inc'dccin  et  comme  lit-  de  la  décadence  cl  de  la  chute  da 
tcr.iJcur.  En  lOS^,  il  parvint  même  à  l'empire  romain,  les  causes  des  cvé- 
la  chaire  de  rhétorique  dans  le  col-  nements  et  les  mobiles  des  actions  de.-? 
ie'i^r  de  la  Sapience;  et  en   16G7  il  liomraes.  Lg  Siècle  de  Sésostris  fut 
H'mporta  le  prix  de  poe'sic.  Avec  la  discontinue  et  jeté  au  feu  quelques  an- 
couronne  académique,  il  reçut  selon  nées  après;  mais  l'impidsion  etaildon- 
l'usage ,  en  celle  occasion,  une  chaîne  ncc,  et  Gibbon  s'élait  voue  à  l'élude  de 
d'or,  qu'il  envoya  en  présent  à  l'uni-  l'histoire.  Ses  lectures  l'amenèrent  .i 
versité  d'Oxford,  qui,  en  cchan^^e,  lui  s'occuper  de  sa  religion;  et  Vflistoire 
conféra  le  litre  de  docteur  en  méde-  des  variations  des  églises  proies^ 
cinc  quelques  années  avant  sa  mort ,  tantes  de  Bossiut ,  entraîna  complc- 
survrnue  a  Rome  le '26  juin  1677.  Il  tement  un  jeune  homme  d'une  ima- 
a  publié  plusieurs  ouvrages  en  vers  ginalion  mobile,  et  plein  de  zè!e  pom* 
latins  ,  et  un   traité  De  medico  en  ce  qui  lui  semblait  la  vérité.  Il  se  dé- 
trois  livres,  dans  le  genre  de  l'Ora-  cida  à  abjurer  le  protcslanlisme  ,  et  Ht 
leur  deCicéron.                   Cii — t.  celte  abjuration  à  Londres,  le  b  juin 
GIBBON  (Edouard),  né  le  27  1753,  entre  les  mains  d'un  prêtre ca- 
avril   1767   d'une  famille  ancienne,  tholique  :  il  en  a  parlé  dans  ses  Mé- 
raais  sans  illustration,  est  générale-  moires  avec  une  simplicité  qui  prouve 
meut  considéré  comme  formant  avec  sa  bonne  foi  ;  du  moins  y  dit-il,  je 
Hume  cl  Roberlson  le  triumvirat  des  succombai  sous  unnohle  adversaire. 
grands  historiens  anglais ,  quoiqu'il  Celle  conversion  ne  plut  point  à  sou 
ait  dit  lui  même  qu'Un  avait  jamais  père,  qui,  pour  le  punir  de  sa  résis- 
eu  assez  d* orgueil  pour  j  accepter  tance,  l'envoya  a  Lausanne,  chez  M. 
une  place.  Daus  son  enfance  la  fai-  Paviilard,  ministre  protestant,  lequel 
blesse  de  sa  santé,  et  l'extrême  indu!-  fut  chargé  de  le  ramener  à  l'église  qu'il 
gence  de  ses  parents,  nuisirent  à  son  avait  abandonnée.     «  M.  Paviilard, 
éducation;  mais  l'activité  naturelle  de  dit  lord  Shefïield  ,  dans  une  de  ses 
son  esprit,  et  surtout  son  goût  pour  notes  aux  Mémoires  de  Gibbon  ,  m'a 
les  lectures   sérieuses ,  réparèrent  de  conté  quelle  fut  sa  surprise  lorsqu'il 
bonne  heure  le>  inconvénients  de  cette  vit  devant  lui  M.  Gibbon  ,  cette  pe- 
négligence.  L'histoire  fut  dès-lors  l'ob-  tile  figuie  fluette  avec  unegiosse  têle, 
jet  de  sa  préférence,  et  par  conséquent  qui  disputait  et  employait  en  faveur 
de  ses  études.  A  l'âge  de  quinze  ans,  il  du  papisme  les  meilleurs  arguments 
entreprit  un  ouvrage  historique,  inti-  dont  on  se  fût  servi  jusqu'alors.  »  Les 
tulc  :  Le  Siècle  de  Sésostris  ;  et  ce  arguments  du  ministre  Paviilard  eu- 
qu'il  y  a  de  remarquable  ,  c'est  que  rcnt  sans  doute,  sur  ^'esprit  du  jeune 
son  travail  avait  pour  but,   non  de  Gibbon,  moins  d'influence   que  ses 
peindre  les  exploits  d'un  conquérant,  propres   recherches,  l'ennui  que  lui 
mais   de  déterminer  l.i  date  de  son  causait  son  exil ,  les  privations  aux- 
existeucc.  Déjà  se  manifestait  en  lui  quelles  le  soumettait  l'avarice  de  ma- 
cet  esprit  de  recherche  et  de  critique  dame  Paviilard,  et  le  désir  de  trouver 
qui  l'a  si  bien  servi  plus  tard:  on  aper-  des  raisons  qui  l'autorisassent,  à  ses 
çoit  même  ;  dans  ce  qu'il  raconte  de  propres  yeux,  à  abandonner  des  opi- 

30.. 


5o8  G  I B 

nions  qui  iui  coûlaciut  si  cher  à  sou- 
tenir. Au  boul  de  dix  -  huit  mois  ces 
raisons  se  pre'senlèrentà  lui;  et  il  fit, 
au  mois  de  décembre  1754,  une  ré- 
tractilion  aussi  sincère  que  l'avait  ëlë 
son  abjuration.  «  Ce  fut  alors  ,  dil-il, 
que  je  suspendis  mes  recherches  théo- 
lugiques,  me  soumettant  avec  une  foi 
implicite  aux  dogmes  et  aux  mystères 
adoptes  par  le  consentement  gênerai 
(les  ca'.holiques  et  des  proles'.ants.  » 
Une  telle  soumission  ressemblait  de'jà 
beaucoup  à  de  l'indifférence;  on  ne  re- 
vient presque  jamais  à  une  entière 
persuasion  de  ce  qu'on  a  une  fois  cessé 
tie  croire,  et  ce  fut  sans  doute  pour 
nvoir  commence'  par  se  fnire  catholi- 
<p«c,  que  (ji'ijbon  finit  par  n'cire  pas, 
a  beaucoup   près  ,    protestant.  Après 
sa   conversion ,  il  continua    quelque 
temps  à  habiter  Lausanne;  la  pai faite 
c  onnaissmce  qu'il  avait  acquise  de  la 
langue  française  ,  l'agrément  et  la  so- 
lidité de  son  esprit,  l'égalité  douce  de 
son  c;)ra<'ière,  lui  avaient  acq  lis  une 
considération  pi  émaluréc  et  le  faisaient 
rechercher  dans  le  monde.  Il  poursui- 
vit ses  études  avec  ardeur  ,  ne  les  di- 
rige.int  encore  vers  aucun  but  détcr- 
iiiiné,  mais  toujours  soigneux  de  les 
faire  servir  à  étendre  S(  s  idées  et  ses 
bnnières.  Les  Extraits  raisonnes  de 
ses  lectures  ,  commencés  à  cctlt-  épo- 
que et  publiés  après  sa  mort,  moritrent 
<juclles  étaient  déjà  la  sagacité  et  la  fi- 
nesse de  cet  esprit  éminemment  rai- 
sonneur et  raisonnable:  nous  ne  de- 
vons lire,dv-\\ ,  que  pour  nous  aidera 
penser;  tel  fut  en  elfitla  métliodecpul 
.suivit  constamment  dans  ses  lectures, 
et  elles  furent  immenses  :  il  ne  don- 
nait point  de  temps  aux  distractions 
qui  occupent  si  souvent  tout  celui  des 
jeunes  gens.  Un  sentiment  tendre  cl 
v.  rluenx  pour  mademoiselle  (>urcliod, 
<l(-pui.s  madame  Mecker,  fut  la  seule 
«Jislracliuii  qui  l'arrachât  momenta- 


GIB 

nément  à  ses  études  :  il  avait  forme 
le  projet  de  l'épouser;  mais  lorsque 
son  père,  qui  en  1758  le  rappela  ea 
Angleterre,  eut  refusé  de  donner  son 
consentement  à  ce  mariage ,  Gibbon  se 
résigna  à  sa  destinée  :  comme  amant 
je  soupirai,    dit-il;  comme  fils  j^o- 
héis  ;  et  la  lettre  par  laquelle  il  an- 
nonça à  mademoiselle  Curchod  qu'il 
était  forcé  de  renoncer  à  elle ,  pleine 
d'abord  d'expressions  de  douleur  et 
de  regret,  finissant  par  ces  mots  -.c'est 
pourquoi  j'ai  Vhonneur  d'être,  ma- 
demoiselle ,  votre  très  humble  et  très 
obéissant  serviteur  ,   Ed.    Gibbon. 
L'élude,  ei  le  soin  de  se  former  une 
belle  biblioîhèque,  l'occupèrent  dès- 
lors  tout  entier.  Eu  1761  parut  son 
Essai  sur  l'étude  de  la  littérature , 
nn  vol.  in- 12,  ouvrage  très  remar- 
quable et  par    les  idées  dont  il  est 
plein  ,  et  p;r  la  pureté  avec  laquelle 
il  est  écrit  en   franç.iis  :  celte  langue 
était  peul-élre  alors  plus  familière  à 
Gibbon  que  la  sienne   propre;  sans 
cela  on   aurait  peine   à  comprendre 
comment ,  né  Anglais  et  habitant  l'An- 
gleterre, il  choisit ,  pour  se  faire  con- 
naître ,  un  idiome  étranger:  son  livre 
fil  moins  de  sensation  en  Angleterre 
qu'en  France,  où  il  assura  d'avance  à 
Gibbon,  et  surtout  parmi  les  gens  de 
lettres,  l'accueil  le  plus  distingué.  11 
interrompit   quelque   temps  ses   tra- 
vaux littéraires  pour  essayer  d'une  vie 
moins  paisible:  entré,  avec  le  ;;rade 
de  capitaine,  dans  la  milice  du  Hamp- 
shire  ,  il  s'amusa  d'abord,  avec  assez 
de  zèle,  à  étudiei  la  lactique  militaire; 
mais  ce  genre  d'occupation  conveihtil 
aussi  peu  à  ses  goùls  qu'à  sa  sanlé, 
et  une  guerre  active  ne  lui  aurait  pro- 
bablement pas   convenu  davantage  : 
il  y  renonça  bientôt,  et  quitta  l'Angle- 
terre en  I  7f)5  pour  se  rendre  à  Paris, 
où  il  lui  reçu  avec  une  extrême  bien- 
veillante. A-la-fuis  homme  de  lettres 


G 1  B  Cl  n                  nof) 

fl  homme  (lu  inonde.  Gibbon  devait  ttiJinn  qui  avait  mis  des  vêpres,  des 

i)laiic  el  .se  pi. lire  dans  une  sociclc  où  moines  déchausses  et  dc^  processions, 

les  i;ens  de  letUts  et  les  gens  du  mon-  à  la  place  des  map;nifjquescciénionies 

de  étaient  liabitiiclletnent  réunis  :  ..SV  du  cullc  de  Jupiter,  et  des  triomph.i- 

j ' eusse  elé  riche  et  indepen ci a7it,  dh-  leurs  du  Capitule.  Vax  1770,  la  mort 

il ,  j'aurais  prolongée  et  peut-être  fixé  de  son  père  le  laissa  possesseur  d'une 

moM  .sryof/r  rt  y^rtm y  mais  il  n'y  passa  fortune  assez  considérable,  nuis  cm- 

(jne  trois  mois  ,  se  rendit  de  là  à  Lau-  brouillée  :  après  avoir  mis  de  l'ordre 

sannc,  où  il  s'arrela  près  d'un  an,  et  dans  ses  affaires,  il  conserva  encore 

partit  enfin  puur  l'it  die,  qu'il  desirait  assez  de  biens  pour  pouvoir  se  féliciter 

depuis  long-temps  de  parcourir  :  «  Ce  de  n'en  pas  posséder  davantage  :  «  L,i 

fut  à  Home,  dit-il,  le  1  5  octobre  170/1,  pauvreté  el  le  mé^oris,  dit-il ,  auraient 

qu'étant  assis  et  rêvant  an  milieu  des  abattu  mon  courage,  et  les  soins  d'une 

ruines   du  Capitule,  tandis  que  des  fortune  supérieure  à  mes  besoins  au- 

moines  déchaussés  chantaient  vêpres  raient  pu  relâcher  mon  activité.  »  Ln 

dans  le  temple  de  Jupiter,  je  mesc  ntis  cercle  de  cette  activité  ne  larda  pas  à 

frappé  potjr  la  première  lois  de  l'idée  s'étendre  au-delà  de  ses  occupations 

d'écrire  l'histoire  de  la  décadence  et  littéraires:  en  1774  il  entra  au  parle- 

dc  la  chute  de  cette  ville.  »  11  ne  mit  ment  ;  il  y  siégea  pendant  huit  anssans 

pas  sur-le-champ  la  main  à  l'œuvre  ;  jamaisouvrirlaboucheriln'avaitaucnn 

retourné  en  Anglelene  en   1765,  un  des  talentsde  l'orateur,  et  son  caractère 

premier  livre  de  ï Histoire  de  la  li-  manquaitdecetteéncrgiequipeutquel- 

berté  de  la  Suisse  ,  la  part  qu'il  prit  queroisy.supplécr.Sa  carrière  politique 

à  une  compilation  intitulée.  Mémoires  ne  fut  ni  brillante,  ni  niêmehonorabic; 

littéraires  de  la  Grande  -  Bretagne  il  y  manifesta  des  sentiments  peu  éle- 

(/^.Deyverdun),  et  une  brochure  ren-  vés,  des  opinions  peu  hhérales  et  une 

fermant  des  Observations   critiques  faiblesse  qui  tenait  moins  à  de  la  lâ- 

sur  le  Vf  livre  de  V Enéide  ,  le  pre-  cheté  qu'à  de  l'indifférence  :  attaché  au 

mier  csssai  qu'il  aitécrildcius  sa  langue  ministère  de  lord  North  ,  il  soutint 

maternelle  (1770),  furent  jusqu'en  les  prétentions  de  la  couronne,  désa- 

1 776  les  seuls  monuments  publics  de  prouvées  par  la  plus  grande  partie  de 

son  activité  littéraire.  Mais  ses  études  la  nation,  contre  les  droits  des  Amé- 

et  ses  réflexions  se  dirigeaient  cons-  ricains,  reconnus  par  tous  les  hommes 

taramcnt  vers  le  grand  ouvrage  dont  il  éclairés  de  l'Europe.  On  a  trouvé  la 

avait  conçu  le  plan  ;  et  l'on  ne  peut  guè-  note  suivante,  écrite  de  la  raaiu  de  M. 

redouter  que  les  lieux  au  milieu  des-  Fox,  sur  l'exemplaire  des  œuvres  de 

quels  l'idée  de  ce  plan  s'était  présentée  Gibbon  quilui  avait  appartenu:  «Lors 

à  lui ,  la  vivacité  des  émotions  que  lui  de  la  déclaration  de  guerre  de  l'Espa- 

avait  inspirées  la  vue  des  ruines  de  gue  en   1779,  l'auteur  de  ce  livre  af- 

Rome,  les  regrets  dont  il  avait  été  saisi  firma  publiquement  chez  jjrook  qu'il 

à  l'aspect  de  ce  qui  avait  remplacé  n'y  avait  rien  à  espérer  pour  l'An- 

l'ancienne  gloire  de  la  ville  inimor-  glelerre ,  si  l'on  ne  faisait  couper  six. 

telle,  n'aient  influé  sur  la  tendance  et  têtes  dans  le  conseil-d'état,  et  si  l'on 

le  caractère  de  son  Histoire  de  la  dé-  ne  les  étalait,  pour  l'exemple,  en  plein 

cadence  el  de  la  chute  de  l'Empire  parlement  :  avant  quinze  jours  il  ac~ 

romain.  Gibbon,  en  l'écrivant,  ne  cepta  une  place  dans  le  même  con- 

vil  dans  le  christianisme  que  l'insli-  seil.»  A  la  suite  de  cette  note,  venaiuit 


5io  GIB 

trois  couplets  satiriques  contre  Gib- 
bon, cents  aussi  de  la  main  de  M. 
Fox.  La  place  qu'accepta  Gibbon  était 
celle  de  Lord  du  commerce  (  Lord 
cf  trade  ) ,  place  commode  et  hon- 
nçte  j  dit-il:  l'honnêteté  de  Gibbon  ne 
s'élenJait  pas  jusqu'aux  grands  de- 
voirs politiques,  et  il  faisait  cas  surtout 
de  la  commodité.  Bientôt  lassé  cepen- 
dant d'une  carrière  où  aucune  gloire 
jie  le  dédommageait  des  tracasseries 
départi,  et  peu  attaché  aui  opinions 
qu'il  y  avait  manifestées  comme  à  la 
conduite  qu'il  y  avait  tenue,  il  se  re- 
tira coraplètrment  des  affaires  publi- 
ques en  1782,  lors  du  renversement 
du  ministère  de  lord  Norlh  et  de  la 
suppression  du  bureau  de  commerce. 
Un  pamphlet  intitulé  :  Mémoire  jus- 
tificatifs destiné  à  répondre  au  mani- 
feste qu'avait  publié  la  cour  de  France 
en  commençant  les  hostilités ,  est  le 
a»cul  monument  de  son  existence  par- 
lementaire. Sa  réputation  était  déjà 
établie  sur  de»-  titres  plus  brillants  et 
plus  sûrs:  en  i -j-jô  avait  paru  le  i*'". 
Tolume  in-4°.  de  son  Histoire  de  la 
Aêcadence  et  de  la  chute  de  VEm- 
pire  romain.  Le  succès  en  fut  prodi- 
j^ieux;  trois  éditions  se  succédèrent 
rapidement;  on  en  fit  deux  contre- 
façons à  Dublin  :  «  mon  livre,  dit-il 
l'ii-mêmc,  était  sur  toutes  les  tables  , 
])re.s(pjc  sur  toutes  les  loiltttes.  »  La 
■violence  des  critiques  vint  bientôt 
troubler  sa  joie:  les  xv'^.  et  xvi".  cha- 
])ines  de  son  ouvrage  étaient  une  at- 
liKpie  évidente,  bien  que  forladroile- 
jnenl  tournée,  contre  le  christianisme  : 
le  ckr{;é  anglican  sembl.»  se  lever  en 
masse  pour  repousser  l'assailLmt;  le 
docteur  Watson,  depuis  cvcque  de 
Landiiir,  Piiestley,  le  dorleur  "White, 
Mr  Divid  Dalryniple,  le  docteur  Chel- 
^uIll,  M.  Davis,  M.  East  Apthorp,  J. 
Bcallie,  M.  J.  Millier,  M.  Tiavis, 
le  dotitm  VYhitaUf  ;  clc,  paruteut 


GIB 

successivement  dans  la  lice,  les  uns 
avec  aigreur,  les  autres  avec  modé- 
ration ,  presque  tous  avec  moins  d'es- 
prit et  de  raison  qjie  leur  adversaire  : 
les  bénéfices ,  les  pensions  furent  la 
récompense  de  leur  zèle.  Gibbon  fut 
étonué  et  presque  eftjrayéde  cet  orage  : 
«  Si  j'avais  prévu ,  dit-il ,  la  vivacité 
des  sentiments    qu'ont  éprouvés  ou 
feint  d'éprouver  en  celte  occasion , 
les  personnes  pieuses  ou  timides  ou 
prudentes ,  j'aurais  peut-être  adouci 
ces  deux  chapitres  ,  objet  de  tant  de 
scandale.  »  11  n'hésita  pas  cependant 
à  persévérer  dans  une  opinion  qu'il 
avait  soutenue  avec  trop  de  partialité 
sans   doute ,   avec  des  vues  incom- 
plètes et  trop  exclusives  ,   mais    de 
bonne  foi  :  il  publia  sa  Défense  de 
quelques  passades  des  xv  et  xvi". 
chapitres  de  V Histoire  de  la  déca- 
dence et  de  la  chute  de  l'Empire  ro- 
main. Celte  défense,  victorieuse  sur 
quelques  points,  faible  sur  d'autres, 
décelait  touterhumcurqueles  attaques 
avaient  causée  à  Gibbon  ;  et  celte  hu- 
meur indiquait  peut-être  qu'il  ne  se 
«entait  pas  tout -à-fait  irréprochable. 
Il  conserva  le  même  esprit  dans  les 
II  et  iTi^.  volumes  publiés  en  i-jSi  : 
les  trois  derniers  parurent  en   178S. 
Dès  1  785,  Gibbon  avait  quitté  l'An- 
gleterre pour  fiire  un  second  voyage 
à  Paris,  et  s'établir  ensuite  à  Lausan- 
ne, auprès  de  son  ami,  M.  Dey  Ver- 
dun, dans  une  maison  charmante,  où 
il  ne  s'occupait  plus  qu'à  jouir  de  son 
repos  et  de  ses  études.  Il  a  consacré 
dans   ses  Mémoires  le  souvenir  du 
moment  où  il  y  termina  le  grand  ou- 
vrage qui  était  devenu  le  but  de  sa 
yie.  u  Ce  fut  le  '27  juin  1787,  dit-il , 
entre  onze  heures  et  minuit,  que  j'écri- 
vis la  dernière  ligne  de  ma  dernière 
page,  dans  un  pavillon  de  mon  jar- 
din. Après  avoir  quitté  la  plume  ,  je 
lis  plusicui6  tuuis  da:is  une  allée  cuu« 


GlU  Gin  3ii 

Vrrle  d'.jcacias  d'où  la  vucsVlcnd  sur     commun  des  hommes,  cl  même  aux 
1,1  ramp.«c;iH',  le  lac  cl  1rs  iiiontaf;iic.s...     esprits  txciccs.  Le  premier  et  le  plus 
Je  ne  tii.s.simiiier.ti  pas  les  |)remicres     grand  lort  peut-ttrc  qu'on  puisse  lui 
CMiolions  de  ma  joie  en  ce  moment,     ieproclicr,eslcctteal)Scnced'elevatioii 
t(ninie  rrndail  ma  liberté  dallait  p<nl-     dans  les  sentiments,  qui  trompe  d'au- 
ôtrc  établir  ma  réputation;  mais  les     tant  plus  la  raison  ,  que  l'historien  se 
mouvements  de  mon  orgueil  se  cal-     croit  plus  raisonnable  quand  il  cousi- 
inèrenl    bientôt  ,   et  des    sentiments     dère  le  vice  et  la  vertu  avec  la  même 
moins  tumultueux  et  plus  inelancoli-     indiiTerence.  I/imaginationde  Gibbon 
ques  s'emparèrent  de  mon  amc,  lors-     était  mobile  et  son  c;iractcrc  froid;  il 
que  je  songeai  que  je  venais  de  pren-     se  laissait  aller  aise'ment  à  admirer  ce 
die  congé  de  l'ancien  et  agréable  com-     qui  rétonnait,ct  il  jugeait  mal  ce  qu'i^ 
pignon  de  ma  vie,  et  que,  quel  que     ne  savait  pas  sentir.  Apres  s'être  ef- 
}ûl  un  jour  l'àgc  où  pai  viendrait  mon     force  de  rabaisser  le  courage  héroïque 
ïùstoire,  les  jours  de  l'historien  ne     des  martyrs  chrétiens,  il  prend  plaisir 
jiouvaienl   être  désormais  que  bien     à  célébrer  les  féroces  exploits  de  Ta- 
courls  et  bien   |)récaires.  »  Gibbon     merlan  et  des  Tartares  :  la  grandeur 
pouvait  espérer,  sans  trop  d'orgueil ,     matérielle,  si  on  peut  le  dire  ,  le  frap- 
que  son  ouvrage  lui  survivrait  long-     pe^-heaucoii^jîlus  4ue  la  grandeur 
temps:  une  réaction  inévitable  a  ame-     morale;  et  les  élans  d'une  vertu  su- 
ré   dans  les  opinions  une  révolution     blime  ne  pénètrent  point  jusqu  à  son 
à  peu  près  contraire  à  celle  qu'il  con-     ame,  tandis  que  les  écarts  çl*une  force 
tribua  à  opérer;  et  X Histoire  de  la     barbarejedllisent  son  imagination  et 
décadence  et  de  la  chute  de  VEm-     égarent  son  jugement.  Il  n'avait  point 
pire  romain  n'a  presque  rien  perdu     de  principes  fixes  en  morale,  en  politi' 
dans  l'estime  publique.  Une  érudition,)  que, en  économie  publique,  surtout  ce 
vaste,  solide  et  surtout  bien  variée,)    qui  constitue  l'ensemble  de  la  société  et 
une  critique  aussi  exacte  qu'ingénieu-V  l'histoire  de  la  civilisation  :de-là  résulte 
se,  un  intérêt  de  narration,   sinon     dans  sesjDpinipns_mie incertitude qucl- 
toujourségal,  du  moins  toujcrs  assez     quefois  embarrassante;  son  ouvrage  ne 
soutenu  pour  ne   laisser  jamais   de     tend  point  vers  un  but  unique;  la  mar- 
place  à  la  langueur,  des  vues  quel-     che  n'en  est  pas  ferme  :  et  c'est  en  un 
quefois  profondes,  souvent  étendues     motl'ouvraged'unhommeéclairé,doué 
et  presque  toujours  justes  ,   des  ré-     de  cet  esprit  philosophique  qui  exa- 
flexions  piquantes,  l'art  de  rattacher     mine,  décompose  et  peint  avec  habj-__ 
les  faits  à  de  grandes  idées  dont  récri-     letc  tous  les  détails  de  l'histoire  dont 
vain  ne  connaissait  pas  peut-être  toute     il  s'occupe,  pbitôt  que  celui  d'un  grand 
la   fécondité,  mais  qui  excitent  à  la     philosophe  qui  fait  jaillir  du  sein  d'un 
méditation  l'esprit  du  lecteur:  ce  sont     nombre  immense  (jfe  faits,  ces  hautes 
là  sans  doute  des  mérites  plus  que  suf-     conceptions,  ces  vérités  d'un  ordre 
fisants  pour  justifier  les  espérances  de     supérieur  qui  s'appliquent  à  toutes  les 
Gibbon,  et  assurer  la  durée  de  son     histoires  et  à  tous  les  siècles.  La  rè- 
ouvrage.  D'ailleurs  ces  mérites  sont     volution  française  mit  au  grand  jour 
faciles  à  saisir  ;  tout  homme  éclairé  les     l'incertitude  des  opinions  de  Gibbon  ; 
aperçoit  et  en  connaît  le  prix  ,  tandis     la  juste  horreur  qu'elle  lui  inspira  ,  le 
que  les  vrais  défauts  de  Gibbon  sont     fit  tomber  dans  une  nouvelle  exagé- 
du  nombre  de  ceux  qui  échappent  au     ration  :  il  soutenait  alors  qu'il  n'avait 


5i2  GIB 

attaque  le  christianisme  que  parce  que 
les  chrétiens  «le'truisaicnt  le  polythéis- 
me ,  qui  était  l'ancienne  religion  de 
l'Empire.  «  I/église  primitive  dont  j*ai 
parlé  un  p(  u  familièrement,  écrivit  il 
au  lord  Sluffield,  était  une  innova- 
tion ;  et  j'étais  attaché  à  l'ancien  éta- 
llfîssemf'nt  du  p-^ganismo.  »  Une  suc- 
cession qui  lui  échut  en  1791 ,  par  la 
mort  d'une  tanlc ,  ajouta  beaucoup  à 
son  aisance.  I.ord  Sliefficld  ,  son  in- 
time ami,  était  venu  le  voir  à  Lau- 
sanne la  même  année  j  et  Gibbon 
lui  avait  promis  de  le  suivre  bientôt 
en  Angleterre  ,  pour  échap  er  aux 
orages  qui  bouleversaient  alors  le 
continent.  L'ét.U  de  sa  santé  et  la  dif- 
ficulté d'un  déplacement  l'empêchè- 
rent  quelque  temps  d'eiécnter  ce  pro- 
jet; mais,  en  i7C)5,  ayant  reçu  la 
nouvelle  de  U  mort  de  lady  SlieiFicld 
qu'il  aimait  tendrement  et  qu'il  appe- 
lait sa  sœur,  il  pirtit  sur-le-champ 
pour  aller  consoler  son  ami  :  six  mois 
environ  après  son  arrivée  en  Angle- 
terre ,  ses  incommodités  toujours 
croissantes  l'obligcrcnt  de  subir  une 
opération  qui ,  renouvelée  plusieurs 
fois  ,  lui  laissa  l'espérance  de  la  guéri- 
son  ,  jusiju'au  16  janvier  1794»  jour 
où  il  mourut  sans  inquiétude  comme 
sans  douleur.  C'est  dans  ses  Mémoi- 
res, ouvrage  écrit  avec  la  complaisante 
franchise  d'un  homme  content  de  lui- 
même  et  de  sa  destinée  ,  qu'on  peut 
apprendre  à  connaître  son  c.iractèrc; 
c  était  celui  d'un  homme  aussi  bon  et 
aussi  honnête  qti'on  peut  l'être  avec 
nnc  sensibilité  peu  profonde_çt  des 
scntîmenTr droits  ^  "mais  peu  élevés  : 
*on  alTection  pour  ses  amis  se  peint 
néanmoins  d'une  manière  intéressante 
dans  SCS  Lettres  h  lord  Mi<  ilb  Id  et  à 
quelques  autres  personnes.  Gibbon 
parlait  le  françiis  avec  correction  et 
inènie  avec  élégance  :  le  style  de  ses 
cVnii  anglais  u  clé  admiré  cl  critiqué 


.  GIB 

tour  à  tour;  il  a  de  la  concision  ,  de  la 
vivacité,  souvent  de  l'éclat  :  mais  une 
certaine  reeheiche  de  tournures  pi- 
quanl(S  et  brèves,  line  tendance  j>res- 
que  contiunclle,  surtout  dans  les  der- 
niers volumes,  à  la  pompe  et  à  l'efifet, 
en  allèrent  la  simplicité  et  quelquefois 
même  la  clarté;  plus  animé  que  celui 
de  Hume,  plus  pi'toresqueque  celui  de 
Ivobertson,  il  n'a  ni  la  majesté  soute- 
nue de  l'iui ,  ni  la  limpidité  facile  de 
l'autre.  Son  Histoire  de  la  décadence 
et  de  la  chute  de  l Empire  romain  a 
été  traduite  dans  presque  toutes  les 
langues  de  l'Europe,  en  espagnol  ,  en 
italien,  et  deux  fjis  en  allemand.  Le 
I''^  volume  fut  traduit  en  français  par 
IVI.  Lecicrc  de  Septchênes,  secrétaire 
du  cabine!  du  lioi  (  3  vol.  in-8°.,  Pa- 
ris, 1  777)  ;on  prétend  que  le  premier 
chapitre  iVriil  été  traduit  par  Louis 
XVI,  qui  ne  voulut  pas  continuer  lors- 
qu'il vil  les  att.jques  de  l'auteur  contre 
le  christianisme,  cl  remit  alors  sa  tra- 
du«  tion  à  M.  de  Seplehênes  qui  l'a- 
cheva :  les  volumes  suivants  furent 
sure  ssivement  traduits  par  MM.Gint- 
well ,  Demeunicr  el  Bouîard;  et  l'ou- 
vnv^c  entier  parut  en  18  vol.  in-8°. 
Celte  traduction  a  été  refondue  par 
l'auteur  de  cetai  tiele,  qui  y  a  joint  une 
Notice  sur  la  vie  et  le  caractère  de 
Gibbon,  et  des  Notes  sur  l'histoire 
du  christianisme,  if)  vol.  in-8". ,  Pa- 
ris, 181 '2.  Après  II  mort  de  Gibbon  , 
ses  OEuiTes  diverses  furent  publiées 
en  '2  vol.  in  4".  par  lord  Slu  flield.  Ce 
recueil  contient  ,  outre  les  p»lits  ou- 
vrages dont  nous  avons  déjà  parlé  et 
quehjnes  autres  Estais  <le  peu  d'im- 
portance, les  Mémoires  de  Gibbon  , 
sa  Correspondance  ^  cl  les  Extraits 
raisonnes  de  ses  lectures  :  il  a  été 
réimpiimé  à  Hàlc  (  i79<i,  7  vol.  in- 
8".  )  ,  ainsi  que  X Histoire  de  la  dé- 
cadence et  de  la  chute  de  l'Empire 
romain,  i3  vol.  in  8".  Les  Mcmoi' 


G  in 

rf<  et  <j»i.!<jii(s  Opusrulcs  ont  ('f('  Ira- 
(iiiils  (Ml  Irançnis  (par  M.  lVIarip;ni(') , 
9.  vol.  iii  S'.  1.01(1  vShrflicId  a  donne, 
à  la  (in   tic   uSi4,  imc  édition  iion- 
vcllc  d<  s  OEiwres  diverses  ^Miscel- 
laneous  works)  de  Gddwn ,  avec  ses 
Mémoires  y  Londres,  f)  vol.  in-8°., 
»)rn(e  d'un  jioiiveau  porliviit  de  l'au- 
ttur  et  de  quatre  gravures.  On  y  trou- 
ve, en  écrits  inédits,  plus  d*«ni  tiers 
déplus  que  dans  la  première  édition. 
Toute  cette  nouvelle  partie  a  e'ic  eu 
même  temps  imprimée  en  un  volume 
in-4\,  pour  compléter  l'édition  de  ce 
format  qui  avait  paru  vingt  ans  au- 
jiaravanf.  Comme  ce  volnmc  doit  être 
encore  peu  répandu  en  France  ,  nous 
allons  présenter  ici  les  titres  des  prin- 
cipaux écrits  qui  le   composent:  i°. 
Essai  sur  la    monarchie    des  Mè- 
des ,  pour  servir  de  supplément  aux 
dissertations  de  MM.   Frérct  et  de 
Bougainwille  (en  français).  — i".  Des 
extraits  d^   ses  Recueils  (  Comnwn 
place  looks),  contenant  des  observa- 
tions critiques  sur  des  auteurs  célè- 
bres,  anciens  el  moderne»?,  et  parti- 
culièrement français.  —  S"*.  Des  Let- 
tres  de   Gibbon ,    et   d'autres   à   lui 
adressées  par  des  personnes  distiu- 
p;uées  ,    et  entre  autres  par  Horace 
Walpo'e  et  M'"^  Neckcr.-4°.  ]/ In- 
troduction de  ses  Extraits  des  Com- 
mentaires de  Blackstone,  —  5".  Un 
morceau   sur  la  navigation  autour 
de  l'Afrique.  G — t. 

GIBBONS  (  Grinling  )  ,  sculp- 
teur et  statuaire  anglais ,  naquit  à 
Londres,  de  parents  hollandais,  à  ce 
que  l'on  croit.  Il  s'attacha  d'abord 
particulièrement  à  la  sculpture  en 
bois;  et  il  avait  acquis  une  grande  ha- 
bileté dans  son  art,  lorsqu'il  vint  ré- 
sider à  Dtptford  ,  où  il  se  lia  avec 
Jean  Evelyn  ,  qui  le  recommanda  à 
Charles  II.  Ce  prince  lui  donna  une 
place  dans  la  direction  des  trava«!X  pu- 


(ilB  Si'i 

blirs,  el  le  cliM7,ea  des  ornements  de 
sculpture  de  la  chapelle  de  Windsor. 
(iibl)ons  s'acquitta  de  cette  tâche  av(;c 
beaucoup  d<r  succès.  Ses  ouvrages  , 
dans  celte  chapelle,  exécutes  en  bois 
de  tilleul,  représenient  des  j)élicans, 
des  colombes,  des  palmiers  et  .l'au- 
tres    emblèmes  tirés    de    rÉeriture- 
Sainle.  On  cite  de  lui  aussi  le  beau 
piédestal  en  marbre,  qui  porte  la  sta- 
tue équestre  du  Roi  dans  la  (  our  prin- 
cipale, à  Windsor;  la  base  de  la  sI;j- 
lue  à  Charing-Cross,  et  la  statue  de 
Charles   II  à   la  Banque;  le  feuillage 
du  chœur  de  Tég'ise  de  Saint-Paul  de 
Londres;  les  fonts  de  b;iplême   dans 
l'église  de  Saint  Jacques  ,  et  un  grand 
nombre d'au'res  ouvrages  d'ornement, 
dans  les  palais  de  Burleigh,  de  Chat- 
worth  ,  et  ailleurs  :  mais  on  distingue, 
comme  ce  que  son  ciseau  a  produit  de 
plus  parf.it,  Icserabellisscmentsdout 
il  a  orné  le  lambris  d'une  v.iste  cham- 
bre à  Petworlh,  tels  que  des  festons 
de  fleurs,  du  gibier,  un  vase  antique 
avec  un   bas-relief  du    goût   le  plus 
pur,  etc.  On  lui  attribue  la  siatue  en 
brjnze  de    Jacques  II,  dans  Privy 
gardeTi.Cel  artiste  mourut  à  Londres, 
le  3    août    ^-j'ii.  Horace  Walpole, 
qui  possédait  dans  sa  collection  plu- 
sieurs de  ses  ouvrages,  dit  que  «  per- 
«  sonne  avant   lui    n'avait  donné  au 
«  bois  la  légèreté  souple  et  aérienne 
«  des  fleurs,  et  n'avait  groupé  les  di- 
»  verses  productions  delà  nature  avec 
»  l'air  de  désordre  naturel  à   chaque 
»  espèce.wDesfleurs  que  Gibbons  avait 
sculptées    s'agitaient  ,    s'ébranlaient 
d'une   manière  surprenante,  par    le 
mouvement  des  voitures;  et  il  avait 
sculpté  une   plume  qu'on  ne  distin- 
guait pas  d'une  plume  naturelle.  ~- 
Oriando  Gibbons  ,  musicien  composi- 
teur anglais,   ne  en   i585,  fut,  dès 
l'âge  de  vingt-un  ans,  organiste  de  la 
chapelle  royale.  Il  publia  à  Londres, 


3ï4  GIB 

en  1612  ,  des  Madrigaux  à  cinq 
parties  ,  pcfur  des  voix  et  des  quin- 
tetli ;  et  plus  tard,  des  Offices  d'é- 
glise et  des  Antiennes,  dont  la  com- 
position est  rangée  parmi  ce  qu'il  y  a 
de  meilleur  en  ce  genre,  et  qui  sont 
encore  généralement  en  usage  aujour- 
d'hui en  Angleterre.  De  ses  Antiennes, 
h  plus  célèbre  est  son  Hosanna.  On 
lui  doit  ausiïi  la  musique  des  Hymnes 
et  Cantiques  traduits  en  anglais  par 
George  Withers.  I/université  d'Ox- 
ford lui  conféra  ,  en  1G22  ,  le  degré 
de  docteur  ,  sur  la  vive  recommau- 
dafion  du  savant  Camden.  Gibbons 
avyit  composé  la  musique  pour  la  so- 
lennité du  mariage  de  Charles  P"".,  à 
laquelle  il  se  préparait  d'assister , 
lorsqu'il  fut  attaqué  de  la  petite  vé- 
role,  et  en  mourut  en  1625.  Son  fils 
Christophe,  et  ses  frères,  Edouard  et 
£llis,  avaient  suivi  la  même  profession 
que  lui.  X — s. 

GlijBONS(  Thomas  ),  théologien 
anglais  de  la  chisse  des  Dissenters ,  né 
^'n  l'j'io  à  Reak,  paroisse  de  Swaf- 
fham  -  Prior  ,  près  de  Newmarkot , 
était  fils  d'un  ecclésiastique  ,  et  fut 
nommé,  en  I'J^t.,  prédicateur  sup- 
pléant d'une  congrégation  établie  dans 
iJilver  -  Street  ,  à  Londres.  L'année 
suivante,  il  fut  appelé  aux  fonctions 
de  pasteur  de  la  congrégation  des  in- 
dépendants, à  Haberdasher's-hall:  il 
devint  ,  en  1754  ,  '•»  des  institu- 
teurs d'une  maison  d'éducation  pour 
les  Dissenters  j  à  Mile-end,  et,  en 
i^Sç),  adjoint  aux  théolugi(ns  ihar- 
j;és  des  lectures  qui  se  font  les  di- 
manches au  soir  d.uisMonk\vclIslr('ct. 
Jl  publia,  en  1777,  un  ouvrage  inti- 
tulé :  Fcwale  ivorihics ,  etc.  (  La 
salaire  du  sexe  ,  ou  Fies  et  Mémoi- 
res de  femmes  éminemment  distin- 
guées par  leur  piété), 'à  vol.  in-8". 
Cet  ouvrage,  le  plus  important  de 
uui  qu'il  .4  donnés  au  public,  a  eu 


GIB 

récemment  les  honneurs  d'one  e'di- 
tiou  nouvelle,  augmentée  par  George 
Jeoment ,  et  suivie  d'un  3^  volume 
par  S.  Burd ,  chapelain  du  duc  de 
Kent,  Londres,  i8i5  ,  3  voLin-S**., 
ornés  de  18  porti'aits  exécutés  avec 
soin.  Gibbons  avait  reçu  ,  en  1764  , 
le  degré  de  docteur  en  théologie  d'un 
des  collèges   d'Aberdeen.   11  monruir 
d'une  attaque  d'apoplexie ,  le  22  fé- 
vrier 1785.  Sa  grande  piété,  la  sim- 
plicité et  l'austérité  de  ses  mœurs  lui 
avaient,  plus  vraisemblablement  que 
ses  talents  littéraires,  mérité  une  pro- 
fonde estime  du  docteur  Johnson.  Il 
avait  un  penchant  invincible  à  rimer, 
malgré  Minerve ,  et   s'y   livra  toute 
sa  vie  :  mais  on  lui  reconnaissait  du 
savoir  et  du  talent  pour  l'enseignement. 
Nous  citerons  encore,  parmi  ses  pro- 
ductions ,  une    Rhétorique  ,   1  767  ^ 
in-8''.;  des   Mémoires  du  révérend 
Isaac  fVatts,   1780,  in -8'.,  et  5 
volumes  de  Sermons  sur  des  sujets 
évangéliques  et  pratiques,  pubiu^s 
par  souscription    après   sa  mort.— 
Un  autre  Thomas  Gibbons  a   com- 
posé des  Hjmnes  adaptés  au  culte 
divin  y  qui  ont  été  imprimés  en  1 784, 
Londres,  in- 12.  On  y  trouve  des 
pensées  élevées  ,  mais  malheureuse- 
ment exprimées.   Il    était   mort   en 
178").  X--S. 

GIBDS  ,  GIBRESIUS,  GUIB- 
BELS  ou  GUIB  (Jean  Frédéric)  , 
médecin  écossais,  naquit  à  Dumler- 
ling.  Pour  se  soustraire  à  l'affligeint 
sptctacle  de  la  guerre  et  des  troubles 
civils  qui  désolaient  l'Angleterre,  il 
se  détermina  à  voyager  en  sortant  de 
l'université  de  Saint-Andié  où  il  avait 
fditscs  éludes  littéraires.  Il  parcourut 
successivement  la  Fr,>n<e,  la  Hollan- 
de ,  rAlIcmagne,  l'Italie,  la  (irece, 
la  Natolie ,  la  Syrie  et  l'Egypte.  Il  re- 
vint ensuite  en  Italie  ,  s'arrcla  quel- 
que tenqis  à  Borne  ,  cl  se  rendit  a 


GIB  OîB  5t5 

r.idouc  dans  le  dessoin  d'y  éliidier  l.i  genre  de  pcinfnrc  où  ce  dernin  s*ei>t 
médecine.  Toui mente  sans  eose  par  illiis!rc,  {^eme  eiuinenimcnl  propre  a 
l.i  iM.inir  des  voy;4j;e.s ,  il  quitta  bien-  la  decor.ilion  des  cdiliers  puLlics,  vt 
tctt  crite  ville,  repassa  en  Krance,  cl  prf'scpjeahandunne parmi  nous  depuis 
s'arrêta  à  Andusc,  en  l^aiij;uedoc,  pour  lon{];-lemp.s,  la  pemture  luonochronio 
y  ens(  igner 'les    Iniwanites.  Quelque  à  fresque.  Apres  avoir  séjourne  dix. 
temps  après,  il   (ut  appelé  à   Nîmes  années  cà  Home,  et  avoir  i emporte  nii 
jiour  y  professer  la  rhcioriqne.  De  là  prix  à  l'académie  de  Parme,  en   i  ^GH 
il  se  rendit  à  Valence  ,  et  fut  agiegc  ,  ou  i  'j6g,  pour  son  tableau  reprcsin- 
cn  I  75i  ,  au  collège  des  médecins  de  tant  Aclulle  qui  combat  le  fleuve  Sca- 
cclte  ville.  La   chaire  d'éloquence  du  mandre,   d  vint  à  Paris  en   1771,01 
collège  d'Orange  lui  ayant  ete  offerte  fut  presque  aussitôt  cliargé  de  peindre 
quelques  années  après,   il  vint  pro-  la  grande    fresque   raonoelnome  qui 
fesser  dans   cette  ville  ,  et   y  attira,  orne  encore  le  grand  amphithéâtre  de 
par  sa  réputation  ,  un  grand  concours  l'Ecole  de  chirurgie,  aujourd'hui  l'E- 
tréludi.'.nts.  Détermine  enfin  à  mettre  colc  de  médecine;  édifice  dont  on  ve- 
nn  terme  à  sa  vie  errante,  il  s'y  ma-  nait  de  poser  les  fondements.  Celle 
lia  ,  se  fil  recevou-  docteur  en  méde-  grande  peinture,  de  72  pieds  de  long, 
cine,  et  se  proposait  de  se  livrer  ex-  sur  18  de  haut,  espèce  de  fiise,  qui 
clusiveraeut  à  la  pratique  de  cet  art,  règne  au-dessus  de  la  porte  principale, 
lorsque  la  mort  vint  le  surprendre  le  fut  exécutée  en  1775.  Elle  est  divisée 
27  mars   1681 .  Gibbs  n'a  laissé  au-  en  trois  parties  :  au  militu,  Louis  XVI, 
cun  ouvrage  digne  d'être  transmis  à  la  sur  son    trône,  paraît    entoure  des 
poslérité.  Il  regardait  les  vers  comme  vertus  royales  les  plus  propres  à  fi- 
la cause  de  presque  toutes  les  raala-  voriser  les  progrès  des  sciences  et  des 
dies  :  mais  cette  opinion  paradoxale,  arts;  à  droite  est  Escuiape,  dévoilant 
soutenue  long-temps  avant  lui,  et  re-  les  secrets  de   l'anatomie  à  ses  disci- 
produite     récemment    par   quelques  pies,  sur  le  corps  d'un  homme  mort; 
modernes,  le  dislingue  moins  que  sa  à  gauche,  une  bataille;  on  voit  sur 
passion  dominante  pour  les  voyages,  les  devants,  des  chirugicns  qui  pan- 

Cu — T.  sent  des  blessés.  Ce  maître  a  peint 
GIBELIN  (Esprit- Antoine)  ,  encore:  I. Une  figure  colossale  d'Hy- 
peintre  et  antiquaire  ,  correspondant  gie,  ou  la  Santé,  et  six  figures  gran- 
de rinstitul  de  Erance,  naquit  à  Aix  des  comme  nature,  représentant  i'Os- 
cu  Provence,  le  17  août  t739.  Vai-  téologie  ,  l'Angiologie  ,  etc.  toutes  à 
iicmeut  sollicité  de  s'attacher  soit  au  fresque  ,  la  première  dans  l'escalier 
commerce,  soit  au  barreau  ,  il  se  con-  du  même  bâtiment,  les  autres,  dans 
sacra  à  la  peinture,  où  l'appelait  une  la  salle  des  actes.  II.  Deux  fresques  , 
imagination  féconde  et  brillante,  et  fut  aussi  monochromes,  en  plein  air,  dans, 
d'abord  dirigé  par  un  peintre  d'Air  ,  les  frontons  des  deux  pavillons  méri- 
Dommé  Arnulfi,  élève  de  Benedetto  dionaux  de  l'École  militaire  ;  Tune  re- 
Lutfi.  Son  admiration  pour  les  grands  présentant  le  génie  des  sciences  mili- 
modèles  l'ayant  entraîné  de  bonne  taires  ,  entoure' d'instruments  propres 
hciue  en  Italie,  il  se  livra  à  l'étude  à  ses  études;  l'autre,  le  dieu  Mars ,  ou 
de  l'antique,  de  Raphaël ,  plus  encore  le  génie  même  de  la  guerre,  environne 
peut-être  de  Jules-Bomain  etdePoly-  de  syn»boles  guerriers  ,  tenant  d'untr 
dore,  et  s'attacha  particulièrement  au  maiu  unecpée  uuc  ,  cl  de  l'autre  alti- 


SiG 


GIB 


ranl  un  coursier  sur  une  route  mon- 
tueusc.lll.  Une  fresque  raonochromc 
de  plus  de  25  pieds  de  lonç;,  repré- 
sentant une  prédication  de  St.  -  Fran- 
çois ,  dans  le  cLœur  de  i'église  des  Ca- 
pucins de  la  Chaussée  -  d'Antin ,  au- 
jourd'hui la  paroisse  St. -Louis,  raonu- 
inent  bâti  par  Brougniarl.  Celte  fres- 
que d'un  bon  style  subsiste  encore, 
ainsi  que  les  preVéd  'i.tts;  (l  quoiqu'elle 
ait  été  recouveile  d'un  lait  de  chaux 
pendant  la  révolution,  il  serait  facile 
de  la  rendre  au  jour.  IV.  Plusieurs 
fresques  ,  les  unes  monochromes  ,  les 
autres  a  toutes  couleurs,  dans  des 
maisons  de  particuliers,  tantôt  dans 
des  intérieurs  ,  et  tantôt  en  plein  air. 
Gibelin  a  aussi  peint  quelques  tableaux 
à  l'huile;  un  Accouchement  et  une  Sai- 
gnée ,  placés  dans  une  des  salles  de 
l'École  de  chirurgie;  la  Correction  con- 
jugale, etc.,  etc.;  on  y  remarque  à 
regret  que  sa  prédilection  pour  la  fi  es- 
que  monochrome  lui  avait  trop  fait 
négliger  dans  sa  jeunesse  une  partie 
de  l'art  qu'il  rechercha  avec  effort  et 
peu  de  succès  dans  un  âge  plus  avan- 
cé, la  vérité  de  la  perspective  aérien- 
ne; mais  on  y  retrouve  aussi  l'esprit, 
l'ame  ,  nous  pouvons  dire,  le  génie  , 
qui  ciractérisent  toutes  ses  produc- 
tions. Les  dessins  de  ce  maître  ,  re- 
cueillis dans  divers  cabinets,  se  font 
presque  toujours  distinguer  par  des 
idées  neuves  et  ingénieuses.  r*Jourri 
de  la  lecture  des  auteurs  anciens,  et 
forme  par  une  longue  observation  des 
monuments  de  Home  ,  il  a  joint  aux. 
talents  d'un  artîste  les  connaissances 
d'un  antiquiirc.  Nous  avons  de  lui 
plusieurs  ouvrages  :  1.  F.etlrc  sur  les 
tours  antiques  (ju'on  a  tlémolies  à 
Aix\,  en  t'rovence,  el  sur  les  anli- 
quitt's  qu  elles  renfermaient  ,  Ai\  , 
1787  ,  in  -4''>  onxcc  de  onze  plan- 
ches. IL  De  Vori^inc  et  de  Informe 
(lu  bonnet  de  la  liberté  ,  Faiis  ,  an 


GTB 

IV  (  1796),  in -S'*.,  avec  cinq  plan 
ches,  ouviageoù  l'auteur  a  déra^jutrc 
que  le  bonnet  de  la  liberté,  dans  U 
forme  qu'on  lui  donnait  pendant  les 
désordres  do  noire  révolution ,  n'était 
point  chez  les  anciens  un  emblème  de 
la  liberté,  mais  plutôt  un  signe  d'es- 
clavage. ÏIL  Mémoire  sur  la  itatue, 
dite  le  Gladiateur  Borghèse  (inséré 
dans  les  Mémoires  de  la  classe  de  lit- 
térature et  beaux-arts  de  l'Institut , 
tom.iv);  disseilation  où  il  a  cru  pou- 
voir soutenir  que  cette  figure  repré- 
sente un  Sphériste,  ou  joueur  de  bal- 
lon. IV.  Second  mémoire  intitulé,  Sur 
le  Gladiateur  Borghèse  (imprime 
dans  la  Décade  philosophique,  an  xii, 
•2^  trimestre).  Y.^Sur  la  mosaïque 
(même  journal ,  an  x  ,  i'"".  trimestre". 
VI.  Mémoire  sur  un  groupe  de  mat' 
bre  blanc  ,  représentant  deux  en^ 
fants  y  découvert  a  Vienne ,  dépar- 
tement de  VIsère  {même  journal ,  an 
X,  5'".  trim.)  VIL  Eloge  funèbre  du 
général  Dugommier  ,  Aix  ,  an  m 
(1795),  in-4  ".  VIIL  Discours  sur  la 
nécessité  de  cultiver  les  arts  d'imi- 
tation,  Versadles  ,  an  viii(i7<)9), 
in-4°.  de  seize  pag.  IX.  Observations 
critiques  sur  un  bas-relief  antique , 
conservé  dans  l'hôtel- de-ville  d'Aix., 
et  sur  des  mosaïques  découvertes 
près  des  bains  de  Sextius ,  de  la  mé* 
me  ville ,  Marseille  ,  1 809,  in  -  8". , 
avec  cin(i  |)1.,  etc.,  etc.  M.  Etienne 
Beisson  a  gravé,  d'après  lui  (à  la  ma- 
nière noiie),  le  Chagrin  monte  en 
croupe  ;  P()r[)or.»ti  ,  li  Pre'lresse 
compatissante  ;  Valperga,  la  Cor- 
rection conjugale.  11  a  gravé  lui-mê- 
me, à  l'eau-lorte ,  son  tableau  repré- 
sentant unAccouchementyCi  plusieurs 
autres  de  ses  compositions.  On  trouve 
dans  l'ouvrage  intitulé,  Description 
des  écoles  de  chirurgie  ,  par  M.  (ion- 
doin  (iu-lol.,  1781)},  des  gravures  de 
la  fresque  du  grand  amphilheàlie  de 


Gin 

wtto  pcolc,  clc.  ("lilx'liu   ne  doit  ctrc 
pl.KH",  ni  p.iniii  les  habiles  coK)rislos, 
ni  iiKMiic  |),iriiii  les  dcs^'inatcurs  cor- 
rects; mus  on  reconnaît,  dans  tontes 
SCS  coin[)usilions  pitioresques,  de  l'in- 
Tenliou  ,  du  sentiment,  de  la  verve, 
un  slvie  noble  et  gracieux,  des  pen- 
sées cliVecs,  intéressantes,  toujours 
heureusement  appropriées  à  ses  su- 
jets. Un  des  premiers ,  il  a  fut  briller 
dans  le  style  l'aurore  du  bon  'j;oul,  au 
milieu  de  la  corruplion  de  notre  école. 
Nous  lui  avons  l'obligation  p.irticulicre 
d'avoir  l'ail  renaître  parmi  nous  l'art 
de  1»  fresque  ,  et  d'avoir  prouve,  par 
d'heureux  exemples  ,  que  ce  genre  de 
peinture  peut  être  employé  en  France 
dans  les  lieux  ouverts,  maigre'  l'humi- 
dité du  climat.  Cet  artiste  est  mort  à 
Aix,  le  25  décembre  i8i4»  '^S<^  de 
soixante  -  quatorze  ans.   Un  de  nos 
écrivains  a  fait  une  erreur  que  nous 
ue  saurions  passer  sous  silence  ,  lors- 
qu'il a  attribue   à    un   autre  peintre 
nommé   Grihelin  les  deux  composi- 
tions de  la  Prêtresse  compatissante  et 
de  la  Correction  conjugale,  et  qu'il 
a  donné  à  ce  Giibelin   les  prénoms 
d'Antoine- Esprit.   Gribelin  ,  peintre 
cl  graveur  ,  naquit  à  Blois,  vers  le 
milieu  du  xvii'.  siècle,  et  se  rangea 
parmi  les  imitateurs  de  Lebrun.  Son 
prénom  était  Simon;  il  eut  un  fils  , 
graveur  comme  lui,  qui  paraît  avoir 
porté  le  même  prénom  ,  et  qui  a  passé 
une  grande  pai  tie  de  sa  vie  en  Angle- 
terre. Ces  deux  artistes  n'ont  rien  de 
commun  avec  Esprit- Antoine  Gibelin , 
po^térieurde  cinquante  ans  au  dernier 
d'entre  eux.  E — c  D — d. 

GIBE1\T(  Jean-Pierre  ),  l'un  des 
plus  savants  canonistes  de  France  , 
naquit  à  Aix,  en  i65o,  d'iuic  bonne 
famille  de  robe.  Son  père  était  .réfé- 
rendaire à  la  chancellerie  :  le  fds  se 
consacra  de  bonne  heure  à  l'éiatecclé- 
siaatique  enrecevanl  latonsuie3  mais 


Gin  5f7 

il  ne  voulut  pas  prendre   les  ordres; 
et  l'on  ne  peut  allribuer  cette   résolu- 
tion qu'à  sa  profonde  hinnilité.  Apres 
avoir  terminé  ses  études,  il   fut  reçu 
docteur  en  droit  civil    et  canonique. 
L'évêque  de    Toulon   (  Chalucet  )  le 
chargea  d'ejiseigncr  la  théologie  dans 
son    séminaire;  et  ,  quelques  années 
après,  étant  revenu  à  Aix ,  à  la  prière 
de  ses  parents ,   Gibert  enseigna  la 
même  science  au  séminaire  de   cette 
ville.  11  vint  à  Paris   en  i7o3;  et 
quoique  son  mérite  le  fît  rechercher 
avec  empressement ,  il   se  refusa   à 
toutes  les  instances  qui  lui  furent  fai- 
tes, et  vécut  constamment  dans  la  re- 
traite ,  partageant  son  temps  entre  l'é- 
tude et  les  exercices  de  pieté,  auxquels 
il  se  livrait  avec  autant   d'exactitude 
que  d'édification.  Il  ne  voulut  accep- 
ter aucun  des  emplois  qui  lui   furent 
offerts,  et  se  montra  toujours  extrê- 
mement désintéressé.  Il  distribuait , 
chaque   semaine,    aux  pauvres,   les 
sommes  qu'il  prenait  sur  son  néces- 
saire. Ce  savant   respectable  mourut 
d'apoplexie   à  Paris,  le  i  novembre 
1756,  à  l'âge  de  -jG  ans  ,  et  fut  in- 
humé dans   l'église   de   Sainl-Côme. 
Gibert  ,   dit  Bougerel ,  était  connu  , 
estimé  et  respecté  de  tous  les  gens  de 
bien.    Il   répondait  à  tous  ceux   qui 
venaient  le  consulter  sur  des  matières 
canoniques  ;    et   l'on   a  eu  recours  à 
ses  lumières  pour  toutes  les  grandes 
affaires  arrivées  de  sou  temps  dans 
l'Église.  On  a  de  lui:  I.  Les  dei^oirs 
du   chrétien     renfermés    dans     le 
psaume   118,  Paris,  1705,   in-12. 
II.  Cas   de  pratique  concernant  les 
sacrements  en  général  et  en  particu" 
lier ,  ibid. ,  1709  ,  in- 1*2.  III.  Doc- 
trina  canonum  in  Corpore  juris  in- 
clusorum  circà  consensum   paren- 
tum    requisiluin  ad    matritnonium 
fdiorum  minorum,  Disquisitio  histo- 
rica^  ibid.;  1709,  iu- 12.  IV.  Mé- 


5i3  GIB  GIB 

moires  concernant  l'Écriture  sainte,  de  M.  J.  P.  Gibert,  son  cousin{  pat* 
la  théologie  scholastique   et    l'his-  le  P.  Bou2;erel),  Paris,  1757,  in-12. 
taire  de  l'Eglise,  pour  servir  aux  5'.  Les  Mémoires  de  Niceron  ,  iome 
conférer/ces    des    ecclésiastiques   ,  xl  ;  et  enfin  :  4  "•  Les  Mémoires  sur 
J.uxembourj^ ,  1 7  10 ,  in-i  2.  V.  Ins-  les  hommes  illustres  de  Pro\^ence 
tiUUions  ecclésiastiques  et  bénéficia-  (  par  le  P.  Bougerai  ) ,  Paris  ,  1752, 
ies ,  suivant  les  principes  du  droit  '\\\-\i.  W — s. 
commun  et  les  usages  de  France,         GIBEHT  (  Balthasar  ) ,  célèbre 
Paiis,  1720,  iu-4".  ;  2".  ëdiliou  aug-  professeur  de  ruriiversité  de  Paris, 
nientëe,  ibid. ,  i  736,  2  vol.  in  -  4'.  cousin  du  précédent,  naquit  à  Aix  en 
Get  ouvrage  est  le  meilleur  de  Gibert.  Provence,  le    17   janvier    1662  ,  et 
\{.  Dissertation  sur  l'autorité  du  commença  ses   études   dans  sa  ville 
second  01  dre  dans  le  synode  diocé-  naiale.  A  l'âge  de  12  ans,   son  père 
sain,    Rouen.    1722,  in- 4°.    VII.  l'envoya  à  Paris,  d'où  il  se  rendit  à 
Usages  de  l'Eglise  gallicane  con-  Soissons  pour  y  continuer  ses  huma^ 
cernant  les  censures  et  irrégularités,  nités  sous  les   pères    de    l'Oratoire. 
Paris  ,  1  724,  in-4  '.  J  il  y  a  des  exem-  Revenu  à  Paris  ,  il  fit  sa  rhétorique  et 
plaires  avec  la  date  de  1750.  VIII.  sa  philosophie  au  collège  d'Harcourt , 
Consultations  canoniques  sur  les  sa-  prit  l'habit   et   l'état   ecclésiastique, 
cremenls ,  ihid.  j  17'^ï)  12  vol.  in  12.  suivit  les  cours  de  théologie  en  Sor- 
IX.    Tradition  ou  Histoire  de  VE-  bonne,  passa  bachelier  en  cette  faculté, 
glise  sur  le  sacrement  de  mariage,  mais  resta  clerc  à  simple  tonsure, 
ibid. ,  1725,  3  vol.  in-^".  X.  Cor-  Il  n'avait  que  vingt-deux  ans,  lors- 
pus  juris  canonici  per  régulas  natu-  que  la  ville  de  Beauvais  lui  fit  offrir 
rali  ordine digestas ,  Gencve ,  l'jCfô;  la  chaire  de  philosophie  de  son   col- 
Lyon,  1737  ,  3  vol.  in  fol.  :  ouvrage  léj:;e;il  l'accepta,  et  la  garda  jusqu'en 
fort  estimé.  (  K  Espiard.  )  L'auteur      1688  qu'il  fut  appelé  à  Paris  pour  y 
avait  eu  le  dessein  de  le  publier  en  occuper  une  chaire  de  rhétorique  au 
français ,  et  il  en  a  donné  le  plan  dans  collège  Mazarin.  On  venait  de  l'établir, 
cette  langue.  XL  Conférences  de  Fé-  et   il  en  fit  l'ouverture  par  un   beau 
dit  de  lOgS  (sur  la  juridiction  ecrié-  discours  latin.  Cet  emploi  fut  celui  de 
siastique)  avec  les  ordonnances  pré-  toute  sa  vie;  et  il  eut  le  bonheur  de 
eédentes  et  postérieures  sur  la  même  voir  sortir  de  sou  école   un   grand 
matière,  Paris,  1757  ,  2  vol.  in-12.  nombre  de  su)ets  distingués,  qui  rcn- 
On  a  encore  de  lui  d<'s  Notes  sur  le  dirent  à  l'Eglise   et  à  l'Étal  d'utiles 
Traité  de  l'abus  par  Fevret,  et  sur  services,    il  était  juste  que  les   hon- 
la  Pratique  flu  droit  canonique  d\i]?.  nenrs  académiques  devinssent  la  rc- 
Cabassut  ;  et  il  a  laissé  en  manuscrit  compense  de  tant  de  savoir  et  de  zèle, 
plusieurs  ouvrages  dont  on  trouvera     L'université  lui    déféra  cinq    fois   le 
la  liste  dans  la  dernière  édition  de  la  rectorat;  et  il  eut  souvent  occasion  de 
Bibliothèque  historique  de   France,  soutenir,  en  ci'lte  qualité,  les  droits 
On    peut    consulter,   jMMir    plus    de  de  ce  corps  savant,  soir  en  empêchant 
détails  ;  1".    Eloge   de    Gibert,  par  la  furmation  de  nouvelles  umvrr.sités 
r.ibbé  Goujel ,  Paris,   1736,  in-4".  dans  des  villes  qui  eu  arabilioniiaienf 
2".  Lettre  à  M.  Gibert ,  professeur  rétablissement,  soit  en  s'oppusant  à 
de  rhétorique  au  collège  Mazarin  ,      l'agrégation  des  jésuites    à   qnelques- 
CM  Von  trom'C  un  abrégé  de  la  vie     uru>  de  ces  corps.  Ses  dernières  an- 


GIB  (ilB  3i9 

tiet's    furent  tr(»uljlé<'S   |)ir   l<  s  afl!ii-  17^^^),     1707;  cl    les    journaux  re- 

rcs  du  jansi'iiisiiio.  l/uiiiveriilc  avait  tentircnt  de  ce  procès   liltcraire,  des 

adhéré  à  l'appel  de  la  condamnation  pièces  duquel  ou  forma  un  Recueil, 

des  cinq   propositions  de  J  inscnius.  qin  a  die  imprime  plusieurs  fois.  Uu 

Lorsqu'il  ftit  ([ucstion  de  la  révocation  prélat,   M.    J^rûlarl  de  Sillery  ,  éve- 

de  celle  adhésion,  Gibert,  en  sa  qua-  que  deSoissons,  ne  dédaigna  pas  de 

lité  de  syndic  de  la  ficullé  des  arts,  se  mêler  parmi  les  combattants;  et  il 

s*y  opposa,  et  s'attira  la  disi^race  de  prit  le  parti  de  Gibert,  dans  deux  let- 

la   cour.  11  alla  mourir  à  Hcgaines  ,  très  écrites   à  dom  Lamy  ,  et    aux- 

maison    de    campagne    de   l'évêque  quelles  le  savant  héuédictin  répondit. 

d'Auxerre  (  Caylus  ) ,  qui  y  accueil-  D'autres  critiques  se  partagèrent.  IIL 

lait  ceux  du  parti.  Sa  mort  date  du  Jugement  des  sas>ants  sur  les   au- 

'i  8  octobre  174''   11   ^'^^it  79  ans,  teiirs  qui  ont  traite  de  la  rhétorique , 

et  en,,  avait  passé  près  de  60  dans  la  a^fec  un  Précis  de  la  doctrine  de 

carrière  de  renseignement.  Parmi  les  ces  auteurs  ,  5  vol.  in-  12,  dont  le 

ouvrages  qu'il  a  laissés,  on   cite:  I.  premier,  contenant  les  auteurs  grec* 

Beaucoup  de  Discours  latins ,  pro-  et  latins   jusqu'à    Quintilien  ,  parut  1 

nonces  dans    diflTérenies   occasions  ,  en    1713;  le  2^.,  où  se  trouve  ce 

soit  comme  professeur,  soit  comme  qui  a  été  écrit  de  plus  curieux  surl'é- 

recleur  ;  et,  entre  autres,  les  éloges  loqucnce  sacrée  et  profane,  depuis 

funèbres  des  présidents  de  Lamoignon  Quintilien  jusqu'au  xvii^.  siècle,  pa- 

€t  de    Mcsmes  _,   le  panégyrique    de  rut  en  1714?  et   le  5'^.,  où  l'auteur 

Louis  XIV,  prononcé  en   Sorbonne  parle  des  maîtres  les  plus  fameux  des 

en  17 08, l'éloge  du  professeur  Pour-  temps  modernes  ,  en  17  19:  cet  ou- 

chot,  etc.  IL  Traité  de  la  véritable  vrage  est  le  meilleur  de  Gibert  ^  il  est 

éloquence ,  o\\  Réfutation  des  para-  bien  supérieur  à  celui  que  Baillet  a 

doxes  sur  V éloquence  ,  avancés  par  publié  sous  le  même  titre,  et  lemar- 

V auteur  de  la  Connaissance  de  soi-  quable  surtout  par  la  force  d'analyse 

même.  Dom  Lamy  (  de  la  congréga-  et  par  des  réflexions  saines  et  judi- 

tion   de  Saint  -  Maur  )  ,  auteur    de  cieuses.  On  l'a  réimprimé  en  Hollande 

l'ouvrage  réfuté,  y   avait  dit  que  la  soit  in-4".,  soit  in- 12  ;  et  il  fait,  dans 

circulation  des  esprits  animaux  con-  ces  éditions,  la  suite  ou  le  S"",  vol.  de 

tribuait  à   l'éloquence;  et  le  profes-  Baillct.  (/^.  Baillet,  III,  228.)  IV. 

scur  de  philosophie ,  Pourchot,  avait  Lettres  en  réponse  aux  Observations 
adopté  cette  opinion.  Gibert  s'éleva  des  auteurs  du  Journal  de  la  Hafe^ 
contre  l'un  et  l'autre  avec  chaleur.  Le  En  rendant  compte  du  i*^  volume  de 
bénédictin  ,  pour  le  soutien  de  son  l'ouvrage  précédent,  ils  avaient  joint 
opinion  ,  publia  La  rhétorique  du  ces  observations  à  l'extrait  qu'ils  en 
collège,  trahie  par  son  apologiste,  donnèrent.  Ils  insérèrent  la  Réponse 
Pourchot,  do  son  côté,  crut  devoir  de  Gt^er!  dans  le  tome  vi  de  leur 
répondre  h  Gibert  par  un  écrit  inti-  journal ,  1".  partie.  V.  Observations 
tuié  :  Lettre  d'un  juriste  ,  auquel  il  sur  le  Traité  des  éludes  de  Rollin , 
en  joignit  bientôt  un  autre,  sons  le  i  vol.  in  - 1  2.  Elles  sont  adressées  à 
litre  de  Défense  du  sentiment  d'un  Rollin  lui-même.  Le  professeur  du 
philosophe  contre  la  censure  d\m  collège  Mazarin  s'y  élève  ,  avec  trop 
rhéteur.  Gibert  répliqua  par  des  peu  de  ménagement ,  ce  nous  semble  , 
Lettres  ,   qui  parurent    en    i7o5,     contre  les  principes  et  la  œethode  ds 


520  GIB 

cet  illustre  maître,  sou  collègue;  la- 
quelle, dit-il ,  «  pèche  contre  le  bon 
£Out  ,  le  bon  sen^ ,  la  raison^  tend 
à  gâter  le  goilt  des  jeunes  gens  ,  à 
les  jeter  dans  des  erreurs  de  grande 
conséquence.  »  Tout  !<'  monde,  nu 
rest'- ,  n'est  pas  du  même  avis  que 
Giberl  sur  le  Traité  des  étwh<i  ;  ot 
si,  selon  lui ,  il  ne  sy  tr  uve  ni  jus- 
tesse ,  m  clarté,  ni  ex::ctitu:te,  sui- 
vant un  aufre  ciilique  (i),  en  sup- 
posant Roliiii  a  moins  e'rudit  et 
moins  profoiid  que  le  |)rofei>seur  du 
collège  Mazarin,  il  est  plu.s  élégant, 
plus  moelleux  ,  plus  piquant ,  plus 
instrudif ,  plus  didaclique  ;  ii  a  l'art 
d'insmuer  ce  qu'il  enseigne.  «  S'il  fal- 
lait faire  la  part  à  Puii  et  à  l'autre, 
on  dirail,  avrc  l'abbe  Desfmlaines, 
nue  et  si  l'un  a  plus  de  savoir,  l'aufre 
a  plus  de  goût  »;  et  l'on  souhaiterait 
«  que  Gibert  eut  i'esprit  et  le  style  de 
Kollin,  ou  que  celui-ci  eût  aut.nt  mé- 
dité que  son  émule  sur  l'art  dont  loiis 
t]cu\  se  sont  occupés.  »  Le  bon  et 
sage  Rollin  répondit  à  Gib(rt  parutie 
](  tire  de  20  pages  seulement ,  où  il 
se  plaint,  avec  sensibilité  ,  mais  avec 
lUie  admirable  mocléiation  et  une  po- 
litesse parfaite ,  du  Ion  un  peu  â|)re 
avec  lequel  son  <  ollègue  le  régen 
tiil.  Ctlle  louable  et  cxiréme  con- 
descendance de  Kollin  ne  mit  pas  fin 
à  la  controverse.  Gibert,  selon  sa 
rontmne  ,  répliqua  ;  et  ce  ne  fut  pas 
pour  adoucir  ec  que  sa  censure  avait 
de  trop  vif.  Vl.  lihelorica  jiixtà 
AristoteliS  doctrinam  diulogis  ex- 
fdannta,  Paris,  1  7^0  ,  in  -  4". ,  80 
pages,  par  demande  s  et  |)ar  réjx.nses; 
iinprinice  d'aboi d  pour  l'usage  Avs 
ccoliers  ,  donnée  ensuite  en  français 
.Tvec  dos  augmentations,  sous  le  litre 
de  Bliétorique ,  ou  règles  de  C élo- 
quence, 17:50,  vol.ih-if,rénn|)ritné 

(^l^  L'aiiitur  «le»  J'iun  Stetlet  Je  la  Lutiraturt 
francaiit. 


GIB 

en  1 74  •  •  C'est  un  précis  de  la  rhétori- 
que d'Aristote,  de  celle  d'Herraogène  , 
et  de  ce  qu'olfientd-  mieux  \  Ora- 
teur de  Cicéron  et  {^Institution  ora- 
toire de  Quintilien  ;  il  est  p'ein  de 
citations  et  d'observations  utiles ,  et 
fait  avec  mé'hcde  et  érudition.  VIT. 
Discours  sur  la  constitution  Unige- 
nitus ,  cité  par  Fontette,  tome  i  ,  sous 
le  no.  50G5.  VIII.  Mémoire  concer- 
nant les  principaux  des  petits  col- 
lèges, cité  p,ir  le  même,  tome  iv  , 
sous  le  n  '.  4IB0.  L — y. 

GIBEKÏ  (JosEPn-PiALTnASAR\  de 
l'académie  royaîe  des  inscriptions  et 
belles-l(  tfres .  était  né  à  Aix,  en  1711, 
d'une  famille  rccomm mdable  dans  la 
magistrature,  elqui  nemanquaitmême 
pas  d'une  certaine  illustration  litté- 
raiic.  (  roy.  les  deux  articles  précé- 
dents. )  Il  lut  destiné  au  barreau ,  et 
successivement  attaché,  en  qualité  de 
secrétaire  ,  d'.ibor  I  à  M.  de  Plaint- 
mont  ,  j)uis  à  M.  IVOrmesson  ,  tous 
deuK  avocats-généraux  du  parlement 
de  P.iris.  Malgré  l'assiduité  avec  la- 
quelle il  s'acquittait  de  ces  laborieuses 
fondions,  il  eut  encoïc  assez  de  zèle 
et  de  loisir  pour  acquérir  des  connaii- 
sances  profondes  et  variées  sur  diffé- 
rentes parties  de  la  littérature  an- 
cienne. Les  premiers  fruits  de  ses  veil- 
les parurent,  sous  la  forme  de  Lettres, 
dans  divers  journaux  du  temps  ,  entre 
autres  dans  le  Journal  des  savants  et 
dans  le  Mercure  :  ils  furent  favora- 
blement aceueillis.  Ce  succès  l'enhar- 
dilà  tenter  des  travaux  plus  étendus; 
«t  il  a<lressa  à  Frérot  une  Lettre  sur 
l  histoire  ancienne^  dans  laijuelle  il  ne 
craignit  pas  de  combattre  quelques 
opinions  de  ce  savant.  L'audace  du 
jeuiu-  atlilète  ne  fut  pas  vaincue  sans 
résisi  ince  ,  et  surtout  sans  gloire. 
J)irnlot  l'académie  des  belles- lettres 
le  jugea  digne  d'être  ailmis  dans  son 
sciu  ;  el  il  y  fut  reçu  au  mois  de  fc- 


(.  I  n 

vricr  174G.  11  fui,  depuis  celle  épo- 
que, un  (l'js  inciuhrcs  (jiii  IravailK;- 
rciit  avec  le  j)lns  d'aideur  ti  d'ac^ti- 
vite  à  la  conlimialioii  des  IMe'rnoircs 
de  cette  roiMpa^iiic.  Qnolcjn'il  eut  c'ic 
rliarj^e  par  M.  de  Malesherbes  du  dé- 
tail de  la  librairie,  et  (jiie  depuis  il 
riil  encore  e'ie  noinnic  inspecteur  du 
domaine,  et  aixliivisio  de  la  chambre 
des  pairs ,  ces  fonctions ,  ({ui  toutes 
exigeaient  beaucoup  d'assiduité'  ,  et 
qui  sendjient  étrangères  à  la  liftera- 
ttue,  ne  renjpechèrcnt  jamais  de  rem- 
plir exactement  ses  devoirs  d'acadé- 
micien ;  et  loin  de  surcharger  sa  me'- 
moire  et  d'épuiser  ses  forces,  elles  ne 
servirent  qu'à  faire  briller  l'étendue 
de  ses  connaissances  et  les  ressources 
de  son  esprit.  Les  nombreuses  Dis- 
sertations qu'il  a  inscïces  dans  le  Re- 
cueil de  l'académie ,  prouvent  que 
presque  toutes  les  parties  du  vaste 
domaine  de  l'érudition  lui  étaient 
également  familières.  Méprisant  les 
routes  l)3ttues,  il  aimait  à  s'en  frayer 
de  nouvelles.  L'autorité  ne  lui  im- 
posait pas;  et  il  osait  appeler  des 
décisions  les  plus  accréditées.  C'est 
peut-éire  cet  esprit  d'indépendance, 
que  ses  adversaires  qualifiaient  à  tort 
d'esprit  de  système,  qui  le  porta  à  se 
jeter  de  préférence  dans  le  champ 
épineux  de  la  chronologie  ancienne, 
et  à  choisir  pour  son  antagoniste 
l'homme  qui  dominait  alors  dans  la 
littérature  savante.  (  Foy.  FrÉret.) 
Les  tentatives  de  Gibert  ne  furent  pas 
toutes  également  heureuses.  Ses  Ob- 
servatioîis  sur  Vannée  des  anciens 
Perses ,  sur  les  Règnes  de  quelques 
rois  de  Bahylone  et  de  Perse,  et  sur 
VEpoque  de  l'ancienne  inscription 
de  Tripoli ,  n'ont  point  détruit  la 
lorce  des  preuves  et  des  arguments  de 
son  adversaire,  quoiqu'il  y  ait  pro- 
posé des  objections  sensées,  et  ouvert 
iks  vues  Unes  et  judicieuses.  Il  sem- 


XVII. 


GIB  3ai 

blait  qu'il  ciit  pris  à  tache  de  coml}atlrc 
Frércl  sur  tuus  h-s  terrains  où  il  pou- 
Viit  r.ittciiidrc.  Il  le  j)Oursuivil  jusque 
dans  lec.harnj)  delà  gé(;giapliie,  et  es- 
saya de  présenter ,  sur  les  mesures 
anciennes  j  un  système  différent  de 
l'opinion  que  Fréret  avait  fait  préva- 
loir. Mais  on  est  forcé  de  reconnaître 
que  ce  nouveau  système,  spécieu\  par 
sa  régularité,  ne  se  lecommaîide  nul- 
lement par  la  solidilé  des  principes  et 
l'exactitude  des  recherches.  Il  ne  nous 
semble  pas  que  Gibcrt  ait  mieux  réussi 
dans  son  hypothèse  sur  le  nom,  de 
Méro{>ingiens  ,  appliqué  à  la  pre- 
mière race  de  nos  rois;  et  l'avantage, 
dans  cette  dispute,  où  du  moins  il  ne 
fut  pas  l'agresseur,  paraît  encore  être 
resté  à  son  adversaire.  Nous  ne  croyons 
pas  non  plus  qu'on  approuve  toutes 
les  idées  que  Gibert  a  développées  dans 
un  mémoire  sur  les  premiers  habi- 
tants delà  Grèce,  question  obscure 
et  difficile  que  Fréret  a,  sinon  résolue, 
au  moins  discutée  avec  infiniment  d'é- 
rudition et  de  sagacité.  La  partie  la 
plus  solide  et  la  plus  estimable  des 
travaux  de  Gibert,  est  ceile  qui  est  re- 
lative à  la  chronologie  ,  quoiqu'il  faille 
souvent  se  défier ,  ainsi  que  nous  l'a- 
vons déjà  observé  ,  d'une  certaine 
tournure  paradoxale  qu'il  donnait  à 
ses  idées  même  les  mieux  autorisées. 
Ses  principaux  Mémoiies  en  ce  genre, 
outre  ceux  que  nous  avons  cités,  sont  : 
I.  Des  Eclaircissements  sur  diffé- 
rentes suites  des  rois  de  fEgjpte. 
1  ï.  La  Chronologie  des  rois  de  Juda 
et  d^ Israël.  111.  L'ancienne  année 
des  Juifs  et  la  célébration  de  leur 
pdque.  IV.  Des  Obsen^ations  sur  la 
chronique  de  Paros,  qui  tendent  à 
attribuer  à  ce  monument  plus  d'exac- 
titude et  d'autorité  qu'on  ne  semble 
généralement  être  convenu  de  lui  ci: 
accorder.  Gibert  avait  consacré  beau- 
coup de  temps  et  de  recherches  à  l'é- 

21 


522  G I B 

tilde  de  notre  histoire  nationale.  Ce 
fut  me, ne  par  un  ttavail  de  ce  ^ciire 
qu'il  S'j  désigna  aux  .suffrages  de  l'aca- 
démie ;  et  les  occupations  auxquelles 
il   fut  depuis    ob.ij^ë  de    se   livrer  , 
comme  inspecteur  du  domaine  et  ar- 
chiviste de  la  chambre  des  pairs,  ser- 
virent encore  le  goût  qui  le  portait 
vers  des  études  si  importantes  et  ce- 
pendant si  né;;ligécs.  Il  pubiia  ,  dans 
le  recueil  de  l'académie,  outre  Ksdeux 
Dissertations   relatives   au  nom   des 
Mérovinj^iens,  d«s  Recherches  histo- 
riques sur  les  cours  qui  exerçaient 
la  justice  souveraine  de  nos  rois, 
sous  la  première  rt  la  deuxième  race, 
et  au  commencement  de  la  troisième: 
c'est   un  des  mon  eaux  les  phis  cu- 
rieux et  les  plus  instructifs  qui  soient 
sortis  de  la  plume  de  ce  savant  aca- 
démicien. Dans  le  cours  de  ses  tra- 
vaux ,    il    avait  découvert  un  grand 
nombre  de  titres  relatifs  à  notre  his- 
toire ,  et  de  pièces  importantes  pour 
le  droit  public  du  royaume,  déposi- 
taire et  garde  de  ces  papiers  précieux , 
il  se  proposait  de  les  publier  avec  une 
Préface  et  les  Notes  nécessaires  à  i'in- 
tclligencc  des  textes,  mais  la  mort  le 
surprit  avant  qu'il  eût  eu  le  temps  d'ac- 
complir ce  dessein  ;  et  ce  ne  fut  pas 
une  des  moindres  pertes  que  la  lillé- 
^ature  (il  à  sa  mort.  Les  qualités  du 
cœur  de  Gibeit  étaient  encore  d'un 
plus  grand  prix  (pie  celles  de  son  es- 
prit. Une  certaine  inégalité  piquante 
de  caractc'ie  donnait  à  son  commerce 
heaiicoup  d'agrc-rnent  et   de  charme. 
Sd  société,  selon  l'expression  de  l'au- 
teur de  son  Eloge  ,  avait  les  grâces  de 
CCS  jardins  modernes,  dont  l'art,  ca- 
ché sous  une  a|)parence  de  bi/.irrene 
et    de    désordre,    plaît    plus   (pi'une 
triste  ré^;  ilarilé  cl  une  nionoioiie  uni- 
formité. Un  fait  qui  pourrait  .sur|)ren- 
dre  cen\  (|iii  ne  savent  pas  combien 
Itts  isprils  d'un  ordre  i,upéricur  cun- 


GIB 

servent  de  liberté,  même  lorsqu'ils  pa- 
raissent absorbés  dans  les  plus  pro- 
fondes méditations  ,  c'est  que  ce  sa- 
vant ,  livré  pendant  toute  sa  vie  à  des 
occu{)ations  si  graves  et  à  des  études 
si  sérieuses  ,  passait  régulièrement  la 
plus  grande  partie  de  ses  soirées  an 
théâtre  de  la  comédie  italienne,  et  qu'il 
composa  la  p'upart  des  canevas  des 
pièces  qui  y  furent  représentées  a  cette 
époque.  11  mourut  d'une  goutte  re- 
montée, le  12  novembre  in^i.Sou 
éloge,  prononcé  par  Lebeau,  dans  la 
séance  publique  de  l'année  suivante, 
est  imprimé  dans  le  tome  xxxviii  des 
Mémoires  de  l'académie  des  belles-let- 
tres. C'est  aussi  dans  ce  Recueil  (  vol. 
XIX  à  xxxv),  que  se  trouvent  les  dif- 
féients  travaux  de  Gibert,  et  ceux 
qui  recommandent  le  plus  sa  mémoire. 
Il  avait  publié,  avant  d'être  membre 
de  cette  compagnie  célèbre:  i".  Une 
Dissertation  sur  l'histoire  de  Judith, 
dans  laquelle  on  prouve  que  cetls 
histoire  n'est  arrivée  qu'après  la 
captivité  de  Bahjlone ,  Pans,  1759, 
in- l'i.  —  2".  Lettre  à  M.  Fréret  , 
sur  V Histoire  ancienne ,  i']\\ ,  in- 
1  '2.  —  5".  Lettre  sur  la  chronologie 
des  Dabjloniens  et  des  E^ptiens , 
1743 ,  in  8".  —  4  '•  Mémoires  pour 
servira  l  histoire  des  Gaules  et  de 
lu  France ,  l']/^\  ^  m-  \'à  ,  ouvrage 
dont  l'académie  agréa  la  dédicace;  il 
donna  lieu  à  diverses  criliipies  et  ré- 
pli(pies  dont  Fontette  donne  le  détail 
dans  la  Jiihlioihèque  historique  de 
la  France. — 5'.  IMenioire^Mr /cr /^rtS* 
sage  de  lu  mer  Rouge  y  publié  hors 
du  llecueil  de  l'académie, Paris,  1755, 
iii-4  '.lia  paru,  on  181  i  ,  un  Pros- 
pectus raisonné  j  ou  ytpercu  d'un 
nouveau  s)  stème  des  temps  ;  ou- 
vrage po-)tliuiue  de  Ciibert ,  juiblié  par 
son  (ils,  1  vol.  in-4".  de  54<>  pages, 
avec  des  tables.  Ce  n'est  ipi'un  extrait 
d'uu  Irav.iil  imiuciiiic  sur  L  dirono- 


G I  n 

lo{;ic  snrrcc  et  prof.nic ,  dont  (jibert 
s'el.nt  |)iiiiri|»ilt«nicMt  occu[)c  ;  cl  cet 
extrait  di-vait  ,  tr.ij>it'S  ks  expres- 
sions dere(!il<(ir,  servir  de  |)reriee  et 
iriiifrodnelitMi  àrdiivra^e  nilier.  H  ne 
ivir.iît  |).is  que  eelte  enlieprise  j)uissc 
Il  doive  être  eoiilimioe.  Il  s'en  laiit  de 
Le<iiieou|)  (jue  'es  idées  de  rauleur 
eussent  ete  poitccs  à  leur  point  de 
maliuitc  ,  cl  que  toutes  les  bases  chro- 
nologiques qui  sont  présentées  dans 
cetapciçu  ,  soient  aussi  solides  que  le 
prétend  l'éditeur,  f^a  redaclio'i ,  d'ail- 
leurs ,  en  est  tellement  deleelucuse  , 
que  la  lecture  en  devient  inutile , 
à  force  d'être  rebutante.  On  sent  que 
la  main  de  l'auteur  était  nécessaire 
pour  mettre  en  œuvre  tant  de  maté- 
riaux incohérents;  et  l'on  a  besoin, 
pour  ne  point  desapprouver  haute- 
ment une  publication  si  maladroite,  de 
se  rappeler  les  paroles  de  Tacite  ; 
Profebsione  pielaUs  laudatus  eril 
mit  excusaius.  On  a  prétendu  que 
Gibeil  avait  travaille  à  une  édition 
d'ilerodote,  et  qu'il  avait  laisse,  en 
manuscrit ,  une  Traduction  complète 
de  cet  historien.  Cette  assertion  est 
erronée,  quoiqu'elle  ait  e'té  souvent  re- 
produite par  des  bibliographes  étran- 
gers (Adelung,  Supplément  au  dic- 
tionnaire de  Jœcher;  Ersch ,  France 
littéraire  )_,  sur  la  foi  du  Ne'crologe  de 
1770,  et  de  Forraey  (  France  litté- 
raire). Voici  sur  quoi  elle  est  fondée. 
Une  traduction  manuscrite  d'Héro- 
dote, par  l'abbé  Beilanger,  avait  été 
remise  à  Gibert ,  pour  qu'il  en  revît 
le  texte  et  en  dirigeât  l'impression. 
jMais  il  trouva  cette  traduction  si  dé- 
fectueuse, qu'il  déhcspéra  de  la  rendre 
digne  du  public,  à  moins  delà  refaire 
entièrement .:  et  elle  passa  depuis  entre 
les  mains  do  Larchcr,  qui  en  porta 
le  même  jugement ,  et  se  décida  à  en 
composer  une  nouvelle.  C'est  dans  la 
préface  que  ce  dernier  a  mise  en  létc 


G  1  R  5'a5 

de  sa  U'aductiou  d'IIérodofc,  que  nous 
avons  puisé  cet  (ieiaircisscmcnf.  Il 
est  j)i-()bal)le  (jue  Gdjert  al)aiidoMna 
piornptemerit  l'entreprise  (pi'd  avait 
eonimencée  ;  soit  qu'il  ail  été  distrait 
j)ar  d'autres  travaux  ,  soit  qu'insfrin't 
du  dessein  de  Larcher,  il  ait  voulu 
lui  laisser  le  mérite  de  ce  diiïicilc  ou- 
vrage. Le  lils  de  Gibert  (  paç];e  />  du 
probj)eclus  que  nous  avons  cité  )  at- 
teste lui-même  qu'il  n'a  jamais  connu 
que  le  premier  livre  de  cette  traduc- 
tion, et  les  deux  premières  feuilles  du 
second  livre;  et  il  suppose  que  le  tra- 
vail de  son  père  n'a  pas  été  poussé 
plus  loin  :  témoignage  qui  s'accorde 
parfaitement  avec  celui  de  Lareher, 
Mais  un  fait  que  nous  ne  devons 
pas  négliger,  c'est  que  ce  fut  Gibert 
qui  donna  lieu  ,  par  une  heureuse  in- 
discrétion ,  a  la  publication  des  œuvres 
de  l'immortel  ehanceiier  d'Aguesseau. 
Honoré  de  l'estime  de  ce  grand  ma- 
gistrat ,  et  comblé  des  bienfaits  de  sa 
i^imille  ,  il  crut  ne  pouvoir  mieux  ser- 
vir la  gloire  de  son  protecteur,  et  en 
même  temps  acquitter  sa  propre  re- 
connaissance, qu'en  livrant.à  l'impres- 
sion quelques-uns  des  discours  qu'il 
avait  été  à  portée  de  connaître  et  de 
recueillir.  C'était ,  dit  Lebcau  ,  une 
espèce  de  larcin  patriotique  :  il  avait 
fallu  cacher  la  main  qui  eu  faisait  jouir 
le  public  ;  et  ce  premier  germe  a  fait 
éclore  l'édition  générale  des  œuvres 
de  d'Aguesseau.  Ainsi  la  mémoire  de 
Gibert  s'est  associée  et  demeure  unie 
à  celle  de  son  illustre  bienfaiteur. 

I>       L> 

GIBRUT  DES  MOMÈUES,  fds 
du  précédent,  auquel  il  succéda  dans 
sa  place  d'inspecteur  du  domaine,  a 
par  erreur  été  appelé  Gilbert  dans  le 
Moniteur,  c<>\n6  sur  ce  point  par  tous 
les  autres  journaux.  Nommé  ,  par  le 
département  de  la  Seine,  membre  du 
conseil  des  cinq  -  cents  en   l'an  iv  , 

21.. 


524  G  I B 

c'est  -  à -dire,  à  l'iiiitant  même  de 
la  mise  en  activité  de  la  constitution 
de  Tan  m,  il  s'y  occupa  de  fi' ances, 
et  parla  souvent  soit  en  sou  nom  , 
«oit  comme  rapporteur  de  commis- 
sions ,  sur  les  contributions  ,  les 
monnaies ,  les  biens  nation.iux ,  etc. 
La  se've'rilè  qu'il  montrait  dans  ses 
discours  à  l'égard  du  directoire  et  de 
ses  a'ijenls,  la  réfutation  qu'il  fit  d'un 
messnge  de  cette  autorité,  lui  attirè- 
rent l'inimitié  du  parti  dominant  :  il 
lut  en  conséquence  compris  dans  la 
loi  du  i8  fructidor  an  v  (  1797), 
et  condamné  à  la  dcport;uion.  Il  par- 
Tint  à  se  soustraire,  pendant  trois  ou 
quatre  mois  ,  à  la  fatale  sentence; 
mais  arrêté  au  mois  de  décembre  1 797, 
il  fut  envoyé  à  Rochefort,  et,  au  mois 
de  mars  suivant ,  transporté  à  la  Guia- 
ne  avec  deux  cents  autres  condamnés. 
Il  y  mourut  en  juin  1 799  ,  âgé  de  cin- 
quante-dcMX  ans.  B — d. 

GlBErtTi(jEAN-MATmEu),  pieux 
et  savant  évc que  ,  né  à   P.dorme  en 
149^  ,  était  fils  naturel   de   Franco 
Giberti ,  noble  Génois  ,   ç;énéral  des 
ç^alcrcs  cbi  pape.  ()n  bu  donna  d'hi- 
biles  m;îties;  et  il  prolila  si  bien  de 
leuri  Icçoiis,  qu'à  r.^<»ede  douze  ans, 
il  possédât  iéi:»  parfait?  ment  le  grec 
et  le   latin.  Il    fi'-rjueyiia  ensuite  les 
plus  céicb<fcs  é  !j|  s  de  l'Italie,  et  fil 
des   progr'^s  très  rennKj.iables  dans 
la   théologi*',  Il  jurisprudenec  et  les 
mathématiques.  A  beaucoup  d'esprit, 
il   joignait    un    jugenimt   sain  ,    une 
rare  pruleiice,  de  la  modestie  et  des 
mœurs  si  douces  ,  qu'il  était  impossi- 
ble d«'  le  voir  sans  prendre  aussitôt  à 
bii  MU  vif  niterêt.  11  aurait  désiré  en- 
sevelir sa   vie  dans   la  retraite;  mais 
son  pi'reipii  avait  d'autres  vues,  après 
lui  avoir  fiit  prendie  l'état  eerlésias- 
ti([Uf',  l'obligea  d;se  chcrrberun  pro- 
teeieur.  H  le  trouva  dans  le  cardinal 
.fulcsdc  Médicis,  qui  Icchoisit  pour  sou 


GIB 

secrétaire  ;  et  ce  prélat  ayant  été  e1u 
pape  sous  le  nom  de  Clément  VII,  le 
nomma  dataire  apostolique ,  et  lui  lais- 
sa l'aduiinistration  de  toutes  les  affai- 
res. Giberti  se  montra  digne  de  cette 
faveur  par  son  savoir  et  par  son  inté- 
grité. 11  entama  des  négociations  avec 
la  Fr mce  et  l'Angleterre  pour  rétablir 
l'unité  de  TEiilise,  et  chercha  à  rame- 
ner  la  paix  entre  les  princes  chrétiens  : 
mais  les   esprits  étaient    trop   agités 
pour  qu'il  pût  réussir  dans  ce  noble 
dessein.  A  la  prise  de  Rome  par  le 
connétable  de  Bourbon  ,  il  fut  un  des 
otages  arrêtés  pour  sûreté  de  h  ran- 
çon du  pape;  mais  le  cardinal  Pom- 
pée Colonne,  qui  estimait  ses  talents, 
le  fit  sortir  de  prison.  Giberti  avait 
été  élevé  à  la  dignité  d'évêque  de  Vé- 
rone on  i524;  et  comme  son  atta- 
chement h  la  France  continuait  à  le 
rendre  l'objet  de  la  haine  de  plusieurs 
préiats,  il  se  relira  dans  son  diocèse , 
et   s'appliqua  entièrement  à   y   faire 
fletirir   la    discipline    et    les    bonnes 
mœurs.   11    remplaça    les    ecclésiasti- 
ques ignorants,  ou  qui  se  faisaient  re- 
marquer  par    une  conduite  scanda- 
leuse; publia   des   ordonnances  pour 
rendre   au    culte   son    antique  splen- 
deur ;    fil  disparaître  toutes  les  frau- 
des pieuses  ,  abolit   tous   les   usiges 
qu'un  zèle  peu  éclairé  avait  introduits 
dans  le  service  divin  ,  assura  dis  se- 
cours  aux  nécessiteux  et  du  travail 
aux  pauvres    valides  ,    et   cul    soin 
qu'une  instruction  solide,  donnée  aux 
cufaiils  de  toutes    les    classes  ,  pré- 
vînt le  retour  de  ces  croyances  égale- 
ment opposées  à  la  saine  raison  et  à 
la  r<ligion.  La  suppression  des  abus 
ne  pouvait  manquer  de  lui  faire  au- 
tant d'ennemis  de  ceux  (pii  cri  pro- 
filaient. Les  jours  du    saint   évcquc 
furent  menacés;  et  le  pape,  informé 
des  dangers  qu'il  courait,  lui  écrivit 
de  sa  propre  main  pour  l'engager  à      ♦ 


G I B  0 1 B  5^.5 

revenir  à  Rome  :  m. ils    Ciibrrli  rc-  vcrcnl    loujotirs    tn    lui    un  prolcr- 
iui'H    runst.iiniiK'iit    (i'.ib.nuloDiicr    le  tciir  /.e'Ie.  Sentant  .sa  fin  s'appioclicr, 
diocèse  <[iK'  l.t   Piuviilence  lui   avait  il  fil  un  lestanuiit  par  bquel   il  ins- 
coufie  j  et  il  parvint  enfin  à  y  i'aiie  liluail  les  pauvres  ses  licViliers  pour 
ret;n(r  l'orthe  1 1  la  lianqnillile.  1!  ne  la  plus  grande  p'irlie  de  ses   biens, 
voulut   accepter  aurunc  des  dignités  11  mourut    à  Vérone  le    5o  dccem- 
qui  lui  furent  oHerles  |)ar  Paul  11],  bre    i54">,  et  fut  inhume   dans   la 
donnant     toujours   pour    exrusc    les  calbcdrale.    Le    peuple   aceournt   en 
soins  qu'il  devait  à  son  lronj)eau.  Ce-  foule  à  ses  obsèques,  qui  fuient  ec- 
pcndant  il  fut   oblige  de  céder  aux  lébrces  avec  pompe.  Son  Oraison  fii- 
insJances  du  pontife,   et  il  consentit  nèbrc  fut  prononcée  en  italien  parle 
à  reprendre  les  fonctions  de  dalaire.  P.  Angelo  Casliglione  ,  et  en  lalin  p;ii- 
Il  fut  du  nombre  des  prélats  charges  AdamFuraani  {f^oy.  Fumani,  tome 
de  rédiger  les  propositions   tpii  de-  XVI",  pag.  i8o);  et  quoique  les  Gra- 
vaient être  soumises  à  la  décision  du  teurs  n'eussent  eu  que  peu  d'instants 
concile  de  Trente  ,  et  rendit  d'autres  pour  se    préparer  ,   le    tableau    des 
services  importants  à  l'Église.  Rentré  qualités  et  des   vertus  du  prélat  fit 
dans    son  diocèse   aussitôt  qu'il   en  verser  des  larmes  à  fous  les  auditeurs, 
eut  la  permission  ,  il  y  forma  plu-  Une  circonstance  qu'on  ne  doit  point 
sieurs  établissements  pour  la  congre-  omettre,  c'est  que  St.  Charles  Borro- 
galion  des  Théatins ,  fondée  par  saint  mée,  allant  prendre  possession  du  sié- 
(jdétaii  dcThicne,  son  ami,  et  dont  il  ge  de  Milan,  passa  par  Vérone  pour 
avait  fait  approuver  la  règle  par  le  recueillir  les  instructions  de  Giberti 
pape.  Il  établit,  dans  Tintéiieur  du  de  la  bouche  même  de  ceux  qui  les 
palais    épiscopal  ,    une    imprimerie  avaient  entendues  ,  et  étudier  ses  ré- 
pour   les  publications  des  ouvrages  glcraents  pour  les  introduire  dans  son 
des  saints   Pères  grecs;   et  afin  de  diocèse.  Pierre- François  Pini  a  pu- 
s'assurer  de  la  correcliou  du  texte,  il  bliéune  vie  de  Giberti ,  sous  ce  titre: 
pensionna  plusieurs  savants  pour  re-  Bojii pastoris  exejiiplum.  EWe  csl  Ire» 
voir  les   épreuves  (i).  Giberti  avait  intéressante,  mais  moins  exacte  que 
toujours  aimé  les  lettres.  Dans  sa  jeu-  celle  que  Pierre  et  Jérôme  Ballerini  ont 
nesse ,  il  avait  formé  à  Rome  une  aca-  mise  en  tête  de  l'édition  des  OEuvres 
demie  pour  l'encouragement  de  l'étude  de  ce  prélat  ^  Vérone ,  17  53,  in-4". 
des  langues  ancitimes  ;  et  cette    so-  Ce  Recueil   contient   les    admirables 
ciété ,  dans  sa  courte  durée  ,  avait  eu  Kéglements  qu'il  avait  publiés  pour 
des  succès  remarquables.  Les  affaires  l'administration  de  son  diocèse;  des 
importantes  qui  occupèrent  la    plus  Instructions  sur  V utilité  des  maisons 
grande  partie  de  la  vie  de  ce  préiat,     religieuses  ;  des  Lettres;  quelques 
purent  à  peine  ralentir  sa  première     Pièces  de  vers;  et  enfin  les  deux  Orai- 
iirdcur  ;  et  les  hommes  instruits  trou-     sons  funèbres  dont  on  a  parlé,  et  l'ou- 
— ; vrage  de  Pini.  Giberti  a  eu  pour  amis 

(i)On  croit  fdire  plaisir  aux  curieux  en  iiiditiiiant        i>^      K^         C^J^I^t-        A,T       i        C'    "     ' 

ici  l«  principaux  .  uvrajjes  sortis  de  Pimprimer.e        LcmbO  ,    Sadolct  ,    M.    A.     t  lamUUO  , 

f.inici,ucrc  ^c  Ciieiù.i.  vjoannis  chrr.<osio-     Jean  de  la  Casa  ,  J.  p.  Valerian  ,  et 

hiitfitcrprclatio  in  omues  s.  Pauliepislotut,  ijf.q,        -tr-  i  •         i  '  i  i 

4  %oi.  la-foi. ,  cdiiion  nussirsiiraee  pour  iab.-auié      v  ula  ,  qiu  a  louc  SOU  talcnt  pour  la 

tics   caraclères   que  pour   la   correction   du    texte.        ,^„  '.:„       J„.,c.    ..»    ^»..o»»wv    J^    ,  „_      ./    . 
H.   Joun.u.  Valna.ceni  libtr   orlhodoxo'.  Jldei ;        pOCSie  ,    daUS  UH   fûSSagC  dC   SOH  Art 

tjiiuieniubcrde lis  tjui  infidedorniieniiu,  iWiz ,     voétiouc  :   cc  i)assace  u'cxistc  dans 

}>cUtin-loi.iTc$  rave. lil.  OLcumcnucommeiUurii       '  -v   •  1 

éii  ,i:.ia  ni,o!tulorii,n^   lâJî  ,  in-lcl.  aUCUUC  CaitlOU   UC  CCt    OUVlMge;    UlillS 

s. 


326  GIB 

Tiiabosclii  l'a  inséré  dans  la  Storia 
délia  letter.  ital. ,  tome  vu  ,  page 
5 1 8  W — s. 

GIBIEUF  (Guillaume),  docleur 
de  Soi  bonne  ,   prêtre  de  l'Oratoire, 
e't  lit  fils  du  lirnienant  civil  de  Boiufçrs. 
Il  fit  ses  études  dans  Tunivcrsitc  de 
Paris ,   et  p;irul  r»vec  distinction  sur 
les  bancs  de  Sorbonnc,  où,  après  sa 
licence  ,  il  prit  le  bonnet  de  docteur. 
Son  prerrjier  goût  le  portait  à  entrer 
chez,  ks  jésuites;  mais  ayant  f^iit  con- 
naissance avec  M.  de  Bérulle,  il  s'at- 
tacha à  sa  personne,  et  entra,  en  i6i2, 
dans  la  conf;régation  de  l'Oratoire  , 
que  cet  illustre  prélat  venait  d'établir. 
Ce  lut  à  cette  occasion  que  le  fameux 
syndic  liicher  chercha  à  aicirmr r  toute 
la  faculté  de  iliéolop»-  sur  la  désertion 
de  piusicurs  de  ses  metîibies  qui  sui- 
virent  l'exemple  du  P.   Gibieuf,  et 
qu'il  entreprit  de  faire  déchoir  des 
privilèges  et  des  prérogatives  du  doc- 
torat tous  ceux  qui  étaient  entrés  ou 
cninraient   désormais    dans  la  nou* 
vclle  congrégation.  M.iis  le  crédit  et 
la  sagesse  du  fondateur  calmèrent  cet 
orag'-,  et  rejidirenl  inutiles    tous  les 
rflurts  de  Richcr.  I^e  P.   Gibieuf  se 
livra  d'abord  avec  beaucoup  de  succès 
à  l.'i  (onversion  des  hérétiques.  M. de 
Bérulle  se  l'associa    ensuite   dans    le 
gouverjiemeut  de  sa  congrégation,  et 
le  fit  son  vicaire-général  pour  la  rcgir 
pendant   les    absences   aux(|uelles  les 
nfTiires  de  Vi{\;i\  <  i  de  l'I^Ï-hse  l'obli- 
geaient fréquemment.  Le  zèle  avrc  le- 
quel il  s'acquitta  de  celteconnnissiou  , 
lui   mérita  l'estime  de  ses  confrères, 
qui  l'anraic  nt  vraisend)l.iblenu'nl  jvirfé 
nu  ^énéralat  après  la  mort  du  saint 
fondateur  ,   si    les    circonstances   du 
temps  eussent  j)ermis  de  les  convo- 
quer iégiilièrc/iu  nf ,  pour  lui  donner 
lin   successeur.   H   le    remplaça  dans 
l'emploi  de  sU|.érieur  et  de  visileur- 
géneral  d«s  Caimélites;  el  if  s'acquit, 


GIB 

dans  l'exercice  de  cet  emploi ,  la  con- 
fi  inee  de  celles  qui  l'avaient  choisi 
pour  veiller  à  leurs  intérêts,  et  les 
conduire  dans  les  voies  du  salut.  Le 
P.  liourgoing,  troisième  général  de 
l'Oratoire,  le  nomma  encore  son  vi- 
caire -  général  ,  pendant  qu'il  était 
occupe  lui-même  à  la  viii'e  des  mai- 
sons de  sa  congrégation.  Sur  la  un 
de  ses  jours,  le  P.  Gibieuf  fut  privé 
de  l'usage  de  la  vue  ,  et  mourut  au 
séminaire  de  Sf.  -  Magloire  ,  dont  il 
avait  éié  le  premier  supérieur,  le  (> 
juin  i65o.  C'était,  dit  Dupiu  ,  «  un 
homme  éminent  en  doctrine  et  en 
piété.  »  Il  avait  le  jugement  solide  , 
l'esprit  vif.  la  mémoire  heureuse,  une 
énuiition  profonde.  Son  humilité  lui 
avait  fiil  refuser  i'évêché  de  Nantes. 
Il  comptait  au  nombre  de  ses  amis  le 
célèbre  Descartes  et  le  P.  Merscnne. 
Le  premier,  qui  était  en  corre>pon- 
dance  suivie  avec  lui  ,  l'avait  chargé 
d'examiner  ses  Méditations  méta- 
physiques ,  et  s'en  était  reposé  sur  lui 
et  sur  le  P.  Merscnne  pour  les  faire 
approuver  par  la  faculté  de  théologie 
de  Paris.  Ses  ouvrages  sont  :  I.  i>c 
libertate  Dei  et  creaturœ  ,  in  -4"'  » 
Paris,  iGoo  ;  réimprimé  plusieurs 
fois  depuis.  Ce  irailé,  où  l'auteur  avait 
substitué  la  méthode  des  saints  Pères 
à  elle  des  seolastiques,  fut  partù- 
icnicnt  bien  reçu  par  les  meilleurs 
théologiens.  Il  était  composé  dans  les 
j)rineipes  de  l'école  de  St.-Thom as  , 
et  dédié  au  |)aj)e  LIrbiiiu  \  lll.  Ce 
patronage  iujposant  ne  retint  pas  les 
ennenùs  Av  celte  école,  qui  le  dénoii- 
cèient  à  Rome,  mais  stns  eilef.  Cn 
France  ,  il  hit  ait, «que  avec  une  ex- 
trême violence  par  le  fameux  'Ihe'',  - 
phile  Hayiiaud  ,  avec  beaucoup  da- 
merlumc  par  le  P.  Annaf,  et  délei - 
du  avec  force  par  le  P.  C.une'r.uius, 
confrèic  «le  l'auteur.  II.  La  vie  et 
1rs    pandeurs  de    la    très    sainte 


Gin 

f'irrf^c  ,  etc. ,  deux  volnmrs  in  8"., 
P.iiis,  i()37.  Ce  livre  (st  écrit  avec 
Itcimouj)  (l'onction  et  de  solidité,  et 
nniiDiue  un  };iMnd  z.Me  pour  la  l'Juiic 
de  Cille  (|ui  en  est  rol)jri.  111  Cal(^'- 
c/u'w  (h'  la  manière  de  vie  parfaite 
à  UujîU'Ueles  chî'elieîis  sont  ap/udes, 
etc.,  Pciiis,  i()55,  in-i2.  C'e^l  nn 
ouvrage  posthume  que  le  P.  Gibicuf 
avait  coniposc  dans  les  dei  nièrcs  an- 
nées de  sa  vie,  pour  i'iiisliurtiun  des 
Carmélites,  que  ses  infirmités  ne  lui 
permettaient  plus  d'aller  insiruirc  en 
personne.  On  y  trouve  nn  abicgc'  de 
ce  qu'il  y  a  de  plus  parlait  dans  la  vie 
intérieure  :  il  est  prinripalenviil  des- 
tine à  prémunir  celles  pour  qui  il 
âviitctc  écrit,  contre  la  iausse  spiri- 
tualité. IV.  F>e  P.  Gibieuf  avait  tra- 
vaille, coiii'inîemcnt  avec  le  P.Bour- 
j;oinLr,  à  redi'ion  des  OEiwres  du 
cardinal  de  Bérulle ,  qui  parut  in- 
iul.  à  Paris  en  i044«  T — d. 

GII]RaT(  Jeain-1)Aptiste),  prêtre 
de  la    Doctrine -Citrétienne  ,  ne  aux 
Cabanes,  près  de  Cordes  ,  diocèse  de 
ïaibes,  en    i-^^^'i  fi),  tntra  jeune 
dans  celte  congrégation  consacrée  à 
l'enseignement,    et  y  travailla   avec 
beaucoup  d'application  à  se  mettre  en 
état  de  remplir  celte  vocation.  Pour 
parvenir  à  ce  but ,  il  étudia  avec  soin 
toutes  les  parties  de  la  liltérature,  et 
se  les   rendit  familières.  C}iarg,é  par 
ses  supérieurs  de  professer  les  belles- 
lettres  dans  les  cullég'  s  de  la  congié- 
gation,   il  le  fit  avec  succès  pendant 
douze  ans.  On  lui  confia  alors  la  direc- 
tion d'un  séminaire.    Au  commence- 
ment de  la  révolution,  il  fut  nommé 
principal  du  collège  de  Casielnaudari. 
jj'asscmblce  constituante  ayant  décré- 
té la  constitution  civile  du  clergé,  Gi- 
brat ,  quoique  l'universalité  des  évê- 


(i")  Suivant  l'aoïeiir  (les  Siiclct  liltérnires ,  Gi- 
brai  serait  no  a  Gailtac,  diocèse  clAlbi ,  le  23 
novembre  J727. 


GTB  57.7 

ques  de  France  reùl  rejetéc,  y  adhé- 
ra, .'ij)puyc   peul-ètie    de  rex<ni[)!(î 
de    plusieurs    de  ses    (onfrères,     et 
aecep  a   des  fnnelinns   e<clésia^li(pies 
qu'il  <xei ça  d'après  les  \n^  nouvelles. 
On  ne  lui  tint  pas  l(tng-i(  nips  compte 
de   cet  acte  de  souii.i>si()u  ,  non  plus 
qu'à  un  grand  nond)ie  de  ses  iniila- 
teurs  :  il  fut  persécuté  et  cm  pris»  nn© 
tout  aussi-bien  que  lespiêtris  qu'on 
nommait  alors  rélriclaiies.  Rendu  à  la 
bberté,  d  continua  de  tenir  au  parti 
constitutionnel  jusqu'à  sa  mort,  arri- 
vée  à  Casielnaudari  ,    en   décembre 
iHo5,  à  l'âge d'envii on  soixanlc-seize 
ans.  Il  avait  publié  plusieurs  ouvra- 
ges, parmi  lesquels  il  en  est  d'utiles 
pour  la  première  instruction  et  l'usage 
des  collèges.  On  cite  :  I.  Une   Géo- 
graphie moderne^  dont   il    y   a   eu 
sept  éditions.    11.  Une    Géographie 
ancienne  sacrée  et  profane,  i  790, 
4  vol.  in-i  2.  ^  des  notions  saines  sur 
la    géographie  ,  l'auteur  a  joint  des 
détails  liistoriques,  intéressants  et  cu- 
rieux.   III .  Un   nouveau  Missel  du 
diocèse  de   Tarhes.    IV.  Un  Riuel 
d'Alet.    V.   Un  Missel  et   un    Bré- 
viaire pour  le  même  diocèse.  VI.  Des 
Hymnes   pour  les  offic  s  de  l'Égli- 
se. Les  évêques  constitutionnels  ,  as- 
semblés en   concile   à    Paris,    avant 
décrété  une  icte  perpétuelle  en  mé- 
moire du  rélablissement  du  culle,  Gi- 
br  il  fit  pour  celle  fête  un  office,  qu'un 
écrivain  assure  cire  un  modèle  dans 
cegenre  :  chel  d'œuvre  devenu  inutile, 
la  fête  perpétuelle  n'ayant  peul-ctre 
jamais  été  célébrée.  L — y. 

GIBSON  (Kdmond',  é\êq!ie 
de  Londres,  né,  en  1G69,  à  Knip, 
dans  le  Westmoil.ind,  leçut  sa  [)rc- 
mièrc  instruction  dans  une  ceole  de 
ce  comté,  et  entra  ensuite  comme  sc^r- 
viteur  à  l'université  d'Oxf)rd,  où  il 
se  livra  paiticulièrement  à  l'élude  des 
langues  du  nord^  et  à  celle  àts  auti- 


528  G  I B 

quites  de  son  pays.  Plusieurs  ouvrages 
qu'il  publia  ,  n'avrinl  encore  que  viti_i;l- 
deux  ans,  et  qui  prouvent  beaucoup 
d'esprit  et  d'érudition  ,  inspjrtrent  un 
\iï  intérêt   pour  lui   à   l'aiclievêcpie 
Tcnnison,qui  le  choisit,  quelques  an- 
nées .qirès,  pour  son  chapelain  parli- 
culier.   Gibson ,    nonuné  recteur   de 
Jiambeth  et  archidiacre  dcSurrcy,  et 
devenu  ainsi  raenibre  de  la  convoca- 
tion j  s'enga^iea  dans  une  controverse 
très  animée  entre  les  membres  des  deux 
chambres,  et   soutint   avec  chaleur, 
dansunesuitedc  pamphlets,  lesdroits 
de  rarehevcquc  comme  président  de 
la  convocation.  Ce  fut  pour  lui  l'occa- 
sion d'étudier  à  fond  les  droits  légaux 
et  les  devoirs  du  clergé  anglais  j  et  le 
finit  (!c  celte  élude  fut  le  livre  intitulé; 
Codex  juris  ecclesiastici  anglicani , 
public  (-11  1715,  in-fo).. C'est  le  plus 
célèbre  de  ses  ouvrages.  {Foy.  Pos- 
ter ,  XV,  5io.)  L'archevêque  ïen- 
nison  étant  mort  en  1 7 1 5 ,  et  le  doc- 
teur W.ikc  ,  évêque  de  Lincoln  ,  avant 
été    élevé  à  l'archevêché  de  Canlor- 
béri,  révéclic  de    Lincoln  fut  confé- 
ré au  docteur  Gibson ,  qui  fut  trans- 
féré, en  1  7iio  ,  à  celui  de  Londres.  Il 
montra  pour  la  prospérité  des  aiïiures 
ecclésiastiques  de  son  diocèse  une  ac- 
tive solliriiiide  qu'il  étcntlit  à  l'église 
anglicane  d«s  colonies.  Son  ('.«-prit  n^é- 
ihodique  et  l'iptitiide  pour  l'adminis- 
tration ,  qu'il  joij^nait  à  ses  autres  qua- 
lités ,  lui  ruent  eoidi>  r  proqiie  entiè- 
rement la  direction  des  alïaires  eeclé- 
siastif[iies,  surlout  lorsrjue  r.irchevc- 
que  Wake,  par  le  d<labjenjent  pio- 
gressif  de  sa  santé  ,  ne  put  plus  s'en 
occuper.    Son  mérite   et    ses    v<  rtus 
avaient  inspiré  la  plus  grande  \énc- 
ration  à  sir  Hoberi  W.»  polc;  et  lors- 
qu'on I  ejirochail  à  ce  ministre  de  don- 
ner à  (îibsou  i'aulorilé  d'un  pape  : 
<t  Et  c'est  aussi,   répondil-il,  un  di- 
M  gnc  pape.  »  L'allachcmcnl  scrupu- 


GIB 

leux  de  l'évêque   aux  privilèges  du 
clergé,  qui  le  fit  quelquefois  regarder 
comme  un  ennemi  secret  de  la  puis- 
sance civile,  lui  lit  par  la  suite  peidre 
la  faveur  du  ministre.  Il  s'attira  aussi 
une  sorte  de  disgrâce  de  la  cour,  eu 
désapprouvant  haufementccs  réunions 
licencieuses  ,  connues  sous  le  nom  de 
mascarades  ,  que  le  roi  aimait  et  fa- 
vorisait ;  car  Gibson  était  extrêmement 
rigide  sur  la  morale.  Quoiqu'il  tût  Irè» 
attaché  au  moindreprivilégedu  clergé 
anglican  ,  son  caractère  le  disposait  à 
la  tolérance  ^cf,  sectes  religieuses ,  et 
surtout  l'cloiguait  de  l'esprit  de  persé- 
cution :  il  était  charitable  et  généreux. 
Le  docteur  Crown  ,  autrefois  son  cha- 
pelain, lui  ayant  fait  un  legs  de  deux 
mille  cinq  cents  livres  sterling,  Gibson 
eut  la  délicatesse  de  faire  rechercher 
les  parents  du  testateur,  qui  languis- 
saient dans   l'indigence,    et  répartit 
celte  somme  entre  eux.  Ce  veitucux 
évêque,  épuisé  par  l'étude  et  l'assi- 
duité à  ses  devoirs  ,  mourut  le  G  sep- 
tembre 1  "^  48,  à  soixante-dix-neuf  ans. 
Voici  les  titres  de  ses  principaux  ou- 
vrages :  L  Une  édition  de  Polemo- 
Middiana,  de  Guillaume  Drummond, 
et  une  autre    de  la    CantiLena  tus- 
tica  y  de  Jicqucs  V,  d'Ecosse,  pu- 
bliées à  Oxford,  i()()i  ,  i»i-4". ,  nvec 
d(s  notes  savantes  (  t  cuiicuses.  11.  La 
traduction  latine  du  Chrunicon  saxo- 
nicum  ,  avec  l'original  anglo-saxon,  et 
des  notes,  Oxford,  iGyi,  in-4".llL 
Jid.  Cœsaris  F  c  rtus  Je  dus  illustra- 
tiL<,0\Und,  i(H)i,  ln-8^,^lg.lV.La 
tratluction  eu  anglais  delà  lîritanniay 
de  Camden  ,  Londres  ,  i(m)5  ,  iu-fol., 
I7'.r2  et  177'*',  iivec  de  nombreuses 
additions,  'i  vol.  in-fol.  \.  Ixeliquiie 
spclmannianœ  ^  ou  OKm'res  jfosthu- 
ints  de  sir  liciiri  Spelman  ,  t  clntiics 
(lux  lois  et  antKjuités  d\-in^Lierrcy 
Oxford,  i()()H,  in  {o\.\\.  Codex  juris 
ecclesiastici  anglicani ,  etc.,  1 7  1 5', 


in-fol.  VH.  Ilfcmil  des  principaux  nus,  et  nioiunt  en   i70(),  à  qunlu- 
traiU'S   contre  Le  catJioUcisinc  (  Po-  vin^f-iu'ul"  .wis. —  (iuill.iurric  (iiDSo.v, 
pciy  )  clc. ,  mis  en  ordre,  cl  accoin-  sou  ri'viii,  eut  aussi  de  la  ie|Mjt.'tlion 
n.iiine's    de  nreLiccs  ,    ]).ir    Gibson  ,  connue  pri.Mlro ,  siirlonl  en  puiliviils. 
1  ".IH,  5  vol.  iu-fol.  VIII.  Tiois /.e<-  11   par.'iîl  qu'il    jouissait  d'une   «issf/. 
très  pastorales  ,  |»ubliees  en    i-j'-iH  ,  ginudc  ;iisauce,  (jni  le  îuit  en  ctat  de 
à  l'occasion  des  e'ci  ifs  de  Collius   cl  foi  nier  une  des  pîus  Jj(  Iles  collections 
des  autres  adversaires  du  cliristianis-  de  gravures  et  de  dessins  (jui  existât 
inc.  Ces  lettres,  altatiuees  par  Tindal ,  de  son  temps,  et  où  l'on  remarquai! 
ont  e'te  traduites  en  IVanç.iis.     X — s.  la  collection  de  sir  Peter  Leiy ,  et  beau- 
Ci  UîSON  ,  (  Tmchaud)  ,  vulgaire-  coup  d'autres  ouvrages  qu'il  avait  fait: 
ment  nomme  le  Nain^  peinti  e  anglaiSj  acheter  sur  le  continent,  il  mourut  en 
ne  vers  iGi5,  était  au  service  d'une  i  "^o'iàciuquante-luiil  ans. — Edouard 
dame,   à  Mortiake,    lorsque   le  goût  Gibson,  parent  et  élève  de  Guiilau- 
decidequi  le  portait  au  dessin,  engagea  me, peintre  de  portraits,  donnait  beau- 
sa  maîtiesse  à  le  mettre  à  même  de  coup  d'espérance;  mais  il  mourut  des 
cultiver  cet  art  ,   en  le  plaçant  chez  sa  j(  unesse.                             X — s. 
lin  artiste  habile,  nommé  de  Clein,  GIBSON   (Guillaume),  malhc- 
directeur  de  la  manufacture  de  tapis-  maticien  anglais  ,  ne  en  i  7-29  à  lîoul- 
scries  à  Morllake.  Le  jeune  homme  se  ton,  près d'AppUby  dans  le  VVcstmorc- 
niontra  digne  de  cette  faveur.  Il  de-  land  ,  doit  être  cite  comme  exemple 
vint  bientôt  célèbre  pour  ses  tableaux  de  ce  que  peut  l'ardeur  de  s'instruire, 
à  raquarcllc  ,  et  plus  encore  pour  les  jointe  à   une  application  continuelle* 
copies  qu'il  fit,  avec  beaucoup  de  fjdc-  Kestc  dès  l'enfance  orphelin  et  sans 
lilc,  des  portraits  peints  par  sir  Peter  fortune,  il  se  mit  au  service  d'un  fer- 
Lcly.  N'ayant  que  trois  pieds  dix  pou-  niicr  ,    et  acquit   assez    d'cxpc'rience 
CCS  anglais  de  hauteur,  il  épousa  une  pour  être  en  état,  au  bout  de  quelques 
femme  de  la  même  taille  que  lui,  si  années,  de  diriger  une  ferme  à  Ken- 
l'on  en  croit  Fentou  ,  qui  dit  avoir  vu  d.d.   L'ayant  ensuite  prise  pour  son 
leurs  portraits  réunis  dans  un  tableau  propre  compte,  le  désir  lui  vint  alors 
par  sir  Peter  LeIy.  Charles  P',  près  du-  de  suppléer  au  défaut  absolu  de  ce 
quel  ce  nain  élaiten  faveur,  et  à  la  mai-  qu'on  apj)el!e  éducation  :  il  lui  fallut 
son  de  qui  il  était  attache,  honora  celte  coujmencer  par  apprendre  à   lire  ;  il 
union  de  sa  présence,  et  mit  lui-même  acheta    ensuite   un   traité  d'arithmé- 
la  main  de  l'épousée  dans  celle  de  tique,  dont  il  se  pénétra  au  point  de 
l'époux.  Waller  a  coniposé  un  petit  pouvoir  bientôt  donner  de  mémoire 
poème  sur  ce  Mariage  des  nains.  Ce  le  produit  de  deux  nombres  chacun 
couple  si  exigu  eut  cependant  neufen-  de   neuf  chiffVcs   multipliés  l'un   par 
fants,  dont  cinq  parvinrent  à  l'âge  de  l'autre,   et  répondre  de  même  à  des 
iJialurilé,  et  étaient  confoimcs  comme  questions  sur  la  division ,  sur  Its  frac- 
le  commun  des  hommes.  Gibson  fit  tions  décimales,  ou   sur  l'extraction 
plusieurs    fois   le   portrait   d'Olivier  des   racines  carrées  ou   cubiques.  Ce 
Cromwell  ,    et   fut  maître  de  ('essin  ne  fut  qu'après  cela  qu'il  apprit  à  écri- 
dcs  princesses  Marie  (  t  Anne,  depuis  re,  et  qu'il  fut  informé  qu'il  existait 
reines  d'Angleterre.  11  mourut  à  Lon-  une  science  appelée   m.Uhématiquc  , 
drcs  en  iGqo,  âgé  de  soixante-quinze  et  un  auteur  nommé  Euciidc,  dont  le 
;<n^;  sa  femme  lui  iiirvx'cut  de  viui^t  livre  conten;'.it  k s  cléments  de  la  gc'o- 


53o  G  I B 

niiilrie  :  il  Tacheta  ,et  se  le  rendit  éga- 
lement familier.  Au  mi'ieu  des  soins 
de  sa  ferme,  ne  paraissant  pas  occupe 
d'anire  chose,  et  sifflant  un   air,  son 
esprit  était  souvent  fixe  fortemen?  sur 
«ne  proposition  géométrique  qu'il  ré- 
solvait en  traçant  des  (igures  avec  de 
la  craie  sur  sa  genouillère.  Ses  acqui- 
sitions savantes  s'étendirent  successi- 
vement à  l'astronomie,  au  calcul  in- 
finitésimal cl  différentiel,  à  la  naviga- 
tion; elles  embrassèrent  la  méc  ini- 
que, la  théorie  de  la  gravitation,  l'op- 
tique, les  sections  coniques,  etc.  Tous 
res  objets  lui  ét.iient  devenus  tellement 
familiers,  qu'on  ne  pouvait  lui  propo- 
ser aucune  question  qui  s'y  rattachât 
sans  qu'il  y  répondît.  Il  satisfit  pen- 
dant plusieurs  années  à  toutes  celles 
qui  huent  adressées   dans    des    ou- 
vrages périodiques  angl.âs,  spéciale- 
ineiil  dans   le   Gentleman  s  Diarj- , 
le  Ludies^  Diary  et  le  Palladium  ; 
mais  sa  modestie  le  détourna  d'alta- 
cher  son  nom  à  ces  solutions ,  où   il 
n'avait   en    vue    que  d'éprouver  lui- 
même  sa  capacité.  Ses  connaissances 
en  physique  le  miient  souvent  en  état 
d'expliquer  les   phén(!mènes  naturels 
qui  s'olfiu-enl  de  son  temps  à  l'obser- 
vation. Le  nom  de  Wdlj  o  the  IIol- 
lins  lui  avait   été   donné  de  l.i  situa- 
tion de  sa  fei  me  à  Ilolîins  dans  (^art- 
mell   Fell,    el  lui   resta    mémo  quel- 
<|ue  temps  apiès  qu'il    eut  qmlté   te 
l)jmeau.   Il  s'établit  ensuite  ii  'larn- 
j^recn  ,  el  revint  enfin  se  fixer  pi  es  de 
Cirtmell.  Pendant  les  <ju.irante  der- 
nières années  de  sa  vie  ,  il  avaii  pour 
pensionnaires  une  dixaine  de  jeunes 
{;ens  dont  l'instruction  lui  était  con- 
fiée; la  clarté  avec   l.iquelle  il  expii- 
luail  ses  idées,  el  d'autres  qualités,  le 
rendaient  en  (ITet  très  propre  à  ren- 
seignement :  il  se  livra  aus.si  avec  suc- 
cès à  l'arpentage  ,  el  fut  fiequemmrnl 
désigne  par  des  actes  de  parlement , 


GI  G 

comme  commissaire  pour  la  clôture  m 
des  communes.  Ses  journées  étaient  Ï! 
employées  au  travail  des  champs , 
qui  n'interrompait  pas  cependant  le 
travail  de  son  (sprit;  ses  écoliers  ve- 
naient l'y  trouver  poiu-  lui  exposer 
les  difficultés  qui  les  arrêtaient  dans 
leurs  études  :  mais  c'était  dans  dt  s 
veilles  nocturnes  1res  prolongées  qu'il 
se  livrriit  exclusivement  à  son  goût 
pour  les  sci'uces  .ibstraites.  Il  mou- 
rut àçs  suites  d'une  chute,  le  4  t^c- 
tobre  I  791.  X — s. 

GICHTEL  (  Jean-Georg]  ) ,  vi- 
sionn.iire  allemand,  né  à  Rdiisbonne 
en  i658,  montra  des  l'âge  de  douze 
ans  les  dispositions  les  moins  équivo- 
ques à  devenir  un  illuminé;  car  il  pas- 
sait souvent  dans  les  champs  une  de- 
mi-journée de  suite  à  r(  garder  fixe- 
ment le  soleil ,  la  bouche  béante,  afin 
de  s'entretciir  avec  Dieu,  ainsi  qu'il 
avait  lu  que  le  pratiquaient  les  hom- 
mes pieux  de  r,.neicnne  loi.  \  seize 
ans,  il  eut  des  visions  :  l'esprit  du 
monde  lui  apparut  sous  la  forme  d'une 
crande  roue  de  tout»  s  couleurs  ;  miis 
comme  Gichtel  était,  parla  grâce  di- 
vine, exlrcmement  timide  et  eiainfif , 
il  ne  put  pas  encore  se  glisser  dans 
son  astre ,  ce  sont  ses  propres  expres- 
sions :  celte  tentation  ,  apiès  l'avoir 
tourmenté  quatre  ans  ,  l'abandonna. 
Ji'étude  de  la  jurisprudeme  à  laquelle 
il  se  livia  eiiMiite,  mit  un  frein  à  son 
imagination  désordonnée.  Après  avoir 
appris  la  pratique  à  Spire,  il  fut  reçu 
avocat  dans  sa  patrie;  el,  s'il  faut  l'eu 
croire  ,  il  exerça  ensuite  avec  un  suc- 
cès (]ui  lui  gagna  l'affection  des  plus 
grands  personnages  de  cette  même 
vile  de  Spire,  et  le  mit  à  même  d'y 
mener  un  giand  train  :  mais  cet  état 
traïupulle  el  heureux  fut  de  ccuirtc 
dm  ce.  Giehtel  avait  pris  la  défense 
d'une  riche  veuve  contre  ses  beiiix- 
liis  :  CLUX  -  ci,  qui  demcuraicul  dans 


OTC 

1.1  mnnc  mnisoii  (nrdlc ,  prirent  trrs 
mal  1.1  cliosc,  cl  ji  li-rcnl  (jiclilcl  du 
haut  CI»  b.Lsdf  rcsc.ilicr;  ils  i'cu>sent 
jnrmc  clï.issc  (lu  logis ,  si  la  venvc  no 
l'i  ul  rouvert  de  s;<  proleclioii.  Elle  (i- 
iiil  p.n-  re|H)nser  :  il  avait  alors  viiigl- 
six  ans.  Le  r('f;rct  d'avoir  none  un 
lien  iiidissoinble  avec  une  femme  beau- 
coup plus  âgée  cpie  lui,  dérangea  tout- 
à-fait  son  faible  cerveau.  Suivant  lui, 
Dieu  lui  remplit  l'esprit  d'une  mélan- 
colie si  profonde  ,  cpi'insensible  à 
toutes  les  joies  mondaines  que  la  gran- 
de fortune  de  sa  femme  lui  pei  met- 
tait de  goûter,  il  ne  recouvra  le  rej^os 
qu'après  avoir  forme  la  resolution  d'al- 
ler en  Amérique  travailler  à  la  conver- 
sion des  pa'iens  :  en  conscqurnce  il 
partit  pour  Zwoll ,  en  Hollande ,  où 
demeurait  Brcckling  ,  autre  vision- 
naire avec  lequel  il  était  en  coires- 
pondance.  Il  voulait  puiser  de  nouvel- 
les lumières  dans  ses  entretiens  avec 
celui-ci ,  afin  d'être  mieux  prépare  pour 
sa  mission.  Dès  qu'il  eut  appris  qu'un 
certain  baron  de  Weiss,  qui  ne  rêvait 
que  reformes  religieuses  et  conversion 
des  infidèles,  était  à  Ratisl)onne,  il 
accourut  à  lui  pour  s'associer  à  son 
œuvre.  Il  voulut  commencer  par  faire 
approuver  ses  idées  de  refoinie  aux 
ecclésiastiques  de  cette  ville;  mais  il 
fut  mal  inspiré  dans  ses  démarches  : 
il  avançait  que  pour  lemplir  les  cli;.'i- 
rcs  de  professeur,  il  fallait  avoir  égard. 
non  à  l'instruction  des  j-ersonncs,  m.iis 
à  rilluniination  de  l'esprit  saint.  Le 
scandale  qu'il  causait  dans  Ratisbonnc 
en  vint  h  un  point  tel  ,  qu'après  l'a- 
voir retenu  tiois  mois  en  prison,  et 
l'avoir  fait  promener  dans  les  rues 
par  l'exéruteur  de  la  juslice,  on  pro- 
nonça la  confise.iti(-n  de  S(i)  biet'S , 
et  on  le  bannit  à  perpétuité.  Il  alla 
clicrcli(  r  fortune  à  Vienne,  où  il  se 
donna  pour  alcbiraisfe  ,  profession 
qui   tîaiî  alors  en  ciédit  dans  celte 


GIC  53i 

ville,  puis  retourna  en  Hollande.  De 
léformateur  et  de  miître  du  grand- 
oeuvre,  il  fut  rédiùt  à  n'être  que  l'aide 
de  Jjie(kling.  ilemplis  tous  deux  de 
vanité,  ils  ne  tardèi(  ut  pas  à  se  brouil- 
ler. Cependant  (iiclifel,  qui  au  fond 
était  bon  homme,  se  réconcilia  avec 
son  maîîre  :  il  prit  même  sa  défende 
lorsque  le  consistoire  luthérien  d'Anis- 
terdam  le  scraonça;  mais  il  le  fit  av(c 
si  peu  de  înénagemenf,  qu'il  fut  deux 
fois  mis  en  prison  ,  puis  au  pilori,  et, 
au  mois  de  février  1668,  chassé  de 
Zwoll  et  de  tout  l'Over-Yssel.  Sa  res- 
source hit  de  se  réfugier  à  Amsterdau), 
asile  à  cette  époque  de  visionnaires  do 
toute  espèce.  La  Providence  vint  à  son 
secours  :  un  inconnu  lui  donna  de  l'ar- 
gent dont  il  avait  grand  besoin.  Il 
s'adjoignit  d'autres  rêveurs ,  et  eut  la 
seconde  apparition  qui  prouva  le  dé- 
rangement total  de  son  esprit.  11  vé- 
cut d'aumônes,  prophétisa,  prêcha, 
déclama  contre  le  mariage,  et  trouva 
des  auditeurs  et  des  sectateurs,  même 
parmi  les  gens  instruits.  Mais  la  divi- 
sion se  mit  dans  le  troupeau  :  quel- 
cpies-uns  de  ses  disciples  devinrent 
ses  antagonistes;  ils  l'accusèrent  de 
chercher  à  étouffer  l'amour  du  travail, 
et  de  répandre  la  discorde  dans  les 
familles.  La  désertion  de  ses  auditeurs 
lui  fil  bientôt  courir  le  risque  de  mou- 
rir de  faim;  ce  qui  le  réduisit  à  un  si 
grand  désespoir  que,  de  son  propre 
aveu,  il  forma  cinq  fois  le  projet  de  se 
couper  la  gorge  :  néanmoins  il  n'(  n 
vint  pas  In  ;  quelques  idiots  qui  lui 
restèrent  fidèles, lui  fournirent  de  quoi 
subsister.  Il  vécut  encore  seize  ans  à 
Amsterdam,  pauvre,  inconnu  et  mé- 
prisé, et  mourut  en  17 10.  Deux  ans 
avant  sa  mort,  il  perdit  deux  ongles 
au  pied  droit;  ils  fuicnt remplacés  par 
deux  longues  griffes  d'aigle,  ce  qu'il 
regarda  comme  nn  signe  de  l'esprit 
qui  prenait  son  cs'':oi.  On  a  de  Gich- 


532  G  l  E 

tel  :  I.  Dépêche  théosophique  éiU- 
fante,  i  700,  trois  partie-  iij-8".,  {^u- 
ijJie'e  par  Godrfroi  Arnold,  son  disci- 
j)!r.  Ijberl'eid  la  fit  paniître  en  cii.q 
parties  sons  la  rubrique  de  Ijelliuîie, 
1710,  et  tijfin  rn  i^aa ,  en  six  par- 
ties ,  sous  le  titre  de  Theosophia 
practica  ,  avec  la  vie  de  Gichlel. 
Les  deux  premières  éditions  ,  ne  por- 
tant pas  de  nom  d'auteur,  furent  at- 
tribuées au  bai  on  de  Weiss.  11.  Bre- 
ve  notion  cl  explication  des  trois 
principes  et  menace  dans  VJwmme , 
par  J(  an-George  Grabern,  et  Jean- 
George  Gichlel  (  Amsterdam  )  \ijÇ)V) , 
in-8.;  troisième  édition,  ibid.,  175O, 
ur)  vol.  in-8".,  enrichie  de  jolies  ligu- 
res tnlurainees,  qui  rcpiesentent  en 
miniature  les  trois  principes  et  l'hom- 
me interi(  ur.  Le  plus  fidèle  et  le  plus 
})(rscvèrant  des  sectateurs  de  Gichlel 
fui  Jean- Guillaume  Uherleld  ,  ancien 
marchand  à  Franciort-sur-lc-Mcin. 
Après  la  mort  de  son  m.iître,  il  soutint 
ii  bien  la  secte,  qu'elle  n'est  pas  en- 
eoie  entièrement  éteinte;  elle  prit  sous 
Uberfdd  le  nemde  sofie'tè  de  s  Frères 
angeliqucs,  parce  que  les  frères  doi- 
vent imiter  la  pureté  des  anges,  en 
s'abstenant  de  tout  commerce  avec 
l'autre  sexe,  et  de  tout  travail  :  leurs 
autres  piinripes  sent  ceux  des  thco- 
sophes.  Lberleld  mourut  en  i-jji  à 
l'âge  de  soixante-douze  ans.  La  vie  de 
Gichltl  a  èfc  donnée  par  Heinbecx  en 
allemand,  Dtilin,  i^S'i ,  et  par  Hau- 
Icnberg:  celui  ci  était  wn  de  ^e«  secta- 
teurs. V. — s. 

GIÉ  (PiLRnE,  vicon)te  de  liohan, 
plus  connu  sous  le  nom  de  marc- 
chai  de),  naquit  en  lîiel.igue  vers 
le  milieu  du  xv'",  siè(  le.  Il  était  (ils 
de  J-ouis  I'^  de  liohan  <f  de  Maie 
d(!  Monlaub.in  ,  et  descendait  ainsi  de 
tU'XW  des  |>lus  anciennrs  cl  des  plus 
puissantes  inai^ins  du  royaume.  Aj>rès 
la  mon  du  sou  pèic  ,  d  eut  p»  ui    tu- 


GlE 

tfur  Tannrguy  du  Clialel  j   et   l'on 
croit  que  Tanncguy  profila  de   l'as- 
cendant qu'il  avait  .sur  son  espiit  pour 
l'attirer  à  la  cour  de  France.  Ce  fut 
en  i470ï  que  le  vicomte  de  Kohan 
quitta  la  Bretagne.  Du  Chatel  alla  au- 
devaut  de  lui  jus(ju'à  Thouars ,  avec 
plus  de  denx   cents    gentilshommes. 
Louis  XI  se  trouva  sur  sou  passage, 
cl  lui  fit  beaucoup  de  caresses.  C'était, 
dit  Duclos ,  un  jeune  ambitieux  plein 
de  courage  j  et  les  promesses  du  mo- 
na:que  achevèrent  de  le  gagner.  Il  fut 
tait  maréchal  en  i475,  et  continua  de 
donner  au  roi  tant  de  preuves  de  sa 
fidélité  cl  de  son  dévouement,  que  ce 
prince  soupçonneux  lui  accorda  toute 
sa  confiance  (1).  11   commandait  en 
Flandre  en  i479"j  ^i  ^^'^c  huit  cents 
hommes  ,  il   reprit  toutes   les  places 
dont  M:.ximilien  d'Auiriche  s'était  em- 
paré par  surprise.  En    i4H'2,  il  as- 
siégea Aire  avec  une  telle  vigueur, que- 
celle  ville  ,  dans  laquelle  il  avait  des 
inlelligcnres,  ne  parut  se  rendie  qu'à 
la  force.  Api  es  la  mort  de  Louis  Xi, 
il  continua  d'être  chargé  de    la   dé- 
fense de  la  frontière  de  Picardie ,  et 
renij^orla  dillcrents  avantages  sur  les 
Autrichiens  ,  qui   n'en  obtinrent  au- 
ctin  sur  le-  Français,  tant  q».e  Gié  lut 
à  leur  lele.  Il  accompagna  Charles  VIII 
à  la  coi;(iuète  du  rt  yaume  de  INapIes, 
et  commandait  l'avanl-garde  à  la  ba- 
taille  (le   lornove   (  1/19:")),   où,   dit 
Brantôme,  «  il  fil  fort  bon  selon  au- 
»  cuns,  et  selon  d'autres  non.»  On  lui 
reproch.i  d'avoir  tenu  son  corps  d'ar- 
mée eu   n  serve,  sans  en  débander 
pour  le  moins  cpielques  légères  troupes 
afin  de  renforcer  les  pauvres  combat- 
lanls.   Kiilin  ,    continue    Brantôme  , 
«  tout  alla  bien  ;  et  le   maréchal   ne 
»  laissa  pas  d'emporter  le  renom  d'a- 

(i^  I.KitK  M  icrivttil  au  ciiitc  «Ir  Damniarlin 
i|uti  M.  tli-  Uoli.iii  «l.Ml  un  tl«j  (;r.iiHl»  iri|;"<  urs  ilu 
loy.nmu:  «lu'il  «c  Ic'.n  «liiii  le  jiluj  d';i>f»ir  altaihc 
a  )uii  tccvtci'. 


»  voir  clc  milioii  (Mpil.iiiir  cl  jioiir  li  liborlc',  cl  ont  la  ixrinissioi)  de  rcvc- 

»  i;uirre  et  poir  i.i  p.nx.  »>  (iO  fui  lui  i)ir  à  Paris;  mais  il   no  voulut  ja.riais 

qm  comliuMl  du  secours  à  Louis  XH  ,  ropaïaîti*;  à  la  cour.  M  inour.it  l(.'  M 

alors  i\uc  d'Orlcaus,  assic'^o  d.ms  No-  avril  i5i3,  cl  fut  inhume' dans l'e^lise 

varc,   iVoU   il   parvint  à   le  délivrer  ;  qu'il  avait  l'ail  construire  à  Stc. -Croix. 

ot  ce  service  important  lui  mérita   la  On  conserve  à  la  nd)li()thè'pie  rovalc 

bienvcillanccde  ce  prince,  qui  le  nom-  les  Piè(U\s  du  procès  criniiiud  j'aiL  à. 

ma  chef  de  son  conseil.  G'.e  le  suivit  Pierre  de  Rohan,  maréchal  da  (riè,  ^ 

en    Italie  en   \/\()i},  et  assista  à   son  in-fol.  Son  portrait  a  été  grave    par 

entrée  à  Gènes  en  i  5o  i.  C'est  ici  que  Odicuvre,  d'après  une  miniature  tirée 

se  termine  la  fortune  du  mucehal.  Il  du  cabinet  du  Uoi.  W — s. 

avait  eu  le  malheur  de  déplaire  à  la  GIEDDE  (Ove),  amiral  et  navi- 

reine  (Anne  de  Bielagne),  en  faisant  gateur  danois,  c'iait  ne   à   Totnerup 

arièler    les   l);iteaux   charges  d'elT.'ls  en  Scanie  l'année  i5()4.  Ayant  fait  ses 

prc'cicux  qu'elle  envoyait  à  Nantes;  e'iudcs  à  Wittenberg,  Leipzig  et  le'iia, 

et  celte  princes^ene!uipardonnaJ)oi^l  il    retourna     pour    quelque    temps 

celte  olFense.  Elle  parvint  d'abord  à  en  Danemark  ,  el  passa  ensuite  au 

le  faire  éloigner  de  la  cour.  Gie  sup-  service  de  Hollande.  En  161G,  le  roi 

porta    celle  première    disgrâce   avec  de  Danemark,  Christian   IV,  l'em- 

beaucoup  de  fermeté.  Il  se  retira  dans  ploya  dans  une  ne'gociation  à  la  cour 

le  château  qu'il  venait  de  faire  cons-  de  Holstein-Gottorp.Cc  même  prince 

truireàSte.-Croix  du  Verger,  en  An-  fonda  dans  ce  temps  à  Copenhague 

jou,  disant  a  qu'abonne  heure  la  pluie  une  compagnie  des  Indes  orientales, 

l'avait  pris  pour  ^e  mettre  si  à  propos  et  chercha  tous  les  moyens  de  la  faire 

à  couvert  sous  celte  belle  maison.  »  lleurir.  Un  Hollandais  nommé  Bos~ 

Mais  la  reine  ne  l'y  laissa  pis  Iran-  chower,  qui ,  de  simple  facteur  ,  était 

quille  long-temps.  Elle  suscita  contre  devenu   ministre    de    l'empereur    de 

lui  dilTcrenles  accusations  ,  et  eut  le  Candy,  dans  l'île  de  Ceyian  ,  et  qui 

crédit  d'en  faire  renvoyer  l'examcii  voyageait  en  Europe  pour  chercher 

au  parlement  de  Toulouse,  qui  pas-  des  alliés  à  son  maître,  ofTiit  au  roi 

sait  alors   pour   le   plus    sévère  du  de  Danemark  de  lui    procurer    un 

royaume.  Son  procès  lui  fut  fait,  et  traité   avantageux  et    des    éldjlisse- 

Branlome  laisse  entendre  qu'il  aurait  mcnts  dans  le  pays   de   l'empereur, 

été  condamné  à  mort  si  la  reine  l'eût  Christim,  de  concert  avecla  compa- 

voulu;  mais,  ajou!c-t-il,  elle  préféra  gnie,  fit  expédier  des  vaisseaux  m«r- 

lui  conserver  la  vie  ,«  afin  que  par  sa  chauds   escortés   de    plusieurs  vais- 

\  »  fortune  changée  de  grande  cl  haute  où  seaux  de  guerre  ,  dont  Giedde  eut  le 
\  »  il  s'étaitvu,  enuumisérableétalbas,     commandement,  avec  le  titre  d'ami- 
»  il  vécût  en  dou'eurs  et  tristesses.  »     rai.  Apres  vingt-deux  mois  d'une  na- 
I  Giénc  fut  donc  condamné,  par  arrêt     vigation  pénible,  on  arriva  à  Geyian, 
du  9  février  i5o4,  qu'à  la  privation     où    toutes    les    espérances    se    dissi- 
de  l'exercice  de  toutes  fonctions  pen-     pcrent  bientôt.  Les  Portugais  domi- 
dant    cinq    années;    mais   il  fut  en     naient  dans  l'île.  Boschower  mourut , 
I  même  temps  enfermé  au  château  de     et  l'empereur  de  Candy  désavoua  le 
Dreux,  où  il  cul  beaucoup  à  souffrir     traité.  L'amiral  Gicddc,  prévoyant  que 
de  la  part  du  gouverneur.  Enfin,  à     ses  efforts  seraient  inutiles, quitta  l'île, 
!  l'expiration  de  sa  peine,  il  fut  rais  eu     et  alla  négocier  à  b  cote  de  Coro- 


354  <^>  I E 

mandel,  où  il  essuya  beaucoup  de  re- 
vers. Il  obtint  cependant  enfin  du 
rajah  de  ïanjaoïir  la  ville  et  le  port 
de  Tranqutbar,  oii  il  fil  èLver  le  fort 
Dansbourg  ,  possession  qui  est  restée 
depuis  au  Danemark  ,  et  qui  a  puis- 
samment contiibué  à  la  pn-speiite  de 
la  compagnie  des  Indes.  Gitddc,  à  son 
retour  en  1622,  aborda  à  Karmsund 
en  Norvège  au  mois  de  février.  Il  ob- 
tint de  brillantes  récompenses  ;  la 
mine  d'argent  de  Konsbcrg  ayant  été 
découverte  en  i&iù,  on  lui  en  con- 
fia rinspeclion  ;  en  1 645  il  fut  nommé 
sénateur  et  amiral  du  royaume,  l^ois- 
quc  la  guerre  commença  en  iGS^  (  n- 
Ire  le  Danemark  et  Ja  Suède,  il  fut 
employé  dans  les  négociations  avec 
deux  autres  sénateurs;  et  la  province 
de  Scanie  ayant  été  cédée  au\  Sué- 
dois, il  y  passa  pour  réj;ler  ses  af- 
faires domestiques.  Mais  la  paix  fut  de 
peu  de  durée;  et  les  hostilités  ayant 
lecommencé,  Giedde  lut  détenu  com- 
me prisonnier  d'elat.  11  ne  recouvra 
sa  liberté  qu'en  1 6G0  •  et  s'élant  rendu 
à  Copenhague,  il  y  mourut  à  la  fin  de 
la  même  aunéc.  On  a  de  lui  :  Re- 
lation de  tout  ce  qui  s'e<t  passé  dans 
V expédition  à  V Inde ,  depuis  le  'il\ 
novembre  1618,  jusqu'au  4  mars 
iG'.'.i  ,  insérée  dans  le  recueil  en  alle- 
mand de  J.  11.  Schlegei  .sur  {^Histoire 
de  jPanemarA,  Copcnh.igue,  1772, 
1. 1,  '2'.  part.  ;  — de  plus,  Négocia- 
tions avec  l'empereur  de  Candj  et 
le  rajah  de  Tanjaour^  insérées  dans  le 
même  recueil,  tom.  i,  j'.  partie, 
17  75.  Janus-Mathieu  Goltorp  pu- 
blia en  ii'yi'2  à  Copenhague,  eu  da- 
nois ,  une  Ode  sur  le  voja^^c  de 
Giedde  aux  Indes  orientales. 

C— AU. 

(ilKLÉE  (  Jacquemaks)  ,  ancim 
poète  français,  né  a  Lille  en  llan- 
<lre  dan>  le  xiii'.  siècle,  est  auteur 
d'uu  roman  :)aliri(pic  en  vers,  intitule: 


OIE 

C'est  de  renart  le  nom-el 
Qui  11-  bien  set  dire  le  doit , 
b'il  ne  ie  dit  pour  lui  le  doit  (t). 

Giélée  .suppose  que  ,  s'étant  endormi 
au  printemps  dans  un  lieu  ch.impêtrc  1 
et  délicieux,  il  eut  un  songe  dans  le-  * 
quel  tous  les  animaux,  ayant  à  leur 
téfc  le  lion  ,  se  présentèrent  devant 
lui,  et  se  mirent  a  jouei  ,  danser, 
chanter  ,  et  montrer ,  chacun  à  sa 
manière,  sa  valeur,  son  adresse  et 
sa  bonne  grâce.  Ce  songe  duie  deux 
années;  et  Giélée  emploie  uno  partie 
de  son  prologue  à  prouver  qu'il  a 
très  bien  p;i  dormir  cet  espace  de 
temps,  sans  souffrir  de  la  faim,  ni 
des  incommodités  des  saisons  ;  car, 
ainsi  qu'un  l'a  remaf  que,  il  dormait  en 
plein  iiir.  C'est  sous  le  voile  de  cette 
allégorie ,  et  en  prêtant  aux  anim.mx 
le  caractère  et  les  habitudes  des 
hommes  de  son  siècle,  qu'il  fait  la 
satire  la  ])lus  vive  de  leurs  mœurs , 
et,  on  particulier,  de  celles  des  ec- 
clésiastiques. 11  existe  dans  la  biblio- 
ihcque  du  Hoi  ])lu:sieurs  manuscrits 
de  ce  curieux  ouvrage  ,  dont  le  texte 
n'a  jamais  été  publié,  et  qui  paraît 
n'être  qu'une  imilalion  d'un  ouvrage 
plus  ancien.  (  Voy.  Alkmah.  )  Ou 
en  a  une  traduction  en  prose,  qu'on 
attribue  à  Jean  ïenessax ,  écrivain 
dont  le  nom  se  voit  nu  bas  de  l'avant- 
propos  ,  et  qui  vivait  dans  le  xv'. 
siècle,  mais  si  peu  connu  d'ailleurs 
qu'il  a  échappé  aux  recherches  de 
nos  deux  anciens  bibliothécaires  , 
Larroix  du  INIûne  et  Duverdier.  Celte 
tradueiiun  a  été  imjiriiivée  plu>ieurs 
fois  sous  des  ti'res  un  jxmi  dilierents. 
I/é>liliou  que  Prosper  Mirchand  cite 
coriinH'  la  picmière  ,  est  intitulée: 
J.t'  Iwn'  de  maître  Uey^uard  et  de 
daine  /fcrsan  sa  femme  ^  livre  plai- 
sant et  facèiit'U.i  ,i  ontcnaat  maints 
pn^jfns  et  subtils  passasrs  pour  uwn^ 

(I)  Le  dot  uu  ledviuin.K:e. 


irerlt'S  condilinrf;  et  mœurs  fie  plu - 
sit'urs  ctdts  rt  offices,  P.iris,  Piiil.  Le- 
noir,  iii-/j".,i;olli.(i).V^/'V/Y'  iici^nurd 
t'I  ilatnc  Hersant,  truite  utile  àt  ndcs 
jx-rsiuincs  ^conLnant  les  cautelles  et 
finesses  que  fuisint  ledit  miitrc  Be- 
rnard ,  avec  plusieurs  beaux  cxetn- 
ple^; prinî  sur  les  cautelle>:  de  maître 
Reu^nard  ,  Pnris  ,  lOiG;  l-von  , 
1  3  A  S  ,111-4°.  Le  docteur  en  malice , 
maître  Re^nard  dénumtrant  les  ru- 
ses et  cautelles  quil  use  envers  les 
personnes,  Koiun  ,  i55o,  iii-i8  ; 
Paris,  i55i  ,  luemc  format.  r>'ou- 
viage  (le  (lielcc  a  été  traduil,oii  ilii 
moins  imite  en  allemand  ,  en  fla- 
mand cl  en  anglais.  On  peut  consul- 
ter, pour  plus  de  détails,  le  Diction- 
naire historique  de  Prospcr  Mar- 
chand ^  art.  GiELEE.  W — s- 

GiERA(  L'abbe Dominique),  ex- 
jésuiie  italien  et  astionoine  très  exer- 
ce ,  mort  à  Gènes  en  mars  i8i5, 
y  était  ne,  en  1729,  d'une  famille 
dis(ii)g!ice  dans  le  négoce.  Il  vint^  dès 
sa  jeunesse  ,  à  Milan  ,  où  il  enseigna  , 
pendant  long-temps,  dans  le  fameux 
collège  di'  Brera  ,  l'astronomie  ,  l'op- 
tique et  la  mécanique,  f.a  réputation 
qu'il  acquit  dans  ces  divers  enseigne- 
ments, s'élendit  par  toute  l'Italie.  Le 
célèbre  observatoire  de  celte  ville , 
situe'  dans  le  même  collège,  eut  Gicra 
pour  un  de  ses  fondateurs,  comme 
on  poulie  voir  dans  les  e'phèmcridcs 
de  Brèra  ,  pour  1776,  où  se  trouve 
vuie  notice  écrite  par  l'ex-jésuite,  abbé 
Lagrange ,  sur  la  naissance  de  cet 
Ohsen^atoire  ,  et  dans  les  Commen- 
tarii  di  vita  de^^st^onomc  François 
Reggio  ,  que  renferment  les  aulrcs 
éphéméridcs  de  Brèia,pour  i8ot). 
Reggio  avait  été  l'élève  de  Giera,qui 

(1)  Cetlr  édilion  est  sans  date,  mnis  c'est  par 
erreur  que  quelques  liibiiograiilics  ont  conjecluré 
qu'i  Ile  avait  pjrii  ea  1487.  (iiiiiquc  Philippe  l-ic- 
ni>ir  ,  dont  le  nom  se  voil  a  la  lin  ,  n'a  comuieuc  c 
(l'ijnprimcr  c^u'ea  i5i3. 


G  I  K 


ô'j'; 


le  premier  avait  appris  aux  artisl<f.s 
milanais  à  faire  des  télescopes,  dt^ 
sph('res,des  priidiiUs  ,  et  les  autres 
machines  dont  on  pourvut  dans  l'o- 
rigine cet  observatoire.  Giera  bn- 
nième  en  iuventa  de  1res  belles  et  très 
ingénieuses.  11  retout n«  ensuite  à 
Gènes,  où  il  vécut  pendant  plus  de 
quarante  ans  dans  une  sorte  de  re- 
traite religieuse^  sans  fréquenter  les 
gens  du  monde.  G — n. 

GIEKEML;I  ,  famille  noble  de  Bo- 
logne ,  puissante  dans  le  XI^^  siècle. 
Les  Gicremei  furent,  depuis  le  com- 
mencement du  xiii''.  siècle,  les  chefs 
du  parti  guelfe  à  Bologne  ,  tandis 
que  1rs  La mbcr lazzi  étaient  à  la  tête 
du  parti  gibelin.  Leur  rivalité  piit  un 
caractère  plus  féroce  en  ^'i']f\  ^  après 
la  mort  d'Imelde  Lamberlazzi,  Les 
Giereraei  livrèrent  une  bataille  san- 
glante aux  Lamberlazzi,  dans  la  ville 
même ,  les  forcèrent  à  en  sortir  avec 
plusieurs  milliers  de  leurs  partisans, 
les  poursuivirent  dans  les  villes  de  la 
Roinagne  qui  embrassèrent  leur  parti, 
et  allumèrent,  dans  toute  celte  pro- 
vince ,  une  guerre  générale,  qui  se 
prolongea  long-temps,  et  fit  répandre 
beaucoup  de  sang  :  elle  se  termina 
enfin  dans  les  premières  années  du 
siècle  suivant,  lorsque  ces  deux  fa- 
milles, également  affaiblies,  furent 
supplantées  par  de  nouveaux  partis, 

S.S—i. 

GIERIG  (TnE'opniLE-EiiDMANN), 
philologue  ,  naquit  à  Wehrau  dans  la 
Hiule-Lusacc ,  le  i5  janvier  1755. 
Il  étudia  à  Leipzig,  et  fut,  en  1778, 
appelé  à  la  place  de  recteur  à  \,en- 
nep,  dans  le  duché  de  Bcrg  ;  il  passa 
ensuite  ,  comme  professeur  de  théo- 
logie et  gymnasiarque  ,  à  Dor'mnnd. 
Depuis  i8o5,  il  cx«iça  au  Iviée  de 
Fulde  les  fonctions  de  professeur  et  de 
recteur,  et  il  y  mourut  le  4  décembre 
181 4-  Il  a  publié,  eu  allemand  ,  uu 


5jo  g  I  E 

asstz  grand  nombre  d'ouvrages  esti- 
mes, et  soigne  îes  éditions  de  quelques 
au! enrsclassiquespour  l'usage  des  éco- 
les. Nous  citerons  de  lui;  I.  Plutar- 
chi  in-titula  et  excerpta  apophtheg- 
mata  laconica;  recensuil^  animad- 
versionibus  iihistrawit  ,  indiceque 
verborum  f^rœcorum  instruxit ,  Leip- 
zig, i-j-jQ,  in-8".  11.  De  viiiiitibus 
epistolœ  Jacobi  cathoUcœ  ,  Duis- 
burg,  1782,  in-8o.  111.  P.  Oviàii 
Nasonis  Métamorphoses  ex  recen- 
sione  Biirmmini ,  varietate  lectionis 
/?/  notis  perpctuis  illustrai^it ,  Lvïp- 
zig,  17^4  -  '7^7'  ^  '^o'-  gi^aiid 
iri-8".  'I  ;>vait  public  le  Spécimen  de 
cel'.e édition  ,  à  Dui>burg,  en  1779, 
in- 4"*  ^^ '  Manuel  cosmologique 
pour  la  jeunesse,  Leipzig,  1787, 
iij-8".  V.  Prœceplti  nonnul'a  et 
exempla  benè  dicendi ,  ex  probatis- 
simis  latinilatis  auctoribus  excerp- 
sit  noùsijue  instruxit,  Leipzig,  1 792, 
;^iaud  in-8'.  M \.  Développement  g^é- 
néalogi(jue  de  toutes  les  significa- 
tions du  mot  esprit  dans  les  lan- 
siues  originales  de  l'ancien  et  du 
nouveau  Testament ,  en  quatre  sec- 
tions y  lJortiiuir)cl ,  1792  -  1795, 
in-4".  VIF.  C.  Plinii  Secumli  pane- 
gyricus  Trajano  dicius  ;  recensuit 
noiisiptc  illusiravit ,  Leipzig,  «790, 
grand  in  8'.  VIL  La  vie ,  le  carac- 
tère moral  et  le  mérite  littéraire  de 
Pluie  le  jeune  y  Dortnuuid  ,  1798, 
araud  in-8^.  IX.  C.  Plinii  Cœcilii 
Secwuli  cpistolarum  lihri  decem  ; 
recensuit  iu)lis<jue  illustnwit ,  etc., 
purs  1  et  II y  Anjslcrdam  et  l^eipzig, 
iHoG,  m  8  .  (>etle  édition  fût  partie 
(le  la  collection  «les  ;uilcurs  classi- 
(jues  qui  se  publie  à  Leipzig,  (iierig 
a  aussi  ele'  l'un  îles  principaux  ri'd.u:- 
teurs  du  puunal  allemand  ptd»hé  à 
Duilrmuid,  sous  le  litre  *\' Indica- 
teur weslphaUcn.  W — 11 — n. 
GlEvSE  ^  'lutopHn,E-(ainLrii!.N  )  , 


OIE 

pasteur  luthérien  et  écrivain  saxon, 
naquit^  en  novembre  i  721,3  Cros- 
sen  dans  la  Bjssc-Silésie  :  il  fut  pas- 
teur luthérien  à  Kesselsdorf;  depuis 
1755,  sous-diacre,  et, depuis  1760, 
archidiacre  à  la  cathédrale  de  Giir- 
litz  :  il  mourut  le  28  décembre  1788. 
Il  a  public  des  sermons  et  plusieurs 
notices  biographiques  et  bibliogra- 
phiques. Pnrmi  ses  productions  litté- 
raires ,  on  distingue:  L  Notice  his» 
torique  sur  la  bibliothèque  de  la  ca- 
thédrale de  Gbrlitz ,  Gorlitz,  1760, 
in -4°.  IL  Notice  historique  de  la 
première  édition  allemande  de  la 
Bible  ,  publit^e  _,  en  i  l^tiz ,  par  Fust 
et  Schoiffer ,  à  .  Maïence  ,  ihid. , 
1765,  in-8°.HI.  Notice  de  quelques 
éditions  de  la  Bible  ,  publiées  à 
fVorms  en  i5'29,  ^'  ^  Strasbourg 
en  i55o-i538;  ibid. ,  1768,  in- 
4*^.  IV.  Mémoires  pour  servir  à 
Vhisloire  ecclésiastique  et  littéraire 
de  la  Haute- Lusace  ,  en  deux  par- 
ties,  Leipzig  et  Bautzen ,  ï77^- 
1773,  in  8".  Il  a  aussi  écrit  la  vie  de 
Luther,  de  L.  F.  F,  Lehr ,  de  /. 
/r.  Cehler,  de  Martin  Mijller,  de 
/.  G.  Kramsche  ,  et  d'autres  minis- 
tres prot(Stauts.  B — u — D. 
GIESECKEC  Paul-Tuierri).  T. 

GiSLKE. 

GIESECKE(Nicolas-Thierri  ), 
théologien  protestant  et  poète  aile- 
Tiiand  estimé.  Son  véritable  nom  est 
Aôszeghj ,  (\m  y  par  la  prononcia- 
tion allcmaiule ,  a  été  transformé  en 
Gieseckf.  Il  n.iqtiit  ,  en  1724  ,à  Ne- 
mcs-Csova ,  dans  le  comitat  d'Eisen-» 
bourg  en  Hongrie;  mais  il  reçut  sa  pre- 
micre  cilucalion  à  ILimbourg ,  où  sa 
incre  avait  établi  son  domicile  après 
la  mort  de  snti  époux.  Giesi  cke  étudia 
ensuite  la  théologie  à  l'université  de 
Leipzig;  et ,  dans  ses  loisirs,  il  s'appli- 
qua aux  sciences  et  aux  belles-lettres. 
En   1748,  il  quitta  l'iuiivcisité  pour 


OIE 

çnlrcpimdrr  .î  Iliiiovrc  ,  cl  ensuite 
à  HninswirkJ'ctlucalion  de  plusieurs 
jeunes  gciililslioriinu's  :  c'est  dans  celte 
deinièie  ville  que  le  savant  ahbc  Jé- 
rusalem lui  confia  celle  de  son  fils, 
connu  par  les  graniles  espérances  qu'il 
donna  eomuic  lilleraleur  ,  et  par  sa 
fin  tragique,  {^^''oj.  Jérusalem.)  Gic- 
sccke  fut  nomme,  en  i7'>'>,  pastiur 
à    Tiautenst»  iii  près    de    Blauckem- 
bourg  ,  ensuite   prédicateur  de   cour 
à  Quedlinbourg  ;  et ,  en   1760,   sur- 
int«M)dant  et   as^iesseur  du   consistoi- 
re. La  mort  termina  sa  carrière  labo- 
rieuse le  '25  février   i'iGj.  Gieseckc 
ne  peut  pas  être  compté  piccise'meni 
parmi  ces  littérateurs  qui  ont  opéré 
une  grande   révolution  dan<;  la    lan- 
gue et  la   littérature  germanique,  tels 
que  KIopstock ,  llander,  Wieland  et 
Schiller,  comme  poètes^  et  Les.>iug, 
Abbt  et  Goethe,  comme  prosateurs: 
mais  la  souplesse  du  talent  particulier 
qu'il  avait  pour  s'approprier,  par  l'i- 
initatiou  ,  les  trésors  de  la  littérature 
étrangère,  a  secondé  les  efforts  de 
ses  contemporains  Cramer,  GelJert, 
Schlegel ,    K.ibner  et  autres   qui  ont 
commencé  cette  rélormation  littéraire. 
Du  vivant  de  ce  poète ,  il  n'a  été  pu- 
blié de  lui  qu'un  Recueil  de  sermons, 
Bostock  ,  1760,  in-8'. ,  et  plusieurs 
morceaux  en  vers  et  en  prose ,  dans 
un  Recueil  périodique,  imprimé  à  Brè- 
me, sous  le  titre  de  Bremische  Bei- 
traege.  G.  G.  Gaertuer  a  donné,  après 
la  mort  de  Giesecke ,  une  édition  de 
ses  ouvrages,  sous  ce  titre:  OEwres 
poétiques,  Brunswick,  1767,  in-8\, 
précédées  d'une  vie  de  l'auteur.  Par 
le  choix  de>  images   et  des  expres- 
sions, SCS  poésies  morales  et  lyriques 
se  rapprochent  beaucoup  de  la  poé- 
sie orientale;  mais  dans  cette  grande 
profusion   de    mots  ,  de    pensées  et 
d'images,  on  rencontre  aussi  des  pas- 
sages sublimes.  L'apologue  est  le  gea- 

XVII. 


GIF  3'Î7 

re  dans  lequel  il  conserve  un  caiac- 
lèie  d'origifialité.  Ses  poésies  à  l)a- 
phné  semblent  lui  avoir  été  dictées 
par  l'amour.  Giesecke  est  aussi  l'au- 
teur d'un  pocmc  in:itulé  :  Le  bon- 
heur de  l'amour,  en  trois  chants  , 
Brunswick  ,  i  7G9  ,  in-8  '.  ;  et  de  Ser- 
mons (  dont  le  i*^^'.  vol.  a  été  publié 
par  J.  A.  Schlegel  ) ,  Flensbourg  et 
ficipzig,   1780,  in-8'.      B — 11 — D. 

GIEVHAKI.  ror.  Djeviiery. 

GIFFKN  (  Hubert  Van  ) ,  en  la- 
tin (7IPHANIUS  ,  célèbre  jurisconsulte 
et  philologue  ,  naquit, en  i554,  à  Bu- 
rcn  ,  petiti.'  ville  de  l'ancien  duché  de 
(ïiuiilre.  Ses  premières  études  en 
droit  furent  commencées  à  Louvaiu; 
il  vint  les  cojitinucr  à  Paris  ,  et  les 
teimina  à  Orléans  ,  011  il  se  rendit 
vers  1 566 ,  et  oîi  il  fut  reçu  docteur 
eu  droit,  l'année  suivante.  La  répu- 
tation éclatante  dont  jouissait  alors 
l'université  de  cette  ville  ,  y  attirait 
des  étudiants  de  toutes  les  nations  de 
l'Europe.  Ce  fut  dans  le  dessein  d'être 
utile  à  ses  compatriotes,  que  Giffen 
y  créa  une  bibliothèque  à  l'usage  de 
la  nation  germanique,  c'est-à-dire,  à 
l'usr'ge  des  Allemands  et  des  Flamands^ 
établissement  qui ,  depuis,  forma  tou- 
jours une  section  distincte  de  la  Bi- 
bliothèque publique  d'Orléans  (i\ 
Giffen  ,  après  avoir  parcouru  l'Italie  à 
la  suite  de  l'ambassa-'V  «r  de  France 
à  Venise,  vint  se  fixer  à  Strasbourg, 
où  il  professa  publiquement  la  philo- 
sophie et  le  droit  civi!  :  ce  fut  sur- 
tout dans  celte  dernière  branche  de 
l'enseignement,  et  pir  les  exercices 

(i";  On  a  publié  deux  catilofjues  de  cpite  blblio- 
ihèifue  particulière  ;  l'un  par  Eininich  Neelerpord, 
iG6f,  Lu  -  4"-;  l'itntr^'  par  Gisberi  Eilinj^h  ,  Or- 
léaiiS,  <>';'>',  in-S"  de  *  et  l'jG  p.is;es.  Il  y  a  ua 
supplément  de  ao  pages  publié  en  1682.  La  uatiua 
gfnnaui  |ue  formait  ta  seconde  des  pi  itre  iiatiuns 
dont  se  ci«iTiposait  jadis  l'université  d'Orléans  ;  elle 
juiiissait  di;  privib'j^es  fort  et' uilus  ,  entre  autres 
de  ceux  du  port  d'armes,  de  ne  pouvoir  être  in- 
quiétée en  malijre  de  religion  ,  etc.  Ou  pt;ut  voir 
le  texte  de  ces  priviléijes,  avec  de  curieuv;  détails» 

ii^aiV Ul}tf9fjBelgiço-GaUiçns.  (  F'.Gçtujii'ti.) 

^2 


538  GIF 

auxquels  il  présidait ,  qu'il  se  fit  le 
plus  grand  honneur.  En  1 5-^7,  il 
passa  à  l'université  d'Altorf,  puis  à 
celle  d'Ingolstadt,  où  le  duc  de  Ba- 
vière lui  donna  une  chaire  de  droit 
civil,  à  condition  qu'il  ferait  abjur.)- 
tion  de  la  religion  reformée.  Sa  répu- 
tation ,  que  quinze  années  de  profes- 
soral à  lugolstadt  avaient  encore  beau- 
coup accrue,  lui  mérita  la  faveur  de 
l'empereur  Rodolphe  II ,  qui  l'attira 
à  sa  cour,  et  le  pourvut  des  char- 
ges déconseiller  et  de  référendaire  de 
l'empire.  Giffen  jouit  quelques  années 
de  ces  deux  dignités,  et  mourut  à 
Prague  le  16  juillet  iGo4 ,  dans  un 
âge  fort  avancé,  laissant  une  for- 
lune  considérable,  qu'il  avait ,  dit-on, 
augmentée  par  une  excessive  écono- 
mie. Giffeu  ne  se  bornait  pas  à  une 
connaissance  aprofondie  du  droit  ci- 
vil et  du  droit  canon;  les  ouvrages 
qu'il  a  publiés  sur  d'autres  matières, 
prouvent  qu'il  s'était  également  occupe 
des  belles  -  lettres  ,  de  la  pohtique  et 
des  antiquités  grecques  et  romaines  : 
lUiiis  on  peut  lui  reprocher  une  éru- 
diiion  souvent  mal  digérée ,  et  plus 
souvent  encore  le  défaut  absolu  de 
critique.  Cependant  il  mérite  d'occu- 
per, parmi  les  jurisconsultes,  un  rang 
assez  distingué  ,  sans  qu'on  doive 
pourtant  lui  confirmer  le  titre  de  Cu- 
jas  de  la  Germanie ,  cl  de  Prince 
des  jurisconsultes  allemands ,  que 
Slrauchiuset  IVlorhof  lui  défèrent  avec 
trop  de  libéralité.  Les  principaux  ou- 
vrages de  (lifFcn  sont:  1.  Une  édi- 
tion de  Lucrèce,  De  rerum  nulurd , 
Anvers,  Planlin  ,  i  5^^) ,  in-iv. ,  avec 
de  savantes  notes.  Celle  édition,  faite 
avec  beaucoup  de  soin ,  et  collalion- 
née  sur  huit  inatn)S(;rits,  est  en  outre 
nccompapice  de  plusieurs  nu)rce.»ux 
fort  intéressAuls,  tels  qu'un  abrégé  de 
I.»  philosophie  d'Knicurc,  extrait  de 
Di^'^èue  Laëice  et  do  Cicuron  ,  cl  le 


GIF 

morceau  de  Thucydide  sur  la  -peste 
d'Athènes,  imité  par  Lucrèce;  on  doit 
surtout  remarquer  la  partie  intitulée  : 
Conlectanea  ad  antiquitatis  noti- 
tiam,  index  très  détaillé  et  qui  peut 
passer  pour  un  modèle  en  son  genre. 
Denis  Lambin  qui ,  en  1 563  ,  avait 
publié  une  édition  de  Lucrèce ,  Paris , 
in-4'. ,  accusa  Giflen  de  plagiat,  et 
l'attaqua  avec  une  aigreur  qui  passait 
toute  mesure  dans  la  troisième  édition 
de  son  Lucrèce,  publiée  en  1570. 
GifFen  lui  répliqua  avec  non  moins 
d'âcreté ,  et  prouva  que  Lambin  avait 
lui  -  même  mérité  le  reproche  qu'il  lui 
adressait.  Quoi  qu'il  eu  soit ,  l'édition 
de  Giffen  ,  malgré  les  critiqjies  de 
Creech  et  de  Tannegui  Lefevre,est 
encore  aujourd'hui  recherchée,  et  mé- 
rite de  l'être ,  au  jugement  de  Fabri- 
cius  et  de  llarles.  Elle  a  souvent  été 
réimprimée  ,  notamment  à  Leyde  , 
161 1  ,  in-i6.  Giffen  annonçait  aussi 
un  Commentaire  qui  n'a  jamais  paru. 
II.  Une  édition  d'Homère,  grec  et  la- 
tin, avecdcs  notes, Strasbourg,  i57'2, 
a  vol.  m  S'.IW.  De  imperatore  Jus- 
tiniano  Commentarius,  cui subjicitur 
index  historiens  rerum  romananniK 
et  disputatio  de  actionibus  empti  et 
venditi ,  ïngolstadt,  iSgi  ,  in  -  4."î 
ouvrage  qu'a  fait  oublier  la  vie  de  Jus- 
tinienpar  Ludwig,  et  surtout  celle  que 
M.  Inverniizi  a  donnée  à  Rome,  1 7S5, 
in-8".  (  f^o^.  JusïiNiEN.  )  Il  y  a  un« 
réimpression  de  ce  commentaire  ac- 
comp.jgnée  de  l'éloge  de  Juslinien, 
par  Guiuct ,  Nuremberg,  iti^o  ,  in- 
l 'vi.l  V.Des  notes  assez  estimées  pour  le 
Corpus  juris  ci^ilis  de  l'édition  d'fn- 
golstadt ,  i;')9^»,  in  -  fol.  et  in-Zj».  V. 
Commentarius  ad  Institutioncs  y  ïn- 
golstadt ,  i5()(),  in-  4"-»  et  Stras- 
bourg, i6o(i  et  i()5o,  in-4".;  ^^" 
cclleut  ouvrage  ,  et  qui  ne  doit  point 
être  confondu  avec  la  foule  innom- 
brable des  commenUircs  sur  les  1ns- 


GIF 

lilntcs.  Vî.  Aminoinldrnmjuris  ci- 
vilis  c  priplfclionrbus  tlt'sumjdarmn 
lihri  ir  ,  rr.iiiir)rl ,  i()0.'")lI  iGoG, 
in-.\^.  On  sait  qu'on  iioinmo  antino- 
mie roj>])()>ilKm  icVllo  ou  apparente 
rjui  s(»  iciirontrc  (jui'lqiu'fois  entre 
deux  lois  romaines  :  il  arrive  le  plus 
frci|uorament  que  celle  opposition  ne 
irpo.«»e  que  sur  une  misérable  argutie 
i.ieilc  A  détruire;  aussi  Jes  juriseon- 
sulfcs  qui  se  sont  occupe's  de  recueil- 
lir et  de  résoudre  ces  prétendues  dif- 
ficullés  (  f^ov.  CoccEji,  Mencren  , 
G.  A.  Struvius  ,  etc.  ),  ne  sont 
remplis  pour  la  plupart  que  de  ques- 
tions Culiie»»  et  de  su])tililés  scolas- 
tiques.  Girtcn  ne  peut  échapper  à  ce 
reproche;  mais  au  moins a-t-il  pres- 
que toujours  le  mérite  d'être  clair 
dans  les  diflicultés  qu'il  pose  et  les 
sohitions  qu'il  émet.  Vil.  Leciiirœ 
^^Itorphinœ  in  aliquot  titulos  Diges- 
iorum  et  Codicis ,  Francfort,  i6o5, 
iu-4'.;  c'est  le  plus  estimé  des  ouvra- 
ges dcGiflTt'n.  WW.Antinomiœ  juris 
j'cudalis,  accedii  tractatus  feiidalis, 
Francfort,  1606,  in  -  4'';  ouvrasse 
du  même  genre  que  celui  du  n".  VI, 
mais  moins  complet  et  moins  recher- 
ché. IX.  OEconomia  jiiris ,  seu  dis- 
posilio  metliodica  Ubï'orwn  ac  titu- 
lorum  totiiis  juris  clvilis ,  Franc- 
fort ,  i6o(i,  in-4'''î  ouvrage  souvent 
consulté.  X.  De  diversis  regidis  Ju- 
ris,  Strasbourg,  1607,  in-8'.  XI. 
Une  édition  de  la  Politique  d'Aiis- 
tote  ,  Strasbourg,  1608,  in-8.  ;  et 
flvec  une  préface  fort  curieuse  de 
Gonring  (  Hermann  ) ,  et  une  intro- 
duction à  la  Politique  d'Aristote,  Helra- 
stadt  ,  1657,  in- 12,  el  i6jti,  in- 
4".  XII.  Cornmentarii  in  decem  li- 
hros  Ethicorwn  Aristottlis ,  Franc- 
fort ^  1608,  lu -8'.;  commentaire 
volumineux  et  oublié,  mais  qui  n'est 
point  sans  mérite.  XllI.  Expla- 
7iatio  dijficiliorum    et  celebr iorum 


G  I G  5r>9 

qufPStionum  in  octo  lib.  Codicis  oc- 
currcntiiun  ,  IMIe,  i(jo5,in-4''-  XIV. 
Beaucoup  de  Thèses  ,  de  Disserta- 
tions plus  ou  moins  étendues  sur  des 
matières  de  droit,  telles  que  ,  £>« 
pactis,  De  cponsalihus,  De  ordineju- 
dicioruin ,  etc. ,  imprimées  à  Siras- 
bourg,à  Altorf,  à  ingul.^tddt  ,  et  à 
Fr  incfort ,  et  dont  ou  peut  voir  le 
catalogue  dans  Wiil ,  dans  No|>iisch, 
cl  dans  Zeidler  ,  ntœ  projessorum 
juris  Altorphinorum  ,  Nineraber"^ , 
I  777  -  87  ,  5  vol.  in-4".  (  tome  1 , 
p.  57-62;  tora.  m,  p.  i3o-i44.  ) 
Tous  les  ouvrages  compris  depuis  le 
n  .  VI  sont  posthumes  ;  mais,  outre 
ceux-là  ,  GilFcn  en  avait  encore  laissé 
en  manuscrit  un  fort  grand  nombre 
d'autres,  dont  on  trouve  le  détail 
dans  les  Amœnitates  litferariœ  de 
S.helhorn,  lomexii,  p.  587-091. 

p— N— T. 

GIGAS  (JiÎrome),  jurisconsulte, 
né  vers  la  fin  du  xv'.  siècle ,  à  Fos- 
sombrone  ,  dans  le  duché  d'CJrbin  , 
fit  ses  études  à  l'université  de  Padouc, 
où  il  eut,  entre  autres  professeurs,  An- 
toine liurgos,  qui  lui  témoigna  tou- 
jours beaucoup  d'affection.  Il  accom- 
pagna Burgos  à  Bologne  :  il  y  prit, 
dit  on,  ses  degrés;  mais  d'autres  pré- 
tendent qu'il  avait  été  reçu  docteur 
avant  de  quitter  Padoue.  Il  le  suivit 
ensuite  à  6aierne  et  à  Rome,  oii,  sur 
la  recommandation  de  son  ancien 
maître  ,  le  pape  Clément  VII  le 
nomma  référendnre  apostolique.  Ce 
fut  par  une  espèce  de  prodige  qu'il 
échappa  au  sac  de  Uome  en  i5 l'j  y 
et  qu'il  parvin  à  soustraire  son  ar- 
gent à  l'avidiîé  des  soldats.  Il  se  re- 
tira d'abord  à  Ancone,et  peu  de  t(  mps 
api  es  à  Venise,  oij  il  exerça  la  profes- 
sion d'avocat  avec  beaucoup  de  réputa- 
tion. Il  y  mourut  en  i56o  ,  dans  uu 
âge  avancé.  Le  plus  célèbre  de  tous 
SCS  ouvrages  est  son  traité  De  pen- 

3a„ 


54o  GIG 

sionibiis  ecclesiasticis y  souvent  reîrn- 
piimë  (1  !us  le  xvi  .  et  le  xvn".  siè- 
cles. Il  eu  donu,\  la  suite  sous  le  litre: 
Besponsa  familiaria  in  miterid 
ecclesiasticarum  pensioniim.  Le  su- 
jet y  est  aprofoiidi,  et  piéhente' d'une 
raauicre  inte'ressante.  La  meilleure 
édition  est  celle  de  Cologne,  1619, 
in-8  '. ,  dans  laqutille  on  a  insère  son 
traite  De  inlruso  ,  et  qui  est  enrichie 
d'une  table  des  matières  très  ample. 
On  connaît  encore  de  Gigas  :  \.  De 
crimine  lœsœ  majestdis  tractatus  , 
Lyon,  i5>7;  Sj)ire,  iJgS,  in-8'.  ; 
et  dans  les  Tractatus  juris  y  tome  xi. 
IL  De  residentid  episcoporum ,  Ve- 
nise ,  1 569 ,  et  dans  le  même  Re- 
cueil,  tome  XV.  ÏIL  ConùUci  inpen- 
sionum  materid  et  de  interesse  usu- 
rario  ,  Venise  ,  i58o  ,  in-fol.  IV. 
Des  Noies  sur  les  Décrétales.  — 
liermanu  Gigas  ou  Gygas,  corde- 
lier  flamand  ou  allemand  d'origine, 
était  dans  une  maison  de  son  ordre  en 
France,  lorsqu'il  compila,  sous  le  titre 
de  Flores  teinporum,  une  chronique 
quis'etenddepuis  la  création  dumonde 
jusqu'à  l'an  i549.  Gérard  Mcnschen 
l'a  publiée  à  Leyde,  1-^4^  ^t  1750, 
in-4".,  avec  une  continuation  jusqu'à 
l'an  i5iv5,  par  Michel  Eysenhart, 
prêtre  de  Weisseubourg  ( Erjlhro- 
politanus),  et  y  a  joint  un  glossaire 
fX  une  savante  préface.  Les  Flores 
temporum  du  cordelicr  Martin  {Dfar- 
tinus  jninorita)y  continues  par  Her- 
mann  de  Gènes,  depuis  l'an  1*290 
jusqu'à  i34(i,  et  insères  dans  le  tome  i 
du  Corpus  historicum  medii  œvi 
d'I'^ckhart,  ne  sont  qu'un  abiegc  tron- 
que de  la  chronique  de  Gigas  ,  que 
l'on  cite  aussi  quelquefois  sous  le  nom 
^y //cnnnnnus  minorita.       W — s. 

GIGAULT  (/ "^.  Bellefont). 

GTGGEl  (Antoine),  orientaliste 
et  docicur  en  ihèulogie,  dirigea  ses 
travaux  vers  l'ctudc  des  lanjjucs  ori«u- 


GIG 

taies.  Après  avoir  acquis  à  Milan  les 
éie'menls  de  la  langue  persane,  il  alla 
en  Toscane  pour  y  étudier  l'arabe.  Eu 
i6:io,  il  publia  la  traduction  latine 
des  Commentaires  de  Salomon  bea 
Esra  ctLevi  beu  Gerson,  sur  les  Pro- 
verbes. (Voy.  Gerson,  XVII,  111.) 
Douze  ans  après,  il  mit  au  jour  l'ou- 
vrage suivant:  Thésaurus  linguœ  ara- 
bicce  quem  A.  Giggeius  ex  monumen- 
tis  Arahum  manuscriplis  et  impres- 
sis  biblioihecœ  Amhrosianœ  eruit, 
concinnavit  et  latini  juris  fecit...  Mi- 
lan, i632,  4  vol.  in-fol.  Cet  ouvrage 
fut  fait  sous  les  auspices  du  cardinal 
Frédéric  Borromée  ,  qui  n'avait  cessé 
d'honorer  l'auteur  de  sa  protection  et 
de  ses  bienfaits.  Giggei  avait  mis  à 
contribution  plusieurs  lexiques  origi- 
naux pour  composer  le  sien  :  il  avait 
promis  dans  sa  préface  de  publier  sé- 
parément la  notice  des  auteurs  qu'il 
avait  consultés  ;  mais  l'on  ne  voit 
point  qu'il  ail  exécuté  ce  projet.  Sou 
dictionnaire  fait  époque  dans  l'his- 
toire de  la  littérature  orientale  en  Eu- 
rope ,  et  n'a  été  elTicé  que  par  celui 
queGolius  publia  vingt-un  ans  après. 
On  le  consulte  même  encore  quelque- 
fois avec  fruit  ;  car  il  donne  souvent 
des  interprétations  omises  par  les  lexi- 
cographes qui  l'ont  suivi.  Giggei  mou- 
rut en  i65'2  ,  l'année  même  oij  parut 
son  Thésaurus.  Lors(|ue  la  mort  le 
surprit,  il  travaillait  à  un  ouvrage  sur 
la  langue  persane ,  qui  devait  porter 
le  litre  de  Gazapersica.  Il  s'occupait 
aussi  d'une  Grammaire  chalflaujue. 
Ph.  Opicelli  indique  de  lui ,  dans  ses 
Monumenta  bibl.  Amhrosianœ ,  des 
Commentaires  manuscrits  surl'^^trt- 
ture  sainte ,  tirés  des  commentaires 
manuscrits  ou  imprimés  des  rabbins. 

J— N. 

GIGIiï  (Jérôme),  célèbre  littéra- 
teur italien  ,  génie  original  et  singu- 
lier, olbe  un  exemple  remarquable  du 


GIG 

trouble  qup  1rs  passions  liflcrairos  et 
r.jj^ilaliou  (le  IVspiif  mcttonl  qiM  If|i!(- 
fuis  (l.tiis  une  vie  (l(  sliiiec  <i  èlre  paiMblc 
et  d.ins  une  position  que  la  lortunc  ren- 
dait lieuren^e.  Son  pèie,nomH)eJoseplj 
Nenci ,  clail  d'une  lionnête  faïuilie  de 
viiennc.  Jcronie  y  naquit  le  i4  orlo- 
Lre  \06o.  11  fil  de  très  bonnes  études, 
et  s'app!i([ua  surtout  à   l'eloquenee  ; 
mais,  jus(pi'à  l'âge  de  quatorze  ans,  il 
ii'anuoiiçail  rien  d'extraordinaiic,  si 
ce  n'c^t  qu'à  cet  âge,  où  presque  tous 
les  jeunes  gcus  semblent  lutter  entre 
eux  de  goût  pour  la  dissipation  ,  le 
mouvement,  la  gaîtc bruyante,  il  n'en 
montrait  que  pour  la  retraite,  les  pro- 
menades solitaires,  les  lectures  solides 
et  l'élude  assidue  des  bons  auteurs. 
11  existait  alors  à  Sienne  un  vieillard 
riche  et  sans  beiiliers,  nommé  Je'- 
rôme  Gigli,  parent  assez  proche  du 
jeune  Nenci,  du  cote  de  sa  mère;  ce 
Gigli,  "voyant  en  lui  l'annonce  d'une 
bonne   conduite ,  d'une  réunion   de 
qualités  peu  commune  et  d'une  santé' 
florissante ,  résolut  de  l'adopter  ,  de 
lui  donner  son  nom  et  tous  ses  biens, 
ne  doutant  point  qu'il  ne  les  transmît 
à  une  nombreuse  postérité.  Ce  projet 
fut  exécuté  dans  les  formes  légales , 
et  avec  la  plus  grande  solennité.  Le 
père  adoptif ,  pressé  de  réaliser  ses 
espérances,  trouva  promptement  pour 
son  fils  un  parti  qui  lui  parut  conve- 
nable ,  et  le  maria  le  29  avril  1675, 
lorsqu'il  n'avait  encore  que  quatoize 
ans  et   demi.   Le  vieux   Gigli  s'était 
si  peu  trompé  dans  ses  calculs ,  que 
de  ce  mari ,  encore  enfant ,  et  de  sa 
femme  ([ui  ,    il   est  vrai  ,  était  plus 
âgée  ,  naquirent  dans  un  certain  nom- 
bre d'années  douze  enfants.  11  ne  vit 
naître  que  les  deux  premiers  ,  et  fut 
emporté  par  une  maladie ,  moins  de 
quatre  ans  après  l'adoption  qu'il  avait 
faite.  Jérôme  Nenci  ou  Gigli  se  trou- 
va donc,  à  l'âge  de  dix  -  huit  ans  , 


GIG  541 

possesseur  d'un    héritage  ^oiisidéia- 
blc ,  maiié,  père  de    fiun.le  ,  cl  ne 
voyant    (hvant    lui    que  la   jicrspec- 
tive  la  plu*»  ri;inle.  Son  amour  pour 
l'étude  ne  s'était  j)oint  leiVoidi.  Pen- 
dant ces  quatre  années,  il  avait  achevé 
sa  propre  éducation,  et  s'était  mis  en 
étal  de  diriger  celle  t'e  ses  cnfiu'.s.  La 
philosophie,  l'histoire,  l'astronomie, 
la  musique  ,  l'architecture  ,  l'avaient 
successivement  orcuj)p.    Il   y  joignit 
rap.iiculture  ,  lorsque  ,  maître  de  sa 
foituup,  il  put  vérifier  les  théories  par 
la  pialique  dans  sa  belle  maison  da 
cauipagne  de  Monte- Specchio  ,   qui 
n'était  qu'à  trois  milles  de  Sienne.  La 
vivacité,  le  touj-  piquant  et  l'origina- 
lité de  son  esprit  s'eiaicnt  montres  en 
même    temps  dans   des  poésies  soit 
lyriques  ,   soit   dramatiques  ,    tan  lot 
sérieuses  ,  tantôt  ^aies  ,    et  souvent 
satiriques  ,  genre  auquel  d  était  porté 
par  une  causticité  naturelle ,  que  sa 
positlo!!  indépendante  ne  l'engageait 
pas  à  contenir.  Les  mêmes  qualités 
brillaient  dans  ses  compositions  e»i 
prose  ,  où  l'on  trouvait  aussi  le  même 
penchant  à  la  satire.  11  ne  tarda  pas  à 
se  faire  beaucoup  d'ennemis  ;  mais  le 
nombre  de  ses  admirateurs  augmentait 
de  même  tous  les  jours.  Il  lut  admis 
dans  les  académies  les  plus  célèbres 
de  l'Italie ,  entre  autres  dans  celles 
des  intronati  de  Sienne,  des  Arcades 
de  Kome,  oii  il  prit  le  nom  A^Ama' 
ranto  scitiadico  ;  et  enfin  dans  l'a- 
cadémie de  la  Crusca.  Ce  fut  poui'  des 
réunions  académiques  plus   particu- 
lières ,  et  principalement  pour  le  col- 
lège des  nobles  de  Sienne,  qu'il  fit 
ses  piemiers  drames  en  musique  :  sa 
Geneviève  y  exécutée   par    six    pen- 
sionnaires de  ce  collège  ,  ejit  un  si 
grand  succès  qu'elle  lui  lut  dcmandéo 
à  Rome,  à  Brescia  ,  et  dans  plusieuis 
autres  villes,  où  elle  ne  réussit  pas 
moiusqu'àSicnne.Sonitow/^Ze-Piewjr, 


542  GIC  GIG 

et  plusieurs  autres  drames,  ses  can-  sycophantc.  Que  l'on  juge  des  ecît-rts 
tates,  ses  Icles  ihe'âlrales,  roinposëgs  de  rire,  des  applaudissements  ,  des 
à  la  demande  des  personnes  du  plus  trëpignemeiils  d'une  asscmbiée  nom- 
haut  rang,  pour  des  occasions  d'éclat,  breusc  à  l'apparition  de  cîi-jcnn  des 
et  repiésetilées  avec  toute  la  pompe  acteurs  ,  à  tous  ces  traits  de  ressem- 
que  l'on  donnait  à  ces  sortes  de  îèles,  blance  parfaite,  et  à  ce  que  tous  ces 
lui  acquirent  dans  cp  genre,  alor>  nou-  rôles  do  théâtre  avaient  d'analogue 
veau  ,  une  re'piitaiion  qui  précéda  avec  ceux  qu'on  avait  vu  jouer  rcel- 
celled'Apostolo  Zeno  et  de  Métasttse.  lement  dans  la  ville.  Quelque  temps 
Il  eut  l'amhitioii  de  join'lre  à  tant  après,  le  cardinal  Otloboni,  passant 
d'avantages  ceux  dont  les  ntibies  jouis-  à  Sienrie,  destra  voir  cette  pièce  rc- 
ftaieut  à  Sienne  j  et  ses  .imis  parviu-  présenice  par  les  mêmes  acteurs;  mais 
rent  à  le  faire  appel»  r,  eu  i(384,  à  les  dévots  et  Ks  dévotes-de  Don  Pi- 
l'une  des  magislriituresqni  eonferaieut  lone  se  donnèrent  laiu  de  mouvement 
la  noblesse.  C'était  dans  ce  temps-là  qu'ds  parvinrent  à  empêcher  que  la 
même,  que  ses  pièces  de  théâtre,  se-  représentation  eût  lieu.  Gigli  n'en  de- 
rieuses  et  comiques ,  se  succédaient  le  vint  que  plus  animé  contre  les  hypo- 
plus  rapidement,  et  étaient  leçues  crites,  et  plus  ardeut  aies  puursui- 
avec  des  applaudissements  univcr>els.  vrc.  Il  les  traita  .sans  miséricorde  dans 
La  frtnchise  de  son  caractère,  et  sa  un  chant  de  cinquante  octaves  eu  style 
piété  qui ,  au  miliq^  d'une  vie  si  dis-  burlescjne,  qu'il  lut  pijb'iquemeut  dans 
sipée  ,  était  vive  et  sincère,  lui  fai-  une  séance  académique,  tenue  au  mi- 
saient surtout  prendre  à  tâche  de  dé-  lieu  des  jardins  Piccolomini ,  devant 
masquer  les  liy[)0critcs  ,  et  de  les  at-  le  prélat  Forleguci  ri ,  ingénieux  au- 
taquer  dans  ses  comédies  sans  aucua  tcur  du  poème  de  Richardet.  Au  car- 
ménagement.  Sa  traduction  en  prose  naval  suivant ,  il  parut  sur  la  place 
du  Tartulït'dc  Molière  ,  qu'il  fit  jouer  publique  de  Sienne,  masqué  en  Don 
sous  le  litre  de  Don  I^Uone,  ou  plutôt  Pilone  ,  porté  tians  un  fauteuil  com- 
qu'il  joua  lui-même  sur  le  grand  théâ-  mode,  distribuant  aux  dames,  dans 
tic  de  Sienne,  prouve  asstz  quel  ccHi-  leurs  carrosses  ,  un  madrig.d  plai- 
rage  et  quelle  chaleur  il  mettait  dms  sant  et  satirique  ,  détournant  d'elles 
celte  guerre  ouverte.  Il  se  chargea  du  ses  regards  hypocrites,  et  faisant 
rôle  prmeipal,  et  engagea  neuf  de  ses  toutes  les  simai;ré(.s  d'un  vrai  Tar- 
amis  à  jouer  les  autres ,  chacun  selon  tulTe.  Ces  boullônneries  et  les  cris 
b'S  confoi mirés  physi((ues  qu'il  pou-  de  ceux  qu'elles  attaquaient,  n'<mpt- 
vait  avoir  .ixcc  ces  divers  person-  chèrent  point  le  grand  -  duc  Cosme 
liages.  Il  alla  plus  loin  ;  il  imita  la  11  i  de  le  nommer  profescur  de  îitté- 
]»iononciation,  !a démarche,  les  gestes  rature  toscane  dans  l'univcrsifë  de 
d'un  hypocrite  fort  connu  dans  la  ville.  Sienne.  Sts  leçons  attirèrent  bientôt 
et  que  le  tribunal  de  l'inquiNition  ,  nue  foule  d'.uidifeurs.  Oite  alHuence 
établi  à  Sienrie ,  avait  été  forcé  de  et  l'avidité  avec  laquelle  elles  étaient 
condamner  à  remprisoiin(.'fnent  pour  écoutées,  l'enii.igin  nt  à  les  ras>ei» 
dr^  niérails  reconnus  et  prouves:  il  birr  eu  un  volume,  (|ui  a  été  reim- 
.s  liabilla  rr»nim<'  lui ,  et  fit  copier  avec  prime  plusieurs  fois.  Il  entreprit ,  vers 
la  Tnèine  fidélité,  par  sa  troupe,  les  le  mèuie  temps,  un  travail  dilbcile  , 
personnes  (pii  s'étaient  le  plus  ouvci-  qui  paraissait  peu  analogue  à  nu  es- 
teuicni  dccl.;rcts  pour  ou  contre  ce  prit  ausii  vif  que  le  sieu  ;  t'cLiil  uuc 


(i  I G  G I G                  543 

tdition  roMiplrlc  des  Lettres  cl  des  son  stA'lc  ;  cl  coiurne  ce  ?ujct  ne  rnaii- 
diitres  u'iivics  do  Sie.  (^thcriiic  de  «jiJiut  jamais  de  rémouvoir,  il  se  I.nssa 
Sienne,  coriles  en  italien  ilès  le  xin'.  eiitrauier  à  son  cnthotisinsnic  ,  fut  si 
siècle,  avec  la   pins    };rande  piiicle.  cloquout ,    si    prolondémcnt   touche, 
I.es  niaiiusoiils  01  i;;inaux,  conservés  qu'il   émut  le  piiiicc  lui-incnic;    et 
c\\i7.  les  duiuiniciins  de  Sienne,  lui  celui-ci  quittant  le  rôle  de  ju^e  irrité, 
servirent  pour  corriger  le  texte,  al-  oublia  enlièrenient  roljjrl  pour  lequel 
téré  dans    toutes  les  éditions   précé-  il  av«il  mandé  Gigli  ,    et   ne    lui   fit 
dentés,  cl  pour  Taugraenter  de  beau-  plus  de  questions  que  sur   l'objet  de 
coup  de  pièces  inédiles.  (  Foy.  Ca-  M)n  entreprise.  L'adroit  Gigli  fil  en- 
THEKiNE,  vil  ,  o()H.  )  Il  fut  soutcnu  teiidrc  qu'elle  aurait  été  jdus  avancée 
dans  cette  entreprise  par  son  7ÀAe  pour  s'il  i/avait  été  retenu  par  les  frais  con- 
la  langue  de  sa  patrie  ,  et  par  la  dé-  sidérables  qu'elle  exigeait,  et  que  sa 
voiion  spéciale  (pi'il  avait  pour  cette  fortune,déjà  fort  dérangée,  ne  lui  avait 
sainte.  Il  allait  tous  les  jours  lui  rendre  pas  permis  de  faire.  Le  grand-duc  se 
l»omniaç:e  dans  la  cliapclle  où  l'on  en  chargea  de  lever  cet  obstacle  j  il  auto- 
conserve (comme  cliacun  sait)  la  tête  risa  ,  par  un  ordre  exprès,  Téditeur 
gaine  cl  entière  ;  et  on  l'y  avait  vu  de  Ste.  Catherine  à  prendre,  dans  les 
plus  d'une  fois  fondre  en  larmes.  Les  magasins  de  l'imprimerie  ducale,  tout 
travaux  pivliminaires  de  cette  édition  le  papier  dont  il  aurait  besoin  :  et  Gr- 
êlaient tel  n)inés  ,  et  il  était  prêt  à  en  gli ,  au  grand  dépit  de  ses  ennemis  , 
commencer  l'impression  lorsqu'il  reçut  remporta  une  grâce  signalée  d'une  au- 
l'ordre  de  se  rendre  à  Florence  ,  de-  dienceoù  ils  l'avaient  fait  appeler  pour 
vant  le  grand-duc,  pour  répondre  à  le  perdre.  Malheureusement  pour  lui, 
des  accusations  portées  contre  lui  par  au  lieu  de  devenir  plus  sage  ,  il  crut, 
des  moines  qu'il  avait  trop  peu  mena-  après  une  telle  épreuve,  pouvoir  se 
gés  dans  ses  satires.  Ils  avaient  tel-  tout  permettre  impunément.  La  tête 
lement  prévenu  l'esprit  du  souverain,  échauffée  par  l'élude  continuelle  des 
que  Gigli  sentit  bien  qu'il  avait  tout  à  écrits  de  la  sainte  siennoise,  il  cbn- 
craindrc  :  mais  il  se  lira  de  ce  mau-  rut  l'idée  de  joindre  à  leur  publicalioa 
vais  pas  par  un  trait  d'assurance  et  celle  d'un  vocabulaire  formé  des  seules 
d'adresse  qui  lui  réussit  au-delà  de  SCS  expressions   dont   elle    y    avait   fait 
espérances.  Arrivé  devant  Cosme  III ,  usage;  il  se  proposa  d'y  démontrer  que 
au  lieu  d'attendre,  comme  il  le  devait,  dans  la  langue  toscane,  le  dialeclc  de 
que  le  grand-duc  lui  dît  pourquoi  il  Sienne  était  préférable  à  celui  de  Flo- 
l'avait  fait  venir,  et  quel  était  le  suje*;  rence  pour  la  giâce,  l'éiégance  cl  la 
de  son  méconlenlement,  il  prit  ia  pa-  pureté,  malgré  les  prétentions  des  Flo- 
lolc  ,  j)rotesta  de  son  empressement  à  lentins.  On  le  lui  aurait  peut  êire  par- 
5c  rendre  aux  ordres  de  S.  A.  R.,  os-  donné,  s'il  avait  mis  dans  cette  dis- 
sura  qu'il  ne  lui  en  avait  rien  coûté  de  cussion  délicate  les  précautions,  les 
quitter  le  travail  dont  il  était  occupé  ,  ménagements  et  les  égards  qu'elle  exi- 
quclque  important  que  fût  ce  travail  gcait  :  mais  il  fit  précisément  le  con- 
lîour  l'honneur  de  sa  patrie,  pour  le  traire.  11  assaisonna  ses  critiques  de 
bien  de  la  langue  toscane ,  et  pour  les  mots  piquants  et  dérisoires  ,  contre 
intérêts  même  de  la  religion  :  alors  il  les  Florentins  et  leur  académie  j  de 
parla  de  Sle.  Catherine,  et  de  sa  vie,  sarcasmes  offensants  et  de  traits  sati- 
ct  de  SCS  ouvrages ,  et  des  beautés  de  -liq^uos  les  plus  aigiuj.  Cette  espèce  dô 


344  GÎG 

fureur  n'avait ,  dit-on ,  d'autre  cause 
que  le  refus  que  lui  avait  fait  Tica- 
dcmic  df  l;i  Crusca,  d'admellre,  clans 
son  édition  de  1692,  quelques  mots 
qu'il  croyait  sullisamraent  autorise's, 
puisqu'ils  avaient  e'ie'  emplove's  par  la 
sainte.  11  en  avait  toujours  conservé 
un  ressentiment,  qu'il  voulut  enfin 
rendre  public  eu  faisant  imprimer  à 
Rome,  en  171-],  son  vocabu  aire  en 
tête  du  2  .  volume  des  œuvres  de 
Stc.  Catherine  :  trente-quatre  feuilles 
étaient  déjà  tirées,  ef  Ton  en  était  à  la 
lettre  R  quand  sou  srcret  fut  éventé 
par  l'ii. fidélité  des  imprimeurs.  Aus- 
sitôt un  deVr<t  du  m:tître  du  ï>aré  pa- 
lais an  èia  l'irapri  ss;ou  ,  prohiba  l'ou- 
vrage; et  l'auteur  fut  exilé,  p;ir  ordre 
du  souverain  ponlife  ,  à  quarante 
milles  de  Rom'-.  O  même  décret  fut 
réinipriuié  à  Florence  par  ordre  de 
l'inqui-iitcur-générril ,  (  t  y  tut  p  iblié 
le  i'^'^.  septembn  .  Le  lendemain  les 
académiciens  de  la  Ciusca  s'clant  as- 
semblés ,  rayèrent  Gigii  de  leur  liste, 
par  un  décret  enr<  j^islré  d  'US  les  ai  tes 
de  l'apidémie .  et  revêtu  de  l'appio- 
batiou  du  giaud-duc.  Le  c) ,  ils  firent 
brûler  swleunellement ,  par  la  m  .iu 
du  bourreau  et  au  son  de  la  cloche 
du  p.diis  de  justice,  le  livre  don»  ou 
leur  avait  envoyé  de  Rome  des  exem- 
plaires ,  et  dont  l'édition  presque 
entière  avait  été  saisie.  La  vindicte 
académique  .  secondée  auprès  du  sou- 
verain pai»  les  jésuitisquiavucul  alors 
un  grand  crédit  d.Jis  cette  cour,  n'en 
resta  pas  là.  Un  ordre  émane'  de  la 
secrétairtric  d'elal  fit  cirMur  de  même 
le  nom  de  Gigli  du  rôle  des  profes- 
seurs de  l'univi'rsilé  de  Sienne  :  le  nù- 
iiistre  y  ajouta  ,  peu  de  temps  après  , 
la  défense  de  rentrer  dans  sa  ville 
iiattle.  Il  reçut  cette  nouvelle  s»  nirnce 
à  Viterbe,  où  il  s'était  relire.  Là,  il 
réfléchit  enfin  sur  ses  imprudences 
et  sur  leurs  suites  :  il  se  vit  menacé 


GIG 

d'une  ruine  entière ,  et  sentit  qu'il 
n'avait  d'autre  moyen  de  la  prévenir 
que  d'obt(  nir  du  grand-duc  son  rap- 
pel, mais  qu'il  le  sodlciternit  inutile- 
ment si  le  pape  ne  lui  accoidait  d'a- 
bord la  permission  de  retourner  à 
Rome.  Heureusement  il  trouva  un 
j>uissant  appui,  auprès  du  St. -Père  , 
dans  le  prélat  gouverneur  de  Rome, 
Alexandre  Falconieri  :  mais  d  fallut 
écrire  et  publier  une  rétraclalion  gé- 
nérale de  ce  qu'il  avait  écrit ,  puis 
des  rétractations  particulières  ,  puis 
encore  d'coitres  rétractations;  il  s'hu- 
milia j)lus  qu'on  ne  l'aurait  attendu 
d'un  caractère  tel  que  le  sien  ,  et  plus 
qu'on  ne  'e  doit  faire  quand  i:  ne  faut 
que  choisir  entre  la  honte  et  le  mal- 
h(ur.  I!  ne  réserva  enfin  d'autres 
droits  qu'  ceux  du  dialecte  de  sa  pa- 
trie ,  et  déc'ara  qu'en  desavouant  les 
formes  qu'il  avait  employées  pour  le 
défendre^  il  m  liiiteuait  la  question  de 
prééminence  dans  toute  son  inté|;iité; 
trait  de  zèle  et  de  fcruieîé  philolo'^ique 
qu'd  n'est  pas  iiidilTcri  lit  d'observer. 
Ces  désaveux  eurent  l'effet  qu'il  en 
avai*  espéré  :  son  i  \il  de  Rome  fut  le- 
vé, et,  peu  de  temps  après,  celui  de 
Sienne.  Il  y  trouva  porté  au  comble  le 
désordre  qui  s'cl.iit  mis  depuis  long- 
temps dans  sa  fortune,  et  que  reu- 
d.iient  inévitable  sa  libéralité  presque 
sins  bornes,  son  goût  pour  la  dépen- 
se, pour  les  fêtes  ,  les  spectacles  ,  la 
bonne  cliere,  et  le  défaut  total  de  sur- 
veillance sur  la  conduite  de  ses  affai- 
res et  sur  II  gestion  de  ses  biens.  Sa 
femme  était  d'une  huujeur  toute  oppo- 
sée, économe  jusqu'à  l'avarice,  diflU 
cile  à  vivre,  dévote,  acariâtre,  etd'ua 
âge  dont  la  disproportion  avec  le  sien 
s'était  fait  sentir  de  plus  en  plus  : 
Gigli  commençait  à  éprouver  aussi  les 
incommodités  de  la  vieiih'sse,  et  se 
trouvait  tout- à-la  fois  assailli  par  le 
malaise  de  sa  situation,  par  des  infii> 


CI  G 

milr's  Ir.biîii  lies,  et  pnr  dos  ornc;''S 
donicsliqucs  (jui  se  rcnoiivclaitnl  tous 
les  jojir.s.  Peu  de  temps  après  son  re- 
tour de  Jîoinc,  des  syuiplonies  d'iiy- 
dropi.^ie(pli  l'y  avaient  men.icc,  aug- 
mente) eut  :  il  s'occupa  depuis  ce  mo- 
lurnl  de  mettre  ordre  à  ses  affaires 
spirituelles.  IMalgrc  l'empiie  que  ses 
passions  axaient  pris  sur  lui,  sa  pielc 
avait  toujours  clé  tics  Invente;  elle 
reprit  tout  son  ascendant.  Les  progrès 
ranidés  de  l'hydropisicî.lui  inspirèrent 
la  résolution  d'aller  finir  ses  jours  à 
Rome;  il  quitta  Sienne  pour  la  der- 
nière lois:  .11  rive  dans  la  eapi'ale  du 
monde  elirc  ion  ,  il  n'y  vit  presque 
plus  que  son  confesseur  ,  qui  était  son 
compatriote  et  son  ancien  ami  ;  il  se 
fît  .'ippo.'ter  tous  ses  écrits  satiriques 
encore  inédits,  et  qu'il  avait  fait  venir 
de  Sienne:  il  y  mil  le  feu  de  sa  main, 
et  exigea  de  ce  bon  rclin;ieux  la  pro- 
messe d'en  faire  autant  de  tous  ceux 
que  l'on  découvrirait  après  sa  moi  t. 
Elle  arriva  le  4  janvier  l'ji)..  On  ne 
trouva  pas  clicz  lui  de  quoi  le  faiie 
enterrer  avec  un  p<'u  de  déeence  ; 
mais  r.idniiriitiou  qu'on  avait  à  Rome 
pour  un  liîtérateur  de  son  mérite  était 
telle  ,  que  des  m  'isons  religieuses  se 
réunirent  pour  lui  fiiie  giatiitoUient 
des  funérailles  honorables,  et  que  ses 
restes  furent  aecomp.ignés  jusqu'à  la 
sépulture  par  un  cortège  nombreux. 
Il  lui  fut  aussi  rendu  de  grands  hon- 
neur^  dans  sa  patrie.  L'acauémie  des 
Rozzi ,  doit  le  théâtre  avait  souvent 
été  enrichi  de  ses  productions  ,  se  dis- 
tingua par  uue  pompe  funèbre  à  la- 
quelle les  lettres  et  les  ai  fs  s'empres- 
sèrent de  contribuer.  On  oublia  les 
torts  qu'il  s'était  donnés  par  chaleur 
de  lemj)érament  ,  j)ar  imprudence  , 
par  une  haine  involontaire  contre 
tout  ce  qui  lui  paraissait  blesser  la 
vérité  dans  la  morale  conîme  dans  les 
productions  de  l'esprit  ,    mais  oii  il 


CTO  .')i5 

n'entrait  ni  li.iine  personnelle,  ni  en- 
vie, ni  malveillance;  car  il  c'iait  au 
fond  d'un  rommcrce  très  sur  et  très 
doux.  S  s  ouvr.iges  ,  de  genres  très 
divers  entre  eux,  mais  tous  marqués 
au  coin  du  vrai  talent  et  du  bon  g'>ûf, 
prirent  dès-lors  ,  dans  l'estime  des 
connaisseurs  ,  une  place  (pi'ils  ont 
conservée.  Ils  étaient  beaucoup  trop 
nombreux:  l'expédition  qu'il  fit  avant 
de  mourir,  y  porta  remèd.'.  On  ne  s'est 
rappelé  aucun  écrit  important  qu'il 
ait  alors  détruit  ;  les  malices  et  les  per- 
sonnalités satiriques  méritent  peu  d'ê- 
tre regrettées  ;  et  sa  réputation  y  a 
gagné  sans  doute  dans  plus  d'un  sens 
en  échappant  aux  éditions  posthumes. 
Nous  joindrons  ici  aux  titres  des  prin- 
cipaux ouvrages  qui  se  sont  conservés 
de  lui,  d(  s  détails  qui  n'ont  pu  entrer 
dans  la  notice  de  sa  vi*-.  1.  Drames 
en  musique,  sacr('s  et  profanes  :  i^, 
Santa  Genevieffa,drainmaper  mU' 
sica,  recitato  iiel collegio  Toloinmei, 
Sienne,  1689.  in- 19.  ;  \'^'»'''^j  '"oo, 
in-i  jt. —  2  .  Giifditla,  dramma  sacro 
per  musica.Sunue  ,  \  95.  in- ri. — — 
5".  La  inadrp  df*  M  ace  ah  ei , oratorio 
per  mus  l'en  ,  Sienne  ,  in  -  1  i  ,  sans 
date. —  \  .  Il  martirio  di  S.  Jdriano, 
idem,  Siinne,  m-i'i. — 5".  Le  spose 
de'  Caniiri ,  idem,  1701,  Sienne, 
in- 4". — fj**.  Fede  ne'  tradimenti  ^ 
dramma  recitato  nel  colle^io  Tolom- 
meif  carnovale  1G89,  Sienne,  in- 
I  '2  ,  répété  sur  plusieurs  théâtres  , 
à  Mantnne,  16(89,  a  Bologne,  1690, 
à  Venise,  1705,  etc.,  musique  de 
Carlo-Francesco  Pollaroli  ,  et  encore 
ai'leurs  avec  d'autre  musique. — 7". 
Amorejra  ^VimpossihiU,  Sienne  et 
Rome,  1693,  in-12;  Venise,  1700, 
in- 12  ;  Padoue,  1707  ,  1708,  in-ii; 
musique  de  Car'io  (jampelli. — 8'.  For- 
zadel sarigue  e  délia  pietà,  dramma^ 
per  inusica,  Venise  ,  1  700  ,  in- 1 2^ 
—  9".  Ludovico  Pio,  dramma  erdi^ 


546  G  I G 

co  per   musica\  Sienne  et  Venise, 
1700  ,  in  -  12.  —  10°.   Dirindina  , 
J'arsetta  postuma  per  musica ,  Ve- 
nise,   1729,  in  -  8^.,  etc.   Presque 
toutes  ces  pièces  font  partie  du  Re- 
cueil   intitule'  :    Scella   délie  poésie 
drammatiche   di  Girolamo  GigU , 
Venise,  1700,  1704,  deux  volumes 
in-i  2.  II.  Des  comédies ,  les  unes  tra- 
duites ou  imitées  du  français ,  les  au- 
tres originales  :  i  °.  Don  filone  ,  osift 
il  B acchetone  falso  ,  commedia  in 
prosa  trndotia  dal  Tartntïie  di  Mo- 
lière ,  Lucques  ,  1 7 1  1  ,  )n-8".  ',  Bo- 
logne ,  1717,  in- 1  '2  ,  etc.  Nous  avons 
donne   une  idée  de  la  représentation 
et  de  i'tft'et  de  cette  comédie.  Le  tra- 
ducteur avait  ajouté  quelques  scènes  à 
Tauteur  original,  dans  le  second  et  le 
troisième  acte  :  on  ne  s'aperçoit  pas 
qu'elles  manquent  dans  notre  Tartuf- 
fe,  mais  il  eut  raison  de  les  ajouter, 
puisqu'elles  réussirent  dans  son  pays. 
11  y  joignit  aussi  des  intermèdes ,  or- 
nement qui  était  alors  indispensable 
dans  les  coinc'dies  italiennes  :  quoique 
étrangers  à  l'action ,  ils  ne  le  sont  pas 
au  sujet;  ce  sont  des  pantomimes  et 
des  entrées  mêlées  de  chant ,  toutes 
dirigées  contre  l'hypocrisie  et  les  hy- 
pocrites.—-2 ''.Zrt  Sorelhnadi  donPi- 
lone^  comedia  recilnta  in  Siena  da 
fliaccademici  Bozzi,  1721  ,  in-i'2. 
Celle  pièce  appartient  toute  à   l'au- 
teur, et  lui  appartient  d'anlanl  mieux, 
que  lui ,  sa  temmc  ,  sa  servante  ,  sa 
famille  en  un  mot,  ont  fourni  le  su- 
jet et  les  principaux  personnages.  Kllc 
peutdonncr  une  idéede  ce  qucGigli  se 
croyait  permis  sur  le  théâtre,  et  de 
l'espèce  de  cynisme  conuquc  qui  fai- 
sait un  des  caractères  de  son  talent. 
Si  femme  y  est  mise  en  scène  avec 
son   hmucur  scabreuse ,  sa  sordide 
avarice  et  son  aveugle  crédulité.  Il  s'y 
p'-ii't  liii-irirrne  ,   à   peu  |)rcs  tfl  qu'il 
tUit,  bon  hom:nc  au  fond,  m.iis  laa- 


GIG 

lin  ,  goguenard,  insouciant,  dissipa- 
teur, toujours  occupé  de  vers  ou  de 
prose  ,  jam;iis  de  ses  affaires  ,  et  , 
au  milieu  des  plus  grands  embarras, 
tendant  des  pièges  à  l'hypocrisie ,  et 
triomphant  quand  il  l'y  a  lait  tomber. 
De  peur  qu'on  ne  se  trompât  au  rôle 
de  l'hypocrite  D.  Pilogio ,  qui  est  le 
fourbe  de  la  pièce  et  un*second  D. 
Pilone,  il  le  désigne,  dans  sa  préface, 
par  l'initiale  de  son  nom.  C'était,  dit- 
il  ,  le  signor  Ambrogio  S.... ,  cheva- 
lier par  sa  naissance  et  hypocrite  par 
étal,  qui  allait  tous  les  jours  laniôt 
chez  une  veuve,  et  tantôt  chez  une 
femme  mariée  ,  diriger  les  alKiires 
d'intérêt  ,  choyer  les  procès,  semer 
des  anecdotes  scandaleuses  :  mais  , 
ajoute-t-il  plaisamment ,  ce  personnaj^e 
est  quelquelois  trop  chargé  dans  D. 
Pilogio;  car,  à  parler  vrai,  si  vous 
en  exceptez  un  peu  d'amour  platoni- 
que pour  quelque  veuve ,  et  un  peu 

de  gloutonnerie,  le  signor  S ne 

pouvait  nullement  être  le  sujet  de  celte 
comédie.  Du  reste,  l'intrigue  de  la 
pièce  est  vive,  le  dialogue  soutenu  ; 
les  caractères  sont  vrais,  à  une  cer- 
taine exagération  près  ,  et  bien  con- 
trastés entre  eux  :  mais  plusieurs 
traits  ,  et  même  des  seènes  entières  , 
sentent  plus  la  farce  que  la  bonne 
comédie;  et,  couime  l'a  dit  un  habile 
critique  siennois  (i),  on  ne  sait  ce 
qu'on  doit  penser  d'un  homme  qui 
s'amuse  à  livrer  ainsi  sur  le  théâtre, 
à  la  risée  publique ,  sa  propre  fa- 
niilh'  <t  lui-même. 3'\ — Avant  e»s  deux 
couirdies,  il  av.tit  doiuic,  1  lili^anli  , 
cwero  il  ç^iitdice  impazzato  ,  imitée 
et  pres(pie  traduite  îles  J'liiid<;urs  de 
Haeiue  ,  in)piimée  à  Venise,  1704, 
iu-12;  et  (pielcpies  autres  qui  ne  le 
furent  qu'après  sa  mort. — 4"'  ^^^  ^''** 
po^ov^^ero  la mo^lie ^iudice e  parle, 

(1^  llnbrit  rrnvMi;liriiii,  ril»5  dunj  t'Êlogo  btM 
toii'^ui:  tli-  uiUro  ««'.Cm. 


GIG 

ùvéc.  (Ir  1.1  |Mrcc  iV,<i)ç;iisc  fie  INTotif- 
1I<  urv  ,  Skuik",  17)1,  iii-8'. —  5^./ 
vizj  corventi  aW  idtima  moda ,  ti- 
rée d'iuw  pitTc  peu  comme  do  P.jI.j- 
|)i*at ,  que  miu<  croyons  èuv  l.j  dci- 
iiiii-e  de  son  llieàtre ,  intitulée  :  la 
Prudd  du  temps,  Florence,  1745, 
in  -  8". — 6".  Lti  Furberie  di  Scapino , 
liie'e  J»'  la  j)ièce  très  connue  de  Mo- 
lière ,  Bologne ,  I  755 ,  iu-8". — 7  '.  // 
Cor^oleo  ,  oovero  il  g^overnatore 
iic.lle  isole  Tiala/ili  ,  Sienne,  1755, 
in-8'. ,  elc.  111.  Poésie  sa^re  ,  pro- 
fanée facete,  Padone,  i73^»,in-i2. 
J.es  |)iè(.€s  plais.intes  ( /rtC(^fe)  de  ce 
Jk'eueii  sont  les  seules  qui  n'aient  pas 
èlè  comprises  d.ins  l,i  destruclion  qu'il 
iit  lui  -  mèiMc  de  celles  de  ce  genre 
.iV.uit  .s.«  mort  ;  elles  e'taient ,  comme 
on  l'a  vu,  presque  toutes  satiriques.  11 
paraît  cependant  qu'il  eu  est  échappe' 
un  certain  nombre,  mais  qui  sont  en- 
core inédites ,  et  contenues  sous  le 
litre  de  FroUole,  dans  un  manuscrit 
de  lu  bihiiollièque  de  Crevenna.  Une 
note  du  catalogue  de  celte  bibliothèque 
annonce  que,  dans  ce  Recueil  très  pi- 
quant de  satires  contre  les  hypocrites, 
l'aut*  ur  les  ménage  encore  moins  qu'il 
jj'j  f.fit  dfins  aucun  autre  de  ses  ou- 
vra^e«>.  Il  serait  intéressant  de  savoir 
ew  quilles  mains  ce  manuscrit  a  passé. 
IV.  Relazione  dfl  collegio  Fetro- 
niano  délie  Balle  latine  aperto  in 
Siena  net  17  19;  Sienne ,  la  même 
année,  in-4°.  Bien  de  plus  original 
que  l'idée  de  cet  ouvrage.  ï/auîcur  y 
décrit  un  établissement  qui  n'exis- 
tait pas  ,  dont  il  feint  que  la  fonda- 
tion a  été  faite  au  xiii' .  siècle ,  par 
le  cardinal  Petroni ,  pour  que  la  lan- 
i:;iie  latine  redevint ,  au  bout  d'un  cer- 
tain temps,  à  Sienne  cl  de  là  en  Ita- 
lie, la  langue  usuelle  et  parlée,  Dif- 
férents obstacles  s'étaient  jusqu'alors 
oppose's  à  l'i  xcculion  des  volontés  du 
cardinal  ^  mais  ds  ont  été  levés  :  uu 


GIG  5{7 

prnnd  ('difice  a  été  chnisi  ,  an  ordi 
par  le  gouvernenwnt  ;  de  jf^nncs  nour- 
rices ,  (pii  ne  parlent  que  lalin  ,  y  ont 
été  appelées  de  l'olognc,  de  Hongrie, 
d'Allemagne  ;  elles  y  sont  log(-es  av(  c 
des  nourrissons  des  drux  sexes  »•!  des 
premières  maisons  de  Sienne.  La  sur- 
veillance et  la  direction  de  l'établis- 
sement sont  confiées  à  des  darnes 
sicnnoises,  qui  sont  aussi  des  j)lus 
distinguées  de  la  ville  ,  et  qui  forment 
avec  des  cavaliers,  d'un  rang  égal  au 
leur,  une  société  de  personnes  ins- 
truites ,  occiipces  du  succès  des  vues 
patriotiques  du  cardinal  Petroni.  j>(.s 
noms  et  surnoms  des  hommes  et  des 
dames  ,  ainsi  que  celui  des  nouriices  , 
sont  rapportés  avec  exactitude.  On  ii 
fait ,  avec  la  plus  grande  solennité  , 
l'installation  des  nourrices  et  du  corps 
d'administration  ,  et  l'ouverture  drs 
exercices.  Cette  pompe  est  décrite  dans 
tous  ses  détails  :  les  discours  latins 
de  la  présidente  et  des  autres  grandes 
fonctionnaires  ,  sont  imprimés  en  en- 
tier. Les  jeux  succèdent  aux  cérémo- 
nies ,  et  se  terminent  par  ces  jeux 
d'esprit  qui  étaient  fort  à  la  mode  k 
Sienne  dans  les  veillées  :  tous  les  per- 
sonnages sont  connus  dans  la  ville  - 
ils  parlent  et  plaisantent  suivant  leur 
caractère.  Enfin  un  extrait  suivi  de  ce 
singulier  livre  suflir.dt  à  peine  pour 
en  donner  une  juste  idée.  Bien  n'y 
paraît  fiction;  tout  ressemble  à  la  vé- 
rité. Le  public  presque  entier  y  fnt 
trompé  :  partout ,  en  Italie  et  dans  le* 
pavs  étrangers  où  l'ouvrage  parvint, 
on  tint  pour  constant  qu'il  y  avait  .i 
Sienne  un  collège  latin  dont  les  pre- 
miers professeurs  étaient  des  nour- 
rices latines ,  et  destine  à  ressusci- 
ter ,  dans  toute  sa  pureté ,  l'ancienne 
langue  du  Latium.  V.  C'était  dans  un 
genre  à  peu  près  pareil,  mais  cncoie 
plus  piquant,  que  l'auteur  avait  ima- 
giné déciitc it'b Novelle ideali ,  pcn^- 


548  GIG 

dant  un  assez  long  séjour  qu'il  av^ût 
fait  à  Rome   pour  y  placer  ses  deux 
fils  aînés,  lorsqu'ils  furent  en  âge  de 
prendre    un  état.  Il  adressait  à  l'un 
de  ses  anii.s  des  nouvelles ,  ou  politi- 
ques ,  ou  littéraires ,  qui  n'avaient  de 
réalité  que  dans  son  imagination  fan- 
tastique. Cet  ami  était  un  hou  homme 
fort  crédule ,  qui  pi  eniil  tout  cela  pour 
véritable,  et  qui  ]c  répandait  comme 
tel.  On  cite  surtout  la  première  pièce 
de  cette  bizarre  coricspoudnnce.  C'é- 
tait une  lettre  que  Gigli  disait  arrivée 
de  la  Chine,  pour  annoncer  au  pape 
une  ambassade  de  l'empereur  :  grâce 
à  la  crédulité  de  son  ami,  et  à  la  fi- 
délité des  couleurs  sous  lesquelles  les 
choses   y  étaient  représentées  ,  elle 
passa  généralement  pour  vraie  ;  il  en 
courut  des  copies  en  HolLinde  et  en 
Suisse  j  elle  y  fut  imj)riméc  dans  les 
gazettes  avec  des  réflexions  politiques 
.sur  les  motifs  qui  avaieiit  pu  engager 
l'empereur  de  la  Chine  à  envoyer  cette 
ambassade  à  Rome.  Le  pape  lui-même 
(Cléruent  XI)  lut  cette  lettre,  et  en  rit 
de  tout  son  cœur  :  sachant  qu'un  des 
prélats  de  sa  maison  connaissait  l'au- 
teur, il  lui  fit  demander  quelques-unes 
des  lettres   qui    suivirent  cette   pre- 
mière j  et  il  se  délassait ,  par  cette  lec- 
ture amusante  ,  des   travaux   et  des 
«oins  de  son  gouvernement.  VI.  Gi- 
gli  publia,  en   17 12,  à  Rome,   en 
l'honneur  de  ce  pape,  une  espèce  de 
poème  dithyrambiijuc  ,   où  il  n'y  a 
pas  moins  de  bizarurie  que  d'e.sprit, 
intitulé  :  Balzana  poelica  ;  ce  qu'on 
pourrait  traduire  en  françiis  par  ç^ar- 
nUurc  on  falbala  poétKjue.  (^est,  sous 
une  forme  que  n'ont  pas  ordinaire- 
ment les  éloges ,   un  éloge  des  belles 
actions  de  Clément  XI.  L'-iuleur  en 
avait  lait  une  lecture  publicpie  dans 
une  des  fêtes  annuelles  de  r.uMdémie 
des  Arcades  ;  et  \\  la   (il  imprimer 
ifi-4". sous  6onnom  arcadieu  d'./mn- 


GïG 

ranto  scialidico.  VII.  Il  avait  donné 
deux  ans  auparavant,  sans  nom  d'au- 
teur, à  Rome  ,  sous  le  titre  de  Tivoli, 
un  ouvrage  très  sérieux,  mais  dont 
la  giavité  n'étjit  qu'apparente,  à  en 
juger  même  par  le  seul  titre.  C'étaient 
la  vie  et  les  prophéties  d'un  certain 
Brandano,  qui  avait  fait  beaucoup  de 
bruit  en  Italie  au  xvr.  "^iècle.  Ce  pro- 
phète était  un  paysan  nommé  Carosi , 
né  dans  les  envu'ons  de  Sienne ,  à 
qui  l'on  avait  donné  ,   dans  sa  jeu- 
nes e,  le  surnom  de  Brandano  (  du 
mot    brando  ,    synonime   de  spada 
(  épée  ) ,  parce  qu'il  était  fort  mauvais 
sujet  et  grand   ferrailleur.   Il   s'était 
converti ,  et  s'était  mis  à   prêcher  le 
peuple  d(  Sienne,  et  à  mêler  ses  ser- 
mons de  prophéties.  Il  faisait  des  ex- 
cursions dans   les"  vdies  voisines  ,  et 
en  fit  même  jusqu'à  Rome.  11  y  pro- 
phétisa tant  de  malheurs  ,  dont  il  at- 
tribuait la  cause  aux  désordres  de  11 
cour  romaine  ,   qu'il   irrita  le    pape 
Clément  VU  :  celui-ci  voulut  le  faire 
périr;  mais  il    n'y   gagna  que  de  lui 
îaire  opérer  un  miracle  et  prophéti- 
ser le  sac  de  Rome.  Des  auteurs  gra- 
ves ,    et  même    Guirhardin,   racon- 
tent   ainsi   cette   aventure.    Le  pape 
fil  arrêter  Brandano,  et,  sans  autre 
forme  de  procès,  le  fit  lier  dans  un 
sac  et  jeter  dans  le  Tibre.  Le  même 
jour.  Clément  VII,  faisant  h  visite 
des  sept  églises,  le  rencontra  près  de 
St.  Paul,  tout  couvert  de  bouc,  et  tel 
qu'il  s'était  nnraculeusement  échappe 
du  sac.  Brandano  s'avança  au  devant 
de  lui ,  et  lui  dit  de  son  ton  de  pro- 
phète :    fous  inavez  mis  dans  le 
sac  ,  et  Dieu  vous  y  mettra  vous- 
même.  Il  fil  dans  la  suite  des  j>eleri- 
nagcs  à  Sl.-Jac(|ues  en  Galice  et  dans 
d'autres  lieux  saints,  prêchant  et  pro 
|)lie'lisanl  toujours  ,  presque  nu  ,  sans 
iiid)Us  ,  sans  chaussure  ,  fusant  gloire 
de  sa  folie ,  se  donnant  lui  mciuc  le 


r.  IG 

surnom  de  Pazzo  di  Cristo ,  cl  <in- 
iioïKjMMl  paiidul    la  colère  de   Dieu  : 
cnlin  ,  (le  retour  à  Sienne,  il  y  mou- 
rut, en  odeur  de  siiinletc  ,  en  i554, 
;îc;e  de  ()(j  ans.  S.»  vie  et  ses  prophé- 
ties ,  réputées  presque  toutes  vérita- 
bles ,  couraient  en  manuscrit  depuis 
long-temps ,  et  le  texte  s'en  altérait 
de  plus  en  plus  :  Gigli   rassembla  les 
medlcures    copies  qui   se   trouvaient 
dans  les  bibliothèques  de  plusieurs 
maisons   religieuses  ;  il  y  joignit  les 
traduclions  les  plus  aulhentiqnes ,  et 
les  publia  en  un  volume  avec  de  sa- 
vantes observations,  sous  ce  titre  qui 
dispense  dV\  imincr  les  intentions  de 
l'éditeur  :  f^ita  e  profezie  di  Bran- 
dano  sanese  vol^armente  detto   il 
Pazzo  di  Cristo ,  iioi^ ameute  piibli- 
cale  e  raccolle  da  i  codici  pià  auto- 
revoli ,  e  dedicate  a  madonna  re- 
vereiidissima  la  Sihilla   Tiburtina. 
In  Tii>oli,  nella  stamperia  delV  in- 
doi^ino  j  1710,  in-4".  Apostolo  Zeno , 
en  annonçint  cette  publication  d.uis 
le  premier  volume  du  Giortiale  de' 
Letterati  d'italia  ,  ne  paraît  cepen- 
dant former  aucun   soupçon  sur  le 
vrai  sens  où  elle  d.vait  être  prise. 
Ce  savant  critique  e'tait  de  si  bonne 
foi,  qu'il  n'entendait  ricu  ta  ces  sortes 
de  mystifications.  Il  fut  la  dupe  d'une 
autre  bien  plus  f  irte  ,  que  Gigli  osa 
lui  adresser  personnellement.    Il  lui 
écrivit  qu'après  la  Fie  de  B randano ^ 
il  se  pre'parail  à  en  publier  une  encore 
plus  intéressante  pour  l'histoire,  celle 
du  roi  Petit- Jean,  Giannino ,  écrite 
en  latin  par  ce  roi-même  ,  au  xiv". 
siècle ,  et   restée  inédite  jusqu'à  ce 
Jour.  Ce  monarque  imaginaire    était 
fils  de  notre  roi  Louis  X ,  dit  le  Hutin. 
On  sait  que  Louis,  mort  à  27  ans, 
laissa  un  fils  posthume,  nommé  Jean, 
qui  naquit  en  novembre  i5i6,  et  ne 
vécut  que  huit  jours.  Selon  sa  pré- 
tendue histoire ,  il  avait  été  changé 


GÎG  3i9 

au  berceau  ,   caché  jusqu'à   l'âge  de 
neuf  ans,  transporté  ensuite  à  Sienne, 
où  il  avait  él(f  élevé,  puis  reconnu, 
puis  enlevé  ,  cnunené   prisonnier   à 
Naples,    etc.    Tous   ces    événements 
étaient  censés  racontés  par  hii-mêrae 
dans  celte  vie  tirée  du  minuscrit  ori- 
ginal ,  qui   devait  paraître  av(;c  des 
notes  et  observations  du  savant  Fon- 
tanini.  Cette  dernier-  circonstance  ne 
pouvait  manquer  de  fair"  reconnaître 
l'imposture  :  pour  celte  fois ,  le  bon 
Apostolo  Zeno  ,  qiù  avait  eu  la  sim- 
plicité d'annoncer  aussi  celte  nouvelle 
dans  son  journal ,  trouva  la  plaisan- 
terie un  peu  forte ,  et ,  sans  se  brouiU 
1er  entièrement  avec  Gigli ,  il  en  garda 
toujours  un  peu  de  rancune.   VIII. 
V ocaholario  délie  opère  di  Sta.  Ca- 
ler ina  e  delht  lingua  sanese^  ^  7  '  7» 
in-4".  Nous  avons  t'ait  connaître  plus 
haut  cet  ouvrage  et  le  soi  t  qu'il  éprou- 
va.  Les   exemplaires   échappés    aux 
flammes  et  à  la  saisie  du  Saint-Office , 
sont  en  très  petit  nombre  et  fort  rares; 
ils  n'ont  point  de  frontispice ,  et  ne 
vont  que  jusqu'à  la  lettre  R.  Gigli  en 
refit,  depuis,  le  manuscrit  qu'il  condui- 
sit jusqu'à  la  fin  de  l'alphabet.  Il  fut 
imprimé  à  Lucques  plusieurs  années 
après  sa  mort,  par  les  soins  d'un  de 
ses  disciples,  sans  date  et  sous  le  faux 
titre  de  Manilla  nelV  isole  Filippine, 
Le  vocabolario  Cateriniano  remplit 
le  'i^.ci  le  3".  volumes  de  l'édition  des 
œuvres  complètes  de  Gigli,  donnée  à 
Sienne ,  sous  le  titre  de  la  Haye ,  eu 
1797,  en,6  ou  7  volumes  in-8".  IX. 
Il  Pazzo    di    Cristo  vaticinante , 
poesia  fanatica  ,  i72o_,  Rome,  sous 
le  faux  litre  de  Sienne;  espèce  de  di- 
thyrambe à  la  louange  et  sur  la  no- 
mination du  grand-maître  de  Malle 
Zondidari.  L'auteur  y  fait  parler  et 
prophétiser ,  en  style  dithyrambique, 
ce  Brandano   dont  il  avait  écrit   la 
vie.  X.  Régale  per  la  toscana  fa- 


55o  GIL 

veîla  dich'iarate  per  la  più  stretta  e 
per  la  più  larga  osservanza ,  in  dia- 
logOf  etc., Rouie,  i  721 ,  in-8'.;  réira- 
primc  à  Lucques  ,  1754  j  in-8'.,  avec 
d'autres  pièces  qui  ne  sont  point  de 
notre  auteur.  Xl.  Lezioni  di  lingua 
toscanuy  contre  disconi accadeini- 
ciy  puhhlicate  da  Catena,  Venise  , 
17/J4,  1751 ,  in- S.  XII.  Diarlo 
sanese  y  Lucjues  ,  1725,  dt'ux.  vol. 
in-4'.;  ouvrage  rempli  d'érudiiion  et 
de  recherches  sur  Thistoire  tant  pro- 
fane que  sacre'e  de  Sienne  :  l'auteur 
y  travaillait  encore  lorsqu'il  fut  surpris 
par  la  mdadic  dont  il  mourut.  Ce 
livre  suffirait  pour  prouver  l'étendue 
de  son  savoir  ,  et  combien  de  pro- 
ductions utiles  il  eût  pu  laisser  après 
lui ,  s'il  avait  donné  en  général  une 
meilleure  direction  à  ses  travaux.  Sa 
Vie  a  été  écrite  en  italien  par  un  écri- 
vain caché  sous  le  nom  arcadien 
d' Oresbio  Agieo  ,  Florence ,  1 746 , 
in  -  4".  de  viii  et  188  pages  ,  avec 
le  portrait  de  Gigli ,  la  liste  (  incom- 
plète) de  ses  ouvrages  tant  imprimés 
qu'inédits,  sa  lettre  au  chevalier  A. 
F.  Mirmij  et  cinquante  -  cinq  lettres 
qui  furent  écrites  à  Gigli  par  les 
principales  académies  d'Italie  pour 
approuver  son  édition  des  OEuvres 
de  Sic.  Catherine.  Elles  sont  toutes 
réimprimées  en  tête  du  î:econd  vo- 
Jume  de  l'édition  de  ses  OEuvres  citée 
ci-dessus.  G — e. 

GILBERT  (S.), premierabbéd'un 
monastère  de  son  nom ,  ordre  de 
Préinojilré,  au  diocèse  de  Clerniont, 
issu  d'une  famille  noble,  et  qui  te- 
nait en  Auvergne  un  rang  distingué, 
vivait  sous  les  rois  Loiiis-le-liriis  et 
Lonis-le-Jeune.  Il  avait  passé  ses  pre- 
mières années  n  la  cour  de  ces  prin- 
ces, et  exerçait  la  profession  des  ar- 
mes. Chez,  lui  la  valeur  et  les  vertus 
guerrières  étaient  jointes  aux  vertus 
«lir«licnncs.  Retiré  souvent  dans  »cs 


GIL 

terres  avec  Pétronille  sa  femme  rt 
une  fille  nommée  Ponce,  unique  fruit 
de  leur  mariage  ,  il  s'y  livrait  à  des 
exercices  religieux  et  au  soin  de  sou 
salut  sous  la  direction  d'Arnulphe  , 
premier  abbé  de  Dilo  ,  lorsque  l'on 
publia  la  seconde  croisade.  Louisle- 
Jeune  ayant  pris  la  croix  ,  Gilbert 
crut  se  devoir  à  mie  entreprise  qu'il 
regardait  comme  la  cause  de  Dieu, 
puisqu'il  s'agissait  de  la  déHvrance 
des  lieux  saiuts.  Sa  profession  l'obli- 
geait d'ailleurs  à  suivre  son  piiuce: 
il  se  croisa,  et  vint  en  i  147  joindre, 
avec  un  bon  nombre  de  ses  vassaux, 
le  roi,  qui  l'acrucillit  honorablement. 
Les  armes  des  croisés  ne  furent  point 
heureuses,  1/année  suivante  le  roi  re- 
vint en  France ,  et  Gilbert  en  Au- 
vergne, désespéré  du  peu  de  succès 
d'une  expédition  dont  il  n'attribuait 
la  mauvaise  is>ue  qu'aux  péchés  des 
croisés.  Hésulu  de  se  retirer  du  mon-» 
de  ,  il  trouva  sa  femme  et  sa  fille 
disposées  à  partager  ce  pieux  dessein. 
Néanmoins  \\  ne  voulut  rien  faire  , 
dans  une  chose  si  importante  ,  sans 
avoir  consulté  l'évcque  de  Clerniont 
et  l'abbé  de  Dilo  son  directeur.  Tous 
deux  l'avant  confirmé  dans  sa  réso- 
lution, il  donna  la  moitié  de  son  bien 
aux  pauvres,  gardant  l'autre  moitié 
pour  fonder  et  construire  deux  mo- 
nastères, l'un  de  fenimes  pour  Pétro- 
nille et  Ponce,  et  l'autre  d'hommes, 
où  il  voulait  se  retirer.  Le  premier  fut 
établi  à  Aubelerre,  sous  l'invocation 
de  S.  Gcrvais  et  S.  Prptais.  Pélro» 
uille  en  prit  le  gouvernement,  et  lut 
après  sa  mort  remplacée  par  sa  fille, 
(idbert  de  son  côté  se  retira  dans  un 
lieu  nommé  Neuj  -  Fontaines  ^  à  cause 
(le  neuf  sources  qui  l'arrosaient,  et  y 
mena  pondant  (juelque  temps  inie  vie 
solilaue  et  pénitente.  11  y  construisit 
ensuite  un  monastère  ,  et  y  lit,  en 
1 1  jo  ,  venir  de  Dilo  îles  ch  luoincs 


CIL  OÏL                 35i 

■préiuoiifiTS  ,   li'iir  liiss.mt  l.i   lib;^rt(*  lui  valut  le  r.oramiiKicniriit  on  cliof, 
dv  se  (•i»oi>ir  un  al)bi'.   Tous  Ifs  vomix.  le  gouvernement  du  Munster  el  le  li- 
b'etaul  réunis  en  si  faveur,  il  \n\t  le  tre  tie  chevalier  en    i^-jo.  Bientôt  il 
j;ouvcrncnicnl   de   la   nouvelle  colo-  revint    en    Anp;leterie.    Un    mariage 
nie.    Il  av. lit  Mti  à  côte  de  l'abbaye  avec  une  liclie  héritière  ne  l'empêcha 
un  v.isle  hôpital,  où  les  j>auvres,  les  pas  de  courir  de  nouveau  les  hasards 
it. fit  mes  elles  lépreux,  étaient  reçus,  delaguerre.il  partit  en  l'j'j'X  ^  aycc 
(iilhcrl   s'en  elait   rc-ierve  le  soin;   il  nnc  escadre  de  neuf  vaisseaux,  pour 
visitait  chaque  jour  les    malades  ,  et  renforcer  celle  qui  s'occupait  de  re- 
i»aiisait  lui-nicine   leurs  plaies.  Con-  prendre  Flcssingue.  Gomme,  à  beau- 
sumc  de  jeûnes  et  plein   de  bonnes  coup  d'habileté  dans  les  mathcmati- 
«jeuvrcsjil  mourut  le  4  i"'»   ^^  ^'^^  ^lics  el  la  géographie,  il  joignait  un 
1  I  S2,  et  fut ,  comme  il  l'avait  voidu  ,  esprit  extrêmement  vif,  il  trouvait,  au 
enterre  dans  le  cimetière  de  son  hô-  milieu  des  travaux  de  la  guerre,  en- 
pital.  Sa  réputation  de  sainteté  y  at-  core  assez  de  moments  pour  se  livrer 
tirant  un  grand  concours  de  fidèles,  à    l'étude  des    sciences.    L'on    son- 
Pierre  ,  troisième  abbe'  du  monastère  geait  alors  à  chercher  un  passage  aux 
de  Neuf- Fontaines,  qui  dès-lors  prit  Indes  par  le  nord.  Gilbert,  à  son  rô- 
le nom  de  S.  Gilbert,  fit  transporter  tour  en  Angleterre,  en   1576  ,  publia 
le  corps  du  bienheureux  fondateur  un  discours  tendant  à  prouver  la  pos- 
dans  rec;lisc,  où  un  tojrd3eau  lui  fut  sibilitë  d'un  passage  ])ar  le  nord-ouest 
clcvé  à  cote'  du  chœur.  Le  martyro-  pour  aller  au  Gathay  et  aux  Indes  ; 
l(»gc  de  France  fait  mention  de  S.  Gil-  ouvrage  qui  donna  probablement  lieu 
b^rt  sous  le  6  juin  et  le  5  octobre.  Le  à  Frobiser  de  faire  celte  même  an- 
collcge  de  Prémonlre'  à  Paris  po.sse'-  iie'e   son  premier  voyage.    Mais    ce 
dail  une  portion  de  ses  reliques.  On  n'était  pas  assez  pour  un  homme  d'un 
doit  à  Robert  d'Auxerre,  prémontré  et  caractère  aussi  entreprenant  que  Gil- 
liistorien  presque  contemporain,  ces  bert  d'indiquer  aux  autres  ce  qui  se 
particularités  de  la  vie  du  saint ,  rap-  pouvait  tenter.  Il  obtint  de  la  reine  , 
portées  dans  sa  chronique,  et  tirées  en  1578,  des  lettres  -  patentes   très 
en  outre  d'un  manuscrit  fort  ancien  amples   qui   l'autorisaient  à  s'empa- 
conservé   dans  les  archives  de  l'ab-  rer  de  tous   les    pays  barbares    de 
baye.                                      Lr — y.  la  côte  nord-est  de  l'Amérique  non 
GILBERT   (Sir  Humphrey),  encore  occupés  par  des  princes  chré- 
brave  officier  et  navigateur  anglais ,  tiens  ,   et    y    former  des  établisse- 
naquit  en  i559  dans  le  Dévonshire,  ments.  Jamais  expédition  n'avait  fait 
d'une  très  ancienne  famille.  Il  corn-  naître  d'aussi  vives  espérances  :  on  se 
niença  ses  études  à  Eton,  et  les  acheva  rendit  en  foule  auprès  de  Gilbert.  Il 
d'une  manière  brillante  à  l'université  réunit  en  peu  de  temps  un  nombre 
d'Oxford.   On  le  destinait  à   l'étude  assez  considérable  de  vaisseaux  pour 
des  lois  ;  mais  ayant  été  présenté  à  la  fermer  une  flotte  capable  de  résister 
cour  par  une  de  ses  tantes  attachée  au  à  une  escadre  ennemie  :  mais  la  dis- 
service de  la  reine  Elisabeth,  il  fut  en-  corde  se  mit  parmi  ses  compagnons, 
courage  à  suivre  la  carrière  militaire.  Une  partie  dégagea  sa  parole  au  mo- 
lli se  distingua  dans  plusieurs  expédi-  ment  de  mettre  à  la  voile;  d'autres 
lions;  et  le  zèle  avec  lequel  il  c(mcou-  désertèrent.  Malgré  ce  contre-temps, 
à:ut  à  étouffer  la  rcbcUiua  de  l'Irlande^  il  persista  dans  son  dessein)  et  se  mit 


552  GIL  GïL 

en  mer  avec  un  petit  nombre  d'iiora-  traires  :  on  rencontra  d'e'normes  îles 
lacs  et  (le  vais.-.eaux.  Une    violente  dr  ^l.ices;  les  navires  se  dispersèrent, 
temp.ête  lui  fit  p(  rdrc  un  Lâtimeiit,  et  Gilb(!rl  vit  Teirc-Nciivc  le  5o  juil- 
le  força  de  rentrer.  Quoique  ce  de-  let;  il  retrouva  ses  navires,  et  se  pre'- 
sastre  eût  de'N  ore  une   partie  de    la  para   à  v;jinrre  1 1    résistance   qu'au- 
fortune  de  Gilbert,  il  résolut  de  re-  raient  pti  lui  opposer  les  nombreux 
prendre  son  projet  lorsque  l'occasion  vaisseaux  ëlranG;ers  occupe's  à  la  pè- 
serait plus  favorjible.  Il   pa<sa  deux  che.  Il  entra  dans   la  baie  St.-Jean , 
ans  à  faire  les  préparatifs  ne'cessaires;  reçut  en   présent  des   provisions  de 
et,  dansTintervalle,  ilconcéd.i,envertu  tous  les  bâtiments  anglais  et  e'tran- 
de   ses  lettres  -  patentes  ,   des  terres  f;ers,  et  noiamçent  des  Portugais.  Le 
dans  le  nord  de  l'Aincrique,  près  de  5  août,  Gilbert  ayant  dresse  sa  tente  à 
la  rivière  du  Cuiada,  à  condition  d'y  terre  convoqua  tous    les   capitaines, 
planter  et  de  s'y  établr.  Il  eut  recours  leur  lut  les  lettres-patentes  de  la  reine 
à  ce  moyen,  parce  que  ses  lettres-  Elisabeth,  et  en  fit  interpre'ter  la  te- 
patentes  devenaient  nulles  au  bout  de  ncur  aux  etiaiigers.  Il  prit  en  conse'- 
six  ans,  s'd  n'avait  pas  dans  ce  de'lai  quence    possession    solennelle  de  la 
pris  possession   du   pays.   Par  mal-  baie  et  de  deux  cents  lienes  d'e'tendue 
heur  il  s'était  adressé  à  des  gens  sans  dans  l'île  en  tout  sens.  On  examina  le 
état,  qui  ne  se  mirent  pas  en  devoir  pavs  :  on  le  trouva  très  convenable 
tic   satisfr<ire    à    leuis   engagements,  pour  un  établissement  j  et  l'on  s'oc- 
Voyant  donc  qu'il  ne  lui  restait  plus  cupa  des  préparatifs  nécessaires  pour 
que  deux  ans  poiir  remplir  l'objet  de  aller  reconnaître   les   parages  et  les 
son   voyage,  il  se  détermina   à  l'en-  cantons    voisins.   Un    habile   mineur 
treprendre  lui  -  même.  Plusieurs  per-  saxon,  nommé  Maître  Daniel ,  pré- 
sonnes de  considération  l'aidèrent  de  senta  à  Gilbert  un  fragment  d'une  es- 
leurs  conseils  et  de  leur  argent;  d'au-  pècc  de  mine  dans  laquelle  il  lui  as- 
tres se  joignirent   à  lui.  Le    i  i    juin  sura  qu'il  trouverait  de  l'argent.  Pen- 
i585,  il   appareilla   de   la  baie  de  dant  que  l'on  était  à  terre ,  quelques 
Cawsand  ,  près  de   Plymoulh,   avec  hommes  de  l'expédition  s'emparèrent, 
cinq  navires  montés  par  environ  deux  dans  une  baie  voisine,  d'un   navire 
cent  soixnntc  hommes  de    diverses  pêcheur ,  mirent  à  terre  les  hommes 
profession»;.  Après  bien  des  délibéra-  qui  le  gardaient  ,    et    s'éloignèrent  à 
tions  ,  il  fut  convenu  de  f  lire  voile  au  toutes  voiles;  d'autres   se  cachèrent 
nord    dans    la   direction   de    Terre-  dans  les  bois,  espérant  se  sauver  sur 
ISeuve,  afin  de  pomvou-  aux  néccssi-  les  navires  qui  aborderaient  à  cette 
tels  de  la  flotte.  Ce  voyage  parut  com-  côte;  d'autres  enfin  tombèrent  mala- 
mencer  sous  des  auspices  aussi  peu  des  ;  de  sorte  que  Gilbert  voyant  son 
favorables  que  le  précédent;  car,  dès  monde  diminuer  sensiblement,   em- 
le  troisième  jour,  le  vaisseau  le  plus  buqua  les  malades  sur  un  navire  qu'il 
considérable,  où  se  trouvait  le  célè-  laissa  dans  la  baie,  monta  sur  l'^'cM- 
brc  Walter  Rahigh,  beau -frère  de  r«?Mj7  ,  petit  bâtiment  de  dix  tonneaux, 
Gilbert,  se  sépara  de  la  flotte,  et  rc-  comme  plus  convenable  pour  ranger 
tourna  en  Angleterre,  n  cause  d'une  la  côte  de  près  et  entrer  dans  les  ri- 
maladie  contagieuse  qui  régnait  à  bord,  vières;  et  le  20  août,  il  fit  voile  au  sncl. 
On  fut  ensuite  très  incommodé  des  Le  ?.€),  une  tempête  alFreuse  poussa 
brumes  épaisses  et  des  vents   cou-  le  plus  grjiul  iwvirc  suides  rochers, 


eu  il  pc'iit:  quatorze   hommes  snilc- 
riiiit  ^t•.s.^uvi•rtnl  comme  par  miracle 
dans  un  c.uiot ,  et  (gagnèrent  Trrre- 
Wciive.  liC  niinour  saxon  ,  et  un  poète 
fcon'^rois  nomme  Etùnne  Parmenius  , 
de  l»u(le,  <jm  avait  suivi    rexpcdilion 
pour  eu  chanter  le  sucres,  furent  du 
nombre  de  ceux  qui  périrent.  La  con- 
tinuation du    mauvais  temps  acheva 
de  décourager  les  equipaj^es  des  deux 
navires  qui  restaient.  La  ('iscltc  se  fit 
sentir  parmi  les  gens  de  VEcureuil. 
Gilbert,  ce'dant  à    leurs    représenta- 
tions, renonça  à  l'idée  de  poursuivre 
SCS  découvertes  ,  et  se  dirigea  vers 
rAnglcterre,  se  promenant  de  reve- 
nir au  printemps.  La  Providence  en 
avait  autrement  ordonné.  Le  petit  bâ- 
titu(  nt  était  trop  charge.  Ou  engagea 
Gilbert  à  passer  sur  le   plus   grand  , 
appelé  la  Biche.  H  répondit  qu'il  ne 
voulait  pas ,  en  retournant  dans  sa  pa- 
trie, quitter  ceux  qui  avaient  affronté 
avec  lui  tant  de  tempêtes  et  de  pé- 
rils. On  était  alors  à  trois  cents  lieues 
des  côtes  d'Angleterre.  En  avançant, 
on  fut  assailli  par  des  temps  affreux; 
la  mer  était  furieuse.  Le  g  septembre, 
un  coup  de  vent  terrible  fit  courir  le 
plus  grand  dan^eviiV E cureuil. Quand 
il  fui  passé  ,   l'équipage  donna  des 
signes  de  joie.  Gilbert,  tranquillement 
assis  a  l'arrière,  un  livre  à  la  main, 
criait  à  l'autre  navire ,  toutes  les  fois 
qu'il  s'en   rapprochait  :    «  En    mer 
»  com.me  sur  terre,  nous  sommes  éga- 
»  lement  près  du  ciel.  »  A  deux  heures 
après  minuit,  l'on  vit  de  !a  Biche  dis- 
paraître tout  à  coup  les  lumières  de 
Y  Ecureuil,  qn\  fut  englouti  dans  les 
flots.  Edouard  Haies,  capitaine  de  la 
Biche ,  fit  faire  petites  voiles ,  espé- 
rant toujours  qu'il  pourrait  aperce- 
voir quelqu'un  échappé  du  naufrage: 
après    avoir    couru    bieu    des    ha- 
sards, il  entra  à  Falmouth  le  22  sep- 
tembre. Gilbert  n'était  pas  moins  dis- 


C.  1  L  ^^5 

lingue  par  son  talent  comme  orateur 
que  par   sa   bravoure    comme   mili- 
taire. Ou    l'entendit   souvent  dans  le 
parlement ,  tant  en  Irlande  (ju'en  An- 
gleterre. Hume  cite   un    de    ses   dis- 
cours en  faveur  des  prérogatives  delà 
couronne,   qui  occasionna  de  vils  dé- 
bals. Hackluyt  a  conservé  dans  son 
recueil  tout  ce  qui  concerne  GilLert. 
On  y  trouve  :  I.  Discours  écrit  par 
sir  Humphrey  Gilbert  pour  prouver 
quil  existe  un  passade  pour  aller 
par  le  nord  -  ouest   au   Cathaj    et 
aux  Indes    orientales ,    Loiidres  , 
iS-^O.  Ce  Traité,  divisé  en  dix  cha- 
pitres,   atteste  la  grande  instruction 
de  l'auteur.  Il  est  écrit  avec  beaucoup 
de  méthode;  et  le  style  est  meilleur 
que  celui  de  la  plupart  des  ouvrages 
du  temps.  11  combat  dans  un  chapi- 
tre l'opinion  de  Jeukinson ,  célèbre 
voyageur  anglais,  qtii_,  devant  la  reine 
et  son  conseil  privé,  avait  cherché  à 
prouver  que  le   passage  existait  au 
nord-est  ,  mais  convenait  en  même 
temps  qu'il  y  en  avait  un  autre  au 
nord-ouest.  Gilbert  soutient  que  ce- 
lui-ci est  le  meilleur  et  le  plus  pratica- 
ble. Il  parle,  en  finissant ,  d'un  autre 
ouvrage  intitulé.  Traité  de  la  navi- 
gation ,  qu'il  avait  l'intention  de  pu- 
blier ,    mais    qui    est    probablement 
perdu.  IL  Autres  raisonnements  ou 
arguments  pour  prouver  l'existence 
du  passage  par  le  nord-ouest,  doc- 
tement déduits  par  Richard  TVilles, 
L'auteur  appuie  tout  ce  que  Gilbert  a 
avancé.  111.   Docte    et    magnifique 
Poèm^  écrit  en  vers  hexamètres  la- 
tins ,  par   Etienne   Parmenius    de 
Bude ,  sur  le  voyage  de  sir  Hum- 
phréy  Gilbert  a  Terre- Neuve  pour 
y  établir  une  colonie  anglaise ,  con- 
tenant aussi  un    bref  souvenir  des 
principaux  capitaiîies    anglais   sur 
mer.  Ce  poème  fait  connaître  la  gra- 
titude et  le  talent  de  l'auteur,  que  les 

23 


554  GIL 

lëdactciirs  de  l'Histoire  ge'ncralc  des 
voya<;es  ont  conto.idii  avec  le  célc- 
hrc  Biidc'e  ,  parce  qu'ils  n'ont  pas  f;iit 
attention  que  le  mot  Budœus  désigne 
la  patrie  du  poète.  Il  avait  etc  prc- 
.setité  à  Gilbert  par  H  ickluyt.  IV.  Let- 
tre de  Parmtfnius  de  Biide  à  Ilak- 
Itijt^  datée  du  port  St.-Je  >n  dans 
nie  de  Terre  •  Neu^e  ,  le   6    août 
i583.  Elle  contient  une  relation  très 
succincte  du  voyage  ,  et  de  l'île  ,  qui 
paraît  à  Parmènius   un   vrai   désert. 
Y.    Belation  véritable   du  voyage 
entrepris  en   iL85  par  sir  H.  Gil- 
bert et  autres  ,    pour  découvrir  et 
peupler  d' habitants    chrétiens   telle 
partie  du  vaste  pays  au  nord  du 
cap  de  la  Floride  trouvée  conve- 
nable ,  et  non  possédée  par  un  prince 
chrétien ,  écrite  par  Edouard  Haies , 
le  seul  des  principaux  coopérateurs 
à  cette  expédition  qui  soit  resté  jus- 
qu'à la  fin,  et  par  l'assistance  spé- 
ciale de  Dieu  soit  revenu  avec  son 
é'quipaf^e  sain  et  sauf.  Ce  récit ,  re- 
luiKfuable  par  son  ton  de  candeur, 
inspire  un  intèiêt  touchant.  L'auteur 
Y  a  entremêlé  des  détails  nautiijues 
et  des  notions  curieuses  sur  Terre- 
IVeuve.    Vï.   Helation    de    Richard 
Clarkc  de    PFeftnouth.   Elle  com- 
mence au  20  août  1 581  ,  jour  où  le 
narrateur  qui  coininanilait  le  princi- 
pal bâtiment  de  rcxpcdition  ,  avec  le 
titre  d'amiral,    partit    du    port   St.- 
.lean  de  Terre-Neuve.  Il  attribue  les 
désastres  de  la  flotte  au  peu  d'atten- 
tion donnée  à  ses    avis,    et    raconte 
conitnei»t  il  s'est  sauve  dans  une  cha- 
loupe.   VU.    Relation  des    décou- 
vertes de  sîr  //.    Gilbert  et  de  sa 
prise  de  prs'icssionde  Terre-Neuve  ; 
on  Y  (expose  brièvement  les  droits 
de  la  reine  à  la  propriété  de  cette 
île ,  et  les  avanliiç^cs  qui  doivent  en 
résulter  pour  le  royaume  et  les  in- 
téressés,  clc.  j  pur  sir  George  Fec- 


GIL 

kham  ,  principal  intéressé  à  ladite 
expédition.  Le  peu  de  succès  de 
l'entreprise  fil  évanouir  les  brillantes 
espérances  auxquelles  elle  avait  donné 
naissance,  et  qui  sont  exposées  dans 
cet  écrit  composé  avant  le  départ  de 
la  flotte  ;  mais  on  n'en  regarde  pas 
moins  Gilbert  comme  le  fondateur 
des  colonies  anglaises  dans  l'Améri- 
que septentrionale  ,  parce  qu-i  plu- 
sieurs particuliers  y  formèrent  des 
établissements  en  conséquence  des 
concessions  qu'il  '  leur  avait  faites 
d'après  ses  lettres  -  patentes.  On 
trouve  dans  le  recueil  de"  Hackluyt 
des  lettres- patentes  accordées  le  5 
février  1 585  à  Adrien  Gilbert  de 
Soudridge  dans  le  Devonshire,  et  à 
ses  associés ,  pour  la  découverte  d'un 
passage  à  h  Chine  et  aux  Moluques 
par  le  nord  ,  en  considération  des 
grandes  dépenses  qu'd  a  faites  pour 
une  entreprise  de  ce  genre.  C'était 
probablement  la  compagnie  qui  ex- 
pédia Davis.  (  Voy.  Davis.)  E — s. 

GILBKRT  (Guillaume),  méde- 
cin anglais  du  xvi'.  siècle,  était  né  à 
Glocestcr.  On  ignore  dans  quelle  uni- 
versité il  fit  ses  étutles:  après  avoir 
été  reçu  docteur  hors  de  l'Ang'elerre, 
il  alla  se  fixer  à  Londies,  devint  mé- 
decin de  la  reine  Elisabeth  ,  en  fut 
comblé  de  faveurs,  et  mourut  le3o  no- 
vembre i(3o5  ,  quelques  mois  après 
celle  princesse.  Il  avait  acq;iis  p-ndant 
sa  vie  une  certaine  réputation  en  chi- 
mie et  en  cosmographie  :  toutefois  il 
n'a  rien  écrit  siu-  ces  matières;  et 
comme  l'ignorance  titrée  et  l.t  simple 
qualité  de  l"avt>ri  conduisent  aussi  sou- 
vent a  la  renommée  que  le  méi  it*  réel , 
1.1  répul.itiou  de  (ii  bert  poui  rait  bien 
n'être  paN  mieux  fondée  que  celle  de 
braurouj)  d'hoimucs  grands  à  la  cour, 
m. lis  petits  dans  l'histoire.  Oi  a  de  lui: 
De  ina^Ui'tc  ,  ma^neticisque  corpo- 
ribus ,  et  de  maguo  magntte ,  tellu- 


G  I  f . 

rc ,  j)hysioîogia  mn'a  ,  phirimia  et 
argiimentis  et  expefimenùs  deinnns- 
t^vf^a,  Londres,  iGoo ;  Sedan,  i(i55, 
in-4".;  AinsUicl.im,  iG5i,  iu-4"- 

Ch — T. 
OILnKRT  (Gabriel)  poctc  fran- 
çiis  (lu  XVII  .  siècle.  On  s;nt  qu'il  était 
de  Paris  ,  et  qu'il  professait  la  religion 
reformée;  mais  la  date  de  sa  naissan- 
ce et  celle  de  sa  mort  sont  douteuses  : 
il  p.iiaît seulement  certain  qu'il  ne  vi- 
vait plus  en  1680.  Peu  d'auteurs  ont 
été  plus  féconds.  On  a  de  lui  un  poème 
sur  \^Art  de  plaire ,  imite  de  l'Art 
d'.-^imer  d'Ovide  ,  un  recueil  de  Poé- 
sies diverses^  cinquante  Psaumes 
envers  français  j  Qi  environ  quinze 
pièces  de  théâtre  dont  voici  les  noms  : 

I.  lifar^iierite  de  France  (  i64o  ). 

II.  Téléphonie ,  tragédie  dans  laquelle 
le  cardinal  de  Richelieu  fit  entrer  des 
vers  de  sa  composition  ,  et  qui,  par 
cette  raison  peut-être,  eut  llionneur 
insigne  d'être  représentée  par  les  deux 
troupes  royales  (en  1642).  III.  Ro- 
dogune  ,  pièce  dont  il  sera  particuliè- 
rement parlé  dans  le  cours  de  cet  arti- 
cle (  1 644).  IV.  Hippoljte,  ou  le  Gar- 
çon insensible,  trag.  (1646).  V.  Sé- 
miramis  (1647).  VI.  ^'^^  Jmours 
de  Diane  et  d' Endj'mion  ^  ouvrage 
composé  à  Rome,  où  l'auteur  avait  ac- 
compagné la  reine  Christine  de  Suède 
(1657).  VII.  Cresphonle ^  tragi-co- 
médie (  1657).  VIII.  Jrie  et  Peins, 
tragédie  (  1 659  ).  IX.  TJiéagene ,  tra- 
gédie (  1662).  X.  tes  Amours  d'O- 
çide  ,  pastorale  (i665).  XI.  Les 
Amours  d'Angélique  et  de  Médor, 
tragi-comédie  (1 054).  XII.  Léandre 
et  Héro  ,  tragédie  (  1667  ).  XIII.  Le 
Courtisan   parfait  ,  tragi  -  comédie 

\  (1668).  XIV.  Les  Intrigues  amou- 
reuses, comédie  (1668).  XV.    Les 

,  peines  et  les  plaisirs  de  l'Amour, 
opéra  (  1G72).  Plusieurs  biographes 

1  font  encore  Gilbert  auteur  d'une  co- 


G 1  L  of-iî 

médie  intitulée  la  Triomphe  des  cinq 
passions  ;  mais  colle  pièce  bizarre  , 
représentée  en  iG\.>, ,  est  plus  généra- 
lement attribué  à  un  conseiller  dca 
monnaies  ,  nommé  Gillet  de  la  Tes- 
sonnière.  (  F.  Gillet.)  C'est  à  tort  que 
plusieurs  écrivains  parlent  de  Gabriel 
Gilbert  comme  d'un  poète  digne  du 
dernier  mépris:  s'il  n'eut  pas  assez  le 
génie  pour  concourir,  avec  Corneille  et 
Rotrou  ses  contemporains,  à  l'illustra- 
tion de  la  scène  française;  s'il  man- 
qua presque  toujours  de  chaleur  et 
d'énergie  ,  il  fut  du  moins  un  des  pre- 
miers tragiques  qui  écrivirent  avec 
sagesse  et  qui  contribuèrent  à  réfor- 
mer les  tours  gothiques  de  la  langue. 
Presque  tous  ses  sujets  de  tragédie 
étaient  bien  choisis  :  il  ne  les  a  pas 
traités  avec  art;  il  a,  surtout,  mal 
conçu  ses  plans  :  mais,  jusque  dans 
ses  plus  faibles  ouvrages,  on  trouve 
des  situations  intéressantes,  et  des 
mouvements  tellement  heureux,  que 
plusieurs  de  nos  tragiques  modernes 
ne  se  sont  pas  fait  scrupule  de  les  lui 
emprunter.  Ces  plaintes  si  touchantes 
que  lîacine  met  dans  la  bouche  du  fils 
de  Thésée  (Phèdre,  4^  acte,  scène  2^), 

Chargé  du  crime  affreux  dont  vousrae  soupçonnez^ 
Quels  amis    me  plaindront  quand   vous  m'aban- 
donnez? 

et  cette  réponse  terrible  de  Thésée  . 

Va  cbercher  des  amis  ,  dont  restime  funeste 
Honore  l'adultère,  applaudisse  a  l'inceste  ; 
Des  traîtres,  des  ingrats  ,  sans  honneur  et  sans  foi 
Ui;;nc$  de  protéger  un  méchant  tel  que  toij  * 

sont  très  probablement  une  imitation 
du  passage  suivant  : 

Si  je  suis  esilc  pour  un  crime  si  noir, 
Uélas  !  qui  des  mortels  voudra  me  recevoir  ? 
Je  serai  redoutable  à  toutes  les  familles  , 
Aux  frères  pour  leurs  sœurs ,  aux  pères  pour  leara 
filles. 

—-Va  chez  les  scélérats,  les  ennemis  des  cieut , 
CbfZ ces  monstres  oiuels  ,  assassins  de  leurs  mères- 
Ceux  qui  se  sont  souillés  d'incestes,  d'adultères  ■  ' 
Ceux'là  le  recevront,  etc.  ' 

{Hippolju^  o\xle  Garçon  intensible.) 

Nous  devons  ajouter  que  cet  endroft 
n'est  pas  le  seul  où  l'immortel  auteur 
de  Phèdre  ait  fait  à  Gilbert  le  même 

a5.. 


556  G I L 

honneur  que  Virgile  faisait  à  Enniu5. 
Les  idées  picmièrcs  de  ces  vers  soiit 
à  la  ve'rile  dans  Euripide  et  daus  Se- 
iicque  ;  mais  ce  n'est  pas  seulemc  iit 
l'etuprunl  des  idées  qui  est  sensible  , 
cVst  encore  ctlui  des  expressions  et 
des   tours    de  phrases.  Remarquons 
d'ailleurs  qu'en  transpoitant  sur  notre 
srène  le  su, et  de  Phèdre  et  Hippolyte, 
Gilbert  eut  le  bon  esprit  de  faire  à 
l'ancienne  marche  de  cette  fable  ,  des 
changements  dont  on  ne  peut  lui  con- 
tester l'invention  ,  et  que  Racine  crut 
devoir  adopter.  C'est,  par  exemple  , 
Gilbert  qui  eut  le  premier  l'idée  de 
faire  périr  dans  les  flots  de  la  mer  la 
coupable    confidenle  de  Phèdre  ,  et 
de  satisfaire  par-là  le  spectateur,  jus- 
tement indigué  des  conseils  que  cette 
malheureuse    n'avait    pas   craint   de 
donner  à  la  reine.  On  ne  peut  nier 
que  ce  moyen  nouveau  ne  fut  aussi 
heureusement  imaginé  sons  le  point 
de  vue  moral ,  que  sous  celui  de  l'effet 
dramatique.  Il  y  a  encore, dans  la  vie 
littéraire  de  Gilbert,  une  particularité 
assez  remarquable  :  il  composa  une 
tr.jgcdie  de  Rodogiine  ,  précisément  à 
l'époque  où  le  grand  Corneille  traitait 
avec  tant  de  supériorité  le  même  sujet. 
Les  deux  Rodogunes  furent  représen- 
tées dans  la  même  année;  et  l'on  y  recon- 
nut  avec  surprise,  non  seulement  les 
mêmes  situations  ,    mais   encore  les 
mêmes  sentiments  :  le  cincpiicme  acte 
seulement  n'était  pas  semblable.  Celui 
de  Corneille,  Tun  des  plus  beaux  que 
l'on  connaisse,  eut  un  succès  prodi- 
cirux  :celui  de  Gilbert  fut  trouvé  froid 
cl  insipide,  m  ilgre  la  pruteclion  ecla- 
tanledonl  la  reine  de  Suède, et  Mon- 
sieur, frère  du  roi  de  l'iancc,  hoito- 
raidit  l'auteur  delà  pièce.  Fontentlle, 
dans  la  vie  de  Corneille  son  oncle,  j)ic- 
lend  que  ce  grand  poète  ayant  confié  à 
lin  ami  le  plan  de  Kudogune,  cet  ami 
tu  donna  cou  naissance  à  Gilbert,  «pii  se 


GIL 

hâta  de  mettre  à  profil  cette  trahison. 
D'autres   historiens   ajoutent   que  le 
p'an  du  cinquième  acte  n'était  point 
encore  arrêté  définitivement  par  Cor- 
neille lorsque  Gilbert  eut  secrètement 
connussance  de  la  marche  des  qua- 
tre premiers.  C'est  pour  celte  raison  , 
suivinteux,que  les  deux  Rodogunes, 
si  exactement  pareilles  au  commence- 
ment et  au  milieu  de  l'action,  ces- 
sent tout-à-coup  de  se  ressembler  vers 
le  dénouement.  Ces  assertions  et  ces 
conjectures  ont  peu  de  vraisemblance  : 
a  Rarement ,  dit  Voltaire,  un  homme 
»  revêtu  d'un  emploi  public  se  désho- 
»  nore  et  se  rend  ridicule  pour  si  peu 
»  de  chose.  »  Tous  les  mémoires  du 
temps  en  auraient  parlé;  et  bien  loin 
qu'il  se  soit  alors  élevé  des  réclama- 
tions publi(jues  contre  ce    prétendu 
abus  de  confiance,  Corneille  lui-mê- 
me ,  qui  était  le  plus  intéressé  à  s'en 
plaindre  ,  n'en  dit  pas  un  mot  dans 
la  préface  de  Rodogunc.  Il  est  donc 
plus  naturel  et  plus  juste  d'attribuer 
l'extrême  ressemblance  des  deux  tra- 
gédies à  l'exactitude  scrupuleuse  avec 
laquelle  les  deux  auteurs  avaient  cru 
devoir  imiter  la  marche  ,  les  situations 
et  jusqu'aux  pensées  d'un  roman  his- 
torique de  Rodogime  y  qui  venait  alors 
de  paraître  ,  et  qui   est  aujourd'hui 
tombé  dans  l'oubli.  Gilbert  avait  été, 
dans  sa  jeunesse,  secrét.iire  de  la  du- 
chesse de  Rohan.  Il  s'attacha  ensuite, 
en  la  même  quahté,  à  la  reine  Chris- 
tine de  Suède,  qui,  pleine  d'admira- 
tion pour  ce  qu'elle  appelait  son  beau 
^énic .,  le  nomma  résident  de  la  cour 
de  vSlockholm  en  France,  cl  le  combla 
de  ses  bienfiits.  Après  la  mort  de  cett^- 
princesse,  il  ne  voulut  rien  retrancher 
de  la  dépense  à  laquelle  il  était  accou- 
tumé: mais  ses  pièces  qiii  avaient  eu  la 
vogue  dans  leur  nouveaulc,  cessèrent 
d'attirer  le  public,  dès  que  les  pré- 
ceptes de  Uojlcau  cl  les  cht'fi-d'œuvrû 


CIL 

dr   R.iriiio   niiTiii  ar.lirvd  riionrousc 
levoliuioudu  goût  ;  enfin  il  elail  sans 
icssoinrcs,  tl  il  serait  mort  clans  la 
pitis  ,if]iTn^c  imli^cncc,  si  un  liomnic 
riche,  M.  tnicrvart,  prolcctenr  de- 
claio  (l( s  ç;cMS  de  lettres  et  surtonl  des 
cVrivains  prolest.mts  ,  ne  lui  eût  don- 
ne asile  dans  son  hôtel.  C'est  là  sans 
doule  que  GilJjert  a  obscmunent  fini 
ses  joins,    oublie  de  ce  même  public 
(|ui ,  peu   d'années   auparavant,   lui 
avait  prodi|;ue  tant  de  marques  de  fa- 
veur. Cliapelain  ,  dans  un  jugement 
qu'il   porte  sur  les    auteurs   de  son 
temps,  parle  de  Gilbert  en  ces  ter- 
mes :  «   Esprit  délicat ,  duquel  on  a 
»  des  odes,  de  petits  poèmes,  et  plu- 
»  sieurs  pièces  de  théâtre  pleines  de 
»  bons  vers.  »  Faisant  allusion   aux 
nombreuses  ressources  que  les  trage'- 
dics  de  Gilbert  ont  fournies  dans  la 
suite  à  beaucoup  d'auteurs  plus  ha- 
biles, Me'u.ige  comparait  ce  poète  à 
un  chasseur  malheureux  :  Il  trouve 
bien  le  gibier  nu  gîte,  disait  il ,  mais 
ce  n'est  pas  pour  lui  quil  le  fait 
parlir.  Enfin,  quand  on  considère 
d'une  part  toutes  les  faveurs  dont  Gil- 
bert fut  comble  pendant  trente  ans  de 
sa  vie,  et  d'une  autre  part  les  termes 
de  mépris  dont  se  servent  en  pailant 
de  lui  plusieurs  biographes  prévenus , 
on  ne  peut  guère  se  dispenser  de  di- 
re que  ce  poète  n'avait  me'rite 

Ni  cet  excès  d'honneur,  ni  celte  indignité. 
F.    P— T. 

GILBERT  ( Nicolas  Joseph-Lau- 
rent) naquit  eu  ï'j'ji  à  Fontenoi- 
le  Château ,  en  Lorraine,  de  parents 
pauvres  qui  s'épuisèrent  pour  lui  don- 
ner de  Téducalion.  Ses  éludes  ache- 
vées, il  vint  h  Paris,  n'ayant  d'autre 
ressourceque  quelques  vers  qu'il  avait 
faits  dans  la  province  (i).  11  chercha 

(i'\  Il  donna  ,  en  '-71,  s"n  Début  poétique, 
in-S''.  ;  nouvelle  cdiliuii  au-^meniée  d  un  chant 
fVAhely  et  d'antres  ouvrages,  1772,  in-S".  {Voj. 
GtsKkA ,  tome  XVII  >  p>  aôG.J 


G  1 L  5j7 

d'abord  à  se  faire  des  protecteurs,  et 
distribua  des  louanges  a  plusieurs  per- 
sonnes considérables   :  mais  n'ayant 
pas  trouvé  auprès  d'elles  i>se7,  d'ac- 
cès et  de  secours,  il  se  sentit  humilié, 
et  de-là  contracta  cette  liimx  iir  clia- 
gi  ine  et  misantropiquc  qui  lui  fit  em- 
brasser le  genre  de  la  satire.  Le  mau- 
vais succès  de  quelques  pièces  de  vers 
qu'il  avait  envoyées  aux  concours  de 
l'académie  ,  fortifia  en  lui  cette  dispo- 
sition. Il  s'attacha  au  parti  qui  com- 
battait les  philosophes,  et  fit  contre 
eux  sa  satire  du  Dix  huitième  Siècle 
(  1 7'y5  ) ,  adressée  à  Fréron  j  elle  fut 
suivie  d'une  seconde  satire  intitulée, 
Mon  Apologie  (  i  778  )  :  il  y  a  dans 
toutes  deux  des   vers  et    même  des 
morceaux    admirablement    frappés  ; 
mais  il  y  a  aussi  bcaucouj)  de  décou- 
su dans  les  idées  et  d'inégalité  dans 
le  style.  L'aïUeur  composait  laborieu- 
sement, et  n'avait  point  encore  l'art 
de  dissimuler  ce  travail   pénible.  Le 
seul  de  ses  ouvrages  qui  n'en  porte 
point  l'empreinte,  est  une  ode,  imi- 
tée de  plusieurs  psaumes  ,  qu'il    fit 
huit  jours  avant  sa  mort.  Il  n'y  a  rien 
de  plus  touchant  que  ces  trois  stro- 
phes qui  la  terminent  : 

Au  banquet  dé  la  vie,  infortune  convive  , 

J'apparus  un  jour,  et  je  meurs; 
Je  meurs  ,  et  sur  tua  tombe  où  lentement  j'arfive  , 

Nul  ne  viendra  verser  des  pleurs. 

Salut ,  champs  que  j'aimais,  et  vous,  douce  verdure, 

Etvous.  riant  exil  des  bois/ 
Ciel  ,  pavillon  de  l'homme;  admirable  nature. 

Salut  pour  la  dernière  l'oij  ! 

Ah!  ])uissent  long-temps  voir  votre  beauté  «acrée, 
Tant  d'amis  sourds  a  mes  adieux  ! 

Qu'ils  meurent  pleins  de  jours  ;  que  leur  mort  soU 
pleurée! 
Qu'un  ami  leur  ferme  les  yeuxj 

On  ne  sent  ni  cette  douceur,  ni  cette 
facilité  dans  les  autres  odes  de  Gilbert; 
mais  on  y  remarque:  des  traits  éner- 
giques et  de  belles  eXj:iessions.  Cet 
infortuné,  que  ses  protecteurs  ne  ti- 
raient point  de  la  misère,  tomba  dans 
la  démence,  et  fut  conduit  à  l'Holel- 
Dieu,  Danj)  un  de  ^qs,  accès,  il  avali^ 


358  G I L 

3a  clef  d'une  petite  cassette  où  il  avait 
quelque  arfjent,  et  mourut  le  12  no- 
vembre 1780,  âge  de  vingt-neuf  ans. 
On  doit  regretter  qu'il  ait  fait  de  son 
î)eau  talent  un  usage  si  fatal  à  son  re- 
pos, et  surtout  qu'il  n'ait  point  assez 
ve'cu  pour  abjurer  ses  injustices,  et  el- 
facer  par  des  ouvrages  vraiment  esti- 
mables la  fâcheuse  célébrité  qu'il  s'est 
acquise  par  ses  satires  (  i  ).  La  dernière 
édition  de  ses  OEuvres  est  en  2  vol. 
in-18,  Paris,  an  X  (1802).  A— G — R. 
GILBERT  (  François -Hilaire), 
savant  vétérinaire ,  naquit  à  Châtelle- 
jaidt  en  1757.  11  fit  ses  premières 
éludes  dans  cette  ville,  et  fut  ensuite 
envoyé  à  Paris,  chez  un  procureur  : 
mais  l'état  auquel  le  destinait  son  père 
étant  contraire  à  son  génie  (  t  à  ses  in- 
clinations, il  se  livra  à  l'élude  de  la 
médecine;  et,  sans  recevoir  aucun  se- 
cours de  ses  parents,  il  trouva  moyeu 
de  pourvoir  à  sa  subsistance,  et  de 
suivre  l'allrail  irrésistible  qui  l'entraî- 
nait dans  la  carrière  des  sciences.  La 
lecture  de  Buffon  lui  donna  du  goût 
pour  l'ait  vétérinaire  •  et  il  fut  assez 


(1)  Une  seule  ode  néanmoins  où  se  trouvent  des 
^ers  semblables  à  ceux  que  cite  l'auteur  de  l'ar- 
ticle ,  coiii)>cnsc  bien  quelques  h.irdii-sses  exces- 
sives qu'on  p»Mit  rrprocùer  a  la  muse  salirii|ue  de 
<jilbert.  Se»  satires  ,  dirigées,  n'>n  pas  seulement 
conire  de»  écrivains  ou  des  sophistes  subalternes  , 
mail  con're  les  corypiit'cs  de  la  secle  encytdopé- 
<Ji<|ue  ,  .luriiif  ni  eu  certi-s  un  bien  plus  ;;raiid  |iri\  , 
«i  elles  eussent  pu  prévenir  lii  révolution  .nmcnée 
par  riiiduence  du  philosnpliisnie  :  niais  il  a  du 
moins  lu  (;luiri-  d'avoir  sniini'  !>■  tocsin  contre  les 
]ibiio.4opli'-«.  Il  ne  tint  pus  a  ir$  cQncinis  qu'il  ne 
)ins>àt  pour  un  puele  niediiirre.  (!i-pendant,  inal- 
j;ré  leurs  ilécl.ini'ilion»  ,  r<'iier{;ii]ue  verilt:  de  »ei 
Vers  a  suiuionté  la  critiijuc  ,  et  a  t'ait  dit  ce  poète 
\igoiir<-uv  et  plein  de  vrivc  le  Jiiveiial  de  eerie 
«'poulie  Forte  de  bonne  heure  u  i-omliatlre  l'esprit 
«lu  siècle  par  uu  zèle  que  les  circonstiinces  ne 
iireiit  qui'  dt'velupper,  il  dut  siiiis  doute  u  cette 
«tiipositiou  de  voir,  dans  les  lociélcs  acadcnii- 
flucs  ,  prelV  rer  des  pièces  int'erieui  et  auv  siennes, 
«  son  /'-'/«'jfe  (le  J.rof/vlii  ,  tluc  de  Luirutnc  ,  au 
Ctr.mt  rtiij  pnies  avec  la  Fortune ,  etc.  Mais  sou 
atlaclieiiieut  aim  bon»  principes  et  il  la  rrli;;iuii 
Imi  v.iluieut  une  pen«iou  du  Roi  et  In  protection 
vie  M  du  Kriiiiinoii  t  ,  iirclievèi|ue  de  Paru;  etic 
(ut  mon  s  ren<'td'-  la  iiiisorr  i|ue  celui  de  l'upéru- 
|ion  du  lrep.111 ,  uecmiiMinéc  par  une  cliulr  île  clie- 
%«l,  ipii  produisit  riilit^iiiilion  d'espril  dont  les 
«Vies  liiieni  si  luut'ilcs  a  «.«   cuurujjcut    et   m. 


G  IL 

heureux ,  quoique  de'nue'  de  protec- 
tion, pour  obtenir  une  place  d'e'iève  à 
l'écoled'Alfort.  L'application  qu'il  avait 
apportée  dans  ses  éludes  et  la  lecture 
des  bons  auteurs  anciens  et  modernes , 
en  formant  son  goût  et  son  style,  le 
mirent  bientôt  à  même  de  traiter  dif- 
férentes parties  de  l'art  vétérinaire  et 
agricole  avec  autant  de  sagacité  que 
de  netteté  et  de  précision.  Les  recher- 
ches et  le  savoir  de  Gilbert  furent  ré- 
compensés par  cinq  médailles  qu'il  re- 
çut de  différentes  sociétés  savantes , 
pour  des  prix  que  ces  sociétés  avaient 
proposés.  Il  entra  dans  la  première 
formation  de  l'Insiitut ,  et  fut  choisi 
par  le  gouvernement  pour  organiser 
et  diriger  les  et.iblissements  agricoles 
de  Sceaux,  de  Versailles  et  de  Ram- 
bouillet. La  destruction  de  ces  deux 
premiers  établissements ,  si  funeste 
aux  progrès  et  au  perfectionnement 
de  l'agriculture  française  ,  porta  la 
douleur  dans  l'amc  de  Gilbert,  qui 
appréciait  mieux  que  persoune  les 
avantages  incalculables  que  sa  patrie 
devait  en  retirer.  L'établissement  de 
Rambouillet  ,  uniquement  destiné  à 
l'éducation  des  mcriuos,  attira  alors 
tous  ses  soins  ;  il  était  convaincu ,  mal- 
gré les  préjugés  qui  régnaient  alors  , 
que  cette  race  précieuse  de  moutons 
ferait  un  jour  fleurir  notre  agricul- 
ture, nos  fabriques  et  notre  com- 
merce. Gilbret,  passionné  pour  le  bien 
public,  avec  ce  noble  désinléresse- 
luentquiesl  la  marque  caractéristique 
des  âmes  fortes  et  généreuses  ,  ne 
cessa,  pendant  tout  le  cours  de  sa  vie, 
de  liavailler  cl  de  s'intéresser  pour 
tout  ce  (pii  pouvait  tendre  à  ce  but.  II 
a  présenté  au  gouvernement  et  au  pu- 
blic diilt'rentes  vues  pour  l'amcliora- 
tion  de  r.igricultuie  et  de  l'art  véteri- 
n.iiie.  Il  a  publié,  outre  les  mémoires 
couronnés  piir  des  académies,  dilUf- 
R'ulcs  iusUuclions,  et  un  Traité  des 


r.  TL 

prairies  artificielles ,  1790,  in-S**. , 
U'impiiinc   cil    iHoi,<|iii  seul  aiinùt 
Hiulii   sou  nom  ilicr  aux    aniattMirs 
lie   rjgricullurc.  Cet    onvraj^c,  qui  a 
jiaiu    à  uuc  {'iioque  cii   les    ])raiiics 
.ulilicidles  elaieiil  peu    connues   en 
France  ,  cl  où  le  syslcine  des  aîjsole- 
l]lcnt^  était  pnsquc  entièrement  igno- 
re, a  donne  à  noire  culture  une  im- 
j)u'siou  dont  nous  avons  éprouve  les 
jcsullats   salutaires.  Son  Instruclion 
aur  les  moyens  les  plus  propres  à  as- 
surer lapropagotion  des  bétes  à  laine 
ile  race  d  Espagne  ,  et  la  consen>a- 
tion  de  celte  race  dans  toute  sa  pu- 
reté ^  1797 ,  in-8".,  est  un  petit  traite' 
lion  moins  ulile  (jue  le  précèdent.  H 
avait  donne,  l'année  prc'cëdentc  ,  son 
Instruction  sur  le  claveau  des  mou- 
ions ,  in-8''.j  et  ses  Recherches  sur 
les  causes  des   maladies  charbon- 
neuses dans  les  animaux ,  et  sur  les 
moyens  de  les  combattre  et  de  les 
■prévenir y  qui  turent  imprimées  par 
ordre  de  la  commission  executive  d'a- 
griculture et  des  arts,  an  m,  in-8'\ 
Ou  doit  encore  à  Gilbert,   1°.  Ins- 
truction sur  le  vertige  abdominal , 
ou  indigestion  vertigineuse  des  che- 
vaux,  I  795,  in-8".;  —  2".  Mémoire 
^ur  la  tonte  du  troupeau  national  de 
Jiamboiàllet,  la  vente  de  ses  laines 
et  de  ses  productions  disponibles  , 
1  797 ,  in-4''.  ;  —  3  '.  des  articles  dans 
la  Décade  ,  le  Magasin  encyclopé- 
dique ^  la  Feuille  du  cultivateur,  et, 
avec  M.  Kougicr  la  Berp,erie ,  l'article 
Bestiaux  au  vert,  dans  le  tome  x 
dn  Cours  d'agriculture  de  Rozier. 
Toutes  les  personnes  qui  ont  connu 
Gilbert  rendent  hommage  à  ses  quali- 
tés sociales  j  il  montra -une  probité  et 
lin  désintéressement  qui  malheureu- 
sement n*accompagnent   pas  toujours 
le  talent.  Il  était  excellent  ami,  et  ser- 
viable  même   pour   les  gens  qui  lui 
étaient  inconnus.  Le  directoire  ayant 


G  T  L  559 

été  nnlorîsé,  par  le  traité  de  lîàle  ,  h 
extraire  d'K.sj)agne  nn  certain  nom- 
bre de  mérinos ,  Gilb  •!  l  fut  (  hargc, 
vers  la  (in  de  r.m  v  («797),  d'aller 
dans  ce  pays  f.iire  un  choix  de  ces 
animaux  ,  pour  les  envoyer  (n  t'ran- 
ce  :  le  zèle  qu'il  avait  nionfrc  en  rem- 
plissant une  mission  aus.^i  impoitante 
pour  la  France  ,  ne  fut  pas  n  fi  oidi  , 
mais  fut  cruellement  trompé,  lorsqu'il 
se  trouva  au  sein  de  l'Espagne  ,  sans 
secours  et  sans  avoir  reçu  les  fonds 
qui  lui  avaient  été  promis.  C'est  en 
vain  qu'il  rappela  ces  promesses  au 
gouvernement  :  abandonne  sans  pou- 
voir remplir  les  marchés  qu'd  avait 
contractés,  accablé  de  fatigues  et  de 
chagrins,  il  tomba  malade;  le  déses- 
poir s'empara  de  son  ame,  et  il  ter- 
mina son  existence  le  21  fructidor 
an  VIII  (8  septembre  1800),  dans  un 
village  de  la  Castille,  où  l'auleur  de 
cet  article  a  passé,  en  répandant  des 
larmes  sur  les  cendres  d'un  collègue 
non  moins  recommandable  par  ses 
lumières  que  par  son  amour  du  bien 
public.  L  —  lE. 

GILREUT   (  Nicolas  -  Pierre  ) , 
médecin  français,  né  à  Brest  en  1751, 
fit  dans    sa   ville    natale,   ainsi   qu'à 
Quimper  et  à    Vannes,   de   bonnes 
études,   et  montra  une   prédilection 
marquée   pour  les  sciences  exactes. 
Nommé  cliirurgien -élève  de  la   ma-      • 
rine  à  l'âge  de  dix-huit  ans ,  il  suivit 
le  capitaine  Tronjolly  dans  sa   cam- 
pagne de  l'Inde  en  1770,  et  obtint  nn 
prix  à  son  reloiu'.  Peu  de  temps  après, 
il  se  rendit  à  Paris  pour  coniinuer  et 
perfectionner   son    éducation    médi- 
cale. Sa  modique  fortune  ne  lui  per- 
mettant pas  de  subvenir  aux  frais  de     ^ 
réception   exigés  par  l'université  de 
Paris,  il  prit  ses  grades  à  celle  d'An- 
gers. Revêtu  du  doctorat ,  il  exerça  la 
médecine  à  Landernau,  à  Morlaix  et 
à  Keimes.  Chassé  de  celte  deroièrû^ 


56o  G  I  L 

ville  par  les  troubles  re'volntionnalres , 
persécuté,  incarcère',  il  rédigea  dans 
sa  prison  un  mémoire  estimé  sur  la 
concordance  enlrelesnouveaux  elles 
anciens  poids  et  mesures.  Rendu  à  la 
libellé,  il  sollicita  l'emploi  de  méde- 
cin ordinaire  aux  armées:  sa  demande 
fut  agréée  sans  difficulté  comme  sans 
retard.  Le  conseil  de  santé  lui  donna 
même  un  témoignage  bien  flatteur  de 
satisfaction  et  de  confi.ince,en  le  choi- 
sissant, au  bout  d'une  année,  méde- 
cin en  chef  de  l'armée  de  Sambre-et- 
Meuse.  Lorsqu'on  établit  en  i  --96  les 
hôpital  X  militaires  d'instruction  ,  Gil- 
bert fut  appelé  à  celui  de  Paris,  avec 
le  titre  àc  n»édeciu  en  chef  profes- 
seur :  il  déploya  beaucoup  d'activité 
dans  cette  cai  rière,  et  suppléa  par  un 
lîAe  et  une  exacliiuJe  très  louables 
aux  grandes  conceptions  et  à  l'élo- 
quente dont  il  était  dépourvu.  11  fui 
récllemenl  utile  aux  élèves;  et  cette 
époque  est  vSans  contredit  la  plus  belle, 
la  plus  honorable  de  sa  vie.  Mal- 
heureusement il  fut  reporté  sur  un 
théâtre  qui  ne  lui  convenait  pas,  et  il 
échoua  complètement.  Médecin  en 
chef  de  l'armée  de  St. -Domingue  en 
1 802,  il  remplit  des  fonctions  ana- 
logues, à  la  grande  armée,  de  1806  à 
i\i\}..  Celte  place  éniinente  lui  four- 
nissait des  occasions  nombreuses  et 
tiiciles  d'illustrer  sa  pi  ofe -.sion  et  d'ac- 
quérir une  brilluite  renommée;  il  né- 
gligea les  unes  et  les  autres.  ("Jiargé 
d'éclairer  le  gouve»  iienienl  sur  le  mé- 
rite de  ses  collaborateurs  ,  il  donna 
presque  coll^lammcnl  la  préférence  à 
J.j  médiocrité  adulatrice  et  importune , 
tandis  qu'il  oublia  ,  persécuta  même 
le  mérite  embelli  par  la  modestie  ou 
par  d'autres  qualités  non  moins  esti- 
mables. Cette  conduite ,  que  rien  ne 
prut  excuser ,  produisit  un  découra- 
gement universel  ;  et  la  médciinu  mi- 
[j taire  perdit  plusieurs  hommes  qui 


GIL 

auraient  continué  de  l'honorer  par  leurs 
talents  et  leurs  vertus.  Gilbert  revint 
à  Paris,  et  reprit  son  service  à  l'hô- 
pital du  Val-dt'-Grâce.  Au  mois  d'avril 
1814,  il  éprouva  les  premiers  symp- 
tômes de  l'inflammation  chronique  du 
foie,  à  laquelle  il  succomba  le  19  dé- 
cembre suivant.  Ses  écrits  ne  sont  ni 
fort  muliipliés  ni  très  importants;  ce- 
pendant le  style  en  est  généralement 
assez  correct .  I .  Plan  d'un  cours  d  ins- 
titutions de  médecine  pratique  sur 
les  maladies  les  plus  fréquentes 
chez  les  gens  de  guerre ,  classées 
par  familles ,  précédé  d'un  Discours 
sur  la  médecine  nwrale ,  Paris ,  an  vi, 
iu-8°.  Un  Discours  préliminaire  de 
quchjues  p^ges  est  tout  ce  qu'il  y  a 
de  bon  dan>  cet  opuscule.  La  classifica- 
tion nosologique  présente  le  rappro- 
chement bicarré  des  afTcrtions  les  plus 
disparates  ;  et  pour  établir  en  quel- 
que sorte  la  compensation,  les  mala- 
dies les  plus  analogues  sont  séparées 
et  comme  disséminées  au  hasard.  La 
disiiibution  en  maladies  aiguës,  mix- 
tes et  chroniques,  est  essentiellement 
vicieuse.  II.  Tableau  historique  des 
maladies  irUernes  de  mauvais  ca- 
ractère  qui  ont  affligé  la  grande  ar- 
mée dans  la  campagne  de  Prusse 
et  de  Pologne  (  en  i8o0  et  1807  )  , 
suivi  de  liéflexions  sur  les  divers 
modes  de  traitement  adoptés  par 
les  médecins  français  tt  allemands , 
Berlin,  1808  ,  in  8".  ;  trad.  en  alle- 
mand par  le  docteur  Bock  ,  avec  une 
préface  et  des  notes  de  Louis  For- 
mey,  Erfurl,  1808,  in -8'.  L'auteur 
propose  dans  cet  écrit  une  classifica- 
tion qui  n'othc  aucun  trait  de  res- 
semblance avec  celle  dont  il  avait 
tracé  resijuissedans  sou  Plan.  Toutes 
les  maladies  comprises  sur  le  nouveau 
tableau  nosogéniquc  fondamental  y 
sont  partagées  en  deux  grandes  fa- 
milles, désignées  par  les  noms  impro- 


G  IL  (il  L  ?.(\i 

|tiTS  (Ir  hyperzoothnnmic  ri   r/rno-  qui  iliriL^r.iitiii  les  ccolc»  de  (^hnrtrcs 

(hnamid  ,  î>uivanl  qu'elles  sont  dues  et  do  Fiaoïi.  L.i  rrgulaiile  de  sa  con- 

à  l'cxill^ilion  011  H  la  dcprrssion  des  duitc  et  la  ç;ravite  de  ses  mœurs  ic- 

t'«irr(\s  vitales.  111.  //isloirc  médicale  pondaient    k   son     ard(  ur   pour    les 

de  l'armée  française  à  Si.- Domin-  sciences.  Oii  récompensa  son   méiiic 

fille  en  l'an  x  ,  ou   Mémoire  sur  la  par  la  clianccllerie  de  r('<;1ise  de  Cliar- 

fiè%>re  jaune ,  a^ec  un  aperçu  de  la  lies:  les  fonctions  de  ^('n^ci^nem^llt 

topos!,raphie  médicale  de  cette  colo-  e'taicnt  attachées  à  celle  dignité,  et  >l 

nie  ^   P. iris,  an  xi  (  i8o5),  in    8°.;  s'en  acquitta  avec  beaucoup  de  snrccs. 

trad.  cti   allemand,  avec  des  notes,  Sa  réputation  le  fit  appeler  à  Paris 

parj.  E.  Aronsson,   Hnlin,   i8o6,  pour  y  remplir  une  chaire  de  dialec- 

in-S".  Gilbert  ,  ayant  séjourné    très  tique  et  de  théologie  :  il  se  mil  à  la 

peu  de  temps  en  Amérique  ,  n'a  fait  tète  des  réalistes ,  et  lrion»pha  avec 

qu'entrevoir  la  ûcvrc  jaune;  il  la  re-  d'autant  plus  de  liacililé  du  parli  dc«^ 

f;arde  comme   une  fièvre   rémittente  nominaux,  que  celui-ci   Venait  d'é- 

bilieusc  très  intense,  et  lui  refuse  le  prouver  un  cruel   écliec  par  Ii  con~ 

caractère   contagieux.   Celle   opinion  damnation  d'Abailard  ,  qui  en  était  le 

est  d'un  bien  faible  poids;  et  le  doc-  chef.  On  prétend  que  ce  fameux  dia- 

tcur  Fournil r  a  eu  raison  dédire  que  Icclicien,  ayant  aperçu  Gilbert  dans 

l'ouvrage  dans    lequel  elle  est  énon-  l'assemblée  de  Sens  parmi  ses  juges , 

cée  ne  mérite  aucune  confiance  quant  l'apostropha  par  ce  vers  d'Horace  : 

à  la  partie  clinique.  Toutefois    l'es-  ^,  ... 

^  .  1  ^  1       r'       Tx         •  Wam  tua  res  agitur  paries  cum  proxinius  ar'Jet; 

qiusse  topographique  de  St.-Domin- 

gue  n'est  pas  dépourvue  d'intérêt.  IV.  application  qui  fut  regardée  deni-.is 

Les   théories    médicales    modernes  comme  une  prédiction  de  ce  qui  dc- 

comparées  entre  elles  et  rapprochées  vait  lui  arriver.  Nommé  en  i  i4i  à  là 

de  la  médecine  d'observation,  Pa-  scolastique  de  Poitiers,  il  eut  à  peine 

ris,  an  vu.  Pour  faire  apprécier  une  occupé  cette  chaire  l'espace  d'un  an  , 

production  décorée  de  ce  litre  ambi-  que  ses  concitoyens  l'élurent  pour  leur 

lieux ,  ne  suffit  -  il  pas  de  dire  qu'elle  évêque.  Gilbert  avait  la  manie  de  trai- 

cst  composée  de  20  pages  in-8".?  Il  ter  toutes  les  questions  suivant  la  dià- 

serait  injuste  de  passer  sous  silence  les  lectique  des  écoles.  Il  s'avisa  de  mêlci- 

articles  de  médecine  légale  fournis  par  des  opinions  philosophiques  dans  ses 

^  Gilbert  à  l'Encyclopédie  méthodique  :  sermons.  On  fut  scandalisé  d'enien- 

prescjuc  tous  sont  rédigés  avec  soin  dre  sortir  de  sa  bouche,  dans  un  sy- 

et  discernement.  M.  Gasc   a   publié  node,  des  propositions  peu  conformes 

dans  le  tome  lu  du  Journal  général  au  langage  commun.  Deux  de  ses  ar- 

de  médecine  une  Notice  historique  chidiacres,  Galon  et  Arnaud,  dont  le 

sur  N.  P.  Gilbert ,  laquelle  laisse  à  dernier  était  surnommé  à  bon  droit 

désirer  plus  de  vérité  dans  les   ta-  qui  ne  rit  pas ,  allèrent  le  déférer  à 

bleaux  et  plus  de  correction  dans  le  Eugène  IIÏ,  pour  lors  à  Sienne,  et 

slylf.  C.  qui  se  préparait  à  passer  en  France: 

GILBEBT,   surnommé  de  la  ils  alarmèrent  Saint  Bernard,  encore 

Pojrécy  naquit  à  Poitiers  vers  l'an  tout  brillant  de  l'éclat  que  jetait  sur 

1070.  Après  avoir  fait  ses  premières  sa  personne  la  vicloiie  qu'il  venait  de 

éludes  dans  celle  ville,  il  alla  les  per-  remporter  sur  Abailard.  L'évêquc  de 

Sectionner  sous  les   maîtres   fameux  Poitiers  comparut  au  concile  de  Pa- 


562  G  I L 

ris  en  ii47«  ^^*  propositions  sou- 
mises   au    jugement    de   rassemblée 
èlaicnt,  i°.  que  l'essence  divine  n'est 
pas  Dieu;  2°.  que  les  propriéte's  des 
personnes  divines   ne   sont  pas    les 
personnes  mêmes;  5".  que  les  allri- 
buis  divins  ne  tombent  pas  sur  les 
personnes  divines  ;  4"'  4^'^  ^'^    ^'^' 
Une   di\ine  ne   s'e>t   pas    incarnée, 
mais  la  personne  du  Verbe;  5".  qu'il 
n'y  a  point  d'autres  mérites  que  ceux 
de  J. -C.;6'.  que  le   baptême  n'est 
réellement  .  conféré    qu'à    ceux    qui 
doivent  être  sauvés.   Gilbert,    inter- 
pellé sur  ces    six  propositions,  mit 
tant  d'adresse  et  de  subtilité  dans  ses 
défenses ,  que  les  Féres  embarrassés 
renvoyèrent   rjffaire  à  un  autre  con- 
cil<  qui  se  tint  l'année  d'après  à  Reims, 
où  il  souscrivit  à  sa  cond.irïinalion.Cc 
prélat,  rendu  a  sou  diocèse  ,  s'occupa 
d'instruire  ses   peu])les  ,  de   décorer 
les  ég'ises  ,   d'enrichir  de  nouveaux 
livns  la  bibliothèque  de  St.-Hilaire, 
et  de  f.iii  e  fleurir   les  sciences  dans 
son  clergé.  Il  mourut  ,  en  1 1 54,  uni- 
Tersellement  rcgrellc.  Du  très  grand 
nombre  d'ouvrages  qu'il  avait  com- 
posés, et  que  l'on  conserve  encore  dans 
les  bibliothèques,  on  n'a  imprimé  que 
Us  (juatre  suivants  :  I.  Un  Commen- 
taire sur  le  livre  de  la   Trinité   de 
Btcce,  dans  l'tMition  générale  des  œu- 
vres de  ce  philosophe,  Laie,  i47o, 
iii-fol.ll  est  plus  dinicile  à  entendre 
que  le  texte  même.  11.  Une  Lettre  à 
l'ahhé  de  St. -Florent  de  Saumur  sur 
un  cas  de  conscience,  dans  le  i  *^' .  vol. 
i\ii?,  Anecdota  de  dom  M.ntcne.  111. 
Uii  Z'rrt/f^  phi!osophi(pie  des  six  |)rin- 
cipes,  dans  les    anciennes    éditions 
d'Ari.Ntote ,  où  l'on   n'est  guère  tenté 
d'.tller  le  rhcicher,  quoi{|. 'il  ait    <u 
beaucoup  de  vogue  autrefois,  et  (ju'il 
.lit  servi  de  t(xtc  à  plusieurs  Cum- 
njentaire*;.  1 V.  Un  Commentaire  sur 
V ylpocttlj psc j  Paris,  i5i'i,  iii-b'.; 


G  IL 

avec  d'autres  interprètes  du  même 
livre.  Gilbert  de  la  Porrée  était  sa- 
vant; i!  avait  de  la  pénétration,  mais 
il  manque  de  méthode  ;  il  afTecte  trop 
de  tout  ramener  aux  opinions  sub- 
tiles de  l'école.  Son  style  est  d'ail- 
leurs dur,  sec  et  embarrassé.  T — d. 
GILBERT  Philarète,  ou  de  Lim- 
bourg.  Foy.  Fucus  (XVI,  i45). 

GILBERT  DE  SEMPRINGHAM, 
fondateur  de  Tordre  des  Gilbertins, 
naquit  en  Angleterre  au  comté  de  Lin- 
coln ,  vers  1 084 ,  peu  de  temps  après 
la  couqnêlc.  Il  eut  pour  père  Joceliii 
de  Sempringham  ,  chevalier  anglais 
d'une  illustre  famille.  Les  historiens 
du  temps  représentent  Gilbert  comme 
disgracié  de  la  nature  du  côté  du  corps. 
Mais  ces  défauts  ,  disent-ils  ,  étaient 
compenses  p^r  un  beau  caractère,  une 
ame  noble,  et  des  vertus  qui  donnaient 
plus  de  lustre  encore  à  sa  haute  nais- 
sance. Il  fut  destiné,  dès  Tenfauce,  à 
l'état  ecclésiastique.  Lorsqu'il  eut  fait 
ses  humanités  en  Angleterre ,  ses  pa- 
rents l'envoyèrent  en  France  perfec- 
tionner ses  études  dans  des  écoles  cpjî 
jouissaient  d'une  grande  réputation. 
Gilbert  y  entendit  les  meilleurs  maî- 
tres ,  et  retourna  dans  son  pays  avec 
une  instruction  aussi  étendue  qu'on 
pouvait  l'avoir  alors  ;  mais  il  avait  en- 
core plus  de  piété  que  de  connaissan- 
ces. Aussitôt  après  son  retour,  il  se 
mit  sous  la  discipline  de  Robert  lilunt , 
(pli  avait  quitté  l.i  plice  de  chancelier 
d'Anglcterie  pour  être  évêque  de  Lin- 
coln. Peu  de  temps  après,  il  ouvrit, 
pour  la    jeunesse ,  une  école  ,  où  il 
])renait  lui-même  la  peine  d'enseigner. 
Il  fut  orilonné  prêtre  par  Alexandre  , 
successeur  de  Llunt  au  siège  de  F  iii- 
colii ,  qui  le  fit  sou  pénifcneier.  AftliL;é 
(le  voir  la  règle  de  St.  Augustin  mal 
observée  par  ceux  qui  la  professaient , 
Gilbert  imagina  de  fonder  un  ordre 
où  il  put  la  faire  revivre.  H  eu  établit 


G  IL 

U  prcniior  monaslî'ii'à  Scmpringh.im, 
ilomaine  de  sa  famille.  Pour  en  lor- 
incr  les  stiliits,  il  puisa  dans  la  ic<;lc 
de  St.  Augustin  el  dans  relie  de  St. 
Benoît.  Lor.-qnc  le  monastère  lut  eons- 
liuit,  et  (ju'il  y  eut  réuni  des  rclij^icnx, 
il  fit  ini-mèine  profession  ,  rt  en  j)rit 
le  gouvernement.  L'ordre  fui  appelé 
de  Sempringhaui ,  du  lieu  où  il  avait 
ele  établi ,  et  des  GUbtrlins  ,  du  nom 
du  fundatcur.  Gilbert  ne  nej^ligca  rien 
pour  faire  fructifier  cette  œuvre  sainte: 
elle  fut  néanmoins  traversée  dans  ses 
commencements.  Des  laïcs  ,  qu'il  avait 
admis,  se  soulevèrent  contre  lui;  et 
on  chercha  à  dccrcditer  rétablissement 
auprès  d'Alexandre  llLLe  pape,  après 
avoir  fait  prendre  des  informations  , 
apaisa  ces  troubles,  de  concert  avec 
Henri  11 ,  roi  d'Angleterre.  Gilbert  fut 
aussi  compromis  dans  l'afifidre  de  St. 
Thomas  de  Cantorbéry.  Néanmoins 
il  acheva  paisiblement  sa  longue  car- 
rière, et  put,  de  son  vivant,  compter 
treize  maisons  de  son  institut,  tant 
d'hommes  que  de  femmes,  où  Ja  règle 
étaitobscrvéc  par  plus  dcsept  cents  reli- 
gieux ,  et  au  moins  onze  cents  reliji;ieu- 
ses.  Gilbert,  avant  de  mourir,  se  démit 
de  sa  supériorité,  et  lit  élire  Roger  , 
l'un  de  ses  disciples,  auquel  il  fut  le 
premier  à  se  soumettre  et  à  obéir.  Il 
finit  ses  jours  en  i  189,  la  même  an- 
née que  Henri  II  ,  étant  âgé  de  cent 
six  ans.  Innocent  111 ,  en  1202,  per- 
mit qu'on  honorât  la  mémoire  de  Gil- 
bert; el  peu  d'années  après,  son  nom 
fut  placé  dans  les  martyrologes.  Les 
seuls  écrits  qu'on  cife  de  lui  ,  sont  : 
I.  Les  Statuts  des  Gilbcrtins ,  dans 
le  Monasticum  an^Ucanuin  publie' 
à  Londres  en  iGOi.  II.  Uu  livre 
à' Exhortations  à  ses  frères.  III.  Des 
Lettres  à  diA'eises  ]icrsonnes.  L — y. 
GILBEBTde  \OlSlINS(PiEaRE) 
naquit  le  iG  août  iG84  ,  d'une  très 
ancieniic  famille  de  magistrature.  11 


(i  1  L  ':)()Ti 

était,   par  sa  mère  née  Dongoîs,  pa- 
rent de  Boileau-Despréaux.  Il  com- 
menta, suivant  l'usage  de  ce  temps- 
là,   sa  cariicre,  en  plaidant  comme 
avocat   dans    plusi(  nrs  juridictions  , 
et  rem])!it  ensuite  avec  distinction  la 
place   d'avocat   du   roi  au   Cliâtelel , 
puis  devint  conseiller  au  parlement. 
Sa  réputation  l'avait  précédé  au  con- 
seil d'état,  où,  comme  maître  des  re- 
quêtes ,  il  fut  chargé  de  rapporter  les 
affaires  les  plus  imjjortantes.  Son  mé- 
rite et  ses  talents  fixèrent  l'attention 
du  régent,  qui  le  fit  entrer  au  conseil 
royal  des  finances,  qu'd  venait  d'éta- 
blir. Rappelé  au  barreau  par  son  in- 
clination naturelle,  M.  Gilbert  obtint, 
en  1718,  une  place  d'avocat  général 
au  parlement  de   Paris,  où  son  élo- 
quence mâle  et  sévère,  son  noble  ca- 
ractère ,    brillèrent  jusqu'en    lySg  , 
époque  de  sa  démission.  Indépendam- 
ment des  extraits  de  ses  plaidoyers  , 
conservés  dans  le  Journal  des  audien- 
ces ^  on  en  posf.édait  dans  sa  famille 
pins  de  Go ,  écrits  de  sa  main ,  dont 
beaucoup  étaient  relatifs  à  la  constitu- 
tion Unigenitus ,  ou  bien  avaient  pour 
objet    la  suppression  d'écrits  publiés 
pendant  la  grande  querelle  ecclésiasti- 
que de  celte  époque.  11  montra  dans 
toutes  les  occasions  un  zèle  remarqua- 
ble à  défendre  le  principe  de  la  fidélité 
due  par  les  sujets  à  leurs  souverains  , 
et  à  combattre  quelques  prétentions 
exagérées  de  la  cour  de  Rome.  Le  22 
juillet  1729,  le  parlement  lendit  un 
arrêt  portant  suppression  d'une  feuil- 
le ,  imprimée  pour  l'olfice  de  Grégoire 
Vil ,  avec  injonction  à  tous  supérieurs 
de  corps  et  communautés  sccidières 
de  tenir  la  main  à  ce  qu'il  n'en  fû!  fait 
aucun  usage.  Le  discours  de  l'avocat 
général  Gilbert  de  Voisins  fut  impri- 
mé avec  l'arrêt.  H  porte  principale- 
ment sur  les  termes  dans  lesquels  la 
légende  de  ce  pontife,  donnée  par  Lie- 


564                 G I L  G I L 

jioît  XIII ,  parle  de  rexcomraunica-  mérite ,  il  repéta  souvent  que  ce  tra- 

tioo  de  l'erapereur  Henri  IV.  «  On  vail  n'avait  e'ie'  pour  lui  qu'un  délas- 

»  savait,  dit  ce  magistrat ,  que  Gré-  sèment  pendant  dix-huit  années.  Il 

»goireVIl,  si  célèbre  par  ses  difTé-  en   composa  un  répertoire  raisonné 

»  rends  avecrrmperenr  Henri  IV,  est  qui  forme  trois  gros  volumes  in-4°., 

»  celui  des  papes  qu'on  a  vu  pousser  eniièrtment  écrits  de  si  main.  Au  mois 

»  le  plus  loin  les  prétentions  ultramon-  de  mai  1740,  le  roi  le  nomma  con- 

»  taines  ;  mais  ou  ne  s'attendait  pas  à  seiller-d'état ,  puis  premier  président 

y»  voir  entrer  dans  son  éloge,  et  celé-  au  grand-conseil  pour  l'année  1744* 

»  brcr  dans  un  office  ecclésiastique.  Ayant  eu  la  douleur  de  survivre  à 

»  l'excès  où  le  conduisirent  des  prin-  son  fils  ,  devenu  président  à  mortier, 

»  cipes    si   dangereux Est-ce  et  mort    en  1754   à   Soissons  ,    où 

»  donc  le  chef-  d'œuvre  de  son  zèle  était  exilée  une  partie  du  parlement  , 

»  d'avoir  entrepris  de  priver  un  roi  il  composa  lui-même  l'épitaphe  de  ce 

y>  de  sa   couronne  et   de    délier  ses  fils  chéri ,  qui  laissait    bien   des  re- 

»  sujets  du  serment  de  fidélité  ?  et  grets  dans  la  magistrature.  En  1757, 

»  pouvons- nous   voir  sans   douleur  M.  Gilbert  fut  nommé  au  conseil  des 

»  qu'on  appuie  sur  un  f;iit,  si  digne  dépêrhes  par  le  roi,  qui  voulait  tou- 

»  d'être  enseveli  dans  l'oubli,  les  titres  jours  avoir  l'avis  d'un  magistrat  aussi 

)>  qu'on  lui  donne  de  défenseur  de  l'É-  éclairé.  Souvent  même  il  fut  chargé 

»  glise,  de  restaurateur  de  sa  liberté,  par  le  gouvernement  de  la  rédaction 

»  de  rempart  de  la  maison  d'Israël?,.,  de  mémoires  particuliers;  et   il   eut 

»  Souffririons-nous  qu'à  la  faveur  de  part   à   presque  tous  les   régleinenls 

»  ce  prétendu  supplément  du  Biéviaire  utiles  qui  ont  paru  de  son  temps.  Ce 

»  romain  ,  on  mît  dans  les  mains  des  n'est  qu'en    1787  que  sou  petit-OIs, 

»  fidèles.....  ce  qui  tend  à  ébranler  les  élevé  par   lui  ,    fit    imprimer   deux 

»  principes  invariables  et  sacrés  de  Mémoires  sur  les  mojens  île  doTi" 

i>  l'attachement  des  sujets  à  leurs  sou-  ner  aux  prolestants  un  état  cii'il  en 

»  verains  ,  et  ce  qui  blesse  les  maxi-  France ,  composes  de  f ordre  du  roi 

»  mes  que  l'on  a  toujours  mniitenues  Louis  XV^  par  M.  Gilbert  de  foi- 

»  dans  ce  royaume  très  chrétien,  avec  sitis  ,   conseiller  d^etat  ^   etc.,  sui- 

»  la  constance  la  plus  invincible?»  Ce  vis  d'nn   Projet  de  déclaration,  il 

fut  en  faveur  de  son  fils  que  M.  Gil-  mourut  le  20  avrd  1769  .  âgé  de  85 

bert  se  démit  de  la  charge  d'avccat  ans.  Son  epitaphe,  eouiposée  par  M. 

général  :  il  profita  de  ses  loisirs  pour  Le  Beau,  et  placée  dans  l'éplisc  de  St. 

entreprendre  le  dépouillement  de  l'im-  Séverin  de  Paris,  retrace  fi^lêlement 

mense    recueil    des    manu-criis    de  et  avec   élégance  ses    vertus  connue 

Brieune.  Une  copie  de  cette  collection  magistr.it  et  comme  homme  privé.— 

})récieuse,  due  aux  soins  d'Antoine  de  Pierre-Paul  Gilbert  de  Voisins  ,  pe- 

Loménie  ,  secrélaire-d'état ,  était  tom-  tit-fds  du  précédent,  tprès  avoir  été, 

bée  entre  ses  mains:   mais   iruuv.int  comme  lui ,  avocat  du  roi  au  Chàlelel , 

avec  raison  que  le  défaut  de  table  la  et  -tvoir  passé  ensuite  de  la  charge  de 

rendait  presque  inutile,  il  brava  la  la-  gn filer  (U  chef  du  parlement  de  Pa- 

ligue  d'un  travail  aussi  fastidieux  (1);  ris  à  celle    de  président  à  mortier, 

et  loin  de  chercher  à  s'en  f.iire  un  fut,  en  novembre  1 795 ,  une  des  vic- 

' ; ; tifucs  du  tribunal  révolutionnaire.  A 

(1)  Kontettc   Rltriluic    ■    l.ancriot  la   table    qui  i     1  -i  i-       i  <                                            «*l 

«tuie  en  a  vol  ia-iui.  k  U  biLii«tko<]ua  du  Aui.  sa  muft ,  la  bibliuthcquc  pccicusc qu  11 


r.  I  r.  r.  i  t.             scî; 

fninit  (los.T  f,imillc,  a  clc  cntitTcmcnt  etc  infcclcc.   iVnl-êtrc   aussi   Gildas 

tlis])pr.sc('.                         Fi — p — E.  avait-il  voulu  se  dcroljcr  aux  troubles 

(lU.in^^lVr  DiisMOLIÈBES.  f^oy.  qui  désolaient  ce  pays.  Quoi  rju'il  en 

CiinuT.  soif,   il  mit  son  voyage  à    profil,   et 

CilI.liURlST  (  Ebenézer),  inëde-  en  revint  avec  d«s  connaissances  fort 
cin  ,  ne,  en  1707,  à  Dunifries,  en  c'fendues  dans  les  sciences  que  Toa 
I^cossi",  où  il  mourut  en  1774  ,  n'est  cultivait  alors,  et  avec  ujie ample  pro- 
coniui  que  par  l'ouvrage  suiv.uit  :  The  vision  de  bons  livres.  Le  désir  de  me- 
use  ofseavo}' âges  in  medicine,]  jon-  ner  une  vie  plus  parfaite,  et  de  se 
(1res  ,  17^9,  in-8'.  ;  ce  traite,  dont  il  livrer  en  liberté  à  la  contemplation,  le 
y  a  eu  plusieurs  c'ditions  ,  a  été  tra-  porta  à  se  retirer  dans  la  solitude.  Les 
*luiten  français,  par  Bourru,  doc-  uns  disent  qu'il  suivit  S. Cadoc,abbc  de 
teiir  régent  de  la  faculté  de  médecine  Llancarvan,  dans  des  îlesdésertes(i); 
de  Paris,  sous  le  ihre  iV  Utilité  des  d'autres,  qu'il  choisit  un  lieu  sau- 
vojages  sur  mer ,  etc. ,  Londres  ,  vagc ,  oii  il  put  tenir  ses  vertus  ca- 
3770,  in-S".  Cette  production  ,  extrê-  chées  :  mais  le  bruit  de  sa  sainteté  se 
mcmcnt  faible  sous  tous  les  rapports,  répandit  bientôt  dans  tout  le  voisi- 
a  pour  but  de  fixer  rattention  des  mé-  nage ,  et  l'on  accourait  en  foule  pour 
dccins  sur  les  avantages  de  la  naviga-  être  témoin  d'une  vie  si  pénitente,  et 
tien  dans  le  traitement  de  la  consomp-  pour  l'entendre  parler  des  choses  du 
tion  et  de  plusieurs  autres  maladies  ciel.  Les  historiens  du  temps  lui  attri- 
chroniques  et  nerveuses.  L'auteur  y  buent  l'esprit  prophétique.  Il  avait 
rapporte  un  assez  grand  nombre  de  composé  beaucoup  d'ouvrages,  dont 
gucrisons  qu'il  dit  avoir  opérées  par  quelques-uns,  dit-on,  existent  encore 
le  seul  moyen  des  voyages  maritimes,  dans  h  bibliolhèque  publique  de  Can- 
Toulefois  ses  observations  sont  trop  torbery.  Les  principaux  sont  :  I.  Une 
inexictes  et  trop  incomplètes  pour  concordance  des  Evangiles.  II.  Les 
établir,  sur  des  preuves  invincibles.  Actes  de  St.  Germain  et  de  St.  Loup, 
l'efficacité  de  ce  moyen  ,  très  en  usage  C'est  vraisemblablement  la  relation  de 
chez  les  anciens ,  et  beaucoup  trop  l'apostolat  de  ces  deux  saints  en  An- 
négligé  parmi  nous.  L'auteur  a  coa-  gleterre.  (^'^o/.  Germain  d'Auxerre.) 
signé,  dans  un  Appendix ,  des  con-  III.  Traité  des  premiers  habitants 
sidéraiions  pratiques  importantes  sur  de  la  Grande-Bretagne.  IV.  His' 
l'emploi  des  bains  dans  les  fièvres  toire  des  Bretons.  V.  Des  Prédictions 
graves,                                Gii — t.  en  vers ,  qu'on  dit  s'être  vérifiées.  VI. 

GILDAS  (St.),  surnommé  VAl-  Deux  Commentaires  y  aussi  en  vers  , 

hanien  ou  ï Ecossais,  et  que  Mathieu  sur  levi".  livredes  Décrétales.  St.  Gil- 

de  Westminster  appelle  aussi  l'/Zw-  das  l'Albanien  mourut  le  29  janvier  de 

torien,  était  issu  du  sang  royal  d'An-  l'an  5 12.                                L — y. 

j^letcrre,  et  avait  été  disciple  de  St.  GILDAS  (S.),  surnommé  le   Ba- 

Patrice.   Il  fit  ses  premières  éludes  donique  (2)  ,  abbé  et  fondateur  du 

dans  sa  patrie,  puis  passa  dans  les 

Gaules,  où  les  saintes  lettres  étaient  (r)  u paraît  quici s.  c.Mas  i'^/6a,„>n est pru 

enseijinées  par  des  maîtres  habiles,  et  ITl,^'  ^^ï^^'n  '\^  ^''"''  '"  i^""*™'"  était  mon 

,     ,    ".           !            .      •         I                         '-^,  VI.  en  j  ta,  et  h.  Cadoc  vivait  encore  en  571  ,  58  ans 

OU   la  doClritie    était  plus    pure,   lAn-  aP"-"    Ilest  (lifHc.k.mecehu-ci  aittté  le  maître 

glelerre  n'etatit  p.s  encore  tonl-à-lait  ^XT,  .T.'u  i';rŒr:r£B..«„ 

purgée  d,.  i,él3gia>.ismedonlcllc  avait  'p3r»:;;S«riul,ri&,"S::;:'' 


566                 Gif.  G 1 L 

monastère  de  Rhuis ,  eut  pour  père  un  mourut  dans  l'île  d'Houal,  en  S-jo  se* 
seigneur  breton.  L.i  conformité'  de  Ion  Ussérius,  et  selon  d'autres  en  58 1. 
ïiom ,  presque  de  temps  (  i  ),  d'études,  II  y  a  une  Vie  de  S.  Gildas  écrite  au 
et  de  sainlele'  avec  le  précédent,  ont  xi".  siècle  par  un  religieux  deRhuis, 
i:[\\.  confondre  ces  deux  personnages  ,  sur  des  pièces  tirées  des  archives  de 
attribuer  à  l'un  des  circonstances  qui  l'abbaye  :  les  dv  ux  Gildas  y  sont  sou- 
Ti*app.irlicnnent  qu'à  l'autre,  et  ont  ré-  vent  confondus.  Cette  Vie  se  trouve 
pnnciu  sur  leur  histoire  réciproque  une  dans  les  Bollandistes.  Dora  Mabillou 
obscurité  difficile  à  dissiper.  Il  paraît  en  a  donné  une  édition  plus  correcte 
qu'on  doit  placer  la  naissance  de  S.  dans  ses  ^cta  SS,  ordinis  sancti 
Gildas  le  Badonique  à  Tan  494  (^)  >  Benedicti  ;  elle  se  trouve  aussi  dans 
quoique  Morérila  rcculejusqn'en  5io.  les  P'ies  des  SS.  de  Bretagne,  par  D. 
Gildas  de  Rhuis  fut  mis  dès  sa  pre-  Lobincau.  Voyez  aussi  l'^/sioiVe  de  ce 
niière  jeunesse  sous  la  discipline  de  pays  par  le  même,  et  les  Mémoires  de 
S.  lltut,  fl  élevé  dans  le  monastère  D.  Morice.  S.  Gildas  est  patron  de  la 
de  ce  savant  et  saint  abbé.  Il  s'y  forma  ville  de  Vannes,  et  le  martyrologe  en 
à  la  piété  et  à  Tamour  de  l'élude.  On  fait  mention  le  29  janvier.  —  Gil- 
dit  qu'il  y  reçut  l'odre  de  prêtrise,  das  ,  surnommé  le  Sage  ,  souvent 
et  qu'il  passa  ensuite  dans  la  parlie  confondu  avec  les  précédents ,  naquit 
septentrionale  de  l'Angleterre,  où  il  dans  le  pays  de  Galles  en  49^  selon 
convertit  des  païens  et  des  héréti-  quelques  auteurs,  ou  selon  Lelanden 
ques.  La  dévotion  lui  fit  entreprendre  5 11.  Ce  dernier  ajoute  qu'il  se  re- 
Ic  voyage  de  Rome  et  de  Uavenne  tira  dans  une  île  déserte  nommée 
pour  y  visiter  le  tombeau  des  saints  Hulms ,  située  dans  le  canal  de  Bris- 
Apofres  et  celui  de  S.  Apollinaire,  toi  ,  mais  qu'obligé  de  l'abandonner 
Knfin  il  vint  fixer  son  séjour  dans  à  cause  des  fréquentes  incursions  des 
l'Armorique,  ou  j^etite  Bretagne ,  aux  ])irates ,  il  vint  dans  l'abbaye  de  Glas- 
environs  de  Vannes,  et  y  construisit  tonbury  ,  où  il  passa  le  reste  de  ses 
le  monastère  de  Rhuis  ,  qui  a  sub-  jours.  On  le  regarde  comme  le  plus 
sisté  jusqu'à  ces  derniers  temps.  Après  ancien  écrivain  de  la  Grande  -  Breta- 
y  avoir  réuni  un  nombre  suffisant  de  gne  dont  il  nous  soit  resté  quelque 
religieux,  et  établi  une  bonne  disci-  chose.  11  est  auteur  d'une  Lettre  sur 
pliue,  il  se  retira  de  l'autre  coté  du  la  ruine  de  la  Grande  Bretagne,  De 
golfe  dans  une  grotte  solitaire,  pour  cxcidio  Britanniœ ,  publiée  à  Lon- 
s'y  livrer  avec  plus  de  liberté  à  la  dres(  i  5'25,  in-8".},elpar  lessoins  de 
prière  et  aux  exercices  d'une  vie  pé-  Polydore  -  Virgile  ,  Baie,  i54i  »  »"- 
nitrnte.Ciia  lie  l'empêchait  pas  de  vi-  S**.  ;  elle  est  aussi  insérée  dans  la 
siler  (juciqucfois  le  monastère  pour  Bibliothèque  des  Pères,  et  au  tome  m 
y  entretenir  l.(  ferveur,  et  de  donner  i\QS  Beriim  Anglicanim  scriptores 
ses  soins  à  la  direction  drs  personnes  veteres ,  de  Gale,  1687,  in-fol.  :  on 
pieuses  qui  avaient  recours  à  lui.  Il  eu  connaît  une  traduilion  anglaise, 
. liOndres,    iG^S,  iu-rji.  Cette  lettre 

{t]C.i\,\atVytlh,inieiin'étaulmnTlt]urnSii  ,  et  CSl  tliviséc    CU    (IcUX    l)arlit'S.    D.IUS    la 

fithla»  /{ail'tntaite  fiant  ti(*  m    4»»-»  »    ''»   l>«"ViMit  -,                    /■>•!   l                                I 

rircr.K.r.i.,..;,„mec..ntrm,,..r,.i,...  prcmicrc  ,     Gildas     rcpiochc     aux 

(,)  Hf.i-  j.u.r  u  vMinirr  ,r.n,.orifr  ...r  If.  princcs  ct  ûux   crauds  leurs  désor- 

Saviiiif    lu  mont   n>iilon    la  c|ii.iraii tr-(|u  ilriciiir  an-  I                                                 o                   •    •          i         iii   • 

nér  H|.r.:%  î'iiivnitoii  lie  cr.  peiiiiiri.  u.iupUr  .-lit  (Ircs ,    cl  donuc   uu    piécis  dc   1  lus- 

li  cil  cil  'i  >'•''■'  viotnirr  dfï  Hrrloiu  cl  l«  naMiance  ,     •           ^        t       /■<            11».                 J 

.icS.  i/iidn //«,/..-<.7/i.  daicuidocciirvji.  loirc  de  Kl  OriUKlc -  Brclaguc  depuis 


Vinvaslon  dc^  Romains  jusqu'à  son 
ti'iiips.  D.jns  1.1  (Uuixicrae  ,  iiililnluc 
CuMi'riiio  clcri,  il  se  plaint  du  rc- 
làdunionl  cl  lies  vices  du  clcrj^c,  et 
ii'iu'site  point  à  aflribuer  a  une  juste 
punition  de  Dieu  tons  les  maux  cau- 
ses pai-  l'invasion  des  barbares.  II. 
On  a  encore  de  Gildas  des  Canons 
et  des  Rée,Ienients  de  discipline  à 
l'maqe  de  l'Irlande,  recueillis  par 
do/n  Luc  d'Aclicry,  tome  ix  de  son 
Spicilége. —  Un  troisième  Gildas, 
nussi  Anglais,  et  de  l'ordre  de  S.  Be- 
noît, ilorissait  vers  Tan  8Go,  et  avait 
compose  plusieurs  ouvrages  histori- 
ques, dont  la  perte  serait  à  regretter 
s'il  ne  les  avait  pas  remplis  de  fa- 
bles ,  ut  si  ahfuisset  illa  prodigiosa 
fin^endi  ieineritas  ,  imb  mentiendi 
libido  ,  laudem  nullis  unquàm  sœcu- 
lis  obscur andam  ohtinuis set  f  dit  Pils, 
n".  129.  L — Y. 

G  l  L  D  0  N  ,   rebelle  ,    gouver- 
neur d'AtViquc  sous   le  règne   d'Ar- 
cadius  et  d'Honorius ,    était  frère  de 
Firmus  ,  qui  suscita   la  guerre  dans 
ce    pays   en  375.  Le  comte  Thco- 
dose  ,  qui  y  commandait  à  cette  e'po- 
que,  satisfait  de  la  conduite  de  Gil- 
dou  ,  le  nomma  gouverneur  de  plu- 
sieurs provinces;  Gildon  s'y  conduisit 
en  sujet  fidèle  jusqu'au  temps  de  la 
rébellion   d'Eugène,  contre  lequel  il 
refusa  d'envoyer  ses  troupes.  Cepen- 
dant, après  la  défaite  de  l'usurpateur , 
il  se  soumit  de  nouveau ,  et  reconnut 
l'autorité  d'Honorius ,  à   qui   Theo- 
dose  avait   laisse    l'Afrique   en    par- 
tage. Mais  bientôt  s'abandonnant  sans 
réserve  à   toutes    les    passions   qu'il 
îavait  su    dissimuler  jusqu'rà  ce   jour, 
ambitieux,  avare,  cruel  et  dcbauc*Aié, 
al  songea  à  se  faire  un  appui  de  l'eu- 
inuque  Ealrope  qui  gouvernait  la  cour 
4'Orient,  et  dont  il  préferait  la  hon- 
teuse faveur  au  gouvernement  de  Sti- 
ikon  ,   tuteur  d'flonorius  :.  il  fit  re- 


('.  1  L 


SOt 


connaître  Tauloritc  d'Arcade  en  Afri- 
que; mais  les  Afritains  et  les  soldais 
(l('s  ivouèrent  sa  ronduitc  auprès  d'Ho- 
norius :  celui  -  ri  le  Ira  iiiisil   devant 
le  sénat  de  Rome,  et  on   conclut  à 
dédarer  la  gucire  .lu  rebelle  et  à  pu- 
nir sa  trahison.  Cependant  les  moyens 
mnnqniieul,  lorsque  la   violence   de 
Gildon  fournil  des  armes  contre  lui  ; 
il  voulut  entraîner  sou  frère  Ma7.as- 
cel  dans  sa  révolte,  et  sur  son  refus 
il  attenta  à  s^  vie,  et  fit  massacrer 
ses  deux  fils.  Mazascel  s'enfuit  en  Ita- 
lie, où   il   fut  jugé  propre  à   servir 
l'Etat  en  satisfaisant  ses  propres  res- 
sentiments; il  s'embarqua  à  Pise  avec 
une  armée  de  six  mille  hommes,  dé- 
b  irqua  en  Nuruidie ,  et  marcha  droit 
contre  Gildon ,  qui  l'attendait   à   la 
tête  de  soixante  -  dix  mille  hommes. 
A  la  vue  de  ces  forces  redoutables , 
Mazascel  se  repentit  de  s'être  avancé; 
enfin  rassuré,  disent  les  histoiiens, 
par  une  vision  miraculeuse ,  il  s'ap- 
procha de   ses  ennemis,  parla  avec 
douceur  aux  premier-)  qu'il  rencontra  : 
reconnu  par  plusieurs  officiers  qui  le 
chérissaient,  il  en  est  insensiblement 
entouré;  bientôt  toute  l'armée  de  Gil- 
don l'abandonne,  et   passe  sous  les 
ordres  de  son  frère.  Dans  cette  dé- 
tresse ,  i'usrtrpatcur  gagna  la  côte ,  et 
se  jeta  sur  nn  vaisseau  :  une  tempête 
le  força  de  revenir  au  port  de  Ta- 
braca,  près  d'Hippone,  oii  il  fut  pris, 
accablé  d'oulrage^  et  jeté  dans  un  ca- 
chot. Tandis  qu'on  attendait  les  or- 
dres de  l'empereur  pour  décider  de 
son  sort,  il    prévint   son   arrêt,    et 
s'étrangla  lui-même  eu  398- Le  triom- 
phe de  Mazascel  fut  de  courte  durée: 
soit  que  ce  succès  excitât  la  jalousie 
de  Stilicon,  soit  que  celui-ci  doutât  de 
la  fidélité  de  Mazascel,  il  le  fit  sur- 
prendre sur  un  pont  près   de  Milan 
et  jeter  dans  l'eau  la  même  année. 

JL— S— B. 


568                 G I L  Xj  I L 

GILDON  ( Charles  )/éeiivaiii  au-  ciitiquessur  un  chef-d'œuvre ,  la  Bou- 

£;lais,iiceu  i665  à  GHJIiiigham  près  de  de  chei^eux  enleiféCy  de  Pope, 

de  Shaftesbury,  dans  le  comlë  de  Dor-  qui  eu  retour  l'accola  au  critique  Dea- 

.sel,  de  parents  catholiques  romains  ,  nisdans  la  Dunciide. C'est  néanmoins 

fut  envoyé  faire  ses  études  au  collège  comme  ci  iliquc   que   Gildon    paraît 

des  Anglais,  à  Douai.  Sa   famille  le  avoir  montré  le  plus  d'habileté^  celte 

destinait  à  la  carrière  ecclé.siastique,  opinion  est  confirmée  par  ce  qu'on  rap- 

q'.ù  n'était  pas  sa  vocation.  De  retour  porte  que  Pope  était  persuidéqu'Addi- 

daiis  sa  patrie  et  devenu  son  maître  ,  son  remployait  à  écrire  contre  lui.  On 

il  commença  par  venir  dissiper  à  Lon-  aaussideGiidon  une  vie  de  Betterlon, 

dres  la  plus  grande  partie  de  son  bien,  1 7 1  o,  une  Grammaire  anglaise,  et  un 

qui  yiitait  considérable.  Il  épousa  à  'i5  Traité  intitulé  l'^rt  poétique  com* 

ans  nne  femme  sans  fortune  ,  dont  il  plet ,  1718,  2  \'^.  in  8  .,  elles  Lois 

€HJt  plusieurs  enfants;  et,  réduit  bien-  de  la  poésie  y  leÀes  qu'elles  sont  éta- 

lôl  à  l'indigence,  i!  se  fit  auteur  par  né-  blies  par  le  duc  de  Buckingham  dans 

cessitc.  Il  n'a  écrit  qu'en  anglais  :  sou  son  Essai  sur  la  poésie,  par  le  comte 

premier  essai  fut  un  recueil  de  5 00  de   Roscoramon  dans  son  Essai  sur 

lettres,  sous  le  titre  de  Postillon  de-  les  traductions  en  vers,  et  par  le  lord 

i/rt/ise,  Londres,  1692.  Il  donna  en-  Lansdowu  sur  les  écarts  en  poésie, 

suite  quelques  traductions,  et  publia  éclaircies  et  expliquées,  1721,  in-8°. 

en  i6c)3  un  ouvrage  impie  de  Charles  ]l  mo-arut  le  1 2  juin  1  72^  ,  de  sa  mort 

Blount,  les   Oracles  de  la  raison,  naturelle,  quoique  dans  sa  notice  sur 

auquel  il  ajouta  une  notice  sur  la  vie  Charles  Blount,  3i  ans  auparavant, 

de  l'auteur,  contenant  uric  pompeuse  il  eût  déclaré  qu'il    terminerait  ses 

apologie  du  suicide,  i695,in- 12.  Après  jours  comme  lui.                  X — s. 

avoir  passé  ainsi  de  la  doctrine  catlio-  GILEMME  (Yves(i),   se  disant 

lique  à  l'incréduliié,  il  revint  au  déis-  magicien  ,  vivait  sous  le  roi  de  Fran- 

mc,  comme  à  un  terme  moyen.  Son  ce  Cliailes  VI;  il  s'était  associe  une 

Manuel  du  déiste ,  ou  Examen  ra-  fille  nommée  Marie  de  Blansi,  Per- 

tionel    de    la  religion  chrétienne  ,  rin  lleniery ,  serrurier,  et  Guillaume 

avec  des  observations  sur  f/ohhes,  Elorct,  clerc,  et  leur  faisait  prendre 

Spinosa ,  les  Oracles  de  la  raison  ,  part  à  ses  sortilèges,  ou  plutôt  à  ses 

etc.,  publié  en  1  705  ,  est  le  meilleur  impostures.  Il   prétendiit  cnlretenir 

de  ses  ouvrages  ,   s'il  faut  en   croire  commerce   avec  les    esprits  ,  et  di- 

^Jc\nud{  f^ies  des  écrivains  déistes  y  sait    qu'il  avait  à    ses   ordres  trois 

lom.  I ,  pag.  43  ).  Gildun  a  donné  au  diables  qui  exécutaient  tout  ce  qu'il 

ihcàlre  quelques  tragédies  écrites  d'un  leur  comm mdail.  Il  ofbit  de  guérir  , 

ktyle  emphatKjue  ,  et  des  comédies  par  des  paroles  magiques,  le  roi ,  qui 

qui  furent  reçues  froidement.  C'était  alors  était  en  demi  nce  :  «  Il  fut  déU- 

iin   homme   d'une   vaste  liltérature,  béré,  dit  Juvénal  de?  Ursins,  qu'où 

mais  d'un  esprit  médiocre,  qui  s'es-  essayerait  et  souffrirait  leurs  invoca- 

.saya  dans  presque  tous  les  genres  d'é-  lions;   ils   demandèrent  qu'on    leur 

crire,  et  n'eut  d'éclat  dans  auiuii;  ce  b.iillàl  douze  hommes   enchaînés  de 

(jui  ne  l'empêchait  pas  de  montrer  un  fer  ;  »  voulant  sans  doute  donner  une 

goût  extrêmement  sévère  h  l'égard  i\c>i      — 

ouvrages  de  ses  contemporains.  C'est  (•)  Oimlrei   Ir   nomment   ncrre.   Juviinal   dei 

ainsi  qu  il  seperQul(  171/1;  quelques  j,„.             '     *^             *^       ' 


GIL 

pvoino  (le  liiir  pouvoir,  en  faisant 
totnhfi  Inirs  ch.iîtirs  :  intis  «  rien  ne 
liretil,  ))  (lit  le  nicinc  liistoiictj.  Ils  al- 
lo^uèrcnl  pour  s'ex'iiscr  (juo  les  dou- 
ze hommes  .iv.iienl  fait  le  si^ne  de  la 
croix  ,  ee  qui  avait  empcehc  l'elïM  du 
charme.  L'un  d'eux,  inierrojije  par  le 
pie'vôl  de  Paris,  convint  de  la  fonrlie- 
ric  ;  ce  uiajjislrat  les  fit  saisir,  el  «  le 
'i!\.  jour  de  mars  1 4o5  ils  furent  pu- 
l)li(|uement  presches  et  les  punitions 
faites  suivant  le  cas,  e,'est-à-dn*c  ards  tt 
brûlés.  »  Ce  ne  fut  p  is  du  moins  pour 
être  sorciers;  car  ils  avaient  prouve', 
à  n'en  pouvoir  douter,  qu'il  s'en  fallait 
be.uicoiip  qu'ils  le  fussent.      L — y. 

GlLlANKZ  ,  ou  plus  correctement 
Gilles  Anes  y  navip;afeur  portugais  , 
était  de  Lagos.  Homme  de  sens  et  de 
conr.;ç;e,  il  fut  un  de  ceux  qui  servirent 
le  mieux  les  desseins  de  l'infant  dom 
Henri  de  Portugal ,  occujié  de  pousser 
les  découvertes  le  long  de  la  côte  d'A- 
frique. En  1435  il  essaya  de  doubler 
le  cap  Bojador  ,  que  l'on  regardait 
alors  comme  rextrcmitë  du  monde. 
Une  première  tentative  ne  fut  pas  heu- 
reuse ,  quoiqu'Anès  eût  garanti  au 
prince  le  succès  de  l'tntreprise.  Ecarté 
de  sa  route  par  la  tempête,  el  jeté  sur 
l'une  des  Canaries  ,  Anes  s*empara  , 
par  force,  de  quelques  naturels  qu'il 
amena  en  Portugal.  Henri,  indigné  de 
cette  violence  ,  le  reçut  avec  tant  de 
froideur,  que  ,  pour  réparer  sa  faute, 
ce  navigateur  jura  de  périr  ou  de  réus- 
sir :  il  repartit  la  même  année.  Cette 
fois  le  succès  couronna  ses  eflbrls,  et 
inspira  une  nouvelle  ardeur  au  prince 
et  aux  Portugais.  lAinnée  suivante, 
Anes  s'avança  quatre-vingt-dix  mil- 
les plus  loiu  que  le  cap  Bojador.  Il 
fit  un  troisième  voyage  en  i455,  et 
.  alla  jusqu'au  21'.  degré  de  latitude: 
le  manque  de  provisions  le  força  de 
retourner  à  Lagos.  Dans  ces  deux 
voyages,  les  Portugais  avaient  pour- 

iVH. 


G  I  L  5(3r) 

suivi  les  Maures  sans  on  saisir  un 
seu' ,  et  a\  lient  donne  h  utj  lieu  le 
nom  iV //ngia  dns  cavallos  ,  parce 
qy'ils  y  avaieul  débarqué  d<s  che- 
vaux, et  à  un  autre  c;  lui  cl'//  '^ra  dos 
ruivas  ^  à  cause  de  l.i  grand(  (pi  inlit<î 
de  phoques  qu'ils  y  tuèrent ,  el  dont 
ils  rapportèrent  les  peaux ,  qoi  devin- 
rent un  objet  de  eorumeice  et  encou- 
ragèrent à  tenter  d'autres  entreprises. 
Anes,  api  es  être  resté  p'usieurs  an- 
nées a  Lagos  sans  reprendre  la  mer  , 
fut  en  1445  nn  des  négociants  de  cette 
ville  qui  se  formèrent  en  comrjagnie 
pour  équiper  six  caravelles,  destinées 
à  trafiquer  le  long  des  côtes  d'Afrique 
nouvellement  découvertes.  Cette  ex- 
pédition fut  command<'epar  Lançarot. 
Anes  fit  un  nouveau  voyage  en  14^6, 
et  fut  chargé  l'année  suivante  ,  par 
l'infuît ,  d'aller  à  Gomera,  l'une  des 
Canaries  ,  remettre  des  prisonniers 
qui  en  avaient  e'té  enlevés  (ontre  la 
foi  des  traités.  H  relâcha  au  cap  Verd, 
où  les  nègres  lui  tuèrent  cinq  hom- 
mes :  il  s'en  vengea  sur  les  Maures  à 
Ârguin,  oîi  il  fil  escl.iVes  (juaiante- 
liuit  habitants.  En  repassant  par  l'île 
de  Palma  ,  il  voidut  prendre  deux 
femiî'es  à  son  bord  :  assailli  par  les 
naturels  ,  il  eût  péri  si  Diego  Gonza- 
lès,  un  de  ses  officiers,  ne  l'eût  sau- 
vé par  des  prodiges  de  valeur.  Anes 
retourna  ensuite  à  Lagos,  où  la  dignité 
d'amiral  que  lui  avait  conféiée  le  prin- 
ce, lui  donna  occasion  de  contribuer 
aux  progrès  ultérieursBes  découvertes. 

E— s. 
GILIBERT  (Jean-Émanuel), 
célèbre  médecin  et  naturaliste  fran- 
çais, naquit  à  Lyon,  le '2  1  juin  1741» 
Destiné  par  ses  parents  à  l'état  ec- 
clésiastique ,  il  éprouva  autant  d'aver- 
sion pour  les  lucubrations  de  la  théo- 
logie que  d'attrait  pour  les  sciences 
exactes.  Charmé  des  démonstrations 
anatomiques ,  par  lesquelles  on  1er- 

24 


5*70  G I L  G I L 

minait  communément  le  cours  de  pti-  du  bon  roi  Stanislas,   qui  lui  avait 

losonhie  dans  les  grands  collèges  de  constamment  témoigne'  une  bienveil- 

Fraiice,  il  sentit  pour  Tart  médical  un  lance  particulière.  Le  retour  de  Gili- 

coiit,  qui  bientôt  devint  une  passion  ;  bert  à  Lyon  fut   une  véritable   fête 

et  il  alû,  en  1760,  l'étudier  a  Mont-  pour  lui,  et  pour  ses  compatriotes, 

pcllier.  Apres  deux  ans  de  séjour  dans  qui  s'empressèrent  de  lui  donner  des 

celte  ville  savante,  il  défendit,  sous  les  preuves  multipliées  d'estime,  de  con- 

auspices  de  Charles  Leroy,  une  thèse  fiance  et  d'amitié.  Il  fut  élu  médecin 

Sur  la  puissance  de  la  nature  pour  la  de  l'hôtel  -dieu ,  médecin  en  chef  des 

^Memo/irfe^ma/a^/e^. Reçu  docteur,  épidémies,  professeur  au  collège  de 

il  revit  sa  patrie,  et  choisit,   pour  médecine,  membre  de  l'académie ,  et 

exercer  sa  profession,  le  petit  village  de  la  société  d'agriculture.  Le  bonheur 

de  Chazay,où  il  trouvait  les  moyens  dont   il  jouissait,  fut  troublé  par  les 

d'appliquer  utilement  les  grandes  con-  orages  politiques.  Nommé  ,  au  com- 

naissances  qu'il  possédait  en  histoire  mencemcnt  de  l'année  1795,  maire 

naturelle  ,  et  surtout  en  botanique.  Le  de  Lyon  ,  il  se  conduisit  en  magistrat 

ministre  de  Portugal  et  celui  de  Po-  vertueux  et  éclairé.  Ces  qualités  étaient 

Io<^ ne  demandèrent  en  même  temps  à  fréquemment    alors    des    titres    de 

l'immortel  Haller  un  sujet  capable  de  proscription  :  Giîibert  fut   précipité 

fonder  une  ccoie  de  médecine.  Gili-  dans  un  cachot.  Rendu  à  la  liberté, 

bert  fut  propose';  il  opta  pour  la  Po-  il  n'en  goûta  pas  long-temps  les  char- 

logne,  et  partit  en  1  775.  Il  signalason  mes.  La  commission  départementale 

arrivée  à  Grodno  par  l'établissement  le  choisit  pour  la  présider  pendant 

d'un  beau  jardin  botanique ,  et  par  des  le  mémorable  siège  de  Lyon.  Ne  vou- 

Irçons  de  médecine  clinique  qui  attiré-  lant  pas  survivre  à  la  ruine  de  son 

rent  un  nombreux  concours  d'élèves,  pays,  il  brûla  deux  amorces  sur  Sti 

Giîibert  suivit  l'université  lorsqu'elle  ])oitrine  sans  pouvoir  se  tuer.  Oblige 

fut  transférée   à  Wilna  ,  et  remplit  de  fuir,  séparé  des  siens  ,  manquant 

honorablement  les  chaires  d'histoire  de  tout,  il  erra  d'asile  en  asile,  dor- 

naturellc  et  de  matière  médicale.  L'a-  mant  contre  une  borne  lorsque  le 
prelc  du  climat  lithuanien  et  le  zèle  sommeil  le  forçait  de  s'arrêter ,  cher- 
infatigable  du  professeur  avaient  fré-  chant  quelquefois  un  gîte  plus  sûr 
quemmcnt  altéré  sa  santé  depuis  neuf  dans  l'épaisseur  des  forêts,  réduit, 
années.  Une  fièvre  calarrhale  adyna-  pour  éviter  les  grandes  routes  ,  à  Ira- 
mique  le  conduisit  aux  portes  du  tom-  verser  au  mois  de  décembre  des  ri- 
beau.  A  [)eine  convalescent ,  il  eut  à  vicrcs  glacées.  Après  ilix-huit  mois 
soutenir  \n\v.  cruelle  épreuve  :  un  mi-  d'exil  etde  persécutions,  il  rentra  dans 
iiistre  tombé  dans  la  disgrâce  par  l'é-  sa  chère  patrie,  honoré  pour  son  dc- 
clat  et  le  scandale  de  ses  prévarica-  vouement  courageux  ,  et  recherche 
lions ,  lui  imputa  sa  chute,  et  lui  sus-  pour  ses  rares  t  dents.  La  chaire  d'his- 
cita  une  foule  d'ennemis  dangereux,  toirc  naluiclle  à  l'éco'e  centrale  lui 
Tant  de  contrariétés  accablèrent  son  fut  décernée;  et  certes  personne  n'é- 
coura'^e,  et  lui  firent  détester  le  ciel  lait  plus  digne  de  l'occuper.  Pendant 
i\v  la  Pologne.  Il  sollicita  sa  retraite  ;  le  cours  de  l'.umée  it)«o,  il  fut  lour- 
cl,  malgré  la  rigueur  des  frimas,  il  >e  menlé  par  des  accès  d'une  goutte  ir- 
mii  en  route  au  mois  de  lévrier  I  7C<">,  régulière,  cl  par  de  vives  douleurs 
vivement  regretté  de  ses  disciples,  et     ([wi  annonç-icut    inJubilnblcment  la 


prcscncc  (le  c.ikuls  dans  la  vessie. 
Qnalnaum'csdc  .soiifTiviiiccs  presque 
ronîiuucllf  s  ne  |iinTi)l  .iij;rir  som  ci- 
r.irtiic,  ni  I  issrr  .sa  p.iticiire.  Enfin  , 
il  sur.romba  le  2  septembre  1814, 
hissant  un  fils  qui  marche  sur  ses 
traces,  et  fies  ouvrages  oslimcs  ;  T. 
Les  chcfs-iV œuvra  de  M.  de  Sau- 


vages 


ou  Recueil  des  disscrtatious 


de  cet  auteur  qui  ont  remporté  le 
prix  dans  différentes  académies  , 
corrigés,  traduits  ou  commentés  par 
M.  J.  E.  G. ,  I.yon  ,  1770,  deux  vol. 
m-\'X.  Un  Mémoire  de  réciiteur  sur 
Icsalaitcmcnts  merceaaires ,  considc'- 
rcs  comme  une  cause  de  la  dépopula- 
tion des  États,  termine  cet  utile  re- 
cueil. If.  V anarchie  médicinale^  ou 
la  médecine  considérée  comme  nui- 
sible à  la  société^  Neuchatcl,  i  77'2, 
trois  vol.  in- 12.  C'est  à  cette  produc- 
tion ,  composée  dans  sa  charmante 
solitude  de  Chazay,  rpie  Giiibert  dut 
le  précieux  avantage  d'être  distingué 
par  le  grmd  Haller,  qui  cite  lionora- 
biement  le  médecin-philosophe  lyon- 
nais, dans  ses  Bibliothèques  anatomi- 
quc  et  chirurgicale  :  u  L'auteur,  dit- 
il,  présente  im  tableau  fidèle  et  ani- 
mé de  tous  les  abus  qui  déshonorent 
Vdfi  de  guérir  ;  il  peint  des  plus  vi- 
ves couleurs  l'ignorance  ,  le  mono- 
pole, le  charlatanisme  et  la  mauvaise 
foi  des  pharmaciens  ,  des  chirurgiens 
€t  des  médecins  eux  -  mêmes.  »  Les 
réformes  qu'il  indique ,  les  amélio- 
rations qu'il  propose ,  révèlent  un 
esprit  judicieux.  Il  a  publié  de  nou- 
veaux développements  <à  ses  premiè- 
res idées  d  uis  une  lettre  adressée  , 
en  \yyi ,  à  Tissol,  de  Lausanne,  et 
insérée  dans  riivers  journaxu.  Il  T. 
Flora  lithuanica  y  Grodno  ,  i78f  , 
deox  vol.  in-i  2.  IV.  Indagatores  na- 
tnrœ  in  Lithuanid,  Wiitia ,  1  781 ,  in- 
8*.  \' .  Exercilium  botanicuni  in 
schold  principe  universilatis  P^ilnen- 


GIL  571 

5i5  ^crrtr/f/m  ,  "W  il  na  ,  1782,  in- 12» 
P« Tsonne  n'a  réj)an(lu  plus  de  lumière 
que  Gilibf  ri  sui-  riiisloirc  nalurelio 
de  la  Pologiu'  :  il  a  fait  connaître  quel- 
ques minéraux  ,  plusieurs  animaux 
et  une  immense  quantité  de  pi  lUtes  , 
(jui  jusqu'alors  avaient  été  mal  obser- 
vés, ou  ne  l'avaient  ])as  été  du  tout. 
YL  Prœlectiones  Antonii  de  Jlaen, 
Lyon,  1784,  d(ux  vo'.  in-^".  Ces  le- 
çons du  professeur  de  Vienne  sont 
enrichies,  p.ir  l'éditeur,  d'une  préface^ 
et  d'une  table  analytique  qui  sert  de 
commentaire  au  texte.  VIL  Caroli 
Linnœiy  botanicorum  principis ,  Sys- 
tema  plantarum  Europœ  ,  Lyon  , 
1785,  4  vol.  in-8  .  Vlll.  Caroli  Lin- 
nœi  Fundamentorum  botanicorum. 
pars  prima ,  Lyon  ,  i  786,  deux  vol, 
in-8".  On  préfère  h  ces  fragments  ,  à 
cts  choixy  toujours  un  peu  arbitraires, 
les  œuvres  originales,  pures  et  com- 
plètes du  savant  naturaliste  suédois» 

IX.  Abrégé  du  Sjstème  de  la  natu- 
re de  Linné  y  Lyon,  1802,  in-8*^- 
Ce  premier  volume,  composé  de  700 
pages  ,  ne  renferme  que  les  mammi- 
fères. Giiibert  ne  se  borne  point  au 
rôle  d'abréviateur  ;  il  s'attache  priur 
cipalement  à  décrire  les  formes  ,  l'or- 
ganisation ,  les  mœurs  des  animaux 
dont  i'homrae  retire  une  utilité  réelle  r 
il  joint  ses  propres  observations  à 
celles  des  voyageurs ,  des  zoologistes 
les  plus  célèbres;  il  donne  des  ren- 
seignements curieux  sur  le  castor  , 
l'élan,  l'ours,  le   lynx,  le  hérisson. 

X.  Démonstration'^  élémentaires  de 
botanique.  ï\édi'2,çs  d'abord  par  Mai  c- 
Antoine-Louis  Glaretdel.i  Tourettect 
François  Rozier,  ces  éléments  virent 
pour  la  première  fois  le  jour  en  i  ']t')6y 
et  pour  lasecondi  en  «  770,  deux  vol. 
in-8'.,  fig.  (  /^ojez  Latourette  et 
RoziER.  )  Chargé  de  prcp.irerune  5"^. 
édition,  Gildîcrt  agrandit  et  peifoc- 
lionna  le  plan  de  sçs  prédécesseurs  j 

24.. 


372  GIL  GIL 

les  Démonstrations  parurent  à  LyôTn,  œconomicis  ,  proprid  autoris  expe- 

en  I  7H9  ,  aiigiiientees  d'un  volume  ,  riertid  natis ,  Lyon,  1  792,  deux  vol. 

et  réunirent  tous  les  suffi  âges.  Le  be-  in-8°.,  fig.  ^sW.  Histoire  des  plantes 

soin  d'une  quatrième  édition  ne  tirda  d'Europe,  ou  Eléments  de  botani- 

point  à  se  fiirc  sentir,  et  l'infatigable  que  pratique ,  Lyon,  1798,  deux  voL 

éditeur  crut  devoir  la  porter  à  quatre  in- il,  fig.;  seconde  édition»  Lyon  , 

volumes  (i  796)5  mais  celte  fuis  l'en-  1806,  trois  vol.  in-8'.,  fig.  XIII.  Le 

treprise  ne  fut  pas  couronnée  d'un  calendrier  de  Flore  ,ljy  on,  \Sog,m^ 

succès  aussi  complet  :  on   trouva  que  8'.  XIV.  Adversaria  medico-prac- 

ie  tome  additionnel  s,\n'c\ïdiY^^ed\i  un  tica prima,  seu  Annotaliones  clinicce 

manuel  destiné  aux  élèves,  plutôt  qu'il  quibus  prœcipuè  nalurœ  mediçatri- 

iie  l'enrichissait;  on  regarda  comme,  cis  jura  vindicantur,  artisque priscce 

un  hors-d'œuvre  ,  comme  une  super-  simplicitas   numerosi'-  peculiaribus 

fétation,  les  deux  volumes  in-4''-  de  observation-bus  stabilitur  ^    Lyon, 

planches,    par   lesquels   le   hbraire  1791  ,  in-8'.;  trnd.  en  allemand, 

Bruyset,  homme  d'ailleurs  foit  ins-  avec  des  notes,  par  le  professeur  E. 

truit  en  plus  d'un  genre,  prétendit  B.  G.  Hebenslreit ,  Leipzig,   179^^, 

compléter  les   Démonstratims  élé-  inS'. y  Ci^.HV.  Le  m^'decin  natura- 

mentaires.  Celles-ci,  débarrassées  de  liste,  ou  Observations  de  médecine 

tout  ornement  superflu,  et  réduites  aux  et  dlnstoire  naturelle,  Lyon  et  Paris, 

trois  volumes  qui  les  composantes-  1800,  in- 1 '2  ,  fig.;  trad.  en  allemand, 

sentielieinc'tit,  sont  un  guide  précieux  Nuremberg,   1807,  in-8'. ,  fig.   Le 

pour  le  botaniste  et  pour  le  médecin,  but  principal  de  ces  deux  traités  est 

Il  n'exi  te  peut  êire  aucun  livre  où  les  de  prouver  la  puissance  raédicatrice 

principes  de  la  science  phyfologique  delà  nature  et  les  dingcrs  in'^alcula- 

soicnt  présentés  avec  plus  de  métho-  blés  Je  la  polypharnucie.  J.  J,  Rous- 

de,  d'cX'Utitudc  cl  de  clarté.  Lo  sys-  seau  desirait  quela  médecine  vînt  sans 

tèmc  sexuel  de  Linné  s'y  trouve  cons-  le  médecin  ;  Gilibert ,   au  contraire  , 

tammont  associé  à  la  classification  co-  venait  sans  la  médecine ,   et  sauvait 

ro//<tre de Tournefort.  I^a description  presque  toujours  son  malade;  car  l» 

de  rh.j(|ue  plante  est  accum|iagnée  de  nombre  des  gucrisons  est  infai'lible- 

son  hi  toire  économique*  et  médicale,  ment  en  raison  inverse  de  celui  des 

Gilibert  ne  prodigue  pas  aveuglément  médicaments  employés.  Les  travaux 

Sa  confiance;  i!  ne  se  !ai.<.se  point  en-  inipcrtants  di^  Ginbert  ont  obtenu  la 

traîner   par  l'autorité  des    noms  les  plus  bel'e  des  récompenses  :  son  nom 

plus  célèbres;  il  ne  répète  point  les  est  glorieusement  inscrit  dans  les  fas- 

clog'^s   fastueux   a^'cordés   d  comme  tes  (h*  la  botanique.  Une  plante  décan- 

prostilués  aux  htrbes  les  plus  in«  ries  :  di  ique  lui  avait  d'abord  été  consacrée 

l'expérience  clinique  est  «:a  boussole;  parle  comiiilateur  Ginelin,  dans  sa 
il  écrit  sous  sa  dictée.  Xl.  Excrcitia     vaste  et  tri'>  inct)rrecte  édition  du  5r^- 

piiYtolo^ica ,  quibu*:  omnes  plantce  tèmc  de  la  nature,  de  Linné  :  mais 
JSuropœcp  quas  vivas  invenitinva-  ce  genre,  mal  établi ,  n'a  point  été 
riis  herhalionihus  ,  in  Lithuanid  ^  adopté.  Le  titre  de  C/7t7'<?r</rt  est  con- 
Gullid^Alpibus,  analj  si  nova  pro'  .serve  à  un  arhre  dée»uivert  dans  ics 
ponuntnrj  ex  tjpo  nalurœ  dcscri-  forets  du  Pérou,  par  Ruiz  et  Pavon: 
bunUtr  ,  novisquc  ohservationibus ,  il  se  compc^s.'  jusqu'à  préseiil  d'une 
empare Jlorcndi ,  usibus  iiicdicis  ai     seule  espèce  ,à  llcuis  ombcilccs,  qui 


G I  T.  G  l  L  573 

V.1  se  ranprr  cl;ins  li  fiimillc  des  ara-  lit,  en  «"yio,  à  faire  cliaqiifi  semaine 

lies,    et  enriiiiir    la   cliisse  1res  peu  un  discours  {liclurc)^  pour  k:(juil  on 

noinbieusedel'lie|)lnn(lrie.Le  doclcur  souscrivait ,  et  qu'il  continua  de  pro- 

E.S.iinte-Maric  a  |)nl)li(',  m  i8i4  ■<  ^  iioncej  jusqu'en  i^S^avechcaucoupdc 

Lyon  ,  un   Éloç^i'   historique   de  M.  succc? .  11  fit  paraître  dans  cet  inlcr- 

Jean-Emmauuel  Gilibert ,  dont  nous  valle  plusieurs  ouvrages  ,  doiit  le  pluj 

avons  souvent  profile.  C.  considérable  est    une  Exposition  du 

GIMMhiU  on  Gelimer.  Foj.W^-  Noiiveau-Teslainent^Qul)\{)\.'u\-ïo\, 

LisAiBE.  1  746-47-48.  A  cette  occasion,  l'uni- 

GIlJj  (Jean),  tlieolof;ien  anf;lais,  versifé  d'Aberdeen  lui  conleia,  sans 

de  la  secte  des  anab;q)tist('S,  e't.ut  fils  sollicitation  de  sa  part  et  d'une  manière 

d'un  diacre  de  la  congrcgalion  anabap-  distinguée,   le  degré  de  docteur  eu 

tiste  de  Ketterling,  dans  le  comté  de  théologie.  Son  Exposinon  de  l'An- 

I^orfliampton  ,  où  il  naquit  en  1697.  cien- Testament ,  publiée  depuis  en 

Son  espiit  et  ses  connaissances  prc-  6  vol.  in- fol.,  compléta  son  Comracn- 

coccs  attirèrent  ralteufion  de  plusieurs  taire  sur  la  Bible,  qui ,  devenu  rare  et 

ecclésiastiques,   qui  fréqumtaient  la  recherché,  a  été  réimpriméà  Londres, 

boutique  d'un  libraire  où  Gill  p  tssait  en    i8io-i8i'2,   en    10  vol.  in-4**» 

une  partie  de  son  temps  à  lire.  Telle  Gill  mourut  à  Cambcrwell,  le  i4  oc- 

était  son  ardeur  pour  la  lecture,  qu'<  Ile  tobre  1  77  i.  On  a  aussi  de  lui  :  1.  Un 

avait  donné  lieu  à  une  locution  pro-  Corps  de  théologie,  3  vol.  in -4°., 

verbiale  dans  le  pays  :  Cela  est  siîr,  1769-1770.  IL  La  cause  de  Dieu 

disait-on  ,  comme  il  Vest  que  Jean  et  de  la  Férité,  4  vol.  in-S"". ,  i;35 

G  m  est  dans  la  boutique  du  libraire,  et  ani.ées  suivantes.  111.  Considéra- 

Il  acquit  une  grande  connaissaiice  de  lions  sur  les  prophéties  de  V^îicien- 

la  théologie  et  des  sciences  morales  ,  Testament ,  où  Von  prouve  qu  elles 

ainsi  que  des  langues  anciennes,  et  de-  ont  éU-  littéralement  accomplies  en 

vint  surtout  profondément  versé  dans  la  vie  de  Jésus,  IV.  Dissertation  sur 

la  langue  hébraïque.  11  commença  a  Vantiqvite  de  la  langue  hébraïque ^ 

prêcher  en  17 16,  exerça  d'abord  ses  les  lettres  ^  les  voj elles  ^  les  points 

fonctions  à  Higham  Ferrars  ,  où  il  se  et  les  accents  y   1767.  Tous  ces  ou- 

maria  en  1718,  et  fut  nommé,  en  vrages  prouvent  une  grande  érudition 

1719,  à  vingt -d<ux  ans,   pasteur  et  de  laborieuses  recherches  j  mais  le 

d'une  congrégation  de  sa  secte  ,  éta-  style  en  est  sec  et  diffus.  X — s. 

Llie  dans  Southwark  ,  à  Londres  5  il         GILLES  (Le  comte),  en  latin 

la    dirigea  avec  réputation  pendant  jEgidius ,  était  fils  de  Syagrius.  Son 

plus  de  cinquante-un  ans.  Après  avoir  aïeul  avait  possédé  les  plus  grandes 

publié  quelques  sermons  et  des  écrits  charges  de  l'empire.  En  4^6  ,  Rici- 

de  controverse  ihéologique  ,  il  donna,  mer ,  Suève  d'origine ,  et  petit-fils  de 

en  1728,  in-fol. ,  une  Exposition  du  Vallia  par  sa  mère,  envoya  le  comte 

Cantique  des  caîitiques  y  dans  \a€[\\e\\e  Gilles  dans  les  Gaules,  en  qualité  de 

ilsout(nHil,contre  v\  histon,raulhen-  |^rand-maîlrede  l.i  milice.  Dans  Texer-t 

ticité  de  cet  ouvrage.  Ses  prédications  cice  de  cette  charge  ,  il  s'acquit  une 

étant  singulièrement  goûtées  par  les  telle  renommée  de   piété  et  de   sa- 

difiérentes  classes  des  dissenlers ,  qui  gesse,  que  lorsque  les  Francs,  irrités 

ne  pouvaient  convenablement  paraître  des  débauches  de  leur  roi  (Jhildéric, 

à  un  temple  d'anabaptistes,  il  couscu-  rcurent  chassé  du  trône,  en  4^7 ,  iis 


574  <^II- 

choisirent  Gilles  pour  leur  cTief.  Ce 
doniif.r  sVlait  attache'  au  parti  de  IVra- 
pere  »!•  M.ijcfien  :  dans  la  incuif  an- 
— »e('  4^"  ^  i'  e  oiifla  une  firtioji  qui  s'é- 
tait formée  d-ius  les  G  iuIcn  ,  >oi:mii 
XyHi,  si-^p  de  I'  rov.oite.  v  oiif  j;' t- 
liison  ,  et  fil  reconnaître  M  Pluriel.  Cet 
cmporrur  ,  ayant  e'te  assassine  par 
l'ordre  de  Ricimer  le  7  août  4^'  > 
Gilles  reprit  les  armes  pour  venger  sa 
mort  :  mais  Ricimer  suscita  de  nom- 
breux ennemis  au  comte.  Gilles  fut  at- 
taqué dans  une  viîic  situer,  sur  le  Rhô- 
ne, et  courut  les  plus  grands  dangers. 
The'odoric,  roi  des  Visigolhs  ,  se  ran- 
gea aussi  parmi  ses  ennemis,  et  en- 
voya contre  lui  le  prince  Frédéric  , 
son  frère,  avec  une  armée.  Un  com- 
bat eut  lieu  entre  les  rivières  de  Loire 
et  du  Loiret.  Le  frère  du  roi  des  Vi- 
5igothsfutbatlti,et  perdit  la  vie. Gilles 
passa  ensuite  la  Loire,  assiégea  plu- 
sieurs places,  enti»  autres  celle  de 
Cliinon.  Dans  l'année  4^4  ■>  il  ^'^^' 
voya  des  ambassadeurs  «  n  Afrique , 
pour  conlriicter  un  traité  d'alliance 
avec  le  roi  des  Vandales.  Mais  des 
revers  cruels  vinrent  renverser,  à  cette 
é|)Oque  ,  la  fortune  brillante  du  comte. 
Les  Francs  s'éiaicnt  lassés  de  la  do- 
minalion  d'un  étranger  (pu,  entndné 
dans  de  fréquentes  guerres  ,  les  gou- 
vernail avec  dureté.  D'un  autre  coté, 
Childéric,  en  quittant  son  trône  et  sa 
jiafrie,  avait  laissé  dans  les  Gaules 
son  ami  et  sou  confident  Vinomadus  , 
en  le  cl»  'rgeanl  tîu  soin  de  lacilifrr  son 
retour.  Vinomadus  gagna  la  confiance 
de  Gilles,  cl  reuliaîn.id.ins  diverses  dé- 
luarih'squi  inilisjxisèrent  les  Francs. 
Les  chos«:s  parvenues  au  peint  qinl 
desirait,  il  envoya  à  Clùldérie  la  moi- 
tié d'une  pièce  d'or  qu'ils  avaient  cou- 
pée en  se  quittant.  A  ce  signa!  ,  l'an- 
cien roi  des  l'ranes  revint  de  la  Tlm- 
r  Ti';v  .  fut  reconnu  par  ses  .sujets  ,  et 
JjûUil Gilles.  Evaxic,  roi  des  Vi>igolhs, 


GIL 

l'accabla  aussi  de  ses  armes,  et  le  dé- 
poui'l^  d'ime  de  ses  provinces.  Gilles 
se  retira  h  Soissons  ,  oii  il  mourut 
(même  année  464),  les  uns  disent 
emnoisonné  ,  les  autres,  assassiné.  11 
régna  en  tout  >sur  les  Francs  huit 
années.  Son  fils  Svagrius  recueillit 
les  débris  de  sa  fortune,  dont  il  no 
jouit  pas  long -temps.  {  F  oy.  Clo- 
vis.  )  Quelques  historiens  modernes 
ont  traite  de  fable  le  règne  de  Gdles  , 
qui  n'f'st  appuyé  que  sur  le  récit  de 
Grégoire  de  Tours  ;  mais  l-  docte  Fré- 
rct,  dans  son  Mémvire  sur  l'origine 
des  Français  ,  a  levé  tous  les  doutes 
qui  pouvaient ,  exister  sur  ce  point 
historique.  "  St.  P — r. 

GILLES  (  Saint),  Grec  de  nation, 
et  peut-être  d'Athènes  même  ,  était-il 
né  au  commeneem  nt  du  vi^.  siècle , 
ou  seulement  en  64o  ?  Cette  question 
a  partagé  les  savants.  Bollandu>,  et  un 
érudit  plus  moderne  ,  ont  donné  de 
fortes  raisons  à  l'appui  de  celle  der- 
nière opinion  ;  et  il  est  d'ailleurs  né- 
cessaire qu'elle  soit  fondée  pour  trou- 
ver le  titre  de  propriété  des  vastes  et 
riches  domaines  qui  furent ,  pendant 
onze  cents  ans,  le  patrimoine  des 
successeurs  du  pieux  ermite.  Le  roi 
visigotli  Waniba  ,  l'ayant  décou- 
vert, par  hasard,  en  l'an  0-^5,  au 
fond  d'une  grotte  ,  lui  donna  ,  dit-on, 
l'immense  territoire  au  milieu  du- 
quel le  S  tint  bâtit  bientôt  m)e  église  et 
un  monastère.  11  s'était  renfertné,  ti  ois 
ans  avant  la  rencontre  de  W'aniba , 
d.ins  la  caverne  où  il  lut  tiouvé  p ir 
ce  prince,  après  en  avoir  passé  fleux 
auprès  de  l'évêcpie  d'Arles  ,  «l  s'èirc 
foiiné  aux  ausleritcs  de  la  vie  soli- 
taire, sons  les  leçons  il'uu  anacho- 
rète établi  sur  les  boids  du  Gardon  . 
dans  un  déseit  du  diocèse  d'Ua^. 
Pour  se  sousiraire  à  la  juridiction  de 
l'ordinaire,  et  ne  reconnaître  (jue  celK 
du  Saint-Sicge  ,  (mIIcs  lui  donna  sou 


G  T  L 


GIL 


ûM)  lyr;  cl  le  j>,'«|n' lifiioîl  TT  ne  m.in-     devenir   intciTSs.nil  qu'au   règne   de 


t|M;i  p.is  de  l.i  déclarer  nulejuiul.inlc 
de  fuiite  piiissaneeseVuIicre,  privilec,« 
t|ue,  plus  l.ud,  les  moines  surent  si 
))i(n  l.iire  vnloir  contre  les  comtes  de 
Toulouse.    Mais  du  vivant  du  l'onda- 
Ictir  ,  la  bulle  du  Saint -Père  n'avait 
])as  ele  lespcclee  par  les   Sariasins. 
(ïillcsse  vit  oblip;c,  h  leur  approche, 
d'aller  clierclur  un  rctiigc  auj)rès  de 
Charles   IMarlil.  Cependant  les  infi- 
dèles ayant  ctc  dclails  par  Eudes,  le 
saint  revint  dans  son  abbaye,  et  eut 
du  moins  la  satisfaction  d'y  mourir  : 
ce  fut  le  i**'.  septembre  'jii.  Les  mi- 
racles se  mnitipîièrcnt  sur  son  tom- 
beau :  ils  atlircrent  des   pèlerins  en 
foule;  et  il  s'éleva  en  peu  de  temps, 
autour  du  monastère,  une  ville  con- 
sidérable, dont  les  habitants  changè- 
rent en  une  contrée  riante  et  fertile , 
les  bois  et  les  marais  que  les  moines 
tenaient  de  la  libérable   de  Wamba. 

V.  S.  L. 
GILLES  (Nicole),  chroniqueur, 
né  dans  le  xv*".  siècle ,  exerça  les 
charges  honorables  de  notaire  et  se- 
crétaire du  roi.  Louis  XI  ï  ,  et  de  se- 
cre'taire  du  trésor  jusqu'en  i49^>  i^ 
s'en  démit  alors  ,  et  mourut  à  Paris  en 


Louis  XI  ;  njais  il  .se  montre  toujours 
credtiie,  peu  judicieux,  et  on  n'ose- 
rait pas   le  citer  aujourd'hui  conum» 
auloiilc.  Les   yînnalcs  de  N.  Gilles 
ont  etè  continuées  j)ar  Denis  Sauvage , 
jusqu'à  François  II,  Paris,    i56o, 
1  5()'2 ,  I  56() ,  in-fol.  ;  par  Relleforest , 
jusqu'à  Charles  IX  ,  Paris  ,  i  S-jT) ,  iu- 
fol.  j  par  Gibr.   Chappuis  ,  jusqu'à 
Hrnii  111 ,  ibid. ,    i585  ,  in-fol.  ;  et 
enfin  par  un  anonyme,  jusqu'à  1G17, 
ibid.,  '1  vol.  in-fol.  Elles  ont  été  tra- 
duites en  latin  par  Henri  Panlaléon 
et  îsicolas  Falkner,  Baie,  15-^2,  in- 
fol.  Gilles  est  un  des  auteurs  qui  ont 
parle  du  préfendu  royaume  d'Yvelot. 
{^Fojez  Gaultier.  )  —  On  connaît: 
un   grand  nombre   d'écrivains    dont 
Gilles  était  le  nom   ou  le  prénom. 
Gilles  HocHMUTH,  pasteur  à  Torgau 
et  à  Miihlberg ,  sur  l'Elbe,  à  la  suite  de 
son  Schediasma  de  ritu  o'jou.cc^zci'xç, 
nominum  inipositione  et  mutatione , 
(Wittemberg,  17:^5,  in-B".),  en  « 
signalé  un  grand  nombre ,  sous  ce 
titre  :  Recensus  nomine  etcognomine 
cXLii  jEgidiorujn  génère  ,  scriptis 
et  eruditione  clarorum  ;  il  est  vrai 
que  la  plupart  de  ces  cent  quarante- 


i5o3.  L'ouvrage  que  nous  avons  de  deux  Gilles  sont  passablement  obs- 
lui  est  intitulé  :  Les  ylnnaJes  et  Chro-  curs ,  et  que  les  notices  qu'il  en  donne 
niques  de  France  ^  de  Vorigine  des     sont  bien  superficielles.  W — s. 


François  et  de  leur  venue  es  Gaules ^ 
avec  la  suite  des  rois  et  princes , 
jusqu'au  roi  Charles  FUI,  Paris, 
i49'^,  in-^'\  ,  première  édition  très 
rare  ;  ib. ,  1 498 ,  in-fol.  ;  Caen ,  1 5 1  o , 


GILLES  (Pierre),  en  latin  Gjl- 
lius  ,  l'un  des  premiers  en  France  qui 
se  soient  occupés  avec  succès  et  d'une 
manière  utile,  de  l'histoire  nature'ile  , 
naquit  à  Albi  en    i49^'  î^^  bonnes 


)n-4  '•  ;  Paris ,  1 5'i5 ,  1 547 ,  'i  vol.  in-  études  l'ayant  familial  isé,  dès  son  en- 
fol.  •  il  existe  de  ces  deux  éditions  des  fance ,  avec  le  grec  et  le  latin  ,  les  ou- 
exemplaircs  sur  peau  de  vélin;  ibid.,  vrages  d'Aristote,  d'Elicn  et  de  Pline, 
\55'À  ,  1  vol.  in-8**.,  édil.  recherchée  eurent  bientôt  pour  lui  un  attrait  par- 
des  curieux  pour  la  beauté  de  l'impi  es-  liculicr.  Aux  coimaissances  qu'on  ac- 
sion  et  la  commodité  du  format.  L'au-  quiert  par  la  lecture,  il  voulut  joindre 
teur  n'a  fait  qu'abréger  les  chroniques  ses  propres  observations  ,  et  il  visita 
do  St.  Denis  et  de  Guillaume  de  Nan-  les  bords  de  la  Méditerranée,  de  Mar- 
gis  ;  et  son  ouvrage  ne  commence  à  seille  à  Gènes ,  et  ceux  de  TAdriatiquô 


5-6  GIL 

depuis  Venise  jusqu'à  Naples ,  où  il 
s',  rrcia  pendant  un  mois.  Il  revint 
ensuite  à  Veni>e,  où  il  fut  accueilli 
par  Lnz.ire  Biïf.  notre  ambassadeur 
dans  celte  vilK  ;  et  ce  savant  homme 
ne  déd.iigua  pas  de  l'accompagner 
ddi/S  les  pron»enades  qu'il  faisait  sur 
la  mer  p"ur  étudier  la  nature  et  les 
habitudes  dis  poibsous  (  i  \  De  retour 
en  Fiance,  Gilles  demeura  quelque 
temps  près  de  George  a'Armagn.x , 
cvêqiiede  Hliodcs,sou  piotecieur.  Ce 
fui  à  l'invralion  <le  ce  pré  at  qu'il  com- 
posa MMi  ouvrHge,  De  vi  et  naturel 
animaliiim.  I.  It  dcdia  à  Fral)çoi^  I''., 
pjr  une  epîire  fort  inte'res-aute ,  dans 
laquelie  il  <  i  ga^e  ce  gr.uid  prince  à 
envoyer  des  savants  dans  les  pays 
éti.infjers  avec  la  rc^muiission  d'y  re- 
cueillir tous  les  faits  propres  a  en  faire 
mieux  connaître  l'iii-loire  et  les  pro- 
ductions. Ke  roi  goûta  cet  avis;  cl  Gil- 
les fut  envoyé,  peu  de  temps  api  es, 
dans  I'  Levant.  Ma  s  lorsqu'il  eut  épui- 
se'rar^<'nt  qu'il  avait  imporié  pour  les 
fr  lisde  scii  voyage,  ne  rec<  vani  point 
de  nouv.lles  de  Franco,  il  fut  fircë 
de  s'<  nrôltr,  comme  soldai,  d.ins  les 
t^CMipes  de  Soliman  11,  qui  ctail  alors 
en  guerre  contre  le  roi  de  Perse.  Il 
perdit  son  cheval,  et  toutes  h  s  choses 
preVieuses  qu'il  avait  reeueillies,  dans 
cette  campagu' .  Knfin  ayant  été  en- 
voyé eu  quirticr  d'hiv(r  à  Alep,  il 
ecii\il  à  ^es  amis  une  leltre  ou  il  dé- 
peignait d'une  manii  re  si  »ouchanfe 
sa  triste  siiualion,  qu'ils  lui  firent  pas- 
ser de  r  rgent:  il  s'en  -civil  pour 
acheter  son  congé  ,  d  se  n  udre  à 
Cons'anliiiople  (i55o),  où  i!  trouva 

(i)  RahrUii  a  cherché  à  jrlrr  ilii  ridiriilr  tur 
Ici  ohirrvutioni  de  (tilirs  <|ui  lui  iriiibljiiriil  trop 
minii(i)'i>s<'i  II  *ii|ipoii*  que  P.iiiliii;rii>'l  iiv.iit  vu 
la  tnrr  ouvcrli  Jii'i|ir<iiix  ulilinei .  rt  un  ni>nilr  >■  in- 
fini de  |)oiii'>ns  iiii'cx.iniinuil  Ariiliitc  ti  nanl  -iiic 
Jaiitrrnr  ,  cl  tiiiM  <!«>  <  inq  iriils  iitri't  ccn*  «uni 
<i«  liimir  <>  l'iiilrit  irriii  il  u>i.<<i,  Hil  il,  Pirrrn 
i>  G'Ili'i  ,  li'f|nrl  ('■n.iit  un  iirintil  ru  ninin  ,  r<>ii«i- 
iMlérniil  m  iirolonilc  coolcinyUlioii  l'uriae  de  ces 
»  beaux  poiiioiii.  » 


GIL 

André'  Thevet  ;  ils  allèrent  ensemble 
explorer  les  ruines  de  Chalcédoine 
poury  chercher  dos  médailles.  Il  revint 
en  France,  la  même  année,  à  la  suite 
de  M.  D'Ara  mont ,  notre  ambassa- 
deur -j  et.  comme  il  est  certain  que  le 
voyagp  se  fil  par  terre,  c'est  d'après 
des  renseignements  peu  «  xacts  qu'on 
a  dit  que  Gilles ,  en  quittant  Constaiiti- 
nople ,  avait  été  pris  })ar  des  corsaires, 
et  que  le  cardinal  d'Aimagnac  l'avait 
délivré  de  leurs  mains  en  payant  sa 
rançon.  A  peine  arrivé  en  France  ,  il 
partit  pour  Rome,  où  ce  ordinal  lui 
offrit  un  asile; -et  il  était  occupé  de 
niettie  en  ordre  ses  mémoiics,  lors- 
qu'il mourut  d'une  fièvre,  en  i555  , 
à  Soixante  -  cinq  ans.  On  a  dit  que 
Pieire  Bclon  ,  qu'il  employait  a  la 
transcription  de  ses  ouvrages ^  lui  en 
déroba  une  pirfie;  mais  cette  alléga- 
tion n'est  appuyée  d'aucune  preuve. 
On  a  d(  P.  Gille-  :  I.  Oratiories  duce , 
qtiibiis  su  iiitt  Carolo  qui'do  imper, 
rejeta  Galliœ  prœlio  captum ,  gra- 
(h  esse  dimitlendum.  Ces  d-  ux  dis- 
cours ,  écrits  en  i  525  ,  ne  furent  im- 
primés que  quinze  années  après,  Bres- 
cia ,  in-8'.  Il  en  avait  adressé  trois 
autres  au  roi  d'Anglelerre  ,  pour  le 
porler  à  renoncer  au  titre  de  roi  de 
France. II.  Ex  jE  iani historid  lalini 
facti ,  item  que  ex  Forphyrio ,  llelio- 
do"o  j  Of'piano  ,  luculenti.i  acce:>sio' 
mbns  aucii  libri  xvi  ;  de  in  el  na- 
tura  ar.imalium ;  liber  unùs  de  g^al- 
liiis  et  latinis  no  mini  bus  pi'icium  , 
Lyon,  Séb.  Gryphe,  i555,  in-4°. , 
ouvra5;e  intéressant  et  peu  commun, 
dans  lequel  il  a  fondu  pr(S(|ue  entic- 
remeiit  V Histoire  des  animaux  d'E- 
lien  ,  traduite  en  latin  sur  un  ninnus- 
crit  de  la  bibliothèque  du  cardinal 
d'Arm.iguac.  (iOnr.id  (M'^ner  eoin])léta 
celle  traduction  ,  rétablit  l'ordre  des 
chapitres  que (iilles  n'avait  point  suivi, 
cl  l'ins'jra  dans  son  c'Jiliou  des  œuvres 


(;  1 L 

Conn)]clesd'Éli(ii,Zmu'li,i550,in-fol. 
Elle  a  icp.iru  a  Lyon,  i5G2,  in-8  ., 
et  ii  Ckik'vc,  (Ml  iGi  I ,  f't  lOif),  iii- 
i(>.  m.  Pc  Bosphoro  Thracio  libri 
tres.Lyou,  i5(ii,  in-4"-j  Ln<^«*  ^ 
El/cvir,  iGjart  i635,  in-24  ,  jolies 
éditions,  csliniécs  d 'S  curieux  ;  inscr. 
dans  le  Thés,  antiquit.  Grœc. ,  de 
Gioiio\ius  ,  tome  VI  ,1  ).  IV.  Detopo- 
S^raphid  Constantinopoleos  ctdeilUus 
antùiuilntibus  libri  /r,  I-yon,  iSôi  - 
in-4"-,  Jjcydc,  i65jt,  ii»-3'2  ,  cl  dans 
le  Thesaur.  d(  Gi  ouoviiis.  Cette  des- 
cri|)tiou  dcConsluitinople  est  très  csti- 
me'e  par  son  exactitude.  (2)  liinduri  Ta 
réiniprimcc  ,  ainsi  que  l'ouvrage  pré- 
cède ut  ,  dans  son  Imperium  orien- 
tale. S.  Elcphcnii  descripiio  missa 
ad  B.  cardinalem  Ârmni^nacum 
ex  urbe  Berrhœd  Sjriacâ  j  L>on, 
1  56*2 ,  in-8'.,  à  la  su  te  de  la  trad. 
de  rin<i.  des  animaux  d'ÉHen.VI.Des 
traductions  latines  du  Traite'  de  De'- 
raëtrius  de  Con>tantiuo[)le  ,  De  cura 
accipitrum  canwnque j  imprimé  avec 
la  Descripiiun  de  f  éléphant ,  et  dans 
le  Recueil  de  Pvigau.t ,  A ccipitrariœ 
rei  scriptores  (Voy.  Demetrius  I'É- 
PAGOMÈ^E.  XI,  45,  à  la  iiote): — du 
Commentaire  de  Tliëodorel ,  évéque 
de  Cyr,  sur  les  douze  petits  prophè- 
tes.,  i555,  il) -8".  et  dans  l'éditiGn 
des  œuvres  de  ce  père  ,  publiée  par 
Sirmond.  Huel  reproche  a  Gilles  de 
prendre  trop  de  libi  rie  dans  ses  tra- 
ductions. VII.  Enfin  il  H  pris  soin  de 
l'édition  de  V Histoire  de  Ferdinand, 
roi    d'Aragon,  pu-   Val  a,   Paris, 

(i>  Quoiqu'il  se  soil  glisse  bien  des  fautes  dans 
«et  écrit  posthume  du  \oj  aj^eur  français,  il  est 
iroporlant,  en  c-  qu'il  nous  lepresente  «-ii  quelque 
aorte  Touvrage  dp  Dtnys  de  Byz  nce  jur  le  même 
sujet,  dont  il  n'est  qu'une  tradurtion  abrégée; 
ouvrag.'  qui  existait  encore  au  seizième  iiecle , 
mais  qui  s'est  per.lu  depuis,  et  dont  AU.itius  et 
Diic.irge  nous  ont  sculemerl  conserve  quelques 
fragm.  nts.  Fuyez  Sle.-Croix  ,  Jaus  le  Journal  det 
savants,  d'avril  1789.  pag    aSz  et  248. 

(a)  C'est  à  Antoine  Gilles,  neveu  de  Pierre, 
«n'on  doit  l'édition  du  traité  JJe  Bo.tphoro  Thra~ 
i'O  tKD*  êopographia  Co'islantiiiopoleoj. 


GIT.  377 

S.  Colihcs,  t5.u,  in-4"'>  ^'  •'•  f^ourui 
de»  additions  au  Dictionnaire  grec  cl 
latin,  iJâle,  i  55^  ,  inl'.»l.  W — s. 

(jIIjLES  (  Jlan),  compositeur  de 
musique,  né  à  Taraseon  en  1GG9, 
étudia  sous  Poitevin  av(C  le  cclèbic 
Gimpra  ,  et  siucéda  à  son  maître,  en 
1697  '  ^''"^  '**  maîtrise  de  St.  Etienne 
de  Toulouse,  dont  Farinelli  se  démit 
en  sa  faveur.  Sa  Messe  des  morts 
passe  pour  son  ch<'f  d'œtivre.  Indé- 
pendamment du  mérite  réel  de  cette 
composition  ,  elle  doit  en  partie  sa  cé- 
lébrité à  une  anecdote  ,  fatale  pour 
l'auteur,  racontée  ainsi  par  Laborde, 
d'après  Corelle.  w  Deux  conseillers  au 
parlement  de  Toulouse  moururent  a 
peu  de  distance  l'un  de  l'autre;  ils  lais- 
sèrent chacun  un  fds.  Liés  des  leur 
enfance  par  l'amitié  la  plus  étroite, 
ces  doux  jeunes  gens  convinrent  en- 
semble de  se  joindre  pour  faire  à  leurs 
pères  un  superbe  service.  Ils  engagè- 
rent Gilles  à  composer  une  messe  de 
requiem,  et  lui  donnèrent  six  mois 
pour  y  travailler  à  son  aise.  La  messe 
étant  finie,  Gilles  rassembla  tous  les 
musiciens  de  la  ville  ,  entre  autres 
Campra  et  l'abbé  Madin.  Celle  messe 
fut  trouvée  admirable:  cependant  les 
deux  jeunes  conseillers  changèrent 
d'avis,  et  n'eurent  pas  Lonte  de  se 
dédire.  Gilles  en  fut  si  piqué,  qu'il 
s'écria  :  Eh  bien,  elle  ne  sera  exé- 
cutée pour  personne  ;  j'en  veux  avoir 
Véirenne.  »  Il  mourut,  en  effet ,  quel- 
que temps  après  ,  en  juillet  i^oS, 
ayant  à  peine  atteint  sa  trente-sixième 
année.  On  raconte  une  anecdote  pres- 
que semblable,  sur  la  dernière  raess« 
de  requiem  écrite  par  Mozart. 

B— s. 

GILLES  DE  BRETAG^ÎE,  seigneur 
de  Cbaiitocé,  était  fils  de  Je.tu  V,  et 
frère  de  François  l'^^,  duc  de  Bre- 
tagne. Mécontent  de  la  paît  que  ses 
frères  lui  laissèrent  dans  l'héritage  pa- 


57$  GIL 

terne! ,  il  quitta  la  cour  en  i4i5f  se 
retira  an  Guildo,  et  eutrctiut  avec  les 
Anglais  des  liaisons  que  ses  envieux 
ne  tardèrent  pas  à  r'epré.sentcr  comme 
do^  crimes  d'état.  ApVcs  une  entrevue 
que  François  I".  eut  avec  le  roi  Gliar- 
les  VII ,  six  cents  Français  ariêtèrent 
«lu  Guildo  le  prince  Gilles  ,  et  le  con- 
duisirent à  Dinan ,  où  lo  duc  son  frère, 
n'ayant  pu  le  faire  condamner  en  jus- 
tice réglée ,  le  retint  eu  prison.  Après 
avoir  essuyé  les  plus  indignes  traitc- 
luenfs,  l'infortune  Gilles  y  périt,  la 
îuiil  du  24  au  '25  avril  i45o,  e'tonffe, 
selon  quelques  auteurs  ,  entre  deux 
matelas.  (  ^o/.  François,  XV,  483.) 

C.  M.  P. 
GILLES  DE  CORBETL.    Fofez 

CORBEIL. 

GILÏ.ES  DE  PARIS,  ne  vers  l'an 

I  164  î  l'u»  J^'S  poêles  qui  hrillcrent 
sous  le  règne  de  Philippe- Auguste, 
èîait  clianoine  de  St. -Marcel ,  et  pi  ofes- 
sa  les  arts  libérniiy:  à  l'université'  de 
Paris  ,  avec  bea)icouj)  de  distinction. 

II  ré'jniss.iit  ,  dit  r'ibi)e  Lebeuf ,  le 
goûta  la  fécondité.  On  ne  conn.Vît  ce- 
j)cndant  de  lui  qu'un  poème  intitule: 
KaroUnus  ou  le  Carolin,  qu'il  com- 
posa pour  l'instruction  de  Louis  VIII. 
L'elogcdcs  principales  vertus  de  Char- 
Icraagne ,  la  prudence,  la  justice,  le 
courage  et  la  tempera  née,  fait  le  sujet 
des  quatre  piemiers  livres.  Le  cin- 
quième est  une  cxliorlalion  au  jeune 

})rince  de  suivre  les  traces  de  son  il- 
ustrc  aitul.  Fr.  Duehesne  a  insère 
quelques  fiagmenls  du  quatrième  et 
du  ciiKfuième  livre  de  ce  poème,  dans 
les  Scriptur.  rcrum  Franc,  j  loin.  v'. 
I)oni  Biial  adonne  le  ciiKpiièuie  tout 
entier  dans  le  tonie  xvii  du  Recueil 
des  historiens  de  France.  Le  V.  Labbe 
«n  annonçait  une  édition  complète  , 
qui  u'a  point  [)aru  ;  cl  Fabri<  ius  eu 
avait  adressé  une  copie  à  Smiuke  ,  en 
l'invitant  à  faire  imprimer  cet  nuvraizf; 


GIL 

à  la  suite  de  sa  seconde  édition  de 
l'Histoire  de  Charlemagne  ,  par  Egin- 
hard;  mais  ce  projet  n'a  point  eu  d'exé- 
cotion.  Gil'cs  de  Paris  a  été  confondu 
par  Moréri  et  ses  continuateurs  S(\çz 
le  cardinal  Gilon  et  avec  Gilles  de 
Delft.  {F.  Delpuus,  XI ,  2 1 .)  Il  sem- 
blàit  cependant   avoir  pris  des  pré- 
cautions pour  empêcher  une  sembla- 
ble méprise,  en  donnant  la  liste  des 
savants  de  son  temps ,  nés  à  Paris , 
dans  laquelle    il   cite   avec  éloge  ,  et 
Gilies  Deîphensis  et   Gilles  de  Cor- 
bei!  [CorhoUensis).  On  trouvera  des 
détails  sur  Gilles  de  Paris,  dans  une 
Lettre  de  dom  Jean-François  Colomb , 
bénédictin  ,  insérée  dans  le  Journal 
de  rerdwi,  septembre  1758;  mais 
ce  religieux  ayant  avancé  que  le  Ca~ 
roUa  était  dédie  non  à  Louis  VI If, 
m  lis  à  Louis  IX,  Dreux  du  Radier  a 
refuté  cette  opinion  dans  le  même  jour- 
nal ,  janvier   ly^Q.  Dom  Priai ,  d.tns 
un  IMéinoire  sur  Gilles  de  Paris,  lu 
à  l'Institut  le    i  4  avril   181J,  a  f;iit 
voir  que  ce  poète  ne  vivait  pi  obabie- 
menl  plus  en   J2'23;  mais  il  semble 
aussi  partaL'er  le  sentiment  de  ceux 
qui  le  confondent  avec  Gilles  de  Delft, 
en  lui  attribuant  le  travail  siu"  V Au- 
rora.  (  Voy.  Riga.  )  V^ — s. 

GILLKÏ  (  François  -  Pierre  )  , 
avocat  au  p  u lement  de  Piris  ,  né  à 
Lyon  en  iti  jH,  niort  le  uS  décembre 
i7'.io,  fut  ass(Z  considéré  de  son 
temps.  On  a  de  lui  des  Plaidoyers  ^ 
i(k)(),  un  volume  in  -  4".  L'auteur 
y  a  joint  la  traduction  île  trois 
Oraisons  de  ('ieérou  ^  celle  pour  G'- 
lius,  cell(!  pour  Milon  et  la  Jt''.  Phi- 
lippique);  et  il  a  mis  en  lete  de  ses 
Iradiutions  un  Discours  sur  le  ^c- 
nie  de  II  lanf^ue  française  ,  cL  la 
manière  de  traduire.  Uikî  nouvelle 
édition  ilonnéc  eu  1718,3  vol.  in- 
4".,  contient  de  plus  quelques  Plai- 
d'uevs  et  la    Ira. ludion    des    quatre 


(;  ï  L 

Valilinatrcs.  —  (*iilm:t  (Laurent), 
son  l'iôiT,  i)v  il  Lyon  tu  i()()/|  ,  y 
exorç.i  la  piofi  s.sioii  d'av(»ral ,  <  I.  iitoii- 
inl  If  i5  avril  177.0.  On  a  de  Ini 
dtux  Rvqiu'tes  au  roi  ,  imprimées 
avec  les  plaidoyers  de  son  frcr<'. — 
GiLLF.T  (Jean),  lieutenant  en  la  jus- 
tice royalr-  de  Verdun,  a  fait  impri- 
mer: y/jv/t?,  ou  Défense  des  pu- 
pil< y  conhnant  un  Traité  bien  am- 
ple des  tutelles  et  curatelles ,  1  (3i 5  , 
in-8«.;   iGiO,   in-y».  ;    i(386,  in-4". 

—  GiLLET  ( ),   proctneur  ,  est, 

suivant  Cauius  et  l'e'dittur  de  la  5  .édi- 
tion d'.'  ses  Lettres  sur  la  profes- 
sion d' avocat  ^X  w\\c\\y  du  Code  Gil- 
lel ,  ou  Recueil  de  rés^lemenls  con- 
cernant les  procureurs  j  1694,  in- 
4  '.;  1717,  in-4  ".  A.  B — t. 

GiLLET  (  Louis-Joachim)  ,  cha- 
noine   régulier   et  bibliothécaire    de 
Sic.  ■  G>  nevicA^e,  naquit  à  Fremorel , 
diocèse  de  St.-Maîo,  en   i(J8c),  et  fit 
ses  premières  e'iudcs  à  Rennes  ,  chez 
les  jésuites.  Après  avoir  fait  sa  rhéto- 
rique ,  il  vint  à  Paris ,  et  prit  en  1  701 
riialjit  de   chanoine  régulier  dans   le 
prieuré  de  Ste.-Calhcrine  du  Val  des 
écoliers.  Appelé  à  Stc. -Geneviève  pour 
y  faire  son  cours  de  théologie,  il  s'y 
distingua  par  ses  progrès,  et  par  des 
thèses  publiques  qu'il  y  soutint  avec 
.applaudissement.  Ses  supérieurs  l'en- 
voyèrent professer  la  philosophie  dans 
une  maison  que  la  congrégation  avait 
à  Ilani  en  Picardie  ,  d'où  il  revint  à 
Paris,  et  fut  pourvu  de  l'emploi  de 
Libliothéraire  ,  qui  convenait   à   son 
a:nour  pour  l'élufle  et  à  sou  goût  pour 
les  livres.  Il  fit  un  si  bon  usage  des  ri- 
chessc>  confiées  à  sa  garde,  que,  mal- 
gré la  laibîessede  sa  santé,  il  acquit 
en  fort  peu  de;  temps,  dans  les  langues 
savantes   et   sur  divers  autres  points 
d'érudition  ,  des  eonnaiss.nicrs  assez 
clenducs    pour    se    UnvQ    recliercher 
de  ceux  qui  couraient  la  mcmc  car- 


(i  I  L  ')7<) 

rière.  Le  P.  Gillct  l'ut  noramcen  1717 
nti  prifuré-rurc  de  Mahon,  diocèse 
de  Sl.-Malo.  Cette  nouvelle  de-lina- 
lion  ne  le  dé.'ourna  point   de  l'élude. 
Il  sut  allier  les  travaux  littéraires  aux 
fonctions  pastorales;  et  il  exerça  celles- 
ci  pendant  vingt -trois  ans  avec  au- 
tant de  zèle  q\ic  d'édification.  Parvenu 
à  l'àgc  de  soixante  ans ,  il  se  déter- 
mina à  retourner  à  Ste.-Gencviève,  an 
grand  regret  de  son  évêcpie  et  de  ses 
paroissiens.  Il  y  reprit  son  emploi  do 
bibliothécaire ,    se  livrant   à    l'étudo 
avec   plus  d'application  que  jamais, 
et  surtout  à  celle  des  langues  grec- 
que,  hébraïque  ,   ehaldaïque   et    sy- 
riaque. S.   A.  M.    le   duc   d'Orléans 
était  alors  rctiié  à  Sie.-Genevièvc,  et 
cultivait  aussi  les  langues  savantes.  Il 
honorait  le  P.  Gillct  de  son  csîime, 
le  consultait,  se  plaisait  dans  sa  con- 
versatioji ,  et  ne  dédaignait  pas  d'aller 
dans  l'humble  cellule  du  savant  reli- 
gieux quand  ce  dernier  y  était  retenu 
par   ses  infiimités.  Epuisé  de  travail 
et  de  maladie,  le  P.  Gillct  linit  cliré- 
ticnnementsa  carrière  le '.118  août  1755, 
dans  la  74'. année  de  son  âge.  Il  était, 
par  caractère  ,  doux,  poli,   modeste 
presque  jusqu'à  la  timidité,  et  natu- 
rellement porte  à   la   mélancolie.  A 
l'étude  des  langues  savantes  il  avait 
su  joindre  des  connaissances  très  va- 
riées ,  ayant  cependant  toujours  cher- 
ché de  préférence   à  acquérir  celles 
qui  avaient  rapport  à  la  religion.  Il  a 
laissé  :  L  une  Nouvelle    Traduction 
de  V historien  Joseplie,  fuite  sur  le 
grec  j  avec  des  notes  historiques  et 
critiques,  etc.,  Paris,  Chaubert ,  1 756- 
1758  ,  4  ^'<^'-  i"-4''-5  imprimée  par 
conséquent  après  sa  mort,  avec  une 
Préface    du  traducteur,  f^e  P.  Giile£ 
en  avait  seulement  publié  le  Prospec- 
tus en  1747-  ^'<^l'e  traduction  a  le  me- 
lite  de  la  fidélité  et  de  l'exactitude,  et 
remporte  de  ce  côte  sur  celle  d'Arjiaald 


58o  G  IL 

rl'Andllly,  mieux  écrite  peut-être  et 
phis  élégante  :  aussi  la  version  du  P. 
Gillcl  ii'a-t-el!e  point  fait  oublier  celle- 
ci,  «  plus  commune  et  plus  connue  , 
»  dit  un  critique,  quoiqu'elle  soit  pei:t- 
»  être  moins  digne  de  l'êlre.  »  II.  Un 
Opuscule  sur  la  nature,  le  génie, 
Vexccïlence  de  la  lani^ue  hébraïque. 
III.  Un  Traite  sur  la  méthode  qu  on 
doit  suivre  pour  apprendre  la  lan- 
gue latine.  IV.  Des  Commenlaires 
abrégé  <i  sur  plusieurs  listes  de  V  an- 
cien Testament,  et  principalement 
sur  les  Psaumes  V.  l).s  Notes  sur 
S.  Clément  d^ Alexandrie.  VI.  Une 
Critique  des  historiens  anciens  et 
modernes  qui  ont  écrit  sur  les  pre- 
miers temps  de  la  monarchie  fran- 
çaise. L'auteur  y  npmd  des  doutes 
sur  d'S  faits  rapportés  par  Grégoire 
de  Toju's  et  Frédigaire,  relève  des 
fautes  de  <  hronologie  et  de  topogra- 
phie ,  et  signale  les  méprises  dans 
lesquelles  sont  tombés  plusieurs  écri- 
vains modernes.  Sa  critique  est  fer- 
me ,  pidicieuse  et  sans  fiel.    L — y. 

GILLLT  (  J.  R.  G.),  est  auteur 
d'un  poème  intitulé  :  U Imprimerie, 
j-jOS,  in-/i".  C'est  en  grande  |)arlie 
une  traduction  du  poème  latin  de  L. 
A.  P.  Hérissa.-it  (  F.  Hérissant)  ,  et 
surtout  de  celui  de  CL.  Tliiboust(f . 
Thidoust):  mais  il  n'y  a,  dans  le  tra- 
vail (le  Gillef,  \\\  talent,  ni  élégance; 
et  dans  les  i'!é(s  qu'il  a  ajoutées  de 
son  (licf  il  ne  fait  pas  pieuve  de 
goût ,  témoin  ce  qu'il  dit  du  compo- 
siteur à  la  casse  : 

Ses  <l()i|;(t  ïcmhlcnt  volrr  «vrc  îigililrf; 

II»  fondant  $iir  l.i  Ipllrr  a\rv  uviditi-  ; 

<;h;iqu«'  r'jiip  «il  rcrt.iin  :  •cuis  l«-ur  roiine  rapide 

l'C  iiii-t.<l  ilispurMit  ri  In  fmsk'   ar  viilr 

Aiini  <lii  limii  (Irt  h\t%  un  viiiitoiir  i°jirnai>ier 

NVlfluor  iliiix  1,1  |>i;iinr  ,  ciilrvr  le  (;iIm»t, 

•■'.n'jiorlr  il;in.i«Mii  iiiil  su  s.-iiiKliinlir  |iùtiire, 

h.\.  \o\r.  (Ir  nouveau  cliercLrr  la  iiuurrilure. 

On   ignore  l'époque  de   la   mort  de 
Gillef.  A.  l;— T. 

GILLET    DE    LA     TlùSbON- 


GIL 

NIÈRE  ( ),  né  en  \6iOj  tra- 
vailla dès  l'âge  de  dix-neuf  ans  pour 
le  théâtre.  Il  fut  conseiller  en  la  cour 
des  monnaies.  Il  y  avait  déjà  qua're 
ans  que  le  Cid  avait  paiu  quand  Gil- 
lcl donna  sa  piemicje  pièce  ;  et  l'on 
ne  piendrait  pas  l'auteur  pour  un 
coiitemporain  de  Corneille.  Voici  le 
titre  des  pièces  de  Gillet  :  I.  la 
belle  Quixaire  ,  tragi  -  comédie , 
1640,  in-4^.,  suj(t  tiié  d'une  Nou- 
velle de  Cei  vantes.  11.  La  belle  Pc- 
licrite  et  la  mort  du  grand  Pro- 
medon,  ou  l'exil  de  JYérée ,  tragi- 
comédie,  1645,  in -4".  111.  Le 
Triomphe  des  cinq  passions  (  la 
vaine  gloire  ,  l'ambiiion  ,  l'amour,  la 
j.'lousie  ,  la  fureur),  ti  agi -comédie, 
1642,  in-4«.  {F.  J.  Gilbert.)  IV. 
Fraiicion,  comédie  (tirée  du  roman 
de  tenom,parSorelj,  1642,  in-4".  V. 
IJ^rt  de  régner ,  ou  le  sage  Goiiver- 
newr,  tragi-comédie,  i645,in-4°.  VI. 
Le  grand  Sip,ismond  ^  prince  polo- 
nais, ou  Sigismond^  duc  de  Farsau, 
tragi-comédie,  1640,  in -4'.;  i(J4^> 
in- 12.  VU.  Le  Déniaise ,  comédie, 
164H,  in-4''.  ;  «658,  in-i'i.  Mo- 
lière n'a  pas  dédaigné  de  se  servir 
d'une  des  scènes  de  cette  pièce  pour 
composer  celle  du  pédant  Méfaphraste 
du  JJépil  amoureux.  VIII.  La  mort 
de  F alentinian  et  d'Isidore  ,  Pa- 
ris, 1648,  in-4*^.  ;  Lyon,  in-ia; 
tirée  du  roman  d'Aslrée.  IX.  Le 
Campagnard  ,  comédie,  j658  ,  m- 
1*2.  On  lui  attribue  deux  autres  tra- 
gédies, Constantin  {  164 4  )  ^^  Soli- 
man. A.  B — T. 

GILLET  DE  MOIVRE,  avocat 
au  milieu  du  wiii  .  siècle  ,  n'a  laissé 
aucun  nom  au  ban  (au  ;  mais  on  lui 
doit  :  L  La  Fie  et  les  yimours  de 
Tibulle  et  de  Sulpicie ,  dame  ro- 
maine ;  leurs  poésies  cl  quelques 
autres  traduites  en  vers  français  , 
avec  des  remarques  ci  des  Jigurcs 


GIL  GIL                 5^1 

17  |5,  9.  vol.  ia-i  2  ,  qu'il  ne  faut  pas  nllà l'expulsion  dos T.irquinstîc  Rorue, 

confondri'  .u'i'C  los  Amours  de    Ti-  III.  E.vpuùlio  Deculo^i paraphras' 

bulle,  par  J.  de  [iacU  ipcl'e,    1712-  itcvi,  Besançon,  1 588,  iu-4".  Ctrtic  p.i- 

1715,  5  vol.  iii-i'i.  II.  i^/t  ^ia  de  raphrasc  est  en  vers.  \\ .CarnidH  de 

Pronerce ^  clwi'nlier  romain,  et  la  consuetudine  Fallisiornm,  cite  dans 

traduclion  en  prose  et  en  vers  fi  an-  ÏEpitouie  de  la  Bibliolli.  de  Oesncr. 

cais  de  ce  qud  y  a   de  plus   inté-  Il  avait  aussi  compose  quelques  antres 

ressaut  dans  ses  poésies ,  \  74^  ?  i"~  ouvrages  en  vers  cl  en  pi  ose,  reste's 

19..  On  attribue  aussi  à  dr  IVIoivrc  la  m.nui^ciits.  Son  poème  Idtin  De  l^cr- 

f'' ie  du  marquis  de  Feuquieres ^  qui  sarum  monarchià^  dédie  à  Philijqie 

se  trouve  dans  l'édition  de  1750  des  III,  était  sur  le  point  d'être  imprime' 

Mémoires  de  Feuquières.  On  \^norc  en    iSSi.   L'approbation  datée  de  la 

l'époque  de  sa  mort.          A.  13 — t.  même  année  se  trouve  sur  le  manus- 

GîLLIiY  (Jean  de),  seiî^neur  de  crit  conserve'   à    la  biblioîhèque   du 

Mirnoz  ,  ne    à   Salins   vers    15^7,  roi  d'Espagne;  et  Léon  Pinelo  en  rap- 

ctait  (ils  de  Nicolas  de  Gilley ,  ambas-  porte  les  premiers  vers  dans  son  Epi- 

sadcur  de  Charles -Quint,  en  Suisse  tome  de  la    bibliotheca  oriental  y 

et  eu  Savoie.  Il  suivit  d'abord  la  car-  occidental ,  col.  355.          W — s. 

ricre des  armes,  fut  honore  de  lacon-  GILLl  (David),  ministre  protes- 

fiaiice  de  son  souverain  dans  plusieurs  tant ,  né  dans  le  bas  Languedoc  ,  s'ap- 

occasions,  et,  s'étant  demis  des  em-  pliqua  aux  langues  grecque  et  hëbrai- 

plois  q  l'il  avait  à  la  cour  d'Espagne  ,  que  dans  lesquelles  il  se  rendit  habile. 

se  retua  dans  ses  terres  au  comté  de  Se  destinant  au  ministère  évangéli- 

Bourgogne,  où  il  s'appliqua  à  la  cul-  que,  il  alla  commencer  sa  théologie  à 

ture  des   lettres.  C'était,  dit   GoUut  Puy-Laurens,  et  l'acheva  à  Sauraur, 

{Mém.  histor.  de  la  république  se-  sous  le  célèbre  Amyrault.  A  peineavait- 

efuanaise),  «  un  gentilhomme,  non  il  (i  ni  ses  cours,  que,  tout  jeune  qu'il 

seulement  très  valeureux  et  vaillant,  était,  on  le  nomma  ministre  de  Baugé 

mais  encore  très  docte  et  bien  ver-  en  Anjou.  Il  se  distingua  particulière* 

se  en  toutes  disciplines   libérales  et  ment  dans  la  prédication;  et  ses  succès 

en  la  connaissance  de  plusieurs  lan-  y  furent  tels,  que  catholiques  et  pro- 

gues.  »  Il  avait  donné  une  carte  du  testants  accouraient  pour  l'entendre. 

comté  de  Bourgogne ,  et  on  croit  qu'il  Une  chaire  de  théologie  ayant  vaqué 

la  fit  graver  vers  1 58o  ;  mais  on  n'en  à  Saumur ,  on  songeait  à  l'y  nommer  : 

1  connaît  pas  un  seul  exemplaire  dans  il  en  fut  néanmoins  écarté  par  les  fer- 

I  la  province.  On  a  encore  de  lui:l.  In  vents  de  sa  secte,  qui  le  trouvaient 

I  laudem  Hannibnlis  è  Livio  exprès-  trop  tolérant.  Étant    allé  prêcher  à 

'  sam  à  rehu^  ejus  gestis,  et  compara-  Lyon  ,  il  satisfit  tellemc'nt  sou  audi- 

I  tione  imperalorumromanorum  com-  toire  que  les  protestants  de  cette  vdle 

I  m(^Mfano/M5,  Bàle,  Oporiu,  i55o,iu-  voulaient  le  retenir,  et  le  prendre 

t  8°.  On  trouve  a  la  suite  de  ce  poème  pour  ministre  :  il  préféra  de  rester  près 

i  denxé'égiesjdontruneeontientlades-  de  son  petit  troupeau  de  Baugé,  et 

i  cription  du  village  de  Pa^nol,  que  Tau-  retourna  à  sou   modeste  poste.    De 

1  teur  h.ibit  lit.  11.  Chronica  Joamiis  profondes  études  sur  la  doctrine  quM 

Gillœi,  I^yon,    i58j,    in -8°.  Cette  prêchait,  lui  ayant  inspiré  quelques 

chronique  est  en  vers  hexamètres;  le  doutes  au  sujet  de  la  réfoimalion  ,  il 

1".  livre ,  le  seul  qui  soit  imprimé,  fi-  résolut  d'en  examiaer  les  foudemeuts 


383  G I L  G I L 

et  les  trouva  peu  solides;  il  fit  part  civile  et  sacrée  des  royaumes  etpro- 
de  ses  idées  à  David  Courdil  son  ami  :  winces  espagnolesdela  Terre-Ferme 
tons  deux  les  soumirent  à  un  nouvel  dans  V Amérique  méridionale,  Ho- 
exanicn ,  qui  acheva  leur  conviction,  me,  i"8o-i';84,  4  vol.  iu-8  .,  avec 
Des-lors  its  songèrent  à  rentrer  dans  une  c^rle  et  des  figures  1res  bien  gra- 
le  sein  de  l'Eglise  catholique.  S'étant  vées.  Le  prpmi(r  volume  doune  la 
présentés,  le  5  juin  i685,  au  con-  description  des  bords  de  l'Orénoque, 
sistoire  de  Sorges,  ils  y  déclarèrent  des  détails  sur  ses  peuples  et  sur  les 
leur  résolution  et  en  développèreut  productions  du  piys;  le  second  traite 
lei  motifs.  Le  6  du  même  mois.  Jour  de  la  géographie  physique  ,  et  des 
de  la  Pentecôte  ,  ils  firent  leur  abju-  mœurs  des  habitants;  !e  troisième  de 
ration  entre  les  mains  de  M.  Arnauld,  leur  religion ,  de  leur  langue  et  des 
évêque  d'Angers  ,  et  se  fixèrent  dans  établissements  des  missions.  Le  qua- 
cclte  ville  :  tous  deux  y  devinrent  trième  qui  a  paru  comme  un  supplé- 
mcmbres  de  l'académie  ,  qu'ils  hono-  ment  aux  prérédenls  ,  décrit  la  Terre- 
rèrent  par  leurs  connaissances  et  leurs  Ferme  ,  ou  pour  mieux  dire  la  capi- 
travaux  littéraires.  Gilii  servit  avec  tainerie  de  Caracas  ,  et  aurait  du 
zèleTcglise  danslaquelleilétaitrentré,  précéder  les  trois  autres.  Ou  trouve 
el  ramena  à  la  foi  catholique  plusieurs  des  notions  très  curieuses  dans  l'ou- 
ministres  et  un  grand  nombre  de  pro-  vragc  de  Gilli  ,  qui  ne  peut  qu'être 
testants.  Il  mourut  à  Angers,  le  27  très  utile  à  quiconque  voudra  conuaî- 
décembre  17  i  i  ,  peu  de  temps  après  tre  les  vastes  contrées  traversées  par 
sou  ami  Courdil.llétaitâgéde  soixante-  l'Oréuoque.  Il  réfute  les  relations 
trois  ans.  Il  a  laissé:  1.  Un  Traité  de  inexactes  sur  les  sources  de  ce  fleu- 
la  véritable  idée  du  christianisme  ;  ve,  dont  il  admet  la  communication 
resté  muiuscrit.  II.  Un  Abrégé  de  avec  celui  des  Amazones.  Il  rectifie  en 
Vhistoireduvieuxetdunouvi'.auTes-  cela  l'opinion  de  son  confrère  Gu- 
tament ,  avec  de  courtes  réjlexions  ^  railla,  dont  il  corrige  aussi  d'autres 
el  un  Abrégé deV histoire  universelle  erreurs  à  la  demande  même  de  ce 
jusqu'à  Charles- Quint,  III.  Sous  le  missionnaire,  qu'il  avait  connu  dans 
titre  de  Conversion  de  Gilli,  un  Re-  les  régions  sauvages  de  l'Oréuoque. 
CMC'/Z  où  setrouventlesdiscours  que  lui  On  regrette  que  Gilli  n'ait  pas  eu  , 
rt  Courdil  prononcèrent  au  consistoire  eu  histoire  naturelle,  des  connaissan- 
do  Soiges,  et  celui  que  h  ur  adressa  ces  suifisantes  pour  tirer  parti  de  la 
M.  révê({ue  d'Angers  le  jour  de  leur  riche  moisson  qui  s'ollVait  à  lui ,  et 
abjuration.  L — y.  (pie  trop  souvent  sou  excès  de  crcdu- 
GILIil  (  Philippe -Sauveur  ) ,  lilé  lui  ait  fait  dire  des  choses  peu 
jésuite,  ne  dans  l'éîat  romain,  alla  sensées.  On  souhaiterait  qu'il  eût  mon- 
comme  missionnaire  dans  rAméri(|uc  tre  plus  de  criti<[ue  relativement  aux 
mériflionale,  vers  1740.  Il  parcourut,  langues  des  indigènes  de  l'Amérique 
j)endanl  dix-huit  ans,  le  pays  arrosé  en  général ,  dans  les  UKU'ceaux  où  il 
par  rOrcnoque,  et  résida  ensuite  sept  compare  entre  elles,  par  des  voca- 
ans  à  Sanla-Féde  Bogota.  11  revint  en  bulaires  et  des  phrases,  la  plupart  île 
rjuope  lorscjuesou  ordre  eut  été  snp-  celles  qui  se  parlent  dans  le  Nouveau- 
pi  iiné,  et  str  (ixa  (fins  sa  pairie.  0»»  a  Monde.  Sa  prolixité,  surfout  pour  ce 
de  lui,  en  iliVwu,  Essai  suri hisluire  qui  concerne  les  missions,  est  f.ili- 
d^ Amérique ,  ou  histoire  naturelle  gante  ;  comme  il  se  borne  à  indiquer 


r.  IL 

|)nr  1rs  noms  usités  dans  le  pays  , 
K's  p'aiitrs  iIduI  les  niissioiinaiics  se 
scivrnt  pt)in'  niedicaniciils  ,  il  n'(;st 
pas  loujums  r.icile  de  dcviiici-  celles 
(ionl  il  a  voulu  deMj2;iier  les  vertus. 
Malj:;rc  tons  ces  defiuts,  roiivîM;;e  de 
(iil!i  <.\st  très  important,  jniisfpj'd  est 
presque  le  seul  à  ronsuiler,  en  a(tr:n- 
dant  que  !M.  de  Humboldf  ait  donne 
au  publie  le  IVuit  de  ses  observations 
sur  lesmciucs  conlrccs.il  est  sinç;idier 
que  des  auteurs  qui  ont  écrit  sur  ces 
pays  ne  l'aient  pas  cite  jSprcnç^rl  en  a 
donne  un  extrait  en  allemand,  Hani- 
bourç;,  1  "85  ,  in -8".  Tout  le  5*.  livre 
dutom.  m,  qui  comprend  les  détails 
sur  les  langues  des  peuples  de  l'Ore'- 
noqiie,  a  clc  traduit  en  allemand  et 
accompagne  de  notes  par  Fr.  Xav. 
Veigl,  e^;  je'suite,  qui  avait  aussi  voyagé 
dans  CCS  régions  lointaines.  Ce  mor- 
ceau est  inséré  dans  le  Recueil  des  voya- 
ges de  quelques  missionnaires  de  la 
compagnie  de  Jésus ,  en  Amérique  , 
publié  par  de  Murr,  Nuremberg,  178^, 
un  vol.  in-8'.  E — s. 

G  IL  LOT  (Jacques),  conseiller-clerc 
au  parlement  de  Paris,  doyen  de  la 
cathédrale  de  Langres  et  chanoine  de 
la  S:iinte-Chapelle,  était  originaire  de 
Bourgogne  ,  où  sa  famille  jouissait 
d'une  grande  considération.  Apres 
avoir  fait  de  bonnes  études,  il  embras- 
sa l'état  ecclésiasiique.  Sa  fortune  lui 
permettait  de  suivre  son  inclination 
pour  les  lettres;  mais  trop  modeste 
ou  trop  sage  pour  courir  a[)rès  une 
célébrité  qu'on  n'acquiert  guère  qu'au 
prix  de  son  repos,  ilfii,  delà  littératu- 
re ,  non  pas  une  occupation,  mais  un 
délassement.  Il  était  lié  avec  la  plupart 
des  beaux-esprits  ;  et,  malgré  le  mal- 
lienrdes  temps,  il  les  réunissait  sou- 
vent, etse|):aisaità  leur  entendre  agi- 
I  ter  différentes  questions  de  critique 
ou  de  philosophie.  C'est  dans  une  de 
ces  réunions  que  fuL  fait  le  plan  de 


(  i  I  f >  :,y'* 

la  Satire  Mrnip/Jrc ,  ou  le  calltoUcon 
(ÏEsp'jL^nc;  oiarage  au>si  gii  (pi'in- 
génieux  ,  et  qui  ,  en  conviant  de  lidi- 
cule  les  chefs  de  li  ligue,  contribua 
beaucoup  a  rétablir  la  tranquillité  dans 
le  royaume.  Gillot  eut  quelque  part  à 
cet  ouvrage  :  c'est  de  lui  (] n'est  l'idée  ^ 
si  plaisante  de  la  proces>ion  des  li- 
gueurs ;  on  lui  attrihne  la  harangue 
du  légat  à  l'ouverture  des  étals  de  la 
ligue,  (i)  L'attachement  de  Gillot  à  la 
cause  royale  était  bien  connu,  et  lui 
avait  attiré  différentes  persécutions,  il 
fut  arrêté  par  ordre  du  fameux  Bussi 
le  Clerc,  en  1 5Bç),  et  conduit  à  la  B  •':>- 
tille.  Gillot  mourut  en  lOiy,  et  fut 
inhumé  dans  le  chœur  delà  Sainte- 
Chapelle,  où  l'on  voy.iitson  épitanhc. 
C'était,  ditColomiez,  un  homme  qui  , 
outre  son  rare  savoir,  avait  l'ame  si 
bienfaisante,  qu'il  ne  se  plaisait  qu'à 
obliger.  Il  était  d'ailleurs  si  franc  et  si 
ingénu  ,  q'i'il  ravissait  en  admiration 
ceux  qui  l'approchaient.  Sa  bibliothè- 
que était  très  belle,  et  remplie  de  ma- 
nuscrits fort  particuliers  {-1)  Le  prési- 
dent Savaron  lui  dédia  son  commcn- 
tairesurleviiiMivrede  Sidoine-Apol- 
linaire; Juret,  son  édition  de  Syni- 
niaque  ;  Baudius  et  Nie.  Rapiu  hu  ont 
adressé  des  vers.  On  connaît  de  Gillot 
les  (Hivrages  suivants  :  L  Recueil  de 
différents  traités  touchant  les  droits 
et  libertés  de  V Église  gaUicafie ,  Pa- 
ris, 1609  et  iGi2,in-4<'.  Ces  deux 
éditions  ne  sont  plus  recherchées  de- 
puis la  publication  de  celle  de  P.  Du- 
puy.  il.  Instructions  et  missives  des 
rois  de  France  et  de  leurs  ambas- 
sadeurs,  et  autres  pièces  concernant 
le  concile  de  Trente ,  prises  sur  les 


(i)  Voyez,  pour  les  ditf»'r»;nt<Ts  cdilions  dé  la 
SalLre  Ménippée  ,  l<-s  articles  J.cob  lkDuchat 
et  F. erre  Pithou.  O.*  n';i  pas  cru  devoir  entrer  i.-i 
dans  des  détails  sur  Ûes  diOVrenls  auteurs  qui  on: 
eu  part  a  cette  satire^,  alin  d'cvit.r  les  répétition;, 
Le*  rensei?;uem(nts  qu'on  a  pu  recueillir  à  ccï 
égard  f.-ront  parti-v  de  l'article  Pierre  le  Ror 

_  2,  Voyei  ia  BihLot'ùqae  choisie  de  Colojnièî, 
f(4it.  d»?  17  1 1  .  paj^.  2  la. 


58  i  G I L 

originauXy  Paris,  1607, 1608, in-8°. 
Elles  ontëtë  egnirmcnt  surpassées  par 
ailes  de  P.  et  J.  Dupuy.  Ht.  Relation 
de  ce  qui  s^esl  passt^  les  i  /\  et  i5  mai 
1610,  touchant  la  régence  ^e  la  rei- 
ne Marie  de  Médicib  ;  insévca  dans 
le  traité  de  Diipuy,  De  la  majorité  des 
rois.  IV.  Lettre  à  A  bel  de  Sainte- 
Marthe  contenant  plusieurs  particu- 
larités de  la  vie  de  Jacques  Faje , 
sieur  d^Espeisses  ,  président  au  par- 
lement de  Paris  ;  insérée  dans  les 
Opuscules  de  Loisel ,  Paris,  i65i,  in- 
4".  V.  Des  Lettres  à  Jos.  Scaliger, 
imprimées  dans  le  Recueil  des  lettres 
de  plusieurs  personnages  doctes  à 
M.  de  la  Scala,  et  insérées  ensuite 
avec  des  notes  dans  les  Miscellanea 
Groningana,  lom.  m.  On  loi  attribue 
encore  une  vie  de  Calvin;  mais  Baylc 
â  prouvé  qu'elle  n'est  point  de  Gillot, 
mais  de  P  ipyrc  Massou  ,  sous  le  nom 
de  qui  elle  est  imprimée.  (Voyez  le 
dictionnaire  de  Baylc  ,  art.  Papjre 
Masson.)  W     s. 

GILLOT  (Germain),  docteur  de 
Sorbonne,  mquil  à  Paris  en  1622  , 
d'une  famille  où,  disent  les  mciuoircs 
du  temps,  la  noblesse  et  la  pn,bité 
avaient  tait  eomme  une  étroite  allian- 
ce. Il  possédait  une  fortune  assez  con- 
sidérable; maisellr  ne  suffisait  point  à 
ses  libéralités,  el  il  s'imposait  des  pri- 
vât'eus  journalières  pour  aider  dans 
leurs  études  de  pauvre>  enfmts,  cluz 
lesquels  il  reconnaissait  des  disposi- 
tions à  servir  Dieu  dans  des  profes- 
sions utiles.  Ou  pcjrle  à  plus  de  cinq 
ou  six  cents  le  nombre  de  ceux  qu'il 
fit  élever  de  cette  nianière,  et  dont 
plusieurs  acquirent  par  la  suite  de  la 
réputation  dms  l'étal  «ju'ils  avaient 
choisi.  Ce-i  enfants  étaient  dé>igiiés 
dans  les  écoles  par  le  surnom  de  Gi- 
lotins  ,  qui  était  devenu  luic  preuve  de 
monte.  Gillot  était  lui-même  savant  eu 
tlje'ologic ,  cl  lies  ferme  daus  les  scaii- 


GIL 

menls  qu'il  avait  une  fois  embrassés. 
C'est  ainsi  que  lors  de  l'examen  fait 
en  Sorbonne  des  lettres  d'Amauld 
(  i656),  tout  en  condamnant  l'opi- 
nion de  ce  grand  homme  sur  la  grâce, 
il  soutint  que  les  explications  qu'il 
avait  données  étaient  recevables ,  et 
qu'il  ne  pouvait  y  avoir  lieu  à  censure. 
Gillot  mourut  à  Paris  le  10  octobre 
1688,  âgé  de  soixante  -  six  ans  ,  ne 
lai^sant  que  peu  de  biens  dont  il  dis- 
posa encore  en  faveur  des  pauvres 
auxquels  il  avait  distribué  plus  de  cent 
mi.îe  écus  durant  sa  vie.     W — s. 

GILLOT  (  Claude  ) ,  dessinateur, 
peintre  el  graveur,  né  à  Langrcs  en 
i6'y3,  mourut  à  Paris  en  1722.  Son 
père,  qui  était  peintre  ,  lui  donna  les 
premières  leçons  des  arts  ,  et  l'envoya 
ensuite  à  Paris  pour  se  perf»  ctiunncr 
sous  Jcan-Baprisfe  Corneille^  peintre 
d'histoire;  mais  Gillot,  do  lé  d^lne 
imagination  vive,  et  incapab  e  dv?  sui- 
vre des  études  sérieuses,  se  livra  d'a- 
bord à  la  composition,  d.ms  un  genre 
analogue  à  ses  goûts.  Il  étudia  la  na- 
ture ,  non  pas  daus  l'école  du  dessin  , 
mais  dans  les  places  piibliques  et  sur 
les  tréteaux  des  farceurs;  aussi  toutes 
ses  compositions  sont  burlesques  et 
originales  ,  et  plus  remplies  de  goût 
que  de  correction.  Il  fut  reçu  néan- 
moins à  l'académie  en  1 7  i5,  et  eut  la 
gloire  de  former  Vatican;  mais  jaloux 
de  la  supériori  é  de  son  élève,  il  re- 
noiiç  I  cnlièremc  ni  à  la  peinture  ,  et 
s'occupa  exclusivement  de  la  gravure. 
Cet  ailiste  est  devenu  assez  célèbre 
par  les  estampes  qu'il  a  exécutées 
d'après  ses  dessins  :  si  ses  tableaux 
sont  oubliés,  on  leiln  reliera  toujours 
ses  catix  forl(  s ,  touchées  avec  autant 
d'e.sprir  (juc  de  finesse,  et  qui  en  gé- 
néral soûl  pi(piantcs  d'elfel,  sans  le 
secours  des  grands  moyms  du  clair- 
obseur.  P — E. 

GILLY  (David),    ingénieur  ar« 


r,  IL 

cliitrclc,  ('lait  ne  en  i  74*^  î«  Scliwotît 
en  1)1- JiKlebonij; ,  d'ni:e  fiimillc  fr.in- 
ç.iisc  ref.ioice  ,  ori^irj.iire  du  ii.in^uc- 
doc.  Apres  avoir  cfc  ein[)lu)'C  long- 
ti  inps  comme  inp^enienr  à  Sl.u  };.'ird  en 
)^oiDtranic,  il  fui  place  à  Bcilin,  au 
•  lepaitemcnt  des  bâtiments  ,  avec  le 
titre  de  conseiller  du  roi.  11  est  mort 
<  n  1808,  après  avoir  fourni  une  car- 
)  ière  utile  et  honorable.  Quelques  an- 
jie'cs  avant  sa  mort ,  il  avait  fait  un 
voyage  en  France.  Pendant  son  sé- 
jour en  Pomcranie,  Gilly  donna  une 
très  belle  carte  de  celle  province.  Ou 
lui  doit  de  plus  un  grand  nombre  de 
mémoires  et  plusieurs  ouvrages  en 
allemand  sur  l'architecture  civile  et  hy- 
draulique. Nous  citerons  :  ]. Eléments 
d'uiicours  dliydraiiUque  y  avec  ap- 
plication à  la  pratiijue  ,  Berlin  , 
1795,  in  -  8°.;  réimprime  dans  la 
même  ville  en  1801.  H.  Instruction 
pratique  pour  V architecture  hjr- 
draulique,  accompagnée  de  plan- 
ches ,  en  société  avec  Ej  ielwein  ^ 
2  parties,  in -8°.,  Berlin,  1802  et 
i8o5,  avec  un  atlas  in-4".  Le  célèbre 
Chodowiecki  a  f.iit  le  portrait  de  Gil- 
ly, qui  a  été'  gravé  par  S.  H  die,  et 
placé  en  tête  du  48''.  tome  de  l'Ency- 
clopédie de  Kruriilz  et  Floeike.  — 
Gilly,  fils  du  précédent,  mourut  à  la 
fleur  de  l'âge,  en  revenant  d'un  voya- 
ge en  Italie.  Il  s'était  également  appli- 
qué à  l'architecture  ,  et  donnait  les 
plus  belles  espérances.  Il  a  laissé  un 
ouvrage  en  allemand  sur  la  manière 
de  cuire  les  briques  et  les  tuiles, 
et  sur  les  terres  qui  peuvent  servir 
à  leur  confection  en  Brandebourg. 

C--AU. 

GILON  (Le  cardinal)^  bénédictin, 
surnommé  de  Paris  j  était  né  à  Tou- 
cy  près  d'Auxerre,  vers  la  fin  du  xi*^. 
siècle.  Après  avoir  fait  ses  études  ,  il 
prit  l'habit  ecclésiastique,  et  continua 
';  Je  demcurci'  à  Paris ,  où  il  s'était  acquis 

xvir. 


G  1  L 


une  réputation  par  des  connaissances 
fort  étendues,  et  surtout  par  son  la- 
lent  pour  la  j)oéi.ie.  Désabu>é  du  mon- 
de ,  il  y  renonça  en  1 1  kj,  et  se  ntira 
à  l'abbaye  de  Cluui.  Le  pape  (>alixte 
II ,  dans  un  voyage  qu'il  Ht  en  J<Vance, 
cul  l'occasion  de  connaître  Gilon 
l'emmena  à  Rome,  et  le  nomma  peu 
de  temps  après  évêque  de  Tusculura 
cl  cardinal.  Gilon  obtint  aussi  l'estime 
d'Honoré  II,  successeur  de Calixte  et 
fut  envoyé  _,  en  1127,»!  la  Terre- 
sainte  pour  apaiser  les  querelles  qui 
divisaient  le  clergé.  Il  s'acquitta  de 
celte  commission  avec  autant  de  pru- 
dence que  d'habileté;  et  à  son  retour 
à  Rome,  le  pape  lui  en  témoigna  sa 
satisfaction,  en  le  nommant  son  légat 
en  Pologne.  Apres  la  mort  d'Honoré, 
Gilon  eut  le  malheur  de  se  déclarer 
pour  l'anti-pape  Anaclel  ;  et  il  sou- 
tint le  parti  qu'il  avait  embrassé,  avec 
nne  opiniâtreté  qui  ne  céda  point  aux 
pieuses  sollicitations  de  Pierre  le  vé- 
nérable. Dom  Mabillon  assure,  d'a- 
près Ugheîli ,  que  Gilon  reconnut 
enfin  son  erreur;  mais  les  auteurs 
de  \^Hist.  litt.  de  France  reraarqi.ent 
que  ce  fait  n'est  point  prouvé.  La  date 
de  sa  mort  est  demeurée  incertaine  • 
quelques  critiques  la  placent  à  l'année 
I  i4'^.  On  a  de  ce  prélat:  L  Devîd 
hierosoljmitand ,  quando  expulsis 
et  occisis  paganis  ,  dtvictœ  sunt 
Nicœa  ,  Antiochia  et  Hierusalem 
àChristianis.  Cette  histoire,  divisée 
en  six  livres,  est  écrite  en  vers  hexa- 
mètres. Elle  a  été  imprimée  pour  la 
première  fois,  mais  sur  un  manus- 
crit défectueux ,  dans  les  Scriptores 
rerumFrancicar.  de  Duchesne,  tome 
IV ,  à  la  suite  d'une  Histoire  de  V ex- 
pédition des  chrétiens  à  la  Terre- 
sainte ,  par  un  poète  nommé  Fulco 
ou  Foulques  ,  sur  lequel  on  n'a  point 
de  renseignements,  et  que  la  ressem- 
blance des  noms  a  fait  confondre  avec 


25 


586                 GIL  GIL 

Foulcher  de  Cbartres  et  avec  le  comte  soutint  mêmepubliquemcntles dogmes 
Foulques,  roi  de  Jérusalem.  D.  Mar-  conire  Jobii  Hooper,  devenu  depuis 
tcnc  a  donne  dans  le  tome  m  de  son  évêque  de  Worcester  ,  el  l'un  des 
Thésaurus  anecdotorum ,  une  non-  martyrs  de  la  nouvelle  doctrine  :  mais 
vellecdiiion  deimstoiredeGilon,aug-  Pierre  Martyr,  protestant  zéîe  , 
mentëc  d'une  partie  du  iv*.  livre  (i),  ayuit ,  après  la  mort  de  Henri  VIII , 
du  V*.  et  du  VI  ,.  qui  av.iient  été  in-  été  pourvu  d'une  chaire  de  théologie 
connusà  Duchesne.  Les  manuscrits  de  dans  l'université  d'Oxford  ,  sa  répu- 
l'abbaye  de  Marcliiennes  et  de  la  bi-  talion,  et  surtout  son  éloquence  per- 
bliothcque  du  Roi  de  France,  sont  suasive,  firent  chanceler  Gilpin  dans 
plus  complets  que  les  imprimés.  II.  la  foi  de  ses  pères ,  et  il  embrassa  la 
Une  Vie  de  Saint-ffugues ,  ahhé  de  prétendue  réforme.  Vers  ce  temps  , 
6'/wm,  imprimée  par  extrait  avec  celle  l'évêque  de  Duiham,  son  oncle,  qui 
du  même  saint  y  par  Ezelin,  dans  le  avait  composé  un  Traité  sur  i'Eucha- 
recueil  des  Bollandistes,  au  29  avril,  ristie,  l'engagea  à  faire  un  voyagea 
Dom  Martènc  en  a  publié  la  préface  Louvain  et  à  Parts ,  pour  en  consul- 
dans  son  Thésaurus.  111.  Epistola  ter  les  docteurs  sur  cet  ouvrage,  et  le 
adBernardumÀntiochenumpatriar-  faire  imprimer.  Les  fréquentes  confé- 
c^am,  insérée  dans  les  Eeliquiœ  ma-  rences  qu'eut  Gilpin  avec  les  plus  fa- 
nuscript.  de  Ludewig,  tom.  11.   W-s.  meux  théologiens  de  ces  deux  villes, 

GILPIN  (Bernard),  ecclésiasli-  ne  le  firent  pas  changer  d'opinion.  Il 
que  anglais,  né  à  Kentmire ,  dans  le  revint  en  Angleterre,  plus  alfermi 
comté  de  Westmorland  ,  en  l'année  que  jamais  dans  sa  nouvelle  croyance  : 
1 5 1 7,  s'est  fait ,  par  son  mérite  et  ses  il  conserva  du  moins  ses  vertus  et  son 
vertus,  un  nom  qui  est  passé  avec  respect  pour  les  règles  de  l'Eglise.  On 
honneur  à  la  postérité.  Sa  fimillc  te-  lui  avait  oftcrt  une  cure  dans  le  dio- 
nait  un  rang  assez  considérable  dans  cèsc  de  Durham.  Son  oncle  desirait 
le  comté;  et  l'oncle  de  sa  mère  était  qu'il  l'acceptât ,  ne  fut-ce  que  pour  y 
évêque  de  Durham.  Envoyé  à  l'uni-  trouver  les  moyens  de  faire  plus  ho- 
versité  d'Oxford  à  l'Age  de  seize  ans  ,  norablement  son  voyage.  Il  offrait  de 
il  y  entra  au  collège  delà  reine,  où  la  faire  desservir.  Gilpin  refusa  obs- 
son  amour  du  travail  et  ses  progrès  finement  ,  ne  voulant  point,  dit-il, 
lui  valurent  l'avantage  d'êlre  agrégé,  les  revenus  d'une  place  dont  il  n'au- 
II  ne  se  borna  point  aux  études  or-  rait  point  acquitté  les  charges.  Pourvu 
dinaires  que  font  ceux  qui  se  des-  de  la  cure  d'Easingdon,  à  laquelle 
tinent  à  l'état  ecclésiastique;  il  voidut  était  uni  un  archidiaconé,  ce  double 
encore  savoir  parfaitement  le  grec  et  emploi  alarma  sa  conscience,  et  il  ne 
l'hébreu.  Henri  VllI ,  ayant  fondé  le  tint  pas  à  lui  qu'on  ne  séparât  les 
collège  de  Christ,  choisit  Gilpin  pour  deux  titres.  H  résigna  bientôt  l'un  et 
en  être  un  des  premiers  professeurs,  l'autre  ,  et  accepta  ensuite  U  cure 
L'hérésie  de  Luther  commençait  aloi s  d'Houghton.  Quoiqu'on  sévît  alors 
à  se  r('i.aiulrc.  Gilpin  avait  été  élevé  conire  les  protestants,  et  que  le  clergé 
dans  la  religion  eatliolique,  et  y  de-  catholiipie  fût  en  crédit  ,  Gilpin  ne 
mtnra  «l'abord  fort  attaché;  il  en  cessa  de  prêcher  contre  les  abus  qui 
. régnaient  alors,  et  surtout  contre  la 

f l^  i.r  qiiatririnf  livre  «U  le  «fpiiènif  «ifliit  le-  non-résidence  et  la  pluralité  des  béné- 

^iii..n   .1.-    Dii.h,  mm:  ,    i.arr«    que    lo    puème    île  ,-            Dniinnré   h    h    rpifiP     Mario        il 

î.ui.iui»foMuiiUniui4iiteun.i.„  ntcs.  ucnonct  a  la  icinc   marie,   u 


c;  I L 

fut  mande  à  Londrrs.   II   obéissait  ; 
et  pirsiiatld  quM  allait  à  l'ccliafaud  , 
il  avait  fiit  des  |)roj),irarifs ,  et  s'était 
j)Oiirvii  (l'un  li.djit  long  [)oiir  soiilenii- 
dignement  ce  dernier  combat.  Il  ap- 
jnit  en  route  la  mort  de  la  reine,  et 
leloiirna  à  Houghion,  où  ses  parois- 
>iens  le  reçurent  avec  une  joie  inex- 
primable. Il  avait  à  ses    frais   établi 
dans  ce  lieu  un  séminaire  et  une  école, 
d'où  sont  sortis  des  sujets  distingués. 
La  reine  Elisabeth ,  étant  montée  sur 
le  trône  ,    priva   de  leur  siège  tous 
les  prélats  calholicpics.  Cette  circons- 
tance  ayant    rendu   vacant  révêché 
de  C.irlisic  ,    il  lut  offert  à  Gilpin  , 
qui  le  refusa,  quelque  instance  qu'oa 
lui  lit.  Il   mourut    à    Houghton  en 
i583,  dans  la  66^  année  de  son  âge. 
On  prétend  qu'ayant  été  renversé  et 
foulé  aux  pieds  par  un  bœuf  sur  la 
place  du  marché  de  Durhara ,  cet  ac- 
cident ,  dont  il  se   ressentit  toujours 
depuis  ,  avait  avancé  sa  mort.  Car- 
leton,  évêque  de  Chichester,  a  écrit 
en  anglais  la  Fie  de   Gilpin,  Lon- 
^  dres,  i636,  in-i8.  On  trouve  à  la 
fin  du  volume  un  de  ses  Sermons , 
prêché  en   i5.^'2  en    présence   d'E- 
douard \l.  {Foj.  aussi  l'article  sui- 
vant.) Si  l'on  met    de    coté  l'erreur 
que  Gilpin  eut  le  malheur  d'embras- 
ser, sa  vie  offre  un  beau  modèle  des 
vertus  ,  du  zèle ,  du  désintéressement 
et  de  la  charité  qui  doivent  caracté- 
riser un  ecclésiastique.  L y. 

GILPIN  '(Guillaume),  vicaire 
deBoIdre,  dans  New-Forest,  près  de 
Lymingfo/i ,  descendant  du  fameux 
Bernard  Gilpin,  si  Ton  en  croit  quel- 
ques  biographes  (i),  et  né  vers  l'an 

te!:ll  r^T.  •*""".'^«""  paraît  au  moins  .lou- 
teuje.Carleton  ,  4U.  .vait  pu  voir  Bernard  leaueï 
«est  moriquc-u  .583     puisque   de,    ,58«  il   La 

que  Bernard  G.lp.a  vceut  et  mourul  dan.  le  céli- 
»at    //e  was  want,  d,t-Il  ,  to  command  ihe.  mar- 

U.ed  and  dyed  a  ,in-^U  mccn.  (The  Life  o/Bc'. 
nard  Gdpm  ,  bj  CarUion  ,  pag.  ao6.  )        ' 


OÏL  387 

17^.4,  tenait  une  maison  d'éducation 
estimée,  à  Cheam  dans  le  comté  de 
Suriey.   Jj  en  abandonna  ensuite  la 
dncction  à  l'un  de  ses  (ils.  Un  de  ses 
clè\cs,le  colonel  IMitford, connu  com- 
me auteur  par   une  Histoire  delà. 
Grèce  ,   lui   procura    le    vicariat   de 
Boidre  ,  qu'il    conserva    jusqu'à    sa 
mort.  Gilj)in  a  décrit,  dans  plusieurs 
voyages  justement   estimés,  les  beau- 
tés pittoresques  delà  Grande-Bre- 
tagne. Tous  ses  volumes  sont  accom- 
pagnés de  gravures  en  aqua- tinta, 
qui  éclaircissent  ses  descriptions,  de 
mêine  que   celles  -  ci  servent  à  faire 
discerner  les   biautés   des   paysages 
que  les  gravures  sont  destinées  à  re- 
présenter. Gilpin  a  en  quoique  sorte 
créé  un  nouveau  genre  de  voyages, 
qui  a  eu  beaucoup  de  mauvais  imita- 
teurs. On  lui  a  reproché  avec  raison 
un  style  trop  poétique;  mais  ses  ou- 
vrages fourmillent  de  réflexions  iu- 
génieus^es,  propres  à  enrichir  la  théo- 
rie des  arts,  et  à  en  guider  la  prati- 
que. Nous  avons  lu  plusieurs  de  ses 
descriptions  en   présence  des  objets 
mêmes,  et  nous   les  avons  trouvées 
exemptes  d'exagération.  Il  saisit  avec 
beaucoup  de  sagacité  les  traits  carac- 
téristiques et  les  beautés  des  paysa- 
ges  et  il  les  décrit  avec  vérité  et  avec 
chaleur:  on  ne  rencontre  jamais  dans 
ses  écrits  ce  faux  enthousiasme  ,  ces 
expressions  vagues  et  ampoulées  qui 
ont  discrédité  le  genre  descriptif.  Gil- 
pin est  mort  le  5  avril   1804,  dans 
sa  8o^  année.   Il  n'était  pas  moins 
recommandable  par  son  caractère  que 
par  ses  talents.  Il  consacra  i5Go  liv. 
sterling,  produit  de  la  vente  qui  fut 
faite  en    1802  d'une  collection  de  ses 
dessins  ,  à   la  dotation   d'une    école 
paroissiale  à  Bo'dre,  au  maintien  de 
laquelle  il  destina  encore  ^es   proHts 
de  ses  ouvrages  posthumes.  Voici  les 
ouvrages  que  nous  connaissons  de  cet 


588                 GTL  Gir. 

auteur,  ils  sont  tous  en  anglais  :  I.  et  les  beautés  pittoresques  des  pays 
La  Fie  de  Bernard  Gilpin  ,  recueil-  boisés ,  avec  les  vues  de  New -Fo- 
lie tant  de  sa  vie  écrite  par  G.  Car-  rest  dans  le  Hampshire  ,    1791 ,  2 
îetonqne  de  diverses  relations  con-  vol.  in-8'.  ;  trad.  en  allemand,  Leip- 
temporaines  .lettres  originales  et  au-  zig,  1800,  in-8'\  IX.   Trois  Essais, 
très  manuscrits  authentiques ,  1755,  sur    le    beau  pittoresque  ,    sur   les 
in-  8°.  II.  La   Fie  d'Hugues  La-  voyages  pittoresques ,  sur  l'art  d'es- 
timer ^    1754,    in  -  8°.     m.  Fies  qiûsser  le  paysage ^  avec  un  Poème 
de  Jean   fFiclef  et   de  ses  princi-  sur  la  peinture  de  paysage  ,    1  792, 
paux  disciples  ,  lord  Cobham  ,  J.  in-8  '.  Les  deux  premiers  ont  été  irad. 
Hus  ,  Jérôme  de   Prague  et   Zis-  en  français,  Breslau,    1799,111-8'*. 
ca,   1764,  in-8'.  IV.  Fie  de  Tho-  X.  Observations  sur  les  parties  occi' 
mas  Cranmer,  1784,  iii-8°.  V.  Ob-  dentales  de  V Angleterre ,  principa- 
servations  sur  la  rivière  Wye  et  sur  lement  sous  le  rapport  de  la  beauté 
quelques  contrées  de  la  partie  sud  pittoresque ,  avec  quelques  Remar- 
du  pays  de  Galles  ^  in-8°.,  1782  ,  ques  sur  les  beautés  pittoresques  de 
1789;   trad.  en    français,    Breslau,  Vile  de  fVight ,  1798,  in-8''.,  fig. 
1800,  in  8°.  VI.  Foyages  en  dif-  XL  Sermons  prêches  dans  un  cg'ise 
Jérentes   parties    de   V Angleterre ,  de  campagne,  avec  quelques  essais  et 
et  particulièrement  dans  les  monta-  sujets  pour  des    sermons,  in-8'., 
gnes  et  sur  les  lacs  du  Cumberland  tome  i,  1799;  tome  11,  1800;  tome 
et  du  fVestmorland ,  contenant  des  m,  i8a5.  X\IL  Contrastes mc^rauXy 
observations  relatives  aux    beautés  i798,in- 1-2,  et  autres  ouvrages  asce'- 
pittoresques  ,    1787,   in-8'.;    1788,  tiques. On  a  imprime',  après  sa  mort, 
2  vol.  in-8''.  Il  a   paru  une  traduc-  ses   Observations  sur   les  côtes   de 
lion  franç;iise  de  cet  ouvrage  par  le  Hampshire ^  Sussex  et  Kent,  1806, 
baron  de  Biumenslein  ,  impriiuee  à  in-8'.  de  i35  pag.,et  des  Dialogues 
Breslau,  1800,   5   vol.  in-8'.  Les  sur  divers  sujets.  iSo']  ,'\n-S'\ — Sou 
gravures  en  aqua-tinta  sont ,  dit-on,  frèie,  Jaurey  Gilpin,  arlisle  distin- 
supe'rieures  à  celles  de  Toriginal ,  et  gue,  né  à  Carlisie  en  1755  d'un  père 
ont  servi  pour  la  traduction  allemande,  capitaine  dans  la  troupe  de  ligne,  a 
imprimée   également    à    Breslau    en  excelle  dans  l'art  de  peindre  les  ani- 
2  vol.  in-8''.  La  traduction  française  maux  à  l'aquarelle.  Son  chef-d'œuvre 
de  ce  même  ouvrage  qui   parut   en  est,  dit-on,  un  groupe  de  figns  que 
'7^9  •'  I^^ris,  chez  Dcfcr  de  Mai-  possède  M.  S.  VVhitbread.  Les  esquis- 
sonneuve,  est  moins  estimée  ;  elle  est  ses  d'animaux  qui   se  trouvent  dans 
de   Guédon  de  la   Berchère.  Ou   l'a  les  Voyages  de  soi)  frère ,  sont  aussi 
reproduite  avec  un  nouveau  frontis-  de  lui  :  estimé  pour  la   franchise  de 
pice,  an  v  (  1797).   VIL  Observa-  son  carictèrc  et  la  simplicité   de  ses 
lions  relatives  principalement  à  la  nianières ,  il  était  un  des  ornements 
beauté  pittoresque .  faites  en  1776  de  l'aculéune  rovalc   de  peinture.  Il 
su-  diverses  parties  de  la  Grande-  est  mort  à  Bromplon  ,  le  8  mars  1807. 
B  etagne .  et  pariiculièrument  sur  W— n. 
les  montagnes d' I'] cosse ,  v\i\  .  1789,  GIL-POLO    Gaspard),  poète  cs- 
2Vol.iri-H  .,  Irid.  eu   .ilicrn.,   L<'ip-  paguoi ,  né  a  V.»lenee  en  i5i(),cxer- 
zig,  1792  95,  2  vol. in  8  .  \  III.  Be-  çait  dans  cette  ville  la  profession  dV 
marques  sur  les   scènes  forestières  vocat.  Il  avait  beaucoup  de  goût  pouc 


la  pocsic  ;  cl  ses  premiers  essais  le 
placcrciit  au  raiip  des  iiicillcurs  poètes 
(le  son  temps.   Mais  ce  qui  servit  le 
pins  à  et.ihhr  sa  lepntatioii  ,  ce  fut  sa 
Diana   enamorada  (  Diane  amou- 
reuse ).  Cette  fable  pastorale ,  écrite 
fn  prose  raêle'c  de  vers,  est  en  quel- 
que sorte  la  suite  de  celle  qu'avait 
composée  Moiitemayor  :  mais  cet  au- 
tdir  n'en  ayant  écrit  que  cinq  livres  , 
Gil  -  Polo  en  ajouta  sept.   Le  succès 
prodigieux   qu'avait   eu    l'ouvrage  de 
Montemayor  ,    le  premier   dans  son 
genre  ,  ne  nuisit  point  à  celui  qu'ob- 
liut  son  imitateur.  Gil -Polo  ne  sur- 
passe assurément  pas  son  modèle  par 
l'invention ,  ni   par   le  ^oûf  ;  mais  il 
l'égale  pour  la  pureté  du  style,  l'har- 
monie et  l'elegauce  des  vers  ;  et  son 
ouvrage  est  bien  supérieur  à  la  Dia- 
na de  Ferez  dit  le   Salmantino ,  qui 
fut  un   des  continuateurs  de  Monle- 
mayor.  Parmi  le  grand  nombre  d'ex- 
cellents  morceaux  de  poésie    qu'on 
trouve  dans  le   premier ,  on  regarde 
comme  deux  chefs-d'œuvre,  le  sonnet 
qui  commence    par  Probaron  en  el 
campo  su  désire za  ^  et  la  chanson 
En  el  campo  venturoso  ,    etc.   Le 
chant  du    Turia  est   aussi  curieux 
ou'intëressant j  l'auteur,  par  le  moyen 
aune  fiction  ingénieuse,  y  rappelletous 
les  troubadours  et  poètes  valenciens 
jusqu'à  son   temps.  Il  paraît  que  Gil- 
Polo  ne  quitta  jamais  sa  province ,  et 
qu'il  n'alla  pas ,  à  l'exemple  des  poètes 
ses  contemporains  ,  briguer  à  Madrid 
les  faveurs  du  monarque.  Il  mourut 
dans  sa  patrie  en    1572.  Cervantes 
fait  un  grand  éloge  de  cet  auteur  dans 
son  Don  Quichotte ,  lorsqu'en  par- 
lant des  trois  Dianes  ,  il  fait  dire  au 
curé  qu'on  garde  celle  de  Gil-l*olo  , 
comme  sielle  étaitd'Apoilon  lui-même. 
Il  en  fait  aussi  l'éloge  dans  son  chant 
de  Calliope  ,  à  la  slancc  Todas  quan- 
tas  delidas  alahanzas^  clc.  etc.  La 


G  1  L  389 

pifmière  édition  de  la  Diana  de  Gil" 
Polo  est  de  Valence,  i564,  in- 8".: 
la  plus  estimée  est  celle  de  Lon- 
dres ,  I  75() ,  revue  et  corrigée  par  le 
juif  Pineda  ,  connu  par  celle  qu'il 
avait  donnée  de  Don  Quichotte.  La 
Diana  a  été  imitée  en  latin  par  Bar- 
thius  ,  dans  son  Erodidascalus  seu 
nemoralium  lihri  quinque  ad  hisj)a' 
nicum  Gasparis  Gilli-PoU,  Uanau, 
i6'25,in-8".  B — s. 

GIL-VICENTE,  appelé  le  Plante 
portugais,  naquit  à  Barcellos,vers  l'an 
i485  ,  d'une  ancienne  et  illustre  fa- 
mille. D'après  le  désir  de  ses  parents  , 
il  étudia  le  droit*  mais  il  le  quitta  bien- 
tôt pour  se  livrer  au  théâtre  :  sa  nais- 
sance l'ayant  attache  à  la  cour  de  Lis- 
bonne ,  il  s'y  occupa  ,  avec  activité, 
de  fournir  des  pièces  de  circonstan- 
ce pour  les  solennités  civiles  et  reli- 
gieuses. Ses  drames  furent  d'abord 
représentés  à  la  cour  du  roi  Ema- 
nuel*  et  le  premier  parut  en  i5o4. 
Ils  obtinrent  un  succès  prodigieux  j  et 
sa  réputation  s'accrut  sous  le  règne  de 
Jean  III,  qui  prenait  souvent  plaisir 
à  jouer  lui-même  un  ro'e  dans  quel- 
ques-unes des  comédies  de  Gi!.  II  pa- 
raît que  celui-ci  était  aussi  un  des  ac- 
teurs :  ce  qu'il  y  a  de  certain  ,  c'est 
qu'il  forma  au  théâtre  sa  fille  Paula 
(dame  d'honneur  de  la  princesse  Ma- 
rie) ,  qui  se  rendit  célèbre,  non  seu- 
lement comme  la  première  actrice 
portugaise  de  son  temps ,  mais  aussi 
comme  poète  et  musicienne.  Gil-Vi- 
ccnte,  en  précédant  les  grands  poè- 
tes dramatiques  de  l'Italie  ,  de  l'Es- 
])ague  ,  de  la  France  et  de  l'Angle- 
terre, avait  acquis,  pour  ainsi  dire, 
une  réputation  européenne.  On  pré- 
tend qu'Erasme  apprit  le  portugais 
dans  la  seule  vue  de  lire  les  comédies 
d'un  homme  qui  excitait  tant  d'en- 
thousiasme ;  et  si  l'on  considère  Gil 
comme  le  restaurateur  du  théâtre  m>- 


390 


GIL 


derne ,  cet  enlhousiasme  ne  doit  pas 
étonner.  La  première  représentation 
connue  en  Italie  est  celle  de  l'Orphée 
de  Poliiicn,  joué  en  la  cour  de  Man- 
tone ,  en  1 485.  Mais  l'Orphée  n'est 
qu'un*'  exacte  imitation  du  théâtre 
grec ,  ainsi  que  la  Calandra  du  Bib- 
î)iena.  /  suppositi ,  la  Cassaria  de 
l'Ariostc,  la  Clitia  et  la  Mandragora 
de  Machiav.  I  (1)  n'étaient  calqués  que 
sur  lemodèh:  do  Plaute  et  de  Térencej 
et  la  plupait  n'élaieiit  que  des  imita- 
tions. Les  comédies  de  Béo'co  Ruz- 
zante  (le  premier  qui  ait  introduit  sur 
le  théâtre  le  Brigheila  et  l'Arlequin  ), 
n'étaient  que  des  farces  insipides , 
écrites  en  jargon  padouan  ;  et  l'on  ne 
peut  considérer  les  pièces  de  l'Arctin 
que  comme  d'infâmes  satires ,  sans 
ordre  ni  invention ,  où  les  person- 
nages les  plus  illustres  et  les  plus  res- 
pectables étaient  offerts  à  la  risée  du 
pub'ic.  En  France,  si  l'on  ne  regarde 
pas,  dans  son  origine  ,  la  farce  de 
Maitre  Patelin  comme  une  comé- 
die (2),  on  ne  connaissait  de  pièce  un 
peu  régulière  (\\\e^Eugène  de  Jodclle 
(né  en  i53'2),  bien  suj)érieure  à  ses 
Irois  tragédies.  fiCS  successeurs  de  cet 
auteur  dramatique  ,  Hardy  ,  Mout- 
chreslien,  Bjro,  etc.,  ne  parurent 
que  plus  d'un  siècle  après  j  et  la  nais- 
.sance  de  Gil-Viccnte  précéda  de  qua- 
tre-vingt-deux à  quatre-vingt-quatre 
ans  celle  de  Lope  de  Vega  et  de  Sha- 
kespeare (5;\  L'admiration  qu'excitait 

(i)ToutP»  cet  p'i«Tci  et  Irt  siiivnntrii  parurent 
en  lialit:  lie  1610  a  l't^n.  La  idiit  rxi.iint-tr  i'(aitla 
jMiindragiira  ,i\\ti  n  ivé  trj<liiin"  par  J.-B.  Kous- 
scnii  ,  l.iiiulrci  ,  173^1.  Ln  Culiimlrn  rit  iiniti-r  'irt 
Jtlciirchmei  <l«;  J'I-iulc  ,  «'l  la  C/iittt  «Je  U  Cmina 
«lu  mâi»e  ;iii(riir  Un  ^t'-ndrul  ,  li-»riii<|  pirrri  <|u'j 
laisnéck  l'.Vriotlr,  U-i  iroi  .ilr  M«i:rhi.ivrl,  ri  tonlri 
criirs  i|iii  pnriiri'iil  il  ci'lti*  C|inqiie  ,  n'elai-  iil  ipin 
<lr«  cuniùdici  |:itiii<'( ,  C'<'ril)-s  en  itJilirn  l'iinoMt 
le  nicin«{  lel  ,  le*  m^nir«  plaii.mlrrirt ,  l<'«  mtïnint 
«-\<  Invita  «t  p^ir/i«it<'(,  II!  uii>n\o  lirii  de  la  fr(.'nr  ; 
ri  .  il  l'iiuiiir  i|r>  Latin»,  l'ai  liou  $e  raconte  plut 
«[uVlIr  m-  •»•  vml. 

(n^  l'uni  le  iiiiMiiIc  «ait  rpii*  ri-ltr  cnm^ilin  ,  rcrile 
\fr*  lu  lin  lin  iiuiniii-inr  .tiitrlf  ,  u  é.iii  rorrigue  , 
«HSfii""!»''  ri  rrnrnilnilf  pur  rirui'ya  m  l^ofj. 

^ii]  Lupc  Uiiijiiii  eu  i;>(ji^  cl  Miakcspfljf  en  <St>4« 


GIL 

Gil-Viccnte  dans  l'Europe, n'était  donc 
que  très  juste  et  très  naturelle.  Ses  piè- 
ces sont  remplies  ,  il  est  vrai  ,  des  dé- 
fauts inséparables  d'un  premier  essai , 
dans  quelque  genre  que  ce  soit  ;  mais 
dansées  ébauches  grossières,  on  ne 
laisse  pas  de  trouver    une    richesse 
d'invention  ,  une  vérité  dans  le  dia- 
logue, une  vivacité,  une  élégance  et 
une  harmonie  poétique  dans  le  lan- 
gage ,  inconnues  jusqu'alors  ,  et  qui  jus- 
tifient   l'enthousiasme   national  et    la 
curiosité   des  étrangers.   Gil-Vicente 
demeura  toujours  attaché  au  roi  Jean 
111,    qui   le    combla    de  largesses; 
il    mourut   à   Evora   en  1557.  Pen- 
dant sa  maladie ,  il  fit  lui-même  son 
épifaphe ,   qu'on   voit  encore  gravée 
sur  son  tombeau.  Ses  ouvrages  lurent 
publiés  par  son  fils ,  sous  le  titre  de 
Compilacaon  y    c'est-à-dire  Recueil 
des  ouvrages  de  Gd-Vicente,  en  cinq 
livres  ,  contenant,  1".  ses  Poésies  dé- 
voles, 1°.  ses  Autos,  5".  ses  Tragi-co- 
médies et  ses  Comédies,  4".  ses  Farces 
(  Fnrsas),  5".  Poésies  diverses ,  Lis- 
bonne,  i56'2,  in-fol.;  ibid.,  i586, 
in-4°.Ses^//fo5,  ou  Pièces  religieuses, 
sont  au  nombre  de  seize ,  destinées  à 
célébrer  les  fêtes  de  Noél  •  les  ber- 
gers y  jouent  un  rôle  principal.  Ses 
tragi-comédies  roulent  sur  des  sujets 
héroïques  ,  et  le   style  en  est  élevé; 
telle  est  celle  de  dom  Duardes  (  iiii- 
])rimée séparément,  Lisbonne,  161  5, 
1654.)  Parmi  ses  comédies  on  dis- 
tingue \q  Juge  de  Beyra  (imprimée 
id. ,  i()Jo  ),  et  le  Fidalgo  Portugais 
(  1645  ).Ses  Farsas  peuvent  être  re- 
gardées coinuK'  un  échantillon  ou  es- 
quisse de  la  véritable  comédie  :  elles 
ont   du  sel,  de  la  gaîté ,  du  naturel 
et  des   caractères   nouve.uix   (^   bien 
tracés.  Ce  Recueil  contiint  cinquante 
pièces,  à  peu  près,  dont  sei/.e  rou- 
hnt  sur  des  sujets  sacrés.  —  Le  fils 
de  cet  auteur,  appelé  aussi  Gil-V»- 


G  I  N 

crntc ,    suivit   cîc   inôinc    îa  ciniôre 
<Jr;«niati(jiic.  On    cite  :ivvc  clugc  une 
de  SCS  coiiicdits:  Doui  Joan  de  los 
T tir  COS.  1^ — ?»• 

(i  1  N  (  Pierhe-Louis-Clai'di;  ) , 
inaf;istral  français,  cll'undcscirivains 
K\s  plus  féconds  de  nos  jours,  na- 
quit à  Taris  en  172G.  Il  elait,  par  sa 
mcre,  arricrc-pclit-novcu  de  Boilcau. 
Il  fut  successivement  avocat,  puis  con- 
seiller au  parlement  Maupcou,  cl  lors 
de  sa  dissolution,  il  devint  conseiller 
un  grand-conseil  ;  charges  qu'd  exerça, 
de  la  manière  la  plus  honorable,  jus- 
qu'à Tepoquc  de  la  suppression  des 
cours  souveraines  en  i  -^(ji.  Le  premier 
ouvrage  qu'il  donna  au  public  est  un 
traite  de  V éloquence  du  barreau , 
I  "fij^  i  11  -  1 2.  jMalgrc  les  nombreux 
modèles  que  l'antiquité  lui  ofïVait  sur 
celte  matière  ,  Gin  ne  composa  qu'un 
ouvrage  dont  il  est  difFicilc  de  carac- 
tériser le  degré  de  médiocrité.  Lors- 
qu'il s'occupe  des  objets  qui  ne  mé- 
ritent que  peu  d'attention  ,  il  est 
d'une  prolixité  rebutante:  sur  les  par- 
ties les  plus  importantes  de  l'art ,  il 
est  d'une  sécheresse  et  d'une  stérilité 
vraiment  déplorables.  Ce  Traité  de 
l'éloquence  ne  renferme  pas  trois  pa- 
ges dignes  d'être  lues.  Depuis  la  ré- 
volution, l'auteur  en  a  donné  une 
nouvelle  édition,  i8o3,  in-  12.,  très 
augnienléej  mais  malgré  tous  ses  ef- 
forts ,  l'ouvrage  n'en  est  guère  meil- 
leur. Gin  fit  ensuite  naraîlre  un  livre 
intitulé  :' Des  vrais  principes  du  gou- 
vernemcnt^  1778,  in-8'.;  1780,  in- 
8".;  i78'2,  2  vol.  in-i'i.;  1801, 
a  volumes  in-S". ,  revus  et  considé- 
rablement augmentés.  C'est  un  long 
plaidoyer  on  faveur  du  gouvernement 
monarchique  où  Gin  combat  Montes- 
quieu et  Mably,  mais  avec  des  armes 
bien  inégales.  On  sent  à  chaque  insiaut 
qu'il  était  dépourvu  des  qualités  qui 
couitiiucul  suit  le  législateur,  soit  Té- 


G 1 N  OQf 

criv.'iin.  Ce  ((ne  cet   ouvrage  offre  de 
j>lus  nu  ieux  ,('est  une  lettre  e<  iite  par 
Voltaire  à  Gin,  pour  le  remercier  du 
cadeau  qu'il  lui  avait  fait  de  son  livre. 
11  abandonna  pendant  quelque  temps 
les  hautes  questions  de  la  législation  , 
pour  publier  une  Analyse  du  droit 
français  comparé  avec  le  droit  ro- 
main :  la  première  édition  parut  en 
1780  ,  I  vol  in-4".  ;  une  seconde  en 
iHo5-i8o5,  6  vol.  in-8\  Cet  ouvrage 
est  peu  recherché  des  jurisconsullcs. 
Toujours  entraîné  par  son  amour  pour 
les   lettres  plutôt  que  par  la  véritable 
inspiration  du  talent,  Gin  donna  une 
iraduclion   des    OEuvres  complètes 
d'flomère,  1785-84,  8  vol.  in-i2.  , 
avec  des  notes  et  des  imitations  des 
poètes  latins,  italiens  et  anglais.  Deux 
éditions  in- 12  et  in -8°.  se  succédè- 
rent. Au  moment  de  la   révolution, 
Pierre  Didot  avait  commencé  d'en  pu- 
blier une  édition  in-4°.,  1  788,  ornée 
de  cinquante  estampes  et  de  deux  car- 
tes géographiques.  Les  événements  po- 
liiiques  empêchèrent  de  faire  paraître 
l'Odyssée  et  de  compléter  cette  édition. 
Louis  XVI, qui  aimait  à  protéger  les 
lettres,  avait  souscrit  pour  cent  exem- 
plaires. Les  traductions  à' Hésiode  , 
1785,  in-8".,  des  Harangues  politi- 
ques de  Démosthènes ,  et  de  celle 
(i'Eschine  contre  cet  orateur,  1791, 
2  vol.  in-8'\,  suivirent  la  traduction 
du  prince  des  poètes.  Gin  donna  de- 
puis ,  Idylles  de  Théocrite,  1  788,  2 
vol.  in- 12  elin-8*^.  ;  Odes  de  P in- 
duré ^  unique  traduction  complète ^ 
en  prose  poétique ,  1801,  in  8".  (  il 
avait  en  manuscrit  les  versions  d'Ana- 
créon  ,  Bion  ,  Moschus,  Sapho  et  des 
autres  lyriques  grecs);  les   OEuvres 
(bucoliques)  de  Firgile ,   Irad.  nou- 
velle, [1788,  in-i2  5   les  Idylles  de 
Théocrite  et  les  Eglogiies  de  Vir^ 
gile ,  trad.  nouvelle,  deuxième  édition, 
1801,  2  vol.  in  -  12.  Les  diverses 


592                   GIN  biN 

traductions  de  Gin  ,  qui  ont  é\é  im-  noms  propres,  les  termes  tecliniques 
primées,  faurraillent  de  fautes  et  de  y  sont  souvent  défigures,  et  l'ou  peut 
contre-sens:  aussi  n'ont-elles  jamais  croire  que  l'auteur  n'en  a  pas  revu  les 
obtenu  l'approbation  des  savants  et  e'pieuves.  Dans  la  longue  nomencla- 
des  hommes  de  goût.  Cependant  un  ture  des  ouvraE;es  de  Gin  ,  il  faut  aussi 
certain  luxe  typographique  fait  encore  compter  un  Eloge  du  Dauphin  ,  père 
rccherclier  la  dernière  édition  de  la  de  Louis  XVI ,  et  uu  autre  de  Suger. 
traduction  d'Homère.  Gin  publia  aussi  L'éloge  du  Dauphin  offre  quelques 
des  Nouveaux  mélanges  dephilo^o-  morceaux  assez  bien  écrits,  tels  que 
phie  et  de  littérature  ,  ou  Analyse  l'exorde.  Gin  avait  donné  en  1779 
rciisonnée  des  connaissances  les  plus  son  ouvrage  De  la  Religion  ^  par  un 
utiles  à  Vhomme  et  au  citoyen,  dé-  homme  du  monde  ^  f\  vol.  in -8°.;  il 
diés  au  roi ,  1784,  in- r2  ;  il  y  traite  le  retoucha,  l'abrégea,  cl  le  ^)ublia  de 
les  questions  les  plus  importantes  de  nouveau  en  i8o5,  sous  ce  titre  ;  De 
la  métaphysique  et  de  la  philosoj)hic.  la  Religion  du  vrai  philosophe ^  ou 
31  combat  à  plusieurs  reprises  l'iiuttur  l'Observateur  impartial  de  la  na- 
du  Système  de  la  nature ,  le  livre  de  ture  ,  contenant  Vexamen  des  sjs- 
\  Esprit,  et  divers  autres  philosophes  tèmes  des  prétendus  sages  duxFiii'. 
modernes.  On  ne  trouve  dans  ces  siècle,  et  la  preuve  de  la  liaison  dds 
Nouveaux  mélanges  ,  comme  dans  principes  du  christianisme  ,  avec  les 
tout  ce  qui  est  sorti  de  la  plume  du  maximes  fondamentales  de  la  tran- 
mcMQC  écrivain ,  qu'un  style  lourd  et  quillité  des  états.  Ce  livre  porte 
incorrect ,  des  pensées  dépourvues  de  aussi  le  litre  ôiOEuvres  complètes  de 
profondeur  et  d'originalité.  «  Affligé  P.  L.  C,  Gin,  n».  i'^:  l'auleur  avait 
de  voir(p»'unc  suite  à  l'irnrnortcl />«>  en  ellèt  le  projet  de  donner  une  édi- 
conrs  de  Bo^suel,  sur  Vhi.toire  uni-  tion  complète  de  ses  OEuvres  ;  mais 
verselle  ,  manquait  à  la  littérature  il  en  est  resté  là.  En  tête  de  ce  vo- 
française,  »  Giu  voulut  y  remédier,  lume,  il  a  placé  la  liste  de  ses  divers 
Il  donna,  en  1802,  cette  suite  en  2  ouvrages,  tant  imprimés  qu'inédits, 
vol.  in  -12,  et  il  la  divisa  en  sept  en  y  joignant  les  motifs  qui  lés  lui 
époques,  depuis  Cliarh  magne  justpi'à  ont  ln^pjrés.  Dans  uu  avertissement 
l'ouvcrtiue  des  états  -  généraux  eu  q' i  suit,  il  donne  quelques  détails 
1789.  Quoique ,  sans  doute,  infini-  sur  sa  vie.  «  La  Religion,  par  un 
ment  au-rîessous  de  l'original  ,  celle  homme  du  monde  ,  avait  eu  du  suc- 
continuation  n'est  pas  absolument  sans  ces,  dit  l'auteur,  même  auprès  de 
mérite;  le  style  a  de  la  force  dans  nos  prétendus  sages,  qui  se  trouvé- 
quelques  endroits  ,  (pu  hjuefois  de  la  rent  flattés  d'y  rencontrer  une  collcc- 
«léclamalion  ,  plus  souvent  encore  i\ii6  tion  complète  de  leurs  systèmes  ,  de 
négligences.  Malgré  quelques  iuexac-  leurs  vains  so[)hismes,  cl  jusqu'à  leurs 
liludes,  l'ouviMge  a  ,  sur  les  deux  sarcasfues  j  le  P.  Beauregard,  citant 
continualions  du  même  genre,  pu-  cet  ouvr.ige,  en  1780,  dans  son  la- 
l)liécs  en  1704  clou  180")  (  A^(>;  t'S  incux  sirmon  des  philosiplics,  disait: 
lîossuET  ,  V  ,  7.58-9  )  ,  l'avantage  //>  le  connaissent ,  ce  livre  ^  ils  n'y 
incontestable  d'être  poussé  jiis(prà  nos  <)nf  pas  répondu  ,  ils  n'y  répondront 
jours;  et  il  ainait  eu  suis  doute  plus  jamais,  w  L'.d>be  Duvoisiu  ,  dans 
de  succès  sans  les  fautes  d'impression  l'approbation  de  la  première  cMition, 
qui  s'y  trouvent  à  eliaquc  page:  les  dit  que  l'on  y  trouve  un  plan  vaste  cl 


\ 


r.  IN 


\\i'n  rempli,  des  vues  neuves,  un 
;vle  noble  et  correct.  Les  bonnes 
inteiilioiis  de  l'auteur  .ivaicnt  sans 
doute  dispose  le  censeur  à  riiidui- 
gcnee  ;  car  les  ouvrages  j  hilosophi- 
ques  de  (iin  sont  dépourvus  de  tout 
cachet  particulier.  Ils  n'ollrent  que 
des  idées  comnunies  ,  nonces  dans 
nn  style  piolixe  et  souvent  barbare. 
Si  cet  auteur  fécond  ne  peut  êire  place 
qu'au  nombre  des  écrivains  incdiorres, 
nous  nous  empressons  de  rendre  boni- 
niaqc  aux  vertus  qui  le  distinguèrent , 
à  rattaclicraentsans  bornes  qu'il  porta 
à  la  maison  de  Bourbon  ,  cl  dont  il 
donna  des  preuves  d.ins  les  occasions 
les  plus  périlleuses.  G'fst  ainsi  qu'à 
celte  fatale  époque  où  tous  les  Fran- 
çais attendaient  dans  la  stupeur  l'issue 
du  plus  horrible  des  procès  ,  Gin 
adressa ,  le  11  de'cembre  1 79'^  ,  à  Ba- 
rère,  un  plaidoyer  en  faveur  de  Louis 
XVI.  Ce  plaidoyer  ,  in)prinie  à  Bâle, 
1795,  in-S".,  lie  renferme  en  tout 
qui  huit  pages  ,  suivies  de  cinquante 
p.iges  de  notes  et  additions  :  combien 
cependant  l'innocence  du  Roi  martyr 
y  brille  ?  Dans  ce  moment  affreux ,  le 
défenseur  s'est  comme  elevc  au  dessus 
de  lui-même*  et  il  a  trouve  dans  son 
ame  ,  toute  royaliste  ,  quelques  ex- 
pressions que  le  s^cnic  ne  desavone- 
rait  pas.  Un  si  noble  de'vouement  de- 
vait être  récompensé;  aussi  Gin  fut- 
il  incarcère',  la  même  année  1793, 
avec  sa  famille ,  à  l'abbaye  de  Port- 
Boyal ,  rue  de  la  Bourbe.  Sa  captivité' 
dura  onze  mois  j  et  il  en  profita  pour 
appretidre  la  langue  auglaisc,d'un  au- 
tre prisonnier  au]utl  il  montrait  le 
grec.  C'est  à  cette  circonstance  que 
nous  devons  la  traduction  qu'il  fit  pa- 
raître plus  taid  du  Ministre  de  ïVa- 
kefieldf  1  797  ,  in-8".  Cette  traduction 
est  fort  mal  écrite  ,  et  renf«'rme  beau- 
coup de  contre-.^eus.  En  1794  ,  î»  sa 
isorlic  de  prison  ^  Gin  fut  maire   ou 


(;  1 N  .')9"> 

agent  delà  commune  de  Clamart  sous 
Meudon  ,  où  il  possédait  une  maison 
de  eam|)a;;iie.  L'assend).ée  qui  tyran- 
nisait alors  la  France  ,  ayant  rendu  uu 
décret  par  lequel  tous  \es  fonctionnai- 
res pul)lics  étaiewt  .ssujétis  au  serment 
de  haine  à  la  royauté ,  il  écrivit  sur 
le  registre  de  la  commune  d'Issy,  que 
non  seulement  il  ne  ferait  p.is  ie  ser- 
ment qui  lui  était  demande,  mats  que, 
bien  loin  de  là,  il  déeîaiai'  que  k-  gou- 
vernement monarthique  élût  le  seul 
qui  [)ût  convenir  à  la  France.  Gin  , 
toujours  occupé  de  travaux  litté- 
raires ,  mourut  à  Paris  le  19  novem- 
bre 1807  ,  âgé  de  81  ans.  Il  a  laisse' 
en  manuscrit ,  et  se  disposait  à  faire 
imprimer,  Y^nalyse  raisonnée  du 
droit  français  par  la  camp  ar-d  son 
de  nos  anciennes  lois  et  du  Code 
Napoléon.  11  avait  donité  ,  peu  de 
temps  avant  sa  mort,  \e  Prospectus 
des  OEuvres  complctes  d'Homère , 
édition  polyglotte  en  cinq  langues 
(grec,  latin,  frarç;ds,  anglais,  ita- 
lien). Cette  entreprise  n'a  pas  eu  de 
suite.  Gin  n'a  laissé  qu'un  fils,  ancien 
conseiller  au  grand-conseil ,  qui  pos- 
sède plusieurs  manuscrits  de  son  père, 
entre  autres  une  traduction  de  Milton. 

St.  P— r. 
GINANIouZINA]NI(i)(Ga- 
BRïEL  ),  poète  italien,  qui  a  joui  de  son 
temps  de  quelque  célébrité ,  naquit  à 
Reggio  dans  le  xvi".  siècle  (2).  La  na- 
ture lui  avait  accordé  d'heureuses  dis- 
positions ,  que  ses  parents  cultivèrent 
avec  succès.  Après  avoir  fait  ses  pre- 
mières études,  il  fut  envoyé  à  Fcr- 


{i^  Lrs  Ginanl  de  Repgio  sont  uiip  branche  de 
ceux  de  Ravcnne  ;  et  comme  ,  dans  lu  j)r<)noncia- 
tion  lombarde  ,  le  if  a  le  sou  du  i ,  ctux  de  Reggio 
ont  écrit  leur  nom  indifféreiunicnl  Ginaui  om 
Zinani. 

(2  I  Tiraboschi ,  d'api  es  un  passage  de  la  dédicace 
des  ^»e  gitirn«fi\  croit  i)ouv<iir  placer  la  naissance 
de  Giiiani  en  i  jG4  ;  mais  Jacques  Vezrani  ,  en  lui 
écrivant  en  167.2  ,  le  fiilicite  sur  sa  'uei le  vieiliesie  , 
remp.iment  qui  ne  ]>araU  ^uèie  convenir  à  ua 
homme  <^ui  u'aurail  eu  i|ue  cIu(|uaiU«-huIt  ans. 


5y4  <^^  1 N 

rare  ,  et  y  suivit  les  leçons  de  Fran- 
çois Patrice,  et  d'autres  professeurs 
distingues.  Il  paraît  que  Ginani  prit 
d'abord  le  parti  des  armes  ;  du  moins 
011  vsl  certain  qu'il  assista  à  quelques 
combats  ,  et  qu'il  était  enfermé  dans 
Agria  lorsque  cette  \ille  fnt  assiégée 
parles  Turcs  en  i5()6.  Deux  ans  api  es 
il  était  à  Naples,  logé  chez  le  duc  de 
v5eminara,  qui  s'était  déclaré  son  Mé- 
cène :  mais   quoique  ce   seigneur  eût 
pour  lui  beaucoup  d'égards  ,  sa  situa- 
tion n'en  était  guère  plus  heureuse  , 
puisqu'on  apj. rend,  par  une  de  ses  let- 
tres ,  qu'il  fut  obligé  de  demander  de 
rar<j[entau  duc  deGuastalla  pour  faire 
imprimer  un  de  ses  ouvrages  (T-r^rfe 
del  sef^retario)','i\  n'en  reçut  que  des 
compliments  et  des  promesses,  et  lassé 
d'attendre,  il  quitta  JNaples    pour  ve- 
nir à  Home,  oîi  il  fut  admis  en  1G02 
h  l'académie  des  humoristes.  Il  partit 
ensuite  poiirVenise;  mais  en  passant  à 
lie^gio,  il  s'y  arrétatjuclque  temps  pour 
voir  ses  parents;  et  ayant  fait  aux  ma- 
gistrats un  tableau  fidèle  de  sa  misère , 
il  en  reçut  un  présent  magnifique  pour 
Vaiderà  publier  son  Eracléide. Ginam 
prenait  le  titn-  de  seigneur  de  Bellay  que 
lui  avait  conféré  l'empereur  Ferdinand 
11,  en  récompense  de  la  dédicace  d'un 
de  ses  ouvrages  {la  Bagionedi  stato)  ; 
ce  titre  le  flattait  beaucoup:  j'en  fais 
plus  de  cas,  dit-il ,  que  de  très  gran- 
des provinces  que  d'autres  princes  s'é- 
taient obligés  de  me  donner.  L'orgueil 
<^xeessif  fpu'  montre  ici  Ginani  n'é- 
tait pas  d'accord  avec  sa  conduite;  et 
l'homme  (pii  s'abaissait  à  dem.indtr 
quelques  écus,  n'aurait  pas  refusé  nue 
province,  si  elle  lui  eulctéofl'crle.  li- 
raboschi   pense   que  c'est  de    IJelley 
dans  le  liugey  cpie  Ginani  était  sei- 
gneur; et  il  cherche  à  prouver  que 
l'empereur  a  pu  disposer  de  ce  do- 
maine en  faveur  d'un  de  ses  sujets: 
mais  le  titre  de  Ginani  était  purement 


GIN 

honorifique;  l'empereur  n'y  avait  at- 
taché ni  revenus,  ni  pension,  puisque 
ce  poète  continua  toute  sa  vie  de  se 
plaindre  du  peu  d'avantages  qu'il  avait 
retiré  de  ses  travaux.  Il  vivait  encore 
en  1634. Le  Tasse,  Marini,  Balt.  Cas- 
tiglione  furent  au  nombre  de  ses  amis 
et  lui  décernèrent  des  éloges.  Tirabos- 
chi  a  inséré  dans  la  Bibliot.  modenese 
un  article  très  déuiillésur  Ginani,  sui- 
vi de  la  liste  complète  de  ses  ouvra- 
ges; on  se  contentera  d'en  citer  ici  les 
principaux  :  I.  //  Caride,  fawolapaS' 
torale ,  Parme ,  1 582 ,  in-8**.  ;  édition 
corrigée,  Reggio,  1 5go  ou  1 59 1 .  Celte 
production  se  ressent  de  la  jeunesse 
de  l'auteur.  II.  VAmerigo ,  traged. , 
Reggio,  1 590,  in-8".;  Venise,  i6'27, 
in-i'2  :  elle  est  citée  par  Tirabosrhi 
comme  une  des  meilleures  tragédies 
publiées  en  Italie  dans  le  xvi'".  siècle. 
III.  [jEracléide  ,  poéma  ,  Venise, 
1625,  in-4'' .C'est  le  sujet  de  la  Croce 
racquistatadc  Bracciolini  (  F.  Brac- 
cioi^iNi);  mais  Ginani  avait  terminé 
son  poème  depuis  plusieurs  années  , 
lorsque  Bracciolini  publia  le  sien.  Ou 
trouve  à  la  suite  quarante-une  remar- 
ques critiques  sur  ce  poème  avec  au- 
tant de  réponses,  sous  le  nom  de  Vinc. 
Ant.  Soiclla.  Tiraboschî  pense  que 
Ginani  est  l'auteur  des  remarques  et 
des  réponses.  IV.  Ilsegretario,  divi- 
se in  setle  libri,  ibid.,  lôiS,  in-4". 
\'.  Jlcon5iglitre,\hu\.,  iG25,  in-4*'.; 
traduit  en  latin  ,  par  Jean    Honigk, 
Fraueloit,  iG'H.  VI.  Délia  raç^ione 
di  stato  libri  \ii ,  ibid. ,  1 62G,  iii-4''. 
Iiad.  eu  latin  par  Honigk,  Francfort, 
1  (i'.>.8  ,  sous  ce  titre:  /^6'  ratione  opti- 
im)  impcrnndi  et  de  statu  reipubliciv. 
Vil.  liime  *i  prose,   Heggio,  s.  d., 
deux  parties,  in-8'.  Rime  amorose  ,    | 
\' e n i s f,  1  ( )  A •] .  liime  sa crc ,  i b . ,  1  Ga -j ,    • 
iu  -  l'jt.  VI IK  Discorso  délia  pas- 
torale, ibid.,    1G27,  in-  la;  l'au- 
t(ur    y   relève    plusieurs  défauts  de 


(ilN 

YJminte  du  Tasse.  IX.  Une  lunwclle 
cditiuii  de  l.i  /  ictin  Jassc,  p-u  M^uro, 
<'t  (|n<'lqiKS.uilics  o/uiscules  iiioiiisirn- 
poit.Tiits.  Il  se  |)io|)os.<if  (|p  publier 
f»//'  cloi;i  de  ^^Z/  illuslri  Rt^^pani  •  mais 
rct  ouvnij;e  ii'.t  [loiiit  clé  ajclirve. 

'^  W— s. 
GINANI  ou  GlNANNl  (Joseph, 
conile) ,  célèbre  natiu.jlistc,  ne  à  Ra- 
vcnne  en    i(3()'2  ,   s'apjiliqiia  dès   sa 
jeunesse  à  rctiide  de  la  botanique  ,  et 
suivit  dans  ses  herboiisalioiîs  ,   Mi- 
cheli,  botaniste  du  ç^ijuid-duc  de  Tos- 
cane, qui  acheva  de  lui  inspirer  une 
vive  passion  j)Our  cette  science.  Il  par- 
courut cusuile  les  diircrents  états  de 
l'Italie ,  recueillant  partout  des  plan- 
tes, des  coquillae^es  et  d'antres  objets 
d'hi^toire  natuielle,  dont  il  forma,  en 
peu  d'années,  une  collection  très  in- 
téressante.   Il   s'attacha    particulière- 
ment à  bien  connaître  les  bords  de  la 
mer  Adriatique,  et  tut  récompense  de 
ses  fatigues   par   la  découverte  d'un 
grand  nombre  de  productions  natu- 
relles encore  inédites,  l/académie  des 
sciences  de  Bologne  l'admit  dans  son 
sein  en  1747Î  et  cinq  ans  après  il  fut 
élu  membre  de  la  société  littéraire  de 
Ravenne:  enfin  le  grand-duc  de  Tos- 
cane, pour  perpétuer  le  souvenir  des 
travaux  de  Giuani ,  fit  frapper  en  son 
honneur  une  médaille,  portant  d'un 
côté  son  portrait,  et  au  revers  la  na- 
ture, avec  ce  seul  mot:  irwenit.  Le 
comte  Ginani  mourut  dans  sa  pairie 
en  I  755  ,  «1  l'âge  de  soixante  ans.  On 
connaît  de  lui  les  ouvrages  suivants  : 
1.  Délie  uova  edei  nidi  degli  uccelll 
con  iina  disserlazione  sopra  varie 
spezie  di  cavalletle  ,  Venise ,  1707, 
deux  parties  en  1  vol.  in-4".j  ouvrage 
recherché,  et  donlles figures  sontpas- 
Stblement  exécutées.  La  dissertation 
!  sur   les   sauterelles   cllic   des  dét,iils 
cui  ieux.  1 1.  Lttiera  alV  accad.  délie 
scienze  di  Bologna  sopra  il  nascere 


G  I  N  3!)5 

d'alcuvi  tcstacei  Jiiarini ,  insérc-c 
dans  les  retucils  de  cette  acafh'iiuc, 
et  dans  les  jourrjaiix.  111.  l'rodiizioni 
nalurali  cfie  si  ritrcn'aiw  nel  imiseo 
Ginanvi  in  Ecweiina  y  tftctodica- 
inenle  disposte  e  con  annolazioni  il' 
lustrale,  Lucques,  1  7/4^?  g'- J""4"*» 
iig.  IV.  Opère  postume  nclle  (piali 
si  contengojio  1  i/\  plante  chc  vcge- 
tano  nel  mare  Adriatico ,  nelle  pa^ 
ludi  y  e  nel  terrilorio  di  Ravenna  ^ 
colV  istoria  d'alcuni  insctti, Y onific , 

I  755  -  57,  deux  parties  in-fol. ,  dont 
la  première  contient  les  plantes  ,  avec 
55  planches,  et  la  seconde  les  coquil- 
lages, avec  58  planches.  —  Ginani 
(François),  neveu  du  précédent  et 
l'éditeur  de  ses  œuvres  posthumes ^ 
naquit  à  Ravenne,  le  i5  décembie 
1716,  et  fut  envoyé  à  Parme  où  il 
étudia  sous  les  niaîtres  les  plus  dis- 
tingués. De  retour  dans  sa  patrie,  il 
suivit  l'exemple  de  son  oncle  en  s'ap- 
pliquant  à  l'histoire  naturelle ,  et  ac- 
quit bientôt  une  réputation  qui  lui  ou- 
vrit les  portes  de  plusieurs  académies. 

II  eut  part  à  la  description  du  Museo 
Ginamii ,  publia  plusieurs  opuscules 
dans  la  Eaccolta  Calogeriana ,  en- 
tre autres  une  Dissertation  sur  les 
maladies  des  grains  (elle  a  paru  sé- 
parément à  Pesaro,  i759.in-4".,  fig«\ 
et  mourut  en  1765,  à  l'àgc  de  qua- 
rante-neuf ans.  On  lui  doit  encore 
une  Historia  cii^ile  e  naiurale  délie 
pinele  Bavennale ,  Rome,  Salomoni , 
1774,  iu-4".  de  47^  pages  ,  avec  18 
planches  et  n  cartes.  W — s. 

GINAiSlNl  (Pieriœ-Pj\ul),  béné- 
dictin ,  de  la  même  famille  que  h  s 
précédents  ,  naquit  à  Ravenne  en 
1698.  Après  avoir  terminé  ses  pre- 
mières études  sous  les  jésuites,  il 
entra  dans  la  congrégation  du  ]\Ionl- 
Ca^sin  ,  en  1713,  et  fut  envoyé 
à  Rome  pour  y  faire  ses  cours.  Il 
professa    ensuite    la    philosophie    à 


396                 GIN  GIN 

Florence,  cl  revint  à  Ravcnne  ,  où  il  elle  a  donne'  le  jour.  II.  Letleranelîa 
enseigna  la  tlicologie  avec  le  plus  quale  si  dimosira  che  Ra\fenna  è  la 
grand  .succès.  Ses  talents  lui  mérite-  vera  pairia  di  san  Pier  Damiano.e 
renl  l'estime  de  ses  confrères,  et  l'elc-  non  Faenza,  Assise,  i  ']!\i,m-'6°.\\\, 
Tèrent  rapidement  aux  premières  di-  Dissertazione  epistolare  sulla  lette- 
gnitès  de  l'ordre  :  il  renonça  alors  à  h  ratura  Ravennate ,  Ravenne  (  1  75o), 
carrière  de  rcnseijurienKnt,  et  s'appii-  iu-S'*. ,  et  dans  le  tom.  11  de  la  Nuova 
f]ua  à  l'étude  de  l'histoire  de  sa  pa-  raccolta  calogeriuna.  Celte  disserta- 
trie;  il  visita  les  archives  publiques,  et  tion  ,  en  forme  de  lettie,  adressée  au 
dressa  d<  s  inventaires  des  titres  qu'rl-  cardinal  Quirini ,  contient  l'cloge  de 
les  renfermaient,  genre  de  travail  dont  quelques  littérateurs  de  Ravenne ,  en- 
l'utililé  seule  put  lui  faire  surmonter  tre  autres  Jean  Ftrrctti  et  Ambroise 
les  dégoûts.  INomméen  1  ^4^  abbé  de  Travcrsari.  IV.  Dissertazione  sopra 
St.-Pau!  de  Ravenne,  il  fut  appelé  la  V origine delV Es arcato  e délia digni- 
même  année  à  Rome  par  Benoît  XIV,  ta  degU  Esarchi,  insérée  dans  le 
qui  lui  donna  des  marques  particu-  tome  iv  de  la  Nuova  raccolta  Calo- 
lières  de  son  affection  et  l'admit  dans  g-er.  V.  Dissertazione  sopra  il  mau- 
l'académic  qu'il  venait  d'établir,  pour  soleo  di  Teodorico  rè  de  Gotti  in 
y  travailler  à  l'histoire  ecclésiastique.  Italia,  Céiène ,  1  -^65.  VI.  Elogio  del 
De  retour  à  Ravenne,  il  reprit  le  cours  dott.  Ruggiero  Calbi ,  dans  U  xxv". 
de  ses  recherches,  contribua  à  ac-  \o\.  du  Journal  littéraire  puhWé  pstv 
croître  dans  cette  ville  le  goût  des  Lami.  VII.  Elogi  di  due  R.  R.  Pa- 
leltres  en  accueillant  les  personnes  dri  ahhdti  cassinesi  D.  Camillo 
qui  les  cultivaient,  fréquenta  les  se-  jiffarosi  di  Reggio  e  D.  Francesco 
ciétés  sav.intes ,  et  mit  à  leur  disposi-  Maria  Ricci  Roniano ,  dans  la  Nuo- 
lion  une  bibliothèque  choisie  ,  ainsi  va  raccolta,  et  dans  le  Journal  àa 
qu'un  musée,  qu'il  avait  formés  dans  Lami.  VIII.  Memorie  storico-criti- 
ses  voyages.  Élu  en  1769  promoteur  che  degli  scrittori  Ravennnti ^  Facn- 
général  de  la  congrégation,  il  fut  en-  za,  1  71)9,  deux  vol.  in-4  '•  de  plus  de 
core  obligé  de  retourner  à  Rome.  Le  5oo  pages  chacun,  renfermant  la  no- 
pape  Clément  XIV  l'y  retint,  en  le  ticc  plus  ou  moins  circonstanciée  d'en- 
iiommanl  membre  de  la  consulte  des  viron  quatre  cent  soixante  écrivains  , 
rits,  et  il  y  mourut  en  1774,^  l'agedc  natifs  ou  habitants  de  Ravenne,  par 
soixantesri/.e  ans.  Dom  (iinannuftait  ordre  alphabétique.  On  trouve  à  la  (in 
membre  de  la  plupart  de."»  .leadémies  la  liste  des  ouvrages  imprimés  et  raa- 
d'Italie;  il  a  laisse-  un  grand  nombre  nuscrils  df  D.Ciiianni,  une  ample  ta- 
d'ouvragcs  parmi  les«fuels  on  se  con-  bir  chronologique  de  tous  les  écrivains 
tentera  de  citer  h  s  suivants  :  I.  Rac-  Kavennais  mentionnés  dans  l'ouvrage, 
colta  didle  riim:  dc^  pindi  Ravtimati  depuis  i'archcvnpie  St.-Eleueade  qui 
ilef unti ,  Waw^wwo j  1759,  in-8".  CiC  vivait  au  il'",  siècle  jusqu'à  nos  jours, 
recueil  conli(  lit  les  noms  et  la  listeiles  et  une  table  plus  volunnneuse  en- 
productions  de  près  de  trois  cents  corc  des  auteurs  consultés  pour  la  ré- 
poèles  nés  dans  cette  ville  depuis  daction  de  cet  ouvrage;  leur  nombre 
i5/io  jus(|u'eii  1750;  cl  (linaiini  s'élève  à  plus  de  six  cents.  W — s. 
])rouve  par-la  ((u'elle  ne  le  i'iiU'  à  au-  (ïlNCKICIi  (Godaiu)  Van),  géné- 
cuncautre  de  l'Italie  parle  nombre  et  rai  hollandais,  à  <|ui  l'Angleteire  dut 
la  supériorilc  des  écrivains  auxquels  laconquclcdérmilivcdcriiiaudcsous 


GIN 

Ciiilluinif^  UT,  naquit  tle  parent*;  no- 
I)I(\s  ,  cil  (lucldn- ,  on  .selon  »r.uilr(S  à 
Utrcclu.  Il  entra  dv  bonne  heure  dans 
la  carrière  militaire,  et  mérita  p.ir  sa 
valeur  la  ilecor.iiion  de  l'ordre  de  l'É- 
lcj)li;tnt  qu'd  obtint  loiig-lem[)S  avant 
ravcnement  du  pritice  d'Oranj^e  au 
tronc  de  la  Grande- Bret.igne.  Il  con- 
tribua pui'^samment ,  pir  son  activité' 
et  sa  prudence,.!  rafTcnnissemcnt  de 
rantoriîé  de  ce  monarque,  dans  les 
premières  années  de  son  règne.  Quoi- 
que Jacques  II  cûi  èlc  force  de  quit- 
ter rirlande,  ce  royaume  refusait  en- 
core de  reconnaître  le  gouvernement 
de  Guillaume  IIÏ;  et  les  catholiques^ 
à  qui  la  France  fournissait  d'immen- 
ses secours  en  hommes  et  en  muni- 
tions de  guerre,  s'y  montraient  sous 
UQ  aspect  menaçant.  Ginckel ,  char- 
ge' de  les  réduire ,  de'ploya  contre 
eux  la  bravoure  d'un  vieux  ge'ncral, 
et  le  talent  d'un  négociateur  habile. 
Apres  s'être  empare'  dans  l'espace  de 
quelques  jours  de  Baltimore,  il  vint 
mettre  le  siège  devant  Athlone,  qui , 
outre  une  garnison  nombreuse  et 
d'excellentes  fortifications,  était  enco- 
re défendue  par  tonte  r.irméc  irlan- 
daise, cam|)ée  presque  sous  ses  mu- 
railles. Maigre  ces  avantages  ,  la  place 
fut  emportée  d'assautau  bout  devingt 
jours  ;  et  l'armée  insurgée  profita 
des  ténèbres  de  la  nuit  pour  décam- 
per. Déterminée  alors  à  livrer  une  ba- 
taille décisive,  elle  se  retrancha  dans 
une  forte  position  à  Aghrim,  où  elle 
attendit  l'ennemi:  Giiickel  vint  l'at- 
taquer le  22  juillet  1691, et,  avec  des 
forces  inférieures  de  moitié ,  remporta 
sur  elle  une  victoire  complète.  Saint- 
Ruth  ,  général  franc  is  qui  comman- 
dait les  insurgés  ,  y  fut  tué  d'un  bou- 
let de  canon;  et  Tyrcoiincl ,  le  princi- 
pal partisan  du  roi  détrôné,  mourut 
})eu  de  jours  après,  du  ch<grin  que 
m  causa  cette  fatale  journée.  Gallo- 


GIO  097 

way ,  dans  le  premier  moment  de  ter- 
reur, capitula  apri'S  une  (aible  résis- 
tance. Kulin  la  prise  de  Liinerick,  qui 
était  défendue  par  des  troupes  fran- 
çaises réunies  aux  débris  de  l'armée 
irlandaise,  couronna  le  succès  de  cette 
glorieuse  campagne;  et  dès-lors  l'au- 
torité de  Guillaume  n'éprouva  plus 
d'opposition  en  Irlande.  A  son  retour 
en  Angleterre  ,  Ginckel  fut  récom- 
pensé de  ses  services  par  les  titres  de 
baron ,  de  comte  d'Athlonc  et  d'A- 
ghrim  ,  et  par  les  reraercîments  so- 
lennels des  communes ,  qui  lui  offri- 
rent en  outre  un  présent  magnifique. 
Kcvêtu  dans  sa  patrie  de  la  dignité 
de  feld-maréchal,  il  disputa,  en  cette 
qualité  ,  au  commencement  de  la 
guerre  de  la  succession,  le  comman- 
dement en  chef  de  l'armée  hollandaise 
au  comte  de  Marlborough;  mais  vain- 
cu par  l'ascendant  de  son  heureux 
rival ,  que  les  étals  ■  généraux  s'em- 
pressèrent de  proclamer  généralissime 
d('l(  urs  troupes  ,  il  mourut,  en  1705, 
à  Utrecht,  sans  avoir  illustré  sa  der- 
nière campagne  par  aucun  fait  qui  pût 
faire  revenir  ses  concitoyens  de  leur 
injustic^*.  N — e. 

GIOGONDO  (Fra  Giovanni  ] ,  en 
latin  Jocu.'idus ^  littaraleur  profond, 
savant  antiquaire,  habile  architecte, 
naquit  à  Vérone,  vraisemblablement 
vers  l'année  i435.  Oïlandi  le  croit 
issu  de  la  maison  Monsignori;  Té- 
manza  le  donne  avec  plus  de  proba- 
bilité à  la  famille  Ognibono.  Entre 
de  bonne  heure  dans  l'ordre  des  frères 
prêcheurs,  il  fut  destiné  à  professer 
les  1  mgues  et  la  littérature  anciennes. 
Un  registre  de  son  ordre  paraît  prou- 
ver qu'en  i449  ^^  ^^^'^  '^'^i'^  maître 
des  novices,  magi'iter  studentium.  H 
faudrait,  en  admettant  ce  fait,  repor- 
ter sa  naissance  vers  l'an  i43o.  Ou 
le  choisit  ensuite  pour  enseigner  le 
grec  à  Lodrouc,  petite  ville  de  révêché 


f 


598  GIO  GIO 

de  Trenlc ,  sur  la  frontière  du  Bres-  qu'il  fut  construit.  Il  y  a  lieu  de  croire 

cian  et  des  états  de  Venise.  Le  des-  que  ce  fut  avant  la  fin  du  quinzième 

sin    et  rarclntectiire .  occupaient  ses  siècle.  Quoi  qu'il  en  soit,  la  rëpiitatioii 

moments   de  loisir.  Le    dcsir   d'ob-  de  Giocoudo,  comme  architecte,  était 

server  et  de  mesurer  les  ruines  des  sans  doute  solidement  établie   avant 

édifices  antiques,   et  celui    de  cou-  cette  époque,  puisque  Louis  XII  l'ap- 

iiaître  en   général  les  monuments  de  pela  à  Paris  en  1499,  pour  lui  confier 

l'antiquité,  l'ayant  conduit  à  Rome  et  la  direction  de  dilFérenls  travaux.  Un 

dans  d'autres  villes  de  l'Italie ,  il  ras-  des  plus  importants  fut  la  construction 

.sembla  une  collection  de  plus  de  deux  du  pont  INotre-Dame.   La   première 

raille  inscriptions  ancieunnes,  et  en  pierre  de  ce  monument  qui  subsiste 

donna  le  manuscrit  à  Laurent  de  Mé-  encore,   fut  posée  le    28   mars  de 

dicis,qui  lui  témoigna  constamment  l'année  i5oo,  et  la  dernière,  le   10 

un?  affection  particulière.  (il/<z^rti^ct  juillet   i5o7.  Ou   a  cru   faussement 

LaureTilii  amicilid  clams.  )   Cette  que  Giocondo  avait  bâti  aussi ,  sur  la 

collection  n'a  point  été  imprimée  sépa-  Seine ,  le  pont  voisin  de  l'Hôtel-Dieu , 

rément  (  1  ).  On  n'avait  encore  p»)blié,  dit  le  Petit-Pont.  Cette  erreur,  établie 

au  temps  de  Giocondo,  aucun  recueil  ou  confirmée  par  le  distique  de  San- 

de  ce  genre;  mais  elle  a  sans  doute  nazar,  que  Vasari  a  daigné  célébrer, 

servi  à  enrichir  celles  de  GrUter  et  Jociindusgerainumimpo$uittibt,Sequana,poQteni; 
^      -,                 •            r>                       I         '.  Jure  tuuin  potes  Luuc  dicere  pontificem  ; 

de  Muratori,  et  Bininann  la  cite  avec 

distinction ,  dans  le  discours  prélimi-  cette  erreur,  dirons-nous ,  a  été  cora- 

naire  placé  à  la  Icte  de  l'édition  de  plèleraent  réfutée  par  Mariette,  dans 

Gruter,  donnée  eu   1707.  Vers  les  deux  lettres  adressées   à  Témanza, 

années  1494  et  1 498,  Giocoudo  était  en  date  du  9  août  177  i  et  du  1 4  mars 
à  Vérone,  "auprès  de  l'empereur  Maxi-      1  7 7-2. Sauvai  assnre,dansscs^««/7Mf- 

milien,  soit  en  qualité  d'architecte,  tés  delaville ileParis.({\\Q\eà\s\\(\v\^ 

soit  comme  littérateur;  et  ce  prince  de  Sanna/ar,  seul  témoignage  original 

le  chargea,  conjointement  avec  Je-  qu'on  pût  invoquer,  n'a  jamais  élé 

rorac-Dominique  Noricus,  d'enseigner  gravé  ,  comme  ou  l'a  dit ,  sur  le  pont 
le  latin,  le  grec,  et  la  littérature  de     Motre-Damc.  Lemaire,  dan?  son  ou- 

ccs  deux  langues,  au  jeune  Jules-  vragc  intitulé  Paris  ancien  et  mo- 
César  Scaliger,  alors  au  nombre  de  derne  ^  rapporte  une  inscription  cen- 
sés pages  (/.  C.  Scali^.  exercit.  traire  à  celle-là,  ci  qui  commence 
cccxx/x).  Les  biographes  ne  disent     pii'  ce  vers  : 

l)0int   d'une  manière  certaine  à  quelle       Jocun.lu»  facilem  priebetlibi,Sequan>,poatem. 

époque  Giocondo  éleva  le  bulirnent  Le  Petit-Pont ,  construit  en  pierre 
destiné  à  former  la  salle  du  conseil  de  en  i4o8,  n'a  été  rebâti  tel  qu'il  est 
la  ville  de  Vérone,  que  Témanza  pré-  qu'en  1718,  après  avoir  été  gra- 
scute  cependant  comme  un  des  plus  vement  endommagé  par  un  incendie, 
propres  à  faire  connaître  fjnels  étaient  Peut  être  (ïiocondo  aura-t-il  dessiné 
déjà  les  progrès  de  l'architecture  lors-  un  pl.in  pour  quelque  autre  pont 
' sur  la  Seilie  ;  et  ce  projet  aura  trompe   | 

(i")  On  en  ronralt   troi.,   ropirj  ,  dont  une  «p-        Ca,,,,;,^  ,,.     ..,,  ,J„»,U  nintivp  «il  nrnsPP 
ptrlenaut,  nu  . :omm.ncrmr„t  du  »iccle    derin-r  ,         OaimaZai   ,  OU  plUlOl  mOllVC  Sa  JK  IlsCe. 
;   Fr.  Scip.   lVIufl«!«i  une  a,arr,coMtervéi-riu;ore        l)\,|l     aUtrC     COlé  ,    SlUVal.      làchcdc 
aui'iunriiiii    à      Florence   ,     dam     la    tiibli.iltea  ^  '  ivr    .         i\ 

Ma^ii.tb„chiana  ;  eumo  iromomt ,  Mir  >i^iin  ,      rccounaitre  qiic  Ic  pout  I>ofie-Uame, 


G  10 

*'t  le  mieux  Làli  de  tous   les  ponts 
inodornrs  existants  de  son  tcinj)s  en 
F.urope,  lût  i'onvr.igc  d'un   Italien, 
vent  qu'il   ait   etc   eonstruil   par   un 
architecte  français^  nomme  Didier  de 
l'clin ,  et  que  Giocondo  n'ait  e'te  que 
le  contrôL'ur  de  lapicrre.W  se  tonde 
sur  un  arrêt  du  pariiuient  de  Paris, 
qui  donne  à  Didier  de  Félin  le  litre 
de  maître  principal  touchant  la  sur- 
intendance de  V œuvre  de  la  maçon- 
nerie^ et  à  Giocondo ,  celui  de  commis 
à  soy  donner  ^arde  sur  la  forme 
d'icelui  pont.  Ma'\s  l'artiste  charge  de 
diriger  la  forme  du  pont ,  est  bien  évi- 
demment l'arclntecte.  Le  continuateur 
des  Chroniques  de  Monstrelet,  dit, 
sous  la  rubrique  de  l'an  i5oo,  que 
le  Toy  r  envoya  Jean  de  Doyac, 
pour  donner  la  conduicte  de  refaire 
ledit  pont,  lequel  fut  fait  en  petit  de 
temps.  On  ne  peut  douter  que  le  nom 
de  Jean  de  Doyac  ne  soit  une  corrup- 
tion de  celui  de  Giovanni  Giocondo, 
qu'on  traduisait    aussi  en   français, 
par  celui  de  Jean  Joyeui  (i).  Gio- 
condo remplissait  alors  les  fonctions 
d! architecte  du  roi;  du  moins  voyons- 
nous  que  Bude',  dans  ses  Annotations 
sur  les  Pandectes,  le  qualifie  de  ar- 
chitectus  tune  reç^ius  (fol.  120) .  Il 
I  construisit  le  palais  de  la  chambre  des 
comptes  qui  a  été  de'moli  (  G.  Brice , 
Descript.  de  Paris)  ,  et  rebâtit  la 
grande  chambre  du  Parlement,  dile  la 
chambre  dorée ,  qui  subsiste  encore , 
mais  qui  n'a  jamais  offert  de  remar- 
quable dans  sa  de'coration  ,  aujour- 
d'hui entièrement  changée  ,  que  la 
boiserie  du  plafond  en  ogives  et  à 
culs  -  de  -  lampe  ,    exécutée  par  un 

(l^  Giocondo  rererait  jiour  ses  honoraires  8  liv. 
par  j  uir.  On  a  voulu  in<luire  de  là  (ju'il  n'étaii  pas 
employé  comuie  architecte;  mais  des  honoraires  si 
coiisid'irables  prouvent  au  contraire  qu'il  avait 
réellement  cette  (iualit<;,  puitqu'aux  prix  compa- 
rés lie  l'argent ,  la  somme  de  8  liv.  représenterait 
aujourd'hui  plus  d"  4'  ir,  •.  «tijue  le  iiavail  dma 
lept  a:^5. 


(i  I  o 


^'OQ 


menuisier  ,   nomme  Du   Hanry  ,  le- 
quel avait  appris  en  Italie  cette  ma- 
nière,  alors    iu>iivelle.  En    admirant 
les  restes  du  château  de  Giillon,  ap- 
portes et  relevés  dans  le  Musée  des 
monuments    français  ,    des   hommes 
éclaiivîs  ont  supposé  que  cet  édifice, 
assez  remarquable  pour  l'époque  oîi 
il  a  été  construit  ,   était   aussi  l'ou- 
vrage de  Giocondo.  Celte  opinion  au- 
rait besoin  de  preuves.  Les  formes 
encore  gothiques  de   ce  monument  , 
bien  éloignées  du  slyle  que  les  bons 
architectes  italiens  avaient  déjà  mis  en 
vogue  vers  le  même  temps,  pourraient 
sulïire  pour  la  faiie  rejeter.  Elle  est      * 
d'ailleurs  peu  vraisemblable,   attendu 
que  le  château  de  Gaillon,  bâti  par 
le  cardinal  d'Ainbuise,  ne  fut  com- 
mencé qu'en  i5o5  ,  et  que  Giocondo 
quitta  la   France  pour  se  rendre   à 
Venise, au  commencement  de  i5o6. 
Il  était  appelé  dv.is   cette  ville,  par 
le   sénat ,  pour  donner  son  avis  sur 
la  manière  de  perfectionner  et  de  ter- 
miner le  canal  de  la  Brenta  ,  dit  le 
Brentone  ,  dirigé  sur  les  lagunes  de 
Chioggia,  à  l'effet  d'empêcher  de  nou- 
veaux atlérissements  auprès  de  la  ville. 
Giocondo   se   trouva   en    opposition 
avec  un  ingénieur,  nommé  Aleardi, 
qui  avait  commencé  les  travaux.  Des 
mémoires  furent  publiés  de   part  et 
d'autre  en  i5o6et  1507.  Vasari  as- 
sure   que  les    projets  de    Giocondo 
furent  exécutés  j  il  cite  Louis  Cor- 
naro  ,   gentilhomme  vénitien  ,  con- 
temporain et  ami  de  cet  artiste,  qui 
disait  que  pour  un  si  grand  bienfait, 
il  méritait  d'être  regardé  comme  un 
second  fondateur  de  la  ville  de  Ve- 
nise. Témanza  dit,  au  contraire,  que 
la  guerre  produite  par  la  ligne  de  Cam- 
brai ,  fut  cause  qu'on  ne  suivit  pi  ovi- 
soireinent  que  les  plans  d'Aleardi  ; 
que  l'exécution  de  ceux  de  Giocondo 
fut  différée,  cl  qu'elle  n'a  jamais  euheu. 


4oo  G  I 0 

Le  séjour  de  Gioconclo  à  Paris  n'avait 
paséteinuiile  a  la  littérature. Ce  savant 
y  avait  découvert  un  manuscrit  de 
Pline  le  jeune,  renfermant,  outre  de 
nombreux  passages  propres  à  remplir 
les  lacunes  des  éditions  précédentes, 
on7x*  lettres  de  Pline  à  ses  amis,  et 
toute  sa  correspondance  avec  Trajan, 
partie  intéressante  de  cette  collection , 
et  entièrement  ignorée  jusqu'alors.  11 
donna  ce  manuscrit,  par  lui  corrigé  , 
au  célèbre  Aide  jManuce,  qui  l'imprima 
à  Venise,  au  mois  de  novembre  1 5o8, 
in-8°.  Le  pcrcNiceron,  Maffei,  dans 
sa  Feroua  illustrata , Témanza ,  dans 
ses  Vite  dei  piu  celehri  architetti  e 
scuUori  reneziani  ,e\.ph]deuvsnulYCs 
Jîiographes  ,  ont  pris  pour  l'édition 
complète  de  Giocondo ,  celle  qui  a 
c'té  publiée  par  Beroaldo  à  Bologne 
en  i49^  *  c'est  une  erreur.  La  pre- 
mière édition  des  lettres  de  Pline, 
^Venise  (sans  nom  de  lieu),  1471  ,  (t 
celle  de  Milan,  1478,  nerenferniaient 
que  i:i'i  lettres,  distribuées  en  huit 
livres;  celle  de  Beroaldo,  entièrement 
conforme  à  celle  de  Rome,  de  i490j 
en  contient  '256,  divisées  en  neuf  li- 
vres :  celle  d'Aide,  de  i5o8,  nous  en 
a  donné,  dans  dix  livres,  '^•j'5,  y  com- 
pris celles  de  Domitien  ,  etc. ,  et  elie  a 
servi  de  type  h  toutes  les  éditions 
subséquentes.  Plusieurs  bibliogr.iplies, 
et  notamment  M.  Biudini ,  d.m.s  son 
Catalogue  des  manuscrits  latins  de 
la  bibliutlièque  de  Médicis,  suppo- 
sent une  prcnnère  édition  d'Aide,  de 
i5o4.  Cette  édit  on  qu«'  Maitt.iire  ne 
cite  pas,  qu'on  ne  trouve  ni  dans 
notre  bibliothèque  royale,  m  dans 
aucun  de  nus  plus  riches  c.d)inets, 
et  que  M.  Kcnouard,  dans  ses  l anales 
de  V imjirinierie  des  Aide,  dit  n'  voir 
j.iin.iis  vue,  n'existe  vr.usembl  .ble- 
ment  pas,  puisque  Aide  Manueedans 
s;i  lettre  à  Al  vise  Mocetugo,  séna'cur 
vénitien ,  placée  li  la  tète  de  celle  de 


GIO 

i5o8,  dit  que  Giocondo  lui  a  donné 
le  manuscrit  deux  ans  avant  qu'il  ne 
l'ait  mis  sous  presse,  et  que  cet  inter- 
valle nous  reporte  à  l'an  i5o6,  épo- 
que où,  en  eflfet,  Giocondo  se  rendit 
de  Pans  à  Venise.  A  la  suite  de  celte 
édition  des  Leltrcsde  Pline, de  i5o8_, 
Aide  Manuce  plaça  le  Traité  de  Julius 
Obsequeus ,  De  prodigiis ,  dont  Gio- 
condo lui  avait  aussi  donné  le  manus- 
crit ,  dono  dédit,  La  guerre  ayant 
éclaté,  le  paisible  religieux  fut  retiré, 
en  1 509,  du  couvent  des  Dominicains 
de  Trévise,  où  ,  déj.à  avancé  en  âge, 
il  cherchait  le  repos,  pour  protéger . 
comme  ingénieur,  la  sûreté  de  sa  pa- 
trie: il  fortifia  la  ville  de  Trévise  et  di- 
vers points  des  environs ,  sur  lesquels 
les  Vénitiens  allaient  être  attaqués.  Lie 
avec  Guillaume  Budé  ,  Giocondo  , 
pendant  son  séjour  à  Paris,  lui  expli- 
quait les  passages  difficiles  de  Vitruve^ 
non  seulement  par  des  interprétations 
verbales,  mais  encore  par  des  dessins 
(Bud.  Annot.  in.  Pandect.  fol.  1 20)  . 
En  I  5 1 1  ,  il  publia  son  édition  de  Vi- 
truve,  dont  il  avait  corrigé  le  texte, 
et  qu'il  01  na  de  1  58  figures  en  bois 
(  Venise,  Joan.  deTridino,  in-fol.  ) 
Cette  édition  est  la  première  de  cet  au- 
teur qui  ait  été  donnée  avec  des  gra- 
vures. Peu  de  temps  après ,  les  admi- 
nistr.iteiu'sdel  1  ville  de  Vérone  recou- 
rurent à  Giocondo,  pour  fonder  avec 
solidité  une  dc>  piles  principales  d'un 
pont  de  l'Adige,  <|ue  les  eaux  avaient 
rcnv(  rsée  plu>ieur>  lois.  Ces importan- 
tts  construit;oiis  n'interrompaient  pas 
ses  travaux  littéraires.  En  1 5  1  5,  paru- 
rent son  édition  des  Commentaires 
de  César.,  'lonnée  à  Venise  {inœdibiis 
Aldi),  m-8' .,  avec  des  figures  rcpic- 
sent  int  (l«s  punis  ef  des  fortifications; 
cl  une  seeoinie  éihliou  de  f'itnwc 
(Morence,  Gi-inta)  à  la(pielle  Giocon- 
do joii:tut  le  Traité  de  l'runtiu  (  De 
atjuœductil'Ks  ).  Vers  le  intiue  temps 


010 

un  incendie  «lyaiir  coii.Mimc',  à  Venise, 
le  (|ii.iriitr  Je  lliallo,  cl  e'br.jnlc  le 
pont  (|ui  |H)ite  ce  ncnn  ,  il  tiaçi,  suc 
rinvil.aiun  du  scn.it,  des  plans  très 
ririies,  pour  la  constructicui  d'un  pont 
nouveau  vl  des  iiies  les  plus  voisines. 
Soil  par  défaut  de  lumières  chez  les 
adnnnislrafenrs,  ^^oil  p  ut-êlie  à  cause 
de  rèpuiscinent  du  trésor  public,  la 
préleVence  fut  accordée  aux  pians  de 
Zaufra^nino  ou  Searpagnino  ,  que 
Vasari  dépeint,  quoique  vivant  encore 
de  son  temps  ,  comme  un  homme 
ignorant  et  sans  p,oul.  Quelque  c))agrin 
qu'il  diil  ressentir  de  celte  injustice, 
l'illustre  vieillard  ne  quitta  pas  sur- 
le-champ  Venise,  comme  Vasari  l'as- 
sure :  plus  sa;;c ,  il  se  consola,  en 
publiant  les  Traités  d^ a^ricuUure.  de 
Cilon,  Varron  ,  (>olumelle  it  Palla- 
dius  (Venise ,  in  œdibiis  ^Idi  y  grand 
in -8".  )  Enfin ,  eu  i  5  1 4  ,  et  déjà  sans 
doute  octogèn;ure  ,  le  Biamante  étant 
mort,  il  fut  appelé  à  Rome  par  Léon 
X,  pour  diriger,  lic  concert  avec  Mi- 
chel-Ange ,  Baphaél  ,  et  Ant.  Picoui 
San-Gallo,  la  construction  de  l'église 
de  Saint  -  Pierre  ,  et  notamment  pour 
donner  les  moyens  de  consolider  les 
fondations  de  cet  immense  édifice.  On 
connaît  les  beaux  travaux  qui,  exécu- 
tés par  œs  grands  maîfres  ,  ont  assuré 
à  la  base  de  ce  monument  une  soli- 
dité inébranlable.  J.-C.  Scaliger  d>inne 
lieu  de  croire  que  Giocondo  mourut  à 
Rome.  Les  nombreux  passages  où  il 
parle  de  cet  ariisle  ,  renfeiment  des 
témoignages  de  reconnaissance  et  d'es- 
time, que  nous  ne  saurions  passer  sous 
silence.  «  Depuis  que  le  Sî.-Père  l'a  ap- 
»  pelé  auprès  de  lui,  dit-il,  je  ne  sais 
»  s'il  a  joui   de  plus   de   tranquillité 

»  qu'auparavant Vénérable  vieil- 

»  lard,  à  qui  je  dois  l'instruction  de 
»  ma  jeunesse,  mathématicien  pro- 
»  fond,  physicien  savant,  prince  des 
»  architectes ,   modèle  unique  et  d« 

XVII. 


G 10  4oi 

»  sainteté  el  de  tout  genred'c'rudition, 
»  bd>liolliè(jne  antiijiic  ei  moderne!.., 
M  Puisse- t -il  avoir  iiilin  goule  une 
»  vie  plus  conforme  à  ses  vœux  I  Mais 
»  au  milieu  de  t.ml  <le  travaux,  ce  se- 
»  raitune  sorte  de  mirade,  »  {Lxercit. 
Civ ,  cxxrr  ,  cccxxix  ,  cccxxxr  ; 
Poetn. ,  haroes.)  (iioctiiio  paraît 
avoir  en  cfTet  ret; relié  le  sacrifier-  de 
son  indépendance.  H  écriv.iit  à  Jules 
H,  dans  la  dédicace  de  son  fitritife , 
en  parlant  de  divers  écrits  qu'il  avait 
commencés:  «  Occupé  à  rétablir  dans 
»  leur  pureté  les  ouvrages  d'aufrui, 
»  le  littérateur  ne  doit  pas  négliger 
»  les  siens  propres  :  je  n  ai  point  ce 
»  tort  envers  moi-même.  J'ai  écrit  sur 
»  rarchileclure  et  sur  l'emploi  des 
)>  mathématiques;  mais  je  n'ai  jamais 
«  pu  disposer  de  ma  personne:  je  ne 
»  m'appartiens  point.  Mes  ouvrages 
»  ne  sont  pas  encore  sufïlsamment 
»  polis.  Il  faudrait, .pourks  terminer, 
»  que  je  jouisse  du  repos  nécessaire  à 
»  l'homme  studieux;  et  vous  serd,  ô 
»  Saint- Père,  pouvez  me  i'assuier.  » 
Tel  fut  ce  frère  Joconde ,  dont  la  tra- 
dition a  perpétué  parmi  nous  un  ho- 
norable et  juste  souvenir.  Poleni,  dans 
ses  Exercitationes  vitruvianœ ,  et  M. 
J.-G.  Schneider,  dans  la  ptéiace  de  l'é- 
dition de  Vitinve,  qu'il  a  publiée  en 
i8o'^,luir{  prochent  de  s'êire  trop  livré 
à  son  imagination,  en  corrigeant  le  lexte 
desauteurs  rustiques,  et  particulière- 
ment  dans  les  passages  obscurs  de 
Vitruve.  Il  est  vrai  que  quelques  unes 
de  ses  corrections  ou  de  ses  restitu- 
tions sont  un  peu  hasardées;  mais 
nous  ne  devons  pas  pour  cela  oublier 
les  servi("es qu'il  a  rendus  aux  lettres, 
de  même  que  tous  les  savants  qui  les 
premiers  se  sont  attachés  à  épurer  les 
anciens  manuscrits.  Poleni  reconnaît 
au  surplus  tout  ce  que  lui  doit  le 
t(Xte  de  Vitruve  pour  la  clarté  < t  la 
pureté  générales  ;  haudpanim  de  Fi- 

26 


4o2                 GIO  G 10 

truvii  lihris  méritas  est.  L'ordre  qu'il  bue  réellement  à  la  gloire  de  cette  belle 
a  établi  dans  les  cliapilr.s  a  étc  main-  époque  de  l'histoire  littéraire, 
tenu  jusqu'à  M.  Schneider,  qui  en  a  E — c   D — d. 
îjcaleuientdiviséquelques-uiisendrux.  GIOERWELL  F.  Gjoerwell. 
Ou  a  cru  faussement  qu'à  son  retour  GlOFFl  (  liERNARD-MAfuE),   ca- 
cn  Italie   Giocoudo  s'était   fait   cor-  puciu,  né  à  Naples  dans  le  xvii%  siè- 
delier:  cette  opinion  a  pu  venir  de  ce  de,  embrassa  la  vie  religieuse,  et  se 
que  pendant  plusieurs  années  il  porta  consacra  entièrement  à  Tétude  de  la 
l'habit  de  simple  ecclésiastique.  Les  philosophie  et  de  la  théologie.  Ses  ta- 
écrits  qu'il  annonçait  à  .lulcs H,  n'ont  lents   pour  la  chaire  l'ayanl^fail  re- 
)amais  été  publiés.  Le  Titien  avait  pla-  marquer  de  ses  supérieurs,  il  fut  en- 
cé  son  portrait  dans  une  peinture  qui  voyé  dans  les  missions  de  la  Géorgie  , 
ornait  la  salle  du  grand-conseil  de  Ve-  où  son  zèle  pour  la  propagation  de  la 
nisc,  et  dont  le  sujet  était  puisé  dans  foi  fut  couronne  par  de  grands  suc- 
la  vie  du  pape  Alexandre  III;  ce  ta-  ces.  Après  un  séjour  de  plusieurs  an- 
bleau  a  péri  dans  une  incendie.On  croit  nées  en  Asie ,  il  revint  à  Naples ,  ins- 
posséder  un  autre  portrait  de  Giocon-  iruisit  ses  confrères  par  ses  leçons, 
do,  dans  un  bas-relief  sculpté  sur  la  les  édifia  par  ses  exemples,  et  mou- 
façade  de  la  salle  du  conseil  de  Véro-  rut  en  171 5.  On  conn;.ît  de  ce  digne 
lie,  représentant  un  moine  de  l'ordre  religieux  des  Prediche  morali  e  pa^ 
de  St. -Dominique,  qui  tient  un  livre  negiriche y  Naples,   17  10,  in-4**.  Le 
ouvert ,  sur  lequel  esi  gravée  cette  ins-  P.  Denis  de  Gènes  dit  qu'U  a  laissé  en 
cription ,  dont  le  dernier  mot  se  trouve  miiinxscr'nunc  Relation  de  sonvoyag^ 
i-n  partie   carhé  par  une    des  deux  en  Géorgie. —  Gioffi  (  Romuald  ), 
inajus:  G.  PLL  VERON.  E.,  et  que  dominicain,   né    au  xvii«.  siècle,  k 
Von  interprèle  par  C.  Plinii  Fera-  Ariezzo,  dans  le  royaume  de  Naples, 
vensis  epistol.v.  Suit  estime  rc'cipro-  fut  lecteur  en  théologie  dans  diflcrcnts 
que,  et  véritable   amour  pour    les  couvents  de  son  ordre  pendant  vingt- 
sciences   et    les   lettres  ,   soit  désir  trois  ans,  et  professa   pendant  six 
d'être  à  leur  tour  appréciés  et  loués,  autres  années  au  fameux  collège  de 
les  savants   du   xv%    siècle    cl  des  Monte  di  Diok  ^An\es.  Le  Tup\ù  Ait 
premiers  temps  du  xvi'.  s'accordent  que  les  ouvrages  au  père  Homuald 
fréquemment  les  uns  aux  autres  de  étaient,  de  son  temps,  dans  les  m  uns 
justes  éloges  ,  rt  quelquefois  mcuie  de   tous  les  étudiants  en  théologie, 
de  trop  fastueuses  épilhètes;  ou  les  W — s. 
voit  aussi  se  faire  honneur  du  me-  GIOFFREDO  (Pierre),  né  h 
rite  et  de  la  cclébrilj;  de  Icins  mai-  Nice  le    i(5  du  mois  d'août    lO'ip, 
très  :  l'exemple  de  (iiocondo  n'ollVe  est  l'un  des  historiens  les  plus  csii- 
cn  cela  rien  que  d'assez  commun.  Mais  mables  que  le  Piémont  ait  produits 
le»  éloges  que  bu  ont  donnés  ,  après  dans  le  xvii' .  siècle.  Après  avoir  ter- 
«a  moit  couiiifc  de  son  vivant,  une  miné  ses  études,  il  prit  l'habit  cccîc- 
!'ou!c  de  ses  contemporains  les  plus  siaslique ,  et   consacra  ses  loisirs  h 
illustres,  Politien,  Pauviiii ,  Mauuce  ,  l'eKpIicalion  des  monuments  luslori- 
Budé,  J.  Osar  et  Joseph  Sc.iliger ,  que<;.   La  publication  de  sou  rfistoi- 
cfl'rent  un  caractère  de   sincérité  et  ra  di:  jYicc    lui  attira   l'csiime  des 
d'alleclion  ,    (|ni  inspire   di-   rintci/t  savants  et  les  bienfaits  de  la  cour, 
pour  cet  artiste  savant,  et  fpii  contii-  Nommé  eu   i6(33  historiographe  de 


G  10 

Savoie ,  il  joignit  bientôt  k  ce  titre 
celui  do  recteur  de  la  paroisse  S«int- 
Ensèbeà  Turin  ,  et  plusieurs bciieficcs. 
En  1(373,  il  fut  fait  annionicr,  prc- 
cepleiir  et  conseiller  du  prince  de 
Piémont ,  depuis  roi  sous  le  nom  de 
\'ictor  Amcdec,  cf ,  l'année  suivante, 
bibliothécaire,  avec  uncaugmeulation 
de  traitement.  Il  reçut,  en  1O77,  des 
lettres  de  l)our<;eoisic  de  la  ville  de  Tu- 
rin ;  et  en  »  679 ,  il  fut  nomméchevalier 
rfes  SS.  Maurice  et  L;iz.ire.  Gioft'rcdo 
mourut  à  Nice  le  1 1  décembre  i6ç)'i , 
à  l'âge  de  soixante-trois  ans.  Ou  trou- 
vera la  liste  de  ses  ouvrages  dans  le 
Sjllabus  scriptorum  Pedemont.  de 
Rossoti.  Les  principaux  sont  :  I.  Ni- 
cœa  civitas  monunientis  illustratay 
opus  in  qiio  pr.eter  antiquitatwn  no- 
titiam ,  sanctorum  et  sanclitate  il- 
luslrium  pesta  descrlhuniur ,  nota- 
tionibus  illustrantur  episcoporuin 
Cemelio  -  Nicensiinn  necnon  abba- 
tiim  monasterii  S.  Pontii  succès sio' 
nés,  aliaque  ecclesiaslica  décora 
recensentiirj  Turin,  i658,  in-fol.  ; 
rnscrëe  dans  le  Thés,  histor.  Ital.  de 
Burmann,  tom.  ix,  page  6.  II.  Co- 
rograjïa  e  storia  délie  Alpe  ma~ 
ritime,  in-fol. ,  à  la  bibliothèque  royale 
de  Turin;  il  en  existait  une  seconde 
copie  in-4''.,  entre  les  mains  d'un  ne- 
veu de  l'auteur.  III.  La  storia  delV 
ordine  de  SS.  Maurizio  e  Lazaro , 
manuscrit,  à  la  bibliothèque  royale 
de  Turin.  Les  ouvrages  de  Gioffredo, 
dit  Vernazza,  qui  a  écrit  sa  vie  et  que 
cite  Tiraboschi  ,  se  recommandent 
moins  encore  par  l'érudition  que  par 
Tesprit  de  critique  et  !a  sagesse  du 
style ,  qualités  d'autant  plus  remarqua- 
bles, qu'elles  sont  plus  rares  dans  les 
historiens  d'Itahe  de  cette  époque. 

W—s. 
GIOIA  (Flavio),  pilote  ou  capi- 
taine de  vaisseaux ,  naquit  à  Pasilano , 
tlJl.ige  situé  près  d'Amalfi ,  vers  la  fin 


G 10  4o5 

du  xiii".  siècle.  Ce  navigateur  a  été 
gcnéralcFucnt  regardé,  du  moins  pen- 
dant long-icmps ,  comme  l'inventeur 
de  la  boussole.  Les  idées  ont  élé  si 
précises  à  cet  égard,  que  quelques 
écriviuus  ont  fixé  la  date  d'une  si  mé- 
morable invention  à  l'an  i3o2  ou 
i3o5.  Chacun  sait  aujourd'hui  que 
celte  gloire  lui  a  cependant  élé  dis- 
putée. Gioia  a-til  en  eiïet  inventé  la 
boussole?  l'a-t-il  seulement  perfection* 
née?  ou  bien  serait-il  totalement  étran- 
ger à  l'invention  de  cet  inslrurnent 
qui  a  changé  ,  pour  ainsi  dire,  la  face 
du  monde  '}  Pour  être  justes  envers  lui, 
nous  sommes  obligés  de  rappeler  les 
opinions  les  plus  remarquables  élevées 
à  ce  sujet,  et  surtout  d'exposer  les 
faits  sur  lesquels  on  a  cherché  à  les 
établir.  Polydore  Virgile  place  Vin- 
vention  de  la  boussole  au  nombre  de 
celles  dont  les  auteurs  sont  inconnus: 
Omninb  in  aperto  non  est  (Pol.  Virg. 
De  invent,  rer.,  lib.  m,  cap.  18) j 
et  quelque  superficiel  que  soit  cet  écri- 
vain ,  son  témoignage  est  d'un  grand 
poids  contre  Gioia,  attendu  qu'il  était 
né  en  Italie ,  deux  cents  ans  seulement 
après  ce  célèbre  Amalfitain.  Plusieurs 
savants  ont  attribué  l'invention  de  la 
boussole  aux  Phéniciens,  aux  Ty- 
riens,  au  roi  Salomon.  Court  de  Gé- 
belin  est  un  de  ceux  qui  en  font 
honneur  aux  Phéniciens.  D'autres  , 
induits  en  erreur  par  un  passage  mal 
interprété  de  Plante ,  ont  cru  que  les 
Romains  et  les  Grecs  avaient  connu 
ce  guide  des  mariniers.  De  ce  nombre 
est  Abundantius  Collina  ,  dans  soa 
mémoire  intitulé  :  De  acûs  nauliccz 
inventore  (  Bonon, ,  inst. ,  Comment. 
to«ie  II,  part.  5).  Ces  opinions  ont 
été  complètement  réfutées  par  Tur- 
nèbe ,  Bochart,  Dutcns;  par  J.  Chr. 
Trombelli,  De  acils  nauticœ  inven^ 
for^(ibid.);  parGr. Grimaldi ,  Sopr(f 
il  primo  inyentore   délia  Bussold 

26.. 


4o4  G 10 

(  IVcuciî  de  l'acaclcinie  àc  Cortone, 
tume  m);  par   IMontucla,  d-jns  sou 
Histoire  des  mathématiques  ;  et  plus 
lecem ruent  par   M.  Azuni,  dans  une 
Dissertation    sur    l'origine   de    la 
houssole ,  impiime'e  deux  fois  en  ita- 
lien, et  ensuite  en  français  (Paris, 
1807,  in-8'.)  Les  anciens  ne  connu- 
rent puinll^  vertu  directive  de  l'aimant. 
Le  silence  de  tous  les  auteurs  de  l'an- 
tiquité qui  ont  parle'  de  cette  pierre  ,  et 
iiolan)UK'nt  de  Lucrèce,  de  Pline,  de 
Claudicn  ,  de  Plutarque  ,  forme  sur  ce 
fait  uue  preuve  négative  qui  ne  laisse 
rien  à  répliquer.  Gerbert,  néen  Auver- 
gne, vers  le  commencement  du  X  .siè- 
cle, et  pape  sous  le  nom  deSilvesirell , 
voulant,    lorsqu'd    e'tait    évêque    de 
Magdebourt; ,  construire  une  montre 
solaire  lioiizontale,  reconnut  le  point 
du  nord  à  l'aide  d'un  instrurnenl  avec 
Ircpul  il  considéra  rèt(»ile  polaire  :  In 
Magdeburg  horologiiim  fecit,  illiid 
rectè  consdUiens ,   con'^ideratd  per 
fislulam  quamdam  stelld  nautarum 
duce  (  Dithmar.  ,    Chronic.  ,    apud 
hnhm\z ,  Scriptores   rer,  Brunsw. , 
tome  I  ,  page  39{)).  Le  pè/c  Costa- 
dau,  Collina,  déjà  cite',  et  d'autres 
écrivains   ont  cru    reconnaître   dans 
cet  instrument  une  boussole.  Monlu- 
cla  a  détruit  cette  fausse  opinion  ,  et 
n'a  vu,  dans  l'in  bruinent  de  Gerbert, 
(pi'un  tube  (pu!  dirigent  sur  l'étoile  po- 
laire, pour  prendre  la  direction  duraè- 
ridi^^n.  Maix  dci  témoignages  j)Ius  con- 
vaincants a»te>ttnl  (jue  Irs navigateurs 
de  la  Méditerranée  cotn).iissaienl  l'ai- 
guille anmntéc,  et  savaient  en  faire 
usage  plus  d(  cent  aut  avant  Gioia. 
Albert,  di»  le  Gr.md,  dans  sou  trai- 
té De  miner' Jd/us  (  lib.  11,  tract.  5, 
cap.  (j  ),  r.'pporte  un   passage    d'un 
ouvrage  fiussemenl  attribue  h  Aris- 
lole,  <ju '1  H'ud  fil  ces  Irrtnes  :  y/n- 
cului   mn'j^tittis  quidam  est,  rujus 
tkirius  apprehciuicndi  Jcrruin   al , 


GIO 

ad zoron ,  hoc  est,  seplenirionalem  / 
et  hoc  utuntur  nautœ  :  an^ulus  verb 
alius  magiteiis  illi  oppositus,  trahit 
ad  aphron,  id  est,  polum  meridio- 
nalem.  Que  ce  passage  ne  soit  point 
d'Aristote ,  peu  importe  pour  le  temps 
où  vivait  Alljcrt ,  né  en  iigS,  et 
mort  en  1280;  et  il  faut  même  re- 
monter plus  liau',car  la  citation  doit 
être  extraite  de  quelque  ouvrage  plus 
ancien.  Le  traité  De  mineralibus  lui- 
même  ne  fût-il  pas  d'Albert,  comme 
l'ont  pensé  quelques  critiques,  cela 
n'atténuerait  point  le  mérite  du  texte 
que  l'auteur  y  a  inséré,  l^e  même 
texte  se  trouve  d'ailleurs  cité  par  Vin- 
cent de  Beauvais,  dans  la  prernière 
partie  de  sa  Bihliolheca  mundi  (  lib, 
VIII,  cap.  19);  et  cette  première  par- 
tie intitulée,  Spéculum  naturale,  a 
été  terminée  l'an  i'25o,  ainsi  (pi'on 
le  voit  au  liyre  xxvïi,  chapitre  102. 
lirunetto  Latini  parle  aussi  de  la  bous- 
sole dans  son  Trésor,  composé  d'a- 
bord en  français,  à  Paris,  en  12G0, 
et  ensuite  traduit  par  lui-même  en 
italien.  «  Pour  ce,  dit-il,  nagent  Ici 
»  niaiiniers  à  renseigne  de  ces  deux 
»  étoiles,  que  Ton  appelle  Tramon- 
»  taincs....,  et  chacune  des  deux  faces 
»  (lie  l'aimant)  aise  la  pointe  de  l'ai- 
»  gnille  à  celle  tramontaiue  a  que  celte 
»  face  gi-t  (lib.  i ,  cap.  i  i3}.))  Il  exis- 
te un  texte  devenu  f.imeux  dans  cette 
discussion;  c'est  celui  de  la  Bihle- 
Guyot  (vers  G '2  à  658).  La  bous- 
sole s'y  trouve  neltement  désignée 
sous  les  noms  de  manicr&oix  mari- 
nière, manette  ou  marinette ,  suivant 
les  varimtes  des  divers  maimscrils.  Il 
commence  par  ers  vers  : 

Dr  nnttir  )it-rr  l'.ii>c>sioil(! 
Volitiic  qu'il  seiiiulast  l'estoil« 
(^hii  lie  »e  mu«l 

et  finit  par  ci  ux-ci  : 

Molt  r«t  IVttoilr  ri  bnlle  ft  clere, 
'lirx  dt'vroit  Cilrr  iiuitre  |>ere. 

Ou  peut  le  voir  ou  cuticr  daos  les 


(.  1  o 

Fahlidur  et  Conlt'S  pnl)!i('s  pnr  Bai- 
b.iz>iii  cl  Mcun  (tome  ii,  |);ig('  7)2']]. 
J.a  s,ityie  dile  la    Bibh-Gujol   <;st 
gencT.ildiuMit  .itliibticc  àGu^ol,  ruoiiio 
iiiiiiçais  ,    iialii'  de  Fiovius,  qui    (lu- 
rissaità  U  fin  du  xii".  siècle,  puisqu'il 
S(*  lioiiviul  à  la  cour  (le  rciupirciir 
FiedeJic  1'^  en  i  i8i.  Celle  pièce  de 
vers  fût-elle,  comme  on  Ta  suppose, 
un  ouvrnc^e  do  Ilugiirs  de  Bercy,  con- 
temporain de  Sairil-Lonis ,  celle  dille- 
rence  ne  rapproclierail  la  date  que  de 
cinquante  ou   soixante   ans.  Un  pas- 
sade du  cardinal  de  Vitry,  également 
clair,  fixe  enfin  les  e'poques  d'une  ma- 
iiicre  non  équivoque;  et  il  nous  re- 
porte an  tinips  de  Guyot,  et  même 
au-delà.  Jacques  de  Vitry,  natif  d'Ar- 
gentcuil   et  évêque  de  Ptolémais,  alla 
clans  la  Palestine  lors  de  la  quatrième 
croisade ,  par  conséquent ,  vers   l'an 
1204.   De  retour  de   ce  voyage,   il 
remplit  les  fonctions  de  légat  du  pape 
Innocent  III^  en  1210,  dans  l'arnjée 
du  comte  de  Monlfort  contre  les  Al- 
bigeois. Reparti  pour  la  Terre-Sainte, 
il  eu  revint  sous  Honorius  III  ^  asstz 
long-temps  avant  la  mort  de  ce  pape  ; 
et  il  mourut  lui-même  ,  en  \'if\l^.On 
croit  qu'il  a  écrit  sa  d€scr'j)tion  d'-  la 
Palestine,  formant  le  premier  livre  de 
son    histoire  ,   et   intitulée   Ilistoria 
orientalis ,  pendant  son  second  séjour 
dans  l'Orient,  ce  qui  en  place  la  coni- 
position   entre  les    années    121 5  et 
ï'ino'y  et  d'ailleurs  il  parle  d'un  fait 
qu'il  a  observé  dès  l'an   1204.  Or.  il 
s'exprime  ainsi    (cap.  91  )  :    Acus 
ferreay  pnstquam  adamantem  con- 
tîgerit,  ad  stellam  septenVimudem , 
quœ    velitt   axis  firrnanienti ,    ûliis 
verger? t ihus ,  nofi   movetur ,  semper 
convertiliir ;  ii/idevu'dè  necessarius 
est  navigantibiis  in  mai  i.  Le  sens  de 
ces  paroles  ne  [uésente  aucune  oh.ccu- 
rilé.  Ou  voit  niêmc  qu'i:  ne  s'agii  pas 
d'une  découverte  nouvelle,  mais  d*uu 


G  î  0  4^^ 

usage  déjà  él.iMi,  d'un  instrument  re- 
g.uiié  comme  absolument  nécess.iiic 
aux  marins,  d'une  connaissance  (ie- 
venue  générale  cl  vulg.iiic.  Alb(rt-le- 
Cirand,  Guyot,  cl  le  cardinal  de  Vi- 
tiy,  étant  tous  des  Français;  Bruncito 
Ïi4ini    ayant   composé  son    ouvrage 
pendant  son  séjour  en  France,  et  Jac- 
ques de  Vitry  ayant  dû  traverser   la 
Méditerranée  sur  des  vaisseaux  fran- 
çais, les  bénédictins  ,  auteurs  de  l'His- 
toire littéraire  de  France  ,  ont  cru 
pouvoir  en  conclure  que  la  boussole 
est  une  iuvenlion   française.  Ils  ont 
aussi  fait  yaloir  l'usage  ,  sans  doute 
français,  et  adopté  par  toutes  les  na- 
tions, de  tracer  une  fleur  de  lis  suc 
ja  rose  des  vents,  pour  marquer  le 
côté    du  Nord.   C'est    celte    opinion 
que  M.  Azuni  a  renouvelée  et  défendue 
par  tous  les  moyens  qu'une  érudition 
étendue    a   pu  lui  fournir  ,  dans  i<i 
dissertation    que   nous  avons    citée. 
D'autres  écrivains  ont  réclamé  en  fa- 
veur des  Arabes.  Tels  sont  Tirabos- 
chi  jdnns  sa  Sioria  délia  letteratura 
ilaliana;  Andrès,  Origine  e  progrès  si 
d'ugni  leilcratura  ;  Bergeron,  Abré- 
gé de  V  Histoire  des  Sarrasins  i  R'c- 
cioli ,  Geographia  et  hjdrographia. 
reformata^   etc.  Ceux-ci   n'ont  pré- 
senté, il  e.^t  vrai,  que  des  assertions 
vagues  et  dénuées  de  toute  preuve  po- 
sitive. Chardin  ,  qui  s'est  élevé  conire 
leur  opinion,  est  persuadé  que   les 
Arabes  ont  reçu  la  boussole  de  l'Eu- 
rope. Renaudut  est  allé  jusqu'à  soute- 
nirqu'il  n'txiste  aucun  écrit  arabe,  où 
il  soit  fait  mention  ,  ni  de  la  boussole, 
ni  même  de  la  vertu  directive  de  yÀ- 
mAn\{Anciennes  relations  des  Indes, 
pig.  '.i<S8,  '291  ).  Il  paraît  qu'on  n'a 
pu  lui  oppo.ser  jusqu'à  présent  qu'un 
ouvrage  de  BailakKiptchaki,  intitulé, 
en  arabe,    Trésor  des  marchands 
diins   la  connaissance  des  pierres 
(  Bibliothèque  royale  des  manuscrits, 


4o6  G 1 0 

in-fol.  u".  970  )j  et  le  passage  de  cet 
écrivain  ,  tlécouverl  originairement 
p;<r  M.  Silvestre  de  Sacy,  confirme 
î'opinion  de  Renaudot  plutôt  qu'il  ne 
la  rlclrnit,  puiîique  l'auteur,  qui  écri- 
vait l'an  G81  de  l'he'gire,  rapporte 
un  f;iil  dont  il  a  été  témoin  en  l'an 
64o(i'24'-i  de  notre  ère),  et  que  ces 
époques  sont  postérieures  à  Guyot  de 
Provins  ,  et  au  caidinal  de  Vitry. 
Ebn-Iounis,  astronome  arabe,  dans 
sa  Grande  table  hakémite^  ouvrage 
composé  l'an  1  007  de  notre  ère,  et 
publié  en  français  par  M.  Caiissin 
(  Notices  des  manuscrits  de  la  bi- 
bliothèque royale,  toni.  vu),  four- 
nit même  une  preuve  négative  très 
concluante  que  les  Arabes  de  son 
temps  ne  connaissaient  pas  la  bous- 
solo;  car,  soit  parmi  les  instruments 
dont  il  fait  mention ,  soit  parmi  les 
observations  qu'il  rappelle  ,  il  n'en 
parie  en  aucune  manière.  Mais  il  reste 
toujours  entre  ces  deux  époques ,  c'est- 
à-dire,  entre  l'an  1007  et  l'an  1290, 
le  pass.'igc  attribué  à  Arislote,  néces- 
sairement puisé  dans  quelque  auteur 
arabe.  Les  auteurs  qui  ont  écrit  sur 
la  Chine  ont  attaqué  Gioia  ,  avec  plus 
de  succès.  Le  P.  Le  Comte ,  Mailla , 
le  P.Gaubil,  Histoire  de  V astronomie 
chinoise^  Birrow,  Noui^eau  voyage 
en  Chine ^  etc.  etc.,  se  montrent  con- 
vaincus ((ue  les  Chinois  faisaient  usage 
de  la  boussole,  foil  long-temps  avant 
notre  ère.  M.  Jos.  IJager  a  développé 
cefte  opiniofi  dans  une  dissertation 
])ub  iée  en  italien,  sous  le  titre  de 
Mtnwria  sulla  Bussola  orientale  , 
Pavic,  1809,  in-fol.;  il  s'est  attache  à 
j)roMV(r  que  la  boussole  est  une  in- 
veniion  des  Chinois ,  et  <|ue  ce  peuple 
)!(>ns  l'a  Ir.insmisc  par  ses  communi- 
cations avec  hvs  Arabes.  Il  pourra  pa- 
laî  ic étonnai. l,  dans  ce  système,  que 
la  boussole,  en  usage  d.ins  les  mers 
de  riiide,  1000  ou  '2000  ans  avant 


GIO 

JcîHs-Christ ,  n'ait  été  connue  ni  des 
navigateurs  égyptiens,  sous  les  Ptô,- 
lémées,  ni  des  Grecs  de  Constantin 
nople  ,  dans  le  moyen  âge.  Chardin 
avait  laissé  la  question  dans  le  doute. 
M.  de  Guignes  a  fait  plus;  il  assure 
que  les  sources  où  le  P.  Gaubil  a  puisé, 
sont  des  romans  modernes,  et  il  blâme 
cet  liistorien  d'avoir  cru  voir  une 
boussole  dans  des  textes  reconnus 
pour  fabuleux  (  Mémoires  de  V aca- 
démie des  inscriptions ,  tom.  xlvi  , 
pag.  549,  55i).  Cependant  on  ne 
doute  plus  guère  aujourd'hui ,  que  les 
Chinois  n'aient  possédé  la  boussole  , 
sinon  aux  époques  dont  parle  le  P. 
Gaubil ,  du  moins  long-temps  avant 
les  Européens.  Le  jugement  qu'eu  ont 
porté  Barrow,  Macartney  et  les  autres 
voyageurs  les  plus  récents ,  a  donné 
une  très  grande  force  à  cette  opinion. 
Les  écrivains,  enfin,  qui  ont  attribué 
l'invention  à  Gioia,  sont  innombra- 
bles. G.  Grimaldi,  entre  autres,  savant 
Napolitain  ,  a  rassemblé  en  faveur  de 
son  compatriote,  dans  la  dissertation 
que  nous  avons  citée,  une  foule  de  pas- 
sages très  positif ,  et  s'est  étayé  de 
noms  très  imposants.  On  ne  peut  se 
dissimuler  que  Gioia  n'ait  eu  pour  lui , 
pendant  long -temps  ,  l'opinion  de 
l'Europe  entière;  et  il  faut  bi*n  que 
quelque  fait  important  ait  donné  sujet 
à  cet  assentiment  général.  Quel  est 
donc  le  titre  de  ce  marin  à  la  recon- 
naissance publique?  Le  P.  Fournier 
a  résolu  cette  espèce  de  problènje, 
dans  son  Hydrographie  (  liv.  xi, 
ch.  I  );  et  Montucla,  adoptant  l'opi- 
nion de  Fournier,  l'a  développée  avec 
une  clarté  piopre  à  salislaire  tous  les 
esprits.  La  boussole  en  usage  sur  la 
Méditerranée  dans  lexn'.  cl  le  xiiT. 
siècle,  ne  consistait  qu'en  une  aigudie 
.'limantée,  qu'on  f lisait  nager  dans  on 
vise,  au  moyen  de  deux  brins  de 
paille  ou  d'un  morceau  de  liège,  qui 


GIO 

îa  soufcnaient  sur  l'cnu.  Telle  est  î.i 
cit'scii|)tion  qu'on  f.nt  rautciii'  de  la 
liibie-Gurol.  De  là  \c  ixoin  Ac  Cala- 
mité ou  de  Grenouille ^  sous  lequel 
on  la  trouve  désignée  dans  quelques 
auteurs.  La  boussole  connue  des  Ara- 
bes, au  xiii".  siècle,  suivant  Bailak 
K.iptch.iki ,  n'était  pas  autre  chose. 
«  Il  est  aise  de  sentir,  dit  Montucla  , 
»  combien  ce  moyen  était  peu  cora- 
»  mode  ,  et  corabien  de  fois  l'agitation 
3>  de  la  mer  devait  le  rendre  imprati- 

»  cable Les  Melphitains,  ajoulc 

»  cet  auteur  (  il   aurait  dil  dire   Ks 
»  Amalfilains  ),  imaginèrent  la  sus- 
»  pension  commode  dont  nous  usons 
«aujourd'hui,    en   raettant  1  aiguille 
»  touchée  de  l'aimant ,  sur  un  pivot 
»  qui  lui  permet  de  se  tourner  de 
)>  tous  les  côtés  aven  facilité.  On  ne 
»  sait  s'ils  allèrent  d'abord  plus  loin. 
»  Dans  la  suite  on  la  chargea  d'un 
»  carton  divisé  en  52  rurabs  de  vent, 
»  qu'on  nomme  Xsi  Rose  des  venls  ^ 
»  et  l'on  suspendit  la  boîte  qui  la  porte, 
»  de  manière  que ,  quelques  mouve- 
»  ments  qu'éprouvât  le  vaisseau  ,  elle 
»  restât  toujours  horizontale.  Les  An- 
»  glais  se  font  honneur  de  celle  addi- 
»  lion  à  la  boussole ,  jure  an  injuria, , 
»  c'est  ce  que  je  ne  saurais  dire;  je 
))  n'en  connais  du  moinsaucune  preu- 
y>  ve.  »  Si  l'on  examine  avec  attention 
le  sens  du  vers  d'Anton ius  Panormi- 
tanus,  dans  lequel  on  a  cru  trouver 
une  des  preuves  les  plus  fortes  de 
l'invention  de  Gioia  ,  peut-être  reraar- 
quera-t-on  qu'il   ne   lait  allusion ,  en 
effet,  qu'a  un  grand  et  important  per- 
fectionnement. Ce  vers  est  ainsi  conçu: 

Prima  dt^ditnautis  usum  magnetis  Amalphis. 

Le  poète  ne  paraît  pas  vouloir  assurer 
que  la  ville  d'Amalfi  ait  donné  la 
connaissance  de  l'aiguille  aimantée  ;  il 
dit  seulemeut  qu'elle  en  a  donné,  ou 
plutôt  facilité  l'usage.  Voilà  donc  le 
mérite  de  Gioia;  c*csl,  selon  toute  ap- 


GIO  407 

pnrcncc,  relui  d'avoir  rendu  vérita- 
blement utiN'  un  instnimcnt  dont  k 
peine  ou  pouvait  faire  usage  au[)ara- 
vant.  La  timidité  de  nos  pilotes,  dans 
le  xii*".  et  le  xni".  siècle,  lorsqu'ils 
étaient  dc)à  en  possession  de  la  Cala^ 
mite^  et  l'audace  qu'ils  ont  déployée, 
munis  de  la  Boussole  d'Amalfi,  attes- 
tent évidemment  l'iuipoi tance  du  ser- 
vice qu'a  rejidu    Gioia   à   la  marine 
moderne.  Perfectionner  de  cette  ma- 
nière, c'est  réellement  inventer.  Il  est 
possible  que  les  Français  aient  ajoute 
la  Rose  des  vents  à  l'aiguille  suspendue 
de  Gioia  :  de  là  sera  venue  la  fleur 
de  Ils  qui  désigne  le  Nord.  11  est  pos- 
sible encore  que  les  Anglais  aient  con- 
çu la  pensée  de  renfermer  l'aiguille, 
son  pivot,  et  la  Rose  des  vents ,  dans 
une  boîte ,  box  ou  boxel  :  de  là  le  nom 
de   Boussole.  Les  Allemands  récla- 
ment cependant  et  les  noms  des  vents. 
Est,  Sud,  Nord,    Oue^t,  et  même 
le  nom  de  Boussole.  Ces  particularités 
sont  de  peu  d'importance.  Ce  qui  pa- 
raîtra démontré ,  c'est  que  la  décou- 
verte de  la  vertu  directive  de  l'aimant 
est  antérieure  à  Gioia  ,  et  qu'avant  lui 
les  navigateurs,  tant  de  la  Méditerra- 
née que  des  mers  de  l'Inde,  faisaient 
usage  de  l'aiguille  aimantée  :  ce  qui  est 
plus  que  vraisemblable,  c'est  qu'il  a 
été  cependant  en  Europe,  par  un  per- 
fectionnement très  important,  le  vé- 
ïitablc  créateur  de  la  boussole,  telle 
que  nous  la  possédons  aujourdluii. 
On  ne   connaît  d'ailleurs  nullement 
l'histoire  de  sa  vie.  Quelques  écrivains 
l'ont  nommé  Giri  j  le  nom  de  Gioia 
est  le  plus  généralement  adopté.  Mu- 
sanzio    se  plaint  ,  dans  st  s    Tables 
chronologiques ,  de  ce  que  Vossius 
et  d'autres  savants  l'appellent  Gira^ 
et  le  disent  natif  de  Melfi:  c'est,  dit-il, 
Gioia  d'Amalfi  ,  qui  a  inventé  la  bous- 
sole, en  l'an  i3o5.  {Tab.  xxxviii^ 
pag.  219.)  E— c  D— -Oc 


4o8  GTO 

GIOLITO  DE'  FERRARI  (Ga- 
briel), imprimeur  et  libraire  à  Ve- 
nise ail  xvi^.  siède,  était ,  à  ce  qu'on 
croii,  originaire  de  la  fauiille  des  Fer- 
rari de  Plaisance.  Il  exerça  son  art 
avec  distinction  ;  et  Haym  qualifie  de 
belles  impressions  quelques  unei  de 
celles  qu'un  lui  doit.  Sa  marque  était 
un  phénix  regardant  un  soleil,  et  bril- 
lant sur  nii  globe  ailé  où  sont  les  trois 
lettres  G.  G.  F.;  une  inscription  sor- 
tant de  clja(|ue  coié  des  flammes, 
porte  :  Seinper  ealem;  aulour  du 
phénix  on  lit  ces  mots  :  De  la  mia 
morle  eterna  vita  i  vis^o.  Ce  l'ut  Gio- 
lito  qui  co/nincnça  l'nn pression  de  la 
Collana  greca  ,  iniiginée  par  Th. 
Porcacchi  (  P'oj.  PoRCiCCHi).  Il  pré- 
sida lui-même  à  la  Colluna  latina, 
faite  sur  le  même  plan.  L'ancienne 
version  italien  ne  de  yimitalion  de 
J.-C.  ayant  et  •  revue  par  le  P.  Rrmy 
Florentin  pour  les  enf  ints  de  Giolito 
et  lei>r  mèi  e  Lucreiia  Giolita ,  ctt 
imprimeur  en  donna  successivement 
plusieurs  é  litions  fort  belles,  en 
i55(i,  1 55^  et  années  suivantes.  Elle 
sortit  des  mêmes  presses  ,  rt  touchée 
p»r  Pureacchi,  en  1569.  Au  frontis- 
pire  de  l'édition  de  iSOi,  que  pos- 
sède M.  Ginee,  an  lieu  du  globe 
on  voit  un  vase  ailé  d'où  partent  des 
flammes,  au  milieu  desquelles  est  le 
j)héni\;  et  autour  de  reucadrenient, 
on  ht:  Fivo  m  rie rej'ccta  med.Gxo- 
lito  mourut  en  i58i,  laissant  deux 
fils,  Jean  et  Jean  Paul,  (|ui  eonliniic- 
lenl  l'état  de  leur  père.  Jean  ne  se 
borna  pas  à  sa  profession  ;  il  cultiva 
les  lettres,  et,  au  jugement  de  llaym, 
il  .ivait  du  talent  pour  la  poésie.  On 
lui  doit ,  en  effet,  une  traduction  ita- 
lienne du  poème  de  Sannazar  ,  dont 
voiei  le  litre:  Del parOtddla  vermine 
libri  m ,  tradoWt  in  versi  toscani, 
Venise,  1588,  in- 8°.;  réimprimée  à 
Vérone,  de  l'imprimerie  du  phénix, 


GIO 

1^32,  in-4*.  On  a  encore  de  lui  : 
nta  del  P.  I^nazio  Lojola,  tra- 
doita  dispagniiolo  in  italiano ,  1 586, 
in^".  A.  B — T. 

G  1 0  R  D  A  N I  (  Vitale  ) ,  célèbre 
mathématicien,  né,  le  i3  décembre 
i635,  à  Bitonte  dans  le  royaume  de 
Naples ,  fui  destiné  à  l'état  ecclésias- 
tique; et  ses  pirents,  quoique  pau- 
vres, lui  firent  taire  ses  études.  11  ré- 
pondit mal  à  leurs  soins;  et,  pour 
éviter  les  reproches  de  son  père,  il 
s'enfuit  secrètement  à  Tarenle  ,  où  il 
épousa  une  fille  de  basse  condition 
et  sans  fortune.  L'état  misérable  dans 
lequel  il  se  trouvait,  ne  fut  pas  capable 
de  le  tirer  de  son  apathie.  Un  jour, 
l'un  de  ses  beaux- frères  lui  ayant  re- 
proché sa  conduite  avec  aigreur,  Vi- 
tale s'élança  sur  lui,  et,  l'ayant  sai>i  à 
la  gorge,  l'étouffi.  Pour  se  dérober 
aux  poursuites  de  la  justice ,  il  s'em- 
barqua sur  un  vaisseau  qui  se  rendait 
à  Venise,  et  s'enrôla  dans  les  troupes 
qu'Innocent  X  levait  alors  contre  les 
Turcs.  Il  se  trouva  à  plusieurs  com- 
bats, el  s'y  distingua.  L'amiral  ayant 
eu  l'occasion  d'apprécier  sa  capacité, 
lui  donna  l'emploi  de  secrétaire  de  sa 
galère,  qui  était  vacant.  Vitale  l'ac- 
cepta avec  [Jaisir;  mais  il  fut  d*abord 
très  embarr.issé pour  établir  ses  comp- 
tes, parce  qu'd  ignorait  les  preniières 
règles  de  l'arithmétique  :  il  les  devina 
par  un  effort  de  génie  ,  et  ce  premier 
succès  lui  donna  du  goût  pour  l'étude. 
De  refour  à  Rome  eu  i()5(),  il  fut 
admis  dans  la  garde  du  château  S  dut- 
Ange,  et  résolut  d'employer  ses  loisirs 
à  étudier  les  mathématiques.  11  ne 
connaissait  encore  que  {\irithmtti<jue 
de  Glavius  :  un  ouvr.ige  de  Vièle  lui 
tomba  alors  entre  les  mains  ;  el  la 
difficulté  qu'il  éprouvait  à  le  com- 
prendre, pensa  le  faire  renoncer  à  son 
projet.  Ibiireusement  un  de  >es  nmis 
lui  conseilla  de  lire  les  ElémtnU  d'Eu- 


C.  l  0 

clidc  ,  ri  il  cil  ^.lisif  loiifcs  le-;  j)io- 
po.sitioiis  avec  iiiic  telle  facilite,  (jue 
son  anletir  juuir  les  in.ithem.itiqiic.s 
s'en  aiii;rneiit.i  encore.  Ses  progrès 
dans  cette  science  fnrcnt  cxliaordi- 
liaires,  cl  lui  niei itcrcnl  des  prolec- 
tems  (jni  lui  aclutèniU  son  congé 
et  loi  jdocnièrcnl  tons  les  secours 
dont  il  avait  besoin  ponie'liidicr.  II  lut 
bientôt  en  état  d'enseigner  lui-iuèmc; 
et  sa  réputation  l'ayniil  fait  connaître 
de  la  reine  Christine  de  Suède  ,  rlin 
le  nom  nia  son  inatlieni  aticicn.  Il  lut 
ensuite  choisi  poiu'  professer  les  ma- 
llicraatiques  à  racide'mie  fondée  à 
Rome,  en  i6()6,  par  Louis:XlV.  Le 
pape  Cleincnl  X  lui  donna,  en  167'i, 
la  place  d'ingénieur  du  château  St.- 
Angc  ;  et  en  i()85,  il  fut  nomme  à  la 
chaiic  des  mathématiques' du  collège 
de  la  Sapience.  Vitale  manda  alors  à 
sa  femme  de  venir  !c  rejoindre;  mais 
elle  ne  \ouiut  point  y  consentir.  Son 
(ils  ne  demeura  que  quelques  années 
près  de  lui,  parce  queVaii  de  Rome 
ne  convenait  point  a  sa  santr.  Il  passa 
donc  sa  vieillesse  seul ,  souvent  malade 
par  l'excès  du  travail ,  et  mourut  ic  5 
novembre  1711,3  soixante-dix  huit 
ans.  Il  était,  depuis  1691  ,  membre 
de  l'académie  des /Vrcadicns;  et  son 
e'Ioge  y  fut  prononce.  D.ms  le  nombre 
de  ses  élèves,  on  doit  distinp;uer 
M'^'".Marie-Margueril€-CatheriiieGoy, 
Parisienne,  qui  composa  un  ouvrage 
intitulé  :  Studio  di  matematica  , 
in -fol.,  dont  il  existait  une  copie 
dans  la  bibliothèque  de  Floncel.  On 
a  de  Vitale  :  I.  Corso  di  mate- 
maiica  clie  comprende  EucUderesti- 
f//fo,Uome,  lO^^o,  1686,  in-foi.Ce 
cours  de  malhcmatiqncs  d<  vait  avoir 
plusieurs  volumes  j  mais  il  n'y  a  que 
le  premier  qui  ait  èlé  imprimé.  11.  De 
componendis  grnvium  momenlis  , 
ib.,  i685.  m.  Fundamenium  doc- 
trines motus  ^ravium  ,  ibid.,   1G8O. 


r.  10  /,oo 

1 V.  Ad  Tfyacint.  Cristnphormii  cpis- 
tola,  il).,  170"),  iii-fol.  V.  l'Uenicnti 
d' l'Aiclidi  espUcd'i  ludla  rr<de  aca- 
dcmia  inslituita  in  llviud  dalla  cris- 
tianissima  Maeslà  LuigiXl  r,  G  vol, 
in-lol.,  manuscrit,  cili'  11".  i  i8">  du 
catalogue  de  la  bibliothèque  de  Floi  - 
cel.  VI.  Quelques  opuscules  peu  im-  ^ 
portants.  .  W — s, 

GIORDANO  (Luc),  peintre  cé- 
lèbre (1),  né  .1  Naples  en  i05'i ,  dans 
une  maison  qui  louchait  à  celle  de  Jo- 
seph Ribera  son  premier  maître,  re- 
çut de  bonne  heure  le  surnom  de  Fa- 
Presto ,  soit  parce  que  son  père  ne 
cessait  de  l'exlicrtcr  à  travailler  vite, 
soit  à  cause  de  l'extrême  célérité  avec 
laquelle  il  compos  lit  la  plupart  de  ses 
tableaux.  ÉchaufTé  par  tout  ce  qu'il  en- 
tendait dire  des  chets-d'œiivrc  qui  em- 
bellissent la  ville  de  Rome,  il  s'échap- 
pa de  la  maison  paternelle,  et  se  ren- 
dit dans  celte  capitale  des  beaux-arts, 
011  il  fit  la  connaissance  de  Piètre  de 
Cortone  ,  dont  il  fut  presqu'en  même 
temps  l'élève  et  le  collaborateur.  Gior- 
dano  ,  commençant  à  sortir  de  l'obs- 
curité ,  fit  successivement  le  voyage 
de  Bologne ,  de  Parme ,  de  Venise 
et  de  Florence,  oii  il  eut  de  nombreux 
travaux;  et  sa  réputation  prit  un  tel 
accroissement,  que  le  roi  d'E'^pagne, 
Charles  II ,  le  fit  venir  à  M.idrid  pour 
lui  confier  l'exécution  des  peintures 
destinées  à  l'embellissement  du  palais 
de  l'Escurial.  Ces  ouvrages  miient  le 
sceau  à  la  réputation  de  leur  auteur. 
Quelque  temps  après  la  mort  du  roi 
Charles ,  Giord^mo  retourna  à  Maples, 
où,  malgré  son  âge  avancé,  il  com- 
posa encore  un  nombre  prodigieux  de 
tableaux.  On  assure,  que,  pour  plus  de 


(1)  Long-tpmps  appflé  Jordans  ou  Jordajiepar 
les  oiogr.i|ilies  Iraiiçais;  ce  qui  donnait  souvent 
liru  de  le  confondre  avec  Jacques  Jorduens  , 
peintre  de  l'école  fl.ini»nde.  Gior^lano  signait  quel- 
quefois ses  tableaux  de  la  inanière  suivaale  :  Jvr- 
datius  (^iu  Luc,  JorJanus)Jccii  1  cic. 


4io  GIO 

célérité ,  il  f mployail  quelquefois  ses 
doigts  au  lieu  de  brosse,  et  qu'il  ne 
niellait  guère  plus  d'une  heure  à  pein- 
dre une  demi- figure  de  grandeur  na- 
turelle (  I  ).  Ce  peintre  avait  une  dispo- 
sition toute  particulière  pour  ce  qu'on 
appelle  les  pastiches,  c'est-à-dire  qu'il 
imitait ,  avec  une  facilité  et  une  exic- 
titude  surprenantes,  les  manières  des 
différents  maîtres.  Un  jour,  leroid'Els- 
pagne,  lui  montrant  un  beau  tableau 
du  Bassan ,  lui  exprima  le  regret  de 
ne  point  avoir  un  stcond  ouvrage  du 
même   peintre.   Dès  le  lcndem;(in  , 
Giordano  se  munit  d'une  viei;le  toile, 
sur  laquelle  il  peignit  avec  tant  d'a- 
dresse un  t  .bleau  dans  le  goût  du  Bas- 
san ,  que,  peu  de  jours  après,  a-pas- 
tiche  y  place  dans  la  galerie  du  mo- 
narque, fut  pris,  par  les  plus  savants 
connaisseurs ,  pour  un  ouvr<jge  du  Bas- 
san  lui-même.  Une  autre  fois, il  peignit 
de    souvenir  ,    sans  prcparalion,  et 
pour  ainsi  dire  en  une  minute,  la 
figure  de  sa  femme  absente,  que  la 
reine  d'Esf.agne,    devant  laquelle  il 
travnillait,  disait  avoir  envie  de  con- 
naître. La  reine,  qui  le  croyait  occupé 
à  toute  autre  chose,  fut  si  surprise  et 
si  enchantée  de  cette  espèce  de  tour 
de  force  ,  que,  détachant  de  son  cou 
une  ^nperlJe  rhaîue  de  perles  ,  elle  la 
remit  à  Giordano  pour  qu'il  en  fît  ca- 
d(  au  à  son  épouse.  Les  critiques  sé- 
vères refusent  aujourd'hui  à  ce  peintre 
une  place  au  rang  des  grands  modèles, 
c'est-à-dire   à  côté  drs  Michel-Ange, 
des  liapbaèl ,  des  Ti'i«  n  :  ils  recon- 
naissent à  la  vérité  la  prodigieuse  Uc\i- 


(i  ^  Il  €it  peu  «l'.itrlif  ri  «Il  l'on  nr  rnrontr  romm* 
crrluin  II'  (••Il  tiiiv.nl,  qiio  Im  ix-iiitm  ont  )>riit- 
éltc  iiivrni»^  |>.ur  «liinm  r  iinr  't>\éir  <!«•  rr»r.«jivc 
l.iciliti^  avec  luqii)  II*-  I.iic  (iiordano  niMniiiil  !•' 
piiirMiu.  l'n  jour  i|ii'il  Ktnil  oc'cii|ii^  ■  (irinilrr  iiit 
t.<l>li-uii  rr(>rt'-«riitiiii(  Ji'iim  nt  iri  diici|ilc*.  il  lut 
<|ir<iiii;<^  fiT  »oii  |.L're  (|IM  I'^iiitUiI  yi<uT  ilîurr. 
M  Lmciii  ,  «rinit  \r  pcrr  p.ii  uiia  Irii^lm  ,  «icd  l'itil* 
M  loiil  Ar  ttiiln  ,  lai<)upr  tu  mlroidir.  —  Ji*  i»i*  à 
»<  VI. u<  ,  rKpiin<lil  l«  (ih  ,  )r  u'«i  pla<  «  Iduc  i^uv  !<« 


GIO 

bililé  de  son  talent ,  le  feu  de  ses  com- 
positions ,  le  moelleux  de  sa  touche  , 
et  surtout  l'effet  séduisant  de  son  co- 
loris; enfin  ils  avouent  que  dans  pres- 
que toutes  les  parties  de  son  art ,  le 
Giordano  est  digne  d'éloges  :  mais  dans 
aucune  ,  suivant  eux ,  il  ne  s'est  élevé 
au  sublime;  et  les  beautés  de  sa  ma- 
nière sont  souvent  plus  brillantes  quo 
correctes.  Tel  est,  ajoutent-ils,  le  sort 
des  artistes  qui  visent  a  l'universalité 
des  genres,  et  qui  ne  peignent  que  de 
pratique,  c'est-à-dire  ,  d'après  les  di- 
verses manières  des  autres  peintres  : 
leur  talent  n'a  point  de  caractère  dé- 
terminé, point  de  consistance;  et  s'ils 
ont  presque  toujours  la  salisfaclion  de 
plaire  à  I  »  multitude  ,  ils  méritent  ra- 
rement d'avoir  à  leur  tour  des  imita- 
teurs. On  peut,  toutefois,  sans  crain- 
dre d'être  contredit  par  les  artistes  , 
considérer  le  Giordano  comme  un  des 
peintres  de  l'école  napolitiine  ({ui  était 
le  plus  richement  pourvu  des  quali;é» 
vives  et  séduisantes,  propres  à  tenir 
lieu  .ju-^qu'à  un  certain  ])0iut,  ou  d'une 
élude  approfondie  de  la  nature,  on 
de  la  supériorité  du  génie.  Quelques 
écrivains  l'ont  appelé  le   Protée  da 
la  peinture  :  cette  dénomination  doit 
lui  être  conservée.  Luc  Giordano  mou- 
rut dans  sa  ville  n.itale,  en  1704  ou 
1  705.  Il  y  jouissait  d'une  grande  con- 
sidération ,  à  laquelle   ses  richesses  , 
et    le  litre  de    ciievidier  qu'il  tenait 
du  roi  d'Espagne,  ne  contribuèrent 
pas  moins,  sans  doute,  que  la  célé- 
brité de  ses  productions.  On  assure 
d'ailleurs  qu'il  faisait  un  noble  usage 
de  sa  fortune;  qu'il  donnait  souvent 
ses  tableaux  aux  églises  pauvremonl 
dotées  ;  cl  que  sa  conversation ,  tou- 
jours  vive  et  enjouée,  le  faisait  re- 
chercher (les  personnes  les  plus  con- 
sidérables de  la  cour,  où  il  était  fami- 
lièrement admis.  Ou  voit  sa  sépulture 
dans  \\''('wic  do  i^le.-Brigide  ,  dont  U 


G  10 

nv.ut  cnlièrcmcul  peint  la  coupole.  Ses 
principaux  ouvrages  sont  à  N.iples, 
'1  Madrid  ,  à  Kloicncc  et  à  Rome.  Oa 
coinplail  aussi  un  bon  nomljrc  de  ses 
tableaux  dans  la  }:;iderie  de  DusscU 
dord",  dans  celle  du  duc  d'Orléans  , 
et ,  en  dcruier  lieu  ,  au  musoc  du  Lou- 
vre. F.  l>arlolo7.zi  et  J.  Beauvarlet  ont 
grave,  d'après  Luc  Giordano  ,  le  pre- 
mier, Sainte  Cécile  mourante  et  AV- 
riKs  caressant  l'amour;  le  second , 
Y  Enlèvement  d'Europe  ,  celui  des 
Sabine  s ,  le  Jugement  de  J^dris  et 
j4cis  et  Galatee.  Enfin,  ce  maître  a 
lui-même  grave  à  l'eau-forte  ceux  de 
ses  ouvrages  qu'il  aimait  le  mieux  j  et 
ces  estampes ,  faites  librement ,  ont 
beaucoup  de  prix  aux  yeux  des  ama- 
teurs.Douze  cartons  de  liUC  Giordano, 
représentant  les  amours  de  Psiché 
et  de  Cupidon  ,  appartiennent  au- 
jourd'hui au  roi  d'Angleterre. 

F.  P-T. 

GIORGI  (Marino),  doge  de  Ve- 
nise, succéda,  le  22  août  i5ii  ,  à 
Pierre  Gradenigo  :  il  n'était  point  du 
nombre  des  électeurs;  et  ceux-ci,  ne 
pouvant  s'accorder ,  reunirent  par  ha- 
sard leurs  suffrages  en  sa  faveur,  parce 
qu'ils  le  virent  passer  dans  la  cour  du 

Ï>alais  011  ils  délibéraient.  C'était  un 
lomme  religieux  et  probe ,  mais  très 
avancé  en  âge;  aussi  mourut -il  au 
bout  de  six  mois.  Pendant  son  court 
gouvernement ,  les  Vénitiens  furent 
toujours  engagés  dans  une  giierre  en 
Dalraaiie,  où  Zara  s'était  révoltée,  et 
i  dans  une  autre  guerre  avec  le  Saint- 
Siège  ,  qui  les  avait  excommtmiés ,  à 
l'occasion  de  leur  entreprise  sur  Fer- 
rare.  Il  eut  pour  successeur  Pierre 
iïoranzo,  élu  le  i  S  juillet  l'Sii. 

S.  S— I. 
GIORGI  (  Dominique),  prélat  ita- 
lien ,  antiquaire  et  bibliographe  ,  na- 
•  quit  en  lOgo  à  la  Costa  ,  près  de  Ro- 
yigo  (  et  non  dans  l'île  de  Rhodes , 


(  ;  1 0  4  »  ï 

comm*  l'a  dit  le  journal  de  Florence). 
Après  avoir  été  quelque  tcn)ps  secré- 
taire de  révc({uc  d'Adria  ,  il  hit  .qi- 
pelé  à  Rome  ,  où  il  devint  cons(  rva- 
teur  de  la  magnih(jue  bibliothèque  du 
cardinal  Imperiali.  Son  érudition  le 
mit  bientôt  en  relation  avec  les  plu-î 
savants  prélats  de  celle  capitale;  et  il 
fut  souvent  charge  do  travaux  rela- 
tifs à  des  recherches  d'antiquité  ecclé- 
siastique ,    par    les    papes    Innocent 
XllIelBenoîlXllI.  Ce  dernier  le  fai- 
sait de  temps  en  temps  travailler  avec 
lui  dans  i^on  cabinet  :  il  lui  donna  ,  en 
1727,  l'abbaye  de  Saccolongo.  A  la 
mort  du  cardinal  Imperiali  en  t'yS^, 
l'abbé  Giorgi  rf-tonina  dans  sa  pairie: 
mais  le  pape  Clément  XII  le  f't  reve- 
nir à  Rome,  où  il  l'occupa  dcdivrrs 
travaux;  et  Benoît  XIV,  son  succes- 
seur, le  mit  au  nombre  de  ses  j  re- 
lais domestiques,  cl  le  fit  arr/ger  aux 
différentes  académies  qu'il  él.iblil  dans 
celle  ville.  Il  y  mourut  le  21  juillet 
1-^47  7  laissant  ses  nombreux  inaiius- 
crils  à  la  célèbre  bibliothèque  de  la 
Casanata.  Les  principaux  ouvrages 
qu'il  a  publiés  ,  sont  :  L  De  anliquis 
italiœ  metropoUbus  y  exercitat  o  his- 
<onc<z,5Rom€,  i-; 22,  in- 4".  H.  Trat- 
tato  sopra  gV  alriti  sacri  del  soinvio 
pontefice  dlRoma,  ibid.,  1724,  in- 
4°.  IIÏ.  De  origine  melropolis  eccle- 
siœ   Bene^'entanœ ,  ibid. ,  1 725 ,  in- 
^".lY.  ^ntiquœ  inscriptionis  expia- 
7iatio  in  qud  de  locatoribus  scenico- 
rum    disceptaturj    Monte  Fiascone 
[Monte  Falisco),   1727,  in -8'.  de 
56pag.  :  on  en  trouve  i'exlraitdans  les 
Mém.  de  Trévoux,  1728,  pr:g.  552. 
V.  De  cathedra  episcopali  Setiœ  ci- 
vilatis  y  ibid.,   1727,  Jn-4"- î  réim- 
primé en  I  n5i .  Il  y  traite  de  l'origine 
de  l'évêohé  deSezza.  VI.  De  liturgid. 
romani  pontificis  in   sqîemni   cel-e- 
Iralione  mw5rt/7vm,ibid.,  1751-4S— 
44?  5  vol.  in-foi.  VII.  De  monC" 


4i2  GIO 

grammate  Christi ,  ibid. ,  i  n38 ,  ^^- 
4  .  ;  il  y  rcfule  une  assertion  de  Bas- 
nage.  VIII.  Fita  Nicolai  V  Pont, 
max.;  accedii  disquisilio  de  Nicolai 
ergà litteras  etlitteralos  viros  paVo- 
cinio;  ibid.,  i']^'2,  in-4°.  IX.  Cata- 
logo  délia  lihraria  Capponi ,  ibid. , 
1747,  iii-4'\  Ce  catalogue,  enrichi 
de  .savantes  noies,  ne  comprend  que 
les  livres  italiens  et  les  manuscrits  de 
la  belle  bibliothèque  du  marquis  Al. 
Greg.  Cappoiii  :  celte  bibliothèque  a 
e(é  réunie  à  celle  du  Vatican.  X.  Eloc^e 
historique  du  cardinal  Corradini  ^ 
et  quatre  antres  morceaux  insérés  dans 
la  Raccoita  du  P.  Calogerà,  dans  les- 
quels Tailleur  explique  diverses  ins- 
criptions ou  autres  monumcnîs  d'anti- 
quité. Giorgi  ne  s'est  pas  rendu  moins 
rccommandable  en  qualité  d'éditeur. 
On  lui  doit  la  piiblicalion  des  quatre 
livres  De  varietate  forlunœ  (1),  et 
de  cinquante-sept  lettres  inédites  du 
Poggc  ,  qu'd  enrichit  de  notes,  d'a- 
près un  manuscrit  de  la  bibiiuthcqîie 
Otfoboni,  et  que  Jean  Cliva,  de  Uo- 
vigo,  fit  imprimer,  souslcsauspiccsdu 
cardinal  A.  G.  de  Hohan  ,  à  Paris  chez 
Coustelier,  i  "/ï^  ,  in-4*'.  Giorgi  ajouta 
aussi  des  notes  à  ja  belle  édition  des 
Annales  de  Haronius,  donnée  à  Luc- 
ca ,  p.ir  le  P.  Mansi ,  et  en  publia  W4p- 
paratus,  Lucca,  i^/j».  in-fol.  Enfin 
on  lui  dort  le  Martyrologium  .adonis, 
ope  codiciun  recognitiiin  ,  hihliotlie- 
cje  Faticame  adnolationibiis  illus- 
tratum^  ibid.,  \'j\5,  in-fol.  de 
'j^G  pag.  On  trouve  dans  le  re- 
cueil, dé;n  cilé,  du  P.  Calogerà,  lom. 

^1)  Lci  troii  prrmiiri  livrai  Riaient  iii^dils;  l« 
(]untrirm«  ,  contenant  la  rrliiliun  d<-i  v»>  ng'-i  de 
Kicolai  Conli ,  avait  éié  inipruni'  vrri  t'ff)'*,  loiia 
Ir  liirii  il'//u/i.«  recoffuitiu,  ten  de  vnrieiale  J<jr~ 
titnm  y  rt  traduit  m  iiulicn  pnr  Hiiiiuiiio  i|iii  l'tii- 
t)!ra  daui  >.i  relation  .  t'ini.  1,  l>  .)Ji)(/^i>r  l.'onil, 
IX,  .5i4  )•  l.a  tr'idiiciion  de  n.iinii>i<i  n  «itr  fiite 
■tir  la  veriiou  ripa;;Molc  ilf  \l.  Rodrigo  Ki  rua  iidet 
do  Sant'irlLi  ,  |iuhli<-r  iivcc  li  icliiti'iii  i\r  Vlu  co- 
l'olo,  traduit*-  pni-  Ir  in^ino  nutrur ,  Scvillfl  ,  i5  i8, 
In-lol.  L«ion  l'iiiclo  irnibir  indiquer  d'aiiUwl  «îdi- 
lioiii  dt  i5ii ,  iSiJ  «t  I63H. 


GIO 

xLi,  la  Vie  de  l'abbé  Giorgi ,  par  un 
de  SCS  compatriotes.  C.  M.  P. 

GIORGI  (Alexandre)  naquit  à 
Venise,  le  i  i  septembre  1747  7  d'une 
antirnne  fannllc  qui  avait  été  autrefois 
au  nombre  des  p.tiiciennes  de  celle 
république.  Api  es  avoir  fait  de  très 
boiines  étude-»  chez  les  jésui(es ,  i!  en- 
tra ,  quoique  fils  unique  ,  dans  leur 
compagnie,  à  l'âge  de  dix-sept  ans.  11 
profés.sa  pendant  quelques  années  les 
belles-lettres  à  Parme,  et  ïc  livra  en- 
sr.ife  avec  une  grande  application  à 
l'étude  de  la  théologie.  Il  avait  reçu 
depuis  deux  ans  la  prêtrise,  quand  la 
suppression  de  l'ordre ,  qui  eut  lieu 
en  1775,  l'obligea  de  retourner  dans 
sa  patrie  :  il  y  donna  aux  jeunes  ec- 
clésiastiques des  leçons  particulières 
de  théologie.  Quelque  tt-n-ps  après, 
il  fut  appelé  à  Ferrare  p.u-  le  marquis 
Bevilacqua,  qui  lui  confia  l'éducdlion 
de  ses  deux  m  veux  :  en  dirigeant  avec 
soin  leurs  études  ,  il  continua  les  sien- 
nes. Maître  de  littérature  pendant  (e 
jour,  il  était  érudit,  philosophe  et  tliéo- 
lugien  pendant  la  nuit,  qu'il  consacrait 
presque  entière  au  travail.  Il  entrete- 
nait en  même  temps  jin  commerce 
épislolaire  avec  plusieurs  savants  dont 
il  cultivait  l'amitié.  De  là  était  née  l'i- 
dée de  plusieurs  ouvrages  qu'il  avait 
achevés  eu  partie,  et  même  déjà  pu- 
bliés: tel  est  entre  autres  le  prospectus 
et  le  plan  d'une  nouvelle  encyclopédie 
italienne  ,  entreprise  immense  pour 
laquelle  il  avait  engagé  plusieurs  des 
hommes  de  lettres  et  des  savants  les 
plus  célèbres  de  l'Italie  à  se  joindre  à 
luij  mais  des  incommodités  tontrac- 
lées  de  longue  main  par  cet  ex(ès  de 
travail  ,  l'arrêtèrent  dans  ses  projets. 
Des  crache  lucnls  de  sang  réitérés  l'a- 
verlirent  de  sa  fin  prochaine;  et  ii 
mourut  à  trente-deux  ans,  le  i4  juillet 
i77<),  universellement  regretté  ,  sur- 
tout du  marquis  Bevilacqu  i,  qui  le  fit 


('.  10 

rntoircr  linnoi.ibk'iru'ul  J.ins  la   sc- 
piill'irc  tir  sa  j)ro|)rc'  lamilL\  ïiCS  ou- 
MM|îes  (|ii'\U'\.iii(lic  (iior^i avait  doii- 
iicsau  ))iiblic,sont  :  \.  Un  polil  Traite 
sur  la  m  initie  (r('iiS(Mj;ncr  nuxcnianls 
les  dciiv  hni^uo".  italiomie  et  lalinc, 
selon    II    niciliodc  qu'il   avait   suivie 
pou!  rcMiicalion  de  ses  jol^le^  élèves: 
Del  moilo  d'inwgnare  a  janciulll 
le    due  lingw^  italinîin,   e  lalina  , 
Ft'rraiT,  1-^-^5^11-8".  II.  Prodromo 
di'lla  niioi^a  Enciclojjed'ui  ilalianct , 
Sienne  ,  i  -ySo,  in-4°.  Ce  programme 
contionl  non  seulement  rannonce  et 
le  plan  de  la  nouvelle  encyclopédie, 
mais  des  articles  sur  différentes  ma- 
tières ,  rcdigrs  par  des  plumes  habi- 
les, et  donnes  pour  exemple  de  ce  (pie 
devait  être  l'opvrage entier.  Giorgi,  qui 
s'élait  reserve  les  questions  les  plus  sca- 
breuses de  la  meta  physique  et  de  la  thco- 
logie,y  avait  insère  deux  arficlesti  es  re- 
marquables dans  leur  genre;  l'un  traite 
du  péché  originel^  l'autre  de  la  li- 
berté naturelle^  de  la  grâce  efficace 
et  de  son  accord  avec  la  liberté  de 
la  vohmté  humaine.Wl.  Letleretre 
alsignor  Proposlo  Marco  LastriFio- 
retitino  intorno  à  cib  che  a   scritto 
il  signor  Martino  Sherlock  i  dello 
siato  delta  poesia  italiana ,  2  delc 
uériosto,  5  del  Shakespear,  Ferrare, 
1779.  Ci'Str'»is  lettres,  imprime'espeu 
de  temps  avant  la   mort  de  l'auteur  , 
montrent  en  lui  autant  de  bon  goût 
littciairc  qu'il  ivaitde profondeur  dans 
les  matières  abstraites,  princip  \\  objet 
de  SCS  éludes.  IV.  L'année  même  de 
la  mort  de  Gior2;i,  le  chevalier  Van- 
iielli,  secrétaire  de  l'académie  de  Ro- 
veredo,  publia  sa  Vie  écrite  en  latin, 
et  suivie  de  la  eorre>|ioMdance  qu'il 
avait  entretenue  avec  lui  duis  la  même 
langue;  ce  précieux  petit  volume  est 
intitulé:  Clcmentini  P^annettii equi- 
tis  commentarins  de  vitd  ALexandri 
Georgu'i  accédant nonnullœ utrius- 


G 10  4rJ 

que  epislolœ  ^  Sienne,  1779.  C(  s  let- 
tres l.itines  eontienncntunedisctissiori 
amicale  (]ui  s'cicva  entre  eu v  en  i  77O, 
sur  l'emploi  même  du  latin  dans  les 
écrits  nioderues.  Ivies  prouvent  qiic 
Giorgi  l'écrivait  parf  litement  ;  et  ce- 
pendant c'était  lui  qui  en  était  venu 
peu  à  j>cu  <à  adopter  les  opinions  de 
d'Alenihcrt  et  Av  quelques  autres  au- 
teurs, et  qui  soutenait  qu'il  était  im- 
possible à  des  modernes  de  s'exprimer 
correctement  en  latin  :  Vannetti  pré- 
tendait au  contraire  qu'ils  pouvaient, 
sinon  égaler,  du  moins  imiter  heureu- 
sement les  écrivains  les  plus  élégants 
de  la  latinité.  Jamais  ou  n'a  traité  celte 
question  ,  ni  aucune  autre  du  même 
genre,  avec  plus  d'esprit, de  politesse 
et  d'am>  nité.  Il  paraît  que  Giorgi  four- 
nissait à  son  adversaire  les  armes  les 
plus  fortes  pour  le  combattre,  et  que, 
tandis  qu'il  s'efforçait  de  prouver  par 
des  raisonnements  qu'on  ne  peut 
plus  bien  écrire  en  latin,  il  prouvait 
réellement  le  contraire  par  son  exem- 
ple. Un  des  meilleurs  poètes  latins  de 
ce  tem{)s ,  l'abbé  R  limond  Cunich  , 
consacra  cet  élégant  quatrain  aux  deux 
illustres  amis,  que  celte  Vie  et  cette 
correspondance  sufïif aient  pour  ira- 
moi  laliser: 

Quod  vitam  eximii  scripsti ,  Vaniielte  ,  Georgi 

lUe  tuo  vivel  clams  al>  iiigenio. 
Vives  tu  claïus  simul  ,'exirtiiusque  ferere 

Scriploi-  et  cximiu»  cullor  aiuicittn;. 

G-E. 

GIORGI  (Antoine- Augustin)  , 
religieux  augustin,  né  en  1711  à 
Santo-Mauro,  bourg  près  deRimini, 
entra  en  religion  à  Bologne,  cà  l'âge  de 
seize  ans ,  et  s'appliqua  avec  zèle  à  l'é- 
tude de  la  théologie  qu'il  professa  en- 
suite avec  éclat  dans  plusieurs  villes. 
Benoît  XIV,  qui  avait  connu  Giorgi 
à  Bologne,  l'appela  à  Rome  au  grand 
collège,  où  il  ne  tarda  pas  non  plus  à 
briller;  car  il  était  é.;alement  habile 
dans  la  Gonuaissauce  des  langues  grec- 


4i4  Gio 

que,  hébraïque,  chaldcenne,  samari- 
taine et  syriaque  ,  tontes  si  iraporlan- 
tes  pour  rinterprctalioQ  des  livres 
sacres.  Le  pape,  qui  voyait  avec  rc- 
gref  que  les  théologiens  espagnols 
eussent  si  mal  jugé  l'Histoire  du  pc~ 
)agiani«;me  du  eardiual  ^'oris,  mise 
par  eux  à  Vindex,  chargea  Giorgi 
d«"  f-ure  Tapologie  de  cet  ouvrage.  Il 
re'por.fïit  si  bien  à  la  confiance  de  Be- 
noît XIV,  que  ce  pontife  lui  Ic'moigua 
Sï  saîisfacîion  ,  en  l'admettant  au 
rionibrc  dfs  hommes  doctes  qu'il  re'u- 
nis>ail  dans  son  palais  pour  conférer 
sur  les  affaires  de  la  religion ,  et  le 
pl'iç  int  à  la  tête  de  la  bibliothèque 
Angélique.  Les  avantages  et  les  agré- 
ments dont  il  jouissait  à  Rome,  expli- 
quent le  refus  q\nl  fit  d'occuper  la 
chaire  de  théologie  de  Vienne.  Etant 
moins  en  évidence  sous  le  successeur 
de  Benoît  XIV,  époque  où  les  sec- 
tateurs de  la  doctrine  de  Saint  -  Au- 
gustin semblèrent  perdre  de  leur  cré- 
dit, il  put  achever  un  travail  pour 
lequel  sa  profonde  connaissance  de 
onze  langues  difTérentes  lui  donnait 
une  grande  facilité.  Il  était  très  impor- 
tant pour  les  religieux  envoyés  en 
mission  au  Tibet  de  connaître  la  lan- 
gue ,  les  usages  et  la  religion  de  ce 
pays.  Ce  que  Hyde  et  d'auti  es  savants 
en  avaient  écrit  était  loin  de  pouvoir 
satisfaire  à  ce  que  l'on  desirait  h  cet 
c^'iid.  Giorgi  avait  voulu  remplir 
celte  lacune;  le  fruit  de  ses  vrilles  lut 
l'ouvrage  qu'il  intitula  Alphahatimi 
TibcVinum.  Les  recherches  qu'il  lui 
avait  occasionnées  le  mirent  sur  la 
voie  d'éclnrcir  plusieurs  points  d'éru- 
dition, «t  il  publia  ses  déauiverles. 
Lf  cardinal  Borgia,  juste  appréciateur 
de  son  mérite,  l'aida  souvent  ilc  ses 
conseils  dans  tous  les  travaux  (ju'il 
eritrcpreniit.  Un  démêlé  assez  vif  que 
Giurgi  cul ,  vers  la  fui  de  sa  vie, 
avec  le    I*.   Paulin   do  Saint  -  l'ar- 


GIO 

thélemi ,  qui  avait  repris  avec  dureté 
ses  opinions  sur  la  religion  des  Bra- 
mes ,  prouva  que  l'âge  ne  lui  avait  rien 
fait  perdre  de  son  ardeur  :  elle  éclatait 
toujours  quand  il  s'agissait  de  soute- 
nir la  pureté  de  la  foi;  et  c'est  ce  qui 
l'avait  engagé  à  prendre  part  a  des 
discussions  qui  s'étaient  élevées  sur  la 
dévotion  au  sacré  cœur  de  Jé>us.  Son 
immense  érudition  faisait  sans  cesse 
recourir  à  lui,  et  le  mettait  en  corres- 
pondance avec  les  savants  de  tous  les 
pays.  D'un  caractère  tranquille  et  mo- 
deste, il  eût  voulu  ne  vivre  qu'avec  ses 
livres;  mais  il  fut  nommé  à  divers 
emplois,  et  entre  autres  à  celui  de  pro- 
cureur -  général  de  son  ordre ,  qu'il 
remplit  pendant  vingt-deux  ans  :  il  ne 
profita  de  son  crédit  parmi  fces  con- 
frères que  pour  rétablir  la  règle  dans 
toute  sa  pureté ,  faire  disparaître  des 
écoles  de  théologie  tout  ce  qui  restait 
de  l'ancienne  barbarie,  et  pour  re- 
mettre en  vigueur  la  bonne  littérature. 
Il  s'occupait  encore,pour  éclaircir  l'his- 
toire civile  et  ecclésiastique  de  sa  pa- 
trie ,  d'un  ouvrage  sur  les  inscriptions 
grecques  de  l'église  de  Bimini.  II  ne 
put  y  mettre  la  dernière  main,  étant 
mort  le  4  "lai  i  -^97.  On  a  de  lui  :  I. 
Alphabetum.  tibetaniim  missionunt 
aposto  lie  arum  commodo  tditum  : 
piaemissa  est  disquisitio  ,  qud  de 
vario  liUerarum  ac  regioni.i  nomi- 
ne  ,  gdntis  origine  ,  moribuSy  su- 
perslilione  ac  manicheismo  fu^è  dis^ 
seritur ,  Heausobrii  calumniœ  in 
sanclum  Aitgustitntm  ,  aliosque  Ec- 
cleùiv  patres  rtfutantur  ,  l\ome  , 
17GJ1,  1  vol.  in-4".,  ligures.  Giorgi 
|)rofita,  pour  composer  cet  ouvrage  , 
des  matériaux  envoyés  au  collège  de 
la  Propagande  par  les  missionnaires 
captuMus du  Tibet,  et  enlreautres  par 
les  pp.  Horace  de  Pinnabilta  il  Cassicn 
de  INIacerala.  La  figure  des  caractères 
avait  été  donnée  par  le  P.  Horace j 


(.  10 

Antoine  Fonlavili  les  avait  f;r-ive^  en 
1  738;  le  cardinal  Louis  Bcllug.»  les  (ît 
fondre  pour    \a  société  de  la  Propa- 
p;ande.  Après  avoir  donne  l'alpliib;  t , 
Tiior^i  s'oecnpe  de  l'ortlio^iaphe  des 
ïuots,  et  de  la  syntaxe,  ei  appuie  tous 
les  exemples  sur  les  extraits  des  ma- 
juiscrils  til)i'tains  deconverts  en  1 7'i  i , 
près  des  sources  de  l'irtiscli,  publies 
d'après  les  ordres  de  l'empereur  Pier- 
re i,  par  les  soins  de  F.  S.  Bayer, 
et  insères  dans  les  y^cla  erudilorum 
de  Leipzig,  et,   avec  une  traduriioii 
française  de  Fourninnt,  dans  le  Mu- 
séum siniciim  de  Bayer.  Aide  de  la 
connaissance  de  plusieurs  langues  qui 
lui  semblent  présenter  entre  elles  nue 
sorte  d'afiinité,  Giorgi  trouve  que  ces 
rnanuscrils   ne   contenaient  que   des 
fragments  de  lois;  il  essaie  d'en  don- 
ner une  nouvelle  traduction  qu'il  ac- 
compagne d'un  commentaire  explica- 
tif, et  se  hasarde  d'en  traduire  pour  la 
première  fois  la  partie  inédite.  Le  tout 
est  prece'dé  d'une  histoire  littéraire  de 
la  langue  tibétaine  en  Europe,  et  d'une 
planche  où  sont  represcnte's  les  ins- 
truments à  écrire,  en  usage  au  Tibet. 
Giorgi  offre  aussi  au  lecteur  l'Oraison 
dominicale,  la  Salutation  ange'lique, 
le  Symbole  des  apôtres  et  les  dix  com- 
mandements de  Dieu  en  tibétain  ,  et 
la  traduction   en  latin  de  privilèges 
accordes  aux  missionnaires  catholi- 
ques par  le  gouvernement  du  Tibet. 
Il  avait  eu  d'abord  le  dessein  de  se 
borner  à  faire  entrer  dans  son  livre 
tout  ce  que  l'on  vient  de  passer  en  re- 
Vue,    et  qui  suffit  pour  la  connais- 
t  sance  de  la  langue.  Une  circonstance 
lui  fit  changer  son  plan  :  voyant  que 
les  Tdjctaius  regardaient  leur  alpha- 
bet comme  une  chose  divine ,  et  les 
lettres  qui  le  composent  comme  une 
•émanation   de   la    Divinité,   il  pensa 
qu'il  devait  commencer  par  exposer 
ie*  preuves  sur  lesquelles  reposait  ce 


C,  I  0 


4t5 


sentiment  :   c'est  à   quoi   il   riuploiu 
la  première  cl  la  plus  considérable 
jrirlie  de  son  livre.  Il  comuicnce  par 
donner  l'ètymologie  du  mol  Tibet;  et 
les  recherches  auxquelles  il  se  livre 
])our  la  trouver,  lui  fournissent  l'occa- 
sion de  faire  l'histoire  de  Xaca,  pro- 
phète et  législateur  des  Tibétains  ,  dô 
présenter  la  chronologie  des  rois  dii 
Tibet  et  des  grands  lamas,  d'y  join- 
dre la  géographie  de  ce  royaume  ,  et 
le  journal  d'un  voyage  du  Bengale  au 
Tibet  j  enfin  de  traiter  de  la  cosmo- 
gonie et  du  cycle,  et  d'expliquer  la 
formule  religieuse  des  Tibétains.  Le 
tout  est  terminé  par  une  oraison  fer- 
vente adressée  à  Dieu  pour  leur  con- 
version. Giorgi  avoue,  à  la  lin  de  sa 
préfice,  que  le  grand  nombre  des  la- 
mas ou  moines  tibétains  ,  et  le  crédit 
dont  ils  jouissent,  rendent  cette  oeuvre 
très  difficile  j  mais  il  ajoute  qn'i  les 
missionnaires    chrétiens    ne  doivent 
pourtant  pas  en  désespérer,  et  que  les 
erreurs    du  manichéisme   faisant  le 
fonds  de  la  religion  du  pays  qu'ils 
ont  à  convertir,  ils  doivent  surtout  se 
livrer  à  l'étude  des  œuvres  de  Saint- 
Augustin,  où  ils  puiseront  les   meil- 
leurs arguments  pour  combattre  Ter- 
reur. Mais  à  quoi  peut  servir  le  tra- 
vail  de  Giorgi?  Son  érudition  n'est 
pas  seulement  confuse  et  superflue  ; 
elle  est  encore  vaine  et  mensongère. 
11  prouve  ordinairement  toute  autre 
chose  que  ce  qu'il  avance;  et  le  seul 
objet  qu'il  semble  avoir  eu  en  vue  ; 
c'est  d'entasser  dans  chaque  page  des 
textes  de  toutes  langues ,  coptes  ,  ti- 
bétains, grecs,  anciens,   modernes, 
etc.,  sans  choix,  sans  critique,  sans 
nécessité.  On  doit,  en  le  lisant,  s'at- 
tacher à  démêler   soigneusement'  ce 
qui  est  de  lui ,  pour  n'en  tenir  aucun 
compte ,  et  les  documents  venus  du 
P.  Horace  et  des  autres  missionnaires 
du  Tiber,  documents  authentiques  ^i 


4.0  GIO 

p»-ccienx  ,  mais  que  Gioii^l  a  malheu- 
reusement embrouiliés  ,  défigures  , 
lourmeiilcs  ,  pour  les  ramener  à  sou 
système.  Son  parallèle  du  manichéis- 
me et  du  lamisme  ,  outre  1 1  puériîiie' 
drs  étymologies,  et  la  tournure  forcée 
de  ses  rapprochements  ,  pèche  encore 
par  le  fonds,  en  ce  qu'il  donne  une 
idée  tout-à-fait  fausse  de  la  doctrine 
indo  -  tibétaine.  Quant  à  l'AlpIiabet, 
Giorgi  a  tire  un  si  mauvais  parti  des 
matériaux  qu'il  a  mis  en  œuvre,  qu'on 
ne  peut  ,  avec  le  volumineux  traite 
qu'il  lui  consacre ,  lire  correctement 
une  seule  svllabe  tibétaine.  Pour  se 
former  une  idée  juste  du  système  or- 
thographique de  cette  langue  ,  il  faut 
oublier  tout  ce  qu'a  dit  Giorgi  ou  son 
abrcviateur  Amaduzzi ,  (t  .s'en  tenir  à 
ce  qu'on  en  lit  d'après  le  P.  Domini- 
que de  Fano,  dans  l'ouvrage  de  Des- 
liautcsrayes.  Enfin  ,  il  est  démontre' 
pour  nous  que  Giorgi,  en  écrivant 
sur  le  tibétain  ,  n'en  conn.iissail  pas 
même  les  lettres;  et  c'est  un  fait  cu- 
rieux pour  l'auteur  d'un  Alphabet  de 
900  pages  (i).  Ain>i  l'un  doit  savoir 
gic'  aux  savants  qui  ont  fouille  dans  ce 
chaos  pour  en  tirer  ce  qui  pouvait  inté- 
resser le  plus  grand  nombre  des  lec- 
teurs. J.N.  Eyring  publia  en  allen)and, 
dans  les  tonies  v,  vi  et  vil  de  la  Bi- 
bliotlièquclii>>toriquc  de  Gatl(  rcr,  des 
(extraits  ronsidèrablcs  de  K Alphabe- 
tiirn  Tibctaimin.  Fabri  en  a  insère' 
de  plus  amples,  inaiN  qui  n'ont  pas 
ru  de  suite,  dans  son  liteueil  de  géo- 
graphie et  de  voyages,  Hille,  i'^85  , 
in-8'. ,  en  allemand,  avec  figures.  11 
faudrait  peu  de  rliose  pour  compléter 
ce  travail,  (pii  ••Ci.iil  ficilitè  par  une 
table  des  nïalièrcs ,  très  étendue,  pla- 
cée ià  la  {\\\  (\i'\' AlphahcUim  Tibela- 

(  »)  CVâl  If  iu;;»'inriil  nur  porli-  «If  rcl  oiivrnse 
M.  Àlitrl  Rt'iniitnl,  nirmltrR  (Ir  l'inditiit  el  ]>ri>- 
frttnir  rovdl  ^\^•^  |.iu;;iir«  (liiiioiic  cLIiirUirc  ,  iiui 
n  liicn  vi>iil»  n»iu  iiiilrr  (le  (ca  «vit  daat  la  rv- 
•Jatlxiu  Je    cal  «rude. 


GIO 

mim.  L'histoire  de  le  Chine  de  Dif-  • 
haldc ,  les  Lettres  édifiantes  ,  les  voya- 
ges de  Bogie  etdeïurner,  le  more  au 
donné  sur  le  Tibet,  par  Pallas,  dans 
ses  Mélanges  sur  le  Nord,  et  traduit 
parRc'uilly,  1  vol.  in-8".,  et  diverses 
notes  de  M.  Lançilès  ajoutées  à  la  irad. 
des  voyages  de  Thunberg,  et  à  celles 
des  Rech(  rches  asiatiques  ,  nous  ont 
procuré  sur  le  Tibet  des  notions  plus 
exactes  que  celles  que  Giorgi  avait  re- 
cueillies. II.  Frdginentiim  Evanç^elii 
S.  Johannis  Grœco-Coplo-Thebaï- 
ciim  sœciili  iv.  A dditamentum  ex 
vt'tustissimis  meinhraiiis  lectionitm 
evangelicarum  àu'lme  missœ ,  cod. 
Diaconici  reliquiiB  et  liturgie u  alla 
fragme/ita  veieris  Thebaidensiiim 
ecclesiœ  aiite  Dioscorum,  è  Ftliter- 
no  Musen  Borgiano  mine  prodeunt 
ÎTi  latinum  versa  et  Jiotis  illustrata  , 
Rome,  1789,  in -4".  Giorgi  ne  se 
contente  pas  d'examiner  ce  frai^ment 
en  grammairien;  il  saisit  aussi  l'occa- 
sion de  confirmer,  p.»r  son  antiquité,  . 
qu'il  s'attache  à  démontrer,  le  sens  de 
plusieurs  passages  mal  interp.'étés  par 
desécrivains  hétérodoxes.  Il  prouve  de 
plus,  par  les  morceaux  qu'il  y  a  joints, 
l'ancienneté  de  plusieurs  points  de  la 
docliinc  de  l'Église.  Cet  ouvrage  don- 
na lieu  au  suivant  ,  imprimé  à  Paris: 
Manuscrits  précieux  à  la  doctrine 
de  V Eglise  et  à  la  pratifpte  du  culte 
catholique  ,  nonvellcmcnl  publies  à 
Rome  sous  ce  titre  :  Fragmenta  ,  etc. 
III.  De  uvraculis  sancii  CoUuhi  et 
ridiquiis  actoruni  sancti  Panesni^ 
martj  ruvi  fragmenta  duo  ,  nlterum 
aucuns  ,  allcruni  nuiic  priniùm  edi- 
tuin  :  prvil  dissertutio  ctninentissi' 
mi  St.  Card.Borgiœ  de  cidlu  S.  Colu- 
tir;  accédant  fragmenta  varia  notis 
inscrta  ;  oinnia  ex  Museo  Borgiano 
/  eliterno  dcprompta  et  illustrata , 
luune,  179'),  in  •4"-  Tous  ces  frag- 
ments buul  iulércbsauls  pour  l'clude" 


G  10 

tic  1a  lanf;nc  cf;vi>lirnuc.  Giorp;i  pen- 
s.iil  qiriiKk'pcndammmt  «Ifs  dialutos 
thcbiiquo  d   mciiiphiiiciiic  ,  il  y   vu 
avait  (II)  troisirinc  (  le  l)a(  liniouricjiic  ), 
qu'il  ap|nllc  nmmoniquc  ,  coiimi  dès 
le  t-  iiijis  (rHc'ro(Ii)tr,  jiai  U*  ilans  touto 
la  piiilio  occiilcnralc  du  S  'ïd  ,  cl  jus- 
que dans  la  Nuhie,   et  cultive  niênie 
après  l'invasiun  des  Arabes.  Jl  en  re- 
connaît des  tiares  dans  ce>  fra|^inents, 
et  dans  d'anlres  que  lui  dlT  il  la  riche 
collection   du  cardinal    Boigia.    Cette 
disseitatiuu    con lient  aussi  beaucoup 
de  choses  relatives  h  la  chronologie  , 
à  la  geop;rapliie,  et  à  tout  re  qui  tou- 
che le  sujet  principal.  W.  Christotimi 
Amerislœ  aihersùs  epislolas  duas  ab 
anouj'mo  ceusore  in  riissuriationem 
commonitoriam    Camilli  Blasii  de 
feslo  cordis    Jesu    vul^atas  aniir- 
rheticiis  ;  accf'dit.  mantissa  contra 
epistoliitm  tertium  nuperrimè  cogni- 
tum  ,  Rome,  i  772  ,  in- 4'.  V.  Letttra 
di  Antropisco  Teriomaco  a  Cristo- 
timo  in  defesa  delV  aivocato  Blasi 
contro  la  lellera  Jiorcntina  di    un 
Fillegiante  detlo  il  Teologo  caccia- 
tore.  Elle  se  trouve  d.ius  le  livre  in- 
titulé :  f  ettere  italiane  a^^iunte  alV 
Antirretico  in  difesa  délia  disser- 
tazione  commonitoria  deW  avvocato 
Caniillo   Blasi   sopra  Vadorazionc 
e  la  f  esta  del  cuor  di  Gesù,  Rome, 
177*2  ,  in-4".  Ces  lettres  furent  écrites 
comme  on  le  voit,  |>ciir  défendre  l'a- 
vocat Blasi,  qui  avait  combattu  la  de'- 
votion  au  sacrérœur  de  Jésus.  YI.  De 
arahicis    inierpretationibus    vcteris 
Testamentiepistola.Owl^tKmveàaws 
le  Spécimen  inediiœ  versionis  arabi- 
ca-samaritnnœ  peTitaieuclii  è  codi- 
ce  manuscripto  bibiiothecœ  Barbe- 
rincp  edidit  et  animadversioves  ad- 
jecit  A.  Chr.  Hwiid  ha^niensis  ,  Ro- 
me ,  1780  ,  iii-b)  .    \  Jl.  De  versio- 
nibiis  srriacis  novi  Testamenli  epis- 
tola,  dans  l'ouvrage  de  J.  G.  Adler, 

XVII. 


G  I  0  4  «  7 

sur  le  même  sujet, Copenliaj^uo,  i  790. 
\lll.  Dr    inscriptionihus  paltnjre- 
ni  s  ,  qun^  in  Musco  capiloUnn    nd^ 
senantur  ititc.rprclandis  epislcAa  ad 
Nie.  Fof^iiiniy  1 78.*,  in-8". ,  se  trouve 
aussi  dans   le  lome   iv  du   Muséum 
capitolimnn.  Giort^i  pense  que  le  pal- 
myrcen  avait  tant  d'afllnifc  avec  l'hé- 
bieu  ,  que  les  mois  lépondeiit  les  uns 
aux  autres  dans  les  deux  langues,  et 
(ifTient    absolumml  le    même   sens  , 
rendu    par  les  anciennes  (Xpîiealions 
latines  et  grecques  qui  accompagnent 
ces  inscriptions.  li  en  prend  occasion, 
suivant  sa   couiumc  ,  d'eiilamer   une 
l(jns,ue  dissertation  sur  la  lan::ue  hé- 
braïque. IX.  Plusieurs  autres  ouvra- 
ges, dont  on  peut  voir  la  liste  à  la 
suite  do   sa  Vie  insérée  dans  le  tome 
xviii  des  Fitœ  Italorum  de  Fabroni. 
Voyez  aussi  VElogio  del  P.  Giorgiy 
dalV  abbate   Fontani  ,  Florence  , 
i7()8,  in- 4".  E — s. 

GIORGION  (George  Barbarel- 
Li,  dit  le),  peintre,  de  l'école  véni- 
tienne, naquit  à  Castel  Franco  eni477i 
et  fut  d'abord  élève  de  Jean  Bellin* 
11  ne  taida  pas  à  substituer  à  une  cer- 
taine sécheresse  qui  lui  déplaisait  dans 
son  maître,  une  sorte  de  liberté  et  de 
hardiesse  telle ,  que,  dans  ce  genre  , 
on  peut  dire  qu'il  a  été  inventeur.  Il 
continua  d'agrandir  sa  manière,  et 
donna  plus  d'ampleur  aux  contours, 
plus  de  vivacité  aux  figures,  et  plus 
de  noblesse  aux  draperies.  Giorgion 
travailla  beaucoup  à  fresque,  pour  les 
façades  des  maisons  •  mais  il  ne  reste 
aujourd'hui  que  fort  peu  de  ces  pein- 
tures, |)arce  que  l'air  de  Venise  les  a 
gâtées.  Ses  ouvrages  à  l'hui'e  se  ^ont 
très  bien  conservés  ,  à  cause  de  i'<  m- 
pâtement  j)rofonddes  couleurs,  *tde 
la  franchise  du  pinceau.  Barbaielli  a 
été  un  des  meilleurs  peintres  df  por- 
traits de  son  temps.  Ou  reconnaît  ce 
maître  à  ses  airs  de  têle  et  à  la  bizar* 

37 


4i8  G 10 

rerie  des   draperies,  des  clievclures, 
des  aunes  et  des  panaches.  Les  ta- 
bleaux du  Gioigion  sont  1res  rares  :  le 
musëc  du  Luiivre  en  possédait  cinq  ; 
quelques  -  uns  représentent  des  con- 
certs ,   parce  que    Barbarrlli   aimait 
beaucoup  la  musique,  et  s'y  e'tait  mê- 
me livre  avant  d'étudier  la  peintu- 
re.   Le   mont-de  -  pid:e   de    Venise 
a  un  Clirist  mort,  de  ce  maître.  Il  y 
a   eucore   de  belles  compositions   de 
lui  ,  à   Venise  ,    dans  d<s    maisons 
de  particuliers.  On  voit  à  Milan  deux 
caissons  qui    lui  sont   atliibues  :   les 
figures   sont  de   la  grandeur  dç  cel- 
les du  Poussin.  Cette  espèce  de  ta- 
bleaux qu'on  trouve  très  diflicilemeut 
en  Italie,  faisait  partie,  comme  on  le 
sait,  des  caisses  destinées  à  renfermer 
les  pre'sents  que  les  nouveaux  marie's 
ofTr.uent  à  leur  e'pouse.  L'école  flo- 
leniine  a  fait  aussi  beaucoup  de  cais- 
sons :  If  seul  qu'on  ail  vu  au  Musée, 
qui  est  sous   le   numéro  iia6,  est 
attribué  i\  Rapliaci.  Le  Giorgion  avait 
admis  dans  sou  école,  et  comblé  de 
bienfaits  Pierre  Luzzo  de  Filtre,  qui 
inontraii  d'heureuses  dispositions.  Ce- 
lui-ci lui   ctilcva   sa   maîtresse  :  Bar- 
barrili  qui  eu  était  épcrdumeut  amou- 
reux, m*  put  se  consoler  d  •  cette  infi- 
déli'é<'t  de  coite iup;ratitud(';  il  mourut 
de  rhagi  in  en    i  5  i  i  ,  âgé  de  Ireute- 
quatie  ans.  Les  autres  élèves  du  Gior- 
giuu    fuient   Sf'hasticu    del   Pioud)0  , 
Laurent  Lu/.zi,  Jeiu  d'Udine  et  Fran- 
çois   Torbido  ,  suriumiiué   il  Moro. 
De  Piles  rapporte  que  le  Giorgiou  ne 
.se  servait,  pour  ses  cainalions  ,  que 
de  quatre  couh  iirs  capitales  ,  dont  le 
judicieux  nu-l  inge   lui  suflisait   pour 
établir  la  (liir'*r<:uee  des  âges   et  des 
sexes.   Un  écrivain   a   bien    peint  le 
Giorgion  dans  ce  peu  de  mots  :  «  (]c 
génir  supérieur  jeta  des  reg uds  sa- 
vants >ui'  les  objt  ts  de  la  nalur»',  et 
sur  l'essence  de  l'art.  Il  chcichu  à  cor- 


GTO 

riger  la  dureté  de  ses  prédécesseurs , 
à  fondre  [)!us  harmonieusement  les 
couleurs,  et  il  eut  le  don  d'une  liberté 
originale,  même  en  suivant  \a  nature.» 
On  a  eu  torlde  dire  que  le  Titien  avait 
été  l'élève  du  Giorgion  ;  le  Titien  l'ut 
son  rival  :  il  était  d'ailleurs  né  trois 
ans  avant  lui.  Dans  les  catalogues  on 
attribue  souvent  au  Giorgion  une 
quantité  de  tableaux  dont  le  style  est 
hardi ,  et  qui  représentent  des  scènes 
de  nuit  et  des  attaques  de  voleurs, 
I*^ous  lui  avons  vu  attribuer  ,  par 
exemple,  une  composition  qu'on  in- 
titulait :  Un  trait  de  la  vie  de  Gilblas , 
parle  Giorgion;  tandis  que  Le  Sage, 
auteur  de  GilOlas  ,  est  né  166  ans 
après  la  mort  du  Giorgion.  A — d. 

GIOSEPPINO.  /^or.  JostpiN. 

GIOTTINO  (TuoMAs  di  Lappo), 
peintre  italien  ,  connu  d'abord  sous  le 
nom  de  Thomas  ^  fils  (\' Etienne ,  na- 
quit à  Florei^ce  en  i3i^.  La  facilité 
avec  laquelle  il  imitait  la  manière 
de  Giolto,  son  bisaïeul,  lui  mérita 
le  surnom  de  Giottino  ,  qui  lui  est 
resté.  Quoique  cet  artiste  ait  fait  un 
grand  nombre  d'ouvrages  ,  ou  ne  cite 
plus  guère  de  lui  que  le  grand  tableau 
où  il  représenta,  sous  les  formes  les 
plus  grotesques  et  entouré  d'attributs 
satiri(pies  ,  Gauthier  de  Brienne,  dit 
le  duc  d'Athènes,  que  les  Florentins 
révoltés  avaient  chassé  de  leur  ville 
en  I  5  j5,  après  s'être  portés  aux  plus 
cruels  (  xcès.  Ce  tableau  ,  coiumandé 
par  les  chefs  de  l'insurrection  ,  et  des- 
tiné par  eu\  à  eu  perpétuer  le  souve- 
nir dans  le  palais  du  podestat,  eut 
nu  succès  prodigieux.  (  F".  Hriennb, 
V,  5()(i.  )  La  popul.icc  se  plut  long- 
lempsà  v  eonleuipleravec  m\  odieu>: 
|)laisir  riiuagc  du  crime  (pi'elle  avait 
commis.  Mou  content  d'avoir  fait  de  la 
figure  du  duc  une  ctricalure  ignoble  , 
le  Giottino  avait  ]>eint,  à  driute  et  li 
gauche,  tous  les  autres  personnages 


GÎO 

q\ic  1rs  Florentins  vonainnl  de  sacii- 
fliT  à  leur  V('n.;cincc.  «  L'image,  dil 
)>  F('lil)i«'ii,  (!lailaccompau;ne(' (le  celles 
1)  du  C'Miseivalenr,  de  Fisdomini,  de 
»  Malitidasse^  de  Banicri,  de  San- 
n  GermanianoQiàii  plusieurs  aulres 
»  de  ses  crcalurcs ,  qui  n'elaient  pas 
))  peints  d'une  manière  moii.s  dcsa- 
»  vantaj^cusc  ;  car,  puur  leur  douu'.'r 
»  aussi  une  coiffure  ridicule  ,  mais 
))  pourtant  dillerentedc  celle  du  duc, 
»  il  leur  mit  sur  la  letc  une  espèce  de 
»  mitre,  dont  en  Italie  on  marque, 
»  par  opprobre,  ceux  qui  sont  con- 
î>  vaincus  de  crimes.  Outre  cela,  cha- 
))  cun  avait  les  armes  de  sa  maison 
»  auprès  de  ^oi;  et  il  y  avait  de  grands 
»  rouleaux  où  étaient  écrites  d''s  cho- 
ï>  ses  qui  avaient  rapport  aux  figures 
»  et  aux  vêlements  qu'on  leur  don- 
))  naif.  w  Ce  monument  des  fureurs 
populaires  ne  fait  honneui  ni  aux  sen- 
timents de  l'artiste,  ni  à  sou  ge'nic 
pour  la  composition.  Le  Giottino  dut 
sans  doute  avoir  quchpie  réj)utation 
à  une  époque  où  la  peinture  était  en- 
core gothique,  même  en  Italie;  mais 
on  ne  voit  pas  qu'il  ait  eu  la  moindre 
influence  sur  les  progrès  dé*  cet  art. 
Il  est  vrai  que  ,  n'.iyani  qu'une  faible 
santé ,  ce  jieintre  n'eut  pas  le  temps  de 
réaliser  toutes  les  espérances  qu'on 
avait  pu  concf-voir  de  son  talent.  Il 
mourut  en  i  556,  âgé  de  52  ans.  F.P-t 
GlOrTO(ou  \ngiolotto,  dimi- 
nutif d'ANGiOLO  ou  d'ANGELO),  di 
Bondone  ^  du  notn  de  soii  père,  ou 
da  respii:,nano ,  du  nom  de  s*)n  pays^ 
peintre,  sculpteur  et  architecte ,  na- 
quit dans  une  ferme  près  de  Vespi- 
gnano  ,  village  situé  dans  la  vallée  de 
Mugello,  ci  quinze  mdies  environ  de 
Florence.  Vasari  place  sa  naissance  à 
l'an  l'i-^G.  Baldinucci,  généralement 
très  exact  sur  les  dates  ,  s'est  rangé  à 
cette  opinion  ,  en  f  lisant  toutefois  re- 
marquer qu'elle  ç:>t  peu  yraisciubla- 


GIO  419 

Me,  attendu  queCilotto,  ayant  rxf'cuté 
la  mos.ii  pic  (le  la  Pcchc  miraculeuse^ 
à  Hume,  en  \:>()H,  n'aurait  eu  alors 
q  te  vin-l-d.;i\aus;e|  qu'il  faudr.iit  par 
conséquent  supposer  (ju'il  aurait  pro- 
duit une  grande  |),irlie  dr  ses  meil- 
leurs ouvrages  à  Florence,  à  Arczzo, 
à  Assi.>,e,  à  Pise  et  à  Rome  même, 
a  ant  d'être  parvenu  à  cet  àgc  ,  et 
pr.sque  au  sortir  de  l'cnfimce.  On 
piutcroue  qu'i;  a  ééfailpai  V-sri^ 
ou  tout  autre,  une  erreur  de  chiffre, 
et  que  Giutto  est  né  en  1260  ou  en- 
viron j  vers  le  temps  de  la  naissance 
du  Dante,  son  contcujporain  et  soa 
ami  suivant  le  même  auteur ,  coeta- 
neo  ^  ed  amico  suo  graTidissimo, 
Mai^  cette  opinion  n'étant  fondée  sur 
rien  de  bien  positif,  nous  ne  saurions 
la  piésenler  que  comme  un  doute  ou 
comme  une  forte  présomption.  Fils 
d'un  laboureur  ,  Giotlo  fut  d'abord 
enqdoyé  à  garder  des  troupeaux.  Ci- 
mabué  ,  traversant  les  campagnes  de 
Vespignano  ,  le  surprit  occupé  à  des- 
siner sur  une  pierre  l'image  d'un  de 
ses  moutons,  l'em m en.j  à  Fl<Tence,  et 
eut  la  gloire  d'en  faire  son  élève.  La 
nature  avait  doué  cet  enfant  de  toutes 
les  quahtés  dont  elle  forma  plus  tard 
l'apanage  de  Raphaël  et  de  Le  Sueur. 
Il  devait,  si  des  circonstances  heu- 
reuses lui  p*rraetiaient  de  saisir  le 
pmceau,  se  montrer  gracieux,  noble, 
grand,  touch.mt,  original.  Miis  il  na- 
quit lorsque  l'Europe  ,  à  demi  -  bar- 
bare, voyait  luire  à  (.eine  le  premier 
rayon  de  la  luuuère  qui  devait  en 
changer  l'aspect.  D<  puis  dix  sièeles  , 
les  peintres  et  les  sculpteurs,  et  sur- 
tout les  (uaîtres  latins  ,  meco!. naissant 
ce  principe  simpl--,  que  pour  imiter 
avec  succès  un  oojel  quelco:;(pie,  il 
faut  pl.icer  la  chose  inêmt;  so  is  ses 
yeux,  étaient  tombés  d'erreurs  en  er- 
reurs, jusqu'à  crri^oniier  des  figures 
diiTijriucs  ^  où  l'on  retrouvait  à  peiné 


-?• 


4^^o  GÏO 

quelques  traits  du  corps  humain.  Rap- 
pelé p  ir  son  génie  à  ce  principe  t'onda- 
iïiental,le  naît Guido  di  Siena  parvint 
à  rendre  avec  quelque  vérité'  des  figu- 
res isolées.  Digne  rival  de  Michel-Ange, 
sM  fût  entre  dans  la  carrière  vers  les 
temps  de  Jules  II  ou  de  Léon  X  ,  le 
mâle  et  rude  Ciinabuë  éleva  son  pin- 
ceau jusqu'à  des  images  fortes  et  pa- 
thétiques ,  mais  sans  grâces  et  sans 
aménité.  Vérité  du  dessin  ,  style,  co- 
loris, art  de  la  composition,  il  fallait 
tout  créer ,  ou  plutôt  retrouver   tout 
dans  l'imitation  de  la  nature;  tel  fui  le 
mérite  de  Giotto.  C'est  par  la  dignité 
et  la  grâte  que  son  dessin,  qioique 
incorrect ,   se  fil  parliculièremcnl  re- 
marquer. Les  Latins  du  xii*.  siècle, 
roides  et  secs  ,   ne  traçaient  plus  , 
pour  ainsi  dire,  que  des  lignes  djoi- 
tes.  Les  Grecs,  à  la  même  époque, 
conservaient  au  contraire  une  prati- 
que ancienne,  dont  ils  avaient  étran- 
gement  abusé  ,    mais   qui  rappelait 
encore  l'habileté  de  leurs  ancêtres  ; 
elle  consistait  à  ceiritrrr  largement  les 
contours,  soit  des  formes  humaines, 
soit  des  draperies ,  pour  donner  au 
style  de  l'ampleur  et  de   la  gravité  : 
à   la    maigreur  ils    préféraient    l'en- 
flure. L'éicvc  de   Cimabué  reconnut 
flii    milieu    de  ces    gonflements  ,    le 
principe  c  ichc  du  grand  et  du  beau  ; 
et    en  repoussant    l'exagération    qui 
dé>honorait   les   Grecs  ,    il    associa , 
autant    que    des    connaissances    peu 
avancées  le  lui  prrmellaient ,  à  la  vé- 
rité que  recherchait  son  maître  ,   le 
calbe  élégant  dont  (amabuéavait  senti 
Ijien    imparfaitement    le  charme  ,   et 
qu'appréciaient  mal  sans  doute    ces 
Grecs  dégénérés,  dins  les  ouvraç;es 
desquels  il  en  retrouva  le  type.  Si  celle 
observation  est  aussi  juste  qu'elle  pour- 
ra p.iraître  neuve,  c'est  ici  un  des  plus 
Çrands  services  que  (iiolto  ail  rendus 
à  l'art   rcn«iis]»ant.    Ou  assure    que 


GIO 

l'exemple  de  Nicolas  et  de  Jean  de 
Pise  ,  qui  déjà  avaient  tenté  de  s'ap- 
proprier le  style  de  quelques  bas-re- 
liefs antiques  apportés  dan^  leur  patrie,, 
ne  lui  fut  point  inutile.  Guidé  par  un 
tact  juste,  inspiré  pjr  un  sentiment 
vrai  et  profond,  Giollo,  comme  Ra- 
phaël ,  mit  ainsi  à  profil  tout  ce  que 
ses  contemporains  offrirent  de  meil- 
leur à  ses  studieuses  recherches;  et  en 
peu  de  temps ,  il  laissa  bien  loin  , 
et  Cim.ibué  son  raaîlre,  et  tous  les 
artistes  qui  jouissaient  alors  de  quel- 
que célébrité.  La  gloire  de  Cimabué 
s'est  éclipsée  ,  dit  le  Dante  ;  il  crut 
régner  toujours ,  et  Giotto  tient  au- 
jourd'hui le  sceptre  de  l'art. 

O  vana  glorta  deir  iiin.tne  nosse.' 

Com'  |ioco  il  verde  in  sîila  cioia  dura  , 

Se  non  è  giuiita  dali''  rtnili  crusse! 
Crc<lcllf  ,  (liniabup  ,  nellu  pintnra  , 

Tener  lo  campo  :  ed  liora  ba  Giotto  il  grîJo , 

Si  clio  la  fanin  di  colui  è  oscura. 

(  Il  Purgal.  ,  cant.  XI ,  v,  91  -96.) 

Les  fresi^iies  don  t  Giotto  orna  le  chœur 
de  la  cathédrale  de  Florence,  et  le  ta- 
blcdU  du  maître -autel  de  la  même 
église,  furetit  ses  premiers  ouvrages 
publics.  Bientôt  il  couvrit  entièrement 
de  peintures  les  murs  de  quatre  cha- 
pelles des  Franciscains  de  Ste.-Croix: 
il  y  représenta  différents  traits  de  la 
vie  de  vSt.  Jean-lJaplisle  et  de  St.  Jean 
l'évangéliste,  les  martyres  des  apôtres, 
rhi.>tuire  de  la  Vierge.  Ces  fresques, 
quoique   foit  endommagées,  subsis- 
tent encore.  Les  murs  du   réfectoire 
furent  aussi  ornés  de  sujets  histori- 
qiies.  Vingt  six  petits  tableaux,  peints 
sur  la  boiserie  de  la  sacristie  ,  suivi- 
rent ces  grands  ouvrages  :  treize  re- 
présentèrent la  vie  de  Jésus-Christ, 
et  treize  celle  de  St.  François.  Ces  pe- 
tits chefs-d'œuvre,   bien    conservés 
jusqu'à   présent,    .sont  une  des   pro- 
ductions les  plus  propres  à  honorer 
la  renaiss.mee  de   ï\\v\.  On   ne   sait , 
njalgré  des  incorrections  nombreuses, 
mais  inévitables  ,  ce  qu'on  y  doit  le 


r.  1  o 

plus  admirrr  ,  ou  l'clcv.tlion  des  pcii- 
M'Vs   (i    rwiiclli^iMirc  de  li  composi- 
tion ,  ou  1,1   \iv;i(ift'  (les  altiludfS  ,  l;i 
iiol liesse  «lu  sf\lc,  I.)  justesse  et  la  di- 
guitc  de  rcxpr(Ssioii.  Dans  le  tableau 
de  la  Cène  est  !c  type  de   la   plupart 
des  belles  compositions  qui  oiit  lelraec 
le  incine sujet  ;  dans'a  T;Mii>nLi;uiatiou 
est  \'exemj)laire  (pie  Ixapli.iël  a  dû  seu- 
lement e'purer  [)our  1 1  j)aili('supeïieure 
de  son  sublime  ouvrij^e.  A  ees  travaux 
succedrienl  les   peintures  de  l'e-j^lise 
dite  (ici  Carminé  y  et  celles  d'un  des 
palais  de  la   seigneurie  de   Florence. 
Ce  l'ut  dans  ers  dernières  que  l'ai  tisle 
plaçi  le  portrait  du  pape  Clément  IV, 
déjà  mort,  ceux  de  13iunetîo  Latini, 
du  Dante ,  de  Corso  Donali ,  et  le  sien 
propre.  Il  ne  faut  pas  prendre  ici  dans 
un  sens  abso'u  ce  que  dit  Vasari,  que 
depuis  deux  cents  ans  l'art  de  peindre 
le  portrait   n'avait  point  éle  mis   eu 
pratique  ,  non  s'era  usato  :  cet  art 
n'avait  pas  ëte  plus  oublie  que  la  peiu- 
tineelle-mêuje  n'avaitële  abandonnée. 
Mais  Giollo  y  apporta  un  esprit  et  une 
vérité  que  l'on  lie  connaissait  plus  de- 
puis long-temps;  et  il  en  devint  par-là 
le  nouveau  créateur.  Appelé  à  Assise 
pour  continuer  les  peintures  CtHumen- 
cées  par  Ciniabué  dans  la  célèbre  égli- 
se des  Franciscains ,  il  traça  sur  les 
murs  de  la  nef  supérieure  trente-deux 
sujets  puisés  dans  l'histoire  du  fonda- 
teur de   l'ordre.  Chefs  -  d'œuvre  de 
noblesse  et  de  naïveté,  ces  peintures, 
eiicoie  existantes,  lui   firent  dès  lors 
obtenir  le  titre  glorieux  pour  lui ,   et 
non  moins  honorable  pour  Je   siècle 
qui  le   lui  décerna ,  de    Disciple  de 
la  nature.  Sur  le  pouilonr  de  l'église 
souierraiue    furent   peiîts    plusieurs 
sujets  de  la  vie  de  Jésus-Christ ,  et  no- 
tamment une  Glorification  de  Saint- 
François.  Dans  la  disposition  de  cette 
scène  mystique,    se  montre  parlicu- 
iKicnunt  le  disciple  des  Grecs  mo- 


GIO 


4-.. 


dernes  ,    mais  bien   supérieur  à   ses 
guiiies.  On  se  dissi-nide  les  imperfec- 
tions du  dessin,  ehaiiné  p«r  les  poses 
gracieuses  d»  s  figures,  entraîné  par 
la   vivacité  de  T' xptes'-ion   générale. 
Revenu  à  Florence  ,  Giotto  peignit  , 
pour    les    Franciscains    de   Pise  ,   le 
tableau  que  nous  possédons  au  Mu- 
sée royal ,  représentant  la  vision  oti 
St.  François   i(çut   hs   sfi^'males.    La 
fermeté  et  l'expression  de  la  tcte  du 
Saint,  qui  est  de  grandeur  naturelle; 
les  plis  larges  et  faciles  de  la  draperie  , 
évidemment  dessinée  sur  la  nature; 
la  véiilé  et  la  transparcnec  des  ions; 
la  finesse  de  la  touche  ;  le  choix  même 
des   formes ,  assez  remarquable    sur 
la  poitrine  du  Sauve.ir,  ont  également 
droit  de  nous  étonner  dans  ce  tableau 
précieux.  Au-dessous  de  l'image  prin- 
cipale, sont  peints  ,  dans  une  espèce 
de  frise,  trois  sujets  tirés  de  la  vie  de 
St.  François.  Les  figures  de  ces  com- 
])ositions  additionnelles  n'ont  que  huit 
ou  dix  pouces  de  proportion.  Giotto 
se  plaisait  à  l'exécution  de  ces  petits 
ouvrages.  Vivacité  du  coloris,  naïveté, 
variété  des  attitudes,  justesse  de  l'ex- 
pression ,  entente  déjà  judicieuse  de  la 
composition    pittoresque  ;    tous    les 
genres  de  mérite  permis  à  cette  épo- 
que ,  se  trouvent  réunis  dans  ces  pe- 
tits compartiments.  Les  Pisans  furent 
tellement  charmés  de  la  beauté  de  ce 
travail,  que,  pour  multiplier  les  ou- 
vrag(  s  de  Giotto  dans  leur  patrie ,  ils 
conçurent  le  projet  d'orner  de  pein- 
tures ,   sur  toute   leur   surface  ,   les 
murs  du  cimetière  que  Jean  Pisan  ve- 
nait de  terminer.  Giotto  y  représenta, 
dans  six  grandes  fresques ,    les  mi- 
sères et  la  patience  de  Job.  De  là  l'o- 
rigine de  ces   célèbres   peintures   du 
Campo  Santo,    où  les    j)lus  habiles 
maîtres  de  la  Toscane  s'exercèrent  à 
l'envi    pendant    cent  cinquante  ans.. 
Giotlo  terminait  ces  fresques,  lors(uic 


422  GIO 

Je  p-ipe  Boniface  V  lï  î ,  qui  voulait  l'em- 
ployer a  Horne,  en-oya  auprès  de  lui 
un  de  ses  genti'shoiuCies  pour  juger 
si  son  mérite  e'^alait  ^a  icputaiion. 
Soit  qu»  Giot'O  alrarhât  en  efFi  l  quel- 
que importance  à  !a  fernute'  d'une 
main  capible  de  rracer  d'un  seul  j  t, 
€l  avec  une  délicatesse  toujours  égale, 
un  cercic  ^larfai»  ;  soit  plu'ol  quf  le 
rege'ue'rateur  df^  l'art  se  sentît  offense' 
d'un  doute  qui  semblai'  .umonccr  peu 
de  lumières,  il  peignit  .dors,  sous  les 
yeux  de  Tenvové  du  p<ipe,  cette  figure 
régulière,  qui  a  donne  naissance  au  pro- 
verbe Rond  comme  V O de  Giotto  ;  et  il 
insista  pour  que  l'invoye  portât  ce 
Irait  .ni  wSaint-Père,  refusant  obstiné- 
ment de  piésenter  tout  autre  dessin. 
Boniface,  qui  vraisemblablement  re- 
connut SOI  erreur,  se  hâta  d'appeler 
l'artiste  au|,r('S  de  iui.  Giotto  peignit 
d'.ibordungrandtiblcauponrli  sacris- 
tie de  r«'g'ise  de  St. -Pierre.  Il  couvrit 
ensuite  d'- fresques  une  partie  du  pour- 
tour de  cette  ancienne  église,  démolie 
depuis  sous  Jules  II.  Toutes  ces  fres- 
ques ont  péri,  malgré  les  soins  que 
l'on  a  pris  pour  les  enlever  de  dessus 
les  murs,  et  pour  les  conserver.  La 
mosai(pic  qu'd  exécuta  immédi  itt- 
ïnent  après ,  représentant  la  Pèche 
iniraculeiise  de  St.-  hierre ,  et  cou  t»  ne 
sons  la  dénomination  de  'a  lV ai>icella ^ 
se  voit  eiicoïc  sous  le  portique  de  la 
nouvelle  basilique,  mais  restaurée  par 
Marcello  Provt  nz  lie  sous  Paul  V, 
redessinée  et  refaite  prestpie  en  entier 
])ai  Orazio  Mannetti,  sous  Clément  X. 
Kllc  fut  composée  en  tmjS,  suivant 
récrit  autliei'ti(|ne  rappoUé  par  Ril- 
<liinicci,  et  fui  payée,  par  le  c.irdinal 
Gaét'uio  de  Stephaneschis ,  '^.2oo  llo- 
riiis.  (jctte  (l.ate  nous  donne,  <'ii  ré- 
liogra  lant  ,  celle  du  tableau  de  notn; 
Musée  royal,  ((ui  doit  avoir  été  pi'inl 
vers  \M)J  ou  ri<j(».  Giollo  st-  délas- 
sait en  que'quc  sorte  des  grands  tra- 


GIO 

vaux  de  l'église  de  St.-Pierre,  en  or- 
nant de  miniatures  une  Tie  de  Su- 
George ^  dcni  le  même  rarduia'  Ste- 
pha.'iescus  fit  présent  à  U  libr^iirie  de 
cette  église.  Ce  manuscrit  sur  velui 
existe  peut  -  être  enci»re  dans  la  bi- 
b'iothfqae  du  Vatian.  On  doit  y 
voir  ie  portrait  du  donateur  et  ce'ui 
du  |)aj>e  Cél<'Stin  V  (Torrigio ,  Délie 
sacre  grotte  vaticane  ,  part,  ii ,  <Mp. 
2  1.  Clément  V,  élu  pape  en  i5o5, 
rappela  Giotto  de  sa  patrie  où  il  était 
retourné  ,  et  l'emmena  avec  lui  à 
Avignon.  Il  serait  inutile  de  diaincr 
l'énuraération  des  peintures  qu<-  ce 
maiire  exécuta  depuis  ce  moment  , 
jusqu'à  la  fin  de  sa  carrière,  à  Avignon 
et  dans  d'autres  vil'es  de  la  Provence 
et  du  Languedoc  ;  a  Padoue,  <à  Véro- 
ne, à  Feriare,  à  Havenne,  à  Urbin  , 
à  Arezzo ,  a  Lucques  ,  à  Gaëte  ;  à 
iSaples  où  le  demandait  le  roi  Ro- 
bert; à  Rimini  où  il  fut  appelé  jar  le 
prince  Pandollo  Maîatesta;  à  Milan, 
dernier  terme  de  ses  voyages  ,  et  enfin 
à  Florence  ,  où  il  accourait  chaque 
fois  qu'il  retrouvait  sa  lib(  rté.  Il 
revint  de  France  dans  celte  dernière 
ville,  en  i5i()  ,  chargé  de  b'ens  , 
et  accompagné  d'une  immense  répu- 
tation. Déjà,  depuis  sou  retour,  il 
avait  exécuté  |)lusieurs  ouvrages  à 
Padoue  et  à  Vérone;  et  il  se  trouvait 
à  Ferrare ,  lorsque  le  D.mle,  tour- 
menté sans  cesse  p.«r  le  chagrin  que 
lui  causait  sou  exil ,  appnnant  (pie  cet 
ancien  ami  était  dans  son  voisinage, 
s'empressa  de  venir  l'embrasser  ,  et 
le  ciMidnisit  à  Ravenne,  où  le  j)rince 
(  fuido  IN  velli)  lui  avait  ilouné  un  asile. 
Giotto  V  peignit  des  fresques  sur  les 
murs  intérieurs  et  extérieurs  de  l'é- 
glise <le  Saïut-l'r.inçois.  C'est  dans 
cette  églisf  (pie  tui  enterré  le  Dante, 
mort  le  i  ,|  scpleinbre  i5m;  (!<•  Mirtc 
(pie  p.ir  une  eut onslanee  assez  lemar- 
qirtb'c  ,  Giotto  ;  célébré  dans  les  ou- 


r.  10 

tripes  (le  rilliishi"  proscrit  florcnlm, 
goûta   la    .sHtisraelion  d'avoir  (  iiihrili 
Je  lomluau  de  ce  jioète  mtllicuieux. 
Due  seule  des  priiitnKS  (ju'il  e\c«  uta 
alors  à  S.'.-I'iançois,  subsiste  enrôle j 
clli'  se  voit  sur  un  des  iiiurN  OKlciicuis. 
Le  {}.  avril  de  Tan    i334.  Giollo  fut 
iioiunie  airliileclc  de  la  vdie  (!c  Flo- 
re u<e,  et  ehar^c,  eu  citte  qua'ilc,  de 
diii|;er  les  travaux  de  SarWa  Mai  la  dcl 
Fioie,  et  r«  iix  des  roitificitioiis  de  la 
vi!!c.  Au   niuis  de  juin  de  la  même 
année,  lurent   jfose's  les    foiid(Uients 
du  (^inipanile.  Ce  niouunicht,  le  S(ul 
que  nous  ccnuaissions  de  son  arclii- 
tccluie,   est  gothique  ou  tudesque , 
suivant  l'tXjrissiou  de  Va^a^i  ;  mais 
il  présente  un  caiactètc  niale  d  une 
l'e'j^ularilé  qui  le  distinguent  du  gothi- 
que oïdinaire  du  xiv''.  siècle,  et  qui 
annonceul  un  geui<'iuvcnlifelorigiua'. 
LaurciiiGhiberli assure,  dansun  traité 
manuscrit  que  nous  avons  cite  {  P^oj-, 
Ghiberti),  que  les  bas-reli- fs  dont 
cet  edilice  csteurirhi,  et  les  statues 
placées  dans  l'intérieur,  ont  etc  scu!p- 
tc<  sur  des  dessins  de  Giotto,cl  sont 
raêrae  en  paitie  l'ouvrage  de  son  ci- 
seau. Ce  grand  artiste  mourut  à  Flo- 
rence, le  8  janvier  i556.  Si ,  oubliml 
la  différence  des  temps,    on  compa- 
rait ses  ouvrages  a  ceux  de  U  iphaéi , 
du  Coi  rège,  de  Le  Sueur ,  du  Poussin, 
ou  y  remarquerait  sans  doute  des  dé- 
fauts très  graves;  de  là  les  critiques, 
justis  à  c]ue'qu(\s  égards,  et  souvent 
aussi  fort  exagérées  dont  ce  maître 
a  été  l'objet.   Mais  si  l'on  considère 
l'époque  où  il  a   vécu  ,  l'état  où  il  a 
trouve  l'art  ,  la    perfection  où   il  l'a 
élevé,  tout   paraîtra   prodigieux  dans 
ses  progrès.  Appliqué  a  la  recherche 
du  vr-ii  ,  il  a  su  choisir,  suivant  la 
convenance,  des  types  élég.inis  et  gra- 
cieux,   ou   mâles  et  grandioses,  ré- 
former un  original  imparf.iit,  (uibcllir 
la  nature  j^jr  ciic-mciiic.  Le  premier 


G  l  O  425 

])armi  les  modernes,  il  a  montré  réu- 
nies d' iix  d» s    (pialil('s  foiidimciita- 
les  d'i.n  beau  dessin  ,    la  giace  d  la 
granileur.  La  simplicité qi'i  a  ajqjor- 
téc  dans    le   jet  des  (ba(i(rie.s,  lait  le 
]i!us    grand   lioniMiir    à     son    goùf. 
Poète    dans    rinvcnlion  ,    ingénieux 
même  dans  rordonnaiice,  il    a,  pour 
ainsi  dire,  créé  de  nouveau  les  règles 
de   !a    composition  ,    lota'tmcnt  ou- 
bliées avant  lui,  et  il  a  trace  des  plans 
que   les  plus   grands  maîtres  d'Jta'ie 
n'ont  [)as  dédaigné    d'imiter.  Quand 
il    essaie   d'enchaîner   des  groupes  , 
comme  dan^  les  Misères  de  Job^  on 
admire  1,.  fécoiubté  de  son  imagination, 
en  remaïqiaiit  ses  fautes   contre   la 
perspective.  Tantôt  des  poses  naïves, 
tantôt  des  attitudes  vives  et  hirdies, 
animent  ses  t^-bl  aux.  L'art  d'<X['ri- 
m<  r  les  affe(  lions  de  l'ame  est  en  lui 
un  don  nalind.  Son   coloris  a  quel- 
quefois une    vivacité  ,    une  transpa- 
rence, et  SI  tt)uchc  même  une  finesse, 
qui  suip.'issent  toute  attente.  Souvent 
aussi  ses  contours  sont  lourds,  et  ses 
raccourcis  paraissent  tronqués  ;  il  ca- 
che sous  de  longues    draperies  des 
pieds  qu'il  dessinerait  mal.  Mais  l'art 
du  dessin    ne  pouvait  [»as   atteindre 
tout  à  coup  à  la  ()iéci^ion  que  nous 
exigeons  aujourd'hui:  l'expérience  a 
prouvé  que  ce  triomph"  du  talent  et 
du  savoir  exigeait  les  (ffjrts  de  deux: 
siècles.  Peu  de  maîtres   ont  exécuté 
autint  de  travaux  que  Giollo ,  et  ont 
autant  joui  de  leur  réputation  ,  et  des 
fiveurs  de  la  fortune.  Il  ne  pouvait 
suffire  aux  grands  ouvrages   que  les 
princes  et  les  républiques  d'Italie  ne 
cessaif  nt  de  lui  demander.  S'il  a  eu  le 
mérite  d'accélérer  les  progrès  de  l'art, 
son  siècle  a  la  gloire  de  l'avoir  digne- 
ment apprécié  lui-même.  La  républi- 
que de  Floicnee,   en  l'admettant  au 
nombre  de  ses  citovens,  lui   accorda 
une  pension  annuelle  de  cent  florins 


4i4  G 10 

li'or.  Lorsqu'il  fut  nomme  archilecle 
de  la  titc,  le  décrd  rentirnu  ces  rx- 
pressious  fiait»  iiso  :  Càm  in  uiiwerso 
orbe  non  reperiri  d'ic<tur  quem— 
tjuani  qui  sujficientior  sit  in  kis  et 
aliis  mnltis  i  "jtibus  ) ,  magistro 
Giotto  Bcndon  s ,  de  Florentid  pic- 
tori ,  et  accipienJus  sit  in  patrid 
sua,  velut  marnas  magister,  etc.  Il 
fut  enterre'  dans  l'ëi:;li5e  de  Sinta 
Maria  del  Fiore  ,  dont ,  pcudaiU  deux 
ans,  il  avait  dirip;e'  la  construction. 
Laurent  de  Me'dicis,  dit  le  M.igni- 
fique,  lui  eïij;ea  uu  tombeau  où  lut 
place  son  bu^te  en  marbre ,  avec  une 
inscription  composée  par  Ange  Poli- 
titn  ,  commençant  pjr  ce  vers  : 

nie  e^o  sum  per  quem  pictura  evtiarta  revivit. 

Les  plus  célèbres  écrivains  italiens  de 
hon  temps,  et  du  siècle  suivant,  l'ont 
lionoré  de  leurs  éloges.  Pétrarque, 
dans  son  testament,  n'ayant  rien, dit- 
il  ,  de  pUis  digue  à  pré>cnler  au  sei- 
gneur deCaicaria,  son  ami,  lui  lés^ue 
nue  Vierge- de  la  main  deGiotfo  :0/?e- 
ris  JoUi ,  picloris  e^regii...  cujuspid- 
chriuidinem  ignorantes  non  intelii- 
gunt ,  magistri  uutem  artis  stupent 
(  tom.  m,  op.,  in  fin.)  L'influence 
de  Giotto  sur  l'art  fut  immense.  On  a 
dit  que  de  son  école  ,  comme  du  che- 
val de  Troie,  sortit  une  année  de  hé- 
ros. Il  compta  parmi  ses  élèves  Piclro 
Cavaliini  ,  Pucrio  Capanna,  Pu'Iro 
Laurati  ,  Simon  Memmi  ,  Taddeo 
(jaddi  ,Ottaviano  et  Pue  da  Faeiizi, 
(fu^liclmo  d.i  Forli  ,  Frauresco  di 
Macster  (jiolto,  Stefano  Fiorentino, 
(jiusto  Padovauo,  etc.  Atl.ichés  à  sa 
manière,  tous  ses  élèves  accrurent  sa 
réputation.  La  j)luparl  bornèreul  leur 
gloiie  à  rifuili  r  avec  f  icilité.  Plusieurs 
d'entre  eux  ouvrirent  îles  écoles  où  son 
•style  lut  iraiisiiiis  avec  une  sorle  de 
religion  a  d'autres  élèves.  Les  pein- 
tres dits  CiolU'Schi  remplissent  prts- 


GIO 

qu'à  eux  seuls  l'histoire  pittoresque  du 
xiV.  siècle.  Parmi  tant  d'artistes,  un 
seul  a  para  avoir  surpassé  le  chef  de 
l'école;  c'est  Stefano  Fiorentino  ,  sou 
petit-fils.  Ce  respect  excessif  des  élè- 
ves pour  le  maître,  arrêta  quelques 
moments  les  progrès  du  goût.  L'art 
attendit  un  nouvc.iu  régénérateur  jus- 
qu'à la  naissance  du  Masaccio.  Pietru 
Cavaliini  nnquit  en  \.^-5()  {f^or.  Ca- 
vallum);  il  bit  plutôt  l'aide  que  le 
disciple  de  Giotto.  Son  âge  peut  ce- 
pendant servir  à  prouver  que  ce  der- 
mer   naquit  avant   1276.  Giotto  eut 
quatre  fils  et  quatre  filles  :  un  seul  de 
ses  fils  est  cité  comme  peintre;  c'est 
Frincesco,    surnommé   di   Maester 
Giotto.  Il  eut  de  sa    fille  Calherine, 
mariée  à  un  peintie  nommé  Ricco  di 
Lapo,   deux    petits-fils,    tous    deux 
peintres,  B.irlolo  et  Stefano;  c'est  ce 
Slefano  ,  surnommé  Fiorentino ,  qui , 
au  jugement  de  Lar.zi ,  surpassa  sou 
aïeui.  On  voit  des  ouvrages  de  ce  maî- 
tre au  Campo-Sanio  de  Pi>e-  Ce  Stefa- 
no eut  pour  fil>Tommaso  di  Stefano  , 
surnomme  Giotùno ^  en  qui,di>aii-on, 
avait  passé  le  génie  de  son* bisaïeul. 
Giotto    a    été    cité    souvent  ,     pour 
ses  bons  mots,  et  la  vivacité  de  ses 
réparties.  Il  ctail  fi»rt  laid;  ce  que  Pé- 
ti arque   remarquait   avec    r«'giel,  en 
considérant   la  beauté  de  son   esprit 
(  F.pist.  ad  fumil. ,  lib.  v ,  ep.  1  7  ). 
Un  de  ses  mois  les  plus  heureux,  dit 
à  l'occasion  de  sa  laiiieur,  à  un  .sei- 
gneur aussi  laid  que  lui,  a  fourni  à 
Jioccacele  sujet  d'une  de  ses  Mouvellcs. 
Les  ouvrages  de  ce  maître ,  ne  long- 
temps av.uil  l'invention  «le  l'art  d'im- 
primer des  estampes,  ont  été  gravés 
r.ireuient  jusque  vers  la   fin  du  der- 
nier .siècle.  I^oiis  pouvons  i  iler  main- 
tenant :    L  La  Pêche  miracidettsc , 
par   N.  Héatri/cl  (ir)5(),  grand  in— 
fol.),   telle    (pi'elie  existait  avant    les 
cliangemcuts   faits  sous  C)émcnt  X. 


(.10 

ÎI.  Irt   T'itTÇ^e  mise  au   tomheau  , 
■p.ir   Clarlo    L.i.siiiic»,    d.n  s    ï'Etruria 
J'ittricc,  (le  Lasiri.  III.  Quinze  sujets 
jiiiblies  par  ]M.  Sctoux  D.iginrouit , 
dans  la  i  :j" .  livr.iisoii  de  son  Histoire 
de  r art.  IV.  La  P&chc  iniracuLwie 
iwec  les  changements   de  Mannclti  , 
et  un  Couronnement  de  la  f'icrge , 
d'après   un   dessin  ,    dans    l'ouvrage 
public  par  G.  IM.  Metz,   à  Londres, 
1798,  gr.  in -fol.,  sous    le   titre  de 
Imitations  of  ancient  and  moderne 
drawings.  \ .  Q  latoizr  pièces,  parmi 
lesquelles  on  rem  irqiie  le  portr.iit  de 
Giollo,    peint    par  lui-  même;    une 
Annonciation  ;  Jésus  parnùLes  doc- 
teurs ;  la  Transfiguration  ;  une.  As- 
somptiou  de  la  Fierge^  etc. ,  dans  la 
collection  publiéeàTubingen,en  1810, 
par  M.   F.  et  J.  Hiepenhausetj ,  sous 
le  litre  allemand  de  Histoire  de  la 
peinture  et  de  ses  progrès  en  Italie. 
VI.  J^cs  Misères  de  Job ,  dans  les 
gravures  du    CampoSanIo,   publiées 
a  Fiorcuce  par  Molini  et  Landi.  VII. 
Huit    tableaux    gravés    par    M.    Pi- 
loli,  dans  son  ouvrage  encore  inédit 
sur  les   peintres  des  xiu*^.,  xiv^.  et 
xv*^.  siècles ,  savoir  :  i".  Za  Transfi- 
guration et  la  Cène  de  la  sacristie 
de    Sainte  -  Croix  _,    sur   une  même 
feuille.  *2".  S.  François  guérissant  un 
habitant  de  Lérida.  3".  S.  François 
rendant  la  vie  à  un  personnage  cou- 
ronné. 4"«  Jéaif-Chri'^t  unissant  S. 
François  à  la  Pauvreté.  5".  S.  Fran- 
çois prêchant  devant  ses  disciples. 
G".  La  f  ision  d'Innocent  fll^  à  qui 
S.  François  apparaît  en  songe,  "j". 
La    Glorification   de  S.  François  : 
tous  sujets  tiiés  de  l'église  d'Assise. 
Ces  diverses  gravures,  et  notamment 
relies  de  jM.  Piioli ,  où   les  fiçiures  ont 
de  six  à   huit  pouces  de  hauteur  ,  et 
«ont  rendues  avec  esprit  et  avec  fidé- 
lité, contribueront  à  lairc  connaî.rc  et 
appîcck'r  Giollo.  E — c.  D^d. 


G  10  425 

GIOVANK  (Jui.iANE,  duchesse), 
née  Itaioi'.ne  de   Miidersbadi,  damo 
de  Tordre  de  la  Croix- éloiiée,  mem- 
bre honoraire  îles  académies  de  Stock- 
holm cl  de  lierlin,   nacjuit  àWiJrtz- 
bourg,  et  se  distingua  de  bonne  heure 
par  son  amour  pour  les  sciences.  Elle 
fil  différents  voyages,  séjourna  pen- 
dant quelque  temps   àJNaples,  et  se 
fixa  ensuite  à  Vienne,  oit ,  en  1795 
l'empereur  François II  lui  confia,  sous 
le  titre  de premicregouvernante, l'édu- 
cation de  la  princesse  Marie- Louise, 
aujdur'riuii  archiduchesse  de  Parme. 
Elîe  est  morte  en  août  i8o5,  àOfen, 
où  elle   s'était   retirée.    La    duchesse 
Giovane  a  publié,  en  difTérentes  lan- 
gues, plusieurs  écrits  qui  lui  assignent 
à  ju>te  titre  une  place  distinguée  parmi 
les   femmes  auteurs  :   I.  Les  quatre 
Ages  du  monde  d'après  Ovide ,  efi 
quiitre Idjlles [en aWeiDand) ^  \  ienne, 
1  784 ,  in  -  8'.  II.  Dissi^rtation  sur  la 
question  :  Quels  moyens   solides  y 
a-til   pour   pouvoir    conduire    les 
hommes  au  bien  sans  employer  la 
force  ?  (en  allemand  ) ,  Wiirtzbourg  , 
1785,  in -8".  11 1.  Luttera    di  una 
Dama   siil    codice    délie   legiii  di 
S.  Z/ewc/o,  Napics,  i  790  ,  in  8°.  (i) 
IV.  Lettres  sur  ^éducation  des  prin- 
cesses, Vienne,   179»,  in -8".;  ou- 
vrage  très   estimé ,    dont  on  a  pu- 
blié   plusieurs    éditions.    Joseph    de 
Keîzer  a  réuni   tous  ces  écrits   de  la 
duchesse  Giovane   dans   un   volume 
in -8<^.,  Vienne,  1705,  en  y  ajoutant 
une  Idylle  qu'elle  avait  composée  sur 
Vabuliiion  du  servage  en  Bohème 
(fu  allemand),  V.  Idées  sur  la  ma- 
nière de  rendre  les   voyages   des 
jeunes  gens  utiles  à  leur  propre  cul- 

(  i)  Voyez,  sur  rét,ibllsseinent  «le  S.  Leucio  , 
VOri^iiie  de  la  po/>iiiulion  fie  S.  Leucio  et  set 
progrèf  ju'qu'à  préfcnl  ,  avec  tes  lois  puur  sa 
bonne  police  fia r  Ferdinand  IJ^^  roi  des  Deux- 
Siciles  ,  traduit  (le  rit.iiicii  eu  français,  par  Wih- 
bé  Louis-Autoinc  (^lemaroii ,  iu-S".  ,  tans  dale  ui 
lieu  d'iru|irestioa. 


4^6  G 10 

îure  et  au  "bonheur  de  la  société , 
accompagnées  de  Tublecux,  et  pré- 
£édees  d'un  Précis  hisloiique  sur 
Vusa^e  des  voj  âges,  \u  nnc,  i  796, 
in  b  .  W  .  Plan  pour  faire  servir  les 
voj  âges  à  la  culture  des  jt unes  gens 
qui  se  vouent  au  service  de  l  Etal 
dan  lu  carrière  polilirpie  ,  accom- 
pai^né  d'un  Irecis  historique  de 
Vusage  des  voyages  ,  et  d'une  Table 
pour  Jaciiiler  les  (observations  sta- 
tistique^ et  politiques  ;  le  tout  suivi 
de  V  esquisse  n^un  poi  te  feuille  à 
Vus  ge  des  voltigeurs  ,  el  de  celle 
d'une  curie  sUitist  que ,  avec  le  por- 
trait de  l'auteur  j  Vici.ne,  i  797,  in- 
4°.  ('C  cUniirr  oijvi<'ip;e,  doiu  nous 
copions  exaclcuicnt  le  lilic,  ainsi 
que  ceux  des  prcVcdcnts ,  d';ipics 
Mi'usel ,  n*c.st  pciil  étir  qu'ni  e  noii- 
veilr  éilition  du  jrcrcdi'nl.  \\ — h — d. 
GiOVA^ET'J  I  (  luANCEc:.),  .sa- 
vant jui  S(  oumjIic  (in  xvi  .  ^^iccle,  na- 
quit à  lîolc^ne,  dû  i!  lui  e'!èvc  du  cé- 
lèbre André  Alf'i.it ,  fut  reçu  dortcur 
in  uln  que  ji.re  en  i54o,  et  ensei- 
gna le  di  oil  c.nion  dans  sa  patrie  ju  — 
qu'en  1  ')47'  ^'^  répiiîalion  de  srn  sa- 
voir le  fil  redicrdicr;  et  le  caidinal 
èvcquc  de  Trente  voulut  l'allnir  dans 
celte  ville.  Giovanetli,  retenu  pa?  l'es- 
time de  ses  con<iltytns,  geneK  use- 
rue  ni  récompense'  par  le  sénat,  re- 
fusa ces  propo^^ilions;  inai.s  il  ne  put 
résister  de  même  aux  insianees  du  duc 
de  Bavière  et  aux  promesses  que  ce 
piiuce  lut  l.iisail  ;  A  se  nn.ljt  en  i547 
à  Ingolsladt,  y  lui  c<;nd)!é  d  hon- 
neur» <l  de  disliiielions ,  <t  y  eon- 
traela  un  m  iriage  avanta^«iix.  Djiis 
un  voyage  (ju'd  eut  occision  de  l'.iire  à 
Vieure,  r»  rdiiiand  I  ^l'iionora  aussi 
du  titre  de  >ou  conseiller,  et  lui  per- 
mit ,  ainsi  qu'à  ses  descendants  ,  de 
mettre  un  ai-le  dins  leurs  armes. 
IxJppelc  dans  sa  patrie  par  les  iiis- 
lautis  el  lucuie  par  les  menaces  du 


GIO 

sénat  de  Bolof;ne,  Giovanetti  revint, 
en  i5(i4'>  t)ccuj'er  de  nouveau  la 
chaire  quM  avait  quittée  depuis  dix- 
sept  ans.  Fantuzzi,  dans  son  Histoire 
des  écrivains  de  Bologne,  lui  a  consa- 
cré un  article,  tome  iv,  pag.  i65,  et 
nous  a  transmis  le  distturs  noble  et 
touchant  qu'il  adressa  à  ses  élèves 
d'in^olstadl  avant  de  se  sépartr  d'eux. 
Ce  sav.ini  professeur  continua  d'occu- 
per avec  eelat  la  •  haire  de  droit  cano- 
nique, el  de  s'acquitter  <tvec  zèle  des 
diverses  charj;es  d  des  emplois  hono- 
rables auxqu(  Is  il  fut  appelé  par  la 
coi.fiwice  de  ses  coi-ciloyens,  jusqu'à 
sa  moi  t  arrivée  et!  1 5(i<).  Fantuzzi ,  qui 
nous  a  conservé  >on  épitaphc,  donne 
aussi  la  liste  des  ouvrages  que  Giova- 
n('ti  a  laissés  sur  la  juris|  rudence  , 
tous  peu  consultés  r.ujourd'hui  :  mais 
ce  qu'il  a  écrit  sur  l'hi.-loire  peut  ofVrir 
plus  d'inlérêl.  La  bib'iolhèque  du  roi 
de  Fr.iuce  poss'  de  une  Vie  manuscrite 
d<  Pie  V,  di^nt  Giovanetli  est  l'au- 
teur. On '^onseiv*' aussi  dans  le  Vati- 
can p'u^ieurs  Idires  d'  ce  professeur 
rdalives  aux  Vies  des  papes  qu'il 
avait  entreprises.  Lagomarsiui  les  a 
publiées  à  la  'uile  de  celles  de  Guilio 
Pog^'jani  ,  dont  il  a  donné  le  lecueii 
en  1758.  ^ous  observer!  ns  à  celle 
occasion  qu'il  y  a  une  faute  considé- 
rable (l'impression  qu'on  doit  corri- 
ger dans  l'ouvrage  de  Fantuzzi, 
lonii-  IV,  p;ige  i()S,  el  (pi'il  y  faut 
Urc  .Juin  PosL'iani  Sunensis^  et  non 
Seneiisis.  Cet  auli  iir  élail  de  Suna  , 
près  du  lac  majeur  ,  dans  le  Nova- 
rèse.  A.  L.  M. 

(.|()\  AiSNi  (  wSiii\),  Florentin,  cé-l 
lèbre  eonttur  ilalii  n,  vivait  vers  la  fin; 
du   xiv  .  siècle.  On  n'.»  aucun  détail 
sur  sa  vie.  Tout  ce  qu'on  sait,  e'es 
qu'il  composa  les  Mouvelles  qui  [)ori 
tent  son    nom  ,  en    1^78,   au  élu' 
teau   de  Dovadola ,   situe   dans    wiU 
vallée  de  la  Komagne,  à  neuf  milles  d< 


G  10 

Foili.  Lr  litre  tic  Ser  on  Scrc,  qui 
j)itV((1('  son  nom ,  i\  fiil  cot)joctnrcr 
qu'il  l'i.ut  notaire  ;  cl  M.  Gingmnc  pa- 
r.iîl  ilii|)()>e  à  atlo(it(.'i  cette  opinion. 
Les   ciiliques    italiens    placent   Gio- 
vanni loi  l  peu  .ui-dessous  lie  Boccax, 
quant  à   la  pureté  du    laniiago,   aux 
;ii;roinents    du   style    cl    aux    termes 
propres  de  la  lan<;uc  dans  laquelle  il  fait 
;iult)ri!e;  mais  il  lui  est  très  inférieur 
sous   le.-,   autres    i apports.   Giovanni 
suppose  qu'un  jeune  norcntiii,  vive- 
ment epri.s  d'une  religieuse  de  Forli, 
au  récit  de  sa  beaulc,  se  fait  moine 
dans  l'espciance  de  devenir  un  jour 
chapelain  du  eouvent  où  est  renferme 
rolijet  de  sa  passion.  Tout  re'ussit  au 
gré  de  ses  désirs;  et  les  deux  amants, 
s'étanl  rencontrés  au  parloir  ,  se  pro- 
mciu  ni  d'y  revenir  tous  les  jours,  et 
s'imposejil  l'ohligation  de  se  racon- 
ter l'un  à  l'autre  des  Nouvelles.  Ce 
cadre  ,  dil  M.  Gingueiié,  est  froid  et 
mesquin,  et  n'a  rien  de  l'intérêt,  de 
la  grâce  et  de  la  variété  de  celui  de 
Boccace.  Le  lecueil  de  Giovanni  est 
intitulé  :  //  Pccorone  (i)  nel quale si 
cojitengono  cinqiianla  novtlle ,  Mi- 
lau,  i558,  in  8  .;  cette  édition,  ci- 
tée par  la  Crusca ,  et  qu'on  doit   à 
Louis  Domenichi ,  est  extrêmement 
rare  :  les  exemplaires  avec  h  date  de 
i559,  ne  différent  des  premiers  que 
par  le  changement  de  frontispice;  Ve- 
nise, i565,in-8".,  édit.peucommune, 
mai>  moins  belle  et  moins  bien  exé- 
cutée que  l'édition  précédente;  Tre- 
vise,  1601 ,  in-8  .,  mutilée  et  incor- 
recie;  Milan,  sou^  la  fausse  date  de 
i5j4  ,  ii»-8°.;  cette  édition,  publiée 
à   Lucqu(s  ,  en    17*^7  ,    par  l'abbé 
Bracci,  n'est  qu'une  réimpression  de 
celle  de  Venise,  i5()5,  et  encore  dé- 
figurée par  les  fautes  tvpographiques 


(rN  Pecorore    est  un   nugincnlalif   «le   pécore,, 
Wit  fjiii   a  la  nicinc  si^nJ(îi:alion   en  Italleii  fiirci» 


G ï  0  427 

dont  elle  fourmille  ;  Londres  (  Livour- 
ne),  1793,  'z  vol.  in-8  .,  édition 
belle  et  correcte,  enrichit  d'une  prc« 
f.ice  de  Gaétano  Pt)Ugiali,  etdes  notes 
d'AnU)ine-Marie  Salvini  :  il  en  a  été 
tiré  d»'ux  seuls  exemplaires  sur  papier 
bleu.  M.  Antoine  -  Marie  l^oiromco 
possède,  dans  son  cabinet  à  Padoue  , 
troi^  Nouvelles  médites  de  (iiovanni. 
I>es  deux  premières  sont  rapportées à- 
peu-piès  avec  les  mêmes  termes  dans 
les  Chroniche  de  Je^m  Vd'ani;  (  lia  li- 
cence avec  laquelle  est  écrite  la  troi- 
sième, n'a  permis  à  M.  Borromeo  d'en 
insérer  que  le  début  dans  sa  Notizia 
deNovellieri.itaJiani.  Giovanni  passe 
cependant  pour  le  moins  licencieux 
des  conteurs  de  son  temps  ;  mais  il  ne 
parle  pas  avec  moins  de  liberté  que 
ses  confrères,  des  moines ,  des  piètres 
et  de  la  cour  de  Rome.  Negri  {Istor. 
degli  scrittorifiorent.)  dit  que  son  re- 
cueil a  été  prohibé,  et  mis  à  l'Index; 
mais  M.  Gingucné  assure  le  contraire. 
Cet  habile  eriîicjue  a  donné  dans  son 
Histoire  litiéraire  d'Italie  {tome  11  r, 
chapitre  1  n  )  une  analvse  intéressante 
de  plusieuis  Nouvelles  de  Giovanni , 
avec  un  jugement  sur  cet  écrivain  ,  qui 
nous  a  été  très  utile  pour  la  rédaction 
de  cet  article.  W — s. 

GIOVANNI  DAFIESOLEvFra), 
peintre  toscan  ,  nommé  aulremcnt  il 
beato  Angelico ,  naquit  en  1587.  ^'^ 
style  de  ses  p<  intures  semble  indiquer 
qu'd  fut  éiève  de  Gheraido  Starnina; 
mais  il  se  perfectionna  en  étudiant  les 
ouvrages  de  Masaccio,  son  contempo- 
rain. Angelico  entra  de  bonne  heure 
dans  le  couvent  de  Siint-Domiuique 
de  Fiesole,  et  prit  l'habit  de  cet  ordre 
à  l'âge  de  vingt  ans.  Il  peignit  d'a- 
bord de  ces  miniatures  dont  on  sur- 
chargeait alors  les  manuscrits  et 
le>  livTes  d'église  ,  et  devint  fort  ha- 
bile dans  ce  genre  ;  mais  bientôt  il 
rginndil  sa  manière,  et  exécuta  plu- 


4^8 


GïO 


sieurs  ouvrages  à  fresque  pour  son 
couvent.    Cosme    de    Médicis   faisait 
grand  cas  de  ce  religieux,  tant  pour 
ïa  pureté  de  ses  mœurs  que  pour  ses 
talents  :  il  lui  demanda  des  tableaux 
pour  les  églises  de  Saint-Marc  cl  de  la 
Nunziata.  On  en  fut  si  content,  que  le 
pape  Nicolas  V  Tappcla  à  Borne  pour  lui 
faire  exécuter,  dans  sa  chapelle  particu- 
lière du  Vatican,  les  principaux  traits 
de  la  vie  de  S.  r.aurcnt.  Ângtlico  était 
d'une  simplicité  dt-  mœurs   et  d'une 
naïveté  exrêmes  ;  strict  ob  ervaleur 
des  rè;^les  de  son  couvent,  il  jeûnait 
av(C  une  telle  rigueur,  que  le  pdpe  , 
touché  de  l'état  où  le  réduisaient  son 
zèle  pour  la  religion ,  et  sa  trop  grande 
applic.uion  au  travail ,  lui  ordonna  de 
manger  de  la  viande  :  «  Je  n'en  ai  pas 
la  permission  du  prieur,  »  repondit 
le  bon  leligieux,  sans  penser  à  l'au- 
torité du  souverain  pontife.  Le  pape 
voulut  le  nommer  archevêque  de  Flo- 
r((icc;il   refusa,  par  le    motif  que 
cette  dignité  convenait  bien  mieux  au 
père  Antoine  Pierozzi  ,  religieux  de 
son  couvent,  qui,  en  elfet,  fut  élu  au 
siège  de  Florence,  et  par  la  suite,  en 
i523,  canonisé  sous  le  nom  de  Saint 
Antonin,    Angelico    répétait    souvent 
qu'il  ét.iit  plus  aisé  d'obéir  que  de  com- 
mander aux  hommes  ;  aussi  était-il 
le  plus  soumis  des  religieux:  il  ne  se 
chargeait  de  travailler  pour  d'autres 
couvents  et  des  particuliers,  qu'après 
en  avoir  donij.ndé  la  permission  à  ses 
supérieurs ,  auxquels  il   abandonnait 
le  prix  de  son  travail.  11  disait  à  ceux 
qui  l'en  blâmaient  :  u  I-a  véritable  ri- 
chesse consiste  à  se  contenter  de  peu.» 
Il  était  humain  ,  modestr  ;  on  ne  le  vit 
jamais  se  mettre  en  colère.   KuCiu  la 
sainteté  de  sa  vie  lui  valut  le  surn(un 
de  ^^fl(o  (bu'ulieureux  ),  (pi'il  a  con- 
servé. Il  mourut  a  Komc  en  i/|S5  ,  et 
fut   enterré  dans    l'egli.se   de  la    Mi- 
nerve^ où  l'on  voit  âUii  louibiau^  orné 


GTO 

de  son  portrait.  Il  existe  à  fa  galeris 
de   Florence    plusieurs  tableaux  de 
chevalet  de  ce  maître,  dont  les  cou- 
leurs ont  encore  tout  leur  éclat.  Celui 
qui  représente  la  naissance  de  Saint 
Jean- Baptiste  ,   est  d'un    style    très 
agréable  ;  et  en  générai  ses  ouvrages, 
qui  représentent   toujours  des   sujets 
pieux,  se  distinguent  par  une  grât*e 
naïve  qu'on  trouve  rarement  chez  les 
artistes  de   ce    temps.  Lanzi  appelle 
Angelico  le  Guide  de  son  siècle  ,  tant 
pour  la  beauté  surnaturelle  de  ses  têtes 
d'anges  et  de  saints  que  pour  la  sua,- 
viié  de  sa  couleur,  qui,  bien  qu'à  la 
détrempe  ,  est  fondue  è\tc  un  art  in- 
fini ,  quoiqu'il  peignît  toujours  au  pre- 
mier coup.  Benozzo    Gozzoli  et  Za- 
nobi  Strozzi  furent  ses  élèves.  C — an. 
GIOVANNINI  (Jacques  Marie), 
graveur    italien ,     né    à   Bologne  eu 
1667,  apprit  la  pemture  sous  la  di- 
rection de  Joseph  Proli  ;  mais  ayant 
beaucoup  de  dispositions  pour  la  gra- 
vure ,  il  s'y  appliqua  exclusivement, 
et  devint  bientôt  un  des  plus  habiles 
dans  cet  art.  En  iCJQi,  il  publia,  en 
vingt  feuilles,  le  fameux  cloître  de  Sl.- 
Mithel-in-Bosco  de  Bologne,  peint  à 
frisque  par  Carrache  et  ses  élèves,  et 
représentant  la  vie  de  Saint  Benoit. 
Il  gi'ava  aussi,  en  douze  feuilles,  la 
Coupole  ,  la  Tribune  de  Saint- Jean 
de  Parme  y  et  le  Saint  Jérôme  du 
même  auteur,  qu'il  dédia  ,  en   1700, 
au  prince  Ferdinand  de  Toscane.  Le 
duc  (le  Parme  l'appela  à  sa  cour  pour 
graver  les   médailles    in)périalcs  (pii 
existaient  dans  son  musée  au  nombrt 
deseptmilie.Giovanninien  avait  gravt 
deux   mille  ,    publiées   depuis    i(><>i- 
ju,s(|u'en  17  I  7  ,  avec  de  savantes  noies 
du   père    Péilrusi ,    jésuite  ,   lorsqu'il 
mourut  eu  avril  de  celle  même  an- 
née. Les  ouvrages  de  cet  artiste  stuit 
encore  estimés  en  Italie  ,  pour  l'exaeti- 
ludc  cl  la  dclicalcssc  du  travail.  Gio- 


G  10 

▼annini  avnit  «me  ndrrsso  tonfc  pir- 
tlnilirre  pour  rtst,nir<'r  les  peintures 
(lc'j;r;ulcc.s,  rpi'il  savaii  ivndic  à  leur 
prcinirrel.il  ;  cl  l'on  doil  à  son  taloul, 
fil  ce  i;(MU(',  la  conservation  ilc  plu- 
sieurs laMcaux  des  p!iis  grands  maî- 
tre >.  B — s. 

r.lOViNAZZO  (ViTo),  rit-jesuite 
italien  ,  mort  a  Rome  en  i  So5  ,  clait 
célèbre  par  sa  vaste  et  profonde  con- 
nais^^ancc  des  auteurs  latins,  par  son 
c'ionnanle  erudiiion  ,  rclcp;anec  de  sa 
manière  d'écrire,  elsa  grande  habileté 
dans  le  stvie  lapidaire.  Il  réunissait  à 
CCS  qualités  une  très  grande  pureté  de 
mœurs,  et  une  ame'nite  de  caractère 
qui  le  rendit  clier  à  tous  ceux  qui  le 
connurent.  Ou  lui  doit  la  découverte 
d'un  fragment  de  Tricite,  dont  il  a 
donné  une  savante  interprétation. 

G N. 

GIOVIO   (Benedetto),    frère 
aîné  du  célèbre  historien  Paolo ,  his- 
torien et  poète  lui-même,  naquit  à 
Como  en  Lombirdie  l'an  1471  '   sa 
famille ,  déjà  anciennement   illustrée 
par  la  noblesse  ,  acquit  alors  une  il- 
lustration littéraire  que  plusieurs  au- 
tres hommes  distingués  dans  les  let- 
tres lui  ont  conserve'e  depuis.  Sa  vie 
fut  égale  et  paisible;   ses  études  et 
ses   travaux    la    remplirent.    Il    fut 
l'instituteur  de  son  frère  ,  plus  jeune 
que    lui    d'un   assez   grand    nombre 
d'années;  Paul  lui  a  témoigné  sa  re- 
connaissance ,  en  plaçant    son  éloge 
parmi  ceux  qu'il  a  faits  des  hommes 
illustres.  Benoît  ne  quitta  sa  ville  na- 
tale que  pour  aller  à   Milan  suivre 
pendant  quelque  temps  les  leçons  de 
Démétrius  Chalcondyle,  et  se  perfec- 
tionner dans  la  lanj^ue  grecque  qu'il 
avait  apprise  dès  sa  jeunesse.  Il  pos- 
sédait aussi  plusieuis  langues  orien- 
1  taies:  il  mérita  enfin  par  l'étendue  et 
la   multiplicité  de  ses  connaissances 
^uc  le  savant  Alciat  l'appelât  le  Varroii 


G  I 0  4?o 

dolaLombardie.  Il  vécut  sain  de  corps 
et  d'esprit  jusqu'à  'jTy  ans,  et  mourut 
à  cet  âge  en    i544'  ^"^  considération 
dont  il  jouissait  était  si  grande  qu'.ij)rès 
sa  mort  de  jeunes    nt;b  es   porter  eut 
son  corps  sur   leurs  épaules  jus(ju'à 
la  cathédrale  de  Como,  où  il  fut  in- 
humé; sorte  d'honneur  qu'on  n'avait 
rendu  jirsqu'a'ors  qu'à  des   eeclésias- 
tiques.  Le  seid  de  ses  grands  ouvrages 
qui  ait  été  publié,  est  son  Histoire  de 
la  ville  de  Como,  à  laquelle  est  jointe 
une  élégante  description   du  lac   qui 
en  tire  son  nom.  Celte  histoire,  pleine 
de  recherches  savantes  sur  les   mo- 
nument'.  comme  sur  les  faits  ,  et  qui 
remonte  jusqu'aux  plus  anciens  temps, 
était  restée  inédite,  et  ne  fut  publiée 
qu'en  1 629  à  Venise ,  chez  Pinelli ,  in- 
4°.;  elle  a  été  réimprimée  en  1722 
dans  le  tome  iv  du  Thésaurus  rerum 
Italie.  Giovio  écrivit  un  autre  ouvrage 
historique  sur  les  faits  militaires  et  les 
mœurs  des  Suisses  ;   il  traduisit   du 
grec  les  Lettres  d'Apollonius  ,  un  Ser- 
mon de  S.  Jean  Chrysostôme ,  le  on- 
zième livre  de  l'Odyssée,  le  Poème 
de  M'isée  sur  Héro  et  Léandre  ;   il 
laissa  un  Recueil  de  cent  lettres  sur 
différents  sujets,  une  Dissertation  sur 
la  patrie  de   Pline  l'ancien,  la   Des- 
cription des  fêtes  qui  furent  données 
à  l'empereur  Charles-Quint  à  son  en- 
trée dans  Como,  une  Collection  de 
toutes  les  inscriptions  lapidaires  qui 
se   trouvent  aux    environs    de    cette 
ville,  et  enfin  un  grand   nombre  de 
Poésies  latines:  mais  tous  ces  ouvrages 
sont  restes    manuscrits  dans   sa   fa- 
mille; il   n'y  a   eu   d'imprimé  qu'un 
Poème  latin  de   peu  d'étendue,  inti- 
tulé :   De     Feneiis     Gnllicum    trO' 
pœum,  qui  parut  à  l'époque  de  celte 
victoire,  sans  date  et   sans  nom   de 
lieu.  On  pourrait  surtout  désirer  la 
publication  de  ses  Lettres,  d'après  ce 
qu'cii  dit  Argelati^  qui  en  a  parlé  plu- 


45o  GIO 

sieurs  fois  dans  sa  Bibliolh.  scrip- 
tor.  Mediolan,  ;  elles  prouvent  que 
leur  auteur  était  verse  dans  toutes 
les  connaissances  qu'un  pouvait  ac- 
que'rir  de  son  temps.  Benoît  laissa 
plusieurs  fils,  entre  autres  Alexan- 
dre et  Jules,  qui  cultivèrent  aussi 
les  lettres  ,  et  dont  la  famille  des 
Giovio  possède  queiqius  ouvrages 
manuscrits.  Ils  eurent  à  leur  tour  des 
enf;<iits  plus  célèbres  qu'eux;  et  quoi- 
qu'ils n'aient  rien  publié,  ils  servent 
à  remplir  sans  lacune  ce  qu'on  pour- 
rait appt  !er  la  généalogie  littéraire  de 
leur  maison.  G — e. 

GIOVIO  (Paolo),  que  nous  nom- 
mons P  ul  JovE,  frère  puîné  du  pré- 
cédent, et  l'un  des  auteurs  italiens  du 
xvi* .  siècle  qui  acquit  le  plus  de  cé- 
lébrité dans  rliisfoire,  naquit  à  Conio, 
le  19  avril  i485.  Privé  de  son  père 
dès  son  bas -âge,  il  fut  confié  aux 
soins  de  son  frère ,  qui  avait  douze 
ans  plus  que  lui,  et  qui  prit  plaisir 
à  l'instruirr.  Benoît  nous  a[)prend, 
à  la  fin  du  livre  11  de  son  Histoire  de 
Como,  que  Paul  était  encor  •  à  la  fleur 
de  son  âge  lorsqu'il  se  rendit  à  Ixonie; 
qu'il  commrnça  dè>-lors  d'y  écrire  son 
histoire  ;  qu'i:  en  avait  écrit  un  volume 
lorsque  Ir  pape  Léon  X  b-  fil  -ppeler, 
eu  lut  plusieurs  passages  devant  les 
cardinaux  et  les  ambassadeurs  qui 
étaient  aiq)rès  de  lui ,  et  dit  tout  baut 
qu'après  Tite  ■  Live  il  ne  connaissait 
point  de  pus  élégant  el  de  plus  élo- 
quent éci  ivain.  Il  n'y  a  aiuMun-  r  lison 
de  douler  d^  ic  fait  ;  mais  il  n'e>t  du 
moins  p  is  ex.<el  de  dir"  qtu«  P.ud  était 
à  lajlcnr  de  son  d^c.  Tir.ibos'bi, 
qu'on  m  trontpe  ])as  aisément  sur  les 
dates  ,  suppute  les  anné«  s  où  i\nd 
avait  siiivi  à  Padoue  les  bçons  du  pbi- 
losoplie  Punqxni  ice ,  où  li  s'ét  lir  tnuivé 
a  Pavie  (piand  Louis  XI  Py  bonora  de 
sa  j»rcs(  lire  le  célèbre  professeur  en 
droit  Jasoii  del  MaiaO;UÙ  il  avait  élu- 


GIO 

die  à  Milan  sous  le  savant  L.  C.  Ri- 
chicri  (  Cœlius  Rhodiginus)^  qui  n'y 
fut  appelé  qu'en  i5i6:  il  conclut  que 
ce  fui  au  moins  postérieurement  à  cette 
année  qu'il  alla  pour  la  première  fois 
à  Home;  et  il  avait  alors  trente-trois 
ans.  Quoi  qu'd  en  soit,  il  avait  com- 
mencé, pour  complaire  à  son  frère  et 
à  sa  famille,  par  se  faire  re^'cvoir,  à 
Pavie,  docteur  en  médecine  j  et  il  s'é- 
tait livré  pendant  plusieurs  années  à 
la  pratique  de  cet  art.  11  continua  de 
l'exercer  même  à  Rome  ;  el  il  ne  se 
donne,  en  tête  du  livre  des  Poissons 
romains ,  qu'il  y  fit  imprimer  en  1 524, 
d'autre  titre  que  celui  de  médecin.  Il 
n'avaitcependant  pas  été  l'un  de  ceux 
de  Léon  X.  Ce  pape  était  mort  alors 
depuis  trois  ans ,  et  n'avait  eu  le  temps 
de  lui  accorder  qu'une  de  ces  places 
de  cbevalier,  à  laquelle  était  jointe 
une  modique  pension  :  il  ne  lui  avait 
même  conféré  cetie  place  que  par  moi- 
tié; mais  il  l'avait  artaciié  au  service 
de  son  neveu  le  cardinal  Jules,  qui 
devint  pape  en  i5'23,  sous  le  nom 
de  Clément  Vil.  Adrien  VI,  succes- 
seur immédiat  de  Léon ,  ôta  à  Paul 
Jove  la  pension  et  le  titre  que  ce  pon- 
tife lui  avait  donnés  ;  il  y  substitua 
un  cauonieat  dans  la  catbédrale  de 
Como,  sous  la  condition  «'xptesse  (jue 
Paul  parlerait  bor.oralflement  de  lui 
dans  son  Instoin .  il  n'y  a  pas  man- 
qué dans  la  vie  qu'il  a  écrite  de  ce 
paj>e  ;  mais  il  s'en  est  m  quelque  sorte 
dedomm.  gé  dans  un  endroit  de  sou 
Traité  des  p(  tissons  ,  oîiil  parle  d'A- 
drien VI  comme  d'un  bomnu*  sans  ta- 
lenl,  sans  babileté,  sans  esprit,  eu  un 
mot,  presque  stupido.  La  foriune  de 
Paul  Jove  ne  comnn  nçi  réellemen' 
(pi'a  ravénemenl  de  (ilémenl  VU  ,  qu- 
le  reprit  à  son  service  ,  le  logea  au  Va- 
tican ,  le  mit  au  nond)rc  de  ses  corn 
mensaux  les  plus  intimes,  le  déiray. 
juurucllenicut  lui  cl  touk  si^  dôme 


r.  To 

tiques,  et  lui  (loim.i,  lîms  le  voisi- 
n.i^c  de  (joino  ,  Mil  sccoiul  hciicTicc 
intillt'iir  (|U(*  le  premier,  fi-i  f.itilc  an- 
née   iVjtn   ilelniisit    en    pulic    eelle 
pro^^pcritc  ivee  celle  du  pjpe  liii-iiicaïc 
et  (le  toute  la  cour  roni  line.  Paul  per- 
<lit  fout  au  sac  de  Homo,  jusqu'à  un 
eollVc  di'  fer  qu'il  avait  cache  dans  Tc- 
glise  (le  Ste.-St.iric  de  la  Minerve  ,  et 
qui  renfermait  de  l'arpienteiie  et  ses 
m.inuscrits.  Deux  cipit  lines  csp  igunis 
trouvèrent  ce  coflre  ;  l'un  prit   l'ar- 
gcutcrie,  l'iulre  les  livres:  celui-ci  ne 
gaida  que  les  volum"S  écrits  sur  ve'lin 
et  magnifiquenient  re'iës;  le  re-te  fut 
disp'  rse',  et  servit  aux  plus  vils  usa- 
ges. L'Espagnol,   sachant  à  qui  ap- 
partenait ce    qu'il    eu    avait  garde'  , 
l'olfrit  pour  une  forte  somiric  à   Paul 
Juve.  Celui-ci,  qui  ne  possédait  plus 
rien  ,  exposa  son  ma'heureux  état  au 
pontife:   Clément   Vi[  se  détermina 
à  accorder  au  militaire  espagnol  un 
bénéfice  ecclésiastique   qu'il    desirait 
avoir  à  Cordoue,  sa  patrie;  et  ay  uit 
ainsi  recouvré  les  manuscrits ,  il  les 
remit  à  leur  auteur.   Pour  le  mieux 
consoler    de    ses    disgrâces  ,    il    lui 
donna    l'éveché   de  Nocera ,  dans  le 
royiume  de  Naplcs.   Il  l'emmena  en 
i53o,  avec  lui,    à   Bologne,   lors- 
que,  réconcilié  avec  Charles-Quint, 
il  alla  l'y  couronner  solennelleuuMît. 
Paul  Jove  y    fut  accueilli  avec  dis- 
tinction par  l'empereur,  et  par  tous 
les  princes   ctrai;gers  qui   formaient 
son    corlége.  Paul    III    traita   l'éve- 
que  de  Nocera  moins  favorablement 
que  n'avait  fait  Clément  VII.  La  vie 
peu  épiscopalc ,  et  h^s  goûts  de  ma- 
gnificence et  de  luxe  que  notre  his- 
torien affichait  pour  ainsi   dire,   en 
furent  peut-èlre  la  cause.  I!  avait  em- 
plové   une  partie  de  ses  ri'hesses  à 
Élire  bâtir,  au  bord  du  lac  de  Como, 
sur  les  ruines  de  la  superbe  ^/7Z?f"  de 
^\\u.c  le  jeune,  un  palais  dont  l'aspect, 


(.10  /pc 

les  jtrdins  et  tous  l<  s  ornements  n'é- 
taient p as  moins  somptueux.  P.iu!  .love 
(;tiit  SI  loin  de  se  rcprocluM-  les  déùces 
de  ce  séjour,  qu'il  en  a  tiacé  lui-même 
unedescrijjtion  bri'laiit"  dans  la  préface 
d'un  de  ses  miulleuis  ouvrages,  dont 
il  y  puisa  l'i  lée  et  les  m  itéiiaux.  Le 
centre  du  bàlimcuit  était  occupé  par 
une  galerie,  ou  par  une  salle  oblotjgue 
où  étaient  placés,  en  très  grand  nom- 
bre, les  portraits  des  p  rsonnagcs  les 
plus  célèbres  dans  les  armes  et  dais 
les  lettres.  Ce  ridie  mu>ée,  qu'il  avait 
sans  cesse  au:;men^'  avec  de  gr mdcs 
dépenses  et  de  grands  soins,  lui  avait 
fait  donner  à  sa  Filli^  toute  entière, 
le  nom  de  Musée  ;  et  ce  fut  de  l'his- 
toire et  des  portraits  des  personnages 
qui  le  remplissaient,  qu'il  forma  le 
doub  e  ouvrage   connu  sous  le  titre 
à^Eloges  des  hommes  illustres,  etc. 
Il  avait  eu  la  faiblesse  de  croire  des 
astrologues  qui  lui  avaient  prédit  qu'il 
serait  cardinal  :  il  se  lassa  enfin  d'at- 
tendre Teffet  de  leurs  piédictions  ,  et 
quitta  la  cour  romaine   en   1 549-  Il 
passa  les  trois  années  suivantes,  la  4()t 
à  son  musée,  tantôt  dins  différentes 
cours  d'Italie,  où  il  se  faisait  recher- 
cher p  ir  la  douceur  de  son  earartère  , 
les  agréments  de  son  esprit  et  sa  2;aî;é. 
Il  était  à  Florence  auprès  de  C'j>me 
P'".  ,  lorsqu'il  mourut  d'une  attaque 
de  goutte,  le   ii  décembre  i")52.  H 
fut  enterré  avec  pompe  à  S? .-Laurent; 
et  le  célL'bie  sculptent  Fr-uiç  )isde  S  m- 
Gd!o  fut  chargé  de  faire  sa  statue, 
qu'on  y  voit  encore  aujourd'hui.  En- 
viron un  an  avant  de  mourir,  i!  con- 
servait encore  du  ressf^nliment  contre 
Paul  III,  qui  lui  avait  refusé  de  chan- 
ger ,  comme  il  le  demandait  avec  ins- 
tance ,    son  évéché  de   Nocera  pour 
celui  de  Como  ;  il  écrivait  ainsi ,  à  ce 
sujet,  de  Florence  même,  à  l'un  de 
ses  amis  :  <(  A  la  barbe  du  pape  Paul, 
»  ma  tête  conserve  encore ,  Qiàce  à 


452 


GIO 


«  Dieu ,  une  mémoire  vive ,  quoique 
»  mes   jambes   soient  estropiées  ;  et 
î)  j'espère  vivre  avec  honneur  ,  qiicl- 
-»  temps  après  ma  mort ,  pour  l'hon- 
»  nêle     plaisir    de    ceux    qui    liront 
»  les  fruits  de  mes  veilles  ;  et  si  ce 
>i  pape  Paul  ne  m'a  pas  jugé  digne  de 
»  la  mitre  ëpiscopale  de  ma  pairie  , 
»  s'il  m'en  a  préfère  d'autres  ,  et  .sM 
»  s'est  moqué  de  moi  en  me  promet- 
»  tant  d'augmenter  ma  pension  ,  je 
»  n  en  vis  pas  moins  cependant  :  je 
»  me  contente  de  ce  que  j'ai  j  je  l'ac- 
»  crois  par  mon  économie ,  n'ayant 
»  plus  surtout  ce  csTprice  ou  cette  rage 
»  de  bâtir,  dont  je  me  suis  si  com- 
»  plètemeiit  passe  la  fantaisie.  »   Il 
n'avait  pas  besoin  d'une  économie  birn 
sévère  pour  vivre  dans  la  plus  grande 
aisance.  Ses  richesses  étaient  consi- 
dérables ;    il    employait    plus    d'un 
moyen  pour  y  ajouter  sans  cesse.  Ou- 
tre la  vénalité  de  sa  plume,  dont  on 
chcrcrierait  en  vain  à  le  disculper ,  et 
dont  il  ne  se  défend  pas  lui-même 
dans  ses  lettres,  c'élait  à  obtenir  des 
souverains ,  des  grands  et  des  hom- 
mes   connus   par   leur    opulence  et 
leur  générosité,  des  présents  et  des 
pensions,  qu'il  metlait  les  plus  grands 
soins  ,  en  paraissant  ne  s'occuper  que 
de  leur  plaire.  11  av  ul  reçu  des  dons  de 
Charles-Quint ,  de  François  I  " . ,  des 
ducs  de  IVIil.in  ,  d'Urbin,  de  iMantoue, 
de  Ferrarc  ,  de  Florence ,  des  manjuis 
de  Pescairc  cl  del  Fasto,  des  cardi- 
naux Fnrncse  et  de  Carpi  ,  etc.  Oiinit 
à  SI  vénalité  ,   il  avoue  franehement 
lui-même  qu'il   avait  deux   plumes  , 
l'une  d'or  et  l'autre  de  fer,  et  qu'il  se 
servait  tanlot  de   l'une  et  tan(ôi   de 
V.iulre,  selon  l'occasion  et  le  besoin. 
Il  pousse  plus  loin  la  fiancliise  ;  il  re- 
garde ,  dans  une  de  ses  lettres  f.imi- 
lières,  comme  un  anci«'n  pnviN'ge  de 
l'histoiie  ,  de  grossir  ou  d'attéuii»  r  les 
▼iccs ,  d'élever  ou  d'abjisscr  les  ver- 


GÎO 

tus ,  selon  les  procédés  et  les  mérifê^ 
des  personnages.  «  Je  serais  bien  dupe 
(io  stareifresco),  ajoute-t-il,  si  mes 
amis  et  mes  patrons  ne  devaient  pas 
m'avoir  des  obligations  quand  je  les 
fais  valoir  un  tiers  de  plus  que  les  gens 
moins  bons  pour  moi ,  ou  qui  se  con- 
duisent in;il.  Vous  savez  que,  d'après 
ce  saint  privilège,  j'eji  ai  habillé  quel- 
ques-uns de  fin  brocard,  et  quelques 
autres  de  grosse  bure,  selon  qu'ils  l'a- 
vaient mérité.  Tant  pis  pour  qui  a  de 
mauvais  dés.  S'ils  tirent  au  but  avec 
des  flèches ,  je  fci  ai  jouer  de  la  grosse 
arlil'erit  ;  et  puis  va-tout  pour  qui  aura 
perdu.  Je  sais  bien  qu'ils  mourront, 
et  moi  j'échapperai  au  reproche  après 
la  mort ,  dernier  terme  de  toutes  les 
controverses.  »  Après  des  aveux  aussi 
positifs  ,  on  peut  dire  que  ceux  qui 
ont  voulu  détendre  sa  mémoire  sur 
ce  point,  et  ceux  qui  ont  cru  devoir 
réfuter  ces  défenses  ,  ont  également 
perdu  leur  temps.  Nous  ne  pouvons 
ni  repousser,  ni  même  examiner  une 
accusation  plus  grave  formée  contre 
ses  mœurs,  et  qui  n'est  que  tnq)  clai- 
rement énoncée  d.uis  cette  épitaphe 
que  l'Aiétin  lui  avait  faite  : 

Qui  giace  Paolo  Giovio  ErmafroJito 
(Jhe  vuol  (lire  iu  volgar  ru«{;lte  e  marito. 

Mais  en  apprenant  la  cause  qui  en- 
gagea l'Aiéiin  à  faire  cette  épitaplie 
mordante,  nous  apprenons  .iu>si  (juc 
r.iu!  Jove  juignait  a  ses  autres  talents 
celui  de  répij,rainme  ;  car  ce  ne  fut 
qu'une  réponse  fiile  par  rArélin  à 
celle  épitaphe  de  la  façon  de  revèque 
de  Noeera  : 

Qui  niacr  l'Arrlin  poeta  tosco , 

<.h.*  li'ugr.iiiii  (li.s<t'  iiiii^c  fuur  tli  Dm  , 

Scusandoti  cul  Uir,  io  iio'l  cunoico. 

On  a  de  cet  écrivain  ,  plus  fécond  quf 
laborieux,  les  ouvrages  suivants  ,  tous 
(•crits  en  latin,  à  deux  e\cepti«nis  près  : 
I.  /V  romanis  pisribiis  Uhtllns  ad 
Jjudov'icujn  Borboniiim  cardinaUtn, 


GîO 

Rome,  i524,  iii-fol.;  ihitl.,  avec  un 
tirro  plus  ctciidu  ,  mais  sans  aulic 
ch.ini^cinrntà  roiivr.j^c,  i  5'^-7,iii-8".J 
B.ilf  ,  1  55  i ,  in-8'. ,  etc.  Ce  livre,  inc- 
dioririnciil  utile,  sous  le  rnpport  de 
rcnulitioii  ,  l'est  encore  moins  sous 
celui  de  l'histoire  nalurelle.  En  le  de'- 
dianr.  au  cardinal  de  Bourbon  ,  l'au- 
teur avait  compte  sur  de  riches  re- 
compenses ;  mais  il  n'en  reçut  aucune: 
aussi  ne  lui  dedia-l-il  plus  rien.  11. 
Historiarum  sui  temporis  ab  aniio 
i494  ^'^  annum  i547  Uhri  xlf  y 
Florence,  Cl  vol.  iu-fol.jiSSo  et  i55'2* 
Venise,  5  vol.  in-8'*.,  i55'2;  Pans, 
Vascosan ,  i  vol.  in-fol. ,  1 555  ;  Baie, 
5  vol.  in-8°. ,  1567,  etc.  L'époque 
qu'il  choisit  pour  commencer  ce  p;rand 
corps  d'histoire,  auquel  on  peut  dire 
qu'il  travailla  toute  sa  vie ,  fut  celle 
de  la  conquête  de  Naples,  par  Charles 
Vin ,  époque  qui  changea  en  effet  et 
la  face  des  affaires ,  et  le  fond  même 
des  inlérêts  et  des  combinaisons  po- 
litiques en  Italie.  Les  quarante-cinq 
livres  qu'annonce  le  titre  devaient  em- 
brasser tous  les  événements  mémo- 
rables arrivés  pendant  un  demi-siècie. 
D'uze  livres  entiers  y  manquent,  et 
forment  deuxlacums  d'ffércntes,  cha- 
cune de  ^ix  livies.  Les  six  de  la  pre- 
mière, du  cinquième  au  onzième,  com- 
prenaient '  epnis  la  mort  de  Charles 
VIII  jusqu'cà  l'éiertion  de  Léon  X;  ce 
sont  ceux  qui  furent  volés  au  sac  de 
Roiae  :  hs  six  autres  ,  du  dix-neuviè- 
me au  vingt  quatrième,  s'étendaient 
delà  mort  de  Léon  jusqu'à  cette  ca- 
tastrophe. L'auteur  proteste,  dans  sa 
préf  ice  ,  qu'il  ne  les  a  jamais  é(  rits  , 
pour  ne  pas  r.iconter  des  scènes  si  dou- 
loureuses et  si  funestes.  Il  y  suppléa  , 
en  quelque  sorte  ,  en  publiant  séparé- 
ment les  vies  de  plusieuis  des  souve- 
rains, des  princes  et  des.  grands  ca- 
pitaines qui  figuraient  alors  siu"  le 
théâtre  du  monde.  Malgré  la  défiance 

XVII. 


G  T  0  455 

où  Ton  est  lO'.ijours  de  la  véracité  de 
cet   historien  ,   on   ne  lit   point  sans 
plaisir  son  grand  ouvrage:  les  ffiits  v 
sont  bien  ordonnés  ,  la  na»  ration  fa- 
cile j    son  style,  qui  a  plus  d'abon- 
dance que  de  force  ,  ne  manque  pas 
d'une  certaine  élégance,  qui  [)onrtant, 
malgré  le  jugement  jiorté  par  Léon  X, 
n'est  pas  du  tout  l'éîég.uice  de  Tite- 
Live;  enfin,  ou  y  trouve  un  grand 
nombre  de  fiits  dont  l'auteur  était  à 
portée  d'cire  parliculièn  ment  instruit, 
et  qu'il  a  fait  connaître  !e  premier.  Par 
malheur,  c'est  précisément  dans  celte 
partie  cuiicuse  qu'on  doit  le  plus  se  mé- 
fier de  lui,  rien  n'étant  moins  rassu- 
rant qu'un  témoignage  unique,  quand 
le  témoin  même  est  suspect.  Il  parut 
promptement  une  traduction  italienne 
de  la  i"^'.  partie  de  l'histoire  de  Paul 
Jove,  sous  ce  titre  :  I-torie  del  suo 
tempo  di Paolo  Giou'o ,  iradoite  per 
Lodovico  Domenichi ,  parte  prima, 
Florence,  i55i,in-4".;  Venise,  i56o, 
in-4  "'  La  1'.  partie  se  fit  attendre  plus 
long-temps  ,  -et  ne'parut  qu'avec  une 
léimpression  de  Ii   i '"^.  :  Istoria  del 
suo  tempo  ,  etc. ,  parle  prima  e  se- 
conda ^  Venise,  i568,  3  vo'.  in-8^. 
Vincent Cartari  avait  donné,  (juclques 
années  auj.aravaiit  ,   en   itali^^n  ,   un 
abrégé  des  deux  parties  :  Compendio 
delV  ïsioria  di  Paolo  Gioin'o ,  etc. , 
Venise,  i5(j'2,  iu-8  •  C-et  ouvrage  fut 
aussi  traduit  du  latin  en  français,  par 
Denis   Sauvage,   seigneur  du   Parc, 
Lyon,  i552,  in-fo'-.  ;  Par-is,   «579, 
2  vol.,  ibid.  Lesliaranmiesquis'y  fiou- 
vent  en  assez  grand  nombie,  hireut 
traduites  à  part ,  par  Bellefoiêt,   et 
insérées   dans  ses   f/a'  an^ues  mili- 
tailles  et  concions  des  princes ,  ca- 
pitaines,  etc.  Ces  tiaduclioiis  suran- 
nées ne  sont  plu*;  d'aucun  usage  ;  et 
l'ouvrage  orie!'»ial  !•'<  n  mérite  p.js  une 
nouvelle.  111.  Elogia  virorum  illus- 
trium  ,  VtLÏbe,  i546,  m- loi.-  Flo- 

28 


43i  G 10 

rence,  i55i  ,  in-fol.  ;  Bàle,  i567,  i 
vol.  iiJ-B'.  C'est  le  recueil  des  vies  et 
des  éloges  historiques  des  grands  per- 
soiina^çes  dont  nous  avons  parlé  plus 
haut.  Dins  ces  trois  éditions,  le  nom- 
bre eu  fut  successivement  augmeiilë. 
Les  trois  Vies  suivantes  parurent  tou- 
jours ensemble:  P^ila  Lsonis  X pon- 
tlficis  mxximiy  libri  iv  ;  Hadrlani 
VI,  P,  M.vita;  Pompei  Columnœ 
cardinalis  vita.  Elles  furent  traduites 
en  italien  par  le  Doraenichi,  Floren- 
ce, »549;  Venise,  i557,in-8'. 
Les  antres  furent  d'abord  publiées 
séparément  :  i".  De  vitd  et  rébus 
gestis  XII  Fice  comitum  Mediolani 
princii'um  lihri  XII ,  Paris,  i5j9, 
in-8'.;  traduites  en  italien  parle  Do- 
rneuichi,  Venise,  i  558,  in -8°. — 
3  ".  De  vitd  et  rébus  gestis  magni 
Sforliœ  liber,  Bàle,  i54'2,  in-8'.  ; 
mais  Nicerou  soupçonne  qu'il  y  a  er- 
reur dms  ccUe  date,  qui  paraît  en 
effet  devoir  être  postérieure  :  traduite 
aussi  en  italien  par  Domcniclii,  Ve- 
nise, i549  )  ii»-«'-i.  —  5'.  Fila  Al- 
fonsi  Atestini  Ferrariœ  ducis  ,  Flo- 
rence, i5j(»,  in-fol.;  trad.  en  ilalien 
par  J.  B.  Gclli ,  Florence ,  1 55!^ ,  in-8''. 
-  4"«  De  vitd  et  rébus  gestis  Consahi 
Ferdinandi  Cordubx  cognomcnlo 
Magni ,  libri  très  ;  innimlii  eu  ilalien 
parle  Domcnicbi,  Florence,  i55o, 
in  -  8  '.  -  5".  De  vitd  et  rebus  ges- 
tis Francisci  Ferdinandi  Da^ali 
marclùonis  Piscariœ ,  libri  vu  ; 
Iraduilc  en  italien  par  le  même,  Flo- 
renee,  i5 "il  ,  in-8'\  IV.  FAogia  vi- 
roritm  bellicd  virtute  illustrium  sep- 
tein  libris  compreUensa^  tr.iduits  ea 
italien,  par  le  même,  Florence,  i  5  j/j, 
in- 4'*'  V.  Elo'^ia  doctarurn  viroruni 
abai'orurn  tncmorid  piddicnti^  "*p^'" 
nii  monument is  illustrium.  (le  sont 
ces  deu\  ouvr.i|^<!S  que  son  musée  lui 
donna  l'idée  et  les  moyens  d'exei^ilcr. 
Malgré  leurs  défauts,  malgré  la  pas- 


GIO 

sion  et  les  préventions  qui  règnen! 
quelquefois  ,  surtout  dans  les  éloges 
des  savants  et  des  hommes  de  lettres, 
et  quoiqu'en  général  ils  soient  trop 
abrégés  pour  n'être  pas  très  impar- 
faits, on  les  regarde  comme  les  meil- 
leurs et  les  plus  utiles  de  ses  onvrag-  s, 
Thomas  ,  q-ù  avait  le  droit  d'être  dif- 
ficile ,  en  a  fait  le  su  et  d'un  chapitre 
de  son  éloquent  Essai  sur  les  éloges. 
Il  en  parut  ,  du  vivant  de  l'auteur  , 
des  éditions  très  imparfaites.  Les  por- 
traits mêmes  n'étaient  p^s  fidèlement 
copiés  d'après  ceux  qui  ornaient  la 
p;aleriede  son  musée.  On  ne  leur  don- 
na ce  genre  de  mérite  que  plus  d'un 
siècle  après  sa  mort,  dtns  les  deu]^ 
éditions  suivantes  :  Elogia  virorum 
bellicd  virtute  illustrium  vu  libris 
jani  olim  ab  authore  comprehensa 
etnuncex  ejusdem  musœo  adviinim 
exprès  sis  imaginibus  exornata,  Bcàle, 
Petr.  Porna,  i6t)5  ,  in-fol. —  Elogia 
virorum  litteris  illustrium  ,  etc. ,  ex 
ejusdem  musœo  (  cujus  description 
né:m  unà  exhibemus  )  ad  vi^um  ex- 
pressis  im'igu)ibus  exornata,  ibid., 
i()77  ,  in-f(jl.  La  plupart  des  portraits 
y  sont  accompagnés  d'épigramme» 
ou  d'inscriptions  eu  vers  latins  très 
élégants,  composées  par  le  petil-nc- 
veu  de  l'auteur,  Paul  Jove  lejoime, 
dont  il  sera  parlé  plus  bas.  Vi.  Pauli 
Joi>ii  Descriptioues  (juotipiot  extant 
regionum nt(pie locorum,  Bàle,  >57i, 
in  8  .  Ou  a  réuni  dans  ce  vo'ume  trois 
ouvrages  qui  avaient  paru  séparé- 
nieiii  :  Descripiio  Britanniœ ,  ScotiiVf 
Ilibernup  et  Orcadum.-  j\Iosco\*ia, 
in  qud  silus  regionis  antiipiis  incog- 
Tiilus  ,  religio  genlis  ,  mure<  ,  etc. 
fidelissimè  refcrwitur.  (  I/auleur 
av.iit  appriscc  ({u'il  y  r  ipportc,<le  De- 
nietri  ,(|U0  le  c/.ar  avait  envuyéen  am- 
bassade à  Clément  VIL)  -  Descrip- 
iio hirii  litvds  ,  imprimée  d  ahor»!  à 
Venise  en  i5j9,  in-4 '.  Vil.  Coin" 


G  10 

mcntarj  délie  cose  de'  Turchl,  Ve- 
nin-, i;V|i  ,  in  8'.  P.iiil  ,]ove  rcrivit 
tu  it.ilini  cdtc  histoire  .ibrcgc'c  et  très 
incompirtc  dt-s  Turcs  cl  de  leur  ma- 
inèrc  lie  dire  l.i  guerre.  Il  la  dédia  à 
Ch.nle^-Qiiint ,  à  qui  il  iViivoya  s.tiis 
doute  en  inauii-^ciit:  sonépître  dëdjca- 
loirecstdfllccdii  'l'î  j;uivicr  i55j,  an- 
rrc  qui  suivit  celic  oîi  il  avait  elc  f  ivo- 
ralilciueiil  accueilli  à  Balos^ne  par  rem- 
pcrcur;  c'<  si  une  preuve  des  soins  qu'il 
se  donnait  pour  pUire,  et  des  à-pro- 
pos qu'il  ^savait  s.ii«>ir.  Cet  ouvrage  , 
traduit  en  latin  par  le  savant  Fran- 
çois Ncgri,  (le  Bassano,  fut  d'abord 
imprime  en  cette  langue.  Pans,  i558, 
in-8'.  On  en  a  aus>i  nne  traduction 
ajigîaise.  Londres,  \5\6,  in-8".VIIf. 
Rd^ionamento di  Paolo  Giovio sopra 
i  jïwtti  è  dises;ni  d'arme  e  d'amore 
2foIg(irmente  cid.imali  imprese ,  Ye- 
Lise,  I  j56,  in-8**. Cet  opuscule  j)as.se 
pour  le  piemier  qui  ait  paru  sur  une 
rnatière  dont  on  s'occupa  bientôt  après 
«xcesivemenl  en  Ilaiie.  D'abord  im- 
prime seul ,  il  le  fut  souvent  ensuite 
avec  les  traités  plus  ou  moins  volu- 
mineux de  Husce'.li,  de  Simeoni,  du 
Duni'  nichi  ,  etc.  ;  il  fut  traduit  en 
français  par  Vasq'iin  Filleul,  Lyon  , 
1 5()i.  I X.  Lelteie  vol^ari  di  M.  Pao- 
lo Giovio  raccolte  per  Lodoidco  Do- 
menichi ,  \ euïsc  j  i56o,  in-8°.  fiCS 
lettres  des  hommes  célèbres  olFrent 
toujours  ,  de  quelque  manière  qu'elles 
soient  écrites,  un  genre  précieux  d'iii- 
térêt.  Elles  donnent  en  bien  et  en 
mal,  sur  leur  caractère,  des  notions 
précises  ,  indépendantes  de  la  répuia- 
tion  bonne  oifima-vaise  qu'on  lenr  a 
faite  :  le  passage  que  nous  avons  cité 
plus  haut  est ,  par  exemple ,  un  té- 
moignage irrécusable  sur  un  point  es- 
sentiel; et  l'on  en  trouve  un  assez 
grand  nombre  d'autres  dans  ce  re- 
cueil des  lettres  du  même  auteur. 

G— E. 


G I 0  435 

GK)\\0{PAOLo),PaidJoue,(]yion 
appelé  le  jeune  ,  pour  le  distinguer  de 
son  grand-onrb  ,  étail  (ils  d'Ali  xan- 
drc  et  pelit-lils  de  Benoît Giovio, frire 
aîné  de  Paul  rancien.  Il  nî^piil  à  Co- 
mo,  vers  l'an  i55o  :  diué  di-  beau- 
coup de  pénétration  et  d'i.ne  gr.inde 
vivacité  d'esprit  ^  il  marrha  de  l)onne 
heine  sur  les  traces  de  son  aï-  ul  ,  fit 
des  progrès  rapidt  s  dans  les  b  ities  , 
et  annonça  aus^i ,  dès  sa  première  j<^'U- 
nf  sse  ,  q-i'i!  imiterait  le  n)émc  mudèlc 
]iar  la  pureté  de  S(S  mœurs.  Ayant 
embrassé  l'état  ecclésiastique,  le  crédit 
de  son  oncle  l'y  av.Hiça  rapidement, 
et  le  fit  nommer,  dès  l'âge  de  vingt-un 
ans,  archiprêtre  de  M<^nngio,  sur  le 
lac  de  Como  ,  sans  qu'il  un  obligé  à 
résidence.  II  était  auprès  de  Paul  à 
Florence  dans  les  deux  dernières  an- 
nées de  la  vie  decelui-ci;  il  l'aidait  dans 
ses  travaux  et  faisait  pour  lui  ce  que 
les  infirmités  du  bon  vieillard  l'em- 
pechaicnt  de  faire  lui-même.  Il  pro- 
fita de  son  séjour  dans  cette  viî'e, 
pour  cultiver  hf^  bonnes  grâces  du 
duc,  et  l'amitié  des  savants  floren- 
tins. 11  s'y  fît  connaître  par  des  poé- 
sies latines  d'un  mérite  peu  commun. 
Après  la  mort  de  l'évêque  de  Nocera  , 
il  se  rendit  à  Rome;  il  était  dès-iors 
évêque  de  Sa  ma  rie  m  partibus ,  et  fut 
nommé,  (ni56o,  porte-croix  du  pape 
Pie  IV  j  mais  dès  l'année  suivante  il 
devint  evcque  de  Nocen  ,  par  la  rési- 
gnation que  lui  en  fit  son  oncle  Jules, 
troisième  fils  de  Benoît.  Jules  ,  qui 
avait  été  coadjuteur  de  Paul  l'ancien, 
était,  après  la  mort  de  ce  dernier, 
resté  titulaire  de  son  évêché;  il  le 
<;arda  pendar  <'  environ  dix  ans,  et  le 
résidu-,  en  j'iGi  à  son  neveu,  (ju'il 
avait  commeni  é  par  nommer  son  co  id- 
]ut  vir.  Pc.nl  II'  jt  u!ic  renonça  dès  ce 
moment  à  toutes  ie>  cfndrs  profanes, 
et  se  livra  tout  entier  aux  devoirs 
de  son   ministère.    Il  se  leudit^  ea 

28.. 


/,56  GIO  GIO 

i56i,  au  concile  de  Tronic,  où  il  uiêmeJean-Bapliste, nommé Françoi."?, 
parut  en  pieux  et  digne  prélat.  On  parcourut  dans  le  monde  une  carrière 
conserve    dans    les  archives    de   la  brillante,  et,  doue' d'un  talent  naturel 
famille  plusieurs  lettres  qu'il  écrivit  pour  la  poésie,  laissa  pour  ainsi  dire 
alors,  et  qui  pourraient  jeter  de  nou-  échapper  un  assez  grand  nombre  de 
velles  lumières  sur  quelques  actes  de  vers  italiens  que  l'on  trouve  dans  di- 
cetle  a-semblée  célèbre.  Il  y  acquit  la  vers    recueils.  —  Il  eut  pour  fils  le 
bienveillance  du  S.  cardin.il  Charles  comte  Joan-Baptiste  Giovio,né  le  lO 
Borroraée,  qui  la  lui  térapigna  par  décembre  ij^S,  le  dernier  de  cette 
plusieurs  lettres   conservées  dans  le  illustre  famille,  et  qui  en  a  soutenu 
même  dépôt.  Le  concile  fini ,  il  ne  fit  l'honneur  par  ses  connaissances  éteu- 
que  paraître  dans  sa  patrie,  et  s'em-  dues  et  par  ses  écrits;  nous  ignorons 
pressa  de  retourner  à  Nocera,  où  il  s'il  vit  encore,  et  nous  nous  borne- 
résida  toujours  rip;oureusement.  11  y  rons  à  tirer  les  faits  suivants  de  l'ar- 
mourut  en  1 585.  Il  n'a  laissé  que  des  ticle  très  court  et  très  modeste  qu'il  a 
poésies  latines,  dont  une   partie  est  donné  sur  lui-même ,  dans  l'ouvrage 
imprimée,  comme  nous  l'avons  dit,  honorable  pourComo  s:^  patrie,  qu'il  a 
avec  les  portraits  des  hommes  illus-  publié  sous  ce  titre  :  Gli  uomini  dél- 
ires, ;  on  en  trouve  d'autres  dans  le  la  comasca  diocesi  anlichi  e  mo~ 
cinquième  vol.  de  la  collection  intitu-  demi  nelle  arti  e  nelle  leltere  illus- 
lée  Raccolta  d' Italiani poeti y  publiée  tri ,  etc.  Ayant  perdu  sa  mère  pres- 
à  Florence  en  17*20  :  elles  s'y  distin-  qu'en  naissant  et  son  père  cinq  ans 
guent  par  une  versification  élégante  ,  après,  et  resté  sous  la  tutelle  d'un  sage 
et  une  très  bonne  latinité.  On  lui  avait  parent ,  il  fit  ses  études  au  collège  des 
attribué  un  opuscule  historique  sur  les  nobles  à  Milan,  et  au  collège  ducal 
évêques  de  Como;  mais  il  est  prouvé  de  Parme.  Il  épousa  en  1780,  Claire 
maintenant  que  Benoît  son  grand  pè-  Paravicini,  fille  du  grand-chambellan 
rc  en  est  l'ruitcur. — On  trouve  encore  de  l'empereur,  et  obtint  lui-même  le 
dans  celle  même  famille,  un  Jcan-Bap-  titre  de  chambellan  actuel  de  S.  M.  1. 
liste  Giovio ,  qui  joignit  dans  le  xvii".  et  R. ,  qu'il  joignit  à  celui  de  chevalier 
siècle  1,1  culture  des  lettres  à  Tctorcicc  de  l'ordre  religieux  et  militaire  de  St.- 
d'cmpluis  publics  distingués  dans  sa  Etienne.  La  culture  des  lettres  et  des 
patrie  :  il  eut  un  fils  nommé  Jules  ,  arts  paraît  l'avoir  entièrement  occupé. 
<jui  annonçait  de  l'esprit,  des  talents  Passionné  potir  les  livres,  il  a  ajouté 
rares,  et  s'éiait  déjà  concilié  les  suf-  plusieurs  milliers  de  volumes  à  la  bi- 
fragcs  et   l'amitié  des   poètes  et  des  bliothèquc  de  ses  ancêtres.  Il  a  publié 
hommes  de  lettres  du  premier  nng;  en  italien  une  Lettre  sur  le  bonheur  ; 
mais    il  fut  enlevé  rn    17 >>.(),  à  l'àgo  uu    Essai  sur  lu  rdigion  ,  I\lilan  , 
de  'à7)  ans  par  une  élisie  dont  il  était     1774?  f^^sfii  de  poésie,  Bergune , 
attaque  dès  l'enfance.  Il  enrichit  de  li-  même  année;  Discours  sur  lu  pein- 
vres  précieux  la  bibliothèque  de  SI  f.j-  ture ,  Lugano,  sous  la  date  de  Lon- 
inille,  et  y  laissa  un  recueil  considéra-  dres,    i77<>;  Lettre  sur  le  célèbre 
l)le  de  vers  italiens  et  de  mélanges  en  peintre  h'ussnn  le  vieux,  Lugano, 
prose,  exempts  des  vices  de  style  (pii      1  777;  un  Llo^^e  funt-hre/ibid.,  1  778; 
ét.iietit  alors  à  la  mode  ;    une  graiule  Pensées  div'erses  ^  Como,   1780  et 
partie  de  ce  reciieil  mériterait,  dit-on,      1  781  ;  les  Kloçes ihi  comte  Algarolti, 
de  voir  le  jour.— Uu  autre  (ils  de  ce  do  Bcucdcllo  (jioviocl  de  Paoio  l'his- 


(.1  p 

toricn,  IVIofîrnc  cl  Venise,  17S3,  et 
enfin  le  Dictionnjirc  consacre  aux 
îtomuK's  illustres  de  Vé^eclu'  de  Co- 
ma ,  dont  nous  avons  parle,  IModcnc, 
1  784  ,  in-S".  Nous  ajouterons  à  cette 
simple  notice  qu'il  nous  a  fournie  lui- 
nièuie,  le  teinoiguiigc  honorable  de 
Tiraboschi  :  «  Des  six  livres  de  l'iiis- 
toire  de  Paul  Jove,  qui  fuient  perdus 
au  sac  de  Uonic,  trois  ont  ete  retrou- 
ves depuis  peu,  dit- il,  parmi  les  pa- 
piers de  la  famille,  par  le  comte  J.  H. 
Giovio,  jeune  clicvalier  d'un  mérite 
rare,  dont  il  a  déjà  donne' des  preuves 
dans  plusieurs  ouvrages  qu'il  a  publics, 
Nous  espérons  avoir  par  lui  ces  trois 
livres,  et  plusieurs  ouvrages  de  Be- 
noît ,  frère  de  Paul ,  de  Paul  le  jeune, 
cl  de  quelques  autres  de  ses  illustres 
ancêtres.  »  [Storia  délia  letler.  ital. 
tonj.  VII,  part.  1 1 ,  pag.  249,  pre- 
mière cditiou  de  Modèiie,  ï  77B ,  iu- 
4".)  G—E. 

GIPHANIUS.  Tores GiFFEN. 

GlRAC  (Paul  THOMAS  (i),  sieur 
DE  ),  né  à  Angoulême ,  et  conseiller  au 
prcsidial  de  cette  ville,  au  milieu  du 
xvII^  siècle,  avait  du  savoir  d  des 
connaissances  en  littérature.  Il  était 
fils  de  Paul  Thomas  de  la  Maison- 
nette ^  versé  dans  la  langue  hébraï- 
que, littérateur  lui-même,  et  qui,  au 
jugement  de  Balzac  et  de  Nicolas  Bour- 
bon ,  cultivait  la  poésie  assez  heureu- 
sement. Malgré  CCS  litres  à  quelque 
célébrité,  il  est  vraisemblable  que  celle 
de  Girac  n'aurait  pas  dépassé  les  li- 
i^ites  de  l'Angoumbis  ,  sans  la  querelle 
qui  s'engagea  entre  lui  et  Costar^au  su- 
jet de  Voilure.  Les  œuvres  de  celui-ci 
ayant  paru  ,  Balzac,  lié  avec  Voiture  et 
son  rival  de  gloire ,  peut  être  un  peu  ja- 
loux du  succès  de  ces  œuvres,  enga- 
gea Girac ,  son   ami   et  son  compa- 


(i^  Thomas  est  le  nom  de  famille  de  Girac  , 
«clin  de  Girac  uV'Uui  que  le  nom  d'une  terre  «ju'il 
avait  acquise. 


cm  4:^7 

Iriole  ,  à  lui  en  dire  ^o\\  sentiment; 
soit    complaisance,   soit  conviction  , 
Girac  composa  une  courte  dissertation 
latine  en  forme  de  critique  ,  où  il  re- 
levait  plusieurs    fautes    de    Voiture. 
Balzic  monfra  celle  disserialion  à  Cos- 
tar,    qui    cultivait  aussi    les    lettres , 
pour   en    avoir  son  avis ,  espérant 
peut-être  qu'il  ne  lui  serait  pas  moins 
favorable.  Cbstar,  ravi  de  trouver  une 
ocC'ision  de  faire  parler  de  lui,   ami 
d'ailleuis  de  Voilure  ,  bien  aise  néan- 
moins de  prendre  son   temps   pour 
travailler  à  loisir,  eut  l'air  de  s'excu- 
ser,  mais   mit  en  secret  la  main  à 
l'œuvre, et,  quelques  années  après,  en- 
voya à  Balz.ic,  manuscrite, sa /?e/<?«5e 
des  ouvrages  de  Voiture  ^  en  réponse 
à  la  dissertation  de  Girac  (  Foy.  Cos- 
tar).  U  priait  en  même  temps  Balzic, 
s'il  y  trouvait  quelque  chose  qui  lui  dé- 
plut, de  le  corriger,  et  même  de  jeter , 
s'il  le  jugeait  à  pi  opos ,  le  manuscrit 
au  feu.  C'est  du  moins  ce  que  ftiit  en- 
tendre Girac;  et,  à    l'en   croire,  la 
Défense  aurait  déjà  été  imprimée,  et 
entre  les  mains  de  tout  le  monde,  tandis 
qu'on  la  soumettait  aux  observations 
et  aux  correction  s  de  Balzac.  Quoi  qu'il 
en  soitjil  est  certain  que  c'était  une  satire 
contre  celui-ci ,  et  que  Voiture  y  était 
louéàscsdépcns.lly  avait  aussi  contre 
Girac  des  choses  piquantes.  Girac  ré- 
pondit ,  soutint  ce  qu'il  avait  avancé , 
fit  sa  propre  apologie,  et  ne  ménagea 
point  Costar,  qui,  railleur  assez  mor- 
dant, le  lui  rendit  avec  usure  ,  en  pu- 
bliant contre  lui  un  gros  volume.  Dans 
ces  écrits  ,  les  personnalités  ,  l'invec- 
tive ,   les  imputations  odieuses ,  les 
expressions   grossières  fment  pous- 
sées aux  dernières  extrémités;  et  une 
discussion  qui  n'aurait  dîi  être  que  lit 
térairc , dégénéra  cnunassautd'injurCg^ 
et  de  scandales.   Costar   aurait  bie^^ 
voulu  qu'après  sa  dernière  réplique 
la  lullc  en  demeurât  là.  U  ne  néglige^ 


438  G I R 

rien  pour  obtenir,  dn  lieutenant  civil , 
un  ordre  qui  interdît  aux  deux  con- 
tendants  d'écrire  davanlac;e  sur  ce  su- 
jet: cela  n'était  ni  ju.ite  ni  gene'rcux, 
puisque,  p,ir-là,  son  adversaire  se 
trouvait  prive' du  droit  de  repousser  sa 
nouvelle  attaque.  L'ordre  liCai. moins 
fut  doiiue';  njai>  Girac  trouva  d.ins  !a 
suite,  quoique  long-u-mps  après,  le 
movcii  de  faire  imprimer  une  dernière 
réponse.  Celte  indécente  qiurelh  dura 
sept  ans,  ayant  coraniencc  en  i655, 
et  n'ayant  fini  qu'en  i66!i  (i).  (jiracet 
Coslar  y  gagnèrent  d'avoir  f.iit  p.aier 
d'eux  pendant  cet  cspaec  de  temps, 
si  toutefois  on  peut  appeler  g  tin  une 
ce'lébritcdc  ce  genre.  Costar,  dit  Bay  le, 
y  gagna  de  plus  une  pension  de  cinq 
cents  écus  ,  (jue  lui  donna  le  car  îinal- 
miuiilre,  el  se  trouvait, disait-il ,  fort 
oblige*  à  Girac ,  qui  lui  avait  fourni 
è'occasion  de  se  produire ,  de  faire  du 
bruit  dans  le  monde,  et  de  devenir 
en  outre  l'objet  des  libéralités  de  son 
éminence.  Girac  mourut  en  i665. 

I Y. 

GIRALDES  (François),  poète  eî 
8oldat  portugais  ,  né  à  Jii.«'bonne  eu 
1694  ,  fit  son  cours  d'études  dans  l'u- 
niversité de  cette  ville  ,  et  embrassa 
ensuite  l'état  militaire.  11  passa  en 
Orient,  et  se  trouva  au  combat  naval 
que  les  l^orlugais,comiu.indéspar  dom 
Antonio  de  Figueircdo  ,  livrèrent  au\ 
Turcs  dans  le  golfe  Persique  ,  où  Gi- 
raldes  se  sigu.d.j  par  sou  intelligence  et 
par  sa  valeur.  Il  eélébra  eette  vuloire, 
remportée  le  'i^t  août  1719,  en  vers 
latins,  sous  ce  litre  :  Eveutus  Lusi~ 
tancR  classis  quœ  à  God  ad  l'efsiam 
profecta  est.  Ce  poème ,  loné  dans 
le  temps  pour  l.i  pureté  du  .stvle,  la 
vérité  des   ini  iges   et   l'elegancc  des 


(■]  Coitar  mourut  \r  i.t  mai  ifKîo;  et  cr  fut  lu 
inikiiia  uiinf^r  que  lu  r<.'pli<,|uc  tlir  («inif  fut  iiii|)ri- 
wiiii  À  Lryilr  :  |triil-<^lrr  même  iic  |>4rul-rlU'  qu'«- 
ytèi  Ip  uiurl  du  premier. 


GIK 

vers,  fut  imprimé  à  Paris;  mais  Tédi- 
tion  est  sans  date.  Le  P.  Cajctan  de 
Sousa  en  fait  mention  dans  son  His- 
toire genéalog.  de  la  mais.  roj'-.  de 
Porlug.  Gii aides,  après  avoir  servi 
avec  bonneur  son  roi  el  sa  patrie ,  et 
obtenu  le  grade  de  capitaine  ,  niouiut 
à  B'Ç.im  en  1729.  B — s. 

GlKALDl  (  LiLio-GREGORio).sa- 
v.'»nt  profond  et  poète  l.ttin  du  xvi*. 
siècle,  naquit  à  Ferrare  le  i4  juin 
1479,  et  non  à  Rome  en  1478,  comme 
l'ont  dit  quelques  auteurs.  Il  apprit 
d'abord  les  langues  grecque  et  latine  , 
les  mathématiques,  et  même  le  droit, 
sous  les  plus  liabiles  professeurs,  par- 
mi lesquels  on  lemarqueBaptistaGua* 
rino:  doué  d'une  excellente  mémoire, 
il  réussit  principalement  dans  l'étude 
des  antiquités.  Sa  famille  était  hon- 
nête ,  mais  pauvre  ;  ne  pouvant  vivre 
à  son  aise  à  Ferrare,  il  avait  à  peine 
achevé  ses  premières  études  ,  qu'il 
quitta  sa  patrie ,  et  se  rendit  à  Naples , 
dans  lespoir  d'y  améliorer  sa  fortune: 
il  y  connut  personnellement  Pontano, 
Sannazar,  et  tous  les  autres  poètes  cé- 
lèbres qui  floris'.aienl  alors  dans  celte 
ville;  il  obtint  bientôt  leur  estime  el 
leur  amitié.  Après  avoir  f  lit  u.i  voya- 
ge à  la  Mir.iudole  ,  oij  Galeas  Pico 
l'avait  j^irf  ilcment  .iceueilli,  il  était 
eu  I  5o5  à  (jarpi ,  clie^  le  ]u  ince  Al- 
berto Pio ,  qui  lui  témoignait  beaucoup 
de  considéiation,  lorsqu'il  apprit  la 
mort  de  Pontano;  ce  fut  alors  qu'il 
écrivit  ses  dialogues  sur  les  poètes  an- 
ciens: aussi  disluigue-l-on  Alberto  Pio* 
p  irmi  lis  savants  de  son  temps  ,  (pi'il 
y  fait  parhr.  11  avait  composé,  deux 
innées  auparavant,  et, comme  il  ledit 
lui-même,  dès  sou  pr«  niier  âge,  sa 
Dis'^erlnlion  sur  les  Muses.  V.w  1  .^107, 
il  se  trouvait  à  INldau  ;  Démclrius 
C-lialcoudvle  y  était  alors  professeur  de 
lauj^ue  grerque  :  Giraidi  ne  perdit  p.is 
celte   occasion  de   se    perfccliuiincr 


\ 


GTR 

clans  IVliulc  de  celle  langue.  Peu  de 
temps  après,  il  fut  charge,  à  Mn- 
dôiic  ,  de  IVdnration  du  jeune  comte 
IKrrulr  n.in^onc,  qui  lut  depuis  car- 
dinal et  son  protccliur.  Celui-ci  ayant 
t'!e  appelé  à  Konie  au  coniinencernent 
du  poulificat  do  Léon  X,Giraldi  ne 
tard.»  pas  à  l'y  rejoindre.  On  sait , 
d'une  manière  positive,  qnVn  i5i4 
il  logeoit  au  Vatican  ,  par  celle  date 
qu'il  .1  n»ise  à  la  (in  de  sa  Vie  de  l'an- 
cien Hercule,  Eomœ  ex  Vaticanis 
poritificis  Max.  œdibus ,  mense  oc- 
îobri  i5i4.  En  donnant  des  leçons  à 
î,on  élève  dans  le  palais  pontifical,  il 
y  adracltait  d'autres  jeunes  gens  qui 
venaient  l'entendre.  C'est  ce  que  con- 
jecture Tiraboschi ,  d'après  ces  vers 
du  premier  livre  de  la  Poétique  de 
Vida  : 

I,  puer,  atque  frrcs  Lilî  pulsare  doccntis 
Ne  ilubita  ,  et  valis  sacratum  insist;  re  limen. 
l'xcipiet  l'acilis  ,  teqjie  adiniretur  al)   aiinis, 
Spcsque  avidas  ultro  dictis  accendet  amicis. 

Il  faut  remarquer  que  ces  vers  ne  se 
trouvent  que  dans  un  seul  manuscrit, 
et  que  Vida  les  supprima  en  faisant 
imprimer  sa  Poétique.  Gira'di  fut  sen- 
Sib  e  à  celte  omission  ,  comme  on  le 
voit  par  les  quatre  vers  suivants  de 
son  E  pitre  au  poète  Tcbaldco  ,  qui 
avaient  paru  tont-à-fail  e'nigmaliqucs 
avant  la  de'couverlc  du  manusoit  de 
Vida;  c'est  ce  qui  nous  engage  à  rap- 
porter cette  anecdote  : 

Poscere  non  aiisim  Vidam,  promittere  quainvls 
Sit  mon!fs  auri  solims;  nam  carminé  Doinen 
Ipse  su'>  e\pu!ixil,  nostroque  à  limine  vates 
bummovit  leneros  ;  hune  quî  succurrere  credas? 

Gn-aldi ,  dans  son  long  séjour  à  Kome, 
jouit  d'un  très  grand  crédit  auprès  des 
pontifes  I.éou  X,  Adrien  VI  et  C!é- 
iiienl  VII  :  il  en  espérait  beaucoup  ; 
mais  il  n'en  obtint  d'autre  avantage 
que  la  dignité  de  protonotaire  aposto- 
lique. Il  n'échappa  point  à  l'influence 
physique  et  morale  du  séjour  de  Rome, 
et  contracta  des  douleurs  de  goutte  et 
d'dulres  infirmités ,  dont  il  fut  tour- 


G  I  K  4^9 

mente  le  reste  de  sa  vie.  Son  ami  Celio 
Calc.iguini,  qui  avait  en  vain  tâclu*  de 
prévenir  ces   suites   fâcheuses  ,  s'ex- 
prime ilaircnient,  à  ce  sujet,  dans  une 
de  ses  lettres  (  Opcr.,  p.  m  ).  L'an- 
née i5'27  fut  très  fatale  pour  Giraldi; 
il  ))erdit  dans  le  sac  de  Home  tous  se«i 
etfcts  et  sa  bibliothèque  :  une  perte 
encore  plus  douloureuse  pour  lui ,  fut 
celle  de   son  protecteur  le  cardinal 
Rangone,  mort  dans  la  même  année. 
Alors  il  abandonne  Rome,  se  rend  à 
Bologne;  accueilli  peu  favorablement 
par  le  légat ,  il  passe  à  la  Mirandole. 
Jean  -  François  Pico  ,   qui   l'y    avait 
reçu  avec  amitié,  l'eiit  arraché  pour 
toujours  à  sa  triste  position  ;  mais  ce 
prince  fut  assassiné  en  i553,  et  Gi- 
raldi put  à  peine  se  sauver  de  celte 
funeste  catastrophe  :  il  prit  enfin  le 
sage  parti  de   se  retirer  à  Ferrare, 
Jusqu'à  cette  époque ,  il  avait  bien  le 
droit  de  dire  ce  qu'il  répétait  souvent, 
qu'il  avait  à  combattre  trois  puissants 
ennemis,  la  fortune,  la  nature,  et  l'in- 
justice des  hommes;  mais  dès  qu'il 
fiît  rentré  dans  sa  patrie,  l'amitié  de 
Celio  Calcagnini  et  du  savanl  médecin 
Manardi ,  la  protection  de  la  duchesse 
Renée  et  de  plusieurs  princes  de  la 
cour  de  Ferrare,  enfin  l'estime  de  ses 
concitoyens,  le  délivrèrent  de  la  pau- 
vreté. On  croit ,  avec  vrc-^iscmblance  , 
qu'il  fut  un   dos  secrétaires    du   duc 
Hercule  lî.  L'historien  de  l'universi- 
té de  Ferrare  le  met ,  avec  moins  de 
fondement ,  au  nombre  des  profes- 
seurs   de    celte    université.    Giraldi 
mourut  de  la  goutte,  non  en  i55o, 
comme  quelques  auteurs  l'ont  écrit , 
mais  en  i55'2,  date  sur  laquelle  le 
président  de  ïhou  ne  s'est  pas  trompé. 
Il  avait  si  bien  rétabli  sa  fortune,  qu'il 
laissa  eu  momant  une  somme  d'en- 
viron dix  mille  écu^i.  Malgré  ses  in- 
firmités ,    qui  le   retinrent  constam- 
ment  au   lit    pendant   les  dernières 


44©  01 R 

années  de  sa  vie,  il  ne  cessa  ,  jus- 
qu'à la  fin  de  ses  jours ,  de  travailler 
cl  d'écrire.  Tous  ses  contemporains 
l'oRt  regardé  comme  un  d(  s  hommes 
les  plus  savants  de  leur  temps.  En  ad- 
mirant ses  talents  et  ses  connais- 
sauces,  ils  ont  respecté  ses  piincipes: 
Funtanini  seul  a  voulu  répandre  quel- 
que soupçon  sur  sa  relif^ion  ,  parce 
qu'il  a  beaucoup  loué  la  célèbre  du- 
chesse Kenée,  dont  on  sait  que  la  foi 
était  suspecle.  Giraldi ,  sous  ce  rap- 
port, a  été  amplement  justifiépar  J,  A. 
Barolti ,  dins  la  Vie  qu'il  en  a  publiée. 
Mais  sa  niellfure  justification  est  dans 
ses  œuvres  :  elles  furent  presque  toutes 
imprimées  scparé.ment  •  et  on  les  a 
réunies  dans  la  belle  édition  de  Leyde, 
1696,  en  1  vol.  in  fol.  Voici  les  ou- 
vrages contenus  dans  ce  recueil,  avec 
la  date  des  éditions  de  ceux  qui  avaient 
élé  publiés  précédemment:  \.IIisio- 
rla  de  diis  ^entium  1  -j  synta^ma- 
libus  distincta.  Il,  De  musis  sjntag- 
ma  y  imprimé  à  ^)tra>bourg  en  i  fui, 
in-4"-;  et  à  Jiâle  en  i54o,in-8<*.  111. 
HercuUs  vlia^  Baie,  i54o,  in-8°. 
IV.  De  re  naiiticd  libellas,  ibid. , 
1 540 ,  iii-8  '.  V.  De  sepullurd  ac  va- 
ria sepeliendi  rilu  ,  libellas  ..  ibid. , 
i539,  in-8'.;  id.  animadversionibus 
variis  illuslratus  ac  locuplelatus  à 
Joanne  /^^é'5,  Helmsladt,  i^-jô,  in- 
4".  Vï.  Historiœ poélaram ,  tam  ^rœ- 
corurn  q'iàm  latinorum ,  dialogi  de- 
cem,  Baie  i54^>,  in-8^  (  f'oj:  Co- 
LOMiKS,  iX,  5i'2.)  \\\.  Piuloi^i  duo 
de  puétis  nostrorum  teniporuin^  Flo- 
rence, i55i  ,  in  8".  Le  pr«rnier  de 
ces  deux  Dialogues  fut  écrit  à  Rome, 
au  comme iicemeut  du  pcmiifical  de 
liéon  X;  et  le  second  à  Ferrarc ,  eu 
1548.  L'auteur  ne  loue  pas  simple- 
ment les  poètes  q  li  florissaient  à 
celte  é|H)(jue  j  iu.ms  il  purle  un  juge- 
ment sur  leurs  écrits,  et  r<'lève  avec 
impartialité  te  U)éritc  cl  les  défauts  de 


G  I  II 

chacun.  On  peut  regarder  cet  ouvrag:c 
comme  l'histoire  de  la  poésie  et  des 
poètes  des  cinquante  premières  an- 
nées du  XVI.  siècle.  VIII.  Progj'm^ 
nasma  adversLis  liWras  etlittei  atoSj 
Florence,  i55i  ,  in-8'.  L'auteur  l'a- 
vait corappsé ,  ou  comme  un  simple 
jeud'esprit,  ou  pour  se  p'aindre  sé- 
rieusement de  la  fortune  et  de  sa  misè- 
re :  il  y  soutient  la  même  thèse  que  Cor- 
nélius Agrippa  ,  dans  son  livre  sur  la 
Vanité  des  sciences,  Tassoni  dans  ses 
Pensierij  et  J.-J,  Rousseau  ,  plus  élo- 
quemraent  qu'eux  tous,  dans  son  pre- 
mier Discours.  IX.  Libellas  in  quo 
œnigmata  pleraque  antiquorum  ex- 
plicantur,  Bâîe,  i55i,  in-S'*. ,  avec 
les  trois  ouvr.iges  suivants  :  X.  Sym- 
bolorum  Pjthagorœ  interpretatio , 
cui  adjecta  sunt  pylhagorica  prœ- 
cepla  mfstica ,  à  Plutarcho  inter- 
pretata.  XI.  Parœneticus  liber  nd- 
versus  ingrates  y  Floreiice  ,  i5j8, 
in-8".  XU.  Libellas  ,  quomodo  quis 
ingrati  nomen  et  crimen  effugcre 
possit.  Xlll.  De  annis  et  memibus 
cœterisque  temporis  partibus  disser- 
tat'.o  facilis  et  expedita ,  unà  cani 
calendario  romano  et  grœco ^  Baie, 
i54«  ,  in-8°.  C'est  peut-être  le  titre 
de  cet  ouvrage,  qui  a  donné  lieu  à 
quelques  auteurs,  d'jttribuer  à  Lilio 
Giraldi  l'invention  de  VEpacte  et  le 
traité  du  Calendrier  romain;  mais 
nous  devons  relte  invention  l\  Lilio 
de  Vérone,  et  à  Antonio,  son  frère. 
XIV.  f^aria'critica. Cvtoxw'va^e  avait 
Clé  imprimé  sous  le  titre  de  Dialogis- 
mi  tri^inla  ,  Venise  ,  i55*2  ,  in  8  '.  : 
ce  sont  trente  dialogues  sur  diflèniits 
points  d'aiili'|uilé  et  de  critique.  W. 
Poëmata.  Sous  ce  titre  sont  lasMiu- 
blées  ses  poésies  latines,  dont  on  avait 
f.ul  dilférenles  éditions  ,  après  celle 
(pi'.tvaienl  donnée  les  (iiyphesà  Lyon, 
i556,  in-4".  VEpislola,  de  incon^' 
modis  quœ  in  direptione  urband pas- 


GIR 

sus  est ,  est  inlorcssanfc  par  rapport 
à  riM>toii(>  littéraire  de  vv  trnip'-l.î. 
X\  1.  E/HiiuLi  de  imilatione.  (Ictle 
lelti  f  Ici  iiiiiic  le  reçue  il  deN  oeuvres  de 
Giialdi;  ni.n-.  on  a  encore  de  lui  laliad. 
siiivijire  :  XVII.  Siineonis Sethi ,  ma- 
f;isln  Anliochiœ  ,  sjntagjva,  pcr  lit- 
tcrarum  ordinem  ,  de  cibarioniin 
facidtate,  Bàle  ,  i5:)8,in-8  .  XViil. 
Oïl  lui  .itiiilme  aussi  un  coiuriK  iilaire 
J)c  comœdid ,  ejusqiie  apparatu  et 
partibus,  que  l'on  trouve  iiisciedaiis 
Je  Imilième  volunie  du  Thesaur.anti- 
ijuiL  ^rœ car.  an GviiiiO\'\\x9,  j  p.  i474' 
De  tous  CCS  ouvrages,  le  meilleur  et  le 
plus  estime  est  son  Historia  de  diis 
gentiuiriy  qui  comprend  div-sepl  dis- 
sertations. Du  temps  de  l'anleur ,  il 
n'y  avait,  sur  la  mythologie,  que 
l'ouvrage  de  Boccace,  intitule  :  Ge- 
nealogia  deorum ,  dont  les  nom- 
breuses imperfections  sont  aussi  gc- 
iiCTalemeiil  reconnues  que  le  mérite. 
Il  est  donc  vrai  de  dire  que  c'est  Gi- 
raldi  qui  le  premier  a  convenablement 
traité  celte  matière ,  difficile  et  par 
son  étendue  et  par  sa  variété.  Il  a 
fait  us.ige  non  seulement  de  tous  les 
auteurs  grecs  et  latins,  mais  aussi  des 
manuscrits  et  inscriptions  anciennes 
qu'il  a  consultées  et  déchiffrées  avec 
beauconp  de  sag-icité.  Quelquefois  la 
muîiiplicité  des  citations  qu'il  accu- 
mule ,  le  rend  confus  et  obscur  -,  et 
quelquefois  aussi  il  n'est  pas  exact , 
faute  de  connaître  des  monuments 
qu'on  n'n  retrouvés  que  depuis.  Mal- 
gré ces  défauts,  son  ouvrage  est  en- 
core meilleur  que  celui  de  Noëi  dei 
Conti ,  composé  sur  le  même  sujet  , 
et  publié  quelque  temps  après  j  ausii 
Xllistoria  de  diis  geritium  est-elle  en- 
core preférablement  consultée  par  les 
amateurs  de  l'antiquité  qui  ne  peu- 
Vent  pas  l'étudier  dans   ses  sources. 

S— I. 
G1R.\LDI  CliNTlO  (Jean-Kàptis- 


GIR  4/,i 

te),  poète  et  littérateur  célèbre  du 
xvi''.  siècle,  de  la  même  famille  que 
le  prceédent ,  naquit  à  J'en  are  en 
i5oi.  Il  fut  reçu  docteur  en  j)hiloso- 
pliic  et  en  médecine,  dans  l'université 
de  cette  ville,  et  y  occupa  ensuite, 
pendant  12  ans,  la  chaiiede  ces  deux 
facultés.  Ses  taKnts,  et  les  écrits  qu'il 
ne  tarda  pas  à  publier,  engagèrent  le 
duc  Hercule  II,  à  le  nommer  son  se- 
crétaire; place  qu'il  remplit  pendant 
16  ans,  c'est-à-dire,  jusqu'à  la  mort 
de  ce  prince,  arrivée  en  iSSq.  Une 
di>putc  très  vive  qu'il  eut  avec  Jean- 
Baptiste  Pigna ,  premier  secrétaire, 
archiviste  et  bibliothécaire  du  duc 
Alphonse  11,  l'obligea  de  quitter  sa 
place,  et  de  sortir  même  de  Ferrarc. 
Gintio  et  Pignn  avaient  publié  dans  la 
même  année,  à  Venise,  leur  ouvrage 
sur  les  romans;  ils  s'accusaient  réci- 
proquement de  plagiat ,  réclamant  cha- 
cun ses  droits  et  sa  propriété.  Pigna 
protestait  qu'il  avait  écrit  son  Giudi- 
zio  inturno  airomanzi  dès  l'an  1 547, 
à  l'âge  de  \-j  ans,  et  qu'ayant  communi- 
qué son  manuscrit  à  Cintio ,  qui  était 
alors  son  maître,  celui-ci  l'avait  re- 
tenu, et  en  avait  profité.  Cintio,  au 
contraire,  reprochait  à  Pigna  de  lui 
avoir  volé  son  dessein,  son  sujet  et 
ses  idées-,  dans  le  temps  qu'il  était  soa 
élève  et  le  confident  de  ses  travaux, 
et  d'avoir  fait  un  livre,  où  il  n'avait 
mis  du  sien  que  le  titre.  Le  public 
impartial,  n'ayant  d'autres  témoins  et 
d'autres  preuves  que  les  auteurs  et 
leurs  mutuelles  accusations,  ne  put 
décider  entre  eux  ;  le  duc  ne  se  pro- 
nonça pas  davantage.  Cintio,  irrité  de 
ce  silence,  qu'il  regarda  comme  un 
déni  de  justice,  résolut  d'abandonner 
Ferrare,  et  son  prince,  qui  lui  en  ac- 
corda la  permission.  De  là  ,  il  se  rendit 
à  Mondovi,  où  le  duc  de  Siivoie  lui 
avait  offert  une  chaire  d'éloquence  avec 
de  bous  appoinlcmenls.  Cette  univer- 


44^  GIR 

site  fut  transférée  à  Turin  en  i568. 
Çintio,  lioaor.;blcmenl congédie',  mais 
reste  sans  place,  était  incertain  sur  le 
séjour  qu'il  devait  clioisir  ,  lorsqu'il 
reçut,  avec  une  lettre  très  flatlcuse 
du  sénat  de  Milan,  le  diplôme  de 
PhiiippeTI,  qui  !ui  proposait  la  chaire 
d'éloquence  à  l'université  de  Pavie.  11 
accepta:  mais  tourmenté  d'une  goutte 
Léréditnire,  et  s'apercevant  que  ce 
climat  ne  lui  ron venait  pas,  il  prit  le 
parti  de  retourner  à  Ferrare^  et  il  y 
mourut,  trois  mois  après  son  arrivée, 
le  5o  dcccn)bre  iS-yS.  Il  avait  eu  à 
pleurer  la  perte  de  quatre  de  ses  fils: 
le  cinquième  ,  qui  lui  survécut ,  re- 
cueillit les  tragédies  de  son  père , 
qui  avaient  d'abord  été  impiiiuées  à 
part  ;  et  il  en  fit  une  édition,  à  Venise, 
en  I  58'2,  en  'a  vol.  in  8  '.,  qu'ii  dédia 
au  duc  Al|)l!on.se  II.  De  tous  les  ou- 
vrages de  Cintio,  ce  furent  ses  tra- 
ji;édies  qui  lui  firent,  de  son  vivant, 
le  plus  de  réputalicui.  Elles  sont 
au  nombre  de  neuf  :I.  VOrcbecche , 
V /Utile,  la  Didone  ,  les  yhitiva- 
lomeni,  la  Clcopntra,  V^rrenopiaj 
XEuphimia  ,  VEpitia  ,  la  Sclene. 
VOrbecche ,  qui  est  la  plus  célèbre 
de  toutes,  fut  jijuée  pour  la  première 
fois,  avec  b(.aucou|»  de  succès  ,  chez 
l'aulenr  ,  devant  le  duc  Hercule  11, 
en  1.041.  On  l'a  misf  au  même  rang 
que  la  Sofoiiisba  de  Trissino,  VOrcste 
de  Buccell.i,  et  la  Canace  de  Spc- 
roni  :  mais  ces  |)ièc(S,  si  vantées  <n 
leur  temj)s  ,  ne  sont  (pie  de  froides 
copies  des  tragédies  grcc(pies  ;  cl 
YOrbecchfi  ^  plus  que  toutes  les  au- 
tres ,  est  r.jiie  pour  exciler  plutôt  l'hor- 
leur  que  la  pitic'.  11.  Cintio  av.iil  de 
plus  e(Mnposé  un  drame  p.isloral,  in- 
lilulc  E'^lé y  représente  aussi  chez  lui, 
«n  i54').  Ce  drame  est  donc,  sui- 
vant la  remarque  du  'rird)oschi,  plus 
ancien  que  le  'lirsi  de  Tansdio,  et 
If  Sacrijïcio  d'A^oslino  Bi,ccari ,  rc- 


GIR 

présenté  à  Ferrare  en  i554;  ïd^'S 
on  ne  doit  le  regarder  que  comme  la 
première  ébauche  de  ce  nouveau  gen- 
re d'ouvrages  dramatiques,  auquel 
Beccari  fit  faire,  depuis,  un  pas  de 
plus,  et  que  le  Tasse,  dans  soa 
yiminta  et  le  Guarini  dans  son  Pas^ 
torjido  portèrent  à  sa  perfection,  lll. 
On  a  encore  de  Giraldi  Cmlio  VEr* 
cote  ,  poème  en  Ottawa  rima  ,  de  26 
chants,  publié  à  Modène,  en  l'iSn, 
in-4".  Malgré  quelques  beaux  détails, 
il  e>t  pluloi  hi:  torique  que  poétique,  et 
n'intéresse  j>as  assez,  ni  par  le  plan  , 
ni  par  la  versification.  IV.  Le  Finm- 
me,  pidjliés  à  Venise,  en  ir>48,  in- 
8°.  ;  c'est  un  recueil  de  sonnetti  et  de 
c«/Jzor?i.  V. Des  puèsies  latines  (/^o<^mrt- 
tia)  liàle,  i54o,  in  8".,  «t  Sjlvœ  ^ 
Ferrarr,  i555.  VI.  De  Ferrariae  et 
Ate^tirds  /rincipibus  crmintutario' 
lu  s, ex  LïliiGre^orii  Giraldi  epitome 
deductiis,  traduit  par  Louis  Donieni- 
clii,  Venise,  in-8  .  i55t)  ('et  ouvrage 
est  écrit  avec  beaucoup  d'élégance;  et 
s'il  minque  quelquefois  d'exactitude 
sur  l'histoire  ancienne  de  la  maison 
d'Esté,  l'auteurniérife  plus  de  confiance 
]^our  les  événements  qui  s'éiaicnt  pas- 
sés de  son  temps.  Vil.  Discorsi  iVi- 
torno  a  qucllo,  che  si  convit-ne  a 
gioi'ane  noble,  e  btn  crcato  net  str- 
i'ir  un  f^ran  principe.  VI II.  Piscorsi 
iniorno  al  comporre  de''  rotnanzi, 
dcllc  commedie, délie  tragédie edal- 
Ire  manière  di  ffoes'e,  Venise,  i554, 
in-/|".  IX.  Dideientis  oraisons,  ou 
haringuis  l.itmes,  parmi  lesquelles, 
Epicedium  de  ol'iiu  di\fi  Alphonsi 
EsterLsis  principis  ,  Ferrare,  iTj.'Î';, 
in-4*'.X.  Gli  f/ecatomiti  j  ne'  qitali 
si  cvtUfng^ono  novelle  e  dia'o^^tiy 
IMondovi,  1 .0(3;'),  en -2  vol.  in-8.,  et 
Venise,  i5()6  et  160H,  en  x  vol, 
in "4".  C'est  un  recueil  de  cent  nou- 
velles, et  l'ouvrage  le  plus  distin- 
gué parmi  tous  c;:ux  de  Ciulio.  Ga- 


(ilK  GIR                  4'j5 

biicl  Clia|)j)uis  le  tr.idm'.sil  ni    finii-  jliiencc  des  c/rw.r,  irndiiil  cIp  l'il.lifii 

ç.iis  ,   l\iris,  1584,  '^-  vol.  in  8".  :  il  du  P.-C.  Cô'rsiin  ,  il),  i  r):'>7  ,  iii-8". 

(Ml  lune  IxMiiroiip  l.i  inur.-k'Cl  l'iiiterèi;  1  \  .  {/y-ïiimosncric  de  jc.ni-Loiiis  \'i- 

mais  (Tltr  Iiadiiction  .suiaiiiicc  ne  jfut  vis,  Epa^noi  ,(livi.s(-c  tn  dmx  li\rcs 

donner  (ju'inie  idée  très  imparfaite  de  cl  Iradiiiic  du  la'.in  ,  il).,  \JiHTy.  Dans 

l'onvra^e.    XI.   Dans  le   dictionnaite  \c  n:rw\\  \uIïI\ïU\  De  la  tfWtsforma' 

pnblid  à  Naples  et  à  Bassano,  on  lit  tioji  métallique,  trois  anciens  traités 

qiio  Giruldi  Cinlio  avait  aussi  coni|iosc  en  rime  francoiie  ,  ctr. ,  Paiis  i5()i  , 

unv  Storia  d\-/ndreaDoria,])\ih\Hc  in  8'.,  on  trouve  la  Défense   de  la 

à  Lcycic  f  n   iG()(;. —  La  famille  de  science  et  des  hon?iétes  ferscnuc*:  qui 

Gi raidi  a  e(e  féconde  en  savants  cl  (n  j'  vacquent  contre  les   e/Joits  que 

littérateurs.  On  dit  que  le  père  de  Gin-  Jacques  Girard  met  à  les  outrcger. 

tic,  nomme  Chrisltq.he,  était  homme  G'csl  une  réponse  fort  courte  et  (rès 

de  leilres.  INmis  avons  de  Flavio  An-  snp' rfîciclîe  à  une  ktire  que  Giraid 

tonio,  son  frère,  des  poésies  latines  avait  f  lit  imprirn»  r  à  la  suite  de  1'^»/- 

ct  italuuncs  .  qu'on  liouve  à  la   suite  mirable  puissance  de  T  art  y  par  lio- 

de   difléunis  onvrap;(s  de  Cintio.   Il  ger  Bacon.                              W — s. 

existe  encore   un  RaL^ionamtnto  iti  GIRARD  (Jean)  ,  poète  lalin  ,  né 

difesadi  Terenzio,  Mondovi.  i  566,  à  Dijon  (0  v<rs  i5«8  ,  fit  ses  études 

in-8'.,   par  Lucio  O^impio   Giraldi,  à  l'universilé  de  Dole,  et  y   fui  reçu 

qui ,  s'il  n'était  un  d(S  quatre  fils  de  docteur  en  droit  en   154;.  É!ii  maire 

Cintio,  appartenait  sans  doute  à  la  de  la  ville  d'Auxonnc,  il  n  mplit  celle 

même  famille.                      5^ — i.  place  pendant  quciqnts  années  :  mais, 

GIRALDUS  CAMBRElN:5lS.    F.  s'il  sut  faire  respecter  les  droits  des 

Barry.  autres,  il  n'en  fut  pas  de  même  des 

GIRARD  (Jacques),  jurisconsulfe,  siens;  car  nn  de  ses  beaux -frères  , 

né  à  Tournus  en  Buurjiocne  d.ms  le  chanoine  de  Branne,   avec  lequel  il 

xvi'\  siècle,  consacra   a  vie  entière  à  était  en  difTérend,  profita  de  son  ab- 

l'étudc,  et  mourut  en  i585.  Il  possé-  sence  pour  pénétrer  dans  sa  maisdn  , 

dait  a  Boyer,  près  de  Tonrnus,  une  d'où  il  enleva  une  grande  quantité  de 

maison  où  il  avait  rassemblé  une  bi-  blé  et  ses  livres,  après  avoir  mis  le  feu 

bliolhèque  assez  considérabie  pour  le  à  ses  papiers. Girard  n'osa  passeplain- 

tcmpsj  et  <:'est  dans  celte  retraiîe  qu'il  dre  juridique  ment  de  ce  délit ,  et  il  se 

composa  les    ouvrages   suivants   :  1.  contenta  d'en  signaler  l'auteur  dans  la 

Anchora  ulriusque  jnris^  sive  titidi  préface  d'un  de  sesouvr?^ges.  il  mou- 

tolius  Cœsarti  juris  et  l'OJitiJicii  par  rut  en  i  586  ,  à  l'âge  de  68  ans,  ainsi 

tabulas  ,  juxtà  htterarum  ordinemy  qu'on  l'apprend  par  la  date  mise  au  lias 

etc.,  lyon,  i55i  ,  in-4".,  livre  rare  de  son  portrait.  Th.  de  Bezc  l'a  loué 

mais  inutile.  II.  De  l'admirable  puis-  comme  nn  homme  de  bonnes  lettres  et 

sance  de  Vavt  et  de  la  nature,  où  il  de  gentil  esprit;  mais  Papillon  a  re- 

est  traité  de  la  pierre  philosophai e ,  ma»  que  que  c'est  sans  fondement  qu'il 

traduit   du    latin    de   Roger    Bacon  ,  le  place  dans  son  catalogue  des  doctes 

inséré  dans  un    Recueil  de   traites  protestants.  On  a  de  lui  :  1.  5aco5fr«- 
d'alchimie,  Eyon  ,  )5j7,  in-8'.  111. 


Des  choses  mcn'eillenses  en  nature  "^'^  *^''''^  tiaprés  1h  Libiwihhqn.'.  dct  aituur, 

.                        •     •     j  de  Boutgvgue  .,   ijn'on    a    «lit  cjuc    Girard  était   cit: 

OU  est  traite  des  erreurs  des  sens ,  Dijon;  mais  jur.iiu.  «lans  s,-s  AnHijuHé)  d'Au.. 

rioc    T}i>ii.  e^7i,'^f    ,1  ^    V .  ■.,.  „    .>      7^    1''  .y  "iinc ,    paf;e  ^o  ,    .is'iurc  qu'il  élait  ne    en    cel-s 

(tes  puiisances  ue  L  ame  a  de  l  m-  ^,ii« ,  «^  Vo  icmoi^uasc  ki  d'un  grami  voids. 


444 


GIR 


tia  seu  epif:rammatiim  centuriœ  v , 
Ly^'iî ,  I  5j'2  ,  in  -  4".  n.  Poëmata , 
slicosiralia ,  epinikia  grœcorum  car- 
mirum  ,  metamorphosis  novem  so- 
rorum^c^.,  ib.,  1558;  Paris,  i584, 
in -4*^.  lIiT  Chants  du  premier  wé- 
nement  de  J.-C,  et  plusieurs  chan- 
sons de  carême ,  l.yon,  i56o,  Ik-B'., 
IV.  Epigrammatum  lei^alium  liber 
facetissimus ,  Lyon  ,  1676  ,  in  -  8"., 
réimprimé  à  Colop,ne  en  i656,  in  8"., 
sous  le  titre  de  Jus  commune  liga- 
tum  solutumque  j  c'est  une  explica- 
tion en  vers  latins  des  lois  du  litre  De 
regulis  juris  :  de  toutes  ces  épigram- 
mes,  Homraeln'en  a  trouvé  de  bonnes 
que  deux  qu'il  rapporte  dans  sa  Lit- 
leratura  juris ,  p.ig.  290.  A  la  suite 
de  cet  ouvrage,  on  a  joint,  dans  l'é- 
dition de  Cologne  ,  la  Synopsis  juris 
universi  metrica  de  H.  Wesseling , 
dont  les  vers,  au  jugement  du  même 
critique,  sont  en  général  plus  coulants 
que  ceux  de  J.  Girard.  V.  Phanias- 
inatum  prosopopœa  et  alia  ejusdem 
(irgumenti consolnloria,  ibid.,  1578, 
in -4".  VI.  Traité  aurpiel  est  naïve- 
ment dépeint  le  sentier  que  doit  tenir 
Vhomme  pour  bien  et  heureusement 
régir  et  gouverner  les  actions  de  sa 
vie,  ibid.,  1^79,  in- 16".  Vil.  Quel- 
ques pièces  de  vers  dans  le  Farrago 
poëinatum  de  H.  Ducliesne,  et  dans 
ies  Deliciœ  pocLarum  Gallorum  de 
Gruler.Le  manuscrit  autographe  des 
poésies  de  Girard  a  passé  de  la  bi- 
bliothèque de  Lamare  dans  celle  du 
Koi. —  Girard  (Gilles),  poète  latin  , 
lié  en  I70'.i,  à  (lanipière ,  diocèse 
tic  Coutances ,  embrassa  l'étal  erclé- 
i-iastiquc  ,  professa  les  humanités  à 
(iarn  avec  beaucoup  de  distirjciion  , 
<  t ,  ayant  obtenu  ensuite  la  cure 
d'IIarmanville  ,  [lartagea  le  reste  de 
fta  vie  entre  les  devoirs  de  son  clal 
Cl  la  culture  des  lettres.  11  mourut 
tu    I  "ji'ri  ,  à  l'àgc  de  soixante  ans. 


GIR 

Gilles  Girard  a  fait  d'assez  beaux  vers 
latins.  Il  réussissait,  dit  -  on  ,  par- 
liculièrement  dans  l'ode  alcaïque;  et 
on  a  de  lui  plusieurs  pièces  de  ce  gen- 
re, couronnées  aux  palinods  de  Caen 
et  de  Rouen,  et  imprimées  séparé- 
ment. 11  a  fait  aussi  des  vers  français 
très  agiéables;  <  t  on  a  déjà  exprimé  le 
vœu  de  voir  publier  un  recueil  de  ses 
poésies.  W — s. 

GIRARD  (  Philippe  )  était  né  à 
Vendôme.  On  ignore  l'époque  précise 
de  sa  naissance;  on  sait  seulement  qu'il 
publia  ,  en  1  587  ,  V  Eloge  de  quelque 
chose j  composé  par  lui,  en  opposi- 
tion au  petit  poème  latin  de  Passerai, 
inlituléle  Bien{Nihii\Cf\in  de  Girard 
fut  réimprimé  plusieurs  fois  ,  et  en- 
tre autres  en  i  750  ,  in-i2  ;  plus  tard 
dans  V Encyclopédie  lilliputienne, 
enfin,  dans  une  nouvelle  édition  de 
l'an  m  (  1 795  ),  par  Mercier,  de  Cora- 
piègne  ,  et  toujours  avec  le  Nihil  de 
Passerai.  Le  Quelque  chose  peut  te- 
nir sa  place  dans  les  bibliothèques, 
à  côté  des  facéties  anciennes  que  re- 
cherchent de  temps  en  temps  les  ama- 
teurs. L—p — E. 

GIRARD  (Bernard  de).  F  oyez 
Hah.lan  (Du). 

GIRARD  (Ralthasar).  Voyez 
Gl'rard. 

GIRARD  (Alîîert),  géomètre  hol- 
landais ,  né  vers  la  lin  du  xvi  .  siècle, 
fui  un  des  précurseurs  de  Descaries, 
et  entrevit  plusieurs  vérités  dont  le 
développement  était  réservéà  ce  grand 
homme.  wSon  [)rineipal  ouvrage  est  in- 
titulé: Invention  nouvelle  en  algèbre  y 
i()7.9,  in-4".  Ce  livre,  dit  IVlonlucla, 
est  fort  remarquable,  en  ce  qu'on  y 
trouve  une  connaissance  des  racines 
ncgalives,  plus  développée  que  dans 
ceux  de  la  plujtart  des  aufris  ana- 
lystes. Un  desobjrts  dere  livre  eslde 
niunlrcr  qtu",  dans  lesé(|uations  cubi- 
ques qui  cuuduibcnl  au  cas  iii'éducli- 


GIR 

l)le ,  il  y  .1  toujours  trois  racines ,  deux 
positives  cl  mit'  lu'g.itivc,  ou  au  con- 
traire. 11  y  lionne  aussi  un  essai  in- 
gc'nicux  sur  les  angles  solides  et  leur 
mesure,  objet  jus((iralors  nc'glige  p:ir 
les  geonièties.  Girard  publia  ensuite 
une  édition,  revue  et  augmentée,  des 
œuvres  de  Stevin,  Leydc,  i654,  ^"" 
fol.  Dans  la  préface  ,  il  annonce  qu'il 
vient  de  rétablir  les  5  livres  desPo- 
rîsvies  d'Euclide  ,  et  que  cet  ouvrage 
est  prêt  à  paraître;  mais  il  n'a  jamais 
vu  le  jour.  Si,  continue  Montucla  , 
Girard  avait  en  effet  réussi ,  comme  il 
ledit,  il  faudrait  convenir  qu'il  était 
en  ce  genre,  encore  plus  grand  œdipe 
que  Simsou  ^  car  ce  géomètre,  tout 
habile  qu'il  était  dans  la  géométrie 
|P  ancienne,  convient  que  les  deux  der- 
niers livres  des  Porismes  décrits  par 
Pappus  sont  pour  lui  une  énigme  in- 
déchiffrable. Albert  Girard  mourut  en 
i654,  dans  un  état  voisin  de  l'indi- 
gence.(V.  ^ Histoire  des  mathéma- 
tiques^ par  iMoutucla,  tom.  ii,  pages 
8,  9  et  I  12.)  Robert  Sirason  a  in -éré 
dans  les  Transact.  philosophiques 
(i'j54,  tom.  2),  un  Mémoire  dans 
lequel  il  examine  la  méthode  em- 
ployée par  Girard  pour  former  des 
séries  de  fractious  représentant  de 
plus  en   plus  des  radicaux  simples. 

W— s. 
GIRARD  (Guillaume),  grand  ar- 
chidiacre d'Angoulême  ,  mort  en  1 665 
dans  un  âge  très  avancé,  avait  été  se- 
crétaire du  duc  d'Espernon.  Nous 
avons  de  lui  :  I.  Vie  du  duc  d'Esper- 
non,  Paris,  i655,  in-fol.;  i663,in- 
12,2  vol.;  I  73o,  in-4".,  i  vol.;in-i2, 
4  vol.;  1736,  sous  le  nom  d'Amster- 
dam, in-r2,  4  vol.;  Rouen,  i663, 
in- 12 ,  3  vol.;  traduite  en  anglais  par 
le  chevalier  Colton  ,  Londres,  1670, 
in-fol.  Celte  vie,  assez  bien  écrite, et 
remplie  de  faits  singuliers  ,  est  moins 
riiistoirc  particulière  de  ce  duc ,  que 


GTR  445 

celle  de  tout  ce  qui  s'est  passé  on  Fran- 
co depuis  itJ^o  jusqu'en  1672.  II. 
\jApolos^ie  de  M.  de  Bcaufort  con- 
tre la  cour,  la  noldcsse  cl  le  peuple  : 
c'est  une  salire  de  ce  duc  ,  dont  le 
plan  et  les  idées  furent  fournis  par 
des  seigneurs  de  la  cour ,  qui  ne  cher- 
chaient (ju'à  s'égayer  ;  Girard  ne  fit 
que  la  rédiger.  On  la  trouve  dans  les 
Mémoires  de  Larochefoncauid  et  dans 
les  œuvres  de  St.-Evrcmont ,  à  qui 
l'ouvrage  fut  altribué  dans  le  temps. 
m.  La  rie  de  Balzac,  à  la  tête  des 
œuvres  de  cet  auteur,  qui  était  ami  de 
Girard.  IV.  Traduction  de  la  Guide 
des  pécheur  s  Aq  Grenade.  Le  reste  des 
œuvres  de  ce  pieux  dominicain  a  été 
traduit  par  un  prêire  de  l'Oraloire  , 
qui  a  gardé  l'anonyme,  2  vol.  in-fol., 
10  vol.  in  8°. — fiC  frère  de  Guillaume 
Girard  (Michel  Girard,  abbé  de  Ver- 
teuil  )  est  auteur  des  Dialogues  entre 
deux  paroissiens  de  Saint-Hilaire , 
sur  les  ordonnances  de  quelques  évé- 
ques  contre  la  traduction  du  N.  T. 
de  Mons,  1667,  ''""4"'  ^^  in-i2,  où 
ces  ordonnances  sont  attaquées  avec 
beaucoup  de  vivacité.  T — d. 

GIRARD  (Claude),  théologien  du 
parti  de  Pori-Royal,  et  licencié  delafa- 
cultédc  théologie  de  Paris,  doit  surtout 
ce  qu'il  a  de  céle'brilé,  au  choix  qui  fut 
fait  de  lui,  dans  le  feu  des  contesta- 
tions du  jansénisme,  pour  amener  à  un 
accommodement  les  opposants  à  la 
signature  du  formulaire,  et  parvenir  à 
rétablir  la  paix  de  l'Eglise.  Les  assem- 
blées du  clergé  de  France,  de  i656  et 
1660,  avaient  arrêté  que  tout  ecclé- 
siastique serait  tenu  de  souscrire  une 
formule  par  laquelle  on  promettait 
soumission  aux  deux  constitutions, 
l'une  d'Innocent  X,  qui  condamnait 
cinq  propositions  extraites  du  livre 
de  Jansenius  ,  et  l'autre  d'Alexan- 
dre VII ,  contre  ceux  qui ,  en  pro- 
menant  soumissiou   à   la    premicie 


415  GIR 

biMic,  soutenaient  que  ces  proposi- 
lioiii  ne  se  trouvaient  point  dans  le 
livre  de  Janse'nins  ,  ou  qu'elles  n'a- 
Taient  pas  elé  condarnne'cs  dans  le 
sens  de  cet  auteur.  Le  roi,  en  i66ï  , 
avait,  par  un  arrêt  du  consf'il  du  i5 
avril,  autorisé  la  délibération  de  l'as- 
semblée du  cierge' j  et  la  faculté  de 
théologie  de  Pari»»  avait  donné  l'exem- 
ple de  la  soumission  ,  le  2  mai  de  U 
même  année,  par  la  souscrij^tiou  du 
formulaire.  Néanmoins  le  parli  oppo- 
sé n'obéissait  pas,  et  se  jetait  dans  des 
subterfuges.  Ou  eut  quelques  lueurs 
d'espérance  de  pouvoir  étouffer  ces 
scandaleuses  querelles.  M.  de  Choi- 
seid  ,  évêqiie  de  Cominges  et  qui  de- 
puis le  fut  de  Tournai,  s'étant  irou- 
fé  à  Toulouse  avec  le  P.  Ferry,  jé- 
suite ,  un  ami  commun  les  engagea 
à  chercher  un  moyen  qui  rappro- 
chât les  esprits;  l'cvêque  et  le  jésuite 
vinretït  à  Paris,  où  l'on  proposa  des 
conférences.  Il  en  fut  tenu  cinq  de 
suite  en  présence  de  M.  de  Ghoiseid  , 
entre  le  P.  F<  rry  d'une  part ,  et  de 
Fautre  Gir;ird  et  Lalane  pour  les  op- 
posants j  mais  on  ne  put  s'accorder. 
M.  de  Choiseul  proposa  de  s'en  rap- 
porter à  trois  évcques,  savoir  ,  M.  de 
Peiefixe,  depuis  archevê(pie  de  P.tris; 
M.  d'IL- liées,  évêque  de  Laon,  et  lui  : 
ce  moyen  avorta  encore.  Tout  ce 
qu'on  put  obtenir  des  oppos.nils,  fut 
une  procuration  pour  écrire  en  leur 
nom  au  paj)e,  et  l'assurer  de  leur  sou- 
missmn.  Klle  est  du  7  juin  i(3(35,  et 
signée  de  (iirard  et  de  lialane  ;  ils  y 
joignirent  cinq  arti(  le.>  de  dottrine, 
correspondants  auxcinq  propositions. 
Toutes  ces  pièces  fineiil  envoyées  à 
Korne  :  le  p  ipe  les  fit  ex  uniner  par 
des  théologiens  qui  en  tirent  leur  r.»p- 
port  dau-s  une  eongrégifiou  extraor- 
dinaire, «  où  il  fut  résolu  de  no  rien 
répondre  sur  les  cinq  articles,  parce 
qu'ils  étaient   conçus  d'une  manière 


GIR 

ambigiie,  qu'ils  contredisaient  dans  un 
en-lroil  ce  qu'ils  semblaient  accorder 
dans  un  autre,  et  qu'il  paraissait  que  le 
dessein  qu'on  avait  eu  en  les  compo- 
sant, avait  été  d'obtenir  quelques  ré- 
ponses dont  on  pût  tirer  avantage  con- 
tre les  constitutions.  »  (1)  Ainsi  s'é- 
vanouit l'espoir  d'un  arrangement.  Ou 
a  de  Girard  un  compte  rendu  de  ces 
négociations,  sons  le  litre  d"  Relation 
de  ce  qui  s^est  passé  depuis  un  anpour 
terminer  les  contestations  présentes , 
if)63.  I!  avait  paru  du  même  auteur 
un  Eclaircissement  du  fait  et  du 
sens  de  Jansénius  { sous  le  nom  de 
Denis  Uavmoud) ,  en  quatre  parties, 
Cologne,  1660  et  i6()2.  On  lui  attri- 
bue aussi  (oîi  du  moins  il  y  eut  grande 
part),  la  rédaction,  i**.  de  la  Procu- 
ration du  7  juin  ;  i'^.  des  ciwq  u4rti' 
des  y  joints  et  envoyés  à  Rome;  S"*, 
de  la  Déclaration  mi>e  entre  les  mains 
de  M.  l'évêque  de  Cominges,  présen- 
tée au  roi  le  24  novembi  e  de  la  même 
année,  et  vraisemblablement  de  di- 
vers autres  actes  intervenus  dans  la 
même  .ifFaire.  L — y. 

GIKARD  (  Antoine  ) ,  jésuiie  ,  né 
au  diocèse  d'Aulia)  en  iGuj,  mais 
non  à  Corbigny  comme  le  dit  le  père 
Lelong,  entra  dan>  la  société  en  1 6'2  i , 
à  l'âge  de  dix-huit  ans,  et  s'y  attacha 
ensuite  irrévocablenirni  par  l'énnssion 
des  quatre  vœux.  C'était  un  é  rivaia 
non  moms  infatigable  que  pieux ,  qui 
passa  une  vie  assez  longue  à  publier 
nn  grand  nombre  de  livres  de  dévo- 
tioti  de  s;i  composition,  ou  à  en  mettre 
en  français  nu  plus  grand  m>mbre  en- 
core, originairem»  ni  en  langue  laline  ; 
occupation  (pii  lui  fi'  donner  le  sobri- 
quet (h;  le  tourneur  ,  [)aice  (jue  ,  dans 
le  titre  de  ses  lra4ucM(uis,  il  se  servait 
de  l'expression,  tourné  du  latin.  Due 


(1^  !^fiinoire*  pour  fttvir  à  l'fliiloite  eccté' 
tiailiqite  du  ilir'hnitiimt  liiclt  ,  («cgndt  éJi* 
livii  ,  iulruJ.  ,  |>«g.  ccb].xiti. 


GIR 

grande  p.irlic  de  ses  oiivngps  ay.mt 
clc  imprimée  à  Paris,  il  |)iuviîl  qu'on 
doit  CM  coiicliuc  qu'il  a  habile  lonj^- 
Icmps  une  des  maisons  de  jésuites  de 
ctitr  capitale:  cependant  en  »6;4  ^  d 
c'taità  la  Flèche,  il  mourut  vers  i(J8o. 
On  trouve  dans  Solwcl  ,  dans  la  Bi- 
bliollièque  des  auteurs  de  13ourç;ogue, 
et  dau>  IMorcii  qui  a  copié  celle  Bi- 
bliothèque, nue  Ionique  liste  des  ou- 
vrages du  P.  Antoine  Girard  j  nous 
nous  bornerons  à  citer  les  suivants  : 
I.  Les  Combats  mémorables  et  vic- 
toires des  saints  ,  avec  diverses  ima- 
ges, Paris,  i647'  i"-4'-  ''•  ^^^^  Jour- 
née s  mémorables  des  François, Pav'iSy 
niêuie  amice  <  t  même  format ,  fij:;.  III. 
Sommaire  de  la  vie  et  passion  de 
Jésus  -  Chri-it ,  avec  figures,  Paris, 
i65o,  iufol.  1 V.  Les  Peintures  sa- 
crées de  la  Bible ^  etc.,  avec  figures, 
in-t'ol.  et  in-1'2.  V.  Recueil  des  épî- 
tres  et  évangiles  de  toute  Vannée , 
imprimerie  du  Louvre,  1661  ,  in-4". 
VI.  Idée  d'une  mort  pieuse  et  chré- 
tienne y  dans  l histoire  de  la  mort  de 

-Louis  XIII,  tirée  d'un  lecueii  du  P. 
Jacques  Ditiet,  qui  avait  assisté  ce 
prince  à  la  mort,  imprimerie  royale, 
i656,  in- fol.  VU.  Trois  ouvrages 
traduits  du  I  itm,  du  jésuite  Drexelius, 
savoir  :  Le  Bûcher  des  damnés  ;  la 
Peinture  de  la  miséricorde  de  Dieu, 
ou  les  joies  du  Paradis ,  et  {^Hélio- 
trope,  1 653-1 609  1640.  VIII.  Les 
quatre  livres  de  l'Imitation  deJ.  C, 
sous  le  nom  de  Gerson,  Paris,  1641, 
in-8  '.  ,  imprimés  un  grand  nombre 
de  fois.  On  a  reproché,  avec  raison, 
au  P.  Girard  de  rinex.a<"lilude  surtout 
dans  la  manière  de  rendre  certains 
passages  relatifs  à  la  grâce.  Au  reste  , 
celte  traduclion  a  encore  été  qucique- 

.  fois  réunpriiuée  dans  le  xvin  .  siècle. 
IX.  ] 4^ Histoire  de  Josaphat^  roi  des 
Indes,  tra  iuitede  St.  Jeau-Damascè- 

I  ne,    1643  ,    in-  r2.    X.  Les  vies 


a 


w 


Paris,  '2 


GTR 

des  Saints  de  llibadcuéira, 
vol.  in -fol.,  réimprimées  plusieurs 
fois. — Jean  Gm\uu,  aussi  jésuite,  né 
au  diocèse  de  Mctzen  1  ^70,  et  admis 
dans  la  société  en  i5S8,  y  cnseignt 
les  humanités,  la  ]»hi!osoj)hie  et  la 
théologie,  et  s'y  dislmgua  plus  encore 
par  son  zèle  pour  le  salut  des  amcs. 
Il  le  faisait  surtout  éclater  dans  les  pri- 
sons, qu'il  visitait  souvent,  et  où  il  joi- 
gnait l'instruclion  aux  consolations.  Il 
mourut  àPonlaillier  en  Bourgogjie,  le 
29  septembre  i634.  On  a  de  lui  des 
Pièces  de  poésie  ,  des  Cantiques 
spirituels ,  et  beaucoup  de  livres  de 
dévotion,  tous  imprimés  à  Paris,  chez 
Graraoisy.  L — y. 

GIKAHD  (Jean),  de  Villelhierri, 
prêtre  de  Paris,  mourut  dins  celte 
ville  ,  en  1709,  à  68  ans.  Ce  digne 
et  respectable  ecclésiastique  parta- 
gea toute  sa  vie  entre  les  devoirs  de 
son  état,  qu'il  remplit  avec  une  édi- 
fication exemplaire ,  et  la  composilion 
d'un  grand  nombre  d'ouvrages  de 
piété,  sur  les  obligations  de  toutes  les 
conditions,  qui,  recueillis,  pourraient 
composer  un  corps  de  morale  prati- 
que pour  tous  les  états  de  la  société. 
On  y  trouve  de  l'onction  ,  des  lumiè- 
res, delà  solidité;  c'est  toujours  en 
s'étayant  de  l'autorité  de  l'Écriture 
sainte,  des  Pères  et  des  conciles,  que 
l'auteur  propose  les  règles  que  chacun 
doit  suivre.  Il  y  règne  une  noble  sim- 
plicité qui  convient  à  cette  sorte  de 
livres.  En  voici  les  titres  :  I.  Le  vé- 
ritable Pénitent.  IL  Le  chemin  du 
ciel.  \\\.  La  vie  des  vierges.  IV.  Celle 
de<;  gens  mariés ,  des  veuves ,  des 
religieux ,  des  religieuses,  des  riches, 
des  pauvres ,  des  clercs ,  de  Jésus- 
Christ  dans  V EuchariAie ,  de  St.- 
Jean  de  Dieu ,  des  justes  ,  des  saints. 
V.  Tr;iité5  de  la  vocation,  de  la  flat- 
terie, de  la  médisance ,  des  églises 
et  des  temples  ,   des  vertus  théolo  - 


448  GIR  GIR 

gales.  Wl.  Le  Chrétien  étranger  sur  de  dix-huit  ans,  d\me  famille  hoiv 

ia  terre.  VIL  Le   Chrétien  dans  la  nêfe  et  d'une  beauté'  peu  commune. 

tribulalion.Lesleclcurs  qui  cherchent  Cette  jeune  personne,  douée  d'une 

de  l'esprit  dans  les  livres  de  piété',  ne  imagination  vive,  exaltée  par  la  lecture 

seront  pas  satisfaits  de  ceux  de  M.  de  impruilente  des  livres  ascétiques  les 

Villethicrri ,  qui  paraît  s'être  appli-  plus   remplis   d'une  fausse    spiritua- 

qué  a  dire  des  cliosf^s  utiles  et  solides,  lilé  ,  portait  à  l'excès;  toutes  les  pra- 

plutot  qu'à  en  dire  de  neuves.  T-d.  tiques  de  dévotion.  Elle  passait  dans 

GIRARD  (Jean-Baptiste),  jésuite,  son  quartier  pour  une  sainte,  et,  se 

devenu   si  malheureusement  célèbre  berçant    de   toutes   les    illusions    du 

par  une  des  accusations  les  plus  Scan-  quiétisme,    ne    parlait  que    des  mi- 

daleuses  qui  aient  jamais  retenti  de-  racles  dont  elle  croy»it  être  l'objet, 

vaut    les    tribunaux,    était   né,  vers  Le  père  Girard,  fl.itté  d'avoir   une 

1680,  à  Dole,  en  Franche-Comté,  pénitente  d'une  sainteté  aussi  relevée, 

de  parents  honnêtes,  et  qui  ne  né-  parut  ajouter  foi  aux  visions  qu'elle  lui 

gligcrent  rien  pour  lui  donner  une  racontait,  et  l'encouragea  par-là  à  de 

bonne  éducation.  Après  avoir  terminé  nouvelles   extravagances.  Elle  passa 

ses  études,  il  fut  admis  dans  la  so-  le  carême   de    l'année    i-jSo  ,  sans 

ciété,  et  chargé,  quelque  temps,  de  prendre  presqu'ducnne  nourriture:  un 

régenter  les  basses  clas-^es  dans  diffc-  jeûne  si  rigoureux  Taffiiblit  au  point 

rents  collèges:  il  professa  ensuite  les  qu'elle  ne  pouvait  plus  sortir  de  son 

humanités  et  la  philosophie  avec  beau-  lit;  et ,  dans  cet  état ,  elle  cul  de  fré- 

coup  de  succès,  et  enfin,  de  l'avis  de  quentes  extases  ,  pendant  lesquelles 

ses  supérieurs  ,  se  consacra  à  la  pré-  elle  disait  entendre  des  voix  du  ciel 

dication.  Un  bel  organe,   un   débit  qui  lui  prescrivaient  la  cond  lite  qu'elle 

agréable,  l'art  de  persuader,  et  celui  avait  à  tenir.  Le  vendredi  saint,  elle 

d'émouvoir  ses  auditeurs;  telles  étaient  fut  trouvée  le  visage  couvert  de  sang  ; 

les  qualités  qui  faisaient  espérer  que  et  elle  assura  que  ce  sang  provenait 

le  père  Girard  parcourrait  avec  hon-  d'une  plaie  au  coté  gauche,  que  lui 

iienr  celte  nouvelle  carrière.  Il  avait  avait  faite  un  ange  pendant  sou  som- 

déjà  prêché  dans  les  principales  villes  meil.  f.e  père  Girard  se  montra  incré- 

du  Ilaul-Languedoc  et  de  la  Provence,  dulc  pour  ce  nouveau  miracle  :  il  s'en- 

lorsqu'il  fut  envoyé  à  Aix  en  1718.  Sa  ferma  avec  sa  pénitente,  et  vil  elfecli- 

répnlation  l'y  avait  précédé;  et  il  Tac-  vement  la  plaie;  mais  il  devina  aussi 

crut  encore  pendant  dix  années  qu'il  la  supercherie,  et,  dès  ce  moment,  il 

demeura  dans  celle  ville,  séjour  or-  chercha  à  rompre  avec  une  personne 

dinairc  des  hommes  les  ])his  instruits  quipouvaitluireprochcrderavoirsou- 

tl  les  i)lus  spirituels  de  la  province,  tenue  dans  scséi;arements.  ïiaCadière, 

Au  bout  de  ce  temps,  il  fut  nommé  piquée  du  refroidissement   du    père 

recteur  du  séminaire  roval  de  la  ma-  Girard, alla  trouver  le  prieur  du  cou- 

rinc  à  Toulon;  et  c'est  ici  (pie  coin-  veut  de^  Carmes,  janséniste  connu, 

menée  le  récit  de  l'aventure  déplorable  cl  grand  ennemi  des  jésiHtes.  Ce  reli- 

qui,  en  empoisonnant  sa  vie,   lui  a  gieux,  après  l'avoir  entendue  en  e(ui- 

laissé  une  réputation  douteuse.  Parmi  fession,  l'engagea     à  répéter    pnrde- 

les  pénitentes  cpii  s'empressèrent  de  vaut  témoins,  ce  (juVIIc  lui  av.iil  dit 

choisir  le  père  Girard  pour  directeur,  de  ses  rapjiorts  avec  son  ancien  direc- 

il  distingua  Catherine  Cadièrc,  ù;^ée  leur.  Les  jésuites  crurent  prcvcnii- la 


OIR  GIR  449 

scandale,  en  ohlcnant,  rontrc  la  Ci-  tîonnaire  du  Cdillcau  (tome  3,  p.ige 

fliôrc,   un    oiiiie  de  icclu^ion     anx:  /|56j ,  à  Lebcl  (ou  Bel),  écrivain  peu 

Ursiilmes ,  avec  défense  de  la  laisser  connu,  ri  qui  ^   suivant    M.   Barbier 

communiquer  au-ddiors.    Cet  abus  {Dictionnaire  des  anonym.)^  a  eu 

d'autorité  fut  dénonce;  et  un  arrêt  du  part  au  Dictionnaire  nénlogique ,  pu- 

conscil  d Vlat  altiibua  au    parlement  b!ie  par  l'ablie  Desfontaines.  On  doit 

d'Ai\  l'instruction  d'une  affaire  qu'il  ajouter,  pour  compléter  cette  notice 

et. lit  devenu  impossible  de  der(jber  à  bibliographique ,  qu'il  y  a  des  exom- 

la  connaissance  du  public.  La  Gadière  plaires  de  T'cdilion  ,  in-fol.,  du  /Vo- 

présenta  alors  une  requête  de  plainte  ces  du  père  Girard  j  avec  des  gra- 

contre  le  père  Girard,  qu'elle  accusa  vnres  obscènes,  et  que  l'extrait  de 

de  séduction,  d'inceste  spirituel,  de  cette  procédure  forme  le  second  vo- 

magie  cl  de  sorcellerie.  Le  procès  fut  lume  des  Causes  intéressantes ,  par 

instruit;  cl  après  de  longs  et  tumul-  Ricbcr.  W s. 

tueux  débats,  un  arrêt  du  10  octobre  GIRARD  (Gabriel),  l'un  des 
inSi  mit  le  père  Girard  hors  de  grammairiens  français  les  plus  distin- 
cour  et  de  procès,  à  la  majorité' d'une  guës,  naquit  àClermonten  Auvergne 
scnle  voix,  puisque,  sur  vingt-cinq  versi677. Pourvu  de  très  bonne  heure 
juges,  douze  le  condamnèrent  à  être  d'un  canonicalà  la  coilègialedeNotre- 
brûle  vif.  La  Cadièrefulrcnvoyéeà  sa  Dame  de  Monl-Ferrand  ,  son  goût 
mère,  avec  invitation  de  surveiller  sa  pour  les  lettres  lui  fît  re'  i^ner  ce  be'- 
conduite  de  plus  près.  La  haine  du  nefîce  à  son  frère;  et  il  vint  à  Paris 
peuple  contre  le  père  Giraid  se  ma-  pour  se  livrer  entièrement  à  leur 
nifcsta  par  toutes  sortes  d'excès;  il  culture.  Il  joignit  à  la  connaissance 
quitta  secrètement  Toulon  ,  se  rendit  des  langues  anciennes  ,  celle  de  plu- 
à  Lyon,  et  de  là  à  Dole ,  où  il  mourut  sieurs  langues  vivantes,  entre  autres 
deux  ans  après ,  le  4  juillet  i  753.  Il  se  de  l'esclavon  et  du  russe.  Les  liaisons 
prépara  à  la  mort  par  beaucoup  de  qu'il  forma  à  cette  occasion  et  l'arae'- 
bonnes  œuvres  ;  et  une  lettre  du  préfet  nité  de  son  esprit ,  lui  procurèrent  U 
du  collège  des  jésuites  de  Dole ,  porte ,  place  de  secrélaire-interprète  du  roi 
«  qu'avant  de  recevoir  le  saint-via-  et  la  fonction  de  chapelain  de  la  du- 
»  tique,  il  déclara,  en  présence  de  chesse  de  Berri ,  fdie  du  re'f^ent.  C'est 
»  toute  la  communauté  assemblée,  dans  ces  emplois  ,  qui  lui  laissaient 
»  que,  quoiqu'il  fût  un  grand  pécheur,  du  loisir  pour  l'étude  ,  que  son  esprit 
V  i[  n'était  tombé  dans  aucun  des  d'observation  et  d'analyse  eut  le  temps 
î)  crimes  affreux  dont  on  l'avait  ac-  et  la  facilité  de  ^e  développer  parla 
î)  cusé.»  On  a  recueilli  toutes  les  pièces  réflexion.  L'abbé  Girard,  frappé  de 
du  Procès  du  père  Girard^  »7^ï  ?  celle  vérité  générale,  entrevue  par 
deux  volumes  in-fol.,  et  la  Haye,  Fénélon  dans  ses  Dialogues  sur  té^ 
même  année,  huit  volumes  in-iSi  Ou  loquence  ,  qu'il  n'y  a  pomt  de  mots 
a  joint  à  celte  édition  une  comédie  en  parfaitement  synonymes,  l'exposa  dans 
trois  actes,  mêlée  de  vaudevilles ,  in-  l'ouvrage  qu'il  publia  en  1718,  sous 
titulée:  Le  Ncweau^  Tarquin;  ctUc  ce  litre:  La  justesse  de  la  langue 
espèce  de  farce ,  qui  n'est  m  spirituelle  française ,  ou  Les  différentes  signi- 
ni  comique ,  a  été  réimprimée  séparé-  fications  des  mots  qui  passent  pour 
ment,  Amsterdam,  Desbordes,  i  ^32,  sj  nanymes ;  ouvrage  qu'il  reproduisit 
in- 12.  Elle  est  allribuée  dans  le  Z^ic-  avec  des  augmentations  et  de  nou- 


XYII* 


»9 


45o  C I R 

veaux  développements,  en  1756,  SOUS 
le  tilre  de  Synonymes  français.  Mé- 
nage et  Bouhours  avaient  bien  assigné 
la  différence  partjculière  de  quelques 
synonymes  ;    mais   ils   nVn   avaient 
point  étendu  l'idée,  en  l'appliquant  à 
Ja  considération  générale  des  mots  re- 
gardés comme  tels,  a  La  ressemblance 
))d'un  mol  avec  d'autres,  dit  l'abbé 
»  Girard ,   n'cmbr^isse  pas  toute  l'é- 
»  tendue  de  la  signification  ;  elle  con- 
»  siste  dans  une  idée  puncipale  que 
»  tous  énoncent ,  et  que  chacun  diver- 
»  sifie  par  une  idée  accessoire  qui  lui 
»  donne  un  caractère  propre  et  singu- 
»  lier.  »  C'est  en  réunissant  sous  le 
même  article  les  mots  qui  semblent 
synonymes,  c'est  tn  les  mettant  dans 
le  jour  qui  les  distingue  le  mieux ,  que 
l'auteur  en  fait  ime  analyse  comparée, 
où  les  nuances  des  mots,  saisies  pres- 
que toujours  avec  justesse,  sont  ex- 
primées finement,  et  rendues  sensibles 
par  des  exemples  composés  avec  au- 
tant d'esprit  que  de  goût.  Dès  la  pre- 
mière édition,  cet  ouvrage  dont  te  pro- 
jet était  neuf  et  l'exécution  supérieu- 
rement traitée ,  fut  généralement  ac- 
cueilli. Lamottc,  appréciateur  sévère, 
jugea  dès  lors  que  l'académie  française 
ne  pouvait  que  s'honorer  d'admettre 
l'auteur  parmi  ses  membres.  Eu  effet , 
la    voix   des   académiciens   les  plus 
éclairés   l'y  appelait.  Mais  un  usage 
consacré  par  des  règlements  n'en  ou- 
vrait l'accès  qu'aux  déruirches  préala- 
bles de  l'homme  de  ^énie;  tandis  que 
Louis  XIV,  moins  difficile  que  le  corps 
académique, allait  chercher  au  loin  le 
mériie  ob-icur.  Dumarsjis  ,  niallieu- 
leux  et  délaissé,  ne  fut  point  de  l'aca- 
démie ;  et  l'on  ne  doit  pas   s'étonner 
qip  Girard  tartl.ll  si  long-temps  à  se 
mettre  sur  les  rangs.  Il  céda  enliriaux 
reproehesde  sesamis,  qui  taxaient  sa 
liniidité  d'indolence.  Son  amoiu-pro- 
pre ,  ranimé  par  leurs  vives  lujdanccs , 


GïR 

trlomplia  de  sa  modestie.  Néanmoins     , 
les  démarches  de  l'auteur,  plus  que 
sexagénaire  ,  et  dont  l'ouvrage,  fruit 
d'un  esprit  mûr,  était,  par  son  uti- 
lité reconnue  pour  le  dictionnaire  de 
la  langue,  acquis  depuis  long-  temps 
à  l'académie  française,  furent  d'abord 
infructueuses:  Girard  ne  lai.«sa  pas  de 
louer,  avec  bonne -foi,  ses  concur- 
rents plus  heureux,  en  justifiant  avec 
noblesse  les  motifs  de  leur  adoption. 
Cependant  quels  titres  pouvaient  balan- 
cer l'ouvrage  dont  Voltaire  a  porté  ce 
jugement ,  que  les  Synonymes  subsis- 
teraient autant  que  la  langue  ,  et  servi- 
raient même  à  la  faire  subsister  I  Mais 
des  académiciens  qui  se  piquaient  ex- 
clusivement de  grammaire, tâchèrent ,, 
dit-on  ,  d'éloigner  un  émule  dont  leur 
médiocrité  redoutait  la  comparaison. 
Enfin  le  suffrage  universel  du  public 
décida  celui  de  l'académie  ;  et  Girard 
fut  nommé,  en  1744»  ^  '^  place  de 
l'abbé  de  Rothelin.Son  ouvrage,  de- 
venu dès  l'origine  un  livre  classique , 
parut  un  trait  de  lumière  pour  tons 
les  écrivains,  soit  français  ,  soit  étran- 
gers, qu'ail  éclaira  sur  les  finesses  de 
l'expression  ,    aperçues  plutôt ,  jus- 
qu'alors ,  par  une    sorte  d'instinct , 
que  par  une  vue  réfléchie.  Bientôt  les 
Allemands  et  les  Anglais  eurent  aussi 
leurs   synonymes.   Les  anciens  n'a- 
Taient  laissé  eu  ce  genre  que  des  frag- 
ments dans  ce  qui  nous  reste  de  leurs 
grammairiens.  Un  auteur  moderne  .i 
rempli  cette  lacune  pour  le  latin.  (  f . 
Gahdin  DuMESNiL.  )  Lcs  ciieyclopé- 
disles  eux-mêmes  ne  manquèrent  pas 
de  doimer  les  différenecN  des  termes 
synonymes  que  Girard  n'av.tit  point 
épuisés.  Malgré  de  tels  litres  d'admis- 
sion à  l'acidemie,  l'abbé  Girard  ne  se 
crut  pas  dispensé  d'y  en  ajouter  de 
nouveaux.  Ce  même   esprit  de    rë- 
fle\i()n  qui  lui  avait   fiil  si    l>»en  dis- 
lui^ruer    les  différentes    modiliculions     j 


flu  l.inç;.ip;o,  le  porta  à  rcclicrclicr  , 
par  l'aihiUsc  lo^iijur,  les  règles  de 
l.i  laiii;ne  iV.iiiçaiic  elle-mèino  ,  à  les 
classer  niethoiliqiieiuenl ,  et  à  les  ré- 
duire eu  prinei[)es.  Ce  motif  lui  fit 
produire,  eu  17^7,  un  ouvraj;e  sous 
le  titre  de  Frais  principes  de  la  lan- 
e^ue  f-  ancaisc,  ou  la  Parole  réduite 
en  méthode  conformé  nient  aux  lois 
dei*usage.  Si  cet  ouvrage  n'a  pas  paru 
remplir  en  entier  l'objet  que  Tauleor 
se  proposait  ,  on  ne  peut  nier  qu'il 
n'offre  beaucoup  de  vues  neuves  et  iu- 
gcnii  uses,  et  une  grande  connaissance 
du  cju'actèrc  de  la  langue.  Dumarsiis, 
de  son  cote  ,  s'est  élevé  à  une  the'orie 
nouvelle,  miis  ])lus  métaphysique, 
peut-être,  que  grammaticale.  Girard 
a  ,  sur  ses  prédécesseurs ,  le  mérite 
d'avoir  établi  un  système  plus  con- 
forme au  génie  des  langues  modernes, 
ïl  asu  afFianchir  Ki grammaire  française 
des  méthodes  latines.  Il  a  joint  la  rai- 
son à  l'usage  ;  il  n'a  point  plié  la  règle 
à  i'exempie  ,  mais  fait  servir  l'exemple 
à  l'appui  de  la  règle.  Il  a  enfin  dé- 
brouillé le  chaos  de  la  proposition 
grammaticale,  a  exprimé  par  des  déno- 
minations plus  ana'oçî,ues  les  fondions 
des  mois ,  et  mieux  déterminé  leur  em- 
ploi dans  la  construction  de  la  phrase. 
Si  ses  dénominations  on  ses  analyses 
sont  défectueuses  à  quelques  égaids  , 
il  a  rais  sur  la  voie  ceux  qui  sont  ve- 
nus après  lui  j  et  souvent  ils  n'ont  fait 
que  développer  ses  principes  ,  dégui- 
sés q«ielquefoi>  chez  lui  sous  un  style 
moins  simple  que  brillant,  ou  perdus 
dans  un  ouvrage  dont  la  lecture,  par 
le  défiut  de  subdivisions,  lasse  la  pa- 
tience franc  lise.  Lorsqu'on  lui  repro- 
chait la  bigarnue  de  ce  style  doi:t  les 
méta|)lior('S  contrastent  avec  la  sévé- 
rité du  sujft  ,  il  répondait  :  J'ai  mis 
cela  pour  les  femmes.  Au  reste  ,  cette 
I épouse  prouve  qu'il  n'a  em[)loyé  le 
style  figuré  qu'accidentellement.    Un 


GÎU  45i 

reproche  plus  sérieux,  mais  que  nous 
n'avons  point  trouvé  fondé,  ce  ser.dt 
d'avoir,  dans  les  exemples  qu'il  pro- 
pose, énonce  des  assertions  contraires 
aux  idées  religieuses  et  à  la  spirituali- 
té de  l'amc  (i)  :  et  d'Alembert  n'a  pas 
manqué  de  relever  malignement  l'ac- 
cusation ,  en  ajoutant  que  l'abbé  Gi- 
rard ne  fut  [las  inquiété  parce  qu'il 
présentait  à  la  censure  trop  peu  de 
sut  face  par  son  obscurité.  Cependant 
î>i  les  Principes  de  la  langue  fran- 
çaise y  à  cause  de  la  nature  du  sujet, 
n'(uit  p'.int  eu  le  succès  des  Sjyno- 
njmes  ,  ils  ont  «  u  l'honneur  d'être 
conlM'faifs  dans  l'étr.ujger,  et  ont  été 
bien  connus  de  nos  grammairiens. 
Duclos  l'avait  prévu  ,  en  disatit  de 
cet  ouvrage  :  C'est  un  livre  qui  fera 
la  fortune  d'un  autre.  L'abbé  Gi- 
rard s'était  proposé  de  donner  une 
nouvelle  édition  fort  augmentée  de  ses 
Sjnnnjmes.  11  mourut  le  4  février 
1748,  avant  d'avoir  exécuté  ce  projet. 
Environ  quatre -vingts  synonymes 
laissés  par  l'auteur,  et  la  table  alpha- 
bétique d'un  grand  nombre  d'autres 
qu'il  avait  dessein  de  traiter,  ont  été 
recueillis  par  Bcauzée  ,  qui  en  a  lui- 
même  dounéde  nouveaux,  en  y  réu- 
nissant ceux  de  Duclos ,  de  d'Alem- 
bert et  de  Diderot,  dans  l'édition  qu'il 
a  mise  au  jour  en  Î769.  L'abbé  Hou- 
baud  en  a  ajouté  d'autres  ,  et  a  jùnt 
aux  synonymes  d<'S  explications  tirées 
de  leur  étyraologie  et  de  'eur  :a'ine. 
Un  Dictionnaire  universel  en  a  offert 
le  recueil ,  Paris,  i8u8  ,  2  vol.  in- 12. 

(i)  Dpux  seuls  pAssag-s  peuvent  avoir  «lonné 
lieu  à  celte  imputai  ion  injurieuse  :  «  Tout  est 
>>  C"njpclur,il ,  excepté  les  seiis.i  ious  et  les  àé- 
»  monstre  lions  gr-omiirlipitts.  i>  1^  Tom  H  ,  p.  iq?..) 
«  La  plus  gr.inde  parti,  de  ce  iju'ofl  écri'  "tou- 
»  ch.int  la  religion  .  c'>ntribiit-  plus  à  la  renilre 
>>  priiliL-malique  qui-  certaine.  >•  (  ll>iil.  ,  p.  iq;î.  \ 
Ces  pissages,  entenilus  auirenienl  que  par  rap- 
jior:  a  la  science  nu  a  la  raison  iiuin  i  ne  ,  ont  pu 
être  mal  intfrpri;lé<  p.T  A:  s  e»  >ri.s  prcvenus  ou 
«le  n1^uvalse  foi.  Si  l'abbé  Girard  eûi  éic  du  parti 
philosophique  ,  d'AUmbert  s'aurait  pas  manqué  de 
le  prôner. 


4^2                 G  î  R  G I R 

Mais  M.  Giiizot  a  publie  un  Nouveau  GlRARDET(jEAN-BAPTisTE),doc- 
Dictionnaire  universel  des  sj'nony-  leur  en  médecine  à  Lons-le-Saiinier , 
mes ,  mis  en  meilleur  ordre  ,  aug-  ddus  le  xvii".  siècle,  est  auteur  des 
mente'  d'une  grande  quantité  de  sy-  druK  ouvrages  suivants  :  I.  OEuvres 
jionymes  nouveaux  ,  et  précédé  d'une  diverses  où  Von  remarque  plusieurs 
Introduction  y  Paris,  i8og,  a  par-  traits  des  Histoires  saintes ,  prof anes 
ties  in  -  8".  de  1007  P'^g^*^*  Outre  et  naturelles,  Lyon  (1675)  in-12. 
les  deux  ouvrages  priucipjux  de  l'ab-  Girardet  avoue,  dans  sa  préface, 
bé  Girard ,  on  lui  doit:  I.  Vortho'^ra-  qu'il  a  rapporté  plusieurs  traits  qu'on 
phe française  sans  équivoque  et  dans  a  déjà  pu  voir  ailleurs;  mais  l'abbc 
ses  principes  naturels,  Paris,  17  lO,  d'Arliguy  dit  qu'd  n'a  fait  qu'abréger  les 
in-i'2  :  ce  livre,  adressé  en  forme  de  leçons  de  Pierre  Messie,  qu'il  a  gros- 
Jetlres  à  un  ami  ,  est  agréablement  sièremcnt  pillé  sans  le  nommer,  se 
écrit;  et  les  innovations  qu'il  propose  contentant  de  changer  les  mots  vieillis 
comme  plus  conformes  à  l'analogie  de  l'ancienne  traduction  française  aux- 
ou  au  bon  usage  ,  ont  été  la  p!up  irt  quels  il  en  a  substitué  d'autres  beau- 
adoptées.  U.  Une  traduction  française  coupmoinsexprcssifs.Quelquesexem- 
de  \^  Oraison  funèbre  de  Pierre-le-  pbires  portent  la  date  de  1684;  mais 
Grand,  composée  en  russe  par  i'ar-  ils  ne  diftcrcnl  des  premiers  que  par 
chc'vè  |ue  de  INovogorod,  Ttïéophane  la  réimpression  du  frontispice  et  des 
Procopnwicli ,  Paris,  1726.   G — ce.  pièces  préliminaires.  II.  Ztf  Miracle 

GIK  \RD  ( ) ,  curé  de  St.-  de  la  nature  ou  la  guérison  de  toutes 

Loup,  au  xvin".  siècle,  ne  nous  t■^t  sortes  de  maladies  par  l'usage  des 
connu  que  par  l'ouvrago  intitulé  :  Les  eaux  de  Louverot ,  près  de  Lons-le^ 
Petits  Prônes, ou  Instructions fami-  Saunier ,   Besançon,    1677,   in- 1*2. 
îières  pour  les  peuples  de  la  cam~  CcluuvragePstiUvisëeuqiKUre parties, 
crtg^ne,  Lyon,   1753,   1760,  «7(36,  dans  lesqu  Iles  Tanleur  traite  de  la  dé- 
huit volumes  in-r2;  Bruxelles,  1769,  couverte  des  eaux  de  Louverot,  de 
quatre  vol.  in-i2.  Ce  recueil  peut  être  leurs  propriétés  ,  et  de  la  manière  de 
fort  utile  aux  jeuiies  ecclésiastiqut'S,  les  prendre.  La  quatrième  partie  con- 
anxpiels   il  est   principalement   des-  tient   la  déicnsc  des  eaux  minérales 
tiné:  le  sty'e  en  est  simple  et  rl.iir;  et  contre  ceux  qm  en  blâment  l'usagi .  Il 
les  matières  Us  plus  relevées  de  la  reli-  ne  put  copendant  réussir  à  nielire  en 
gion  y  sont  mises  à  la  por'ée  des  audi-  réputtlion  les  ruix  le  Louveri.l ,  qui 
leurs  les  moins  instruits.  Il  a  eu  beau-  n'oiil  jam  lis  été  fiequ»  niées.      W — s. 
coup  de  succès,  comme  le  prouvent  (ilRAKl-KT  (Jeaw),  peintre,  né 
les  nombreuses   éditions  qui  en  ont  àLuuéville,  le  iT)  décembre  1709, 
été  fûtes  eu  peu  d'années;  et  il  a  été  fu'  d'abord  destiné  à  l'étal  cerlésias- 
traduil  en  latin  sous  ce  titre  :  Concio-  tique;  au  sortir  du  rol!ég'',  il  fut  rn- 
nes  in  dominicas  et  (esta  usai  para-  voycà  Ponl-à-Munssou,  pour  f  uresoii 
choruni,  Au^sbour^,    i  70() ,   quilre  cours  de  droit:  il  l'interioinpit  pour 
volumes  iu  H".  (i'e4  par  erreur  ([u'ou  entrer  dans  un  n-gimenl  de»avai<  lie, 
a  avancé,  dans  quelques  ouvrages,  que  ou  il  avait  obleiiu  une  cornette;  mais 
(lirai-détail  curé  dans  le  diorî-sc  de  il  ne  l  irda  p.ix  à  donner  sa  démivsion, 
Jk'sançon  ;  l'auteur  de  la  A''/'//or^Rvy//(,'  Ainsi,   avant  l'à^c  de  vin;;l  ans,  il 
des  prédicateurs  j  dit  qu'il  élru'l  du  avait  essayé  ne  tous  les  états,  sans 
diocèse  de  Lyon.                 W — s.  pouvoir  se  fixer  à  aucun.  Mais  la  ua- 


G  111 

turc  raVc'iil  fait  peintre.  Depuis  son 
«'iil'iMCf ,  il  cinYonii.iit  avec  C.irililc 
luulcs  sorles  de  sujets.  Cl. unie  Char- 
les ,  prolesscur  de  dessin  à  Nanci, 
vit  quelques  -  unes  de  ses  chouclies, 
les  luu;i,  cl  deUrniina  ses  parents  à 
le  laisser  suivre  une  carrière  qu'il  de- 
vait parcourir  avec  honneur.  Gir-ir- 
del  entra  donc  dans  l';ilelier  de  Ciiar- 
Jes  ,  et  s'appliqua ,  des  ce  moment, 
à  la  peinture  avec  une  ardeur  qui  ne 
se  ralentit  janwns.  Il  fit  ensuite  un 
voyaf^e  eu  Italie,  où  il  demeura  huit 
années  uniquement  occupe  d'e'ludier 
les  chefs  -  d'œuvrc  des  grands  maî- 
jres.  A  son  retour  ,  le  duc  François 
m  de  Lorraine  le  chargea  d'exëcu- 
ler  différents  tableaux  ,  qui  commen- 
cèrent sa  réputation.  Lorsque  la  Lor- 
raine fut  réunie  à  la  France,  Girardct 
suivit  son  protecteur  à  Florence,  et 
traviilla  aux  peintures  à  fresque,  qui 
décorent  la  grande  galerie.  L'altaclie- 
incnt  qu'il  conservait  pour  son  pays, 
l'y  ayant  rrimené,  le  roi  Stanislas  se 
l'attacha  en  le  nommant  son  premier 
peintre,  et  lui  donna  constamment 
des  preuves  fie  son  alTcetion.  En  1762, 
i!  peignit  à  fresque  un  sallon  dans  le 
palais  de  S'.uttgard.  Cet  artiste  e'tait 
extrêmement  laborieux;  et  comme  il 
travaillait  très  vite,  il  mettait  un  prix 
très  bas  à  ses  ouvrages  :  il  avait  en- 
trepris, pour  les  chanoines  de  Ver- 
dun, une  Annonciation;  lorsqu'elle 
fut  livrée  ,  les  chanoines  voulurent 
faire  une  diminution  sur  le  prix  ,  qui 
avait  été  fixé  à  trois  cents  francs.  Gi- 
rardct, piqué,  déclara  qu'il  s'en  rap- 
porterait à  la  décision  de  l'académie 
royale  i\c  peinture.  L'académie  con- 
damna les  chanoines  à  payer  le  double 
de  la  somme  demandée ,  et  adressa  en 
même  temps  à  Gnardcl  un  diplôme 
d'ass(jcié.  L'excès  du  travad  altéra  sa 
s.inîë  :  des  m  iladies  longues  et  coû- 
teuses absorbèrent  une  paiùe  de  sa 


G  T  R  455 

fortune  déjà  diminuée  par  sa  généro- 
sité envers  eeux  de  ses  élèves  en  qui 
il  reeonnaiss.iii  du  talent.  Il  mourut  à 
INanci,  le  uH  septembre  i7';8,  et  fut 
inhumé  dans  l'église  Saint-Séb.»stien  , 
où  ses  amis  lui  élevèrent  un  tombeau. 
Il  est  peu  de  villes  de  Lorraine  qui  ne 
possèdent  quelques-uns  de  ses  ta- 
bleaux. On  en  trouve  à  Metz,  Com- 
merci ,  Ponlà-Monsson  ,  Ste.-Marie- 
aux-IVIines,  Verdun,  Nanci  ,  Luné- 
ville,  etc.  Sa  Descente  de  croix ^  qu'on 
voyait  autrefois  dans  une  des  églises 
de  JNanci ,  passe  pour  son  chef-d'œu- 
vre. Son  portefeuille,  contenant  une 
grande  quantité  de  dessins  d'un  fini 
j)récieux  ,  a  été  acquis,  après  sa  mort, 
par  M.  Pergaud,  peintre  à  Lunéville. 

W— -s. 
GIRÂRDET  (Pierre- Alexis),  jé- 
suite, né  en  17^5  à  Nozeroy,  petite 
ville  de  Franche -Comté,  professa  la 
rhétorique  avec  distinction  à  Stras- 
bourg et  à  Dijon ,  pendant  plusieurs 
années.  11  quitta  la  société  à  raison 
de  la  délicatesse  de  sa  santé ,  obtint 
un  canonicat  du  chapitre  de  Noze- 
roy ,  en  fut  nommé  doyen  ,  et  mourut 
le  1 3  mars  1 789  ,  à  l'âge  de  soixante- 
six  ans.  C'était  un  homme  très  sa- 
vant et  très  laborieux  j  il  s'était  parti- 
culièrement appliqué  à  l'étude  du 
grec  et  de  l'hébreu,  et  possédait  une 
collection  précieuse  des  meilleurs  ou- 
vrages dans  ces  deux  langues.  On  a 
de  lui  :  Noui>eau  Système  sur  la. 
mytholog^ie,  Dijon,  1789,  in-4*'.  H 
y  traite  du  Bethelisme y  c'est-à-dire, 
du  lieu  qu'habitait  le  Seigneur  lors- 
qu'il gouvernait  lui  -  même  le  peuple 
qu'il  s'était  choisi;  et  il  cherche  à 
prouver  que  toutes  les  religions  ont 
tiré  leur  origine  de  celle  des  Juifs.  Il 
y  a  heaucoup  d'érudition  dans  cet 
ouvrage  ;  mais  les  faits  y  sont  mal 
classés  ,  et  le  style  en  est  peu  agréa- 
ble. On  conserve  à  la  bibliolhc<^ue  pii» 


454"  GIR 

blique  de  Besançon  la  seconde  partie 
de  cet  ouvrage  en  mauiiscrit  ,  avec  le 
privilège  pour  l'impression,  qui  ne 
put  avoir  lieu  en  raison  des  circons- 
tances politiques  des  premiers  temps 
de  la  re'volution.  —  Il  y  a  eu  un  Gi- 
RARDET  (D.  p.  Philibert),  bëne'di»  tin 
de  St.-Maur,  qui  a  achevé  le  Diction- 
naire hébreu  àQ  D.  Guariu,  174^^» 
2  vol  in-4*'.  11  mourut  le  1  o  novembre 
1754.  W— s. 

GIHARDI  (Michel),  anatomistc 
et  physicien  d'Italie,  mort  le  17  juin 
1797,  était  ne  le  5o  novembie  1731 
à  Limone  di  Benaco  ,  dans  le  terri- 
toire brescian.  11  vint  commencer  ses 
études  à  Brescia ,  et  alla  les  achever 
dans  l'université  de  Padoue.  Jeune 
encore,  il  ]iublia  en  latin  un  opus- 
cule sur  le  IViut  qu'on  appelle  raisin 
d'ours  ,  dont  il  regardait  le  suc 
comme  très  efficace  pour  la  guérison 
de  la  gravelle  ;  et  il  s'occupa  beaucoup 
de  celle  maladie.  Il  combattit  ensuite 
l'inoculation,  dont  la  découverte  était 
récente:  on  lui  rcpliqu.i  tant  en  France 
qu*(  n  Italie.  Son  n  pos  en  fut  trouble  ; 
mais  sa  modération  ne  s'en  altéra 
point.  Choisi  pour  remplacer  le  sa- 
vant Murgagni  dans  la  chaire  d'ana- 
tomie  de  l'université  de  Padoue ,  il 
la  remplit  avec  tant  (réclal,qne  l'ui  i- 
versité  de  P.irnic  ,  alors  tiès  floris- 
sante, désira  l'avi  ir  pour  piofes  <'ur 
de  11  niêirie  s<ien<e.  L'académie  de 
l'i-nstifMl  de  liologne  se  Tassoiia;  et  il 
fut  «  iisuite  agrégé  à  la  société  italien- 
ne d(S  siiencfs,  ain.'i  qu'à  la  soeiété 
royair  de  M.uliid.  Des  arri-sd*  gontle 
vinrent  contrarier  son  aideir  pour  le 
travail;  i.é.inn)()ins  ,  quelcpie  d()ult)u- 
rcuse  que  celle  maladw  d(  vînt  pour 
lui,  il  se  n  ndit  à  la  demande  (pic 
Spallai'Zini  lui  avait  Tiile  de  s'ccrui  er 
de  rechfn  lus  ai:al(imi(pie>  p.iriiculic- 
tes  ,  sur  l'ouïe  des  chauves  -  souris. 
GirardijCn  les  disséquant,  rccounul 


GIR 

que  leur  faeullé  d'entendre  avait  une 
perspicacité  et  une  délicatesse  plus 
exquise  que  ne  l'ont  ceux  niêuie  des 
autres  animiix  en  qui  cet  organe 
passe  pour  être  le  pins  parfait.  La 
dissertation  011  il  exposa  celle  décou- 
vciic,  est  restée  inédite,  ainsi  qu'une 
au!rr,  non  moins  curieuse,  intitulée: 
Osservazioni  riguardanti  le  uova, 
délie  pollanche ,  e  gli  organi  inser- 
l'ienti  alla  gênera zione  nei  galli  e 
nelle  galline.  Les  ouvrages  imprimés 
de  Girardi  sont  :  I.  De  uvd  ursind, 
Padoue,  1764  ,  in-8".,  lig.  IL  Lette- 
ra  sul  ritorno  del  vajiiolo  dopo  Vin- 
serto,  Padoue ,  1  766.  III.  lUustratio 
tabularmn  Joawùs  Dominici  Sanlo- 
rini,  Parme,  «775;  magnifique  édi- 
tion tant  pour  les  planches  que  pour 
l'impression,  et  dans  laquelle,  aux 
tables  de  Santorini ,  Girardi  en  a 
ajouté  deux  autres,  formées  par  Co- 
voli,  et  deux  nouvelles  ,  faites  par 
lui-même.  IV.  Sassio  di  osservazio- 
ni  anatomiche  intorno  agli  orguni 
délia  respira  zione  degli  iiccelli,  dans 
le  tome  n  de  la  partie  2*^.  des  Memo- 
rie  délia  sociità  italiana.  V.  Sag- 
gio  di  osservazioni  anatomiche  in- 
torno agli  organi  elettrici  dtlla 
torpedine  {\huUm  ^  tom.iii.)  VI.  Os- 
sen'azioni  e  rijlcssioni  sulla  to- 
naca  vaginale  del  testicolo  (ibid., 
loin.  IV.)  VIL  De  origine  nen'i  in- 
tercostalis  ,  dissertatio  ,  Florence  , 
1-91.  L'.blié  liozier  en  donna  un 
fort  bon  extrait  en  français  dans  son 
Jouri'al  d<'  phvsique  ,  eu  septembre 
I79".>..  Vlli.  Prolusione  mile  rose 
anatomiche ,  Paime,  17H1.  Kn  im- 
primant ee  discours  d'ouverture  pour 
les  études  de  sa  classe ,  (iirardi  y 
ajouta  des  notes  prcVic  uses  ,  dans  les- 
quelles il  confirma  par  ses  propns 
expériences  celles  d»  Fii!lo])e  et  d'Aï- 
l)iMUs  sur  la  manièicde  fiire  renaître 
Ici  dtnts  ,   cl    il   traita   la  quesUtn 


GIR 

du  prétendu  licrnia])hrodite  que  l'on 
ciovail  voir  {'Il  rr.mro  dans  Michcllc- 
Annc  Drouart  ,  de  l*aris  :  il  prouva 
que  le  sexe  féminin  était  prédominant 
dans  cet  individu.  G — n. 

GIUARDIN   (Jacques -Félix), 
prêtre  ,  docteur  en  tl)éolop;ie  ,  ne  à 
Fre'jus  en   1678  ,  mort  cure   de    la 
même  ville  le  i5  juin  i^So,  est  au- 
teur des  ouvrages  suivants  :  l.  His- 
toire de  la  ville  et  de  l'église  de 
Fréjus ,  Paris,    1729,   1    part,  in- 
12:    la   prcnnère  contient  Tliistoire 
civile  ,  et  la  seconde  l'histoire  ecclé- 
siastique. C'est  l'ouvrage  le  plus  com- 
plet (ju'on  ait  sur  ce  diocèse j  et   ce- 
pendant il  n'est  point  recherché.  L'épî- 
tre  dédicatoire  (au  cardinal  de  Fieury  ) 
est  attribuée   à    l'abbé   Prévost.    II. 
Histoire  de  S.  Ansile,  patron    de 
Callas  (près  de  Draguignan),  Aix^ 
I  750,  in- 1  '2.  Ce  p.itron  avait  échappé 
aux  recherches  de  l'abbé  Chastelain , 
et  ne  se  trouve  point  dans  son  T^oca- 
hulaire  hngiologifjue.  111.    Pie   du 
serviteur  de  Dieu  François  Blets, 
né  au  Bar  j  hennite  du  cap  Baux, 
ibid. ,  .759..  IV.  Fie   du   serviteur 
de  Dieu  Laureas  Bonhomme ,   so- 
litaire   près    de  Fréjus    (  mort   en 
1704,  et  jifédécesseur  de  F.  Mets  à 
l'ermitage  du  cap  Houx),  in- 12,  s. d.; 
l'approbation  est  de  ij^ij.  V.  Songe 
historique j  in- 12  de  g  pages,  sans 
date  :  c'est  une  pièce  d(^  vers  sur  la 
naissance  de  Cornélius  Gallus  à  Fré- 
jus {Foy.  Gallus,  XVI,  57g.)  — 
Jean-Baptiste  Girardin  ,    prêtre   du 
diocèse  de  Besançon,  mort  le  i3oc- 
tobce   1785  ,  à  Maiileroncourt  -  St.- 
Paneras  ,    dont  il  était  curé  ,  est  au- 
teur d(  s  ouvr;'ges  suivants  :    ï.    Ré- 
flexionf  phy  si(]ues  en  forme  de  Com- 
mentaire sur  le   chapitre    viii  du 
livre  des  Proverbes  ,  depuis  le  ver- 
set  22  jusqu'au  verset  3i  ,  Paris, 
1758,  ou  litsaiKon,   17^9,  iu- 12. 


GIR  455 

Son  but  est  de  prouver  la  bonté  et  la 
sagesse   du   Créateur  par  l'ordre  im- 
muable de  l'univers:  il  ne  lait  guère 
que  répéter  ce  qu'on  trouve  dans  tous 
les  livres  sur  ce  sujet;  mais  il  a  l'avan- 
tage de  mettre  d'importantes  vérités 
à  la  portée  de  la  classe  commune  des 
lecteurs.    II.   ]J Incrédule    desabusé 
par   la   considération  de  l'univers 
contre  les  spinosistes  et  les   épicu- 
riens,  Epinal,  17O6,  2  vol.  in- 12, 
Cet  ouvrage  est  la  suite  du  précédent. 
Dans  la  première  partie,  il  démontre 
l'existence  de  Dieu,  et  prouve  sa  sa- 
gesse par  des  r.iisons  tirées  de  ses  ou- 
vrages: il  s'attache  dans  la  seconde  à 
réfuter  les  objections  présentées  con- 
tre la  Providence.  Son  style  manque 
de  correction  et  d'élégance  ;  mais  il 
est  toujours  simple ,  clair ,  et  quelque- 
fois il  a  de  la  chaleur.  On  lui  attribue 
encore  une  brochure  intitulée  :  LeL^ 
ire  d'un  gentilhomme  à  un  docteur 
de  ses  amis,  pour    savoir  s'il  est 
obligé  de  se  confesser  au  temps  de 
Pâques  à  son  curé,  ou  d'obtenir  de 
lui  la  permission  de  s'adresser  à 
un  autre  confesseur ,  avec    la    ré- 
ponse  du  docteur ,   Epinal  ,   1 762 , 
in-12.  W— s. 

GIRÂHDIN  (RÉNÉ-Louis  marquis 
DE  ) ,  colonel  de  dragons  ,  offrit  une 
retraite  à  J.-J.  Uousseau,  dans  sa  terre 
d'Ermenonville,  et  lui  fit  élever  un 
tombeau  dans   la  partie   de   ses  jar- 
dins connue  sous  le  nom  de  l'île  des 
Peupliers,  il  se  montra  favorable  aux 
réformes  annoncées  en    1 78g  ;  mais 
trompé  dans  les  espérances  qu'il  avait 
conçues,  il  crut  pouvoir  se  soustraire 
aux  mallieursqu'il  prévoyait,  en  vivant 
dans  le  plus  grand  isolement.  Dénoncé 
au   club  des  Jacobins,  en  novembre 
i7g3,  il  échappa  cependant  à  ses  en- 
nemis :  mais  ce  ne  fut  qu'en  faisant 
l'apologie  de  leurs  principes  ;  et  cette 
conduite,  qui  ne  prouve  que  de  la 


456  GIR 

faiblesse,  lui  a  été  cruelleracnt  repro- 
chée. Le  marquis  de  Girardin  char- 
mail  les  ennuis  de  sa  solitude  par  la 
culture  dos  lettres.  Il  joignait  à  un 
grand  fonds  d'esprit  naturel ,  de  l'ins- 
truction, etdes  qualités  douces,  qui  le 
rendaient  cher  à  sa  famille  et  au  petit 
nombre  d'amis  restés  fidèles  à  son  sort. 
Il  mourut  dans  la  retraite  le  20  sep- 
tembre 1 808. On  a  de  lui  :  J.De  la  com- 
position des  paysages  ou  des  moyens 
(VemhelUr  la  nature  près  des  habi- 
tations,  en  y  joignant  l'utile  à  Va- 
gréable^  Paris,  i']"']  ;  4'"'édil.,i8o5, 
in-8°.  ;  trad.  en  allemand  ,  Leipzig, 
l'y 79,  in-8".,  et  en  anglais,  1785, 
in-8°.  Ctt  ouvrage  est  très  estimé.  II. 
Discours  sur  la  nécessité  de  la  ra- 
tification de  la  loi  par  la  volonté 
générale  y    1791,  iii-8".     W — s. 

GIKARDOS  (François),  célèbre 
sculpteur,  naquit  à  Troyes,  en  i65o 
(  i  ) .  Son  père ,  JNicolas  Girardon ,  fon- 
deur démet  •ux,le  destinait  à  la  chicane, 
cl  l'avait  pl.icé  dans  une  étude  de 
procureur.  N'y  faisant  aucun  progrès, 
Je  jeune  clerc  ne  cessa  de  solliciter 
Ja  libf-rié  de  se  livrer  entièrement 
à  son  goût  naturel  pour  les  arts  du 
dessin.  Le  talent  avec  lequel  il  mode- 
lait la  cire  er  sculptait  des  figures  en 
l)ois ,  fil  conjccfurer  qu'il  réussirait 
dans  la  cis(  lure.  Il  lui  fut  permis  d'en- 
trer chez  un  de  ces  menuisiers  de  pro- 
vince qui  eiitreprennrnt  indifte'rem- 
meiit  tics  panucaux  poiu'  h\s  bibliothè- 
ques, et  des  figures  de  saints  pour  1rs 
cli.ipelles.  (iirardon  ne  tard.i  pas  .1  s'y 
distiiigutr  par  sou  adresse.  Il  éludia 
avec  soin  un  ccrtâ'iii  nombre  de  statues 
cpii  décoraient  alors  les  églises  de 
Troyes;  et  il  sculpta  une  (igurc  de 
vierge  avec  tant  dt-  goût  qu'il  en  fut 
])arl('  (Ims  toute  |.i  ville.  Conduit  par 
*ou  luaifreau  ch.Ucau  de  Sl.-Licliault, 

(<)  D'autre*  dueot  ea  1627. 


GIR 

dans  lequel  il  y  avait  des  bas-relicfs 
de  bois  à  exécuter,  il  eut  le  bonheur 
d'intéresser  à  son  sort  le  chancelier 
Séguier ,  seigneur  du  lieu;  et  ce  fut 
le  commencement  de  sa  fortune.  Le 
chancelier,  après  l'avoir  placé  à  Paris, 
chez  François  Anguier,  sculpteur  ha- 
bile, l'envoya  à  Rome  pour  s'y  perfec- 
tionner, et  paya  les  fiais  du  voyage. 
Louis  XIV  accorda  au  jeune  élève  une 
pension  de  mille  écus.  De  retour  en 
Frnnce,  Girardon  brigua  la  faveur  de 
Lebrun,  alors  l«^  peintre  du  roi,  et 
obtint,  par  la  protection  de  cet  artiste, 
qu'il  affectait  de  nommer  son  maître, 
une  grande  quantité  de  travaux  pour 
les  maisons  rovalesde  Versailles  et  de 
Trianon.  L'académie  royale  de  pein- 
ture et  de  sculpture  l'admit  au  nombre 
de  ses  membres  en  1637  :  elle  le  nom- 
ma professeur  en  1659,  adjoint  à 
recteur  en  1674  ^  cf  chancelier  en 
1695.  Après  la  mort  de  Lebrun,  Gi- 
rardon obtint  de  Louis  XIV  l'inspec- 
tion générale  des  ouvrages  de  sculp- 
ture, et  en  exerça,  dit- on,  les  fonc- 
tions de  manière  à  s'attirer  justement 
la  haine  du  Pugot,  son  plus  redouta- 
ble adversaire:  ce  fut  même,  ajoute 
la  chronique  ,  pour  ne  point  dépendre 
de  lui,  que  celui-ci  se  relira  brusque- 
ment à  Marseille,  Cette  dernière  par- 
ticularité ne  mérite  aucune  confiuice. 
Girardon ,  comme  on  vient  de  le  voir  , 
ne  fut  nommé  inspecteur-général  des 
sculptures  qu'a  près  la  mort  de  Lebrun: 
or,  cette  nomination  ne  put  être  la 
cause  du  départ  du  Puget,  puisque 
Lebrun  mourut  en  i()9o  ,  el  que,  dès 
l'année  16H9,  le  Puget  était  reparti 
pour  sa  ville  n  itale  (  f  fv>*.  Pvgkt). 
C'était  plutôt  à  l'autorité  vraiment  des- 
potique de  Lebrun  que  le  Puget  avait 
ru  le  noble  orgueil  de  se  soustraiie  ;  «  l 
l'on  conçoit  aisément  qu'avec  son  ima- 
gination ardente,  son  génie  ennemi 
de  toute  espèce  d'entraves,  il  lui  eut  clc 


OUI 

impossible  do  vivre  dans  celle  de'pen- 
d.uice,  pour  laqiirlic,  au  contraire, 
(lirarduM  srnibl.tit  cire  ne.  On  ne  sau- 
rait trop  sVIcvcr  contre  cet  usige 
d'attribuer  à  un  premier  peintre  et  à 
un  premier  sculpteur  le  droit  de  don- 
ner ,  aux  autres  artistes,  le  sujet, 
Tordonnance,  et  jusqu'au  dessin  des 
taliicaux  ou  des  statu»  s  qu'ils  doivent 
exécuter.  11  en  resuite  nécessairement 
que  tous  les  objets  d'art  de  la  même 
époque  semblent  être  l'ouvrage  du 
même  auteur.  Lebrun  avait  un  talent 
admirable  ,  sans  doute  ;  mais  son 
goût  de  dessin,  qui  convenait  si  bien 
à  la  peinture  et  principalement  au 
genre  de  tableaux  qu'on  appelle  de 
grandes  machines  ,  n'était  pas  celui 
que  devaient  étudier  de  préférence, 
et  encore  moins  copier  servilement, 
les  sculpteurs.  Les  groupes  en  mar- 
bre et  en  bronze  exécutes  d'après 
ses  dessins  dans  les  jaidins  de  Ver- 
sailles, quoique  d'un  stvie  ge'nëralc- 
ment  noble  et  correct,  foi  ment  un 
ensemble  tellement  monotone ,  qu'il 
ne  contribue  peut-être  pas  médiocre- 
ment à  la  tristesse  de  ce  majestueux 
séjour.  Il  est  prcsumable,  par  exemple, 
qucGirardon  eût  beaucoup  plus  varie' 
le  caractère  de  ses  compositions,  et 
qu'il  i  ût  donné  à  ses  fip;urcs  des  formes 
plus  svelies,  plus  élégantes ,  s'il  se 
fût  moins  scrupuleusement  assuje'îi  au 
goût  de  son  exigeant  protecteur.  On 
ne  peut  nier,  au  surplus,  que  ce 
célèbre  statuaire  n'ait  laissé  de  très 
beaux  ouvrages.  S'il  n'a  complètement 
justifie  ni  l'extrême  faveur  dont  il  a 
joui,  ni  les  éloges  pompeux  que  La 
Fontaine  et  Boileaii  lui  ont  prodigués, 
s'il  est  vrai  qu'd  ait  manque  d'inven- 
tion (  idée  qu'il  propageait  lui  même, 
dit-on,  pour  flatter  Torgueil  et  con- 
server les  bontés  de  Lebrun  ) ,  s'il 
négligeait  quelquefois  rexj)ression  et 
ce  que  les  arliîtcs  cnleudcnt  par  le 


GIR  ^'ï? 

traifailHw  marbre;  enfin,  si  ses  figures 
sont  un  peu  courtes  et  ses  draperies 
trop  pesantes,  il  y  aurait  de  l'injustice 
à  ne  p  is  louer  la  sage  et  m.fjf  siueuse 
ordonnance  de  ses  compositions  ,  la 
correction  de  son  dessin  et  le  beau 
caractère  de  ses  têtes.  Le  mausolée  du 
cardinal  de  Richelieu,  qui  était  au- 
trefois placé  dans  l'église  de  la  Sor- 
buniie  et  que  les  révolutionnaires  ont 
mutilé  en  plusieurs  endroits  ,  passe 
pour  le  chef-d'œuvre  de  Girardon.  Il 
n'est  pas  nécessaire  d'avoir  long-temps 
étudié  la  manière  des  çrands  artistes 
pour  reconnaître,  au  premier  coup- 
d'œil,  dans  cegroiipe,  toutes  les  beautés 
et  les  défauts  qui  caractérisent  le  style 
de  Lebrun  (  i) .  Ce  célèbre  mausolée, 
restauré  après  la  révolution  du  9  tlier-r 
midoran  11  (ii7  juillet  «794)?  p^ï"  ^cs 
soins  de  M.  A.  Lenoir ,  conserva- 
teur des  monuments  français,  sera  , 
selon  toute  apparence  ,  rendu  à  sa 
première  destination.  La  figure  prin- 
cipale a  six  pieds;  celles  de  la  Reli- 
gion et  de  la  Science  ,  représentées 
auprès  du  cardinal,  ne  sont  que  de 
grandeur  naturelle.  Après  cette  com- 
position ,  d'un  ordre  vraiment  supé- 
rieur ,  on  cite  ,  de  Girardon  ,  les 
quatre  figures  des  bains  d'Apollon  à 
Versailles.  Elles  lui  valurent  un  prix 
d'honneur,  consistant  en  une  bourse 
de3oo  louis,  qu'il  reçut  des  mains  mê- 
mes de  Louis  XI  \'.  Ce  fut  encore  à  la 
protection  de  Ldjrun  que  Girardon  dut 
cette  glorieuse  récompense.  Les  frères 
Marsy,  qui  avaient  aussi  exécuté  pour 
les  bains  d'Apol'on,  un  groupe  admi- 
rable, méritaient  au  moins  de  partager 
le  prix  avec  le  favori  du  premier  j)cin- 
trc.  La  statue  équestre  de  fiOuis  XIV, 
érigée  sur  la  place  Vendôme  et  exé- 
cutée par  Girardon,  a  été  renversée 
cl  brisée  par  les  auteurs  de  la  funeste 

^1)  Ce  peialre  eu  avait  erfccùvcmeat  fourni  les 
dosiiac. 


45S                 GIR  GIR 

rëvolluion  du  lo  août.  Elle  avait  21  avait  aussi  cultivé  les  beaux-arls;  elle 

pieds  de  haut;  cl  elle  passait  pour  la  peignait,  avec  succès,  les  fruits  et  les 

pn inière   pitce   de  cette  dimension  fleurs.  Cette  dame  ,  reçue  membre  de 

qu  on  tut  osé  fondre  d'un  seul  jet.  Des  Tacadèmie  royale  de  peinture  et  sculp- 

curieux  ont  conservé  le  pied  gauche  ture,  était  morte   en  1698,  dans  la 

du   cheval.   Ce   fragment  e.st  déposé  6g'.annéede  sonâge.  Girardon  lui  fit 

au  Musée  des  Petifs-AugustiLS,  oij  l'on  élever  un  mausolée  en  mai  bre,  dont 

voit  aussi  un  petit  modèle  en  bronze  il  voulut  composer  lui  même  les  des- 

de  cefte  même  statue  équotrc;  mo-  sins,  et  dans  lequel,  suivant  ses  in- 

dèle  d'autant  plus    précieux   qu'il  a  tentions  testamentaires,  il  fut  inhumé 

ete  terminé  avec  soin  par  Giiarclon,  à  son  tout.  Ce  tombeau,  exeVuté  par 

et  qu  il  donne  une  idée  parfaitement  Nourrisson  et  Le  Lorrain  (ses  élèves), 

exacte  du  beau  monument  dont   les  exislait  encore,  dans  l'église  de  S.nnt- 

agcnts  de  la  terreur  ont  à  jamais  privé  Laiidri,  en    i -jQ'i.  C'était  un  monu- 

Ja  cq)itale.  Il  serait  trop  long  de  don-  ment  fort  simple,  représentant  une 

lier  ia  une  liste  complète  des  autres  longue  croix  nue,  et  Notre  Seigneur 

])roductions  de  Giraidon.  Nous  indi-  moit  aux  jjieds  de  la  Sainte- Vierge, 

querons  seulement,  comme  plus  par-  La  composition  en  était  mesquine,  et 

licu.icreraeiildignesderemaïque, l'en-  autorisait  les  ennemis  de  Giraidon  à 

lèveraerit  de  Proserpine,  la  iontaine  dire  qu'il  n'avait  pas  le  génie  de  l'in- 

de  S.ilurne,  celle  du  Nord,  la  figure  venlion  :  mais  personne  ne  put  nier, 

de  l'flivcr  sous  la  forme  d'un  vieillard,  du  moins ,  que  la  douleur  de  la  Vierge 

et  une  immense  quantité  de  bis-reliefs  ne  fût  savamment  exprimée.  F. P. — t. 

dans  les  jardins  de   Versailles,    de  GIRAMDOT  (Jean),  m. ur  de 

beaux  groupes  d'enfants  à  Trianon;  Beauchemin  ,  ne  à  Nozeroy,  petite  ville 

des  figures  d'ornement  dans  l'intérieur  de  Franche-Comté,  V(  rs  1690,  exerça 

du  château  des  Tuileries;  une    ))re-  la  profession  d'avocat,  et  fut  ensuite 

mière  statue  équfstie  de  Louis  XIV,  pourvu  d'une  ehaige  de  eon>eiller  au 

tpii  ayant  élé  trouvée  trop  petite  pour  parlement  de  Dtde.  Il  était  membie  du 

la  place  Vendôme,  fut  cédée  a  la  vilie  conscd    supérieur   chargé  de  la  dé- 

de  Deauvais;  les  toinheaux  de  la  prin-  lense  de  la  province  ,  en  iG56  ;  et  il 

fesse  de   Conti,  de  Luuvois    et  des  se  distingua  dans  cette  campagne  par 

Ojstellans,  enfin,  [)liisieurs  portraits,  sa  prudence  et  sa  fenm  lé.  Un  jour  il 

tant  en  ronde-bosse,  qu'en  bas-relief,  s'opposa  a  l'exéeution  d'une  mesure 

parmi  lesquels  on  distingue   Us  bus-  (pu  venait d'eire  résolue, m  s'.ippuyant 

tes  de  Louis  XIV,  d'Antoine  Arnauld,  de  l'exemple  du  t;ranii  Scipion  ;  et  la 

cl  de  Ijoileau.  Ce  fut  j)Our  ccdernirr  suite  prouva  qu'il  avait  bien  jugé  l'é- 

portrail  que  l'autenr  de  l'Art  po<'i!«jue  venenient.  I)(  puis  ce  moment ,  h  s  olli- 

composa  celte  in^crij,tion  si  connue  ;  ciers  i  un  nt  plusde  con-ideiationpour 

Crâre  .u  p),i,ii,.  Af,  «ot«  »«« ,  Giiardol  ;  et  dans  les  oecasions  diili- 

Mrvoii«.fti,ir  vyr  aui.Mi  .,...•  rii.iivrri;  ciK S  ,   ils   lui   deiua tubieiit   s'il  avait 

l»»oic»>in«rljir  luiiuiix  itiiU.   «iir  initii  vi««j;r  ,  CUCOie  (jUeMjUes  M'lfHOHatieS.   Il   lUOU- 

l>rG.r«rdo..i„ujo..r.on,-,arr,rou.rag.:.  ,„j  ^  vicc- piésidiii  t  du  parlement,  à 

Cet  habile  seul|)f»ur  mourut  à  Paiis,  l)oîe,  .11  nuiis  de  jauvicr  lO")!.  On  a 

le    |'^   septembre    1715  (le   même  de  ce  magistial  :L  J)tux  mrmvinis 

)<»ui  queluFianeeperdil  Louis  Xl\  ).  en  faveur  de  Henri  Routeehoux  ,  tli- 

iiallicriuc  Duclicmin,    i.011   époubc  ,  iit leur  des  saliuts,  accuse  de  malv ce- 


(.  1  w 

salions;  le  premier,  iinprimd  à  Lyon  , 
161  J  ,  cl  le  second,  à  Anvers,  iOi<), 
in-8".  Ils  ^ont  encore  recherches  <ie 
quelques  cuiiiux,  à  raison  de.s  dé- 
tails qn'on  y  do"i»t*  snr  l'adininistra- 
tion  des  salines  ,  cl  sur  l'esprit  des 
h.il)itanls  de  la  province  à  cette  cpo- 
qne.  11.  Le  chemin  d'honneur  de  la 
noblesse  catholique  dans  le  monde , 
])oIe,  1627,  in-8".  On  pcnt ,  dit  M. 
Grappin,  assurer  qn'ii  a  snivi  cons- 
tamment la  roule  qu'il  elurcliiiit  à 
frayer  anx  anires.  111.  Oratoriiun 
m-tilulinuTti  viri  chnstiaui  in  repu- 
blic d  agejitis  ,  ihid. ,  1 67)i) ,  i  n  - 1 'i . 
C'est  un  recueil  de  passages  des  livres 
saints ,  et  de  réflexions  piruses  à  l'u- 
sage dos  maujislrats.  IV.  La  Bourgo- 
gne délivré  e.Cvi  ouvrage  cite  dnns  la 
Lettre  de  Louis  Pi  Irey,  sur  le  sie'ge  de 
Dole  en  i65G,  n'est  peut-être  que  la 
Relation  sommaire  delà  guerre  du 
comté  de  Bourgogne ,  par  Giiardot , 
dont  le  manuscrit  original  fut  adresse 
au  chancelier,  après  la  réunion  de  la 
province  à  la  Fiance.  W — s. 

(illlAUi)  (Cl  AUDE -Marie  ),  me'- 
decin  et  litteralt^ur ,  ne  en  1711  à 
Lons-le-Sannier,  fit  ses  études  à  l'uni- 
versilé  de  Besançon  ,  et  api  es  y  avoir 
pris  ses  grades,  se  rendit  à  Paris,  où 
il  fut  attaché  pendant  quelque  temps 
à  l'Hôiel-Dien.  11  avait  annoncé,  dès 
son  en  lance  ,  un  goût  très  vif  pour 
la  poésie  ;  et  m  dgré  son  peu  de  for- 
lune  ,  qui  l'obligeait  à  chercher  des 
ressources  dans  l'exercice  d'une  pro- 
fession lucrative,  il  ne  laissait  pas  de 
consficrer  une  partie  de  ses  loisirs  à 
la  lecture  des  auteurs  anciens.  Quel- 
ques petites  pièces  de  vers  l'avaient 
fait  connaître  comme  homme  d'esprit, 
et  lui  avaient  mérite  des  encourage- 
ments. 8on  séjour  à  P;;ris  accrut  en- 
core son  goût  pour  la  littérature  :  il 
s  en  éloigna  momenfanémenl  pour  vi- 
siter l'Italie  et  les  provinces  mcridio- 


GIU  45r| 

nales  de  la  France;  et  à  son  retour, 
il  reprit  avec  empressement  sd  d(  ii\ 
occupations  habituelles  ,  la  pratupic 
de  sou  art  et  la  cu'lure  drs  lettres. 
Giraud  ,  fortement  attaché  aux  prin- 
cipes religieux,  prit  souvent  la  pbimc 
j)Our  leur  défense;  mais  sa  conduite 
ne  fui  point  la  suite  d'un  calcul  com- 
me celle  de  tant  d'autres  eV.riv.iins  do 
la  même  époque  :  il  ne  chercha  jamais 
la  fortune  ni  la  réputation.  Il  ne  sol- 
licita qu'ime  seule  place,  celle  de  cen- 
seur royal  ;  cl  il  se  consola  faciiem<  lit 
de  n'avoir  pas  pu  l'obtenir.  Il  n'a  mis 
son  nom  à  aucim  de  ses  ouvrages,  n  a 
été  membre  d'aucune  académie  ;  et 
désabusé  mcme  des  illusions  litté- 
raires, il  est  mort  presque  inconnu,  à 
Paris,  vers  1780.  On  connaîl  de  lui 
les  ouvrages  suivants  :  L  La  Pejro- 
nie  aux  enfers,  on  arrêt  de  Plu- 
ton  contre  la  faculté  de  médecine; 
chez  Mmos  ,  174^^  in-12,  eu  vers. 
Cette  pièce  a  trait  à  la  dispute  qui  s'é- 
tait élevée  entre  les  médecins  et  les 
chiiurgiens  pour  la  prééminence  de 
leur  art.  IL  Diabotanus ,  ou  Vorvié- 
tan  de  Salins,  poème  (  en  prose)  tra- 
duit du  languedocien,  Paris  ,  1  749» 
in- 12.  Il  a  reparu  sous  ce  titre  :  La 
Thériacade ,  ou  l'orviétan  de  Leo- 
don  (1),  poème  héroï-comique,  suivi 
de  la  D iahotano garnie ,  ou  les  noces 
de  Diabotanus,  Genève  (Paris),  1 769, 
'2  vol.  in-x2.  Dans  la  préficc,  qui  est 
bien  écrite,  l'auteur  passe  en  revue 
les  poèmes  épiques  de  toutes  les  na- 
tions, et  éiablit  plaisamment  la  supé- 
riorité du  sien  ,  non  seulement  sur 
tous  les  poèmes  modernes ,  mais  même 
sur  ceux  d'Homère  et  de  Virgile.  La 
conduite  de  son  ouvrage  est  régulière, 
et  il  yfaitnnemploi  assez  ingénieux  des 
fables  de  la  mythologie  ;  mais  on  lui 
a  reproché  le  défaut  d'invention  ,  et 

(1)  Zé«(/ci/j,  <îe  Lcdonain  ,  uoui  laiiii  de  la  villa 
de  Luns-lc-baiiliiicr. 


46o  G I R 

un  style  trop  surchargé  d'épilliètrs. 
Le  tiire  seul  de  ces  poèmes  ,  dit  l'ab- 
bé Sabaticr  ,  est  capable  d'cflVaver  : 
il  faut  néanmoins  avouer  qur  l'auteur 
a  su  y  répandre  des  traits  d'espiit,  de 
]a  moj^le  ,  et  quelques  saillies  d'une 
imagin;)lion  pleine  d'enjouement.  L'é- 
pisode de  b'ilcmnus  (dans  la  Diuho- 
lanogamie  )  est  ecmnic  un  tableau  de 
l'Albriiie.  IW.La  Procopade ,  ou  V^- 
potheose  du  dcctsur  Procoj'e,  poî^rae 
en  six  chants,  Londres  (Haris),  1754, 
iu-i2.  La  [)orsie ,  dit  le  aiêuae  criti- 
que ,  y  parle  le  langage  du  docleur 
Dial'oirus,  mais  avec  assez  d'esprit  et 
de  ta'.fnt  i-our  fiire  repjrelter  que  le 
poètf  ail  choisi  dis  sujets  si  biz^iircs. 
IV.  Efitre  (en  vers)  iur  les  ecclé- 
siastifjues  ^  adicssée  à  l'aLbé  Laïu- 
birt,  Furis ,  1 759  ,  iii-12.  V.  Épîlre 
du  Diable  à  M.  de  foliaire,  i  -jOo, in- 
8\,  iciiiipiunec  séparément  un  ijjrand 
nombre  de  fuis  ,  et  insérée  dans  le 
Recueil  des  satiriques  du  xviii' . 
siècle.  Les  In. ils  en  sont  ingénuux 
et  piquants  j  et  l'on  trouva  que  le  Dia- 
ble n'avait  pas  mil  choisi  son  secré- 
taire. VL  Vision  de  Syluius  Cryphu' 
îetes  y  ou  le  Temple  de  mémoire , 
Londres  ,  1  «jf}'; ,  'x  vol.  in- 1 1.  Le  se- 
cond volume  coniit  nt  des  Lettres  mê- 
lées de  vers;  le  Temple  de  Vhjmen^ 
en  prose  et  en  vers  j  des  Ej>itves  ^  des 
Stances,  d<  s  Odes  y  des  Epi^ram- 
mes  ,  La  Peyronie  aux  enfers  et  la 
Prucop'ide.  l^e  jiremicr  volume  a  été 
réimpiimé,  avec  des  correctious,  sous 
ce  tilir-  :  I,e  Temylf  de  mémoire,  ou 
disions  d'un  solitaire ,  Paris ,  1775, 
in-8'.  ]/autcur,  dit  encore  S.ibalier, 
eût  mérité  d'y  avoir  une  [«lace  dislin- 
piic ,  s'il  l'eut  coiySlniil  avec  un  p{  u 
pus  de  soin  et  plus  de  ç,oûL  On  y 
lrouvequ(  Iqui's  tr  ils  agréables  :  m. us 
*cs  jugements  sont  durs  et  parfois 
injustes;  et  l'ouvrage  n'est  réclununt 
qu'iuie  très  faible  imitation  du  Tcin- 


GIR 

pie  du  goût,  de  Voltaire.  VIL  ffymne 
pour  le  jour  de  la  Pentecôte,  cou- 
ronnée par  l'académie  de  la  Concep- 
tion de  Rouen  ,  en  I778.  VIIL  Une 
Traduction  de  l'ouvrage  latin  de  Meil- 
leur, surlescorhuty  Paris,  1778,  ia- 
1 2.  iX.  Des  Poésies  fugitives  dans  les 
Almanachs  des  Muses,  et  dans  d'au- 
tres recueils  du  même  genre.  On  lui 
attribue  la  Préface  de  VEsprit  de 
l'abbé  Desfontaines.  \\  avait  com- 
mencé une  Traduction  de  Plante  ; 
et  l'on  ignore  ce  qu'est  devenu  son 
manuscrit  (i).  W— s. 

GIRAUD( Bruno),  cbirurgien  en 
second  de  i'hotel-dieu  de  Paris,  puis 
premier  chirurgie  n  du  roi  de  Hollande , 
était  né  à  Dom pierre,  département 
de  la  Maïenne  ;  il  est  mort  à  Parii 
le  1  5  janvier  1811.  Très  habile  pra- 
ticien, il  ne  consacrait  qu'une  faible 
j)artie  de  son  temps  aux  travaux  du 
c.ibinet,  pour  lesquels  ,  d'ailleurs,  il 
avait  moins  d'aptitu'le.  La  dissertation 
qu'iî  soutint,  en  i8o3,  pour  obtenir 
le  doctorat,  est  une  simple  ^rie  de 
propositions  chirurgicales.  Ilavail  en- 
tre pris  un  Traité  de  clinique  exierne, 
dont  il  n'a  publié  qu'un  fragment.  Il 
s'était  ptrticnlièrement  occupé  des  ma- 
ladies des  yeux  ;  et  on  lui  doit  un  petit 
inNirument  destiné  à  porter  le  fil  qui 
doit  servir  à  placer  le  selon  à  l'inté- 
tieur  du  canal  nastl,  dans  l'opératioa 
de  la  fisliilr  lacryunle.  C. 

GlUAUDEAÛ    (  lîONAVENTURE  ) , 

jésuite,  né  au  bourg  de  Saint- Vin- 
cent sur  .lard  ,  diocèse  de  Luçon,  en 
liiS-P.'itou,  célèbre  humaniste,  en- 
seigna long-temps  la  rhétorique  à  la 
Rochelle  ,  et  consacra  (piat<»ize  années 
de  sa  vie  à  rinslruclion  de>  jeunes  ec- 
clésiastiques élevés  dans  le  séminaire 
de  celle  ville.  A  la  culture  des  bellcs- 


(  i\  Il  y  M  un  T'-isiii  sur  une  iradiirlion  l>bre  dr» 
«nni^dirt  <lr  rUmc  pir  nu  Kl.  JuJuJ  ,  r«rii^ 
i7(u  ,  iu.S«. 


GIR  r.  IK               4^» 

lettres,  à  laquelle  il  s'ctaft  applique'  il  a  rc'nni,  en  six  cent  quatorze  vers, 
dès  sa  jeunesse,  le  1\  Girauflc.ui  avait  tous  Ks  mots  radicaux,  de  la   langue 
joint    une    roanaissancc    aproibndic  gr»cr[ue  ,  qui  furuicut  ainsi  un  texte 
des  langues  savantes:  ou  lui  doit  d'ex-  suivi,  une  espèce  d'odys.scc,  au  lieu 
«•clients  livres  pour  en  faciliter  rctudc.  d'être    présentes   chicun   isolement  , 
l/cslinie  dont   il  jouissait   dans   son  comme  d:nis  Ws  Ptacincs  i^vecquiS  de 
ordre,  et  son  savoir,  le  firent  appeler  Port-Royal.  ïjOdjssée  du  V.  Girau- 
^1  Rome,  afin  d'y  remplir ,  près  du  n.  deau  a  cle'  puMice   sepiremciit   par 
V.  gênerai ,  l'ollicc  de  secrétaire.  Quel-  FI.  l.cclusc,  qui  l'a  reproduite  avec  de 
que  pende  temps  que  lui  laissassent  savantes  notes  dans  son  Manuel  de 
les  occupations  altacliëes  à  ce  poste  ,  la  langue  grecque,  Paris,    180*2, 
il    sut  en  trouver  encore  pour  conli-  in-8°.  ;  il  l'a  l'ait  entrer  aussi  dans  soa 
nuer  des  travaux    qu'il  avait  entre-  Panhellenismos.  11.  Lettres  sur  la 
pris  antérieurement.  Ce  fut  à  Rome  grammaire  de  Masclef,  Ml.  Praxis 
qu'il  fit  paraître  la  première  édition  linguœ  sanctce,  la  Rochelle,  1757, 
de  SR  MiHhode  grecque,  iiUqneWc,  k  in-4°.  C'est  un  dictionnaire  liebreu- 
sou  retour  en  France  ,  il  crut  devoir  latin  fait  sur  le  plan  du  lexicon  de 
donner  plus  d'étendue.  Le  P.  Girau-  Schrcvclius,  et  plus  complet  même 
deau  eut  le  déplaisir  de  voir  la  dis-  (en  quelques  parties  )  que  celui  de 
solution  de  la  société  dans  laquelle  il  Guarin,  qui  venait  de  paraître.  Le 
s'était  engage,  et  passa  dans  les  infir-  P.  Girau leau  prétend   y  avoir  fondu 
mites  les  dernières  années  de  sa  vie.  tout  le  grand  dictionnaiie  rabiniquc 
Il  mourut  le  1 4  septembre  1774.  On  de  Buxlorf.   L'ouvrage  est   précédé 
a  de  lui  :  L  Introduclio  in  linguam  d'une  grammaire  hébraïque,  où  l'ar- 
grœcam,   1739.   Ayant  cru  rccon-  ticle  de  la  lecture  est  surtout  fort  dé- 
naître que  les  mélhodci  grecques ,  im-  taillé  •  le  premier  chapitre  de  la  Ge- 
primées  jusque-là ,  étaient  imparfai-  nèse  y  est  donné  tout  entier  pour 
tesj  que  les  unes,  bonnes  pour  les  exemple,  avec  une  verslur»  littérale, 
commençants,  devenaient  insuffîsan-  et  la  manière  de  le  prononcer  avec  et 
tes,   à   mesure   qu'on  avançait   dans  sans  points.  Pour  rendre  chaque  lettre 
cette  étude  ,  tandis  que  d'autres  plus  hébi<.ïque  par  un  seul  caractère,  l'au- 
savantes  l'étaient  trop  pour  ceux  qui  teur  représente  le   Tsadé  et  le  Ssin 
ne  faisaient  que  commencer,  il  résolut,  par  les  lettres  grecques  «i  et  Ç.  vSa  raé- 
pour  obvier  ta  cet  inconvénient,  de  thodc  pour  lire  l'hébreu  sans  points- 
retravailler  son  ouvrage ,  et  chercha  voyelles  paraît  plus  simple  que  celle 
à  le  combiner  de  manière  qu'il  suivît  de  M^sclef ,  et  moins  sujète  à  Téqui- 
pour  ainsi  dire  les  progrès  des  élèves,  voque  :  elle  consiste  à  intercaler  un 
depuis  ceux  qu'en  cinquième  on  initie  o  entre  deux  consonnes  ,  toutes  les 
à  la    langue  grecque,  jusqu'à    ceux  fois  qu'elles  se  suivent  dans  un  même 
qui,  parvenus  aux  classes  supérieures,  mot  (1).  L'ouvrage  est  terminé  par 
p;uv('nt  lire  Homère.  Cette  nouvelle  une  ample  table  des  abréviations  ra- 
Jnlroduction  à  la  langue  grecque  eU  biniques  ,  suivie  des  racines  hcbraï- 
en  5  vol.  4  •  éJilion  ,  1777  :  les  deux  ^'^**'**  ^  **^*    nombre    d'enviion    mille 
premiers  sont  en  français,  et  les  trois  qu  lîre  cents),  eu  trois  cent  cinquante 
autres  en  htin.  On  y  remarque,  sous  "VTTi      .  ,^-    ,      '.    '           i      T^T 

.          .             -,    ,             _       •'                     ;        '    ^  (i)  n  avait  déjà   donar;  un  aperçu  de  cet  ingé- 

le     titre    d  Oouç^îtJ  ,    un     petit     poème  nieu»  système.  daa«  un- letlre  aux  journalistes  a» 

kéfoique  en  six  chants ,  dans  bqucl  lll'.^u^'"''"'  '''  ^''""'  ^"'""'  '^''  ' 


462  G  I R 

vers  hcximètres  latins ,  divises  en 
trente  leçons.  V.  \j  Evangile  médité 
et  distribué  pour  tous  les  jours  de 
Vannée  y  Paris,  1773  ,  i3  vol.  in- 12; 
lëimpriraë  en  177^,  8  vol.  in-12, 
cl  plusieurs  fois  depuis.  La  santé  du 
P.  Giraudeau  ne  lui  ayant  pas  permis 
de  publier  lui-même  cet  ouvrage ,  il 
remit  son  manuscrit  à  M.  de  ijeau- 
cnoîil,  archevêque  de  Paris,  qui  char- 
gea l'abbé  Diiquesiie  de  le  revoir  et  de 
le  faire  imprimer.!  Voy.  Duquesne.) 
P;inni  les  livres  de  dévotion,  \' Evan- 
gile médité  jouit  d'une  juste  estime. 
Il  offre  non  seulement  l'histoire  e'van- 
gélique  ,  mais  encore  de  judicieuses 
explications  du  texte.  «  Le  style,  dit 
l'abbë  Feller,  en  est  pur,  coulant, 
naturel;  la  manière  grande ,  noble, 
IfS  idées  vastes  et  les  réflexions  pro- 
fondes. » — «  Tout,  dit  un  autre  écri- 
vain ,  dont  l'éloge  ne  paraîtra  point 
suspect  (i),  tout  y  est  digne  du  fiis 
de  Dieu;  tout  y  répond  à  la  sublimité' 
de  sa  doctrine  et  à  rexcellence  de  ses 
saints  préceptes.  »  VI.  \jÀixiade  ^ 
ou  Vile  d'Aix  conquise  par  les  An- 
glais, 1757,  p»)cme  non  achevé.  VI I. 
Histoires  et  Paraboles  du  P.  Bo~ 
navenVire  ,  Paris ,  i  7(i() ,  in- 1  •>.  ;  ou- 
vrage écrit  d'un  style  simple  cl  adapté 
à  l'éducation  de  ta  jeunesse.  Il  a  ctë 
souvent  réimprimé,  cl  a  reparu,  au 
raoinsen  p.'rlie,d,ins  la  Bibliothèque 
bleue.  I/ab))é  Champion  de  Nilon  a 
donné  une  continuation  à  cet  ouvrage 
abcétique,  Paris,  178G,  in-i>.. 

L— Y. 

GIHAULT  (r>ENiG!VE),  médecin, 
ne  à  Auxonne  en  172^),  et  mort  en 
l'-r)'"),  étudia  la  médecine  dans  les 
universités  de  Montpellier  et  de  Pa- 
ris. Il  se  relira  ensuite  dans  sa  j)atrie, 
où  il  fut  nnnmié  njé«lccin  des  salles 
militaires  de  l'hùpital  civil.  Pemlant 


ait 


(i>  Nullat,  protrjtaiit  «l  rrrlrur  de  lV|;liit    «le 
.-i'icrrc,  il.iii*  l'Ile  Ua  Giicnuit/. 


GIR 

l'exercice  de  ses  fonctions  ,  il  pub'ia  : 
J.  Deux  Mémoires  sur  le  privilège 
des  gradués ,  et  sur  le  danger  de 
permettre  V exercice  de  Vart  de  gué- 
rir à  ceux  qui  ne  peuvent  justijit  r 
d'études  préalables,  Dijon,  1754. 
IL  Observations  de  médecine  pra- 
tique faites  dans  les  salles  militaires 
de  Vhôpital  d' Auxonne  pendant 
Vannée  1765,  ins-rées  dans  le  Jour- 
nal de  médecine  militaire,  quatrième 
et  cinquième  volumes,  1784  ''t  1785, 
IIL  Observations  sur  les  fièvres  in- 
termittentes traitées  depuis  cinq  ans 
dans  la  salle  militaire  du  mène 
hôpital i'\n\\\r\\ï\ées  an  17^8,  dans  le  l 
deuxième  volume  des  Observations 
f'iites  dans  le  département  des  hôpi- 
taux civils.  Ch — T. 

(illlOD  (  Pierre -François -Xa- 
vier), médecin,  né  en  1735,  à  Mi- 
gnovillard,  près  de  Salins,  a  mérité 
une  assez  grande  réputation, pour  avoir 
introduit ,  le  premier  ,  en  Franche- 
Comté  ,  la  pratique  de  l'inoculation. 
Après  avoir  pris  ses  degrés  à  l'univer- 
sité de  Besançon,  il  revint  dans  son 
village,  où  il  partagea  son  temps  entre 
r<'xeicice  de  la  médecine  et  l'étude 
des  mathématiques.  Heureux  dans 
cette  retraite  ,  dit  Vicq  d'Azir,  il  fii- 
sait  le  bien  et  cherchait  la  vérité  ;  il 
n'achetait  et  ne  lisait  qu'un  petit  nom- 
bre de  livres  ;  il  avait  peu  d'amis,  peu 
de  fortune  et  peu  de  besoins.  Le  méde- 
cin en  chefdesépidémiesde  la  province 
sollicita  et  obtint  la  permission  de  lui 
remettre  sa  place;  et  depuis  I7(i3, 
Glrod  eut  constamment  à  combattre 
deux  des  plus  grands  fléaux  qui 
puissent  aflliger  le  peuple,  la  conta- 
gion et  la  misère.  Ce  fut  en  176*3  qu'il 
commença  à  pratiquer  rinoeiilalion  ; 
et  ses  essais  ayant  été  couronnes  par 
le  succès  ,  il  luit  toiit  en  œuvre  pour 
détrviire  les  préjugés  qui  s'opposaient 
encore  à  railoplion  de  cette  bicnfai- 


GIR 

ssntc  piMtiqiie.  Les  ennemis  de  l'ino- 
cnl.ition  1,1  coinbaHaiciit  par  lc>  mêmes 
iMOvens  qu'on  a  vu  employer  (le[)iiis 
contre  la  vaccine.  Ils  acciedilèrent  le 
l)ri»if  (]inl  rcstillait  (le>;  calculs  laits  en 
Angleterre,  que  la  vie  des  personnes 
inoculées  était  plus  courte  que  celle 
des    autres.    Girod   (il  le   voyage  de 
Londres  ,  à  ses  fnis,  et  n'en  revint 
qu'avec  des  preuves  évidentes  de  la 
fausseté  de  celte  assertion.  Il  était,  de- 
puis   1776,   membre   de   la    société 
royale  de  méJecine,  à  laquelle  il  avait 
adressé  plusieurs  mémoires  intéres- 
sants sur  la  nature  et  le  traitement  des 
maladies  épidémiques.  A  son  retour  de 
Londres ,  il  s'arrêta  quelque  temps  à 
Paris  ;  et  la  société  royale  profila  de 
cette  circonstance  pour  lui  décerner, 
dans  une  séance  publique,  deux  mé- 
dailles d'encouragement.  Il  fit ,  peu  de 
temps  après,  un  second  voyage  à  Paris 
pour  inoculer  quelques  personnes  de 
marque  qui  s'efTorcèrent  en  vain  de 
le  retenir.  Une  épidémie  meurtrière 
Tenait  d'éclater  à  Ghatenoy,  dans  le 
bailliage  de  Dole:  il  s'empressa  de  s'y 
rendre,  pour  porter  aux  malades  les 
secours  de  son  art  ;  mais,  au  milieu 
de  ses  pénibles  fonctions,  il  fut  atta- 
qué lui-même  de  la  fièvre  qui  l'enleva, 
le  5  septembre  1785,  à  lage  de  qua- 
rante-sept ans.  Le  roi  lui  avait  accordé 
des  lettres   de  noblesse,   en    récom- 
pense de  son  zèle  et  de  son  désinté- 
ressement. Son  éloge,  par  Vicqd'Azir, 
donton  a  emprunté  ici  plusieurs  traits, 
a  été  imprimé  dans  les  Mémoires  de 
la  société  royale  de  médecine ,  et 
dans   le   tome   11''.   du    Recueil  des 
éloges  de  cet  écrivain.  M.  Pliilippon 
de  la  Madelaine  en  a  donné  une  édi- 
tion ,  précédée  d'un  avertissement, 
Besançon,  1785,  in-8'.     W — s. 

GIRON  (Francisco  Hernandez), 
suivit  Pizarre  en  1  552  ,  se  distingua 
à  la  conquête  du  Pérou,  devint riclie 


G 1 R  4r»^, 

et  puissant ,  jouit  d'un  grand  crédit 
])armi  les  eonipiéranls  espagnols,  et 
excila  en  secret  leur  méconleiilement 
contre  lamétropol -.Cliar  ;é,en  i5  j5, 
d'aller  soumeltre  la  province  de  Cliar- 
cas,  il  leva  des  lrou|)es  à  Cuzco  ,  ar- 
bora lui-même  l'étendard  de  la  révolte, 
attirant  à  son  parti  tous  les  Espa- 
gnols qui  avaient  été  engage's  dans 
les  factions  d'Almagro  et  de  Pizarre. 
Après  avoir  fut  arrêter  le  gouverneur 
de  Giizco  ,  il  s'empara  du  gouverne- 
ment, défit  les  troupes  royales,  et 
remporta,  peu  de  temps  après,  une 
seconde  victoire  encore  plus  complète, 
près  de  Clniquisaca;  mais  il  ne  sut 
point  en  profiler.  Attaqué  à  son  tour 
par  les  royalistes,  il  fut  défait  à  Pa- 
cava,  en  i554,  abandonné  de  ses 
troupes ,  pris  dans  les  montagnes  où 
il  s'était  retiré,  et  exécuté  à  Lima.  Ce 
fut  la  dernière  révolte  que  fomentèrent 
les  conquérants  du  Pérou.     B — p. 

GIRON  Garcias  de  Loaysa  (Don 
Pedro),  savant  Espagnol,  naquit  à 
Talavera  en  i54'2.  Après  avoir  ter- 
miné ses  études  à  l'université  d'Alca- 
la ,  il  se  retira  à  Tolède  ,  où  son  oncle 
Lopcz  de  Garvajal,  qui  en  était  alors 
évêque,  lui  conféra  une  des  pi  eraières 
dignités  de  la  cathédrale.  Giron  était 
très  versé  dans  les  lettres  divines  et 
humaines,  possédait  les  langues  an- 
ciennes, et  se  distinguait  surtout  par 
la  douceur  de  son  caractère  et  la  ré- 
gularité de  ses  mœurs.  Philippe  lï  , 
l'ayant  appelé  à  sa  cour,  en  i585, 
le  nomma  son  aumônier ,  cl  lui  confia 
Téducafion  de  l'infant,  son  fils,  depuis 
Philippe  m.  Le  caidinal  Albert  d'Au- 
triche ayant  succédé  à  dom  fjopez  de 
Garvajal  sur  le  siège  de  Tolède,  choi- 
sit aussitôt  Giron  pour  son  vicaire  gé- 
néral ;  mais  ce  prince  s'étant  ensuite 
marié  avec  l'infante  Elisabeth  (  1  5c)8), 
ce  fut  Giron  qu'on  nomma  pour  le 
remplacer    dans  cet  archevêché  :   il 


464  GIR  GIR 
ne  quitta  cependant  pas  la  cour,  les  de  la  Manche,  où  il  ne  tarda  pns 
Dans  la  même  année  arriva  la  mort  à  prendre  l'ascendant  !e  plis  marque, 
de  Philippe  II  :  son  successeur,  qui  C'est  à  son  heureuse  influence  que  l'on 
jusqu'alors  avait  témoigné  pour  Giron  doit  la  modéintion  que  montra  cons- 
de  la  considération  et  même  de  l'ami-  tamment,  à  l'assemblée  consliluanle, 
tic,  commença  à  le  tiaiter  avec  froi-  la  députation  de  ce  dépaiterarnt;  et 
deur,  et  le  prit  bientôt  en  aversion,  les  personnes,  à  qui  l'hi.stoire  de  la 
indisposé  contre  lui  par  les  intrigues  révolution  est  familière,  n'ont  pas  ou- 
de  (pielques  courtisans  jaloux.  Giron  blié  le  manifeste  énergique  qu'une  par- 
ne  put  supporter  cette  disgrâce^  on  tic  de  celte  dépulation  publia  contre 
croit  qu'il  eu  mourut  de  chagrin,  le  2Ci  la  constitution  de  1791.  Nommé  re- 
féviier  iSgg,  ayant  à  peme  joui  six  présentant  du  peuple  en  1792,  Gi- 
mois  de  sa  iiouvelie  dignité.  On  a  de  rouit  crut  devoir  accepter  une  fonction 
ce  savant  prélat  une  CollecUon  des  qui  pouvait  le  rendre  utile  à  la  cause 
conciles  d^ Espagne,  Tolède,  1594  ,  de  la  monarchie.  Mais  le  mal  était  déjà 
avec  des  notes  et  des  corrections  :  elle  sans  remède  :  cet  antique  édifice  ,  sapé 
a  été  éclipsée  par  celle  du  cardinal  jusque  dans  ses  fondements  ,  s'écrou- 
Aguirie(  1693,  «  75  î).  B — s.  lait  de  toutes  parts  ;  enfin,  la  journée 
GIIxOjN  (D.  Pierre).  F.  Osso>'e.  du  10  août  en  consomma  la  ruine.  Gi- 
GIROULT  (Etienne),  député  du  rouit,  qui  jusqu'alors  avait  gardé  le 
département  de  la  Manche  à  l'as-  p'us  profond  silence,  voulut  au  moins 
semblée  n.itionale  de  1792,  fut  un  de  s'opposer  aux  attentats  qui  se  rcnou- 
ceux  qui ,  à  cette  époque,  montrèrent  vêlaient  sans  cesse.  Il  fit  inutilement 
le  pins  de  dévouement  à  la  royauté.  Il  les  plus  grands  efforts  pour  sauver 
naquit  en  1766,  à  Chértncé-le -Hé-  le  vertueux  de  Laporle  ,  intendant 
ion  ,  près  Villedieu  ,  d'une  famille  de  la  liste  civile  ,  qui  termina  son 
ancicnie  et  très  considére'e.  Son  édu-  existence  sur  l'échafaud  révolution- 
cation  fut  aussi  brillante  que  solide,  naire.  Poursuivi  par  la  haine  active 
Après  avoir  terminé  ses  éludes  en  des  jacobins,  qui  ne  pouvaient  lui  par- 
droit  à  l'université  de  Caen,  il  fut  reçu  donner  son  attachement  à  la  royau- 
avocat  au  parlement  de  Rouen,  à  l'àgc  te,  ell'ravé  des  massacres  de  seplcm- 
dc  27.  ans.  Thount  et  Bitouzé  des  bre,  Giroult  chercha  son  sahit  dans 
Linières,  que  l'opinion  publique  pla-  la  fuite.  Bientôt  son  nom  fut  rayé  de 
çait  alors  à  la  tête  du  barreau  de  celle  la  liste  des  représentants,  et  >a  tête 
ville,  remarquèrent  le  talent  du  jeune  fut  proscrite. Koland,  qui, dansleiemps 
Giroult,  et  lut  firent  les  plus  vives  ins-  de  son  ministère,  lui  avait  offert  la 
tnnres  pour  l'engager  à  rester  parmi  j)lace  de  secrétaire-général  et  en  avait 
eux.  Mais  après  un  séjour  de  quel-  été  durement  refusé,  venait  de  trou- 
qu(s  années,  entraîné  par  son  pen-  ver,  dans  un  trépas  volontaire,  la  fia 
chaii!  pour  la  littérature ,  il  vint  à  Va-  d'une  vie  Irop  agitée.  Otle  cliulc  terri- 
ris,  daui  l'intention  de  s'y  fixer.  Il  fut  nbie  d'un  des  |)lus  ardents  répiibli- 
rap|»elé  •?u)mentanéiuent  au  sein  de  sa  caiiis  ne  fit  qu'accroître  les  craintes 
fiiuilie,  luixpie  les  orages  .s'amonce-  de  Giroult  sur  les  excès  dtuit  la  France 
iaient  antuur  du  trône,  et  dut  alors  se  entière  allaitdivei.ir  le  tlicàiie.  Rentré 
livrera  utiijulregenred'oeeupation.Ija  dans  le  département  de  la  Manche,  il 
coiiO  née  (le  ses  compatriotes  le  forvi  le  revit  dans  uiîe  situalion  bun  diffc- 
d'entrer  dans  les  assemblées  élcclora-  renie  de  celle  où  il  l'avait  laisse.  Le  fc* 


roceTiCC.irpcnlicry  coinrncllait  alors 
C<'S  alrocilé.s  qui  ont  rendu  son  nom 
si  cxcV.iabU'.  Ct'l  homme  afTi'ciix  con- 
nut bientôt  par  ses  émissaires  la  re- 
traite (le  (iiroull.  ï/inforluné  ropré- 
sciilaiit,  poursuivi  d'asile  en  asile, 
sVtait  on!in  réfugié  dans  le  cloclicr 
de  rép;Ii5e  conventuelle  du  Mesnil- 
Garnier ,  comme  dans  une  retraite 
sûre  ;  mais  il  fut  dénoncé  par  un 
scélérat  nommé  Robert.  Aussitôt  des 
détachemenls  considérables  de  gen- 
darmerie vinrent  cerner  l'église  hos- 
pitalière. Giroult ,  qui  s'aperçut  du 
péril  où  il  était,  voulut  se  cacher  dans 
un  lieu  inaccessible;  mais  ayant  eu  le 
malheur  de  mettre  le  pied  sur  une  so- 
live pourrie,  que  le  poids  de  son  corps 
fit  rompre,  il  tomba  d'une  hauteur 
effrayante,  eut  le  corps  brisé,  et  fut 
traîné  expirant,  dans  une  maison  voi- 
sine, où  il  mourut  effectivement  peu 
d'heures  après, le  i  o  décembre  i  793. 

N— E. 
GIROUST  (Jacques),  jésuite, 
né,  en  1624,  à  Beaulort ,  eu  Anjou, 
entra  dans  la  société  à  l'âge  de  quinze 
ans.  Après  avoir,  suivant  l'usage  de 
l'institut,  parcouru  les  différents  de- 
grés de  renseignement,  il  s'alonna  à 
là  prédication ,  et  fut  entendu  dans  les 
chaires  les  plus  brillantes  de  la  capi- 
tale et  des  provinces.  Sa  manière  était 
simple,  son  éloquence  forte  et  natu- 
relle, sa  vie  exemplaire  et  conforme 
à  la  morale  qu'il  précbail.  Il  n'écrivait 
pas  toujours  ses  discours,  au  moins  en 
entier;  mais  quand  il  en  avait  bien 
médité  les  priiicipales  parties  ,  il  s'a- 
bandonnait  à    Son  sujet.  On  lui  re- 
proche un  style  souvent  un  peu  trop 
négligé.  Il  possédait  merveilleusement 
fart  de  fixer  ou  de  réveillei  l'attention 
de  son  auditoire  par  des  mouvements 
pathétiques  qu'il   savait   ménager   et 
employer  à  propos.  Il  passait  à  juste 
titre  pour  un  des  prédicaltars  les  plus 

XYIJ, 


GIR 


465 


distingués  de  son  temps,  a  Tl  n'a  pas, 
M  dit  un  cnti(]ue ,  une  onction  aussi 
»  moelleuse  que  le  P.  Cheminais,  ni 
»  une  éloquence  aussi  persuasive;  ses 
»  sermons  cependant  approchent  de 
»  cette  tournure  vive  et  douce,  qui  a 
»  servi  de  modèle  à  ce  dernier  :  quand 
»  on  le  ht,  il  est  aisé  d'y  remarquer 
»  beaucoup  d'incorrections, qui  pou- 
»  valent  être  moins  sensibles  dans  le 
»  débit,  où  la  chaleur  de  l'action  cache 
»  ou  fait  pardonner  les  néç;lip;encesde 
»  la  composition.  »  Le  père  Giroust  se 
trouva  arrêté  dans  cette  carrière  par 
une  attaque  d'apoplexie,  qui  dégénéra 
en  paralysie,   mais  qui  lui  laissa  la 
tête  saine  ^  et  l'usage  de  toutes  ses  fa- 
cultés intellectuelles.  11  se  voua  alors 
à  la  direction  fies  consciences,  à  la- 
quelle le  rendaient  propre  l'étude  pro- 
tonde qu'il  avait  faite  des  matières 
théologiques ,   un  sens   droit  et  une 
jîrande  connaissance  du  cœur  humain. 
Il  put  ainsi ,  au  milieu  de  ses  infirmi- 
tés ,  être  encore  utile.  La  mort  ne  le 
surprit  point j  il  passa  les  dernières 
années  de  sa  vie  à  s'y  préparer.  C'est 
le  '29  juillet  1689  ^^'^^  termina  ses 
jours,  âgé  de  soixante-cinq  ans.  Le 
père  Bretonueau  ,  son  confrère,  a  pu- 
blié ses  5ermo«î,  d'abord  en  trois  vo- 
lumes ,    Paris,    i-yoo;  ensuite  deux 
volumes  des  Ser/uons  de  VAvent, 
i';04,  sous  ce  litre ,  le  Pécheur  sans 
excuse ,  suivant  l'usage  de  ce  temps, 
où   les    prédicateurs  cherchaient  un 
sujet  auquel  ils  Rattachaient ,  et  qu'ils 
traitaient    à    fond  en  plusieurs  dis- 
cours. L-»y. 

GIRS  (  Gilles  ),  savant  Suédois  du 
xvii  .  siècle ,  fiit  membre  de  la  cour 
de  justice  de  Stockholm,  et  mourut  ea 
1 657.  On  a  de  lui  une  trnduclion  en  sué- 
dois du  Discursus  militaris  de  Fran- 
çois-Marie de  Novère ,  et  un  Traité 
de  la  vraie  noblesse;  mais  ce  sont 
«es  ouvrages  historiques  ,  imprimés 

3o 


/ 


46Ô  GIR 

après  sa  mort,  qui  méritent  le  plus 
d'attention.  Us  reiitl  rinent  les  Annciles 
des  règnes  de  Gustave  i^^. ,  d  E- 
rie  Hiy  et  de  Jeun  111.  Les  (ienx  pre- 
miers règnes  parurent  en  1674  ;  d  le 
troisième  ne  fut  publicqu'en  1  74^  ,  par 
les  soi'is  de  Slii-rnraan,  qui  a  donné 
lui-même  plusieurs  mémoires  très  sa- 
vants sur  PHisloire  de  Suède.  G — au. 
GIRÏANiNËR(CHuiSTOPiiE),  né  à 
Saint-Gtil,  le  7  décembre  1760, 
montra  de  bonne  heure  une  con- 
ception facile,  une  mémoire  heureuse, 
un  amour-propre  excessif,  un  carac- 
tère impétueux  et  opiniâtre.  Ces  qua- 
lités et  ces  défauts,  développés  avec 
une  énergie  nouvclb  par  les  progrès 
<le  rage,  expliquent  la  vie  agitée  de 
l'auteur,  et  l'incohérence  qui  caracté- 
rise la  plupart  de  ses  travaux.  Après 
avoir  terminé,  d'une  manière  brillante. 
Je  cours  de  ses  humanités ,  il  se  ren- 
dit à  Gottingue  ,  pour  étudier  la  wé- 
decine  à  la  célèbre  université  de  cette 
Tille.  En  1783,  il  soutint  sa  disserta- 
tion inaugurale  sur  la  terre  calcaire  y 
et  obtint  le  doctorat.  Revêtu,  en  ou- 
tre, du  titre  de  cousedler  privé  du  duc 
<le  Saxr-Cobourg,  il  lit  de  nombreux 
Yoyages  en  Allemagne,  en  Suisse,  eu 
Frane,  en  Angh  terre,  et  mourut  le 
17  mai  l^'oo,  avant  d'avoir  atteint 
sa  quarantième  année.  Les  ouvr^iges 
qu'il  a  publiés  sont  écrits  en  allemand, 
et  se  divisent  natunlUinent  en  trois 
sections  :  la  première  contient  les  li ai- 
lés spéciaux  de  médt  ciue  •  dans  la  se- 
conde ,  viennent  se  ranger  cv\.i\  (]ui 
ont  la  cliiinie  [)0ur  objet  ;  ciiliu  la  troi- 
sième stctiou  est  consacrée  à  la  poli- 
tique. I.  Traité  sur  les  mnladia  vti- 
TK'rit'nnes  j  5  vol.  in  8'.,  (îoiliugui', 
I  788-1781);  Jt.  ediiioii,  ibid.,  I7«)">. 
Le  premier  voluiiu'  renferme  la  p.tilie 
did.icii(|ue  ;  les  dnix  .lutr»  s  prcsru- 
lent  une  bibliothèque  sipliilidcpic,  si- 
non plus  exacte,  du  moins  plus  corn* 


GIR 

plète  que  toutes  celies  qui  l'avaient 
précédée.  Girtarmer  démontre ,  par 
des  léinoigiiag'^s  multiplié^ ,  et  par  des 
argiuneuis  qui  nous  >erublint  :rrélra- 
gables, l'origine  airȎiicaiiiede  la  siphi- 
h>.  Parmi  les  li.iductious  de  ce  livre 
utile,  on  en  distingue  une  italienne, 
en  4  vo'-  »n-8\,  Venise,  1801.  La 
version  hollandaise,  publiée  à  L;ydc, 
en  T  796 ,  ne  comprend  que  le  premier 
volume  de  l'original,  qui,  du  reste  , 
forme  à  lui  seul  un  manuel  pratique. 
1 1 .  Traité  sur  les  maladies  et  Védu  - 
cation  phjsique  des  enfants  ,  Got- 
tingue,  1794  ,  iii-8'.  ;  traduit  en  ita- 
lien ,  et  enrichi  d'un  article  sur  l'ino- 
culalion  de  la  vaccine,  Gènes,  1801, 
2  vol.  in-8**.  On  chercherait  vaine- 
ment, dans  cette  compilation,  des  pré- 
ceptes sa^es  ,  une  théorie  lumineuse, 
une  bonne  méthode  curative;  l'auteur 
éblouit  quelquefois  par  un  style  bril- 
lante; il  invoque  sa  propre  expérience 
avec  une  aflectalion  d'autant  plus  ri- 
dicule qu'il  n'avait  j  unais  visité  qu'un 
très  petit  nombre  de  malides.  lit. 
Exposition  détaillée^  littéraire  et 
critique  y  du  système  de  médecine 
pratiquede Bro-wn^  Gottingue,  1  797 
—  1798,  >-  vol.  in-S".  Durant  son  sé- 
jour en  liicosse  ,  (jirtanner  trouva  , 
dans  la  doctrine  Biowaienne  ,  u!ic 
mine  qu'il  crut  pouvoir  exploiter  à 
son  profit  ;  il  en  modifia  Icgirement 
les  piincipaux  points  ,  les  entremêla 
de  qu  Iqut'S  paradoxes  chimico-phy- 
jiologiques  ,  et  composa  de  ces  pièces 
empruntées  un  tableau  zoonomicpic 
qui  était  ,  à  l'en  croire ,  le  huit  île 
ses  recherches  et  de  ses  méditation'. 
Deux  Mémoires  sur  Titritnhiiité  con- 
sidérée comme  principe  de  ine  lians 
1,1  noture  or^^anisée  ,  insérés  ,  «  n 
1  790,  (1  liis  \q  Journal  de  physique  de 
r.ibbé  Ho/.icr  ,  anucuM'èreiit  la  pie'- 
tendue  découverte  ,  qui  bientôt  fut  re- 
counuc  pour  uu  plagiat  mal  déguisé. 


r.  iR 

Fm  ii'ii\  «ravoir <Mc  dc'misqiie,  Icdoc- 
tnir  Nuisse  dcrhir.i  itnpi'oy.iblcmrnt 
Cridi  «lu'il  avait  cnVonlciiK  ni  de- 
|>oinlK".  IV.  Expnsiiion  coni/ilèle  el 
raisofi'ta'c  tin  sj  \tctne  de  im^decinc 
pruLque  de  Darwin  ,  (loUi ligne  , 
i^ç):),  IL  vol.  in-8'.  L'tnalysc  de  la 
Zoonuinie\\y  es?  pasloiijoiir.s  fidèle  j 
la  ciilii[iio  csl  rneiuinl  juilicieiisc  : 
soiivciif  l'S  liv|)()ll{èses  de  Darv^'in 
sont  rora|)lacec.s  par  des  liypollièscs 
pliis  frivoles,  plus  luvraisenil)!  blés. 
V.  Eléments  de  chimie  antipJilo^is- 
tique,  (iotiiiigue,  1792,  iii-8  .;  se- 
conde édition,  leviie,  eorri^ee  et  eii- 
licliic  des  découvertes  PTentes  ,  Got- 
tinc^ne  ,  i7<)''>,  in-8''.  Girlanner 
adopta  «  l  pruelima ,  avec  une  sorte 
dViidiousi  jsine,  les  travaux  immor- 
tels des  cltiinistes  frnçiis  Lavoisier, 
Gnyl  n  ,  Ikr'dioliet  el  Fourcroy  ; 
mais  il  ne  pnf  s'(  mpc(  lier  d'y  joindre 
queîqu'S  unes  de  ses  idées  bizarre'^  : 
il  ptèlendit ,  par  exemple ,  que  Tair 
alin(iS|diCiiqne  est  un  mêlante  des  j^az 
ox.ii;ène  tl  hydrogène.  La  fanssele  de 
cette  assertion  fut  mise  dans  tout  son 
jour  par  Berlhoilet,  qni  Mj^nala  et 
reelilia  d'autres  erreuis.  VI.  NoU' 
veUe  nomenclature  chiuwpie  pour  la 
lans,ue  allemande  y  B  rlin  ,  1791, 
iii-B  .  <  et  upuseule  prouve  la  sagacité 
de  l'auteur  .  ain^i  que  la  richesse  et  le 
génie  de  ridiomo  g(  rinanique ,  qui 
lire  de  soi?  propre  fonds  tous  les  ter- 
mes de  sciences  et  d'arts  ,  que  nous 
sommes  forcés  d'emprunter  aux.  lan- 
gues grecque  et  latine.  Un  bon  bour- 
geois de  Paris  ne  comprend  abso- 
hiraent  rien  aux  mots  hydrogène , 
ox.gène  ,  azote ,  qui  ,  traduits  en 
aiiiiiiand,  olficulun  sens  1res  intel- 
ligible au  simple  artisan  de  Leipzig, 
de  Berlin  ei  de  Vienne  Toutefois  la 
Tcrsion  d''  Girlanner  est  inexacte  à 
plusieurs  égards.  Moramer  les  oxides 
des  demi-acides  {halOsœiire^ ,  c'est  se 


GIR  467 

montrer fraduclcur  infidcicj  carreau, 
qui  est  un  oxide,  ne  laisse  pas.  aper- 
cevoir la  pbis  légère  trace  d'acidiié  : 
la  déuomiuatiou  diver'^c  des  aci'J(s, 
plus  ou  moins  oxigénés  ,  est  impir- 
faite  ,  pui'qu'elle  ii'in  liq  ii'  poiril  suf- 
fisamment leur  véritable  naliiie.  II 
serait  aussi  facile  que  snp(  rflu  b-  si- 
giia'er  d'autres  taches.  V  II.  Nouifrlles 
historiques ,  et  consiJérati  >ns  poli- 
tiques sur  la  révolution  francaie  ^ 
Berlin,  1791-1797,  i5  vol.  in-H". 
Les  huit  premiers  volumes  ont  été 
réimprimés,  i  792-1  79(1.  Vlii.  Ta- 
bleau de  la  vie  domestique  ,  du  ca- 
ractère tt  du  gouvernement  de  Louis 
Xf'^l,  roi  de  France  et  de  J\  avarie, 
Goîfingue,  179^.  in-8  ,  avev;  le  por- 
traii  du  roi.  IX.  Mémoires  du  géné- 
ral DumourieZj  écrits  pari  i- même, 
traduits  en  aVemand  ^  avec  des  no- 
ta^ Gottingue,  1794,  2  vol.  in -8*. 
Girfauner  est  accusé  par  ses  compa- 
triotes eux-mêmes  d'avoir  souvent 
mrinqué  de  logique  et  trahi  la  vérité 
dans  ses  éeiis  politiques  ,  comme 
dans  ceux  qui  ont  les.  sciences  pour 
objet.  Bi  n  qu'il  ait  été  moissonné  au 
milieu  de  sa  carrière,  il  a  jiublié  , 
outre  les  productions  déjà  énumérées, 
différents  opuscules  ,  et  inséré  dans 
divers  joui  uaux  un  grand  nombre  de 
mémoires.  G. 

GIHY  (Louis) ,  avocat,  né  à  Paris 
en  i^>9'>,  aimait  les  lettres,  et  em- 
ployait à  relire  les  ouvrages  des  an- 
ciens le  temps  qu'il  n'était  pas  obligé 
de  donner  aux  affaires  de  son  cabinet. 
Des  manières  polies,  une  convers.:tioa 
agréable,  el  enfin  la  conformité  des 
goûts  l'avaient  lié  ivec  l.i  jîlupart  des 
beaux-espiitsqui s'assemblaient  toutes 
les  semaines  chez  Gonrart.  Ces  réu- 
nions, comme  on  sait,  donnèrent 
naissance  à  l'académie  franç.'.ise  :  mais 
Giiy  cessa  d^y  a*«sisfcr,  etil  fallut  une 
itiv  italien  du  cardinal  de  Uichelieu, 

5o.. 


468                  G I R  G I R 

pourrenpjagerà  y  reparaître,  sa  modes*  trois  Harangues  sur  la  démolition 

tie  lui  persuadant  qu'il  n'éfait  pas  digne  de  Vautel  de  la  Fictoire  par  Syin- 

de  l'honneur  qu'on  voulait  lui  faire,  maque  et  S.  Ambroise,  Paris,  1659, 

IJ  fdt  nomme' avocat-ge'nérai  près  des  in- 1*2;  —  et  enfin  de  l'italien  ,  la. 

chambresd'amortisseinentetdestrancs  Pierre  de  touche  -politique  de  Boc- 

fu'fs;  et  il   en  remplit   les  fonctions  calini  .  ibid.  ,   1624,   in-S".  {Fojr. 

avec  autant  de  zèle  que  d'intëgi  ité.  Le  Isaac  Habert.  )                   W — s. 

cardinal  Mazarin  ,    qui   le  regardait  GIUY  (François),  savant  et  pieux 

comme  un  homme  d'un  esprit  solide  minime,  fils  du  pre'cédent,  né  à  Paris 

(X  judicieux,  l'avait  admis  dans  son  le  1 5  septembre  1 638 ,  fut  ëleve' avec 

conseil  prive'.  11  mourut  à   Paris  en  soin,  et  fît  une  partie  de  ses  études  au 

i665  ,  à  '10  ans;  et  Boyer  lui  suc-  collège  d'Harcourt.  La  réputation  elle 

céda  à  racide'mie  française.  On  a  de  mérite  de  son  père  semblaient  lui  pro- 

Giry  un  grand  nombre  de  traductions  mettre  dans  le  monde  des  avantages 

qui  eurent  du  succès  dans  le  temps,  propres  à  l'y  retenir.  Il  avait  déjà  une 

mais  qui  ont  été  surpassées.  Il  a  tra-  sœur  aînée  religieuse:  il  se  sentit  ap- 

duitdu  grec,  Isocrate^  de  la  louange  pelé  au  même  genre  de  vie  ;  et  l'inslitut 

d'Ndene,  Paris,   1640,  in-12;  —  de  St.  Français   de  Paule,    quelque 

X Apologie  de  Socrate  et  le  Criton  austère  qu'il  fût,  lui  parut  être  celui 

de  Platon,  ibid.,    i645,  in-  12;  où  Dieu  l'appelait.  Il  prévoyait  des 

—  du  latin  ,   la  Quatrième  Catili-  difficultés  de  la  part  de  sa  famille:  il 

naire  de  Cicéron ,  ei  son  Dialogue  f  fit  les  vaincre  en  se  rendant  secrète- 

Jes  orateun  illustres,  Paris,  i652,  ment  au  couvent  de  Chaillot,  et  lais- 

jn-12;  — Des  causes  de  lacorrup-  sant  une  lettre  dans  laquelle  il  indi- 

lion  de  l'éloquence,  dialogue  attri-  quail  le  lieu  de  sa  retraite,  et  exposait 

1/ué  à  Tacite  ,  précédé  d'une  belle  et  les  motifs  de  sa  fuite.  Son  père  fut  dé- 

5avanle  préface  de  Godeau,    caché  sespéré:  il  résolut  d'aller  le  chercher, 

5011s  le  nom  de  Philandre  ,V\ns  ,  et ,  craignant  un  refus  de  la  part  des 

3  63o,  in-4".;  —  V Histoire  sacrée  supérieurs  ,  il  se  munit  d'un  ordre  du 

de  Sulpice  Sévère,  Paris»  i652,  in-  parlement.  Le  jeune  Giry  revint  dans 

12:  Godeau  ne  trouvait  pas  cette  tra-  la  maison  piternellc,  où  l'on  fit  tout 

fiurtion  inférieure  à  l'original,  pour  ce  qu'on  put  pour  le  distraire  de  son 

la  pureté  du  style;  —  \\4pologéti-  dessein.  Mais  voyant  qu'il  y  persistait, 

que  de  Tertullicn  ,  i65(j  ,  in-8  . ,  et  son  père  cessa  de  s'opposer  à  une  vo- 

Î.0M  Traité  de  la  Résurrection  de  la  cation  si  prononcée,  et  lui  perniil  de 

chair,  ibOi  ,  in  -  i  ;i  :  «  Tertullien  ,  retourner  à  Chaillot.  Il  y  prit  l'habit  le 

»  disait  Vaiigelas,  s'étonne  que  ,  par  19  novembre  lOji,  cl  prononça  ses 

»  les  charmes  de  noire  éloquence  ,on  vœux  le  3o  novembre  de  l'ainiée  sui- 

»  ait  su   transformer  ses    roeher.s  cl  vante.  Aussilùl  après  sa  profession, 

»  ses  épines  en  des  jardnis  délicieux;»  on  l'envoya  étudier  en  ihéologie.  11  y 

—  les  Epitres  choisies  de  Sùnt  Au-  fit  de  si  rapides  progrès,  que  ses  su- 

pustin  ,  Ptiris,  i653-58,  5  vol.  in-  péiienrs  le  choisirent  pour  aller  sou- 

l'i  j  —  et  les  deux  premiers  livres  de  tenir  à  Amiens  une  ihèse  d'apparat, 

1.1  Cité   de  Dieu  ,    ibid.,    i  ()()">    et  et  le  nommèrent  professeur.  Une  au- 

it)(3n,2  volumes  in-8  .:  a  celle  Ira-  tre  thèse  plus   solennelle  encore,   et 

diiction  ,  dit  Baillet ,  manque  d'cxac-  dédiée  au  roi,  devant  être  soutenue  k 

tiUide  eu   plusieurs  endroits;  »    —  Mirscille,  eu   1667,  peudaut  le  cha- 


G I R  GIS  4<59 
f)ilie  gênerai,  le  ré^i^iine  de  l'crdre  £!;ieux  du  couvent  des  minimes  ds 
cuit  ne  pouvoir  nictlrc  en  avant  un  Soisions  ,  P.iris,  16B7,  in-r2.  VII. 
hoinnu'  c|iii  lui  fil  pins  d'honneur  que  J^a  règle  du  tiers-ordre  desminimes, 
le  père  Giry.  Ce  religieux  montra  dans  VU.  La  vie  de  M.  Olier  ^  curé  de 
celU- occasion  tant  de  savoir,  et  une  S.  Sulpice ,  1687,  »"->'^-  VIII.  Les 
telle  solidité  d'espiit,  que  l'arelievê-  Fies  des  Saints  pour  tous  les  jours 
que  d'Avignon,  qui  présidait  ce  cha-  de l^amiee ,  avec  le  Martyrologe  ro- 
pitre  ,  dit  qu'il  n'avait  jamais  vu  autant  main,  Paris,  i^iS,  drux  volunaes 
de  mérite  réuni  à  plus  de  modestie  in-fol,;  la  première  édition  avait  paru 
Le  P.  Giry  remplit  successivement  en  i683,  sous  ce  titre  :  ^«^  Fies  des 
dans  son  ordre  les  charges  les  plus  Saints ,  composées  par  le  père  Si- 
importantes.  Il  fut  maître  des  novices  mon  Martin,  corrigées  et  augmen* 
et  provincial.  Devenu,  après  la  mort  tées  par  le  père  Giry ,  Paris,  Léo- 
du  j)ère  Ijarre  son  confrère,  direc-  nard,  deux  volumes  in -fol.  On  trouve 
teur-gènéral  des  maîtresses  dos  écoles  dans  Fevret  de  Fontelte,  tome  v, 
charitables  ,  il  passa  les  dernières  an-  page  557  tt suivantes,  une  longue  no- 
uées de  sa  vie  dans  l'exercice  de  celte  menclature  de  ces  Fies  des  Saints  et 
bonne  œuvre ,  qui  consistait  à  former  Saintes  ,  écrites  par  Giry  ,  très-pieu- 
des  filles  pieuses,  pour  aller  instruire  sèment,  mais  malheureusement  avec 
les  enfants  des  campagnes.  Tantd'oc-  peu  de  critique.  L—  y. 
cupations  ne  l'empêchaient  pas  de  se  GIRY  (  Odet- Joseph  de  Vaux 
livrer  à  la  prédication  et  à  des  travaux  de),  abbé  de  Saint-Cyr,  sous  -  pré- 
parliculicrs.  C'est  en  prêchant  dans  le  ccpteur  du  Dauphin,  fils  de  Louis 
couvent  des  religieuses  de  la  Visitation  XV,  naquit  à  Bagnols,  au  commen- 
delà  rue  Saint-Antoine,  que  le  père  cernent  du  xvI^^  siècle.  11  était 
Giry  sentit  les  premières  atteintes  de  versé  dans  les  langues  grecque  et  la- 
la  maladie  qui  le  conduisit  au  tom-  tine,  et  il  ne  négligea  rien  pour  en 
beau,  à  un  âge  où  l'on  pouvait  encore  inspirer  le  goût  à  son  élève.  Cepen- 
attendre  de  lui  d'utiles  services.  Il  dant  ce  prince  se  plaignait  d'avoir  été 
expira  le  20  novembre  1628,  à  55  mal  élevé,  et  recommença  ses  études; 
ans.  Le  P.  Claude  Haffron,  son  con-  mais  il  faut  dire  aussi  qu'il  conserva 
frère,  a  écrit  sa  vie,  Paris,  1691,  toujours  de  l'estime  et  de  la  hienveil- 
Jn-i'2.Le  père  Giry  est  auteur  d'un  lance  pour  l'abbé  de  Saint-Cyr,  d'où 
grand  nombre  d'ouvrages,  dont  plu-  l'on  peut  inférer  qu'il  ne  s'en  prenait 
sieurs  sont  restés  manuscrits  j  les  plus  pas  à  lui  du  peu  de  succès  de  son  édu- 
cotinus  sont  :  I.  Un  livre  mystique  sur  cation.C'élait  un  droit  acquis,  du  moins 
r Enfance  de  Jésus.  IL  Entretien  de  par  l'usage,  aux  précepteurs  de  l'hé- 
Jésus-  Christ  avec  Vame  chrétienne ,  ritier  de  la  cotironne,  d'entrer  à  l'aca- 
suivi  d'aspirations  saintes  en  vers,  demie  française.  L'abbé  de  Giry  y 
III.  Le  Livre  des  cent  points  d'hu-  remplaça  le  cardinal  de  Polignac  en 
viilité.  La  duchesse  de  Ventadour  le  I742.  «  L'académie,  dit  à  cette  occa- 
fit  imprimer  à  Moulins  à  ses  dépens.  >  sion  son  dernier  historien ,  ne  doit 
ly.  Dissertatiochronologicade  anno  «  pas  se  montrer  plus  difficile  que 
natali  et  œtate  sancii  Francisci  de  »  son  protecteur.  »  L'abbé  de  Giry» 
JRauld,  Paris,  1680,  in-8°.  V.  Fie  mourutà  Paris,  le  i4  janvier  1761-. 
dd  père  Pierre  Moreau  ,  avocat  en  V.  S.  L. 
farUment,  puis  fondateur  et  rel>  GISBERGE  ouERMISINDF^ 


470  GIS 

rcined*Araç;on,  fii'e  rie  Renaud,  comte 
de  Bigonc,  princesse  œiehvc  pour  sa 
beauté,  fut  a  preniùrc  reine  d'Ara- 
gon ,  ayant  épousé  en  i  o3()  R.unire, 
qui  avait  pris  le  titre  de  roi  d<  ux  ans 
auparavant.  A  Id  mort  de  ce  prince, 
tue  dans  une  l)atriillc  en  io6^.  >a 
veuve  gouvirna,  a\ccj;loirc,  l'Ara- 
gon,  et  p.irl  g- a  Tautorite  souveraine 
aver  don  ^)an  he,  son  (ils.  li     p. 

GliïBEHT  (Jean),  jésuite  et  théo- 
logien rclèbie,  ne  a  (ahors  en  lôSg, 
entra  dans  la  socieië  en  «654,  '^  y 
professa  pend  iii  un  grand  nombre 
d'années  toutes  l<s  chjsses ,  y  com- 
pris a  pliilosopiiie  et  la  théologie.  Ses 
supciiciirs  r.!pp(  Icrent  ensuite  a  ïou- 
lou>e,  où  on  luiconfii  l;i  chaire  d»  théo- 
logu-  (ian>  l'universiié;  poste  qu'il  oc- 
cnpa  pend.uit  iH  ans  avec  l'applau- 
dissement public.  C'e'l.iit  un  homme 
de  beaucoup  d'esprit,  d'une  érudition 
étendiu',  et  d'unes,  gacitéqu!  Ini  faisait 
rc%oudre  ;i\ec  promptiiudr  et  .l'utio 
iDjnicre  satisfaisante  les  questions  les 
plus  difli(i!<  s.  d  se  plaisait  avec  la 
jeunesse,  sav;»it  se  l'iltacher,  profi- 
lait de  sa  confianec  pour  lui  inspirer 
le  goût  de  l'étude,  qu'il  liti  facilitait 
par  d'util»  s  cons<ils  et  par  les  autres 
moyens  que  lui  fournissait  une  lon- 
gue expérience.  En  i  ^oS  ,  le  1\  (iis- 
jîcrf  fut  nemme  rectiur  du  collé|;e 
de  Toulouse,  et  peu  de  temps  api  es 
provincial.  Il  mourut  d  ins  celte  ville  le 
5  août  I  •]  I  I .  Outre  (pnl(|Mes  discours 
fie  collège,  on  a  de  lui  les  ouvrag<s 
suivants:  I.  Insrtnimum  Sancti  Tho- 
mœ  qmvsUones  jiiris  eljacti  thtolo- 
^/Vp,  1670,  in  loi.  11.  f  t-ra  iilcLut, 
theolo^icc  ciim  1iislori(ic(:cl€>iaslicAL 
sociatœ  y  i^>7G,  in- ri;  autre  édition, 
plus  corr(ct»  ,  Pans,  i('H(),  in- ri. 
111.  Disst  rlationes  aciultunira-  sr- 
lecta*  alitn  in  aca'tcmià  Tolosand 
prn/iuntiiitft' ,  l*.iris  idSS,  in-8'.  IMo- 
lêri  donne  II  liste  des  [licc.cs  contenues 


GIS 

dans  ce  recueil ,  de'die'  à  Tuniversité 
de  Toulouse,  et  dont  parle  Dupin, 
suite  du  xviir.  siècle.  Une  des  plus 
curieuses  est  intitulée  :  Stj'lus  nati  rce 
index  ,  disstrtcitio  acndeniica  in  quci 
traditur  arssanè  mirabilis  auctortin 
quemlibet  ex  stjlo  dignoscendi,  et 
f^trmnnos  scriplorum  lilros  secer- 
nendi  ab  adullerinis .  IV.  Sçientia 
religionis  univers  a,  etc.,  1  vol.,  in- 
8<>.,  Paris,  iGcSç).  V.  Antipmbabdis- 
mus ,  sive  tractaïus  théologiens  fi- 
delem  totius  probabilismi  stateram 
coniinens ,  Paris,  1706,  in-4".  Du- 
pin en  donne  l'analyse,  x\  III^  siè- 
cle ,  première  pariie,  it  loue  l'esprit 
impartial  qui  a  pre'sidé  à  la  con» po- 
sition de  cet  ouvrage.  —  Gisbert 
(Biaise),  né  le  'i\  févrir  1637,  _ 
à  Gihors,  comme  le  prceédent,  et 
proLabI'  ment  de  la  même  famille,  sui- 
vit la  même  vocation,  il  entra  chtz 
les  jésuites  en  167*2,  y  enseigna  les 
classes  inférieures  et  la  rhétorique, 
puis  se  voua  à  la  prédication,  où  il 
obtint  du  succès.  Dairs  les  dtrniires 
années  de  sa  vie,  il  se  retira  au  col- 
lège de  IMonipi  Hier,  où  i  m-urut  le 
27  février  i-jSi.  Il  est  auteur  des  ou- 
vra;;es  suiv  nts  :  I.  M  Art  d'élever  Wi 
prince  y  dédié  à  IM.  le  duc  de  Bouigo- 
gne,  Paris,  1687,  in-4"'»  réimprimé 
en  i(>8S,  sous  le  t  Ire  de  Wtrt  da 
formel  l'esprit  et  le  cœur  d'un  prince  » 
1  vol.  iuia.  11.  /.a  i>]iilosophie  du 
prince,  ou  la  veritabU  idèede  la  nou- 
velle et  de  l'ancienne  philosophie  , 
deiliée  a  M.  le  duc  de  BoiirgOL;ne. 
QueUpies  uns  ont  attr.buécef  ouvrage 
au  P.  Galimart,  aussi  jésuite;  mais 
d  ne  (il  (pi'<  n  scigner  l'édition.  IIJ. 
Le  bon  godt  de  Cèlotpunce  chrétien  nty 
Lyon,  I7<)>.,  in-rj>>;  léimpiimé  sous 
le  litre  de  L' Eloipience  clirètienne 
dun^  l'idée  et  dans  il  pratique,  I  .yon, 
1  7  I  .'j,  in  |*\  Il  V  en  a  une  7)  .  ('ditiou, 
avec   les  notes  du  célèbre  protcsiaul 


GIS 

Jacques  T.enrinl,  Amslcrclain,  17^8, 
iiiii.  Ccl  (»M\iaj;e,  qui  a  ete  traduit 
en  11  iIk  II ,  en  .iINniand ,  olc.^  esl  ce 
que  r  lulnir  a  lait  de  mieux.  I^c  [irofcs- 
scur  Gihei  t  eu  a  tloimc  une  analyse 
ll,lll^  .s(S  .Juu;eincnts  des  savants.  IV. 
Histoire  crili(jUii  de  l'art  de  prê- 
cher ,  chez  les  Français,  depuis  les 
premières  années  de  François  /'"'. 
jus  (pi*  au  règne  de  Louis  XJ  f^.  Le 
i\  (  Uuliii ,  jésuite  ,  d.ms  des  TMeinoires 
qu'il  a  laisses,  parie  de  ci  ite  iiisloiro, 
et  dit  que  (iisbert  l'avait  achevée,  mais 
1)011  revue.  Il  ne  paraît  pas  qu'elle  ait 
clc  imprimée.  L — y. 

GISCAI.A  (Jean de),  fils  de  f.e- 
vias,  naquit  à  Gi^c,da,  ville  de  Galilée. 
Il  fut  un  des  chefs  des  factieux  qui , 
sous  le  nom  de  zélateurs,  commirent 
les  c:xcès  les  plus  affreux  à  Jérusalem, 
et  défendirent  cette  ville  lors  du  siège 
que  les  Romains  en  firent  sous  le  com- 
mandement de  Titus.  Jean  passa  les 
premières  années  de  sa  vie  dans  la 
misère.  Pouren  sortir,  il  se  mit  à  voler 
sur  les  gnnds  chemins.  Plein  de  force 
et  d'audace,  il  se  trouva  bientôt  à  la 
tête  de  quatre  cents  hommes,  tous 
aussi  résolus  que  lui.  Portant  plus  haut 
ses  vues,  Jean  qui  ta  sa  vie  vaj; abonde, 
et  sefil  chargerpar  Josèphel'historicn, 
du  S'»in  de  lorlifier  sa  ville  natale.  11 
j)ro(ita  de  celte  circonstance  pour  s'en- 
richir, en  tourmentant  les  riches.  Dé- 
voré d'ambition ,  il  aspirait  à  succéd,  r 
à  Josèphe  dans  le  gouvernement  de  la 
Galilée;  «'t  pour  réussir  plus  sûrement, 
il  était  d.'cidé  à  le  l'aire  assassiner.  Jo- 
sèphe avant  découvert  ce  dessein , 
Jean  prit  la  fuite,  accompagné  de 
aooo  Tyriens,  et  envoya  secrètement 
à  Jéi  uî).i!em  des  ag<  nls  chargés  d'ac- 
fuser  celui  (jui  avait  été  le  premier 
auteur  de  sa  fortune.  Quelques  uns 
des  principaux  magistra's  de  cette 
ville  lui  firent  alors  passer  de  l'argent, 
pour  faire  la  guerre  à  Josèphe  ^   ce 


GIS  47» 

qu'il  n'exécuta  pas.  Cependant  il  per- 
sista toujours  à  soutenir  le  caractère 
tuibulent  et  audacieux  qu'il  avait 
montré  jusqu'alois.  Assiégé  dans  Gis- 
cala  par  les  Romains,  et  se  voyant 
trop  pressé,  il  eut  recours  a  la  ruse. 
Il  obtint  du  fils  de  Vc.spasien  la  per- 
mission de  célébrer  le  Sabat,  s'enga- 
geant  à  i;endre  la  ville  ensuite.  Le  gé- 
néi  eux  Titus  accédi  à  cette  demande, 
et  alb  camper  à  Cydesse.  J(  an  profita 
de  ce  délai- pour  se  sauver,  pendant 
la  nuit,  à  Jérusalem ,  accompagne' 
de  soldats  Galiléens  et  d'une  multitude 
d'habitants  de  GIscala.  Jérusalem  était 
en  proie  aux  troubles  les  plus  violents. 
Les  vagabonds,  les  voleuis,  qui  en 
infestaient  les  environs,  s'y  étaient  je- 
tés en  (ouïe,  sous  le  prétexte  de  la 
protéger  contre  les  Humains.  Ils  pre- 
naient le  titre.de  zélateurs,  du  nom 
d'une  quatrième  secte  juive  ,  fondée 
par  Judas  le  Galiléen.  Ces  misérables, 
qui  ne  voulaient  ,  disaient  ils,  que 
recouvrer  la  liberté  et  la  procurrr 
au  peuple,  avaient  fait  mourir,  mal- 
gré leur  innocence,  Anlipas,  Levias 
et  Sophas ,  issus  du  sang  royal.  Ana- 
nus  ,  grand  sacrificateur  ,  souleva 
le  peuple  entier  contre  ces  factieux. 
Us  s'emparèrent  alors  du  temple.  A 
son  arrivée  ,  Jean  qui  savait  dissi- 
muler jusqu'à  la  moindre  de  ses  pen- 
sées ,  •  feignit  de  s'attacher  au  parti 
d'Ananus,  et  parvint  à  gagner  la  con- 
fi  ince  de  ce  pontife.  Chargé  de  sa  part 
d'aller  porter  des  proposilionsd'accom- 
modement  aux  zélateurs,  au  lieu  de 
remplir  sa  mission,  il  ne  s'occupa  qu'à 
losanimercontrelesacrificateur,elleur 
inspira  la  pensée  d'appeler  à  leur  se- 
cours les  Iduuiéens.  Les  zélateurs  s'em- 
pressèrent de  suivre  ses  perfides  cou- 
seils;  une  nuit  qu'il  faisait  une  affreuse 
tempête,  ils  sortirent  du  temple  ,  à  la 
faveur  des  éclairs  et  du  tonnene,  et 
ils  ûuviireut  les  portes  de  la  ville  aux 


47^  GIS 

Idurae'en?,  qui  bientôt  la  remplirent  de 
meurtre  et  de  carnage.  Fatigués  eux- 
uîcraes  de  leurs  crimes,  ils  se  retirè- 
rent. Les  zélateurs  se  divisèrent  plus 
tard  en  deux  factions ,  coraraandëes , 
Tune  pir  Jtan,  et  l'autre  par  Eléazar. 
Il  n'y  eut  pas  de  crimes  que  Jean,  et  les 
Galilëens  qui  étaient  sous  ses  ordres, 
ne  commissent  à  cette  époque  dans  Jc- 
rusaiera.  Les  deux  partis  des  zélateurs 
en  vinrent  bientôt  aux  mains.  Les 
soldats  galilëf-ns  qui,  d;ins  l'origine, 
avaient  contribue  à  affermir  le  pouvoir 
de  Jean ,  se  révoltèrent ,  et  reçurent, 
d'accord  avec  les  sacrificateurs,  Si- 
mon ,  autre  chef  de  brigands,  qui,  à  la 
tête  de  forces  assez  considérables,  déso- 
lait les  environs  de  Jérusalem.  ï/infor- 
tunée  Sion  se  trouva  ainsi  au  pouvoir 
de  trois  partis  différents ,  qui  ne  ces- 
saient de  se  déchirer  mutuellement 
que  pour  tourner  leur  ra^e  contre  elle. 
Divers  combats,  tous  funestes  pour 
la  ville,  eurent  lieu  entre  ces  trois 
partis.  Mais  lorsque  Titits  vint  as- 
siéger Jérusalem,  ils  réimirent  leurs 
communs  efforts  pour  le  repousser. 
Les  assiégés  ayant  eu  un  instant  de  re- 

J)0s  ,  Jean  profita  de  la  solennité  de 
a  fête  des  Aziraes,  pour  faire  tomber 
dans  un  piège  EIé.>zar ,  chef  de  l'un 
des  trois  partis.  Il  ne  s'en  trouva  plus 
alors  que  deux.  Pendant  la  suite  du 
«iége  de  Jériisalf  m ,  Jean  ruina  les 
frn.is*<es  que  les  Romains  av.iient  é!e- 
▼ées  de  son  roté.  La  misère  était  portée 
à  son  comble  dans  c«tte  inallieurense 
ville.  pDur  y  remédier,  Jean  qui  avait 
rlé  l'uu  des  plus  ardents  à  la  piller, 
^'empressa  de  faire  fondre  plu>ieius 
des  vases  d'or  qui  étaient  ilans  le  tem- 
ple. Les  r>oinains  ayant  encore  élevé 
de  nouvelles  terrasses,  Jean  voulut  les 
détruire  j  m.ii.^  il  ne  put  y  réussir,  cl 
fif  chassé  (le  la  tuiir  An'onia  qu'il 
ormp.Til.  Jérusalem  tomba  enfin  au 
pouvoir  Jt  Titus  (  le  8  scptcmbic  lie 


GIS 

l'an  70  de  Jésus-Christ);  alors  Jean 
se  cacha  dans  un  souterrain.  La  faim 
l'en  ayant  chassé ,  il  se  rendit  aux 
Romains.  Tous  ses  crimes  ne  furent 
punis  que  par  une  prison  perpétuelle. 
St.  P— r. 

GISCON,  fils  d'Himilcon,  général 
carthaginois,  d'un  mérite  distingué, 
fut  bannideCarthage  par  une  cabale,  et 
rappelé  ensuite  vers  l'an  539  avant 
Jésus-Christ.  F^e  sénat  et  le  peuple 
l'ayant  autorisé  à  exercer  contre  ses 
ennemis  la  vengeance  la  plus  com- 
plète, il  se  contr^nta  de  les  faire  pros- 
terner à  terre,  et  de  leur  presser  le  cou 
sous  un  de  ses  pieds,  montrant  par-là 
qu'abattre  ses  ennemis  par  l'ascendant 
de  ses  vertus  et  leur  pardonner,  est 
la  seule  vengeance  qui  soit  digne  d'une 
ame  supérieure.  Giscon  s'embarqua 
ensuite  avec  une  armée  pour  la  Sicile; 
mais  apprenant  queTimoléony  avait 
triomphé  de  tous  ses  ennemis ,  il  con- 
clut la  paix  avec  ce  grand  homme  à 
des  conditions  avantageuses,  vers  l'an 
358  avant  l'ère  chrétienne.     B — p. 

GISCON,  général  carthaginois, 
commandant  de  Lilybéc  en  Sicile,  se 
distingua  sous  Amilcar,  père  d'Anni- 
bal,  et  fut  choisi,  à  sou  retour  ea 
Afrique ,  pour  apaiser  le  soulève- 
ment des  soldats  mercenaires  à  la 
solde  de  Carthage;  mais  ceux-ci  lui 
ayant  demandé  insolemment  des  vi- 
vres, Giseon  les  renvoya,  par  déri- 
sion ,  à  Mathon ,  l'un  des  chefs  de  la 
révolte.  Ce  trait  de  mépris  mit  tout 
le  cimp  en  fureur  :  les  séditieux  cou- 
rurent à  h  tente  de  Giscon,  le  char- 
gèrent de  fers,  le  traînèrent  en  prison, 
et  déchirèrent  la  guerre  à  Cirthage. 
Après  avoir  été  défaits  par  Ainilear, 
les  chefs  des  révoltés,  pour  leur  ôter 
tout  espoir  de  rentrer  en  grâce,  or- 
donnèrent le  massacre  du  malheureux 
Giscon  ;  ce  (pii  fut  exéeuîé  de  la  ma- 
nière la  pluj  barbare.  Ou  lui  coupa 


GIS 

ksm.àns;  on  dôcliir.i  son  corps  en 
])icccs,  cl  on  rriifoui' ,  tout  vivant, 
dans  une  fosse  ,  l'an  à3cj  avant  Jesus- 
Christ.  B— P. 

(iISRKK  (Nicolas-Thierri).  ^. 

GlESECKE 

GlSKKt(PAUL-THiERRi),  ne  en 
174^'^  Hanil)()ui|;,all<<  étudier  ia  méde- 
cine à  Tuniversitc  de  Gottinçjuc  ,  où  il 
oblinl  le  doctorat  en  17G7.  Sa  thèse, 
oflVant  l'analyse  ciilique  des  ptinci- 
j)aux  systcnus  pliylologiques  moder- 
nes, révélait  uno  pj  éddeciion  bien  mar- 
quée pour  ia  botanique  ,  qui  continua 
cfTeclivemcntdêtre  la  science  favorite 
et  presque  exclusive  de  Giseke.  Nom- 
mé professeur  de  physique,  de  poésie, 
et  bibliothécaire  du  gymnase  de  Ham- 
bourg, il  remplit  honorablement  cette 
triple  fonction  jusqu'à  sa  mon ,  arri- 
vée le  '16  avril  1 796.  Aucun  ouvrage 
fondamental  n'est  sorti  de  sa  plume  j 
il  n'a  publiéque  des  opuscules,  desno- 

^  tices,  des  tables,  des  traductions  et  des 
suppléments  aux  œuvres  immortelles 
de  Linné,  dont  il  était  admirateur  :  ï. 
Dissertatio  solennis  historico-litte- 

:  raria  de  meritis  Hamhurgensium 
in  historiamnaluralenij  Hambouig , 
1791,  in-4'.  H.  Thèses  botanicce, 
in  usum  auditorum  exscriplœ,  ibid. 
1790,  iu-8°.  III.  Index  Linnœanus 

,  in  Leonardi  Plukenetii  opéra  bota- 
nica;  accedit  Index  Linnœanus  in 
Joannis  Jacohi  DiUenii  Historiam 
muscorum,  ibid.,  1779,  in-4°«;  il 
faut  joindre  à  cet  Index  les  additions 
et  corrections  que  l'auteur  y  fit  l'an- 
née suivante.  IV.   Caroli   à  Linné ^ 

.  tertnini  botanici  classium  methodi 
sexualis ,  generumque  plantarum 
characteres  compendiosi/\h.y  1781  , 
in-8".;  ibid.,  1787,  in-8'.  Cette  se- 
conde édiliou  contient  les  versions  al- 
lemande ,  fratiç.iise  et  anglaise  de  la 
terminologie  botanique ,  ainsi  que  les 
fiOQis  géuériqucs  âllcmâud^;  propost;s 


G  î  S  475 

par  Jean-J.icqnes  Planer.  V.  PrϔeC' 
tiones  in  ordines  naturalcs  planta- 
rum è  proprio  Fabricd  prof.  Ail. 
manuscripto  :  acccdit  Uheriur  pal- 
marum  ci  scitaminum  ejpositio  , 
prœter  pluriwn  novorum  ^enerurtt 
reductiones  ,  cum  mappd  geoç^ru" 
phi  co- gène  alogicd  affmitatum,  Ham- 
bourg, i79':i,  in-8**.  fig.  (/^r;^.  J.C. 
Fabricius,  XIV,  ti6.)  Giseke  a  été  îe 
principal  rédacteur  des  deux  recueils 
suivants,  l'un  botanique,  l'autre  mé- 
dical, dont  il  n'a  paru  ([we  la  pre- 
mière livraison  :  VI.  Icônes  planta- 
rum ,  partes ,  colorem  ,  magnitu- 
dineni  et  habitum  earum  ad  amus- 
sim  exhibe ntes  ,  adjectis  nominibus 
Linnœanis  ,  H.jmbourg  ,  1777,  in- 
4'.  VII.  Mémoires  et  observations 
de  médecine ,  par  une  société  de  mé- 
decins de  Hambourg,  ibid.,  1776, 
in-S'^.  (en  allemand.  )  On  doit  à  Gi- 
seke les  éloges  funèbres  du  magistrat 
Jean  Schluter,  et  des  professeurs 
Jean  Wunderlich  et  Godefroi  Shiilze. 
Il  a  exposé  les  moyens  de  retirer  tous 
1rs  avantages  possibles  du  gymnase 
de  Hambourg,  et  l'utilité  de  fonder 
dans  cette  ville  un  jardm  botanique. 
Linné  lui  a  consacré,  sous  le  nom  de 
Gisekia,  un  genre  de  plante  pentan- 
drique,  dont  la  seule  espèce  connue 
jusqu'à  ce  jour  est  comprise  dans  la 
famille  des  portulacées,  et  croît  aux 
Indes-Orientaîes.  C. 

GISOLFE ,  premier  duc  de  Frioul , 
fut  le  premier  des  grands  feudataires 
qu'Alboin  institua  en  Italie,  lorsqu'il 
fit  la  conquête  de  cette  contrée.  Gisolfe 
était  neveu  du  roi  lombard  et  !e  ser- 
vait comme  écuyer.  Celui-ci  s'étaiit 
rendu  maître,  en  568,  de  la  ville  d« 
Forum  Jidii  [  Ciîlà  di  Friuli  ) ,  en  in- 
vestit Gisolfe,  avec  le  titre  de  duc.  Il 
lui doima  un  certain  nombre degentils- 
liommes  lombards,  pour  garder  avec 
lu;  les  postes  de  son  nouveau  royaume 


4:4  GIS 

el  occjiper  toute  la  province,  tandis 
qu'il  s'avançait  vers  le  cœur  de  Tltalie. 
Gi^olfe  gouverna  très  long-lemps  le 
Fhou!.  Il  favorisa,  en  6o5,  la  division 
du  siège  patriarcal  d'Aquilée,  dont 
la  juiidiction  s'e'tendait  sur  les  !,oin- 
bards  et  les  Vénitiens.  Dès  cette  épo- 
que, les  Véiiitiens  eurent  un  paînar- 
cheà  Grado,  el  les  Lomb.irds  un  putrc 
à  Aqiiilée.  Giso'fe  fut  lue  en  (3ii, 
dans  une  bataille  contre  le  eaghan, 
ou  roi  des  Avans,  qui,  avec  une 
armée  nomlueusc,  envrduss?«itla  Vé- 
nélie.  Soi)  fils  Griraoïld,  fut  en  uite 
duc  de  Béiiévent  et  roi  des  Loniitards. 

S.  S—i. 

GIvSOLFK  I,  duc  de  Be.iévent , 
était  petit  fils  du  duc  de  Frioul ,  de 
même  nom,  fils  de  Grimoald  I  el 
frire  de  Giirno.ild  II.  Il  succéda  au 
dernier,  [uobiblement  vers  l'^tn  690  ; 
mois  eeite  [*ai  tie  de  ia  chronologie  ita- 
li(  une  est  très  obscure.  On  ne  connaît 
autre  chose  de  son  histoire  ,  qu'une 
iirnpfioi!  qu'il  fiten  '^o'js  dins  !e  liuclié 
deRofue,a  ors  dépendant  des  (irecs.  il 
le  ravagea,  et  emmena  un  grand  noai- 
brede  prisonnit  rs.  Cependant  le  pape 
.ban  VI  lui  envoya  d(s  prêtres,  qui 
fléchiienl  sa  colère,  richetèrent  les 
captifs,  et  If  detcrmiiièrent  à  se  reti- 
rer. Gisolfe  1*-'.  mourut,  après  avoir 
régné  lyans.  Romuald  II,  sou  (ils,  lui 
^ucccda.  —  Gisolfe  11 ,  duc  de  Béné- 
vcnf,  fils  de  Grimoald  II,  n'avait  point 
succédé  à  son  père  ou  à  son  oiu  le. 
Sa  famille  avait  été  dépouillée  quelque 
temps  du  duché  de  Hénévent.  Il  en 
fut  mis  eu  possessi(»n  en  r \'>. ,  par  le 
roi  f.uitpr.md,  qui  en  chassa  (iodes- 
talchi.  Apri's  un  rigne  dr  huit  .iiis,  il 
mourut  en  "^So.  Luitpt.uid,  (pu  paiail 
avoir  clé  neveu  du  roi  des  Lonibuds 
de  niêu)»'  nom  ,  lui  succéda.    vS.  S — 1. 

GISOI  ['\'.  I,  piiiice  de  Siltrne, 
était  (ils  de  Guaiuiar  il,  auquel  il 
»uc(cda  en  935.  Il  était  alors  âgé  de 


GIS 

quatre  ans  ;  et  l'on  ne  sait  rien  sur  sa 
longue  minorité.  M  fis  en  g5[)  il  prit 
la  défense  des  princes  de  Benévent  et 
de  Giipoue,  contre  le  p  pe  Jean  Xll. 
A  cette  époque  ,  il  commandait  une  ar- 
mée nombn  use;  et  il  ét.iitenlouiédrtns 
sa  cour  de  toute  la  pompe  el  de  toute 
l'élégance  qui  distinguaient .  dans  le 
lx^  et  le  X  .  siècle  ,  les  provinces  de 
l'Italie  méridionale  de  tout  le  rt  ste  de 
l'Ki  rope.  Le  c(>mmeice  f  jcile  av  e  les 
Grecs  et  les  Sarrasins,  le  mélange 
conlii.uel  des  nations,  et  les  Testes 
d'une  antiqiu"  opidence,  avai  nt  com- 
mencé la  civilisation  des  principautés 
hinbaides.  au  mi'ieudes  j)euples  bar- 
bares. ljors(pj'Otliou-le-Graud  porta 
la  guerre  d ms  ces  provinces  en  9'>9, 
Gisolfe  se  joignit  auxGrei  s  coi  lie  lui, 
el  il  ne  lui  laissa  point  entamer  ses 
fnnticres.  11  avait  donné  a-i'e  dans 
sa  cour  à  Laudolfe,  fils  d'Aténolfe 
II,  prince  de  Béuévenl,  son  cousin, 
qui  avait  été  dépouillé  de  ses  états. 
Celui-ci ,  abusant  de  l'hospitalité  qi 
lui  avait  élé  accordée  ,  surprit  de  uuit 
son  bienfaiteur,  en  973,  avec  une 
troupe  de  conurés  ,  le  retint  prison- 
nier, et  se  lit  prt'clainer  piiiiee  à  sa 
place.  Mais  Gi>olfe  fut  secouru  par 
Paiidolfe  Têie-de-fer,  princ^e  de  Bé- 
ne'venl  ,  qui  le  tira  de  piison  en 
c)7^l,el  le  réiab'il  surletiôue.  Gisolfe 
n'.ivant  point  d'entants,  adopta  Pan- 
dolfc  II,  (ils  de  son  libér.it»  ur ,  qui 
lui  Mieeéda  en  0-8.  S.  S — ». 

GISObl'K  \\[  était  fils  de  Guai- 
mar  IV,  aiMjiiel  il  succéda  en  i(»f)», 
dans  1,1  ptineipaulé  de  vSalei  ne ,  lors- 
(pie  celui -Cl  fut  assassine'.  Gisolle 
eonimença  sou  règne  |)ar  venger  sé- 
vèr. ment  la  inoit  <le  son  père.  Quttic 
de  ses  parents  et  lr<'nte  six  geiilils- 
hoiiiines  (le  sa  coui' ,  (pii  avaient  eons- 
pué  contre  lui,  el  (|ui,  aprè.s  sa  mort, 
étaient  demeurés  queltpio  jours  niaî- 
Ircs  de  Salerne,  périrent  tous  du  dei- 


r.  \s 

r\c\'  supjilici.  l^c  iioiivrau  prince, 
cntouic  par  les  av(  iiliiii<.T>  nor- 
inaiici.s  dont  la  puissauce  s'aaroi.ss.iil 
sans  ccs';(  ,  maria  ss  sœur  iîigt'l^.iita 
à  Utjbirl  (iiiis-  ard  ;  cl  il  crut  s'iSMircr 
ainsi  la  prutcction  de  ce  rcdoutaUc 
conqix'Vaiif.  Gi.solfc  i:;>i;ni  aussi  l'a- 
li'iiiodi-  {ir('\;<)irc  \I1,  «pii  lui  Ic'uioi- 
gn.i  IxMUCoup  de  eon(ianc«, tt  r;i|)p(  la* 
à  pliisitiir»  conciles.  Cipcnd.nt  le 
prince  de  SaUrnc  était  d'un  caractère 
dur  eturp;iiciîlcux.  Il>'a!iena  i'allcctiou 
de  ses  p»  nplrs,  et  surtout  des  Am.il- 
fitains,  dont  il  ne  respectait  pas  les 
privilèges.  Ceux-ci  recoururent  à  Ro- 
bert Guiscaid.  L'ambitieux  Norroand 
saisit  avec  ernpressefnent  une  occasion 
de  se  f.iire  nicilialenr  dans  les  états  de 
sou  b'au-frèie.  Gisolfe  refusa  celle 
médiation  avec  hauteur;  et  Robert 
GuiNC.trd,  irrité,  ou  feigna'tt  de  l'être, 
vii.'t,  en  1077  ,  mettre  le  siège  devant 
Sal<  rnc.  An  bout  de  huit  mois  ,  il  prit 
cttt-  ville  par  la  famine,  et  il  dépouilla 
Gisolle  de  tous  ses  états.  Grégoire 
\  II  donna  par  compassion  à  ce  jirince 
fugitif,  le  gouvernement  de  la  Campa- 
ric  romaine.  vS.  S — i. 

GlbORS  (Louis-Marîe  Fouquet 
comte  de)  ,  fils  du  ccKbre  maré- 
cbal  de  Bclle-lsle,  naquit  en  i-jD'i  , 
et  donna,  des  sa  jeunesse,  les  plus 
brillantes  espérances  :  entré  luie  fois 
dans  le  monde,  il  es  jur.lifi  i  et  les  aug- 
menta encore.  Colonel  du  régiment 
de  Champagne ,  il  éiait  tous  les  jours 
levé  a  quatre  heures  du  matin,  as^is- 
tait  a  tous  les  exercices,  et  était  lui- 
même  ,  pour  les  soldats  sous  ses  or- 
dres, l'exemple  et  le  modèle  d'i'.n  mi- 
litaire accompli.  Nommé,  en  i^ô^, 
gouverneur  de  Welz  et  du  pays  Mes- 
sin, et,  peu  de  temps  avant  sa  mort  , 
ni^stre  -  de  -  eam[)  lieutenant  du  lé- 
ginient  royal  desc  rabinicrs,  il  faisait 
partie,  ainsi  que  son  régiment,  d(  s 
luiccs  confiées   au  comte    de   GIci - 


GIT  4:5 

nionf  ,  si  ronnn  alors  pir  bs  ic- 
Ir.iile»^  mallieiiicuscs  qu'il  (  xécnta. 
l*leiii  de  resohilion,  Gisors  aniur.it 
sans  cesse  .sou  général,  qui,  à  la  télc 
de  Fr  inç.iis  ,  n'avait  pas  su  défen- 
dre le  iUiin,  ni  .s'oppo>tr  aux  pro- 
grès du  prince  Ferdinand  de  l>rnns- 
vvick.  Il  sut  enfin  décider  h  comte  de 
Cicrmont  à  attendre  son  adversaire 
dans  la  po^ition  avantageuse  de  Crc- 
vell.  MalheuKUsenxnt  des  conseils 
pusillanimes  furent  donnés  au  géné- 
ral en  chef;  c:l  au  lieu  d'une  victoire 
qu'ils  devaient  remporter,  les  Fran- 
çais ne  fiienl  (ju'une  retraite  honteuse 
(  roj'.  Clf.rmoint,  IX,  87  .  )  Gisors 
fut  blessé  dangereusement,  en  char- 
geant avec  intrépidité  à  la  tcle  de  ^.cs 
carabiniers.  Conduit  à  J>i'u3'lz,  il  expira 
le  16  juin  1708,  dans  la  27*.  année 
de  son  âge  ,  trois  jours  après  la  fu- 
neste bataille  de  Cl cvclt;  c'est  ainsi 
que  sVt(ignit  en  sa  personne,  la  nou- 
velle maison  fondée  par  le  marécha! 
de  Belle- I>le.  Le  duc  de  Nivcrnois  , 
dans  le  discours  cicadémique  qu'il  pro- 
nonça lors  de  la  réception  de  l'abbé 
Trubli  t ,  a  jeté  qiielqnesfl(;urs  sur  la 
tombe  du  comte  de  Gisors,  qui  était 
son  geiuhe.  St.  P—  r. 

cVriADAS,  de  Lacédémone, 
sculpteur  grec,  florissait  vers  la  xiv  . 
olympiade ,  7*24  ans  avant  Jésus- 
Christ.  Il  a\ait  construit  dans  sa  pa- 
trie, un  t(mj)Ic  célèbre,  dédié  à  Mi- 
nerve Chalciœcos-  lA'dificc  était  tout 
en  broiîze,  ainsi  que  la  statue  de  !a 
déesse.'  Des  bas- reliefs  n«imbr(ux  dé- 
coraient i'intéiieur;  on  y  voyait  les 
travaux  d'Hercule,  l'enlèvemint  des 
filles  de  Leucipj)e  par  les  Dio^cures, 
et  d'autres  sujets  tirés  de  la  mytho- 
logie. Architecte  et  srr-lpitur,  Gitiadas 
clail  encore  poète.  Il  avait  compose 
des  car.tiques  sur  le  mode  dorien  ,  et 
entre  autres  une  hymne  en  l'honneur 
de  Minerve.  L — s — e. 


4:6  GIU  GIU 

GIULINI  (George)  ,  naquit  à  Mi-  les  conjectures  ne  sont  e'tablies  que 

lan,  le  i6  juillet  1714  :  il  fit  ses  étu-  sur  de  fortes  probabilités  :   l'auteur 

des  à  l'école  des  jésuites  avec  tant  de  emploie  nou  seulement  les  historiens 

succès,  qu'il  fut  reçu  docteur  à  Pavie,  et  les  chroniqueurs,  mais  il  s'aide 

à  l'âge  de  17  ans,  et  continua  de  se  des  diplômes,  des  sceaux,  des  mon- 

îivrer  à  l'e'tude  sous  les  plus  savants  naies,  des  monuments  de  toute  espè- 

professeurs.   L'e'tude    des   antiquités  ce;  la  plupart  sont  rapporte's,  et  ser- 

élait  alors  en  grande  vogue  dans  i'Ita-  vent  de  preuves  à  ses  assertions.  De 

lie;  Giulini  se  mit  à  scruter  tous  les  si  grands  travaux  n*empêchaient  point 

monuments  antiques  et  les  documents  Giulini  de  soigner  Téducalion  de  ses 

du  moyen   â;;e   qui  avaient  quelque  enfants,  et  de  se  rendre  utile  dans  la 

rapport  à  l'histoire  de  sa  patrie.  L'a-  direction  du  mont-de-pictéet  du  grand 

cade'mie  des  trasformati  venait  d'être  hôpital,  dont  il  fut  un  des  adrainistra- 

institue'e,  ou  pluiôt  rétablie  en  1764.  teurs.  La  musique  était  son  principal 

ÎI  y  lut  des  vers,  et  une  tragédie  inti-  délassement;  il  chantait  avec  goût  en 

tulée  Alcmeon,  qui  n'a  pas  été  repré-  s'accompagnant  de  la  guitarre ,  et  il  se 

sentée.Ilavaitdonné, en  «ySô,  unesa-  plaisaità  composer  des  airs  pour  des 

vante  Dissertation  sur  une  inscription  scènes  dont  ses  amis  ou  lui  étaient  les 

de  Julia  Drusilla ,  jille  de  Germa-  auteurs.  Plusieurs  académies  de  l'Iiu- 

niCM5;  elle  est  insérée  dans  le  recueil  rope   s'empressèrent    d'enrichir  leur 

qu'Agnelli  a  publié  à  Milan  :  il  fit  pa-  liste  de  son  nom.  11  fut  nommé,  par  un 

laîîre  l'année  suivante ,  dans  le  même  décret  spécial  des  magistrats  de  lacora- 

recueil,  et  séparément,  une  Disserta-  mune,  historiographe  de  Milan.  Le 

tion  sur  l'amphithéâtre  de  Milan,  prince  Kaunitz  elle  comte  Firmian, 

3757.  Il  avait  commencé  un  grand  rinvitcrcnt,  au  nom  de  l'empereur,  à 

f^uvrage  sur  les  anneaux  ;  mais  il  ne  continuer  encore  son  Histoire,  et  à  y 

l'a  pas  terminé.  Occupé   tout   entier  traiter  au  moins  deux  siècles  encore, 

à  recueillir  et  à   expliquer  les    mo-  en  lui    promettant  tous   les    sccours^ 

lîuments  relatifs  à  l'histoire  de  sa  pa-  dont  il  aurait  besoin.  Giuhni  entreprit 

trie  depuis  l'entrée  de  Charlemagne  l'ouvrage,  et  rassembla  encore  les  ma- 

après  le  renversement  du  royaume  tériaux  de  4  volumes,  dont  le  premier 

des  Lombards,  il  y  consacra  vingt  seul  fut  rédigé;  et  il  en  adressa  en 

années  de  sa  vie.  Le  grand  ouvrage  1  77  i ,  unecopie  à  l'impératrice  Maiie- 

dans  lequel  il  l'a  traitée,  porte  le  litre  Thérèse.  Sa  santé  commença  alors  à 

modeste  de  Mcmo'wcs-.Memorie  spci-  s'altérer,  et  il  fut  frappe  d'apoplexie  la 

tantial  ffouerno  ed  alla  descrizionô  veille  de  Noël  de   l'an   1780.  Parmi 

délia   città  e  dcila  carnpagna   di  ses  manuscrits  on  a  trouvé  deux  Ira- 

Mdann  ne  secoli  hnssi  ,raccolte  ed  gédies  ,   .-ilcrneon,  et  Lavinio  ,    et 

é»^aminate  y  «fr.,  8  vol.  iu-Zj".  :  il  en  trois  coniedies,  le  Prodigue,  le  CaJ'f\ 

A  joml»un  nruvième  qui  contient  des  la  Fantazima,  elun  grand  nombre  de 

rorrections  et  des  tables;  et  il  y  a  pièces  de  vers,  de  romances,  de  can- 

ftjnuté  trois  volumes  qui  comprennent  t.ites,  ainsi  (pie  quelques  disseï  talions 

l'histoire  depuis  i5  I  I  jusqu'à  i447'  sur  des  sujets  d'histoire  et  d'érudition  ; 
Cet  ouvrage  est  un  monument  de  cri-      on  en    trouve  la  liste  à  la  suite  de  sa 

tique  et  d'érudition.  Tous  les  faits  y  viecpii  acte  écrite  par  le  P.  Fraucesco 
font  discutés  av<'C  une  sagacité  rare.  Foutana ,  barnabitc.  KHe  a  été  insé- 
liirti  n'y  est  admis  sans  preuves;  cl     jcc  dans  le  tome  xm  des  ?'Uœ  lia- 


C  lU 

Inrum.  Tl  v  a  cncoimn  autre  éloge 
do  (Miilini  dans  le  recueil  dci;li  uomi- 
ni  illnslri  dclla  Comasca.   A.  L.  M. 
GlUMA.  roj.JuivTE. 
GIUSSANO  (  Jean  -  I^ierre  ),  en 
Iitiii  Clussianus ,  noble  milanais,  ne' 
d  uis  le  xvi".  siècle,  cultiva  d*abprd  la 
médecine  avec  succès.  Ayant  reconnu 
la  vanité  des  sciences  ,  il  résolut  d'en- 
trer dans  la  congrèf^ation  des  Obi. ils 
de  St.-Ambioise.  Le  vénérable  arche- 
vêque de  Milan,  Saint  Charles  Fior- 
romèe ,   l'enconragea  dans  ce  pieux 
dessein  ,  l'ordonna  prclre  ,  et  lui  con- 
fia une  partie  de  l'administration  de  son 
vaste  diocèse.  Après  la  mort  du  saint 
prélat,  Giussano  se  retira  dans  une 
cirapagne  près  de  Monza ,  et  y  ter- 
mina, vers  i6i5,  une  vie  pleine  de 
bonnes  œuvres  et  d'utiles  travaux.  On 
a  de  lui  plusieurs  ouvrages,  la  plu- 
part ascétiques,  parmi  lesquels  on  dis- 
tingue :  I.  Istoria  evan^elica  in  cui 
sono  spiegaii  i  quattro  evangeli  con 
lor  senso  littérale  y  Venise,   1601  , 
in-'l".;  «  assez  bon,  dit  Lrnglet  Du- 
fresnoy.  »    II.  Istruzione  a  padri 
per  saper  hen  gouernare  la  famiglia 
loro  ,  co  ricordi  del  B.  Carlo  Bor- 
romeo.  Milan,  i6o3,  in-B'.IIl.  Fita 
di  San  Carlo  Borromeo  arcivescovo 
dl  MdanOj  Rome,  1610,  in-4''. ,  p»"e- 
mière  édition  ;  Venise ,  1 6 1  5  ,  in-4''*; 
Brescia,  1620, in-4'.;  Rome,  i6^g,m- 
4"^.;  traduite  en  latin  par  Barth.Uossi; 
en  français  ,  par  Nie.  de  Soulfour,  de 
l'Oratoire  ,  Paris ,  1 6 1 5  ,  in-f^'.,  et  en- 
suite par  le  F.  Cloiseault,  de  la  même 
congrégation,  Lyon,  i685,  in-4°,  ; 
en  espagnol,  par  Uafaël  de  Miralles, 
Siragoce  ,    iGiS,   in-S**.   Personne, 
dit  Apostolo  Zeno,  ne  pouvait  écrire 
la  vie  de  ce  saint  Cardinal  avec  plus 
de  solidité  et  d'exactitude  que  le  doc- 
teur Giussano,  qui  avait  eu  le  bonheur 
de  vivre  avec  Kfi  dans  la  plus  grande 
familiarité.  IV.  ^ûa  di  Fitippo  Ar- 


GIU  477 

cliinto ,  arcwescovo  di  Miluno  , 
Corne  ,  161  I  ,  in- 4'-  V.  Un  Pané^iy- 
rique  de  Saint  Charles.  Vï.  La  f^ie 
et  les  Miracles  des  Saintes  Fierges 
Liherata  et  Justine  ;  la  Vie  de 
Saint  Abbon'y  celle  de  Saint  Jo- 
seph; ce! le  de  Saint  Jean;  d'après 
Dosithée.  VIL  Un  Traité  des  églises 
privilégiées  de  Milan;  un  autre  du 
Sacrement  de  pénitence;  une  Ins^ 
truclion  pour  les  curés  ^  un  Traité 
du  respect  du  à  la  sainte  Croix  ; 
des  Entretiens  sur  la  doctrine  chré^ 
tienne.  W — s. 

GlUSTINIANI  (Laurent),  pa- 
triarche de  Venise.  Fof.  Laurent- 

JUSTINIEN  (St.) 

GIUSTINIAINI  (Bernard),  né  à 
Venise,  le  6  janvier  i4o8  ,  d'une  fa- 
mille patricienne,  reçut  une  éduca- 
tion conforme  à  sa  naissance.  Il  eut 
pour    maître    Guarini    de  Vérone  , 
George  de  Trébizonde ,  et  le  célèbre 
François  Philelphe,  avec  lequel  il  fut 
toujours   en   correspondance.    Après 
avoir  terminé  ses  études,  et  pris  ses 
degrés  à  Padoue ,  il  fut  admis  au  se'- 
natà  l'âge  de  dix-neuf  ans,  et  remplit 
avec  beaucoup  de  sagesse  et  de  pru- 
dence les  différents  emplois  qui  lui  fu- 
rent confiés.  Il  complimenta,  en  i45 r^ 
l'empereur  Frédéric   III  à  son  pas- 
sage dans  les  états  de  la  république; 
etiediscoursqu'ii  lui  adressa  fut  trouvé 
excellent.  Député,  en  i453,  près  de 
Ferdinand ,  roi  de  Naples ,   qui   se 
rendait  à  Rome,  il  le  harangua  deux 
fois  avec  un  égal  succès.  On  l'envoya 
ensuite  en  France  près  du  roi  Louis  XI } 
et  ce  prince  fut  si  charmé  de  son  élo- 
quence, qu'il  le  créa  chevalier,  hon- 
neur dont  l'université  de  Paris  le  fé- 
licita publiquement.  A  son  retour  à 
Venise^  on  le  renvoya  à  Rome  ,  près 
du  pape  Pie  II  j  et  il  fut  chargé  de 
haranguer  son  successeur  Paul  II,  au 
sujet  de  son  exaltation.  Giuslimaiiifut 


478  G  I  U 

nomme  ,  eu  1 467  ,  gouverneur  de 
Padouc;  il  entra  peu  de  temps  après 
au  conseil  des  Dix  ,  ce  qui  ne  i'crn- 
pêcha  pas  d'être  envoyé  une  troi- 
sicaiffois  à  Rome,  pour  complimenter 
Si^tc  IV,  sur  son  avènement  an  pon- 
tificat. U  fut  eufin  éiu,  en  i474  i  ^ 
la  chari:;c  de  procurateur  de  Sf.-Marc, 
la  pins  importante  de  la  re'pïiblique 
après  Cille  de  di'j^e,  et  mourut  le  10 
mars  1489,  à  l'âge  de  qu.ilrc  vingt- 
un  ans.  On  a  prél<'nilu  qu'il  avnt  dans 
sa  bibliolhc(jue  le  fameux  traité  De 
^lorid  de  Ciccron,  et  qu'après  sa 
uïort,  le  manuscrit  passa  entre  les 
mains  d'Alcy<mius,qui  est  reste'  chargé 
da  soupçon  de  s'en  être  approprié  la 
plus  gran  le  partie;  mais  Tiraboschi 
réfute  solidement  celé  fable  dans  le 
tome  r''.  de  sa  Storia  littéral,  ilal. 
On  a  de  13.  Giustmiani  les  ouvrages 
suivants  :  I.  Oratlo  habita  apud 
Sixtum  quarturrij Pont.  Max. ,  Rome , 
1471 ,  in  fol.  de  neuf  fcud  es  :  celte 
cdit  on  ,  sortie  des  presses  de  Philippe 
de  Lignaniine  y  est  fort  rare.  II.  B. 
Jjaurcnlii  Juatiniani  pnlriarchœ  ve- 
nel.  vita,  Venise ,  Ja<"ques  de  Kubc  is, 
t/yl'J  ,  in-4".  Le  patriarche  de  Venise 
était  ronclcdc  H.  Giustiniani(  F.  Lau- 
BKwï  -  Jusïinien).  l/édition  qu'on 
vient  de  (  iler  de  cette  vie  ,et  dont  on 
connaît  un  exemplaire  sur  y)eau  de  vé- 
lin, est  très  rare;  mais  elle  a  été  réim- 
primée en  Icle  des  œuvres  de  Laur. 
(iiustiniani,  dans  les  yicta  sanrtoriim 
de  Surius ,  et  dans  le  recueil  d'*  Bol- 
landiis.  Daniel  Hosa  l'i  insérée  dans  le 
vttlume  intitulé:  Summor.  ponlifir.um 
d(i  B.  Laur.  Jnsliniani  vitatcsli ma- 
nia ;  et  elle  a  éié  trad(ii;e  en  it.tlu'ii 
pu-  le  pcrc  Nicolas  Manciti,  cam  d- 
du!e.  111.  De  nrij^inn  urhis  rfnfliit- 
riiin  rcbm(fnf  ah  ipsà  ^eslis  hislorin , 
ib.,  lirrnard  IVnalio,  i4<)^fc ,  i»  toi. 
Olte  ('ililion  ,  due  aux  soins  de  lîc- 
lioîi  lirugiiolo,  est  fort  rarc^  et  plus 


GIU 

b  lie  que  la  réimpression  de  1534. 
Louis  Domcnichi  a  traduit  cette  his- 
tui  e  en  italien  ,  Venise  ,  i54^,  et 
ibid.  i6ub),  in-8  .;  elle  est  divisée  en 
quinze livi'<  s,  cl  s'ctcnd  depuis  la  fon- 
dation de  Venise  ju^tp'.'à  l'an  809.  P.tul 
Jovcen  loue  le  style;  mais  ellee^t  sur- 
tout es'imable  ,  paice  que  les  causes 
des  événements  et  leurs  résultats  y  sont 
indiqués  avec  beaucoup  de  justesse. 
I/auteur  a  été  obligé  de  suivie  André 
Dando'iO  pour  l'histoire  des  premiers 
temps;  et  il  répète,  d'après  lui,  plu- 
sieurs récits  populaires.  Mais  à  me- 
sure qu'il  avance,  son  ouvrage  prend 
un  caractère  de  vérité;  et  Foscarini 
n'hérite  pas  à  dire  que,  s'il  était  ter- 
miné, on  ne  pourr  lil  pas  en  désirer 
un  niedleur.  Giustmiani  v  a  traité,  par 
occasion,  de  la  guerre  des  Golhs,  et 
de  leur  étiblissement  en  Italie.  C'est  hî 
ce  qui  a  donné  lieu  à  Phi'ippr  de  Ber- 
game,  de  lui  attribuer  une  Histoire 
des  Goths,  erreur  atloptée  pir  Vos- 
sius  et  d'autres  biographes  IV.  f^  ita 
sancli  Marci ,  evnngelistœ ,  et  de 
corpore  ejus  renetias  translato ,  à 
la  suite  de  l'ouvrage  préccdenl:  l'un 
et  l'autre  sont  in>érés  dans  le  cin- 
quième volume  du  Thcs.  antin.  Ital. 
de  13urin.inn.  V.  0)ationes  et  ep'is- 
tolœ ,  Venise,  in-fol. ,  sans  date, 
mais  de  i  49  iX»  re.  ueil  est  très  rare, 
parce  qu'd  a  été  suj)pruné  pour  des 
r.iisons  d'état  ;  c-pendant  on  le  trouve 
quelquefois  réuni  à  l'Histoire  de  Ve- 
nise. Outre  les  discours  dé)à  cités ,  il 
en  contient  quchjues  autres  ,  plusieurs 
lettres,  la  traduction  latine  de  la  ha- 
rangue d'Loerate  à  Nieo.lès ,  et  enfui 
les  Irtfirs  de  Léonard  (iiusiini mi  , 
père  de  Bernard  et  auteur  de  fies 
tradu.tes  de  Pîulanpie,  en  latin  ,  dans 
la  Cdllectiou  de  Venise,  iJT^^  ^^ 
iï  Hymnes  pieuses  (^dei^otissiine  lan- 
de),  puhliées  a  Venise,  en  ii«)o, 
in   '1'.  C'est   [>ir    crijur  que  \c  Vie 


GIU 

tionnnirc  hi<il()ri(jue ,  cMiiion  do  ïVis- 
saio,  I  7<)(>,  .ttfiihnr  .»  Horiurd  (mis- 
tiniuii  ,  prtxur.iffiir  de  vSl.  -  IMarc  , 
V/Ii>U)ri('  rhriinolo'J!,'u:hi' dclC oyi'j^ine 
deç^V  onlini  militari  e  di  Utile  le  re- 
li^ioni  cai'tilleresche ,  Vcni-^e,  >0()'2, 
dr(i\  vulniuos  iii-fol.  ^  fiç;,  (  F.  Coko- 
WELLi ,  IX,  <i47«^  ^'^*t  ouvr.ige  ,  dont 
la  piviuicrc  édition  est  de  V<nisn  , 
Coinhi  ,  i'i72  ,  in-  4'\  ,  est  d'un 
abbc  R'rn.iid  GlU'=TI^'lAlVI ,  rhcvalrr 
grand-cri)i\  de  l'ordre  nnjx'ri.d  (ie  St.- 
Gcor;;e.  Li  P'ie  de  H.  Giustiniani  a 
éleecrile  par  Vntoine  Stella  ,  Venise  , 
l555,  iii-H**.;  on  peut  encore  con- 
sulter le  Diario  ilalinno,  tome  xix, 
et  les  Dis'^ertazloin  ^'o^>/an,?(^Apo^- 
lolo  Zeiio,  loin.  II.  —  Pierre  Giusti- 
niani ,  autre  séiiateur  ve'nilien  ,  de  la 
même  famille  .  a  aussi  eVrit,  en  treize 
livres,  wnc  Hitoria  rerwn  Feneta- 
rum ,  qui  s'étend  de  l'an  ^9.\  jusqu'à 
1575,  Venise,  1576;  Strasbourg, 
1610,  ibi  I  ,  in  -  fol.  Celte  dernière 
édition  comprend  de  plus  deux  haran- 
gues de  Giustmiani;  Coriol.  Cepio  De 
gestis  Pctri  Mocenigi;  Alex.  Pœant 
lienedictus  De  bello  f'^enetorinn  cum 
Carolo  f^HÏ ,  etc.  F/cdilion  de  1  \ç)'iy 
indiquée  dans  \oiBibliotheca  Mencke- 
niana  ,  paraît  être  un  quiproquo  ,  ou 
tjue  faute  d'impression.  I^a  traduction 
iîiUenne  que  Maym  met  à  l'an  167G, 
Venise  ,  m  ^\j  est  de  i57()  suivant 
Floncel.  W — s. 

GIUSTINIANI  (Jean),  poète  ,  né 
au  XVI  .  siècle,  dauN  l'île  de  Candie, 
fut  amené  à  Venise  par  ses  parents, 
à  i'àge  .|ed:x  ans.  0  i  le  conduisit  peu 
après  en  Espagn*,  et  de  là  en  France, 
où  il  demeura  quelque  temps.  Il  ne 
revint  en  Italie  (ju'en  i5io,  après 
une  absence  de  près  de  vingt  ans.  Ce- 
pendiul  il  parlait  et  écrivait  sa  langue 
avec  autant  de  pureté  que  s'il  n'eût 
jamais  quitté  son  pays.  11  avait  été 
accueilli ,  à  sou  passage  en  France  ; 


G  I  b  /,79 

par  rieort;e  d'Armagnac,  éveque  de 
llliode;6,  et  depuis  cardind  ;  et  ce 
prélat  lui  avait  ménaj^é  la  protection 
<le  François  I'»". :  m  lis  ce  prince  élajit 
mort  ,  lor>>q  le  Giu-)lirjiani  avait  le 
plus  besoin  (réj)rouvcr  les  effets  de 
sa  iibérdiîé,  ce  dernier  tombi  dans 
une  si  grande  indic^ence  ,  qu'il  fut 
ol>ligé  d'ouviir  une  école,  et  d'en- 
seigner les  éléments  de  la  langue  la- 
tine pour  ])Ouvoir  subsister.  Il  vécut 
quel<pie  temps  de  celle  manière  , 
à  Venise,  à  Padoue,  à  Capo  d'Is- 
tria  ,  gagnant  à  peine  de  quoi  se  pro- 
curer du  pdin.  Enfin  on  lui  oITr  t ,  en 
i552,  la  direction  des  écoles  publi- 
ques de  Nicosie,  dans  l'île  de  Cypre, 
avec  des  appointements  suffisants. 
Mais  il  refusa  cet  emploi,  soit  à  raison 
de  son  âge ,  soit  parce  qu'il  crai- 
gnit de  ne  pouvoir  s'habituer  à  l'oiir 
du  pays.  Il  mourut  vers  i556,  dans 
un  étit  de  misère  qui  fiit  penser  que 
le  chagrin  abrégea  ses  jours.  H  était 
lié  avec  Louis  Vives,  Alamanni,  Paul 
Jove,  Manuce  ^  Jean  Oporin,  Math. 
Gribaldi,  et  d'autres  savants.  On  a 
de  lui  :  I.  La  traduction  en  ita- 
lien de  la  seconde  Philippique  de  Ci- 
ce'ro/z,  Venise,  i558,  in  8'.  H.  Le 
huitième  livre  de  {'Enéide  de  Fir- 
gile  ^  traduit  en  vers  sciolti,  ibid., 
154^2,  in-8".,  dédié  à  François  r*". 
Giustiniani  dit,  dans  une  de  ses  lettres 
à  Paul  iManuce,  qu'il  avait  égilement 
traduit  le  septième  et  les  quatre  der- 
niers livres  de  l'Êuéide  ;  mais  Apos- 
tolo  Zéno  observe  qu'il  avait  l'habi- 
tude d'annoncer  comme  terminés  des 
ouvrages  qui  n'ont  jamais  existé  qu'en 
])roj(  1. 1 U.  \j  A iidrienneQ\.l'E- unique 
de  Tére/tce ,  traduits  en  vciasdruc" 
c/a/i,  ibid.,  i544'  i"-8''.  Ces  Ira  luc- 
tions  sont  admirables  '^i  l'on  s'en  rap- 
porte nu  jugement  de  l'Arétin.  Nicolo 
Franco  parie  également  avec  éloge  de 
celle  de  Téreuce.  IV»  La  traduolioa 


48o  GIU  GTU 

de  la  première  Harangue  de  Cicê-  il  éprouva  une  maladie  très  gr.ivc ,  k 
r on  contre  Ferrés^  Padoue,  1649,  ^^  ^"^^^  ^^  laquelle  il  revint  dans  sa 
in  -  ^^.  V.  Le  Panégyrique  de  patrie  :  ramené  par  cette  maladie  à 
Cosme  V\  de  Méàicis y  e\\  '\\dX\tn '^  ti  son  premier  dessein  ,  il  entra  dans 
la  Réponse  de  Carmide,  Athénien  y  à  l'ordre  des  durainic.iins  ,  et  prit,  en 
T.  Q.  Fulvio,  Romain,  sujet  imite'  faisant  profession,  le  nom  d'Augu. tin  ; 
de  Boccace  (x*.  journée,  viii«.  nou-  c'était  lU  mois  d'aviil  1488.  Dans  le 
velle),  Padoue,  1 553,  in-8'\  W.Epis-  loisir  d'une  vie  retirée ,  il  se  consacra 
tolœfamiliaresischolasticœsivemo-  tout  entier  à  l'étude  de  la  reli(;iGn  et 
raies  ;  declamatoriœ;de  D.  ISicolao  des  langues  orientales.  Son  rare  sa- 
supremo  pordijîce  sermo  ;  memora-  voir  le  mit  en  relation  avec  les  hommes 
hilis  facti  S.  Bohemiœ  reps  Maxi-  les  plus  doctes  de  son  temps ,  ei  entre 
7nilianicommentarioluSjBà\e,i555,  autres  avec  le  célèbre  J.  Pic  de  la 
iQ-i().  Plusieurs  pièces  de  ce  recueil  Mirandole.  Après  avoir  visité  divers 
avaient  déjà  été  imprimées  séparé-  colicgcs  de  son  ordre  ,  et  y  avoir 
ment,  mais  d'une  manière  peu  cor-  professé,  il  se  livra,  en  i5i4,  à  de 
rccte.  Giustiniani  a  laissé  en  manus-  grands  travaux,  dont  le  but  éi.iit  de 
cril  une  traduction  d'Horace  ,  quel-  mettre  au  jour  les  livres  sacrés  en  hé- 
ques  comédies,  et  le  discours  de  Nés-  breu  ,  cbaldéen  ,  arabe  ,  grec  et  latin, 
tor  à  Achille,  en  italien;  enfin  un  Vers  le  même  temps,  le  cardinal  Ban- 
commentaire  sur  les  Canzoni  de  Pé-  dinelli,  son  pctrent ,  le  fit  élever  par  le 
trarqup,  en  espagnol.  H  promettait  en  pipe  Léon  X  au  siège  épiscopal  de 
outre  une  traduction  complète  de  Té-  iNebbio.  Après  avoir  visité  le  troupeau 
rcncc,  des  douze  Césars  de  Suétone,  confié  à  ses  soins,  Giusliniani  vint  à 
et  du  Traité  de  la  relij:;ion  chrétienne  Borne,  assister  au  5'.  concile  de  La- 
par  Vives  ;  mais  ces  versions  n'ont  tran,  où  il  combattit  plusieurs  articles 
point  été  retrouvées  après  sa  mort,  du  concordai  fait  entre  la  cour  de 
Les  Lellere  di  diversi  alV  Aretino  Rome  et  celle  de  France.  Bandinelli, 
eu  renferment  quatre  de  lui,  qu'il  son  protecteur,  tomba  dans  la  di  grâce 
a  souscrites  de  ces  mots  :  Giusiiniano  en  1  5i  7  ,  et  mourut  dans  l'ex»' .  G.uSr 
povero.  Doni  lui  attribue  une  Folian-  tinimi  se  retira  auprès  de  Bonif.tce 
thea  envers  sdruccioli;  mais  Zeno  Ferreri,  évêque  d'Ivrc'e.  François  1". 
regarde  cclouvrage  comme  imaginaire,  rassemblait  alur^  en  Fr^ince  les  hom- 

VV — s.  mes  les  plus  distingués  p.ir  leur  sa- 

GIUSTINIAM  (Augustin),  évê-  voir  :  informé  du  mëiite  de  Giustiniaui 

que  de  N<bbio,  en  Corse,  était  de  par  Poncher,  évêquo  de  Paris,  qui 

rilluslrc  fimille  de  ce  nom  ,  et  naquit  î'dv.iil  connu  en  Italie ,  d  l'appela  au- 

à  Gènes  en    1470.  Seul   rejeton   de  près  de  lui ,  le  fil  son  ch.ipelain  ,  lui 

cette  branche  des  Giustiiiiaiii ,  il  reçut  accorda  une  pension,  et  le  chargea 

de  ses  pin  nts  une  éducation  très  soi-  d't  nsei-ner  l'hébreu   à   Paris;   fonc- 

gnée.  Dès   l'âge  de  quatorze  ans,  il  tiou  dont  il  s'aequiltri  pendant  quatre 

voulut  eniicr  dans  l'oidre  des  frères-  ans.  Vers  le  même  temps,  il  fit  uu 
prêcheurs  :  ses   parents  employèrent     voyage  en  Ho' lande  et  en  Angleterre  , 

tout  leur  (rédil  j)0ur  le  détourner  do  fut  accueilli  p.ir  Henri  Vlll  ;  et,  à  sou 

ce  dessein,  et  le  firent  partir  pour  retour  en  France,  il  r<  çu!  «les  priuves 

Valdice.  Là,  s'étant  hvru  avec  trop  éclatcinles  de  la   bui.veillanee   et  de 

d'ardeur  aux  plaisirs  de  la  jeunesse ,  Vtstiuie  du  cardinal  de  Lorraine.  En 


GIU 

i5?.'>. ,  Oiiislini.ini  se  rendit  à  Gcncs  : 
h  faction  îles  ,/thrnt's  y  .iv.iit  porle 
K'  |)lus  {^liuid  trouble;  il  i'ul  blessé 
ciu  bras  dans  une  émeute.  De  retour 
a  ^t•llbio,  il  renonça  au  projet  qu'il 
avail  fi)!  nie  de  s'établir  en  France,  et 
resta  dans  son  diocèse  jusqu'en  1 55i. 
A  cctt(  époque ,  il  entreprit  un  voyage 
à  Gènes  et  à  HouJej  en(in,d.a)s  un 
troisième  voyage  qu'il  fil  en  i  556 ,  il 
périt  avec  le  bâtiment  qui  le  poitail, 
pendant  la  traversée  de  Gènes  en 
Corse. Giustiniani  connaissait  l'aiabe, 
riicbreu,  le  chatdeen  ,  le  grec  et  le  la- 
tin. On  lui  doit  plusieurs  ouvrages  : 

I.  Precdiio  pietatis  plena  ad  Deum 
onwipotejitcm  coinpuiita  ex  duobus 
€l  sepiuag.inta  nominihiis  dwinis  lie- 
braïcis  et  Icdinis  ciim  interprète  corn- 
mentariolo ,   Venise,    i5i3,  in-8"'. 

II.  Liber  Job  nuper  hehraicœ  veri- 
tati  restitutus  cum  ciuplici  versione 
latindj  Paris,  i5iG,  ou  i5'io,  m- 
4".  111.  Fsaltdrium  hebrœiim^  grœ- 
cuin,  arabicuni ,  chaldaïcuin,  cum 
tribus  latinis  interpretationibus  et 
glossis ^  in-folio.  Le  volume,  dëdiè  à 
Léon  X  ne  jiorte  en  té  e  ni  iiidicaiiou 
de  lieu,  ni  date  d'impression  ;  mais  on 
lit  à  la  fin  qu'il  a  été  imprimé  à  Gènes, 
par  Pierre  Porrus  ,  de  ftJibn,  et  que 
l'impression  en  a  été  terminée  (n  no- 
vembre i5i6.  Le  litre  du  livre,  l'é- 
pîlre  dédicaloire,  la  noie  de  rim[)ri- 
meur,  sont  en  latin,  en  hébreu  ,  en 
grec,  en  arabe  et  en  chakiéen.  Quant 
àl  1  disposition  de  la  matière,  la  voici  : 
le  verso  et  le  recto  de  chaque  feuille 
offrent  huit  colonnes;  la  première 
donne  le  texte  hébreu  ,  la  deuxième, 
la  veriion  latine  liltci  aie  ;  la  lroi>ièine, 
la  version  Lline  vulgaire  ;  la  quatrième, 
la  version  grerque;  la  cinquième, 
l'arabe  ;  la  sixième  ,  la  para|)hrase 
chaldéenne,  Targum,  écrite  en  carac- 
tères hébreux;  ia  septième,  la  traduc- 
tion laiiuc  de  cttlc  paraphrase;  tl  la 

XVII. 


OIU  48i 

huitième  contient  des  scholies,  qui 
oceujieiit  ég.tlemeul  le  bas  de^  ])J^«s. 
Giustiniani  annonce  dans  S(  s  Annale?, 
qu'il  a  fait  imprimer  cet  ouvrage  à  ses 
frais;  qu'il  y  a  consacré  «a  fcjrfune 
dans  l'espoir  d'en  oblenii  de  l'Iion- 
Dcur,  et  même  qutlquc  profil;  qu'il  a 
élé  tiré  à  deux  mille  txemj)laires  ,  et 
cinquante  sur  vélin ,  (  dont  i',;ut(ur 
fit  dis  présents  aux  souverains,  tant 
cliréii.  ns  que  m.diornétins),  in.iis  que 
le  résiliai  n'a  point  répondu  à  son 
attente;  à  peine  s'en  était  il  vendu  le 
quart.  Ce  psautier,  coinmeleremarque 
Huct,  est  le  pi  eniier  de  ce  genre  qui  ait 
été  publié  en  Eiiro|,e  ;  car,  bien  que  la 
bible  du  cardinal  Ximei.ès  eût  com- 
mencé à  paraître  dès  ifji/j  ou  i5i5, 
ceper.danl  le  psautier  qui  en  fait  par- 
tie ne  parut  qu'en  1 5 1  7  ;  et  il'ail leurs 
celte  bible  ne  renfermait  ni  la  para- 
ra()hrase  chaldaùpic  ,  ni  la  version 
arabe.  Au  surplus  ,  les  caractères 
arabes  et  grecs  employés  par  Giusti- 
niani ,  sont  très  infoimes  (i).  IV. 
Philonis  judœi  cenlum  et  duœ  ques- 
tiones  ,  totidem  responsiones  mo^ 
rah'S  super  Genesim  ,  Paris  ,  1620, 
in  -  folio.  V.  flabbi  Mossei  Egyp" 
tii  dux  seu  director  dubitantium  , 
etc.  ,  in  III  libros  divisus  et  sum- 
md  accuratione  lecog'dtus  ,  ibid. , 
1620,  in-folio.  VI.  Castigatissiml 
annali  con  la  loro  cnpiosa  tai'oîa 
délia  eccelsa  ed  Ulusltissima  repu- 
bica  di  Genova  dafideli  ed  appro- 
bâti  scritlori ,  Gènes,  155^  ,  in-fol. 
Cet  ouvrage,  pub  ié  api  es  la  mort  de 
l'auteur,  a  élé  Tobjct  de  jugements 
très  opposés,  les  uns  le  louant,  les 
autres  en  faisuit  une  critique  amère. 
Giustiniani  a  laissé,  manuscrits,  i".  le 
Nouveau  Testament  en  hébreu ,  chal- 


(1)  Il  est  à  remarquer  que  dan«  cet  estai ,  comme 
dnus  criix  de  la  même  époque ,  on  a  pris  pour  mo- 
dt'lif  (les  cardctcrrs  ar;ibrs  le  caraclcre  appelé 
loaugrvbia  ou  des  Arabes  d'Afrique. 

3i 


4^2  G I U 

déen  ,  grec,  arabe  et  latin,  tel  que 
son  psautier;  2°.  une  Description 
de  Vile  de  Corse ,  indiquée  pnr  Lc.m- 
dre  AlbcTli  dans  s»  Description  de 
l'Italie.  J— N. 

GIUSTINlÂiNI( Jérôme),  poète, 
ne  àOcnes,  vers  i5(>o,  de  la  inème 
famille  que  les  précédents ,  cultiva  la 
littérature  avec  quelque  succès.  H 
était  membre  de  l'académie  des  Ar- 
gonautes de  Mantone.  Ou  connaît  de 
lui  les  ouvrages  suivants  :  I.  Jephte\ 
tragédie,  Parme  ,  1  585  ,  in  -  8".  H. 
IjAlceste  d'Euripide ,  traduite  en  ita- 
lien ,  Gènes,  iSqq,  \n-b°.  III.  VA- 
jax  furieux  f  traduit  du  grec  de  So- 
phocle, en  italien ,  Venise,  i6o5, 
iB-12.  Paitoni  pense  qu'il  avait  fait 
cette  traduction  d'après  celle  que 
George  Hottalcro  avait  donnée  en  la- 
tin ,  et  cherche  k  prouver  par-là  que 
Giustiniani  ne  sav;dt  pas  le  grec. 
IV.  OEdipc  à  Colone,  traduit  en  ita- 
lien ,ibid.,  1611 ,  in-1'2.  V.  OEdipe 
roiy  ibid.,  1610,  in- 12.  Os  trois 
pièces  sont  les  seules  qu'il  ait  tradui- 
tes de  Sophocle.  VI.  La  passion  du 
Saui^eur,  tragédie,  Venise  ,  i(3i  1 , 
in- 12.  W— -s. 

GIUSTINIANI  (Horace)  ,  cardi- 
nal, de  la  même  famille  que  les  pré- 
cédents, mais  d'une  branche  pauvre, 
embrassa  l'étal  ecclésiastique,  et  entra 
dans  la  congrégation  drs  prêtres  de 
Sjinl-Philippcdc  Neri.  Il  fut  créé  car- 
dinal pjr  le  pape  Paul  V ,  et  obtint  en- 
suite l'ovcché  deNocera.Grégono  Lcti, 
écrivain  très  satyricpie,  le  représente 
comme  nu  esprit  médiocre ,  (jui  ne 
laissait  pas  d'avoir  de  grandes  pré- 
tentions au  pontifical  ;  et  à  cet  effet, 
dit-il,  il  se  fût  faire  fort  rarcmetit  la 
hirbe  afin  <le  paraître  plus  âgé  :  mai» 
il  convient  ccpend. «ni  (piil  ('lait  irré- 
prochable du  coté  des  mceurs.  Iiino 
cent  X  le  fil  son  grand  ponitrncicr  cl 
suit  bibUolhccairc.  U  mourut  ii  Uomc 


GIU 

en  1649.  On  lui  attribue  le  Recueil 
des  actes  du  concile  de  Florence  ^ 
avec  des  notes,  Rome  ,  i658,  in-fol, 

W— s. 

GIUSTINIANI  (Orsatto),  noble 
vénitien  ,  se  rendit  célèbre  au  xvi*. 
siècle,  non  seulement  par  son  amour 
pour  les  lettres,  par  son  goût  formé  à 
l'école  des  anciens,  cl  par  ses  talents 
poétiques,  mais  parnn  trait  courageux 
et   peu  commun  de  piété  filiale.  Sa 
mère,  attaquée  de  la  peste  en  iS-jG  , 
avait  au  sein  le  principal  bubon ,  qui 
lui  faisait  souffrir  des  douleurs  atro- 
ces ;  il   était  pnrvenu   à    un  tel  de- 
gré de  malignité  pestilentielle  ,   que 
les  gens  de  l'art  refusaient  d'y  loucher, 
et  de  laire  une  opération,  qu'ils  ju- 
geaient d'ailleurs  inutile.  Orsatlo,  seul» 
eut  assez  de  tendresse  et  de  fermeté 
pour  rentreprendre  :  il  se  fil  indiquer 
par  les  médecins  ce   qu'il  y  avait  à 
faire,  et  l'exécuta  sous  leurs  yeux  avec 
autant  d'adresse  que  s'il  eût  professé 
l'art  toute  sa  vie.  L'opération  réussit; 
mais,  comme  on  l'avait  prévu, clleélait 
trop  tardive.  Li  malade  succomba  peu 
de  jours  après  ,  emportant  la  consola- 
tion d'avoir  reçu  de  son  fds  une  telle 
preuve  de  dévouement.  L'ouvrage  de 
Giustiniani  qui  a  eu  le  plus  de  répu- 
tation ,  est  sa  traduction  en  vers  de 
V OEdipe  roi^  de  Sophocle,  sous  le 
Xilic  A' Edipotiranno y  Venise,  i585, 
in-4''.:  il  la  lit  dans  l'espace  de  peu  de 
jours,  tandis  qu'il  élait  dans  sa  déli- 
cieuse retraite  d(>  Pradazzi,  terre  qu'il 
possédait  sur  le  ]Musone,près  d'Asolo, 
dans  la  marche  Trévisane.  Les  acadé- 
miciens olvmpiques  de  Vicence  donnè- 
rent en  I  5B4,  avec  une  pompe  extraor- 
dinaire, une  repré«>entalion   de  celle 
tragédie  ,  sur  le   magniliquc  théâtre 
^u'ils  avaient  fjit  balir  à  leurs  frais  par 

.'  célèbre  Palladio  ,  leur compilriole, 
et  qui  est  encore  aujourd'hui  l'objet  de 
Tadmiratiou  dis  voyageurs.  Celle  re- 


OïU 

prcfscnt.'ition  rut  des  pirticuI.irl(L's  re- 
iDar(ju.i!)lcs  :  les  aculemiciens  firent 
venir,  pour  rrprescnter  OKdipe,  deve- 
nu nvni^le  à  la  (in  de  la  pièce,  le 
pocle  Gn)ll{»,  à  qui  sa  récite  avait  fait 
doîjner  le  nom  de  Um'eiiglti  d'Adria. 
(  y.  CiROTTo).  On  a  de  plus  d'Orsatto 
(iiiistiniani  un  recueil  de  rime  ou 
poésies  diverses ,  imprimées  en  i  (îoo  , 
in-8".,  à  Venise  ,  avec  celles  deCelio 
INIapno  ,  son  ami.  Quoiqu'il  s'occupât 
lort  peu  des  affaires  publiques,  sa 
naissance  le  porJa  au  ranfi;  de  se'na- 
teur.  Il  mourut  à  Venise,  en  septem- 
bre i6o5,  âge  de  soixante-cinq  ans. 

G— E. 
GIUSTINIANK  Pompée  ),  nëdans 
l'île  de  Corse  en  1 5^)9 ,  entra  au  ser- 
vice à  l'â'^c  de  quatorze  ans,  parvint 
en  très  peu  de  temps  au  grade  de  co- 
lonel,  fut  nommé  ensuite,  par  la 
cour  d'FvSpagne ,  conseiller  de  <:;uerre , 
et  plus  tard  mare'chal-de-camp  dans 
Jcs  Pays-Bas.  Au  siè^^e  d'Ostendc , 
une  bille  lui  fracassa  le  bras  droit ^ 
on  fut  oblige  d'en  faire  l'amputation , 
et  Giusliniani  le  fit  remplacer  par  un 
bras  mécanique  en  for,  ce  qui  lui 
■valut  le  surnom  de  Bras  -  de  -  fer. 
Après  la  paix  ,  Giustiniani  fut  encore, 
pendant  quelque  tenips,  gouverneur 
de  la  Frise;  puis  il  retourna  en  Italie, 
et  devint  gouverneur  de  Candie,  en- 
suite général  'et  commandant  en  chef 
des  forteresses,  au  service  de  la  ré- 
publique de  Venise.  Le  10  octobre 
1 6 1 6 ,  il  fut  tué  d'un  coup  do  feu ,  en 
faisant  une  reconnaissance  avec  d'au- 
tres çiénéraux.  Le  sénat  de  Venise  lui 
fit  éiiger  une  statue  équestre,  et  ré- 
compensa généreusement  sa  veuve  et 
ses  enfants.  Il  avait  laissé  en  italien  , 
sur  les  guerres  de  Fiandre,  un  ou- 
vrage en  six  livres,  qui  a  été  traduit 
en  l.ilin  par  Jos.  Gmiburini  ,  et  pu- 
blié sous  ce  titre  :  Bellum  belgicum^ 
Anvers,  1609,  in-V'J  Cologne,  1611, 


(1  î  U  4.SS 

Venise,  iGi '2,  in-8".  ;  Milan  ,  iGiS, 
in- 17,.  1} — u — D. 

GltJSTINIAN!  (Micuel),  littéra- 
teur ittlien  ,  naquit  à  Gènes  le  10  avril 
iGi":*,  d'une  famille  patricienne  qui  se 
vantait  de  descendre  des  anciens  sou- 
verains de  l'île  di:  Cliio.  Il  fit  ses  étu- 
des sous  la  direction  de  Barthelemî 
Giustiniani ,  son  cousin,  évèqiic  d'A- 
vellino  ,  et  se  rendit  ensuite  à  Komc 
pour  y  prendre  ses  degrés  en  droit. 
Destiné  à  l'état  ecclésiastique ,  il  en 
portait  l'habit  depuis  l'âge  de  treizs 
ans  ,  et  jouissait  déjà  de  plusieurs  bé- 
néfices dans  le  royaume  de  Najiies. 
Dccio  Giustiniani,  son  cousin  ,  évêque 
d'Aleria  (en  Corse),  le  choisit  pour 
son  grand-vicaire;  et  après  la  moit  de 
Decio,  le  pape  Innocent  X  le  chargc.i 
de  l'administration  du  diocèse  pendant 
la  vacance  du  Siège.  Son  goût  pour 
la  retraite  lui  fit  refuser  tous  les  em- 
plois :  retiré  à  Homo  ,  il  y  partagea  son 
temps  entre  ses  devoirs  et  la  culture 
des  lettres,  et  mourut  vers  16H0.  H 
laissa  en  manuscrit  quarante- quatre 
ouvrages  dont  on  trouvera  la  liste  dans 
la  Bibliothèque  napolitaine  de  Toppi^ 
t-om.i^^.,  pag.  1 15.  Parmi  ceux  qu'il 
a  fait  iiftprimer  et  qui  sont  en  grand, 
nombre,  on  se  bornera  à  citer  les 
principaux  :  I.  La  Fie ^  en  italien,  d» 
Barthelemi  Giusliniani,  évcque  d'A- 
vellino,  à  la  tête  d'un  recueil  de  5o/z- 
nets  de  ce  prélat*  et  celle  du  pèro 
George  Giustiniani, jésuite,  au-devant 
de  ses  OEuvres  spirituelles.  If.  Dell* 
Oîigîne  délia  madona  di  Costanti- 
nopoli ,  o  sla  d'Istria,  e  délie  di  lei 
prelese  traslalioni,  libri  due  y  Rome, 
ir)57  ,  in-8^.  III.  Costituiioni  Gius^ 
tiniane  ecclesiastiche  ,  istrutt'ive  c 
precetWe  ,  Avellino ,  i658,  in  -  4". 
C'est  le  recueil  des  règlements  et  sta- 
tuts publiés  par  les  différents  prélats 
delà  famille  Giustiniani.  IV.  La  Scio 
sacra  del  rito  latino ,  ihïà»  j  i658, 

5r .. 


m 


GlU 


in  -  4"^.  V.  Hisloria  del  contaggio 
d'^vellino  ,  Kome  ,  i66-2  ,  in  -  i  •2. 
C'est  U  description  de  la  peste  qui  ra- 
vagea la  ville  d'Avelliiio  pendant  les 
années  i65G  et  1657.  Vl.Z^e'vescop'i 
c  dti'  governalori  di  Twoli  libri  due  ; 
impiimes  à  la  suite  de  V Histoire  de 
celle  ville,  par  François  M.irzi ,  Ho- 
me, i66j,  in-4''.  Vil.  Gli  scrittori 
JJguri^  parte  prima,  il»id.  1GG7,  in- 
4".,  rare.  La  seconde  partie  est  restée 
inanuscrile  :  c'est  la  Bibliographie  des 
écrivains  de  la  côte  de  Gènes;  Tira- 
bos(  hi  dit  qu'elle  aurait  besoin  d'être 
refaite  el  corrigée  soigneusement.  VUI. 
Letiere  memorabili ,  Rome  ,  i6n5  , 
trois  parties,  in- 12;  iNaples  ,  i()8j  , 
'1  vol.  in  ï'2.  W — s. 

GIUSTINIANI  (Marc  Antoine), 
doge  de  Venise,  succéda  ,  en  1G84  ,  à 
L.  Contarini ,  à  l'époque  où  l'ambition 
du  grand  vézir,  Cara  Mustapha,  ren- 
dait nwc  guerre  avec  les  Turcs  inévi- 
table. Les  Vénitiens,  pour  la  soutenir, 
conîractèrenl  une  alliance  avec  l'em- 
pereur Lcopold  i ,  et  J.  Sobieski,  roi 
de  Pologne ,  qui  venait  de  battre  les 
Turks  devant  Vienne.  Celte  guerre  fut 
signalée  par  la  conquête  de  la  Morée; 
mais  la  gloire  en  appartient  moins  au 
doge  sous  le  gouvernement  duquel 
elle  s'accomplit  ,  qu'à  François  Mo- 
rosini ,  commandant  des  lrouj)es  vé- 
nitiennes. Le  sénat  reconnaissant  le 
choisit  pour  successeur  de  Giustiuia- 
jii ,  mort  en    i(j88.       S.  S — i. 

GIVIU  (Jean-Antoinl  de  Mes- 
MKs,  comte  d'Avaux  ,  niaïquis  »ii  ). 
f^.  AvAUX,  tom.  Ul,  pag.  10^. 

GlZKLiVS  (KusTACiit),  théolo- 
gien du  xvn'".  siècle,  néeji  lUissie,et 
qui  s'attacha  aux  soeiniens  de  Pologne. 
]1  publia,  en  société  avec  Stoinius  et 
Sclilichting,  le  nouveau  Test.unenl  de 
Uacau,  et  (il  paraître  à  Franc  fort  sur 
l'Oder,  rn  1O2G,  selon  ^anll^^s,  une 
traduction  en  grec  de  ï linUuUvn  de 


GJO 

Jésus-Christ.  On  a  aussi  de  lui  quel- 
ques   ouvrages  en   langue  polonaise, 

C— AU. 

GJOFRANSON  (Jean),  savant 
Suédois  du  XVIII  .  siècle,  entra  jeune 
dans  la  carrière  ecrlé.>iaslique,  et  par- 
vint à  une  j)lace  d'a'ichidiacre;  mais 
il  s'est  fait  connaître  principalement 
par  ses  travaux  sur  les  antiquités  du 
Nord.  Ayant  eu  occasion  d'examiner 
le  fameux  manuscrit  de  TEdda  ,  qui  se 
trouve  à  la  bibliothèque  d'Cpsal ,  il 
entreprit  de  donner  une  nouvelle  édi- 
tion de  celte  production  remarquable: 
il  n'en  publia  cependant  qu'une  partie; 
et  on  lui  a  reproché  de  n'avoir  pas  re- 
produit lo  mauusci  il  assf-z  fidèlement, 
bon  édition  n'a  donc  pas  rendu  inu- 
tile celle  qu'avait  donnée  le  savant  da- 
nois Resenius  ,  d'après  un  autre  ma- 
nuscrit que  l'on  regarde  comme  plus 
moderne.  Gjoeransou  a  publié  de  pi  us, 
Âatlingay  owDela  littérature  et  de 
la  religion  des  Gotlis  en  Suède , 
Stockholm,  1747»  in-fol.,  fig.;  et 
BauLil,  ou  Inscriptions  runupies  sur 
pierres  suédoises,  de  J'an  du  monde 
2,000  à  l'an  de  J.C.i  ooo,Slockholm., 
1750,  in-4". ,  recued  le  plus  considé- 
rable de  ces  monuments  du  Nord  , 
dont  la  haulc  aniiqmté  n'est  cependant  ^ 
pas  généralement  reconnue.  C — au. 

GJOEUWELL  (Charles  -  Chris- 
topue),  savant  Suédois  j  naquit  le  10 
février  1751,  d.ms  la  province  de 
Scaidc.  11  commença  ses  etutles  a  l'u- 
niversité de  Lund ,  et  les  acheva  à 
celle  de  Greil'^vvald.  En  17^0  il  fit  ua 
Vi)yage  en  Danemark,  en  Allemagne 
et  en  France.  Placé  à  son  relotir  dans 
le  dép.irteniciit  île  la  chancellerie 
royale,  il  y  oblml  le  rangd'asscsseur;et 
après  avoir  travail  c  quelque  teujps  à  la 
bdjiiollièqnc  loyale,  il  re^ul  le  litre  de 
bibliofhécairedu  roi.  On  peut  regarder 
(ijoervvell  comme  le  londaleur  des  jour- 
naux littéraires  en  Suède;  les  fiuilics 


pcricxliqiir?  piiMicVs  aiipnravnnl  par 
Siilvtiis.  uVl  .lit  (pirdcs  nomeiicl.iMins 
tic  fiîns,  ,»vf('  (1rs  ndlicrs  dr  peu  d'cf- 
triultio.  ]jV  Men  lire  dr  Gjoi  rwc  I  eut 
liOAiKNtnp  (Ip  .siicccs;  il  conimrnç.»  à 
p.tr.'iîlK'  111  i-jVO,  rf  lut  suivi  de  (y\o\- 
(jiifs  .uiMcs  iTCMicils  poi'iodifjiH'S  du 
niomc  ,iiil(  iu\  qui  sVîaïf  .T^vocir'  r>lii- 
situis  Ixtiimirs  de  Ir'ties,  <  l  cii  p.iiti- 
cnli'r  M.  BiO(  rkt'C'zcn  ,  ■itl.irlio  à  la 
Lil)lioih<(pie  du  roi.  A  la  îiaiss.iiirc 
du  prince  royrd  ,  depuis  Gustave  IV  , 
Gjcunvrll  lotida  à  Sfoi  kîuvni  uncso- 
cic'lc  d'éducation  ,  qui  publia  des  livres 
élciruntairp'^.  Atrii  intime  du  ce  èhie 
voyageur  Bjo<  riisfalii ,  il  fut  l'éditeur 
de  ses  Voyages.  Il  donna  aussi  an  pu- 
blic les  premiers  vulnrnes  de  la  Bi- 
bliothèque hisioiiqus  de  la  Suède, 
par  W  iiuholz  ;  ouvrage  imporifiiit , 
qui  continue  à  pandire,  <l  qui  est 
achevé  en  m muscrit.  On  lui  doit  en 
outre  des  traductions  de  pînsit  urs  ou- 
vrages fr;inçais  et  al.< maiids.  Il  e'tait 
membre  de  quelques  sociétés  littéraires 
d'Allemagne  ;  (  t  il  en'retinl  pend.mt 
sa  longue  carrière  un»'  correspondan- 
ce suivie  avec  Bû«>cliiiig  ,  Scliloezcr, 
et  d'autres  •^avants  étrangers  auxqu.  Is 
il  fournissait  des  mémoires  sur  la  géo- 
graphie et  l'histoire  d<Sii('d''.  Il  pos- 
sédât des  manuscrits  précieux  sur 
l'administration  et  1rs  révolutions  po- 
litiques des  pays  du  Nord.  Gjoerwcll 
mourut  le  26  août  1811.  Le  célèbre 
sculpteur  Sergcl  a  fait  sou  buste,  qui 
est  regarde  comme  un  des  meilleurs 
de  cet  artiste ,  mort  lui  même  depuis 
peu.  C—ÀV. 

GLABER  (0  (Raoul),  historien 
du  XI  .  siècle,  ct;iit  ne  en  Bourgogne; 
c'est  du  moins  roj)inion  des  auteurs 
de  l'Histoire  littéraire  de  France  ,  qui 
appuient  cette  conjecture  de  fortes 
présomptions.   .Sa   jeunesse   fut    très 

•  1)  Glaber  »\^n'\iiii  ehùuve,  «jui  n'a  pas  de  che- 
veux ou  dv  poil. 


CL  A  /,8i 

dissipc'e.  Un  de  ses  oncles  crut  arrê- 
ter ses  désordres ,  cw  le  faisant  ad- 
mettre dans  un  couvent  à  I  âge  de 
douze  ans  ;  m  lis  si  conduite  resta  la 
même,  et  il  '^r  vit  ob'iKC  de  rhançicr 
de  maisoi's  plusieurs  f"is  pour  cMfcr 
de  pistes  cli.riineiifs.  Guill mme  ,  abbc' 
d«;  St.-B  nigne  de  Dijon  ,  .;yaiif  démêle' 
ses  heureuses  disposi'ioris  pour  les 
Utiles,  le  choisit  pour  le  con)j>igûon 
de  ses  voyages  ,  et  l'r  inmena  avec  lui 
à  S'ize  en  Italie,  Glaber  fit  pidive 
dins  cette  viiie  de  saciacilé  et  de  cou- 
rageen  démarquant  un  fourbe  qui  abu- 
sait le  peuple  p.ir  de  fuisses  reliqiics. 
Mais  il  e'iait  d'un  caractère  trop 
indocih"  p<»iir  goûter  les  conseils  de 
l'abbc  GuillHiiuie.  Il  le  quitta  fuitive- 
mciit,  et  se  retira  à  St.  -  Germain 
d'Auxerre,  d'ca'i  il  passa  ensuite  dans 
différents  autres  monastères.  Il  mou- 
rut à  Ckmi  vers  1  o5o ,  après  avoir 
déploie  se-i  égarements.  Son  princi- 
pal ouvra'j^e  est  un'*  Chronique  qiTil 
avait  entreprise  pour  jil.iire  à  i'abbé 
Guillaume,  et  qu'il  termina  à  la  prière 
deS.  Odilon,  abbe'  de  Cnni,  à  qui 
elle  est  dédiée.  Elle  est  divisée  en 
cinq  livres  ,  et  s'étend  denuis  l'an 
900  (où  finit  cdle  de  Bède  )  jusqu'à 
1046.  Cet  ouvrage  oftre  l'assemblage 
choquant  de  tous  les  défauts  du  siè- 
cle où  il  a  été  composé;  mais  on  n'eu 
doit  pas  moins  le  regarder  comme  mi 
des  monuments  les  ])lus  précieux  de 
notre  ancienne  histoire.  «  C'est  là, 
»  dit  Lacurnc  Sfe.  -  Palaye  ,  qu'on 
»  voit  cha.'.gi  r  pour  ain^i  dire  toute 
»  la  face  de  notre  gouvernenient;  que 
»  l'on  voit  l'origine  de  p'usieurs  mai- 
»  sons  qui.  tirées  d'un  état  médiocre, 
»  que!quelois  même  de  l'état  le  plus 
»  abject ,  s'éevèrent  k  l'ombre  de 
»  l'autorité  de  Hugues  Capet  ,  ou- 
»  blièrent  depuis  ce  qu'elles  lui  dc- 
»  vaient,  osèrent  se  révolter  contre 
»  lui  ,   et   établirent    plusieurs    des 


486  G  L  A 

»  grands  fîefs  ,  dont  la  puissance 
»  contrebalança  souvent,  depuis, celle 
5>  dont  iis  étaient  emane's.  »  La  Chro- 
nique de  Glaber  a  clé  imprimée  pour 
]a  première  fois  dans  les  Hisioriœ 
JFrancorum  de  Pilhoii  ,  Francfort, 
i54^,  in- fol.;  elle  Tri  été  depuis , 
d'après  un  manuscrit  de  la  biblio- 
thèque de  De  Thou  ,  d-)ns  les  Scrip- 
lor.  Francor.  coœtan.  de  Duchesne , 
tom.  IV,  et  dans  les  Ber.  Gallicar. 
scriplor.  de  dom  Bouquet,  tom.  x. 
On  a  encore  de  Gliber  une  Vie  du 
bienheureux  Guillaume  ,  abbé  de 
St. -Bénigne,  sous  ce  titre:  fVil- 
helnii  ahhalis  gestorum  liber;  clic 
a  été  insérée  dajis  V Histoire  de  Vnb- 
haye  deReoméou  Moustiers  St.-Jean, 
par  Pierre  Bouvière,  Paris,  1657, 
in-4'.,  dans  les  /écta  Sanclorum  de 
Bollandus  an  i*'''.  janvier,  et  dans  les 
jictes  des  Saints  de  V ordre  de  S.  Be- 
noît y  par  Mabillon  ,  tom.  vni.  On 
peut  consulter  le  Mémoire  concer- 
nant la  Fie  et  les  onvras,es  de  Gla- 
her  y  |)ar  Lacurne  Sl<'.-Pal.<ye,  d^ns  le 
Becucil  de  l'académie  des  inscrip- 
tions,  loui.  viii  (copié  par  Niceron, 
lom.  xxvnii,  et  la  Vie  de  Glaber 
clans  l'Hisloire  littéraire  de  France, 
tom.  VII.  W — s. 

GLABIUO.  roy.  Acilius. 

Gf.ACAN  (Neil  0'),  plus  connu 
?ous  le  nom  de  Nellanus  Glacaniis , 
>avant  mcdcom  ,  ne  daus  le  cdujté  de 
Donegali  en  Irlande ,  était  fixé  à 
Toulouse  avec  le  titre  de  premier  pro- 
iesseur  ca  inédrcine  ,  lorsque  la  j)cslc 
«Icsola  cctie  grande  ville  au  cuiuuien- 
cenicnl  du  xvii  .  siècle.  Il  y  jouit 
jiieuie  de  l'estime  et  de  la  considéra- 
tion la  ]»lus  j;énérale  ,  à  cause  du 
dévouement  qu'il  montra  en  bravant 
Il  cont.«f;ion  pour  voler  ;mi  secours 
des  nial.nies.  (ilacan,  ayant  passé  de- 
puis eu  Italie,  enseigna  quelque  temps 
îi.ius  runivcisicé  de  Boloj:;ue  ,  et  iiiuu- 


GLA 

rut  dans  cette  ville  sans  que  l'on  sa* 
che  en  quelle  année.  Ce  médecin  a 
laissé  d^-ux  ouvrages,  dont  le  pre- 
mier mérite  d'autant  plus  d'être  rap- 
pelé, que  les  bibliographes  se  sont 
lonteniés  d'en  rapporter  le  titre  :  I. 
Tractalns  de  peste,  seu  hrevis  ,  fa- 
cilis  et  experta  methodus  curandi 
peslem  y  Toulouse  ,  16. hj  ,  in  -  l'i. 
l/auleur  traite  d'abord  ,  d.uis  cet  ou- 
vrage, de  l'essence,  des  causes,  des 
variéîés,  des  signes  et  du  prognoslic 
de  la  peste,  ainsi  que  du  régime  qu'il 
convient  d'observer  dans  celte  mala- 
die. Il  détermine  ensuite  l'emploi  de 
la  saignée,  et  celui  des  médicamcnls 
particulièrement  purgatifs.  Trois  cha- 
pitres assez  étendus  sont  employés 
à  indiquer,  i**.  les  remèdes  curatifs 
et  préservatifs,  recommandés  par  les 
auteurs  ;  2".  ceux  dont  l'eiiicacité  a 
été  reconnue  par  Gl.uan  lui-même; 
3".  enfin  ceux  qui  ont  été  administrés 
populairement  et  avec  succès.  Gla- 
can  passe  à  la  considération  du  char- 
bon ou  anfrhax  ,  aux  complications 
que  présentent  la  scarlatine,  les  dou- 
leurs de  tête  opiniâtres,  une  somno- 
lence profonde,  les  vomissements  et 
le  cours  de  ventre.  Vient  ensuite 
la  double  indication  d'une  première 
méthode  pour  fumiger  et  lessiver  bes 
maisons  ,  les  meubles  et  les  vêle- 
ments infectés  ,  cl  d'une  seconde 
méthode  propre  à  sanifier  les  conva- 
lescents de  la  peste  avant  qu'ils  ren- 
trent dans  la  société.  On  s'aperçoit,  en 
lisant  l'ouvrage  de  Glacan,  qu'il  con- 
naissait bien  ,  et  en  remontant  aux 
temps  les  plus  anciens,  les  écrivains 
qui  avaient  traité  celte  matière  avant 
lui  ,  et  (pi'il  avait  acquis  préecdfm- 
ment  beaucoup  d'expérience  a  Sala- 
matiquc,  à  Xaleuee  eu  Espagne,  et 
à  Kig<'ac  en  France.  La  latinité  de 
Glacan  est  aiiscz  pure.  11  est  souvent 
dogmatique,  et  iraile  avec  bc.uconp 


G  L  X  G  L  A  487 

.di'h.iiitcnr]rsiç;iu)r.inls  prcsorapfticn^      rourotiTu,',  en    '7'"o,  p.ir  l'ncadcriiM; 
«ju'il  p.iniîl.ivoir  liiVn»;  minent  iroiivcis      de  JM.tr.scillo,  Zriksf,    i77~>>    i»i-8'*, 
Mir  M's  pas.  11.  Cursus  medicns  ,  U-     VI.  Le   Traité  des  (ijfeclions  vapo- 
hris  tredecim  pro/fosiUis  ^  l)olop,nc,      rtuses  des  deux  sexes  y  y^urlcdoclcur 
i()5.5 ,  in-4\  ('0  doiiiier  oiiviMgc  ;»     Poiiimr,  Brcsiau  ri  Lrijjziç;,   1775, 
vieilli  par  Miilc  des  jirogrcs  (les  scicn-     in-8".  Gladh.icli  a  publie  an  supplé- 
ées, cl  M'i»  tot.ilemcnl  oublie,  tandis     ment  à  la  ïablciatiuc  raisonne'edcs 
<pje  (jucUpu-s  pat;;cs,  ({(►elques  liç;ncs     Corruncn  1.1  ires  de   Van  Swiclni.  Ses 
<iij  j)reinier,allanluronl  lenonideGla-     douxdisscrtationsiiianguralcsrnérilcnt 
can  à  rbisloirc  de  la  peste.  D — G — s.     à  peine  d'clre  cilées  :  la  première,  De 
GLADlJACIi    (  Jean- Adolphe  )  ,     inumiis  m  praxi  medicd  non  facile 
médecin    allemand,   né  en  171(3   à     adhihendis ,   1 755  j  la  seconde,  De 
Franctort  sur  le  INlcin,  fit  ses  études     herniis  incarceratis  sœpè  non  letha- 
dans  cette  viile  ,  ainsi  que  dans  celles     lihus.  —  (jladbach   (  George  -  Jac— 
de  Hanovre  ,  Halle  cl  Hcimstadt.  C'est     qucs),  médecin  allemand  comme  le 
dans  celte  dernière  qu'il  obtint  le  doc-     ])réccdent,  naquit  également  à  Franc- 
torat,  en  1  758.  Le  prince  de  Anbalt-     fort ,  en  1  706,  et  fut  reçu  docteur  en 
Zcrbsl  le  no'nuia  son  conseiller, mc'de-      1759  a  l'université  de  léna  ,  après 
cindesacoureldela province. llexerça     avoir  soutenu    une  dissertation   sur 
ces  fonctions  jusqu'à  sa  mort,  arrivée     le  squirre.  ^ommé  conseiller,  et  mé- 
en  I  785.  Soit  par  modestie,  soit  qu'il     deein  de  sa  ville  natale,  il  devint,  en 
manquât  réellement  d'un  géflie  créa-     1 785,  archiâtre  du  comte  impérial  de 
leur,  Gladbacli  n'a  composé  aucun     Schœ[iburg,<tmourutlei 3 septembre 
ouvrage  origmal  ;  mais  il  a  traduit  en      1  7y().  Ses  écrits  sont  en  petit  nombre, 
allemand  plusieurs  bons  livres  français:     peu  volumineux,  et  préscRlent  un  fai- 
L  Le  Mémoire  de  Denis  liarberet,     Lie  intérêt.  L  Commentaiio  de  mor^ 
sur  les  maladies   épidémiques  des     bis  à  vestitu  conira  friç^us  insufji- 
hesliaux ,  couronné,  en  1765,  parla     ciente ,  Francfort.  U.  Disquisitio  de 
société  d'agriculture  de  Paris,  avec     medicamentorum    ahsorbenlium  iii 
les  notes  de  Bourgelat ,  Wittcraberg    Jehribus  acutis  prœstantid ,  Franc- 
ci  Zerbst,  1770,  in-8".  11.  Les  £/(?'-     fort,   1761  ,  10-4".  \\\.  Description 
mcnis  de  l'art  vétérinaire,  de  hour-     et  figures  de  papillons,  4  cabiers, 
geiat ,  Dantzi^,  177*2,  in-8".  Le  tra-     Francfort,    1777,  in-4°'   (en    alle- 
ducteur   publia  l'année   suivante ,   à     mand.  )  IV.  Catalogue  des  noms  et 
Zerbst,  un  suj)plément,  contenant  l'a-     des  prix  des  papillons ,  sphinx ^  plia- 
natomie  du  cheval.  HI.  Les  Expé-     lènes ,  ainsi  que  d'autres  insectes, 
riences  et  observations  sur  la  cause     tels  que  les  coléoptères  aquatiques 
de  la  mort  des  nojés ,  et  des  phéno-     et  terrestres,  les  sauterelles ,  les  gril- 
Tnènes  qu'elle  présente,  faites  pnbli-     Ions,  les  frelons  ^bourdons ,  guêpe  s  y 
qucmcnl  à  l'école  vétérinaire  de  Lyon,     mouches,  cousins,    etc.  Francfort, 
par  Cham  peaux  cl  Faissûle,  Dantzip;,      «778,   in-S.  ,   écrit    en  allemand, 
1772,  in-8".  IV.  Les  Expériences  sur     comme  celui  qui  précède.  Cet  opuscule 
îabonification  de  tous  les  vins  par     est  paieillemenl  rangé  dans  la  classe 
Maupiu ,   Zcrbst,    177^,  in-8".  V.     des  productions  les  plus  médiocres; 
Le  Mémoire  de  l'abbé  Ixo/àer,  sur  l.i     mais  il  ])eut  servir  à  prouver  à  quel 
meilleure  manière   de   faire  et  de     j)oinl  l'entomologie  est  cultivée  cnAI- 
gQuverner  les  vins  de  f'rovcnce,     lemagne,  puisque  les  iji sectes  y  sont 


488  G  L  A 

un  objf  t  de  commerce  susceptible  d'un 
bulletin  de  prix  courants.  C. 

GLAFEY  Adam  Frédéric),  pu- 
blici>te  allerainl  ,  n.iquii  à  Reichen- 
barh  dans  le  Voi;itland ,  Je  17  jan- 
vier 1692.  Sa  première  e'ducation 
fut  très  négligée  ,  son  père,  mu- 
cband  ruine'  ,  ayant  été  oblige  de 
s'engager  comme  simple  so'dit.  GI.1- 
fey  ne  put  entrer  au  gymnase  q'i'à 
l'âge  de  onze  ans;  et,  réduit  à  l'indi- 
gence ,  il  ç;a<;;nait  sa  vie  en  chantant 
dans  les  chœurs.  A  l'université  de  lena, 
qu'il  fréquenta  dans  la  suite,  'a  né- 
ces'-ité  de  vivre  du  produit  de  ses 
leçons  particulières  l'empêcha  aussi 
de  s*wppli(pirr  avec  assiduité  à  sis 
éludes.  Cependant,  à  vingt-un  ans  il 
commença  déjà  à  publier  des  cVrils, 
après  avoir  été  gratuitement,  et  par 
ordre  du  duc  de  S  ixe  -  Gotha  ,  pro- 
mu, en  1712,  au  grade  de  m  dire 
en  philosophie.  C'est  aussi  vers  cette 
épofpie,  qit'il  ouvrit  im  cours  sur  le 
droit  naturel.  H  accompaç;»ia,  quel- 
ques années  après,  deux  jeunes  gen- 
tilshommes allemands,  à  l'université 
de  Tubingue  et  dans  les  difFérentes 
cours  de  l'Allem-igne.  Au  retour  de 
ce  voyagp,  il  fut  reçu  docteur  en  droit 
.  à  l'univCr-^itc  de  Halle,  s*ot;djlit  à  Leip- 
zig, et  contmua  ses  leçons  publi(pi('s. 
11  s'attira  beiucoup  de  désigréments 
par  d<''ix  ouvr.igcs  qu'il  publia  alors, 
les  Principe  de  la  jurisprudence  ci- 
vilecl  V Histoire  de  Saxe.  Néanmoins 
Il  cour  de  vSixe  (t  d'autres  cours 
étrangères  ,  auxquelles  il  avait  été  re- 
commandé par  le  comte  de  Sec  kendorf, 
gouverneur  de  L<izj»ig,  l'employèrent 
ù  la  rédaction  de  divers  mémoires;  et 
il  fut  nommé  en  i72(>,  archiviste 
privé  de  la  cour  de  Dresde.  Il  mou- 
rut le  1 4  juillet  1753.  Ce  juriscon- 
sulte, d'après  If  jugement  de  Moser, 
«•tait  médiocrement  instruit  dans  This- 
toirc  cl  le  droit  public  de  rAllema- 


GLA 

gne;  mais  personne  ne  le  surpassa 
dans  l'art  de  susciter  des  prétentions 
et  des  querelles.  De  qu  irante-trois  ou- 
vrages dont  il  est  auteur,  et  qui  ont 
tous  été  imprimés,  à  l'exception  de 
sept  qu'il  a  rédigés  par  ordre  de  quel- 
ques souverains  ou  d'autrrs  personnes 
de  distinction,  nous  indiquerons  seu- 
lement les  suivants  :  I.  Diss.  Jurîs 
vaturcB  de  officiorum  collisione , 
Icna ,  1 7 1 5 ,  in-4^.  H.  V Eclectique 
méditant ,  communiquant  ses  obser- 
vations philosophiques  et  philolo- 
giques, etc.,  ouvrage  périodique,  ib. , 
1713-1714,  5  cahiers  iu-8'.  Ilï. 
La  plus  grande  partie  deThisloire  par- 
ticulière de  l'Allemagne  dans  le  Dic^ 
tionnaire  de  l'histoire  universelle , 
publié  par  Fritsch.  IV.  Précis  de 
l'histoire  de  la  maison  él.'ctorale 
de  Saxe,  F laucïoïl.  et  Leipzig,  17*21, 
in-8'.,  avec  gravures  et  pièces  justiQ- 
catives  ,  Nuremberg,  1755,  in-S". 
Cet  ouvrage  lui  attira  beaucoup  de  dé- 
saL^réments  de  'a  part  de  la  cour  de 
Dresde.  V.  Hisloria  Germanice  pôle- 
mica,  ou  Précis  de  V Histoire  polémi- 
que de  V  Allemagne,  etc.,  Francfort  cl 
Leipzig,  i7'>-2,  in-4 '.  (en  allemand.) 
VI.  Défense  de  cette  histoire  polé- 
mique  contre  la  critique  contenue 
dans  le  77'".  cahier  des  actes  alle- 
mands,publiés  a  Leipzig,  I7'2"2,in- 
4'.  Vil.  Theatrum  hi^toricum  prœ- 
tentionum  et  cnntr>:\>ersiarum  illus- 
trium,  ou  Théâtre  historique  dt^s 
prétentions  et  des  disputes  di'Sgi'ands 
soui>erains  et  autres  princes  régnants 
en  Europe ,  où  l'on  représente  leur 
orig-ne,  les  motifs,  les  objections  , 
et  l'éiat  actuel  des  prétenti(-ns  les 
plus  importantes  ;  précédemment  pu- 
blié par  Christophe  J/ermann  Schro- 
der,  continué  et  augmenté  de  moitié, 
Leip/.ig,  >7'^7,  in  folio.  J.  Roussef  , 
dans  ses  Intérêts  présents  des  puis- 
sances de   l'Europe  ,   4  traduit  en 


r.  r,  A 

frmrils  |ir('>;(|tuî  ton!  r«>uvrnf;c  do 
(iLlcy,  à  l'cxr.i  |)lioii  ilc  1»  p.trlic  qui 
Iriifc  dos  |iroUMili()iis  occlc'.siasliqiKS. 
\  111.  Epi.Uola  ad  llenricnia,  jam 
Comité  m  di'  Bùnaii  y  de  novo  ins- 
tU.ito  Idstoriam  Saxaniœ  ex  si^il- 
lis  dl:istra/idi,  Dio.sde,  i  7'),8  ,  in-4 '• 
1\.  J/i'stoire  pniiimaticfue  de  la  cou- 
ronne de  Hohnnc,  l^tipzij;,  \']M)y 
i:r-4  .  X.  Aneciloiaruni  S.  H.  1. 
hisloriam  ac  jus  puhliciini  illii.s- 
tranlinm  colleclio,  l)nscl'>  cl  L(;i[)- 
zig,  1754,  iii-8  .  Celle  rollcclioii  dc- 
\ail  êiio  composée  de  cinq  voiiimos; 
mais  il  !i'('ii  a  ete  pnblio  qu'un  seul. 
XI.  Histoire  comjdèle  du  droit  de 
lu  nature^  Lei[)zi<î,  lyoç),  in-/|".  (ou 
alloin.iiid),  nccoiMp,iL;ijëe  il'iiiir  Biblio- 
thèque du  droit  de  la  nature  et  des 
^ens  ,  que  i'dut  ur  avail  déjà  domic'c, 
m< lis  d'une  içianière  moins  coiîip'cîo, 
dans  sou  Tnnté  du  droit  riaUirel^ 
1723  el  \']~t'i.  Clir.  Fred.  George 
Meister  puLlia  ,  en  1740  et  1741» 
deux  spécimen  d'additions  et  cor- 
rections à  cette  Bibliographie,  et  en- 
treprit ensuite  sur  la  même  matière 
un  ouvrage  plus  complet ,  dont  la 
jnemière  partie  parut  à  GÔtlinguc  , 
1749,  in  8".  XII.  Bibliothera  Rinc- 
Jiianaj  avec  une  préface  par  Giafey  , 
Leipzig,  1747  ,  iu-S".  ;  catalogue  im- 
portant pour  les  bibliographes.  Par- 
mi les  ouvrages  inédits  de  Glafîy, 
ou  distingue  :  Deduclio  juris  et 
facli  pro  asserendd  siiperioritate 
ieniloriali  regiœ  inajcstatis  Sardi- 
iiiœ  ,  qud  ducis  Moniisj'erralensis 
in  loca  et  castra  Millesiini ,  Crucis 
J'errecE  ,  Alleris  ^  Mallarum  ^  Ctiy- 
ri  y  Iiochœvig7ia!is,De^hi  ,v\c.  alin.- 
queftuda  Lan^haruni,  contra  Dn. 
Franc.  Dota,  coinitem  Mdlcsiini  et 
a^natos  Careitenses ,  aliosque  Lan- 
gharum  vasallos  ^  litis  hujus  socios ; 
et  Jus  regicE  majcslali  Sardiniœ 
in  marçhionaium  Nvvdli  et  Mon- 


fortis  competcn.:  vindicaium  ,  hn^ 
jttsijiie  invitsliliird  diutiàs  non  de- 
jicganda;  el  <ii(in  Responsiones  <td 
quœstiones  novem.  G'afey  avait  com- 
pose ce  dernier  ouvrage  d'après  les 
ordres  qu'il  avait  r<çus  du  ministre 
du  roi  de  Sar. 'aiguë.        B — u — D. 

GLA.\D()Rl*'(  JiiAJv),  savant  lit- 
teratcur,  né  à  ]V!un>ler  au  eon)men- 
cement  du  xvi.  siècle,  c'tudia  à  l'a- 
cadeuiie  de  Witteuiheri; ,  so«is  le  ce'- 
lèiuc  Meianchllioji,  d  ar(piit  s  >us  cet 
habile  m.tîlre  une  connaissance  très 
étendue  des  langues  anciennes.  Il  s'ap- 
pliqua ensuite  .1  la  t'teoiogie;  et  ayait 
ete  admis  au  saint  ministèie,  il  argu- 
menta publiquement,  en  I  535,  coutrc 
les  anab  tptisles  ,  avec  beaucoup  de 
succès.  JNoniiHC  r(Cfe'.:r  du  gymnase 
d'Hanovre,  il  fut  oblige'  de  se  de'- 
meitr;-  de  cet  emploi  ,  en  i555  ,  par 
les  iiilrii;uesdes  professeurs,  et  se  re- 
tira à  G«>lar,  où  il  fut  suivi  par  le 
plus  grand  nouibre  de  ses  élèves. 
Les  maui'trats  de  cette  ville  lui  ifTri- 
rent  la  direction  d'^  l'école  publiq  e; 
et  il  commençait  etifîn  à  jouir  de  quel- 
que tranquillité  ,  lorsque  de  nou\  elles 
traverses  vinrent  tioiibler  sa  vie.  La 
mauvaise  conduite  de  son  épouse 
l'avait  deterudiie  à  se  séparer  d'elle  j 
le  pasteur  voulut  le  contraindre  à 
la  reprendre  ,  et  Glandor  p  préféra 
renoncer  à  sa  place  plutôt  que  de 
vivre  avec  une  feuime  qui  le  désho- 
norait. Accueilli  à  IVlarbourg  ,  il  y 
obtint  la  chaire  d'histoire  en  i5()0,el 
mourut  le  11  lévrier  1 564  '^  '  )•  ^"  "•  ^^ 
lui  :  I.  Sylva  carminum  elfg'ucoruni 
in  enarrationem  Commentariorum 
C.  Juin  Cœ saris  de  hello  gallico 
et  cii'ii'iy  T  55 1 .  U.  Disticha  sacra  et 
moralia,  Magd'bourg  ,  i55ç).  UL 
Descrlptio  gémis  Antoniœ  i?iter  Ro- 


(i)  ROnig,  Bib'.  vet.  et  nova,  dit  qu'il'  mourut  à 
F.rrciri  eu  t5G3;  Saùiis  croit  «ju'il  vivaiiencdre  vm 


49» 


GLA 


manos non postremœ ,  Leipzig,  'SSg, 
in-8°.  IV.  Descripiio  Juliœ  s;entis , 
Romanas  inter  famillas  neuticjuam 
postremœ ,   Baie,   iS-jb,   in-8'.  Ce 
fut  Ambroise   Glatidorp  ,   son  fils  , 
qui   publia  cet  ouvrnç;e,  avec  la  se- 
conde partie  des  Disticha.  moralia. 
"V.  Onomaslicon  historiée  romance, 
Francfort ,  1 589  ,  intbl.  (  i  );  ouvrage 
piein   d'érudition ,   et  précédé  d'une 
savante  préface ,  par  Heineccius.  VI. 
Des  Notes  siir  les  Commentaires  de 
Ccsar  ,  Leipzig,    1^74;  et  sur   les 
Epîtres  familières  de  Ciccrou ,  Baie*, 
i58o,   publiées  également  par  Rci- 
necrius.  On  trouve  plusieurs  pièces  de 
Glandorp  dans  les    Delitice  poetar. 
Germanor. ,  tome  m.  —  Ebcrhard- 
Théonhile  Glandorp  ou  Glandorf  , 
autre  philologue  allemand,  quatrième 
bibliothécaire,  à  Tuniversilé  de  Got- 
tinguc,  et  depuis  1^80  co-recleur  du 
gymnase  d'Anspac'n  ,  né  en  i-^jo  à 
Wimpfeu  en  Souabe ,  mort  le  1  no- 
vembre i794i  3   donné  une  édition 
des  vers  doré'»  de  Pythagore,  enrichie 
de  notes   et  de  variantes  ,  sous  ce 
titre  :  Sententiosa    velustissimorum 
f^nomicorum  qiiorundam  poèiariim 
fipera,  Leipzig,   '77^»  in-8'.  On  a 
aussi  de  lui ,  Unit  en  latin  qu'en  alle- 
mand ,    plusieurs    Dissertations    ou 
Opuscules  acadétuiqucs  ;    nous  indi- 
querons les  suivants  :  l.  Compara- 
tion'im  recentiorum  poétarum  ,  prœ- 
seràni  nnf^lorum  ,  cura  antujuls  ,  do- 
mi  à  pufiris  instituent arn  ,  scholus- 
tinum  esse  exfrcitann  ndinodàm  pro- 
habile  y  Aiispid»,    1781,  i:i-4°-  H. 
Jdinmata  çrœca  qitd  rations   sint 
scholis    tradenda  ?  ibid.  ,     178*2, 
in-4'\  W — s. 

GLANVILL    ou    plutôt  GLAN- 
"VI li  (HARTnti.KMi  ),  franciscain  an- 


(1)  Une  prétrnilue  ëdllion  dr  i5i|8,  citée  par 
l'Ciiglct  Uiilrcanny;  ne  duii  «<>n  «XMtencr  qu'a  une 
(auIo  «l'iinpresiion. 


G  L  A 

glais  du  XIV*.  siècle,  de  la  famille  des 
comtes  de  -Suirolk  ,  paraît  avoir  étu- 
dié à  Oxford  ,  à  Paris  et  à  l\ome.  Il 
composa  des  sermons,  qui  furent  im- 
primés â  Strasbourg  en  i495,  et  un 
ouvrasse  curieux ,  intitulé  ,  De  pro- 
prietatihus  rerum^  où  il  a  fondu  les 
idées  d'Aristote,  de  Platon  et  de  Pline 
avec   ses   propres   observations.  Cet 
ouvrage  ,  divisé  en  dix-neuf  livres  , 
traite  de  Dieu,  des  anges  et  des  dia- 
bles ,  de  l'ame  et  du  corps,  des  ani- 
maux ,  etc.  Quelques  exemplaires  con- 
tiennentjun  vingtième  livre,  qui  n'est 
])as   de   lui  ,  sur   les  nombres  ,  les 
poids  ,  les  mesures  ,  les   sons  ,   etc. , 
L'ouvragé  de  Glanvil,  qui  est  un  des 
premiers  sur  lesqu'ds  s'est  exercé  l'art 
de  l'impiiraerie,  a  été  traduit  en  an- 
glais, et  imprimé  ainsi  par  VVynkyn 
de  Worde ,  avec  beaucoup  de  luxe. 
On  en  trouve  une  analyse  très  éten-     ^ 
diw  et  très  exiclc  dari^  le  1^.  vol.  des 
antiquités  typographiques  ,  par  M. 
Dibdin  :  il  a  aussi  é'é  traduit  en  fran- 
çais {Foy.  CORBICUON  ).         X — s. 

GLANVILL  ou  GLANVVILE 

(.losEPii),  né  à  Plymouth  en  i65(), 
élève  de  l'université  d'Oxlord,  obtint, 
en  iG6() ,  la  cure  d'Abboychurch  ,  à 
Bath  ;  devint,  en  1678  ,  prcbenditr 
de  l'église  de  Worcester ,  et  mourut 
à   Bilh,  le  16  novembre   1680,  à 
l'a ;j;e  de  qu;iranlequa1rc  ans.  Cet  écri- 
vain, le  pren)ier  qui,  en  Angleterre, 
ait  présenté  le  scepticisme  soirs  une 
forme  systématique,  mérite  une  atten- 
tion plusiiiarfpjée  (piecellequi  luiaéié 
arcordée  jusqu'à  Ce  j'»urj  on  est  éton- 
né de  voir  que   lîruckcr   ne   lui  ait 
donne  aucune  plicc  daus  son  Histoire 
critique  de  la  J)hi^»S(1p^lic'.  Il  y  a'deux 
sortes    de     scepticisines   essentielle- 
ment distincts,  dont  l'un  ,  en  profes- 
sant un  doute  .ibsolu  ,  tendrait  à  con- 
damner la  raison  humaine  à  une  le 
ihargif^  m'^rlellf  j  dont  l'autre,  ne  pro- 


G  I.  A 

dnis.mt  qu'un  (loiito  icblif,  pxcifc  nu 
conliairc  la  raiNoii,  par  iitio  saj;c  (ic- 
i]n\uc  (iVllc-mciiic,  à  un  plus  sévère 
t'xairuMi.Ix'  piruiitr  r.'cst  qu'une  jrme 
de  deslruclion  ;  le  second  est  un  ins- 
trument   de    censure    et   d'eprtuv*'. 
C'est  au  second  que  Glanvilic  vouUit 
donner  un  appareil  systcraati(iuc,  eu 
ti;içuit  une  route  moyenne  entre  le 
dot;niatisnie ,  qui   aKirnic  lont  ^\ci\- 
glc'inenl,etle  pyrrljonisme  qui  nie  tout 
d'une   manière  aussi    aveugle.  Deux 
partis  exisf. lient  alors  en  Anj:;!olerre; 
l'un  «abusait  du  nom  de  la  plii'osopliic 
pour  aecrcditer  l'a  théisme;  l'autre  abu- 
sait du  nom  de  la  religion  pour  jus- 
tifier la  superstition  :  Glanvill  déplo- 
rait ce  double  égarement;  il  sentit  que 
la  philosophie  elle-même  invoquriit  une 
réibrme  j  i!  travailla  à  la  préparer  plu- 
tôt qu'à  l'exécuter  lui-même:  c'est&ous 
ce  point  de  vue  que  ses  écrits  doivent 
être  étudiés  et  pigés.  Los  deux  prin- 
cipaux ,  tous  deux  en  anglais  ,  sont, 
l'un:  La  vanité  du  dogmatisme ^  ou 
de  la  conjiniicd  dans  nos  opinions , 
rendue  manifeste  dans  un  traité  sur 
les  bornes  étroites  et  l'incertitude  de 
nos  connaissances  et  de  leurs  prin- 
cipes y  avec  des  réflexions  sur  le 
péripatéticisme  ,  et  une  apologie  de 
la  philosophie  ,   iGOi  ,  in-b".j  l'au- 
tie  :  Scepsis  scientifica  ,  ou   V igno- 
rance avouée ,  cliewin  de  la  science, 
essai  sur  lu  vanité  du  dogmatisme 
et  de  la  confiance  dans  nos  opinions, 
suivi  d'une   réponse   à  Thomas    Al- 
bius,  Londres,  i()6"),  in-4  '.  Le  der- 
oier    de    ces    deux    écrits    lui     valut 
l'honneur    d'être    reçu    membre    de 
la  société  royale  de  Londres.  Mon- 
taigne et  Charron  paraissent  lui  avoir 
servi  de  guide;  et  il  a  beaucoup  em- 
juunlé  à  l'un  et  à  l'autre  :  il  parcoiut 
les  prinripaux  objets  des  c(»nniiissan- 
ces  humaines,  et  s'attache  à  montrer, 
à  l'égard  de  chacun,  d'eux,  la  faiblesse 


GLA  /5oi 

et  l'impuissance  de  la  raison.  T^a  dor- 
irine  périp.iteticienne,  et  les  système»; 
de  Desearles  q-i'd  paraît  spécialement 
avoir  en  vue  île  combattre  ,  lui  four- 
nissent eux-mêmes  des  armes  :  il   es* 
saie  de  trouver  aussi  dans  les  rapides 
progrès  que  la  physique  avait  obtenus 
à  celle  époque ,  des  motifs  pour  mieux 
faiie    sentir    notre    ignorance    dans 
l'étude    de    la    nature.    Hobbes    est 
l'objet  fréquent  de  ses  critiques.  Eu 
général  ,  il  cherche  à  prévenir  l'abus 
des  spéculations  rationnelles;  et  c'est 
dans  les  écarts  auxquels  elles  ont  con- 
duit ,  qiùl  prend    hs  considérations 
propres  à  inspirer  cette  défiance.  Ses 
vues  sur  la  source  des  erreurs  humai- 
nes sont  présentées  avec  beaucoup  de 
netteté  et  de  méthode,  souvent  d'une 
manière   neuve.  La  manière  dont  il 
traite  la  grande  question  de  la  causa- 
lité est   d'autant  plus   remarcjuable , 
qu'elle  semble  avoir  ouvert  la  routcî 
à  Hume,  dans  une  recherche  qui  a 
produit  de   nos  jours  une  des    plus 
grandes  révolnlionsqucla  philosophie 
ait  éprouvées.  Suivant  lui  ,  nous  sa- 
vons seulement  que  les  choses  se  ren- 
contrent   et  se    suivent,    mais   non 
qu'elles  s'engendrent  ;   nous   voyons 
leur  rapport  de  coïncidence,  mais  non 
le  nœud  qui  les  unit:  ainsi  la  rela- 
tion de  l'clfet  à  sa  cause  f  st  pour  nous 
un  fait ,  et  non  une  loi  véritable.  Glan- 
vill compare  le  dogmatisme  à  ime  pri- 
son étroite  dans  laquelle  Tcspi  il  hu- 
main est  enfermé,  et  hors  de  l'enceinte 
de  laquelle  ses  regards  ne  peuvent  s'é- 
tendre :  «  Fruit  de  l'ignorance  et  de 
»  l'orgueil,  le  dogmatisme  est  le  pcro 
»  des  erreurs;  le  scrptirismc  est  ap- 
»  pelé  à  lui  servir  de  remède,  non  par 
»  des  négations  aussi  arbitraires,  mais 
»  en    pe'-anl    avec    impartialité    les 
■>•>  preuves.»  On  comprend  qu'à  l'épo- 
que surtout  ofi  il  écrivit,  Glanvill  dut 
cL''c  pris  par  un  grand  nombre  de  Icc- 


49CS  G  L  A 

tcurs  pour  un  sceptique  absolu, cl  dut 
être  traite  comme  tel-  les  partisans  des 
sysièraes  régnants  voient  souvent  avec 
plus  d'huriieiir  les  lioruraes  qtii  pro- 
voquent les  discussions,  que  ceux  qui 
rejcttnit  le;jrs  doctrines  sans  e:çampn  : 
Glanvili  fut  donc  viveraent  attaqué  ;  il 
se  justifia  dans  sa  réponse  à  Thomns 
Alltiiis  :  il  entjepnt  aussi  i';ipol<'f;ie  de 
la  plulosophie,  et  il  crut  que  ce  droif 
appai  tenait  surtout  à  ceu\  qui  la  rap- 
pei.'iieut  dans    sa   véiitaLle   carrière. 
Chose  singulière  et  qui  n'est  crpondant 
pas  sans  exenipld  cet  écrivain,  qui 
avait  non-seulemrnt  montré  mais  exa- 
géré la  faiblesse  de  la  raisot)  bum.iine, 
lui  paya  lui  même  un  étrange  tribut; 
et,  après   avoir  combattu  le  dogma- 
tisme   scientifique,   non  seul»  ruent  il 
céda  lui-même  à  des  superstitions  vul- 
gaires, mais  il  f>ntrepiit  de  les  accié- 
djterdaiis  ses  Considérations  philo- 
sophiques touchant    Vexislence   des 
soniers  et  de  la  sorcellerie,  publiées 
en  1  ()()(),  in-4".  I/aventure  d'urr  pié- 
tendu  laud)our  qu'on  enten^lait,  di- 
sait-on ,  toutf'S  i<'S  nuits  dans  'a  maison 
d'un    habitant    du  comté  de    Wilt  , 
aventure  qui  fit  beaucoup  de  bruit  en 
i6()3,  et  qu'on  suppose  avoit  fourni 
à    Addison  l'idée  de  la    comédie   du 
Tambour  y  seud)le  avoir  donné  occa- 
sion à  cet  ouvrage.  On  -pourrait  croire 
qu'd   ne   fut  qu'un  simple  jeu   de  la 
part  de  Glinvill,et  que  notre  philo- 
sophe av.uts(ul«'me;)t  j)Ourbut(ic  tour- 
ner en  ridicule  la  crédulité  de  ses  com- 
patnot(  s.  Mais  cet  écrit  donna  lieu  à 
une  controverse  qui  ne  finit  qu'avec 
la  vie  de  Glanvili.  Il  laissa  à  sa  moii 
un  écrit  intitulé:  Sadducismus  Irinm- 
phuns  ^  qui  fut  imprime  en    i()Hi  , 
in-8  .,  réimprimé  avec  des  addiliorrs 
cri    i(3H'^,  et  ti-.«duil  en  allemand  en 
1701  ;  il  y  avait   rassemblé  vingt- si\ 
relations   du   même   gjrirc  que  celle 
du  Tambour,  pour  établir ,  sur  une 


GLA 

suite  de  fûts,  l'opinion  qu'il  avait  ex- 
primée dans  ses  Considérations  phi- 
losophiques. Glanvili  soutint  une 
cause  plus  honorable,  lorsqu'il  entre- 
prit l'jtpoiogie  de  la  société  royale  de 
Ijondres  ,  sous  le  titre  de  Plus  ultra , 
ou  Progrès  et  avancement  de  la 
science  ,  dep(d>  le  temps  d'Ar^stote  y 
iG58,  in- 12.  Il  avait  cherché  à  ré- 
futer un  ecclésiastique  qui  avait  pre'- 
tendu  qu'Aristote  réunissait  plus  de 
connaissances  qu'on  n'en  pouvait  trou- 
ver dans  cette  société,  ou  njême  dans 
le  XV n".  siècle  tout  entier.  Il  s'aftira  , 
par-là _,  à  lui-même,  un  adversaire 
assez  violent  dans  la  personne  de 
Slubs,  médecin  de  Warwick  :  mais 
après  une  dispute  fort  animée,  il  nVn 
fil  pas  moins  l'éloge  de  sou  antago- 
niste dans  son  sermon-  funéraire  , 
lorsque  celui-ci  fut  eidcvé  à  la  vie  par 
un  accident.  On  a  encore  de  J.  Glan- 
vili les  productions  suivnntes  :  I. 
Lux  orientalis ,  j66a.  11.  Philo- 
losophia  pia ,  ou  Discours  sur  le  ca~ 
ract!'rc  rclii^ieux ,  et  la  tendance  de 
la  phdosophie  expérimentale ,  1671, 
in-S\  IIJ.  Essais  sur  différents  à 
sujets  de  philosophie  et  de  religion  ,  1 
i()76,  in-4".  IV.  Un  £"5^71*  sur  ^ 
Vart  de  prêcher,  1O78,  in-8''.  V. 
\}i*>  Sermons.  On  a  aussi  publié  après 
sa  mort,  en  1G81  ,  des  sermons  et 
autres  ouvrages  posthumes  ,  en  un 
volume  in-4".  Son  style  est  el.iir  ,  fa- 
cile et  animé.  D — G— o. 

GLAPTIIORNE  (Htwni),  auteur 
dram.ili(pie  anglais  ,  vivait  sous  le 
rèf;ne  de  Charles  I".  Ses  pièces , 
qui  eurent  un  grand  succès  dans 
le  temps,  sont  aujourd'hui  enlière- 
ment  abandonnées  ,  quoiqu'elles  ne 
soient  pas  sans  mér-ite.  Elles  sont  au 
nombre  de  neuf,  tant  tragédies  que 
ciuucdies  .  parmi  les(pi(  Ih's  nous  <;!- 
tons  Albert  frallenstein  et  la  f  ^es- 
talc'  Il  a  aussi  cent  un  volume  de 


G  L  A 

poésies  ,    cidresscVs  à  sa   in.iîd'essc  , 
sous  le  nom  île  Luciniie.       X — s. 

C'.I,AKK\MIS(  IlKNni-KoiuTi), 
suiiioniine  <lii  lieu  de  s;\  nais.sauct;  ), 
l'un  (le  eeux  qui  eonlriljuèrcnl  le  plus 
à   ravMnrcinciil   iIcs  lettres  au   xvi''. 
siècle  ,  na(|uif  d  ins  le  canton  de  (ilaris 
en  1 488.  C'était  un  homme  d'un  savoir 
prodigieux;    théologie,    philosophie, 
géographie  ,    liistoire  ,   chronologie  , 
matheiualiqucs,  aslrouomie,  toutes  ces 
sciences  et.iicnt  de  son  ressort ,  et  il 
n'en  est  pas  une  seule  sur  Jaquclje  il 
ii'ail  donne  des  ouvrage  s  rcmar((uaLies 
pour  le  temps  où  ils  ont  èle  composes  : 
c'était  ej»  outre  un  ciitique  assiz  judi- 
cieux; il  aimait  les  arts,  surtout  la 
musique,  et  il  faisait  des  vers  latins  qui 
étaient  fort  goûtes.   11  ensci.î»nait  les 
mathématiques  à  Bàle  eu    1  5  1  5  ,  et 
y  occupa  une  chaire  de  philosophie  à 
divers  intervalles  (  i  )  jusqu'en  1 529  : 
mais  ne  voulant  prendre  aucune  part 
aux  troubles  religieux  qui  éclatèrent 
alors  en  cette  ville,  il  se  relira  à  Fri- 
bourg  en  Brisgau,  où  il  ouvrit  une 
école  d'histoire  et  de  litfe'rature.  Sa  re'- 
putalion  y  attira  un  grand  nombre  d'é- 
lèves, qui  répandirent  ensuite  le  goût 
des   lettres    dans,  toute    l'Allemagne. 
L'empereur  M.jximilieu  r*'.  décerna 
à   Glareanus  le  laurier   poétique  en 
i5i2,  et  liù  fit  présent  d'un  anneau 
d'or  en  récora[)ense  d'une  pièce  de  vers 
qu'il  avait  chantée  devant  ce  prince  en 
s'a^compagnanidcsiuslruments.L'hu- 
meur  de  cet  érudit  était  fort  enjouée  , 
et  l'on  cite  de  lui  quelques  bons  mots  : 
die  devint  triste  avec  l'âge.  Il  passa 


(1)  Sur  la  reramraand,iti<in  d'Érasme  ,  il  obtint 
en  1.52  1  une  pUce  de  professi-ur  de  l)elles-lritres 
•Il  collège  roy-HJ  de  France,  et  1  nccupa  p.;ndant 
trois  an»  ,  fjn  (rienniitm  ibi  liœsil  et  flifJendio  re- 
gio  itsttt ,  dit  Melcliior  Adiiu,  paj;.  a.J-.  [I  s"y  lia 
pirticulicremeiit  dvi;c  le  Febvre  d'Iùlaplfi  el  avec 
J.  Lasciris,  ïous  Icsqu'-ls  il  se  firlifia  enri>rei)ans 
la  connaissance  de  Ihcbreii  et  du  g' ••«;.  Goujet  n'a 
pas  coiiim  ces  détails,  ci  a  cru  mal  a  propos  que 
«e  p'-olesseur  n'.ivait  pis  élë  accepté.  [^Mtin,  lur 
ie  caliégc  Royal ,  1 ,  6x ,  édit.  iu-ia.  j 


G  LA  41)5 

ses  dernières  animées  dans  une  re- 
Ir.iile  absolue,  et  mourut  à  Fribourg, 
le  ■i'^  mai  i.'ito,  à  7,5  ans.  Krasme, 
son   ami,    fait   l'eloge   de    (ilan-anus 
dans  plusieurs  de  ses  lettres,  et  loue 
ses  mœurs  et  sa  sobriété  n(jn  moins 
que   retendue  de   ses  coiuiaissunes. 
Il   paraît  que  cette  amitié  se  refroi- 
dit dans  la  suite;   ce  (pi'on   atliibue 
à    un    peu    de    jalousie    de    la    part 
d'Rrasine,  qui  voyait  avec  peine  que 
Glareanus    le  raillait   quelquefois  un 
peu  trop  vivement  sur  son  système 
de   prononciation  de  la  langue  grec- 
que, et  passait  pour  être   plus  pro- 
fond que  lui  ,  sur  l'histoire  et  les  an^ 
tiquités.  Quoiqu'il  en  soit,  on  observa 
qu'Erasme, dans  son  testament,  avant 
donnédcs  témoignages  de  sou  affection 
à  tous  ceux  de  ses  amis  qui  se  trou- 
vaient à  Baie  ou  dans  les  environs, 
n'y  oublia  que  Glareanus.   il  est  vrai 
que  cette  omission  fut  réparée  par 
son  héritier  (Bonif.   Amerbach),  qui 
fil  présent  à  ce  dernier  d'un  beau  vase 
d'argent  qui  avaitappartenu  à  Erasme, 
Vossius   et   Juste     Lipse    ont    aussi 
rendu  justice  au   zèle  de   Glareanus 
pour  les  bonnes  études.  On  a  de  lui 
des  notes  sur  Horace,  sur  les  Méta- 
morphoses d'Ovide,  sur  Lucain,  sur 
le  livre  de  Cicéron  De  la  vieillesse, 
sur  les  fragments  de  l'Histoire  romaine 
de  Salluste,  sur  Valère  Maxime, Sué- 
tone, Eutrope,  les  commentaires  de 
César  ,   les   histoires  de   Tite-Live, 
de  Denis  d'Halicarnasse,  etc.  "Ses  re« 
marques  sur  Tile-Live  furent  criti- 
quées par  Sigonius.  Glareanus  lui  ré- 
pondit par  une  lettre  adressée  à  Jean 
Hervagius,  et  impriméç  à  Padoue  en 
155"].  f^armi  ses  autres  ouvrages  on 
se  contentera  de  citer  :  l.  De  Geoqra- 
phid  liber,  Bàle,  iS-i-j,  in-4'*.,  réim- 
primé  plusieurs   fois    in-8".   et    iu- 
fol.,  dans  le  xvi''.  siècle.  Il  traite,  dans 
l'introduction ,  de  l'étal  de  la  géogra- 


494  GLA 

phie  chez  les  anciens.  IT.  Helvetiœ 
J)escriptio  [t\\  vers);  De  quatuor 
iielt^etiorum  pci^is  ;  Pro  justissimo 
helveiiurum  fœdere  panegjricus  , 
Jiàle,  I  5j4>  i5i5,  avec  dos  notes 
fi'Oswild  G'  ishaensler  (  en  latin  Mv- 
conius  ou  Molilor  Lucerinus);  ibid. 
1  5 1 9,  in-4''-  de  7 1  pag.  ;  ibid.  1  554, 
iu-H".  de  93  pag. ,  et  dans  le  tom.  1  ' ". 
des  Script,  rerum  Germanicar. ,  de 
Schnrd   et    djns   le    Thesaur.  hist. 
Ilebet.  de  J.  Conrad  Fuessly.  Man- 
iVed  Barl)arin  luit  cet  ouvrage  en  mu- 
sique, sous  ce  titre:  Quinque  voci- 
bus  cantiones  elegantissimœ  in  gra- 
tiam    et   laudem   tredecim   urhium 
Jifehetiœ^Vf'dley  i55B,  in-8  .de  102 
pag.  La  pièce  sur  l'ailinnce  des  can- 
tons Suisses  valut  de  leur  part,  à  l'.ju- 
teur,  un  présent  de  dix  écusd'or.  Ilï. 
Panegyricus  ad  Maximilianum  im- 
peralorem,  d.ins  les  Scriptor.  reriiin 
Germanie,  de  Fielur,  toiu.  11.  IV. 
Annolationesiii  Tacilumde  moribus 
Germanor.  et  populis   Germaniœ  ^ 
M'e,  i574i  et  dcTns  le  i*^"".  vol.  du 
Schardius  rediwiwus.V.  Jiulicium  in 
P.  Terenlii  carmina  per  omnes  eo- 
mœdias, Lyon,  1 54o,in-8".VI./5rt«^o- 
^ge  in  musicam,  lîàle,  1  5  »  6.  Wl.Do- 
decaehordon ,  Bàle,  1  547  ,  i'**fol.  de 
400  pag.;  ouvrage  curieux  en  ce  qu'il 
fiit  connaître  fëial  de  la  musique  pra- 
tique au  commencement  du  xvr.  siècle. 
L'auteur  établit    les   douze  tons  du 
chant   ecclésiastique,    et    donne  sur 
chacun,   d'après  les  chefs-d'œuvre 
dkîs  mcillrurs  maîtres  du  lem[)s,    un 
choix  de  pièces  à  2,  5,  4 ,  f"'  •'>  P'"  f'<  •'^^ 
etc.  VIII.    De  nrte  mitsicd,    Hale^ 
Hcnripierre,   i5/|9,  in-f'ol. ,  cite  par 
Draud  et  par  XAlhenœ  liauricœ  (i) . 

(1)  (Irlte  ritation  n'«(t  ^•cul-âtrr  relalive  t|ii  «lU 
4icliiircii<enicnl>  rt  «iix  fi;;iirtM  «|iif  C.l.irr.iiiin  a 
{ukutct  au  tr;iil«i  Pu  arithinctictî  rt  De  minicd 
«Ir  Uwcce  ,  (l.iiii  ta  LrUi'  «-'lilion  i|u'il  n  (loiinoi;  <!•■* 
ULiivrrt  lie  cet  illiitlrn  Knniaiu  ,  Ritlr  ,  Hrnri- 
Firrre  ,  i  J70  ,  in-lol.  L<i  iirirfaïc  de  GUr(«i>u»  vsl 
4«\««  i^u  ^(inivt  mut  i  >^(! . 


GLA 

IX.  De  ponderibus  et  mensuris,  Bâip^ 
i55o  ,  in-fol.  X.  Libellas  de  asse  et 
par tihit s  ej us  ,  ih'id.,  i55o,  i554, 
in- fol.  XI.  Des  vers  dans  les  Deliciœ 
poëlar.  Germanor.  tom.  m.  On  peut 
consulter  pour  plus  de  de'lails  les  F'itiV 
philosophor.  Germanor.  par Melchior 
Adam  ,  et  surtout  \'Athenœ  Rauricœ, 
—  Il  parait  que  c'est  à  nn  autre  Henri 
GLAREA^•us  qu'il  fautattribuer  \*Agon 
divorum  Felicis ,  Reguice  et  Exupe- 
ranliiy  inséré,  dans  VHist.  écoles. 
d'Hûltinger,  tom.  viii.,  pag.  loGi  — 
1077  ,  et  la  traduction  latine  de  la 
vie  de  S.  Bernard  de  Menthon  ,  rap- 
portée dans  la  Biblioth.  Coloniensis 
d'HariZ' ira  ,  pag.  \'x^.        W — s. 

GLASER  (  Christophe  ) ,  chimiste 
distinçîuè,  vivait  sous  lerègfte  de  Louis 
XIV,  dont  il  fut  le  pharmacien  ordi- 
naire.  Il  quitta  la  Suisse,   sa  patrie, 
pour  venir  étudier  en  Fr.lnce ,  professa 
la  chimie  à  Paris  et  fut  apothicaire  du 
duc  d'Orléans .  vSes  ouvraç;es  impri- 
més sont  :  I .  Traité  de  la  chimie ,  Pa- 
ris, i655;  1667, In-S".;  i675,in-i2. 
11.  Hodegus  chjmicus,  léna ,   1684 
et  1696,  eu  allemand.  III.  Nov^uni 
laboratorium    medico  -  chymicum  , 
Ts^iremberg,  1677  ,  en  allemand.  Sou 
Traite  de  chimie  fut   réimprimé  eu 
1688  à  Paris,  et  traduit  en  anglais. 
Glaser  avait  adopté  les  principes  de 
ParaceUe;  mais  son  style  était  plus 
clair  et  plus  concis.  C'est  à  lui  que 
l'on  doit  la  connaissance  du  sulfate  de 
potasse,  dont  il  décrivit  les  propriétés 
et  qui  porta  long-temps  le  ru>m  de  sel 
polychreste  de  Glaser.  11  le  préparait 
cii  faisant  détonner  dans  un  creuset 
un  mélange  de  nitrc  et  de  soufre.  Gla- 
sci'  fut  un  savant  estimable;  mais  ou 
chercherait  vainement  dans  ses  ou- 
vrages l'explication  satisfaisante  d'uu 
seul  phénomène  chimiijue,  ou  un  fait 
(pu  fût  mieux  présente  que  dans  les 
ouvrages  roodernes.  C.  G. 


G  LA 

GLASKR  (Jean-Henri  ) ,  naqiiil  à 
Hàlc  (Ml  i()->9,  it  y  moiuiit  en  1O75. 
Il  clutlia  la  iiic'dcciiic,  (il  un  long  sé- 
jour en  France,  et  occupa,  dcpins 
i()(S5  ,  dilVcMCnlcs  charges  à  l'uinver- 
sile  de  sa  ville  natale,  où  il  lot  suc- 
ccssivcnjcnl  professeur  en  grec  ,  eu 
analonnc,  en  botanique,  et  enfin  rec- 
teur en  1671.  Outre  plusieurs  dis- 
sertations qu'il  a  données,  il  a  célèbre 
dans  un  discours  imprimé  eu  1661 , 
la  mémoire  de  Jérôme  Ihuliin.  En 
j68o  a  paru  à  l^âle,  in -8''.,  son  Traité 
du  cerveau.  11  a  aussi  publié  un 
Traité  du  rhumatisme.       V — i. 

GLAStU  (  Jean-Fkldéric)  ,  ]>hy- 
sicicn    allcuiand  ,    né    à   Wasungeu 
dans  le  comté  d'Hcnnebergen  Fran- 
conie  ,  le  5  septembre  «  70-^  ,  était  fils 
d*un  exécuteur  de  la  haute  justice  (1). 
Il  se  distingua  des  ses  jeunes  ans , 
par  son  appHcation  à  l'étude   de  la 
physique   et  de  la  médecine.  Après 
avoir  obtenu ,  à  Harderwyk  ,  le  do- 
gré  de  docteur  ,  il  txerçi  la  profes- 
sion de  médecin ,  ti'abord  à  Wasun- 
geu y  et  ensuite  à  Suhla  dans  le  du- 
ché  de  Saxe  -  Meinungeii  ,  et   fut 
enfin  nommé,  en  l'jSi  ,  par  le  duc 
de  Saxe  -  Gotha ,  conseiller  aux  mi- 
nes. 11  mourut  le  7  décembre  1 789, 
après  avoir  rempli  ,  jusqu'aux  der- 
niers moments  de  sa  vie  ,  avec  un 
zèle  infatigable ,  les  devoirs  de  sou 
état.  Glaser   possédait  des    connais- 
sances très-étendues  ,  non-seulement 
en  médecine,  mais  aussi  en  physique 
et  dans  les  sciences  économiques.  Un 
incendie  qui,  en  1755,  réduisit  en 
cendres  la  ville  de  Suhla  qu'il  habitait, 
l'engagea  à  s'occuper  ^  pendant  plu- 
sieurs années ,  de  la   recherche  des 
moyens   de  garantir  les  maisons  et 

(i)  Les  exécuteurs  de  la  jiistice ,  en  Allemagne , 
prottqucnt  assez  cunimiincnicnt  la  médecine  ,  et 
vendant  cher  leurs  voiuultations  et  leurs  reinèdcs , 
^ui  sont  au  moins  aussi  recherchés  par  le  {>euple  que 
«eux  tie«  lué^fcius ,  furlout  dau;  let  pvlite^  villes- 


G  L  A  4fi5 

de  sauver  les  meubles  de  ce  danger. 
Il  en  indiqua  deux,  et  lein-  ciricarilû 
hit  (lenKujlréc  par  des  expériences. 
Le  pieruier,  qui  sert  à  préserver  de 
rmrenclie  ,  consiste  dans  une  espèce 
d'enduit  composé  de  terre  glaise  ,  d'ar- 
gile, de  farine  de  seigle  ,  et  d'un  sable 
très  fin,  dont  on  couvre  toute  la  char- 
pente de  la  maison.  Le  second ,  destiné 
à  éteindre  les  incendies  ,  consiste  dans 
l'emploi  de  la  lessive  des  cendres  de 
bois  :  mais,  malgré  les  résultats  avan- 
tageux des  expériences  et  la  simplicité 
du  moyen,  le  public  n'a   pas  encore 
tiré  grand  parti  de  ces  découvertes. 
Glaser  a  publié  neuf  ouvrages  sur  cet 
objet.  Nous  indiquerons  seulement  les 
suivants  :  1.  Mémoire  sur  la  manière 
de  préparer  les  lois  de  construction 
pour  pouvoir  résister  aux  incendies , 
Dresde  et  Leipzig,    1762  ,  in-8°.  IL 
Mémoire  sur  le  perfectionnement  des 
établissements  de  secours  contre  les 
incendies  dans  les  petites  villes  et 
villages ,  ibid.  ,1775,  in-  8".  Ces  deux 
mémoires  ont  valu  des  prix  à  leur  au- 
teur.  111.  Une  dissertation  sur  les 
chenilles   qui  dévasteiit  les   arbres 
fruitiers ,  et  sur  les  moyens  de  les 
détruire,  Francfort  el Leipzig,  1774, 
in-8^.  y  ibid. ,  1  780 ,  in-8". ,  avec  gra- 
vures. 13 — H — D. 

GLASS  (Salomon),  l'un  des  plus 
célèbres  théologiens  prolestants  du 
xvii".  siècle,  naquit  à  Sundershauscn 
en  iSgS.  Après  avoir  terminé  ses 
études  ,  il  fut  chargé  d'enseigner  la 
théologie  à  l'université  deléna,i;t  s'ac- 
quitta de  cet  emploi  avec  beaucoup  de 
distinction  ;  il  fut  ensuite  nommé  sur- 
intendant des  églises  et  des  écoles  du 
duché  de  Saxe-Gotha,  et  mourut  dans 
l'exercice  de  cette  place,  à  Gotha,  le 
27  juillet  if356,  à  l'àge  de  65  ans. 
JMicbel  Walter  prononça  son  oraisou 
funèbre.  De  tous  les  ouvrages  de  Glass, 
celui  qui  a  le  plus  contribué  à  sa  re- 


/i<)6  GLA 

piUation,  est  son  Philolugice  sacrœ 
libri  duo ,  quibus  S.  Scripturœ  Stylus , 
liUeratura ,  sensus  expandilur^  Itina 
1625.  Lf  s  cdilions  eu  sont  îrcs  mul- 
tipliées; on  se  contentera  de  citer,  com- 
me les  meilleures,  celles  de  Leipzig, 
i-yoS  et  1  -j  1 5  ,  et  celle  d'Anislcidiim , 
1 7  I  1  ,  in  4**'  J.-A.  Dathe  en  a  donne' 
une,  revue,  corrigée,  et  où  :cs  uKitières 
sont  disposées  dans  un  nouvel  ordre, 
Leipzig,  1 776, 1  v.in-8".(/^. Dathe.) 
L'ouvrage  est  divisé  en  cinq  livres  ;  les 
deux  premiers  contiennent  des  obser- 
vations générales  .>^ur  le  style  et  le  sens 
des  Ecritures;  les  deux  suivants  ren- 
ierracnt  la  grammaire,  et  le  cinquième 
larhéloriquesacrée.L'édilionde  i  705, 
qu'on  doit  à  Jean-Godefroi  Olearius, 
contient ,  en  outre ,  la  logique  sacrée  , 
ou  plutôt ,  les  fragments  que  Gla^s 
avait  laissés  de  cet  ouvrage,  qui  aurait 
complété  le  cours  d'études  d'un  théo- 
logien. Il  parut  une  seconde  étlition  de 
cette  logique,  la  même  année,  à  léna, 
in-4"«  Glass  n'avait  que  trente  ans, 
lorsqu'il  j)ublia  les  premières  piirtics 
de  ce  grand  ouvrage,  qui  lui  assure  un 
rang  distingué  parmi  les  critiques, 
mais  où  l'on  regrette  de  trouver  des 
déciamalions  contre  les  catholiques, 
ioit  étrangères  à  son  suj.  t.  On  citera 
encore  de  lui  :  I.  InslitutUmc^  grum- 
maticœ  ebrtœ^  léni,  iGiJ,  m  /j». 
IL  Loci  theolo^ici.  Gotha,  i()()i, 
in-H**  111.  Exe^esis  evan^j^clionnn  et 
epislulurum,  ^urend)er.;,  i(iG4,  'i 
\ol.  in-fol.  IV.  Christolosia  Uosnica 
et  Davidica;  Otiomumlogia  Alessùe 
projfhclicti.  La  meilleure  édiliou  de 
ces  deux  ouviages  est  celle  (]uvu  a 
donnéeTh«>inaN(ireiiiiis,Leydc,  1  700, 
in-4".  Ce  volume  contient  >  ncore  (jnel- 
ques  opuNCules  du  même  aut<  ur.  V. 
Vispuiationcs  in  Àugustan  mi  cvn- 
febsiuncm.  W— s. 

(îLaS^  (  Jkan),  né,  en  i()(|S,  à 
Duudcctu  Lcobsc^cluiluiini^trc  d'une 


G  L  A 

paroisse  voisine  de  son  pays  natal, 
lorsqu'il  s'avisa  de  publier,  en  i7'27  , 
un  traité  où  i!  se  proposait  de  prouver 
que  l'ét  ibîisseracnt  civil  de  la  religion 
était  contraire  à  l'esprit  du  christia- 
nisme. \\  fut  déposé,  et  devint  le  chef 
d'une  nouvelle  secte  appelée  en  Ecosse 
Glassites,  et  en  Angh  terre  Sandemo- 
niens;  mais  sa  doctrine,  d'ailleurs  ex- 
trêmement rigide,  trouva  peu  défaveur 
et  n'eut  q-i'un  fort  petit  nombre  de 
partisans,  malgré  les  écrits  qu'il  com- 
pos;^  pour  la  justifier,  et  qui  ont  été 
publiés  à  Edimbourg  en  4  vo!.  in-<S". 
Il  mourut  à  Dundee,  en  1770,  agë 
de  75  ans.  —  Glass  (Jean),  fils  du 
précédent ,  naquit  à  Dundee  en  1  7*2 5 , 
et  fit  d'.  bord  plusieurs  voyages  aux 
Indes  Occidentales  en  qu.ihté  de  chi- 
ruigien;  mais  le  ptu  de  goût  qu'il 
avait  pour  sa  profession  lui  fit  accepter 
ensuite  le  commandement  d'un  vais- 
seau marrhand  appartenant  à  !a  ville 
de  liOndres,  et  il  s'engagea  dans  le 
commerce  du  Brésil  :  il  s'embarqua 
pour  cette  contrée  en  1763,  av(C  si 
femme  et  sa  fille.  Il  revenait  à  Londres, 
et  éliiit  eu  vue  de  la  côte  d'Irlande, 
lorsque  quatre  des  matelots  de  S(m 
vaisseau  formèrent  un  complot,  et  l'é- 
goi gèrent,  lui,  sa  famille,  le  contre-  L 
maître  et  que  Iques  autres  p(  rsonnes,  ^ 
Ces  scélérats  ayant  chargé  eur  balelet 
de  dollars  ,  coulènni  le  vaisseau  à 
foitd  ,  <t  alièrerU  débar(pier  à  Uoss  : 
mais  ils  ne  juuiient  pas  du  fruit  de 
leur  crinw;  ils  furent  arrêtés  à  Dublin, 
(t  e\et  utés  en  17(15.  (ilass  étù'  un 
hommi  ai  méi  ite  et  de  talent.  On  a  de 
Im  une  Di sciiption  de  Tmeriffe, 
(li'i'r  les  mœurs  cl  coutuuies  des  i\)r- 
lu^us  ijiU  y  SOUL  établis ,  1   vol.  in- 

4".  X— s. 

GLAS>iK  (  Samuel  ) ,  lhet>'ogien 
au^li  :u>  ,  l'un  d'  s  «  hap(  lains  tudmai- 
rcN  du  101,  c  prebendn  r  de  Si-P.ml,à 
Lundi  es,  se  dibtiujjnu  comme  prédica- 


I 


0  Tj  a  g  li  A  407 

tcur  et  comme  magislrat.  On  a  de  lut,  iioinhie  de  oii/.c,  parmi  lesquelles  on 
outre  (les  sriiuoiis  iiupiinirs  sej»aie-  icru.ucjue  les  suivantes  :  Sur  la  biblio- 
jucul  :  1.  Cours  de  leçons  sur  les  fctes  thèijuc  d' Alcxatidrie  ;  —  f^ie  de  P. 
religitfusesy  1797,  lu-S'.W.  J'^vpUca-  JiuliUus Rufus ;  — Sur  la  vie  d'Ué- 
iion  claire  et  pratique  des  commande'  raclite  ;  — Sur  l'origine  des  commu  ' 
incnts,\'6o\ ,\i\-S'.\\\.jIdresse d'une  nés  (qu'il  trouvedans  les  villes  muni- 
Oamc  de  qualité  à  ses  enfants  ,  au  eipalcs  des  Romains  ,   et  dont  Louis- 
deruier  période  d'une  maladie  de  le-Gros  ne  fut  que  le  restaurateur); 
langueur,  ouvrao^e  indique  comme  — Sur  les  auteurs  qui  ont  écrit  sur 
traduit  du  français  ,  1777,    1779, '2  lu  guerre  de  Troie;  —  Sur  l'usage 
vol.  in-8'.  Ce  théologien  est  mort  à  des  dictionnaires ,  et  sur  les  gram- 
Londres,  le  -27  avril  181 2  ,  à  79  ans.  mairiens.  A.  l\ — t. 
—  Son  fils,  Classe  (George-Henri),          GLAUBER  (Jean-Rodolphe), clii- 
recteur  d'Hanwell ,  dans  le  comté  de  raisle  allemand,  né  au  commencement 
■  Middiesex ,  chapelain  du  duc  de  Cam'  du  xvr.  siècle ,  est  un  des  hommes  qui 
bride,e  et  du  lord  Sefton,  mort  le  5o  se  sont  occupés  du  grand-œuvre  avec 
octobre   1809,3  Tàge  de  5o  ans,  le  plus  d'ardeur.    Plein  d'amour   et: 
unissait  beaucoup  d'espri»  et  d'érudi-  d'enthousiasme  pour  le  merveilleux , 
tion  à  une  imagination  brillante.  Pos-  il  s'abandonna  sans  réserve  aux  idées 
sesseur  d'une  fortune  considérable,  extravagantes   qui   régnaient  de  son 
son  goût  pour  le  luxe,  et  pour  les  temps  en  chimie.  Ses  longs  et  pénibles 
plaisirs  de  la  table,  le  plongea  dans  travaux,  poursuivis  avec  une  pcrsévc- 
des  embarras  qui,  joints  à  d'autres  rance  infatigable  et  un  courage  digne 
dégoûts,  paraissent  avoir  abrégé  sa  d'un  plus  noble  objet,  furent  presque 
vie.  lia  publié,  entre  autres  ouvrages  :  toujours  dirigés  vers  la  recherche  de 
I.  Une  traduction  en  vers  grecs ,  de  la  panacée ,  de  la  pierre  philosophale 
la  tragédie  de  Caractacus ,  ^av  Ma-  ei  autres  chimères  dont  les  alchimistes 
son,  1781.  II.  Une  autre  du  Samson  se  berçaient  l'imagination.  Infatué  de 
Agonistes ,  de  Milton  ,  accompagnée  la  doctrine  des  adeptes,  il  passa  en 
d'une  version  latine  ,  1  788.  III.  Cou-  quelque  sorte  sa  vie  sur  les  malras  et 
templations    sur  V  Histoire   sainte^  sur  les  fourneaux;  et  ce  n'est  pas  sans 
rédigées  en  langage  moderne  ,  d'après  raison  qu'il  fut  regardé  comme  un 
les  ouvrages  de  l'évêque  Hall ,  1 795  ,  second Paraeelse. Non  moins présomp- 
4  vol.  in-8''.                          X — s  tueux  que  son  modèle ,  il  se  vantait  de 
GLATIGNY  (Gabriel de),  né  à  la  découverte    de   plusieurs    secrets 
Lyon ,  le  10  octobre  1690,  succéda  merveilleux.  Soit  qu'il  fût   véritable- 
cn   1717,3  son  père ,  dans  la  place  ment  convaincu  de  la  réalité  de  ses 
d'avocat- général  en  la  cour  des  mon-  inventions,  soit   qu'à  l'exemple   des 
naies  de  cette  ville.  H  était  membre  charlatans  de  toutes  les  classes ,   il 
de  l'académie  de  Lyon ,  et  y  est  mort  se  proposât  de  f lire  son  profit  de  fi- 
le ^4  niai   1755.  Ses  harangues  au  f^uorancc  et  de  l'aveugle  crédulité  des 
palais   et   ses   discours   académiques  hommes  ;  il  eut  l'art  de  séduire  beau- 
ont  été   recueillis  sous  le  titre  de  :  coup  de  monde  par  des  promesses 
OEuvres  posthumes    de    Monsieur  aussi  vaines  qu'exagérées.  On  lui  re- 
de  ***,  Lyon,   1757,  petit  in  -  8".  proche  même  d'avoirfiit  un  vil  trafic 
Lesharangucssontaunombredesept;  de  ses  prétendus  secrets,  qu'il  vendait 
les  dissertations  académiques  sont  au  quelquefois,  un  prix  excessif,  à  plu- 
XVII.                                                                                5  2 


4o8  G  L  A 

sic'ur5  personnes  dit'iërentes  ;  ce  qui 
uf  l'eropc^  bail  pas  de  les  publier  en- 
suite sous  son  nom ,  pour  augmenter 
sa  réputation.  Dépourvu  de  l'instruc- 
tion et  de  la  force  d'esprit  nécessaires 
pour  tirer  de  justes  conséquences  des 
nombreuses  expériences  auxquelles  il 
se  livrait  avec  assez  d'habileté,  Glau- 
bcr  n'est  parvenu  qu'à  un  ran^:;  subal- 
terne parmi    les  chimistes.  Touletois 
il  a  découvert  plusieurs  faits  impor- 
tants, qui  ont  puissamment  concou- 
ru à  mieux   faire  connaître  certains 
sels  et  plusieurs  métaux,  et  qui  ont 
eu,  par  la  suite,  une  influence  mar- 
quée sur  les  progrès  ultérieurs  de  la 
chimie  et  de  la  matière  médicale.  C'est 
ainsi   qu'en    examinant  le  résidu  de 
la  dc'composiiion  du  sel  marin ,  par 
r.iciile  su'.furiqne  ,  ce  laborieux  chi- 
miste découvrit   le  sulfate  de   soude 
(sel  admirable  de  Glauber),  auquel 
son  nom  est  irrévocablement  attaché. 
Ce  qu'il  a  écrit  sur  les  bains  à  sec  et 
sur  les  fumigations  sulfureuses,  pour- 
rait, sous  certtins  rapports,  le  faire 
regarder  comme  l'inventeur  des  bains 
de  vapeurs  par  encaissement,  dont  on 
a  récemment  présenté  la  découverte 
comme  nouvelle.  Il  est  ég  dément  l'in- 
venteur de  pluNicurs  médicaments  chi- 
miques ,  dont  l'usage  s'est   conservé 
dans   la   plupart  des   pharmacopées. 
On  lui  doit  enrorc  un  gr.ind  nombre 
d'ouvrages  dont  on  peut  voir  la  liste 
exacte  (au    nombre  de  trente-deux) 
dans  le  curieux  article  que  lui  a  con- 
sacré Adelun*;;,  au  tomciv  de  son  His- 
toire de  la  jolie  humaine  ,  et  dont  le 
recueil  a  été  imprimé  vn  |)lusieurs  vo- 
lumes  in  8°.    et   en    deux    volumes 
in-/i'.,  Francfort,   i(i58,    iOr)(),  et 
traduit  en  anglais  par  Pifk  ,  liOndres, 
i(i8<),  m  fol.;  nous  indiquerons  seu- 
lement les  principtux.  I.  f^a  Prospè- 
TÎtti  de  la  Germanie  (  Deittsclilunds 
ff''ollfuhrt)j  Amsterdam,  iG5G,  in- 


GLA 

i}^.;  souvent  rcimpiimé.  La  première 
partie  de  ce  mince  opuscule  traite  de 
l'art  de   tirer,  du  vin,  du  blé,  etc., 
une  sorte  d'extrait  susceptible  de  se 
conserver  long-temps,  d'être  trans- 
porté ,  à  peu  de  frais ,  à  de  grandes 
distances ,  et  de  former  avec  de  Tenu , 
et  à  volonté,  du  vin  ,  du  pain,  etc. 
La  deuxième  pariie  traitr  des  miné- 
raux.  IL   Furni  novi  philosophici , 
ou  Description  d'une  noui^elle  ma- 
nière  de  distiller^  etc. ,  Amsterdam , 
164B,  in-8'.,  fig.;  traduit  en  français 
parDuleil,  Paris,  i659,in-8°. C'est  un 
ouvrage  de  pure  alchimie,  dms  lequel 
l'auteur  se  corn  plaît  à  donner  de  préten  - 
dus  préceptes,  pour  opérer  la  trans- 
mutation des   métaux,  et  pour  chan- 
ger les  minéraux ,  les  végétaux  et  les 
animaux  en  médicaments  salut;iires. 
111.  De  medicind  universali  si^e  de 
auropotabilivero, \msicrdinî)^\n  H' .f 
i()58.   «   Un  grand  volume,   s'écrie      ' 
»  Glauber  dans  son  enthousia^mc,  ne 
»  suffirait   pas  pour    taire   connaître 
1)  toutes  les  vertus  de  ce  puissant  mc- 
»  dicament.  »  Toutefois  cet  opuscule 
en   donne  un  assex  bel  échantillon. 
W.  Miraculum  mundi  y  in-8''.,  fig., 
Amsterdam,  i655.  Ce  grand  miracle 
se  ré  luit  à  la  ridicule  prétention  de 
dévoilt  r  les  phénomènes  de  la  nature , 
et  à  quelques  procédés,   soit  réels, 
soit  illusoires,  pour  retirer  le  nitrede 
toutes   les  subsTances  minérales,   vé- 
g('l.iles  et  animales.  V.  Pharmacopœa 
spti^yrica/\\\-H  .,  Amsterdam,  i(55 4. 
L'auteur  y   indi((uc  les  moyens  cer- 
tains, selon  lui,  d'extraire  des  médi- 
caments de  Ions  les  corps   des    trois 
règnes  de  l,i  nature.  Vl.  De  tarlaro 
ex  vini  fiFcibus ,  in-8'.,  itif)!).  L'ex- 
traction du  larlre  de  la  lie  du  vin  est 
l'objet  de  cet  opuscule  ,   qui  ,    plirs 
raisonnable  <|ue  la    plupart    des  ou- 
vrages  de   l'auteur,  a    été  traduit  eu 
latin.  VIL  Dissertatio  medica  hcr- 


metica  et  cnlholica  maç^ni  natiirœ 
7na{:^ist(riiilisin}  iterii,  iii-^>  '.,  Kr.mc- 
i'oil,    liijli.  Dcviiitr    les   luyslcics 
lis  plus  scciTtb  de  la  nature,  exposer 
au    giMiid  joui'  les    pliciioinèncs  du 
monde,  telles  sont  les  uiude,st(  s  pré- 
tentions de  l'auteur,  tel  est  le  but  de 
cet  ouvrage,  où  l'on  ne  trouve  lien  de 
positif  qtie  qiieUjiieg   procèdes  eliimi- 
(pu*s  sur  l'txiraction  du   nilre.  VI 11. 
Consolation  des  navigateurs  ,  lu -8"., 
Aiusterdarii ,  i  Gjn.C't  si  uii  movcn  de 
remédier  .lUX  puvaliuiis  nixquclles  on 
est  ex  pose  dans  les  voyages  maritimes, 
à  l'aide  d'un  extriit  qui  renferme  la 
partie   alimentaire  des    végétaux,   et 
dont  on  peut  faire  à  volonté  une  es 
pèce  de  bière  en  le   mêlant  avec  de 
l'eau.   IX.   Opus  minérale  ^  in  -  8" , 
Amsterdam  ,    i  Gj  i  ,  divisé  en    trois 
parties  :  la  première  traite  des  moyens 
de  retirer  l'or  du  silex,  de  l'arj^ile , 
des  sels,  etc.;  la  deuxième,  de  l'ori- 
gine et  de  la  formation  des  minéraux; 
la  troisième  ,  de  l'influence  des  astres, 
etc.  Duteil  l'a  aussi  traduit  en   fran- 
çais,  Paris,    1674  1  in  -  3".  X.  De 
Elid  ardstd ,  in  -  8°.  ,  Amster- 
dam, iGb8.   Cet  ouvrage,  publié  eu 
allemand,  est  plein  ,  dit   Haller,  de 
louanges  excessives  de  l'auteur  ou  de 
ses  travaux  ,  et  d'expressions  obscu- 
res et  énigmatiqucs.  Glaubcr  a  pu- 
blié  bi^aucoup   d'autres    productions 
alchimiques  ,  qui   ne    sont  ni  moins 
obscures,  ui  moins  énigmatiqucs  que 
les  précédentes  ,  et  où  l'on    trouve 
souvent  ks  plus   vagues  hypothèses 
et  les  conceptions  les  plus   chiméri- 
ques   à  la    place  des    faits  et  de  la 
raison.   Tous   ces   ouvrages   sont  en 
allemand  ;  cl  quoique  la  plupart  aient 
les  premiers  mots  du  titre  en  latin, 
on  a  lieu  de  croire  que  Glaubcr  ne 
savait  pas  cette  langue.    C — h — t. 

GLAUBEK( Jean,  dit /^o/r^/ore), 
l'uu  des  bons  paysagistes  de  l'école 


GLA  499 

Iiollandaisc,  naquit  à  Utrerlilcn  lO jG, 
et  uKiurut  à  Amsterdam  en  I'^xCk  Les 
productions    de  sa    jeunesse    avaient 
beaucoup  de  ressemblance  avec  celles 
de  son  maître  ,  le  célèbre  Her-ihem  ; 
mais  ayuit  vu  et  copié  cluz  un  mar- 
eliand  detabcaux,  quelques  paysages 
des  granis  p(  iiiln  s  de  l'Italie ,  d  con- 
çut le    projet   d'ajouter  des    beautés 
d'un    nouveau  genre  à   celles   de   sa 
preuiière   manière  ,  qui   était  moins 
sévère  (pie  séduisante.  Ce  fut  dans  ce 
dessein  qu'il  fil  le  voyage  de  Kome  , 
où  il  séjourna  environ  deux  ans.  Il 
alla  ensuite  à  Padoue,  puis  à  Venise; 
et  il  revint  enfin  se  fixer  à   Amster- 
dam,  rapportant  avec  lui   un  grand 
nombre  d'études,  d'après  lesquelles  il  a 
coniposé  ses  tableaux  les  plus  estimés. 
Peu  de  p'  intres  ont  mieux  observé  la 
nature ,  (  t  l'ont  su  rendre  avec  plus  de 
vérité.  Sa  manièie  de  feuilîcr  est  re- 
commandée aux  jeunes  p  lysagistes , 
com/ne    un    des    meilleurs    modèles 
qu'ils    puissent  suivre.  Sans    s'assu- 
jétir  trop  scrupuleusement  à  cette  pré- 
cision de  détails  qui  nuit  à  l'effet  des 
grandes  masses,  il  avait  le  talent  de 
rendre  sensibles  toutes  les  variétés  de 
feuilles,  de  branches  et  d'écorces  qui 
nous   servent  à  distinguer  les  diffé- 
rentes espèces  d'arbres  ;  et  il  excellait 
surtout  dans  l'art  dfc  marquer  les  dis- 
tances  par  la    perspective  aérienne. 
L'ordonnance  de   ses  tableaux  est  à- 
la-fois  sage  et  pittoresque.  Sun  style 
est  dans   le  goût  héroïque.   Quoique 
Glaubtr  ail  souvent  réussi  à  peindre 
les  figures  de  ses  paysages,  il  lui  ar- 
rivait plus  souvent  encore  de  confier 
ce  soin  à  d'autres  artistes  (notamment 
à  G.  de  Laircsse  ).  Les  amateurs  coi;- 
servent  précieusement  des  estampes 
qu'il  avait  gravées  lui-même,  d'après 
ses  propres  ouvrages  ,  et  qui  com- 
mencent à  devenir  rares.  Sa  famille^ 
allemande    d'origine,    était   presque 


5oo  G  L  A  G  L  E 

toute  composée  d'artistes.  —  Jean-         GLEDITSCH  (Jean-Théophile), 
Gotllieb  Glauber  ,  son  fière  ,  pei-     naturaliste  célèbre  par  ses  vastes  con- 
gnait  aussi  le  paysage  avec  succès;  et     naissances  en  botanique,  et  par  Tap- 
sa  sœur,  Diane,  peintre  d'histoire,     plication  qu'il  en  fit  à  l'économie  pu- 
réussissait    principalement    dans    le     blique,  naquit  à  Leipzig  le  5  février 
portrait.  Les  composilions  de  Goltlicb     1 7 1 4-  H  venait  de  terminer  ses  études 
sont  agréables  :  elles  se  distinguent     à  l'université  de  cette  ville ,  lorsque 
par  la  vérité  de  la  couleur,  et  par  le     le   professeur   Hebenstreit ,   quittant 
dessin  spirituel  des  figures.  F.  P — t.     Leipzig  pour  entreprendre  son  voyage 
GLAUCIAS,   sculpteur   grec,     en  Afrique,  lui  confia  la  surveillance 
d'Egine,  florissait  480  ans  avant  J.-C,     du  jardin  botanique  de  l'académie  ,  et 
dans  la   nS''.  olympiade.  H  exécuta     de  celui  qu'on  appelait  le  jardin  de 
dans  l'Aîtis ,  à  Ôiympie  ,  la  statue  et     liose.  Ces   soins  n'empêchèrent  pas 
le  char  de  bronze  que  Gelon ,  tyran     Gleditsch  de  faire  plusieurs  voyages 
de  Gela     el  ensuite  de  Syracuse,  fit     botaniques  en  Saxe,    sur  le  Harz  et 
i)!acer  dans  ce  lieu  comme  un  monu-     dans  les  forêts  de   la  Thuring*.  De 
ment  de  la  victoire  qu'il  remporta  à     là  il  se  rendit  à  Annaberg,  pour  sui- 
la  course  des  chars  dans  la  73^  olym-     vre  les  leçons  du  docteur  Haenel,  et 
piadc.  Un  autre  ouvrage  de  Glaucias     peu  de  temps  après  à  Berlin  ,  où  il 
d'jvint  célèbre   par    les    événements     devint  l'élève  de  Budaeus,  de  Schaar- 
Muguliers  qu'il  occasionna.  C'était  la     schmidt ,  de  Senf  et  de  Neumann.  Il 
.statue  de   bronze   de   Théagène    de     continua  en  mccne  temps  ses  excur- 
Thase,  qui,  dès  l'âge  de  neuf  ans,     sions  botaniques;  et  ses  observations 
;jvait  remporté   des    couronnes   aux     enrichirent  la  Flora  BeroUnensis , 
jeux   olympiques,    et   qui  dans    la     comme  la  F/om  X/pi/>/i5i5  avait  pro- 
'-J*'.  olympiade  y  vainquit  tous  ses  ri-     fité  de  celles  qu'il  avait  faites  dans  ses 
vaux.  Après  sa  mort,  un  de  ses  eune-     voyages  précédents.  Le  roi  Frédéric- 
iiiis  s'approcha  la  nuit  de  la  statue,     Guillaume  h^  recommanda  Gleditsch 
et  la  frappa  avec  fureur.  Elle  tomba     à  M.  de  Ziethcn,  grand  amateur  de 
sur  cet  insensé,  et  l'écrasa.  Les  fils  du     la  botanique;  et  le  jeune  naturaliste 
raort  citèrent  la  statue  en  justice;  et     publia,  en  175G  ,  la  description  des 
le  peuple  de  Thase ,  d'après  une  loi     plantes   rares   cultivées  dans  le  jar- 
deDracon,la  condamna  à  être  jetée     din  de  ce  gentilhomme,  à  Trebnitz. 
à  la  mer.  Quelque  temps  après,  une     Nommé  médecin  à  Lebus  ,   peu  de 
famine  ayant  affligé  IcsThasicns,  ils     temps  avant  la  mort  de  Frédéric-Guil- 
r.onsullèrent  l'oracle  de  Delphes ,  qui     laume,  il  s'établit  dans  la  suite  à  Franc- 
leur  reprocha  leur  injustice  envers  la     fort  sur  l'Oder  ,   où  il  fut  promu  au 
statue  de  Théagène  ,  el  qui  leur  or-     degré  de  docteur.  11  y  enseigna  la  phy- 
donna  de  la  remettre  en  place.  Des     siologie ,  la   botanique  et  la  matière 
pêcheurs  furent  asset   adroits  pour     médicale.  Gleditsch,  dans  ses  voyages, 
la  retirer  du  fond  de  la  mer  avec  leurs     avait  été  présenté  au  duc  Erncst-Au- 
filets.  Elle  fut  replacée  dans  l'Altis,     guste    de   Saxc-Wcimar  :  ce  prir\ce 
où  elle  reçut  des  honneurs  divins,  et     voulut  l'attacher    à   sa   personne   en 
où  ou  la  voyait  encore  du  temps  de     qualité  de  médecin  ;   mais  Gleditsch 
Tausania^.  1^ — S — 1:.  préféra    le   titre   de  botaniste  el   de 

(iLAUNYlLLE(;liARrujLLEMi  ol).     membre  ordinaire  de  l'académie  des 
Foj\  Glanvh..  sciences  de  licrlin ,  dont  il  avait  clé 


iwclu  dans  la  nouvelle  organisnlion. 
Kii  1  •;  |0  ,  il  y  fui  nummc  second  pro- 
fesseur d'auafomie  ,   et  directeur  du 
jardin  botanique.  Peu  de  ten)])S  après 
on  l'invita  de  sVlablir  à  Pclersbourt^ , 
avec  un  trnitrmenl  annuel  de   2000 
roubles  et  beaucoup  d'autres  avanta- 
ges; mais  Frcderic-Jc-Grand,  au  lieu 
d'accepter  sadcniission  ,  augmenta  ses 
honoraires  de  200  rixdalers.    Un  or- 
dre particulier  de  ce  prince  l'obligea 
do  donner  des  leçons  publiques  sur  la 
science  forestière  ;  et  Glcditsch  fut  le 
premier  qui  composa  un  système  des 
ronnaissauces    nécessaires  pour  bien 
diriger  celte  partie  de  l'administration 
publique.   Ses  nombreux  écrits  ,  ses 
leçons ,  et  les  excellents  élèves  qu'il  a 
formés  dans  son  école,  attestent  le 
succès  de  cet  établissement.  Gleditsch 
mourut  le  5  octobre  1786.  Ses  écrits 
se  distinguent  par  une  grande  clarté  ; 
mais  sa  manière  d'envisager  et  de  trai- 
ter les  objets  sous  tous  les  points  de 
vue ,  rend  ses  ouvrages  un  peu  diffus. 
On  voit  avec  surprise  jusqu'à  quel 
point  ses  avis  ,  en  économie  adminis- 
trative, fondés  sur  une  longue. expé- 
rience, et  ceux  qu'il  a  donnés  à  l'aca- 
démie dont  il  était  membre ,  ont  été 
négligés.  La  modestie  de  ce  professeur 
égalait  son  érudition  :  plusieurs  de  ses 
productions  savantes  qu'il  avait  lais- 
sées en  manuscrit,  ont  été  publiées  en- 
suite par  le  conseiller  des  finances,  Ge- 
rhard, son  gendre.  Nous  nous  conten- 
terons dedonner  un  aperçu  de  ses  prin- 
cipaux ouvragesenallemaudet  en  latin: 
I.  Catalogus  plantarum,  tamrario- 
i'um  quàm  vul^arium  ,  quœ  in  horto 
domini  de  Zleiheii  Trehnizii  coliin- 
iur ,   et  in  vicinis  locis  sponte  nas- 
cunlur ,   Leipzig,  i^oG,  in-8\  IT. 
Consideralio     epicriseos    Siegeshe- 
hianœ  in  Lmnei  Systema  planlaruin 
sexuale  et  methodnm  botanicam  hiiic 
supcrstritclam  ,•   viro  celeberrimo , 


G  LE 


5oi 


Christinno  irolfio,veritntum  restau- 
ratori  et  cujilscuwjue  gencris  scien- 
tiariim   proniotori ,   communicaia , 
J^erlin  ,  17/10,    in-8'.    \U.  Diss.  de 
jnethodo  holanicd ,    duhio  et  fallaci 
virtutiim  in  plantis  indice^  Francfort- 
sur-l'Oder,  i"]']'}. ,  in-4".   IV.  Lucii- 
hratiuncula  de  fïico  subgloboso  ses- 
sili  et  molli  inMarchid  reperiundo , 
Jîerliu  ,  1744  )  i»-4'''  0"  trouve  une 
traduction   allemande  de    cet   écrit  ^ 
dans  le  5'".  volume  de  ses  Diss.  sur 
la  botanique.   V.  Methodus  fungo- 
rurn ,  exhibens  gênera ,  species  et 
varietates  ,  cum  charactere ,  diffe- 
rentid  specificd,  synonymis  ,  solo  ^ 
loco  et  observationibus ,  ibid. ,  1753, 
avec  6  planches.    VJ.  Dissertation 
sur  la  destruction  des  sauterelles  ^ 
ibid.,  1754,  in-8".   Une  dissertation 
en  latin  De  locastis  orientalibus  ,  du 
même  auteur,  avec  figures  ,  se  trouve 
aussi  dans  les  Mémoires  deVacndé- 
mie  de  Berlin^  publiés  en  1752.  Vll^ 
Instruction  sur  Vart  de  formuler  en 
médecine,  ibid.,  1757.  Vlïl.  Sys- 
tema  plantarum  à  staminum  situ , 
secundùm  classes,  ordines  et  gênera, 
cum    characteribus    essentialibus  , 
ibid.,  1 764  >  in-8°.  D'après  cette  mé- 
thode ,  tout  le  règne  végétal  est  divisé 
en  huit  classes.  Les  quatre  premières 
comprennent  les  plantes  dont  les  par- 
ties de  la  fructificalion  sont  visibles  à 
l'œil  ;  et  les  quatre  dernières,  celles  oii 
l'on  ne  peut  les  distinguer  qu'à  l'aide 
du  microscope,  telles  que  les  fougères , 
les  mousses ,   les  champignons ,  clc. 
L'auteur,  à  peu  d'exceptions  près,  a 
suivi  dans  les  familles  et  les  dénomi- 
nations le  système  de  Linné,  en  in- 
diquant brièvement  les  marques  dis- 
linctives  des  genres  et  des  espèces. 
La  division  des  quatre  dernières  clas- 
ses est  entièrement  l'ouvrage  de  Gle- 
ditsch ,   qui ,  dans    la  préface  de  sa 
méthode ,  explique  son  système.  IX^ 


5oi  G  LE 

Dissertations  ph^  sico-bolanico-éco- 
nomiques ,  H.»lle,  lyGo'^i  ^O-j,  5  vol. 
iii-8'.,  avec  des  planches.  C(  rcnicil 
rcnfi-rme  un  grand  nombre  de  Me'- 
moiresqui  ont  e'iëlusà  l'acadrinic  des 
sciences  de  Berlin,  et  qu(  GKdi'sch  a 
rassembles  en  les  rectifiant.  X.  Obser- 
vations relatives  à  la  médecine,  à  la 
botanique  et  à  V économie ,  Leipzig, 
1  -jôB ,  in-8  '.  Cet  ouvrage  est  une  con- 
tinuation du  pièce  lent  ;  mais  il  nVn 
a  été  publié  (jM'on  seul  volume.  XI. 
Catalogne  alphabétique  des  plantes 
médicales  les  plus  communes ,  Ber- 
lin, 17O9,  iii-8  .  Xll.  Catalogue  des 
plantes  vivaces ,  exotiques  et  indi- 
gènes,  ibtd.  ,  1775,  iii  8".  Ce  cata- 
Jogue  indique  d ms  l'ordre  alpliabe'ti- 
qiic  onze  cent  trente  qu.itre  planles 
vivaces  ,  avec  les  dénominations  de 
Liimc,  et  en  donne  une  description 
dëlaille'e.  XIII.  Introduction  sj  sté- 
matique  à  la  science  forestière  mo- 
derne ,  fondée  sur  les  f>rincipns  pfij- 
siques  et  économiques  qui  lui  sont 
■particuliers  y  ibid.,  1774-  '77^  1 
^  vol.  in-8  .;  ibid. ,  1775  in-8'.  Cet 
ouvrage  a  beaucoup  conti  djuc  ,  en  Al- 
Icujagnc  ,  .';u  pei  rectionnement  de  celte 
branche  de  l'adMiiuislr.ilion  pi!bli(pie. 
!XlV.  f/istoire  complète ^  théorique  et 
pratique  des  plantes  employées  dans 
la  médecine  rt  dans  les  arts ,  d'a- 
près des  principes  historiques  et  phi- 
losophiques ,  ibid.,  1777,  iii-8".  Il 
n'en  a  pu  II  qu'un  volume.  XV.  In- 
troduction à  il  science  des  remèdes 
simples  y  d)id.  .  1778-1781  ,  •>.  vol. 
in  8".  XVI.  Histoire  naturelle  des 
planles  indii^èncs  les  plus  utiles,  i""' . 
partie,  lilbing,  1  780  ,  in  8".  I>a  mort 
de  riiilenr  a  inleircmipu  ce  tr.iv.iil 
infëressinl.  XVMI.  Dissrrtittions  sur 
un  cas  singulier  de  fracture  d^os 
chez  les  bœufs ,  etc. ,  Berlin  ,  1787, 
lu  8'.  XVlil.  Hotnnica  médira  .mi 
'j'r'uité  dci  p'.untcs  usuelles  iitdi^^à- 


GLE 

7?e5,ibid.,  1788,  1789,  2vol.in-S*. 
F.  W.  A.  Liiders  ,  un  des  élèves  l»  s 
|)ius  di>lingués  d«'  Glcditsch  ,  est  l'é- 
diteur, et  en  giandc  pirtie  l'auteurde 
cet  ouvr.'ipe.  XlX.  Quatre  disserta- 
tions posthumes  sur  la  science  fores- 
tière,  avec  une  préface  de  K.  Â. 
Gerhard  ,  ibid. .  i  -88  ,  in-8".  XX. 
Disseitatums  économiques  et  bota- 
niques ,  avec  une  préface  de  Ger- 
hard,  ibid.,  1789,  5  vol.  in-8  •  C'est 
Gl(  ditsrh  qui  a  donné  la  1^.  édition  de 
la  Philosophia  bntanica  de  Linné  , 
Berlin,  1779,  in  -  8".  ;  il  est  aussi 
l'auteur  d'un  grand  nombre  de  disser- 
tations ei  de  mémoires  insérés  dans  le 
Becueil  de  V académie  des  sciences 
de  Berlin  ,  dans  les  Mémoires  des 
amis  de  Vhistoire  naturelle  a  Berlin^ 
et  dans  les  Fariétés  publiées  par  D. 
Martini.  La  vie  de  cet  illustre  bota- 
niste a  été  écrite  par  Wiildenow  et 
Usteri ,  et  publiée  à  Zirich,  1790, 
in-S".,  et  son  portrait  se  trouve  eu 
tête  du  4'  •  volume  de  rFncyclopédie 
de  Kiiiiiitz.  C.itesby  a  consacré  à  sa 
méiucire,  >ous  le  nom  de  Gleditsia, 
un  grni  c  de  plantes  légumineuses  dont 
les  diverses  espèc(  s,  désignées  en  fran- 
çiis  sous  la  dénomination  de  févi(r, 
sont  e\ot  (pics.  15 — h — D. 

GI.EICIIEN  (Louis,  comte  de\ 
ror.  Gleicumann. 

GLKIC-HKM  (P'ntnLRic  GuiLLAu- 
MK  Di:  ),  dit  BussvvoRM,  du  nom  de  la 
l'ami  le  de  s.»  mère,  célèbre  naturalis- 
te, naquit  à  Bireuth,  le  i/[  janvier 
1717.  Ivaiit  encore  presipjc  enfant  et 
sans  instruetion  ,  il  comiuença  sa  car- 
rière eu  qualité  dv-  page  à  la  cour  du 
prince  de  la  Tour  <  t  Taxis  à  Franc- 
fort; mais  il  quitta  bientôt  ce  s<rvice, 
et  entra  dans  l'école  descidets  à  Dres- 
de :  (h'ux.  ans  après,  les  suites  d'im 
duel  ,  auquel  il  avait  assisté  c(>mme 
second,  l'obligèrent  à  quitter  la  Saxe. 
Il  retourna  alors  dans  sa   i>atiie  en 


G  L  K  G  L  E                 5o5 

1  734  ;  cVlaif  pi ccisciiicn^  l'c|)()qii('  011  I.cdri  iDullcr;  mais  la  joie  de  ccîle  ac- 
l'oii  ort;aiiisait  le  conliii^cnl  du  cercle  qiiisition  fui  de  courte  durée  :  voyant 
tic    lî,i>icnlli;  il  y  accepta  une  coin-  (lu'on  iic  pouvait  p.js  s'en  .servir  pour 
mission  dVii.scij;uc ,  c!  se  distingua  si  les    corps  opaques,   il    fabriqua   lui- 
bien   dans  la  carrière  militaire  ,  qu'il  mcjne,  aide  d'un   horloger,  d'abord 
iivinça  assez  r.q)id(  nient  de  p;i'adcen  un  autre  microscope  universel,  et  en- 
•j;rade  ,  jusqu'au   ran^^   de   lieutenant-  suite  un  micjoscopc  solaire.  On  trouve 
«uloncl  :  en  même  temps  il  occuj>a  des  la  descripîion  du  premier   dans    ses 
(barges   à    la   c^ur   de  J]areulb  ,  et  Nouvelles  du  résine  végétal  :  \{^  mi- 
lul,  en  1750,  nomme  graud-e'cuyer  croscope  solaire  est  décrit  dans  Wip- 
potu'  les  voyages ,  et  décore  du   cor-  pendix  de  ses  découvertes.  L'ob>er- 
don   do   l'Aigle  -  louge.   Eu    174^»  vation  des  animalcules  spcrraatiques 
il  reçut  du  margrave    l'ordre  de   se  et  infusoires,  et  des  pistils  des  plantes, 
rendre  en  Silcsic,  aupicsde  Frédéric  devml  son  occupation  favorite:  il  ac- 
II ,  pour  féliciter  ce  monarque  sur  la  quil  une  telle  habileté'  dans  l'art  d'ob- 
victoire  de  Moivsitz,  cl  jiour  entamer  server,  qu'il  liissa  bientôt  derrière  lui 
des  négociations  sur  diircrenls  objels.  ceux  qui,  jusqu'alors  ,  s'étaient  occu- 
Gleicben  ,  alors  major,  profita  de  cette  pés  d'aprofondir  cette  matière.  Pour 
occasion  pour  faire,  sous  l' s   ordres  ])ublier   le   re'aultat  de   ses    études  , 
de  ce  prince,  la  c.impagoe  de  174I)  il  f^il lait  savoir  peindre,  et  il  n'avait 
m  qualité   de  volontaire;  il  captiva  jamais  dessiné  une   plante*  mais  son 
tellement  la  bienveillance   du  S(juvc-  zèle  pour   les  sciences  lui  donna  le 
rain  de  la  Prusse,  que  celui-ci  parla  courage  d'apprendre  ,  à  un  âge  déjà 
plusieurs  fois   de  lui  d'une  manière  avancé  ,   l'art  de    la   peinture.    Glei- 
très  favorab'e  dans  sa  correspondan-  clicn  s'est  occupé  aussi  de  la  chimie; 
ce  avec  le  margrave  son  beau  -  frère,  et  il  avait   des   vues  très   vastes    et 
En  T748,  il  hérita  de  biens  considé-  très  solides  en  économie  générale.  Il 
rabies  provenant  de  son  grand-père  est,  entre   autres,  l'inventeur  d'une 
maternel,  qui  lui  imposait  pour  clause  espèce  de  toile  imperméible  qu'il  lit 
de  succession  l'adoption  de  son  nom  fabriquer  dans  ses  terres.  Ses  éludes, 
de  fimille  Russworm.  Les  faveurs  de  qui  le  portaient  toujours  à  la  conlem- 
la  cour,  dont  i\  fut  comblé,  n'avaient  pîaîion  des   merveilles  de  la  nature, 
cependant  pas  de  charmes  assez  puis-  l'avaient  rendu  i^icile  à  admellre  tou- 
sants  pour  l'y  retenir;  il  demanda  sa  tes  sortes  de  superstitions:  il  croyait 
démission  en  1756,  et  l'obtint  avec  sérieusement  aux  prédictions  relatives 
une  pension. Trois  ans  après,  son  sou-  à  la  (in  du  monde,  même  aux  spec- 
verain  lui  conféra  le  tilre  de  conseiller  très,  non  pas  comme  revenants,  mais 
privé.  Jusqu'àcelte  époque,  Gleichcn,  comme  des  êtres  extraordinaires  que 
entièrement  occupé  de  la  vie  de  cour-  la  nature  se  serait  plu  à  produire.  Ce 
tisan,  n'avait  pas  songé  à  se  livrer  aux  naturaliste,  digne  au  surplus  de  l'estime 
sciences;   mais  son    séjour  dans    ses  quesesconlemporainsluiontaccordée, 
terres  lui  en  donna  l'occasion.  La  lec-  travaillait  avec  un  zèle  infatigable  au 
ture  des  Amusements  des  jeux  et  de  progrès  des  sciences  naturelles  :  il  avait 
Vesprit  à  l'aide  du  microscope ^  par  placé,  au-dessus  de  la  porte  de  sa  bi- 
Ledermïdler,(\miom\)hve\\\  entre  ses  bliothèque.  un  avertissement  aux  gens 
mains  ,  lui  inspira  le  goût  de  l'histoire  d('su.Mjvrés ,  de  ne  pis   troubler  f-ou 
uaturcllc.llscprocuralemicroscopede  iravail.  Celle  passion  pour  l'étude  lui 


5o4  G  L  E 

fit ,  vers  la  Gn  de  ses  jours ,  négliger 
entièrement  le  soiti  de  sa  personne;  et 
cela  itnt  bien  .*voir  rivancé  la  fiu  de 
sa  cari :rre,  arrive  Me  i6  juin    1785. 
Il  a  publie',  en  allemand  :  1.  Notices 
^e  ce  qu*ily  a  de  plus  nouveau  J  :ns 
le  règne  végétal^  surtout  concernci'it 
les  mystères  des  amours  des  plan- 
tes ^  Nuremberg,    i -^ôi- 1765,  dent 
j)artie.s,  petit  in-folio,  avec  gravures. 
Ce  même  ouvrage  a  été  publie  aussi 
sous  ce  titre  :  Nouvelles  du  règne  vé- 
gétal,  ou   Observations  microscopi- 
ques sur  les  organes  de  la  fructifica- 
tion des  plantes  enjleur ,  et  des  in- 
sectes qui  sy  trouvent;  avec  quel- 
ques essais  sur  le  germe ,  un  appen- 
dix  de  différentes  observations ,  et 
une  préface  de    C.   C.  Schmiedel , 
îbid.  1764,  petit  in-fol. ,  avec  5i  pi. 
en  couleur;  ibid.,  i  790  ;  il  a  été  tra- 
duit en  français  par  J.  F.  Iscnflamm, 
sous  ce  titre  :  Découvertes  les  plus 
Tiouvelles y  etc.^   ibid.,  1770,  trois 
parties,  grand  in-fol.,  et  avec  un  non- 
Teau  titre,  ibid.,  1790.  II.  Histoire 
de  la  mouche  commune ,  ibid. ,  1 764, 
iii-4'*.,   avec    4    gravures    coloriées; 
ibid.,  1790:  la  traduction  française  de 
cet  ouvrage  est  aussi  de  J.  F}  Isen- 
jflamni ,  ibid. ,    176(3,  gr;ind   in-fol.; 
et  ibid.,  1790.  \\[.  Essai  d^une  his- 
toire des  pucerons  el  de  V aphidivore 
de  Vormc  (c'est  une  larve  de  V Ileme- 
roh.  Perla  ) ,  avec  une  préface  par 
Delius  /i\)\l\.^  '77*N  iu-4". ,  avec  4 
pi.  coloriées;  ibid.,  1787  ,  in-4°.  IV. 
Découvertes  microscopiqurs  sur  les 
plantes ,  les  fleurs ,   les   insectes  et 
autres  objets  remarquables ,  ibid., 

'  777  ~  '7^'  y  ^^'^  cahiers  111-4"-,  ^^''^ 
85  gravures  col()ri(;Vs.  V.  Disserta- 
tion sur  les  animalcules  spcrmati- 
qua  et  infusoires  ,  et  sur  leur  pro- 
duclmn  ,  «ivec  des  observations  mi- 
croscopiques sur  la  semence  des 
ar.imaux  et  sur  différentes  i/ fusions. 


GLE 

ibid.,  1778,  in-4".,  avec  35  figurca 
colorieVs  ;  en   allemand  ,   traduit  en 
français,  in-4".,  Paiis,  an  vu.  Cest 
dans  c^r  ouvrage  qui  l'auteur  attribue 
aux  animalcules  des  passions,  telles 
que  l'amoin-   et  la  colèr'%    puisqu'ils 
s'HCCoi;p'(  r)t  et  s'enire-dévon  nt.  VI. 
Dissertation  sur  le  microscope  so- 
laire et   le    microscope   universel^ 
ibid.,   1781,  ni-4  •  VII.  De  Vori- 
gine,  de  la  formation ,  de  la  trans- 
formation et  de  la  destination    du 
globe   terrestre  ,    tiré  des  archives 
de  la    nature  et  de  la  physique , 
Dessau,  178-2,  in-8  .  l/anteur  cher- 
che à  démontrer  par  des  observations 
que  l'eau  est    le  principe   de    toute 
croissance  :  dans  la  seconde  partie  de 
cet  ouvrage,  il  traite  d'une  manière 
très  ingénieuse  de  la   transformation 
de  l'eau  en  corps  solide;  et  il  appuie 
ses    assertions   par    de    n«'mbreuses 
expériences  chimiques   qu'il  a    faites 
sur  des  végétaux.  On  trouve  encore 
de  ce  laborieux  observateur  de  la  na- 
ture, des  dissertations  d'un  grand  in- 
térêt dans  plusieurs  ouvrages  périr>- 
diques ,  dans   1rs  Nouvelles  varié- 
tés ;  dans  les  Mémoires  de  la  société 
des  amateurs  de  Vhistoire  naturelle 
à  Berlin  ;  dans  les  Acla  acad.  elect. 
Mog.;  et  dans  la  Collection  franco- 
nienne publiée  par  Delius.  Sa  vie  a 
été  écrite  par  iM.  A.  Weickard,  i  7S5, 
in-8".;  et  on  la  trouve  aussi  dans  le 
v*".  volume  des  Ecrits  de  la  société 
des  amis  de  llii^toirc  naturelle  ,  à 
Berlin.  Jicqucs  lùluinid  Smith  lui  a. 
dédié  ,  sous  le  ncun  de    Gleirhcfia , 
un  genre  de  plantes  de  la  finiilU  des 


f  (tuyères. 


W- 


•n — D. 


(irrdClIFN  (Charlis  -  lIiM\i , 
baron  de),  chambrll.m  ih*  S.  IM.  le 
roi  de  Dincinaik,  chevalier  «le  l'or- 
dre de  Diiubrog  et  df  l'Aigle  rouge 
de  Prusse,  naquit  à  JNcmcrsdorI",  <lans 
le  [ia)sdc  Dareulh,  en  1753.  Apres 


G  M-:  OLE  5o^ 

avoir  fait  i1»î  tirs   bonnes    ofndrs    à  î7/iO   ^t  5?):  tels    furent  les  ohjels 

rniiivcrsite  do  Lciji/.i^  ,  il  cnlicpril ,  ])rinrip,'nix  de  la   niis>ion    du  liaioa 

«  IViL^p    do    vin^l   ans,    M>n   premier  do  GIciclien.  11    conserva  sa  mission 

vovai^o  df  Pans.  Il  aeeonipagna  on-  de  P.iris  sept  ans,  ol  rcçnt ,  en  l'y^iS, 

suite,  on   ir.'iS,  le  niarf;iavc  do  l>a-  l'ordre  de  Danebrog  comme    un   tf- 

reutli  on   llaiio.  y  resta  un  an ,  et  s'y  moignagc    de  la   satisfaction    de  son 

voua  onlu  !•(  nioiil  à   l'otude  do  i'aiili-  maîlre.   Le    ni  de  Danemark   vint , 

fjtiito  et  des  bennx-arts.  Il  y  retoiirna  dans  les  derniers  mois  de  la  même 

encore  clj.irso'    io  difTcicntos  ooiiimis-  année,  à  Paris:  il  eut  tout  lieu  d'être 

sions    d'arbals    })our    le    n)..rgrave  ,  content  du  séjour  qu'il  y  fit;  et  c est 

parcourut  toute   l'Italie  depuis  1756  M.  de  Gleichen  qui  l'y  reçut  et  Tac- 

iuscpi'à  I  -jSB,  n  vint  par  Avignon,  et  compagna  partout.  Ce  lut  cependant  à 

se  rendit  à   Bai  eutli ,  où  la    j)ro(ec-  cette  époque  que  le  comte  de  Berns- 

lion  du  duc  de  Clioiseul ,  dont  il  s'e-  torf  prit  de  l'humeur  contre  Tvl.  de 

tait  acquis   ramilio  à  Rome ,  lui  oh-  Gleichen  ,  et  lui  fît  perdre  son  poste  : 

tint  la  place  de   ministre  de  Barcuth  il  reconnut  ses  torts  par  la  suite,  et 

à  Paris.  Il  ne  conserva  ce  poste  que  s'occupa  de  le  re'parer  en   lui  procu- 

Je  temps  nécessaire  pour  se  faire  con-  rant  celui  de  Naples.  La  nouvelle  mis- 

naître  ,   demanda    sa    dc'mission    au  sion  fut  intéressante  sous  tous  les  rap- 

bout  de  neuf  mois,  et  se  rendit  alors,  ports;  les  relations  établies  entre  ics 

d'après  les  conseils  du  duc  de  Chot-  deux  cours  étaient  très  agréables  :  les 

seul,  à  Copenhaaue.  En  1759,  le  roi  affaires  n'étaient  nullement  difficiles  ; 

do  Danomaik  le  nomma  son  envoyé  elles  se  réduisaient  à  protéger  le  com- 

à  la  cour  de  Madrid:  il  y  résida  trois  merce  danois,  et  à  lui  procurer  tout 

ans,  et  fut  envoyé  de  là  à  Paris  on  le  développement  possible.  C'est  dans 

juin  17G5,  après  le  rappel  du  comte  cette  vue  que  la  cour  de  Danemark 

de  Wedel  -  Frys.  Cette  mission  était  avait  proposé,  quelques  années  aupa- 

l'objf^t  de  ses  souhaits  les  plus  ardents,  ravant,  h  celle  de  Naples,  un  traité  de 

I/époquc  à  laquelle  le  baron  de  GIci-  commerce  qu'il  s'agiss.iit  de  conclure, 

cheu  vint  à  Paris  ,  était  très  intéres-  Gleichen  fut  envoyé  K  Naples  en  i  770 

Santé  pour  le  Danemark.  Les  vues  aiu-  pour  cet  objet;  il  y  remplaça  le  comte 

biticuscs  de  Catherine  II  sur  le  Nord  d'Ostein  ,   qui^    peu  de  temps  après, 

alarmaient  le  roi,  qui  chercha  à  resscr-  succéda  au  comte  de  Bernstorf  dans 

j    rer  plus  éljoitrment  les  nœuds  do  son  le    ministère.    Le    nouveau    ministre 

'    alliance  avec  la  France.  La  lihorié  du  n'eut  rien  de  si  pressé  que  de  sup- 

Nord,  le  rétabiissomonl  de  l'équilibre  primer  entièrement  le  poste  de  Na- 

dans  cette  partie  de  l'Europe,  la  dimi-  pies.  Le  rescrit  du    roi  qui  énonce 

iiulion  do  l'influence  du  cabinet   de  celte  disposition  est  du  1 5  août  177 t. 

St.-Pélor.>boiirg,  devenu  si  impérieux:  Le  baron  de  Gleichen  quitta  alors  1 


'  et  si  entreprenant;  la  protection  de  la  carrière  diplomatique;  il  passa  quel- 
France  m   fivcur  des  nations  navi-  ques  années  à  voyager  ,  et  finit  par 
gantes  et  commciçantcs  contre  le  sjs-  se  fixera   Pialisboniic  en   1779.    Il 
le  me  d'asservissement  et  de    mono-  avait  l'esprit  d'analyse  et  d'obscrva- 
pole  des  Anglais  ft  des  Hollandais  sur  tion    au   plus  haut  degré  ,   et  la  tète 
I  mer,  l'observation  <\('S  anciens  trai-  meublée    des   meilleurs    auteurs    an- 
I  lés ,  le  paiement  àc^  subsides  arric-  ciens  et  modei  nos.  Ayant  vécu  avec 
I  rés    et  dus  par  tuile  des  trailés  de  ics  pcriioniici  les  pin*  instruites  cl  Ici. 


5o6  GLE 

plus  spirituelles  de  son  temps  ,  ayant 
beaucoup  vu  ,  beaucoup    comparé  , 
il  avait    une  conversation  agréable  , 
instructive ,  rlclie  do  faits    anccdoti- 
qnes  et  d'observations  piquantes.    A 
tant  de  connaissances  et  de  nioyrns, 
il   ajoutait  un  caractère  excellent   et 
d'une  indulgence  extrême.  Ce  tut  de- 
puis sa  retraite  des  affaires,  qu'il  se 
livra  plus  particulièrement  à  l'étude 
de  la  philosophie  et  de    la  métaphy- 
sique. A  cette  époque ,  il  publia  dif- 
férents ouvrages  en  allemand,  dont 
les  deux   principaux  sont   les  Héré- 
sies métaphjsiques   (Metaphysischc 
kelzereien),    en    ?.    vol.,    imprimés 
d'abord  en  1791  ,  et  augmentés  eu 
1  ""OÔ,  et  les  Pensées  sur  divers  su- 
jets de  la  politique  et  des  arts  libé- 
raux,  tw  1797.  Une  partie  du  pre- 
mier ouvrage  lut  traduite  en  franc  lis, 
sous  le  titre  i\' Essais  ihéosophiques , 
en   î79'i.  M.  de  Glcichen  mourut  à 
lîatisbonne  le  5  avril    1807  ,  âj^é  de 
plus  de  soixante-treize  ans.  Il  a  laissé 
en  manuscrit  des  Mémoires  de   sa 
Vie ,  qui  présentent  un  grand  intérêt: 
sou  ami  iniime  ,  le  comte  de  Wester- 
liolz,  a  Ralisboniie,  en    est  le  (léj)Ovi- 
taircj   il  en  sera  probablement  l'édi- 
teur. U — I. 

GLEICHMANN  (Jkan  Zachauik), 
nomme  aussi  Helmond  (  Clarus  Mi- 
chncl),  historien  et  l)d)!i()graphe,  se- 
crétaire du  gouvernement  ducal  de 
^Saxe-Weisscnfels,  avocildc  la  cour 
de  Saxe-Gotha  ,  et  receveur  des  im- 
positions à  Ohrdnif  en  Thurit)ge  , 
vivait  dans  la  prenuère  moitié  du 
xviii^ siècle.  On  présume  ((U  il  perdit 
sa  place  par  suite  des  opuiions  (pi'd 
.availmanifcslées  clans  ses  écrits  politi- 
ques; car  il  se  plaint  beaucoup  d'a- 
voir été  disgiacic  par  son  prince,  et 
ge'mit  de  l.i  délresse  à  la((Ui  Ile  il  est 
léiluil.  (l'en  hmann  est  mort  (  11  i  758, 
ipvès avoir  cnruhi  la  littérature,  sous 


GLE 

les  noms  de  Puramandus ,  Sincera 
jïianduSy  Fevamandus ,  Clnrarri'ui- 
duSy  Miramandus  ,  Fridemnndus  , 
ete.,  de  beaucoup  d'écrits,  sur  divers 
sujets,  tant  en  latin  qu'en  allemand  , 
d(uit  la  plupart  n'offrent  plus  aujour- 
d'hui un  grand  intérêt*  nous  citerons 
ceux  qui ,   sous    le  rapport  histori- 
que,    peuvent  êtie  consulîés   encore 
avec  utilité:  I.  Delineatio  juris  pu- 
bliai Saxonici ,  léiia  et  Leipzig  ,1717, 
in  -  8'.,   sous  le  nom  de  Claïus  Mi-  , 
ch^ël  Helmond.  11.  Spicilegiwn  non-  : 
nullonim  scriplorum  Rejormalionis  \ 
hisloriam   illustrantium  ,  quœ    non 
riperiuntur  in  ceJeherrimi  flernian- 
ni  von  der  IJardt  tribus  tomis  .^u~ 
tograj'hujuin   Lutheri ,   aliornnvjue 
celebrium  virorwn  ;cum  quatuor con- 
tinuationihus  ,  Gotha ,    i  y'iS- 1 727  , 
in  -  4".    llï«    Huit    Dialogues   des 
morts^,  publiés  sous  le  nom  de  Jean 
Sperantes ,  i  725  -  1  7*28,  in  -  4'"-  ^-^'^ 
Dialocrues  ont   lieu  entre  le  docteur 
Luther  et  le   docteur  Samuel  Stiyk, 
le  landj^rave   Louis    le   Sauteur  et  le 
comte  Ijouis  de  Glcichen  ;  entre  la 
papesse  Jeanne  et  un   docteur  luthé- 
rien 'j    entre   un  jiéhrin   qui   entre- 
prend le  voyage  de  Rome  et  Henri  de 
Ziitphenj  entre  Pallavicino  et  Roeea-  | 
liiii.   IV.  Neuf  autres  Dialogues  des  ' 
morts,  publiés  sou^;  le  non»  de  Vera-| 
mandus,  Francfort  et  Leipz  g  ,   i  "jiS-  \ 
1730,  in-'i".  V.  Observutiones  his- ^ 
toriciB  de  coronis  Ducutii ,  léna  ell 
Leipzi;;  ,  1700  ,  in-4'.  Gleirhmann  a  | 
publie  ce  même  ouvrage  eiialleniand,,  J 
I  755  ,  in-4  '.  VI.  Observutiones  lit-  \ 
teruriiV  sur  des  ouvrages  anciens  cl 
luodei  nés  (en  allemandj,  deux  cahiers, 
léna  et  Ij'iji/.ig,  1730-  1731  ,  in-4". 
VIL   JSotice  bistorique  des  très* 
cachés   dans   les  anciennes    égli.^,  j 
(t  dans  les  couvents  où  les  religieux 
les  ont  enterres  au  commencement 
de  lu  réf'onnation  de  Luther ,  soub 


G  r>  E 

ic  nom  de  PiumimuikIh'^  ,  i'"'.  c.iliirr, 
Fr.iiuIcMl  cl  Irii.i,  i-jT)!  ,  in -8'.  I-i 
suiic  de  cet  oiivr.ij:;^  n'^»  l'-^s  t^ic  |>'>- 
Micc.  \'1II.  Cuiiosités  liislori^fucs 
du  rè'^uc  de  V électeur  de  Saxe,  Fré- 
déric JJJ,  surrwinmé le  Sage,  Franc- 
Ibil  (  t  Ti(i|)/.i«;,  1  735  ,  in-4''.  IX.  Un 
Cdtaloi^ue  de  sa  bibliothèque  ,  a'^'ec 
des  notes  j  5  vol. ,  Icna  ,  1  -jSO-i  73(i, 
in- 8".  X.  Prophétie  qui  aimouce 
(sous  le  nom  de  l\Jirani.indns  )  qua- 
vant  la  fin  du  inonde  la  Babjlone 
romaine  sera  détruite  par  des  ou- 
vriers  aux  mme^,  Fraiicforlet  f>('ip- 
zig  ,  1  -^55  ,  in- 4".  XL  Curiosités  lus- 
toriques  du  règne  de  l'électeur  de 
Saxe ,  Jean-Frédéric ,  le  Mau^nani- 
me  ,  il)id.,  in-4". ,  1 -j^S-i  74  •  •  XII. 
Examen  historique  d'une  monnaie 
de  Balderic  ou  fValderic ,  roi  de 
Thuringe ,  «74^?  in  -  8".  Xlil.  La 
vérité  de  l'histoire  de  la  papesse 
Jeanne^  rt^futation  de  la  recens  ion 
du  docteur  Heumann  à  GottijiguCy 
Fnjncfort  et  Leipzig  ,  1744?  iii-4'*« 
XIV\  Apologie  de  la  princesse  tur- 
que qui  épousa  le  comte  Louis  de 
Gleichen  après  Vavoir  délivré  de 
l'esclavage ,  on  Réfutation  de  ce  que 
le  conseiller  de  cour  de  Falkcnsfein 
dans  le  tom.  x  de  ses  An.ilect.i 
Tliuiiiiç;o  -  Noidgavicnsia  a  voulu 
accréditer  contre  son  innocence  en 
la  désignant  comme  la  maîtresse  de 
ce  comte,  ibid.,  i745,  in-4".  On 
connaît  la  Jolie  hisloricUe  sur  le  comte 
Louis  de  Gleichen  ,  qui ,  du  temps  des 
croisades,  avait  ,  dit  on  ,  quitte  son 
comte,  sa  femme  et  ses  enfants  ,  pour 
aller  cofnb.itlre  les  infidèles  en  ))reux 
chevalier.  Ayant  eu  le  malheur  de 
tomber  en  captivité ,  la  fille  du  sullhan 
en  devint  amoureuse,  et  lui  proposa 
de  briser  ses  fers  ,  s'il  consentait  à  l'e'- 
■  penser  et  à  remmener  avec  bii  en 
Europe.  En  vain  le  comte  proteste 
^ qu'il  est.  ac'jà  marié  :  '.e  doir  de  rcccu- 


G  T.  E  507 

vrer  sa  liberté  liiomphe  de  ses  scru- 
pules. Us  paitenlct  .u  rivent  ensemble 
à  Venise,  cl  de  là  à  Home,  où  le  pape, 
touché  du  dés  ouemi Ht  de  la  jeime  nni- 
sulmane,  accorde  au  comte  de  Glei- 
chen les  dispenses  nécessaires  pour 
garder  cnsend)le   ses  deux    femmes. 
Cit'ttc  condescendance  de  l'église  ro- 
maine ,  qui  rend  la  véracité  du  fait  un 
peu  plus  que  suspecte ,  fut  suivie ,  ;i 
ce  fjuc    raconte   Hondorf,  dans  son 
Théâtre  historique,  d'une  autre  mer- 
veille non  nmins  extiaordinaire  :  les 
dcuxépousrs,  dit-il,  vivaienlensemble 
dans  la  plus  parf  tile  harmonie  et  s'j'i- 
maienttendrement.il  ajoute,  peut-ctie 
pour  expliquer  ce  rare  accord,  que  la 
comtesse  européenne  donna  une  nom- 
breuse postérité  à  son  époux  ,  tandis 
que  l'autre  n'eut  point  d'enfants.  fiC 
tombeau  du  comte  de  Gleichen  existe 
encore  dans  un  couvent  d'Erfurt  (1): 
on  le  voit ,  sur  ce  monument ,  couché 
entre  ses  deux  femmes  ;  et  cette  cir- 
constance a  probablement  donné  lieu 
à  celte  ancienne  tradition  accréditée 
dans  la  Thuringe,  mais  peu  digne  de 
foi.  Souvent,  en  effet,  les  anciens  tom- 
beaux nous  présentent  un  chevalier 
couché  entre  sa  première  et  sa  seconde 
femme.  On  trouve  encore  de  Gleich- 
mann  des  Observations  sur  les  mon- 
naies   anciennes    de  plomb ,  et  la. 
Description  d'une  monnaie  de   ce 
genre  dans  le  tom.  i  de  la  collection 
des  Notices  diverses  ,  par  S.  VV.  Oet- 
ter,  pages  27  1-275,  et  dans  le  même 
ouvrage,  t?»me  2,  pages    »6o-  162, 
une  Notice  sur  une    tris   ancienne 
monnaie  en  argent,  qui  selon  l'opinion 


(1)  Un  prélat  de  ce  couvent  a  publié  ,  en  1788  , 
un  Mémoire  sur  l'histoire  de  ce  comte,  et  y  traite 
de  l'abl.e  sa  bigamie  On  trouve  un  extrait  de  ca 
Mémoire  dans  VArcJiiv  fur  die  Geogra/j/iie,  etc. 
(  Archives  pour  la  gcogr. ,  l'hisl  c7  /a  sialistiijue 
fin  comte  de  Glciclicn)  ^  j).)r  .L  -  (]  llelihach, 
Altenbourg,  i8o5  ,  •?.  vol.  in-S*".  L.i  quatrième 
sertioii  diî  tome  M  est  consacrve  à  rLi&loire  <lc  ce 

JiJIKCll^:    •CMUlC    ElJltSt. 


5o8                 G  L  E  G  L  E 

de  W.  G.  Pachcibel  de  Goliaf;; ,  a  e'ie'  pour  se  livrer  à  son  pencîiaDl  po4>r 

irappëe  au  sujet  de  la  papesse  Jeanne,  ia  poe'.sie.  1!  perdit  la  vue  sur  la  firt 

B — H — D.  d^  sa  carrière  ,  arrivée  le   18  février 
GLEIM(Jean-Guillaume-Louis),  i8o5,  à  lage  de  quatre-vingt-quaire 
ce'lcbre  poète  allemand,  naquit  à  Erms-  ans.    Gleini    s'e'tait   voué    de  bonne 
leben,petile  ville  du  pays  de  Halbers-  lipure  au  culte  des  Muses,  et  il  ne 
tadt,  en  avril  1-]  19.  Il  étudia  le  droit  déposa  sa  lyre  que    peu    de  temps 
à  l'université  de  Halle ,  et  s'y  lia  d'à-  avant  sa  mort.  Hor.ice  et  Auacréon 
miliéavcc  Uz  et  Goz  ,  qui,  comme  lui,  furent  ses  modèles  ,  et  les  grâces  de 
ont  illustré  leur  nom  dans  la  littéra-  ses  poésies  l'ont   fait  appeler  l'Ana- 
ture.  A  cette  époque,  Bodmer  et  Brci-  créon  allemand.  Imitateur  heureux  du 
tinger  avaient  commencé  la  réforme  poète  grec  quand  il  célèbre  le  vin  ,  les 
delà  littérature  allemande,  et  la  poé-  roses  et  l'amour,  il  est  bien  plus  sé- 
sie  s'cnricbissail  de  quelques  produc-  duisant  encore  lorsqu'il  s'abandonne 
lions  heureuses;  à  celte  même  époque  sur  les  mêmes  sujets  au  délire  de  sa 
Gaertncr,  Schlcgel, Cramer,  Klopstok  propre  imagination.  Ses  premiers  es- 
<t  liabener  formaient  aussi  à  Liipzig  sais  dans   ce  genre  ne  laissent  rien  à 
une  réunion  littéraire  qui  fît  connaître  désirer;  mais  en  lisant  ses  ouvrages, 
dans  la  suite  aux  Allemands  la  richesse  on  sentie  refroidissement  de  sa  verve  à 
de  leur  langue.  C'est  alors  que  Gleira,  mesure  que  la  jeunesse  abandonne  le 
encore  étudiant ,  débuta  comme  poè-  poète.  D'heureuses  dispositions,  dé- 
tc,  par  un  Recueil  de  poésies  hadi-  veloppécs  par  le  commerce  du  grand 
77e.>.  Ayant  achevé  ses  éludes  en  1740,  monde,  suppléaient  aux  connaissan-; 
ii  donna  quelques  leçons  à  Berlin  ,  où  ces  qu'il   avait  négligé  d'acquérir.  11 
bientôt  après  il  devint  secrétaire  du  avait  peu  cultivé  l'étude  des  langues 
prince  Guillaume,  fils  d'Albert,  mar-  anciennes  et  modernes  ,  et  il  ne  cou- 
grave  de  Brandebourg- Schwedt.  11  naissait  guère  Auacréon  que  par  des 
le  suivit  à  la  guerre  en    1744»  ^^  se  trathutions  ;   la  théorie  des   belles-- 
trouvait  auprès  de     lui    lorsque   ce  lettres  lui  était  étrangère,  et  en  gcné- 
prince  fut  renversé  par  un  boulet  à  rai  il  reculait  devant  tout  travail  qui 
coté  du  grand  Frédéric.  Après  ce  fu-  demande  une  application  assidue.  L'o- 
neste  événement  ,  Glcim  lut  pendant  riginalitédeson  talent,  qui  s'alfrancliit 
quelque    temps  secrétaire  particulier  des  règles  ordinaires,  l'a  seule  placé  au 
du  prince  fvéopold  de  Dcssau  :  mais  rang  des  premiers  poètes  allemands;  et 
dégoûté  de  cet  cmi/loi   par   le  specta-  c'est  sans  dente  a  cedé;.ordrcappart  ut, 
clc  des  cruautés  de  ce  prince,  connu  qu'on  ne  rencontre  guère  chez  aucun 
rn  Allemagne  sons  le  nom  du  vieux  autre  poète  ,  excepté  l'Arioslc  ,  qu'il 
Dessuu  j  il  revint  à  Berlin  ,  attiré  par  faut  attribuer  les  mauvaissuccès  lie  ses 
l'i  pioujesse  d'une  place  d'inspecteur  nombreux  iiMitateins.  La  grande  re'- 
des  postes,  (pi'il  n'obtint  pas.   Deux  pulation  de  (ileim,  comme  poète,  s'est 
ans  après,  en   \']\'] -,  il   fut  nonuné  étaldie  et  s'est  soutenue  par  ses  chants 
^iecrctiire  du  grand-chapitre  de  Mal-  guerriers.  I/ouverturc  de  la  guerre  de 
bcrst.idt  ,  et  d  ins  la  suite  chanoine  sept  ans  lui  nispira  ces  poésies  !■ 
de  celui  de  Walbeck  :  il  résigna  cette  ques  auxquelles  il  donna  pour  tiii^  . 
<lernière  digt)iié  en  1794  J  niais  il  oc-  /.-  (àvcnadirr  prussien  ;  surnom  qui 
cupa  plus  de  cinquante  ans  la  prc-  r<sla  long-temps  à  l'auteur.  Il  en  fit 
niièrf',  qui    bii  lai^sait  assez  de  loisir  di;>!t;luK     mille  exnnplancs  à  l'aï- 


mec   du  ]Miiicc  llciin,  mais  pas  un  de  ses  amis,  cl  les  plus  grands  ho)ii- 
>eul  îi   SCS  c.imarailt's    de  r.irmee  du  mes  de  sa  n.iliou  (ftucnt  de  rc  iiond)ic. 
roi,  ni  innnc  au  prince  licredilairc  de  Kleisl  av.iil  el<i  .son  disciple.  Gleiin  ob- 
Biuiiswiek  ;  «  ci,iit;nanl  ,  dit-il,  que  tint  lu  pci'niis>ion  de  faire  j)lacerdan<* 
»  le  jïrince  ,  qui  voit  souvent  le  roi,  l'eç;lise  de  la  garnison  de  Jkilin,un 
»  ne  lui  parlât  des  chants  de  guerre,  tableau (ju'il  avait  l'ail  peifidreenThon- 
»  et  que  le  roi  lui  -  meuic  ne  prît  le  neur  de  ce  pocle  gucriier,  par  C.  L*. 
«grenadier  pour   un   flatteur:  »  de  Rode,  directeur  de  l'académie.  Enue- 
sorte  que  Frédéric  eut  à  peine  l'occa-  mi  de  tout  despotisme^  il  s'éleva  sou- 
sion  de  savoir  le  nom  du  poète  gre-  vent  avec  force  contre  celui  des  rëvo- 
nadier ,  et  ne  l'a  point  cité  dans  sou  lutionnaires  français  ;  et  cependant , 
ouvrage  sur  la  littérature  allemande,  quoique  prévenu  par  ses  principes  et 
Nous  ne  connaissons  dans  l'aiitiquile'  par  son  éducation  en  faveur  du  gou- 
aucuuc  production   avec  laquelle  ou  vernement  monarchique  ,    il   sépara 
puisse  les  comparer  ,  si  ce  n'est  les  l'homme  de  la  cliose  ,  et  chanta  liuo- 
Fragments  de  Tyrtée.Onnmc  fabu-  naparte,  a  l'occasion  de  ses  traités  de 
liste  ,  Gleim  n'a  pas  moins  de  mérite  :  paix,  ou  quand  on  lui  attribuait  quel- 
ses  ouvrages  en  ce  genre  se  recom-  que  pensée  honorable  pour  l'huma- 
mandent  j)ar  une   narration  facile  et  nité.  I^a  perle  d'un  grand  nombre  des 
par  la  brièveté,  mais  surtout  par  le  amis  de  sa  jeunesse,  celle  de  sa  vue, 
talent  de  lier  la  morale  à  l'action  allé-  cl  quelques  critiques  amères  dirigées 
gorique.  La   romance  ,  ce  genre  de  contre  ses  dernières  productions  lit- 
poésie  cultivé  avec  succès  en  Espagne  téraires,  couvrirent  de  deuil  le  soir  de 
et  en  Angleterre,  n'était  pas  encore  la  vie  de  ce  respectable  vieillard.  Gleim 
connue  en  Allemagne  :   Gleim  s'en  a  publié  des  poésies  badines  ,    des 
empara  ;  il  y  fit  de  très  heureux  es-  poésies     sérieuses  ,    des    chants    de 
sais,  et   eut  des  imitateurs  dont  les  guerre,  des   élégies,  des  romances^ 
productions  ne  sont  pas  aujourd'hui  des  fables,  des  poèmes  dramatiques, 
moms  estimées  que  celles  des  Espa-  des  poèmes  didactiques,  des  épîtres, 
gnols  et  des  Anglais.  Dans  ses  poé-  des  satires  et  des  épigrammes.  Nous 
sies  didactiques  ,  Gleim  enseigne  la  nous  contenterons  de  citer  ceux   de 
morale  la  plus  pure,   avec  une  exal-  ses  ouvrages  qui  ont  le  plus  marqué 
talion   presque  orientale   et  prophé-  dans  chacun  de  ces  genres  :  I.   Es- 
tique:  son    Ilalladat  ,  poème  phi-  sais  de  Chansons  badines,  Berlin , 
losophique  ,  quoique   d'une   simpli-  174^?  5  vol.  in-8°.  II.  Recueil  ds 
cité  touchante  et  digne  du  plus  pro-  Chansons^   Zurich  ,  1745  ;,  in  -  8°. 
fond  penseur,  est  écrit  avec  un  tel  III.  Êpitres ,  Berlin,  m -8°.,  1746, 
élan  d'imagination  que  l'ouvrage  n'est  1  760.    Dans    ce  Recueil   d'épîtres  , 
(pas  susceptible   d'être  compris   par  adressées  aux  amis  du  poète,  la  prose 
toutes  1rs  classes  de  la  société.    Cet  est  entremêlée  de  vers  :  mais  Gleim 
estimable  poète,  protecteur  d'un  grand  qui  les  a  livrées  lui-même  à  l'impres- 
1  nombre  d'hommes  de   lettres ,  avait  sion  pour  qu'elles  ne  tombassent  pas 
I  tellement  contracté  l'habitude  de    la  entre  les   mains  des  contrefacteurs , 
!  bienfaisance,  qu'il  se  fâchait  sérieu-  aurait   mieux  fait  de  les  supprimer 
:  sèment  contre  celui  qui  lui  avait  laissé  entièrement  5  car  cet  auteur  ne  peut 
:  ignorer  une  occasion  de  l'exercer.  II  pas  servir  de  modèle  pour  le  style 
i  .meubla  son  appartement  des  portraits  épistolaire.  Il  ne  faut  pas  confondre 


5 1  o  G  L  E 

<:e  recueil  avec  celui  de  la  rorrrspon- 
iîancc  de  Gieim  et  de  plusieurs  j;ens 
;le  lettres    avantagcuseiuenl  connus  , 
qui  a  etc  public  en  plusieurs  volumes 
.^près  Iri  mort  du  poète.  Plusieurs  lel- 
ires  de  Gleim  à  l'historien  J.  Millier 
6C  trouvent  traduites  en  franc  lis  à  la 
iuite  de  la  tradjicliou  des  lettres  de 
îVîiiîItr  à  Boustctten  ,  Zurich  ,   1810, 
iit-B'.  IV.  Fables,   Borliu,  i-j^ô- 
I  757  ,  2  liv.  iu  8'.;  ibid. ,  i  786,  in- 
8  '.  Gctie  dernière  édition  ,  revue  par 
S*auteur,  est  divisée  en  quatre  livres  ; 
«lie  contiMil  j)lusieurs  imitations  de 
i/i  Font.jine  ,  de  Phèdre,   de  Gay, 
de  Camcrarius  et  d'autres  fabulistes , 
qui  ne  se  trouvent  pas  dans  la  pre- 
mière édition.  V.  Romances,  ibid., 
1757,10-8".  Ce  recueil  ne  contient 
(jue  trois  poèmes,  dont  le  premier, 
quoique  fondé  sur  un  événement  tra- 
gique arrivé  à  Berlin,  est  nue  imita- 
tion heureuse  de  la  romance  de  Mon- 
cn{'\n\.\i\\\ée:  Les  coni,t(mies  Amours. 
Gleim  a  encore  fait  imprimer  en  1777 
nn  Recueil  de  Romances  ;  mais  ce 
volume  n'.i  été  distribué  qu'a  ses  amis. 
VI.   Chansons  prussiennes  pour  la 
guerre  ,    fuites  par  un  Grenadier, 
dans   les    campagnes    de    i7j(>  et 
1767  ,  a^>ec  musique ,  ibid.,  1758  , 
in- 12;  ibid.,  i78G,in  8'.  On  trouve 
(pielqucs-unes  de  ces  cliansons,  tra- 
duites en  français,   dans  le  Journal 
étranger,   novembre  17G1.  VIL   Le 
Grenadier  à  la  Muse  de  la  guerre 
après  la  victoire  de  Zorndotf,  i']5l), 
in- 1.2.   Vlll.   Le  Pliiloias  de  Les- 
sin^ymisen   vers  ^    lUrlin,    i7<)o, 
iii-8".  IN..  J'oesies  dans  le  genre  de 
Pétrarque^  ibid.,  i7(i4'  i»»-8'.  X. 
Lloge   de  la  vie  champêtre,  ibid., 
1  7O4,  iu-4"-  XI.  Sept  petits  Poèmes 
dans  le  genre   d'Anacrèun,   ibid., 

17O4»  '"  *  *'^"  ^^'*  ^^''''*"'^'  *""'f'^ 
d  /t  nacré  on  y  Berlin  et  Brunswick, 
1 7GG,  iu-8  .  Xlll.  La  Mort  d'J  dam, 


GLE 

tragédie  de  Klopsiock  mise  en  vers, 
B.riiu  ,    17GG,   iu-8'.    XIV.    Odes 
imitées  d'/Jorace,  ibid.,    1769,  in- 
8".  XV.  Epigrammes,  i  769 ,  in  -  8". 
La  plupart  de  ces   epigrammes   sont 
imitées  avec  succès  des  poè:es  latins 
et  grecs  ;  quelques-unes  sont  tirées  de 
Machiavel,  de   Voltane  ,   etc.  Celles 
dont  l'idée  appartient  a  Gleim  s."  dis- 
tinguent par  une  grande  n  livc  té.XVI. 
Le  meilleur  des  Mondes  ,  Halbcrs- 
tadt,    1771,    in-8'.    Ce    recueil   de 
poésies  sérieuses  est  composé  de  trois 
chants  j  le  deuxième  est  l'ouvrage  de 
Jacobi.    Gieim   expose    au    premier 
chant  ses   doutes   sur  le  système  de 
l'optimisme.  Jacobi  démontre  au  se- 
cond   que   dans   ce  monde    le  bien 
est  toujours  mélangé  avec  le  mal  j  et 
dans  le  troisième  Gleim  trace  le  ta- 
bleau d'un  monde  idéal  et  meilleur. 
Ce  poème  est  très  bien  écrit,  et  mé- 
rite l'e.stime  dont  il  jouit.  XVIl.//rt/- 
ladal,  ou  le  Livre  rouge,  destiné 
pour  les  écoles  y  H.imbourg,    1774» 
in-4<>.;  poème  didactique   très   esti- 
mable,  mais   peu   pro[)re    a    l'usage 
auquel  l'auteur  l'avait  consacré.  Jean 
IMiiller  s'exprime   sur   cet   ouvrage, 
dans  uue  lettre  adressée  à  Bonsletten , 
de   la  manièie   suivante:  «   Dans  le 
»  Ifalladat  de  Gleim,  tout  ce  qui  est 
»  grand    est  décrit    avec  une    noble 
»  simplicité  ,  et  il  a  prêté  un  caractère 
»  de  noblesse  à  tout  ce  qui  est  petit. 
»  IjC  llalladat  siupasse,  sous  le  rap- 
»  [)ort  de  riiaimonie  de  la  langue, 
»  tout  ce  qu'on  connaît  de  semblable  : 
»  il  fit  d'abord    passer  cet    ouvrage 
»  connue  une   tiaduction  de  Tirabe, 
»  et  Boyseu  donna  dans  le  piège.  » 
XVIII.  Chajiums  pour  les   soldats 
prussiens  dans  les  années  «778  et 
suivantes  jusqu'à  i  790,  H.dber.*>tadt, 
1790,  iu  -  8".  XIX.  Kpodes .,  ibid., 
1792,  iu-8''.;  publiées  aussi   sous 
le  litre  d(î  Poésies  satiriques  y  ibid. 


G  L  E 

,  l'jf)'^,  in  -S".   Ou  voit   p.ir  ce   rc- 
icucil  (|iic  le  poclc  .ivail  plus  do  ver- 
ve  ([  10  i\r  véritable  lalcnl  pour    ce 
gcine  de   poésie.  Quelques  morceaux 
cepeiulaul    me'iiteiit   une    Iionoriible 
1  tlislinclion  ,  entre  autres  celui  qui  a 
pour  tilre  :  Qmmd  il  était  (jncslion 
du  ^rec  Avcliiloquc.  XX.  Poésies  de 
circonstance  muint  et  après  la  mort 
de  S.  Louis  Xf  I.  \jv  litre  allemand 
est  Zeilgcdichte  vor  und  iiach  dem 
Tode    des    heili^en     Ludwi^    des 
Sechszehiitiii ,    ll.tibeisladi,     171)5, 
in-8".  XXI.  Quelques  fleurs  sur  le 
tombeau   de  Spiegel  ,  ibid.,    17B5, 
in-8'.   Cette  e'ic^ie  fut  inspirée   au 
poète  par  l'amitié.  Gleim  en  a  com- 
pusé  plusieurs  sur  divers  événements, 
sur  la  mort  du  général  Ziethen  ,  sur 
'  celle  du  duc  Lpo[)old  VI   et  autres. 
Klamcr-Schmidl  en  a  inséré  dix  neuf 
de  ce  poète  dans  son   Recueil  d'élé- 
gies des  Allemands  imprimées  ou 
inédiles,  Lcmi^o y  *77^*  XX[J.  Poé- 
sies diaprés  fVallherde  P^ogelweide, 
J779,  in-8".  C'est  un  recueil  d'imi- 
tations des  anciens  JV innés ins^ers  al- 
lemands.  XXllï.  Poésies  nocturnes 
dans   le  printemps  et    dans    l'été  ^ 
i8o'2.  Ce  recueil,  imprimé  seu'cment 
pour  être  distribué  à  ses  amis,  ren- 
ferme les  derniers   accents  poétiques 
du  vieillard  frappé  de  cécité,  et  qui 
implore  eu  vain  le  sommeil.  Un  re- 
cueil des  œuvres  poétiques  de  Gl<  im 
a  été  imprimé  à  SlraNbourg,   176J, 
in-8".  :  une   autre  édition   en   a    été 
publiée  à   l'insu  de   l'auteur,  Franc- 
fort et  Leipzig,  1765-  1770,  8  vol. 
in-8'\  L'éditiou  la  plus  complète  de 
ses  œuvres  est  celle  que  Guillaume 
Korte   son  petit -neveu,   a  publiée  à 
Haiberstadt,  en  7  vol.  in-8'\,  181  i- 
181 5,  sur  les  inanuscrits  de  l'auteur. 
Ce  poète,  dont  les  accords  inspiraient 
souvent  l'enthousiasme  des  combats 
aux  guerriers  de  sa  patrie,  a  eu  bcau- 


GLK  5ii 

coup  de  l}iograph('S.  Ileider  a  écrit  s.« 
Vie  dans  b;  neuvième  rallier  de  .smi 
yidraslea  ,  llimly  dans  le  Journal 
de  Berlin  (  lîeiliner  Mon  itsclirift  ) , 
décembre  180!"),  et  .1.  (î.  C.  Ilopliier 
dans  la  Gazette  littéraire  de  Leipzig , 
1803,  n"\  97  et  qH.  Son  portrait  se 
trouve  à  la  tète  du  tinquième  cahier 
du  Nouveau  Mercure  allemand,  |)U- 
bhc  par  VVieland,  i8o3.  B — u — d. 

GliEN  (Jean  de),  imprimeui- et 
graveur  eu  bois,  naquit  à  Liège  vejs 
le  milieu  du  xvi".  siècle.  On  connaît  de 
lui  deux  ouvrages  assez  importants  : 
].  Les  Merveilles  de  la  ville  de 
Rome  ,  avec  fig,  IL  Des  habits , 
mœurs,  cérémonies ,  façons  défaire 
anciennes  et  modernes  ,  in  -  8  ".  , 
Liège,  1601.  Cet  ouvrage  ,  dont  il 
est  l'auteur  et  l'imprimeur ,  est  orné 
de  io5  figures,  composées  et  gravées 
par  lui;  il  contient  des  pairons  d'ha- 
bits et  diiïérenls  costumes  :  il  est  de- 
venu rare.  Le  dessin  en  est  assez  cor- 
rect, et  les  figures  ne  manquent  pas 
d'une  certaine  expression.     P — e. 

GLLON  (Geneviève  Sa  VALETTE, 
marquise  de),  née  vers  1702  ,  à  Pa- 
ris ,  i  éunissait   aux  avantages   de   la 
figure  tous  les  talents  agréables.  Elle 
en  avait  un  particulier  pour  jouer  la 
comédie  de  société,  et  elle  l'employa 
avec  succèsdans  cesréunionsbrillantcs 
qui  avai(  nt  lieu  à  la  Chevrette,  dans 
h   vallée  de  Montmorenci,  chez  M, 
Savalette  de  Magnanville  ,  dont  elle 
était    la    nièce.   Tous   les   mémoire^ 
de  la   même  époque  parlent  de  ces 
représentations  données  par  des  ama- 
teurs distingués,  qui  ne  jouaient  que 
des  pièces  de  leur  composition.  Le 
chevalier  de  Chastellux  ,  ami   inti- 
me de  madame  de  Gléon ,  était  un 
des    principaux    auteurs   et   acteurs. 
Elle  eut  l'idée  de  faire  imprimer,  en 
1787,  les  amusements  littéraires  de 
sa  jeunesse.  Dans  un  siècle  où  l'on  nç 


5i2  GLI  GLt 

s'allaclialt  guère  à  pcinclre  sur  la  autres  Opuscules  de  pliilosopKie  mo- 
scène  que  les  mœurs  du  grand  monde,  raie,  dont  Lc'un  AlJacci  a  donné  la 
ceux  qui  en  faisaient  partie  pouvaient  liste  dans  sa  Dramaturgie  ;  —  et  en- 
avoir  quelque  avantage  sur  les  gens  fin  Trattato  délia  pietra  Jilosofale 
de  lettres  proprement  dits;  mais  les  traduit  en  latin  par  Laurent  Strauss , 
comédies  de  M"^"".  de  Glëon  fournis-  Giessen,  1671  ,  in-S".  W — s. 
sentune preuvede plus, queles auteurs  GLISSON  (François),  médecin 
dramatiques  appartenant  à  la  haute  anglais ,  né  en  1 597  à  Rampisliani 
classe  de  la  société,  mettent  plus  au  comté  de  Dorset,  occupa  pendar. 
d'esprit  que  de  comique  et  plus  de  quarante  ans  la  chaire  de  médecine  . 
conversation  que  de  mouvement  dans  Cambridge,  fut  admis  en  1654,  dans 
leurs  productions  destinées  au  théà-  le  collège  des  médecins  de  Londres  . 
tre.  Aucune  des  pièces  de  cette  dame  dont  il  devint  président  par  la  sui- 
B*a  été  jouée  ailleurs  qu'en  société,  te,  et  qui  le  choisit  en  1659  comme 
Elle  mourut ,  émigrée,  à  Vicence,  état  professeur  d'anatomie.  Il  remplit  celte 
vénitien ,  dans  l'année  1 795.  place  avec  beaucoup  de  réputation  jus-  | 
L — p— E.  qu'au  commencement  de  la  guerre  ci-  1 
GLlCAS.  ^or.  Glycas  (Michel),  vile,  qu'il  se  réfugia  à  Colchester,  ( 
GLISCENTI(Fabio),  médecin,  né  Après  la  reddition  de  cette  ville  aux  ! 
dans  le  xvl^  siècle  à  Veslone ,  près  rebelles  ,  il  vint  à  Londres  ,  fut  ua 
de  Brescia  ,  fit  ses  éludes  à  l'univer-  des  premiers  membres  de  cette  réu- 
sité de  Pavie,  y  prit  ses  degrés  en  nion  de  savants  qui  fut  l'origine  de  la 
philosophie  et  en  médecine,  et  s'éta-  société  royale,  et  y  publia  en  iG5o 
blit  ensuite  à  Venise,  où  il  exerça  ?>Q\\Tia\.\.é De  Rachitide ,  seu  morbo 
la  profession  de  médecin  avec  succès,  puerili  ,  maladie  nouvelle  alors  en 
Il  mourut  en  cette  ville  vers  1620  ,  Angleterre,  où  elle  ne  paraissait  qiK 
suivant  Ghilini  ,  qui  fait  de  lui  une  depuis  trente  ans,  et  qui  fut  d'aborù 
mention  très  honorable  (  Teatro  de  désignée  dans  les  autres  pays  sous  le 
^li  uomini  illuslri ,  iom.  11 ,  p.  74).  nom  de  maladie  anglaise.  Glissoii 
Il  a  laissé  plusieurs  ouvrages  en  la-  fut  aidé  dans  la  composition  de  ce 
tin  et  en  italien,  à  peine  connus  au-  traité  par  les  docteurs  Bâte  et  Regc- 
jourd'hui  des  bibliographes.  Parmi  mortes.  Il  fit  paraître  en  i654,  iu- 
ccux  qui  sont  écrits  en  latin,  on  citera  8'.,  sou  Anatomîa  hcpatis  ^  avec  un 
ses  Commentaires  sur  les  Prœdica-  u4ppendix  concernant  les  conduits 
hilia  de  Porphyre,  sur  les  Prœdica-  lymphatiques  récemment  découverts, 
menla  d'Aristote  ,  et  enfin  sur  le  et  qui  est  regardé  comme  le  mcil- 
Trailé  de  sex  principiis  de  Gilbert  leur  de  ses  ouvrages  ;  en  1672,  le 
de  la  Porréc,  cvêque  de  Poitiers.  Ses  IVactatus  de  naliird  substantiel: 
ouvrages  italiens  olFrent  plus  d'interèr,  energcticà ,  seu  de  vitd  naturœ  ejiis- 
a  eu  i'igcr  du  moins  par  leurs  titres  :  (jnc  tribus  primis  faciillatibus ,  et  ei\ 
ce  sont  des  Dialogues  contre  la  i(>77,  année  de  sa  mort,  le  livr( 
crainte  de  la  mort  et  sur  l'immor-  De  ventriculo  et  intestinis ,  in  -  4  • 
talitede  l'ame  ; —  //  dili'^ente  oi'ero  (  'est  le  premier  ouvrage  oii  l'on  trouve 
il  sollicitn  ^favnla  morale ,  V«»ise,  des  conjectures  sur  la  nature  de  la 
]Go8,  iu-iti; — Il  viercato  overo  la  fibre  simple,  cl  où  on  lui  attribue  le 
•  fiera  délia  vila  uinana  ,  fuvola  mo-  i)rincipe  inné  de  l'irritibililé,  dont  le 
////(• .  ibi-l. ,  I O20 ,  iu- 1 2 } — quelque*  nom  cbl  de  Imyculiou  de  Glbsun ,  cl 


(i  LO 

qiurdislini^no  (le  II  .scn.sil)ili(c.  0!i^- 
soii  attribu.»  ,  le  picinici-,  In  routrar- 
twn  dti  (YiMir  cl  (les  antiTS  niiisccs 
a  l'aclifui  d'u-i  slimulus  sur  leur  prin- 
cipe irrifahlo.  Jl  traite  aveo  ctruduc 
«•t  judicic'Dscnirnt  du  niouvoincnl  pc- 
lislaitiqiic  rt  anl:pristaltiquc  des  in- 
IfStiiis.  La  plupart  de  ces  onvrai;rs  ont 
clc  .souvent  réimprimes  en  diit'rciits 
p.iys.  On  y  trouve  dc>i  fiu-tliodcs  nou- 
velles et  des  découvertes ,  entre  autres 
celle  de  la  capsule  de  la  veine- porte- 
du  moins  est-il  certain  r/n'il   a  ru  le 
premier  le  mérite  de  IVxandner,  et  de 
ia  décrire  avec  exactitude.  On  a  encore 
♦ie  lui,  De  {ymphœductis  imper  re- 
/»m/5,  Amsterdam,  i^Sq,  ^wcc  Jna- 
tomicci  prolegomena  et  ^înalomia 
hepatis.  Il  fut  un  des  plus  heureux 
disciples  d'Ilarvey.  Boërhaave  le  re- 
gardait comme  «  le  plus  exact  de  tous 
»  les  anatomistns  •    »  et  Hallcr  ,    en 
parlant  d'un  de  ses  ouviaqcs,  dit  : 
«  C'est  un  livre  excellent  comme  tous 
»  ceux  du   même  auteur.  »    Ce  que 
Glisson  a  écrit  sur  la  physiologie  est 

peu  estime  aujourd'hui.         X s. 

GLOGAU  (Jean  dej,  professeisr 
de  philosophie  et  de  théologie  à  i'uni- 
^versiië  dcCracovie  dans  le  xv^  siè- 
:  de ,  était  très  versé  dans  la  philoso- 
phie scolaslitjue,  qui,  de  son  temps, 
était  r.^gardée  comme  la  science  prin- 
cipale. Ses  connaissances  et  la  subti- 
lité de  son  esprit  .itdrcrent  li  l'univcr- 
Mtc,  où  il  professait,  beaucoup  de 
;  jeunes  gens  d'Allemagne,  pumi  les. 
quels  on  com])tait  Eckius ,  qui  devint 
un  des  plus  zéiés  antagonistes  de  Lu- 
ther, et  qui  composa  contre  la  doctrine 
des  luthériens  un  giand  nombre  d*ou- 
vrages.  Jean  de  Glogau  avait  été  lui- 
même  disciple  de  Michel  de  Breslau , 
un  des  premiers  professeurs  de  l'uni- 
versité de  Cracovie  qui  se  firent  im 
nom  dans  l'étranger.  C— au 

I    GLOSKOUSKl  (IMathieu),  ccii 

XVII. 


GT,0  n.- 

vain  polonais  du  xvii".  siècle,  est 
auteur  d'un  Poenn*  i..li(nîé  :  Suih'c- 
nir  de  la  Passion  de  Nolre-Sci- 
ç^neiir.dmsé  en  vingt-nnatre  heures; 
ce  poème  a  eu  plus  de  qu..tre  éditions. 
On  a  de  hii  un  autre  Poème  infi- 
f^Iè:  Gconiclria  perc^rlnajis ,  et  des 
Discours  en  prose  sur  divers  sujets. 

C AU. 

Gr.OUCESTER  (  Robert  de),  l'un 
des  iJus  anciens  poètes  anglais  dont 
les  ouvrages  nous  aient  été  fn^nsmis  , 
était  moine  de  l'abbaye  deGloncester' 
et  vivait  sous  le  règne  d'Edouard  V\ 
Il  composa  ,  dans  le  langage  vulgriirc 
-nglo-saxon,  une  Chronique  en  vers 
d'une  assez  grande  étendue,  conte- 
nant l'histoire  de  l'Angleterre,  depuis 
Brutus  jusqu'au  règne  d'Edouard  1". 
On   a   lieu   de  croire   qu'il  l'écrivait 
vers  liSo.  Camdcn  en  rapporte  quel- 
ques strophes,  et  vante  le  génie  de  ce 
poète;  nr.is  Thomas  Wirlon.  qui  dans 
son  fiistoire  de  la  poésie  anglaise 
en  cite  des  fragmen's  étendus,   n'y 
trouve  ni  art ,  ni  imagination.  «  L'au- 
»  teur,  dit -il ,  a  mis  en  rimes  ks  fa- 
»  l.les  de  Galfrid  de  Monmouih  ,  qui 
»  ont  souvent  une  tournure  plus  poé- 
»  tique  dans  la  prose  de  Galfrid.  » 
Le  style  en  est  obscur  et  f nîn.nr.  La 
Chrojiifjue  de  Robert  de  Gloucester  a 
été  publiée  par  Hearne,  en  i  vol.  in- 
8".,  Oxford,  1724.  X— s. 

G  LOVER  (Richard),  poète  an- 
glais, né  en  17  12,  était  fils  d'un  né- 
gociant de  Londres,  qui,  tout  en  le 
destinant  à  la  carrière  du  commerce, 
lui  fit  faire  cependant  de  bonnes  étii' 
des,  dont  il  sut  profiter.  Richard, 
placé  dans  une  école  particulière,  à 
Cheam ,  dans  le  comté  de  Surrey ,  prit 
beaucoup  dégoût  pour  la  langue  grec- 
que, et  en  acq-iit  une  connaissance  si 
profonde ,  que  par  la  suite  Thomas 
Warton  le  déclara  le  premier  helléniste 
anglais  de  son  temps  :  mais  le  goiu  ùq 


5ii  GLO  GLO 

la  litlëratnre  n'exclut  point  de  sa  pari  d'ailleurs  de  grandes  beautés,  fut  lu 
une  application  suivie  aux  études  com-  avec  empressement,  et  eut  en  deux 
merciales  et  même  politiques.  Le  pre-  ans  trois  éditions.  Glover  succëila  à 
mier  essai  public  de  sa  musc  fut  un  son  père  dans  la  direction  de  ses  affaires 
poème  à  la  mémoire  de  Newton ,  cora-  commerciales  ;  mais  la  fortune  ne  fa- 
posé  à  Tâge  de  seize  ans,  et  auquel  on  vorisa  point  des  opérations  que  lui 
reconnut  assez  de  mérite  pour  l'im-  faisaient  sans  doute  négliger  son  cora- 
primor  à  la  tête  de  Xjipercu  de  la  raerce  avec  les  Muses ,  l'intérêt  actif 
philosophie  de  Newton ,   donné  par  qu'il  prenait  aux  affaires  publiques , 
le  docteur  Pcmberton ,  i7'28,  in-4''.  et  ses  liaisons  nmltipliées  avec  des 
Ce  médecin,  homme  de  savoir  et  de  liomrnes  d'état  et  des  gens  de  lettres, 
goût,  avait  conçu  pour  Giover  un  vif  II   se  maria,   en    1737,    avec  une 
intérêt,  et  lui  procura  des  encourage-  femme  qui  jouissait  de  quelque  opu- 
znents  qui  provoquèrent  de  nouveaux  lence.  Il  pub  ia  ,  la  n>eme  année  ,  le 
rffortsde  son  talent.  Glover  puisa  daus  recueil  des  Poésies  ^d  Mathieu  Green^ 
l'histoire  des  Grecs  le  sujet  d'un  poè-  lun  de  ses  premiers  amis  ;  en  1  759  , 
me,  en  neuf  chants,  qu'il  fit  paraître  un  petit  poème  de  sa  composition,  in- 
en  17^7,  in-4'.,  Léonidas y  dédie  au  titulé  :  Londres,  ou  les  progrès  du 
lordCobham,  l'un  de  ses  protecteurs,  commerce  ^  et  V  Ombre  de  l^amiral 
Cet  ouvrage  eut  alors  un  succès  ex-  Hosier{Hosiers  ghost),  ballade  qui 
traordinaire  ,  du    aux    circonstances  jouit  encore  d'une  grande  popularité  , 
plus  encore  qu'à  son  mérite.  Le  parti  et  qui  avait  pour  but,  en  peignant  for- 
qui  se  prononçait  avec  énergie  contre  tement  les  torts  de  l'Espagne  à  Té- 
lé ministère  de  sir  Robert  Walpoie,  et  gard  de  l'Angleterre,  d'animer  le  pcu- 
qui  finit  par  le   renverser,  jugea  le  pie  à  la  guerre  contre  celte  puissance, 
poème  de  ieomV/rtS  propre  à  servir  ses  Les  talents  de  Glover,  son  patrio- 
inlérêts  ,  par  la  chaleur  avec  laquelle  tisme ,  la  droiture  de  son  caractère, 
l'amour  et  les  principes  de  la  liberté  y  lui  valurent  la  confiance  de  la  bour- 
sont   proclamés.  Les  meilleurs  écri-  geoisic  et  des  négociants  de  Londres, 
vains  de  ce  parti  exaltèrent  à  l'envi  les  dont  il  défendit  les  intérêts  avec  ar- 
qualitésqtii  le  distinguent.  Le  lordLyt-  deur   m    diflerenles    occasions,    de    ! 
tcllon,  dans  l'ouvrage  périodi({ueinli-  17^9  à  1743,  et  qu'il  servit  égale* 
luIé  le  Bon  sens  (  Common  sensé  ),  ment  par  la  sa-^essede  ses  avis  et  l'é-   I 
CM  fit  un  grand  éloge,  sous  le  double  loquencede  ses  discours.  Le  parti  de   1 
rapport  du  talent  du  poète  et  de  l'ob-  l'opposition  ,  à  l'époque  des  élections   ! 
jet    politique  du    poèn»e.  Le  docteur  parlementaires ,  le  regardait  en  quel-   | 
PembiTton  publia,  en  1  738,  des  Ob-  que  sorte  comme  son  chef.  Eu  1  74  i  »   I 
serifalions  sur  la  poésie  ,  purliciiliè-  la  ducliesse  de  ^larlborough,  par  sou  | 
remCTit  sur  la  poésie  épitfue ,  à  Vue-  testament,  le  chargea  d'écrire,  cun-   | 
casion  du  poème  récemment  publié  joinlenienl  avec  David  Mallct ,  l'his-'l 
j///'/ve?b«fV/<'is,oùil  donna  àcttouvra-  toiiedc  la  vie  du  iluc  son  mari,  eu   | 
pcdcs  éloges  dont  la  partialité  de  l'a-  leur  assignant  à  chacun  une  soamie 
njili('  et  l'esprit  de  parti  peuvent  .seuls  de  5()o  li\ .  slerl.  ;  mais  ne  présumant 
cxpiicpier  l'exagération.  Fielding porta  pas  pouvoir  s'occuper  de  ce  travail, 
aussi,  dans  le   Champion^  un  juge-  il  déclara  aussitôt  renoncer  à  ce  legs, 
jnent  trcR  favorable  à  ce  poènu* ,  (pu  ,  (junitpje  sa  l'urtune  se  trouvât  alors  a 
tUul  si  bien   rccointnandc  et  ollraiit  peu  près  .inéaiilic.  Son  piocé.le,  dans 


r.ro  GLO  5i5 

celle  orcasion  ,  ne  lut  pas  imite  par  augmentée  de  trois  chants.  Mais  les 
M.tilel.  ^ /"o)'.  David  IM  Al, tiii.  )  («lo-  circoiisl.inccs  polili(jucs  qui  avaient 
Vit,  à  l'aide  des  liber.ililes  du  piiii-  autrclois  procure;  une  si  «grande  vjcue 
ce  de  (ialles,  vécut  quehjuc  leu)ps,  à  cet  ouvrafrc,  n'oxislaieut  plus  pour 
loiu  du  tr;u\is  des  alFaues  publi-  le  soutenir.  L'attention  pidjliqjie 
qucs  ,  occupe  de  travaux  littéraires,  absorbée  alors  par  des  maux  ])res- 
II  présenta  ,  en  1755,  au  théâtre  de  sants  ,  ne  pouvait  guère  se  porter 
Drury-L.Mie,  sa  tragédie  de  Z>oar//cv/e.  sur  des  objets  de  lillerature  ;  de 
La  dureté  de  sou  organe  n'etcùt  pas  sorte  que  cette  réim])r(;ssion  fit  peu  de 
j)ropre  à  pievenir,  en  sa  f;ivcur,  les  sensation,  et  que  Touvragc  n'eut  pas 
comédiens  auxquels  il  s'obstina  à  la  mèuic  le  genre  de  succès  auquel  il 
lire  lui-même  jusipi'à  la  fin  ,  maigre  j)Ouvail  justement  prc'tendie.  Le  sujet 
les  elForts  icilc'rcs  de  Garnck. ,  pour  du  poème  est  d'un  choix  hcuieux  • 
hii  épargner  ce  soin.  Cependant  la  le  plan  en  est  Lien  tracé  ;  les  cirac- 
pièce  fut  reçue  ;  mais  malgré  le  talent  lères  sont  fortement  d'ssincs  et 
de  pliL-ieursactcursdu  premier  ordre,  l'intérêt  est  soutenu  jusqu'à  la  fin: 
elle  ne  put  se  soutenir  plus  de  douze  on  y  admire  des  compar  usons  neuves 
représentations.  Il  fit  imprimer,  en  et  brillantes  j  et  le  >  épisodes,  qui  sont 
I  761 ,  une  tragédie  de  A/eVZee,  écrite  assez  multipliés,  ne  paraissent  ja- 
sur  le  modèle  de  la  tragédie  grecque,  mais  étrangers  à  Tensemble  :  mais 
et  qu'il  hasarda  de  faire  jouer  ,  en  l'auteur,  en  rtjctant  entièrement  de 
1  767,3  Drury-Lane,  oii  elie  n'eut  que  sa  composition  le  merveilleux  s'est 
quelques  ropréseulations  froidement  privé  d'un  puissant  moyen  de  séduc- 
accueillies  (1).  Il  composa  une  suite  tion  j  et  la  construction  brusque  et 
de  s3l  Médée j  qui  ne  put  être  repré-  laconique  de  ses  périodes,  est  loin 
sentée  ,  parce  qu'elle  exigeait  une  dé-  aussi  d'être  favorable  à  l'harmonie.  11 
coralion  trop  dispendieuse.  Glover,  y  a  en  général,  dan?  toutes  ses  pro- 
nommé cette  année  membre  de  la  ductions  en  vers,  plus  de  poésie  dans 
chambre  des  communes  pour  Wcy-  la  pensée  et  les  images  que  dans  l'ex- 
moulh,  y  siégea  jusqu'à  la  dissolution  pression.  Cependant  le  Léonidas  im- 
dc  ce  parlement ,  et  s'y  fit  remarquer  primé  pour  la  sixième  fois  avec  élé- 
dans  les  longs  débats  qu'occasionna  gance  et  orné  de  gravures,  en  i"q8 
l'état  embrouillé  des  affaires  des  An-  Londres,  1  vol.  in-S".,  a  été  traduit 
glais  dans  l'Inde.  Les  négociants  de  en  prose  française,  par  J.  Bertrand 
la  comp.ignie  des  Indes,  reconnais-  la  Haye,  1759,  in-Ta,  et  conséquera- 
sants  des  services  qu'il  leur  avait  ren-  ment  d'après  les  premières  éditions, 
dus  dans  le  parlement,  lui  votèrent  Glover  mourut  le  ^5  novembre  1785 
«n  présent  de  la  valeur  de  5oo  liv.  âgé  de  soixante-treize  an.<.  D'heureu- 
slerl.  En  1770,  il  donna  une  nouvelle  ses  qualités  sociales  lui  avaient  mérité 
édition  du  Léonidas^  en  1  vol.  in-  l'amitié  de  quelques  hoiiimes  du  plus 
1  2  ,  corrigée  d'iui  bout  à  l'autre  ,  et  haut  rang  et  de  l'esprit  le  plus  distin- 

— gué;  l'ascendant  de  ses  talents  si  di- 

(0  M.  KoUe,  qui  tut  occasion  de  voir  jouer  vcrs   ct  dç   SOU  inflexible  vcrtu  lui 

cette    pièce  ,    la  trouve  ,    miigre    quelques     beau-  ■  ,  ,  ,  , 

té«  ,  inférieur»'  a  tuults  celle»  qu'il  conunU  sur  le  avait  mCUagC  IC  rCspCCt  dc  CCUX  qui  luî 

niérue   sujet.    Voyez  un   article    i    tcre'.sant  «le    ce  ^i^:,.,*    I       „l  1  • 

critique  d.nslr.  1ic.nieyhilosoyhu,ne.  de  juin  ,«07.  «"l^'^nt  IC  pluS  OppOSCS  par  IcUrS  pnU- 

On  M   représenté   a   Pan»,   en   avril    1807,    sur  le  cipCS   poliliqueS.  H  était  aiiué  du   PCU- 

tlieatre   des    Variétés  étrangères  ,    uuc   Iraducliou  \  C  '      J 

4e  la  Ji««f«fi  aoolaise  ,  qui  y  a  obtenu  du  succi.»»  pIC  ,    Ct    lut    CarCSSC     dcS   grauds.   ScS 

55,. 


5i(3  (;lo 

mœurs  étaient  siniples,  et  il  conserva 
une  humeur  égale  dans  la  bonne  et 
dans  la  mauvaise  fortune.  Après  sa 
mort,  sa  fille,  mistris  Halsay,  publia 
en  5  vol.  in  -  12,  en  1 788  ,  ^Alhé- 
iiaïde ,  poème  en  5o  ch<ints,  auquel 
]1  n'avait  pas  mis  la  dernière  main,  et 
qui  formait  en  quelque  sorte  la  suite  de 
Léonidas.  C'est,  comme  il  le  dit  bù- 
niéme ,  la  Mort  de  Léonidas  vengée 
par  les  vertus  des  Athéniens. 

Toedealh  ofgreatLconidas  aveng'd  by  alticTirtue. 

Cet  ouvrage  de  sa  vieillesse  ,  pour 
lequel  il  montrait  une  prédilection 
partieulièrc,  et  qu'il  semblait  se  f;io- 
rifier  d'avoir  fait  plus  lons^  que  ï Ilia- 
de,  a  paru  une  composition  faible  , 
où  rintérèt  divise,  en  se  portant  sur 
une  race  de  héros  ,  ne  se  fixe  forte- 
ment sur  aucun  d'eux.  Plusieurs  des 
discours  de  Glover  ont  été  imprimés, 
notamment  ceux  qu'il  prononça  h  la 
barre  du  parlement,  en  1740,  avant 
la  rupture  avec  l'Espagne.  Giovcr 
avait  tenu  une  sorte  de  journal  de  ses 
observations  sur  les  événements  et 
sur  les  personnages  éminents  ou  in- 
fluents de  son  temps.  Ce  journal  ma- 
nuscrit, après  être  resté  long-temps 
dans  l'obscurité,  a  été  imprimé  par 
extrait,  sous  ce  titre  :  Memoirs  of  a 
celehraled  literary  andpoUticul  cha- 
racter,  etc.  [Mémoires  d'un  homme 
tiélèbrej  comme  liUérateur  et  comme 
politique  f  dapms  la  résignation  de 
sir  Ilohert  ff^alpole,  en  1742,  jus- 
ijuà  Vétablissement  de  la  seconde 
administration  du  lord  Chatham,e/i 
1757,  Contenant  des  Jiolices  sur  plu- 
sieurs des  hommes  les  plus  dislin- 
ç,ués  de  cette  époque)^  Londrrs,  in- 
^S'.j  iJ)i4.  Ces  mémoires  se  fuut  re- 
inanpKr  par  un  caractère  soutenu  de 
vér.jcilé,  et  |).ir  l'énergie  et  même  l'à- 
prelé  avec  l.ujiiclle  sont  tracés  (piel- 
'{ucs-uuidtfii  portraits  qu'il  rcufcimc: 


GLO 

la  tournure  que  prenaient  les  affaires 
publiques,  et  le  spectacle  des  vices  des 
grands ,  avaient  disposé  son  ame  au  dé- 
couragement ,  et  donné  à  ses  idées 
une  teinte  très  prononcée  de  raisan- 
tropie.  L'éloquent  portrait  qu'il  y  fait 
de  lui-même,  est  loin  d'être  attrayant. 
Cette  publication  tardive  des  mémoi- 
res de  Glover  avait  particulièrement 
pour  but  de  prouver  que  c'est  à  lui 
que  l'on  doit  les  Lettres  de  Junius. 
Des  critiques  judicieux  ont  pensé  que, 
bien  que  rien,  dans  ces  mémoires,  ne 
pût  les  autoriser  à  adopter  cette  as- 
sertion ,  l'auteur  leur  paraissait  avoir 
autant  de  titres  à  cette  attribution 
qu'aucun  de  ceux  à  qui  on  a  précé- 
demment attribué  ces  Lettres  cciè- 
bres.  On  a  publié  ,  très  peu  de  temps 
après:  An  intjuirj'  into  the  aiithûr ^ 
etc.  (  Recherches  sur  V auteur  des 
Lettres  de  Junius,  à  l'occasion  des 
Mémoires  d'un  homme  célèbre  , 
comme  littérateur  et  comme  politi- 
que ,  récemment  publiés  ;  à  laquelle 
on  a  ajouté  de  nouveaux  extraits  de 
ces  curieux  mémoires  inédits)  y  Lon- 
dres, in-8^.,  1814.  Ou  rapporte  uu 
traitqui  peut  faiiejugerdc  la  manière  de 
composer  de  ce  ]>uète.  Lorsqu'il  rési- 
dait à  la  maiïion  de  campagne  du  lord 
Temple,  à  Stovvc  ,  il  se  leva  un  jour 
de  très  grand  matin,  maîtrisé  ])ar  une 
idée  qui  lui  était  survenue  pendant  la 
nuit ,  et  descendit  au  jardin  ,  où  il  se 
livra  cnlièrement  à  sa  verve.  Par 
malheur  il  avait  alors  une  canne  à  la 
main ,  et,  dans  une  sorte  de  délire  poé- 
ti(jue,  il  se  mit  à  en  trappcr  au  mi- 
lieu d'un  parterre  de  tulipes  ,  dont 
lady  Temple  faisait  *('S  délices.  Il  avait 
alors  si  peu  la  connaissance  de  ce  qu'il 
faisait,  que  lorsque  (juchpi'un ,  au  mo- 
ment du  déjeuner  ,  lui  parla  du  de^at 
dont  il  était  rauteur,  il  commença  par 
nii-r  formellement  :  mais  il  avait  éle*^ 
jpcj  «;u  par  plusieurs  personnes  ;  cl  ne 


GLU  GLU                 n.7 

ponv.ml  plus  lui-nuMno  (loiitrrdn  f<ir,  f..l!.iil  donc  (jinui  liouimo  iVim  nic'riiff 

il  récit,    la  ballade  (ju'il  avait  conipo-  rmiiK.'iil ,  sWarlanl  des  sentiers  hatlus 

sec  dans  le  jardin  (  VOmhre  de  l'a-  ]vir  la  routine  et  par  les  prcjiigc's,  osât 

miriil  //osier),  l'une  do  ses  pioduc-  se  frayer  une  route  nouvelle  ;  <M  Gluek. 

lions  où  il  Y  a  le  plus  de  poésie.  eut  le  bonheur  de  rencontrer  cet  liom- 

X — s.  rnc  dans  le  Florentin  Ranicri  di  Calza- 

GLUfiK  (  Christophe  ),    le  plus  bi^i ,  qu'il  connut  à  Vienne.  Ce  der- 
grand  conipo.sitcur  dont  puisse  s'ho-  nier  entreprit  d'écrire  des  drames  dont 
norer  la  setne  lyrique ,  naquit  d'une  toutes  les  parties  fussent  liées  ejitre 
famille  noble,  dais  le  Haut-Palatinat,  elles  cl  avec  le  dénouement  ;  où  l'iu- 
sur  les  frontières  de  la  Bohème,  en  térct ,  établi  dès  l'exposition  ,  allât tou- 
3714.  Sans  doute ,  en  le  formant ,  la  jours  en  croissant,  sans  être  suspendu 
nature  imprima  sur  son  front  le  sceau  par  des  épisodes  étrangers ,  par  de  ri- 
du  génie;  mais  ce  feu  sacré  ne  devait  diculcs  bouffonneries;  dans  lesquels, 
se  manifester  cnlui  que  dans  un  âge  où,  enfin,    Varia  ne  put  servir  de  pré- 
depnis  long-temps ,  «os  facultés  intcl-  texte  au  caprice  du  chanteur  ,  à  la  sté- 
Icctuelles  ont  acquis  tout  le  dévelop-  rile  redondance  du  maestro  di  cU' 
pement  dont  elles  sont  susceptibles,  pella.  Ce  fut  d'après  ces   idées  qu'il 
Comme  le  citoyen  de  Genève,  Gluck  composa  dans  la  langue  italienne  les 
avait  plus  de  quarante  ans  lorsqu'il  o\)éia^  à^F/élène  et  Paris ,  à' ^Iceste^ 
mérita  de  fixer  l'attention  publique,  et  d'Orphée ,  que  Gluck  mit  en  mu- 
]l  fit  ses  études  musicales  à  Prague  ,  et  sique,  de  1 762  à  i  764 ,  et  qui,  contre 
se  rendit  habile  dans  le  jeu  des  instru-  l'usage  observé  pour  les  compositions 
ments  ,  surtout  du  violoncelle.  A  dix-  ultramontaincs ,  furent  tous  les  trois 
sept  ans,  il  visita  l'Italie  ,  et  suivit  les  imprimés  à  Vienne.  Le  ))remicr  est 
leçons  du  célèbre  San-Marlini.  11  écri-  peu  connu  en  France ,  où  jamais  il  ne 
vit  à  Milan  son  premier  opéra  ,  V^r-  fut  représenté.   Les  deux  autres  sont 
taxerce }  donna  D émétrius y  aWcnise,  du  nombre  des  cinq  drames  lyriques 
en  174^;  trois  ans  après,  la  Chute  qui  assurent  à  Gluck  l'immortalité, 
des  Géants,  en  Angleterre,  et  plus  Armide  ,  Alceste,    Orphée,  et  les 
de  quarante  autres  opéras  (i)  dans  deux  Jphigénies.  U  faut  entendre  ce 
l'espace  de  dix-huit  ans.  Mais  toutes  grand  maître  exposer  lui-même  le  plan 
ces  compositions,  rapidement  tracées,  qu'il    s'était   tracé,    a  L'imitation   de 
suivant  l'usage  des  musiciens  d'Italie  ,  »  la  nature  ,  dit-il,  est  le  but  commun 
n'étaient  qu'un  vain  bruit ,  une  série  ))  que  doivent  se  proposer  le  poète  et 
de  chants  plus  ou  moins  bigarrés,  dé-  »  le  ipusioien  ;  c'est  aussi  celui  auquel 
pourvus  d'ame  et  dévie.  L'opéra  ita-  »  j'ai  tâché  d'atteindre.  J'ai  voulu  re- 
lien ,  dit  l'abbé  Arnaud  ,  n'est  qu'un  )>  duire  la  musique  à  sa  véritable  fonc- 
concert  dont  le  drame  fut  le  prétexte.  »  tion,  celle  de  seconder  la  poésie  pour 
Gluck  ,  s^ns  doute  ,  avait  plus  d'une  «  fortifier  l'expression  des  sentiments 
fois  senti  tout  le  vide  de  pareils  ouvra-  »  et  l'intérêt  des  situations  ,  sans  inter- 
nes ;    mais  la  mauvaise  ficlure   des  »  rompre  l'ac'ion  et  la  refioidir  par 
poèmes  lyriques  était  nu  obstaclecons-  «des  ornements  superflus.  Je  pense 
liant  aux  efforts  du    compositeur.il  »  qu'elle  doit  ajouter  à  l'autre  ce  qu'a- 
■                   »  joutent  à  un  dessin  correct  cl  bien 

(t)Te\imie Dèmophoon ,  Phèdre,  Siphax,  la  ))  composé  la  vivacité  des  couleurs  et 

Clémence  de  Titus,  Anli^one,  le  J'riomi/fie  de  i>                i   i        i         •<                   i                i 

Camille ,  eic.  »  l  accurd  Gcs  lumicrcs  Cl  des  ombres , 


5i8  GLU 

))  qui  animent  les  figures  sans  en  a](e'- 
»  rer  les  contours.  »  Les  plus  brillants 
succès  couroanèrent  les  efforts  de 
Gluck;  et,  ce  qui  paraîtra  presque 
incroyable  ,  l'Italie  entière  applaudit 
avec  transport  à  des  chants  si  nou- 
veaux peur  des  oreilles  en  quelque 
sorte  efféminées  (i).  Parme,  JN.iples, 
Rome  ,  Milau  ,  Venise  ,  furent  les 
théâtres  de  sa  gloire  ;  et  la  ville  de  Bo- 
logne, pendant  un  seul  hiver,  s'enri- 
chit de  plus  de  900,000  fr.  ,  par  le 
concours  des  étrangers  qu'attirèrent 
dans  son  sein  les  représenta  (ions  d'Or- 
j)hée.  Cependant ,  si  l'on  en  excepte 
S'tlieri,  Gluck  n'eut  aucun  imitateur 
chez  une  nation  si  sensible  aux  char- 
mes de  la  musique;  tant  ses  mâles  ac- 
cents diflèrent  des  jolis,  mais  insigni- 
fiants cajitabile  des  compositeurs  ita- 
liens. Son  triomphe  était  grand  ,  sans 
doute.  Le  premier  il  avait  fixé  le  ca- 
ractère de  la  musique  dramatique,  et 
tracé  les  règles  à  suivre  par  l'artiste 
capable  de  les  saisir.  Mais  un  champ 
plus  vaste  ,  une  palme  plus  glorieuse 
encore  ,  s'offraient  à  son  ambition.  La 
langue  française  ,  dont  il  avait  fait  une 
ctude  approfondie,  lui  paraissait ,  com- 
parativement à  l'italienne,  fpi'énervc 
le  fréquent  concours  des  voyelles,  pré- 
^enler  au  poète  des  ressources  plus  fé- 
condes ,  et  surtout  une  plus  grande 
énergie  pour  peindre  le  délire  des  pas- 
sions ,  l'horreur  des  combats,  et  le  ta- 
bleau déchirant  des  misères  humaines. 
Gette  langue,  d'ailleurs,  était  depuis 
longtemps  Irtppée  d'anathème  quant 
«i  ses  pr()[)ri<ftés  musicales;  et  nous 
devons  même  ajouter  que  les  succès 
de  Gluck  n'ont  point  détruit  les  asser- 
tions avancé* s  par  Kous^ean.  Que  de 
.sujets  pourii  ritcrl'anioui-jjropre  d'un 


GLU 

homme  qui ,  sans  doute,  avait  le  sen- 
timent de  ses  propres  forces  !  Vers 
1770,  le  bailli  Du  Rollet ,  que  sou  sé- 
jour à  Vienne  avait  lié  avec  l'auteur 
àiAlceste ,  entreprit  de  mettre  en 
opéra  VIphigénie  de  Racine.  11  res- 
serra le  drame  en  5  actes,  supprima 
l'épisoded'Eriphile,  mit  le  dénouement 
en  action  d*après  une  idée  fournie  par 
Racine  liii-même,  et ,  du  reste  ,  con- 
serva le  plus  qu'd  lui  fut  possible  la 
versification  du  moderne  Euripide. 
Gluck  mit  une  année  entière  à  com- 
poser la  musique  de  cet  ouvrage;  lui 
qui ,  naguère  ,  notait  en  quinze  jours 
un  poème  italien.  11  s'agissait  ensuite 
d'ofirir  au  jugement  des  Parisiens  un 
travail  spécialement  conçu  pour  leur 
plaire  ;  et  le  bon  Allemand  eut  lieu  de 
reconnaître  qu'en  mettant  à  bien  son 
entreprise,  il  n'avait  p;is surmonté  les 
plus  grandes  difficultés.  La  simple 
annonce  de  sa  tudesque  harmonie 
avait  soulevé  contre  lui  tout  le  peuple 
des  musiciens ,  et  la  classe  plus  nom- 
breuse, plus  indocile  encore  des  ama- 
teurs. 11  ne  fallut  pas  moins  qu'un  or- 
dre de  la  reine  Marie-Antoinette,  jadis 
élève  du  chevalier,  et  sa  constante 
protectrice ,  pour  f  »irc  recevoir  à  l'O- 
péra Viphigénie.  Enfin,  en  1774» 
Gluck  vint  à  Paris  :  il  avait  alois 
soixante  ans  ;  et,  le  19  avril  de  celte 
année  ,  on  donna  la  pn  mière  repréi 
sentation  d'Iphigtinie.  S\  le  concours 
des  spectateurs  était  prodigieux  ,  le 
succès  de  l'ouvrage  le  fut  également. 
On  (il  r<'C()n»inencerrouvertiue, chose 
inouic  dans  les  annales  de  l'Opéra;  el 
la  |iièce  obtint  d'un  bout  à  l'autre  les 
mêmes  a|)plaudis.H(inents.  Le  2  août 
de  la  même  année  ,  on  exécuta  l'opéra 
d'(>r/>A<r  (1) ,  dont  M.  Moline  avait 


(0  Non»  nr  |inrlniii  ici  qiir  (Ici  o|irriii  A'HcIrtit  (  i^  \.a  pjirtilion  ilnliriine  tV  Orphre  .  impriiiirek 

ri  iV (li/ifiie  ,  tjr  rw/t«"/c'  nr   lui  |i(>inl  ulori  rr-  n  Viiiuif  ru    >'0\,  fut   :iii«*i  piiblitie   «  P.trisdiPl 

rri'iKMii'P  m   Itjl'fl,   n   i:Hiiir   <lr    lu   •lifficull^    ile  Ki  vriivr  DurliitiK!  ,  nvrr  un  btuti  rrunii^pii-r  ^im- 

eaieulion  ,  «la  Glutk  lui-iutute  (  *^^^)•  ><^-  l^' »  p«rulci  Uc  Calutigi  .ivattui  rtv  lrailviiVc% 


GLU 

mis  en  franc  lis  les  paroles.  Les  ac- 
cords ravissantsduclianlre  de  Tlnace, 
lc5fn^/ordes  furies (  i  ) ,  loul  ii'eli.irmc 
répandu  dans  cet  ouvrage,  enlevèrciil 
les  suHrageSjCl  reconeilièient,pour  nn 
moment  ,  avec  Gluck  ,  les  partisans 
fruiçais  de  la  musique  itniicnue.  Deux, 
compositions,  d'un  mérite  bien  inlc- 
1  ieur  ,  suivirent  VOrplèâe  :  V Arbre 
enchanté ,  de  Vadc  ,  mis  en  vers  par 
lMolinc,ctrepresenteà  Versailles  le  •l'j 
février  1775,  et  la  Cjthère  asHégée  y 
de  Favart ,  donnée  sans  succès  à  l'O- 
péra, le  1^'.  août  de  la  racine  année; 
ce  qui  fit  dire  à  l'abbé  Arnaud  qu'lJer- 
culc  savait  mieux  manier  la  massue 
que  le  fuseau.  Le  9.5  avril  1776,  parut 
\Alceste,  mise  en  français  par  Du  Rol- 
Ict.  Cette  pièce,  remplie  du  pathélique 
le  plus  sublime,  est,  par  son  sujet 
même,  esscntie!lement  monotone, 
puistiu'unc  tristesse  constante  en  fait 
la  base  ;  et,  quoique  assez  exactement 
imitée  0! Euripide ,  il  n'a  pas  fallu 
moins  que  tout  le  ç;énie  de  Gluck  pour 
en  rendre  la  représentation  supporta- 
ble, pour  soutenir  pendant  trois  actes 
une  action  qui  ne  roule  que  sur  deux 
passions ,  l'affliction  et  l'cifroi,  et  dont 
le  dénouement,  plus  que  simple  ,  est 
facilement  prévu.  On  rapporte  qu'un 
homme  se  plaignant  à  Gluck  de  l'air, 
Caron  t'appelle ,  motivé  sur  une  seule 
note  :  «  Ami  ,  lui  dit  le  composi- 
»  teur  ,  dans  les  enfers  les  passions 
»  s'éieigncnt  et  la  voix  perd  ses  in- 
»  flexions  (2).  »  Nous  possédons  des 

en  prose  française  dès  1704-  Toutes  les  partitions 
franç.iises  soiil};ravéfS  ;  mais  la  plupart  foiirniiUcnt 
«le  fautes.  On  sait  que  cr  fut  Pliilidor  qui  fui  Tedi- 
teur  de  1.1  pjriiliou  d'Orp/i'-c,  et  qui  y  pilla  sans 
scrupule   pour  sou  Sorcier  cl  son  Lmëlirule. 

(i'  On  a  trouve  dans  les  papiers  de  Rousseau  , 
et  p'iblié  après  sa  mort  une  Réponse  du  Pelil-Fai- 
leuràion  préle-noni,  sur  le  (#.nss;!gc  de  VOrph^e 
que  nous  indiquons  ici.  Elle  coiilieni  d'utiles  ob- 
o-rvrflious  sur  la  n-'iture  et  l'emploi  du  genre  en- 
i>.irmoiiique  . 

[ij  Ne  pouv.  ni  tirer  des  inslruments  ,  par  la 
voie  ordinaire  ,  des  sons  assez  sourds  et  assez  lu- 
j^ubres  pour  accompaf^ner  ce  morcian,on  assure 
^uau\  repiilitions  il  imcjjina  d ûbcucLcr  les  cora 


GLU  5i9 

fragments  d'observations  de  Rousseau 
sur    ÏAlceste   italienne.  Elles    con- 
tiennent les  vues  les   j)liis  profondes 
et  les   j)lus   neuves  sur  la  nature  de 
la   musifjuc    dramalifjue  ,   et  sur  les 
trois  parties  qui  la  constituent.  L'au- 
teur y  montre  que,  si  l'accent,  dé- 
terminé par  le  poète,  asservit  en  quel- 
que   sorte  le  musicien  sous  sa   loi  , 
ce  dernier  a  du  moins  les   ressour- 
ces du  rhylhme  et  de  l'iiarnionie  , 
dont  l'heureuse  combinaison  lui  per- 
met souvent  de  voiler  les  défauts  du 
premier ,   et  de  suivre  sans  obstacle 
l'impulsion  de  son  génie.  Plus  de  douze 
bistres  n'avaient  point  afïiiibli  relui  de 
Gluck.  L'année  1777  vil  paraître  VAr- 
mide  de  Quinaull,  mise  jadis  en  musi- 
que d'une  manière  si  lamentable  par  le 
Florentin  Lulli.  C'est  la  seule  pièce  en 
cinq  actes  du  maître  allemand ,  per- 
suadé qu'il  était  que  l'allenlion  de  l'au- 
diteur se  faîiguebeaucoupplus  prorap- 
temenldans  les  compo.sitions  musica- 
les que  dans  les  tragédies  déclamées. 
Armide  excita  d'abord  une  vive  fer- 
mentation dans  le  public;  mais  la  magni- 
ficence du  spectacle,  la  perfection  du 
récitatif,  l'habile  emploi  des  contrastes, 
en  assurèrent  le  succès.  Celle  pièce  eut 
plus  de  trente  représentations  consé- 
cutives; et,  en  janvier  1778,  c'est- 
à-dire,  en  moins  de  quatre  ans,  les 
quatre  opéras  nouveaux  avaient  pro- 
duit plus  de  900,000  francs.  En  don- 
nant à  Larrivée  le  rôle  ingrat  du  che- 
valier Duuois ,    Gluck   lui  avait  dit: 
«  Un  seul  vers  vous  dédommagera  ,  je 
»  l'espère  ,   de    votre    complaisance  ; 
»  c'est  le  vers  :  Noire  général  vous 
»  rappelle, -t^  Jamais  prédiction  ne  fut 
mieux  accomplie.  Un  sujet  plus  tra- 
gique et  ])!us  sombie  ,  sujet  dont  l'a- 
mour est  exclu ,  où  deux  amis  ,  pour 


deux  à  deux  ;  en  «ortc  que  le»  tons  ,  en  se  lieiir- 
tant  au  passade  ,  produisirent  reflcl  «iéch'rant 
el  Idiiiijic   (ju  il  se  proposait.  Z. 


:r2o                  GLU  GLU 

sauver  l'un  d'entre  eux  ,  se  rouent  rc'-  et  sou  médecin  n'y  connaissait  pas  do 

ciproqucmeutà  la  raort,  oùleurbour-  plus  puissant  remède  que.  de  mcltic 

jcau  doit  cire  1.1  propre  sœur  de  l'une  sous  cief  tous    ses  inslniiucnts.  En 

desvidimcs,  Iffùgénia  en  Tauride,  1778,  le  i/^niars,  le  poi   avait  fait 

tcrmiiLT  la  carrière  lyrique  de  Gluck,  placer,  dans  le  foyer  de  l'Opéra,  le 

en  f  -^-jç).  Nul  ornement  étranger,  nulle  buste  de  Gluck ,  exécuté  par  Houdon , 

vaine  punipe,  nri'Ie  danse  Icj^ère ,  n'ai  -  sur  le  produit  d'une  .souscription  for- 

tcrent  IViustérite'dece  dranii .  Un  seul  uieV  par  les  admirateurs  de  ce  grand 

ballet  s'y  trouve,  et  ce  ballet  faitfré-  maître.  On  a  remarque  qi:e   ce  buste 

niir.   Les  chœurs,  rais  en  aclion^  sui-  fut  le  seul  préservé  des  ravapicscleTin- 

vantla  mclbod''  giecque,  loin  de  nuire  ccndie  qui  consuma  la  salle  du  Palais- 

à  l'intérêt,  le  fortifient;  ces  chœ^irs  lloyal.  La  révolution  opérée  dans  la 

qui  j  idis  n'étaient,  comme  le  dit  piai-  *  musique  en  France,  par  le  clicva'ier 

sammentral)béArnaud,quedesluy3ux  Gluck,  fut  le  signal  d'une  guerre  pres- 

sonores  ,  faisant  entendre  une  savante  que  aussi  vive,   mais  beuieuscment 

pièce  d'orgue.  LapiècccommcnccavcG  moins  sanglante  qiicceilc  qsu,  depuis, 

le  premier  coup  d'archet,  et  n'a  point  a  désolé  l'Europe  vingt-cinq  ans.  Les 

d'ouverture  préliminaire.     On  ne  sait  vieux  amateurs  ,  qui  se  pâmaient  en 

ce  qu'on  doit  le  plus  admirer,   delà  entendant  les  trilles,  les  cadences,  l»s 

lerapêle,  du   songe  d'iphigénie ,  du  ports-de-voix  des  Fel  et  des  Géliot, 

chœur  des   Ei:mén:dcs  ,  des   adieux  défendirent  avec  acharnement  leur  an- 

«fOreste  et  de  Pylade.  Lorsqu'après  tique  et  traînante  psalmodie.  Les  Z>of^ 

ses  fureurs,  Oresic  accablé  dit:  Le  funistes  ,  plus  exclusifs  encore,  ne 

calme  rentre  dans  mon  cœur ^  pour-  voyaient  de  muvique  que  dans  les  rou- 

quoi ,  demandait-on  à  Gluck,  ce  mur-  lades  ,   les  cavalnies  et  les  cantahile, 

mure  des  basses  ,  ce  glapissement  Piccini  débuta  sur  la   scène    lyrique 

//<?5  vioZon.s?  Il  ment, répond  ce  grand  en  1778,  par  l'opéra  de  Roland;  il 

lïomme,  il  a  tuésa  mère.  JNousne  fe-  donna  depuis,   comme  Gluck  ,   une 

j'ons   qu'mdiqucr  l'opéra  (ÏEcho  et  Jphigenie  en  Tauride.  Dès  ce  nio- 

JVarcisse  j  doimchï  même  année.  Ou  ment,  tout  Paris  fut  ou  Gluckiste  ou 

rencontre  quelques  beautés  dans   la  Piccinis'e.  On  attaqua  ,  on  défendit, 

musique;  niais,  en  général  ,  elle  se  on  se  distribua  force  injures;  (t  snr- 

jcssentdu  mauvais  choix  du  sujet,  et  tout  on  compara  des  choses  qui  u'é- 

cie  la  faiblesse  du  poème.  Gluck  avait  taient  nullement  comparables.  l'ji  eflVl 

entrepris  un  opéra  de  Roland  ;  mnis  il  la  faetiue  de  Gluck  et  celle  de  l^iecini 

jeta  ses  papiers  au  feu  quand  il  sut  que  présentent  entre  elles  de  telles  diflé- 

Piccini  .s'occupait  du  même  sujet.  Il  a  renées,  qu'il  est  impossible  de  s'en- 

laissé  ifnparl.ut  celui  des  Danaïtlcs  y  tendre  quaiul  ou  veut  rapprocher  les 

que  Salicri  termina  de  la  manière  la  ])rocédés  employés  par  chacun  d'enx. 

plusheu)  euse.Celopéra  fut  ie[)résenié  (hioi  qu'en  ])uissent  dire  les  partisans 

*ii    ]  78/1.  Rassj>ié  d(;  gloire,  comblé  du  dernier,  ses  jolis   chants   ne  sont 

<le  richesses,  Gluck  r{ tourna  dans  sa  qnedelanursicpieitalienne.Onyirouvc 

]>atrie  veis  I  "87,  Il  mourut  à  Vienne  ,  iV'^  beautés  sans  doute  ,  une  harmo- 

d'unc  attacjiie  d'apoplexie  ,  le  l 'i  no-  nie  brillante  ,  dis  coupes  Ireiireuses  , 

vembre  1  787,  laissant  une  succession  des  tableau\  vrais  ,  des  scènes  patlié- 

<le  plus  de  tioo, 000  livres.  Il  avait  été'  lupu'.s  ,  niais  point  d'unité.  Tout  cria 

l'ujle  sa  vie  sujet  au  choiera- mm  hits  ;  ne  fera  jamais  de  1)  musique  drama- 


tw]!;c.  Quant  à  (iluck,  pour  se  coii- 
vauicrc  (le  sa  supcrioiitc'  sur  les  autres 
in;iîtrcs,il  sulVil  de  remonter  aux  prm- 
ripes  lie  l'art.  Les  sons  n'en  doivent 
.'irc  que  la  matière  ,  comme  la  terre 
l'est  pour  le  sculpteur,  les  couleurs 
jKiur  le  peintre.  Aussi  Gluck  a-t-il  dit 
souvent  qu'avant  de  composer  ,  il 
tachait  d'oublier  qu'il  était  musicien. 
Lnili^r  l'ac<  cnldespas^'ions,  peiudreles 
objets  qui ,  picseiils  o<»  rilrace-  sur  la 
scène  ,  concourent  à  l'action  drama- 
tique ,  tel  doit  être  le  dou])le  but  de 
l'arliatc-  De  ces  deux  p^inlurcs ,  la 
secoirde  ajiparlient  à  rorclicslre  :  et 
quel  maître  a  su  tirer  des  in«frumcnls 
un  aussi  grand  parti  que  Giuck  ?  Sou- 
vent ,  dans  ses  compositions  ,  ils  pei- 
gnent les  tableaux  les  plus  vastes,  les 
images  les  plu5  terribles.  C'est  dans 
son  orchestre  que  vous  trouverez  la 
pompe  imposante  des  sacrifices,  les 
îioncurs  de  la  ç^uerrc  ,  rcffort  des 
vents  ,  le  mugissement  des  tempêtes  , 
l'éclat  de  la  foudre,  le  cri  qui  rappelle 
à  la  gloire  l'amoureux  lîenaud  ,  la 
peinture  elïVayante  des  enfcis,  le  gé- 
missement des  mânes,  l'aboieraent  de 
Cerbère  ,  le  calme  inaltérable  des 
Champs-Elysiens.  C'est  Gluck  qui,  le 
premier  en  France ,  a  lait  connaître  le 
trombone,  dont  l'empioi,  sagement 
ménagé  ,  donne  aux  peintures  de  l'or- 
chestre une  couleur  si  vigoureuse.  Pos- 
sédant à  fond  le  génie  de  \a  langue 
française ,  il  saisit  toujours  avec  jus- 
tesse renchaîuement  des  [)hrascs ,  la 
coupe  du  discours.  Il  ne  faut  que  par- 
courir ses  ouvrages  pour  reconnaître 
que ,  partout ,  il  observe  l'accent  lo- 
gique avec  le  j)Ius  grand  soin  ;  ce  que 
nul  aulre  musicien  n'a  fait.  Lorsque  la 
facture  d'un  air  nécessite  la  répéiilioii 
des  paroles,  il  l'amène  adroitement, 
et  sait  les  couper  avec  une  habileté 
r.iie.  Nous  n'en  citerons  poiu'  exemple 
que  l'air  d'Iphigénic  :  Cruelle ,  non 


r. 


GLU  5m 

jamais  votre  inflexible  cœur,  etc. 
Mais  ce  (pii  d(jit  surtout  éterniser  s  » 
niémoire  ,  ce  (jui  l'élève  teliement  au- 
dessus  des  nulles  composit<'urs,  quil 
nous  a  ravi  tout  espoir  de  voir  naître  ja- 
mais son  égal,  c'est  son  inépuisable  ta- 
lent pourlegcîin:  p.ilhéli'jue.Décîama- 
teur  consomme,  il  a  saisi l(\s  infl»  xions 
mcmc  de  la  nature  ;  rt,  rapprcjchant,  à 
IVxemple  des  anciens,  le  (h'aitdc  la 
déclamation,  il  semble  avoir  défrrrai- 
né  le  point  où  finit  l'une  et  où  l'autre 
commence.  On  lui  a  reproche  de  jnan- 
quer  de  chant,  tandis  que  Rousseau  , 
le  plus  éclairé  des  juges  en  celte  ma- 
tière, disait  que  léchant  lui  sortait  par 
les  porcs.  Que  répondre  à  des  gens 
qui  ne  trouvent  de  chant  que  dans  nos 
insignifiantes  ariettes  ,  qui  bornent  î.i 
musique  à  l'agréable  combinaison  des 
sons,  et  qui  se  soucient  fort  peu  d'être 
émus  ,  jiourvu  que  leur  oreille  soit 
satisfaite?  C'est  préférer  le  menuet  de 
Marcel  et  les  pirouettes  de  Duport 
aux  pantomimes  de  Noverrc.  Nous  le 
répétons  ,  et  chacun  avec  de  la  bonne 
foi  peut  s'en  convaincre,  le  grand  mé- 
rite des  compositions  de  Gluck  est 
que  toutes  les  parties  en  sont  liées 
entre  elles  ,  et  présentent  néanmoins 
une  telle  variété,  que  l'auditeur  arrive 
à  la  fin  du  drame  sans  s'apercevoir 
que  son  attention  ait  été  captivée.  Son 
chant ,  simple  et  naturel ,  n'est  jamais 
déparé  par  des  ornements  superflus  ; 
son  récitatif  est  rapide  ,  vrai ,  tt)Uio;jrs 
noble;  ses  airs  de  danse  (i)  sont  de 
la  plus  aimable  fraîcheur.Ses  chœurs  , 
toujours  en  action  ,  loin  d'alfaiblir  l'in- 
tciét,  ajoutent  souvent  au  pathétique 
de  la  situation.  Enfin,  ses  ouvrages 
sont  le  résultat  d'une  méditation  telle 


(i)  Dans  toutes  les  traj^c'ùies  lyriques  di;  Gluck  , 
ses  ^irs  lie  «iaiisc  j)<>rl«'nl  .lu  plus  haut  ilej-rc  le  e. - 
r;iclcri;  tles  peisoiina.;;»  ;:.  du  pays  et  île  I  i  silualiori. 
Il  est  asicz  rein<irt]uul)le  que  cet  boniiue  ,  auquel 
SCS  ennemis  refusincut  «lu  c/i»iu  ,  sjil  le  »eul  qui 
ait  su  faire  Uacif t.  '£. 


5i2  G  L  U 

que,  presque  toujours,  il  mettait  une 
année  entière  à  préparer  son  sujet 
avant  de  rien  écrire,  et  qu'il  n'a  pas 
donné  d't>pér.)  qui  ne  lui  ait  coûté  au 
moins  une  m;iladie.  Burncy  l'appelle 
le  Michel- An^e  de  ia  musique  ;  le  P. 
Martini,  et  Wieland  ,  nssez  mal  nom- 
mé le  T^oltaire  de  rAIIem.igne  ,  lui 
donnent  les  plus  grands  éloges.  Un 
derni(T  tr.iit  achèvera  de  prouver  com- 
bien Gluck  fut  supérieur  aux  autres 
lijusicicns  par  l'instruction.  Rousseau, 
fiaj)pé  de  la  sévérité  du  rôle  d'Hélène 
dans  l'opéra  df  ce  nom ,  disait  :  «  C'est 
y>  comme  Spartiate  que  Gluck  a  peint 
*  Hélène;  mais  il  a  fait  un  anncliro- 
wnismc,  puisque  Lycurguc  ne  dicta 
»  ses  lois  aux  Lacédémoniensquelong- 
»  temps  après  la  femme  de  Ménélas. 
»  —  Aussi ,  répondit  l'artiste ,  ce  n'est 
»  point  par  celte  raison  que  j'ai  peint 
»  Hélène  sévère ,  c'est  parce  qu'Ho- 
»  mère  nous  ia  représente  ainsi.  » 
(Homère  ditqu'clleétait  estimée  d'Hec- 
tor.) Plus  les  compositions  de  Gluck 
sont  parfaites,  plus  on  conçoit  qu'il  est 
facile  d'en  dénaturer  l'expression  si 
l'on  en  altère  le  mouvement.  «  Que 
»  Ton  fasse,  dit-il  lui-même,  lemoin- 
»  dre  changement  à  mon  air,  CheJ'ard 
V  senza  Euridice ,  soit  dans  le  mou- 
>♦  vement,  soit  dans  la  tournure  de 
»  l'expression,  et  cet  air  deviendra  un 
»  nir  de  marionettes.  Il  ne  serait  pas 
n  même  impossible  d'en  faire  une  con- 
»  tredanse.  »  Aussi ,  du  temps  de 
(iluck  ,  avions-nous  proposé  de  fixer 
le  mouvement  de  Ions  ses  airs  par  le 
moyen  du  duonomèlre.  (lel utile  pro- 
jet est  jus(pi'i<:i  resté  sans  exécution  (  i  ). 


I  I  )  l)i>  luit  l>r.-iiiriiiip  ili;  liriiil  m  et*  iniiiiit'iit 
ii'un  rhroiioiiii  Ir  K  ipir  l'on  \iiu<lriiit  I  urr  niiJsrr 
liiMir  unr  iiivriition  iiDiivcllr  ,  rt  t|iii  <l<  vait,  ilil-nn, 
«  IfC  ninployi!  ,  un  <!iiiMri'vntoirr  de  l'.irii,  pour 
litrr  Ira  niduvrmt'nls  <lrf  «liviirn  i  roiupiMiti<>ii« 
rLiisiiinri.  Ir  (°liriiii<>iii<Mrr  n'iril  <|iriino  u|>|ilii'j- 
It'in   |i'irti<-iilicrn   du    |iriidiili'    ,   cl    smi    ii>ji);ii    cit 


GLU 

Aujourd'hui,  la  tradition  est  perdue  ; 
et  ses  opéras  ne  sont  plus  exécutés 
comme  ils  devraient  l'être.  L'abbé  le 
Blond,  enthousiaste  du  compositeur 
allemand,  a  réuni,  sous  le  titre  àc  Mé- 
moires pour  servir  à  Vhistoire  de  la 
révolution  opérée  dans  la  musique  , 
etc. ,  Paris,  i-jBi  ,  in-8'. ,  quelques- 
unes  des  pièces  publiées  pour  et  contre 
pendant  la  guerre  musicale.  M.  Suard 
et  l'abbé  Arnaud  figurent  parmi  les 
défenseurs  du  chevalier  ;  Framery,  La 
Harpe  et  Marmontel  ,  prirent  le  parti 
des  Italiens,  et  se  couvrirent  de  ridi- 
cule par  leur  ignorance  dans  l'art  qu'ils 
voul.iient  traiter.  Riedel  a  donné,  en 
allemand  ,  un  livre  intitulé  :  Sur  la 
musique  du  chevalier  Gluck,  Vienne, 
177.5,  in-S".  D.  L. 

GLUCK  (Ernest)  était  pasteur 
et  archidiacre  dans  la  petite  ville  de 
Maricnbourg  en  Livonie.  Ce  fut  dans 
sa  maison  que  trouva  un  asile  cette 
jeune  fdie  d'une  origine  obscure 
et  presque  inconnue  ,  que  des  cir- 
constances extraordinaires  élevèrent 
ensuite  sur  le  trône  de  Russie  sous  le 
nom  de  Catherine  L  Les  Russes  ayant 
pris  Marienbourg  sur  les  Suédois  en 
1702,  après  un  siège  très  meurtrier  , 
tous  les  habitants  de  celle  malheu- 
reuse ville  furent  exilés  et  dispersés 
en  différentes  provinces  de  l'empire. 
On  n'épargna  point  le  pasteur,  qui, 
après  avoir  éprouvé  des  traitements 
bail>ares,  fut  envoyé  à  Moscou  avec 
s»  famille,  y  compris  la  jeune  fille, 
dont  il  était  le  protecteur.  On  con- 
naît les  destinées  (|ui  la  conduisirent 
au   faîte  des  grandeurs.  Gluck  ,   de 

<  lin  ,  li(»rln';rr  ou  l'aUi»  RiivhI  ,  m  fil  voir  un  au- 
iiiicl  il  doiiiuiit  Ir  nom  «le  rlij  tlnuuiiirlrr.  A  r^g«< 
jilt'  !■>  plus  |>iirl'<iile  dans  l<<t  «m  illilions  ,  cet  iiis- 
triiinc  lit  joi^ii.iii  Ir  incrtlo  piirlioiilicr  «te  pouvoir 
iii  rclirrr  un  rclnid**)'  n  noIoihc  et;*  os  cil  lut  ions  ,  cl« 
sorif  ipic  ,  p.ir  un  ini  (i.iiii«ntiJ  trvs  simple  ,  le  innt" 
Irc  .Ml  Ciiniliii  tnir  pouvait  «  son  ^xé  prrtscr  oi| 
»ii(i('ii.  l'onri^lrr  nni  t ,  il  doit ,  coiniur  «  c  di  rnirr,  r  ilriilir  la  iiiri  nre  ,  s  111.1  «'prouver ,  dai;s  cv»  divcH 
#i*ir  un  (  •inpCBMU'ur.  Lu  17^7  ,   ua  uoiuiuO  Uu'       tbuu^'suicul)  ,  lu  plu*   k^jnr  rclarii. 


r.  LY 

concert  nvic  le  pic'rcptc  nr  île  ses  m- 
l'riiits,  cl.iblil  dan^  le  palais  Narisch- 
kiii  à  Moscou  un  iuslitul  tVcducalioii , 
et   traduisit  lui-mnnc  ou  fit  traduire 
en  russe  MU  <;raiid  nombre  d'oiivra«^es 
allemands,  li  mourut  au  moment   où 
rorpliclinc  qu'il  avait   lerucdlic  dans 
sa  détresse  eomnjençail  à  entrer  dans 
Il  eairière  de  la  fortune,  et  cajitivait 
le  cœur  de  Pierre-h'-Cirand.  Parvenue 
jus([u'au   trône  ,    Catherine    i/oublia 
point  la  famille  qui  avait  protc|:^é  son 
enfance.  Gluck  avait  laissé  un  fils  et 
une  fii!e.  Le  fils,  qui  s'était  appliqué 
avec  beaucoup  de  succès  aux  éludes  , 
fut  employé  comme    conseiller   dans 
le  dépai  temcnt  des  finances.  Modeste 
et  même  timide,  il  ne  chercha  point 
une  fortune  brillante,  et  se  borna  à 
remplir  avec  z-èle  les  devoirs    de    sa 
place.  Sa  sœur,  Marthe  Gluck,  de- 
vint dame  d'honneur  de  Timpératrice , 
qui  lui  fil  épouser  l'amiral  Viilcbois. 
C'était  un  Français  que  le  sort  avait 
conduit  en  Russie  au  commencement 
du  règne  de  Pierre,  et  qui  avait  gngné 
l'aflc'Ction  de  ce  monarque  pai'la  viva- 
cité de  son  esprit  et  ractivilé  de  son 
caractère.  Il  était  veuf  lorsqu'il  épousa 
]\[arlhe  Gluck  ;  et  il  laissa  de  ses  deux 
mariages  des  fils,  dont  le  plus  remar- 
quable a  été  le  grand -maîlre  d'artil- 
lerie Alexandre  Viilcbois  ,  qui ,  dans 
nu  â^e  avancé,  chercha  à  plaire  à  Ca- 
therine II,  et  qui,  ])our  témoigner  son 
dévouement  à  cette  princesse,  contri- 
bua a  lui  faire  oblenir  le  pouvoir  su- 
piêrac  au   moment    où    ce    pouvoir 
cchajip.iit  à  Pierre  lll.       C — au. 

G  L YCA  S  (  MicuEL  ) ,  l)islorien 
byzantin,  habitait  en  Sicile,  et  vivait 
au  xv*".  siècle  selon  quelques  criti- 
ques ;  mais  l'opinion  commune  le 
place  au  xii*".  Le  savant  C.  G.  Waich, 
qui  a  inséré  dans  les  IMémoires  de 
Vacadémie  de  Goltingue  (  i  ';8o,  tom. 
y^  hist.  pag.  i8-44)  ;  ^^^'^  Disscita- 


G  T.  Y 


).  » 


lion  spcViale  sur  cet  (»!))( t,  finit  par 
l.iisser  indécis  ce  point  de  chronolo' 
gie.  G  ycas  composa  en  grec  des  y/n- 
lutli'S  qui  trait<  lit  de  ce  qui  s'est  j>a^sé 
depuis  la  cré  ilion  du  niondc  jus(ju*à 
Alexis  Comncnc  ,  mort  en  iiiB. 
Celle  chronique  esl  encore  consultée 
avec  fruit,  non  seulement  pour  quel- 
ques faits  historiques,  mais  encore 
])0ur  des  notions  qui  servent  à  l'in- 
telligence des  livres  de  la  Bible ,  et 
qu'il  a  tirées  d'auteurs  que  nous  n'a- 
vons ])lus.  Lcunclavius ,  qui  publia 
en  latin  cet  ouvrage  (  Baie,  i57'>.  , 
in-8".),y  ajouta  une  cinquième  [)ar- 
tie,  qui  conduit  jusqu'à  la  prise  de 
Constantinoplc.  Meursius  donna  une 
partie  du  texte  grec  (  depuis  CeVar 
jusqu'à  Constantin  le  Grand),  d'a[)rès 
un  manuscrit  d'André  Schott  qui  at- 
tjibuait  ce  fragment  à  Théod.  Meto- 
chita,  et  y  joignit  nue  version  latine 
et  des  notes  ,  Leyde,  1G18,  in  -  f\\ 
Enfin,  l'ouvrage  entier,  grec  et  latin, 
fut  publié  par  le  P.  Labbe ,  Paris, 
1660,  in-fol.  Cette  édition  ,  qui  est  la 
plus  complète  et  la  seule  qui  soit  re- 
cherchée, fait  partie  de  la  Byzantine. 
Glycas  est  encore  auteur  de  plusieurs 
Lettres  qui  sont  instructives  et  cu- 
rieuses. La  plupart  roulent  sur  des 
matières  théolo^iqufs.  On  en  trouve 
quatre-vingt-treize  dans  un  manuscrit 
de  la  bibliothèque  royale  de  Turin  : 
J.  Lami  n'en  a  publié  qu'un  petit  nom- 
bre (1),  d'après  un  manuscrit  de  la 
Bicardiana,  qui  n'en  contient  que 
quatorze.  C.  F.  Mattha.n  en  a  aussi 
publié  quelques-unes  d'après  un  ma- 
nuscrit de  Moscou,  Leipzig,  1777, 
in-8".  C.  M.  P. 


(i)  11  en  a  donné  cinq  dans  le  premier  voliinif 
de  ses  DeiicicK  eruditoriim  ,  i^^G,  in-8°.,  et  cin<^ 
linns  le  septième  en  i7'ij)-  U  a  donné  si'piirrmcnl, 
vers  f^S,  le  discours  de  Glycas,  (ifi  inonachuni  , 
De  clatitale  priini  Ad^v.  François  Foiitana  a, 
pul)lic  les  (jualre  autres  lettres  (|ue  contenait  1" 
manuscrit  de  la  Ricardian.i  ,  dans  les  NqVix  Ollir 
<ij<.^!U-n  (hlicitK  y  t«m.  i,  ijiij,  iu-S*^. 


5^4                  G  L  Y  G  M  E 

GLYCÉRIUS,  empereur  romain  îion  qui  porte  son  nom ,  ne  fui  inlro- 
d'Occident,  fut  un  de  ces  souverains  duiîe  que  postcrieureFnent  au  siècle 
que  les  barbares,  depuis  longtemps  d'Alexandre;  et  le  silence  que  géirde 
maîtres  de  l'empire,  plaçaient  à  leur  Pausanias  sur  ce  sculpteur  doit  faire 
grc  pour  quelques  instants  sur  un  penser  qu'il  avait  peu  travaille'  pour 
tronc  dégrade  dont  rien  ne  pouvait  la  Grèce  sa  patrie.  On  peut  en  con- 
rctarder  la  cbute.  Ricimer  avait  fait  dure  qu'il  fut  du  nombre  des  artistes 
couronner  Olybrius  ,  qui  mourut  grecs  que  la  magnificence  et  la  puis- 
presque  aussitôt  en  47^-  Giindo-  sance  romaine  appelèrent  en  l'alie 
bald,  prince  bourguignon  ,  neveu  de  vers  la  fin  de  la  république.  L'abbé 
Ricimer,  voulut  aussi  faire  un  cm-  Dubos  s'est  trompé  en  avançant  que 
pereur  j  il  revclit  de  la  pourpre  Gly-  PliueacitélenomdeGlycon.L — S — e. 
cérius ,  guerrier  obscur,  attaché  à  son  GMELIN  (Jean-George),  bota- 
scrvice.  A  peine  sur  le  trône,  Glycé-  nistc  allemand,  fils  de  Jean-George 
rius  \it  attaquer  l'Ilalie  par  \ide-  Gmelin,  habile  pharmacien  de  ïubin- 
mir,  roi  des  O^trogolhs  ,  et  obtint  à  gen,  naquit  dans  celte  ville  en  1709. 
prix  d'argent  qu'il  se  retirerait  dans  Jl  fréquenta  l'université  dès  l'âge  de 
les  Gaules.  L'année  suivante,  Léon,  quntor/.e  ans ,  et  prit  ses  degrés  en 
premier  empereur  d'Orient  ,  irrité  médecine  en  1727  :  voyant  que  plu- 
que  Glycérius  eût  été  nommé  sans  sieurs  de  ses  maîtres  étaient  partis 
son  consentement,  donna  l'empire  pour  Saint  Pétersbourg,  il  s'y  rendit 
d'Occident  à  Jules  Népos  ,  et  le  fil  dé-  aussi,  et  s'y  distingua  bientôt  par  son 
clarcr  Auguste  à  Ravennc.  Glycérius  ,  habileté  dans  l'anatomie  et  la  pratique 
surpris  dans  Rome  par  son  rival,  con-  de  la  médecine  ;  il  fut  reçu  membre 
sentit  sur-le-champ  à  renoncer  h  l'em-  de  l'académie  des  sciences,  el,  ayant 
pire,  et  à  recevo  r  la  mitre  et  l'éve-  voulu  retourner  dans  sa  patrie  deux 
ché  de  Salone  en  Dalmatie.  On  doute  ans  après,  on  le  retint  en  lui  faisant 
si  ce  fut  ce  même  Glycérius  qui  de-  accepter  la  chaire  de  chimie  et  d'his- 
viut  archevêque  de  Milan  pour  s'être  toire-naturelle,  qu'il  remplit  avec  beau- 
prêté  h  l'assassinat  de  Népos  en  4H0.  coup  de  talent,  il  ne  s'était  engagé  à 

L — S — E.  rester  en  Russie  que  jusqu'en   i755; 

GLYCON ,  statuaire  grec,  n'a  été  mais  il  ne  put  résister  au  désir  de 

cité  par  aucun  auteur  ancien;  mais  faire  partie  de  la  caravane  savante  que 

son  nom  est  immortalisé  par  le  chef-  l'impératrice  Anne  Iwanowua  avait  ré- 

d'œuvrc  qui  nous  l'a  transmis.  La  sta-  solu  d'envoyer  poiir  explorer  la  Sibi- 

tuc    dite    V  Hercule    Farnèse  ^    ou-  rie,  et  pousser  ses  recherches  jusqu'au 

vragc  de  Glycou  ,  comme  le  témoigne  Kanitschatka  ,  pays    encore  presque 

riuscripliuu  qu'où  y  lit  encore,  réu-  ineonuus.  l/cxpéditiou  était  composée 

nit  toute  la  vigueur  et  le  grand  carac-  de  (i'ueliii,   comme   naturaliste,   de 

îère  que  les  plus  anciens  sculpteurs  Deli^lc  de  la  Croyèrc,  comme  astro- 

grees  firent  briller  dans  leurs  ompo-  nome,  et  de  G.   F.  Millier,  comme 

.■citions  il  la  finesse  de  rexéculiou,  h  historien.  Ou  leur  adjoignit  six  étu- 

la   grâce  ,  au    moelleux,  qui  disliu-  (liants,  un  interprète,  cinq  géome- 

guèrent  les  ouvrages  de  Praxitèle  (t  1res,  un  niécanieieu  ,  un  peintre  et  un 

de  ses  imitateurs,  (i'e.st  parmi  ces  der-  dessinateur.    JVring,    Tchirikoll    et 

niers  qu'il  fuit    placer    Glycon.    La  ^|)angenberg,  faisaient  aussi ,  comme 

forme  de  \'ume^a  f.)  dans  l'inscrip-  marins,  pailie  de  l'expéilition  ;  mais 


G  M  E 

ils   parlireiil  avant  les  acadcmiciens. 
(-ciix-fi  se  mirent  en  roule  avec  leur 
troupe  If  S  août  i -^53,  |)as.sèient  par 
('a^^an,  entrèrent  en  Sibirie  à  la   (in 
(le  (Ucenibre  ,  et  à  Tubolsk  le  âo  jan- 
vier 17')  |.  Dclisie  1<S  (piitla  pour  al- 
b'i'  rejoiMiIre,  avec  le  dflailic'iiicnl  tie 
marins,  le  capitaine  Ufiin^:  Gtnelin 
et  Millier  s'enib.uq'ièrent   le  .14  mai 
sur  i'irliscli ,  qu'ils  remanièrent  au 
milieu   des   jjteppes   habitées  par  (les 
liortles  nomades.  On  y  voit  cp  irscs  les 
ruines  de  monuments  qui  attestent  le 
séjour  d'un  peuple  plus  civilise.  C'est 
dans  une  de  ces  ruines  qu'avaient  cte 
trouve's  les  manuscrits  tanguts  décrits 
j>ar  Bayer,  [^es  voYaj;eurs  voulurent 
aller  visiter  le  temple  d'Ablaikit;  leurs 
préparatifs  étaient  faits  :  des  obsta- 
cles  ks  retinrent  j  ils  se  contentè- 
rent d'y    envoyer    un  détachement. 
Après  avoir  examine'  les  mities  de  cui- 
vre   de  Kohwan ,   ils    f;aç;nèrcnt    le 
bord  de  l'Obi,  puis  ceux  du  le'nisei , 
et  allèrent  passer  l'hiver  à  Icniseisk. 
«  Le  froid  y  était  si  excessif,  dit  Gme- 
»  lin 7  qu'à  la  mi-dccembre,  l'air  mê- 
»  me  p  iraissait  gelé;  la  brume  con- 
»  densëe  ne  laissait  pas  monter  la  fu- 
»  me'c  des  cheminées.   Plusieurs  oi- 
»  seaux   tombaient   du    ciel    comme 
»  morts.  »  En  février  1^55,  Gmelin 
et  Millier  se  remirent  en  route  pour 
Irkoufsk;  traversèrent,  le  27  mars, 
le  lac  Baïkal  encore  gelé,  et  retrou- 
vèrent Delisle  à  Kiatcha  ,  placé  sur  la 
frontière  de  la  Chine, au  milieu  d'une 
misérable  steppe,  qui  ne  produit  rien. 
Après  être  retournés  à  Selinginsk,  ils 
se  dirigèrent  vers  l'est,  visitèrent  les 
rames  d'argent  d'Armin  dans  le  pays 
des  ïuDgouses,  et allcrenlbien  près  du 
fleuve  Amour.  Revenus  vers  l'Ouest, 
ils  traversèrent  le  lac  Baïkal  à  la  voile. 
Une  tempête  affreuse  les  y  accueillit. 
Ees  bateliers  l'attribuèrent  au  cour- 
roux du  Baïkal,  irrite  de  ce  que  les 


r,»*: 


GME  5'2» 

voyageurs,  nu  lieu  de  l'appeler  mer, 
l'avaient  simplement  traité  de  lac.  Oii 
passa  l'hiver  à  likoutsk.  Dès  le  mois 
de  janvier  i-^TyC),  les  deux  académi- 
ciens  parcoururent   les   pays  arrosés 
par  l'Angara  et  la  Lena  ,  et  se  sépa- 
rèrent, (imeiin  ,  arrivé  à  Iakoutsk  eu 
septembre,  y  retrouva  Millier  et  De- 
lisle. A  celte  distance  immense  de  St.- 
Pélersbourg,  les  ordres  du  gouverne- 
ment n'obtiennent  pas  toujours  une 
obéissance  complète.  Les  académiciens 
et  leur  suite  eurent  bien  de  la  peine  à 
se  procurer  des  logements  passables  : 
dès  la  fin  de  scpîernbrc,  la  Lena  cha- 
ria  des  glaces  ;  et  pour  mettre  le  com- 
ble   aux   désigrémen'.s    que  Gmeliu 
éprouvait,  un  incendie  affreux  dévora 
SCS  livres  et  le  fruit  de  ses  dernières 
observations.  L'hiver  fut  plus  doux  et 
moins  long  qu'on  ne  l'aurait  cru;  et, 
le  20  îuai   ï7'57,  Gmelin  et  Midler 
purent  examiner  les  environs  de  Ia- 
koutsk ,  en   attendant   l'occasion  de 
partir  pour  Ochol>k  ;  mais ,  malgré 
leurs  représentations  réitérées ,  ils  ne 
purent  se  faire  donner  par  les  agents 
du  gouvernement  les  objets  qui  leur 
étaient  nécessaires  pour  eutrepren  Jre 
cette  longue  cî;  pénible  route,  et  aller 
ensuite  jusqu'au  Kimt>chalka. Voyant 
qu'il   n'y   avait  qu'inctrtitude   sur  le 
temps  et    les    moyens  de  continuer 
le  voyage  jusqu'au  terme  qui  leur  était 
prescrit ,  il  leur  parut  convenable  de 
remonter  la  Lena  ,  tandis  que  Delisle 
la  descendrait.  Gmelin  avait  d'ailleurs 
à  réparer  la   perte  que   lui  avait  fait 
éprouver  l'incendie  de  l'hiver  précé- 
dent ;  ainsi ,  après  avoir  recueilli ,  avec 
Millier,  tous  les  renseignements  qu'ils 
avaient  pu  réunir  sur  Likontsk  et  le 
]iaysd*a:entour,ils  résolurent  de  passer 
l'hiver  à  Kirensk,  sur  le  Haut-Léna, 
Ii<  u  011  ils  étaient  à  l'abri  de  toute  es- 
pèce d'importunité,  et  <a  portée  de  cor- 
respondre facilement  avec  toutes  les 


bS                G ME  G ME 

TJlles  de  la  Siblrie.  Rien  ne  troublait  ciens ,  Gmeliii  écrivit  qu*i!  diffVrcrail 

la  tranqiiil'ilédoiit  ils  jouissaient  dans  son  départ  ju'^qu'à  ce  qu'il  connût  les 

celte  solitude,   lorsque    la   mauvaise  dernières  résolutions  de  la  cour ,  et 

santé  de  Millier  le  contraignit  à  partir,  que  dans  l'intervalle  il  parcourrait  les 

ru  novembre,  pour  Irkoutsk  ,  où  il  es-  pays  silue's  sur  les  bords  du  lénise'i ,  eu 

gérait  d'ailleurs  obtenir  de  la  chan-  remontant  jusqu'à  Krasnojarsk.il  s'ar- 

celierie  des  secours  pour  le  voyage  an  rêta  là  avec  Miiler  ,  qui  le  quitta  le  2 

Kamtsctka.  Ceha  fut  dans  cet  espoir  février  i740'  ï^t;  lôjum,  Graeiiusor- 

qucGmclin  quitta  Kirensk,  en  février  tit  de  sa  solitude  pour  examiner  les 

itjS,    pour  rejoindre   son  compa-  déserts  voisins  j  et  deux,  mois  après  il 

gnon  :  il  y  arriva  malade;  les  frimas  reçut  un  exprès  qui  lui  fit  espérer  soa 

lui  avaient  pénétré  le  corps.  Les  solii-  retour.  11  se  rendit  aussitôt  à  Tomsk  , 

citations  des    deux  académiciens  au-  où  il  trouva J.  E.  Fischer,  son  nouvel 

près  du  gouverneur,  qvii  fit  pour  les  adjoint  pornr  les  recherches  histori- 

obliger  tout  ce  qui  était  en  son  pou-  qucs,qui  partit  pour  Irkoutsk  en  jan- 

voir,  les  convainquirent  de  l'impossi-  vier  i74ï'(  f'oj.  Fischer.)   Ce  fut 

bilité  de  remplir  complètement  leur  sur  les  bords  de  TOby  ,  que  Gmclin 

mission.  Ils  convinrent  donc  d'écrire  reçut,  le  25  juin  ,  la  permission  de 

;i  Saint-Pétersbourg  pour  demander  retourner  à  Saint-Pétersbourg.   Il  se 

leur  rappel,  et  continuèrent,  en  atten-  bâta  d'aller  rejoindre  Millier  à  Tobolsk. 

dant,  leurs  observations  :  ils  visitèrent  Ils  partirent  de  cette  ville  à  la  fin  de 

les  pays  arrosés  par  l'Angara,  et,  le  septembre,  examinèrent,   en  i']^\'î  , 

25   août,  entrèrent  à  léniséisk.  En  une  grande  partie  des  pays  situés  entre 

janvier  1  709  ,  Stellerairiva  de  Saint-  l'Oby  et  le  Jaïk,  rentrèrent  en  Europe" 

Pétcrsbourg,  pour  les  aider  dans  leurs  au  commencement  de  1  74^  »  ^'^  P''^" 

travaux.  Ils    l'envoyèrent    rejoindre  nant  leur  route  par  Wologda  ,   arri- 

Deiislc;  et,  dès  que  la  navigation  fut  vèrcnt  à  Saint-Pétersbourg  le  iGjan- 

ouvcrte,ils  descendirent  le   lénisèi ,  vicr.  Gmelin  ayant  obtenu,  en  1747, 

jusqu'à  Mangaseia,  près  du G6".  de  la-  la  permission  de  retourner   dans  sa 

lifude  boréale.  Le  21  juin,  ils  y  vi-  patrie,  se  démit  de  tous  ses  emplois 

renl   tomber  une  neige   abondante:  en  Russie.  Ou  lui  donna,  en  1749,  la 

c inq  jours  après  ,  la  végét.ition  faisait  eli.iiie  de  botanique  et  de  chimie  à  Tu- 

des  progrès  sensibles.  A  leur  relotir  à  bingen.   L'ardeur  avec  laquelle  il  se 

If'ni^éisk,  Muller  trouva  des «lépêchcs  livra  au  travail,   et  1rs  fatigues  qu'il 

qui  le  dispensaient  de  continuer  ses  avait  ])rcV.édemmcnt  éprouvées  et  qii 

voyaf»es  eu  Sibirie  ;  mais  en  même  avaient  beaucoup  altéré  sa  santé,  lui 

tf;nips,Guielin  reçut  ordre  d'y  rester,  causèrent  une  complication  de  maux 

et   (ie  se  préparer  à   partir   pour  le  auxfjuels  il  succomba  le  io  mai  i  755. 

Kamlschalka  le   plus  tut  qu'il  serait  «  Ce  fut,  dit  Millier,  une  vraie  porîc 

possible.  Il  ne  redoutait  rien  tant  (pie  »  pour  les  sciences;  car  il  s'en  fallait 

<:c  voyage,  prévoyant  les   peines  (pie  »  be<iui!oup  qu'il  eût  mis  au   net  h  s 

lui   ferait   essuyer    la    mauvaise   vo-  »  observations  aussi  nombrcu>îes  qui- 

lonlé  de  ceux  dont  il  des  ait  dépendre  »  ciiri(usis(pi'ilavait  failesen  Sibirie.  » 

pour  passer  danscetteprescprile.  Coin-  On  a  de  Gmelin:  1.  Flora  Sihirica 

lue  ou  ne  savait  pas  en«  oie  a  S.-Pélers-  siue  historiu  plantai  uni  Sihiriœ,  St.- 

boiirg,  au  (h^pail  de  ces  lettres,  l'ar-  PéKrsbourg,  17^7-70,  4 vol.iii-4"., 

Mvée  de  Slcller  auprès  des  acadénu-  lig.  Ou  y  trouve  la  dcscnpliou  d'une 


G  M  E 

fonlr  ilo  plantes  iioiivellcs ,  \.\  figure 
et   1,1    description   dc't.ulN'e   des    [)liis 
rares ,  et  tout  ce  qui  concerne  leurs 
divers  usages  chez  les  ii'itin  els  du  pays. 
H  dicr,  (pii  donne  des  eloqes  à  la  cri- 
tique botanique  de  cet  ouvrage,  avait 
vu   les  dessins  ojiginaiix;   il  assure 
qu'ils  étaient  faits  avec  une  liabilele  et 
une  vérité  dont  la  gravure  n'approche 
pas.   Les  plantes  sont  classées  d'après 
la  méthode  de  Van  iloyen.  Il  devait  y 
avoir  un  !j^.  volume  pour  la  erypto- 
gamie.  S.  G.  Gmeîin,  neveu  de  l'au- 
teur ,   et  éditeur  des  2  derniers  volu- 
mes ,cn  promettait  la  publication  dans 
la  prctace  du  iv  , ,  datée  de  Woroiicz , 
en  1769.  Sa  mort  prématurée  l'em- 
pêcha probablement  de  tenir  sa  pro- 
messe. Celle  flore  est  préce'dée  d'une 
pre'face,  dans  laquelle  Gmeiin  trace  à 
grands  traits  la  géographie  physique 
de  la  Sibirie  ,  donne  le  sommaire  de 
son  voyage  ,  et  l'esquisse  de  l'histoire 
naturelle  de  la  vaste  contrée  qu'd  a 
parcourue  pendant  dix  ans.  Il  indique 
dans  des  tableaux  les  plantes  commu- 
nes ou  particulières  à  l'Asie  et  à  l'Eu- 
rope, et  enfin  celles  qui  sont,  pour 
ainsi  dire ,  fixe'es  à  un  coin  de  terre. 
Strahlenberg  avait  pose'  les  limites  de 
l'Asie  aux  monts  Oural  :  Gmeiin  ,  en 
suivant  cette   opinion  ,   lappuie  sur 
des  faits  qui  l'ont  fait  adopter  par  les 
ge'ographes.  a  C'est ,  dit  -  il,  au  -  delà 
»  des  monts  Oural  et  du  fleuve  Jaik 
»  que  l'aspect  du  pays ,  les  plantes  , 
•>  les  animaux,  l'homme,  enfin,  et 
»  tout  ce  qui  l'entoure,  prennent  une 
»  physionomie  nouvelle.  »  11.  f^o/a- 
ge  en  Sibirie,  de   i -jdS  à    \']\'5, 
Gottingen,  lySi-o?.  ,  quatre   volu- 
mes in-8  '. ,  fig.  (en  allemand).  Gmeiin 
s'y  montre  très  savant ,  observateur 
e^act  ,    mais  narrateur  trop   minu- 
tieux. Il  a  surcharge  sa  relation,  dont 
le  fonds  est  du  plus  haut  intérêt,  d'une 
foule  de  détails  insignifiants  et  très 


G  M  K  59.7 

cnnnyruT.  C'était  pai-  un  motif  dont 
on  doit  lui  s.ivoir  gré.  «  Je  ne  inc 
»  rappelle  jamais  .san>  plaisir  ,  s'ccric- 
»  t-il  dans  sa  préface  ,  les  années  que 
»  j'ai  employées  à  faire  ce  voyage  j  et 
»  je  jn'im.igine  qu'un  journal  (jui  en 
»  présentera  tous  les  événements , 
»  causera  une  salisfaclion  pareille  au 
))  lecteur  qui  n'a  pas  d'indilférence 
))  pour  son  prochain.»  Nous  avons  eu 
français  deux  abrégés  de  ce  voyage  ; 
l'un  ])ublié  par  Keralio  ,  sou>  le  litre 
suivant,  qui  donne  i'aualyse  du  livre: 
Foya^^e  en  Sibérie  ^  contenant  la 
description  des  mœurs  et  usasses  des 
peuples  de  ce  pays  ^  le  cours  des  ri- 
vières considérables ,  la  situation  des 
chaînes  de  montagnes  ,  des  ^randey 
forets ,  des  mines  ,  avec  tous  les  faits 
d'histoire  naturelle  (jui  sont  particu- 
liers à  cette  grande  contrée ,  Paris  , 
1767,-  2  voL  in-12;  l'autre,  inséré 
dans  le  tome  xv!!!*".  de  ^ Histoire  gé- 
nérale des  Voyages ,  de  Prévost.Ges 
deux  extraits  sont  faits  d'une  manière 
absolument  différente  ;  cbacim  a  ses 
avantages  et  ses  défauts.  Le  second 
donne  au  moins  les  cartes  et  les  figures 
de  l'original.  Une  particularité  très 
remarquable  est  celle  qui  a  donné 
lieu  à  celle  réflexion  de  Millier  :  «  Ra- 
»  rement  ,  dit  il ,  on  verra  l'exemple 
»  d'un  voyage  si  pénible  et  si  long , 
»  entrepris  par  tous  ceux  qui  en  fu- 
»  rent ,  avec  plus  de  courage  et  de  sa- 
»  tisfaction  que  celui-ci.  On  s'cncou- 
»  rageait  les  uns  les  autres;  on  uené« 
))  eliireait  rien  ;  on  était  attentif  à  tout 
»  ce  qui  paraissait  devoir  tourner  le 
»  moins  du  monde  à  l'avantage  de  ce 
»  dont  on  était  charge.  »  Gmeiin  , 
dans  la  préface  de  sa  2*70^  Sibirica  , 
rend  la  même  justice  à  ses  compa- 
gnons. Un  accord  si  touchant  et  rare, 
peut-être,  dans  des  circonstances  sem- 
blables ,  fait  le  plus  bel  éloge  de  tous 
ces  savants.  Il  n'y  a  pis,  dans  celte 


i'iS 


G  ME 


relalion  ,  de  détails  rclalifs  à  la  bota- 
itiqi.if.-.  La  cour  voulut  qu'ils  fussent 
réserves  pour  l'ouvrage  qui  traiterait 
des  plantes  de  la  Sibirie.  C'est  peut- 
ê're  ce  qui  a  donne  lieu  à  queLjues 
bibliograj/hes  de  dire  que  l'académie 
dePe'iersbourg  avait  fait  retrancher  de 
ce  livre  plusieurs  passac^es  intéres- 
•sants.  III.  Une  Dissertation  sur  la 
production  de  nouvelles  plantes  de- 
puis la  création;  traduite  parKeralio, 
cl  insérée  dans  sa  Collection  de  diffé- 
rents morceaux  sur  VHistoire  du 
nord.  IV.  D'autres  Mémoires  sur  la 
botanique  et  la  médecine  ^  tant  eu 
l::tin  qu'en  allemand,  imprimés  sé- 
pnrémentjOU  dans  les  actes  de  l'aca- 
démie de  Pétcrshonrg  ,  et  dans  ceux 
des  Curieux  de  la  nature.  Y.  Fie  de 
Sleller,  adjoint  de  la  société  des  scien- 
ces de  Sainl-Pélersbonrg ,  Francfort, 
1748,  in-8'.  L'auteur  y  retrace  les 
travaux  de  ce  savant ,  rectifie  les  dé- 
tails déjà  donnés  sur  son  compte,  et 
on  ajoutf*  de  nouveaux.  Linné  ,  pour 
reconnaître  les  services  de  Gmelin  en- 
vers la  botanique,  a  nommé  gmeZm« 
un  genre  de  sa  didynamie  ani^iosper- 
inie  :  ce  genre  comprend  des  arbres 
épineux  de  la  famille  naturelle  des  py- 
rcnacécs  ,  ornés  de  fleurs  semblables 
à  celles  de  la  tligitale.  E — s. 

GMELIN  (  Philippe-Fri'dliuc  )» 
médecin,  frère  cadet  du  précédent, 
naquit  à  Tubingen  en  17.21.  Après 
avoir  achevé  ses  études,  il  jiarcourut 
la  Hollande,  l'Angleterre  et  l'Allema- 
gnc,  revint  dans  sa  p^Uic  en  174^  > 
fut  nomme  médecin  de  la  ville ,  cl ,  en 
1750,  professeur  extraordinaire  de 
médecine.  Il  succéda  à  son  frère  dans 
U's  chaires  de  botanique  cl  de  chimie, 
et  mourut  le  <)  mai  i  7GS.  On  a  de 
lui  :  L  Otia  botanicuy  Tubing.,  i  7()o, 
in-8".  IL  liecucil  de  renseipiements 
sur  les  eaux  minérales  de  licutlini;, 
\hk\.j  17O1,  iii-8",  JH.  Notice  dé- 


G  M  E 

taillée  sur  les  eaux  minérales  aci- 
dulés du  pays  de  Nassau ,  ibid.  , 
in-S*".  (  Ces  deux  ouvrages  sont  en 
allemand.  )  IV^  Uu  grand  nombre  de 
Mémoires  sur  la  médecine,  la  bota- 
nique ,  l'histoire  natiirelle  et  la  chimie. 
V.  Il  a  eu  part  à  l' Onomatologia  me- 
dica  compléta,  Francfort  et  Leipzig, 
1 754-55, 1  vol.  in-8  '.  ;  et  à  l'Histoire 
et  explication  des  plantes ,  dont 
Knôrr,  de  INuremberg,  publia  les  fi- 
gures, depuis  1750,  sous  le  titre  de 
Thésaurus  rei  herhariœhorlensisnue 
universalis.  \  I.  Des  Mémoires  dans 
les-  Transact.  philosoph.  cl  dans  la  Bi- 
bliothèque raisonnée. —  Jean-Coniad 
Gmelin,  frère  aîné  des  deux  précé- 
dents, et  médecin  renommé,  avait 
beaucoup  voyagé  eu  Allemagne  ,  en 
Pologne  et  en  Hongrie.  Il  acquit  de 
grandes  connaissances  en  chimie  et  eu 
métallurgie.  Il  publia,  mais  sans  y 
mettre  sou  nom,  un  grand  nombre  de 
dissertations  dans  les  Mémoires  de 
plusieurs  sociétés  savantes ,  et  mourut 
ea  nSg.  Il  fut  père  de  S.  T.  Gmelin. 

E— s. 
GMELIN  (Samuel-Treopuile), 
naquit  à  Tubingen,  le  'ïô  juin  1745. 
Apres  avoir  obtenu  le  bonnet  de  doc- 
teur en  médecine  à  l'âge  de  dix-neuf 
ans,  il  alla  achever  ses  études  à  Leydc, 
où  la  conformité  de  go  ut  pour  l'histoire 
naturelle  le  lia  avec  Pallas.  Les  cir- 
constances dilliciles  où  il  se  trouvait, 
lui  firent  naître  l'idée  de  s'embarquer 
comme  chiiurgien  sur  un  navire  des- 
tiné pour  les  Indes  Orientales  ;  mais 
il  se  contenta  de  s'établir,  en  attendant 
des  secours  de  sa  f.uuille,  dans  la  pe- 
tite ville  de  l.i  l>rille.  Le  voisinage  de 
la  mer ,  cl  cpielques  excursions  qu'il 
fit  par  eau  dans  les  environs,  lui  four- 
niient  l'occasion  de  recueillir  beau- 
coup de  plantes  marines,  d'examiner 
avec  attention  les  varechs  ,  et  lui  sug- 
j^i'rèreut  l'idée  d'éciire  leur  histoire. 


G  M  E  G  M  E                529 

Il  visita  ensuite  la  Belgique  et  seren-  une  partie  de  son  monde  :  lui-mêm« 
dit  à  P.iiis  où  il  tut  bien  accueilli  par  vu  fut  atteint;  et  pour  comble  de  dis- 
Ail.«nson,qiu  lui  inspira  (pu'lquceho.se  grâce,    Mciiemet-kliàn,  gouverneur 
(le  son  elui^nemenl  pour  le  système  de  I.j  province,  homme  avare  et  crnel, 
d?  liinnc.  Apres  un  court  séjour  dans  le    (il    emprisonner    eomme    espion, 
s.i  pilrie,    il  fut,  en  i  7^)0,  appelé  à  Graelin  eut  bean  reclamer;  il  ne  put 
retcrsbourg  pour  y  professer  la  bota-  espérer  sa   liberté  qu'à    condition  de 
nique.   Citberine  il,  fidèle  au  plan  guérir  le  frère  du  khâu,att.)que  d'une 
exécuté  par  plusieurs  de  ses  prédé-  fistule  lacrymale.    Le    hasard  servit 
oesseurs,  de  faire  voyager  des  s.ivanls  bien  ce  nouveau  médecin  malç^rélui^ 
dans  les  diverses  parties  de  l'empire  qui,   sorti  de  ccsmauvais  pas,  s'cn- 
russe  ,  oidonna  une  nouvelle  expédi-  fuit  àEnzelli,  et,  après  une  traversée 
tion  du  mémo  ;^enre.  Gmelin   obtint  longue  et  pénible,  arriva  à  Astrakan 
d'en  faire  partie;  et  après  avoir  eu  le  10  avril  1772.  Il  devait,  d'après 
l'honneur  d'être  présenté  à  l'impéra-  le  plan  approuvé  par  l'académie,  par- 
trice,  il  partit  au  mois  de  juin  1768,  courir  les  steppes    situées  des  deux 
visita  les  monts  Valdai,  passa  l'hiver  côtés  du  Vol^a,  au  -  dessous  de  Za- 
à  Woronez,  et  descendit  le  Don  jus-  rit/.in  ,  et  celles  des  Kuraaniens  jus- 
qti'a  Tscherkask,  où  la  peinture  ef-  qu'au  Tcrek.  11  n'exécuta  que  la  der- 
f rayante  qu'on  lui  fit  d'un  voyage  par  nière  partie  de  ce  projet.  L'année  sui- 
les  steppes,  le  long  de  la  frontière,  vante  il  changea  de  dessein,  et  vou- 
depuis  Azof  jusqu'à  l'embouchure  du  lut  aller  visiter  la  côte  orientale  de  la 
Terek  dans  la  mer  Caspienne,  l'enga-  mer  Caspienne,  puis  revenir  par  la 
gea  à  renoncer  à  son  premier  pro-  Perse.  I/année  était  trop  avancée  pour 
jet.  I!  retourna  parla  route  ordinaire,  que  ce  projet  pût  réussir.  Pallas,  qui 
jusqu'à  Zdiitzin  ,  pour  aller  à  Astra-  venait  d'arriver  à  Astrakan,  chercha 
kan,   par  le  Volga.  Il  trouva  dans  vainement  à  le  dissuader  de  ses  idées, 
cette  ville  Guldcnslaedt ,  autre  voya-  en  lui  prédisant  qu'il  n'en  résulterait 
geur  envoyé  de  Pétersbourg  pour  le  rien  de  bon.  Gmelin,  pousse  par  une 
même  but.  Après  s'être  concerté  avec  malheureuse  fatalité,  partit  d'Astra- 
lui    sur    le   plan    ultérieur  de  leurs  kan,  le  25  juin  i  775,  avec  une  suite 
courses,  Gmelin  s'embarqua,  le  19  nombreuse,  longea  la  côte  orientale, 
juin   1770,  sur  un  bâtiment  équipé  aborda  en  quelques  endroits  du  pays 
exprès  pour  lui  et   pour  sa  suite.  Il  des Troukhmènes  sans  éprouver  d'ac- 
altérit  à  iJerbent,  alla  par  icne  visi-  cident;  mus  il  ue  put.  à  cause  de  la 
ter  les  fameuses   sources  de  naphte  saison  ,  trouver  beaucoup  de  plantes, 
de  Bakou,   et  Schamakie,  reprit  la  11    se  hâta  donc  d'aller  à  Asterabat, 
mer  à  Sdlian,  resta  tout  l'hiver  à  En-  puis  «à  Euzelli ,    on  il  prit   la   route 
zelli,  dans  le  Ghilaii ,  et  fut  bien  ac-  de  terre.  Arrivé  à  Derbent  le  i5  jan- 
cueilli  à  Rescht  par  Hcdaet-khâu  ,  do-  vier  1774,1!  reçut  ordre  du  khan  d'en 
minateur  de  cette  province.  Les  trou-  sortir  le  4  février.  Au  !ieu  de  retour- 
bles  qui  désolaient  la  Perse,  fempêchè-  ner  à  son  navire,  qui  l'attendait  a  Ba- 
ient de  pénétrer  dans  ce  royaume.ll  se  kou,  il  dirigea  sa  luarehe  vers  Kislar 
contenta  de  suivre  la  côte  du  Mazan-  sur  le  Te;ek.  H  fut  airèiésui  la  route 
deran  ,  mais  ne  put  aller  à  Asterabat.  par  le  khân  des  Kh  «itakes,  ((ui  mit  un. 
Obligé  de  retourner  à  Balrousch,  des  haut  prix  à  s.i   rakiçon.   Dès   que  la 
maladies  contagieuses  lui  enlevèrent  nouvelle  de  ce  fune^l»  évenemeulpar- 

3Lvn.  54 


55o  GME 

Tint  à  Pc'tersbourg,  l'impëralrlce,  sans 
attendre  que  racadëmie  des  sciences 
réclamât  son  intervention  en  faveur 
de  Gmelin ,  donna  des  ordres  pour 
q«'on  fît  tout  ce  qui  e'tait  néces- 
saire pour  lui  procurer  sa  liheite'. 
I/inforfuné  ne  put  voir  relTct  de  la 
sollicitude  de  ses  confrères  et  de  sa 
souveraine.  Le  chagrin  et  la  ri- 
gueur de  la  prison  ha  causèrent  une 
maladie,  à  laquelle  il  succomba  le  27 
jin'n  à  Achmetkent  dans  le  Caucase. 
J.e  barbare  qui  l'avait  fait  languir  dans 
un  cachot  froid  et  humide,  rendit 
aussitôt  la  liberté  aux  compagnons  de 
Gmelin,  et  leur  permit  d'emporter 
son  cadavre  et  ses  papiers;  mais  la 
grande  ch.ilcur  ne  leur  laissa  pas  le 
temps  de  transporter  le  corps  jusqu'à 
Kisliai  :  il  fut  enterré  près  du  village 
de  Kijokent.  Catherine  II  récompensa 
lichemi nt  la  veuve  de  ce  martyr  des 
.^ciences.  On  a  de  Gmelin  :  I.  Histo- 
riafucorum  iconibiis  iliustrata^  St.- 
Pctersbourg,  1768,  in-4'\  Cet  ou- 
vrage, le  premier  qui  ait  été  publié 
sur  les  varechs,  estaujourd'hui  incom- 
plet et  bien  en  arrière  des  connais- 
sances que  l'on  a  acquises  sur  ces 
]>lanles  marines.  Il  est  cependant  en- 
core bon  à  consulter.  Gmelin  ne  croit 
j»as  à  l'exislcnce  des  parties  sexuelles 
dans  ces  vcgcfaux ,  opinion  partagée 
par  plusieurs  habiles  botanist<'S.  II. 
F'ojaa^es  dans  dij'fcvcntes  parties 
de  V empire  de  liussie,  pour  faire 
des  recherches  relatives  à  l'histoire 
naturelle,  8t.-PcliMsbourg,  1770- 
1774-1  7<^4'  4  ^^'*  in-4°-,  avec  c.irtes 
et  figures  (en  allemand) .  On  y  trouve, 
indépcndamfuent  (h-  ce  qui  concerne 
rhisloirc  naturelle  de  l.i  llus.sie,  c\cs 
notions  ncnvrs  et  curieuses  sur  les 
liordcs  nui  hibitenl  les  steppes  ,  sur  l.i 
vilh;  d'Asi.  .(kaii  cl  ia  colonie  des  (rères 
Moraves  à  ^Sarept;*  |)rès  de  Zirit/.iu, 
sur  les  provinces  persanes  du  Ghilan  et 


GME 

du  Mazanderan  ,  sur  les  troubles  qui 
ont  déchiré  la  Perse  depuis  la  mort 
de  Nadir  Schah ,  enfin  sur  les  steppes 
à  l'orient  de  la  mer  Caspienne.  L'ou- 
vrage de  Gmelin  dénote  un  homme 
doué  d'une  irriagination  ardente  et  en 
même  temps  du  talent  de  bien  obser- 
ver. Enfermé  dans  un  cachot  infect 
et  dénué  de  tout ,  il  ne  cessa  de  tenir 
la  plume  que  lorsque  ses  forces  l'a- 
bandonnèrent ;  et  il  fit  les  adieux 
les  plus  touchants  à  l'académie  de 
Saint  -  Pétersbourg.  Son  ami  Pallas 
recueillit  les  matériaux  du  iv%  vo- 
lume ,  et  le  publia  en  y  joignant  quel- 
ques corrections  relatives  à  des  fautes 
qui  avaient  échappé  à  Gmelin  dans 
les  premiers  volumes.  Ceux  -  ci  fu- 
rent imprimés  sur  les  manuscrits  en- 
voyés à  Saint-Pétersbourg:  le  comte 
Wladimir  Orloff  avait  enjoint  aux 
savants  d'expédier  par  chaque  occa- 
sion le  fruit  de  leurs  observations  ; 
précaution  salutaire  ,  qui  sauva  un 
grand  nombre  de  matériaux  précieux. 
Le  iv^.  volume  est  terminé  pir  un 
mémoire  de  Gmelin  sur  le  commerce 
des  Russes  dans  la  mer  Caspienne, 
et  par  un  vovage  dans  le  Gliilan,  fait 
par  Charles  Hablizl,  l'un  de  ses  com- 
pagnons. La  relation  de  Gmelin  est 
en  partie  traduite  en  français  dans  un 
recueil  pid)lié  sous  le  titre  suivant: 
Histoire  des  découvertes  faites  par 
divers  savants  voyageurs  ^  la  Hiye, 
1779,  '2  vol.  in-4".,  ou  six  volumes 
in  -  8'.  lll.  Plusieurs  mémoires  dans 
les  recueils  de  la  société  de  Harlem  et 
de  l'académie  de  St. -Pétersbourg.  Il 
fut  éditeur  des  tomes  m  cl  iv  de  la 
Flora  Sibirica,  de  sou  oncle  J.-G. 
Gnieliu.  I'^ — s. 

GMELIN  (  Jean-Frédéuic  ) ,  phy- 
siricu  et  médecin  1res  estimé,  nacjuit 
à  Tubingen  le  8  août  174*^»  *-'^  ^c  li- 
vra très  jeune  à  l'étude  des  sciences 
médicales  et  de  l'hisloirc  ualuicllc, 


G  ME  G  ME                53i 

sous  1.1  dircrJiou  de  son  père,  qni  elait  i/ulipenarum  fTuh'w^cny  i  ^•^•î  ,in-8''. 

piofrssenr  de  b()t;mi(|LU'  cl  de  cliimic  VI.  O.  an  aflslririficntifi  et  rohormi' 

il.ius    cctlc    univrrsilc.    Après    .ivoir  tia  .stricte  sic  dicta  ferreo  principio 

rerii  le  l»oiinet  de  docteur  en  pliilo-  suam   deheant   efficaciain  ?   ibid.  , 

.sopliie  ,  il  entreprit  un  grand  voyjge  «775  ,  in-4".  VII.  Dissertation  sur 

MMcnlifiquc  vn  Hollande,   en  Ani;lc*  les  plantes   vénéneuses    de   l'^dlle- 

tcrre  et  en  Autrirlic,  et  ne  revint  qu'en  magne,   Ulni ,    i -^-jj  ,  in-8'.    VIII. 

1771  dans  sa  patrie ,  après  une  ab-  De    alcalibus    et   prœcipilationibus 

seiice  de  trois  ans.  11  donna  ensuite  ,  chimicis  ope  eorum  factis ,   Godin- 

îi  Tubingcu  ,  des  leçons  d'histoire  na-  gue,  177^,  in-4'.  IX.  Histoire  a^é né- 

tureile  et  de  botanique,  et  ouvrit  aussi ,  raie  des  poisons  ,  Leipzig  et  Nurem- 

comine  professeur  extraordinaire,  un  berg  ,  1776-1777  ,  3  vol.  in  b'.  X. 

cours  de  sciences  médicales.  En  1 776,  \.^  Art  d^ observer ,  par  J.  ùenebier^ 

il  fut   nommé  prolesseur  extraordi-  traduit  du  français  et  auj^mentc'  de 

nairc,ct,  trois  ans  après,  professeur  notes  ,  ibid.  ,    1776,  in-8°.  XI.  Le 

ordinaire    de   sciences    médicales  à  système  du  règne  minéral  de  Linné „ 

l'université  de  Gottingue.    Il    acquit  traduction  libre  de  la  douzième  édi- 

alors  une  grande  réputation,  non  seu-  tien  latine,  et  considérablement  aug- 

lement  en  Allemagne,    mais  encore  mcntéc ,  ibid.,   1777-1779,   4  vol. 

chez  rétranger  ,  par  ses  leçons  et  par  in-8'\,  avec  fig.  Xll.  Dissertation  sur 

ime    activité    littéraire    infatigable:  les  différentes  espèces  d'ivraie  ^  sur 

aussi  doit-  on  à  sa  science  et  à  son  la  manière  d'en  tirer  parti ,  et  sur 

zèle  un  grand  nombre  d'ouvrages  rem-  les  moyens  de  les  extirper ,  Lubeck  ^ 

plis  d'érudition,  et  qui  prouvent  une  1779,  in-8'.  XIII.  Introduction  ala^ 

variété    de   connaissances   bien    peu  chimie^  à  l'usage  des  universités ^ 

commune.  Après  avoir  enseigné pen-  Nuremberg,  1780,  in  8°.  XlV.  Ob- 

dant  trente  ans,  il  mourut  le  i^*".  no-  servaticns    minéralogiques  sur   les 

vembre  1804.   Nous  citerons  ici  seu-  mines  de  fer  de  Rio  et  d'autres  mi- 

lement  quelques  -  uns  des    ouvrages  nés  dans  Cile  d'Elbe  ,  de  E,  Fini , 

qu'il  a  publiés  :  I.  Pourquoi  l'homme  traduites  de  l'italien  et  augmentées  des 

respire-t-il?  (en  allemand),  ïubin-  observations  modernes  de  Koestlin  et 

gen ,  1767,  in-4".    II.  Irritabilitas  d'autres,  avec  une  Dissertation  sur 

vegetabilium  in  singulis  plantarum  quelques  cristallisations  particulier 

partibus  explorata ,  ulterioribusque  r es  du  feldspath ^  Halle,  1780, in-S"*. 

experimentisconfirmata,  ibid.,  1 768,  XV.  Introduction  à  Ici  minéralogie  y 

in-4°.  III.   Onomatologia  botanica  à  l'usage  des  universités ,  Nurcm- 

compléta  y  on   Dictionnaire  complet  berg,  1780,  in-8'.  XVI.  Introduc- 

delà  botanique,  d'après  le  système  tion  à  la  pharmacie ,  ibid.,  1781, 

WeZm/ie,  Francfort  et  Leipzig,  1-^71-  in-8<*.  li^\ï.  M  •  moires  pour  servir 

1777  ,9  vol.  in-8''.  Tous  les  articles  à  l'histoire  de  V exploitation  des  mi^ 

contenus  dans  le  premier  volume  de  nés  en  Allemagne  y  dans  le  moyen, 

cet  ouvrage  ,  ne  sont  pas  de  Gmclin  j  âge  et  dans  les  temps  modernes, 

mais  il  est  l'auteur  des  huit  autres  vo-  Halle  ,  1781 ,  ia-8'.  XVIII.  Lettres 

lûmes.  IV.  Table  des  matières  ren-  à  un  médecin,  sur  les  découveites 

fermées  dans  V Onomalolos^ia  (  en  récentes  et  leur  application  ea  mé- 

latin  et  en  allemand),  1778.  V.  £'7iM-  decine  ,  Berlin,  1784,  in-8". .  Une; 

meratio  stirpium  agro   Tiibingensi  seconde  éditiou  de  cet  ouvrage  a  été 

34.. 


5.02 


GME 


publiée  sans  cliangcraents ,  à  i'iusu  Ac 
JViUtcur  ,  ibid. ,  1795,  in-8'.  XlX. 
Vis  s.  de  tingendo  ,  per  nitri  acidum 
swe  nudum  sive  len^d  aul  métallo 
saturatum ,  acido,  Erfurt,  1783, 
in-4".  XX.  Principes  de  la  chimie 
techniq lie,  HaWe,  1786;  ibid.,  179^^^, 
iji-8  .  XXI.  Principes  chimiques  de 
la  docimasie ,  ibid.,  1786,  iu-8  . 
XXII.  Eléments  de  chimie  générale, 
à  l'usage  des  universités,  Gdiîiiigue, 
1789,  >-  vo!.  in-8'.;  ibid.,  i8o4, 
in-8**.  XXIII.  Eléments  de  minera- 
lof^ie ,  ibid. ,  1 790  ,  in-8''.  XXIV. 
Eléments  de  pharmacie,  ibid.,  1 792, 
in-8<*.  XXV.  De  aëris  vitiosi  e.rplo- 
ratione ,  ibid. ,  1794»  in-4'.  XXVI. 
Principes  chimiques  de  la  technolo- 
gie y  Hanovre,  1794?  in-4".  XXVIÏ. 
lApparatus  medicaminum  tam  sim- 
plicium  quàm  compositorum  ,  in 
praxeos  adjumentum  consideratus  , 
Gottingue,  1795—1796,2  vol.  iii-8'. 
On  joint  ordinairrmenl  c-s  deux  vo- 
lumes, qui  traitent  du  règne  minerai, 
aux  six  de  J.  A.  Murray,  qui  portent 
le  même  titre  et  sont  consacrés  exclu- 
sivement au  règne  végétal.  Giuelin 
s'est  efforrc  de  suivre  la  même  mar- 
che que  Murray;  mais  il  est  resté  loin 
de  son  modèle.  XXV i II.  Journal 
des  sciences  naturelles,  Gollinqne, 
1797,  quatre  cahiers  in-8'.  XXIX. 
Histoire  des  sciences  naturelles  ,  pu- 
bliée aussi  sous  le  titre  iX Histoire  de 
la  chimie  ,  Gôtliiiguc,  ï  797-1 799» 
5  vol.  in-8 '.  ('el  ouvrage  forme  I»  8'. 
partie  de  V Histoire  des  arts  et  des 
sciences  ,  publiée  p.ir  les  pi  ofe>seui  s 
dcGollingue.  Gm<  lin  e.st  aussi  Vvûi- 
teiir  de  la  i3'.  édition  du  Systema 
naturœ  ,  de  Linné,  1788-1795(1); 


(l^C«lt«  trriiiàm' édition,  compoii'e  <lr  trnii 
toMi»f  lin  p.Mir  ch.iqiif!  ré'^ii''  ,  dutrihii  «  ru  iloiiir 
«'•lumri  in-H".  ,  m  trriiiincc  par  di^t  (itMci  iiliilia- 
)iitti(|uri  Irr»  ^t-ndiirt  cl  |)i>iy;;Iiiirr«  «In  nom* 
triviiiui  rt  l^tt<:iniiti(|iir«.  Mail    l'nuvra,;n    rilrvi*- 

caU  tin»  Ui4<,'ern«iaca(.  C'cK   ui>«    «ompilaiion 


GNI 

des  Principes  élémentaires  de  Vhis- 
toire  naturelle ,  par  Erxleben  ,  et  de 
la  Mater  ia  me  die  a  de  Losecke ,  qu'il 
a  entièrement  refondue.  Ce  laborieux 
professeur  a  enrichi  en  outre  ,  d'un 
grand  nombre  d'articles  ,  les  Mémoi- 
res de  V académie  de  Gottingue  ,  le 
Journal  chimique  de  Crell ,  le  Ma^ 
gasin  de  Baldinger  ,  et  beaucoup 
d'autres  ouvrages  périodiques  et  jour- 
naux littéraires.  On  trouve  des  détails 
sur  les  travaux  de  J.  Frcd.  Gmelin, 
dans  [^Histoire  littéraire  de  Gottin- 
gue, par  Putter ,  et  dans  la  Souabe 
savante,  par  Gradmann.  B — h— n, 
GN\PH;ËUS.  Foy.  Foulon, 
GNIPHON  (  Marc- Antoine  ) 
vivait  plus  d'un  siècle  avant  l'ère  chré- 
tienne. Né  dans  les  Gaules  ,  d'une  fa- 
mille libre,  mais  abandonné  par  ses 
parents,  il  fut  exposé  peu  de  temps 
après  sa  naissanre.  Le  hasard,  eu  lui 
conservant  sa  liberté,  lui  procura  le 
bienfait  d'une  heureuse  éducation. 
Il  fil  ses  premières  études  à  l'acadé- 
mie do  Marseille  ,  l'une  des  plus  cé- 
lèbres du  monde  à  cette  époque.  La 
nature  l'avait  doué  d'un  esprit  ingé- 
nieux et  f  icile  ;  il  fut  de  bonne  heure 
distingué  par  ses  îalents  cl  ses  connais* 
sances  dans  les  langues  grecque  cl  la- 
tine. Riche  des  trésors  de  l'étude,  Gni- 
phon  vint  à  Rome,  où  Lucius  Plotius, 
sou  compatriote,  enseignait  avec  suc- 
cès i'élo(juence.  S'étant  attache  d'abord 
à  suivre  ses  leçons ,  il  se  sentit  bien- 
tôt en  état  d'embrasser  la  proft  ssiou 
de  gramuiairien  .  qui  n'était  p  is  alors 

informe  ,  inutile  nu  prorcsseiir  ,  rt  plu»  propre  à 
i';;irer  t  <'lcv>-  qu'a  I  cclairt'r  et  à  liiis:ruire.  l'iii 
»-ft>i,  iitui  pr'-iexte  ilr  ilunncr  une  synonymie  coin- 
plète  ,  Ir  réilacleur  entasse,  au  bav.ird  ,  tout  lei 
uiims  <|ii'il  troiiv  duns  1rs  ilivers  aiiirurs,  «ans 
•'aprrr.-voir  qip>  t-l  ;iniiual  ,  telle  [ilanle  ,  tri 
minéral  dut  <-té  uoinnir-s  ilil'tViemnieiit  par  di- 
vers .laturalisles  ,  landi<  ijur  souvent  l.i  ni^mr 
d'  iiuniiii.iliuit  4  lidt  <luun>''e  à  des  nlijeU  ilirft^renii. 
(I--tte  double  vrn-ui'  ,  dont  le  tr  ivail  dti  Cïmeliii 
«ifl're  lies  milliers  dexiinplei ,  prou>e  que  rrl  t^cri- 
v<)iii  trop  féeond  ii'ivuit  que  d«s  connaiiiance'* 
sii|>eriictillci  ,  et  a'étudiatl  (luint  le  livre  d'-  I  « 
nature  i'.. 


aisce  n  Lim  remplir,  puisqu'il   fal- 
lait   èlic  non    st'ulejucnl    lirs    versé 
dans  tons  les  Cjciircs  de  liuérature, 
mais  encore  eliv  en  état  de  parler  et 
d'cciire  d'une  manière  agréable  et  so- 
lide sur  uu  sujet  donné,  le  plus  sou- 
vent même  d'enseigner  publiquement 
](  s  belles-lettres  et  réioqucncc.  Gni- 
jilion   compta   parmi   ses  élèves  les 
deux  plus  grands  hommes  de  Home 
profane  ,   Cicéron   et  César.   Malgré 
laflluence  et  le  goût  des  auditeurs, 
il  ne  déclama  jamais  dans  son  école, 
se  réservant  de  satisfaire  à  la  mode 
générale  dans  les  occasions  où  l'on 
demandait    qu'il    élevât   la    voix   au 
milieu  d'une  place  publique.  On  a  dit 
de  ce  rbéleur,  par  comparaison  avec 
un  de  ses  compatriotes  et  de  ses  ri- 
vaux ,  célèbre  comme  lui  dans  rensei- 
gnement des  belles-lettres,  Valérius 
Caton  ,  que  celui-ci  faisait  des  poètes 
et  l'autre  des  orateurs.  La  vie  de  Gni- 
pbon  n'alla  pas  au-delà  de  cinquante 
ans:    il  trouva  néanmoins,  et    mal- 
gré les  occupations  sans  cesse  renais- 
santes qui  l'cnchiiînaicnt  au  milieu  du 
tourbillon  de  Rome ,  le  temps  d'écrire. 
On   lui  attribuait  un  grand  nombre 
d'ouvrages  :  toutefois  Atteius  le  philo- 
logue, l'un  de  ses  élèves,  ne  lui  en 
donne  que  deux,  écrits  en  latin,  et 
regarde  tout  le  reste  comme  pouvant 
cire  sorti  de  son  école,  mais  certaine- 
ment pas  de  sa  plume.       G.  F — r. 

GOADBY  (Kobert),  imprimeur 
et  libraire  anglais  très  instruit,  na- 
quit à  Sherbornc,  dans  le  Dorset- 
shire ,  en  17*21  ;  il  se  distingua  par 
la  manière  dont  il  exerçait  son  étal 
et  par  ses  connaissances  profondes 
dans  les  langues  savantes.  Il  mourut 
à  Slicrbornc,  le  12  août  1778.  Parmi 
les  ouvrages  écrits  en  anglais ,  dont 
Goadby  est  l'auteur,  son  Explication 
de  V Ecriture  sainte ,  en  trois  gros 
volumes  in  •  folio,  mérite  une  men- 


G  0  A  535 

tion  particulière.  Avant  la  publication 
de  ce    travail  ,    auciui  commentaire 
anglais  des   livres  saints   n'avait  osé 
attaquer   de    front  les  systèmes  des 
Tritliéistes  et  des  Calvinistes  :  aussi 
ces  sectaires  en  furent-ils  très  alar- 
més j  ni  leurs  menaces  ni  leurs  invecti- 
ves ne  purent  empêcher  Goadby  d'en 
continuer  l'impression  :  mais  il  mani- 
festa son  amour  pour  la  vérité,  en  re- 
cueillant avec  un  grand  soin,  dans  les 
éditions  postérieures ,  toutes  les  re- 
marques qui  pouvaient  servir  à  rec- 
tifier quelques  erreurs  qui  lui  étaient 
échappées.  11  composa  ensuite  et  im- 
prima un  Extrait  de  la  Bible ^  sous 
le  titre  à^lmlnicteur  ou  Manuel  des 
chrétiens.  Cet  ouvrage,  fortement  re- 
commandé par  l'évcque  Sherlo(  k ,  fut 
très  bien  accueilli   du  public;   mais 
l'auteur,  par  le  mauvais  état  de  sa 
santé,  ne  put  l'achever  :  il  en  a  publié 
seulement  l'ancien.Testament.  Goad-  . 
by  donna,  en  1777,  au  sujet  de  l'exé- 
cution  du   docteur  Dodd  ,  un  petit 
écrit,  dans  lequel  il  prouva  que  les 
crimes  commis  par  un  ecclésiastique 
doivent  être  punis  plus  sévèrement 
que  les  antres.  Dans  le  journal  hebdo- 
madaire intitulé ,    Le    Mercure  de 
Sherborn,  dont  il  fut  l'éditeur,  il  se 
montra  constamment  un  défenseur  ar- 
dent de  la  hberté  politique  et  reli- 
gieuse. Partageant  l'opinion  du  célè- 
bre Hume,  que   «   la   liberté  de   la 
presse  et  la  liberté  nationale  augmen- 
tent ou  diminuent  ensemble,  »  il  n'hé- 
sita jamais  à  défendre  éncrgiquemcnt 
la  constitution  de  son  pays  contre  les 
attaques  du  parti  opposé.  B — h — d. 
GOAU  (Jacques),  savant  domini- 
cain^, né  à  Paris  en  1601  ,  fit  ses  pre- 
mières études  avec  beaucoup  de  suc- 
cès, prit  l'habit  religieux  en  1619, 
et,  après  avoir  terminé  ses  cours  de 
})hi!osophie  et  de  théologie,  fut  clurgé 
d'enseigner  ces  dcuîw  sciences    dans 


554  GO  A 

diffcrenles  maisons  de  son  ordre.  L'ap- 
plication qu'il  avait  donnée  à  la  langue 
grecque ,  lui  inspira  le  désir  de  visiter 
l'Orient ,  où  il  espe'i  ait  découvrir  des 
restes  précieux  d'antiquité,  écliappe's 
aux   autres  voyajieurs.  Il   partit  en 
i65i  ;  et  ayant  été  nommé  pri;  ur  du 
couvent  de  S.iint-Séhasticn  ,  dans  l'île 
de  Cliio  ,  il  y  passa  huit  années,  uni- 
quement occupé  de  satisfaire  sa  cu- 
riosité par  tous  les  moyens  qui  étaient 
€n  son  pouvoir.  Sa  récolte  en  manus- 
crits anciens  ne  fut  pas  aussi  abon- 
dante qu'il  se  rélait  prorais;  mais  en 
revanche ,  il  amassa  une  grande  quan- 
tité de  matériaux  sur  la  croyance  et 
les  coutumes  des  Grecs  modernes.  De 
retour  à  Rome  en  1640 ,  on  voulut  Ty 
retenir,  en   le  nommant   prieur  du 
couvent  de  Sainî-Sixie;  mais  le  désir 
de  revoir  sa  pairie  l'emporta  sur  les 
avantages  que  lui  offrait  un  plus  long 
séjour  dans   la   capitale   du   monde 
chrétien ,  et  il  revint  à  Paris  en  1 64^. 
Des  l'année  suiv mtc ,  1rs  intérêts  de 
son  ordre  r<jbligèrt'nt  encore  d'aller  à 
Home  ;   ce  voyage  fut  court ,   puis- 
qu'on le  voit  déjà  à  Paris  en   iC)44» 
travailler  à   son  EiLColns;e.  Élu ,  en 
jGj2,  vicaire-général  de  l'ordre,  les 
soins   qu'exigeait    cet   emploi  ne  le 
détournèrent  pas  de  ses  études   ac- 
coutun)ées;  mais  il  ne  put  résister  à 
tant  (le  fatigues.  Sa  santé  s'altéra  ;  et 
une  (lèvre  lente  le  conduisit  atj  tom- 
beau le  'x?t  s(plenïl.re  i(ir)5,  à  l'âge 
de  rii  qu.inte-deuxans.  Le  père  Goar 
c't.  it  lié  d'une  élroile  amitié  avec  I  éon 
iXll.itiu.s ,  l)iic.inge  et  plu.>ieurs  autres 
savants  distingués.  On  a  de  lui  :  Eu^ 
clioln^ioti  si^'i!  [\ilunlc    Grœcorunt , 
coinplrctctis  rinis  et  ordines  diriniv 
ÏUur^iœ  ,    oj/iciorum   sacramtnto- 
riini  ,  cousvcratitinuni ,   btnedu tio' 
intui,  funcrutn,  oratLoiiuniy  ilv.^juxtà 
itsurn    oriimlalis   ecclcsiœ  ^    Paris, 
1047,  in-iolio.  Cet  ouvrage,  fort  rc- 


GOA 

cherché,  même  des  protestants,  dit 
Richard  Sunon,  est  devenu  rare, 
quoique  réimprimé  à  Venise  en  i-jDO. 
Il  suffirait  seul  à  la  réputation  de  soa 
auteur  ,  dont  il  prouve  la  vaste  érudi- 
tion et  l'infatigable  patience.  On  y 
trouve  un  grand  nombre  de  pièces 
inédites  ,  tirées  de  la  bibliothèque  du 
Roi ,  de  celle  du  Vatican,  et  de  plusieurs 
autres  dépôts  d'Italie  et  d'Allemagne. 
LeP.Goaraélél'undesplus  laborieux 
collaborateurs  du  précieux  recueil 
connu  sous  le  nom  d^f/istoire  byzan- 
tine. On  lui  doit  les  éditions  de  Geor- 
ge Cédrcnus,  et  de  Jean  Scylitzes, 
Paris,  imprimerie  royale,  1647,  ^*^ 
Codin  Curopalates,  ibid.,  i04^>  et 
du  Syncelle,  ibid.,  i65'2;  la  traduc- 
tion latine  et  une  partie  des  notes  qui 
accompagnent  l'édition  de  Théopha- 
iies  ,  ibid.,  i655 ,  publiée  par  le  père 
Combffis  :  il  s'était  occupé  de  revoir 
la  traduction  de  Zonare,  par  Jérotue 
Wolf.  Son  travail  passa  au  père 
Combefis,  et  cnsuile  à  Ducange  ,  qui 
en  a  fait  usagedans  la  belle  édition  qu'd 
a  publiée  de  cet  historien  ,  ib.,  i685. 
On  trouve  dans  le  traité  de  Léon  Al- 
latius.  De  ecclesiœ  occidentalis  at- 
qiie  or ientalis  perpétua  consensione , 
un  écrit  du  père  Goar,  intitulé  :  ^f- 
teslatio  de  communione  orientaliitm 
suh  specie  unicd.  l'.nfin  il  a  laissé  en 
manuscrit  des  traductions  latines  de 
la  Collecùo  clementaris  omnium  sa- 
cris  et  divinis  canoiuhus  contento- 
rum,  par  Mathieu  Blaslare,  et  de 
V Histoire  du  Synode  de  Florence ^ 
par  Sylve^tle  Syropulo.  Ces  deux 
ouvragcscxistaienlau  couvent  des  Uo- 
niinieaius  de  la  rue  S.iint  -  lloiioié, 
d'où  ils  auront  sins  dcutc  cfc  tr ms- 
porlés  à  la  bibliothèque  du  Hoi.  Ou 
peut  <orusnlter  1rs  Scripîor.  ordinis 
prcvdir/Uor.iUi  père  l'îchard,  toni.  11 , 
page  574»  '^'^  Mémoires  de  Niceion, 
lomo  XIX,  et  VUistvirc  des  hommes 


(.  0 1)  r.  0  V,  535 

illustres  dis  Dominicains,  jinr  le  du  prlncp-c'votjuc  clc  Dàlc ,  fini  don- 
pcrc 'romon  ,  V,  /,,S<).  \V — s.  n.iij  uno  iilc'c  peu  .'ivaiil.iîijciisc  du  ra- 
(U)BKL(.Ii:AN-HArTiSTE-Josi.iMi),  iMctîrc  (le  (iobtl.  Les  cvcqiics  cons- 
i'VC([uc  de  Lvddj  ,  et  suffrnj;<inl  de  liliitioiincls  fais.iienl  tous  paraître,  à 
j^àle,  puis  e'vècpie  coiistilulioiiiK'l  <le  celte cjxiqiir, des iri.iridcinenfs  ,  en  fue- 
J'.iii^  ,  naquit  à  Thanii  ,  dans  la  liant  possession  de  leurs  sièges,  (jo- 
liaiite  Alsiice  ,  le  i'"'.  septembre  bel,  dans  une  Ictirc  pastorale  du  2C 
I  "j'i'j.  Il  lut  elevc'  à  Rome,  au  collc'i^e  avril  i  791  ,  s'efforça  de  prouver  la 
^crjn.inique  ,  où  il  se  distingua  j)ar  légitimité  de  sa  mission;  et,  le  18 
son  travad  et  par  sa  conduite.  L'cvc-  septembre  suivant,  il  publia  un  lonç; 
que  de  Portnlrui  se  l'attacha  ,  et  le  inaiidemcnl  sur  la  (in  de  la  session 
nomma  chanoine  de  son  chapitre.  Ses  de  l'assemblcc  constiluante,  et  sur 
principes  erronés  commencèrent  alors  l'acceptation  de  l'acte  conslitulionnel 
a  se  développer;  les  hommes  clair-  ]>ar  le  roi.  Nous  ne  connaissons  pas 
voyants  aperçurent  en  loi  une  ain-  de  lui  d'autre  écrit  de  ce  genre.  Ce 
biiion  demcsurce  ,  et  l'orgueil  qui  faible  cvêquc  flottait  encore  entre  s.i 
l'entraîna,  plus  tard,  à  l'apostasie.  Le  conscience  et  la  peur  :  il  écrivait  au 
9.7  janvier  i'j']'i,  il  fut  fait  cvêque  pape,  et  n'avait  pas  la  force  de  suivre 
de  Lydda  ,  in  partibus  infideliuiriy  les  conseils  qu'il  paraissait  solliciter. 
et  suffragant  de  l'évêquc  de  Baie  ,  MM.  Noël  et  De  Laplace  disent,  dans 
pour  la  partie  française  de  son  dio-  \<i\\vs  Evhémèrides^  ^\\qi\  1792,00- 
ccse.  il  résidait  en  France  en  celle  bel  se  présenta  chez  le  marquis  Spi- 
qualiie';et  en  I  789,  il  fut  nomme  de-  nolj  ,  ariibassadonr  de  Gc n«;s  ,  eu 
pute  du  cierge  de  Belfort  aux  e'tats-  France,  et  le  pria  de  demander  pour 
généraux.  Lors  de  la  prestation  du  lui  au  pape  une  somme  de  cent  mille 
serment  à  la  constitution  civile  du  cler-  ccus,  promettant  de  rétracter  sou  sî^r- 
gé,  il  y  a])posa  d'abord  quelques  res-  ment.  Le  marquis  déclina  cette  étrange 
trictions,  qu'il  se  bàla  de  rétracter  ,  commission,  et  Gobel  se  laissa  en- 
sur  la  dénonciation  d'un  de  ses  collé-  traîner  au  torrent.  Lié  avec  d'ardents 
gués.  Ou  l'en  récompensa  en  le  nom-  révolutionnaires,  il  ne  parut  plus  oc- 
mant  à-la-fois  à  trois  desnouveaux  évc-  cupé  qu'à  servir  leurs  vues ,  et  mérita 
chés,  savoir  à  ceux  du  Haut-Rhin  ,  de  le«  reproches  des  constitutionnels  qui 
la  Haute-  Marne  et  de  Paris.  Jl  opta  étaient  encore  attachés  à  la  religion, 
pour  ce  dernier  siège  ;  et  le  25  fé-  Ou  se  plaignait  qu'il  tolérât  les  plus 
vrier  1  791  ,  il  fut  un  des  deux  prélats  Lonteux  scandales,  qu'il  laissât  par 
assistants  au  sacre  des  ])remiers  évê-  exemple  en  place  un  cure  de  la  capi- 
ques  constitutionnels.  On  dit  qu'il  îale,  qui  avait  pnblié  un  écrit  irrcli- 
s'adressa  successivement,  pour  avoir  gicux  du  ton  le  plus  déclamatoire 
l'instilulion  canonique,  à  l'archevêque  <  t  le  plus  insultant.  On  était  indigné 
de  Sens  et  à  Tévêque  d'Orléans,  qui  qu'il  permît  à  des  prclres  mariés  de 
le  refusèrent ,  quoi<pi'ils  se  fussent  rontinucr  les  fonctions  sacerdotales, 
attachés  au  nouvel  ordre  de  choses.  Gobel  fit  plus  ;  le  jour  de  la  fête  de 
Le  tribunal  du  district  de  Paris  le  l'Ascension,  en  1795,  il  installa, 
renvoya  par-devant  l'évêque  d'Autun;  comme  curé  de  S-ùut  -  Augustin,  ou 
et  le  nouveau  métropoiil-jin fut  installé  des  Pelil<  -  Pères,  un  prêtre  marié^ 
en  cette  qualité,  le  27  mars  1791.  nommé  Aubert,  dont  la  femme  assis- 
On  répandit  dans  le  temps  une  lettre  lait    à    la   ccréDaonic.    Deux  curés  ^ 


536  GOB 

Beaulieu  et  Brugières  ,   reclamèrent 
contre  ce  scandale  ;  leur  ëvêque  leur  en 
réservait  d'autres.  Enfoncé  dans  le 
jacobinisme,  il  ne  fréqucnlait  plus  que 
Chaumeftf,  Hébert,  AnacbarsisCloofz, 
et  autres  fougueux   démagogues.  Ce 
furent,  dil-on,  Anachaisis  Clooh:  et 
Pereira,  qui  l'entraînèrent  à  laConven- 
tion,  le  7  novembre  1995.  Il  y  parut 
accompagné  de  treize  de  ses  vicaires. 
Voici  comment  son  discours  est  rap- 
porté dans  le  Moniteur  :  «  Aujourdbui 
»  que  la  révolution  marche  à  grands 

»  pas  vers  une  fin  heureuse Au- 

»  jourd'hui  qu'il  ne  doit  plus  y  avoir 
»  d'autre  «-ulte  puhl-c  et  national  que 
»  celui  de  la  liberté  et  de  U  sainie  éga- 
»  lité,  piii,que  le  souverain  le  veut 
»  ainsi;  conséquent  à  mes  p.incipes, 
»  je  m"  soumets  à  sa  volonté ,  et  je 
»  viens  vous  déclarer  ici  hautement, 
»  que  dès  aujourd'hui,  je  renonce  à 
»  exercer  mes  fonctions  de  ministre  du 
»  culte  catholique.  En  conséquence  , 
'>  nous  vous  remettons  tous  nos  titres.»' 
Le   président  le    félicita  de  sacrifier 
ces  hochets  gothiques  de  la  supers- 
tition   et    d'abjurer    l'erreur.    On 
rendit  de  grands  honneurs  à  Gubt-l, 
qui  déposa  sa  croix  et  son  anneau ,  et 
s'affubla    lu  bonnet   rouge.  Ce  fut  le 
signal   des  apostasies   et  des   piofa- 
nations  qui  remplirent  cette  séance  et 
les  suivantes.   Gob'  I  survécut  peu  à 
sa  honte:  dominé  pard'indjgncs  amis, 
il  passait  ses  journées  dans  les  clubs 
et  dans  le  tumulte  des  factions,  lors- 
qn  il  tomba  dans  la  disgrâce  de  Ko- 
besp.erre.  Jl  fut   arrêté  avec  Chau- 
mette  ,   le   comédien    Gramrnonl   et 
d  autres  révolutionnaires.  Son  procès, 
qui  commença  le  8  avril  i7<)/;,  at- 
tesi4  encore  sa  faiblesse  dans'ce  der- 
nier moment,  où,  prévoyant  qu'il  ne 
pourrait   érli.,ppcr   au    n.pplicc  ,  il 
^ur.if  du  s'efforcer  au  moins  do  ré- 
pirersts  torts  passéi.  Il  affectait  en- 


GOB 

core  au  contraire  le  langage  des  pa- 
tiiotesdece  temps-là.  On  lui  reprocha 
sa   raisMon  à  Poreuirui,  où  il  avait 
pille  les  meubles  de  l'évêque  de  Baie, 
cl  s'était  enrichi  lui  et  les  siens.  On 
alla  jusqu'à  l'accuser  d'athéisme  :  il 
fut  condamné  et  exécuté  le  1 3  avril , 
avec  Chaumette  et  plusieurs  autr.-s! 
M.  Lothringer,  un  de  ses  vicaires,  rap- 
porte ,  dans  une  lettre  du  1 1   mars 
1797,  insérée  dans  les  Annales  crt- 
tholwues    lorn^ui,  page  466,  que 
ijoiDel ,  enfermé  à  la  conciergerie ,  et 
ne  voulant  voir  aucun  prêtre,  lui  en- 
voya, par  un  inconnu  ,  sa  conf -ssion 
écrite,  avec  ce  billet  :  «  Mon  cher 
»  abbé,  je  suis  à  la  veille  de  ma  mort; 
»  je  vous  envoie  ma  confession  par 
»  éc!  Jt.  Dans  pm  de  jours,  je  vais  ex- 
»  picr   par  la    miséricorde   de  Dieu 
»  tous  nies  crimes  et  mes  scandales 
»  contre  sa  sainte  religion.  J'ai  tou- 
>'  jours  applaudi  dans  mon  cœur  à 
î>  vos  principes.  Pardon,  cher  i.bbé, 
»  SI  je  vous  ai  induit  en  erreur.  Je 
»  VOUS  prie  de  ne  me  point  refuser 
»  les  derniers  secours  de  votre  minis- 
»  1ère,   en   vous   transportant   à   la 
»  porte  de  la  conciergerie  sans  vous 
»  compromettre,  et  à  ma  sortie,  de  me 
»  donner  l'absolution  de  mes  peVhés, 
»  sans  oublier  le  préambule,  ab  omni 
»  'vmcnloexcommunicatiows.A  iieu, 
»  mou  cher  abbé;  priez  Dieu  pour 
»  mou  anie,  à  ce  qu'elle  trouve  mi- 
»  séricorde  devant  lui.  J-U.  J.,  cVê- 
'>  que  .le  Lydda.  »  T.lle  fut  lâVin  de 
cet  cvê.pic,  que   l'anibitiou ,  la  f.ii- 
blesse  et  la  peur  avaient  fjit  tomber 
dans  de  grands  écarts,  mais  qui  pa- 
rait les  avoir  reconnus  avant  de  mou- 
*■"'•  P—C-T. 

GOBIEN  (  Le).  Tor.  Legobien. 

GOIJIN  (lîoBERT).  prêtre,  avo- 
cat, et  doyen  de  L  .gny-sur-iVlarne, 
fit  paraître,  en  iSof),  un  ouvrage  in- 
titulé Zro  Loups  ratissants,  CVii  une 


GOB  GOB  557 

salire  tlirigc'e  contic  toutes  les  classf s  porsonnngcs  ,    tant  de  l'histoire  an- 
tîc  la  sociéie,  cl  principalcmcnl  contre  cicniic  que  de  l'hisioiic  moderne.  Ils 
les  moines  et  Us  ^ens  d'église.  Dans  r.  content  les  (liv(i>cs  av(  nlures  de 
un  proioj^ue  de  l'acteur,  c'est-à-dire  leur  vie,  et  expriment  les  regrets  qu'ils 
de  l'auteur,   Gi'bin  stjppo.se,  que  le  ressentent   de  leur  conduite  passc'e. 
1^^  janvier  i5o5,  il  allait  s'ebailrc  à  C'est  ddus  celle  dernière  partie,  que 
la  can)p;)gne,   lorsqu'il  vit  dans   «n  Gobin    attaque   vivemnil    les  papes 
grand  champ  un  troupeau  de  loups,  Je.m  XXII  et  Boniface  Vlll  ;  enfin, 
petits  et  grands,  et  au  milieu  d'*ux  api  es  un  dernier  discours  prononcé 
un  grand  loup,  qui  s'appelait  ^rc/a-  par  l.i  Mort,  la  terre  s'entrouvre,  et 
lupus;  de  l'autre  côté  était  une  belle  engloutit  l(  s  divers  objets  que  l'auteur 
pucelle  pastourelle,  nommée  Sainte-  a  vus.  Celui-ci  alors  s'éveille,  et  écrit 
Doctrine.  Le  grand  loup  s'adressanl  à  toul  ce  dont  il  a  été  le  témoin.  Celle  sa- 
ses  louveteaux,  leur  enseigne  les  doc-  lire,  mêlée  de  prose  et  devers,  peut 
trines  les  plus  anii-sociales,  el  f.iit  la  avoir  en  tout  huit  cenis  i>ag' s.   Au 
pcintuie  cl  l'éloge  de  tous  les  vices,  milieu  des  idéesbizarres  quiy  régnent, 
Sainte -Doctrine,  dans  des  discours  ctqui  sont  noyées  dansunslylelourd et 
où  elle  cite  sans  ce5se  l'Écriture  et  les  prolixe,  on  rencontre  cependant  quel- 
docteurs  de  l'Église,  rélute  victuricu-  ques  expressions  aussi  neuves  qu'ori- 
sement  Archilupus.  Celui-ci  emprunte  ginales.  On  connaît  deux  éditions  de  ce 
souvent  le  costume  des  divers  ordres  livre  singulier;  elles  sont  in-8".  gothi- 
religieux   qui  existaient  alors.  C'est  ques,  sans  date 5  l'une  parut  chez  An- 
ainsi  que,  vêtu  en  moine  de  Saint  Be-  toine  Yérard;  l'autre  porte  la  marque 
noîi,  il  prêche  le  matérialisme  dans  de  Philippe  le  Noir.  Foberl  Gobin  fit 
les  termes  les  plus  grossiers  ;  que  sous  encore  paraître  en  1 5o6  une  confcsî^ion 
l'habit  de  bernardin  ,  il  fait  l'éloge  de  générale  en  rimes ,  appelée  YAdver- 
Tavarice.  L'ouvrage  est  divisé  en  douze  tissement  de  conscience ,  imprimée  â 
clwpitre,"  ,    dont   chacun  commence  Paris,  chez  Lcnoir,  sans  date,  in-4"., 
a\ec  un  mois  de  l'année.  Au  milieu  gothique.  St.  P — r. 
des  discussions  qui  se  succèdent  sans         GOBÏNET  (Charles),  docteur  de 
cesse ,  Gobin  explique  les  règles  du  la  maison  et   société  de  Sorboune , 
rudiment.  Knfin  .  Archilupus  s'avoue  né   à  Saint-Quenlin  Tan    j6i5,  fit 
vaincu,  confesse  ses  crimes,  et  fait  ses  éludes  d'une  manière  brillante  à 
son  testament.  L'auteur  apprend  alors  l'université  de   Paris.  Il   s'était  lel- 
à  ses  lecteurs  qu'Archilupus  repré-  Icment  distingué  dans  son   cours  de 
sente  le  diable  d'enfer;  les  louveteaux,  licence,  que  plusieurs  évêques  dcsi- 
les  pécheurs  ;  et  Sainte-Doctrine ,  la  rcrent   se   l'attacher   en    qualité  de 
sainte  Église.  Gobin  a  aussitôt  une  grand-vicaire,  pour  s'en  aider  dans  le 
seconde  vision.  C'est  la  mort  qui  lui  gouvernement  de  leur  diocèse;  mais 
apparaît  avec  un  personnage  nommé  les   circonstances  décidèrent,  d'une 
Accident.   Viennent  aussi  les  trois  autre  manière,  du  sort  de  sa  vie  et  de 
chambrières  de  la  mort ,  Guerre ,  Fa-  l'emploi  de  ses  talents.  Le  cardinal  de 
TTiinc,  et  71/orfa//<e.  Ces  êtres  allégori-  Richelieu,    après  avoir,  pour   ainsi 
ques  prononcent  tous  des  discours  où  dire,   adopté  la  Sorbonne,  dont   il 
ils  attaquent  sans  ménagement  les  dif-  é\s\\.  proviseur ,  et  en  avoir  lait  recons- 
fcrents  états  de  la  société.  Gobin  met  truirc  les  bâtiments  avec  une  magni- 
eusuitc  en  sccnc  une  fuule  d'illustres  fircnce  royale,  y  réunit  le  collège  du 


53S  GOB 

Plfssis,  qu'il  avait  aussi  fait  restaurer, 
et  e[i  douna  l'adminislraiion  à  cette 
maison.  Elle  jeta  les  yeux  sur  GoLinel, 
comme  devant  être  le  premier  princi- 
pal. Aucun  choix  ue  convenait  mieux; 
il  y  fit  un  bien  incroyable  par  le  soin 
q  l'il  prit  d'y  établir  un  bon  plan  d'ins- 
truction, par  les  solides  et  i'rc'qucntes 
leçons  qu'il  donnait  lui-même  aux  élè- 
ves, par  ses  bons  exemples,  et  par  une 
excellente  e'conomie  des  revenus  qui 
lui  fournit  les  moyens  d'étendre  et 
d'augmenter  les  bâtiments  de  ce  col- 
lège. 11  le  ç;ouvcrna  pendant  quarante- 
iroisans,  (ty  mourut  le  9  mars  1690. 
Kollin,  .-.on  c<illcgue,  a  célébré,  dans 
un  beau  poème  latin ,  ses  vertus  et  ses 
longs  et  utiles  services.  Gobinet  avait 
fonde,  datîs  le  coilégc  du  Plessis,  deux 
bourses,  peur  >  élever  deux  jeunes  étu- 
diants, tirés  de  sa  ville  natale,  et  en 
avait  d*.nné  !a  nomination  à  l'aîné  de 
sa  fdinill'^.  On  a  de  lui  les  ou- 
vrages suivants,  tous  de  piété,  et 
propres  à  en  entretenir  ou  à  en  ins- 
pirer les  sentiments:  1.  Instruction  de 
la  jeunesse  en  la  piété,  tirée  de  VE- 
criture  Sainte  et  des  Saints-Pères  , 
Paris,  i655.  un  volumein-isi.De  tous 
les  livres  de  Gobinet,  c'est  celui  qui  a 
tu  le  plus  de  vogue.  On  s'en  servait 
.•ïuliefois  dans  les  écoles,  pour  y  ap- 
prendre à  liie.  Aussi  a  t-il  eu  tant 
d'éditions  ,  qu'il  serait  impossible  d'en 
fixer  le  nombre.  Un  ecclésiastique, 
nommé  Mori<i,  .>'avisa,  en  i^oS,  d'en 
détacher  le  qualrièmc  rhnpiire  sur  la 
Correction  fraternelle  ^  et  y  ajouta 
«es  j^opres  K'fb  xious.dont  quelcpies- 
unes  auiorisaidit,  conseillaient  même 
les  (lél.ilions.  I/ouvr.ige  fut  publié; 
mais  -lyaut  paru  dangereux ,  \\  lut  sup- 
primé, et  l'auteur  fut  admonesté.  II. 
Xnstrucùcn  >ur  lu  pénitence  et  lu 
iuinle  communion  ,  Paris ,  lOO^  ,  nu 
volume  in- 1 'x  ,  ï'éimpi  imé  |)our  la  liui- 
ti^mc  fis  eu   i-j-if).  \\\.  Imtiuclioti 


GOB 

sur  la  vérité  du  Saint-Sacrement , 
Paris ,  in- 1  '2 ,  1 67  7  ,  1 69 1 .  IV.  Ins- 
truction sur  la  religion,  Paris,  in- 
12,  1687,  1755.  V.  Addition  à 
r Instruction  de  la  jeunesse,  conte^ 
nant  cinq  traités,  Paris,in-i2,  1689, 
i7i4«  VI.  Instmction  sur  la  ma- 
nière de  bien  étudier,  Paris ,  in- 1 2  , 
1 689 ,  1 690.  VI 1 .  Instruction  chré- 
tienne des  jeunes  filles,  Pai  is  ,  in- 1 2, 
1682  ,  I  709.  Tous  ces  ouvrages  ont 
vieilli  pour  le  langage  ;  mais  la  mo- 
rale eu  est  si  pure  et  si  substan- 
tielle, ils  peuvent  si  bien  contribuer 
à  inspirer  l'amour  des  vertus  chré- 
tiennes, qu'ils  mériteraient  que  quel- 
que main  habile  prît  la  peine  d'en 
retoucher  le  sly'e,  pour  ôter  tout  pré- 
texte de  les  écarter  de  l'éducation, 
où  ils  ont  été  et  peuvent  être  encore 
si  utiles.  —  Jean  Goeipjet,  docteur 
de  Sorbonne,  et  neveu  du  précédent, 
lui  succéda  comme  principal  du  tol- 
légc  du  PIcssis ,  où  il  continua  de 
faire  le  même  bien.  11  quitta  cet  em- 
ploi pour  être  grand  -  ch.tntre  de  l'é- 
glise de  Chartres  _,  où  il  mourut  en 

L— Y. 

GOBUYAS ,  l'un  des  sept  qui  cons- 
pirèrent contre  les  mages ,  était  de 
l'une  des  principales  familles  de  la 
Perse.  Otane  s'etant  assuré  qu'un  ma- 
ge ,  nommé  Smerdis  ,  avait  profité 
(le  sa  ressemblance  avec  le  fils  deCy- 
rus,  du  même  nom,  pour  usurper  le 
troue,  fit  ])ait  de  sa  découverte  à  Go- 
bryas  et  à  Aspallùnès.  Ils  s'associèrent 
Inta[>hcrme  ,  M(gaby/.e,  Hydarne  ot 
Dai  ius ,  et  résolurent,  en  commun  ,  de 
délivrer  la  Perse  d'un  Joug  aussi  hon- 
t<ux.  Le  rang  élevé  qu'ils  tenaient  dans 
l'clat,  l<  ur  d(>uiia  la  facilité  de  pénétrer 
dans  la  juemièrc  enceinte  dti  palais. 
Tes  emiiiqucs  voulant  les  empêcher 
tl'aller  plu»  avant ,  les  conjuiés  les  tuc- 
r(i;t,  et  fondirent  surSmerdis  et  Pâli- 
'^iilièi  son  fjcrr.  Les  miij^cs  se  mirent  ctt 


1724 


GOC 

cîcfciisc  ;  (îtMix  dcsconjtircs  furent  ])1p5- 
M'S  :  ni.iisP.ifi/illii  s  lui  ttu-siif  l.i  pl.ur, 

•  t  Smcrdis  s'ciiliiil   diiis    une  aiilic 

•  lianibiT  ,  où  il  fut  poui.siii>i  j^ir  Go- 
})ivas  tl  Darius.  Gohryas  le  saisi!  ;  et 
voyant  que  Uai  iiis  craignait  dv  le  bles- 
ser à  cause  de  robscurile,  il  lui  dit  de 
frapper  liardirnent,  dût-il  le  tuer  hii- 
mèiuc.  Darius  lut  assez  heureux  pour 
jie  j)erccr  que  le  m.iîjje.  Guhryas  jouit 
du  plus  grand  crédit  sous  le  rcs;ue  de 
Darius,  dont  il  avait  e|)ousc  la  sœur, 
5ans  doute  avant  qu'il  lût  roi,  et  qui 
épousa  Jui-ujCMiie,  dans  la  suite,  une 
des  filles  de  Gobryas.  Le  célèbre  Mar- 
doni:is  ctail  (ils  de  Gobryas  et  de  la 
sœur  de  Darius.  G — r. 

GrOCKEL  (  Ererhard  ),  médecin 
très  estimé  eu  Allemagne  vers  la  fin 
du  xvII^  siècle  ,  naquit  à  Ulm  en 
i656.  Il  pratiqua  d'abord  à  Gicn- 
gen ,  et  fut  ensuite  nommé  médecin 
du  duc  de  Wiiitemberg  et  membre 
de  l'académie  des  Guricux  de  la  na- 
ture. H  passait  pour  un  des  meil- 
leurs praticiens  de  son  temps.  Ses 
écrits,  conjointement  avec  ceux  de 
Henri  Screta  de  Schafhouse  et  de  Ro- 
sinus  Lcnlilius  de  Nordiingen  ,  ont, 
suivant  Sprengel  ,  fait  prévaloir  en 
Allemagne  le  systènii'  c])iuiico- médi- 
cal. Ce  médecin  a  publié  en  allemand, 
et  en  latin  :  1.  Consilioriun  et  ob- 
scivationum  iiieàicinaliuin  décades 
sex  collectée,  et  ver  experieiitiam 
confirmatœ ,  Au^hhourq^,  i(i8'2.  Goc- 
kcl  a  continué  le  même  ouviage  sous 
ce  titre  :  GcdUcinium  niedico-prac- 
iicmii,  sive  consilwrum ,  ohservalio- 
num  et  curationiirn  medccinaliinn 
ncvarum  centuries  duce ,  ann  diml- 
did ,  1702,  in-4''.  Ses  observations 
y  sont  classées  selon  l'ordre  du  temps 
où  elles  ont  été  faites  ;  et  il  a  indiqué 
avec  soin  le  nom  cl  les  qualiîés  des 
malades,  leur  âge,  leur  tempéra- 
ment ,  Tbisloire  des  maladies  ;  leurs 


G  0  G  r.5() 

symptômes,  1rs  ienu'*des  qu'il  a  eru- 
]>loye,s  p(uu'  l(  s  giuirir  ,  cl  les  .succès 
qu'ils  <int  obt*  nus.  11.  Jje  cuq  ovi- 
pare; Du  pi  ('tendu  œuf  de  Cfj<j  ,  ou 
du  basilic^  avec  un  appentiix  ,  dans 
lequel  on  traite  de  tontes  sortes 
d^œufs  rares  y  Ulm,   1(^97,  in -8'. 

III.  Des  Fins  frelatés  ju  mojende 
la  litharge  ,  ibid. ,  1  (397  .  in  -»S".  I V . 
De  venenis ,  annexus  e>t  Eiwhiri- 
dion  de  peste  ,  Augsbourg  ,  1GG9, 
in-8''.  On  ignore  l'époque  de  la  mon 
de  ce  nu  decin.  B — 11 — d. 

GOCLENIUS  (RoDOLPUE  »  naquit 
à  Witlembtrg  en  i^ùyx.  11  alla  éltidier 
à  Marbourg,  où  il  prit,  en  1601  ,  le  / 
grade  de  docteur  en  médecine.  En 
1 608  il  fut  nommé  professeur  de  phy- 
si([ue ,  et,  en  iGi'2,  de  malliémati- 
ques,  dans  l'université  de  la  même  ville. 
Cet  écrivain  crédule,  enthousiaste,  et 
surtout  trop  fécond ,  mourut  en  1 62  r . 
Il  a  laissé  les  ouvrages  suivants:  I. 
Phj'siolo^ia  crepilus  veniris  ;  item 
risus  et  ridiculi ,  et  elogium  nihiU , 
Francfort ,  1 607 ,  in- 1  '2  j  insérés  dans 
Y Amphitheatrum  de  DornaTi.  J.  C. 
Becnian ,  dans  !e  Catalogue  de  la  bi- 
bliothèque de  Francfort  (  sur  l'Oder) , 
attribue  ces  deux  plaisanteries  à  Go- 
clénius  le  père.  II.  De  peste  ^  ftbris- 
que  pestileritialis  causis  ,  subjecto  ^ 
differentiis , signis,  Marbourg,  1607, 
in- 1 2 .  1 1 1.  De  vitd  proruijandd  ,  id 
est  aninii  et  corporis  vigore  conser- 
vando  et  salubriler  producetulo , 
Francfort  et  Maïcnce,  1608,  in- 12.. 

IV.  Uranoscopia ,  chiroscopia ,  me- 
toposcopia^  ophtalmoscopia  y  i6o5, 
in-8^.;  Fran<-fort ,  1608,  in- 12.  V. 
Tractatus  de  mngneticd  curatione 

vulnerum  ,  citrà  idlum  dolorem  et 
remedii  appUcationcm ,  Ma  i  hou  rg  , 
1608,  in-8  .j  1609,  in-12;  Franc- 
fort ,  1 6 1 5 ,  in- 1'2  ;  Nuremljcrg,  1 66'2, 
in-4",  avec  d'autres  ouvrages.  Dans, 
l'écrit  principal ,  ou  celui  aui  cstp'acé 


54o  GOC 

en  tête  de  ce  recueil ,  Goclënïus  adopte, 
à  l'exemple  de  Pancelse  et  de  Basile 
Vaientiii ,  un  magnétisme  propre  à 
re'conornie  animale  ,  tel  à  peu  près 
que  Mesmer  Ta  reproduit  vers  la  fin 
du  siècle  qui  vient  de  s'écouler ,  et 
comme  im  principe  de  physique  gctié- 
rale ,  et  coirune  un  agent  spécial  et  cu- 
ratif.  Goclénius  mêlait  à  ses  procédés 
physiques  des  enchantements  et  des 
cxorcismes,  qui  avaient  prin»ipale- 
ment  pour  but  d'agir  sur  l'imigina- 
tion.  Cette  doctrine,  qui  eut  beaucoup 
de  partisans,  trouva  ,  en  débutant  dans 
le  monde,  de  redoutables adv(  rsaires , 
à  la  tê'e  desquels  il  faut  placer  le  jé- 
suite Roberfi,  qui  publia  a  cetie  occa- 
sion un  écrit  intitule  ;  -énatome  cura- 
tionis  magneticce  Goclenii.  V 1 .  Trac- 
talus  de  portentosis  ,  luxuriosis  et 
monslrosis  nostri  sœculi  conuiviis , 
JVÏ.irbouig,  i^ioc),  in- l'i;  déclamation 
confr*'  un  abus  (p»i  est  allé  en  i*r<'i  s.mt. 
Vil.  Erichir  dion  reint^diorum  facile 
para  ilium,  Fr.incfoit,  iGio,  in  8°. 

V II I .  huemographia  et  qidd  in  specie 
in  peste  Marpurgensi  anni  i(iii 
evenerit ,  Francfort,  i6i3,  in-8'. 
Cet  ouvrage  est,  de  tous  ceux  de  Go- 
clénius, celui  qui  reufeime  le  plus  de 
choses  utiles  ;  en  effet,  l'auteur  traite 
avec  sagesse  plusieurs  points  inicres- 
sanls  fie  la  doctrine  de  la  conlagion, 
considéiéeen  généial.  Il  expose  ,  com- 
me un  témoin  fidèle,  les  caractères, 
la  marche, et  h  terminaison  heureuse 
ou  fatale  de  la  peste.  Il  inditpie  .lussi, 
fort  judicieusement,  1*6(11  ploi  (le  moyens 
énergiques  et  efficaces,  tels  que  les  vé- 
sicaloires.  En  voyant  que  Goclénius 
possédait  les  talents  d'un  bon  obser- 
vateur, on  ne  peut  s'empêcher  de  re- 
gretter qu'il  se  soit  si  souvent  livré 
aux  écarts  d'une  imagination  déréglée. 

IX.  Synarthrosis  magnetica^  Mar- 
buurg  ,  i()i7,  in-8".  Apolgie  de  la 
doclcinc  magneliqijc  énoncée  ci-des- 


GOC 

sus.  Robcrti  publia  ,  â  celte  occasion, 
en  i6i8,  unenouvelle  réfutainn  'y  mt 
pour  titre  :  Goclénius  Fleautontimoriu 
menos  ,  id  est  curationis  magneticce 
r«*nrt.  Goclénius  répliqua  par  un  écrit 
intitulé:  Morosophia  Hoberti  jesuitce 
in  refutatione SjnartJtroseos  Gocle^ 
/ziartfp,  Francfort,  «  6 1  g.  X.  Acroteleu- 
tion  aslrolos,icum ,  M  ubourg ,  1 6 1 8 , 
in- 4''. XI.  Asserli'}  medicinœ  univer- 
salis ,  adverms  universalem  vidgb 
jactatri m,Fiài\ciorl,  i62o,in-4''.XlI. 
Trnctatus  phy siens  et  medicus  de 
sanoriim  diœta,  ibid.,  1621  et  i645. 
XWl.^l^hurisini  chromantici,  1  097, 
in-8'.    XtV.    Ch'romintia  et  phy» 
siognomica  specialis.  Marb. ,  1621; 
Hauihouig,  16  »i.  XW .  ^pologeticus 
pro  astromaniid  d'scurius  ,    Mar- 
bourg,  i()i  1  ,  iii-4  .  XVI.  Mirabi' 
lium  nalurce  liber,  sive  defensio   "a- 
gneticœ  curatioms  vidm  rum  ,  Fi  anc- 
fort,  1625,  1643  ,  in-f<  lio.  D  rnier 
efÇjrt  de  Goclénius  pour  défendie  la 
plus  erronée  de  ses  doctrines.    Son 
obstination  fut  vaine  ;  et  le  champ  de 
bataille  resta  à  Roberti ,  qui  l'avait  ac- 
cablé sous  le  double  poids  d'une  meil- 
leure physique   et   d'utie  dialectique 
plus  sévère.  —  Son    père  ,    nommé 
aussi  Rodolphe  Goclénius  ,  né  en 
i5^7  à   Corbach  ,  dans  le  comté  de 
Waldeik,  fut  long-temps  professeur  de 
logique  à  Marbourg;  il  survécut  à  son 
fils,  et  mourut  le  8  juin  iG'io,  après 
avoir,  dans  sa  longue  carrière,  con- 
féré le  doctorat  ou  la  maîtrise  à  plus 
de  six   cents  élèves   formés   par  ses 
soins,    cl  p  iblic  un  grand   nombre 
d'ouvrages.    Voici  les  principaux  :  I. 
Spongia  errorum  Ileiz.  Buscheri , 
Fiancfort,  i58f),in  8°.    Il.y/ri^'er- 
saria  ad  exotericas  aliquot  exerci- 
tationes  Scaligeri ,  Marbourg,  i5tj4, 
in-So.   Cet  ouvrage  de  J.  C.  Sealiger 
était  le  livre   favori   de  Goclénius  le 
pcrc,  et  il  Tappclait  sa  Bible.  III» 


GOD 

Quœsliones  cl  disfuitcitione'!  de  or- 
dinc  et  mclhodo  diddSCtilicn,  ibid,, 
i")*)!  ,  iii-8".  IV.  Philosophia  prnc- 
iica  Mnuriliana,  Cissol ,  i (iu/j ,  in  8 '. 
V.  Phjyucœ  coinpUtce  spcculnm  , 
Fr.iiK  luit ,  i()o4  ,  in-H".  VI.  Mi^cel- 
lanea  philosophico  theolopca,  M :ir- 
boiii\;,  lOo-j-oi),  5  vol.  in  i5  .  VII. 
ComUiator  philosophicus  ,  Casscl , 
i(3o9,i!i-4 '•;  i'''  "'^'f*>*' î  iGm),  i0'25, 
in- 4".  VIII.  Obser^ationes  ling'tce 
Intinœ  y  Fraiicfoit,  iGo().itt  8  .  IX. 
Idea  philosophiœ  PlaV>nicœ  ,  M<r- 
Loiuç; ,  I  (3 1  2  ,  in-8 '.  X,  Lexicon  phi- 
losophicurn,  Francfi»!  l ,  1  fi  1  5 ,  in-4  '. 
Nous  .jvons  donne  cette  bibliographie 
avec  quelque  détail,  paire  que  l'iden- 
tité' de  prénom  a  souvent  fait  con- 
fondre les  ouvrages  du  père  avec  ceux 
du  fils.  D— G— s. 

GODARD  (  Jacquen  )  ,    c(;ré   de 
Cliastre  en  Berry,  a  donné  un  Petit 
traicté  en  vers,  contenant  la  de'plo- 
Taiiotide  toutes  les  princes  de  Rome 
depuis  la  fondati  m  et  constiintion 
d'icelle  ,  faicte  par  Roniiilus ,  jus- 
cjues  à  la  dernière  prinse  d:s  Espa- 
gîiols  qui  a  esté  la  plus  cruelle  de 
toutes  les  autres ,  1  j'iS ,  in  8°. — Go- 
dard (Jean),  né  à  P.iris  le  1 5  sep- 
tembre 1  554  ,  était  lieutenant-général 
au  baiHiage  d(  Rii)emont.  Il  fut  amou- 
reux d'iuie  demoiselle  qu'il  a  célébrée 
dans  ses  vers  sons  le  nom  de  Lucrèce; 
el  il  mourut  après  i6'24-  C)n  a  de  lui: 
1.  Les  Triomphes  de  Henri  IV^  Pa- 
ris, 1594,  in-8 '.;impiiiMé,s  aussi  sous 
ce  litre  :  Les  Trophées  de  Henri  IF^ 
I^yon,  1594, in-8  .C'estunerc'iinion  de 
trentc-qu  itre  sonnets.    W.OEnvreSy 
Lyon,  1594,  >>>  vol.  in-8°.,  dédiéer.  à 
HcnrilV.Ou  y  trouve  Zrt  Franviade^ 
tragédie  en  cinq  actes;  et  Les  Dégui- 
sés,  comédie  en  cinq  actes  et  eu  vers 
de  huit  sy'Iabes  ,  sujet  tiré  de  la  pièce 
de   l'Arioste  ,  intitulée  :  /  suppositi. 
Tiodard  donna  une  secoude  édition  de 


GOD  5/îi 

sesœuvresen  \Vy).\.  IIÎ.  f.aiwiwrlle 
Muse  ,  <iu  les  Loisirs  de  J.  Godard , 
Lyon,  1618,111-8".  W. La  Langue 
frnnciise^  première  partie  ,  l^y  "S 
1620,  in-8'.  A.  B — T. 

(iODAHD  D'ADCOUB,  né  à 
Lan^res,  au  commencement  du  dix- 
huitième  siècle  ,  fut  fermier-général,  et 
mourut  en  1775.    Il  s'était  occupé  de 
littérature.  Voici  la  liste  de  ses  ouvra- 
ges :  1.  Mémoires  turcs  avec  ^histoire 
galante  de  leur  séjour  en  France , 
174^  ,  '-2  vol.  in-1'2.  «  Ouvrage  trop 
))  libre  ,  dit  M.  l'abbé  Sabattier ,  mais 
»  plein  d'intérêt,  et  dont  la  seconde 
»  partie  renferme  une  excellente  cri- 
»  tique  de  nos  mœurs.  Le  style  en  est 
»  vif,  élégant  et  facile.  Ou  en  a  donné 
»  depuis  une  nouv.  édition,  à  laquelle 
)>  l'auteur  a  ajoutéuneépîtredédicatoire 
»  à  M^^^.  D.  T.  (Duthé,  courtisane  cé- 
»  lèbre  de  Paris ,  alors  existante) ,  011 , 
»  sous  le  voile  d'une  ironie  piquante 
»  et  bien  soutenue,  il  fait  la  critique 
»  du  luxe  impertinent  des  ï>aïs  de  la 
«  capitale.  »   L'édition  dédiée  à  M'^*. 
Duthé,  est  la  «ixième;  elle  est  en  'î  vol. 
in- 12,  et  porte  la  date  de  1776.  ll.ie 
herceiu  de  la  France ,  1 744»  in- 1 2. 
m.  Louis  Xr,  poème ,  1744, '"-'2. 
IV.  Le  Bien- aimé ,  allégorie ,  1 7  4  4  ? 
in- 12  ,  contenant    une   critique  des 
écrits  qui  pariuent  sur  la   convales- 
cence de  Lo\iis  XV.  V.  Histoire  et 
aventures  de  *** ,  par  lettres,  i  ^44  > 
in- 1 2.    VI.  Naissance  de  Clinquant 
et  de  sa  fille  Mérone,  conte  allégo- 
rique et  critiqu". ,  1744?  '""  ^ 2-  ^^f • 
The  mi  dore ,   1745,    in-12;    1797, 
drux  volumes  in  -  12  ,  roman  licen- 
cieux. VIII.  Académie  militaire  ^  ou 
les  Héros  subalternes ,  par  un  auteur 
suivant  L'armée ,   I7^5,  six  parties 
in  -  12.   Il  y   en  a   plusieurs    réim- 
pression'? en  2  vol.  in- F  2.    IX.    La 
Pariséide  ,  ou  Paris  dans  les  Gau- 
les ,  1775,  2  vol.  in-8'.  X. Quelques 


54'2  GOD 

pièces  de  tlicatre  inédites ,  savoir  (avec 
Viilarct  et  Brel  ) ,  Le  Quarlwr  d'hi- 
i'er,  comédie,  jouée  au  Thcâirc-Fian- 
çais  en  i  ^44  '•>  ^^  ''^"^  ^^  Théâtre- Ita- 
Jien,  La  Déroute  des  deux  Paméla^ 
(  celle  de  Lirh'Tusscp  cl  celle  de  Boissy) , 
1  "j/^^j  cl L^^mour second,  \']^5. 

A.  B—T. 
GODDARD  (Jonathan),  physi- 
cien  et  rhiraiste  ang  ais  ,  naquit  à 
Greenwirh  en  1617.  Il  iut  reçu  doc- 
teur en  i64'2j  à  i'université  de  Cam- 
Lridge  ,  et  fut  nommé  depuis  méde- 
cin en  chef  de  l'armée  analaise.  En 
cette  qualité  il  accompagna  Gromweil, 
d'abord  en  Irlande  et  ensuite  en  Ecos- 
se ,  et  revint  à  Londres  en  1 65 1 ,  après 
Ja  l)atail!c  de  Worcester.  Goddard 
avait  été  nommé,  la  même  année, 
principal  du  collège  de  Merton ,  etavait 
clé  également  agrégé  comme  docteur 
en  mé'Iecine  à  l'université  d'Oxford  , 
dont Cromwell  était  chancelier.  Quand 
ce  dernier  retourna  en  Ecosse,  l'an- 
née suivante,  pour  réunir  ce  royaume 
à  TAngleterre,  il  nomma,  par  un  arrête 
du  16  oct.  i6f)2,  Goddard  et  quatre 
autres ,  ses  délégués  pour  toutes  les 
concessions  et  dispenses  qui  exigeaient 
son  consentement.  Lorsqu'en  i6()5, 
le  parlement  fut  dissous  par  Cromwell 
et  remplacé  parmi  nouveau,  Goddard 
fut  nommé  représentant  de  l'université, 
et  roiiseiller  d'état  la  même  année. 
Quoique  les  honneurs  dont  il  avait  été 
comblé  par  le  proicctcur  ,  l'eussent 
mis  en  défaveur  auprès  de  Charles 
II,  ce  physicien  ne  laissa  pas  île  jouir 
d'une  grande  considération  ,  par  les 
.serviras  ii'iles  qu'il  rendit  à  la  soric'lé 
royah;  de  Londres.  Il  enseigna  aussi 
la  médecine  au  collège  de  Gresham ,  et 
publia  différents  écrit.s.  Il  mourut  le 
•j\  mars  1674.  l'C'  souvenir  de  son 
ïmm  s'est  ronservé  par  l'inventicni  qui 
lui  rsl  tlue  de  dillércntes  drogues, 
anjourd'hui  hors  d'iisa^je  ,  et  «pj'uii 


GOD 

trouve  indiquées  dans  Sprat  :  Uis- 
tory  oflhe  royal  Society,  pag.  jçyy, 
290.  Mais  il  mérite  surtout  d'être 
cité  ,  parce  que  si  l'on  en  croit  Seth 
Ward  ,  évêqtie  d*"  Salisburv,  dans  " 
son  Inquisitio  brebis  sur  XAsiron. 
philolàicœ  fundanwnta,  de  Boulliau, 
Oxford,  i655,  in  -  4**-'»  Goddard 
est  le  premier  Anglais  qui  ait  cons- 
truit un  télescope.  Voici  la  liste  des 
ouvrages  qu'il  a  publiés  en  latin  et 
eu  anglais  :  I.  Ârcana  Goddar- 
dianciy  qui  ont  été  réimprimés  dans 
la  Pharmacopeia  Bateana.  IL  De 
Vahus  des  remèdes.  III.  De  la  mal- 
heureuse situation  où  se  trouve  la 
pratique  de  la  médecine  à  Londres , 
1^69,10-4^.  Les  Transact.  philoso- 
phiques ,  et  y  Histoire  de  la  société 
royale  ,  par  Birch  ,  indiquent  encore 
nombre  d'autres  écrits  de  ce  mé- 
decin ,  mais  qui  de  nos  jours  n'ont 
plus  d'importance.  B — 11 — d. 

GODEaU  (Antoine),  évêque  de 
Grasse  et  de  Vencc  ,  né  à  Dreux  eii 
i6o5,  fut  l'un  des  premiers  membres 
de  l'académie  française.  Il  s'adonna  de 
bonne  heure  à  la  poésie;  et,  de  sa 
province,  il  envoyait,  sans  aucune 
prétention  ,  ses  premiers  essais  poéti- 
tiques  à  Conrart,  son  parent,  chez 
lequel  il  logeait  lorsqu'il  venait  à  P.iris. 
Os  productions  d'un  jeune  homme 
furent  tellement  goùiées  par  les  per- 
sonnes auxquelles  Conrart  les  mon- 
tra ,  que  celui  -  ci  conçut  l'idée  de 
rassembler,  dans  sa  maison  quelques 
g<ns  de  lettres  pour  leur  en  faire  la 
lecliirr.  Ces  assemblées  furent,  pour 
ainsi  dire,  le  berceau  do  Tacadcmie 
française  ;  et  ce  lurent  elles  qui 
commencèrent  la  réputation  de  Go- 
deaii.  Conrart  engagea  le  jeune  poète 
à  se  fixer  à  Paris.  Il  y  fut  accueilli  par 
tout  ce  que  les  sociétés  de  la  capitale 
diTiaient  de  plus  aimable  et  de  plus 
dibtiiigué;  soit  eu  bcaux-espiits ,  soit 


GOD 

ru  prccit'U.ses ,  |)our  nous  servir  do 
rcxprc'ssion   (le  ce  trinps-là.  M.nlc- 
inuisclle  de  U.unboiiillcl,  Julie  d'Aii- 
gennes,  dil,  dans  une  de  ses  lellresà 
Voilure  :  «  II  y  a  ici  un  homme  plus 
V  petit  que  vous  d'une  coudée,  et, 
»  je  vous  jure,  mille  lois  plus  gal.inf.  » 
]^l  Ciodcau  fut  appelé  le  nain  de  Ju- 
lie. 11  se  fit  une  soi  te  de  renommée  de 
ce  qu'on  ëlail  convenu  d'entrndjc  par 
galanterie  ,  dans  un  siècle  où  Texem- 
ple  de  quelques  écrivains  à  la   mode 
avait  appris  à  rafiner  snr  tout.  Voi- 
ture ,  qui  peut-être  avail  conçu  quelque 
jalousie  de  la  prëdileeiion  que  sa  nol)le 
correspondante,  la  dispensatrice  des 
réputations  du  jour  ,   alTectciit    pour 
Godeau  ,  adressa  quelque  temps  après 
à  ce  dernier  le 'rondeau, 

Comme  iiu  galant  et  brave  chevalier, 

qui  se  termine  ainsi  : 

Quittez  l'amour,  ee  n'est  votre  métier; 
Faites  des  vers,  tradiiiseï  le  Psautier} 
Votre  façon  d'écrire  est  fort  jolie  ; 
Mais  gardez-vous  de  faire  de  folie  , 
Ou  je  saurais,  ma  foi,  vous  cL&lier 
Comme  un  galant. 

Du  galant  de  l'hôtel  de  Rnrabouillet, 
il  y  a  loin  à  l'cvêque  de  Grasse  et  de 
Vence.  Par  quel  enchantement  a  pu 
s'opérer  une  telle  métamorphose?  Go- 
deau vivait  dans  un  temps  où  l'humble 
]>elil-coilet  était  presque  toujours  com- 
ble' des  faveurs  de  la  fortune  :  Godeau 
fut  abbe'.  Ayant  composé  en  vers  fran- 
çais une  paraphrase  du  cantique  Bé- 
nédicité, il  en  fit  hommage  au  cardi- 
nal de  Richelieu ,  protecteur  des  let- 
tres. Le  ministre  reçut  avec  bonté  le 
présent,  et  dit,  du  ton  le  plus  gra- 
cieux, à  celui  qui  le  lui  offrait:  u  M. 
w  l'abbé,  vous  nie  donnez  Benedicite, 
y>  et  moi,  je  vous  donnerai  Grasse.  » 
Peu  de  jours  aj>rès  ,  Antoine  Godeau 
s'appcldit  monseigneur  de  Grasse.  Si, 
dans  cette  occasion,  le  cardinal  dit  un 
bon  mot,  il  fit  en  même  temps  un 
digue  prélat  :  Godeau  uc  cessa  de  se 


GOD  fJO 

faire  remanpK  r  p  ir  ses  vertus  cliié- 
tirnnes,  sa  haute  piété,  et  sa  scrupu- 
leuse exactitude  a  rcmj)lir  tous  les 
devoirs  de  son  pieux  mmislcre.  Si 
nous  voulons  maintenant  le  considé- 
rer connue  écrivain,  nous  serons  for- 
cés de  convenir  que  Despréaux  «t 
raison  ;  Antoine  Godeau  fut  un  pau- 
vre poète.  Il  était  loin  de  mau(jucr 
d'esprit;  mais  il  n'avait  tenu  compte 
du  précepte  d'Horace  : 

Sumite  maleriam  veslris  ,qui  scribitis ,  aqtiam 
Viribus. 

Son  talent  était  au-dessous  du  genre 
qu'il  avait  adopté.  Ce  n'est  pas  qu'on 
ne  trouve  ,  parfois ,  dans  ses  odes  , 
des  pensées  dignes  des  grands  poètes; 
par  exemple  ces  vers  : 

....  f.eur  gloire  tombe  par  terre; 
Et  comme  elle  .1  i'<'elat  du  verre  , 
Elle  en  a  la  fragilité 

que  Corneille  n'a  pas  dédaigné  de  s'ap- 
])roi>rier  dans Polieucte.  En  général  les 
productions  de  Godeau  prouvent  la 
fécondité  de  son  esprit  :  il  écrivait  avec 
une  abondante  f^icililéque  l'on  ne  con- 
fondra jamais  avec  la  verve.  L'cvê- 
que de  Grasse  fui  député  des  états  de 
Provence  ,  sous   la  régence  d'x\nne 
d'Autriche  ;  on  remarqua  ,  dans  sa  ha- 
rangue ,  qu'il  dit,  en  parlant  de  cette 
province,  et  pour  donner  une  idée  de 
sapauvreté,  que,  comme  elle  ne  portait 
que  des  jasmins  et  des  orangers,  on  la 
pouvait  appeler  une  gueuse  parfumée. 
Godeau  partagea  le  sort  du  grand  nom- 
bre d'écrivainsmédiocres  dontla  gloire 
usurpée  s'évanouit  le  lendemain   du 
jour  où  leurs  productions  ont  fait  naî- 
tre un    fol  enthousiasme.  Le  nom  de 
Godeau  ,  cependant  ,  plus  heureux 
que  ses  vers,  a  sur  eux  cet  avantage 
qu'il  est  encore  assez  connu,  lorsque 
depuis  long  -  temps   personne   ne  lit 
ses  faibles  écrits.  On  pourrait  douter 
qu'il   eût  donné  la  mesure  de  son  ta- 
lent,  s'd  avait  restreint   ses  moyens 


544  GOD 

dans  l'enceinte  de  la  ca mère  poétique: 
mais  il  parcourut  un  plus  vaste  champ; 
et  l'histoire  et  la  biographie  ont  tour 
à  tour  occupe'  sa  plume.  \J Histoire  de 
l'Eglise  depuis  le  commencement  du 
monde  jusqu'à  la  fin  du  Fin  .  siè- 
cle, Paris,  i(353-  1678,  cinq  vol. 
in-fol.;  la  Fie  de  St.  -  Paul,  ibid., 
1 647,  in-4'.j  celle  de  St.  Augustin  y 
ibid.,  i652,  in -4".,  Lyon^  1^)8), 
ia-8\;  celle  de  M.  de  Cordes,  con- 
seiller au  Cliatelet,  il).,  i645,  in- 
1 2  (  anonyme  )  ;  les  Eloges  des  évê- 
(jues  qui ,  dans  tous  les  siècles ,  ont 
fleuri  en  doctrine  et  en  sainteté,  P.i- 
ris,  i665,  in-4''.  ;  les  Éloges  histo- 
riques des  empereurs,  etc.,  ibid., 
1(367  ,in-4°-,  fixèrent  l'opinion  qu'on 
devait  concevoir  de  son  meVite  comme 
prosateur  et  comme  écrivain.  La  Ver- 
sion expliquée  du  nouveau  Testa- 
ment, Paris,  16G8,  2  vol.  in-8\; 
167  2 ,  in- 1 2.;  la  Morale  chrétienne , 
ibid.,  I  705,5  vol.in-i2,  et  1709;  la 
Fie  de  St.- Charles  Borromée,  ibid., 
1657,  in-8".  (  Fof.  BoRROMEE,  V  , 
201  );  ï Eloge  de  St.François  de 
Sales,  Paris,  i()63,  in- 12,  et  le 
Panégyrique  de  St.- Augustin,  ibid., 
1 055 ,  in- 1 2 ,  ceux  de  ses  nombreux 
ouvrages  qui,  pour  leur  importince 
ei  leur  mérite ,  furent  le  plus  recher- 
chés dans  le  temps  qu'ils  parurent, 
ne  feront  ressusciter  ni  la  grande  célé- 
brité de  son  nom,  ni  l'éclat  de  sa  gloire 
passée.  Nous  nousibsiiendrousdr  par- 
ler de  la  Paraphrase  sur  les  Epîtres 
de  St.Paul,  P.«ris ,  i()4  1  ,  in  12;  tle 
celle  des  Epitres  canoniques  y  ibiJ., 
1640,  in-i2,  ainsi  que  do  Fastes 
da  l'Eglise  ,  ibid.,  1O74  ,  in  12  , 
poème  de  plusde  i  5,()00  vers.  Ces  vo- 
lumineuses com|)ositions,  non  plus  que 
les  Eiiloaues  chrétiennes,  le  poème  de 
V  Assomption,  celui  del.»  Maddeine , 
celui  de  St.- Eustache y  ne  trouveront 
contre  les  ouir.iges  du  temps  aucune 


GOD 

défen-^c  dans  la  sollicitude  de  la  pos- 
térité. Quelques  vers  de  la  paraphrase 
des  Psaumes  de  David,  Paris,  1648, 
in-4'.,et  du  poème  de  St.  Pauly'ih.^ 
1654,   in-i2,  et  quelques  unes   de 
ses  lettres ,  sont  peut-être ,  les  seuls 
vestiges  qui  resteront  parmi  tant  d'é- 
crits (1).  Ses  Psaumes  ont   été  mis 
en  chant  ,  et  quelquefois  substitués  à 
ceux    de   Marot  dans  les  temples  ; 
mais  la   musique  de  Gobert    n'a    pu 
réchauffer  la  froide  prolixité  des  vers 
de  Godeau ,  et  elle  est  elle  -  même 
oubliée.  Un  homme  d'esprit  r«:ndait 
raison  du  délaissement  où  sont  res- 
tées ces  poésies,  souvent  parsemées 
de  beaux  vers,  en  disant ,  «  qu'elles 
ont  la  simplicité,  mais  non  la  force;  » 
ce  qui  fait  souvenir  du  mot  de  Boileau 
sur  ce  poète  qu'il  appelle  ,  toujours  à 
jeun.  On  a  cité  mille  fois  une  anec-. 
dote  qui  fait  beaucoup  d'honneur  à 
Godeau.  Venant  les  derniers,  nous 
n'off'iirons  au  lecteur  que  le  mérite  de 
l'exactitude ,  en  la  transcrivant  d'un 
recueil  contemporain:  «  Lorsque  l'his- 
»  toire  ecclésiastique  de  M.  Godeau, 
»  d('jà  évêque  ,  commença  à  paraître  , 
»  le  père  Le  Cointc,  de  l'Oratoire,  se 
»  trouva  chez  un  libraire  avec  quel- 
»  ques  savants.   M.  Godeau  y  était 
»  aussi.  Il  avait  eu  soin  de  cacher 
»  totites  les  marques  de  sa  dig^nité 
»  qui  auraient  pu  le  faire  reconnaître. 
»  \i  1  conversation  roula  sur  cette  nou- 
»  velle histoire;  et,  suivantla  coutume 
»  assez  ordinaire  aux  savants ,  on  en 
»  parla  avec  beaucoup  de  hberlé.  Le 
»  père  Le  Gointe  convint  qu'il  y  avait 


{t)  La  plupart  >rfQtre  eut  u'ont  p.«t  ^l<^  tout- 
à-fiit  inutiles  u  rFl^lise  ,  r(  rLiiioirc  ue  (Iéil4i{;ne 
liai  <lr  1rs  coniultir  encore  quelqu"roif .  tëinoiit 
la  r(!iinprejsiu>i  i|ue  M.  Jaullret,  aujour<l'hui  <tvé- 
qiif  (11-  Mrtx  ,  a  ilotiiié  des  Etofin'  ilts  iviquet  ^ 
1801,  iii-K".  Ce  woliime,  dont  les  ajiiiùuns  forinriit 
M  p'-n  prc»  1.1  Cinquième  partie,  est  enrichi  J'uim 
Vie  de  Giiileaii,  i|ui  se  trouve  à  son  ran};  parmi 
relie»  di-s  «'vi'uiirs.  N'iu»  u'avoM»  don»-  pa»  eu  1* 
prëleiitiiiii  lie  jutf'rlrs  <>iivr<i(;ri  ili;  Go4c*ll  *U* 
Ueiwcnt  ([Ut  soui  le  rapport  liUériurc  . 


r.on  OOD             545 

«  beaucoup  ilo  (  Ijiiscs  (  xccllenics  d.jns  vivjgc  0»  prose  ilc  Godraii,  qui  n'.iv.iit 

1)  cet    ouvr.T^o  ,     (prori    lie    poiiv.iit  «|uo  vini;l-f|ualrc  ans  Jorscju'il  le  pii- 

»  lien  lire  de  plus  jiuliricux  cpur  ses  bli.i ,  l'.nis,  i()'2|),  in  4"«  î  «eprodiiiC 

»  rcllcxidiis  ;  in.iis  il  .ijoiil»  qu'il  au-  à  la  tclr  de  riiditioii  des  OEnvres  de 

»  rait  souhaitr  j)lus  dVxaclitudc  dans  Mallurbc  \M\r  Mc'iia^c,  i7'-i';t,  5  vol. 

»  les  laits  et  plus  do  rriliquc.  Il  fit  iu-i7>.  Ce  discours  est  reniarquahlo 

»  cnsuiu  rcniaïqiirrqucKjutspiKlroils  j)ar  la  sapfessc  des  idées  et  la  j^nrclc 

»  qui  r.ivaicnt  le  plus  frappe.  M.  Go-  du  style  (  1).                       G.  V — a. 

>  (leau  écoutait  sans  rien  dire.  Apres  GODEAU  (  MiCHtr,  ),    ne    vers 

'  !o  d<'part  de  ce  père,  il  eut  ^raud  iG56,  professait    la    rhétorique  au 

>)  .soin  de  savoir  sou  nom  et  sa  de-  collège  des  Grassins ,  en  1684,  <t  f"t 

))  meure.  Le  même  jour  il  se  rendit  à  recteur  en  i  ■]  1 4.  H  fut  .uissi  cure'  de 

«  Toratoire  ,  et  se  lit  annoncer;  on  St.-Conic.  Se  trouvant  implique  dans 

»  peut  s'imaginer  quelle  lut  la   sur-  les    affaires   du   jansénisme  et  dans 

»  prise  du  P.  Le  Cointe  lorsqu'il  le  l'opposition  de   la  facullc  des  aris  à 

»  vit  :  il  lui  fil  des  excuses  de  son  in-  |a  Jsulle  Uni^erùlus ,  il  fut  en  i-jSG  , 

»  discrétion.  Le  prélat  le  remercia  au  iéxile   à   Corbeil ,   quoiqu'il  (ût  alors 

»  contraire  de  sà  sincérité,  le  pria  de  quatie- vingt.»»  ans;  et  il  mourut  !c  'l'j 

»  continuer  ce  qu'il  avait  commence'  mars  de  la  même  année.  Il  est  auteur 

»  le  matin,  et  lui  fit  cette  prière  avec  des  ouvrau,cs suivants  :  1.  Âlrés^édes 

»  tant  d'instance  qu'il  ne  put  lui  refu-  maximes  de  la  vie  spirituelle^  re- 

»  ser  sa  demande.  Ils  lurenlensemble  cueilli  des  sentiments  des  Pères  et 

»  cette  histoire,  sur  laquelle  le  P.  Le  traduit  du  latin  de  D.  Barthélemi 

»  Cuinte  fit  d'ampîcs  remarq\»es.  Le  des  Martyrs  ^  Paris,   1699,  b)-i'2. 

»  pre'Iat,  après  l'avoir  remercie,  en  DansVBisloire  de  l'académie  fran- 

»  profita  dans  une  nouvelle  édition.  c<ïije  par  Pelisson, celte  traduction  est 

»  Depuis  ce  temps,  il  honora  le  P.  attribuée  à  M.  Godeau,e'vêque  de  Ven- 

»  Le  Cointe  de  son  amitié'.  »  Ce  rcs-  ce.  Il  n'y  a  de  ce  prélat  dans Touviage, 

pectabie  prélat  mourut  à  Veuce ,   le  que   l'éloge  de  dom  Barthélemi   des 

•J.I   avril  iG''j2.  Comme  la  bibliogra-  Martyrs.  IL  De  V Amour  de  Dieu, 

phie  de  ses  nombreux   ouvrages  est  trailédeSt-Bonawenture,l?ai\s,\ni'2^ 

Lrt  étendue,  nous  renvoyons _,  pour  in-i  2.  III.  Une  grande  partie  des/;oe- 

li  compléter  ,  aux  Bibliothèques  de  sies  de  Boileau ,  mises  en  vers  latins 

Dupiu,  et  du  P.  Le  fiOiig,  aux  Mémoi-  et  réunies  en  un  recueil  sous  le  titre  : 

r<?5  de  IN iceron,  tom.  XVIII  et  XX  ,  et  Perillusiris    viri   Nicolai   Boileau 

surtout  à  V Histoire  de  V académie  Despréaux  opéra  è  gallicis  nume- 

jrancaise ,  1743,  tom.  i  '.,  pag.  1  -2,  ris  in latinos  translata,  Paris,  1  737, 

95,  5 14  et  596.  Ce  dernier  ouvrage  in- 12.  Les    pièces  traduites  sont  le 

fournira  des  détails  curieux  et  plus  Discours  au  roi ,  les  douze  Satires  y 

étendus  sur  la  personne  de  Godiau,  les  douze  Epilres,  les  quatre  chants 

Nous  ne  croyons  pouvoir  mieux  ter- ■ 

miner  cetarticle  qu'en  appelant  l'atten-  ('^  Les  biMiopLiies  auraient  droit  de  do«« 

»                ri  reprocher  d  avoir  négligé  celte  occ.ision   de  faire 

lion  sur  nnedeSproduCtionsdecelécri-  connaUre  a  nos   lecteurs  un  ouvrage  de   Godeau 

1        .  I         1-1  !•             „1      „   „     .        '      '  qi'i  paraît    n'avoir   pas   été  connu    de»   historien» 

Vain,d0nt  les  bibliographes  ont  gène-  3e    l'academie     française,    daiUeurs    fort    exact» 

ralement  neyise  de  donner  l'indication  Ç;"";.'^  '.'  ™»"-  ^  ''/  "".  ''^î?  '"tiiuié  :  Prières  es 

no  /Kledilations  ^   par  Antutne  Godeau  ,  Pans,  ib43  ,' 

prCriSC    :   C  est     un      Discours   sur   les  q";   n'a  jamais  été    tiré    qu'a   six   exemplaires,   e* 

j       nr    JJ       1        \  qui  fut  imprimé  pour  Tusace  de  la  reiae  de  Fraac» 

œui'res  de  Malherbe  fie  itrcmicv  OU'  Inuc  d'AuuicLe. 

XVII.  35 


546  G  0  D 

de  VArl  poétique.  Il  avait  aussi ,  dit- 
on  ,  traduit  le  Lutrin;  mais  celte  tra- 
duction ne  fait  pas  partie  du  recueil. 
Si  l'on  en  croyait  l'auteur  de  l'appro- 
bation ,  Boileau  se  serait  reconnu  dans 
cette  version ,  et  aurait  même  trouve' 
que  l'expression  latine  rendait  quel- 
quefois mieux  sa  pensée.  D'autres  sont 
d'un  sentiment  bien  op[)Osë.  Us  disent 
que  Godeau  a  moins  traduit  Boileau 
qu'il  ne  l'a  travesti^  et  suivant  eux, 
«  le  Virgile  de  Scairon  approche  plus 
de  l'Enéide,  que  la  traduction  de  Go- 
deau de  son  original  (  i  );  »  jugement 
qu'on  peut  croire  également  exagéré 
des  deux  cotés.  On  trouve  dans  le 
même  recueil  la  traduction  latine  de 
deux  Pièces  en  vers  français ,  de 
l'abbc  de  Villicrs,  et  à  la  tête  un  petit 
poème  de  l'abbé  de  Lavarde  ,  in  vers 
hendécasyllabes,iutittdé  :  UmhraGo- 
delli  ad  suum  librum.  IV.  Traduc- 
tion en  vers  saphiqiies  de  l'ode  de 
M,  Roi  sur  V étude ^  et  quelques  au- 
tres pièces  de  poésie,  les  unes  impri- 
mées, les  autres  restées  manuscrites 
cl  aujourd'hui  sans  inlcrêl.      L — y. 

GODliBl':irr,  roi  des  Lombards, 
en  6(ii  et  G62.  Aribcrt  appela  en 
mourant  ses  deux  fils ,  Godebert  et 
Pcriharile,  à  lui  succéder.  Godebert 
s'établit  à  Pavi(! ,  et  Perlharile  à  Mi- 
lan :  cependant  celui  ci,  qui  était  l'aî- 
né ,  voyait  avec  jalousie  son  frère 
cg.ilé  à  lui.  Des  disputes  survinrent 
relativement  aux  limites  des  deux  apa- 
nages :  Godebert  fit  demander  des 
se-ours  ."i  Gi  imoald  ,  duc  de  Béné- 
v<'nl,lc  plus  puissant  fcud.itaire  lojn- 
bard;  et  Grimoald  accourut  avec  une 
nombreuse  armée  ,  dans  riiilenfiou 
de  profiter  de  la  discorde  drs  deux 
ftrères,  pour  s'inipirer  lui  -  merne  de 
la  couronne.  Il  fut  reçu  à  Pavie  ,  (  t 
logé  dans  le  palais ,  comme  un  ami 

(1)  Le*  Troit  Sikcles  de  la  Liltirutmrc  J'ran y. 


GOD 

fidèle  ;  mais  Godebert ,  ayant  conçu 
quelque  défiance  ,  mil  une  cuirasse 
sous  ses  habi's  à  sa  première  en- 
trevue avec  Grimoald.  Le  duc  de 
Bénévcnt,  en  embrassant  son  souve- 
rain, sentit  celle  cuirasse  :  il  feignit 
de  la  prendre  pour  l'indice  d'un  pro- 
jet hoslile  ou  d'une  trahison;  il  fit 
massacrer  Godebert,  cl  s'empara  de 
son  palais.  Perlharile,  attaqué  à  son 
tour,  chercha  son  salut  d ms  la  fuite  ; 
et  Grimoald,  quinze  mois  après  Ift 
couronnement  des  deux  frères,  fut 
couronné  roi  des  Lombards,  en  662. 

S.  S— I. 
GODEFROI  DE  BOUILLON,  duc 
de  Lorraine ,  et  premier  roi  chrétien 
de   Jérusalem  ,  naquit  au   village  de 
Bczy,   près  de  Nivelle,  dans  un  châ- 
teau dont  on  montrait  encore  les  res- 
tes à  !a  fin  du  dernier  siècle.  Son  père 
était  Euslache  II ,  comte  de  Houlo<ine, 
et  sa  mère  ,  1  de  ,  fille  de  Godefroi  le 
Barbu,  duc  de  f^orraine,  qui  comptait 
Cliarlemagne  parmi  ses  ancêtres.  Go- 
defroi le  bossu  ,  frère  de  Ide,  ayant 
adopté  Godefroi  de  Bouillon ,  l'aîné 
de  SCS  neveux,  lui  transmit  leduchéde 
Lorraine.  Hf^iiri  IV,  empereur  d'Al- 
lemagne, animé  d'une  haine  invétérée 
contre  les  ducs, et  espér.uit  que  la  jeu- 
nesse   du    nouveau    prince    servirait 
ses  vues  ambitieuses,  voulut  contr.i- 
rier  cette  dis|M)silion,  sous  le  prétexte 
que  le  droit  d'élire  les  ducs  de  Lor- 
raine était  une  des  prérogalivo  df  !a 
couroiuie impériale.  Godelroi  de  Bouil- 
lon  eut  donc    à    se  défendre  contre 
Tliéoil()ric,éve  |ue  de  Verdun,  el  Al- 
bert, comte  de  Verdun  ,  ennemis  que 
lui    suscitait    la    polili(|ue   de  Henri; 
el   il    lutta  contre    eux  ,    sinon   avec 
succès  ,    du  moins  avec  une  grande 
valeur.    Dans     la   suite  ,    la     guerre 
ayant  éclaté  entre  le  pape  el  l'empe- 
reur, Gudefroi  prit  parti  pour  celui- 
ci  ,  et  entra  le  premier  dans  Rome , 


G  on 

avec  les  .irmccs  iinpëi  ialcfî  :  iiiie  mala- 
die p;iMvc  r.jyinl  IV.tppo  apics  cette 
guerre,  il  Id  regarda  conime  un  châti- 
ment envoyé  du  ciel ,  pour  le  punir 
d'avoii  |)i)i  te  les  armes  coiitic  le  Sl.- 
Sief;e,  cl  (it  le  vœu  de  se  rcndreà  Jé- 
rusalem ,  non  comme  pèlerin ,  mais 
ci^mmc  défenseur  des  clircficns.  (lO- 
detVoi  donna  encore  de  nouvelles 
preuves  de  courage  dans  la  révolte 
des  vSa\ons  ,  qui  voulaient  élever  au 
tronc  Raoul ,  duc  de  Souabe  ;  et  ayant 
rencontre  ce  prince  dans  la  inèice, 
il  retendit  à  ses  pieds.  Vers  ce 
temps,  l'Occident  anime  par  les  pré- 
dications de  Pierre  l'ermite,  et  saisi 
d'un  pieux  enthousiasme  ,  se  levait 
eu  armes  pour  marcher  à  la  con- 
quête de  la  Terre-Sainte.  Godefroi  , 
lié  par  son  vœu ,  prit  la  croix  ;  et 
pour  subvenir  aux  frais  de  la  croisa- 
de ,  il  permit  aux  habitants  de  Metz  , 
dont  il  e'tait  le  suzerain ,  de  racheter 
leur  ville,  vendit  la  principauté'  de 
Stcnayà  l'cvêquede  Verdun  ,  etce'da 
ses  droits  sur  le  duché'  de  Bouillon  à 
l'cvèque  de  Liège.  Sa  renommée  et  son 
exemple  attirèrent  sous  ses  drapeaux 
ce  qtje  la  noblesse  avait  de  plus  dis- 
tingué en  preux  chevaliers  :  il  partit 
pourConstantinople  le  i5  août  1096. 
Godefroi  éiablit  dans  ses  trounes  une 
discipline  scvcre,  et  s'efforça  d'ef^icer 
la  mauvaise  impression  qu'avaitlaisse'e 
le  passage  des  premiers  croisés  :  bien 
qu'il  ne  tût  revêtu  d'aucun  comman- 
dement absolu  ,  chaque  chef  condui- 
smt  un  corps  d'armée  soumis  à  ses 
orclres  particuliers,  néanmoins  il  jouis- 
sait d'une  influence  acquise  par  sa  re- 
nommée. Lorsqu'on  approchait  de 
CoJtstanlinop'e ,  on  apprit  que  Hugues 
le  Grand,  frère  du  roi  de  France,  qui 
avait  été  pris  par  des  cors  iire.>  avec 
quelqiKS  autres  seigneiu'S,  languissait 
dans  les  fers  de  l'empereur  :  Godefroi 
Tajant  réclamé ,  et  ayant  éprouvé  un 


GOD  547 

refus,  livra  la  campagne  au  })illage  : 
tout  le  peuple  prit  la  fuite  vers  Gons- 
tanliuople,  et  y  jeta  la  terreur    L'ar- 
mée des  croisés,  continuant  sa  mar- 
che, vint  camper  devant  !a  capitale  ; 
alors  Al(  xis  intimidé,  mit  h  s  captifs 
en  liberté  :  Hugues  le'  Grand,  Dieux 
de  N'esie,  (iuill.uunc  Chirpcntier,  et 
Glerembault  de  Verdeuil,  durent  leur 
délivranceà  Godefroi. Pend.iiit  leur  sé- 
jour sur  les  terres  de  Constantinopic, 
les  croisés  eurent  à  se  ganntir  de  la 
perfidie  et  des  embûches  des  Grecs  : 
la  sagesse  et  la  fermeté  du  duc  triom- 
phèrent de  ces  obstacles ,  et  forcèrent 
l'empereur    à  changer  de    politique. 
Non   seulement  il  traita  les  chefs  de 
l'expédition  avec  la  plus  grande  dis- 
tinction, mais  même,  dans  une  audien- 
ce solennelle,  il  fit  revêtir  Gudefroi 
du  manfeau  impérial,  le  fit  placer  à 
ses   côtés,  l'adopta  pour  son  fils,  et 
mit  l'empire  sous  sa  protection. Outre 
de  riches  présents  qu'il  lui  offrit  en 
draps  d'or,  d'argent  et  de  soie,  en 
perles ,  pierreries  et  vases  de  toute  es- 
pèce; il  ordonna  que  depuis  la  fête 
des  Rois  jusqu'à  l'Ascension ,  le  trésor 
impérial  lui  donnerait  chaque  semaine 
autant  d'or  et  de  pierreries  que  deux 
hommes  pourraient  en  port<  r,  et  neuf 
boisseaux  de  monnaie  blanche  :  tous 
les  princes  croi  es  furent  traités  avec 
la  même  munificence.  iVIais  on  con- 
vint que  les  conquêtes  qui  auraient 
précédemment  fait  partie  de  l'empire, 
seraient  remises  à  Alexis,  et  que,  pour 
les  autres,  on  lui  rendrait  hommage. 
Godefroi  quitta  donc  i'emj)ereur  avec 
des  démonstrations  de  l'amitié  la  plus 
franche,  et  prit  la  route  de  Nicée.  Pen- 
dant le  mémorable  siège  de  cette  ville, 
il  donna   une  preuve  d'adres«;e  qui 
mérite  d'être  rapportée  :  un  soldat  sar- 
razm,  d'une  force  extraordinaire,  se 
tenait  sur  le  haut  d'une  tour,  d'où  il 
bravait  les  croisés  parmi   lesquels  il 

55.. 


^,;b  god  god 

jetait  la  terreur  et  h  mort.  Ses  coups  aussitôt  sa  proie,  et  se  jette  sur  lui  • 
étaient  cert:<ins  ,  tandis  qu'aucun  trait  au  même  moment  le  cheval  du  duc 
ne  pouvait  l'atteindre.  Godefroi  sur-  s'abat,  et  renverse  son  cavalier:  Gudc- 
vient,  saisit  une  arbalèt;',  et  dirigeant  IVoi  conserve  son  sang  froid  ,  se  relève 
1  œil  et  la  flèche  vers  le  terrible  sarra-  avec  la  rapidité  de  l'éclair,  et  porte  uu 
zin  ,  il  le  frappe  dans  la  poitrine  et  coup  d'épée  au  terrible  adversaire. 
l'étend  sans  vie.  Apres  un  assez  long  L'ours  ,  se  sentant  blessé,  se  précipite 
siège,  et  un  combat  très  acharné ,  au  sur  bii  et  le  foule  à  ses  pied^  ;  G  )de- 
moraentou  le.  chiéliens  allaient  li\  ler  froi ,  d'un  bras,  serre  ie  corps  de  l'ani- 
iin  dernier  .^s^aul ,  l'étendard  d'Alexis  mal  elluiplongtantde  l'autre  son  épée 
flotta  sur  les  tours  et  les  remparts  de  dans  les  entrailles,  il  l'étend  sur  la 
la  ville, dans  hxpielle  il  entreienait  des  j)Iace.  lile.ssé  grièvement  à  la  cuisse, 
intelligences  à  i'in.su  de  ^es  alliée,  affaibli  par  une  perte  de  sang  cousidé- 
Néanmoins  Godefroi  vouluf  prendre  rable,  il  fut  reconduit  au  camp  par  le 
la  nouvelle  conquête  au  nom  de  l'em  soldat  qui  lui  devait  la  vie,  au  milieu 
pcrcur,  Im  envoya  la  femme  et  les  des  acclamations  de  toute  l'armée.  Au 
enfants  de  l'émir  qui  y  commandait ,  fameux  siège  d'Aulioche  ,  lorsqu'il 
et  répondit  à  un  trait  de  perfidie  ,  en  était  à  peine  guéri  de  sa  blessure  ,  il  se 
gardant  fidèlement  la  foi  due  aux  scr-  signala  dans  une  mêlée  par  une  iiou- 
menls.  L'armée  des  croisés,  divisée  en  velle  prouesse  :  un  Sarrazin  ,  d'ime 
plusieurs  corps,  reprit  sa  route  :  une  taille  extraordinaire  ,  l'attaque,  et  du 
partie,  altaquée  à  peu  de  distance  de  premier  coup  faif  voler  sou  bouclier 
JNicéc  par  des  forces  supérieures,  al-  en  éclats.  Godefroi  se  dresse  sur  ses 
lail  succomber  et  fuyait  déjà  en  dé-  étriers  ,  s'élance  sur  son  adversaire  , 
sordre  ;  Godefroi  survint ,  rétablit  le  et  lui  assène  sur  l'épaule  uu  coup  si  ter- 
coml)at,et  arracha  la  vietoireaux  Sar-  rible,  qu'il  partage  son  corps  eu  deux 
lazins.  Depuis  ce  moment  les  chrétiens  parties  ,  dont  l'ime  tomba  à  terre  ,  et 
marchèrent  ensemble.  Dans  la  grande  l'autre  resta  sur  le  cheval,  qui  la  porta 
disette  d'eau  qu'éprouva  l'armée,  en  dans  la  ville,  où  cet  aspect  hideux  se- 
traversant  le  pays  de  Sauria{  l'isau-  ma  la  terreur.  Après  la  prise  d'Antio- 
rie  ),  on  vit  le  duc  de  Lorraine  se  pri-  cbc,  les  chrétiens  étaient  devenus  as- 
ver  de  ses  propres  provisions  pour  les  sièges,  d'assiégeants  qu'ils  étaient;  ils 
distribuer  aux  femmes  qui  suivaient  curent  à  supporter  une  horrible  fa- 
l'aimée.  Au  sortir  de  cette  terre  de  miue,  et  tous  les  maux  qui  la  suivent  : 
douKur  ,  on  entia  dans  une  plaine  plusieurs  chefs  renommés,  trop  fai- 
lertile,  couverte  de  bois,  et  coupée  de  blés  pour  en  supporter  le  poids ,  quit- 
plu.sieurs  ruiss(aux.  Godefroi,  suivi  tèrent  l'armée;  la  défection  devenait 
df  (juelqu'S  seigneurs  de  Pisidie,  pro-  de  plus  eu  plus  munbreuse.  Le  fana- 
lita  du  si'jour  (p»e  l'armée  fit  à  Autio-  tismc  et  la  superstition  détournèrent  le 
che  pour  prendre  le  plaisir  de  la  danger  d'un  aussi  funeste  exemj>le, 
chasse.  S'ètant  écarté  de  sa  troupe,  qui  aurait  entraîné  la  nuillitude.  Les 
il  entendit  des  cris  qui  mai  (luaient  l'el-  révélations  ,  les  prophéties  ,  les  mira- 
froi,  courut  vers  l'endroit  d'où  ils  par-  des  se  nmlliplièrent  ;  le  courage  se  râ- 
laient, et  trouva  uu  soldat  charge  de  nin>a:'rancrède,  inuté  par  Godefroi  et 
bois,  que  poursuivait  un  ours  allamé.  ])lusieurs  autres  chefs  illustres  ,  jura 
Acetle  vue,  il  saisit  son  épée,  et  vole  (pi'd  ne  renoncerait  jamaisà  délivrer  Jé- 
à  la  défense  du  soldai  :  l'ours  quille     rusaleiu  lanl  (pi'il  compterait  soixante 


r,  oD 

comparions  pour  romhnltrp.  IXius 
celle  (iitn  faite,  Sailli  Aiidrc  apparut 
à  lin  j)rètr('  marscill.iis  ,  pour  lui  an- 
noncer (pif  la  lance  (pii  avait  perce  le 
côld  (le  Notro-Seignenr ,  e'tait  enfouie 
près  (le  rauU'l  de  IV'^Iise  (rAntioclie, 
t'i  (ju'ellc  .-erail  retrouvée  le  troisième 
jour  après  cette  re'vclition.  Les  chefs, 
et  l'armée  à  leur  exemple  ,  reçuicnt 
celle  nouvelle  avec  la  plus  vive  joie- 
et  en  effet ,  la  terre  ayant  etc  creusée 
au  lieu  et  le  jour  indiipics,  en  pre'seiicc 
des  personna[;cs  les  plus  respectables 
d'entre  le  c!erp,é  et  les  chevaliers,  le 
pi  cire  marseillais  s'élança  dans  la  fos- 
se ,  et  en  ressortit  tenant  en  sa  main 
la  lance  cle."-tinèe  à  produiic  des  mer- 
veilles. A  celte  vue ,  tous  les  croises 
poussèrent  des  cris  d'aîégrcsse  ;  et, 
certains  désormais  d'être  invincibles, 
ils  marchèrent  contre  l'armée  de  Kor- 
l)oga ,  émir  sarrazin  ,  qui  les  tenait 
assiégés.  La  sainte  lance  était  portée 
dans  les  rangs,  où  elle  excitait  l'ardeur 
la  ])!us  vive:  les  soldats  exténués  par 
la  f;imine,  les  malades  menus,  ras- 
semblaient le  peu  de  forces  qui  leur 
restait ,  soulcnus  par  l'espoir  de  vain- 
cre ou  de  mourir  pour  Jésus-Christ  ^ 
et  tel  fut  le  miracle  opéré  par  l'in- 
fluence de  cette  lance ,  que  les  Sar- 
razins  fuient  mis  dans  une  pleine 
déroute  et  taillés  en  pièces,  quoique 
très  supérieurs  aux  chrétiens  en  nom- 
bre ,  tt  pleins  de  confiance  dans 
leur  courage  et  l'avantage  de  leur 
position.  «  Au  lieu  que  les  hommes , 
dit  un  histoiien  du  temps  ,  avaient 
accoutumé  d'être  ensevelis  sous  la 
terre ,  la  terre  fut  elle  -  même  ense- 
velie sous  les  hommes  et  les  che- 
vaux: tant  le  nombre  en  était  crand.  » 
Parmi  les  jirodiges  de  celte  mémora- 
ble journée  ,  on  rapporte  que  trois 
hommes  d'une  grandeur  extraordi- 
n-iirc,  moulés  sur  des  chevaux  blancs, 
apparurent  à  toute  l'armée,  précédant 


r,  0  I)  549 

les  cohoites  cli)éiienncs,cl  jet.int  [)ar- 
tout  l'épouvante  et  la  mort  :  c'étaient 
Saint  -  Défuelrius,  Saint  -  Cicoioe  rt 
Sanit-l'héodore.  Godefroi  conunan- 
dait  l'aile  djoite  au  coramencrmcnt  du 
combat;  il  enfonça  l'dinemi  tpii  lui 
était  oj)|)05é  ,  et  fit  des  prodiges  de 
valeur.  Telle  était  la  détresse  où  l'avait 
réduit  sa  générosité  er.vers  ses  com- 
jiagnons,  que  ce  jour-là  il  fut  oblige, 
pour  combattre,  d'emprunter  un  che- 
val au  comte  do  Toulouse.  Enfin  l'ar- 
mée arriva  devant  Jérusalem  :  l'iion- 
neurde  monter  les  premiers  à  la  brèche, 
d'entrer  dans  la  ville  siintc,  étiit  ré- 
servé à  Godefroi ,  à  Eustache  son  frère 
et  à  un  petit  nombre  de  braves  (  f^oy. 
Estourmel)^  et  il  n'en  fallait  pas  da- 
vantage pour  satisfaire  toute  l'ambi- 
tion du  pieux  héros.  Le  duc  de  Lor- 
raine s'élança  donc  sur  les  murs,  pé- 
nétra dans  l'intérieur  de  la  ville,  s'em- 
para de  la  porte  de  St. -Etienne,  et 
l'ouvrit  aux  chrétiens,  qui  poursuivi- 
rent les  Musulmans  dans  les  rues, 
renversant  les  barricades  derrière  les- 
quelles ils  cherchaient  un  dernier  asile. 
Godefroi ,  c[ui  s'éîait  abstenu  du  car- 
nage après  la  victoire  ,  laissa  ses  com- 
pagnons livrés  à  l'excès  de  leur  joie, 
et,  suivi  de  trois  serviteurs  ,  se  rendit 
sans  armes  et  nus  pieds  dans  l'égli- 
se du  Saint-Sépulcie.  Cet  acte  de  dé- 
votion édifia  toute  l'armée  ,  et  lui  rap- 
pela les  devoirs  de  la  piété  :  aussitôt 
toutes  les  veniieances  ,  toutes  les  fu- 
reurs  s'apaisent  ;  les  croisés  se  dé- 
pouillent de  leurs  habits  sanglants, 
font  retentir  Jérnsaleu»  de  leurs  gé- 
missements, et,  conduits  par  le  clergé, 
maichent  eiiscmbîe ,  les  pieds  nus, 
la  tête  découverte,  vers  l'église  de  la 
Résuriectiori.  Dix  jours  après  la  prise 
de  Jcrusalein  ,  on  s'occiq^a  d'en  réta- 
blii"  le  roV'Tume,  et  de  lui  donner  un. 
chef  qui  j)ût  dé'cndre  et  conserver  une 
avissi  précieuse  conqueLc.  Quatre  per- 


55o  G  0  D 

soiinag^cs  egalpramt  illustrps,  Gode- 
froi ,  Kaytnond  ,  Robert,  duc  de  Nor- 
mandie et  Tancrède  pouvaient  préten- 
dre à  la  couronne;  et  les  opinions  des 
croises  se  part igeaitnt  entre  ces  can- 
didats. Dix  chrétiens,  choisis  parmi 
les  personnages  les  plus  recomnian- 
dables  du  ckrgé  et  de  l'armée ,  furent 
appele's  à  élire  le  roi  de  Jérusalem. 
Guillaume  de  Tyr  rapporte  à  ce  sujet 
que  les  dix  arbitres,  voulant  s'éclairer 
de  tous  les  moyens  propres  à  les  con- 
duire à  un  bon  choix,  questionnèrent 
les  familiers  et  ks  domestiques  des 
prétendants  :  à  chacun  d'eux  on  re- 
procha quelque  défaut  ;  les  amis  et  les 
gens  du  seul  Godefroi  ne  mêlèrent  au- 
cune restriction  au  témoignage  una- 
nime qu'ils  rendirent  des  veruis  de  ce 
grand  personnage.  Les  électeurs  pro- 
clamèrent donc  le  nom  de  GodclVoi; 
et  l'armée  reçut  cette  décision  avec  la 
joie  la  plus  vive.  On  conduisit  le  duc 
en  triomphe  à  l'église  du  Saint-Sépul- 
cre; et  là  il  fit  le  serment  de  respecter 
les  lois  de  l'honneur  et  de  la  bonne 
foi.  La  cérémonie  de  son  inauguration 
se  borna  à  l'exécution  de  cette  forma- 
lité; car  Godefroi  refusa  le  diadème 
et  les  marques  de  la  royauté,  disant 
qu'il  u'accej)terait  jamais  une  couroii- 
nc  d'or  dans  une  ville  où  le  Sauveur 
avait  été  couronné  d'épines  :  il  se  con- 
tenta du  titre  modeste  de  baron  et 
défenseur  du  Saint-Sepulcre.  Était-ce 
par  humilité,  ou  par  un  sage  ménage- 
ment pour  l'orgueil  des  autres  chels, 
<juc  Godefroi  en  agit  ainsi  ?  Cette 
conduite,  quel  qu'en  lut  le  motif,  n'en 
fSt  pas  moins  digne  d'admiration.  Les 
Musulmans  ,  ronstcrnés  par  la  prise 
de  Jérusalem  ,  firent  de  nouveaux  <  1- 
forts,  et  rasseinblèrrnl  tles  troupes  de 
toutes  le«;  pai  lies  de  la  Perse  ,  do  la 
Syrie  et  de  l'I'ïgyjite;  leur  iiouilirrusc 
aimée  s'av.inça  vers  Jéiusalein.  Go- 
defroi ^  SUIVI  de  tous  Us  ciuisés  en 


GOD 

état  de  porter  les  armes  ,  la  rencontra 
dans  les  plaines  d'Ascalon  ,et  eut  en- 
core à  bénir  le  ciel  d'une  nouvelle 
victoire.  Ce  ful-là  le  dernier  des  ex- 
ploits de  la  i  ""'.  croisade  :  l'armée 
chrétienne  rentra  dans  Jérusalem  , 
chargée  des  dépouilles  des  Sarrazins. 
Godefroi  s'occupa  de  reculer  les  bor- 
nes de  son  royaume,  de  le  mettre  à 
l'abri  des  invasions;  enfin  de  donner 
à  ce  peuple  nouveau  ,  composé  de 
nations  diverses ,  un  code  de  lois  pro- 
pres à  comprimer  les  ambitions  par- 
ticulières ,  à  concilier  et  à  favoriser  les 
intérêts  de  tous  ,  en  sorte  que  le  gou- 
vernement et  la  justice  prissent  une 
marche  régulière.  Dans  cette  vue  , 
Godefroi,  après  avoir  accompagné  les 
princes  croisés  à  Jéricho ,  réunit  dans 
sa  capitale  des  hommes^  éclairés  et 
pieux,  qui  formèrent  les  Etats  ou  As- 
sises du  royaume.  Cette  assemblée  so- 
lennelle sanctionna  un  certain  nombre 
de  lois  qui  réglaient  les  droits  des  sei- 
gneurs envers  leurs  vassaux,  et  des 
vassaux  envers  leurs  suzerains  ;  les 
devoirs  et  les  engagements  des  princes 
à  l'égard  du  roi ,  etc.  :  ces  lois  furent 
déposées  en  grande  pompe  dans  l'é- 
glise du  Sainl-Sépulcrc  ,  et  reçurent  le 
nom  iï Assises  fie  Jérusalem  ,  ou 
Lettres  du  St.-Séyulcre{\  ).  Ainsi  Go- 
defroi, après  s'être  attire  l'admiration 
des  chiélitns  par  sa  bravoure  et  ses 
vertus  ,  s'acquit  des  droits  à  leur  re- 
connaissance,en  jetant  les  fondements 
de  l'ordre  et  de  la  félicité  publique.  A 
peine  Tancrède  était-il  retourné  dans 
SI  piincipanté,  qiu'le  sultan  de  Damas 
r.itlaqua  avec  toutes  ses  forets  :  («o- 
dcfroi  marcha  à  son  secours",  cl  vain- 
(pul  les  Sarra/.in>.  Au  retour  de  cette 
expédition,  l'euùr  de  Césarée  vint  à 
sa  rencontre,  et  lui  présenta  des  friiils 


(  i)  Ir  cnilc  (1«!  »•••»  iit)>inrii  loi»  a  •'lé  iirtprim»'  à 
lliiiir^cs  ,  rn  •(°h|<>  ,  O'ii»  \r  tiln  ilr  l.ifir  i/i  >  «l'w. 
J«/  et  i/t'j  bons  l^^ll^ll^  dtt  ruj  uiint«  t/«  Jriujut'tm. 


GOD 

de  1.1  Palcsliiip  :  (iodctVoi  acrrpla  une 
jioiMinc  tic   cèdre,   et  peu  de  temps 
après  il  lonil).i  ui.ilade  ;  ou   supposa 
qu'il   av.iil  ètè  euipoisonuc.  Il  rcviul 
avec  peiuc  d.ms  sa  capitale ,  où  il  mou- 
rut le  i8  juillet  i  loo.  Son  cor])S  fut 
dépose   dans   IVuceiute  du  Calvaire, 
près  du    tombeau    de  Jésus -Christ , 
(pi'il  avait    si   vaillamuuMit  défendu, 
(iodefroi  avait  luie  jdiy'^ionouiie  im- 
posante, et  qui  annonçait  en  même 
tetnps  la   domeur  et  la  senvihilitc  de 
son  auie  :  son  corps  et  ses  mcndjres 
étaient  dans  une  juste  proportion  ; 
à  une  taille  élevée,  il  joiejnait  une  force 
extraorduiaire.  On  rapporte  à  ce  sujet 
qu'un  émir  arabe  étant  venu   à  son 
camp,  et  ayant  oui  parler  souvent  de 
son  adresse  et  de  la  vigueur  de  son 
bras ,  voulut  se  convaincre  de  la  vérité 
de  CCS  récits  ;  il  présenta  à  God(  froi 
un  chameau  sur  lequel  il  le  pria  d'cs- 
saver  sa  force.  Godeftoi  lui  abattit  la 
tête   d'un    seul  coup  de  sabre.  L'A- 
rabe attribua  ce  prodige  à  la  qualité 
du  glaive  de  Godefroij  et  ayant  remis 

I       son  sabre  au  prince  chrétien  ,  il  l'in- 
vita à  recommencer  :  la  tête  du  second 
chameau  fut  séparée  du  corps  avec  la 
même  rapidité  que  la  première  fois. 
Alors  l'émir  avoua  que  les  récits  qu'on 
lui  avait  faits  étaient  encore  au  -  des- 
î^ous  de  la  vérité.  JNous  placerons  ici 
un  trait  de  la  pieuse  simplicité  de  Go- 
defroi.  Des  ambassadeurs  d'une  peu- 
plade du  Liban,  ayant  éîé  introduits 
aiqirès  de  lui,  le  trouvèrent  assis  sur 
un  sac  de  paille  :  eux  qui  s'attendaient 
aie  voir  environné  du  luxe  des  prin- 
ces oricLtaux ,  témoignèrent  toute  leur 
surprime  ;   GodelVoi    leur  ré[)ondit  : 
«  La  terre  doit  être  le  siège  temporel 
des  hommes  pendant  leur  vie  ,  ptu's- 
qu'elle  leur  sert  de  sépulture  apiès  la 
mort.  »  Les  religieux  de  Saint-Fran- 
çois conservaient  précieusement  à  Jé- 
rusalem I  epée  de  Godefroi ,  cl  la  cci- 


GOD 


5St 


gnaicnl  au\  voyageurs  ou  aux  pelei  in$ 
qui  visitaient  le  Saint  -  Sépulcre.  On 
sait  que  le  'Lusse  a  f.iil  de  la  conquête 
de  Jérusalem ,  par  Godefroi  de  Bouil- 
lon ,  le  snjet  de  son  beau   poème  si 
connu  sous  le  titre  de  la  Jérusalem 
délivrée.  Qu'il  nous   soit  permis  de 
terminer  cet  article,   par  le  passage 
suivant  ,  emprunté  à  notre  Histoire 
des  croisades:  «  La  mort  de  Gode- 
froi fut  pleurée  par  les  chrétiens  dont 
il  était  le  père  et  l'appui,  et  parles 
Musulmans  qui  avaient  plusieurs  fois 
é|)rouvé   sa    justice  et  sa   clémence. 
L'histoire  peut    dire  de   lui  ce    que 
l'Kcrilurcdit  de  Judas  Machabée.  Ce 
fut  lui   qui    accrut  la  gloire  de   son 
peuple  ;   semblable  à   un  géant ,   il 
se  revêtait  de  ses  armes  dans  les  com- 
bats ,  et  son  épéc  était  la  protection 
de  tout  le  camp.  Godefroi  de  Bouillon 
surpassa  tous  les  capitaines  de  son 
siècle  par  son  habileté  dans  la  guerre  : 
s'il  eût  régné  plus  long-temps,  on  l'au- 
rait placé  parmi  les  grands  rois.  Dans 
le  royaume  qu'il  avait  fondé,  on  le 
proposa    souvent  pour  modèle   aux 
princes   comme   aux  guerriers.  Son 
nom  rappelle  encore  aujourd'hui  les 
vertus  des  temps  héroïques ,  et  doit 
vivre  parmi  les  hommes  aussi  long- 
temps  que  le  souvenir  des  croisades.» 

M— D. 
GODEFPxOI,  surnommé  de  Vi- 
terbe,  du  lieu  de  sa  naissance,  fut 
successivement  chapelain  et  secrétaire 
des  empereurs  Conrad  III,  Frédéric 
L*".  et  Henri  IV^.  Après  avoir  employé 
quarante  ans  à  voyager  dans  les  dif- 
férentes parties  de  l'Europe  pour  re- 
cueillir les  matériaux  dont  il  avait 
besoin,  il  rédigea  une  chronique  uni- 
verselle en  vingt  parîies,  qui  com- 
mence à  Adam  et  finit  <à  l'année  i  186. 
Cet  ouvraj^e,  (ju'il  intitula  Pantheoriy 
quoique  la  plupart  des  princes  dont 
il  y  trace  l'hisloirc  n'aient  été  iicu 


552  G  0  D 

moins  que  des  dieux,  est  de'dle  à  Ur- 
bairi  IIÏ,  qui  occupait  alors  le  troue 
pontidcal.  Il  est  écrit  en  pro.se  luêléc 
de'  vers ,  et  le  slyle  se  ressent  de  la 
barbarie  du  siècle.  L'auteur  se  mon- 
tre d'ai'lrurs  entièrement  de'pouivu 
de  cet  esprit  de  critique,  si  né(es>aire 
pour  démêler  la  vérité,  même  dans 
les  récits  contemporains  ;  mais  on  ne 
peut  lui  refuser  beaucoup  de  bonne 
ici,  de  la  franchise,  et  une  érudition 
très  V'jstf  pour  le  temps  où  il  a  vécu. 
Jean  Hérold  pu])lia  le  premier ,  le 
Chrojiicon  unh'ersale ,  Bâ!e,  iSGg, 
in- fol.  (  1  ) .  Jian  Pislorius  rins<'ra 
ensuite  dans  les  Scriptoi .  rerum  Ger- 
majHcar.  ,Yi\'incioit,  i584j  lianau, 
i6i5;  et  l^ur.  Gotlh.  Slruvius,  qui 
donna  une  nouvelle  édition  de  ce  re- 
çut il  ,  Rati.^bonne  ,  17:16,  Jijouta  à 
l'ouvrage  de  Godefroi ,  des  vaiianles 
tirées  d'un  manuscrit  de  la  bibliothè- 
que de  Nuremberg.  Mnidtori  en  a 
inséré,  dans  le  lom.  vu  de  son  Thés, 
script.  Italiœ  y  les  cinq  dernières 
parties,  corrij^ées et complé'ées d'après 
une  chronique  manuscrite  de  la  biblio- 
thèque d'Kstc,  dont  l'auteur  anonynie 
convient  s'être  beaucoup  servi  de  i'ou- 
vragc  de  Godefroi.  On  conserve  à  la 
bibliothèque  de  Vienne  un  manuscrit 
de  Godi  froi  ,  intitulé  :  Spéculum  re- 
(^um.Ctsl  une  liste  chronologique  des 
rois  et  enqiereurs,  depuis  le  déluge 
jusqu'à  Henri  IV,  à  qui  elle  est  dé- 
diée, (•onq)o.sée  d'a[)rès  IJède,  lùisèbe, 
cl  St.-Ambroise.  On  peut  consulter  à 
ce  suj<  i  le  catalogue  des  n)anuscrils 
dr  cette  bibliothèfpje  par  Lainbrcius  , 
tom.  II,  ])ag.  7^5.  VV — s. 

Gni)i:i-ia)l.  ror.  Gintmoi. 

GODKl'hOY  (DÎms),  célèbie  ju- 
risconsulte, naquit  à  Paris  eu  i54<)» 
de  parents  alliés  âtix  familles  les  pins 

(  i)  I.Vililion  ilr  l'raiii  fort  ,  iTiSiPilér  pur  Lrn- 
|ï'»t  Diifr«'»in>j,  n'a  jioiiit  «-lu  roiiniir  «le  l'ubiiciti), 
«(  j>'iurr«i(  bif  I»  iU«  iiu*;|jiuairr. 


GOD 

distinguées  de  la  robe,  et  qui  rem- 
plissaient eux-mêmes  d'honorables 
emplois.  Après  avoir  terminé  ses 
études  classiques,  il  s'apphqua  à  celle 
du  droit,  et  suivit  les  leçons  des  fa- 
meux professeurs  qui  enseignaient 
alors  dans  les  universités  de  Lou- 
vain,  de  Cologne  et  de  Heidelberg. 
De  retour  en  France ,  les  troubles 
civils  qui  éclatèrent  de  toutes  parts 
l'obligèrent  bientôt  de  cluicher  un 
asile  dans  les  pays  étrangers.  11  se 
relira  à  Genève,  où  il  espérait  trou- 
ver le  caliue  nécessaire  à  ses  projets, 
11  y  fut  accueilli  avec  beaucoup  de 
distinction  ,  et  nommé  à  ure  chaire 
de  droit  en  i58o.  Henri  IV  le  (it 
bailli  de  Gex  en  i58g;  mais  cette 
ville  ayant  été  pri^e  l'année  suivante 
par  le  duc  de  Savoie ,  sa  maison  fut 
pillée ,  et  il  ne  lui  resta  d'autre  res- 
source que  de  passer  en  Allemagne. 
Retenu  à  Strasbourg  ,  il  y  ensei- 
gna les  Pandccles  depuis  i^Qi  jus- 
qu'en 1600,  que  l'électeur  palatin  le 
lit  venir  à  Heidelberg.  Les  mauvais 
procédés  de  ses  contrères  l'engagèrent 
à  retourner  six  mois  après  à  Stras- 
bourg, où  il  demeura  encore  trois 
années,  au  bout  desquelles  il  consen- 
tit à  revenir  prendre  sa  place  à  Hei- 
delberg,  sur  l'assurance  qu'on  lui 
donna  qu'd  n'aurait  j)lus  nen  à  le- 
douter  de  la  jalousie  des  autres  pro- 
fesseurs. Ce  fut  seulement  alors  qu'on 
s'aperçut  de  1.»  {,iu\c  (ju'on  avait  faite 
de  ne  pas  chercher  à  rc  tenir  en  France 
un  liunnne  d'un  si  haut  mériie  ;  et  ou 
lui  oflVit  la  chaire  ([ue  Cujas  avait  lais- 
sée vacante  à  Ijouiges  :  mais  il  la  re- 
fusa, ailcguant  son  âge,  qui  île  lui 
jiermeltail  pas  de  tenter  un  nouvel 
établissement,  (^elte  excuse  lut  celle 
qu'il  (q)pusa  à  toutes  les  instances 
qui  lui  furent  fiiles  pour  l'-tllinr  a 
Angers ,  à  Valence,  il  dans  d'autres 
universités  dcFraïue  il  d'AlIeuiogne. 


G  0  I) 

Il  fut  tlcpiitc,  en  i()i8,  par  Volcctcur 
])al.(liii  piTs  tlii  roi  Louis  Xlll,(pii 
le  recul  avec  boute  (i)  et  le  sollicita 
de  ileineurer  à  Paris;  mais  Godehoy 
.se  plaisait  à  Ucicielberg,  où  il  jouis- 
sait de  toute-  la  eousideration  due  à 
SCS  talents,  cl  il  souhaitait  d'y  termi- 
ner ses  jours.  Celte  altculc  fut  déçue. 
Jya  gueire  qui  fiuhrasa  le  P.ilatinat 
l'obligea  de  revenir  une  troisième  lois 
à  iSfrasbourg;  et  accable  de  chagrin 
(l  d'infirmités,  il  y  mouiut  le  7  scp- 
tembic  iGi'i  ,  à  soixante-treize  ans. 

fMalh.  Ijerncggcr,  sou  ami,  prononça 
son  oraison  funèbre  ;  elle  est  impi  i- 
1^  mec  daîis  les  Opuscules  de  Loisel. 
De  tous  les  ouvrages  de  Godelroy  , 
celui  qui  lui  fait  le  plus  d'honneur  ,  et 
(|ui  lui  assure  à  jamais  nu  rang  dis- 
liiigue'  parmi  les  juriscousultcs,  est 
son  cditiou  du  Corps  du  droit  ro- 
main (^Corpus  jujis  ciifilis).  La  pu- 
blication en  fait  époque  dans  l'his- 
toire de  la  science.  Sou  texte ,  dit 
Cmins,  est  celui  qu'on  a  adopté  pour 
leçon  commune  dans  ks  universités 
et  au  barreau  ,  et  les  notes  sont  fort 
l_  estimées  (li).  Ce  Corps  de  droit  a  eu 
H  une  foule  d'éditions.  La  première  est 
■  de  Lyon,  1 583,  in-4".  Les  plus  recher- 
chées sont  celles  de  Paris  ,  Vitre  , 
1628,  2  vol.  in -fui.;  et  Amsterdam, 
Ei/xvier,  i6G5,  2  \ol.  in-fol.,  par 
les  soins  de  Simon  Van  Leeven.  Parmi 
les  autres  ouvrages  de  Godehoy  ,  on 
citera  :  1.  Notœ  in  Ciceronem  ,  Lyon  , 
i5b8  et  1591,  in-4*'.  H.  Ardiquce 


(0  Ce  prince  lui  fit  présent  de  son  portrait  et 
d'une  médiiille  d'or. 

(9.)  Ces  notes  sont  très  souvent  rel.mivPs  nu 
Tapprochemenl  d<-s  aptinomitfs  eu  /ois  qui  parais- 
.%<!iit  ronlr.iduloMCS.  G.  A.  Striive  a  rfciicilli  les 
noirs  (le  ce  genre,  en  y  joignant  Tes  so!iilii)r:s  <\r. 
ret  ditlicullt^s  ,  sons  ce  titre  ;  Dion,  irnlliufredi 
Immo  h.  e.  roncitialio  /egum  in  speactn  jju~ 
^iKintiiitn  qiias  in  nolif  ad  Pandeciar  D.  Co-' 
thojrsdus  vcrbuni  imraù  utiirfjando  indicarc 
ftl'jne  argutie,  omiiiii  f/lfiituuiiir;  jdliilionc  m- 
.'iineial  :  diicu<ji.f  lO'Hi ari»ntm  Icric/irii,  evulvit 
el  in  loncordiam  adtlitxil  G.  A.  Slru\ius  ,  IrailC- 
l'.Tt ,    1G95,  ia-4^. 


GOD  555 

historitp  ex  xxyiT  auctnrihus  con- 
texliu  lihri  sex ,  IJàle,  i5()o,  in  8'.; 
Lyon,  i5()i  ,  2  vol.  in-12.  On  lui 
rejjrociie  d'avoir  Diit  entrer  dans  ce 
recueil  les  ouvrages  apocrvphcs  pu- 
blics par  Anniiis  de  Viterbe.  IIL 
Conjeclurœ  ,  variœ  leclioncs  et  loci 
coimnujies  in  Scnecd,  impiimcesà  la 
suite  des  OKuvies  de  Sénèque.  Jean 
Griller  attaqua  diflerenlcs  remar([Mes 
de  Godefroy.  Celui-ci  lui  répondit 
j)ar  un  livre  (Francfort,  iSgi,  iu- 
8".),  qui  termina  la  dispute.  IV. 
Aulhores  Latinœ  linguœ  in  unum 
redacû  corpus ,  adjectis  notis  ^  St.- 
Gervais  (Genève),  i^cp,  1602  ou 
1G22,  in-4"^.  Ce  volume  contient  dif- 
féients  traités  d'anciens  grammairiens 
jalins,  avec  les  notes  de  Godefroy 
sur  Varron,  Fcstus ,  Nonius  et  Isi- 
dore de  Séviijc.  On  doit  joindre  ce 
recueil  aux  Aulhores  grammaticce de 
Pulselîius,  parce  que  ces  deux  col- 
lections sont  entièrement  difréientes. 
V.  Maintenue  et  défense  des  prin- 
ces souverains  et  églises  chrétiennes 
contre  les  attentats  et  excommuni- 
cations des  papes  de  Rome ,  i  r)()4  y 
in-8".;  réimprimée  avec  quelque  chan- 
gement dans  le  titre,  1607,  in-8". , 
el  insérée  dans  les  Mémoires  de  la 
ligue,  ton),  iv.  Cet  ouvrage  fut  com- 
posé à  l'occasion  des  Lettres  moni- 
torlales  publiées  par  Grégoire  XIV 
contre  Henri  IV;  et  l'on  y  démontre 
que  le  pape  n'a  jamais  eu  et  ne  peut 
avoir  aucune  autorité  sur  le  ciouver- 
ncrnent  temporel  de  la  France.  VI. 
Dissertatio  de  nohililate ,  Spire  , 
i()ii,  in -4**-  VIL  Statuta  Galiiœ 
juxtà  Francorum ,  Bura^undiumim  , 
Gothorum  et  Anglojiini  in  cd  domi- 
nantium  consueludines  ,  Franc- 
fort, lOi  1  ,  in  fol.  C'est  à  tort  qu'on 
lui  a  attribué  ,  y^fm  yyo^fr  réihnrc  les 
monnaies  à  leur  juste  prix  et  va- 
leur ;,  Palis,  lOii,  in -8'.,  puisque 


55}  GOD 

l'auteur  prend  le  titre  d'avocat,  ci- 
de^ant  procureur  du  roi  aux  mou- 
naies.  W — s. 

GODEFROY  (  Théodore  ) ,  fils 
du  précèdent,  ne'  à  Genève  le  i^ 
juillet  i5Ho,  fit  SCS  études  à  Stras- 
bourg, où  son  père  occupait  une 
chaire  de  droit  :  après  les  avoir 
terminées  ,  il  vint  à  Paris  en  1602  , 
abandonna  la  religion  protestante  dans 
laquelle  il  avait  été  élevé,  et  se  fit  re- 
cevoir avocat  au  parlement.  11  parut 
cependant  très  rarcriient  au  barreau  : 
son  goût  le  portait  vers  les  recheichcs 
historiques,  (t  il  s'y  appliqua  avec 
ar-kur.  Duiié  d'une  patience  infatiga- 
ble et  d'une  grande  Srigacité,  personne 
n'était  plus  propre  à  débrouiller  nos 
anciennes  annales;  et  Ton  convient 
généralement  que  ses  travaux  en  ce 
genre  ont  été  très  utiles  aux  historiens 
qui  sont  venus  après  lui.  Un  Mémoire 
dans  lequel  il  établit  la  présécince  des 
rois  de  France  sur  les  rois  d'Espagne, 
Un  mérita  une  pension,  qui  fut  aug- 
mentée successivement.  Nommé  his- 
toriographe en  i(i3a,  il  fut  envoyé 
deux  ans  après  en  Lorraine  avec  le 
titre  de  conseiller  souverain  de  cette 
province.  Il  dressa  l'inventaire  des 
pièces  que  renferm  lient  les  archives 
ileNanci,  et  en  envoya  les  plus  im- 
portantes à  Paris.  11  aeromp.igna  le 
cardinal  de  Lyon  au  congrès  de  Co- 
logne, le  suivit  à  Munster,  où  la 
paix  fut  enfin  conclue  en  164H,  et 
demeura  dans  cette  ville  comme  ehargc 
des  alTaires  de  Fnnce.  11  était  déjà 
revêtu  de  la  dignité  de  conseiller 
d'état  et  privé.  H  mourut  à  Munsler 
le  5  octobre  i(y\()  ,  à  soixante-neuf 
ans.  On  a  de  lui  un  gr.md  nombre 
d'ouvrages,  dont  on  trouvera  la  liste 
dans  les  Mémoires  de  INiceron  , 
tom.  xvii  ,  et  dans  la  Ijibliothècjue 
hist(ai(pu' de  l'iauce.  Les  pnnnp.iux 
sont  :  !.  Le  Mcinoiir,  doiil  on  a  déjà 


GOD 

parlé,  concernant  la  préséance  des 
rois  de  France  sur  les  rois  d^Es- 
pagne j  Paris,  161 5,  161b,  in  -  4". 
On  trouve  à  la  suite  différentes  pièces 
curieuses,  dont  la  plupart  paiaissaient 
pour  la  première  fois.  II.  De  lu  vé-  1 
ritahle  origine  de  la  maison  d'Au^ 
triche^  ibid.,  1624,  in-4  .  H  y  ré- 
fute l'opinion  qui  la  faisait  descendre 
de  Méiovée,  et  prouve  que  Werner  111, 
comte  de  Habsbourg,  m  e-t  le  véri- 
té ble  chef.  lll.  Généalogie  des  ducs 
de  Lorraine,  ibid.,  i6a4,  in-4*'. 
Il  en  préparait  une  nouvelle  édition, 
augmentée  d  un  grand  nombre  de 
pièces  originales  ;  mais  ce  projet  n'a 
])as  eu  de  suite.  IV.  Traité  touchant 
les  droits  du  Roi  très  chrétien  sur 
plusieurs  états  et  seigneuries  possé- 
des  par  plusieurs  princes  voi.sins  y 
Paris  ,  i655,  et  Rouen  ,  lO-jo,  in- fol. 
Cet  ouvrage  a  paru  sous  le  nom  seul 
de  P.  Dupuy;  mais  on  sait  que  Go- 
d(froy  en  a  rédigé  la  phis  ginnde 
partie.  V.  P  ie  de  Guillaume  i^J ares - 
c(t,  conseiller  d'état ,  dans  les  Opus- 
cules de  l-oisel.  On  lui  doit  encore  , 
les  premières  éditions  de  V Histoire 
de  Charles  VI ,  par  JeanJuvénal  des 
Ursin>;  de  Charles  /  777,  par  Guil- 
laume de  Juligny  et  d'auties  auteurs 
cont(mporains;  de  Louis  XII,  par 
Cl.  deSe>ssel,  Jean  d'Authon  ,  Jean 
de  St. -Gelais  ,  etc.  ;  du  maréchal 
Boncicault  ;  A'Jrlus  JII,  comte  de 
Luhemont }  des  .-additions  à  l'His- 
toire de  Baj  ard  Il  a  publié  la  pre- 
nnire  eMiiion  du  Cérémonial  de 
France,  P.iri-;,  1^)19,  in-4  •  >  ^^^' 
vr;(go  important  ,  auqiul  il  a  tra- 
vaillé plus  de  tr(nte  anné.s  :  enfin  il 
a  laisse  en  inanusf  rit  88  volumes  in- 
fi.lio  sur  (liidrents  objets,  conservés  à 
la  bibliollièipit   du  Koi.         \\— s. 

(.ODi.KbOY  (JAcgi'Es),  IVèu  du 
iMccedeut ,  ne  se  riudil  pas  ni(»ms  re- 
libri  <pje  son  père,  so\l  touiuicjuris^- 


(;oD 

roîi«;ulfo  ,  si)it  roininc  rdltciir.  Ne'  à 
Crriù'vc  cil  «5^7,  il  fut  noinnic  ,  in 
!<)!(),  prorossciir  de  droit  dins  sa 
villo  iiat.ilc,  entra  dans  le  conseil  dix 
.TUS  nj)r('s  ,  fui  fait  secre'inire  d'état, 
et  elii  eiiKj  fois  syndic  de  la  lepiibliqiie. 
La  confiance  de  ses  coneiloyens  l'ap- 
}icln  aussi  à  diverses  missions  diplu^ 
niatiqiKsen  France,  en  Piémont,  en 
Allemagne  et  en  vSuisse.  Os  voya[;es  le 
mirent  en  relation  avec  les  gens  de  let- 
tres les  plus  distingues;  et  l'université' 
de  Levdc  voulut  l'avoir  pour  rem- 
])l,ic(r  le  savant  P.  Gunaeus,  mort  en 
iGjS.  Il  passait,  dans  sa  communion, 
pour  un  excellent  llieologien  ,  et  ne 
s'appliqua  pas  avec  moins  de  succès 
à  ^lJi^toire  de  sa  patiic.  11  avait  forme 
le  projet  de  l'c'crire  ;  et  l'on  en  a 
trouvé  le  plan  parmi  ses  papiers.  Les 
recherches  qu'il  a  laissées  sur  les  an- 
ticiuiles  de  Genève,  for  m  dent  trois 
volumes  in-4''.  Ce  n'était  guère  qu'une 
compilation  de  pièces  relatl\cs,  pour 
la  plupait,  à  l'histoire  du  moyen  âge, 
et  qu'il  avait  le  projet  de  publier  sous 
le  lilre  de  Genève  Bourrai ^lotte.  Il 
paraît  qu'il  ne  s'en  est  pas  conserve' 
de  copie  dans  la  bibliollièquc  publi- 

|§  que  de  Genève  j  au  moins  Senebier 
n'en  fait  point  mention  dans  le  ca- 
talogue qu'il  a  donne  des  manuscrits 
de  cette  bibliothèque  :  mais  Spon ,  qui 
en  a  fait  usage  et  qui  les  cite  souvent, 
dit  qu'il  en  avait  eu  communication 
par  Nie.  Chorier ,  et  que  ces  mémoires 

|j|  allaient  jusqu'à  l'an  i6"^.7.  JacaucsGo- 
dcfroy  mourut  dans  sa  patrie  le  '^4 
juin  \(Sô'i.  Sun  tombeau  fut  orne  d'ime 
cpiiaphe  qu'il  avait  composée  lui- 
même,  et  qu'on  peut  voir  dans  iNi- 
ceron  (  tom.  xvii  ) ,  avec  une  liste  de 
ses  ouvrages,  plus  exacte  que  celle 
qu'on  trouve  daris  Senebier.  Ils  sont 
au  nombre  de  vingt-un  :  nous  n'in- 
diquerons ici  que  les  principaux,  en 
corrigeant  en  même  temp^  les  erreurs 


G  0  D  555 

('(happées  à  ces  bibliographes.  T.  De 
sUUu  ffnç^anorum  sub  imperatoribus 
c/iristianis  ,  Leipzig,  Voegcl,  lOiG, 
in-V'.Gelte  dissertation  est  relative  au 
fit.  X  du  liv.  XVI  du  CodeThéodosien, 
IL  Fragmenta  duodecim  Tabula^ 
riim,  suis  nimc  primùm  tabulis  re:,- 
tituta ,  probalinnihus ,  nous  et  indice 
munila  ,  Heidelbcrg  ,  i  G  i  (3 ,  in- 4".  ; 
chef-d'œuvre  d'érudition  ,  qui  a  servi 
de  bsc  aux  éditions  plus  complètes 
qu'on  a  données  depuis,  (  Foy.  liou- 
CHAUD,  V,  •}.{){).)  Godefroy  !e  réimpri- 
mai avec  d'autres  fragments  de  l'ancien 
droit  romain  ,  sous  ce  titre  :  Fontes 
ivjuris  civilis ,  etc. ,  Genève ,  1 638 , 
Jn-4  .  ;  ibid.,  i653,  in-4°.  IIl.  Con- 
jectura de  siihurbicariis  re^j^ionibus 
et  ecciesiis  seu  de  episcopi  itrbis  Bo- 
mœ  diœcesi ,  Francfort,  1617,  \u-.\°. 
On  attribua  quelque  temps  ce  livre  a 
Saumaisc,  parce  c|ue  ce  fut  lui  qui  ré- 
pondit à  la  critique  du  P.  Sirmond  , 
lequel,  en  i6i8,  avait  censuré  cet 
ouvrage  anonyme  ,  qui  a  aussi  été  rt  - 
futé  par  M.  A.  Capelli  (  Voyez  le  Jour- 
nal des  sai^.  de  17^4)-  iV.  Fétus 
orbis  descriptio  ^/œci  scriptoris , 
Genève,  161  b,  in-4**.,  gr.-lat.  11  ne 
restait  de  cette  ancienne  géographie  , 
composée  originairement  en  grec , 
vers  l'an  347,  ^^  attribuée  mal  à  pro- 
pos à  Alypius,  favori  de  Julien  l'apostn?*, 
qu'une  traduction  latine  lout-à-fait  bar- 
bare. Au  moyen  de  cette  version ,  héris- 
sée d'héllénismes ,  et  par  conséquent  à 
peu  près  littérale,  Godefroy  rétablit 
le  texte  grec,  et  l'accompagna  d'une 
bonne  version  latine^  avec  de  savantes 
notes.  Jacq.  Gronovius  a  publié  de 
nouveau  cette  ancienne  traduction  la- 
tine ,  réunie  à  Scylax  et  à  d'autres  an- 
ciens géographes,  Leydc,  1697,  in- 
4'.,  et  en  1700  dans  le  tom.  m  des 
Petits  s^éo^raphes  d'Hudstm  j  mais 
celte  édition  ne  renferme  ni  le  srco  , 
ni  les  notes  de  Go.dcfroy.  Y.  Opus- 


556  GOD 

cula  historien,  politica  ,  juridica ^ 
Genève,  i64i,  in  -  4°.  Ce  recueil 
contient  l'ouvrage  précédent;  les  cinq 
discours  de  l.ibanius ,  dont  Gode- 
froy  avait  donné  la  première  édi- 
tion en  i63i  ;  Orationes politicœ  très 
(  Ulpianus ,  Julianus  et  Aehaïca  ), 
qu'il  avait  déjà  publiées  en  i6i4  >  ^^^ 
deux  livres  de  Tntullien  ,  ad  natio- 
nes ,  floiit  il  avait  donné  la  première 
édition  ,  avec  des  notes,  G^^nève  {^ii- 
relianopoli) ,  \iyiS  ,  iu-4**.;  et  quatre 
autres  c^)iiscules  qui  avaient  déjà  pa- 
ru >séparém(  nt.  \'\.  Dissertaùuncidœ 
duce  de  tiiteld  et  cura  ,  ibii.,  iôvlS  , 
iu-4'^  Vil.  I-'kHoslorgi  Cappadocis 
ecclesiastica  historia^  gr.-l.u.,  ibid., 
164^,  in  4''«5  avec  deux  dissertations 
qu'on  y  joint  par  foi  me  d'appendice. 
Cette  édition  princeps  des  extraits  de 
Philosiûige,  pub'iéc  ti'  près  un  ma- 
nuscrit de  la  bibliothèque  de  Bongars, 
a  été  éclipsée  par  celle  qu'a  donnée 
}I.  do  Valois  à  la  suite  de  Théodoret, 
etc. ,  Paris,  iCi-jo  ,  in-t'ol.  C'est  dans 
ses  noîes  sur  cet  ancien  historien  , 
que  Godefroy  ])iétcndit  le  premier 
démontrer  la  fausseté  de  la  vision  de 
Couslautinj  mais  il  a  été  solidement 
réfuté  par  l'abbé  Duvoisin.  (  Voyez 
Constantin,  vu, 4^i9.)  VHI.  Opiis- 
cula  varia  ,  Genève,  i(i54  ,  i''-4*'., 
avec  le  portrait  de  l'auteur.  C'est  \m 
recueil  de  liuit  dissertalions  juridi- 
ques ,  histoiiqiies  et  critiques,  déjà 
publiées  séparément.  IX.  Codex 
Thecdosianus  ,  (pus  posihumum  , 
Lyon  ,  if>()5  ,  G  vol.  iu-lol.  ;  Leipzig, 
i-j^^fi-i  ^4')  ,  ()  vol.  iu-ful.  (Vcst  le 
plus  impoiiaut  des  ouvrages  de  J  ic- 
ques  Godefroy ,  <pii  s'en  était  occupé 
trente  ans.  Sa  bibliotliècpie  ayani  été 
aclielée  par  Ant.  iMarvill'.;,  prolèsseur 
à  Valence  ,  ce  dernier  y  liouva  (C 
manuseiit  et  en  fit  l'édileur.  l.eCode 
Tlieoilosien  ,  ce  précieilx  ni(>numenl , 
si  inU'icssunt  pour  l'histuirc  civile  et 


GOD 

ecclésiastique  de  l'empire  romain  , 
jusqu'au  cinquième  siècle  (  Fojez 
ThiÎodose  le  jeune),  avait  déjà  été 
publié,  mais  d'une  manière  impar- 
faite, par  Sichard  ,  en  iSiB,  et  jiar 
Tilius,  en  i549.  Cujas  en  avait  donné 
une  édition  plus  complète ,  Lyon , 
i5G6,  iii-fol.;  Getiève,  «560,  in-4'. 
Mais  l'édition,  beaucoup  plus  soignée, 
de  Jac.  Godefroy  .est  accompagjiée  de 
nonibreuses  f-tbles  cluonul()L;it|ues  et 
géoi^iapbiqut  s  ,  de  notes  hisuaiques 
et  d'autres  pièces  (i^  qui  en  font  un 
ouvrage  absolument  neuf,  et  qui  peut 
servir  de  modèle  en  son  genre.  Mor- 
hof  regrette  vivement  qu'on  n'ait  point 
encore  fait  sur  les  Pandectes  un  pareil 
travail ,  qui  serait  de  la  plus  graiule  uti- 
lité. X.  Tractatus  practicus  de  sala- 
ria ,  ouvrage  posili.,  j)iiblié  par  Isaie 
Co'ladon,  Genève,  i(i56,  ii-j".;ib., 
i66(),  in-4'.  X^-  te  Mercure  jésuite  y 
ou  Recueil  de  pièces  concernant  les 
progrès  des  jésuites ,  leurs  écrits  et 
différends,  etc.,  ib. ,  i6m6,  i65o, 
1  vul.  in-8".;id.,revuetaugm.;  ibid. , 
1 65  I ,  '2  vol.  in-B".  Plusieurs  des  opus . 
cules  de  G  defroy  ont  été  recueillis 
dans  le  Thésaurus  juris  ci^>ilis,  d'E- 
verard  Olton,  Ulreeht,  1735-1736. 
C.  H.  Trolzius  en  a  publié  vingt-sept, 
sous  le  liucd' Opéra  juridica  minora, 
L(yde,  1755,  in-fol. ,  avec  la  Nie  et 
le  portrait  de  l'auteur.  Philippe  Mes- 
tr(zat,  recteur  do  l'.icademie  de  Ge- 
lièvc,  a  conipo^é  un  piopramme  sur 
la  rnort  de  Jaeq.  Giiiiebey  ;  (t  Paul 
Frelu  r  eu  doune  l'cxtiaii  dins  sou 
Tlicalruix  viiorum  docioruni;  vo\(Z 
aussi  J.  G.  Joe  11  ,  Frogriinima  de 
merilis  jurisconsultoruni ,  specinlun 
Jdcchi  Oothofrcdi  iti  hi.storiam  cc- 
clcsiuiticaui  f  Kl  furi ,   i  702  ,  in-j  ". 


(lA  On  y  remarque  (rallicarnr  hi'toria  aiumle* 
erutnin  nnnuruni  ,  ex  toiistillitioinOa»  to.ùcir 
'J'hcoilouiiiii  ab  anno  3ia,  Iwiu.  VI,  l>«g.  43«^^1*> 
Tciltl.  de  Ljuii. 


GOD 

de  f\0  p.ip;os.  —  .l.icqiics  CiODEFnGY» 
sieur  (lo  la  Cominmio,  avi'C.il  m  la 
vicomte  ilc  (Virrnt.m,  mail  en  i().>/j  , 
est  r.uitciir  (les  Couimentaire<i  mrla 
couliiinc  rêfurmét'  du  ]>nys  ci  duclié 
de  yi^rnuindic  ,  iioueii ,  Davi'i  dti 
Petil-Val,  i()m(),  '2  vol.  iti-lol.  ,  ])ii- 
l)lic.s  par  J.  ("lodeiroy ,  avocat  eu  la 
cour  lia  paiiemciit,  cl  neveu  <le  l'au- 
teur. C.  M.  P. 

(VODEKROY  (Denis  II),  fils 
de  Théodore,  ne  a  Pans,  le  'x^  août 
1 6 1  5  ,  suivit  les  traces  de  son  père ,  et 
se  montra  iXv^wQ  de  lui  succéder.  1 1  n'a- 
vait que  viugt-cinc[  ans,  lors(ju'il  ob- 
tint la  survivance  (le  sa  place  d'histo- 
riographe. Louis  XIV  augmenta  son 
traitement  de  deux  mille  livres^  et, 
on  i668,  après  la  prise  de  Lille,  le 
nomma  garde    des     arcliives  de    la 
chambie  des   comptes   de  Flandre  : 
en  iG-8  ,   GoielVoy   fut   chargé   de 
dresser  l'inventaire  des  titres  conser- 
ves au  château  de  Gand.  Après  s'être 
acquitte  de  sa  commission,  il  revint  à 
Lille,  oîi  il  mourut  le  g  juin  i68i , 
dans  sa  QQ"^' .  année.  On  lui  doit:  L 
Une  nouvelle  édition  du  Cérémonial 
français,  Paris,  1649,  '^  ^'^^'-  i"-^ol. 
C'est  le  recueil  le  plus  étendu  de  l'or- 
dre tenu  dans  les  cérémonies  qui  se 
sont  faites    en  France.   Cet  ouvrage 
éprouva  tant  de  critiques,  que  Gode- 
froy  renonça  à  mettre  au  jour  deux 
autres  volumes  qu'il  annonçait ,  et  qui 
auraient  complété  cette    intéressante 
collection  :  l'on  est  donc  obligé  de  re- 
courir  a  la  première   édition  pour  la 
partie  des  pompes  funèbres ,  qui  n'a 
pas  été  réimprimée.  IL  Histoire  du 
roi   Charles   VU ,  fjui  contient  les 
choses  mémorables  advenues  depuis 
\l\xi  à  14^1,  Paris,  i(36i,  in-fo!.  il 
a  réuni  d  lUS  ce  volume  les  Mémoires 
de  Jean  Chjrtier  ,  Jacques  Bouvier, 
dit  Berry  ,   Mathieu  de  Coucy,  etc. , 
et  y  a  joint  toutes  les  pièces  jusliûcati- 


GOO  5:';7 

vos.  TIT.  Mémoires  et  instructions 
pour  scr\>ir  dans  les  né[^oci -liions  et 
afffiires  concernant  L.s  droits   du 
Roi  ^  P.u'is,    i()Gj,  in -loi.;  Amster- 
dam,    iGO"),   in-i'2;   l^iris,    i()8(j, 
in-1'2.  Il  les  avait couiposés  par  ordre 
du  chancelier  Scgiiier,  qu'on  en  crut 
l'auteur,  parce  (jue  le  manu^crit   fut 
trouvé  dans  sa  bibliothèque.  On  doit 
encore  à  Denis  Godefroy  des  éditions , 
de  Comines j  (  Voy.  Comines,  loin. 
IX,  page  .')54);  •—  de  ï Histoire  de 
Charles  V L ,  prir  Juvénal  des  Ursins; 
et  de  Charles  FUI,  par  G.  de  Jali- 
gny,  plus  ampUw  que  celles  qu'avait 
données    son   père  ;  —  et  enfin  de 
V Histoire  des  connétables ,  chance- 
liers,  gardes  des  sceaux,  par  Jean 
Leféron.   11  avait  le  projet  de  conti- 
nuer le    Recueil  des  historiens   de 
France ,  commencé  par   Duchesne; 
mais  ses  autres  occupations  ne  lui  per- 
mirent pas  de  l'exécuter.  11  eut  de  son 
mariage  avec  Geneviève  Desjirdins, 
sept  enfants,  entre  autres  Denis  II( 
et  Jean ,  dont  on  parlera  ci-après.  On 
peut  consulter,  pour  plus  de  détails, 
les  Mémoires  de  Niceron,  tome  xvir, 
et  la  Bibliothèque  histor.  de  France^ 
tome  III.  W — s. 

GODEFPvOY(Denis  III),  néà 
Paris  en  iG35,  prit  ses  degrés  en 
droit,  fut  reçu  avocat  au  parlement, 
et  nommé  garde  des  archives  de  la 
chambre  des  comptes.  Il  mourut  à  Pa- 
ris le  6  juillet  1719,  âgé  de  66  ans. 
On  a  de  lui  :  I.  Abréa,é  des  trois  états ^ 
du  clergé,  de  la  noblesse  et  du  ûers' 
état,  Paris,  1682,  in-i'i.  II.  Une 
nouvelle  édition  de  la  Satire  Ménip^ 
pée,avec  les  notes  de  Dupuy  et  de 
Duchat,  auxquelles  il  en  ajouta  quel- 
ques-unes, Katisbonne(nouen),  1  7  1 1, 
5  vol.  in-8°.  m.  Des  Remarques  sur 
V addition  à  l  histoire  de  Loids  XI, 
par  Gabr.  Naudé,  dans  ic.  Supplément 
aux  Mémoires  de  Comines  ^  Bru- 


558  GOD 

selles,  1713.11  fut  charge  par  le  duc 
cVOrle'ans,  rëgrnl,  de  revoir  la  Des- 
cripûon  historique  de  la  France ,  de 
r^ibhé  de  Longuerue.  —  Jean  Gode- 
FaoY,  frère  du  précèdent ,  ne  à  Paris 
\ors  1660,  accomp.igna  son  père  en 
Flandre,  fut  nomme  procureur  du 
roi  au  bureau  des  finances  de  celle 
province ,  obtint  la  survivance  d'.irchi- 
viste  de  la  chambre  des  comptes  de 
Lille,  et  mourut  en  celte  ville  au  mois 
de  février  i-^Zi,  âgé  d'environ  soi- 
xante-douze ans.  Cet  lit  un  homme  si- 
vant ,  laborieux  et  d'une  grande  pro- 
bité. On  lui  doit  de  bonnes  éditions  des 
dVéïnoires  de  Comines,  des  Lettres 
de  Rabelais,  des  Mémoires  de  Mar- 
^erile  de  Falois,  de  la  Satire  Më- 
jiippéey  des  Mémoires  de  VEstoile  , 
delà  Véritahle Jatalité  de  St.-Cloud 
(  Voy.  GuYAKD  ) ,  de  V Histoire  des 
Templiers^  par  P.  Dupuy;  At.'s  Mé- 
moires de  Lastelnau ,  et  enfin  un 
Supplément  à  Vhtstoire  des  i^uerres 
de  Flandre,  par  Strad;» ,  contenant 
les  procès  crimitiels  des  comtes d'Eg- 
jnond  et  de  Horn.  On  a  eu  outre  de 
lui  :  I.  des  Notes  sur  la  confession  de 
Sancy.  (Voy.  Aubigné.  )  11.  Inven- 
taire des  titres  du  paj  s  et  cointé  de 
IliiinuiU,  'X  vol.  in-fol.  manuscrit,  lll. 
Jnvent.  des  titres  de  la  chambre  des 
comptes  de  Lille,  in-fol .,  mss.  VV — s. 
GODÉGISILK  est  le  premier  roi 
vandale  dont  l'histoire  fas  e  nu  nlion. 
Jielon  Procope,  les  Vandales,  nation 
gothique,  qui  ,  en  /|oG,  ei.lrèrent 
dans  les  Gaules  sous  la  conduite  de 
Godégisilc,  venaient  de  la  Dacitet  des 
enviroi.s  du  Palus- Mc^olidr.  llsélairnl 
leslés  long-tenq)s  dans  l'inarljon  , 
lorsqu^i  celle  n>cme  époque,  la  i)/. 
année  (\n  règne  d'Ilonorius ,  ilsfiicnt, 
«1  i'iustigaliuii  «le  Stili<;on,  une  nrup- 
lion  dans  les  Gaules  .iv^c  les  AUins  1 1 
les  Sucves.  Miis  (iodégisile  ,  a)ant 
voulu  passer  le  Uhin  avec  son  armée, 


GOD 

fut  attaqué  par  les  Francs,  qui  lui  tuè- 
rent vingt  mille  hommes.  Godégi>ile 
lui-même  périt  dans  ce  combat,  et  eut 
pour  successeur  Gonderic.  (  f^oj.  ce 
nom.  )  Cependant  les  Alains  et  les  Suè- 
ves,  arrivés  au  secours  des  Vandales, 
obligèrent  les  Francs  à  se  retirer^  et 
ces  liarbarcs  réunis  passèrent  ensuite 
le  Rhin  sans  opposition  dans  les  der- 
niers jours  de  l'an  4o6.  Procope  ajoute 
que  les  Vandales  qui  entreprirent  cette 
expédition,  avaient  été  contraints, 
par  la  ftmiue,  d'abandonner  leurs  an- 
ciennes demeures;  mais  (|ue  cependant 
la  plus  gi  ande  partie  de  la  nation  ne 
s'éloigna  pas  du  D.mube.        B — p. 

GODEGiSlLE.    /^.  GONDEGISILE. 

GODEllARD  (  St.  ) ,  né  d'une  ta- 
mille  distinguée  de  Bavière,  vers  la  fin 
du  x^.  siècle,  se  livra  à  l'étude  de  la 
littérature,  contre  le  vœu  de  ses  pa- 
rents ,  qui  apparemment  ne  le  desti- 
naient point  à  l'état  ecclésiastique,  et 
fut  nommé  évê(|ue  de  flildesheim ,  en 
1 025.  Couslamnient  appliqué ,  dit  soa 
historien  ,  à  dissiper  les  ténèbres  de 
l'ignorance  qui  couvraient  son  diocèse, 
il  bâtit  près  de  son  palais  un  monas- 
tère de  Ijénédiclins,  où  il  réutut  les 
jeunes  gens  qui  annonçaient  le  plus  de 
talents,  et  oii  il  les  fit  ius'ruire  no- 
lauiuienl  dans  récriture  et  dans  la  pein- 
ttire  (  I  ).  Le  rapprochement  de  ers 
deux  mots  ,  l'ét^riture  <t  la  peinture, 
pourrait  fiire  croire  qu'il  ne  s'abais- 
sait, quant  à  l'art  de  peindre,  que  de 
miui.tures  propres  à  orner  les  manus- 
crits ;  mais  hs  résullats  prouvent  le 
coutraiie.  (iodehard  orna  son  église 
non  seulenu'iil  d«'  livres  (//V^m),  et  de 
vêtements  |)OMtificaux  ou  de  tentures 
en  sow{sericis) ,  mais  encore  de  véri- 
tables peintures  (  ^>fff//m  ;,  cest-à- 
dire  ,  de  fresques  et  de  t.ibieaux.  Il 
Toulait  que  les  élèves  se    lendissent 

11)    ChroH.    /'yiic.   i/i7«/<r</ipm  ,  npml  l.ribnili, 
Sn^t.  itr.  Biuimv.  ,  luiu.  1  ,  vl  >  <<•<  S.  GutA  i  >1>. 


GOD 

iililos  clans  les    dlireicutcs   m.inièrrs 
d'e.  1  ire  ol  de  pciiidii'  ,  in  di;' tirai)  stu- 
dio sculpturœ  <-t  picliirœ  nilionubi- 
liler  utiles.  l/ex€mi)lc  de  BcrnwJid, 
son    jM'cdece.ssciir    iiriincdiit  dans   le 
même  c'vcclie,  pioiive d'ailleurs  (ju'on 
pratiquait  dans  cetle  c'colc  tous   les 
genres   de  jx-ininrc.   Berinvard,  ne 
vers  l'an  96J  ,  petit-fils,  jxrsamcre, 
d'Athalheiou  ,  comte   palatin  ,  el  ne- 
veu de  File.tnar,  evê(['ic   d'Ulrccht , 
fit  ses  éludes  dans   le    séminaire   du 
Hildcsiicim.    En  987  ,   l'impératrice 
Théopliane    le   choisit    ponr   être  un 
des  précepteurs  du  jeune  Othon  III, 
alors  âge  de  sept  ans  ;  et ,  en  99I ,  il 
fut  eln  ëvêque  de  celte  même  ville  de 
Hildcslieim  ,  où  il  avait  reçu  l'instruc- 
tion par  laquelle  il  se  distingua.  Pas- 
sionné pour  tous  les  arts,  soit  me'ca- 
niqucs  ,  soit  libéraux,  il  les  exerçait 
tous  lui-même ,  cf  il  les  fit  enseigner 
dans  la  principale  e'colc  de  son  dio- 
cèse. Peintre,  arcliitccle  ,  modeleur, 
fondeur  ,  metteur  en  œuvre,  il  pissait 
habituellement  une  partie  de  ses  jour- 
nées dans  les  ateliers  qu'il  avait  éiablis 
près  de  son  évêchéj  et  il  y  travaillait 
de  ses  propres  mains  à  tous  les  ouvra- 
ges d'orfèvrerie  et  do  jouaillerie  dont  il 
ornait  ses  églises  (i).  Il  excella  pirli- 
culièrement  dans  la  peinture  :  Pictu- 
ram  etiam  liniatè  exercuit.  Il  peignit 
des  fresques  sur  les  murs  et  sur  les 
plafonds    de   son  édise    principale  : 
Exff'iisitd  ac  liicidd  picliird  laia  pa- 
riâtes quain  laquearia  exornahat.  Il 
cxécula   même  une  mos  lique  sur  le 
sol:  Musivum  inpavimentis.  On  voit 
dans  une  observation  f.ùte  à  ce  sujet 
par  sou  historien  ,  qui  avait  é\é  son 
contemporain  ,     q  l'on     n'enseignait 
point  fart  de  la  mosaïque  à  récole  de 
HiMe>)ieim  j  B -rnward  l'avait  apprise 
par  une  autre  voie  :  il  produisit  cet 

(%)    yUa  s.  Lerii.  ,  ibid. 


GOD  559 

ouvrage,  dit  râ^iivain  païf,  sans  avoir 
eu  de    m  dire  :    Proprid  industi  id  , 
Tuillo  monslranta.    (iuiJé    par    son 
goût  n.iturel ,  Bi'rnwird  recherchait 
avid('in''nt  les  beaux  vases  de  tous  les 
genres  ;  il  en  fiisait  acheter   parlouî. 
Il  avait  soin ,  afin  que  rien  de  beau 
OH  d'élégant  ne  lui  échappât ,  de  se 
fiirc  accompagner  dins  ses   voyages 
par  plusieurs  de  ses  élèves  ,   qui  des- 
sinaient sous  ses  yeux  ce  qu'il  ren- 
contrait de  plus  digne  de  son  attention. 
Il  alla  à  Borne,  auprès  d'Othon  ,  en 
l'an   1000,  dans  l'espoir   de  contri- 
buer  à  rendre   la  paix  à    l'Italie;  il 
as^ista  au  siège  de  Tibur,  aj>aisa   la 
colère  de  l'empereur,  qui  voulait  dé- 
truire cetle  ville  antique,  et  revint  à 
Pavie  avec  ce  prince,  qui  lui  témoigna 
constamment  la  plus  grandecondance. 
Cet  homme  éclairé  et  bienfaisant,  qui 
fonda  le  monastère  de  St.  -  Michel  à 
Hildcsheim,  mourut  le  20  novembre 
loi'i ,  et  fut  mis  au  rang  des  saints 
en    1 193.   Godiihard  justifia  ,  par  sa 
conduite  libérale  et  par  son  zèle  pour 
l'instruction  ,    le   choix  q  li   fut  fait 
de  lui  pour  remplacer  Bernward.  Il 
mourut  le   4  ï'''^i  io38_,    el  fut  ca- 
nonisé en   ii3i.  On   a  de  lui   plu- 
sieurs lettres  sur  des  sujets  de  piété; 
elles  ont  été  publiées  dans    le   Co- 
dex  historico  -  epistolaris    de  dom 
Pez.  —  Godehard  eut  au  nombre  de 
ses  successeurs  un  autre  Bernward, 
d'abord  maître  des  écoles  à  Hildes- 
hcim  ,   ensuite  évêque   de  la  même 
ville,  et  qui  mourut  en  i  i55,  après 
vingt-trois  ans  d'épiscopat.  Ce  Bern- 
ward  II  orna  de  peintures  le  couvent 
cîi  étaient  placées  les  écoles  :  MonaS" 
tcrium  nostrum  picturis  adornavit. 
Des  faits  si  positifs  contribueront  à 
prouver  que  la  peinture  ne  fut  nulle- 
ment oubliée  dans  l'Occident  aux  x*^. , 
xf.  et  wx".  siècles.     E — c  D — d. 
GODESC  VLCH ,  duc  de  Bénéveur, 


56o  G  0  D 

s'eitipara  de  ce  duché'  vers  ratine'e 
^58,  à  la  mort  de  Grégoire,  neveu 
du  roi  Luitprand,  sans  atlrudre  l'iii- 
veslituie  de  ce  roi.  Il  fil  alliance  avec 
ses  ennemis  ,  le  pape  Giégoirc  111  et 
Frasniond,  duc  de  Spolète.  Ce  dernier 
ayant  été  chasse'  de  ses  états  pnr  le  roi 
des  Lombards,  GodescalcU  l'aida  en 
'^4^  ^^  recouvrer  sou  duché.  Mais  Luit- 
prand revint,  Tannée  suivante  ,  atta- 
quer CCS  deux  fcudataires  avec  une 
armée  plus  formidable: il  fit, en  n^i , 
la  conquête  du  duché  de  Spolète;  au 
printemps  suivant,  il  se  mit  en  mar- 
che vers  Bcnévent.  Godescalch  n'osa 
pas  l'attendre:  il  (it  charger  son  trésor 
et  les  meubles  les  plus  précieux  de  son 
palais  sur  un  vaisseau,  pour  se  réfu- 
gier en  Grèce  avec  sa  femme.  Les 
Eéiiéventins  ,  qui  ne  l'aim.iii'nt  pas, 
l'ariêtèrent  dans  sa  retraite,  et  le  mas- 
sacrèrent. Luitprand  lui  donna  pour 
successeur  Gisolfe  IL         S.  S — i. 

GODESGAUD  (Jean-François), 
savant  et  laborieux  ecclésiastique,  né 
en  1728,  à  Rocquemont,  diocèse  de 
Rouen,  fut,  sous  MM.  de  Beaiimont 
et  de  Juigné,  secrétaire  de  l'archcvc- 
ché  de  Paris,  prieur  de  Notre-Dame 
de  Don  -  Rc[)os  près  Versailles,  cha- 
noine de  Saint-Louis  du  Louvre,  et 
ensuite  de  Saint -Honoré  à  Paris.  II 
aimait  les  livres  et  l'élu. !c  :  il  se  forma 
une  bibliolhèqtic  nombreuse  et  choi- 
sie, et  s'en  servit  pour  la  composition 
d'ouvrages  utiles,  presque  lous  rela- 
tifs à  la  religion.  Sou  étude  de  la 
l.ingut;  angl.jise  l'avait  mis  à  portée 
de  traduire  de  bons  ouvrages  écrits  en 
C(tle  langue.  L'ijcailémir  des  bellts- 
If  lires  et  arts  de  Koiicn  luidonna  |)lacc 
parmi  ses  membres.  Privé  à  la  révo- 
lution ,  cojume  les  aiilrcs  ecclésiasti- 
ques, de  ses  bénéfices  et  moyens  de 
subsistance,  il  vécut  de  son  travail, 
(pii ,  dans  (cs  moments  dr  désastre, 
n'tilVail  pas  de  grandes  rcsbourccs.  H 


GOD 

s'était  retiré  au  séuiinaire  des  Anglais. 
où  il  passait  son  temps  au  milieu  de     jj 
ses  livres,  rangés  avec  ordre  ,  maigre 
l'eviguité  de  sou  logement,  qui  l'avait 
forcé  à  les  entasser,  pour  ainsi  dire, 
les  uns  sur  les  autres.  L'abbé  Godes- 
card  manquait  presque  du  nécessaire, 
à  cette  époque ,  et  supportait  ses  pri- 
vations sans  se  plaindre  :  il  était  ré- 
duit à  corriger  des  épreuves  pour  le 
compte  d'un  imprimeui  ;  il  se  consolait 
en  travaillant.    Il  eût  pu  tirer    de  la 
vente  de  sa  bibliothèque  les  moyens 
dejder  un  peu  plus  d'aisance  sur  ses 
dernières   années,   et  ses    amis  l'en 
pressaient  ;  il  ne  put  jamais  s'y  résou- 
dre.  Il   mouiut  à  Paris  le  '21    août 
1 800  ,  justement  regretté  de  tous  ceux 
qui  le  connaissaient.  On  a  de  lui  :  I, 
Fies  des  Pères ,  des  marijrs  ,  et  des 
autres  principaux  saints  ,  traduites 
de  l'anglais  d' Alban  Butler  ^  Ville- 
franche  de  Rouergue ,   i  -jCj  et  suiv. , 
12  vol.  in-8'.  j  nouvelle  édition  aug- 
mentée ,  Paris  ,  Barbou ,   1  -^84  ,  1  2 
vol.  in-8"  ;  réimprimée  à  Maestrieht 
en  I  ']()4  ;  à  Toulouse  et  à  Versailles 
en  i  «S  I  I .  On  y  a  joint  un  xiii''.  vol. , 
contenant  les  fêtes  mobiles,   traduit 
de  l'anglais  du  même  auteur  par  M. 
INagol,  ancien  directeur  du  semin.iire 
de  St.-Sulpice.  L'ouvrage  de  Butler 
était  estime;   il  avait  été  reçu   favo- 
rablement en  Angleterre  ,  même  par 
les   proteslanls.  L'abbé    Goilescard  , 
et  l'abbé  Marie ,   professeur   de  ma- 
théjualiques  au  collège    Mazaiin  ,    et 
depuis   sous  -  précepteur  de   M.    le 
due  d'Angoulêuie  ,  ciurent  faire  une 
chose  utile  en    en  donnant   »me  tra- 
duction. Ils   ne  s'asireignirenl  point 
à  la  faire  littérale  :  non  seulement  ils 
s'écartèrent  (pieNpudois  du  texte,  mais 
ils  se  permirent  de  refondre,  d'.«jou- 
ter ,  de  retrancher  ,   toutes   les   fois 
que  cela  leur  parut   nécessaire  ;    ce 
qui ,    dit  -  on,   ne  fut  pas    toujours 


GOD  GOD  56t 

i\\\  ç;orit  il(*  rjutcur.  (  l'^of-  But-  lorsque  ]\^\^)('.  Gndescnrd  mourut. 
v,Lf\.)  Us  assurent  j)ourlJnl  qu'ils  lui  L'.ibbc  liourdicr  D<  j)iiifs  ,  cx-jc'.snilc, 
coiiimniiiquèriMit  leur  Iraduciioii;  qu'il  iiioit  en  i8î  i  ,  le  tonliiiiia  et  le  tcr- 
prit  la  j)(iiic  de  la  lire  ,  v.l  qu'il  ap-  mina.  L'abbe  Gode.sc.ird  .ivail  laissé 
prouva  les  libertés  qu'ils  avaieut  pri-  en  ruaiiuscril  une  fraduclion  de  la 
.'«t'S.  Quoi  (pi'il  en  soit,  l'ouvrage  n'a  Fie  du  canUnal  l*olus  ,  par  Pbi- 
eiM  laiueinent  rien  perdu  sous  leur  lips  ;  des  Fondements  de  la  religion 
]»lu»ne.  Ils  nous  ont  enrichis  d'un  cÂr^fiV/me  ,  pai  Cliajioner;  des  Ser- 
in re  ('difiant  et  instructif ,  d'une  bon-  mom  de  ^lierlo(k;  de  VfliAoire  du 
ne  Fie  des  saints,  e'crile  d'une  ma-  sacrilège^  de  Spclmans  ;  une  Table 
iiièie  convenable  et  dégagée  des  anec-  al/ diabétique  des  Mémoires  de  Tré- 
dolcs  apocryphes  et  des  historiettes  if ou.v  ,  jusqu'en  174^,  etc.  L — y. 
qui  communément  deshonorent  ces  GODET  des  MARAIS  (  Paul  ) 
sortes  de  eompusiiions.  Bu'.rrr  avait  cvcque  de  Chartres,  était  ne  en  1G47. 
charge  ses  Fies  de  notes  curieuses;  Pourvu  de  bonne  heure  de  l'abbaye 
les  traducteurs  les  ont  conservées  ,  d'Igny  dans  le  docèse  de  Reims,  il 
et  en  ont  même  augmente  le  nom-  fit  ses  études  à  Paris,  au  sémin.iie 
bre.  Cette  partie  est  celle  principale-  de  Siint  -  Sulpice,  où  il  fut  le  dis- 
ment dont  s'est  occupé  l'abbé  Marie  ;  ciple  et  l'ami  du  respectabJe  Tron- 
clle  est  pleine  d'érudition.  Ils  ont  aussi  son.  Reçu  docteur  de  Sorbonne  en 
suppléé  à  l'omission  de  plusieurs  1677,11  devint  supérieur  du  sémi- 
saints  français.  11.  ^.  Holden  analy-  naire  des  Trente -trois;  et  il  occupait 
sis  fidei ,  Paris,  17O7,  in-i2;nou-  cette  place ,  lorsque  M*"',  de  Main- 
velle  éJition,  avec  la  vie  de  l'auteur,  tenon  le  choisit  pour  son  directeur 
1786,  in  i'2.  m.  De  controversiis  à  la  mort  de  l'abbé  Gobtiin.  On  eut 
fidei  Tractatus  per  Adrian.  et  Petr.  ])eine  à  vaincre  la  répugnance  de  l'ab- 
de  Falemburgh. ,  nouvelle  édition  ,  bé  des  Marais  pour  un  emploi  qui  eût; 
avec  la  vie  des  auteurs,  ibid.,  1768,  tenté  un  horam?'  moins  modeste;  et 
iii-i'2.  IV.  De  la  mort  des  persécu-  il  fallut  que  M.  Tronson,  pour  lequel 
leurs  ,  par  Lactance,  avec  des  noies  il  avait  beaucoup  de  déférence  le. 
historiques^  nouvelle  traduction  ,  Pa-  pressât  d'acC'pier.  Son  extérieur  n'é- 
ris,  1797,  in  8^  V.  Béflcxùrns  sur  tait  pas  apparemment  ce  qui  avait  sé- 
Ze  c??^e/ ,  "puscule  tr.iduit  de  l'anglais,  duit  M'"»^.  de  Maintenon.  Il  avait 
pul  lie  après  la  moit  du  traducteur  l'air  froid  et  austère  ;  mais  tout  ce 
par  M.  lioiilard,  Paris,  iHoi,iu-  qu'elle  avait  vu  de  lui  ,  dans  ses 
8'.  VI.  Essais  historiques  et  crili-  rapports  avec  Saint  -  Cyr  (  il  avait 
ques  sur  la  suppression  des  monas-  été  consulté  pour  les  règlements  de 
tères  et  autres  établissements  pieux  cette  maison  )  ,  faisait  paraître  tant 
en  AncJ.eterre  ,  traduits  de  l'anglais  de  sagesse,  de  vertus  ,  de  modéra- 
(  de  Dodd  ,  dans  son  Histoire  de  tion  et  de  pieté,  qu'elle  se  décida 
V Eglise  )  ^  1791.  VU.  Eloges  de  ainsi  qu'elle  le  dit  elle  -  même,  à  lui 
Vabhé  Bergier,  et  de  l'abbé  Legros  donner  sa  confiance.  En  1G90,  l'abbé 
{d!\u<i  les  Annales calholiques).Yi\l.  des  Marais  fut  nommé  à  l'évêché 
Abrégé  de  la  vie  des  saints,  Paris,  de  Chartres.  Les  différends  entre  Ro- 
1802,  4  vol.  ini  2,  réimprimé  à'Lyon  me  et  la  France  n'étaient  pas  encore 
en  i8i5.  C'est  l'abrégé  du  grand  apaisés.  On  a  lieu  de  croire  que l'ab- 
ouvrage:  il  n'était  qu'au  18  juillet,  bé  des  Marais  fui  du  uombre  de  ceux 
XVII.  jG 


562  GOD 

qui  administrèrent  en  vertu  des  pou- 
voirs du  chapitre.  Il  ne  fut  sacre  que 
le  3i  août  1692;  et  l'anncc  suivante, 
il  abandonna  tous  les  revenus  de  sou 
évêcheaux  pauvresqui  souffraient  de 
la  diseltc.  Quoique  fort  appliqué  à  ses 
devoirs  ,   011  plutôt   par  cela    même 
qu'il  en  connaissait  Tetendue  ,  il  fut 
le  premier  d'avis  que  l'ou  partageât 
non  diocèse  en  deux  pour  ériger  l'e- 
vêohé  de  Bois.  Lors  des  disputes  sur 
le  quiéîisine,  l'évêque  de  Chartres  eut 
à  creur  d'cloi^ner  M'^^   Guyon ,  de 
St.  Cyr,  qui  étùt  dans  son  diocèse, 
et  de  prémunir  les  religieuses  de  cette 
maison    contre  la   doctrine   de  celle 
feiume  extraordinaire.  Par  une   or- 
dounance  du  21  novembre  iôqS,  il 
condamna  plusieurs  propositions  ex- 
traites de  ses  ouvrages  et  de  ceux  du 
p.   Ijacouibe.  Il  aurait  voulu  amener 
Fénélon  à  un  désaveu  j  et  quoique  ce- 
lui-ci n'ait  pas  suivi  ses  conseils  ,  il 
rendit  cependant  toujours  justice  à  la 
droiture  ,  à  la  pieté,  et  à  la  pureté  de 
vues  qui  animaient  l'évêque.  Charge 
d'examiner  le  livre  de  Fénélon,  Go- 
det des  Marais  le  pressa  lorlcment  de 
faire   une  démarche  qu'd  croyait  né- 
cessaire.  Il  signa,  le   G  aoiil   1697, 
avec  le  cardinal  de  Noailles  et  Bos- 
suet,  une  déclaration  de   leurs  seuti- 
nicnls  sur  le  livre  des  Maximes  des 
Saints  y  déclaralion  qui  fut  envoyée 
à  Piome;  et,  l'année  suivante,  il  pu- 
blia une  instruclion  pastorale  contre 
ce  même  livre:  mais,  après  la  déci- 
sion, il  fut  le  premier  à  féliciter  Fé- 
nélon  sur  sa  soumission  ,  et  il  le  fil 
solliciter  de    renouer  leur  anrimnc 
amilic.  A  un  zèlesincère  pour  TK^Iise, 
ce  prélat  joignait  un  esprit  de   dou- 
ceur cl  de  ci)n(  iliation.  (^.ioi(pie  di- 
clare'  contre  le  jansénisme  ,  il  n'a  ja- 
in.iis  été  ar;cn>é  de    provixjuor  des 
mesures  de  rigueur.  Il  eonlamna  le 
Cas  de  conscionce ,  cl  blâma  la  cuu- 


GOD 

dulte  du  cardinal  de  Noailles  5  mais  il 
ne  s'efforça  de  le  ramener  que  par  les 
insinuations  les  plus  douces.  Il  n'eut 
point  celte   consolation ,   et  mourut 
dans   son    diocèse  le  26  septembre 
1709.  On  lui  doit  la    fondation   de 
quatre   séminaires  ,  et  d'écoles   pour 
l'instruction  de  la  jeunesse.  Simple , 
modeste ,  ami  du  bien ,  plein  de  l'es- 
prit de  son  état,  et  en  même  temps  de 
sagesse  ,  de  discrétion  et  de  mesure , 
ce  vertueux  prélat  refusa  ,  dit  -  on  , 
une  place  de  conseiller-d'élat,  et   la 
nomination   du  roi  à  un  chapeau  de 
cardinal.    Ses   fouctions   auprès   de 
M™",  de  Maintenon  lui  donnaient  uti 
crédit  donl  il  n'abusa  jamais.  Renfer- 
mé dans  les  devoirs  de  son  ministère, 
il  n'excita  ni  plainte  ni  jalousie.  Le 
duc  de  Saint-Simon  ,  quelque  difficile 
qu'il  fut,  lui  a  néanmoins  rendu,  ea 
général ,  assez  de  justice  dans  ses  Me-  ^ 
moires  :  Ses  mœurs  ,  dit-il ,  sa  doc- 
trine ,  ses  devoirs  épiscopaux ,  tout 
était  irréprochable.  Il  ne  faisait  à 
Paris  que   des    voyages  courts  et 
rares  y  logeait   à  SainL-Sulpice  y  et 
se  mollirait  encore  plus  rarement  à 
la  cour.  Il  était  fort  saluant ,  avait 
de  l'esprit,  de  la  douceur ,   de  la 
fermeté  y  de  la  finesse  d  mt  il  ne  se 
ser%>ait  jamais  sans  vrui  bes  dn.  Son 
désinléress('ment    sa  piété  ^  sa  rare 
probité  étaient  son  s'ul  lu>tre.  M. 
d'.'  B  lusset ,  dans  sou  //istoire  de  Fé- 
n'ion  ,  a  mieux  f.iit  connaître  encore 
les  (ju.lilés  de  l'évêiiue  de  Giiirtres  : 
Kn  iG()")  ,  dit  M.  l'ovc  jue  d'A'ai>  ,  // 
ai)  <nd  n/iu  Vni^  les  revenus  de  son 
évcciié  aux  pauvres  de  son  diocèse  y 
qui  Si >j /'fraient  beaucoup  de  la  di- 
sette d:s  L^ruins.  To''tc'  sa  va  ss  lie 
d'argent ,  cn^islait  en  wie  eu  lier  et 
une  fuurchiite ,  et  il  Us  vendit.  Il 
prJi.halt  souvint  <t  n  •  pla't^atp.is; 
mais  il  convcrlissait.   S>  s  lettres   à 
Louis  XI  y  y  au  pape  ,  an  roi  d'Es- 


GOD 

jJrtpie  ,  ê latent  dii^nes  des  premiers 
siècles  de  l'Eglise.  On  a  imprime, 
lon^-lemps  après  sa  tnort,  ses  let- 
tres de  direction  à  M""",  de  Main- 
tenon;  et  on  admire  la  saî^esse^  lame- 
sure,  V habileté jlaprofonde  science 
élu  monde a^ec  laijuclle  ceprélaty  qui 
n  aidait  jamais  vu  le  monde ,  conduit 
y)/""',  de  Maintcnon  dans  tous  les 
détails  de  sa  singulière  position.  Go- 
det des  Marais  ciil  beaucoup  de  part  à 
la  fondation  et  à  la  direction  de  Saint- 
Cyr  ,  et  eut  la  sati-sfaclion  ,  en  mou- 
rant, de  laissera  son  diocèse  ,  dans  la 
personne  de  son  neveu  et  coadjuleur 
(  Dcnioustiers  de  Mcrinville),  un  suc- 
cesseur, héritier  de  sa  pieté,  de  son 
désintéressement,  de  sa  charité  et  de 
son  zèle  pour  tous  les  devoirs  de  l'é- 
piscopat.  P — c — T. 

GODl^TS.  f^of.  Desgodets. 

GODl  (  Antoine  ),  historien,  né 
à  Vicence,  florissait  dans  cette  ville 
vers  le  milieu  ou  au  commencement 
du  xv^  siècle  (i).  lia  composé,  en  la- 
tin ,  une  Chronique  des  événements 
les  plus  mémoraî)les ,  arrivés  dans  le 
Vicenlin  depuis  l'année  1 194  jusqu'à 
1 255.  Elle  a  été  publiée  ,  pour  la  pre- 
mière fois  ,  par  Alb.  Mussati ,  dans  sou 
Historia  augusta  ,  Venise  ,  1 656  , 
in-fol.  On  la  trouve  encore  dans  le 
Thesaur.  antiquitat.  Italiœ  de  Grae- 
vius,  tome  vi,  avec  un  supplément 
de  Sigonius  ;  et  dans  le  tome  vm  des 
Rerum  Italicar.  scriptor.  de  Mura- 
tori ,  avec  une  préface  de  Jos.  ^nt. 
Saxi ,  et  des  notes  de  Félix  Osi. 

W— s. 
GODIN,  ou    GODDIN    (Nico- 
las), médecin  de   la  ville  d'Arras , 
où  il  paraît  être  né,  vivait  au  coin- 
mcncement  du  xv!*".  siècle.  Il  a  pu- 


f  1)  J.  B.  Pajarini ,  Vossius  clTiraboschi ,  placent 
Ant.  Godi  a  Taunt'e  il\ii;  ainsi  les  caniiuuateurs 
«le  Moréri  oat  commis  uut.-  grave  «ireur  eu  Usant 
ea  inoi'l  a  r^niiée  i54i>. 


563 


GOD 

blic  :   I.  La    Chirurgie  pratique  de 
maître  Jean  de   l^i^o ,  divisée  en 
deux  parties,  avec  les  aphorisme  s 
et  les  canons  de  la  chirur^ie^  Pans, 
1 55 1  ;  Lyon  ,  1 537  ,  in  -  8".  H.  /?<? 
chirurgid  militari  :  ce  petit  ouvrage, 
traduit  en  français  par  Jean  liloiidel 
de  Lille,  sous  ce  titre,  La  Chirur- 
gie militaire  très  utile  à  tous  chi- 
rurgiens ,  etc. ,  Gand ,  1 555 ,  in- 1 2  ; 
Anvers,    i558,    in -S*.,    traite   des 
plaies  d'armes  à  feu,  de  la  peste,  de 
la  dysenterie,  etc. ,  mais  d'une  ma- 
nière très  générale,  et  d'après  les  prin- 
cipes de  Galien.  L'auteur  y  a  consa- 
cré un  chapitre  .mx  errturs  que  com- 
mettent les  chirurgiens  dans  le  trai- 
tement des  maladies  :  il  se  plaint  beau- 
coup de  l'autlace  des  charlatans  et  des 
empiriques  de  son  siècle,  non  moins 
coupables  et  presque  aussi  impudents 
que  ceux  de  nos  jours;  mais  il  subs- 
titue à  leurs   pratiques    dangereuses 
des  moyens  qui  ne  sont  pas  toujours 
sans  inconvénients.  Ch— t. 

GODIN  (  Louis),  membre  de  l'a- 
cadémie royale  des  sciences,  né  à  Pa- 
ris le  28  février  1704  ,  fit  ses  pre- 
mières éludes  avec  succès ,  et ,  après 
avoir  terminé  sa  philosophie,  s'appli- 
qua entièrement  à  l'astronomie  ,  mal- 
gré les  remontrances  de  son  père  , 
qui  aurait  désiré  de  lui  voir  embras- 
ser une  profession  plus  lucrative.  Il 
se  mit  soos  la  direction  du  célèbre  Jos. 
JSicol.  Delisle  j  et  ses  progrès ,  sous 
cet  habile  maître ,  furent  si  remar- 
quables ,  que  l'académie  lui  ouvrit  ses 
portes  en  1 725  :  il  était  alors  âgé  de 
21  ans  ;  et,  dès  l'année  suivante,  il 
lut,  dans  une  séance  publique  ,  des 
Observations  sur  l'aurore  boréale 
dont  l'apparition  effrayait  un  grand 
non^Dre  de  personnes.  L'explication 
qu'il  donna  de  ce  phénomène  était 
fausse;  mais  elle  n'en  contribua  pas 
moins  à  rassurer  le  public.  Foutenclltî 

56„ 


564  O  0  D 

avait  laisse  imparfaite  l'histoire  de  l'a- 
cadémie avaut  suu  renouvellement; 
Godin  fut  chargé  de  la  terminer,  et  il 
se  montra  digne  de  la  confiance  qu'on 
lui  avait  accordée.  La  question  de  la 
figure  de  la  terre ,  qui  s'éleva  parmi 
les  savants  ,  fixa  son  attention;  et  ce 
fut  sur  son  rapport  que  le  ministère 
résolut  d'envoyer  des  astronomes  à 
i'cquateur  et  au  pôle, pour  déterminer 
la  mesure  de  la  terre  d'une  manière 
précise.  (  Voy.  Bouguer  et  Mauper- 
Tuis.)ll  fut  choisi  avec  Bouguer  et 
!a  Coridumine  pour  aller  au  Pérou; 
mais,  avant  d'entreprendre  ce  voya'2;e, 
il  se  rendit  à  Londres  pour  prendre 
les  instructions  de  Ha'îlev.  Enfîi,il 
partit  de  la  Bochelle  le  i6m.ii  i755; 
et  ,  après  avoir  séjourné  quelques 
mois  à  Saint-Domingue,  il  arriva  à 
Quito  ,  où  les  acailéniicic  ns  commen- 
cèrent h'urs  observations.  Lorsqu'elles 
furent  terminées,  le  vice-roi  de  Lima 
jfefusa  de  les  laisser  partir ,  à  moins 
que  Godin  no  consentît  à  enseigner 
quelque  temps  les  mathénicttiques  dans 
cette  ville.  Il  fut  témoin  de  l'affreux 
tremblement  de  terre,  qui  détruisit,  en 
j  746?  '•'*  p'us  grande  partie  de  Lima  ; 
et  il  incliqu;i,pour  sa  reconstruction, 
desprocéilé.squi  rendirent  les  m  usons 
moins  susceptibles,  en  |)areil  cas,  d'ac- 
cidents fichoux.  Ce  ne  fut  qu'en  i  7^1 
qu'il  lui  fut  permis  de  revoir  enfin  sa 
patrie:  mais,  pendant  son  absence, 
on  avait  nommé  à  sa  place  d'.ic.idémi- 
cicn-pensionnaire;  et  il  se  vit  obligé 
de  repartir  presqu'aussitot  pour  l'Ks- 
p.tgne,  où  on  lui  offrait  la  direclion  de 
l'école  des  gardes  -  marines  à  Cadix. 
Cette  ville  fut  ébranlée  par  le  tremble- 
ment do  terre  qui  détruisit  Lisbonne 
en  I  755  ;  et  Godin  eut  la  plus  grande 
part  aux  mesures  (pi'on  j)rit  j)Our  di- 
minuer le  danger  et  réparer  le  dégàl 
causé  par  ce  terrible  pliénomènc. 
On  eiîl   dit,  ajoute  Fouchy  ,  que  la 


GOD 

ProvidcTiceîe  conduisait,  comme  par  la 
main,  partout  où  ses  talents  pouvaient 
être  utiles.  Il  fit  un  voyage  à  Paris  en 
1 756,  et  eut  le  plaisir  de  se  voir  ré- 
tablir dans  sa  place  d'académicien- 
pensionnaire.  Il  retourna  encore  une 
fois  à  Cadix  pour  y  régler  ses  affaires;* 
mais  il  tomba  malade  presqu'en  y  ar- 
rivant :  le  chagrin  qu'il  eut  de  la  perte 
de  sa  fille  acheva  d'épuiser  ses  forces, 
et  il  mourut,  le  1 1  septembre  i  760  , 
d'une  attaque  d'apoplexie  ,  sans  avoir 
pu  goûter  la  consolation  de  revenir  se 
fixer  dans  sa  patrie  à  laquelle  il  était 
toujours  resté  attaché.  Godin  ét.iit  lié 
de  la  plus  étroite  amitié  avec  Mairan 
et  Fouchy  qui  prononça  son  éloge. 
Il  était  membre  des  sociétés  royales 
deLondies,ileBerliu  etdeStockholm. 
Outre  plusieurs  Mémoires  épars  dans 
le  Pucneil  de  l'académie  des  sciences, 
on  a  do  lui  :  1.  V Histoire  de  cette 
savante  compagnie  depuis  1680  à 
1699,  II  vol.  m-4'.  II.  La  Tabla 
alfjhafféiirjue  des  matières  conUnues 
dans  r Histoire  de  l  académie  depuis 
son  établissement  jusquen  i  700  ,  4 
vol.  in-  j".  (i  )  III.  Un  Appendix  aux 
Tahlesastronomiques  de  Lnhire^iUns 
l'édition  de  i  727  ,  in-4°-  IV.  La  Cnn" 
naissance  des  temps,  années  1750, 
1731  ,  175*2  et  »7"»3.  V.  Il  a  aussi 
eu  part  au  Recueil  des  machines  ap' 
prouvéesparl\icademie  des  sciences^ 
public  par  Gdion  ,  (i  vol.  m  -4'.  H 
travdiil;iif,lor>qu'il  mourul,à  un  cours 
de  mafhématiques  à  l'usage  de  ses 
élèves.  Ou  peut  consiiltor,  pour  plus 
de  détails,  son  Èlo'^e  ^  par  Fouchy, 
iXixnsV Histoire  de  l\icadi-mie,  171)0. 

W— s. 

GODIN  DES  ODONMS  M"".),née 

Grandîuaisou  ,    était  la   fouime  d'un 

des  compagnons  de  voyage  de  M.  de 

la  Condamine,  établi  à  Quito  en  i  74'^* 

(1)    l.llci   a  élf:  coiuiniii'r  par  OviBourj  ciGottr 
juitju'cn  i;9<>,  iw  vd.  in-4''> 


G  on 

M.    ("loilin  ,  ()Mii;c  de.    se  icndrc     à 
Cuniic  pour  tits  .ill'.tiics  de  larnillc, 
partit  seul  ,  afin  clV[)argri('r  à  sa  icni- 
inc  la   fali<;iic  d'une  si  luuguc  roule; 
c'était  au  mois  de  mars  i  ^49  î  •'  ''""^''" 
va,  en  avril  i  7^0  ,  à  C  l'ieune,  en  des- 
cend.*nl  le  fltuvc  des  Amazones.  (!er- 
îain  de  ne  pouvoir  retourner  à  Quiîo, 
il  s'occupa  tout  de  suite  d'obtenir  de 
la  cour  de  Portugal ,  dos  passeports , 
qu'il  ne  reçut  qu'au  bout  de  1 5  ans  , 
pour  d'aller  clierclicr  sa  femrac  et  ses 
enfants,  remonter  Je  fleuve,  et  les 
amener  par  la  mêrae  voie.  Ce  voyage 
de  i5oo  lieues,  lui  fournil  roccasion 
d'envoyer  au  cabinet  du  Roi,  à  Paris, 
plusieurs  morceaux  d'histoire  natu- 
relle, et  de  faire  hommage  à  M.  de 
JUiffon  ,  d'une  grammaire  de  la  langue 
des  Incas,  imprimée  à  lama.  Enfin  , 
en  i-yGSjM.Godin  vil  arriver  à  Caïen- 
ne  une  galiolte  pontée  avec  un  équipage 
de   5o  rameurs ,  commandée  par  un 
capitaine  portugais,  qui  devait  lui  faire 
remonter  le  fleuve  jusqu'au  premier 
cfablissemcnt   espagnol ,  attendre  là 
son  retour,  et  le  ramener  à  Caïcnne 
avec  sa  famille ,  le  tout  aux  frais  de  Sa 
IMajesté  très  fidèle.  Malheureusement 
il  tomba  malade  à  Oyapok,  et  ne  pou- 
vant s'embarquer  il  se  trouva  dans  la 
nécessité  de  donner  sa  confiance  à  un 
nommé  Tristan  d'Orcasaval ,  qui  s'en 
montra  peu  digne  ;  car,  au  lieu  d'aller 
cliercher  M™*.  Godin  et  de  mettre  à  sa 
disposition  les  moyens  de  transport 
fournis  par  la  cour  de  Portugal,  il  resta 
dans  les  missions  portugaises  à  faire  le 
commerce  pour  son  compte.  Cepen- 
dant un  bruit  vague  ,  répandu   dans 
la  province  de  Quito ,   parvint  aux 
oreilles  de  M'"^.  Godin.  indécise  sur 
le  parti  qu'elle  devait  prendre ,  elle 
envoia  aux  missions  un  nègre  d'une 
fidélité  éprouvée.  Après  bien  des  obs- 
tacles ,  ce  serviteur  zélé  arrive  à  Lo- 
rclOj  où  il  trouve  Tristan  et  s'assure 


G  0  D  565 

par  lui  -même  que  rarmrment  du  roi 
de  Porlugal  est  destiné  |)Oni-  ramener 
M"".  Godin  à  Caienne.  Alors   celle 
dame  brusque  ses  préparatifs,  aban- 
donne une  partie  de  ses  effets,  et  se 
met  en  route  pour  Canelos  ,   petite 
ville  située  sur  une  rivière  qui  se  jettr 
dans  l'Amazone;  c'était  la  que  devait 
se  faire  rembarquement  :  mais  ce  nefut 
qu'avec  des  peines  inouies  qu'elle  par- 
vintencelieu,  oîi  de  nouveaux  chagiins 
l'attendaient.  La  petite  vérole,  récem- 
ment apportée  dans  ces  climats  par 
les  Européens  ,  avait  fait  déserter  tous 
les  habitants  de  Canelos.  Les  3o  In- 
diens qui,  au  moment  du  départ,  com- 
posaient  l'escorte  de   ÎVi"'^   Godin , 
1  avaient  successivement  abandonnée 
en  route  :  elle  restait  seule  avec  son 
fils ,  ses  deux  frères  et  quelques  do- 
raesîiques  ;   en  tout  huit  personnes. 
Deux  Indiens,  revenus  dans  la  bour- 
gade, promircntàM"'^  Godin  de  cons- 
truire un  canot  et  de  la  conduire  dans 
la  mission  d'Andoas,  distante  d'envi- 
ron I  5o  lieues;  de  là  elle  aurait  joint 
l'armement.  Le  canot  achevé,  on  part 
de  Canelos,  on  navigue  deux  jours; 
on  s'arrête  pour  passer  la  nuit,   et 
les   deux   Indiens  qui  avaient  reçu 
leur  salaire,  disparaissent.  La  troupe 
infortunée  se  rembarque  sans  guide, 
et  rencontre  un  canot  arrêté  dans  un 
petit  port.  Un   Indien  convalescent 
consent  à  se  joindre  aux  voyageurs,  et 
à  tenir  le  gouvernail  :1e  troisième  jour 
cet  Indien    tombe  dans   l'eau  et  se 
noie.  Voilà  le  canot  dénué  de  gouver- 
nail :  tout  le  monde  est  forcé  de  pren- 
dre leire.  On  détache  quelqu'tm  dé 
la  troupe   à  Andoas,  en  lui  faisant 
prometlie qu'avant  quinze  jours  il  en- 
verra un  canot  et  des  Indiens.  Vingt- 
cinq  jours  se  passent,  sans  qu'on  en- 
tende parler  de  licn.  Les  voyageurs, 
réduits  à  la  plus  alFreuse  situation  dans 
ce  désert,  perdent  toute  espérance. 


566  G  0  D 

Dans  cette  extrémité  ils  se  de'cident  à 
suivre  à  pied  les  bords  de  la  rivière^ 
mais  s'étant  engagés  trop  avant  dans 
les  bois ,  ils  s'y  égarent.  C'est  là 
qu'épuisés  par  la  marche  et  par  la 
faim ,  ils  sont  réduits  à  la  dernière  ex- 
trémité. Au  bout  de  trois  jours ,  tous 
expirent  successivement*  et  M""^.  Go- 
din  reste  seule,  étendue  auprès  du  ca- 
davre de  ses  frères  et  de  ses  domes- 
tiques :  pendant  quarante -huit  heu- 
res elle  est  comme  anéantie  ;  enfin 
pressée  par  une  soif  ardente ,  elle 
se  traîne  jusqu'aux  bords  de  la  ri- 
vière. Elle  erre  ensuite  pendant  plu- 
sieurs semaines ,  dans  un  bois  cm' 
barrassée  de  ronces  H  de  lianes  , 
toujours  en  danger  d'êlre  dévorée 
par  les  bêles  féroces  j  à  peine  cou- 
verte de  mauvais  lambeaux  ,  épui- 
sée de  fatigue  et  de  faim  elle  se 
trouve  sur  les  bords  du  Bobonasa, 
rivière  qui  tombe  dans  l'Amazone.  Un 
matin,  au  lever  de  l'aurore,  elle  en- 
tend du  bruit  à  environ  200  pas  d'ellej 
elle  s'approche,  cl  voit  deux  Indiens 
qui  poussaient  un  canot  à  l'eau  :  elle 
^es  conjure  de  la  conduire  à  Andoas; 
ils  le  promettent,  et  tiennent  parole. 
Arrivée  à  Laguna,  elle  est  reçue  à  bras 
ouvert  par  le  supérieur  des  missions; 
mais  ce  fut  en  vain  qu'on  essaya  de 
iaire  venir  Tristan  :  jamais  elle  ne  put 
)»n)filer  de  l'armement  qui  avait  été 
îail  pour  elle.  Apres  xm  lonj:;  espace 
de  temps  et  beaucoup  de  soufTianres, 
on  p.irvint  rcjicndniit  à  lui  j-.rocnrer 
Je  moyen  d'enlreprendre  ce  voyage, 
qui  él.'ut  au  moins  de  mille  lieues. 
Au  bout  de  plusieurs  années  d'ab- 
sence ,  de  traverses  et  de  malheurs 
réciproques ,  M.  et  M""".  Godin  se 
virent  enfin  réunis  à  Oyapock,  oi'i  le 
pn  inier  elul  toujours  reslc  h  attendre 
bd  f<nirne.  Les  ilcnx  e'ponx  reinontè- 
r<'nl  à  (^orupa,  cl  se  retulirent  delà  à 
iiaicnne,  d'où  ils  s'cinLaïqucrcnt,  cl 


GOD 

arrivèrent  à  la  Rochelle  le  26  mai 
l'j'jS,  après  65  jours  de  traversée: 
ils  se  rendirent  ensuite  à  St.-Amant 
dans  leBerri,  où  ils  possédaient  une 
très  belle  terre.  Les  aventures  de  M"*". 
Godin  sont  attestées  par  les  lettres 
originales  de  plusieurs  missionnaires 
de  l'Amazone.  Celle  des  Icitres  de  M. 
Godin  ,  qui  contient  ce  récit ,  a  été 
imprimée  à  Paris  en  1770.  B — y. 

GODINEZ  vBlasco),  capitaine 
espagnol  ,  accompagna  Pizarre  en 
i552,  se  distingua  dans  toutes  les 
guerres  du  Pérou ,  et  se  mit ,  en  1 55 1 , 
à  la  tête  des  mécontents  qui  s'opposè- 
rent, à  main  armée,  à  l'exécution  de 
l'édit  relatif  à  la  liberté  des  Indiens. 
Les  rebelles  l'ayant  nommé  gouverneur 
de  Cuzco,  tout  le  haut  Pérou  lui  obéit. 
Dans  l'impuissance  de  le  réduire  par 
la  force  des  armes,  la  cour  royale 
de  Lima  employa  l'artifice.  Elle  déclara 
Godinez général  de  toute  l'armée,  et 
le  fit  assassiner  en  i552,  par  Al- 
phonse d'Alvarado,  que  Godinez  avait 
reçu  comme  un  ami  dans  son  camp. Ses 
nombreux  complices  furent  recher- 
chés et  punis  sévèrement.      B — p. 

GODINHO  (  Manuel  ) ,  né  en 
i65o  à  Montai  van  ,  en  Portugal  , 
entra,  à  l'agc  de  quinze  ans,  chez  les 
jésuites  de  Coimbre.  Étant  passé  dans 
l'Inde,  il  fut  renvoyé  en  Portugal  par 
un  ordre  du  vice-roi.  Il  s'embarqua  h 
Baç.iïrn  le  i5  décembre  i6G'i  ;  et, 
arrivé  en  Perse,  il  alli  par  terre  jus- 
qu'à Alcp.  Un  vaisseaii  le  tran'^port.» 
des  cotes  de  Syrie  à  Marseille ,  d'où 
un  autre  vaisseau  le  ramena  en  Por- 
tui^al.  Il  y  arriva  le  *i5  octobre 
i6(35  ,  après  un  voyage  de  dix  mois. 
11  etj  a  public  la* relation  sous  ce  tilre  : 
lUd  icam  do  nova  caminfio  ,  etc. , 
Lisbonne,  i()()5,  iu-4".  On  a  encore 
de  lui  :  I.  Notirias  sin^ulares  ,  etc. , 
c'est-à-dire  ,  Nouvelles  singulières 
de   ce  <}ui   est   arrivé  à    Constan- 


GOD  G  CD  567 

tinopîe  y   après  la  défaite  de  Var-     rinfortunc,  f.iiir  le  bien  pour  le  seul 
mée  otlonuïue  ,  sous  les  murs   de     ])laisir  i\c  le  faire  ,   et  se  refuser  le 
rienne  ,em'oyccs  deConstaïUinoplc     .su|)ciflii    pour    procurer   aux    aulrcs 
à  un  chevalier  de  Malte ^  Lisbonne,     le  iie\cssnirc,  voilà  en   peu  de  mois 
1684.11.  r/V//i,  etc.,  c'cst-à-cbre,Z«     le  portrait  du  respectable  ecclcsias- 
vie  ^  les  vertus  et  la  mort  du  Fr.     tique   qui  nous  a  paru  nicritcr  une 
Antoine  Pas   C/ingas  ,   Lisbonne^     ])lace  dans  ce  dictionnaire.  Persuadé 
i(")8n  ,  réimprimée  en  \']'iS.{  f^'oy.     que  les  ricliesses  iierendon»  les  hom- 
FoîNsi.CA   SoARKS.  )   Nous    oracttoiis     mes  heureux  que  par  le  bon   usage 
quelques    ouvrages    asccli(iucs  ,    qui     qu'ils  eu  font,  il  crut  pouvoir  unir 
nous  semblent  sans  intc'rêf.  Godinbo     le  commerce  des  vins  aux  paisibles 
quitta  les  jésuites,  et  eut  différents bc-     fonctions   de  son  ministère  :  la   for- 
iicûccs  ccclesi.isliques.  11  mourut  en     tune  qu'il   y  acquit,  lui  fournil   les 
i-yi^. — GoDiNnoCARDOso(Manuel),     moyens  de  suivre  son  noble  penchant 
dcfJbonne,  s'embarqua,  le  10  avril     à  la  bienfaisance.  Apiès  avoir  rendu 
j5H5,  sur  le  vaisseau  \v  Sant-Iago  ,     le  double  de  son  patrimoine  à  sa  fa- 
capitalne  Fcrnand  de  Mendoça.  Le     mil!e,  il  employa,  dit-on,  plus  de 
j  5  août  de  la  même  année  ,  ce  vais-     5oo,ooo  liv. ,  tant  à  établir  des  fon- 
seau  fit  naufrage.  Godinho,  échappe     taines  publiques,  et  à  faire  paver  et 
à  ce  malheur,  publia  ,  à  Lisbonne,  en     dessécher  des  égoûts  qui  répandaient 
iGoi,  l'ouvrige  suivant  :  Relacam ,     une  infection  dangereuse,  qu'à  fon- 
tlc. ,  c'est-à-dire,  Belations  du  nau-     der  des  hôpitaux  pour  les  malades  , 
fra^e  du  vaisseau  le  Sant-Iago  ^     augmenter  le  nombre  des  écoles  chré- 
et  voyage  des  naufragés  qui  purent     tiennes  ,  et  embellir  le  chœur  de  l'é- 
se  sauver, — Godinho  de  Sein  as  (Ma-     giisc  métropolitaine.  Ces  monuments 
luiel  )  naquit  à  Sanlarcm ,  le  ï  5  août     ont  mérité  à  Godinot  les  titres  de  père 
16^8.  Dans   une  traversée  de  Lis-     et  de  bienfaiteur  de  sa   patrie.  Son 
bonne  au  royaume  d'Algarve,  il  fut     opposition  à  la  bulle   Unigenitus  lui 
pris   par   les    Algériens    le    'i5  juin     attira  la  censure   de   quelques  -  uns 
I7'25.  Hcvenu  à  Lisbonne,  le  190c-     de  ses  compatriotes;  les  chanoines, 
tobre  i^^i  ,  après  cinq  ans  de  cap-     ses  confrères,  étaient  sur  le  point  de 
livité,  il  se  fit  prêtre,  et  donna  des     lui  refuser  la  sépulture  ecclésiastique: 
leçons  de  lutér,!ture.  Il  a  publié,  en     mais  la  réclamation  générale  de  ses 
i'y5o,  des  vers  sur  l;i  mort  du  roi     concitoyens  obtint  qu'il  serait  inhume 
Jean  V.  Nous  ne  pouvons  dire  si  une     avec  tous  les  honneurs  qui  lui  étaient 
épîtie   en   vers   et  en    prose,  où   il     dus,  et  d  y  eut  un  grand  concours  à 
fais.ul  l'histoire  de  sa  vie  et  de  son     ses  obsèques.  La  ville  de  lltims,  qui 
voy.ige  a  été  imprimée  ;  elle  ne  l'était     doit  au  généreux  Godinot  de  si  utiles 
pas  (  iKore  en  i -jSq  ,  temps  où  écri-     établissements  ,  conservera  un  éternel 
vait  Barbosa  ,  à  qui  nous  avons  cm-     souvenir  de  ses  bienfaits.  C'est  d'après 
pruhtp  CCS  détails.  \\ — ss.         les  Mémoires  de  Godinot,  que  Pluche 

(jODINOT  (  Jean  )  ,  docteur  en  a  inséré  dans  le  tome  11  du  Spectacle 
théolou,ie  ,  et  chanoine  de  la  métro-  de  la  nature  y  le  détail  des  procédés 
po^e  de  Kciins,  n.iquit  dans  cette  de  la  culture  de  la  vigne  et  de  la  raa- 
vilb'  en  iCiOi  ,  et  y  mourut  le  i5  nièrc  de  faire  le  vin  de  Champagne, 
avril   17495  â^é  de  quatre-vingt-huit  J — B. 

ans.  Ne   respirer  que  pour  adoucir        GODIVE,  fcmmede  LéofTric,  duc 


56fi  G  0  D 

de  Mercic  ,  vivait  en  Angleterre  au 
XI  \  siècle  ,  sous  le  rè!::;ne  d'Edouard 
le  confesseur.  Un  trait  de  dévouement, 
d'une  siiiî^ularilé  remarquable,  a  pré- 
serve' sou  nom  de  roul)Ii.  ÎNe  pouvant 
obtenir  par  ses  prières  la  remise  d'une 
furte  amende  que  son  époux  avait 
imposée  aux  habiîants  de  Covenlry, 
en  punition  de  quelque  délit  grave , 
elle  résolut  ,  pour  les  en  libérer , 
de  rempur  la  condition  bizarre,  sous 
laquelle  le  duc  promettait  de  leur 
pardonner  j  ce  fut  d'aller  à  cheval , 
toute  nue ,  d'un  bout  de  la  ville  à 
l'autre.  Après  avoir  défendu  aiix  ha- 
bitants ,  sous  peine  de  mort ,  de  pa- 
raître dans  li.s  rues  ou  aux  fenêtres, 
elle  paicournt  effectivement  la  ville 
sans  antre  voile  que  ses  longs  cheveux. 
M 'is  ,  malgré  la  sévérité  du  châti- 
ment, un  homme  (c'était  un  boulan- 
ger) lut  assez  téméraire  pour  s'y  ex- 
poser ,  et  la  duchesse  assez  cruelle 
pour  venger,  aux  dépens  des  jours  de 
ce  m.ilheureux  ,  sa  pudeur  offensée. 
Pour  conserver  la  mémoire  de  cet 
événement ,  on  institua  une  fêle  so- 
lennelle ,  où  la  statue  de  Godive  , 
ornce  de  fl<'urs  ,  était  ch  tque  année 
portée  en  procession  au  milieu  d'i»ne 
fuule  (Il  ppup'e;  et  l'on  voyait  la  sta- 
tue du  boul.iiig'  r  à  la  même  fenêtre 
où  l'atliia  sa  fatale  cnrio>ité.  Ija  ri- 
gueur que  Godive  déploya  dans  cette 
occasion,  aurait  bien  (Ki  leuipérer  les 
louanges  excessives  qui  lui  ont  été 
prodiguées  par  quelques  historiens 
angl.iis.  K — e. 

GonOLPlIIN  (Jean),  juriscon- 
sulte anglais,  né  en  1617  à  GodoU 
phin,  dans  les  îles  vSoflingues,  se  fit 
connaître,  vers  i()5o  et  i65i  ,  par 
quelques  ouvrage-  de  théologie  ,  écrits 
dans  les  principes  des  purit.iins;  mais 
il  s'était  partieulièremcnl  attaché  à 
l'éfuih  (les  lois ,  rt  il  prit  le  degré  d(! 
ùc'Cteur  en  ilioil  vn  i^'/iJ.  Ktanl  venu 


GOÏ) 

ensuite  à  Londres ,  il  se  rangea  dans 
le  parti  anti-monarchique,  et  fut  cons- 
titué, en  1 655,  l'un  des  juges  de  l'ami- 
rauté. La  faveur  dont  il  avait  joui  sous 
Cromwell  ^  devait  lui  faire  appréhen- 
der la  restauration  ;  mais  Charles  II 
aimant  mieux  s'aider  de  ses  lumières 
que  de  perdre  ce  jurisconsulte,  le 
nomma  avocat  de  la  couronne.  Il 
mourut  le  4  avril  1678,  après  avoir  * 
publié,  entre  autres  ouvrages  estimés: 
I.  Tableau  de  la  jurisdiction  d'un 
amiral^  1661,  in-S".  II.  Le  legs 
d'un  orphelin  (relatif  aux  testaments), 
16^4)  in-4"'  III-  Reperlorium  cano- 
nicum,  1678,  in-4".,  où  il  soulientla 
suprématie  royale.  X — s. 

GODOLPIilN(SiDNEY,  comte  de), 
grand  -  trésorier  d'Angleterre  ,  issu 
d'une  frtmille  distiiiiruée  du  comté  de 
Cornvvall  ,  naquit  vers  le  milieu  du 
xvir.  siècle.  Il  entra  dans  sa  jeu- 
nesse au  service  de  Charles  II ,  qui, 
lorsqu'il  fut  rétabli  sur  le  troue  de  ses 
pères,  le  nomma  l'un  de  ses  valels- 
de-chambie.  En  iti-^S  ,  Godolphin 
fit  deux  voyages  en  Hollande,  chargé 
de  missions  d'une  haute  importance. 
L'année  suivante  ,  il  fut  nommé 
commissaire  de  la  trésorerie  et  mem- 
bre du  conseil  privé.  Mais  ces  fa- 
veurs dj  la  cour  ne  rempêchèrent 
pas  de  voter  ,  dans  la  chambre  des 
communes,  contre  le  due  d'York,  que 
le  parti  populaire  voulait  alors  ex- 
clure de  la  couronne.  Eu  1G84,  il  fut 
créé  baron  de  Rialton  ,  et  uhlinl  la 
place  de  premier  commissaire  de  la 
trésorerie  ,  après  avoir  résigné  celle 
de  vSecrctaire  d'étal  ,  qui  lui  avait 
été  conférée  peu  de  temps  aupara- 
vant. J'isqu'alors  il  avait  siégé  dans 
la  chambre  basse  comme  représen- 
tant des  communes  de  Helston  el 
de  St.  Mavves.  A  l'avénemenl  de 
Jacques  II  au  troue,  il  fut  ii'Humé 
vhaïubillun  de  la  reine,  cl  remplaça 


G  0  D  G  0  D                 569 

à  1.1  trésorerie  le  c(mi le  tic  Roclifsfcr,  11  fut  l'un  de  ceux  (jiii  se  pronoiuc- 
qiii  lut  ilcslitue.  Lorxjue  le  pnuce  lent  avec  le  plus  de  lurce  ,  d  uis  le 
ti'()raii{;c  vint,  ;j  I.i  Iclc  d'une  arniec,  conseil ,  conlrc  la  vénalité  des  oniees 
att,»(iuer  son  bc.ui-|H'rc ,  ce  fui  Godol-  dans  la  maison  royale,  vénalité  qu'il 
pliin  qui,  eonjoinfenient  avec  Halifax  regardait  comme  aussi  indigne  de  la 
l't  Noltini;l)ain,  fut  chaire  d'.dicr  au  majesté'  souveraine,  que  decoura- 
camp  du  prince  liullandais,  pour  en-  géante  pour  le  vrai  mciile.  Lorsque 
trer  en  négociation  avec  lui.  Il  s'ac-  la  faveur  de  M'"".  Masliaiu  cul  delmit 
quitta  de  cette  mission  de'licatc  avec  dans  l'esprit  de  la  reine  le  eiedil  iks 
autant  d'adresse  que  de  prudence.  Wiglis  ,  le  renvoi  de  Godolphiu  fut 
Jacques  s'ctanl  enfui  dans  les  e'tats  de  bientôt  décidé.  Il  perdit  sa  j)lacc  de 
Louis  XIV,  le  parlement  mit  en  dé-  grand-trésorier,  le  18  août  i-^io.  il 
libération  si  le  trône  serait  déclaré  va-  avait  été  créé  ,  en  1706,  clievaiier 
cant.  Godolpbin  ,  sans  ouvrir  d'avis  de  la  Jarretière  ,  comte  de  Godol- 
sur  la  brandie  qui  devait  être  appelée  phin  ,  et  vicomte  de  Rialton.  L'opi- 
à  succéder,  opina  pour  la  régence.  Il  nion  publique,  qui  se  prononça  liau- 
i'ut  admis,  en  1689,  dans  le  conseil  tement  contre  sa  destitution,  et  le 
privé  du  roi  Gudlaume  ,  et  entra  de  zèle  des  employés  de  la  trésorerie,  ne 
nouveau  à  la  trésorerie  ,  dont  il  fut  purent  mettre  un  terme  à  sa  disgrâce, 
nommé  premier  lord  en  1G90.  Eu  II  mourut  à  St.-AIbans,  le  23  sep- 
1695,  il  fut  l'un  des  sept  commis-  tembre  1712,  sans  avoir  été  rap- 
saires  chargés  du  gouvernement  en  pelé.  Ses  restes  furent  inhumés  d-^us 
l'absence  du  roi.  Il  fut  réintégré  dans  l'abbaye  de  Westminster.  Il  bissa  ua 
cette  place  ,  en  1701,  aussi  bien  que  fîis  qui  épousa  la  fille  de  Mariborougli, 
dans  celle  de  premier  lord  de  la  tréso-  et  à  la  mort  duquel  s'éteignit  le  titie 
rerie,dontilavaitétédcstituéen  1697.  ^^  comte  de  Godoîphin.  Si  l'on  en 
A  peine  la  reine  Anne  eut-elle  été  pro-  croit  Burnct,  le  grand-trésorier  était 
damée,  qu'elle  s'empressa  de  nommer  grave,  taciturne  et  modeste,  quali- 
Godolphin  grand -trésorier  d'Angle-  tés  qui  se  rencontrent  rarement  dans 
terre. Mais,  assez  modeste  pour  croire  un  homme  élevé  à  la  cour.  Quoiqu'at- 
cette  charge  au-dessus  de  ses  forces,  il  taché  par  inclinalion  au  parti  du 
refusa  long-temps  de  céder  aux  vœux  prince  ,  il  jouit  constamment  de  l'es- 
dc  la  princesse.  Il  ne  se  rendit  qu'.iux  lime  populaire,  estime  dont  il  ne  fut 
pressantes  sollicitations  de  Marlbo-  redevable  qu'à  son  incorruptdDle  pro- 
rough,  qui  déclara  ne  pouvoir  prendre  bité.  Il  ne  souffrit  jamais  qu'aucun  de 
le  commandement  de  l'armée,  si  le  dé-  ses  serviteurs  s'enrichît  aux  dépens 
pnrteraentde>  finances  n'était  remis  en  du  public;  et  lui-même  n'avait  pas 
des  mains  aussi  habiles.  Par  une  sage  augmenté  son  patrimoine  de  plus  de 
administration,  Godoîphin  sut  rani-  4^00  liv.  sterl.,  après  trente  ans  pas- 
mer  la  confiance  et  relever  le  cré-  ses  à  la  tête  de  l'administration  de  la 
dit  public.  Les  succès  de  la  guerre  trésorerie ,  dont  neuf  comme  grand- 
furent  dus  en  partie  à  l'exactitude  trésorier.  Dans  une  place  oii  il  est  si 
qu'il  mit  à  effectuer  les  paiements  de  difficile  de  ne  pas  froisser  beaucoup 
l'armée.  A  son  instigation  ,  la  reine  d'intérêts  ,  jamais  homme  n'eut  plus 
contribua  d'une  somnje  de  cent  mille  d'amis  et  moins  d'ennemis.  Godol- 
livies  stcri.,  prise  sur  sa  liste  civile,  phin  vivait  avec  la  plus  grande  fru- 
aux  frais  Je  ces  glorieuses  campagnes,  galilé  :  son  jugeracul  était  sûr ,  quoi- 


570  GOD 

qu'un  peu  \cnl  ;  sa  conception  claire, 
son  caractère  franc  et  loyal.  A  ces  qua- 
lités si  recommandables ,  d'autres  his- 
toriens ajoutent  qu'il  connut  parfai- 
tement la  constitution  de  son  pays,  le 
caractère  de  ses  compatriotes ,  et  que 
ses  talents  l'ont  placé  au  premier  rang 
parmi  les  ministres  de  la  Grande- 
Erefagne.  Quelques  écrivains  anglais  , 
et  Swift  en  particulier,  ont  pre'seule' 
le  c.<r.»ctèie  de  Godolphin  sous  un 
jour  moins  fivorable.  Mais  nous 
avons  pense  qn'nn  homme ,  qui  a  réu- 
ni un  grand  nombre  de  suffrages  im- 
posants ,  n--  devait  pas  être  jugé  sur 
des  allég.uions  sans  preuve,  ou  sur 
les  ;mpur*tions  de  quelques  Torys. 

N— E. 

GOD0^'AR.  To/eZ  GONDEMAR. 

GUDO^^:^CHE  Nicolas),  gra- 
veur, ne  .1  Paris  vers  la  fin  <iuxvii'". 
siècle,  lut  mis  à  In  Bastille  en  1751 , 
pour  avoir  gravé  1rs  estam['es  d'un 
ouvrage  de  l'-ibbc  iJoursi^r  ,  fimeux 
appelant ,  inlituic:  Explication  abré- 
gée des  principales  questions  qui 
ont  rnppfft  aux  affaires  }>rcsentts  ^ 
in-i>,.  La  suppression  de  cette  bro- 
chure Ir*  fif  rechercher  par  les  cu- 
rieux, et  jieut  mêir:e  lui  donner,  en- 
core à  |)rcsent,  qu<  ique  prix,  quoique 
le»,  traits  satirirpics  qu'elle  renferme 
ii'iiient  plus  rien  de  piquant.  Godo- 
liesche  resta  peu  de  temps  enferme; 
mais  il  perdit  sa  place  de  garde  des 
médailles  du  cabinet  du  Roi,  pl.;cc  qui 
était  à  peu  près  sa  seule  ressource.  Il 
avait  pulilié  h  s  Médailles  du  règne 
de  Louis  A'/^,  »  727 ,  in-fol.  ;  et  il  en 
donna,  en  17J6,  une  seconde  édition 
cpii  contient  cinquante-quatre  plan- 
clies.  (jc  rerntil  a  élc  conlinué  par 
Flenrimont  ,  jn  qu'à  la  paix  d'Aix-la- 
Chapelle  ,  I  74s  ;  et  cdle  dernière  édi- 
ti(»n  rcnf  rme  soixante-di\-lniit  plan- 
ches ou  médailles.  Le  duc  de  la  Val- 
\ièie  pussédaîl  uu  nuinu^civl  sur  ve- 


GOD 

lin ,  exécuté  par  Godonesche ,  et  con- 
tenant :  Idée  du  cabinet  du  Roi  pour 
les  médailles;  têtes  des  douze  Césars, 
dessinées  sur  V antique  ;  pierres  ari" 
tiques  du  cabinet  du  Roi.  Cet  artiste 
mourut  à  Paris  le  29  janvier  1 761. 

W— s. 
GODOUIN  (Jean),  néà  Paris,  y 
fit  ses  études  à  l'université.  Il  s'atta- 
cha lui-même  à  ce  corps;  et,  après 
avoir  professé  pendant  long-temps  au 
collège  du  cardinal  Lemoine  ,  il  fut , 
vers  1660,  nommé  professeur  d'hé- 
breu au  collège  de  France  ,  et  mourut 
le  8  octobre  1  700.   Il  avait  composé 
une   Grammaire  hébràique  y  qm  n'a 
pas  été  imprimée.  Ce  fut  lui  qui  fut 
chargé  de  donner  les  Commentaires 
deCesar,  adusum  Delphini^  ï678, 
in-4".  Parmi  les  opuscules  qu'd  a  pu- 
bliés ,  nous  citerons  :  I.  Jn  secundufit 
rectoratum  Pétri  Lalemant ,  extem.' 
porale  et  subitarium  cannen  ,  16')  5, 
in-4'.     \\.  yld   Pomponiinn   Belie^ 
viœum^suprcmi  Galliœ  senaiûs  prin- 
cipem  ,    postqnam   ad  hoc  munus 
evechts  est,  cannen,  in-4'.  (  '^^■*7) 
111.  Les  E pitres  familières  de  Cicé- 
ron ,  nouvellement  traduites ,  avec  le 
latin,  \  665,  1  vol.  in-8". ,  im|  rimécs 
sur  deux  colonnes  (  Foy.  P.  Duryer  , 
XII,  588);   traduction    effacée   par 
celles  qu'on  a  ])ubliécs  depuis.  Dans 
ces  trois  ouvrage^,  l'auteur  prend  les 
noms  de  GodoUin  et  God<vin.Goi\\'t 
dit  cependant  (  Mem.  hist.  et  litt.  sur  le 
collège  royal  de  France  ,  i ,  53()  )  , 
que  l'aiilenr  s'appel.iil  a  Goudoiun  et 
»  non  Godouiu  ;»  ce  qui  nous  porte 
à  cioire  que  l'auteur  écrivait  son  nonl 
de  ces  deux:  nianières.        A.  I! — t. 

(iODOUNOF  ou  GllDb:^OF(  no- 
ms), c/ar  d<'  IvussSe,  dont  le  rè|;nc 
fut  un  des  plus  rematquables  de  ceux 
(ji'i  précédèrent  l'époqtie  de  Pierre  le- 
(.ratul  .  était  d'ori^i^ine  talare  :  il  avait 
liue  ^œiir  imimîv'C"  liènc  ,  (pu  devint 


GOD 

rc'pousc  (lu  C7AT  Fc'dor  Iwanowilcli , 
parvenu  au  trône  eu  i584.  Cette  al- 
liance donna  à  rainbilieuxTatare  l'oc- 
ea.siuM  de  piendie  de  l'uifluenee  ,  et 
d'usurper  le  pouvoir.  H  fil  exiler  ou 
périr  tous  les  eonseillers  du  ezar.  Le 
frère  de  ce  prince,  le  j<  une  Dtnilri , 
dernier  rejeton  de  la  race  de  Rnrik  , 
i\\l  assassine  dans  la  petite  ville  {.W- 
glilch  ,  où  il  avait  eie  relègue.  Quelque 
temps  après,  en  iSqS,  le  cz.arFcdor 
mourut  d'une  maladie   de  ianç^neur, 
dont  on  attribua  l'origine  à  son  beau- 
frère,  qui  élait  devenu  en  même  temps 
son  premier  ministre.  La  dynastie  qui 
avait  régjic  jusqu'alors    se   trouvant 
éteinte  ,  on  jeta  les  yeux  sur  Boris 
Godounof  ,   dont  les  grands  talents 
pour    l'administration     contrebalan- 
çaient les  inclinations  sanguinaires.  11 
fut  clu  en  1598^ et,  Tannée  suivante, 
son   couronnement   eut  lieu  avec  la 
plus  grande  magnificence.  Il  fil  aus- 
sitôt de  grandes  largesses  aux  c'gli- 
ses  et  aux  monastères ,  et  fit  fondre 
uneclochedupoidsde  4 80,000 livres, 
qu'il  ordonna  de  placer  dans  une  tour 
construite  pour  cet  objet  au  milieu  du 
Kremlin.  En  i(5oo,   le  sort  conduisit 
en  Russie  un   prince  suédois,  Gus- 
tave, fils  d'Éric  XIV  et  de  Catherine 
Mansdoter.  Son  père  ayant  été  dc- 
Irôné  par  Jean  III,  il  s'était  vu  force 
de  s'expatrier  j  et  dénué  de  ressources, 
il  cherchait  un  asile  et  les  moyens  de 
subsister.  Boris   conçut  le  projet  de 
lui  faire  embrasser  la  religion  grecque, 
de  liii  donner  en  mariage  sa  fille  Axi- 
1,'ia,  ou  Alcxia,  et  de  l'engager  à  fur- 
mer  des  prétentions  aux  dépens  de  la 
Suède  sur   la  Finlande  et  rKsfonie. 
Mais  le  jeimc  Gustave,  digne  du  nom 
qu'il  portait ,  et  ne  voulant  trahir  ni 
sa  religion   i;i  sa  patiie,  refusa  d'en- 
trer dans  les  vues  du  rzir,  et  moui  ut 
dans  l'obscurité,  à  Uglilch  ,  six  ans 
ûprès.  Une  autre  alliance  tenta  ensuite 


G  0  n  S";  c 

Tambilion  de  Boris.  Ku  lOoi,  il  n.- 
voya  deux  ambassadeurs  àChiistiaii 
IV,  roi   de  Danemark,  pour  négc- 
cier  le  n)ari  ige  d'Alexia  avec  J(  an  II, 
frère  de  Chiistian.  Le  roi  accepta  la 
proposilion  ,  pour  se  procurer  à  l'est 
de  la  Baltique  un  allié  puissant  conlie 
la  Suède,  dont  il  craignait  les  projets 
ambitieux.  Il  rappela  son  frèie,  quï 
était  au  siège  d'Ostende,et  IVnvoya 
en  Russie,  escorté  d'une  flotte,  qi  î 
le  conduisit  jusqu'à  Narwa.  avec  trois 
sénateurs  et  une  suite  brillante.   Le 
jeune  prince  passa  ensuite  à  Moscou, 
où  il  fui  reçu  magnifiquement  j  mais 
une  fièvre   violente  l'emporta    avant 
que  le  mariage  fût  consouînië,  qua- 
rante  jours  après  son  arrivée.   Dans 
ce  même  temps  ,  luic  grande  famine 
désola  la  Russie;  Moscou  et  ses  envi- 
rons en  éprouvèrent  surtout  les  rava- 
Q-es:  ce  fléau  amena  des  maladies  cot:- 
tagieuscs  ,  une  ties  grande  mortalité, 
et  les  plus  affreux  brigandages.  Boris 
eut  occasion  de  déployer  son  activité 
et  son  courage  ;  il  prit   des  mesures 
aussi  sages  que  fermes  ,  et  son  autorité 
se  maintint.  Il  craignait  cependant, 
et  baissait  les  grands.  La  farai'le  Ro- 
ipanof ,   une   des  plus  considérées , 
était  surtout  l'objet  de  sa  jalousie.  Fé* 
dor  Romanof  fut  relégué  dans  un  mo- 
nastère près  d'Arcbangel ,  et   oblige 
d'y  prendre  le  froc ,  sous  le  nom  de 
Pbilarète.  Sa  femme,  Axénic,  fut  en- 
voyée dans  un  couvent  sur  les  bords 
du  lac  Onega.  Elle  emmena  avec  ello 
son   fils  Michel,  encore  enfant,  qui 
commença  ainsi ,  sous  des   auspices, 
malheureux,  une  carrière  qu'il  était 
destiné  à   coniinuer  cl  h  finir   sur  le 
trône,  en  devenant  la  lige  de  l'illnstie 
dynastie  des  Romanof.  Clle  graudo- 
révolution   se    prépara   dès-lois   par 
l'appariiion  sul)'.tc  de  Grégoire  Olr<w 
).i<f  (  f^.  DôiETRius  ) ,   (h'aere  d'un 
couveul  à  Moscou,  qui  se  fil  puiM-i' 


572  GOD 

pour  le  jeune  Dmitrl  ou  Deme'trius , 
assassine'  à  U|;!itch ,  douze  ans  aupa- 
ravant. Grcp;oiie,ou  le  faux  Deme'- 
trius ,  eut  dos  partisans  :  Boris  Go- 
floundf  marcha  contre  lui  ;  mais  il  s'a- 
p(  rçut  que  ses  soldats  secoudaient  mal 
ses  tlForts.  Au  sortir  d'un  repas ,  il 
mourut  d'une  colique  violente.  On  ne 
douta  pas  qu'il  n'eût  été  empoisonné  ; 
et  plusieurs  écrivains  ont  rapporte 
qu'il  avait  pris  du  poison  lui-même.  II 
termina  ses  jours  en  i6o5,  api  es  avoir 
rc^né  sept  ans.  Quoiqu'il  eût  souillé 
sa  carrière  de  plusieurs  crimes,  il  s'é- 
tait montré  di|:;iie  de  porter  le  sceptre. 
Il  prit  des  mesures  pour  répandre  en 
Bus>ic  les  lumières  et  les  arts  de  la  ci- 
vilisation. Il  y  attira  des  médecins  et 
des  pharrairiens  ;  il  envoya  des  jeunes 
gens  en  Suède  et  en  Allemagne,  pour 
s'y  livrer  à  l'étude.  Dans  le  dcs^em  de 
favoriser  le  commerce ,  il  entretint  de.^ 
relations  étroites  avec  les  villes  Anséa- 
tiqucs,  et  surtout  avec  Lubeck,qui 
lui  envoya  une  ambassade  brillante. 
On  a  prétendu  que  Boris,  pour  em- 
pêcher les  émigrations  du  peuple  , 
avait  attaché  les  paysans  à  la  glcbe  : 
mais  celte  opinion  ne  saurait  être  ap- 
puyée de  preuves  suffisantes  ;  et  il  y 
a  heu  de  croire  que  l'origine  du  ser- 
vage, en  Russie,  remonte  à  une  épo- 
que plus  ancienne,  et  qu'il  a  été  renfor- 
cé par  d'autres  causes  dans  des  temps 
postérieurs.  Boris  Godounof  continua 
les  travaux  commencés  par  Iwan 
Wasiliewitch ,  pour  la  culture  et  la  ci- 
vilisation de  la  Rus>ie,  travaux  qui  fu- 
ient repris  ensuite,  après  rextinclion 
des  fmx  Dém(;Irius,  sous  les  princes 
de  la  maison  de  Uomanof,  anivée  au 
ti ônc  en  i  G 1 5  par  l'élection  de  Michel 
Fédorowilch.  (  f^oy.  Michel  Fédoro- 
witch.)  C — AU. 

GODWIN  (  liC  comte  ),  seigneur 
anglais  ,  dont  la  puissance  lit  trend)ler 
les    rois  ,    après  avoir   long  -  leinps 


GOD 

régné  sous  le  nom  de  quelques  princes 
faibles  ou  dégradés,  que  ses  intrigues 
avaient  placés  sur  le  trône,  transmit, 
en  mourant ,  à  l'aîné  de  ses  fils  ,  les 
moyens  d'usurper  la  dignité  royale  :il 
vécut  dans  la  première  moitié  du  XI^ 
siècle.  Il  était  fils  d'Ulnoth  ou  Wolf- 
noih,  comte  de  Sussex,  qui,  sous  le 
règne  d'EtheIred  II ,  obligé  de  s'ex- 
patrier pour  se  soustraire  aux  persé- 
cutions d'Edric  Stréon,  entraîna  dans 
sa  fuite  un  grand  nombre  de  vais- 
seaux ,  avec  lesquels  il  revint  ensuite 
ravager  les  côtes  d'Angleterre  et  dé- 
truire la  flotte  équipée  pour  repousseç 
les  Danois.  (  P^.  Ethelred  II.)  God- 
win  jouissait  déjà  d'un  crédit  extraor- 
dinaire parmi  ses  compatriotes,  lors- 
que Canul-le-Grand  s'empara  des  états 
d'Edmond  Côte-de-F!<,r.  Ce  fut  cette 
considération  qui  lui  fil  obtenii-  le 
comuiaudement  du  corps  d'élite  an- 
glais^ que  le  nouveau  monarque  con- 
duisit en  Danemark,  contre  les  Van- 
dales (  1019  ).  Dès  l'ouverture  de  h 
campague,  une  entreprise  audacieuse , 
mais  couronnée  du  plus  heureux  suc- 
cès ,  lui  mérita  toute  la  confiance  de 
ce  prince.  Les  deux  armées  étaient 
campées  à  peu  de  distance  l'une  de 
l'autre,  et  tout  annonçait  un  combat 
prochain.  Vers  le  milieu  d'une  nuit 
obscure,  Godwin,  profitant  deré|)ais- 
scur  des  ténèbres  ,  se  dérobe  furtive- 
ment du  camp  avec  sa  troupe,  fond  à 
l'improviste  sur  les  Vand.des,  les  met 
d.ms  une  déroute  complète,  cl,  les 
poursuivant  avec  vigueur  ,  achève  de 
les  écraser  avant  (ju'ds  aient  eu  le 
temps  de  se  reconnaître.  Canut ,  qui, 
.1  son  réveil ,  avait  appris  le  brusque 
dépari  des  Anglais  et  ne  doutait  pas 
(pi'ils  n'eussent  passé  à  rcnnemi ,  rc- 
lléehiss.iit  avec  inquiétude  aux  moyens 
de  surmonter  les  difficultés  que  lui 
suscitait  cette  défection  inalUndue, 
lor.^'pril  aperçut  loul-à-coup  Godwin  , 


non 

(p>l  venait  i  loiitr  britlc  lui  porlor  Iiii- 
luviur  la  nouvelle  de  sa  victoire.  En- 
cliaiile  d'iine    prrnvc  si  ecl.it.iijte  de 
cour.J[!;c  ,    le  prince  danois  le  nomma 
snr-le  champ  comte  de  Kent,   et  lui 
fil  ('j)oiiS(  r  la  sœur  d'Ulpli(jn  ,    son 
J)e.iii-lVèn'.  ('(S  (li>lincliinis  ne  fut  nt 
«p  l'a  ce  roi  lie  rinfluence  de  Ciodvvin  eu 
Aii^ldeiie.    A  la   mort  de  Canut  l". , 
airivce  en  io5(),  de   violentes  divi- 
sions s'élevèrent  entre  les  (grands  sur 
le  choix  du  succcsseui-  de  ce  monar- 
que. Godwiu ,  tout  puivsaiit  dans  les 
provinces  situées  au  sud  de  la  Tamise, 
se  déclara  pour  Hardi-Canut ,  et  le  fit 
proclamer  roi  de  VVcssex.  Comme  le 
nouveau  monarque  se  trouvait  alors 
absent  du  royaume,  Emma,  sa  mère, 
obtint  le  titre  de  régente  ,  et  Godwin 
fut  mis  à  la  tète  de  l'administration. 
Mais  Huold  Pied-de-Lièvre ,  que  le 
crédit  des  Danois  avait  élevé  sur  le 
trône  de  Mr  rcie ,  se  voyant  privé  des 
provinces  méridionales  par  les  seules 
cabales  du  comte  de  Kent ,  fit  tou>  ses 
efforts  pour  engager  ce  seigneur  dans 
ses  intérêts,  et  il  parvint  à  le  gagner 
par  la  grandeur  de  ses    promesses. 
Godwin  s'occupa  dès-!ors  du  soin  de 
créer  un  parti  en  fiveur  de  ce  prince. 
Emmi ,  qui  n'ignorait  point  les  com- 
plots de  son  perfide  ministre  ,  crut 
faire  une  démarche  politique  en  appe- 
lant auprès  d'elle  ses  enfants  du  pre- 
mier lit,  Alfred  et  Edouard,  se  flat- 
tant de  réchauffer  par  leur  présence 
l'amour  des  Anglai-  pour  le  sangd'h!,d- 
mond  :  elle  ne  fil  que  creuser  un  pré- 
cipice sous  \e\\v<  pas.  Par  les  conseils  de 
Godwin,  H-^rold  invita  les  d<  ux  princes 
de  se  rendre  ta  .sa  cour.  Emma ,  vou- 
lant éviter  une  rupture  ouverte,  mais 
craignant    quelques  embûches  de  la 
part  de  ses  ennemis,  pigea  prudent 
de  n'envoyer  qu'un  de  ses  fils  et  de 
retenir  l'autre.  Alfred  fut  arrêté  à  Guil- 
ford  ,  comme  il  s«  rendait  à  Loudrcs  : 


GOD  575 

sa  suite  fut  massacrée;  et  lui-même  , 
après  avoir  eu  les  yeux  arrachés,  fuf 
conduit  au   monastère  d'K'y  ,   où   la 
nnut  t(;rQHna  bientôt  sa  malheureuse 
existence.  La  voix    publique   accusa 
Godwin  de  ce  crime  affreux.   On  dit 
même  que  le  prince  ne  fut  attaqué  que 
lorsqu'il  eut  rejeté  ,  avec  mépris ,  les 
conditions  aux(pielles   l'ambitieux  et 
cruel   ministre  lui  offrait  de  le  faire 
monter  sur  le  trône.  Quoi  qu'il  en  soit , 
Emma  et  Edouard,  à  la  nouvelle  de 
cet  horrible  attentat  ,  s'enfuiient  sur 
le  continent  pour  mettre  leurs  jours  à 
l'abri  du  fer  des  assassins.  Alors  God- 
win, profitant  habilement  de  l'absence 
de  la  régente,  publia  que  Hirdi-Canut, 
ayant  négligé  de    vei.ir  en  personne 
gouverner  ses  états ,  était  déchu  de 
ses  droits;  et  Haiold  se  trouva  pro- 
clamé roi  de  toute  l'Angleterre  ,  avant 
que  les  partisans  de  son  rival  eussent 
pu  concerter  aucun  plan  de  résistan- 
ce. Pour  prix  de  sa  trahison,  le  comte 
de  Kent  vit  augmenter  ses  biens  et  sa 
puissance  ;  et  le  litre  de  grand-tréso- 
rier de  la  couronne  fut  ajouté  à  ses 
autres  dignités.  Mais  Harold  ne  jouit 
pas  longtemps  de  son  usurpation.  A 
peine  eut-il  fermé  les  yeux,  que  toute 
la  noblesse  s'empressa  de  reconnaître 
Hnrdi  Cinut  pour  roi  légitime  ;  et  God- 
wiu ,  courtisan  aussi  lâche  qu'impu- 
dent ,  fut  le  premier  à  lui  rendre  ses 
hommages.  Cet  homme  abject  poussa 
même  !a  bassesse  jusqu'à  se  f  lire  l'ins- 
ti  uuK  nt  des  odieuses  vengeances  que 
le  no'iveau  roi  exerç»  contre  la  ville 
de  Worcester ,  et   sur  le  cadavre  de 
son  frère.  (  P^of.  Canut  II.)  Miis 
ces  comphisances  serviics  ne    pou- 
vaient effacer  du  cœur  de  Hardi-Cinut 
le  .souvenir  des  perfidies  qui  lui  avaient 
naguère  ôté  la  couronne.  Edouard  ,  son 
frère  utérin ,  s'étant  rtudu  à  sa  cour, 
lui  deui  mda  la  punition  du  meurtrier 
d'Alfred }  et  l'archevêque  de  Cantor- 


5:4  GOD  GOD 

béry  ayant  nommé  Godwin ,  le  roi  Flandre.  Lorsque  l'assemblée  de  la 

ordonna  à  ce  seigneur  de  comparaître  nation  se   fut    réunie  h   Gillingham 

en  jugemenf.  Le  coupable  semblait  à  (io4i)>  Godwin  disposa  les  esprits 

la  veille  de  recevoir  le  juste  châtiment  avec  tant  d'adresse,  que  tous  lessuffra- 

de  ses  forfaits;  mais  la  cupidité  du  ges  se  réunirent  en  faveur  d'Edouard  , 

monarque  sauva  des  jours  réclamés  qui  fut  aussitôt  reconnu  roi  d'Angle- 

par  la  vindicte  publique.  Avant  l'épo-  terre.  Tous  les  vœux  du  comte  parais- 

que  fixée  pour  la  sentence  ,  Godwin  saient  alors  exaucés.  Au  faîte  des  hon- 

demanJa  et  obtint  la  permission  d'of-  neurs ,  il  voyait  encore  sa  fille  parla- 

frir  à  Hardi-Gmut  une  galère,  dont  ger  le  trône  d'un  roi  qu'il  gouvernait 

la  poupe  était  dorée,  et  montée  par  avec  un  empire  absolu.  Mais  i'orgucil- 

quatre-vingls  soldats,  qui  avaient  cha-  leux  ministre  voulait  des  faveurs  ex- 

cun  un  bracelet  d'or  pesant  seize  on-  clusives;  et  le  prince  montrait  la  plus 

ces  ,  avec  un  casque,  un  cimeterre  et  grande  prédilection    pour    les    ISor- 

une  lance  ornés  d'or  et  d'argent.  En  maads,  dans  la  patrie  desquels  saîjeu- 

favcur  d'un  présent  si  magnifique,  le  nesse  avait  trouvé  un  généreux  asile, 

comte,  sur  son  simple  serment,  fut  ren-  Les  Normands  furent  donc  en  butte  à 

voyé  absous  du  crime  qu'on  lui  impu-  la  haine  de  l'implacable  Godwin.  Un 

tait.  La  mort  de  HardiCanut,  qui  suivit  accident  imprévu  la  fit  bientôt  éclater 

de  près  l'issue  scandaleuse  de  ce  pro-  avec  violence.  Sommé,  par  le  roi ,  de 

ces  ,  mit  dans  la  plus  grande  évidence  sévir  contre  les  habitants  de  Douvres , 

lepouvoir  sans  bornes  qu'avait  usurpé  qui  avaient  maltraité  le  comte  de  Bou- 

(jodwin.  La  noblesse,  indécise  entre  logne,   Godwin  répondit  avec  arro- 

les  princes  danois  et  saxons,  ne  sa-  gance  que  ce  n'était  pas  la  coutume  en 

vait  à  laquelle  des  deux  dynasties  défé-  Angleterre  de  punir  les  gens  sans  les 

rer  le  scf  ptrcde  l'Angleterre. Edouard,  entendre ,  et  que  les  sujets  avaient  des 

qui  venait  de  montrer  tant  d'acliarne-  privilèges  qu'il  fallait  respecter.  Puis 

ment  contre  le  comte  de  Kent,  mit  il  ajouta  fièrement  qu'étant  comte  de 

alors  tout  en  œuvre  pour  s'attirer  sa  Kent,  c'était  à   lui  de  protéger  les 

bienveill.itïce.    Non   seulement  il  lui  peuples  de  son  gouvernement  contre 

promit  l'entier  oubli  du  passé,  et  la  les  violences  des  étrangers.  Edouard 

j)rinci[).ile  administration  des  affaires,  se  sentit  extrêmement  offensé  d'une 

mais  rncorc  il  s'obligea  de  prendre  sa  réponse  si  audacieuse  ,  et  qui  ajoutait 

li!le  Editlic  en    mariage,   s'il  faisait  à  la  désobéissance  le  reproche  san- 

pi  ncher  la  balance  de  son  côté.  A  ces  glant  de  sa  partialité  pour  les  étran- 

condilions,  Godwin  crut  pouvoir  s'en-  gers.  En  vain  cherchai- il  à  faire  res- 

gaç^c  r  à  lui  f;ùre  obtenir  la  couronne,  pcclrr  l'aulorilé  royale  par  la  force  des 

Ce  qui  donnait  à  ce  seigneur  une  auto-  armes;  un    sujet    o>a  la  braver,  et 

rite  »i  exorbitante  ,  c'étaient  des  ri-  contraignit  son  souverain  de  souscrire 

<;h(Ss(s  immenses,  le  gouvernement  aux  eondilions  qu'il  vdiiIuI  imposer, 

de  iiruf  provinces  qu'il  possédait  par  (/'.Edouard  le  confesseur.)  Mais  la 

lui  on  ses  fils,  les  premières  dignités  mort  vint  mettre  un  ferme  aux  enlre- 

du  rovuuuie  ,  et  de  grandes  alliances  j)riscs  de  cet  homme  ambitieux  :  God- 

tant  .lU  dedans  qu'au  dehors  de  l'An-  win  mourut  subitement,   taudis  qu'il 

g!eteric;  car  il  était  parsa  seconde  fem-  était  à  table  avec  le  roi ,  en  io54.  Il 

inr  bctu-fière  du  dernier  roi,  et  beau-  avùteu  de  Tlivia,  sa  première  femme, 

père  de  la  fille  de  liaudouiu ,  comte  de  uu  fils  qui  périt  dans  la  Tamise ,  où  il 


(ion  r.  oD             5^3 

fut  cm  porlc  par  un  cIkîv.iI  fongueux;  cl  in-fol.  La   Iraduclioa  c'iait  Jf'diee  à 
lie  Gitlio,  sa  sccoiulc  femme,  une  iille  JaeqMCS  T"".,  qui  rcrompciisa  rantcnr, 
qui  cpoiisa  Kclotiaril,  cl  cinq  fils,  tloiil  en  le  transfcT.uil,  cii   1(^17,  à  revc- 
l'aînè  inonla  sur  le  troue (  ^oy.  IJa-  clic  de  llcrcfoid.  Godwin  |)ul)lia,  cq 
ROLD  II) ,  et  nii  autre  (Svvcin),  apics  i(3vi(),  iu-B'. ,  Nunc'ms  inaniinalus 
avoir  long-temps  lucuc  une  vie  seau-  i^foyy/a?,  où  ilcxposemyslcricnsf  mont 
dalcuse  avec  une  abbcsse  qu'il  avait  les  avantages  d'une  mctliodc  sccrcle 
enlevée,  désola  les  cotes  d'Angleterre  de  son  invention,  pour  correspondre 
j)ar  ses  pirateries,  égorgea  de  sa  pro-  par  signaux  avec  bien  j)lus  de  cdiciilé 
pre  main  le  comte  Bcoin  son  parent,  que  ])ar  la  voie  ordinaire  des  lettres, 
qui,  à  la  sollicitation  de  Godwin, avait  I^cs  biographes  anglais  pensent  que 
cherché  à  le  réconcilier  avec  le  roi,  c'est  dans  ce  livre  (pi'on  a  pris  l'idée 
et  mourut  dans  uu  pe'li  rinage  à  Jcru-  des  télégraphes  élabiis  dans  la  Grande- 
salera  ,  entrepris  pour  expier  ses  cri-  Bretagne.  On  a  aussi  de  lui  :  les  Cri- 
mes.                                      N — E.  nales  des   résines   (V Henri   VllI , 
GODWIN  (François)  ,  savant  pré-  d'Edouard  V L  et  de  la  reine  Marie 
lat anglais,  fils  d'un  ëvêque  de  liath  (en  latin),  réimprimées,  pour  la  5*^. 
et  Wells,  naquit  en   i56i  à  Having-  fois,  en    iG3o,  in-4'. ,  ainsi  que  la 
ton  ,  dans  le  comté  de  Northarapton  :  traduction  de    l'ouvrage   en   anglais, 
il  partagea  le  goût  de  Caraden  pour  par  son  iils  Morgan  Godwin;  un  sieur 
les  recherches  relatives  aux  antiqui-  de  Loigny  les  traduisit  en  français, 
tés  de  son  pays ,  et  l'accojnpagna  daas  Paris ,  1  (347  »  iri-4  "•  """  -^^  calcul  de 
ses  excursions  au  pays  de  Galles  ,  en  la  valeur  du  sesterce  romain  et  du 
iSqo;  mais  il  restreignit  ensuite  ses  talent attique,  i63o; — vi  L'Homme 
recherches  aux  hommes  d'église  ,  et  il  dans    la  lune,  ou  Relation    d'un 
publia  le  résultat  de  ses  travaux  en  voyage  à  cet  astre ,  par  Domingo 
1601  ,  in-4*'.,  ^^^^  ^^  *''^*^  ^^  Cata-  Gonzales ,  production  ingénieuse  de 
logue  des    éve'ques  anglais^  depuis  la  jeunesse  de  l'auteur,  mais  qr.i  ,  con- 
le  premier  établissement  de  la  reli-  ttariant  quelques  idée>  reçties  de  son 
gion  chrétienne  dans  cette  île,  avec  temps,  ne  fui  imprimée  qu'après  sa 
un  précis  historique  de  leurs  vies  et  mort,  en  i658,  in-8".  ;  elle  a  clé  tra- 
actions  mémorables.   0:i   ouvrage  ,  duile  eh  fr.mçais  par  Baudouin ,  Pa- 
joint  au  crédit  dulordBuckhursl, dont  ris,  1666,  in- 12.  François  Godwin 
i'autcurétait  chapelain,  lui  valut  l'évê-  mourut  en  i655.                    X — s. 
ché  de  Lambelh:il  eu  donna  uncau-  GODWIN  (Thomas),    savant 
tre  édition  en  i6i5,   avec  beaucoup  maître  d'école  anglais,  né  en  i587, 
d'additions;  et  l'année  suivante,  en  fa-  au  comté  de  Somerset,  fut  nommé, 
veur  des  étrangers  ,  mais  plus  encore,  en  1609,  chef  de  l'école  gratuite  d'A- 
à  ce  qu'on   présume,  pour  faire  sa  bingdon,   dans  le  comté  de  Bcrksj 
cour  à  J,»cq)»es  I«''.,  dout  il  connais-  école  qu'il  mit  en  réputation  par  les 
s  lit  le  faib'.e  pour  la  réputaliou  de  la-  élèves  disting^iés  qu'il  y  forma.  Etant 
tinistc  ,  il  traduisit  lui-même  son  ou-  entré  ensuite  dans  les  ordres ,  et  ayant 
vra^e  en  latin  ,  et  le  (il  imprimer  sous  obtenu,  vers  i(ii  7,lacure  de  Briglh- 
ce  titre   :   De    prœsulibus    Jngliœ  well , il  résidu i  si  place  d'iustitute/.r, 
commenlanus ,  Londres,  1616,  in-  dont  il  pjraissdt  être  extrêmement  fa- 
4^-,  réimprimé  avec  des  additions  de  ligué.  11  mourut  en   iG43.  On  a  de 
Guill.  Richardson,  G  imbridge  j  174^,  lui,  entre  autres  ouvrages  :  I.  Roma- 


•>-6 


GOD 


nce  historiœ  anthologlay  explication 
aoglaise  des  antiquités  romaines ,  Ox- 
ford, i6i5,  in-4'.;  et  i6i3,  avec 
beaucoup  d'additions.  II.  Florile- 
gium  phrasicon^  ou  Vue  de  la  lan- 
gue latine.  ÎII.  Synopsis  antiquita- 
tum  hehralcarum  ,  1616 ,  in-4  •  ^^ - 
Moïse  et  Aaron  ,  etc.,  i(i'25  ,  in-4°« 
réiinprifué  à  Utrecht,  en  i6()8,  avec 
des  no'eN  de  Ueitz.  X — s. 

GODWIN  (Misfriss  Marie 
Wor.LSTONECRAFT  ),  Anglaise  célèbre 
par  SCS  t  iknts  littéraires,  ses  opinions 
et  ses  malheurs,  naquit  en  1759  à 
Londres  ou  lUX  environs;  elle  montra 
de  b'iune  heure  une  disposition  aux 
*  sentiments  exaltés.  Sa  première  édu- 
cation fut  très  négligée;  mais  elle  y 
suppléa  par  la  lecture,  et,  après  la 
mort  de  sa  mère,  qui  la  laissa  sans 
fortune,  elle  se  trouva  suffisamment 
instruite  pour  tenir  ,  conjointement 
avec  ses  sœurs,  une  école  qui  lui 
procura  les  moyens  de  subsister.  Elle 
vécut  ainsi  ,  d'abord  à  Ishngton,  et 
ensuite  à  Newingtongreen ,  où  elle 
s*aftira  la  bienvtillauce  du  docteur 
Bricc.  En  i  ^85 ,  une  femme  pour  qui 
elle  avait  conçu  une  amitié  1res  vive  , 
étant  tombée  dangereusement  malade 
à  Li>bonne  ,  Marie  n'hé.sita  point 
d'abandonner  son  école  pour  aller  lui 
rendre  les  plus  tendres  soins;  mais 
elle  n'arriva  guère  aMj)rès  d't-lle  que 
pour  recevoir  ses  derniers  adieux.  A 
son  retour  en  Anglelenc,  elle  entra, 
comme  gouvernante  d'aifmts,  dans 
la  maison  du  lord  vieomiede  Kings- 
borough ,  lord  lieutenant  d'Irande. 
En  I780,ei!e  vint  lésiderà  Londres, 
et  conmjença,  des  l'année  suiv.ii?tc, 
%  s(;  fane  connaître  comme  aulcur , 
en  pidjlianf  des  Pensées  sur  l'éduca- 
tion des  fdles,  in- ri.  El'e  continua  do 
nietlie  au  joiu-  diveis  ouvrages  dont 
h'S  plus  connus  soni  une  Dèfen'ie  des 
droits  de   VhomviG  ,   une  LtHre   à 


GOD 

Edmond  Burke  yà  Voccanon  de  ses 
Réflexions  sur  la  révolution  fran- 
çaise .  1790,  in-8'\  ,  et  U  Défense 
des  droits  des  femmes  ,  avec  des 
réjlexions  sur  des  sujets  politiques^ 
et  moraux  ^  i79'2>  '"  -  8".  Dans  ce" 
dernier  ouvrage  ,  miss  Wollstone— ' 
crafl  prétend  que  la  femme  est  appe- 
lée par  la  nature  à  partager  avec 
l'homme  toutes  ces  fonctions  élevées 
que  celui-ci  s'est  arrogées  exclusive- 
ment; que  l'homme  n'a  d'autre  supé- 
riorité que  celle  de  la  force  musculaire; 
et  que  c'est  par  l'empire  tyrannique  de 
l'amour,  que  son  sexe  est  tombé  dans 
l'état  de  dégradation  oij  elle  le  sup- 
pose. Ce  système  avait  déjà  été  pré- 
senté par  mistriss  Macaulay ,  dans 
son  Traité  sur  V éducation;  mais 
Marie  Wollslonecraft  lui  a  donné  plus 
de  développements  ,  et  lui  a  prêté 
l'éloquence  qui  distingue  presque  tou- 
tes ses  productions.  On  trouve  quel- 
quefois un  peu  d'enflure,  et  plus  sou- 
vent de  l'incorrection  dans  cet  ou- 
vrage ;  ce  qui  n'étonne  pas  quand 
on  sait  qu'elle  le  composa  dans  l'es- 
pace de  six  semaines.  Ce  fut  quel- 
que temps  après  qu'elle  fit  la  connais- 
sance de  M.  Fuesli,  peintre  estimé  , 
pour  qui  elle  conçut  un  sentiment  très 
tendir ,  qu'elle  ne  put  celer,  mais  que 
cet  artiste, qui  était  marié,  ne  pouvait 
encourager.  Elle  passa  en  France  eu 
I  79'i  ,  dans  la  ime ^  écrivait-elle,  de 
perdre  au  sein  du  bonheur  public 
Vidée  de  ses  malheurs  privés.  Ses 
esper.inees  furent  déçues.  Son  en- 
thousiasme pour  la  liberté  l'avait  abu- 
sée; le  bonheiH'  public  avait  quitté  la 
France,  et  d'autres  malheurs  person- 
nels y  attendaient  mistriss  Wollstone- 
craft.  Elle  se  lia  intimement  avec 
j)lusieurs  républicains  du  parti  des 
Girondins  ,  dont  elle  vit  les  chefs  les 
plus  fafucux  périr  sous  la  hache  ré- 
volutionnaire. A  l^aris,  un  négociant 


G  0  1) 

amciicain  noiniiul  Iml.ty  ,  lui  inspira 
une  |)i».ssion  Itiidio,  (pii  lut  d'-ibnicl 
piyeedo  rcloiu*;  car  elle  joii^iiait  niic 
iii;urc  agreahlf  cl  iiilcrcssaiite  aux 
rions  de  l'cspril  <t  do  la  scnsiljilite. 
IinKiy  ,  après  l'avoir  rendue  mère, 
liiut  pir  la  .s.icrifior  à  son  inconslancc. 
Kclournce  en  An«^lctci  rc  ,  cl  réduite 
au  désespoir,  clic  clicrclia  deux  lois  à 
s'ùtor  la  vie,  ni.ilgrc  raffcdion  qu'elle 
purlait  à  sa  fille.  A  quelque  icnips  de 
li,  elle  eut  occasion  de  se  lier  par- 
ticulièrement avec  M.  Godwin ,  au- 
teur de  plusieurs  ouvrages  peu  favo- 
rables au  gouvernement ,  el  plus  connu 
par  son  roman  de  Calcb  fVilliams. 
Ils  s'étaient  vus  aulretois,  mais  s'é- 
taient quilles  peu  satisfaits  l'un  de 
l'aulrc.  Un  ami  comuiun^cn  les  rap- 
pioclianl  dans  une  visite,  les  mit  à 
portée  de  se  mieux  apprécier.  Ils  se 
plurent,  habitèrent  ensemble  ,  et  s'u- 
nirent au  bout  de  quelques  mois , 
malgré  le  mépris  que  tous  Aq\w  avaient 
pour  l'inslitution  du  maiiage.  Cette 
union  fut  heureuse,  mais  courte;  mis- 
triss  Godwin  mourut  d'un  accouche- 
ment pénible  le  lo  sept.  i'797.  ^"^ 
éducation  négligée  et  une  imagination 
ardente  avaient  causé  ses  erreurs  et 
ses  iufortuncs.  Elle  n'avait,  au  rapport 
de  son  mari, d'autre  religion  que  celle 
qu'elle  s'était  créée.  Kilo  etail  d'ail- 
leurs obligeante,  généreuse, et  simple 
dans  ses  manières.  Ses  principes  n'ont 
pas  dii  manquer  de  partisans  pendant 
celte  affrruse  révolution  qui  devait 
faire  le  tour  du  globe.  On  a  vu  en 
Amérique,  à  Salem,  près  de  Boston, 
une  espèce  d'académie,  où  l'on  s'atta- 
chait à  former,  d'après  les  instruc- 
tions de  mistriss  Godwin,  ce  qu'on 
n  appelé  des  femmes  saus  sexcj  mais 
ces  principes  ont  aussi  heureusement 
provoqué  l'éloquente  indignation  de 
plusieurs  écrivains,  amis  de  l'ordre  , 
de  la  morale  et  de  la  reh^ioD.  On  a 

XVII. 


G  0  D  577 

publié  la  Vie  el  les  IMéraoiies  de  mis- 
liiss  (iodwin,  rédigés  sur  des  ma- 
tériaux fournis  par  son  mari  ;  et  ces 
IMéiuoins  ont  été  traduits  en  français, 
iHo'.>. ,  I  vol.  iii-i'jt,  avec  portrait. 
Voici  l(S  titres  de  quelques-  uns  de 
ses  ouvr.iges  qui  n'ont  j)as  été  cités 
ci-dessus  :  I.  Histoire  originale  de 
la  vie  réelle ,  à  l'usage  des  enfants. 
W.Abré^^îdu  nouveau  Grandisson, 
tr,;duit  du  hollandais.  III.  Le  lecteur 
féminin.  IV.  Importance  des  opi- 
nions reliii^ieuses ,  trad.  de  M.  Ncc- 
kcr.  V.  Physiologie  de  Lavater  , 
abrégé  du  français.  VI.  Eléments  de 
morale,  traduits  de  l'allemand  de 
Salzmann,  Schnepfenlhal,  179'i,  5 
vol.  in- 12.  Salzmann,  en  reconnais- 
sance, traduisit  en  allemand  la  Dé- 
fense des  droits  de  la  femme.  Vif. 
Lettres  écrites  pendant  un  court  sé- 
jour en  Suède ,  en  Norvège  et  en 
Danemark,  i7ç)6,in-8'\  ^l\\. Ma- 
rie ^  ^797)  roman  où  elle  a  retracé 
d'une  manière  intéressante  son  senti- 
ment pour  celte  amie  de  sa  jeunesse 
qu'elle  avait  vue  mourir  h  Lisbonne. 
IX.  F^ue  historique  et  morale  de 
l'origine  et  des  progrès  de  la  révo- 
lution française,  et  de  l  effet  quelle 
a  produit  en  Europe  ,  '794?  i'i-^'-J 
le  premier  volume  seul  a  paru.  X.  Les 
maux  de  la  femme  (  The  wrongs 
ofwoman),  roman  imprimé  après 
la  mort  de  l'auteur,  et  qui  a  été  tra- 
duit en  français  par  B.  Ducos,  sous 
le  titre  de  Maria ,  ou  le  malheur 
d'être  femme,  '79^7  in- 12.  XI.  Des 
articles  dans  la  lievue  anal^j  tique, 
ouvrage  périodique.  IM.  Godwin  a 
publié  les  OEuvres  posthumes  de  sa 
femme,  composées  de  mélanges  de 
lettres  et  de  fragments ,  et  précédées 
de  l'histoire  de  sa  V^ie  ,  Londres  , 
1798,  4  vol.  in-S**.  L. 

GODY  (  Dora  Simplicien  ) ,  béné- 
dictin^ ué  à  Ornans,  au  commence- 

37 


578  GOD 

mentduxvii^  siècle,  prit,  en  1618, 
l'habit  religieux  à  l'abbaye  Saint -Vin- 
cent de  Besançon ,  et  fut  charge'  par 
ses  supérieurs  d'enseigner  les  belles- 
lettres  aux  novices,  emploi  dont  il 
s'acquitta  avec  succès.  Il  passa  ensuite 
de  la  congrégation  de  Saint -Vannes 
à  celle  de  Ciuni ,  et  fut  envoyé'  à 
Paris ,  où  il  professa  la  philosophie 
pendant  plusieurs  anne'es  :  de  retour 
dans  sa  province,  il  fut  mis  à  la  tête  du 
collège  de  S- Je'rome  à  Dole ,  et  chercha 
à  y  maintenir  le  goût  des  bonnes  e'tu- 
des.  En  1659,  les  congrégations  de 
Saint- Vannes  et  de  Cluni  ayant  ëlë 
re'unies  pour  la  seconde  fois,  il  fut 
clu  prieur  de  Cluni  ;  mais  l'année  sui- 
vante, il  revint  à  Besançon,  et  il  y 
mourut  le  i3  août  1662.  On  a  de 
lui  :  I.  Odes  sacrées  pour  entretenir 
la  dévotion  des  personnes  de  piété , 
^iaint-NicoIas  (en  Lorraine),  16^29, 
in  12.  II.  Les  honnêtes  poésies  de 
J^lacidas  -  Philemon  Godj- ,  divi- 
sées en  cinq  livres,  Nanci  ^  i65i; 
(  I  )  Paris  ,  1 652 ,  in-8".  Ces  poe'sies  , 
dit  Goujct,  respirent  une  grande  pie- 
té' ,  et  c'est  à  peu  près  tout  leur  nie'- 
rite.  lîl.  f/iimbertiis,tragœdia,data 
Parisiis  in  collegio  Cluniacensiunt 
hcnedictino  j  Paris,  i65'2,  in-4".  Le 
sujet  de  cette  pièce  est  la  conversion 
d'Hurabcrl,  comte  de  Boaujcu.  IV. 
Genethliacon  sive  principia  ordinis 
Benediclini  y  ibid.,  i635,  in- 12.  V. 
£legia  sanctorum  illustrium   cum 


(1)  I).  Calmet  cite  réJition  )Ir  Nanci  ,  <l.inj  la 
Bibl.  de  Lorraine .  et  dit  quVlle  a  ('l<^  inipriinco 
en  raractKm  ilalirpiei  ,  par  S<'.baslirii  Pliili{>|ie.  Il 
ajoute  qin:  l«"  premier  livre  contient  le  Vnyji^e 
«l'ainnur  ;  Ir  icconil ,  des  Llé^irs  ;  le  Iruinieino  , 
«te»  Sonnrt»  ;  \r  i(iiatrii;m«;  ,  l.t  Joiirnt'r  di'volc  ;  Itî 
cin(pii>;nie  ,  la  Mute  iuiièlirf  ,  et  que  rouvr.i(;r  rst 
i'.iîdii;  n  M.  dr  Alrrcy  ,  prieur  de  SL-Thnnini  rt  de 
Monl.St.-M^irliu.  Lédilioii  dr  P.iri»  ,  qui  est  r^ii- 
Jirmrnt  imprimer  en  leltrc»  iialupirs,  porte  a» 
t'rniiliii|>i(-r  le  nom  de  Jean  (riiilleinut  ,  iinprinienr  ; 
elle  e«l  d<^dii^e  a  mnilaine  dr  (ninltalcl  p.ir  une 
épltre  tinnée  P.  I'.  '  l'Imnlu i  l'fti'fiiioii)  \  la  Juur- 
lict;  déviilr  lormc  le  liomènie  livre,  le  (]iintrit:inR 
t^i>nlieiit     In     Muse    fuiièlire  ,     ri    le    CtlIi^uièuiC     Ic 

\oj»g<i  de  Fuljtlur  n  Muul-Clicr/. 


GOE 

aîiis  nonnullis ,  ibid.  1647,  în-'^^ 
C'est  un  recueil  d'hymnes  à  la  louange 
des  saints  de  l'ordre  de  St.-Benoîl. 
VI.  Ad  eîoqueniiam,  chrislianam 
via,  ibid.,  1648,  in-i 2.  Gibert  parle 
avec  éloge  de  ce  traité  sur  l'éloquence 
de  la  chaire.  VII.  Conduite  inté- 
rieure pour  Madame  de  Comhalet, 
ibid. ,  1648,  in- 12.  VIII.  Les  sa- 
crifices du  chrétien  dans  Vaccom^- 
plissement  de  ses  devoirs ,  ibid.  , 
1648,  in- 12.  Cette  édition  est  la  se- 
conde. IX.  Histoire  de  V antiquité  et 
des  miracles  de  N.  D.  de  Mont-Ro- 
land,  Dole,  i65i ,  in-12;  Besançon, 
i7io,ift-8".  Il  attribue  au  monastère 
de  Mont -Roland  une  origine  fabu- 
leuse ,  en  s'appuyant  sur  un  titre 
évidemment  fabriqué  dans  des  temps 
d'ignorance.  X.  Pratique  de  l'orai- 
son mentale  ^  Dole,  iG58,  in  -  4**-, 
deux  parties.  Cet  ouvrage  fut  cen- 
sure par  un  chanoine  de  Besançon  ; 
dom  Gody  lui  répondit  par  l'ouvra- 
ge suivant  :  XI.  Spon^ia  censuras 
D.  Valet  y  canonici  ecclesiœ  Bi- 
suntinœ  ,  iu  -  4  "•  Xïl-  ^Lusa  con~ 
templatrix ,  Lyon ,  1 660 ,  in- 1 6  ;  re- 
cueil de  vers  pieux.  XlIL  Quelques 
Ouvrages  ascétiques  peu  importants. 

W— s. 
GOEBEL  (Jean-Guillaume  DE  ), 
jurisconsulte  et  publici>.te  allemand , 
naquit  en  i()85  à  Hoxter,  en  Wcst- 
phalie.  Elevé  par  les  jésuites,  il  s'ap- 
pliqua d'abord  à  l'étude  de  la  théolo- 
gie; mais  après  avoir  été  nommé  maî- 
tre en  cette  faculté,  à  l'âge  de  dix-sept 
ans  ,  il  se  livra  exclusivement  à  la  ju- 
risprudence ,  qu'il  étudia  dans  les 
universités  de  Copenhague,  Konigs- 
berg,  Hintein  et  llelmslaedl  :  il  ac- 
cotnpigna  ensuite  deux  jeunes  genlils- 
honuues  allemands  dans  leurs  voya- 
ges en  Ilollinde,  en  b'rancc  et  en  Al- 
lemagne. Au  letoiir  de  ce  voyage, 
LeibnitZ;  qui  k'uccupait  alors  de  sou 


GOE  GOE  579 

nouveiu  Corpus  juris,  et  de  son  f/is-     son  viaitre  est  en  ç^ucrre?  Xf.  Dis- 
toirr  (hi  ducht^  de  lintnsivick  ,  vou-     cours    sur    Vuùlilé   du    commerce. 
lut  associer  Gœbcl  i\  ses  lravau\;  mais     Outre  ces  écrits  publies  en  français 
celui-ci  accepta  de  prelercncc  la  place     (iœJjcl  a  composé  un  {',rand  nombre 
de  professeur  de  droit  à  Helmslaedt.     de  disserlaliuns  ])oli(iques  :  De  ided 
Ses  leçons  et  ses  e'crits  en  latin  ,  en     principis  virluosi;  De  origine  juris 
allemand  et  en  français,  qui  traitent     venandi ;  De  ori^iue  et  progressa 
pour  la  plupart  des  (jueslioMS  de  droit     lilterarum  oblif^ationum  ;   De  juri- 
public  ,  sont  1res  estimes.  L'empereur     bus  procerum  imper,  majtslalicis  y 
Charles  VI  lui  donna,  en  1750,  des     Ilcljnsladl,  17  18,  in-4".^  De  statu 
lettres  de  noblesse  •  et,  peu  de  temps     nohilitatis  germanicœ,  etc.,  etc.  Ce 
après  ,  Goebcl  fut  nomme  conseiller     piibliciste  est  aussi  l'éditeur  des  OEu- 
de  la  cour  de   Brunswick.  Il   mou-     i^res  de   Conrijig,  en   7  vol.  in- fol. 
rut  le  6  mars  174^.  Le  professeur     (A^o/.ConrinGjIX,  45i-2.) — Jean*  , 
Brcithaupt  a  publié,  en  1748,  la  vie     Henri-David  Goebel,  historien  alle- 
de  ce  pubiicistc  ,   en  latin.   Voici  la     niaiid,  né  en   1717,3  Neustadt  sur 
liste  de  quelques-uns  des  nombreux     TAisch  ,   dans  le  Haut- Bourçjraviat , 
ouvraç;cs  que  Goebel  a  mis  au  jour  :     étudia  la  théologie  à  Altdorf,  et  fut 
L  Commeut.  de  archiofficiorum  Im-     ensuite  instituteur  et  ministre  pro- 
féra' R.  Germ.  origine  et  archithe-     testant  à  Venise;  mais  il  abandonna 
saurario  ^  Planovre ,  171O7  in -8''.;     dans  la  suite  le  ministère  ccclésias- 
Leipzit^-,  1755,  in-4°.  IL  Notœ  ad     tique,  et  accepta  la  place  de  secré- 
inslrumenlum   pacis  '  Westphalicœ.     taire  du  }jaron  de  Senkenberg,  con- 
W\.  Les  loisirs  de  H ehnstoedt ,  eï\  Q     sciller    auliquc   à  Vienne.   Après  la 
vol.,  en  allemand.  \N.  Réponse  à  Ici     mort  de  son  patron  ,  il  passa  dans 
lettre  de  M.  de  B.y  touchant  la  ques-     la  maison  du  conseiller    aulique   de 
tion,  si  un  prince  peut  en  recevoir  et     Gaertncr  ,  en  qualité  d'instituteur  et 
protéger  un  autre  chassé  par  ses  en-     de  bibliothécaire:  il  mourut  le  5  avril 
nemis ,  sans  violer  la  neutralité?  V.     1771.  Goebel  a  publié:  L  Marquardi 
Recherche  des  causes  de  la  présente     Freherl ,  de  secretis  jvdiciis  olim  i>r 
guerre  entre  S.  M.  l'impératrice  de     JVesiphalid^aliisque  Germaniœ par- 
la Grande-Russie  et  la  l^orte  Otho-     tihus  usilatis ,  posteà  aholilis  ^  com- 
mane.  y  \.  U ordonnance  de  Charles     mentariolus  ;  cui   accedit  Joannis 
Quint  relative  aux  monnaies ,  avec     de  Francofordid  contra  Feymeros 
des  notes  (en  allem.  )  VH.  Lettre  d'un     tractatus,  et  Henrici  Christiani  L.  B. 
Français  de  Paris ,  à  son  ami ,  tou-     de  Senkenberg  collectanea  manu- 
chant  r  élection  d'un  nouvel  empe-     scripta;  edidit   et  prœfationem   de 
reur.  VIII.  Réflexions  sur  la  liaison     scriptoribus  horum  judiciorum ^  nec- 
qui  existe  entre  l'Empire  et  les  pajs     non  de  vitd  scriptisque  Freheri  ad^ 
de  Florence^  de  Par  me,  de  Plaisance    jecil.  Ratisbonne,  1762,  in-4".  H- 
et  de  Milan.  \X.  De  V  origine  de  la     Mémoires  pour  servir  à  l'histoire  po- 
dignité  électorale  dans  la  maison  de     liVque  de  V Europe  sous  l'empereur 
Bavière ^  et deVacq,ihitlon  du  Haut-     Charles  Quint,  extraits  de  Notices 
Palatinat  et  du  comté  de  Cham.  X.     imprimées  et  manuscrites  ,  avec  une 
S'il  est  permis  d'arre'ler  un  ambas-    préface  du  baron  de   Senkenberg 
sadeur  qui  traverse  sans  passeport     (en  allemand  ),  Lcm^o  ,  1767,  in-4"« 
les  états  du  souverain  avec  lequel     — Jean- Henri -Erdmann  Gojebel 

57.. 


58o  GOE 

philologue  allemand  ,  ne'  à  Lauban 
en  1752,  se  livra,  pendant  soixanle- 
deux  ans ,  dans  le  lycée  de  celte  ville, 
comme  co -recteur  et  dans  la  suite 
comme  recteur,  aux  fonctions  de  l'en- 
seignement, et  termina  sa  carrière  la- 
borieuse le  7  aoiit  1795.  11  a  publie 
environ  soixante  dissertations  et  pro- 
grammes en  latin  et  en  allemand,  sur 
différentes  matières  historiques,  philo- 
logiques et  philosophiques.  Nous  nous 
bornerons  à  en  citer  :  I.  De  la  pre- 
mière culture  de  la  contrée  de  Lan- 
ban,  Lauban,  1763  ,  in-4^.  II.  Des 
premiers  événements  de  la  ville  de 
Lauban,  ibid.,  1765,  in-4°.  HI-  ^*^^- 
toire  de  la  ville  de  Lauban  ^  depuis 
\^^6 y  jusqu'en  176G,  ibid.,  176G, 
in-4''.  l\^.  L'épizootie parmiles  hom- 
mes, où  Von  combat  la  Vie  et  les 
opinions  de  Sebahl.  Nolhanker,  et 
l(s  Passions  du  jeune  Werther,  ibid., 
1^7.5,  in-4".  B—H — D. 

GOEBLER  (Justin),  juriscon- 
sulte et  historien ,  ne  à  Saint-Goar , 
dans  la  Hesse  ,  vers  le  commencement 
du  XVI*.  siècle,  s'établit  à  Francfort, 
où  il  exerça  la  profession  d'avocat 
avec  succès  ;  il  mourut  dans  celte 
ville  en  avril  1567.  On  a  de  lui  uu 
grand  nond^re  d'ouvrages,  parmi  les- 
quels on  dislingue  lessuivants:  l.Pro- 
sopngraphiœ  libriiv,inquibus  perso- 
narum  illustrium  descriptiones  ali- 
quolseu  imagines  ex  optimis  quibus- 
dam  auctoribus  selectœ  continentur, 
Maience,  1  557  ,  in-8  '.  11.  Déprava- 
tard  mililum  non  tolerandd,  Franc- 
fort ,  i5()4  ,  in- 4".  111-  Narratio  de 
hello  IJildeshemcmi  inter  E  rien  m 
D.  Brunsw.  et  episcopum  Ililde- 
shem.y  anno  t5iç),  durante  inter- 
régna  gesto  ,  insérée  dans  le  tome  11 
des  Scriptnr.  rerum  German.  de 
Schard.  \\  .Chroniconhistoricumdu- 
cum  Brunswii.cnsium  ,  Francfort , 
1 504,  iii-iylit).  V.  L'fliiluire  du  tain- 


GOE 

pereur  Maximilien  P"". ,  en  allemand, 
ibid. ,  i566,  in-folio.  VI.  L'Histoire 
de  Brandebourg,  depuis  Vannée  76B 
jusquen  1279,  ibid.,  1 566,  in-folio, 
en  vers  allemands.  VII.  Les  Fies 
(  en  latin  )  d' Ulrich  Fahricius ,  jui  is- 
consulte,  et  de  Pierre  Shade_,  plus 
connu  sous  le  nom  de  Mosellanus  ; 
la  dernière  est  insérée  dans  les  , 
Fitœ  virorum  qui  superiore  nos- 

troque  sœculo illustres  fuerunl 

(  Voy.  FiCHARD,  XIV,  4^2  )•  Goe- 
b!er  a  traduit  du  grec  eu  latin  la  Ha- 
rangue àe  Démosthènes  sur  la  paix  y 
et  celle  de  Lycurgue  contre  Léocrate. 
Il  a  également  traduit  en  latin  les  Or- 
donnances de  Charles-Quint  touchant 
V administration  de  la  justice  ,  et  les 
a  publiées  avec  des  notes  ^  la  Chro- 
nique de  Luheck  par  Hermann  13o- 
iKT.  On  a  en  outre  de  lui  :  Les  Insti" 
tûtes  cl  les  Novelles  de  Juslinien,  tra- 
duites en  allem.,  quelques  Ouvrages 
de  droit  peu  importants,  /yw^fre  livres 
de  vers  latins  ,  et  d'autres  opuscules^ 
On  conserve  à  la  bibliotbèque  du  Va- 
tican ,  un  manuscrit  original  de  Goe- 
bier ,  intitulé  :  Hisloria  de  quddam 
jîlid  régis  Franciœ  ,  quam  ipse 
paler  uxorem  habere  optabnt,  ab  eo 
Jlagitio  divinitàs  servald ,  è  germa^ 
nicis  rythmis  Buheleri  in  latinam 
linguam  conversa ,  ad  Philippwn 
Caroli  Quinti  Jilium  ^  in -toi.  On 
ignore  à  quel  roi  de  France  se  rap- 
porte celte  anecdote  qui  paraît  mé- 
riter peu  de  confiance.         W — s. 

GOEDAUT  (  Jean),  naturaliste  et 
peintre  hollandais,  né  à  lMiddeli)ouig 
en  i6'iO  ,  mort  en  i()(i8,  a  été  l'un 
des  meilleurs  observatfurs  de  la  na- 
ture et  des  propriétés  des  insectes, 
cl  le  premier  qui  ait  bien  observé 
et  décrit  leurs  métamorphoses.  Dans 
.son  ouvrage,  il  a  non  seulement  in- 
di([ué  tout  ce  qu'il  avait  rcmarcpié  de 
nouveau  s»ir  les  ia:>cctcs ,  mais,  coin- 


G  or 

me  il  c'tail  peintre,  il  .«  eu  soin  d'en- 
richir SCS  descriptions  de  dessins  co- 
lories ,  très  exarts.  Son  livre  a  jiani  en 
hollandais  ,  sons  ce  litre  :  Descrip- 
tion de  l'origine,  de  V espèce  ^  des 
qualités  et  des  métamorphoses  des 
vers,  chenilles j  etc.  ^  Middeihourp;  , 
5  part.  in-8". ,  avec  cent  cinqiiantc- 
cin([  planches  coloriées.  Le  litre  de 
cette  édition  n'indi(jue  j)as  la  date 
de  l'impression;  mais  la  dédicace  est 
de  l'aniice  i66'2.  Le  texte  fut  aussi 
mipiimc  en  latin  et  en  français.  La 
traduction  latine  fut  publiée  sous  ce 
titre  :  Metamorphosis  et  historia  na- 
turalis  insectoritm  ,  cuiii  commen- 
iario  Jo.  de  Mey  et  diiplici  ejusd, 
appendice  ,  una  de  hemerobiis  ,  aU 
tera  de  naturd  cometaruni ,  Middel- 
burg,  1  (36  1-1667.  ^^^  '-^  •  ^'o'i^f'^6  ^^ 
cette  e'diiion  renferme  un  Mémoire  de 
Paul  Voezaerdl  sur  i'ori?;ine  cl  Tuli- 
lité  des  insectes.  Mari.  Lister,  qui  en 
a  donné  une  traduction  an^^laise,  mise 
en  ordre  et  enrichie  de  notes,  York , 
1682  ,  in-4°. ,  en  a  fait  paraître  aussi 
une  seconde  édition  latine,  totalement 
refondue,  selon  un  ordre  méthodique 
et  une  classification  qui  lui  est  propre 
sous  ce  litre  :  Joh.  Goedartius  de 
insectis  y  in  methodum  redactus  , 
Londres,  i685,  in-8".,  avec  i4  pi. 
31  y  a  joint  une  nouvelle  édition  de 
XAppendix  à  son  Historia  anima- 
lium  An^liœ  ,  et  quatre  nouvelles 
planches  de  scarabées, etc.,  sans  texte 
explicatif.  (  Foy.  Lister.)  L'édition 
française  est  intitulée:  Métamorpho- 
ses naturelles ,  ou  V Histoire  des  in- 
sectes,  etc.,  Amsterdam,  1700,  5 
vol.  in-r2.  Goedart  a  observé  jusqu'à 
cent  cinquante  espèces  différentes  de 
chenilles  et  d'autres  insectes.  Sans 
doute  les  travaux  des  entomologistes 
modernes  ont  répandu  de  nos  jours 
plus  de  lumière  sur  celte  partie  de 
l'histoiie  naturelle;   mais  on  a  lieu 


GOE  5<?i 

d'admirer  la  patience  avec  laquelle 
Goedart  a  cherrhc  à  connaître  le 
caractère  et  jusqu'aux  passions  de  ces 
petits  animaux  (  1  ).  Jj — 11 — d. 

GOEDIIALS.  rojez  GAND 
(Hr.NRi  de). 

GOELIKE  (  Andke  -  Ottomar  ), 
médecin  allemand  ,  né  à  Nienburg 
sur  la  Saaie ,  le  1  février  167  i  ,  étudia 
à  Francfort-sur-l'Oder  et  à  Halle,  où 
il  enseigna  ,  en  1 709,  les  sciences  mé- 
dicales. Nommé  en  1715  professeur 
à  l'université  de  Duisburg,  il  se  fit 
remarquer  par  ses  leçons  et  par  dif- 
férents ouvrages  qu'il  publia.  Il  en- 
seigna dans  la  suite  à  l'université  de 
Francfort ,  cl  fut  aussi  médecin  du 
cercle  de  Lebus  ;  mais  il  renonça 
bientôt  à  ce  dernier  emploi,  qui 
était  trop  fatigant  pour  son  âge.  Il 
mourut  le  12  juin  i744-  Goelike  était 
nn  des  défendeurs  les  moins  habiles 
de  la  doctrine  de  Stahl  ;  et  il  publia 
beaucoup  d'ouvrages  qui  furent  vigou- 
reusement attaqués.  Nous  en  citerons 
les  principaux  :  I.  Epist.  de  damnis 
purgantium  in  diathesihectico-phthi^ 
sico-hydropicd , Leipzig,  1 708,  in-4''. 
1 1 .  De  rei^ellentibus  ac  derivantihus 
veterum ,  eorumque  rationali  expli- 
catione ,  Halle,  1709  ,  in-4"'  nLZ>c 
veritate  praclicd  diversionis  vete- 
rum per  re^ellentia  ac  derivantia , 
eorumque  operandi  ratione,  ibid., 
1712,  in-4"'  IV.  De  diversione  hu- 
morum  per  rcvidsionem  ac  dériva* 
tlonem  eorum,  Francfort-sur-l'Oder , 
1721  ,  in-4".  V.  Historia  anatomice 
nova  œquè  ac  antiqua  ,\\d\\e ,  1713, 
in-8'.  \\.  Historia  chirurgiœ  anti' 
qua ,  ibid. ,  1715,  in-8''.  VII.  His- 
toria chirurgiœ  recentior,  ibid.,  1713, 
in-S''.  Eidous  a  traduit  en  français  ces 
trois  derniers  ouvrages.  YWl.  Histo- 
ria medicinœ  universalis  qud  cele- 

(1)   Voyez  les   Mémoire/  d*   7;#i'«»j;jr  ,  juiHcl» 
i;«i,  pag.  bô  -98. 


i8a 


GOE 


hriorum  qiioruvicunque  viedicorum 
qui  à  priinis  artis  natalibus  ad  nos- 
tra  usqiie  tenipora  inclaruerunt ,  vt- 
tœ,  nomina  ,  dogmata  singularia , 
raliocinia ,  hypothèses ,  seclœ,  eic.j 
accuratè  pertractantur,  ibid. ,  1717- 
17*20 ,  3  vol.  in-8*'.    Goelike  a  divise 
son  histoire  en  six  e'poqucs.  La  pre- 
mière donne  l'histoire  de  la  médecine 
dès  avant  le  déluge  :  il  y  traite  d'une 
manière  très  e'tendue  de  la  me'docine 
des  Hébreux.  La  1''.  comprend  celle 
des  Phéniciens,  des  Babyloniens,  des 
Assyriens,  des  Indiens,  et  surtout  celle 
des  Égyptiens.  La  troisième  époque 
traite  de  la  médecine  des  Grecs  depuis 
Esculape  jusqu'à  la  guerre  de  Troie. 
La  quatrième  commence  à  la  destruc- 
tion de  Troie,  et  s'étend  jusqu'à  Hip- 
pocrate.  La  cinquième  période  est  en- 
tièrement   consacrée    à    la  doctrine 
d'Hippocrale.  La  sixième  enfin  traite 
des  successeurs  de  ce  célèbre  médecin, 
et  finit  à  l'époque  où  l'art  de  la  mé- 
decine a  été  partagé  en   trois  profes- 
sions  difïcrentes.  IX.   Spiritus  ani- 
maîis  èforo  medico  relegalus ,  ibid., 
17^5  ,  in-4"'  L'auteur  prcteiid  ,  dans 
cette  dissertation  ,  que  les  nerfs  vi- 
brent comme  des  cordes,  aussitôt  que 
l'ame  exerce  sur  eux  son  influence. 
Ce  système  n'est  qu'une  répétition  de 
celui  de  Cari,  de  Bidloo  et  d'autres, 
qui  avant  Goelike  ont  rejeté  les  esprits 
vitaux.    X.    Institutiories    medicre , 
secundùrnprincipiamechanicoorga- 
nica  reforinatœ  ,    Fraucforl-sur-l'O- 
der,  i7^>5,  in-4".  I/.uiteur  n'admet 
point,  dans  ces  Institutions,  le  meVa- 
nisme   comme    cause   j)rincipale  d<'S 
«:hangenK'nts  du  corps;  il  le  rejette  au 
«Contraire  ;  il  s'emporte,  sans  raison, 
contre  les  médecins  mécanistes;  mais 
on  çhercher.iil  en  vain  ,  dans  son  ou- 
vrage, des  preuves  démonsiralivcseu 
f.iviur  du  preaticr  principe  de  la  doc- 
trine de  Stahl ,  ccKu  de  1  udlucnce  de 


GOE 

l'ame  sur  toutes  les  fonctions  du  corps  : 
il  n'y  est  aussi  nullement  question  de 
la  doctrine  de  la  génération.  Goelike 
a  publié  encore  un  grand  nombre  de 
dissertations  ;  De  corticis  Chinœ  usa 
noxi'o  ,  licet  recto  in  febribus  ;  De 
emeticorum  usu  et  abusu;  De  ono- 
pordo  carcinomatis  averrunco  ;  de 
lue  contagiosd  bovillum  genus  de- 
populante  y  e'c.  B — n — D. 

GOELNITZ  C Abraham),  en  la- 
tin GolnitiuSj  géographe  ,  né  à  Dant- 
zig  dans  le  xvir.  siècle,  a  publié  plu- 
sieurs ouvrages  estimables  ,  mais  qui 
ont  été  surpassés  depuis.  Il  avait  par- 
couru dans  sa  jeunesse  la  plus  grande 
partie  de  l'Europe,    non  en  simple 
curieux,  mais  m  voyageur  qui  veut 
s'instruire  par  ses  propres  observa- 
lions.  On  sait  qu'il  habitdit  Copen- 
hague en  i64'2;  niais  on  ignore  l'é- 
poque de  sa  mort.  On  connaît  de  lui 
les  ouvrages  suivants  :  I.  Ulj^sses  Gai- 
lico-Beh^icus  ,  per  Belgium,  Hispa- 
niam^  regnum  Galliœ,  ducatum  Sa* 
baudice,  Taurinum  usquePedemontis 
mctropolini  ^  Leyde,  iG5i;  Amster- 
dam ,  i(i55  ,  in- 12  ;  trad.  en  français 
par  Louis  Goulon,  sous  ce  titre  :  !'£/"— 
lysse français,  Paris,  iG45,  in- 12. 
Quoique  suranné  à  beaucoup  d'égards, 
et  fourmillant  de  fautes  dans  les  noms- 
propres  ,  ce  livre  peut  encore  être  con- 
sulté avec  fruit  pour  quehpies  objets 
peu  connus  :  on  y  trouve  par  cxenj[)lc 
le  texte  des  statuts  et  privilèges  de  la 
nation  germanique  à  l'univcrsitéd'Or- 
léans  ( /^^oj>'.  GiFFEN  ).  II.  Coinpen- 
dinm  geographicuui  succinctd  we- 
thodoadornatum,  Amsterdam,  i()45, 
1049  ,  in- 1  •!  ;  et  avec  des  au^tnt  nta- 
lions,  Wittemberg ,    1(371,    i(>78, 
in-i  2.  ('et  abn-gé  est  inliTe>sant  sur- 
tout pour  ce  (pu  coiuerne  l'Espagne: 
l'auteur  lecomposa  pour  l'éducation  du 
fiis  dcChrislianThomacus,  chancelier 
de  Danemark;  et  dans  l'cpîtrc  déili- 


G  0  r>  0  0  E                 585 

catcMte  ,  il  lui  pionul  de  travailler  m  ^tc.  rcdovnlilc  do  Tutirorin ,  de  Ma- 

sa  faveur  à  une  Prosopogruphic  (\ni  iiaar,    et  de  la  juV.lic  des  perles  à  ift 

coiitirndra  1rs  i;e'iieaIopies  des  princi-  eôtr  de  Coromaiidel  ;  du  royaume  de 

y;\Us  WinwWc^.  \\\.  J^  ru/ceps  ex  Corn.  .ladanapalnaiii  ^  de  Craiigauor,  (^ou- 

Tacito,  ciirald  operd  deformatus  ^  laii  cl  Cochin,  à  la  côte  de  Malabar. 

Levde,  1  ()")(),  in- rj!.  IV.  Une  édition  11   gap;na  plusieurs   batailles  sur   les 

Si\\<^i\\(^u\(^c(\c  Va  Politique  chrétienne  Porluf;ais.  Il   se  permit,  en    167?., 

de  Lambert  Dancan^  Jjejdc,  it>5(j,  une  chose  bien  hardie,  et  peut-être 

in-i'j>.                                     W — s.  sans  exemple  :  de  son  chef,  il  com- 

GOEMOERY  (David),  médecin,  né  meiiça  dans  l'Inde  la  guerre  contre  la 

à  Rosnau  en  Hongrie ,  l'an  1 708.  Il  fit  France.  Voici  ce  que  raconte  à  ce  sujet 

SCS  études  à  Icna  ,  s'établit  à  son  retour  Guillaume  Van-Haren,  dans  ses  notes 

dans  la  ville  de  Kaab,  et  fut  élevé  au  sur  son  poème  des  Gueux ,  tome  11, 

rang  de    noble   hongrois.    11  vivait  page  547,  édition  de   i^SS:  «  Des 

encore  en  i  778,  et  avait  publié:  Dis-  »  1670,  Louis  XI V^  avait  résolu  d'at- 

piit.  de  srllogismo y  léna,  \']'b'i\De  »  tarpier  la   Hollande    sur   tous  les 

peripneumonid yihuï. ,  i'j'55;  Praxis  »  points;  il  fit  passer  une  flotte  dans 

medica    usui    apothecœ    manualis  »  l'Inde ,  sous  le  commandement  de 

pharmaceiiiicœ  accommodatœ,  sans  »  La  Haye,  afin  d'y  commencer  les 

année  ni  lieu  d'impression,  in-fol.  ;  «hostilités  aussitôt  qu'il  aurait  reçu 

Traité  de  la  giiérison  de  la  peste ,  en  »  la  nouvelle  de  la  rupture  en  Europe, 

langue  hongroise _,  Raab,  1759.  Voy.  »  Celle-ci  n'eut  lieu  qu'au  printemps 

f^Teszprem  y  Biogr.  medic.  Uns:,ar.  »  de  1672.  Au  mois  de  mars  de  la 

cent.  II.                             G — AU.  »  même  année ,  la  flotte  de  La  Haye  ^ 

GOENS  (Ryklof  van),  Frison  «forte  de  treize  vaisseaux  de  ligne, 

d'origine,  mais  ué  à  Rees  ,  dans  le  »  se  présenta  sur  les  côtes  de  Ceyian. 

duché  deClèves,  en  1619,  d'un  père  »  Celui-ci  n'ayant  pas  encore  d'avis 

qui  était  au  service  des  états-généraux,  «de  ce  qui  s©  passait  en  Europe, 

passa  dans  l'Inde  à  l'âge  de  neuf  ans  »  laissa  passer  librement,  en  vue  de 

avec  ses  parents ,  dont  il  se  vit  orphe-  »  son  escadre ,  une  flotte  marchande- 

lin  deux  ans  après.  Il  s'engagea  au  scr-  »  hollandaise,  composée  de  treize  bâ- 

vice  de  la  compagnie  des  Indes  hol-  »  liments,  se  rendant  deBatavia  à Cey- 

landaises,  en  i65i  ;  et,  de  grade  en  »  lan,  et  commandée  par  Roothaas;- 

grade,  il  parvint,  par  sa  bonne  con-  »  mais  à  peine  cette  flotte  fut  elle  ar- 

duite,  à  être  nommé  gouverneur  de  »  rivée  à  Colombo,  capitale  de  Cey- 

G«ylan  en  1G60,  directeur-général  à  w  lan,  que  le  gouverneur  Van  Gocns 

Batavia    en   167$,   et    gouverneur-  «la   fit  armer  en  guerre,  et  qu'en 

général  en  1678.  Dès  i65:2,  il  avait  »  ayant  pris  le  commandement,  il  at- 

rempli  avec  un  grand  succès  une  am-  »  laqua   l'escadre    de    La  Haye,   et 

bassade  auprès  de  l'empereur  de  Ja-  »  s'empara  de  tous  ses  bâtiments  qu'il 

va,  et  il  avait  commandé  une  flotte  »  trouva  isolés,  le  tout  de  son  autorite 

de  retour  en  i655.  Il  fut  renvoyé  à  »  privée,  et  sans  information  pussi])le: 

Batavia  deux  ans  après.  Van  Goens  »  car  je  trouve  dans  le  journal  d'un 

est  peut-être,  de  tous  les  Hollandais,  »  officier  français  ,  pris  à  bord  du 

celui  qui,  de  sa  tête,  de  son  épée  et  m  Phénix  ,    capitaine   I^mellinière^ 

de  sa  plume,  a  le  mieux  servi  sa  pa-  »  que  ce  vaisseau  fut  pris  le  3i  mai 

trie  daus  l'Inde.  La  compagnie  lui  a  »  1G72,  ciï Europe ^  capitaine  Des- 


584  GOE 

M  pipz  ,  également  de  l'escadre  de 
»  L'i  Haye,  le  i5  juin  suivant.  Or  !a 
»  guerre  coi-tro  la  Hollande  no  fut  dë- 
■n  clarée  à  Pruis  que  le  6  avril.  Van 
M  Goens  n'en  a  donc  pu  être  avise'  aux 
V  époques  en  que-lion.  La  singnlari'é 
»  de  cet  évéueuicnt  ne  paraît  pas  avoir 
»  été  remarquée  par  les  Iiistoriens.  » 
Van  Goens,  ayant  reçu  un  honorable 
congé  de  la  Compagnie  ,  vint  pour 
goûter  le  repos  dans  sa  patrie  ,  en 
jf>82;  mais  il  mourut  à  Amsterdam 
peu  de  temps  après  son  ai  rivée,  le  i4 
novembre.  M — on. 

GOENS  (  Fyklof-Miciiel  van-), 
arricrc-pelit-fils   du  précédent,  né  à 
Uireclit ,   de   Daniel -François    Van 
Goens  ,  membre  distingué  de  la  ma- 
gistrature de  ccUc  ville,  docteur  en 
pliilosopliie  et  en  droit,  mérite  d'être 
place  au  nombre  des  bons  pliiltlo- 
j^ucs  de  la  Hoîlaude.  Imbu,  des  l'âge 
le  plus  tendre,  des  lettres  grecques  et 
latines ,  il  se  trouva  à  onze  ans  en  état 
d'écrire  pendant  ses  vacances:!.  Une 
savante  dissertation  intitulée  de  Cepo- 
taphiis  y  ou  sur  les  sépultures  dans 
les  jardins.  Diverses  circonstances  en 
relardèrent  la  publication  de  quelques 
mois;  mais  elle  parut  à  Utrecht  vers 
la  fin  de   17^)5,  in-cS".  j^llc  avait  eu 
rap|»robalion  du  maître  de  l'auteur, 
le  professeur  Wcsselinj;,  et  il  la  dédia 
à  son  père.  1 1.  Dès  l'anMce  suivante,,  il 
soutint,  en  (orme  de  tlièse,  sous  ïi^s 
auspices  de  VVesscling  :  Obsen'aliones 
misccllancœ ,  philoloi^ici  poli^simum 
argumenti^  Utreclit,  i  -04,  in-/|".  I  H. 
La  ujcrne  année  encore  ,  il  ajouta  urjc 
Epi.stolacriUca  aux  Coujectiirœ  crilî- 
<YP d'Antoine  de  Uooy,  ibul.  iii-8^.  IV. 
J^orphyriiis  de  anlro  nyinphnntni  en 
grec  cl  en  latin  ,  suivi  d'une  Disscrta- 
tiu  llomerica  cl  A' À nimadvcrsiones , 
IJlreclit,   17O5,  in-4'.  (îet   (tuvray;e 
ayant  beaucoup  ajouté  à  la  réputation 
de  ce  précoce   érudit ,   les  curateurs 


GOE 

de  l'acadcmie  d'Utreclil  le  nommèrent 
en  conséquence  professeur  extraordi- 
naire de  littérature  ancienne,  en  1706; 
piace  dont  il  prit  poss  ssion  par  une 
harangue  latine  :  \  .  De  incrementis 
quœ  humaniores  litterœ ,  historiarum 
imprirnis  et  grœcce  linguce  siuduim, 
sœcido  :s.viii  ceperunt.  VI.  H  eut  une 
discussion  avec  Dukcr,  De  Simonidc 
Ceo ,  poetd  et  philosopho,  Ulr. dit, 
1 768,  in-4°.  VII.  11  enrichit  de  deux 
excellentes  préfaces  ,  aux  tomes  i  et 
\i,!atraduction  hollandaisedu  voyage 
de  Foickmann,  en  Italie,  Utrecht, 
1775  et  1774,6  volumes  in-8^.  VI II. 
H  traduisit  également  de  r.illemand  eu 
hollandais ,  le  traité  de  Moses  Men- 
delssohn  sur  le  sublime  et  le  naïf  ^ 
ibidem  ,  1770  ,  et  y  ajouta  quriques 
observati'ons.  IX.  Desthéologiens  zéla- 
teurs, de  Uottcrdam,  l'avant  attaqué 
à  ce  sujet,  dans  un  ouvrage  périi)d.i(jue, 
il  publia  un  avis  [Berigt]  sur  cette 
querelle  en  1775  :  il  paraît  néan- 
moins que  ces  misérables  tracasseries 
le  décidèrent,  l'année  suivante,  à 
résigner  sa  chaire  de  professeur,  et  à 
entrer  dans  la  niagislralnre  de  la  ville 
d'Utrecht;  nouvelle  carrière  où  il  fut 
loin  de  trouver  le  repos.  H  semble 
avoir  perdu  le  goût  des  lettres  eu 
changeant  de  situation  ;  car  il  ven- 
dit, en  1776,  sa  riche  bibliothèque, 
dont  il  donna  le  catalo<^ue  en  Iran- 
çais,  soMS  ce  litre  :  X.  Catalogue  fait 
sur  un.  plan  nom' eau  y  SYstemali(pte 
et  raisonné^  d'une  bHdi()thè(pie  de 
littérature  y  Ufrecht,  deux  volumes 
in-H".  Les  troubles  politiipies  de  la 
Hollande  ne  larJèrent  pas  à  l'occuper 
tout  entier  :  il  se  montra  partisui  à 
culrance  du  système  slathoudéiien, 
dont  le  discrédit,  prolongé,  entraîna 
cn(in  son  émigr.ifion  vu  AI  emagiie  ou 
en  suisse.  H  s'était  .si|;na  é  iluis  la  po- 
lémique révoluùoniiiire.  par  un  Mé- 
moire politirptc  sur  la  i'rai  système 


G  0  F. 

de  la  ville  d'yimdcrdnm,  in-folio 
(cil  lioll.Hulais).  M — ON. 

COHIU'll^  (  Hugues-Guillaume  ) , 
ne  à  IMulcIt  Ibour^  ,  mort  vers  iG43, 
reuniss.til  deux  c'iats  qui  vont  assrz 
rnrcmcnl  riisrui!)lc  .iiijomd'lnii ,  ceux 
tle  tl»colu''i('n  cl  de  rucdccin.  Il  .1  Ira- 
diiit  du  latin  en  hollandais  le  Tr ailé  de 
la  vt'publitjue  des  Hébreux ,  de  Pierre 
Ciiiiaeus ,  et  y  a  fait  siuccssivement 
trois  conlinuitions.  Le  tout  a  paru 
en  français  ,  5  vol.  in -8°.,  Amster- 
dam ,  i';o').  (  T'^oy.  Cunjcus.  )  — 
Guillaume  Goerée,  fi's  du  précèdent, 
lie  à  Middclbourj^  en  i655,  vit  ses 
premières  éludes  interrompues  par 
la  mort  prématurée  de  son  père  ',  et 
force  de  prendre  une  autre  pro- 
fession ,  il  clioisil  celle  de  libraire  , 
comme  plus  analo<;ue  à  son  goût  pour 
les  sciences  et  les  Icilres.  Il  s'établit  à 
Amsterdam,  où  il  mourut  en  17M, 
laissant  un  assez  cratid  nombre  d'ou- 
vrages qui  font  honneur  à  ses  con- 
naissances et  à  son  application.  Quel- 
ques-uns ont  pour  objet  les  arts  du 
dessin  ,  surtout  la  peinture  et  l'archi- 
tecture ;  mais  les  principaux  sont  :  I. 
Introduction  à  la  science  biblique 
et  à  l'Histoire  sainte  ;  tirée  des  plus 
anciens  monuments  des  Hébreux , 
des  Chaldéens ,  des  Babyloniens  _, 
des  Egyptiens ,  des  Syriens  ,  des 
Grecs  et  des  Romains  ;  deux  vol. 
in-fol.  d'une  exécution  typographi- 
que soignée,  et  enrichis  d'estampes  , 
Utrecht  ,  1700  et  171G.  II.  His- 
toire de  VE^U'^e  judaïque ,  ouvrage 
dans  le  genre  du  précèdent  •  quatre 
vol.  in-fo!. ,  qui  ne  conduisent  l'his- 
toire du  peuple  juif  que  jusqu'à  son 
eiitiéc  dans  la  terre  promise;  Amster- 
dam, I  700.  Tous  ces  ouvrages  sont  en 
hollandais.  —  Jean  Goeree  ,  fils  du 
pré(éiJcnl,néà  IMiddelbourgrn  H)7o, 
mort  à  Amsterdam  en  i  75i ,  s'est  iait 
connaître  comme  poète  cl  comme  dcs- 


GOE 


585 


sinaleur.  Il  a  compose'  les  dessins  de 
l^lusieurs  t  ibleaux  qtii  ornent  l'hofrl- 
de- ville  d'Amsterdam  :  il  gravait  aussi 
à  l'cau-fortc  j  et  les  amateurs  recher- 
chent ses  ouvrages  en  ce  gcnie,  qui  ne 
sont  pascouMMUMS.Ses  Poésies  mêlées' 
ont  paru  à  Amsterdam,  1  vol.  in-8". , 
1754.  On  y  regrette  l'absence  du  goût 
plutôt  que  celle  de  la  verve  et  de  l'es- 
piil.  Il  a  traduit  en  hollandus  l'His- 
toire de  Louis  XIF  par  les  mé- 
dailles. M ON. 

GOEUTZ  (George-IIenuf,  baron 
DE  ScuLiTZ  ,  nommé  de),  ministre  de 
Cha  ries  Xlî,  était  d'une  fami' le  de  Fran- 
conic,  et  entra  d'abord  au  'crvice  de  la 
cour  de  Holstein-Gottorp.  Ayantécarté 
les  anciens  ministres  ,  d  déploya  une 
grande  activité  dans  toutes  les  affaires 
relatives  à  la  situation  politique  du  nord 
de  l'Allemagne.  On  a  même  rapporte 
qu'il  traita  avec  Pierre  T''. ,  pour  dé- 
pouiller du  tronc  de  Suède  Charles 
XII,  qui  était  alors  retenu  à  Bender. 
Ce  prince  ,  après  son  retour  de  Tur- 
quie, s'arrêta  quelque  temps  à  Stral- 
sundjet  parmi  ceuxquise présentèrent 
pour  s'entretenir  avec  lui,  fut  le  ba- 
ron de  Goerlz.  Soit  que  la  négociation 
avec  Pierre  l'"'".  n'eût  pas  eu  lieu  ,  soit 
que  Charles  l'ignorât ,  il  fit  un  accueil 
favorable  au  ministre  d<  Holstein  •  et 
la  conformité  de  caractère  qui  existait 
entre  ces  deux  hommes  extraordi- 
naires, les  rapprocha  bientôt.  Goerle 
fut  invité  à  se  rendre  en  Suède ,  et  pas- 
sa dans  ce  pays  quelques  jours  avant 
Charles.  11  s'occupa  aiisbitôt  d'un  plan 
definances,  pour  procurer  les  moyens 
de  continuer  la  guerre.  La  plupart  des 
ressources  étaient  épuisées  ;  et  un  fi- 
nancier suédois  venait  de  faire  melti"C 
en  circulation  une  monnaie  de  très  bas 
aloi,  qui  fut  nommée  la  monnaie  de 
détresse.  Le  plan  de  Goertz  était  d'é- 
mettre des  obligations  d'état,  ayant 
pour  hypothèque  tout  le  capital  cxis- 


5^6  G  0  E 

tant  dans  le  royaurae,  et  les  profits 
que  donneraient  les  exportations.  II 
fit  approuver  ce  plan  par  le  roi ,  et 
prit  pour  l'exécuter  plusieurs  mesures 
arbitraires  qui  mécontentèrent  la  na- 
tion. On  l'accusa  de  despotisme ,  de 
témérité  et  d'injustice  j  mais  il  ne  se 
laissa  point  intimider ,  et  poursuivit 
ses  opérations  avec  une  constance  iné- 
branlable. Cependant  les  finances  n'é- 
taient pas  le  seul  objet  dont  s^occupàt 
son  esprit  actif  et  hardi.  11  entreprit  des 
voyages  en  Hollande  ,  en  Fiance,  en 
Bussie ,  négociant  dans  ces  différents 
pays  en  faveur  de  Charles.  Il  vou- 
lait que  ce  prince  fît  la  paix  avec  le 
czar,  que  la  Norvège  dcrint  une  pos- 
session de  la  Suède,  et  que  Charles 
et  Pierre  envoyassent  des  troupes  en 
Ecosse  pour  rétablir  le  prétendant. 
Alberoni  était,  dit -on,   instruit  de 
ce  projet,  et  se  proposait  de  l'appuyer 
des  ressources  de  l'Espagne.  Mais  la 
cour  de  Londres ,  en  ayant  été  in- 
formée par  le  régent  de  France,  alors 
attaché  à  ses  inlércls  ,   se  hâta  d'en 
prévenir  les  suites.  En  1714»  Gocrtz 
fut  arrêté  à  La  Haye  ;  et  le  comte 
de  Gyllenborg  ,  ministre  de  Suède  , 
en  Angleterre,  eut  le  même  sort  :  on 
s'empara   de   leurs  papiers,  qui  fu- 
rent rendus  publics ,  et  leur  déten- 
tion dura  plusieurs  mois.  Rerais  en 
liberté,  ils  retournèrent  en  Suède;  et 
Cioerlz ,  apiès  s'être  occupé  pendant 
«juclquc  temps  de  l'administration  des 
finances,  fut  nommé  plénipotentiaire, 
<j»    17  «8,  au  rougi  es  qui  eut  lieu  à 
l'ilc  d'Alaiid  ,  pour  négocier  la  paix 
avec  le  c/ar.  11  avait  eu  le  talent  de 
j)crsuafler  ce  monarque,  qui  se  montra 
disposé  à  favoriser  les  plans  de  Chir- 
les.  Il  fut  encore  question  de  la  Nor- 
vège   et  d'une  invasion   en  Ecosse  : 
<n  même  temps  Pierre  s'engageait  à 
faire  recouvrera  la  Suède  ses  posses- 
sions en  Allemagne,  et  à  rétablir  Sla- 


GOE 

nislas  sur  le  trône  de  Pologne,  à  con- 
dilionqueringrie^l'EstonieellaLivo- 
nie  seraient  cédées  à  la  Russie.  Goertz , 
parti  d'Aland  pour  porter  les  prélimi- 
naires à  Charles ,  qui  avait  entrepris  le 
siège  de  Frédéricshall ,  en  Norvège, 
était  sur  le  point  d'arriver  au  quar- 
tier-général ,  lorsqu'il  apprit  que  le  roi 
avait  cessé  de  vivre  ,  et  que  lui-même 
était  prisonnier  d'état.  Ou  le  condui- 
sit à  Stockholm  ,  où  il  fut  trailuit  de- 
vant un   tribunal  extraordinaire,  et 
condamné   à  avoir  la   tête  tranchée. 
H  demanda  à  se  justifier;  mais  il  ne 
put  l'obtenir,  et  la  sentence  fut  exé- 
cutée le  a  mars  1719-  Les  motifs  allé- 
gués par  les  juges  furent  qu'il  avait 
semé  la  discorde  entre  le  roi  et  ses 
sujets  ,  qu'il  s'était  emparé  des  trésors 
de  l'état,  et  qu'il  avait  contribué  à  l.i 
prolongation  de  la  guerre.  Lorsqu'on 
discuta  dans  les  divers  ordres  de  la 
diète,  si  Goertz  serait  admis  à  se  jus- 
tifier, les  paysans,  les  bourgeois  (t 
le  clergé  opinèrent  pour  l'admission; 
mais  la  noblesse  refusa  son  assenti- 
ment. Il  est  hors  de  doute  que  la  ja- 
lousie de  plusieurs  personnages  mar- 
quants, et  l'esprit  de  parti  qui  s'était 
ranimé ,  même  avant  la  mort  de  Char- 
les XII ,  aggravèrent  le  sort  du  baron 
de  Goertz.  Ce  ministre  ,  venu  de  l'é- 
tranger,  avait  effacé  le  crédit  des  mi- 
nistres suédois  :  il   avait  favorisé   les 
plans  d'un  monarque  peu  aimé  de  l.i 
plupart  des    graïuios   familles  ;  et  il 
était  le  plus  solide  appui  de  la  mai- 
son de  llolstein  _,  qu'on  voulait  écar- 
ter (lu  li(M»e.  C — AU. 

GOES  (Oamian  de),  historiogra- 
phe j)orlugais  ,  naquit  à  Alenquer,  eu 
I  501 ,  d'une  famille  illustre.  l)q^  l'à^e 
de  neuf  ans,  il  fut  attachée  la  cour 
(lu  roi  (lom  Einanuel,  où,  sous  d'ha- 
biles professeurs  ,  il  lit  des  progiès 
rapides  dans  les  sciences  et  les  lellres. 
Ayant  ensuite   fréquente  ,     pendant 


GOE 

quntrc  ans,  runivcrsitc  do  Pndouc  , 
il  fut  employé  de  bonne  licme,   par 
le  roi,  cl.iris  des  missions  importantes 
auprès  de  plusieurs  cours,  et  notam- 
ment de  celles  de  Suède,  de  Polofjuc  et 
de  Danemark.  II  parcourut  les  princi- 
pales villes  de  l'Iiurope,  où  il  se  con- 
cilia l'estime  de  tous  les  savants ,  et  de? 
souverains  près  desquels  l'appelaient 
souvent  les  intérêts  de  son  maître  et 
de  son  pays.  Le  pape  Pau!  III ,  sur- 
tout, riionorail  de  toute  sa  bienveil- 
lance. Gocs  s'était   relire'  à  Louvain 
pour  se  livrer  à  l'étude ,  et  ne  s'occu- 
per (jucde  la  rédartion  de  ses  ouvrages, 
lorsque   celte   ville  fut   assiégée  ,  en 
1  54 '2 ,  par  Martin  de  liossom ,  maré- 
chal de  Gueldre  ,  alors  au  service  du 
roi  de  France.  Goes ,  s'étant  mis  à  la 
tête  des  étudiants  de  l'université,  pro- 
longea long -temps  la  défense  de  la 
place.  Mais  ,  à  la  fin  ,  voyant  qu'elle 
ne  pouvait  tenir  davantage,  les  Fran- 
çais demandaient  deux  cent-vin^t  mille 
écus  d'or  et  toutes  les  munitions  de 
guerre  ,  pour  la  sauver  du   pillage. 
Goes  parvint  à  obtenir   une  trêve  ; 
et  étant  allé  conférer  avec  le  géné- 
ral Longeval ,  il  l'avait  amené  à  des 
demandes  plus  modérées  ,  lorsque  , 
on  ne    sait    pas   trop    comment,   le 
canon  de  la  place  tira  sur  les  Fran- 
çais ,  au  moment  où  Goes  se  relirait 
de  leur  camp.  Longeval  ,  considérant 
ce  procédé  comme  une  infraction  de 
la  trêve  ,  fit  arrêter  Gocs ,  et  l'envoya 
dans  le  Verraandois.  Gocs  ne  fui  relâché 
qu'aux  instances  du  roi  de  Portugal, 
et  moyennant  une  rançon  de  2000 
ducats.  De  retour  en  Poitugal,  le  roi 
Jean  III  le  nomma  histoiiographe  du 
royaume  ,  et  garde -major  de  la  tour 
de  Tombo  ,  qui  est  une  des  premières 
chargCN  de  l'étdt.  11  lui  ofifrit  ensuite 
des  places  plus  lucratives  ;  mais  Gocs 
(Ut  la  noble  générosité  de  les  refu- 
ser. Il  donna  une  preuve  non  e'quivo- 


G  0  E  587 

que  de  ce  désintéressement  et  de  sou 
j)atriotisme  lors  de  la  disette  générale 
(jui  alfligeait  le  Portugal   (i55(i).  Il 
iburuit,  à  ses  propres  frais,  la  ca])ifa!e 
d'une   quantité  considérable  de  blés 
qu'il  fit  veiùr  de  la  Sicile  et  des  rôles 
de    l'Afrique.    Après    une   vie    tran- 
q'ùlle ,    il   mourut   des    suites    d'un 
accident  à   un   âge  peu  avancé  ,   eu 
décembre  1  56o.  Goes  était  très  versé 
dans    le  grec,   le  latin  ,    l'arabe    et 
l'éthiopien  :  il   parlait  et  écrivait  h  s 
langues  modernes  avec  une  étonnante 
facilité.  Il  était  excellent  musicien, 
jouait  de  plusieurs  instruments ,  et  fai- 
sait des  vers  avec  grâce  et  élégance. 
Ce  savant  a  laissé  plusieurs  ouvra- 
ges ,  dont  les  plus  remarquables  sont  r 
1.  Deploratio  Loppianœ  ç^eniis^  Ge- 
nève ,  i52o,  in- 19.;  Paris,   i54ï, 
in-    12.  II.   Le^atio  inagni  IndO' 
rum  iwperatoris  presbjterî  Joannis 
ad  Emnianuelem  Lusilaniœ  res^em, 
anno  i!Ji5.  Item  de  Indorum  fide , 
cereinoniis  y  reli^lone  ,  etc.  ,   Lou- 
vain, i55'2,  in-8".  III.  Fides,  reli- 
gio  y  moresque  jEthiopum  siib  im^ 
perio  pretiosi  Joannis  ,  etc. ,  querw 
uulgb  presbjterum  Joannem  vocant, 
Paris ,  1 5*4 1  ,  in-B".  ;  Cologne ,  1574,, 
in-8".^  Anvers  ,  161  i ,  in-12.  Cet  ou- 
vrage, que  l'auteur  dédia  au  pape  Paul 
III,  doit  être  considéré  comme  la  suite 
du  précédent;  et  l'un  et  l'autre  sont 
recommandables,  autant  par  l'élégance 
du  style  que  par  l'exactitude  des  no- 
tices qu'ils  présentent.  IV.  Commen- 
tarii  rerum  ^estarum  in  Indid  dira 
Gan^em  à   Lusitanis   anno    i558, 
Louvain,  iSây,  in-4**.  C'est  une  re- 
lation du   premier  siège  de  Diu  ,  dé- 
diée au  cardinal  Bcmbo.  V.  De  bello 
Cambaico  idtimo  commentarii  très  ^ 
ibidem,  i547,in-4".  Nicolas  Antonio 
se  trompe  lorsqu'il  dit  que  ces  deux 
ouvrages  n'en  font  qu'un  ,  avec  des 
lilrcs  difréienls  5  puisque  ce  dernier 


583  G  0  E 

donne  l'histoire  du  deuxième  siège  de 
Liu ,  soutenu  par  les  Portugais ,  eu 
j546.  \J.  De  relus  et  imperio  Lu- 
sitanorum ,  etc.,  Louvain,  i554,  in- 
4°.  Ce  livre  contient  des  détails  inté- 
ressants concernant  l'histoire  du  Por- 
tugal. VIT.  Hispania,  ou  De'fense  des 
Espagnols  contre  les  calomnies  débi- 
tées contre  eux ,  par  Sebastien  Muns- 
ter, dans  sa  Cosmographie ,  Louvain, 
1 54-2 ,  in-4".  Ce  livre  est  remarquable, 
en  ce  que  c'est  un  Portugais  qui  en- 
treprend de  défendre  les  Espagnols. 
Il  paraît  qu'il  a  e'ié  traduit  en  plusieurs 
langues. VllI.  Chronica de  dom  Ma- 
noel^  enquatre  parties,  Lisbonne,  1 5G6 
€l  1567,  in -loi.  J.  B.  Lavanha  en 
a  donne,  en  1619,  une  nouvelle 
édition,  re'imprime'c  en  1749*  IX. 
Chronica  do  principe  dom  Joan 
(  depuis ,  Jean  II  ),  Lisbonne  ,  1  667 , 
in-S".;  1724,  i"-è".  X.  Urhis  Olis- 
siponensis  descriptio ,  in  qud  obiler 
tractanlurnonnulla  de  indicdîiavi- 
gatione  per  Grœcos  et  Pœnos  et  Lu- 
sitanos  diversis  temporihus  inculca- 
td,  Cologne,  iGo'2,  in-8'.;  ouvrage 
curieux, écrit  avec  une  louable  im]3arlia- 
litc.  XI.  Nohiliario  de  la  familias  de 
Portugal,  écrit  en  portugais ,  et  con- 
serve eu  manuscrit,  dans  le  cabinet 
de  don  Jérôme  de  Mascarcnhas , 
c'vcque  de  Se'govie ,  et  dans  d'autres 
bibliothèques.  —  ÎVlanoel  de  Goes  , 
jc'suite  portugais  ,  ne  à  Porlel,  diocèse 
d'Evora,  eu  i54'i,  enseigna  la  phi- 
losophie ,  pendant  dix,  ans ,  dans 
runiversile  do  Coimbre,  et  mourut 
dans  cette  ville  en  iGç)5.  On  a  de  lui 
plusieurs  conunentairis  sur  Aristofe, 
qui  cmenl  diirerenles  éditions.  (Iclui 
qui  lui  (it  le  plus  d'honneur,  est  inti- 
tule :  Commentarii  collcgii  Conim- 
hrcmis  in  octo  lihros  phjsicorum 
yïristotelis ,  Lyon  ,  1 5()4  >  iii-4'  • 

L— s. 
COES  (Benoîx  de),  jésuite  poi- 


GOE 

tugais,  naquit  dans  l'île  de  St.  Mi- 
chel, une  des  Açores,  en  i562.  Il 
passa  très  jeune  dans  les  Indes  ,  sui- 
vit d'abord  la  profession  des  armes, 
et  mena  une  vie  très  dissipée.  Dégoiîié 
du  monde,  il  fit,  en  i588,  profes- 
sion dans  la  compagnie  de  Jésus  à 
Goa.  Les  heureuses  dispositions  qu'il 
montrait  le  firent  choisir  pour  la  mis- 
sion du  Mogol.  11  y  gagna  si  bien  la 
confiance  de  l'empereur  Akbar,  que 
ce  prince  l'adjoignit  aux  ambassadeurs 
qu'il  envoyait  au  vice-roi  des  Indes. 
Tandis  que  Goes  était  à  Goa  ,  avec 
cette  qualité  ,  le  visiteur  des  Indes 
jeta  les  yeux  sur  lui  pour  aller  poser 
les  fondements  de  la  nouvelle  mis- 
sion qu'il  voulait  établir  au  Calhay. 
Le  P.  Mathieu  Ricci ,  qui  résidait 
alors  à  Pékiu  ,  mandait  que  le 
Calhay  était  'c  même  pays  que  la 
Chine  •  mais  cet  avis  ne  s'accordant 
pas  avec  le  témoignage  des  jésuites  de 
Lahor,  le  visiteur  résolut  d'éclaircir 
ses  doutes ,  et  d'ouvrir  du  moins  une 
voie  plus  courte  pour  le  voyage  de  la 
Chine.  Au  mois  de  février  1602 ,  Goes 
se  rendit  à  Agra,  où  le  Grand-Mogol, 
approuvant  son  dessein  ,  lui  donna 
non  seulement  des  lettres  pour  divers 
petits  rois ,  ses  amis  ou  ses  tributaires, 
mais  aussi  une  somme  d'argent  pour 
les  frais  de  son  voyage.  Goes  en- 
tendait parfaitement  la  langue  per- 
sane ,  et  connaissait  les  usages  des 
Mahométans  ;  ce  qui  le  rendait  très 
propre  à  la  mission  qu'on  lui  confiait. 
A  Lahor  ,  où  il  arriva  le  1 3  décem- 
bre, il  .se  réunit  à  une  caravane  de 
marchands  persans  qui  partaient  tous 
les  cinq  ans  pour  la  Chine,  avec  la 
qualité  d'ambassadeurs  de  leur  souve- 
rain ,  afin  d'avoir  plus  de  ficililé  pour 
leur  commerce.  Il  se  vêtit  eu  mar- 
chand aiinénien,  et  j>ril  le  nom  d'Ab- 
dallah ,  auijuel  il  joignit  celui  d'isaie, 
j^our  marquer  qu'il  était  chrétien  ;  c« 


GOE 

f!ct;nlsemcnl  lui  était  nécessaire  pour 
obtenir  1.1  lihtrte  du  p iss.jgc,  qu'on  ne 
lui  rut  p.Ts  .iccurdc'c  î)'il  culcle  reconnu 
j>()ur  l'ortu^ais.  Il  avait  <lt'j;j  acliclc 
diverses  marchandises  de  l'Inde,  poin- 
se  procurer,  par  des  c'cbani^es,  tout 
ce  qui  lui  serait  nécessaire  dans  sa 
route.  On  lui  donna  pour  compagnons 
deu\ Grecs,  l'un  prelro  et  l'autre  mar- 
chand :  il  laissa  (juatre  IMahonietans 
convertis  qu'on  avait  delermiiic's  à 
Je  suivre ,  ])rit  à  leur  jdacc  un  Armc- 
iiien  nomuié  Isaac,  et  partit  de  La- 
hor  en  iGo5.  Ayant,  après  cinq  mois 
de  marche  ,  rencontre  h  Caboul  une 
princesse,  sœur  du  roi  de  Kaschp;ar, 
qui  revenait  du  pcleiinage  de  la  Mè- 
que ,  et  qui  commençait  à  manquer 
d'argent ,  il  ne  Ut  pas  difficulté  de  lui 
en  prêter,  en  refusant  d'en  tirer  le 
moindre  intérêt  :  elle  ne  fut  pas  in- 
grate ;  car  elle  l'appuya  plusieurs  fois 
de  sa  recommandation ,  et  le  rembour- 
sa eu  pièces  de  marbre,  marchandise 
la  plus  pre'cieuse  que  l'on  pût  porter 
au  Cathay.  Les  deux  Grecs  le  quittè- 
rent, La  caravane  furattaquëe  par  des 
brigands.  Isaac  manqua  de  se  noyer; 
Goes  perdit  six  chevaux  dans  un  che- 
jnin  périlleux  :  enfin,  on  entra  dans 
Hiarkan  ,  capitale  du  Kascligar  ,  au 
mois  de  novembre  i6o3.  Goes  fut 
présente  au  roi,  qui  lui  donna  des 
lettres  de  protection  ;  et  après  un  sé- 
jour de  près  d'un  an  dans  cette  ville  , 
il  en  sortit  avec  une  nouvelle  caravane 
composée  d'habitants  du  pays ,  dont 
on  lui  avait  bien  recommande'  de  se 
défier.  A  Chalis,  ville  dépendante  du 
khdn  de  Kaschgar  ,  et  gouvernée  par 
un  de  ses  fils,  il  vit  arriver  une  cara- 
vane qui  revenait  du  Gitluy.  Les 
marchands  racontèrent  à  Goes  que 
s'étant ,  suivant  leur  usage,  attribué 
la  qualité  d'ambassadeurs,  ils  avaient 
pénétré  jusqu'à  la  capitale,  et  avaient 
iabiié  pendant  trois  mois  avec  le  P. 


G  0  E  589 

Ricci  cl  les  autres  missionnaires  jé- 
suites. Goes  apprit  enfin,  parce  ré- 
cit, que  le  Cwhay  était  la  Chine,  et 
que  Cambalu  était  Pékin.  Comme  le 
bâcha  de  la  caravane  s'obstinait  à 
vouloir  rester  à  Chalis ,  pour  que  le 
nombre  des  voyageurs  s'accrût,  Goes 
obtint  du  vice-roi  la  permission  de 
partir,  ainsi  que  des  lettres  de  protec- 
tion ,  et  se  mil  en  route  avec  Isaac, 
et  un  petit  nombre  d'autres  voya- 
geurs. Les  chemins  étaient  infestés  de 
brigands  :  souvent  on  ne  marchait 
que  la  nuit  pour  les  éviter.  Dans  une 
de  ces  n)archcs  nocturnes,  Goes  étant 
tombé  de  cheval  ,  ses  compagnons 
arrivèrent  au  gîte  sans  lui.  ïsaac  re- 
tourna heureusement  sur  ses  pas,  et 
trouva  son  maître  dans  un  état  1res 
dangereux.  Enfin  Ton  atteignit  un  fort 
de  la  grande  muraille  de  la  Chine. 
Après  avoir  attendu  vingt-cinq  jours 
la  permission  du  gouverneur  de  la 
province  de  Chen-si  pour  entrer  dans 
l'empire  ,  on  arriva  dans  un  jour  a 
Socheou;  c'était  vers  la  fin  de  i6o5. 
Goes  se  trouvait  riche  des  fruits  de 
son  commerce,  durant  une  si  longue 
route.  Il  écrivit  au  P.  Ricci ,  pour  lui 
annoncer  son  arrivée.  Mais  l'adresse 
de  ses  lettres  était  en  caractères  euro- 
péens ;  les  Chinois  qui  s'en  chargè- 
rent, ne  connaissant  ni  les  noms  chi- 
nois des  jésuites ,  ni  leur  logement  à 
Pékin,  ne  purent  les  remettre.  L'an- 
née suivante  ,  Goes  écrivit  encore  : 
cette  fois ,  ses  lettres ,  confiées  à  ua 
mahométan  ,  parvinrent  à  Pékin  au 
mois  de  novembre. Les  missionnaires, 
qui  Tatiendaient  depuis  long-temps  , 
lui  expédièrent  un  chinois  chrétien 
nommé  Ferdinand.  Celui-ci  fut  volé 
en  route,  et  abandonné  par  son  valet. 
Il  eut  bien  de  la  peine  à  se  traîner 
jusqu'à  Socheou ,  où  il  trouva  Goes 
mourant.  Cet  infortuné  missionnaire 
reçut  quelque  consolation  des  lettres 


590  GOE 

de  ses  confrères  :  mais  onze  jours  après 
l'arrivée  de  Ferdinand,  il  succomba  à 
ses  chagrins  et  à  ses  faligues ,  le  i  8 
mars  1606.  On  soupçonna  les  Maho- 
me'fans  de  Tavoir  empoisonné,   sur- 
tout quand  on  les  vit,  aussitôt  après 
sa  mort,  mettre  la  main  sur  tout  ce 
qu'il  avait  laissé.  Ils  firent  même  em- 
prisonner Isaac.  Ferdinand  ne  se  laissa 
pas  décourager  par  les  mauvais  trai- 
tements. Il  vendit  jusqu'à  ses  habijs 
pour  soutenir  un  procès  qui  dura  six 
mois-  enfin  on  lui  restitua  les  effets  de 
Goes  :  mais  il  ne  s'en  retrouva  qu'une 
petite  partie;  la  plupart  des  papiers 
furent  perdus.  Ferdinand  et  Isaac  ar- 
rivèrent heureusement  à  Pékin.  Après 
un  séjoijr  d'un  mois,  ce  dernier  fut 
envoyé  à  Macao.  Il  s'y  embarqua  pour 
l'Inde  ,  fut  pris  et  dépouillé  par  les 
Hollandais.  Les  Portugais  de  Malacca 
le  rachetèrent.  La  nouvelle  de  la  mort 
de  sa  femme  lui  fit  perdre  le  désir  de 
retourner  dans  le  Mogol  ;  il  s'établit 
à  Ch.'uil.  Il  y  vivait  encore  lorsque  le 
P.  Trigault  écrivit  son  Histoire  de 
la  Chine.  Isaac  avait  remis  au  P.  Ricci 
ce  qui  restait  des  papiers  de  Goes,  et 
lui  avait  raconté  les  particularités  du 
long  et  pénible  voyage  de  ce  zélé  mis- 
sionnaire. Ce  fut  sur  ces  renseigne- 
ments (jue  le  P.  Ricci  en  écrivit  la  re- 
lation. On  conçoit  qu'elle  doit  être  très 
fautive  sur  tous  les  points;  ce  qui  fait 
vivement  regretter  la  pirte  du  journal 
de  Goes ,  puisqu'il  avait  parcouru  des 
pays  que  depuis  lui  aucun  voyageur 
européen  n'a  visités.  Néanmoins  les 
détails  informes  de  ce  voyage,  si  long 
ci  si  périlleux,  attachent  par  leur  siu- 
j^ularilc.'.    Ils  donnent   l'idée    !a    plus 
ijvantugeusc  du  caractère  de  Goes,  et 
contietinent  des  notions  inléiessaiiles 
sur  plusieurs  peuplades  et  .sur  divers 
Jieux  de  la  grandeTartarie.  Ce  curieux 
ouvr.ige  se  trouve  dans  les  Gunmen- 
t'iires  de  Ricci  ,  traduits  en  latin  par 


GOE 

Trigault,  dans  le  tome  m  du  Recueil  àe 
Purchas,  et  en  abrégé  dans  la  Chine 
illustrée  de  Kirclier.  E — s. 

GOES  (  Guillaume  van  der),  en 
latiu  Goesius  ,   seigneur  de  Bouck- 
horst,  né  à  Leyde  en  161 1  ,  mort  à 
la  Haye  le  i5  oct.  i6ï56,  mérite  d'être 
compté  parmi  les  bons  jurisconsultes 
et  philologues    hollandais.    Employé 
d'abord  à  des  fonctions  de  magistra- 
ture dans  sa  ville  natale ,  il  fut  ensuite 
conseiller  de  la  haute-cour  de  justice  à 
la  Haye.  Ses  loisirs  ont  été  tous  con- 
sacrés à  la  culture  des  lettres.  Marié  à 
une  fille  de  Daniel  Heinsius  ,  il  la  per- 
dit en  i66'2.  Son  beau-frère,  Nicolas 
Heinsius,  mourut  chez  lui  en  1681. 
Goesius  a  laissé  :  I.  (Sous  le  nom  de 
Lucius  Férus),  Spécimen  contrôler' 
siœ  quœ  est  de  mutui  alienalione  in- 
ter  jurisconsultos  et  quosdam  ^ram- 
matico-sophistas ,  avec  des  Findiciœ 
à  la  suite,  Leyde ,  i64t),  in-8".   II. 
Animadversiones  in  quœdain  loca 
capilis  I  et  11   Speciminis  Salnia- 
siani ,  quitus  varii  viri  docti  ah  ejus 
calumniis    vindicantur  ,    la  H.iye  , 
iGS-y  ,  in-8'.  Il  paraît,  par  ces  deux 
ouvrages  ,  que  Goesius  avait  hérité  de 
l'inimitié  de  Daniel  et  de  Nicolas  Hein- 
sius  pour  leur   savant    antagoniste, 
Claude Saumaise.  III.  Pilatus  judex, 
ibid. ,  1681,  in-4".  L'auteur  s'attache 
à  répanilre  un  nouveau  jour  sur  l'his- 
toire de  la  Passion  de  notre  seigneur 
J.  G. ,  au  moyen  de  ses  connaissances 
on  matière  de  jurisprudence  et  d'anti- 
quités  romaines.  Ce   truite  curieux  , 
adressé  au  célèbre   Constantin  Huy- 
ghens  ,  est  suivi  d'une  e^^pèce  d'apo- 
logie ,  qui  fait  voir  que  (iocsius  était 
passablement  chatouilleux  sur  le  cha- 
pitre de  la  contradiction.  IV.  Scrip- 
torcs  rc'i  as;rariœ  ,  cuni  antiquitali- 
bus  et  U'iiibus  tif^rariis  ,  Amslerd.ini, 
i()74,  in- 4'*   V.  Des  notes  sur  /V- 
trufic ,  dans  l'édition  de  Bunnann , 


(iOE 

Ulrecht ,  i  7 09  ;  Amslci dam ,  17/»"), 
in-4"-;  et  sur Siu'tonc ,  1578  (1078), 
iii-4  ".;  cl  tl.ins  rc'ditioii  do  Ciian'iiis, 
i()()i    cl   1705,  in- 4"-  —  '*^<"'  ^i'*^ 
aîiic,  .l(Mn  \'an  nr.u  GoiiS  (I'Aiismadi:, 
niliivait  .tiissi  avec  (iislinctioii  i.i  iillo- 
iMtiiie   niicicnnc.   Thcudorc  Ryckius 
lui  .«  dc'dicsa  savante  dissrrlation  De 
jnimis  Juiliœ  colonis  et  jEneœ  ad- 
s'cutUy  qui   se  trouve  à  la  suite  des 
Not(B  et  casùi^aliones  in  Steph.  Bf- 
zant.  de  I.ucas   Holstenius,   I.cyde, 
1GS4,  iii-lul.  —  Le  nom  de  Van  der 
(ioes  a  encore  été  illustre  en  Hollande 
])ar  deux  hommes  d'e'lat ,  qui  ont  Lissé 
î'nn  et  l'antre  des  mémoires  précieux 
pour  riiisloire  de  leur  patrie  ,  Aart 
Van  derGoes  et  son  fils  Adrien ,  tous 
les  deux  grands  pensionnaires  de  HoU 
lande,  dans  le  courant  du  xvi^.  siècle; 
le  premier  mort  en  i545,  le  second  en 
i5Go.  M — ON. 

GOESEKEN  (  Henri  ) ,    pasteur 
luthérien  et  philolop:ue instruit,  naquit 
À   Huiovrc   en    16  ri.    Après  avoir 
.achevé  ses  études  à  Kostock,  il  passa  en 
Suède  ;  il  était  instituteur  à  Stockholm 
en  1654  "•  '^y^i^t   ensuite    été  envoyé 
sur  les  frontières  de  la  Russie,  à  Be- 
val,  qui  appartenait  alors  à  la  Suède, 
il  s'y  appliqua  à  l'étude  de  la  lanc;ue 
du  pays  (  l'esthonien, dialecte  du  scla- 
von  ),  exerça  le  ministère  du  Saint- 
Evangiie  à  Harrien  et  à  Goldenbeck , 
et  lut  enfin  nommé  assesseur  du  con- 
sistoire à  Reval ,  où  il  mourut  le  '24 
novembre  168 1.   Voici  les  ouvra2;es 
dont  il  est  auteur  :  T.  Livre  des  chants 
d^ église  ,  en  langue  csthonienne.   11. 
l)]anuductio   ad  lin^uam    œslhoni- 
cani^  licval,  16G0,  iu-^*^.  ï/autour  a 
joint  à  cette  «rau)niaire  un  dictionnaire 
assez,  étendu.  Goesekon  a  aussi  traduit, 
en  langue   csthonienne  ,    l'Ecrilure- 
Sainte  ;  mais   celte   traduction  ,    qui 
forme  deux  gros  volumes  in-folio,  n'a 
pas  été  publiée'.  V> — u — d. 


GOETTEN  (  Henri-Louis  ) ,  thco- 
logirn  protestant  ,  nacpiità  lîrunswick 
en  i(>77  ,  lut  nommé  en  1700  pasteur 
à  VVahbdorf,  et  six  mois   après    à 
lMap;(lebourg,   où  il  mourut  le  f)  août 
1707.  CiCt  autciu"  a  publié,  en  alle- 
mand :  1.  Notice  des  journaux^  Gar- 
dclegcn  ,    I7i8-i7'24,5  vol.  in  8". 
II.  Description  de  la  ville  de  Suden- 
burg ,  in-4".,  ^^  "'^  grand  nombre  de 
sermons.  —  G'ibricl -Guillaume  Goet- 
TEN  ,  lils  du  précédent ,  théologien  et 
bibliographe,  naquit  à  Hanovre  le  4 
dècend)re  i  708,  fut,  depuis  1 752,  suc- 
cessivement pasteur  à  Hildesheim  ,  â 
Zelleelà  Lunebourg,  et  depuis  1746, 
surintendant ,  prédicateur  de  la  cour, 
et  conseiller  du  consistoire  à  Hanovre, 
où  il  mourut  en  août  1781.  Outre  un 
grand  nombre  de  dissertations  et  d'ar- 
ticles littéraires  insérés  dans  plusieurs 
journaux    et    recueils    périodiques  , 
Goetlen  a  publié  vingt  ouvrages  tant 
théologiques  que  littéraires.  Nous  nous 
bornons  à  ciîer  :  L  La  vérité  de  la 
religion   chrétienne  prouvée   d'une 
manière  démonstrative  par  la  résur- 
reciion  de  Jésus-Christ ,  traduit  de 
l'anglais  d'Humfi  ey  Diiton  ,  Hildes- 
heim ,    1752,  in-8\  ;  ô'"»^.  édition^ 
Brunswick,  1764,  mS\\\.  L'Eu- 
rope littéraire  vivante ,  ou  Notices 
biographiques  et  littéraires  sur  les 
savants  fjuivivent  en  Europe^  Bruns- 
wick et  Hildesheim,  1755-37,  in-8". 
Les  deux  dernières  parties  du  3^.  vo- 
lume ont  été  rédigées  par  E.  L.  Rath- 
lef,   qui  a  continué  cet  ouvrage  sous 
ce  titre  :  Histoire  des  littérateurs  ac- 
tfiellement  vivants.  Goctfeu  est  aussi 
l'éditeur,  en  français,    des  ]*ensées 
choisies  de  M.  Trublet  sur  l'incrédu- 
lité,  Colle,  i757,iu-8".     B — h — ^d. 
GOETÏLING  (Jean-Frl'deric- 
Auguste),  chimiste  laborieux,  naquit 
à  Bernbmg  en  Allemagne  ,    le  5  jan- 
vier 1755.  La  mort  prématurée  de 


f)ç/2  G  0  IL 

son  père  Texposa  à  l'indigence  ;  mais 
grâces  aux  bienfaits  du  poète  Gleim  , 
il  put  achever  son  éducation ,  et  pro- 
fita si  bien  des  leçons  de  Wicgicb , 
habile  chimiste ,  que ,  très  jeune  en- 
core, il  fut  placé  comme  pi  o viseur  à  la 
tète  de  la  première  pharmacie  de  Wei- 
raar.  Ayant  ensuite  étudié  ht  médecine 
à  GÔttingue  ,  où  d  se  lia  d'amitié  avec 
le  célèbre  Lichtenbcrg,  et  après  avoir 
voyage  en  Angleterre  ,   en   Hoilande 
et  en  Allemagne ,   il   fut  nommé  eu 
i-jBg,    professeur  extraordinaire  de 
philosophie  à  l'université  de  léna  ;  il 
y  enseigna  la  chimie  et  la  technologie 
avec  un  grand    succès.  Les  travaux 
littéraires  de  ce  professeur  sont  très 
considérables,  et  ont  tous  été  très  bien 
accueillis.  Par  la  clarté  et  la  méthode 
qui!  a  su  mettre  dans  ses  leçons  et  ses 
ouvrages,  il  a  beaucoup  contribué  à 
répandre  en  Allemagne  les  principes 
de  la  nouvelle  chimie,  et  à  faire  con- 
naître  les    nombreuses  découvertes 
dont  celte    science   s'enrichissait  en 
France.  Il  est  mort  le  i"".  septembre 
1809.  Ses  écrits   sont   en   si  grand 
nombre,  que  nous  nous  confenlcrons 
d'en  citer  ici  les  pi  incipaux  :  I.  Inlro- 
duclion  à  la  chimie  pharmaceutique 
pour  les  apprentis ,  Altenburg,  1778, 
iu-8**.  II.  Des  avanta<^es  et  des  amé- 
liorations pratiquas   de  différentes 
opérations  chimiques  des  pharma- 
ciens^ Weimar ,  i  78") ,  'i  vol.  in-8".  ; 
1801,  ihid.,   in-8.    W\.  Principes 
élémentaires  de  la  docimasie  ,  Leip- 
zig ,  1794»  i»-8  .   l\,Jpercu  5/6- 
tématiquedetechnolof^ie^\vu.\,  1 797, 
in-8".  \  .Manuel  de  chimie  théorique 
rt  pratique ,  ibid. ,  1 799-1800 , 5  vol. 
in-8°.   VL   Instruction  prutiijue  de 
l'art  d'essayer  et  d'analjst-r  en  chi- 
mie, ibid. ,  180.1, in-8'.  VIL  VAmi 
tic  la  maison,   écrit  pt'riodique  sur 
1,1    physi(|uc    et    la   chimie  ,   ibid.  , 

1804-1807,  5  vol.  m-8'.  y  m 


GOE 

Encyclopédie  phjsico  -  chimique  , 
ibid.  ,  1805-1807  ,  5  vol.  in-S". 
Goettling  a  été  pendant  vingt-neuf 
ans  le  rédacteur  en  chef  de  ['An- 
nuaire pour  les  chimistes  et  les  phar- 
maciens ,  depuis  i  780  jusqu'en  i8og. 
Ce  recueil  périodique  n'est  pas  moins 
estime  dans  les  au're>  pavs  qu'en  Al- 
lemagne. Plusieurs  auties  journaux 
allemands  qui  s'occupent  des  sciences 
physiques,  ont  aussi  été  enrichis  d'ar- 
ticles intéressants  par  cet  auteur. 

B— H— D. 

GOETZouGOEZ(ZAcnARiE),  nu- 
mismate allemand  ,  né  à  Miihlhausen 
en  1662,  étudia  à  léna  et  à  Leipzig, 
et  remplit  diverses  fonctions  académi- 
ques à  Lemgo,  à  Lippstadt  et  à  Osna- 
briiek.  On  croit  qu'il  mourut  à  Bruns- 
wick en  1705.  Ce  laborieux  philolo- 
gue a  publié  plusieurs  ouvrages  en 
allemand  et  en  latin  :  I.  Disp.  de 
hierurchiisangelorum,  Lemgo,  1687, 
in-4".  IL  E/ementa  philosophica , 
Osnabriick,  1699,  ï""^"*  l^ï*  ^^^ 
JSotes  sur  l'Histoire  de  V église  et  des 
hérétiques ,  publiée  par  Arnold ,  ib., 
1701 ,  in  -  i'2.  IV.  Schediasma  que 
prœcipuè  ea  quœ  ad  virum  solide 
doclum  spectant  traduntur ,  1705, 
in-4".  7  c"  se[)t  programmes.  V.  Vingt 
di>sertation«i  DenumiSy  Witlemberg, 
171G  ,  in  -  8".,  et  sous  le  titre  d'y/- 
mœnitaies  numismaticœ ^  ib.,  i754> 
in  8  '.  VI.  Celeberrimorum  virorum 
epistolœ  de  re  numismalicd  ad  eumf 
accosit  iMuseum  Goëzianum /xhid. y 
i7iG,in8°.  li — H — D. 

GOEIZ  ou  GORZ  (0  (  A^DRL  ) , 
philologue  alieniand  ,  naquit  à  Murem- 
berg  le  a5  novembre  1G98.  Après 
avoir  achevé  ses  études  ,  il  lut  nommé 
instituteur  à  l'école  de  Saint  Sobald  , 
dans  sa  ville  natale ,  et  y  mourut  le 
Ui   avril  17H0.  Ce  laborieux  littéra- 

(il  L«t  AUriu«U(l}  éirivcul  Cvl»  ou  CJ». 


(;oE 

tcur  avait  conlractc  des  relations  in- 
times avec  le  cardinal  Quirini ,  avec 
Isirciolali,  cl  snr  (oui  avec  le  dorlcur 
Il.umann.  Nous  no«is  bornerons  à  ci- 
ter ses  principaux  onvrafjes:  I.  Intro- 
tiurtio  in  ^co^raphiam  untujuani  in 
A  tahli.  ^t'ogr.  y  Nurcnihcit^,  17'ii), 
in-8°.  Gel  ouvraf^e  a  clc  anssi  jinhlic 
rnallem.,  ibid.,  eod.,  in-hi'.ll.  Index 
fmrœ  et  impuvœ  laliaUatis  ^ex  pnvs- 
iantissiniis  opusculis  collectas ,  ibid. , 
i-jSo,  in-8  .   m    Anl'uiidlates  ro- 
manœ[  en  allemand),  ibid.,  17^0, 
iii-8".  ,   n^.    IV.   Orthographia   ro- 
niana,  ibid.,  1739,   in-fol.  V.  No- 
menclature de  tous  les  lieux  indiqués 
sur   la  carte  du  cercle  de  Fran- 
co?ue,  ibid.,  1740,  i«-fo'.  VI.  Fita 
G.  M.  Raidelii  j  ibid.,  174'^?  in-4'' 
Vil.  Brebis  hisloria  devitd,  fatis  ac 
morte  Euphrosinœ  virginis  Alexan- 
drinœ ,'\\ni\.  j  1  755  ,in-4'. ,  fif;;.  YIlJ. 
Une  quantité  prodigieuse  d'epig*.  am- 
nies  latines  sur  toutes  sortes  de  >ujets  : 
il  les  distribuait  à  ses  amis  ;  et  le  pro- 
fesseur Will  en  a    recueilli  un  assez 
grand  nombre  dans  sa  Biblioth,  Nor. 
On  doit  au  zèle  de  Goetz  quelquesjjon- 
nés  éditions  d'auteurs  latins  ;  il  a  pu- 
blie ,  avec  une  préface  :  /.  F.  Chris- 
tii  super   signis  ,    è   quihus  manus 
agnosci  antiquœ  in  genunispossunty 
annotatio    J.  D,  Kœltri   hre{>is  de 
gemmis  sculptis  opère  antique  his- 
toria  ,    sernione  iheotisco ,    vS<hwa- 
bacli,  1760,  in-8". —  Georgii  Pa- 
soris  Lexicon  grœco-latinuni  in  no- 
vum  Testamentuin  ,hfï\yL\'J!^,   ï7'-i^^7 
in- 12  ;  la  G'',  édition  est  de  1  7  ;4«  — 
Euiropius  ,  Altorf ,  1  740  ,  in- 1 1.  — 
Rutila   itinerarium  ,   ibid.,    1741, 
în-8°.  —  Censorinus  de  die  nat<di , 
ibid.,  eod.,  in-8'.  ;  et  ibid.,  1744» 
in-8". —  Cresconii  Corippi ,  de  lau- 
dihus  Justini  Augusli,  ibid.,  174^-  ? 
iii-8".  —  Enianuel  Godcfroi  Gorz  ou 
Goz  ,  médecin  ,  né  dans  le  Wiutcm- 

XVII. 


G  0  E  593 

berg,  pratifjua  son  art  à  Scîdaitdorf, 
prî's  Tubingen  ,  et  y  mourut  le  i4  dé- 
erndjie  •'^99.  Il  a  pid)lié  :  Geogra- 
[fhia  academica,  Nuremberg,  1  789 , 
111-8.  B  —  H  -  D. 

GORTZ  (Jean-N^icolas),  poète 
allemand,  naquit  à  Worms,  le  9  juil- 
let 17*21,  et  perdit  son  père,  pasteur 
dans    cette  ville  ,  étant  encore    très 
jcinie.  S'étant  rendu  ,   en   1759,    à 
rumveisité  de  Hillc  pour  étudier  la 
théol«.gie,il  y  forra.jdes  rel;itions  d'à- 
initie  avec  Uz  et  Gleim,  et  se  livra  sur- 
tout avec  le  premier  de  ces  poètes  à  des 
travaux  littéraires.  Le  baron  de  Kal- 
krcuter,  commandant  prussien  à  Era- 
den,  dans    l'Oslfrise  ,    proposa  ,   en. 
174*2,  à  Goetz,  q'ii  venait  d'achever 
ses  études ,  d'être  à-Ia-fuis  son  secré- 
taire,  gouverneur  de  se,^  rnfints  et 
aumônier  de   sa   maison:  Goetz  ac- 
cepta; mais  ne  pouvant  supporter  le 
ciimai  de  l'Oslfrise  ,  i!  quitta  ces  pla- 
ces  au  bout  de  i'année,  et  retourna 
dans  sa   patrie  après  avoir  visité  les 
villes  principales  de   !a    Hollande.  Il 
fut,  en  I  744  »  eljyrgé  par  la  comtesse 
douairière  de  Slrahlenhvim  de  l'édu- 
cation de  ses  ne^'eux,  et    nommé  en 
même  temps  ch  ipeliin  au  château  de 
F'>ib;Hcb  «  n  Lorraine.  Ses  élèves  e'tant 
uflicifTS  dans  un    réiiim- nt    français 
dont  leur  oncle,  le  coi.ite  de  Sparre  , 
ét;»it  propriétaire,  Goetz    les  accom- 
paç;na  d  «ns  leurs  garnisons  à  Sarlouis, 
Metz  et  Strr<sbourg;  et   il  piit   alors 
une  grande  j)révention  en  faveur  de  la 
littérature  fr.uiçaise.  Il  suivit  ses  deux 
élèves  ,  en  174    ,  à  l'.ica  lemic  de  Lu- 
iiéville,  et  devint  i'ailnee  suivante  au- 
mônier du  régiment  Hoval-Allemind. 
il  fit   en  celte  qualité"  les  campagnes 
d  ns  le  Brabant;   :•'   i^-ant  revenu  en 
Alsace  après  la  conclusion  de  la  paix  , 
il  (lit  appelé successiveiDJ'ni, en  '749? 
à   la   puu^e  de  pasleur  ta  !i(  rnbach  , 
peiit'M'ilIcdans'ep  }sdeDeuv.pont5, 

38 


594  GOE 

en  1754»  â  celle  de  principal  pas- 
teur et  inspecteur  à  Meisinheim;  en 
17G1  ,  à  Winterburg  dans  le  comté 
de  Sponhcim,  aux  mêmes  fonctions, 
et  comme  assesseur  du  consistoire  de 
Deux-Ponts;  et  en  1 76G  il  fut  nomme 
surintendant  des  églises  et  écoles  lu- 
the'riennes  à  Kirchberg,  Winterburg 
et  Sprendlingen  ,  dans  le  pays  de  B  i- 
de-Durlach.  Goetz  mourut  le  4  i^^" 
verabre  1 781.  Cet  écrivain  est  un  des 
poètes  allemands  les  plus  agréables 
et  les  plus  gracieux  des  temps  moder- 
nes; ses  poésies  badines  et  sentimen- 
tales se  distinguent  surtout  par  la 
délicatesse  des  images,  par  des  ex- 
pressions louchantes,  par  une  légèreté 
naturelle  et  par  une  versification  har- 
monieuse ;  ses  élégies  ,  ses  idylles  et 
ses  contes  ,  dans  lesquels  on  croit 
retrouver  l'esprit  des  poètes  de  la 
Grèce  et  même  la  mollesse  du  dialecte 
ionique,  ont  puissamment  encouragé 
Jes  auteurs  contemporains  à  s'occuper 
davantage ,  dans  leurs  écrits ,  de  l'har- 
monie de  la  langue  allemande.  Fré- 
déric II,  si  peu  disposé  à  estimer  les 
productions  de  la  muse  ccrmanique, 
ne  pouvait  s'empêih'-'r  d  accorder  la 

5 aime  à  Goetz.  Vlsle  des  Jeunes 
''illes  [  die  Maedcheninsel  )  pièce 
séduisante  par  les  grâces  de  l'imagi- 
nation et  qui  a  conservé  le  titre  de 
reine  des  élégies  allemandes,  obtint 
les  éloges  de  ce  souverain.  Un  homme 
jeté  par  la  tempête  dans  une  île  dé- 
serte la  peuple  de  jeunes  filles;  tel  est 
le  sujet  du  poème.  Cette  élégie,  et  près 
que  tous  les  petits  poèmes  du  même 
auteur,  ont  été  insérés  dans  des  re- 
cueils de  poésies  allemandes  publiés 
par  C.  -  H.  Sclmiid  et  par  liamler. 
Voici  la  liste  des  ouvrages  de  Goetz: 
I.  Les  poésies  d'Anacréon  et  les 
Odes  de  Sapho ,  traduites  du  f^rcCj 
avec  des  notes  ,  Francfort  ,  174^^  » 
in  -  B°.  ;  Carlsruhe  ,  1760,  in  -  8'. 


GOE 

Goelz  et  Uz  ont  travaille'  en  com- 
mun à  cette  traduction;  mais  les  notes 
qui  développent  les  beautés  de  ces 
poésies,  alors  peu  connues  même  en 
Allemagne,  appartiennent  exclusive- 
ment à  Goelz.QuL'lques  essais  poétiques 
ajoutés  à  la  première  édition  ont  été  re- 
tranchés dans  la  seconde, parce  que  l'au- 
teur sentit  combien  ces  productions 
de  SI  jeunesse  figuraient  mal  à  côté  des 
modèles  qu'il  avait  traduits.  II.  Pa- 
perle  y  Carlsruhe,  i  752,  in-8°.  C'est 
une  traduction  en  ver^  du  Ververt 
de  Gresset.  III.  Le  temple  de  GnidCy 
traduit  en  prose  dufraucais  de  Mon^ 
lesquieu, Câvï^nihe^  i748;ib. ,  175g, 
in-8  '.  Selon  les  dernières  volontés  de 
Goelz  toute  sn  succession  poétique  fut 
envoyée  par  son  fils  au  professeur  Ram- 
ier, pour  choisir  et  pour  corriger  les 
morceaux  dignes  d'être  publiés  ;  le 
recueil  en  fut  imprime  sous  ce  titre  : 
Poésies  diverses  de  Jean-Nicolas 
Goetz  y  publiées  par  C.  }V.  Ramier, 
Manheim,  1783,  3  vol.  in-8".  A  la 
tête  de  cet  ouvrage  se  trouvent  le  por- 
trait de  l'auteur,  et  sa  vie  écrite  par 
lui-même.  On  ne  peut  guère  juger 
ce  poète  par  ce  recueil,  pirce  que  son 
éditeur  avait  l'habitude  de  substituer 
fréquemment  ses  propres  idées  à 
celles  de  ses  amis  :  les  productions  de 
Goetz  recueillies  dansTAntlioIo^ie  d^s 
Allemands,  publiée  par  Schmi>l,sont 
plus  propres  à  faire  appreeier  son 
mérite.  Sa  vie  se  trouve  aussi  dans  le 
sci  ond  volume  du  Nécrologe  de  C.-H. 
Schruid.  U — u— D. 

GOKTZ.   roj.  Egun. 

GOKTZ  (  François  -  Ignace  ), 
médecin  inocul.iteur  ,  né  à  Guebers- 
weir  près  de  Colinar,  le  *2()  décem- 
bre 1728,  pralicjuait  son  art  avec  un 
grand  succès  lorsjpul  fut  .ippelé,  eu 
1780,  pour  inoeuler  I\î""".  l'.lisabetii 
de  France.  H  le  fui ,  en  1782,  cl  les 
deux  années  buivaulcs ,  en  Piémout , 


G  0  E  G  0  E  595 

pour  donner  les    idimucs   soins  aux  mémo,  où  les  ouvr,ip;cs  originnux  ont 
priiH'CN   cf  piijic -sx's  (ic  la  cour   de  cte  rcTtiies  donnis   l<i)g  temps.   Z. 
Tiiiiu;    et   ce  ne  fui  qu'.iprès   vin^l-  (iOK'I'ZK   (  George  IIlnui  ),  mi- 
d(U\  .MIS  de  l.i  prttiqiic  la  plus  heu-  nislrc  lulherien,  ne  a  L(ipzi;en  1GG8, 
rcuse(  1  ),  (pr*!  don  la  sur  sou  art,  en  Impicnti  les  eouis  des  universités  de 
I  -jc)  ) ,  un  Tr.'iUc  complet,  (p.i  uut  le  Witleniherf:;  et  de  Icna,  et,  .ly.nt  tcr- 
sce.ui  a  SI  réputation.  Le  docteur  Goctz  mine'  ses  études,  fut  env.iye  •.  lîiirg 
est  niort  à  Paris,  le  9.8  juin  18 13,  em-  près  de  Mjgdehourg  et  ensuite  à  Kem- 
porlanf  les  regrets  dos  pauvres  de  son  nilz,  où  il  exeie.a  le  saint  ministère  pcn- 
quartier ,  doui  il  e'i.iitl    père,  et  aux-  dant  plusieurs  années.  De  là  il  passa 
quels  il  prodiguait  généreusement  les  à  Dresde,  où  il  fut,  quelque  temps,  al- 
secours  de  son  art.  Il  était  décoré  de  taehc   à    l'église   de    Sainte- Sophie  ; 
l'ordre  de  Sninl-Miclicl,  et correspon-  nommé,  en  1697  ,  surintendant  ^^s 
dant  de  l'académie  des  sciences  de  Tu-  églises  d'Anneherg,  il  fut  appelé,  en 
rin.  Il  a  publié:  I.  Traité  complet  de  i7o5,à  Lubcck  ,  où  il   remj)lit  les 
la  petite  vérole  et  de  V  inoculation  j  mêmes   fonctions    jusqu'à  sa    mort, 
Paris ,  1790,  in-i'2  ,  avec  le  portrait  arrivée  le  25  mars    1729,  ou,  selon 
de  l'auteur.  Li  méthode  de  Goetz  est,  Jôcher,  le  aS  avr.l  in'28.  C'était  un 
au  fonds  ,  celle  de  Sutton  ,  ou  plutôt  homme  très  laborieux,  et  f^rand  ama- 
de  Vicusscux  ,  avec  quelques  perf'ec-  teur  d'anecdotes  littéraires,  dont  il  a 
tionnements.    H    insiste  parti:  uliète-  publié  plusieurs  recueils;  mais  il  s'at- 
mentsiirles  avantages  de  l'air  frai-^  et  tachait  phis  à  multiplier  les  ouvrages 
pur  ,  cl  des  purgatifs  pendant  l'inocu-  qu'à   leur  donner  toute  la  perfection 
lation.  Les  faits  nombreux  dont  cet  ou-  dont  ils  étaient  su^^ceptibles.  Struvius 
vrage  est  le  dépôt,  le  feront  toujours  lui  reproche  de  manquer  de  goût  et  de 
consulter  avec  fruit,  malgré  quelques  critique;  et  l'on  jugera  par  le  nombre 
opinions  de  théorie  qui  n'ont  pas  été  de  ses  productions  qu'il  était  difficile 
9.àQ^\éts.\\.  DeVinuti  ité etdes  dan-  qu'il  possédât  ces  deux  qualités.  iSi- 
^ers  de  la  vnccine  prouvé  par  les  ceron  a  cité,  dans  le  tome  xxiii  de 
faits,  Paris,  an  xi,  in-8'\  IH.  La  vac-  ses  Mémoiivs,  les  titres  de  cent  cin- 
cine  combattue  dans  le pny s  où  elle  a  quante-dcux  ouvrages  de  Goelze;  et 
pris  naissance,  ou  Traduci.  de  trois  encore  convient-il  qu'il  nelesapastous 
ouvrages  anglais  (de  Rowley ,  Mose-  connus.  Ce  sont ,  pour  la  plupart,  des 
ley,  etSquirrel),  avec  2  grav.  color.,  thèses,  des   programmes  et  d'autres 
Paris  ,  1H07,  in  8".  Ces  deux  figures  écrits  forlconrts,  mais  qui  traitent  pres- 
représentant  de  hideuses  difformités  quetousd'objets  singuliers.  On  se  bor- 
attribuées  à  la  vaccine,  la  police  en  fit  nera  ici  à  indiquer  les  principaux  :LZ?ff 
défendre  la  publi'^ation  ;  ce  qui  a  quel-  scriptoribus  hœreseologicis  disputa- 
que  temps  f.jit  rechercher ,  comme  eu-  tiones  duce,  Witiembf-rs;,   1697  '  ^"' 
riosiiés  bibliographiques  ,  les  exem-  /y".  II.  De  claris  Schmidiiso ratio  sy^ 
plairesoùeilesselrouventeneor'. D'ail-  nodalis, Leii^zi^,  ^699.  in  4°. H  parle 
leurs  la  plupart  des  faits  allégués  dans  dans  ce  discours  des  écrivains  qui  ont 
ce  livre  ont  été  déuentis  à  Londres  porté  le  nom  de  5cAmiW  en  allemand, 
— —  Smith  en  anglais,  Lefèvre  en  fran- 

(,^  Le  .iocleur    Vaume  .    son   .mi  ,  Vayant  un       p,^      çj  F ab er i' n  hÙll.   Hl.  De  tkeO' 

cine,    de    d<'rlarer   conihun    il   croyait  avoir   ino.        logîs  pSeUdO-mcdiciS  ^    ibid.,     l'^OO, 
«ulé  d'iD(li\idus  ,     M    Trcnle-qua(re   à    Irenle-cinq         •        /„      /-i»      ,  J'         •!  ''     i 

»  Œille,r<i)OQdil.il,jaB«enayoirperduunina.»       'li"4   •   ^  CSt   UnC    aiatriDe    COntlC  lôS 

38.. 


5g6  GOE 

ccclesiisllqucs  qui  exercent  la  méde- 
cine. IV.  De  imperatorihus  Romano- 
Germanicis  qui  fidem  Lutherano- 
evangelicam  morte  confirmdrunt , 
Dresde,  l'joi,  in-Zj.".  On  sera  bien 
surpris  de  trouver  parmi  les  disciples 
de   Luther,  Chailcmagne,    Maximi- 
iicn,  Lharles-Quiiit ,  etc.;  et  le  motif 
qui  a  détermine'  Goelze  à  les  y  placer 
tst  la  confiance  de  ces  princes  aux 
mérites  de  Jésus-Clirist.  V.  De  Lu- 
theranismo    D.  Bernarâi ,    Dresde 
et  Leipzig,  1701  ,  in- 4°.  de  G3  pag. 
C'est  encore  un  développement   du 
même  raisonnement  appliqué  à  St.- 
Bernard.  On   peut  voir  l'extrait    de 
cette  dissertation  dans  les  Mémnires 
de  Trévoux  (juin  i7o5,pig.  ioi5). 
VL  De  erudilis  hortorum  cultorihus 
difisertalio y   Lubcck,     1706,   in-4''. 
C'est  la  liste  des  savants  qui  ont  ha- 
bité la  campagne.  VU.  Meîetemata 
^nnœher^ensia   varii    argument.i  _, 
ib.,    1707,  in-8".;  1709^  3  vol.  in- 
i'2.  Ce  recueil  contient  vingt  disserta- 
tions qu'il  composa  pendant  son  sé- 
jour à  Anncbeig ,  et  qu'il  avait  déjà 
juil)liéossép.irém<  nt.Ony  retrouve  les 
]NMI,  III  (t  IV  ci  dessus,  (r.,  sur 
ce  reçu»  il,  les  Mémoires  de  Tréi^oux, 
de  juillet    1710,  pag.  r.îii.)  VIII. 
Elogia  prœcocium  enulitorum  aliu- 
rumqiie  viromm    doctorum,  ibid. , 
1708,    in-8  .  Ce    volume   foi  me   la 
dixième  décade  du  recu(il  dr  Witten, 
intitulé ,  Memoriœ  philosophorum  , 
etc. ,  et  I enferme  les  t.tbles  des  neuf 
précédentes.  IX.  Selecla    ex   hislo- 
rin  Utlerarid  f   ibid.  ,    1709  ,  in- 
4*'.  C'est    le  ri  rueil   do  cinq  biogra- 
])hi('S  spéciales  qui  avaient  déjà  paru 
•>e'parém<nt  :    i".    De  mercutorihus 
eruditis.  'i°.  De  ritslicis  erudilis  (  1  ). 

(0   Crtto   Jiitfrtatinn  ,  nui    avait  di'jii   paru  k 
liihr^rk.   i;"?  .  <»  4"-   '''•    '»  |>''K- ,  "t  «m  mipplc- 

Tin  ni  .1  crilr  <|iii!  J.  N.  fl.iuiiHiill  ,  »lc  Mfliit'vrr, 
iwail  |iiiIilicR  »  li'ii.i  II  iiil'iiic  4IIU«c  ^  iVoi^M  Lu. 
Garni, ,  juMi  1707  ,  njg.  aoi  ). 


GOE 

5".  De  svtoribw;  erudilis.   4"'    -^^ 
sartorihu>  erudilis.  5^.  De  viris  eru- 
dilis ab  opijiciis  ad  litterarum  stu- 
dia  revocatis.    La    troisième   a   été 
traduite  en  allemand,  lena  ,  I7'i9, 
in  -  8  '.   X.    De  erudilis   qui  ,    vel 
aquis  petierunl,  vel  di^inilàs  libe- 
rati  fuerunl ^    ibid.,    171^,   in-4''. 
Xl.  De  cœcis  erudilis,  ibid.  1715, 
in- 4°.  XII.    Princeps  s^rœcè  doclus 
sive  de  principibus  viris  et  fœminis 
grcFcè   doctis  ,   Ltipzig,    1704,  in- 
4'.  Dans  cette  disserta'ion,  dont  on 
peutvoirl'cxtraitd ans  les  Novci  Utler. 
Germ.  mars  1704,    l'auteur    passe 
en  revue  non  seulement  les  princes , 
etc.,    qui  ont   cultivé    la    littérature 
grecque,  mais  encore  ceux  qui  en  ont 
favorisé  ou  encouragé  l'élude.  11   y 
sigii.ile  surtout  l'empereur  Oihon  II, 
qui  btmficio  a;rœcœ  li'iguœ  ex  hos- 
tium  inanibus liberalusfint;  et  parini 
les  s  ivantes    hellénistes  ,    il  compte 
une   dame  de  Fontevraut,  sœur  de 
M""",  de  Monlespan.  XI 11.  Elog,i(i 
Germanorum   quorumdam  theolo- 
gorum  sœculi  xvi  H  XFii ,  Lubeek, 
1708-1709,  3  vol.  in  8  .  XIV.  J5t- 
bliothec.a  anli-poulificia  presby  terii 
LubecensiSy  ibid.,  1717,  in-4**'  XV. 
Bibli  th.  anli-pontificice  cîaror.  Lu- 
beccnshim  spccimni ,  ibid.,    1 7  ï 7  ♦ 
in-4  .  XVI.  Bihlioth.  anli  calviniana 
presb)  (erii  Lubecrnsis,  ibil.   17*20, 
'n\^f^".  XV  il.  lUbl  olh.  anlifanaiica 
lAibecensi^^    ibid    ,    i7:i>,    in -4°. 
X\  III.  Onilio  scholuslica  de  hvm- 
nis    et    hymnopœcis    Lubccensibus 
co'.tinuo  auctorum  sjllabn,   ibid., 
i7'.>.  I  ,  in  b'\    XlX.  /)e  odio  ponti" 
fuiarum  in  hjmnos  ccclesiiv  luthc- 
rurue,  Liipzig,  l'yo^.    Il  s'y  plaint 
que    les  calholijpies  il' Allemagne  ont 
corrompu  K*  texte  des  hymnes  dr  Lu- 
ther; mais  le  savant  Reiniinann  ,  dans 
son   Ca^alof^us  bibliothccv   thcolo^ 
giae,  pag.    83(3,  fait  voir  cpie  ces 


altc'rnlioTîS  nVxi^fdit  que  d.ins  quel- 
ques édifions  XX.  De  hibliuthccd 
scholœ  Anuœbi'r'j^ensis ^  inoivcau  iii- 
siMc  (l.ius  l(S  IVoi'a  littcrarid  Ger- 
vinniœ  ^  de  dcreinbic  1708,  pag. 
i\l\'6-!\iSi).  L'auteur  v  juibiic  dix  Icl- 
tics  oiij;ina!es  ou  autres  morceaux 
inédits,  tires  des  manuscrits,  ])eu  nom- 
breux, (le  cette  bibliotlièque  dont  il 
f.iit  l'histoire  1 1  la  description  abiegec, 
en  exprimant  le  rep;ret  que  le  défaut 
de  fonds  ne  jurnutte  pas  de  la  rendre 
plus  complète  ,  quoique  depuis  i65G 
Tusage  se  fiit  introduit  à  Anntbcrg, 
de  fiirc  une  quête  pour  cet  cbjct 
dans  les  repas  de  noces  les  plus  bril- 
lants, lorsqu'on  voyait  les  convives  en 
g.iîlé  (i). —  GoETZE  (Godefr.-Cliris- 
toplie),  frère  du  précèdent,  conseiller 
et  juge  de  la  ville  de  Leipzig,  où  il  mou- 
rut en  1724,  a  publie'un  Pro^rnmme 
on  latin  sur  l'oridne  et  les  accroisse- 
ments  de  la  bibliothèque  du  sënal  de 
cette  ville,  dont  il  était  conservateur, 
Leipzig,  i7ii,in-4°.        W — s. 

GOETZE  (  Jean -Christian  )  , 
tbe'ologicn  et  bibliographe  allemand  , 
né  en  1692  à  Hoburg  près  de  Wurt- 
zen,  011  son  père  était  ministre  protes- 
tant, était  maître  en  philosophie  à  l'u- 
i)iver.-ité  de  Leipzig,  lorsqu'il^fut  con- 
verti à  la  foi  catholique:  il  alla  continuer 
ses  éludes  à  Vienne  et  à  Rome,  oii  il 
fut  reçu  docteur  en  théologie  au  col- 
lège de  la  Sapience,  ordonné  prêtre, 
fait  chanoine  de  Breslau,  et  en  1717, 
premier  chapelain  du  roi  de  Pologne 
électeur  de  Saxe,  qui  le  nomma,  en 
1724,  conservateur  de  la  bibliothè- 
que royale  de  Dresde.  Outre  plusieurs 
ouvrages  théologiques  qu'il  a  compo- 
sés eu  allemand  ou  traduits  de  l'italien, 

\^i>  Sc<l  lie  AnnKbfrf;enaiI)H5  meis  sci.is  vrlim  in 
nupliis  solennioribiis  ii  coït  ivi»  .  cura  .iiiimo  paulô 
liberior».-  5o!paut  pssp  pra'dili  ,  niimmos  quo&dam 
«Togarl  fosque  .isservnri,  qiio  libri  ....  in  scholoe 
civiiimqiie  usum  pHr.-)ri  qin-.-int  .  qtipin  collit^endi 
modum  anno  i6»0  primuin  inlrodurtura  fui»?*  de- 
yicbeadi. 


(\  0  E  5(^7 

il  n  publié  en  alleinand  :  Mcmorabi- 
lia  hibliotltcca.'  re^iœ  Dresdcnsis  , 
1743  et  anuéis  suivantes,  dix-huit 
cahiers  qui  sf  relient  en  5  volumes 
iu-4'.  Cl  i  ouvrage  est  rédigé  avec 
beaucoup  de  .soin  et  d'ex-ictitude.  liU 
préface  contient  l'histoire  de  cette  cé- 
lèbre bibliothèque,  fondée  en  1588 
par  l'élecleur  Auguste  de  Saxe.  Goefz 
mourut  le  5  juin  1  749?  avant  d'avoir 
terminé  son  ouvrage  ,  que  Struvius 
desirait  vivement  de  voir  continuer. 
Il  avait  f-it  quatre  voyages  en  Italie, 
et  en  avait  rapporté  un  grand  nombre 
de  manuscrits  précieux  dont  il  enri- 
chit la  bibliothèque  confiée  à  ses  soins. 

W— s. 
GOETZE    (Jean -Auguste- 
Ephraïm  )  ,  célèbre  naturaliste  alle- 
mand, naquit  le  28  mai  17")!,  à  As- 
chersleben,  011  son  père  était  premier 
pasteur.   Goetze  étudia  la   théologie 
à  l'université  de  Halle  j  et  malgré  sa 
prédilection  pour  l'histoire  naturelle 
et  la  physique,  il  s'appliqua  avec  zèle 
aux  sciences  théologiques.  Après  avoir 
achevé  son  cours  académique,  il  refusa 
plusieurs  places  d'instituteur  qui  lui 
furent  offertes,  et  resta,  par  attache- 
ment filial,  auprès  de  son  père  malade, 
qu'il  remplaça  souvent,  avec  succès, 
dans  le  ministère  de  la  chaire.  Il  avait 
à  peine  vingt-quatre  ans,  quand  il  fut 
appelé  aux  fonctions  de  ministre  pro- 
testant à  Quediinbourg.  Peu  de  temps 
après  avoir  accepté  cette  place  ,  il  eut 
le  chagrin 'de  perdre  son  beau-frère 
et   son  collègue  qu'il  aimait  tendre- 
ment :  cette  peitc  fit  prendre  à  Goetze 
la  résolution   de   ne  pas  se  marier 
avant  que  ses  neveux  fussent  élevés  et 
placés;  en  effd,  il  ne  se  maria  qu'à 
l'âge  de  quarante  ans.  Jusqu'à  cette 
époque  la  théologie  l'avait  occupé  ex- 
clusivement ;  il  était  surtout  profondé- 
ment versé  dans  l'histoire  de  la  réfor- 
mation •  mais  les  disputes  qui  s'élc- 


598  G  0  E 

■vèrent  alors  entre  les  tlie'ologiens 
protestants  sur  la  critique  et  l'inter- 
prétation de  quelques  vcrseîs  du  nou- 
veau Testament,  relatifs  au  dogme  de 
la  Trinité,  et  que  Goetze  ne  regardait 
pis  comme  authentiques,  mais  que  son 
frère,  pasteur  à  Hambourg,  défendait 
avec  chaleur,  contribuèreiit  par  le  rc- 
froid'ssemcnt  qu'elles  firent  naître  en- 
tre les  deux  frères,  à  diriger  l'activité 
de  son  esprit  vers  des  études  moins 
épineuses  ;  et  l'acquisition  d'un  ex- 
cellent microscope  d'Hofmann  de 
Leipzig ,  détermina  son  goût  pour 
l'histoire  nriturel'e.  Il  fit ,  avec  cet  ins- 
trument, des  ob'^crvalions  très  impor- 
tantes sur  les  polypes  d'eau  douce. 
Avec  le  secours  d'une  mémoire  ex- 
cellente ,  un  cspiit  judicieux  ,  et  beau- 
coup de  pénétraîion  ,  Goetze  apprit  et 
sut  s'approprier  en  très  peu  de  temps 
les  arides  nomenclatures  de  la  science. 
Ses  Mémoires  entomologiqucs,  en  4 
vol. ,  prouvant  jusqu'à  quel  point  il 
posséd.iit  tout  le  système  de  Linné. 
Il  devint  bientôt  un  des  premiers  cn- 
tomologist  s  de  son  temps.  Son  Essai 
sur  Vhi^toire  naturelle  des  vers  en- 
gendrés dans  le  corps  humain  aurait 
seul  suffi  |)our  !ui  assignt  1  une  place 
honorable  parmi  le^  natur;ilistes  qui 
ont  agrandi  le  domaine  des  connais- 
sances pliv.siqucs.  Goetze  possédait 
une  riche  collection  de  vers  conserves 
dans  fie  l'espiil-de-vin.  L'empereur 
Jo.^ephll  la  lui  aclu  la  pour  nulle  écus, 
et  l'envoyi  à  l'univ»  isité  de  Pavie.  Ce 
prince  avait  fait  une  bonne  ac(jui>ition; 
car  quelques  jours  après  la  conclusion 
du  iiiardiéle  celibre  anatOlni^l(•  Hun- 
tercffril  i  800  ecu.s  de  (  ettc  collection. 
Gu(  tzc  a  aussi  public  un  grand  tutin- 
bre  d'tuvrag<s  destinés  à  détniiicles 
erreurs  poj)ul  ire.s,  et  à  donnei  aux 
en  finis  des  idée-,  justes  et  le  goiit  de 
réliide  des  sciences  naturelles;  ils  ont 
<u  un  grand   succès  en  Allemagne. 


GOE 

Depuis  1756  jusqu'en  1787,  Goetze 
exerça  le  ministère  de  la  chaire  avec 
un  zèle  infitigable.  Lorsqu'on  1786, 
la  sœur  de  Frédéric-leGrand,  Anne- 
Atnélie,  abbesse  de  Quedlinbourg,  vi- 
sita le  cabinet  d'histoire  natureîledece 
célèbre  entomologiste,  celte  princesse 
le  pressa  de  lui  designer  un  emploi 
qu'il  désirât  d'obtenir;  il  se  contenta 
de  solliciter  une  place  moins  fatigante 
que  la  sienne  ,  et  il  fut  alors  nommé 
premier  diacre  de  la  cour.  Goeize, 
dans  ce  nouvel  emploi,  vécut  encore 
quelques  années  en  cultivant  sa  science 
favorite  ;  mais  une  application  trop 
constante  avait  affaibli  sa  constitution 
physique.  11  mourut  le  27  juin  1795. 
Voici  la  liste  de  ses  principaux  ou- 
vrages :  L  Mémoires  entomolo^iques 
pour  servir  de  supplément  à  la  1 2'. 
édition  du  système  de  Linné,  Leip- 
zig ,  1777-1781,  4  vol.  iu-8'\  II. 
La  vie  du  célèbre  naturaliste  Mar- 
tini,  Bel  lin,  1779,  m-l\^.\\\.  Essai 
d'une  histoire  naturelle  des  ver^  qui 
se  trouvent  dans  les  intestins  des 
animaux  ,  Dessau  et  Blankcnbourg, 
1782,  in-4  . ,  avec  44  p'^inobes. 
Goeize  a  fait,  à  cet  ouvrage,  un  pre- 
mier supplément,  que  J.-G.-H.  Zeder 
a  publié  av«c  des  notes  ,  Leipzig , 
1800,  in-4  .,  ^^^^  ^  planch^'S.  IV. 
F  assit -temps  et  enseif^nement  des 
enfatits  de  l'a^e  de  trois  an^  jusquà 
dix ,  en  pttitrs  liistoires,  dialogues , 
et  lettres ,  1785-1785,  5  vol.  in-8'.; 
ibid. ,  I  7^,8- 1  79() ,  in-8' .  V.  Disser- 
tation p,ur  pnui'er  (jue  la  lad  erie 
des  porcs  n'est  pas  une  maladie  des 
friandes;  mais  (pie  ces  houlons  sont 
de  vériltbU's  hydatules  ,  Halle, 
178/1,  in-H".  VI.  Les  environs  du 
J/ftrz  ,  vo)  ai:;e  de  trois  j(>nrs ,  pour 
l'instruction  et  ianuiy  nnent  de  la 
jeunessCy  Leipzig,  1  78");  x"' .y^ .eti\^. 
v>\ra^e,\h\i\.^  \  78();  5'".î'0)7/^'/',il  id, 
i787;G'".î'(i7  rr^c,ibid.,  1788)111-8'. 


VII.  Mehtnçrrs  instructifs ,  tirt^'s  de  nature ,  la  vie  des  hommes  et  la 

la  nature  <  t  de  lu  vie.  commune  pour  providence  ;  puLliè  après  la  mnrt  dc 

toutes  sortes  île  lecteurs,  ibid.,  i  ^tSf),  r  aideur  par  J  -A.  l)oniidorj\  il)iri., 

1788,  G  vol.  in-8'.;  il^-,  17^^^»  5  vol.  1794  ,  iii-8".  XV.  Dictionnaire  des 

in  8"^.  V 1 1 1 .  Sur  la  prétendue  corne  de  honi'nymes  de  la  langue  allemande. 

Licorne  ln>uv'ec  près  de    Qucdlin-  pour  scivir  a  apprendre  l'ortko^ra- 

Z/OMrg.  Qiicdliiiboiiig,  1  787,111-8' .IX.  /;/i<?,ibicl.,  i  7()4> '"-8".Cc  iaboiiciix 

La  miture ,  la  vie  de  lliomme  et  la  et  zclë  inslitutiiir  de  la   naîion   .illc- 

pî'ovidence^lectuî  e  pour  toutes  stries  mande  a  encore  enrichi  la  litlcriîure 

de  persornes  y    ibid. ,   >  ]^o-\'^()'î,  de  l'hisfoire  intiirelle,  d'une  inultilude 

6  vol.  in-8  .  O  r(Ciicil  est  une  conli-  de  Iradnctions  d'ouvi.i^es,  de  Honncf, 

luiatittn   d.  s   Mélanines    instructifs  ,  de  Geer,  de  Trenibley ,  de  Ferrnin  (t 

etc.  X.  Cornélius  y  lectwe  pour  le  de  Crevecœnr.  Les  années    1770,  à 

peuple  qui  veut  craindre   Dieu   et  1775  des  A^ariVfe'.ç  publiées  à  Ijcriin, 

faire  ce  qui  e A  ju  te  y  ibid.,  17H9,  Y  Observateur  de  la  nature ^  et  d'.iu- 

179*2,  5  vol.  in-8  .  J/auteur  attaque,  très  ouvrages  périodiques  rinfcrment 

dans  cet  ouviap,e ,  la  masse  des  su-  de  hii,  plusieurs  dissertations.  11  est 

pcrstitions  et  des  préjugés  qui  s'op-  auss\  Yédïlt^uv  de  Y /liUoire  des  arai- 

posent  à  la  pratique  de  la  véritable  gnées  par  Lister,  traduite  en  aile- 

rclijiion.  Gocize  a  bien  mérite  de  son  mand  par  Martini,  Q  ledlinbourg , 

siècle  sous  plusieurs  rap^iorls  ;  mais  '77^?  in-8°. ;  ibid.,    179^.  La  vie 

son  Cornélius  passe  pour  le  meilleur  de  ce  savant  à  été  publiée  par  M.-M.- 

de  ses  ouvrages  eu  ce  gcure.  XI.  DeS'  A.  Cramer,  Leipzig,   1 795,  iu-8".  ; 

cription  d'une  lampe  cVétude  écono-  et  son  portrait  se  trouve  à  la  tétcdu 

inique,    ibid.,    1791,    in-8".  XII.  1 0:2*".  volume  de  la  Bibliothèque  alle» 

Faune  européenne ,  ou  histoire  na-  mande  universelle.         B — h — d. 
turelle  des  animaux  d'Europe  mise         GOETZE  (Jean-Melchior),  frè- 

en  récits  et  narrations  amusantes,  re  du  précédent,  savant  bibliographe, 

pour  tentes  sortes  de  lecteurs^   et  et  fameux  théologien  controversiste 

principalement  pour    la  jeunesse  ,  protestant,  naquit  à  Ilalbcrstadt  le  16 

ibid.,  1791-1805,  9  ,ol.  in-8'\  Cet  octobre  1717;  il  étudia  la  théologie, 

ouvrage  mol  à  la  portée  de  toutes  les  d'abord  à  léna,  et  ensuite  à  Halle,  sous 

classes  de  la  société  une  multitude  de  ^Si^rismond  Baumgarten,  le  plus  docte 

connaissances   en  histoire  naturelle,  théologien  protestant  de  cette  époque, 

qui  avant  Goetze  n'avaient  pas  encore  Après   avoir  exercé  à  Aschersieben, 

été  enseignées  d'une  manière  aus^i  gé-  pendant  neuf  ans  ,  les  fonctions  d'ad- 

néralcmcnl  intelligible.  XIII,  Cata-  joint  au  ministère  de  la  chaire,  il  ob- 

logue  du  cabinet  d'histoire  naturelle  tint  un  meilleur  emploi  dans  une  des 

de    Goetze,  surtout  des  objets  du  églises  de  Magdebourg.  Il  fut  nomme, 

règne  animal ,  pour  la  plupart  con-  en  1 7  55 ,  par  le  sénat  et  par  le  consis- 

seruéj  dans  Vesprit  de-vin,  avec  des  loire  de  Hambourg,  premier  pasteur 

notes,  et  Vindication  du  système  et  à  l'église  de  Ste. -Catherine.  Il  mourut 

des  meiVeurs  dessins  qui  les  repré-  dans  cette  dernière  ville,  le  19  mai 

sentent,   ibid.,    «792,   in-8'.  XIV.  17H6,  après  avoir,  pendant  45  ans, 

Instructions  sur  des  objets  de  la  na-  défendu  en  chaire  et  par  ses  écrits ,  les 

ture  et  de  la  vie  commune,  servant  dogmes  luthériens  ,  avec  un  zèle  qui  le 

de  supplément  au  livre  intitulé:  La  faisait  appeler  le  )t7«/;e  de  Hambourg, 


6o©  G  0  E 

Son  luimrur  agressive,  toujours  prêle  à 
combattre  tout  auteur  qui  s'éc  rirât  le 
inoinsdumoiidedcladortiiuedeis  livres 
syruboliques,  et  rérudition  protonde 
que  déployait  Goetze  dans  la  dispute, 
lui  susf  itcrcut  de  nombreux  enuf  nus. 
Ce  cliampion  infatigable  a  publié  plus 
de  soixante  ouvrages  tliéolcgiques  plus 
ou  moins  voluuuneux,  plus  ou  moins 
véhéments ,  mais  pleins  d'érudition.  11 
cuvrir  celte  carrière  jioléiriique  par 
la  défense  de  la  réalité  de  la  résur- 
rection de  la  fille  de  Jaïre,  et  de 
rapparition  divine  de  l'asfrc  qui  servit 
lie  ^uidc  aux  Mages.  Mais  ses  guerres 
liiléraires  contre  R  mier,  Basedow , 
Alberti,  Bii^cliing,  Goethe,  Ephraïra 
ï.es>iiig  ,  Wiiickler  et  contre  sou  pro- 
pre frère  le  naturaliste  ,  prouvent  quel 
mauvais  emploi  Goetze  fit  de  son 
profond  savoir  :  plusieurs  de  ces  dis- 
cussions haineuses  ne  se  terminèrent 
que  par  la  mort  de  ses  antagonis- 
tes. Il  fit  un  livre  contre  le  fam»  nx 
Basedow,  au  sujet  des  prières  des 
muets,  et  lâcha  contre  lui  trois  ou 
quatre  brochures  dans  lesquelles  il 
Faccusait  desocinianisme  et  de  natura- 
lisme. Il  tonna  contre  le  théâtre,  qui, 
.sous  ses  yeux,  se  perfe(tioun;ut  à  Ham- 
bourg trèsr.ipidemenf.  Il  publia,  cou- 
Irc  Goethe,  un  écrii  à  l'occasion  des 
Passions  du  jeune  IVerther;  il  atta- 
qua Semler,  |)rofesseurtrès  érudit,au 
sujet  d'une  traduction  de  la  Bible-  il 
accusa  le  savant  Lessing ,  qui  d'ailleurs 
estimait  beaucoup  rérudition  dcGoelze, 
d'être  un  littérateur  dangereux  |i0ur 
la  religion  chrétienne  ;  et  il  maltrai- 
ta si  fort,  dans  ses  écrits,  Albeiii  et 
Winckler  ses  collègues  ,  que  cette 
querelle  les  conduisit  tous  deux  au 
tombeau.  Pour  connaître  les  nombreux 
ouvrages  de  ce  savant  et  lougueux 
théologien,  nous  nnvoyons  au  Dic- 
tionnaire des  ailleurs  allemands  de 
Meustl,  iv\  volume ,  pag.  '203-:274, 


GOE 

Leipzig,  t8o4,  in  8  .  En  parcourant 
cette  liste  d;in^l'ordiede>d  i'e>,on  voit, 
parles  attaques  du  zélé  Goetze,  quels 
progrès  la  phiiosopliie  et  la  liberté  de 
pen»;er  ont  faits  eu  Ailemagne depuis  la 
paixde  Huber?sbouig.  qui  termina  la 
guerre  de  sept  ans.  Nous  n'indique- 
rons ici  que  ses  principaux  écrits,  et 
surtout  ceux  qui  son!  bibliographi- 
ques :  I.  Exercitntio  hist.-theologica 
de  patruni  primiUvœ  Ecclesiœ  feli- 
ciori  successu  tant  in  projligandd 
gtntiujïi  superstition:' ^  quàm  in  con- 
Jirinandd  docVina  chrisiiand,  Ha'ie, 
i'jùS,  iu-4".  H.  RéfUxions  salutai- 
res sur  la  mort  et  sur  l'éternité  , 
Breslau  et  l^tijzig,  i'^55,2  vol.  in- 
8  .;  ibid.,  i-;;  .6,ibid. ,  1765.  L'ou- 
vrage fut  traduit  en  hollandais  par  J.- 
J.  Rhenanus,  sous  la  direction  de  L.-G. 
Corde^.,  Ziilphcn  .  i'^^^,  iu-/|0.  lli. 
Preuve  de  la  vérité  que  Jésus  a  res- 
suscité la  Jille  de  Jair-^  d'une  mort 
réelle  et  non  pas  d'une  àéjaillance , 
Maedc bourg,  176  >,  in-8''.IV.7^r^M- 
i^e  de  lu  divinité  du  phénomène  qui , 
lors  de  la  naissance  de  Jésus ,  a  ap- 
paru aux  ly/agcs  de  (''Orient ,  ibid., 
I  '64  ,  in  8".  V.  JJefense de  la  poij- 
glotte  d' Alcnla  y  surtout  du  jwuvean 
Testament ,  contre  les  doutes  sur 
son  authenticité ,  élevés  par  TVet' 
stein  et  Semler  ;  dans  lequel  on  donne 
la  description  d'une  édition  exlré- 
memenl  rare  de  la  Traduction  du 
nouveau  Testament  y  par  Luther,  pu- 
bliée en  bas -saxon,  à  Hambourg, 
i5'jt5,in-S" ,  Iliiuboiirg,  i7()j,iu- 
8".  VI.  Avis  nécessaire  <>ur  V écrit  de 
M.  lUisching ,  intitulé  :  O'oservations 
générales  sur  les  ouvrages  s)  mboli- 
ques  de  l'église  luthérienne  ^  ibid., 
1770,  in  8".  ;  traduit  en  hollandais 
par  A. -F.  Van  Khnke,  Amsterd.im, 
1774,  in-8'.  Un  Supplément  à  cet 
écrit  a  été  publié  pir  Goetz'',  flam- 
bouig,  1771  ,  in-8".  VII.  Avis  siK' 


GOE 

cinct,  mais  nécessaire,  sur  îcs  Pas- 
:,i()NS  du  jeune  frrrlher,  \h\(\. ,  i  77  >, 
iii-S  .   VIII.    lissai    d'une    hisU)ira 
di's  luhles  imprimées  dans  la  Basse- 
Saxe  y  depuis  i(i'2i  jusfjueu   1740, 
il,il!c  ,  177"),  in-4"«  IX.  Catafalque  de 
la  collection  formée  pdt  Goetze  des 
Jlibles  rares  e/i  différentes  langues 
avec  des  observations  critiques  et  lit- 
téraires, iltid.,  '777>  iri-4 '.  X.  Com- 
paraison t  xacte  et  très  soignée  entre 
les  édiiions  oris^inales  de  la  Traduc- 
tion de  la  Bible  par  Mari,  Lu  (lier, 
de  i^i'j  à   I  5/p,  etc.,  Hirnboiirp;  et 
r>('i|)/j'^,  1777-1779,  '^  p.ntifs  in-4  .; 
Diss.iu  ,  I  78->..  Xi.  Découvertes  ré- 
centes et  importantes  coicernuutla 
critique vtl histoire  des  Traductions 
delà  bible  par  JAither ,  HaMlioin^, 
1777,  in-4  .  ^^I'  Nouvell' s  décou- 
vertes sur  le  nifnie  objet ,  ibiii. ,  1  78*?, 
in-4  •  ^'^'  '''1><>1'''  '>^  l)i!)ln)j;r;4plie  ri  clé 
an">si  réiilcur  de  ï  Histoire  de  la  tra- 
duction allemande  de  la  Bible  par 
Luther ,  depuis  »  5  1  7  jusqu'à  i  ^54? 
parJ.-G.  Païin  ,\i,i\\c^  1772,  in-4". 
ÏjÇs  ouvrages  i«eri(;dif]ues  p  biics  de 
son  terrjps  en  Ailcin.i^no,  cunlienncnt 
un  gland  nombre  de  dissertations  et 
d'arlicies  lilférairts  qui  attestent  l'éru- 
dition  de  Goetze.  Les   Atnusemenls 
numismatique  s  de  Koler  rcnfei  ment 
de  lui  un  Mémoiri^  sur  le  fameux  écu 
de    Mansf  Id ,  auquel  la  supersti- 
tion attribua  t  toutes  sortes  de  prjdi- 
ges.     Dans    les    annonces   littérai- 
res de  ffambourgy  on  trouve  de  lui 
un  Mémoire  fort  cm  if*u\  sur  V histoi- 
re de  V imprimerie   à  Hambourg; , 
avant  Van   \~)2~)-,  et  ,  dans  I"  Mer- 
cure littéraire  d*  Altona ,  une  Lettre 
sur  les  marques  pnnciu  aies  qui  dis- 
tinguenl,  d'une   manière    positive, 
les  deux  premières  éditions  de  la  Tr  l- 
duction  du  nouveau   Testament  par 
Luther.  Une  Notice  sur  la  \Me  de  cet 
infatigable  ccrivaia   polémicjue  a  clé 


GOG  Ooi 

pnl)liéc  à  Hambourg,    178G,  in  -  8". 

|3_u_u. 

GOF//.    rof,  GoES. 

(jOFF  (Thomas),  auteur  anglais, 
né  diiis  le  comté  d'Essex  en  i5  ;2, 
obtint  en  iG>.3,  la  cure  d'Kast-Glan- 
don  ,  dans  le  comté  de  S«»rrcy  ,  et 
mourut  le  27  juillet  1627,  âgé  seu- 
lement de  trente-cinq  ans.  Ijc  carac- 
tère et  la  langue  insupportable  de  sa 
femme,  espèce  de  Xantippe,  au  rap- 
port de  i/ingbaine,  ne  contribuèrent 
pas  peu  à  abréger  ses  jours.  Il  n*est 
pas  donné  à  tous  les  hommes  d'être 
pliiK)S0|)h(  s  à  la  manière  de  Socrate- 
Ou  a  de  lui  divers  ouvrages ,  entre 
autres  des  Sernionsetciiiq  Tragédies, 
qui  furent  publiés  quelques  années 
après  sa  mort.  X — s. 

GOFi;iDY.  To/.  Gaufridy. 

G  0  G  U  E  T  (  Antoine  -  Yves  ) , 
conb(  iller  au  parlement,  naquit  à  Pa- 
ns'e  18  janvier  1716.  La  plus  tendre 
amitié  l'unit  dès  son  en fanc(  avec  Fu- 
gèro  (/'''oj'.  FuGÈRE,  tom.  XVI  ,  pag. 
i  53  )  ;  et  il  n'exista  peut-être;  jamais 
une  telle  conformité  de  goûts,  d'hu- 
meur, de  caractère,  entre  deux  amis. 
Ils  firent  en-emble  leur  plnlusophie 
au  collège  d'Hircourt;  et  après  avoir 
terminé  leurs  études,  l'un  et  l'autre 
sentirent  la  nécessité  de  les  recom- 
mencer. Ils  se  livrèrent  à  un  projet 
ajissi  louable,  avec  une  ardeur  qui 
fut  cottronnée  du  même  succès.  Fu- 
gèie  avait  l'esprit  plus  \if  et  plus  pé- 
nétrant ;  Gogiiet  était  capable  d'une 
application  plus  forte  et  plus  soutenue. 
Le  premier  travaillait  ])rrsque  sans 
antre  but  que  celui  de  s'instruire;  le 
S(^cond  avait  un  plan  auquel  il  rap- 
portait tout.  Lorsque  Goguet  eut  en- 
trepris son  grand  ouvrage  de  l'Ori- 
g'ue  des  lois, e\c.^  Fugi'rcl'ai  la  doses 
eon^eils  el  de  sei  critiques,  et  lui  four- 
nit un  grand  nombre  de  matériaux. 
Le  buccès  de  cet  ouvrage  fut  l>iillanl 


Oui 


GOG 


et  mérité;  et  Fuç^cro,  qui  n'avait  pas 
\-oulu  que  son  nom  p^iût  dans  la  pré- 
face, fut  relui  des  deux  amis  que  ce 
succès  flatta    davantage.    Une  santé 
robuste   semblait  promettre  à  Go- 
Çuc't  de  longs  jours;  et  il  se  livrait  à 
de  nouveaux  travaux,    lors'pi'il   fut 
atteint  de  la  petite  vérole,   maladie 
qu'il   avait  toujours   redoutée ,   sans 
pouvoir  se  décider  à  recourir  à  l'uo- 
culation.  Il  pressentit  qu'il  ne  lui  res- 
tait que  quelques  jours  à  vivre  ,  de- 
manda les  secours  spirituels,  et  mou- 
rut le  2  mai  1 758,  à  l'âge  de  4^  ans 
et  trois  mois.  Il  léguait,  |)ar  son  testa- 
ment,   sa   bibliothèque    à   son  ami; 
mais  Fugère,  affaibli  par  le  chagrin  , 
tomba  malade,  <'t  ne  lui  survécut  que 
de  trois  jours.  L'ouvrage  de  Goguet 
est  intitulé  :  De  l'origine  des  lois , 
des  arts  et  des  sciences,  et  de  leurs 
progrès  chez   les  anciens  peuples^ 
Paris,  1768,  5  voI.in-4".,figvibid., 
1759,  6  vol.  in-1'2;  1778,  6  vol. 
in- 12;  1809,  5  vol.  in-S". ,   et  la 
Haye,   1758,  3  vol.  in-12;  traduit 
en  anglais  sous  ce  titre  :  Origin  of 
lawSf  arts,  and  sciences,  iranslaied 
from  thefrench  ofthe  président  de 
Goguet,    1775,  3   vol.  in-8".  J-.a 
première    édilion  est    la  meilleure  : 
celle  de  1809  est  accompagnée  d'une 
tableal}*liabeti(jue;  mais  elle  est  peu  re- 
cherchée ,  parce  que  les  ])lanches  ne 
sont  que  de  mauvaises  épreuves,  les 
cuivres  étant  lout-à-fait  usés.  L'mteur 
parcourt  les  temjts  qui  se  sont  écoulés 
depuis  le  commencement  des  sociétés 
jusqu'au  rè^ne  dcCyrus.  Sun  ouvr.ige 
est  divisé  en  tiois  parties,  et  chaque 
p;irlie  en  six  livres  qui  traitent  sépa- 
icment  du  gouvernement,  des  arts  et 
métiers,  des  sciences,  du  commerce 
et  de  la  navigation,  de  l'art  militaire, 
et  enfin  ,  des  mœurs  et  des  usages. 
1/élat  de  chacun  de  ces  objets  à  dil- 
féiintcs  époques ,  ckt  présenté  d'ua« 


GOH 

manière  complète;  des  faits  discutés 
avec  autant  d'érudition  que  de  bonne 
foi  servent  toujours  de  bases  aux  rai- 
sonna menis.  Le  vtvleestagié.>ble,  sans 
être  exempt  de  mauvais  goût.  A  la 
fin  de  chaque  volume  se  trouvent  pré- 
sentés, dans  de  savantes  dissertations, 
les  points  dont  l'examen  détaillé  n'eût 
pu  entrer  aisémenl  dans  le  corps  de 
l'ouvrage;  et  le  dernier  volume  est 
terminé  par  des  Extraits  des  histo- 
riens  chinois  (Voy.DzSHAUTERAYES, 

XI,  ï8i  ).  Goguet  se  proposait  d'é- 
crire V Histoire  des  progrès  des  lois, 
des  arts  et  des  sciences  en  France , 
depuis  l'établissement  de  la  monar- 
chie ;  et  l'on  doit  regretter  qu'il  n'ait 
pas  pu  terminer  cet  ouvrage  précieux 
pour  nous,  et  qu'il  était  en  état  de 
rendre  très  intéressant.  VEloge  de 
Goguet  a  été  imprimé  «dans  V Année 
littéraire,  17^8,  tom.  ly,  et  dans  le 
Journal  des  savants ,  supplément  au 
mois  de  juillet,  même  année.  W — s. 

GOH  fi.  f^oy.  GoLius. 

GOHOURY  (  Jacques  ),  traduc- 
teur, poète,  historien  et  alchimiste, 
né  a  Paris  dans  le  xn*^.  siècle,  était 
proche  paient  de  Perrot,  conseiller 
au  parlement ,  et  du  président  Fau- 
chei;  cependant  il  n'étiit  pas  riche, 
puisqu'il  fut  obligé  de  donner  des  le- 
çons de  mathématiques  ,  et  que,  cette 
ressource  ne  lui  suffisant  pas,  il  se' 
mit  aux  g-'ges  des  libraires.  Il  avait 
peu  d'érudition  ,  et  encore  moins  de 
critique;  mais  il  écrivait  ftcilement, 
et  pos^éd.iit  l'ii.ilien  et  l'rsp.ignol  , 
deux  langues  qui  avaient  déjà  pro- 
duit de  bons  ouvrages.  Il  mourut  à 
Paris,  le  i3  mars  157G.  Il  a  pris 
quei(juel'ois  à  la  tête  de  >es  ouvrages 
\c  nom  de  Lto  Suatùns ,  ou  celui  de 
Si)litarius,oi\  \c  Solitaire,  prieur  de 
Maisilly  ;  d'.-uMes  fois  il  ne  ««'est  dé- 
signé que  par  les  it.itiaies  J.  G.  P, , 
ou  p.ir  celle  espèce  d«  jeu  de  mots  ^ 


G  OH 

ûtivie  en  vie,  qui  signifie  que  l'en- 
vie s'attache  au\  cfciivains  princi})ale- 
lueiit  prml.mt  leur  vie.  (i(»horry  a 
tr.uliui  (lii  latin  en  franc. lis  les  Deux 
premiers  Iwres  de  la  première  dé- 
cade de  Tile  Live,  Lyon,  i555, 
in-8'.,  et  les  Occultes  tnen^eilles  et 
secrets  de  nature  de  lieviu  Lemnius  , 
Paris,  15G7,  ï^74'  «"-B'.;  de  l'ita- 
lien ,  les  Discours  sur  Tite-Lii^e ,  le 
Prince^  et  \\4rt  de  la  guerre  de 
ÎMachiavel  ;  \^ Histoire  de  la  Terre 
neuve  du  Pérou,  Paris,  i553,  in- 
8  .;  et  enfin,  do  l'espagnol,  les  IO^, 
II'.,  I3^  et  14.  livres  âiAmadis 
de  Gaule  y  Paris  ,  i568  et  i5G3.  On 
a  eu  outre  de  lui  :  I.  Le  Devis  sur 
la  vigne,  vin  et  vendanges,  auquel 
la  façon  ancienne  de  plant ,  labour 
et  garde ,  est  découverte  et  réduite  au 
■présent  usage,  Paris  ,  i549,  1575, 
in-8^.  Goh jrry ,  dit  M.  de  Musset  {Bi- 
hliogr.  agr.),  est  le  premier  des  œno- 
logistes  modernes  ,  si  l'on  excepte 
Charles  Estienne  ,  qui  avait  publié 
eu  i556  son  Finetum  ^  insère  de- 
puis dans  la  Maison  rustique  de 
Liebaulf.  II.  De  usu  et  mrsteriis  no- 
tarum  liber ,  in  quo  vetusta  litlera- 
runi  et  nunierorum  et  divinornm  ex 
sibj^lld  nominwn  ratio  explicatur , 
ibid.,  ij5a,  m-S'.  lU.  Listruction 
de  la  cognoissance  des  vertus  et 
propriétés  de  Vherbe  nommée  Pe- 
tum,  appelée  en  France  l'herbe  à 
la  raine  ou  Medicée,  ensemble  la 
racine  mcchoncam ,  P.iris  ,  1572; 
Rome ,  1 588 ,  in  -  S\  L'herbe  {1)  pe^ 
iumestk  tabac,  nouvellement  connu 
en  France,  où  il  était  nommé  l'herbe 
à  la  reine,  par  honneur  pour  la  reine 
G'jtmrine  de  Médiois.  IV.  Commen- 
taire  sur  le  livre  de  la  fontaine  pé- 

(i)  L'édition  de  Houeo  cit  intitulée:  Descrip- 
tion lie  l'herbe  NicoLiane  ,  «:l  'J'iaîlé  de  la  racine 
JU':(.Uoacan  Olnsunnee  la  rhubarbe  de>  InJ^i  , 
Iruduitdc  rcipajjuoi  «u  Irinfai»  j  par  J.  (i.  t*. 


G  0 I  Co3 

rilleuse,  avec  la  charte  d'Amours  , 
œuvre  très  excellente  de  poésie  an- 
tique, contenant  la  stéganographie 
des  mystères  secrets  de  la  science 
minérale  ,  Paris  ,  1 57  2  ,  in  -  S**.  Go- 
horry  n'a  fait  que  commenter  cet  ou- 
vrage ,  dont  l'auteur  ,  qui  est  in- 
connu ,  vivait  après  Alain  Charlier. 
V.  Discours  responsif  à  celui  d'A- 
lexandre de  la  Tonicité  sur  les  se- 
crets de  Vart  chimique  et  confec- 
tion de  l'or  potable  fait  en  la  dé- 
fense de  la  philosophie  et  médecine 
antiques  contre  la  nouvelle  para" 
celsique ,  ibid.,  1^75,  in-8«.  VI. 
Sequana  ad  Vistularn  ^  exhilaralio 
solitarii ,  Paris,  Buon ,  1574,  in- 
4°.  ;  poésie  de  circonstance  compo- 
sée en  l'honneur  du  duc  d'Anjou,  de- 
puis Henri  III.  lorsqu'il  fut  appelé 
au  trône  de  Pologne,  Gohorry  est 
encore  l'auteur  des  Explications  qui 
sont  au  bas  des  estampes  représen- 
tant l'histoire  de  Jason  et  son  expé- 
dition de  la  toison  d'or,  gravées  par 
Kené  Bo}"^'in  ,  Paris,  i565,  in -fol. 
(  Foj'.  René  Boy  vin  ,  au  supplé- 
ment. )  On  conserve  à  la  Bibliothè- 
que du  roi  deux  de  ses  ouvrages  en 
manuscrit;  ce  sont  les  Fies  en  latin 
de  Charles  FUI  et  de  Louis  XH, 
formant  la  continuation  de  l'Histoire 
de  Paul  Emile ,  De  rébus  gesds 
Franc  or  um  (  F.  Flamel.)  W — s. 

GOIBAUD.  r.DuBois(tom.XlI, 
pag.  67  ). 

GOIFFON  (Joseph),  né  à  Cer- 
don,  dans  le  Bugey,  vers  la  fin  dut 
XVII".  siècle,  embrassa  l'état  ecclé- 
siastique ,  entra  dans  la  carrière  de 
l'enseignement ,  et  devint  principal 
d(i  collège  de  Thoissey  en  D^mbes. 
Le  duc  du  Maine  le  nomma  son  au- 
mônier. 11  était  associé  de  l'académie 
des  sciences  pour  la  classe  d'astrono- 
mie. D'AIcmbert  ayant  eu  une  dis- 
pute assei  vive  avec  le  P.  Tolonns^ 


6o4  G  0 1 

Goiff>n  prit  le  parti  du  plillosoplie, 
ft  lut  un  des  incmbiTS  de  l'académie 
de  Lyon  qui  donnèrent  liur  démis- 
sion ,  parce  que  cette  compagnie  re- 
fusa d'exclure  le  jésuite.  Il  mourut 
♦  n  i-jai.  On  a  de  lui  :  l.  Un  Dis- 
cours latin  sur  la  naissance  du 
Dauphin  ,  intitulé  :  Félix  srderum 
situs  nascente  serenisûmo  De^phino, 
l'jtti  y  iii-4"'i  ^ï  ^v^^  ""^  traduction 
traMçaisCv,  i']58.  II.  Harmonie  des 
deux  sphères  céleste  et  terrestre^ 
ou  la  Correspondance  des  étoiles 
aux  parliez  de  la  terre.  Puis, 
ï^Tm,  in-  12;  1759,  in-4'.  ^"^et  ou- 
vrage ,  dit  Lalande ,  contient  des 
éléments  d'asironomic  et  de  géogra- 
phie, et  principalement  la  comparai- 
son des  déc  inaisons  des  étoiles  sous 
les  latitudes  terrestres.  I/auleur  fut 
un  exemple  assez  rare  du  goût  pour 
Tastronomie  dans  une  province  éloi- 
gnée   (le  la  capitale.  W — s. 

GOIFFON  (  Jean-Bapti  TE) ,  mé- 
decin ,  né  eu  1 658 ,  à  Cenlon  ,  dans 
le  Bngey ,  de  la  uicrac  famille  que  le 
précédent,  fit  ses  premières  études  à 
Lyon  ,  et  se  rendit  ensuite  à  Montpel- 
lier ,  où  il  suivit  les  cours  de  Tuni- 
versité  avec  beaucoup  de  succès.  Il 
s'appliquait  en  même  temps  à  la  bo- 
tanique ;  et  si,  comme  on  l'assure, 
ce  fut  Goilfon  qui  inspira  le  goût  de 
cette  science  au  célèbre  Jussieu ,  ce 
n'est  p.is'  le  moindre  service  qu'il  lui 
ait  rendu.  Après  avoir  pris  ses  grades, 
il  retourna  dans  sa  patrie.  Quelque 
temps  après ,  il  l'ut  appelé.)  I^yoïi  pour 
soigner  le  marquis  de  Uougeimjnt, 
blessé  dangereusement.  Le  malade 
guérit;  et  r,(  tte  cure,  regardée  comme 
trèsdillicdc,  uni  Guidon  en  réputation. 
Nommé  nuMecin  à  l'armée  d'Italie, 
il  se  fit  distinguer  par  le  maréchal  de 


GOI 

Catmat,  qui  l'honora  d?  sa  confiance? 
cl  lui  donna  des  preuves  multipliées 
de  sou  afifection.  A  la  pux,  il  re- 
viut  à  Lyon,  se  maria  en  1693, 
et  cnrame:iça  à  exercer  sa  profession 
dans  celte  ville  ,  avec  un  Qrai.d  succès. 
En  1 703,  le  mruéeha!  de  Tessé  l'em- 
mena avec  lui  en  Espagne;  il  y  reçut 
l'accueil  le  plus  flatteur  de  la  mne, 
qui  lui  i  fiVit  la  place  de  son  premier 
médecin.  Il  refusa  cet  emploi  hono- 
rable par  attache  n. eut  pour  sa  fami'le; 
et  il  s'empressa  de  revenir  à  Lyon, 
aussitôt  que  son  devoir  le  lui  penuit. 
Nommé  éehevin  en  1 7  1 7 ,  il  contribua 
,  à  préserver  celte  ville  de  la  contagion , 
proposa  cl  fit  adopter  plusieurs  règle- 
ments utiles  aux  pauvres  mal  «des  :  il 
mourut  d'une  apoplexie  foudroyante, 
le  5o  septembre  1730.  On  a  de  lui, 
L  Réponse  aux  observations  de  CM- 
corneau ,  Verny  et  Soullier,  sur  la 
nature ,  les  événements  et  le  traite- 
ment de  la  peste  de  Marseille,  Lyon, 
1721  ,  in-i2,  à  la  suite  de  l'ouvrage 
rctutc.  II.  Relation  et  dissertation 
sur  la  peste  du  Gévaudan,  ibid., 
i722,ii!-8'.  III.  Index  pLmtarum, 
quœ  circà  Lugdunum  nascuntur.  H 
existait  une  copie  de  cet  index ,  mais 
incomplète  ,  dans  la  bibliothèque  de 
.lussicu.  GoifFon  a  laissé  d'auttes  ou- 
viages  en  manuscrit,  dont  ou  n'a  pu 
tirer  aucun  parti  ,  parce  qu'ils  étaient 
inrléchiffrab'es.  —  Goiffon,  petit- 
fils  du  précédent ,  professeur  a  l'c- 
eole  vétérinaire  d'Alfort  ,  mort  vers 
1779,  a  jiublié  en  société  avec  M. 
Vint  eut  :  Mémoire  artificielle  ^  con- 
tenant  Vcxposé  des  principes  re- 
latifs à  la  jidcle  représentation  des 
animaux  ,  tant  en  peinture  quen 
sculpture  y  1777,  petit  in  -  loi.,  fig. 

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FIN    DU     UIX    iliPTILMt    VOLVMr, 


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