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Full text of "Biographie universelle, ancienne et moderne, ou, Histoire par ordre alphabétique de la vie publique et privée de tous les hommes qui se sont fait remarquer par leurs écrits, leurs actions, leurs talents, leurs vertus ou leurs crimes : ouvrage entièrement neuf"

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BIOGRAPHIE 



UNIVERSELLE, 



ANCIENNE ET MODERNE. 



SUPPLEMENT. 



ROST— SALL. 



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InipnoivrM dK. Ui\ni\ur.n. rue de \uuici< i. n. 4. 



BIOGRAPHIE 

UNIVERSELLE, 

ANCIENNE ET MODERNE. 
SUPPLÉMENT, 



SUITK DK L'HlttTOIRB , PAR OkHB ALPHABBTlVLli , DB LA VIE PUBUgtJK 
liT PHIVBB DE TOUS LBS BOHMBS QUI SB SONT FAIT BBHABQDEK PAR 
LBUH ÉGBITS . lAUHS ACTIONS. I.BURS TALBNTS, LBURS VBITUS OU 
LKVRS CRIMRS. 

nÉmai par uns sociëté de gbns m lettres bt de savants. 



TOMK QUA'rRE-VIN<;TIÈME. 




A PARIS, 
CHEZ L.G. MICHAUD, ÉDITEUR, 



KVB *lf t* <<DSIIBffni, |. 



4847. 



^m%^A A mmmy*f^*0*m k i9^^têM»*^^ t» m^^tk0¥k9ft m i^*ê^y0^ikm0tâtytft^^^ %<^< W%«ll^MibMi^<4l 



SIGNATURES DES ACTEURS 



ou QUATRE-YINGTIËHE TOLUHE. 



HM. 



BffM« 



Â.P- 


PiBICADD tiûé (Ant). 


G— T. 


Glbt. 


A— T. 


Albt (Renë). 


H — 0— H. 


HBNIlBQUIlf. 


B— D— B. 


Bapighb. 


J— L— T. 


JOLLT. 


B— F—S. 


BOIIAFOUS. 


J-r-N. 


JOUBDAIN . 


B— H— D. 


Bbbnhabd. 


L. 


Lbfbbybb-Gaucht. 


B— L—M. 


Blumh. 


L— B—8. 


LiBBS. 


B— L— U. 


Blonbbau. 


L— c— J. 


Lacattb-Joltbois. 


B— Tf— T. 


Bruiibt (Gastaye). 


L— M— X. 


J. Lanodbbux. 


B— P. 


Db Beauchamp. 


L — p — B. 


Hippolyte de la Pobtb. 


B — s. 


Bogous. 


L— g— D. 


Lbsoubd (Louis). 


C— AU. 


CATTBAU-CALLBTILtB. 


M-*-AT. 


MiRAT (F.-V.)- 


C— F— E. 


Capefioub. 


M-Dj. 


Michaud jeune. 


C— H— If. 


Champion (Maurice). 


M-É. 


De MoNiiBBQni. 


Ch— U. 


Ghassiîbiau. 


M-—OB. 


Du MàoB. 


c— L— B. 


De Combbttb8-Labod« 


M— LE. 


Mentbllb. 




BBL1B. 


•M— B— T. 


MuBBT (Théodore). 


c — L— H. 

• 


Clausson. 


N— F— B, 


De Nbuffobgb (Pierre). 


C— L— T. 


COLLOHBBT. 


P-L— T. 


Prosper Lbvot. 


C. M. P. 


PiLLBT. 


P— M— B. 


Db PUTMAI0BB. 


D— o. 


Depping. 


P— OT. 


Pabisot. 


D — H— B. 


Drhèque. 


P— BT. 


Philbbbt. 


I>— B— B. 


DUBOZOIB. 


P-S. 


PÉBliS. 


D— 8— B. 


DAàSANCB. 


R— D. 


Rbihaud. 


0— Z— S. 


Dbzos db la R^ovbttb. 


R— D— H. 


Rbnauldih. 


B— B— D, 


ECBABD. 


S. A— g. 


Db SaiiiT'Allais. 


F-A. 


FOBTIA D^UBBAIf. 


S— V— s. 


DÉ SBTBLlIfGBg. 


F. P— T. 


Fabien Pillbt. 


r-D, 


Tababauo. 


F— T— B. 


De la Fontbnbllb. 


V. s. L. 


VniCBNg-SAIIfX-LAÙBBNT. 


G— B—D. 


GUÉBARD. 


V-VB. 


VlLLBHAVB. 


G-T. 


GUIZOT. 


W-s. 


Weiss. 


6— T— B. 


Gauthier. 


2. 


Anonyme. 



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BIOGRAPHIE 



UNIVERSELLE, 



SUPPLEMENT. 



' ROST (jEATf-LÉONARD), RstroDO- laquelle le public , ici d'accord avec 

me^ né à Nuremberg, le 14 février la société de Berlin , Taccueillit dès 

1688, acheva ses études aux universi- son apparition , n'était que juste. Il 

tés (VAUdorf, de Leipzig et d'Iéna, où n'est pas besoin de dire que Rost est 

il s'appliqua à la jurisprudence et à la aujourd'hui dépassé : les acquisitions 

médecine. Il ne suivit pourtant ni qui ont sinon changé la face, du moins 

l'une ni Tautre de ces deux carrières, agrandi le champ astronomique , 

et de retour dans sa ville natale, il sont trop considérables pour que 

tourna son ardeur du côté de Tastro- son Manuel , même largement re- 

nomie. Devenu familier avec cette manié, puisse véritablement servir 

science , il seconda Wurzelbau dans de base à l'étude; et d'autre part 

ses recherches, et fit pour lui un grand on ne saurait nier que si son mode 

nombre de bonnes observations. 11 d'exposition et sa diction étaient 

n*en acquit pas moins un renom véri- fort remarquables pour l'époque , les 

table pour son propre compte, notam- modernes n'aient aussi trop de su* 

ment par la publication de sou At- périorité sous ce double rapport 

IcLS céleste portatifs qui lui ouvrit les pour que son livre conserve la valeur 

portes de la Société royale des scien- qu'il eut au XVIU® siècle. Enfin 

ces de Berlin. Rost mourut à l'âge il faut encore citer de ce savant la 

de trehte-neuf ans et n'ayant jamais Deicription de l'aurore boréale d$ 

été marié, le 27 mars 1727. Ce fut une 1721, celles de Véclipse de soleil et 

perte pour la science. Son ouvrage de Véclipse de lune de 1715, et des 

principal est V Atlas cœlestisportati- Observations astronomiques que. l'on 

lis, dont nous venons de faire men- trouve les unes dans la Nouvelle 

tion. C'est un des utiles monuments Gazette scientifique, les autres dans 

de la science uranographique au com- le Recueil d'histoire naturelle et de 

mencementduXVllI*siècle.Vienten- médecine de Breslau, P— or. 

suite un ouvrage moins élevé , mais ROST (Frédêbic-Guillaumb-Eb- 

plus populaire , le Manuel astrono- benfried), philologue allemand, né le 

mtgue, avec un supplément. 11 est re- 1 1 avril 1768 à Budissin, où son père 

marquable par la méthode,par la con- {Christophe - Jér.) était recteur du 

cision et par la clarté. La faveur avec gymnase, re^ut, ^o\\. Y^tX^^V.^^^'^^ .^ 

LXXX. ^ 



3 ROS 

toit 8008 If flireeticM (k ^ |iabi)e 
latiniste, les îlëinmU d'une txoeU 
lente éducation classique , puis alla 
compléter ses études *par le haut en- 
seignement de l'université ^ Leip- 
zig. Les deux Ernesti, Beck, Riez, 
Wenck,Platner furent ses principaux 
maîtres. A la littérature il voulut 
joindre les mathématiques, les sdeoi 
ces naturelles, et il y fit des progrès 
remarquables. L'exégèse et la criti- 
que bibliques l^ntéressèrent aussi, et 
il suivit avec assiduité les cours de 
Rosenmuller. Il atteignit ainsi jan- 
vier 1790, et, recommandé comme il 
Pétait aux professeurs les plus in- 
fluents, il pouvait, par son zèle, 
compter sur quelques sympathies et 
sur quelques facilités pour arriver à 
une chaire académique, s'il eût pu se 
maintenir encore plusieurs années à 
Leipzig dans l'attitude de l'aspirant 
au professorat supérieur. Mais la 
mort de son père et le manque ab- 
solu de ressources, qui en fut la suite, 
le contraignirent à s'accommoder 
d'une position moins flatteuse, mais 
immédiatement productive. 11 entra» 
en quali téde précepteur, chezWenck. 
qui se montra toujours pour lui un 
père, un ami, et qui lui fit donner la 
place de prédicateur du soir à l'église 
de l'université. Toutefais il n'en eut 
le ti1j:c que trois jours. Lamortd'Ir- 
misch ayant laissé vacant le rectorat 
du lycée de Plauen, Rost fut nommé 
à cette fonction qu'avait aussi exer- 
cée son père avant sa translation à 
Budissin. Malgré les regrets que 
dut coûter à Rost l'idée de quitter 
Leipzig, il n'y eut point à balan- 
cer. 11 se rendit donc à son nouveau 
poste, et durant le court laps de 
temps qu'il y passa, il introduisit de 
nombreuses améliorations dans l'as- 
semblée. Mais, dès 1796, une occa- 
sion se présenta de revenir à Leip- 



ROS 

m§* Piiclier $v^i besetu d*an co-rec- 
teur peu? l'^idf r k h'itt lice aux mille 
détails de l'administration de l'école 
Thomas (Thonuuschule). Rost obtint 
cet ennploi^et en remplit quatre ans 
les fonctions non moins délicates que 
laborieuses, sans que jamais on aper- 
çût trace de conflit entre les préoc- 
cupations et les habitudes du jeune 
homme et celles du vieillard, en gé- 
néral fort antipathique aux change- 
ments, en particulier très-peu porté 
à laisser faire par un autre ce que ce- 
pendant il ne pouvait faire lui-même. 
Rost eut bientôt sa récompense; 
le 18 février 1800, bien que jeune 
encore et n'ayant que quelques an- 
nées d'exercice,il succéda comme rec- 
teur à Fischer. Il justifia par une 
rare capacité ce rapide avan/oemeuty 
auquel on ne laissa pas de porter beau- 
coup envie. L'école Thomas changea 
de face sous sa direction. U n'uvait 
guère que pourvu au matériel et aux 
détails urgei^ts pendant «es qiuaiit 
années de co-rectorat, mais U avait 
profité de sa position pour bien étu- 
dier son terrain et pour préparer tes 
améliorations praticables et oUlca* 
La discipline, très-insuffisante fous 
Fischer, devint ce qu'elle devait être 
et ce que peut-être il étavi difieite 
qu'elle fût dans une maison fielleque 
l'école Thomas : l'éuergiqu^ iodivi- 
dualité de Rost y pourvut. L'îuatnie* 
tion se donnait avec des formes et 
des méthodes arriérées. Rost, doal 
les méditations s'étaient portéessfé- 
cialement sur ce qu'un appelle eu 
Allemagne la pédagogique» ?ouio4 
mettre les études à la hauteur du 
temps où il vivait, et par des modifi- 
cations graduées, mais où la haidiesst 
ne manquait pas, où peut-êtife mène 
elle excéda dans ses coiumencemeolS| 
il fit gagner un terrain considérable 
à l'enseignement proprement dit. Ce 






ROS 

ne fut pas sans des obaUeUs nomr 
breuzy tant de la part de la rou- 
tine que de celle de la mauvaise foi , 
tant de celle de quelques professeurs 
que de celle die diverses personnes 
qui avaient action sur le collège. 
Rien ne put le faire fléchir dans la 
route qu'il s'était tracée^ et sa per» 
sévérance fut égale à la justesse de 
ses vues. Finalement il l'emporta. 
Ce qui rendait sa tâche bien autre- 
ment épineuse, c'est que plusieurs 
fois , pendant les quinze années de 
son administration « la Saxe et Leip*- 
zig ressentirent les contre- coups de 
la guerre^ et qu'en 1813 principale- 
ment il fallut à la tête du collège un 
homme vigoureusement trempé pour 
que l'enseigoenent ne fût pas ioter* 
rompu, ni l'école envahie par l'épi- 
démie, et que les b&timents ne fus- 
sent pa^ transformés en lazaret* Oe* 
pendant nul de ces malheurs n'eut 
lieu. Rost, pour en préserver son éta» 
blissement, courut risque de la vie^ 
s'attira des inimitiés graves et vit 
travestir sa conduiteavee autant d'ai- 
greur que d'injustice. On eût pres> 
que traduit en rébellion, en mani- 
festation politique, ce qui n'était que 
l'accomplissement d'un devoir envers 
les pères qui avaient conâé leurs fils 
à l'établissement dont il était le 
chef. Enfin des temps plus calmes 
revinrent, et Rost n'eut plus à com- 
battre que des obstacles en quelque 
sorte réguliers. 11 serait fastidieux de 
le suivre dans les détails de cette 
lutte. L'essentiel est de remarquer 
que de 1829 à 1832 il vit enfin réali- 
ser la plus grande partie de ses plans 
par rintroduction d'une nouvelle dis- 
cipline dans VAlumneunif par la réor- 
ganisation de l'enseignemel;it, par un 
remaniement fondamental du per- 
sonnel. Au reste, quelque fatigante et 
laborieuse qu'eût été sous lui l'admi- 



ROB 8 

nistration, il semblait ne pas avoir 
assez des soins qu'elle entraîne peur 
occuper son activité. Poussé par on 
penchant particulier du cûtë de la 
carrière académique, ('il ne fiit jamais 
titulaire d'une chaire de haut ensei* 
gnement, du moins il prit les grades 
et remplit les formalités nécessaires 
pour être officiellement apte à ees 
fonctions (1804). Il parut, en 190% 
dans une chaire de philosophie comme 
professeur extraordinaire, et plus 
tard fit des lectures à la grande, puis 
à la petite école des princes. Il y ob- 
tint un brillant succès, moins comme 
maniant là parole avec éclat et faci- 
lité, que comme homme d'érudition 
et de goût, sur certaines spécialités 
favorites en tête desquelles il fiiut 
placer Plante. Les recherches dont ee 
grand oomique a été l'objet pour Rost 
montrent suffisamment qn'il n'eût 
tenu qu'à lui de prendre un très-havt 
rang en philologie si, au lieu de eon- 
sùmer la plus grande partie de ses 
forces dans les détails administratifs 
et dans les luttes de sa volonté,il s'é- 
tait exclusivement voué aux travanx 
de science; et ce rang eût été encore 
de quelques degrés plus élevé si, au 
lieu de prétendre se tenir en quelque 
sorte au courant de tout et de s'épar- 
piller sur vingt objets, il eût vobIii 
se concentrer sur une seule branche. 
Rost mourut le 12 fév. 18SS, toujours 
pourvu du rectorat de l'école Tho- 
mas. Voici (défalcation faite des dis- 
cours et autres pièces de circonstan- 
ces) la liste complète de ses travaux 
soit philologiques, soit littéraires, 
véritablement fort précieux et fort re- 
marquables, ii>algré les observatloffs 
restrictives qui précèdent, h And'- 
lectorum criticorum in vtsrioâ êotip- 
iorwn grœewum loeos faseimiusy 
Leipzig, 1802; Anal, eit.^ faseieu- 
lmêeoimém,Lei^.ft909;AmûLti^.y 



4 ROS 

féMC. terHui, Leipz. , 1806; ÂtML etc., 
fiue. quart^,Le\pt., i807; ÀnaL etc., 
Aue«fi»tfihi«,Leipz.^l807. II. O^mt. 
«altomim ad Cieeronis epistolas ad 
fatmliartê vMJortm partem critica- 
rum ipeeimen, Leipz., I8ui; Ob$. etc., 
êpeeimÊH teeunAim, Leipz., 1802, 
Ob$. eiCt 9pmm9n tertium, Leipz., 
1802; Obi.tXc, specimm quartMm^ 
Leipz., 1804. III. EoppUeaUo quorum- 
dam loeorum Cieeraniê de finihui^ 
lib. 1, 3, Leipz., 1808. IV. ExpU-^ 
eaiio quor. loeorum r.-Ltvii, Leipz., 
1809. V. Un grand nombre de Pro^ 
grammes et Di$tertation$ sur PUute, 
savoir : r Plautinorum cupediorum 
fireulum^ Leipz., 1806 ; 2» De toea^ 
Uoneeonduetione ad Plauti Coplto.» 
1V,2, 38-40, Leipz., 1810 ; 3« De mordo 
qui ipulatur ad Plauti Captit.^ 111, 
4, 15-25, et Evang, JVare., ¥111,23, 
Leipz., 1811 ; 4»« 5'' Plautinorum eu- 
ped> ferc. seeundum^ Leipz., 181 1 ; ter- 
tiMm, 1812 ; 6« Super lege Sarbariea 
adPi.Capl.,lll,l,82-85,Leipz.,l812; 
7^ Plaut. cupediorum ferc. çiiorlum, 
Leipz., 1813 ; 8« Questio de nuptiis 
urtilihus ad Plauti. Casin. prol.^ 
67-77, Leipz., 1813 ;9% lOMl^P/oiif, 
fypedtomtii ferc. quintum, Leipz., 
1814;<exlttm, 1815; «fpftmym, 1816; 
12* De Plauti auetoritate ad fa- 
dendam rtrum antiquarum fidem^ 
Leipz., 1816; 13«-15<» PlauL euped. 
fere, octavum, 1818 ; tioimm, 1819 ; 
dednmm, 1819; 16» De mai vocabu- 
lorum si et ne m eponsionibue ad 
Plauti Rud., 3, 19-27, Leipz., 1820 ; 
17» PlauU cuped, ferc, undeeimum^ 
1821 ; 18» De Plauto vocum hybrida- 
rum ignarOf 1822; 10-26* Plaut.^ 
euped. ferc. duodedmum^ 1823, 
decimum-tertium, 1823,d.-^yarrum, 
1825, d.^utnliim, 1826, d.-sexlum^ 
1828 , d.-seplttmim ( inest theologiœ 
Plautinœ brebis eapositio)^ 1831, 
duodevicetimum (intst diseerÉaiio de 



ROS 

fabularum titulie), 
1833, mutevtcftiiiitiiii» 1834. Ces tra- 
Taux, dont Tensemble a de l'impor- 
tance, ont ëtê n^iinis dans le premier 
volume des F.-G.^E.RoêtiiOpuscula 
plautina publiés après la mort de 
l'auteur par le professeur Lipsius, 
Leipz.,1836.yi. La traduction en vers 
allemands de neuf pièces de Plante, 
savoir: i* VEpidicut^ 1822; 2* le 
Peeudole^ 1823 ; y la Mostellaire , 
1824; 4« les Marduinds, 1826; 5*' le 
Perse, 1827; 6* l'Amphitryon, 1829; 
!• le CurculUm, 1830 ; 8^ le Tmeii- 
ImfiM, 1832; 9* le Carthaginois^ 
1833. 11 est à croire que si Rost eût 
vécu plus long-temps, le théâtre en- 
tier de Piaule eût eu en lui un tra- 
ducteur. Ce qui caractérise surtout 
son œuvre, c'est la fidélité technique 
avec laquelle il calque tous les mètres 
de ce grand comique. U n'y a guère au 
monde que la langue allemande avec 
laquelle on puisse exécuter de sem- 
blables tours de force. U a bien 
tiré parti des ressources qu'elle lui 
offrait, et, sous ce rapport, sa traduc- 
tion mérite de prendre place auprès 
des belles iraductious métriques dont 
Voss a douné le modèle. Ce nVst 
point là au reste son seul mérite , et 
le sens des nuances de Plaute est 
bien exprimé; la verve même et 
l'entrain se retrouvent quelquefois. 
VU. Essai d^une traduction de Ju- 
vénal en vers hexamètres allemands» 
Leipz., 1805. VIIL JHo'^ltorym latina 
carmina cum appendice quorumdam 
irmischii poematum , Lei pz. , 1 8 1 2 . 
C'est un recueil qui contient avec ses 
poésies latines celles de son père, 
plus, comme le titre l'indique, quel- 
ques échaulii Ions de cel les d'I nu isch. 
Vingt ans auparavant il avait donné 
une édition séparée des œuvres poé- 
tiques du premier avec une notice sur 
sa vie, sous ce titre : Christ.-Hier. 



Ros nos 5 

Rosiii epigrammaia; vitam prœ- ordre da conventionnel Bernard, de 

misit Fr.'Guil.-Ehr. Rostius, Leip- Saintes, pour être conduit au tribu- 

zig, 1791. IX. Documents pour VhiS" nal révolutionnaire à Paris; mais il 

toire de l'école Thomas^ 2 livrai- tomba malade en route, et l'on fut 

sons , Leipz., 1819, 1820. 11 s*y ex- obligé de le déposer dans une prison, 

prime avec vivacité sur Topposition où il mourut peu de jours après. Se- 

qu'il rencontrait à ses vues d'amélio- Ion le témoignage de Tun de nos 

ration et d'innovation, et ce n'est pas plus estimables officiers-généraux , 

la seule fois qu'il en ait saisi l'occa- tout le crime de ce savant artilleur 

sion. La préface de sa traduction de était d'avoir pour père le marquis de 

VÊpidique est surtout remarquable Bustaing, qui avait été, comme lui, 

sous ce rapport; et le parallèle qu'if général d'artillerie très- habile et 

y établit entre le destin d'Herder et très-zélé pour le service; d'avoir 

le sien se lit avec un vif intérêt. On lui-même parfaitement servi pen- 

peut encore mentionner de Bostles dant plus de soixante ans (de 1732 

opuscules qui suivent: 1^ Oratio de ^ 1793), et d'être l'inventeur du sys- 

naiura ridiculi (c'est en quelque tème d'artillerie de montagne, qui 

sorte un frontispice h'poser en avant conserve son nom dans les Tables d e 

desySfrcti/a: c'était un sujet digne du construction de Gribeauval et dans 

commentateur du comique latin par les meilleurs ouvrages sur l'artil- 

excellence); 2° 5uperPy(Aa^oravtr- ^^rie. Le comte de Bostaing avait 

tutem ad numéros referente non re- publié : Tables du toisé du bois et du 

vocantej Leipzig, 1803; 3« De no- poids des fers, à Vusage de MM. les 

iione vocabuli waptwi^patpYi, Leipzig, officiers du corps royal d^artillerie^ 

1803 ; 4° Socratis àTCcavvip.oveûptaTa calculées par les officiers du même 

pueris non temere commendanda , corps , Dijon , 1 777, in-1 2. On lui a at- 

Leipzig, 1799; 5*» (enallemand)Jquels tribué , par erreur , la Belation d'un 

services l'école Thomas a-t-el le ren- voyageaux Indes-Orientales, enl746, 

dus au protestantisme? 6® Interpre- sur l'escadre de Mahé de La Bourdon- 

tatio latina libelli Palœphati de in- nais. Cet ouvrage est d'un autre 

eredibilibus auctore Cospio, Leipz., Bostaing, capitaine d artillerie, qui 

180*. Enfin c'est à Bost qu'est due l'é- fit partie de l'expédition et qui en 

dition stéréotype de l'Ancien-Testa- écrivit la relation , insérée dans la 

ment grec selon la version des sep- Collection historique du chevalier 

tante, publiée sous le nom de Van Ess O'Hanlon. M— Dj. 

à Leipzig en 1824. P— OT. ROSTAING (le marquis Just- 

ROSTAING (le comte de), gêné- Antoine Henri-Marie-Germain de), 

rai français, né en 1716, d'une an- lieutenant-général, graud-bailli du 

cienne et illustre famille, entra au Forez, né à Vauchette (Loire), le 24 

service dès Tâge de seize ans dans novembre 1740, d'une famille nuble, 

l'arme de l'artillerie, et parvint suc- mais autre que celle du précétient, 

cessivement au grade de colonel , fut d'abord page du roi Louis XV, 

qu'il obtint en 1765 , puis à celui de puis capitaine dans un régiment de 

brigadier en 1769, de niaréchal-de- cavalerie, et fit les campagnes de 

camp eu 1780, et de lieutenaut-gé- 1760, 61 et 62 en Allemague, à la 

néral en 1791. Étant en inspection à suite desquelles il fut nommé capi- 

i^uxoqne, en 1793, il y fut arrêté par taine-comtnawda\i\. ^ v^w \^t\%^^\^\ 



a 



ROS 



di la %*• oompagiûe des nonscpie- 
taures, et smccessÎTeimiit colonel des 
v^ments d*Aaz*errois et de Gfttinais* 
U fit, en cette qualité, les quatre 
caoïpagDes d'Amîénque, jusqu'en 
17$3, sous les ordres de Rochambeau. 
Sa conduite dans le cours de cette 
guerre, et notamment à Tattaque 
dTork, Ini fit obtenir la croix de 
Saint-Louis, celle de Cincinnatus et 
le grade de marëehal-de-camp en 
IY83. Lors de la convocation des 
États-Généraux, pendant qu'il pré- 
sidait l'assamblée bailtiagère du Fores 
el au moment où les vœux de Tor- 
dre de la noblesse allaient se réu- 
nir en sa liYenr, on Tint lui annon- 
cer s» nomination par la diambre du 
tiers. Flatté de ce choix, et celui de 
son ordre n'étant pas encore ache- 
Té, il accepta, et dès cet instant se 
crut obligé de roter dans le sens de 
l'ordre qui Parait élu. il fut nommé 
secrétaire de Rassemblée le 13 octo- 
bre ITSf, puis membre du comité 
militaire, an nom duquel il lot plu- 
sieurs rapports, un entre autres, le 13 
septembre 1790, oiJi il fit décréter 
que le riment de Guienne, qui 
avait pris part aux troubles de Nîmes, 
serait autorisé à changer de garni- 
son. Parlant au nom du mêmeco-. 
mité, il fit augmenter la paie do 
soldat et adopter différentes mesures 
relatiresà radministration militaire. 
Mécontent des abns qui se manifes- 
tèrent ensuite, il appuya de tous ses 
efforts ceux de ses collègnes qut, 
comme lut ne roulaient que des ré- 
formes utites, mms il se détacha du 
parti qui, sapant les basesde hi monar- 
chie, cherchait à la détruire. Ainsi, 
dans différentes circonstances, on le 
rit se j<»odre au côté droit. Ifemmé 
Keuteoant-général le 30 mars 1792, 
il dispanrtét la scène politifne, et 
j* Mliradans ses pvoptidlésdaFa- 



ROS 

res où, griee à ses opinions en la- 
reur du tiers à l'Assemblée con- 
stituante, il traversa paisiblement 
l'époque de la terreur, et mourut 
en 1825. — BosTAiiw {Hector), of- 
ficier au régiment de Barrois, che- 
ralier de Saint-Louis, né et domid- 
Ué à Grenoble, fut cfmdamné à mort 
le 23 mars 1794 par la commission 
révolutionnaire de Lyon, comme con- 
tre-révolutionnaire, il était âgé de 
soixante-trois ans. M— d j. 

ROSTAUÎG (le chevalier Jeaic- 
AirroiNK-FRAnçois de), ancien capi- 
taine de caralerie, né en 1743, après 
avoir serri long-temps dans la carale- 
rie, s'enrôla, en 1793, sous les dra- 
peaux des royalistes dans la Vendée, 
el fit partie de l'arma de Stofflet. An 
m^s d'octobre il roulnt, à la tète 
d'une troupe en désordre, tenter le 
passage de laLoire. Attaqué par Mer- 
lin de Thionrille, il ne gagna le bord 
du fleure qu'arec peine et en aban- 
donnant plusieurs pièces de canon. 
A l'attaque de Jlnlans par l'armés 
et Charette, en 1794, il comman- 
dait la cavalerie angerine. Quatre 
chasseurs républicains s'attachèrent 
à lui an fort de la mêlée; il en bien- 
sa un d'un coup de sabre, hi ren- 
rersé de son cheral par l'autre, Pen- 
traina arec lui, et le tua; coupa 
ensuite les jarrets an cheral do tro»- 
sième, tandis que le quatrième- 
fut terrassé par un officier royaliste. 
Le cheralier de Rostaing sortît de 
ce glorieux comb^ arec uneJégère 
blessure. Il se s^ra de l'armée 
après la déroute du Mans, pour se 
joindre anx royalistes daos la furet 
de Garre. Il commandait la caralerie 
de Stofflet au mois de férrter 1799, 
lorsque le conseil de ce général se 
rassembla pour délibérer sur le traité 
de pacification. On a dit que, de 
conctft aree Fahbé Bamier, il avait 



ROS 

eu one grande part à }a catastrophé 
qai tertnina la rie de Marigny (voy, 
ce nom, XXVII, 141). Depuis ct'.tte 
e'poque il reçut rëtrré à Tours, jus- 
qu'à la restafiiratioti où il fui bre- 
veté maréchal - de - camp et obtint 
une retraite de ce grade. Il mourut 
vers 1820. B— ^. 

ROSTAN (Camillis), ministre 
protestant, naquit à Marseille, le 7 
août 1774, et fut destiné au m*ini8tère 
évangélique dès sa jeunesse. S'étant 
embarqué pour les parages du Le- 
vant en 1793, il parcourut pendant 
six ans les contrées orientales, cher- 
chant avec beaucoup de zèle à y aug- 
menter le nombre de ses co-reli- 
gionnâirfs. h retint dans sa patrie 
en 1799 et fut nommé professeur 
de botanique au jardin des plantes 
de Marseille. Il concourut en même 
temps à la rédaction d'an journal re- 
ligieux pour l'usage des protestants^ 
et selon sa coutume n'y négligea 
rien pour la propagation de sa S(*cte. 
Nommé en 1825 chancelier du con- 
sulat de France à la Havane, il sfS 
hâta de se rendre dans cette colonie, 
puis aux États-Unis d'Amérique, oti il 
continua de prêcher sa doctrine avec 
le plus grand zèle. Il revint en Fran- 
ce vers 1830, ouvrit dans la capi- 
tale un nouveau temple et un cours 
de philosophie ehffétienne. Cette en- 
treprise lui occasionna de grandes 
dépenses, et il y perdit tous les béné- 
fiees qu'il avait faits en Amérique. 
On croit que le chagrin qu'il en 
éprouva contribua beaucoup à hâter 
sa mort, qui eut lieu le 5 décembre 
1833. Il était membre du conseil de 
la société de la morale chrétienne. 
Rostan avait publié, en 1820, le 
prospectus d'un ouvrage religieux 
que la mort l'empêcha de termi- 
ner, et qui probablement ne pa- 
raîtra jamais. Il devait être inti- 



ROS 7 

tulé : Les Chanis du coq^ oti VÊ- 
clairmr de la Sainte- Alliance; re- 
cueil de pièces destinées à concou- 
rir au rétablissement du règne de 
Dieu et de son Christ sur la terre^ 
divisé en quatre parties, savoir : 1® 
Philosophie religieuse; 2° Christia- 
nisme; 3" Mosaïstné; 4<» Mélanges. 
Dans cette dernière partie devaient 
se trouver des poésies, des disserta- 
tions religieuses, etc. Z. 

ROSTOLLANT (Claude), géné- 
ral français, naquit à Neu vache (Hau- 
tes-Alpes) le 22 mai 1762, et s'enrôla 
comme canonnier dans le régiment 
de toul artillerie, en 1780. Étant 
entré dès le commencement de la ré- 
volution comme sous- officier dans 
l'artillerie de la garde nationale sol- 
dée de Paris, il y fut nommé sous- 
lieutenaftt le 16 mars 1791. Le 3 
août suivant,, il fut attaché avec le 
même grade au t04e régiment d'in- 
fanterie, et le 7 avril 1792 il fut 
nommé adjudant-major dans le 1«' 
bataillon du département de la Creu- 
se. Le 25 novembre suivant, il fut 
promu au grade de capitaine de ca- 
nonniers dans le même corps , et il 
concourut à la défense de Thion ville. 
Il assista ensuite à tous les combats 
qui furent livrés dans les Ardennes. 
I Ayant obtenu Sa nomination d'adju- 
dant-général provisoire, il déploya 
la plus grande valeur aux combats 
de Philippeville, de Boussu; à la 
priâe de Thuin, à la reprise de Lan- 
drecies,deyalenciennes et à celle du 
Quesnoy, où il commandait la tête 
de h tranchée de droite. Confirmé 
dan^ son nouveau gi^atfe, il formait 
Tavant-garde du général lifarceau, 
lorsqu'à la bataillé de Sprimont ii 
enleva à Fa tête de deux escadrons 
une compagnie d'artillerie légère 
avec ses pièces, et, si l'on en croit 
le rapport o^^ç\^\ A^^^^ ^vrvsy^^^siak^- 



8 



ROS 



ROS 



tôt contre les Autrichiens, en les fai- 
sant servir par leurs propres canon- 
niers. Rostollant se fît encore re- 
marquer à l'afTaire de Durien sur la 
Roër, au combat qui eut lieu dans 
les plaines de Cologne, au blocus de 
Mayence et à la journée de Platten. 
Ayant été réformé en 1797, il fut em- 
ployé dans la 24* division , puis en- 
voyé en Hollande où il dirigea une 
attaque sur le Zyp, et à la bataille 
de Bergen il soutint pendant quatre 
heures tous les efforts du corps d'ar- 
mée russe. Investi des fonctions de 
chef de l'état-major du général Bru- 
ne, il servit en cette qualité à l'af- 
faire des Dunes, à la retraite d'Alk- 
maër, à la bataille de Castricum et 
à tous les engagements partiels qui 
eurent lieu jusqu'à la capitulation 
du duc d'York en nov. 1799. Ros- 
tollant passa ensuite auprès d'Au- 
gereau , comme chef d'état-major 
d'un corps de troupes gallo-bataves. 
Après la signature du traité de paix 
deLunéville, il reçut le commande- 
ment d*une division de l'armée de 
l'Ouest, où il resta jusqu'à la suppres- 
sion de cette année. Alors il fut 
appelé dans la 27* division , créé 
chevalier, puis commandant de la 
Légion-d'Honneur, et le 30 avril 
1807 il rejoignit la grande armée 
sous les ordres du maréchal Brune. 
Le 18 janvier 1808, il passa au S* 
corps d'observation de la Gironde, 
et l'année suivante il devint chef- 
d'état major des troupes rassemblées 
sur l'Escaut. Le 15 du mois suivant, 
il retourna dans la 24^ division qu'il 
quitta en 1810. Envoyé plus tard dans 
llle de Corée près l'f mbouchurede la 
Meuse, il y fut fait prisonnier en 1814. 
Après sa délivrance, il rentra en 
France au mois de mai, et le 4 juin 
il obtint le commandement du dé' 
parlement des Hautes-Alpes, S'étunt 



rangé sous les drapeaux de Napo- 
léon à son retour de File d'Elbe, en 
mars 1815, il fit la campagne de 
cette époque sous les ordres du gé- ^ 
néral Tareyre, et fut mis à la retraite 
le 4 sept, de cette année par le gou- 
vernement de la Restauration! Depuis 
ce temps il vécut dans l'isolement à 
Passy près Paris, où il mourut en 
janvier 1846. — Le général Rostol- 
lant qui a commandé à la Martinique 
était son neveu. M- d j . 

ROSTOP€HIN ( le comte Fob- 
DOi) , célèbre par l'incendie de Mos- 
cou, était né dans la Russie - Blanche 
on Uthuanie, à Livna, gouvernement 
d'Orel , le 12 mars 1765, d'une mai- 
son ancienne et dont l'origine remon- 
tait à Djf nguiz-Khan , fameux chef 
des Tartares Moghols. Sans ajouter 
foi bien sérieusement à une aussi an- 
tique généalogie, il faut reconnaître 
que la famille de Rostopehin était 
d'une assez bonne noblesse ( 1 ). 
Comme la plupart des gentilshommes 
russes, le jeune Fœdor reçut une 
éducation très -soignée; la langue 
française surtout lui devint familière, 
car déjà, à cette époque, elle formait 
en Russie la base de toute instruction 
distinguée. Entré fort jeune dans la 
carrière des armes, il fut , à l'âge de 
21 ans, nommé lieutenant aux gardes, 
et bientôt après gentilhomme de la 
chambre. Ayant ensuite obtenu la 



(i) Plusieurs versions exii^trnt &ur U 
misMDce du comte Rostopehin : les uns 
Tont dit fils d*un intendant du comte WU- 
dimir Orluff, les antres, d*un serf affrabchî 
de la maison de Tolstoy. Ce qu'il y a de cer- 
tain, c'est qne la famille Ro^topchiu était al- 
liée aux premières maisons de la Russie, et 
particulièieroent aux Galitzin. Oo l'a dit 
aussi fils naturel de Temperrur Paul l'c; 
mais il faudrait, avant tout, que l«*ur A^ese 
rapportât. Ce prince n'aTuit t|ue onieans de 
plus que lui$ et d'ailleurs le père de Rostop- 
ehin viTait encore lors de l'expédition je 



ROS 

permission de voyager, il visita l'Al- 
lemagne, et, sous la protection du 
comte de Romanzoff, ambassadeur à 
Berlin , il séjourna quelque temps 
dans cette capitale , au milieu de la 
haute société, qui l'accueillit avec 
empressement. De retour dans sa pa- 
trie, il resta pour ainsi dire en dehors 
du monde , privé de toute place ac- 
tive, ce qui provenait sans doute de 
Tamitié que lui témoignait déjà l'hé- 
ritier de l'empire. Fort assidu au pa- 
lais de Gatschina, il était admis dans 
l'intimité du czarowitz, et l'on siat 
que Catherine 11 , durant tout son 
règne, tint son fils éloigné des affai- 
res, et même de la cour. Aussi, à 
la mort de la grande impératrice, 
Paul I'"', pour se venger de ce dédain, 
envoya dans l'exil ou disgracia les 
serviteurs les plus zélés de sa mère , 
et se plut au contraire à faire la for-* 
tune des hommes qui l'avaient en* 
touré, alors que, prince malheureux, 
il vivait dans la retraite. Bostopchin 
le premier Pavait salué empereur, 
mais ce ne fut pas le seul motif qui 
le porta à la plus haute faveur au- 
près du nouveau souverain ; il était 
déjà le confident du prince, son 
ami presque intime , et, une fois 
sur le trône, Paul {"^ dut naturelle- 
ment le traiter. en favori. Bostopchin 
eut toutes les prérogatives de cette 
position ; c'était alors à la cour de 
Russie, comme en Espagne, une 
charge indispensable que celle-là. En 
moins de quelques années il franchit 
tous les degrés, jusqu'à celui d'dide- 
de-camp général ; puis il fut conseil- 
ler-privé avec le titre de comte, et 
décoré du grand ordre de Russie; 
ensuite on le vit occuper, de novem- 
bre 1799 à décembre 1800, le minis- 
tère des affaires étrangères. Dans 
ces fonctions sa conduite est en 
opposition si absolue avec les sen- 



ROS 9 

timents politiques qu'il manifesta plus 
tard, que nous^croyons nécessaire de 
la bien c<msiatf r : ainsi , par exem- 
ple , ce fut par son influence qu'é- 
choua le plan proposé en 1 800^ par Dti- 
mouriez, au cabinet de Saint-Péters- 
bourg , d'une alliance avec l'Angle- 
terre , contre la république française. 
Paul l'*^ l'avait hautement approuvé, 
il' en était fort enthousiaste, et le 
traité allait être signé lorsque Du- 
mouriez fut éconduit, avec égard 
toutefois, emportant une gratification 
considérable (voy. Dubuouriez, LXllI, 
173). Ainsi Rostupchin, à celte épo- 
que , se montrait tout dévoué à la 
France, et ses bonnes dispositions 
pour le gouvernement consulaire ne 
furent-, dit-on , que le résultat d'une 
habile séduction exercée sur le mi- 
nistre russe par les agents secrets 
de Bonaparte. Nommé ensuite à la di- 
rection des postes, son crédit n'en 
subsista pas moins, et c'est encore 
à lui qu'il faut attribuer, de con- 
cert avec le valet de chambre Kou- 
taizoff, le changement subit qui s'o- 
péra dans les caprices du czar, eu 
faveur du général Bonaparte. Le 
vice-chancelier Panin fut éloigné 
des affaires; le vicomte de Càra- 
man , résident à Saint-Pétersbourg , 
au nom du prétendant , que Paul 1*'*' 
avait reconnu roi de France, dut 
quitter cette ville; Louis XVIll lui- 
même ne fut pas à l'abri de ce fatal 
revers ; réfugié à Mittau , il reçut 
l'ordre d'en partir sur-le-champ (poy. 
Louis XVllI, LXXll, 135). Le comte 
Bostopchin fut considéré comme 
ayant pris une part active à ces 
actes d'une capricieuse tyrannie; 
ce qui est assez curieux à noter (Tans 
la vie de ce,[ui qui devint un des en- 
nemis les plus acharnés de Bonaparte. 
Pour expliquer l'avancement rapide 
de Rostopchin^ ou et\ a. UjA.^^^ ^%' 



\ 



fO ROS R09 

pèce de bouffon ^ remplissant à la gratid-chambellan. Afors ^e pfëpaf&it 
cour û% Micbaïlow le tùh d'un Tri<* la guerre contre Napoléon, et bien- 
boukt ; ce qui est fort exagéré. Ton* tOt allait s*ouvrir eette terrible lutte 
tafois on doit reconnaître que Paul 1**^ où tant de sang devait être repanda. 
Taimait parce qu*il avait Tart de le Rostopchin ne prit aucune part 
distraire et de Taniuser par ses jeux à la campagne de 1805, et il ne fut 
de mots, ses saillies, ses reparties, pas appelé à serrir d'une manière 
toiqours f ives et spirituelles. L'enipe- actif e dans Tarmée ; mais il employa 
raur se plaisait à ses mordantes ses loisirs à écrire contre Bonaparte 
épigrammes, à sa raillerie ironique : et les ré? olotionnaires français, dans 
loa courtisans même n'étaient pas un style tout à fait populaire, une 
à Tabri de sa verve caustique, brocbnre qui parut en 1807 et qui 
Outre le don que possédait Rostopcbid eut beaucoup de succès en Russie et 
de faire rire et d'égayer Pempereur, il en Angleterre , senis pays à cette 
faut bien observer aussi qu'il y avait époque qui gardassent leur indépen-» 
entre le souverain et le favori une dance. Bile est aujourd'hui trè!{- 
véritable analogie, une sympathie rare^ bien que l'auteur l'ait réim- 
d'humeur, qui les faisaient s'accor- primée en 1812. Aucune traduction 
der parfaitement ] On pournait même française n^n a été faite. Nous ar* 
dire que l'adroit courtisan ne fut que rivons à la partie la plus importante 
le rrflet de cette nature impériale, où de la carrière de Rostopchin, au fait 
k bizarrerie était certes fe côté do- seul qni a rendu son nom véritable- 
minant : aujourd'hui joyeux, rieur, ment historique. Au moment où 
plein de bonté; le lendemain dvnr, Napoléon traversait Europe pouf 
sombre^ colère, quelquefois barbare, entreprendre la plus fimeste des ex- 
Malgré eette intimité, Rostopchin ne péditions, le comte était appelé & 
fut pas toujours à l'abri de la mobilité un posie considérable dans de pa- 
de son puissant maître ; peu de temps reilles circonstances, au commande- 
avant la catastrophe du S3 mars 1801, ment de la ville de Moscou, et pour 
il avait été exilé dans ses terres, et y parvenir on a dit qu'il avait em- 
le motif de cette di^grftce est resté ployé un moyen plus digne d'un co- 
ignoré. Néanmoins il regretta vi- médleff que d'un militaire. Godo- 
vement le souverain qui l'avait witsch, alof s très-avancé en âge, pos- 
comblé de ses fiveur», et il lui sédait la charge que Rostopchin tK)n- 
conserva toujours de la reconnais- yoitait ; connaissant tous les effets 
sauce. 11 disait plus tard que s'il de la raillerie, celui-ci s'efforça, dans 
eût été en ce moment directeur des les salotts de Saint-Pétersbourg, dé 
poster,* il aurait bien su arracher tourner en ridicule le vieux comte, et 
l'empereur aux mams de ses assas* ne laissa échapper aucune occasion de 
sins, en le faisant partir mystérieux faire rire i ses dépens. TaniOt il 
sèment pour Moscou. A quoi tiennent contrefaisait sa démarche caduque, 
les destinées des empires! Après son dos voûté; tantôt il imitait sa 
l'avènement d'Alexandre , Rostop- voix chevrotante , et cette paro- 
chin repurut à Saint-Pétersbourg, die un peu burfesque, en amenant 
où de nouvelles dignités lui fu- la retraite de Godowitsch, assura, 
rent conférées. On le nomma lieu- par la protection de la grandé-du- 
tenant- général d^nftittterie, pui^ cliessef Paulowna, fa nomination d^ 



ROS 

Rosrtopfhin. Cependant soh ëlëratioil 
an gouveroemerït de Moscou vint 
d'une clause plus sérieuse; eHe fot 
l'œuTre du parti moscovite , de ces 
boyards pleins de patriotisme, qui 
entouraient Alexandre et qui lui 
firent proclamer )a guerre sainte en 
choisissant pour généralissime le 
vieux Koutousoff. I/armée aux or- 
dres de Napoléon i amalgame de tant 
de peuples divers, venait de franchir 
le Niémen, et une fois sur le terri- 
toire russe eMe ne devait plus s'arrê- 
ter qu'au centre du vaste empire. 
C*était la volonté de son insatiable 
chef, qui dans ses illnsions de gloire, 
voulait frapper au coeur le colosse du 
Nord ; et ce bat Meint^ il dicteraft 
la paix : déjà il vojait h ses pieds 
son rival ?aincu.... Plus il avan- 
çait, plus il se croyait près de réali- 
ser ses folies idées. Alors mille 
projets gigantesques venaient à son 
esprit ; h conquête de PAsie était 
un de ses moindres rêves. Cepen- 
dant ses vieilles légions, quelle que 
f^t leur confiaaee on leur aveugle- 
ment, commençaient à s'inquiéter. 
Mais quand Moscou fut désignée pour 
la dernière halte, l'espérance revint 
dans les rangs ; officiers et soldats 
oublièrent leurs souffrances. On 
trouverait là, a?ec le repos, toutes 
les Jouissances de la vie; dès lors tou- 
te l'armée n'ent plus qu'une pensée, 
Moscou ! Moscou!* La grande cité ap^ 
paraissait comme une nouvelle terre 
promise , et tous faisaient des vœux 
pour y arriver. Après la sanglante 
bataille de la Moskowa, dont le suc- 
cès fut ^i terrible et si douteux, tous 
virent avec une joie indicible, mal- 
gré tant depertes, la prise de Moscou 
assurée ;encore quelques marches, et 
Ton saluerait la ville sainte avec ses 
milliers de clochers et ses dômes écla-^ 
tants d'or. Pendant ce temps que 



ROS 



a 



faisait le gouverneur Rostopcbin^ 
quels ordres, quelles instructions 
avait-il reçu»? Au moment où l'ar- 
mée française marchait sur Witepsk^ 
l'empereur Alexaudro quittait son 
camp de Polotsk, pour venir visitef 
la cité de saint Serge-, le 24 juillet, 
il y était arrivé, et Rostopchin avait 
préparé aa czar une brillante récep- 
tion; les nobles, les marchands, le 
penple avaient accueilli avec un en- 
thousiasme patriotique leur souve- 
rain venant demander des secours à 
Fantique nationalité moscofrte. 
Alexandre résida seulement quel- 
ques jours à Moscou, et, dans ses en- 
trevues avec le gouverneur, quelles 
lurent les instructions qu'i 1 lui donna? 
Il est impossible de fe préciser; tout 
ce qu'on en sait, c'est que Rostopchfn 
se borna à proposer à l'empereur 
d'élever des retranchements hors des 
murs, d'armer la population et d'u- 
ser de sévérité h t'égard des Fran- 
çais établis dans cette ville. Du- 
rant ce court séjour d'Alexandre, la 
question de livrer la ville aux flam- 
mes, dans le cas où l'un serait forcé 
de l'abandonner, fut-elle agitée ? Cela 
est peu probable, si l'on consi- 
dère qu'à cette époque Napoléon 
était encore éloigné de Moscou ds 
plus de cent lieues ; et pnis Alexan- 
dre avait une trop grande confiance 
dans le succès de ses armes pour 
penser que Tarmée française pflt ar- 
river JQsqne-l^. Néanmoins, H est 
constant qu^l lurssa an gcmvernenr 
li| faculté d^dopter foutes les me* 
snres gu'il t^gerait utiles; enfin il 
lui donna eetrte btanehe ; ce mot 
même fut prononcé dans le sénat. 
Où faut-il donc chercher le mobile 
de la grande résolution que Itustop- 
ehin exécuta avec tant de sang-froid 
et d'audaee? Nous pensons que l'in* 
Gfttdie d^ Moseov lie; ««it«\\ Kx% ^- 



19 ROS ROS 

paré de celui de Smolensk, également furent fabriquées toutes les matières 
allumé par les Russes. A partir de ce inflammables qui servirent k incen- 
moment, un plan de destruction sem- dier Moscou. Cependant les habitants 
ble arrêté dans lecabinet de Saint-Pé- ne restèrent pas long-temps dupes 
tersbourg. Par ce système, combiné de ces préparatifs , et il se répandit 
d'arance, on espère anéantir Tarmée comme une rumeur sourde que le 
française : • puisqu'il n*est pas possi- gouvernement ferait brûler la ville 
« ble d*empêcher la marche en avant si Tennemi s'en emparait. Pendant ce 
« de Bonaparte, il faut tout détruire temps l'armée française approchait, 
« sur son passage ; le feu ne doit et, après la bataille de la Muskova , 
« rien épargner. » Tel est sans nul Rostopchin laissa entendre le pa- 
doute le sens des instructions secrè- triotique dessein qu'il devait exécu- 
tes données aux autorités ; et cette ter, comme on peut le voir par le dis- 
certitude se con6rme quand on suit cours empreint d'une Gère énergie 
Napoléon dans son mouvement de qu'il prononça dans une assem- 
Smolensk sur Moscou, à travers les bléedes nobles: «Braves Moscovi- 
villages en cendres, les campagnes tes, notre ennemi s'avance, et 
dévastées. Dès lors, évidemment , la déjà vous entendez sa foudre qui 
résolution de brûler Cette ville fut gronde non loin de nos faubourgs. 
la conséquence du plan adopté et Le méchant veut renverser un tiône 
suivi depuis Smolensk. Il suffit d'exa- dont Téclat offusque le sieu. Mous 
miner avec attention les démar- avonscédéleterrain, mais nous uV 
ches de Rostopchin pour se couvain- vous pas été vaincus. Vous le savez, 
cre qu'avant même la fin du mois notre empire , à l'imitation de nos 
d'août le grand holocauste était ré- ancêtres, restera dans notre camp, 
solu. Tous les préparatifs s'en f<ii- Nos armées sont presque intactes et 
saient déjà sous sa surveillance spé- se renforcent chaque jour de nouvel- 
ciale ; il venait alors d'organiser les levées ; celles du perfide, au con- 
un atelier d'artificiers, au château traire, arrivent épuisées, anéanties, 
de Woronzoff, situé à six werstes Tandis qu'il s'avance vers nous, 
de Moscou, vers la route de Kalon- Tchichakoff etWittgensteinmanœu- 
ga , sous la direction du docteur vrent sur ses derrières avec 1 00 mille 
anglais Schmidt, mécanicien et ma- hommes de vieilles troupes. L'in- 
chiniste habile. Cet étranger lui avait sensé ! il croyait que son aigle victo- 
été envoyé de Saint-Pétersbourg» rieuse, après avoir erré des rives du 
comme s'étant proposé pour cou- Tage aux sources du Volga, pourrait 
struire un énorme ballon rempli de détruire celle qui , nourrie au sein 
projectiles, qni devait éclater au-des* du Kremlin, a pris son vol rapide et, 
sus de l'armée française et la détruire planant sur nos têtes, étend une aile 
par une pluie de feu. Le bruit de ce jusqu'au pôle et l'autre par-delà le 
propos circula dans Moscou, et, du- Bosphore! Soyons persévérants, et 
rant quelques jours, on ne parla que J^ose vous assurer que la patrie , du 
du ballon incendiaire; mais cette en- sein de ses ruines, ressortira plus 
treprise si invraisemblable ne fut grande et plus majestueuse. Pour 
qu'un prétexte pour cacher le but parvenir à un aussi beau résultat,sou- 
réel des travaux qui s'exécutaient gez, amis , qu'il faut faire de grands 
d'après les ordres de Rostopchin. Là, sacrifices et renoncer àvos plus chè* 



ROS 

res affections ! ProuTez aujourd'hui 
que vous êtes les dignes émules des 
Pojarski, des Palitsire et des Minine 
qui, dans les temps les plus malheu- 
reux, à force de courage établirent 
la croyance que le Kremlin était sa- 
cré ; maintenez cette pieuse tradi- 
tion, et pour la soutenir que chacun 
de nous arme son bras contre Ten- 
nemi dangereux qui veut anéantir 
notre empire et renverser nos autels. 
Pour obtenir la victoire, sacrifiez 
tout , puisque sans elle vous perdez 
votre honneur, votre fortune , votre 
indépendance; mais si, par l'effet de 
la colère céleste, Dieu veut pour un 
instant faire triompher le crime, rap- 
pelez-vous que votre devoir Je plus 
sacre sera de fuir dans les déserts et 
d'abandonner une patrie qui ne sera 
plus la vôtre sitôt qu'elle aura été 
souillée par la présence de vos op- 
presseurs. Les habitants de Sara- 
gosse, ayant sans cesse sous les yeux 
le courage immortel de leurs aïeux 
qui , pour arrêter le joug des nations 
étrangères , firent un bûcher où ils 
ensevelirent leur fortune, leurs 
familles et eux-mêmes, ont ^mieux 
aimé mourir sous les ruines de leur 
ville que de plier sous l'injustice. 
Aujourd'hui la même tyrannie me- 
nace de nous accabler. Eh bien! prou- 
vez à l'univers que l'exemple mémo- 
rable de PEspagne n'a point été perdu 
pour la Russie. • Cependant au mo- 
ment où il parlait ainsi dans le 
sein du sénat , le gouverneur, pour 
tranquilliser les habitants de Mos- 
cou, leur adressait des rapports 
de l'armée, des proclamations écrites 
en style ^izarre. A côté d'une fermeté 
véritablement héroïque on y rencon- 
tre des traits d'une trivialité risible : 
• Le prince Koutousoff, dit-il, afin 
de se réunir plus tôt aux troupes 
qui allaient le joindre, a quitté 



ROS 



1t 



Mojalsk pour venir occuper on eo- 
droit fortifié, où il est probable que 
l'ennemi ne se présentera pas de si 
tôt.On va envoyerau princequarante- 
huit canons et des munitions. Il dit 
qu'il di'fendra Moscou jusqu'à la der« 
nière goutte de son sang, et qu'il est 
prêt à se battre même dans les rues 
de cette ville... On a fermé les tribu- 
naux ; mais que cela ne vous inquiète 
pas, mes amis-, il faut mettre les af- 
faires en ordre. Nuus n'avons pas be- 
soin de tribunaux pour faire le pro- 
cès aux scélérats. Dans deux ou trois 
jours je donnerai Je signal ; amiez- 
Tous bien de haches et de piques, et, 
si vous voulez faire mieux , prenez 
des fourches à trois dents. Le Fran- 
çais n'est pas plus lourd qu'une gerbe 
de blé. Demain j*irai voir les blessés 
à l'hôpital de Sainte-Catherine; j'y 
ferai dire une messe et bénir Teau 
pour leur prompte guérison. Pour 
moi, je me porte bien ; j'avais mal à 
un œi!, mais mainieunnl je vois très- 
bien des deux.» En même temps 
qu'il cherchait à rassurer le peu- 
ple sur ses dangers, Rostt>pchin 
poursuivait avec activité tous les 
préparatifs d'une résolution déses- 
pérée. Déjà, dans ses prévisions du 
sort réservé à la ville, il avait fait 
évacuer sur Kasan les trésors du 
Kremlin, les archives de l'univer- 
sité, la pension des demoiselles no- 
bleset l'institution des enfants trou- 
vés. Puis, déployant une sévérité 
barbare, il avait fait arrêter presque 
tous les Français qui se trouvaient 
à Moscou, et un soir il les embarqua 
tous, pêle-mêle, au nombre de 40 (2), 



{^) Et non pas de 400, comme le porte le 
19" buUetiu. On prut en roir lu liste dans un 
curieux ouvrage intitulé : La Russie pendant 
les guerrts c/« /'empire, souTeuirs de M. Ar- 
mand Domergue, régisseur du iUéi,Vt«W« 
périal de Moscou, pubVvè%^vc!A.,'&Vcv2k;i^%- 



t* 



aos 



dans on pyroscaphe de It Moskowa, 
en leur adressant ces paroles : 
« Français, la Russie tous a donné 
asile et tous n^aTez cessé de Taire 
des vœux contre elle. C'est pour 
éviter un massacre, et ne pas salir 
les pages de notre histoire par Ti na- 
tation de vosinrernalës Fureurs réTO- 
lutionnaires, que le gouvernement 
se Toit obligé de tous éloigner. Vous 
quittez l'Europe ; tous allez en Asie ; 
TOUS TÎvrez au milieu d'un peuple 
hospitalier, fidèle à ses serments, et 
qui vous méprise trop pour tous faire 
du mal. Tâchez d*y devenir bons su- 
Jets, car TOUS ne parTÏendrez point 
à rinfecter de tos mauvais principes. 
Entrez dans la barque... Rentrez en 
TOus-mêmes, et tâchez de ne pas en 
foire une barque à Caron. • Dans ces 
graves circonstances, Rostopchin, 
conservant son caractère burlesque, 
s*amuse à faire de pitoyables jeux 
de mots. Heureux s*il se fût borné à 
ces mauTaises facéties ! Mais il en- 
Toie en Sibérie le directeur de la 
poste aux lettres pour avoir laissé 
traduire, d'une gazette allemande, 
une proclamation de Napoléon; et 
cette traduction est la cause d'un 
bien plus cruel événement. L'ab- 
bé Sarrugues, prêtre émigré, alors 
curé de la paroisse Saint-Louis à 
Moscou, la raconte ainsi dans une 
lettre adressée au père Eouvet, jé- 
suite : « Le gouverneur fait compà* 
raîire devant lui le sieur Véréacha- 
ghin, tils d'un marchand russe, 
accusé d'avoir traduit uqe procla- 
mation, par laquelle Bonaparte an- 
nonçait son arrivée prochaine à Mos- 
cou. Le gouverneur le fait avancer 
au milieu des dragons de la police 
russe. «Indigne de ton pays, lui dit- 
il, tu as trahi ta patrie et déshonoré 

ris, i835. On y trouve des détails intéres- 
laots , bien qu*uu peu romaaesqaes. 



aos 

ta famille; ton crime est^u-dessos 
des punitions ordinaires, le knout et 
laSibérie.Frappez^et qu'il expire sous 
TOS coups !• Le malheureux est aussi- 
tôt percé de coups de sabres et de 
baïonnettes. On lui lie les pieds, et sou 
cadaTre sanglant est traîné par les 
rues, au milieu des outrages de la po - 
pulace. » C'est par de tels actes que 
Rostopchin préludait à sou projet 
de destruction, et pendant ce temps 
l'armée française s'aTançait. Après 
le combat de Mojàîsk, KoutousofTsV- 
tait retiré sur Moscou; le 12 septem- 
bre il s'arrêta à quelques lieues de 
cette ville; le lendemain Rostopchin 
alla le trouver, et Toici en quels ter- 

• mes il annonça son départ aux habi- 
tants . «Je pars pour me rendre près 

* de S. A.*le prince KoutousofF, afin 
de prendre, conjointement aTec lui, 
des mesures pour exterminer nos en- 
nemis. Nous enTcrronsau diable ces 
hôtes, et nous leur ferons rendre 
l'âme.. Je reviendrai pour le dîner, 
et nous mettrons la main à l'œuvre 
pour détruire ces perfides. • mus 
cette conférence du gouverneur de 
Moscou avec le généralissime des 
armées russes, on doit présumer 
que l'incendie fut définitivement ar* 
rêté, et cela d'après des ordres supé • 
rieurs plus ou moins précis. Koutpu- 
soff, se sentant dans l'impossibiliu^ 
d'empêcher Bonaparte de s'emparer 
de la Tieille cité, comprit les néces- 
sités de la mission que se réser- 
Tait Rostopchin. Son caractère 
calme et réfléchi en Tit toute l'im - 
portance, et la ruine delà Tille 
sainte fut jugée indispensable au 
salut de la patrie. Du reste, l'im- 
mensité des résultats de ce grand 
sacrifice serait une suffisante com- 
pensation; par ce moyen on anéaiUi- 
rait une armée étrangère qui Tenait 
combattre le peuple moscoTite ju3- 



R08 ROS n 

qaf dan» ses foyers, et la iéméfiié l'avance au projet du gouverneur, 
d6 son chef trouverait sa punition avaient dëjà quitte successivement 
au moment où il se flattait d'eu leurs magnifiques palaig^ d'hiver; 
obtenir le prix. Aussitôt après cette c'était le tour de la classe bour- 
entrevue , Rostopohin retourna à geoise, et avant le milieu de la jour- 
Moscou donner 8<*s derniers ordres née, presque toute la populatiou en 
pour l'ex«cution des mesures incen* masse, désertant ses demeures, s'é- 
diaires, et il y déploya un zèle iufa-- tait répandue sur les routes de Ka- 
tigable. Cependantil voulait encore louga,deRiazanetdeWladimir,pour 
faire croire aux habitants qu'une ré^ chercher un refuge ddus les villages 
sistance armée se préparait, et dans environnants. Il ne restait plus dans 
ee but il leur adre^ait une proela^^' la ville sainte que des bandes 
mation ainsi conçue : «Frères! no- d'hommes désœuvrés, si nombreux 
tre nombreuse armée défendra la pa^ dans les grandes capitales, quelques 
trie au péril de la vie. Empêchons escouades de Cosaques, et un petit 
le terrible ennemi d'entrer à Mos* corps de troupes formant l'arrière- 
cou: ne pas seeonder de tout notre garde de Koutousuff sous le com- 
pouvoir les efforts de nos troupes mandement de Miiorailovitsch. Ros- 
serait un crime, Moscou est votre topchin était à son poste , met- 
mère, elle voua a nourris, et c'est tant la dernière main aux pré(>ara- 
d'elle que vous tirez vos richesses, tifs de l'incendie, avec une activité 
Je vous somme, au nom de la mère incroyable et une froide impassi- 
de notre Sauveur, de défendre les bilité; on eût dit qu'il organisait 
temples du Seigneur : la ville deMos- une joyeuse fête plutôt qu'une ter- 
cou est toute la Russie. Que cha- nble catastrophe ; il restait calme, 
cun s'arme comme il le pourra, soit et plaisantait utême sur la réception 
comme cavalier, soit comme fautas- triomphale qui attendait l'armée 
$in; fournissez- vous de pain pour française. Alors il fait mettre des 
tirois jours; réunissez-vous sous i'é- matière&combustibles de différentes 
tendard de la croix, et rendez-vous espèces, et particulièrement des bou- 
aussitôt que possible aux trois mon* les de phosphore enveloppées de 
tagnes; je serai i^veo vous, et nous linge soufré, dans les vastes poêfes 
exterminerons ces misérables. » Ces des principales habitations; lui- 
paroles néanmoins ne produisirent même en remplit son hôtel; le 
aucun effet, ne rassurèrent personne, Kremlin est miné (3) , et par son or- 
car dès ce moment il était impossible dre toutes les pompes des 24 quar- 
de cacher la résolution prise; tout se tiers sont emmenées hors de la 
préparait pour l'abandon de la ville ville. Lorsque Rostopchin combt- 

par les autorités mêmes, et lorsqu'on «__ 

vitale 14 au matin, Koutousoff ira- r^\r..ni -,«i;^„« u ««u - ^ w i- 

' ' . {5) Ceci explique la colère de riapoleou 

verser Moscou avec une partie de son contre Rostopchin, qb'il traite àe misera-. 

armée, se retirant sur Riazan, les W« dans se» bulletins, ayam compris que le 

■ 4 ' • X projet da eouvemeur avait été «U TeoS)»- 

doutes que pouvaient encore COnser- Çelir sous le* décombres de l'antique i.alais 

ver quelques esprits se changèrent en des cKars. Son ordre au tnarécli»l Mortier, 

triste certitude. Alors la riche cité *^*». »*»*"• * Moscou jusqu'à ce qu'il «At m 

< . 1 A I j9 j I lui-mécae le Kremlin siiuter, ne fut uu^uu 

présenta le spectacle d'une doulou- ,„,, a„ „ogMnce. ii y « .ouiom. de ia\«,. 

reuse confunso ; les nobles, iaitiés 4 dma «>ne ibu Bonuparte ! 



16 



ROS 



naît ainsi ses mesures pour assurer 
rinceudie. Murât, à la tête de lacava- 
lerie d'avant - garde , arrivait sur 
les hauteurs qui dominent Moscou^ 
et à une heure de l*après-midi le 
gouverneur put voir à une demi- 
lieue du clocher dMvan les esca- 
drons ennemis couronnant la butte 
des Moineaux. Après avoir considéré 
quelques instants ce spectacle, Ros- 
tapchin reprend son naturel causti- 
que et railleur, et s'adressant à ces 
Français qui, à Taspect des dômes 
étiocelants de la ville sainte, se li* 
vrent à mille transports de joie, il 
retrouve sa verve ironique : « Vous 
voulez làter de nos bazars, s'écrie- 
t-il, de nos femmes et de nos riches- 
ses.' Eh bien ! messieurs les Fran- 
çais, au lieu d*eau-de-vie vous aurez 
du punch brûlant ; si vous aimez les 
chaudes amours, vous en aurez aussi 
dans nos climats bien froids ; si vous 
aimez Tor, vous Taurez tout fondu : il 
est plus facile à emporter en lingots. 
Si vous aimez le bal, vous Paurez aux 
flambeaux, et je vous réponds que 
vous y verrez clair ; si vous voulez 
savoir enûn comment Ton danse en 
Russie, vous y ferez des sauts comme 
nul n'en sait faire. Enfin, messieurs 
les Français, je veux fiire mentir 
votre aimanach, qui dit qu'il fait 
froid en Russie. > Quelques minutes 
après, le comte Rostopohin aban- 
donne Moscou, et avant son départ 
il fait mettre en liberté tous les mal- 
faiteurs, les criminels, les condamnés 
détenus dans les prisons d*Osirog et 
de Yamon, au nouibre de huit cents, 
à condition qu'ils allumeront le feu 
sur tous les points de la ville. Il se 
rend alors à son château de W'oro- 
nowo, sur la route de Kalouga^ à 80 
werstesde Moscou(environ 20 lieues). 
De là il peut jouir de Thorizon de 
feu que projette au loin le grand em- 



ROS 

brasement de la vieille dtë; il y 
reste quelque temps, puis il Ta re> 
joindre le camp de Koutoosoff, après 
avoir livré aux flammes sa magnifi- 
que habitation. 11 sait que les avaot- 
postes ennemis se dirigent de cecdt^ 
et voici l'écriteau qu'il place sur ces 
ruines fumantes : «J'ai été huit ans 
à embellir cette maison de campa- 
gne, et j*y ai vécu heureux au sein 
de ma famille. Les habitants de ce 
domaine, au nombre de dix-sept 
cent vingt, le quittent à votre ap- 
proche, et j'ai mis le feu à ma mai* 
son, afin qu'elle ne fût pas souillée 
par votre présence. Français, je vous 
ai abandonné mes deux maisons de 
Moscou, avec un ameublement valant 
un demi- million de roubles. Ici, 
TOUS ne trouverez que des cendres.» 
Maintenant, il fout examiner de quel- 
le manière a été jugé le rôle que joua 
le comte Rostopchin dans ce terri* 
ble événement , et bien préciser la 
part qui lui en revient. L'empereur 
Alexandre, en apprenant ce grand dé- 
sastre, ne manifesta aucune surprise 
et ne fit entendre aucun regret; il 
paraissait s'y attendre (ooy. Alexan- 
dre, LVI, 160), et dans la procla- 
mation qu'il adressa au peuple russe, 
il s'en réjouit presque comme d'un sa- 
crifice utile à la patrie. « C'est avec 
douleur, dit-iL que nous annonçons 
à tous les enfants de la patrie que l'en- 
nemi est entré à Moscou... La gloire 
de l'empire russe n'en est pas ternie. 
Ce n'est pas en détruisant ou même 
en affaiblissant son armée que l'en* 
nemi s'est rendu maître de Moscou ; 
le commandant en chef, à la suite 
d'un conseil de guerre, a jugé à pro- 
pos de se retirer dans un moment 
de nécessité, afin que ce triomphe 
passager devînt le principe de la 
ruine inévitable de l'ennemi. Quel- 
que douloureux qu'il puisse être aux 



ROS ROS 11 

RussM d'apprendre que l'ancieone pletdAUSSa dèrutation, si îinpvr- 

i:apitale de Tempire est eotre les tant dans ses conséquences, si cri- 

uiaîDS de Tenneuii, il est consolant tique dans le mdment où il com- 

de penser qu*il ne possède que des mençat que presque tous ceux qui 

murs dans l'enceinte desquels il n*a l'ont vu, l'ont attribué k un cfort 

trouvé ni habitants ni provisions. » sublime, mais presque horrible» de 

Ces termes, bien qu'empreints d'une constance patriotique de la part des 

certaine réserve, suffisent pour mon- Russes, de leur gouvernement ■«! 

trerque l'empereur approuva tout, particulièrement du gouverneur ROfr- 

£u fiiut-il conclure que rieu ne se topchin.» il ne faut pas oublier qu'à 

fit que par son impulsion? il est im-^ cette époque l'Angleterre, liée in- 

possible de résoudre cette question timement k la Russie, lui foumis'^ 

d'une manière absolue ; toiYtefois on sait des subsides, et qu'elle ne cessa 

peut assurer que Rostopchin agit pas un instant d'avoir auprès de 

sur des ordres supérieurs et non d'à- l'armée moscovite des commissaires, 

près sa volonté personnelle*, riucen- tel que Robert Wilson, chargés de 

die ne fut point l'œuvre spontanée tenir le cabinet de Saint-James au 

de sa pensée, mais le résultat des courant des opérations de la guerre; 

instructions venues de plus haut, La et qui durent avoir le dernier mot de 

responsat>iliié doit donc en revenir l'incendie de Moscou (4). La Grande* 

tout entière au gouvernement russe, Bretagne n'y resta peut - être pas 

^t ceci de l'aveu même de M. de Bott- étrangère; ne sait-on pas que le 

tourlin, aide-de-camp de l'empereur parlement anglais vota des indem- 

Aiexandrc» qui a écrit son Hiiioire nités considérables pour la recon* 

delaCampagne de 1812, pour ainsi struction de la vieille capitale? Ce^ 

diresousladietéedece prince; et un pendant on ne saurait approuvei^ 

pareil témoignage doit avoir beau- M. de Norvins appelant Rostopchin 

coup de poids. «Les renseignements • émule et agent de la politique bri« 

les plus positifs, dit-il (t. 1*', p. 3fl9)^ tannique. » C'est Ik «ne vulgarité 

ne permettent pas de douter que historique comme on en rencontre 

l'incendie de Moscou n'ait été pré- tant dans les- historiens popnlaifiBfli 

paré et exécuté par les autorités de Napoléon : le comte Rostopchin' 

russes* • Puis M- de Boutourlin ajou- reçut une mission de son gouverne- 

te : « Le feu n'ayant éclaté qu'après ment, et il la remplit avec sèle; voilà 

l'entrée des Français, il fut aisé de ' 

persuader au vulgaire que c'étaient ^ ^^^ ^^«,/eierr., joarnai fr.^ 

eux qui l'avaient mis. Cette opinion ^élB qui paraissait rflon à Loudr*». etttrès- 

exaspéra le peuple des campagnes t-urieus à cooaaltsri cm y irnava lie aÎBga- 

et donna un caractère plus prononcé ^»«" rapprochemoDUi à faire. Voia e» guei» 

«• «wuM» •••• ««»• r .•^_-, ,, termes il s'exprime avaut même qati liQceB- 

à la guerre nationale. • sir )Yalter jj, f^^ ^^u . . sj, i^^^^e Bonaparte arrl- 

Scott n'est pas moiu&explicite, et son vera prèa de Moscon, aou armée eat encore • 

opiDioD *bicB« valeur A,.nt puisé SC. £:um?.1.".i;'EÏ..!"u ^ï^l?. i^^^^ 

aux archives secrètes du PCmgn", ^^, ^^ ron n« t>oamit pat la défeudre». 

Office^ il a pu se renseiguer parfaite- (09 m|A 18 la). — «Si Ronaparte u'mi pm 




I.XXX. 



18 



iUKS 



loiile la vérité. • On sertit l^titr de 
cruire, dit M. de Chambray ( Ui$l. 
éU '.l^exjMition de JRussie^ liv. Il), 
que ^ostopchio avait reçu de son 
souverain les ordres les plus précis; 
car 00 ne peut pas croire qu'il aito^é 
se (Charger d'une aussi grande respon- 
sabilitë.»!!» Capefigoet qui a écrit d*a- 
pn^ les.dooumeats des cabinets son 
Uvre de VEwrape durant le consulat 
et. l'empire de Napoléon, n'hésite pas 
^ reconnaître qu'une aussi grande ré- 
solution ne put être prise sans Tas- 
sentimeotd'Alezandre. • Il est impos- 
sible de croire, dit-il (t. IX, chap. 9), 
que le projet d'incendier Moscou soit 
pfsrsqqnd 4U comte Bjostopchin ; il 
n'#M fut que l'exécuteur, que la main 
4!eferqi|i remplit l'énergique pensée. 
Cf déypuemeiit appartient tout entier 
è) jU noblesse, au peuple, fortement 
empreints d'uu caractère primitif. • 
Cependant nous devons dire que 
l'opinion la plus généralement ré- 
pandue en Aussie est que JRostop* 
çbin fut le seul.auteurde l'incendie; 
pi^js le &ilence d'Alexandre sur ce 
point ne permet pas de l'accepter. 
Le cxaf ne ik faire .aucune espèce 
d'enquête sur la conduite du gouver- 
ntur, et .ceci est important à consta- 
ter pour bien se com^incre que Ros- 
tapiôihiA dfiVAit. être assuré d'avaure 
de le r/Uifieation de toutes les me- 
sures que la nécessité le forcerait de 
preqdre, si immenses qu'elles fussent. 
Ainsi M. de Sëgur n'est point dans 
le vrai, quand il dit {Bùtoire de la 
Gramâe Armée^ t. Il, ch. 2) : « Le si- 
lence d'Alexandre laisse douter s'il 
. approuva ou blâuui cette grande dé- 
termination. » Le czar donna son ap- 
probation tacite ; }\ comiqanda tout, 
ou au moins il laissa tout hirr au 
vieux parti nisse« réalisant une idée 
de patriotisme ta r tare, et, dans l'une 
ou l'antre de ces hypothèses, R09 



ROS 

topchin ne fut que la main char- 
gée de l'exécution. On ne s'expliqu<* 
donc pas comment, plus de dix ans 
aprèj, par une bizarre contradiction, 
il désavoua hautement toute partiel pu- 
tiou, même indirecte. Jusqu'en 1814, 
il conserva le gouverneneroent de 
Moscou ; mais la campagne de 1812 
accomplie, il demeura dans une sorte 
de disgrâce, et la cause n*en est pas, 
comme on l'a dit, dans le ressenti- 
ment que le czar lui gardait ao fond 
du cœur, pour avoir brûlé cette ville! 
On se rappelle que lorsque la guerre 
fut proclamée sainte et nationale, 
Alexandre se vit forcé d'éloigner de 
sa personne le parti étranger plus 
souple, plus complaisant^ qui do- 
minait à Saint-Pétersbourg (voy. 
PozzQ DiBoBGO, LXXVll, 407), pour 
s'entourer des vieux et rudes boyards, 
[lue fois le territoire rnsse déli?ré| 
ce parti reprit son influence, et peu 
à peu dut s'effacer la domination des 
purs Moscovites. Rostopchin en était 
un des plus fermes soutiens, et C'est 
pour cela qu'en 1814 il Ait ponr 
ainsi dire obligé de donner sa d^is- 
sion de gouverneur de Moscou. Alors 
il parut un instant au congrès de 
Vienne, à côté d'Alexandre, mais, 
sa carrière politique était terminée. 
H aimait les voyages , et il e?j li- 
vra -tout entier. En I8t7| on le vit 
arriver à Paris, avec Vintention 
de s'y tixer; il habita le rei-de- 
chaussée de l'hôtel du maréchal 
Ney. Faisant surtout sa soeiété 
du parti libéral modéré, ii devint 
l'iniime des Ségur, et une allian- 
ce de famille le rapprocha tout à 
fait dVnx, ce qui étonna un peu le 
monde fiarisien. En 1819» le eomte 
Eugène de Ségur, petit-iilsde Paneien 
ambassadeur à Saint-Pétersbourg, 
alors- chef d'escadron, épousa mide- 
I moiselle Sophie Rostopchin, ee qui 



A os 

explique les éloges du comte Phi- 
lippe de Ségtir (oBcle do comte £u- 
gtoe ) au gonvesneur de Moscou , 
dans son Histoire de la Grande 
Armée : • C'est un homme rangé , 
dit-il, hon ëpowic, scellent père; 
son esprit est supérieur et cultivé, 
sa société est douce et pleine d'agré- 
ment; mais, comme quelques-uns de 
ses compatriotes, il joint à la civi- 
lisation des temps modernes une 
éuergie antique. • Dès son arrivée 
dans la capitale, les Varietii devin- 
rent le théâtre de prédilection du 
oomte Roslopchiii \ il y passait pres- 
que toutes ses soirées, et Tacteur 
comique qui y brillait alors luiinspi- 
rait la plus étonnante hilarité. «Je 
snis venu en France, disait-il a?ec 
son esprit caustique, pour juger par 
moi'-méme du mérite réel de trois 
hommes célèbres, de Fooché, de Tal- 
Icyrand et de Potier. Il n'y a que ce 
dernier qui m*ait parn digne de sa 
réputation. • Durant son séjour à 
Paris, it s'occupa plus de littéra- 
ture que de polrtique ; il aimait par- 
dessus- font' les grunds auteurs fran- 
çais, et son goût pour -les lettres était 
êi prononcé que lui-même se plaisait 
à rédiger des anecdotes, quSl fisatt 
avec beaucoup de grâce dans quel- 
ques salons. Du reste, il savait fort 
bien le français, comme on peut le 
«iir par uu toit qni ne manque pas 
d^aoe certaine wiginalité de forme 
et éê pensée : Mémoiree écrite en 
dix ndmUee. On le trouve dans plu* 
sieurs recueils^ et particulièrement 
dus uu petit liwe intitulé l*Eeprit, 
mirùir de ia preeee périodèque^ 1840. 
fia 18S8 , il publia une brochure 
sous le tiue (le la Vérité eur Tm- 
eendie de Moscou^ destinée à prou- 
ver qu'il n'était pour rien dans cet 
événement; il le rejetait tout entier 
sur les malfaiteurs duns uu but de 



R«»S 



ly 



pillage, ainsi que sur les soldats 
français, et réftitait mot k mot les 
hutletins de Napoléon. Toutefois, 
cette tardive dénégation n'est em- 
preinte d'aucun caractère de vé- 
rité, et elle n'a persuadé personne. 
Quelque temps après cette publica- 
tion, le comte Rostopchin retourna 
en Russie , et il alla mourir dans la 
eité sainte, le 12 février 18S6, k l'âge 
de soixante-uu ans. Il était d'une 
tatlie au-dessus de la moyenne, 
d'une figure asses belle, aux traits 
un peu tartares, le nez aplati, le 
front haut, avec tous les caractè- 
res d'une intelligence active et pé- 
nétrante. On pourrait dire, pour ré- 
sumer son caractère bizkrre que 
Waiter Scott détinit par le mot ee- 
cefitrt'dty, qu'il joignait k la cruauté 
impitoyabled'unBaskîrtoute la cour- 
toisie spirituel fe d'un Français de 
notre âge.? C— H — ^h. 

ROSTRENEN (le P. Fraicçois- 
Gréooirb de), prêtre et prédicateur 
capucin dont on ignore l'époque de 
la naissance, mais que Ton présume 
pourtant être né k Rostreiien (Côtes- 
du-Nord), mourut k Roscoff, vers le 
uiilif u duXVni*siècle. On luidoit les 
ouvrage» -suivants : 1. Dictionnaire 
franpoie- celtique, ou frànçoie-hre- 
Ion, néeeeeaired tous ceux qui veu- 
lent traduire le français en celtique^ 
on en langage breton, pour prêcher^ 
catéchiser et eonfesier selon les dif- 
férents diaiectes de chaque diocèse; 
utile eteurieux pour s'instruire d 
fond de la langue bretonne et pour 
trouver Vétymologie de plusieurê 
mots français et bretons^ de noms 
de villes et de maisons. Rennes, 
1739, in-4». • Cet ouvrage, dit dom 
Taillandier (p. 7 de la préface du 
Dictionnaire de dom Lepelletier), 
est estimable à bien des égards; 
mais Tauffur n'a pas »J«sez distin- 






f 



?0 



ROS 



xut^ les mots vrâiiueut celtiquf,s 
iVsivtc les mots étrangers qae iV 
sage ou plutôt Tabus a introduits 
(laiis cette langue, li ne fait sentir 
«railleurs en aucune façon i^origiue 
des mots dont elle est composée, et 
c'est là cependant ce qui doit piquer 
la curiosité d*un lecteur éclaiiî^. » Le 
Brigant i^te, dans ses OAstroalioiif 
fondamentalis sur les lan§ue$ on- 
ctentisf eimod^mâs, que Rostrenen, 
en adoptant plusieurs idées de Da- 
vies, y a joint beaucoup d*erreurs 
recueillies çà et là en cherchant à se 
perHectionner dans l'idiome dont il 
s'était chargé de douuer uu diction- 
naire. Rostrenen avoue lui-même 
que son breton était fort mauvais 
et peu intelligible, sinon dans l'évê- 
ché de Vannes où il arait passé ses 
premières années» et que son dic- 
tionnaire arait été particulièrement 
composé, soit pour que les religieux 
de son ordre apprissent à traduire 
leurs sermons français en breton, 
soit pour qu^il pût lui-même prêcher 
de fiiçon à être compris dans tous 
les lieux de la Bretagne, ce qui l'a- 
vait entraîné à rendre» à sa inauière, 
une multitude de locutions fran- 
çaises modernes, propres non-seule- 
ment à la chaire et au confessiona), 
mais encore aux arts et métiers, no- 
tamment à la marine. On reproche 
aussi au P. de Rostrenen de n'avoir 
pas joint à son Dictionnaire un glos- 
saire breton-français. Chaque article 
commence par le mot français, de 
sorte que l'ouvrage ne peut être 
qu'imparfoitement utile aux naturels 
du pays. II. Grammaire firof^çinte- 
celHque^ ou firamçaise^ntomne. Ren- 
ues, 1738, in-12;3rest, 1795, in-lî. 
Celte grammaire, dont le savant Le 
Gonidec {vofj. ce nom, LXXI, 191) 
reconnaît sVire utilement servi pour 
la composition de la sienne, a été' 



ROI 

trop critiquée par Le Brigant. qui 
en a porté ce jugement d'assez mau- 
mauvais goût : • Un des plus tristes 
et des plus absurdes livres pour l'é- 
tude de la langue de nos pères a été 
la dernière gramnuire du pauvre 
capucin Rostrenen qui, en forgeant 
treise à quatorze coiùugaisons, sans 
en donuer une, présente des choses 
aussi inutiles que la barbe des ca- 
pucins {Avant'fropos éês ÉUmmis 
taecimetê de la langue des CeUee-Gi^ 
mériUe).» Pour rendre excusable un 
ton si tranchant. Le Brigant eûtdA 
mieux faire que Rostrenen, ce qui 
n'est pas. On doit encore à Rostre- 
nen des Exereieee spirihuU ée Im 
vie chrétienne, euivie de jn'aup eem- 
tiques, en langue Weionne^ publiés 
en 1709, à Saint- Pol-de-Léon, in-«*, 
et qui ont eu dix éditions dans Tespaee 
de vingt ans. P. L^t 

ROTHSCHILD (MAYBn-AHULMl 
de) (1), fut le fuudftteur de U maison 
de banque ou de commerce la plus 
riche, la plus puissante que l'on ait 
vue dans l'antiquité et dans les 
temps modernes. Tout ce que l'oa 
raconte des marchands de Tyr el de 
Carthage, de Venise et de Loadres, 
ne peut se comparer à l'opuleactt 
aux énormes capitaux dont dispose 
à présent une famille qui naguère 
possédait à peine quelques écus, uns 
lunille qui, placée au dernier rang de 
la société, dans une secte alors ré- 
prouvée et persécutée par tontes les 
nations, compte aiijourd'hni des 
princes et des rois poiur ses proté- 
gés, ses tributaires, et même, dit- 
on» pour ses associés. Les caoses.et 
les conséquences de ce phénonèae 



(i)Dans le dipl6aie de baron qui fat ac- 
cordé |M|rl*«Bpereard*ABtriclw à la faoùUe 
Rothschild eu i8sia,setroaTait.«elon VfioM^ 
de ce pays, rautorisation d'»}oiif«»!- à **>n 



pay: 
nom I** :*Mrtiriilr rff on tcw. 



ROT ROT 21 

sontpeuconnues, et cependant elles dès l'âge de onze ans. Les amis 

offrent un des faits les plus grares, de sa famille , lui voyant d'heâ- 

les plus curieux de l'histoire con- reuies dispositions , Toulurent en 

temporaine. Si, dans l'exiguTtë de faire un rabbin, et pour cela ils le 

notre cadre , nous ne pouvons lui placèrent dans une ëcole spëciale* 

donner tout le développement qu'il où il reçut les premiers éléments 

exige, nous en ferons du moins con- d'nne éducation très-ordinaire et 

naître ce qu'il a de plus impor- que son dénuement ne lui permit 

tant, et surtout nous en parlerons pas même d^achever. Forcé de re* 

avec la franchise, l'indépendance de noncer à cette carrière, il entra 

nos opinions. On sait i(ssez que ce chez un commerçant Israélite, qui 

n'est ni à de grands services ni à de l'employa aux travaux les plus pé- 

glorieux exploits que doivent être nibles \ mais, doué de beaucoup de 

attribuées d'aussi étonnantes pros- forceet de courage, il s'y soumit avec 

pérités. Après tant de vaines uto- résignation, remplit exactement ses 

pies, après le charlatanisme des ré- devoirs, et trouva encore quelques 

formateurs, des empiriques, sont ve- moments pour .se livrer à soû goût de 

nues les déceptions de la liberté, de prédilection pourle change des mon - 

VégêUié, pais les prestiges de la naies, des vieilles médailles, et en gé- 

victoire, des conquêtes, l'ambition, néral de toutes les matières d'or et 

l'orgueil du despotisme avec toutes d'argent. Plus tard on a donné le 

ses conséquences, et enfin la cupi- nom de science numismatique à ce 

dite, la corruption, toutes les pas- zèle pour un genre de trafic alors 

sions honteuses... Ainsi vont les cho- exclusivement abandonné en Allema- 

ses humaines, ainsi doivent s'ac- gne à la nation juive, qui ne pouvait 

complir les destinées des nations, pas s'occuper d'un autre commerce ; 

Les nôtres, il faut en convenir, ont mais on sait assez que celui là ne con- 

marehé un peu vile ; nous avons sistait guère, dans ce pays, comme 

parcouru en peu d'années l'espace dans beaucoup d'autres, qu'à échan- 

de plusieurs siècles. A peine étions- ger, et trop souvent à altérer, à déna- 

BOUS sortis des temps héroïques, des turer des valeurs inconnues, et dont 

illusions de la gloire, de la puis- Mayer - Anselme s'attacha toujoiu*s 

sauce, que nous sommes tombés dans beaucoup plus à calculer le poids et 

les hontes du Bas-Empire. — Mayer la valeur intrinsèque qu'à expliquer 

Bothschild n'était ni un savant ni un lesens etl'origine. Il y devint fort ha- 

profond politique; c'était tout sim- bile,etréimitun grand nombre de ces 

plement un industriel pratique, un pièces,qu'ilsemitàcolporterdansies 

commergant du second ordre, sans foires et dans toutes les parties de l'Al- 

étude et tout à ftiit illettré, mais lemagne.C'esten menant cette vie no- 

dooë de toute la finesse, de toute la made qu'il fût remarqué par un ban-^ 

subtilité dont la nation juive eut be- quier de Hanovre, nommé David, 

soin long-temps, il faut le dire, qui, frappé de son intelligence, vou- 

poor se soustraire aux vexations, à lut l'avoir dans ses bureaux, et lut 

l'oppression qui l'accablèrent dans apprit la correspondance, ta tcteue 

tontes les contrées. Mé en 1743, à des livres, et snrtont le ishange des 

Francfort -sur^ le •Mein, de pa- monnaies et de tontes les matières 

rents pauvres, il resta orphelin d'or et d'argent, dont il* s'oeod^^iv 



Si HOT ROT 

pltti spëcitleiDent. Mayer Rothschild la famille Rothschild. Il résulta et 

resta Irois ans dans cette bmîsob, et cesrapfKNlsun compte d'argent très- 

ily deviatrëellemeiit ob habîlechaii- oonsidërable. On conçoit ifu*en t806, 

Ciur. Se seaiaat alors capable dV qoand le landgrave fut contraint de 

p^rer pour son propre cumpte, il fuir devant Tamiëe française, il n*aH 

retouriu dans sa pat rie, y fit un ma- pas eu le temps de rdgier ses comfrtes 

liage avantageux , et fonda en 1790 avec le banquier de Francfort, et 

œtie maison de banque et de négoce encore moins de tirer de ses minis 

destinée à un si bel avenir. Restée l«s fonds qui s*y trouvaient engi* 

long-temps inaperçue et bornée au gét. Il les y laissa donc \ mais il hn 

trafic des monnaies et des vieilles loin de lui en porter d*autres, ce qui 

médailles, oette maison obtint suc* d'ailleurs eût été fort imprudent, 

cessivement un grand accroissement puisque c'eût été les laisser sous la 

par ses rapports avec le landgrave main de l'eunemi. Occupé surtout de 

de Hesse, commencés dans les der- sauver les trésors qu'il possédait à 

nières anué(>8 du siècle précé- Cassel, ce prince en emporta d'abord 

dent. On a dit qu'en 1801 ce prince la plus grande partie en Danemark, 

le nomma son agent d$ cowr. Nous puis à Londres. Quant à ses comptes 

ne comprenons guère qe que c'était avec Mayer Rothschild, il est sûr qu'il 

qu'une pareille charge, mais il est resta à ce banquier de grands oapî* 

probable qu'elle fot moins honoralde taux, que tous les soins de oelui-«i 

que lucrative. La maison Rothschild furent de soustraire à la cupidité na- 

gagna encore beaucoup d'argent poléonienne, et qu'il sut foire valoir 

daus les premiers temps de Téiuigra- merveilleusement, en les employant 

tioo française, où tant de proscrits dans toutes les contrées et particu- 

fuventobligésde vendre à vil prix les lièrement en Angleterre, où Ton 

derniers débris de leur epuleuce. Ba verra, dans Tarticle qui suit, que 

ISOl et 180a» elle négocia pour le Da« Nathan acquit pnr ce moyen un cré* 

nemark des emprunts qui ne se mon- dit immense et qui réagit sur la mai* 

tèrent pas à moina de vingt millions, son de Francfort, doui il restait l'a- 

On doit juger des bénéfices qu'elle gf^nt et l'associé. I>aiis cette position, 

fit sur de pareilles affaires-, et, dans Mayer-Anselme eut besoin de toute 

le même temps, elle en foisait encore son adresse, de toute son habileté 

de moins ostensibles sans doute, pour mettre à couvert sa caisse et les 

mais oertaiuement de plus lucra* fonds de l'électeur. Il réussit si bien 

tives avec le landgrave de Hesse- à écarter Jusqu'aux moindres soep- 

Casael,dontonconnaitassei les bon- çons, qu'eu 1810 le prince primat, 

teuses habitudes (uoy. Bbssb Cassai., si dévimé à la cause de Napoléon et 

LXVil, 16&). Il est sûr qu'obligé sou- qui, bit n que prélat cathodique, pro- 

vent de cacher d'ignobles speouta- tégeait spécialement les Juifs et les 

tioiis,ice prince avait besoin de prête- protestants, te prit siius sa proteo- 

noma , et qu'en ce cas la maison tion et l'appelh à faire partie d^un 

Rothschild dut très-bien remplir ses collège d'éiectiou. Bn ménageant 

intentions. U s'en servit donc en plu* ainsi toutes les puissances, le pm- 

nieura.oQC^ions;ee sont des faits cott- dent Anselme pni vint k traverser sans 

nuf; i^j^ute l'Allemagne, et que n» de Irop'fftchsiiiAccidenls lete«i|isde 

^lé^ll^ntc-paS' les mriHeurs ami» dtf rt»eoitpstion Imiçiise^ et ri enusrrra 



ROT KOT 55 

à ptu près intact ce qui lui était « avait recommandés à ses soins 

resté des trésors de TéJecteur et des « avaient eu le m^me sort, il ne pà- 

siens. On sait d'aillenrs que plus tard « ratt même pas qu'il se soit donné 

la France a largement indemnisé ses « la peine de prendre à ce sujet des 

héritiers des sacrifices qu'il avait été « informations. • Nons ne croyons 

Torcé de foire. Il était mori quand ce pas aisément qu'un prince ausfti 

prince revint dans ses États, et ce fut avare, aussi cupide que l'était le 

avec ses enfants que ses comptes du- landgrave, eût été à ce point dédai- 

rent être réglés. Les affdires de la gueux de ses intérêts, et qu'en pareil 

maison Rothschild, par ses rapports cas il se fût contenté d'une allé- 

avec l'Angleterre, étaient alors dans gationaussi facile que celle de Tm- 

leur plus grande extension. On ue gloutisiemeni par l'invasion fran- 

peut pas douter que les capitaux de ç«iise; mais on verra dans l'article 

l'électeur n*y fussent engagés pour la suivant que les fonds du landgrave 

majeure partie, comme ceux du ban- et ses rapports avec la maison 

quier de Francfort^ ainsi ce n'était Rothschild eurent alors tine destina- 

guère le moment de régler des oomp- tion toute différente, et qu'en 18t3, 

tes, et moins encore de les liquider, au moment où la coalition était 

On a bien dit que les héritiers d'An- daus sa plus grande activité, le 

selme'avaient alors ofiR:rt de lui ren* prince et ses lianquiers ne songeaient 

dre tous ses fonds, et même d'y com- guère à régler leurs comptes. Il 

prendre les intérêts, mais il est évi- faut bien remarquer aussi que ce 

dent qu'il ne put y avoir à cette tut précisément en ce temps-là que 

époque entre ces héritiers et l'élec- celte maison prit un essor exttaurdi- 

teur ni liquidation ni restitution. Ils naire et que ces messieurs devinrent 

étaient associés, et les affaires de la les courtiers, les commissionnaires 

Société avaient reçu un immense de tous les capitaux que rAiigietern*. 

développement. Voici d'ailleurs ce eut è faire passer sur le continent, 

qu*on lit à ce sujet dans une uotice pour y payer les subsides des pnii- 

écrite sous l'influence <le ces héri- sauces coalisées contre la France 

tiers eux-mêmes daus le tome ving- («oy. Nathan ROTBSCHnLD,donC l*âr* 

tièiue de VEne^clopédie ie$ Qenê ticle suit). Gomme nons I^Vuris dit, 

ênk iiiofida(2): «Il (le landgrave de Mayer- Anselme, le créaiettr d<roett« 

• Hesse) savait que la fortune de maison, était mort en fStt, à Fraifc^ 
« Mayer-AnselineRothâchiidavaitété fort, entouré de sa nombreose fiiirtille 

• mè§Umiie dans l'invasion française, ( cinq fils et cinq filles) (S). 'Cette 

• et, convaincu que les fonds qu'il mort avait été réellement celle d^iin 

• patriarche, il avait i^eommabdéàs» 

(a) UEaejfti^pédta dès Gns du Mon de^ u'«8l, . •■■■.: ..■ ••; 
comme ôo laît, qiriine tradiiciifAi ou imita- 

tioB dél'oavragtf all«iri»ii<l du libraire Broe- (3) On n\ parlé dans ineiiné ntoliuè, ui 

UH«a(v«/. «-n ooori LlX,a83)k iiititolé: Dtê' dm aiicuBe 4m noml)rtii»flti vvl>|il^»*«»"^' 




^^Mayvi 

aMPi »ons qurlïe -nflufiire et «lj»n< quelles qui e*t peut élr« ilbiu le» coutuoit!» et !••» 

wiei êiTÎTail .•«• i-u«>m!II< r du litMiièl auffî- mipuni drt li.r^rtlte* de rAlloma^iv , ihni* 

. him. . e I oBSrient iofimi» d^ fi^iniV d« MtJt- ne » tikeiii»>l« <u*% « ** qu« preM-n^rat Ica 



2A 



ROT 



enCuits de refter consUmiueut Gdèles 
à la foi de leurs pèrei, et sortout de 
ne iimais se séparer. Ils lui en firent 
la promesse, et tons, nons devons )e 
dire, Tont obsenrëe religieusement. 
C'est à cetteobëis8aB€e,à cette union, 
si rare et si digne d^tre louée, d'être 
admirée, qu'ils ont dû an moins une 
partie de leurs immenses succès. Ja- 
mais la force et les effets dHine grande 
association ne furent démontrés avec 
plus d'évidence et de bonheur. Cinq 
maisons établies à Francfort^ à Lon* 
dres, à Vienne, à Paris et à Naples, 
n'eurent dès lors qu'un même but, un 
même intérêt, et elles furent dirigées 
chacune par un des fils de Mayer- 
Anselme. On verra, dans la notice qui 
suit, les résultats inouïs de cette unité 
de puissance et d'action. M— d j. 

ROTHSCHILD (NATHAn-MATEt), 
le troisième des fils d'Anselme , dont 
la notice précède, est celui des cinq 
frères qui eut le plus de part aux 
étonnants succès de cette famille, non 
qu'il fût plus habile ni plus savant 
que les antres, mais parce qu'il se 
trouva dans des circonstances favo- 
rables et que sans doute il n'avait 
pu fait natire par son génie, comme 
i'oat dit ses flatteurs. U en profita 
cependant fort bien, on lui doit cette 
Justice^ et ses frères, qui étaient 
restés* ses associés, selon la vo* 
lonté paternelle, en profitèrent éga- 
leoMUt. Nathaufllayer était aussi né 
à.Francfort«sur->le*lleio» en 1777, 
dans an temps où sa famille, récem- 
ment établie dans cette ville, n'y fai- 
sait guère qu'an commerce d'échange 
et de brocantage, eiclusivement ré- 
servé d^ns ce pays à la nation juive. 
U ae .reçut , en conséquence , comme 
ses frères, qu'une éducation super- 
ficielle et spécialenient dirigée vers 
le genre de négoce auquel il était 
destiné. A peine eut ^ IL atteint sa 



ROT 

viogtièa*e année, que son père, ayant 
distingué ses heureuses disposi- 
tions, renvoya en Angleterre, où 
ses rapports avec If^ landgrave de 
Hesse l'obligeaient à former un éta- 
blissement. Nathan-Mayer alla d'a- 
bord à Manchester, où il dirigea 
pendant plusieurs années un mo- 
deste comptoir. Ce ne fut que vers 
1806 qu'il se rendit à Londres, pour * 
y faire valoir plus fructueusement 
les capitaux que l'invasion fran- 
çaise contraignit le landgrave de 
transporter hors de ses Etats. On 
sait que, bien que par avarice autant 
que par système politique ce prince 
eût toujours fort mal traité les émi- 
grés, sa haine pour la France révolu- 
tionnaire fut toujours excessive, et 
que,soit en secret,soit ostensiblement, 
il prit part à toutes lf*s coalitions qui 
se formèrent contre elle, les aidant de 
ses vœux et de son argent quand il 
ne pouvait le faire autrement, et se 
réservant néanmoins en toute occa- 
sion, comme on doit le penser, de 
forts intérêts et d'amples bénéfices. 
Sur tout cela on ne peut pas douter 
que les Rothschild ne le secondassent 
à merveille, et qu'ils n'y perdirent 
pas leurs peines. C'était le temps 
où le ministère anglais avait à faire 
passer de fortes sommes sur le con- 
tment pour y sustenter la coali- 
tion qu'il venait de former contre 
Napoléon entre la Suède, la Prusse 
et la Russie. Alors s'ouvrirent, pour 
acquitter les traites britanniques, 
les caisses que la maison Rothschild 
avait établies sur tous les points 
de l'Allemagne; alors fut merveil- 
leusement employée cette science 
des lettres de change , si heureuse- 
ment inventée par les Israélites du 
quatorxième siècle obligés de ca- 
cher leurs capitaux, et que ceux du 
dix-neuvième, 4|ui n'ont plus les mé- 



noT 

mes motifs, ont néanmoins si habile- 
ment perfectionnée. Dans ce temps de 
la seconde coalition, les Rothschild 
eurent encore besoin de toute leur 
habileté pour soustraire à la cupidité 
fie Napoléon leurs trésors et ceux du 
landgrave. On a beaucoup vanté le 
dérouement et les périls auxquels ils 
s'exposèrent plus d*une fois pour cela, 
et nousy croyons sans peine. Ils réus- 
sirent ainsi à diminuer de beaucoup 
pour leuf maison les charges de l'in- 
vasion, ce qui plus tard ne les em- 
pêcha pas d'en obtenir de bonnes 
indemnités. Lors de la guerre d'Au- 
triche, en 1800, leurs opérations s'ac- 
crurent encore prodigieusement. Ce 
fut par leurs mains que passèrent 
tous les subsides enyoyés à Vienne 
par le ministère anglais, toutes les 
sommes qui aidèrent à organiser le 
Tugend-Bund, à créer les corps d'in- 
surgés de Schill, du duc de Brun- 
swick-Œls, etc. Dans ce sens on doit 
reconnaître qu'ils concoururent dès 
lors très-elBcacement à l'indépen- 
<lance de l'Allemagne, que bientôt ils 
devaient servir plus utilement en- 
core. Ce qui prouve que les tré- 
sors do landgrave de Hesse furent 
Pâme et le principal moyen de 
toutes ces entreprises, c'est que les 
efforts de ces insurgés furent surtout 
dirigés vers les Ét&ts de ce prince, 
qoe plusieurs fois ils entrèrent dans 
sa capitale, et qu'ils parvinrent à en 
expulser le roi Jérôme mis en sa place 
par Napoléon. Dans de telles circon- 
stances, te rôle de Nathan fût 
véritablement d'une très-haute im** 
portance; son crédit devint im- 
mense, et le mimstèi^e anglais, que 
ses banqniers' n'osaient plus aider , 
raecueillit* tr^-honorabiement. H^ 
mais il ne ' fht mietix démontré 
que l'argent est lé neif de la guerrei 
Cette infloénltse/ee eiHMMf s'àeera^ 



Rcyr 



55 



rent encore beaucoup en 181S , à 
l'époque de la dernière coalition, 
quand il s'agit ponr l'Angleterre de 
payer, de sustenter toutes les puis- 
sauces , et d'entretenir en même 
temps en Bspagne et en Portugal 
une très- nombreuse armée. Alors 
son crédit fut réellement ébranlé, et 
le papier - monnaie éprouva une 
forte dépréciation. Les capitalistes 
de ce pays eux-mêmes n'osèrent 
plus confier leurs fotids k un gon- 
vernement qu'ils voyaient s'engager 
dans d'aussi grands périls ; et ce fut en 
cette occasion que Nathan répondit, 
avec un stoïcisme véritablement an- 
tique, à ceux qui voulaient l'en dé- 
tourner : Si t Angleterre êueeam^, 
noue noue trcmvcrone fort honorée 
de euceomber avec elle. Le banquier 
Israélite était alors dans toute la 
force de la jeun^se, et comme ses 
frères dans toute l'ardeur des affaires 
et de l'ambition des richesses. On a 
vu que, par la volonté paternelle, les 
cinq fils de Mayer-Anselme étaient 
restés associés. Ils ne s'étaient pas 
encore, comme ils le firent plus 
tard, distribué les rôles dans toutes 
les parties de Europe, mais ils 
avaient déjb des établissements et 
des comptoirs dans toutes les places 
d'où le pouvoir de Napoléon ne les 
avait pas expulsés, et toutes ces suc- 
cursales aboutissaient et eommuni- 
quaientavec la maison de Londres, 
devenue le point central des plus 
grandes opérations. Réunissant en ce 
moment critique tous leurs moyens j 
tous leurs effot^t^, et toujours puis-" 
samnMnt' aidés et appuyés par le 
landgrave, qui restait leur comman- 
ditaire et qui avait placé tous ses 
irésbrs daiifti leurs mains, ils mirent 
oes riches t;àpifatix à la disposi- 
tion du ministère Castlereagh , et 
bientôt un roillioa de «Q\d^V% 1»^ 



H ROT ROT 

réuni dans les pliioes de It Saxe , cune autre maison à même de biea 

pour y combattre Napoléon. On sait opérer. Oa a dit qu'il y gagna trente 

comment finit cette terrible lutte, millions dans un jour! Ainsi les 

Quand nous y eûmes succombé et Rothschild durent leurs premiers sue- 

que les étrangers furent nos maîtres^ ces à l'un de nos plus grands revers* 

ils nous rendirent généreusement, il et les heureux banquiers recueillirent 

ÏÊUi en convenir, la puissance de bientôt -de la suite de ce revers des 

notre ancienne monarchie; ce qui bénéfices encore plus considérables, 

n'était cependant pas tout à fait le L'un d'eux était venu s'établir à Pa* 

rétablissement de l'ancien équilibre ris en tSiO; Nathan y accourut en 

de l'Europe, puisque toutes les puis- t815 avec les années de la coalition, 

sances s'étaient fort agrandies par Certes, c'était bien de ceux-là qu'on 

de récentes conquêtes; mais du pouvait dire qu'ils arrivaient dans 

m<4ins il n'y edt dans ce traité de les bagages des alliés, et ils ne ve- 

1814 point de clauses onéreuses ni naient pas seulement avec eux et 

de Conditions humiliantes ; on nous sous leur protection , ils venaient 

laissa même tous les riches mo- pour exploiter la France en leur 

numents des arts et des scien« nom. Toutes ces puissances, tous ces 

ces que la victoire avait accumulés princes de l'Allemagne et de l'I- 

dans nos murs. Certes- la position talie étaient leurs obligés, leurs 

de la France restait encore fort débiteurs. Les banquiers Israélites 

belle; mais il est probable que avaient avancé et prêté de l'argent 

ses ennemis s'en aperçurent et à tout le monde ; et l'on comprend 

qu'ils en eurent des regrets. L'An- que pour des placements aussi hasar- 

gleterre surtout parut y avoir se- deux de iàons intérêts et de larges 

rieusement réfléchi, et peut-être commissions leur étaient promises, 

que c'est par ces tardives réflexions Lorsque la victoire fut assurée, et que 

qu'on doit expliquer l'évasion de l'ile tous ces princes, toutes ces puissan- 

d*Klbe, faite en présence du com- ce^ &i long-temps vaincues et dépos- 

missaire et de la marine britannique, sédées par Napoléon rentrèrent dans 

qui ne fit rien pour l'empêcher. Ce leurs États^ il fallut bien s'acquitter; 

qu'il y a de sûr, e^est que les Anglais mais tous étaient sans argent. Oa 

profitèrent plus qu'aucun autre ae songea pas en 1814 à en fisir» 

peuple des suites de cette funeste donner par la France; Tannée siii- 

évasion, et que la maison Rothschild vante on se ravisa. Nous n'avons 

en profita plus meiveilleusement en- piu oublié, nous nous souviendrons 

core.Nathan était venu à Bruxelles au long-temps du trop fameux milliard, 

moment de la bataille du Waterloo, si durement imposé par les grandes 

et il fttt ssses heureux de porter à pm'ssanees pour se dédommagée 

Londres la nouvelle de cette victoire de guerres dont nous avions piiu 

vingl-quairelieuresavant.qn'aoeune souffert qu'eHes, de guerres, que 

dépêche officielle y parvint. On cou- l'ambition et le machiavélisme des 

çoit qu'il ne manqua pas une aussi cabinets avaient eauséesi- perpétuées 

belle occasion de. spéculer sur Vi plus que nos- dissensions, et nos 

luiusse des fonds publics. Avec son révpliuions secrètement excitées, 

crédit, ses fhimemîes cfpitaux-.oi fuminAées pai; tuy-in^me^». et ce 

cai^dnlffQ^gravi^ifitt^itplii^qp^ll* qM'ii)i tUt(ito.|ltt%dépip«^f;eH!eorc 



ROT ROT 2T 

pour la France, mais sans nul doute leurs, leurs obligée, qui le.s chargè- 
de plus heureux pour la inaisoo reut de tous leurs recouvrement» et 
Rothschild, c*est qu'après ce premier qui, pour cela, leur donnèrent de 
milliard, qui fut rég\é de puissance à pleins pouvoirs. On n*a connu qu^me 
puissance et dont le compte a été partie des scandales de cette téné- 
du moin» publié, il fallut en payer breuse liquidation, mais le peu qu'on 
nn second pour indemniser les par- en a su doit faire comprendre tout ce 
ticulier» qui, depuis vingt ans, dans qui s'y passa. Cest par lkqu*a com- 
tontes les contrées, avaient souffert mencé notre détresse, et c'est par là 
de nos invasions. On se rappelle que furent portées k leur plus hant 
aussi par quels moyens et de quelle degré les prospérîtf^ de la mai- 
manière se iit la liquidation ou le son Rothschild. Quand les comptes 
partage de cette énorme somme ^ de ce terrible milliard furent faits, 
sans contrôle, sans examen, et dont ou que la part de chacun fut réglée, 
aucune pièce , aucun état ne furent la France n'eut point assez d'argent 
rendus publics, dont aucun compte ne pour payer. Alors ou eut recours aux 
fut dressé ni soumis aux Chambres emprunts,et la maison Rothschild fut 
ni à la moindre vérification (1). encore là pour se mêler à ces eiu- 
On conçoit que, dans cette immense prunts ; elle y fit de grands bénéfi- 
curée, la part de la maison Roth- ces: voilà son histoire; voilà d'où 
schild ne fut pas la plus mince, et lui vient cette immense fortune! 
que si sa caisse avait reçu quelque Ce sont des faits que l'histoire ne 
atteinte, si les trésors de Télecteur peut ni méconnaître ni dissimuler, 
avaient réellement été engloutis dans Ainsi, après avoir fourni l'argent qui 
les invasions de Bonaparte, ils du- devait servir à nous vaincre, à nous 
rent l'un et l'autre s'en faire dé- opprimer; après avoir pompé, épuisé 
dommager amplement, profégés, ap- le sang de la France, cette famille a 
poyés comme ils Tétaient parles plus encore doublé ou peut-être décuplé 
grands personnages, par les souve- ses capitaux par Tagiotage de nos 
rains eux-mêmes devenus leurs débi- emprunts et de nos chemins de fer! 
"TTT — , , . . , ; a - , Dans tnut cela, du reste. Il faut le re- 

(i) Par le truite du ao uuTemhre isid, la . * 

France fut rondaronée à ubirapAt de guerre Connaître, TPS mCSSICUrS U'OUt fiilt 

de 700 miiiioufl, iiayabie tn cinq «mt. Et qneceque pouvaient ouvertement et 

!:û:t":d":.Z.r«i^:*îu^Ta:.« l?jr. légitimement faire drs banquier» «n- 

dnreutoctrDperno!<|itwies roru'8. La somme glais, dcs Capitalistes allemands. Ils 

dut être |»ayée jour |>ar jour et. pour i«*moiii. „^ devaient rion aux Français, Ics 

4re retard, 00 en eorouta letiiitéréta avec U .«.«.^...s- j^ i«... .%»««;<k n^ ..'X4»;t 

"j •'..'. f - I ..1 I 1 ennemis de fetir patrie, ce n était 

deroiere rigui^ur. Les vaIruU les plus mu« ^"— ^ i -" 
défé> bnt porté cette i^remière voiiH-ihution paS à CUX de Signaler ICS BDUS, d'em- 
ànBifiiUiardfetquiind les grandes pnÎMaaiwff pécher IfS liésordres de notre admi- 
se la furent partagée, coinuioellenn'en don- „:-,„•:„„. iU devHtf^iit m contraire 
nèrent rieu a leurs sujelN il *e trouva que UlSirailoU, liS UCVaieUI .lU COnUairC 

dani tous les p»j» les iwrrifuiiers qui avaient m profiter; ils en Ont profité large- 

•ofcfrert de 1« pierre o^Miiieat point inde.n- ^j^nj ^ loUg-tcmps. ils en profitent 

iua«««A!ora.on de<:ida,i*iir un second traito, ci aJ« j ■ ^ ■ !•« ; ^ 

qu'un -ulre milliard leur serait comjuit; et etlCOrC.... SI CC fdt de 1» CUpidite, on 

une coramihMon fut noflirtlée qui rcfjl.i ar'<^ peut dire aUSSÎ qoe Ce filt dlJ pS-^ 

Uilrairemeat les «oaimt».- i payHr, «an» .W trîotiïttue. fh avaîpnl COhCOiiru à 

trAle rt nus aa.iiiaaD qaalf'onqiifli .On u dit s^^ul l w ^ m ^ 

•tu. M. .ibR;.!..:i:"...Xo,....nV. m...i.ur, val^et^, à subjnguer l'emiefiii cOm- 



» 



KOT 



c'était leur droit. Ils auraieut pu en 
user avec plus de modthation , mais 
la modération, en fait d*ar^ent, n'est 
pas dans leurs habitudes. Ce qui n*est 
pas moins étonnant, cVst qu'à cette 
soif de richesses ils joignent un 
désir non moins ardent de titres et 
d'honneurs, et que sur cela les prin* 
ces et les rois ne leur ont pas fait dé- 
font En 1813 le roi de Prusse faisait 
entrer les frères Rothschild dans son 
conseil privé du commerce; deux ans 
après l'empereur d'Autriche leur 
donnait des titres de noblesse et les 
créait barons; ce qui fit dire que 
les Montmorency avaient été les 
premiers barons chrétiens, mais que 
les Rothschild étaient les premiers 
barons juifs. Dans le même temps 
Ifayer-Anselme, l'afné de tous, celui 
qui réside k Francfort, fut nommé 
consul deEavière dans cette ville. En 
1820 Nathan reçut le même titre de 
la cour de Vienne auprès de celle de 
Londres, et son fils Lionnel lui a suc- 
cédé dans ces honorables functions 
que remplit à Paris le baron James, 
troisième des fils de Mayer-Anselme, 
devenu le maître de nos destinées , 
celui qui r^le à présent en France.les 
cours de la bourse, celui qui fait par- 
ler les écrivains, les orateurs, même 
les ministres, qui pourvoit à nos sub- 
sistances, celui par qui enfin nous 
devons vivre ou mourir... On ne pour^ 
rait pas dire de nous ce que Jugurtha 
a dit autrefois des Romains, qu'tl ne 
UiÊT manquait fu'iui homme a$S€% 
riche pour le$ ad^er. Cet homme, 
il faut le reconnaître, s'est trouvé 
pour la France; mais c'est la France 
qui a fait les frais du marché, c'est 
avec nos dépouilles qu'on nous tient 
sous Toppression dei finances, plus 
iasuppotUble» plus tyrannique mille 
fois qne celU du plus cruel despo- 
tiame..* 0» n^oRte qu'on df ces 



ROT 

messieurs disait récemment dans sa 
niîveté germanique : On n'aura pas 
ia guerre, nous ne le voulons pas. 
Et il faut avouer, à la honte de TEu- 
rope et surtout de la France, que ots 
paroles, au premier aspect si uiaises, 
si ridicules, ne sont que la consé* 
quence d'un état de choses trop réel. 
Dans le même sens, un des jour- 
naux du ministère, qui sont aussi 
quelquefois ceux de MM. Rothschild, 
disait, à l'occasion de la mort de Na- 
than, que c'était une perte publifue, 
mais que sa maison peeanî en Europe 
de tout le pouvoir qu'ont àe vastss 
capitaux^ résumait par son existence 
la nécessité et le désir de la paiss. 
Comme la paix est le premier be- 
soin des peuples, nous accepterions 
pour eux avec Joie cette assurance 
des journalistes sur le pouvoir de la 
maison Rothschild , si cette paix n'é- 
tait pas achetée par des sacrifices 
ruineux , par des conditions humi- 
liantes pour le présent et pour l'ave- 
nir.— Nous compléterons cette notice 
en indiquant la somme des opérations 
quecette maison avait faites dans l'es- 
pace de quinze ans, telle que les cinq 
frères la donnèrent eux-mêmes, en 
18S1, dans une brochure intitulée: 
Noticesur la maison Rothschild, avec 
la biographie de chacun de ses mem- 
6ref . Selon cette publication, ces mes- 
sieurs avaient alors fait des affaires 
tant avec l'Angleterre qu'avec la 
France, l'Autriche, la Prusse, Na- 
ples , etc., pour deux milliards 400 
millions de francs. Et dans cela 
n'étaient comprises ni les indem- 
nités de guerre payées par la France 
et reçues par MM. Rothschild, ni 
les emprunts dont ils se sont char- 
gés,et tant d'antres opérations qu'on 
peut soupçonner, mais qu'on ne 
saura jamais entièrement. Qu'on y 
ajoute les jenz de laboorse, dont îû 



ROT ROT 59 

.^nt \tû maîtres; les chemins de qui furent .si uiïleii à l'Angleterre, 

fer qu'ils ont trouTës toat faits et l'avaient (également entoure d'une 

dans lesquels, après des adjudica- grande considération, quoiqu'il fût 

tions sans concurrence, ils n*ont eu mort loin de cette ville , on rendit à 

à réaliser que des bénéfices. H nous Nathan des honneurs funéraires tout 

semble que tout cela explique assez et k fait inusités, surtout pour un étrtn- 

beaucoup mieux que l'habileté, l'u- ger, pour un Israélite. Parmi les éqoi- 

nion, la probité et toutes les vertus pages qui suivirent le convoi on re- 

dont les a décorés (a flatterie, l'im- marquait ceux des ambassadeurs 

mensitë de la fortune de MM. Both- d'Autriche, de Russie, de Prusse et de 

schild. On a dit que par un inven- Danemark. En France, on fit moins 

taire fait avant ces dernières opé- de frais, et il n'y eut guère que les 

rations, leurs capitaux'se moulaient journaux ministériels qui publièrent 

à 750 millions. Dans ce cas, ils à cette occasion de longues apolo- 

doivent atteindre en ce moment un gies de tonte la famille. M— d j. 
milliard, si déjà ils ne le dépassent ! ROTOURS (jBAM-JtruiN Anqot, 

Oii s'arrêtera cet efi^^ofi^tfsemml de baron des), né les jnîn 177S, au 

notre furtune et de tous les capitaux chftteau des Botours(Ornr), fut des- 

enlevés à la fabrique, à la circulation tiné, dès l'enfance, au métier des ar- 

et au vërîtabie commerce, pour n'é- m^, et mis, à l'âge de sept ans, à 

tre employés qu'à des spéculations l'école militaire de Vendôme. Les re- 

de bourse et d'agiotage on à des opé- lationsque son père, habile monétaire 

rations politiques qui ne seront pro- (voy. des Rorouas, LXII, 420), en- 

bablement jamais au profit de la {retenait avec un de ses parents, 

France? — On a publié récemment capitaine de vaisseau, décidèrent de 

pour et contre MM. Rothschild grand sa profession. 8a 18* année Venait à 

nombre de brochures ou pamphlets peine de s'accomplir, qu'il se rendit à 

qui ont été lus avec beaucoup d'em- Brest, et s'embarqua comme aspirant 

pressement et plusieurs fois réim- volontaire, le 11 juin 1791, sur la 

primés, mais qu'il n'est pas dans gabarre la l^refoiifie, destinée à une 

notre plan de mentionner, puisque croisière dans la Méditerranée. Après 

c'est la notice de Nathan Rothschild une campagne de quelques mois sur 

seulement que nous avons à faire. Ce les côtes de France, il s'embar- 

grand industriel est mort à Francfort- qua sur la frégate la SimiUante^ 

sur-le-Mein en juillet 1836, dans un puis sur le vaisseau VÉole, faisant 

des voyages qu'il faisait fréquemment partie l'un et l'autre d'une expédition 

en Allemagne. Sa mort fit une grande envoyée à Saint-Domingue, pour y 

seusation dans cette ville, dont ces porter, avec 6,000 hommes rie trou- 

meuieurssontaujourd'huilesvérita- pes, les commissaires Sonthonax, 

blés souverains et où ils viennent de Polverel et Ailhaud. Déjk, daus les 

Mtir un magnifique palais (2). A Lon- notices sur Sonthonax (XUlI, 97) 

ilres, oh ses richesses et ses services, et Polverel (LXXVII, 376), la Bfo- 

(a) Ou dit qu»a Paris, où ils n'ont p«t en. graphie univenellû a parlé en dé- 

rore bâti de palais , ils Tont établir un bos- tail de *fa luttC qui S'CDgagCa, aU 

Iit«epourlMi>attTres,àrinstaraesIfeck«r mois de juJÙ 1793, entre le* COlà- 

Kl des Cesujou. U se» lato grand sil «st C9 ^•.. • * . i # ^ ■ >« ••. • 

raîM». de. bénéfices qui" crS messieurs ont »issaircs et le général Galbaud. 

laiis :iTi*c ta Franre. Cflui-ci demanda du renfort à l'es* 



It KOT ROÏ 

iiunl à Son di%at auccrsseuri M. df um iDstruclkm plus ooM^èu t( piii« 
kergrist, la tUI« de Smyriie écl«U certunequ^àbord d*un Mvire doM 
tn regrets unanimes» auxquels s'u* ramënagement ncsaunit» quoi qu^on 
socièrf nt les consuls des puissances, fasse^ se prêter à loutes les exifences 
étrangères qui, long-temps après le de sa destination; une économie aen* 
départ du commandant de VBipé* sibl<^ leur paraissait, en outi«^ dttoir 
fttiici^proclamaieut en lui Pheureuse résulter de rëtablissenienl de Tdooln 
alliance de la mansuétude et de la à terre. Cette divergence d'opinioM 
fermeté. Cette mission devint Tori* avaitattiréraltentionduroi.VoaUat 
gine de la considération loute spé- ^.ire éclairé par quelqu^un qui fût dé- 
dale dont Louis XVIll honora de- gagt> de toute prérention, il jeta lis 
puis Des Rotours. Revenu en France^ yeux sur Des Retours pour iaspec* 
il fut plusieurs fois admis par ce ter Técole placée , depuis sa créa- 
prince on audience particulière. Les tion, sous le commandement dt La 
détails dans lesquels il entra sur la si> Serre, qui, lieutenant de vaisseau 
tnatlon du Levant firent pressentir en 1789 , avait été employé depuis 
an roi qu'un volcan ne tarderait pu igoi à diverses missions politîqnes 
à y faire éruption. Des Retours, d*nn dans l'intérêt des Bourbons, et s^é* 
esprit esseutiellement observateur, uit fait connaître en lêU par te 
avait recttdlli, sur la marche proba- publication,à Londres, de ses Etmiê 
ble de l'insurrection grecque encore MsConf «es elcrîlif «es sur te mnn'ns 
latentcdesdonnéesquidevaientbien* en Franct^ de 16614 1789« onvinfc 
tAt se réaliser. Un an s'était à peine principalement composé d'une cbco* 
écouléque raooomptisseoMnt de cer- noiogie peu développée, maisdoAl la 
tains faits avaitjustifié ses prévisions, partie critique annonce des vuea J«> 
Le roi, convaincu des avantages que didenses. Le brevet de conire ami- 
son gouvernement devait tirer des rai honoraire lui avait été aoooedé 
services d'un officier dont le coup eu 181 4, et plus tard le commande- 
d'ttil était si pénétrant, l'ékvn au ment du collège d'AngouKme. La 
gitds de contre-amiral, et le char- ministre n'avait pas caché à Des 
gea en même temps d'une mission Rotours que sa mission était trèn4é- 
cottlidentielie, ayant pour objet d*ap- licate, et qu'il dev.tii être fort drcon* 
préder, sur les lienz mêmes, les spect dans sou rapport nu roi, 
avantages ou les inconvénients du qui affrct^onnait particulièrement La 
maintien de l'école navale à Angon- Serre. Résolu cependant à dire toule 
Itee» Le choix de cette villo comme la vérité, il partit, et à son retour 
siège de cette école donnait lien à Louis XVIll le lYçut de nouveau. Ce 
des critiques incessantes. Les uns, prince était éminemment causeur ; la 
proscrivant d'nne manière absolue conversation était pour lui un moyen 
le placement de Pécule à terre, ne de développer les ressources vaisées 
voulaient entendre parler que d'un de son esprit et de les faire tour- 
vaisseau ; d'autres croyaient que, ner au succès de sa politique. Des 
pincée dans un grand port militaire, Rotours éprouvait quelque embar* 
à proximité d'une rade où les élèves ras à lui dire toute sa pensée. Ilé-^ 
enraient pu être exercés convenable- content de ce qu'il avait vu , plus 
ment à la manœuvre, elle aurait per* que jamais détermine à ne rien ca* 
misdeleurotfnr.sur d'autre» points, cher, il ne savait trop néanmoins 



Rot 

cotniiH^nt «otrer en matière. Le roi 
vîot à son aide. «Comment va La 
Serre? dit le prince. — M. de La 
Serre, répondit Des Retours, est ani- 
me des meilleurs sentiments, mais 
sa longue absence de France lui a un 
peu fait oublier ses auteurs. > Des 
Rorours faisait allusion aux con- 
naissances nautiques du comman- 
dant de Pécole, connaissances quel- 
que peu oblitérées depuis son émi- 
gration. Le roi prit le change; il crut 
qu'il s'agissait d'Horace et de Vir- 
gile. Riant alors de ce rire caustique 
dont il ne se faisait pas faute, même 
envers ses meilleurs amis : « Vous 
êtes méchant, monsieur l'amiral, 
ajoutat-il; ce pauvre La Serre n'a 
pas eu grand'peine à perdre de vue 
des amis avec lesquels il n'a jamais 
été intimement lié. Aussi n'est-ce 
pas son mérite que j'ai voulu récom- 
penser, mais bien son dévouement à 
la cause royale. • Voyant que le mo- 
narque faisait Isi bon marché des 
connaissances de son ami, Des Ro- 
tours exposa franchement les vices de 
l'organisation de l'école, vices qui, 
selon lui, prenaient principalement 
leur source, ainsi qu'il s'en était con- 
vaincu, lors de la campagne de VEg- 
piranee^ dans l'insuffisance de pré- 
paration à la pratique, trop sacrifiée 
à des études utiles sans doute, mais 
accessoires pour un officier de vais- 
seau. L'organisation de l'ancienne 
école du Tourville, avec de légères 
modifications , lui semblait préféra- 
ble au système en vigueur. Quant au 
choix du lieu, il le combattit et se 
prononça nettement pour une école 
flottante. • Au fait , vous pourriez 
bien avoir raison, reprit LouisXVUI, 
qui l'avait écouté attentivement; les 
oiseaux de mer ne font pas leurs 
BÎdsdans les bois, ils les placent d'or* 
dinaire snr le bord de IVau. « Lors- 



hot 



ii 



que la guerre d'Espagne fut résolue, 
l'amiral Des Rotburs fut , au mois de 
janvier 1823, nommé au commande- 
ment d'une division chargée de croi- 
ser dans la Méditerranée. Son pa- 
villon flottait depuis cinq mois sur 
le Centaure, vaisseau de 80 canons, 
quand il reçut l'ordre de prendre le 
commandement des forces navales 
disséminées dans la Méditerranée. Il 
se rendait devant Barcelone, dans la 
vue de les y rallier, lorsque, le 1 juin 
1823, à peine mouillé dans la baie 
de Gibraltar, afin d'y communiquer 
avec MM. Collet et Lemarant, com- 
mandant le vaisseau de 74 ïtTrident 
et la frégate de 60 canons la Guer» 
rière, en croisière dans ces parages, 
il fut informé des déprédations com- 
mises sur notre commerce par des 
corsaires espagnols sortis d'Algési- 
ras, et de l'inutilité d'une première 
réclamation faite à ce sujet par M. 
Collet auprès des autorités locales 
qui s'étaient obstinément refusées à 
restituer les quatre navires de Mar- 
seille, le Grand' Corneille, l'/rma, 
VE»poir et VIsis, conduits dans le 
port d'Algésiras. Des Rotours vint 
immédiatement prendre poste à une 
petite distance de la place, et envoya 
son premier adjudant, M. Kerdrain, 
lieutenant de vaisseau, aujourd'hui 
contre-amiral et major-général de la 
marine à Brest, signifier au gouver- 
neur don José Hurtado de Zaldevas, 
général de brigade, que, si les navires 
français et leurs cargaisons n'étaient 
pas immédiatement restitués, il fe- 
rait embosser ses trois bâtiments à 
l'entrée du port, et dirigerait sur la 
ville fe feu de son c;rtillerie. Cette 
menace, énergiquement transmise, 
eut tout le succès qu'on en devait 
attendre. Les navires réclamés fu- 
rent rendus, après que la partie de 
leur chargement, qui se troutaxt 



SI ROT ROT 

encore iptacte dans le» magasjM lieux, de rimmensc avantafre qu'il y 
dn port, eut été remise à bord par avait à se rendre maître d'un point 
les marins mêmes de la division dont la possession permettait à Peu- 
française. Ces navires et d^autres nemi de se ravitailler sans difBcnltés 
n*eurent à payer ni frais ni aucun et d'éterniser ainsi le blocus. L'at- 
droit. Le commerce se trouva ainsi taquedufort fut donc décidée et con- 
a&anchi, par le désintéressement fiée à Des Botours.Le 20 septembre 
de l'amiral Des Rotours et desofO- 1823, au point du jour, les vents 
eiers sous ses ordres, du droit au- «ctant à Test, joli frais, belle mer, le 
quel il avait été assujetti sous Tem- Centaure fit le signal d'appareillage 
pire, dans le cas de reprise. Ce droit, auquel obéirent le TridenteX la Guer- 
con^u sous le nom de recousse, s'é- rière. A sept heures, la division était 
levait à un dixième ou à un tren- gous voiles, courant bâbord amures; 
tième des valeurs reprises sur l'en- ]e Centaure était suivi du Tri- 
nemi, suivant que la recousse avait dent^ et la Guerrière en serre- ûle. 
eu lieu dans un délai de plus ou Uoe heure après, l'amiral changea 
moins de 24 heures. La chambre de d*ainures, son projet étant de passer 
commerce de Marseille témoigna, ^ terre du banc de rochers nommé 
par une lettre qu'elle rendit publi- ie Juan-Bella, En conséquence, il 
que, la reconnaissance que lui inspi- donna Tordre à la corvette l'/m, 
rait cette généreuse et éclatante ré- commandée par M. Booiface, capi- 
paration des dommages éprouvés taine de vaisseau, qui l'avait rallié 
par les négociants dont elle était pendant la nuit, de prendre la tête de 
l'organe. Quant à l'amiral, aussi la ligne, et de sonder devant elle à dis- 
modeste que brave, il répondit tance de manière à pou voir lui signaler 
n*avoir fait que remplir le devoir le brassiage, et de virer toutes les fois 
prescrit par l'honneur, inséparable qu'ilseraitau-dessous de dix brasses. 
4e la protection à donner à notre Ralliée midi par la goélette le Son- 
commerce en toute occasion. Le Cen- to-Christo^ commandée par M. Tro- 
loure quitta la baie de Gibraltar, et tel, lieutenant de vaisseau, il lui 
arriva le 27 juin devant Barcelone, prescrivit d'aller sonder dans lèvent 
Appelé ensuite au commandement aussi près que possible du récif qui 
par intérim de l'armée navale, borde la côte, son intention étant 
mouillée devant Cadix, Des Rotours d'embosser la division bâbord amu- 
l'exerça jusqu'au 17 septembre, res, à 400 toises du fort, si les vents 
quMl le remit à l'amiral Duperré. Le devenus contraires , la nature du 
premier soin du général en chef, fond et les courants, dont la vio- 
uvant de communiquer avec la terre, lence était un obstacle de plus, lui 
fut de se diriger dans le sud, où était en laissaient la possibilité. Parvenu, 
Jla division avec laquelle Des Rotours ver^ une heure , à relever le fort de 
livait déjà projeté d'attaquer le fort Santi-Petri , dans le S.-E., et à oc- 
de Santi-Petri , situé à l'embouchure cuper ainsi la position qu'il voulait 
de la rivière de Sainte-Marie, dont prendre , l'amiral Des Botours fit 
^l défendait le passage, en même tiisser le signal convenu avec les 
temps qu'il empêchait nos troupes batteries de terre chargées de secon- 
d'entrer dans l'île de Léon. L'amiral der l'attaque de la marine, et le 
Piipe|r,ré se convainquit , à la vue des Centaure s'embossa, malgré la force 



BOT 

m 

dp Tcnt qui fraîchissait en ce 
moment, et malgré celle des cou- 
rants qui le prenaient par la han- 
che de bâbord. Les voiles serrées 
avec autant d'ordre que de célérité^ 
le Centaure ouvrit le feu, auquel ré- 
pondirent les ouvrages de la pointe 
de Pîle de Léon et le fort lui-même, 
armé de 27 pièces de 24, servies par 
180 hommes. A trois heures, l'ami- 
ral, voyant que le feu de la Guer- 
rière n'atteignait pas le fort, et que 
les boulets du Trident ne le dépas- 
saient pas suffisamment, ordonna à 
ces deux bâtiments d'appare i lier pour 
reprendre poste, le vaisseau à poupe 
du Centaure, la frégate devant lui. Le 
Centaure combattait depuis une heure 
un quart, et le fort ne répondait plus 
qu'à de longs intervalles ; ses bat- 
teries principales étaient démontées ; 
un incendie s'y était même déclaré. 
L'amiral jugea que le moment de 
tenter l'assaut était venu.U fit aus- 
sitôt diriger sur ce point les cha- 
loupes de la division portant les 
troupes de ligne et un détachement 
d'artillerie de marine, sous les or- 
dres de M. Tétiot, capitaine de fré* 
gâte, commandant le débarquement. 
k la vue de ces dispositions, l'ennemi 
envoya un parlementaire qui proposa, 
pour capitulation, que la garnison du 
fort fût libre de se retirer dans Pile 
de Léon, où elle continuerait de ser- 
vir contre l'armée française. L'ulti- 
matum de l'amiral fut que la garnison 
s'engageât à ne pas servir contre la 
Franc&pendant toute la guerre. Les 
Espagnols, craignant alors de rentrer 
dans rîle de Léon, préférèrent se con- 
stituer prisonniers, et nos troupes oc- 
cupèrent le fort qu'elles trouvèrent 
approvisioiiué de munitions nom- 
breuses et de deux mois de vivres. La 
prise du fortdeSanti-Petri,en privant 
Cadix desonseul moyen de r&vitaille- 



HOT 



35 



ment, eut une influence immédiate sur 
la suite des opérations. Peu de jours 
après, en. effet, le bombardement de 
Gadi^c par l'amiral Duperré mit fin à 
la guerre. Nommé commandeur de la 
Légion d'Honneur et décoré, par le 
roi d'Espagne, de la grande croix de 
l'ordre royal et militaire de Saint- 
Ferdiqqnd , l'amiral fut sans doute 
sensiblje à ces distinctions ; mais il le 
fut plus encore à la délicate bienveil- 
lance du roi qui , pour donner une 
plus haute distinction au beau fait 
d'armes dont le si^pcès était dû à son 
énergie et à sa prévoyante habileté , 
ordonna que le vaisseau le Centaure 
changeât son nom en celui de Santi-- 
Pétri. L'amiral Des Retours com- 
manda ensuite, pendant un an, la sta- 
tion devant Cadix , à la satisfaction 
des habitants dont il protégea le com- 
merce, et auxquels il rendit un ser- 
vice plus important en les préser- 
vant de l'invasion de la fièvre jaune, 
par l'intelligente organisation d'une 
flottille sanitaire dont le service fut 
acti vement dirigé.Ce fut pendant cette 
station qu'éclata à Lisbonne , le 30 
avril 1824,rinsurrection de douMiguel 
contre son père. M. Hyde de Neuville, 
noire ambassadeur, expédia aussitôt 
M. de Béthune à l'amiral DesRotours 
qui mit immédiatement à la voile sur 
le Santi-Petri, qu'accompagnèrent 
le Trident et les frégates l'irermtone, 
VAmphitrite et VArmide; mais les 
vents contrarièrent tellement la di-^ 
vision, qu'au lieu de 48 heures, cll# 
mit onze jours à se rendre dans le 
Tage. Jean VI, qui se défiait des An- 
glais , avait résolu de se réfugier à 
l'abri du pavillon français; mais le 
retard forcé qu'éprouva notre divi- 
sion l'obligea, à sou grand regret, de 
s'embarquer le 9 mai sur le Windsor^ 
Castle. Quoique tardive, l'arrivée de 
la division n'en fut pas moins déci- 



U ROT 

siré pour Jcaa ?l. Les inffals , qoi 
afiieat CiTorisé sons nain les projets 
de doo Mi^el, n'osèreat le sovtenîr, 
et le roi fot rnotégré dus la pléai- 
tede de ses droits. La présence de 
h dÎTisioD française Butant plus 
«tHe dans le Ta^, elk retonma de- 
Tant Cadix aa mots d^oetobre 1824. 
Hais l'amiral Des Rotoors ne re^ta 
sor la rade qoe le temps strictement 
nécessaire ponr prendre ({nelqnes dis- 
positions commandées par le serrke 
de la station, et il s'en éloigna arec 
le SmmH'Fmi, le Triémi et VHer- 
mÙMM, poor se diriger Tcrs Toalon , 
d'où il fit f oile ensnite pour Brest, où 
ît arrtTa an mois de noiembre. Nous 
tondions à une époque de la tic de 
Famiral Des Rotoors où il enta sabir 
de nidfs éprenrcs. Noos Tonlons par- 
ler de son gooTemement de la Goa- 
deloape^aaqael il fut nommé en 1826. 
Parti de Brest, le 39 arril 1826, sur 
la conrette le Ehéne, il arrira à la 
Basse-Terre le 30 mai.Cette rille était 
encore plongée dans le deuil causé 
par le terrible ouragan du 26 juillet 
1825, qui Parait anéantie de fond en 
comble et qui , étendant ses rarages 
jusque dans les profondeurs de la 
mer, avait englouti les cinq navires 
mouillés sur la rade. Le langage no- 
ble et franc que fit entendre l'amiral 
Des Rotours , le 6 juin , jour de son 
installation, consola les colons et leur 
présagea qu'une administration vigi- 
lante et éclairée les aiderait à répa- 
rer promplement les pertes de Tan- 
née précédjcnte.Un funeste événement 
faillit néanmoins, à deux jours de là, 
les priver de leur gouverneur et dé- 
truire toutes leurs espérances. M"»«la 
baronne Des Rotours avait accompa- 
gné à la Guadeloupe un époux dont elle 
étaitjastementfière.yainement l'ami- 
ral l'avait conjurée de rester en Fran- 
ce, avec leurs cinq enfants, au sein de 



ROT 

denx familles dont elle faisail l'omè- 
ment. Prières, supplications, elle n'a- 
vait rien éconté, donînfe qu'elle était 
par le désir d'alléger, autant qu'il se- 
rait en elle , le fiudean que Paminil 
allait avoir à supporter. Six jours 
seulement s'étaient écoulés depuis 
qu'elle avait touché le sol de la Gua- 
deloupe, lorsque tout à cuup le bruit 
se répand que la fièvre jaune vient de 
Patteindre. Ses grâces, son affabilité 
loi avaient déjà gagné bien des cœurs. 
Aussi ne saurait-on décrire l'élan de 
stupeur dans lequel le danger qu'elle 
courait jeta toute la Basse -Terre. 
Pendant les trois jours que dura sa ma- 
ladie, les avenues du gouvernement 
forent encf>mbrées de personnes de 
toutes les classes et de tous les ^ge» 
qoi vinrent' s'enquérir de l'état de 
sa santé. Hélas ! tant de vœux ne 
devaient point être exaucés I Lé 
jour même de l'installation de l'a- 
miral , elle avait ressenti les pre- 
mières atteintes du fléau; dans la 
soirée du surlendemain, elle cessa 
d'exister ! Le cœur de l'amiral fot 
brisé; sa première pensée fut de s'é^ 
loigner des lieux qui devaient sans 
cesse lui rappeler le malheur dont il 
était frappé. Mais la colonie tout en- 
tière, s'associant à sa douleur, avait 
spontanément pris le deuil. En retour 
de cette marque d'affection, elle re- 
çut de son gouverneur l'assurance 
qu'il ne partirait pas. Cherchant 
dans l'activité une diversion à son 
chagrin, il se traîna, malgré son af- 
faissement moral, au conseil, où il 
travailla sans relâche à faire jouir 
ses administrés des bienfaits de l'or- 
donnance royale qu'il leur avait ap- 
portée. Conservatrice des bases du 
système colûnial, créatrice, en même 
temps, des sources diverses de^pros- 
périté qui devaient jaillir sous son 
administration, elle admettait les co- 



ROT ROT 3T 

Ions à discuter leurs propres inté- gooTernement étaient de natore à les 
rets, à examiner les points essentiels préparer aux conséquences, inérita- 
deradministration qui devait les ré* blés pour elles, de la révolution de 
gir, à exposer leurs besoins et à in- juillet. Aussi la période de 1816 à 
diquer les moyens d'y satisCaire. Ce 1830, pendant Uquelle l'amiral Des 
système, qui créait pour les colonies Retours a gouremé la Guadeloupe, 
une ère nouvelle, ne devait pas tar- peut-elle être considérée comme une 
der à être fortifié par Tordonnance époque de transition qui a exercé une 
que le gouverneur rendit, proprio heureuse influence sur Tavenir de 
motu» le 15 janvier 1827, sur le mode nos possessions d'outre-mer. Mais si 
de prononcer les jugements dans les quelques intérêts privés, momenta- 
procédures criminelles et de police, nément froissés, ne tinrent aucua 
Les débats furent rendus publics et compte des efforts de cette adminia- 
contradicloires, et le droit sacré de tration sagement progressive et li- 
la défense reçut Pextension et les ga- bérale; si quelques plaintes irréflé- 
ranties que réclamaient depuis long- chies et hypocrites trouvèrent e» 
temps la justice et l'humanité. Corn- France un écho trop facile auprès de 
me complément de ces incontestables quelques personnes empressées de 
bienfaits intervint ensuite l'ordon* saisir ou de créer partout et à tont 
nance du 21 septembre 1828, sur la prixdesmotifs d'opposition, les amé- 
nouvelle organisation judiciaire et liorations matérielles qu'accomplit 
législative de la Guadeloupe, qui éta- Des Rotoors ne trouvèrent du moins 
blît l'unité dans la législation, en qu'uneapprobation unanime. Agricul- 
abrogeant une foule d'arrêtés de tous turc, travaux de canalisation, com- 
les temps et de toutes les circonstan- merce, navigation, industrie, tout 
ces, qui régissaient la colonie. Cette avait pris, à sa voix et par ses ordres, 
ordonnance renfermait pourtant un un essor rapide. Ainsi, à son arrivée, 
germe de discorde intestine; mais les troupes étaient baraquées sur la 
celle du 10 oct. 1829, provoquée par savane de la Basse-Terre, pour y 
le gouverneur, l'étouffa en effaçant passer l'hivernage. Déjà la fièvre 
toute distinction entre les magis- jaune sévissait dans leurs rangs et 
trats colons et les magistrats mé- menaçait de les décimer. En proie 
tropolitains. Toutefois l'ensemble de aux ardeurs du soleil dans des mai- 
ce système qui, offert aujourd'hui sonnettes rétrécies , sans hauteur 
aux colons, serait accueilli avec suffisante et trop rapprochées les 
reconnaissance, rencontra alors de unes des autres, tout concourait à ac- 
vives oppositions. M^is homme de croître le péril de leur situation. A 
son devoir et fort de sa conscience, l'appel du gouverneur, ces troupes 
l'amiral Des Rotours leur résista avec furent accueillies par les habitants, 
fermeté, et les instructions du gou- et cantonnées par détachements sur 
vernement furent complètement exé- les hauteurs de Tile. Un camp y fut 
cutées. L'application de ce système, improvisé (au Matouba),et500 hom- 
mis à exécution à la Martinique en mes peut-être durent la vie à cette 
même temps qu'à la Guadeloupe, fut mesure qui, depuis, est restée en vi- 
un événement heureux pour nos co- gueur dans la colonie. Elle eut pour 
lonies des Antilles ; car les principes résultat un acclimatement plus facile 
sur lesquels reposaient les vues du de la garnison, et uqe grande téà»s> 



38 



ROT 



tion dans les mortalités. D'antres me- 
sures hygiéniques furent ensnite mi 
ses à exécution. Des marais infects, 
situés au nord de la Pointe-à-Pître 
et dont les Tapeurs morbifiques ren- 
daient si malsaine cette portion de 
la colonie, furent desséchés et coq- 
Tertis en jardins agréables à la vue. 
Le canal Vatable, par son achève^ 
ment, assainit aussi d'autres marais 
situés au vent de la ville et plus 
dangereux encore que les premiers. 
Les quartiers de la Grande-Terre ne 
furent pas oubliés. Le gouverneur 
y fit creuser des canaux qui por- 
tèrent la vie et la fécondité là où la 
difficulté des transports obligeiiit à 
laisser en friche des terrains immen- 
ses. Un bourg entier, portant le nom 
de Bordeaux-Bourg, s'éleva dans 
ce point central. Un canal, le plus 
important par l'étendue et la nature 
des terres qu'il traverse, était projeté 
depuis plus d'un siècle ; il fut exé- 
cuté, et le nom de Canal Des Ro^ 
iourSf qui lui fut donné, ne fut pas 
un hommage décerné par la flatterie, 
mais la juste récompense d'une sol- 
licitude éclairée jointe à une volonté 
ferme et persévérante. Qu'on ajoute 
à cela la reédification des églises dans 
la plupart des colonies, et Ton se 
fera une idée de ce qu'accomplit, pen- 
dant quatre ans, l'amiral Des Rotours 
pour faire sortir la Guadeloupe de ses 
ruines. Ce n'était pourtant pas, à 
beaucoup près, tout ce qu'il avait 
projeté. Le temps lui manqua pour 
réaliser une foule d'autres travaux 
importants qu'il avait préparés et 
dont l^xécution était décidée ou com- 
mencée à son départ, tels que la ca- 
nalisation de la rivière salée, la con- 
struction d'un bassin de carénage, 
demandée depuis bien des années par 
le commerce de la Pointe-à-Pître, et 
dont les bases furent discutées et 



ROT 

adoptée^' sous son administration j 
l'édification d'un quai vaste et solide 
à la place d'un terrain fangeux qtri 
entourait la moitié du port au vent 
de la ville; l'établissement d'un pa« 
lais de justice, d'un marché couTert, 
d'un abattoir ; la reconstruction de \â 
geôle et d'une partie de l'hôpital; 
l'augmentation des boucheries,' etc. 
Voilà certes plus qu'il n'en folfàit 
pour dire avec les habitants de la 
Guadeloupe, lorsqu'il se sépara d'eux, 
que jamais gouverneur n'avait mar- 
qué son passage dans la colonie par de 
plus nombreux bienfaits ni par de plus 
généreuses iutentions. L'ardente sol- 
licitude que montrait l'amiral Des Ro- 
tours dans raccomplissement de sa 
mission était d'autant plus méritoire 
que, peu de mois après la mort de ma- 
dame Des Rotours, un autre coup 
bien sensible avait été porté à satea- 
dresse ; une de ses filles lui avait été 
enlevée presque subitement. Aus- 
si, malgré le surcroît d'énergie qu'il 
avait puisé dans le sentiment de ses 
devoirs, ses forces subirent-elles une 
altération qui le contraignit de solli- 
citer, en 1830, son retour en France* 
Le gouvernement n'accéda qu'avec 
regret à sa demande; elle lui fut 
néanmoins accordée, et le i mai, il 
prit passage sur la Bayadère, em- 
portant avec lui les restes inanimés 
des objets de ses plus chères affec- 
tions. Toutes les personnes qui con- 
naissaient l'amiral Des Rotours se sont 
souvent étonnées que quatre années 
d'un gouvernement dans lequel il 
avait rendu de si éminents services, 
joints à ceux qu'il avait antérieure- 
ment rendus à la mer, ne lui eussent 
pas valu le grade de vice-amiraL Les 
préoccupations politiques du mo- 
ment, quelques influences parlemen-' 
tairesdont il s'honorait, puisqu'elles 
étaient pour lui la conséquence d'un 



ROT 

entier et ferme accomplissement de 
ses devoirs, ont pu seules le priver 
d^une récompense si bien méritëe. 
Néanmoins , pendant les derniers 
temps de son séjour à la Guadeloupe, 
il fut nommé commandeur de l'ordre 
de Saint-Louis, et, lors de son admis- 
sion à la retraite, le l*"^ janvier 1838» 
il fut promu à la dignité de grand- 
ofGcier de la Légion - d^Honneur. 
Des Retours était légitimiste par Con- 
viction et par sentiment, mais sans 
idées rétrogrades d'aucune nature, 
et fort tolérant pour les opinions 
autres que les siennes. Il devait per- 
sonnellement de la reconnaissance 
k la branche aînée des Bourbons, 
et il la lui conserva après sa chute. 
Mais homme du pays avant tout^ 
il est probable que si, depuis 1830, 
les circonstances l'avaient appelé à 
quelque position active, il eût servi 
la France de juillet avec le même dé- 
vouement. Son éducation avait été in- 
complète; lui-même le reconnaissait. 
Aussi ne négligea-t-il rien pour y 
suppléer. Un jugement sûr, une mé- 
moire heureuse, lui permirent de cul- 
tiver son esprit avec succès. Rien en 
effet n'était plus attachant et plus 
instructif à la fois que sa conversa- 
tion. Il n'avait eu qu'un (ils qui, par- 
venu au grade d'enseigne de vais- 
seau, promettait de ne pas être in- 
fidèle aux exemples de son père , 
mais qui le devança dans la tombe. 
Cette épreuve fut la dernière. L'ami- 
ral le suivit le 28 mars 1844, laissant 
trois filles , dont l'aînée a épousé 
M.FilhoNCamas , capitaine de vais- 
seau, fils du capitaine du même nom 
qui contribua puissamment, sur 
le Benviek^ k la reprise du fort Uu 
Diamant, sur les Anglais, en 1805, 
et qui, k quelques mois d^ là, périt 
glorieusenifut à Trafalgar, où il fit 
sur le même vaisseau, serre- iile de 



RÔT 



39 



l'armée combinée, une résistance 
telle que le Berwieh était dans le 
plus grand délabrement lorsque les 
Anglais s'en emparèrent, et qu'il cou* 
la peu de jours après le combat. Là 
plus jeune des filles de l'amiral Des 
Retours est unie à M. de la Preugne^ 
secrétaire-général de la Seine-lnfé* 
rieure. P. L— t. 

ROTTECK (Charles- Vencbslas 
de), un des hommes parlementaires 
les plus célèbres du pays de Bade, na* 
quit à Fribourg (en Brisgau) le 18 juil- 
let 1775. Son père(Ch.-A. Rottecker 
de Rotteck), directeur de la faculté 
de médecine de Fribourg et premier 
médecin des possessions rhénanes de 
l'Autriche, avait été anobli par l'em- 
pereur Joseph II. Sa mère, Charlotte 
Poirot d'Ogeron, était Lorraine. Aprèi 
avoir reçu les premiers principes de 
l'éducation dans la maison pater- 
nelle, il fut placé au gymnase de 
Fribourg, puis il suivit les cours 
de l'université de cette ville dans 
ridée de se livrer au barreau. Cet 
établissement était alors très-riche 
en professeurs distingués. Rotteck 
s'attacha de préférence à Rinderle, à 
Sauter , à J.-G. Jakobî ^ et l'on peut 
remarquer que dès ce moment il se 
préoccupait plus de ce qui devait être 
le droit que du droit lui-même. Tou- 
tefois il fut loin de négliger l'étude 
des lois positives, soit romaines, soit 
allemandes, et à côté de Kant il avait 
son Heineccius, son Leyser et son 
Petzeck. 11 atteignit ainsi l'annéel 797^ 
et fut alors reçu docteur en droit, 
après avoir soutenu avec un certain 
éclat une thèse sur l'Obligation o^ 
sont les souverains de remplir Us 
engagements de leurs prédéeesseurSy 
et notamment les engagements drs 
contrats. Bien que le développement 
qui s'était fait dans sesidées»à mesure 
qu il uvaii(;ait dans ses études, lui eût 



40 



ROT 



inspiré peu dégoût pour la pratique,fll 
accepta les fonctions d'assesseur près 
da magistrat de Fribourg.qui,à cette 
époque, exerçait simultanément les 
juridictions civile et criminelle. 11 
s'y fit remarquer ; mais dès l'année 
suivante (17t^8) il les abandonna pour 
la chaire d'histoire et de géographie 
comparée. Rotteck n'avait alors que 
Tingt-trois ans. Cette nomination un 
peu prompte témoignait sans doute 
plus du crédit des parents que de la 
capacité du très-jeune titulaire; mais 
du moins faut-il avouer qu'il sentit 
lui-même combien il lui manquait 
pour être vraiment à la hauteur de 
ses fonctions, et combien on avait le 
droit d'être exigeant à l'égard de 
celui auquel on faisait de prime-abord 
la route si belle et si facile, et qu'il 
se mit avec ardeur au travail pour 
justifier ses protecteurs. Assez long- 
temps néanmoins il resta sans rien 
produire, et c'est en 1804 seulement 
que commencèrent à paraître de lui 
divers articles dans VIris de J.-G. 
Jakobi; encore était-ce plutôt à la 
littérature ou à l'art, et non à la 
science, qu'appartenaient ces pre- 
miers essais. On comprend qu'ils 
n'en étaient que plus accessibles à la 
majorité des lecteurs; et en effet, 
pendant huit ans qu'ils se succédè- 

* rent,ilsfurent très goûtés et valurent 
à leur auteur une popularité qu'un 
ouvrage purement scientifique donne 
rarement.1 Heureusement il ne se 
laissa pas aveugler par ces succès 
faciles. 11 songeait à se signaler par 
une grande publication ; et s'il ne 
s'y était pas encore livré, c'est parce 
que, sentant avec vivacité ce qu'il 
faut apporter de connaissances , de 
vues supérieures, de style enfinpu de 
talent pour produire quelque chose de 
capital, il s'y préparait en silence par 

d^opinjâfres études. Il faut dire aussi 



ROT 

que, doué d'uneorganisation délicate 
il eut durant plusieurs années de 
suite, à partir de 1805, à lutter contre 
une affection de nerfs, qui dégénéra 
finalement en hypocondrie et qui 
faillit le mettre en danger ; du repos, 
des soins tendres et le séjour de la 
campagne le débarrassèrent enfin 
d'une maladie contre laquelle avait 
échoue l'art des médecins. C'est alors 
qu'il acheta aux environs de Fribourg 
le beau domaine de Schœnehof, et 
qu'il se mit à écrire le grand ouvrage 
dont il amassait les matériaux depuis 
long-temps {VHistoireuniverselté), 
et dont le 1®' volume vit le jour en 
1813. Les revirements politiques qui 
suivirent n'en hâtèrent pas la conti- 
nuation ; car, au commencement de 
l'année suivante, il se chargea de la 
rédaction du journal qui paraissait, 
de deux jours l'un, sous le titre de 
Feuilles allemandes^ par ordre des al- 
liés,et dont la 1^* pHtiie^iieNauveUes 
militaires et politiques, se compo- 
sait de communications émanant du 
quartier-général : Rotteck était alors 
d'accord avec les princes qi;i étaient 
d'accord avec les peuples pour la déli- 
vrance de l'Allemagne et de l'Europe. 
L'année suivante, il publia sous le 
voile de l'anonyme une brochure 
intitulée : Un mot sur le système de 
guerre actuel^ où il s'élevait de toutes 
ses forces contre la manie des grosses 
armées, manie venue de la France, et 
qu'il n'héritait pas à montrer comme 
déplorable. Une autre brochure, écrite 
sous l'impression des mêmes idées, 
avec ce titre : Des armées perma* 
nentes et de la milice nationale, sui- 
vit de près la première. Elle fit grand 
bruit et eut auprès des uns un succès 
d'enthousiasme, tandis que les au- 
tres traitèrent ses plans de chimè- 
res et d'utopies. Ce qui porta au 
comble l'animation des deux partsi 



ROT. 

eft foi .de voir le grand^duc de Saxe* 
Weiinâr>adQpîaDt les idëes deRotteck, 
ri^uireà un chiffre iDsigni6ant .ses 
forces permanentes, et organiser dans 
son État la milice nationale indiquée 
par Rotteck comme devant désormais 
remplacer l'armée. Cette coïncidence 
d^idées du prince et du professeur 
était effectivement un fait remarqua- 
ble; et il ne l'est pas moins de voir que 
nul danger, mêïne en apparence, n*est 
résulté pour Saxe-Wèimar de la 
prompte introduction jd'un . système 
si opposé k celui qui est encore en yi- 
gueuràpeu près dans toute TEurope. 
£'année 1817 vit Ruttcck descen- 
dre de ces hauteurs, pour traiter 
une question plus spéciale. 11 venait 
de quitter sa chaire d'histoire pour 
celle de droit national et des sciences 
politiques (1816) ; tout à coup l'exis- 
tence de l'université de Fribourg, 
comme celle detoutes les petites uni- 
versités allemandes, fut mise en ques- 
tion par la diète fédérale. Le gouver- 
nement de Bade lui-même ne savait 
s'il viendrait à bout de garder cette 
institution ; Rotteck lui vint en aide, 
et sa brochure Sur le maintien de 
runiversité de Fribourg, en produi- 
sant une sensation profonde, tant sur 
le public que sur plusieurs des per- 
sonnages dont la voix devait décider 
du sort de l'institution, fut pour beau- 
coup dans la détermination favorable 
qui s'ensuivit. Bien qu'en cette occa- 
sion Rotteck eût en quelque sorte 
combattu pour, lui-même, et, comme 
quelques-uns le disaient en riant, 
pro arts et foeis, ou mi^me pro domo 
iuâ^ l'université de Fribourg, le re- 
gardant comme son champion, lui 
voua une vive reconnaissance ; et 
deux ans plus tard (1819) elle lui en 
donna un témoignage en l'envoyant 
comme son député à la chambre, lors 
de la première réunion des état? du 



ROT 



41 



grand-duché de Bade. Mais dans nn* 
tervalle il avait encore fixé les regards 
sur lui'pâr deux au très brochures, qui 
pouvaient passer en méme4emps et 
pour des déclarations de principes, et 
pour des ouvrages de haute portée. Ils 
étaient intitulés, l'un : De Vidée <t âê 
la nature de la société et de la volonté " 
sociale collective'^ l'autre : De ropfK>- 
si tton des principes du droit naturel 
(ou de la politique théorique) et de la 
politique historique. Les idées qu'il 
formule nettement dans ces deux 
brochures, déjè plus d'une fois, mais 
avec moins de netteté peut- être, il 
les avait développées dans ses cours, 
soit quand du haut de sa chaire d'his- 
toire, s'attachant à décrire, à ca- 
ractériser les institutions^ il les 
comparait avec ce qu'elles auraient 
dû être en droit, soit lorsque, s'a- 
dressant aux élèves , à côté des 
principes rationnels qui ne doivent 
jamais être perdus de vue, il faisait 
excursion dans le champ histori- 
que, et montrait ce qui a existé ou 
ce qui existe en fait. Déjà aussi'on 
les apercevait dans les premiers vo- 
lumes de son Histoire universelle, 
qui marchait toujours, quoique ^vi 
peu plus lentement, par suite de cette 
dispersion de l'activité de Rotteck 
sur d'autres objets. L'ouvrage avait 
été salué dès son apparition par des 
applaudissements; et le succès, la 
célébrité croissaient toujours, l'op- 
position et la|critique aussi, il faut le 
dire, mais celles-ci n'empêchaient 
pas la vogue et surtout le bruit. Dé- 
sormais ce n'était plus le professeur, 
ce n'était plus l'historien , c'était 
l'homme politique que chacun aper^ 
cevait dans Rotteck. Le vœu d'une 
portiop de l'Allemagne pour une ré- 
volution politique pacifique et pour 
l'établissement du t€^\si^ ^^tl^^MSkl- 
tionne\ éU\\, uu l^àX^ ^N. ^ ^^^ ^^«\ 



4t 



ROT 



à U féille de se réaliser. Dès lors 
Rotteck»iin des représentants les plus 
avancés de cette tendance^ neptuivait 
manquer de prendre rang parmi les 
hommes dont les actes et la voix se- 
raient de première importance dans 
le conflit. En effets il fut nommé, 
comme nous Pavons dit, eu 1819« par 
l'université de Fribourg, son rcpr»*- 
sentant aux états, et en cette qualité 
il prit part trois ans de suite (1819* 
182S) aux sessions de la preaiière 
chambre ou chtmbre noble. Au mo- 
ment même de Pou vertu re de cette 
assemblée délibérative, il venait de 
faire paraître ses Idéei $ur les étatê 
provinciaux , lesquelles forment 
oomme un tout avec les deux autres 
brochure^s dont il a été question plus 
haut. Bientôt aprè^ il parut à la tri- 
bune pour pré^nter une motion en 
faveur du rétablissement de la Jiberié 
des études que diverses disposition^, 
les unes depuis 1815. les autres m^me 
antérieures à cette époque, avaient 
sigulièrement limitée dans le duché 
de Bade. Les considérations qu'il tit 
Taloir étaient si sages, les mesures 
qu'il proposait si utiles et si prati- 
ques, les vues et le ton de Torateur 
si convenables et si mesurés, que le 
gouvernement badois crut à propos 
de les adopter et de soumettre aux 
états (dès 1830) un projet de loi qui 
s'éloignait peu des demandes de Rot- 
teck et qui ne tarda pas à ôtre aduiis 
par les deux chambres. Ainsi le pre- 
mier pas du représentant de l'univer- 
sité de Fribourg avait été un succès. 
Il n'en fut pas de même quand, à 
propos de l'affaire du prince de Wes- 
senberg, il présenta une proposition 
sur l'eut de l'église catholique ui- 
tionate, et sur les mesurer à prendre 
pour le maintien de son individualité 
contre les empiétements du saint- 
siége. L'article donné sur cette pro- 



ROT 

position par la Baxitte Uttérattê dé 

Martiaux portait pour titre : lIToii- 
tellei injures à Véglise catholique^ et 
l'on qualifiait le discours que Rotteck 
avait tenu à cette occasion « d'ironie 
p.itente« de grossier outrage et de 
libelle. « C'était exagérer; mais en 
réalité il y avait dans le ton et les 
formes de Rotteck certaine raideur, 
certaine acerbité qui, sous le vernis 
d'une politesse affectée , laissaient 
apercevoir plus que de rindiffë» 
rence ; et si ceux qui récriminaient 
faisaient fausse route et se mettaient 
dans leur tort en déployant de te 
violence dans leur style, ils ne se 
trompaient pas en voyant que ses 
réflexions ne partaient pas de senti- 
ments avec lesquels ils pussent sym- 
pathiser. C'est ce qui devint encore 
plus clair lorsque le champion de 
Wessenberg fit paraître sa Revue dsi 
ouvrages de polémique auxquele 
l'affaire Wessenberg a donné luiii* 
sance. Bien que s'eiforçant de garder 
beaucoup de mesure dans ces appré» 
ciations, Rotteck, par cela même qu'il 
s'appesantissait sur cette alTaire, était 
entraîné, tant par la nature des choses 
que par son caractère bouillant^à for- 
muler et K trancher plus qu'il n'eût 
été désirable pour son re|)08. Non- 
seulement il s'attira un grand nom- 
bre d'ennemis, mais il donna de ses 
principes et de ses tendances une 
idée qui devait lui piéjudicier au- 
près de personnages influents. On 
ne l'en vit pas moins , quelque 
temps après, se déclarer dans ijne 
autre afl'aire contre ce Wessenberg 
dont il s'était si chaleureusement 
posé le défenseur. Ce fut lorsque ce 
seigneur proposa d'établir one com- 
munauté pour les jeunes étudiants en 
théologie et un tribunal de mœurs 
moitié spirituel, moitié de police. Il 
se déclara hautement contre l'nne et 



ftOT 

Tâutre dt b^ institotîonsi qu'il ne 
jugeait ni fondées en droit, ni aptes 
à produire l'amélioration morale à 
laquelle on tisait. Nous sommes asse:i 
portés à croire qu^il avait raison » 
mais il eût été plus adroit de ne point 
se séparer publiquement d'avec un 
ami investi de l'estime générale. 
Tous ces incidents au reste s'effacent 
devant la lutte que bientôt Rotteck 
entama relativement aux corvées et 
aux dîmes. Vœicker avait lu à la 
deuxième chambre une proposition 
qui tendait k concilier les intérêts des 
corvéables et des propriétaires, en 
stipulant qde l'État , il est vrai , re- 
noncerait aux corvées et suffirait au 
service par d'autres moyens. Cette 
proposition, adoptée par la seconde 
chambre , avait déjà reçu dans l'autre 
l'assentiment de la commission char- 
gée d'en faire Texamen, et il n'était 
point improbable que le vote de la 
chambre entière fût conforme au rap- 
port, quaiid Rotteck, en demandant 
plus queVœlcker , plus que la commis- 
sion , fit tout échouer , ou du moins 
donna lieu de le prétendre et de pré- 
senter le libéralisme comme spolia- 
teur et insatiable. En effet, suivant lui, 
i^était à fort qu'avaient été exceptées 
des corvées d'Ëtat,qu'on était en train 
de détruire, celles qui concernaient le 
service militaire (celles-ci, à son avis, 
n'avaient pas plus de raison de subsis- 
ter que les autres et devaient tomber 
avec elles); et quant aux corvées sei-. 
gneuriaies,sauf cel les dont l'existence 
était garantie par une clause expresse 
d*acte notarié, leur abolition devait 
s'opérer sans dédommagement au 
profit des propriétaires déchus de 
leur privilège. Ce langage tranchant, 
cette application aveugle et brutale 
de théories absolues, ce mépris com- 
plet des faits et des précédents, ne 
rsppelaitat que trop la doctriue et 



ROT 



4S 



les actes de la Constituante ; et de la 
part d'un de ces hommes qui auraient 
volontiers reproché k leurs antago- 
nistes politiques de n'avoir rien ou- 
blié et rien appris, c'était aussi avoir 
bien peu appris, bien {ieu comprlî^ 
que de venir ressusciter an bout de 
vingt-sept ans les exagérations des 
premiers révolutionnaires, qui dà 
moins avaient pour eux l'excuse dé 
l'inexpérience et de la naïveté primi- 
tive. Rotteck s'entendit traiter de dé- 
magogue et vit se soulever contre 
ses propositions la chambre entière; 
trois ou quatre orateurs, les uns avec 
les armes de la dialectique et de la 
science, les^ autres avec les traits dé 
la satire, se relayèrent à la tribune 
pour réfuter les prétentions insoute- 
nables qu'il émettait. Le baron de 
Turkheim commença et traita soil 
système d'ultra-libéral ; le baron dé 
Bade suivit , puis Wessenberg , puià 
Baumgartner, puis le célèbre juris- 
consulte Just Thibaut. Toutes ces 
réfutations n'étaient que trop vraies, 
et bien qu'à coup sûr on eût pu dire 
que presque tous ces membres de la 
noble chambre plaidaient leur causé 
en défendant les corvées, il n'en est 
pas moins évident que Cette cause 
était la justice, et que la chaihbre eût 
forfait à ses devoirs en tolérant la 
spoliation de la classe Seigneuriale 
tout entière. Du reste tout le mondé 
convint que dans cette lutte déses- 
pérée Rotteck fit preuve d'une force, 
d'une profondeur extraordinaires, et 
que s'il était en dehors de toute saine 
politique en soutenant que ce qui n'a 
pas le droit pour soi doit par oela 
même être impitoyablement retran- 
ché, en revanche son exposition de 
toul ce qui constituait le droit, de 
tout ce qui était le droit ne laissait 
rien à désirer. Ce débat dura long- 
temps et eut un long retentissement 



44 ROT ROT 

d^ boQt à rtntre de l'iltemigne. écouU ses déTeloppemenls, ses ex- 
Le Bdéme spectacle se renouvela, posés de principes avec une patience 
nais m petit et avec des traits un que Ton nVût peut-être plus trouvée 
peu différents , à propos de la dis- de ce côté-ci du Bhin ; mais od ne 
Gussion sur l*aboliiion des dîmes, tint pas compte de ses réclamatioas, 
Dans la proposition formulée à ce et le projet du gouTernement passa en 
tsojti par le député Liebe nstein et ao- quelque sorte à Tunanimité à la ire 
cueillie par la seconde chambre, les diambre. U en fut absolument de 
dîmes devaient être remplacées par même lors de la session suivante 
un impôt foncier équivalent. Pas une (1822). Cette fois ce fut contre les 
voix, dans la chambre noble, n'ap> corvées d^État qu'il prit la parole; 
prouva ce projet; la commission, par sa motion fut ci>mbattue par Tur- 
Porgane de Thibaut, le rejeta comme kheim et par Zachariae, et finale- 
préjudiciant aux droits des nobles ; ment écartée sans qu'une voix dans 
Rotteck, au contraire» le blâma comme la chambre noble s'associât à la 
insuffisant et ne reconnaissant pas le sienne. U reparut bientôt à la tri- 
droit imprescriptible de la masse des bune, afin de soutenir le projet que 
propriétaires à l'exemption de toute venait de voter la ^ chambre, sans 
charge autre que les charges corn- Tinitiaiive du gouvernement, pour 
Bunesà tous et profitables à TÉtat. Tabolition de la nouvelle dîme; et 
On devine que la chambre, lorsqu'il nul doute même que la motion à la 
s'agit de prononcer et qu'elle rendit suite de laquelle avait été votée cette 
un vote négatif, se rallia aux motifs résolution nVût été à Tavance cou- 
du rapporteur et non à ceux de Rot- certée avec Rotteck. Le discours 
teck. Il s*y était bien attendu lui- qu'il prononça en cette occasion était 
même; mais il n'en persévéra pas éloquent: solennité, chaleur, images 
moins dans sa voie,et,ioin d'en dévier, vives et colorées, rien n'y manquait* 
il forma la résolution de poursuivre, Il adjurait ses collègues de renoncer 
par tous les moyens en son pou- à cette usure exorbitante de la dîme 
voir y l'abolition pure et simple de foncière; il conjurait la noble cham* 
tous les droits féodaux qui pesaient bre d'accorder au moins à l'esprit du 
sur la propriété. Nous ne serons siècle cette ^satisfaction minime, eu 
donc pas étonnés de le voir en 1820 égard à l'importance de tant d'autres 
et 2i, lorsque le ministère proposa privilèges dont l'aristocratie devait 
pour la suppression des corvées sei- continuer à jouir, ou dont elle an- 
gneuriales , et pour celle des rede- rait les équivalents ; il traitait l'op- 
vances qui tiraient leur origine de position au désir exprimé par la se- 
la main-morte, deux projets de loi coude chambre de cartel adressé à 
ayant pour base commune le princi- Topinion publique. En un mot, s'il 
pe de l'indemnité, réclamer avec vé- eût suffi d'un langage palpitant et 
hénence, sinon contre l'indemnité passionné pour faire passer des con- 
nitee, du moins contre le système viciions ardentes dans l'âme de ceux 
qui mettait l'indemnité à la charge qui écoutaient, il eût sans doute £iit 
«le ceux auxquels profiterait le re* quelques prosélytes dans son audi- 
trait des droits seigneuriaux, et de* toire; mais, indépendamment de ce 
iMnder que le trésor public seul eût qui manquait à l'équité de U cause 
è déâommÊg^ les perdants. On de HotiedL, ta chambre et oem 



ROT 

qu^ftlle Représentait semblaient irop 
directement intéressés à ce qae ses 
idées fussent repoussées, pour se 
laisser jamais entraîner par ce qû^il 
pouiPrâit dire. La résolation de la 
2* chambre échoua donc comme 
toutes les autres propositions analo- 
gues.. Rotteck s'était encore signalé 
pendant les trois sessions par sa 
très-énergique participation à d'au- 
tres débats. En 1819, il avait opposé 
au rapport de Ttukheim sur Tdtat de 
la noblesse un contre-rapport très- 
fort de logique> mais où il partait 
du point de vue de la démocratie 
pure. C'est de tous ses écrits le 
seul où ce principe étroit et faux 
soit exclusivement posé. Il eut 
d'autant plus tort que non-seule- 
ment il contredisait, sans s'en aper- 
cevoir, ses propres principes que le 
fait seul n'est rien et que nul droit 
ne peut prévaloir contre le droit, 
mais qu'il donnait occasion k ses an- 
tagonistes, les uns peu habitués aux 
discussions philosophiques, les au- 
tres-peu de bonne foi, de le repré- 
senter comme ennemi du principe 
monarchique ; ce qui n'était pas, car 
en réalité c'est à l'aristocratie seule 
qall en voulait, c'est à la renverser 
qu'il tendait, et rien de plus facile au 
contraire que d'opérer la conciliation 
de la démocratie comme il Tenten- 
dait, et même comme on l'entend, et 
de la monarchie. H en résulta 
qu'aux yeux mêmes du gouverne- 
ment , comme à ceux de la noblesse, 
Rotteck eut Pair d'un ennemi achar- 
né; il ne put jamais s'en laver, et 
s'il s'en consola pour lui-même, il 
dut en gémir pour le triomphe de ses 
idées, puisque i)ès lors tou{ ce qui 
émuna de sa bouche fut suspect. Â 
la session de 1820, il présenta, encore 
inutilement, une proposition pour 
l'adoucissement des lois restrictives 



AOT 



4( 



de la liberté de la preste, et par 
allusion à la motion qu'aviit faite 
Winter l'année précédente pour son 
affranchissement complet : « C'est un 
triste abaissement de nos désirs , 
dit-il en commençant, et un triste 
indice du ton du jour, que de venir 
implorer, lion la Irberté de la presse, 
mais le relâchement des entraves 
qui la gênent.* 11 n'agit pas plus 
sur la chambre, mais il eut un grand 
succès au dehors, quand, aiix résolu- 
tions de ce corps sur les relations 
commerciales avec l'étranger, il op- 
posa un contre-rapport qni, posant 
aussi en droit la liberté du commer- 
ce, expliquait cependant le prin- 
cipe tout différemment, et ruinait de 
fond en comble le système de la 
chambre. Les principes trop absolut 
de Rotteck ne convenaient pas à l'é- 
poque de transition pour laquelle il 
s'agissait de légiférer ^ti s'il est vrai 
que les dispositions arrêtées par la 
chambre laissassent beaucoup à dési- 
rer, celles de'Rotteck, à leur tour, 
n'étaient pas irréprochables. L'op- 
position qu'il fit la même année à la 
loi présentée par le gouvernement 
badois pour les dépenses de la 
guerre fut plus heureuse , et il eut 
la joie de voir la chambre adopter sa 
motion pour la répartition égale de 
toutes les charges militaires. Mais 
on le vit de rechef en désaccord avec 
la majorité, quand il fut question 
de déterminer par une loi la part 
de pouvoir à donner au gouverne- 
ment central, et celle qui serait 
réservée aux communes^ pour s'ad- 
ministrer par elles-mêmes. Rotteck 
parla et agit dans un sens complète- 
ment décentralisateur, et comme on 
peut le deviner, si l'on pense que les 
communes ne s'administrent v^^^t- 
dinairemenl eu K\\^\si%3gùfc 'v*^ V»^ 



i9 



MT 



consUmpieot seul de son avis. II 
y a?aît loog-temps que, par son atti- 
tude et rensembie de ses actes, il 
avait dëplu au ministère badois et, à 
ce qu'il paraît, au souverain lui- 
iDéme. Aussi n'est-il sorte d'efforts 
qui, lors ^e la nouvelle convoca- 
tion des états, n'aient été multipliés 
ponr l'évincer. On alla jusqu'à faire 
C4>urir> et même lire à des élec- 
jleurs» une» lettre où un conseiller 
^'ftat exprimait sa profonde aver- 
sion pour Rotteck, et menaçait de 
son mécontentement ceux dont le 
vote le ramènerait à la chambre. 
Ces mesures, jointes aux inimitiés 
qu'il s'était attirées, et à ce que 
beaucoup d^esprits sérieux trou- 
vaient que la doctrine du droit 
tranchait un peu trop dans le vif, 
opérèrent Teffet voulu par le gou- 
vernement , et Rotteck ne fut re- 
nommé ni par l'université, ni par la 
classe bourgeoise, qui l'eût fait sié- 
ger à la 2^ chambre. Mêmes procé- 
dés, même résultat en 1828. Mais 
on ne saurait méconnaître que sa 
popularité s'en accrut, et qu'il y eut 
autour de lui quelque chose du per- 
sécuté, de l'exilé. C'était le ManUel 
de l'Allemagne ; et ceux même qui l'a- 
vaient combattu le sentaient redou- 
table- On ne négligea rien pour le di- 
minuer durant son absence. De son 
côté il redoubla d'activité. 11 acheva 
son Histoire universelle dont les 
livraisons s'étaient toujours suivies 
pendantqu'illuttait aux états, et dont 
le 9® et dernier volume parut en 
1827. Le succès en augmentait sans 
cesse, et dès 1835 il devait en paraî- 
tre une 11® édition-, plus de 100,000 
exemplaires en furent vendus dans 
an espace de moins de 15 ans. 11 n'a- 
vait pas encore relu la dernière 
^eave,(1826), qu'il se chargea de 
P9titinuer le grand travail du baron 



flOT 

d'Aretip, iffM^ulé : J>rM polMlue 
de la fnonarMe cùnstiMiotmelle. 
£nfîn en 1820, outre une édition de 
ses Opuscules^ contenant plniienrs 
des brochures dont il a été quea- 
tion plus haut et quelques élogef, 
il publia les deux premiers to- 
mes de son Manuel du droit ration- 
nel et des sciences politiques. On sait 
combien la révolution de 1830 opéra, 
dans les commencements, de change- 
ments en Allemagne. L'état de Bade 
fut un des premiers à en ressentir le 
contre-coup, d'autant plus qu'avec la 
révolution coïncidait presque l'avé- 
nement d'un nouveau grand -due. 
Rotteck, qui venait de relever les 
Annales politiques universelles , 
fondées par Posselt, rédigées par 
Murhard et quelque temps inter- 
rompues, fut réélu dans cinq lo- 
calités ^en même temps, comme 
membre de la 2^ chambre, et ce fut 
en grande partie sur ses désignations 
que les autres choix eurent lieu. Dè^ 
l'ouverture de la session, il fut nom- 
mé vice-président. La constitution 
avait été changée en 1825 ; Itzstein 
en demanda le rétablissement. Ce 
fut Rotteck que l'on chargea d'en 
présenter le rapport , et la consti- 
tution fut rétablie. On en revint 
ensuite aux dîmes et aux corvées, 
sur la motion de Knapp, et cette fois 
encore le rapport fut coiiGé à Rot- 
teck. Les idées repoussées en 1820 
remportèrent une pleine victoire. 
Dans la discussion sur l'organisa- 
tion des communes, il prit la pa- 
role à diverses reprises , et plu- 
sieurs de ses vues prévalurent ; il 
parla pour la liberté de la presse 
avec la chaleur qu'il apportait à 
toutes ces questions, et si la résis- 
tance de la première chambre em- 
pêcha le parti dominant d'obtenir 
tontes les dispositions qu'il eût vou- 



ROT 

lii«8, dn inoîns eut-ii une loi de la 
presse satisfaisante. Son retour à Fri- 
bourg fut une ovation; à Kentzingen 
surtout il fut accueilli avec transport. 
Mais tous ces triomphes ne devaient 
être que momentanés. Dans Tinter* 
yalle des deux sessions (de 1831 à 
1833), panirent les cent quarante et 
quelques numéros du journal le Lu 
iiral (der Fressinnige), auquel il prit 
la part la plus active; mais la n)ême 
époque aussi vit s'élaborer à Franc- 
fort les résolutions de la diète, dont 
le résultat fut Textinction de la li- 
berté de la presse ; le Libéral cessa 
de paraître avant de compter cinq 
mois d'existence. Diverses mesures 
réactionnaires suivirent, et deux 
d'entre elles atteignirent Rotteck et 
Wœicker (1833). Par l'une, il fut 
mis à la retraite comme professeur ; 
par l'autre il fut déclaré incapa- 
ble pour cinq ans de diriger une pu- 
blication périodique. Toutefois il res- 
tait membre die la chambre, et, dans 
cette position, qu'il garda jusqu'à sa 
mort, il ne cessa de lutter pour la 
cause du droit rationnel, du progrès, 
et contre l'influence de la diète ger- 
manique. En 1835 surtout il Gt une 
propositron tendaut à demander au 
gouTernement le complément et les 
garanties de la constitution : la cham- 
bre l'adopta et en lit une résolution ; 
mais le ministère badois défendit 
rimpression et de la proposition et 
da discours ; il ne permit pas même 
qu'il parût dans les procès- verbaux 
des séances. Ce fut le premier exem- 
ple d'une pareille censure. D'autre 
part, ses concitoyens s'attachèrent 
à le dédommag<*r des sévérités du 
pouvoir. Deux fois la ville de Fri- 
bourg relut pour bourguemestre; 
mais, la première fois, le gouverne- 
ment refusa de sanctionner cette no- 
mînatioiiy et ia seconde, Rotteck, 



ROT 



il 



pour prévenir les conflits « refusa 
j'hon rieur qu'on s'obstinait à lui dé- 
férer. La mort de Winter changea un " 
peu sa position. D'une part, quoiqoe 
personnellement Tobjet des bainas 
de ce ministre, il s'empressa de 
souscrire pour le monument élevé 
à sa mémoire ; de l'autre, les idées 
constitutionnelles, malgré la com- 
pression qu'elles éprouvaient, ou plu- 
tôt à cause de cette compression, 
avaient gagné du terrain. D'ailleurs, 
son mérite personnel, son talent de 
parole, sa science et la sincérité 
de ses convictions , que persomie 
n'avait mise en doute, son rang de 
leader et presque de chef de l'op- 
position, tout cela, au bout de huit 
ans d'existence parlementaire, lui 
avait conquis l'estime et la consi- 
dération. Dans l'été de 1838, il 
fit un voyage à Vienne, où il vit 
M. de Metternich. Le ministre lui 
fit un accueil distingué, et eut avec 
lui une longue entrevue, dont on 
paria beaucoup dans les gazettes al- 
lemandes. De retour dans le grand- 
duché, Rotteck prit part, comme par 
le passé, aux discussions de la cham- 
bre, et toujours sur la ligne libérale. 
Toutefois, on crut remarquer qu'il y 
avait un peu de réserve dans son 
langage, et il finit par trouver 
grâce aux yeux du gouvernement 
badois ; sa chaire lui fut rendue 
dans le courant de 1840. Mais il n'a- 
vait pas long-temps à jouir de cette 
réhabilitation. Sa santé était ir- 
rémédiablement brisée par les se- 
cousses politiques. Les bains de 
Rippoltsau, qu'il avait toujours vi- 
sités avec succès, finirent par ne 
plus opérer , et un redoublement 
d'accès de goutte le força de s'ali- 
ter au mois d'oct. 1840. Il qk^Sl- 
rutle 16 iio\« «v]Â^«ii\..^^xi*& ««^'«^ 
donué, e\iem\uivka»Q\A^>Àax.^ 



4» 



ROtJ 



queoonpIètedesesooTrages. li faut 
y joindre un Abrégé de l'Histoire 
uki^eneUe, Stuttgart, 4 ?ol., un 
Meeueil d'ùpuicules hiiîoriques. et 
philoêophiques^ et grand nombre 
d'articles dans les neuf premiers 
vol. du Staatê Lexieon^ sorte d^en- 
cyclopëdie de droit politique qu'il 
. dirigea d'abord avec Wœicker et 
dont ensuite il abandonna la direc- 
tion à son collaborateur. P— ot. 
ROU (Jean), avocat au parlementa 
de Paris, néversIemilieuduXVIl^siè- 
cle, d'une famille protestante, mena 
une Tie assez agitée. Ayant publié en 
1675 des TabUê chronologiques , il 
fut misa la Bastille, pour s'être mon> 
tré trop favorable aux croyances de 
l'église réformée. A sa sortie du chft- 
teau royal , il se retira en Hollande, 
devançant de dix années^ par un exil 
volontaire, la révocation de l'édit 
de Nantes. Il établit sa résidence à 
La Haye, où il continua de se livrer 
aux études qui avaient fait le charme 
et le malheur de sa vie. Le mérite du 
réfugié fut tellement apprécié que la 
place de secrétaire-interprète des 
états -généraux étant devenue va- 
cante par la condamnation de Wicqne- 
fort^qiiien était pôur^u^ à une prison 
perpétuelle, leurs hautes puissances 
coiifièreiK à Rou ce poste important. 
Il IVxerça Jusqu'à sa mort, arrivée 
en 1711. On a de lui des ouvrages de 
genres différents, où il fait preuve 
d'une instruction solide. I. Histoire 
de Célimante et de Télesmène, Paris, 
1644, 2 vol. in-8<», roman peu recher- 
ché, 'Oit Lenglet Dùfresnoy , et que 
Hérissant, rédacteur du Catalogue de 
madame de Pompadour, attribue à 
Jean Rou, et non Le Rou, ainsi que le 
nomme Barbier, d'après Van Thol 
(n* 7S76 du Dictionnaire des Anong^ 
mes). //. Le Prince chNHen et poW- 
^ffy^f Iraânitde l'espagnol de don 



ROU 

DiègueSiavedra Faxardo, Parît,l66è; 
9 vol. in-lS (avec emblèmes gravés): 
Cette traduction, dédiée au dauphin, 
obtint un tel succès qu'il s'en fit une 
nouvelleéditionà Amsterdam en 1670, 
2 vol. petit in-12, laquelle peut s'an- 
nexer à la collection des Blzevirs. Les 
emblèmes sont mieux gravés que 
dans l'édition de Paris (1). Le traduc- 
teur expose dans sa préface la mé* 
thode qu'il a suivie pour rendre 
les pensées de l'auteur original, et à 
la manière dont il s'exprime à ce su- 
jet, on est porté à croire qu'il les a 
plus souvent paraphrasées que tra- 
duites ; au surplus, texte et traduc- 
tion sont également oubliés aujour- 
d'hui. III. Remarques sur t*Histoire 
du Calvinisme de M. de Jfatm- 
bourg, La Haye, 1682, in- 12. Ce 
livre fut fort goûté en Hollande et à 
Genève. Baylc, qui en fait un grand 
éloge dans sa Correspondance, relève 
une erreur de l'auteur, qui avait at- 
tribué àClaudin le jeune la musique 
des psaumes qui se chantent dans les 
églises réformées, tandis qu'elle est 
de Goudimel {voy. ce nom, XVIII, 
169), connu pour un excellent mu- 
sicien. lY Tables chronologiques 
pour Vhistoire sainte et ^histoire 
profane depuis la création dm 
monde jusqu'à Van 1675, Paris, 
1672-75, gr. in-fol. de 16 feuilles. 
L'auteur paraît être le premier qui ait 
eu l'idée, si souvent exploitée depuis 
lors, de présenter dans une suite de 
planches divisées par colonnes le ta- 
bleau synchronique de tous les faits 
principaux dont se compose l'histoire 
de chaque pays depuis l'origine du 
monde. Non-seulement Rou fut mis à 
la Bastille pour cette publication, 
mais les planches et l'ouvrage furent 



(0 L'emblème qui représeote la cigogo* 
r la tour d'un temple est rwté «o bl.nc 



wt la tour d'un templ. 



Saisis. Le duc de Montausier, Rains- 
sant {voy. ce nom, XXXVl, 564), 
et d'autres hommes puissants s'in- 
terposèrent vainement pour en de- 
mander la restitution. Le tout fut per- 
du pour lui, de sorte que la rareté 
en était telle «que le peud'exemplaircs 
échappés se vendait jusqu'à cinquante 
écus chacun (2) • Un autre genre de 
tribulations était réservé au savant 
chronologiste. Tal lents, membre du 
collège de la Madeleine, à Cambridge, 
^ paraître, eu 1680, des Tables chro- 
nologiques en seize planches fort 
bien gravées, lesquelles étaient eu 
grande partie la reproduction de Tou- 
vrage de Rou; aussi en parla-t-il 
amèrement dans une lettre qu'il écri- 
vit à Bayle. « Je ne saurais me plain- 
dre du procédé de M. Tallents. Il 
y a deux manières de se servir du 
travail d'autrui sans courir le risque 
de passer pour plagiaire : l'un^ est 
de nommer franchement les auteurs 
qu'on imite et sur les pas de qui on 
marche ; l'autre est de supprimer leur 
nom, mais en copiant leur méthode 
d^une façon si visible qu'il paraît de 
là qu'on n'a aucun dessein de les pri- 
ver de la gloire de l'invention. M. Tal- 
lents a choisi à mon égard la dernière 
de ces deux conduites (3).* Rou avait 
pu sauver à grand'peine pour son 
usage un exemplaire de ses Tables 
chronologiques. Il en existait un dans 
la bibliothèque de l'abbé Rive, ache- 
tée en 1793, par Chaussard et Co- 
lomby. V. Les Psaumes de don An- 
tonio^ roi de Portugal, traduits en 
français par Du Ryer, nouvelle 
édition, augmentée d'une disserta- 



(a) Méthode pour étudier l'Histoire, ô<li- 
tioo doDuée par Drouet, Paris, 177'if t. X, 
p. II 3. 

(3) Lettres de if. Bajle^ avec des remar- 
ques, de Desmaiseaux, Aia>tL*riliiiu, fj^g, t. T, 
p. a5o. 

IXXX, 



ROU 



49 



iioH préliminaire sur le Vous et le 
Tu en parlant à Dieu, La Haye, 
1691iin-12.Rou avait achevé on iOQG 
une traduction ûeVIIibloire d'Espa- 
gne de Mariaua, mais «cet ouvrage, 
capable d'immortaliser son nom, déjà 
si célèbre, • lui écrivait Bayle, a passé 
dans les mains de dillerents lil)raires 
qui n'ont pu eu entreprendre l'im- 
pression. Basnage de Beau val donne 
aussi les plus grands éloges à cette 
traduction, aux notes de critique et 
aux remarques de géographie, de 
chronologie et d'histoire qui l'accom- 
pagnent (i). Parmi les autres davaux 
de Rou restés inédits, on cite une 
Histoire de VÀcadémie de peinture 
et de sculpture. Bayle eût désiré que 
« Je style en fût moins fleuri, moins 
paré, moins travaillé, car, ujoutait-il 
fort judicieusement, c'est le goût de 
notre siècle d'aimer le naturel dans 
le discours. » L— m-x. 

UOUAt'LT (ETIENNE -Michel), 
couite de Gamaches, d'une famille 
dont la noblesse remontait au trei- 
zième siècle et qui se distingua tou- 
jours par sa valeur et son attache- 
ment à ses rois (voy. Gamaches , 
XVI, 408), naquit en 1743, etfut d'a- 
bord page du roi Louis XV, puis 
porte-guidon des gendarmes, ^'é- 
tant retiré du service lors de* la sup- 
pression de la maison du roi, il vivait 
paisiblement en 1789 quand la révo- 
lution commença,etils'en montra un 
des adversaires les plus résolus. Lors- 
qu'il apprit au mois de juin 1791 que 
Louis XVI s'était évadé des Tuileries 
où on le retenait prisonnier avec sa fa- 
mille, transporté de joie il écrivit àun 
de ses amis qu'il ne pouvait se dispen- 
ser de se rendre auprès de ce prince, 
mais que pour cela il lui fallait une 



(4) Histoire des ouvrages d.«» »a«w^U»^^ 

venu lire, iCk)"^, \». l'^w 

i 



&? 



KOU 



KOV 



héruîquc sacrée, en cinq actes, en 
▼ers» dédiée sous Tempire à Pie Vll> 
Montpellier» 1834, in-8». XXXIV. 
Hinri IV^ roi de Framee, assassiné 
pwrJtan Chatel, 1834, în-S**. XXXV. 
La Mort es Louis JTri, tragédie en 
cinq actes, t8S4. in-8». XXXVI. La 
Mort kéroïquê de J -A. Roucher, vic- 
time 4s la tyrannie décemviraiey tra- 
gédie en cinq actes, en vers, 1834, 
in-r. XXXVll. Mohamed- AU Beg- 
Naxar, intsndaskt d'un sophi de 
PsrsSf drame en trois actes, en vers, 
1831, in-8*. XXXVIU. Phrosine et 
Foatquiehasse de VÈIang, drame 
tragico-rural en trois actes, en vers, 
1833, 10-8*". XXXIX. La Rosière de 
Monipeliiert drame rural en trois ac- 
tes, eu vers, 1835, iQ>8^ XL. JLouû 
iJ, roi de France^ tragédie eu cinq 
actes, eu vers, 1836, in-8<'. XLl. 
L*EfUèvetnent de Difia, ou la Mort 
de Sichem^ tragédie liistonco-pasto- 
nie sacrée, en cinq actes, en vers, 
1836, iii-8«>. Boucher • Deratte est 
mort il y a quelques années dans un 
âge très-avancé. Il était membre de 
plusieurs sociétés savantes et litté- 
raires, il a laissé en manuscrit diffé- 
rents ouvrages, entre autres un poè- 
me sur V Ontologie et la Maison 
agronomique^ en 18 chants. Z. 

ROUCHON ds Belledentis (Ëen- 
mi) naquit à TÂrgeutière, dans le 
Vivarais, le 22 mai 1761, d'une fa- 
mille italienne établie en France de- 
puis le XIV* siècle. Fils d'un avocat, 
il fut destiné à la même carrière, 
et venait d'y débuter quand la révo- 
lution commença. Ayant montré 
quelque opposition à la Convention 
nationale, lors du si^ de Lyon, en 
1793, il se réfugia dans un bataillon 
de volontaires de TArdèche, pour se 
soustraire anx persécutions, et il y 
servit jusqu'en 1795, où ce départe- 
ment le nomma ihi de ses députés 



au conseil des Cinq-Cents. D*a- 
bord peu remarqué dans cette as- 
semblée, il (ît preuve eusuitê d'un 
courage fort rare à cette époque. Le 
20 oct. 1796 il prononça un discoiurs 
véhément contre la loi du 3 brumaire 
qui excluait du corps -législatif les 
parents d'émigrés, et le 8 mai 1798, 
déployant tuute sou éloquence 
pour empêcher l'assemblée dV 
dopter le projet de loi qui muti* 
lait les élections, il attaqua vive- 
ment la révolution du 18 fructidor, 
et la présenta comme le tom- 
beau de la liberté publique; puis, 
revenant au projet, il prédit que sou 
acceptation entraîuerait la ruine de 
la constitutiuu et Tasservissement 
des conseils. Le 5 nuv. suivant il 
combattit avec la même véhémence 
la proposition, faite par Puulain- 
Grandpré, de couiisquer les biens 
de ceux des proscrits de fructidorqui 
s'étaient soustraits k la déportation, 
et prononça, sur cette grave ques- 
tion, un disci'urs très-énergique. Les 
cris : A l'ordre! à l'Abbaye! les ac- 
cusations de contre-révolutionnaire» 
de royaliste, ne purent le faire taire. 
• L'inculpation banale de royalisme 
ne m'en impose pas, s'écria-t-il ; 
elle ne m'empêchera pas de m'oppo- 
ser À un acte de tyrannie qui n'a 
point d'exemple, à une loi qui 
ajoute une peine à une autre peine. 
Me serait-ce pas une atrocité de dire 
à un homme condamné à mourir : 
Si tu ne viens pas toi-même au pied 
de réchafaud, tu seras rompu ou 
écanelé? Faut-il ressembler aux 
rois des Indes, qui ordonnent à leurs 
sujets de se rendre aux frontières 
pour les livrer ensuite à la chasse 
des bêtes féroces? Je sais bien que le 
grand-seigneur envoie le cordon à 
ses hachas, au visir ^'il veut per- 
dre; mais je n*ai jamais oui dire 



aou ROU 5» 

qu'il les forçât à venir le chercher, seiller à la Cour royale de Lyon , 
sous peine d'un châtiment plus se- et en remplit les fonctions jusqu'au 
vère. Lisez i'histoire, et vous y ver- mois de janvier 1836, où il mourut, 
rez que les Néron, les Héliogabale après avoir rempli tous ses devoirs 
n'ont jamais pris de mesures aussi de religion, ne laissant qu'un fils qui 
cruelles... Il est atroce de mettre, lui a peu survécu, et une veuve in- 
commc on l'a fait, les mots de justice consolable de cette double perte. Z. 
et d'humanité à côté des mesures de ROUGÉ fPiEBBE-FRANÇois, mar- 
confiscation et de proscription con- quis de), seigneur de la Bellière, d'une 
tre des hommes non jugés. C'est le des plus nobles familles de Bretagne 
rire ironique d'un «assassin, au mo- {voy, Rougé, XXXIX, 101), com- 
ment où il poignarde sa victime... » mença sa carrière militaire dans les 
• La séance dans laquelle Bouchon gardes^du-corps, où il entra presque 
plaida ainsi pour d'infortunés pros- enfant en 1726. Le 12 mai i728, il 
crits doit être recueillie par l'his- fut nommé capitaine aux dragons de 
toire. Il est bien remarquable que la Suze, et depuis le siège de Kehl 
dans une assemblée de députés choi- (1733) il ne cessa pas de servir avec 
sis par les divers départements de la plus honorable distinction dans 
la France, surtout à une époque les armées de Louis XV, qui eurent à 
où de pareilles opinions n'offraient combattre sur tous les points du 
plus les mêmes périls qu'au temps continent. Après la guerre de Polo- 
de la terreur, il ne se soit trouvé gne, vinrent celles de la Succession 
qu'un seul homme qui ait osé et de Sept ans, et dans toutes le 
remplir ce devoir. Bouchon ne fut marquis de Rougé se trouvaconstam- 
appuyé par personne. Dans ses Mé- ment en face de l'ennemi. Ainsi, en 
moires, Lucien Bonaparte, qui avait 1734, il assista au siège de Phi lis- 
été son collègue au conseil des Cinq- bourg où fut tué le maréchal de Ber- 
Cents, a cependant loué l'intrépidi- wick, puis, l'année suivante, à la bâ- 
té qu'il déploya à la tribune ; Barbé- taille de Clausen. Colonel de Verman- 
Marbois rappelle le même fait dans doisen 1738, il conduisit ce régiment 
son Journal d^un déporté ; Beau- à l'armée de Westphalie qui, sous le 
lieu dans ses Essais sur la Révolu- maréchal de Maillebois, pénétra sur 
iion^ et même Montgaillard dans son les frontières de la Bohème. Au mois 
Histoire de France, en ont aussi con- d'août 1 744, il contribua puissamment 
sacré le souvenir. Après la dissolu- à la défaite de Nadasti, à Saverne, et 
lion du corps-législatif, par la révo- apr^s le siège de Fribourg, ii alla rc- 
lution du 18 brumaire. Bouchon, re- joindre l'armée du Bas-Rhin. Briga- 
nonçant à la vie publique, se re- dier dMnfanterie le 1" mai 1745, il 
tira à l'Argentière où il reprit sa eut un commandement aux siégbs île 
profession. A la Restauration, Louis Mous, Saint- Guilain et Charleroy, 
XVIII lui donna des lettres de no- alusi qu'aux bataitlesdeRaucoux et de 
blesse et la décoration de la Légion- Lawfeldt, gagnées par le maréchal de 
d'Honneur. Il fut élu député de l'Ar- Saxe. Lel4 mars 1748, ayant été char- 
dèche à la Chambre introuvable^ où géd'escorter nn convoi destiné au ra- 
il se rangea toujours parmi les dé- ^ vitaillemeat deBerg-op-Zoom,il fut 
Censeurs de la monarchie. Nommé entourépar des forces ennemies bien 
avocat*gënéraI , il fut ensuite con- supérieures aux siennes. Par sou 



14 



ROU 



sang-froid et une manœu?re habile, 
il parvint à remplir sa mission sans 
pertes importantes et mérita le gra- 
de de maréchal-de-camp, qu'il reçut 
le 10 mai, devant Maestricht, trois 
jours après la capitulation de cette 
yille qui amena la cessation des hos- 
tilités. Une fois la paix signée, le 
marquis de Rougé revint en France, 
où il demeura dans une inaction 
forcée jusqu'à l'ouverture de la cam- 
pagne de 1757. Alors il fut désigné 
pour faire partie du corps du prince 
de Soubise, puis il passa à Tarmée 
du maréchal d*Estrées et prit part 
au succès de la journée d'Hastem- 
beck. Fait prisonnier k la défaite de 
Bosbach (3 nov. 1757), son échange 
n'eut lieu que deux ans après. A sou re- 
tour, le roi le créa lieutenant-général 
et l'envoya en cette qualité à Tarmée 
d'Allemagne, où il sut acquérir de 
nouveaux titres de gloire, particu- 
lièrement à Gorhack (10 juillet 1 7G0). 
S*étant jeté dans Marbourg,! 1 conserva 
cette place malgré les efforts de Fcn- 
ncmi pour s'en emparer. De là il se 
rendit à Cassel/et son concours fut 
d'une grande utilité dans les opéra- 
tions qui forcèrent les Impériaux à 
en lever le siège. Appelé au gouver- 
nement de Givet et de Churleinont, 
le 17 mars 1761, il ne jouit pas long- 
temps de cet avantage. Blessé à la 
bataille de Filingshausen, du m^Ane 
coup de canon qui atteignit le duc 
d'Havre et le marquis de Vérac, il 
fut transporté à Soest, où il expira le 
lendemain. Le marquis de Bougé 
était doué d'une bravoure exces- 
sive, avec quelque talent et une 
hante expérience de la guerre. Son 
fils et son neveu se sont aussi distin- 
gués dans les armes. ~ Jean- ÀlexUf 
marquis de BouQé-Bona5ei, colonels 
du régiment d'Auxerrois, chevalier 
de Saiùt-Loms» fit la guerre de l'in- 



ROU 

dépendance en Amérique, et mourut 
à peine revenu en France, le 9 juill. 
1783. C'est de son union avec Y ictur- 
nienne de Bochechouart-Mortemart 
qu'étaient issus le marquis de Bougâ, 
lieutenant-colonel des gardes à pied 
ouGentSuisses sous la Bestauration, 
créé pair de France le 17 août 1815 et 
démisionnaire en 1832, mort le 30 
mars 1838, et le comte de Bougé, 
mort aussi pair de France la mâme 
année que son îrhe,— Gabriel- Fran- 
çois, comte de Bougé, seigneur de la 
Bizotière, de la mùiue famille que les 
précédents, fut successivement lieu- 
tenant et capitaine au régiment de 
Yermandois, major du régiment 
d'Auvergne, colonel de celui de Flan- 
dre, brigadier d'infanterie le 20 fé- 
vrier 1761, maréchal -de-camp le 16 
avril 1767, et lieutenant-général le 
l" janvier 178i. 11 mourut en 1786, 
sans laisser d'héritiers de son ma- 
riage avec Marie- Anne, princesse de 
Croy, sœur du duc d'Havre. C-H-ii . 
ROUGKMONT ( Josrpd-Claudb), 
médecin, né à Saint Domingue en 
1756, quitta de bonne heure cette 
île pour venir en France achever son 
éducation. C'est à Dijon qu'il fit ses 
humanités et qu'il commença l'étude 
de la médecine sous la direction de 
Maret,père du duc de Bassano. Mais 
sentant que la capitale lui offrirait 
plus de ressources pour augmenter 
la somme de ses connaissances, il 
quitta Dijon en 1774, vint à Paris, 
suivit assidûment les cours de De- 
sanlt, et devint démonstrateur d'a- 
natomie sous cet illustre chirurgien. 
En 1781 , il fut attuché à l'hôpital 
militaire de Brest. Quelques années 
après, l'électeur de Cologne le nom- 
ma son médecin, et lui conféra une 
chaire d'anatomie et de chirurgie à 
l'université de Bonn. Lors de la sup- 
pression de cette université. Bouge- 



ROU ROU 5« 

mont se rendit d'abord à Hildes- ment de commerce qui fut capturé 
heim, puis k Hambourg, et de là k par la frégate anglaise VÀurùra. 
Cologne, où il mourut le 28 mars Emmené dans le port de Lisbonne, 
1818. Comme il avait passé la plus il fut bientôt échangé ;- revint en 
grande partie de sa vie en Allema- France et quitta le service de mer 
gne, tous ses ouvrages, à l'excep- pour s'enrôler dans le corps roya- 
tion d'un seul (la Bibliothèque de liste de la Bretagne que commandait 
cM'furyte), sont écrits dans la langue Suzannet. Il a prétendu et Tait im- 
de ce pays. En voici la liste : l. De primer par des biographes crédules 
la manière de s^habillery en tant que, dès son début et à peine ftgéde 
qu'elle a une influence nuisible sur dix-huit ans, il avait été officier d'<Mr- 
lasanté, Bonn, 1786, m-i°. IL Bi" donnance de ce chef vendéen; mais, 
hliothèque de chirurgie du nord, indépendamment des autres motifs 
Bonn, 1788-89, in-8'>. III. Quelques que nous avons de douter de ce fait, 
mots sur les suites fâcheuses qu'é- nous pouvons affirmer que le comte 
prouvent différentes fonctions de la de Suzannet n'avait pas d'officier 
vie ordinaire par l'effet d'un vio- d'ordonnance attaché à sa per- 
ïent exercice des forces^ Bonn, 1789, sonne ni à son état -major, et que ee 
in-8o. IV. Discours sur l'art de titre ou emploi n'exista jamais que 
Vanatomie, pour l'ouverture du dans les armées de la république ou 
nouvel amphithéâtre anatomique, de l'empire. Quoi qu'il en soit, dès 
Bonn , 1789, in-8o. V. Quelques que la paix eut été conclue par le 
mots sur les corps étrangers intro- général Hédouville, au commence- 
duits dans la trachée artère, Bonn, ment de l'année 1800, Rougemont 
1792, in-S^.yi. Essai sur les moyens vint à Paris, et il y débuta dans la 
accessoires dansV art de guérir, honn, carrière dramatique par un vaude- 
1792, in-8o. VIL Manuel des opé- ville intitulé la Romance qui fut 
rations chirurgicales^ Bonn, 1793, joué au théâtre de U Cité, puis par 
Francfort, 1797, in-8'>. VI IL Traité la Coquette ou le Jeune Officier, Cè- 
des maladies héréditaires, Bonn, lestine ou les Époux sans Vétre, mé^ 
1794, in-8°. Rongemonî a traduiLde lodi-ames qui obtinrent quelque suc- 
l'allemand en français. le Traité des ces sur les théâtres du boulevard. 
hernies d'A.-G. Richter {voy, ce Dès ce moment, autant par besoin 
nom, LXXIX,93), Bonn, 1788, Co- que par goût, il ne cessa plus de 
logne, 1799, 2 vol. in-8°. R— D— w. composer des pièces de théâtre, des 
ROUGEMONT (Michel-Nicolas, romans ou des morceaux de poésie 
Balisson de), auteur dramatique, ro- pour tous les pouvoirs et tous les 
mancier et journaliste, l'un des plus gouvernements qui se succédèrent, 
fécondsdenotreépoque^.naquit à La Ses compositions dramatiques sur- 
Rochelle, en 1781, d'une famille tout sont innombrables. Nous ne ci- 
que lui-même disait noble et l'une terons que les plus remarquables :* 
des plus anciennes de la Normandie. 1^ Le Mari supposé^ ou Deux maris 
Interrompu dans ses études par la pour un, joué au théâtre du Vau- 
révolution et par la mort de son deville en 1806. 2o Les Amants va- 
père, il entra dans la n)arine dès lets, au même théâtre, en 1807.3e 
l'âge de seize ans, et servit d'une A deux de jeu ^ ou Six mois â*ab- 
manière très-subalterne sur un bâti- sence, en 1809. 4« Aux Variétés^ en 



p6 KOU ROL 

1814, le Souper de Henri IV, ou la Ce fiit dans cette dernière ffuille 

Din#€cru}iol. 5o ArOdéoD,en 1810, qu'après Ii bataille de Waterloo, 

le Mariage de CharUmagne^ comë- en 1815, il imagina ces mots hë- 

die en un acte et en vers. 6o Enl8i 1 , roïques : « La garde meurt et ne se 

la Femme malheureuie, innocente rend pas ! • place's dans la bouche 

et perséeutée: cette parodie de quel- du général Cambronne, qui s'est 

qoes romans et mélodrames de Té- défendu de les avoir jamais pro<- 

poque eut beaucoup de succès. 7« nonces, et qui les a assez démentis 

A la Gaffté, en 1822, VÀmour à en se laissant conduire prisonnier en 

Vanglaise^ vaudeyiHe joué d'abord Angleterre, d'où il est fort heL*reuse- 

au théâtre des Jeunes-Élèves, à ment revenu. Les autres ouvrages de 

l'Ambigu et au Gymnase. 8*" Au Rougemout sont: L Ltflîddffur/ran- 

Théàtre*Français« en 1816, la Fête çaiSy ou les Moines du jour^ Paris, 

lie Henri IV^ comédie en un acte 1816-22, 5 vol.in-12 avec gravures. 

et en rers. 9^ En 1826, Marcel^ tra- II. LeBonhomme, ou Nouvelles obser- 

gédie en cinq actes et en vers. Enfin valions sur les mceurs parisiennes 

Rougemont concourut à la composi- au commencement du XIX* siècle^ 

tion de beaucoup d'autres» pièces 1818, in -12 et in -8<*. Ce volume 

avec MM. Merle, Moreau, Brazier, n'est qu'une reproduction de feuille- 

Désaugiers, etc., notamment au Vau- tons de la Gazette de France, dont 

deville intitulé Avants Pendant et Rougemont fut un des collaborateurs. 

Jpréf, qui obtint, en 1828, cinquante UI. Petit Dictionnaire libéral^VàTis^ 

représentations et fut défendu par 1823, in-12. IV. Quelques romans, 

oridre, sur la réclamation des courti- entre autres Raphaël d^Aguilar^ ou 

sans, persuadés qu'ils y étaient re- les Moines portugais, Paris, 1820,2 

présentés avec trop de sévérité. Rou- vol. in-12. Ce dernier ouvrage n'est 

gemont était un des membres les qu'une nouvelle édition du roman 

plusassidusde la Société de Momus, satirique de l'abbé Porée, publié 

et même il en avait été plusieurs fois en 1736, sous le titre d*Histoire de 

le président. 11 était aussi de l'A- don Ranucio d^Àletès, {voy. Pobêb, 

thénée des Arts, du Caveau moderne XXXY, 421). Rougemont mourut en 

et de la Société d'émulation de Cam- juillet 1840. M~d j. 

brai qui lui avait décerné une mé- ROUGET de Liste (Joseph), au- 

daille en 1824 pour un poème élégia- leur delà Marseillaise^ et que pour 

qne sur la mort de Charette. Après cela on a surnommé le Tyrtèe fran- 

avoir composé en 1805 un poème pais^ doit toute sa célébrité à ce fa- 

poar le Retour du héros, et des meux hymne patriotique dont il coni- 

Stances sur le mariage de Napoléon; posa la musique et les paroles. Né à 

comme beaucoup d'autres, il com- Lons-le-Saulnier le 10 mai 1760, il 

posa, en 1814, le CAnfisontiter des fit sts études à Besançon, et se des- 

Bourdofw, et, en 1823, VJËspagnedè- tina de bonne heure à la carrière du 

itorée, puis une ode sur la mort de génie militaire. Il était officier dans 

LontjXF/II. D'une extrême flexibi- cette arme à l'époque de la révolu- 

lité, il travaillait en même temps aux tion, et devint bientôt capitaine. Em- 

journaux les plus opposés, tels que ployé dans la place de Strasbourg 

le dmstitiUUmnel , la Quotidienne lors de la déclaration de guerre, en 

et le Jtmmal général de France, nm, et livré à tout le délire de 



lieu 



KOU 



57 



ce temps- là, il composa pour l'armée 
du Rhin, dont il faisait partie, ce 
chant deguerre qu'il nomma ainsi, et 
dont il était loin de prévoir touie la 
destinée. Ce fut dans un moment 
d'enthousiasme patriotique que cette 
inspiration lui vint, et il est bien sûr 
que depuis il n'a rien fait d'aussi poé- 
tique ni d'aussi fortement conçu. C'é- 
tait pour exciter le courage de ses 
compagnon s d'armes qu'i 1 1 'avait ainsi 
foite, et il faut avouer que la force et 
l'énergie des paroles,rexpression vive 
et entraînante de la musique étaient 
parfaitement propres à remplir ce 
but. Le succès alla au deik de son at- 
tente, et noiif savons qne plus tard il 
s'en est lui -même étonné. Suivant son 
intention, cet hymne produisit donc 
sur les jeunes soldats de la république 
de merveilleux effets, mais ce que Rou- 
get n'avait certainement pas voulu, il 
en eut aussi de bien déplorables sur 
les assassins et les brigands de la pre- 
mière de nos révolutions. Pour s'en 
faire une idée, il faut avoir entendu 
ces misérables demander du sang, 
encore du sang dans les clubs, au- 
tour des échafauds, et répéter avec fu- 
rear ces cruels accents en présence 
des victimesqu'ils allaient assommer. 
C'est aiqsi que les bandes de Mar 
seille égorgèrent les défenseurs de 
Louis XYI au 10 août, et ce fut de là 
que ce chant de guerre reçut le nom 
de Marseillaiie, auquel l'auteur n'a- 
vait pas songé. Il a déploré plus tard 
assez haut ces funestes résultats, 
et l'on sait que les manifestations 
trop franches de ce mécontente- 
ment le firent arrêter sous le règne 
de la terreur. Il ne sortit de prison 
qu'après la chute de Robespierre et 
Tint alors habiter la capitale, où il se 
mit en relation avec le parti vain- 
queur au thermidor, et surtout avec 
TalHen qai le conduisit à Quiberon, 



où ils furent témoins et acteurs de ce 
grand événement (voy, Tallieiî, 
XLl V, 444). Rouget y fut même, a-t-on 
dit, légèrement blessé; son nom figura 
dans le rapport officiel, et le comité de 
salut public fut chargé par un décret 
de le récompenser. Nous ne savons 
point comment ce décret a été exé» 
cuté ; mais il est bien sûr que Rouget 
n'a jamais vécu dans Uopulence. Re- 
venu dans la capitale avecTal l ien a près 
la victoire des républicains, il s'y lia 
de plus en plus avec ce député, et 
surtout, a-t-on dit, avec madame Tal- 
lien, ne s'occupant plus que de mu- 
sique et de plaisirs de société. Il pa- 
raissait alors avoir tout à fait renoncé 
à la carrière des armes, et, ce qui est 
plus étonnant, se montrait fort op- 
posé aux principes de la révolution, 
à ce point qu'ayant un jour vu son 
nom dans un journal royaliste à cOië 
d'autres noms de révolutionnaires 
connus,il alla s'en plaindre au jour- 
naliste qu'il insulta, menaçant même 
le frère de celui-ci, qui était présent, 
mais fort étranger à la querelle, d'où 
il résulta des invectives et des pro- 
vocations dont le retentissement dans 
les journaux devait amener entre 
deux militaires de même grade un 
duel inévitable. Ce ne fut cependant 
pas ainsi que finit cette affaire. I^ougct 
de Lisle aima mieux s'adresser aux 
tribunaux, et il leur remit, contre 
son adversaire, une plainte dont il se 
désista bientôt, se donnant ainsi un 
airdegénérositéquel'ondutattribuer 
à un aut re sentiment. Depuis ce temps 
il ne cessa pas d'habiter la capitale, où, 
n'ayant ni fortune ni traitement de re- 
traite, il est difficile d'expliquer par- 
quels moyens il soutint son existence. 
Bonaparte, qui l'avait sans doute com- 
pris da nsses répulsions pour la famille 
Tallien, ne voulut jamais rien faire 
pour lui, Ce ne fut <\\\'^V^^^Na«^ 



&8 



ROU 



ration, sous le goavernement de 
Louis XVI II, que Pauteurde la Mar- 
seillaise, au grand étonnement de 
tous ceux qui le surent, obtint une 
pension qui lui fut continuée, comme 
l'on devait s'y attendre, par la révo- 
lution de 1830. Aussitôt après ce 
dernier événement, il se présenta au 
nouveau roi qui l'accueillit par ces 
bienveillantes paroles : 

... On revient toajoars 
A ses premiers amours, 

et le fit asseoir à sa table. Nous ne 
pensons pas que sa pension ait alors 
été augmentée; mais il est du moins 
bien certain qu'elle lui fut continuée 
et qu'il en jouit jusqu'à la tin de sa 
Vie. Il mourut le 30 juin 1836 à 
Choisy-le-Roi, chez un ami qui lui 
avait donné l'hospitalité. On trouve, 
dans le tome second des Mémoi- 
res de Tous^ un Historique et sou- 
venirs de Quiberon^ publié en 1834, 
où Rouget de Lisle a essayé de prou- 
ver qu'il n'y avait point eu de capi- 
tulation en 1795, entre l'armée répu- 
blicaine et les émigrés qui furent si 
indignement mis à mort après avoir 
rendu les armes, en acceptant sur le 
champ de bataille, selon l'usage, cette 
capitulation dont, par une contradic- 
tion remarquable. Rouget de Lisle 
reconnaît qu'il alla lui même faire la 
proposition de la part du général Ho- 
che. M. Chasle de la Touche a du reste 
réfuté victorieusement son assertion 
dans un ouvrage intitulé Relation du 
désastre de Qut&eron. On a de Rou- 
get de Lisle : 1. Offrande à la Liberté^ 
1792, avec musique, par le même. II. 
Adélaïde et Monvilky anecdote, 
1797, in-8°,avec fig. el musique. 111. 
Essais en vers et en prose, 1797, 
in-8®. IV. Hymne à VEspérance^ 
1797, in-i2. \. Hymne marseillaise, 
1797, en plusieurs formats, et sou- 
Tent réimprimée. VI. Le chant des 



ROU 

vengeances^ Paris, an VI (1798). VIT. 
Le chant du combat^ an VIIl (1800). 
Vlll. L'École des mères. Cette pièce, 
qui fut jouée au théâtre Feydeau en 
1798, y obtint quelque succès. IX. 
La ilfafmée, idylle, Paris, 181 l,in-8». 
X. Cinquante chants français, pa- 
roles de différents auteurs, mis en 
musique par Rouget de Lisle, 1825, 
in-4**, gravé. XI. Macbeth^ tragédie 
lyrique en trois actes et en vers li- 
bres , musique de M. Chelard, 
Paris, 1827, in- 8°, représentée et 
imprimée sous le pseudonyme d'An- 
guste His. xn. Roland à Rcnce-- 
vaux,, chant de guerre. XIII. Tra- 
duction en vers français de plusieurs 
fables de Kriloff, d^ns le recueil de 
ce fabuliste, imprimé en 1825. On 
annonça dans les journaux, en février 
1838, la vente aux enchères de 147 
pièces autographes, hymnes, ro- 
mances, et 16 pièces de théâtre iné- 
dites de feu Rouget de Lisle. Nous 
ignorons dans quelles mains ces ma- 
nuscrits ont passé. Le général Rou- 
get, maréchal -de- camp en retraite, 
qui fut aide-de-camp du général De- 
caen et mourut à Toulouse en 1831, 
était frère du précédent. M — D j. 

ROUGEVILLE (GoNSSE, cheva- 
lier de), zélé royaliste, né à Arras, 
vers 1760, d'un sous-traitant desfer- 
mes,qui avait amassé à ce métier, une 
fortune considérable, embrassa fort 
jeune la carrière militaire, fit la 
guerre d'Amérique dans un régi- 
ment de cavalerie, et devint cheva- 
lier de Saint-Louis et de Cincinna- 
tus. Il entra ensuite dans les gar- 
des de Monsieur, et fut officier de la 
garde nationale de Paris au commen- 
cement de la révolution A la jour- 
née di\ 2o juin 1792 il fut un de ceux 
qui contribuèrent le plus à sauver la 
reine. Étant monté dans sa chambre 
par un esealier dérobé, h la tête de 



ROU 

trente grenadiers du célèbre bataillon 
des Filles-Saint-Thomas, il plaça cette 
princesse derrière une grande table 
qui la séparait de la populace. La 
bonne contenance de ce secours inat- 
tendu imposa à Santerre, lorsqu'il en- 
fonça la porte; et la reine fut sauvée. 
Ce fut le même chevalier de Rouge ville 
qui entra dans la prison de Marie- 
Antoinette au Temple, secondé par 
Froidure^ un des municipaux, et qui 
lui présenta un œillet, dans lequel il y 
avait une carte, renfermant quelques 
mots piqués avec la pointe d'une épin- 
gle. La reine, qui l'estimait beaucoup, 
pâlit k cette vue^ et lui dit : « A quoi 
bon vous compromettre ainsi ?• Pen- 
dant le procès de Louis XVL Rouge- 
TÎlIe publia pour ce prince un plai- 
.doyer qu'il eut le courage de signer. 
Malgré tant de preuves de dévouement 
à la famille royale, il échappa au ré- 
gime de la terreur ; mais il fut eu- 
suite dénoncé par le député Guffroy, 
arrêté et détenu au Temple en 1795, 
comme émigré, puis relâché deux 
ans après par un décret. Il fut 
long-temps en surveillance à Reims, 
et s'y déclara hautement pour la cau- 
se royale, lorsque les alliés pénétrè- 
rent en France et ranimèrent les 
espérances des royalistes. S'étant 
mis en correspondance avec le prince 
deWolkonski, aide-de-eampde l'em- 
pereur Alexandre, ses lettres furent 
interceptées par un détachement de 
l'armée française. Arrêté dans sa 
maison de campagne de Basiieux. il 
fut traduit par Napoléon devant un 
conseil de guerre, qui le condamna à 
mort, dans le mois de mars 1814. 

E— K— D. 

ROUGIER DB LÀ Bergerie. Voy. 
Labebgerie, LXIX, 200. 

ROUHAULT ( Pierre - Simon ), 
éta,it chirurgien juré de Paris, et bon 
inÀomiste. Nous. ignorons l'époque 



RÔD 



S9 



de sa naissance. Après avoir présenté 
à l'Académie des sciences plusieurs 
dissertations anatomico-physiologi* 
ques fort intéressantes, il fut admis 
dans ce corps savant en 1716. Quel- 
ques années après, son habileté dam 
l'art des opérations étendit sa réputa» 
tion et le fit élever à l'emploi de pre> 
mier chirurgien du roi de Sardaignei 
Victor-Amédée.quien même temps le 
nomma professeur de chirurgie en 
l'université de Turin. Rouhault mou- 
rut dans cette ville en 1740, après 
s'être acquitté de ses diverses fonc- 
tions avec autant de zèle que de ta- 
lent. Il a laissé les ouvrages suivants: 
1. Dissertations d' an atomie physio- 
logique concernant les divers chan^ 
gements quiarrivent dans la circula' 
tionsangaine du fœtus, la description 
et la composition du placenta, des 
membranes fœtales ^ du cordon om» 
hilical; des recherches sur la force 
qui pousse le sang dans les vais- 
seaux et sur les injections anato^ 
miques Ces dissertations ont été pu- 
bliées dans les Mémoires de l'Aca- 
démie des sciences y pour les années 
1714, 1716, 1717 et 1718. II. Traité 
des plaies de tête, Turin, 1720, in-4^ 
Cet ouvrage, quoique fort ancien, 
est encore bon à consulter, relative- 
ment surtout à l'opération du tré- 
pan, bien qu'il ne s'écarte pas beau- 
coup des principes de Dionis.III. Os* 
servazioni anatomico ' fisiche, Tu- 
rin, 1724, in-40. Ces observations re- 
produisent en grande partie les ques* 
tions physiologiques que l'auteur 
avait présentées à l'Académie des 
sciences; seulement il leur a donné 
plus de détails et de développements. 
IV. Réponse à la critique faite par 
M» Winslow du mémoire sur la cir- 
culation dans le fœtus humain^ Tu- 
rin, 1728, in-4'». Cette réponse de 
Rouhault àson illusUt^4\^t^^vt^^^ 



^0 ROU ROU 

remplie d'urbanité ; il est vrai qne la Hou do roi d'Espagne lorsque la nort 

Gril ique était polie. R-d—m. do prince électoral vint renverser 

ROUILLE ou ROOLLÉ. Voy. toutes ces mesures. Des dîspositioas 

RoTiLLE, dans ce vol. aussi empressées, en déToilantla pi»- 

ROUILLÉ (Piebib-Antoins) , di- litique portugaise, peuvent foire ju- 
plomate français, président à la cham- ger quelle tâche eut à remplir le pré- 
bre des comptes, frère de Rouillé du side nt Rouillé pour y opérer en quel- 
Coudray (voy. ce nom, XXXIX, 108), qaes mois une révolution complète, 
fiit nommé, en 1697, ambassadeur de Le traité de partage de la succession 
France à Lisbonne en remplai^ment espagnole fut signé entre Louis XIV 
de Pabbé d^Estrées. Les circonstan- et l'Angleterre à Londres, le 3 mara 
ces donnaient une grande importance 1700, et avec les Provinces-Unies x 
à cette mission. D'une part, pendant La Haye, le S5 dudit mois. Le prési- 
la%uerre que termina la paix de Ris- dent Rouillé reçut ordre d'en donner 
wyck, le Portugal n'avait été neutre communication au roi de Portugal et 
qu'en apparence, et s'était exposé au de le presser d'y intervenir. Cet am- 
ressentiment des puissances belligé- bassadeur conduisit la négociation 
rantes, surtout de l'Angleterre et de avec tant de prudence et d'habileté 
la Hollande; de l'autre, la mauvaise qu'il obtint de don Pèdre sa garantie 
santé du roi d'Espagne, qui déclinait du traité de partage par un traité 
de jour en jour, préparait des évé- particulier en date du 18 août i700«. 
nements qui ne pouvaient demeurer Le roi d'Angleterre et les États-6é- 
indiflerents à ses voisins. Pierre II néraux refusèrent de ratifier ce traité 
en prévoyait toutes les conséquen- de garantie; mais dans ces en trefaites, 
ces, et sa reconnaissance pour la on apprit que Charles II avait lait un 
France, dont l'appui avait été si testament en faveur du duc d'Anjou « 
utile au rétablissement de sa mai- ^t bientôt la mort du monarque es- 
son, ses liens de parenté avec l'em- pagQol appela le petit-fils de Louis 
pereur, dont il avait épousé la belle- XIV à recueillir cette succession, 
sœur, ne l'empêchaient pas de redou- Ce testament annulait par le fait tou- 
ter, à un degré presque égal, l'avéne- tes les stipulations relatives au par. 
ment d'un Bourbon ou d'un archiduc tage. Il fallut donc amener le Portugal 
au trône d'Espagne. On sait que à un nouveau traité pour garantir 
Charles H désigna, en nov. 1698, le testament du roi catholique. Le 
pour son successeur, le prince élec- souvenir des secours qu'en d'autres 
toral de Bavière, l!^ président Rouillé temps la maison de Bragance avait 
ne tarda pas à découvrir que Pier- reçus de la France n'était point effa- 
re 11 regaidait cet événement comme ce; mais il n'était pas assez fort 
très-désirable, parce qu'il jugeait pour rendre Pierre II insensible à U 
qne pour y parvenir le prince de Ba- crainte qu'on lui avait donnée de la 
vière aurait besoin de lui et que le puissance de Louis XIV; et, comme il 
Portugal n^aurait rien à craindre jugeait que cette puissance s'accrot- 
d^un voisin qui ne serait apparem- trait encore de celle de l'Espagne , 
ment soutenu que par ses propres il eut beaucoup de peine à souscrire 
forces. Pierre se disposait à entrer aux propositions de Rouillé. Cepen- 
dans des engagements avec la cour dant U négociation en fat si adroi- 
jde Bavière pour soutenir la déclara- tement ménagée^ elle fut dirigée ll^ec 



* ROU ROU 61 

tant de secret par cet ambassadeur vive sur l'esprit de Pierre 11, qu'il 
qui sut mettre dans ses intérêts les convint secrètement avec Tentôyé 
principaux membres du conseil, na- anglais, Methuen, de laisser ses ports 
guère fort opposés à la France, et il fut ouverts et de déclarer qu'il voulait 
d'ailleurs si puissamment secondé par demeurer neutre, pourvu qu'il y pa- 
le duc de Cadaval (1), que le traité fut rût forcé par la présence d'une esca- 
signé le 18 juin 1701. Les ratifications dre de vahseaux anglais et hollandais; 
que le roi avait laissi^es en blanc, en et en effet dès que cette escadre parut 
les envoyant à Rouillé, furent échan- Pierre II fit déclarer au président 
gées le même jour. Les principales Rouillé que, n'étant point en état de 
conditions étaient de la part de don résister, et S. M. T. C. ne lui ayant 
Pèdre de regarder comme ennemis pas envoyé des secours suffisants (2), 
tous les ennemis de la France et de son intention était de garder la neu- 
l'Espagne, et de la part de Louis XIV, tralité. Louis XIV crut prudent de se 
de donner au roi de Portugal tous taire sur cette résolution, et même 
les secours dont il aurait besoin pour d'accorder à don Pèdre un traité de 
la défense de ses États. Un autre neutralité, s'il le demandait. 11 donna 
traité, à des conditions analogues, donc de pleins pouvoirs au président 
fut également conclu avec ce prince Rouillé pour en convenir; mais la 
au nom de Philippe V. Ces divers lettre et le plein pouvoir qui furent 
arrangements avaient été traversés expédiés le 22 avril 1 703furentadres- 
par l'envoyé britannique; mais la vi- ses à Madrid au cardinal d'Estrés, 
vacité des termes dont il s'était servi sans aucune observation; en sorte 
en parlant au roi avait piqué Pierre H que ce cardinal ne sachant pas corn- 
et concouru à le déterminer. Pen- bien il impgi]rtait que ce paquet par- 
dan t quelque temps l'alliance du Por- vînt promptement au président en 
tugal avec la France et l'Espagne différa l'envoi jusqu'au départ du 
produisit sur l'Angleterre et la Hol- courrier de Lisbonne. La lettre et le 
lande l'effet de les forcer de suspendre plein pouvoir restèrent donc à l'am- 
nne déclaration de guerre contre la bassade, d'où, par une autre fatalité, 
France; mais lorsqu'elles sentirent ils revinrent à Paris dans un pa- 
quecetleallianceleurôtait les moyens quet du cardinal. Enfin ils furent 
d'attaquerTEspagne et qu'elle ruinait renvoyés en dfoiture au président 
leur commerce, ils mirent tout en œu- et lui arrivère^it le 11 juin. Dans 
vre pour la rompre, menaces, iiitri- cet intervalle i( était resté sans agir, 
gués et séduction. Leurs menaces fai- et son silence, n^al inteiprété par la 
taient impression sur le peuple déjà roi de Portugal^ et plus mal encore 
aigri par le tort que ^exclusion des '" 

navires anglais et hollandais causait (a) Le roi lui avait envoyé d'abord 4 ga- 

au commerce : elles en firent une si ^^'^; ^"1 P^j"°.' ^«"«' *'«**»? «*««» l« 'A'«ge* 

et depuis 8 vaisseaux de liguie, avec bon 

' -———---—--—-————-------—--.—-—-- nombre d'officiers, d'ingénieuéi et de ciiiiuo* 

(i) Le duc de C:>daval s'était marié deux niert, outre uoe graude quanahi d'artillerie 
fois, la première à une (i lie ri u comte d'Uar- qui «ivait été foodue en France pour son- 
court, de lu maison de Lorraiue,et la deuxiè* service. Précédeuiiueat 1 amiral comte dt 
me à uue fille du comte d'Armagnac, de la Château- Reguaud avait paru devuut l«is* 
Diéme maison. La manière dont le roi était huune avec z8 vaisseaux, et le comte d'Et- 
entré dans les vues dn duc, pour ces ma» tréesen avuit détaché de son oocadre devant 
rîuges, avait singulièrement attaché celui-ci Cadix quelques-uns qui mouillèrent dan*. I.i 
à ce[. monarque. rivière jusqu'à la fin d'ot-tobm. 



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ptr eeox de ses ooDseillefS qui âaieol 
cuieinis de U FriDoe. aTiit laissé le 
champ libre aux ioiriçues de Ue- 
thucn et de IVuToyë de HolUode. Ils 
araieut fait signet secrète UK^nt à ce 
prince, le 16 mai 1703, ud traité d'aï- 
liauoe avec leurs cours. Rouillé, qui 
était iufbrmé de ces manœuTres, 
et qui aYait long-temps insisté pour 
que le roî, modifiant les engage- 
menu du Portugal, convertit Tal- 
lianoe en neutralité, deiuai.da son 
rappel et rcTint à Versailles ie 17 dot. 
de cette année. Lorsque, après la fu- 
neste issue de la bataille d'Hochsiett, 
l'électeur de Banère, dépouille de ses 
ÉUts, prit le parti dt* revenir dans 
les Pays-Bas, dont Philippe V lui 
confia le gouvernement a%ec le titre 
et les pouvoirs de vicaire-géueral, 
Rouillé fut accrédité auprès de ce 
prince, à la fin de 1704 ; et il arriva à 
Bruxelles le 10 nov. Son habileté rt la 
coniutssance qu il avait des affaires 
d^Espagne et de Portugal le firent 
juger digne de fixer le caracière 
indécis de Uaxioiilien-Eoimauuel et 
de probter des circonstances que lui 
procurerait le voisinage de la Hol- 
lande pour travailler à la pacific^if ion. 
LVîecieur ne U désirait pas moins, et 
bientôt il autorisa ie couite de Berg- 
heik, intendant des Pays-Bas, à st 
mettre en correspt^ndance avec Van- 
derdussen, pensionnaire de Tergow, 
qui passait poury incliner également. 
Rouillé rendit compte de cette cor- 
respondance au roi et à Torcy. Ainsi 
initié dans cette espèce de négocia- 
tion, Louis XIV jeU les yeux surlui,en 
1709, pour aller en Hullande conférer 
avec les députés des États-Généraux 
nr les moyens de rétablir la paix gé- 
nérale. H eut ppur instruction de dé- 
clarer que son maître consentait à 
abaBdonner FEspagne, les Indes, le 
MilaMÎs, les Pays-Bas, en accordant à 



ROU 

la Hollande dea aTantagcs 
ciani airee une barrière en Flandre. 
Il ne réservaità son petil-fils que !la* 
pies,, la Sidle,, les présidesde Toscane, 
et demandait qu'on y joignit laSardai- 
gne; encore laissait-il àsi>n plénipo- 
tentiaire la faculté de se désister de 
cette lie et des places de Toscane. 
Rouillé devait négocier sur ces bases 
et sur le mode d^exéctition. Il partit 
le 5 mars 1709 pour la Hollande, et ent 
d'abord, auprès du M^^erdik, trois con- 
férences avec Vanderdiissen et Ruys, 
pensionnaires d'Amsterdam (S). La 
négociation fut ensuite transférée à 
Woerden. et à Boedgrave« où Rouillé 
ne trouva pas plus de facilité sur 
ce qui concernait les alliés des États- 
Généraux que les États - Généraux 
eux-méoies. Ses observations sur 
rinjustice des demandes laites pour 
TAngleterre, Pempereiirt le duc de 
Savoie, etc., furent inutiles. U dut 
se borner à en donner connais- 
sance au roi et à communiquer sa ré- 
ponse, dès qu'ail Teui reçue. Les confé- 
rences recommencèrent, et il fit valoir 
les sacrifices que son maître s^mpo- 
sait pour la paix, qui sVIoiguait cepen- 
dant chaque fo.s qu'on s'*asseuiblait 
ou qu'il arrivait un plénipotentiaire 
des grandes puissances à La Haye. 
Ost ainsi que la présence dans cette 
ville de Mari bon -ugh et du prince 
Eugène avait renforcé le parti de la 
guerre et amené la proposition de 
conditions de plus en plus dures. 
La situation déplorable où se trouvait 
la France, après huit ans de guerre et 
à la suite d^un hiver rigoureux, était 
encore exagérée dans les rapports 



(3] L.M écrits de Taadcfdsssca , Ion d« 
u correspoodaoee «vec le cuate de Bcr- 
gheîk« ardent été le» preMÎen roadeoMSts 
de la argodatHMi : dermi-oa s'attcadre qa* 
Bays desaroacrait œ qa^avaîl «n qvalqat 
promit «oa coUè^oe ? 



ROU 

tsÀis aux cabinets étrangers, et on 
en inférait qu*elle devait subir tout 
ce qu'il leur plairait d*iinposer. 
Rouillé, qui rendait au roi un compte 
exact de ces dispositions et qui s'at- 
tendait à être rappelé, reçut néan- 
moins Tordre de ne pas rompre une 
négociation qu'il avait conduite, de 
Ta vende Torcy, avec beaucoup de sa- 
gesse. Seulement, comme il s'agissait 
de la presser avant l'ouverture de la 
campagne, qui était très prochaine, 
le même Torcy s'oflFril pour aller re- 
connaître s'il restait encore quelque 
Yoie de travailler à la paix. Il partit le 
!«' mai 1709 pour La Haye, où se tin- 
rent les conférences; et il y fit venir 
Ruuillé, persuadé que, dans une af- 
faire aussi importante, il aurait besoin 
de lui. On lit en effet dans ses' Mé- 
moires combien il eut à se louer de 
ses consei Is et de sa coopération. Mais 
leurs efforts réunis furent tout aussi 
infructueux que l'avaient été les dé- 
marches isolées du président. Torcy 
laissa Rouillé à La Haye, el porta au 
roi des articles préliminaires qui n'é- 
taient au fond qu'une espèce de trêve 
captieuse de deux mois. L'extrême 
besoin de la paix pour ia France avait 
tellement frappé Rouillé, qu'il était 
disposé à les admettre; mais Torcy 
pensait autrement, et la dignité de 
Louis XIV fut si blessée de ces condi- 
tions, qu'il refusa de les signer et en- 
voya des lettres de rappel au prési- 
dent, avec ordre de notifier son refus 
aux députés des États Généraux. Ce 
ministre quitta La Haye le 8 juin 1709, 
et fut fait peu après conseiller d'État 
et comte de Jouy. 11 mourut le 30 mai 
1712. Saint-Simon en fait un grand 
éloge, et dit qu'il était aussi sobre 
et aussi sage que son frère Oucou- 
dray Tétait peu. G — r — d. 

ROUJOUX (Louis-JuLiBN de), né 
à Landerneau, le 20 mars 1753, des- 



ROtJ 



•M 



eendait d'une femille^noble, originaire 
d'Ecosse, qui se réfugia en France 
par suite de son atftach^ent à la 
cause de Charles l®^ 11 était maire 
de Landerneau avant la révolution, 
et siégeait comme député du tiers 
aux États de Rretagne, où il réclama 
l'un des premiers contre l'inégale 
répartition de l'impôt. 11 adopta avec 
modération, en 1789, la cause des 
innovations révolutionnaires, et fut 
nommé commissaire du roi à Lan- 
derneau en 1790, puis député du Fi- 
nistère à l'Assemblée législative en 
1791. Il y prit la parole le 21 oct. 
sur la question relative aux prêtres 
insermentés, se déclara pour la to- 
lérance, et demanda qu'il fût fait 
nue adresse au peuple pour le ra- 
mener à ce sentiment. Le 25 il prouva 
qu'une loi sur les émigrés ne s'ac- 
cordait avec aucun principe de li- 
berté ; que l'État n'avait de compte à 
demander qu'aux fonctionnaires pu- 
blics et à l'héritier de la couronne. 
Après la session , Roujoux se re- 
tira dans sa patrie, et refusa de 
siéger à la Convention nationale, oà 
il avait été élu. S'étant ensuite 
rangé ouvertement du parti opposé 
aux excès de 1793, il se réuuit au 
marquis de Puisaye et au général 
Wimpfen à Caen, et dirigea les Bre- 
tons dans l'entreprise contre la Mon- 
tagne, qui échoua à Pacy-sur-Eure 
(voy, Puisaye, LXXVlll, 13i). Rou- 
joux ayant alors été mis hors la loi 
par un décret spécial, parvint à s'é- 
chapper, et se tint caché jusqu'à la 
chute de Robespierre. En 1796, il 
exerça les fonctions de commissaire 
du gouvernement près le tribunal 
criminel deQuimper, et fut élu, l'an- 
née suivante, au conseil des Anciens, 
où il fit divers rapports sur les prises 
maritimes, et paya un tribut d'éloges 
aux armées françaises à l'occasion de 



64 



ROU 



leurs victoires en Italie. Il ne prit 
aucune part à la révolution du 18 bru- 
maire, et fut néanmoins nommé aus- 
sitôt après membre du tribunat^ où 
il Tota pour rétablissement des tri- 
bunaux spéciaux ; combattit, comme 
orateur de son corps» le projet de loi 
présenté au corps législatif sur la 
procédure criminelle, et représenta 
qu'en s'occupant de la dégager des 
entraves qui en arrêtaient la inarche, 
il fallait stipuler aussi les intérêts de 
la sociétés blessée en plusieurs points 
par ce projet. Lié de Tamitié la plus 
tendre avec La Tour-d'Auvergnc, il 
lut au tribuuat la lettre que lui avait 
écrite ce brave guerrier la veille de 
sa mort. En 1802, il vota pour l'adop- 
tion des deux premiers titres du nou- 
veau Code civil, relatifs à la jouis- 
sance et à la privation des droits 
civils et aux actes qui les constatent. 
Roujouxfit aussi partie de la couiiuis- 
sion de sept membres qui fut char- 
gée d'examiner le Concordat et qui 
conclut à Tadoption du projet du 
gouvernement. S^étant démis de ses 
fonctions de tribun, il fut nounné, 
en avril même année, préfet du dé- 
partement de Saône - et - Loire , où 
son administration fut inarquée par 
plusieurs établissements utiles, entre 
autres des quais dont il obtint la 
construction aux frais de TÉtat, 
dans les villes de Tournus, Cbâlous 
et Mûcon. En 1805, il reçut dans 
son département le pape Pie VII, 
qui passa la semaine sainte à Châ- 
lons. Sa Sainteté y fit, le jour de 
Pftques, la cérémonie annuelle de la 
bénédiction. En 1808, Roujoux fut 
créé baron. Dans le mois de mars 
1814, il fit des eûbrts inutiles pour 
défendre son département contre 
rinvasion des armées étrangères. Il 
perdit sa préfecture après la chute 
du gouvernement impérial; mais le 



ROU 

roi lui accorda une pension qui 
fut supprimée en 1815. Ayant ac- 
cepté de Bonaparte, échappé de THe 
d*Elbe, la préfecture du Pas-de-Ca- 
lais, puis celle d'Eure-et-Loir, il per- 
dit ces emplois après le second re- 
tour du roi. On lui rendit cependant 
sa pension un peu phis tard ; et il se 
retira à Brest, où il mourut le 1*<' 
février 1819. Doué d'un esprit aima- 
ble et gai, Roujoux a composé des 
Poésies fort agréables, insérées dans 
divers recueils entre autres la ro- 
mance long-temps attribuée à Du val, 
et qui commence par ce vers : 

Si août vitious comme tivaicnt uos pères, 

M— D }• 
ROUJCHJX (PnUDENC£-GU1LLAr- 

MK de), fils du précédent, né à Lan- 
derneau le juillet 1779, entra dans 
la marine après avoir fait ses études 
à récole Polytechnique, et fut attaché 
à rétat-major du contre- amiral La- 
crosse, envoyé en qualité de capi- 
taitie-géuéral à la Guadeloupe pour 
y rétablir l'ordre, de concert avec le 
général Richepanse (voy. ce nom, 
LXXIX, 72) Chargé de rendre compte 
au premier consul du résultat de la 
mission du contre amiral, il revint 
en France et ne retourna plus dans 
cette colonie. Quelques morceaux de 
poésie le tirent connaître des Socié- 
tés littéraires. Une Statistique de 
Saône-et' Loire (,Paris, in-S**), qu'il 
rédigea lorsque son père en était pré- 
fet, le mit en rapport avec le ministre 
de l'intérieur, et en 1806 il obtint 
la sous-préfecture de DOle dans le 
Jura. Ch. Nodier ayant été exilé dans 
cette contrée et placé sous la sur- 
veillance des autorités, Roujoux le 
traitaavec beaucoup de bienveillance, 
et tous deux conclurent Tun pour 
l'autre une amitié qui dura jusqu'à 
la mort. Une discussion avec le maire 



ROW N hôu «s 

deDOIe le fit mander au conseil d'état, Miiorique, orné du portrait de M. le 

en 1807. La décision qui intervint, prince^ préeident du conseil des mi* 

ambiguë pour le fond, ne le fut pas nistres. Cet ouvrage, qui parut le 20 

pour la loyauté de son caractère. En juillet 1830, ne put avoir pour son 

1811 Ronjoux passa à la sous-préfec- auteur les effets que sans doute il en 
turede Saint-Pol (Pas-de-Calais). La avait attendus. Roujouz, après avoir 
même annéeilpubliasoni^Mat d'une occupé quelque temps la préfecture 
histoire desrévolutions arrivées dans du Lot, resta encore sans emploi» et 
les sciences et les heaux-arts, qui il mourut à Paris le 7 octobre 1836. 
commença sa réputation. Nommé en On a de lui : L Essai d'une his- 

1812 préfet du Ter, dans la Catalo- toire des révolutions arrivées dam 
gne,a!orsréunieàlaFrance, il donna les sciences et les beaux- arts de- 
beaucoup de soin à l'assainissement puis les temps héroïques jusqu'à 
de la ville de Girone, qu'un siège de nos jours, Paris, 1811, 3 vol. in-8^ 
sept mois avait accablée de toutes II. Prophétie de saint Césaire, évé- 
les calamités. Il y fut atteint du ty- que d'Arles^ au VV siècle, et frag- 
phus, et n'échappa qu'avec peine à ce tnents de l'histoire de la ville d^Is^ 
fléau. En 1813 on lui confia, outre son parM. L. C.deR., Paris, 1814, in-8^. 
département, celui de la Sègre^ dont III. Don Manuel , anecdote espa-* 
le chef-lieu était Puycerda^ Obligé de gnole, Paris, 1820, 2 vol. in-12. lY. 
rentrer en France lors de l'évacua- Histoire d^ Angleterre y depuis la pre^ 
tion définitive, en 1814, il y revint mière invasion des Romains jus- 
avec l'armée du maréchal Suchet. qu'à la révolution de 1688, traduite 
Ainsi que son père, il ne fut pas de l'anglais de Lingard, Paris, 1825- 
employé par le gouvernement de la 29, 17 vol. in-8o; 2* édit., 1834*35, 
Restauration^ L'année suivante l'em- 17 vol. in-8°. Roujoux a traduit les 
pereur lui donna la préfecture des douze premiers volumes de cet ou- 
Pyrénées - Orientales , qu'il perdit vrage, et M. Amédée Pichot les sui- 
bientOt par le retour de Louis XVIII. vants. MM. de Beauregard et B. de 
Alors, renonçant aux fonctions pu- Saint- Victor passent pour en avoir 
bliques, Roujoux se voua tout entier publié un Abrégé sous le nom de Rou- 
à des spéculations de journaux et de joux et ceux de MM. Lebas et J.-L. 
littérature; et ce fut à cette époque Vincent, 1827-30, 5 vol. in-12. Y 
qu'il fonda le Journal général de (avecM.Morlino).Dtch'onnatree/a«- 
France dont il était le propriétaire et sique italien-français, et flrancaisT 
qu'il rédigeait conjointement avec italien y réAi^é d'après lesDiction- 
Rougemont, Durozoir, Auger, etc. Ce naires de l'Académie de la Crusca, 
journal, qui n'eut que quelques mois de l'Académie française de Paris, etc., 
de succès, prit ensuite le titre d'in- 1826, 2 vol. in-8<^; la 4* édit. est de 
di^dantfpuis fut réuni au Censeur, 1832. VI. Histoire des rois et ducs 
à la Renommée, et définitivement au de Bretagne, Paris, 1828-29, 4 vol. 
Courrier français. Roujoux resta in-8<>. Cette histoire est peu exacte 
ainsi dans l'opposition au gouverne- et remplie de détails romanesques, 
ment de la Restauration, dont ce- VII. Le monde en estampes, ou Géo^ 
pendant il parut, à la fin, s'être rap- graphie des cinq parties du mon* 
proche, en publiant un volume inti- de^ précédé d'un précis de géogra- 
tulé : Maison de Polignac , précis phie universelle, ouvrage cj(\5&s^- 

LX¥X. ^ 



«6 



ROU 



cré à rinstruction et k ramutament 
de la jeunesse, Paris, 1838* in-8o. 
VIIL Vosgien, nouveau dictionnaire 
géographique, Paris, 1828, 1835, 
in-8®, STec dix cartes. IX. Histoire 
pittoresque de l'Angleterre et Ae ses 
possessiotM dans les Indes, depuis 
ks temps les plus reculés jusqu'à la 
réforme de 18Ss, publiée par M. Al- 
frsd Mainguetf sous la direction de 
MM Taylor et Charles Nodier, ou- 
trage orné de gravures sur bois et 
ie cartes géographiques, Paris, 1834- 
1936, 8 Tol. in-8' à 2 col.Ch. Nodier 
a déclaré que la rédaction de Tou- 
Trage était de Roujouz seul. X. His- 
Mrs d'Irlande^ par Th. Moore, tra- 
duite de Panglttis, Lyon, 1836, in-S». 
Roujoi|x a publié, comme éditeur : 
!• Les Poésies inédites (apocryphes) 
4$ Clotilde de SurvilU, Paris, 1826, 
in•8^ in-18 et in-32, fig. \ î"" une nou- 
Telle édition, avec des extraits des 
Toyages les plus récents, de V Abrégé 
ie VHistoire générale des voyages, 
par J.-F. Laharpe, Lyon et Paris, Ru- 
sand, 1830-t835, 21 toL in-8o. P. L-t. 
ROULAND était, avant la révo- 
lation , professeur et démonstrateur 
de physique expérimentale à Tuni- 
Tersité de Paris. Plus tard il fut 
Qommé professeur de mathématiques 
k récole centrale de Fontainebleau, 
/ puis, en 1805, à Técole militaire de 
cette ville. Il mourut vers 1820. La 
société royale de physique d'Orléans 
le comptait au nombre de ses mem- 
bres. On a de lui : L Tableau histo- 
tique des propriétés et phénomènes 
4é l'air y considéré dans ses diffé^ 
rents états et sous ses divers rap^ 
forli, Paris, 1784)in-8o. 11. Descrip- 
tion des machines éUctriquee d taf- 
fsiae, de leurs effets et des divers 
envemtages que présentent ces nou- 
$ f m i a appareils^ Amsterdam et Pa- 
, ilifff $fSâ, m-8*, JSouiand a donné 



ROU 

de nouvelles éditions, corrigées et 
augmentées, de deux ouvrages de 
Sigaud de Lafond : V Description et 
usage d^un cabinet de physique ex- 
périmentale^ Paris, 1785, 2 vol. in* 8» 
avec figures ; 2<> Essai sur différentes 
eipëce^d'atr, qu'on désigne sous le 
nom d^air fixe^ pour servir de suite 
et de supplément aux éléments de 
physique du même auteur, Paris, 
1785, iu-8*. Z. 

ROU]llI( Au lBN-ABBA8,sur nommé 
IBN-Air), illustre et élégant poète sy- 
rien , habitant d'Émesse , a composé 
beaucoup d*onvragesqu'Avicenne li- 
sait avec plaisir, etqu'il a commentés. 
Âbou-Bekr,filsd*Abdulmaleck Almo- 
cri, le regarde comme un des premiers 
poètes«et l'auteur du RaoudAlakhiar 
rapporte un de ses distiques arabes, 
où il dit que rien n'est plus néces- 
saire à l'homme qu'une bourse et 
une épée , l'une pour subvenir à 
ses besoins, l'autre pour le mettre à 
l'abride toute insulte {Bibliothèque 
orient d'Herbelot, p. 712). 11 mou- 
rut en 283 de l'hégire (806 de J.-C). 
On voit à l'Bscurial, n» 275, son Dt- 
van , manuscrit , ou le corps de set 
poésies. J— N. 

ROUSSAT (Richard), né à Lan- 
gres, au commencement du XVl^ 
siècle, étudia la médecine, fut reçu 
docteur à Montpellier, et devint cha- 
noine de sa ville natale. Lacroix du 
Maine dit que c'était un homme fort 
docte et surtout grand théologien, 
philosophe et mathématicien. Sui- 
vant Lalande {Biblioth, astron.j 
p. 62), Roussat fut l'éditeur d'une 
traduction latine du traité d'astro- 
logie d'Alcandrin ou Arcadam, im- 
primf^e sous ce titre : De veritatibus 
et prœdictionibus astrologicis , et 
pracipue de nativitatum (i), Paris, 

(i) Tradail m frao^dt par on anonyat. 



ROU 

1542, in-8\ On lui doit encore :ioL$ 
livre de V estât et mutation des temps^ 
prouvant par auihoritez de VEscri- 
ture sainte et par raisons astrolo- 
gales la fin du monde êlre prochaine^ 
Lyon, Guill. Roville, 1550, petit 
in-8''(2); 2« Des éléments et principes 
d'astronomie, avec les universels jth 
gements dHcelle, etc., Paris, Nie. 
Chrestien, 1552, in-S®. Pour le dé- 
veloppement du titre, voy. le Ma- 
nuel de M. Brunet. Cet ouvrage rare 
pourrait bien être une nouvelle édi- 
tion du précédent. On a aussi im- 
primé sous le nom de Roussat des 
Âlmanachs et Pronostications pour 
les années 1548, 1549 et 1552. 

B— L— u. 
ROUSSAT (Jean), neveu du pré- 
cédent, naquit à Langres, en 1543, 
devint président du bailliage, puis 
lieutenant - général ^ maire de cette 
ville, et se rendit célèbre par son dé- 
vouement sans bornes à ses sou-^ 
verains. Sa correspondance avec 
Benri IV, mise au jour en 1816 par 
MM. Guyot de Saint-Michel et de 
Verseilles , ses descendants, fait 
connaître la confiance qu'il avait 

(voy. le Manuel du librairt, aa mot Arcadam), 
(a) Sous le u° 5o6 da catalogue des livres 
en partie rares et curieux provenant de la 
bibliothèque de M*** , Paris , Potier, 1846 , 
in-K*^, se trouve U Livre de l'êstmt et muta- 
tion des temps ^avec cette note : « Ou lit à la 
page 162 de ce volume rare, le passage sui- 
vant, où la révolution française semble être 
annoncée d^une manière bien plus positive 
t^ne dans le Mirabilis liber et dans d^autres 
livres de prédictions: «Venons à parler de 
la grande et merveilleuse conjonction que 
les astrologues disent être à venir environ 
les ans de N.-S. mil sept eent oetante et neuf, 
avec dix révolutions saturnales : et outre en- 
TÎron vingt-cinq ans après (1814) sera la 
quatrième et dernière station de Taltidu- 
oaire firmament. Toutes ces choses calcu- 
lées , concluent les astrologues que, si le 
monde jusqu'à ce temps dure, de très*gran« 
des , merveilleuses et espouvantubles muta- 
tions et altératioos seront en cestuy mond«, 
inesmemcnt quant aux settat al la/i. » 



ROÛ 



67 



méritée par ses talents et'sa fidélité. 
Le brave Roussat était décrété dé 
prise de corps pour être contraint 
à payer des sommes énormes qu'il 
avait empruntées en son nom pouf 
le roi. Un arrêt du conseil ordonna 
aux receveurs de lui payer toutes 
les sommea^qu'il réclamerait sans 
même justifier de remploi , « at- 
tendu, est- il dit dans cette ordon- 
nance, que c'est pour des dépenses 
secrètes, et sur des ordres donnés de 
vive voix par le roi, que Roussat a 
employé ces sommes à la solde ou k 
la levée des troupes, à la prise ou 
entretien des châteaux et forte- 
resses, le roi ne voulant pas qu'un 
fidèle sujet se fût ruiné en le ser- 
vant. • Fontette (Biblioth, hist. de 
la France, tome 111, page 326) et 
Lacroix du Maine (tome I^^ page 
585) citent un ouvrage manuscrit 
dont Roussat est auteur, . et qui a 
pour titre : Recherches et antiquités 
de là ville de Langres et de ses envi- 
rons. Denis Gautherot dans VÀnas- 
tase 4e Langres, et Viguier,jésuite, 
dans son Chronicon Lingonense, par- 
lent de lui avec éloge. Il mourut 
vers 1611, et non en 1603, comme le 
dit Fontette. Voici ce qu'on lit dans 
h Décade historique du diocèse de 
Langres, par un moine d'Âuberive, 
page 594 : « Jean Roussat employait 
les loisirs que lui laissaient ses 
fonctions publiques à la recherche 
des antiquités ; et après avoir donné 
pendant toute sa vie des preuves de 
son érudition et de ses talents, 
comme administrateur, il mourut de 
chagrin quelque temps après ce 
grand roi qu'il avait si bien servi.* 
Lapubiication»dont nous avons parlé 
est intitulée : Correspondance poli- 
tique et militaire de HewT\ \« 
Grand tttjec 3. Rou%»a\^mavr^ ^^ 
Langres, relatwe aux fcx>^t\.wR«««X% 



63 



ROU 



qui otit précfd* ri tuivi ton mine- 
nunf au trône ; publiée d'aprét la 
originaux appartenant à M M. Guyot 
de SainlUichel et de Vrrttilles, 
officiers de cavalerie de l'armie d» 
Condi; enrichie de tix fae-iimile 
de l'écriture de Henri lY tt de devx 
portrait», Paris, 1816, iK-H°. Cette 
corrcspuiidance a éti^ riiimpriDiéc 
(Ivis le Journal militaire de Henri 
IV, par le cumie de Valori, Paris, 
18!l, in-8". S. A-s. 

ROUSSEAU (Gilbert), né à 
Tours pn I58T, enirn «latis la compa- 
gnie de Jésus, où il lut employé 
comme professeur, d'abord pour les 
humaniliis et pour la rhétorique, 
ensuite pour l'Écritiire sainle. II 
devint successivement supérieiir des 
collèges lie Saintes, de Poitiers, 
de Bordeaux, et enfin provincial 
de son ordre pour la province d'A- 
qwlaiae- Le pitre Rousseau s'était 
aussi depuis longues années livré k 
la |>rrdicalion avec beaucoup dcauc- 
cès, lorsiiuo. le roi le cliargca de di- 
riger en cheF If s missions éiablics 
en Guyenue pour ta eouversion dis 
proleslaul.*!. Il mourut dans cet em- 
ploi le 17 janvier IGGG. Un u'a de 
lui qu'un seul ouvrage historique et 
aseétique. intitulé : Lu preuves dé 
l'invocation des eainti dam le» pre- 
mière siècles de l'église, Durdeaux, 
i024,in-12. F— T-E. 

ROL'SSKAU (doui Fbahçois), M- 
nédiclin de la congrégation de Saiiit- 
Maur, nt! ù Saviguj au diucËse du 
Mans, fit profession à l'abliayc de 
VendOmcen IGSo; fut régenl de rhé- 
torique à Pont-lc-Voy, et se dis- 
tingua comme prédicateur. Il mou* 
rut dans le monastère de Saint-Mi- 
uliel de Tonnerre, lel" auflt 1731. 
On a de lui VOraison funèbre dt 
inadame Polixène de Vibraye, pro- 
noncée en l'église de cette ville, H 




ROU 

rétablir les services que les fureurs 
populaires avaient désorganises. Le 
5 octobre 1789 il tenta inutilement 
de faire rentrer dans Paris la co- 
lonne que Lafayette conduisait à Ver- 
sailles, et qui devait amener prison- 
niers dans la capitale Louis XVI et sa 
famille. Quelques jours après, des 
troubles ayant éclaté k Vernon pour 
les subsistances, Rousseau y fut en- 
voyé par les ministres, et il parvint 
à apaiser la révolte par sa fermeté. 
Lorsque le système de terreur se 
manifesta eu 1793 , il renonça com- 
plètement aux fonctions publiques ; 
mais , devenu l'objet de beaucoup de 
suspicions, il fut inscrit sur la liste 
des émigrés, et ses biens furent mis 
sous le séquestre jusqu'à la chute de 
Robespierre. Alors il rentra dans les 
fonctions publiques par la prési- 
dence du bureau de charité du 3* 
arrondissement. Dès la première an- 
née du gouvernement consulaire, 
dont il embrassa la cause avec ar- 
deur, il fut élu juge au tribunal, puis 
membre de la chambre du com- 
merce. Au 20 juin 1803, le gou- 
vernement avait fait séquestrer, dans 
les ports de Dieppe et de Calais, des 
navires venant d'Angleterre, chargés 
de marchandises anglaises ; Bonaparte 
n'avait pas seulement pour but de 
gêner le commerce des ennemis de 
la France^' il voulait amener l'An- 
gleterre à recevoir nos produits pour 
une valeur égale a celle des mar- 
chandises que ce pays nous appor- 
tait. L'idée était bonne; mais les 
moyens d'exécution en rendaient les 
résultats désastreux. La chambre du 
commerce chargea Rousseau de se 
transporter à Bruxelles et d'obtenir 
du chef de TÉtat la révocation du fa- 
tal décret. Sur le refus d'une au- 
dience, il adressa au consul une 
lettre très-sage et très-f^me, dans 



ROU 



69 



laquelle il plaida la cause des négo- 
ciants auxquels on avait appliqué les 
dispositions pénales de ce <(écret. Il 
n'obtint pas tout ce qu'il demandait ; 
mais on trouve, dans l'exposé d«*s 
motifs sur lesquels il fonda ses ré- 
clamations, l'esprit de justice et la* 
haute capacité qui le distinguaient. ' 
Le 16 janvier 1804, il fut nominé 
maire du 3« arrondissement de Paris, 
et, le 26 oct. 1805, le corps munici* 
pal le délégua, avec trois de ses col- 
lègues, pour aller remercie^ l'empe- 
reur, alors en Allemagne, au nom 
de la ville de Paris, de l'envoi qu'il 
lui avait fait des drapeaux et des ca- 
nons pris au combat de Wertingen. 
Napoléon les reçut^ Schœnbrunn, et 
à la Hn de l'audience, averti que les 
drapeaux, pris à la bataille d'Auster- 
litz, venaient d'arriver à Vienne, il 
chargea Rousseau de les rapporter à 
Paris, où ils furent déposés depuis à 
la cathédrale. Au mois d'avril 1811, 
il soutint de tout son pouvoir le 
gouvernement impérial; mais dès 
que l'abdication de Napoléon fut 
proclamée, il se rallia franchement 
au gouverriement de la Restauration. 
Des difficultés s'étaient élevées au 
sujet du,traitement des chefs de l'ar- 
mée étrangère ; leur exigence était 
excessive et elle aggravait le poids 
des charges que le sort de la guerre 
imposait à la France. Chabrol, alors 
préfet de la Seine, connaissant son 
esprit conciliateur, le chargea de ré- 
gler le traitement du comte de Ro- 
chechouart, commandant, pour les 
Russes, les quatre premiers arrondis- 
sements de Paris, et il sut si bien cap- 
tiver la confiance du lier commandant 
qu'il s'établit entre eux des relations 
d'intimité qui tournèrent surtout à 
l'avantage du 3* arrondissement .L'an- 
née suivante, Rousseau eut le même 
succès auprès du bacoisi ll^t^sjfia^^ 



70 



ROD 



eommandant pour les AutrkbieBS. 
Une rëputatioD acquise par le sacri- 
fice de son repos, et par des persfcu- 
UoQS de toute espèce • ne put mettre 
Bousseau à l'abri des traits de Ten- 
TÎe : dans le mois de janvier 18 16, 
ilifut révoqué de ses fonctions. Peu 
de temps avant, ses administrés 
âfiient voté pour lui une médailled*or 
en commémoration des senrices quHl 
leur avait rendus pendant les deux 
inTasions. Réintégré dans ses fonc- 
tions de maire en 1830, membre de 
la Légion-d'Honneur dès sa création» 
officier le 18 janvier 1815, comman- 
deur le 30 avril 1831, enfin paif de 
France le il oct. 1833, il trouTa 
dans ces distinctions une récompense 
^de ses longs service^» et mourut le 
*$ juillet 1837. M— DJ. 

ROUSSEAU (Thomas), ardent ré- 
volutionnaire, contemporain du pré- 
cédent, mais qui n'eut avec lui de com- 
mun que le nom et l'époque» avait, 
long^temps avant la révolution, com- 
posé uu grand nombre de pamphlets» 
où lignorance et le mauvais goût ne 
peuvent être comparés qu'à la per- 
versité des vues. Quand la chute du 
trône eut comblé ses vœux, il ne 
garda plus de mesure, et on le vit 
figurer dans toutes les émeutes. Il 
lut aussi un des premiers à faire 
partie de la fameuse société des Ja- 
eobins, dont il devint rarchiviste. 
Ce fut en cette qualité que le 11 
prairial an 11 (31 mai 1791) il présenta 
à cette société» qui en prononça la 
«CMlf on ctvîff «e, un ouvrage de sa 
composition» intitulé : Le$ crimes ëe 
Im WHmarthie et les verHu des repu-- 
èlifiiea, discours adressé au peuple 
firemçais et à la Convention natio- 
mmk. C'était peu de temps avant la 
thnie de Robespierre que Rousseau 
iHHit cet hommage aux Jacobins. 
Aftte c«t événement» il se tint dans 



non 

Tobscorité et réussit à se soustraire 
aux suites de la réaction contre son 
parti, jusqu'à Tépoque de sa mort qui 
eut lieu au commencement de Tannée 
1800. Il se qualifiait alorsHemère Ai 
jwrltjfueréjNiMtcciifi ( 1 ), société dont 
nous ignorions complètement l'exis- 
tence. Ses ouvrages imprimés sont : 
I. Tableau du meilleur gouvememeni 
possible, ou VViopie de Thomas Mo- 
ma» etc.» traduction nouvelle, Paris» 
1780, in-l2;2« édit., avec des notes, 
ibid.» 1789. II. Les tragédies de M de 
Voltaire^ Ode d leur auteur, en 1778, 
Femey, sans nom d'imprimenr^ 1781» 
in-8*. III. lalfra dM^*\sur lesspee- 
taclés des boulevards, Rruxëlles et 
Paris, l781Jn-l2.1V. Satire à M. 
François^ peintre^ 1781, in-8*, V. 
SaHre d M. de la ff.» 1786, in-8«. 
YI. Discours au rot jur la protec- 
tion qu'il accorde au commerce^ Am- 
sterdam et Paris» 1787, in 99. VII. 
Dissertation sur le commerce, trad. 
de l'italien, de Belloni, 1787»in>8«. 
YlII. JBptfre on aajre «nalthiifiirdet 
comices agricoles^ membre de Vas- 
semblée des notables» Amsterdam et 
Paris, 1787, in-8«. IX. Précta Aialo- 
rique swr Védit de Nantes et sa ré- 
«ocafion, suivi d'un discours en vers 
relatif à cet événement, Londres et 
Paris, 1788, in-8<». X. Les Fastes du 
commerce, poème épique en douxe 



(i) La Sodélé Httérur« qui porta le titr« 
de l'Wlif et npmUifim est en rffet très-pea 
coanue. Elle f Qt foodée le 6 Teodêmiaire «b 
iFIIIaparleatoyen Piîs, qni^sous U Re^tav» 
ntùm , reprit le titre de cfaeTalier : elle tint 
M première séance dans le temple de la Con- 
corde (Pêglise de SaiBt>Philippe-du«Roule). 
On Toy^it figurer parmi ses membres Pu- 
blioola Cfaaussard , le ci-deTant abbé Coar^ 
nand, Leqnioio» Cnbières-Palmeseaux , etc. 
Après le i8 brumaire, elle se traîna languis- 
samment pendant qnelqnes mois» et finir par 
mourir de consomption en butte aux dédains 
du public et de M. Piis luinnéme, qui avait 
changé d*annra» étant devenu secrétaire-gé- 
aéral de la pié^nr* de pbii«t. L— m— x. 



ROU ROU; 71 

chants, Paris, 1788, in-8^'. XI. les Henri-Joseph)^ médeeÎD, nëàCtm- 

Chams du pairioiiime^avecdesno' brai le 19 janv. 1796, y est mort 

te$, dédiée d la jeunesse eitoyennet le 13 juillet 1824. On a de lui : 

1793, in-l!2;rëimprimësen 1798, sous I. De la débilité dans les tnale^^ 
ce titre : Morale élémentaire, à l'usa- dies^ considérée comme source d^in^ 
ge des écoles républicaines. XII. Â dication thérapeutique, Paris, 18S0| 
bas la calotte, ou les Déprétrisés, co- in-4<^, thèse. 11. Rapport sur les treh 
mëdiefn un acte et en prose, Paris, vaux de la commission de santé 

1794, in-80. XIII. Censura de iaCon- pendant les années 1821 et 1822^ 
ventton naltona^e, en cinq discours 111. Refissions sur les développa 
en vers, suivie de notes contenant ments du tissu du coeur dans l'ané^ 
VBistoire abrégée des factions^ de vrisme actif comparé d celui de l'sh 
leurs erreurs et de leurs crimes^ par tér%is pendant la grossesse. IV. Ré- 
L. G.T. R. (le citoyen Thomas Rous- flexions physiologiques sur l'apo^ 
seau), Paris, an V ( 1797), in-8*. plexie, la syncope et iasphyxie dêi 
XIV. Morale de l'empereur Mare- nouveau-nés. Ces trois derniers ou- 
Aurèle^ Paris, 1798, in-18. XV. Le vrages sont insërës dans le Recueil 
Livre utile et agréable pour la Jeu- des travaux de la société d'amateurs 
nesse^ contenant la Déclaration des des sciences, de l'agriculture et dm 
droits etc., les Sentences de P. Sy- arts de Lille^ Lille, Leieux, 1828» 
rus en distiques françiis, et les Dis- in-8<^, pages 360 et suivantes. Z. 
tiques deD. Caton en quatrains, tra- ROUSSEAU (Jeam-Dbnis), né en 
diictions nouvelles, etc. ; 2V^o(îce sur 1765, à Cinq Mars, en Touraine,em- 
pitfstnira grandi Aommes,etc., Paris, brassa Tëtat ecclësiastique et suivit 
1799, inl2,aveogravures. XVl.iVoé7t la carrière de l'enseignement. Après 
civiques etpatriotiques. M— d j. avoir ëtë professeur à l'universitë, il 

ROUSSEAU ( Simon - Pierre ) , fut nommé proviseur du collège royal 

anatomiste,nëàBellevilleprèsParis de Lyon, et en 1827 inspecteur de 

en 1756, se voua dès sa plus ten- racadémieàCaen,puisàRoiieu,oùil 

dre jeunesse à Fëtude de Tanato- mourut le 12 nov. 1835. On a de lui 

mie des animaux et fut pendant quelques ouvrages d'ëducation, entre 

quarante ans le chef des travaux autres:!. Abrégé de géographie an- 

anatumiques du Jardin des Plantes, eienne, précédé de notions élémen- 

Cuvier a dit de lui dans un de ses taires de géographie et dechronologie^ 

rapports sur les progrès de la science: Lyon et Paris, 1824, in-l2.11.L'i4rl 

« Cet homme, aussi modeste quMnfa- poétiqt^e d'Horace, traduction inter- 

ttgable, mëritera la reconnaissance linéair ensuivant la syntaxe du fr an- 

de tous les anatomîstes par les tra- çais^ précédée du texte latin^ avec 

▼aux pënibles qu'il a exëcutës pour indication des variantes^ etc., Pa- 

la restauration et Taugmentation de ris, 1828, in-l2. Z. 

la collection d'anatomie ; et il m'au- ROUSSEAU (Samuel), imprimeur 

rait ëtë impossible, sans Ibi, de ren- et ëditeur anglais, issu d'une famille 

dre mes le<;ons dignes de paraîire genevoise, ëlait neveu du cëlèbre 

en public. » Pierre Rousseau mourut Jean-Jacques. Më à Londres en 1765. 

à Paris dans le mois de fëv. 1830. Il il commença par être empioyë chei 

ëtait membre de plusieurs sociëtës Nichols, ëditeur du GentUman's Met^ 

savantes. — Rousseau ( Àlexeu^e- gaxine^ qui Poccupait à faire des te- 



7» 



HOU 



chêlwhes dtns les historiens de l*an- 
tîquîtë. Doué d'une rare intelligence, 
il apprît seul différentes langues et 

' acquit des connaissances très-éten- 
dues. S^étant établi pour son compte, 
il éprouva des pertes considérables 
«tittt obligé de retourner à ses pre- 
nders travaux. Alorsjil se fit éditeur 
et commentateur de beaucoup d*an- 
dens auteurs, mais il ne mit pas son 
nom à ces publications. Attaqué, plu- 
sieurs années avant sa mort, d'une 
maladie qui ne lui permettait pas de 
travailler, il fut secouru par rezcel- 
lente institution fondée en Angleterre 

' pour les gens de lettres malheureux, 
aoos le titre de Ltlerory /utid. Sa- 
muel Rousseau mourut à Londres le 
4 décembre 1 820. Indépendamment de 
plusieurs dictionnaires géographi- 
ques et de quelques livres élémentai- 
res pour l'étude du persan, il a publié : 
1. FUun i$ la littérature pertanne^ 
1801, in-4*. IL Dictionnaire des loù 
mahométanei, du revenu du Bengale^ 
eu êomcrit et d^autres termes, 1802, 
in-12, 111. Vocabulaire persan et oh- 
f loff, 1802, in-8*. IV. La Ponctua- 
ftofi, ou Estai pour faciliter l'art de 
jMACliiar, 1813, in-12. Ce dernier ou- 
vrage est extrait de l'ingénieux Essai 
de Robertson sur la ponctuation, Z. 
ROUSSEAU ( Jban - Baptiste- 
Louis-J acquis), orientaliste et agent 
fiplomatique français, était le fils de 
Pancien consul-général de France dans 
le Levant {vop. Rousseau, XXXIX, 
15S),et naquit sur le coche d'Auxerre, 
en 1780, dans un voyage que ses pa- 
rents firent alors à Paris. 11 fut bap- 
tisé dans cette capitale, et n'avait pas 
CBfiore atteint sa deuxième année, 
lorsque son père, nommé consul de 
Fïrmnoe à Baçsora, l'emmena avec lui. 
C'est là que le jeune Rousseau reçut 
sa première éducation, dirigée prin- 
€î|iplemesl vers les langues de l'0« 



ROU 

rient. Bn 1798, il eut part à tous les 
malheurs de sa famille, arrêtée etspo- 
liée par suite de la guerre qui éclata 
entre la France et la Porte -Ottomane , 
lors de l'invasion de l'Egypte. Mais, 
comme ses parents, il recouvra la 
liberté en 1802, et fat loi-même 
nommé consul de France à Bassora 
en 1805, puis deux ans après secré- 
taire de l'ambassade de France à Te- 
hâran; en 1808 consul-général à 
Alep, et en 1814 à Bagdad. Enfin il fut 
nommé, le 17 décembre 1824, consul- 
général et chargé d'afiaires de France 
à Tripdi de Barbarie. Par suite d'une 
discussion qu'il eut à soutenir en 1 826 
avec le bey de cette régence, jl fit 
enlever de son domicile le pavillon 
de France, et se retira sur un navire 
français qui se trouvait en rade*. Cet 
acte de fermeté inspira des craintes au 
prince musulman, qui reconnut ses 
torts, et rappela honorablement le 
consul. Pendant ce temps on avait ré- 
pandu en France le bruit de la mort 
de Rousseau. Le ministère y ayait cru 
lui-même, et il ne lui avait pas seule- 
ment nommé pour successeur M. Mé- 
chin, coiéul de Chypre ; il avait char- 
gé M. Yattier, vice-consul, d'aller 
provisoirement remplir ses fonctions. 
On conçoit l'étonnement de Rousseau , 
lorsqu'il vit arriver ce dernier pour 
le remplacer vivant. Ce qu'il y eut 
de plus étonnant dans ce quiproquo, 
c'est que Yattier ne voulut point cé- 
der, et qu'il s'installa de vive force 
dans l'hôtel du consulat; il fallut 
que Rousseau écrivît . au ministère 
de France pour le convaincre qu'il 
n'était pas mort, et pour être réta- 
bli dans son emploi, dont malheu- 
reusement il ne jouit pas long-temps, 
car il mourut réellement trois ans 
après, en 1831, lorsque déjà il avait 
pu lire une notice nécrologique sur 
lui*mêne, publiée en 1828 dans la 



ROU ' AQU 7S 

Journal des Voyages, et lue à la Su- oréter par le parlement pour des^pro* 

ciétë de géographie, doùt il était as- positions extraites de ses sermons. Il 

socié correspondant. 11 l'était aussi se sau?a à Strasbourg avec Le Febvre 

de la troisième classe de Tlnstitut, d*ËtapIes ; mais tous deux reparu* 

aujourd'hui Académie des inscrip- rent bientôt à Paris, où ils s*occu- 

tions et belles -lettres, de celle de pèrent de traduire lé commentaire 

Marseille et de la Société asiatique, de saint Jean-Chrysostôme sur les 

On a de lui: I. Description du pa- Actes des apôtres, Roussel prêcha, en 

ehaltk de Bagdady suivie d'une notice 1533, le carême au Louvre. Le fou- 

historique sur les Wàhahis^ publiée gueuxBeda déféra en Sorbonnecertai- 

avec un avertissement de Si I vestre de nés de ses propositions qui furent pro- 

Sacy, Paris, 1809, in-S**. 11. £^^e^t5- scrites comme paraissant favoriser 

torique de J. 'F. 'Xav. Rousseau {^hxt le luthéranisme. L'année suivante , 

de Jean-Baptiste) , ancien consul-gé- des fanatiques ameutèrent contre, lui 

néral, etc. , 1810 in-8<>. 111. Extrait le peuple qui l'empêcha de prêcher 

d^un\itinéraireenPerseparlavoiede l'absoute à Notre-Dame. Marguerite 

Bagdad , Paris , 181 3, in-8<>. I V. Mé- de Valois l'emmena en Béarn et lui 

langes d'histoire et de littérature procura, vers 1536, l'abbaye de Clé- 

orientales.Pans^ 1817, in-8«. W.Mé- rac et l'évêché d'Oléron. Il s'ydis- 

moire sur les troisplus fameuses sec- tingua par son zèle> son éloquence, 

tes du Musulmanisme , les Wahabis, sa vigilance pastorale, assistant ré- 

les Nosaïriset leslsmaélis.^AeLrstiWt gulièrement aux offices, instruisant 

et Paris, 1818, in-8«. YL Notice his- son peuple, menant une vie très-sim- 

torique sur la Perse ancienne eimo- pie, et faisant un saint usage de ses 

demcj et sur ses peuples en général^ revenus. Dans ces temps où les ré- 

suivie de plusieurs tables relatives formateurs cherchaient à orner les 

à la géographie]etàla chronologie listes de leur parti de noms illus- 

de cet empire^ Marseille, 1818, in-8°. très et où les catholiques zélés 

Rousseau avait commencé un die- taxaient d'hérésie quiconque trou- 

tionnaire qui, sous le titre d'£ncy- vait. le moindre abus dans l'Église, 

dopédie orientale, devait comprendre on fit passer Roussel pour novateur, 

l'histoire, la mythologie, la géogra- Un jour qu'il prêchait à Mauléon, 

phie et la littérature des différents petite ville de son diocèse, un bour- 

peuples de l'Orient; mais la mort ne geois de l'endroit brisa la chaire à 

lui a pas permis de l'achever. M. Ou- coups de hache, fit tomber l'évêque 

varoff avait acheté de lui, pour le ser- qu'on remporta à demi mort, et qui 

vice de la bibliothèque impériale de mourut effectivement peu de temps 

S»int-Pétersbourg, cinq cents manu- après (1551). Ce crime resta impuni, 

scrits orientaux dont le catalogue a et cependant on n'a jamais, que nous 

été imprimé en 1818. ' Z. sachions, spécifié contre lui aucune 

ROUSSEL (Gérard), né au villa- erreur. 11 avait composé sur la fin de 

ge de la Yaquerie, diocèse d'Amiens, ses jours une Familière Exposition 

sur la fin du XV* siècle, fut attiré, sur le symbole, le décalogue et l'o- 

en 1533, par Briçonnet, évêque de raison dominicale. Les docteurs de 

Meaux,qui lui donna la trésorerie de Paris condamnèrent l'ouvrage à ne 

sa cathédrale. Quelques moines dont point voir le jour, et ils en séparèrent 

ce prélat réprimait le zèle le firent dé- vingt-deux pro\^s\lvQ.^% x^Y^"^^ 



7« ROU ROU 

par d^Argentré, mais dont aucune ne que Pédif ion de Martianay fAt puJ 

fiivorise les erreurs des calvinistes, bliée; car le texte de saint Jérôme 

Tout ce qu'on peut en conclure, c'est nVtait pas très-pur dans les éditions 

que RonsselaTaitdes sentiments par- antérieures. La traduction de dom 

ticuliers sur divers points qui n'in- Roussel, la seule jusqu'alors qui ne se 

téressent pas la foi. On a de lui des bornât point à reproduire en fran» 

Commentaires sur Tarithmétique de çais le choix du P. Canisius^ fut bien 

Boëce, Paris, 152t, in-fol : une tra- accueillie, et, à tpus ég:ards méritait 

duction latine des Morales d'Aris- de l'être. On voit que le traducteur 

lofe, 1537, in-8set d'autres ouvra- a l'intelligence de son texte; il le 

ges. Comme il prend le nom de Gir rend avec assez de 6délité et d'exac- 

rardus RuffSu^ il y a des auteurs qui titude, mais à la manière de l'êpo- 

l'ont nommé tantôt L» Roux^ tantôt que, c'e8t«-à-dire qu'il paraphrase, 

Muffiy d'antres fois ilouMfati. T— d. qu'il supprime, qu'il ajoute quelque- 

ROUSSEL(domGoiLLAUiiB),re- fois. Sous sa plume généralement 

ligieux bénédictin de la congréga- calme» il n'y a presque rien de la 

tion de Saint-Maur^né à Conchesen chaleur, de l'éloquence qui éclate 

Normandie, fit profession en 1680 dans les Lettres de Jérôme, oh l'âme 

dans l'abbaje de Notre-Dame-de- ardente du solitaire se peint avec 
Lire, diocèse d'Évreux. Après de ' tant de vérité. Quant aux Notes^ 

brillantes études, il se livra avec elles sont bonneset utiles. La traduc- 

succès à la prédication; mais bien- tiou de dom Roussel a été réimpri- 

tôt il seretira dans l'abbaye deSaint- mée, Paris, 1713,3 vol. in-8«; 1748, 

Martin de Pontoise, puis dans celle 4 vol. in* 12. On a encore de lui un 

de Saint-Nicaise de Reims, pour s'oc- éloge historique de Mabillon. en la- 

cuper plus tranquillement de tra- tin et en forme d'épitaphe , imprimé 

vaux d'érudition. 11 mourut le 5 oc- sous ce titre : Immorîali memorim 

tobre 1717, âgé de cinquante-neuf clarissimi ae religiasi viri Joanms 

ans, au monastère d'Argenteuil, où MahilUmii EpitapMum, Reims, 

ses supérieurs l'avaient appelé. Le 1708, in-4*. Cette pièce est regardée 

principal ouvrage de dom Rnussel comme un chef-d'œuvre d'éloquence, 

est une traduction des Lettres de u a aussi composé l'épitaphe latine 

Mt'itl Jérôme. H se trouvait dans la gravée sur le tombeau du P. Her- 

maison de Saint-Martin de Pontoise loin, fondateur de l'abbaye du Bec, 

quand il commença ce travail (Jottffi. en Normandie.il est auteur de l'é- 

i$s Sav., ann. 1597, pag. 494). Les pttre dédicatoire à madame d^Or- 

deux premiers volumes parurent avec léans, abbesse de Chartres, qu'on lit 

ce titre : Lettres de saint Jér&mê^ à la tête des Méditations sur la rè- 



en fran fois sur les éditions gle de saint Benoit , par D. Morel 

•f sur plusieurs manuscrits trés-an~ (Paris, 1717, in-8^). Enfin il a donné 

eUns, avec des notes exactes et beau- une nouvelle édition retouchée des 

eoup de remarques sur les endroits Avis et Réft^xions sur les devoirs de 

Hffieiles, Paris, 1704, 2 vol. in-8*. Vétat religieux, Paris, 1714, s vol. 

Le tome troisième et dernier, qui in-12^ réimprimés en 1717 et 1737. 

ten&rme les Lettres critiques^ ne D.Roussel avait de l'instruction, et 

parut qu'en 1707. Dom Roussel avait Martianay, dans sa Continuation du 

êtttnÊùf pour traduire ces Lettres, prsmUr traUé Us tariUsrss (Paris, 



RÔU 

1699, in-12) parle avec éloge d'une 
lettre que ce religieux lui avait écrite 
sur iUnspirdtion des livres sacrés , 
contrairement à l'opinion que doin 
Martianay lui-même avait exprimée 
sur ce grave sujet. Cet estimable 
bénédictin laissa manuscrite une 
Dissertation sur le Narsès dont parle 
saint Grégoire le Grand, 11 avait 
formé le projet d'une Histoire lit- 
téraire de la France, et avait ras- 
semblé des matériaux considérables 
qui, après sa mort, furent remis à 
D. Rivet {voy. ce nom, XXXVUI, 
157.) D. Tassin a consacré un article 
à son confrère Roussel dans V Histoire 
de la congrégation de Saint-Maur^ 
p. 398. Voyez aussi la Table du Jour- 
nal des savants. MM. Grégoire et 
Collombet ont publié les Lettres de 
saint Jérôme^ traduites en français, 
avec le texte en regard^ Lyon et Pa- 
ris, chez Périsse frères, 1836-37, 5 
vol. in-8^; ils y ont ajouté deux vo- 
lumes de Mélanges, tirés des Œu- 
vres de ce père, et l'auteur du pré- 
sent article a écrit ensuite VHistoire 
de la vie et des ouvrages de saint 
Jérôme^ chez les mêmes libraires, 
1 volume in-8o. C— l— t. 

ROI3SSEL (Claude), néà Vitry- 
snr^Marne, le 1" juin 1720, de pa- 
rents dépourvus de fortune , perdit 
son père à Tâge de dix ans ; com- 
mença ses études l'année suivante , 
et devint le protégé de Jacobé, 
président du présidial de la même 
ville. Cet estimable magistrat, auquel 
il fut redevable de sa première édu- 
cation , l'envoya à Paris, en 1739, 
pour y faire son quinquennium au 
séminaire de Saint-Louis, et lui donna 
toujours les marques d'une tendresse 
vraiment paternelle. Revenu de la 
capitale, Roussel fut ordonné prêtre 
au séminaire de Châlons, où il ensei- 
gna la philosophie^ et il en sortit sit 



ROU 



78 



mois après son ordination, pour aller 
gouverner la paroisse de Cheniers ^ 
près Châlons, où il composa son pre- 
mier ouvrage, intitulé : Principes de 
Religion, ou Préservatif contre Vin- 
crédulité, qui parut à son insu en 
1751, époque de la mort de sa mère. 
L^année suivante, en vertu de ses gra- 
cies , il fut nommé à la curé de Saint- 
Germain de Châlons. En 1759, il don- 
na une seconde édition de son ouvrage 
qu'il avait augmenté d'un tiers. La 
même année il fut nommé chapelain 
de l'ancienne congrégation de la ca-, 
thédrale de Châlons, et il reçut de la 
part du roi un brevet de pension sur 
l'abbaye de Saliva ^ en Lorraine. En 
1759, il dqnna ses Principes sur l'Ê* 
g lise, ou Préservatif contre i hérésie^ 
qui fut imprimé, ainsi que le premier, 
à Paris, chez Prault. Il présenta la 
même année ses deux ouvrages à Clé- 
ment Xllli, qui les accueillit avec bon- 
té. Il fut nommé membre de TAcadé- 
mie de Châlons en 1775. On a encore 
de lui un écrit Sur la loi naturelle, 
et un autre, intitulé: V Analyse de 
Vâtne. Dans les séances publiques de 
la Société littéraire de Châlons il a 
donné plusieurs discours : Sur le 
rétrécissement de l'esprit humain ^ 
1760;— 5ur V Amour du travail, 
1761-,— ^ur le Préjugé littéraire, 
1763;— 5ur le Beau, 1766; —Sur 
V Homme social, 1767;— Sur les 
Principes de la philosophie moder- 
ne, 1768. A la suppression de la cure 
de Saint-Germain, Roussel fut chargé 
de faire des conférences aux jeunes 
séminaristes, l'année qui précé- 
dait leur ordination. Il était en 
même temps chargé de leur direction 
spirituelle. Cet estimable ecclésias- 
tique , qui avait une grande facilité 
d'improviser sur les matières de son 
état, est mort pendant la révolu- 
tion. ^ i— ^* 



76 ROO ROO 

ROUSSEL i$ la Tour fat reçu ckritiennts sur k stùnt ÉvangOM dt 

conseiller au parlement de. Paris en Jésus-Chisi, Paris, 1771, in-ll. lY. 

1739 et à la chambre des comptes en Réflêxioms chrétiennes sur les Épures et 

1756. Lors de Texpulsion de la com- ÉvengUes de ttmmée. V. néflexions mo^ 

pagnie de Jësas, le parlement le char- rahs smr le livre de Tohie^ oMc.ime 

gea de différents rapports sur les col- eotate ea^dkMiom des commamdemem^ 



\é%e& de province , spédalement sur de Dieu et de € Église^ non?, édition, 

oenx que dirigeaient les jésuites. Ces 1774, in-12. Yl. Richesse du roi de 

eou^ftes^rendus^ dont on trouve la no- France , fondée uniquement sur le sèle 

menclature dans le tom. lY de la Bi* de ses sujets ^ 1775 , in -4*. Yll. Ré» 

hUoihéque hisionque de la fronce , ont flexions sur les mHtngages inesUntmh/es 

été imprimés, Paris, 1763 et ann. de Vagnculatre, YIII. JHscours inU- 

suiv. , i n-4®, et i nsérés dans le recueil reesants sur divers sufets de monde com- 

des pièces concernant l'affaire des firme au rèpie de UvertUjVms^ 1176^ 

jésuites , publié par Simon , impri- in-t2. IX. Lettres sur les spectacles. X. 

meur du parlement, en 8 vol. in-4*. Philosophie religieuse^ ou Diem contem^ 

Roussel de la Tour rédigea, avec la plé dans ses œuvres ^Vàtis^ t776,in-11. 

coopération de Tabbé Goujet et d*un Presque tous les écrits de Roussel de 

abbé Minard (1) , les Extmits des os- la Tour ont paru sous le voile de Ta- 

eertioiis dangereuses et pernicieuses en nonyme. Il parvint à un ftge très- 

tout geme^ que les soi^ilisant jésuites avancé, mais nous ignorons l'époque 

on/, dans tous les temps, et perséréram- précise de sa mort. 11 vivait encore 

utent soutenues ^ tic. f Paris, 1762, in- et avait le titre de conseiller hono- 

4% et 4 vol. in-12. C'est à tort que raire lors de la suppression des par- 

TabbéProyart, dans son ouvrage in- lements et des anciennes juridic- 

titulé Louis Xf^ldétrSné avont dêtre tions, en septembre 1790. Z. 

ivi,. attribue à dom Clémencet, bé- ROUSSELdelaRérordtànt(jBAK- 

nédictin , tExtraà des assertions HBNRi),néàSaint-BomerenNormaB- 

(voy. Barbier, Dict. des Anonymes ^ diele9nov. t727,étudiala jurispnw 

n* 6427). On a encore de Roussel dence, et fut avocat du roi au bail- 

de la Tour : I. La Richesse de VÉtat^ liagedeCaen,puis professeur de droit 

1763 , in - 4<^ et in - 6«. 11. Développe» à l'université de cette ville. Retirée sa 

ment du plan intitulé : Richesse de l'É- terre de la Bérardière , il y mourut en 

te<, 1763, in-40 et ïn-S^. III. Réflexions 1801. U était membre de l'académie 

de Caen et de celle de Mantoue. On 

(i) Cet abbé UnrAAD a recncilH et publié, a de lui : I. DiSCOHn SUr leS CrimCS 
^ec .»e préface, Di^s icnU des taris 4e ^^ j^ moyCUS dc ICS détruire, COU- 

iiM/f«Mft«,i76»,in-»;iiadoDDé,aoasie ronué à Tacadémie de Mantoue en 

▼oUe de Tanonyme, nne Hùfin pmrtUuUin 1773, et imprimé CQ italien et en hol- 

cifSlM.':3J!î:!:?:.:H.t4.ti:: ^«^^ «^ ^^ DUsertatùm. du 

teaQ dans le Uvre X de ses Comflsuoms . et même autCUr SUr huit qUCStlOUS 

qa'il avait conna à Moatftioreiicy, où lAi- proposécs par Catherine II , impéra- 

«ard allait passer les étés .Tec «n abbé Fé- ^ j ^ j^ j ^ rclativCS SUX loiS 
niad, tous deux dégoiaes et portant Pepée. ""^^ *•** ••«*****'» '*'• •^•••▼^^ ««a tvw 

EoMteao croyait que roii et Teatre travaiU criminelles. II. /liatttliftOII OU drOtl 

Uie«t aax JVoavett» t^déuaMU^mu. Aa reste . ^ NomUiniî$, CaCU, 1782, in-8*. III. 

il M but pas Gonfoodre ce Mward avec an p|^ ^ h^imlMHitm /*r.«M*««lli» 1 TJUI 

. Métn constitutionnel dn snéme mm (ev. '^*** ^ UgUUOum cnmtlielle, 1 788. 

)iur4AB (L..G.}, XX, 76. Outre plusieun mânoires sur divers 



ftOU ROU 77 

t 

sujets lus à l^acadëmie deCaeu, Rous- ROUSSEL (Giixes) , médecin mi- 
sel de la Bërardière a laissé manus- litaire, naquit vers Tannée 1765, 
crites : 1<^ une Institution générale du dans les environs d*Avranches. Son 
droit français; 2» une traduction du oncle maternel, le chanoine Charles 
Traité de la vieillesse , de Cicéron ; Gadbled , professeur distingué de 
3<* une imitation des Èpigrammei , mathématiques et d'hydrographie en 
de Jean Owen. Z. l'université de Gaen, dirigea les pre- 
ROUSSEL (Henri-François-An- mières études de Roussel, qui en- 
toine), docteur en médecine, naquit suite s'adonna à la médecine avec 
en Normandie, dans une commune succès, 'et se fit recevoir docteur de 
voisine de Caen, vers l'année 1747. la faculté de Caen. Peu de temps 
Après avoir étudié dans cette ville après, il quitta cette ville pour efl- 
et s'être fait recevoir docteur, il trer dans la carrière militaire en 
occupa une chaire de physique expé- qualité de médecin surnuméraire de 
rimentale. En 1781, il remporta le Thôpital de Lille. Dans ce poste, il 
prix proposé par la Société royale de ne tarda pas à se faire remarquer 
médecine de Paris. On ignore les par son application au travail et 
événements de sa vie. Probablement par un talent particulier pour ob- 
il est resté renfermé dans Je cercle server la nature des maladies et leur 
des occupations qu'il s'était créées appliquer un traitement rationnel et 
à Caen, partageant son temps, entre efficace. En 1792, Roussel fut nom- 
les devoirs de médecin praticien et mé médecin ordinaire et envoyé à 
les fonctions de professeur de phy- l'armée des Alpes, puis à celle dUta- 
sique. Roussel mourut vers l'année lie* Au bout de plusieurs années de 
1806. 11 a publié plusieurs ouvrages campagnes fatigantes, ses services 
qui prouvent l'étendue et la variété et ses talents furent appréciés com- 
de ses connaissances, et qui tous ont me ils le méritaient, et lui valurent 
été imprimés à Caen. I. Dissertatio sa promotion au grade de médecin 
de herpetum variis speciebus, eau- principal. 11. était attaché en cette 
atf, etc.^ 1773-1779; dissertation qualité au troisième corps de la 
inaugurale. II. Réflexions sur la nu- grande armée, lorsque, tombé malade 
trition des corps organiques, 1776. à Brunn, eh Moravie, il y termina sa 
III. Tableau des maladies épidémi- carrière à la fin de l'année 1805. «Vi- 
gnes qui ont régné en France depuis gilant et infatigable, dit Desgenettes, 
plusieurs siècles, 1776. IV. Disser- Roussel se montra partout l'homme 
talion sur la nature du gaz inflam- de ses devoirs, et qupiqu*il eût de 
mable, 1778. V. Observations sur Taménité dans le caractère,il réclama 
Vépidémie d'infreville^ 1779. VI. — - toujours avec énergie les secours que 
surla dyssenterie, 1779. VII. Disser- 1^ cupidité disputait etarrachait sou- 
la/ton sur le scorbut, couronnée par vent aux soldats malades(l).» Roussel, 
la Société de médecine de Paris, 1781 . naort à peine âgé de quarante ans, n'a 
YllI. Recherches sur la petite vérole, publié d'autres ouvrages que les sui- 
1781 . IX. Tableau des plantes usuel- vants : I. Topographie rurale, écono- 
Je*, 1792. X. Floredu Calvados, 1795, miqueet médicale de la partie méri^ 
2« édit. 1806. XI. Éléments de chimie dionaledes départements de la Man- 
et de physique expérimentales. — 

R— D— N. {ï)Riogr,pièd.,%.\W 



78 ROU ROtJ 

eheetduCahados,eanm$$ei'4$vant tre autres Bellépierre de Neuve - 

soui 1$ nom de Bocage, suivie d^un Église et Meslin). L'Agronomie et 

exposé sur qt^elques moyens propres VInduttriefOn les Principes deVagri- 

à fertiliser cette contrée et d rendre culture* du commerce et des arts^ 

ses relations commerciales plus fa- Paris, I76t et années suivantes, 7 

ci/es, Paris, 1800, in-S"". Parmi les Yol,in-8Ml devait paraître, chaque 

notes qui servent au développement année, différents cahiers formant six 

du texte, Roussel a inséré une liste volumes , jusqu^à l'achèvement de 

assez longue des hommes distingués l'ouvrage, qui n'a pas été effectué 

que le Bocage a produits. 11. Lym- (yuy. le Dictionnaire de hibliogra^ 

phœ circulatio- Caput *** ex de- phis française de Fleischer, t. l"^). 

cade prima seu ratione clinices ul- il Mélanges intéressants et curieux, 

timis decem abhinc annis extrae^ ou Abrégé d'histoire naturelle^ mo- 

lum, Parme, 1804. Cet ouvrage, qui rale^ civile et politique de VAsie, 

porte un titre assez extraordinaire, del^Afriq^^% de l'Amérique et des 

est divisé en û^^ux parties, dont la terres polaires, Paris, 1763 et 1765, 

première est relative au mouvement 10 vol. in-12 ; Yverdun, 1764, 12 v. 

qui n'appartient qu'à l'état de ma- in-S'*. \\L Éloge historiquedeM.de 

ladie, et la seconde contient sur les Montmirail^ Paris, 1766, in-8°,avec 

fonctions du système lymphatique ou portrait. Cet Éloge avait déjà été im- 

absorbant une série de propositions primé dans le tome X de l'ouvrage 

qui ne sont pas toutes incontesta- précédent (voy. Moktmirail, XXX, 

blés. R— D— N. 4). IV. Mémoires géographiques, 

ROUSSELET (Jean-Baptiste ) , physiques et historiques sur l'Asie, 

l'un des plu^ habiles cailigraphes du l'Afrique et l'Amérique, extraits 

XVll'' siècle, écrivit, entre autres, des écrits des jésuites, Paris, 1707, 

deux volumes in-fol. sur vélin, 1608, 4 vol. in-l2. V. Les vicissitudes de 

contenant l'office de la Sainte-Cha- la fortune, ou Cours de morale mis 

pelle , qui surpassaient en beauté ce en action pour servir d l'histoire de 

qu'il y avait de mieux en ce genre, r^umant/é , Âutsterdam et Paris, 

même dans la gravure. Les miuia- 1769,2 vol. in-12. VI. Dictionnaire 

tures avaient éié fuites par dom des finances, P&tïs^ 17 Si, 3 y o\.\u-i\ 

ClaudeChabiot,bénédictin. Ces deux Cet ouvrage fait partie de VEncy- 

volumes, qui furent conservés long- clopédie méthodique. Le discours 

temps dans la sacristie de la Sainte- préliminaire contient desdétails sur 

Chapelle à Paris, étaient un présent les finances des Grecs, des Romains 

de Louis-Gaston Fleuriau, alors tré- et des modernes. Vil. Du domaine 

sorier de cette église. Z. et de l'utilité de son aliénation d 

ROUSSELOT de Surgy (Jac- perpélut7^,1787, in-8'. Rousselot de 

ques-Philibbrt), né à Dijon, le 26 Surgy a rédigé, avec Meusnier de 

juin 1737, entra dans la carrière ad- Qucrlon , les derniers volumes de 

ministrative et devint premier com- VHistoire générale des voyages de 

mis des finances, puis censeur royal, l'abbé Prévost (voy PaévosT-d'Exi- 

TrèS'Versé dans les sciences natu- les et Querlon,XXXV1, 69 et 395). 

relies et Téconomie politique, il pu- Il a été l'éditeur du Recueil de piè- 

blia les ouvrages suivants : I (en ces intéressantes pour servir à l'his- 

société avec plusieurs écrivains, tu- toire de France, et autres morceaux 



de littérature trouvée dam les f»a- 
piers de Vabbé de Longuerue (voy. 
ce nom, XXV, iO), 1766, 2 vol. in-12; 
Genève (Paris), 1760, iD-12. Enfin il 
a traduit de Talleuiand en français: 
1^ (en société avec Meslin) Nou^ 
velle description physique^ historié 
gue, civile et polilique de Vlslande, 
par Nie. Horrebow (voy. ce nom, XX, 
578), Paris, 1764, 2 vol. in-12, avec 
une carte. 2® (seul) Histoire natu- 
relle et politique de la Pensylvanie 
et de l'établissement des quakers 
dans cette contrée (d'après Kalmset 
Hittel berger), Paris, 1768, in-12. 
— RoussBLOT , chirurgien du dau- 
phin (depuis Louis XVI), mourut le 
6 mai 1772, après avoir publid : 

I. Nouvelles observations^ ou Mé- 
thode certaine sur le traitement des 
cors, La Haye et Paris, 1762, in-12. 

II. Toilette des pieds, ou Traité de la 
guérison des cors, verrties et autres 
maladies de lapeau^ et Dissertation 
abrégée sur le traitement et la gué- 
riion des cancers , Paris , 1769, 
in-12.' Z. 

ROUSSET (François), médecin 
du XV1« siècle, naquit vers l'année 
1535, nous ignorons dans quelle 
ville; peut-être est-ce à Châtillon- 
8ur-Seine, car il dit avoir vu sur la 
fin de 156t, dans l'hôpital de cette 
cité, une femme qui lui déclara avoir 
été accouchée par l'opération césa- 
rienne, et ajouta que l'enfant venu 
au monde par ce moyen violent était 
vivant et âgé de sept ans. Quoi qu'il 
en soit, Rousset alla étudier la mé- 
decine à Montpellier, où, après deux 
années de séjour, il fut reçu docteur 
sous la présidence de Roudelet. On 
ne doit pas ajouter foi à l'assertion 
de Sacombe, ce fougueux adversaire 
de l'opération césarienne, lorsqu'il 
prétend que Rousset, au lieu de pas- 
ser deux ans à Montpellier, y reata 



ROU 



19 



seulement le court espace de quatre 
mois. C'est précisément pour avoir 
le premier préconisé, dans un ou- 
vrage spécial, la ressource de l'opé- 
ration césarienne chez les femmes 
mal conformées, que Rousset a ac^ 
quis la célébrité qui lui est restée, et 
s'est attiré, p*us de deux siècles 
après, la colère et la haine de Sa- 
combe. On ne peut s'empêcher de 
rire, dit Spreuçel, en voyant Sa- 
combe prétendre que François Rous- 
set fut engagé par Catherine de Mé- 
dicis à se servir de l'opéraiion césa- 
rienne pour mettre à mort les femmes 
des huguenots (i). C'est pourtant ce 
qu'affirme Sdcuuibe dans ses Élé- 
ments de la science des accouchements 
et dans sa Lucine française» Cathe- 
rine de Méuicis a bien assez d'autres 
crimes à se reprocher, sans la char- 
ger encore de cette noirceur. Nous 
ignorons Tépoque de la mort de 
Rousset; elle a dû avoir lieu au com* 
mencenientdu XVli" siècle, car son 
dernier ouvrage porte la date de 
1603. 11 a publié : LTraité nouveau 
de l'hystérotomotokie, ou enfante- 
ment céearien^ qui est extraction de 
l'enfant par incision tatérale du 
ventre et de la matrice de la femme 
grosse, ne pouvant autrement accou- 
cher; et ce sans préjudicier àiav ie de 
Vun et deV autre, ni empêcher la fécon- 
dité naturelle par apr es ^ Paris, 1581, 
in-S*"; traduit en latin avec des aug- 
mentations de faits djvers , par Gas- 
pard Bauhin , sous ce titre : Exsec- 
tio fœtus vivi a maire viva, sine 
alterutrius vitœ periculOyCt abs- 
que fœcundationis ablations, Bâle, 
1582, in-8o; réimprimé sous cet au- 
tre titre : De partu cœsareo liber, in 
quo agitur de opificio chirurgico 



(x) Hiitoir9 d» la midê%iii», traduitt dt 
l'alUmand par Joardan» t. VU, p. 394. 



80 ROU ROU 

JUimintt orfâf, alUer foMU iueceie- contre Roasset, qui peut-être avait 
re mqueuwHi qwimper vmtrU ma* franchi les bornes de la critique par 
terni soUrtem indiitmem, sotfnte» une attaque trop violente contre les 
cum «tto /b»ltt, maire ipsa, Bâle, chirurgiens de Saint-Côme. IV. Eorer- 
1588, 1591, in-8®; Francfort, 1601, dtaiio medica aàsertionis novmve* 
in-8*. Toutes ces éditions sont enri- ri %uùs anastomoseos cardiacarwn 
ebies d'observations nouvelles. Cet foBîû» ex utero maiemo^ttc.., Paris, 
ouvrage, lorsqu'il parut, fit une gran- 1603, in-8^. Ce mémoire repose sur 
de sensation; il décèle dans son auteur une pure hypothèse, qui ne s'actorde 
une sagacité chirurgicale peu commu- point avec les lois de la physiologie, 
ne. Quoique Bousset ne fût pas très- R — n— n. 
versé dans la pratique, il établit, d*a- ROUSSIER (Antoine), prêtre , 
près une foule de faits, l'innocuité de catéchiste-missionnaire, né à Saint- 
la blessure des parties que divise Étienne-en-'Forez, vers 1585, mou- 
rinstrument tranchant pour exécu- rut à Saint-Symphorien-le-Château, 
ter l'opération césarienne, et il dé- le 26 mars 1639. Sa vie, écrite par 
crit avec précision le procédé qui Gabriel Palerne, sieur du Sardon, 
lui semble le plus favorable à Tex- Paris, 1645,in-12, n'offre aucun fait 
traction du fœtus hors de la matrice, important. C'est le panégyrique d'un 
On peut cependant lui reprocher bon prêtre qui remplissait tous ses de- 
d'avoir admis trop facilement des voirs avec la plus scrupuleuse exacti- 
faits mal constatés ou d'une authen- tude.Une seule particularité digne de 
licite suspecte. D*un autre côté, on remarque, c^est que, lorsqu'il assis- 
doit reconnahre que, par ses recher- tait au sermon, il se couvrait chaque 
ches sur l'opération césarienne, fois que le prédicateur s'avisait de 
Roussel fut conduit à imaginer un |)arler de Jupiter, d'Alexandre ou de 
des procédés les plus ingénieux et César. {Archives du Rhùne, tome Y, 
les plus méthodiques pour assurer p. 143.) A. P. 
le succès d'une autre opération fort ROUSSY (Jean), comte de Brai- 
importante, nous voulons parler de nés, seigneur de Rambouillet, se 
la taille hypogastrique , destinée à distingua particulièrement par son 
extraire les calculs de la vessie. 11. courage en 1320. Ce fut lui qui fit 
Afseriio historica et dialogue pro prisonnier Louis, comte de Flandre, 
fiœeareo partu, Paris, 1590, in-8o. et qui, combattant vaillamment à 
C'est un ouvrage polémique. 1 11. Bre- côté de Philippe de Yalois, à la fa- 
vie apologia pro partu ccesareo^ in meuse bataille de Crécy, tomba per- 
dicacis cujuedam ex pulvere pœda- ce d'honorables blessures dans ce 
gogieo ehirurguli theatralem invec- jour, qui fut si fatal à la France. Tou- 
tivam, Paris,1598, \xï'S\ C'est encore jours au fort de la mêlée, moins oc* 
nne réponse un peu vive aux adver. cupé de défendre sa vie qu'animé du 
saires de l'opération césarienne; désir de la sacrifier glorieusement, 
Roussel ayant fait allusion à un chi- le comte de Roussy ne perdit pas un 
mrgien de Paris , nommé Jacques seul instant le roi de vue ; il lui fit 
Marchand, celui-ci publia l'ouvrage un rempart de son corps , détourna 
snivant : Declamationes in apolo- et reçut plusieurs coups destinés au 
ftOMfyancùciAoaielt, Paris, 1598, monarque. Ce brave tomba moins 
dans lequel il se répand en injures vaincu qu'accablé par le nombre , et 



ROU 

I 

fut enfin* compte^ parmi les nobles 
guerriers qui, malgré la funeste issue 
(le la Journée deCrécy, virent l'en- 
nemi victorieux envier à la France 
de si vaillants défenseurs. Z. 

ROUSTAX, surnommé le mame^ 
luek de Napoléon^ personnage subal- 
terne que le contact de Bonaparte a 
seul fait sortir de l'obscurité, obtint, 
sous le consulat et l'empire, une 
certaine renommée populaire. Cepen- 
dant sa position auprès de l'empereur 
ne sortit jamais de l'état de domesti- 
cité, et il lie fut même.li vrai dire, 
qu'un esclave à la manière orientale, 
ce qui était parfaitement, comme l'on 
sait, dans les goûts de Napoléon. 
Bien qu'il ne connût pas lui-même 
le lieu ni l'époque de sa naissance, 
on a dit qu'il vint au monde à Tiflis 
en Géorgie, ou à Ërivan en 'Armé- 
inc, vers 1780; mais cette origine 
asiatique a été contestée, contre 
"^ K témoignage du valet de cbarabre 
Constant, qui, dans ses Mémoirei^ 
parle de Roustan comme de son coU 
ligue. • D'une bonne famille de 
Géorgie, selon lui, il avait été enlevé 
à l'&gede six ans, conduit au Caire, et 
élevé parmi les jeunes esclaves qui 
servaient les mamelucks, en atten- 
dant qu'ils le devinssent eux-mê- 
mes. Le scheik El-Bekry', auquel 
il appartenait, en faisant présent 
au général Bonaparte d'un cheval 
arabe, lui donna aus^ Roustan ainsi 
qu'un autre esclave du nom d'Ibra- 
him (i). » Bourrienne dit que ce fut à 
la fête anniversaire de la naissance 
de Mahomet, célébrée au Caire, et à 



(i) Cet Ibrahim, Circanien d^origine, sui- 
vit également Bonaparte en France, où il 
prit le nom d'Ali, li vient dn' mourir (nov. 
i846) à Fontainebleau , otV il occupait,' de- 
puis i8o5, uu emploi subalterne dans le 
palais. Sons lé consolât, il avait été atta- 
ché an service de Mt"* Bonaparte. 

LXXX. 



ROU 



81 



laquelle Bonaparte assista chez le 
scheik El-Bèkry, que celui-ci, sur 
le désir du général, lui céda ces deux 
jeunes esclaves, et on doit remarquer 
qu'ils n'étaient pas alors mamelucks, 
mais seulement destines à le devenir. 
Malgré tont cela, l'origine orientale 
de Roustan ne nous parait point com- 
plètement établie. Il est bifsn sûr que 
si cette milice se recrutait principa- 
lement dans le Caucase, la Circastie 
ou la Géorgie, on ne dédaignait pas les 
Européens, et il s'y trouvait des All^ 
mands, des Russes et même des Fran- 
çais. Quoi qu'il en soit, on voit Rous- 
tan attaché à la personne de Bonaparte 
dès la seconde période de la campagne 
d'Éj^pte. l)es services importants et 
particuliers, mais inconnus, qu'il loi 
rendit alors, furent, assure-t-on, la 
bàse de sa fortune, et à partir de 
cette époque il devint le ralet le 
plus intime du général.en chef. Lors- 
que Napoléon quitta TÉgypte, il em- 
mena Roustan, «t, à PariSy il le mit 
aux mains de Vénard, son maître 
d'hCtel, moins pour l'instruire et le 
former aux coutumes françaises, 
comme on l'a dit, que pour lui don* 
ner une sorte de tuteur. Durant les 
quatorze années du pouvoir consu- 
laire ou impérial, Roustan ne quitta 
pas un instant Bonaparte. Ses fonc- 
tions consistaient spécialement, soit 
à le suivre k cheval dans les reVues 
et les batailles, soit à l'accompagner 
dans ses campagnes et ses voyages, 
le plus souvent sur le siège même 
de sa voiture. Aux Tuileries comme 
sous la tente, il veillait la nuit 
au repos de son maître, couchtf 
sur un lit de camp à la porte de sa 
chambre, se levant au moindre. si- 
gnal. En campagne, si Bonaparte s'a- 
venturait dans une reconnaissance 
ou une marche, son mameluck nelei 
perdait pas de vue. Ou éU\i%^\A^N^ 



u 



ROU 



trouver toujours dans Tcscorte iinpé- 
riale» si peu nombreuse qu'elle tùU 
Dans les batailles il avait sa place 
marquée au milieu du brillant état- 
■Mjor qui entourait l'empereur, et.il 
s^ faisait remarquer par son riche 
costume oriental , avec le turban tra- 
ditionnel surmonté .d'une aigrette. 
C'est ainsi qu'il assista à toutes les 
grandes journéeSyd'epuisMarengo jus- 
qu'à Arcis-sur-Aube,' Bien qu'officier 
, de la Légion-d'Honneur, il ne faisait 
p»int partie du corps dès mamelucks 
de la garde. Et ici qu'il nous soit 
permis dé dire que ce n'était pas, 
eomme on a pu le ^oire, une manie 
puérile de r^japoléon que ce xsorps 
des mamelucks (S). Sans doute, cette 
pensée avait bien son ostentation 
▼aniieuse, mais elle avait aussi son 
but. Épris des mœurs orientales, il 
en aimait surtout les formes abso- 
lues et' la civilisation; le gouver* 
nement tyranniqoe des pachas alldt 
à son caractère despotique; mais 
il savait bien que de pareils moyens 
ne sont pas praticables en France, 
du moins ostensiblement. Si dans 
ces hommes, venus des bords du 
Mil, il trouva des séides dont l'obéis- 
sance muette ne reculait devant 
rien, et si, plus d'une fois, il eut re- 
cours à ces dévouements aveugles 
pour l'exécution de ses volontés 
mystérieuses, ce ne fut qu'en secret. 
On cite les meurtres de Pichegru et 
du capitaiue Wright dans la prison 
du Temple, auxquels on a dit, avec 
beaucoup de probabilité, que les ma- 
melucks ne furent point étrangers. 



(a) Ce petit corps devint dans la suite aoe 
TMhibte dérision, et à la fin de Femplre on 
y e»|B|»tait plus de Français qae d*Orien- 
taox; dans le» CeDt--Jours on vit, chose cn- 
ricnse , quelôues hommes uftubTés, comme 
Ml plein cernavàl , de turbans et de panta- 
ioM largn, jooer le rAle d« maaaelttvka . 



ROU 

Ronstan rfista-t-il en dehorsile ces cri- 
mes? c'est ce qui n'^est pas probable. 
Quelques-uns ont trouvé tes causes de 
sa longue faveur dans des services de 
ce genre, d'autres. ont voulu la trou- 
ver dans des actions d'une nature 
plus honorable, et ceux-là ont été 
jusqu'à dire qu'il aVait sauvé la vie 
à Bonaparte, en se jetant entre lui 
et le sabre d'un enneiiii près de l'at- 
teindre. Ce fait doit être rangé par- 
mi les nombreuses légendes apo- 
cryphes de l'ère napoléonienne , et 
le crédit qu'on lui a attribué n'est 
guère pi us véritable. Certes il pouvait 
posséder toute la confiance de Napo- 
léon comme un valet sûr et dévoué , 
mais il serait absurde de croire qu'il 
eut jamais la moindre influence sur 
l'esprit de son maître. Lorsque l'epi- 
pire cf oûla, Ronstan ne voulut point 
partager la mauvaise fortune de Bo- 
naparte, et le jour méuie de l'abdica- 
tion il quitta Fontainebleau (3). A 
ce sujet on nous a conté une anec- 
dote assez curieuse. Quand Napo- 
léon fut sur le point d'abdiquer, il 
dit à Constant qu'il espérait le voir 
rester -auprès de lui» Celui-ci bal- 
butia quelques excuses, en disiiit 
qu*il avait de la famille, que mi^ré 
tout son dévouement pour sa. ma- 
jesté, il se devait d'abord à ses en- 
fants. Alors l'empereur, qui avait tou- 
jours dans une cassette deux ou trois 
cent mille frycs en or, renfermés 
dans dé petits rouleaux d'ivoire, prit 
quelques-uns deces rouleaux, formant 
soixante mille francs environ, et les 
donna à Constant, pour qu'il eùX à as- 



^(3) HobhoQse, dans son Histoirt dêt Cent- 
Jottr«,'dit qoe Ronstan, après avoir prudem- 
meiit abaudonné son mattre lors de Tabdi^ 
cation, loi écrivit à Plie d'Elbe : « Que s*il 
redevenait encore henreax, lui, son valet, 
aurait beaucoup de joie à rentrer à son ser.» 
vice. *> Ceci nom parait pea authentique. 



I • 



¥ 



• 

sarer teur lort. Il sortit done trèfl- 
joyeox; sur «on passage, il reneontra 
Roastan et lui conta ce qui venait de 
.se passer. Ce dernier se hâta d'aller 
trouver l'empereur, qui lui dit comme 
à Constant qu'il désirait vivement ie 
garder auprès de sa personne; Rous- 
tan répondit dans les mêmes termes 
que son confrère, en ajoutant qu'il 
avait des dettes; l'empereur alors eut 
de nouveau recours à sa cassette, de 
laquelle il tira quarante inille francs 
qu'il mitdanslamaindeRoustan, pour 
l'aidera s'acquitter avec ses créanciers 
et le libérer des engagements qui pou- 
vaient le retenir. Napoléon, en agis- 
sant ainsi, croyait pouvoir coinpter 
sur la fidélité dé ses serviteurs ; néan- 
moins ni l'un ni l'autre ne reparu- 
rent. Quelques journaux ayant té- 
moigné leur surprise d'une pareille 
ingratitude, Roustan répondK dans 
une lettre « que des raisons particu- 
lières s'étaient opposées à ce qu'il 
accompagnât son bienfaiteur dans la 
retraite ; qu'il s'était marié en France, 
et qu'il Vivait heureux au sein de sa 
famille. • En effet, il venait d'épouser 
mademoiselle Douvillé, fille d'uu va- 
let de chambre de Joséphine. Au re- 
tour de Napoléon, Roustan fut un in- 
stant enfermé à Vincennes, puis ex^lé à 
vingt lieues de Paris. Cette disgrâce a 
donné lieu à beaucoup de supposi- 
tions, sans qu'on ait pu en découvrir 
le véritable «lotif. L'ancien mame- 
luck alfa alors habiter Dreux où il 
possédait uue petite propriété, et il 
y vécut ignoré. Cependant, à la se» 
eonde Restauration, il obtint un bu- 
reau de loterie, qu'il vendit presque 
aussitôt. Il Qt ensuite un voyage à 
Londres, et revêtu du riche costiiiqe 
qu'il avait porté sous l'empire, il s'y 
montra en spectacje, plus encore 
pour gagner quelque argent que 
pour sàtishire la curiosité de IV. 



ROU 



M 



ristocratie britannique, ce qui doit 
faire penser que sa 'fortune n'était 
pas aussi considéraUe qu'on s'est 
plu à le dire. Vers la fin ij[e ISSI, on 
lui donna, sous le nom de sa femmes 
une dipection .de poste aux lettres,' et 
il fallut la cérémonie du 15 dée. 
1 840 pour qu'il sortît ull peu de l'on^ 
bli oii il était plongé. On le vit aljpi' 
assister à la translation des cendres 
de Napoléon, toujours sous son cot- 
tume traditionnel^ mais à peine y fut- 
il remarqué. Roustan s'était retiré à 
Dourdan , et c'est dans cette petite 
ville qu'il mourut obscurément le 7 
déc. 1845. 0— H— M. 

ROUVET (Jean) , inventeur du 
flottage pour le transport du boit. 
par la rivière de l'Yonne, était un 
paysan du Nivernais, fort simple et 
sams étude, qui, dès sa plus tendre, 
jeunesse, se livrait au commerce du 
bois, lorsqu'en 1549 il inventa cette 
méthode qui dès iors eut leç plus 
heureux résultats pour les consom* 
mateurs et plus encore, pour les pro- 
priétaires de forêts de ces contrées* 
Oublié long-temps, son nom fut ré- 
pété avec beaucoup d'enthousiasme 
enl826 par M. Dupin l'aîné, qui pro- 
posa de loi élever un monument snr 
le pont de Rethléem à Clamecy,et 
qui souscrivit luirmême pour 200 jflr. 
«Jusqu'ici, dit-il dans un prospeo» 
tus qui est sous nos yeux, on a bien 
retenu le nom de Jean Rùwoe^ ; le 
commerce de bois lui à fait l'hon- 
neur de graver son effigie sur les 
jetons de la compagnie, mais on ne 
lui a point encore élevé de monu-: 
ment public. Je propose de lui en. 
élever un > modeste. coi(kimè lui , en 
vue du Perlhnis de l'Yonne, et sur 
des .plans et dessins arrêtés par une 
connnission composée du soos-préfet, * 
du maire de Clamecy et du syndic dee 
marchands de boiadeUAMol^^K^scv-: 



84 ROU ROU 

ne.» M. Dapio s'adjoignit à cette eom- bien d*accor4 avec loi sur son an- 
mission, et, comme on doit lepenser,le tipathie pour la Restauration, ne lui 
monument ne tirda pasà étreëlevé. Z. pardonna pas ses liaisons avec le mi- 
ROUX {Vital), né à Belley vers nistre de la police Savary. Vital 
1760, était le fils d'nn procureur de Roux, ayant fait des pertes dans plu- 
cette ville. Après avoir .reçu une sieurs faillites, fut obligé de quitter 
éducation incomplète, il vint à Lyon, le commerce. Après avoir été pen- 
où il fut lon^-temps commis danis dant quelques années le chef d'une 
nny maison de commerce. S'étant maisond'assurances, il se retira chez 
déclaré Tun des plus chauds parti- une de ses filles, mariée à Stras- 
sans de la révolution i il joua un rôle boui^, où il est mort en 1846. 11 a 
fâcheux dans le malheureux siège publié : De l'influence du gouverne- 
de 1793, et après la reddition il se ment sur la prospérité du commerce^ 
réunit ouvertement au parti des Paris, 1801, in-8». II. Aapporl^urf^^ 
-proscripteurs. Poursuivi par la via- jurandes et les maîtrises ^ 1805, 
meur publique, après la chute de Ro- in-S». III. Considérations sur te con- 
bespierre, il n'échappa que par la seil d'État^ 1830, in-8o. — J. Mi- 
fuite aux massacres de la réaction, chaud, lecteur du roi et académicien, 
et fut enfin obligé, comme beaucoup mort en 1839, avait épousé sa fille 
de terroristes lyonnais de ce temps- aînée ; la seconde avait épousé son 
là, qu'on appelait mattevons^ de se cousin Henri Roux ; mais cette 
réfugier à ParS) où il se montra tou- union ne fut pas heureuse, et il y eut 
jours fort attaché aux principes de bientôt séparation.'. — Henri Roux, 
la révolution, et surtout professant après avoir dirigé pendant quel- 
nne profonde haine pour la religion, ques années à Paris une fabrique 
au point qu'il ne faisait pas baptiser d'armes à feu, se rendit en Améri- 
enfants, lôrs môme que la ter- - que où il est mort. Il avait publié : 



reur ayant cessé, les honoôtes gens LiVottcen^croIo^tguesur Briilat-Sa- 
s^en faisaient un devoir. Il donnait à varin, dont il était le compatriote et 
ses filles des noms de plantes ou de VàmïAl. Des fusils de chasseyetpr'in' 
fleurs qu'elles ont toujours conser- cipalement des fusils à piston de 
Yés^ Après avoir été commis dans la l'invention Pauly, etc., Paris, 1822, 
maison Dele^sert, en 1797, puis dans in-8o. III. Des paquebots militaires 
celle de Fould, il fonda lui-même pour les ports de l'Amérique du sud, 
une maison de commerce qui eut peu et de leur utilité pour le commerce 
de succès. Cependant il devint ré- français, Paris, 1822, in-8o. Z. 
gentde la banque de France, et mcm- ROVX- Fazillae (Pierbe), cou- 
bre de la chambre du commerce ventionnel et l'un des révolution- 
sous le préfet Frochot. Il fut même, naires les plus fougueux , naquit 
» ce titre, chargé de concourir à la vers 1750 d'une famille noble, entra 
rédaction du Code de commerce, ce au service dès sa jeunesse, et, après 
qui lui valut la décoration de la Lé- avoir obtenu la croix de Saint-Louis, 
gion- d'Honneur. Il était dans ce se retira dans sa famille. Ayant em- 
temps-là fort lié avec le banquier brassé «vec beaucoup d^ardeur la 
Laflitte, dont il se sépara plus tard , cause de la révolution, il fut nommé 
sans que Ton sache pour quel motif, en 1790 admînisCrateur du départe- 
On croit que Laffitte, qui se trouvait ment de la Dordogae, puis député k 



ROU ROU 8S 

t'Assemblëe législative, et enfin à la Masqub de fbb, XXVII, 395). II. 
Convention nationale, où il siégea Histoire de la guerre d^ Allemagne 
dès le commencement avec les plus pendant les années il iù et suivantes^ 
exaltés^ et vola la mort de Louis XVI, entre leroi de Prusseet l'impératrice 
sans Appel et sans sursis à Texécu- d'Allemagne et ses alliés, traduite en 
tion. 11 fit ensuite quelques rapports, partie de l'anglais de Lloyd, et en 
notamment sur l'éducation et sur les partie rédigée sur la correspondance 
postes: En avril 1703, il fut envoyé originale de plusieurs officiers fran- 
dans les places de la frontière du çais, et principalement sur celle de 
Nord , et ppursuivit les Girondins Montazet, lieutenant-général envoyé 
avec acharnement après la révolution par la cour de France dans les armées 
du 31 mai, qui assura le triomphe de de l'impératrice. Lausanne, 1781, 1 
Robespierre. Dans le courant d'août, ▼oLin.i%avecpL; Paris, 1808, 2 vol. 
Roux-Fazillac fut un des commis» in-8<*(l). C'est aussi de cet ouvrage 
saires chargés de faire exécuter la que s'est servi le général Jomini 
levée en masse. Après la session con- Pour son Traité des grandes opéra- 
ventioniiellc, il fut nomrué adminis- **Ofw militaires {voy. Uoyd (Henri), 
tratcur de sou département; mais XXIV, 589). M— Dj. 
le Directoire, qui le redoutait en rai-. ROUXde£a&or««(ANTOi«E-ATBA- 
son de ses liaisons avec les ultra- nase), l'uu des hommes politiques 
démagogues , le destitua à l'appro- les plus actifs et les plus spirituels de 
che des élections de l'an VI (1798), notre époque, naquit à Albert, près 
dans la crainte qu'il ne revînt au d'Amiens, en février 1769, et fut élevé 
corps législatif. Le député Quinette, par des parents très-religieux. Des- 
8on ami, ayant été nommé ministre tiné d'abord à l'état ecclésiastique, 
de l'intérieur, choisit Roux-Fazillac il reçut la meilleure éducation au 
pour l'un dé ses chefs de division, collège de Lisieux, puis à ceux d'Har- 
et celui-ci en remplit les fonctions court et de Sainte-Barbe, où ilrcm- 
jusqu'au moment où Quinette fut porta beaucoup.de prix. C'est là qu'il 
forcé (le donner sa démission. Roux se connut MM. Bcrtin, ainsi que d'autres 
retira alors à Périgueux, où U vécut hommes devenus célèbres, dont h 
paisiblement jusqu'en 1816. Alors liaison lui fut plus tard très-utile, et 
obligé de quitter la France comme auxquels lui-môme rendit quelque- 
régicide, il se réfugia en Suisse, où fois des services ; car on peut dire 
il passa quinze ans. Revenu en Fran- que sa destinée fut de s'attacher à 
ce après la révolution de 183(^ il se des hommes en crédit et de cultiver 
retira à Nanterre, près Paris, et y leur faveur pour en obtenir desser- 
mourut dans le mois de février 1833. vices qui, le plus souvent, touruè- 
On a de lui : I. Recherches histori- rçnt au profit des autres. C'est ce 
ques et critiques sur VHomme au : :— 

masque de fer^ d'oi^ résultent des (i) Eiuîrou viugt au» auparavant, UNO 

notionê certaines sur ce prisonnier, traduetiou de cet ouvrage avait été fuito 

Paris, 1801,. in-8». L'auteur prétend ri:!înr5?S t^^i^^^^^riiT^ 

prouver, sur des matériaux authenti- core manuscrit au moment de i'umigratiun 

ques, que ce personnage mystérieux *^^ Mesmon, «ajsi aion ohes lui «t perdue 

A*»u »n ;»«ii^«;«». A,* j.,« A^ M«« tombu-t-il,' ueudant la terreur, entre les 

était un ingénieur du duc de Man- ,„,;„, du co«t,bUobu.i. qui »« ..o. ri.- 

tiDUe, nommé le comte Hattioli. (VOy. qu<°|iubti«r «e traTuleammanen. L— i— o. 



86 



ROU 



qu'on peut dire surfout de Talleyr 
rand, qui, plus d'une fois^sVat servi 
de lui dans des affaires importantes, 
et l'a ensuite' dëni^ ou abandonne. 
Le cauteleux ministre s*est même 
approprié quelquefois ses bons mots 
et ses ingénieuses reparties, dont il 
se fiiisait honneur. Voici ce qu'a dit 
de Laborie, dans ses Mémoires^ Ta- 
cadëmicien Marmontel, avec qui il 
. avait eu beaucoup de rapports : 
• .,. Le jeune homme qui avait pris 
soin de nous lier (avec M. de Sèze) 
était ce Lvborie, connu dèS' l'âge de 
dix-neuf ans par des écrits qu'on eût 
attribués sans peine à la maturité de 
l'esprit et du goût; nouvel ami qui, de 
son plein gré, et par le mouvement 
d'une âme Ingénue et sensible, était 
venu s'offrir K moi, et que j'avais bien- 
tôt appris à estimer et à chérir moir 
même. Dans cet aimable et heureux 
caractère, le besoin de se rendre utile 
est une passion habituelle et domi- 
nante. Plein de volonté pour tout ce 
qui lui semble honnête , la vitesse 
de son action égale celle de sa pen- 
sée, je n'ai jumais connu personne 
aussi économe du temps -, il fe divise 
par n^inute, et chaque- instant est 
employé ou utilement pour lui-mê- 
me, ou plus souvent encore utile- 
ment pour ses amis... • Ce portrait, 
qui. semble flatté, est cependant 
exacte et nous en avons d'autres 
témoignagnes non inoins honora- 
bles, notamnient des lettres qui nous 
furent écrites par LalIy-ToHendal et 
madame de G en lis sur ce même La 
borie, qui avait été notre intermé- 
diaire avec ces illustres personna- 
ges.. Roux de Laborie eut d'abord 
quelque Velléité de se consact'er à 
.l'instruction publique et même à 
l'état eccijésiastique, car il entra eu 
novembre 1789 à l'institution de 
l'Oratoire à Paris, et il y resta jus- 



ROU 

que vers le milieu de 1700. Les ia* 
novations de la révolution le firent 
renoncer à cette Ciirrière; et comme 
tous les jeunes gens de cette épo- 
que, doués de qif^lque talent et de 
savoir, il se jeta dans la politi- 
que. Lors du iO août 1792, il était 
secrétaire de Bigot de Sainte-Croix, 
ministre des affaires étrangères. 
Compromis par les papiers trouvés 
diez ce ministre, il se réfugia en 
Angleterre , où il passa, quelques 
mois Après le 18 bruqiaire (1799), 
H fut chef du secrétariat des rela- 
tions extérieures. A la fin de 1800, 
il fut impliqué avec les frères Ber- 
tin, ses anciens amis, dans une con- 
spiration de royalisme. Berlin l'aîné 
fut jong-temps détenu à la prison 
du Temple, puis déporté à l'île 
d'Elbe. Laborie fut obligé de se tenir 
caché jusqu'en 1804. 11 avait une 
part dans le Journal des Débat» de- 
puis son origine, et en avait même 
été fondateur avec Berlin de Vaux; 
mais il la perdit, ainsi que ses co-pro- 
priétaires, par la confiscation' de ce 
journal, dont Napoléon s'empara en 
avril 1811, pour le donner k ses favo- 
ris ou à ses espions de police. Laborie 
prit alors la profession d'avocat, et 
fut mis sur le tableau. 11 n'a jamais 
plaidé, mais il a fait des mémoires 
dans un grand nombre de causes im- 
portantes, entre aiitres dans- Le pro- 
cès Ih tenté aux entrepreneurs de 
cette Biographie universelle {voy. 
Prudhqmme, LXXVIll, 108). Laborie 
fut nommé, en avril 1814, secrétaire- 
général adjoint du gouvernement pro- 
visoire^ et par son zèle, son activité, il 
eut une grande part aux évcncjncnts 
de cette époque. Le jour même de l'ar- 
rivée de l'empereur de Russie à Paris, 
il apporta vers midi k M. Michaud, 
imprimeur, la fameuse déclaration de 
ce prince, que venait de lut remettre 



ROU ROU 87 

le comte de Nesselrode, et avant sept il fit un tableau remarquable de la 
heures il yen avait plusieurs milliers session, et une profession de foi de 
d'exemplaires imprimes, et quelques la chambre de 1815. Le 23 aTri],iI 
centaines remises sur la table de parlaencoresurleFapportdeM.de 
Tempereur Alexandre. On sait que. ce Kergorlay, qui proposait de rendre 
princeles montra alorSfCom.me preuve les biens non vendus au clergé ; ce 
de ses volontés elde ses engagements que rassemblée résolut deux jours 
irrévocables, à Caulaincourt, qui ve- après. Aux élections de 1816, après 
nait négocier en faveur de Bonaparte, la funeste dissolution, Roux de La- 
ayec pouvoir de se soumettre à tout ce. borie fut présenté comme candidat 
que le czar exigerait, et qu'il lui dit par. les deux collèges d'arrondisse- 
liosïtivement: Vous venez trop tard, ment d'Amiens et de Doullens. il 
11 était huit heures du soir, et Tal- eut pour être député quatre-vingt- 
leyrand , qui avait bien deviné la dix voix, et il ne lui en manqua que 
mission de Caulaincourt, s'était op- dix pour être réélu. Il reprit depuis 
posé pendant toute la journée à son sa profession d'avocat, et continua 
introduction auprès d'Alexandre de rédiger des mémoires dans des af- 
(voy.TALLEYRANB,auSuppl). Quand faires importantes. Sa fortune avait 
Napoléon lut à Fontainebieiau les beaucoup souffert des persécutions 
noms de ceux qui composaient le qu'il avait éprouvées, et- surtout de 
gouvernement provisoire, il dit, en la spoliation du Journal des Débats^ 
voyant celui de Laborie: «Celui-là qui ne lui fut rendu qu'à la Restau- 
était payé pour cela. «Obligé de quit- ration. Obligé ensuite de l'aliéner, 
ter la France après le 20 mars 1815, il il y était cependant rentré quelques 
suivit le roi à Gand, et y rédigea, avec années avant sa mort. On l'a accusé 
Bertin l'aîné, le Moniteur universel^ dans l'affaire de Maùbreuil; mais on 
que Louis XYUI fit publier couime sait assez aujourd'hui qu'il n'avait 
journal officiel. Rentré en ifrance avec fait en cela que signer, en- sa qualité 
ce prince, Laborie fut nommé le 23 de secrétaire du gouvernement pro- 
août 1815, par le collège électoral de visoire, les instructions et les pou- 
la Somme, le troisième des sept dépu- voirs qui furent donnés à celui-ci 
tés que ce département envoya à la pour l'/ittaque que lui-même avait 
chambre intrmivahle. Il lut le 1" fé- proposé d'exécuter jcontre NâpoléoB 
vrier 1816, en comité secret, au nom quand les droits de la guerre y auto- 
d'une commission, un rapport sur la risaient encore, et que l'on négligea 
proposition de M. de Blangy, tendant de retirer quand la paix fut conclue, 
à améliorer le sort dés ecclésiasti- ne soupçonnant pas l'usage peu hono- 
qnes. Ce rapport fit beaucoup de rable qu'il devait en faire. Roux de 
bruit et par le fond des questions, Laborie mourut à Paris en 1840.Outre 
et par la manière dont elles étaient quelques mémoires judiciaires et ses 
traitées. Roux de Laborie prononça, Opinions et Rapports, on a de lui ; 
au nom de la même commission, \. Éloge du cardinal d'EstouteviUs^ 
pour répondre -aux adversaires du discours qui remporta le prix proposé 
projet, dans le comité secret du 9 fé- par l'Académie de Rouen, en 1788. 
vrier 18i6, un second rapport qui M. Vunité du culte'public; prinHpe 
avait encore plus de monveknent et social chez tous les peuples, Paris^ 
•de chaleur que te premier. Le ISjnars 1789,in-8*. UI. De ia liberté au euU9\ 



88 ROU ROU 

paris, 1791, în*8*. Cette brochure et très-polie, adressée^ Tantear des 

k précédente sont anonymes. IV* Quesàoru ,. lui déclara qoe les puis- 

Âpolo§u€ê sacrés, tiréi de VÈ<riture sancês n'avaient agi que dans leurs 

j(itiile,«iû en ver^^Paris, 1818, in-18. propres intérêts et ceux de leurs peu- 

— Son fils, M. Anatole Roux de La- pies qui- s'étaient trouvés d'accord 

Borie, a remporté en 1827 un prix avec ceax.de la maison de Bourbon, et 

d'éloquence proposé par la Société qu'elles ne recommenceraient la guer- 

des boBiies-lettres pour un Élo§eiu re que par la crainte que leur inspi- 

eue é^EngkUn. Z. rait la France républicaine ou iinpc- 

ftOUYER (Claudb-IIaiie), juris- riale. Il invita les royalistes et les li- 

eoBSulte et auteur de brochures, pp- béraux à s'unir cordialement pour 

lUiques, né à Paris rers 1745, et mort le rétablissement du gouvernement 
dans la mime TÎIIe le 5 octobre 1816, * royaL, afin de prévenir, s'il en était 

âait» avant là révolution , avocat au teiups encore « la conquête étran- 

parlement. On a de lui : I. Couaames gère. Tout cela se disait avant la ba> 

gém^mles et hemUM du pttyt et duché de taille de Waterloo , qui mit fin à la 

Bùur^onnmi*^ eouÊmeniées et expliquées^ discussion. V111« Essai sur les mojens 

Moulins, 1779, in-4®. II. Essai sur les de réunir les espriu^ rapprocher tous les 

êaiUes et vingtièmes, III. Recueil de pen- cœurs , consacrer tous les droiu , tracer 

tées sur la morale^ la religion et la poli^ tous les devoirs , déjouer tous les corn- 

fif «e, 180S, in-8*. IV. Bréviaire de tous phts^ etc., Paris, 1815, in-8*. IX. Coup 

Us peuples ^ ou Pensées et maximes ne- dœû sur l'Jlcte additionnel ojux consti- 

httives-à ta morale^ â la reb'gion et <i la tutioiu de tempite^ donné â Paris le 32 

poHtift\e , stwi d'un projet deconstttU" ivril 1815, s^né Napoléon; précédé d'un 

tàm^ 1814, in-8*. Y. Examen impartial Avertissement et d'une Lettre écrite ^ le 5 

dlr la %ivcAiirfviCi/ii|[^:« Réflexions sur jw'^ 1814, à MM, Damhru)\ Montes- 

Pintérét général de l'Europe, suivies ^uiouj Blacas d'Aulps^ etc., et termi- 

de quelques considérations sur la no- f^' P^O' une .Apostrophe respectueuse 

blesse, par M. de Bonald. • Paris, 2} adressée à ^empereur des Français^ 

mars 1815, in-8*. VI. Un petit moisur Paris, 24 avril 1815, in-8». X. Copie 

«it( cOÊtaes d'un grand événement , suivi ^ ta protestation faite â la municipalité 

éh ia Eelatim hisèorigue des pfaintes et ^ tO* arrondissement de Paris^ contre 

des vœux du peuple français^ et terminé ^-dcte addàtonnel aux corutitutions de 

|MV le prospectus d'une adresse aux ha- l'entre ^ du 2i avril^ suivie de la Héju- 

èàmnts de l'ancien et du nouveau mou- tatùm de -quelques passages extraiu du 

dlr, Paris , 22 mars 1815 , in-8». VII. ^onùemr et du Journal de Paris des 

Qmetiem à Vordre du jour^ suivies de 25 , 26 , 27 et 29 dudit mois, Paris , 

pe mitès ^ maxiates et réflexioms' soumises 1815 , in-8«. XI. Hérésies politiques^ 

à ta^amen et à la ctnsmre des p'ubUcit- extuUtes d'un ouvragt imitulé : Vote 

Ht las plus recoauuandahùs de tempin^ d'uû Pauphiuois SUT l'Acte addition* 

Paris, 15 avril 1815, Jn-8*. Rouyer nelauxconstitutionsdel'empircetc., 

demsndait dans ces ^^MSfiolUSi les réfutées te victorieusement combattues , 

j^uasanees alliées avaient lut la guer- Paris, 1815, in-8o. XII. Réflexions 

re à la France, en 1814, pour réinté- sur le premier et le deuxième article de 

fltr Louis XVIII sur le trdne, et si M. de Sismondi^ insérés dans le Moiù^ 

le même motif les ferait agir en 1815. iciir des 29 avril et2 mai 1815. XUl. 

M. de Kergorlay, dans une Bépoma Umt à S. M. Napoléon , $ur FAcic 



ROU 

additionnel aux coiutiuttiofu de l'em-' 
pire ^ du 22 avril 1815^ Paris, 181 5^ 
ill•8^ XIV. Épître dédieatoire aUK 
reprétentants de la nation^ suivie d un 
projet de décret confirme aux pro^ 
messes libérales^ auÙiéntiques et sor 
lennelles que Jfapoléon' le Grand a 
faites au peuple français et à V armée le 
1*' mars 1815 , et terminé par des bro^ 
churet relatives .à réconomie politique et 
aux événements actuels^ Paris, 20 mai 
1815, in-8*'* XV.- Questions. importantes 
à Vonîlre du jour, proposées par un cos- 
mopolite^ ami de la liberté j résolues par 
un pihilandirope, £nnemi du despotisme^. 
et publiées par ï auteur du Coup d'oeil 
sur l'acte additionnel, etc., Paris, 1815, 
in-8*». XVI. Lettre de V.-M. Rouyer, 
ancien jurisconsulte, sur l'établissement 
d'une fête religieuse et nationale^ en ré- 
ponse aux réflexions de M. V. P.D.F, , 
relatives aux toasts portés daiis les ban^ 
quets et la fête qui ont eu lieu à Pa- 
ris lès \^ janvier, 7 et 2i février 1816, 

Paris, 1816, in-^"". Z. 

ROUYER ( Jbân-Pasgal ), con- 
yentionael, était maire de Séjours, 
près de Béaders, en 1791, lorsqu'il 
fut nommé député du département 
de l'Hérault à l'assemblée législa- 
tive» où il siégea dès le commence- 
ment avec les plus ardents révolu- 
tionnaires. Il avait servi pendant 
quelques années dans les derniers 
rangs de la marine royale, et partait 
de là pour avoir de grandes préten- 
tions sur les questions maritimes. Ses 
premières motions à l'assemblée fu- 
rent des dénonciations contre les dif- 
férents ministres qui se succédaient 
alors si rapidement, et surtout contre 
Bertrand-Moleville,qui tenait le por- 
tefeuille de la marine, et qui à son tour 
l'a traité fort mal dans son Histoire, 
de la révolution. Très-zélé partisan 
de la guerre, il fut un des premiers 
qui introduisirent dans les rapports 



ROU 



89 



de la diplomatie le ton de grossiè- 
reté ot de violence qui ne pouvait 
qu'exciter contre la France la haine 
des autres nations. Après avoir ap- 
puyé, dans la séance du 24 janvier 
1792, la proposition de son collègue 
Hérault de Sechelles, tendant à faire 
signifier à l'empereur, par Louis XVI 
.lui-môme, que « si , dans un mois» 
il n'avait pas déclaré qu'.il voulait 
demeurer l'ami de la nation fran- 
çaise, toiité réponse dilatoire se- 
rait regardée comme une déclara- 
tion de guerre », il s'écria : «Tan- 
dis que nous délibérons^ l'empereur 
arme peut-être contre nous...' Il est 
temps de terminer... Je demande que 
la proposition de M. Hérault soit à 
l'instant même décrétée... » Dans la 
suite de cette orageuse session, que 
termina la révolution du 10 août, 
Rguyer prit encore la parole dans 
beaucoup d'occasions, et ce fut pres- 
que toujours pour accuser les minis- 
tres Bertrand-Moleville, Mbntmorin, 
Narbonne et le roi lui-même ; et par 
une inconséquence fort ordinaire aux 
hommes de celte époque, après avoir 
demandé à grands cris la liberté de la 
presse pour tout lé monde, il se 
montra l'un des plus ardents persé- 
cuteurs des écrivains politiques et 
surtout des journalistes. •... 11 est 
ridicule, dit-il dads la séance du 
19 février, au sujet d'une plainte 
qu'avait .faite Ramond contre les 
feuilles de Marat, que l'on soit venu 
proposer, à titre d'amendement, une 
dénonciation contre un écrit> et que 
le même membre qui à dit avoir le 
courage de dénoncer cet écrit n'ait 
pas eu celui de vous dénoncer l'infâ- 
me ami du roi. J'aurais applaudi au 
zèle de M.Ramond, s'il eût mis moins 
de partialité dans sa dénonciation. 
«C'est ce double mal que vous de- 
vez extirper. Je joins donc à ladénon- 



90 &0U ROU 

cittion de M. RamoDd une dëooacit- et IVmprisoDiiemeat de U>iiis XVI) 

tîon expresse contre rinflme Mallet- prises par l^Assf mbiëe nationale ; 

Dupan, VAmi du Roi, elc.« et no- partout nous avons vu'de loin Parbre 

tamine nt contre la proclamation couronné par le bonnet de la liL>ertë; 

que les pouvoirs ct>nslitués affec- partout nous avons vu se manift*ster 

lent de laisser afQcher sous le nom le respect, la confiance pour TAssem* 

des princes , pour exciter les trou- b\ét. nationale et pour ses décrets... 

pes k déserter. Je dénonce aussi le Si parfois nous avons rencontré qtiel- 

iMÎinstre de la justice. La constitution ques aristocrates* ce n>st pas qu'ils 

lui ordonne de veiller à ce qiie les osent élever la voix;, nous les avons 

pouvoirs constitués ne soient point reconnus à leurs craintes exagérées... 

avilis* Eh bien! il souffre non-sou- Quant aux patriotes, ils sont dans la 

-Icment qu'on avilisse le pouvoir lé- plus parfaite sécurité. Ils nous ont 

gislatif et tons les pouvoirs, mais dit partout: • La liberté, Tégalité ou 

peut-être a-t>il anssi à sa solde de la mort... » La mission de Rouyer 

misérables stipendiés... • Une autre étant finie avec la session législative^ 

ibis il it écarter la proposition d'ac- il ne revint dans la capitale que 

corder 20^000 fr. au marin Dupetit- comme député à la Coiivenjlion na> 

Tliouars (celui qui depuis mourut tionale^ par le département de THé- 

glorieusement k Aboukir).pour al- rault. Dès la première séance il se 

1er à la recherche de Tinfortuné La réunit aux plus ardents monta* 

.Peyrouse; puis il vota pour que les gnards, afin de presser le procès de 

anciens drapeaux des régiments fus- Louis W'U puis il vota pour la mort, 

sent brûlés en présence des munici- sans appel au peuple et sans sursis 

pâlîtes de chaque garnison; pour le à rej:éoution. H parut néanmoins, 

refus à faire au roi d\\nt somme de peu de temps après, se séparer du 

six millions pour les dépenses secrè- parti de Robespierre, pour résister à 

tes, enfin pour la punition des ad- la commune qui préparait la révolu- 

ministrateurs du département de Pa- tion du 31 mai'i793. Ayant alors été 

ris, qui avaient osé décerner un man- envoyé dans sou département avec 

dat d^arrét contre Pétion et Ma* son collègue BruncI, ils eurent Tidi- 

miel, etc., etc. Ce ' fut ainsi que prudence de se mettre en correspon- 

Rouyer arriva au renversement delà dance avec les fédéralistes de Bor- 

frêle monarchie constitutionnelle deaux. Leurs lettres ayant été in* 

par la révolution du 10 août 179:2. terceptëes, ils furent dénoncés par 

On ne peut pas douter qu^l n'ait Chabot, puis arrêtés k Lyon^ et mis 

pHs une grande part aux intrigues en liberté par les autorités de cette 

qui préparèri*nt cette révolution, ville, qui, dirent- ils. reçimnurent 

envoyé aussitôt après dans le çiidi, leur tort* Rouyer envoya aussiti^t à 

avec ses collègues Gasparin et La- la Convention un mémoire justific^i- 

combe-Saint-Michel, il rendit compte tif, mais ce fut eu vain; ayant été 

de sa mission par une lettre datée de ùou veau dénoncé p.ts Chabot, puis 

de Lyon le 15 août^.qui fut lue dans par Thuriot, il fut compris dans le 

la séance du 19. «Partout, disaient décret de mise hors la loi prononcé 

les commissaires, nous avons trouvé contre les girondins. Étant parvenu 

les citoyens afplttudm€mt aux mê- à s^ soustraire, il ne rentra à la Con- 

sures |NX>nfaoirea(c'était ladt'chéance reàtioii nalionak qu'après la chute 



ROU 

de Robespierre , et ce qui est assez 
remarquable, c'est que ce fut sur le 
rapport de Merlin de Douai. Adop- 
tant alors sincèrement le système de 
réaction contre la terreur, il parla 
des persécutions qu'il avait ëprcu- 
vées, et demanda ayéc beaucoup 
de chaleur la restitution aux héritiers 
des condamnés de leurs biens non 
vendus, ainsi que la mise eh accu- 
sation de Barère, Collpt-d'Herbois et 
.Billaud-Varenne. H croyait sérieuse- 
ment alors qu'avec ce retour à quel- 
ques idées de raison et de justice, la 
république serait impérissable. «Les 
prodiges de Timmorlelle révolution 
du -9. thermidor, dit-il datis la séance 
du 15 août 1795, seront pour la pos- 
térité l'époque la plus brillante de 
la régénération publique. Vos tra- 
vaux civiques, en consolidant l'édi- 
fice immuable de notre liberté, ont 
sapé pour jamais les espérances cri- 
minelles d«s factieux de toutes les 
espèces. L'attitude iière et imposante 
que vous n'avez cessé de prendre 
depuis la chute des triumvirs est la 
meilleure réponse que vous puissiez 
faire à ces insectes venimeux, qui 
bourdon naieirt dans leur ragç im- 
puissante des blasphèmes contre vos 
Tues profondes. Libres aujourd'hui 
dans vos délibérations , entourés 
de la confiance d'un grand peuple 
que vous représentez, des jours pros- 
pères vont succéder à ceux que la 
justice réclamait depuis long-temps... 
Le jour est enfin arrivé, représentants 
du peuple, où votre sagesse a fixé les 
limites de Tambition des rois coalisés. 
Vos décrets ont afipris à l'Europe 
étonnée et vaincue que désormais la 
France ne couipterait plus que des 
hommes vertueux... Vous justifierez 
les oracles de cette philosophie phi- 
lanthropique ihui vous ^tes les spii- 
tîeas par touC ce (|iu'. voua avez fait 



ROU 



01 



de juste et d^humain. > Ayant été 
alors envoyé de nouveau dans le 
midi avec Brunel, il y lutta avec 
assez d'énergie contre les terroristes 
de Toulon; mais il ne put y em- 
pêcher la fin malheureuse de son 
collègue ivoy. Brunel, VI, 110). Re- 
venu à la Convention au moment où 
cette assemblée allait se dissoudra, 
iP passa, par suite de la loi pour la 
réélection forcée des deux tiers, dans 
le conseil dos Cinq-Cents. En jauvier 
1797 il fit un long rapport sur l'état 
de la gerrdarmeric nationale^ accusa 
le Directoire de se permettre des 
destitutions tellement arbitraires, 
qu'un roi, dit-il, n'aurait pas osé les 
prononcer, et proposa des mesures 
sur cet objet. Dans le mois de mars 
suivant, il présenta un autre rapport 
sur la solde des troupes, au nom 
d'une commission spéciale. Enfih il 
parut encore quelquefois à la tri- 
bune dans le cours de cette année, 
sans y exprimer d'opinions qui soi.ent 
digues d'être rapportées, si ce n'est la 
dénonciation qu'il lit contre Barruel 
de B^^auvert, rédacteur d'un journal 
royaliste, intitulé lue Àcteê des apô- 
tres, que, selon sa coutume, Rouyer 
qualifia d'in/^me. Ses fonctions lé- 
gislatives ayant cessé lors de la réé- 
lection de 1797, il rentra dans la vie 
privée. Le Directoire, qu'il avait plu- 
sieurs fi«is combcittu, ne lui donna 
aucun emploi, et il paraît que le gou- 
vernement impérial ne le traita pas 
mieux. Obligé de sortir de France 
parla loi d'exil contre lès régicides, 
en 1816, il se réfugia dans les Pays- 
Bas, et mourut le 20 octobre 1819, 
à Bruxelles, au moment où une or- 
donnance du roi Louis XVllI l'auto- 
usait à revenir dans sa patrie. Rouyer 
avait, en 1792, la prétention de se 
faire passer pour capitaine de vais- 
seau, et il aspirait même au minis- 



i» ROD • ROU 

tère, ce qui lui attira une mystiGci- donc 'pas dans le labyrinthe des for- 
tion assez plaisante de la part de Ber- mes, pour jnger nos brigands ; prends 
trand-Moleyille. Cel ex-ministrea ra- notre comité pour un jury national, 
conte, dans son Histoire de la rivo^ qui a, sans aucun reniords, la con- 
lultofi, qu'il lui fit rédiger, par Esmë- viction intime et morale de leur scé- 
nard, alors employé sous loi/ une lératesse profonde. • M-^nj. 
kttre tout à fait extravagante, que ROUZET ( François - Joseph- 
Ronyer eut la bonhomie d^envôyer au Léon) , jeune médecin destiné à fourw 
toi, en l'assurant « que lui seul pou- ni' nne brillante carrière, mais que 
Tait rele? er la gloire du pavillbn 1* science a perdu ayant qu'il pût 
français.- 11 avait aussi la préten- réaliser les espérances qu'il avait fait 
lion d'être poète. Voici deux stances concevoir, était neveu du député à 
d'une épltre en vers , adressée au 1> Convention nationale qui devint 
prince- de Nassau, sur letf batteries chancelier de la duchesse d'Orléans 
flottantes, et pour l'intelligence de (ooy.RODZR dbFolmom, XXXIX, 
laquelle il faut savoir que ce prince ^78). Il naquit à Toulouse, le 11 sep- 
y est comiiaré à saint Laurent, son tembre 1795 , resta orphelin très- 
patron : jeune , et fut élevé par les soins 

P*r «v.s«îa.nt, généreux prince. ^'"» *™*' ^*n^»S ^"««>«> OUClC Virsit 

Ayant Mérité même prix, cxilé cu Espaguc. A peine cut-il fait 

Tji Kloir« ne «en pas nioM quclqucs moîs d'études médicales 

Au paradis d a grand Loais. -. «. ^ r -a* •• 

* que^ menacé par la conscription, il 

wwr„î?''^r"'î •" " '"■^ demanda à servir dans un n^ment 

a aTait qn nn penl a ijraTer, . , v , - . *» 

TandU que toi, dans u foomaise, comme chirurgien aidc-major, et fit 

T« poBTais encor te noyer. en Cette qualité la campague de 1 8 1 3 

— RoiJT£Ry avocat à Moulins, fut dans la grande armée en Allemagne, 

un desagents-de la. terreur les plus 1^ que la paix fut conclueen 18U, 

actib et les plus cruels. On a cité il alla à Montpellier pour y finir ses 

eomme un modèle, un type des hor- cours, et prit le grade de docteur en 

ribles correspondances que les gens t^tS* H soutint à- cette occasion une 

de cette, espèce avaient alors entre ^hèse fort remarquable sur la mala- 

eux, une lettre qu'il adressa au prési- die du cancer. Bientôt il obtint au 

dent de la commission du tribu- concours la place de chef de clini- 

nal révolutionnaire de Lyon, en lui que à la faculté de Montpellier, et 

envoyant un convoi de victimes : ouvrit un cours d'anatomie paiholo- 

« Fais-les donc participer, lui dit-iL gîque. La Société de médecine prati- 

à l'honneur de la grande fusillade, que de la même Ville lui décerna une 

dont la conception honore l'ima- médaille d'or pour un Éloge de la 

gination. révolutionnaire. Cette ma- Pe^fronie, qui n'a pas été imprimé, 

nière de foudroyer les ennemis du Venu à Paris vers la fin de 1818, il 

peuple esst infiniment plus digne y fonda la ileoiie médical. Son but 

de sa toute-puissance, et convient était de défendre dans cette feuille 

mieux pour venger en grand sa vo- l'école de Montpellier contre les at« 

lonté outragée, que le jeu mesquin taques dont elle était souvent l'ob- 

et insuffisant de la guillotine. Ce jet, et de réftater quelques parties du 

dernier instrument n'est bon que sysîème de Broussais. Cette contro- 

ponrles petits criminels. Ne te jette verse fixa les regards sur le jeune 



ROU 

Roozet ; mais sa santé parut alors 
s'affaiblir d'une manière lâcheuse, et 
il fut obligé de laisser au docteur Du- 
pau, son ami et collaborateur, le soin 
de soutenir cette honorable lutte, et 
de continuer son journfd , ce que 
celui-ci lit avec beaucoup de succès, 
tandiç que RoUzet, en proie aux at- 
teintes H^ne maladie de poitrine, 
qu'il aggravait encore par 'des tra- 
vaux «incessants, y succomba le 10 

. août 1824, après avoir rempli ses de- 
voirs de religion. Il était ,^J|eine 
âgé de ving-neuf ans, et déjS î?etait 

* membre iles Sociétés de médecine de 
Paris, de Toulouse, de Montpellier, 
de Marseille, membre adjoint de l'A- 
cadémie royale de médecine, et mé- 
decin de la Monnaie des médailles. 

• Un discours fut prononcéslirsa tombe 
par le docteur. Dupau, et son Éloge 
historique par M. Fr. Rérard, inséré 
dans la Revue médicale, a été impri- 
mé séparément, Paris, 1824, in-8o. 
Outre les articles qu'il a fournis à ce 
journal et la notice Vttn-Helmont à la 
Biographie médicale, on a de Rou- 
zet : Recherches et observations sur 
le cancer^ Montpellier et Paris, 1818, 
in-8<>, ouvrage estimé que l'aulcur.dé- 
dia à son oncle Rouzet,' comte de 
Folmon. Il avait commencé ùne^t^- 
ioire -philosophique de la médecine 
depuis la renaissance des lettres^ un 
Traité des fièvres et un Traité d'hy- 
giène; mais sa mort prématurée l'em- 
pêcha d'y mettre la dernière main. 
On lui doit la publication de deux 
ouvrages de C.-L. Dumas (i?oy. ce 
nom, XII, 21.6), dont il avait suivi 
les leçons : I. Doctrine générale des 
maladies chroniques^ pour servir de 
fondement à la connaissance théori- 
que et pratique de oès maladies^ 
2« édition, accompagnée d'un dis* 
Cours préliminaire et de notes de l'é- 
diteur, etc., Paris et Montpellier, 



ROV 



93 



1824, 2 vol. in-8^ II. Consultations 
et observations de médecine (œuvre 
posthume), ibid., 1824, io-:8o. Z. 
ROVE, huissier. Foy. Rose (J.-Â), 
LXXIX,440. 

ROVELLI (le marquis Joseph), 
historien italien, naquit à Côme en 
1738. Ayant habité Milan pendant 
quelques années, il se lia, fort jeune 
encore, avec le comte Pierre Verri, 
qui le chargea de rédiger un Tableau 
de Ihistoire lombarde, destiné à être 
présenté à l'impératrice Marie-Thé- 
rèse. Ce premier travail lui fît prendre 
goût aux éUides historiques , et il 
conçut le projet d'écrire les annales 
de la ville de Côme, qui avait cepen- 
dant déjà eu plusieurs historiens, 
parmi lesquels nous citerons Benoît 
Jove, frère du célèbre Paul Jove (voy: 
Giovo, XVII , 429), lequel a raconté 
en latin assez élégant tous les événe- 
ments relatifs à cette ville jusqu'à 
l'année 1532. Après lui vint Tabbé 
François Ballarini, qui, dans son 
Compendium des chroniques de la 
vitte de Côme, s'étendit jusqu'à 
Tannée 1619, n^ais jen accumulant 
sans discernement et . dans un style 
barbare les choses les plus bizar- 
res. Enfin le. père Louis Tatti a laissé 
des Annales, sacrées de la ville de 
Côme; mais pour Ja critique il n'est 
guère supéric t' à son devancier, 
et son style est tout enflé de méta- 
phores, défaut qui du reste est com- 
mun à la plupart des écrivains ita-^ 
liens du XYII® siècle. Comme on 
le voit, une bonne histoire de Côme 
était encore à faire, et c'est la tâche 
qu'entreprit le marquis Rovelli. Son 
ouvrage se composé de cinq' vo- 
lumes in-80 (Milan, 1789 et années 
suivais). A la tête du premier 
volume se trouve une Dissertation 
préliminaire sur l'antique état poli- 
tique de la Gaule cisalpine, aujour- 



94 RdV ROV 

(TMit Làmbardie^ travail fort remar- la pîëtë, par le talent, par la sciencf , 

quable f t sur lequel semble avoir été scrutateur sagaee et él^ant historien 

calque VEssai iur Vétat de l'Italie de sa patrie. > Le marquis Rovelli 

sous le gouvernement des Goths, qui mourut à COme le 25 mai 1818. Il a 

valut, en 1808, à Taiiteur, M.Georges laissé inédites des Idées générales 

Sartorius, un prix de l'Institut de touchant la société civile^ les gouver* 

France. Cette même année, le marquis nements et l'influence de la religion^ 

Rovelli publia un Appendice à son où il démontra que, loin d'être une 

histoire (Côme, in-S"*), qu'il -prolon* arme pour la tyrannie, la religion peut 

gea jusqu'à 1802» en y ajoutant un servir à la vraie liberté, bien plus 

' tableau physique et politique. Pour que le scepticisme et l'incréAilité. 
trouver daiis une simple histoire mu- C'était un ouvrage tout de circon- 
nicipaîe matière à sii volumes, l'au- stance à l'époque où il a été écrit, 
teur a dû faire des excursions dans mais qui aujourd'hui n'offrirait rien de 
^histoire générale, et apporter à son neuf. — - Royelu (Charles)^ frère da 
travail ce soin minutieux des dé- précédent, naquit, comme lui, à Côme, 
tails qui caractérisait sa vie privée et en 1740. Il prit l'habit de dominicain 
qui l'a nécessairement jeté dans des et occupa successivement plusieurs 
longueurs et des redites. Au reste, si chaires, dans sa ville natale, au col- 
ce défaut Ote quelque chose à Tagré- lége de Brara, à Milan et à Bologne, 
mput du livre, il ne saurait nuire à Nommé prieur de Saint-Bustorge à 
son intérêt, et il garantit la conscience Milan, il devint ensuite provincial de 
et la véracité de l'historien. On re- la Lombardie, et enfin évêque de 
marque entre la publication d'un Côme en 1793. Pendant la première 
volume à l'autre d'assez longs inter- occupation française, il s'entremit 
valles, ce qui tient aux persécutions plusieurs fois entre la population et 
dont l'auteur fut l'objet à l'époquede les troupes, et il eut le bonheur d'em- 
l'invasion française. Investi de plu- pêcher des résultats funestes. En 
siêursr fonctions municipales dans sa 1811, monseigneur Rovelli se rendit 
ville natale, il fut loin de manifester à Paris pour assister au concile na- 
de l'empressement pour un ordre tional, et il se montra tellement 
de choses qui non-seulement attentait contraire à l'empereur Napoléon 
aux privilèges de sa naissance, mais qu'on l'avertit de pretidre garde à 
se montrait hostile aux principes de lui; s'il ne voulait courir le risquel 
la religion catholique qu'il avait ton- d'être emprisonné ou déporté, • Que 
jours pratiquée avec ferveur ; aussi m'importe ! répondit le saint prélat, 
fut-il conduit à Milan et jeté dans la pourvu qu'on me laisse mon' bré- 
prison de Sainte-Marguerite, d'où il viaire et un crucifix. • Au reste ces 
ne sortit qu'au boUt de 50 jours, menaces venaient des subalternes ; 
gr&ce aux instances de ses conci- Napoléon y. était étranger, car loin 
toyens. Revenu fi Côme, il continua- de se montrer offensé de cette oppo- 
d'y jouir de l'estime générale, et re- sition, il le créa comte de l'empire 

' çut un honneur qu'on ne décerne et augmenta^ son revenu épiscopal. 

gsère qu'aux morts. Le conseiècom- Rovelli avait '^uservé dans les hau- 




ROV 

bilier que deux chaises de paille, une 
table et un lit qu'il faisait lui-même. 
Nommé, en 1815, par Tempereur 
François l*s à rarchevt^ché de Milan, 
non-seulement il refusa, mais il -se 
démit du siège de Côme peu de temps 
arant sa mort, arrivée le 3 sept. 
1819. ^ A— Y. 

ROVIER, en MinRoverius (Pier- 
re), naquit à Avignon en 1573, et fut 
reçu d^ns la société des jésuites à 
l'âge dé dix-neuf ans. 11 professa la 
philosophie dans su ville natale, en- 
seigna la théologie et TÉcriture 
sainte, puis il . fut pendant vingt- 
cinq ans préfet des études à Paris, 
où il mourut le 8 juillet 1649. On a 
de lui : 1. Henrico IIIL Franciœ et 
Navartœ régi auguslistimo, in in- 
êtaurationéGodraniisoc. Jeéu colle- 
giipanégyricus, dictin Divione^ etc., 
Paris, 1604, in-4<>; Anvers, 1610» 
in-8^ II. Reomaus , seu Historia- 
monasterii S-Joannis Reomaensis 
in tractu'Lingonensi , Paris,. 1637, 
in>4^ m. De vita et rébus geitis 
Francisci de La Rochefoucauld S, 
R» E, cardinaliSy libri ires, Paris, 
1645, in-8°. IV. De vitapatris Pé- 
tri Cotoni (1) e societaie Jesu^ libri 
ires, Lyon^ 1660, in -8°. Le manuscrit 
de cette Vie se trouve à la bibliothè- 
que publique de Lyon, in-fol. d'une 
très-belle écriture. C'est un ouvrage 
méthodique et d'une fort bonne lati- 
nité. Alegambe {^iblioth. soc. Jesu ) 
donné encore le titre d'un autre livre 
de Rovier : Harrnonia quatuor H- 
broruin Moysis, Exodi, Letitici, 
Numer., Deut.; maiâ il ne paraît pas 
qu'il ait été imprimé. C'est par er- 
reur qu'on a appelé ce jésuite du nom 

(i) Le p. d'Oriéanii et Rovier éuriveut Co- 
ton par uo seul t. Ce Oom est également écrit 
de m^ine sur le titre des divers ouvrages du 
fameux jésuite. On s'est peut-être trompé en 
ne «oiTtBt pas cett* orthographe. 



ROW 



95 



de Houvter (art. Cotton, X, 80); 
que le père d'Orléans, page 326, le 
nomme Royer^ et la Bibl. hist. de la 
France, Rouvière. C— l— t. 

RO VILLE, et non Rouille ou 
jRout^^cf (Guillajume), imprimeur cé- 
lèbre, naquit à Tours vers 1518, et 
mourut à Lyon en 1589. 11 avait pour 
marque un aigle aux ailes déployées 
au-dessus d'une colonne «t vers le- 
quel s'élèvent deux serpents entor- 
tillés, avec cette devise : In virtule 
et fortuna^ qui rappelle celle de Sé- 
bastien Gi'yphe, dont il avait épousé 
la fille : Virtute duce^ comité foTr 
tuna, 0(1 grand .nombre de livres 
sortis de ses presses sont cités dans 
le Manuel de Ai. Brunet. Il avait ac- 
quis une fortune considérable, et il 
en légua la majeure partie aux hôpi- 
taux de Lyon. Son testament a été 
inséré dans V Histoire du grand 
Hôtel 'Dieu de ceite ville, par Etienne 
Dagier, tome^Ps page 141 et suiv. 
Vby* aussi les Mélanges biographi- 
ques de M. Breghot du Lut, et VHii- 
toire de Touraine de M. Chalmel, 
qui nomme à tort cet imprimeur 
Rouillé. A. P. • 

ROWE (NiCHOLAS), poète drama- 
tique anglais, né en 1673 à Little- 
Bekford en Bedfordshire, était fils 
du jurisconsulte John Bowe qui a 
édité les Bapports {Reports) du rè- 
gne de Jacques 11. Niéholas, qui fît 
de bonnes études à Highgate, puis à 
Westminster sous le célèbre Busby, 
était destiné à exercer la même pro- 
fession que son père, et il s^y fût 
probablement distingué, car il était 
doué de grands avantages person- 
nels. Mais le goût de la littérature 
rappelait ailleurs; et la mort de 
l'auteur de ses jours, en 1692, lui 
laissa la liberté de s'abandonner à 
son penchant \ il avait dix-neuf ans 
alors. Qne^ues années après, le suc- 



96 



ROW 



ces obtenu par la première de ses 
tragédies qui nous soit connue, la 
Belle » Mère ambitieuie, décida sa 
Tocation, et cette pièce fut suivie de 
plusieurs autres, entre lesquelles Ta- 
merlan^ la Belû pénitente, et sur- 
tout Jane 5àorev eurent -les préfé- 
rences du public. Rowe s'essaya aussi 
dans le genre comique, mais sans y 
réussir, et la seule comédie qu'il ait 
écrite * n'a pas été admise dans ses 
œuvres. Cet auteur a pu être compté 
au nombre de ceux que la culture 
des. lettres n'a pas empêchés de se 
livrer aux affaires publiques. Le duc 
de Queensberry, étant devenu mi- 
nistre, l'employa auprès de lui ^ mais 
}a mort de cet homme d'État le ren- 
dit entièrement aux muses. Lors de 
l'avènement de Georges !«" au trône, 
il fut fait poète lauréat et l'iin des 
inspecteurs du port dé Londres. Le 
prince de Galles lui donna la place 
de secrétaire de son conseil, et le 
lord chancelier Parker le nomma 
ison secrétaire préposé aux présenta- 
tions. Maià le poète fonctiojinaire 
ne jouit pas long-temps de cette 
prospérité; il mourut le 6 déc. 17IS1 
n'ayant que quarante-cinq ans. Dix 
.ans après sa mort parut une tra- 
duction de. la Pharsale de Lucain 
dont il avait laissé le manuscrit. 
N. Rowe avait été marié deux fois, et 
il eut un enfant de chacune de ses 
unions. Sa tombe se voit dans le coin 
des pqètes, à l'abbaye de Westmins- 
ter, mais sans l'épitaphe que Pope 
avait composée pour lui. — Grand 
admirateur de Shakspeare, il a douué 
une édition des œuvres de ce grand 
poète, précédée de sa vie. On a de 
lui des OEuvres diverses en un seul 
'volume, peu recherché. On cite néan- 
moins une traduction du Lutrin de 
Eoileau. Rowe a traduit en anglais 
1^ poème de la CMipédie de Quillet. 



ROW 

Nous avons mentionné quelques- 
unes de ses tragédies; les autres sont 
Ulysse^ le Prosélyte royal, Lady 
Jane Grey, La BeUe pénitente a été 
plusieurs fois traduite ou imitée en 
français : en prose, 1763, in-12 ; en 

' vers par le marquis de Mauprié, 1750, 
in-12 ; parOoltardf^u, 1761, in-12 ; 
par Andrieux, avec le titre de Lé- 
nore^ imprimée dans le tome IV de 
ses œuvres. Jane Shore a jété tra- 
duite en prose par madame de Vasse 
(imprimée dans son Théâtre anglais^ 
1784-87, t2 vol. in-S») ; en vers, par 
L. D. C.V. G. D. N.v Londres, 1797, 
in-8''; en prose, par Andrieux, 1822 
(dans le théâtre anglais qui fait par- 
tie des Théâtres étrangers^ publiés 
chez Ladvocat) ; en prose, précédée 
de la vie de Nie. Rowe, par Sa- 
muel Johnson, Paris, 1824,. in-8**; 
mot à mot, 1827, chez madame Ver- 
gue, in-i8; en prose, par un ano- 
nyme, dans le Répertoire des théft- 
tres étrangers publié par Brissot- 
Thivars, 1822,in-18. La traduction 
donnée* par Andrieux, élégante au- 
tant que fidèle, est précédée d'une 
introduction judicieuse. Le fond de 
cette pièce est historique. Dans ce 
que Rowe y a mis du sien, on est 

' choque de quelques invraisemblan- 
ces, qui, du reste, n'en ont pas em- 
pêché le succès, non-seulement dans 
la patrie de l'auteur, nuiis encore à 
Paris, où elle- a été représentée, en 
1827, dans la langne originale, piar.des 
acteursanglais. MissSmithson produi- 
sit dans le rôle principal un effet pro- 
digieux, surtbutdansU longue scène 
de l'agonie. • Tous les cœurs étaient 
gonflés, tous les yeux humides, • dit 
un critique qui a assisté à cette scène 
si pleine d'émotions.^^ On est étonné, 
après cela, que quelques-uns de ses 
compatriotes, tout en reconnaissant 
à N. Rowe le talent d'amener des 



ROW KOX 97 

.situations attachantes, d'élever Ta- s'éloigna promptcraent de ce séjour 
me, cl d'écrire en vers harmonieux périlleux. Le projet du capitaine était 
et soignés, semblent lui refuser l'art de se rendre à Socotora ; mais comme 
d'exciter la terreur ou la pitié. Au sur- on était au mois de février, temps où 
plus.deux littérateurs français,MM.L. les vents de nord et nord':est cmpê- 
LemercieretLiadières,avaienfprépa- chent d'avancer, on revint à Mada- 
ré les spectateurs à intelligence de gascar, et l'on s'arrêta dans une baie 
cette tragédiie par les imitations qu'ils de la partie septentrionale. Il paraît 
en avaient données plusieurs années que les Anglais connaissaient peu 
auparavant. La Marâtre ambitieuse, cette côte. Cependant Rowieseuti'im- 
tragédie en cinq actes, a été traduite prudence de se fier aux premières dé« 
en prose par madame de Yasse, monstrations de yenveiliance qu'il 
(théâtre anglais); Tamerlan Ta été reçut des habitants; il descendit k 
en prose et en vers par La Place, terre pour aller trouver leur roi. 
N. Ho we, indépendamment de ses mé- Aussitôt il fut enlevé de force par les 
rites littéraires, possédait un talent barbares; et les gens de la chaloupe, 
rare chez les auteurs dramatiques, ce- n'ayant pu le tirer de leurs mains, 
lui de bien lire ses propres ouvrages, s'en retournèrent à la. hâte. Une mul- 
Un'e célèbre tragédienne , mistriss titude de barques les suivaient et au- 
Oldfield, assurait que la meilleure raient nui à l'équipage si le canon 
école pour elle était de l'entendre lire ne les eût écartées. Plusieurs Anglais, 
lesrôîesqu'elIc-mêmedevaitjouer.L. blessésde flèches empoisonnées, mou- 
ROWLES (Richard), navigateur rurent le lendemain, il fallut à re- 
angiais, partit d'Angleterre sur VU- gret s'éloigner de cette côtedétestaf- 
nion qu'il commandait dans le mois ble, abandonnant à la cruauté de ces 
de mars 1608; 11 accompagnait VÀs- insu!airesrinfortunéRowles,quisans 
een^ion, montée par l'ami ralSharpéy. doute périt peu après dans les tour- 
lis voguèrent heurei>sement jusqu'au ments, caries habitants de. cette côte 
sortir délabaie de Saklahna,*où ils passent pour extrêmement cruels, 
furent séparés par une des plus fa- Cependant le vaisseau continua sa 
rieuses tempêtes que l'on puisse route ;Brad3haw en avait le comman- 
ëprouver en mer. Leur grand mât fut dément ; mais lorsqu'il revint en 
emporté, mais heureusement qu'ans- France, chargé d'une bonne càrgai- 
sitôt le. vent se calma. On répara ce son faite à Achem et à Priaman, il 
malheur, et l'on se rendit à la baie de éciioua sur les côtes (1610), et peu 
Saint -Augustin, dans l'île de Mada- de gens se sauvèrent. M— le. 
gascar, afin d'y attendre Sharpey JiOXAS ou ROJAS (Ferdinand 
qui ne parut, pas. Au bout de vingt • de) est un des plus célèbres auteurs 
jours on partit pour se rendre à Zan- espagnols du XVI® sièele. S'il avait 
zibar. A l'arrivée de Rowles dans cette arrangé et modifié pour la repré- 
île, les Anglais furent reçus avec beau- sentation les yingt-un actes de sa 
coup d'humanité; mais le lendemain ' Célestine qu'il a si librement écrite 
les nègres leurtuèrent quelques hom- pour la lecture, il aurait eu la gloire 
mes. On peut présumer que des Por- de fonder la scène nationalç ayant 
tngais établis parmi eux, et qui ne qu'une seule idée dramatique eût 
furent point vus d'abord , avaient pris germé dans le reste de l'Europe. Ce 
part à ee changement funeste. On drame^roman renferme \^lu«4i^wi&c!k- 

X LXXX. • '^ 



^ 



ROX 

mais jamais elles ne sont tratoantes. 
La verYe, l'esprit, roriginalité* la li- 
cence caractérisent son Voyage amu- 
êant, qui a probablement donné à 
Scarron l'idée du Roman comique. 
Boxas publia en 161i (Salamanque, 
in-4^}, El àuen republico, ouvrage 
d'un genre plus sérieux qui fut dé- 
fendu par l'inquisition, sous prétexte 
qu'il donne aux horoscopes une in- 
terprétation dangereuse. L'auteur y 
prend les titres d'écrivain du roi, de 
notaire public et de membre de l'au- 
dience épiscopale de Zamora. . Z 

ROXAS ou mieux Aojas (don 
Francisco de), célèbre auteur dra- 
matique espagnol^ était de Tolède. 
La Huerta et Montalban se sont trom- 
pés, l'un en le faisant naître k San- 
£8teban de Gormaz , l'autre à Ma- 
drid ; mais le critique espaguol qui 
relève cette double erreur se trompe 
lui-même lorsqu'il indique l'année 
iC4l comme celle de la naissance de 
Roxas^ c'est en 1601 qu'il faut la pla- 
cer, puisque les auteurs de la pre- 
mière moitié du XYIP siècle ont été 
ses imitateurs. Rotrou lui doit. son 
VenceilaSt Thomas Corneille son 
Bertrand de Cigaral, Scarron ses 
Jodelets. Ce qui distingue éminem- 
ment Roxas, c'est la vervè^et le nerf; 
son style est d'une précision qui sai- 
sit ; chaque trait éclate et part comme 
un coup de feu. Les espagnols clas- 
sent un de ses drames, Getreia del 
Cdsf anar, dans les quatre meilleurs 
ouvrages de leu^ théâtre. D'autres 
pièces sont encore très-estimées. Ml 
JDesden eengado (le TraUre puni) , qui 
a été imité par Lesage , Progné y 
Filoména, Àbrir el oyo (Frendre 
garde à soi) n'offrent que peu de ta- 
ches. C'est dans la .comédie intitu- 
lée : Dpnde hay agrairos no hûy 
zelos, que le valet Sancho récite le 
joli mensonge qui a été si bien imité 



jftdT 



99 



par Scarron. Une autre comédie^ Ko 
hay amigo para aniigo^ ou lue Ca- 
fias se vuehen lanzas^ renferme une 
9Cène burlesque qui passe pour le 
modèle .du. genre. Le valet Moscou 
est lé père de la philosophie des 
Crispin et d«9 Sganarelle. .Roi:a8 
semble avoir été le modèle fa- 
vori de Scarron, Comique moins sé- 
vère et plus gai, il avait hérité de la 
verve de ses deux homonymes, Tau- 
teur de la CélesHne et l'auteur du 
Voyage amusant. Scarron a trouyé 
chez lui un dialogue nerveux, ra- 
pide, entrelardé de saillies, et b^ 
nombre de caricatures du genre de 
celles qui abondent . dans les Say- 
nètes et dans les comédies de Fi^ 
guroH. Tout cela est assez souvent 
forcé et n'est pas d'un goût bieu 
pur. 11 paraît que Fr, de Roxas n'a 
écrit que pour le théâtre. On ignore 
l'époquei de sa mortl Z. 

ROY (Piebkb), orfèvre, contrô- 
leur des rentes dé rfidtelrde-Villedè 
Paris, mort en 1759 à 85 ans, est au- 
teur de plusieurs ouvrages pleins de - 
recherches dont les plus connus 
sont : L Mémoires ooùcernant les 
rentes d^rHÔtel-de-Ville,1717,iD-12, 
ouvirage utile et intéressante It.-JHS' 
sertation sur l'origine de l'Hôtel-de- 
Yille de Paris, 1729, in-toL, et qui se 
trouve dans le tome P' de V Histoire 
de la ville de Paris j par D.'Félibien. 
111. Statuts et privilèges au corps 
des marchands qrfévres-jouiUiérs . 
de Paris, avec dès ohservatibns, 
1734, in-4% renfermant beaucoup de ' 
recherches curieuses. L'auteur était 
grand-garde de son corps.— ^ Rot 
(l'abbé Jean), né h Bourges en 1744, 
était avant la révolution chanoine 
de l'église collégiale de D'un-le-Roi, 
protonotaire apc^stjolkiue, ' censeur 
royal, secrétaire dii comte d'Artois 
et hiâtoriograpbe de* wf ordreà II . 



\ 



400 



ROT 



ROT 



était aussi docteur ès-art9 à Tuniver'- Chavannès lorsqu'il fût nomme dë- 

sité.de Bourges, licencié en droit de puté supplémentaire du clergé du 

la foculté de Paris, arocat au patrie- bailliage d'Aral, en Franche-Comté, 

tiiènt, et membre de plusieurs socié- aux états-généraux de 1789, où il 

téK savantes. On. a de lui :• I. Eêsai remplaça Bruet, curé d'Arbois, qui 

ie philoêophie morale, 2 yol. în* donna sa démission. Il suivit le parti 

*tt. II. Dis^rs tur Véiude pour un révolutionnaire, prêta le serment ci- 

^<pà»teur des âmes, 1776, iii-12. III. viqueet religieux, et prononça, dans 

Discours en vers sur la servitude la séance du 14 novembre 1790, un 

aholihi 1781, in-S^ IV. L'Ami des Discours sur les biens du clergé, qui 

vieillaitds, présenti au roi eVà la a été imprimé in- 8°. Il amusa l'as- 

famille royale, 1783, 2 vol. in-J8, semblée, le 17 janvier 1791, en se 

faisant partie de la collection des mo- plaignant que la veille un prêtre 

ralistes modernes. Y. Le mentor avait refusé de le confesser, parce 

universel, Paris, 1784-85, dix numé- qu'il avait prêté le serment consti- 

ros formant 2 v.ol. in-12. C'était .un tution'nel. Devenu évêque de l'Ain et 

Journal d'éducation dont il devait député de ce département à la Çon- 

paraître un cahier- chaque mois. YI. vention nationale, il vota la déten- 

Le Petit foyageur, suite du Men» lion de Louis XYIet son bannisse- 

tor^ Paris, jl 785-86, quelques numé- ment à Fa paix. Ayant signé la pro- 



rosin-18. Vil. B^stoiredes çardi" 
naùx franfdis, Paris, 'i7jB6-88, 6 
vol. in-8® et iiv-4®, avec figures. YllK 
Le crime des suppôts de justice^ 1790, 



testatiou du 5 juin 1793 contre la 
révolution du 31 mai, il fut un des 
soiïante-f reize députés mis /en état 
d'arrestation et qui ne fureiit rein- 



in-S^" de huit parges; où l'auteur ra- tégrés qu*après la chute de Robes- 
eonte l'emprisonnement inique de sa pierre. 11 passa, en 1795, au conseil 
servante, morte de chagrin dans sa des Cinq-Cents, dénonça un mou- 
prison. .On a encore de l'abbé Roy vement royaliste dans la. Haute- 
des FragnienU historiques; des Piè- Loire, invoqua la liberté des cultes 
ces- fugitives en vers et en prose ; la pour pouvoir conserver son évêché 



Folie du sexe, roman; les Gentilles- 
ses françaises : Voilà le ton y comé- 
die en trois actes et en vers; les 
Maurs, comédie en cinq actes et en 
vers. Nous ne savons si.c'eçt àJui ou 
à un homonyme qu'il faut attribuer 



et remplir les fonctions épiscopales. 
Il fit partie, avec Grégoire, Desbois 
et Saurine, du comité des écêques 
réunis, travailla avec eux aux An* 
nales de la religion, concourut à 
toutes les mesures qu'ils prir^ pour 



laYénU dévoilée, on Mémoire àl'une le rétablissement de leur église, et 
viétimedeVaristocratie,?SLm,i79b, arâista au concile national: de 1797. 



iB-8^ de 26 pages;- et Lettre impôr- 
fmtedeM. Vabbé Boy d M. Bailly, 
làaire de ^aris, suivie du serment 
«ieigae signé e son sang, 1790, 
in-S^ de 32 pages. T— d. 



11 sortit du conseil des Cinq-Cents 
en 1798, et la mémeiinnée il fi|t élu, 
pai' le clergé constitutionnel, évêque 
de Paris, siège sur. lequel il succé- 
dait à Gobel (voy. ce nom, XYIf, 



1^ ' 



ROY (Rammohun). Yoy. Rammo- 535):- Pour comprendrece que c'était 

«(Vi*IU»K, LXXYIii;295. -alors que dé pareilles nominations, 

;.JIOTBI& (Jean-Baftisib) , évé- il est curieux de lire dans le Moni- 

qiia. eoBStittttionne), était euré de f<iir, qui passait pour le journal le 



.» 



ROY 

plus sage et le plus ntodërë, corn- 
iQent celles-là fnront aunoncées, en 
1798, quatce ans après la mort de 
Robespierre. • On ne pensait plus 
qu'il existât de diocèses en France. 
Cependant des prêtres catholiques se 
sont réunis, le jour qu'ils appellent 
celui dé la PentccOte, dans la ci- 
devant cathédrale de Paris, et ont 
élu le citoyen Royer, qui vient de 
sortir du conseil des Cinq-Cents, au 
prétendu évéch.é de la Seine. Le ci- 
toyen primat, déjà évéque de Cam- 
brai, a été appelé ^u siège de Lyon, 
et le ci-devant abbé Audxein, mem- 
bre de la première législature et de 
la Convention^ a été fait évéque de 
Quimpcr-Corentin (I). » Royer prit 
possession de Téglise Notre-Dame le 
15 août 1798. Peu après éclata une 
division entre lui et le comité des 
ivéques réunis; il n'assistait plus à 
leurs séances, et il s'opposa à la con- 
vocation du concile du 29 juin 1801 
qu'il regardait comme inutile et dan- 
gereuse. M. de Boulogne (voy. ce 
nom, LIX, 94) fit plusieurs articles 
pleins de raison et de sel sur les en- 
cycliques de Royer. H couvrit surtout 
de ridicule une lettre écrite par celui- 
ci à Bonaparte, le 30 décembre 1799, 
et dans laquelle il lui demandait de 
rappeler M.dé Juigné, archevêque de 
Paris. Royer et ^es confrères furent 
obligés de donner leur démission à 
l'époque du Concordat, sur Tinvita- 
tion du pape, qui du reste ne les 
levait pas reconnus. Lecoz {voy. ce 
nom, XXd^ 5l32), nommé alors ar- 
chevêque de Bei^ançon,*et qui précé- 
demment avait aussi été évéque con-. 
stitutionnel, aimant toujours à s^en- 
tourer d'ecclésiastiques de ce parti, 
accueillit Royer dans son diocèse, et 



(l^ n fat mis à mort, en tSoo, par une 
Laoae de chooans («07. AuDastir, III, 3i)« 



ROY 



101 



le fit chanoine de sa métropoIe.Ce der- 
nier se consacra au service des hôpi- 
taux, et mourut à Besançon après quel- 
ques ann'ées d'exercice de ceipinistère 
de charité. — Royer {ClcMde)^ curé 
deCH&lon-sur-Saône, fut, en 1793, un 
des' plus ardents jacobins de Paris, 
puis juré et substitut de Fouquier- 
Tinville au tribunal révolutionnaire. 
Dans une séance des jacobins, il avait 
dénoncé la division de l'armée révolu- 
tionnaire par département, décla- 
rant qu'il ne faudrait que deux mille 
hommes comme lui pour purger la 
France du dernier des aristocrates. 
Un autre jour il dénonça un ouvrage 
intitulé : Hommage catholique ren- 
du à la constitution. Après le & ther- 
midor il fît adopter, par les jacobins, 
deux adresses dans lesquelles ils ex- 
primèrent leurs regrets d'avoir ïdo- 
Idtré Robespierre. Après la disper- 
sion des clubs, Claude Royer parut 
avoir renoncé à la politique. 11 s'éta- 
blit agent d'affaires à Paris, et c'est en 
exerçantce métier qu'il est mort quel, 
ques années plus tard.— 11 ne faut pas 
confondre avec les précédents un ab- 
bé RoyK, chanoine et théologal de^ 
Provins, dont on a {'Oraison funèbre 
de Louis. XY; prononcée à Provins, 
1774, in-4°, et un Discours à la 
messe solennelle célébrée le jour 
du sacre du roi (Louis XYl), 1778, 
in-40. • D— s— E. 

ROYER - CQLLARD ( Pibrre- 
Paul) naquit en 1 763 à Sompuis, près 
Vitry-le- François. A quelque point 
de vvie que les cohtempôrtiins se pla- 
cent pour juger sa vie, il est im- 
possible de ne pas voir en lui un 
homme supérieur et justement esti- 
mé de tous les partis. Nous insistons 
sur cette première vérité,, voulant 
conserver toute l'indépeniance de 
nos jugements sur l'ensemble d'un 
caractère qui appartient à l'hiitoire. 



103 



ROT 



Nous dirons d'abord qu'il y b plu- 
sieurs homines dans Boyer-Collard, 
le penseur, le personnagei polîti' 
que, l'homme littéraire et acadé- 
mique ; toutes ces existences, au 
reste,, se lient «t se touchent con- 
tinue il ement dans sa lungue car- 
rière. Enfant, il fut élevé cbez les 
frères de la doctrine chrétienne', dont 
son oncle était supérieur. Si l'on re- 
marque l'histoire des hommes qui 
ont Qguré dans la révolution fran- 
çaise, un grand nombre furent éle- 
vés par les oratoriens qui avaient 
succédé auk jésuites et entraient 
plus ou moins dans l'esprit du par- 
lement. A vingt ans (17ti3), Rojer- 
Collard fut r>çu avocat au bar- 
reau de Paris, à cette épuque de luttes 
de basoclie, de disputes au palais et 
dans les rues, qui annonçait déjà les 
crises plus difficiles de la révolu- 
tion. Lorsqu'elle éclata, Royer-Col- 
lard, comme la majorité du barreau, 
prit parti pour les idées de réfurme, 
et il montra tout l'engouement de 
ses contemporains. Il fut eu con- 
séquence au nombre des électeurs 
de Paris dont la ridicule célébrité 
retentissait encore naguère dans le 
cerve»u vieilli de Lafayelte; puis il 
fut membre de la première commune 
organisée après la prise de la Bastille. 
C'est là qu'il put connaître et appré- 
cier, dans les trois années qui précé- 
dèrent la république, l'esprit agité et 
insurrectionnel de cette commune, 
si étrange et si déplorable, d'où sur- 
tirent les têtes les plus farouches de 
l'insurrection populaire, depuis Dan- 
ton jusqu'à Billaud - Varenne. triste ■ 
et pauvre persounage que ce maire 
Baitly, enivté par l'idiotisme phi- 
losophiq'ue; honnête hçmme, tout 
Je. monde le dit (mais . dangereux 
comme le sont tous les boaiiétes gens 
empreints de fausses doctrines), D'un 



ROT 

méchant et d'un fripon, on s'en défie ; 
mais un honnête homme faible qui 
se trumpe, ou se laisse dominer et 
entraîner, c'est le plus fatal présent 
que Dieu puisse faire à la politique. 
Dans cette commune de Paris, Roycr- 
CoUardput conqatire aussi Pélhiou; 
sa fhysj'unomie lui était restée dans 
la tête ; ce maire' de Paris lui semblait 
le personnage le plus impuissant, le 
I>lus triste de la révolulion; il lui 
servait de point de eonipareison, de 
type pour reconnaître, pour carac- 
tériser certains hommes qu'il rencou- " 
tra plus lard. Il demeura secréLiire 
de la commune jusqu'au 10 août ('•>!(; •« 
et ce fut alors seulement qu'il se mS^ 
para de la révulul' 
que tout le parli de 178B, Il fli|J| 
dépassé, débordé j le sentiment i| 
bien qui dominait e 
mettait pas di^ s'a>^socier à cette^ 
gique et cruelle t'poque qni"a 
glanla la France, sous le t 
Terreur. Après le 9 thenni* 
fit une réaction qui dépassa d| 
coup les idées révolu tioniiir 
avait un parti royaliste d 
avec ardeur le retour de)i^ 
Bourbon ; ce parti eipv 
comme journaliste, eooaà 
rateur, puisqu'il fautdin 
sarcasmesetl'espritni ' 
pas. A ces coups de i; 
lution répondait ci 
fduds et les fusillades fV 
aussi un autre parti del 
modérés, qui, voyant r 
impuissante, en retçnaiei 
d'une conslilutiun i 
pondération de puu^ 
trait un peu, on duiile i. 
idées du prétendant Louit . 
étaient les Vaublanc, leiPt, 
Siméoa, les Bart>é-Harbois. 
Collird s'associa k ce pan i 
moins pu la presM, h»jouri. 



ROT 



ROY 



tôt 



par 1a tribune, qae les monarchistes 
vôalaient arriver à la réalisation de 
leur pensée. En 1797, Royer^Collard 
fut nommé député du dépari euiènt 
de la Marne au conseil des Cinq-Cents. ' 
A cette époque le mouvement de ré- 
sistance se prononçait assez haut; 
contre l'esprit conventionnel. Pen- 
dant cinq ans on avait fait violence 
à nos mœurs, à nos habitudes ; quoi 
de plus éloigné des Romains que le 
caractère français ! Les Brutus ef les 
Cassius étaient fort rares; les intri- 
gants et les hommes atroces avaient 
trop dominé la société qui* revenait 
d'elle-même^ ses mœurs paisibles, à 
ses plaisirs, à ses habitudes d'ordre. 
Le conseil des Cinq-Cents mettait un 
point d'arrêt aux idées républicaines, 
et en cela il était dans l'esprit du 
pays. Royer-Collard s'y montra cou- 
rageux, défendant à la tribune les 
émigrés, les proscrits- et les prêtres, 
que la Convention avait traités avec 
une si implacable fureur. Il y avait 
dans cette conduite du courage ; plus 
d'une fois il se trouva à la brèche 
dans le conseil des Cinq-Cents; il 
fut un des membres distingués de 
cette école qui comptait Pastoret, 
Yaublanc, Quatremère de Quincy, 
parmi ses hommes les plus distin- 
gués. Le parti révolutionnaire, ré- 
pondit à ces attaques par le 18 fruc- 
tidor; il est évident que çans les 
baïonnettes d'Augereau la révolu^ 
tion était perdue ; son pouvoir dispa- . 
baissait. Les jacobins invoquèrent 
Tarmée d'Italie, armée conrageuse 
mais pillarde, démocratique; ramas- 
sis de ce qu'il y avait des débris de 
l'armée révolutionnaire. Les conseils 
furent brisés; Royer - CoUard fut 
compris parmi les députés exclus 
de l'assemblée, et ce fut alors qui! * 
se lia avec les membres du conseil 
que Louis XVllI avait établi à Paris. 



Le roi aimait ces sortes de relations 
pour sa correspondance et les rap- 
ports dont il avait besoin pour s'é- 
clairer sur les variations de l'esprit 
public. Dans un temps ou l'asservis- 
sement des journaux était complet, 
les renseignements qu'il reçut par 
cette voie lui furent extrêmement 
utiles. Du reste la police était sou- 
vent informée de l'existence de ce 
comité, composé d'hommes timides 
tels que Royer -CoUard , Becquey,' 
l'abbé de Crangeac et l'abbé de 
Montesquieu, et le* gouvernement, 
assez fort pour s'en moquer,* laissait 
fafre les corcespondants. Quelque- 
fois cependant.il se fâchait, et alors, 
il y avait péril. Le moins qui pût 
arriver aux agents royalisteçVëtait la 
captivité. Un épisode assez curieux 
de cette agence se lie à un fait de 
publication et de presse. On sortait 
de la crise du 18 fructidor; l'opinion 
publique était très-prononcée contre 
l'arbitraire du directoire ; Carnotet 
Barthélémy étaient proscrits à des 
titres divers, mais d'une manière 
également impitoyable. Dans ces* 
circonstances Camot avait écrit un 
mémoire contre le triumvirat direc- 
•torial qui l'avait proscrit , et il avait 
fait un portrait très-piquant et très- 
vrai de ses trois collègues Larével* 
lière. Barras et Rewbell. Louis XVlII 
qui, dans sa retraite, lut cet ouvrage 
imprimé à Hambourg, pensa qu'une 
publication à Paris en serait utile 
pour diviser et irriter de plus en plus 
le parti républicain, et il envoya le 
volume à ses agents qui le remirent 
à un imprimeur. La publication s'ef- 
fectua et elle produisit tout l'effet 
que le prétendant en aVAit attendu ; 
mais rimpriirieur fut découvert, et 
il Subit une longue et ruineuse dé- 
tention dont les agents du roi ne le 
dédommagèrent pas. Lorsque Royèr- 



106 



ROT 



coup de morgue et une faiblesse indi- 
cible, qui ne sut ni propager le bien, 
ni empêcher le mal. Ainsi il ne prêta 
aucun secours aux idë<*s royalistes, 
aux hommes qui s'y étaient dévoués 
avec lui ^ des taquineries contre la 
presse libérale-, mais aucune mesure 
forte et" vraiment répressive. Il ré- 
gnait dans ses bureaux cette pédago- 
gie dogmatique qui était un peu le 
faible.de madame de Staël ; et cette 
époque de 1814 se passa sans progrès 
et .sans couleur. Les cent-jours furent 
comme un long réveil, et Royer-Col- 
lard se réfugia sur les bancsi de Tu- 
niversité. Voici maintenant 1815 , 
le second retour des Bourbons : le . 
parti royaliste se réveille ^ arrêté une 
première fois dans son essor, il se 
montre dans une véritable réaction; 
ardent, impétueux, il veut le pou- 
voir parce qu'il est le maître et qu'il 
sent qu'il en aura besoin pour exis- 
ter. Quelle sera l'attitude du parti 
mixte de la charte de 1814? Le roi 
avait nonimé Royer-Collard conseil- 
ler d'État et président du conseil 
royal de l'université. 11 fut élu dé> 
puté àia chambre par le département 
de la Marne. La situation se trouvait 
très-difficile : la chambre était émi- 
nemment royaliste , le ministère tiè- 
de, incertain et très-peu disposé pour 
les doctrines monarchiques. Natu* 
rellement il devait. avoir une ten- 
daujce pour les royalistes mixtes qui, 
à la («çon de Royer- Col lard, mêlaient 
au dogme de la légitimité des con-^ 
cessions immenses aux idées phi» 
losophiques et constitutionnelles. 
Royer-Col lard s'associa donc pleine- 
ment au ministère de M. Decazes, et 
par conséquent à ta pensée qui pré- 
sida à l'ordonnance du 5 septembre, 
œuyre de ce parti politique qui em- 
pêcha, il faut bien le reconnaître, le 
développement de la pensée et de 



ROT 

l'action royalistes, non point en vertu 
de l'idée de liberté, mais par suite 
des intérêts acquis et des positions 
faites. La censure fut donc demandée 
et provoquée par Royer-Collard, et 
il ne faut pas lui en faire un repro- 
che; plût à Dieu qu'il eût persisté 
dans ces fortes idées de gouverne- 
ment qui placent la société sous 
l'empire de l'idée monarchique ; ii 
n'y a pas une société possible sans 
une autorité tutélaire, et l'action li- 
bre de la presse n'est pas encore une 
question jugée pour la France. C'est 
après l'ordonnance du 5 septembre 
que se forme sous Royer-Collard cette 
opinion qu'on a depuis appelée doc* 
tfinaire^ et dont il faut définir les ten- 
dances et le caractère. Nous appelions 
doctrinaire une réunion d'hommes 
éclairés qui, posant certains princi- 
pes comme constitutifs de toute so- 
ciété, voulaient y ployer les lois et 
les faits. Ce n'est pas dire que tous 
eussent les mêmes habitudes-, le 
même langage, la même aptitude; 
mais tous avaient une doeirif^^ un 
programme, une idée absolue; et com- 
me un certain nombre d'hommes qui 
se tienneht bien constituent nécessai- 
rement une force, il n'est pas éton- 
nant que les doctrinaires aient exer- 
cé une înfiuenoe compacte sur le mi- 
nistère de cette époque. Ils avaient 
des projets arrêtés, une ligne dont 
ils ne déviaient pas, et M. Decazes, 
obligé de louvoyer entre tous les 
partis, devait avoir nécessairement 
une propension ponr les hommes qui 
lui offraient une sorte de tenue dans 
le langage et les opinions. De 1817 à 
1819, Royer- Collard domine donc 
évidemment les idées du ministre; 
il est un allié souvent incommode, 
quelquefois, plus qu'on ne le croit, 
flexible pour les idées les plus gou- 
vernementales, ici plus répressives ; 



ROT ROT lOT 

il fait bon marché des libertés de la ses avec un mot quel(iuefois juste, 
presse comme de la liberté iudivi- toujours btlilanl et dogmatique. On 
duclle, avec ce mot de la nécessité, ne sait pas tout ce qu'il y a de puis- 
pourvu qu'on lui concède certaines sance dans un homme qui parle ainsi, 
théories a priori qu'il a puisées dans peu et doctement. C'est le Sieyès de 
ses études de parlement anglais et l'époque. Ses propos courent dans 
de philosophie. C'est aussi à ce mo- les salons comme des maximes d'É- 
ment que les royalistes le tournent 4at; quand il nû les fait pas, on les lui 
en raillerie; ils le^ représentent attribue. Nous sommes cou vaincu que 
comme le souverain pontife d'une plus tard, revenu à des sentiments 
nouvelle église, à qui toute une secte plus justes, plus exacts, il dut re- 
rend hommage; le canapé doctri- grottêr ses jugements improvises sur 
naire devient l'objet d'une vive mo- les hommes et les choses d'alors ; non 
querie,.et l'on se raille surtout de la .pas que nous tenions le moins du 
grande charte qu'il a rédigée, comme monde à j ustiHer le syst ème de MM. de 
un code supplémentaire à l'œuvre Villèle, Peyronnet ou Corbière, es- 
de Louis XVllI, et qu'il aurait fallu prits peu étendus, qui, sous prétexte 
discuter pendant dix sessions. Aussi de défendre la monarchie , perdirent 
dès que le ministère veut se rappro- la Restauration en la jetant dans des 
cher un peu des royalistes, il est mesures sans portée et sans but; mais 
obligé de se séparer de Boyer-Côl- nous pensons que Roycr-Collard Ciit 
lard, qui donne sa démission de pré- fasciné nar son orgueil, qui recher- 
sident du conseil de l'instruction pu- chait l'Éïlat, les applaudissements, 
bliquc, à la suite du projet de loi le bruit. Chaque aphorisme qu'il 
des élections. Le vent royaliste soùf- mettait en avant était une bonne for- 
jQaitalors, et Royer-Collard, comme tiine pour la révolution. Ainsi, son 
tout le parti de madame de Staël, fameux mot : « Il n'y a pas de droit 
passa dans un système d'oppositioy contre le droit •,• sa doctrine de la 
absolue, déjà môme sous le duc de résisJance légale contre l'illégalité*; 
Richelieu. Ici nouvelle atlitude pour ses appels incessants à la raison côn- 
Royer - Collard et ses amis; lui si tre la foi du pouvoir; cet ensemble 
long-temps associé au pouvoir, il.de- de théories qu'il exposait à la tribune 
vient l'homme de l'opposition. A à l'occasion des lois du sacrilège, du 
partir du ministère de M. de Villèle 'droit d'aînesse, de la presse; toutes 
surtout, cette résistance se montre ces théories, disons-nous, avancèrent 
systématique dans l'esprit de Royer- les temps de la révolution de juillet. 
Collard, qui bientôt reconquiert tous Aussi quels applaudissements n'en- 
les prestiges de la popularité, déesse tourent pas à cette époque RDyer- 
frivole que tout homme peut ratta- Collard! H n'est pas assez d'apo- 
cher. à son char, quand il le veut, théoses pour lui, le vieux royaliste, 
par quelques concessions et quelques l'agent de Louis XVIll : et pourquoi 
fautes. Sur chaque question impor- cela? C'est que les paftis ontM'in» 
tante, Royer-Collard paraissait h la stinct prorond des hommes qui leur 
tribune; sa phrase, toujours senti- servent d'instrumenis. Les révolu- 
mentale, s'y résume en aphorismes; tionuaires avaient en Royer-Col* 
ba parole, jiKcrnafivcment creuse ou lard un.honn6(e homme, royaliste 
profonde, juge les hommes et Icscho- dévoué à U maison de Bourbon, et 



106 



ROY 



ils disaient ainsi tuot naturel lement: 
• Vous le voyez, les amis les plus 
chauds de la nioDarcliie fout de Top- 
positJOD, tant le système est mau- 
vais. • Ainsi les paroles de Boyer- 
Collard serraient de prétexte à la 
résistance la plus persévérante, et 
en ce sens ce fut an de ces hommes 
qni firent le plus de mal, tout en 
voulant le hien, à la maison de Bour- 
bon. Â ce temps, sa popularité de- 
vint si grande qu'il fut récompensé 
par sept élections. Mon Dieu ! nous ne 
vônlons pas nous poser comme les 
adversaires systématiques de l'idée 
représentative; mais nous remarque- 
rons que les hommes les plus dange- 
reux à la durée d'un État furent tou- 
jours, k quelques exceptions près, 
ceux que lé système électoral honora 
de plus de suffrages. Du reste nous ai- 
mons mieux croi re que c>.st le vicf des 
passions humaines que le difaut du 
système.' L'apogée du pbnvoir moral 
de Rover-Collard sur les assemblées 

m 

politiques, c^est ta fin du ministère 
Villèleet le commencement de Tad-' 
ministration Martignac. Alors il rè- 
gne véritablement, ses paroles reten- 
tissent an loin et partout, dans le châ- 
teau des Tuileries et dans les salons 
du libéralisme. Ainsi que la statue 
de Memnon, il donne des sons écla- 
tants, harmonieux, mais tout à fait 
vides; et, comme une grande popula- 
rité l'entonre, on répète ses paroles 
comme l'expression imagée de la si- 
tuation parlementaire. La nouvelle 
chambre devant laquelle le ministère 
Martignac allait agir Ir choisit comme 
candidat à la présidence, avec MM. De- 
lalot et Hydede Neuville. Certes, ces 
deux derniers étaient au moins aussi 
royalistes que lui et plus intimes avec 
Charles* X ; néanmoins ce prihire pré- 
féra Royer-Collard, et voici pourquoi : 
dTïdiord Charles X ne pouvait par- 



ROY 

donner à MM. Hyde de Neoville 
et Delalot ce qu'il appelait leur dé- 
fection; il ne comprenait pas que 
ses plus anciens amis pussent servir 
de marchepied à la révolution, et il 
est sâr qu'alors MM. Hyde de.flen- 
ville et Delalot, qui souvent votaient 
avec l'extrême gauche, et pour Pa- 
dresse des 221, devaient lui paraître 
de véritables déserteurs de son parti. 
« Pour les libéraux, disait-il, je leur 
pardonne de se faire mes ennemis : 
c'est leur opinion, leur rôle; mais 
mes plus anciens amis, ils ne peuvent 
m'abandouner sans forfaire. • A ces 
considérations il faut ajouter que 
Boyer- Col lard , avec ses sept élec- 
tions, paraissait l'expression la pins 
vraie des sentiments du pays , et 
Charles X résistait difficilement à ces 
sortes de manifestations. Royer-Col- 
lard fut donc président de la cham- 
bre des députés, et il se trouva en 
rapports journaliers soit avec le roi, 
soit avec les diverses nuances de la 
chambre, situation double qui modi- 
fia un peu ses opinions et son carac- 
tère. A travers les apparentes austé- 
rités de ses formes et de sa vie, Bover- 
Col lard était fort courtisui, très-fui- 
ble, fort enclin à toutes les vanités^ 
et cette puissance de popularité qu'il 
avait obtenue, il la mit quelquefois 
an service de sa position person- 
nelle. D'ailleura, il y avait dans Char- 
les X je ne sais quel charme, quelle 
puissance d'attraction ti d*aniabilité 
qni lui gagnaient tous les cœurs. 
Boyer-Collard venait souvent au châ- 
teau saluer la majesté. royale; tou- 
jours consulté par le roi, il lui par- 
lait avec une respectueuse sincérité. 
Le prince, qui n'aimait pas ses for- 
mes, estimait son caractère; il le 
trouvait probe, suffisamment austère 
pour être appelé dans le cercle de 
ftroille. Il y eut même, de la part de 



ROt ROT 109 

CharlesX,desabaiidons,de8Confiden- quecertes,en 1830. H aarait désavoué, 
ces, des épanchements qu'on aurait tant l'orgueil et la peur le dominaient 
pu trouver imprudents sMIs eussent alors.' Oui , ce fut lui qui conseilla à 
été déposés dans le spin d'un .person- Charles X de constituer un ministère 
nage moins grave. On rapporte qu'un de force pour en finir avec ce grand 
soir, Charles X, après dîner, dans un tumulte de la chambre des députés ; 
accès de plaisanterie abandonnée, lui il était trop habile, il avait trop d'ex- 
demanda ce que pouvait dépenser un périence des hommes pour indiquer 
député à Paris. Étonné d'une pureille la présidence de M. de Polignac ; il le 
question, Rbyer-Collard compta sur connaissait profondément incapable 
ses doigts et repondit: «Je crois, sire, de tenir tête à la situation, léger et 
que huit ou dix mille francs peuvent t présomptueux*, mais ce que voulait 
suffire. — Ah ! j'enai qui me coûtent Royer-Collard, c'était une administra- 
bien plus, reprit leprincctoujourssur tion de résistance qui pût calmer les 
le même ton de gaîté.» Tout autre eût esprits eu posant certaines limites 
ri ou du moins fait semblant de rire; aux concessions. Ceci fut conseillé à 
mais Roy er Col lard était trop sérieux, Charles X, à qui même Royer-Collard 
trop grave ; il parut comme accablé fournit une statistique exacte et dé- 
sous cette parole imprudente. Ce- taillée des diverses nuaiices de la 
pendant il devait' connaître assez le chambre; mais lorsqu'il vit les cris 
train des affaires de ce temps-là et des partis, lorsqu'il entendit ce fracas 
les nécessités de la machine consti- de la presse, il eut peur, comme tant 
tutionnelle. . Boyer-CoUard passa d'autres , de perdre sa renommée de 
ainsi tout le temps du ministère journalisme, de compromettre sa po- 
Martignac; mais déjà commence cette sition de personnage politique. Il lit 
impression de crainte et de résis- semblant d'être affligé et colère de l'a- 
tance qu'il apporta plus tard sous vénemeut du nouveau cabinet, et on 
la révolution' de juillet. C'était avec lui prêta encore ce mot sur le minis- 
douleur qu'il voyait gronder les tère Fol ignaC :« C'est un effet sans 
partis j président de la chambre, cause. » Cette phrase n'était ni pro- 
obligé de garder un milieu entre les fonde, ni compromettante ; c'était de 
opinions, il n'était pas sans s'aper- 1^ philosophie transcendante et rien 
cevoir que la gauche allait plus de plus. En politique , que peut être 
loin dans ses attaques que le mi- un effet sans cause? Royer-Collard 
uistère et les formes .politiques, la connaissait bien; elle se révélait 
Il aurait voulu contenir,. réprimer, au fond de sa conscience; il savait 
mais pour cela il fallait qu'il aban- que Charles X était fatigiié de con- 
donnât son rûle populaire, et il n'en cessions à une chambre turbulente, 
avait ni le courage, ni la volonté. Hé- Lui-même n'avait-ilpas proclamé, en 
las ! nous sacrifions tous à cette idole 1820, que « l'empire absolu d'une 
d'or, et l'encens le plus pur de notre majorité, c'était la république dégul- 
vie, nous le jetons sur ce trépied!... sée. L'effet, il le savait bien aussi; 
Ruyer-Collard laissa donc l'orage s'a- et ftoyer-Cdllàrd ne pouvait se dissi- 
monccier , la tribune prendre cet em- muLer qu'il serait terrible, et que le 
pire souverain qui éclata par l'adresse premier devoir d'un fidèle suj«t, c'é- 
des22i. Ici nous de vous révéler un fait tait d'en atténuer'la portée et de ne 
qui fait honneur à Royer-Collard, et point en grandir les m^îheureuseif 



110 



ROY 



conséquences. Mais à cette époque 
tout le monde avait le feu à la tête 
. et au ccçur ; personne ne savait plus 
précisément ce qu'il faisait; il y avait 
de la folie dans le pouvoir qui se van- 
tail des coups d'État comme un vieil- 
lard de ses velléités de jeune homme; 
il y avait de la folie dans ces royalistes 
qui s'asseyaient aux banquets révolu- 
li'onuairés, le tout dans le meilleur 
intérêt de la couronne; enfin M. De- 
lalot votait l'adresse des 221. Cette 
adresse, Royer-Collard fut chargé de 
la lire à Charles X. Les termes ou au 
moins les formules en étaient respec- 
tueuses, mais quoi de plus respec- 
tueux que l'adresse de Mirabeau à 
Louis XVI ? Royer-Collard, qui avait 
vu les époques révolutionnaires, lui 
monarchique par essence, dut être hé- 
las ! fatalement préoccupé lorsqu'il 
lut en séance publique, de sa voix 
grave, les dernières phrases de cette 
adresse. On sait que Charles X la re- 
poussa avec dignité, ne voulut point 
en entendre la lecture, et que dès lors 
le champ fut ouvert à la polémique 
la plus vive. Royer-Collard ne fit au- 
cun désaveu, aucune démarche; il 
attendit les événements qui s'amon- 
celaient. Depuiis il a déclaré qu'il s'é- 
tait trompé, et qu'en votant cette 
adresse il avait cru que le roi céde- 
rait. Un esprit aussi sérieux que le 
sien pouvait-il penser qu'avec le ca- 
ractère de Charles X il y avait pos- 
sibilité de le faire revenir quand on 
l'avait placé entre son droit et l'in- 
sulte; et quand il aurait cédé, la 
question était-elle résolue? Le mou - 
veulent révolutionnaire était trop 
ardent, les passions trop irritées ; la 
chambreavait soif de jouir de ses pré- 
rogatives ; les poltrons étaient dever 
DUS braves, les pervers étaient pleins 
de joie, et dans tous les cas on appelait 
' une, lutte ^n champ clos ; elle aurait 



ROt 

eu lieu, nul ii*en doutait. C'est en cet 
état que la révolution de juillet trou- 
va Royer-Collard. il n'aurait jamais 
cru cet événement possible; ardent 
ami de la. légitimité et la voyant 
d'ailleurs, en théorie, la pierre angu- 
laire de tout l'édifice, il ne pensait 
pas qu'en France il pouvait y avoir 
un parti assez fort pour renverser le 
trône de la branche aînée des Bour- 
bons. Et c'était ici la partie crédule 
et niaise de son caractère. Quoi ! de- 
puis seize ans il était mêlé aux af- 
faires; il avait été l'ami des hommes 
d'État les plus sérieux; il avait vu les 
universités, les conseils du roi, et il 
ne savait pas qu'il y avait en France 
toute une génération haineuse, mal- 
faisante, qui adorait la .révolution 
comme la seule gloire de la patrie; 
il ne savait pas que cette génération 
était partout, depuis le collège jus- 
qu'à l'armée ; que le parti impéria- 
liste vaincu en 1814, et le parti jaco- 
bin comprimé après les cent-jour9, se 
réuniraient dans une bataille; qu'u- 
nis aux débris des sociétés secrètes, 
ils s'empareraient de la société par 
un coup de main, et qu'ensuite ils 
en finiraient avec la dynastie. Ne pas 
connaître un tel état social, c'était 
se tenir en arrière des faits et de 
l'expérience. C'est donc de la révo- 
lution de 1830 que date la retraite 
absolue dfi Roycf-Collard dans ce 
qu'on peut appeler le mouvement des 
affaires. Durant la crise de 1830 à 
1832, il se tint silencieux sur son 
banc, se bornant à jeter quelques 
mots , quelques sentences , et sans 
doute profondément affligé de ce qu'il 
voyait autour de lui. S'il n'avait pas 
toujours le courage .du bien, il avait 
au moins la haine du mal, et certes 
ce spectacle de, Paris aviné, de ces 
émeutes menaçantes, de ces menaces 
de gïierre, de ces soulèvements au 



ROT 

nom de (aux principes, étaient de 
nature à l'affecter vivement, et c'est 
ce qui lé fît se rattacher avec une 
admiration secrète à la politique de 
Casimir Périer. Cet esprit violent 
était antipathique aux idées spécula- 
tives de Royer-Collard, mais celui-ci 
le voyait comme un grand réprimeur 
d'émeutes, avec le bras toujours levé, 
pour punir les passions immondes qui 
dominaient la société. Et rien d'éton- 
nant que sur sa tombe il n'élevât la 
voix pour louer dans le ministre sa 
politique répressive, et surtout le res- 
pect intime qu*il avait gardé pour la 
dynastie déchue ; ce ne fut pas sans 
surprise qu'on l'entendit louer de Ce 
qu'il n'avait pas voulu la révolution 
celui qui en avait été Je premier mi- 
nistre. C^était là du courage alors que 
la tempête n'était pas complètement 
apaisée. Dès lors Royer-Collard prend 
une position particulière; il com- 
mence à étfe en butte aux traits rail- 
leurs de l'esprit révolutionnaire. Pour 
lui c'est une nouvelle lutte dont il se 
tire merveilleusement , toujours par 
quelques phrasesVives et brillantes. 
Quelques insensés qui crurent alors 
qu'ils allaient faire rétrograder la 
France au temps de 1793, où, avec 
une accusation de royalisme, ou ^- 
voyait à l'échafaud les meilleurs, les 
plus honorables citoyens ), s'étaut 
servis de ce moyen contre Royer- 
Collard, il leur répondit par une 
lettre très-digne et que l'histoire 
doit conserver : • En réponse à' d'o- 
dieux mensonges publiés depuis quel- 
que tempSi je vous prie de vouloir 
bien insérer dans votre journal la 
déclaration suivante : Je ne me suis 
point prévalu durant les quinze der- 
nières années des relations que j'a^ 
vais eues en d'autres temps avec le 
roi Louis XVIIl, je suis loin dé m'en 
défendre aujourd'hui. Voici la vérité 



RO 



111 



peu connue sur ces relations. Elles 
ont commencé six mois après le 18 
fructidor;, plusieurs fois interrom- 
pues, elles ont défînitivement. cessé 
yers le milieu de l'année 1803. Elles 
ont consisté en ce que j'ai fait, par le 
choix de Louis XYlll, partie d'un 
conseil politique composé de quatre 
personnes, dont trois vivent encore.- 
Tout ce que j'ai à dire de ce conseil 
dissous avant l'empire, c'est qu'il a 
communiqué directement avec le 
chef du gouvernement, alors général 
Bonaparte, qu'il lui a remis des let- 
tres de Louis XVIII, et qu'il a reçu de 
lui ses réponses autographes. Je puis 
ajouter, pour ce qui me regarde, que 
je ne suis point M. Rémi, et que je ne 
connais point le banquier dont on 
parle. Est-il besoin que j'affirmQ 
qu'en aucun temps je n'ai eu, soit 
avec jui> soit avec qui que ce soit, le 
genre de relation qui m'est attri- 
bué? » Royer-Collard s'était trouvé, 
dans sa vie politique, à la face des 
deux hmnmes qui, selon lui, ex- 
primaient les mauvaises passions de 
juillet ,*MM. Odilon Barrot etThiers, 
et à leur égard nous croyons qu'il 
porta de profonds jugements dans 
les termes les plus pittoresques. 
M. Odilon Barrot développant un jour 
devant lui ses doctrines politiques, et 
se justifiant eh quelque sorte de cer- 
taines actions de sa vie, se résuma par 
ces paroles : «Enfin, vous ne me con- 
naissez pas, M. Royer-Collard. » Ce- 
lui-ci répondit aussitôt : • Je ne vous 
connais pas, dites- vous, monsieur! Il 
y a quarante ans que je vous connais ; 
seulement dans ce temps vous vous 
appeliez Péthion.* Ce jugement résu- 
mait en peu de mots la vie et les doc- 
trines de M. Odilon Barrot, qui lors 
de sa préfecture de la Seine avait re- 
gardé gronder l'émeute avec un lais- 
sernUier fort ressemblant à celui de 



Kel 



-'l 



Chrétien fidile, Royer-ColUrd de* uoeinecdote^LonqueH.VictofH 

manda les sacremeiiti de l'Éçtisc, et' vînt tollicilfr sa voix poitr l'Aca 

luourut plein de calme et de rësigmiT raie française : ■ Monsieur, je ne c 

tion, danâ toute la plénitude de sa nais pas vos titres, > dit Koyer-( 

raison le 2 septembre 1845. Main- ]ard;et lorsque M. Hugo lui déti 

tenant nous croyons nécessaire dQ unïnhlalon^etisledesesoUTragc-- 

rdcapituler succinctement cette vie Royer-Collard lui répondit: -Qi 

et d'en distinguer les trois cOtés : vou|ez-TOus,monsieur?jenelispla 

l'homme politique, le philosophe , je relis. •Certes, l'orgueil se hei 

l'esprit littéraire. Le commencement taitici contre l'orgueil : la renom! 

de la vie politique de Koyer- Col lard que les amis de H. Hngo Ini avainit 

se mêle essentiellement à l'esprit du faite était au-dessus du mérite. Àp 

teral)S; il adopte les principes nova- quelques lectures des poites al 

teuTS comme une grande partie de uands et anglais, on pouvait trou' 

la bourgeoisie et de la population peu d'invention dans M. Hugo, i 

scienliEîque de Paris ; il reste au sein fausse couleur, de la boursouflure 

de la commune jusqu'au 10 aoQl, on l'avaittropappeléfMepourqi 

avecBailly, puis avec Pélhion, et se n'y eilt pas de sérieux mécréant 

sépare définitivement de la révolu- ce culte, et. certes Royer-ColIard 

tion quand elle se montre sauvage avait bien le droit. Hais il était 

et désordonnée. Le voilà maintenant convenant qu'un homme littérain: a 

agent politique et constitutionnel it académicien jetftt le' dédain Jusqn'k . 

Louis XVIII, en opposition i l'agence proclamer qu'il ne connaissait pas les 

royaliste et un peu intrigante du litres de M. Hugo. Bons ou mau- 

couite d'Artois. Sous l'empire, il vais, ces titres existaient; ils avaient 

s'efTace et fait de la philosophie; une publicité assez grande pour ce- 

on le retrouve à la Restauration tentirauloin,etily avait affectation 

la tête un peu farcie des opinions endtsantqu'iis étaient inconnus, Ces 

de S9, et néanmoins les façonnant jugements peignent l'homme qui, an 

dans les idées de pouvoir, jusqu'à reste, était moins Sbadémique que 

ce que ce pouvoir lui échappe pour poète remarquablequi lui demandi 

passer aux n\ains des amis du comte son suffrage. Nous, qui ramenons 1 

d'Artois, devenu Charles X. Les chosesiiteur Justeraleuret lesdieuz 

choses, comme on le voit, chan- aux conditions de simples mortels, 

gent peu en ce monde. Troublé par nous croyons que celui qui deinan- 

ja révolution dejtiillet, il la combat, dait n'étaitpaspliis grand génie que 

puis la seconde par amour de popu- celui qui refusait son suffrage. C'é- 

larité. Telle est sa vie politique. Le taient deux hommes de talent, qui 

philosophe interprète de Beid et de devaient se reconnaître et se mettre, 

l'école écossaise ne sort pas des Itmi-' à leur place. Quoique Roy er-C!ol lard 

tes de cette philosophie toute de tran- ait beaucoup écrit et beaucoup cor»- 

sition. Le littérateur écrit peu, mais posé, on n'a gu^ imprimé de 

généralement il écrit bien, d'un style qne ses discours comme professeu 

original, pittoresque, qui pourtant coirime acadi;[iiii:ipn et cnmuic lcgi< 

n'autorise pas ce. dédain superbe iateur, savoir : I. Dùcoi^pronûn 

dont il titsouveijt profession sur U à l'ouoerlure du tourWu'hiik 

littérature moderne. On cite de li^i de la philoiophie , le t déceoi 
IXXX. * % 



114 



ROY 



1811, in-4«. II. Cmrê d^histoirê éê 
imphilotopkie modenu, i^ Uçon éê 
Im 3' OMUe^ Paris 1813, in-S*". Il n'a 
été imprimé que cette seule leçon, 
reproduite par Jouffroy dans soii édi- 
tion des ŒuTres de Reid. Illv DU- 
€mrê pnmoncé' dam ia êéance de 
f Académie firançaist, du 13 no- 
vembre 1827, in-4o. IV. Opinion sur 
ràMNNOvtMitré det iy^es,18l5,in-8^ 
mÊtln lui d\amniitie des juges, id. ; 
sur la Un des élections, 1816, in-8<> ; 
sur kl liberté individuelle, 1817; 
sur le projet de loi relatif aux jour- 
iMWâP, 1817 \ sur le projet de loi des 
ftuuieiSy février 1817; sur le projet 
de loi relatif au recrutement, ianvier 
1818) sur le projet de loi relatif d 
la publication des journaux et écrits 
périodiques, mars 1820; sur la loi 
des guettons,, mai 1820 ; sur la pro- 
position d^airticles eMitionnels au 
règlement^ avril 1821 ; sur le projet 
de loiUndant d modifier Vart. 351 
du Code d^instruction criminelle^ 
1821, iu-8« ; sur la loi relative à la 
répression des délits de la presse j 
20 janvier 1822, in-8*'; sur lu spé- 
cialité, imprimé par ordre de la 
chambre, avril 1822 ; sur la pro- 
position de traduire à la barré 
de la chambre le procureur-général 
pris la cour royale de Poitiers , 
séance du 5 août 1822 ( voy. Man- 
ciN, LXXIl, 474 ); sur l'emprunt de 
ctsU millions^ séance du 24 février 
1823 ; sur la septennalité , séance 
do 3 juin 1824 ; sur leprojet de loi 
relatif au sacrilège, 1825, in-8o; sûr 
!• nécessité d'afipliquer le jury d la 
r^^ression des délits de la presse, 
1828, in-8<' ; sur l'hérédité de lapai- 
fit, 1831, in-8<»; sur le projet de la 
1ioideseptembre,surlapreue^ 1835, 
itt*8**. Ro||r-Collard'a encore.pro- 
BOBcé b4lboup de discours aux 
rhaalbrcs, qui n'ont pas été impri- 



. ftOY 

mes, ainsi qu'à Tcaverture de diffé- 
rents collèges élèetoraui. 

ROTER -GOLLARD (Antoinb- 
Athanase),- frère du précédent, était 
professeur k la faculté de médecine 
deParis,médecinenchef de lamaison 
royale de Cbarenton , médecin ordi- 
naire des rois LouisWllI etCharlesX. 
Il naquit à Sompuis (Marne), le 7 
février 1768, d'une ancienne et hono- 
rable famille de cultivateurs, ne pos- 
' sédant qu'une assez modeste aisance, 
mais à laquelle des mœurs pures, 
austères et patriarcales tenaient lieu 
de fortune depuis plusieurs siècles. 
Les leçons et Tes exemples de ses 
parents lui avaient inspiré de bonne 
heure le goût du travail et l'amour 
de la vertu. Doué d^un esprit vif et 
pénétrant, d'une intelligence active 
et précoce, véritable apanage de fa- 
mille, ses premières études lui valu- 
rent de nombreux succès. Après les 
avoir commencées à Vitry-le-Fran- 
çais, il all^ les achèvera l'Oratoire 
de Lyon, congrégation savante, digne 
émule de l'Université qu'elle ne 
cherchait point à dominer, mais avec 
laquelle elle tenait à honneur de 
marcher de pair dans la carrière de. 
l'enseignement. Ce fut là surtout que 
le jeune élève montra déjà -cette su- 
périorité de talem qui semble n'ap- 
partenir qu'à la maturité de P&ge, 
supériorité telle que, àe simple dis- 
ciple qu'il était, à peine âgé de 18 ans 
et sans avoir pris aucun degré daus 
les ordres, il fut chargé de la chaire 
d'humanités qu'il occupa jusqu'en 
1792. Mais, comme si ses malheurs 
eussent dû être aussi prématurés que 
ses talents, il ne tarda pas à être 
poursuivi dans cet asile de science et 
de piété, comme tout ce .qui était 
alors animé du patriotisme le plus 
pur et le plus vrai. Déjà, en eiOfeti 



ROY 

l'horizon de la France se chargeait 
d'un nuage qui reflétait des couleurs 
de sang ; eifr^yé de la marche rapide 
des éFënements qui eourent au des- 
potisme k travers la liberté, il veut 
tenter uii efiPort» opposer une digue 
à ce torrent ^ il fait un appel à l'opi- 
nion publique, surmillante active, 
infatigable des gouvernements, sans 
l'appui de laquelle rien n'est stable, 
sans l'appui de laquelle tout est ruine 
et désordre. .Ce fut alors qu'il fit 
paraître un journal politique intitulé 
le Surveillant, journal qui, comme 
tous ceux qui sont franchement l'ex- 
pre^on de l'opinion' publique, fut 
accueilli avec une rare avidité. Rédigé 
par un honnête homme, ce journal 
rallia beaucoup d'bonnétes gens ; 
mais les massacres du 10 août et ceux 
de septembre vinrent- dévaster la 
patrie, lé journal disparut et l'auteur 
fut obligé dé fuir. 11 n'yavait plus alors 
d'asile qu'aux armées; Royer-Collard 
s'y réfugia. 11 fut employé dans l'ad- 
ministration des vivres, à Tarmée des 
Alpes, et Ton pense J)ren que de pa- 
reilles fonctions, tout à fait incom- 
patibles avec ses goûts et ses habi-- 
tudes, tout à fait étrangères, au genre 
de travaux auxquels il s'était livré 
jusque - là,' ne pouvaient être qiie 
transitoires ; il n'attendit, en effet, 
que le moment où le calme fut rétabli 
pour rentrer dans la vie civile. Royer- 
Collard était alors ftgé de 21 ans, marié 
depuis plusieurs années et déjà père 
de deux enfants. Dans cette position 
de chef de famille, sans état et sans 
fortune, il sentit la nécessité de s'ou- 
vrir une carrière, et comme ses heu- 
reuses dispositions lui permettaient 
de la choisir, il eut le bonheur de 
trouver dans la médecine celle qui 
pouvait concilier les facultés de son 
esprit avec les besoins dé sa position. 
Ce fut à Chambéry -qu'il commença 



ROT 



116 



. ses premières études médicales, étant 
encore employé dans l'Administration 
des vivres, obligé par conséquent da 
partager son temps entre des fonc- 
tions administratives, des devoirs 
domestiques et des études scientifir 
ques. Ce ne fut. qu'en 1793 qu'il 
qlritta l'armée poùi*se livrer exclusi- 
vement à l'étude de la médecine. Bien 
qu'il entrftt fort tard et sans guide 
dans cette nouvelle carrière, il la 
parcourut rapidement et n'en attei- 
gnit le terme que pour marcher plus 
rapidement encore, soit dans la car- 
rière littéraire et académique, soit 
dans l'exercice, l'enseignement et 
l'administration de la médecine. La 
thèse qu'il sputint en 1803 sdr l'oipié* 
nùrrhée, pour obtenir le grade de 
docteur, à une époque où ce genre 
d'épreuve n'était pas seulement une 
simple formalité de réception, Ini 
avait déjà assigné Un rang distingué 
parmi les jeûnes médecins de son 
temps. On y trouve en effet cet es- 
prit de méthode et de' discernement, 
ces détails d'qbservation et d'appli- 
cation joints à cette force de style et 
à cette puissance de logique qui 
étaient aussi l'un des plus beaux attri- 
buts de son intelligence^ Ce fut peu . 
de temps après que Royer-Colkrd, 
également animé du désir d'assurer 
la gloire de la médecine. et de con- 
courir à ses progrès, jeta Lés premiers 
fondements d'une société particu- 
lière de médecine, qui prit successi- 
vement les titres dé Société acadé- 
mique, d'Institut et d'ÀthétUê d$ 
médecine. C'est après avoir triomphé 
de toutes les difficnltés de cette fon- 
dation qu'il publia, sous le titre de 
Bibliothèque médicale, un jouirnal 
destiné tout k la fois à signaler la 
marche de la science' et à livrer au 
monde médical les travaux et la gloire 
de l'Athénée de médecine. Ainàfan:-^ 



116 



ROT 



déf s eomme p6ur se prêter on mo- 
tael appUîv il soatjnt avee le même 
lèle et la même ardeur ces deux îo- 
sUtutions comme deuy édiûces in* 
sëparables dont la mort seule devait 
le sëiMirer- lui-même. Les premiers 
Toinmes de la BibUothi^ méiicaU 
contiennent surtout un grand nom- 
bre d^articles où Ton retrouve cet 
heureux mélange de philosophie, d^é- 
nidition et de critique, qui était en- 
core le cachet particulier de son 
talent î pendant tout le temps qu*.il 
put Tenrichir de ses travaux, ce re- 
cueil fut considéré comme le pre- 
mier des journaux de médecine ; et 
peut-être n*eût-il jamais trouvé de 
rivaiiz si Royer-Collard eût pu conti- 
nuer d*apporter à sa rédaction le 
même soin et la même activité. Mais 
il dut bientôt se partager entre de 
nouvelles fonctions. La place de 
médecin en chef de la maison im* 
périale de Charenton étant devenue 
vacante en 1806, Royer-Collard y 
Ait appelé; il prouva encore dans 
ce poste important tout ce que peut 
une âme fbrte jointe a lin esprit su- 
périeur. Après mille diHicultés de 
tous genres, il fit disparaître dans 
Padroinistration de cet établisse- 
ment une foule d*érreurs, d*abus et 
de préjugés contre lesquels il a?ait 
eu à lutter pendant plusieurs an- 
nées. Un règlement rédigé en entier 
par lui, et discuté ensuite avec la pins 
scrupuleuseatientiondevant une com- 
mission du gouvernement» rétablit 
l'ordre dans toutes les parties du ser- 
vice, assura au médecin en chef tous 
les moyensd*action que réclamait Pin- 
térèt des malades confiés à ses soins, 
et la maison de Charenton, grftce 
' à cette utile et puissante interven- 
tion, devint Pun des premiers éta- 
biisaemeutsde rBurope. C^est là aussi 
qiN^Royer-ColUrd se livra tout en- 



ROT 

lier à l'étude des maladies mentales ; 
et il suffit encore de se reporter à 
cette activité d*esprit) k ce désir in- 
satiable de science, à ce besoin de 
travail^ d'observation et de médita- 
tion dans un êge odi Texistence veut 
s'épancher sur tout ce qui l'entoure, 
pour sentir avec quelle ardeur il dut 
se vouer à ses nouvelles fonctions. 
Ajoutons qu*il y trouvait d'autant 
plus d'attraits quelles le mettaient 
sans cesse à même d'entrer dans l'é- 
tude des secrets les plus intimes de 
la vie intellectuelle et morale, de 
cette faculté si brillante, hélas ! si fu- 
gitive ! qui sépare l'homme du l^tc 
de la création; et s'il nous a privés 
du fruit de ses recherches sur cet in- 
téressant çujet, c*est qu'il n'avait que 
trop appris par la plus constante mé- 
ditation à en reconnaître tous les 
écueils, toutes les difficultés, et qu'il 
lui fallait des résultats positifs avant 
de songer à rien publier. En 1808, 
Royer-Collard avait été nommé in- 
specteur-général de l'Université, titre 
qui le fit appeler à plusieurs missions 
importantes et délicates dans lés- 
. quelles il apporta encore cette scru- 
puleuse conscience qui ne -fait point 
acception des personnes, cette urba- 
nité qui s'allie avec tant de grâce à 
la fermeté, alors même qu'elle doit- 
être sévère ; ce discernement éclairé, 
cette judicieuse mesure qui arra- 
chent' l'assentiment de tous; et si 
quelques-unes de ces missions lui 
valurent des ressentiments person- 
nels, c'est que, comme il le disait 
lui-même, il est impossible de les 
.éviter quand on remplit avec jus- 
tice et impartialité des fonctions 
publiques. Comme membre de l'Aca- 
démie et comme professeurs la faculté 
.de méiecine, on pouvait également 
apprécier la sagesse de ses vues, avec 
la graVité de ses conseils .et sa rare 



118 



ROT 



son âme et découlaient pour ainsi 
dire d'une constante méditation de 
Jà nature de I*homme et de sa. fin 
morale. Malheureusement à peine le 
professeur ayait-il eu le temps dé 
filire goûter les fruits de cette nou- 
velle branche d^enseigneipent, que, 
par suite d'une mesure inouïe et 
dont, on ne trouve d'exemple que 
dans les annales de notre révolu- 
tion;ia faculté de Pans fut tout à 
coup renversée, le cours de pajtho- 
logie mentale supprimé, et toutes les 
espérances qu'on en avait conçues 
réduites au néant.Obligé à la même 
époque de se démettre du ;titre d'in- 
specteur-général de l'Université qiii 
fut jugé incompatible avec celui de 
professeur et qu'il avait conservé 
pendant, quatorze ans, Royer-Col- 
lArd eut besoin :de toute sa philoso* 
phie pour supporter les événements 
qui vinrent le frapper. Rendu à la 
chaire de médecine légale par suite 
delà réorganisation de la faculté, il 
l'occupa jusqu'à sa mort qui eut lieu 
le 27 novembre 1«25.- Royer-Collard 
n'était pas seulement un modèle de 
talent et de philosophie, il était aussi 
un modèle de vertus et de probité. 
On a vu que ses fonctions admi- 
nistratives Pavjaient placé plus d'une 
fols entre ses ihtéi^ts et ses de- 
voirs ; mais il préféra toi^ours les 
trésors de sa conscience aux trésors 
de l'opulencee, et il mourut sans for- 
tune, ne laissant pour hjéritage à se^ 
deux fils (Hippolyte et Paul Royer- 
Collard) que le soutenir d*une vie 
. sans tache, qu'un nom digne de la 
postérité, digne des plus belles gloi- 
tes de la France. Lesprincipauxtra- 
jnnz que Royer-Collard a laissés 
inédits sont: I. Un Essai iepsytho*- 
Ipgfis servait d'introduction à un 
ecMirs de pathologie mentale. 11. Un 
CSsuri de médsct'us M^a/e, tttovA* 



ROY 

mencé à trois reprises différentes et 
dont quelques parties ont été trai- 
tées avec un talent reinarquabe. 111. 
Plusieurs Jfémotressur divers points 
de l'aliénation mentale, qui étaient 
sous presse lors de sa mort. 

J— L— Y. 

ROYOU (Jacques-Corentin), fils 
d'un honnête commerçant de Quimper 
où iinaquit lel*' mars 1740, embras- 
sa de bonite heure la profession d'a- 
vocat au présidial de cette ville , et 
s'aequit une certaine réputation par 
ses plaidoiries. Écrites suivant Tu- 
• sage du temps-, elles étaient, comme 
celles de ses confrères, .assez peu 
approfondies sous le rapportdu droit, 
mais supérieures au point de vue lit- 
téraire. La facilité de rédaction que 
lui connaissait son frère, l'abbé (voy. 
RoYou, XXXlX,202),détermina celui- 
ci à l'appeler auprès de lui, en 1701, 
pour coopérer kl' Ami du Roiy jour- 
nal aujourd'hui fort rare et fort re- 
cherché, qu'il avait fondé depuis le 
1"' juin 1790 et au travail duquel il 
ne, pouvait plus suffire. Ce fut vers 
cette époque que Royou épousa la 
fille de Fréron, lequel, de son côté, 
avait épousé la sœur de celui qui de- 
vait un jour être son- gendre. Fré- 
ron, par sa mèse, était allié à la fa- 
mille de Malherbe; de là ce vers 
d'une épître de Royou à son fils 
aîné, épître qui doit se trouver dans 
le Mermre : • 

PetitHfiUdeFréron etneveu dêMaIherbe,etr. 

Pendant tout le temps que dura la 
collaboration des deux frères, nul ne 
la soupçonna. Une conformité p^ir- 
fkite de style et d'opinion, une égale 
habileté èi lancer le sarcasme contre 
les travaux de l'Assemblée nationale 
et les chefs du parti révolutionaire, 
une égble- persistance à combattre les 
doctrines nouvlsiles, ne perinirent ja- 



, ROT ROY Itf 

mais de distinguer auquel des deux fUt en 1817, pour défendre un nom* 
frères apjMtrtenait tel ou tel article mé RougereU ^e Neuilly, accusé d« 
du journal.. Après la mort de son propos séditieux, et qu'il 6.t acquit* 
frère, Royou, resté à Paris, eut le ter.^a presse, qui était l'élément ni^ 
bonheur d'échapper aux proscrip* turel de Royou, lui offrant moins en* 
fions qu^appelaient sur lui ses opi- core que 4e barreau, sous Tempiréi 
nionsmonarchiqoéSfbienque tecou- la possibilité d'exprimer sa pensée 
rage qu'il eut de ne jamais pactiser sans mutilation , il s'occupa d'une 
a?ec les opinions dominantes dégé- série de . travaux historiques qui 
nérftt parfois en témérité. C'est ainsi attestent, sinon .un historien pro- 
mue se trouvant, au mois de septem- fond,. du moins un abréviateur judi- 
bre 1.794, dans un café de la rué cieiix. En élaguant des •ouvrages de 
Saint-Honoré, il fut souffleté par le ses devanciers les détails et les di* 
capitaine des canonniers de la sec- gressions parasites, les pompeuses 
tien des Tuileries, pour uvoir dit que et prolixes harangues^ les interna- 
celui qui se banderait les yeux en , nable^ descriptions de batailles; en 
arrivant au club des jacobibs était remplaçant ces superfluilés par des 
sûr de troùyer un \oleur et un as- détail^ sur les Institutions publiques 
sâssin dans la personne;du premier etlavieprivée,il-asu resserrerdâos 
individu. Conduit au bureau de po- un cadre. de seize volumes tout ce 
lice, il fut envoyé au comité de su- que contiennent de vraiment instrue- 
reté générale où Merlin de Thion- tif les soixante-dix volumes de Roi- 
villéeut la générosité de le fairer elfl-' lin, de Crevier, de Lebeau, de la col- 
cher. 11 rédigea, en 1796, le Yéridi- lection byzantine, etc. Un style pur^ 
fue, et ensuite VInvariable jusqu'au correct et approprié aux sujets se 
18 fructidor, époque où, proscrit fait remarquer dans ces ouvrages; 
comme beaucoup d'autres journàlis- mais, quoiqu'il eût passé sa vie au 
tes,- il fut déporté à Tîle de Ré. .Au- milieu des détracteurs de/Yoltaire»^ 
torisé, par arrêté consulaire du 7 particulièrement du journaliste Geof- 
nivôse an Vlll,* à résider à Paris, froy, il ne laissait pas d'étré lui-même 
sous la condition d'être en surveii- un peu sceptique, ainsi qu'on le voit 
lance, il reprit sa profession d'avo- dans la manière dont il parJ^ des.mi- 
cat. Déjà dans le procès de Brotier racles. .Ces travaujt de Royou, enir 
et de La Villeuruoy, en 1797^ devant brassant rhistoirëaucienne, l'histoire 
le conseil de guerre de la 17* division romaine et le moyen ftge, formeiit les 
militaire, il s'était produit avec é^^lat quatre ouvrages sui vanta : i; Prédê 
en composant trois péroraisons dont de l'histoire ancienne^ d^aprèi Api- 
lés défenseurs eurent la .délicatesse Un, contenant l'hiêUÀre eu Ègyp* 
de le proclamer l'auteur, péroraisons |tefi«> ^es Carthaginoù, des Mèée$ «I 
qui arrachèrent des larmes à Taudi- des PerzeSt des'Greu^ tic, jusqu'à la 
toireet sauvèrent les accusés d'une .frajtatj^ed'iicftttm, Paris, Mareschal, 
mQVt imminente: Toutefois, dans les 1803, 4 vol. in-8t>. Il eu a été pul^i^ 
derniers temps du consulai, comme une troisième édition ^n 1826. U. 
pendant toute la période impériale. Histoire romaine depuis la fonda^ 
il s'abstiut d'exercer, sa profession, tion de Rome jusqu'au règne d^Àu- 
et ne reparut même qu'une fois g'^stey Paris, Le Normant, 1800, 4 
au barreau sôus la RestaurÂtioii. Ce vol, in-8o ; 9^ édit.» ibid., 18;tl, 4 



I ■ 



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ROT 



.• 



' y 



vol. ia-8«. III. Hisioirfi de$ empe- 
reurs romains depuis Constance 
Chlore, père de Constantin, suivie 
iPtme. notice sur la vie des impéra- 
trices romaines, Paris , 1808, 4 Vol. 
in-d*; 2*édit., ibid.; 1896^4 vol. 
in-8o. IV. Histoire du Bas-Ewpire, 
depuis Constantin jusqu'à la prise 
de ConsiaminopUf en 1453, Paris, 
1804, 4 yù\. m-8o; 2« édit. , ibid., 
1814, 4 Vol. in-8^tLa préface ren- 
ferme des idées saines et'solides sur 
le but qiie doit se proposer l'faisto- 
rien. A la Restauration , Royon; tra- 
yaillaavec le second de ses fits à un 
journal qui parut successivement sons 
le9 titres de Défenseur, des éoUmiéS^ 
d*Observateur des colonies, et enfin 
d^Ùbservateur, Une nouvelle car- 
rière dans laquelle il se lança alors, 
celle du théâtre, ne Ini fut pas fa- 
. Torable. 11 y débuta- pïir Phoeion^ 
tragédie en cinq actes, représentée 
SXL Théâtre -Français, lé 16 juillet 
1817, Paris, 1820, in-8«. Composée 
dans le genre admiratif, cette pièce 
n'avait d'autre mérite qu'un style 
pur et correct; mals.rabsence de si- 
tuations dramatiques fut cause qu'elle 
obtint peu de succès. Lé bruitconrut , 
lors de la représentation, que l'auteur 
Payait en portefeuille depuis plus de 
vingt ans. A ne considérer .que la 
nature du çujet et sa conte^ure, op çst 
disposée adopter cette6piDion.Quand 
on volt le fidèle tableau qu'il a retracé 
de Pesprit des anciennes républiques 
et des egitatiobs des gouvernements 
populaires; quand on le voit mettre 
anz prises là stoîque vertu, de Pho- 
don avec la jalouse inimitié de ses 
I^Meripteurs, on est bien près de 
ctoire ^u'il a écrit en face des hé- 
catombes républicaines. Les autres 
* pioductions dramatiques de Royou 
' sont } I. Le Frondeur, comédie en 
m açle £t en vers, répr^entéCf Iç 



ROY 

18 octobre 1819, sur le Théâtre- 
Français, Paris, 1819, in-8o. Élégam- 
ment écrite, mais froide, cette pièce 
tomba à sa première représentation. 

II. Zénobie, tragédie en cinq actes 
et eu vers, représentée; le 27 fév. 
1821. Régulièrement composée, mais 
plus froide encore que la précédente, 
cette pièce, dont le style diffus et mo- 
notone tombe parfois dans l'enflure, 
eut le même sort' que le Frondeur.' 

III. la Mort de César^ tragédie en 
cinq actes et en vers, représentée k 
l'Odéon, le lO.mai 1821, Paris, 1825, 
in-*8^ Elle souleva.au théâtre et 
dans la preisse dès rumeurs et des 
critiques exagérées, dirigées plutôt 
contre le censeur dramatique (Royou 
en exerçait 'les fonctions) et contre 
la Restauration que contre Tautêur 
même. Laissant de côté les critiques 
violentes et les élpges outrés dont 
cette tragédie fut l'objet, on peut 
dire que, comme le$ antres ou- 
vrages dramatiques de Royou, plus 
que les autres même, la Mort de 
César est froide , dépourvue d'ac- 
tion, et que les vices du plan ne peu- 
vent être rachetés par quelques vers 
heureux noyés dans une foule d'au- 
tres qui attestent la- faiblesse sé- 
nile de l'auteur. Cette faiblesse .ne 
s'appliquait . qu'à Tintelligence de 
Royou, qui d'ailleurs avait conser- 
vé toute sa vivacité et sa prompti-. 
tude d'impression. 11 le prouva à la 
représentation de sa dernière tragé- 
die. Vers la fin du quatrième acte , 
ne pouvantplus se contenir, il s'é- 
lança sur la scène, arracha brusque- 
ment le manuscrit des mains du 
sou/fleur^ et se retira ep menaçant le 
parterre. C^t étrange incident réagit 
en sa faveur; la pièce fut redeman- 
dée et même applaudie dans quel- 
ques passages» Dégoûté de la car- 
rière dramatique, Royou revint à 






m ' 
«.1 



ROY , ROT 121 

ses travâuts historiques. Cette fols,' fit ptrtie de l'expédition de Saint« 
ee fat poar * s'oceuper de Phistoire Domingueen 1803.11 s'est fiût connat* 
^e son pays. Mais peut-être, lors* tre, indëpendammeiit de sâ coopéra- 
qu'il récrivit, fut-il trop dominé par tion à VObs&vaUur et an Fure^ 
lé souvenir, de ses disgrâces aux- teu'r, ou Ànti -Minerve ^ dont il ne 
quelles l^esprit.de parti n'était pas parut que quatre numéros, par des 
étranger. 9on Histoire de France pamphlcfts politiques dont voici les 
àejnHêPharanjKmd jusqu'à la vingt' principaux : h De la hireaueratiê 
cinquième année du règne de Lùùii maritime, Paris» 1818 , in-8*. 11. VÈ* 
XF///, Paris, 1819, 6 vol. in-8^ n'est crevitse miniitirielle, ou rOheerta- 
qu'un plaidoyer en &veur du pouvoir teutde la Charte^ Paris, 1830, in-8«. 
absolu dont il veut établir la préémi- 111. Lee Gémeaux, ou Ue Ohierva^^ 
nence à l'exclusion de toute autre, teure candides, Paris, 18)0, in-8*. 
même de l'autorité religieuse, diffé- IV. Le Lion, ou VObservateur guer^ 
rant en cela de la plupart dçs'écri- royiantf. Paris, 1830, in-S». V. La nuh 
vains avec lesquels il était en com- rin^, <;oiuîi^f<, Paris, 1830, in-8*. YL 
munauté d'opinions politiques. Le Le Taureau, ou VOheervqUuir in* 
même esprit se 'reproduit dans son dompti,. Paris, 18^0,in-8^ VII. Lu 
Développement des principales eau- Vierge politique, ou l Observateur 
ses et des principaux événements de celte, Paris, 1830. Il avait coopéré 
la révolution, précédé d'un choix des à la Biographie des hommes vivants^ 
apophthegmesdes anciens avec quel" 5 vol. in-8*. Conime éditeur, il a 
ques notes, Paris, 1823, in-80. Une publié., avec une introduction , un 
seconde édition a paru sous ce titre : opuscule composé en 1793 par Bo- 
Deià révolution française, ses prin- napartc, en faveur de la Montagne, 
eipales causes et ses principaux évé* sous le titre de Souper de Beaucaire. 
nements, Paris, 1830, in-8^ La pré- Cette publication eut jdeux éditions 
face de ce livre fait connaître à elle en 1821. • F^. L— t. 
seule resprlt* dans lequel l'auteur ROYRAlfDde la RoussOre 
l'a conçu : « Cette introduction , (CHARLBs-AuausTiN DB)^généfUl venr 
d'une espèce particulière , est , déen, était né vers 1735, aux ènvi- 
dit-iUun préservatif contre le sys- ronsdes.QuatreH]lhemins,dansleBo- 
tème démagogique que ses propaga- cage du Poitou. 11 servit long-temps 
leurs appellent libéral ; c'est un petit au régiqient de Navarre, infanterie, 
manujsl royaliste. • Royeu présenta et se retira dans ses foyers avec. la 
plusieurs de ses ouvrages à Louis croix de Saint-Louis et le brevet de 
XVIII, et M. de Corbière lui fitac- lieutenantrcolonel. Ces récompenses 
corder une pension de 1,300 fr. sur suffisaient à sa modeste ambition, 
les fonds de secours destinés; aux après une carrière militaire honora- 
hommes de lettres. Il mourut .à Pa- blement remplie; Il vivait tranquille 
ris le 30 novembre 1838. Il avilit dans son inaooir champêtre, en- 
survécu à ses quatre fils, * dont le touré dû respect de h population, 
plus jepne était mort laissant trois lorsque la révolution éclata. 11 émi- 
petits enfonts qu'il recueillit ainsi gta d'abord. Les 4piigr& 9'étant 
que leur mçre.— RoTou (JFVédMc), organisés par provinces dans les 
second fils du précédent, servit quel- cantonnements des Pays-Bar, il . fit 
qde temps dans le génie maritime, et partie d'uâe 4es èomfagnies ^o^ 



Ht 



ROY 



blesda Poiton. CependaDt» ainsi que 
Charetteet d*Blbëe;il.ne tarda pas à 
rentrer en France. La ré?olation 
semblait l'avoir oabijé dans sa re- 
traite ; mais à Tëpoqne du grand mou- 
vement royaKste (mars 1793), les 
paysans, qui «partout choisissaient 
pour les conduire les gentilshommes 
et surtout les anciens militaires, ne 
pouvaient manquer de penser à lui. 
Le 10 mars un rassemblement nom- 
breux vint, avec les phis vives in- 
stances, ]b réclamer pour comman- 
dant. Quoique déjà vieux , Roy- 
raird conservait toute •l'énei:gie de la 
jeunesse. 11 se rendit à ce vœu et fit 
sa jonction avec le chevalier. Sapinaud 
de la Verrie qui venait d'être choisi 
pour chef de la inéme manière par 
les gens de son canton. Cette partie 
du Bocage appartenait , d'après la 
nouvelle division territoriale, au dé- 
partement de la Vendée. Le nom de 
Vendéens, fut donné par les républi- 
cains aux insurgés royalistes qui s'y 
levèrent, et ce nom, devenu si fa- 
meux, fut étendu à tous ceux qui s'ar- 
mèrent pour la même cause sur la 
rive gauche de Is Loire. Déjà maîtres 
de Mdrtagne et des Herbiers, Roy- 
rand et Sapinaud attaquèrent, le 15 
mars^ Chantonnay, défendu par la 
garde nationale de Fontenay, et s'en 
emparèrent après un- conipat assez 
^f. Le général de Marcé, venu de La 
Rochelle, marchait contre les insur- 
gés avec quelques troupes de ligne, 
auxquelles se joignirent- les gardes 
nationales du pays..Royrand et Sapi- 
naud lé rencontrèrent, le 10 mars, 
entre Saint- Vincent. d'Ester lange et 
lesQuatre-Chemins, et ils le battirent 
eomplétement. Cette affaire, connue 
iods ie nom de ûéroute de Mareé^ 
coûta là vie au général républicain, 
•on par lesarmes des royalistes, mais 
par le couperet de la révolution. .Sa 



ROY 

défaite, sa qualité de noble furent un 
double crime que punirent la prison 
d'abord, et ensuite l'échafaud. Le 
canton où commandaient Royrand et 
Sapinaud se trouve compris entre la 
Sèvre-Nantaise et la grande route de 
Nantes à La Rochel le. Leur armée était 
appelée armée du cet^re^ et pouvait 
fournir douze mille hommes dans 
les plus grands rassemblement;. Elle 
avait principalement à se défendre 
contre la division républicaine sta- 
tionnée à Luçon. Le 28 juin. elle at- 
taqua cette ville, mais sans succès. 
Des déserteurs et des prisonniers de 
l'ancien régiment de Provence, que 
Royrand avait enrôlés sous ses dra- 
peaux , firent défection au milieu de 
l'affaire et jetèrent ainsi le désordre 
parmi les royalistes. Ceux-ci perdi- 
rent quatre cents morts ou blessés 
et une pièce de canon. Sapinaud de 
4a. Verrie ayant péri le 25 juillet à 
l'affaire de Saint- Philbert du Pont- 
Charron, Royrand demeura le seul 
chef de cette armée. 11 avait son 
quartier - général habituel au châ- 
teau de l'Oie, près Saint-Fulgent. Les 
trois frères Bejarry, MM. de Verteuil, 
de Grelier, Sapinaud de la Rairiet, 
neveu du chevalier Sapinand, étaient 
ses officiers les plus marquants. Le 
30 juillet et le 14 août, Rpyrand se 
joignit à la grande armée, pour deux 
nouvelles attaques sur Luçon, qui ne 
réussirent pas mieux que la précé- 
dente» La dernière surtout se termina 
par une déroute meurtrière. Royrand 
commandait le centre avec d'Elbée et 
Donnissan. Le plan de bataille, inexé- 
cutable pour des paysans, que Les- 
curç avait fait adopter, la cavalerie et 
l'artillerie volante des républicains 
manœuvrant à l'aise dans la plaine, 
furent les principales causes de cette 
défaite. Le 5 septembre, les Vendéens 
furent plus beoreux à Chantonnay, bù 



ROT 

les i^publicains avaient établi un 
camp* Soyrand fit une faussé attaque 
sur ia route des Quatre-Ghefnins, 
tandis que la grande armée prenait le 
camp à revers, et la victoire fut com- 
plète. Mais, dans les premiers jours 
d'octobre, là Vendée eut à subir un 
assaut plus formidable que tous les 
autre». Une armée républicaine s'a- 
vançait par Bressuir^; les terribles 
Mayençais, après leur échec de Tor- 
fou. sl'étaient réorganisés et renfor- 
cés à Nantes; ils marchaient sur Tif- 
fauges et Mortagne. La division de 
Luçon envahit, de soû côté, le ter* 
ritoire de Koyrand, combinjint ses 
opérations avec. celles des deux au- 
tres armées. Le général Bard la com- 
mandait) ayantsous lui- Marceau, qui 
bientôt allait se faire un nom cé- 
lèbre. Royrand fut obligé d'évacuer 
les Herbiers, où les républicains en- 
trèrent le 14 octobre. Il se replia sur 
la grande armée vendéenne , prit 
part) avec elle, aux sanglantes jour- 
nées de La Tremblaye et de Cbolet 
(Ijret 17 oetobre). Avec elle ^ussi 
Royrand passa la Loire. Le 27 octo- 
bre, à là grande bataille de Laval vil 
se tenait, ainsi que La Rpchejaque- 
lein, d'Autichamp et de Baugé, près 
de la batterie la plus exposée. A uie- 
surequeTennemi perdait du terrain, ■ 
les généraux royalistes, sous le feu le ' 
plus vif, feisaient porter les pièces 
en avant et continuaient de pousser 
les bkusl Un moment, on manqua de 
gaxgousses ; Royrand partit au galop 
p^dr en faire amener. Bien souvent 
les généraux vendéens remplissaient 
eux-mêmes de pareilles missions, et 
Royrand n'était pas plus arrêté par 
son âge que par son grade. En re«ye- 
nant il fut frappé d'une balle à la 
tête. Les Vendéens ne pouvaient lais- 
ser en arrière aucun malade, aueuii 
blessé, sans les livrer au «lafisucre. 



ROY 



123 



Les derniers jours de Royrand, com- 
me ceux dé Lescure, atteint d*une 
blessure pareille, eurent donc à su'- 
bir la fatigue, le. surcroît de souf- 
france d'un pénible voyage, dans 
une saison froide et pluvieuse. Con- 
duit ainsijusqù'à Granville, puis de 
Granville à Angers, que lès Vendéens 
attaquèrent vainement, il expira le 
5 décembre sur la route, entre cette 
dernière ville et Baugé. Royrand 
possédait l'estime et le respect de 
tous. Il fut sincèrement regretté. — 
Deux autres Royband, ses frèreà, 
avaient émigré. L'un , Charles-César 
de Royrand, était, avant la 'révolu- 
tion, lieutenant de vaisseau. Tous 
deux fitent partie du débarquement 
de Quiberon, et tous deux furent eii-' 
veloppés dans les massacres qui le 
suivirent. • M — r — t. 

ROYSTON ( Philippe , lord vi- 
comte), fils aîné de lord Hard- 
wicke, naquit en 1784. Son éducation 
fut très-spignée, et il fit surtout 4^ 
fortes études classiques. Très-jeune 
encore, il entreprit de traduire en 
vers anglais un ouvrage grec qui of- 
frait de grandes difficultés à vaincre, 
ISiCassandre de Lycophron ; il était 
en Irlande où son père était a^\otê 
vice-roLOU lord-lieutènsnt, lorsqu'il 
acheva cet ouvrage qui fut impriisé 
en 1806, seulement à centexemplai- 
res destinés aux, a mis et connaissan- 
ces de l'auteur, il eut l'avantage d'ob* 
tenir les suffrages de quelques hom- 
mes bien capables d'en porter un 
jugement éclairé, notamment ceux 
de Parr et de Porson. Peu de temps 
après, lord Royston parcourait le 
Suède, le Danemark et* d'autreis con» 
trées septentrionales, écrivant à ses 
parents et à ses amis des lettrés dont 
le Gentlman's Magazine (décembre 
1838, pag. 572-984 ) a recueilli quel- 
ques extraits ; nous y lisou!» qu'eu- 



»4 



ROZ 



ire aalres siogularitës, le voyageur 
▼it à Moscou une secte d^eunuque$^ 
qui s'étaient rendus tels afin de mé* 
riter le royaume des cieux. Lord 
Royston s'était embarqué Le 2 avril 
lapS, ainsi que ses amis le colo- 
nel et mistress Pollen, pour pas-, 
ser de Libau à Cariskrone à bord 
d*un vaisseau de Lubeck; le 7, une 
catastrophe arriva qui leur coûta la 
vie à eux et à quelques autres passa- 
gers. Lord Royston n'avait que 24 ans 
lorsqu*il périt si inopinément. Sa 
traduction de la Cassandre, dont on 
trouve deux fragments dans le Jfa- 
fozine susmentionné, un poème in- 
titulé Rim (Nothing), etc./ ont été 
réunis sous le titre de Remains ( ce 
qui reste du feu lord vicomte Roys- 
ton), par le révérend H. Pepys, 18.38. 

• .1- 

ROZE (Jban), né à Tours, vers 
1670, d'un &bricant d'étoffes de. 
soie dont la postérité tient encore 
op rang honorable dans cette ville, 
y fit sesétudesy au collège dirigé par 
les jésuites, et fut admis dans cet or- 
dre, en 1688. Envo^ré d'abord à Sain- 
tes oii il professa les humanités, il 
passa ensuite à Bordeaux et y publia 
son poème latin de la Volière, ou de 
l'Éducation des oiseaux : Àviarium, 
$m 4e etueaMis avibus, earmen^ 
Bordeaux, 1700, petit in-12 de 32 
pages. Ce poème, par lequel seul il 
est connu et qui ne contient que qua- 
«tre cent vingt-huit vers, a paru di- 
gne d'entrer dans le recueil intitulé 
Famata âiéUùealiea^ tonus II, page 
130. La versification en est élégante 
cl ftcile; le début est imité des Géar- 
. fffHM, comme presque tous les au- 
lies^mes didactiques latins. L'au- 
tear^ peut-être trop resserré sa ma- 
tière qu'il eût pu varier et étendre 
par plu3^ d'épisodes. Si c'est un re- 
jmdie» on conviendra que bien peu 



ROZ 

de poètes se sont exposés k en subir 
un semblable. H finit, ainsi que son 
compatriote Rapin dans son poème 
des Jardins^ comme il a commencé, 
c'est-à-dire par une imitation de 
Virgile. Ces derniers vers du P. Roze 
nous apprennent qu'il les composa 
quand il était encore à Saintes : , 

Bœe super ulituum conçu cultuqut cunêbam 
SamUtniemt juxtu colUtt el amtna Carantœ 
LiitorOf ptnguit uhi tt superi* eamiima tellus 
Miiibus ipsa suis'/ert omnia spontê eolonh. 

On ignore le lieu et l'époque de sa 
mort. L— ^— D. 

ROZE. Voy. Rose, t. XXXIX et 

LXXIX. 

ROZEL ( Charles de ), docteur 
en droit, avocat et premier consul 
de la ville de Mîmes, en 1568, fut im- 
pliqué l'année suivante, avec les plus 
notables protestants du pays, dans la 
procédure contre les auteiirs et les 
complices du massacre de quelques 
catholiques commis le 29 septem- 
"bre 1567, et qu'à cause de sa date on 
a nommé la l^ichelade. Le parlement 
de Toulouse prononça la peine de 
morlcontre les accusés,' mais Monl- 
calm deSainl-Véran, Rochémore, ba- 
ron d'Aigremont, le président de Cal- 
vière, son .frère, seigneur de Saint- 
Cosme, et la plupart des autres préve- 
nus échappèrent par la fuite à la ri- 
gueur de cet arrêt. Rozel, moins heu- 
reux, fut arrêté, traduit à Toulouse, et 
y périt du dernier supplice,'à la fin du 
mois d'avril 1560. L*édit de pacifica- 
tion de 1570 abolit les oôndamnar 
tions portées contre les contumaA 
elles rétablit dansions leurs d^ts 
dont, à la vérité, ils avaient déjà re- 
pris l'exercice par la force. La mé- 
moire de Rozel fut réhabilitée et sa 
famille a continué de subsister ho- 
norablement dans sa patrie. Il avait 
cultivé les lettres dès sa jeunesse et 
presque à leur renaissance. Ami de 
Badueli l'on des plus savants hommes 



RUA RUA . 1S5 

*, 

de cette époque, il voulat enrichir le de Pexécution, il fut nomme membre 
langue française^ encore peu accou- du comité de sûreté générale, et prit 
tumée à de pmils présents, de l'hom- dès lors une grande part à tous les 
mage que ce célèbre professeur avait actes ty ranniques de ce nouveau pou- 
rendu, en 1542, à la mémoire deFlo- voir. Envoyé commissaire à Tarm^ 
rette de Sarra, femme de Montcalm du Rhin, il n'y resta que peu de jours; 
de Saint-Véranyjuge-magede Nîmes, . ayant à peine eu le temps de voir le 
ouvrage qqi avait obtenu un grand général en chef Custine, qu'il dénonça 
succès et dont sa protectrice, la reine néanmoins à la Convention, de con • 
Marguerite de Navarre , sœur de cert avec Marat, dès qu'il fut de re- 
François I«s avait daigné agréer la tour. La dénonciation était évidem- 
dédicace {voy. Badu^i*, 111,204). ment ridicule*, mais ce qui fut ensuite 
Rozel publia sa traduction sous le plus ridicule encore, c'est que l'on 
titré Ci^Oraison funèbre sur le ires- dénonça Ruamps lui-même comme 
pas de vertueuse dame Floreile Sar- ayant voulu livrer à reniiemi la place 
rasie^ fille du premier président du de Landau. 11 ne lui fut pas difficile 
parlement àe Tholose et femme du de se disculper, et il ne resta detou- 
sieur de Saint-Véran, Lyon, 1546, tes ces dénonciations que celle qui 
in-4^ y. S. L. conduisit It l'échafaud le malheureux 

nCAMPS (Pierre-Charles), COI)- Custine. Quant à Ruamps, il conti- 
ventionoel, était un modeste culti- nua, en sa qualité de député mon- 
vateur jouissant de quelque fortune tagnard, et surtout de membre du 
dans un village de la Saintonge, lors- comité de sûreté générale, de eon- 
que survint la révolution de 1789. 11 courir à toutes le3 mesures sangui- 
en adopta lès principes avec beau- naires de 'cette époque; Cependant 
. coup de chaleur, et fut ëlu en 1790 quand il vit que cet horrible sys- 
administrateur du département de la tème pourrait bien l'atteindre lui- 
Charente, puis député à l'Assemblée même^ il parut vouloir s'y opposer, 
législative. D'un caractère fougueux •^Si cette loi de sang est dieritie^ 
et que n'avait point tempéré Téduca- dit-il un jour d'un projet qui devait 
tion,il se livra dès lé commencement, soumettre à raction du tribunal ré- 
dans cette assemblée, à des mduve- volutionnaire les députés eux-mêmes, 
ments d'irritation et de violence qui il ne nout restera plus qu'à nou$ 
étonnèrent, même à cette époque, hrûter là cervelle.» Le projet fut 
S'étant plaint un jour, après la révo- adopté et Ruamps ne se tua pas ^ il 
lution du 10 août 17^2, que Roland continua de dénoncer ses collègues» 
n'eût pas fait exécuter uo décret d'ac- entre autres Barras et Fréron', qu'il 
cusation prononcé contre l'ancien accusa de dilapidations, puisiseux qui 
ministre de la marine Lacoste, il s'é- travaillaient à des journaux qu'il dé- 
cria brusquement : « Au moins le ci- signa comme des reptéientantê <t- 
devant roi exécutait les décrets d'aç- hellisttSf déclarant que si on leur 
cusation | • Réélu parle diême dé- répondait avec le bras, ils ne çalom- 
partement ii la (iJonvcntion nationale, nieraient pas ainsi. Ruamps ne parut 
il y siégea avec les plus ardents ré* pas prendre une part active à la ré- 
volutionnaires, et dans le procès de volution du 9 thermidor, et i) sembla 
Louis XVi il vota pour la mort, sans vouloir rester neutre entre le parti: 
appel et sans sursis* Le jour même de Robespierre et celui de Danton, 



iH 



RttC 



anxqaels il avait également tena; 
mais quelque temps après il prit la 
défense de Bill^ud- Varenne et de Col- 
lot-d*Herbois, attaqués comme corn-' 
plices du dictateur, et déclara qu'il 
-valait mieux ôtre Chouan ou Charetie 
quê4éputé. S'étant alors trouvé com- 
promis dans les complots que. les 
partisans de la terreur formèrent 
pour rétablir cet alfreiix système, il 
fat'décrété d'arrestation le 29 avril 
1795, sur un rapport de Rovère, ainsi 
que Moïse BaylCf Cambon, Thuriot, 
LevasSeur, Maignet, etc. La loi du 4 
brumaire, qui amnistia les crimes 
de la révolution^ mit fin à sa dé- 
tention. Le sort ne Tayant pas favo- 
risé, il ne fit pas partie des conseils 
apr^ la dissolution de la Convention 
nationale, et se retira dans son pays, 
oik il reprit modestement ses travaux 
agricoles. C'est dans cette position 
obscure, de laquelle avaient seules 
pu le faire sortir .des circonstances 
funestes, qu'il est mort vers les pre^ 
mières années du gouvernement im- 
périal. M— D j. 

EIIGHBL (ERNBST-FBBDÉRIC-OUIIr 

laumb-Philippe db) , général prus- 
sien» l'un des plus distingués de no- 
tre époque, naquit en 1754 daus un 
village de la Poméranie, d'une famille 
noble, et Tut , dès sa naissance , des- 
tiné à la carrière des armes. Il fit,' en 
conséquence, ses premières études 
dans le corps des cadets à Berlin, et 
y montra d'heureuses dispositions, 
îfommé sous-lieutenant, dans un .ré- 
giment d'infanterie, il se rendit à 
Magdebourg où il compléta son édu- 
cation militaire à Técole du célèbre 
Saldern, et devint adjudant. Ce fut en 
cette qualité qu'il prit part à la guerre 
que Frédéric 11 eut à soutenir en 1778 
poAr la succession de Bavière. At- 
.tadié au général Knobelsdorf» il fut 
jûttealièrement remarqué aux af- 



RtJC 

firird deGrambach et de Gahel. Cette 
guerre se termina promptement jiar 
la paix de Teschen, et^Ruchel revint 
à sa garnison, où on le chargea de ' 
llnitruction des jeunes officiers de 
son régiment. Le roi, ayant alors en- 
tendu van ter son habileté, voulut qu'il . 
vhit Te voir à Potsdam, et après lui 
avoir fait, subir lui-même un examen 
de quelques minutes, il l'employa dans 
l'état-major de Tarm'ée , ce qui était 
une grande faveur. Le jeune lieute- 
nant en fut transporté de joie, et il 
a toute sa vie professé pour le grand 
Frédéric autant de reconnaissance que 
d'admiration. La mort de ccprince fut 
pour lui un funeste événement. Son 
successeur le traita néanmoins avec 
beaucoup d'égards, et le chargea de 
l'inspection des écoles militaires^ où 
Ruchel introduisit d'excellentes mé- 
thodes. Cependant il ne fut adjudant 
qu'en 1790. A cette époque on l'en- 
voya en Silésie pour y préparer la 
guerre près d'éclater avec l'Autriche , 
mais qu'empêcha définitivement le 
congrès de Reichenbach. Ruchel ac- 
compagna alorsFrédéric-Guiliaume à 
Anspach, et Tannée suivante à Franc- 
fuft-sur-le-Mein , où ce prince eut 
une entrevue avec l'empereur. Là 
guerre ayant éclaté bientôt après en- 
tre la France et la Prusse , Ruchel 
fut attaché à l'état-inajor de l'armée 
qui dut envahir la France pour y ré- 
tablir la monarchie de Louis XVI. 
On connaît assez les circonstances et 
les suites de Cette expédition deCham- 
pagne que firent en 1792, sous les or- 
dres du généralissime Brunswick, les 
armées réunies de la. Prusse et de 
l'Autriche {voy, Dum^ouriez, LXIU , 
145). Ruchel y fut employé sur un 
ftes points les moins importants, dans 
le corps des Hessois sous le prince 
de Hohenlohe, qui ne fit pas le moin- 
dre effort pour s*e;nparer de la po^i- 



T 
* • 



ave 

tioD décisive de Bienne, laquelle pen- 
dant plusieurs jours; resta sans dé- 
fense, et d'où il eût pu en ufie demî- 
journée pénétrer jusqa'à Châlons, 
dont Keller mann et Dumouriez étaient 
encore fort éloignés. Ruchel rejoignit 
le quartier-général du roi dès que la 
retraite fut décidée, et ce prince lui 
confia aussitôt une mission impor- 
tante : ce fut d'aller s'opposer, vers 
Coblentz , aux progrèis que Custine 
faisait sur ce point , ignorant sans 
doute les arrangements qui venaient 
d'être pris au camp de la Lune. Après 
avoir éloigné les Français de Coblentz 
et d'Ehrenbreitstein, il conçut l'idée 
de les expulser de Francfort où ils 
avaient pénétré, et fournit pour, cela 
un plan merveilleux aux Hessois qu'il 
aida encore dans l'exécution. Tout 
réussit selon ses vues , et le roi de 
Prusse lui envoya, pour récompense, 
nn brevet de colonel , le landgrave . 
de Hesse une décoration de ses or- 
dres. Revenu auprès de son souve • ' 
rain, Ruchel eut à remplir différentes 
missions auprès de quelques princes 
d'Allemagne. Ayant rejoint l'armée 
prussienne devant Mayence» il eut le 
commandement d'uiie brigade, fût 
nommé générâl-major, et se distingua 
encore dans plusieurs occasions, no- 
tamment à Creutznach et 'à Kaisers- 
lautern, où, le troisième jour de cettCv 
bataille meurtrière, il chargea. le cen- 
tre de l'armée française, et acheva sa 
défaite. Vers la fin de 1794, il suivit 
l'armée prussienne dans sa retraite 
en Westphalie, et vit bientOt, à son 
grand regret, la paix de Bâle mettre 
fin aux hostilités. Il reçut alors pour 
récompense de beaiix domaines en 
Silésie, qu'il ne tarda pas à échangei: 
contre d'autres propriétés situées en 
Poméranie. Le roi Frédéric-Guillau- 
me II étant mort en 1707, son suc- 
cesseur ne se montra pas moins bien- 



RtJC 



1S7 



veillant pour lui ; fnaîs, non moins 
que son prédécesseur, ce prince était 
ami de la paix ) et Ruchel , dans la 
force de l'âge et de l'expérience , ne 
rêvait que batailles et opérations mi- 
litaires. En 1805 , lorsque la guerre 
eut encore une fois éclaté entre la 
France et l'Autriche, et que Napoléon, 
après avoir. anéanti l'armée de Mack 
à Ulm^ marcha au-devant des Russes 
en Moravie,' le cabinet de Berlin sem- 
bla comprendre que le moment était . 
veiiu de rendre à la Prusse l'influen- 
ce qu'elle avait perdue. .Un grand 
conseil fut tenu à Potadam sous la 
présidence du. duc de Brunswick, 
et tous les ministres, les princi- 
paux généraux, notamment Massen- 
bach et Ruchel, y furent appelés. On 
pense bien que ce dernier surtout' y 
opina forteraent*pour la guerre; mais 
il nefut pas secondé, et le parti du 
duc de Brunswick, d'Haugwitz et de 
Massenbacli fit prévaloir les idées de 
faiblesse et d'ajournement. On sait 
quelles furent pour l'Allemagne et ^ 
surtout pour la monarchie prussienne 
les suites de ces hésitations (voy. 
Haiigwitz,. LXVI, 479). Ruchel an 
contsaignit d'abord, et il fit tous ses - 
efforts pour dévorer son chagrin; 
mais quand il vit que, sans égard 
pour les engagements pris avec l'em- 
pereur Alexandre, on avait signé un 
traité d'alliance avec Napoléon, il ne 
lui fut plus possible de Se contenir. 
Alors*, accompagné de ses aides-de- 
camp, il se rendit auprès du roi, et 
lui dit avec une incroyable hardiesse : 
« Je viens, au nom de mes compagnons 
d'arihes, dire à Y. M. toute la dou- 
leur qu'ils'éprouvent de voir manquer 
une occasion aussi belle de relever la 
gloire de la Prusse N Vivement offensé 
d'une aussi audacieuse apostrophe, 
Frédéric-Guillaume adressa à son gé- 
néral une sévère réprimande , et il 



138 RUG RUC 

lui tourna le dos ; mais il ne lui in- de répondre lui-même à ces attaques 

'fligea aucune peine, aucune priva-. dAnsdesnotesduJfontteinetmême 

tion, de sorte que sans se d^ura- dans ses bulletins, où Ruchel fut plus 

ger Ruchel persista hautement dans d'une fois qualifié d* arrogant^ de fan- 

sa belliqueuse opposition. Enfin il là farony et accusé d'avoir insulté gros- 

vit- éclater, en 180G, cette guerre sièrement- des prisonniers français 

quMl avait désirée si ardemment, et tombés en son pouvoir, entre autres 

quoique les circonstances fussent le maréchal Victor. Et quand le roi 

loin d'être favorables, sa joie fut de Prusse fut obligé de signer la 

excessive. On ne remploya pas ce- paix, Napoléon poussa le ressenti- 

pèndant d'abord comme il avait lieu ment jusqu'à forcer ce prince de pri- 

de l'espérer ; c'est dans le corps d'ar- ver Ruchel de tous ses emplois. Ce 

mée et sous les ordres du prince fut en secret que plus tard il lui ac- 

d'flohenlohe qu'il fut placé , et l'on corda une retraite fort honorable, 

sait qu'il n'aixnait ni n'estimait ce gé- D'ai Heurs comme ce général jouissait 

néral. On ne peut attribuer qu'à ces d'une fortune assez considérable par 

mauvaises dispositions le retard qu'il les bienfaits de plusieurs souverains, 

mit'à paraître sur le champ de ba- il vécut en paix et fort bien dansjsa 

taille d'iéna. Déjà l'armée prussienne terre de Haseley, en Poméranie, où 

était {en déroute quand il y arriva il eut encore le bonheur d'applaudir 

avec sa troupe, et 'sa lenteur causa à la chute de l'homme dont il ^em- 

peut-être tous les malheurs de ' la blait*avoir fait son ennemi person- 

journée. Ce fut en vain que dans la nel. 11 y mourut le'l4 janvier 1823. 

retraite il s'efforça de cacher ou de ré- . . M— d j . 

parer cette faute par des preuves d'in- RUCHS (Frédéric), auteur d'une 

trépidité, et en sacrifiant inutilement histoire de Suède, la plus remarqua- 

une grande partie de sa division. Dans ble que l'on connaisse, était né en 

ce moment une balle vint le frapper 1780, à Greifswald, dans la Poméra- 

et le' renversa de son*cheval. Après nie. suédoise, où il devint professeur 

être resté long-temps parmi les.bles- d'histoire. Étant allé à Berlin, il y fut 

ses et les morts, il fut reconnu, et;ies très-bien accueilli et nommé hiisto- 

vainqueurs lui prodiguèrent les soins riographe du roi de Prusse. Cette 

)es plus généreux: le maréchal Soult place^ plus avantageuse et plus ho- 

l.ui envoya son chirurgien, et il fut norable qu'elle n'exigeaitdesoins, lui 

bientOt'rétabli. Ayant été échangé peu laissabeaucoup.de temps pour ses 

de jours après, il scf rendit à Kœnigs- travaux littéraires ; et, si la mort ne 

berg, où on le chargea de l'organisa- l'eût frappé, il eût sans nul doute 

tion des nouvelles levées^ Toujours produit tin grand nombre de bons 

plein de zèle, de dévouement; il ne écrits. Outre son tiistoire de Suède^ 

s'occupait pas seulement, dans cette Halle, 1808- 1810, 4 vol. in-8<», on lui 

ville,dé ses devoirs militaires, il con- doit :l. Essai d^une histoire delà reli- 

courait encore à la rédaction delà G a- gion, du gouvernement et de la civi- 

fiettede Jr.o?m^9&erjf, et y parlait sans Hsatiork de l'ancienne Scandinavie^ 

ménagement de tous les événements, 180t, in-8<^. II. Une statistique de la 

de toutes les personnes, notamment Finlande, intitulée : De la Finlande 

de Napoléon qu'il haïssait par-dessus et de ses habitants^ 1809, in-8o. 111. 

iovt^ et qui ne dédaignait pas alors Des» Lettres sur la Suède, 1814. IV. 



RtJfi 

L'article Suède dans la dernière édi- 
tion de la Géographie de Biisching. 
Ruchs mourut en fë?rier 1820 à Li- 
Tourne, où il s'était rendu pour 
rétablir sa santé. On sait qu'il a 
laissé plusieurs ouvrages incomplets 
et inédits, entre autres une Histoire 
deB^ance, d'après les anciens au- 
teurs byzantins. L— m— x. 

nUDEL (GaUPFRB ou GODEFROI), 

prince de Blaye, était un troubadour 
du XIl" siècle, à qui la singularité de 
ses aventures doit valoir un souvenir 
de la postérité. JeuHfe encore, il s'at- 
tacha à la suite de Geoffroi, comte 
de Bretagne, fils de Henri 11 , roi 
d'Angleterre. Des pèlerins qui reve- 
naient de la Terré-Sainte lui racon- 
tèrent tant de merveilles d'une com- 
tesse de Tripoli, célèbre dans l'O- 
rient pour sa beauté, qu'il en devint 
éperdûment^pris, et qu'il lui adressa 
des vers ou respirait la passion la plus 
exaltée. 11 finit par se rendre en Syrie, 
afin de voir celle qiill adorait.' Du- 
rant la traversée, il fut atteint d'une 
maladie violente; et il semblait près 
de mourir, lorsque le navire qui le 
portait al}orda dans la rade de Tri- 
poli. Prévenue de son arrivée et émue 
d'une semblable preuve d'^affeciion, 
la comtesse se rendit à bord . du 
navire; elle* prit la main du trou- 
badour, et le remercia de ce qu'il 
avait fait pour elle. Le jeune homme 
se ranima un instant en entendant 
pour la premièrje fois cette voix 
chérie; mais presque aussitôt ses 
forces l'abandonnèrent, et il expira 
au milieu de ses protestations de re-' 
connaissance et de joie. Lh comtesse 
le fit inhumer avec ponipe chez les 
Templiers de Tripoli ; et bienîôl elle- 
même dévorée de regret et votiiant 
mourir nu monde, elle, entra dans im 
couvent, « et se rendit monga, » dit 
César de Nostradamu^, « per ladùlor 

LXYX. 



nui) 



12 



qu'elle ae de lui edela goh mort. «^ 
Il ne faut pas dissimuler que cette his- 
toire, telle que lu racontent les vieux 
écrivains, présente bien des incerti- 
tudes, des obscurités et des circon- 
stances difBciles à concilier avec les 
données exactes des annales de l'é- 
poque. On ne saurait toutefois lui 
refuser quelque base réelle. Pétrar- 
que a faitmentbn de Rudcl : 

Usa la vêla « il remo 
A cerearla sua morte. 

Diverses pièces de vers de ce trouba- 
dour se trouvent encore dan« les ma- 
nuscrits de Paris, de Veni«e ou. de 
Rome qui renferment les monuments 
de la littérature provençale; une seule 
ai été publiée par Raynotiard , dans 
son ouvrage intitulé Choix des poér 
sies originales dès Troubadours « 
tom. 111, p. 94-103. B— nr---T. 

RUDING (Roger), numismate an- 
glais, naquit à Leicester le 9 août 
1751, etfut destiné de bonne heure à 
régiise. Élevé au collège de Merton 
à Oxford, il y prit ses grades et fut . 
appelé, en 1793, à l'emploi de vi- 
caire de Maldon, puis nommé l'un des. 
membres de la sociétié des antiquaires 
de Londres ; il s'adonna plus spéciale- 
ment à la numismatique et y acquit 
des connaissances étendues. Il mou- 
rut en 1820. Oh a de lui : l. Plan pour 
la restauration de l'ancien système 
de monnayage, en ce qui concerne 
là dépense de fabrication . avec un 
projet pout le perfectionnement âet 
monnaies, 1799, in-8<>. II. Annales 
du monnayage en Angleterre, etc.. 
Cet ouvrage fut ptiblié par sous- 
cription et avec les ses6nr& de la so- 
ciété des antiquaires de Londres, qui 
mit à la disposition de l'auteur les 
cuivres de l'ouvrage de Folk'es {v'oy, 
ce nom, XY, 156), sur la monnaie, 
lil. Essai sur Vépreuve du ciboire. 
Vf. Sur l'emploi de monnayeur^etc.Z. 



130 



RUD 



RCDI^F (FnÊDBiiic-AuQrsTE), 
autour d'uu ouvrage sur rhisUûro 
du Mecklerabourg, très-est iuiê en Al- 
lemagne, bien qu*il ail ële écrit sous 
Pinfluence du souverain dont Rudlof 
était conseiller, naquit à Schverin en 
1750, et mourut dans U même ville 
en 1813. sans avoir pii achever svn 
ouvrage, qui ne fut imprimé qu'dprès 
sa mort. Rudtuf avait rédigé, depuis 
1776, V.Umanach poUtiquf de Mtck- 
{em6uury-5c/iirerm , qu'il perfect ion- 
ttait tous IfS ans et qtii a été le ukodèle 
de- beaucoup d'autres publications 
du même genre. U est encore auteur 
de plusieurs écrits de circonstance 
sur Tadministration et sur la politi- 
que. B— H— D. 

RUDOLPUl (Chari.es-Armand), 
médecin et naturaliste distingué, né 
en 1771 , à Stockholm, où son père 
était jco-recteur de Pécole alleUiande, 
.fit ses. premières études au gyiii- 
nase de Stràisund, et s^e rendit, 
en 1790, à runivèrsité de Greifswald 
pour y étudier Part de guérir. H y 
reçut, en 1793, le grade de diH'teur 
en philosophie» tit un voyagea léua 
(où il suivit t^s leçons du célèbre 
'àùfeland), à Dresd*», à Erlangen, à 
Gœttiiigue, et .revint à Greifswald, 
en t79iyaluuryobteiiirle doctorat en 
médecine. Il y «ouiint une thèse sur 
. les vers intestinaux, sujet qu'il avait 
déjà choisi pour sa thèse de phi- 
losophie, et sur lequel il devait un 
jour jeter de vives lumière^s par de 
. savants écrits. En 1796, il fut nommé 
professeur adjoint à la faculté de 
médecine de Greifswald, où il faisait 
déjà depuis yrois ans des cours par- 
ticuliers. Il se livra en même temps 
ayec un graud lèle à Pétude de la 
botanique, de Tanatomie, de J'his» 
toire naturelle et de Part vétéri- 
naire » dont il suivit des cours à 
Berlin. Uobtint,en 1801, la chaire de 



RUD 

médecine vétérinaire à Greifswald. 
Bientôt il entreprit un voyjii^e scien* 
tifiqu<' en Allemagne, en Hollande, 
en France, y eut des rapports avec 
les hommes les plus tlistingués^ tels 
que Cuvier, Reuou, Richarl, Gall, et 
publia, en 1801, une relation pleine 
d'intérêt sur ce qu'il y avait observé 
de plu< remarquable. Revenu à 
Greifswaldf il y fui nommé, en 1808, 
pnifesseur ordiiiaire de médecine. 
A cette époi|iie, il s'était déjà fait 
connaître par plusieurs savants ou- 
vrages. Il ne ^rda donc pas à être 
appelé sur un pttisr grand théâtre, et 
il occupa, en 18 to, la chaire de pro- 
fesseur d'anatoiuie et de physiologie 
à Puniversité de Berlin. Peu après 
il fut nommé membre de Pacadèiuie 
des sciences de ta même ville et di- 
recteur du muséum et de Pauiphi- 
théàtre d^anatomie. Dès Sors il se 
livra entièrement à Pétude de Pana- 
toiuie et de la physiidi<gie ; ses leçons 
sur ces deux sciences furent très-sui- 
vies ; il augmenta considérablement 
le muséum anatomique de Berlin. 
Walther, qui le dirigeait avant lui, 
n'y avait guère réuni que 3,300 pièces, 
piesque toutes d'anatoinie humaine: 
Rudolphi V ajouta 3,964 pièces nou- 
velles, et beaucoup d'autres qui u ont 
pu être placées; un grand nombre 
avait pour objet Panatomie compa* 
rée. Le docteur J.Muller ditque ti>u- 
tes les diverses préparations anato- 
miques faites par Rudolphi se montent 
à 11,000. Ce piofesseur se distingua 
par ses qualités personnelles ; il était 
d'un abord facile pour les élèves, les 
excitait par ses encouragements et 
les guidait par ses conseils. U a don- 
né, dans Puniversité de Berlin, une 
grande impulsion pour Pétude de 
Panatomie comparée et de Panatomie 
pathologique^ Il eut de vifs démê es 
avec le professeur Meckel, dont il 



RUD RUD ISi 

ne partageait pas les opinioius ; il se 11 parut aussi, en 1807, un volume de 
montra aussi très-opposi^ au système continuation soir:» le titre de Nou^ 
de la philosophie de la nature. Nom- vellei Archiva du Nord. VIII. Enta- 
mé^ peu de temps après Si>n arrivée zoorum $ive vermium inteslinaliutn 
à Berliu, membre di'Ja coiumissiou Ai«/oriaftalurci/ti,Am'stjerdaiii,1808, 
scientifique des affaires médicales,. Zyol.in'H'^AX.Ehtozoorumsyiwpsiâ 
il y acquit beaucoup d'influence et mi acceduntmantissa duplex et indi- 
rendit de grauds services. Rudolphi ces compi<>a'Mimt,Berlinj819,iu-8<*. 
fut un des uiembres les plus labo- Ces deux ouvrages sur les entozoaires 
deux de l'académie des sciences de renferment des travaux de la plus 
Berlin. Les académies de Pétersbourg, haute importance.; l'auteur a fait 
de Stockholm et de Naples l'associe- connaître* beaucoup de choses dignes 
reut à leurs travaux ; il fut nommé de remarque sur l'auatomie de ces 
successivement chevalier de l'Aigle- animaux; ce qu'il dit sur leurgéné- 
Rouge et de rÉtuile polaire (le Suède. 'ration équivoqtie et spoi\tanée est 
Après avoir rempli les fonctions de encore ce qu'il y a de plus, probant 
professeur à l'université de Berlin en faveur de cette doctrine. Son 
pendant 22 ans, il mourut d'une synopsis, publié en 1819, contient 
maladie du fuie compliquée d'hy- 552 espèces bien déterminées et 441 
dropisie, le 29 nov. 1832. Les écrits douteuses, en tout 993 espèces.. X. 
de Rudolphi roulent sur les scieuces Programma de soUdorum corparia 
naturelles^ sur Tanatomie générale, humani parlibus similaribus,Greïf' 
pathologique et comparée , sur la swald, 1809, in-4®. XI. ObservatiOr- 
physiologie; il a aussi publié des nei circa dentitionem^ Greifswakl, 
poésif s. Voici l'indication de ses priu- 18o9, in- i*^. Wl.Obsetvationes circa 
cipales productions :l.065erva//ones fabricam Rànœ pipœ, Berliu, l^io, 
eircavernies intestinales, Grifiïs'wM^ in-4o. XUl. Mémoires sur l'anthro^ 
1793 et 1795, deitx parties in-4°. 11. pologie et l'histoire naturelle, fier- 
Poésies, Greifswald, 1798, i^-8^ III. lin, 1812, in-8^ XIV. Principes dô : 
Annales suédoises de médevine et physioiogie (allem.), Berlin, 1821- 
d'hislfiire naturelle (en ail^'Ui ), Ber- 1828,.3 vol. in*8<^; traduits en anglais 
lin et Straisund, 1799 et 1800, in-8^ par Dunbar^ Londres^ 1825,.in-8^ 

IV. Mémoires anatomico-physiolo- Il est à regretter que cette physio- 
giques (allem.), Berlin, 1802, in 8^. logie n'ait pas été achevée. Le tome 

V. Remarques sur V histoire naîu- l'^cohtiehi la physiologie. générale, . 
relie, la médecine et l\art vétérinaire, lé 2* les fonctions de la vie de rela- 
faites pendant un voyage dans une tion, le 3« la digestion, ta circulation 
partie dé l'AlUmayne» de la Hollande et la respiration ; Rudol phi s^y nfontre 
fl de la France (allem.), 1804-1805, grand adversaire de la.doétrine de 
2 vol iu-80. VI. Anatomie desplantes» Gall. XV. Index numismatùm in vi* 
ouvrage couronné par la société des rorum de rébus medicis aut physieis 
sciences de Gœltmgue (allem.), Ber-. meritorum memoriam pèrcussorum^ 
Un, 1817, in-8«, lig. VU. Archives du Berlin, 1823, in 8°. XVI. Index nur 
Nord pour l'histoire naturdle, la m/«ma/um, etc., Berlin, 1825, iH-8<>. 
médecine et la chirurgie, Berlin, XVll. Recentioris œvi numismata 
1799-1801, 4 vol. iu-8^ Rudolphi vtrorttm(/er«6u^ma4tct>, etc., Berlin, 
publia ce journal avecPfuffetScheel. 1829, in-8". Rudolphi est encore, isvr 



"I » 



RUF 



- ^ . ■ = '» j. ::nais- 

^ -. "^ -^ ^s-: rfi: >L .iiies, 

.^ * ■_>!.: 5 : •. iir sau- 

J« ^T-sident de 

:■ - . .- -s -^«jiix plus utiles 

i -^ ' ^ :•. >:wTant'« , diriges 

-. . - .<.:e oàrriôre vers ie 

V ^ ^ .> s:m..v> el des lettres 
_ * - . :* r .:f ia Bourgogne, ne 

. . -:\^j!im.iiider«u souvenir 

. .VN ; r !:• Le président de RuX- 

■ ' j*^ L :, nue en 1752 une société 

\:c »:i^nl les séances se tenaient 

. ^ ^ .vi i^:.' u'ihèiine, «spèce dJnsli- 

. .' : .»*.e qui sel.ùt élevée à côté 

. .rji.-.einie de Dijnn. Comme plu- 

V .•..:> .ir scsaieuïbres appirtenaieut 
.'. , i.i.r et à r.intre, on s»niit la né- 
,N>Mie de les reunir, ulin de conceu- 
jrrr ii-»ns un foyer commun des lu- 
niiores dont la diffusion était moins 
r.voriible !n\ progrt's des sciences. La 
veiininn dêsiree s'op«^ra en 1759 (2). 
N.ni-srule.»ent leprési<lent deRufîVy 
pr;î rue pari aetiveaux travauxd»* Ta- 
,\uieniie ; nwushienfaiteirr généreux, 
il ia dota d'un médailler ciinsidéra- 
Wo m iTf^Keï. l'année suivante, ob- 
tint de la oimtesse de Rochechouart 
le d.«n d'une ln\<-jîramle quantité 
de m<\ia i es pour augmenter cette 
ooilertioii. Tarmi les ouvrages dont 
t; a ennehï les mémoires de cette so- 
r»eie «Jixante. «n remaniue : t° une 
*ii>vri *î?.^n îsi.r IVrijime et la for- 
mat in d".:ne n ne de bois fossile 
deooi;\ n\c rr^^ *le Loas-!e-Saulnier; 
^<' un ^>s;i. h s'orun^e sur le siège de 
Dijon. Ui\. iv'.j es Suisses en 1513; 
r un esMi h >l,Mî^ïie sur les acadé- 
miesde Ku:\v. ^^ui tien trouve un 
extrait d-sn^ le .W;'\>ti/-rfvj''^uvier t763. 



\yii^e 53). Les ouvrages en vers du pré- 
sident de Riiffey se distinguent pir la 
facilité de la versification, ii ais on y 
cherche vainement quelque trace de 
ce feu créateur, qui seul peut faire 
vivre'Ics compositions poétiques. Il 
a publié : I. Ode sur le camp de la 
Saône^ commandé par M. le du-c de 
Lévy, Dijon, 1727, m-4\ Il Éloge 
funèbre de La Monnaie. tradui( du 
latin du père Oudin (3), en vtrs fran- 
çais. Dijcn, 1729, in-8o. Cet opuscule 
a été réimprimé à la suite des Nn«"]s 
bourguignons, 1738, in-l2 ; mais on 
ne le trouve plus dans les autres édi- 
tions qui ont suivi celle-ci. 111. Ode 
sur la naissance de monseigneur le 
Dauphin^ Dijon, 1729,in.4° IV. Ré- 
ponse à la lettre de M, l'abbé Le- 
blanc^ sur l'élection de M. le comte 
de Clermont à l* Académie française, 
1753, iu-40. Les pièces principales 
de B'uffVy insérées dans le Mercure 
de- France sont : 1" Antiochus, 
poème héroïque tiré de TÉcriiure 
sainte (juin 1729) ; 2° La Beauté, ode 
(juin 1730) ; 3" Stances sur la fiècre 
(173i}; 4° Epit hâtante de mademâ- 
selle de la Briffe, (ille de M. l'inten- 
dant de Bourgogne, et de M. le t omte 
de Morgés, pièce mooorime (jioîit 
1732), etc. Élu par le roi aux États 
de Bourgogne, il composa en leur 
nom les devises et les inscriptions de 
la poii)pe funèbre de S. A. S. mon- 
seigneur le ijuc, faite à Dijon le 17 
décembre 1740. H a laissé plusieurs 
ouvrages inédiln, parmi lesquels il 
fautciier V Histoire lyrique des eaux 
de Plombières y pour Tannée 1754, 
jn-fol. de 28 pactes. Noua en pouë- 
dons le manuscrit, qui contient 4Mtl- 
ques détails curieux sur tet 
■ ■ ■ ■ - 

^3) Btrtftdi Mctuim niaiiipêt 
Eptcntium, otc, U^joa, 1790» 
40'; réimprimé davi l« toBiri 



RU F 

lure vive, un tour original, de la 
causticité sans C(^f éinonie, de la phi- 
losophie sans pédant isine. Sa Jlf^- 
dora n'est certainement pas une 
bonne comédie. L'action roule sur 
]es incidents les plus romanesques, 
un échange d'enfant, une ressem- 
blauce qui trompe Tœil sévère d'un 
père^ des déguisements qui permet- 
tent de prendre le frère pour la sœur; 
eh bien ! dans cette pièce, dont le su- 
jet est si loin de la vérité, il y a une 
scène qui rappelle une de nos comér- 
dies les plus vraies, les Châteaux en 
Espagne^ de CoUin d'HarleviUe. Les 
pasos de Lope de Rueda ont, sur ses 
comédies, l'avantage d'un sujet tou- 
jours vraisemblable et d'une exécu- 
tion toujours suffisante. Ils partiel-- 
peut de l'épilogue par l'iùtention- 
morale, et du proverbe par la forme 
populaire. Un des plus célèbres, saiis 
être pour cela le meilleur, a pour 
titre Iti Olives. Lope de Rueda n'a 
écrit en vers que ses colloques de 
bergers. Une prose simple et leste 
conserve à sa pensée comique toute 
l'ingénuité de son naturel. L(!s ou- 
vrages de Rueda furent imprimés de 
son vivant par son ami Timonade, 
libraire et auteur dramatique, qui 
les publia à Valence en 1567 et 1570. 
Cette édition contient quatr.e coiné- 
diesy dix pasos^ deux colloques en 
prose et un en vers. Les autres col- 
loques en vers, qui étaient fort esti- 
inési sont perdus. Z. 

RUFFËLET ( Christophe - Mi- 
chel), né a Saint-Brieuc, le 1 1 janvier 
1725, fut ordonné prêtre en 1749, et 
devint chanoine de la collégiale de . 
Sainf-^Guillaume, puis de la cathédrale 
de cette ville. La révolution lui ayant 
fait perdre son canonicat de la ca- 
thédrale, il le recouvra après le con- 
cordat, et mourut à Saint-Brleuc Le 
31 août i80a. Le goût des lettres et 



RÙF 



133 



des sciences Tavait entraîné, dès ses 
plus jeunes années, à former, sur 
toutes les branches des connaissances 
humaines, une très-belle bibliothè- 
que qu'il légua, en mourant, à l'évé- 
que de Saint-Brieuc, pour l'usage de ' 
l'évéché. L'abbé Ruffelet avait fait 
une étude spéciale *de l'histoire et 
des antiquités de son pays , et il 
&'était proposé de coordonner toutes 
SCS recherches dans un ouvrage sur 
l'évéché de Saiiit-Brieuc. 11 s'est borné 
à publier sur cette ville, un opuscule 
intitulé : Annales Briqchines, ou 
Abrégé chronologique de l'hisU)ire 
ecclésiastique, •civile et littéraire du 
diocèse, enrichi de plusieurs notes 
historiques, géographiques et cri- 
tiques, Saint-Brieuc, 1771 , in-24. 
Cet ouvrage, dans lequel ila rattaché 
avec beaucoup de sagacité à l'histoicc 
de la Bretagne les faits particiiliers 
à sa ville natale, est consulté avec 
fruit lorsqu'on veut avoir des rensei- 
gnements exacts, soit sur Thistoire 
et la statistique religieuse de ce dio- 
cèse antérieurement à la' révolution, 
soit sur la généalogie de quelques 
familles du .pays. On doit encore a 
l'abbé Ruflelet un Propre de Saint- 
Brieuc, et des Réflexions critiques 
sur le Précis de l'histoire de Carhaiz 
par La Tour d'Auvergne, insérées 
dans le Dictionnaire historique et 
géographique d'Ogée (tome 1*'; t* 
Carhaix). P. L— t. ' 

RUFFEY ( Gilles - Gehmain Ri- 
CHARD de), présidente la chambre 
de$ comptes de Bourgogne, membre 
de l'académie de Dijon, naquit dans 
cette ville le 11 octobre 1706. Il cul- 
tiva de bonne heure la poésie, et 
composa un grand nombre de pièces 
qui furent imprimées séparément ou 
insérées dans le Mercure de France. 
« Il s'est fait connaître dans la répu- 
blique des lettres, dit l'abbé-Papil- 



184 



RUF 



Ion (1), par plusieurs amusements 
qui ont nx^ritë l'estime des connais- 
s seurs. > Ces titres, assez peu solides, 
ne sr raient pas sufGsauts pour sau- 
ver de l'oubli le nom du président de 
RufTey,si d'autres travaux plus utiles 
et ses efforts persévérants , dirigés 
pendant une longue carrière vers ie 
progrès des sc'rences et des lettres 
dans la capitale de la Bourgogne, ne 
devaient le recommander au souvenir 
de la postérité. Le président de Ruf- 
fey avait formé en 1752 une société 
littéraire dont les séances se tenaient 
dans sa bibliothèque, espèce d'iusti- 
tution rivale qui s'était élevée à côté 
de Tacadémie de Dijon. Comme plu- 
sieurs de ses liiembres appartenaient 
à Tune et à Tautre, on SfUiit la né- 
cessité de les réunir, afin de concen- 
trer dans un foyer commun des lu- 
mières dont la diffusion était moins 
favorable au progrès des sciences. La 
réunion désirée s'opéra en 1759 (2). 
Non-seulement le président de Ruffey 
pritune part active aux travaux de Ta- 
cadémie ; mais bienfaiteur généreux, 
il la dota d'un médailler considéra- 
ble. en 1761, et, l'an née suivante, ob- 
tint de la comtesse de Rochechouart. 
le don d'une très-grande quantité 
de médailles pour 'augmenter cette 
collection. Parmi les ouvrages dont 
il a enrichi les mémoires de cette so- 
ciété-savante, on remarque : 1^ une 
dissertation sur Forigine et la for- 
mation d'une mine de bois fossile 
découverte près de Lons-le-Saulnier; 
2^.un essai historique sur le siège de 
Dijon^'fait par les Suisses en 1513; 
3^ un essai historique sur les acadé- 
mies-de France, dont on en trouve un 
extrait dans le if erctire (janvier 1763, 

(l) Bibliothèque de$ auteurs ée Bourgogne, 
Dijon, 174'^» i«-folM p. aoi él'202. 

{1) Histoire de l'Académie de Dijnn (rn tête 
des ménoirr»), Dijou, 1759, iii'4o, |i. xxxf. 



RUF 

page 53). Les ouvrages en vers du prë« 
sident de Ruffey se distinguent par la 
facilité de la versification, nrais on y 
cherche vainement quelque trace de 
ce feu créateur, qui seul peut faire 
vivre'Ies compositions poétiques. H 
a publié : I. Ode sur le camp de lu 
Saône^ commandé par M. le duc de 
Léiy, Dijon, 1727, in-4^ 11. Éloge 
funèbre de La Monnoie, traduit du 
latin du père Ottdin (3), en vtrs fran- 
çais, Dij(»n, 1729, in-8o. Cet opuscule 
a été réimprimé à la suite des NoëJs 
bourguignons, 1738, in-12 ; mais on 
ne le trouve plus dans les autres édi- 
tions qui ont suivi celle-ci. III. Ode 
sur la naissance de monseigneur le 
DaupAtn, Dijon, 1729, iD-4« IW. Ré- 
ponse à la lettre de M, Vabbé Le- 
blanc^ sur l'éUction de M. le comte 
de Clermont à l'Académie frctncaise, 
17'53, in-40. Les pièces principales 
de B'uffey insérées dans le Mercure 
de- France sont : 1"* Àntiochus, 
poème héroïque tiré de TÉcriiure 
sainte (juin 1729) ; 2° La Beauté, ode 
(juin 1730) ; 3" Stances sur la fiècre 
(1731); 4° Epithalame de madennâ- 
selle de la Briffe, tille de M. l'inten- 
dant de Bourgogne, et de M. le rouite 
de Morgés, pièce monorime (août 
1732), etc. Élu par le roi aux États 
de Bourgogne, il composa en leur 
nom les devises et les tfiicnpitons de 
la pompe funèbre de S. A. S. mou- 
seigneur le, duc, faite à Dijon le 17 
décembre 1740. Il a laissé plusieurs 
ouvrages inédite, parmi lesquels il 
faut citer V Histoire lyrique des eaux 
de Plombières i pour Vannée 1754, 
jn-fol. de 28 pages. Nou5 en possé- 
dons le manuscrit, qui contient quel- 
ques détails curieux sur les amuse- 

^3) Bemardi Moneiœ esimii poeta et en'/io 
Epteedium, etc., Dijon, 1729, ùi-fol. et in- 
X^\ réimprimé dans le tom. îlî des Poematm 
didascatira. 



RUF 



RUF 



ISS 



ments auxquels se livrait la société 
distinguée qui se trouvait alors réu- 
nie pour prendre les eaux. «La pré- 
sence dé Voltaire, qui malgré les 
maux dont il est accablé conserve 
dans un corps infirme toute la viva- 
cité d'esprit qui a fait briller sa jeu- 
nesse, a répandu dans l'air de cette 
bourgade une influence poétique qui 
a fait naître un grand nombre de 
vers et de chansons.- L'auteur en 
rapporte une grande partie, et les 
siens surtout n'y sont pas. oubliés. 
11 en est peu qui méritent de survi- 
vre à la circonstance qui les fit naî- 
tre , si l'on en excepte des vers iné- 
dits de Voltaire à madame de Beles- 
tat. Le célèbre écrivain ne se fit voir 
qu'une seule fois à la fontaine, et 
malgré toutes les sollicitations de la 
bonnecompa^niequfaffluait à Plom- 
bières, on ne put le tirer dé sa soli- 
tude. Nous lisons daus sa Correspon- 
dance une lettre du 26 juillet 1754 
au comte d'Argental, où il est ques-^ 
lion de la fécondité poétique de Ruf- 
fey. ■ J'ignore si ce billet vous trou- 
vera à Plombières. H n'y a que le 
président qui puisse y faire des 
vers (4). » On croit entrevoir ici un 
grain de persiflage; nuiis il ne serait 
pas étonnant que le grand homme, 
suivant la pente de son caractère, ait 
été jaloux môme de l'espèce de vogue 
que les petits vers du président 
avaient obtenue. Ruffey fut associé 
correspondant des académies de 
Lyon, Nancy, Villefranche, etc., et 
ne cessa de cultiver les lettres jus- 
qu'à la fin de sa carrière.* H mourut 
à Dijon le 19 septembre 1794. Triste 
effet de la corruption humaine ! Les 
amours de Sophie Richard de Rufley, 
la maîtresse doublement adultère du 



(4) Correfpondamet générale, édition Je 
Kclli, tom. LV, p. 1x8.. 



comte de Mirabean {voy. Motit<ibb, 
LXXIV, 200), ontdoiiné plus d'éclat 
au nom du président bourguignon, 
que les services rendus par lui- à la 
cause des sciences et des lettres. 

L— M— X. 

RUFFEY ( iPRÉDÉRic ^ Henri Ru 
cHARDde), fils du préludent, était 
président au parlement de Bourgo* 
gne lorsque l'Assemblée constituante 
rendit son décret du 6 sept. 1790 
qui supprimait les p^irlements et les 
cours souveraines et réduisait les 
nouveaux .tribunaux .aux simples 
fonctions judiciaires. Comme son pè- 
re, il naquit à Dijon , et Qomme lui 
il posséda t>rès de cette ville les sei- 
gneuries de Ruffey,.Vesvrotte et du 
lUfortray. L'abbé Papillon-, dans sa 
Bibliothèque de Bourgogne , ne fait 
pas remonter cette fauiille au delà 
de Germain Ricliard, chevalier, sei- 
gneur de Ruff^yet Vesvrotte, lequel 
avait épousé Marie-Anne Diirand!, et 
a vai t été élu du roi aux États de Bour- 
gogne et président à la chambre des 
comptes de 'Dijon , ainsi que le fut 
plus tard son fils Gilles Germain de 
Rufféy, dont le nom figure non-seu- 
leuient dans la liste des académicièna 
dijonnàis , mais encore dans lePoa- 
mata didascalica , publié à Paris en 
1749 par le P. Ondin et l'abbé d'O- 
livet. Ce recueil , fort négligé de nos 
jours, ofrrïrait encore quelque inté- 
rêt aux lecteurs instruits de la Bour^ 
gogne. Ils éprouveraient sans doute 
quelque plaisir à retrouver au t. II, 
p. 393-430 ,. parmi les poésies latines 
de François Oudin (ce jésuite pres- 
que dijonnàis, dont le philosopho 
d'Alembert a loué le savoir et la mo- 
destie) , plusieurs noms qui ont fait 
honneur à la(!apit||e bourguignonne. 
Sans compter lesSaumaise, les Bou- 
hier, on y Voit cités La Monnoie , 
l'auteui: des Non Borguignon de Crut 



t36 



RUF 



» » 



Barôzaiy c*est-à-dire des Noël» 
Bourguignons:' Lucotte, seigneur 
du.Tiiiot , gentilhomme ordindire de 
Charles, duc de Berry, troislcute pe- 
tit- iil^ de Louis XIV; le président 
Godran, fondateur du collège eu 
1581 ; P. Fevret , fondateur de la bi- 
bliothèque publique; le président 
Berbisey; Briffault, commissaire 
royal ; le président Fyot de Lu Mar- 
che. Le père de Frédéric-Henri de 
Ruffey (voy. l'article précédent) ve- 
nait d'imiter en vers français les 
vers latins du P. Oudin sur la mort 
de La Monnoie, et il avait environ 
vingt-deux ans quand le poète latin 
remercia l'imitateur français, san^ 
doute son ancien élève, en lui adres- 
sant une pièce fort courte, intitulée : 
Richardo Ruffœo : 

«t Flormitt, meaf'eingef Musa, lauro 
Rnffaei çaput t ett enim ptritus 
Vêitrarum puer artium-, reeensqut, 
Gmllicis dédit auribus legendum^ 
Qmod Mup«r mihi earmen txtudùti ; 
JÊC eultu •xpoUil 4tjrU nil4ntist 
U( or€ 9Si nUido venuttu* ipse. »> • 

Ce dernier vers nous apprend qu'à 
ses talents poétiques le père de Fré- 
déric de Ruffey joiguait une figure 
aimable et gracieuse. Cette grâce, 
cette amabilité qui hâtèrent dans le 
monde frivole de cette époque l'a- 
vancement el les succès de Gilles- 
Germain de Rufrey,il les transmit à 
sa fille 4 Sophie de Ruffey, marquise 
deMonnier, dont elles amenèrent les 
aventures galantes et la triste fin 
(voy. MONNIER, LXXIV, 200). Le 
président du parlement de Bour- 
gogne, Frédéric-Henri de Ruffey, 
était donc frère de la célèbre mat- 
tresse de Mîr(tbeau;et le souvenir. 
dés 'excessives rigueurs exercées 
contre les deux aidants, tant par les 
familles Monnier et Mirabeau que 
par. la famille Ruffey, a dû coiitri- 
bner à soulever plus tard coiitrc Fré- 



RUF 

déric-Henri , lorsiiu'il devint le plus 
notable représentant de celle-ci , les 
passions politiques les plus implaca- 
bles. Madame de. Ruffey avart donné 
à son fils Frédéric, comme k ses au- 
très enfants , les principes d'une édu- 
cation très-pieuse et très-austère , si 
l'on en juge par quelques traits, exa- 
gérés sans doute, que, dans ses Let- 
trée à Sophie^ Mirabeau nous a lais- 
sés sur là mère de son amante. Ou 
les trouve ainsi reproduits par Publi- 
cola Chaussard dans la notice qui 
précède son ouvrage intitulé l'j^^- 
prit de Mirabeau:^ Paris, 1797. 
• Madame de Ruffey, tête étroite, 
cœur dénaturé , dévote en un mot» 
sacrifie sa fille, en s'unissant con- 
tre elle, au vieux mari qui avait 
lui-même provoqué sa honte, et au 
père inflexible de l'amant , et à un 
autre amant moins heureux et dé- 
daigné, M. de Saint-Maurice. > Ce 
portrait de madame de Ruffey n'au- 
rait rien d'exagéré, s'il faut en 
croire Tapologie de sa fille et de 
Mirabeau par Laharpc, dans son 
Cours de liltérature. Quant à l'in- 
struction solide que. reçut Frédéric 
de Ruffey et aux bons exemples de 
ce genre qu'il avait sons les yeux, on 
ne peut élever aucun doute k cet 
égard , si l'.on songe que son père 
suivait les traces du président buu- 
hier, qui avait ouvert , même avant 
1728, dans sa riche bibliothèque, une 
noble hospitalité aux sciences et aux 
lettres. Déjà, il est vrai, l'académie 
de Dijon était fondée, en 1725, par .le 
testament Vie Hector-Bernard Pouf- 
fier, doyen du parlement ; mais la 
première séance n'eut réellement 
lieu que quinze ans plus tard, le 13 
janvier 1741. (Foy. le Moréri de 
1759, ta France Littéraire de 17G9, 
et V Annuaire de la Côte- d'Or, par 
C.-X, Girault. ) Il ne sera peut-être 



RUF IIUF 137 

pas inutile de citer ici le témoignage honoraiye. Premier secrétaire de 
de l'un de ces littérateurs , contem- cette même académie, Michanlt, après 
porains de Frédéric-Henri de RuilFey, avoir ajouté dans ses Mélanges quel- 
comme de son père Gilles-Germain, ques mots sur la dissolution, en mars 
Michault {voy. ce nom, XXVIll, 1746, de la société du président Bou- 
551), dans ses Mélanges histori- hier> mort à cette époque dans les 
ques et philologiques ^ Paris, 1754, bras du P. Oudin, son ami (tous deux 
2 vol. in-12, parle d'abord des con- avaient été lesamis de La Monnoie), 
férences du président Boubier, où s'exprime en ces termes sur la nou- 
figurèrent à diverses époques La- yelle société, rivale de l'académie, 
mare, Morcau de Maulour, l'abbé et rétablie. par Gilles-Germain de 
Nicaise, l'abbé Papillon» mort en 1738 Ruffey, qui ne manqua pas d'y ad - 
avant la publication de sa Bibliothè- mettre son iils Frédéric pour.cultiver 
que de Bourgogne ^ l'abbé Joly, son plus facilement ses heureuses dispo- 
ëditeur, Michault lui-même, qui ne sitions : « Ce commerce agréable (de 
mourut qu'en 1770, et d'autres sa- la société Bouhier) fut long-temps 
vants tels que Dumay, Lantin , Le- interrompu; et nous ne cessions d'en 
goux, Baudot, Taisand,.etc. , dont regretter l'utilité et les douceurs, 
plusieurs couronnèrent le fameux lorsque M. le président de Ruffey, 
discours de J.-J. Rousseau , comme dont l'esprit^ le goOt et les lalenti 
académiciens, en 1750, et s'expo- sont connus, ouvrit, le \9 avril il 52y 
sèrent ainsi aux sarcasmes de Vol- sa bibliothèque à plusieurs gens de 
taire, qui écrivait, le 14 sept: 1751, lettres, parmi lesquels se retrou- 
au duc d'Uzès : « Je ne suis guère à vaieut ceux qui avaient composé les 
portée, à la cour de Prusse, de assemblées académiques de M. le pré- 
lire les- thèmes que des écoliers com- sident Bouhier, convaincu qu'en sut- 
posent pour des prix de l'acadé- vaut l'exemple de ce savant et res- 
mie de Dijon.... Il me paraît même pectable magistrat, il augmenterait 
très-indécent qu'une académie ait eu eux l'amour des sciences et des 
paru douter si les belles-lettres ont lettres, et qu'il travaillerait en même 
épuré les mœurs. Messieurs de Dijon temps k l'honneur de sa patrie. Le 
voudraient-ils qu'on les crût de mal- succès répondit à ses espérauces. En 
honnêtes gens? Des gens de lettres effet, cette société a produit un grand 
ont quelquefois abusé de leurs ta- nombre d'ouvrages sur différents su- 
lents^ mais de quoi n'abuse-t-on pas? jets d'histoire, de physique et de lit- 
J'aimerais autant qu'on dît qu'il ne térature..> Michault nous apprend 
faut pas manger parce qu'on peut se encore que ces réunions avaient lieu 
donner des indigestions. Irai je dire tous les mercredis, qu'elles iiuis- 
h ces Dijonnais que toutes les acadé - saieht en août ^t recommençaient en . 
mies- sont ridicules, parce qu'ils ont décembre, sans doute pour laisser 
donné un sujetqui a l'air de Têtre? aux magistrats et savants bourgui- 
Tout cela n'est autre chose qu'une gnons le loisir des vacances et le 
méprise et qu'une fausse conclusion temps nécessaire à leurs vendanges^ 
du particulier au général.- Quoiqu'il Quoique livré spécialement à la ju- 
en soit, avant 1769, Voltaire avait ac- risprudence, Frédéric de Ruffey prO- 
cep(é, parmi ces Messieurs de Dijon, fit a pendant sept ans des conférences 
le iïire d'ac'adémicien^ non résident littéraires dirigées par son père, jus- 



ISS 



RUP 



* qu'to moamit oà la sodété Rniëy 
alla se Tondre rn partie dans Taeadë- 
miedeOij^Q^dout leprincedeCondé, 
gouremeur de Boiirg<>gne, se dé- 
clara *prt»1e€tettr en 1763. Tandis qne 
Frédéric de Ruffer, successirement 
afocat, conseiller au parlement de 
Dijon, parcourait rapidement Sa car- 
rière de la plus haute magistrature, 
son père, s>loigiiant de plus en plus 
des alRiires publiqnes, se livrait da« 
vanlage à son goiftl farori p(»ur les 
travaux académiqnes. En t76a. il n'a 
pittsqne la présidence honoraire de 
la chanhre des comptes; mais il a 
les titres de vice-chancelier de Taca- 
démie et d'associé aux académies de 
Villefhtnche, Pau et Besançon. Tou- 
tefois» en 1784» on le mentionne le 
second sur la listé des académiciens- 
lionsraîres; c'est qo^il avait alors 78 
a»s* Son lils, à cette époque, était-il 
déjà parvenu à la présidence du par-* 
lemaat? nous ne saurions raflirmer. 
Dès rauhéf 1778, le marquis de Mira- 
beau, cet ami êt$ ib oa t n w » qui n'était 
rien moins que Tami de.sbn lils, 
avait enfin consenti à la translation 
du prisonnier du château d*lf à Jiaix, 
près .Pontarlier. Dès cette épiK|ue 
aussi Tatteiition publiquese fixa plus 
que jamais et d*une manière Ai^hetise 
sur la famille de Ruffey. On disait 
hautement que» . par ambition, dans 
des vues de fortune et de noblesse, 
cette lamille avait sacrifié une jf une 
ille è un vieillard septuagénaire. En 
lévrier 1776, Mirabeau sVtait évadé 
de Pontarlier et avait suivi à Dijtka 
Si»phie de Monnier, qui s'était retirée 
diexsa mère. Ma^^ de Rulèv dénonce 
dle-méme l'amant, qni est bientôt 
eoienné au château de Dijon. Le coan- 
maudant, 11. de Chaugej, le minis* 
tPe Malesherbes, émus île ces pouf- 
mtes arbitraires, interviennent mk 
lavturdtt prisonnier^ l^us^en ImI 



RUP 

que ie procès ne soit évoqué au par» 
lement de Dijon. L^éclat était â soa 
comble. Furense de la fuite de Mi- 
rabeau, la famille de Ruffey songeait 
à enfermer $i>phie dans un couvent» 
tandis que M. de Monnier sollicitait 
contre elle une lettre de cachet. Dés- 
honcvée de toute manière, réduite à 
choisir entre la prison et la liberté, 
S(»phie s'échappa en Suisse, et passa 
le S5 août 1776 011 Hollande avec Mi- 
ral>«*a'u, ééemfM m effgie, d'après la 
sentence de Pontarlier. Mais une let* 
tre de cachet les poursuit et les ar« 
réte sur le teriitoire étranger, le 17 
mal 1777. Sophie, enceinte, qui vou- 
lait terminer ses jouVs par le poison 
plutôt que de retomber au pouvoir 
de sa famille, est amenée à Paris avec 
Mirabeau» déposée dans une maison 
de surveillance, où elle Mi ses cou- 
ches (1), et transportée ensaite an 
couvent de Sainte-Claire, à Gien 
(juin 1778). On enferma Mirabeau an 
donjon de Viucennes, où il resta près 
de trois ans, et composa les iuneuses 
JLrlffit â Sofhie. Sans doute cet 
orage, si fatal au président du parle- 
ment de Dijon, sembla se calmer 
lorsque Mirabeau vit tomber ses fers, 
le 17 décembre t780, et surtout lors- 
que iptervint à Pontarlier» entre l'a- 
mant et le mari de Sophie, la trans- 
action du 11 août 178S. homiologttée 
le 14 août 1788 sur les conctysions 
du ministère public, transaction qui 
rendit è Sophie Rufey sa dot et sa li- 
berté. Mais quelques années plus tard 
les préventions et rantuiositë que ces 
déplorables aventures avaient sus- 
citées à Dijon et dans les villes en- 
vironnantes contre le président Ruf- 

■ ■ ■ M ■■ , • y m 

(i) CrlMt «« a^ dwi dditraa rf»c«>ai|« é* 
QliMii»Uis> pruKM d« CMNiéw d<*Teiiii «a« 
«•!»•«>• de prÎMMi à*H»^ Il èuit umê «Ua» la 
!»• CéUèlMid*» a« faaboarg Pointoamièt». 
Onrb dMiri&«»'a84s. 



RUF 

fey et sa famille, prirent un bien 
autre essor pendant q^e l'ancienne 
monarchie croulait de toutes parts. 
Déjh l'éloquence de Mirabeau avait 
contribué à dépouiller ses anciens 
adversaires de leur pouvoir et de 
leurs titres, en coopérant au décret 
du & sept. 1790. Après sa mort, Ma- 
nuel leur porta un nouveau coup en 
dérobant les Ltttres à Sophie, et en 
spéculant comme éditeur sur une cor- 
respondance qui n'était pas destinée 
à Ja publicité. Dès lors, malgré Vé- 
loignement volontaire et IfS nou- 
veaux dt^ordres de Sophie , qui s'é- 
tait asphyxiée le 9 sept. 1789, 
le nom de 'Ruffey, signalé, avec Iç 
plus grand éclat , à la haine des pa- 
triotes Dijonnais, Comme entaché 
d'aristocratie bigote et fanatique, 
ne put échapper, en 1793, aux exé- 
cutions sanguinaires du proconsul 
de la Côte-d'Or, Bernard de Saintes 
{voy, ce nom, LVIM , 59), qui avait 
substitué le prénom de Pioche à ses 
anciens prénoms de Adrien- Antoine. 
11 semble qu'aujourd'hui, après la ré- 
volution pacitique de 1830, les mis- 
sionnaires de 93 (connue les appelle 
Fabry dans Fouvràge qui porte ce 
titre, 1819-1821, in-R») nous ap- 
paraissent encore plus stupides et 
plus féroces. Tandis que Frédéric de 
RufiPey, qui n'aVait pas émigré, cher- 
chait à sauver sa télé en se cachant, 
Pioche Bernard, à peine arrive à 
Dijon , y marquait son coup d'essai 
par le supplice li^un collègue de 
Frédéric de Rnlfey, mais beaucoup 
plus âgé, Mieault de Courbelon. 
Voici les fermes mêmes dp la lettre 
adressée par Bernard à la société 
populaire de Montbéliard : «Mon 
« coup d'essai à Dijon a été de pren- 

• dre gîte dans la maison de Crésus 
« Mieault , président du parlement, 

• et j'ai eu asisez bon ner.; car^, outre 



RUF 



139 



« que la cave est meublée de fort 
■ bon vin , il s'est trouvé quelques 
« petites armoires qui m'ont mis 

> dans le cas de confisquer ce su- 
« perbe hôtel au profit de la nation. 

• J'envoie chercher le maître à 

• Luxeuil, pour le 'faire Juger émi- 
« gré; et 400^000 liv. de rente vont 
« tonôber dan<$ le coffre de la nation.» 
Or, ce prétendu érni gré yWicauW de 
Courbeton, vieillard vénérable qui 
consacrait aux pauvres unt immense 
ff)rtune,.ne s'était pas caché. Lui- 
uiême il avait reçu Bernard à Lu- 
xeuil , dans sa maison de campagne», 
et il l'avait engagé à- loger chei 
lui à Dijon , dans l'espoir que de 
bons procédés l'adouciraient en fa- 
veur d'une ville notée pour son 
royalisme. Bernard s'occupa ensuite 
des reclus de Dijon ; se préparant à 
en envoyer une vingtaine au tri- 
bunal révolutionnaire à Paris, il an- 
nonce ces envois k la Convention par 
sa lettre du 4 ventôse an II: « J'a- 

> vais appris qu'ils se traitaient de 
« barons, de- comtes et de marquis. 

• En conséquence, j'ai donné ordre 
« de conduire un dejs plus coupables 
« au tribunal révolutionnaire. Je fais 

• continuer l'information , et ferai 
« faire le même voyage à ceux qui le 
« mériteront. On ne saurait trop tôt 
« délivrer la patrie des monstres qui 
« là déchirent. ■ {Moniteur du 9 mars 
Î79K t9 ventôse an II.) La pa/r/f fut, 
en effei, délivrée de ces monstres de 
cqnttes^ barons et marquis •, dans les» 
quels Pioche Bernard, par méprise 
sans doute, comprit quatre perru- 
quiers, sans compter sept autres vic- 
times plus ou moins roturières « qui 
périrent à Paris, avec les d'AIIeray 
et les autres merubres du parltMuent 
de Dijoii. Cependant l'heure fatale 
approchait pour le président Frédé- 
ric 4e Rufféy, pour le magistrat qui 



uo 



RUF 



avait osé trouver mauvais que sa 
SGBur, mariée, fût séduite, déshono- 
rée, par Mirabeau. Il rst vrai, la mé- 
moire du célèbre tribun avait été 
récemment outragée par la populace 
de 1793; mais on sait aussi que les 
républicains avaient accusé les par- 
tisans de la monarchie de Tavoir em- 
poisonné. Mirabeau avail avoué lui- 
même ses nombreux écarts, qu'il ap- 
pelait rinfamie de sa jeunesse (voy. 
t. XXIX) 1 09). Mais à Dijou^ il se trou- 
TB saus doute des ultra-Mirabeau 
et des délateurs, eu face du château 
où avait été reclus l'amant de So- 
phie Ruffey, en face de Téchafaud 
que Bernard laissa plusieurs mois en 
permanence. Bientôt Tasilc de Tex- 
président est découvert : i! est arrêté, 
détenu, et réduit à chercher un dé- 
fenseur. Il a désigné un ex-avocat au 
parlement, Legoux, dont il avait pu, 
mieux que tout autre, apprécier le 
cœur et le talent. L^goux sort de sa 
retraite, au péril de ses propres jours. 
Il ne lui fut pas difficile de démontrer 
au tribunal criminel de la Côte-d'Or 
toute l'absurdité de cette interpréta- 
tion de la loi du 17 septembre 1793, 
dite des iuspeeii^ et de la loi plus 
récente du 13 mars 1794, interpréta- 
tion consistant à condamner à mort 
comme émigrés des hommes que Ton 
saisissait en France, dans les provin- 
ces et les villes qui les avaient vus 
naître, etsouvent dans leurs propres 
foyers. Mais deux victimes, Micault et 
Colmont, avaient déjà subi, à Dijon, 
sur l'échafaud, cette interprétation 
féroce : il fallait une troisième vic- 
time au terroriste Bernard, et le 10 
avril 1794 IVx-président Frédéric- 
Henri Richard de Ruflt'y tomba sous 
la hache révolutionnaire, quelques 
mois avant la mort de son père, GiU 
ie»-6ermain. Le farouche mission- . 
Hêtre de h CCte-dOr fut arrêté le 



RUF 

*2S mai 1795 et amnistié le 26 oct. 
1796. Pendant sa diftention, il osa 
publier deux mémoires justihoatifsde 
sa conduite^ et notaunnent de la con- 
damnation des prétendus émtyre< Mi- 
cault, Colmont et Richard de RiitVty. 
Le premier mémoire est intitulé : Ba- 
nard de Saintes, représentant ,du 
peuple» à la Convention nationale, 
in-8^ ; le seconda pour titre : Compte 
rendu sur la partie critique de la 
mission de Bernard, etc. Quant au 
courage de l'avocat de Frédéric de 
Ruffey, il ne fut oublié ni à Dijon ni 
à paris. Vers l'époque de 181(^ appuyé 
sans doute par le crédit de Berlier, 
son compatriote, Legoux sollicitait 
lés hautes fonctions de procureur- 
général à la cour impériale de Paris : 
« Lfyouo;.' s'écria Te m pereur, n'était- 

• il pas jacobin? — Non, sire, répon- 

• dit Maret, duc de Bassano ; comme 

• moi Legoux est né à Dijon, et je 

• sais qu'en 1794 il exposa sa vie pour 

• sauver celle de l'ancien président 

• du parlement, traduit devant le tri- 
« bunal criminel de la Côte-d'Or ! • 
La nomination de Legoux fut signée à 
l'instant même. Au uiomeut où nous 
écrivons,la famille de Richard de Ruf- 
fey n'est pas éteinte : un frère de l'an- 
cieii président au parlement, Richard 
de Vesvrotte, est mort, il y a quelques 
années, laissant deux lils dont un ma- 
rié. Cédant aU goût des voyages qui 
l'entraîna jusqu'en Laponie , et aussi 
à rhorreur qne lui avait inspirée la 
tourmente révolutionnaire, il vécut 
loug-temps hors de France, émigré 
volontaire. A un esprit vif, aux con- 
naissances variées qu'il avait acquises 
dans ses voyages, il joignait une hu- 
meur parfois bizarre. On cite de lui 
une singularité dont nous ne garan- 
tissons pas l'exactitude . Sa voiture 
de voyage, a-t-on dit, portait tou- 
jours V« oetcmeil où il Toulait que son 



RUF 

cnrps î([\ (lëposi'î. Quant à sa belle- 
s<çiir, femme de Frëdëric-Henri de 
Ruffey, elle montra pour son mari 
des sentiments bien diffiTents de 
ceux qu'avait eus Sophie de Mon- 
nier, surtout depuis qu'elle fut sé- 
parée de Mirabeau, et que sa con- 
duite. eut donné un dénicnli formel 
aux éloges passionnés de son pre- 
mier amant. Singulier contraste dans 
«ne même famille ! -— M"" Frédéric- 
Henri Richard de Ruffey, femme de ia 
victime du. farouche missionnaire de 
.1794, fut une honorable vicliinc de 
i'amour conjugal : elle perdit la rai- 
son l'année même où elle fut frappée 
dans ce qu'elle avait de plus cher. 
Sa folie consistait à attendre encore 
après trente ans celui qu'on lui avait 
ravi pour toujours ; elle ne se inet- 
jtait point à table, si l'on ne plaçait 
k cùié d'elle le couvert de son mari. 
Nous l'avons vue nous-niême ^ dans 
les dernières années de la Restaura- 
tion, les yeux égarés^ parcourir les 
rues de Dijon, avec une longue canne 
à la main, et les cheveioc poudrés, 
Ja haute coiffure et tout le costume 
de 1789; à quelque distance suivait 
UQ domestique chargé, par le tuteur 
de l'ex-présidentc, d'acquitter le prix 
des emplettes qu'elle pouvait luire. 
Ce spectacle bizarre, plus éloquent 
•que de pompeux discours sur les 
«ffetsde nos discordes civiles, n'in- 
spirait au public que des sentiments 
unanimes de respect et de silencieuse 
tristesse. — Un habile et modeste bi- 
bliophile, ancien libraire. à Dijon, où 
il réside depuis longues années, M. 
Popelain, pense que le président de 
Ruffey avait coopéré, avec Joly de 
Bévy, président à mortier au même 
parlement , à quelques ouvrages de 
jurisprudence. Dans cette hypo- 
thèse il ne pourrait être question 
i}ue deis éditions qui ont pâm de 



Rl!F 



l^t 



1787 à 1789, sous le seul nom de 
Joly de Bévy, savoir : 1» le Traité 
de la Péremption d'instance^ par 
Melenet , in-8»; 2° les OEucres de 
jurisprudence du président Bouhier, 
3 vol. in-S**, édition non .terminée. 
Les Lettres sur la profession d'avO' 
cnt , etc., par Camus et Dupin , !• 
édition, Paris, 1818, 2 vol. in-8®, 
ne donnent aucune lumière à cet 
é^ard , non plus que le supplément 
de la France littéraire, par M. Qué- 
rard, ni la dernière édition du Ma^ 
nuel du libraire^ par M. Brunet, 
ni les excellents articles sur divers 
écrivains de la Bourgogne , dont 
MM. Foissetontenwchi cette Z^io^ra- 
phie universelle, ni en Un les savants 
ouvrages d'un bibliographe que nous 
avons particulièrement connu, et qui 
fut aussi notre collaborateur, l'an- 
cien inspecteur de l'académie de 
Dijon,G. Peignot. N — f— e. 

UUFFIN ( François ) , ; général 
français, Tun des plus distingués 
dans les guerres de la révolution, est 
cependant moins célèbre par ses ex- 
ploits que par les honneurs funèbres 
qui lui furent rendus trente-quatre 
ans après sa mort. Né h Bolbec en 1771 
d'une famille de bourgeoisie, il s'en- 
rôla dans un des bataillons dé volon- 
taires nationaux que fournit en 1791 
le département de la Seine-liifé- 
rieure, et y devint bientôt oflici'T. 
Nommé en 1703 aide-de-camp du 
général en chef Jourdân, il a.ssista 
à la bataille de Fleurus, et Ut les 
campagnes qui suivirent dans l'armée 
de Sauibre-et-Meuse. Devenu adju- 
dant-général avec le grade de colo- 
nel, il passa à l'armée du Rhin, et 
fut fait général de brigade sur le 
champ de bataille de Houenlinden en 
1802. Employé dans ce grud'i à la 
grande^ anuéft i^ou*\v\ï» VN\<\tvs vV.'^^- 
polûoti eu \^^% > W *^^ s\*î;\v.n\a ^îlx- 



ut RtJF RUF 

liculièrement à la bataille d*Auster- les moyens de la diplomatie. Enfin le 

litx, et fut nommé commandant de la gouTernement anglais se rendit à leur 

Légion - d'Honneur , puis comte de prière, et le 29 octobre 1845 un pa* 

l'empire. Il se distingua encore en quebot anglais apporta ces restes Té> 

plusieurs occasitms, dans les campa- nérés dans le purt du Havre, où ils 

gnes de 1806 et 1807, contre les Prus- furent solennellement rt-çus par les 

siens et les Russes , notamment à Ey« autorités et la popularion tout en^ 

lau, àFriedland, et fut fait général tière, puis transportés à Bolbec et 

de division après cette dernière déposés dans un monument élevé aux 

bataille. Quand la paix de Tilsitt frais de cette ville. II— Dj. 

eut mis flu aux hostilités dans le RUFFO (Pabbice- Denis), surnom- 

Kord, Ruflin passa en Espagne, et mé en Italie le ^éneraZ-rardïnaZ» na- 

il concourut a la première iuvasion quit àNaples le 16 septembre 1744, 

4e ce malheureux pays, sous les or- d'une lamille ancienne et illustre, 

dres de Murât, puis sous -les mare- dont le chef porte le titre de duc de 

chaux Ney et Soult. II faisait partie Baranello,maisqin,àcetteépoque^ne 

da corps d'armée«de ce dernier, lors- posséilait pas une fortune considé- 

qu'il fut atteint d'un biscaîen à la rable. Le jeune Fabrice, n'étant pas 

bataille de Chiclana près de Cadix, Taîué, eutra dans les ordres. II ne 

le 5 mars 1811. Blessé mortellement, prit cependant point la prêtrise, et 

il tomba dans les mains des Anglais, s'arrêta au diaconat, suffisant au but 

qui le recueillirent sur uu de leurs qu'il se proposait, la riche carrière 

vaisseaux, le. Gorgon^ à bord du- desprélatures.qu'avaientsuivieàplu- 

quel il mourut le 15 mai suivant, sieurs de ses parents, entre autres 

Son corps, transporté à Portsmouth, Thomas Raffo, un de ses oncles, mort 

y fut inhumé avec tous les houneurs cardinal en 1753. 11 se rendit donc 

desongrade(l).Onadit qu'àla nou- à Rome et. plut à Pie VI, qui le 

velle de cette perte tous les habitants nomma assesseur du gouverneur , 

de Bolbec prirent le deuil. Ce qu il y a puis tresoner-genéral de la cham- 

de sûr, c'est que lui et lessiens étaient bre pontiiicaie, place qui équivaut à 

depuis long-temj)saimésetconsi«iérés celle de miuistre des ilnancfset mène 

dans cette ville.. Dès qu'ils connurent au cardinalat. 11 y déploya beaucoup 

le lieu de son inhumaiion, ses ciMiipa- de zèle et i'utroduisit plusieurs amé- 

triotes voulurent posséder ses restes, lioratious. On lui dut une loi qui 

et p^iur cela lis mirent en usage tous accordait une prime aux proprié- 

" i taires qui planteraient des oliviers, 

(I) Le chien da général Ruffin donna «^ ^^^^^ prévoyance CUt daUS la SUitC 
dans cette oira^ion des 'irenTes d nue iidé- ICS pluS héureUX résultats. Homme à 
Uté »*sei ordinaire dans ces bons animaux, projets, SCS aUtreS UieSUrCS u'eureut 
S'atUuhant à tous les mauveineufs de >oa t^..*-»*. i« .«« ^ i ^ 
maître, blessé mortellemeut , il le suivit sur ^^ ^«**teS le même SUCCes; il mê- 
le vaisseau anglais, quoi que l'on pût faire COUteuta le peuple par SOU gOÛt pour 
pour l'en empêiher, et quand leg^-néral fut |es imiovalioUS, CI daUS Une Carlca- 
jBMtrt il suivit le rerruril iu>que sur la toml>e . • ' i • > 
à laquelle il fut encore Irèsitifficile de Par- ^^^^ renOUVelCC depuiS ^OVLT Iç CZar 
racbar. Le général anglais, Gr«ham, touché Paul 1", OH le représeula tenant 
di cette admirable fideliré. le conserya au- ^jt^n^ 0,^^^ |^ ^^^ ^^^ j^^^ p^^j 
pim de lui, el finit, a force de bons trai- j_ . * , ^ , 
temenLs p.r se rattacher. Il le garda ainsi COnlre-Ordfe, et avaut le tùoi déiOr- 

juqa'àla fin de «a Tîe. • . dfe écTit sur le front. Que celte ac- 



RUF RUF U3 

cusatioD fût fondée ou non, Ruftb reste donné de pleins pouvoirs et 
n^en perdit pas moins la faveur du une autorité sans limite. Ce fut an 
saint- Père et fut obligé de résigner mois de février 1799 qu'il débarqua 
ses fonctions et de rentrer dans sa à Bagnara» où il avait eu soin de se 
patrie, où il obtint de Ferdinand IV ménager de nombreuses intelligen- 
l'intendance du château royal (ie Ca- ces. Les habitants de toutes les con- 
sèrta. 11 avait été nommé cardinal- ditions raccueillirent avec les plus 
diacre in petto dès le 26 sept. 1791, grandes démonstrations de joie, de 
mais il nefutdéclaréque le 21 février respect, et quand ses projets furent 
1794, sous le titre de Sainte-Marie connus, des hommes armés accouru- 
tn Co^tnedmo, qu'il échangea depuis rent des pays voisins, conduits par 
contre celui de Sainte-Marie in Via des nobles, des prêtres ou des moi- 
Xata. Rassuré ainsi sur lessentiments nés qui,, voyant à leur tête un prince 
de Pie . VI, Ruffo retourna à Rome de l'église, n'hésitèrent point à par- 
et y resta jusqu'au moment de l'in- ticiper à une guerre qu'ils considé- 
vasion française, qui s'ét.eudit bien- raient comme sainte. Encouragé par 
tôtà toute la Péninsule, et força la fa- ce premier succès, Ruifo puulia le 
mil le royale à se réfugier en Sicile. Le décret qui lenommait lieutenant-gé- 
cardinal l'y suivitetdevintrun de ses qéral du royaume et sortit de Ba- 
conseillers les plus zélés et les plus gnara avec une petite armée qui 
écoutés. Les nouvelles reçues du augmenta rapidement dans sa route, 
cont,inent rendirent quelque cou- et s'éleva bientôt à 25,000 com- 
rage aux fugitifs. On apprit que le battants, assez mal. organisés, il est 
peuple se soulevait dans les Abruzzes, vrai, et fort peu disciplinés. Dans 
dans la terre de Labour, dans JaBasi- de pareilles circonstances on ne pou- 
licate et surtout dans la Ppuille. Le vait se montrer difficile sur ie choix 
roi tint conseil, et comme Rufifo était des soldats, et la nécessité d'ouvrir 
celui qui ^montrait le plus d'ardeur les rangs de l'armée à tous ceux qui 
pour la guerre, il fut chargé d'aller se présentaient tit qu'elle se trouva 
se mettre à la tête du mouvenient ; composée en pactie de gens sans aveu, 
ce choix fut vivement approuvé . de hiigaads même et dé forçats dé- 
par ie premier ministre Acton, en- chaînés (2).. Tout cela explique, sans 
chanté de trouver une occasion de lesjustitier, les excès qui se commi- 
se débarrasser d'un homme dont le rent, malgré les dispositions naturel- 
crédit commençait a lui porter om- les du chef pour la modération et là 
brage. Le cardinal accepta avec joie .clémence. Après avoir soumis sans 
et partit immédiatement. 11 devait, combat et- par le seiil bruit de son 
d'après ses instructions, se rendre arrivée les villes et les campagnes jus- 
en Calabre dans les fiefs de sa mai- — 

son, sonder les dispositions des '^^^o^' ^fH^''^^7^àeyraidBnsoettea»ser^ 

' « "^ tioii, -mais UOU9 feruus remarquer que I his- 

prOvinceS,.et S^loil les CirCOnStan- torieuColleltii cite lcprttlr«7imii/rfi|,«rmi les 

ces, s'avancer dans le royaume ou pn"<;"l>aux persouiniges qui ««* joignirent au 

rpvpnir Pn Sicile (i\ On lui avaitdii *^«'*^'""* *"" ^^ »"" "«""^^ ^ Baçnara. Cet 

revenir en.ÔICUe ^i;. un mi avait au ecclésiastique était peut-être un de ses ugeots 

■ ; — sur le cuntineut, et lui avait fait passer en 

(i) On a prétendu, dît la Biographie des Sicile les avis qui le déteriniuèrent à conseil- 

hommes vivants^ que Ruffo n'eut pas la pre- 1er ec entre|>rea4re l!çTpéditiuii. 

mière idée de l'expédition et que le plan en (a) Mémoires tirés des papiers d'un hommt 

était dÀ à un curé nommé Rioaldi, Noua ne d'Ètai, tom, Yd, pag. 3a7. 



144 



nuF 



qu^à Milcto, Ruffo s'arrêta dans cette 
Ville, et convoqua tout ce qu'il put 
crëvéques, dVcclësiastîqnes , d'an- 
ciens magistrats, de militaires, d'em- 
ployés et de citoyens influents par 
leur nom ou par leur fortune (3). 
11 leur exposa In mission qui lui était 
confiée, la justice de la cause du 
trône, la sainteté de celle de la re- 
lijçion; il (idonna que les habitants 
dévoues k Dieu, fidèles au roi, s'u- 
nissent k lui et portassent à leur cha- 
peau, pour emblème et pour signe 
de raliiement, la croix blanche et la 
cocarde rouge des Bourbons. Outre 
les récompenses célestes, il leur pro- 
mit une exemption de contribu- 
tions pendant six ans, et une com- 
pensation de leurs sacrifices dans les 
biens des rebelles confisqués dès ce 
jour au protit du trésor royal , et 
jdans les impôts qu'on ferait pe^er sur 
les villes et le-t pays du parti con- 
traire. Enfin il donna à son armée le 
nom de la Sainte-Foi, pour dési- 
gner le but sacré de cette guerre. 
I»ins, après être allé en proresfJion h 
l'église et avoir béni so!i'nneiio:ij«*nt 
l'armée, il se remit en inirche. On 
disait que Monteloone, ville assez 
forte, tenait pour la r<-pnhlique-,mais 
sommée de se rendra et menacée 
«les (iernières riguri:r«, «'Me racheta 
<;a mauvaise réputation en donnant 
de l'argent, des chevaux, des vivres 
et des afmes. Cutrose soumit encore 
plus promptenient. Il n'fu fut pas 
de même de Cotrone. Quoiqu'elle 
n'eût pour toute garnison que trente- 
deux Français échappés à un naufrage 
en revenant d'Egypte, cette ville es- 
saya de se défendre \ mais, assaillie 
par une armée nombreuse, elle dé- 



fi) Histoire de Copies 'depuis Churtet F! 
jmtqu'a Fenîinund f /', p.ir l** général Collrtta, 
liT. IV. S l'i pr ^tiir. 



ftur 

manda bientôt k capituler. Le cardi- 
nal, qui avait besoin d'une proie pour 
satisfaire la cupidité de ses troupes, 
refusa cette offre; et, après quelques 
heures d*un combat inég-tl. Cotrone 
fut pris d'a«saut et livré pendant deux 
jours k tous les excès d'une soldates- 
que effrénée. Ayant repris sa marche 
triomphante, l'année de la Sainte- 
Foi arriva sous les murs de Caian- 
zaro, inonda le pays voisin, et envoya 
son:r:i('r les habitants de se rendre. 
Celte ville, située sur une haute col- 
line, cntour.'c c?p bonnes murailles, 
peuplée de teuzilIt'iVriies, bien pour- 
vue d'amies et craignant b-sdcrniers 
malheurs depuis la nouvelle du sort 
de Cotrone, répo::dit qu'elle ne s'é- 
tait jamais révoltée, qu'elle n'avait 
fait que céd* r k la force en présence 
de h conquête française , et quVlIe 
était prèle k rentrer sous l'auîoriîé 
du roi, à condition que les ciioyens 
ne serainit ni punis ni inquiétés 
pour leurs opinions ou leurs îscfes, 
que les troupes royales n'entreniient 
point dans la ville, qu'on y admet- 
trait scuIiMuent les principaux chefs, 
ei que la garde urbaine resterait sous 
les ariufs. La paix était k ces condi- 
tions. Si le cardinal voulait la guerre, 
il devait savoir que six mille hom- 
mes mourraient en combattant avant 
de subir Thorrilile traitement de Co- 
trone. Soji modération,' soit pru- 
dence, Ruffo accepta les conditions 
qu'on lui proposait, et n'exigeaqu'une 
somme de douze mille ducats pour 
les frais de la guerre. La bannière 
royale fut arUprée dans la ville, et 
après que toute cette partie de la 
Calabre eut été soumise, Tarmée se 
dirigea vers Cosenza. Tandis que le 
cardinal marchait ainsi de succès en 
succès, d'autres chefs royalistes n'é- 
taient guère moins heureux ; des 
vaisseaux anglais et siciliens parcoii- 



RtîF 

liaient les côtes, excitant les populA- 
tions à se soulever, combattant les 
villes maritimes fidèles au nouveau 
gouvernement, débarquant des sol- 
dats et distribuant des armes, des 
édits du roi et des gazettes remplies • 
défaits défavorables aux Français; 
enfin, une flotte turco-russe se di- 
rigeait aussi vers l'Italie. Dans 
toute la Calabre, deux villes seule- 
ment, Paola et Cosenza, tenaient en- 
core pour- la république. Le cardinal 
envoya contre la première le chef Li- 
castro, qui s'en empara presque sans 
coup férir, et Mazza, autre chef, 
contre la seconde. Celle-ci était dé- 
fendue par une armée de trois mille 
hommes sous les ordres d'un Corse 
nommé De Chiaro, qui, au lieu de 
combattre les troupes royales , leur 
ouvrit les portes de la ville, et se 
joignit à elles. Cette prompte sou- 
mission, quoique involontaire, sauva 
Cosenza , car dans l'état des choses 
elle n'aurait pu tenir long-temps, et 
sa résistance, en exaspérant les vain- 
queurs, eût amené. des excès qu'il 
n'était pas au pouvoir de qui que 
ce fût' de prévenir ni de réprimer. 
Voyant son armée renforcée par la 
nombreuse troupe dcDe Chiaro,Rul'fo 
tourha ses regards vers la Fouille, 
cil les Français avaient réussi à com- 
primer l'insurrection. Il y envoya 
de nombreux émissaires pour rani- 
mer les courages et annoncer sa 
prochaine arrivée. Ces démarches 
eurent un plein succès, e.t les roya- 
listes repHrent les armes de tous 
côtés. Toutefois le cardinal ne se 
hâta pas de sortir de la Calabre ; il 
attendit pour pénétrer dans la Fouille 
que Mac^onald eût été forcé de reti- 
rer les troupes françaises qui étaient 
encore dans cette province, et que les 
événements de la guerre allaient rap- 
peler vers la Haute-Italie. La première 

LXXX* 



RtJF 



145 



Ville de cette province qu'il attaqua 
fut Altamura, où les républicains 
s'étaient réfugiés et se préparaient à 
une défense opiniâtre. Fendant plu- 
sieurs jours on se battit de part et 
d'autre avec un égal acharnement; 
mais le nombre l'emporta enfin, et la 
malheureuse cité fut d'autant plus 
maltraitée que ses habitants- avaient 
ipontré plus de courage. Tout fut 
pillé, dévasté, et tous ceux qui n'a- 
vaient pu fuir furent passés au filde 
l'épée. Un peu plus loin, la ville de 
Gravina ne fut guère mieux traitée. 
Toutes celles qui s'étaient déclarées 
ouvertement pour le nouveau gou- 
vernement tombèrent l'une' après 
l'autre au pouvoir des royalistes 
commandés soit par Ruffo, soit pajr 
d'autres chefs (4), en sorte que le ter- 
ritoire de la république se trouva peu. 
à peu restreint h la ville de Naples 
et à ses environs. Tandis que d'un 
cOlé les Français se disposaient à 
évacuer le royaume, de l'autre des 
corps d'Ânglo-^Siciliens, de Turcs et 
de Russes débarquaient, les uns à Cas-, 
tellamare, les autres à Tarente, 
et ils venaient renforcer l'arhaée 
du cardinal. A mesure que les res- 
sources des républicains s'affaiblis- 
saient, celles des royalistes, augmen- 
taient. L'issue de la lutte n'était donc, 
plus douteuse. Déjà plusieurs bandes 
venues des provinces s'étaient avan- 



(4) Les principaux chefs royalistes ^ai 
avaieot soulevé les provinces , étaient Tavô^ 
cat Rodio, dans lc% Ahruzzes; Michel Poziïï, 
dit Fra-DIavolo, autrefois chef de briganda, 
et un m'enuisier nommé Qaétau Mammone, 
dans la terre de Labour; Gérard Curci , dit 
Sciarpa, ancien chef des troupes de la po* 
lice, dans la province de Salerne; de Cesare» 
ancien domestique Corse, dans la Pouille. 
Fru-DiavoIu-et Mamiuoue .se rendirent cou- 
pables des atrocités les plus inouïes et qad 
Teu aurait peine à croire ,' si le récit des 
histifriens n'était d'accord, sur ce poiat» 
avec les traditions- locales. ^ 



148 



tm 



cëes Jnsqae sous les murs de ^^ples et 
«f sieut soutenu avec des succès di- 
?ers .plusieurs combats , lorsque 
Ruffo titrvrà avec toute son armée. 
(Tétait le 13 juin 1799. Il avait cal- 
Golë sa marche de manière à se trou -^ 
Yer en vue 4e la capitale le jouir de la 
fite de saint Antoine^ qui -est parti- 
pulièreinent vénéré des Napolitains 
fit qu'il voulait substituer à saint 
Janvier, décrédité dans l'esprit dU 
- peuple depuis que le miracle du sang 
s'était renouvelé pourChampiounet, 
Maedonald et le directoire républi- 
cain. Ce jQur*là même, au lever du 
aôleil» il-fit .dresser un autel dans le 
eaÂip,et après avoir fait célébrer 

gifice.divin et invoqué saint An- 
ine, il dirigea contre la ville toute 
son année qui s'élevait alors à 40,0oo 
hommes. 11 était à cheval, vêtu deU 
pourpre, l'épée à la main, au milieu du 
principal corps près de passer le Se- 
beto sur le pont de la Âfadeleine. A 
cette vue, les républicains se mirent 
en mouvement, et pendant toute la 
journée du 13, les environs de Ina- 
ptes furent transformés en un vaste 
champ de bataille. Au dëcii» du jour, 
les royalistes triomphaient sur prés- 
ide tous les points, et lés républi- 
cains découragés rentraient dans la 
iille, où trouvant les lazfEaroni et les 
* partisans du roi en pteiné révolte (5), 

(6) Ruffo avait asuyé dès Torigiiie de cette 
marre de Hiiscilar sa •oalèTament' dfio» la 
yipital^ at «'était mis ep rapport avec les frè- 
|pt ^aker, dont Ton était ancien officier 
niiia aa sarrice da Ifaples, ai Tautre né- 
M^Bt. lU organisèrent une ^aate conspi-' 
Itlioii qui devait éclater à un jour ûxé 
•41 devenir pour les républicains une es- 
11^ 4e Vêpres siciliennes. P^à l*on avait 
■Pfniné d*un signe les maisons où las çon- 
l^rtt devaient exercer leurs vengeances 
tfaàad le complot fut découvert. Comme 
pu troÙTa quelques-uns de cas signes jus- 
qil« sur les portes du palais épiscopali le 
Mç^^pal Zarlo , alors ardievéque oc ^Jla- 
pit^ «I doaU pu qa*il. «'«At mé indiqué 



RUF 

ils furent contraints de se réfugier 
dans les forts, dont quelques-uns 
tombèrent* bientôt au pouvoir, soit 
dçs soldats de Ruffo , sôit de leurs 
allfés. Russes, Turcs et Anglais. Ce- 
pendant par de vives sorties et par 
un feu bien nourri d'artillerie, ils tin- 
rent pendant quelques jours en échec 
les troupes royales et les empê- 
chèrent de se maintenir aii sein de la 
capitale. Voyant que la guerre traî- 
nait en lotngueur et voulant arrêter 
une effusion de sang inutile, Ruffo, 
dont un des frères était retenu en 
otage au Château-Neuf, ainsi que 
d^autres personnes importantes, en- 
voya un messager à Méjean, com- 
mandant de la garnison que Maedo- 
nald, en se retirant, avait laissé dans 
le fort Saint-Elme. Le général fran- 
çais servit d'intermédiaire pour les 
négociations entre le cardinal et le 
directoire napolitain qui, rassuré par 
la garantie des commandants des trou- 
pes alliées, se décida à c^pitiUer. Une 
des clauses du traité portait que les 
partisans de la république pouvaient 
ou s'embarquer sur des vaisseaux par- 
lementaireis, pour être transportés à 

au' poignard des assassins par Ruffo même, 
dont il était Tennemi personnel , et litnca 
contre lui l'anathèma en Taccttsant de tous 
les malheurs publics. Ruffo, i son tour, ex- 
commiunia Zurlo cumm<; ennemi de Dieu , 
du souverain pontife et du roi. Ce fut . le 
sujet d'un grand scandale at d'us sdûsme 
momentané dans Iç clergé et parmi les con- 
sciences timorées. Si Zuno avait pour lui le 
caractère d^arclievèqne , Ruffo semblait 
défendre uue cause meilleure et plas juste. 
Ajissi èureot-ils chacun leurs partisans, at 
s'il fallait en croire CoUettâ,'le premier au- 
rait été soutenu par les hommes probes, 
religieux, et le second par les hommes aaos 
honneur et sans foi. Mais cet historien, qui 
baratt asses yéridique quand il raconte les 
laits, se montre quelquefois partial à l*é* 
gard des .personnes, et* iious ne doutons pas 
qu'il n'ait été inspiré par une animoaité per* 
'sonnelle dans le- portrait qu'il a tracé du car- 
dinal Ruffo daaa aoo JTjtiMi» dt JVaffri 
OiTf«IV>$iS). 



RUF 

Toulon, on rester dans le royaume, 
sans avoir rien à craindre ni pour 
eux ni pour leurs familles. Le cardi- 
nal Ruffo et le général Micheroux 
pour le roi de Naples, le capitaine de 
vaisseau Foote pour TAngleterre, le 
commandant de Ballie pour la Rus- 
sie, Bonnieu pour la Porte-Ottomane, 
Méjean pour le gouvernement fran- 
çais, et le général Massa pour le di- 
rectoire napolitain, sidèrent la ca- 
pitulation, et l'on se prépara de part 
et d'autre k en exécuter les condi- 
tions« Les forts furent remis aux 
troupes royales, excepté celui de 
Saint-Elme, dont l'évacuation ne fut 
arrêtée que plusieurs jours après, 
par une convention spéciale. Les ré- 
publicains les plus compromis s'em- 
barquèrent sur des vaisseaux qui 
devaient les transporter en France, 
et la confiance commença à renaî- 
tre dans les esprits. Tout à coup 
une flotte nombreuse se montra en 
vue de Naples. C'était Nelson qui ar- 
rivait avec un édit de Ferdinand , 
déclarant que les rois ne traitaient 
point avec leurs sujets; que les actes 
de son lieutenant étaient des abus 
d'autorité, et qu'il voulait exercer 
sur les rebelles' la plénitude de sa 
puissance. Justement effrayé de voir 
ainsi anniiler un traité conclu de 
part et d'autre avec une entière bon ne 
foi, et pour lequel il avait dû se croire 
suffisamment autorisé, le cardinal 
Ruffo demanda à l'amiral anglais de 
suspendre au moins la publication du 
décret. Mais ce fut. en vain. Dès le. 
jour même on transforma en pri- 
ions les vaisseaux destinés pour Tou- 
lon, et les malheureux républicains 
flirent Cunduits, enchaînés deux à 
deux, dans les forts où ils allèrent- 
attendre les juges envoyés de Si- 
cile pour instruire leur procès, ou 
plutôt pour les condamner ; car il 



RUF 



147 



n'est que trop vrai que ces magis- 
trats se montrèrent les ministres 
non de la justice, mais de la ven* 
geance. Une telle violation des droits 
les plus sacrés affecta vivement le 
cardinal, et nous regrettons pour 
sa gloire qu^il n'ait pas opposé une 
résistance plus efficace à cette réac- 
tion aussi déloyale qu'impolltique. 
Si, en sa qualité de vicaire-général, il 
avait empêché Nelson de rendre l'ë« 
dit public, si en même temps il avait 
chargé un homme influent d'aller re- 
pr^enter au roi combien la violation* 
d'un traité qu'il avait signé libre- 
ment et provoqué lui-même était 
préjudiciable à son honneur, enfin s'il 
avait offert sa démission dans le cas 
où ses vœux ne seraient point écou- 
tés, il est probable que cette attitude 
ferme, jointe à la crainte d'une rup- 
ture éclatante avec un prince de l'é* 
glise, avec un homme qui venait de 
rendre de si éminents services à la 
cause de la religion et du trône, au- 
rait arrêté Ferdinand dans ses me- 
sures de rigueur et contre-balancé 
les excitations de la reine, d'Acton, 
et surtout de la trop fameuse lady 
Hamilton, qui s'était chargée de por- 
ter à Tamiral anglais le fatal décret 
et l'avait décidé à l'accepter. Mal- 
heureusement , soit amour du pou- 
voir, soit déférence aveuglé pour les. . 
volontés du roi, Ruftb fit taire le cri 
de sa conscience, et le grand criqie 
politique s'accomplit. Tandis qu'Une 
première junte criminelle formée à 
la hâte instruisait le procès des 
personnes les plus compromises, les 
soldats de làSainte-Foi^ quel'on avait 
eu beaucoup de peine à contenir et qui 
murmuraient contre la modération 
du cardinal, n'eurent pas plutôt con- 
naissance de l'édit qu'ils se crurent 
autorisés à poursuivre les républi- 
cains à outrance et se livrèrent aux 



149 KÔt RUF 

* 

plus affreux désordret. Chaque jour ordonnerait. C'était Antoine delfà 
on eut à déplorer des icènes de pil- Rossa, agent de police, Ange Fiorè» 
lage, chaque jour des citoyens inof- J- Ouidobaldi, qui avait fait par- 
fensifs furent massacrés pour leurs tie de lajuute de 1795; Damiani, 
opinions réelles ou supposées, et Sambuti et Vincent Spéciale. Ces 
l'autorité, en présence de tels désor- trois derniers, envoyés de Sicile, 
dres » resta impassible ou impuis- avaient déjà^ Jugé et condamné à 
sknte. Les déplorables excès qui Procida plusieurs républicains après 
signalèrent la réactidni de 1799 la prise de cette fie. ÏPar deux autres 
n'ayant point été racontés dans les Iqis on amnistia 'les lazzaroni pour 
articles de la BioffraphU univenelle tous les crimei qif i Is avaient pu com- 
où ils auraient pu avoir une place, mettre, et l'on conâsqila au profit 
nous les ritppellerons sommairement du trésor les biens de sept riches 
Ici, quelque répugnance que nqus couvents ide chartreux et de béné- 
ayons' à entrer dans des détails qui dictins. Enfin une cinquième et der- 
peuventjeter.de la défaveur sur une nière loi abolit le corps des sedili^ 
causèjuste en elle-même. La première magistrats municipaux qui avaient 
victime fut l'amiral Caraccioli {voy. jouijusque-làdeprivilégesdontPau- 
^ce nom,LX, 152), qui, trahi par un torité royale était jalouse. Des ordon- 
domèitique dans une retraite éloi- nances déterminèrent ensuite les dé- 
gnée, près du lac de Patria, fut lits, les peines, la procédure. Furent 
eonduit enchaîné à Naples et livré déclarés coupables de lèse-majesté au 
par le cardinal Ruffo à Nelson, sur premier chef, ceux qui avaient pris 
la demande expresse qu'en fit celui- les armes et aidé les Français Centrer 
ci. Une cour martiale, composée dans le royaume ou dans la capitale , 
d'officiers napolitains , et présidée ceux qui avaient enlevé aux làzea- 
par le comte de Thurn, ne le con- roni le château Saint-^BJme, ceux 
damna d'abord qu'à la prison; mais qui avaient entretenu des intelligent 
par Fordre de l'amiral anglais, elle ces avec l'ennemi après l'armistice du 
prononçalapeinedemort.Surcesen-. vicaire-général Pignatelli; furentdé- 
trefaites ie roi arriva le 30 juin ', mais clarés coupables de crime capital les 
au lieu de débarquer, H voulut res- principaux magistrats de larépubli- 
ter en mer, et ce fut.de là qu'il s'oc- que, les représentants du peuple, les 
cupa de réorganiser l'État. Une pre- ministres, les généraux, les juges de 
. mière loi eui pour objet l'annulation ' la haute commission et ceux du tribu- 
des capitulations; une seconde la nal révolutionnaire. Enfin on décréta 
nomination, d'une junte chargée de la peine de mort contre ceux qui 
punir les rebelles. Dès la reddition avaient combattu l'armée dii cardi- 
deichftteaux, une junte d'État avait nal Ruffo; contre cent qui avaient 
été fermée par le lieutenant-général pris part à l'érection de l'arbre de 
da royaume, et en peu de temp» elle la liberté dans la place du Saint- 
avait déjà condamné plusieurs ré- ' Esprit où avait été abattue la sta- 
pnbUoalnsvjnais conmie elle ne sem- tue de Châties 111 ; contre ceux qui 
- Midt pas oicore assez sévère, elle dans la place du palais avaient co- 
tât dlnoèUe et remplacée par une au- opéré à la destruction des emblèmes 
tn»oàlWBé fit entrer que des hom- .de la royauté ; contre ceux enffn qui 
■prêtai biie tout ce qu'on leur p|ar leurs discours ou leurs écrits 



RUF 

s'étaient servis de termes offensant^ 
pour quelque membre de la famille 
royale ou avaient montré des senti* 
ments contraires à la monarchie. 
Quarante mille citoyens étaient ainsi 
menacés du dernier supplice et un 
plus grand nombre de l'exil. Cette 
dernière peine atteignait les membres 
des clubs, ceux dé la municipalité et 
les miliciens, bien qu'ils n'eussent pas 
combattu. H n'y eut pas jusqu'aux 
simples gardes urbaines qui ne fus- 
sent déclarées passibles de l'empri- 
sonnement. Outre la junte dont nous 
avons parlé et dont les opérations 
étaieht soumises à de certaines formes 
de procédure, le roi en nomma une 
autre dite des généraux, des tribu- 
naux temporaires et des commissions 
militaires, chargés pour certains cas 
d'expédier procès et condamnations 
ad horas et ad modum belli. Ces 
mesures cruelles entretenaient la fu- 
reur de la populace, et on la vit, le 8 
juillet, dans la place même du palais, 
allumer un bûcher, y jeter cinq hom- 
mes vivants, et (^il faut en croire 
l'historien à qui nous empruntons 
ces (icttils)^ manger de leur chair.... 
Il ne s'était rien vu de plus horrible 
en France dans les saturnales de 1 793; 
et c'esi ainsi que la populace agira • 
partout et toujours quand elle restera 
sans frein et livrée à ses passions,^l 
arriva de Palerme deux listes; l'une 
indiquait ceux qui devaient être exé- 
cutés sans retard, et l'autre ceux dont 
le supplice ne devait avoir lieu qu'a- 
vec le consentement du roi. Ces 
derniers étaient ceux qui avaient 
capitulé. On priva cependant du bé- 
néiice de l'exemption le général Mas- 
sa, qui avait négocié et signé la ca- 
pitulation, et. Éléonore Fonseca-Pi- 
mentel qui s'était fait remarquer par 
son exaltation révolutionnaire et par 
la rédaclion du Moniteur ripubli^ 



RUF 



149 



eain, La faculté que s'était réservée 
le roi de modifier les condamnations 
portées contre due certaine catégorie 
d'accusés annonçait encore quelque 
velléité de clémence, mais quand ou 
eut appris les victoires remportées 
par les Austro-Russes dans la Haute- 
Italie et que. l'on crut au triomphe 
définitif des principes monarchiques, 
il n'y eut plus de Jimites pour là 
vengeance; toutes les sentences fn- 
rent confirmées. Il fut décidé que. 
les personnes coinprises dans la ca- 
pitulation, dont la plupart étaient 
renfermées dans les cachots du Châ- 
teau-Neuf, ne seraient pas épargnées 
plus long-temps. Ces malheureux 
avaient été sur le point de fuir, grâce 
au généreux dévouement d'une femme, 
qui avait réussi à leur laire passer 
des limes, des cordes et d'autres 
instruments; mais trahis par Bassetti, 
général de la réj^ublique, et par le 
mathématicien Annibal Giordano, le 
même qui avait autrefois dénonci^le 
chevalier de Medici (voy. ce nom, 
LXXIU, 388), ils subirent le dernier 
supplice. Les deux révélateurs^rent 
seuls exceptés. On vit successive- 
ment monter à l'échàfaud les hommes 
les plus éuiinents par leurs écrits ou 
leur savoir, par les emplois qu'ils 
avaient occupés où par leur haute 
naissance. Il suffira de citer le géné- 
ral Manthoné, ministre de la guerre 
sous la république, le général Fédé- 
riçi, Hector Caraffa, comte 3e Ruvo, 
le médecin Dominique Cirillo {voy, 
ce ndm, VllI, 579), le publiciste Pa- 
gano {voy. ce nom, LXXYI, 220), 
François Confort i, jurisconsulte ha- 
bile, Pascal Barfi, Tun des plus sa- 
vants hellénistes de son temps,. Lo- 
goteta, antiquaire distingué, Nicolas 
Fiorentino, mathématicien et juris- 
consulte, de Fillppis, profeafseu'r à 
Puniv^ité et auteur de plusieurs ou- 



110 RUF RUF 

Tragfs sur les mathématiques, enfin leurs terribles fonctions , ie roi nV 
Vincent Ri)sso, Louis Rossi (voy. ce vait pas quitté le vaisseau sur lequel 
nom, LXXIX, 480)/et Ignace Ciaja, il était venu, et il repartit le 4 août 
tous trois poètes de mérite. Les fa- pour la Sicile sans s'être montré une 
milles les plus illustres du royaume, seule fois dans sa capitale, où Ruffo 
les Caraflfk, les Biario, les Colonna, les était resté vicaire-général , partageant 
Pignatelli, et un grand nombre d^nu- ainsi, en quelque sorte, l'autorité 
très eurent à déplorer le supplice de royale avec le souverain et par con- 
quelqu'un des leurs. Le caractère séquent tout l'odieux des sanglantes 
sacré ne mit pas plus que le sexe et exécutions qui avaient lieu chaque 
l'âge à l'abri des poursuites : les évê- jour. Kn partant, Ferdinand IV laissa 
ques Sarno et Natale, le prélat TroTse, un édit contenant, entre autres cho- 
1a marquise San-Felice, le fils du ses, l'ordre de continuer les puursui- 
.marquis Genzano qui n*àvait 'pas tes criminelles. Ce ne fut que le 23 
^eize ans, furent tous envoyés à la avril de l'année suivante qu'il accorda 
mort. Parmi ceux coutre qui l'on enKu une amnistie. Datée de Palerme, 
prononça des peines moins sévères, die ne fut promulguée à Naples que 
nous citerons le jeune prince de le 3o nmi suivant, et d'ailleurs cette 
Canosa, condamné k cinq ans de pri- amnistie était incomplète, car elle ex- 
son pour atoir. après la fuite du roi, ceptait cinq cent trente-un indivi- 
proposé de substituer le gouverne- dus (7) ainsi que leurs adhérents, Itons 
ment aristocratique à la monarchie ; compter ceux qui avaient fui ou que 
et le duc de Monteleone-Pignatelli, l'on se réservait d'en excepter encore, 
pour qui la peine capitale fut com- A cette époque le cardinal Ruffu nV- 
muée e,n une réclusion perpétuelle tait plus à Naples. Il l'avait quitté de- 
d'ans l'île de Favignana. Colletta dit puis plusieurs mois pour se rendre au 
que cgtte gr&ce fut accordée à la soi- conclave assemblé à Venise et y ap- 
licitation de Pie YI, qui avait écrit di- puyer un candidat contraire au parti 
rectement au roi pour sauver le duc; français. Il avait été remplacé par le 
mais nous ne comprenons pas com- prince de Cassero, qui n'eut toute- 
mentle saint-père put intervenir dans fois que le titre de vice-roi. Bien 
cette affaire, à une époqneoù il était que la cour dût être mécontente des 
lui-môme dépouillé de ses £tats et pri- sentiments de modération que RufTo 
sonnier. D'ailleurs il n'est pas h croire amit d'abord voulu faire prévaloir 
que la justice expédrtivé des juntes et qu'elle lui en gardât secrètement 
laissât entre les sentences et leur exé- rancime, il n'en avait pats moins reçu 
cution un intervalle assez long pour de magnitiques récompenses. Le roi 
que les réclamations venues d'aussi lui donna l'abbaye de Sainte-Sophie, 
loin pussent arriver k temps (C). transmissible à perpétuité dans sa 
Tandis que les tribunaux exerçaient famille, et plusieurs terres rapportant 

ensemble plus de vingt mille du- 

(6) Uue persoune ea position d*étre bien cals (8). Un traitement eucore plus 

\'l?TÎ!Z%ÎJl^"^ ;7P**°f«»|.'i"«;; considérable avait été attaché à sa 

lattr« de Pie VI est un fuit authentique, et 

que celte inten'esiiiuu était basée sur le tl- ■ 

tre de prince du S^int^Kuipire romain que (7) Mémoires tir«t d9s pupiersd^um homm9 

la due de Monteleone portait comme dea- d'&tmt^ tom. VU» p. 333. 

cen^uit d'une famille .qui arait duuoé (H) Le ducat de Naples ^aut à peu près 

jdusîaart papas à l'Église. 4 Ir. 3o cent. 



RUF 

charge de lieutenant (fa royaume. 
Ces libéralités s'étendirent même à 
ses parents : un de ses frères, capi- 
taine en retraite, obtint, avec le grade 
de colonel, une pension de trois mille 
ducals. Pendant quelque temps Buffo 
«e vit Tobjet de l'enthousiasme de 
PEurope monarohiqiJe, et il reçut de 
plusieurs souverains les témoigna- 
ges les plus'flatteurs. L'empereur de 
Russie, Paiil I«% entre autres, le nom- 
ma chevalier des ordres de Saint- 
André et de Saint-Alexandre, et lui 
adressa une lettre autographe, dans 
laquelle il lui disait que son expédi- 
tion des Calabres faisait l'admiration 
du monde entier. RufiTo accompagna 
à Rome le nouveau pape, qui le nom- 
ma, en 1801, surintendant-général des 
subsistances ; mais il n'exerça cette 
charge que peu de temps, et revint à 
Naplcs, où il reprit sa place dans les 
conseils. En 1805, il s'opposa vive- 
ment à une nouvelle déclaration de 
guerre contre la France, comme il 
avait déjà blâmé celle de 1798 qui 
avait amené momentanément la perte 
de tous les États .du continent. On 
nel'écouta point, et Napoléon, vain- 
queur à Austerlitz, se hâta d'envoyer 
utie puissante armée à la conquête 
de Naples. Bans cette conjoncture 
critique, ce fut encore RuiFo que la 
cour choisit pour conjurer l'orage. H 
se rendit auprès de Joseph Bonaparte, 
qui l'accueillit assez mal, et il allait 
partir pour la France lorsque le roi 
Ferdinand, craignant qu^ le nom de 
l'ambassadeur ne nuisît au succès de la 
mission, lui substitua le duc de San- 
ta-Teodora, homme noUVcctu et étran- 
ger aux partis. RufiPo s'arrêta à 
Rome et ne quitta cette ville qu'après 
l'enlèvement de Pie VIT. Appelé alors 
à Paris par l'empereur, il assista à 
son mariage avec TarchiduéheÉâe 
Marie-Louise d'âutriebe, et féçut lé 



RUf 



181 



grand-cordon de la Légion-d'Hon- 
neur. Dans la.suite il tomba en dis- 
grâce et fut exilé à Bagneux, près 
dé Sceaux. En 1814, il retourna à 
Rome et de là à Naples; mais il fut 
re(u assez froidement dans ces deux 
villes à cause de la condescendance 
qu'il, avait montrée pour Napoléon 
dans certaines- circonstances. Ce né 
fut même qu'en 1821, après le réta- 
blissement du pouvoir . absolu, que 
Ferdinand I<"^ lui rendit sa place dans 
le conseil et le chargea de nouveau 
d'une mission auprès du souverain 
pontife. En 1823, Buffo assista au 
conclave qui élut LépnXtl, puis il re- 
vint à Naples pour ne plus le quit- 
ter. Dans les dernières années de sa 

• • • 

vie, il vécut loin des affaires publiques 
et tout occupé de travaux agricole^ 
pour lesquels il avait toujours eu 
beaucoup de goût. Il mourut le 13- 
déc. 1827. Il était le plus ancien des 
cardinaux et grand- prieur de l'ordre 
de Malte pour les États romains. On 
a de lui, en italien, plusieurs écrits 
sur les manœuvres des trompes et les 
équipements de la cavalerie, sur les 
canaux, sur les fontaines, et même sur 
les mœurs des différentes sortes de 
pigeons. Le cardinal Ruffo rappelle à 
plus d'un titre les prélats du temps de 
la renaissance. Des personnes qui l'ont 
connu de près assurent que ses mœur^ 
n'avaient pas. toute l'austérité d'un 
homme d'église, et qu'il conserva jtfs- 
que dans un âge avancé des gotlts 
peu compatibles avec les vœux sa- 
cerdotaux. JDu reste, il avait de l'es- 
prit naturel, était à'un commerce fa- 
cile et, malgré le rôle qu'il joua dans 
les éfénements de 1799, on s'accor- 
dait à lui reconnaître autant de ttio- 
dération dans les opinions que dans' le 
caractère. — Ruffo {Louis) , parent 
du précédent, naquit à Saint-Onuphrcf 
fiéf de sa maison, le 25 août 1750. 11 



Ift3 R0F RUF 

ëUit fie la braoohft de cette famille gée d'instruire le procès des détenus 
dont le chef porte le titre de prince politiques. Oo l'a accusé de s'être 
de Scilla. Créé cardinal -prêtre du montré dans ces dernières fonctions 
titre de Sainte-Marte-des-Monts, le le partisan zélé des mesures les plus 
tê février 180S, il succéda Tannée tyranniques. Lorsque le procureur 
suivante au cardinal Zurlo dans l'tfr- fiscal Vanni proposa de faire subir 
clievtehé de Naples; mais ayant re- la torture' au chevalier de Medici 
fusé en 1800 de prêter serment au (voy. ce nom, LXXUI, 390), tous les* 
nouveau roi, Joseph Bonaparte, il membres delà junte s'opposèreut à 
fut obli^ de se retirer à Rome, et cette rigueur ; le prince de Cas- 
BO reprit possession de son siège telcicala seul, dit Thistorien Colletta 
^^après le retour des Bourbons. (li?.lU»$ 28), éleva la voix contre le 
Lora de la proclamation de la consti- sentiment de ses collègues, et d'un 
tttUoB, en 1810, il s'y montrad'abord ton menaçant appuya la demande du 
foTorabfe, et publia un mandement procureurfiscal,endéployantlesrai- 
daua G« sens. Toutefois il protesta sons qui lui faisaient considérer l'em- 
daus deux adresses au parlement ploi de la torture comme juste et' né- 
oontre la liberté des cultes et la sup- cessaire. Il accusa de faiblesse la ré- 
preiiion de la censure ecclésiasti- sistance des autres membres de la 
fne. Noanné. par Ferdinand !•% chef junte et leur en fit presque un crime ; . 
4e ruttÎTersité et de Instruction pu- essayant même d^agir sur eux par la 
Mîque, il n'en remplit les fonctions crainte» il leur dit que le roi en tire- 
que peu de temps, et y fut remplacé l'ut vengeance. 11 voulait faire appli- 
par révOi]ue de Fouzxt^les, Rosîni quer Medici à la torture, dans l'espoir 
(W|f. <e nom. LXXIX. 4«S). U était qu'il y mourrait de douleur et de 
atteint depuis long-temps d'une sur- honte ,.ou que s'il y survivait, la flé- 
dilf presque complète lorsqu'il mou- trissure de la peine le rendrait iiica- 
mt, le 17 uov. 183S. A~Y. pable d^occuper des emplois. Comme 
M*I^Vt^FA■tKB\ plusconnusous cette junte n'avait été instituée que 
sou tilrede IVtiiifed# Cnii^lciatla, pour informer le procès, une autre fut 
uaquit à >aples vers 1T5^« et entra chargée de porter le jugement, et 
Msw tard dans la carrière diplo- cette fois Ruffo n'en fit point partie. 
■tttique. U eijût ambASs.ideur à Lon- Lorsque Ferdinand IV fut oblige de 
4ree lorsque U révolution fran- fuir de Kaples, et fut le prince de Cas- 
trée evUlA, t\ fut ittvitê tn ITOt à telcicala qui présida à son embarque- 
^r^nir r«^r<$«ruter sou gouvernement ment, et il raccompagna en Sicik. 
4 funs ; uiais p«*u soucieux d'echan- Deux ans après, il fut chargé d'une 
fee SMi a:tit^«ssa(de pour celte d'uu mission secrète auprès du prince ré- 
^\» 04\ les principes delà mouar- gent d'Angleterre. Nommé, en 1816, 
<Im» et du CAiholicisme , déjà grav<^> auibassadeur à Paris, il retourna en 
A «vuip^>mk<, allaieul «l^tre C\4U- 1810 à Londres* et n'y resU qu& le 
t ittvwuous» U refus* posi* temps nécessaire pour conclure, un 
l>^ n meutei cvutiuuade résidera Lou- traité de commerce, qui fiit signé le 
dÉfO JWH^'^ ^^^« epoi|ue où il hit tOs«^iembre. L'année suivante, il s'y 
«ift^e 4 \*|^es p^'ur (^er«»r le dé* rendit de nouteau pour présenter, au 
t ^On u^ut de» alkire> ^irsu^j^ères et uoui de sa cour, des. compliments de 
Hmo |oHm du lu jiMMe d'Itial dM^ c onéoloattc e au r^geut qui venait 






RUF 

de perdre sa fille Charlotte. Malgré 
ces deux missions, il n^avait point 
cessé d'être titulaire de l'ambassade ■ 
napolitaine^ Paris. En 1820, «il refusa 
de reconnaître la cpnstitution pro- 
clamée à Naples, et destitué pour ce 
fait, il n'en continua pas moins de 
s'intituler ambassadeur de Sa Ma- 
jesté le roi des Deuz-Siciles. Il eut 
bientôt à s'applaudir de sa fçrmeté 
ou de sa prévoyance ;• car on sait à 
quoi aboutit la révolution napoli- 
taine et quel fut le sort de ses par- 
tisans. Ayant en 1829 obtenu du gon- 
vernem^t français l'extradition d'un 
réfugié politique, nommé Galotti, il 
fut vivement attaqué par les jour- 
naux révolutionnaires de Paris, qui, 
revenant sur les antécédents de sa 
vie politique, .lui reprochèrent d'à* 
voir été membre des juntes de 1795 
et 1799. Or, à cette dernière, épo^ 
quCyRuiTo était encore en Sicile et 
ne pouvait par conséquent prendre 
aucune* part à la réaction. C'est ce 
qu'il fit ressortir dans un procès en 
diffamation qu'il intenta en policé 
correctionnelle à ces jourtiaux qui, 
défendus par MM. BartheetMérilhou 
(aujourd'hui pairs de France, con- 
seillers d'£tat, etc.); fîirent acquittés 
(2 déc. 1829). La révolution de 
1830 ne changea rien à la position 
du Ruffo. Il mourut à Paris, du 
choléra, le 16 avril 1832.— jSitouard 
RuPFO, fils dû précédent, avait pris 
du .service en Angleterre et mourut 
à Paris au commencement de 1821, 
dans un voyage qu'il avilit &it pour 
voir sa famille. — Un autre fils du 
prince de Castelcicala occupe encore 
les postes les. plus élevés de ladiplor 
matie napolitaine. A— t. 

RUFFO (le commandeur, puis 
prince Alvar) était ministre du roi 
de Najiles à Paris en 1797 et 1798.11 
déploya dans Jiètto dilBeile pofitioo 



•RUF, 



153 



beaucouf^ de zèle et d^habileté. On 
sait, en effet, que sous des apparen - 
ces amicales, le Directoire français 
nourrissait les projets les plus hos- 
tiles au roi de Naples, et qu'il accré- 
ditait auprès de lui les hommes lea 
plus connus par leurs principes ré- 
volutionnaires. Tel était entre autres 
Garât qui, k l'abri de l'inviolabilité 
de sa charge, se faisait ouvertement « 
le protecteur des ennemis de la mo- 
narchie, et alla jusqu'à demander 
impérieusement que tous les détenus 
politiques fussent élargis et réintén 
grés dans leurs droits. Ruffo se plai- 
gnit vivement au Directoire d'une 
pareille conduite, et il obtint que 
l'envoyé français fût rappeté. Mais 
cette satisfaction était à peine don- 
née que de nouveaux sujets de dis- 
corde renaissaient et se multipliaient. . 
Dans une proclapMtioli du Corps 
législatif au peuple français, ou- 
vrage du poète J, Chénier, se trou- 
va une allusion dir^te au roi de 
Naples avec la menace d'une guerre 
implacable et prochafne. te Rédac- ' 
ieur^ journal officiel fut encore plus 
explicite^ et dans un long article 
du '3 oct. 1798, il lança une 'Violente 
diatribe contre la cour de Naplcs. 
Ruffo se plaignit encore, et obtint 
des explications que les faitâ ne tar- 
dèrent, pas à démentit*. La cqnquéte 
des États pontificaux et le langage 
hostile tenu par les vainqueurs dans 
leurs proclamations rendirent de 
plus en plu.s délicates les relations 
diplomatiques entre la France et 
Ferdiuand 1 V. La guerre éclata bien- 
tôt, et Buffo, obligé de quitter Pa^ 
ris , reçut encore en partant les as- 
surances les plus pacifiques. Mais, 
(disent les Mémoires tirés des papiers 
d'un homme d'État (tome VI, p. 479, 
note) , il paraissait peu eompter sur 
ces prodliesses. Anrîvé à hom da9S 



/ 

/ 



164 RUF RUF 

lesderniersjoars de novembre, il RUFUS ou RUFFUS, célèbre 
ordonna de préparer un bon souper, médecin grec, que Ton croit né à 
un bon lit, et d^inviter ses 'amis à Éphèse, florissait, suivant Suidas, 
venir le voirie lendemain. En même sous le Fègnede trajan, c'ést-à-dirc 
temps il demanda des chevaux Me v«rs*lafindu premier siècle de Père 
poste pour un courrier qu'il voulait chrétienne, et peut-être eucore au 
expédier à Naples. Les chevaux arri- commencement du second. C'est à 
▼ent, Ruffb se jeftc dans la chaise de tort que Tzetzès le fait vivre plos 
poste de son courrier et part à mi- tôt et dit qu'il a été .médecin de la 
nuit. Il surtient un envoyi du Direc- reine Cléopâtre. Les auteurs con- 
toire qui avait f^it grande diligence, temporains ne nous ont transmis 
et qui portait l'ordre d'arrêter kft orne aucun détail sur la vie privée de 
le diplomate napolitain, afin qu'il Rufus. Il n'est connu que par ses 
servît d'otage jusqu'au retour des ouvrages, qui sont estimés, et dont 
agents français qui étaient à Naples. la forme est aussi intéressante que 
Champio'nnet, sachant que Ruffo était le fend.' Malheureusement plusieari 
déjà à Rome et qu'il avait demandé ne sont point parvenus jusqu'à 
à partir seulement le lendemain , ne nous. Ce sont : 1° un traité de la 
fit passer aucun ordre à Thôtel où il dièie, en cinq livres, cité par Sui- 
croyait le commandeur. Quand le das et par Oribase ; 2° un traité sur 
lendemain oji vint pour s'assurer de la matière médicale, en vers hexamè- 
sa personne, oA trouVà sur son lit ti^s, mentionné par Galien, qui met 
un courrier napolitàiti couché tont Rufus au nombre des plus habiles 
habillé , et qui dit d'un air fâché que médecins : on en a conservé quel- 
son maître était trës-pàresseux, et ques fragments; 3*^ des litres de 
qii'afin d^éviter d'écrire, il était thérapeutique, dont parle aassi le 
parti lui-même pour Naples en cour- médecin de t^ergame ; 4^ un traité 
rier.. Après avoir suivi la cour en Si- sur la mélancolie bu atràbile, signalé 
cile, où il devint le favori de la reiue par le même'; 5° des traités sur les 
Marie-Caroline, Ruffo fut chargéd'une remèdes vu In éraires, sur le lait, le vin 
mission en Portugal, puis nommé et le miel, sur la médecine ancienne, 
ambassadeur à Vienne. Il prit une sur les tu'me'urs ou excroissihices nom- 
part des plus actives au congrès de mées-fics. Rufus avait fait aussi qucl- 
1815, et lorsque éclata, en 182Ô la ques commentaires sur Hippocrate. 
révolution ' napolitaine, il refusa d'y Les ouvrages suivants. sont les seuls 
adhérer, à l'exemple de soii parent qui nons restent de' lui : 1. Un traité 
qui était à Paris, et rejoignit Fer- d'anatomie intitulé : Des noms des 
dinand 1*^ àLaybach, où il lui ser- parties du corps humain. II. Un au- 
vit de ^crétaire. Il le précéda à Na^ tre sur les maladies des reins et de 
pies, puis il retourna à Vienne avec la vessie, III. Un autre sur les midi- 
son titre d'^ambassadeur, et mourut caments purgàtift. Ces deux der- 
dans dette ville le !•' aCoât 1825, ins-' niers sont incomplets. -IV. Quelque 
tituant pour exécuteur testamentaire, chose sur les os, et nn grand nora- 
le prinetf de Mettemich, avec lequel bre de fragments dans les collections 
il était uni pitt une étroite amitié, de médecine d'Oribase et d'Aétius. 
Ruffo fâssiài pôàr un habile homme tt plus étendu des écrits de Ruflis 
d^fât A^T. est son traité sur là^dénofiinlttatioA dés 



RtlP • RUF 155 

parties da corps humain {deappella- qui devait être du VII» ou Vlll* siè- 
iionilfus partiumcorporis humant): cle : rauthenticité de ce petit écrit 
il est important pour la connaissan- est prouvée, parce qu'on trouve deux 
ce de l'état de l'anaiomie dans l'école fragments du texte grec dans le 12« 
d'Alexandrie et dans les temps qui livre d'Aétius, et ils s'accordent asse* 
ont précédé Galien. C'est un résumé bien avec la version latine décou- 
très-snccinct d'anatomie. Il est di- verte par M. Littré (2). Il n'est pas 
visé Cliquât reparties d'inégale éten- certain qu'il soit de Bufus. Nou^ 
due; la deuxième et la troisième sem- possédons encore un petit poème de 
blent être un abrégé des deux autres, 200 vers sur la vertu des plantes, 

mais cependant avec de nombreux qu'on a voulu attribuer à Rufùs et 

changements, ce qui a fait douter qu'on a cru faire partie de l'ouvrage 

au professeur Choulant que le tout cité par Galien ; mais le professeur 

fût bien de Rnfus. Voici comment Choulant a prouvé qu'il étaft plus mo- 

s'exprime l'auteur de i'articleconsa- ^^'^^ et que, ne contenant que dei 

cré àRufusdans la Biographie médi- croyances populaires sur les proprié- . 

cale (de Panckoucke} : «Il assure lui- ^^^ ^^^ plantes, il est indigne d'un mé- 

même que sa description des parties decin aussi distingué que Rufus. Ses 

du corps de l'homme repose sur l'é- ^^'"'^^ °'^"^ d^abord été publiés qu'en 

tude qu'il avaitfaite de l'organisation ^^^*"' ^® *.* l»'?duction de Jean-Paul 

des singes. Ce qu'il y a de remarqua- """"" : 

ble, c'est qu'il divisait les nerfs en W " «P«7 r<^*^^e^ment uoe brochure io- 

aeux Classes, ceux de la sensibilité pouu, attribué à R«fîis d'Épi,è«e. publié 

et ceux du mouvement. Le premier pour la première foi» eo grt-c et en fran- 

il a décrit le Chiasma des nerfs opti- *^""*» ^^^*^ ""® intmdurtkm et de« notes, par 

mipc II n^ff^KiioW lo ««»««* -1 1 M. le dr Ch. Dacemberg,4)iblio(hécaire de 

ques. Il attribuait la cause du pouls l'Académie royale de mlde.ine, Pari,, juin 

au cœur, et après dix-sept siècles de i84<)>in-Ho. m. Daremberg, jeune hellénisto 

controverses on est enfin obligé d^en *rès- laborieux et nourri de la lecture dos 

ravaniw ik r^^iii^ iAA^ /4\ lit i u* ^ «nclens, « été amené à la connaissauco dé c« 

revenir à cette idée (1). . M. Littré ^jno^m par le catalogue des ««pier. de Dietl, 

Vient de publier en 1845, dans le où il est mentionné aous le titre grec, il avait 

3« cahier de la Revue de philologie, .^'"'•°»'îî regardé ce traité comme inconnu, 

A0 Ui4A^»4^,^é, «# ^'i. •-< • • lorsqu il le trouva en latin parmi les œurrcs 

de htiérature et d histoire ancienne, de Galien (7. édition imprimée à v«ni.e p..r 

une traduction latine d'un opuscule !«> Juntes). S'étant assuré néanmoins que le 

de Rufus sur lai COUlte. Il l'a tiréd'un '"'® ^^^*^ ®***" iuédit, il se détermina « le 

ma«ii.eA»:4 ^.> I » ui- -Li . publier , avec d'autant plus de raison qn*il 

manuscrit de la Bibliothèque royale, contient des documents nouveadx relatifs k 

■ ■ — 1 -,.. -.--,., ._._««,..«.....^ l'histoire de la spbygmoiogie. Cet opuscule 

, V -, . , . ■ «*® rapporté, dit M. Duremberg , à trois 

(I) « On trouve dans le traité de Rnfus gouifces différenies, k Rufus et ii Galien par 

une description de la matricr.où il parie des des copistes, à un arabiste par Ackermann. 

tuyaux qui, s ouvrent dans la capacité de ce Notre critique détruit facilement l'une après 

viscer* et q«i «ont connus sous le nom de Vautre ces diverses attributions; mais ilest 

Jrompes d« F-allope... ( / oj. U Diographio qui lui-m^rae embarrassé pour finr l'époqne 

fait partie de 1 hncjreiçpédU des teienw m#- où vivait l'auteur inconnu de ce srwpiùf il 

1**7"» tom. I, p. 68.) Long-temps avant pense que c'était long-temps api<\s Héro- 

Rufus on avait dejn parié de ces trompes. l\ phile , et qu'il est antérieur à Galien. Il est 

en est question dans les ouvrages attribues à aussi porté à croire, d'après certaines exprès- 

Hippocrate. Si elles portent le nom du na- sions anatomiques, que l'ouvrage n ^té écrit 

vaut anntomisteFallope, ce n'est donc point par un médecin de la secte méthodique, 

quilcu ait fait la découverte, mais c'est Peut-être découvrira-t-oo avec le temps quel- 

parce que, le jnr.nKrr, il les a décrites avec que» autres decBttenU qui Rourront serfir 

exactitude. à dissipernos incertitudes. R-o-n. 



IM 



RUF 



Crtaso, médeoinde Padone, Cette 
trtdttcUoQ parut à Venise en 155S» 
io-4s Cra890.U fit râmprimer dans 
la mène ville en iMft ; elle reparut à . 
Bile en iftSI, Clément in4^ Jao- 
qnea OcupH* professeur au Collège 
royal de Pranee,en aTtit aussi donné 
une édition revue ctt corrigée, Faris, 
1M4, petit in»8*. La même année, 
Il publia» dans ce format, Tédition 
ôrig{nale du texte grec, à Tlmprime- 
rie royale, dirigée alors par Tnrnèbe 
pour les ouvrages en cette langue. 
Ooupil l'enrichit du livre de Soranus 
HtMfero H mMUihri pudaido. Cette 
édition est ordinairement réunie à 
celle d*Arétéé, que Ton doit au même 
éditeur. En 1507, Henri Bstienne in- 
•éra la traduction de Crasso dans sa 
précieuse collection des Uedicm or- 
tie jnSMpet. GuUI. Cliuch (3) édita 
de nouveau, àLondres, en l7se, in-4s 
ce texte et cette version latine, en y 
Joignant unedissertation sur l'auteur. 
Enfin, le savant helléniste saxon 
Christian-Frédéric Matthœi fit paraî- 
tre la troisième et dernière édition sé- 
parée des oravres du médecin grec, 
tous ce titre :ilii/]IJS|pl^Jt QjNitctUa 
•l/|r«fiiMiila|fr«e«, etc., Moscou, im- 
priroerie de l'université, 18C6,in*8^ 
(ooy^ le titre complet de cette édi- 
tion et des précédentes dans le Ma- 
miel iu Uhntire de M. Brunet). La 
dernière édition, qui a péri en gran- 
de partie dans Tincendie de Moscou, 
est très-rare • Matthni y a donné 
pour la pi^ière fois le texte grec 
des firagments de Buhis qui se trou- 
teni dans Oribase et qui n'étaient 
eonnus que par la version latine de 
lasario. Bn outre, les petits traités 
les maladies des reins et de la 






• (9) Lm dtax liiograpbÎM médicale» ntèm 
dntattaviiolv le BoaimMtRiiidHMMdoiiia 
éNifè» OiMéoB, FtUtr «t d*a«lrts i mm 
Mjp isidiihiiU «m. BtiMt. 



• RUG 

vessie et sur les médicaments pur- 
gatifs y sont plus complets que dans 
les éditions de Paris et de Londres; 
mais il e^t fâcheux que l'édition de 
Moscou soit remplie de fautes dim- 
pression, Matthni' s'est d'ailleurs 
servi de manuscrits défectueux et il 
a retranché des fragments anatomi- 
ques qui se trouvent dans celles de 
Paris et de Londres, lesquelles sont 
ainsi demeurées nécessaires. M. Idc- 
1er a promis, en 1843» que le. tome 
S* de ses Pk^siei ettmdid grmci mi- 
Moret, dont il a déjà paru deux vo- 
lumes,* commencerait par une nou- 
velle édition plus ample et plus cor- 
recte des œuvres de Rufùs d*Éphèse. 
Mous croyons cependant que ce vo- 
lume n'a pas encore été publié* 
B— L— u et 6— T— »• 
RUGOIERI (CÔMB), astrologue 
florentin, vint en France k la suite de 
Catherine de Médicis^ toujours bien- 
veillante pour les gens de cette es- 
pèce, et qui lui fit obtenir Tabbaye de 
Saint-Mahé en Basse - Bretagne. Il 
acquit un grand renom k la cour par 
ses horoscopes, ses talismans, etc.; it 
fabriquait, dit-on, des imsMs en cire 
destinées, au moyen de certaines cé- 
rémonies, à inspirer de l'amour aux 
femmes ou à faire mourir quelqu'un 
de langueur. Catherine le consultait 
auissi ; et l'on rapporte qu'elle dlait, 
avec lui , fure des observations, as- 
trologiques sur la colonne qui se voit 
encore k la Halle au blé de Paris, et 
qui alors dépendait de Thôtel de la 
reine, construit en cet endroit par 
l'ardiitecte Bullant (voy. ce nom,VI, 
151). Cette princesse. Joignant l'in- 
trigue à la superstition , plaça Rug« 
gieri, comme professeur d'italien et 
pour luiservir d'espion, anprèsde son 
quatrième fils» le duc d'Aleuçon , alors 
chef du parti despoliHfuei ou moi- 
confiiils ; mais elle ftit trompée dans 



KVÙ 

Iton attente, car le Florentin eterça 
bientôt l'espionnage auprès de Ca- 
therine au profit de son maître. Im- 
pliqué, en 1574, dans le procès de La 
Mole et de Coconas, favoris du duc 
d'Âlençoii et accusés d'avoir conspiré 
contre Charles IX (voy. Coconas^ IX, 
171) , Ruggieri subit la que3tion et 
nia toute participation à ce complot^ 
il n'en fut pas moins condamné nut 
galères, d'où il ne tarda pas d'être 
tiré, soit par le crédit de quelques sei • 
\gneurs de la cour, suivant Le Labou- 
seur, soif , comme le disent de Thou 
et Mezerai , par la reine-mère elle- 
même qui croyait avoir encore besoin 
^'un tel honnne. En 1598, Henri IV, 
•étant à Nantes, fut informé que l'abbé 
de Saint- Mahc, qui avait obtenu au. 
château une chambre où il s'amusait 
à peindre , perçait tous les jours avec 
une aiguille une figure de cire qu'il 
avait faite a la ressemblance du roi , 
dont il croyait que ce maléfice cau- 
serait la mort. Arrêté et interrogié 
par le président de Thou, qui lui rap- 
pela qu'en 1574 il avait déjà souffert 
la question pour une semblable accu- 
^tion, il répondit qu'on l'avait alors 
calomnié, que ses juges reconnurent 
son innocence et l'acquittèrent hono- 
rablement ; qu'à la vérité il possédait 
de grandes connaissances dans l'as- 
trologie judiciaire et qu'il avait pré- 
dit beaucoup d'événements, mais que 
c'était nue science naturelle où l'in- 
tervention des mauvais esprits n'en* 
trait pour rien; que d'ailleurs, depuis 
qu'il était ecclésiastique, il ne s'en 
occupait plus. II. ajouta qu'après la 
'journée de la Saint - Barthélemi , la 
reine-mère lui ayant demandé l'ho- 
roscope du prince de Condé et du roi 
de Navarre, il lui répondit que, sui«. 
vaut ses pronostics, aucun trouble 
ne serait excité par eux dans le royau- 
me, et que cette réponse lei préserva 



RU6 



1S7 



des dan^rs ctui les menaçaient. 11 
chargea même, dit-il, François de 
la Noue de les informer secrètement 
que son affection pour eux , et non 
ses observations astrologiques» l'a- 
vait fait parlei* ainsi. Ruggieri con- 
clut qu'un si grand service rendu à 
Sa Majesté démontrait la fausseté des 
accusations portées contre lui. De 
Thou raconta ces détails au roi qui 
répondit qu'il s'en souvenait ; qu'au 
surplus il se èonfiait en la Providence 
et ne craignait rien de êes sortes de 
charmes. Il ordonna de cesser les 
poursuites et d'élargir le prisonnier 
dont il avait déjà , dit-on , promis la 
grâce aux sollicitations de plusieurs 
grandes dames. Ruggieri reparut à la 
cour et eut l'effronterie de soutenir 
que fe Côme , Italien , condamné en 
1574 , dans l'affaire de La Mole et de 
Coconas, était un jardinier florentin, 
et non pas lui. 11 obtint même, par 
ses intrigues , une pension d'histo- 
riographe. Depuis 1604, il publia an- 
nuellement i sous les noms de Quer- 
herus^ deVanerus et du Pèlerinplm- 
reux de Savoye, des almanachs où 
il insérait* des vers et des maximes 
tirés des .poètes et des orateurs la- 
tins. Parvenu à un âge très-avancé et 
accablé d'infirmités , il mourut le 
28 mars 1615. Ses amis, le voyant 
près de sa fin, le pressaient de rem- 
plir ses devoirs de religion; mais 
il repoussa les exhortations du 
curé de Saint- Médard et celles des 
capucins qui étaient venus le visiter. 
« Sortez, fous que vous êtes, s'écria- 
t-il avec fureur : il n'y a point d'au- 
tres diables que les ennemis qui nous 
tourmentent en ce monde, ni d'autre 
Dieu que les rois et princes qui seuls 
nous peuvent avancer et faire du 
bien. • Cette profession d'utliéisme » 
au moment suprême, excita l'indi- 
gnai ton générale contre Ruggieri , 



1«8 



wn 



doQt la corps fat trataë % |a foiric* 
On pqblU dans le même temps m 
petit livre iqtituM ; Hiitairê ^pou- 
vafUahU de ieux. nuigieiêm étran- 
fUêpar lé diable dan$ ParU^ la if- 
maim $aifU$. L'un était Ruj^eri ; 
l'autre, était aussi un prétendu sor- 
cier* pomipé Céior, alors détenu à la 
Atftille. P-iT. 

HUHL (lBaN-G»«iTiii«), sculp- 
teur allemand, né en 1764, était flis 
d*un ébéniste du landgrave de Hesse- 
Cassel. Il apprit la sculpture dans 
i^école de Nahl, et ayant remporté, 
mi 1787» le prix de l'académie des 
beittx-arts de CasseU il acquit le 
4roit de voyager aux dépens de PÉ- 
Ift II demeura un an à Paris, où' il 
fréquenta l'atelier de Pajou*, il visita 
ensuite Rome, où il fut rejoint par 
fonanciep mettre Nahl, et fréquenta 
le cjercle des artistes étrangers qui 
A*y 'était formé. Dans la métropole du 
monde catholique^il copia beaucoup, 
fit en marbre une statue d'Achille 
ipourant, que Gœthe loue dans son 
ouvrage sur Wincke|mianni et s'a- 
donna aussi à l'étude des ornements 
^apr^ l'antique. De retour à Cassel, 
eq 17Q0, \l ne tarda pas à devenir 
Viembre de l'académie -, mais il eut 
peu d'ocçuions de se signaler par de 
grands travaux. On ne. peut regarder 
comme tel. le n^onument qu'il fut 
l^argé par le roi de Prusse d'exé- 
cuter en l'hopneur des Hessois qui 
ftf aient succombé lors de la prise de 
Francfort, le S décembre 179S. H fit 
'^ù^i le tombeau du baron de Hayn, 
Courlfndais,et sculpta pogr rélecteur 
de Besse un bas-relief destiné au ca- 
VMi funéraire du chftte mi de Lœwen- 
kfOiMV* ^^ ^'^ 4^^ ^^ mod&le de deux 
ftatù^ de Mars et de Minerfe qu'il 
40Tait hice pour le perron du oiâ- 
|i|tt de .WUhelmshŒhCi mais qui 
Mf(M jaaiais été fx^utées. Quand la 



Rtll 

ville de Ctssel devint la capitale dn 
royaume éphémère de Westphaliè, 
Rnhl fût nommé sculpteur de la nou- 
▼elle cpur, fit plusieurs fois le buste 
du roi Jérôme, et une statue d'un fils 
que ce prince sTait eu d^ son pre- 
mier mariage avec miss Patterson. 
Ruhl était sur le fiointde se rendre 
à Carrare pour choisir un inarbre qui 
devait servir à une statue de Jérôme, 
quand celui-ci fut obligé des'enfuir de 
ses États. Il se borna dès lors aux fonc- 
tions de professeur. Il avait organisé 
pour l'exécution des ornements une 
école qui a rendu service à l'art et à 
l'industrie: La Hessea pu profiter pen- 
dant 50 ans des leçons de ce mattre à 
qui l'académie de Gœttingue accorda, 
en 1830, un diplôme dedocteur en phi* 
Mosophie, quoique Ruhl, tout adonné 
k son art, ne se fût Jamais occupé de 
questions philosophiques. Il mourut 
le 29 septembre 1842. On a de lui 
deux jolies gravures à l'eau-forte 
qui sont très-rares, parce qu'il n'en 
a été tiré qu'un petit nombre d'é- 
preuves \ elles représentent i'uue 
deux amants séparés par l'arrivée de 
l'aurore, et Tautre deux enfknts en- 
dormis et protégés par le génie (uté- 
laire contre la morsure d'un serpent. 
Yoy.lè KumtblaU, 1844,n*t0.r-Un 
philologue, C.-A. Ruhl, professeur à 
Leipzig, est mort vers. 1840. Ses 
Opuêcula academica- ont été publiés 
dans cette ville en 1842, par Clarus, 
avec une notice sur sa vie. D— «. 
RUINUS (CnaaLEs) fut l'un des 
pracles de la jurisprudence en Italie 
au XVI< siècle. Né à Reggio en 1456, 
il pifoféssa avec éclat à Pise, à Fer- * 
rare, à Pavie, à Padoue et à Rok>- 
gnci où il mourut en 1530. On a de 
lui dfiu Comilia imprimés à Lyon 
en 1557^ en cinq volumes in-folio^ 
réimprimés à Venise en 1591, etlau- 
jourd'hui oubliés. B-n— t. 



RUIZ (Juan), que des fonctions 
ecclésiastiques ont fait générale- 
ment connaître sous le nom de VAr- 
chiprétre de Hitay fut le pfus ce; 
lèbre poète espagnol du XIV* siè- 
cle. On ignore la date de sa nais- 
sance et l'on ne sait pas positive- 
ment où il naquit; suivant les uns, 
ce fut à Alcala, suivant les autres 
ce fut à Guadalajara. L'époque de 
sa mort est également demeurée in- 
certaine. Sanchez présume que l'ar- 
chiprétre de Hita dut cesser de vivre 
vers 1351. Sismondi, assez médiocre- 
ment versé dans la langue des Cas- 
tilles, n'en a fait qu'une mention em- 
preinte d'uu injuste dédain. Nicolas 
Antonio, qui a rassemblé dans sa ^i- 
hliotheca les nomâ de tant d'auteurs 
oubliés, a passé celui-ci sous silence. 
Ce n'est d'ailleurs que depuis soixante 
ans que leséerits de Ruiz jusqu'alors 
cachés dans la poussière sous laquelle 
reposent les vieux manuscrits, ont 
vu le jour ; T.-A. Sanchez les comprit 
dans sa Coleccion de poesias Castel- 
lanas anteriores al siglo XV, Ma- 
drid, 1779 et ann. suiv.^ recueil 
estimé, qui a reparu à Paris eu 18^42. 
Tout ce qu'on sait de fa vie de Ruiz,* 
c'est lui-uiéme qui nous l'apprend ; 
il annonce, dans le titre d'une de ses 
pièces de vers, qu'elle fut composée 
tandis qu'il était en prison par l'ordre 
du' cardinal archevêque de Tolède, 
don Gil d'Albornoz. 11 se plaint sou- 

. vent des rigueurs de sa captivité, qui 
dura treize ans, et qu'il attribue à de 

^faux témoignages et à des calom- 
nies. L'eisprit éminemment fron- 
deur, la causticité, là hardiesse qui 
régnent dans les poésies de l'ar- 
chiprêtre, contribuèireut sans doute 
à la disgrâce qu'il éi^rouva-S^s pro- 
ductions n'ont paâ subi l'inQùence 
du tiriste lieu où elles virent le jour, 
elles sont pour I4. plupart pleines 



ftUI 



m 



d^enjouement, et si l'on ne se rap- 
pelait quelle était la licence des 
écrivains du moyen âge, quelques- 
unes pourraient donner une fâcheu- 
se idée des mœurs de Juan Ruiz. 
Une des œuvres principales de l'ar- 
chi prêtre de Hita, œuvre qui n'est 
pas sans analogie avec VArt d*aimer 
et notre Roman de la Rose, est le 
récit de ses amours vraies ou suppo- 
sées avec doila Endrina. Les discours 
de don Amour, de Vénus, sa femme, 
et d'une vieille quelque peu parente 
de la vieille de Jean de Meung et deja 
Macette de Régnier, ne sont guère 
dignes des graves fonctions que rem- 
plissait Juan Ruiz. Du reste, l'archi- 
prêtre de Hita ne néglige pas les 
correctifs des vers sur les péchés ca- 
pitaux; des maximes philosophiques; 
se mêlent singulièrement avec les 
morceaux dont nous venons de par- 
ler. Aux amours de doîla Endrina suc- 
cèdent des vers sur la passion de Jé- 
suë-Christ. Après avoir raconté com- 
ment il devint épris d'une dame qui 
faisait sa' prière, après avoir parlé 
des exploits de la vieille Trotte-Cou- 
vent (Trota-Conventos) , l'archiprê- 
tre termine son livre comme il Ta 
commencé, par les louanges de la 
Vierge. Peut-être Juan Ruiz était-il 
de bonne foi lorsqu'il 'disait avoir 
fait une œuvre morale, avoir eu pour 
but de montrer le danger de certai- 
pes amours : • Dieu sait, écrjt-il dans 
une préface , que mon intention ne 
fut pas de composer ce volume pour 
donner matière de pécher , ni par mau- 
vais désir, mais au contraire pour 
rappeler à toute personne qu'il faut 
faire le bien , pour donner^de bons 
exemples, et pour qu'étant averti on 
puisse plqs aisément se garder des 
rusés dont un amour coupable ne se 
fait pas faute d'user. > L^idée de celles 
des po^es que l'oa pourrait intitu- 



-r - 

1 



180 Util ^ Rtrt 

iKf : Doua Snirim n'appartient pai prie«?ce ttloit les matières des in* 
à Jatn Rais; il a tiré son sujet très, tout en conservant les qualités 
d'iin poème intitulé : De fetula^ qui» propres aux jeunes littératures' *, il a 
k tort, fut iong-teoips attribué à Ôri- d*henreuses réminiscences des an- 
de« Mais Juan Ruiz a mis tant du sien ciens ; ces réminiscences se fondent 
dans cette imitation , que l'on peut harmonieusement avec ce que son 
la considérer comme une œuvre non- esprit a d'original; sous ce rapport et 
velle. Ainsi que l'auteur du ComU aussi par sa bonhomie et sa malice, 
Luean^r, il a intercalé dans son il n'est pas sans quelque ressemblance 
l'écit principal une grande, quantité avec notre La Fontaine. On se trom- 
de fables et d'historiettes qui, si elles perait grandement d'ailleurs en ue 
n'offrent pastoujours une morale bien voyant dans Ruiz qu'un bouffoa 
pure, sont écrites arec beaucoup d'es- beaucoup plus spirituel qu'on ne 
prit à la fois et de ntf veté. Ces mor- l'éUit d'ordinaire au XIY* siècle ; 
eeaux épisodiques sont ou de l'in- ainsi que l'a fort bien remarqué uu 
vention -de Jnan Ruiz , on imitée de judicieux critique parfaitement in- 
quelques écrivains de l'antiquité, ou strùit de la littérature de sa patrie, 
empruntés à nos vieux poètés.Le pas- M. B. de Ochoa, i'archiprétre s'élève 
. sage intitulé : • Du garçon qui voi^lait parfois à un admirable lyrisme. Son 
épouser trpis femmes, » fait souvenir imprécation contre la mort à propos 
de notre fabliau : • De l'écuyer qui vou- de sa complainte s ur Trota-Con ventes, 
lait épouser douze femmes. » L'his- ses souveuirs de la passion du Christ, 
* toire que narre Rabelais au sujet de ses cantiques de louanges à la Vierge, 
r Anglais qui arguait par signes est ses chansons de la Serrana (monta- 
déjàdans les vers de l'arohiprêtre. Il gnarde) offrent tour à tour les plus 
raconte» à l'égard del .pscado delà nobles qualités du style sérieux, 
luaniria, le tour que joUa à Virgile une Paustérité sombre du Dante, la gran- 
dame romaine, et la façon peu délicate deur de l'Écriture, le charme des 
dont le poète se vengea de sa pertide troubadours provençaux, 
maîtresse, trait emprunté à la légende B— n— t et P— ^m— e. 

des Faictz merveilleux de Virgile, si RUIZ (FebDinand), né èCordoue, 
répandue au moyen âge. Inépuisable dans le seizième siècle, fut le princi- 
dans ses plaisanteries sur le pouvoir paj architecte de la cathédrale de Sé- 
de l'argent^ Ruiz arrive parfois à des ville. Il s'est rendu célèbre par la 
idées heureuses : « Beaucoup fait ar- restauration de la fameuse tour la 
gent, dit-il, et beaucoup faut l'aimer; Giralda. On attribue généralement 
du plus grand des sots il fait un la construction de ce magnifique édi- 
homme habile ; il donne des jambes fice à l'architecte maure Geber, né k 
an boiteux et une langue au muet; Séville, dans le commencement du 
celui môme qui n'a pas de main x« siècle, auquel on a voulu attri- 
cberche k prendre de l'argent. • Le buer aussi l'invention de l'algèbre, et 
Combat du Carnaval et du Carême , qui avait construit deux tours sem- 
poème que Sanchez regarde comme blables, l'une à Maroc, l'autre à Râ- 
snpérieur à la Gatomaquia de Lope bat. Sa hauteur était primitivement 
de Vega, rappelle aussi notre conte dé 250 pieds, et sa largeur de 50, tant 
Jk la Bataille de Chamage et de Car à la base qu'au somodet. Au centre 
rime. L'arthiprôtre de Hita s'appro- de cette tour s'en élève une seconde 



RUI RtL . 161 

«itrémement solide, pins hante qne RtTLLY (Mabib-Agathanoi-Fbi« 
l'extëneore, et large seulement de dinand de Bbrnabd de) » ancien cha- 
35 pieds. L'intervalle que l'on a mé- noine, comte de Saint- Jean de Lyon, 
tiagé entre les deux tours sert de abbë de la Chassaigne, et vicaire-gé- 
rampe pour parvenir au sommet ; et ne'ral de Chalon-sur-Saône, se dis- 
la montée en est si douce que l'on tingua par beaucoup d'activité dans 
peut y aller à cheval. Les fenêtres la chambre du clergé de Lyon, lors 
suivent les divers étages de la mon- de la nomination des déput^^s aux 
tée, et chacune est ornée de trois co- États-généraux en 1 789. Il ne put ce- 
lonnes de marbre : ces colonnes sont pendant obtenir d'être de la députa- 
au nombre de 140. On voyait autre- tion, et l'obscurité à laquelle il se 
fois au sommet quatre globes de résigna pendant les troubles qui sui- 
bronze doré, que l'on apercevait à virent, et surtout ses voyages hors 
huit lieues de distance. Quand les de la province, le firent échapper aux 
Maures de Séville, assiégés par saint malheurs qui fondirent ensuite sur 
Ferdinand, offrirent de se rendre, ils les habitants de cette ville. Il n'y re- 
y mirent pour condition la démoli- parut que vers la fin du régime di- 
tion de la tour; mais D. Alphonse, rectorial, à ja nouvelle de la inortde 
fils du roi, répondit que s'ils en arra- l'archevêque Marbeuf, en 1799. Sous 
chaient une seule pierre, il ne laisse- prétexte de revendiquer les droits du 
raiten vie aucun des habitants. Lors chapitre, à la vacance du siège, il 
du tremblement de terre de 1395, les tint le 12 mai, avec deux de ses col- 
globes de bronze furent renversés; et lègues, une espèce d'assemblée capi- 
la tour demeura dans cet état jusqiVen tulniré, dans laquelle il se fit nommer 
1568, où le chapitre chargea Ruizde vicaire -générai capitulaire, ayant 
lui donner 100 pieds de plus d'élé- sous lui ceux qui avaient administré 
vation. il divisa ces 100 pieds en le diocèse nu nom du prélat dé- 
trois corps, surmontés d'une petite cédé. Mais le pape, à qui cette no- 
coupole ou lanterne : le premier est mination parut illégale, en fit une 
de la même grosseur que la tour, et autre, et Rully, voulant conserver à 
il s'élève sur un socle de 3 pieds; il la sienne une apparence de légalité, 
a six pilastres et cinq fenêtres sur envoya sa démission au Saint-Siège, 
chaque face, et il est orné d'une cor- dans une lettre du 1" nov. 1 799. Néan- 
niche et de balustrades; le second moins, dès qu'il vit Bonaparte deve- 
.est plus mince et décoré de la même nu maître du gouvernement sous le 
manière; le troisième est un octo- nom de consul, il reprit de lui-même 
gone avec pilastres, sur lequel s'é- le titre et les fonctions de graod- 
lève la lanterne, qui à suu tour est vicaire capitulaire, fit. venir dé Paris 
surmontée d'une statue en bronze de une brochure des agents ecclésiasti- 
laFoi, appelée vulgairement la Gi- ques de Bonaparte, intitulée : Eœa- 
ralda (la Girouette). Ce bel ouvrage men dés difficultés qu'on oppose à la 
fait le plus grand honneur au talent promesse de fidélité, etc., la fit réim- 
de Ruiz, qui l'a construit avec habi- primer à Lyon, et l'envoya signée de 
leté et surtout avec solidité; car, lui à tous les archiprêtres du diocèse, 
malgré les tremblements de terre avec injonction de s'y conformer. Le 
qu'a éprouvés Sévilie, la Giralda est trouble éait dans le clergé de ce 
restée intacte. P^s. - diocèse, et les divisions y devenaient 



LXXX. 






tOtOH* ^U« d'kutres cbinuines ilutilla mort préLiialur<^ fui regrettée 

.et de Lyon crurnit devuir »e de toute la [ikirine, était lieutenant 

jïrfMiury mellre fin. Dans une deTaitseaaetonimaDdaitlicQrvetle 

_umblëe capilulaire qu'ils tinrent de ISJa /.iticfy.faisantparliederes- 

_tT ocl. 1800, ils destituèrent défait cadre du cuiuted'BMiing. iorsqueeet 

M, de Bull;, en délirant que, sioi officier-général le chargea, au moii 

municar aux droits des chapitres, de mari 1TT9. de reprendre sur les 

tti» vacant*^ ils te soumettaient k Anglais la partie française de l*Ile 

knominatioii faite par leSaint^iége. Saint- Hirtin. Sa mmion heureuse- 

Lm autres grands-vicaires n'éprou- ment accomplie, du Rumain prouva 

Tirent plus de contradictions ouver- sa sagacité, en proclamant la ueu- 

ei de sa part, mais iL leur suscita tralité d'une possession qui pou- 

iu embarras par la continuité de ses vait devenir la proie du premier 

nUtions avec les agents ecclésiasti' corsaire et dont la défense aurait en- 

qOM dii gouvernement; et quand tratnéun inévitable et inutile sacri- 

fonde de Bonaparte, Fesch, fut eu- fice d'hommes. Sa bravoure dans ce 

T9jé k Lyon comme archevêque, coup de main donna la mesure de ce 

BÛlly <ri>tint toute sa confiance. En qu'on devait attendre de lui. Aussi, 

1B14, son nom etsa naissance le firent lorsqu'au mois de juin suivant d'Bs- 

pOTterk l'une des quatre ptacesd'au- Iding résolut de prendre Saint-Vin- 

nAnieti par quartier de Monsieur, cent, ce fut encore sur lui qu'iljela 

«mie d'Artois. Il parut alors déta- les'yeui. Du Rumaiu appareilla de 

chddu.cardinalFesch, et crut devoir la Caze-Navire, dans la nuit du 9 au 

initcr les deux chanoines qui refu- 10 juin 1T79. Sa division était com- 

iirenl de signer la lettre cougraiu- posée, indépendamment de la £>(- 

btoire que les autres grands- vicaires vely, de deux corvettes, le Lyt et la 

et chanoines lui écrivirent k Rome, BalleatWe, comme elle prises sur les 

|ioarlel"jourderanl8l5,eDluiex- Anglais, et de deux petitscorsaices; 

primantleurattacbement. Il mourut trois cents hommes de milices et 

qnelques années plus tard. — HuLLY de troupes eipëditionuaires tirées 

(lecomtede),ffèreduprécédenl,an- des régiments de Champagne, de 

dan ofGcîer au régiment du roi, aide- Viennois et de la Martinique, moji- 

e-camp du ducde Bourbon, accom- lajeut crs navires. Le débutde l'ex- 

■gua ce prince dans la Vendée en péJition ne fut pas heureux. Entral- 

MTS 1819, pouryprovoquer une in- né par les uoumuts sous le vent de ■ 

nrrection royaliste, et n'ayant pu y SaJut-Vincent, du Rumaiu manqua 

iiir, s'embarqua avec lui k Nan- son atterrage el perdit un de ses cor- 

pour l'Espagne. Haréchùl-de- saires, pûrtaut quiire vingt -deux 

ip depuis 1808, il reçut du duc hommes, dont il n'eniendil plus par- 

Niurbon, le 1" juillet 1815, le ti- 1er. Tout antre eût été déconcerté; 

iieulenanl-gt^néral, qui lui fut quant k lui,lojnde perdre courage, 

lé par le roi, et fut crM pair il a la tëuiérité de croire qu'avec le 

ce le IT ao&t même année. Z. peu de forces qui lui restent il peut 

«JiAIN (CHABLBS-BliBiE di encore tenter son etpélition. Il re- 

Hf , chevalier du), né le SO sep- prend sa route dans le nord, passe au 

1T18, dans les environs de Tcot de la Martinique et de Sainte- 

IcieT brave et instruit, Lucie,, pour ne plus manquer sou 






RUM 

et si peu mérité, les officiers, du 
Rumain en tête, s'élancent sur le 
pont de la Flora. Pt^rcé aussitôt de 
quatre balles, du Rumain est la pre- 
mière victime de sa fougue irréflé^ 
chie. Deux officiers, MM. Pennau- 
dreff de Keranstret et de Taillard, 
éprouvent bientôt le même sort. Un 
neveu du héros de la Surveillantey 
du Couëdic, est écrasé entre les deux 
frégates. Privée de ses chefs, la 
Nymphe, qui compte plus de. cent 
hommes tués ou blessés et qui s'é- 
tait vue par deux fois exposée à sau- 
ter ou à brûler, amena son pavillon. 
Tel fut le résultat d'un combat si 
brillamment commencé. Du Rumain 
n'eut pas la douleur de voir les fatales 
conséquences de son impatience, 
mais la marine eut à déplorer, indé- 
pendamment de la capture d'une de 
ses frégates, la perte de plusieurs 
officiers distingués, de celui surtout 
qui avait mérité, par son courage, que 
d'Estaing l'appelât leDuguay-Trouin 
de son temps. Louis XVI, pour recon- 
naître les' services de cet officier et 
en perpétuer ie.souvenir, fit remettre 
au comte du Rumain, son frère, trois 
mortiers en fonte. P. L — t. 

RUMBOLDT (sir Georges), di- 
plomate anglais, célèbre par l'enlè- 
vement de sa personne et de ses pa- 
piers qui eut lieu en 1804 d'après la 
volonté de Bonaparte. Il était consul 
d'Angleterre à Hambourg lorsque, 
sur un ordre du ministre de la po- 
lice de Napoléon au maréchal Ber- 
nadotte, commandant l'armée fran- 
çaise du Hanovre, il fut arrêté par 
surprise, conduit à Paris et enfermé 
au Temple. Nous croyons utile de 
donner ici un curieuï document his- 
torique dont nous garantissons l'au- 
thenticité. Noif - seulement il fait 
connaître l'odieux système politique 
de Bonaparte, mais encore, hn^xké et 



RUM 



18& 



signé de Fouché, il prouve que le mi- 
nistre ne fut point étranger à cette 
violation du droit des gens, comme 
on a voulu l'insinuer dans les Mé^ 
moires publiés sous son nom, en lui 
faisant dire : « Je ne pouvais rien 
contre les résolutions brusques et 
inopinées, et il ne me restait alors 
aucun moyen d'éluder ou de conjurer 
les actes ténébreux qui, foulant aux 
pieds les formes de ht justice, étaient 
exercés par un ordre direct émané 
du cabinet, et commis à des subal- 
terneshors de mes attributions spé- 
ciales. » Voici cette lettre datée du 

10 octobre 1804 : « Monsieur le ma- 
réchal, l'agent anglais Ruuiboldt, à 
Hambourg, suit les mêmes erre- 
ments d'espionnage et de machina- 
tion qui ont déjà excité l'indigna- 
tion de l'Europe contre les Drake et 
les Spencer- Smith (t), et il est évi- 
dent, par la circulaire de lord Haw- 
kesbury,à la suite des complots dé- 
couverts de ces deux misérables, 
que le gouvernement britannique a 
osé avouer et réduire en système 
cette tactique de complots, de la 
part de ses ministres accrédités 
auprès des puissances alliées ou neu- 
tres. En conséquence de ces prin- 
cipes nouveaux et subversifs, S. M. 
l'Empereur a fait déclarer ne plus re- 
connaître aucun caractère diploma- 
tique dans les agents anglais qui ont 
été mis, par leur propre gouverne- * 
ment, hors du droit des gens et de 
la loi commune des nations civilisées. 

11 entend donc que M.. Rumboldt 
soit considéré comme le serait tout 

(i) Sir Francis Drake était ministre an- 
glais à Munich , et Spencer-Smith à Statt- 
gard , lorsque Bonaparte voulut les faire 
enlever Tun et Tautre aons prétexte quMls 
étaient môles à la conspiration de Georges et 
de Pichegru ; prévenus à temps, ils se virent 
obligés de fuir dta capitales où ils étaient 
accrédité» [vojr. SrEzrccR-SiirrH,att Sa|pç.) 



166 RUM RUM 

antre indmdn anglais qui se livre- en sa qualité de garant de la consti* 

rait à des menées criminelles, et soit tution germanique, à poursuivre la 

•aiai) s*il est en Totre pouvoir de le réparation de cet enlèvement. Ans- 

fnre, et que Ton prenne tous les sitôt, le roi Frédéric-Guillaume écri- 

■lojens d'avoir ses papiers. Je vous vit de sa main une lettre à Napoléon, 

invite, monsieur le maréchal, à pour lui demander la délivrance de 

prendre toutes les mesures néces- sir Georges Rumboldt , et le cabinet 

aaires pour arriver à ce but. • Com- de Berlin expédia un courrier à M. de 



on le voit. Tordre était formel ; en Knobelsdorff , qui se rendait à Paris 
conséquence, le général Frère (toy. pour assister au couronnement du 
ût nom , tXlV, 498) fut chargé par nouvel empereur.Ordre lui fut donné 
Bemadotte de remplir cette mission, de suspendre sa marche s'il n'avait 
à la tétf d'un détachement de 250 point encore pénétré en France, et, 
bommes de troupes françaises. Il tra- s'il y était déjà, de ne pas se pré- 
▼ersa l'Elbe, débarqua prèsd'Altona. senter à la cour impériale jusqu'à la 
et, sans tenir compte de la neutralité mise en liberté du ministre anglais. 
dn territoire de la ville libre de Ham- Cette mise en liberté s'effectua quel- 
bonrg, il marcha vers Grindel, où se ques jours après, sur la promesse de 
trouvait la maison de campagne du sir Georges Rumboldt, de ne jamais 
ministre britanniqqe. Dans la nuit du retourner à Hambourg et de se tenir 
S5 au 26 octobre , après avoir fait à cinquante lieues de distance dn ter- 
eemer sa demeure , le général Frère ritoire français. Ce fut donc à l'in- 
y pénétra et s'empara de sa personne, tervention de la Prusse , très-cares- 
Amené aussitôt à Paris Rumboldt fut sée alors par Bonaparte, que sir 
étroitement détenu au Temple, peu- Georges dut sa délivrance , et voici 
dant que ses papiers, saisis et envoyés en quels termes I elfontteur l'annonça 
an ministre de la police impériale, (11 nov. 1804): «M. Rumboldt, agent 
ëtaient l'objet d'un examen très-sé- anglais à Hdmbourg, arrêté à une por- 
▼ère. A la nouvelle de cette violence, tée de canon des avant-postes de Par- 
le sénat de Hambourg s'assembla pour mée française du Hanovre, et cou- 
protester contre la violation de la neu- duit à Paris, a été, par la protection 
tnlité de son territoire , et en même du roi de Prusse , relâché et envoyé 
temps tous les ministres étrangers, en Angleterre par Cherbourg. Si le 
résidant dans cette ville, en iufor- procès de ce digne confrî're de Drake, 
nèrent leurs cours. Le roi d'Angle- de Spencer-Smith et de Taylor avait 
terre, par une noie du 5 nov., dé- été terminé, il eût offert des pièces 
Bonçaauz cabinets européens ce nou- tout aussi curieuses que celles de ses 
Tel attenUt comme une agression émules. • Cependant , dans les Mé- 
mis exemple, • et d'autant plus insul- moires que nous avons cités, on attri- 
tante, disait- il, qu'elle a été publi- bue particulièrement à Fouché et à 
qnement ordonnée, qu'elle menacé Talleyrand la gloire d'avoir sauvé sir 
tontes les cours, détruit les droits G. Rumboldt du danger qui le mena- 
aaerés de tout territoire neutre, et çait. • M. de Talleyrand et moi, fait* 
anéantit les privilèges des ministres on dire à Fouché , nous tremblions 
éiplomatiques. » fee gouvernement que le sort du duc d'Enghien ne fût 
anglais, dans une protestation offi- réservé à sir Georges; nous mimes 
eielle» invita spécialement la Prnsse, tout en œuvre pour le soustraire à 



RUM RUM 167 

une condamnation prévôtale. Ses pa- RUMFORD (la comtesse de ) ftit 

piers m*(ftant tombés dans les mains, par son esprit et sa position l'une des 

j^eus soin de pallier tout ce qui aurait femmes les plus remarquables de 

pu le charger d'une manière grave, notre époque. Elle était iille de M. 

L'intervention de la Prusse, que nous Paulze, d'abord receveur-général» 

excitâmes secrètement, acheva ce ensuite fermier-général des finan- 

que nous avions si bien commencé, ces, homme très -éclairé dans la 

Le ministre Bumboldt tut mis en 11- science et très-habile dan*s la pratique 

berté. • Quelque peu de confiance de son état. Il avait épousé une nièce 

qu'on doive accorder aux assertions du fameux contrôleur-général, l'abbé 

des prétendus Mémoires de Fouché, Terray. Celui-ci faisait grand cas des 

il faut reconnaître qu'il y a ici quel- lumières et de l'expérience de son 

que chose d'au moins vraisemblable , neveu, qui donnait souvent à son 

mais on ne peut admettre l'opinion oncle, sur l'administration des fl« 

de Tauteur an^^lais Lewis Goldsmith, nances, d'excellents conseils, fort 

dans son Histoire secrète du cabinet bien compris ; car l'abbé Terray était 

de Bonaparte, qui prétend que la homme de beaucoup d'esprit, et assez 

Prusse ne se mêla pas de cette affaire, mal servi, comme il devait arriver à 

Toutefois , cette arrestation brusque un.ministre qui ne voulait se brouil- 

et violente du représentant accrédité 1er avec personne à la cour, et ne re- 

d'une puissance indépendaute près ccvait pas du pays de quoi 8uf6re 

d'un état neutre, fit le plus grand tort en même temps aux besoins de l'État 

à Napoléon auprès des cabinets qui et aux fantaisies de tout le monde, 

conservaient encore leur libre arbi- Une longue correspondance entre 

tre, surtout au moment où le premier l'abbé Terray et M. PaUlze a été con- 

consul prenait la couronne impériale, servée, en grande partie du moin^, 

Pour en atténuer le mauvais effet , dans la famille du fermier-général, 

Tal leyrand adressa au xrésid en tsfran- et contient sur les mesures tinan? 

çais près des cours étrangères, une cières de ce temps des renseigner 

circulaire antidatée et qu'il supposa ments fort curieux. La maison de 

avoir été signée à Aix-la-Chapelle; M. Paulze était l'un des foyers des 

l'enlèvement du ministre britannique utilesétudes, des salutaires réformes, 

y était justifié par des motifs imagi- Là se réunissaient Turgot, Malesher- 

naires. Conduit à Boulof^'ue, puis à bes, Trudai ne, Condorcet, Dupont de 

Cherbourg, sir Georges Rumboldt s'y Nemours; là des conversations à la 

embarqua pour Port^mouth, où il ar- fois sérieuses et faciles, sans prémédi- 

riva le 18 nov. Depuis cette époque, tation savante, sans autre but que la 

on n'entendit plus parler de lui... On vérité ; les questions étaient posées, 

ignore l'époque de sa mort, et l'on a les faits rapportés, les idées débattues, 

même dit qu'il avait disparu sans M. Paulze n'y fournissait pas seule- 

qu'on ait pu en découvrir de traces, ment le tribut de ses lumières person- 

Ce ne fut pas sans étonnement que, nelles: il avait institué à la fermegé- 

quatreansplustaid,onlutdanslelfO' néraleun bureau chargé de recueillir 

ntrtfur, qu'il venait de mouriràMemel. sur l'impôt et le commerce delà Fran- 

Sa veuve, après les cinq ans fixés ce, sur le mouvement des ports, sur 

par la loi anglaise, épousa l'amiral toutce qui intéresse la richesse natio- 

Sydney Smith. . C— h-m. nale, tous les renseignements sUtisti- 



M HUM 

». Il entretenait, dmis Ii* ni^ine ciijjée de si via de société, c'était 

iteiu, avecun grand nombre de n^ nne personne capable d'être forte- 

{vciaDta Et de banquiers étrangers, ment saisie par un seuliment, par 

inecorrespondanceaasidue.Cesdo- une idée, et de s'j adonoer avec 

caments étaient lib^alenent corn- passion. Elle vivait dans le laltora- 

nuniquà aux hommes éclaires qui toire de Lavoîsier. l'aidait daus ses 

IréqucntaieDtsaniaisoo- L'abbé Ray- expériences, écrivait lesobservations 

"■iCQtre autres, ami particulier de sous aa dictée, traduisait, dessinait 

Paulze, y puisa la plupart des faits pour lui. EIIr apprit à graver pour 

ïd(B détails qu'il a consignés dans qu'il fdtsilr d'im ouvrier exact jus- 

-ùnBUtoirtj^iloto^qua des deux qu'au scrupule, et les planches du 

Mdw, et qui en sont la seule par- Traité de chimie furent bien réelle- 

' encore importante aujourd'hui. mentl'ceuvredesesmiiins.Ellepublia, 

te société, ces conversations n'a- parce qu'il le désirait, la traduction 

ent rien qui pûtenlrer dans l'édu- d'un ouvrage du chimiste anglais 

.^on de M"" Paulxe , ni influer di- Kirvan sur le phiogittique et sur la 

-eetement sur elle; mais, k vivre et constifutfon tùi aeidet et k propor- 

i M développer dans une telle at- tion des substances qui composent 

oosphère , elle apprit deux choses, les sels neutres (Paris, 1787, in-8<>); 

le plus salutaire enseignement que elle avaitacquis, delà sciencequ'ain- 

l'enfance puisse recevoir et léguer à si ils cultivaient ensemble, une'intel- 

lons, l'estime des études sérieuses et ligence si complète que, lorsque, en 

le respect du mérite personnel. Elle 1805, onze ans après la mort de La- 

•Tait b peine treize uns qu.md l'abbé voisier, elle voulut réunir et publier 

Terraj voulut la niarîir à lu cour, ses méoioires scienli&ques, elle put 

Son père, peu touché de cette fan- se cliarger seule de ce travail, et 

taisie, préféra un de ses collègues l'accomplit en effet, en y joignant 

dans la ferme-générale, M. Lavoisier, une préface |iarfaileiuent simple, uii 

et l'abbé Terray n'en prit point d'bu- ne se laisse eutrevoir aucune ouibre 

meur. Le mariage fut célébré dans de prétention. Un intérieur ainsi 

ia chapelle de l'hStel du contrâleur- animé par une affection réciproque 

''huerai, le 16 décembre 1771. En et des occupations favorites, une 

isant de Ja maison de sou père grande Fortune, beaucoup de consi- 

is celle de son mari, madame La- déraliou , une bonne maison à l'Ar- 

sierchangead'liorizonsanschan-. sénat, recherchée par les bonmies 

d'habitudes. Au mouvement des les plus distingués, tous les plai- 

snces économiques succéda celui sirs de l'esprit , de la richesse, de 

. sciences physiques, et la société la jeunesse, c'était li, ii coup sûr, 

savants à celle des administra- une existence brillanie et douce. 

n. Soit affection pour son mari, Cette existence fui frappée, fou- 

...4)iipositioDnaturelle,madameLa- droyée par la révolution, comme 

ni^er s'associa à ses travaux comme toutes celles qui l'enlouralent (noy. 

B compagnon ou un disciple. Ceux. Lavoisigb, XXIII, 167). En iT04,nia- 

. même qui nel'ont connue que bien dame Lavoisier vit monter, lemËme 

.oiii de la jeunesse ontpudémâler jour, sur l'échafaud sonpère etsoii 

que, sous une apparence un peu Tri- mari, et n'échappa elle-même, après 

vole, et presq iwit préoc- un emprisonnement assez court, 



qu'en se ptongeant, anc une pa- cousci>'nce et de ma raison, jamais je 

ticDce persévérante, dans la plus n'aurais pu consentir k aliéner mes 

CorapifeteetsilencieuseobiCurité.Dfeâ opinions li aucun parti. J'ai Juré, 
le début de la rë?olution, M. Lavoi- - dans la sincériWde mon cœur, fidélité 

sier, quelque favorables que fussent à la constitution que vous avez ac- 

ses idées à la réforme de l'Élat, avait ceplée, aui pouvoirs constitués par 

considéré l'avenir avec effroi. C'était le peuple, i vous, Sire, qui êtes le roi 

un homme d'un esprit juste et calme, constitutionnel des Français, à vous 

d'un caractère doux et modeste, qui ddut les vertus et les malheurs ne 

poursuivait avec désintéressement, sont pas assez sentis. Convaincu 
■u sein'd'une vie heureuse, de nobles g comme je te suisque le corps législatif 

et utiles travaux, et que les orages est sorti des limites que la conslt- 

politiques dérangeaient beaucoup tution lui avait tracées, que pourrait 

troppourqu'ilyplaçâtsesespérances. un ministre constitutionnel? Inca- 

En juin 1792, le roi lui fil offrir le pablc de composer avec ses principes 

ministère des con tri bu lion s publi- et avec sa conscience, il réclamerait 

ques. Lavoisier le refusa par cette en vain l'autorité de la loi à laquelle 

lettre pleine d'élévation,desimpiicilé tous les Français se sont liés parle 

et de droilure : • Sire, ce n'est ni par serment le plus imposant. La rësis- ' 

unecraintepusiljanimebien éloignée tauce qu'il pourrait conseiller, par 

de mon caractère, ni par indifférence ]es moyens que la constitution a don- 

pour la chose publique, ni, je l'avoue- nés \ Votre Majesté, serait présentée 

rai même, par le sentiment de l'in- uomme un crime; il périrait victi- 

sulfisance de mes forces que je suis me de ses devoirs, et l'inflexibilité 

contraint de me refuser à la marque même de son caractère deviendrait 

de confiance dont votre Majesté veut U source de nouveaux malheurs, 

bien m'honorer en me faisant offrir Sire, permettez que je continue da 

le ministère des contributions publi- consacrer mes veilles et mon exis- 

ques. Témoin, pendant que j'ai été tence nu service de l'État dans des 

attaché à la trésorerie nationale, des postes moins élevés, mais oii je pour- 

seutimenls patriotiques de votre Ma- rai rendre desservices peut-être plus 

jesté,desestendressollicitudespour utiles, et probablement plus dura- 

lebonheurdupeupte.deson inflexible blés, Dévouéàl'instruction'puhiique, 

sévérité de principes, de son inallé- je chercherai k éclairer le peuple sur 

rable probité, je sens plus vivement ses devoirs ; soldat citoyen, je por- 

que je ne puis l'exprimer, ce à quoi terai les armes pour la défense de la 

je renonce en perdant l'occasiou de' patrie, pour celle de la loi, pour la 

devenir l'organe de ses sentiments sûrelédu représentanlinamovibledu 

auprès ifc b nation. Mais, Sire, il est peuple français. Je suis, avec un pro- * 

du devoir d'un honnâle homme et fond rpsppcl, de Votre Majestf', Sire, 

d'un citoyen de n'accepter une place le très-humble, etc. • L'illustre sa- 

impurlante qu'autant qu'il s l'esp<i- vaut prélendnit trop quandil deman- 

rance d'en remplir les obligations dait la permission d'employer sa vie 

dans toule leur étendue. Je ne litts 'à éclairer le peuple>; un i'envoyaà 

ni jacobin, ni feuillant. Je ne suis ta nmrt au nom du peuple i^nor;iiil 

d'aucune société, d'aucun club. Âc- et opiMiuic. Il légua fa sa veuve toute 

coutume k peser (ont n poidt d« ma sa fortune, et elle en dut en parti 



RUM RUM 
Il eonur?atioa lu iliivoucmiril hn- mnrinnl, avail fnrmcllpmpnl stipula 
bile d'un lerviteur fîd^lR, à qui cll« dinHsoncnntrat qu'elle se Terait ap- 
féinoigna.àsontour, jiuqu'ànonder- peler marfanM Layoisier de Rum- 
nier moTneni, la plus Gilèle rrcon- ford. M. de Biiinford, qui y avait 
. naigunce. En ITOT, lorsqu'une pro- consenli, te trouva mauvais. Elle 
•criplion.àkfoiseraelleelhonteuse persista. -J'ai regardé comme nn 
d'elle-même, Tnppa quelques-uns de devoir, comme une religion, écrivait' 
ses amis, eotre autres I'ud de* plus elle en 1808, de ue point quitter le 
intimes, M. de Msrhois, une Wlre de nom de Lavoisier.... Comptant sur 11 
crédit de madame Lavoisier sur son parole de M. de Rumford, je n'enau- 
banijuier k Londres alla les chercher rais pas Tait un article de mes ruga- 
dansleadégerts de Sinoamari. Quand gements civils avec lui si je n'avais 
les pruseriptions cessèrent, quand voulu laisser un acte pub>ic de moD 
Tordreet la justice revinreDt apaiser respect pour H. Lavoicier et une 
etranimerenméine tempslaaociéié, preuve de la générusité de M. de 
madameLavoiaierreprilsaplacedans Rumford. C'est un devoir pour moi 
le monde, entourée de toute une de tenir aune détermination qui a 
génération de savants illustres, les toujours été une des conditions de 
■mis, 1rs disciples, les successeurs de noire union ; et j'ai dans te fond de 
Lavoisier: Lagrange, LBplace, 'Ber- mon âme l'intime conviction que 
thoDet, Cuvier, Prony, Humbult, M. de Bumrord ne me désapprouvera 
Arago, charmés, en honora ni sa pas, et qu'après avoir pris le temps 
vcuTe,de trouver dansaamuison, en d'y reOéchir.... il me periMllra de 
relpurde l'éclat qu'ils y répandaient, continuera remplir un devoir qne 
les agréments d'Une hospitalité élé- je regarde comme sacré. > Ce fut en- 
ganle. H. deBumbri) arriva parmi core lï une espérance trompée. Après 
eni; il était alors au service du roi des agitations domestiques que M. 
deBavière, et jouissait dans le public de Rumlurd, avec plus de tact, eAt 
d'unegrande popularité sclentiliiiue. rendues moins bruyantes, la sépara- 
Son esprit était élevé, sa couveras- tion devinlnécessaire, et elleeutlicD 
tioa pleine d'intérêt, ses manières ^ l'amiable le 30 juin 1809. Depuis 
empreintes de bonté. 11 plut à ma- cette époque , et pendant vingt-sept 
dame Lavoisier; il s'accordait avec ans, aucun événement, on. pourrait 
■es habitudes, SCS guûts, on pourrait direaucunincidfnt,nedérangesplus 
presque dire avec ses souvenirs; madame de Ruraford dans sa noble 
elle espéra recommencer en quelque etagréaole laçonde vivre. Elle n'ap- 
torteson bonhear. Elle l'épousa le partial plus qu'à ses amis el i la »»• 
n octobre 1803 , heureuse d'oCFrir k ciélé .tantôt étendue , tantdl resser* 
an liomme distingué une grande Tor- rée, qu'elle recevait avec un'mélaoge 
lune et la plus agréable existence, as-^ez shigulier de rudesse et de po- 
Leurs caractères ne se convinrent litesse, toujours de très-bonne corn- 
point. A la jeunesse seule il est fa- pagnie et d'une grande intelligence 
•ile d'oublier, au sein d'un tendre du monde, même dans ses brusque- 
bonheur, la perle de rindépendanc& ries de langage et ses fantaisie* 
s questions délicates furent éle- d'autorité. Tuusles lundis elle dun~ 
es . des susceptibilités s'éveille* mit a dîner, rarement k plui de dix 
Madame deRiimfDrd, ente it; oudouzepenonaesretfi'^taitcejour- 



MM RUI 

là que les hommes ilistingiii'5. fran- fait perdre atix hommes iM plus dis- 
çais ou étrangers, habitués de la tmgués cette étendue dMd^es, cetifl 
maison ou inritës eu passant, se réu' générosité de sentimeuts qui tenr 
aissaient chez elle dans une sorte conviendraient sii)jen, et enlève au*' 
d'intimité momentanée, prompte- tant d'agrément à leur vie que de ri- 
Dientétablieeniredesesprilssi cul- chesseà leurnature etdecharmek 
tivés, par le plaisir d'une coarersa- leur caractère. Ce fléau'de la soeiété, 
tion sérieuse ou piquante, toujours dans les pays libres, pénétra peu, 
TariéeetpuIie.dontmadamedeRuui- trèit-peu dans la maison de madame 
ford jouissait elle-même plus qu'elle de Bumford ; comme nagufere, la It- 
n'en prenait soin. Le mardi elle te- berté, l'équité ne s'en laissa point 
cevait tous ceux qui venaient la voir, bannir. Non-seulement les hommes 
Pour levendredi étaient les réunions des partis les plus divers continue- 
nombreuses, compuséesdepersonnes rent de s'y rencontrer, mais l'urba- 
fbrt diverses, maisappurtenant tou- nité y régnait entre eux : il semblait 
tes k la meilleure compagnie de leur que , par une convention taËite , ils 
sorte, et venant toutes avec grand laissassent h la porte de ce salon 
plaisir entendre l'excellente musique leurs dissentiments, leurs an lipa- 
qu'y faisaient ensemble les artistes tbies, leurs rancunes, et qu'écoutant 
leâ plus célèbres et les plus habiles it concert les sujets de conversation 
amateurs. Sous l'empire, outre son qui Icsauraientcontrarntsdese faeur- 
agrémenl général, la maistin de ma- ter, ils eussent d'ailleurs l'fspril aussi 
dame de Rumford avait un mérite libre, le cœur aussi tolérant que s'ils 
particulier; la pensée et la parole ne se fussent jamais enrQlés sous le 
n'yiétaient pas officielles; une cer- joug des partis. KiuA se perpétuait, 
taine liberté d'esprit et de langage y dans la maison de madame de Bum- 
régnait, sans hostilité, sans arrière- ford et selon son désir, l'espritsocial 
pensée politique ; uniquement ame- de son temps et du monde oii elle 
née par cette, habitude de penser et s'était formée. Je ne sais si nos ne- 
de parlera l'aise, sans s'inquiéter veux reverront jamais une société 
de ce qu'en saurait et dirait l'auto- semblable, des mœurs si nobles et si 
rité.Précieux mérite alors, plus pré- gracieuses, tant de mouvement dans 
deux qu'on ne peut le supposer au- les idées et de facilité dans la vie, un 
jourd'hui. Il faut avoir vécu sous la goût si vif pour te progrès de la civi- 
macbine pneumatique, pour sentir Ijsaliun, pour l'exercice de l'esprit, 
tout le charme de respirer. Quand sans aucune de ces passionsApres, de 
la Restauration fut venue, au milieu ces habitudes inélégantes et dures 
du mouvement des. partis et des dé- qui raccompagnent souvent et ren- 
b&ts parlementaires, ce ne fui plus dent pénibles ou impossibles les re- 
la liberté qui manqua aux hommes lations les plus désirables. Ce qui 
de sens et de goftt : un autre mat pesa manquait au KVlll* siècle, ce qu'il y 
sur eux ; le mal de l'esprit de parti, avait de superliciel dans ses idées et 
des préveniions et des animositéa de taduc dans ses mœiLfs, d'insensé 
départi, mal incommode et funeste, dans ses prétentions et de vain dans 
qui rétrécit tous les horizons, ré- sa piiissiince créatrice, l'expérience 
pandaurloutes i-liosesuu fflui jour, l'a révélé avec éclat; nous l'avons 
foidit rinlelligeuce^ aigrit le cœur, appris h nog dépens. Nous savons 



UM RUM 

noniMDtoDsIe iija|i|iii'cinusalt!f{uë ilesliiiéAdcsliommcs à celle ilrs sa- 

celte époque iiii<iiiiir,iMi'. Kllca pri- li)iLi,ilnliilas^(liicli(JDileccttrt<|>oque 

ché le doute. I'<'ut<'>siiii', \v iiiutdriit- et l'agrt'inrnt (ju'vllc répaudait sur 

liime. Elle a louché d'une loun im- It vie lociale. jimaii on n'sTait vu 

pure, et flétri pour quelque temps de toutes lei conditions, toutes les clas- 

nobles et beaux cOléi de la nature ses qui forment IVlile d'un grand 

humaine. DUis si le XVlll* siècle peuple, quelque diverses qu'elles 

n'eût faitquecels, si teleûtéléseu- aient été dans leur histoire et f u s- 

lementsoDpriacipel caractère, croit- sent encore par teursintér£tB, oublier 

OD qu'il eût amené i sa suite tant el ainsi leur passé, leur personnel iti*, se 

de si grandes choses, qu'il eût à ce rapprocher, s'unirausein des mœurs 

point remué temoude? Il était bien les plus douces, et uniquement occii- 

•apérieuràtouisesacepliques,àtuus pées de se plaire, de jouiret d'espérer 

«01 cyniques. Que dis-]e supérieur? 11 ensemble pendant cinquante ans qui 

leur était euentiellement contraire, devaienlfinir, entre elles, par lesplui 

et il leur donnait un contiuuel dé- terriblescombals.C'eslIhleftit rare, 

menti. En dépii de la Taiblesse de le fait charuiant que j'ai vu survi- 

•es mœurs, de la Frivolité de ses vre encore et s'éteindre dans les der- 

formes, de fa s^Jjheressé de telle ou niers salons du XVIII' siècle. Celui 

telle de ses doctrines, en dépit de ses de madame deBumfurd s'est ferné le 

tendauces critiques et destructives, dernier. Il s'est fermé avec une par- 

o'était UD siècle ardent et sincère, un faite convenance, sans que le décou- 

siècle de loi et de désintéressement, ragetnent ; eût pénétré, sans avoir 

Il aTait foi dans lavérité; car il a re- acceptéaucune uiétamurphoscende* 

clamé pour elle le droit de régner en meurant constamment semblable à 

co monde, il avait foi dans l'huma- lui-mâme. Les hommes ont leur ca- 

nilé; car il lui a reconnu le pouvoir ractère original qu'ils tiennent k^çar- 

4e perfectionner, et a voulu qu'elle der jusqu'au bout, leur brèche où ils 

l'exerç&t SBnseotrave.il s'est abusé, veulent mourir. Le maréchal de Vil- 

égaré daus celte double cuntiauce ; il lars enviait au maréchal de Berwick 

a tenté bien au delà de son droit et le coup de canon qui l'avait tué. Le 

de sa force- Il a mal jugé la nature parlement britannique n'avait point 

morale de l'homme et les conditions d'orateur qui ne vtt d'un œil jaloni 

de l'état social. Ses idées comme ses lord Chatham tombant épuisé dans 

œuvres ont contracté la souillure de les bras de ses voisins, au milieu 

' seiTices.Mais, cela convenu, la peo- d'ua sublime accès d'éloquence. Le 

■ée originale dominante du XVIU* président Holé eût tenu à grand hon- 

■ièole, la croyance que l'homme, la neur de linir ses jours sur son siège 

vérité. la société sont faits l'un pour en rendaut justice à l'état contre 

l'autre, dignes l'un de l'autre el np- les factieux. Vespasien disait : • Il 

pelés à s'unir, cette juste et salutaire fautqu'uu empereur meure debout! • 

onyance s'élève et surmonte toute Madame de Rumfordavait passé sa 

■ontùsloire. Le premier il l'a procla- rie dans le monde k rechercher pour 

téeetréalisée. De Ibsa puissauce et elle-uiéme et à offrir aux autres les 

wpularité sur toute la face de la plaisirs de la société; non que le 

Delïaussi, pourdescendredes monde l'absorbftt tout entière et 

shosw aux petite! el de la qu'elle ii'eat,diuL'occiS)oa, les plua 



RUM 

sensés et les plus sérieux conseils à 
donner à ses amis , les bienfaits les 
plus abondants et les plus soutenus 
à répandre sans bruit sur le malheur; 
mais enfin le monde, la société étaient 
ses principales affaires ; elle vivait 
surtout dans son salon, elle y est 
morte en quelque sorte debout, le )0 
février 1836, entourée, la veille en- 
core, de personnes qu'elle se plaisait 
à y réunir, et qui n'oublieront jamais 
lii l'agrément de sa maison, ni la so- 
lidité de ses amitiés. 6— T. 

RUMOHR (Charles- Frédéric- 
Louis-Félix de) «historien , antiquai re 
et pbète allemand, issu d'une famille 
ancienne, naquit en 1785, dans la 
terre paternelle de Reinhardsgrim- 
ma, auprès de Dresde. Son éducation 
littéraire fut négligée; cependant on 
l'envoya à l'université de Gœttin- 
gue. Là les leçons de dessin de Fio- 
rillo et la contemplation des objets 
d'art le déterminèrent à l'étude des 
beaux-arts, et dès-lors il commença à 
former cette collection de gravures 
qui dans la suite est devenue très- 
considérable. Après avoir visité les 
principales collections de tableaux 
en Allemagne, il partit, en 1804, avec 
un peintre, pour l'Italie, et s'établit 
quelque temps à Rome, puis à Na- 
pies, et entreprit des excursions dans 
les environs. Chemin faisant, il 
recueillit des objets antiques. En 
compagnie du poète Tieck il revint, 
par la Suisse^ où il fît également des 
recherches, en Allemagne. Il y trouva 
tout en mouvemeiit, et, en bon Alle- 
mand, il ne parlait que d'armements 
contre Napoléon. On le trouva si té- 
méraire qu'on le regarda comme un 
révolutionnaire, et que prudemment 
il se retira dans des terres qu'il pos- 
sédait dans le Holstein. De là il se 
r<*ndit en Bavière, on il fit paraître : 
l^xplicQtionê de quelques assertione 



RUM 



173 



ariistiquei qui ee trouvent dant la 
dieseriation de M. Jaeobt sur la ri- 
chesse dee Grecs en objets d'art plaS' 
tique, 181 1 ; Sur le groupe antique de 
Castor et Pollux, ou de VidéaHti 
dans les objets d'art^ 1812; et Notices 
sur l'exposition des objets d'art de 
l'année 1814, 1815. A ces ouvrages 
succéda un Recueil pour Vart et pour 
Vhistoire, Hambourg, 1816, 2 vol. Il 
retourna ensuite en Italie, et y passa 
plusieurs années, se livrant à des 
études profondes sur l'histoire de 
l'art. Il en a consigné les résultats 
dans l'ouvrage qu'il a publié sous le 
titre de Recherches italiennes ( Ita- 
liœnische Forschungen) , Berlin, 1 826- 
1831, 3 vol. in -8°. L'auteur a été 
assez heureux pour rectifier plusieurs 
erreurs de Vasari et d'autres histo- 
riens de l'art ; quant à la théorie qu'il 
y expose, elle n'a pas été du goût de 
tout le monde. Quoi qu'il en soit, 
l'ouvrage de Rumohr doit être con- 
sulté par tous ceux qui veulent con- 
naître l'histoire de l'art en Italie de- 
puis les temps chrétiens. De retour en 
Allemagne il y laissa, outre ses jRe- 
cherches, un traité judiciaire Sur les 
colons sans possession territoriale 
dans la Toscane moderne^ d*après 
les documents^ qui furent publiés à 
Hambourg en 1830. Deux ans aupara- 
vant il était retourné en Italie, avait 
guidé le ministre plénipotentiaire de 
Prusse dans l'achat de tableaux pour 
le musée de Berlin, et avait servi à 
Florence de cicérone au prince royal 
de Prusse. Il compromit uu peu son 
goût ou ses connaissances d'artiste par 
les acquisitions faites pour le musée 
de Berlin ; du moins on lui contesta 
l'authenticité de plusieurs tableaux 
revêtus de grands noms, et le pro- 
fesseur Hirt publia contre lui une bro- 
chure assez rude, à laquelle Bumohr 
répliqua d'une manière virulente; 



lUM RUM 

■ppireumrtil il oublia alors pour un iXrQil m génirêl singiili^rcmetit U 
moment learè|;l«x<telapoliti-K)r,>ur fi|ti)ilicalii)n iln niul potiff^e, tt la 
ItqUf ll« il ricrivil pliJi lard un Iraitë. dioiIk' tie la uioratf fdiT {lartif d» son 
Apr^K ■onimisiAinp viiyage en llAli<^, £rol«. L'aiiiifr xiuvanle, il pulilia , ï 
l'aatevr vécut quelque temps à Dm- Lubeck, un poème prétendu satirique 
da,fltdéplo7aunegraDdeactmirilit- ïïut les affaires du temps, intituW: 
tArBir«,<oriiantiurleaaujetslesplus Ki/nûtoptkoma^iê, fm Cointat iât 
disparalas, mais toujours atec asses ekimt tt du rmùrit, avfC dessins 
d'esprit pour aa flire lire. Ainsi on de Sprcktrr, po^nie en vers burlea- 
Tît pirattre de lui : Eiprit da Tan ques dout ou ne peut saisir 1rs allo- 
«NiÀMira , de Joseph Kœuig , Stutt- siona \ puis une BiMlairt dM tmHM 
gacd,l8»iJr^aw»r*ialJein(indjli- royal dea gravura é Coptnhagm. 
rta d« ViMX popiara, Berlin , 183S, travail dans l«i|url il STait «té sacondé 
«vol. in-S", espèce de roman hit- par Thiele.inspeuteur de ce cabinet; 
torique uu peu trop délajé , dont en6u Mémoirt ptmr tenir à CiUi- 
1« hriroB, appeU .^uctor, tisite, du toin 4e V or ttt pour compUttr tùo»' 
tuspa de Louis XV, rAllemague et la vraga dt BarttcK H da £r«llJo(, 
Ftance,el y essuie diverses aventures. Lei'piik. L'hisloire de la grarure sur 
qui out si peu satisfait le po^leGuts- bois donua lieu encore à d'autrrs 
kow, qu'il a entrepris de faire la coo- ouvrages de sa plume, dont deux 
' tre-partie de ces mémoires dans une parurent en 1836 à Leiptig: le prin- 
iiouTelle,intiiulée:CoN/'«jioiud'iina cipal est Hant Bothin k jatme 
ftmqn*- Rumohr publia ensuile daiu lo rapport* avtc Cnrl de te 
IVof* voyagai m \IlaUi , Leipiik , gravwt mir boit m jlIlamafM, et 
IStl, où il est parle agréablrmenl le second tetidk réfuterleiotijeciiuus 
dea collections et des liouimrs que faites conlra ce travail. liyjoignilfen 
l'Miieura vus au-delà des Alpes, mais I83T, uu M Anuirepourirrcir (U'his- 
vti il développe aussi une longue loirs et <i la fA^orïa da l'art d* l* 
théorie des arts, en prétendant que gravurs sur boù, Ikns cette année, 
Winckeluiann et d'atilrrs thëuriiirns il visita la Haule-Italie, et en écrivit 
u'TOntrien entendu ;Jltruaild;Wo«t- la relation, qui parut en 1836 k Lu- 
«allei, Munich, t8^l•lS3^, s vol. En ' beck, suus le titre de Voyage pari— 
I83i, il St paraître k Stullganl, son cottlrdu ort>fUaJ«s ds fa confMrtt- 
Ècol» de la potiluie pour l«t vieux Itun dana la tomfrardie, tt de ton rt- 
(f lls;n(nta,uCiilTadrs r^glfs pour tour par ta Swiue tt te Uattt-Rkin, 
tous les états et conditions, depuis le <owa te rapport particulier de l'etK- 
ministre jusqu'au postillon et nu gar- no^apMe, da l'agn'cujfura cl de fé- 
çon de J»fé, et uùRuuiuhr n'oublie conumi'opofiltgua. Enl840,llaIlaelt- 
nême pas lés repfésrntants de la na- core A Venise, puis séjourna h Berlin 
tion dans les États constitutiouriets, et i Copenhague, et se lit préparer 
les eihortanl k ne point parler de une maison ii tubrck , oii il traûs- 
ehosM qu'ils n'entendent paS| k ne porta s^s culleciioiis d'art. Pendant 
BUtrops'éteudresur les sujets qu'ils ce temps il publia des Richerduêtwr 
iteut, ei à ne pas être Iraiichants Jtfoao di Fmigiterra , imentew de 
leurs assertions, défauts qui, l'arl d'imprim«r sur papier mouillé 
1 lut, blessent les règles de la po- dea planclut gravite en métal, Leip- 
Dana «et ouvrage, l'auteur xig.l84i;etanromBntiistorique,iie( 



RUM RtJN 175 

annéei â^apprentissage et Uê toiÊr' RUNCIMAN (Alexandre), peintre 
nées de Raphaël, Son dernier travail écossais, naquit, en 1736^ à Édim- 
fut une introduction pour la traduc- bourgs où il fut d'abord apprenti 
tion de l'ouvrage du professeur Meyer chez un peintre en voitures, et où il 
à Bruxelles, intitulé : Lutte des prin- acquit la pratique de la brosse et une 
cipes démocratiqtMS et aristocrati" connaissance de la couleur, avant de 
ques au commencemeifa du XVI* siè - savoir ce que c'était que le dessin. En 
de. Cette 1raducti<»n parut à Lubeck 1776 il accompagna un de ses frères, 
en 1843. L'année suivante, le déclin plus jeune que lui, qui s'était rendu à 
de sa santé l'engagea à chercher du Rome pour y étudier la peinture, et 
soulagement dans les eaux minérales qui ne put résister an climat. Pour 
de Bohême. Mais en route son état lui, animé de l'amour de son art, et 
empira tellement qu'il fut obligé de protégé par sir J. Clerk, baronnet 
s'arrêter à Dresde. Il y mourut d'à- écossais, il continua ses études avec 
poplexie le 25 juillet 1844. Rumohr beaucoup d'assiduité, et avant de 
avait cette aisance de manières que quitter Rome il exécuta, pour son pro- 
donne l'habitude de vivre avec le tecteur, un vaste tableau représen- 
grand monde; aussi était-il bien ac- tant Ulysse se découvrant d la prin- 
cueilli dans les villes où il résidait oesse Nausicaa. H joignit, dans cet 
pour quelque temps ; les souverains ouvrage, à une heureuse imitation du 
même lui témoignaient une grande style, du dessin, de l'expression de 
bienveillance. H.-W. Schiîtz a publié Jules Romain, un ton, un éclat et une 
sur lui une notice biographique, Leip- chaleur de coloris qui se rappro- 
zik, 1844. D— G. chaient du Tiatoret. A son retour en 
RUJMPLER (Ange), chroniqueur Ecosse (1771), Runciman fat chargé 
allemand, né en 1462, près de Mu- par son Mécène d'exécuter une suite 
nich,fut, pour la poésie latine, Té- de tableaux dont les sujets étaient ti- 
lève de Conrad Celtes {voy, ce nom^ rés d'Ossian. llfut ensuite choisi pour 
Vil, 515), écrivain dont les ouvrages professer le dfssin à l'académie ; mais 
sont encore recherchés des curieux ; il mourut quelque temps après avoir 
Eu 1480, Rumpler embrassa la vie reçu cette récompense de son talent, 
monastique dans le couvent de Form- 11 avait eu pour élève le peintre de 
bach,dontilfut nommé abbé en 1501, paysage Jacob More, et pour ami le 
etoù il mourut en 15 13. Ses vers sont célèbre dessinateur Jeau Brown. il 
perdus ou restés inédits-, mais il a mourut le 21 oct. 1785. P— s. 
laissé une Histoire du monastère de RUNG (Philippe), professeur d'an- 
Formhachy qu'on trouve dans le glais à Halle, était ué en Angleterre 
tom. i^ du Thésaurus anecd. de dom en 1750 et s'adonna fort jeune à i'é- 
Bernard Pez; et une Chroinque(C/iro- tude des langues, surtout de l'aile* 
mcondeduct^u^l^at^ancB, ab a. Chr. mand. Venu en Allemagne pour s'y 
557-1339) qu'Œfels a comprise dans perfectionner, il fut nommé profes- 
son recueil des Scriptores Poici^ seur en l'université de Halle, où il 
tom. l®*", p. 89, et qui peut, fournir composa en même temps divers ou- 
aux historiens désireux de débruuii- vrages, entre autres une traduction 
1er le chaos des annales de l'Allema- anglaise d'une comédie allemande de 
gne méridionale quelques renseigne- Hell et un Dictionnaire biographie 
nents intéressants. B— n— t, que des Juifs et des Jmvsê qui se sont 



aiflinguét dam la carrière de$ Ut- dans le pays où ils existaient deptii* 

Ire», m y romprenanl Us palriar- deux su'eles ; et malgré les yicis- 

e*M, tnpraphèUw et lu rii&frnM c«- éitades qui suivinmt U teUaiU de 

UèrM, Uipiig, 1817, ia-8o. Rung Nadir, ils dlireat s'accroiuaat et le 

nH>iinitàHalle,lellKfrief 183S.Z. fortJGuit- Là cour de Delhi déaor- 

kCNGIITS (JuH-CoHUD). Toy. miis était trop faible pour le Taire 

Webselirg, L, 3B6, Dote 1. respecter ou craindre si loin. L'af- 

KONJEET-SINGB, ou, selon ghan Ahmed-Cliab-Abdali, loraqu'il 
la pronouciatioD française, BaNDJtT' riut.à sod tour déraster l'Inde en 
SiiiG,iMiliaradjihdei.Bhore,céltbre 1762 et 1TS3, était plus redoutable, 
par la hante fortune h laquelle il par- Deux fois il les battit; mais ce n'était 
TÎDt, par l'introduction de i'orgaai- qn'un torrent débordé et qui passait. 
satioaain>péenn«parini ses troupes, LesSilLbs,aprèsson départ, seretron- 
etenlîn par la forte position qu'il sut vërent dans le méané état qn'anpara- 
garder en face de la domination des ront, ne dépendant ni du souverain 
Anglais, naquit le S novembre 1782, mongol, ni du'conquérantargban. Dès 
dans le district de Soukar-Tchouk, ce temps probablement, ou du moins 
occupé par la misoul ou tribu sikhe dès le règne de l'apathique Timour- 
dontson père, Haha-Singh, était le Chah, ils se seraient élerés inné 
chef. On Hit que les Sikhs , ou secta- grande puissance s'ils eussent été 
tenrs de Ninek, après avoir été ame- régis par un seul homme ; mais , di- 
nés,parlespersécutioas des Mongols, visés en douze tribus, n'ayant, il faut 
à se poser en peuple à part pendant le dire, aucune vue d'avenir, ne oon>- 
troisquarts de siècle, araient fini par prenant que la vie matérielle et ne 
retomber sous le joug des souverains souhaitant que le butin , fanatiques, 
deDelhi, et que, décimés par d'epou- turbulents, du reste très-braves et 
vantkbies massacres, ils avaient à endurcis anz fatigues, ils étaient 
pca près cessé d'exister. Les plus aussi souvent aux prises les uns avec 
braves et les plus heureux cependant les autres qu'avec les musnlinans, 
•'étaient sauvés dans les montagnes pour des querelles misérables, et ne 
du Pandjab; et de Ik, toujours au se réunissaient que dans des mes 
guet, vivant de la vie des bandits, ils d'invasion el de pillage. En principe 
répandaient au loin la (erreur et le cependant ils formaient une fédéra- 
ravage par des excursions venge- tion. LatribadeSoukar-Tchoukélait 
resses. Survint ensuite l'invasion de lamoindrei^t lap1usobscur«desdou* 
Hadir; le bouleversement total de ze.Legrand-pèredeRandjit,Tcharal- 
l'empireduHongolenfut lasuile, et Singh, d'abord voleur de grands che- 
Delhi, ainsi que toutes les grandes uiins, ensuite sirdar de celte faible 
TÎIies sur la route de l'armée per- associalion,larendiiunpeup!uspQis- 
sane furent impitoyablemenl pillées, sanle.maissansparveniràlafairesor- 
l^a Sikhs, au milieu du désordre gé- tir du rang où elle éUi t, relativement 
néral, redescendirent dans les plai- aux onze autres. Sa mort, assez pré- 
nés; ils tombèrent sur les envahis- uiaturée , en fut sans doute la cause: 
-Muis, et nne forte portion des dé- et)'eitrémejeunessedeHaha-Singh, 
nouilles resta en leur pouvoir. Alors son Gis et son successeur, lequel n'a- 

I s'installèrent en mattm , ou du rait alors (1774) que huit ans, ne dut 

CQ peuplade indépendante, pas en favorber le développ«Dent. 



HUN 

Ktfllponrlantttuplenonveaii siritnr 
■ fut pn fige de porter les armes , il 
reprit avec ardeur les projets de 
son père, s'agrandit et sVnrichit 
ani di^pens desAfghans, qui som- 
meillaient sous l'indolent successeur 
de l'énergique Ahmed; il s'unit élroi- 
temenl avec Gy-Singh, sirdar de la 
misouldeGhantiefa.à la petile-fille 
duquel il fîan(;a son fîls Randjit, alors 
Sgé de cinq ans (1187). Il porta les 
revenus de sa principauté h trois Iaks 
de roupies (750.000 h.), el iWlait 
décidément en voie de haute prospé- 
rité. On assure même qu'il jouissait 
d'une certaine suprématie sur tous 
les chefs sikhs, quand la mort vint te 
frapper, n'ayant encore que vingt- 
septans{lT»3). Cette fin subite remit 
eu qiieslion toute la fortune de sa tri- 
[lu. Rand|it ne pouvait encore tenir les 
rénps de l'Élat ; et sa mère, qui gou- 
vei-nait ponr lui, ne pouvait y réussir 
qu'en s'appuyant tantût sur l'un tan- 
tôt sur l'antre de ses favoris, d'oii uile 
perpt^luelle variation de système et 
l'impossibilité de rien faire de solide. 
Pendant ce temps Zéman-Chah étnit 
montésur letrOnede l'Afghanistan, il 
la mort de son pèreTimour,etaupré' 
Jiidice de son frère-Choudjah. et il se 
préparaità tomber sur ses voisins, no- 
Uminent sur les Sikhs. En 1798, il 
s'empara de l^hore, où du reste il ne 
resta pas long-temps et où trois sir- 
dars sikhs rentrèrent peu après qu'il 
eut repris la route de sa capitale. 
Randjit l'assista dans sa relraile. Il 
ji'nvail pas alors seiie ans accomplis. 
Son éducation avaitétéiilusqueni'gli- 
géc pars» mère.qui, rêvant le rfiie el 
l'esisteiice indépendante de lu bigame 
Somrou(l),lnutoccupéede varier ses 
plaisirs, d'accaparer des trésors et 

.rl,m IWlliogmpli.. 



RUH 



171 



peut-être de se perpétuer au pouvoir, 
se serait accommodée d'un 6!s inca- 

pableou indigne de régner. Probable- 
ment mêmeellen'eût point i^lédéseS' 
péréequfi la petite vérole, qui mit ses 
jours en danger, lui eût Oté la vie au 
lieu de ne lui ravirque l'usage de l'œil 
gauche. Elle eut soin du moins qu'il 
n'apprît pas ii lireetîi écrire ;et, ado- 
lescent ^ peine, elle le laissa se livrer 
itous les désirs, à toutes les passions 
de son Ign; elle l'entoura de plaisirs 
qui devaient l'énerver prématuré- 
ment. Mais Bandjit i<lait doué d'un 
cortctère énergique ct-d'une rare in- 
telligence. Sa mémoire, sa pénétration 
suppléèrent à ce qu'on ne lui ensei- 
gnait pas. La chasse, qu'il aimait arer 
ardeur, développa en lui le courage, 
I& présence d'esprit. Il excellait au 
maniement des armes et auic exercices 
du corps; il parlait trois langues; il 
voyait, comprenait el se prémunissait 
en silence contre les inlrigues et les 
pièges; on dit même que dès-lors il 
tramait et mûrissait des plans de ven- 
geance. Il voyait trè^-bien d'ailleurs 
que sa mère, tant qu'elle vivrait, 
serait un obstacle k son pouvoir, et 
qu'il ne serait jamais assuré ni de 
son autorité ni de ses jmirs. Jeune 
encore , cette mère mourut assas- 
sinée, et il y a lieu de craire qu'il fa- 
vorisa ce meurtre, qu'au moins il 
sanctionna sous prétexte d'une liai- 
son illicite avec te dervan. Ce qu'il y 
a de sûr, c'est que ce ne fut qu'alora 
(1799) qu'il régna véritablement, 
Quatre périodes bien dislincles, cha- 
cune composées d'à peu près dix ans, 
etse terminant, la'première, au traité 
d'Amretsir(i8{)9), la seconde à la con- 
quête du Ciichemire(1B19), la troi- 
sièmi- à celle du Péchaoïier (1 839], la 
quatrième, enfin, à la morl du maha- 
radjah, au momentoii il coopérait par 



UN Rl}N 

tftapM k l'intrrvpDiinn briUn- alors lei l»r«i dca musulmans tl« 

m i*M rAfghsnisUn (ISSU), se Knçour (rr nVtnit païsculcmiTt s"â- 

„jeMnit poiiiuiit ce ri-fm, ilmit grumlir, cVmn niiisi ilunner (dlure 

l'numbte demnl linii Uès-Biisii- «nfanitiupectilarapiciii'drsSikhs), 

nbis migré h longueur. On ■ tu el celte roisencore il Tut *>jnqueur«t 

qoa Lajioni se trouvait, au eommFn- revint chargéde butin (1800)- Toutes 

onmit de ITSVfOCCupé par trois sir- lestribiis>v<iirntrailsurlui,et, plus 

dan likha. C'étaient des princes dis- ou moins impitientesde se ranger 

»lut,lnb«biles,saniautnrilé,eltrop autour d'un chef habile, seoiblaient 

eu d'accord pour résister k un eo- roir en lui le mallre fuiur, lorsqu'un 

-wvi «uisi ailroit que brave et événetnent vint augmenter srs ehait- 

bîtifus. Ils commencèrent par cesdesuiT^seuralTranchisMntd'uDe 

uiapriser la Jeunesse de Raorijit et la espèce de lien vsssalitique.Victurieu' 

IMbleHe numérique de la tribu des sedeTippuu-Saheh, la Compagnie an- 

floukar. Deui mois après, le jeune glaise drs Imles, l'année même de la 

airdar entrait victorieui k La bore. prisei1eSeringRpNtnam(1709), avait, 

Ll coup frappé avec tant de promp> pour parer aux mauvHisea inlenliuns 

tituda et de vigueur par un prince de deZéuian-Chih, ou pliiiOt piAirem- 

dîX4cpt ans produisit un grand rfTet pocher qu'un voisin (^e sa fronlière 

Mrtouilespayseuvironnauts.Riud- occidentale pflt lui devenir rrd&uia- 

Jit fut moins brilUul. mais plus ha- ble, envnyé k la cour de Téliéran le 

bile encore peut-être, quand, aussi- colonel Malcolm, et conclu arec le 

ttt aprii ce snccés, il députa au sou- cbah Fclb-Ali un traité secret, d'après 

ferain de l'Afghanistan pour lui de- li'queice prime, eiiéchauged'unsub- 

naader l'investiture de la ville par side annuel de S Iakx de roupies, payé 

Ivi conquise. Cette investiture im- pendant trois ans, devait attaquer le 

pliquùt la soumission, mais la sou- Khoraçan, alors pruviuce «fghaue ; et 

miMiua.dani l'étal actuel des cboses, d'autre part elle aval t soudojtt les par- 

n'était que de forme. La réalité, c'est tisans des deux frères de Zéuiin, et 

^e le possesseur de Labure colorait gagné i force d'urgent jusqii'i quel- 

•inai sa prise d'armes d'un semblant qNeschefsdelapilissantetribudesBn- 

de légitimité, et qu'il intéressait les rrckiats, à laqurll« ce dernier devait 

jL^hansiir«graadi)semroIdesBpuis' lelrOne. Le résultai uesefit pasat-. 

unoeic'estqu'ilaeposaîlde manière tendre. N'm-seulement le Kliuraçan 

à guerroferdésormais contre tous les fut conquis par les Persans, mais 

tutrei sirdars sikhs en sûreté de con- Zéman se brouilla irrémédiablement 

adenoe, puisque les attaques qu'il avec ses amis les Barekuïs; et, après 

rigerait contre eux auraient pour avoirraitdécapiterïixdeleurschelt, 

itenappareucede rétablirlasuie- il futdétrOné par Falteh-Khan, un 

aetédu chah des Afghans sur des des lits de sa victime, et reuiplacé 

talions que celui-ci ne pouvait par sun frère Mahmoud, qui com- 

1er comme rebelles. Toutrfuia, nien;a son rèjj;ne on lui faisant cre- 

Doliiique fut habile relative- ver les yeux, Randjit-Siugh put alors 

I Afghans, elle pe pouvait prétexter, pour refuser de reconuat- 

lire parmi les Sikhs, en- ire le nouveau maître de l'Afghauis- 

l'islamisme en général et tan, la fidélitéqu'il devait au munar- 

DjMrlicuIier. Il envahit (i\iedét^iiA;^Qomroes'il eAtToii- 



RUN RUN 179 

lu le rétablir, il franchit les frontiè- quelque raison comme les ^uz des 
resdel'Arghanistan.Maisauparàvant Asiatiques en impitoyables perfidies 
il augmenta encore ses forces dans le et en cnmes,comme leurs supérieurs 
Pandjab, en attaquant, à la' tête des en richesses et en tactique *, c*était 
trois ou quatre misouls , qui désor- ensuite de vendre le plus cher possi* 
mais lui obf^issaient, celle qui s^éfait ble, non pas son Concours, mais sa 
montrée rirréconciliable ennemie de neutralité. De là le traité de Loudia- 
la sit'r)ne,et il la réduisit à reconnaî- nah (1805), par lequel la Compagnie 
tre sa loi. Toutefois il ne lui enleva se désista de toute prétention sur ce 
pas son sirdar^ mais il en fit un tribu- qu'il possffdait, et lui promit de ne 
taire, un sujet (1802). L'expédition point appuyer les réclamations des 
qu'il dirigea ensuite contre l'Afgha- Afghans, relativement à la rupture da 
nistan fût productive de butin et re- lien vassalltique, et celles des sir- 
marquable par les ravages (1804); dars, dépossédés. C'était un grand pas 
mais ce fut tout, et c'était tout ce que de fait vers le but de Randjit, la réu- 
voulnient les suivants de Randjit. nion de tous les Sikhs sous une même 
Peut-être le jeune chef des Sikhs rô- loi. Il lui en restait pourtant beau- 
vait-il davantage et songeaif-il dès ce coup à soumettre, notamment au sud 
moment à une conquête totale, dont du Setledje. II y procéda sur-le* 
l'effet eût été de substituer sa race à ch.jmp; et peu de temps lui suffit 
celle des Afghans comme population P^"'' établir sa suprématie au nord de 
dominante, et de reconstituer à son cette rivière, sinon sans résistance, 
profit la monarchie d'Ahmed. Mais il d" moins sans de grands obstacles, 
s'en fallait de beaucoup que, même Le Gouronmata ne s'assembla plus à 
dans l'état d'affaissement où la guerre partir de 18U5; c'était bien un signe 
civile avait plongé et tenait encore irréfragable que la confédération 
les Afghans, il fût capable de mener sikhe était dissoute ou qu'elle faisait 
à bien ce vaste projet; et, en eût-il place à une monarchie véritable. La 
été capable, l'Angleterre ne l'aurait Compagnie n'y trouva rien à relire, 
pas soufifert. D'ailleurs, tandis qu'il Quelqiie affaibli que fût désormais 
allait s'avançant sur les terres en ne- l'Afghanistan, il lui convenait d'a- 
mies et s'éloignant des siennes, il re- voir une barrière de quelque force 
çut avis que les Mahrates, poursuivis entre ce royaume et ses possessions, 
par Lake, étaient entrés dans le Pand- II n'en fut pas de même quand Rand- 
jab, et que sa présence y devenait jit voulut passer le Setledje: ici la 
nécessaire. Il se hâta de revenir, et diplomatie anglaise l'arrêta promp- 
reçut à la fois des ouvertures du chef teuient. Cependant, on ne saurait le ■ 
mahrate et du général anglais. Il eut nier, il s'y étail pris avec une adresse 
l'art d'éluder les unes et les autres, consommée, pour tâter le terrain et 
ce qui n'était pas^ facile au milieu de pour se créer, en quelque sorte inco- 
l'effervescence de guerriers fanati- gnitOy des droits qu'il pût ensuite 
ques, qui ne demandaient qu'à tom- opposer aux préteniions, aux suscep- 
ber sur les chrétiens. Mais dès le tibilités britanniques. Les radjahs 
premier instant il avait pris sa réso- sikhs à l'est du Setledje, de cette ri*- 
lutibn avec «ang-froid : c'était de ne vière jusqu'à la Dieiawà3\^^^^\vs«A.^\.^ 
pas s'engager dans une lutte contre reçus soua \9t i^t^\.tç.VÀo\3L ^v^^^\%^^ 
ces Européens qu'il regardait avec après la preonfete ^\vw^ ç^uXt^ V^ 



UN RUN 
mtfi; miil leur position, r«la- lait pas s.ins inquii^tude ii Delhi sur 
iiTement h It Compagoie, n'était psi cette lubite apparition du radjsh de 
fli^ : il entrait mtme dans ]s poli- Lthore m un territoire qui ne lui 
tique du cabinet de Calcutta de na appirteiiut pas, et qui avoiiinait les 
point la flxert car on ne pouvait le possesiionj anglaises. Sa lettre, ses 
fUre qu'en enlevant certaine portion prolestatiuns rassurèrent ; on ferma 
de souveraineté k des protégés^ et les yeux pour le moment, et Randjil, 
l'Angleterre, bien déterminée k finir qui n'en demandait pasda vanta ge,re- 
par leurdeitruction, non-seulement prit ie chemin de ses États. Celtemé- 
ne voulait pas paraître les enle- dlation armée qu'il venait d'exercer 
Yer Bibitrilremcnt et injustement, dansleDoab, il cumptaitbirn la pré- 
mais elle voulait avoir l'air (le ren- senltr sous peu comme un- acte de 
dre un service aui princes. Qu^nd suzeraineté. Et en effet il ne resta 
elle rn viendrait là, elle voulait se te pas long-temps dans le Lahore. Cette . 
bire demander et s'en Taire prier,- même année (IBOT), Dsya-Kenouar, 
Klle n'avait donc pas prumis de les Temme de Saheb, demanda son in-, 
protéger In uns contre les autres, tervention contre tes violences de 
ni contre une Invasion extérieure, et son l'pimx. Ruiidjit reparut dans le 
elle ne tenait point de troupes chez Doab, et derechef se mit k poser 
MX. Instruit de tel état de choses, les bases d'un arrangement entre la 
landiit chercha les occasions de reine vt le radjah, fit adjuger k la 
imiscerdanslesaffiiresdesesvoi- première le territoire d'Ambala, et 
.. Ceux-ci, suivant l'usage, ne reçut en récompen^ie de sesbonsof- 
■Manquèrent pas de lui en fournir, fiées un richi; collier de diamants et 
Le plus puissant de tous, Sahrb- un canon de bronze Ir^s-vanté aux 
SlDgh, radjah de Patiata, élaitdepuis Indes. Mais les auiros Sikhs s'étaient 
long-temps en querelle avec celui do alarmés de cette persistance k se mC- 
Nabah, Djéçouant-Singh. La guerre 1er d^ leurs afraîres. Us avaient dé- 
■uivil.I>jéçDuant,crnigiiantavecrsi- puté k Delhi pour dénoncer les alln- 
sonde ne pas âirelo plus fort, im- res envahissantes de leur compa- 
plort le secours de Rnndjit. Celui-ci triote, prolesUinl, k ce que nous as- 
M hlta de voler k la (lérense de l'op- surent les Anglais, qu'ils se regar- 
primé.: il traversa lè Selledje A la tite daient comme les vassaux de l'Angle- 
d*nn corps de cavalerie, et diciu terre, et couséqiiemmciit comme 
blentAt un accord entre les deux par- ayant droit à sa protection ; et bîen- 
**■, En même temps, pour prévenir tût le bruit courut que la réclamalion 
te interprétation défavorable de la avait été accueillie ï Calcutta, et que 
i de l'Angleterre, il écrivit rcs- laCotnpagnieallaitréprimcrRandjit. 
Mieuiement au résident de Delhi, Ce bruit était prématuré, car lord 
«lesUdeson amitié pour l'An- Mintu,legouverneur^néral,queIqne 
jrre, de ion vif désir d'avoir tou- évident que fftt pou^ lui le danger de 
ira des relations psoiliques avec laisser le radjah de Lahore trancher 
'•t. Il appuya sans doute celle mis- du souverain entre le Sftiedje et la 
•^de quelques autres arguments, Djemnah, et si résolu qu'ilfûtii met- 
«ox qui, dans l'Inde comme en tre une digue k ses usurpations, était 
H né manquent pu leur effet, indécis sur les moyens. Comme les 
■agi Dautioa,earonô'ë- idées de Napoléon sur Ja' destruction 



RUN RUN 181 

I 

de la puissance britannique aux Indes radjahs, il levait des contributions, et 
ne semblaient pas tout-à-fait chlméri- prenait leurs places. Enân> la présence 
ques aux Anglais, alors au fort de leur de Metcalfe dans son camp semblait 
lutte avec la France, et que d'ailleurs dire que la Compagnie Itpprouyait 
ils appréhendaienteuréalitéla forma- cette conduite e*t ne pensdt pointa 
tion d'une ligue hjndoue à laquelle protéger les princes. Chemiq faisant» 
la présence d'une armée franco- il lui répétait quetoutle terrain entre 
russe et d'un nombre sufHsant de le Setledje et la Djemnah était sous 
bons officiers pour diriger les indigè- sa protection et y avait toujours été^ 
nés aurait donné de grandes chances qu& les réclamations antérieures n'a- 
de succès, il eût été impolitique de vaient trouvé ni succès ni encoura- 
jeter dans le parti des ennemis un gements à Delhi ; qu'il av^it vecsé 
prince dont , en ce cas, la capacité, du sang, dépensé des trésors pour en 
l'activité ne pouvaient être indiffé- venir à ce résultat ; qu'il ne pouvait 
rentes. C'est ce qui résulte clairement à présent y renoncer sur' les soudai- 
de la réponse de Minlo à une lettre nés prétentions de la Compagnie; et 
de Randjir, dont nous donnerons la taudis qu'il tenait ce langage, il aug* 
substance. « J'ai appris avec surprise, mentait et concentrait ses troupes, 
écrivait à peu près, mais plus longue- Malheureusement pour lui les causes 
ment ce deriiier, qu'il se réunit des qui avaient rendu lord Minto un peu 
troupes ^anglaises sur la Djemnah. perplexe etpacilique s'étaient éva- 
Pourquoi cela? Qui menacez-vous? nouies ; les complications qui se mul- 
ou de qui êtes- vous en défiance? J'ai tipliaient en Europe enlevaient toute 
toujours éié en termes d'ami avec probabilité â la gigantesque idée dont 
vous, je souhaite y rester. Maisf vous s'était bercé Bonaparte d'une expé- 
ne pouvez ignorer que tous les terri- dition franco-russe aux Indes. On 
toires de ce côté-ci de la Djemnah sont apprenait que la guerre d'Espagne 
a moi, sauf les stations occupées par allait commencer : le rioochet s'en fai- 
les Anglais, et que j'y ai de votre aveu sait sentir aux Indes, et une armée de 
même, ou sans opposition de votre réserve, sous le mi^or-général Saint- 
part, exercé la souveraineté. » Minto Léger, était là pour l'appuyer. Le re- 
répondit évasivement que le radjah présentant de sir Minto notifia au tur- 
aurait a s'entendre' avec le capitaine bulent radjah qu'il allait l'attendre à 
Metcaife qu'il lui députait, et qui, en Lahore. Cette déclaration produisit 
effet, parti de Delhi au mois d'août certain efifet sur Randjit : une scène 
1808, arriva au camp devant Cassour qui eut lieu dans Amretsir acheva de 
le 11 sept. Les relations entre l'en- le rendre plus maniable. Amretsir est 
voyé britannique et le prince furent la ville sacrée dés Sikhs, dontle fana ; 
amicales d'abord, mais peu à peu elles tismè est porté uu plus haut poipt. 
se refroidirent. Metcalfe, à qui ses Des musulmans de la suite de Met- 
instructions recommandaient la cir- calfe célébraient la fête de deuil eu 
conspection , n'en voyait pas moins, l'honneur d'Ali et de ses deux fils, 
avec un mécontentement dont il ne Les zélateurs hindoux Virent là une 
dissimulait pas l'expression, les actes profanation et un outrage ^ ils s'at- 
dont Randjit essayait en quelque troupèrent et vinrent, au nombre de 
sorte de le rendre complice. En effet, plusieurs milliers, investir la de- 
il dévastait les territoires des petits meure de renvoyé,qui n'avait qu'une 



"■ •^'-.;' ^ vit. ■-.■■^fit^.^.- 



iûblt etôorte (deui oompagnid «t 
•die Européens) ; mais il fit bonse 
oontenance, et ses soldats tuèrent et 
blessèrent quantité d'insurgés. On 
pense que Randjit^ malgré son ab- 
\ iinoe« § vait été l'Ame de ce soulèv»- 
tnentt Voyant qu'il ne réussissait 
yoirtt^ il accourut comme pour l'é- 
touffer, et il acheva en effet de faire 
. rentrer le torrent dans son lit.- On a 
dit qu'il fut bien aise de cette aven- 
Ivre, parce qu'elle prouvait aux fa- 
aatiques Sikhs qui- blâmaient sa cir- 
conspection à l'égard des Anglais, 
que les vaincre n'était pas si facile. 
Ifous croyons qu'elle lui fut' profi- 
table à lui-même, et qu'il ne laissa 
pas dVn avoir besoin^ afin de ne pas 
se laisser aller un peu trop loin dans 
l'ivresse de ses succès. Il s'exécuta 
donc', et, par le traiié d'Amretsir 
(tSavril 1809), il fut reconnu que 
' ' I^Angleterre ne se mêlerait point des 
territoires et des sujets du radjah au 
nord du Setledje, mais qu'en revan- 
, ehe Randjit s'engageait à ne point 
porter ses armes au sud et à l'est de 
eette rivière, à respecter les pos- 
iessions et les droits de tous les chefs 
dn Doab, et à ne point entretenir de 
troupes sur sa frontière au-delà de ce 
qu'il fallait pour maintenir l'ordre et 
assurer la perception des impôts. 
^ plus, il était spécifié que, pour 
'prévenir toute collision eutre le rad- 
jah et ses voisins, la Compagnie tien- 
drait nn corps de troupes dans le 
Doab qui, en fait, devenait dès-lors 
ou devait être sous peu une pôsses- 
slofi britannique ; enfin, la moindre 
atteinte portée à un des articles re- 
mettrait au néant tous les autres. Ces 
conditions ^mblèrent humiliantes et 
dures au radjah , qui entretenait une 
correspondance secrète avec Sardji 
lAO.Ghatka. Mais sa sagacité natu- 
niiêiai apprit dès-lors combien peu 







a devait faire fend sur le ccm«miI 
des indigènes, et quelle éUit la fiû- 
blessedes Mahrattes. Il ne lui restait 
donc qu'à tir^r le meilleur parti 
de ce qu'on ne lui interdisait pas. 
•— La Compagnie, en lui garantis- 
sant en quelque sorte le Pendjab, 
semblait lui permettre de continuer 
à chercher fortune au nord et à 
l'ouest, c'est à-dire aux dépens des 
Afghans. Ceux-ci étaient toujours en 
proie à la discorde. Mahmoud, après 
avoir usurpé sur son frère, l'usurpa- 
teur Zéiiian^ avait lui-même été pré- 
cipité du trône par Chah-Chorudjah, 
l'ufné de ses frères, et isvfiit été con- 
traint à venir chercher un asile dans 
les états de Lahore, où Randjit-Singh 
^ ne l'avait reçu q^u'à regret et pour 
'ainsi dire par les ordres de l'agent 
britannique (t803); puis, au bout de 
six ou sept ans, Choudjah lui-même, 
en dépit de sa légitimité, avait été 
obligé d'abandonner le trône à Mah- 
moud (1809). En vain Choudjah mul- 
tiplia de courageux et habiles efforts 
pour ressaisir le sceptre échappé de 
sa main. Toutes ses tentatives échouè- 
rent, et il fut forct^ de repasser le 
Sindh. Cependant, sll n'avait plus, 
de troupes ni d'États, il avait des 
pierreries et des objets de prix pour 
des sommes imrtienses;. il possédait 
surtout ce célèbre diamant dit le ifoA- 
i-nour (ou mont de lumière), qui du 
palais du Graud-Mogol était pasàé à 
la tente de Nadir, qu'Ahmed avait 
ravi au chah en même temps que la 
couronne et la vie, et qui, transmis 
àTimour, était arrivé de'ce prince à 
Choudjah, son fils et son héritier (2). 
Bandjit était d'unecupidité non moins 

(a) Le Koh-é-Qour eit groi eornme la 
moitié d*uo œuf de poDle, et de l« plui beUe 
eau. Ou re<>iime à 80 aii)lioDi (Baruei, Jm. 
99l» into Bokhara, III, id5} | il ett monté en 
brfeèelet avec deot aott^fe dlanftntt gtba 






MUH 



A . 



forte que son ambition : tas enetions 
étaient la terreur dt tout ce qui no- 
tait pas de son plus iiitimeiintou« 
rage , et déjà quantité de puissantes 
et riches familles avaient été ruinées 
par lui. li ne pouvait manquer de 
convoiter le Koh-é-nour. Il proposa 

d'ab()rdàChoudjahundjaghir(oufieO 
et une place-forte en échange de Tin- 
estimable joyau. Bientôt, ne pouvant 
le déterminer ni par les prières ni 
par les offres, il en vint aux menaces, 
aux insultes, aux persécutions : le 
diamant était trop bien caché pour 
que les suppôts de Randjit le trou- 
vassent. Alors Choudjah prisonnier 
eut à souffrir la faim, la soif, des 
tourments horribles ; nul doute que 
l'avide Sikh l'eût fait périr s*il n'eût 
craint, en se laissant aller à cet acte 
de férocité, de perdre avec le secret 
du diamant tout le fruit de son crime. 
Enfin il en vint à ce qui, dans les 
mœurs de l'Orient, est le comble de 
Ja violence, à la profanation dont les 
exemples sont si rares qiron ne les 
compte pas parmi les chances possi- 
■ blés. Des hommes armés envahirent 
le fenanah (3) et menacèrent d'at- 
tenter, par la violence , à la pudeur 
des bigames. Le Koh-é-noura lors se 
retrouva. Mais Randjit ne s'en tint 
pas là. Les bigames furent fouillées 
par des femmes qui s'emparèrent de 
tout ce que Randjit' jugea lui conve- 
nir, bijoux, objets d'art, armes de 
luxe, puis il' confina Tex-chah et 
tous les siens dans un étroit et obs« 
cur réduit où quelque temps ils en- 
trent une ombre de liberté, puis enfin 
il les traita en prisonoiers sans dé- 
guisenientet les accabla d'indignités, 

(3) On roDDatt I« cëlèl)i:e puMase où She* 
ridnn parle de < ette iuviolîibilité oo xenanab 
ûhua le discourt sor la spoliation des prin- 
c«sf«8 d'Aoode, ud des ^isodM Wê plut 
c-rianU du gourênemnt dVafiip|[. 



soos prétexte que Chovdjah tramait 
des desseins hostiles contre lui* hè 
véritable motif de tant de persécut 
tions, c*élait d'éiouffer les plaintes de 
celui qu'il avait dépouillé. 11 ne put y 
parvenir cependant: les bigames a'4^ 
çhappèrent sous le costume de tem 
me» du commun (nov. 1$14), et 
vingt-deux mois après, Choudjah, pev^ 
"une évasion presque miraouleusi ' 
trouva moyen d'aller Iqs rejoindre à 
Loudianah (1816).. Si quelque chose 
peut, nous ne disons pas excuser^ 
mais expliquer^ cette inextinguible • 
ef cruelle férocité de Randjit, c'est 
la nécessité où il se trouvait de fairf 
sans cesse face à d'énormes d<|pei|r 
ses. La guerre, toute produietiv^ 
qu'elle peut être quelquefois, coni-f 
mence toujours par exiger 4es.d4«f - 
penses considérables.' De plus, Rand** 
jit avait été frappé encore plus qile 
tant d'autres souverains asiatique 
de la supériorité de Torganisaiion 
militaire de l'Europe, il était résolu 
à l'introduire dans ses étets, à do^r 
ner pour base aux forces ^cut il dier 
posait un corps de troupes régulièrei| 
bien exercé, bien conimandé, selon 
les méthodes dont la soumission dé 
l'Inde presque entière démontrait sj 
péremp.toirement l'excellence. Pour 
lui, tout était à créer dans cette vkiie* 
L'artillerie lui manquait; il n^avait 
point d'instructeurs. 11 comme nçn 
par accueillir avec avantage le moin^ 
dre cipaye que la désertion, l'esprit 
d'aventure ou d'autres motifs <pou- 
vaient lui amener, et il ne tarda point 
à en compter un certain nombre, dont 
il fit des instructeurs. Quelques offi-^ 
ciers anglais lui vinrent ensuite « 
mais toujours en petite quantité* 
Nous l'avons vu recevoir en présent, 
lors de son intervention dans les 
démêlés de PaUaAoyi^ W ^VjL^\s&.^x$^^>stat 
de à\WMLU>j^iM^ w^^^ 



.UN RUN 

tutn«liteflscaD(in5, après la chule siégea, l'emporta de vive Torce. On se 

«a chib ZémaD, eUient tombes par soumit alors, et, tout en restant or- 

huard eotM se» maiDs-, ili devin- ganiséipar petites principaulà et 

rwt pour lui ,1e noyau et le mo- féodalemeut, le pays le sabit comme 

dèle d'jme artillerie qn'il s'appliqua ohefsupréraB (181B). L'année sui- 

sant rel&cbe s grossir; il établit une rante le vit reprendre la roule du 

fonderie. Pendaut ce temps les en- Cachemire, où il éprouva quelques 

■*-hiswraents continuaient. En 1409 obstacles, mais moins qu'en 1813, et 

me, immédiatement après le traité il finit par le subjuguer tout entier. 

^mretsir, il s'était emparéileKan-* Cette conquête portait à plus de 

I (un NagïE-Kot), prësdu Ravi, une 3S0,000 kiiom^tres carrés la surface 

ucj plus fortes places de l'Inde imBr* des terres qui lui obéissaient: il prit 

chant ensuite au N., il attaqua leCa- le titre de mahurailjiih, et fut réel- 

chemire (1812), puis tout i coup il lement le plus puissant des prin- 

tomba sur Attuk (1813), alors h pnt ces hindoui. Alors parurent au Pand- 

près démantelée, mais si importante jab les deux célèbres officiers fran- 

par sa pusitio» sur le Sindh qui la çais Allard et Ventura. D'autres s'y 

rendlaclefdel'Afglianistan^elletom- joignirent plus tard, parmi lesquels 

baen ses mains. A l'aide d'ua pont de Court et Avilabile. Le maharadjah se 

^"'-aux il franchit le fleure , de 330 hAta de les attacher à sa fortune. II 

res eu cet endroit; et dfes qu'il sentit tout ce qu'il pouvait an tirer 

naître de ce point, si follement de services, soit pour réaliser Mte 

gépartessuccesseursd'Aureag' organisation militaire européenne 

, et même aussi par tes Afghans, dont il n'avait encore que l'ébauche,' 

Il repara la forteresse et releva les soit pour ouvrir des relations poli- 

foTtiScations, qu'il rendit plus ijiFfî- tiques avec la France. Ce dernier but 

elles h emporter qu'elles ne l'avaient ne semblait pas le plus prochain, et 

jamais été. Cette diversion ne l'avait plus le radjah avança en 9ge moisis il 

qne peu écarté du Cacbemirepl ren- s'en préoccupa. Ce qu'il lui fallait 

toa dans cette province afghane silflt d'abord c'était d'accroître encore in- 

qu'Attok fut prise, et y établit son déGniment et ses troupes et sh puis- 

ascendant, sans toutefois pouvoir en- sauce. Il y travaillait sans relâche, et 

eore garder la province. Il enchevê- le concours des deux généraux lui 

tndi, il coupait toujours les unes par facilita singulièrement son œuvre. 

les autres ses diverses entreprises, Allard se chargea de la cavalerie. 

ir dissimuler son vr^i but, pour qu'il organisa sur le piçd des lanciers 

— -ins effrayer; il se rejela du cOté français, et qui reçutpourarmes.avec 

Moultan. L'or, riutrigiie , la lalance polonaise, lesabreetlespis- 

nle, les promesses amenèrent tolels; l'indigence d'ofticiérs euro- 

eurs des chefs sikhs de ce pays pi^ens s'y faisait peut.^tre un peu sen- r 

nnattre sa loi. Pour triompher ti^maisaututalc'étailunbeauc'irpg, 

irnières résistances il marcha bien commandé, bien exercé, et que 

armes contre ceux qui préten- les Anglais eux-mêmes avouaient ne 

^nl'mainti-nir leur indépendance; pas le céder beaucoup ï leur meil- 

"■rivé devant la grande ville de leure cavalerie ; on la reconnaissait 

">. Jonl l'importance le cédait aux uniformes bleus avec revers rou- 

k celle de Labore , il Vas- %n- L'inlUiAienft %& l\& ^u mains 



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bien dressée i>ar Ventura, qui raraia 
de fusils à baïonnette ei qUi la ploya 
en peu de temps à toutes les ma- 
nœuvres usitées en Burope.*Une par- 
ticularité curieuse, c'est que le com- 
mandement se* faisait presque tout 
entier en français. Randjit avait au- 
tour de sa personne dn corps superbe, 
sans contredit l'élite de ses soldats, 
et qui fiait par monter à quinze cents 
hommes. L'artillerie fut particulière- 
ment soignée ; et une suite d'efforts 
bien entendus l'amena successive* 
Inent à trois cents bouches à feu, en 
partie très -passablement établies et 
servies. Randjit était encore bien loin 
de ces derniers résultats que déjà il 
s'exagérait à lui-même l'importance 
de ses réformes et qu'il se croyait 
capable d'entrer en lice avec les An- 
glais. Une grande ligue se forma en 
1825 contre la Compagnie, qui ve « 
nait d'exterminer les Plndaries et qui 
sortait à peine de la guerre d'Ava. 
Randjit eut bonne part à tout ce qui* 
se tramait. Les coalisés avaient comp- 
té sur lui ; il était assez disposé à se 
déclarer pour eux. C'est le 'général 
Ventura qui l'en dissuada, lui mon- 
trant combien les forces avec lesquel- 
les la ligue prétendait agir étaient 
inférieures en organisation, en habi- 
tude des armes, en unité de com- 
mandement.^Randjit suivit ce conseil, 
évidemment le plussage,et,en échan- 
ge de sa neutralité, reçut des Anglais 
l'autorisation tacite d'et^udre son em- 
pire veVs l'ouest ou le nord , comme 
il l'entendrait. Les coalisés furent iné- 
oontents de cette espèce de désertion 
de la cause commune , et on lui en- 
voya de Bhartpour des habits dé fem- 
me. Mais tandis que Bbartpour résis-. 
tait pénibiement'aux armes anglaises 
et finalement tombait en leurs mains, 
il envahissait la province afghane de 
Péchaouer^ à l'ouest du rSiadb|. et 



malgré la bravoure qu'y déployèrent 
ses ennemis, malgré l'héroïque ré- 
sistance de trois mille fanatiques 
qui tinrent tête à vingt-quatre mille 
des siens et qui lui tuèrent deux mille 
de ses meilleurs soldats , il finit par 
y faire prévaloir sa suprématie. Tou- 
tefois i I laissa un roi afghan en IVissu- 
jettissant à un tribut en riz et en che- 
yaux.Cetteimportanteconquête coïn- 
cide avec l'année 1826. Bien que l'An- 
gleterre ne souhaitât peut-(tre pas à 
Randjit une réussite si complète et si 
prompte, elle n'éleva pas une objec- 
tion contre la nouvelle acquisition 
du conquérant. Les nœuds au con- 
traire semblèrent se resserrer, et une 
espèce d'entente cordiale s'établit en- 
tre le radjah et les Anglais, presque 
provisoirement résignés à tenir loya- 
lement leur promesse dele laisser s'é- , 
tendre dans l'ouest et dans le nord. 
Les deux cabinets en vinrent même à 
faire assaut de courtoisie. Une magni* 
fique teinte de cachemire fut expédiée 
àbelhi pour le roide la Grande-Breta- 
gne ; et le gouverneur-général envoya 
de nombreux présents en son nom et 
de superbes chevaux de la part de sa 
majesté britannique. Ceux-ci furent 
conduits jusqu'au palais de Randjit 
par une escorte que commandaient 
le lieutenant Burnes et quelques au- 
tres officiers, lesquels marchèrent 
au petit pas, une fois arrivés dans 
les États du radjah, jifin d'avoir le 
temps de tout examiner, de connaî- 
tre les forces et la position de l'em- 
pire des Sikhs. On pense bien que 
Randjit, naturellementdéfiant, ne fut 
.pas sans s'en apercevoir; mais il ne vit 
aucun moyen de s'opposer à cette 
déloyauté. Ce n'était pas d'ailleurs 
la première fois qu'il subissait l'es- 
pionnage diplomatique de ses puis- 
sants voiskis; LaCoisoL^^v^^"^^^- 
ua\l uu.a^i^îûX w^tiSà^^ w>^^^ 



186 



RUN 



I 



court oomme elle l'eût voulu , uiaii 
près de lui à Loudianah (car, mal- 
gré touffu les insinncrs, il di^clina 
oons^tauimcnt la propusition qu*on lui 
fit d*avolr, au sein niémê de sa 
capitale, ce premier instrument de 
rssservissement dHine lintiou |»ar 
l'Angleterre, un rf^sidrnt et sa suite). 
Puis Nsses souvent, lorsque des voya- 
geurs anglais venaient au Pandjab, 
personnellement il semblait content 
de leurs pe'r^grinations et donnait 
des ordres pour que partout ils trou- 
yasMtnt bon accueil ; mais il voyait 
avec plaisir ses agents s*ik;arter de 
ses recommandations, et Ton croit 
que plus d'une fois il fomenta lui- 
même en secret les difficultés, les 
lenteurs qui entravaient les touris- 
tes* Il fallait dëciddment sacrifier ces 
répugnances après le voya);e de Bur- 
nes et laisser établir sur les rivières 
duPandjabun passage continu d'Eu- 
ropéens. Et ici va couimencer la 4* 
phase du règne de Randjit-Singb.— 
D'une part, la politique anglaise n*est 
pas moins remarquable par lu patience 
que par Tbypocrisie et Timpitoyable 
esprit de spoliation, ^ans nul doute, 
elle convoitait les possessions de 
Randjit ; mais Randjit nViait paa 
hoinmeà se les laisser arraclier sans 
une opiniâtre etsangVinte résistance. 
Dèa-lors, pourquoi ne pas attendre sa 
mort ? pourquoi ne pas se borner à 
préparer nu dét;ienibrement, nue dis- 
solution de son héritage* qui natu- 
rellement, un peu plus tôt, un peu 
plus tard , tomberait par pièces et 
morceaux aux mains de la Grande- 
Bretagne? D*un autre côté, Ramljit 
prenait de TAge, et grâce à d*incon- 
cevablfs excès de tout genre, il était 
plus vieux que son âge. De là certain 
affaissement, miins d'élan, de rôvest 
Je plans gigantesques. Si Jadis il avait 
erupoufoir ûgurtr un Jour k U UU 



RUN 

d'une ligue qui émanciperait l'Inde 
du servage britannique, pour le mo- 
ment il ne regardait plus cette idée 
comme réalisable* et il sentait bien 
qit'ilnVtait plus Thommeparqui de- 
vait s*opérer cette émancipation. Tout 
le monde autour de lui n« pensait pas 
de m^me, on va' le voir, mais telle 
éliiità lui sa pensée habituelle. Ainsi 
Ton ne doit pas s'étonner des rela«> 
tions pacifiques, de plus en plus fré- 
quentes, qui dès-lors s'établirent en- 
tre le maharadjah et sir William Ben- 
tinck. Le nouveau gouverneur -gé- 
néral eut une entrevue solennelle 
avec Randjit ( 23 avril. 1SS1 ) : fêtes, 
grandes revues, rien n'y manqua. Le 
souverain de Lahore y déploya, un 
faste tout oriental : les parentes de 
Bentinck et les dames de leur suite 
admirèrent à leur aise les diamants 
dont étincelait son costume, et se pas- 
sèrent de main en main le célèbre 
Koh-énour, conquis partant d'inir 
t)uité»s et de barbarie. Il paraît que 
Randjit s'aperçut qu'on Tadinirait un 
peu trop, et il comprit que celui de 
ses fils qui le posséderait pourrait 
bien subir le sort deChahChondjab. 
Toutefois il toinb^ dNiccord sur ce 
que souhaitait en ce moment la Com- 
pagnie, principalement sur rautori- 
sation qu'elle demaudoit de pouvoir 
faire circuler sur le Setleilje et le 
Sindh les bâtiments à vapeur, tant 
pour le service des dépêches que 
pour le transport des voyageurs, et 
en 1839 un traité fut rédigé eu ce 
sens entre la Compagnie d'une part, 
les ainirs du Sindh , le naoïiab de 
Dha<>ualpour,et le maliarudjab de l'au- 
tre.Oii évitaitainsi l'énoruic surcroît 
de traversée nécessaire pour arriver 
à Calcutta, en doublant le cap Coino* 
rin. De plus, on familiarisait encore 
plus les indigènes avec la vue des £u- 
vop^«u%^4N«^Vvl4iti%\Aur ^issanco 



J- 



Htm 

8tt|^H«ore et presque magîqae. De 
manière on d*autre d'ailleurs, par ce 
contact perpétuel, on recueillait des 
nouvelles , on se tenait au courant, 
on surveillait, on jetait plus aisément 
des insinuations, des bruits, des pro- 
messes. Les années suivantes se pas- 
sèrent dans une profonde tranquil- 
lité. Randjit aurait voulu pouvoir, en 
échange de ses concevons, tomber 
sur les amirs du Sindh , sinon pour 
se mettre en possession de leur pays 
et le garder, du moins pour faire 
main basse sur le trésor de Firouza- 
badj mais les Anglais en savaient le 
compte aussi bien que lui ; et cette 
riche proie , évaluée par eux à une 
vingtaine de cropes (ou 2,000 Iaks) 
de roupies (4), était trop belle pour 
qu'ils le laissassent ainsi manquer au 
traité de 1809, et céder aux influen- 
ces du parti qui voulait la guerre. En 
revanche., il prit en 1834 quelque 
part à la nouvelle tentative du mal- 
heureux Choudjah sur l'Afghanistan; 
mais, à Lahore, comme à Delhi et à 
CAcutta, on suivit avec certaine émo- 
tion les incidents de cette levée de 
boucliers qu'il appuya trop molle- 
ment et qui semblait devoir être la 
dernière. Et cependant au point de 
Tue |H)litique, il eiU ^té au plus 
haut degré de l'intérêt de Randjit 
d'encourager, moyennant la renon- 
ciation dé Choudjah au Péchaouer et 
tu Cachemire, et peut-être la pro- 
messe d'une autre province encore, 
un mouvement qui pouv^ait renverser 
Dost- Mohammed « mieux affermi sur 
le trône à cette époque que ne de- 
vait le souhaiter un ennemi. La Com- 
pagnie même, au dire de quelques 
juges éclairés, eût dû prendre ce parti 
auquel elle se résolut plus tard (1838) 
avec moins d'honneur et de p#ofit« 
— ■ 

(4) A pau prèf 5oo jailliMN dt fiwac». 



RUN 



18T 



Ciioudjah, livré à ses propres forces, 
non-seulement échona an bout de 
quelques moments de succès et après 
des traitt de courage dignes d'un 
meilleur sort, mais tomba aux mains 
des ennemis et ne reparut à Lon- 
dianah qu'en 1835, après des dan- 
gers, des humiliations et des misères 
de toute sorte. La cour de Lahore, 
pendant ce temps, présentait, comme 
toutes les cours et ces royaumes via- 
gers d'Asie élevés par un conquéranti 
le spectacle des jalousies et des riva- 
lités. Il existait un parti de la guerre, 
fanatique, intrépide, très - convaincu 
que l'on pouvait chasser les Anglais, 
et très-impatient d'entrer en lutte 
avec eux, et un parti de la paix, €fo\ 
n'aimait peut-être pas plus la domi- 
nation britannique, mais qui en corn* 
prenait mieux les forces et les pro- 
cédés. Raniljit était de ce dernier,< 
ainsi que les qnatre généraux euro- 
péens et la plupart de ceux auxquels 
il accordait sa confiance. Tel était 
surtout Dhyan-Singh, son premier 
ministre, mais avec cette différence 
que les Européens ne croyaient 
point à la longévité de l'empire de 
Lahore, une fois le maître mort, tan- 
dis que Dhyan-Siugh pensait que, re- 
mis à des mains énergiques et habi- 
les, le sceptre pourrait se maintenir 
long-temps encore, et peut-être sur- 
vivre au colosse de la puissance an- 
glaise.* Relativement à la succession 
anssi, plusieurs partis se dessinaient 
déjà f n face même du radjah; c'était, 
d'un côté Karrak-Singh, le fils aîné 
du maharadjah,dont l'inca(»acité tou- 
chait au crétinisme , et Ruo-Nahal- 
Singh,qui passait. auprès de quel- 
ques personnes pour gouverner TÊ- 
tat , mais qui , au fond , était bien 
moins puissant que Dhyan-Singh. 
On aperccvâH€^ix)À\fcC»VAx^-^\^^ 



lUN HUN 1 

oiolut par celte espèce ile ma- refiroché délicateuieot d'avoir sar- 

raité. du Niuliieur d'être sierile, et vécu h ses désastres, et que pourtant 

qui avait fait adopter cet objet Ju l'on fcil liii'ii aisederetroiivercoraoïe 

■on amour par Randjil. fteux aulrea instrument en un moment décisif. 

lila,Eouchal-SiiighetDhaoulîp^iqgh. Un long manifeste du gouverneur-gé- 

ëtaient dani le m&pf cas <]ue Chéré- a ërat au non ça que, l'usurpateur Dost- 

Singh ; mais l'un, ex-cuisinier, était Mobimmed s'étant uni avec les en- 

oé hors de I4 secte des Sikhi,et, nemis de laGrande-Bretagae.cclie- 

. quoique converti, n'inspirait que ci allait rétablir l'héritier légitime 

iwu de confiance ; l'autre n'avait sur le trOnMe ses pères. 11 follait 

f)ue deux ans encore en 1836, tandis à cet effet, pour abréger la roule 

que Cbéré-Singh était un jeune hom- et poar assurer les mouvements, 

me. Enfîa vetuii( Âdiit-Singh , d'une- traverser le Pandjab. Lord Auckland 

branclîecoltaléraleLlalignedeSind- entra en négociation avec Baadjit, 

jit,aaisqui, comme tuusles princes et l'autorisation de passer fut ac- 

dont |es noms précèdent, avait es- cordée; il y a plus, le maharadjah 

poir ou, de la couronne ou d'un lam- consenfit à fournir pour l'expé- 

beau de couronne. Toutes ces pré- dition u^ corps doses troupes qui 

' tentions, tous ces ditFëreuds s'enve- agirait sous les ordres du général an- 

nîfflèient dans l'in 1er Val) e de 1831 à glaisEnrevaucbe,ilfutposéenpnn- 

1838, intervalle pendant lequel plus cjpe que son empire élait garanti à 

, d'une fois le souverain de Lahore pa- sa postérité, c'est-à-dire que l'Angle- 

Mtfc la, veille de mourir. En même terre ferait renoncer Chou djah à ja- 

tempSidesbruits se répandaient qu'à mais redemander le Cachemire et le 

la mort de Bandjit beaucoup de sir- Péchaouer, et que si des vassaux du 

dars ot autres cheb déchus tente- Lahore essayaient de se rendre indé- 

raient de ressaisir leurs droits. C'é- pendants, elle n'appuierait pas lAirs 

. tait pour le maharadjah, malgré son efforts. Admirera-t-on ici soit la gé- 
profund égoïsme, une perspective dé- néroaité de l'Angleterre, soit l'art du 
MUchantante que celle du voir ainsi maharadjah 7 pi l'une ni l'aulre ne le 
retomber dans le néant l'édiGce qu'il méritent. La Compagnie , parfaite- 
en avait tiré. Cependant lord Auck- ment au fait et des hommes et des 
land avait succédé à. Beotinck, et les choses de Lahore.craignaitqueDhy an- 
manœuvres de la Hussie à la cour de Singb, en qui un grand courage était 
Téhéran ainsi que prÈs de Dost-Mo- accompagné d'une rare capacité , ne 
hammed donnaient à l'Angleterre se saisit de l'empire des Sikhs ; et 

. de justes appréhensions de voir son sous Karrak, au coniraire, elle espé- 

empire aux Iodes tout à coup eli- rait s'établir et s'ancrer sans grand 

«ahi par une coalition de Persans, bruîtdan5leLBbore(3).PourRandjit, 

d'Afghans et de Russes. L'occupation si nous nelui reptochuns pas d'avoir 

dnHérat et le siège de la ville de ce voulu transmettre son empire à ses 

nom par les Persans, rendit plus vifs lils, sous lesquels il devait se dissou- 

^eorelessoupçon$;etlordAuckland, dre, plutOt qu'à son miais'.re, sous le- 

iansplustarder,serésolutàlaguerre — '—~- ' ~~ 

«Btre les Afghans. La Compagnie ^i^^jf "h^M^lVoutiuV «»"« .dmir-'^ 

.1 toujours lï Cboudjah, auquel la bkmmc'DlrfnÎDaaencit diDi U Caboul (Tilt 

to4tojfelfc(<l« avril i<8S)a?«t ju<uicJnniti,«ct.itig). 



RUff ROM m 

quel il avait chance de sunriTre, da Firofeponr. La réaliti^, o^est que ce 
moins est-il de fait qu'il n^ayait be- corps avait pour mission d'observer 
soin de faire aucun sacriGce pour le royaume de Lahore et d'attendre 
amener là l'Angleterre; an con- les événements pour en profiter, 
traire^ il pouvait lui en demander^ Nous ne suivrons pas les détails de 
Une suite d'entrevues amicales eut l'expédition britannique en Afgha- 
lieu entre le maharadjah et lord nistan. On sait quel succès la cou- 
Auckland, tant à Firozeponr, sur ronna d'abord, et comment, en sept . 
le territoire anglais, que dans La- n^isà peu près» Choudjah Fut rétabli 
hore. Le potentat sikh y passa en re- dans< Candahar et dans Kabopl. Le 
vue l'armée anglaise d'expé(iition. Le corps sikh auxiliaire, avec Ttmour, 
gouverneur-général et le général en fils de Choudjah , était resté dans le 
chef anglais Fane y passèrent en re- . Péchaouer,appnyant en quelquesorte 
vue dix mille hommes d'élite des le mouvement, sans encore y prendre 
Sikhs. Randjit, il faut le dire , fut plus part, qup *d le général Allard fut prit 
curieux celte fois d'exhiber ses trou-, de vomissements répétés k la suite 
pes que SCS diamants, bien qu'il se d'une revue, et mourut le 3S janrtfr 
trouvât là autant de damés que lors 1839. L'Angleterre a toujours de ce» 
de l'entrevue avec lord Bentinck. bonheurs ! On regardait comme de* 
Toutefois un parfait accord régna en ▼Ant l'emporter dans la lotte à la 
apparence dans toutes ces fêtes, et il veille d'éclater pour m foeeesilofl»/ 
y eut plus que jamais, entre les An- 1® P^^^î qni aurait pour lui les gé- 
glaiis et les Sikhs, échange de poli- néraux européens, et Von augurait 
lesses, de cadeaux, de pr/>testatioos« fl"*«n *«"' présence l'Anglrterre n'op- 
Du reste, les habiles parmi les pre- poserait nulle résistance au v«u 
miers eurent le bonheur de voir par ^^ Pandjab. U mort d'Allard Malt 
leurs yeux que Randjit, depuis long- infinioient de force à Cêux qui roO'' 
temps luttant contre une hydropisie ^'^^^t de bonne foi riodépendanee et 
accompagnée de fièvre, ne pouvait al- ^ grandeur do rriyaome de Baodjit ; 
lerloin ; ses jambes étaient infilirécs; «fàpartir de ce moment il y eot à ^ 
son pouls battait plus de quatre- ^^ ^^' '* famille au maharadjah ne 
vingts pulsations par minote. Lord pr^'fi^W't guère de l'hénfage. Ce* 
Ancklandavaiten grand soin de er^- préfinioM se réaltfèreirt prmtp^^^ 
mandrr un nombre de troupes plus ^^}' Bandjit^ de^ts long-tempum 
considérable qu'il ne le Cillait pour ^^^' ^, ^ souiram;^ mn^Sp^té leik 
l'expédition ( IS.OOO bonnnrs venant 4^'^^ ^^ ^ livrait tp.ttfft à ^iy:lqi$e% 
dn Bengale et <S,0«0 de BiMubay); «^^reifsef le «atin, et pr^^ré parim« 
jointes ao corps ztmVum def fkkb»^ vwî ente lèv re eérébraU^ twmmi, en 
doat Wa^e ^naguère Tarent britanm- ^^^ ^^ ^ «N^ee^ne humt^^^Uuim 
que âLabore> prît \t mmunde- ^dodiQ^lenrl^ieele.nuaj^réattMile* 
nient,etaax fidèles de ClKwdiah^i^é' Ki««» **»*>'**<«•<*« «iWMliMit» 
tailu3el9ropde£» âSO^n^nhmnMi ^'^'^^f^ ^^ ^^^^^ ^^ ^^^a^mms UUé^ 
OnfeignHdene«*apemr«ir4r«cte wlrtiéf de wn aip^^we <«>, le :eT Juin 
sora^ioadASK^ïe de m«Mr«Qf «ne Im M««,ap*ttpf«»annw«ient<^CM^ 
de reutrerse. la uUte dn |Mr 4é- ^^^^^**^ p*^éeéiédeg kmi^m et des 



:jn run 

ri<D8, luisait soa eottce trîoin- clamé, dub sans opposition de la put 
imédans kaboul. Malgré ks vivet dti gourernementdeCalculla.quine 
,u;:la mations du radjah, ilavail I^^iié leirouvail pas^jssez iocapab.le, qiioi- 
le Kob-é-niiur au relèbre trinple de que ses talents fussent médiocres. A 
Itjïg^rmal. Sun corps Tut placf.dans la suggestion de lord Aiickhmd, une 
uue bière de buis de sauddiiiicriisiëe ^m feutones de KarrakSingh se dé- 
lie flvuFS d'or. Dliyan-Sirigli di'clara clara eureinle, et l'on prit le^ armes 
qu'il roulait périr dans les flsuiou-s eo faveur de l'eiifaut espéré. C<im- 
■vec le cadavre du miiharadjub, el il ment ici ae pas songer aux généraux 
fiillut le supplier plusieurs heures d'Alexandre, qui, lors de la ninrt du 
pour qu'il cunseiitit à vivre. Encore couij mirant, prnclameut le frère en 
lit-il quatre fuis des mouvements eufiiuceetle tilsencoreànatlre? Vea- 
pDiir s'y précipiter iors des fuiiérail- lur» et tes autres ofliciers européens 
les; mais toujours la multitude l'ar- sedéclarèreni pour la prii>crs->e.et il 
ttU. Eu revanche, elle eut le spec- y eulméuieuoci'mbatde livré. Il fut 
ticlede quatre priuceâses, dites rrm- peu favorable à la cause de la prin- 
mes légitimes (7), et sept esclaves, cesse, mai.* ce qui acheva de ruiner 
qai montèrent tout de bon sur le ses espérances et la caii^di lalure du 
bOiïlier, et tout de bon y furent ré- fils posthume, ce fut la bruM|UF révo- 
duitesen crndrcs, qu'on porta ensuite luiiun de l'Afghatiistan, où Do<I-Ho' 
«vec uue pompe extraordinaire aux hauimed avait reparu sans ditûeulté 
euut sacrées du Gange, ï Delhi. Uais et détruit complètement, par cunsé- 
M us fuient pas encore là ses funé- quent, le résultat de la conquête an- 
raillet les plus homicides. Dhyan- glaise. Lord Auckland, ne voulant 
Siagh aurait voulu se saisir iuimédia- pasavoir duiibleennemi sur les bras, 
tement du sœplre, mais on redou- abandonna pour le mtimentsoD pro- 
tA't i Calcutta son habileté, sa bra- jet sur le Pandjab. On répandit que 
vaure, et, grtce à l'Angleterre, ce lut [^ princesse avait mis au mopde un 
ridiutKarrak-Singh qui succéda, mal- enfant mort (1S41), el Ghëré-Singh 
'gré sou, incapacité ou k cause de son régna sans compétiteur. Hais bienlOt 
JDcapacité, On devine que celui ci lejuugde Dbyan.sotibienfaileur, lui 
laissait flotter les rênes du gouverne- pesa; et Dhyan, il faut le-dire, était 
menlentreaonministretDhyan-Sing; impatient de régner. Uni k ses deux 
etson Els.Rao-Nahal-Singh. BieniOt rrères,6oulab,gouverneurdeCache- 
UBComplotfutformëdontnhyan était mire, et Soutcheit, comrnandanl mi- 
l'iiDfl el dont Chéré-Singh devait liiaire de Lahore, il fit luire aux yeux 
recueillir le premier fruit. Karrak d'AdjitIa perspectivede lacouronne. 
edcpira le 5 ihivembre 18*0, on n'a Onconspiraitpourainsi direenpiein 
Jamais su k la suite de quelle maladie; j^ur ; les amis de Chéré-Siugh aban- 
et le jour même de ses obsèques, donnaient le Pandjab dans la prévi- 
kau Nabal, qui faisait triomphale- gjou d'un orage; Court et Avitabile 
ment son entrée dans l^hore, sur un eux-mêmes partirent ; seul, Ventura 
éléphant, périt écrasé par la chute gt preuve d'intrépide dévouement, 
d'une poutre. Chéré -Singb fut pre- ,( restant pour sauver, s'il était pos- 
"~" '' sible, le prince contre lequel il avait 

A jMd- Dji^lagh Kindiri M Sut - UU. Vlùt C\tfTf.-%\a:^ v^Mt! eu 1,'impru • 






• 

denM de consentir à paiser une re- 
vue le 15 septembre^ Adjit le tua de 
sa main en lui offrant une carabine 
anglaise, égorgea ensuite Pertab- 
Singh, le jeune fils de Gh<^rë^ puis 
força l'entrée du Zénanah, où bientôt 
périrent toutes les femmes du prince 
assassiné, les unes tuées par les séides 
d'Adjit, les autres en se donnant la 
mort à elles* mêmes. Enfin Adjit, 
entendant de la bouche de Dhyan- 
Singh nommer Dhaoulip comme Phé- 
ritier légitime et incontestable du 
trône, furieux d'à voir commis tant de 
crimes en pure perte, tua de sa main 
Dhyan lui-même dans la voilure où il 
était côte à côte avec lui. Mais pres- 
que aussitôt une armée sikhe, sous les 
ordres de Goulab et de Souteheit, les 
frères du* mort, de Hira-Singh, son- 
fils, et du général Ventura, vint as- 
siéger Adjit dans la forteresse de La- 
horé, qui fut prise d'assaut le len- 
demain, et où Adjit perdit la yie, 
Dhaoulip alors fut mis sur le trône, et 
Hira règne en son nom, avec le pou- 
voir de son père, dont il possède les 
talents, et que peut-être il surpasse. 
Dhyan-Singh disait souvent: «Après 
le maharadjah, personne n'est digne 
et n'est capable de tenir les Sikhs en- 
semble-que moi, et après moi, Hira^ 
mon fils. > Dhyan-Singh avait ceci de 
remarquable, qu'ami dévoué, utile et 
humble de Randjit, il n'avait cet at- 
tachement, ce dévouement que pour 
sa personne, et que la famille du mo- 
narque lui était non-seulement indif- 
férente, mais odiense. On le voit trop 
par ce qui précède. Tous les crimes 
dont nous venons de tracer le rapide 
tableau avaient été commis à l'insti- 
gation et par les manœuvres de 
Dhyan, qui, depuis l'avéneuient de 
Karrak, tendait à s'asseoir sur le 
trône, mais non sans transition, et 
qui ne voulait pas yerser lui-même It 



Rtm 



m 



sang loyai. L'Angleterre, sans avoir 
préoisteent commandé ee qui est aiw 
rivé, ne peut en être mécontente. 
Malgré les talents d'Hi radies Sikhs ne > 
restent unis que d'un lien précaire et 
fragile; et si quelque jour ce minisire 
devient monarque, il est croyable que 
l'Angleterre 0u provoquera ladissolur 
tioç de l'empire de Lahore, ou ne le 
laissera subsister en entier que si le 
nouveau maharadjah reconnaît sa * 
suprématie. Ainsi l'état fondé par 
Randjit n'aura en réalité guère plus 
vécu que lui ; et c'est ià un dernier 
trait sur lequel il était nécessaire 
^d'insisteï', pour bien faire ressortir la 
physionomie de cet homme remar- 
quable. Au physique il était de petite 
taille, très-maigre et tott laid : ce- 
pendant son œil droit était saillant, 
calme et spirituel, sa bouche expres- 
sive; son nez s'éloignait du type 
sikh. Ce qui précède démontre assez 
son activité, sa dissimulation, sa ra- 
pacité, sa prudence, son esprit de 
ressources et d'expédients. Ajoutons 
qu'il était brave sur le champ de ba- 
taille, sans toutefois rechercher le 
danger et s'y plaire avec frénésie ; 
subtil et curieux, mais méfiant, artifi- 
cieux et menteur, habituellement mo- 
déré dans son gouvernement, mais 
modéré par calcul, et ostensiblement 
encore plus qu'en réalité. Il aimait 
trop à. s'entourer de favoris de bas 
étage. De tous les personnages que 
nous ofi'rent les annales du passé, 
celui auquel de prime abord on le 
comparera le plus volontiers , c'est 
Mithridate. Il lui ressemble , en ef- 
fet » par son enfance environnée de 
pièges, par sa conduite à l'égard de sa 
mère, par l'immolation de ces quatre 
femmes qui meurent quand il meurt, 
par l'aptitude aux langues, par déa 
conquêtesfaile.^ ^va^lV V^ftli^^%!t \^abr 



•\ 



ïtS KOti 

irrpétuel arec !■ plus forte paisstnce Un tenu là, «jn'on idniire VaAnat 
^u'il ; eût slors au mondr. La poli- arec lagorll». tout en s'agnadissakt 
Itqne ronuine était comme la diplo- énormémenl pour un simple sirdar, 
inatie anflaise. patiente, hypocrile, il sut se Taire tolérer .de sa trop 
impitoyable, ne recutaot devAtit au- pnlssaiiU voisins. s>>it: mais qu'on 
cuDC-biisseve: et tour a tour raiu- ne le cauipire pas i Miihridatc, oa 
purteetarTOKUlt<!,elletK-Bueh>it qMduaioiDSCCSoitdaii&aBelÏMHe 
qneiMtfe pas^s'implutanlk Usonr- très-restreiote. Ceci n'AU rica às«a 
<iiM|Mi»<pKpirdegraiids(utsd'u-- géoiei c'est sralonent ne pn se 
' ma cfcex les ntlîoiis qu'elle préten- méprendre sur soi caractère rt av 
iut absorber, et dAulant par l'ai- loa rdie. On dira peut-être : • Mm 
limn pMr arriver au proteclortt, s'agrandir, mCme anx dépens ér* 
^«sàlaBonTeraiDeté. Hais, eneza- États hindoox, n'était-ce pas, pv 
Misant de ploa pris , on décovne ceh même qu'il fondait un vaste 
qne Bandjit n'est p^nt nn Hithri; ponroir, préparer la ruine des An- 
date. Loin de se -poser cAmme lé glais?» Noosne voyons rien qni dé- 
AaaipMDderîndépendaDce des Étals montre que jamaisses'planssesoîenl 
et de chercher à Ctre le chef d'une dirigés vers ce but sérieosea^t e( 
ligue qu'il paisse précipiter contre avec suite ; et s'il l'efll voulu, il aa- 
J'enncmi commun, il évite d'entrer rait fallu qu'il se ménagett des bi- 
en lice avec cet adversaire puissant ses, des germes d'alliance avec ta 
qn^l juge irrésistible ; il usurpe lui- Russie, qui seule pourrait <^éier 
Bfane,Bais5nrlesÉUts plnsfiibtcs cette grande commotion; car TAn- 
et en décadence; noinsenlemcnt il gleferre ne sera chassée des Indes 
TJlcn bonne intelligenceaTec les An- que par des tronpes européennes, el 
glais, et celte bonne intelligence ne l'armée de Randjit, quoique tenue 
sedémenipas,maisil seconde leurs en partie sur le pied européen, n'é- 
plans, soit en leur permctlaut le pas- tait(>ourtint,sauf un très-petit non - 
SBge,soiten les aceompagnaul. Ce bre d'ufliciers, qu'une année in- 
B'est pas là Mitfaridate faisant et rc- dieune; on aurait tort de se faire il- 
■oovclant sans cesse la guerre con- Insion anr ce_point. landjit lui- 
trelef Romains occupant l'Asie-Ui- roéme^ n'avait 'à cet égard que des 
Bcure entière dont il les chasse en illusions mudérérs, et ce n'est pas 
en basant égorger cent mille, pas- un des moindres traits dé son génie 
mt en Grèce, entraînant jusqu'à que d'avoir compris que, parlûles 
àrménicàsoulrnirsa cause, nouant contre les indigènes, ses troupes 
4sintetlige>cesavecSertorius,avec ne pouvaient entrer en lice contre 
s pirates, av«c tout ce qui menace les Anglais. Au temps m&ne oil elles 
iDe,el,au moment où il meurt, atteignaient une fgrcc numérique de 
ilnnanl, malgré son âge, une ei- qnatre-vingt-dii mille hommes, on 
itjon dans l'ilalie qu'il prendrait n'en pouvait guère compter que 
.. .^vers. Mithridate est hardi, lémc- quinze mille de troupes régulièt«. 
raire peut-être; Bandjit fsl drcon- UneFtede Randjit-SioghparPrinsep 
fipeel et mesure louioursses [Mxes : a paru à Calcutta en 1839, I vol. 
il meurt danssoQ lit; L-'est un r&le in-6*. On trouve divers détails sur 
pins sage et moins brillant. Qu'on ce prince dans l'Bicfotre de FlntU 
iteJiiifsïsei Je esAcs'en onflloiM.i^ac Hitl. P—ot. 



mXJOfX {CukttES-JofUta de), dramstuKe-jqui m puatt |tu aroir 
Migneur de FTancherille, naquit \ tté eomuu Se M. Péricaud, à qui 
Lyon, le 1< Myemb» 1708, de Jean- noua derona Tirtide Adamou (tov* 
Pierre-Marine Ruoli, conseiller «n LVI, p. W). Nous apprenons auaii i 
la cour des monnaiei, srinéchausa^ M. Bréghot du Lut que H. Claret bv 
et siège présidial de cette ville. JBu. UTourelt^ de Fleurieu est l'antei-^ 
janncr 1738 il {fut pourvu de la des Hecherches sur la rie de Loui 
charge de son pire, et, en 1746, Labé, qui furent mal k propos at^- 
admis à racadémie des sciences et buées à Ruoli. Ce digne citoyen, qai 
belles-Ietires de Lyon. Il fut un des arait gagné l'estime pobltque par ht 
membres les plus laborieux de cette noblesse de ses sentimenUet par rai 
compagnie qui conserve dans ses dérouementauserricedespauTreset 
^ portefeuilles divers opuscules corn- des malbeureuz, p«rit, i l'tge de 4* 
posés par lui, et dont quelques-uns aiis, le 8 juillet 1766. Accompagoéda 
ont été insérés ou analysés dans tes sa femme et de son frère, ilnaTigni 
Mimoirtt de Trévoux (années 17Û sur la rifière d'Ain, lorsque la bi 
k 1740). La plus remarquable de ses embarcation qui les portail 'fit ni 
dissertations est un Ditcoun sw la fragê. Ruolz pariint fa gagner la ri 
fMTJOfHM tt let ouvragti dt Louiie où sa femme n'arait pa le sni*i 
£0M,Lyon,179a,in-12.Ltaéditeun mais il se jeta de uttuvean daoi 
des œuvres de la belle Cordiire, pu- courant pour la saarer,-et périt i 
bliéesfaLyonen 1763, Ont profité des time de son dévouement, ainsi que 
recherches de Ruolz sur leur célèbre son frère. Pernelti rapporte, daus son 
coinpatriote pour la rédaction de la Nécrologe des Àcadémieient {ouyruge 
Notice qui snit en tête du livre. restéinddil}.que,lorsquccemalheur 
.C'estfa tort que quelques bibliogra- fulconnuïLyoa.lariieNeuve.qu'ha- 
phM, et M. Brunel lui-même, dans la bitaitRuoU, retentit des cris du peu- 
troisième édition du Uanatl du Li~ pie, tant cet iurortuné avait répandu 
ftratt^(tom. Il, p. 310); ont attribué de bieufails autour de lui, Deux 
celte NoIiceàRudz. Ce savantbiblio- membres de cette famille se sont fait 
graphe n'a pas tardé i reconnaître un nom de nos jours, l'un comme 
son erreur. II s'est empressé de la chimiste et l'autre comme statuaire. 
rectifier dans ses Urniveltei Rechtr- L— m— x. 
àui bibliogra^iqu»! (tom. Il, p. RUPÉROIT (Olivieb), fils d'un 
369), en ajoutant que • l'ouvrage meunier qui s'était acquis une petite 

• de Riiolz est devenu rare, comme fortune danslecommerce des grains, 
■ tant d'autres pièces académiques naquit fa Chatelaudren (COles-dn- 

• que le temps n'a pas respectées. > Nord), le 25 juin )Tô3. Homme d'un 
H. Brrgbot du Lut. qui a publié en sens droit, Rupérou le père pensa 
)8S4 une excellente ^ition des. œq- ne pouvoir faire un meilleur usage 
Très de Louise Labé, .fait connaître de s'es économies que de les em- 
dans sai Nouveaux Mitanga Mo- ployer fa donner fasonTils une bonne 
çnphiquts et liUéraire» ptmr «r- et solide éducation. Rupérou , h sa 
vfr d l'hfstoi'ra de Lyon, 182I)-18S1, sortie du collège de Saint-Bricuc , 
in-g", p. 8, que l'antiquaire et bi- vint fa Rennes, où son l.i^^«. tv, ■t.tso. 
bliopbile Adamoli fut le principal appUc&Vxtta ^"'^ t\\v^t«D.\ ^^JK»- 
éditcnr àê h pabUettioa <te ftttiy tion 4u e 

ixxx. . . 



tir de déinueur, le reconi- trait àLaon, Anselme mouriit; liosi 

hCnB()lir*l>béâe Sibourg, qui il n'eut i discuter qu'avec Guillaume 

»t dam son EMUastère. Après de Chanipeaiii, ce qui se Rt à Cht- 

IdeBéreoger, les mêmes re- Ions, devant nue nombreuse assem- 

a tarant poaiUnl faits à Bu- blée de matires et d'écoliers. Là dis- 

tt la put des mêmes adversai- pute fut poussée avec Chaleur de part 

IsôODsistaieat à blâmer le jeune el d'autre, et elle eût bien mérité tm 

IX d'avoir commenté les divi- chapitre dans l'ouvrage que l'abbé 

itnres, expliquées tant de fois Ibrailh a intitulé : Queretlet Utli' 

ni par les saints pères et les rai'r». et dans lequel il en a omb 

^cscatboliquesi. Rupert était tant d'autres. Ce doel littéraire de 

el il edt volontiers cessé Sun Ruperteut lieuen lllS. Dix ans plus 

' *ravail;inais il dut vaincre tard, dans le village de Tuy, un in- 

inêe sur ce point et conti- cendie alfreui détruisit un grand 

dTrages, ponr répondre au nombre de maisons et l'église parois- 

«uzprëlatsqui lui donnaient siale. Danscelle-ci, une botteen bois, 

i. L'un de ces prélats était contenant le corps de Jésus-Christ, 

arahevéque de Cologne; resta intacte au milieiyl'une aroKHre 

B,uuillaume,évéque de Pales- où tout fut consumé. Frappé de ce 

et légat du saiut-siégc. Tous miracle, Ruperl transporta cette cm- 

aimaient Rupert à cause de sa tode et les hosties au grand inlel 

>* de son savoir; en effet, il avec cette inscription : 

l la piété d'un bon religieux Bf^r-pu' Damni^ammaiinpriUtiltii, 

uiiaissauces rares : il savait le Pédant que l'embrasement darùt, 

grct et l'hébreu. Après la mort de Rupert tremblaitpour sonmonaslère 

Marc Ward, abbé de Tuy (3), Rupert f' POur sesécrits, dont il n'avait 

fut mis à sa place, vers l'an il 30, P<'i»t envoyé de copies ailleurs. Hais 

et gouverna ce monastère pendant '' "'en perdit aucun, et, par une pro- 

quinieans. Dès avant ce temps-là, il ^'i^ence particulière, le feu ne délmi- 

avait enlendu parler de l'enseigne- *'f 1"^ quelques usines extérieures. 

F'-"! de Guillaume de Chanipeaui et L'incendie fini, Rupert fit bitir k Im 

i Lselme,<ioyendel'églisedeLaon. P'"'!* du mouaslère nu oratoire en 

l el l'autre, suivant ce qu'il avait l'honneur de saint Laurent, et, tout 

J, enseigoaienl une volonté du ^''P''^s,un hôpital pour y recevoir et 

en Dieu. Ainsi, suivant eux, si """"'nr les pauvres, ii l'eieippte de 

naTtilpéohéiC'est queDIeu l'a- ^* f^'"* ""ar'yr. Les dangers qu'on 

Tau Tonlu. Bupert, ne reconnaissant ^''5" courus dans cet incendie et le 

Il qu'une volonté qui permet le "l' racle opéré sur le corps de Jésa^ 

rrivit contre leur doctrine et ^'"'ist firent une vive impression sur 

ita. Ils le provoquèrent par ''^^P"! e"e cœur de Rupert, Il pen- 

,:t il viol en France dans le ^^ sérieusement à la mort et mit 

uessem de disputer avec eux. Il fil P^'' ^"*^ 'ont ce qu'il avait médité 

ce voyage monté sur un âne et accom- *"' ""« fi" dernière de l'homme, 

pagné d'un domestique. Couime il en- ^''" ^^ s'y préparer lui-même en les 

. _ relisant, et pour fournira ses lec- 

{3) c, monasi;-™ cil nommé tnnifii 7v, '*"" ^"^ moyens de s'y préparer 

l'BmTair, itaiit Duiis au Dniuth. lussi, Ruperl vécttt cep"''int en- 



■RUP RUP 

corequelquefi années, et l'on voit par obiit aano Domini MCXXVII, et 
plusieurs passages de ses écrits que, tn J\iUio Ttguieicit. Ces dates et 
SDitavanl.soitdepuisl'incendiedont sa mort en ll!7 ne s'accorderaient 
nous avons parlé, il lit un voyage en ni avec ce que nous avons dit, ni 
Italie et passa quelqne temps au avec une êpilaphe que dom Mar- 
Hont-Cassin. Le molif de son voyage tène vit dans le même monastère et 
fut vraisemblablement de présenter qu'on disait tirée de Tuy; elle était 
au pape Honorius 11 ses neuf livres d'une main récente et conçue en ces 
de la Glorification de la Sainte- termes : Ànno Oomini MCXXXT, 
Trinité, pour les lui Taire approu- IV Nonat Martii, obiit vtnerabilit 
Ter ou pour Ini demander sa pro- patertt dominwf Rupertut, abbas 
tection contre ceux qui attaquaient huju$monaiterii,virdoetitiimui ai- 
ses écrits et sa personne. Le ce- quereligiotiiiimui^iitinlibrissuit 
lèbrc Trilhème, qui a donné ont gaos edidii elaret apertisiimt. Ainsi 
histnire deRupert dans le 109^ cba-.' Rupert serait mort le quatrième jour 
pitre de saaWviKies Hommes tlUtt- avant les Noues (le i) de mars. Mar- 
Iretet qui prononça son éloge en la tène, visitant l'abbaye de Tuy, ne 
présence des abbés bénédictins de la vit ni cette épifaphe, ni même le 
congrégation de Bursfeld (4), nous tombeau de Rupert, et, chose éton- 
dit bien qu'il était d'une famille dis- nante, on n'y connaissait pas le lieu 
finguée, mais ne nous apprend ni de sa sépulture, quoiqu'on la suppo- 
l'époque de sa naissance, ni celle de lât dans le cloître. Dom Ceillier, qui 
samort. LedomiuicainBichard, dans a le plus émdié la vie et les cauvres 
ton Dictionnaire dtM teiencet eeeU- de Rupert, dit aussi iiu'tl mourut 
fiadjgiuj, fait naître Rupert dans le saintement, comme il avait vécu, l| 
territoire d'Ypres.et lui fait prendre 4 mars 1135. S'il est vrai, comme l'é- 
l'hobit religieux an monastère de crivent BicbardetLadvocatque Bu- 
Sftint-Laurent d'Oësbourg, près pert soit mort à l'âge fie « ans, il 
d'Utrecht, et enfin lefait mourirle 11 serait facile de dire l'année de sa nais- 
féTrier 1155. Ce sentiment ne peut sance. Dom Martène l'appelle le 
être suivi. Le Dictionnaire hieto- bienheureux Rupert, et il est cer- 
rigue de Ladvocat met sa mort tain que le caractère dominant de 
an llfévrier 1135. ^Dom Hartëne ce bénédictin fut autant son appli-' 
(FoyoffeiiH.) vitàTuy deux manus- cation à la vie intérieure et sa sa! n- 
crits d'un caractère d'environ trois teté que son assiduité à l'étude et sa 
siècles, où on lisait : Liber Domni science ecclési.JSlîque. Il a écrit snr 
Robtrti, abbatis monoiterii Sancli toutes les matifres qui convenaient 
Beriberti in I^iilio jwEfa Colo- à sa profession, «l il ne l'a fait sou- 
niom, primo monacfti S. Zaurm- vent que quand il en était pressé par 
tii prope Leodium, ufii ab inpmtia ses superieursousesamis.il a compo- 
sa oblattu et mulritui. 1 Anno se des Commentaires sur VÈcriture 
MCXIII in abbalem promoUu, tainte,de3 Agiographiet,\'Bittoire 

! , du monaslère de Saint- Laurent de 

(4) Cet *t(4«i prononcé à U prière de Gm;. ■ iiej?*, celle de l'incendie de Tuy, des 

Uc Breicbich, «blié de Taj, «il le baitiimg traites sur tel divins officei, et mfi- 

et derninr dçt dls«i.r. qur Tntl^n.^ pro- ^^ ^^^ Uymacs, quatre livres sur I 

deucoBgr*»»'*""- ■ rtjfedesainfBmoH, neuf livres 1 



P ■ RUP 

mitta SaiHU-TriniU un sltrait qui doit surprendre, c«r, 
Mfntmhm éà Saiat-Etprit, itans sa dispute cuntrr Giilllauine de 
(^tilà ie Im vietoin à» Ytrh* ChampNux.Ruperlsnild^fFitdnune 
Hmt,itiamiéitaîionitUiMipt, dvetrise qui semble loul à hit oppo- 
■«••«•loRU4ti)fM,n>ria]»outiotr trie inz erreurs de Gerberon. Tons 
MttowoinM^rrtfdUr.etc. Ut loioiivragesdeRupert henoos sont 
wagMdsRypertT^Tileotpluiieurs pupirrcnus. De ceniqui sont resta, 
(ttetooutunwdeson'poqM, la Im plus anciennes Mitions partielles 
■WitioidMcbuioioeiàl'iigirddu que l'on cotinAisse sont, entre antres, 
nWt etc. Od fait quelques objeo- celle que Jean Cnchlée, doyen de l'é- 
•WirianuBièredea'expriiner.soit gliie Noire-Damn k Francfort, donna 
irlwtdaSaint-Bspril(qu'il disait à Cologne en l5Se, ISST, 1S>8 et 
• ■aetnié dans le sein de Marie), 1939, contenant une grande par- 
.t nproohe lui venait de saint tie des écrits du pi^uz Mnédictf n, et 
l>ert,i qui Rupartavait prêté des' cellede 1918, qui contient les Com- 
t, nit surtout en parlant de ntitaira «tir I«j otwrajea de im 
-haristie. Mais il se justifia de la Sainti-Trinité et sw la propMte$ 
jùireerreuren remontrant hsaint «t iN^can^^fiilM. Ondonna eni3Sl 
Aai qu'après saint Grégoire-le- les Commentaira lur la dotuu fê- 
..Alld il a appelé Esprit de Dieu, la tiU prophita, Lourain, Sassen, in- 
WOOBde personne de la Sainle-Tri- fol.; une édition particulière, nais 
, et il se JHstiBs des autres en ex- in-4>, avait diijk paru en i W i Nn- 
\Bt ses propositions. Entre les remberg. Il y a eu trois éditions des 
n qu'on lui reprochait sur ce Commttaaira mr aatiU Jwm, dont 
>_i«r point, OR rangeait l'opinion l'une à Paris^ en 1549. Nous aurions 
,-11 «Tait sur Judas, qui, suivant dû citer avant tout l'édition des 
hii. ne communia pas à ta dernière treize livrés de la Ftcfoir« (ht ftrbt 
Cène. Rupert n'est pas Je seul de ce de Dieu, publiée par Anioine Sorg, k 
nntiaeBt, et saint Hilaire pensait Aiigsbourg, en I4S9, Les livres des 
MOuiielui. Sur tous les points, ce sa- Of/ica diviiu ont eu plusieurs édi* 
▼ut B'eut pu d'autres sentiments tions, entre lesquellesnous signalons 
^ae ceux de l'âglise; ses envieux ne cel'i^ de Paris, en 1610, dans la Col- 
in! npKMihèrent que des sentiments Itction dti livra Uturgiqvti. Su- 
i\ n'avait pas ou nne conduite ""*, au 16 mars et au 16 octobre, a 
ils auraient dfl imiter, c'est-k dire inséré les Via de saitU Béribert H 
plioalion aux éludes utiles et se. de saint Alophe. écrites par Rupert; 
ses. On peut consulter t'Apolo- celle de saint Héribert a élé mise, au 
qv'a faite de Rupert dom Gerbe- 16 mars, dans la Collection d» ttcfe* 
■ (i) Ce janséniste fougueux avait de* 5aJKfj, de. Bollandiis, etc. Les 
n les écrits de Rupert nn lële ou OEmra oomptétet de Ruptrt ont été 
reoiwillies en 3 vol. in-fol., à Co- 
logne, 19S3, IJklia, 1STT; nouvelle 

ont K'i^iiiic drmuwiiinii rit,d,ifnw Jn-fol., aussi k Colofue, en 13B8 et 

iGêtiHvntiaiia trnxifViùiu * »«■ iMt; nouvelte édition à Haycnce, en 

bVc"oûW4^';auCppVoU^« »»'î autre è Paris, en 163S, I vol. 

tlHHtaau. • in fol., chez Charles OastellaiB. De- 



RUS f 

{Uiis lors, P. Gregorio Cannoni, de que par une erreur que nous ne ))0u- 
l'ordre des ermites de Saiut-Aiigus- tous pas comuiellre, puisque auusy 
tio, en a donné une édition plus en- fûmes au nombre de ses condisci- 
tiÈre et plus correcte, ^ vol. in-ful., pies, et que nous n'avons pas oublid 
Venise, ITlS-lTSa. Après l'ouvrage les marques de bonté et d'amitiëqite 
de D<naCei\[\et,Bistoiregtnéraledei dès lors il nous donna, quoique boiu 
Auteuri tccUiiaitiqua, lome XXU, Tussions séparés par uue dilTérence 
qui a le mieux étudié l'esprit et les d'âge et de classe de quelques an- 
écrilsdeBupert, on peut encore con- nées. Nous le lui avons plusieurs 
snller Honoré d'Anlun, D» lumin. fois rappelé dans la suite, et lui- 
eccic* , lib. IV, cap. 16^ TritbÈme, inÉme s'est plu bien souvent à nous 
que nous avons déjà indiqué; Bel- en parler. Ce collège de Bourg était 
larmin. De script, eceles.; Dupin, alors tenu par des prêtres séculiers 
Bibliothèque des auteurs ecciéiiai- qui avaient succédé aux jésuites et 
tiqueidwXU'nècle.i^p&tl^VAm- qui en avaient du moins conservé 
plitiima Colleet. , de DD. Martène les bounestraditioas. Rusandlequit- 
ét Durand, etc.; et surtout les OEu- la, pour aller faireses cours dephilo- 
vres mêmes de Buperl, qui font le sophieet de physique à Lyon, dans 
mieux connaître son histoire. Et-D-B. le séminaire de Saint-Irénée, où les 
RUSAND (Matthieu-Placidr), jeunes laïques étaient reçus comme 
l'un des botnmes les plus vertueux ceux qui se destinaient à l'état ec- 
de notre siècle, fut aussi l'un de ceux clésiastique. On ne croyait pas alors 
qui, dans ce temps de perversité et que l'enseignement de la religion et 
d'irréligion, pratiquèrentavec le plus de la morale ne pût pas être le même 
de zèle et desincénlé les vrais préccp- pour les uns el les autres. Bleu qu'il 
tes de la morale évangéiique. C'était Mt irrévocablement destiné au com> 
cependant un bommedu monde, ne merce, Rusand fit donc ses dernières 
tenant en aucune façon à l'église ni k éludes au séminaire, oit il lut le 
aucun ordre religieux, et qui vécut condisciple de Camille Jordan, de 
dans l'exil , dans tous les périls et Ravez, de Gerando , et de beali- 
les agitations des révolutions et de coup d'autres dont les noms sont 
la guerre, qui fut ensuite un corn- deveuus célèbres. Dès qu'il les eut 
merçant probe, un excellent époux achevées, il se hS ta d'aider sa mère à 
etiemeilleurdespères. NéJiLyonle2 porter le Tardeau dont elle ne s'était 
JaiivieilT6T,gls d'un libraire renom- chargée qu'à cause de loi, et it < 
mépoursa probité, ilperditsoBpère dais 1> carrière du commerce 
debonne heure, etrestal'uniqileap- devait si dignement parcourir, r — 
pai,lâ seule espérance d'une mère larévo]uiioDsurvJntbienlOt,qai 
égalMoenl pieuse, et qui ne conserva ranges tant de projets et Ghai—~ 
■on fonds de commerce que pour le tant d'existences. Taiit qu'il 
lui transmettre un jour. Décidée à croire que ce n'était pas du ren 
tous les sacrifices pour l'en relidre sèment , de là destruetion absi 
digne, elle hii fitfaire ses premières de la mooarcbie et de la rell)'..'" 
études dans l'un des meilleurs col- qu'il s'agissait , Busand se soi 
léges de ta contrée, celui de Bsurg- aux iDDovations sans les avoir d 
en-Breue,etnondeBeBujcu,oofflme rées ni provoquées en ^neune f 
M l'a dit dww sa sMin biegreptii- mais quand il ne pal pins d 



us 

.- ne fût i l'exisleDce même du 
e et (le l'autel qu'on en voulait , 
hésita pas h s'éloigner d'une rë- 
Tolulion qui détruisait et renversait 
tout ce qu'il avait appris à aimer et 
k yinénr- Ce fut surtout à l'époque 
du siège de Lyon en IT93, lorsqu'il 
Tit éclateravec tant de fureur l'hor- 
rible tyrannie de la Convention na- 
tionale , que son icle religieui et 
royaliste s'exalta au plus haut de- 
gré. Fortement constitué et brave 
dans la véritable acception du mot, 
il saisit un mousquet etcomballit 
avec beaucoup de valeur, d'abord 
dans les rangs de cette héroïque mi- 
lice lyonnaise, q^ii était si digne d'uu 
meilleur sort ! Bientôt, distingué par 
l'un des chers dont nous regrettons 
Tivement d'avoir oublié le nom , il 
devint son aide -de-camp, et combat- 
tit k ses cCtés avec tonte la valeur 
d'un héros chrétien, jusqu'h ce que 
la malheureuse cité fût obligt'e d'uu- 
Trir ses portes aui cohortes de la 
Montagne. Il s'était trop fait remar- 
quer jionr que son zèle et son cou- 
rage restassent ignorés des oppres- 
seurs, et l'on sait de combien de 
sang la ville de Lyon fut alors inon- 
dée. Pour échapper ^ ces massacres , 
ilusand n'eut pasd'autre parti A pren- 
dre que celui de la fuite. Il fit ft sa 
mtredes adieux qu'il dut croire £lre 
les derniers, et, à la faveur d'un dé- 
g^tsement, il parvint sur le terri- 
toire suisse , où il se réunit h plu- 
sieurs de ses compagnons d'armes 
tous exilés comme lui , tous n'ayant 
qu'un désir, qu'un vœu k former, ce- 
lui de rentrer dans leur pairie et 
d'y concourir au rélablissi^ment de 
l'ordre et de la monarchie. Ce fut 
dans ces dispositions que la plupart 
d'entre eux s'etiiOlérent dans les 
raugsde l'armée commandée par le 
prince de Coudé, qui était alors 



RUS 
dans le Brisgnw, sur les coofms d« 
la frontifcre helvétique. Avant d'y 
entrer, linsand remplit tous ses de- 
voirs religieui, et il prit conseil , il 
reçut la béfféiiîctio» de l'archevê- 
que, d'Aviau, qui se trouvait alors k 
Fri bourg. Bientôt remarqué pour son 
intelligence et son courage, ou lui 
oRrit un avancement qu'il rejeta. Ce ■ 
n'était pas la carrière qu'il voulait 
suivre, et ce n'iilait qu'accidentelle- 
ment qu'il avait pris les armes. Il 
refusa même un emploi d'adminis- 
tration, où il eût pu faire de grands 
bénéfices. «Je vous répondrai, dit- 
■ il à celui de ses chefs qui lui lit 

• cette proposition, ce qu'un brave 

• grenadier répondit au maréchal de 

• Saxe, qui voulait payernn trait de 

• courage par quelques écus : On n« 

• va pas là pour de l'argent. • Et 
il continua de combattre dans les 
ni^.mea rangs comme simple soldat, 
àfierstheim, k Biberach, dans toutes 
les occasions où cette petite armée, 
qui, selon l'expression de l'autri- 
chien Wurmsser, grandirait au 
feu, eut k déployer su valeur. Rusand 
ne se sépara de ses compaguonsd'ai- 
mes que lorsque l'aveugle et per- 
fide politique des puissances, après 
avoir arraché de leurs rangs leur 
roi exilé et fugitit', les contraignit 
eux-mêmes d'aller cbercher un asile 
dans les désarts de la Russie. Alors 
Rusand reprit en secret le chemin 
de Upatrie, et par un heureux dé- 
guisement il parvint encore au toit 
maternel. Quelle ne fut pas sa joie 
et son bonheur quand il put embras- 
ser cette mère che'rie, dont depuis 
plus de qu;]tre ans il ignorait jus- 
qu'à l'existence ! Obligé de se tenir 
caché, pour se soustraire aux cruelles 
lois de l'émigration, Rusand ne fut 
pas découvert , et il n'éprouva aucun 
malheur personnel; il put en secret 



*!!|^pr.ï^?'-?-,-.r:'-'-.. ,.;-■ ; ■■'■■■ 

RUS ' RÙ- aw* 

aidei sa min dans son commerce, et U restauration ducalvureqai tom- 
Ift consoler de ses longues sollicitu- bait en mines , k F^lablissement du 
des. Bien que toujours fortement séminaiTe.en faisant revendre par 
prononcé dans ses principes et ses l'acquéreur, h de faciles conditions, 
affectJuDS politiques, bien qu'il n'eût l'ancienne abbaye de l'Argentièrt- 
jamais dissimulé ses sentiments à cet Ce service fut reconnu par la joui»- 
égard, Busand n'avait point d'en- sance d'un appartement qu'on lui 
nemis; tous les pAis respectaient assura par le contrat. 11 eut encore 
sa loyauté et ses rertuï', il ne fut une grande part au rétablissement 
jamais dénoncé. Jouissant mSme des frères de la doctrine cbrétienne, 
d'assez de calme et de bonheur pour des dames trappistes, et k beaucoup 
se choisir une épouse, ce fut en d'autres fondations de piété et de 
1798 qu'il unit sa destinée à celle bienfaisancequ'il aldaildisabonrsc, 
de mademoiselle Boin de Beaupré, de toute l'activité de son tèle. Et 
qui , pour fortune , n'avait que des dans le même temps il ne négligeait 
espérances bientôt déçues, mais que aucune partie de son commerce, il as> 
ses grâces, ses vertus rendaient surait l'avenir de sa famille et la 
digi^e de lui, et qui a fait long- 'triomphe de la religion, enréimpfi- ■ 
temps le charme de sa vie. Crpen- mantlesmeilleurslivresdepiétéetde 
dant , connue l«us les gens de bien liturgie que la révolution avait per- 
de cette époque, Rusand ne sor- tout fait disparaître, et qu'il débi- 
tit réellement de t'ëtat d'aniiélé et tait à trts-bas prix dans le seul but 
de péril oit les avait plongés la ré^- de propager les bonnes doctrines 
volutioo, que lorsque Bonaparte eut et de rrndre plus facile et moins 
k la fois aboli les lois de l'émigra- coQteuse l'inatmction de la jeunesse 
tion et décidé, par son concordat et du clergé. C'est ainsi qu'on le 
avec Pie VU, le retour de la France vit donner K cinq sous des calé- 
auz idées religieuses. On conçoit de ohismes qu'ailleurs on ne vendait 
quelle joie il fut transporté lorsque, pas h moins de vingt. Ce zèle lui 
témoin de cet heureux événement, attira quelquefois des inimitiés et 
il put en seconder et hlter les con- des calomnies de la part d'avides 
séquences. Alors initié par sa posi- concurrents; mais rien nu put le 
tion et ses antécédents it tous les détourner de son admirable système 
vœux, k tous les besoins du ca- d'abnégation et de dévouement. Il 
Iholicisme, il fut un des hom- est vrai que ces éditions, ainsi fai- 
mes de cette contrée qui prirent le tes avec autant d'exactitude que de 
plus de part au rétablissement de désintéressement, avaient un débit 
la religion. Nommé , dès le com- prodigieux dans le diocèse, où l'on 
mencement, labricien de l'église de préférait h tous les autres les li- 
Saint-Nizier, il conserva jusqu'à la vres sortis des presses de Rusand, 
fin de sa vie ces honorables fooc- qui justifiait cette conlisnce par les 
tions, et tous les habitants de cette soins les plus atlendfa et les plus 
paroisse ont attesté que par son zèle, scrupuleux. Plus d'une fois il lui 
sa piété il ne cessa pas d'y présenter est arrivé de sacrifier des éditions 
le modèle le plus accompli de toutes tout entières , d'rssuyer des pertes 
les vertns. Ce fut lui qui concon- considérables pour ne pas laisser 
rat de la maniir* U plu efScMt'k passer dons nn-nriiune des fautes on 



lus RUS 

1 «rreiira cunire Ica mœurs 011 lex IVu avonx vu plm d'iine fois gë- 
.^nnesdiicIrliien.TiMiiIrsgctii pieux mir, tout f-n rritaDt lidële et sou- 
fHVOTiiaiitnt en HpriculalioDB. «I il mis nu imuvdir légitime. Lorsque 
obtint la cuun<iuct< iIm tous Ick pré- survint la n'vulutiLin de 1830, il s'^- ' 
lati qui se lucréilèrcDt sur ce siiige. tait retiré du comuifrce, et il ^tait 
Le paitn Tic VU , lorsqu'il se reiiûit allé hiiliilcr iiiip maison de camps- 
k Paris et) 180S. lui douna haute- gnvqu'il possédait sur 1rs bords de 
ment des t^moignuites d'eslime , et la SaOue , où 'ouiiliniia d'offrir un 
plus tard il le nomnu son t^anquier parriit modMo de toutes les vertus 
spécial à Lyon; il lui envoya la dé- jusqu'au dernier tpuips de sa vit. 
corution di- l'Éperon-d'Or que Ru- Ce Tut h Lyon, le ID décembre 1839, 
sand, fcçut aveo t)tsuc(Utp de re- qu'il mourut, entouré de sa Tamille 
connalssaaun, iiiaisque sa tnudeslie et do ses amis, aprj'.s avoir rempli 
IVuipécha de porter. Li^ cardinal avec la plus admirable Ferveur 
Fesch, qui d'abord avait éprunvi* tous ses iltvoirs di: religion. •Soyez 
pour son royalisme quelque senti- pieiii et vertueux, leur dit-il; adieu, 
ment de répulsion, Unit par msui- je vous bénis : tiienlOl je priersi 
Ititter hautenirni son estime et son P»ur vous dans le ciel.» Ce furent 
admiration pour de si raren vrrtus; ses dernières paroles, et c'est ainsi 
et qiiiind il fui ubli^-é de n'i'loif^iir'r, <M>'il 'eniiiiia son édiriante vie.Alors 
tpiis la cbu(« de napoléon en 1B14, ses nonibreui enfants étalent con- 
M prélat confia sa nombrsuse biblio- venablemeut établis, et Uleurlais- 
tbèque k la probité de Bussad. On sait asseï de bien pour mtt digoe- 
nepeutpasdoulerqu'à celte époque ment comme lui. Il avait p«rduu 
ce télé royaliste n'ait vu avec une ierame en 1836; et, ne pouvsot 
grande joie le relourdes Bourbons, vivre seul, car son «sur, plein 
dont il avait servi la causa avec tant de sensibilité et de sentiments a^ 
de courage et de zèle. On lui offrit Tectueux. avait besoin de a'épan- 
pourrécurnpensedeslellresdenoblei- cher, il contracta en 183T un second 
Met lacroix d'honneur, qu'il refusa; mariage dont il n'eut pas d'enfants, 
il n'aocrplaque le litre d'imprimeur 11 m avait eu treize du premier. On 
du roi , dans l'iai^rflt do sa famille a publié en latO , k Paris, une No- 
plulfir que diiiis 1o sien. Cummebeau- lice biographique sur M. Matthint- 
coupd'aulres, ilneurda pBské|iruu- i'Jocide Rusand, ancien imprimeur 
ver pins d'une déception après l'ur- du roi , par M. l'abbé A. M., que 
donnance du 5 septembre iglA, nous avons citée plus haut.' M— sj. 
qui réhabilita en quelque sorte le RUSCA (Antoine), théologal de 
parti révolutionnaire, surtout k Hilsn^ fut un des savants que le cor- 
Lfon, oii les royalistes qui aviient dinal Frédéric Borromée (vof. ce 
rdprimé une insurrection, une ré- nom, V, 103), archevêque de cette 
Tolle nisuifeste contre le pouvoir ville, allaoha àla bibliutlièqua am- 
roynl, fureut persécutés, poursuivis' brosleone qu'il avait fondée. Le pré- 
par C'^ m^ine pouvoir (voy. Ssi»ns- lai les chargea de composer diffé- 
viuB, dnns ce volume). Alurx Ru- reots ouvrages, connus sous le nom 
sand d(<plura amèrement les mullieui'B *le livres un brosiena, et dont il leur 
de la France ; il prévit les résultats indiquait lui-m&ne les sujets. Celui 
d'une si funeste abeirtliuu. et uoui dvl'aifir ftlt«oaUikbiKa, quid^< 






nos 



• y 



N 



KVÉ 



t&i 



l^loya dans ee tràYail une vaste éru- 
dltîoB. Son traité, rempli de recher- 
ches curieuses, est intitulé : De tn* 
fimo et statu dœmtmum, anté mun- 
di exitium, libri F, inquibus tar- 
tarta cavitas, erueiamentorum ge- 
nera^ ethnieorum de his opinionee, 
dœnianumque eonditio u$que ad 
magnum judieii diem, varia erudù 
tiane deecribuntur. Milan, de Tim- 
primerie du collège ambrosien, 1621 , 
in-4®, très-rare^ Rusca oAurut en 
164:^. Collius, .F.-B. Ferrari et Jos. 
Visconti ou Vicecomes ( voy, ces 
nomsi IX> 274; XIV, 409; XLIX, 249), 
étaient ses collègues et travaillaient, 
comme lui, sur les plans du cardinal 
Borroinée. -* Rusca {Jean-Aleœan" 
drè), né à Turin, vers le commence- 
ment du XVII* siècle, appartenait à 
une famille noble et ancienne. U em- 
brassa fort jeune*^ la règle de saint 
Dominique, et fut envoyé en Espagne 
pour étudier la théologie au monas- 
tère de Saint-Étien ne, à Salamanque. 
Revenu dans sa pairie, il remplit 
plusieurs emplois de collt^ge et acquit 
une grande rt^putation par son éru^ 
dition et son éloquence. Après avoir 
été promu au grade de bachelier 
dans le chapitre général de son or- 
dre, tenu à Rome en 1650, il professa 
« piiblb]uement rÉcriture saint» à Tu- 
rin et obtint le bonnet de docteur. 
Nommé inquisiteur à Vërceil, il en- 
Mwrut la haine de personnes puis- 
sante qui parvinrent à le faire révo- 
quer; mais il fut bientôt réintégré 
dans ses anciennes fonctions, aux- 
quelles on adjoignit celles d'inquisi- 
teur d'ivrée et d'Aoste. Rusca mou- 
rut) presque octogénaire, en 1680. 
Outre plusieurs écrits qui n'ont pas 
été imprimés, on a de lul^ I. Breviê 
Summa toituê philosaphiœ, Turin et 
Milan^ 4663, iB-l2. H. Diesofii mo- 
ra«l0f«f U enangeU délia qwkfe»^ 



ma/ $d aîeuni sermoni de sanH, Pa- 
vie, 1668, in-4o; Turin, 1670, in-4*, 
avec un discours latin que l'auteur 
avait proponcé, au couvent de Sala- 
manque, la veille de NoSl, 1643. lit 
Sermoni nelle festività d'alcuni 
sana\ Turin, 1677,^ in-4» . --Char» 
leS'Françôiê Rusca, peintre, né à 
Lugano en 1701, s'est particulière- 
ment distingué dans le portrait. Il 
mourut à Milan en 1769. P— rt. 

RUSCONI (Camille), de la même 
famille que Jean- Antoine (voy. Rus- 
coNi, XXXIX, 336), naquit à Milan, 
et s'adonna à la sculpture. Il suivit 
d'abord à Rome les leçons de son 
compatriote Hercule Ferrata, et passa 
ensuite dans l'école de CarlôMaratti, 
où il apprit les beaux airs de tête et 
l'heureux agencement des draperies. 
Ses travaux, tant publics que parti- 
culiers, sont très-nombreux, et plu- 
sieurs monarques et princes employè- 
rent volontiers son ciseau. C'est à 
son talent que Ton doit le mausolée- 
de Grégoire Xlll à Saint-Ï>ierr^, 
les angei qui sont sous l'orgue de la 
chapelle de Saint-Ignace dan^ l'église 
de Jésus^ le tombeau du prince Sa- 
bieski àui Capucins, etc. Clément XI 
l'honorait de son estime . Il se plai- 
sait à venir le visiter et le combla 
des marques de sa munificence. 
Rusconi se fit remabquer par la 
sévérité de ses inœurs, et laissa 
toute sa fortune, qui était considé- 
rable, à une soeur, et son atelier, 
et tous ses ustensiles à Joseph Rus« 
coni, son élève et son fils adopiif, qui 
se distingua aussi dans l'art de la 
sculpture. Camille mourut en 1713, 
et Joseph en 1758. Rusconi avait 
un grand goût de dessin, qu'il forti« 
lia par u»e élude assidue de l'anti* 
que. 11 savait exprimer les passions. 
d'une manière heureuse : sêtatti***- 

des étaient In^n ckoiii 



ïl'S RUS 

wvnges M font remarquer par la Virnnp, sa ville naUlp, il se tim si- 

dëlicalena du tnvai). P-s. ricuscmf nt à la ppînlure bisloriqne; 

RUSS (HluaioR), historien suis- el ilebula par Tiriiia» prédisant A 

M,-éUilen 14Te grever à Luceroe; Aletnènt U* dtuinèts d^UtmU. Sax 

U p^rit arec gloire en tvtk au eom- It eoninuMle de rarcUidue Jeu, i( 

Mt de Rhcinegg. llalaissriaMchro- exfenU 4Tec Pcttcrnoe mî te d'ea>|uu- 

.■ique qui esl d'un inlërét réel pour I4 aea d*apris dessujels tirés du Fhttmr^ 

connatsunce des hits nrrenus dans fMa«tridUmi,da baron de Borwerr. 

sa patrie. Hallcr l'a citée avec éloge, Après ta guerre de 18M, penduitla- 

' «telleaétéeiGnpubliéeparScbiiel- quelle U reçut pliisieura eommnod« 
In-. Berne, I8U, io-4*. B— m — t. du gISntot Andréossi que HapoMoa 
BUSS (Caaeus), peintre aile- srutnotbinégoaremeur^éreldcs 
■and, né k Vienne en ITTO, était fila pays conquis, il obtint le second prix 
d^in artisan. Celui-ci l'étant établi kl'acedêmiede VieDnCfponrtoKta- 
duu U suite à WieDeriich-NcnsUdt, Ueead'SéCMkf ))tairmt,Mr («cdti 
In jeune Ross alla dis lors tous les d« to nht de Tfcrme, m JIUi P*- 
jowa jusque la frontière de Hongrie, tystea et ao» jlb Polydore. Ce MO- 
ponr prendre des leçons de peinture ces lui valut, en 1810, l'honaenr 
chef no receveur des douanes qui d'être attaché an service de l'arcfcj- 
élaît aufsi peintre. En 1793, étant duc Jeanenqualilédepeinb»deea- 
revenu à Vienne, il put étudier les binet. H composa dès tors ni grand 
ebeb-d'œuvre de l'art réunis dans nombre d'esquisâs sur des. sujets 
Uc^Htalederiutricbe; mais il eut puisésdans l'histoire de l'iutricbe. 
de la peine kse fixer k un genre. lln'enexposapasmoinsde«Oiusilon. 
D'abord il s'adonna, sous U direction de l'académie i Vienne en latl; elles 
de Dr«cluler,fc la peinture des fleurs avaient en grande partie tnit aux 
el des fruits; poissons un antre mat- événements de la vie des empereurs 
tre, nocuné Brand, il étudia le pav- Rodolphe de Habsbourg «t Mui- 
nge; enfin senunl sa véritable vô- milienl-. Il avait obioia en IBIS la 
cattoa, il se lunitiarisa avec l'ana- place de autot ou gardien de la ga- 
tOMie, il «Munençak copier des ta- lerie de tableaux du cblileau impé- 
Ueaus d'histoire de la g^eiie de ta- rial du Belvédère. Russ mourut le 
UeMU.Cnmme il apprit «ossi la gra- 19 septembre IMS. Cetartiste m se 
Turff à l'esu-lbrle et dans le genre distinguait jms pari'origin^té : on 
de rnqni'tinta, il grava ainsi une loi reprocbe' même devoir trop so^ 
quarantaine de ses compositions lus- vilement imité l'antique et d'avoir 
loriqnes. Pendant un a^t k Ma- attaché trop d'importance au costn- 
nich en 1804, il dessina plus de cent me et k d'antres accessoires; mais on 
tableaux de la galerie. Avec son por- voit par ses eompositions qu'il nvail 
lereuille sous le bras, il revînt en prorondéatrnt étudié son arl. U 
Autriche en proGUni du départ d'uD grand nombre deses esquisses, dont 
train de bois qui descendait le Oa- une putie est restée en portefeuitlc 
nfibe. Par malheur le Irait) sombra, et retrace soit des pajsages, soit des 
el Russ. étant dans l'eau i-jmuie les suites de Kgendes, allesle à la fois 
autres pa$SBg:<rï,nesauvasesdessins l'application et l'habileté de cet «r- 
çmVii tettaai son portefeiulle «u- liste. Ttf. toJTunïIWnll de i8H, 

«Awiist/fsatétË. S'étantcnan&zéi iMR> ^^— «• 



RUS RIW 
RCSSEUi (Tbohas Maaiama- rendre. A son retour en France, le 
ra), amiral anglais, né enllriande comte de Kergariou , que Huaaelt 
vers 1713, appartenait à ce paya par avait traité arec ane excessive ri- 
■a mère et k l'Angleterre par son gueur, pour ne pas dire avec igno- 
père , qu'il eut le malheur de perdre minie . ai l'on s'en rapporte au rëcit 
arsnt d'avoir atteint i'ige de cinq de l'j4tinual biogrofAy and obitua- 
vu. Son tuteur ayant diisipé sa for- ryfor the year isao^prëseulales faits 
tune, le jeune Bussell entra de très- sous un tout autre aspect, et les d^- 
bonne heure dans la marine militaire, positions faites le 14 avril de U mBme ' 
Après avoir passépar tous les grades année (1783) au greffe de t'amiranté 
inférieurs et servi aclivemml à bord de Tréguier, par l'état-major et l'é- 
de différents navires, il obtint eu quipage de la fibyile , et dont nous 
1781 le poite de capitaine au mo- avons lu l'original, vinrent con- 
meiit où la France et l'Aogleterre se Armer sa propre déposition. L'exi- 
disputûent l'empire de In mer. Dus- ' ^f'" de cette affaire, ordonné par le 
sell commandait le Bueiar, de ao minislre de la marine , démontra 
canonsetde 110 tiommesd'éqiiipage, la fausseté des aliëgatioiisdu corn- 
et il venait , dit son biographe an- mandant dii Butiar, et une dépâdie 
glais, de s'emparer d'une grande frë- *> ce ministre au comte de Vergen- 
gate chargée de mâts et de provisions i^'i portant la date du 14 septembre 
navnles pour la flotte frauçaise, et de suivant , rendit hommage à la con- 
deux corsaires de la tnéme nation, ^^Ho du comte de Kergariou, qui 
lorsqne, le 22 janvier 1783, il eut s'était rendu, non pas au Huuar, 
avec la frégate la Sibylle, comman- ainsi que le prétendait le comman- 
dée yar le comte de Kergariou- Loc- dant de ce navire, mais au (7enturto«t 
maria, un engagement dont ies autre bitiment anglais de 30 canons, 
circonstances ont été diversement venu au secours du premier. Russell, 
représentées. Russell raconte que, étant supérieur» grade et evtn- 
voyantun navire sous pavillon an- cienneté, fit amariuer taprïseets'at- 
glaia avecle signaldedétresse.it le tribua tout le mérite de l'action. 
laissa approcher sans prendre au-' Après beaucoup de fanfaronnades sur 
cnne précaution. Quels furent son le mérite des ofliciers et des équipa- 
étonnement et son indignation en ges anglais, et de diatribes contre le 
recevant une bordée qui lui brisa commsndantdela5i6vi/«.qu'ilsem- 
deux pièces sur l'avant et tua deux b'e presque iccaserdc lâcheté, et l'on 
de ses hommes I Quoique de moi- sait si les officiera de notre anciea- 
tié moins fort que son adversaire, nemarine pouvaient avoici redouter 
le commandant àuBtutar n'hésita une semblable accusation (3), eux 

pas un instant (1): il riposta avec ■ — ■ ■ 

Tigueur, et, manœuvrant avec habi; i'ij ',."'",' ^nb""d'' ''t/"'? 'J^"""' 

leté, après une heure de combat, il ooniwdii"Korgur'i'ou,"n*auaiâ'tMudiiCai- 

força son déloyal adversaire à se tiuiop le 17 upumUe 173g, pHuiipaur 

_„___^^^^.^___ yua il^» pluï traTe» ot&clan de ['ipoqae. 

(0 BuMtll prétaod.it qat )■ «pilu» proltgèr nu cnn.oT contidérMÎT'eî « 

frun^»il nTnil omploja un itritigima aoB- Tuynnt iitl.qué|.«do. for.«inftaimoto-viï- 

ilsruns pir la loi du ottloM, at jl citait 1 pcrieuio. ilEit d'ï\iDt^ msun vit^i«>À\i& 

l'appui Yalta), Sur/a JdiifftiiartMf, Ut. ni, noicei qu'ft r(iuiii.jtnl ■!>. w «urifta v™ 
ebap. x,p. Og. mt. Slmlmgimi. ainsi dWa eiuuiU, eoibwi tfli\«^"'* ^«"^ 



\VS Itt] s 

auxquels on reprochait quelquefois lammentdtfendu.Russeltmouruttu. 
avecraisDD leur trop grande témérité, biteoteot dans sa voiture, le 32 juillet 
Russell, qui, suivant son biographe, 182f. Ounedit pas s'il laissa de pas- 
serait venu en France pour se battre térilê de mi»lress Russell, qu'il avait 
avec le comte de Kergariuu, retourna épousée en 1798, et qui cessa de vi- 
eu Angleterre sur les inslantes prié- vre le 9 mars I81S. D— z — s. 
res de l'amiral Arbuihuot. Il avait, RUSSILLOK (Frakçois- L^uis 
(lit-on, refusé précédemment la di- de), surnommé le jro» major, conou 
gnité de chevalier en récompense de seulement par le rOle qu'il a joué 
ses services. En t701 , il obtiut le dnnslaconspiralion de Georgesetde 
commandement de la Diana et fut l'ichegru, était né en Suisse, à Yver- 
altaché h la station de la Jamaïque, dun, vers IT^I. Après avoir quitté 
Il servit ensuite dans les Indes occi- le service militaire avec le grade de , 
dentales sous les ordres du contre- major, il devint commissaire aux sa- 
amiral Hervey, et dans la Hotte du lines, et lorsque la révolution fran- 
Caual sous le comte de Saint-Vin- caise éclata, ses principes polili- 
cenl. Eu 1800, il fut nommé con- ques, et surtout ses relations avec 
tre-amiral. Il devint vice-amiral en une grande partie de la noblesse de 
180S et amiral en 1812. Russell, qui Fiance, le portèrent à en repousser 
commanda la flutte de la mer du les doctrines. Dès ce moiueut il 
Nord en ISOT, fut sans doute un rendit de nombreux services aux 
marin brave et habile; cependant ses royalistes, et la position de la terre 
- panégyristes ne cileut de lui aucun des Bochats le mit à mêmede Eavo- 
trait bien saillant : ils disent seule- riser la sortie des émigrés, comme 
ment queloraqu'il futchargédu lilth- plus tard de faciliter leur reairée, 
cusdu Teïel, son sysi en le d'ancrage Pendant toute l'époque révolution- 
pendant les vents les plus violents, naire,Jts trouvèrent toujours ches 
quelituefois avee trois cibles, épissés lui une bienveillante huspitalilé. 
bouta bout, obtiut te succès le plus Sous le Directoire, il fut uu inter- 
cumplel. Il joignait, suivauteux,lou- médiaire sûr entre les comités lé- 
tes jes qualités d'un habile tacticien gitimistes de Paris, les Bourbons, le 
aux sentiments les plus délicats d'un comte d'Artois spéciarement, et les 
homme d'honneur et à l'urbanité agents de l'Angleterre. Dénoncé à la 
d'un courtisan. On ne s'en damerait police française, elle le surveilla, et 
guère, néanmoins, eu se rappelant sa lors de l'eipédiiiondu général Brune 
condnile brutale à l'égard du comte k Berne (1798), il fut arrêté, conduit 
de Kerguriou, ennemi vaincu, et par i> P^ris et enfermé au Temple, comme 
ua8utrequeparlui,aprè$i'éireTait- recruteur angio-bernoi$, accusé de 

I soutenir les émigrés et de proté- 

«arMuaticoInpoiéiDit atiiqueidaDiii- S" la Correspondance des agents du 

iadBgucin!<)enemi>.SuB*ii»uu,trci-ina|. prétendant. Quelque fondée que fût 

fmi ^lntsoa'ntaatntatn"\TB»uTr *^^"^ aCCUSatioB , le gOUVemeiDetti 

Bi la CiiiancHi, no Tiuicoi t-amL>M i-fiBUe 11 directorial avait-il le droit de S'em- 

frégiuangliiits iiiTaficiniH, pondiaLta. parer d'un sujet suisse? pas plus 

ïî,'Al'.«i^*J)^'r»i!î d« te'r«r"u Certainement que de confisquer à 

'ns(n«FniM>;BdiUfBipm*tfBuiiiâ SOU profit le trésor de Berne et de 

Qmilmom. &iHin«T wn* TOtïAWvATOxi i l'Helré- 



tiei TsaMbis, a)>W \mt MltbUbtt 
de quelqses mois, Bussitloh fût rais 
m liberté nr I& réclamation de 
H. Slapfer, pl^nipoteotiaire suisse à 
Paris. C'était une cuneession trop mi- 
Bime pour que le Directoire la refu- 
s&t^à un pouvoir dont il se disait le 
protecteur, et âuD paya qu''il Tenait de 
dépouiller. RutsillonrefournaàYver* 
dun et passa ensuite à Londres , où 
Pichegru s'était rendu après son éva- 
sion de Cayenne; Lors des négocia- 
tions du vainqueur de la Bollande. 
avec Pauche-Borel, il avait eu occa- 
sion de le voir, et ayant renoué con- 
naissance, il accompagna Je général 
en Allemagne, puis revint avec lui 
à Londres. Ce fut là que se forma 
la conspiration -contre Bonaparte, et 
Russillon, en relations journal îÈres 
avec Picliegru et Georges, y prit une 
part active ; il vit même le comte 
d'Artois, qui l&i témoigna sa satis- 
faction. A la fin d'août 1S03, jGeor- 
ges , accompagné de ses Bretons, ar- 
riva à Paris pour tout préparer, et 
an commencement de 1801 , sur son 
invîlatioD pressante , Pichegru , les 
frères Polignac, le marquis' de Ri- 
vière, Lajolais, Russillon, quitté* 
rent Londres, montant un cutter 
anglais commandé par te capitaine 
Wright , et le lejunvier ils touchè- 
rent la falaise deBéville, entre Diep- 
pe et le Tréport , point de la cOie où 
déj* s'était effectué le débarquement 
de Georges. A son arrivée dani la ca- 
pitale, Rnssilbn logea avec Picliegru, 
icbnitlot, chez Georges, puis rue 
du Mû^ie^Saint- Victor, n" IS, et 
c'est Ib qii'il fut arrêté le i mars 
1804. Les principaui: conjurés étant 
déjà sous la main de lujuslice, il crut 
devoir ne rien cacher, et déclara 
«que Georges, Pichegru et Morean 
étaient les chefs du complot; qiu 
M dcfBfer »ntt m ttê deux aa- 



fcttS 

très; que Moreau avait toujours 
été considéré , mJiine avant le départ ' 
de Londrei , comme l'homme sur le- 
quel on devait comiiter; que Lajolais 
avait assuré que ce génërfll, mécon- 
tent , désirait et voulait aider de 
toute sa force le renverse tuent de 
Bonaparte. • Cette déclaration si 
explicite était-elle inspirée à Russil- 
lon par l'espoir d'un acquittement, 
ou seulement par la sincérité de A 
son caractère? Aux débats, il garda 
dans son altitude comme dans ses 
réponses une Fermeté froide ; l'ac- 
cusateur public près le tribunal 
criminel avait dit dans son rapport 
- que SCS interrogatoires ne présen- 
tairnt pour défense que la frauchise 
de ses aveux;» néanmoins le procu- 
reur-général requit contre lui ta peine 
de mort, et il y Tut condamné avec 
dix-neuf de ses co-accusés; mais ie 
banquier Schérer ayant supplié te gé- 
néral Rupp pour qu'il sollicitât de 
Hapoléon la'gràce de Russillon,- 
son beau-frère, elle lui fut nccor- . 
ùÉe. Une remarque assez curieu- 
se, c'est que la clémence impériale 
ne s'étendit qu'aux gentilshumnies; 
quant aux Bretons, onze mûntèreut 
■ sur l'échafaud avec Georges. Russil- 
lon demeura délenu au château d'If 
jusqu'à la Restauration, qui lui ren- 
dit la liberté. Il retourna alors dans 
son pays, où il mourut oublié, après 
avoir fait plusieurs voyages h Paris, 
sans que l'on sache si son ancien 
dévouement à lu cause des Bourbons 
trouva une récompense. C— n— m. 
RL'STILIË -(Saint) était frère de 
saint Didier el de Siagrius, comte 
d'Alby, puis duc de Marseille. Sa 
famille, ongin.iire d'Alby, était an- 
cienne, puissante, et devait êire la 
même qui a produit 'Di'ivM , i-^v:. iist 
Toulouse, el SiùvA ïhA-nS., tM%ssfia 
d' Wb-J \ «I ^ Mttfc éçwv& "«& w&awi^ 



lus RUS 
nuds dans le wime piya, bvpc la sale, et une figure de femme égale- 
■limB illiutntioiQ, démontrent une ment d'ane dimension exlraordi- 
identitë dans les familles. Saial Rus- naire. Les dësordre^qui àcette époque 
. tke et ses frères fiireot élevés à la déchiraient Florence l'empêchèrent 
oonr dn roi Dagobert, qui récom- de cultiver son art avec cette li- 
peast leurs vertus et leurs taieiils berlé d'esprit qu'exige l'étude. II 
' par des emplois Considérables. Rus- vint, eu 1528,- chercher auprès ^e 
tioe, qui avait embrassé l'état ecclé- François I" une tranquillité qu'il ne 
■iastiqiie, fut revélii de l'archidiaco- trouvait plus dans sa patrie. Le roi 
Bat de Rhodci, et noinuié abbé pa- l'employa aui travaux du château 
btin on intendant de la chapelle du de Fontainebleau. Bnstici sut répon- 
loi; plus tard, il fut élevé sur le dre kla confiance du monar^ne, et 
ri^épiscopal deCahors et assista, mourut en France, pays qu'il avait 
ea S29, au concile de Reims ; il sur- adopté pour sa seconde patrie. — 
vécut peu k cet événement, ayant été f^onpoM Rdstigi, surnommé' leKiu- 
assBSiiné par nue troupe de scélérfts ttckino, fut le dernier et le plus cé- 
dansuneséditionexcitéecontreluien lèbre d'une famille de peintres dis- 
SX». Sa mort fot non-seulement ven- dngués par leurs talents. Il naquit k 
géeparleroi,mai8encoredésB*ouée Sienne vers la 6n do XVI* siède. 
parles habitants de Cahors, qui élu- Son grand-père, connu sons le nom 
lent, pour le remplacer, saint Didier, de Jhud'co, son père, ntnuné Chris- 
son firère. Le corps de saint Ruitice tophe, et son oncle Vincent lui in- 
fut inhumé dans un lieu appelé Silva spirèrent de bonne heare le go&t de 
«ira, aujourd'hui Saint-Ruatice, en- la peinture. Son père surtout, qui 
tre lesvilUges dePorapignan et de égala jïresque BalthasarPernzxi dûs 
Castelnau-de-Saint-Rdzefont, k qua- les grotesques, se plut k cultiver ses 
tre lieues de Toulouse. C—L— e. dispositions. Ruslici^ cependant alla 
RCSTIQ (JsAR-FsAnçois), sculp- se perfectionner à Rome et reçut des 
tteot florentin du XVI* siècle, ma- leçons des Carrsche et du Guide; 
Bifesta presque au sortir de l'enfance mais séduit par la manière du Cara- 
■on inchnationfour la sculpture, en rage il l'imita' avec boubenr, sans 
s'amusanl à faire de lui-même de pe- en être le copiste servile. Les com- 
- tites figures de terre. Andréa del positions dans lesquelles il s'est 
Verrochio. frappé des dispositions particulièrement distingué sont cd- 
qu'il montraiti lui donna ses soins et les qui représentent des scènes de 
ses leçons. L'exemple de Léonard de nuit éclairées par h lumière artifi- 
Vinci, qui était son condisciple, ne cielle des flambeaux. 11 égale en ce 
contribuait pas moins à lui faire cou- genre Gherardo délie Motte, et l'on 
naître iaroutequ'il devait suivre, et peut même dire qu'il est plus Choisi 
l'émulation qui existaitentreleadeuz dans ses sujets. La MadtUiM wum- 
artisles ne iit que perfectionner les ranfe, que renferme la galerie de 
talents de Rustid. Il ne Urda pas k Florence, le Saint Sibattien païui 
en donner des preuves irrécusables, par laiiU frêne*, que l'on voit dans 
rn exécutant' plusieurs statues en la collection du prince Borgfaèse, 
r^nie, p^rmi lesquelles on cite une sont dans ce dernier goQL Dans ses 
un JVephHU, une Europe, un autres tableaux, m aperçoit quelque 
- '• Igtandenr colos- chose de la niuiîèrc de ses différents 



. RUT Rtrr M9 

maîtres; mais daos tous il montre un set ooDsidërable enoore de celles de 
caractère qui lui est propre et qqi ses poésies qui nous ont ëté conser- 
est original. Parmi les ouvrages quMl yées, en6n, maigre les justes éloges 
a exécutés, celui auquel on donne la que dans ces derniers temps on a 
palme est rjnnonmofûm, quMl pei- prodigués à son nom, Rutebeuf était 
gnit à Sie&ne, et dans laquelle sainte à peine connu dans Thistoire de la 
Catherine et des anges sont en ado- langue et de la littérature du moyen 
ration devant la Vierge. Si dans ses âge. Par une circonstance singulière, 
autres ouvrages le Rnstichino plaît, les poètes et les chroniqueurs ses 
il ravit dans celui-d. La mort, qui contemporains ne Pont pas nommé 
le surprit à la fleur de son âge, en une seule fois, et lui-même garde sur 
16i5, t'empêcha de terminer plu- ses rivaux le silence le plus absolu, 
sieurs tableaux de l'histoire de à moins qu'on ne veuille tenir quel- 
Sienne, qu'il avait été chargé de que compte d'un certain Charl6t,qu'il 
peindre dans le palais du gouverne- appelle le Juif, dont il fait le héros 
ment, et auxquels son père avait aussi d'un fabliau fort ordurier, et qu'il 
mis la main. Sa mort prématurée fut traite avec beaucoup de mépris dans 
peut-être, utile à sa gloire : tout ce la Duputinzon de Chariot eî du 
qui reste de lui est parfait, et peut- barbier, Rutebeuf est compris dans 
être qu'en vieillissant il se fût né* la liste du président Fauchet, ce pre* 
gligé et eût* comme un trop grand mier historien des jongleurs et des 
nombre d'artistes, abandonné Té- • trouvères. Plusieurs de ses poésies 
tude de la nature pour adopter une ont été traduites et annotées par 
manière plus expéditive. P— s. Legfand 'd'Aussy, qui n'est pas plus 
RUSTICUS (Piebre-Antoine), né exact que Fauchet, ou publiées par 
à Plaisance, vers 1470, exerça l'art Barbazan et Méon, qui ne disent rien 
de guérir et a laissé deux écrits qui de l'auteur. Roquefort parle de lui; 
ne sont bons aujourd'hui, tout au mais aux erreurs déjà commises, il 
plus, qu'à donner une idée de l'état en ajoute de nouvelles. Ainsi M. Ju* 
de la science à cette époque. On binai n'avait que très-peu de choses 
n'ouvre plus guère à présent son Eœ- à prendre dans les travaux de ses de- 
positio in Àvicennam (Pavie, 1521, vanciers, qui ne savaient à peu près 
in-folio], ni son Memoriale medico- rien de la vie de Rutebeuf, sinon 
rum canoniee prœdieantium (Pavie, qu'il avait été poète. Les œuvres da 
1517, in-8^); et nous conviendrons vieux trouvère lui ont fourni quel- 
volontiers que l'on n'a pas tout à fait ques traits généraux dont il a tiré an 
tort. B— N— T. heureux parti. Rutebeuf ne noua^ap- 
RUTEBEUF , célèbre trouvère prend pas précisément dans quelle 
du XIII" siècle, dont M. Jubinal a province il est né.. On peut croire 
publié, en 1839, une bonne édi- qu'il était de Paris ; au moins est-il 
lion, avait été jusque-là complété- certain qu'il a habité cette ville; on 
ment oublié par les biographes et la en trouve la preuve en maint endroit 
plupart des historiens. Malgré la de ses écrits. Il était. poète de pro- 
grande réputation dont il a joui de fession, c'est-à-dire jongleur ou trou- 
son vivant, dit à cette occasion un vère. Ses vers avafent un succès im- 
critique judicieux, malgré son talent mense, qu'il atteste lui-même avec 
incontestable, malgré le nombre as- un naTf et légitime orgueil. « On di« 

LMX. ^^ 



tio 



RUT 



râit, s*ëeri6-t*il« que je suit prêtrCt 
eer je laie plus siguer de têtes que si 
je chantais ëTangile. Mes mer? eîlles 
arrachent des signes de croix dans la 
Tille; et on doit bien les conter aux 
Teillëes^ cer elle sont sans rivales. • 
11 comptait parmi ses protecteurs 
saint Louis, le comte de Poitiers, 
Thibaut V, roi de Nayarre, le comte 
de Nevers, et la reine Isabelle de Na- 
fàrre, oui lui commanda la fie de 
sainte Blisabeth. 11 prit trop v if e- 
Ment le parti de TUnifersité contre 
les jacobins, pour croire qu'il ne lui 
•n refint pas quelque profit; car il 
dit expressément dans la pièce inti- 
talée : La mcrt RuOêbmf: 

JV fel riaiM et j*ai chaoté 

Sw \m «as por ■«• aiutr»» pli»** 

Or, il est à remarquer que, dans ce 
qui nous reste de ses polies, il n*est 
raisonnablement possible d*appliquer 
cet deux fers qu*à celles où il fait une 
satire des jacobins et des cordeliers. 
Recherché pour|soa talent, qu*on ad- 
mire encore aujourd'hui, il contri- 
buait à réclat et aux joies des festins 
par rharmonie de ses chants, qui lui 
étaient, sans aucun, doute, payés par 
les pr^nts d'usage. Malgré tout 
cela, il Hit constamment pauvre. On 
pense qu^il s'était marié deux fois ; 
du moins, lorsque dans la CcmplainU 
itâtebmfW parle de sa femme, il la 
désigne en disant qu'elle est sa der- 
nière, OUI fam€ darrtmère. Il était 
si misérable lors de ce second ma- 
riage, qu'il s'écrie douloureusement 
dans la même pièce ; DUx nia fit 
coMfOtjfnoti d ioh; puis il ajoute : 

DtTtMi Uestr« dMit hùm iréoie, 
Nil ToUojtt p«s al«r la taie 
Hé «MM eonduire. 

On comprend que, dans une pareille 
lltoatioU) il ne dut épouser qu'une 
lémae paufie comme lai« M. Jubi- 



itnr 

nal pense qu'elle était enceinte. Il te 
fonde sur ce que Rutebenf dit qu'elle 
était « povre et enlreprite,* et que 
• sa paine commença tnlufif pl«ttie.» 
Mais d'abord Rutebeuf sfapplique à 
lui-même, deux vers plus bas, oes 
mots fovrt et mUrtfris^ qui doÎTent 
nécessairement afoir dans l'un et 
l'autre cas la même acception; et 
puis quand il se sert de cette expres- 
sion: en Urne plaine, c'est pour faire 
allusion, non pas à l'état de sa fem*. 
me, mais à rinfluence de conserf ation 
et -de durée qu'on attribuait, qu'on 
attribue encore au moins dans quel- 
ques pays, à la pleine lune. Il vent 
dire que son malheur se wnserxa 
bien, qu'il fut très-long; et, en effet, 
il en trace deux ou trois fois le plus 
triste tableau. Il dit, dans la F»rrrli» 
RMiehiuf, que - le chier tems et sa 
mainie qui u'est malade nefainie, ne 
lui ont laissié deniers ni gage.* ail- 
leurs il se plaint de ce que son Ut n'a 
que la paille, et que la nourrice, k 
qui il ne peut dunuer de l'argent , 
le menace de renvoyer son enfant 
Waire à la maison. Enfin, pour don- 
ner une idée plus complète dosa mi- 
sère , il dit que la destruction de 
Troie n'a pas été plus entière que la 
sienne. M. Jubinal explique cette pro- 
fonde détresse par une première 
cause que Rutebeuf indique lui-même 
très-nettement, quand il dit à saint 
Louis : 

Et tas, bottn roi, en dem toiage* » 
ll*atex booe gent esloigoié \ 

ce qui signifie que les croisades 
avaient éloigué ses protecteurs, ceux 
de qui il avait coutume de recevoir 
des présents. Paresseux , ivrogne et 
joueur , il perdait au jeu ou dissi^ 
pait dans l'oisiveté et la débauche 
tout ce qu'il gagnait par son talent. 
Ne niHis apprend-il pas, en effet, qu'il 



, RtîT ROT ^il 

Ae 16 le? lit point matiii , à moiiis grand intérêt hi»t6riqu«. Cqf^udant 

que oe ne fût pour jouer? N'et^oc pas on y trouve quelques détails nou- 

de lui-même qu'il dit : veaux sur le comte de Poitieia, sur 

Or, sachiez qae guère de pensse Thibaut V, roi de Navarrc, sur GeciK 

Où aéra prisé sa despeosse? froy de Sargines, sur Guillaume de 

Dans la lection d'ypoeritU et d-umt- Saint-Amour, et aussi sur les maurs 

lité. il raconte qu'il avait tant bu et les usages de son époque; Rn- 

d'un vin « dont Dieu avait planté la t****", dit très-bien M. Jubinal, a 

vigne,, qu'il en roula par terre et Pl"» de conforimtéavecles poètes de 

s'endormit aussitôt. Quand il ren- '« Prem»*re nioitié du XlUe siècle 

contra Chariot et le barbier, il allait «!"«»" "f" **" '" 'f °"*''' " '?" 

met devers l'auçoirroisSaintGer- "'»'>'« P'"? aux chansonniers da 

main. Le jeu était sa passion la plus ^omfln«ro/ranpaw qu'aux écrivains 

ardente. Dans la grierehe d'yver, il ••" '^S»* ^"^ Phihppe-le-Hardi. . Sa 

s'écrie avec douleur : ?«°*<^«' «" «/f ' P"""!"* ^""J°«"» 

juste, souvent heureuse, est rendue 

Mwrî^tt^r.:::! t^t «'«^ netteté ; son style est abondant, 

Li dé m'ecient; * mais ferme; son vers se distingue 

Li dé m'aguètent et épient; par uue ëlégauce uaïvo et une facile 

Li de m assaillent et défient. i»«««««;^ ^.«^i j 

harmonie. Quelques-unes de ses 
Ainsi, quand Rutebeuf dit que Dieu pièces ne manquent pas d'un certain 
lui a enlevé d'un seul coup tout ce art, dans la* combiniMson des rhyth- 
qu'il avait, on peut croire que ce fut mes. 11 a plus d'esprit que d'imagi- 
d'un coup de dé. On ne sait pas d'une nation, plus de causticité que de 
manière précise la date de sa nais- force. Plein de malice et de gaîté , 
sance, ni celle de sa mort*, mais ce il ne laisse jamais passer l'occasion 
que M. Jubinal a parfaitement établi de placer un trait piquant ou une 
par un examen attentif de ses poésies, ingénieuse saillie, même* quand il 
c'estqu'il vivait dans la seconde moi- trace le tableau douloureux de sa 
tiéduXlIl« siècle, et que le plus grand pauvreté, qu'il raconte les tristesses 
nombre de celles de ses poésies qui de son second mariage. Mais il abuse 
nous sont parvenues ont été écrites aisément des dons qu'il a reçus de la 
de .1255 k 1270. Les œuvres de Rute- nature, et un* défaut apparaît à côté 
beuf se composent : !<> de poésies de chacune de ses qualités. S'il écrit 
qu'aujourd'hui nous appellerions in- avec facilité, il se répète avec étour- 
times, car elles ne%traitent que de derie; pour être spirituel, il lui ar* 
lui, de ses pensées et de ses mal- ,ive quelquefois de tomber dans la 
heurs ;2«-de complaintes sur la mort niaiserie ou dans l'impiété, et sa 
de quelques grands personnages de gaîté s'épanche souvent en absur- 
l'époque ; 3<> de dits ou dictiez sur les dite. Rien n'est plus fatigant que ses 
croisades; 4o de satires contre les insipides jeux de mots 6ur son nom : 
moines et contre les mœurs du siè- 
cle ', 5<» de cçntes ou fabliaux ; 6» en- ^^' •** ^'y^' ^""^^ '^ **« *«*"'• 
fin, de poésies religieuses, parmi les- L'allégorie commence à paraître dans 
quelles il faut distinguer le Miracle ses vers religieux, et c'est par 1^ sur- 
4eThéophHeet\àVi6desairUeÈli^ tout qu'il se rapproche des poètes 
iabeth. £lles ne présentent pas un du XIV* siècle. Mais ses personnages 



T RUT 

» m )1 pas ptnpriinlés perdu- Cette trsdaction est d'une U- 

s sabiiiiiës d'une galante- tinilé exquise. Rubukenius en a doo- 

irétentieiise; ce sont les vices et né une excellente édition, Leyde, 
rertus; c'est aire orguex, c'est 1768, iu-S», Bvecles livres de deux 
.'le «?arice, c'est Inxure çtii la autres rhéleurs, cités par Vossius, et 
(Mro6«, c'est humilité, la rour- qui araient traité le même sujet 
e,(tébonnaireté et largesse, niê« {ÀquUa Aomiiniu et Gali'ut flu/ï- 
Hlié. Ses MMctères, tracés avec nianus), édition reproduite et ang- 
le, sont semés de traits Uns et uientée par Froischer, Leipzig, 
iîuels où le bonheur de l'exprès- I84t, iQ-S°; et néanmoins ce traité 

, s'allie il la justesse de la pensée, est encore loin d'obtenir l'attention 

œuvres de BulfJjeuf méritaient et l'étude ipi'il mérite, comme un 

n les arrachât à la poussière de des monuments de lâge d'or de la 

bibliothèques, et l'on doit des littéralure latine. D— h-e. 

erclments à M. Jubiual, qui ne RUTSTRO.M(CiiABLES-BifiGEii>, 

■i point laissé effrayer par les dif- médecin, de l'académie des sciences et 

ultés. U avait foi en ses )tropres decelledesbelles-Iettirs,d'histoireet 

ces^ il savait qu'il trouverait en des antiquités suédoises et de plu- 

-même tout ce qu'il faut de saga- sieurs sociétés sarantes, naquit le 

.m>é el d'^oâitton pour tissembler 33nov. ITSS, à Stockholm. Son père 

lespoéaics éparses d'un jongleur du était docteur en théologie et pu- 

-XIU* siècle , pour faire choix des tcur. Les premières études dn jraoe 

es les plus corrects et les plus Rutstrom furent confiées aux soins 

l>|eta, pourenëelaircirlesot>scu- d'un précepteur jusqu'en 1T73, où, 

...dt. et en tirer d'utiles notions ayant acquis des connaissances suf- 

foat l'histoire de la langue et de la fisantei pourentrer dans l'université 

Ulléralure françaises au moyen Ige. dlJpsal, jl quitta le foyer paternel, ' 

Celte édHion a paru sous ce litre : se rendit k Upsal et s'y prépara à su- 

O^twm eoa^te» de Jhtleku/', re- bir, en 1786, les examens de doc- 

«neillies et publiées par Achille Ju- teur en philosophie. Les langues 

binai; Paris, 1839, S.vol. in-8°. Z. modernes attJrÈrentd'abord son al' 

RGTILI08 LUPUS est un rhé- tenlion , et ses progrès eilraordinai- 

beur latin antérieur à Quintilien , res le récompensèrent de la persévé- 

lu le cile avec éloge. L'époque pré- rance qu'il y avait mise. La philo- 

t de sa naissance et celle de sa sophie.les mathématiques et la pbjr- 

t ne nous sont pas plus connues sique furent ensnite son occupation. 

■s circonstances de sa vie. Nous 11 consacra aussi une partie de son 

seulement que, dans sa^eu- temps à l'histoire naturelle, et en 

I a pu voir et connaître Ci- ITSOet lT88,il entreprir, avec quel- 

la fin de sa carrière; qu'il quesautresjeunesnaturalistes, deux 

rec Gorgias , d'Athènes, le voyages en Laponie, pour y faire des 

loquencedulilsdecegrand recherches, scientifiques. La litté- 

i qu'il 1 traduit en latin le rature ne fut nullement négligée , 

t figures de pensées et de et il y fit tant de progrès que l'aca- 

M figwU itntentiarum et demie des belles- lett res , d'histoire 

i». me ce.mCme Gorgias et des antiquités lui décerna, en 

■ec, et qui s'est 1769 et ITHO» les premiers prix pour 



^ 



RUT RUT 218 

des inscriptions et des projets d'em- tanid argummtiy Hardenvyk, 1 793* 
blêmes. Enfin Tacadémie des scien- II. Spidlegium plantarum crupto^ 
ces de Stockholm lui accorda , en gamarum Sueciœ^ Abo , 1794. III» 
1791, une bourse pour faire un Observations sur un ouvrage iiili** 
voyage dans les pays étrangers. Ce tulé : Minutes and cases of canetf 
fut dans ce voyage qu'i^ se décida anà cancerous tendency, succesfiUly 
à ^prendre comme but principal de treated hy M. Sam. Joring, Stock- 
se's études la médecine étPhistoire hoimAY. Projet demédaillesd lamé- 
naturelle. Il visita successivement moire des rois de Suède de la famUU 
le Danemark, rAllemagne, la Hol- de Birges Jarl, et des événements r«- 
lande^ et séjourna dans ce dernier marquables qui se sont passés pen^ 
pays à flarderwyk , où il reçut en dant le règne de ces rois. Y. Proja 
1793 le grade de docteur en méde- d'uneinscription sur le tombeau d'Ér- 
cine. Il se rendit ensuite en* An- rie XIV, pour lequel l'académie des 
gleterre, où il passa un an. De belles-lettres, d'histoire et des anti- 
retour dans sa patrie, il fut nommé quitéslui accordaleprix en 1789. VL 
en 1 79i démonstrateur de botanique Projet de médailles à la mémoire des 
à l'université d'Abo ; mais, choisi hommes célèbres pendant Vdge de 
comme secrétaire de la société pa- Charles XI, qui lui valut aussi une 
triotique , il revint bientôt à Stock- distinction flatteuse de la mémeaca-/ 
holm. Frappée des beautés qui écla- demie. Il a publié en outreune foule 
talent dans tous les ouvrages poéti- de brochures et d'écrits périodiques, 
quesde Rutstrom, et principalement qui portent tous l'empreinte de son 
dans la traduction de la fable de génie observateur. B— l— m. 
Phaëton , des Métamorphoses d'O- RUTTER (William ) , voyageur 
vide, l'académie suédoise, voulant anglais, fut employé, en 1562, dans 
s'approprier ce génie* supérieur, le un voyage pour lequel on avait d*a- 
nomnia un de ses membres en 1812. bord désiré Lok. Celui-ei s'y étant 
Dans le courant de la même année, refusé, Butter partit de Darmouth le 
le roi lui donna la place de secré- 15 février,* sur le Mignon, vaisseau 
taire de l'académie d'agriculture ; excellent qu'avait monté Towtson 
deux ans après il lui conféra le titre de dans un de ses voyages. La naviga- 
conseiller de médecine, et en 1818 tion fut heureuse et rapide jus- 
Butstrom reçut la décoration de l'or- qu'au 3^ avril, que l'on fe trouva m 
dre de l'Étoile-Polaire. En 1820, il port de la rivière de Sestos, au delà 
fut nommé secrétaire de l'académie du cap Vert. Un vaisseau français y * 
des belles - lettres , d'histoire , ' des était arrivé depuis trois jours. Les lois 
antiquités , et chargé des fonctiqps du commerce voulaient qu'il chargeât 
d'antiquaire et de garde des médail- avant les autres ; mais la loi du plus 
les du royaume. Le collège de santé fort, si souvent prépondénuite, l'em- 
l'admit dans son sein en 1821, com- porta encore ici. Butter, comman- 
me membre honoraire. Butstrom dant deux bons vaisseaux, obligea le 
mourut le 13 avril 1826, âgé de 68 capitaine français de se rendre à son 
ans , laissant plusieurs ouvrages bord, et lui enjoignit de se reposer 
scientifiques et littéraires , dont les pendant huit jours, afin de laisser 
principaux sont : h Positiones non- ' a\ixlL\i|^ViÂ%\«k\^ÈûW\^^^«®«Bww^* 
nv^lœ phyêiologim , medici et 5o- Bu efet»iX% ^v>^V>st^\sX>»v«^^'^'^^ 



SM ROT RDT 

•btcnea ; un des deux ▼atiteaiiz oou' raient des flèches empoisonDéet • 11 y 
rat même ailleurs prendre les de* eut plusieurs Anglais blessés dans ce 
TMits. Mais les Français furent en eombat.mais le capitaine nègre y fat 
quelque sorte Tengés des prétentions tuéd'un coup de pique« et ses hommes 
des Anglais par la manière dont les repoussés. Sans le mauvais état où se 
Portugais leur donnèrent ensuite la trouraient les bâtiments et les gens 
chasse. Butter* obligé de s'éloigner, de Téquipage, on eût le lendemain 
se tronf a sur le point d'être resserré fait approcher le canon pour tirer une 
entre deux raisseaux de cette nation ? engeance éclatante de cette perfidie, 
et le fort de la Mina, d'où l'on n'eut Mais le ressentiment fut sacrifié à des 
pas manqué de le foudroyer. H n'é- nécessités plus pressantes. Il fallut ré- 
chappa même à ce danger que pour venir après avoir accomplis^ mission, 
tomber dans un autre ; car, s'étant et Rutter ne fit plus d'autres courses, 
approché de la ville d'Équi, appelée. Il mourut dans sa patrie vers la fin 
dans les relations anglaises , ville du XVl* siècle. M— li. 
de Don-Jean, parce qu'un gouver- RUTY ( le comte Chablbs* 
neur de ce nom y avait long-temps Étiennb-Fbançois), général d'artil- 
commandé, il y fut attaqué à diffé- lerie, naquit en 1774, à Besançon; où 
rentes fois par les Portugais, et son son aïeul était trésorier du roi pour la 
vaisseau en fut si maltraité, qu'il pa- province de Franche - Comté, sous 
raissait hors d*état de rendre dans, la Louis XIV . Il fit ses premières études 
suite de grands services. On remar- dans cette ville, et les acheva à l'école 
qna cependant qu'il tira un assez d'artillerie de Châlons, où il entra, 
grand protitde son voyage. Les armes premier de promotion, en 1793.11 
des Portugais n'avaient pas été les en sortit dès l'année suivante avec le 
seules dont les Anglais eussent souf- grade de 'lieutenant, et fit en cette 
fort. Pendant qu'ils étaient aux envi- qualité les premières campagnes de la 
rons de la rivière de Sestos, un capi* révolution dans le 2« régiment d'ar- 
taine nègre se présenta à eux sous les tillerie à pied. Il était capitaine lors- 
apparencesde l'amitié, et fbt très-bien qu'il suivit Bonaparte en Egypte, où 
reçu à lebr bord. Mais pendant la il fut nommé chefde bataillon et reçut 
nuit oe nègre vint avec quelques uns un sabre d'honneur après la bataille 
de ses gens enlever une assez grande des Pyramides, dans laquelle il s'était 

* quantité de qiarchandises ^ui étaient distingué. Il prît part ensuite à toutes 
restées dans lachaloupe. Il fut aperçu les opérations de cette mémorable 

* trop tard, et Ton ne put ni rattraper expédition. Revenu en France après la 
lermarchandises, ni s'emparer de sa capitulation, il obtint le grade de co- 
personne. Le lendemain les Anglais loj^ef et fut successiveuient comman- 
deseendit'ent à terre poiir obtenir dant d'un r^iment, chef d'une direc- 
restitution de gré ou de force. Ils ne tion dans Tintérieur, ou dirigeant les 
reluirent pas mieux par ube voie que parcs d'artillerie à la grande-armée. 
par l'autre. Le chef nia Taccusation, Employé en 1807 dans la pénible et 
i*eh plaignit comme d'un outrage; sanglante guerre de Pologne, à Eylau, 
et quand les Anglais semblèrent à Friedland, il se fit partout remar*-* 
disposés à foire éclater leur méoon- quer par sa valeur, sa haute capacité^ 
isntement, il fit paraître cent petites et reçut en récompense le grade de 
bafques remplies de nègres qui ti- général de brigade. Appelé en Espa- 



RUT RUT M 

gne aussitôt après la paix de Tilsitt, méiiM drapeau les guerriers qui 
ayant à lutter contre une nation tout étaient restés attachés à la cause de 
entière^ dans un pays difficile, il eut la monarchie et ceux qui avaient 
besoin de toute son habileté, de toute servi la révolution. Dans une mission 
son expérience pour suppléer au dé- aussi difficile, il justifia tout ce qu'on 
faut de moyens matériels, et créer des s'était promis de son habileté, de son 
munitions et des approvisionnements excellent esprit ; et le succès qu'il ob> 
qui manquaient partout. C'est alors tint le signala dès lors à là confiance 
qu'il inventa un excellent obusier du roi. Revenu dans la capitale, il 
qui conserve son nom. Tous ces per* concourut' aiix longs travaux d'une 
fectionnements, ces importants servi- commission chargée d'asseoir jes ba^ 
ces le firent remarquer encore davan- ses de notre systèooe de défense, que 
tage, et il reçut le grade de général vingt ans d'abandon et deux inva- 
de division, qui lui fut donné en 1818, sions avaient légué à- la Restauration 
lorsque Napoléon, refoulé sur la dans l'état le plus déplorable. Ces tra- 
France, se vit contraint d'évacuer la vaux spéciaux et quelques autres 
Péninsule et de rappeler aupfli^ ^e plus particuliers au service de son * 
lui tous les débris de tant de forces arme ne pouvaient suffire à son acti- 
qu'il y avait envoyées. Ruty remplit vite. Admis au conseil d'État, et suc- 
alors les fonctions de chef d'état- cessivement placé à la tête de la di- 
major, puis celles de commandant de rection des poudres et salpêtres, ii 
l'artillerie de la grande - armée, et prit une grande part aux affaires de 
reçut le titre de comte. C'est dans l'administration publique, et sut ap- 
cette position que le trouva la Restau- porter d'utiles perfectionnements aux 
ration. Cette ère de stabilité et.de diverses branches du service qui loi 
paix, succédant à vingt-cinq années fut confié. Conseiller d'État, il io- 
de guerres et d'agitations, semblait prima au comité de la guerre, dont il 
ne laisser à ce général, comme i^ ses était le président, cette jSixité de prin- 
compagnons d'armes, que la perspec- cipes et cette régularité d'action que 
tive d'un honorable repos. Mais- avec commandent si rigoureusement les 
un esprit etdes connaissances égale- matières de législation. Tous cesutiles 
ment propres à toutes les fonctions, travaux fixèrent de plus en plus l'at- 
la situation de la France lui offrit tenlion sur le comte Ruty. Le minis- 
une nouvelle carrière. Homme de ca- tère adopta en 1821, sur sa proposi- 
binet aussi bien qu'homme de guerre, tion, une méthode extrêmement sim- 
il embrassait avec la même facilité plé et facile pour le contrôle et l'in- 
les sujets militaires» les intérêts po- spection des finances du royaume.Une 
litiques, les affaires les plus compli- commission fut établie pour surveiller 
quées du gouvernement. La haute cette opération, et le comte de Ruty, 
opinion qu'on s'était formée de sa qui en fut le président, a conservé 
capacité et de son caractère le fit jusqu'à la fin de sa vie ces hantes 
désigner pour une mission délicate et fonctions. Sa méthode est encore sui- 
qui exigeait beaucoup de sagesse et vie au ministère des finances, et les 
de mesure. 11 fut choisi pour essayer. Anglais, qui l'ont adoptée, en recueil- 
de concert avec les chefs de la Yen- leut aussi de grands avantages. Toutes 
dée, Suzauiiet, la Rochejacquelain ces améliorations, ces perfectionne- 
et d'Autichampv de réunir sous le ments» placèrent ce général dans une 



M RUT . HOY 

potitkm trèl-ëlevée. Il fut «nommé Rojrr, qui paraît! avoir joui d'une 

pair de France, et plusieurs fois on aisance suffisante pour satisfaire 

parla de lui confier le portefeuille son penchant à la bienfaisaiice| lui 

de la guerre; mais d*une abnégation, . donna pour précepteur Jean Wi- 

d*un désintéressement Téritableinent riot, qui fut aussi chanoine de 

antique, il repoussa toujours les hou- Saint-Dié. Ce* maître dirigea avec 

aeurs que tant d'autres recherchent, succès l'éducation de son disciple, 

Dans les derniers tëpops de sa vie, il qui, très-jeune encore, s'appliqua à la 

bisait partie d'une espèce de conseil po^e et composa , outre des vers 

auHque, créé pour la direction des profanes, qu'il abjura plus tard> une 

alRiirai militaires, sous le nom de pastorale ou bergerie sacrée, qui fut 

eanstil iupérieur de la guerre sous imprimée, nous dit-il lui-même, mais 

la présidence du Dauphin. Mais ses qu'aucun bibliographe, à notre con- 

forées épuisées par tant de guerres naissance, n'a mentionnée. Ces essais 

et de pénibles travaux abrégèrent ses' poétiques restés inconnus , et d'au- 

jours. Il succomba le 24 avril 1828, très dont noiis citerons le recueils ne 



' après avoir rempli d'une manière lui avaient pas fait une grande ré- 

très'édifiante tous ses devoirs de pûtation. Il ne doit celle qu'il a ob- 

religion. C'était, dans la véritable tenue qu'à un trayait sur les antiquî- 

acception du mot, un homme de bien tés du pays , travail précieux qui ne 

ei de haute capacité. Un éloge fiit se recommande point, il est vrai, par 

prononcé sur sa tombe par le gé- un style élégant et une critique ri-- 

néral Vallée, et à la chambre des gourèuse, mais fort intéressant sous 

pairs par M. Dode de la Brunerie. d'autres rapports. Jean Ruyr, qm vé- 

Son buste, coulé en bronze,, a été eut toujours en parfaite intelligence 

donné par sa famille aux bibliothè- avec ses confrères du chapitre dont 

ques de Dôle et de Besançon. — Un il fut dignitaire, et dont il mourut 

, frère du comte Ruty, conseiller à la doyen, se fit aussi beaucoup d'amis 
cour royale de Besançon, mourut tant en Lorraine que dans diverses 
en 1826. M — d j. parties de la France. Plusieurs d'en - 
R€YR (Jean), antiquaire de la tre eux le célébrèrent, dans des 
Lorraine ,. fut successivemetit se- pièces latines et françaises insérées 
crétaire, chanoine et çhant^ du chà- dans ses ouvrages. Quand il pu- 
pitre de Saint -Dié. llni^iuit en blia le dernier , en 1625, |il se di- 
1560, suivant Chevrier (l)f li Char- sait dans le décours der l'âge; mais 
mes-sur-Moselle, dans la dernière nous ne savons pas au juste jusqu'où 
moitié du XVI' siècle, et ne mé> il poussa son honorable carrière, 
ritait pas l'oubli dans lequel l'ont Chevrier le fait mourir en 1645 : 
laissé nos principaux dictionnaires „, ^____. 

historiques. Il appartenait à une ^,^^^,, ^„ ^ Henri Lepage. Naaey. 

famille respectable, dont quelques Peiffer, 1843, a vol. gr. m^«, art>/api^«/, 

membres ont COnmie lui cultivé *' La chapelle oa plutôt l'églûe du coaveQt 

■ . ^^mmAâ^:». Ji^. _:* !__:' • 




Votgei. 

(a) On pooitait dire : «tUi arts, d'après - mire encore deux vitraux sabsistant à nne 
!• paiMge 'iaiTant de l'intéressante et eu* fenêtre dn chœur: l'un d'eax représente l'çf- 
rieuse Statittiquê du ddpartêmtnt de la Utur^ figie du duc Antoine. « 



RUY RUY 217 

cette date se noas paraît >as cer- latin, Troyes, J. Oudot, 1504, petit 
taine. On a de Ruyr : I. Les Trions in-8»^ Cette histoire du fondateur de 
jphes de Pétrarque, mis en verefran- Tinsigne église collégiale de Saint- 
çoispar forme de dialogues ^ avec au- Dié a été écrite dans le XI* siècle par 
ires Meslanges de diverses inven- un religieux dont le nom est.ignoré. 
lions» Troycs, Cl. Garnier, 1588,. Le grand-prévôt de Riguet en a ré- 
petit in-8'' , Yolnme peu commun, futé quelques passages dans ses Mé- 
« Ruyr, dit Tabbé Goujet, entendait moires historiques pour la vie de 
bien la langue italienne, mais sa Ter- sahit Dié, imprimés à Nancy, chez 
sion n'est nullement littéi'alê, et il y les Chariot, en 1680, et réimprimés 
a beaucoup ajouté du sien. Sa versi^ à la fin de son Système chronologique 
fication est moins mauvaise que celle des évêques de Toul, première édi- 
du baron d'Oppède (qui avait traduit tion, Nancy, P. Barbier, 1701, in-Ô». 
les Triomphes avant lui), son style IH- Première partie {seconde et troi- 
^ est 'plus aisé et son expression sième) de la Recherche des sainctes 
moins barbare. » Nous renvoyonsi à antiquités de la Vosge , province de 
la Bibliothèque de Dom Calmet et à la Lorraine , Saint-Dié , Jacques Mar- 
BibliothèquefrahçaisedeGoujetpoùr lier, 1625, les trois parties en 1 vol. 
le détail des différentes pièces qui petttin-4Sornéde5flg.,dont Ssont 
composent les Mélanges (3). Nous di- généralement attribuées à Caliot. Le 
rons seulement qu'on y trouve .la nom de ce célèbre graveur donne da 
traduction ou plutôt une imitation de pnz ^ cette édition, qui est rare, mais 
l'élégie d'Ovide, de Nuée, et que, du reste extrêmement mal exécutée 
dans une espèce d'ode ayant pour ti- ^t remplie de fautes : aussi, Ruyr en 
tre : Palinodie des premier^ escrits fut très-mécontent et en supprima , 
de Vautéur^ le bon Ruyr invoque dit-on, autant qu'il put les exemplai- 
toutes les divinités du paganisme 1*^^. Il en donna une nouvelle, revue, 
pour les solliciter d'anéantir les vers corrigée et augmentée, sous le titre 
profanes de sa jeunesse, et finit par 4e Recherches des sainctes antiqui- 
ce VŒU dont les expressions sont as- tés de là Vosge , etc.» EspinaU Amr 
sez singulières : broise et Cardinet, 1633, trois par- 
Jésns soit mon art studieux. tics iu-é» ; Cardinet seul, sans date. 
Le clou de aa deztre ma pinm>, Ambroisc seul,-avec uu titre gravé 

Mon ancre son sang prétieux, ^^^^ ^^ jg34 g j rubrique 

Et sa sainte croix mon Tolnme, etc. , ,„ ', ,••«** «i«** 

. de Troyes , Jacques Febvre (1693). 

II. La vie et histoire de saint Dié, ces quatre sortes d'exemplaires ne 

evesque de iyet?gr^, etc., traduite du diffèrent que par le titre. On paraît 

f^\ D.,-,- ï * ' J J 1» préférer ceux qui ont ce titre gravé. 

(i) Parmi les autres poésies de Ruyr on î, ,, ,^ .,... " .^ 

remarque un sonnet au cardinal de Yaude- ^^ttC SCCOnoe édition , SanS être 

mond (p. io5) sur u succès de la Saintê-Li^ cxcmptc de fautcs, vaut infiniment 

miC iTZ^î:;:V« SSili*t7.!^t! •»«« ««« •» P'^-Ji^re. et n'est p» 

Jean Ruyr ne figure cependant pas dans I^Oins difficile à troUVCr (4). Nons 

cette Bibliothèque, ni dans celle de Du ver- i 

dier. Le même Lacroix du Maine , sacrifiant (4) Comme on peut bien le présumer, les 

au goût puéril de son temps, avait trouvé pieuses légendes du moyen-âge occupent 

dans les noms de Jean Ruyr l'anagramme une grande place dans les Sainctes Antiqui- 

de Bf Uranie, Chacune de ces lettres ter- tèsf mais, à côté des mouoments multipliés, 

mine les vers latins qàe le .poète eAaniMAM des croyancef.npiTM de nos pcves, on j 

lui adresse. L— ii*-z. troOTe dés reBM%Bfments très-corieux sur 



S18 RUT RUZ 

pensons, atec D. Calmet, qu'il 8*eq D. Calmet a vainement recherchés, 

fuit beaucoup que l'ouyrage de Ruyr et dont il ne noa& resterait rien si 

soit parfait, mais qu'il est utile et nous Rqyr jes avait igaorés ou négligés. • 
apprend une foule de particularités B — l— u. 

sur les temps anciens des églises et RUZÉ (Arnould), d'une famille 

des monastères de la Lorraine , et si ancienne qu'on Ta fait remonter 

particulièrement des Vosges. On ju- au temps de saint Martin (1), était pe- 

gera de sa valeur historique par les tit-iils, ou, suivant d'autres» petit-ne- 

ligbes suivantes que nous emprun- yen de Jean, second maire connu de 

tons à un livre très-curieux (5) ré* Tours, et naquit en cette ville vers 

cemment publié par un savifnt ma- liSO. Il étudia le droite entra dans 

gistrat nancéien. • Ai^ourd'hui que l'état ecclésiastique, et fut successi- 

les archives de Saint-Dié,deSenones, vement conseiller au parlement dt 

d'Étival et de Moyenmoutier ont été, Paris, en 1518, et abbé de Notre- 

ponr quelques écus, livrjées à la dis- Dame-de-la- Victoire en 1520; puis il < 

persion par des vandales qui n'ont se fiiaà Orléans, où irdevlnt cha- 

pas, comme ceux de 1794, le fana- noine et écolâtre de la cathédrale, 

tisme politique po'«r excuse, et que Docteur et chancelier de l'université 

des mains ignorantes en ont détruit de cette ville, il y profeissa le droit, 

Ui majeure partie, on comprend com- et particulièrement le droit cauoni- 

bien l'histoire de notre pays est re- que , dans lequel il était très-fort, 

devable à cetulqui le premier a puisé Oii croit qu'il y mourut vers 1541. 

à ces sources et donné en Lorraine II avait composé, en latin un Traité 

ie premier exemple d'explorations du droit de régale , un TraUé des 

que plus tard les Biguet, les Benoît mandats apostoliques ^ et un autre 

Picart, les Hugo et les Calmet ont sur la prééminence et la juridiction 

utilement poursuivies dans les char- des archevêques} mais, quoiqu'on 

tes monastiques de la contrée. Mais l'en eût prié à plusieurs reprises , il 

ce qui surtout fait le mérite de Pou- s'était toujours refusé à les publier, 

vrage dont il est question» c'est l'em- Philippe Prudhomme ( en latin Pro- 

ploi et l'indication de documents que *«*» ) ♦ jurisconsulte et ofBcial d'A- 



Torigine et les progrès des institutions e\4' quet sitr Us eommeneêments de l'imprimerie en 

ricales qui contribuèrent à la civilisation Lorraine, et sur ses progrès jusqu'à la fin du 

d'nn pBj» presque sauvage. Dom Calmet X^/l««Mc/e,par M. Beaupré, vice-président 

{Catetlogue des ietipuius de Lorraime y p. du tribunal civil de Nancy, membre delà So- 

XCYUX, à la tête de son Histoire) observe ciété des sciences , lettres et arts de cette 

m que Fauteur était diligent et de bonne foi, ville, correspondant de la Société royale des 

et qa*il avait en main bon nombre de ma- antiquaires cfe France et de plusieurs acadé- 

Bucrits' et de pièces qni ont été perdues mies, Saint-Nicolas-de-Port, P.Trenel, xS45, 

depuis ce terops-là, pendant le malheur des in-8o de yiix et 54a pages. L'anteur de cet 

SuMTes. » Kuyr a donné lui-même, à la fin ouvrage curieux est connu pard*autres pro* 

e ton ouvrage, l'indication des livres im- dnclions historiques, bibliographiques, ar- 

priniéa et des manuscrits qu'il a consultés, chéologiques, etc., non moins remarquables, 

et l'im remarque |>armi ces derniers un dont plusieurs sont enregistrées dans la 

certain nombre de poésiesqui ont été anéau- dernière édition de rexcellent Manuel de 

lies on dispersées depuis l'époque où dom M. Bkunet. 

Calmet écrivait, sans parler des archives des ( i) Les amis de la famille Ruzê la faisaient 

plas célèbres abbayes, telles que Saint- Ar- descendre d*un habitant dcTonn, que Snl- 

ttoaU, Gorze, Saint-Denis, etc., que rautenr pice Sévère , dans la Fie de saint Mattin , 

•fait anssi interrogées. L— m — x. nomme Ruricius, d'où , suivant eux, dérive- 

{S) Rëekwdkêi Ësiariques et bibliogrmpki' rait Ru^eusi mai» fl att permis d'en douter. 



KVl 

miens , qui les avait lus et les apprêt 
ciait,Ies enleva du cabinet de l'au- 
teur, 'les fit imprimer, et adressa à 
Ruzé une lettre remplie d'éloges, 
dans laquelle il s'excuse de son in- 
discrétion. Voici le titre qu'il donna 
à cette publication : Opéra egregii 
et eminentis viri, utriusqueeengurœ 
professorii , Domini Àrnulphi Ru- 
zei , etc. Tractatui juris regalio- 
rum; Tradatus de mandatit apoi- 
tolicis ; Tractatuê de subiimi arcM^ 
prœmlum statu et conditione , deque 
singulari in mffraganeos junsdic- 
tione, et metropoliticœ sedis prœ- 
rogativa, Paris, 1534, in-4o. Le 
Traité.de la régale de Ruzé fut réim- 
primé avec un supplément de Pro- 
bus, Paris, 1542, in-4''; ibid., 1551 , 
in-8% avec deux autres traités sur 
le même sujet, par P. Bertrand, 
cardinal et jurisconsulte du XIV* 
siècle (voy. Bertrand, IV, 373). Il 
a depuis été inséré dans le Tractatus 
tractatuumjuris, publié par Ziletti, 
Venise, r584-86, et dans la Praxis 
ieneficiorum de Rebuffi, Paris, 1664, 
in-fol. (voy. Rebuffi , XXXVU, 208, 
et Fr. Ziletti, LU, 339 ). F— t— b. 
RUZÉ ( Guillaume ) , parent du 
précédent, était fils de Guillaume 
Ruzé, seigneur de B|aulieu, et re- 
ceveur-général des finances en Tou- 
raine. Né à Paris ver« 1520, il y fit 
ses études , entra dans l'état ecclé- 
siastique , fut reçu docteur de la fa^ 
Gulté de théologie et de la maison de 
Navarre , puis recteur de l'univer- 
sité le 6 mai 1551. Il assista,, en 
1566 'à la conférence tenue avec les 
ministres protestants, et obtint, en 
1569, l'abbaye de l'Esterp au dio- 
cèse de Limoges. Nommé à l'évêché 
de Saint-Malo , il n'était pas encore 
sacré, lorsqu'il fut transféré à celui 
d'Angers, devenu vacant, et dont il 
prit poMession par procureur, le 29 



RDZ 



21D 



août 1572. Dès la même année il se 
trouva à l'assemblée du clergé qui 
eut lieu à Blois, et où il prononça le 
diyours d'ouverture ; puis il fut dé- 
puté aux États-généraux réunis dans 

la même ville .en 1576. Successive- 

• . • 

ment aumônier et confesseur de 
Cbarles IX et de He^ri III , Ruzé se 
démit, vers 1580^ de ces fonctions^ 
qui le retenaient trop long-temps à 
la cour, et dès-lors il s'appliqua uni- 
/{uement aux soins de son diocèse» 
qu'il gouverna avec sagesse , s'atti* 
rant également la vénération des fi- 
dèles et du clergé. Les Statuts qu'il 
donna ont été insérés dans le recueil 
in-4o de ceux d'Angers. En 1583, jil 
assista au concile de sa province, as* 
semblé h Tours sous la présidence 
de l'archevêque Simon de Maillé. On 
y dressa , à l'usage des protestants 
convertis , une profession de foi /que 
Ruzé publia en français sous ce ti- 
tre : Manière de profession de foi 
que doivent tenir ceux du diocèse 
d'Angers qui se voudront remettre 
au giron de notre mère sainti^ Église 
catholiqtÂe^ apostolique et romaine , 
Paris, 1584, in-8° ; réimprimée dans 
les Mémoires de la Ligue. Ce prélat 
étant allé à Paris pour Ies«affaires de 
son diocèse, y mourut le28 sept.1587, 
et fut. inhumé dans l'église de Saint» 
Paul.C'està luiqueScévoledç Sainte^ 
Marthe a dédié ses Cantiques de piif 4; 
voici quelques vers de la dédicace,: 

€ui donem potiut taermi, RusiEt, CcmomAf, 
Quant tibi Sacrorum Pieridumque dteus ? 

Nec mea quod paueis niteanl vmriata figwis 
Carmina , «l «jrttfma urmo sU arte eatens^ 

Ctêdiderim ideireo minus ista/atura hgenU 
Grata tibi, istorum si modo lector erû. 

On a de Guill. Ruzé une traduc-» 
tion française du Conimenitorium 
de Vincent de Lerins {voy. Viwcent, 
XLIX, 117), intitulée : PettI Traité 
de Vincent Lirinense^ françois de 
nation, pour lu térUé •! antiquité 



■ t 



Sn RUZ . RYC 

i^ i9 fi^ catholifue^ cùnire Ui prih Son frère Gaillaùme («oy. Tait 
pkami nom^eamtés de toutei héré- précédent)^ qui eut de bonne heure 
sies^ eompoèé par Vautewr^ en latin^ beaucoup de crédit , le fit attacher au 
in temp$ du amciU d:Éphè$e , emù duc d'Anjou comme secrétaire de ses 
ronlTandegrdeeCCCCXII.etdê commandements. Martin suivit le 
noiineotf miê m notre lanpte vul- duc en Pologne , après son élection 
jftftre, et adreué à Meeeeignewrs à la couronne, et revint en France 
Ict firirei durai, par G. Ruzé-, avec lui. Ce prince, qui régna sous 
iMotogien , leur aumoenier et can- le nom de Henri 111, et dont il con- 
ffiour ; à Paris, de Timprimene de serra la confiance, le nomma secré- 
M. de Yascosan , 156t, in-S*" ; réim- taire d'État pour les finances en 1588. 
primé à Lyon , en 1570 , et à Paris,* Henri IV lui témoigna la même es- 
en 1580 » chez Morel , in-8». Cette time, et lui conféra \ës emplois de 
Torsion de Vincent de Lerins est re- grànd-maltre des mines de France 
■larqnable pourPépoque; elle a sur- et de trésorier des ordres. En 1806, 
tout le mérite d'une grande fidélité, il se démit de sa charge de secrétaire 
On s'aperçoit que le translateur a d'état en faveur de Loménie, qui 
vécu dans l'intimité de son modèle , n'eut cependant que la surrivance 
et qu'il l'entend parfaitement pi lui de cette place, car Ruzé continua 
atrire une ou deux fois tout 'au plus d'en exercer les fonctions jusqu'à sa 
de ne pas saisir le véritable sens de mort , arrivée le 16 novembre 1613. 
Vineentde Lerins. Uexiste plusieurs Sa dépouille mortelle fut inhumée 
antres versions du Commanitoire: dans sa terre de Chilly, près Long- 
la première, parle sieur de' la Brosse , jumeau. Commeii n'avait point d'en* 
Paris, 1615; la deuxième /par Bar- faut ni de parent de son nom, il 
thélemy d'A'stroy, 1668 ; la troisiè- légua tous ses biens à son petit4ie- 
lùe^parFrontignières, Paris, i68i, veu Antoine Coiffier d*Bffiat , à la 
réimprimée en 1688 , iu-12 ; la qua- condition de prendre le nom et les 
trième , par le P. Bonnet, de l'Ora- armes de la maison de Ruzé ( vojf . 



toire, en 1700. H y a une version Bpfiat, XII, 553). F— 
espagnole'par frère Juan de la Cru», RYCKAERT (Martin), peintre 
Salamanque, 1555, jn-4o. Enfin, de paysage, naguit à Anvers en 1591. 
l'auteur de cet article a publié : Quoique sa manière tienne beaucoup 
OEuvres de saint Vincent de Lerim de celle de Joseph du Momper, il 
et de eaint Eueher de Lyon, trad. avait eu pour maître TobieVerhaert 
nouvelle , avec le texte, notes et pré- L'étude qu'il avait faite, dans les ri- 
faces, par J.-F. Grégoire et F.-Z. Col- ches cabinets d'Anvers, des tableaux 
lombet , Lyon et Paris, 1884, in-8«. des maîtres d'Italie, lui inspira le 
«Ruzé, dit Lacroix du Maine, dans sa désir de visiter Rome. Pendant un 
Bièlioihique, édit. de 1584 , a com- séjour de plusieurs années dans 6ette 
posé de son invention et traduit d'au- ville, il dessina assidûment les ros- 
tres livres desquels je ne sçay pas les tes de l'architecture antique, et lors- 
titres. «Voy. Gallia christ.^ anc. qu'il revint dans sa patrie,*aTec tout 
édit.,tom.II,pag.47« C— l— t. ce qu'il avait recueilli en Italie, il 
RUZÉ (Martin), seigneur de peignit des tableaux qui furent avi- 
Beaulieu, de Chilly et de Longju- dément recherchés des connaisseurs, 
mean» naquit à Tours, vers 1534. et qui se distinguaient par l'élégance 



RTC 

du choix autant que par une parfaite 
exécution. Il avait un talent particu- 
lier poor représenter des ruines cou- 
vertes de mousse et de broussailles, 
des sites montagneux ou hérissés de 
rochers, des chutes d*eauydes vallées 
qui se perdent à l'horizon, et surtout 
des places-fortesv auxquelles il savait 
donner une apparence de grandeur 
qui sauvait Tuniformité des lignes. 
Ce genre de talent mit un jour sa vie 
en danger. II voulait représenter dans 
un de ses tableaux la citadelle de Na- 
mur. Tandis qu'il ébauchait un des- 
sin de cette forteresse, on le prit pour 
un espion ; des soldats le saisirent et 
le traînèrent en tumulte devant le 
gouverneur, qui, d'après les lois mi- 
litaires, l'eût fait condamner k mort, 
si sa réputation, sa candeur et son 
talent n'avaient appuyé fortement son 
innocence. 11 faisait souvent peindre 
les'figures de ses tableaux par Breu- 
ghelde Velours. VanPyck avait pour 
lui une estime particulière. Ses ouvra- 
ges, en petit nombre, l'ont placé au 
premier rang des paysagistes et sont 
vendus à des prix exorbitants. Il mou- 
rut en 1636, âgé seulement de qua- 
rante-cinq ans. P — s. 

RYCKAERT ((David) naquit à 
Anvers en 1615, et fut surnommé le 
Jeune ^ pour le distinguer de s^n 
père, artiste habile nommé également 
David, et dont il fut Télève. Il peignit 
d'abord le paysage et déploya dans ce 
genre un véritable talent ; mais excité 
par les succès qu'obtenaient les ou- 
vrages de Téniers, de Brawer, de Van 
Ostade, il résolut de les imiter, et le 
succès surpassa bientôt son attente. 
L'archiduc Léopold, protecteur 'éclai- 
ré des arts, encouragea son talent, et 
la réputation de Ryckaert se répan- 
dit promptement dans toute la* Bel- 
gique. Pour atteindre à la perfection, 
il se persuadai* que l'étude de la na- 



RYC 



m 



tnre, quoique la base-la plus solide et 
la première de la peinture, ne suffi- 
sait pas, et il se forma un cabinet des 
meilleures productions des grands 
maîtres; il étudia assidûment leursdif- 
férentes manières et sut s'en former 
une à lui, qui le place au rang des 
plus habiles artistes de son temps. 
En 1651, il fut choisi pour directeur 
de l'académie d'Anvers. Les sujets 
qu'il aimait à représenter étaient des 
asiembléeê, des tahagie$, des chimis^ 
tes, etc. La composition en est tou- 
jours gaie, piquante et pleine d'es- 
prit, quelquefois même elle a de l'é- 
lévation. 11 réussissait parfaitement 
dans ces sujets, lorsqu'à l'âge de cin- 
quante aiis il se mit à. peindre exclu- 
sivement des tentations et des sujets 
de diablerie^ dans lesquels il a dé- 
ployé toute la bizarrerie d'une ima- 
gination malade. Mais l'exécution 
sauve avec tant d'adresse ce que . le 
sujet peut avoir de repoussant et de 
hideux en lui-même, que ces derniers 
tableaux ne sont pas moins recher- 
chés que ceux qu'il avait exécuta 
dans sa première manière. La Ten- 
tation de saint Antoine a surtout* 
exercé plusieurs fois son pinceau, et 
toujours d'une manière neuve et ori- 
ginale. Ses premiers tableaux sont 
un peu gris de ton; mais à mesure 
qu'il peignit, sa couleur s'amélio- 
ra , et bientôt il coloria avec une 
chaleur surprenante. Ses. plus beaux 
tableaux n'ont presque pas d'épaisn 
seur de couleur. On voit partout la 
toile ou le panneau. Ses iêies^ ses 
étoffes sont peintes avec une adresse, 
une précision et une vérité qui char- 
ment l'œil ; ses mains sont négligées, 
et l'on voit qu'il les dessinait de pra- 
tique. Une simple touche lui suffisait 
pour indiquer, la forme et les détails 
de ses accessoires. Les tableaux de ce 
peintre sont assez rares. Son chef- 



RTC RTS 

d*œaTre ett une Fennê min m jitt* das figurât d^irabei , de chinwitf 

/a^tfpordetlroMjMf. TootcflJefllior- de chefaux, tooehëet et detnnéei 

reun de la guerre y sont reprfSsen- d'one manière ipiritaelle et |ii« 

tées. Des paysans sont pendns, la tête quante ; sa coulenr est excellente, et 

en bas, dans la cheminëe; on brAle dans le genre qu'il a adopté^ il tient 

les pieds à d'antres; le maître de la le premier rang dans son pays. P-s. 

ferme, iratnë par les cheveux, est me- RYSBRAECKonRYSBRECHTS 

nscëd*é(resabré,tandisquedescour- (PiBttB), peintre, naquitàAnrersen 

tisanes, assises à table et se livrant à 1657, et suivit les leçons deFrancisque 



la Joie, paraissent considérer cespec- Mile, qui, admirateur delà manière dn 

tacle avec plaisir; une vieille fem- Poussin, inspira le même goût à son 

me avec sa fille et us petits-enfants ëlève.Rysbraeckaccompagnason mai- 

implorent leur pitié en leur offrant tre à Paris , et ne tarda pas à se faire 

leur bourse et leurs bijoux. Ce ta- unegranderëpuUtiondanscettevillf, 

bleauest parfaitement composé, d'une où on l'engageait à fixer son séjour, 

excellente couleur et d'un style plus Mais il préféra retourner à Anvers, 

élevé que tous les autres sujets d'his- où il fut nommé, en 1713, directeur 

toire de ce maître. P— s. de l'académie de peinture. Il peignait 



(Nicolas) naquit à Bru- tantdt dans j le style de Guaspre« 

ges, vers l'an 1637. Il s'adobna de tantôt dans celle de son mettre^ et 

bonne heure à la peinture, et, pour plusieurs de ses compositions ont été 

sortir de la route suivie par la plu- vendues plus d'une fois comme des 

part des peintres, il parcourut une tableaux du premier de ces peîntires; 

•partie de l'Orient, afin de trouver nne mais, dans toi^ ses ouvrages, outre 

nouvelle nature et des objets moins les imitations de ces deux habiles 

connus. Il résida long-temps en Pa • artistes, on découvre une étude de la 

lestine et à Jérusalem ; il dessina les nature qui ajoute encore à leur prix, 

lieux les plus célèbres de ce pays; il 11 peignait avec beaucoup de facilité, 

observa avec soin les mœurs et les d*un pinceau ferme et libres sonco- 

costumes des habitants, suivit les loris était vrai et naturel ; ses figures 

caravanes et parvint à recueillir ainsi et ses arbres très-bien dessinés, et 

les sujets dont il enrichit ses ta- le soin avec lequel il les terminait 

bleaux. A son retour en Europe, re- n'ôtait rien à leur piquant Sonprin- 

venu dans sa ville natale en 1667, la cfpal défaut est le uiauque de génie 

' sociélé de peinture qu'elle possède et d'invention, qu'il faut attribuer 

s'empressa de Tadmetire au nombre au grand nombre d'ouvrages qu'il a 

de ses membres. Ses ouvrages ne exécutés; mais ses paysages n'ont 

tardèrent pas à obtenir une grande point cet agrément qui frappe au 

vogue. Sa manière se rapproche de premier aspect, quoiqu'on recon- 

eelle de Vander Kabel; mais il est naisse dans tous un artiste du plus 

plus clair; son dessin est moins dé- grand mérite, il ne faut pas confon- 

coupé et moins sec, et son paysage dre les ouvrages de Pierre avec ceux 

est de bon goût. Il peignait avec d'un autre pemtre du même nom, qui 

beaucoup de facilité. Ses composi- vivait à Bruxelles,et dont les tableaux 

lions représentent en général des jouissent de peu d'estime auprès 

Caravanes etdes vues de iaPaUsIîfié; des amateurs. Pierre Rysbraeck a 

elles sont abondantes et animées par gravé plusieurs sujets de sa compo^ 



sitioD, qni se font remarquer par une 
pointe facile et spirituelle. On fait 
particulièrenent cas des deux mor- 
ceaux suivants : t^ Diane au bain sur- 
prise par Action, in-i*^ en travers ; 
2** Paysage avec un chàtean sur le 
bord d'uiM rinièref et enrichi déplu- 
sieurs figures^ in-4^ en travers. P-s. 
RYSSEN (LÉONAtD tan), théolo- 
gien protestant, né à Utrecht, étudia 
la théologie dans dette ville, sous 
Gisbert Voet, dont il adopta toutes 
les opinions, et dont il épousa même 
toutes les querelles. Il fut successi- 
vemêdf prédicateur à Deventer, à 
Heusden , et mourut Vers la fin du 
XVli® siècle. On a de lui divers trai- 
tés de théologie et de philosophie , 
dont la plupart sont des écrits polé- 
miques. Nous citerons entre autres : 
L Ik Smsu aleœ, Utrecht, 1660 , in-. 
12. C'est une réfutation de Touvrage 
de Gataker {voy. ce nom, XVI, 548) 
sur les loteries. Cet écrivain anglais 
prétendait que le gain produit par les 
jeux de hasard n'est pas illicite en lui- 
même. Voet. publia aussi une disser- 
tation dans le même but et sous le 
même titre que celle de Ryssen : le 
maître déploie plus d'érudition, mais 
le disciple montre plus de méthode. 
U.Justa detestatio libelli sceleratis- 
simi Àdr» Beverlandi depeccato ori- 
ginali^ Gorcum, 1680, in-8^. Bever- 
land {voy. ce nom, IV, 422)« renou- 
velant l'opinion de H.-C. Agrippa, 
enseignait que le péché originel fut, 
à l'égard d'Adam et d'Eve, le com- 
merce charnel qu'ils eurent ensem- 
ble, et n'est pour leurs descendants 
que le penchant d'un sexe vers l'an- 
tre. Ryssen réfuta cette doctrine avec 
beaucoup de logique , mais surtout 
avec une grande véhémence , car il 
prodigue à Beverland les épithètes 
de fanatique,de fourbe,de corrupteur^ 
et même d'athée, lui reprochant en 



RZE 



S23 



outre plus de six cents barbarismes, 
solécismes, etc. Il I. La Convulsion de 
Vagoniedes cartésiens et des coccéiens 
(en hollandais), Utrecht, 1686, 2 vol. 
in-io. Le titre seul de cet ouvrage 
indique assez que Ryssen partageait 
Tanimad version deVoet contre le sys- 
tème philosophique de Descartes et 
la doctrine théologique de Cocceius 
{voy. GisbertVoET,XLlX,S92). P-rt. 
RZEWUSKI(SÉVERiN),vice-grand- 
général de la couronne de Pologne , 
staroste de Dglin, né en 17i5, fut, en 
1767, arrêté avec soa père Wenceslas 
Rzewuski (voy. ce nom,XXXIX, 395), 
et relégué à Kaluga. Rentré en 1778 
dans sa patrie, il se fit remarquer par 
son patriotisme à la diète de 1776; 
mais, changeant tout à coup de con- 
duite, il résolut de suivre lâchement 
les volontés de la Russie et fut un 
des ennemis les plus acharnés de la 
constitution du 3 mai 1791. Destitué 
de sa dignité de grand-général, il se 
lia avecTrançois Branecki et Stanis- 
las-Félix Potoçki, et alla jusqu'à im- 
plorer l'assistance des Russes. L'im- 
pératrice Catherine les accueillit avec 
empressement et leur fit signer (14 
mai 1792) la confédération deTar- 
gowitz. Ils furent trompés lorsqu'ils 
virent s*opérer le second partage 
(1793). Rzewuski ouvrant les yeux, 
mais se repentant trop tard, publia 
en vain sa protestation. Elle n'eut 
point d'autre résultat que la con- 
fiscation de ses biens. Pendant la ré- 
volution de 1794, il fut jugé par con- 
tumace traître à la patrie. Un tribu- 
nal criminel, institué par Kosciuszko, 
après l'avoir déclaré infiUme, le con- 
damna à être pendu en effigie et à avoir 
ses biens confisqués. Api^s le dernier 
partage de la Pologne(l 795), Rzewuski 
rentra dans sa patrie pour y terminer 
ses jours, et il ne tarda pas à mourir 
dans les remords et le repentir. 



s. 



SâA d« MiMXèi (FtANCisco de), 
|K>ète, neyeu du célèbre Saâ de Mi- 
randi («oy. ce nom« XXXIX, S08)« 
Qtqait à Porto. Après aToir vécu plu- 
sieurs années dans le monde, il em- 
brassa, en 164S, la Tie religieuse, et 
mourut en 1664. Il s*est illustré par 
une épopée ayant pour titre : la Cùh- 
q^ite deM€Uaca, poème qui , sous le 
rapport de laconoeption,est placé par 
quelques littérateurs immédiatement 
après celui de Camoens. Ce fut une 
grande et noble pensée qui inspira ce 
poème: car elle fut conçue à une épo- 
que où le Portugal, déchu de sa ? ieille 
gloire* languissait sous le joug de 
rétranger. Lorsque la Conquête d» 
MiUaea parut, elle réveilla des souve- 
nirs ameis et ranima l'espoir d'un 
meilleur avenir. Quelle sensation 
n'eût*elle point produite si elle eût 
TU le jour au temps où la nation 
portugaise était enivrée de ses vic- 
toires et de ses conquêtes ! On de- 
vine que le héros de ce poème doit 
être l'immortel vainqueur de Ma- 
laça , ce grand Alphonse Albuquer- 
que, qui soumit tant de peuples dans 
l'Asie. Averti, par la puissance d'une 
haute raison et d'un goût sûr, Mene- 
zès a emprunté son merveilleux à la 
religion chrétienne. Cène fut pas une 
médiocre hardiesse de sa part, que de 
tenter une pareille innovation, quand 
la plupart des poètes de sa nation ne 
savaient pas s'affranchir des fictions 
mythologiques. 11 y a bien une teinte 
de ces fictions dans Menezès; mais 
elle est très-faible. Dans le sixième 
livre, il peint le maître des démons 
avec une énergie sauvage et terrible 



qui ressemble assea à Milton. Ce nfir- 
eean mérite d'être cité; il fera eon- 
naître cette touche vigourense*et qui 
rappelle, sous quelques rapports, 
celle du poète knglais. « Ce roi des 
tempêtes, plus grand qu'Atlas, meut 
sept têtes d'une manière horrible; sa 
queue se redresse ; dans ses replis er» 
rants, elle atteint l'espaoe Te* plus 
éclatant du ciel. Le démon étend ses 
formidables bras au levant; il les 
étend aussi au couchant, vers les as- 
tres. C'est ainsi qu'il entoure de 
maux l'immensité de la terre. Voué 
à la douleur, il exhale dans on espace 
horrible et la flamme de Porgual et 
ses ténèbres. A peine respeete-t-il le 
Verbe sacré. Mille blasphèmes sor- 
tent de son sein impie. — Ma valeur 
subsistera, s'écrie l'esprit déchu ; elle 
ne peut être anéantie, malgré k» ef- 
forts vengeurs de celui qui me hài 
vivre au milieu de ces feux ardents. •. 
A cette peinture on ne peut mécon- 
naître le démon duchristianisme.Saa 
de Menezèsa fait de l'enfer une des- 
cription qui rappelle celle du Dante. 
Il montre dan^ son enfer une foule 
d'hommes rejetés par le christianisme 
ou flétris par l'humanité; mais il s*est 
bien gardé d'y introduire, à l'exem- 
ple du poète italien, des personna- 
ges modernes. Il a répandu dans son 
poème un vif intérêt chevaleresque. 
Toutes les descriptions qu'il fait des 
lieux sont si fidèles et si exactes, 
qu'on croirait qu'il les a visités. 
C'est U sans doute un grand mérite. 
On doit convenir qu'en général il 
soutient bien l'intérêt, qu'il peint 
fidèlement le caractère national, et 



SAB 

radmhiistration publique. Il moanit 
à Paris le 14 septembre 1820. On a 
de lui : 1. Àdres$e à l^ Assemblée cofh 
stiiuante sur les dépenses générales 
de l'État, 1790, in-8o. H. Du crédit 
publie et particulier. Des moyens 
d'acquitter indistinctement la dépen- 
se de tous les services et d'opérer des 
améliorations dansies diverses bran- 
ches de Véconomie politique, 1798, 
iD-4<». Une partie de cet ouvrage a été 
trad. en allemand, Hambourg, 1799, 
in-8o. IIL Tableaux comparatifs des 
dépenses et des contributions de la 
France et de l'Angleterre , suivis de 
Considérations sur les ressources des 
deux États et servant en même temps 
deréfutation à Vouvrage deM.Oentz, 
1805 j in-8<*. IV. Observations sur les 
dépenses et les recettes à venir de la 
France, et sur les finances, 18U, in- 
8®. V. Indication des mesures pro* 
posées pour la perception des droits 
réunis , 1814, in-8^ VI. Réflexions 
sur l'Aperçu des recettes et dépenses 
de Van 1814 présenta à la Chambre 
des députés le 2% juillet 1814, in-8o. 
YiLDes recettes et des dépenses publi- 
ques de la France, 1816, in-8''. VIII. 
Comparaison des revenus présumés 
proposés par le ministère pour ac- 
quitter les dettes de l'année 1816, 
avec les recettes que Vauteur a pro- 
posées dans son ouvrage sur les Re- 
cettes publiques, 1816, in-8<>. IX. Des 
banques, de leur influence pour facU 
liter la circulation des capitaux, 
faire baisser le haut prix de l'intérêt, 
etc., l817,i^-8^ X. Du crédit, delà 
dette publique de la France et du 
paiement deVarriéré,lU7,in'12.XL 
Considérations sur les contributions 
et sur les taxes indirectes, 1818, in- 
4<*. XII. De larépartition de la con- 
tribution foncière, 1819, in-8<'. XIII. 
De la dette publique et de la néces- 
sité de réduire les fonds d'amortisse- 



tf7 

ment de 1§<0, in<-S<>. XIV. StipjiM- 
ment de Vouvrage que fai eu Vkm- 
neur de présenter à MM. les députés, 
1820 , iu-80 (c'était de l'ouvrage m^ 
titulé Réflexions , etc., qu'il s'agit- 
sait, voy. le n« VI). M— d j. 

SABELUUS, prêtre de Ptolémifa, 
vivait vers le milieu du Ill'siècle de no- 
tre ère. 11 émit des opinions nouvelles 
qui l'ont fait ranger parmi les uottk* 
breux hérésiarques qui affligèrent l'É* 
glise naissante. Il ue reconnaisssil 
point de personnes ou à'hypostâêss 
dans la Trinité ; d'après lui, le Père, 
le Fils et le Saint-Esprit n'étaient que 
des manifestations diverses du mtae 
être, et Jésus^C hrist n'était plus qu'nn 
homme pourvu d'une force divine* 
Saint Athanase, saint Basile, Eusèèe^ 
Théodore t, saint Denys d'AlexauMé 
réfutèrent ses doctrines ; elles he re-, * 
crutèrent pas de bien nombreux pi^ 
sélytes; le sabellianisme s'éteignit 
prompte ment.Worm en a écrit Vhnh 
toiTe{Historiasabellianiimij Frano» 
fort, 1696, in-8»), et L. Lange en a fttlt 
l'objet d'une dissertation spéciale in- . 
sérée dans le Journal ée thé^a§tè 
historique dH\gen, tom. III, p» ITêk 
227. On peut consulter aussi l'eu** 
vrage du même auteur, intitulé : Hi^ 
toire des Unitaires avant le eomtk 
de Nicée (en allemand), Leipzig,' 
1831, in-8®. B-N— t.- 

SABEO (Facsto) , Ftiagtui Sê^ 
bœus Brixianus^ poète latin, naqdt 
à Chiari, non loin de Brescia, de pa« 
rents obscurs, mais honnêtes. On n^ 
point de détails sur ses premièreSrai|^ 
nées. Il paraît qu'il fit de tsès-bonuei 
études, puisque la réputation de eôà 
savoir s'étendit jusqu'à Rome et le fit 
appeler dans cette ville par Léon X 
qui le nomma, on ne sait pas prédlé^ 
ment à quelle époque, custode on 
garde de la bibliothèque du Vatican, 
emploi qu'il ne faut pa» confondre 



918 SAB SiB . 

«vec eelai de bibliothécaire.; On ne tième («oy. AmoUy II, 516). Cette 
sait pis non plos exactement si ce fut édition est fort belle et on la reche r- 
afantoaaprèscettenominatioDquele chait beaucoup arant celle de Tbj- 
pontife envoya Sabeo en Angleterre, sius, faite sur un manuscrit plus 
en Irlande et dans d'autres contrées correct que celui dont s*était serTÎ le 
éloignées, à la recherche des anciens premier éditeur. J.-C. Orellios en a 
manuscrits dont il voulait enrichir donné,enl8i6, une meilleure encore 
la bibliothèque. Ce qu'il y a de cer^ que cette dernière {voff. ft Manuel 
tain, c'est que Sabeo fit pour cela de M. Brunet). Sabeo a publié ses 
diUfrents Toyages longs et pénibles, poésies latines, consistant surtout en 
Il se plaint daus plusieurs de ses épi- épigrammes, sous ce titre : FmuH 
grammes de n'avoir pas été récom- Sakai hrixiani , cuttoâis hihlio- 
pensé de ses serTÎces; à i^tendre, tkeeœ Vaticanœ^ lihri V, aà Him- 
9tf frais mêmes ne lui auraient pas ricwn Galliœ rtgem : primms iê 
été remboursés. On serait plus dis- Dii$: tecundui de Heroihue: iertius 
poséàlecroire,ditRoscoe,s'iln'aTait âeÂmieis; quartus de ÂwumH$; 
pas porté de semblables plaintes quintue de Miscellaneie , Rome , 
eontfe tous les souverains pontifes 1556, in-8<*. L'auteur fut bien payé 
sons le règne desquels il a conservé de sa dédicace au roi de France. 11 
TolBce qui lui avait été conféré par reçut daguW/amaetfd, dit Leonardo 
LéonX, c'est-à-dire sous Adrien VI, Coxzando, cité par Bayle, una col- 
Clément VU, Paul III, Jules III, Mar- lana i'ùro, dkucvento scudideieele, e 
eel II et Paul IV. Sabeo mourut âgé una giubba di vellulo pavofMizzo 
de' 80 ans, sous le pontificat de ce (une veste ou manteau de velours 
dernier, vers 1558. On lui doit, sui- violet). Dans le t. H de son Speci- 
TantMoréri, une édition, la première men varia litferaturm Brixianœ, 
sans doute, de la Cosmographie d'Ê- le cardinal Quirini a donné des i«n- 
Meme^ qu'il dédia à Léon X. Nous seignements sur la personne de Sabeo 
n'en connaissons pas la<iate, à moins et uu ample extrait de ses épigram- 
que ce ne soit rédilîon de Venise, mes et autres poésies. Gruier avait 
lftl3.mentionnéedans cette l^to^ra- déjà inséré un assez grand nombre 
j^Ms, à l'article d*Éthicus(XlIl, 426). de ces pièces dans la seconde partie 
Roscoe dit seulement que Sabeo des Delitim ce italorum poetarum ; 
présenta au pape le manuscrit de la elles occupent trente pages de ce 
C^MO^rop^àie, en l'accompagnant de recueil. Enfin, on trouve quelques 
quatre vers latins de sa composition, particularités intéressantes surSabeo 
Si\ y a quelque incertitude à l'égard et ses écrits dans la Vie et pontificat 
de la publication d Éthicus, il n'y en de Léon J, par William Roscoe, t. IV, 
a aucune sur celle d'Amobe; c>st p. 148etsuiv.de la traduction fran- 
pir les soins de Sabeo que parut çaise de cet excellent ouvrage (2* 
l'édition originale de ce célèbre apo- édit.) , par P.-F. Henry, notre colla- 
légiste du christianisme. Elle est in- borateur (voy. Roscoe, LXX1X,437). 
titulée : Àmohii disputationum ad- B — l— u. 

«eriMS génies^ libri Vill, etc., SABI^i (GE0RGEs)/humme d'État, 
Rome, 1543, in-fol. Les DiiputaiiO' historien et poète du seizième siècle. 



n*ont que sept livres ; l'Ocf a- naquitenl50S,dansle Brandebourg, 
vAitdrlfinucius Felix/orme le hui- et, suivant l'usage alors adopté par 



SAB 

les giTants , changea le nom de sa 
famille, qui s'aï>pelait Schalltr, en ce- 
lui de SaHn. Il fut envoyé dès l'Age 
de quinze aos à Willenberg avec 
une rrcomaiandatloD pour Mélancli- 
thon , qui le reçut chez lui , le prit 
en aSectioD et plus tnr<l lui donna 
sn fille en mariage. Ayant remarqué 
ses disposilioDs punr la poésie, Il lui 
prodigua ses avis et lui conseilla 
surtout de s'allacher h l'élude iVO- 
vide, queparun goût parliculifril 
plaçait au-dessus de tous les poêles 
latins. Sabin suivil les conseils de 
Mélanchlhon , et dès V&ge de vingt 
ans il mit au jour un poËme qui 
tni fît une grande réputation. Cet 
ouvrage, principalement consarré à 
la louange des rnipercurs d'Alle- 
magne, et de Charles-Quint en par- 
ticulier, était iiilJtiilé Bts getlœ Cœ- 
sarum germanicoram. Il reçut des 
éloges et des encouragements , non- 
seulement des gens de lettres, mais 
de princes et d'hnmines puissants 
dont l'appui fut très-utile à l'au- 
teur. L'empereur Charles-Quint lui 
donna, en ISIO, des letlres de no- 
blesse et une forte pension. Ayant 
fait un voyage enllalie, il fut très- 
bien accueilli surioiit^ Bome, DÙIes 
cardinaux Bemho etConlarini, pro- 
tecteurs zélës df s sciences et des let- 
tres, te comblèrent de bienfaits. A 
Venise il fut couronné comme poète; 
et lorsqu'il revint en AllemagneTélec- 
teur de Brandebourg lui conféra une 
chairede professeur de belies-lettresà 
Francfort-sur-l'OiIer, le nomma en- 
* suite recteur de la nouvelle académie 
élablie i. Kœnisgberg, puis conseil- 
ler d'État; enfin il le chargea pour 
l'Italie de plusieurs missions diplo- 
matiques, dans lesquelles S.tbin dé- 
ploya autant d'habileté que de pru- 
dence. Il revenait de ces honorables 
minions lorsqu'il fut subitement 



s; 

pris d'un accès de lièvre qui lui lais- 
sa à peine la force d'arriver k Franc- 
Fort, oîi il mourut le 2 décembre 
laeo. Il avait fait imprimer ses poé- 
sies latines h Francfort en 1538, 
t vol. in-H". L'édition de 1597 est 
plus complète, et ce volume est tou- 
jours très' recherché des connais- 
seurs. On a encore de lui, à la suite 
de ses œuvres, un traité élémentaire 
pour apprendre à faire des vers à 
l'imitation des anciens. Ri'imprimék 
Paris en 1580, ce livre peut être en- 
core utilement consulté. B— e — d. 
SABINA ( JcLiA }, femmede l'em- 
pereur Adrien, était petite-nièce de 
Trajan et fille de Matidie. L'impé-' 
ratrice Ploline lui fit oblenirlamaia 
d'Adrien, qu'elle protégeait, ce qui 
le conduisit à l'empire. Ce mariage 
avait néanmoins déplu à Trajan, et 
il ne fut pas heureux pour Sabina, 
qui, bien que douée d'une rare beauté, 
d'un esprit très-cultivé cl de niteurs 
irréprochables, ne fut point aimée de 
son époux. Dès qu'il fut empereur, 
Adrien la traita comme une esclave, 
lui reprochant des manières dures et 
liButai nés, mais surtout éloigné d'elle, 
on ne peut en douter, par son goût 
infâme pour Antinoîls {voy. AoniEn, 
I, 218). Vivement blessée de ces 
dédains, Sabina à son tour traitait 
Adrien avec beaucoup de hauteur, 
lui reprochant son élévation k l'em- 
pire dont elle était la première cau- 
se. Elle se vantait même de n'avo 
pas voulu lui donner d'enfants, dai 
la crainte qu'ils ne fussent aussi de- 
tcslables que leur père. La haine 
entre les deux époux devint telle 
qu'Adrien, se voyant près de mourir, 
contraignit Sabina de s'Cter elle- 
même la vie. D'autres disent qu'il 
l'empoisonna (an t3S de J.-C), après 
38 ans de mariage ; et par une bizi>' 
rerie digne de ce cruel tyran, il 



.* '^^•\\,7^-r^'--,:Lj!'--r,;:'^^mirT.V9Kr*r^'Z:.y\''i'..'j^i^-.--:'^: ."-"*•"• "^ \"- * >:.' 




IB S» 

cks hoDoenrs divins après béir à de tels ordres» et 1« pevple 
»jr|. M— D j. tyant été informé de ce qni se |>is- 
^BINO (AifGiOLO*), littérateur sait, il en résulU ane rioleate insor- 
•- -ihilologae distingué de la se- recUon où beaucoup de monde pè- 
le moitié du XV* siècle, eut rit dans les deux partis. Le peuple 
iiineQr de receroir, à Rome, la juif se réunit en très-grand non- 
Anne poétique (voir Lancetti , bre à Jérusalem, sous prétexte dt 
»n> ai poeH laureati^ P* 1 79) ; la solennité de la Pentec6te, et il s*e»- 
la des éditions de Lactance, suivit une lutte sanglante, dans la- 
Buce et d'Ammien lfarcellin.il quelle les Romains triomphèrent, 
I en 1474, à Rome, un in-folio après quoi ils pillèrent le trésor, et 
lé: Paradoxe in Junenalem. mirent le feu au bâtiment où on le 
iripoUique {An nutrica ) eut conservait. Comme on le pense bien 
éditions, l'une sans lieu ni date, Sabinus en eut la plus grande par- 
t à Rome en 1483. Ses compo- tie, et le reste devint la proie de la 
is poétiques sont demeurées iné^ soldatesque. Le peuple irrité au 
i$ elles dorment dans les recoins plus haut degré revint à la ohar- 
«uJieux de quelques bibliothèques ge, et assiégea le gouverneur dans 
u^lie ; une seule d^ntre elles a vu le palais ; il allait y être forcé et 
Iftjonr, grâce aux soins du pèreMar- probablement mis en pièces lorsque 
•• qui l'a insérée dans son Jmphs- Varus , gouverneur-général de ces 
Cottedio veUtnan icriptorum^ contrées, vint à son secours et lui 
p. 1379; C*est une épopée sur donna les moyens de se sauver vers 
nite de la ville de Liège (Cor- la mer. Alors les Juifs mirent bas les 
wt,^ êpiOÊm dêexddio'civitatiê L€0' armes, rejetant tous les torts sur 
éfapMÏa). Sabino mourut à Rome vers Sabinus, qui dès ce moment disparut 
Pan 1510 ; on possède fortpeu de dé- de la scène politique. Il—D j. 
teHssursonhistoire,etsesécritssont SABIO, nom que prit une fa- 
complètement oubliés. R~n— t. mille d'imprimeurs établie à Venise 
•fiÂBINUS, gouverneur de la Sy- au commencement du XVI* siècle et 
rit ))ouv les Romains, sous le règne qui se distingua par son intelligente 
^Auguste, se fit remarquer dans cette, activité. Laissant aux Aide le soin de 
rée par sa cupidité et ses exac- répandre les classiques de la Grèce 
i. il s'y trouvait à l'époque de la et levr abandonnant les comonenta- 
H d'Hérode^e-Grand , qui avait leurs d*Aristote et les écrits de Cicé- 
isé dans son palais des trésors ron, les Sabio s'attachèrent surtout 
lîdérables. La première pensée aux compositions des beaux esprits 
ilégué de Rome fut de s'en em"> italiens de Tépoque ; ils mirent sous 
- ; et pourcelail voulutêtre maî- presse des comédies, des nouvelles, 
^ la citadelle de Jérusalem, et des livres de géographie et d'histoire, 
i loger dans le palais du roi. H Quelques-unes de ces éditions sont 
la alors aux gardiens du tré- devenues rarissimes; nous citerons 
lui en faire la remise, et en seulement celle de la Ceccan'a de Ca- 
temps il exigea quelescom- racciolo(Ftneyta,(;tovannt ilnfOnto 
nta de toutes les places re- e firateUi da Sabio, Iftse). Demeu- 
les garnisons romaines. Lee réa inconnue aux bibliographes ite- 
drfkes ayenl reApé dVH liena, il a^n ait trepvé nn ej 



plarradpiii Ta riche bibliothèque dri* en 1610, elle fui notnmtfp RIlFd'hoii' 

malique de H. de Soleione. Une Ira- mut de la rriiie M.irie île Mi'dicis. 

duclioti en vers el cd ^rec moderne Elle épousa le marquis de Sablé, lîlt 

àtVlUiadi.ilampatain fmitiaptr du mariiclial de Bois-Dauphio; mais 

Slefano da Sailio, 1536, fait l'objet cette unkm ne Tut lias heureuse, et 

dn vieux les plus chers des biblio- elle déviai veuve eu 1649. La mar- 

philrs; elle aélépayée 140 fr- à la quise, n'éprouvant aucune symiiathle 

venteHac-CarlbTinlSlO.etSOSfr.k pour son tnari, se livra k la galante- 

celledeCharlesNadieren lB44.Étien' rie, et les collecteurs d'anec Joies ont 

ne de Sabio ne se borna point à impri- beaucoup parlé d'elle et du maréchal 

merdes livres; il composa.sous le titre de Honttuorencr, m âme de quelques 

de Corona precio«a, un vocabulaire antres, particulièrement d'un che- 

per imparare, légère, tcrivere. p&r- valier d'Armentières, dont elle eut 

lareetintmàerelalinguagreca.vol- une fille qui se lit religieuse i Port- 

gtire »t literale. la litigua latina et Boyal. Si madame de Sablé dissimula 

«uofjaMilaHco.etilfitparaîtrecet l'existencedecettefillejusqu'àtamorl 

écrit en 1537. On trouve durant p'us de son mari, ce n'était pas qu'elle re- 

dhindemi-siteledesouTragesimpri- doutât l'éclat que pouvait entraîner 

mes par divers membres de cette un fait de cette nature, ellecraigaait 

docte ramillejils se recommandent seulement que l'on pût croire à un 

aux amateurs par leur rareté , leur rapprochement rendu peu vraisem- 

exécution soignée. Bn ix temps-là, blable par le mépris dont elle ne 

les imprimeurs faisaient choix d'un cessa d'accabler le marquis. Devenue 

papier ferme et solide; ils croyaient vieille, elïese fil dévote, .maisquelle 

devoirveilleràlacorrectioudestex- dévote, bon Dieu! s'écrie Tallemant 

tes qui sortaient de dessous leurs des Réaus, que l'on n'accusera pas 

presses. B— w— T. d'excès de rigorisme. Il n'y a paM 

8A8LE[Gdii,l»ubbdu) était gen- d'intrigueàlaconrdontetlenesesoit 

tilhomme ordinaire de ta vénerie du mgi^^ ^t elle n'avait garde de mn- 

roi. C'est en cette qualité qu'il donni q„„ |j'jt,e janséniste, quand ce il« 

te titre de Mute chatttreiH à ses serajt que celte secte a grand besota , 

poésies, imprimées en 1611, in-13. de cabale pour se maintenir. - OS 

Élevé à la'cour de François I-, il voit en effel madame de Sablé sa m* 

avait «eriïiiiomegftîuementaeplroi», fer des intrignes de Vaulier, »ëd«^ 

Franfois /-, etc. Parmi ses pièces cin du roi, et de Bellingan; attirw 

fort insipides on en trouve quelques- chezellemadamed'Hautefttrtetchtr- 

unes d'intéressantes; son Cogdfdne cher fc la faire entrer dans dea i«- 

ie la truyea» foin est une satirede téréUopposésàceuiduminiltretout- 

le Ligue. 11 était huguenotet il parle puissant (l).Sileroi,sougl'influ«m!è 

quelquefois de ta religion catholique je Hicheliea, montrait de l«dfflaB«t 

et du pape sur le ton des ministi^ j j^ marquise de Sablé, eelle-d M. 

proleslanis le» plus emportés. Z. ^,ajt dédommagée par lesbonlësd* 

8ABLE ( M*»8LEir« de Soctbb , Monsieur, et jamais et prince a'a 

marquise de), fille du maréchal de cessé àe témoigner i lafllIedelS. 

Souvré, gouverneur de U>uisXIll et , , „ , n ■ 

de Oaston «TOrietB», naquit w MM. {,] a.™<i é, t,Hi-i rf. «^«tin. , n. 

Elle avait i peine douifl <IU qatiHlf ri<,iilU,ln-i«,i* parti*. P>(.i«5. ; 






'»>f " 



AB 

Sonné la reconnaissance qu'il 
^rtaît à son ancien gouyerneur ; il 
rai faisait remettre chaque année, et 
loi remettait quelquefois lui-même 
deax mille ëcus d'or (2 ). La mar- 
quise de Sablé était liée arec les per- 
sonnes les plus spirituelles de son 
ps. Amie du duc de La Rochefou- 
Id, de Pabbé Esprit, de Voiture, 
ia marquise de Rambouillet, de la 
muohesse de Montausier, de made- 
noiselie Paulet , de la duchesse de 
igueville, d'Arnauld d'Andilly et 
t>ien d'autres, son salon nedésem- 
issait pas de toutes ces illustrations. 
le écrirait agréablement des lettres 
m elle ne négligeait pas d'en garder 
l«s copies que lui faisait ordinaire- 
ment Mu« de Chalais,.sa demoiselle de 
00mpagnie(S).Bile paraît avoir eu part 
à la composition des célèbres M^ixi- 
MSt. La pensée était proposée comme 
un diamant brut chez M*"* de Sablé, 
dans une réunion très-restreinte, et 
chacun la polissait, l'élucidait, ia re- 
touchait, puis la maxime se trouvait 
produite (4). Madame de Sablé tra- 
▼villa aussi pour son propre compte, 
ou plutôt on a mis son nom à un recueil 
de maxime3 qui pourraient bien avoir 
une origine semblable à celles du duc 
de La Rochefoucauld. Si la marquise 
de Sablé ,a mérité par son esprit et 
les agréments de sa conversation de 



(a) Écrit àê la main de lf"«« dé Sablé, por 

■aut pabUé daus une note sur les Mémpires 

UUmoHt dtiRèaux^ Paris, 1840, t. lY, 

Le rédacteur de cette notice possède 

■vaeil mss. contenant des lettres de la 

aise à diverses personnes dont il serait 

s d'expliquer autrement la oonserva* 

i, de S)iinte-BeuTe , dans le Tolame 
consacré à La Bruyère et à La Roche- 
Id (Paris, i84a,inM2),apeintM>n«de 
>Tec cette finesse de traits qui lui est 
I éditeurs des Maximes consulte» 
-t «Tec beaucoup d^avanUge, 



rirre dans la mémoire des hommes, 
il faut convenir aussi que ses singu» 
larités devaient la sauver de Poublù 
Elle avait peur à peu près de tout, 
mais principalement du mauvais air, 
des maladies qui peuvent se gagner, 
mettant de ce nombre jusqu'aux rhu- 
mes; elle craignait le tonnerre, le vent, 
l'orage, et surtout la mort. Ce terrible 
mot ne devait jamaisétre prononcé de- 
vant elle. Elle avait si peur de mourir, 
que, pour ne pas paraître vielle et 
rapprochée de la mort, elle cachait 
son âge à l'astrologue qu'elle appe- 
lait pour tirer son horoscope, et n'a- 
joutait que très-difficilement six 
mois à V^ge visiblement menteur 
que d'abord elle avait énoncé. Dans 
un temps où l'on craignait la peste, 
ayant appelé des médecins pour les 
cousulter, il fallut qu'ils changeas- 
sent de vêtements et qu'ils se tinssent 
À Textrémité d'une galerie, sans ap- 
procher d'elle; les paroles étaient 
portées et rapportées par mademoi- 
selle de Chalais, fille d'esprit à la- 
quelle Voilure n'a pas dédaigné d'é- 
crire quelquefois. Une des plus plai- 
santes aventures de madame de Sablé, 
a été le voyage de Ruel, quand, pour 
se venger de n'être pas invitée, elle 
tenta d'aller surprendre Julie d'An- 
gennes qui, après sept ane de recher- 
che, venait enfin d'épouser le duc de 
Montausier. Un orage vint à se dé- 
clarer, et madame de Sablé ne vit 
d'autre moyen de se préserver du 
tonnerre qne d'aller se cacher.elle, sa 
voiture et ses gens, dans les carriè- 
res de Chaillot(S). Madame de Sablé 
a long-temps habité la Place-Royale, 
dans le même hôtel que la cpmtesse 



(5) Mémoifs de TalUmant, hiiionea d* 
Jf«« de Montautiêr, et Ppêiiêi de La M€sHar» 
AVrf, Paris, x656, in-fol., pag. 35. Ce poète 
aocompagnaitla marquise; il raconte ce qu'il 
a TQ et eotendu. 



. 8AB 
de Miare, ion «mie la pins intime, 
qaVile perdit en 1643; iloriellese re- 
tira k Port-Royil de la rue Saint-jic- 
qiies,où elle lit bfltiriin corpgde logis. 
Elle ï mourut, te 16 janvier 1S78, à 
rSgr desoixante-diz-oeuf ans, et fut 
enterr<<e dans le cimetifere de la pa- 
reiise Sarnt-Jaçques (S). On a de la 
marquise l'ouvrage intitulé : Maxi- 
met'dt madame la marquUe de Sa- 
bU, i la suite desquelles sont im- 
primées des Pmtiit divtria de L. 
M. L. D. (l'abbé d'Ailly, chanoinede 
Lisieux) (7), Paris, Sébastien Crimoi- 
sy,lCT6.in'l3. Il yadrseiemplaires 
de ce petit livre dont le fronlispice 
porte seulement Maxime* et ptnsiet 
divereei, sans aucune autre dilTé' 
rence. Ces maiimesetcespensépsnnt 
^té réimprimées k la suite drs Maxi' 
mttdudvc de La Rochefoucauld, km- 
slerdam, Pierre Mortier, 1T05, pelit 
in-13;et pour qu'il ne manque rien 
Il la gloire de madame de Sablé, 
comme écrivain et comme moraliste, 
ses Kaximaont été traduites et com- 
mentées en italien sous ce titre : 
Mattime delta mareheia di Sabli, 
IradoUe dal francete, colle note di 
A. M. F. (Angelo Maria Fabbroni), 
17S0, in-ti. On a de madame de 
Sablé, le recueil manuscrit de ses 
lettres indiqué plus haut et quel- 
ques lettres copiées par Conrarl et 
éparses dans ses manuscrits.' H — é. 
SABLON (Vincent), écrivain du 
XVII* siècle, né k Chartres,- a laissé 
une traduction en vers de la Jénua- 
lem (léifDrée(Paris,1671, 2 vol. in-tS), 
traduction souvent peu fidÈIe, tou- 
jours complètement dépourvue de 
grice et d'élégance ; elle est tout aussi 
oubliée que si jamais elle n'evait 

(fi) Sicrmltf <U Pon-Saj»!, jUsilardiia,' 
iTïï,pigB34. 

{^) Ci non ■■ troiiatiuj iaitk liBûia 
■BT ooM nMDplkirft • 



9i 

existé. Un antre oorrege de Sablon. 
d'un genre différent, a repris quel- 
que valeur, grice i, st rareté et i 
l'empressement avec lequel les honi- 
messtudieuirecherc^entanjourft'huî 
les livres relatifa kl'histoire pàrliciK 
lière des provinces et des villes de 
France. Il s'agit de son HiUoire d« 
VÈgliie de Chartre», sbrégé de celle 
deRoulliard {voy. ce nom, XXXIX, 
Itt), et qui fut imprimée il Paris, 
en 1677, en t vol. in-is. Les bi- 
bliographes indiquent d'autres édi- 
tions de 1671, 1673. I6T7, 1707, 
1711 et ma. Il est il croire que 
plusieurs d'entre elles n'ont d'au- 
tre motif d'existence qu'un simple 
rnjpuni<isement de rronlispice; mail 
la chose vaut-elle la peine d'être vé- 
rifiée (I)? B-N— T. 

SABOVniN, Dis d'un riche pro- 
priétaire de Saint-Domingue, naquit 
en 1776 sur l'habitation de sou pire, 
située dans la paroisse de l'Arcohaye. 
Élevé en France au collège de Sor- 
rèze,lt revint dans la colonie quelque 
temps avant la révolution. Sou ea- 
ractfere était doux, presque timide et 
semblait tenir au sentiment de son 
origine. Il n'ignorait pas que son pfere 
avait épousé une femme de couleur,, 
et que cette mésalliance le plaçait 
sous le coup d'un préjugé qui t'ex- 
posait au dédain des blancs. En con- 
séquence, il en voyait peu et rtvvt 
dans l'isolement sur la propriété de 
sonpÈre, lorsque, en I7Bt, se pré- 
senta pour lui l'occasion de prendre 
un parli. Les hommes de couleur lé- 
clamaiént, àmatn armée, leuri droit» 



■ 

politiqttes ; leurs premiert succis se ratUcha aux hommes de couleur, 
dâos les plaines et dans les monta- dont il devint Tagcnt secret. Il joua 
fuei déterminèrent Sabourin à se ce lôle avec d*auiant plus de bonheur 
ranger de leur côté. Son amour-*pro- qu'il n'excitait point la méfiance des 
pre iut d'autant plus satisfait qu'il blancs. L'état incertnin dans lequel 
M trouva confondis avec beaucoup de ceux-ci se trouvaient lui peruîit de 
JMancs qui, à cette époque, avaient manœuvrer de manière à se mettre 
épousé cette cause. L'insurrection k l'abri de leurs soupçons. Mais les 
prruait chaque Jour de nouveaux dé- Français évacuèrent la colonie en 
vfloppements ; les massacres, les in» 1804, et le nègre Dessalines, le pre- 
cepdies, la dévastation, désolaient mier des lieutenants de Toussaint- 
tous les plus beaux quartiers de la Louverture^sefit proclamer gouver- 
culonie, lorsque, en 1791, les Anglais neur-général d'HaTti..Dans un oon* 
vinrent s'emparer de diverses posi- seil tenu à TArcahaye et présidé par 
tioAS qu'ils étendirent bientôt, et où ce chef sanguinaire, fut arrêté le mas- 
leur domination parut devoir s'aSVr* sacre de tous les blancs qui avaient eu 
ttir» Ils avaient organisé plusieurs l'imprudence de rester dans la colo- 
fégiments de nègres pour combattre nie. Sabourin se présenta, se déclara 
les insurgés. Sabourin prit du service homme de couleur et offrit ses ser* 
dans l'un de ces rc^gimeuts qui fai- vices, qui furent acceptés. Cepen* 
saient une guerre à outrance aux dant Dessalines, méfiant par sa na- 
hommesdesaprédilection.Maisaprès ture et qui connaissait la conduite 
quatre ans d'occupation, les Anglais équivoque de Sabourin, voulut avoir 
capitulèrent avec Toussaint«Louver- des garanties. • Je veux, lui dit-il en 
ture, qui devint le chef suprême de patois créole, une obéissance aveugle; 
U colonie sous le titre de lieutenant- te sens-tu capable d'exécuter mes 
général. Ce despote ayant juré Tex- ordres? 11 fdut me le prouver à 
Isrmination des gens de couleur, ins- l'instant en frappant toi-même les 
pira des craintes à Sabourin, que ses blancs dont j'ai Juré l'exteruiina- 
inelinationa naturelles avaient tou- tion. • Sabourin s'inclina respectueu- 
JAurs porté vers cette caste. U vit les sèment devantce tigre altéré de sang, 
dangers qu'il courait, et se rallia à et après avoir protesté de son entière 
U couleur blanche, à laquelle il tenait soumission, nouveau séide, il se mit 
par son père. Ainsi placé sous la pro- à la tête de plusieurs détachements 
taelitkn de Toussaint- Louverture, Sa- qui traqiuiient les blancs de tout Age et 
bourin put se soustraire au sort qui de tout sexe, et les massacraient sans 
kl BMiiaçait. Toutefois sa versatilité pitié {voy. Dbssalinbs, LXIl, 43SK 
tan liisait craindre le regard perçant Mais Dessalines devenu empereur 
éê seu redoutable chef, et ce ne fut ayant succombé lui-même dans une 
qji^veo beaucoup d'adresse et en se embuscade, le commandement fui dé* 
tenante l'écart qu'il parvint à se faire cernéaumulAtrePétion(ooy.oenom, 
otMier. Mais les ^énpments se près- XXXIII, «74), qui prit le titre de 
nient; en 1803 parut à Saint-Domin* président de la république d'Haïti, 
gma l'expédition commandée par le Cette révolution permit à Sabourin 
fendrai Leclerc. Ses débuts firent de se montrer ce qu'il était réelle- 
lllllAtlt Gonnattre quels en seraient ment„ c'est à-dire homme de couleur. 
lii uÉnittats. Sabourin les prévit el «Il se fit naturaliser fidlien) «t bèentM 



.,^. 



flprii il Tut pommé graQdtjngede la ch^euiconaiIedeCIermont.D^,Cn' 

colonie. Son élévalioo i. ce poste 1060, nous le voyons su nombre det- 

ëfiineot lui donna de Faciles moyens otages d'une convenlion que lecomta 

de compléter sa Turtune, et il n'en de Toulouse av«it conclue avec Er- 

négiigea aucun. Les biens des absents mengarde, ricomtesse de Béliers. U 

nyant été mis sous le séquestre, il se gloire qu'il s'acquit en Terre-Siinta 

fit adjuger à vil prix la ferme d'une mérite d'Stre consacrée, et l'on trouve . 

très-belle sucrerie située à une demi' le récit de ses valeurruses aclton* 

lieue de la ville du Port-au-Prince, dans les chroniqueurs des Creis a des, 

11 mourut en 1S3I dans l'exercice de Guillaume deTyr,Alberld'Aix et Bai^ 

ses fonctions, auxquelles son éduca- mond d'Agiles. A l'assaut d'Antioche 

tion l'avait rendu fort étranger. Il (3juiDi09S],<Guiilïume,compagnoa 

était célibataire. Sa sœur, qui était «d'armes et compatriote du comte 

mariée ànn H. PoUel,ancienassocié iKaimond, ■ pénétra un des pre- 

de la maison Laflitte, k Paris, resta miers dans la place et fit prisonniers 

long-temps veuve et fut ensuite pia- la femme de Dacien , gouverueur de ' 

cée dans une maison de santé à Bor- cette ville, et ses deux petits-dis, en- 

deaux, où on la traitait pour cause core enfanta ; il reçut pour ta rançoo 

d'aliénation mentale. C— L-^n. de ces puissants captifs 3,000 bcsants 

SABRAN (GniLUDHE , seigneur d'or. Pendant le siège de Jérusalei 
de), était fils d'Émenon, le premier (juin 1089), Guillaume de Sabem 
auteur connu de la maison de Sa- Baimond Pelet, suivis de quelqu.. 
brao, dont le nom se trouve meiék chevaliers, taillèrent en pièces une 
le fondation du monastère de Saint- tnultilude d'iitlidÈles qui voulaieut 
Pi erre- de -Sauve en 1030. Cette fa< s'opposer au débarquement de neuf 
mille, qui existe encore, est une des vaisseaux génois au port de Joppé, 
plus aucieiineset des plus nobles du lesquels apportaient des secours aux 
midi de la France. Originaire du croisés. Le 14 juillrt suivant, il fut 
Languedoc, elle tirait sonnomd'uq encore l'un des premiers chrétiens 
ancien cb&teau situé ï quatre lieues qui moulèrent sur les remparts de 
d'Uzès, ville dont elle possédait une Jérusalem et qui pénélrérent dans la 
partieeoft-anc-alleu,etauXll*siëcle cité sainte. On ignore s) Guillaume 
unedesesbrancbes devint par allian- du Sabran revint en France avec b 
ce titulaire du comté de Fur cal qui er. comte de Toulouse ou s'il mourut en 
LesseigneursdeSabransequalifiaie'nt Orient. — SABnitN (Siint EizéarAe) 
par la grâce de Ditu, cotmttabhi descendaiten ligueilirecledupréi^é- 
descomtMdel'aufotueiChargequ'iia dent; son père, Erm.ingaud de Sa- 
tinrent héréditairejusqu'àlaréunion bran, barun d'Ansouia, avait BUivi 
du Toulousain h U couronne (IJ. Charles, duc d'Anjou, dernier frère 
Guillaume, l" du nom , fut un des de saint Louis, lorsqu'il vint pren- 
chevaliers qui accompagnèrent Rai- dre possession de la curonne de 
mond de Saiot-Gilles , son seigneiu Sicile. Ce prince avait épousé Béa- 
suzerain, à la première croisade prfri trix, comiesse de Provence, Rlle •*' 
1 ' r— w Rayiiiond-Bérenger IV, lequel él. 

(i)Dom T.»^ie, Sin: d^loif., t-l H issu de Garsinde de Sflbraii (ï). doui 

II La gcDt'lnvie de II niudn dt Slbna 

en Ittérée i*nt VBiiinr* dt la mMêUt, fur 



M6 SAB SAB 

IVIIcYesnit. Brmangaiid se fixaan- naquit dans la seconde moitié du 

près da nouveau roi, qui If fît comte XII* siècle. Elle épousa, en 119S, 

d*ArianoftdePozzuolo, puis grand- Alphonse IT, comte de Provence, et 

justicier du royaume de Naples. EIzéar devenue veuve en 1209, elle gouverna 

8uivitd*abordla carrière desarmes et comme ri^gen^e pendant la minorité^ 

épousa Delphine de Signe, des comtes de son fils, depuis 1213 (époque de 

de Marseille, dame de Puymichel.En* la mort de Pierre II, roi d*Aragon, 

Toyé en ambassade à Paris, il y mou- tuteur de ce jeune prince) jusqu'en 

ml le 27 septembre 1S23, et fut in- 1217, année ou Raimond-Bf'renger 

bnmé dans réglise des Frères mineurs IV prit en innin la direction .de son 

à Apt, ainsi que sa femme en 1S69. Il comté de Provence. Amie des plai- 

avait donné à cette abbaye une anti- sirs, Garsinde se plut à réunir à sa 

que reUqne venant du reliquaire des cour les beaux esprits du temps, 

rois de Sicile , la seule chose que Fré- Elle inspira de vives passions qu'elle 

défie ait pu lui faire accepter en ré- semble avoir partagées, à moins qu'il 

compense de ses services; et, à ce su- ne faille regarder comme un simple 

Jet, on peut consulter un petit livre jeu d*esprit les accents amoureux qui 

du P. Borely, cordelier du couvent se manifestent dans ses vers. Divers 

d'Api, intitulé : La d^vofton du «at'nf troubadours ont célébré ses talents 

Snfèm Jiiui'au berceau, pratiquée poétiques ; malheureusement ses 

par taini Elséar et sainte Dauphine, écrits sont perdus ou relégués dans 

Paris, 1064. La renommée des subli- deâ manuscrits peu accessibles, mal 

mes vertus .d'EIzéar se répandit tel- déchiffrables ; Raynouard {Choix de 

lement dans le midi, après sa mort, poésies des troubadours, t. Y, p. 12S) 

que sa canonisation fut sollicitée en n'a publié de cette princesse qu'une 

1S02 auprès du pape Urbain V, par courte composition; et ce fragment 

Baimond Bot, évéque d'Apt, et celle fait regretter que nous n'en connais- 

de Delphine par Raimond 111 d'A- sions pas davantage. Il y règne une 

goult, en 1882, auprès de Clément chaleur et une grâce qui se rencon- 

Vli(RobertdeGenève),àlademande trent bieù rarement chez les poè- 

des états du Languedoc. L'Église ho- tes de cettte époque, et qui ne se 

Dore la mémoire de saint EIzéar, le trouvent pas toujours dans les écrits 

27 sept. Les Bollandistes ont publié de nos contemporains. Après une 

sa vie dans les Âcta ianetorum , existence un peu mondaine, la com- 

t. VII. Cest en souvenir de ce pieux tesse Giirsinde de Sabran embrassa 

aïeul que les Sabran ont porté le nom u vie religieuse \ elle entra en 1242 

d'EIzéar. C— h — n. ^u couvent de la Celle ; on ignore 

SABRAN (Garsindb de), femme iVpoque de sa mort. — La comtesse 

célèbre par sa beauté et dont le ta- de Sabran , l'une des femmes les 

lent ne doit pas être mis en oubli, plus belles et les plus spirituelles 

•^— ■"^~~~~"~— — ^"""■"— de son temps, fut une des maîtresses 

mrié «Tec Ma» uente , fiUe atofe de Rai- du duc d'Orléaus, régent de France. 

moBd*BéreDger iV. Ce fut pour ne paa Toir . ^«^ ^ ' ^ *«• 
paaatr U PrJVenre dan. les maint dicomte On raCOntC que CC priUCC, qUl n'ai- 
de Toulouse que Louis IX unit son plus mait pas que Ics femmes sc mélasseut 
jMM firèreà Béatrix, seule héritière du cmn. dcs affaires de l'État, la Conduisit, un 

M.'SurrwLlîd::cT. in«é:::: jo-r qu'eue mien aT.it parlé, devant 

trabfburineroytlaetletSabria. Une glace, et lui dit : « Regardez^ 



SAB 

est-ce à une aussi jolie jQgure qu'on 
doit parler d'affaires sérieuses? « 
Cette dame, qui avait à la fin conçu 
pour le régent un très-profond mé- 
pris, lui dit dans un de ces soupers 
oi!i les convives ne gardaient plus de 
mesure : «Dieu, après avoir créé 
l'homme, prit un reste de boue dont 
il fit rftme des princes et des la- 
quais... » Le duc, loin de s'offenser 
d'une telle insulte, trouva le mot 
juste et spirituel... B— n— t. 

SABRAN (le comte Elzéar- 
Louis-Marie de), issu de la même 
famille que tes précédents, naquit 
le 18 mai 1774, fils de l'un de nos 
marins les plus distingués, mais qui 
avait cinquante ans de plus que sa 
mère lorsqu'il Tépousa. On c/oit 
que ce fut à cause de cette extrême 
différence d*ftge de ses parents qu'il 
vint au monde bègue, boiteux et 
presque mourant. Pour corriger son 
défaut de prononciation, on lui fit 
réciter des vers dès sa première en- 
fance, ce qui lui donna de bonne 
heure le goût de la poésie. La fai- 
blesse de sa santé autant que ses 
goûts et son caractère ne permirent 
pas de le faire entrer dans U carrière 
des armes à laquelle sa naissance 
semblait rappeler. Élevé par un de 
ses oncles, qui était aumônier de la 
reine, et par le chevalier deBoufflers, 
qui, bien que d*abord petit abbé, ne 
fut jamais ni pieux ni régulier dans 
ses mœurs, il commença par jouer 
en famille la comédie, même les 
grands rOles de la tragédie, tels 
qu'Oreste et Égiste, dans lesquels il 
réussit tellement, a-t-on dit, que la 
cour et la ville accoururent chez sa 
mère pour voir un tel prodige. 
Nous pensons qu'il faut attribuer cet 
empressement au désir de voir ma- 
dame de Sabran, alors réputée la plus 
jolie femme de la capitale, plus qu'au 



SAB 



«87 



plaisir d'entendre des enfants réciter 
des vers que probablement ils ne 
comprenaient pas. On assure cepen- 
dant que ce fut à l'âge de quinze 
ans qu'EIzéar composa une tragédie 
d'Ànnibaly qu'il lut lui-même dans 
plusieurs sociétés où elle eut beau- 
coup de succès. Comme cette pièce 
n'a pas été imprimée ni jouée en 
France, nous ne pouvons point en 
juger. On a dit que le prince Henri 
de Prusse la fit représenter sur son 
théâtre de Rheinsberg, et qu'il y joua ^ 
lui-même le premier rôle. Nous voyons 
à la même source que le roi de Suède 
Gustave 111, voulut aussi la faire jouer 
à Stockholm, mais que pour cela il 
compta sur la présence de M^® de 
Sabran, qui ne s'y rendit pas... Au 
milieu des beaux esprits du XVllI" 
siècle, tels que Boufflers et Deliile, 
qui, presque tous, adoptaient avec 
enthousiasme les innovations de la 
révolution, le jeune comte de Sabran, 
élevé selon l'usage de ce temps- là, 
dans l'admiration des Grecs et des 
Romains, ne pouvait manquer d'adop- 
ter les mêmes opinions.Jl les mani- 
festa assez clairement en 1791, dans 
une petite brochure de cent pages iu« 
8"* qu'il intitula Âuœ Français, avec 
cette épigraphe : Nipdliry ni rougir. 
Ce petit tribut au nouveau système 
n'empêcha pas que l'auteur ne. fût 
obligé d'émigrer bientôt après avec 
sa mère, en compagnie du chevalier 
de Boufflers, qui finit par épouser 
M°*« de Sabran à Berlin, où tous fu- 
rent parfaitement accueillis par le 
prince Henri, frère du grand Frédé- 
ric, qui avait connu le chevalier dans 
ses voyages à Paris. Le jeune Sabran, 
sa mère et son beau-père, restèrent 
dans ce pays, comblés des bienfaits 
du prince, jusqu'à ce que la tolérance 
du gouvernement consulaire permît 
à la plus grande partie des émigrés 



lÉI 



«Ai 



<e rafoir leirf pttritf. UnH tonte II 
iimille rerint à Paris (1800), et le 
Jeane Bliëar, soos les aospices de 
ton beao-père(voy. BourFuis, L1X, 
t7)t se lia avee la plupart des célé- 
brités de l'époqoe, notamment arec 
M^ de Staël, oe qni fut loin de le 
leeommaoder an nouveau maître de 
k France. On sait quelle était pour 
cette dame Tantipathie de Napoléon. 
M* de Sabran ne craignit pas de aTas- 
•oder à cette défërenr, et il la suivit 
dans son exil à Cuppet, à Auzerre, à 
Cbaumoni et à Possé prèi deBtuis, etc. 
Compromis par une lettre qui tomba 
dans les mains de la police impériale, 
Il fut enfermé à Vincennes» d'où il 
ne sortit que pour être exilé à cin- 
quante lieues de Paris. Il ne revint 
danseetie ville qu*eo 1814 avec M"* de 
Staël, après la chute de Napoléon. 
Alors il parut avoir adopté sincère- 
Beot les principes de la Restauration , 
et il publia en 1820 un Dithyrambe 
mr la mort de M. le duc de Berri 
et le$ dangers de l'Europe. Du reste 
il se fit peu remarquer, et vécut sou- 
Tent retiré à la campagne , surtout 
depuis la mort de M"« de Staël 
et celle de sa mère. 11 mourut lui- 
■léme en sept. 1846. Sa sœur avait 
été mariée au jeune marquis de Cus- 
tine,niort surl'échafaud révolution- 
naire, le 8 janvier 1794. On a encore 
de lui : I. Notes critiques, remarques 
Uréflexions sur le Génie du christia- 
msme, Paris, 18oa, in-8<*. II. Le Re- 
pentir, poème en 7 chants, Paris, 
1817. On a dit que c'éuit un sujet 
mal choisi et dans lequel domine trop 
la mysticité; ce qui est sûr, c'est 
qoll eut peu de succès. 111. Quelques 
JTofes accompagnant la première édi- 
tion du poème de VlmagiiuUûm, 
par Delille. Il a laissé le manuscrit 
dfone tragédie sur la prise de Troie. 
— &• doc Slxêor-Louts-Zozim de 



SabMn, prfr de frttW ef HéirtéiiÉÉt- 
géttéral, chef de h. brandie atoée, 
était son cousin. M— d j. 

SACC VS (Caton) , célèbre joris- 
consnlte du XV* siècle , profes- 
sa avec éclat k Pavie, ensuite à Bo- 
logne, puis revint à Pavie, où il 
eut pour rivaux Paul de Castro et Ja- 
son ; il balança la gloire de ces doc- 
teurs si rencmmés de If ur temps. Il 
tut l'ami intime de Philelphe, qui du- 
rant une période de douze années 
(14Sf-145l) lui adressa fin grand 
nombre de lettres contenant qael«^ 
ques renseignements curienx pour 
l'histoire littéraire do XV* siè- 
cle. Saccus mourut en 1467, lais- 
sant beaucoup de RepetUiones doAt 
une portion a été intercalée dans les 
recueils de jurisprudence de Tépo- 
que, amas de gothique écriture qu*à 
débrouillés la patiente érudition de 
Savigny et de quelques Infatigables 
travailleurs d'outre-Rhin. B~il— t. 

SACHIT (iBif) Abou-Iousefia- 
eoub, célèbre grammairien, à qui 
l'on donna le surnom de Taciturne^ 
parce qu'il parlait peu, est regardé 
par les mahométans comme l'un des 
écrivaiuMes plus versés dans la con- 
naissance de la langue et de la lit- 
térature des Arabes. C'est le juge- 
ment qu'en porte d'Herbelot (BiMto- 
thique orientale, page 469), diaprés 
Rhona; mais ce même d'Herbelot ne 
fait mention, p. 739 et 834, que d'un 
seul des ouvrages de Sachit, sd Logi- 
que. Ce grammairien était tellement 
estimé que ses écrits ont été com^ 
mentes par Fabrizzi. Il était précep- 
teur des fils du khalife Moutavakel, 
qui, pour une réplique franche, mais 
qu'il trouva injurieuse, lui fit indigne- 
ment couper la langue; ce qui fut la 
cause de sa mort arrivée en t44 
de l'hégire (858 de l'ère chrétienne). 

J— If. 



SAC 

SAGK (Jbam^Atovsti), l'iHi éw 

hommes politiques IfS plus renom* 
mes de la Prusse, naquit à Clèves eft 
1764, fît ses études aux unÎTersi** 
tés de Duisbourg^, de Hiille, et en* 
tra eomme référendaire, puis com* 
me conspi4ler, dans l'espèce de gou- 
vernement qui existait alors à Clè- 
ves. Après l'invasion des Français en 
1794, il fut un des membres de la com- 
mission des subsistances militaires, 
et fit pour les approvisionnements 
de Tarniée plusieurs voyages à Browe 
et à Hambourg,. Après la paix de 
BAIe en 1705, Sack fut chargé de 
quelques négociâtes avec le géné- 
ral Huche, relativement aux posses- 
sions prussiennes de la rive gau- 
che que le cabinet de Berlin avait 
abandonnées, mais qu*il espérait bien 
recouvrer un jour. Dans cette es- 
pérance il voulut encore les faire 
administrer par des autorités prus- 
siennes et selon les anciennes lois 
du pays. Mais les succès des armées 
françaises allant toujours croissant, 
détruisirent bientôt cet espoir, et 
Fadminisi ration comme la législation 
française fut défiaitivement introdui- 
te dans le pays de Clèves et la Giieldre 
prussienne, qui furent créés en dépar- 
tements. Alors Sack fut nommé con- 
seiller privé des finances à la direc- 
tion générale de Berlin, et il est une 
grande part aux améliorations qtii 
furent opérées dans Tadministra- 
tion des finances. Son crédit et son 
influence augmentèrent beaucoup, 
et c'est dans cette position qu'il se 
trouvait lorsque les Français envahi- 
rent la Prusse en 1806. Il ne quitta 
point son poste, et continua d'admi- 
nistrer, dans des circonstances si 
difficiles avec autant de courage 
que d'habileté. Conservant le calmé 
et la présence d'esprit nécessaires, il 
triompha de toutes les difficultés, et 



8AG 



tel 



mérita mine l'estime dhin emittti 
fort exigeant. Quand le roi Frédé» 
ric-Guillaume revint dans sa capi-- 
taie après la paix de Tilsitt^ sick 
fut nommé conseiller privé, ayant là 
direction de la policé et des affaires 
ecclésittstiq ues; on conçoit toute l'iifr> 
portance de ces fonctions dans de pa- 
reilles circonstances. Sack s'en ac^ 
quitta avec une grande capacité» Ce 
fut surtout dans les derniers temps de 
l'occupation française qu'il eut occa- 
sion de déployer son zèle et son acti- 
vité. Travaillant avec le célèbre Stein 
et les généraux Scharnhost etGneise- 
nau, il les seconda parfaitementdaBS 
la propagation du tugendbund et 
Torganisaiion des landwers qui d«« 
valent soustraire'1'Atlemagne au joug 
de Napoléon. Par ses soins tout futic- 
crètement préparé; et quand la gliem 
éclata en 1813, il fut nommé §•»• 
verneur civil de tous les pays enm 
l'Elbe et l'Oder qui allaient être trà^ 
versés et ravagés par tant de passage! 
de troupes et d'mvasions d'arméet* 
Par ses soins plusde dix mille foto» 
taires sortirent de la capitale seul#« 
ment. Lorsque les armées de la ooè* 
lition pénétrèrent au>delk du Rhi»^ 
Sack fut nommé administrateur gd* 
néral des départements de la lifi 
gauche, et il conserva ces importai!» 
tes fonctions jusqu'à la paix déiiil«- 
tive en 1815. Alors il fut créé dlé» 
valier de l'Aigle-Rouge, et passa eu 
Poméranie avec le titre d'excelleMe 
et de conseiller privé. L'université 
de Halle lui déft^ra celui de dodem^ 
honorair$j et il resta dans cetHi 
position jusqu'à sa mort en 1190. -^ 
Le baron Albert Sack, chambelliit 
du roi de Prusse et probablement de 
la même famille que le précédent, 
ayant été forcé, par des motifs de 
santé, de se rendre aux îles Madère, 
puis àSurinam^ 7 fit des redierehe^ 



S40 SAC SAC 

for l'histoire naturelle et pobfie à il te fit encore remarquer à Halojora- 
ion retour, en 1810, un ouvrage in* dowiti, à KrasnoT, etc. En 1818, dans 
tîtulë : Détails d^un voyage à Suri- la campagne de Saxe, il était sous les 
nom, vol. in-4». — Un autre Sack, mi- ordres de Blûcher, et il eut beaucoup 
nîstre protestant, a publié des Ser- de part à la victoire de la Katzbaeh 
mont prononcés devant le roi de contre le maréchal Macdonald. Ce 
Prusse, et qui ont été traduits en fut lui qui força le général Puthodà 
français par la reine Elisabeth, Ber- capituler; mais le 20 août, à son tour, 
lin, 1777, in-8«. M— n j. il fut attaqué et battu à Works sur 
SACKEN ( le baron Osten von les lignes de la Bober, par le brave 
der), feld-maréchal russe, né en Li- des braves, le maréchal Ney. Après 
Tonie, d'une famille noble, en 1750, la bataille de Bautzen, Sacken se 
entra de bonne heure au service dans porta, à marches forcées, sur TElster, 
un régiment de cavalerie, et se dis- pour y passer l'Elbe avec les corpsdes 
tîngua par son courage et son intel- généraux York et Langeron, et servit 
ligence dans la guerre contre les de réserve au premier, pendant qu'il 
Turcs et les Polonais, sous les ordres attaquait les Français près de War- 
de Romanzoff et de Souvarow. Re- tenbourg. Il concourut encore aux 
eonnu bientôt pour un des meilleurs opérations qui suivirent la bataille 
officiersdecavalerie, il parvint au gra- de Leipzig, notamment à l'affaire 
de de général*uiajor, et fut employé d'Hanau qui termina cette campa- 
dans l'armée que Korsakoff comman- gne.L'annéesuivante il passa leRhin, 
da contre la France en 1799. On sait le 1*' janvier, avec un corps de l'ar* 
ce qu*il advint de cette entreprise méedeSilésie, et se dirigea sur Pont- 
que Masséna fit échouer complète- à-Mousson. Le29, il prit une part très- 
ment à Zurich. Sacken y fut fait pri- active au combat de Brienne; mais il 
sonnier et conduit à Nancy, où il éprouva ensuite un échec près de 
resta jusqu'à ce que Bonaparte réus- Montmirail, lorsqu'il voulut marcher 
stt à gagner Paul K en lui renvoyant sur Paris. 11 attaqua, le 1"* février, le 
ses prisonniers de guerre. Sacken fut village de la Rothière dont il s'em- 
de ce nombre, et après avoir passé para, et combattit encore à Craonne 
deux ans en France, d'une manière et à Laon, les 7 et 9 mars suivants, 
fort agréable et très-utile pour son Aussitôt après la capitulation de Pa- 
instmclion, il retourna avec joie dans ris, Sacken en fut nommé gouver- 
ta patrie, où il reprit son rang dans neur. Il s'est acquis pendant l'exer- 
Parmée. Cependant il ne fut employé cice de ces'fonctions l'estime des Pa- 
activement qu'en 1806, pour com- risiens par sa modération et par la 
battre encore une fois les Fran- loyauté de son caractère. Ayant reçu 
fais, quand Alexandre vint au se- de l'empereur Alexandre les instruc- 
oonrs des Prussiens. 11 commandait lions les plus précises pour le main- 
an corps de cavalerie à Eylau, à tien de l'ordre, il montra dans toutes 
Friedland, et il s'y distingua par sa les occasions le désir de diminuer le 
Tklear, comme aussi dans la célèbre poids de la guerre, et fit observer la 
expédition de Moscou, en 1813, où plus exacte discipline. En quittant 
il eommandait à l'aile gauche de l'ar- Paris, au mois de juin, il emporta les 
niée russe sous le prince Bagration. témoignages les plus honorables de 
DnniU retraite du mois de décembre, la satisfaction des habitants^ et parti- 



X 



SAC 

ctilièrement dés antoritës, qui eonsi- 
gnèrent dans nne. délibération Tex- 
pression de leur estime» La garde na- 
tionale lui. offrit une ëpée comme 
gage de. la reconnaissance publique. 
Le roi Loois XVIll lui écrivit, en lui 
envoyant son portrait sur une su* 
perbe; botte enrichie de diamants t 
« M. le général, sachant apprécier la 
conduite. que vous avez tenue anvers 
ma bonne ville de Paris, et le soin 
que yoqs avez pris *d'alléger autant 
que possible les fardeaux qu'avaient 
à supporter mes sujets, je désire vous 
transmettre ici les témoignages de 
ma haute estime, de ma satisfaction, 
et Passurance de tous mes sentiments 
pour vous. » Le général Sacken ré- 
pondit à tous ces témoignages de re^ 
connaissance par une lettre fort po- 
lie qu'il adressa au préfet de Paris, 
et qiii fut publiée par tous les jour- 
naux. Il fut créé grand'croix du Mé- 
rite-Militaire de France, le 4 octobre 
18 1 5. Son souverain le nomma en- 
suite commandant en chef du premier 
corps d'armée, en remplacement du 
feld-maréchail Barclay de Tolly, mort 
en 1818, et un. peu plus tard il lui 
donna le grade de feld-maréchal. 
Son âge ne lui permettant plus de 
•prendre part aux opérations de la 
guerrcvil vécut dans la retraite, et y 
mourut dans le mois d'avril 1837, à 
l'âge de 87 ans. De grands honneurs 
lui furent rendus, et l'empereur Ni- 
colas ordonna à cette, occaèion un 
deuil de trois jours pour toute l'ar- 
mé^. — Un fils. du baron Sacken a 
été tué en duel à Paris, quelques an- 
nées après 1830. M— b j. 

SACY (Claude-Louis^Michbl dç), 
littérateur du dix-huitième siècle, na^* 
quiten 1746 àFécamp, et mourut vers 
1790,'à.Paris, où il était venude bonne 
heure, il exerça lés fonctions decen* 
seur royal, ou du moins il en. porta 

LXXX. 



SAC 



»41 



le titre ; ce qui ne l'empêcha pas 
de composer en même temps beau- 
coup d'écrits dans différents genres, 
savoir r I. Lés Àmii rivauar^ Amster- 
dam, 1767, in-12; Paris, 1768, in-8*; 
d77S, in*-i2. II. LeêJei^œdfila fortu-^ 
ne, Amsterdam (Lflie), 1768, in-lt. 
III. VHonnewrfrançaiêy ou BM&ire 
des vertuê et des exploits de noire 
nation^ dapuit Vétahtissement de lu 
monarchie jusqu'à nos fours ^ Pàrii« 
1770-84, 12 roi. in-12. Les deux pre- 
miers volumes de cet ouvrage Ont en 
une seconde édition en 1771. IV. Les 
amours de Sapho et de Phàon^ Ams- 
terdam, i77&,in-8^y.L'J&fcfa««^ 
des Américains et des nègres^ poème 
qui a concouru pour le prix dé i'Aca* 
demie française, 1779, in^*.VI. J^(o|fa 
de Georges d'Amhoise, eardinal-ar^ 
eheeéque de Rouen, prinHpal minis^ 
tre de Louis'iXIIj couronné à Rouen ; 
Londres et Paris,. 1776, in-8<*. VIL 
Histoire générale de Hongrie^ depuis 
kspremiéresinvaêionsderHuneJuê' 
qu'à nos jours, Paris, .1778, 2 vol. 
in-12; Yverdun, 1780, 3 vol. in-lS. 
YIII. Opuscules dramatiques, on 
Nouveaux amusementsde campagne^ 
Paris, 1778,2 vol. in-8tt. On a encore 
de Claude de Sacy un grand nombrfi 
d'articles dans le supplément de VEur 
cyclopédie et ûeM la Biilioihépte es 
l'homme d'État et A» dtoyem^ l%77- 
80, 80 vol. in-4% et plusieurs pièces 
de vers .médiocres dans VAlmanad^ 
des Musée. . . * Z. 

SACY (ANTOilfB-ISAAÇ SlLVISTBB. 

de), célèbre orientaliste, naquit le 21 
septembre 1758 à Paris, où son père, . 
Jacques- Abraham SUTestre* exerçait 
les {onctions de notaire. 11 afaitdeox 
frères, et, conformément à im usage 
siivi dans la bourgeoisie d^ la capi- 
tale, l'atné conserra 1^ nom tout court 
de Silvestre. Antoine-Iaaac, qui était - 
le seedàd«.rei{at eeliii de SitTeatre de 



S4t SàC SAC 

SteytMletroinèmfts'ippeltfiilfe»- •■iuits dan ta priiiciftt ék la 

Ire de Ohinteloop. Dès rig« de sept nligkm la plm TÎTe. De Thëbrea , 

tne» Saey eiit le nalheur de perdre Saey passe aa syriaque» aa chat- 

•on père. Sa «ère, qui était une fem- déeû « au samaritain ^ pois à l*|ur«be 

■M sage et pleine de tendresse pour et à l'éthiopien. Pour Thébrea et l'a- 

seswifiintst suppléa autant qu'il était rabe» il reçut des leçons d'un juif 

e& elle à une si oriielle absenee. Cbm-* très-instruit, qui se trouTsit alors è 

■e il paraissait d'une santé délieate, Paris. On raconte que^ pour se ren- 

iltrtTaillàdansIa maison maternelle, dre l'hébreu plus toilieTt il adopta 

soqs ladlreetion d'un précepteur. Ses l'usa§e de lire dans le texte hébrsîS- 

études daisiques lorent extrême- que les prières de l'^lî^e qui sont 

iMUt brillantes. On en peut juger empruntées à TAneien Testament. A 

pair la conm^iMaéw parfaite qu'it ac- une étude aussi difficile par elle-mê- 

fi^t des littératures latine et grec» me, il joignait celle de l'italien^ de 

que. Cette connaissance était telle, Tespagnol, de l'anglais et de l'aile^ 

qu'elle aurait suffi pour faire la ré* mand^Ce qui prolongeait pour loi le 

putation d'un savant moins célèbre temps qui est si court pour le com- 

à d'autres titres. Dès l'âge de doute mun des hommes, c'était le genre de 

iis , Sacy était dans l'iwage , à ses yie qu'il menait. Sa mère , qui nes'ér 

heures de récréation, d'aller se pro- tait pas remariée et qui concentrait 

mener a?ec son précepteur dans le toutes ses affections sur ses enfents, 

Jardin de l'abhaye Saint-Germain- les avait habitués à ne pas sortît de 

dee-Prés. On sait qu'à cette époque la maison maternelle. On rapporte 

M monastère était occupé par les bé- que Sacy, pour se créer une espèce 

Bédietins de la congrégation de Saint- de société, avait élevé un serin au- 

Maur, d<mt le nom rappelle tant de quel il avait appris à prononcer quel- 

beaux monuments élevés en l'hon- ques mots italiens. Cependant il était 

■eur de la religion et de la science, impossible qu'un homme aussi heu- 

Parmi les religiisux.de l'abbaye se reusement doué restât long-temps 

trouvait dom Berthereau (eoy. ce inconnu au monde savant A cette 

i|om,iy, SftS), travaillant alors à époque les études bibliques occu- 

. préparer un recueil des historiens paient en Europe une place plus gran- 

aralMsquiont parlé des guerres de^ de qu'aujourd'hui. C'était le temps 

croisades. Déjà Skcy se faisait remar- où s'accomplissaient les travaux des 

quer par le caractère à la fois pru- Kennicott, des Rossi (voy. ces noms, 

dent et décidé qu'on lut a connu de- XXII, J95, et LXXIX, 477). De toute 

puis* Dom Berthereau le prit en ami- part on soumettait à un examen cri- 

.tié,et lui inspira le goût des langues tique les manuscrits qui renferment 

orientales. Sacy ayant terminé It nos livres saints. Plusieurs recueils 

cow. de ses études classiques» cm- périodiques étaient consacra à ce 

brassa immédiatement la carrière genredereche^ches; dès qu'on oHen- 

qu'U. devait parcourir avec tant de taliste avait découvert un manuscrit 

gloire. Il commença par l'étude de 'important, il envoyait une notice du 

la langue hébraïque appliquée à me Volume à l'un de ces recueils, et le 

fionnaissançe plus intime de nos li- inonde savant en était sur-ie- champ 

jres sainta. Sa mère était undTemme instruit. Le principal recueil de cette 

,. et elle avait éWvé ses espèce se publiait en Allemagne et 



SAC 

éi&it dirige par le célèbre Eiebhorn 
{voy. ce nom, LXIII, 817 ) ; il portait 
le titre de Repertorium fur bibliS' 
che und morgenlandische litteratur. 
Un orientaliste allemand, passant à 
Paris, avait remarque dans un ma- 
nuscrit syriaque de la bibliothèque 
royale, ancien iTonds, n« 5, une ver- 
sion syriaque du quatrième livré des 
Rois; or, la traduction paraissait avoir 
été faite sur la version grecque des 
Septante, publiée par Origène, et elle 
était accompagnée des variantes de 
plusieurs autres versions. 11 devenait 
important de fixer le caractère de 
cette traduction , non*seulement à 
cause deis différences qu'elle pouvait 
offrir, mais parce que' ce serait le 
moyen de s'assurer si le textie grec de 
l'édition d'Origène,qui acours main- 
tenant , est bien le même que celui 
qui existait au moment où la traduc- 
tion syriaque eut lieu. Sacy, alors 
dans sa vingt-troisième année , mit 
par écrit quelques notes qu'il envoya 
k Eichhorn, et d'après lesquelles ce- 
lui-ci publia une notice du manus- 
crit, dans le tome VIF du Reperto- 
rium; plus tard même Sacy copia le 
quatrième livre des Rois tout entier, 
et c'est en partie d'après cette copie 
qu'il a été donné, il y a quelques an- 
nées, une édition de ce livre en Al- 
lemagne (1). En 1733, Sstcy fixa son 
attention sur le texte hébreu de 
deux lettres qui avaient été adres- 
sées, vers la fin du seizième siècle, 
par les Samaritains à Joseph Scali- 
ger. Les SamàritaiQS,qui maintenant 
sont bornés à un petit nombre de fa- 
milles et qui 4lor5 formaient encore 
plusieurs communautés à Naplouse- 



(i) yojr^leCodhi Sjriaco-Hexaplan's i li- 
ber quartus Regum, e codice pdrisCensi; hai'ûtf 
duodecim prophetœ minores, «te, par JNL 
Middeldorpf, Berlin, i835, in-A*". 



SAC 



UZ 



et ailleurs, ont conservé les croyan- 
ces et les préceptes de Moîs« tels 
qu'ils sont exposés dans le Pentatcu- 
que; mais ils rejettent tous les livres 
qni sont venus après. Moïse. Scaliger 
eut l'idée d'écrire aux Samaritains de 
Naplouse et à ceux d'Egypte, pour 

connaître aujuste les ritesde leur culte 
et pour demander une copie de- leurs 
livres, tels qu'ils avaient cours chez 
eux. Les Samaritains répondirent 
chacun de leur côté ; mais la réponse 
n'arriva qu'après la mort de Scaliger. 
Plus tard le père Morin , de TOra- 
toire(tJoy. Morin, XXX, 166), fit 
une traduction latine des deux let- 
tres, et cette traduction fut publiée 
par Richard Simon {voy. ce, nom, 
XLII, 880); mais la traduction 
manquait d'exactitude. Sacy fit une 
copie du texte hébreii,iqu'il accompa- 
gna d'une nouvelle version latine et 
de notes, et le tout fut publié pat 
Eichhorn dans le tome XIII du\Reper'^ 
torium. Indépendamment de ses étu- 
des bibfiques, qu'il continua toute sa 
vie,Sacy avait commencé à considérer 
l'Orient sous ses diverses (aces, sous 
son aspect profane comme sous son 
aspect sacré, sous le rapport de sa 
géographie et de son histoire comme 
sous celui des nombreuses croyances 
qui y sont nées. La connaissance de 
la langue arabe lui fut d'un grand se- 
cours à cet égard 5 en effet ^ c'est dans 
la langue arabe que sont écrits les 
ouvrage? les plus anciens et lés 
plus instructifs sur* la matière. Il 
ne tarda pas à joindre à l'étude de 
l'afrabe celle du persan et du turc, 
deux langues qui s'éloignent du génie 
des langues sémitiques -et qui exi- 
geaiëilt de sa part des invesligations 
nouvelles. 11 ne poussa jamais bien 
loin l'étude du turc; pour l'arabe et 
le persan, il ne cessa plus de s'en oc- 
cuper le reste de sa vie, et avcfc la 



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«rtinmimi:* Trilnitr Anv» lanf;tii*<, iiq 
li*avii<t pM lmiin<tnimiiNrili<Ai<jii'iin> 
Jnnnl'hiit, r*o4llti*«qi>> Knnt xn gnnde 
pUTliP non "it»Miî>v B>-rfikti (voyant 
ROI», k\1i:Vtl,irD»!,i]mHVitil IrpliH 
Opprnrnnili IVlmli- Af l'arnhfi, t^ttli 
RinM qurltiifi ndik'c» •uparovsnt 
Win*>iv>iii'piiiM>liF>>iiii|mirl«rhrnni> 
ilil(><l'Miniilt(Mh,la|>uhlicdtionqii<)ii> 
Mt t<> filtiN illionnnm'. Lnt Ndiniir 
ftn Pi Wt (t>ay siui<ti,tgk6. \. 
tlin-Aii>, qiii,ppnilantun ilfuni-tir. 
«mtoiil \pU drl'itPlM mit l'iinWnr 
*-l.eT''''- 1"»»"! inoriw dintlfflii'ii 



^nni- ftnnt il *r liuiiii )r {« 
(•'Miti'Xi*!! im »«rTi'Mirp-ir 
Ihi l*M, niwiWBr' l.ifnnit fmfy 

<jtlii*io1r«> ^jm )<i (trande diflirci 
«m» Ir npfion phHniapM|nr' 




SAC 

tome X du nouvean RecuHl de V Aca- 
démie âesinscriptions^ et qa'il y au- 
rait maintenant des matériaux suffi- 
sants pouc en publier un second. 
L'année où Sacy rédigea ses mémoi- 
res sur Tancienne Arabie, il se maria. 
La même année il fût nommé mem- 
bre d'oin comité qui avait été. formé 
dans le sein de l'Académie des in- 
scriptions et qui était chargé de faire 
connaître, par une analyse et des ex- 
traits plus du moins étendus, les ou-, 
vrages inédits de la bibliothèque 
royale et desautres bibliothèques du 
royaume. Ces analyses et ces extraits 
sont la matière du recueil devenu cé- 
lèbre S0U5 le titre de Notices et ex- 
traits des manuscrits, etc.; Sacy était ^ 
un des membres les plus actifs du 
comité. Parmi les notices qu'il four-r 
nit à cette époque, il suffira de citer 
trois morceaux qui se .trouvent, dans 
le tome iV àuRet^Âeili à savoir un ex- 
trait t de quelques biographies des 
poètes persans ; une traduction abré» 
gée de ^Histoire des princes gaz- 
nevides Sebektekin et Mahmoud, par 
Otby (voy.ce nom,XXXll, 224), et 
l'analyse de quatre ouvrages arabes 
relatifs à la couquête du Yémen par 
lesOttomans^auXVl* siècle de notre 
ère. La traduction de V Histoire des 
princes gaznevideê fut faite d'après 
une version persane, et ce ne fut que 
long-temps après que laBibliothèqtie 
royale acquit le texte arabe original; 
d'aillçurs on manquait à cette époque, 
sur I9 Pe^se orientale et sur là vallée 
de rindus, des secouirs dont on -dis- 
poseà présent. 11 est arrivé de là que, 
en certains endroits , Sacy n'a 'pas^% 
bien saisi le cours des évéheménts{2). 

(1) f^ojr. le Mémoin géographique et hUUf * 
nqu» iur Vlndê , antérieurement an mitieu 
dtt XI" siède de. l'ère chrétienne , par 
H. Hdntfnd , tou. XYH dn nouTean Rumt^U 
d$ l'Àtêiémiê dtt imçripti^nt» 



SAC 



94 



Pour Poeeopatlon du Yémen par les 
Ottomans, ce qui avait inspiré au 
gouvernement turc l'idée d'envahiir 
une contrée si éloignée du siège de 
l'empire, ce furent les vastes conquê- 
tes faites par les Portugais* h celte 
époque et la crainte que ce peuple 
audacieux ne tentât de subjuguer le 
berceau de la religion mujsulmane. Les 
ouvrage analysés par Sacy donnent 
une idée exacte des événements qui 
eurent alors lieu en Arabie. Il paraît* 
qu'il avait d'abord eu l'intention die 
publier ces relations en entier ; car 
on a trouvé parmi ses manuscrits^ une 
traduction complète des quatre relai> 
tious. Ce fut pende temps après qu'il 
entreprit la composition de ses beaux 
Mémoires sur diverses antiquités d$ 
la Perse. Outre, les monuments gi- 
gantesques qui décoraient, la ville de 
Persépolis et d'autres citéli de l'an^ 
cienne- Perse , il en existe quelques^ 
uns qui sont postérieurs à notre ère: 
ce' sont lès bas-^reliefs situés à queir 
que distance de Persépolis , au lieu 
appelé vulgairement Nacscbi-Bos- 
tèip. Ces bas-reliefs, outre deux gen- 
res d'inscriptions en caractères in- 
coimus, ont l'avantage d'offrir des 
inscriptions grecques. Sacy, s'aidàat 
des dessins qui avaient .été levés. çv 
dernier lieu, par Carsten Niebuhr 
{voy. ce nom , XXXI^ 271, eitLXXV, 
.380), rétablit les inscriptions grec- 
ques et reconnut sur l'une d'elles le 
nom d'Artaxerxès , fondateur dé la 
dynastie persane des Sassanides^ ad 
troisième siècle de notre ère. Le nom 
du roi était accompagné de celui dé 
sou père et de diverses épithètes em- 
pruntées en -partie au culte de Zo- 
roastre, culte qui avait d'abord per- 
du une grande partie de son lustre, 
par suite des conquêtes du grand 
Alexandre, <ft. auquel lés princes Saa- 
sanides su flatttieiit d*avôir renau 



1 



fit SAC SAC 

son .ancienne splendeur. Bnsuite Se* Behrâm on Vararanèe. Enfin, son âl- 
cy aborda la partie de PioscripUoii teution se porta sur une classe assez 
qoi était en caractères inconnus. Tout nombreuse de médailles qui se trou- 
portait à croire que cette partie était vent dans nos cabinets. On arait pré- 
réqulvalent de Fautre; mais corn- sumé, d'après le type général de ces 
inen) parvenir au déchiffrement d*nne inédailies, qu'elles appartenaient à la 
écriture dont il n'existait poiiit d'al- dynastie des Sassanides ; mais cette 
pliabet?il;commença par chercher le opinion avait besoin d'être confinnée 
nom d'Artazènès et celui.de son par le contenu des légendes. A la 
pèrct et les trouva. Il releva chacune première vue , Sacy eut le plaisir de 
des lettres qui entraient dans lacou).- reconnattre les caractères et la lan- 
position de ces noms et leur donna guepehlvis. Il lut les noins desprin- 
une valeur correspondante dans no- ces qui avaient fait frapper chaque 
tré alphabet. 11 fit de même' pour les pièce, et une classe entière de monn- 
temies relatifs au culte de Zoroastre, ments fut ainsi rendueà la sci«iee(3). 
qui âvaieniété reproduits d'une ma- Tels sont les principaux résultats 
Bièrepresq|j(ê intacte dans la version des mémoires de Sacy sur les anti- 

. grecsque. Ayant ainsi dans les mains^ quitésde la Perse. Ces mémoires, au 
unegr^de partie de l'alphabet qu'il* nombre de quatre, furent lus à l'A- 
cherchait, il passa aux mots dont le cadémie en 1787, 1788, 1700ei 1791. 
grec donnait un équivalent Le ha- On ne sait ce qu'il faut admirer da- 
sard fit qu'une partie des inscriptions vantage de l'étendue des recherches, ' 
e|i caractères inconnus était dans la delà sagacité des aperçus et de l*im- 
kngtte pehlvie, qui, à certains mots porUnce des conclusions. Il est bon 
particuliers à la Perse, joignait beau- de relever l'esprit de réserve dont 
coup de termes sémi^ques, c'est-à- Sacy fut animé dans toute la inite de 
dire chaldéèns , syriaques , etc. Il son travail. Cette réserve, écueil dan- 
n^eutpasde peine à reconnaître cette gereux pour certains savants , fut 

. classe de mots, ets'aida,poùr le reste, telle que quelques mots n'étant pas 
des vocainUaires qui avaient été re-> iuarqués d'une manière suffisamment 
. cueillis dans l'Inde par Anquetil-Du- distincte sur les dessins quittaient 

' perron (voff. ce nom, il, 328 ). Il de- sous ses yeux, il eut soin, pour cette 
Tint alors facile de se rendre compte partie de ses recherches, de se bor- 
I des sujets repréientéssurlesibas-re- ner à émettre de (Simples conjectu- 
lieb , sujets qui offrent des figures ras; or, ces conjectures se sont plus 
. de princes, les unes dans l'attitude tard presque toutes vérifiées. Les 
ducombat, les autres dans celle de la mémoires de Sacy furent -publiés 
victoire. Bientôt aprésy Sacy passa à en 179S , au plus fort de la tour- 
Texamen d'un bas-relief analogue si- mente révolutionnaire. Ils firelit d V 
tné aux environs de Kirman^cbah , bord, ainsi qu'on devait s'y attendre, 

anir les frontières du Kurdistan. L'une^^ ; 

des deux inscriptions qui aceompa- /;>,,*.: j c . ^ 

^^ ^ , . ,Vl ^ , , f <3) L'attention de Sacy ne se porta qne 

gnent le bas-relierest également en sar quelques médaiUes; mais; à raidede 
langue et en écriture pehlvies. Sacy* raiphaUt qn'ii atait éubiî, u. Adrien de 
Y lut les noms et les titres de Sa- Lo»W w» • P«baé. e» 1840J une «ite pwrs- 

' • . . .... qne complète de ces médaïUes toos le titre 

por U « SI célèbre par ses guerres Ies*^ ^Iriu mMmiiU*d*tnis ^«rm ^ im 
mkixt .}m Bomains, et de ton fils éfnmttUHus^iàé», m-i*. 



SAC SAC «i7 

fort peu de sensation; mais h mesure taient oii^rds, et contre les change- 
que les idées se calmèrent et que les m^nts encore plus grands qui se pré- 
espriis revinrent à des occupations paraient. Bien que père de famille et 
si intéressantes.on fut partout frappé r<^duit à une fortune médiocre, il 
du mérite d'un pareil ouvrage, et on n'iiésita pas à renoncer à toute fono- 
le plaça, d'un eoormun accord , par- tion publique. Au mois de juin.1703, 
miles plus beaux monuments de ré- il donna sa démission de commis- 
rudition francise (4). Pendant ce 8aire;gépél*al des monnaies, et comme 
temps, 6acy poursuivait ses travaux l'Académie des inscriptions, ainsi que 
bibliques, qui lui avaient été si utiles (es autres corps savants et littérai- 
pour l'explication des mots sémiti- f^Si ne tarda pas^ à tomber sous 
ques des inscriptions pehlvies. Il le niveau révolutionnaire, il se trouva 
composa, un mémoire sur la version condamné à vivre dans la retraite la 
arabe des livres jde Moïse, à l'usage plus absolue. Ce futpeut-itre cette 
. des Samaritains , et sur les manus- retraite qui le sauva; avee son caràe- 
crits connus de cette traduction. Ce tère décidéet inflexible, 11 aurait été 
mémoire fut originairement écrit en exposé plus qu'un\autre à la fiirêiir 
latin et inséré dans le tome X d'un des tyrans qui opprimaient la France, 
recueil intitulé: AllgemeineBiblio^ Sacy se retira avec sa famille dans 
teekfiir BiMiiche littérature lequel une petite maison dé campagne, à 
avait succédé au /{«p^rtortum, et était' quelques lieues de la capitale. Là il 
aussi dirigé par Eichhorn. Plus tard, partagea son temps entre ses tfavaoK • 
l'auteur le reproduisit en français, scientifiques et la culture de son jar- 
avec des corfeetions et des additionif din. Cependant ses recherches l'obli- 
dans lé tome XLIX de l'ancien Re- geaient à venir toutes les semaines! 
eueil de l'Académie des irneriptions. Paris ; c'était en effet dans ces tris- 
Sacy, à i'ftge de trente-deux ans, tes circonstances qu'il faisait impri- 
pouvait être considéré comme un sa- ^^^ ses mémoires sur les antiquité 
vaut dn premier ordre. De plus, il de la Perse. Ces mémoires avaient 
jouissait d'une position sociale fort ^^é destinés au recueil de l'Académie 
honorable. En 1791 , il fut nommé ^^ inscriptions; mais PAcadémie 
par le roi l'un des commissaires-gé- n'existait plus, et il itait à craindre 
néraux des monnaies. L'année sui- ^^^ ^^ monde saVant ne fût à jâmii$ 
vante, une place de membre titulaire P^^^ ^^ fruits d'un travail qui avait 
étant venue* à vaquer 4 l'Académie coûté tant de peines. Dans ses mo- 
des inscriptions, il fut élu à la plu- ments de loisir, il s'occupa principa* ^ 
ralité des suffrages; mais déjà la ré- lement de son grand travairsor le 
volution française avait pris une di- système religieux des Drozes. On 
rection qui menaçait toute espèce sait «que les Druzes forment encore 
de société. Sacy, qui voyait avec une populi^ionassez nombreuse dam 
douleur la tournure des affaires, vou- les chaînes du L^bah; c^te popula- 
lut protester autant qu'il -était en tion profiesse.dès doctrines pal'ticuliè- 
lui contre les changements qui s'é* res,et ces doctrines, qui se rattachent 

• . aux croyances ré|tand«e9'en Perse et 

(4)Pia,t-rdSaoyp«bU*„amémo|re.oj,- ^.*" î^ reste de l'Orient pendant lés 

pléuenCairo cUns ^ tome II da nouVeaa ÏU- P^niCrs SlCOleS de notre ère, n'OOt . 

9u$u dé VÀtméimiê éêt inHHfUéiu,' ' . Commencé à' &ire un corps régulier 



MS SAC iSAC 

qa% la fin du %• rièele de autre ère, compte eiaet dn génie de It langue 
fons le règne du calife d^Égypte et de sei idiotismee^ D'ailleurs, on 
Bakem (voy, ce nom^ XIX, aso). article du décret de la Cotavention 
Déjà il avait été fkit une traduction portait que les professeurs compo- 
francise des livres sacrés des Dru- seraient eu français une grammaire 
ses, par Petis'de Lacroix* («oy. ce de la langue qu'ils étalent chargés 
nom, XXIII, 480 ); mais cette tra- d'enseigner, et dès ce moment Sacy 
doetion était restée .manuscrite, et à recueillit des notes pour la rédaction 
oette époque on avait perdu toute d'une nouvelle grammaire arabe. A 
trace dn manuscrit. Sacy fit une nou- cette occasion, il se livra d'une ma- 
niUe traduction française, et il ac- nière suivie à l'étude de la grammaire 
eompigna sa version de divers pas- générale. Cette étude lui était deve- 
iages d'auteurs arabes qui pouvaient nue indispensable pour reconnaître 
Jeter du jour sur la matière. Malgré dans les écrits des grammairiens ara- 
cette masse de documents, il était à bes ce qui se rattachait d'une ma- 
craindre qn'il.n'cût pas encore réuni nière quelconque à la théorie du lan^ 
faiates les notions indispensables^ Des gage, et ce qui était uniquementfondé 
traités arabes analogues, qui n'a- sur l'esprit de système; avec sa ma- 
▼aient jamais été traduits, se trou- nière de concevoir prompte et lucide, 
vaient à Oxford et dans d'autres bi- il ne pouvait qu'y faire de grands 
bliothèques de TEurope. On eu an- * progrès. En 1700, il publia la pre- 
'nonçait d'autres de Syrie, pays où mière édition de ses Principes de 
les doctrines druzes ont continué, du grammaire générale. Cette édition 
moins en partie, i être professées, était uu simple extraits de ce qu'il 
Saey crut devoir remettre à un autre avait trouvé de plus clair et de plus 
temps la publication d'un ouvrage satisfaisant dans i{i Grammaire gé- 
i|ui li^i avait servi de distraction dans nérale de Port- Royale dans la 6rram- . 
des jours bien, mauvais. Cependant maire générale de Beauzée (voy. ce 
l'esprit de violence qui avait signalé nom, 111, 070), dans V Histoire natu- 
le ïégime de la Terreur avait corn- relie de, la parole et dans la Gram- 
mencéà se calmer, et les idées sem- maire universelle de Court de Gebe- 
blaient vouloiV revenir vers les tra- lin (voy^cenom,X, 108). Mais dans la 
vaux qui ont tant Cpntribué à rele- deuxième édition, qui paru! en 1804^ 
ver l'éclat de la France. Le 2 avril Sacy, qui avait eu le temps de mûrir 
1795* un décret de la Cou ventionéta- ses idées, remonta davantage aux 
Mit auprès de la Bibliothèque royale, principes. On trouve dans les chapi* 
dite alors nationale, une école publi- très qui traitent des cas, des noms, 
que destinée à. l'enseignement des des temps et des modes des verbes, 
langues orientales vivantes, d'une des observations qui lui sont propres. 
utilité reconnue pour la politique et Cet ouvrageaété réinipriméplusieurs 
le oommerce. Sacy, dès l'origine, fut fois, et il en existe des traductions 
chargé de l'enseignement de l'arabe, en d&nois, en allemand et en anglais. 
Comqc! tous les orientalistes de son Sur ces entrefaites une loi du 25 oc- 
temps, il s'était contenté d'une con- tobre 1 795 avait rétabli les anciennes 
nalisance superficielle de l'arabe \ académies sur des bases nouvelles. 
qnand il eut été nommé professeur, Le corps unique qui devait les repré- 
U sentit le besoin de se rendre un senter toutes était diVisé en trois clas- 



SAC SAC ftt» 

• 

ses et portait le nom d'iDStitotnatio- . dëpendimce directe de la France/ 

nal; Sacy fut admis, dès l'origine , Plostitut pensa que le temps était ve- 

dans la classe appelée elasse de la litr nu d*éciaircir ce doute, et il désigna 

iérature et des beaux-arU. Mais Sacy au gouvernement impérial, com- 

à cette époque, le gouvernement exi- me î bomme le plus capable de donner 

geait de toute personne qui était re- une idée exacte des richesses littërai- 

vêtue d'un titre quelconque ce qu'on Tes dé Tancienue république. Celait 

appelait le serment de haine à la la première fuis que celui-ci se séparait 

roffouté. Sacy, qui pensait que la de sa famille, et ce fut la dernière; 

royauté, ou, ce qui revient à peu près avec ses. goûts de cabinet et sa vie • 

au même, le gouvernement d'un seul, intérieure, il n'aimait pas à se dépla- 

rendraitàla France sa gloire et sa cer. Pendant tout le reste de sa vie, 

prospérité, refusa le serment, et dès ses voyages se bornèrent à aller dans 

avantl'installation du nouveau corps, labelle saison, avec sa famille, kla 

il envoya sa démission. Or, il était en campagne, à quelques lieues de la ca- 

même temps professeur d'arabe , et pitale, et cela le plus souvent,' non 

on ne tarda pas à lui demander le -pour se reposer, mais pouriravailler 

serment à ce second titre : il déclara avec plus de suite. Sacy ne trouva pas 

verbalement qu'il ne le prêterait pas, à Géties les manuscrits dont on avait 

mais qu'il continuerait à donner ses parlé. Ou ces manuscrits n'avaient 

leçons jusqu'à ce qu*on lui eût nom- jamais existé, ou bien ils avaient péri . 

mé un successeur. 11 n'était pas facile au milieu des déchirements auxquels 

de le remplacer, et on le laissa tran- la république fut plus d'une fois en 

quille. Enfin, l'Institut ayant été ré- proie. Néanmoins il prit note d'un 

organisé au mois dé janvier 1803, et grand nombre de pièces importantes* 

TÀcadémie des inscriptions ayant été pour l'histoire du gouvernement et 

rétablie sous le titre de classe d'his- du commerce de . la . république' au 

toire et de littérature anciennes, Sacy moyen-âge ;*il copia même les pièces 

reprit son ancienne place. En 1805 , qui lui parurent les plus intéressan- 

il fit un voyage à Gènes. Quelques tes. 4 sou retour à Paris, en 180§, il 

savants avaient , à diverses époques, ^^^ l'Académie, sur ces diverses piè-- 

émis l'opinion qu'il existait dans les ces. un rapport qui a été inséré dans 

archives de Gênes des ouvrages orien- i^ tome lil du Recueil de l'Académie ; 

taux de la plus haute importance. On . glus tard il publia en entier quelques- 

supposait qu'au temps où le pavilloii unes de ces pièces dans le tome XI du 

génois flottait sur toutes les côtes de la Recueil des notices et extraits. Pen* 

mer Noire et de la Méditerranée, une daut qu'il se trouvait encore à Gênes, 

foule de manuscrits précieux avaient ia chaire de perisan et de turk au col* 

été recueillis par la république, et lége de. France vint ai vaquer. Chose 

que là peut'-être se trouvait lasolu- singulière 1 la même personne,, jus- 

tion de plusieurs questions intéres- que-là, avait été chargée d^eiiseigner 

sautes pour l'hist.oire du moyenne, deux langues si différentes. Le gou- 

Ce qui donnait un nouveau crédit )i vernement impérial jugea'avec raison 

ce bruit, c'est que jusque-là le gouf- que chaque laiigue devait avoir son 

vernement génois avait refusé l'en- professeur. Là chaire fut partagée en 

trée de ses. archives à tout savant, deux, et, le 4 avril' 1806^ Sacy reçut 

étranger. Gènes étant iilors sous la. lachairede j^rsaB^lleûté^^impos-* 



--l" 



MO 



Sic 



siblo dft faire un meilleur ohèix. Ce 
ll*est pàd que Sacy n'eût à aci|uérir 
lui^rOdâme tvaol de donner à cette 
cbaire.tout lejustrè dont elle était 
•ttsœptible; mais, avec son esprit ar- 
dent et éclairé» il ne tarda pas à faire 
IH>ur le persan ce qu'il avait coin- 
pieucëà faire poUr l'arabe, et les deux 
*eo«rs devinrent bientôt également 
remarquables» La même ann^e, parut, 
sous le titre de Chrettomathie arabe. 
UQ.eboix d'extraits de divers écrivains 
arabes, tant en prose qu'en vers, avec 
une traduction française et des notes. 
Cet ouvrage, composé de 3 volumes 
Hi-S^, était le premier fruit des tra- 
vaux entrepris par Sacy« en sa qualité 
de professeur d'arabe.Voioi comment 
il 's'exprime dans la préface : • Le 
principal objet que je me suis, pro- 
posé en formjint ce recueil a été de 
' fourni raut élèves un moyen des'exer^ 
car sur les différents genres de com* 
position arabe ; j'ai multiplié et varié 
les extraits, afin de présenter des 
exemples de diverses sortes de style; 
j'ai disposé ces extraits de manière 
qae lesdifficult<^ ne s'accrussent que 
peu à peu. Le même motif d'utilité 
pour de jeunes étudiants dont- la plu- 
part se destinent au service de la di- 
plomatie, m'a inspiré le désir de join- 
dre aux extraits de simples prçsa- 
teurs, d'orateurs et de poètes, quelr 
que3 correspondances et autres.pièces. 
diplomoliques. » Les morceaux qui 
oomposent la Chrestomathie arabe 
étaient inédits et sont en général 
tirés des manuécrits de la Bibliothè- 
que royale. Tous ont un grand in- 
.t'érét phiiologlque; la plupart peu-* 
vent, de plus, intéresser les gens du 
monde. Quant aux notes, les unes 
ont p<mr but de fixer le texte , d'é^ 
èlalrcîr le sens de certains mots'j de 
4iiBiper les difficultés que présente 
' U «mstvietkm grammaticale, /nfti 



SAC 

de rendre raison de la Iraduetion ; les 
autres sont historiques, géographi- 
ques et bibliographiques. Ces notes, 
qui occupent une grande place dans 
le recueil, peuvent servir à mettre 
les étudiants, pour qui la littérature 
orieifitale offre un. champ tout à fait 
nouveau, en état de «e livrer plus 
tard aux recherches que comporte 
cette littérature. Nous ajouterons 
qu'une partie des notes, surtout en 
ce qui concerne les poésies, consis- 
tent dans des passages textuejs des 
principaux dictionnaires arabes, ou 

^ dans des extraits empruntés aux sco- 
liastes. En effet la poésie arabe, 
comme les autres poésies orientales, 
s'éloigne encore plus que la prose de 
notre manière d'exprimer noi idées, 
et souvent, sans le secours des sco- 
iiastes, il serait impossible de recon- 
naître le sens.. Les élèves, à Taidede 
ces notes., peuvent se ■ familiariser 
avec le langage des grammairiens. 
Du reste , il convient de dire que si, 
dans sà C9we$tomatkiê^ Sacy aborda 
franchement tous les genres de dif- 
ficultés, ii n'était pas encore en état 
de les lever toutes, et qu'il ne tarda 
pas lui-même à découvrir dans son 
travail un assez grand nombre de 
fautes. On a vu que, tant que dura le 
gouvernemefit républièain, il s'était 

. fait scrupule de remplir aucune fonc- 
tion politique et administrative. Il 
s'était borné aux devoirs du professo- 
rat et aux travaux académiques ^ en- 
core même il y aurait renoncé, si l'on 
avait exigé de lui le moindre acte 
contraire à ses principes. Mais il avait 
une activité d'esprit qui lui permet- 
tait d'allier les occupations en appa- 
rence les plus disparates. Il semble, 
de plus , à en juger par les travaux 
de toute sa vie , que son esprit avait 
besoin de changer souvent de sujet. 
Bù 1606, Sacy fnt élu par le départe- 



SAC SAC -Ui 

inêii(%) là Seine membi^ in cdrps qti^ofit faits depuis les sciences orfen- 
lëgislatif. Il est vrai que ioat le temps taies, il serait maioienaht impossible 
que dura le gouvernement impérial de fairemieuxiOn voit queSacy menait 
il prit rarement la parole. En 1810, de front plusieurs travaux différents, 
parut la première édition de la Qram- et cependant ce n^était là qu'une par- 
matre arafre. Cet ouvrage^ qui forme tie de ses oecupations babittfclles : 
deux gros volumes in-8o, était le fruit j1 était de cf*8 hpmmes qui se délas- 
de qtiinze années de recherches et de sent en passant d*an sujet à un au- 
méditations. L'auteur sVxprime ainsi tre. Pendant qu'il composait les ou- 
dans sa préface : • C'est en profitant vràges dont on vient de parler, et 
des écrits de tous ceux qui m'ont dont un seul .aurait servi pour ab- 
précédé, et en y joignant la lecture sorber les loisirs d'un savant ordi- 
des grammairiens et des scoliastes naire, il prenait une part très-activé 
arabes les plus célèbres, que j'ai pu aux travaux .de l'Académie des in- 
espérer d'offrir aux étudiants, et scriptions ; il fournissait des notices 
même aux savants,, uti ouvrage plus au Recueil des notices et extraits^ 
complet et plus méthodique.» Le <^t il était iin des collaborteurs les 
premier volume est consacré à la i^lnn télés 4n Magasin éneyelopédi- 
partie étymologique; le second ren- que, des Mines de l'Orienty etc. Par- 
ferme la syntaxe. Dans la plupart des mi les mémoires qu'il composa vers . 
cas, Sacy rapporte les dénominations cette époque pour l'Académie des 
particulières aux grammairiens ara- inscriptions, nous nous bornerons à 
bes. Ces dénominations sont fort citer ses trois Mémoires sur Id na- 
utiles à connaître, afin de se guider tare et les révolutions du droit de 
dans la lecture des traités originaux, propriété territoriale en Egypte, de- 
La môme année où parut la gram- puis la conquête du pays par les 
■ maire, Sacy publia la traduction fran- Musulmans au Vlh tiède de notre 
çaise d'une Relation arahe sur rjS-* ère, Jusqu'à Veafpédilion des Fran- 
gypte, par Abd-Allatif (t?oy. ce nom, ffl»>. ««rs la fin du dernier siècle. 
I, 52). La traduction est accompa- ^ premier de ces mémoires fut lu 
gnée de notes qui se rapportent à la ^n 1805 et a été inséré dans le tomelw 
géographie, à l'histoire naturelle et dunoaytm Recueil ûe l'Académie; le 
aux autres matières ti*aitées dans deuxième fut lu en 18 1& et parutdans 
l'ouvrage. Pour ce qui concerne les Iç tome V; pour le troisième, il fut lu 
sciences naturelles^, Sacy prit la pré- en 1818, et il se. trouve danp le toine 
caution de s'aider des conseils de Des- VU. Montesquieuii dans son Biprii 
fontaines, tle Cuvier fvay. ces noms, ^ l<oû,.parlant.des excès du detpo- 
LX1,588, et LXll, 878), et d'antres tisinequi ont exercé oui si fîftieste 
savants. La relation est complétée Influeftee en Orient, sVxprime aànti: 
par une biographie en partie inédite «Je ne sais sur quoi, dans les États 
de l'auteur, . biographie qui jette despotiques, le légisHiteiif pourrait 
.beaucoup de jour sur la manière dont irtatuer ou le magistrat juger. Il suit 
se faisaient alors les études dans les de ee que les terres apptrtiMinent au 
universités mnsulmapes. Lervolniné prinice, qu'il R*y a prMque point de 
entier, qui était le fruit d'environ dix lois civiles sur ti propriété des terres, 
années de travail, est exécuté avec «n II suit du droit que le sdaverain a de 
soin éxtrtoe ; e^ liilgré lesprôftès sneoéêer, 4a*il*B*y m t pMi»t son 



SAG SAC 

fim fuf les saoeesskms. Le nëgoee Tinoes, se ftîre un jeu d'ellicir tes 

eielnsif qu'il £dl dans quelques pays limites des- propriétés , et , chaque 

rend inutiles toutes sortes de lois sur année, il faut que l'autoHté publia 

le commerce. Les mariages que l'on que procède k de nouveaux pariag^. 

y contracte avec des filles esclaves De plus , TJ^pte, par sa situation 

font qu'il n'y a guère de lois civiles dans une vallée» n'oifre aux habi- 

sur les dots et sur les avantages des tants aucun abri contre la tyrauuie 

femmes.* Montesquieu, en traçant un de ses oppresseurs. $i donc l'on 

tableau si sombre d'une partie des montra que, même en Egypte, les 

contrées mahométànes, parlait uni- Musulmans, eu entrant dans le paya, 

quement de ce qui se passait de son laissèrent certains droits aux vaincus, 

temps, et non d'une chose qui aurait et que l'état actuel.de cette çoutrée 

été l'elEet naturel des institutions mu- n*est que la suite, des révolutions 

sulmaues. Mais quelques écrivains, sans nombre qui l'ont affligée, l'on 

Toyant un droit dams ce qui n'était opposait la réponse la plus péremp- 

qu'un abus, n'avaient pas hésité à toire. Sacy fait voir, les telles des 

dire qu'en Asie et en Afrique, le auteurs à la main, que lorsque les 

gouvernement est Jégalement le pro- Arabes envahirent l'ancien empire 

primaire de tous les immeubles, et des PhaAous, les habitants restèrent 

que les propriétés particulières ne en possession de leurs propriétés, et 

peuvent être regardées que comme que les vainqueurs se bornèrent à 

dés concessions faites à de certaines les soumettre à la capitation et à des 

conditions, et toujours révocables à charges régulières. Ce ne fotqu'a- 

volonté. Anquetil -^uperron , dans vec le temps, et à la suite de guerres 

sa Législation orientale, avait cher- intestines et de famines épouvanta- 

ché à faire la part des abus et des bies, qu'uue paitie des campagnes 

institutions considérées en- elles- se trouvant désertes, on fit venir des 

mêmes; mais il n'avait examiné la * tribus d'Arabes nomades. Plus tard, 

question qu&sousle point de vue po- dans la dernière moitié du Xlle aiè- 

iitique et philosophique : d'ailleurs cle, Saladin et ses descendants iu- 

son ouvrage se rapportait surtout à troduisireùt le système des béùé- 

l'Inde, pays où un séjour de plusieurs tices militaires qui avait été apporté 

années avait pu lui fournir des don^' récemment par les Turcs seldjou- 

nées plus sûres. Sacy résolut de irai- kydes des plaines (}e la Tartarie dans 

ter. la question sous. un point de vue la Perse, la Mésopotamie et la Syrie, 

ifurement historique, et il choisit Ce peu de mots suffiront pour don- 

l'Egypte pour l'objet de ses recher- ner une haute idée des mémoires de 

cher. Ce jpays n'a pas cessé d'entre- Sacy : ces miémoires, qui, réunis eu- 

tenir des relations de commerce et semble, formeraient un gros volume 

de. science avec l'Europe, et par con- in-8% sout devenus encore plus im- 

séquentest mieux connu de nous que portants pour la' science et i'admi n is- 

la plupart des autres. I>'ai!!eurs la tration depuis que la France a éta- 

propriété territoriale a nécessaire- bli sa domination en Algérie. 11 est 

ment reçu de plus fréquentes atteintes a regretter que la lecture n'en ait 

en Egypte que partout ailleurs. Bn pas été rendue plus attrayante. L'au- 

effist, le Nil, par ses débordements teur a commencé son travail par la 

«wittds, semble, dans plusieurs pro- fin, c'est-à-dire par l'état de l'Egypte 



SAC SAC SIS 

tel qn'll existait au moment de l'in- plupart] des recueils littéraires et 
Tasion française,.et suivant un ordre scientifiques de l'ancien r^me 
inverse des éTënements, il finit à la avaient disparu, il contribua puis- 
première invasion musulmane. Le samment à rétablir le goût des étu- 
long intervalle qui s'est écoulé entre des sérieuses. Sacy s'était chargé de 
la rédaction des mémoires ajempéché la partie orientale. Peu de cahiers 
l'auteur de se maintenir toujours au paraissaient sans quelque article de 
même point de vue. D'ailleurs, on ne ^^u»- Tantôt c'était l'analyse d'un.ou- 
pewt se le dissimuler, en entrepre- ▼''âge <l"i venait d'être publié , tan- 
nant ce travail, il n'avait pas fait une tôt c'était une nouvelle qu'il avait 
étude suivie de la législation' mnsul- ^^^^ ^ *'a»de d'une correspondance 
mane, et quelques-uns des faits qui *"ssi vaste ^uc bien entretenue. On 
se sotti^jçuccessivement révélés à la * ^*Jt le compte de tous les articles 
suite de l'établissement de l'autorité <!«'»> ^ fournis au Magasin encyelo- 
française en Algérie semblent n'être Pfdique^ et l'on a calculé que ces ar- 
pas entièrement d'accord avec ses ticlès occupaient seize cent cin- 
conclusions. Parmi les notices que Sa- <l"ante-huit pages. Tous ne sont pas 
cy rédigea à l'époque dont il est ques- également importants ; quelques-uns 
tion ici, on peut citer celle de plu- sont surannés ; mais combien de faits 
sieurs ouvrages arabes qui traitent qui, encore aujourd'hui, ne se trou- 
de la manière d'orthographier et de vent que là ? Ce que nous avons dit 
lire à haute voix TÀIcoran ( voy. du Magasin encyclopédique s'appli- 
le Recueil des notices, tom. VIH et que aux JIftnes de l'Orient, recueil 
IX). On sait que Mahomet {voy. ce publié à Vienne sous la direction dé 
nom, XXVI, 209) n'a pas publié M- ^^ Hammer, et qui forme six vo- 
l'Alcoran tel qu'il nous est parvenu, lûmes in-fo ; aux Annales des Voya- 
Ce furent les premiers califes qui fi- ges^ publiées à Paris par Malte-Bruu 
rent rédiger ce livre en corps d'où- i^oy. Bbun , LIX, 359). Il est bon 
vragc ( voy. Abou-Bekb, 1 , 86). Mais d'ajouter que Saçy, pendant presque 
déjà. certaines expressions n'étaient, toute sa vie\ a été à la fois homn^e 
plus intelligibles. D'ailleurs la copie d'affaires autant qu'homme de scien- 
qui en fut faite ne contenait que les ^ 5 son esprit de netteté et d'exac- 
consonnes ; les consonnes elles-mê- titude, son infotigable activité, l'art 
mes étaient privées des points-qui en ^''^ ^^^it de rester toujours maître 
fixent la valeur. Les Musulmans ne ^^ sa parole, enfin l'adresse consom- 
tardèrent pas à se diviser sur la ma- uiée qu'il savait employer dans l'oc- 
nière de lire certains passages. On casion, lui permettaient de se mêler 
compte sept systèmes de lecture qui ^ tout, de parler sur- tout. S'agis- 
sont orthodoxes , sans compter ceux sait-il de rédigier un rapport, sur un 
qui ne le sont pas. Or, ces différents o^jet quelconque, de faire quelque 
systèmes forment une science à part, démarche , il était toujours prêt ; et, 
qui est d'une grande importance pour ce qu'il y a de plus merveilleux, ses 
les Mlisulmans. Le Magasin ency^ travaux , pcàidant ce temps , eonti- 
clopédiquer est le nom d'un recueil nuaient presque comme s'il n'eût pas 
qui fut fondé par Millin {voy. ce fait autre chose. Ba ISUvl^s Bour- 
nom, XXIX, io). Venu à une épo- bons rentrèrent en France. Sâcy sa- 
qua où le Journal des Savants et la lua lelur retour tvee enthousiasme': 



Mt ' SAC SAC- 



iA MpMlpMdlit^iPIliiÉitl^hM' viHi ^ow Itt éMM MtaftMM* 
•a «MidQile anoui oiknl i^wiMiml. «PM IMtndeda > ; aMJM pi oinuH fM t 
8i riBciett régime l« rtppeldt dn «C Mëlhque des kngvet mbe ctyer* 
•Mifeaîrs agréitles ^ ces soavenm séné* Il existe uae j^ œ edie et im sf»» 
tuleit baUttCés ^ ce«x que lot tèoM de YersificitioB chei les An* 
Ûnait le régime impérial, il était bctcomme ches toas les peuples fii 
de ces homiMn qui, «ow tous les est wm poésie. Ce sfstèîoe Ht i€- 
gcNifememeiits , news foalons dire digé , dus IVttt où il c«t mdale^ 
les gottvenMments réguliers, et tton aaot , Yers la fin dn Tllb sièele de 
•pasl^^UMrebie^sotttsûrsdesecréer notre ère, près de deux siMis 
«■e position afantageose. On re- après MalioaMt (eoy* Kbaul, 1X11, 
marqnaan corps législatif qne depuis hi)\ mais depuis kmg- temps 9 
ee moment il prenait une part plus était mis en pratique, pniqpiNin le 
aetife à la disMSSion des projets de retrouve dans les poésies OMtérieum 
loi qui étaient soumis aux chamlires. à lislamisme. Quelles ^aieiit 1» rè-> 
Il avait rsçu du gouvernement impé* gles de ce système et en quoi cesH 
rial, en lëis» le titre de iMiron^ qu'il sistait le caractère prosodique de k 
avait si noblement acquis; au mois langue? On sait de quel seennvs la 
de lévrier lëift , le gouvernement connaissattce de la m étii qn e des la-^ 
royal le nommaà laplaoede recieur tinsetdesgrfCsadIéponrInlIMNK 
de IHuiiversité de Paris. Cette place' tnre classique. Cette connwnnw 
avait été occupée par Rollin et d*au<- était encore plus nécessaire peur la 
très personnages oâèbres; Sacy nM- poésie arabe et persans, psiWe eà 
tait pas au-dessous de ces noms il- Ton nVcrit ordinairanent que les 
lustres. Mais bientôt vinrent tes cent- consonnes. Eneffet, comment se i»f 
jours, et pendant cet intervalle il surlamanièredelire?Danslapteee 
vdeutdans la retraite. Us Bourbons on est guidé par le sens et par Im 
n^iyant pas tarde à rentrer, il tat règles de la construction; smis dans 
•omaié, an mois d'août, membre de la poésie, où se pressent les idées 
lasommission de Pînstruction publi- les plus opposées , où abondent les 
que, qui prit plus tard le nom de tournures elliptiques , œ moyen est 
conseii royal de iinstruction publt« insuffisant fin pareil SM» la con- 
que. Cboee singuliilve ) aucun des naissance du mètre est le guide le 
membres du conseil ne se sentant en plus sûr. Une Ibis qu'on sait qud doit 
état de suivre les détttils de la comp-> être le nombre des syllabes et des 
yjiilité . ce ftit Sacy qui s'en cbar- pieds, on voit quelle lettre doit être 
gea. 11 n'étiiii étranger à aucun dé- redoublée, quelle autre doit ^re snp- 
lail de Tadministration , et, sous sa primée. Entent , SasKiel Ledeie pu- 
dirsction, la comptabilité du minis^ blia en àufrletevre un traité laiin In- 
lère de rinstruction publique acquit titulé:5rùiiris m s ft r faq etràytAmtiMK 
un car«cière de régulariié qu>llè mi IVarf sf u« de ptû$oikt mm¥f 
n^vail pas eu jusque-là. Au milieu e» sufibonèut proèsliMémlir smfs. 
des préoccupations politiques et ad* Ce traité éuit rédigé diaprés les 
ministratives, la science poursuivait écrits des nationaux, et les mots am- 
son cours accoutumé : c^esi même à bes techniques étaient transcrits en 
sallsépoquequ'ilfiiutplacerungenre latin. Il est possible que Leclert se 
tfSiSSÉsrâbesquisétéuneèitnMk- lt\tMVQme<a\tmii«Qmi^te du aiigct 



• « 



r 
■ * 



sur lequel il écrivait ; mais ^rsoniie cte toutes lag aatious oMumlmanef 
autre n^y comprit rien i et« jusqu'à qui ont une littérature. Les oiiserva*' 
ceà derniers temps, deux au trois tions dé Sacy furent aussitôt accueil**' 
Européens seulement* Meninski.et lies par les principaïut orientalistes 
Rewiczky {voy. ces noms^ XXYIII, deTÉurope. On reconnut que toutes 
307, et XXX VU, 433), qui avaient les poésies arabes et persanes qui 
séjourné en Orient , avaient été ini- avaient été publiées jusqu'alors 
tiés par les docteurs du pays à des avaient plus ou moins besoin d'être 
notions aussi importantes. Le croira-:^ réformées. C'est dans le cours des an- 
t-on? lé célèbre William Jones {voy. nées 1814, 1815,1^16 et 1817que les 
ce nom , XXI, 623) , qui , du reste , idées de;$acy achevèrent de se fixer, 
était un excellent littérateur, avait et qu'il devint , non pas le premier 
composé un traité spécial de la poé- des orientalistes, car il l'était depuis 
sic asiatique, et cepeodant il n'était long-temps, mais de beaucoup supé- , 
pas en état de scander un seul ters. rieur à ce qu'il avait été jusque-là, 
11 a accompagné certains fragments en un mot , tel que ses admirateurs 
de poésie qu'il cite d'un tableau in- aiment aujourd'hui à se le représeï^- 
diquant leur valeur métrique ; mais ter. C'est ici le lieu de le dépeindre 
ce tableau , il l'a tiré des commenta- comme professeur. Réunissant des 
teurs nationaux, sans en avoir l'in- talents si divers et si brillants, il 
telligence. Sacy commença par la était peut-être plus distingué comme 
métrique arabcy après quoi il passa à professeur que sous tout autre rap- 
la métrique persane. Il étVt facile de port. Il faut avoir assisté à ses la- 
voir que la métrique des Persans était çons pour se faire une idée de la^na- 
imitée de celle des Arabes; et néan- nière dont il s'en acquittait. Doué 
moins, dans un grand nombre de d'une parfaite lucidité d'esprit, ayant 
cas, les deux niétriques ne s'accor- eu le temps de méditer s.ur tous lès 
daient pas. A la fin , Sacy reconnut mystères de la théorie du langage, et 
qu'il existe en persan deux ou trois possédant les deux langues qu'il était 
lettres qui , placées au bout d'une chargé d'enseigner mieux que ne les 
syllabe, n'ont qu'une valeur ortho- avait possédées personne avant lui» 
graphique/et dont on ne tient aucun il joignait à ces précieux avantages " 
compte en poésie. £n pareil cas, des beaucoup de sang-froid et une présen- 
syllabe^qui, en arabe, seraient né- ce d'esprit imperturbable. S'élevait-ii 
cessairement longues, restent dou- quelque difficulté? il prenait lapa» 
teuses, c'est-à<^ire qu'elles sont Ion- rôle et allait, droit au fait, disant tMrt 
^ues ou brèves à volonté. De plus^il ce qu'il fallait et rien que ce qu'il îtA^ . 
s'assura que certains mots étaient lait. Aussi ses cours étaient devenUà 
susceptibles, de s'allonger ou de se les cours par excellence , aon-sesle^ 
contracter, suivant le besoin du ment pour la France, mais poqrtoule 
rhythme. Dèafce moment, la métri- l'Europe. On voyait conitamnMntà 
que persane se trouva fixée, et com^^ ses leçons des hommes- qui avaient 
me cette métrique a été adoptée ^ à parcouru le cercle entier de lenre 
peu d'etceptions près, par les Turcs études, qui quelquefois s'étaient si- 
et les peuples de i'indc qui écrivent gnalés par des ouvrages estimés, et 
en indoustaui, on se trouva en pos- qui venaient soumettre leur' savoir 
session du système .de versification au sm^ 



"SàC SâC 





lin I f i rtM it t 9g»ih» à n f Kl 9NI cdbiwt H tamOalt , 

MM i«M nm^r ie fnàwr 99S Ir- sirtiit f ëg« li> ifw(l wiy 

ie Mnète à ks fwY IpNCInr rt^lne. U w sortait jmm» 

^èmiT«M«s ft I cm <fii ae wi IniI détcniiiÉé* àfo et 

r fti i irt fBL Al |tWMCfsîlé i»OTit ^«efscfftm»Uill»t 

w«lèilkil»;rtfMilils>gis«t dm hn, sa poHe éliil li 

#te Ime f«il a'iirat fos farot» twifs MiTerteètevÉ le 

H «< if àttai» il putf a ï a it tf^^Mw» s> M>h>» > sm lertr» il nuiiil 

k^m dkn kiL 11 itrorait le taie Mife«««l, cmmm 

s«r les aMMBcrils f«i élamt à sa leui ^ darité» ks 

■ #ii|«oitiiM«llfelùras8»ik$f#t»t$ ^ ravffv4ii4i»ie«Mi« » 

fai éfeaiHit testés «èsews. QmwI £e càntlMviks cartes fear 

itigat ie la Wç^s ft«ait , il était seenws. Le teste Ai tc«fs» 3 

frti à leaife vais»» ^ leat. Qari- mit ics |«ffSMMS fil i«aaMa( 

fMiw;» cefcwiaal » il se ptêsestaît JTiaitr des reMMÇMBMMls^ 

écs tfllifattcs fa^il a>mt pas |eé- casdidbts^iafaieal àsttUkikr 

TMs;al0ts)lavwMît s<Nieailwnras^ stifta^> des ipiafenmts 

t«r il allait ras de ces iMMars^ai taieal tee plac^ U était 

wiriramt fiùre Cffwre fa^lK saieat vaHt «» |ayrmu éctnairt m 

iMlK^Mis^mitiecitfïlai^enni- »li^rfeà1aMia.QMai w 

wHlafMstiett.eteffdiaaimaeat.i ii ifùttait la ^m» «« >t Mvi« et 

la le^«MiS«iTa«te> il dMaait laselii^ éce^tùi. Oar^Mirait le MCtÉi^Mrle 

tiea désùée. Oa sera feat^^tre c«- sajrt fa'<M T^Ndait. U laùsail farter; 

lieax de ciMualt re de faeli!e aKiai^ casaite il freaait la faiele et léfMH 

SMT4»f«saitdesajoafaee.llsele> dait aive resyttt aassi f anai t y» 

lailirefsseft iMpaiesetdeaâe^età si deyais lti>ag-lefs a ^élaH faéfaaé 

lait iMies a se leadait à s«Ni calb»- à ce i|a^l avait à dite. V^ il eefee- 

'aet.Uslaadi«HNfctedirtTeadteilu a^itsoahvreet saafafète^eteaat»- 

aMre acaff et dix Iwaies ^ H basait •«•il etwaie s^ a^àvait |as Hé «a- 

aaa ca«is de fetsaa aa colié^ de teeroaK^. Le le«tear éMwndent 

f^aare; les naidi^ ieadi et saaK^ fn^at^ve cvaMwat il s^ fie«àii 

dl» il fiàsait sea eeais dTarafre à la piNir exécuter ces tiaYaax ifn eat 

IMittlw^jae^ eatieda Iwaies et de- exi^ aae si aiiaatiease atlealieft. 

MeeftHiitietdeiii.A9i^saleçea^ Sacr aiaii^eaiitrea^et Km! le tiigff 

ilallùt^saitaaeeasnl deriastiae- fat^aedinnaût ras>ilaiaMiresfii( 

liaa i^rtiiae» sait à flastitat » sert aa tiavad. D^tecM» il était «Maé 

les HàaiflAèKS. A six lKam> a de cette aideat cwatMae i|ai (!»- 

ecdiaaiifaMat ea kwaii^. fiease de ttoat tef«K et ^'te yeaw 

â|iès diaer» il se leadùt taatik aa lait téw t aMe a ae at a yy eler le fca s»> 

>BWidectoitédesaaia»aadiiije cffé;delVrtieil fwssédiiit ledtMisâ 

awa(Uliaitaétart«wJkeitial^dia! me de fusser ceatiaaellleflaeoit df\i» 

fartfwiéaaiiAsavaHle^taatdtclwz sajet à aa aatie saas traasiùeflk et 

aa aaa ea faefifat MMStve. Qaaad saasfertedettfB.Qaaadilse 

BiaaMtaitfai^eefaiMétaÉtltt^ dàt j at H aai aart» s^ diu àt y 



SAC SAC 357 

v«r une heure, un quart d^heure de grande inflaence. Qu'on se rappelle 
libre, il arait soin de se munir d'un les obstacles qneChaoïpollion le jeune 
livre ou de quelques feuilles de pa- (voy. ce nom, LX, 414) rencontra 
pier, et il utilisait ce moment, quel- d'abord dans ses études, sur la vieille 
que court qu'il fût. En 1816, le Ma- l^gypte ; sans le compte rendu de ses 
gasin enq/clopidique ce^sa de parât- travaux rédigé par Sacy , serait-il 
tre, et le gouvernement rétablit le venu à bout de faire admettre ses 
Journal des SavanU. &cy, dès le premiersrésuItats?En 1816, Sacy pu- 
principe, fit partie du comité de ré- blia, sous le titre de Calila et Dim- 
daction, et, suivant son habitude, il na, le texte arabe des fables de Pil- 
sedistingua entre tous les rédacteurs paï (ooy. ce nom, LXXYIII, S37). 
par sa fécondité; jusqu'à sa mort il a Tout le monde connaît ces récits 
paru peu de cahiers sans quelque ar- naïfs mis dans la bouche de certains 
ticle de lui. Les morceaux fournis animaux et où se trouve le tableau le 
par Sacy prirent alors un caractère plus vrai des avantages et des incon- 
qu'ils n'avaient pas au même degré vénients de la puissance et de la fai- 
dans le Magasin encyclopédique; ce blesse^ de la gloire et de l'obscurité, 
fut la grande place qu'y occupèrent Ces contes, nés dans la presqu'île de 
les discussions philologiques. Le jour- l'Inde, aux environs du Y* siècle de 
nals'imprimantà l'imprimerie royale, notre ère, pénétrèrent en Perse dans 
dans un établissement unique en son le Yl* siècle, puis furent traduits en 
genre par le nombre et la variété de arabe et en grec, enfin se répandirent 
ses caractères d'impression, c'était dans tout l'Occident. L'original, qui 
pour Sacy une occasion toute natu- est rédigé en sanscrit, porte le titre 
relie défaire part au public du trésor de Pantchatantra, et ce n'est qu'a- 
d'observations de tout genre que sa près les travaux exécutés par Sacy 
longue expérience avait mis en sa pos- qu'on en a acquis une connaissance 
session. Quelques personnes ont trou- un peu étendue. Maintenant il se pré- 
vé certaines de ses observations un pare une édition du texte sanscrit 
peu minutieuses; d'autres ont dit que lui-même. Sacy fit imprimer la ver- 
plus d'un de ses articles ne s'élevait sion arabe. Le volume est précédé 
pas au-dessus du simple extrait. 11 d'un mémoire sur l'origine de ce livre 
convient de juger ces articles non et sur les diverses traductions qui en 
dans leurs détails, mais dans leur en- ont ^té faites ; ce mémoire est le ré- 
semble. Combien n'y a-t-ii pas de sumé de plusieurs mémoires très- con- 
ces notices qui sont très-importan- sidérablesque Sacy avait insérés dans 
tes, non pas seulement par leur éten- les tomes IX et X du Recueil des no» 
due, mais par les faits qui y sont con- tices et extraits. Le volume est ter^- 
tenus et qu'on chercherait vainement miné par la Moallakah de Lebyd 
ailleurs ! Nous nous bornerons à citer {voy. XXIU, 503). h la même époque, 
les articles consacrés à l'exposition Sacy publia dans le Recueil des noti" 
des doctrines mystiques des moines ', ces un extrait d'un ouvrage arabe in* 
contemplatifs de rOrient appelés du titulé Tarifât, ou Définitionr. Les 
nom de soutis, à l'analyse des livres dictionnairesarabf^s les plus célèbres, 
sabéciis autrement appelés chrétiens tels que le Sehak et le Camous (voy. 
de saint Jean, etc. 11 y a tels de ces Djethbry et Fib.ovzabadi, XI, 445, 
articles qui ont exercé une très- et XIY, 568), ne renferment qi^e les ■ 

Lxxx. n 



958 



SAC 



termes <!« la littëratiira clattique et 
les mots courants; on n'y trouve pas 
les mots (Karts et métiers, les termes 
de métaphysique et de sciences na- 
turelles. Ils sont à cet égard comme 
était naguère notre dictionnaire de 
TAcadémie française. On est donc em< 
barrasse quan<l on rencontre un mot 
technique, et ce cas se présente sou- 
vent d'ms la langue arabe, dans la 
langue d'un peuple qui , au moyeu 
ftge, était aussi raisitnneur et aussi 
porté aux subtilités que nos pères, et 
qui n'a pas d'autre littérature que 
celle qu'il avait alors. Le traité inti- 
tulé Tarifât est destmé à suppléer 
en partie à cette lacune*, Sacy crut 
devoir publier comme spécimen tons 
las mots appartenant à la première 
lettre de l'alphabet, accompagnés 
d'une traduction française. L'entre- 
prise était difficile, et lui seul pouvait 
s'en charger. Plus tard il a paru une 
édition du texte entier à Constanti- 
nople, et une autre édition fort soi- 
gnée a été imprimée en 1845 à Leip- 
zig (5). L'année 1819 vit paraître le 
Pend'Nameh^ ou Livre dei Conseils, 
en persan, en franrai», et avec des 
notes. Le Pend-Nameh est un petit 
traité de morale en vers, qui fut com- 
posé par un scheikU ou chef des so- 
fis de Perse,appelé Ferid-Ëddin-Attar. 
Ce scheikh vivait dans les Xlh et 
Xlll* siècles de notre ère. Sacy avait 
déjà publié une édition de ce traité 
dans les Mines de iOrient; il profita 
des progrès qu'il avait faits dans la 
connaissance du persan pour rendre 
sa traduction plus correcte, et il l'ac- 
compagna du texte ; il y joignit des 
extraits de divers poètes persans, no- 
tamment de ceux qui avaient excellé 

dans la peinture de*s doctrines des 

■ ■ ■ ' t __^^_— — — — — 

(5) f^*" titre es» : Definiiu >ngt viri mtrit\tximi 
sejfld ScKerif Dschordichai'i't un vol. in-8o. 
I.'^flftei^ «tf M. GostiTe \ ^liigrl. 



SAC 

sofis ; ce volume est un dfts inrille nrs 
qu'on puisse placer entre les mains 
des élèves ; de plus ceriaiiis passages 
intéresseront vivement les |)ersonnes 
qui s'adonnent krétntle d(*s doctrines 
phiiosophiqnes de rOri< m. Il est bon 
d'ajimler qu'en tétc do volume est une 
préface en persan rédigée par Sacy 
lui-même. Cependant la littérature 
orientale, prise dans çon extension la 
plus grande, avait fait dop;ûs quel- 
ques années en Europe des progrès 
qu'on n'aurait pas (>sé espérer : l'hé- 
breu, le syriaque et les autres langues 
bibliques continuaient à être culti- 
vées, surtout en Allemagne ; IVnsei- 
gnemeut de l'arabe et du persan, 
grâce aux travaux de Sacy, avait reçu 
une vie nouvt Ile. Bientôt la paix dont 
jouissait alors l'Europe faisant refhier 
vers le vieil Orient les pensées de 
quelques esprits actifs, ou avait joint 
à l'ftude tle l'hébreu, de l'arabe, du 
persan et du turc, celle de Tar- 
niénien, du sanscrit, du r.hinois, du 
géorgien et de toutes les langues un 
peu célèbres de l'Asie ancienne et 
moderne. Dans ces circonstances, 
quelques personnes eurent l'heureuse 
idée de réunir en corps, à Paris, tous 
les anmieurs de la littérature orien- 
tale, n'importe la l^ranchc; qu'ils 
avaient prise pour l'obiel de leurs 
recht'rches, et de rassembler autour 
de ce centre les personnes dos dé- 
parteuientset des pays étrangers qui 
partageaient les mOmes goftts. Telle 
fut l'origine de la Société asiatique. 
On était alors en 1822. Sacy prit une 
grande part à un événement qui devait 
exercer une influence favorable sur 
les lettres orientales. On peut dire 
que lui et un homme qui dt-Jà était 
célèbre par ses travaux sur la langue 
et la littérature chinoises, Abel Re- 
musat {voy. ce nom, LXXVUl, 445), 
furent les principaux fondateurs de 



suc SAC S50 

la Société. Aussi, lorsqu'il fut que»- tés i^ualogues qo'il était parvenu à se 
tion de constituer la Société, Sacy fqt procurer d'ailleurs, que Sacy con\- 
nommé président et Âbel Remusat posa le sien. Son but était de faire 
seçreftaire. Sacy avait publié sur ces servir son édition à la fois aux Orien- 
ent refaites son édition des Séances taux et aux Européens; voilà pour- 
rie Hariri (voy, ce nom, XIX. 423) quoi il s'abstint de toute remarque 
en arabe, avec im commentaire éga- en français, et se borna à extraire ce 
lementen arabe, un voi.in-fol. Ha- qu'il avait trouvé de meilleur dans 
riri est un écrivain originaire de les ouvrages nationaux. Quelquefois 
Bassora, lequel florissait à la fin du seuleme <t les scoliastes arabes ne 
Xl« siècle de notre ère. Les guerriers répondant pas tout à fait à sa pensée, 
de la première croisade, conduits par il rédigea lui-même des notes en 
Baudouin, frère de Godefroi de Bouil- arabe; mais, ainsi qu'il le dit dans sa 
Ion, ayant traversé rEuphrate, pri- préface, ces cas sont fort rares. L'é- 
rent possession d'Édesse et de quel- dition des Séances de Hariri fut 
ques autres villes de la Mésopotamie, accueillie en Europe comme une pu- 
Un musulman de la ville de Saroudj, blication utile aux progrès de la lit- 
appelé Abou-Zeyd, et qui était versé térature arabe, et Quelques ezemplai- 
dans toutes les finesses de la langue res étant allés en Egypte et en Syrie, 
arabe, ayant perdu tous ses biens à les hommes les plus instruits du pays 
l'arrivée des Francs, se réfugia k, se prosternèrent devant le savoir de 
Bassora. Hariri, de son côté, avait l'orientaliste français. Maintenant l'é- 
passé la plus grande partie de sa vie dition est tout à fait épuisée, et l'on 
dans l'étude de la philologie. Tous en imprime, sous la direction de M. 
deux se réunirent pour composer un Reinaud^ auteur de cet article, une 
ouvrage qui offrirait, pour ainsi dire, nouvelle édition en deux volumes 
l'inventaire de la langue de Maho- in-i<*.Letravail de Sacy est reproduit 
met. Les Séances de Hariri sont des sans aucun changement, sauf quel- 
espèces de drames, au nombre de ques corrections matérielles; mais k 
cinquante, où le même personnage est la fin il y aura une suite de notes 
constamment mis en scène, mais où historiques, géographiques, etc., ré- 
on le fait passer par les diverses si- digées en français. Sacy, en s'astrei- 
tuations de la vie. JL'aiiteur a profité gnant à suivre les commentateurs 
de ce cadre pour faire apparaître tour indigènes, s'était interdit les points 
à tour les expressions les plusélégan- de détails sur l'histoire, les mœurs 
tes de la langue, les tournures les et les usages du pays, qui n'avaient 
plus recherchées, les locutions pro- pas besoin d'explication pour les in- 
verbiales les plus usitées. Le style di^ènes, mais qui poumons sont très- 
habituel de Hariri et ses jeux de mots difficiles à comprendre. En succédant 
ont rendu la lecture du livre très- à Sacy dans sa chaire d'arabe, M. Rei- 
péuible, et les Arabes eux-mêmes ont naud consacra une leçon par semaine 
besoin de s'aider d'un commentaire; à l'explication des Séances de Ha^ 
à plus forte raison un commentaire riri ,' et cette circonstance le mit 
était-il nécessaire pour les Européens, dans la nécessité de faire des recher- 
Plusieurs commentaires de ce genre ches pour acquérir lui-même l'in- 
existent à la Bibliothèque royale, telligence du texte et des commen- 
C'est à l'aide de ces écrits et des trai- taires. Ce sont ces recherches qui 



2B0 



SAC 



fournissent en partie les moyens 
d'accompagner la nouyelle édition de 
remarques nombreuses (6). En 1826 
et 1827, Sacy donna une deuxième 
édition de sa Chrestomathie arabe; 
cette édition fut purgée des fau- 
tes de détail qui la déparaient et 
reçut des additions considérables. 
En 1829, il accompagna les trois vo- 
lumes de l'édition originale d'un vo- 
lume supplémentaire intitulé i4nf^o- 
logie grammaticale arabe. Il savait 
par expérience combien le système 
grammatical des Arabes est vaste et 
obscur. Arrivé vers la fin de sa car- 
rière, il voulut épargner aux per- 
sonnes qui viendraient après lui une 
partie des difficultés qu'il avait eu 
tant de peine à vaincre. Dans ce vo- 
lume, les textes, qui tous se rappor- 
tent à des questions de grammaire, 
sont, comme dans les trois autres, 
accompagnés d'une traduction fran- 
çaise et de notes. La Chrestomathie 
et V Anthologie forment un tout in- 
séparable. On ne saurait trop en re- 
commander la lecture aux élèves; 
les maîtres eux-mêmes les reliront 
avec profit. Quiconque a étudié ces 
quatre volumes avec rattention qu'ils 
méritent est en état d'aborder toute 
sorte de livres. Immédiatement après, 
Sacy mit sous presse une deuxième 
édition de sa Grammaire arabe, la- 
quelle parut en 1831. il s'exprime 
ainsi dans sa préface : • Pendant les 
vingt années qui séparent les deux 
éditions, l'étude de la langue arabe 
a pris en France, en Allemagne et 
dans tout le nord de l'Europe, un dé- 

(6) La noaveUe éditioD, dont la première 
partie est en rente, porte le titre de Sèumeêt 
de Htriri, publiées en arabe, arec un com- 
mentaire cliuisi, par Silrestre de S^ry j 2* 
édit., revue axer soia »ur les mannscrits, et 
i'OatCArfBt uu clitiix de notes liiston<|urs et 

rxplicmtiret ea. fno^éu, par MM. Retnand 

ft Dvrrmhoarf. 



SAC 

veloppement plus grand qu'on n'au- 
rait osé l'espérer. Une multitude 
d'ouvrages ont été publiés, par le 
secours desquels la littérature an- 
cienne et moderne des Arabes a été 
rendue accessible à beaucoup de jeu- 
nes gens que la rareté des manuscrits 
et la dIfKculté de se les procurer au- 
raient détournés de cette carrière. 
L'Inde anglaise a pris une part ac- 
tive à ce mouvement, et l'introdac- 
tion de l'imprimerie en Egypte doit 
faire concevoir les plus heureuses 
espérances. La faveur dont jouit au- 
jourd'hui en Europe cette branche 
des études orientales m'imposait l'o- 
bligation de ne rien négliger pour 
perfectionner un ouvrage qui a pu 
contribuer à répandre ce goût parmi 
nous et chez les nations voisines. 
Aussi puis-je me rendre ce témoi- 
gnage que dans le cours, tant de mes 
étuiiei personnelles que de mon en- 
seignement, je n'ai laissé échapper 
aucune occasion, soit de perfection- 
ner, soit de rectifier mon premier 
travail. C'est surtout en ce qui con- 
cerne l'emploi des formes tempo- 
relles des verbes et les divers usages 
des particules, qu'on peut regarder 
cette seconde édition comme un ou- 
vrage tout nouveau. La syntaxe aussi 
a été enrichie d'un grand nombre 
d'observations importantes et a reçu 
des développements qui n'échappe- 
ront pas aux lecteurs attentifs - 
Sacy fait observer qu'il a cru devoir 
placer à la suite de l'ouvrage un 
traité élémentaire de la prosod e et de 
la métrique des Arabes, science qu'il 
avait contribué plus que personne à 
répandre dans l'Europe savante. «Je 
me suis, dit-il, attaché à présenter 
sous les formes les plus simples le 
système métrique des Arabes, et à 
faire disparaître les difficultés plus 



SAC SAC * 261 

avaient éloigné plusieurs savants peuple. Leslettr^ss sont accompagnées 
très-estimables d'une étude que je d'une traduction française et de no- 
regarde comme indispensable. • Il tes. Un autre morceau, fourni au 
termine ainsi sa préface : > Près même Recueil^ est un extrait de la 
d'atteindre à la fin démon quinzième vie des principaux sufis, par Djami, 
lustre, je ne me flatte assurément en persan et en français, avec des 
point que dans un travail éminem- notes : nous avons déjà dit que les 
ment sysiéniatique, où la mémoire la sofis étaient des espèces de religieux 
plus fidèle doit constamment venir musulmans, adonnés eu général à la 
au secours du jugement et de Tes- vie contemplative. Les doctrines des 
prit d'analyse, il ne me soit échappé sofis sont obscures ; mais telle était 
aucune erreur, aucune omission; la lucidité d'esprit de Sacy, A sa con- 
j'avais vivement désiré que la Provi- naissance de la langue persane, que 
dence me conservât assez long-temps rien ne restait caché pour lui. Sur 
pour suppléer mui-méme à ce qui ces entrefaites s'opéra en France un 
manquait à mon premier travail, et mouvement qui aurait pu réagir sur 
en faire disparaître les défauts, que le monde entier; nous voulons parler 
je connaissais mieux que personne, de la révolution de juillet 1830. De- 
Mes vœux ont été exaucés, et je dois puis long- temps S<'icy avait quitté la 
en témoigner publiquement ma re- sphère politique. Dès 1823, il avait 
connaissance à l'auteur de tout bien, donné sa démission de membre du 
Mais c'est la dernière fois qu'un sem- conseil royal de l'instruction pnbli- 
blable travail sortira de mes mains, et que. 11 est vrai que, presque immé- 
je lègue lesoiu de perfectionner celui- diatement après, il fut nommé ad- 
ci aux hommes qui parcourront après ministrateur du collège de France et 
moi une carrière dans laquelle'mon de l'école spéciale des langues orien- 
unique désir a été de me rendre utile, taies; mais ces deux places, qu'il 
et de contribuer aux progrès des conserva jusqu'à sa mort, et qu'il 
lettres ot à l'honneur de ma patrie.* remplit du reste avec beaucoup de 
Parmi les morceaux que Sacy fournit sagesse, n'avaient rien que de,3cieu- 
au Recueil des notices et extraits, tifique. Néanmoins, au mois de dé- 
est la collection des pièces originales cembre 1827, au moment où les dis- 
de la correspondance entretenue par sensions politiques s'aigrissaient plus 
les Samaritains de Syrie avec quel- que jamais, il essaya deiaire enteu- 
ques savants d'Europe. On a vu que, dre sa voix aux personnes qui, tout 
au début de sa carrière scientifique, en différant d'opinion, désiraient la 
il avait fait connaître les deux lettres co;iservatiou du gouvernement. L'é- 
les plus anciennes en date, celles qui crit qu'il publia portait ce titre : Où 
avaient été adressées à Scaliger. allons-nous et que voulons nous? 
Celles-ci sont postérieures et se pro- ou la vérité à tous les partis ; il était 
longent jusqu'à ces dernières années, signé par tin ancien membre de la 
La nation des Samaritains est sur le chambre des députés. Dans cet écrit, 
point de s'éteindre. Sacy pensa avec il cherchait à faire voir qu'au fond 
raison qu'il était bon de sauver de de toutes les querelles de l'époque 
Poubli des documents qui, peut- s'agitait la question de l'ordre social, 
être dans quelques siècles, seront les et que si les gens de bien ne se fai- 
seuls à attester la longue durée de ce «aieui v^*& ^«^ t«^^(.R»Mv^>à& x^iàw^^^^ 



MS 



SAC 



qaeSy la Frtnoe et une grande |Murtie 
da rate de l*uni vers étaient menacées 
d'une subvei^sion totale. La révotn- 
tiott de Juillet trouva Saey occupé de 
MB travaux scientifiques. Sincëre- 
ilieùt attaché à Tordre et à la paix, 
il craignait le retour d>xcès dont il 
avait eu à souffrir autant que per- 
sonne. Quand il vit les droits de la 
morale et de la sécurité publique 
suffisamment garantis, il se rallia 
franchement au nouveau gouverne- 
ment. En 18S2, le roi ayant fait une 
nouvelle promotion de pairs, lui et 
nilustre Cuvier furent du nombre 
des pairs nouveaux. Peu de temps 
ap^, par suite de nombreux décès 
occasionnés en partie par le choléra, 
Saey fut nommé presque simultané- 
ment inspecteur des types orientaux 
de Timprimerie royale, conservateur 
des manuscrits orientaux de la Bi- 
bliothèque royale et secrétaire per- 
pétuel de TAcadémie des inscriptions. 
A ne considérer que les titres acquis, 
personne ne méritait mieux que lui 
ces distinctions accumulées; mais ses 
amis s'étonnaient de cette ardeur 
dé forante, et se demandaient com- 
ment, à son Age, il supporterait un 
tel fardeau. Il est vrai que la Biblio- 
thèque royale eut rarement l'avan- 
tage de profiter de la collaboration 
de Saey. Pour tout le reste, il sembla 
se multiplier et il suffit à sa tâche. 
Toutes les fois que sa présence à la 
chambre des pairs pouvait être de 
quelque utilité, il ne manquait au- 
cune séauce ; il parlait même quel- 
quefois. Il faisait régulièrement ses 
cours d'arabe et de persau ; on eût 
dit que sans cela su journée n'aurait 
pas été complète. Il s*acquittait de 
tons ses devoirs de secrétaire perpé- 
tuel de l'Académie, et certes ces de- 
voirs n'étaient pas légers ; il s'agis- 
sait de dresser le procès-verbal des 



SAC 

séances, de tenir la correspondanifie 
au courant, de suivre les intérêts de 
l'Académie auprès du gouvernement 
et des particuliers, de stimuler le 
travail des diverses commissions 
choisies dans le sein de l'Académie, 
de composer l'tloge des membres 
morts, de surveiller l'impression des 
mémoires. Quand Saey fut investi 
des fonctions de secrétaire perpétuel, 
une partie de ces travaux était ar- 
riérée ; quand il mourut, tout se trou- 
vait au courant. Il mit le même esprit 
de conscience dans sa manière de 
remplir les fonctions d'inspecteur 
des types orientaux de l'imprimerie 
royale. Indépendamment de l'inspec- 
tion proprement dite, qui ne lui de- 
mandait pas beaucoup de temps*, il 
lisait les épreuves des ouvrages 
arabes et persans qui s'exécutaient 
dans ce magnifique établissenient; et 
l'on peut dire sans indiscrétion que 
tous les ouvrages de ce genre qui sor- 
tirent, à cette époque, des presses de 
l'imprimerie royale ont plus ou moins 
gagné à cette savante révision. Saey 
était arrivé au degré le plus élevé au- 
quel un homme de sa profession pQt 
prétendre. Que lui manquait-il? la 
gloire? il était universellement re- 
gardé comme le premier des orienta- 
listes, et considéré comme savant, k 
prendre le mot dans un sens général, 
c'était lui, depuis la mort de Cuvier, 
que la France opposait avec le plus 
d'orgueil aux savants des autres pays. 
Les honneurs ? il éiait pair de France, 
baron, grand-officier de la Légion- 
d'Honneur, membre de plusieurs or- 
dres étrangers, membre des princi- 
pales académies de TEurope et de TA- 
sie. Mais il avait son tribut à payer 
à rhumauité. A la fin de 1834, ma- 
dame de Saey tomba dangereusement 
malade. Quarante-huit ans sVtaient 
écoulés depuis quMs étaient unis en- 



SAC 

semble, et cette union avait toujours 
ëtë heureuse. La maladie de madame 
de Sacy se prolongea pendant pins 
de deux mofs ; tant qne la crise dura, 
son mari manifesta la plus vive in- 
quiétnde \ son agitation était si visi- 
ble, qu'il ne paraissait pas devoir 
survivre à la perte qui le menaçait. 
Madame de Sacy étant morte au mois 
de février 1835, pendant quelque 
temps il parut ébranlé de celte se- 
cousse. Mais peu k peu il se remit, et 
an bout de quelques mois il parut tel 
à peu près qu'auparavant, il se plai- 
gnait seulement de ne pKis trouver 
sa mémoire aussi fidèle que par le 
passé. Quelques personnes crurent 
voir dans ceite force de caVactère la 
marque d'une sécheresse de cœur. 
Ces personnes se trompaient; les 
hommes de la trempe de Sacy ne doi- 
vent pas être jugés comme le reste 
des m<»rtels. Faibles roseaux que noue 
sommes ! le moindre vent qui souf- 
fle nous fait courber la léte. Mais il 
est des hommes d'élite qui résistent k 
la tempête, et qui, du moins en ap- 
parence, sont insensibles aux coups 
du sort Sacy était de ces hommes. Son 
goût pour le travail, qui ne l'avait 
jamais quitté, avait pris le dessus, et 
une ardente passion s'était trouvée 
balancée par une autre passion non 
m<»ins vive. On rapporte un fait ana- 
logue au sujet de Cuvier, lorsque ce 
grand homme perdit le dernier en- 
fant qui lui restait (7). Ce qui contri- 
buait à soutenir la ffrmeté de Sacy, 
c'était la fixité de ses idées relative- 
ment à la vie qui suit celle-ci. Depuis 
la perte de sa femme, il parlait assez 
souvent du coup qui le menaçait lui- 
même; mais c'était sans affectation 
et comme un honmie qui s'y était 



âAc 



m 



(7) Vi»y. la Notice tUCtorget Cupitr, lue à 
1.1 Chambre «les pair*, |i«r M. 1« iMroa Pm- 
quivr. 



préparé. Il atàit (iris l'habitude d^ 
commetifc^ toutes fces journées pat 
aller entendre la meâse. Ayant rédigé 
lui-même soti testament le S août 
1835, il le nt précéder de ces motà : 
> Avant de ri^gler rien de ce qui con- 
cerne mes affaires temporelles et left 
intérêts de liia famille, je reftardè 
comme un devoir sacré pour mof,qui 
ai vécu dans un tempi où l'esprit 
d'irréligion est devenu presque Uni- 
versel et a produit tant de catastro- 
phes funestes, de déclarer, en pré- 
sence de celui aux regards de qui rien 
n'est caché , que j'ai toujours vécu 
dans la foi de l'Église catholique, et 
que si tria conduite n*a pas toujours 
été, ainsi qiie j'en faiâ l'humble aVett, 
conforme anl règles Maintes que cette 
foi m'imposait, ces fautes n'ont ja- 
mais été chez moi le résultat d'au- 
cun doute SU'T la véHtéde la religion 
chrétienne et sur la divinité de son 
origine ^ j'espère fermement qu'elles 
me seront pardonnées par la misé- 
ricorde du Père céleste, en vertu 
du sacrifice de Jésus-Christ, moil 
Sauveur, ne mettant ma confiance 
dans aucun mérite qui me soit pro- 
pre et personnel, et reconnaissant 
du fond du cœur que je ne suis par 
moi-même que faiblesse, misère et 
indigence. • Mais quel était le nou- 
vel ouvrage qui fut pour Sacy d'uti 
intérêt assez vif pour le distraire de 
sa douleur ? ce fut le tableau des doc- 
trines religieuses des Druzes. On a 
vu que plus de quarante ans aupara- 
vant, au plus fort des orages révolu^ 
tionnaires, il avait recueilli des ina- 
tf^riaux fort considérables sur un su- 
jet aussi important pour l'histoire 
de.s croyances que pour celle de la 
philosophie. Craignant de manquer 
de documents suffisants pour tracer 
ce tableau dans tout sou ensemble, 
il avait fini par y renoncer. C'était 



Hi 



SàC 



n fèmmequi, de temps en temps, le 
pressait de faire jooir le monde sarant 
d'un ouvrage qui lui avait coûte beau- 
ooap de peine, mais qui avait adouci 
pour lui Tamertume de jours bien 
mauvais ; cette considération ne fut 
probablement pas étrangère à la dé- 
tecmination que prit enûn Sacy. 
Mais il restait à soumettre le manus- 
crit à une révision séfère ; il restait 
à Tenricbir des faits qui, dans Tin- 
tervalle, avaient été mis en lumière. 
VExpo9é di la reli§ion dra Druzes 
parut en 2 vol. in-8*, au commence- 
ment de l'année 1838. Voici comment 
Pauteor sVxprime dans la préface, 
qui porte la date du 25 décembre 
1837 : « Je ne puis me dissimuler que 
si cet ouvrage eût paru après moi tel 
qu'il avait été rédigé primitivement , 
et sans que les traductions fussent 
revaes sur les textes originaux , il 
anraît laissé beaucoup à désirer. Je 
Be venx point dire que, dans Tétat 
où je le livre aujourd'hui au public, 
il soit entièrement exempt de fautes. 
Dans une matière aussi obscure « et 
ou les auteurs originaux emploient 
souvent des expressions détournées 
de leur sens ordinaire, et pour ainsi 
dire énîgmatiques , ce n'est que par 
la comparaison d*un grand nombre de 
passages qu*on peni espérer d'entrer 
complétemect dans leur pensée et 
de pénétrer dans le fond de leur doc- 
trine. Je n*ai rien obligé pour y 
parrenir. > Il poursuit ainsi : « Lors- 
que je parle du sysième religieux des 
Dnixcs, jVntends par là le système de 
religion établi p&r Himzib. du ri- 
vint du c<tlife Hikem, et enseigné 
après lui , sans aucun cJungement 
notable, pir son disdp'e M^ktana. 
Ce»! fo: jeî spécial et presque unique 
des deux io!umes que je publie. Mon 
inttntion est de nefunir d^ns un ii\>i- 
sième volume divers documents r^ 



. SAC 

latifs à la crovance actnelle det Dm- 
ses, et dont quelques-uns ont déjà 
été pnbliés(ailleurs(8).Pent-étreméme 
y joindrai-je eu original, et avec des 
traductions, quelques-uns des écrits 
d'après lesquels j'ai composé mon 
Bxp^ié de la religim^ des Mhnzes; 
ma s quand même je ne pourrais 
point réaliser ce projeta, Tonvrage 
que je publie aujourd'hui n'en de- 
vrait pas moins être regardé comme 
complet. » La préface se termine 
ainsi : « Il me reste un devoir à rem- 
plir: c^est de remercier la Provi- 
dence, qui m'a periuis de terminer 
ce travail à un âge où Ton peut à 
peine compter sur le lendemain, et 
de souhaiter qu'elle fisse scrrvir ce 
tableau de l'une des plus insignes 
folies de Tesprit humain à appren- 
dre aux hommes qui se glorifient àt 
la supériorité de lears lumières, de 
quelles aberrations est capable la 
raison humaine laissée à elleHnéoM.» 
Hélas ! ces deux voiumes sont tout 
ce qu*on avait à recevoir de Sacy. 
Le troisième Tolume de l'Exposé de 
la religiom des Druzes^ et d'autres 
ouvrages projetés, descendirent avec 
lui dans la tombe. Il était entré dans 
sa quatre-vingtième années et depuis 
quelque temps on remarqniît nn af- 
faiblissement djDS ses forces physi- 
ques. En I837.se trouvante la cham- 
bre des pairs, il fit une cfante qui, 
prohabîemenL, était l'effet d*une at- 
uque d'apoplexie« Le hasard fil qn'en 
tombant il donna de la télé contre 
une marche: la tète saigna beancoop; 
ce fiit viSisemblablement ce qui le 






(|K« tes Dncx» 

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*•* le c«lre 

«a: aajdcrd'kai a Li fi- 

ansKcère iaUrcuut «'d 



SAC 

sauva. Le lundi 19 fév. 1838, il avait 
fait, le matin, son cours de persan 
au collège de France; à midi il viut 
à la Bibliothèque royale, où il passa 
avec M. Reiuaud environ une heure, 
occupé à examiner des manuscrits 
orientaux dont on proposait Tacqui- 
sition à la Bibliothèque. Rien ne fai- 
sait présager comme si prochain le 
coup dont la France et Tunivers 
scientitîque allaieut être frappés. En 
sortant de la Bibliothèque^ Sacy se 
rendit à l'Institut ;de là il s'achemina 
vers la chambre des pairs, où il.avait 
à prononcer un disc(»urs. Après la 
séance, il retournait à pied chez lui, 
lorsqu'il sentit ses jambes défaillir. 
Il eut à peine le temps de faire signe 
de la main au cocher d'un tiacre qui 
était dans le voisinage. On le releva 
et on le mit dans la voiture ; une per- 
sonne qui passait et qui le reconnut 
donna son adresse, et on le trans- 
porta chez lui. En vain Ton recourut 
aux divers moyens que fournit f'art 
de guérir : il expira le mercredi 21 
fév., à quatre heures et demie de 
l'après-midi. Ainsi s'éteignit cette 
puissante intelligence qui, pendant 
soixante ans, avait remué tant de 
faits et tant d'idées, qui s'était mêlée 
à tant d'affaires diverses. Il avait 
demandé à être enterré auprès de sa 
femme au cimetière du Père-Lachaise« 
Les funérailles eurent lieu le ven- 
dredi 23 fév. M. Jomard, au nom de 
l'Académie des insaSptions,et M. Bur- 
nouf, au nom du collège de France, 
prononcèrent des discours ^sur la 
tombe de leur célèbre confiÀ. Son 
gendre, M. de Joantfao, raj^la. en 
quelques paroles touchantes, les sen- 
timents religieux, les vertus morales 
et domestiques du défunt, et le ten- 
dre attachement que lui portait sa 
famille. L'Académie des inscriptions, 
dont les séances se tiennent le ven- 



SAC 



M5 



dredi, voulant consacrer, par un té- 
moignage public et extraordinaire, 
la mémoire d'un de ses membres les 
plus illustres^ vota, ce même jour» 
une médaille en son honneur. D'un 
autre côte, le gouvernement com- 
manda un buste de M. de Sacy, en 
marbre, et ce buste a été placé dans 
la bibliothèque de l'Institut. Le 10 
août 1838 , l'éloge de Sacy fut pro« 
nonce dans une séance publique 
de l'Académie des inscriptions, par 
Daunou, qui Tavait remplacé dans 
les fonctions de secrétaire perpétuel. 
Cet éloge, qui eut beaucoup de suc* 
ces, a été inséré dans le tome XU du 
Recueil de VÂcadémie. Le 25 juin 
précédent, M. Reiuaud avait lu, à la ' 
séance générale de la Société asiatique, 
une notice qui fut insérée dans le 
Journal asiatique^ et quia été pu- 
bliée à part. Le présent article est en 
général un extrait de cette notice. 
Un éloge fut aussi prononcé à la 
chambre des pairs par M. le duc de 
Broglie. Silvestre de Sacy fut rem- 
placé à l'Académie des inscriptions 
par M. Magnin, et dans la chaire d'a- 
rabe par M. Reinaud , son élève. 
Nous avons essayé de retracer les 
diverses qualités d'un homme célè- 
bre à plusieurs titres. Voici quel- 
ques nouveaux traits. Sacy était pe- 
tit de taille, mais d'une taille bien 
prise ; il avait la vue courte et pa- 
raissait délicat ; néanmoins sa con- 
stitution était excellente, et, grâce à 
une vie régulière, il se maintint pres- 
que constamment en bonne santé. Sa 
physionomie n'avait rien que d'ordi- 
^naire ; ses préoccupations habituel- 
les lui donnaient quelquefois une ap- 
parence de sévérité ; mais quand il 
voulait se rendre agréable, sa figure 
s'épanouissait et il prenait un air 
charmant. L'influence qu'il a exer- 
cée non-seulement sur les études de 



iW 



SAC 



Parabe et du persan, mais sur toutes 
les branches de la lîttf^rature orien- 
tale, a été fort coiisidënble. Ses rela- 
tions directes avec le gouvernemeiit 
lui permettaient de dire son avis sur 
tout ce qui tenait de près ou de loin à 
ces éludes ; d'un autre cOti^ ses ouvra- 
ges, son enseigueuient oral, sa vaste 
correspondance, ses élèves, qui suc- 
cessivenieut étaient admis à occuper 
les principales chaires de TKurope, et 
peut-être, non ntuins que tout cela, 
son active collaboration dans les prin- 
cipaux recueilsscientifîques du temps, 
mettaient le public dans la confidence 
de ses idées. Ce fut lui qui, au com- 
mencement de la Restauration, pro- 
fita du crédit doiit il jouissait pour 
faire créer les chaires des langues 
chinoise et sanscrite au coll<^ge de 
France *, ce fut lui aussi qui fit créer 
la chaire d'indimstani h l'école spé- 
ciale des langues orientales Son cré- 
dit auprès des gouvernements étran- 
gers n'était pas moindre. Ou connaît 
l'essor que les diverses brandies des 
études orientales ont pris depuis 
trente ans en Prusse et en Russie. 
Les gouvernements russe et prussien, 
consultaient S.icy sur les chaires qui 
étaient à fonder et les proresst urs (pii 
devaient les remplir. Il aimait les li- 
vres par ^oût; les oiientalisles de 
' tous les pays qui puldiaient quel(|ue 
ouvrage avaient ordiiiairement Tut- 
tention de lui en offrir un exem- 
plaire; mais il achetait tout écrit im- 
portant qui paraissait et qu'on ne lui 
donnait pas. La collection qu^il laissa 
en livres imprimés et en manuscrits 
était fort riche-, on en peut juger par 
le catalogue que M- Merlin est en 
train de fuibli» r sous le titre de Bi- 
bliothèque de 5f. le baron Silveftre 
de Sacy, et (|ui peut être regardé iui- 
/iii^/iie comme un livre k part (9) Du 

■^if) L^ouvrage doit former troî« volume» 



SAC 

reste, Sacy n'était pas avare de ses 
livres; il les prêtait a tous ceux qui 
en avaient besoin. Il y avait con- 
stamment certains ouvrages rares de 
sa bibliothèque qui circulaient dans 
diverses parties <le TEurope. Nous 
avons dit que pour lesouvra{;es d'un 
style dinicile qui étaient expliqués 
dans ses cours, il était dans l'usage 
de les lire d'avance. Ordinairement il 
faisait placer des feuillets blancs en- 
tre 1rs feuillets imprimés^ et c'était 
sur ces feinllets blancs, en regard du 
passage en question, qu'il écrivait ses 
observations. Ces remarques étaient 
rédigées en latin, et dans un Idiin qui 
ne inan<|uait pasdVIégance. Les vo- 
lumes qui renlernient des annotations 
de Sicy ont été accpiis pur la Biblio- 
thèque royal*' et déposés au départe- 
ment des manuscrits. Ainsi ces notes 
se trouveront à cOiémême des livres 
qu'elles ont pour objet d'éclaircir^et 
serviront k Tinstruction <les élèves 
pour les(|uels surtout elles avaient 
été ré>ligées. Il est bon, cependant, 
que le public soit averti de la diffé- 
rence qui existe entre ce que Sacy a 
écrit dans la première péri-de de sa 
carrière seieutilique"et ce qui n'«*st 
venu que plus tard (lo). — Outre /es 
ouvrages mentionnés dans le cours de 
cette notice, on a encore de Sil- 
vestre de Sacy une foule de lué- 
ujoires et d'articles insérés dans les 

iii-Ko. Lm preiiiitTclivrainun.qiii |-orlrlf mil* 
IcfiiiiiK fie iX4'ii, rciifiM mit le> livics iclntiisà 
lu |>hilosoiiiil(', a la ilif'ologiit et aux fei it*ai-i h 
iiiiiui-elle*<t, aiiixi qiir toils le*: lll.'lllll^l-l'ir^. \'» 
deuxième li\ raison, qni a |i:iru au l'oiiimen- 
ireiiiiMit dcf rauii('eiH4^.'><- r'l>p«»rte .nu -lii'U- 
eu» Kiédiralft.t Kt arts utiles, a l.i |)sy<'lioii»);ii', 
i.ux iiiittuce.h mor.ilcs, à la IliigiiiNtiiiuc, » la 
liltér.ituie, aux l>eMiix-ai tu i>t a riiisloirf lil- 
ttraiii*. La tmiiiiëiiie et deriiiorf livr.ii^oo 
scr 1 i'0'i»arr^f a la gcogra]»hit*, a la iliro* 
uologie i.-t a riii>t(>ire. 

(lo) Tout ce ipii prt'cède est l*()iivra(*r do 
M. lk«mAud;cc c^ui buit appaitieut à M. IMiil- 



SÂG 

recoeils scientifiques, tels que les 
Mémoires de l'Académie des inscrip- 
tions, les Notices et extraits des ma- 
iiuscriis de la Bibliothèque du roi, le 
Magasin encyclopédique^ le Journal 
des savants , le Journal asiatique, 
etc., et dont on peut voir la nomencla- 
ture dans la France littéraire de M. 
Quérard. Il a fourni aussi à cette ^to- 
graphie universelle un grand nom- 
bre d'articles, entre autres Ceux de 
Firouzabadi, Uariri, Ibn- Khal- 
doun, Ibn-Khilcan, Mahomet (avec 
M. Audiiïret), Malec-Ben-Anas^ 
Sainte-Croix t Assémani, etc. Parmi 
les écrits qu'il a publiés séparément, 
nous citerons encore : I. Mémoires 
d'histoire et de litiérature orientales, 
Paris, 1818, in-é**, avec 2 planches. 
L'auieur a réuni dans ee volume les 
différents mémoires qu'ils avaft lus à 
l'Académie des inscriptions, depuis sa 
réorganisation jusqu'à cette époque, 
et qui sont imprimés aussi dans les 
recueils de cette compagnie. 11. Dis- 
cours, opinions et rapports sur di- 
vers sujets de législation, d'instruc- 
tion publique et de littérature, Paris, 
1824, iu-8^. C'est le recueil des al- 
locutions qu'il arvait prononcées jus- 
que-là, tant au corps législatif et aux 
deux chambres que dans les sociétés 
savantes dont il était membre. On y 
trouve les Éloges funèbres d'Ànque^ 
tii- Duperron^ de Prière,. de Mondé- 
tour^ etc.; les Notices sur la vie et 
les ouvrages de Sainte-Croix^ de 
Laporledu Theil, etc. 111. DeuxiVo- 
tices lues à l'Académie des inscrip- 
tions : l'une sur Champollion le jeu- 
ne, Paris, 1833, in-8°^ l'autre sur 
Chezy, ibid., 1835, in-8^ Aux tra- 
ductions faites par Silvestre de Saiy, 
et déjà mentionnées, nous ajou- 
terons : V Extrait de tagrandehis- 
toire des animaux d'EUDémiri^ im- 
primé k la suite de la trudui^liou 



SAC 



267 



françaisedu poèniede \tLChasse d^Op- 
pien, par Belin de Ballu, Strasbourg, 
1787; in-8° (voy. DomaTrt, XI, 499, 
OiPPiEN, XXXIl, 36, et Belin DE Bal- 
Lu, LVII, 484). 2<» Lettre du divan 
du Kaire au général Bonaparte, en 
arabe et en français (trad. avec M. 
Jaubert), Paris, imprimerie de la ré- 
publique, an XI (1803),in-fol. 3» La 
Colombe messagère, de Mich. Sab- 
baghjraduiie en français, Paris, 1805, 
in-8<» {voy. Sabbagh, XXXIX, 428). 
4*> Histoire des Arabes avant Ma- 
homet, par Âboul-Feda, traduite en 
latin et imprimée à la suite du Spé- 
cimen historiœ Arabum de Pococke, 
Oxford, 1806, in-4*» {voy. Aboul-Fe- 
da, 1 ,94). 5« rétament de Lou/iJTr/, 
trad. en arabe, avec le texte français, 
Paris, 1820, in- 12. &" Le Borda, 
poème à la louange de Mahomet, trad. 
de l'arabe en français et imprimé à 
la suite de VEaposition de la foi mu- ^ 
sulniane, trad. du lurk, par M. Gar« ' 
cin de Tassy, Paris, 1822, in-S®. 
Silvestre de Sacy a donné, comme 
éditeur, le Traité de la chronologie 
chinoise, du P. Gaubil, Paris, 1814, 
in-4<>, extrait du XV^ volume des 
Mémoires concernant les sciences et 
les arts des Chinois, par les mission- 
naires de Pékin, ouvrage dont Sacy 
a publié aussi le tome XVI {voy. 
Gaubil, XYI, 560); la troisième édi- 
tion, revue, corrigée et augmentée 
de V Essai sur les mystères d'Eleusis^ 
par M. Ouvaroff, Paris, imprimerie 
royale, 1810, iu-8o; la seconde édi- 
tion, entièrement refondue, des Re^ 
cherches historiques et critiques sur 
les mystères du paganisme^ par 
Sainte-Croix {voy, ce nom, XXXIX, 
547), Paris, 1817, 2 vol. in-S*»; le 
Nouveau Testament, en arabe, pdis 
en syriaqueet en arabe, caractères sy- 
riaques, Paris , \vft>"^\\\^v'tT\fc x^^-^'^ ,, 



M8 SAD SAD 

biblique de Londres; Âlfiyifëj ou dédiëeàlordMiDto,Londres» 1810-13, 

Qaiotessence de la grammaire arabe, in-8«. II. Dialoifuei politiquei mr 

ouvrage de Djeuial-Eddin-Moham- Iti principaln opHraiiomê eu gcm- 

med, connu sous le nom d'Ibu-Ma- vemement firai^çais députa la àe$- 

lek {poy. Malee, LXXII, 419), publié iauration et sur leurs conséquences 

en original avec un commentaire, nécttiatret, Londres , 1815, in^S'. 

imprimerie royale de Paris, aux frais HL L'Art de faire des loia, Paris, 

du comité anglais des traductions tSiO,\n'%'>AW . FréceptespoiUiquisé 

orientales, LoDdres,t833jn-8*. Enfin Vusage d'une monarchie, Paris, i8S2| 

Silvestre de Sacy a enrichi de notes iu-8*. V. Des orateurs et des écri- 

fort utiles le Voyage au Sénégal de taim j^litiques dans un gomcernc' 

J.-B.-L. Durand {voy. ce nom, XII, nunt représentatif» PhTïsABt^^\\'%*'. 

845). Paris, 1802, in-4*, ou 2 vol. VUDeladémocratie^dVeccasiondts 

m-8*; le Voyage aux Indes orienta- élections populaires^ avec ortte épi- 

lei, du P. Paulin de Saint- Bartbélemi graphe : • Fais ce que dois, advienne 

{voy, ce nom, XXXIII, 202), trad. de que pourra, • Paris, 18S1, in-8*. Le 

ritalien en français, par Marcbena, chevalier de Sade laissa inédit un 

Paris, 1808, 3 vol. in-8*, et d'autres ouvrage intitulé : Leœieon potiti- 

ouvrages encore. R— d. 9«e, dont quelques fragments avaitnt 

SADE (le chevalier Louis db) était déjà paru en 1881, savoir ; Àttitm- 

de la même famille que le trop fa- pements et Réveillon; Corps poli- 

meux auteur de Justine {voy. Sade, tiques et mouvements ; Corps re- 

XXXIX, 472), mais d'une branche présentatif à Bourges; Origine des 

collatérale. Il naquit à Antihes en constitutions politiques ; Présages, 

1753, et entra de bonne heure dans et autres articles, Royalistes^Hc, — 

rartillerie de la marine, où il était Sade (le vicomte François 'Xatiir- 

capitaine lorsque la révolution éclata. Joatp^Dactdde),de la méoie famille 

Comme la plupart de ses camarades, que le précédent, naquit à Aix en 

il émigra dès le commencement, et se 1777, fut entraîné fort jeune dans 

rendit en Angleterre, où il fut re- Témigral ion avec ses parents, revint 

connu dans son grade, sans être em- en France dès que cela fut possible, 

ployé activement. Résidant le plus et s'établit dans le département de 

souyent à Londres, il y publia plu- l'Aisne, où il lut nommé, en 1816, un 

sieurs brochures politiques, toutes des membres du conseil général, et 

dirigées contre la révolution, et con- membre de la chambre des députés 

courut à la rédaction de VAmbigu et en 18*28, puis réélu en 1830et 1831. Il 

autres journaux faits par Peltier {voy. y siégea toujours avec le parti libéral, 

ce nom, LXXVI, 408). Revenu en et mourut en 1845. On ade lui: l«Aê- 

France en 1815, nous ne pensons pas flexions sur les moyens propres à 

qu'il y ait reçu le traitement dont il consolider l'ordre constitutionnel en 

avait besoin et que méritaient ses France, Paris, 1822, in-8<*; :i** Rap- 

services. Alors il se remit à écrire, port présenté à la chambre des dé- 

et publia plusieurs brochures contre pûtes dans la séance du 21 juin 1828, 

le système adopté par le gouverne- au nom de la commission des pèti* 

ment de la Restauration. Il mourut à tions^ sur diverses pétitions relati- 

Paris en 1832. On a de lui :L De tory- ves à l'existence des jésuites en 

se, ou de la Science des moréca^ FraivM, Vaxi&^ 1828, in-8^ M— d j. 



SAF SAG 269 

SAFADI {Salah-eddin-ÀbùW'Àh' est aussi k l'Escurial {Bibl. de Ca- 
dallah'Khalil),ià\s d*Abik,très-versé siri, II, ^Z^).\llLTadkerat alsafadi, 
dans la poésie, Pëloquence et les reeueil de poésies arabes que Safadi 
sciences, était natif de SaFet en Pa- a tiré des veilleurs ourrages des 
lestiiie, et mourut à Damas en 764 de poètes, en y insérant beaucoup de 
l'hégire (1362) Ses principaux ouvui- morceaux d'éloquence en prose. Cet 
ges sont : I. Un Commentaire du poè- ouvrage est en plus de 30 vol. D'Her- 
mede Tograi^ qu'on trouve manus- belot en parle, Biblioth, wienL, p. 
crit, avec le poème\lui-même, en six SiO.—SA?KhiÀhdaUKader^û\s d'O- 
parties, à la bibliothèque d'Oxford, mar, de Safet, ville de Galilée, fleurit 
L'auteury montre beaucoup d'élégan- au commencement du IX* siècle de 
ce.suivant l'observation d'Uri, p. 250, l'hégire et se rendit célèbre par son 
manuscrit 250, où Safadi est aussi ap- poème intitulé Tajiah, ainsi appelé 
pelé Mahomet. II. V Anneau enrichi parce que les dernières syllabes de « 
de perlesy recueil de poésies académi- tous ses vers finissent en ta ; son sujet 
ques rares, et très-estimé des ma- concerne la religion et l'histoire sain* 
hométans, contenant des pièces de te; il a été commencé. On le conserve 
vers faites dans le style et suivant la manuscrit à la Bibliothèque royale 
méthode des poètes modernes. La bi- de Paris, n^ 1457. Cet auteur était 
bliothèque de l'Escurial en possède inconnu; ce fut le shérif Ali-bea- 
deux exemplaires, n" 427 et 428; Maimon-Almagrebi qui découvrit son 
L'un d'eux appartenait à la biblio- poème et le publia l'an de l'hégire 
thèque royale de Maroc ; c'est le ma- ^^^ (1 *®^ «le J.-C). J— n. 
nuscrit autographe et original. III. SAGACIO est un de ces nombreux 
Les Pleurs â^une amante malheu^ écrivains italiens qui tentèrent de 
reuse et impatiente^ ouvrage moitié recueillir les fastes de leur patrie et 
en prose, moitié en vers, qu'on trouve <lont le labeur obscur nous a mis en 
à la même Bibliothèque, n® 429. IV. possession de documents importants 
Les Combats poétiques^ comprenant P^'"^ l'histoire. 11 écrivit une chro- 
800 épigrammes; c'est une lutte lit- nique de Reggio, qu'il mena jusqu'à 
téraire entre Salah-eddin etTag-eddin . l'année 1303. Un de ses parents, Sa- 
de Mosul, son contemporain, qui gsciodeLevalosi, la continua jusqu'à 
mourut un an avant lui. Ils habi- *'*" 1353, et son neveu, Pietro da 
taient t,ous deux Damas et furent Gazzata, qui était entré dans l'ordre 
comblés d'honneurs de la part du sul- de Saint Benoît, la conduisit jusqu'à 
tan. La bibliothèque possède les ^'^^ ^398* Gette composition a été 
Combats^ n^ 430. V. Diverses Lettres inséré* dans le grand recueil de Mu- 
en vers, manuscrit de la bibliothè- ratori (Aerumttaiicar. script., tome 
que d'Oxford, n<» 380. VI. Les Morts ^VIII, p. 1 et suiv.). B— n— t. 
des hommes illustres, grand ouvrage SAGE ( Balthazab - Georges) , 
en plusieurs tomes, donV quelques- chimiste célèbre, né à Paris en 1710, 
uns se trouvent manuscrits à la Bi- fils d'un apothicaire, fit sesétudes au 
bliothèqne royale de Paris et à celle collège des Quatre-Nations, et les 
d'Oxrord.VlI.Ht^fotre^tttércitre, ou achevasous le physicien Noilet et le 
Bibliothèque des aveugles illustres chimiste Rouelle qui le mirent en 
qui se sont distingués dans la poé* état, après be&ucû^^^'«i!^^xv(xv'(x&^ 
sie ou dans d^autres «etencat ; elle Ae mllaL\vo^3tXV3ifA^ ^t^>ô«^V«^ ^^^^^ 



m 



SAG 



Poffidne paternellf , d'oimir d«i 
cours publics et gratoils, ce qui était 
inusité à cette époque donna beau* 
coup d^imputoion à la tcienee. Sage 
n^avait alors que dix-neuf ans ; les 
succès qu'il obtint lui valurent de 
puissants prolecteurs; il fut apothi- 
caire major à Tbôtel des Invalides, 
censeur royal, et en même temps il 
établit un beau cabinet de minéra- 
logie et un laboratoire de chimie, 
qui furent d'une grande utilité pour 
les tnvauz scientifiques. Dès l'ftge 
"de vingt-deux ans il fixa les re- 
gards de TAcadéufie des sciences, en 
lui soumettant une suite dVxpé- 
riences très-remarquables dans ce 
genre, et six ans plus tard il fut ap- 
pelé à remplacer son maître Rouelle 
dans ce corps savant. En 1778 une 
chaire de minéralogie expérimentale 
fut créée pour lui à l'hôtel des 
monnaies de Paris. On Vy mit en 
possession d'une magnifique salle 
pour établir son cabinet de minéra- 
logie qu'il avait considérablement 
augmenté par les secours du gou- 
vernement, les dons de plusieurs 
savants et ses sacrifices personnels, 
mais qui a été complètement dispersé 
après ^a mort. Particulièrement pro- 
tégé par le ministre Calonne ei par 
le roi Louis XVI lui-même, on doit 
penser que Sage vit avec peine le 
renversement du pouvoir royal. H 
eu témoigna très-haut son mécon- 
tentement, et sa franchise lui attira 
des persécutions. Ce qui fut peut- 
être plus fâcheux encore, c'est que, 
par un sentiment trop ordinaire dans 
le cœur humain, sa répulsion pour 
les innovations politiques s'étendit 
aux progrès de la science chimique, 
et que^ voyant ses confrères Guyton 
de Morvau, Fourcroy et d'autres 
encore adopter toutes les illusions 
politiques de cette époque, il refusa 



de reeonnatlfe le prof^ que ces 0- 
Ittstres savants feisaient faire ani 
sciences naturelles, et qu'à leur toor 
ces messieurs, devenus les maîtres, le 
repoussèrent de partout et lui susci- 
tèrent dea persécutions qu^assuré- 
nient il ne méritait pas. C'est ainsi 
que Sage fut écarté de beaucoup 
d'emplois et de fonctions auxquelles 
l'appelaient naturellement son sa- 
voir et son ancienneté. Tandis que 
ses confrères et ses élèves étaient 
pourvus de nombreuses sinécures et 
de bons traitements, il perdit sa pla- 
ce à rhôtel des monnaies, et n'y 
fut rétabli que sous le Directoire, qui 
l'admit en même temps à l'Institut, 
dans la classe des sciences physiques, 
comme ancien académicien. Sa ré- 
intégration à l'hôtel des monnaies 
lui fut surtout extrêmement agréa- 
ble, mais la chimie et la minérale» 
gie n'étant pas adoptées par le maître 
qui repoussait également la théorie 
d'Hafiy et celle de Lavoisier, on ne 
pouvait qu'admirer des échantillons 
au cabinet de la monnaie, et si 
l'on voulait se mettre véritablement 
au courant de la science, il fallait aller 
l'étudier au muséum d'histoire natu- 
relle et à récole des mines; car Sage 
avait même été écarté de cet établis- 
sement dont il devait être considéré 
comme le fondateur. Tout cela, com- 
me on doit le penser, lui avait causé 
de grands chagrins et beaucoup de 
privations, dont toutefois il avait 
assez bien pris sou parti, lorsque 
survint la Restauration en 1814. On 
conçoit avec quelle joie il salua cet 
événement. Cependant il y éprouva, 
comme beaucoup d'autres, quelques 
déceptions. Loin de lui rendre tous 
les avantages que lui avait prodigués 
l'ancien gouvernement, les minis- 
tres de Louis XVIIl lui firent subir 
de nonvelles réductions, et toute la 



SAG 

faveur royale se borna pour lui au 
cordon de Saint-Michel qu^il reçut en 
1 8 1 7, dans une promotion assez nom* 
' breuse de cet ordre qui fut alors ac- 
cordée aux amis du ministère pour 
la plus grande partie. Lesage se plai- 
gnit de tout cela t rès-amèrement dans 
une notice biographique quM publia 
sur lui-même peu de temps avant sa 
mort. Nous la rapporterons teittiel- 
lement, parce qu^elle est de peu (Vé- 
tendueet qu'elle complète assez bien 
rhistoire et le p(»rtrait de cet hom- 
me célèbre. • Né avec le goût des 
sciences et des arts, je m'en suis 
occupé pendant ma longue carrière ; 
c'est à rage de quatre-vingt-cinq 
ans (en 1818) que j'ai rédigé cet 
écrit. J'ai ouvert, à l'âge de vingt 
ans, un cours public et gratuit de 
minéralogie dociinastique ; j'ai sou- 
mis successivement mes découvertes 
à l'Académie des sciences, qui m'ad- 
mit à vingt-huit ans au nombre de 
.^es membres, ayant démontré au 
gouvernement que la métallurgie 
devait offrir un grand avantage à 
rindustrie française, ce qui fut ap« 
précié par Louis XVï, et le déter- 
mina à fonder, en 1783, l'école des 
mines, dont il me désigna directeur, 
place dont j'ai été privé par M. de 
Montalivet, ministre de l'intérieur, 
qui désigna pour me remplacer son 
ami 'M. de Laumond, ex préfet de 
Versailles, quoiqu'il n'eût aucune 
connaissance dans cette partie. C'est 
dans le dessein défaire oublier ce 
qu'on me devait qu'il n'inscrivit pas 
même mon nom sur l'état du corps 
des mines. Il Gt plus,<4l m'a privé de 
6^000 fr. qui m'avaient été accordés 
par le ministère, pour m'aiiler à im- 
primer mes Institutions dephynque 
et de minéralogie, quoiqu'il fût. 
alors de disponible entre ses maint 
840,000 fr. de redevances ear lee 



SAfi 



2TI 



mine^, qu'il remît à Bonaparte pour 
l'aider à conquérir la Russie* Trois 
de mes élèves ayant été constitués 
agents des mines par le comité de 
salut public m'ont privé du traite- 
ment de 6,q00 fr. dont je jouissais 
comme commissaire pour les essais. 
Dans ce même temps, je fus arrêté, 
précipité, et détenu dans un cachot 
infect où j'ai peniu la vue. Le Direc* 
toire exécutif, indigné de la manière 
dont j'avais été traité, me restitua 
6,000 liv. de traitement, qui m' ont 
été supprimés par H. Chaptal, lors- 
qu'il était ministre de l'intÀieur. 
M. de Vaiiblanc, étant ministre de 
l'intérieur, m'a privé de 3,000 fr. 
qui m'avaient été accordés pour 
remplir les engagements que j'avais 
contractés pour compléter le cabi- 
net du musée dep mines, à la mon- 
naie, que j'ai élevé à mes frais, et qui 
est un des monuments les plus re- 
marquables de l'Europe. Un des mem- 
bres du comité des finances de l'As- 
semblée constituante a obtenu de 
cet aréopage la suppression des 2,000 
liv. de traitement de ma chaire de 
minéralogie docimastique. Ou sait 
que j'ai continué à la remplir gra- 
tuitement pendant plus de trente 
années, afin de continuer d'être 
utile, parce que ces sciences sont la 
base de la métallurgie. M. de Cor- 
bière a suspendu depuis plus d'un 
an et demi une annuité de mille 
écns (jui m'avait été accordée par 
Louis XVIII pour récompense des 
services que j'ai rendus à la chose 
publique pendant plus de soixante 
années. J'ai cédé au g«)uverneaient 
ma collection de minéraux, moyen- 
nant 5.000 liv. de rentes viagères, 
qui ont été réduites au tiers. Frappé 
de ces adversi:é^« j'ai adressé une 
pétition à sa majesté, qui m'avait 
toujours accordé une affection spé* 



279 SA6 SAG 

date, pétition dans laquelle je lai prëcié. «A son début, M. Sage avait 
marquai que j'étais réduit à des be- pressenti la puissante influence que 
soins réels, et que je réclamais son les arts chimiques exerceraient on 
équité et son humanité, étant aveu- jour sur toutes les industries ; il a 
gle, infirme et privé de fortune; été infatigable pour propager ces 
mais il y b lieu de croire qu'on n*a pas connaissances; il n*a rien négligé 
fait lecture au roi de cette pétition, pour en faire lui-même des applica- 
puisqu'elle a été renvoyée à M. de tiens multipliées aux arts et aux 
Corbière, sans avoir été apostillée besoins de la société. C'est ainsi qu'il 
par sa majesté , dont la bienfaisance a notablement contribué aux progrès 
et l'humanité sont si bien recon- d'un art qui était bien pea avancé il 
nues. D'après cet exposé des ad ver- y a un demi-siècle, celui d'extraire 
sites que j'ai essuyées, on voit qu'il et d'essayer les substances métalli- 
n'est pas étonnant que j'aie éprouvé ques. C'est ainsi qu'animé d'an vif 
des besoins tels qu'ils m'ont con- sentiment de philanthropie , il a été 
traint de vendre à un orfèvre mon plus d'une fois ingénieux et heureux 
peu d'argenterie. Cette nécessité m'a dans les recherches qu'il n*a cessé 
fait connaître la générosité d'un an- de faire pour augmenter les res- 
cien magistrat, mon ami, lequel, dès sources de Part de guérir. Tant 
qu'il eut connaissance de ma posi- de travaux utiles suffiraient pour re- 
tion, remit la valeur numéraire à commander sa mémoire; il s'y joint 
Porfévre, qui me rapporta mon ar- un titre plus honorable encore, c'est 
genterie. • Bien qu'il soit parvenu à d^avoir réussi , à l'aide d'une persé- 
un âge fort avancé, Sage n'était pas vérance admirable, à fonder, en 1783, 
d'une constitution très-forte. A dix- Técole royale des mines, institution 
sept ans, il fut empoisonné par des importante qui manquait à laFrance, 
vapeurs de sublimé corrosif, qui lui et dont on n'a pas tardé d'apprécier- 
occasionnèrent un crachement de les résultats. Une vie si bien employée 
sangtel que douze saignées, faites en aurait dû s'écouler sans trouble 
trois jours, purent à prine y mettre et sansinfortunes; mais la révolution 
fin. En 1805 , un accident du même ne l'a point permis. Notre vénérable 
genre le priva totalement de la vue. confrère a été éprouvé par des per- 
Deuxansavant sa mort, il se cassa la sécutions qui ont pensé lui être fa- 
cuisse en faisant un trop pénible effort taies. Justement exaspéré , privé de 
dans une expérience, de telle sorte la vue à la suite de sa détention dans 
qu'on peut dire que c'était véritable- les cachots, il a eu besoin de quel- 
ment sur le champ de bataille qu'il que courage pour supporter les in- 
avait été plusieurs fois blessé et mu- convénients qui naissaient de la di- 
tilé. Sa mort, sans être prématurée, miuution de sa fortune » On a de lui : 
fut cependant hâtée par tous ces acci- I. Examen chimique de différentes 
dents. 11 expira le 9 sept. 1824, après substances minérales; euai sur le 
avoir rempli tous ses devoirs de reli- vin, les pierres, les hézoards etd'au- 
gion. M. Cordier, sou confrère à TA- très parties d'histoire naturelle et de 
cadémie, prononça sur sa tombe un ci^f mte ; traducliond'une lettre de M. 
discours dont nous citerons un Lehmann sur lamine de plomb rou^ 
fragment , où le savant malheureux ge, 1769, in-12. il. Éléments de nu- 
et peraécaté nous paraît bien ap- néralogie daeimsuHque, 1772, in-8*; 



s Ai; sA(i '21 y. 

1777, deux volumes ill•8^ ( Voyez 1809. XX. Eocpérience »ur la chaux 

Calalojçue Fourcroy, ii. 46i et 46:». ) vive dans son emploi pour le mor- 

III. i!fétnoirwd«c/nmiM773,in-8<>. lier, 1809. XXI. Observations $ur 

IV. Analyse des blés^ et expériences l'emploi du zinc, 1K09. XXI!- Nature 
propres à faire connaître la qualité et propriété de trais espécts d'elec 
du fromenty et principalement celle tricité^ 1809. XXMl. Théorie de 
dusonde cegrain,in(i,'in'S\ y. Vorigine des montagnes, 1809, 
Expériences propres à faire connai' in-8o. \X\Y . Expériences qui font 
tre que l'alcali valatil fluor est le connaître que la chaux éteinte par 
remède le plus efficace dans les as- vnmtrsion peut être régénérée en 
phyxies, avec des remarques sur les pierre calcaire par le seul concours 
effets avantageux qu'il produit dans ^^ ''««u de Marmorillo, 1810. XXV. 
la morsure de la vipère, dans la Exposé des effets de la contagion 
ra^e, etc., 1777, m-80;2«e:dit., 1778^ nomenclative , 1810, in-8'». XXVI. 
3* i dit, 1778. VI (avec Perthuis de Moyens de remédier aux poisons 
Lailli'vault). V art de fabriquer le «é^éfaua?, 18 llJu-8°; deux éditions. 
salin et la potasse, suivi des expé- XXVII. Institutions de physique et 
riences sur les moyens de multiplier de minéralogie, 1811 , 8 vol. în-8». 
/a i>ofaM«, 1777, m-8M 794, ia-8». XXVllI. Supplément aux institu- 
Vn. Art dHmiter les pierres précieu' tions de physique, 1812, in-8*, 
ses, 1778. VIII. L'art d'essayer Vor XXIX. Opuscules de physique, 181S, 
et Vargent, 1780, in-8o. W.Descrip- în *•. XXX. Exposé sommaire des 
lion méthodique du cabinet de l'école principales découvertes faites dans 
royale des mines , 1784, in-8<>. X. l'espace de cinquante-quatre années , 
Analyse chimique de concordance tSiS, m S'', WXL Traité drs pierres 
des trois règnes de la nature, 17'<6, précieuses, 1814, in-8°. XXXII. Ta- 
3 vol. iii-8o. XI. Précis historique btcau comparatif de là conduite 
sur les différents genres de peintures, qu^ont tenue envers moi les ministres 
suivi de i* examen physique dts COU' de l'ancim régime, avec celle des 
leurs et de la manière de lesprépa- ministres du nouveau régime^ 1814, 
rer, in 8°. XII. Examen de la nature in-8<>. XXXIII. Description des colon- 
de diverses espèces de poisons, avec nés électrifères et de leurs effets, 1814, 
la manière de les préparer, in-8o. iu-8®. XXXI V De Vorigine et de la 
\\\\. Supplément à la description du • nature des globes de feu météoriques^ 
cabinet de l'école royale des mines , 1815, in-8ode 19 pa^;fs. XXXV. De la 
1787, in-8«. XIV. De la terre végé^ nature et de la production du gaz élec- 
taie et deses engrais , 1802. XV. Re- trifiable^ 1815,iu-8°. XXXVI. Opus-- 
cherches et conjectures sur la forma- cules de physique , 18 1 r». XXX VU. 
tion d(f l'électricité métallique nom- Formation de Vair, 1815. XXXVUI. 
mée galvanisme^ \%01 y in-â». XVI. Vérités physiques fondamentales ^ 
Description de la collection d'objets 1816, in-8^. XXXIX. De la formation 
d'arts de B.-G. Sage, 1807, in-8». de la terre végétale, nommée Bunms^ 
XVII. Observations sur lesparaton- et de l'effet des engrais, 181C, in-8». 
nerres. 1808. XVIll. llecherches et XL. Probabilités physiques^ 1816, 
conjeclurcs sur le galvanisme, 1808. in-S*». XLl. Opuscules historiques et 
XW.Desmorliirsoucuisents, 1806; physiques, 1816. XLIl. Description 
nouvelle édition, avec des additionB> de nion cabinet particulier éfbbjets 



274 sac; sag 

d'artëj 1816, in-8^ XUIL Mémoira rivale des mines, 1822^ in-8*>. L\V. 

^t<rort9tie<etpfty<i9ue<fl817,in-9", i4niiofatton de B.^G-Sagpy êur itt 

avec une planche. XUV. Précis Ml* perionnages quiCimt dipouilté de m 

(or/fue dee mémoire* sur l^eau d* /br(tttie,i822,in-8«.LXVLitectt«jlto- 

HKT, 1817, in 8» de 12 pages. XLV. torique d'effets fulminaires, 1822, 

Analyse de l'eau de mer tistl, in 8°. in 8^ LXVll. Analyse comparée de 

XL VI. Expériences iur la ntni-inno- lamarcassite et de la pyrite; ori- 

cuitédeTeaudemer. XLVII. Exposé gine du ver Manc. liommtf asticot, 

des propriétés de reau de mer dis- 1822, iu-8». LXVIU. Tkéorie de |0 

tillée, 1817, in-8«. XLVIII. Phéno- vitalité; décomposition de la dé- 

mène que présente la destruction des pouille mortelle de l'homme; itéra, 

anirnaux après leur mort, 1817. tives annotations^ 1823, în-8*. 

XLiX. Fondation de l'école royale LXIX. Examen analytique desaufs 

desndnes d la monnaie^ 1817, in-8°. depoule, pétilionauroi, 1823, in-8«. 

L. Formation des monts ignivomes, LXX. Lettre de H-G* Sage à S Exe» 

nommés volcans par allusion à Vul- Monseigneur le comte de Corbiéres, 

eain^ dont on a supposé que c'étaient ministre de l'intérieur, 1823, iiHt«. 

les forges, 1817, in-8<> Ll. Exposé LXXI. Pétition adressée à Sa Ma' 

des tentatives qui ont été faitts dans jesté, le 6 mat 1824. LWIl. Notice 

le dessein de rendre potable et sa lu- biographique, |824, iu-8«. LXXIll. 

hre l'eau de mer distillée, I8i7, in-8<^. Des Observations dans le volume m- 

LII. But de la nature dans la for- titulé : Des pierres tombées du ci$l, 

mation quotidienne du sel dans l'eau llthoio^ie physique, etc. Paris, 1810» 

de mer. 1818. LUI. Opuscules physi- in-8^ Des articles dans le Journal 4e 

eo-ehimiques^ 1818, in-8^. LIV. Pé- Physique ; (ivs mémoins dans lesrf- 

tition à S. Exe. le ministre de l'in- cueils de V Académie des Sciencei et 

térieur, 1818, in-»°. LV. Notice bio- de l'Institut. M— d j. 

graphique, 1818, in-8«. LVI. Énu- SAGU\ (François de), écrivain 

mération des découvertes minérales français, né à Rouen, duiis les pre- 

faites pendant l'espace de soixante uiières années du X Vl*' siècle, ne doit 

afméea, 1819, in-8^. LVIl. Mélanges le peu de célébrité dont il jouit qu'à 

historiques et physiques, 1810. s*'S démêlés avec Marot. Ce poète, uu 

LVIll. Supplément à ta notice bio- peu iiar'li parfois, s'était retiré à Fer- 

graphique, iS20^\n'H^.L\\. Analyse rare, lorsque Sugon, dout les opi- 

du lait de vache , suivie de la liste niouh orltiod'Afs étaient froiuées 

chronologique des ouvrages publiés de> licences que se permettait uuilre 

dans l'espace de cinquante-un ans^ Cléuif-nt, lança sou Coup d'essay, 

1820, in-8'>. LX. Lettre de B.-G.Sage, contenant la Responce d deux épis- 

à son ami M. Robtrt Fergusson , très. Marot ne voulut pas faife à pa- 

éeuyer^ i820, in-8<^de 12 pag. LXl. reil adversaire Thouneur d'entrer en 

Propriétés du tabac, 1822, in-8°. lice avec lui; il lui répliqua, sous le 

LXU. Probabilités physiques sur la nom de sou valet Frippdippes. SagOQ 

cause des contagions pestilentielles^ répondit, et s'attira de nouvelles et 

1822, in-8o. LXIIl. Probabilités phy- plus vives reparties. Quelques amis 

tiques sur la cause de T intermittence descendirent de part ei d'aittre dans 

de l'electroscope , 1822, iu-8''. LXIV. Tarèue. Ou vit paraître successive* 

fyof^e de la fondation de Vécole ment, en 1537, le Rabais du caquet 



SAH 

deFripelippes et de Maroi, dict. H^t- 
pelé. Apologie faicie par le grant 
abbé des Conardz, sur les invectives 
Sagon, Marot, la Hueterie, pages^ 
valets ;braqùetz. DeMarot et Sagon 
les treues , donnez jusqua la fleur 
des febuespar lauctorité de labbédes 
Conardz. — Êpistre à Marot pour 
luy monstrer que Frippelippes avoit 
faict sotte comparaison des quatre 
raisons de Sagon à quatre oysons. 
— Le Frotte groing du Sagouyn avec 
scholies exposantz lartifice , etc. — 
Ces diverses pièces sont en vers: leur 
rareté est extrême ; mais elles ont 
été réunies dans un recueil imprimé 
\ Paris, en 1539, sous le titre de 
Plusieurs traïctez par aucuns nou- 
veaulx poètes du différent de Marot, 
Sagon et la Hueterie. Ce volume lui- 
même est loin d'être commun : à la 
vente Nodier, en 1844, un bel exem- 
plaire fut payé cent francs et une 
collection de dix des opuscules en 
question , éditions originales, trouva 
amateur jusqu'à trois cents francs. 
C'est payer un peu cher des écrits 
qu'il n'y a plus moyen de lire en en- 
tier, et leurs heureux propriétaires 
se gardent bien sans doute de les 
ouvrir. B— N — T. 

SAHLA ( Dominique-Ernest, ba- 
ron DE la), jeune illuminé allemand, 
moins connu que Staabs {voy, ce 
nom, au Suppl.)» conçut coipme lui 
l'idée d'atlenler aux jours de Napo- 
léon. On a peu parlé de cette affaire, 
et les détails ne s'en trouvent que 
dans l«s mémoires de Desmarest, 
clief de police sous le Consulat et 
rCnipire. Personne plus que lui ne 
fut à même de savoir à fond tous les 
faits qui touchent à la police de cette 
époque, mais il n'a rien voulu dire, et 
st's Témoignages historiques ne con- 
tiennent que des révélations de peu 
d'importance et souvent meoson- 



SAH 



2T5 



gères {voy. Desmarest, LXII, 398). 
La Sahla appartenait aux premières 
familles de Prusse et de Saxe, et, ainsi 
que Staabs , il était Saxon de nais- 
sance. Ce fut aussi à l'âge de dix-huit 
ans qu'il résolut de délivrer rAlle- 
magne du joug de Bonaparte. Dan.5 
les premiers jours de 1811, il partit 
de Leipzig pour venir à Paris mettre 
k exécution le plan qu'il avait formé. 
Quelques paroles imprudentes qui lui 
échappèrent en passant à Erfurth 
donnèrent Téveil aux espions fran- 
çais, qui alors étaient répandus sur 
tous les points de l'Allemagne, et dès 
ce moment on le surveilla de près. A 
cette époque , tous les jeunes Allé* 
mandsqui traversaient le Rhin étaient 
l'objet d'unesurveillance attentive. A 
peine arrivé à Paris , il y fut arrêté. 
On trouva en sa possession douze pis- 
tolets chargés, et aux questions qu'on 
lui fît sur la destination de ces armes 
et le but de son voyage, il répondit 
d'abord d'une manière évasive, puis 
il avoua tout haut son projet. Desma- 
rest résume en ces termes ses premiè- 
res déclarations dont il fut témoin : 
«Il avait conçu dès 1806 une haine 
violente contre Napoléon, qui avait 
dit dans sa colère à Berlin : « Cette 
noblesse prussiennejelui ferai men- 
dier son pain ! » Ce mot, comme un 
trait empoisonné, s'attacha au cœur 
d'un enfant de treize ans, dont les 
parents étaient de hauts personna- 
ges en Prusse et en Saxe. Ses res- 
sentiments s'accrurent par des com- 
munications avec certaines personnes 
et par toutes les vociférations, les 
critiques qu'il entendit non -seule- 
ment sur la politique de Napoléon, 
mais sur son humeur barbare, ses 
mœurs privées, ses goûts, ses plai- 
sirs même. La Sahla en était ve- 
nu à ce point d'exaspération qu6 
la vue d'un uniforme français le 

ta. 



7» SAH SAH 

inetUit fil fureur, il iusuluù nos «ici «vaitlojuurdf siiuorl àlc^io» 
soldats dans les rues de Dresde et de Alors il se rendit r^uli^rejuenl cha- 
Leipaig. • Mes eaïuarAd», me ditil que j>iur aux Tuileries, où îl ëpîâ 
lui-même, ^^eu êt^muaieuU sachant les dèui^rohes de Napoléon^ De^x 
combien je suis eraiulir d ailleurs, fois il l'approcha de trà-iMràs , un 
carlaTue ù^uneèpee me laittrem- jour quaud il moulait eu Toitun, 
blet ; mais sur ce point jVtais un un autre quand il se montra à «ne 
lion. • Cesout ses expressions. H croisée surlejardiu.» Su tout cela» 
tétait fixé , depuis uu peu plus d'un ou crut voir beaucoup plus de dés- 
an» à Tidée de tlH^r ?lapolêim. Sa mère ordre daus les idifes que de fenaeté 
et sa Sttur> auxquelles il eu avait fait et de suite daus la rêsoiutHMi. On 
part» TaTaient c\)njuro à genoux de renferma au doujon de Yiuc^jiiies, et 
renoëcer à ct-tle fuuesie penstfe. Il ou lui ofirilde le reudr« à La liliertê, 
était ruuique rejetou de cirtte uuii- sur sa parole d^houneur de iimoac«t 
son, et stm père était uiort. De re- ài toute tentative centre ^lapoléoa, 
tour à Leipsi^, il changea \!e reli- Après vingt-quatre heures de iv-^ 
giou, et se fit catholique» non par lle^iv^u il d«k*lara « que ses seati- 
conviction, mais seulement dans la ments et ses principes ne Im penael- 
vue • de se mên^iger» disait i\ plus taieut pas de donner lesernieal ejô- 
de iMnlités et de r «stations eu Frauce ge ; qu au contraire > s'il etnit tibies» 
pour y accomplir sou desseiu ! > 11 le devoir et sa volonté le portaient à 
eut dès lors aussi la singuttère at- poursuivre son projet. » il sepré|^ 
Itatiou d*afl?eher uu gvi\t «ffrénê ra dès lors à mourir, demandant à 
]MMir les pUisirs, eu $^abaudi>uuant chaque iustaut quand il serait lu- 
à toutes sortes dV^vès> et de fréter sill<^, et , souS Timpression mé'niede 
desmotifsd'amusemeutàsK^nvv'vage, cette pensée, il disait: « HeartiV, 
afin de mieux cacher W pnjei qui i\>c* souvent attaque, u^a sttcco«nbé qu^ 
eupait. Une CKm$;Jêrutk.u (rar;icu- U dix huitième tentative. Il en ku- 
lièfe le port^^i pr^'ci^ut^T^iU dvpjurt. ara peut^tre ciuquante contre Xa- 
11 idlait^ seU^n ses ideifs. qu i. rVap- poKvu, qui a uue potice phks forte, 
pàt le Ck^up jLvjtut /av\vuchem<*ut de £h bieu! ]e s- as une de ces cv«nlà* 
rUaperatrice, |;re% o\ au tquVne telle naisons qui doiveut manquer; mais 
«itastrv^t'he caik^er«it à cett«? (^riu- ma u«ort avauce ù'un degré ta cliauc« 
cesse uue ré\olûùott ^^i priverai: tatale pour notre enueuii. » l^ùs U 
Kapoléou de |K^s(ertiô : caUuL «;.;r\^ce ii^^titait : < Je suis maLadifi, faibte« Je 
qui le fit parlir sans atu uire le quar- ue dois pas vivre long-temps. J'atta- 
tier de sa ^eAsion> dont le terme ap- chais uiou n^*m à uu grauô fait d^bis- 
pvochaiu Jilais son nom lui sulUc loire, eu s^crifiint un petit nombre 
pour «e procurer à sou passage à d'années malheureuses. • Tontefcàs 
Fininciort un crédit de cinquante ses tristes prévisions sur le sort qui 
Kwis« arrivé à l\ftri$^ il acheta cxuq r^tteudalt ue se réalisèrent p». Le 
paires de pistolets de la plus fiurte gouveruemeu; impérial , cv^ntr^ s«tt 
portée» qu'il fit charger par Tar- habitude de cvmmtssîons iniîitaires 
mûrier, ue sachaut pas le fxire lui- et aVxccutions Uvwunies . ne :tù t&t 
mime* il ea av.ùt apporté d\VI!ema- p^iut subir le terrible cMciu'ent de 
gna une autre paire; cVuieut kts ^taabs: vu se cvmteutade le retenir 
pistolets U\m>^ï que leduc de Crui.s* ;>ris;.^nitier, Hais il Haut dir^ que ve$ 



SAH SAH; 277 

deux jeunes exaltés différaient es- da d'être conduit devant le ministre 
sentie! lement de caractère : Tun ne de la police ^ dont il disait être con- 
jouissait pas de la plénitude de sa nu, et auquel il voulait faire d'im- 
raison, agissait en vertu d*une idée portantes communications. Ma sur- 
fixe, d'une excitation fébrile; l'autre, prise fut grande à la nouvelle appa- 
au contraire, présentait une organi- rition du personnage. Il se hâta d'ex- 
sation d'une énergie peu commune, pliquer que, « revenu de ses premiè- 
une ténacité de volonté provenant de res préventions contre la personne 
l'examen approfondi de la mission et la politique de. Napoléon, indigné 
qu'il s'était donnée. La Sahia , dans surtout des traitements que le roi de 
son enfance , avait été sujet à des at- Saxe , son souverain , éprouvait des 
taques d'épilepsie, et les remèdes vio« puissances coalisées, il s'était dévoué 
lentsemployés pour le guérir avaient à combattre une cause qui avait si 
porté le mal à la tête. L'étude de Thé- mal répondu à ses espérances et k 
breu , à laquelle il s'était livré avec l'attente de toute l'Allemagne. 11 
ardeur, avait aussi contribué h aifai- avait reconnu , dit-il, les vues, les 
blirses facultés inteirectueltes. Du- dispositions et les moyens de beau» 
rant les trois années qu'il resta au coup de seigneurs satons et polo- 
donjon de Vincennes, on put facile- nais, qui l'avaient pressé de venir en 
ment s'apercevoir, par sa manière faire part au gouvernement français. ' 
d'étre,que son cerveau était attaqué: Il ne cacha point que, pour passer 
ainsi il ne couchait jamais dans son sans obstacles , il avait pris le parti 
lit, et ses draps lui servaient de de faire accroire aux généraux prus- 
rideaux pour amoindrir encore la siensqu'il voulait reprendre et con- 
clarté du jour, déjà fort obscur. Ce- sommer son entreprise de 1811 con- 
pendant Desmarest dit « qu'il montra tre Napoléon, ce qui lui avait procuré 
une véritable force d'âme, qui, pour leur protection et toutes les facilités 
être mêlée de bizarreries , n'en est désirées. «Il me montra alors un petit 
pas moins extraordinaire. Pas un paquet dépendre /Ulminan/e qu'il of- 
moment d'humeur ni d'impatience ; frit de déposer, et dont il démontre- 
pas une plainte, pas une demande. 11 rait des applications très-utiles pour 
fut toujours d'une douceur et d'une l'artillerie. L'on fit peu de cas de sa 
politesse remarquables dans les rela- chimie; mais sa manière franche de 
tions qu'on eut avec lui. » La chute venir à découvert se livrer k une au- 
de l'empire amena naturellement sa torité dont il avait tout à craindre 
délivrance, etLaSahla retourna alors lit qu'au lieu de le détenir ou de !' ex- 
dans sa patrie; mais, au rétablisse- puiser, on se borna à des moyens dé 
ment de Napoléon, il revint à Paris, surveillance. Il parcourait Paris avec 
et il fut l'auteur de l'explosion fnlmi- beaucoup de curiosité , ayant des 
nante qui eut lieu devant le palais communications journalières avec 
de la chambre des représentants , le moi , et portant toujours sur lui son 
jour même où l'empereur devait al- échantillon de poudre , de peur de 
ier à cette assemblée. Voici comment quelque accident, s'il l'eût laissé dans 
Desmarest rapporte te fait : «LaSahla une chambre à son hôtel. On sait 
s'était présenté vers le 15 mai, sor- que cette matière s'enflamme au 
tant des lignes prussiennes, ancom- moindre contact; mais ce qu'il re- 
iMaudaut de Philippe^ille. Il demau- (inutait de l^imprudence d'autrui lui 



97S SAH SAH 

trrira à lui-même. Uq jour qu'il Ul de la Charité , où son inscription 
descendait de voiture, près de la Enregistre est ainsi conçue: «Buroii 
chambre des députes, il glifCsa et de la Sahia, né à Chaulan (Saxe), 
tomba en arrière sur le pavé. Le choc entré le 6 août 1815 , malade d'une 
fit prendre le feu à la poudre, et Tex- fièvre ataxique lente nerveuse, sorti 
plosion , en déchirant une partie de le 8. • Ce singulier, jeune homnie 
ses vêtements , lui causa des blessu- survécut peu aux circonstances qui le 
rea qui s'aggravèrent par Taction firent connaître; toutefois on ignore 
corrosive de. cette substance. Con- la date précise de sa mort. C — h-^n. 
duit au poste militaire de la chambre, SAHLGZEN (NicobAS OB), Pun 
il se réclama de moi. Tétais alors des plus célèbres et des plus habiles 
dans la salle, et Von me prévint sur- négociants que la Suède ait eus, na- 
le-chauip. Je le trouvai pâle, défait, quitàGothembourg, le 18 mars 1701. 
en lambeaux et eu sang. Coupant Après avoir commencé sa carrière 
Qourt à toute explication, je Temuie- dans une maison de Gommerce.de 
nai avec moi. Le jour, le lieu, car cette ville, il fit plusieurs voyages 
Napoléon était attendu à la séance de dans Tlnde, où il forma successive- 
la chambre, me donnaient de graves ment divers établissements qui lui 
soupçons. La Sahla sVn défendit vi- réussirent parfaiiement. H y acquit 
veulent. Entre autres moyens de jus- des richesses considérables, et fut 
tification, il me mit à même de véri- nommé directeur de la compagnie 
fier que, peu de temps avant, il se des Indes* puis par son souverain 
trouvaitsur le quai deChaillot,très-> chevalier de Tordre de Wasa et en- 
près de la voiture de l'empereur, qui suite commandeur. Zélé patriote, 
se rendait au petit pas à la cérémonie Sahlgzen fit toujours de ses richesses 
duChamp-de-Mai. • Or, disait-i), si un usage utile et véritablement phi- 
j*eu voulais à sa vie , pourquoi n'au- ianthropique, par la fondation et la 
rais-je pas agi en ce moment?» Après dotation de plusieurs établissements 
l'entrée des Prussiens dans la capi- de charité qui subsistent encore et 
taie, la Sahla se glorifia hautement de font honorer et chérir sa mé- 
son action , et • il se vanta, ajoute moire en Suède. Cet homme de bien 
Desmarest, de ce qu'il m'avait tant mourut à Stockholm dans le mois 
dénié: il m'affirma à moi-même son de mars 1776. C — au. 
a£freux projet avec détails, m'ayant SAHUC (Louis Michel-Antoinb), 
appelé près de son lit pour me re- général français, né en 1755, entra 
mercier et m'offrir ses bons offices au service dès l'ftge de dix-sept ans 
auprès des chefs prussiens. • Peu de comme simple cavalier dans le régi- 
temps après, vers la fin de juillet meut de Royal -Lorraine; devint 
1815, les journaux annoncèrent -que bientôt biigadier maréchal des lo- 
le jeuue la Sahla, le même qui avait gi>i et fut fait adjudant porteétea- 
causé une explosion sur la place du dard dans les - cbevau - légers en 
Palais Bourbun , venait de se préci- 178S. Rentré en 1788 dans le régi- 
piter du pont Louis XVI dans la ment de Lorraine, il y devint quar- 
Seine, d'où un prompt secours l'a- tieriniiîire trésorier. S'étant pro- 
vait retiré. » On le transporta d'à- nonce pour la révolution en 1790* 
bord dans le logement qu'il habitait il fut remarqué par le général de 
rue Michel-lc- Comte, puis à Thôpi- .Noailles, qui lechoiHt pour ?$on aide 



SAH SAH 279 

de earap et lui fit obtenir le grade de entièrement faits prisonniers. L'ar- 
Ghef dVscadron dans le l*' régiment mëe se plaint de» hussards du 0* et 
de chasseurs à cheval, dont il avait des chasseurs du 8«, qui, amollis par 
ëtë colonel. Sahuc se trouvait avec les délices de l'Italie, ne savent plus 
cette troupe à la malheureuse affaire faire le service des avant-postes... » 
de Courtrai, le 17 juin 1792, et il II est facile de reconnaître dans cette 
y fut blessé en s*efforçant d^arréter note le style et la manière de Napo- 
les fuyarfis. Devenu colonel de ce lëon lui-même, ce qui rendait TafFaire 
même rëgi ment Pannëe suivante, il de Sahuc beaucoup plus grave. Cepen- 
le commanda successivement aux dant il paraît que l'enquête ordonnée 
avant-gardes des armées du Nord par S. M. impériale n'eut pas lieu, 
et de Sambre-et-Meu<«e. Il fut nom- ou qu^elIe tourna à la justification du 
më général de brigade en 180t. Élu,, général, car il continua de comman- 
en t803, membre du tribunat, après der sa division, qu'il conduisit k 
l'élimination des opposants tels que Raab et à Wagram, oii il fut blessé. 
Chenîer, Ginguené, etc., il y fit plu- Depuis ce temps il cessa d'être em- 
sieurs rapports sur des-objets militai- ployé aux armées actives. Nommé 
res et vota pour la création de Tem- membre du corps législatif par suite 
pire en faveur de Napoléon , devint de la suppression du tribunal, il fit 
quester.ret conserva ces fonctions jns- partie de cette assemblée jusqu'à sa 
qu'à la suppression. Envoyé en Aile- mort, en 1818. C'était sans nul doute 
magne en 1805, il fut nommé génë- un de nos généraux de cavalerie les 
rai de division et concourut à la plus habiles et les plus expérimentés; 
victoire d'Austerlitz. En 1809, il mais, n'ayant jamais servi sous les 
passa.à l'armée d'Italie, sOus les or- ordres immédiats de Tempereur, il 
dres du vice-roi Beauharnais. 11 com- n'eu était pas connu, et n'eut en con- 
mandait i'avant-garde à Sacile, le 16 séquence que peu de part à ses ftt- 
juin 1809, lorsque l'archiduc Jean, veurs. Créé simplement baron, il 
après lui avoir signifié la reprise n'obtint jamais ni dotation ni d'an- 
des hostilités, l'ayant attaqué te jour très avantages personnels. C'était 
même avec des forces supérieu res Jui d'ailleurs un homme éclairé, de 
fit éprouver uti échec dont il fut ainsi mœurs douces. Il avait épousé la fille 
rendu compte dans lejournal officiel, du chirurgien Lombard. M— d j. 
- ... Notre perte n'eût été qu'égale à SAHUCirET d'Amarêit-Laroch$ 
celle de l'ennemi si le général Sahuc ( Jean - Joseph - Fb/ikçois - LéonaMi^ 
ne s'était laissé surprendre, les ohe- de), général français, né le 12 oct. 
vaux dessellés et débHd^^t et n'avait 1756, d'une famille noble, Ait, dès 
laissé entourer de toiis les eOtés le i'enfiince voué à la carrière des ar- 
régiment d'infanterie qu'il avait avec mes. Mousquetaire k Tâge de diï^sept 
lui. L'empereur a ordonné que cette ans, il fut nommé trois ans aptè^ 
négligence lût l'objet d'un examen sons-lieutetiant au régiment de Contî, 
particulier.Un général d'avant-garde, puis capitaine en 1784. Lorsque la 
qui se couche dans un lit au lieu de révolution de 1789 éclata ^ il fut du 
se coucher sur de la paille dans son petit nombre des officiers qiii s'en 
bivouac, est coupable. Nous avons eu montrèrent partisans; ce fut toute- 
la douleur de perdre trùîl bataillofis fois avec modération. En 1791, il 
du 35* régifAenf,qui ont itlf)f(!è4ue fut nommé lieutenant - colonel au 



380 



SAK 



14' rrgimeiit de dragons, dool il eut 
le oommanilem^'nt Tann^ siiîTante . 
Employé h Taruiêt* i!«^ .Pyrriu'os 
dès le roinmenci-ment de îa giierre 
aTfC TEspa^nf , ils>tiipara^ avec un 
seul balai lion, d*E<tery (20 sept. 
1793)^ d'Escala et dXabsory, petites 
Tilles de Catalo^roe. Créé général de 
brigade dès le mois de septembre 
179S, ce deriiior exploit lui valut ie 
grade de général de division. Sus- 
pendu comme noble peu de temps 
après, il res:a san^ fonctions jusqu'en 
avril 1796, où le Directoire IVnvova 
à Bonaparte qui venait de débuter 
dans sa brilt» campagne d'Italie. Ce 
fut Sahuguet qui régla lescimditions 
de Tarmistice accordé au duc de Mo- 
dène Cbargéparle général eu ehef du 
second bloct: s deMantoue, ii attaqua 
Goveruales, et fit attaquer Borgo par 
Uallemagne; se rendit niai:re tV tout 
le Soraglîo. i rjeta Tennenii ù ins la 
place et rcs^serra étroiteniout W bto- 
ens. Le général autrichirn vain- 
queur, par une cirooiistanco i m: pré- 
vue au coml'ut de Cérea, s^«v;ni4;ait 
sur Mantoue ponr $\ enf«*r(Ti<»r : Sa- 
buguetel Kiluiaine Tattendaieut avec 
des réserves à la Moliuella, mais 
Wnrmser arriva par des chemins de 
triTerseà Yilta-lmpeufa, où se tn>u- 
vait un pont faibleintfut gardé et 
que sa cavalerie surprir. Le gêné- 
iml Chartoa, «fuvoyo par Saliuguet 
avec cinq cents hommes p^nir déten- 
dre ce pvnU ne pi»: v<*n*r à temps; 
il fàt «abré par les cuirassiers autri- 
chiens et resta n^rt sur le champ de 
bataille. Sahuguet se distingua eu- 
eoreauci>uibalde I.i Favorite et sVm- 
part du fort Saint -Georges. Envoyé 
Tannée suivante contre des rebelles, 
il déploya une excessive rigucu- à Ta- 
voletîi», qu'i! tit incendier. Voir:.>«t 
éviter iPaiiîrt^s ma-heurs, ii tc«;vU 
utte lettn; f.i o.^n^enal'ieà Turc h- - 



SAÏ 

véque dT'ruin, pour qu*il înTÎtlt lo 
curés de son diocèse à précherUi paix 
an peuple. Sahuguet avait à cette épo- 
que le gouvernement du Ferrarais, d« 
Bolonais et de la Romagne. Bonaparte 
l'envoya ensuite prendre le cvmnan- 
dement de Marseille, en remplace- 
ment de Villot qui venait d'être n^n:- 
mé membre du corps législatif. Après 
le 18 brumaire, il se rendit djins k 
Vendée avec une mission du prenier 
consul.^ En 1801, il alla comnaaiider 
dans TE fat de Gènes, et fut enniîte 
destiné à conduire un corps de troupes 
que Napoléon voulut faire transpor- 
ter en Egypte» par la flotte de Gaa- 
tbeaume (roff. ce nom, LXV, 98^ : 
mais par différents obstacles cette 
escadre ne put arriver à sa destina- 
tion. En 180S» après la paix d'Amieas. 
Sahuguet fut chargé d*aller prendre 
possession de Tile de Taba^ qae 
les anglais lui remirent , et il en fét 
nommé gouverneur gênêraL D'ia 
caractère d«>ux et forî humain, il se 
fit aussitôt chérir et estiiitor des ha- 
bitants ; mais il ne put sup{H>rier ce 
climat homicide, et mourut de îa 
fièvre jaune dans cette colonie vers 
la fin de 1803, au moment i>ii la rap- 
ture avec l'Angleterre allait encore 
une fois lu séparer de la mère-patrie. 
Sahuguet étai^ fvrt instruit dans les 
langues grecque et latine ; il pvsse- 
dait aussi plusieurs langues Uk>der- 
ne<, et parlait même Tarabe.M — o ]. 

SAIBOUYA. Foyes StioiTT^a, 
\LIL 384. 

SAID ou Saiidi(Ens}AU, historien 
espagtiol, était fils de Mvu$a« His de 
MahoHket. Parmi les ouvrages dont 
AtK>uUFlErda sest servi pour la com- 
pilation de sesJniui/es^il en cite deux 
de cet auteur, dont fuu est intitulé : 
Licrf de niaraiiom ou souiaganeti-t 
de l'esprit daxu fhUtoirt des ft<uîa.'*.« 
barbtârtSttn 2 voL, et Tautre. uni est 



SAI SAI 28i 

intitulé : Histoire des éhases mémO' puis l'un des trois maires qui adini- 
râbles concernant les Occidentaux nistrèrent cette ville pendant les pre- 
ou les Espagnols, en 15 vol. Ost le mières années du règne de Napoléon, 
même qu'Ebri-Saïd-Almagrebi dont Lorsque ces mairies furent suppri- 
parle d'Herbelot {Biblioth, orient.^ mées, on le nomma premier ad- 
p. 772), qui a composé une Histoire joint au maire, et c^est ?ers ce temps 
d'Afrique et d'Espagne en plusieurs qu^il obtint un décret impérial qui 
tomes; le même qu'Ebu-Saïd-Àboul- l'autorisa à prendre le nom de Char- 
Kkassan-Ali, dont Beiske fait men- rier de Sainneville. Il était encore 
tion dans ses Suppléments^ p. 754. adjoint à Tépoque de Tinfasion des 
Il dit que ce fut un historien célèbre, Autrichiens en 1814, et, dans un con- 
africain de naissancev mort en 678 geii que le maréchal Augereau con- 
de l'hégire (1274 de J-C), et qu'il voqua,afindedélibérersurlesmoyen» 
écrivit, sous le titre d'Almagrebi, un ^^ sauver la ville, il insista fortement 
grand ouvrafi:e d'histoire naturelle et p^m. yn^ prompte capitulation, dé- 
politique d'Occident souvent cité par . durant que l'empereur avait lui- 
Aboul-Feda. UnautreSaidouSeïdAl- m^me consacré le principe qu'une 
cofti. ou Égyptien, est auteur d'une grande cité ne doit jamais soutenir 
Histoire des plus célèbres médecins, ^^ gj^e et q^e d'ailleurs une pluf 
composée vers Tan 695 de l'hégire longue résistance exposerait les ha- 
(1265 de J.-C). J— N- bitants aux derniers malheurs. Après 

SAIFFERT. Voy. Seif^ert, XLI, |^ ci,u,e de Napoléoa en 1814, Sain- 
491. neville parut avoir embrassé franche- 

S AINNEVILIf E (Sbbastibn-Clau- iq^hi i^ cause des Bourbons, et il fut 
DE Charrier DE), lieutenant de police nommé en octobre * de cette année, 
à Lyon en 1817, acquit alors une fu- par Monsieur, frère du roi, qui passa 
neste célébrité par le complot qui par Lyon, officier de la Légion-d'Hon- 
éclata dans cette ville contre le gpu- neur. A la même époque, le conseil 
vernement royal etque». seul de municipal lui vota des remerctments 
toutes tes autorités, il excusa et pro- et lui fit présent d'une épée avec cette 
légea de tout son pouvoir. Il était né inscription : A M. Charrier de Sain^ 
à Grenoble le 12 février 1768, fils mville, çdjoifU, la ville de Lyon re- 
d'un notaire qui s'appelait Saiicon, connaissante, 1814. il ne remplit au- 
et porta lui-même d'abord ce nom, cune fonction lors du retour de Bo-* 
qu'ensuite il fit changer. Employé naparte en 1815, et après le second 
eu 1793 dans l'administration des retour du roi il devint lieutenant gé« 
vivres de l'armée qui fit le siège néral de police à Lyon. Il occupait en* 
de Lyon, il eut occasion, après la corecetteplaceen 1817,àl'époquede 
reddition, de rendre quelques ser- la rébellion du 8 juin; mais il était parti 
vices à Ml. Charrier de Gngny^ frère pour Paris trois jours avant Pexplo- 
de révêque de Versailles. Ces servi- sion. Aux premiers avis de cette ré- 
ces furent payés^ fort cher par la voile, le ministre de la police lui 
main de mademoiselle de Grigny, fille donna ordre de retourner sur-le- 
unique et riclje héritière, qu'il était champ à son poste. Quand il reparut 
devenu impossible de lui refuser. Ce à Lyon, tout était rentré dansl'ordre, 
mariage fixa Saiicon à Lyon, où fl et il sembla d'abord applaudir aux 
fut membre ^u conseil munici^l, ipesurçs qu'av^cnt prises les autorit 



38f SAI SAl 

iH pour la rt^ression de la rëvolte. qui n*aTaîent pas moins coucouni à 
Il sf montra alors d*autanl plus ^loi» ee résultat, éproiivèrfnt le même 
gntf d*ac(*user ces autoriti*», que de sort. EiiHn il d it être fTident que le 
tous les fonctionnaires ptihlics lui gonverneuieiit improuraif, par Por- 
seul avait dû être respecté et con< gane de son commissaire, tout ce qui 
aervé par les chefs du ctunplot. C<*8 avait été fait par les autorités pour 
chefs araîent eox-mémes fait publi- |a répression du sout^feinent contre 
queiiient Taveu de c«*tte étrange ex- Tau toritémy al e.Toutes ces opérât ions 
ceplion deraut It-s juges et dans leurs avaient été prov(K]uées ou ordonna 
ÏDlerrogiitoires Mais Saiuiievijie ne par le duc de Raguse» et Taccueil 
tarda pas à sortir de IVmbarras t'ù que Un fit Si Ma^eMé, le titre de lai- 
Tavait placé celte déclaration par nistred^État qu*il reçutaussilOtapr^ 
Tarrivée dn m.iréchal Mannont qui son retour dans la capital*», tout dut 
donna à cette affaire une dir«-ciion f^ire croire de plus en pins que ce 
toute différente de relie qu'elle avait qu*il avait fait éiait conforme à ses 
eue jusque -Ik. Pour mieux expliquer iustructions. Cependant les maires 
tous ces faits « qui sont, on ne destitués adres>èreiit une pétîtioaà 
peut le nier, d'une très- hante ini- la ctiambre des députés, et M. Cri- 
portance dans rhi<t<»ire de Id Resiau- gnon d'Au7.«*uer, membre de cette 
ration, nou^ citerons le reçu qiiVn a chauibrt-, signala à la tribune les 
donne un hingratthe de cette e(»oqne opérations du maréchal coumie des 
à Tarticle du nuréchal Mnrmont. • 11 abus de pouvoir. Peu de jours après. 
Ht sou entrée dans cette ville le S le coK'nelFabvier qui avait remplîmes 
septembre \^n. avec de grands pou«- fi>nrTion$ de chef dVtat-major daos 
voirset le titre de lieulen.uiT du nù. la mission dn duc de Raguse« publia 
Le but ostensib e de cette mission sur ortie mission une brochure daus 
était d'eclairiMrdes douces que certui- laquelle il accusa hauteuieni les au- 
nes personnes semblaient Ci»n>erver tontes qui avaient réprimé la révolte, 
surir nioufement insurrectionnel qui et s>ff-rça de justifier tout ce qu'a- 
avait écldté dans la seconde ville du vait f lit le maréchal, coufiaraui les 
royaume troi^ nv*\n aUfuira\ant, et mesures île rigueur qui avaient eCe 
dont quelques chefs, jugés par h Cour déployées contre les rebelles aux 
prév(^id=e» avrtient péri sur IVcha- pri»scriptitins île 1 793. Le général Ca- 
faud. Q .elqn»«s-ons d'entre eux ifS- nuel et M. de Chabrol « ^raTrincnt 
taient iHfpendant encore dans les pri- iucu'pés dans cette briK''hure. ne U 
Sons, et Ton semblait attendre de laissèrent pas sans réponse. Le pre- 
lenrs aveilx de« reiisrignvmeiiis sur mier deinautla au roi, avec autant de 
les ti.otrurs secrets de cette conjura- nobles*>e que d*éneigie, qirun conseil 
tîon:n)ais ces prévenus ayant obte- de guerre pn»nonï;ât entre s^s c.iloin- 
DU, stni^ diff reiits |»réie\tes, la per- ni<tedrset hn.etque Irur^téiesou la 
missii>n lie snrtîr de prison, pamn- sienne ioiiibas<ont sur IVihifaud Une 
rent à sVoh.ipper. Uans le même fou'e de bochures pirurrnt buvix^t 
temps, ceui ilesoiticieis^et le géue- sur leniéme sujet, et, dans If mi*»ie 
ralCdUuet lui-mèuie, qui avaient le ?en>ps. MM. de Ubnurdonniye, Ma- 
plus ci»ntribué à réprimer la n*volte, gueval et Sabbéry altai;Lèrent il ptu- 
perdirent leursemplois.et fureni eloi- sieurs reprises, dans la diambre des 
Crtês de Lyon. Le préfet et les maires, députés. Ta conduite du mînisf ère #r 



Ski Sii 28$ 

celle do maréchal.» On doit bien pen- roi, complot qui fut dès lors Touë au 
ser que dans ces brochures et dans ridicule sous le nom de canêpiration 
ces discours Sainneville ne fut pu dtièorddereai*, mais qui n'en eul pas 
ménagé, et que le ministre qui Ta- moins le résultat que la police en at- 
vait dirigé, quelle que fût sa puis- tendait ; ce fut d'interrompre le pro- 
sance, ne put le soutenir contre ces et même d'y mettre fin. Il fallut 
tant d'attaques. Après a?oir été bien rendre à la liberté le général Ca- 
nommé commissaire général de police nuet et ses amis, et même un peu plus 
à Strasbourg, il revint dans la capi- tard ou fut obligé de les re m«*ttre en 
taie, et il y annonça un écrit qui de* activité ; mais ce ne fut jamais qu'in- 
vait tout expliquer et tout éclaircir. complètement, et presque tous. sont 
On commençait à douter de la publi-^ morts dans la disgrâce du gouverne- 
cation de cet écrit, lorsque enfin il ment royal qu'ils avaient si bien servi 
parut, après la dissolution des cham*- malgré lui !... Pour- bien apprécier lé 
bres, sous le titre de Compte rendu service qu'ils avaient rendu au roi 
des événements qui se sont passés ■ Louis XVIII et à la France tout en- 
à Lyon depuis Vordonnance royale tière, il faut se rappeler que le» 
du 5 septembre i Si ù jusqu'à la fin étrangers avaient alors sur nos fron* 
d'octpbre de l'année 1817 (mai, 1S18,' tières une armée de cent cinquante 
in-8*). Ce mémoire ne contenait pas mille hommes, prête à revenir dans la 
des accusations moins graves que capitale, occuper de nduveaa toute 
celui du colonel Fabvier, et il douna la France au moindre signal d'insur- 
lieu à des réclamDations encore plus rection^ et la mettre à contribution, 
vives. 11 en parut différentes réruta- peut- être se la partager, comme ils 
tions, notamment dans la collectioa avaient eu le projet de le faire deux 
\utixu\ée: Mémoires, pièces et cor^ ans auparavant... Voilà ce dont le gé- 
respondancessurles affaireêde Lyon, néral Cannel et ses amis nous avaient 
Canuel traduisit Sainneville et Fab* préservés en coraprisBant la révolte de 
vier devant la police correctionnelle Lyon, tandis que le général Donadièn 
comme calomniateurs. Le tribunal en faisait de même à Grenoble dans 
mit en quelque sorte les parties hors des circfonstances absolumeut sem» 
de cause ; mais le général ayant ap- blables.On sait comment l'un tst l'au- 
pelc de ce jugement^ la cour royale tre eu ont été récompensés! Quant à 
condamna Sainneville et Fabvier. Sainneville, aussitôt après la mission 
Ceux-ci , toujours appuyés par la du duc de Raguse, il fut nommé mat- 
police» en appelèrent,- en cassation* tre des requêtes au conseil d'État eli 
puis ils se désistèrent par un aets ervtceexira«>rdinairc) mais tes pri^- 
de générosité dont leurs adver- teoteurs n'osèrent plus lui «lufler de 
saires ne furent pas dupes. Ces fondions publiques, du rnMns 08teB«> 
victimes de l'aveuglement ou du siblement; il conserva une pension 
suicide de Louis XVlll , comme on de la police et sembla décidé à vivre 
Ta dit, étaient alors dans ta situa- dans la retraite ^ mais comme il avait 
tion la plus déplorable : le général toujours eu dfs goûts et des habitu- 
Cannel, ainsi que plusieurs des ofll- des fort coûteuses, il fit des dépenses 
ciers qui l'avaient a4dé k comprimer beaucoup plus considérables que ne 
la révolte, avaient été arrêtés; acco- le permettait sa fbrttme, ou plutôt celle 
ses d^in prétendu complot contre k^- de sa femme, car il s'en àvAit jamais 



2U 



SAI 



en par lui-même, et il la dissipa en- 
tièrement, soit au jeu, soit dans de 
folles entreprises. Il mourut en 1843, 
dans un état complet d^aliënation 
mentale. M-nj. 

SAINT-ALBERT, dont la vie fut 
un tissu de vicissitudes, n'est connu 
que par le peu qu'en rapporte d'Es- 
trade, qui fut avec lui prisonnier des 
Hollandais aux Indes, et qui reçut 
ses derniers soupirs sur le vaisseau 
qui les ramenait en Europe. Saint- 
Albert ^ né en France, n'avait ja- 
mais connu ni père ni mère. Au 
sortir de l'enfance, il avait passé 
quelques années au collège de la Flè- 
che, d*oii il n'était sorti que par le 
chagrin d'entendre dire que sa nais- 
sance n'était pas l(<giti(iie, et qu'il 
était -fils d'une dame dont le mari 
avait été tué deux ou trois ans avant 
qu*elle le mtt au monde. Un con- 
seiller au parlement de Paris, qui 
jusqu'alo^ avait payé les frais de 
son entretien, le rappela près de lui; 
mais ce fut pour lui déclarer que son 
père et sa mère étant inconnus et ne 
lui ayant laissé aucun bien, tout ce 
qu'il pouvait faire c'était de le pren- 
dre à son service en qualité de la- 
quais. Saint-Albert rejeta cette offre 
avec indignation. Il sortit dans l(vmo- 
ment même, et se trouvant sans res- 
source , pressé d'ailleurs par la faim, 
il entra dans l'église des Feuillants, 
où une dame à laquelle il demanda 
noblement l'aumône parut fort tou- 
chée de sa situation et le prit dans 
son carrosse. Les éclaircissements 
qu'elle reçut de lui achevèrent sa 
conviction. Elle lui fît continuer 
ses études après lui avoir déclaré 
quelle le destinait à IVtat ecclé- 
siastique. Il en prit Thahit et son 
«ipplication rc^pondit aux espéran- 
ces qn*!! avait fait concevoir. Mais 
aprè» j)voir fini ses cours, il se sentit 



SÂI 

si peu d'inclination pour PÉglii 
que dans la crainte d'irriter sabii 
faitrice par cette contradiction, 
prit le parti de quitter Paris sans 
dire adieu. Son dessein était dep 
ser en Italie, où les troubl^ de I 
pies attiraient un grand nom] 
d'aventuriers. L'arp^ent lui ay 
manqué à Turin, il écrivit à la ni 
dame dont il avait éprouvé ai loi 
temps la générosité; elle ne lui 
point de réponse. Mais lorsque le d 
espoir commençait k luiinspireri 
idées funestes^ il reçut un secoi 
qu'il ne put attribuer qu'à elle. 
Français, domestique d'un anbus 
deur, qui était en chemin pour loi 
vint lui dire qu'il avait ordre àt 
mènera son maître. Il se laissa € 
duire sans demander plus d'expK 
tion. L'ambassadeur parut satifl 
de sa bonne mine, et le prit à sa'si 
en qualité de gentilhomme. Vêtp 
qu'il reçut et les égards avec leiqo 
on continua de le traiter lui firf 
connaître qu'il était bien reeoi 
mandé. Cependant sa fortune di 
peu; il eut le malheur de plaire an 
bassadrice. Le mari, qui s'en a( 
çut, poussa la jalousie au pointé 
faire mettre dans un cachot, oi 
resta jusqu'à la fin de l'ambassi 
Retombant alors dans la misé 
il se rendit à Naples, où le doc 
Guise s'était jeté depuis quelq 
mois. Il y fut pris par les Bspagi 
et conduit en Espagne avec d'an 
captifs. Après y avoir passé quel 
temps dans une prison , il obtia 
liberté de s'embarquer pour la F 
dre. Une grave maladie l'oblige 
s'arrêter à Bruxelles , tandis qu( 
compagnons retournèrent en Frai 
Diverses lettres qu'il avait i^crit 
la dame qui avait pris soin de 
éducation étant demeurées sans 
ponse, il se vit bientôt sans ai 



ressource que rhdpital. Bntre plu- «les, et se rendit à Paris d^ le corn- 

sieurs dames qu'uue affectatioa de meucemeut de la rëvoluliou , dout 

diarité portait k visiter les hôpitaux il se déclara partisan avec toute 

M Bruxelles, ilsVn trouva uue sur Tardeur de son âge. S^ëtant eurôlè 

qui la figure de Saint -Albert fit sous le drapeau national, il fut ad- 

tant d'impression , qu'après avoir joint du fameux Brune , alors adju- 

couuueucépar lui donner uue aumône dant général, et prit part, a-t-on 

de cinquante écus, elle n'épargna dit, à quelques excès de cettaëpo* 

rien pour le rétablissement de sa que. Ce|>enda util était d*uncaractèro 

santé. Ce penchant devint une vio- fort doux, modéré, et nous l'avons 

lente passion lorsqu'elle eut connu assez connu pour aflirmer qu*il était 

tout son mérite. Elle sacritia tout à incapable des actes de violence et de 

l'amour. Après avoir truite Saint* cruauté qu'on a reprochés a sou gêné- 

Albert en amant, la crainte de te rai. il quitta le service peu de temps 

perdre la détermina à l'épouser secrè- après la règne de la terreur, et vint 

tement. Cependaut un reste de raison s'établir à Paris, oi^i il ne fut d'abord 

lui tit comprendre qu'il ne pourrait connu que sous le nom de Viton, 

soutenir long-temps à Bruxelles le et uù il ne s'occupa plus que de re« 

cOie d'un seigneur frauçais, sorti des cherches historiques, généalogiques, 

prisons d'Espagne. Elle partit avec et de lu composition de beaucoup 

lui pour Madrid où sa famille tenait d'ouvrages consacrés à la science 

un rang considérable *, mais leur ma- héraldique* En 1803 il publia une 

riage fut découvert ; dès lors Saint- apologie du gouvernement de Bona- 

Albert se vit exposé là toutes sortes de parte, dont il eut du moins le mé- 

dangers. L'assassinat, le poison fu- rite de prévoir la haute fortune. Cet 

rent employés successivement. 11 fut ouvrage était intitulé : La vérité 

l)lessé plusieurs fois , et sa valeur rendue smêible au peuple français 

l'ayant toujours tiré d'affaire, il eut Pf^r Vaéminiâtration du Premier 

la douleur de vojr casser son ma- Cotiâul. Saiut-AUais se créa alors en 

riage, et bientôt on le fit enlever, peu de temps un très riche cabinet 

Il fut mis dans un vaisseau qui par- de manuscrits et 'de livres dout il 

tait pour les Indes, et dont le capi- sut tirer bon parti. D'un caractère gai 

taiuc, gagné à prix d'argent, de- et spirituel, il s'amusait quelquefois 

vait le jeter k la mer ou l'abandonner des ridicules de la vanité hiunajne, et 

dans uue île déserte. Une tempête, faisait bien payer les gens qui lui ap- 

4|ui inspira des sentiments plus doux portaient des titres de noblesse plus 

à ce barbare officier, fit obtenir à ou moins fondés. On lui a quelque- 

SaiuX- Albert la vie et la liberté. Après fois reproché d'en avoir admis de fort 

avoir servi long-temps les Uollan- équivoques, ce que nous n'osêrions 

dais, il revenait en Europe, lorsqu'il pas nier entièrement. Nous n'igno- 

mourut en 167i^, ftgé d'environ' cin- rons point qu'il faisait d'abord fort 

quautc ans.' M— le. bien payer l'insertion de ces titres 

SAINT -ALLAIS (NICOLAS Vi- dans ses volumes, quels qu'ils fus- 

To» or), gifnéalogiste, né à Lan- sent, et qu'ensuite il vendait eu- 

gn s \v. avril 1773, lils d'un épicier core ces niâmes volumes â ceux qui 

qu'il disait issu d'une famille noble, en avaient fait les frais, ce qui lui 

fit dans cette ville d'assez bonnes étu- usurait un double bénéfice. Il avait 



MC 



SAI 



ainsi anàusé une «uez jolie tor- 
luue) mais set habitades et ses goûts 
élaient uo peu cb^rs, et dans les 
deraièrct ^uaéa de sa vie il avait 
fort âllére sa saoté et sa boune. 
Après avoir vendu son cabinet en 
18t0, ainsi que le fonds de son édi- 
tion de VÂrt de vérifier Iti dates 
ooanl et aprèe Jésus-Christ^ in-4® et 
in-ft% à M. de Gourcelles {voy. ce 
nom , LXl , 471 } . qui le céda lui- 
uiénie au marquis de Fortia ^ Saiiit- 
AUais continua de se livrer à des tra- 
vaux historiques et géni'alogiques de 
même nature, ce qui lui attira quel- 
ques réclamations de la pan de ses 
acquéreurs. Il soutint aussi en 1836 
nne querelle assez vive avec l'i- 
rascible et vaniteux Flassan, à qui 
il répondit avec mesure et dignité 
par une brochure intitulée : Ma 
première au Corinthien, ou réponse 
au Grec Raxis , se disant comte 
de Flassan. Saiiit-Allais mourut à 
Paris en 1842. Ses ouvrages iuipri- 
mes sont: 1. État .actuel des maisons 
souveraines des princes et princesses 
de l'Europe, 1805, 111-I8. M. Histoire 
chronologique, généalogique et po- 
litique de la maison de Bade^ 1807, 
2 vol. in-8*'. III. Histoire chronolo- 
gique^ généalogique , politique et 
militaire de la maison royale de 
Wurltmbergy I8O8, 2 vol. in-18. 

IV. Histoire générale des ordre.s 
de chevalerie civile et militaire 
existant en Europe, 1811, iu-4°. 

V. Tablett'S chrontdogiques^ généa- 
logiques et historiques des maisons 
souveraines de l'Europe^ 1812. iu- 18. 

VI. Histoire généalogique des mai- 
sons souveraines de V Europe, tSVZ,2 
vol. in-8°, et at'as (couipreDaiit seu- 
lement la maison d'Autriche). Vil. La 
France miiitairv sous les quatre dy- 
nasties^ 1812, 2 vol. iu-18. VIII. La 

Trance législative, ministérielle^u- 



SAI 

dieiaireei aémisiiMirative Mcms Us 
quatre dynasties^ I8i3, 4 vol. in-tt. 
IX. Le Correcteur de VÂiias génMs- 
gique de Lesage^ 181 9, 4 vtil. in-18. X. 
Kobiliaireuniverselde Franee^lB'.i^ 
1820, 18 vol. ln-8^ XI. UAlmahatà 
a4ministratif,ouChr(mologie histo- 
rique des maîtres des reqttéies, des 
auditeurs au conseil d^Êtat^ des tu- 
tendants , des préfets , par M. S. A., 
1814, iu-18. XII. Les sièges^ boiail- 
les et combats mémorables es Phis- 
toire ancimne et romaine , 1815. ia- 
8^ XIII État actuel de la noèUssê 
en France. I8I6, in-18. XlV. Dic- 
tionnaire tncyclopédique de la ne- 
blessede France, 1816, 3 vol. in-8*. 
XV. Armoriai des familles nobUs 
de France, 1817, iu-S"" et in-4^ 
\W\. Martyrologe universel^ tra- 
duit en français du Martyrologe ro- 
main , offrant pour chaque Jour de 
l'année la série des eainis mar- 
tyrs^ etc., 1823. iu-8^ XVII. Album 
historique des gens du monde, î8U, 
a vol. in 18. XVlll. De l'ancieni^ 
France^ contenant V origine de la 
royauté et de ses attributions^ 18S3- 
34.2 vol, in-8". XI\. Annuaire histo- 
rique, critique, généalogique et hé- 
raldique de l'ancitnne noblesse de 
France, contenant l'exposé des ser- 
vices que les familles noblesont ren- 
dus à l'État j le détail de Uurs ar- 
moiries^ etc., 1835-a6, 2 vol iii-8*. 
Les premiers ouvrages de cet auteur 
ont été publiés sous le nom de Viton, 
ou sous SOU niiiiale. Sa plus belle 
entreprise devait être la réimpres- 
sion et la continuation de l'Art de 
véri/itr les dates, et il avait pour cela 
réuni de précieux matériaux^ mais 
une maladie le força de vendre cette 
entreprise, comme nousTavons dit, 
Ce dont plus lard il éprouva de vifs et 
inutiles regrets. C'est par erreur que 
là Biographie des contemporaifis lui 



attribue une édition du Dtcftotfiifiirf 
hiitorique des iiige$ et hffaiUa^ 
1909, 6 yo\. in*8*. M— p j. 

SAINT ' ALPHONSE (Pitm 
WAT9IBR db), géiiëial frnnçais, né à 
Laoïi (Aisne), le 4 84*pteuibre 1770 • 
entra au service, en 1792, comme 
sous-lieutenant dans un régiment de 
cavalerie, et, après avoir fait les pre- 
mières campagnes de la révolution 
aux armées diiNord etdu Rhin, devint 
chef d'escadron et aide de cump du 
général Lasalle^ puis colonel du 4* 
régiment de dragons. Il tit, en 1800^ 
la campagne d'Allem&gne d<ins la di- 
vision Baibou, et se distingua parti- 
culièrement, le 18 décembre, mu com- 
bat d*Aitdorf. En 1805, il se distingua 
encore au pont du Lech où, à la léte 
de deux cents dragons, il mit en dé- 
routeun corpsennemi qui en défendait 
le passage, et an combat de Dierustein 
où il fut fait prisonnier. Bonaparte 
le nomma son écuyer après son échan- 
ge. La valeur qu'il déploya plus tard 
à la bataille d'Austerlitz lui valut le 
grade de général de brigade. Dans la 
campagne de 1806, il se signala au 
combat de Schleitz, où il lit une char- 
ge de cavalerie, dont le bulletin lit 
un grand éloge. Il fut nommé com- 
mandant de la Légion-d'Ilonneur le 
H mai 1807. En 1808, il fut envoyé 
en Kspngne, où il contribua aux suc- 
cès dei(juuriiée« de Burgo8vdeFu**n- 
tes-Onoro, de Lerin et surtout d*Ai- 
caniz, près de Saragosse* où il mit 
en déroute six mille Espagnols. Nom- 
mé gt^néral de division, le 8 août 
1811, puis comte de IVmpire, il fut 
rappelé en France, passa en Russie 
en 1812, et ne posa les armes qu'a- 
près lu capitulai lou de Paris, en 1814. 
il fut alors créé chevalier de Saint- 
Louis. Après le 20 mars 1815, Bona- 
parte lui confia le gouvernement de 
la 5* division de cavalerie de l'arnide 



SiU 



M7 



fin ftod, et il afyifta eu cette qualité 
à la campagne de Waterloo. L<»r8 du 
licenciement, il fut mis à la demi* 
solde Plus tard il fut employé par le 
gouvernement royal, comme inspec- 
teur général de gendarmerie et nom- 
mé grand -oflicier de U Légion-d*HuQ- 
neur(uiai 1821). Entin il obtint sa 
retraite et alla habiter son oht- 
teau de Vimer dans le départe» 
ment de TOrne, où il mourut le 2 
févr. 1840 d^une attaque d'apoplexie. 
11 avait épousé en 1811 mademoi- 
selle de Mac|[au, sœur du minis- 
tre de la marine, qui avait été daine 
du palais de rimpératrice Joséphine. 

M-Dj 

SAIXT-AMANS (François Uard 
marquis m), seigneur de iUalhuc et 
Piiygourou, naquit à Aiby le 16 mars 
1690, de Pierre Isard, seigneur de 
Malhoc, Saint-Amans, Puygourou, 
et de Marie Lebrun. Il fii d'excel- 
lentes études, et manifesta dès sa 
jeunesse un goût très-décidé pour la 
culture des lettres, luxquelles il con- 
sacra tous «es loisirs. Ses travaux 
érudits lui ouvrirent lés portes de 
l'Académie des inscriptions et belles- 
lettres. Ayant embrassé la carrière 
militaire, il fut pourvu du grade 
d'enseigne de la compagnie des gens- 
d'armes de la maison du roi. Il quitta 
plus tard le service, et ne s'occupa 
plus que de science, de littérature, et 
composa un grand nombre de I>û- 
iertatiam ou Mémoires qui furent in- 
sérés dans Je Recueil de l'Aeadémie 
des insrriptions et belles-lettres. 

Z. 

SAINT-AMAKS (Jban - Flobi- 
mondBoudok nB), naturaliste et ar- 
chéologue, néà Ageale 24 juin 1748, 
entra fort jeune daqs le régiment de 
Vermandois, jufanterie, attaché à 
la manne « avec lequel il passa en 



388 SAI SAl 

Oi' n>tuur en France, en lt73, il de boianique^ Aj^en, 1785, iii-S*. 

qiiitia le service pour aller vivre III. Lettres d'un voyageur en Amf- 

dans son pays, au sein de sa famille, riqtu^ sur l'histoire . naturelle dês 

et se livra dès Inrs à Tétiide et aux pttitee Antilles, 1T86. IV. Fragments 

soins agricoles. Eu 1790 il fut nom- d'un voyage sentimental et pittores' 

më coniuiissaire du roi, atîu de for- que dans les Pyrénées^ ou Lettns 

mer et organiser le département écrites de ces montagnes ^ suivis du 

de Lot-etGiironnif . dunl il présida Bouquet des Pyrénées^ ou Planta 

ensuite I«i direction et r.ahninistra- observées dans ces moniagties pen- 

tion supérieure. Mais ^a qualité de dent les tncis de juillet et à^aoét 

uoble et sou opposition à la jour- 1788, Metz, l789,in-8<^. livre aussi 

née du 31 mai 1793 le tiieut desti- agréableqn'instructir. L'auteur, dans 

tuer, lient cependant le bonheur cette excursiou, avait pour compa- 

d*échapper aux proscriptions de la gnon de voyage Dussaulx, le tradac- 

terreur, et il devint membre du jury leur de Juvénal. V. I^émoire sur l($ 

de rinstruction publique et de la cati^a et les remèdes de la maladîe 

commission d'agriculture près le mi- qui attaque les arbres des prome- 

nistère de Tintérieur, puis professeur nades d'Agen , Agen , 1789, in 4*. H 

d'histoire naturelle à Técole centrale avait déjà été inséré dans le Journai 

d'Agen , et rentra dans Tadministra- tChistoirc naturelle. VI. Rapport 

tion départementale. Appelé dès la $ur les marais de Brax^ et de Mon- 

création, en 1800, au conseil gêné- busq. Agen, 1790, Vil. Méenoireim- 

rat de Lot-et-Garonne, il en fut nom- fcs ^racines dts plantts , Ageo, 1790. 

mé président, et pendant plus de vm. gioge de Linné, Agen , 179i . 

trente ans, àPexception des cent- in-8<>, inséré d abord dans le Jonia^; 

jours de 1815, où il avait donné sa ^e* srifflfe* utiles^ de Beriholon, 

démission, il remplit constant ninit ^n 1790. \\. Rapport fait au conseil 

ces honorables fonctions, exemple dn département de Lot^t-Garonne , 

peut-être unique, et qui prouve la sur la libertéducommercedes graine. 

haute estime dont il jouissait dans Agen^ 1792, in-4<>. X. MappiTt iait 

son département. IL mourut à Agen au même conseil sur les maladies 

le 28 octobre 1831, Age de près de carbunculairea aua quelles les bes- 

quai re-vingi- trois ans. et une sous- ti aux sont ^•ïl/t^<, principalement 

cription fut ouverte pour élever un dans les années pluvieuses, Agen, 

monument à sa mémoire. Saint- 1792 ^ in-8«. Autre Rapport sur le 

Amans fut un des fondateurs de la méine sujet, 1794. \1. Mémoire sur 



société d'agriculture, sciences et Fusage d^un savon naturel qui paît 
arts d'Agen , dont il devint le secré- ^ff substitué au savon ordinaire. 
Uire perpétuel. Plus de vingt aca- 1794^ JH-go. \\i j)^aité élémentaire 
démies . tant françaises qu'étrange- sur les plantes les plus propres à la 
res , le comptaient au nombre de formation des prairies artificielles , 
leurs membres , entre autres la so- Agen , 1797 , in-8% imprimé aux frais 
ciétt» pairiotique de Uesse-Honi- de radiiiimstration centrale de Loi- 
bourg, iclo des antiquaires d'Édim- ei-Garonno. Xlll. Philv^iophie etito- 
bourg, etc. On a de ce laborieux sa- nwlogique, ouvrage qui reuferu^e 
vaut : I. LeSpectattur champêtre^ les gcnérali lés nécessaires pour s*i- 
Àgen, t:sx IF. Cours élémentaire ti\\\ct ^wja V^\\\dç des inse^^tes. 



SAI 

suifi de l'ezpontion des méthodes 
de Geoffroy et de celle de Linné, 
combinée avec le système de Fabri- 
cius, etc., Agen et Paris, 1799, 
in-8®. LMdée de cet ouvrage fut siig* 
gérée à Saint-Amans par la PhiloiO" 
phie chimique de Poiircroy {voy. ce 
nom, XV, 368). XIT. Prédtd'un 
voyage agricole, botanique et pitto- 
resque dans tes Landes, 1799, in-S», 
inséré d*abord dans plusieurs jour- 
naux scientifiques, XV. Description 
abrégée du département de Lot-et- 
Garonne, Agen et Paris, 1800, in-8% 
imprimée aux frais du département. 
XVI. Recherches sur les anciennes 
monnaies, 1801. XVII. Précis hieto- 
riquedes émigrations des Boyens, 
Agen,. 1803. XVIIK Mémoire sur 
l'olivier, Paris, 1807, grand in^foR 
avec une planche coloriée- Ce mé- 
moire se trouve aussi dans la nou- 
velle édition du Traité des arbres 
fruitiers, de Duhamel. XIX. Mé- 
moire sur le rouleau ou cylindre à 
bpttre les grains, Agen, 1807, in-4^ 
XX. Mémoires académiques, Agen , 
1812, in-8\ Les pièces conienues 
dans ce recueil sont : f* une Notice 
sur la vie et les ouvrages de Justin 
Duburgua^ correspondant de la so- 
ciété d'Agen, professeur de chimie 
au Cap-Français, mort en 1803 ; t9 
deux Notices sur quelques produc- 
tions naturelles rares ou peu con- 
nues et observées dans les environs 
d'Agen; 3« un Rapport ï la société 
d'Agen, sur le manuscrit de feu Beau- 
mesnil intitulé: Antiquités d'Agen 
(voy. Bbaumesnil, LVIl, 40S)*, 4® un 
autre Rapport sur une chute d'ura- 
nolithes dans le département. Ces 
différents écrits avaient déjà été im- 
primés dans les Mémoires de la so- 
délé d'Agen. Saiut- Amans est le 
premier qui ait nommé uramH^ 
ikes les pierres iomhén da ciel, qfM 



SAI 



n» 



les physicient appellent générale- 
ment aérokiike$: il a encore publié 
sur ce tiqet des Uttres^X éeêrapporti 
dans la Bibliothèque britannique de 
Pictet, dans la Lithologie atmo^phé- 
rique de M. Izarn (1803), dans les 
Annales de cAtfiite(l8l4),etdansles 
Mémoires de la société d*Agen. XXI. 
Voyage agricole, botanique et pittO' 
resque dans une partie des Landes, 
de Lot-et'Gatonne et de celles de la 
Gironde, Agen et Paris, 1818, in-8*9 
avec une planche. Cet opuscnle, in- 
téressant et agréablement écrit, avait 
déjà paru dans le tome X VIII des Am» 
noies des voyages. L'auteur , en le 
publiant séparément , Ta enrichi de 
nombreuses additions, et y a refondu 
son Préâê d'un voyage agricole^ 
etc., que nous avons mentionné plm 
haut (n« XIV). XXli. Flore agenaise^ 
ou Description méthodique des plan- 
tes observées dans le département de 
Lot-et-Garonne et dans quelques dé- 
partements voisins, accompagnée dn 
Bouquet du département de Lot^^ 
Garonne-, Agen et Paris, 1820, in-S% 
avec planches. Cet ouvrage» frqit de 
trente années de travail, de recher- 
ches, et dans la rédaction duquel 
Fauteur fut puissamment secondé par 
deux de ses élèves, UN. Chaubard'et 
Graulhic, est Pœuyre capitale de 
Saint-Amans et lui assigne un rang 
distingué parmi les botanistes. Il ne 
cherche pas. comme beaucoupd'entre 
eux, à multiplier abusivement le 
nombre des espèces pour quelques 
Itères différences individuelles; il 
s'applique, au contraire, à le réduire 
par une classification plus resserrée 
et en donnant plus d'extension aux 
caractères spécifiques. On lui repro» 
che néanmoins d'avoir négligé la 
uiéthode naturelle pour aulvt«. <x5^ 
slrkl<&iù«eX\^ ts^%>}t\ûfc ^^\x^»fe^ ^. 

V4 



MO SA1 SAI 

•us îMyortMU travMis et GtnM- de la lociëU (I'Akm, iM4 H lift). 
Ia« de JiiMMu et de BlûbmI. XXIll. Deui leltrff iiirCiln^lflerfe(4Mislei 
BMrf met Uê Êmièquitéê ém écarté- mêmes m<Çmoiree et dans les Annal&t 
mmii ém Lot, Première notice, Péris, é§ê 9aya§i$, de Malte-Brun, t. XX111). 
Uttf iB"B** Quatrième noiice, Agen, Seint-Amanss'ocoapaitansiii de litté* 
lêSe, in-8«. Ces deux notices, les rature; il a traduit de Tanglaîs et 
aeuleiqui aient été publiées, ont paru prose française, avec les choeurs da 
fabord dans le tome III et le tome entr'actes i réduits en vers, Midée, 
Vil des JfAfio^rsi de la société royale tragédie de Rich. Glo?er («oy.ee 
dii antiquaires de France. Le manu- nom, XVII, 515). Cette pièce, pré- 
acrltde Toufrage entier, composé de cédée d'une préface et accompagm^ 
dli notices, avec un atlas de dessins, de notes, se trouve dans le tome 
est déposé au secrétariat de TAca- Vlll de la traduction du Tiiëâtre sn- 
démie des inscriptions et belles-let- glais , publiée par la batonne de 
très. L^autenr obtint pour ce travail Wasae, Paris, 1 788, in-S*. Au moment 
la grande médaille d'or destinée de sa mort, il avait terminé un ilèréfé 
eneouraiçf r la recherche des antiqui- ehronologique de l'hiêtoirê andmme 
tés nationales. XXIV. ObiervationM «1 moderne du département de Lot- 
ûfitilpêeê tur le prétendu riz see de et'Garonne, dont ^impression déjà 
ta CoeAtncAine, Agen, 18SS, in-8<* ^mmencée a été continuée par son 
(extrait des ilfina/ei d« r^i^riculliirtf second fils, M.Casimir, qui a par- 
firemçaiee). XXV. Coup d'crii eur le couru honorablement la carrière mi- 
département de Lotet-Oarontie^ ou iitaire, et auquel il légua son cabinet 
Rapide aperçu de l*état de son agri- et ses manii.scrits ; l'aîné s'est appfi- 
sulture, de sa population et de son que à la minéralogie. M. Chaudrac 
industrie en 18!i9,AgenJ8t8,in-i8. de Crasannes a publié uile Notice 
XXVI. Notice biographique sur feu $ur la vie et lee ouvragée doSamt- 
jr. le éhevalier Francoie de Vioene, Amane, Agen, 1832, in-8% avec por- 
Agen,t829, in-8«.Lasociétéccntrale trait, vendue au profit de la sous- 
d'agriculture de Paris avait décerné, cription du monument élevé à st 
en 1819, une médaille d'or à Tauteur mémoire. P— st. 

de cette notice (voy. Vivbns,XLIX, HAINT-ANDIIÉ (Charlbs-Fban- 
iS4). Outre les écrits déjà mention- çom, marquas Thaon DR Rbvbl de), 
nés. Saint- Amans a inséré un grand né à Nice, le 28 Juin 1735^ de l'une 
nombre d'articles dans différents re- des plus anciennes et des plus il- 
suaili scientifiques et dans les nié- lustres familles du comté, entra, dès 
moires académiques des sociétés aux- sa jeunesse, dans la carrière des ar- 
fuelles il appartenait. Nous citerons mes, parvint au grade de colonel da 
entre autres : Précis et analyse de régiment de Nice, puis à celui de ma- 
Pouvragedu docteur Schœffier, de Ra- Jor-général en 1780. Alors il fut 
ttsbonne, intitulé : Botanica expe» nommé commandant de la ville et 
dUtioTs avec la traduction d'une lettre du comté de Nice, et déploya dans ce 
dn même auteur aux académiciens de poste élevé autant de fermeté que de 
Roveredo (dans le Journal dephyei- sagesse. Devenu lieutenant-général 
fUedeRozier, loin. XV, ann. 1789). en 1787, il fut envoyé dans nie de 
Trois notices sur différentes mon- Sardaigne eu qualité de vice-roi. Re- 
nsiss anciennes ( dans les mémoires venu sur le continent en 1790, Il Ail 



SAI 8AI Mt 

Dommë gooTernear ûti Torteie et rai d« Souwarow qui le chargea !de 
graDd'eroix de Saint-Naurioe. 11 corn- l^orgaDÎMtioii et du eommaodement 
maidait en 1792 uu corps d'armée géoéral des troupes dauf le Piëuiont. 
dans les Alpes oiaritimes lorsque Ce choix fut approuvé par le roi, 
son fils aîné vint y servir sons qui le nomma ensuite (nw9) son lieu- 
sfs ordres (voy, Rbvbl, LXXJX, 1). tenant général dans ses États 4e 
Par son courage et son énergie terre ferme, avec plein exercice de 
il releva complètement le moral des Tautorité royale. Ces fonctions ëuu- 
troupes, et u 'présence excita uu nentes et sans exemple furent rem- 
grand enthousiasme parmi les habi- plies avec une force d'âme et une 
tants d'un pays où il était si hono- loyautéÀ toute épreuve, au milieu de 
rablem^nt oonnu. Pendant dix-huit toutes les tracasseries des généraux 
mois qu'il fut à la tête de cette ar- autrichiens et des jalousies de la 
mée, les Français ne firent point de cour absente. L*amitié que Souwa- 
progrès de ee o6té, et furent re- row lui portait Tènvironna d'un 
poussés dans toutes leurs attaques ; grand crédit dans le conseil des ai- 
mais au commencement de 1794, liés, et il fil habilemeut touruer ce 
ayant été blessé par un éclat d'obus crédit au profit de son souverain et 
et d^à septuagénaire, il ne put ré- <^u pays. Le collier de l'ordre de 
sister plus long-temps aux fatigues l'Aunonciade vint mettre le comble 
decette guerre des Alpes, si pénible, aux honneurs que déjà il avait re- 
Un congé lui fut accordé pour réta- çus. Après la bataille de Mareugo, qui 
blir sa santé, et il reçut le grade de mit fiu à cette première restauration, 
général d'infanterie (8 avril 1796). le marquis de Suiut-Audré suivit la 
rifvenu gouverneur de Turin (1797), cour en Sardaigne, et il y reçut une 
il eut à lutter contre toutes les en- dernière preuve de confiauce du roi, 
treprises du gouvernement direc- qui le créa grand maître de rartillerie 
torial {v&y. Chables - Emmanuel, (14 sept. 1806). Vénéré de tout le 
LX, 474). Ce fut surtout à l'occasion monde, et jusqu'à la fiu serviteur 
du mouvement que fit éclater Tin- fidèle et dévoué, il mourut en déc« 
ju rieuse mascarade de la garnison 1807. De grands honneurs accom- 
française sous les ordres du général pagnèrent ses funérailtes. Md j. 
Collin qu'il déploya autant de fer- SAINT-AUBIJN (Jacques de), mé- 
meté que de prudence, et sauva en décin , naquit à Metz dans les pre- 
nit^me temps la ville et la garnison mières années du ^LVi* siècle. Après 
d'un danger imminent. L'historien avoir suivi les cours de la liacuUé de 
Botta lui rond à cet égard une com- Paris sous les meilleurs maîtres du 
plète j^lstice. Les Français s'étant temps, il vint se fixer dans sa ville 
emparés de toutes les places et ayant natale, où il fut, avec son couipatriote 
forcé le roi de renoncer à ses Etats Anuce Foës(9oy. ce nom,- XV, 120), 
de terre ferme, en 1798, le général l'un des plus ardents propagateurs 
Saint-André se trouva dans une de la méthode hippocratique, que les 
position extrêmement difficile, pen- rêveries des médecins Arabes avaient 
dant qu'on emmenait en France ses fait négliger trop long-temps. Cette 
deux fils comme otagt^s ; mais dans sympathie commune pour les doc- 
le mois de mai 1799 il parvint à j'é" trines du vieillard de Cos resserra 
chapper et se rendit au quartier gé- les lie<ttqui imiasaient les deux com- 



592 



SAI 



patriotes. Non^seulement Foës asso- 
cia Saint-Aubin à ses travaux sur les 
ceofres du père de la médecioe, mais 
il obtint des magistrats de la ville de 
Metz d'exercer conjointement avec 
lui, en qualité de collègue, les fonc- 
tions alors fort actives de médecin 
de la cité. Saint- Aubin, qui était très- 
▼ersëdans la connaissince de la lan- 
gue grecque, aidu puissamment Foës 
dans la tAche que celui-ci avait en- 
treprise de donner une version la- 
tine des œuvres d'Hippocrate. Cette 
traduction parut à Francfort, chez 
les héritiers Wechel, en 1595, in-fol. 
Dans la préface Foë« se plaît à re- 
connaître que la traduction du com- 
mentaire de Palladius sur le Livre 
d$ê fracturée^ qui paraissait pour la 
première fois et qui lui avait été 
communiqué par Pierre Laphilé, mé- 
decin de la faculté de Paris, était 

' roavrage de Saint-Aubtn. Cette dé- 
claration répond suffisamment aux 
accusations de plagiat que des con- 
frères jaloux et des compilateurs peu 
soucieux de recourir aux sources 
ont cherché à accréditer. Ils assu- 
raient qu^à la mort de Saint -Aubin 
Fôës avait enlevé ses manuscrits, et 
qu'il s*en était servi pour la publica- 
tion de ses ouvrages. Mais la date, 
indépendamment du téuioignage de 
Foës, démontre Pabsurdité de cette 
calomnie. Témoin des ravages que 
la peste ou la maladie endéuiique à 
laquelle, malgré ses symptômes di- 

«terSfOn continuait dedonner ce nom, 
avait de nouveau exercés dans la 
etté de Metz, Saint-Aubin avait re- 
cueilli des observations sur la nature 
et le traitement de cette affection 
qu'il desiinaflà être publiées. H ne 
put eh terminer que la première par- 
tie avant sa mort arrivée en 1507. 
Umétw» confrères, le docteur Bu- 

r^ot^ éjênita communicatioii àii 



SAI 

manuscrit, le fit imprimer rannée 
suivante, sous le titre de Nowoeam 
eameil et adviêjxmr la préêirva- 
tUm et la guériton de la pe s fe, par 
Abraham Fabert , imprimeur juré 
de ladite ville, Metz, 1598, ln-8^ 
«Cette première partie, dit domCal- 
mel(l), fera regretter la suivante à 
ceux qui la liront. Saint-Aubin avait 
été formé par un esprit nourri des 
auteurs grecs. On y admirera leur 
noble simplicité, l'exactitude de 
leurs descriptions et la sagacité de 
leurs prognostics. • Un habile philo- 
logue , feu Teissier, mort préfet de 
l'Aude» s'est demandé si • le savant 
commentateur de la Bible était bien 
unjuge compétent d'un écrit sur la 
peste (2). > Mais il est bon d'obser- 
ver que dom Calmet, en portant ce 
jugement, n'avait fait que se rendre 
riiiterprète des hommes réputés les 
plus capables en cette matière. Au 
surplus dom Cal met et Teissier lui- 
même ont commis une erreur en 
donnant à Saint-Aubin le prénom 
de Jean; il s'appelait Jacques. On 
cherche vainemeut l'indication da 
Nouveau comeil dans la Bibliotheea 
Laimica P. Àdami, Vienne, 1784, 
in-8*; ouvrage d'ailleurs fort rareen 
France et que M. Peignot n'a pas 
connu, puisqu'il n'est pas mentionné 
dans son Répertoire de bibliogra- 
phies spéciales. — Un autre Saint- 
Aubin, né égalemeut à Metz et qui 
probableuient était de la même fa- 
mille que le précédent, fut maître de 
la poste de cette ville pendant la pre- 
mière moitié du dix-septième siècle. 
On conservait dans la bibliothèque 
de M. Bouthillier, ancien évêque de 
Troyes, un recueil de lettres relatives 
aux affaires du temps, qui avaient 

(f) Bibliothm^ue lomimê, in-fol.. p. 860. 
(i\ £stai gwr ^ typogrmphie messine, i8aH, 



Ski 

été toiles par Saiot-Aubin, depuis 
le 8 décembre 1643 jusqu'au S9 
avril 1651. Les deux Saint-Anbia 
n'ont point d'article dans Isl Biogra- 
phie de la Moêelle^ de M. E. Brgin, 
Metz, 1829-1833, 4Y0l.in-8^ 

L — M— X. 
SAINT-AUBIN (Jban de), jésuite, 
né dans le Bourbi>nnais en 1587, 
entra dans la société en 1606, ensei- 
gna la rhétorique et les bel les- lettres 
pendant dix ans, dans le collège de la 
Trinité à Lyon, prêcha pendant huit 
ans, et fut recteur de la maison du 
noviciat, dans la même ville, où il 
mourut le 18 oct. 1660. On a de lui : 
1^ Histoire de la ville de JLyon, an- 
cienne et nkofierne^ Lyon, 1666, in- 
fol, ; 2** Histoire ecclésiastiqtte de 
la ville de Lyon^ ancienne et mo- 
deme, Lyon, 1666, in-fol Ce fut le 
P. Menestrier qui publia ces deux 
ouvrages de Saint-Aubin. Alegiimbe 
et Colonia les mettent sous la date 
de 1658; c*est une erreur manifeste. 
Le 9 mars 1661, Guy Patin écrivait 
à Ch. Spon : « Votre Histoire de la 
ville de Lyon est-elle sous la presse, 
in-folio? On dit que deux jésuites en 
sont les auteurs, savoir le P. du Lieu 
et le P. de Saint- Aubin, qui sont tous 
deux morts (1). • Dans une lettre du 
8 mai 1665, Guy demande encore « si 
V Histoire de Lyon ne viendra ja- 
mais (2).» Toutefois il ne m«!t plus le 
P. du Lieu en communauté de travail. 
«Cette histoire, dit Spon, semble un 
sermon ou un panégyrique perpétuel, 
tant Tauteur a eu soin d*accabler le 
lecteur de fleurs de rhétorique (S). » 
Le père de Colunia en a porté le 
même jugement, «L'édification des 



(i) LêUru choiiipt^ toro* II» page 2a5. 

(a) Ibid., tome 111, pag. 67, éd. do L« Haye , 
X707. ■ 

(3) Rêckêrckêi dêi •nti^nit9s i^t^ôn^ pri* 
face, md imit. 



SAI 



29;^ 



fidèles fut, ditril. Punique but que le 
P. de Saint- Anbin envisagea dans 
son travail ; aussi, à la bien prendre, 
cette histoire est un éloge histori- 
que plutôt qu'une histoire partieu- 
lière (4). • Cependant cet ouvragie 
jouit encore de quelque estime, soit à 
cause des figurej dont il est orné et 
qui ont été gravées par Israël Sil- 
vestre, soit parce qu'il contient un 
certain nombre de faits qu'on cher- 
cherait vainement ailleurs. Le P. de 
Saint-Aubin, qui s'était signalé par 
son zèle pour le service des pesti- 
férés pendant la contagion de 162S, 
composa à cette occasion une ode la- 
tine qui été insérée parmi les pièces li- 
minaires du traité de Théophile Bay- 
naud {deMartyrioperpestem^ Lyon» 
1630). Cette pièce est l'œuvre d'un 
bon humaniste. On a encore de lui 
une Paraphrase de VEceUHaste de 
Salomon, en vers frauçais, Lyon, 
1658, in-1'2. L*extrême rareté de ce 
livre nous engage à çn citer quel- 
ques vers : 

Sous la Toùte des cieux, il n^est rien de non- 
▼eaa; 

€e qui plat aatrefois encor est troaTÔ beau. 

L^astre qui fait le» joara, les mois et les an- 
nées. 

Toit renaître anjonrdliai les choses déjà 
néeS) 

Témoin du temps passé» téinoin de ruTen^r. 

Il voit recommencer tout ce qn*il voit finir. 

Ce qui frappe nus yeux, ce qni bat no» 
oreilles 

Avuit jadis aussi des rencontres pareilles. 

Pour se renouveler. In ro»e fleurira ; 

Le monde a déjà su ce qu*uu juur il suura. 

Ces deux vers : 

Il n^est réduit si suiut, ni temple si sncré 
Où quelque fier déiiio» ne soit jamais entré, 

rappellent ceux de Boileau qui, par* 
lant d*un métromane, a dit : 

Il nVst temple si saint, des aViges respecté 
Qui soit contre sa mute nu lieu de sûreté. 

— Le P. de Saint- Anbin avait un frère 



294 SAI SAI 

qui était comte et prëcenteur de l*É* cle précédent. — Son nereu , le 

gKse de Lyon (Toy. Bibliolhèque de comte Louis Beaupoil de Saint» 

la France, tom. III, n* 37,355). Aulaibb, ancien chambellan , pré- 

A. P. et C — L— T. fet, actnetl^ment ambassadeur, pair 

SAINT- AULAIRE ( I ) (Beaupoil de France et académicien, était neveu 

de). C'est le nom de Tune des pins an- par sa femme, fille de Guillelmine de 

ciennes familles de la noblesse de Nassau-Saarbrurk, marquise de Sore- 

France. Quelques-uns la font remon- court, de la duchesse de Bninswick- 

ter au treizième siècle, d*autres seu* Liinrbonrg, aussi née princesse de 

lement au quinzième. D'abord éta- Nassau-Saarbruck. Sa fille a épongé le 

btie en Bretagne, elle passa dans le duc Decazes, ancien ministre de lapo- 

Limousin, où elle tint un des pre- lice, en faveur du fils atné duquel elle 

miers rangs à la cour des TÎcouites a fait des dispositions très-géii «'n'uses 

de Limoges, et s*alliaaux maisons les et qui a pris te titre de duc deGIncks- 

plns considérables de ce pays. Elle berg. — Le comte Côme- Joseph de 

donnadans le même tempsà la France Beaupoil de Saint-Aulaihe, né en 

deux échansons, quatre généraux , I74t, était de la même famille, mus 

beaucoup d'officiers supérieurs, des d'une autre branche. Il entra au ser- 

prétats et aussi quelques littéra- vice fort jeune, fit toutes les campi- 

teurs (roy. Saint Aulaire, XXXIX, gupsde la guerre de sept-ans, fut lieo- 

532). — Martial-Louis de Beaupoil tenant et major des gardes du corps, 

de SATirr-AuLATRE , né on 1720 , fut II était de service auprès do Daaphio 

sacré évéque de Poitiers en 1759 , et le 6 octobre 1789, lorsque le châfeap 

député du clergé de la sénéchaussée de Vers.iilles fut assailli par la popo- 

du Poitou aux états-généraux de lace, et parvint à sauver ce prince eo 

1789. Dès le commencement il s'y le conduisant dans le cabinet du roî, 

montra fort opposé aux innovations où 'a famille royale était réunie. Après 

et signa toutes les protestations de avoir fait tons ses eiïorts pour que 

la minorité. Il ne parut à la tribune Louis XVI ne vfnt pas à Paris, il l'y 

qu'une seule fois , le 4 janvier 1791 , accompagna au moyen d'un déguise- 

pour protester hautement contre le ment, en bravant les plu.« grands pé- 

serment à la constitution civile du rils, et ne quitta pas les edtés de 

clergé, que l'on exigea alors de tous la voiture royale. Après le licen- 

les ecclésiastiques. • Je ne déshono- ciement de la niaisov du roi, il 

rerai pas mes vieux jours, dii-il, eu émigra et fit toutes les campagnes 

reniant mon Dieu. • II sortit de dans les armées des princes. Revenu 

France aussitôt après la session , et en France en 1814 > il y fut nommé 

se réfugia en Angleterre, où il mou- chefdVscadron des ganîes dn corps, 

rut dans les dernières années dusiè- lieutenant général , grand-croix de 

Saiut-l.onis. Il mourut en 1822.-— 

Le marquis Jcan-lrien de BFArpoa 

(I) PlaMeu«l,iogra,^«érriT«l 5.11./.- ^j^ SaINT-ACLAIRE , né Cn 1745 , était 

par Saiot- Alhiiîi (r. IV, p. a;3 ) écrit s««u Capitaine ct Chevalier de Saint-Lonis 

.<«ii/aû-«,Dora d'un hoo! g riu Limousin, que avant la révolutîou. Il éiuigra en 

r^t«r.a>ille poii.éd.if i titre de*.ig..earie. ,79, ^^^^ ^p^^l^ ^„^ ^ priflCCS, 

«l qai se liouve aumi oilhogiafiliic de la .. , , , _. _/_ . ; l'««««*^«» 

%orUdans le DicUonnnrr dis fostf . f uMir '^^^^^ «« LOUIS \V| » qUI le chargè- 

P4rriidsiai<>tra(iun. rcut dc pliisiciirs missious diptdiiia- 



SAl SAI 2fK 

tiques. En 1795 il fit partie de Tez* lieeneiemênt en 181« eî de VorgmU- 
pëdition de QuiberoD, et n'échappa ^ tation ée la nouvelle etrméêy Parii, 
au massacre qiiVn se jetant à la mer 1818, in-8<* ; ensuite dans un pam* 
pour gagner une embarcation an- phlet enoore plus virulent, qu'il pu- 
glaise. Ayant ensuite pass4au serviœ blia aussitôt après la mort du duc d« 
de Russie , il y fut nommé, en 1806 , Feltre, sons le titre : Oraiion /Une- 
colonel attaché à la personne del'em- bre de Jf. le due de Feltre^ pair et 
pereur Alexandre. Chargé d'opéra- maréthal de France^ ex-mimietre de 
tions importantes, il mérita la coi^ la guerre^ etc. Dans son aveugle- 
fiancé de ce prince qui lui donna ment, le jeune Saint-Aulaire attri- 
la croix de Saint- Wladi mi r. Lors- buait au duc de Feltre le lîcencie- 
qu'il quitta le service de Russie pour ment derancienne armée, quêtant de 
revenir dans sa patrie en 1817 1 le causes avaient rendu indispensable; 
marquis de Saint-Aulaire reçut une il lui attribuait aussi la réforme de 
pension de quinze cents roubles avec beaucoup d'officiers que l'état de la 
une lettre de recommandation pour France ne permettait plus de maiote- 
le roi de France qui le créa maréchal nir en activité; et sur cela il ne se 
de camp le 15 août 1818. 11 moumt borna pas à des plaintes amères ; il 
dans la retraite vers 18S0 sans s*être adressa encore au duc de Feltre (voy. 
marié. M—d j. Clakrb, LXI, 97) des«insultes gros- 
SAINT - AULAIRE ( ÉnouAiB sières, et dont le gendre et le fils de 
de), jeune militaire né en 1798, l'ex-ministre lui-même ne crorent pas 
d'une famille noble, mais autre que pouvoir se dispenser de demander 
celle des précédents, était le fils d'un raison. Attiré immédiatement ainsi 
ancien général qui avait fiiit honora- dans trois combats , le malheureux 
biement les guerres d^Amérique, de jeune homme y succomba le 95 mare 
Pologne, et celles du commencement 1819. Sa mort excita généralement 
de notre révolution, lorsqu'il fut des- beaucoup de regrets, et l'on déplora 
tituécommenobleenl798.Déjàavan* surtout très-vivement le sort deson 
ce en ftge» il n'avait plus repris de père, qui publia lui-même, dans le» 
service, mais son fils Edouard, à journaux, un récitforttouchantdeoa 
peine ftgé de seize ans en 1813, avait funeste événement. «A peftie i'Orat- 
rejoint en Espagne l'armée comman- #ofi/Uné6rea-t-elle paru, dit-il, qu'un 
dée par le maréchal Soult, et dans U officier en semestre vient en deman- 
retraite de 18U il s'était distingué der raison à Tauteur. Gelui-ei na 
à la bataille de Toulouse, où son ré- s'informe aucunement des titres de 
giment avait péri presque tout en* celui qui le provoque, et les deux 
tier. A la nouvelle organisation de- combattants sont bless^to. Mais, quel- 
l'armée, en 1816, il avait obtenu d'en- ques jours après, Saint-Aulaira reçoit 
trer, avec le même grade; dans une un nouveau cartel ; il est appelé à 
légion, et il avait prêté serment au l'honneur de sebatt^eavee le vicomte 
gouvernement royal ; mais, eonser- de Nontesquiou-Fekensao, aide*ma- 
vant toujours un grand dévouement jor-général de la garde royale, qjui 
à Napoléon, il exprima son mécon- demanda satisFaction, en sa qualité 
teiitemcnt contre la Restauration, de gendre de l'ex^inistre. Mon fils» 
(Pabord dans une brochure intitulée: assuré de ses témoins, s'habillait 
Le (H de l'armée /Nruftflii, ou Bu pour se transporter au rendez- vous , 



-m 



SAI 



celte eoQstnietîon tout TargeDt doot 
s« fortune lui permettait de disposer, 
il eut enfia la satisfaction de voir 
sVx^cuter un projet dont il atten- 
dait de grands avantages pour la 
science. Mais étant allé visiter les 
travaux des ouvriers, il fut renversé 
par une corde qui se détacha d'une 
grue avec beaucoup de violence. 
Dans sa chute \i se cassa une cuisse 
et mourut quelques jours aprèx, des 
suites de cet accident , à Tige d'en- 
viron soixante ans, en 1703. Le P. 
Saint-Bonet avait adopté les principes 
de la philosophie de Descartes; mais 
il convenait que la docilité et Tintel- 
ligence du chien de la maison de cam- 
pagne des jésuites étaient des argu- 
ijiients qu'il n'avait jamajs pu résou- 
dre. 11 a laissé plusieurs ouvrages 
conservés dans les registres de TA* 
cadi^mie de Lyon dont il avait été 
Tun des fondateurs. W—s. 

8AI4>IT-CHANOND(Glaire-Ma 
nii, née Mazarelli^ marquise de la 
YieutUle de). Tune des femmes au- 
teurs les plus remarquables du 
\V111« siècle, naquit à Paris en 1731, 
et passa la plus grande partie de sa 
vie dans cette ville, où Grimm pré- 
tend qu'elle avait été une fille entre- 
tenue, {Carreipond^Hce, VU, 308). 
Elle y mourut dans les premières an- 
nées de la révolution. Ses ouvrages 
imprimés sont : I. Éloge d$ Maxù 
milUn de Béthuiu^ duc dé Sully^ 
Paris, 1764, in-9<'. IL Camédrii, 
coûte, 1765, in 12. 111. Éloge de 
Me$ké Descartes^ avec de$ noteê^ par 
VautÊwr de Camédriê^ Paris, 1765, 
in-6*. IV. Le$ œnantê êom U savoir ^ 
Qomédie en trois actes et en prose, 
qui eut peu de suecès quoique bien 
écrite, 1771, in-8^ V. Jeam-Jacques 
à M. S. cServan) sur dee réf^xiom 
eonirt$e$ dtrnien écriU (lettre pseu- 
dtHiyme), Genève, 178i, in- 13. Ma- 



SAI 

dame de Saint-Chamoud avtit com- 
posé son propre périrait, produdioB 
très-ingénieuse, qui fut insérée dans 
le Mercure de 1751. — Saint-Chv 
MONO (le marquis de la Vieuvillede)^ 
époux de la précédente, par une més- 
alliance qui lui fut souvent repro- 
chée, a publié : Ah! que ifcêt bUel 
Quand Jean Bête est mort il a laiêià 
bien d^s héritiers^ Berne^ de Vimpri" 
meriedes frères Calembourdins, à la 
BarbC'Bltue^ 10007006016 ( 177i ). 
in-S*", avec une gravure^ par Tim* 
6ré. On a dit que madame de Ricco- 
boni avait eu part à cette oiauTaiie 
plaisanterie, ce que nous ne pensons 
pas. D— ■— ». 

SAINT-CRICQ (Jacques), né à 
Lescar vers 1775, d'une fomille no- 
ble et des plus anciennes du Béam, 
était le frère du ministre secrétaire 
d'Etat, pair de France, de ce nom., il 
entra fort jeune dans la marine et 
parvint à 31 ^us au grade de capi- 
taine de vaisseau. En 1811 il com- 
mandait la frégate la Clorinde^ dans 
les parages de rile-de-France, et fu- 
sait partie de la division destinée à 
la défense de cette colonie contre les 
entreprises des Anglais. Le 20 mai 
de cette même année, il était dans le 
canal de Madagascar avec son vais- 
seau et la frégate Is, Renommée» mon- 
tée par le commandant de la division. 
Rencontrée par Tescadre anglaise, elle 
soutint un combat opinifttre, dans 
lequel deux frégates françaises, la 
Renommée et la Séréide^ dont les ca- 
pitaines avaient été tués pendant Tac- 
tion, furent obligées d*amener. La 
Clorinde^ après avoir faiblement 
combattu, s*échapiia, et revint en 
France. X son arrivée^ le capitaine 
Saint Cricq fut mis en jugement, par 
ordre de Tempereur. devant un ion- 
seil de guerre convoqué à Paris. Il 
était accusé : 1* As n*avoir pas pris 



SAI 

toute la part qu*il devait an combat 
du 20 mai 1811, et notamment de 
D'en avoir pris aucune à Taction 
dans laquelle succomba la Renommée; 
2® de s'être séparé de son comman** 
dant presqueà l'instant même de cette 
action, lorsqu'il devait le côtoyer de 
très-près et ne se permettre aucune 
manœuvre qui pût l'en éloigner; a* 
de n'avoir pas attaqué l'ennemi 
lorsqu'il pouvait, en taisant une di- 
version utile, forcer celui-Kîi d'aban- 
donner la Renommée, si elle n'était 
pas rendue, ou , dans le cas contraire, 
la reprendre sur lui-, i<* d'avoir man* 
que à ses instructions qui lui pres- 
crivaient de se rendre à l'île de Java 
dans le cas où il ne pourrait rentrer 
à rile-de-France. Le rapporteur con- 
clnt contre lui à la peioe de mort,, 
peur avoir désobéi à son chef en pré- 
sence de l'ennemi. Le conseil, écar- 
tant cetteHernière accusation, te dé-> 
Clara coupable sur tous les autres 
cbefs^ et le condamna à trois ans de 
prison et à la dégradation du titre 
de chevalier de la Légion-d'Bonneur. 
On dit que Napoléon, qui en pareil 
cas se montra toujours très-sévère, 
trouva ce jugeaient trop doux, et 
qu*il voulait la mort du capitaine 
Saint-Gricq. Quoi qu'il en soit, ce 
dernier était encore dans les fers 
lors de la restauration de 181 i. Ren- 
du à la liberté, il fut réintégré dans 
son grade par le roi \ mais il ne fût 
pas eini^loyé dans la marine. Il entra 
comme colonel dans la gendarmerie, 
et mourut vers 1828- Q-^g — n. 

SAI.\ TE- AMARANTHE (Louise 
Demieb, veuve de ), née à Saintes en 
1752, était encore, à l'époque de 
la révolution, quoique âgée de plus 
de quarante ans, l'une des pins 
belles femmes de Paris, et rece- 
vait' chez elle les plus Qélèbres per- 
sonnages, saps aucune di&t»|)ctûui 



SAI 



299 



de parti ni d'opinioQS. Il paraît 
môme que dans sa société habituelle 
les révolutionnaires étaient les plus 
nombreux. En 1794, Robespierre, 
Saint-Just y venaient quelquefois, et 
l'on a prétendu que ce dernier, irrité 
par un refus, avait plus qu'auccm 
autre contribué à sa perte, te qu'il Y 
a de sûr, c'est que Maximilien Robes- 
pierre y dîna deux jours avant qu'elle 
fût arrêtée, et qu'ayant bu un peu 
plus que de coutume il se laissa aller 
à des propos que ses amis trouvèrent 
indiscrets^ que Trial, l'un d'eux, aJL| 
ie voir le lendemain, et lui fit sur 
cela de sérieuses observations, disait 
que tous les convives de la veille 
étaient des royalistes, des contre-ré>- 
volutionnaires dont il aurait dû se dé» 
fier, m Tu crois? lui dit Robespierre ; 
eh bien I je les empêcherai de parler.* 
Et le lendemain tons les convives 
étaient arrêtés ; tous , et la veuve 
Sainte-Amaranthe elle-même alors 
âgée de 42 ans, son fils âgé de 17 
ans seulement, sa charmante fille 
âgée de 19 ans, avec son mari-Sar- 
tine (le fils de l'ancien ministre), 
étaient conduits à i'échafaud, et ils 
périssaient dans la même moment 
qu'un Hontmorenoy» un.Roban, un 
Rossetde Fleury, uneBuirelte, jenne 
actrice de rOpéra-Ooioiqiie, je vieux 
Sombreuil, que sa fille avait arraché 
aux égorgeurs de septembie, Cécile 
Renaud» son père, son frère, sa tante, 
et le fidèle serviteur de l'ancien mi- 
nistre Bertin (voy. AnMiBirL, LYl, 
78). Tous, au nombre de ft4, mou- 
raient sur )e même échafaud, revêtus 
de chemises rouges comme assas- 
sins, le 29 prairial an 11, quarante 
jours avant Robespierre doi\i la 
chute les eût sauvés. Gipquvnte- 
quatre têtes tombèrent en 35 minu- 
tes. Ce fut un tour de forc^ #$ bour- 
reaux, et ii8.9*en v^t^rttt'f. Q«a 



300 SAl SAi 

même êumé qu'ils itiçoreat de Foa* naçaient les efttet de la Bff«Ug»e eè 

quifr-TaÎDTille une prime dVucou- eommandaît le maréchal «le Brlle4sle. 

ngemeni. Comme mnis Pavons dit Louis XV confia au cheTalier de 

à Particle Roetsf iiitE ( ooy. oe $tinte-Croix le commandrainit de 

nom, XXXVlil, 116), la mort des da* toutes Ifs côtes depuis Mtirlaix jos- 

mes Sainte-Amaranibe fut un des q«i*à Saint-Brieoc, tien persuadé» dh 

crimes IfS plus odieui de cette af- le brevet, de son zèle et de sa capa- 

firense époque, et le comédien Trial, cité. Il mérita par sa eondiiiie, peu- 

qui eu était la cause principale, Pcx- dant le cours de la campagne, «w 

pîa, ft>it par le remonis, soit par gratification que le roi lui aeonrdi 

lepoi<on, après la cbute du tyran danslestermes les plus fiatteiirs. Feu 

(toy. TaiAL, XLVI, 50l). N-d j. detempsaprès.les Anglaisqniëtaîeal 

SAINTE-CROIX ( Gaétan Xâ- descendus à Saint-Oast fiirent alla- 

▼itnGuiuiKMDiCLtaMOKT-LoD&vi, qués avec impétuosité et obligés àt 

dievalier de), naquit à Mourmoirun • se rembarquer après avoir pftdt 

dansIcConitat-Venaissin, le 11 dé- beaucoup de monde. Le cbevalierde 



eembre 1708. AprH avoir lait ses Sainte*Croix contribua à leur de&îtt 

éludes au collège de Grenoble, il en- par sa valeur, et il reçut le grade dr 

Ira dans le régiment de Bourl)on-in- brigadier que le duc d'Ai|^i|loa avait 

iuiterie en qualité de lieutenant en demandé pour lui. Feu de 



second. Huit ans après, il se rendit à après, de la Brosse, commandaBC ir 
Halte pour se fiire recevoir cheva- Plie Belle-lsle, étant aiort^ Sanle^ 
lier. A son retour, le roi le nomma Croix fut nommé pour lu^ succéder, 
capitaine au riment de Bourbon, et, Cette place était devenue Tol]^ de k 
en 1711, il fut fait capitaine des gre- convoitise des Anglais ; ils vuul«eaT 
nadiers. A celte ép«qne/le chevalier sVn emparer et faire de ce point as 
de Sainte-Croix comptait 3S ans de centre d'opérations qui leur aurai: 
service; il avait déjà bit les campa- permis de se porier sur les fle;: àt 
gnesdMtalie,de Bobéme ei dWlsaee. Ré, d*Oleron et les cdtes de la Bi^ 
ce qui prouve qu^on a quelquefois tagne. Le 7 avril 1761 ou vit appa- 
exagéré la fAcibté de l'avancement raîire, à Pouest de Ptle^ une fiolie 
miliUire, dans Pancienne monar- qui couvrait Pborixoo. On ycomp- 
cbie, pour les gentilshommes. En tait 130 voiles, et, dans ce nemhre. 
1748, il reçut le brevet de lietitenaut- huit vaisseaux de ligne et doute frè* 
coloaeld«nssonrégiment«commaudê g«tes ou galiotes à bombes. Bien- 
par le vicomte delà Tour^lu-Pin. qui, tAi Pattaque commença; Saiate- 
jaloux du cbevalier. chercha plus Croix opposa la résistance la pla$ 
d\ine fois à lui nuire dans Pesprit hérciSqn^. Dans la premièie affairY. 
de ses chefs, qui heureusement re* les Anglais, d'après leur pri>pfe rap- 
poussèrent toutes ces insiaiialions. port, perdirent 500 homu^es. On leur 
Scînte>Cn>ix Gt^ en qualité de lieu- fit 400 prisonnier^. Ce suec^ fet <tt 
tenant-colonel. !a campagne de Flan- surtout aux bonnes dispositions du 
dre de 1748, et il acquit la lépuu- général, à la vigueur et à la pn^cisioa 
tiol^d^ln miliuiiv brave et distin- de ^ mouvements. Malhenitvse^ 
gué. Bientôt il parut sur un théâtre meut il se trouvait inférieur en nom 
plus brillant, tes Anglais fiisaiejit bre è ses ennemis qui attendaient 
fiITlS, la guerre à la France* eime- encore de nouvelles troupes, te doc 



SAI 9itt 90S 

€roix. Lt éëmm d« sa mêïïMlM M enAAèe de sé^ j^rttif^, elle fnt ële- 
prise af ee beaocfoup de feu, ^^^4^^ ^^e dàbs utt cdaVéfiii de Lyon. A 
arec dignité, pêt son neteu, si ce- quàfofzeaùs eilè dirigeait elle-même 
lèbre depuis comme auteur de l'^/ttt- sa fortune et celle de ses jeunes 
men critique dêê hiftoriens éTA- sœurs. En 1*770, elle épousa le baron 
lexandre. On a retrouyé parmi ses de Sainte-Croix, si célèbre par ses 
papiers un imprimé sur ce sujet ; talents , sa vaste érudition ^ mais 
c'est le seul exemplaire qui soit resté plus recommandable encore par ses 
de cette défense, que le baron de qualitéspersonnelleS,etdontlaten- 
Saint— Croix fit imprimer dans le dresse et les soins eu.^sent fait le 
plus grand secret à Grenoble, en bonheur de mademoiselle d'Elbène , 
1770. Elle n*est que de trois feuilhes si des malheurs imprévus ne les 
d'impression. Le manuscrit original eussent plongés l'un et l'autre dans 
renferme de plus des pièces justifi- le deuil le plus affreux (voy. Saimte- 
catives, entre autres les lettres du Croix, XXXlX» 545 ). Ces épreuves 
duc d'Aiguillon au chevalier de ne datèrent t)our eux que de Tépoque 
Sainfe-Croii. La famille n'osa point dé la révolution. Jusque-là ils avaient 
mettre au jour ce mémoire dans vécu paisibles et heureux. La nais- 
le temps où le duc d'Aiguillon jouis* sance de trois enfants combla les< 
sait de toute la faveur , et le ne- vœux du baron de Sainie-Croix et 
veu fut lui-même de l'avis de sup»_ parut assurer à leur mère tout le 
primer l'écrit qu'il avait composé, bonheur que son âme noble et sensi- 
C'est là qu'on lit ces paroles de ble avait pu rêver. Chérie de son 
l'historien anglais, Smolett: « Les époux, environnée de la tendresse 
assiégés défendirent la citadelle avec de ses enfants à qui elle avait prodi* 
un courage et une persévérance dont gué les soins les plus éclairés et les 
on voit peu d'exemples, et l'on ne plus affectueux, jouissant de la con- 
peut disconvenir que pendant tout lé sidération attachée à une haute nais- 
cours de ce siège, le gouverneur n'ait sance et à des vertus éminentes, elle 
fait tout ce qu'on pouvait attendre était loin de prévoir qu'elle perdrait 
d'un brave officier consommé dans succes^vement tons ses enfants, et 
l'art de la guerre. • D— s—b. qu'elle pleurerait pendant trente ans 
SAINTB - CROIX ( Aorigolb- l'homme illustre à qui elle avait uni 
MARGUERiTB-ÂGNis, barounc d'EL- son sort. M. et madame de Sainte- 
BËNE, marquise de ), naquit en 1751, Croix vivaient tranquilles dans leurs 
àAvignon.Cette ville, dont son père ferres, lorsque les dissensions qui 
était viguier, voulut être sa mar* éclataient en France commencèrent 
raine. La baronne d'Eib^ne était à se propager dans le comtat, et en- 
d'une noble et ancienne famiHe qui fantèrent les horribles scènes qui 
suivit Charles d'Anjou en Italie et désolèrent ce beau pays. Dès les pre- 
se fixa à Florence, où elle remplit miers troubles, en 1791, M. de Sainte- 
les premières charges de TÉtat sous Croix fut obligéde fuir; sa propriété 
les Médicis. Une branche d'B4bène, de Sarian fut dévastée, briltée. Son 
chassée par les Gibelins, était ren- fils aîné, arrêté par les Avignonnais 
trée en France. De cette branche, et jeté dans les prisons de Monteux , 
illustre dans la carrière des armes , vit bientôt réunir à Ini son jeune frère 
descendait Agricole. Privée «lès scfn qtfî, n'écouta*t qne sa générosité et 



304 



SAl 



SAI 



soD dévouement, fenait partager ta 
captivité. La guerre que le firent les 
Avignonnais et les Carpenlrafiens 
fut atroce; les prisonniers furent 
traités avec la dernière inhumani- 
té. Maintes fois il fut question de 
les fusiller; mais ta mère veillait 
sur 'ses enfants, et on ne peut lire 
•ans attenilrissenient le compte-ren- 
du, daté d^Avignon , que madame de 
Sainte-Croix faisait, jour par jour, 
au baron fugitif, de ses démarches 
pour le salut de tes fils. Nc^s à Mour- 
nioiron et arrêtés à la tête de la 
garde nationale du pays, MU. de 
Sainte-Croii étaient cependant au 
service de la France, et leur unique 
voie de salut était de se faire récla- 
mer par les agents français chargés 
de régler rechange des prisonniers 
de guerre ; aussi leur mère s'arlres- 
sa t-elle à ces autorités. D\Hl)ord re- 
poussée , elle écrivit : « Messieurs , 
je me suis présenti^e chez vous trois 
fuis avant- hier rt six fois hier, on 
ufa toujours éconduite; évidemment 
cVst un ordre donné pour toutes les 
fois que je me présenterai. Pou ac< 
coutumée à de pareils traitenieuts , 
s'il s*agissait de la totalité de ma for- 
tune j'y renoncerais pluiOt que de 
les suulTrir ; mais il s*agit de lues en- 
fauti*.... Vous connaissez mal le 
cœur d'une mère ; si l'on me réduit 
au désespoir, il n'est rien que je ne 
sois capable de tenter pour sauver 
mes Dis.» Admise enfin auprès des 
commissaires, elle prut plaider elle- 
même sa cause , faire |)arler ses lar- 
mes, révéler les angoisses de son 
errur. Klle les prie, elle Irs presse, 
elle eu apprlle à leur cœur, h leur 
honueur, à Thonneur de leur nation. 
Euliu , elle obtient nue promesse , 
et alors plus de repos pour elle que 
cette promesse ne soit remplie. Bile 
assiège leur porte, elle se trouve 



partout sur leur pMcage; ï fmt 
de sollicitations, elle «mcbe nii 
set fils, et le 7 juillet, à la Mit, 
une barque, en les traniportiRt» 
l'autre rive du RhOne, clonne àlnr 
mère l'espoir de les avoir aauvés.Ûi 
assure que ses tilt lui furent RM 
empoisonnés. Le 30 octobre Tbéo* 
phile descendait dans la lomWi os- 
portant avec ses vingt années rncm 
et le bonheur de sa mère. Soafi^ 
plus robuste, malgré ses sciicM. 
se rétablit après une longue mabdie. 
Madame de Sainte- Croix veillait me 
la même sollicitude sur les jow 
proscrits de son mari , qui , dasi b 
préface de VExamtn critiqut éa 
hiêtorietis d^ Alexandre^ se plilti 
lui rendre ce touchant témoigiugt' 
m La divine Providence ni*ayiit ^ 
échapper au f^r des assassins et aox 
autres périls de la révolution |ir le 
courage et le dévouement deliptr- 
sonne chère à mon cœur ssr li- 
quelle repose le bonheur de nu lie 
et qui en adoucit toutes les amertB- 
mes , j'ai cherché à elTacer de n 
mémoire de cruels souvenirs en iK 
livrant sans réserve et avec ardruri 
mes premiers travaux.» Au couragr 
et au dévouement, madame de SaiDl^ 
Croix joignait une admirable pré- 
sence d'esprit. Eu 1792 elle afait 
protégé la fuite de son mari, quiie 
cacha dans les montagnes ; maisbies* 
tût découvert et pris , il fut ramni 
k Mourmoiron. La potence était dres- 
sée et les erieiirs parcouraient li 
ville et les environs en conviant le 
peuple à assistera l'exécution duct* 
devant baron. M. de Sainte-Croix 
était encore dans sa maison, gardé à 
vue par un révolutionnaire nommé 
Durand. Le soir une bande de force- 
nés vient le chercher : cVtait le mo- 
ment attendu par madame de Saint^ 
Croix. Au premier coup de marteau, 



SAI 

elle vient tomber itinnimëe aujt pM^ 
de son mari, qui lui-même témoigye 
de l'effroi. Par leur ordre , leur uni- 
que domestique est absente, et la porte 
soigneusement barricadée; Durand 
ya ouvrir lui-même , et lorsqu'il re- 
monta , madame de Sainte-Croix était 
étendue à la même place , mais le 
baron avait disparu. S'élancer, l'ai- 
der à se blottir dans une cache faite 
pour ses livres, lancer l'échelle dans 
la cour, avait été l'affaire d'une se- 
conde. Alors la fureur excitée par la 
perte du prisonnier retomba sur celle 
qui l'avait sauvé. Traînée sur la place 
publique , en face de la potence , et 
voyant cirer la corde avec laquelle 
on devait la pendre, elle contrefit 
l'insensée, si bien qu'un paysan 
mieux intentionné s'écria : « Remet- 
tons la parti€^ une autre fois, il n'y 
aurait pas dé plaisir ce soir. Autant 
vaudrait pendre un tronc de bois. » 
Cette féroce plaisanterie la sauva. 
Sainte-Croix s'était échïqipé pendant 
la nuit , et guidé par deux de ses fer- 
miers, Yialis et Esprit Gras, qui lui 
donnèrent des preuves d'un dévoue- 
ment et d'une probité bien rares, il 
gagna la France et vint se réfugier k 
Paris , où sa femme le rejoignit en 
1794. On conserve avec une pieuse 
reconnaissance, dans la famille de 
Sainte- Croix, le souvenir de ces 
braves fermiers qui, dans les temps 
les plus terribles de la tourmente ré- 
volutionnaire, risquèrent plus d'une 
fois leur vie pour se dévouer au salut 
de leurs maîtres. Madame de Sainte* 
Croix avait encore subi une nou- 
velle et douloureuse épreuve. Au mo- 
ment d'être arrêtée elle-même à Avi- 
gnon, elle fut entraînée par des amis 
qui ne lui laissèrent pas le temps 
d'appeler sa fille , et la pauvre enfant 
avait été prise et enfermée dans les 
prisons d'Orange \ plus tard, elle fut 

LXXX. 



SAI 



305 



rendue à sa mère. Le baron de Sainte^ 
Croix aimait à dire qu'il aurait suc- 
combé au poids 4]e tant d'afflictions 
sans sa résignation à la Providence , 
et sans les soins généreux de son 
épouse, qui l'accompagna toujours 
dans ses exils, le soutint dans ses 
traverses , et qui, inconsolable elle- 
même, semblait recueillir ses forces 
pour lui prodiguer des consolations. 
La vie de madame de Sainte-Croix 
offrait ainsi Texemple de toutes les 
vertus et n'était qu'une longue suite 
de bienfaits. En 1792, elle recueillit 
deux jeunes orphelines, ses cousines, 
les demoiselles Ducbilleau; et leur 
conserva leur fortune, leur procura 
une éducation chrétienne et ponr- 
Tut à leur établissement. Un offi- 
cier qu'elle connaissait à peine loi 
fit savoir, au fort de la terreur^ qq'il 
devait être fusillé le lendemain. 
Quoique obligée de cacher son nom, 
elle ne craint pas de demander une 
permission de pénétrer à l'Abbaye 
et de remettre, presque sous les yeux 
du geôlier, la lime et la corde à l'aide 
desquelles trois prisonniers s'échap- 
pent la nuit suivante. En 1798 le 
marquis d'Ambert, ex-colonel du 
régiment de royal-marine, est dé-, 
tenu au Temple; c'est à madame de 
Sainte-Croix que sa famille s'adresse 
pour lui proposer un plan d'évasion $ 
elle n'a pu se procurer une permis- 
sion, mais elle se présente les mains 
remplies d'or; et quand ce plan a 
échoué, quand son malheureux cou- 
sin est condamné, c'est elle qui con- 
duit sur son passage sa fille, afin 
qu'en marchant au supplice, il puisse 
reposer ses regards sur l'enfant, et 
que l'enfont puisse s'agenouiller et 
recevoir la bénédiction de son père. 
Que de noms rayés par ses soins de 
la liste des émigrés! que de grâces 
sollicitées , que de places obtenues! 

20 



306 



SAI 



Nons ne devons pas passer svus si- 
lence Im relations de niarianie de 
Saintè-CroizaTecla rainUlede Prilly. 
La profonde estime du vénérable ëvé* 
que de Cliftlons est un trop glorieux 
sulTrage qui honore Tépouse chré- 
tienne , la femme forte et coura- 
^use. De nouvelles épreuves atten- 
daient madame de Sainte-Croix : elle 
avait marié sa fill«' en 1806 ; elle ap- 
prend que la naissance de deux ju- 
meaux, en augmentant sa famille , 
compromet la vie de sa fille, seule en- 
fant qui lui restât. Elle part; et corn- 
me sa chaise de poste entrait dans 
la ville de Wassy, deux hommes s'é- 
lancèrent à la tête dfs chevaux, et 
leur firent tourner bride ; mais 5j ra- 
pide qu'eût été le mouvement, cette 
mère infortunée avait pu voir un con- 
voi se mettant en marche. 11. de 
Sainte-Croix ne survécut que trois 
ans à sa tîile. Combien ces amères 
paroles échappées à sa douleur: «Je 
n'ai peuplé que des tombeaux , > de- 
vaient retentir cruellement dans le 
cœur de la mère! Après la perte de 
celui qui a vai t adouci tou tes les épreu- 
ves de sa vie, elle se retira ddns le 
comtat, et y vécut jusqu'à quatre- 
vingt-sept ans, puisant dans les exer- 
cices d'une piélé fervente ses plus 
donces consolations et ses plus subli- 
mes espérances. Madame de Sainte- 
Croix mourut à Carpentras le 4 août 
1889. D—s— E. 

wSAlKT-ELME (Elzelina Tols- 
TOT, Van Aylde, Jongue, Ida)) fem- 
me auteur, Hppelée communément 
la Contemporaine^ sans que l'on sa- 
che si, de tous ces noms qu'elle se 
donna successivement elle-même , 
un seul fut véritablement le sien. 
Nons ne regardons pas comme plus 
certaine la date de sa naissance, 
qu'elle a iixée à l'an t77^, disant que 
ce fut pour des raisons de sauté que 



SAI 

Ks parents allèrent en Toscaae, oii 
elle naquit, et où elle paasa^ sî on 
Ten croit, les neuf premières années 
de sa vie. Son père était, selon ses 
Méinoirc^s, un grand seigneur rnsie, 
qui avait épuus!^ une riche HollaD- 
daise, et qui habitait une inugnifique 
terre aux environs d'Amsterdam. 
Réunissant, dès sa plus tendre jeu- 
nesse, comme doit te faire toute hé- 
roïne de roman, les avantages At 
l'esprit et du cœur à tous les char- 
mes de la beauté, EIzelina Tolstoy 
eut des goûts et des penchants peut- 
être un peu précoces, mais qui Ii 
servirent merveilleusement dans la 
suite. Dès l'ûge de onze ans , elle 
était musicienne, dansait fort bien, 
parlait plusieurs langues^ montait k 
cheval comme un hussard, et parcou- 
rait au galop les plaines de la Hol- 
lande. Ce fut dans une dé ces courses 
qu'elle rencontra un jeune homme 
d'une figure charmante . q%êi rougit 
en la voyant pour la première fois; 
à qui, dès le lendemain , elle donna 
un rendez -vous; par qui, trois jours 
après, elle se fit enlever; et qui, 
dans le même mois, fut sun époux. 
Voilà, ce nous semble, un début de 
ruman bien caractérisé» et dont un 
trouvera sans doute que l'action 
marche assez vile. Pour que rien n'v 
manque . l'auteur ajoute que cet 
époux, dont elle ne donne que les 
initiales (Van M'** ), était le fils uni- 
que d'une des plus opulentes famil- 
les de h Hollande. Ainsi, il ne tenait 
qu'à la belle EIzelina de vivre en 
paix au sein des richesses, et à cdté 
d'un mari de sou choix ; mais on 
verra que ce genre de vie n'était ni 
dans ses goûts ni dans sa destinée. 
[railleurs, par les révolutions et la 
guerre qui survinrent bientôt , tout 
devait changer de face eu Hollande 
connue partout. Ce qui est fait pour 



SAl SAf 307 

«donner, etst que le Jentip ^pont d^ «rVork , qui , atant voulu prendre 

madtaie Vau M***, comblé de tous left a\rt elle N^s mêmes libertés que 

dons de la fortune^ et qui devait se Benmonville, reçut deux vigoureux 

trouver fort heureux de posséder une souHlets et n^y revint plus. On s'é- 

femme aussi aecotiiplîe, appeliit de tonnera pent-être que ce soit avant 

tous ses vœux la g^ie^re et les ré- d'atlef i Vatmy que madame Van 

volutions qui pouvaient lui enlever M*** ait vu les Français à Bruxelles, 

tout cela, et que, dans son impa- où cependant leur armée n'arriva que 

tienœ, ne vonLint pas attendre les deux mois après cotte bataille, et 

Français, qui devaient réaliser ses plus encore que le fils de Georges Itl 

espérances, il alla au-devant d*eiix ait paru à la même époque en Hollan- 

jusqu'à Lille, dès la tin de 1792, de, où il ne vint réellement que deux 

pour y entendre prêcher, dans les ans plus tard ; mais si nous voulions 

clubs et sur les places publiques, nous arrêter à toutes les invraisem- 

les doctrines de la liberté, de Téga- blances, à tous les anaehroni:»mesdu 

lité. Atin de se livrer plus librt*- même genre que Ton rencontre à 

ment aux élans de son patriotique, chaquepagedes Mémot re«dr /a Coti- 

il laissa sa Jeune épouse à Bruxelles, Umporaine , nous excéderions de 

non assurément qu'elle refusât de le beaucoup les limites qui nous sont 

suivre et de s'associer à son eiithon- preserhes , et nous nous écarterions 

siasme, car elle assure que, dès lors^ sans utilité de notre tftche de biogra- 

elle était républicaine*, mais il pa- phe, qui doit être plus grave, phis 

raît que le séjour de Bruxelles, où se sévère et surtout plus expéditive. 

trouvait l'étal-major de raTméefran* Revenant donc à un langage plus 

çaise , lui convint d*autant mieux sérieux et plus digne de l'histoire , 

qu'elle y rencontra de charmanti of-^ nous dirons que cette étrange pro- 

fidiri , et surtout le capitaiue Ma- ductîon qui, depuis vingt ans» occupe 

reMk)t, qui, en peu de jours, devint le public, est une des tromperies les 

ïeconfiâentdetoHteistspensées, mais plus grossières, des mystifications les 

que cependant elle quitta bientôt plus audacieuses qui, depuis plu> 

pour aller en Champagne, courir sieurs siècles, aient insulté à la cré- 

d'autres aventures , et où elle fut té- dulité des hommes. Ce fut vers l'an 

moiudela^andf^afat^fede Valmy^ I8ï0> au temps où parurent tant de 

uù elle vit exécuter de$ charges d la Mémoires apocryphes, tant de récita 

baïonnette^ fi où elle traita comme fabuleux, au temps où il s'en établit 

un petit garçon le grand Beurnon- des ateliers, des fabriques pour tous 

ville, ce héros de six pieds, que Du- les goûrs et toutes les classes dn lec- 

mouriez appelait son Ajax , mais qui teurs, qu'un libraire k son début 

voulut prendre avec elle des libertés imagina de mettre en scène une 

qui lui déplurent. Aussitôt après la femme qu'il avait rencontrée vers la 

défaite des Prussiens, qui, selon les fin d'une vie plus que licencieuse. 

Mémoires de la Contemporaine, fut et passée dans les mauvais lieux, 

aussi complète que décisive, madame dau.^ les derniers rangs de la so- 

Van M*** se hâta de revenir dans sa ciété, tuais qui ne manquait pas, il 

patrie, où sa mère était mourante, et friut en convenir, d'une certaine in - 

où elle se trouva au milieu de Tar- tellij^ence, et qui surtout était douée 

mt^* anglaise, commandée par le duc de beaucoup d'effronterie et d'au- 



:^08 



SAl 



il«ce. C*est sur cette femme qu'il 
conçut l'espoir d'établir si fortune. 
Si l'on se reporte aux goûts qui 
dominaient cette époque, on trou- 
vera que ridée n'était pas trop mau- 
vaise^ au moins sous le rapport du 
lucre. Personne ne savait , et l'on 
ne sait point encore précisément 
d'où cette femme venait, ni ce 
qu'elle avait été jusqu'alors. Dé- 
pourvue de culture, et toul-à-fait in- 
capable d'écrire une seule page pour 
les lecteurs les moins difficiles, elle 
n'avait dans ses souvenirs que d'i- 
gnobles aventures, des faits dégoû- 
tants, et'telsque l'on en a bien fait 
avaler uu peu plus tard à ce bon pu- 
blic de France; mais le temps n'était 
pas encore venu pour lui de se repaî- 
tre du tableau exagéré des mystérieu- 
ses turpitudes de la capitale. Pour le 
moment,ii fallait lui parler de gloire, 
de victoires ; c* était des guerriers, 
des hommes d'état les plus renommés 
qu'on devait Teatretenir. Cela pré- 
sentait, il est vrai, quelques difficul- 
tés, avec une créature dont le langage 
ne pouvait être celui des héros et 
moins encore celui des humiues 
d'État. Alors on imagina de la gran- 
dir , d'élever, de dénaturer ses 
aventures, et saus lui faire chan- 
ger complètement de rôle et de 
caractère , de la mettre en présence 
de grands généraux, des princes et 
des rois les plus renommés. Pour 
cela on trouva des hommes de let- 
tres ou se disant tels qui lui prê- 
tèrent leur plume (1). Voilà comment 
furent conçus et successivement pu- 
bliés huit énormes volumes, oh cette 
femme ignoble ose dire, avec lapins 



(i) On tait que l'un <1<! ce* hommes de 
i 'ttres fut enreiiné dans une cliamiire où on 
^ui apportait a manger, et d'où il ne lui 
ctiiit p4s permis de sortir jusqu'à fr que le 
\ olinnr TAt acfarrr. 



SAI 

cynique effronterie , qu'elle m paasê 
successivement des bru de Pichegru 
dans ceux de Morean, de ceux de 
Ney dans ceux de Duroc, de Napo- 
léon, de Rfgnaud de SaiDt-Jeaii- 
d*AngeIy , de Talleyrand,de beaueoap 
d'autres encore; et ce qui est plus 
bizarre, dans ceux du duc de Kent, 
du général espagnol Castailos, da 
roi Ferdinand Vil à Madrid, et même 
d'un cardinal à Rome, car on lui fut 
visiter tontes les capitales ; on la fût 
voyager dans tous les pays, et surtout 
on ne la met en scène qu'avec des 
hommes morts depuis long-temps , 
ce qui est un bon moyen de ne pas re- 
cevoir de démentis. Talleyrand estle 
seul de tous ces grands personnages, 
qui ait pu lire, avant de fermer les 
yeux, toutes les sottises, luutca letfo- 
liesqu'onlui attribue d^ni ces contes 
absurdes. Sans doute que ces mes- 
sieurs étaient per:>uadés que le vieux 
diplouiate, selon sa coutume, ne dai- 
gnerait pas repousser de pareils men- 
songes; et en effet, on n'a vu de sa 
part aucune plainte, aucune réclama* 
tion à cet égard ; seulement on sait 
({lie, dans son intérieur, il a dit cent 
fois qu'il ne connaissait pas c$tte 
femmcj qu'il ne l'avait jamais vue; 
et sur cela du moins les hommes de 
quelque sens ont ^cru, pour la pn- 
mière fois, aux paroles du vieux 
diplomate. S'il se trouve encore des 
personnes crédules, des admirateurs 
incurables de la femme prodigieuse 
qui a connu tant de monde, fait de 
si grandes choses ; si ces gens-là 
peuvent encore penser que l'ancien 
évêque d'Autun était assez fou pour 
lui mettre des papillottes avecdes bil- 
lets de banque, dans le temps oiéme 
oii la banque n'existait pas ; si enfin 
il se trouve encore des lecteurs sé- 
rieux de rapsodies,oii l'on représente 
comme épris pendant dix ans des 



SAI SAl SO» 

charmes d'une pareille femme, d'une songe ( voy. Nodier , LXX V , 424 , 
femmequ*ilsn'avaient jamaisyue,des et Oudbt, LXXVI, 148). Il y a ce- 
hommes tels que Moreau etNey,qni pendant, on doit le dire, dans les 
certes n'étaient ni des Lovelaces, ni derniers temps de la vie de cette 
des Adonis, si, disons-nous , il se femme, qui s'est fiiit appeler Saint- 
trou?e encore des gens assez simples Elme, quelque chose d'un peu plus 
pour croire à mille impostures du positif et de moins romanesque que 
même ^enre, qu'ils lisent le trës-spi- ses voyages politiques et ses aventu- 
rituelTolume que notre collaborateur res galantes, c'est le séjour qu'elle 
Sevelinges publia en 1838, sous ce ti- fit vers 1841, à Londres, où elle était 
ire: LaContempùraineenminiaturej allée en compagnie de M.Bohain, 
on Abrégé des critiques de sesMémoi- ancien rédacteur du Figaro^ qui était 
res* C'est un des plus piquants per- alors en Angleterre un des rédacteurs 
sifflages que nous connaissions ; et il du Courrier. Il paraît que d'abord ils 
est bon de remarquer qu'il s'adresse vécurent en très-bonne intelligence ; 
encore moins aux fabricateursqu'aux mais qu'ensuite il y eut entre eux 
lecteurs sérieux de cette ridicule des démêlés assez vifs relativement 
production. Le journaliste Golnet fit à des lettres autographes d'un auguste 
aussi, à cette époque, dans la Ga- personnage , que la Contemporaine 
zette de France^ de fort jolis articles s'était procurées sans que Pou sache 
sur le même sujet ; et ce fut loi qui par quel moyen, mais dont on a dit 
donna à cette femme, le titre de qu'elle tira bon parti, ce que nous 
Veuve de la grande armée^ que l'his- croyons sans peine. Ces lettres, qui 
toire lui a conservé. Les auteurs de furent réimprimées k Paris par la 
ce roman, car nous ne pouvons pas France et la Gazette de France^ don- 
en vérité lui donner d'autre nom , nèrent lieu à un procès dont ces deux 
sont restés long-temps inconnus, et journaux sortirent triomphants, et 
nous-mêmes, en le parcourant, n'en qui fit alors beaucoup de bruit par 
avions que soupçonné un seul, à ses l'importance des lettres et de leur 
phrases emphatiques, à ses hardis auteur. La Contemporaine y gagna 
mensonges. Avant d'avoir lu ce qu'en probablement encore plus que les 
a dit le bibliographe Quérard , nous journalistes. Cependant on a dit 
avions bien reconnu l'esprit et la qu'elle n'était alors ni opulente ni 
manière de l'auteur des Souvenirs belle ; ce qui ne doit pas étonner à 
et Portraits \ mais nous doutions l'âge de 65 ans où elle était parvenue, 
encore, lorsque nous avons vu appa- Elle mourut ep 1845, à Bruxelles, où 
rattre le grand Oudet, avec toute la elle était probablement allée pour 
fantasmagorie des Sociétés secrètes, soustraire ses écrits à la cupidité des 
Alors nous n'avons plus hésité, et contrefacteurs : ce qui n'était pas fa- 
nous nous sommes écriés, comme Ju^ cile ^ car ils y ont été contrefaits plus 
vénal à l'aspect de l'un des plus har- d'une fois. C'est le sort des bons et 
disjongleursdeson temps :J?ccetïe- des mauvais livres. On aura delà 
mm Crispinus. Ainsi nous ne dou- peine à le croire, mais cela est pour- 
tons^pas, bien que M. Quérard ne lui tant vrai ; elle ne mourut qu'après 
en attribue qu'une partie , que No- avoir rempli , de la manière la plus 
dier ait eu la plus grande part à édifiante, tous ses devoirs de reli- 
cette œuvre de fraude et de men« gion. Nous terminerons sa notice 



sio 



SAI 



par Tarticlc bibliographique de M. 
Qiiërard, à qui nous di^maiidons la 
permission de 1^- cof>ipr littérale- 
meni; c'est évidemment ce qu'il y 
a jusqu'à présent de plu& complet 
et dje plus vrai sur ce grand sujet, 
1. M4moire d^une Contemporaine^ ou 
Soupenirê d^une femme eur U$ prin- 
eipaw perêonnagee d£ la république, 
du contulat^ de l'empire, etc. (2), à 
Paris, chez Lavocat, 1827 et années 
suiv., 8 vol. in-8°; troisième é^lition, 
1828. II. Les Soirée» d*auiomne,par 
l'tnUeur des Mémoireê d^une Contem- 
poraine^ Paris, 1827, 2 vol. in-12. 
UL La Contemporaineauxnombreux 
lecteurs de see Mémoires^ Marseille, 
1820, iu-8'* de 8 pagt*s. IV. Lettres de 
UiL Contemporaine, avec deux épisO' 
4ef.dédié.sàM.Méry,llarseille, 1820, 
in-32. V. Portrait de Napoléon et 
des libéraux^ par M. de Château- 
briand.Motd'un militaire et de deux 
hommes du peuple sur la brochure 
de la Monarchie élective du mime 
écrivain, publié par la Contempo- 
raine, Paris, 1831, in-8'' de 32 pnges. 
Le faux litre porte : Sur la brochure 
de M. de Chateaubriand, et sur la 
couverture on lit : Quelques mots de 
la Contemporaine sur M. le vicomte 
de Chateaubriand. VI. Mon appel, 
par lu Contemporaine, Paris, 1832, 
in- 8" de 64 pages- Cet écrit est relatif 
au proci^-s en diffamation qui fut in- 

(•i) Le;» deux premier* volumes de res 
Uimoirn ont été rédigea par M. Lesourd , 
qui rédi>;ekit aloii len <-iiiiiptes-renduft de» 
suectaclei diin<» le Journal des Dfhats , et 
qnl depiiii » été nommé «ous-préfet de 
Sceaux. Ce* deux premiers volumes, Muf le 
•lyle, sont presque entièrciueiit de la Coii- 
teiii|>oraine. Le& kix derniers ont été écriti 
presque en tiitalité par M. Malitouroe. — 
M. Amédée Pirliot m donné fc f^ojage en ÀH' 
glttêrrê, — M. Nodier» quelques fragment» 
détachés. -• M. de Villein.irfSt s'est trouvé 
avoir fourni s.ms le savoir, une soiT«iir«îne 
àê pagm pri-««s dan« so» Brmiie en tnilv 



SAI 

tenté k l'auteur par M. de Touche- 
bœuf^ et pour lequel il y eut jugement 
en première instance. Vil- La Com- 
temporaine en Egypte, pour faire 
suite aux Sourenirs d'une femme sar 
les principaux personnages de la 
république, du cnn!«u|at, de Tempire 
et de la restauration, e toU in-S^ 
Paris, 1833, deuxième édition. Cet 
ouvrage est tout entier de U Con- 
temporaine^ sauf le style, qui a é^ 
retouché par M. de Yillemarest. 
VIII. Mille et une eauserUê, par la 
Contemporaine, Paris, 183S, % vol. 
in-S"". C'est contre ce dernier ouvrage 
qu'est dirigé l'opuscule intitulé : 
Mille et unième calomsiie de la Conr 
temporaine, par M. le vicomte de 
Touchebœuf<Clermont, Paris, 1884, 
in 8* de 112 pages. IX. Mes derniè- 
res indiscrétions, Paris, 1834, S vol. 
in-8", avf c portrait. Tous lesou vragts 
semi-historiques de laContemporaine 
que nous venons de citer, ajoute 
M. Quérard, <mt été retouchés quaot 
au style (»). Nous trouvons fort 
exacts tous ces deuils fournis par les 
bibliographes, et nous ne voudrions 
y changer que le mot semi-histori- 
que, convaincu que, dans tout ce 
fatras, loin de trouver une moitié 
qui soit historique, on n'y en trou- 
verait pas un centième. M — d j. 

SAIKTE-MARIE (ETIENNE), mé- 
decin, naquit le. 4 août 1 777, à Sainte- 
Foy, près Lyon, où son père exerçait 
la chirurgie. Il prit, pendant sa jeu- 
nesse, des leçons du grammairien 

(H) La Conteiuporaine, habitant Marseille 
eo iHu«>, lit imprimer dan", «-elfe ville le pro»» 
perlus'd'uii inivragf iutitiilé ; ÈpiioHeiSra"' 
mentî eonUmporaini, eorrespondancf, pensées 
et maximes, faisant suite aux Btêmoirms d'une 
Coatemporaint. Cet ouvrait-, ijni devait for- 
mer deux vol. in 8*^, "'•* j»"Mr juiro, s«,im tr 
titre du moins; roai« non* avou* tout lieu d" 
rroiro qa« e*eat ce livre qui, en i8'i3, a né 



SAl ^ SAI Slf 

Oomergue. Bn 17QS, il fut choisi pour II. He morbis ex tmtlaliona, ditar^ 
être secrétaire du district de Sainte- tatioifumguralii^MontpeWiet^ I80S, 
Foy, et l'anuée suivante il se rendit in-8« et Yn-4*. 111. Observatiom prà- 
k Montpellier pour y étudier Part de tiqueg mr les maladie$ chraniquei^ 
guérir. Il y assista aux leçons de cti- par Qn.irin ; ouvrage traduit du la- 
nique des professeurs Petiet , Fou- tin et augmenté de 'votes, Paris, 
qnetetDumas, reçut le grade de doc 1807, in-8<». IV. ObBerwtiotiê surun 
teur en 1803, et rCyint exercer la /attrdoft/d /atuicctiM, Lyon, 1808, 
médecine à Sainte-Foy. Vers 1806» in-8o. V. Remarquée grammoHealei, 
il alla se fixer k Lyon, y acquit Lyon, 1810, in-8<>, opuscule sans 
bientôt une clientèle nombreuse et nom d'auteur. VI. Éloge historique 
distinguée, et s*y fit généralement dé Jeun-Êmanuel Gilibert, Lyon, 
estimer pour son savoir et Taménité 18t4,in•4^ VII. Diseertation sur la 
de son caractère. Il fut nomm('i mem- pollution diurne involontaire, par 
bre de TAcadémie de Lyon en 1812, Ernest Wichmann, traduite du latin 
et y prononça un discours de récep- et augmentée d'une préface et d*un 
tion sur la littérature du médecin grand nombre de notes, Lyon, 1817, 
(imprimédans kl Franctfprooinrtafe, in-8s VIII. Méthode powr guérir les 
cahier de juillet 1827). Eu 1824, maladies vénériennes invétérées, 
Sainte-Marie fut appelé à faire partie qui ont résisté aux traitements 
du conseil de salubrité du départe- ordinaires, Paris, 1818, in-8»; 2*édi- 
ment du Rhône. Cette nomination le tion. Paris, 1821, in-8o; traduite en 
décida à s'occuper d'une manière allemand par Renard, Leipzig, 1822, 
spéciale de l'hygiène publique et de in-8«. La méthode de Sainte-Marie 
la police médicale, sur lesquelles il a consiste à boire le matin, à jeun, par 
laissé des travanx remarquables. Ce grandes Terrées très-rapprochées , à 
médecin mourut d'un vomissement la manière des eaux minérales, unt 
de sang, qui le fit périr en quelques qnantité considérable d'une forte dë- 
hcures, le 3 mars 1829, âgédecin- coction de salsepareille. IX. C/iieséafi- 
quantedeux aus. C'était un homme eêdeVécoleé^enseignemenimutuelde 
très-laborieux et qui aimait peu les tyon, Lyon, 1819, iu-8«. X. Non- 
réunions du grand monde; il consa- veau formulaire médical et phar^ 
crait à Tétude des lettres et à la lec- maeeutiquey Paris et Lyon, 1820 . 
ture des meilleurs classiques latins in-8*. La lecture de ce formulaire' 
et français les heures que l'exercice peut encore être utile aux praticiens, 
de sa profession lui laissait libres. Il est précédé d'une introduction 
Les ouvrages qu'il a publiés se dis- très-bien faite, qui contient de bou- 
tinguent par une grande pureté de nés vues sur la thérapeutique. X Lite- 
style, qu'on remarque déjà dans ses marques sur l'Àlmanach des nmses 
premières productions. En voici l'in- de Lyon et du midi de la France^ 
dioation : I. Des effets de la musique Lyon, 1822, in-8o. XII. Frécti élémen- 
sur le corps humain; ouvrage Ira- ^atre de police médicale^ l*r cahier: 
duit du latin, de Joseph-Louis Roger, introduction, Paris et Lyon, 1824» 
augmenté d'un discours |iréliminaire iu-8«. XUI- Diuertation sur les mé- 
et (le uoi«*s. Lyon, :803,in•8^ Sainte- decins poètes, Paris, I825,in 8^Quoi- 
Marie publia cette traduction avant que Sainte-Marie nç iMiOîQQii^ \^ 
d'i^frf reçu docteur en inMlisiv#* \VéTU^\V\^^t *^ ^ ^^^^^^v ^«««^v 



812 SAl SAI 

dans cette dissertation beaoeoup de rai de brigade, il fit ea cette <|iiaKté 

médecins poètes. XIV. 1^ l^huitreet les campagnes de 1794 et 1795^ un 

de jo» uêa$ê eowune a/tmenl et cam- armées du Rhin et de ta Moselle, sons 

M0 nmide, Lyon, 1827, in-S». L'an- Hoche et Moreau. Il se sigtialm snr- 



teor conseille surtout les huîtres tout enr 1796 au passage da 
dans les maladies de l'estomac et des puis aux batailles de Renchen« de 
intestins et dans la phthisie pulmo- Neresheim, de Biberach et enfin à la 
Baire. XY. Lêetures relatives à lapo- défense de Kehl, qui termina glorieo- 
Ite médicale^ faites au conseil de sa- sèment cette campagne. Derenu gé- 
Inbrité de Lyon et du département du néral de division, il commanda Taile 
Uiône, pendant les années 1826, gauche de l'armée de Moreau dans li 
1827 et 1828, Paris, 1829, in-8'». Cet campagne de 1797, où cette amée 
ouyrage parut peu de jours avant la resta d'autant plus immobile qne 
mort de l'auteur. Il contient dix mé- c*était l'époque où Bonaparte obt^ 
moires sur des sujets importants nait d'un autre côté ses plus grands 
d'hygiène publique et de police mé- succès. En 1801 et 1802, Saîntc-So- 
dicale. On y trouve entre antres une zanne conserva le même commande- 
édition augmentée de la dissertation ment, et il eut part à la victoire de 
sur l'usage de l'huttre, mentionnée Hohenlinden ; mais, après la paix ie 
ci-dessus. La plupart des mémoires Lnnéville, des infirmités précoces le 
contenus dans ce volume devaient forcèrent de quitter le serrîee adiL 
faire partie du Prédi élémentaire de i\ fût alors nommé conseiller d'Ét^ 
poUee médicale, dont il n'a paru que puis sénateur (21 avril 1804},et grand- 
rintroduction. C— t— r. officier de la Légion-d'Honnenr. Pour 
SAIBÎTE-SCZANNE (GiLLES-Jo- comble de faveur, l'empereur lui don- 
seph-Mastin Bruneteau de), gêné- na,dpuxans après, l'excellente séaa- 
ral français, né à Poivre, près d'Arcis- torerie de Pau, et enfin le titre de 
sur-Aube, le 7 mars 1760, d'une fii- comte. Ce fut dans cette position que 
mille noble, fut d'abord page de Ma- le trouva la Restauration . On ne peut 
dame, femme du comte de Provence, pas douter qu'il n'ait alors éprouvé 
depuis LouisXVIII,et passa, en 1779, quelque chagrin par la chute de Na- 
comme sous-lieutenant, dans le régi- poléon, à qui il avait tant de raisons 
ment d'Anjou-infanterie, où il ser- de rester attaché. Cependant, comme 
vit jusqu'en 1789. Ayant, à cette épo- les autres sénateurs, il vota la dé- 
que, embrassé la cause de la révolu- chéance et fut nommé pair de France 
tion, il n'émigra point cqmme la plu- et chevalier de Saint-Louis par Louis 
part de ses camarades, et obtint par XVIII. Il ne remplit aucune fonction 
là un avancement rapide. D'abord pendant les cent jours du gouverne- 
capitaine de grenadiers, il comman- ment de Bonaparte en 1815, et en 
dait, à la fin de cette année, un ba- conséquence resU pair de France 
taillon sous Custine, puis sous Klé- après le retour du roi. Seul avec 
ber, et il concourut, sous les ordres trois de ses collègues, il refusa de 
de celui-ci, à la défense de Mayence voter dans le malheureux procès du 
contre les Prussiens. Devenu adju- maréchal Ney, attendu, dit-il, que la 
dant-général,il le suivit dans la Yen- défense n'avait été ni libre ni entière, 
dée, et se distingua particulièrement par le refus qu'avait fait la chambrede 
à la bataille de Cholet. Nommé gêné- reconnaître, en faveur de l'accusé, un 



■SAl 

des articles de la capitulation de Pa- 
ris. Dans tout le reste de sa carrière 
législative sous la Restauration, le gé- 
néral Sainte - Suzanne fit partie de 
Topposition libérale. En 1819, il pu- 
blia un écrit remarquable sous ce ti- 
tre : Projet de changements à opérer 
dans le système des places -fortes 
pour les rendre véritablement utiles 
à la défense de la France^ sur lequel 
le maréchal Saint-Cyr, alors minis- 
tre de la guerre, lui écrivit qu'il 
partageait une grande partie des 
idées et des vues développées dans cet 
important travail. Le général Sain- 
te-Suzanne se trouvait à la campa- 
gne lors de la révolution de 1830. 
Il se hâta de venir à Paris pour don- 
ner son adhésion aux changements 
qui survin rent, avec le même empres- 
sement qu'il l'avait donné à ceux de 
1814. Il mourut vers 1833. — On a 
quelquefois confondu ce général avec 
son fils Jean4Jhrysostôme^ né le 4 
mars 1783, qui suivit aussi la carrière 
des armes et fut employé aux colo- 
nies. Revenu en France, il servit 
comme colonel dans la campagne de 
Russie en 1812, et fut fait prisonnier 
à la Bérésina. Après la chute de Na- 
poléon, il fut nommé maréchal-de- 
camp le 6 sept. 1814. Cependant il 
commanda à Schelestateh juin 1815, 
et plus tard il fut commandant du 
département de la Gorrèze. M— Dj. 
SAINT -FAL ou Saint -Phal 
(Etienne Mbynibr) , comédien fran- 
çais , naquit à Paris en 1753, de pa- 
rents pauvres, mais estimés, qui te- 
naient, dans la rue St- And ré-des- Arcs, 
un modeste hôtel garni. S'étant livré 
de très-bonne heure au plaisir de la 
lecture, il se prit d'une telle passion 
pour les chefs-d'œuvre de Cornei I le et 
de Molière, qu'à peine ftgé de dix- 
sept ans, il quitta la boutique de per- 
ruquier , où son père l'avait mis en 



SAl 



818 



apprentissage , et s'exerça dans l'art 
du comédien sur les m^mes théâtres 
de société où s'étaient formés long- 
temps avant lui les Lekain et les 
Mole.' Les applaudissements qu'il y 
reçut lui valurent, en 1776, un enga- 
gementan théâtre de Versailles, puis à 
celui de Lyon , et enfin au théâtre 
de Bruxelles, qu'il abandonna peu 
de temps après pour débuter à Paris, 
le 8 juillet 1782, dans les seconds 
rôles de la tragédie et de la comé- 
die. Bien que sorti avec honneur de 
cette redoutable épreuve , il ne fut 
définitivement admis au nombre des 
comédiens du roi que dans l'année 
1784. On connaît les dangers que cou- 
rurent la plupart de ces acteurs à 
l'époque de la révolution, et surtont 
après que la sanglante catastrophe 
du dix août eût livré la [France à la 
plus odieuse tyrannie. Le 4 septem- 
bre 1793, au milieu de la nuit, ils fu- 
rent jetés dans la maison d'arrêt des 
Madelonettes , d'où ils ne sortirent 
qu'après la journée du 9 thermidor 
(27 juillet 1794). Quoique rendus à 
la liberté, les comédiens français 
éprouvèrent encore de pénibles vi- 
cissitudes. La division se mit parmi 
eux, et ils se séparèrent en plusieurs 
troupes : l'une, avec Gaillard et Dor- 
feuille, à la salle dite de la Républi- 
que (rue de Richelieu) ; l'autre suc- 
cessivement établie dans les salles 
de Louvois et de TOdéon ; et la troi- 
sième engagée au théâtre de Feydeau 
par le directeur Sageret, qui, n'ayant 
pas su calculer l'énormité de ses dé- 
penses, dut à son excessif amour de 
l'art théâtral le malheur de faire fail- 
lite. Aucune de ces troupes ne pros- 
péra, et quand leur malheur fut au 
comble, il fallut bien qu'elles accep- 
tassent un projet de conciliation. 
Enfin, grâce au zèle de François de 
rieufchâteaa, alon ministre dt llnté- 



814 SAI SAI 

rieur, les trois sociét<<s se réunirent Nérestan , et surtout da jeune Bffl* 
en une seule, le 11 prairial en VII mne dans la Veuve du Malabar, se 
(30 mai 1799), et depuis ce jour niontra-t-il eosuiie avec plus d^aran- 
jusqu'au \" avril 1818. cVst-à-dire tages dans ceux du DiêtraiU à\\ Phi- 
durant un espace de dix-neuf ans« losophemarié^ûeV Amant bourru ti 
Saint-Fal ne cessa pas de donner k autres; il fut même assez heurenz 
ses camarades l'exemple d'un zèlein- pour jouer à la satisfaciîon générale 
fatigable. Retiré alors du théâtre plusieurs rôles dans lesquels Mole 
avec la double pension du rgi et de avait été jugé inimitable, entre antres 
la comédie, et jouissant d'ailleurs it Misanthrope, VÀleesie dn PhUi»U 
d'un honnête revenu, fruit de ses Ion- deMolière , le Bourra bienfaisant et 
gués écouomies, il prolongea paisi- le Vieux Célibataire. C^en était assex 
blement sa carrière jusqu'au 31 no- pour prouver qu'il étudiait, en ac- 
yembre 1835, laissant après lui une teur habile, les caractères de ses pe^ 
veuve et plusieurs enfants, notam- sonnages, et surtout quMI neeroyait 
ment une fille jeune et belle qui dé- pas devoir, cumme la plupart de ses 
buta au Théfttre-Français, mais dont successeurs, négliger les bonnes tra- 
ie succès ne répondit pas tout-à-fait ditions. Dans la vie privée, Saint-Fal 
à l'attente des amateurs. Saint-Fal se faisait aimer par beaucoup de don- 
ne doit pas être compté au nombre ceur , de bonhomie, et Ton cite da 
des acteurs qui brillèrent au pre- lui plusieurs traits f|ui honorent soB 
mier rang sur la scène française : on cœur (voy. l'article de son frère 
l'aimait, on l'applaudissait, mais ra- Mbtnibr, peintre d'histoire et mem- 
rement avec ces transports d'admira- bre de l'Institut , t. LXXi V, p. 14, de 
lion que savaient exciter, dans leur la Biographie universelle), La vérité 
temps, les Lekain et les Duménil. est qu'il fut vivement regretté de set 
D'une taille avantageuse, les traits de camarades, avec lesquels il a?ait 
son visage étaient agréables \ mais sa constamment vécu en bonne intelli- 
démarche manquait de grâce et de lé- gence , et qu'il ne le fut pas moini 
gèreté. Il avait adopté un genre de dé- des auteurs dramatiques, qui avaient 
clamation qui consistait à débiter ra* toujours eu à se louer de son zèle et 
pidement, et d'une voix gutturale, la de ses conseils. F. P — t. 
première moitié d'une période, aiin SAINT-FÉLIX (Guillaume de) 
de se ménager pour les dernières était issu d'une famille ancienne, 
phrases Te/fet-d'une transition brus- d'origine normande, et qui avait des 
que et inattendue. Adoucissant tout- biens considérables dans la Ticomtéde 
à-coup sa voix, il lui donnait alors Béziers, où elle donna son nomauchl- 
un accent de familiarité sentimen- teau de Saint-Julien, et dans la comté 
taie qui manquait rarement d'exci- deCaraman, où elle fit hommage d'un 
ter les applaudissements; mais cet autre château de son nom à Bernard, 
artifice, trop répété, était justement vicomte d'Alby, en 1070. Guillaume 
blâmé par les connaisseurs. Dans la était viguier de Carcassonne, et fui un 
conu^die, son débit était pins simple, des arbitres oujuge5que,en 1158, on 
plus naturel; aus>i, quoiqu'il eût adjoignit k Baimond Trencarvel, vi- 
iong-temps joué avec succès les rôles comte de Bésiers, p«)ur vider plusieurs 
tragique ûBippolffte, de Gaston de contestations féodales II fut un d^ 
Fof'm^ fVBfy§le, de Poi|ieiicts e^ àe v\\\%v^\vV>\«ik^tj^VU« maison, trèii- 



SAI SAI SU 

utëe dans la province, surtout eût 80Q|)çonDé Jet desseins ambi- 
is que Guillaume, défendant les tieuz des Guises, il demeura lié 
s du vicomte de B^ziers, son su- avec l'amiral de Goligny, qui , dans 
D, contre Raimond Vicomte de sa campagne du Languedoc, ménagea 
ouse, obi igea ce prince de se ren- beaucoup les terres des deux f rèi es ; 
i Nîmes pour y calmer des trou- plus tard il se rangea du parti nom- 
landisque Jeanne d'Angleterre, mé des politiques^ et s'opposa à la 
épouse, marchait contre un ne- Ligue de tout son pouvoir. Ger- 
qui soutenait son autre suze- main fut chargé, en 1579, par le 
le vicomte d'Alby, et qu'elle duc de Montmorency, de faire exécu- 
égeait dans le château de Caser ter à A<ziers Tédit de pacification, et 
es Casses, en 1199. Ce siège fut il accompagna la même année le 
imment soutenu, et celte prin- gouverneur à Belpech, dans sa con- 
éprouva une vive résistance; les férence avec le roi de Navarre, dc- 
)es de la domtesse ayant sous- puis Henri IV. Il mourut en 1586. 
secouru les assiégés, ceux-ci la -— Ses deux fils , Raimond et Jean^ 
rent de renoncer à son entre- tous deux militaires distingués, mais 
I, mirent le feu à son camp, la protestants Tun et l'autre, partici- 
suivirent, et elle eut peine à ae pèrent malheureusement aux guerres 
sr pour aller demander des se- des Calvinistes sons la minorité de 
s è son vaillant frère, le roi Ri* Louis XIII. Raimond fut pour eux 
i, qui lui-même guerroyait en gouverneur de Mazères et corn- 
nne. Elle apprit sa mort en che- mandant du pays de Foix ; il fut tué 
Il venait d'être tué au château en 1622 au siège du Mas-d'Azil, après 
hâlons en Limousin. Lorsque avoir fait d'incroyables elforts pour 
icomtés de Béziers et de Car- sauver Son artillerie. Par suite des 
nne furent réunies sous la do- vengeances , légitimes il est vrai , 
tion du vicomte Raimond Ro- mais implacables du cardinal de Ri- 
1191), Guillaume lui prêta ser- chelieu , Jean , son successeur, fut 
et lui fut constamment fidèle; dépouillé de ses domaines : la plus 
Ida en 1201 à recouvrer l'hé- grande partie fut confisquée ; toutes 
e de son père. — Un fi^s piifné leurs mouvances , qui> étaient nom- 
uillaume, et du même prénom, breuses, furent réunies à la couronne, 
ten 1265lecomted'Anjou.frèr# et la fortune immense d(^ cette fa- 
lint Louis, que ce prince lui fit mille fut à jamais anéantie. Pour 
dre comme otage; et il l'aida compléter ce désastre, les épouses 
la conquête de Naples, où il de ces deux frères , Marie de Mau- 
3lit, et où sa descendance y est léon et Louise de Louplac, voulant 
re connue sous le nom de San^ effacer la trace du parti que lears 
e. Il — as. maris avaient embrassé malgré elles, 
iTST FÉLIX (Germain de), de brûlèrent une grande quantité de ti- 
enne famille, fut chevalier des très précieux. Cependant Philippe^ 
îs du roi en 1573, et assista aux fils de Jean , fut ramené dans le seia 
de la province en 1579. Soit de la religion catholique par l'in- 
eût du penchant pour la réfor- fliience de son épouse, Jeanne de 
«0!t plutôt que, c^>mme Claude, Saint-Jean, et remisen possessiunda 
•rère (t)oy. lUrticle suiv«n4), il peu ^^ twXa\\ Vkx*^^ ^«^^^«»* ^ 



316 SA1 S AI 

SI mtison. Il mourut en 1669. — renton conpiioes, etvoloit U 
Pirançois de Saisit-Félix , fils de serration simple des édits , « cit 
Philippe, eut vingt-huit enfants, dont colloque parmi ceux de cette daaM 
ratnë fut page de Louis XIV, puis secte et opinion , bien qiiefe»t,« 
chanoine de Saint-Sernin, à Ton- moins en ce que f ai pen coniMlbff. 
louse. Le second, oflicier supérieur très-bon catholique, et oommenlBiL 
d*artiilerJe ; le troisième , Armand^ comme est enoores^ aussi grand wt 
comte de Cajarc, eut aussi une nom- gistrat, facond orateur, résolv ja» 
breuse postérité et fut le père du consulte. • Ce témoignage «lois»- 
Tice-amiral ( voy. ci-après ). H^gb. cret d'un catholique ardent ne po" 
SAINT-FÉLIX (Claude de), ba- met pas de dmiter qu^l n*avaiCf> 
ron de Varennes, frère puîné de Ger- imité ses neveux dans leurs cp» 
main, fut la tige de la seconde bran- ments ; mais, à cette époque d^cni- 
che actuelle de cette maison. Il était tation, la multitude élait fadlentf 
conseiller au parlement de Toulouse, trompée, kussi les capitonlsayastf- 
lorsqu'en 1570, par le crédit de son pris sa nomination , ordonnëicita 
ami le maréchal de Damyille, il fut syndic de la ville de se rendre of|»- 
nommé procureur-général pr^ cette sant, et le syndic de la prorinee is- 
oour, et céda sa charge de conseiller vit la même marche. L'aftîR to 
à son frère Raimond. Claude est ce- portée au parlement. Saiat-Fâixiti- 
lèbre dans les fastes de la province lut plaider lui-même sa cause. Xd- 
par ses talents , son patriotisme et heureusement , sa facile élnqMMt 
son dévouement à Tautorité royale , l'entratna dans les fatales habétaiB 
si souvent outragée dans ces temps de ce temps : il injuria sesadvenaitf 
de trouble. Sa promotion ne pouvait et ne craignit point de traiter te ci- 
être agréable à une cité qu'animait un pitoulset le corps de tî Ile desMNM- 
catholicisme ardent, et une haine po(«ttr« et de ^édtlietcx. Ceax-d |i«- 
profoude pour les politiques. On le tèrent des plaîutes contre de tclk» 
soupçonnait de favoriser les religion- allégations ; mais le parlement *» 
naires, parce qu'il voulait que Ton renvoya devant le roi , qui débocu 
gardât les édits. «Mesme (dit leprési- les syndics de leur opposîtioB, or- 
dent de Latomy dans ses Hémoires en- donnant sagement que Saint-Fclu 
core inédits, mais que leur importance les reconnaîtrait comme gens d*bM* 
va faire publier) on a dit qu'il alloit jieur. Ainsi se termina cette prcaaeR 
volontiers aux prêches et cènes des querelle; mais les haines subsisté- 
ditsréforméshugiienaulx,cequi n'est rent ; le temps lesenyeninia«etcU6 
du tout asseuré; car l'ay toujours se réveillèrent plus tard. CepesdiU- 
veu attentif aux offices qui se font es il fut chargé par la cour de piéstt- 
églises, particulièrement en celles de ter au roi des remontrances, quifo- 
Saint-Étienne, de la Trinité, Dal- rent apostillées par le conseil le 13 
bade et Saint-Barthelemy ; soy con- septembre 1572; mais , en 1S7I, et 
fesser et recepvoir en toute dévotion faux bruits ayant répandu la terrrv 
et révérence le sacrement de l'Eu- dans Toulouse, la malveillant ks 
charistie; mais comme il ne voloit avait propagés et amplifiés, etOB 
point et même ne veult point enco- parut croire que les huguenots , ht- 
res que l'on brille, à grand on à pe- bituellement turbulents, chassés es 
lit feu, les hérétiques et leurs adhé- 1561, et si maltraités en 1^72 , «i- 



SAI SAl 317 

9kL saleraient de s'emparer de la fille, puisse offrir : le procureur-général 
à soutenus des damviUUiei ou parti- du roi, sujet fidèle et dévoué, refusa 
ti sans exclusif du roi. Le conseil s'as- de se soumettre à une décision qui 
Kfc sembla au Capitole: on résolut d'al- lui ôtait la confiance du monarque. 
flf 1er au parlement lui faire part des Cette singulière résolution eut-elle 
■ craintes qu'on éprouvait* Le ,capi- pour cause l'obstination déjà si con- 
pr toul Lacoste s'y rendit, et , portant nue de Saint-Félix, ou fulelle pro- 
la parole, dénonça plusieurs citoyens, duite par la suggestion de Catherine 
même des membres de la cour, dé- de Médicis, laquelle, intérieurement 
signant le procureur-général comme courroucée de l'audace des catholi- 
un de ceux qu'il fallait surveiller. Le ques, qui se préparaient à former l'u- 
parlement, qui partageait les appré- nion célèbre appelée la Sainte^Li- 
hensions du capitoulat, autorisa ces gue, voulait , dans ce Languedoc si 
magistrats à prendre des précautions ardent, conserver un magistrat puis- 
de sûreté publique , k faire arrêter saut, catholique lui-même, mais qui 
les personnes suspectes, et môme des pouvait contenir, par son énergie, 
membres de la compagnie. Après cet les partis opposés et demeurer dans 
arrêt, au moins imprudent, plusieurs la ligne exclusive d'obéissance à la 
individus, même des magistrats, fu- couronne? Tel fut en effet le résultat 
rent enfermés à la Conciergerie *, constant delà marche de Claude, et 
d'autres furent mis aux arrêts dans on pent le reconnaître comme le prê- 
teurs propres maisons. L'indigna- mier exemple de ce parti mixte, mais 
tion de Saint-Félix, comprimée par éminemment monarchique , que do- 
sa prudence , fut comprise par le puis on appela politique. Quoi qu'il 
corps de ville , et celui-ci délibéra en soit, il refusa de remettre ses let- 
que le roi serait prié de contrain- très de service, et continua ses fonu- 
dre ce magistrat à se défaire de ttonsjusqu'à sa mort. Lors de la crise 
sa charge. En réponse à ce nouveau qui, le 10 février 1589, se termina par 
défi, il obtint de nouvelles lettres du l'assassinat de Durant], premier pré- 
conseil, d'après lesquelles il fit assi- sident , et de Daffis, arocat-général, 
gner devant ce conseil les capitouls Saint-Félix devait être absent, puis- 
et les plus nobles bourgeois de ceux qu'il n'est pas fait mention de lui, et 
qui avaient pris part à cette délibé- cetteabsence fut peut-être uu des mo- 
ration outrageante. II se rendit à tifs qui précipita la catastrophe. La 
Avignon, où se trouvait la cour, et le saine partie du parlement ayant, avec 
chancelier Bené de Birague obtint le premier président Dufaur de Saint- 
d'abord un arrêt du conseil qui lui Jory, quitté la ville de Toulouse, do- 
donnait gain de cause ; mais les capi- minée par les ligueurs, le procureur- 
touls, qui le suivirent à Bomans, fi- général la suivit à Castelsarrasin en 
rent jouer des intrigues auprès des 1595. Il ne rentra qu'avec eux après 
catholiques , alors au comble de la pacification de Folembray , en 
l'exaspération , et l'exécution de cet 1596 ; il fut lamême année membre de 
arrêt fut ajournée. Le roi fit alors l'assemblée des notables du royaume 
intervenir la reine-mère, qui manda que convoqua Henri lY à Bouen , et 
Claude et lui demanda les provisions en 1598 chargé par ce prince de IVxé- 
(icsa charge. Alors eut lieu le plus cution en Languedoc de l'édit de 
(étrange spectacle qu'une monarchie Nantes. Mais sa santé , épuisée par 



31S SAl SAl 

àé longs travaux et beaii6i»|^ de vi- Fraa^uiie li'iléUrard : flarmiii, ^ 

riantodet, ne put ramier aui fiiti- conunua la bnnch» des VaiCBia; 

Kuesde ces nouveilirs niissiont : il et délateconde, Anne de Foix,!»- 

mourut la iiiJine année. Ce magistrat ger, ëcnyer de Charles IV, daeè 

^tait placé pir ropiiiion piibliqueau Lorraine, qui fut roriginedela Im- 

premier rang, et, comme l^it Lato- che d'Ayguesvivcs. Sod auooesm 

my : • J«^ ne fais aulcnn doiitte qu'il dans sa charge de procureur-géM- 

iiVût été «ppi'lê et vuirement noiiiai<^ rai fut d*Aussargueft, sod neven,^ 

hérilif r et successeur du grau«l M. de assista à rassemblée dei nolabla 

L'Hôpital, i'luncelier de France, ail dei6l7.etfutuoomië,en 16S8« 



avait elëile lungue main auprès de la bre du conseil ifÉtat. 

rorne-mère et des roys ses tils ; mais SAI>T-FÉL1X (AniiAXD-PuiUh 

il demeurait en province, loin du so' PE-GKaMAi>, marquis de), vioe-au* 

leil, des grâces et des honneurs. • ral,rui leqiiinzièaieeu&utd'AriMii 

Claude de Sainl-Fêlix fut un des ma- cumte de Cajarc (voy. ci*deasui), A 

gistrafs les plus éclairés, un des huui- naquit dans le château de ce MMita 

mes politiques les plus courageux de Albigeois, le 30 sept. 1737. Liviéàk 

son temps, et, sous ce double rapport, passion du jeu, son père , maigre k 

il appartient également à Thistoire. prudence d'une excellente époatt, 

Il avait à combattre dans le parle- mit le plus grand désordre dûs au 

ment, comme son frère dans les alTaircs, et laissa ses noaibreux cb- 

eamps. une majorité toujours défa- fants dans un dénuement presque sIh 

voraible aux mesures prises en faveur solu. Cependant il ninena l^atoé i 

des protestants ; et ii dut stnivent Paris, sous la protection du eardi* 

faire une profession de foi catholi- nal de Fleury, alors premier oiais- 

qlie devant des magislials qui le tre, auquel ii avait été reeonflMBde 

regardaient comme hugueuot parce par le duc de Lorraine; mais, par « 

qu'il requérait l'enregistrement des nouveau coup de celte fatalité qti 

édits. Il devait rendre compte à la depuis plusieurs siècifïs semble pcicr 

reine- mère des obstarles qu'il ren- sur cette maison , le cardinal moant 

contrait, et de là vient le caraitère à Issy. où ii sou arrivée Saînt-Félii 

suivi qu'on trouve k toutes ses dé- le trouva malade. Tour œ qn^l pot 

m.iri*hes,et qui étaient si injustement obtenir, ce fui, pour Paîné de sesfiîs. 

qiiahlit^s par les deux partis contrai- qui sViaii engagé comme soldat, 

tes. Il eut cela de commun avec ce d'entrer dans les cheveu - légttt. 

Durauti. qui se perdit par son atla- Alors celui-ci se maria. Par ia pro- 

rheinent héroïque à ses devoirs de tection du duc d'Orléans, une de ses 

sujet et de magistrat. Saint- Félix ne tilles fut reçue ii Chelles par M"* 

l»érit pas comme lui; mais comme lui d'Orléans, ablnrsse de ce couvent: 

il fut calouinii' , persécute. Si jamais une autre fut placée à Saint-€yr, U 

on (écrivait Thi^sioire de Toulouse , second de ses tils entra dans la mai- 

qui ne Ta point été par l^taille.Du- son de Coudé. d*abord comme page 

n^soy et d'Aldeguier. Saint- Félix tien- de M^'' de Charolais. ensuite cumne 

drait la place la plus honorable par- son gentilhomme. Dans la suite un 

mi ceux qui ont occupé le minis- autre fui page, puis aide-de-camp du 

tèrc public dans ces temps uialheu- comte de La Marche, depuis prince de 

reux. Il eut de sa première (euioie^ Ctmti. Germain n'avait alors que 



SAf SAt 319 

douze aiu; iU(<coutent de se voir ou- d^euiiyéioèi, il se résolut k vivn* 
b\\é dans ces heureuses dispositions, de sa faible paie, et souvent de pain 
il r^olut de sortir de lui-même de et dVau ; mais dès-lors il se fil re- 
cel abandon. Ayant mis sa bonne marquer par une exactitude scrupu- 
mère dans sa confidence, il en re- leuse, une fermeté inébranlable. D'à- 
çiit douze francs pour ses dépenses bord embarqué sur VHermione^ 
de voyage. C'est avec cette faible garde-cdte, dès la seconde cam- 
somme qu*il osa entreprendre, à pied, pagne il commanda un détachement 
le voyage de Paris, pour rejoindre djus ta croisière du Canada sur le 
ses frères. Lorsque son père connut Célèbre^ et il remplit, en 1757, les 
cette évasion, qu'il attribua d*abord fituctions d^enseigne sur la Po- 
à une visite chez des parents, il en mone^ sur le Zéphire^ puis sur la 
écrivit ï ses atnés, lesquels, par le Calypso, qui inspecta les côtes de 
moyen du lieutenant de police, firent Bretagne, et se réunissant à l'escadre 
donner des ordres à toutes les bar- de Confl&ns, prit part au combat de 
rières de Paris, pour arrêter tous les Belle-Ile, dans lequel, par une erreur 
jeunes piétons qui se présenteraient, des bureaux, on crut que Saint-Félix 
Mais tandis que les suppOts de police avait perdu la vie , de fiçon qu'ayant 
exerçaient leur surveillance, Ger- obtenu un congé pour voir sa fa- 
main, qui, sur la route d'Orléans mille, il la trouva portant son deuil, 
avait été reconnu, à cause de sa rcs- Retourné bient4l à son poste, il con- 
semblance, par des chevau-légers ^ittua son service sur VAigrelte et 
camarades de son frère, entrait avec l^ Northumberland, Ce lut le 15 
eux à cheval dans la capitale, et janvier 1762 qu'il fut fait enseigne, 
embrassait ses frères, leur décla- grade duut depuis quatre ans il rem- 
rant énergiquement que bien cer- plissait les fonctions, et servit eu 
lainement il ne retournerait jamais cette qualité sur la Normande, sur 
sur ses pas. Cette aventure assez la Balance avec le baron d'Arros* 
extraordinaire dans ces temps de II fut employé pour relever les vais- 
calme produisit une certaine seusa* seaux coulés au porl royal de la 
liou>elelleafourniàM.dePerrodille Martinique; mais ce b&timent, que 
sujet d'un épisode dramatique ((rcfjz. celte opération avait extrêmement 
deFr.,i\ ianv.1842). Les saluns s'en fatigué, coula lui-même dans la tra- 
occupèrent, et M"« de Cliarolais prit versée : l'équipage fut sauvé par le 
pour page le jeune aventurier. Aprèà navire VUnion, qui transportait le 
quelques années de service, uù le régimeut de Vermamiois. Saint-Fé- 
jeune Saint-Félix s'efforça de résis- lix suivit encore le baron d'Arros, 
ter à la prépondérance tyrannique et fit une traversée à rile-de-Frau- 
que les pages du roi voulaient exer- ce. oi\ par des circonstances singu- 
cer sur ceux des princes , son esprit iièremcnt contraires, il n'arriva qu*au 
ardent et opiniâtre lui fii désirer bout dequinzemois,le 15 avril 1770. 
d'entrer dans la marine ; il fut nom- Misa la disposition des gouverneurs- 
nié garde le II déc. 1755 Stns avoir généraux de Tlle-de-France et de 
une instruction théorique profond»», Bourbon, les chevaliers Desroches et 
qui d'ailleurs n'existait pas de son dcTernay,il mérita et sut conserver 
temps, dénué de ressources, aban* leur confiance. Une ^c^isid^ ^^'»^A^'Qi. 
donné de ses frères, trop occupét pTtecAU.vviX^\^t%\iLVûk%fw^^\x^x^^«^^ 



3*20 



SAI 



SAI 



Dppuisqiic Hugues deLioschot avait, 
m 1638, placé par le 16^ de latitude 
une île à laquelle il donnait le nom 
de San-Juan de Lisboa ou de Saint- 
Jean de Lisbonne^ on la croyait uio- 
mentanéroent perdue ; cependant Pie- 
ter Guss l'avait, eu 1680, placée dans 
sa carte a 26^30^ Danville qui, en 
1727, Tavait fait aussi figurer sur sa 
carte, Ten avait retirée en 1749. Mais 
la tradition continuant à la considérer 
comme seulement oubliée et îiifré- 
queutée, L'ite-de- France était inon- 
dée de notes, d'extraits de journaux 
contradictoires, auxquels les géo- 
graphes européens, par leurs com- 
mentaires, donnaient une certaine 
valeur. Un mémoire sur l'ile de 
Bourbon, présenté au bureau général 
de la Compagnie des Indes le 1 1 fé- 
vrier 1771, établit comme principe 
qu(^ nie de Saint-Jean de Lisbonne 
ne parait imaginaire qu'aux naviga- 
teurs qui ne font point reconnue. 
On disait que cette île avait été éva- 
cuée par les Portugais et ses habi- 
tants transportés à Patte, sur la 
côte de Zanguebar-, qu'en 1767, un 
flibustier y était descendu, et qu'il y 
avait tué douze ou quinze bœufs en 
moins de deux heures. Plus tard on 
dit que Boyuol aHiriiiait Tavoir vue 
en 1707, quoiqu'il n'eût pas eu con-f 
naissance des cartes de Van keulen 
et de Pieter Goss ; qu'il en avait laissé 
une description assez détaillée, que 
Ton commentait avec affectation et 
qui paraissait avoir tous les carac- 
tères de la vérité; en6a un capitaine 
venait de la voir le 1" mai 1772, par 
20'' 30' de latitude sud et 63» 30 de 
longitude est de Paris, au milieu 
d'uue affreuse tourmente qui l'avait 
em|>éché d'y aborder. L'opinion pu- 
blique s'exaitu tellemeut, que le 
chevalier Desroches, gouverneur, 
crut nécessaire de s^iis&uttt VuV* 



rérité ; et il chargea ;< 
lint-Fëlix d'un Toyage | 
e à cet effet. Cet officier j 
(-Louis, le 26 Juin 1772. 1 



même de la vérité ; et il chargea ;< 
lieutenant Saint-I 
de découverte 
partit du Port- 
avec la corvette VHeure du Bergtr. 
ayant pour conserve le brick la Cu- 
rieuse. Il ne revint à rile-de-Francc 
que le 19 oct., après 115 jours de 
mer, sur lesquels il fut obligé ai 
passer du 7 sept, au S oct. au far 
Dauphin de Madagascar pour se rt- 
vitailler. Pendant les 90 jours quii 
employa à sa recherche, il lit 77 ob- 
servations astronomiques de longi- 
tude, depuis 5r 41' jusqu*à 72^31 . 
et 80 observations de latitude, d^ 
puis 20* 16' jusqu'à SS"" 5'; il iri! 
souvent des oiseaux; on cria tem 
plusieurs fois ^ on vira toujours se* 
cette terre fantastique, et l'on or 
trouva januis qu'un nuage trompeu 
ou quelques algues flottantes et dé- 
tachées : on mouilla sur tons les 
points indiqués par les cartes ou 
les mémoires comme gisemeoi 
de l'ile, et il fut démontré à tous 
qu'elle n'existait pas. Malgré la cod- 
tiance dans l'exactitude méticuleusr 
que Saint-Félix avait mise à cer.c 
exploration, le désir obstiné, quoi- 
que reconnu plus chanceux, de re- 
trouver cette île fit encore faire de 
nouvelles tentatives à Forval ta 
1780, à Corval de Grenvilie en iTSî 
et 1783, à Adrisse des Ruisseaux en 
1787, à Kerguelen et Alarion dam 
leurs voyages de découvertes ; enSxi. 
depuis les voyages de Saint-Félix, U 
science et la navigation y ont défini- 
tivement renoncé ; l'île a disparu de 
toutes les cartes, et ne paraît que sur 
celle d'Afrique, jointe à la traduciica 
de Guthrie en 1802, Pour consoler 
ceux qui y croient encore, M. Col- 
lin, secrétaire de la Société d'èmula- 
tiou de rUe-de-France^ a, le isjan- 
viec 18Q6^ émis Topinicn que cettr 



» , 



SAt 

• 

prétendue tie de Saint-Jean de Lis- 
bonnen'était autre que l'Ile-de-France 
elle-même. Cette hypothèse a été 
vivement combattue , mais elle est 
elle-même une nouvelle preuve de la 
conGance qu'inspire la recherche de 
Saint- Félix. Lieutenant de vaisseau 
en 1772, et toujours à la disposition 
du gouverneur général, cet oflicier 
fut, en 1773, chargé avec la corvette 
le Desforges de transporter à Mada- 
gascar le fameux Beniowski. Cet en- 
treprenant baron polonais qui dans 
des pays, vieux de civilisation, pro- 
fessait des principes et adoptait la 
conduite de héros. des temps bar- 
bares ; cet homme qui, par suite de 
ses folles mais courageuses exagéra- 
tions , en Hongrie, en Pologne, en 
Hollande, en Allemagne, en Angle- 
terre, en Russie, avait violé tous les 
principes d'ordre, de subordination 
et de gouvernement, pour y substi- 
tuer sa seule valeur, brillante, il est 
vrai, mais sans calcul et sans mesure; 
qui, exilé dans les mines de houille 
du Kamtchatka en 1770, avait su, 
avec cent cinquante condamnés com- 
me lui, par lui disciplinés et dirigés, 
s'emparer de la forteresse russe, était 
parti de là sur une corvette qu'il avait 
enlevée, pour aborder au Japon , à 
rîle de Formose, à la Chine. Ayant 
été recueilli par un bâtiment fran- 
çais, il avait obtenu du ministère 
l'autorisation de former à Madagas- 
car un établissement sous la protec- 
tion de la France. Parti de Lorient 
avec une troupe de 4 à 500 aventu- 
riers comme lui-même, il avait pris 
de force le commandement du bâti- 
ment qui le portait, et comptait bien 
en faire autant du Desforges; mais 
Saint-Félix était un antre homme. 
Malgré le dévouement fanatique des 
compagnons de Beniowski, alors en- 
régimentés et soumis à une discipline 

LXXX, 



SAI 



ati 



incohérente quoique sévère, le lieu- 
tenant sut, par un mélange de ^on- * 
descendance et de fermeté, arrêter ce 
héros de roman, le contenir dans les 
bornes de sa position! 11 ne craignit 
pas de se former une garde' de ses 
compagnons de hasard , se servit 
d'eux pour obliger le chef à se désis- 
ter de sa folle entreprise, et enfin 
l'amena à une conduite régulière et . 
même amicale. Il le débarqua dans la 
baie d'Antougil, et passa avec lui 45 
jours pour l'aider à commencer son 
établissement {voy. Seniowsri, IV, 
164). De retour à l'Ile-de-France le 
30 juin 1774, Saint-Félix prit le com- 
mandement de la flûte le Coroman' 
del^ destinée à servir des relations de 
surveillance et de rapports entre l'Ile- 
de-France et Pondichéry, et de Pon- - 
dichéry avec les différents comptoirs 
de rinde; et il se montra en tous 
points digne de cette mission de con- 
fiance. Parti de l'Ile-de-France et 
rendu à Pondichéry, par ordre de Lan- 
riston, il hiverna à Chandernagor, 
pour aller ensuite visiter les comp- 
toirs et les établissements français 
sur le Gange et à la cOtedeCoroman- 
del. En remontant la rivière, il eut 
des démêlés avec les Anglais qui ha- 
bituellement molestaient notre com- 
merce , et ne voulaient pas que le 
Coromandel se permît de mouiller 
devant leur fort de Bousbougia sur 
les bords du fleuve, menaçant cette 
flûte de leurs batteries. Mais lit ma- 
nœuvre hardie de Saint-Félix, sa dé- 
cision de repousser la force par la 
force, fit rentrer en lui-même le 
commandant anglais ; il lui laissa le 
passage libre, et la reconnaissance de 
tous les Français se montra avec 
énergie dans ces parages. Depuis la 
malheureuse paix de 1763, on n'avait 
jamais vu un bâtiment au&^l 0^v\ii>V^ 



/ 

aïk sAt SAt 

Phonneur de la France. BienlAt une la frégate la Fine^ charge de con<» 
autre occasion se présenta de sous- duire à TIle-de-France l'intendant de 
traire notre commerce à des vexa- cette colonie, Tagent français au cap 
tions britanniques. En passant à de Bonne- Espérance, plusieurs pas- 
Masulipatnam il fit restituer des sagers secrètement embarqués pour 
droits injustement perçus et qu'on servir dans l'armée de Hyder-A]i« 
lui promit de ne plus exiger par la de porter plusieurs paquets, et des 
suite. Sa courageuse fermeté rassura ordres importants avec quinze cent 
les Français dans leurs transactions mille francs en espèces. A son arri- 
et obtint 1m éloges des Anglais eux- vée, le 26 octobre, il prit le cooiman- 
Éifenes. Le Caromandel revint à dément du Brillant, de 64 canons, 
nie-de-Franee, où Saint-Félix prit le faisant partie de l'escadre du comte 
<Sommandemen^de la corvette l'Àta- d'Orves, destinée pour l'Inde. Ce gé- 
tanle, destinée à se rendre de nou- néral, que son zèle avait porté à s'em- 
teau à Pondichéry aux ordres de barquer malgré le déplorable état de 
Lauriston. Celui-ci avait le dessein sasanté, succomba le 9 février 1782, 
de fbrmer un établissement sur la et fut remplacé par SufTren, marin 
mer Itouge, mais ayant été forcé d'y hardi, énergique^ plein de talent^mais 
renoncer, il se ccmtenta de renforcer despote, envieux, jaloux et détesté de 
la garnison de Mahé et renvoya la ses camarades. Il se forma contre lui 
corvette à f'Ile-de-France. Ce fut une coalition pour le perdre et faire 
alors et par l'intermédiaire du che- tomber le coinuiaudemeut en d'au- 
valier de Ternay que se fit le mariage très mains, ui^me au risque de perdre 
de Saint-Félix avec Marie Anne du le Héros^ de 74, vaisseau qu'il moo- 
Guermeur, fille de du Guermeur, tait (1). LVscadre française moailla 
eomte de Penhoet, capitaiue des vais- devant Madras, le 15 février, à deux 
seaux de la Compagnie des Indes , portées de canons de Tescadre an- 
riche héritière qui n'avait que douze glaise. Peudaut que le général fran- 
ans. Aussitôt après il s'embarqua sur çais tenait conseil avec ses capitai- 
la fielle- Poule, commandée parle nés, les Anglais se rapprochèrent des 
comte de Sillard, et il revint en batteries delà place, et, persuadés 
France (1777). Il fit ensuite partie de de leur supériorité, ils donnèrent U 
l'èstadre du comte d'Orvilliers, com- chasse aux Français qui, arrivés de- 
me lieutenant sur le Solitaire, et se vaut Madras, se disposèrent aies at- 

trouvait à la bataille d'Onessant le 

îTiuilfet 1778. Enfin embarqué sur ._. . . .... 

la Frôlée avec le vicomte du Chll- ,^Jr q^e, ne voulant pua o.ms mettre ea 

leaU, il flit pris par TeSCadre de l'a- contradiction avec toutes les traditioas de 

mirai Digby. BienlOt échangé, il fut n"*»oire,et surtout .rec notre conal>or*te«r 

"■ 7^ ** j , 4 ,* j . . j Hennequin, autfur de u Notice sur le Bailh 

chargé , commandant I ASirte , de j^ Suffreu , insérée d^ns notre 44» toIum, 

croiser dans le golfe de Gascogne, et, nous n'adoptons p«s tout ce qui se trooTc 
an 1781 , il inspecta, avec V Amazone, *" "' '""*''^ "™*'»*L**„?* "-Î ^\^^' 

*" • » \ ' .„ , Atf/ur, qui nous « eteenvoje de Toulouse d 

les b&timentS du commerce mouilles ^^i e»t d «iUeurs si plein d'intêr4t et si piê- 

daUS les ports de U Manche et de cîeux pour riûstoire de la marine française, 

l'Océan, depuis Saint- Brieuc jusqu'à ««»* """ '''-'^"* 1»" *^" «*'*^'>'' ^n retr... 

I vrvvnui f •* . ^ cher de» accusaUiMis 4UI nous ont étonat, 

Bordeaux. Fait capitaine de vaisseau j^i^ ^u^ cependant tienaent d'une «Muve 
le 5 mars 1781, il partît de Brest avec re>pe.t«l»le et digne de roà.(iV«le4erMUMr.} 






'*■ . , 



SAt 

taqner ; maïs leurs nmittUTres lurent 
si irrégulières, leur CMilenince si 
incertaine, que r«€tioii ne put eoui» 
menoer que fort Idrd ; IfS vaisseaux 
français n'obéissaient que difficile* 
ment aux signaux, et laissaient le 
gf n<^ral expose seul au feu d<^ Ten- 
nrnii Ce pouvait être le résultat de 
la combinaison peu loyale qu'avaient' 
faite entre etix les capitaines; mais 
quand il auraitété possible que Saint- 
Félix y eût pris part, rhonneurdont 
il avait Tirrësistible instinct le porta 
à aller seu4 au secours de son géné- 
ral : le Brillant vint joindre le Hé* 
ros^ et força V Ester à amener son 
pavillon; toutefois ce vaisseau ne put 
être amariné, SuffWn ayant fait, 
peut-être par dépit, signal absolu de 
ralliement. On perdit là une occa- 
sion de battre les Anglais et de 
profiter de notre supériorité numé- 
rique; ils n^avaient que neuf vais- 
seaux, nous en avions douze, et mal- 
gré la fausse opinion britannique , 
ces vaisseaux étaient convenable- 
ment armés. Le 12 avril, Suffren joi- 
gnit, devant l'île de Provedien, Tes- 
cadre anglaise, qui avait constam- 
ment évité un engagement sérieux. 
D'après son habitude d'une impétuo- 
sité imprudente, mais que peut-être 
il jugeait alors nécessaire, ce géné- 
ral, dont le vaisseau marchait tou- 
jours beaucoup mieux qu'aucun de 
ceux de son escadre, la devança de 
quelques minutes pour arriver sur 
rennemi, et avant d'être rejoint par 
elle, recul de fortes avaries, et fut 
obligé de s'éloigner. Le Brillant mit 
un instant en panne pour protéger 
le Héros; mais V Orient ayant fait 
signal d'incommodité, le Brillant, 
destiné en ce jour à être le boU' 
clier des autres, força de voiles pour 
lui S4>rvir de rempart; VOrient avait 
le feu à son bord, son gouvernail en- 



V 

m 

. gagé et èns tsoups de canon «tans aet 
KKuvres vives* Pendant trt>is quatti 

^d'heure, le BriHûnt le garantit, et 

* lui donna le temps de se rétablir al 
de se remettre en ligne, puis reprit 
son poste et celui de plusieurs «u-^ 
très vaisseaux tombés en dérive» Le 
générai» toute l'escadre, vantèrent 
publiquement la conduite de $aint-> 
Félix; le capitaine de l'OHetUvint 
lui-même à bord du BriUanÊ^ pour 
le remercier d'avoir sauvé un vatt» 
seau au roi. Le Brillant fût en cette 
occasion fortement endommagé» et 
eut 5S hommes hors de combat» Le %% 
Juiltet,unnouvelengagementeullleu 
devant Tranquebar. Suffren, comp» 
tant sur le dévouement de Saint- 
Félix, fit embarquer sur le BriUanÈ 
cent hommes tirés des autres vais» 
seaux, pour réparer les pertes que 
les combats pré«identg lui avaient 
occasionnées. Il etit à combattre un 
vaisseau de 74, formant* la tête 
du corps de bataille anglais; mais k 
Héros ayant oulé, le Brillt^ni\ outra 
son antagoniste, eut à ootnbattre 
aussi l'amiral britannique; déaetii- 
paré et ne pouvant manoeuvrer, ce 
vaisseau fut canonné k la portés de 
pistolet, et à la foii par son traverii 
son bossoir et sa hanche, par lai 
trois vaisseaux du corps de batailla 
ennemi, tous de 74, lorqu'll n'était 

. lui-même que de 04, et pendant f^lus 
de deux heures. L'énergie de sa dé- 
fense contint les ennemis: il las em- 
pêcha découper la ligne franfalssi. 
mais il ne pouvait le retirer pour 
rejoindre sa ligne/ ayant été démâté 
de son grand mât, de son perroquet 
de fougue, dont les débris l'encom' 
braient et entravaient sa man(eu« 
vre. Une dernière bordée de ses ifoti 
adversaires abattit instantanément 
tout ee asi était sur son poftf , Il kk 
resta debont que Saint^f élli at l<i 



r^T*: >>-.f ^' 




le nan 9. Alors faisant 
ler tout le reste de son équi- 
il parvint à se dâ)trrasser de 
. «grès traînants et k rejoindre, 
icadre. Ponr qu'il pût mouiller, * 
fat obligé de le faire remorquer 
la frégate la Bêllonê ; mais il 
it indispensable de serrer la Toile 
petit hunier, et aueun marin de 
- équipage, si héroïquement intré- 
i, n*osait se hasarder sur la ver- 
• Par Tordre de son capitaine,.un 
ier de vaisseau, le chevalier de 
.jeillan, ne balança pas à aller 
bout de cette vergue, et Téqui- 
^^ suivit son exemple. Le Bril- 
jil, dans ce combat homérique, eut 
hommes hors de combat. Saint- 
( fût accueilli avec les témoi- 
gnages de la plus vive reconnais- 
sance par Suffren ; mais cet amiral 
ne 4rit pas sans une secrète jalousie 
pplaudis$emei||s qui furent pro- 
lÀ à un de ses subordonnés. Dès 
vc idoment il voua une haine pro- 
fonde à celui qu'au fond du cœur il 
reconnaissait pour un des plus braves 
ofBciers de son armée. L'activité de 
Suffren avait éloigné l'escadre an- 
glaise de la côte deCoromandel; dans 
les premiers jours d*août 1782, elle 
s'était réunie à Madras pour embar- 
quer des troupes, on ne savait pour 
^elle destination. Deux vaisseaux 
de ligne et une frégate avaient rallié 
l'amiral français, qui avait déjà fait 
reconnaître la baie de Triuquemalé 
dans Itle de Ceyian, et le 27 août il 
descendit à terre malgré l'opposition 
des Anglais. Persuadé avec raison 
que cette attaque ne pouvait être 
qu'un coup de main, il déploya la plus 
grande vigueur ; ses batteries jouè- 
rent pendant deux jours et la place 
capitula. Il était encore à terre lors- 
qu'on signala i'escadre anglaise qui 
accourait en hâte. Malheureusement 



N • 



SAI 



Snlllren ne pensa pas à laisser le dra* 
peao de cette nation flotter sur les 
remparts ; car la flotte fAt allée se 
placer sous la protection de ses bat- 
teries* La vue du pavillon blanc et 
une bourrasque qui. suivit* mit le 
désordre dans l'escadre de Hughes. 
Alors, malgré l'opinion de son 
conseil, Suffren voulut combattre. 
L'irféften que montait Saint-Félix 
et le Saini'Michel furent les pre- 
miers à joindre les Anglais; le signal 
d'arriver, donné à l'escadre et appuyé 
d'un coup de canon, fut pris pour 
celui d'une attaque qui se fit confu- 
sément. Après VÀrtiiien et le SaitU- 
Michel, le corps de bataille, composé 
du Héro9, île V Illustre ei de VAfax» 
approcha l'escadre ennemie aussi 
bien en ligne que l'escadre française 
l'était peu. Ces trois vaisseaux étaient 
écrasés par lés Anglais que faTorisait 
une brise trè^-fraîche, et ils se troo- 
vaicnt en danger, lorsque le terrible 
Artésien se porta n paiement par le 
travers de cette avant-garde, com- 
battit lui seul les trois raisseanz en- 
nemis, ies tint en respect, en força 
même deux à laisser arriver, et par 
cette belle et intrépide manœuvre 
sauva encore une fois l'amiral. Dans 
ce temps le feu se manifestait à boni 
du Vengeur; la confusion qui ridait 
dans l'escadre s'en augmentait ; cha- 
cun combattait à l'aventure, et le 
Héroê^ toujours le plus exposé, était 
démâté de son grand mât ; celui de 
perroquet et le petit hunier Tenaient 
de tomber. Suffren, désespéré, éco- 
rnait de rage et ne songeait qu'à périr 
glorieusement , quand enfin les vais- 
seaux français parvinrent isolément 
à le rejoindre. La nuit fit cesser le 
combat. Les Anglais allèrent relâcher 
à Madras, et les Français mouillèrent 
sur le champ de bataille. Le lende- 
main ils firent route pour Trinque- 






A- '•' / •" 



SAI 



S Al 



malé. Mais leurs infortunes n'étaient 
pas épuisées; VOrient échoua à la 
PoifUe-SalCy vers l'entrée de la baie, 
sur des rochers cachés sous l'eau, et 
la Vétusté de ce bâtiment ne permit 
pas de le conserver. Dès que l'es- 
cadre fut en état de reprendre la mer, 
Suffren la mena à Goudelour, sé- 
rieusement menacé. Un combat sans 
résultat eut lieu le 20 juin 1783, et le 
29, sur l|i nouvelle de la paix signée 
le 9 février, les hostilités cessèrent. 
Depuis le combat de Trinquemalé , 
Saint-Félix avait élé obligé, à cause 
du fâcheux état de sa santé, de de- 
mander la permission d'aller à l'IIe- 
. de-France pofîr la rétablir. Suffren ne 
put pas la refuser; mais désolé de 
perdre un de ^s plus braves coopé- 
rateurs, excité par le dépit que les 
derniers succès de V Artésien et les 
nouveaux secours qu'il en avait reçus 
avaient encore ravivé, il ne rougit 
pas d'insinuer dans sa correspon- 
dance avec les autres chefs que Saint- 
Félix l'abandonnait au moment où 
son escadre en mauvais état avait le 
plus besoin d'un capitaine tel que 
lui. Par surcroît d'infortune pour 
celui-ci, le bâtiment qui le portait à 
l'Ile-de-France recevait aussi leç capi- 
taines que l'amiral avait démontés, 
et cette coTncidenc^fortuite ( car il 
serait trop odieux de penser qu'elle 
fut TefiPet d'un calcul) ne put que 
douloureusement affecter Saint-Fé- 
l\t et pfiut-étre lui nuire auprès 
du gouverneur général. Cependent» 
dès le 10 décembre 1782, quoi- 
que encore souffrant , il s'embarqua 
comme second sur le Fendant^ monté 
par le chevalier de Peynier, et se 
trouva au combat du 20 juin 1783 , 
où il reçut la seule blessure qui Fait 
jamais frappé. Le lendemain il pritle 
commandement du Flamand. Ainsi 
on ne tira pas dans toute la campagne 



un seul coup de £anon sans qu'il fût 
présent. Quoique ce dernier vaisseau 
fût en si mauvais état qu'pn le ré- 
forma en arrivant, il osa prendre avec 
lui sa femme enceinte et sa famille^ 
et fit avec elle son retour, relâcha à 
Sainte-Hélène et entra à Boçhefort 
le 25 mai 1784. En arrivant en Fran- 
ce, Saint-Félix trouva sa nombreuse 
famille, dont, quoique le plus jeune, 
il était devenu le chef, puisque seul 
il avait postét4té, obérée et saos 
fortune. Il se substitua courageuse- 
ment à son père, décédé depuis deux, 
ans, arrangea les affaires pécuniai- 
res , fit tous les sacrifices nécessai- 
res pour relever et assurer l'existencç 
de sa maison , tandis que sa charr 
mante épouse, par sa fécondité, ce 
courait à la perpétuer. Le 26 av 
1786, il fut nommé au eommanâc- 
ment de la frégate la Flèche, faisant 
partie de l'escadre d'évolution soUs 
lesordrcsdu comte d'Albert de Rions. 
Après un voyage et une relâche en 
Norvège, cette escadre se rendit à 
Cherbourg pour y recevoir le roi 
Louis XVL Dès l'année suivante le 
besoin de protéger notre commerce 
du Levafh fit établir dans les di^ 
verses échelles, surtout dans cell 
de l'Archipel et de la Morée, ui 
surveillance et des croisières sui- 
vies, et Saint-Félix fut choisi pour y 
diriger une division. Parti de Brest 
le 10 octobre 1787 sur la Pomon^, 
superbe frégate de 40 canons , avec 
la corvette la Sardine et le brick le 
Rossignol^ il rallia à Toulon d'autres 
bâtiments, et commença une suite 
de croisières dans l'Archipel, sur les 
côtes de Morée , de Syrie et d'Egypte. 
Dès lors le commerce français res- 
pira; lés corsaires' furent surveillés 
et arrêtés. Cependant lés Turcs con-, 
tinuaieni à soupçonner has wU 
tions : un événement , 



SAI Sàl 

mH vni, nuùt malheureui par lui* attention avec laquelle les bltin«rti 
■ène • leur rendit toute confiance, de la division prÀf nrèrent les navî- 
Lel*' jnillell788leconsuldeFrtnce res de notre commerce des pirateriei 
à TAricentière prifvient le chef de que tentaient les prétendus corsaires 
difision qu^ln bâtiment de Mar» ruxses, à Hnilezibilité avec laquelle 
aeille^' la Clairon^ chargé de savon les déprédations de MaTromikali el 
it ayant des Turcs à bord, avait été de Spira Caligo^ les plus audacieux 
enlevé par rifeânondre, malgré les. dVntre eux, furent punies, ras-^ 
ordres patents , mais probablement sura m»s commerçants, comprima la 
peu sincères de Lambro , et que ce mauvaise volonté de Tamiral Emo, 
OQTsaire, vrai forban, et portant le rendit piujt franche et plus* dé- 
pavillon russe, Maguote lui-même, cidée la direction du uiajor Lambic 
avait conduit ce biiinient dans les enfin donna plus de sécurité à celte 
bras du Magne. Saint-Félix comprit mer couverte de bâtiments turcs Jio^- 
la nécessité de faire rendre cette landais, vénitiens, espa(çnols et an- 
prise , surtout les Turcs prisonniers glais. Les Turcs repris sur la Clairm 
'que la Russie voudrait uns doute furent conduits et montrés à Coron 
considérer comme de bonne prise. La et dans plusieurs échelles, ct>mme 
fomoiie, s*étant mise en recherche, preuves vivantes de notre loyale^ 
trouva le corsaire^ qui employa tout, efficace protection^ puis, sur leur de- 
mensonges, promesses, pour qu^on mande, on les débarqua à la Canéf 
attendit une restitution qu^il n'osait avec leurs effets retrouv<^s et resti» 
refuser ; mais Saint-Félix exigea la tués. Le forban, après avoir été pro- 
représentation effective du bâtiment, mené à la suite de la Pomone^ fut 
des Turcs prisonniers et <]lu charge- brAlé publiquement dans la rade de 
* ment en nature. La frégate serra la Suiyrui*. l-,es aiHorités turques expri- 
1 o6te, de manière cependant à ne pas mèrent leur joie et leur reconnais- 
( exposer les marins de la Clairon à sauce dans toutes les échelles, et le 
être inaltraités par les Magnotes , bey de Coron saltia de sept coups de 
poursuivit le forban à6in«va, près canon l'arrivée de la Pomonè. Le 
du port de Vitulo , puis dans une reste de la campagne u\>frht auenn 
baie, où Saint>Félix fit armer sa événement remarquable ; In visite drs 
grande chaloupe, son canot , et cette cAtes, la surveillance des bAtimeuts, 
flottille se rendit maître du forban; la conduite déscimais plus honnête 
maisassaillie par réqujpage descendu du major Lambro, rentfirent plus pa- 
à terre, et par les habitants qui s^y cifique, mais non moins active et 
réunirent , elle essuya un feu trè^- scrupuleuse, là tâche de la division 
vif, parce que la frégafene put en- qui, relevée par celle du Comte de 
trer dans Tanse que lorsque tout fut Thyrentra, revint à Toukm le SI dé- 
terminé. Qu'on juge de la douleur du cenibre 1788. Alors le commerce de 
capitaine qui entendait le combat et Marseille, pouétréde reconnaissance, 
ne pouvait y prendre part. Il y eut écrivit à Saint-Félix une lettre de re- 
vingt hommes blessés et un tué; mais merctuients extrêmement flatteuse, 
les Turcs furent délivrées, la Clairon Peu après cette brillante campagne, 
restituée, Wr chargement recouvré et II fut nommé au commandouient du 
Je forban enlevé. Ce fait d'armes cuer Tourmlle^ chef d'une des divisions 
ligae eldécisif, joint k la scrupu\euift ^u ca^\^. ^^ W\^t\\'^%x>^!\«^%ruiée k 



5AI Sii 

l'occisioD ae la campagne au Prus- Le gouverneur général était Cossi> 
sienseaHollande.hlaqiietlelsFrance gDy,qui fut ensuite relève par Ha* 
avait semblé vouloir s'opposer. Le 13 larlic, bon militaire, honnête et dé- 
août 1790, les troubles (]ui désolaient « oué, mais dont la prudence recom» 
la France et qui commençaient ii pé- mendée par la cour tendait trop à l4 
n^trer dans lea colonies décidëreut f^blesse, k l'esprit de concession et 
le roi, malgré l'infériorité du grade d'indi<£isiun qui laisse échapper (et ' 
de ^aint'Félix et pour le dédomr moments favorables. Avec lui irri» 
niager de fa grande décoration de vèrcnt les commissaires civils : Le- 
l'ordre de Saint-Louis, dont la révo- boucher, Tirol. du Morier , l'Escal* 
lution du 1< juillet 1789 avait njour- lier, nouvelle superfétation anarchi- 
né la délivrance et qui lui était pro- que introduite dans l'administration, 
mise à son retour du Levant, i lui et dont les allributious mal déflniei 
conférer le commandement des forces ne pouvaient qu'augmenter la confii- 
navales au-delà du cap de Bonne-Es- sion et le désordre dans la marche 
pérence. Saint-Félix, qui n'apnrou- des aSàireS. Une assembla colon îaW 
vait pas l'émigration, voulait s'éloi- singeait l'Assemblée nationale de la 
gner de l'Europe; on espérait que sa métropole, rendait comme en FranH 
fermeté pourrait opposer quelques l'administration iucertaine et là su 
obstacles à l'esprit de révolte, que sa bordinatiun incomplète et démooi 
loyauté et son caructËre connus dans tique ; des sociétés populaires, dii 
la colonie arrêteraient l'esprit révo- de la chaumiife, dans un payt qu 
lutionnaire de quelques babitants; n'avait ni palais, ni hOtels, ou de IB 
que sa bravoure, ses talents et l'as- Uberlé et tU t'égatité Haas i,ne colo- 
ceudanf qu'ils lui avaient donné sur nie où il y avait des esclaves que per- 
les équipages neutraliseraient les fer- surine ne songeait à affranchir et oi 
ments d'insubordination qui déjà- se tous les blancs étaient tigaux, ne pou 
manifestaient, et qu'enfin sa présence - vnieot se faire une place que par 
seraitun obstacle aux intrigues des usurpation, et, comineenFrance,n'é- 
Anglais, en guerre avecTippou-Saheb. talent que des clubs d'individuf 
Cet espoir fut déçu. Dans ces temps exaltés, sans mission^ montagnardi 
de folie révolutionnaire, au .lieu de jacobins ou républicFiins girondins, 
gloire et de succès, Saint-F^ix ne qui interposaient partout, sans règle 
trouvaquerhumiliation.lespersécu- ni mesure^ leur influence illégale. 
tionset les fers. Parti de Brest le S6 Ce fut dans le ci'mmencemeot de oe 
avril 179t, sur lafrégate la Cybilt, chaos que Saint-Félix arriva à l'Ile- 
avec les frégates i'Atatante et la de-France, où il rallia la iiûoJue et 
Cliopdtre, devant rallier à l'Ile-de- U Méduse, et se rendit k la cOte du 
France h Bitotuef la Utdttte et la Malabar, où la guerre que t'aisaienr 
flûte la Bienotrme.il arriva h l'Ile- les Anglais à Tippou leur rend 
de-France le 31 juillet pour succéder nécessaire une visite des bâtimein. 
aucomtedeMaciiémara,maS5acfépar de toutes les nations qui commer- 
les habitants dn Port-Louis dans une (;aietil ilaiis CfS parages. La Jiiiine na- 
émeute. Ain^i, di'^ son arrivée, il se tionale nllait jusqu'à faire excepter, 
trouva sur un volcan, dont son cou- dans les clubs établis au camp niémc 
rase et le sentimeut de ses devdirs du prince hindou., le tUQn<.i>. voi-V 
ï nt à braver l'exploiiim. Ae U ïtu«.î\'4V.\'ia X^-Afà-sAR. ^ 



il SAI 

i. La croisière anglaise, corn- triomphaient trop ilu dt^sordN ^ 

«eparCoruwallis, se, permnl- régiioitsuniosvaisseauz pournepu 

.xtnlre 1rs traités, de visiter ks en profiter, et les miiramres éclalc- 

Knl.s Traoçais, mêuie en pré- reiil île nourciiii lorsqu'un ordouiu 

■i d'un bâtiment de guerre. La le braulc-bas de cuaibatt pour s'i'|i' 

•iOa française s'était disper:>rie poier i une nouvelle entreprise dn 

'exercer la surveillance qui lui ennemis qui vuulureat visiter 

( prescrite, lorsque U Cybite bitimcuts. Eu vain Saint-Félix r 

,n, en arrivant à Hahé, le 5 jau- cha à réchaull'rr leur patriotisui 

1703, la /tdfoluf, mouillée sans piquer leur amour-propre, tout lut 

Mitions, sans pavillon, et pour inulilr. L'iudignuiion du chef de di- 

i dire à l'abanilon. Les ruppuris vision, sa slupeur d'une telle àk- 

breotraitsiSainl-Félix parCal- obéissance, la douleur de voir uni 

iDd,capi1ainede cette rrégate,lui semblable insuite à sou pays.lalu- 

îrenl i^u'ajant voulu s'opposer renrtju'd éprouvait, le retiorentqud 

_e visite Illégale, il avait été cou- que temps, et il commença à dt'sesp^ 

jOt de combattre le Sphinx et la rer de sa mission ; mais ce it'élait t\ut 

'iitéranee. Après une heure et le prélude de ses malheurs. Ctpen- 

dûe de combat et une perle de S! dant il s'éloigna pour reprendre u 

immes lues ou blessés, la Riiotue croisière vers le nord, balaacé entre 

dWasoii pavillon et ne voulut plus le désir d'accomplir sa l&che et li 

4uvrer,u]ais fut abandonnée par crainte de n'être pas secondé. Il ap- 

nglais. Saint-Félix ne voulut se prit à l'île de Bombay, le 1"^ Krricr, 

.Ure en possession du celle fré- qu'un bfUiiueot de cotutnerce frau- 

gBicqued'apri^slesrurmesprexcritea çais, la Jrune fr^ole, capitaine Mtr- 

-par les lois maritimes; il eu fit en- garo, avait été, le 5 janvier précé- 

suite réparer les avaries ; mats ayant dent, et par un lËnips de calme, eo- 

r^uoi l'équipage, il put être con- louréparune tlotlillecoasidérablede 

niocu que la terreur dont il était palmes et de schelingues mahrattei 

frappé et l'iusubordiualion que l'es- qui, sous le prelexte du cliangement 

prit do temps avait propagée le por- de pavillon qu'ils ne voulaient pas 

tertient à refuser tout combat ulté- reconnsitre , l'avaient amariné et 

rieur. Et il ne tarda pas à recon- conduit dans le port île Coulado ap- 

Battre);uecelte Idchetéet celteinsu- partenant au prince m ah rat te Ba- 

bordination étaient partagées par son giagi Angria, sans doute excité sous 
équipage. Rien ne put réveiller en mains par nos ennemis, naturels- 
ces hommes qu'avait gagnés l'esprit Heureusement l'équipage de la Cy- 
révolutionnaire le sentiment natio- héle, toujours insubordonaé, laissa 

nkl, ni U nécessité de faire respecter pourtant tomber saflevre révolution- 

U nouveau pavillon; ils ne savaient iiairi>, et rendit praticable la mission 

qu'accuser stupidement leurs ofG- deSaint Félix. Le bAtiment fut enle* 

den d'être des arittocraUt. Après vé do vive force, et apths de longs 

qiu la Jt^olue eut été expédiée pour pourparlers, souvent interrompus 

rile-cte-France,uneuouvetleinsurreo- par îles mourements insurrection- 

Uon éclata à bord de la Cybèlt. La ne,ls, la querelle se termina parla 

proclamation du chef de division ne restitution de la cargaison. Voyant 
daiait aucun effet. Les XnjVaw »\<i'»\«*lWM»tt«a>N«.Wlàv.w!ji^^ 



SAI " * SA 

Tes contre nous, obser*^ par les frë- conduire la flotte marchande réunie 

gâtes anglaises, roagë de soucis, au Port Louis, ainsi que lepresm" 

de fièvre et de scorbut, Saint-Pé- raient ses instructions et celles qui 

Y\x se fit débarquer liMahé, lais-' étaient adrexsées k Saint-Félix. Ces 

saut le com mandement de la frégate dernières, en date du 4 février 1793, 

à Tessaoj.son second. Pendant que et qui lui furent apportées paris fré- 

dansce port il cherchait kculmer ses gâte la Prudente, après l'avoir coo- 

esprits et h rétablir sa santé, les ha- firme dans le commandement de la 

bitants.quiestimaieDtsoncaràutère, statiou, lui prescrivaient pour prfl- 

l'entourèrent d'^rds affectueux, et mier devoir de veiller à la délensede 

les Anglais eux-mêmes, qui ne se la colonie; pour second'de courir sus 

méprenaient pas sur la cause de sa aux bStiments ennemis; pour troisi^ 

maladie, l'environnèrent d'bomma- me defairepartir le plus lOt possible 

ges et de consolations, ayant l'air de le convoi que devait escorter avec 11 

se féliciter que l'abandon de son FidéJe le contre-amiral Rosily. Aussi- 

équipagejeur eQt permis de se livrer IQt après qu'il eut repris le commao'* 

k leurs recherches illégales sans dément, le vice-amiral convoqua un 

uvoir & tirer le canon. Le 18 avril, conseil secret, composé du gouver- 

11 reprit sou commandemenl et se neur Malartic, du contre-amiral Rosi- 

djrigeasurl'lle^e-Franoe,ofiilcon- Iy,derintendantDupaT, dumajordi 

nut sa nomination de contre-amiral, ladiviùon Decrès, de Hagon,CQmQiai^ 

qui datait du 1" juillet précédent, daat la Cybéie, de Renaud, comman- 

et pur compensation lés avanies et dantla Prudenla, d'Allar;, comman- 

les traitements aussi injustes qu'in- dantl'JfafanlejdeRavenel, capitaine - 

humains qui, là comme en .Tnince, de port, de Leboucher, commiasairs 

étaient réservés aux hommes d'hon- civil, deLamaletteetdeSaulnier,dé- 

neur vertueux et vraiment patrio- pûtes du commerce; H. deVillèle, 

tes. Le délabrement de sa santé aug- aide-major de la division (et depui* 

mentant, dès le 30 novembre ITBS préaident du conseil des ministres), 

ilfut obligéde serelirer^rsoaha- tenant la plume. Après avoir pris 

bitation et de laisser son comman- connaissance des instructions du 

dément entre les mains de Magon, ministre Uunge, ce conseil ajourna 

le plus ancien officier de sou esca- la demande faite par Rosily d'une 

dre, et celui de la division, elle-më- seconde frégate pour Je convoi, dunt 

me fut remis par le gouverneur au le départ fut fixéau 1} juillet. Il con- 

contre-amiral Rosily. On reçut, le dut à l'établissement d'une croisière 

3 juin 1793, la nouvelle de la guerre légère au vent de l'Ile pour eu sur- 

avec les Anglais et les Holkodais, et veiller les approches, et A l'envoi 

Saint-Félix celle de sa nomination d'une frégate sur la cOte de Coro- 

au grade le plus élevé, celui de vice- mandel, pour avoir des nouvelles de 

amiral (l" janvier 1798). Aussitôt l'Inde. Cette marche fut suivie par 

après, quoique encore souffrant, il le Tice-amiral, et les frégates étant 

repritson commandement, au grand ainsi dispersées ou conservées pour 

déplaisir de Bosily, qui espérait en garder l'Ilf-de-France, on ne pouvait 

demeurer investi et qui, voyant la en délachcr une pour seconder la. 

tournure que prenaient les choses FtdèteiwvaVfc&toWç.S'AVi'Ui-at'àv-,"- 

en Prauoe, désirait être dispensé d'^ cuau&eTi» ^coA.'o&a. >ï&K.'SMa-'S>^'« 



sao 



SAI 



dn dëpurt jiiiqa*au V* août, ce qui 
lui fut accordé ; mais ses apprëhen- 
sions, quoique calmées par Pavis 
officiel d*armements de guerre qui 
devaient assurer l'atterrage du convoi 
ea France, étaient grossies par les 
manœuvres et les discours de Ro- 
sity, et jetaient dans Tesprit des 
habitants, de l'assemblée coloniale, 
des Chaumièreu et du conseil de sû- 
reté, des germes de mécontentement 
et de défiance sur les projets du vi- 
ee*amiral : il était si facile dans ces 
temps ombrageux de dégtiiser la vé- 
rité aux populations! L'assemblée 
coloniale , réunie en comité secret, 
renouvela au vice-amiral la demande 
d*Dn supplément d'escorte ; le géné- 
ral offrit une corvette jusqu'en Fran- 
ce, on une frégate de renfort jusqu'à 
Pouest du cap de Bonne Espérance, 
o& les croiseurs ennemis sont moins 
dangereux. Cette concession ne suf- 
fit pas aux agitateurs; ils circonvin- 
rent le commissaire civil Leboucher, 
et en obtinrent la réquisition en 
forme d'une seconde frégate jusqu'en 
France. Le vice-amiral, ne pouvant 
connaître le décret du 20 juillet 1793 
qui arrêtait les empiétements des au- 
torités civiles sur les entreprises mi- 
litaires, se, crut obligé d'acquiescer 
à cette réquisition ; et cette nouvelle 
concession ne fut, comme il arrive 
toujours, qu'un encouragement à 
d'autres exigences; les meneurs ne 
furent pas satisfaits, et continuèrent 
à résister pour l'expédition du con- 
voi. Sur ces entrefaites, la Cybèle 
revint, le 12 août^ de sa croisière de 
rinde, et, entrant à l'Ile-de-France, 
captura un brick toscan, richement 
chargé pour le co4npte de l'Angle- 
terre. Cette prise ne fit que raviver 
les idées cupides de>s armateurs qui 
préféraient la course au voyage com- 
mercial^ surtout lorsqu'on eu\ api^t\s 



SU 

que les forces anglaises ne 
taient dans ce moment qn'en une fif 
gâte et trois bâtiments de la coiaph 
gnie armés en guerre. L'assemblée e»- 
loniale avait d<H;laré la patrie eodii- 
ger, et la société populaire demanda* 
le 15, queladivision se préparât àcoa- 
rir sus an commerce ennemi. Dansci 
cas, quel que fût le succès de Tesci- 
dre, soit qu'elle détruisît la statioB 
anglaise, soit qu'elle en fût détroitc 
elle-même, nombre de bfttimentsd^ 
vaient conler ou être amarinés. Le 
champ restait libre aux corsaires de 
nie-de-France pour en enli^Ter d'as- 
tres ou même intercepter la flotte de 
rinde.Dans ce système on neigeait 
de s'occuper du danger que plus tard 
pourrait courir la colonie, à la coa- 
servation de laquelle le Tice-amiial 
était spécialement chargé de pour- 
voir. Beaucoup de pétitions fureat 
adressées à l'assemblée coloniale pour 
demander l'expédition de la divisiot 
dans CAbut. Une séance publique, (à 
Saint-Félix et Malartic furent invités 
d'assister, avait eu lieu le 14 août 
1793. Là, cette importante question 
fut agitée avec tout Temportement 
de la passion la plus effrénée. En 
vain le vTce-amiral, reprimant soa 
ardeur guerrière et son ressenti- 
ment persounel contre Cornwallis, 
répéta jusqu'à satiété le motif des 
instructions formelles qu'il avait r^ 
çues pour se borner à la défense de 
rtle, les vociférations, les cris dfs 
tribunes coupèrent sa voix, ainsi que 
celle de Decrès, son major (depuis 
ministre de la marine). Le général 
étourdi, n'ayant aucune habitude 
des assemblées politiques, séduit par 
les prières les plus ardentes, voyant 
qiie les cris de fureur étaient inutiles 
laissa entendre dans un moment d'é- 
lan qu'il partirait. Alors les béné- 



SAI 

furent au comble; chacun promit 
d'employer tous ses moyens à mettre 
les frégates en état de partir. Revenu 
à sou bord et plus calme* Saint-Félix 
réfléchit de nouveau àsa situation, et 
se convainquit que son devoir impé- 
rieux exigeait de ne pas quitter les 
attérages de llle ; il convoqua et cou- 
sulHi ses capitaines, qui furent una- 
nimes sur ce point. Dans ce temps 
d'exaltation et de démocratie eflFré- 
née, la voix des chefs n'étant pas 
suffisante, il convoqua une assem- 
blée des députations nommées par les 
équipages, et à laquelle assistèrent 
des députés de la société populaire. 
Là Saint-Félix exposa les raisons im- 
périeuses qui le portaient à révo- 
quer la promesse inconsidérée que 
l'élan populaire et son propre élan 
lui avaient arrachée. Les commissai- 
res du ciiib combattirent de nouveau 
ces' motifs , mais les équipages se 
rangèrent à l'avis de leur chef. Celui- 
ci cependant appareilla' pour une 
croisière sur les abords de l'île. A'sa 
rentrée au bout de huit jours , pour 
faire partir le convoi, l'assemblée 
coloniale, outrepassant tous ses pou- 
voirs, osa décréter que le vice-ami- 
ral avait perdu sa confiance. Le dés- 
ordre- toujours croissant avait causé 
des désertions, tant dans les équi- 
pages des frégates que dans ceux 
des bâtiments du ^ivoi ; cependant 
une frégate fut enviée, le 30 septem- 
bre, à rîle Bourbon, point de rallie- 
ment du convoi ; une seconde y^ con- 
duisit les traînards, et le convoi avec 
Us deux frégates partit de Saint-Paul, 
le 13 octobre, emportant les adres*- 
ses et les plaintes contradictoires 
de rassemblée coloniale et de Saint- 
Félix. Les deux iVégatt-squiresiait^nt 
dcvaiftit croiser auh'ùr de Tlle-de- 
France, pour la garantir de toute in- 
sulte; mais, malgré ^es cU'urts, U 



SAI 



331 



vice-àmiral ne put ni compléter ses 
équipages, ni se pourvoir de vivres; 
les têtes étaient exaltées, les cheis 
de l'intrigue triomphaient, et mena- 
çaient la liberté et la vie du vice- 
amiral. Celui-ci, espérant que la ré- 
flexion finirait par les ramener à la 
raison et sentant que sa santé , de 
nouveau chancelante, exigeait un 
long séjour à terre, se rendit à Bour- 
bon, le, 10 UQv., laissant à l'orficier 
que les lois maritimes désignaient 
pour le remplacer, les instructions 
nécessaires pour établir une croi- 
sière perpétuelle de quinze en quinze 
jours, afin que les ordres de la métro* 
pôle fussent scrupuleusement ac- 
complis, et avec l'injonction de l'en • 
voyer chercher si| des événements 
imprévus réclamaient sa présence. 
•Cette absence augmenta l'incandes- 
cence des têtes révolutionnaires; 
l'exaltation populaire fut telle que, . 
dans la nuit du 28 novembre, sur la 
placedugouvernement,sotislesyeux 
de 40 hommes de la force militaire, 
une potence fut élevée, et que cet ap- 
pareil épouvantable existait encore 
du 3 ail 4 décembre. L'assemblée 
coloniale, au lieu de s'élever contre 
ce monstrueux gage de terreur, eut 
la lâcheté d'y ajouter encore ; ses 
uieneurs profitèrent de cette circon- 
stance pour l'entraîner, le 29 novem- 
bre, à prendre un inconcevable ar-* 
rêté qui suspendit le vice-amiral 
de ses fonctions. Malgré sa timide 
prudence, le gouverneur général 
Malartic, qui connaissait la conduite 
de S.iint-Félix et qui l'approuvait, 
était stupéfait de l'audace de cette as- 
semblée,, et il refusa sa sanction à ce 
décret absurde et illégal: Alors le 
commissaire civil Leboucher, per- 
dant la tête et outrepassant tous ses 
droits, osa, le 30 décembrev ^^^wl\^ 



I SAI 

eible arrêté fut signifié aux confier è un autre colon, cuUiva- 
ge*, et leur rt^vulle consom- teur, nommé Catogao , ce deroier, 
Ua éMjfS Villèle et Dagotte effrayé et tente, dénoQ.ça Sainl-Fë- 
,i aussitôt débarqués. Dès ce lix, DésorchÈresel Villèle, Selon une 
■cDtla fureur révolutionnaire ne injusiiceassczfréiiuetilcy en profitant 
lut plustfe Trein ; on envoya des desatrahisoo.ou ne le paya que d'une 
aissaires iDsurrecteurs à la tfite sccusatiou de complicité; des gardes 
iieU étàîentle nommé LiUré, nationaux furent envoyés pour-at- 
■^ aergeot des canonniers ma- rëter Désorchëres et Villèle. Ce der- 
de la Cybèle, qui mSme avait tiier u'échappa au sort qu'on lui ré- 
le secrétaire h l'état-major de servait que par son énergie, sa frau- 
isiou, et le nommé Guyon, chiseetsalorauté.quiluiTalurenlla 
I plus homme de main. Ces ^tection des jeunes colons faisant 
ssaires instituèrent à l'tle partie de la. force armée. 11 eut le 
)n, jusqu'alors paisible, des temps de fïire avertir Saint-Félix 
•mièrei , calquées sur celles de qui s'éloigna de son asile et, se lais- 
)lonie principale. On supposa tant glisser dans un ravin ded«ix 
x>Dtre-révolutiondaoscettelle; cents pieds de hauteur, mit celte 
.rétendit que Saiut-Félix en était barrière entre lui et ses persëcu- 
Jief, on te décréta d'accusation,, leurs. Mais enfin le malheureux 
.AteportaïugonvernemeotiOÙ lo- vice-amiral épuisé se décida h se 
■t le vice-amiral , qui fut obligé livrer â ses ennemis, et le premier 
■auver pour se soustraire b la posteauquel il seprésenta,le2jmai, 
.: factice mais terrible du peuple, n'osa le saisir que lorsque lui-même, 
ses papiers, ses meubles, ses effets en- se liu m mant, déclara qu'il était 
furent pillés et saisis. Le général sans armes. Transféré tumultueuse- 
Duplessis., gouverneur de l'Ile Bour- ment à Saint-Denis le 23, il est em- 
bon, accusé de complicité, fut en- barque le 3i pour rUe-de-France, où 
1ère par ses subordonnés fanatisés, il arrive dans les derniers jours du 
le 11 avril i79f. Un colon nommé mois; là il est jeté dans un cachot 
Désorchères , qui ne connaissait pas k la tour, les fers aux pieds \ mais 
Saint-Félix , mais qui par la fermeté ses ennemis, honteux de leur propre 
et la capacité qu'il- déploya se fit bassesse, les lui Atèrent au bout de 
remarquer au milieu des hommes 34 heures. L'ivresse de la Chaumière 
honnêtes, indignés de ces fureurs, grandit i elle jtWt à Saint-Félix les 
cai^a Saint -Félix et pendant un autorités qui blSmaient ses empor- 
mois le mit d'abord chez lui, puis tements, et elle décrète d'accusa- 
dansjeabois.à l'abridesrecherches- tion et fait incarcérer deux mcm- 
Furieui de ne pouvoir le découvrir, bres de la, haute commission civile, 
-les clubs portèrent la rage jusqu'à Nouveaux jacobins , ils font aussi 
menacer de mort ceux qui lui don- leur 31 mai contre'leurs anciens al- 
neraient asile et à proposer 30,000 liés les girondins; les commissaires 
francs de récompense à celui qui Tirol et Lescallier, le capitaine de 
le livrerait. Ces menaces, ces ré- vaisseau Tessan, le commandant de» 
compenses ne pouvaient, sans doute, volontaires de Bourbon Fayolle, sont 
avoir aucune influence sur le.géné- réunis à Saint-Félix; on séquestre 
IX DàorchèKs; mais obligé de M leur8biea$.onlesdâ)onceàUÇon- 



SAI SA 

venlion, sans vouloir transmettre sa division nuilgn' sa jeiinesac, et 
leurs n^ponsps. Cependant lorsque qiiL,[orsdeseBmall)eurs,s'étaitinon- 
cette nouvelle proscription fut con- Iré comme un fils tendre et dévoué, 
nueen France le cuaiité de salut pu- un ami aussi énergique, que sensé, 
blicrenonveléétiitrevenubdespen- accourut près dé lui et y demeura 
séesplus uges,et le ]*'jnin 1T9S jusqu'en sept. 1796, oîi HH. Martin, 
il ordonna la levée des séquestres, qui admiraient comme tant d'autres . 
l'él a rgig sèment des accusés; et les sa conduite dans les deux colonies, 
nppela k Paris pour rendre compte achetèrent avec lui une habitation i 
de leur conilnite, les arrachant ainsi Bourbon. Dans ce temps l'aBaiblis- 
h leurs ennemis. Hais l'excËs du dés- sèment de Saint-Félix , les çh&gribt 
ordre qui avait amené en France la que l'état de sa Tamille en Francfl 
réaction du 9 thermidor avait unssi augmentait encore, ne le ren- . 
dans la colonie produit des mo- daient pas insensible aux maux de 
difications dans les pensiies et les son pays et au désir de le servir^ 
actesde1a-popuIalion;la C'Aaumi^e Lorsqu'en i796 on eut Ji l'Ile-de- ' 
elle-mfime et l'assemblée coloniale France des craintes sur une descente 
avaient été en partie renouvelées, et des Anglais , il écrivit an gouver- 
le 4 juillet 1795, c'est-à-dire deux neur général pour lui offrir de con- 
mois avant la connaissance de l'ar- courir à la déFeuse, sous ses ordres, 
létédu 1" juin, la liberté. avait été Cette offre Tut acceptée, mais la ten- 
rendneanxprisonnierset le séques- tative annencée ne se réalisa point, 
tre apposé sur leufs biens avait été' Aprèsquele calme se fut rétabli etqae 
levé. C'est dans sa prison que Saint- Saint-Félix put s'occuper de ses af- 
Félix connut la perte qu'il avait faires, il songea à réaliser ta fortune 
faite de son épouse; la révolution de* sa femme, k la faire pass«r en 
qui torturait |e mari tuait en même France , età aller rejoindre ses en- 
temps la femme. La catastrophe du fants dont il déplorait l'éloignement, 
31 janvier, aggravant une maladie mais qui heureusement trouvaient 
qui n'était pas mortelle par etie-mê- dans leur tante une seconde mère, 
me, ne lui permit que de languir II ne conserva pour lui qu'une pe-' 
quelque temps; ellelaissa orphelins tite habitation aux plaines Saint- 
qnatre enfanta qui, heureusement, Pierre, dans lequarticr de la rivlèi 
tombèrent entre les mains de leur Noire , et pour aider métne dans St» 
tante, Sainte-Anloinelte de Saint- affaires privées le gouvernement ( 
Félixqui, par sa rare capacité, sut la colonie alors obéré, il versa 
dans des temps plus que difficiles resledesa fortunedansletrésorcu- 
conserver leurs biens et pourvoir il lonial, qui lui fourniten échange, 
leur éducation. Cependant le vice- Ion l'usage, des lettres de change: 
amiral dont )a santé, déjà si mau- le trésor de France, datées du 8 ai 
vaise.availmiraculeusemenl jusi]ue- 4796, payables le 13 septembre, .. 
]h résisté k ses soulTrances, se trou- qui.aprèsavoirsoustraildelasomr 
Tait tellement arf^ibli, qu'il ne lui toIaleSïpour cent d'agio h cause < 
restait qu'un souffle de vie, et il ne discrédit du papier, formèrent uua 
put que solliciier la faveur de rësi- sommr de 396,ooo livres. Ces lel- 
der iltns son habitation , ce qui lui Ires de change furent , par Sain*- 
It rdé. Vtllèle, aide-miijnr de Félix , confiées au général I 



Al SAI 

1 et son compagnoD il'iiifur- qii*iui premier jiuvirr IS09 il voulnl 
^ui, rétabli, put venir lui- lermitier srsatFaires, il Ttit oblige 
~. se »ineilre uux onlres du d'abaiiduuuer à ses quatre enfanls 
truement , et arriva eu Frsuce Toutes srs propriétés , tant en France 
iiars 1797. Ces traites, jus- qu'ï l'Ile- (le -France, el il un luiresla 
s ïi sacrées, essuyèrent Ion- qu'une ))eusiou de4,000 tr-, qui lui 
.s diriicu)l^« de pnieini'nl que avait été accurdée le 23 sept. ISOO. 
ce du gouveroement directo- Sa saoté (ùi permit eulîQ de m 
l'obéralion du trésor permi- rendre dans son pafs natsl. Parti 
"élever : elles allaient cepeu- sur uu bfttiment de commerce, il 
reacquittées suus la prolection fut pris par les Anglais , mais mis à 
lubacérès , quand la révolution terre h Vannes le 2 mai 1810, il 
.tl fructidor( 4 septembre) vint vial h Paris, où, sur ses réclama- 
remettre en question les idées tions, sa pension de retraite fiit 
I et de justice qui commen- portée selon son grade à 6,000 fr. 
it b reprendre leur empire. Par une juste fierté, it ue demaadi 
I OD eu refusa le paiement ; en et ne refut aucuti dédommageaient < 
il fut sollicité par des réclama- aucune faveur du gouvernement im- 
directes, en vain on tenta, par périal. A la Restauration on serap- 
jégocJitions avec les fonruis- pela la promesse du curdun-ronge 
et les agioteurs, d'obtenir au qui lui avait été annoncée le Uaoât 
une partie de leur valeur; 1789, et le Smai tBiSil reçut cette 
ets négociés, dépréciés, ne fu- décoration si laborieusement con- 
piusturd ai:quittés)iperte qu'en quise. Dès ce moaieut il ue s'occupa 
rescriplioNs de domaines nationaux plus dans sa retraite i Touluiise que 
étrangiTs qui. négociées à leur tour, de voir sousses yeux grandir ses pê- 
ne produisirent en défitiitive qu'une Uts-ûls.Eniin, pleuré de ses enfants, 
somme de 291 francs... Ainsi fut de ses amis et des pauvres, il s'é- 
saéanlie sans retour la fortune de tetgniiaj;édequatre-viugt-deuxans, 
œtte famille. En outre, Saint-Félix au chiteaudeCajac,eu Albigeois, oil 
fit plnsieursenvois de marchandises, il était né et où il mourut le lo ooflt 
dont aucun n'arriva t bon port- Il 1819.— $onSlsalnéj4r>nand,lesep- 
avalt aussi chargé Duplessis deven- tième deson prénom, âaussiconstam- 
dre des terres en Bretagne qui ap- mentëlévictimedesinouvemenlspo' 
partenaient à ses enfants, et celle lilique:^. Nommé sous-préfet de Ville- 
ressourcppermit defaireéleverdans francherderLauragais en 1819, il 
lec>')l^^edejuilly ses deux garçons; fut destitué par le ministère Decazes 
mais un vol audacieux dépouilla son enl81S;fait préfet du Lot par le 
ami, dans son logeiueot & Paris, de ministère Villële en 1S!3, destitué 
la plus grnude partie du produit de par le miuisière Martignac en I82S, 
Ta venle. Ainsi, à ses malheurs per-' il fut hummé préfet de la Vienne par 
Eouaels , causés par sa ponctualité à le ministère Puliguac, et à la révulu- 
remplir ses devoirs, se joignit la tion de 1830 ne voulut ni traliir ses 
perle de toute la fortune de ses en- serments ni violer ses antécédents, 
fanls ; dès ce jour l'existence finan- Dans sa retraite forcée il a composé 
aère du vice-amiral fut téda\\e ^ au Prteû de (Aitloirc du peupltt 
iiMeztréii)FDlédiocrKé.hussi,\on- uMÀ«M-,\nitTwUVÂAat\<^'ttft<viMr 



' SAI SA 

criplif, critique tt raUonné dw or- pmvisions de coaufiMe de Ssint- 

dret â'arcMleelure, elc. M— gk. Halo , • en recognoissance , y est-il 

SAINT -GEORGES ( Jacqdss- dil, desi agréables et li délies services 

Fhakçois Gbuut, chevalier de) na- qu'il avMt raictshHenrilV,Unt àla 

quit à Sainl-Malo le ï7 septembre rëiliiclinn de lailicte ville, que k% 

1704. Vers l'an U55, si l'un devait prinsesde l'isle d« fa floche au Fos^ 

en croire quelques traditions suspec- Dinan et aultres titux. • II moiirut 

f^, le Hollandais de Groot, grand- sao» postérité, le 10 {uin 1603. — 

oncle du célèbre Grotius . banni de Bimard GBOUT de CampoJwua, 

son pays à la suite d'une rébellion d'une branche collalérale, naquil li .' 

contre le comtedeCharolais.alorssla- Sainl-Malo le Asept.1702. Successi- . 

Ihouder, aurait trouvé un asiledïDS veinent capitaine au régiment du 

la ville de Saint-Malo ety serait de- roi. commandant des grenadiers 

venu la souche de la famille Groul, royaux, brigadier des armées, gen- 

qui a fourni aux armées françaises tilhomnie ordinaire de la chambre 

plusieurs capitaines distingués, fun des rois Louis XtV et Louis XV, che- 

d'eux, FrançoU Gkout ileClotntuf, valier de Saint-Louis, commandeur 

qui servit avec bonheur sur mer, des ordres de Saint-Laz<ireet deNo- 

naquit le jour où François l^' , visi- tre-Dame-du-Mont-Carmel , il mou- 

tant le riche apanage de sa no- rut à Sainl-Germain-en-Laye, vers 

ble compagne, madame Claude 'de la fin du dix-huiliéme siècle. — h» 

France, duchesse de Bretagne , fai- che va lier de Saint-George s ajouta,par 

sait son entré;^ à Sninl-Malo. Sol- ses exploits, à l'éclat du nom que lut 

licite de laisser à ses hOtes quel- avaient transmis ses ancêtres. En- 

qjie témoignage de son affection, Iré, â l'âge de seize ans , au service 

le monarque ne crut pouvoir mieux de ta coujpagnie des Indes, Il navi- 

faire que d'accepter le titre de par- gua en sous-urdre sur les vaisseaux 

rai n de l'enfaol de l'un des princi- deoetle cumpaguie depuis 1720 jus- 

paux habitants, ei Galéaz de Saint- qu'en 1734, époque où il fut appelé k 

Séveriu,s<ingrand-écuycr,eulordre les commander en cher^^l reveuail, 

de tenir en sou nom Grout de Clos- en 1T44,de son hnitiènie voyageai) 

neuf sur les Fonts baptismaux. • Le Indes ou i la Chine, lorsqu'il reç 

cinquième jour d'octobre, l'an mil en route la nouvelle de ladécIaratiV 

cinq cent dix-huict, porte l'acte de de guerre entre l'Angleterre et It 

naissancejfutbaptizé uug fils k Jehan France. Ayant reISche à-Louisbourg, 

Grout et Jehaniie Brulle, sa femme ; suivant ses instructions, il y trou' 

et fut graud compère noble homme. ..de nouveaux ordres lui prescriva 

FranczoysGaleaze, grand-écuycrde a'armer son vaisseau tour-à-fait en 

France, et fut nommé.Franczoys au guerre et d'escorter eu France la 

nom du roy, lequel est alors présent ftutte du Canada et des Indes , avec 

en Saint-Malo , el petit compère Mi- trois vaisseaux du roi et un de la 

chelBrulle.et Commàre PerrineChe- coiupiguie, aussi armé en guerre, 

nu.baptizépar le vicaire-cure, mais- Séparé par une tempête des vais- 

tre Lancelol Buflier. ■ — Le fils ou seaux du guerre deux jours seule- 

le petit-Hlsdu Blleul de François jep, uient après son départ, Saiut-Gtor- 

fait capitaine de vaisseau le 13 mai ges parvint le pteuwM 4it, viv^'s. ■« 
1S9Ï, reçut, le SI ociobre. 1600, les ïnw.e.«itt4'\»ft\«,%Ç*A\w. w>.«w 



836 



^l 



drfs anglaiaes qaHl lui a?ait bllo 
lra?erser lui enueiit fait ëprourer 
aucun dommage. Vers la fin de 1746, 
le roi ayant accordé à la compagnie 
trois vaisseaux de guerre pc^ur es- 
corter ceux qu'elle armait et pour 
Sbutenir ses établissements dans 
nnde, Manrepas lui co donna le 
commandement en chef arec la com- 
mission de capitaine de vaisseau 
pour la campagne. Ces vaisseaux 
étaient V Invincible^ de 74 canons, le 
Lyt, de 64, et le Joion, de 50. Son 
' armement terminé, non sans peine, 
il appareilla , le 27 mars 1747 , de la 
rade de Graix , bien qu'à sa connais- 
sance cinq vaisseaux de guerre an- 
glais croisassent entre Penmarch et 
nie de Sein. Nonobstant toutes les 
précautions qu'il avait prises depuis 
la veille pour les éviter, la première 
chose qu'il aperçut au jour, ce fut ces 
qnq vaisseaux au vent et venant 
droit à lui. Ayant promptement ral- 
lié son convoi , il serra le vent un 
moment vers l'ennemi, et mit en 
panne pour l'attendre, sur une ligne 
fermée par les trois vaisseaux de 
guerre et les vaisseaux de la compa- 
gnie dans leurs intervalles. Les An^ 
glais, déconcertés par les manœuvres 
de Saint-Georges, arrivèrent sur-le- 
champ vent arrière, non pour l'atta- 
quer, comme il s'y attendait, mais, 
pour prendre à toutes voiles , dans 
l'autre bord, la route de l'Angleterre. 
Délivré de ce premier péril , Saint- 
Georges n'était pourtant pas hors de 
tout danger.Un jour de vent favorable 
lui était nécessaire pour s'y soustraire 
entièrement ; mais assailli dès le len- 
demain par une tempéte,qui dura jus- 
qu'au 9 avril , il perdit la frégate la 
Légère , qui fut engloutie. Bravant 
4ous les dangers, il se jeta, de sa per- 
sonne, dans nn canot et parvint à 
recueillir ceux des matelots de laLé- 



8AI 

gèr$ qui tentaient de se sonstmiie à 
ee désastre, soit en nageant, aoitet 
se soutenant sur des débris. Mal- 
gré tous ses efforts, de IK^ hom- 
mes qui composaient l'équipage de 
la Légère» il ne réussit à en sauver 
que treize, dont deux succomberait 
en arrivant à son bord. C'était le S9 
mars. Saint-Georges eut encore à lut- 
ter non-seulement contre U tem- 
pête, mais contre l'insubordination 
de ses capitaines, qui voulaient re- 
Iftcher. Le 5 avril, pendaut qu'il pro- 
fitait d'un moment de calme pour ré- 
parer ses vaisseaux et Otrr à ses capi- 
taines tout prétexte de relâche, les 
vijgies signalèrent quelques vais- 
seaux ennemis qui semblaient obaf^ 
ver la flotte, et dont plusieurs même 
passèrent au milieu d'elle la nuit sui- 
vante. Ce surcroît de danger fit à 
Saint-Georges redoubler de soins et 
d'attention pour ne pas perdre de vue 
un seul de ses vaisseaux, et veiller 
à ce qu'ils ne s'écartassent pas les 
uns des autres. Pour comble d'in- 
fortune, au moment où il eroyait, 
après huit jours de tempête, trouver 
des vents un peu favorables qui lai 
eussent permis de profiter des légères 
réparations faites en grande hâte 
et bien imparfaitement à quelques- 
uns de ses vaisseaux, la brise recon- 
wença à souffler avec force, et fut ac- 
compagnée, le 6 et le 7 avril , d'un 
brouillard épais qiii ne permettait de 
rien distinguer. 11 dut alors se résou* 
dre à tenir la même bordée, de peur 
de perdre sa flotte dans l'obscurité, et 
avec la seule perspective de relâcher 
à l'île d'Aix, si le même temps conti- 
nuait. 11 manœuvrait ainsi lorsque, 
le 8 avril, à la pointe du jour, il en- 
tendit un grand bruit de canon sous 
le vent, sans toutefois pouvoir rien 
découvrir, tant la brume et le brouil- 
lard étaient épaiis. Il arriva aiîasitât 



au bn|it, et, eq «pprool|»nt) i) Hoon* 
nut une frégate anglaiae, laqqçlle« h 
la faveur de rob8Curitë,t*ëtait glissée 
au milieu de la flotre, et avait attaqué 
à l'improviste \'4*Hi^êU^ vaisseau de 
la compagnie, chargé d'une cargaison 
de prftsde dtiuK luillions, L'^upui(#, 
prenant cette frégate ^our un des 
navires du OQUvoi français» s'était 
laissé surprendre, et, malgré tous les 
efforts du capitaine pour rassurer 
son équipage effrayé, il allait infail- 
liblement tomber au pouvoir de l'en- 
nemi si Saint -Georges, forçant de 
voiles, n'avait contraint son adver- 
saire à lâcher prise el à s'enfuir k 
toutes voiles. Pendant la chusse (l'une 
lieue qu'il lui appuya, VAugugte, qui 
avait reçu quatre coups de canon à 
sa ligne de flottaison, alla, escorté 
par un autre vaisseau, s'échouer dans 
la rivière de Naules. Béduit à huit 
vaisseaux, et la .brume ayant encore 
continué tout le jour et la nuit sui- 
vante, Saint-Georges se trouva fort 
embarrassé, toutes ses manoeuvres 
rayant entraîné près d'une côte dont 
il redouuit l'approche et dont la 
sonde ne révélait que trop la dange- 
reuse proximité. Effectivement, 4e 9 
avril, à 7 heures du matin, il se trouva 
tout-à-coup à un quart de lieue des 
rochers de Bellc-|le, et il n'eût pas 
échappé au naufrage sans un rayon 
de lumière qui, venant à propos, 
lui permit de découvrir le danger. 11 
n'eut que le temps d'éviter les écueils, 
après quoi il alla mouiller sur la 
rade, sans pour ainsi dire la voir, 
grâce à l'adresse de son pilote côtier, 
homme très-expérimenté. 11 n'avait 
plus que quatre vaisseaux , dont 
deux étaient très-eu dommages, les 
autres ayant pris leur parti dans 
la nuit, sans doute par la crain- 
te de se perdre. Ayant acquis la 
certitude qu'aucun de ses vaisseaux 

LXXX. 



SAI 



187 



n'avait ralâohé è Lorient, il se mit 
en df voir d'aller les ohereher à l'Ile 
d'Aix ; et, chemin faisant, il rencon- 
tra le Petit' Ckaêiiwr^ vaisseau de la 
compagnie, entièrement abandonné, 
voguant tout seul, et qui, en l'ab- 
sence de sou équipage, n'aidait litté- 
ralement à bord autre chose qu'un 
ehat. Saint-Georges n'avait été de- 
vancé sur la rade de l'île d'Aix que 
par le Joson et trois autrea vaisseaux 
de la compagnie, tpus fort avariés. A 
son arrivée, il trouva M. de La Jon- 
quière, chef d'escadre, qui allait, 
avec deux vaisseaux de guerre et 
deux frégates, escorter au Canada un 
convoi de 40 vaisseaux marchands , 
et qui lui proposa de l'attendre 
quelques jours pour qu'ils pus- 
sent faire voile de conserve Jus- 
qu'au cap Finistère, et se renforcer 
ainsi umluellement. L'estime parti-» 
culière que Saint-Georges avait pour 
ce général, la nécessité de réparer 
toutes ses avaries, l'intérêt entiu da 
sa mission, le déterminèrent à accep*- 
ter cette proposition. Retenus par les 
vents contraires, ils ne purent appa^ 
reiller que le 10 mai. Malheureuse-» 
ment pour eux, ils firent une route 
différente de celle dont ils étaient 
convenus, et cela par crainte des 
vents contraires. Parvenus, le iS, en 
vue de la côte d'Espagne, ils navi-i 
guèrent tout le long, à 12 ou 15 lieuei 
au large, pour doubler le cap d'Orte- 
gal. Les veuts s'étant rangés au nord, 
assez frais pendant la nuii, ils furent 
obligés de prendre de ce côté un peu 
plus qu'ils ne s'y étaient attendus^ 
Le 14, à 7 heures du matin, les vigies 
signalèrent de huit à dix vaisseaux 
qui restaient du N.-<E. à l'E.-N.-B., 
et au vent de la flotte française. En 
moins d'une heure, on en compta dix- 
septSttivantl'estimedeLaJonquière, 
le cap d'ûrtegal lui restait alors è 

2,? 



dSS SAI SAI 

TB.-S.-B., par 14 lieues eoTiron de DéfUmet, le Pm^hroek^ le Wlmiior 
distance. Toute la matinée etPaprès- et le NoMngkam^ de 60 canons et 
midi jusqu'à trois heures se passèrent 420 hommes d'équipage chacun, capî* 
de part et d'autre en manœuvres taines Walson, GrenTÎIIe, Fischer, 
d'obseryation. Une première fois, le Stanway et Saumaretz; le Cemfmriot^ 
BUtin, La Junquière forma son ordre de 56 canons et 870 hommes d'équi- 
de bataille, mais les vaisseaux de son page, capitaine Druis ; le BrUt&l et 
convoi rallièrent avec peine et en leFa{iUafid,de50canon8et870hoin- 
désordre. Toutefois ses manœuvres mes d'équipage, capitaines Montaigu 
eurent le résultat qu'il désirait avant et Baradel ; VEmb^cade^ de 40 ea« 
tout, le salut du convoi, qui put faire nous et 150 hommes d'équipage, ca- 
route pour sa desUnaiion sous l'es- pitaine Montagu ; le Faiean^ de 18 
corte de la frégate VÈmeraude, com- canons et 650 hommes d'équipage, 
mandée par La Jot^quière-Taifanel, capitaine Guygun, et le Fulcafi,de 
neveu , pendant que l'amiral lui- 8 canons et 40 hommes d'équipage, 
même réussissait à attirer sur ses capitaine Legg. La Jonquière, voyant 
vaisseaux tous les efforts de l'en- rengagement inévitable, passa aussi 
nemi. Lorsque le convoi fut par- promplement que purent le faire les 
venu à une lieue et demie à l'op- vaisseaux de la ligne française, de 
posé des Anglais, La Jonquière fit ser- Tordre de retraite à celui de bataille, 
vir pour réiablir sa ligne, et ordonna et attendit audacieusement , tribord 
de prendre l'ordre de retraite; ce qui amures, ses nombreux et formidables 
ne fut pas exécuté. EnGn l'escadre an- adversaires. Le Diamant^ de 52 ca- 
glaise prit position. C'était celle qui, nous et 400 hommes d'équipage, ca- 
sons les ordres du contre-amiral An- pitaine Hocquart, formait la tête deu 
son et du contre -amiral Warren, colonne ; rinvtnciMs, de 74 canons 
croisait à la hauteur du cap Finis- et 650hommesd'équipage, le suivait; 
tère dans le triple but d'intercepter le Sérieux^iie 64 canons et 490honi- 
le con?oi escorté par La Jonquière, mes d'équipage, les passagers com- 
celui de Saint -Georges, et celui que pris, gouvernait dans ses eaux : il 
Dubois de la Mothe ramenait de Saint- était monté par La Jonquière, dont 
Domingue. Les forces réunies des An- Je capitaine de pavillon était d'Aubi- 
glais se com posaient de quatorze vais- gny; le Jaion, de 50 canons et 250 
scÂuxdeligne, une frégate, un scDau hommes d'équipage, capitaine Bec- 
et un brûlot, savoir, le Prince Geor* card, de Saint-Malo, naviguait en 
^es, de 90 canons et 770 hommes serre-file; les autres bfttiments, qui 
d'équipage, portant le pavillon du complétaient la faible ligne française, 
contre-amiral Anson ; le Devomhire^ étaient la frégate la Gloire^ de 40 ca- 
de 66 canons et 550 hommes d'équi* nons et 330 hommes d'équipage, ca- 
page, portant le pavillon du cou- pitaine de Soliès; les vaisseaux delà 
tre-amiral Warren^ le Namur ^ de Compagnie, le Philibert et VApol- 
74 canons et 650 hommes d'équi- ton, de 30 canons et 150 hommes d'é. 
page, capitaine Boscawen ; le Mont- guipage chacun, capitaines Larr et 
mouih, le Yarmouth et le Prince Fré- Noël ; la flilte le Rubis^ de 26 canons 
déric^ée 61 canons et 480 hommes et 300 hommes d'équipage, capitaine 
d'équipage, capitaines Harrison, Bret Macarty; et la Théiis, de 22 canons 
et Hnrris; /a P»T>rf*w Louisp , U ^\ ^^ Wtiww^s vVv*\ai^»age , capitai- 



MI SAI 

fit Mtssoii. L'amiral [anglais ovtuH i^ndre que quand on :Yint lui an ^ 
le feu. Après quelques bordées qne noncer que le Sirieuœ^ dont l'en- - 
tirèrent, taot en retraite. que par le trepont était plein d'eau, ayait re* * 
travers, ceux des vaisseaux français çu trois coups de canon du côté où la 
qui étaient à portée, VÀpollon et la batterie était engagée, et qu'il al- 
JAétts amenèrent leur pavillon. Déjà lait couler bas. H fait aussitôt sonder 
réduits à sept, les vaisseaux français la cale, et il apprend qu'elle a cinq 
avaient ainsi à lutter chacun contre pieds et demi d'eau, et que ses ca* 
plus de deux adversaires d'une force nonniers sont noyés dans la batte- 
doubie. Cette inégalité s'accrut en- rie. Réduit à la moitié de son équi- 
•core bientôt. Le Jason partagea sans page, il ne croit pas Hevoir sacrifier 
tarder le sort de VÀpollon et de la le reste en pure perte, et il se rési- 
Théiis. Le Rubis^ bien qu'attaqué gne à amener. Le Dtamant qui, dès 
par deux vaisseaux;, ne se rendit pas le commencement de Faction, avait 
si promptement. Quarante hommes tenu tête à deux vaisseaux, et qui, 
de son équipage avaient été tués* et criblé de boulets, avait été démâté 
trente blessés; deux boulets avaient de son mât de misaine, combat en- 
atteint son mât de misaine, qui me- core; mais, succombant enfin sous le 
naçait de tomber , d'autres l'avaient feu du grand nombre de ses ad- 
percé à sa ligne de flottaison,, et son versaires, il se rend aussi, alors 
entrepont était entièrement noyé* que, ras comme un ponton et troué 
La Gloire résista plus long-temps, stir tous les points de sa carène, il 
Vigoureusement attaquée par deux n'est plus pour les Anglais qu'une 
vaisseaux, elle prolongea sa défense capture si embarrassante qu'ils déli-« 
jusqu'à 7 heures du soir, et ne se bèrent pendant la nuit s'ils ne.l'a"- 
rendit que quand la majeure partie bandonneront pas. . VInvincibh 
de son équipage fut tuée ou bies- lutte seul désormais -contre toute 
sée, que ses mâts et ses vergues fu- l'escadre britannique. Debout sut 
rent coupés, ses manœuvres hachées ses ponts couverts de sang, Pintré- 
et sa cale remplie d'eau. Aux prises pide Saint-Georges voit tomber à ses 
avec trois vaisseaux, dont il démâta côtés ses orficiers et la majeure par- 
un de son grand mât de liune ,• le tie de son équipage; rien ne l'ébran- 
Sérieux^ couvert par une pluie de le. Cependant l'eau pénètre dans la 
mitraille, avait, à six heures et de- cale ; elle monte rapidement ; dans 
mie, toutes ses manœuvres hachées peu d'instants le vaisseau sera en-- 
et ses voiles en lambeaux ; son grand glouti. Un bruit épouvantable se fait 
mât était percé de part en part en t rois entendre ; le grand mât tombe en- 
endroits, celui de misaine en deux, traînant dans sa chute le perroquet 
lebeaupréentrois,rartimonendeux; de fougue, et n'offre plus à la vue 
son grand mât de hune chancelait, qu'un tronçon de six pieds au-dessus 
et sa grande vergue était abattue, des étambraies. Les équipages cnglais 
Malgré ces avaries , et quoiqu'un font retentir l'air de hourra répétés, 
boulet eût enlevé La Clocheterie , Les Français y répondent par les cris 
capitaine en second du Sérieux^ c^et^tue/erot'J Assailli* ep ce moment 
quoique La Junquière lui-même par trois vaisseaux , cri blé^de bou- 
fdt atteiot d'une balle au cou, il kts,i7ni?t>iciW«neçeiitV«si^V^^- 
ne Toulul .entendre parler de se ter^ ses mw^àlx^nlA lu^xvX ^i^^issaOtitii^ 

VU. 



yiù 



Sâl 



•Qu^on chaf^eaTcc BMUi angentflriej» 
i^^rie Saint-i^eorire. Deroière, mais 
jnntHc ressouroe ; V Invincible a sept 
pieds d'fau iUbs ia cale, sa première 
iMtterie noyée, ses mflts rompus, ses 
Toiles emportées, force lui est de 
céder au nombre et d'amener les lam- 
beaux de son pavillon. Tel fut le 
combat du 14 mai 1747, Tun des pins 
glorieux sans doute de la marine 
française, si l'on considère Ténorme 
inf*^riuriié de nos forces , mais non 
moins glorieux par le but que se 
proposèrent les deux commandants. 
La Jonquière et Saint-Georges se dé- 
Touèrent pour sauver les deux con- 
vois confiés à leur garde et pour 
assurer la rentrée des 163 yaisse.'iux 
marchands que Dubois de ta Mothe 
ramenait de Saint- Domingne sous 
Tescorte de -trois viiisseaux et une 
frégate. Ce noble but fut atteint. Le 
dernier convoi mouilla sur la rade 
de Brest le 7 juillet, et deux jours 
auparavant, La Jonquière- Tatfaiiel 
je ta Tuncre, avec la uieilleure partie 
du sien, devant Québec, où le reste 
de ^ ^on COI) voi le joignit le 8 dumème 
moii** Vien que les Anglais eussent 
. chèrontent acheté le $uccès du 14 mai,, 
•qu'ils eussent eu environ 800 hom- 
1B€S tues ou blessés (nombre à peu 
yrès égal à celui des Français) ; quoi^ 
^e sept de leurs vaisseaux, totale-' 
soient dégréés> eussent été contraints 
de rentrer énj^ leurs ports pour s\ 
dérober, £t que les amiraux eussent 
été forcés de lever leur croisière, 
Ansonet Warrennefurent pas moins 
récompensés que s'ils avaient triom- 
phé d'un ennemi bien supérieur. Le 
premier fiit fait vice-amiral ot élevé 
àla pairie. et Warren décoré de i'ordrc 
du Bain. Et pourtant, conime l'a dit 
avec raison un écrivrfin anglais en 
parlant de ce combat : « La grande 
supériorité, des forces de VaxuuaX 



(Aiison deviit frire Mgardcr«i vic- 
toire 'platOt comme une faveur de k 
fortune que comme ^un véritable 
triomphe.» Qoant A Saint-Georges 
et à La Jnnquière, conduits à bord da 
vaisseau amiral anglaisai Is y reçurent 
l'accueil que méritait leur bravoure. 
■Ravi d'une juste admiration k la vue 
d'une si héroïque défense, Adsob 
offrit à Saint-Georgen, comme sou- 
venir de «on -estime particulière, une 
magnifique montre d'or a rëpètîiion. 
L'intrépidité de La Jonquière loi va- 
lut aussi, de la part de sod heurenx 
antagoniste, des'^éloges qui allégè- 
rent le poids de son 'infortune. Le roi 
Georges 11 , à son tour, ne fut pas 
moins courtois envers le comman- 
dant de Viftcineible que ne l'avait 
été Anson. Lorsque le braiw Malouin 
lui fut présenté à Kingstown . il lui 
exprima chaleureusement toute son 
admiration de sa belle conduite dans 
le combat si inégal du 14 mai, et il 
lui dit , en présence de tonte sa cour, 
qu'on ne pouvait dunner <i*Bisez 
grands éloges à la bravoure que la 
ma rinefitinçaise avait déployée dans 
cette journée, ni assez féliciter le 
roi de France d'avoir des serviteurs 
tels que lui. Devenu chef d'esca- 
dre ( nous n'en savons pas l'époque ^ 
et chargé, en 1761, de protéger les 
lies de France e^t de Bourbon, avec 
ce qui ncius restait dans œs parages 
de vaisseaux écliappfs à la défaite 
du comte d'Aché, Saint- Georges 
força les ennemis, vainqueurs dans 
presque toute l'Inde, à respecter nos 
deux colonies. Ayant secouru, en 
1762, riuian de Mascate, notre al- 
lié , il remporta une grande victoire 
sur les Arabes , au moyeu d^une ma- 
nœuvre qui, depuis l'expédition 
d Egypte jusqu'à la récente bataille 
d'Isiy, a toujours été couronnée d'nn 
^\ràk %\in^ dsns nos eng^>einents 



SAl SMr S4t 

avec leSi peaplade» muralnaiies.; l»ibpavofiur« i^altilit chei lui à la 
n'ayant à opposer à aea adversaires pieté , à la bienfeiïsance et à un es- 
que des forces d'une immense infé^ prit éclaire. On y remarque, entre 
riorité^il réussit pourtant À en trions antres dispositions,, le legs à M. it 
pher en leur présentant,, par la duc de LaBochefoucauJd, et en cas 
disposition de ses^txoupesen batail- deolécès de celui- ci à M. de Maure- 
Ion cairë, un mur d'airain, contre pa^f de laniouti».que Iniavait don-< 
lequel ils vinrent se briser.. U' sur» née: Ànsna; le legs de 150 livres à 
vécut peu à. ce nouv.eau triomphe*, elmun denses neixus, pour qu'ils 
et mourut, le 24 janvier 176^ir à àcheftissent une ëpée, dent il émet- 
bord de son vaisseau! eFortt«né-..dani tait le:vœu qu^ils passent se servir 
le canal de Mozambique. H avait-éilé oontro les ennemis de l'État ; celui 
associé le i<^m^ 17>47 à l'ordre de d'Hoe^rente viagère de 200 livres à la 
Saint-Louis, avec auf orisation , quoi»- v<uwe*de son valet de chambre , tué 
qu'il n'eût pas le ternes de servies à seS'CÔtés^sur l'inotnei&Ze, et d'un^ 
nécessaire^ d'en portejc lacruix avant sonwne (l-arçtnt; à ses deux filles ; 
qu'il fût reçu chevalier. Cette ré- celui de 300- liffces* pont la fonda* 
compense, déjà justifiée parde gr^ads tiioo à .perpétuité, dans Fhôpital dt 
ser?ices, le fut de nouveau, eqmnie $aint-Sauvelii^: à. SamtrMalo , d'mi 
nous L'avons- vu, par l'intrépidibé Ûtpuui^ uu.majeliet de cette viJIe, 
avec laquelle il squtint, quat<ûz# hlep^é^soit au service de L'État, soit 
jours après , l'honneur du pa^ijli»!^ çn course. Parmi ses. dernières vo- 
français « En considéfation de ce^ s^»- lomtés^,. figurait encore La fondation 
vices , Louis XV accorda à Mi ^ou^ de ÂfiMX grandes messes annuelles 
de la Gassinais^ son Crèr.e, capilainer de Mequiem , l'une le li mai » pour 
gf'néral des côtes ^e Bretagne ^1), le repos deson âme et de celle des 
uue peii^on de 1000 livres, révéra- ^^«ives marins tu^%àr pareil jour sur 
ble sur ses enfants. «Le testament j'invsRGt&te; l'aullre en mémoire de 
de Saint-Georges, daté de Paris, le son père, de sa mèr,e et de sa grand'- 
17 février, 1761, nous apprend que nière. Enfin il priait le comte de 

Lamarck d'accepter son épée, ^ 

, N., ... j ^ ;-...M^.»^-i.i- «adamc la comtesse de Lamarck d'ar 

g»rdede>e6teséuieDt«oinm»iMlée«.|)«r(kM gréer Ic dou de la bibliolhèquc et 

ciipitaiuex gardes-côtes pourvus de loijiinis- <)es' ineublCS gamissaut l'appartC- *' 

nîou. du roi et qui ^^"|;*-j"l,;;"^^^^ Bjent qu'il avait cu le bonheur d'oc- 

fomniu II dément un «"ertam noniDre de pa- "•"-• i un 

roiibeii. Or milices iierTiii«nt uiuiiuiiiraaieiit CUpcr chcZ elle; tOUtCS bagatelles, 

pur deiachcmeot» qm se rendaient à des aJQu|ait-il , qui lui auraient SCrVÎ à 

curns de tfarde établis sur les cdtei , niais . , . ^«^ ^^«4- a^ «« 

dis que ?es vaisseaux ««.enrn étaient «n ttCMblcr UU dcS appartements dC Sa 
Tue, left iMhittnts des paroihMit «;apablek.dd niaiSOU pOUr quclqUC hommC de Ict- 
porter les armes se reiidaient aux pohles ^^^^ ^^ COUrage de Saiut-GeorgeS 
nui tiMir éraieut aiisicues d avaut'e , el it ar . . °. ..«^ •t.j 

i.;„^l ron,,."»it »f. coT,. d. n.iii.« «o»- n'a»oit pas besoiii d'être eicité par 

sidérnble. Snivani un état que dresM. en l*Hrdeiir deS COUlbatS; d'aUtieS daU- 
1^39, le maréthal de r.rj.nr:!!., gouver- ^ UKjinS glOlieUZ provoquèrent 

neur d»* Birt.iûîw, «'t un UcUi avons vu re- o .^ . /%»»•• 

drs-cùtcs de ioiite u provinro fiinnaieot que sc trouvant dsus sa première 

..lors UU total de go.ooo Immines, jiidé|ieo- igynçssg ^ CMllû^^ ^^C»\!CV\S^R.^«^^K. 
.lamiaent des fcpt bataillons que la Bretagne J ^^^^„^-, ,«. A^ ,j^ ^^\^-^xv^- 



343 



SAl 



tes, lorsqu'un violent incendie fclata 
dans cette TÎlIe, les deux Malodins 
accoururent arec leurs ^uipnges. 
Leur secours actif et infelhgeiit aida 
à sauver d'un di^astre presque cer- 
tain cette cite populeuse , et , pour 
leur témoigner sa gratitude, Tempe- 
reur leur envoya deux pains, INin 
d*or, Tautre d'argent , avec une cer- 
taine quantité de cette espèce de thé 
appelé impérial, parce qu'alors on 
le réservait pour l'usage particirtier 
de la cour du Céleste-Empire. Aux 
qualités si diverses et si brillantes 
que nous avons signalées, Saint- 
Georges joignait un jugement droit 
et uneinstructionvariee.il en donna 
bien souvent des preuves quand, ap- 
pelé dans les conseils du roi , il y 
révéla l'étendue et la solidité de ses 
connaissances. Aussi Louis XV fut-il 
juste, lorsqu'à la nouvelle de sa 
mort il s'écria : • Cest nn vrai mal- 
heur pour le royaume. Je perds en 
lui un de mes meilleurs officiers ! • 

P. L— T. 
SAINT-GER Y (Joseph de); né 
en 1590» au château de Magnas dans 
l'Armagnac , appartenait à une an- 
cienne et illustre famille du Langue- 
doc. A l'exemple de ses ancêtres , il 
entra dans la carrière des armes et 
accompagna le duc Henri de Candale 
{voy. ce num , Vil , ) qui avait pris 
du service sur la flotte du grand-duc 
de Toscane, destinée à combattre les 
Ottomuus. En 1037. le duc d'Éper- 
non , père de Caudale et gouverneur 
de Guienne, donna le commande- 
ment du rôginient de ce nom à Saint- 
Gery, dont il était parent , W. nomma 
son lieutenant pour le gouvernement 
de Lectoure et le chargea de plu- 
sieurs missions pendant les troubles 
de sa province. Mais la disgrâce de 
d*Ép€rnon devint nuisible k Saiut- 
Gery qui, après la mort du duc^ ei\ 



144S, fut obligé de quitter le ser- 
vice. Il se retira dans son châtean 
de Magnas, où il consacra ses Fbi- 
sirs à l'étude des sciences naturel- 
les, spécialement à celle de la phy- 
sique , et il a décrit le charme qu'il 
y trouvait dans iine longue pièce de 
vers français, intitulée : Ma félicité^ 
Paris, 1662, in-4». L'année suivante 
Louis XiV l'appela à son conseil 
d'État, à son conseil privé, à celui 
des finances, etc., et Saint- Gery ren- 
tra ainsi dans les affaires. Il mourut 
en 1674, krftgede quatre-vingt-qua- 
tre ans, laissant plusieurs enfants qui 
ont continué sa postérité. On a en- 
core de lui: I. L'Irts, de'dié au roi, 
Paris, t662,in-4^ II. Disquisitiù- 
nés physicœ de motu cordi* et être- 
hri, Paris, 1669, in-4». III. Disqui- 
iiHo physica de finibue eorporis et 
spiritûê , Paris , 1669, in-4o. Ces dif* 
férènts écrits, dans lesquels la science 
est alliée à la religion , ont été réunis 
sous ce titre : Les essais de messire 
Joseph de Saint-Gery, seigmur if 
Magnas, Paris, 1663, in-4°. P — bt. 
SAINT -GILLES (le chevalier 
Lenfant de ) , poète français , né en 
1680 , fut d'abord sous -brigadier df 
la première oompaguie des mousque- 
taires du roi. il se trouva , eu 1706 , 
à la funeste bntaille de Ramillies. 
après laquelle il abandouna la pro- 
fession dfs aruies, et, au granJ 
éfonnementdesesamis,seretiradan$ 
un couvent de capucins « ou il ter- 
mina sa carrière eu 1736. Avant si>n 
entrée dans le clnftre il avait com- 
posé (liOere ntes pièces de poésie où 
l'on trouve de l'esprit et de la gaiiê. 
mais au>si beaucoup de négligence 
et peu de guût. On a de lui : rOri- 
gine des oiseaux, poème; la FeinU 
heureuse, pastorale en quatre scè- 
nes ^ la Fièvre de Palvurin, pasto- 
v^\« «i\ vtx^ ^kW. ^xVAviw , V^ix.ti%t«.ur 



5AI SAI US 

• 

d$» MuHs , comédie en un lote et en nantde vaitteauen t79a.£QToyëaIoK 
vers ; des vauàwillet et autres poé- sur la ooryette la Gracimse dans les 
sies légères ; des eonie$ et des chan- mers des Antilles, il dirigea le servi- 
sons , dont les sujets sont souvent ce des convois sur les côtes de Saint- 
obscènes, et o*était même dans les Domingue, et reçut trois blessures en 
productions de ce genre que l'an- repoussant une attaque des noirs ré- 
teur réussissait le mieux. La plupart voltés, contre uq camp qu'il avait éta- 
des poésies du cbevalifr de Saint- bli pour protéger les intérêts français. 
Gilles ont été réunies sous le titre A soq retour en France» il remplit 
de la Mu$e mousquetaire^ Paris., l'emploi de chef militaire à Nantes, et 
1709, in-12. -^ Saimt-Gillbs, frère eut le bonheur, en ravitaillant Belle- 
aîné du précédent, était lieutenant Ile, d'empêcher ce point important 
de cavalerie dans le régiment de Bis- ^^ littoral de tomber au pouvoir des 
sy , et mourut en 1745, à l'ftge de Anglais qui le bloquaicint. Le grade 
quatre-vingt-six ans, écrasé sous ^® capitaine de vaisseau^ auquel il 
les roues d*un carrosse. 11 cultivait fut promu en 1796, fut la récom- 
anssi la poésie , et .fit représ<*nter, le pense de ce service. Après s'être ac- 
80 octobre 1699, une tragédie inti- quitté avec le mém^ zèle des fonctions 
tulée : Ariarathe^ qui n'eut pas de ^^ chef militaire à Ancône en 1799, 
succès et qui n'a pas été imprimée. îl prit le commandement de la fré- 
^Saint^Gilles (mademoiselle de), gâté \k Guerrière^ qu'il quitta pour 
a publié : Histoire de madame d'Or- aller occuper l'emploi d'adjudant et 
Vigny, conte moral, 1765, in-16.f- de chef d'état-major de Latouche- 
Saint-Gilles {Auguste Gilles^ dit Trévil le, commandant en chef d'une 
de), membre de diverses sociétés ly* armée navale réunie à Toulon. Nom- 
riques^ est auteur d'un grand nom* n>^ en 1801 chef d'état-major de la 
bre de chansons qui lui firent de la Première flottille formée dans la Man- 
réputation dans ce genre de poésie, che , il se trouvait une seconde fois 
Sous 1»- gouvernement impérial il sous les ordres de cet amiral , lors- 
avait épousé la sœur de l'archi- qu*il eut la gloire de repousser une 
chancelier Cambacérès, et fut quel- attaque formidable dirigée par NeN 
que temps receveur général à Ver- son, pendant les journées des 14, 15 
saillcs. Il mourut en janvier 1846. 6t 16 août d^ la même année. De 1801 

F— BT. ^lâOS,$aint-Haouenfutchargé d'une 

SAINT-HAOUEN (Yvss-Mabib- inspection maritime en Belgique, 

Gabbibl-Pibbbb Lecoat, baron de), puis nommé commandant du port et 

contre*amiral, né en 1756 dans la de la rade de Calais. Ayant pris>le 

province de Bretagne d'une famille commandement de la première divi- 

noble, fit ses études au collège de sion de la flottille, il parvint à la con- 

Quimper, et entra dans la marine duire de Dunkerque à Boulogne, en 

aussitôt après comme simple volon- livrant un très-vif combat à l'escadre 

taire, au moment où éclata la guerre anglaise aux ordres de l'amiral Jack- 

de l'indépendance américaine • que la son. A cette occasion, il reçut de 

France soutint avec tant de zèle. Le Decrès, ministre de la marine, la 

jeune SaintHaouen en fit toutes les lettre suivante, datée du 6 octobre 

campagnes dans les mers de i'Inda, 1808 : « Vous avec cexiâa.^^^ ver«N»t. 

i|es deux Amériques, et devinit IjentA* \mfot\MiV ' ^ " ^ . ^ ^ ^- 



U* SAl SAI 

pie la flottille doot Tom âTM |»rfB dêi plititt-et-ciiaaaséei, ffiit Pob)et 
la commandement h Dunkerqné. d>xpériences iniries au Batre, ék 
La présence d*un ennemi snpérienr S8 mai au f 8 Join 18S0. Bd recoa* 
efl forées vous a fourni ToGcasioa naissant l'utilité de ee système Cfc 
ÛB donner dei preuves de talents et principe et particulièrement poar 
éê courage. Le premier consul a la narigation marchande, la commis- 
été eontent de votre conduite , et sien indiqua divers perfeeitonne- 
îl me charge de voué en témoi- mcnts que réclamait l'application, 
gnèf sa satisfaction. • Saint-Haouen Saint-Haouen s'occupait de IcsréilF 
reçut la croix d'ofOcie^ de la Lé- scr, lorsqu'il mourut presqnc sfebité- 
gion- d'Honneur en 1801. De plus, ment à Calais^ le S septembre tstt. 
il fut nommé Chef militaire des mou- Ch— u. 
▼ements maritimes à Boulogne, de- SAIHT-IiILAIIIE ( Louis- Jo- 
tciln le centre de l'immense flot- sBPi-ViNCBirr LEBLORDde), génénl 
tille destinée à opérer Une descente français , né à Ribemnnt en Pirar- 
CD Angleterre, tandis que les armées die le 4 septembre 1766 , s'eagaga 
navales combinées de France et d'Es- fort jei/ne dans un régiment d'înfaa- 
pagne barreraient l'entrée du dé- terie, oi^ il était sous-officier qoaal 
tfoît. Il parvint à préserver cette la révolution commença. Parveaa 
flottille des tentatives incendiaires bientôt au grade de capitainei puis 
des Anglais, en formant une estacadc à celui de lieutenant-colonel, il fut 
en avant du port. Blessé pendant employé dans ce grade comme ad- 
qu'il dirigeait cette périlleuse opéra- judant-général, en 1793, à l'armée 
tion, il ne tarda pas k soutenir deux de siège devant Toulon ^ oA Bona- 
nou veaux combats devant Calais et parte le vit pour la première fois. Il 
Boulogne, en conduisant des divi- en conçut une très-haute idée, et 
sions de la flottille. Préfet maritime l'ayant retrouvé à l'année d*lulic 
à Boulogne depuis 1812, il occupait lorsqu'il vint en prendre le com* 
encore ce poste important, lorsqn*en mandement en 1790, il l'employa 
avril 1814 il fut envoyé à Hartivell avec beaucoup de succès dans pfn- 
pour présenter au roi Louis XVIII sieurs occasions, surtout à Casli 
les hommages de la marine française, glione. Après cette bataille, Sainf- 
Bevenu en France avec ce monarque, Hilaire fut nommé général de brigade, 
il fut nommé par lui baron, cheva- «CVtait, a dit ISapolêon dans ses 
lier de Saint Louis et préfet mari- Mémoires de Sainte- B éién$ ^ un 
time à Dunkerque. A la seconde R^s- homme aimable , bon camarade, boft 
tauration, après avoir rempli les parent, et remarqué pour son cane- 
fonctions de major-général à Brest, tère chevaleresque , ce qui le fit ap- 
il fut promu au grade de contre- peler ^e chevalier ians pemt et têHt 
amiral, puis admis à la retraite en reprorhee. Il était couvert de bics* 
1817, lors de la réduction générale sures.» Safnt-Hifaire se dîstingn 
des cadres de la marine. Alors le encore dans plusieurs afliilrea de eei 
contre-amiral Saint-Uaoueu, proti- brillantes Ciimpagnes de 1795 et 
tant de ses loisir's, s'appliqua à per- 1797, notamment à celle* de Saint* 
fectionnerun système de télégraphie Georges et de la Favorite, où il fm 
luatigue qui, par ordre du ministre blessé. Il ne suivit pas Bonaparte 
de le marine et du directeur f £nèta\ cik iL%>tt!^^ ^v ^xmKvgmml ^'%!is^ em- 



9A1 »*I M 

ployë à ramée d'ttalte , où il flt de f ai pour le refarder et mèmt Pém- 
sous Scfkéi^er et Moreau la nflalheù- pécher. Mais NapoMon fot inexo* 
reusft campagne de 1799. Dès que rable ; l'ordre dëfîiiitif arrira de Pa- 
Bonaparte se fut emparé du pouvoir ris eff il fallut s*y soumettre. Saint- 
par la révolution du 18 brumaire» Hil?iirered éproctva un profond ché^ 
il nomma Saint-HiFairc cortmandanf grin. On a même dit qu'ayant ex- 
de la huitième division à Marseiire, prfmé ie^ regret* d'une manière on 
où ce général montra beaucoup de peu vive dans stft dépêches , (5ettd 
xéle pour Xé nouveau gouvernement, louable générositélui 6t perdre bead" 
ce qui lui fit obtenir aussitôt le grade cdop dans la fateur impériale. Ce 
de général de division, auquel d^ail- qu'il y a de sûr, c'est qu'il était dis 
leurs ses services et sa valeur lui lors, par sa valeur et ses servicr^r, 
donnaient des droits incontestables, bien supérieur à fa plirpart de ceuD 
L'armée autrichienne sous Mêlas s'é* qui devinrent maréchaux d'empire, 
tant alors avancée sur le Var et me- et qu'il continua de rester général dé 
naçant la Provence d'une invasion , division. Il fit en Cette qualité It 
Saint-Hilaire alla au secours de Su- guerre de Prusse, toujours sou* M 
chet qui défendait cette froutière, et ordres du maréchal Soult, et se dis* 
il lui arAena tout ce qu'il put réunir tingua à léna, à Labeek , et surtoof 
detroupes dans la huitième division, à Sylau. Il reçut le titre de comté 
Il passa depuis au commandement peu de jours aprè* cette sanglante 
de la quinzième dans les départe- bataille, et se signala éttcore à Fried- 
ments de TOuest) et plusieurs fois Tand. Apfès la paix de Tilsitt Saint- 
dans ses rapports au gouvernement Hilaire resta en Allemagne, et lors- 
il annonça l'arrestation et la des- que la guerre contfe PAutriche re- 
truction des bandes de chouans qui commença en 1809, il parut encore 
coiitinifaient à s^y montrer. I( se au premier rang dans les bntailles dé 
rendit ensuite au camp de fioulogne» Ratisbonne^d'Abfnsberg.d'Eckipuhf, 
et de là ^ fa grande armée qui allait où sa division se convrit degfoire se- 
faire, sous (es ordresf du nouvel em- Ion l'expression du bulletin. Cette di- 
pereur, la brillante campagne d*Aus- vision fut une des premières à passet 
terlitz. Dans cette mémorable ba- le Danube devant Vienne en (fféSenee 
taille, Saint-Hilaire commandait une de l'armée autrichienne, et Saitif- 
division du centre sous k) maréchal Hilaire fut chargé d'attaquer M ré- 
Soult, et i( contribua beaucoup à la doutable position d'BssIing', qui fut 
victoire eu s'emparant des hauteuri enlevée, puis abandonnée, à plusieurs 
de Prazen, qui dominaient la posi- reprises (eoy NAPOLéO!:«,LtXV, Itt, 
tion. Ayant conservé un comman- et Rognât, LXXIX, 345). Blessa griè- 
dément eu Allemagne, il se trouvait vement dans l'une des dernières at- 
àBraunau lorsque le libraire Palm taques, le général Saîfft-Hilaire fût 
(«oy. ce nom XXXII, 456) y fu^ transporté dans l'île de Lobau , puis 
amené par ordre de Napolémi, pour à Vienne: et il mourut dans cette 
tître traduit devant une commission ville le i'2 mai 1809. Du décret impé- 
militaire. Chargé par ses fouctioUs rial ordonna que sa statue fût placée 
de faire exi^cuter le jugement qui sur le pont de la Concorde, et si dé- 
conilamnait à mort ce malheùretnk, pouille m^^ctelVe. t«fL Vrïc«ii\%xl^ ^»^ 
Saint Atlaire fit tout ce qni dépendait tanxYvteti. >»t--^ V 



346 SAI SAI 

SAINT-HILAIRE (Jean-HbnbO, de l'Inde depuis la destrucHoa de 
plus connu sous le nom de Jaume notre colonie de Saînt-Dominne 
Saini'Hilaire, né à Grasse le 28 oct. qui non-seulement nous en fournil' 
177S, fui obligé, comme toute la sait, mais en reyendait à TAnale- 
Jeunesse française de cette époque, terre même. Il cultiva en petit le 
d'obéir à la première réquisition, et Poly§onum Unctorium» et établit 
servit de 1793 à 1800. Aussitôt qu'il par des calculs* un peu exagérés sais 
put quitter les armées, il vint à Paris doute, qu'il pourrait retirer d'uobfc- 
et se livra à Tétude de la botanique tare de terre 8à 10 mille kilogrannes 
et du dessin appliqué à cette partie de feuilles de cette plante, drat if 
de l'histoire naturelle. Son premier parviendrait à extraire 60 à SOkiloz. 
ouvrage, intitulé : Ea:poêition des d'indigo. Bnl839 il soumit ses idées 
fàmUles naturelles, et de la gemni- «u ministre de Tagricultiire, doat 
mation des plantes^ 2 vol. in-4% il n'obtint pas de réponse. Sus 
panit en 1805, sous les auspices, en se décourager il entretint l'Acadé- 
quelque sorte sous la direction du ^^^ des sciences, la société rojâle 
professeur Desfontaines, avec lequel et centrale d'agriculture, la société 
Jaume Saint-Hilaire était lié. Il con- d'eiicduragement, de la possibilité 
tinua de publier plusieurs autres de cultiver en grand le Poiygomm 
travaux dont nous donnons les titres 'tnclortum, et ne fut pas plus bea- 
plus bas, et qui n'eurent pas tout le 'eux. Enfin il s'adressa aux cham- 
succès qu'il pouvait on attendre. Im- ^^h et obtint de celle des députÀ. 
primés à ses frais, avec figures, sa «n J»** • «û rapport favoiable. 
modeste fortune put à peine y suf- SaintHilaire croyait toucher le prix 
fire; aussi vécut-il dans un état de de cent mille francs qui n^était pis 
gâne presque toute sa vie. Il rêvait abrogé, disait-il dans sa pétition, 
des moyens de s'enrichir sans y réus- lorsque la mort vint le surprendra 
sir, et la plupart de ses projets ne le 16 fév. 1845, au milieu de ses 
servirent qu'àaugmentersapauvreté. rêves de fortune, mais dans Ja de- 
Napoléon ayant promis des prix de tresse la plus grande. Il «wt été 
100,000 francs à ceux qui, pendant nommé de la société royale et ces- 
le blocus continental, trouveraient le traie d'agriculture en 1 831 et il en était 
moyen de remplacer par une produc- un des membres les plus assidus, 
tion française une substance en grand Le botaniste Pcrsoon lui dédia, sous 
usage produite à l'étranger. Saint- le nom de Jaumea, un genre de 
Hilairc voulut remplacer l'indigo par plantes de la famille des composées- 
un produit analogue^ fabriqué en ^ liste de ses ouvrages serait assex 
France. H imagina qu'il pourrait en nombreuse, mais, sauf les suivants, la 
extraire du Polygonum tinctorium, plupart consistent en notices, rap- 
plante de l'iude, qui croît facilement ports, avis, prospectus insérés dans 
cbei nous. 11 lut à plusieurs sociétés les recueils périodiques, journiui 
savantes des notices, imprima dans ayant presque tons pour objet les 
les journaux des avis sur ce sujet. H arbres, les forêts, la reproduction des 
ne prétendait à rien moins qu'à re- arbres fruitiers par pépins ou noyaux 
trouver par ce moyen les 25 mil- dont il puisait les données auprès de 
UiMS que chaque année la France Sageret, savant pomologiste et phy- 
donne aux Anglais pouv en Vuet sno\^%\^\a ^^^ 'qg«m&& «3L|^aieBté. 



SAi' SJd 347 

Mai^ c'est surtout le P.oly§(mum Une* rérolution) obtint . le grade et capi« 
tarium qui était l'objet continuel de taine de vaisseau 1 la première Res^ 
ses pensées; car, pour les autres pro- tauration, et le titre de contre^amiral 
jets d'ouvrages, ses publications n'ai- honoraire le 29 octobre 1826. Pendant 
laient guère plus loin que les pre-* dpuEeans il siégea au eonseil général 
mières feuilles. Outrecelui dont nous de l'Hérault, au conseil municipal de 
avons donné le titre, il a mn au jour : la ville de Montpellier, et s'acquitta 
I. Les plantes de lu Frane^i 10 vo- avec la charité la plus éclairée des 
lûmes in-8* et in-l**, avec mille plan- fonctions d'administrateur des hos- 
ches en couleur, ouvrage descriptif pices. Par l'élévation de ses senti- 
sur beaucoup de plantes de France, ments et la rectitude de sa conduite, 
avec des figures niédiocres, Paris, il sut se concilier l'estime générale 
1805 et ann. suiv. IL Flore et Po* au milieu des dissidences religieuses 
mone^ranpat>««, ornées de six cents et politiques qui agitaient le midi 
figures» dont la plupart avaient déjà de la France. Né dans la communion 
servi à l'ouvrage précédent. 111 Flùre protestante, il avait, vu, dès 1817, sa 
parisienne, petit in-l^avec des plan- femme et ses deux filles abjurer sans 
chesau trait de petite dimension, sur se décider à suivre leur exempte, 
bois, intercaléesdans le texte, Paris, La tolérance qu'il pratiqua toute sa 
1835 ; resté à la 7' livraison. Il laissa ^^^ ^^ '"■ manqua point à sa mort, 
manuscrit un velume de notices bio- Prappé subitement à Montpellier dans 
graphiques, par ordfe alphabétique, '^ premiers mois de l'année 1880, le 
sur les membres -de la société royale comte de Saint-Hippolyte fut inhumé 
et. centrale d'agriculture, acheté ^^^c les prières et les pompes de 
par cette compagnie; un commen- l'Église catholique, par ordre dn 
cernent de dictionnaire d'agriculture, digtte évêque alors placera la tête du 
et un:trav.ail sur les- conifères, avec diocèse. Ch~u. 
dessiqs«,dont il solMçitiiit rimpres- SAINT-JA€QUES da Syloade^fo 
isiionauxfrâisdugouvernement.L'au- (Guillaume db), directeur de l'ob- 
leur de cet.article^ lu une Notice sur servatoire de Marseille , né dans 
Jaume Saint-Hilaire dans la séance cette ville le 18 janvier 1722 , fut 
de la société centrale d'agriculture élevé avec beaucoup de soins, d'abord 
du 19 février 1845. M— AT. par un précepteur, ensuite au collège 
. SAINT-HIPPOLYTE (Jacques- de l'Oratoire, où il fit ses trois der- 
Philippe Prauin db Biarges, comte nières classes. Le professeur de phi* 
oa), naquit fe 13 ocjt. 1762, à Saint- lospphie, lui ayant trouvé un talent 
Hippolyte de Caton (Gard), entra au naturel et particulier pour les scien- 
service comme garde de .la marine, ces, lui conseilla de s'attacher à l'é- 
le 11 avril 1777,et fit la gu<:rre d'Ame- tude des mathématiques dès qu'il 
rique avec distinction dans les esca- serait sorti du collège. On lui indi* 
dres successivement commandées par . qua les livres par lesquels il pourrait 
les comtes d Estaing, de La Motte- commencer : ce furent les Éléments 
Picquet et de Grasse. )I fut blessé d'Euclide et de Challes, la ^eienca du 
au combat naval de la Grenade, puis calcul du père Beyneau, VÀppHea-' 
sous la Dominique(l779-82). Simple Iton de Valgèhre à la géométrie de 
lieutenant de vaisseau en 1786, il Gitisnée,les5ee^ioiucoiwvv>ia;^^^\^- 
quitta la marine aux approches de Ipt lyÎTe» V AmX^u ^Ammin^^ ^»^ ^^^ 



S48 SM sur 

ReyBeN, 1er HfMmmt peHî9 do porter la méthoAe de Binmoulll oa du 
maniais de PBOpital. Il se fit «ne marqais de 11I0t)ita1, dbns laqnette 



loi, dès le eommencement, de ne ja- Saint-Jacqnrn avait déccmyert beau- 
Biais lire Iftdiémonsi ration d'une' pro- coup de fautes, surtout une bien 
pMîtînR or la solution d'un problème gra?e, celle d^avoir pris la partie de 
qn'il ne l'eûttrouvée auparavant lui- Is courbe converse vers son axe, 
Biéme,cequiliii réussit tellement que, comme ayant la propriété de la 
comparant ensuile ce qu'il avait- fait moindre 'fé^istkr^. 11' en démontra 
avee la manière rapportée par Tau* la fausseté, et promit de rédiger in- 
tenr< il arrivait Sfiuvent que sa pro- cessamment un- assez long mémoire 
pre démonstration ou sa solution de qu'il avait projeté là-dessus, et dans 
problème étaiil plus simple et plus kîquel tout se* trouvait clairement 
claire cfue cellerde l'auteur-, et au développé; ce qu'il exéeutk. Quel- 
bout de dix-huit mois de travail \\ qu^s jours api^ès le père Jacquier 
fut en état de résoudre les problèmes hii proposa divers problèmes, qœ 
les plus difficiles. A Tûge de 18 ansy Saint-Jacqiies montra n'être pasdi^ 
il fut associé à une assemblée de sa- fîcil'es, entre antres cef ui de la sor- 
▼BDts qui se tenait chez M. de Vala- fece du cône oblique, eeluî du pro- 
bre, parmi lesquels étaient M. Ber- blême du solide de (a plus grande at- 
tnmd,direcienr des fortifications de traction, que Jacquier lui conseilla 
Provence, et M*, de Boniface, iiigé- d'envoyer h l'AcadéMife des sciences de 
nienr en chef à Marseille, auxquels Paris. Ge mémoire se trouve imprioië 
il coaMinniqiKi- même que ^ees non- dans le premier iolnme des BÊémoirm 
vellrs idées snr les fort ilîcutioiis^ des 4er gûvatiU étrangers, et d^evaitétre 
places et la solution de plii!ti(>iH'S snivi immédiatement de celui df 1t 
problèoMs utiles pour la mécanique, courbe de moindre résrstawee; msis 
Le père Pézénas, qui était chargé dte n'ayant reçu aucnne réponse de TA- 
l'obserratoire, Savait fait prier an^si c.-idémie, ei ayant mdaie Ignore pen- 
par plusieurs personnes de Taller (].'ini quatre ans qu'il était queslioB 
voir, et à la première visite il lui dit de le faire imprimer. Saint- Jacqees 
qu'il pouvait disposer cte ses livres nejogea pas con venabiff d'envoyer le 
etde tous les instruments qu'il avart. deuxième, qui donna lieu à bien des 
Non-seulement il ne faisait rien sans anecdotes assez particulières. Avant 
le consulter, mais encore il adhérait la fin de 1749, il reçot le premier 
sur-le-cîiamp à son avis , sans éle- exemplaire du Traité de la précfg^ 
ver la moindre objection. Le père gion deit équincKJces par d'Alemhert, 
Jacquier ayant passé à Karseille en où il découvrit plusieurs fautes sin- 
1744, Saint- Jacques eut aveclui une gulières dont il donna avis à Tau- 
longue conférence, et lui témoigna leur. Ayant cherché, selon son usage, 
le regret que dans son commentaire h résoudre lui-même le problème, il 
il se fût plus attaché k suivre les imagina une règle fort simple «t au- 
propres idées de Newton qu'à les près de laquelle celle de d'Alenibert 
développer d'après les ouvrages des lui pirut si compliquc^e qu'il l'en în- 
* autres auteurs; il lui cita plosicurs forma ei ne s'occupa pas de Li dis- 
exemples, notai^ment le problème cuter, D'Alemhert fut obligé de con- 
du solide de lA moindre véivslawcc, venir que la sienne avait ce défaut, 
où Jacquier s'était comtenU Ac ra^- ti^m^^^ Of\iv\\\* tiTAxR5t rV a h 



diffifiuiy du problèatf ««W ifiiUit ipouriUMiMBter cst^fiUd^linanttat; 
ilattribiier,et,4ueEuiuri'A«AitAbNi> «ti^oniK lient tpas 4»uier que «'ils 
donné par celte laison. D*4èeinbeii, eussent 4tié exaetement «iutîs, Tob- 
ae pouvant se persuader que 4'un servatoire ne fût 'devenu le plus 
pût résoudre ce problème par une fttrfaît, soit pour la position , soit 
méthode aussi siuxple que celle qu'on pour la -solidité, soit pour La oom- 
lui annonçait par letia^ et sans au- modité; mfris trop de .circonstances 
cun détail , proposa de renvoyer s'y opposèrent pc^ndant 97 ans.. Les 
d'une manière plus développée, et matéhaux qu'il await amassés lui 
promit de se soumettre au jugement donnèrent occasion de former le plan 
de l'Académie^ nviis quand il eut d'un ouvrage qm, en un volume 
reçu le mémoire, il le gurda soigneu- in 4° ou deux tout au plus, eût ren- 
sement, sans faire aucune répotrse. =^<u*mé tout 4;e' qu'il y avait de plus 
Trois moisaprès, Saint-Jacques ayaift intéressant dans les sciences mathé- 
envoyé à lA. de Fuuchy un deuxième matiques.^ mais la naaiène dont fu- 
méujoire contenant les explications -r^ot reçus ises mémoires le dégoûta 
des formules du premier axe, obser- tellement ^ qiilil préféra «'arrêter 
valions astronomiques qui avaient entiènement. Ayant bewiooup tra- 
été faites, d'Alembertj)ropusa à celui- -Taillé pour ^'horlogerie, il avait 
ci de renvoyer à Marseille les deux donné en 17ift«o mémoire ^nr l'é* 
mémoires, ce qui donna lieu à des ohappement, qui «est vratamblabie- 
disputes qui durèrent fort long- iut:nt le premier où cette partie ait été 
temps. Pour empêcher que le pu- traitée suivant les vrais principes. 
>blic eût connaissance de ces mé« Aussi ji-t-un été obligé d -y revenir, 
moires , on fit enlever les manuscrits n^Q^ *près <en avoir tfv>u¥é de plus 
originaux dont onsaviit qu'il n'exis- parfaits. Saint-Jacques a leucore in- 
4ait aucune copie; enfin il n'y eut diqué plusieiKS cuBstruetions pour 
que l'autorité qui parvint à les faire corriger les irrégularités des vibra* 
rendreyetle père Péxénasiesfit im- -tions de pendules» causées par le 
primertdans ie recueil des Mémoires obaud at le froid , ainsi qtie -plusieurs 
rédigés ài'observatoire de Marseille iuoyens de diviser les instruments 
en 1756. Mais Saint -Jacques n'ayant avec ia plus grande précision, et des 
iias voulu se donner la peine de lese^ explications de phénomènes de phy- 
piec, les mémoires se trouvèrent telle- ûqoe qui sont les plus natnràiles 
ment leuphs-delfautes d'impression, il^^ ^'ob puisse imaginer. Enfin il 
qu'on n'osa en mettre qu'une par- a releviS «.quantité de fautesidaus leâ 
lie dans l'ecrala* pour ne «pits dé- ouvcagei des savants k$ .plus dis- 
oouEager.les lecteurs.. Le pèrePéaé- tingués, et docnédes méthodes sûres 
nas isyant été obligé de sortir 4ie pour déeouvurir la vérité et par* 
l'observatoire par suite des avréts venir à la «elutioii de toutes sortes 
du parlement de Pro?enoe contre les de problèmes. 14 a aussi traité l'hy- 
jésuites, M. de Choiseul donna ordre draulique d'une manière • presque 
d'en charger provisoirement Saint- neuve, et a tlémontré clairement 
Jacques, ce qui fut exécutif ^ et par qu'on n'avaK jamais bien eonnu 
■lite le roi lui aecomla to brevet cette science. La décomposition de 
de directeui* "de .cet ><ib6enratuive» ia colonne du fluide en 4Avn.'^^âft&> 
(4704). Mbonl il fit tons ses ftet doux Vum t»wsM^ >a \!»^ ^^^ 



5W SAl 

qnilibK, ranire It noafMMiit, et dell«wtoii,toltpoorlcsmtliéaMtw 
Tapplication qaii en a Idte à toutes qnes , toit poer l'aslroiioiiite, impn- 
les machines hydrauliques est nn né dans le Tolune des Mémoires de 
principe aussi lamjneuz que fi^cond. Tobserratoire de Marseille. ¥. Va 
Le ménioire qu*il a donné sur l'écou- Ttailé abrégé de perspeelÎTe, ren- 
leaaenl de Teau par un oriBce pra- fermé eu huil problèmes , imprimé 
tiqué au fond ou au cdté d*un ?ase, à la 6q de la préfiioede la tmductiea 
d'après Tidêe de la cataracte de New- de la P^^perlieedu docteur Taylor. 
ton, répand le plus grand jour sur en 1759. VI Plusieurs Mémoires dans 
cet article, et ie défaut quM a trouvé divers recueils, sur différents sujets* 
<dans cette cataracte, qui consiste en entre autres sur la navigatioa, la 
ce que les couches supérieures de mécanique, la richesse d'un état, 
l'eau ne sont point horisonfalesi mais Torigine des idées» et le rapport de 
concaves an-dessus et convexes en Tàme àDieu* de l'âme au corps; ob- 
dessouSt fournît le moyen le plus servations météorologiques ; sur la 
simple pour que Peau s'écoule uni- comète de 1770; si^r les sources; 
lormément par ToriGce. La manière sur la vis d'Archimède ; sur l*infiii 
arec laquelle il a expliqué la force ré- mathématique ; sur les sections co- 
pulsive dont avait parlé Eernoulli niques; sur les principes hydrauli- 
n'avait été bien connue d'aucun au- ques; sur les équinoxes; sur la mu 
leur avant que Saint- Jacques eût sique; sur la défense des places, 
donné sa méthode. On ue saurait priucipaiement de Marseille; sur les 
indiquer ici toutes les machines fièvres d^accès; le bonheur esul 
qu'il imagina en différents temps. Ce plus commun chc x les grands que 
savaut mourut le 10 f^rier 1801. chez les petits? etc. L— n--s. 

Ses ouvrages sont : 1. Mémoire sur SAINTE EAN ni CREVEQGKtR. 
le solide de la plus grande attraction, Voif. CaiVECosun (J.-Heclor Saint- 
envoyé à l'Académie des sciences en «foAn de), LXl, 540. 
I746« imprimé dans le 1*' volumedes SAINT-JULLIEN (BamûLExi 
Mémoires des savants étrangers. II. Ëmé, baron de), seigneur de Mol I mes. 
Un Mémoire sur ie solide de la moin- Vizille, Rével» etc., né dans le com- 
dre résistance relatif à la figure la mencementdu XVPsiècle.etrundes 
plus avantageuse des vaisseaux^ im- personnages émiiients de la famille 
primé dans ie 3^ volumedes Mé- illustre de Marcien, était fils de Guil- 
moires des savants étrangers. 111. laume Émé de Saint-Jullien, que Louis 
Un Mémoire sur la précession des XII décora de Tordre du caouit ou 
équinoxes, et en général surtous les porc-épic. LessiresdeMollinesetdes 
mouvements des axes de la terre et Crottes, ses aïeux paternels,s'éUient 
sur la variation des plans des orbites signalés aux croisades; plusieurs 
dans toutes les planètes, envoyé à avaient porté les armes avec gloire 
la Société royale de Londres, qui contre les Anglais sous les règnes de 
l'a (ait traduire en anglais etimpri- Charles V et de Charles VK Très- 
mer dans ses Mémoires de 1752. IV. jeune encore, il se fit remarquer par 
Un Traité général des variations ce- U noblesse de son caraoïère, une ia- 
lestes, des inogalités des mouve- struction vaste, une éloquence bnl- 
racuts des planètes , dans lequel on lante, enfin par la pénétration de son 
4 dcreloppé tous les grands princives và%«mft\kV. Vaî^ c\\<Mistancca , *m««i 



SAI SAI ttl 

tpit ion goût pofir l'étudep rengagé- fnnçois I«% Toulant donner une or- 

rent à embrasser la carrière de la gànisation complète et régulière à 

magistrature. Il y porta des mœurs l'administration de la justice dans 

pures, rehaussées par une probité ses provinces au delà des Alpes» con- 

sévère, une infatigable assiduité au sulta le baron de Saint-Juilien, qui 

travail, et des talents qui justifié- en traça le plan dans des mémoires 

rent la confiance dont il fut honoré remarquables, honorés de Tapproba- 

par tous les monarques auxquels il tion du roi, et dont le secrétaire d*É- 

tîonsacra ses longs et glorieux ser- tat Briçonnet lui transmit l'assu- 

vices.Françoisl*' reconnut bientôt le rance flatteuse. Bientôt après s'olTrit 

mérite supérieur du baron de Saint- à ce monarque une occasion de lui 

Juliien,et lui confia des emplois éle- témoigner son bon vouloir et sa 

vés, tels que la présidence au parle- confiance , en le chargeant d'une 

ment de Turin, érigé en cour suprê- mission particulière auprès de la 

me de justice pour les pays au-delà seigneurie de Venise , où Georges 

des Alpes. Les guerres dont le Pié- d'Armagnac» évéquede Rodez, était 

mont fut alors le théâtre lui fourni- ambassadeur. François I*' lui donna 

rent des occasions fréquentes de ré- ensuite une mission en Angleterre 

vêler sa haute capacité. L'autorité où il fut bien accueilli par la cour; 

dont il était revêtu en Piémont lui et, de plus en plus satisfait des ser- 

•créa des relations intimes et officiel- vices de Saint-Juilien» ce prince lui 

les avec plusieurs souverains d'Italie renouvela, par lettres patentes du tt 

'Ct un grand nombre de personnages janvier 1540, le don de la terre de 

historiques de cette époque brillante, la Chapelle, près de Briançon» que 

Antoine de Montpezat, maréchal de. Charles VU avait fait» en 1448, à un 

France, à la date du 20 août 1536, de ses ancêtres, et Térigea en fief 

l'informa de la tentative infructueuse mouvant de la couronne. La mort de 

que PempereurCharles-Quint venait François 1*' ne suspendit point la 

'de faire sur la ville de Marseille (1). faveur dont jouissait Saint-Jullien. 

, , • .. Son zèle pour le service public était 

(i) Ce documeot euri«a< pour l'histoire Partagé par tous Ics membres de sa 

est niosi oonçu : « Mooiienr de Saint-Jullien, famille, qui Se prodiguaient SUr IcS 

mon «iny, je vous tcuIx i>ieo adtertir corn- champs de bataille, pendant que ses 

menti empereur vinthier ICI avecaoes dix ou . . . ... ^r^ . . ^ , 

.dou« mil homme, et quelque uonabre de laborieuscs veilIcs étaient cousacrées 
' chevMuix légiers, et pensois que ce fust pour auz affaires d'État. Une lettre du ma- 
ie venir loçer là . mais ce n'estoit que pour juchai de BrisSSC, Cn date dU 22 jultt 

venir voir la ville , ce que nous ont dict des 

• prisonniers qui furent prins àl*esoarmoosvhe, —-—-——--—----------——-------——-— 

et aussi d'autres qui se sont venui rendre, leurs dix on douse hommes, et aoai l'en 

Je vous asseure que le diot empereur fut bien perdismes que ung et quelque peu qui fa* 

recueil y à son arrivée ; car on luy mist cinq rent blesses. Le dict empereur et le marquis 

galluyres au droict de son cliemyn, qni les de Gouast tournoyèrent Tort à Tentonr de 




• et des tours, qufî Ton lesfist bien tenir au lar- bien recueillis, et ne les craigaoïis guyeres. 
^e, et ne se puuvoiout guère tenir ensemble. Et sur ce, je prie Dien, monsienr de SHÎnct* 



au 



Sàl 



ift6t, «n oSre la preuve iw ci» 4111 
euBoerne Guillauiue Émé de Saint- 
MUen, frère du baron (eey. cU 
après). LVsprit d« si^ditiou pruduit 
par lei guerres religieuses ucfes de 
ia réfuruie se mainUuait avec plus 
de lënacité parmi les habiUints de 
Gup que dans les autres parties du 
Déupiiiiié. Cette ville persistait à 
^refuser d'aduieltre dans ses uiurs 
illue garuisuu royale. Charles IX ju- 
Hea qu'il ue pouvait employer un 
pacilicateur plus révéré pour sou ca- 
raclère et aa loyauté que le baron de 
Àint-Jullien, atin de ramener au 
devoir cette population égarée. Apres 
jivoir reçu ses deruières instructions 
de la bouche du roi, il quitta Paris, 
'.••tse rendit à Gap, le ITacûl 1568. 
■Sans 'eni ployer la violence et par le 
•seul crédit de ses paroles, il réussit, 
à la grande satisractiun du roi,iipa* 
QÎIier ce pays, et acquit ainsi de 
nouveaux lilreJà te reconnaissance 
publique. Le chevalier de Birague, 
preuiiiT pré.oideut du sénat de Turin 
«t .garde des sceaux pour la France* 
.au ilelà des monts, ayant été revêtu 
de. la charge de garde des sceaux du 
rayAume, le baron de Sainl-Juliie.n 
.lui succéda dans tous les emplois 
qu'il quittait en Piémont, et y joiguit 
la présidence du couseil souverain 
de L'ignerol. Il les exerça peiitiuut 
plusieurs années, puis résigna ces 
fonctions à son lils, dont Tarticle 
suit. Le iKiron de Sainl-Jullien avait 
épousé Kléonore de Telisiion, issue 
d'une ancienne famille dWu vergue, 
et dont le père était premier prési- 
dent du sénat de Cliambéry. 11 on 
eut plusieurs enfants dont la posté- 
rité s*est perpélué<ï jusqu'à nos jours 
dans la personne du marquis Albéric 
de Marcien. U". baron de 8aiut-Jul- 
lien mourut en 1597, plus qu'octo- 
génaire. G— R— D. 



au 

«AINT - J|}tiUWi (QçTATiia 

£mjk, bairon de Mardea et die)« fiU du 
précédent, naquit en IftM. iprèi 
«voir achevé des éludes fortrs et va- 
riées où il avait moul/ë une intelli- 
gence préci)ce, Octavicn se décidi 
pour la haute magi»triiture par h 
perspective assurée de succéder à m 
père dans ses émineutes dignités. Dei 
8t*s premiers pas^laus c^tie carrièn 
diflicile, il attira sur Jui l>ttentioi 
et la bienveillance royales. Pendant 
plusieurs années, il exerça avK 
distinction les fonctions de prési- 
dent du conseil souverain de Pigae- 
roi et de garde des sceaux en Pic- 
mont, jusqu'à répoqiie de la restit» 
tiou délinitive par la France de eeilr 
conquête au duc de Savoie. Par let- 
tres patentes de février 1578 et dé- 
cembre U85, Ht*nri ||| ie pourvut 
des charges de maître des requéies 
et de président au parlement in 
Dauphiué. Le royaume était eneoff 
plongé dans Tanarchie que les quf 
relies religieu.%s y avaient suscitée- 
Le baroude Saiut-JuUieu cuntribu 
puissamment k rétablir l*ordre el b 
couliance dans cette province p^ria 
fermeté» son esprit conciliant ela 
tact éclairé à Taide duquel rhomne 
supérieur parvient toujours à dé- 
nouer les diriicullésquedes passioiu 
irritées semblent reutlre insurmon- 
tables. Ses lumières, sa droiture et 
sou courage lui méritèrent les suf- 
frages et la reconnaissance de tous 
les partis. 1^ roi Henri IV^dont U 
règne a tin< autant d*éclat de Theu- 
reiix choix des hommes que de U 
force de son génie, honora de sa con- 
fiance particulière et de plusieurs 
commissious délicates le baron de 
Saïut-Jullieu qui, par ses ordres, se 
renilit à Venise. On conserve dansU 
famille trois lettres autographes très- 
remarquables de ce monarque. CK- 



SAI Ski SES 

tarien de Saint-Jnllien moorut en nenr, -e*eit^^dîre eomme page de 
1 6S4, ftgë de 74 ans. G—b— d. François l*. Une eour aussi polie que 

SAINT-JULLIEN ( GmiXAUHB celle de ce mbnarque, où dominait 
Éns, seigneur de RoehemoUe et de), Tamour des sciences» des lettres et 
frère de Barthélemi, fit des pro- des armes, était la meilleure école 
grès rapides dans les études et les pour un jeune gentilhomme dent le 
exercices qui le préparèrent à la car- cœur s'inspirait de la plus noble 
rière militaire. Il acquit en outre ambition. Le seigneur de NeuTaques, 
à la cour «l'urbanité des formes que à la sortie des pages , devint hom- 
la vie des camps exclut quelque- me d'armes dans la compagnie du 
fois. Son esprit vif et délié le ren- célèbre chevalier Bayard qui guer* 
dit propre aux missions délicates royait alors en Picardie. Il servit 
et difficiles dont il s'acquitta avec successivement sous les ordres du 
succès. Il parvint par sa valeur et marquisdeSalucesetdnsieurd'Bstei 
son mérite au commandement d'une qui prirent le commandement de 
compagnie de quatre-vingt-dix hom- cette compagnie après le thevalUr 
mes de pied. Emmanuel-Philibert, tans peur et $an$ reprochée. lYeu- 
duc de Savoie, l'agrégea au corps vaques, employé en Italie, en 1528» 
de la noblesse de ses états, le 2B souslesordresdu comte de Saint*Pol, 
février 1563, par un acte solennel reçut à l'assaut de Pavie plusiean 
de réception qui eut lieu à Cham- coups d'arquebuse qui l'obligèrent à' 
béry en présence du duc de Ferrare» se retirer dans ses terres pour s'y léttt^ 
des ambassadeurs de Venise et des blir. Dès que ses forces lui permirent 
personnages les plus qualifiés du de reprendre les armes, il retourna 
pays. Antoine d'Acqoin, marquis de en Italie, et y servit en qualité de 
CaraiTa, et J. de Gondy servirent de capitaine de vingt hommes d'armes 
témoinsau récipiendaire, affirmèrent de la compagnie de Robert Stuart, 
l'ancienneté de sa famille, et déclaré* maréchal d'Aubigny. Il signala eu- 
rent que plusieurs de ses ancêtres core sa vaillance et ses talents en 
avaient contracté des alliances dans plusieurs occasions, notamment aux 
leurs maisons. Henri lY, qui estimait sièges de Milanet de Fo8san,où il te- 
particfulièrément Guillaume, le rap- nait garnison avec le grand écuyer 
procha de sa personne en le nommant de France Galeaz de San- Séverine. Le 
son gentilhomme de la chambre. Plu- maréchal de Montejean, sous les or- 
sieurs fois 11 le chargea de missions dres duquel il servait, ayant été té- 
confidentielles de nature à prouver moin d'un combat où, assailli parhuit 
le cas que ce prince faisait de ses Espagnols, il en avait tué trois de sa" 
talents et de son habileté pour les main avant de se rendre, consigna 
aflaires ; le seigneur de Rochemolle dans une attestation scellée de ses 
justifia lui-même la faveur du roi armes le glorieux souvenir d'une 
par les services qu'il rendit pendant action aussi mémorable. Plusieurs 
toute sa longue carrière. G— i— n. autres exploits marquèrent le cours 

SAINT - JULLIEN ( Raimond des campagnes, en Italie, du seigneur . 
ÉmA, seigneur de Neu vaques et de), Neuvaques. Poimt récompenser ses 
frère du précédent, fut destiné dès longs et honorables services, Fran- 
son bas ftge à la carrière militaire, et çois I*' le nomma gouverneur du chfl- 
entra au service comme enfant d'bon- tean de Succinio, ainsi que du parc 

LXXX. . 1l.\ . 



au «41 S4I 

et d« jardia»: i|ui lypenduent de exprenive et twiduiite. QufikpiH 
octte réiideaoe royeie. Stint-Jiil- élégies, uu poèAe imité d'Young « 
llea conserva les fonctions et hon- des romances , enrichiasent cette 
neurs de cette charge jusqu'à la fin agréable collection. Elle est postha- 
de sa vie. 6 - r~d. me, et Ton éprouvé eu U parcourait 
SAINT-JUST (C. GoDaan d*Au- le chagrin de ne pouvoir plus fiin 
Gooa, baron de), était le fils du fer- entendre à son auteur les élogesdoot 
nuer-général Godard d'Aucour(ooy. on voudrait flatter son oreille. U 
ce nom» XVII, 641). et n'eut de com- réussitedes opéras-comiques deM.de 
mun que le nom avec un trop fameux Saiut-Just a bien prouvé qiî'ii con- 
coAvenlionnel à qui cepeudaut oo a naissait Tart de la scène. Avec plv 
qttek|uefois attribué une partie de de goût et de choix dans l'expressioi 
sas productions poétiques. Godard que Sedaine, il possédait comnie loi 
d'Aucour de Saint-Just« né à Paris letal^tde passer du grave au dooXi 
en 1760, entra dans le monde avec du sérieux au gai, du noble au Suai- 
tons les avantages que donnent une lier gracieux. Il était initié aux se 
naissance distinguée et une grande crets de compliquer une intrigue sibs 
fortune. Destiné à la magistrature, Tembrouiller ni Tobscurcir» et d'cs 
il atJait être reçu conseiller au par- dénouer la trame bien ourdie par fe 
Itment quand la révolution éclata, jeu de personnages variés à la ibis 
PTayant pris aucune pan k ses ora- et tour à tour attendrissants ou pUi- 
ges, il réussit à se soustraire aux sauts. Voilà les qualités «m'ont h- 
dangers qui environnèrent les ri- gnalées dans ses aimables ouvrages 
chesses, et trouva dans Tétude le re- les applaudissements réitérés dupar- 
pos et le bonheur. Lorsqu'il fut at- terre. Sou orphée Boîeldieu est dé- 
teint de la longue et douloureuse venu le Grélry de ce disciple de Se- 
maladie à laquelle il succomba, le daine, à qui uuus n'avons à repiD- 
17 mars iSSti, il s'occupait de faire cher qu'une paresse trop insouciaste 
imprimer ses œuvres poétiques, qui qui l'a rendu moins fécond que soi 
ne furent publiées qu'après sa mort, maître... La tragédie de Mîrxa^ siyet 
Ses productions drauiatiques sont asiatique et un peu romanesque est 
les plus remarquables. Long- temps pleine de situations neuves et de scè- 
elles eurent à TOpéra-Comique un i^espassiounées. Je viens delà relirf 
suc<^ qu'elles durent surtout à la ('t cet examen confirme en moi Topi* 
musique de Boïeldieu. Pour faire cou- nion favorable que j-en conçus au- 
naftre cet auteur, uous emprunte- trefois à la première lecture. Je ne 
rons quelques traits d'un article qui doute pus de l'effet brillant qu'elle 
fut inséré dans un journal par son produirait au théâtre. Ou remarque 
ami Népomucène I^emercier, lorsqu'il aussi dans ses comédies des apeicus 
publia ses Esiuis littéraireê. •C^ fins et justes, un style purgé de tonte 
recueil se compose d'une tragé- affecUtion, une ordonnance correcte 
die et de comédies en vers qu'il ne et toujours bien proportionnéep et 
présente que comme des esquisses de l'étude des beaux modèles. Le s«iti- 
sa jf unesse, et de drames lyriques, ment du mieux l'a, dit-il , écarté de 
dont, par modestie, il attribue le Tlialie, ptrce qu'il mesurait les dif- 
sucsès aux seuls talents du compusi- ficultés de suivre les pas de Molière, 
teor, qui le seconda de sa musique Ce motif de découragement décèle eii 



SAI 

lui des Ittmières qui derieniient ra- 
res. Que de fois je me plus à consulter 
les siennes ! Qae de fois sesavis m'ont 
indiqué le moyen d'éviter des fautes l 
La nature plus que l'instruction , et 
rhabitude des mœurs de la haute so* 
ciété f ravalent doué d*un tact sûr et 
subtil dont les hommes d'éruditiou 
et de cabinet sont quelquefois privés. 
Il jugeait d'avance du relief tliéâtral 
que prêteraient à tel ou tel tableau 
les nuances les plus déliées et les 
couleurs les plus fortes. Sa présence 
m'a souvent éclairé durant les répé« 
titious de mes pièces. Je composai 
chez lui, dans le vieux château dont 
il était propriétaire en Champagne, 
ma trahie d' Agametnnon , et une 
partie de celle d'Ophis. Rien n'est 
plus agréable k ma mémoire que les 
fréquents séjuurs que j'ai faits ami- 
calenient dans ses diverses hidïita- 
lions champêtres. J'avais su deviner 
et goûter la secrète uiélancolie de 
son caractère; il en adoucissait la 
teinte au milieu des conversations 
égayées par des littérateurs et des 
artistes qu'il se plaisait à l'éunir. Le 
bien qu'il estimait le plus était sou 
indépendance personnelle; il sut la 
conserver en s^aiTranchissant de tpur 
tjBs'les entraves de Ja vanité, de tous 
les préjugés vulgaires etdetputes les 
fausses importances dont les hom- 
mes ambitieux embarrassent leuf. 
vie. Le désir de garder sa liberté « 
ses loisirs et son repos lui faisait dé- 
diiiguer la manie ^t briller par. le 
luxe et même par le talents De là ses. 
dehors de uoucbaiance qui n'étalent, 
que le résultat de sa douce philoso- 
phie. Né riche et bienfaisant, ses. 
mœurs faciles participaient de ces 
deux avantages.* Voici la liste des 
ouvrages de Saint-Just joués sur dif- 
férents théâtres : au théâtre National, 
Selico^ opéra en trois actes, 1 79S. An 



SAIt 



S5S 



théâtre Faf*rt, ZoroKMe eà Zulnar, 
opéra-comique en trois actes , 1798. 
Au théâtre Feydeau, lu FamUlô 
sttisss, opéra-comiqne en un actOi 
1797; l'H0urmi$ nùwneHe (en so- 
ciété ) , opéra impromptu en un acte, 
1797; les MéprUu apagnolet^ 
opéra-comique en un aete« 1798; le 
Calife dé Bagdad^ opéra^conique en 
un acte, 1800, qui eut un immense 
succès; rHeurena; malgré M^opéra» 
comique en denx actes» 1802; (ira- 
brielle d^Estrées^ opéra-comique en 
troisactes, 1806; le Négrepar afnour^ 
opéra«comiqueeu un acte, 1809; Jean 
de Pans, opéra-comique en deux ac- 
tesvl8i2,qui est resté au répertoire. 
Au théâtre Montansier (en société)» 
la Prisonnière^ comédie en un acte 
mêlée d'ariettes, 1799. Au théâtre 
Luuvois, l'Avare faitueua y eomé^t 
eu trois actes et en vers, 1805. Les 
Eisaiê littéraires parurent en 1826, 
2voLin-8«. ' M— Dj. 

SAINT-LAURBNT ( Nombbet), 
auteur dramatique, fut un des plus 
spirituels vaudevillistes ^e notre épo- 
que. Employé supérieur de l*admi» 
nistration des pontsret-iihaussé^s, il 
trouva encore le temp^ de composer 
de très-agréables pièo^. Une mort 
prématurée l'enleva à ses divers 
travaux, en 1833, j^ 9ûulogne,,oik 
il .était alli^ pour rétal^ljir sa ^té« 
On â.de lui : L Le Séduéçtewr cham- 
pefu)is^ pu (es Rémois^ comédie-rau- 
dc^ville en ^Il acte, repi;^eii^ sur 
le, théâtre d^s Variété^ le 16 d^cmn- 
bue 1819 ; Paris, 18S0, ja-SL«. .ifiec 
MKl. Dartois et Saintine., U. Lu 
Cmhirières, ou le Cinqwièmem'des' 
SHS de l'entresol^ tableau-^vaudeviUe 
en un acte, représenté sur le théâtre 
des Variétés le U novembre 1828; 
1» et 2" édition, Paris, Barba, 1823, 
iu-8^ Avec MM. Désaugiers et ***. 111. 
Le C(dffmr et le Perruquier^ vaude^ 



356 SAI 

vilk m m arte, rqH<i%fiiië stur le Floraitis. \ll. ÊtmÊfmrit iimii^ 

iMttrf du GymiMW le 1» JaDYier iMml é^nrUllerit^ ou ITM rf |M«. 

tSM; l*^» t* et !• édition, Paris, comédie historique en deux uci«$. 

1$M; i* et 5* édition, dans le ré^ nrfléa de cttupleta , repré»ettte« su 

pertoiredu théâtre deMadanie, lëU, le théâtre du VaudtTlIle le s octohir 

în-18. Arec MM. Scribe et Maigret. 1810; Paris, 1830, ia-««. Avee MM 

IV. Pêmêom^ jMrt dé fiÊmilk. ou la Durer! et.Xarier. i. 

suite de Je fÊi9 me« /tarera, folie- SAIKT>MtniRI|(jKAN-QvoM»»- 

Tiudeville en un acte, représentée Lauhnt de\ uiilitaire et honoieée 

sur le théâtre des Variétés le 6 no- lettres, né, dans la dernière moitié ^ 

TeariMr«t81«:Paris,t8Si.in*8«.Avf€ \VIII*siMe,d*unefaniUlehoiiora^^ 

Déiaugters et "*. V. U Vort ptnr de Saintes, était cousin ^muîn i« 

MArte, coniédie*rauderille en un Tauiiral loitouche-TréTille, Sou^Ux- 

acte, représentée sur le théâtre du cation fui très*soignée« et plus xiti 

Vanderille le 8 jauTier t8tT ; Paris, les roraçes ajoutèreut à l^ustnictKo; 

1817, in-8*. Arec MM. Fulgence et qu'il lierait à Tétude, II Uàt à IliiviSf 

Tully. Vl. LtfsCaffetderiaire.ouMiie militaire Ir condisciple de \a(Kxlrâ 

Féh de fùmiih, rauderille en un Bouaprte, ainsi que du sfHrttwt 

tête, représenté sur le théâtre du journaliste Colnet. avec te^uet :; 

Vaudenlle le I'* Janvier 18)7 \ resta loiyours en tvUrions d^àMitie^ 

Parts, 18)7. iu-8«. Arec M. Xavier . Saint-Ugicr servit dans le* rèftimca; 

VU. Ji»hn BnU cm Lonrrt^ vau- de Pnn'cuiv-înfAnterie <»! fiarvîtt 

devllle eu trois tableaux, rrpre- au f^radnlc c^piuine. Il sr Iivhivi:^ 

sente sur \t thcÂtrc des Variétés le à Sjiint -IV^miuirue «u moment .*«). 

IS septembre t8t7 ; PAris, Quoy, éolaia T insurrection des noir«, Rm* 

18S7, inS*. Avec MM. Théaulon et iré eu France et retiré du servie. î'. 

**^VIII.Ldll(ll(edu^fé,ou/*wlmollr continua de s'adonner à U liu^ 

fl to Jlorti/e, tableau en un aeie. lure. qu'il u*avait pas n^i^té^e mte^ 

représente sur le théàire des Varié- au milieu des camps. Le lîir^ qu^: s, 

tés le 15 novembre 18)7; Paris. 18:27, mis au recueil de se* poètes : ;:j 

in-8*. Avec MM. Francis { banni Al- ITii^e tréo/e, t vol. in-tt« sVjtp|aq«e 

1arde)el Danois. t\. U* Damfsi^n- par le séjour qu*il avait f^ii dai^ :es 

fris,ou rjllWierd /(i mode, tableau iles Antilles. On peut le rcfrardw 

en un acte mêlé de couplets, repre- comme principal suteur d^iu rv^wâi 

sente sur le théâtre des Variétés le altacluint et bien écrit : Af9>a: H 

t8 décembre 1 8S7; Paris, I8t8. iu-8^. Kmeslifie, ou h Poueotr iTe i« «m- 



Avec M. Gabriel. \. le Handil, pi^ce feffNfé, 1809. S vol. in-lt^ bies qice 

endeux actes. méléedechants,repré- ce livre ait paru tous le seul nc«n^ 

senfée sur le théâtre des Nouveautés sa sivur , M"«^ de Saiui-Léi^cr « ejr- 

le 13 septembre 1839; Paris, t8S9, e^imoiiiesse. Il était à celte éfi^^ 

in^. Avec MM. lliéaulon et Théo- que secrétaire d'un écrivain c^^t<e 

dore. M. I> Maréi ifra9 et le Im- qui, ayant la direction (s\|tiiq%e 

demain , ou firent la joie el /es du PmbliHsh , Pavait chai|te de 

pommtsdftmr: esquisse en «n acte la rédaction de cette feuillo q«>n^ 

cl demi, représentée sur le théâtre dienne. Les appointements qu*^! nve* 

I Vs Variélés le .1 février m\> ; Paris > vait^ Joints à son rerenu, poux a;cr,: 

rs:?fi. in s^ \vei* MM. THwatiA e\ \e Uw Vwtt \\w xsin^ ^^fe(î^<^;f i;. 



SAI 

sance, et la fortune semblait lui sou* 
rire, lorsqn^an coup affreux Tint as- 
sombrir son existence. L'écrivain 
politique auprès duquel on l'avait 
placé ayant tu disparaître du tiroir 
d'un de ses tneubles une montre 
en or ainsi qu'une somme de cinq 
cents francs, le malheureux secré- 
taire fut accusé de ce larcin, pour- 
sniTi et condamné en première in- 
stance. Il est Trai qu'un jugement 
ultérieur annula le précédent et obli- 
gea l'accusateur à faire à l'homme 
reconnu innocent une réparation 
d'honneur qui ne pouTait pas em- 
pêcher qu*il n'eût passé près de 
deiix mois dans les cachots, et n'eût 
été long-temps en proie au déses- 
poir. Il eut dans cette triste affaire 
pour défenseur M* Falconnet, et lui- 
même se défendit dcTant la Justice 
par la parole et par la plume. Quel- 
ques-uns des mémoires qui ont été 
alors publiés sont dans nos mains. 
Le coup terrible qui le frappa fit 
à son âme une plaie cruelle. Nous 
avons été témoin des ses peines, 
comme nous aTions pu apprécier 
Sun caract^re aimable, son esprit 
enjoué» son désintéressement. Saint- 
Légier a beaucoup écrit, mais il 
a mis au Jour très-peu de ses pro- 
ductions. Il {coopérait à dlTcrs ou- 
vrages périodiques. L. 

SAINT-LEU (db) fut pendant 
quarante-huit ans avocat du roi au 
présidial de Senlis. Il Joignait à une 
étude profonde du droit contumier 
une très-longue expérience. On a 
de lui un commentaire sur la cou- 
tume de Senlis, imprimé en 1703 
avec ceux de Bochel et de Vieard, 
in-4<», sous ce titre : CouifÊime eu MU 
liage de Senliê et am reâiort^ avec 
iei remarquée. Pihan de la Forest 
en a donné en 1771 une nouvelle édi- 

tiODi T— B. 



»AI 



8«7 



SAINT -BIARCELLIN (JfAif- 

VlCTOl FOMTANBS, COnUU SOUS le 

nom de), était fils naturel du grand- 
mattre de l'université, Fontanes,bien 
que dans le public il passât pottr 
n'être que son neveu. Né le 11 mai 
1701, il fut admis après de très bon- 
nes études au Lycée impérial, à l'é- 
cole militaire de Fontainebleau, d'où 
il sortit en 1812 comme sous-lien- 
tenani. L'expédition de Russie se pré- 
parait, et on l'incorpora dans un régi- 
ment d'infanterie, faisant partie du 
i* corps, celui d'BugèneBeanharnais* 
Appelé à faire ses premières armes 
dans cette mémorable campagne de 
1812, il y déploya la plus grande bra- 
voure. A la bataille de la Moskoxra, il 
pénétra un des premiers dans la ter- 
rible redoute qui couvrait le centre de 
l'armée russe où périt Bagration. 
Atteint de plusieurs coups de sabre à 
la tête, il setratna vers une ambulan- 
ce, mais ne put pas y être pansé, en- 
combrée qu'elle était de quatre mille 
blessés. Il croyait toucher à sa der- 
nière heure, lorsque Napoléon vint à 
passer* Couvert de sang, ne pouvant 
plus se soutenir, il s'élança au^evant 
de lui en s'éoriant : • Sire, Je vais 
mourir, accordez-moi la croix, non 
pour me récompenser, mais pour 
consoler ma famille » L'empereur dé- 
tacha celle qu'il portait et la lui don- 
na. Un "rapport du prince Eugène, 
daté du champ de bataille, se termi- 
ne par ces mots : « Le jeune Fontanes 
de Saint- Marcellin mérite d'être ci- 
té. • Jeté sur un fourgon, il arrivai 
Moscou dans un état désespéré, et, 
après un court séjour dans cette Tille, 
il trouva le moyen de retourner en 
France, comme incapable de repren- 
dre de long-temps son service. Cest 
ainsi qu'il échappa à la désastreuaa 
rclra\tft*CK«M^^«wt^xi>aù^C^ 



U8 



SAI 



Tarnée à Dmde, et depaii « mo- 
ment jusqu'à la chute de Tempire il 
ne cessa pas de combattre. La Bes- 
tanratioD arri? a, et ce fut avec la joie 
U plos Yive qu'il Jui consacra son 
ëpÀ; aussi, à Tëpoque du 20 mars, 
ne roolut-il point servir Bonaparte. 
Aide-de-camp du général Dupoht,on 
le vit à Orléans garder la cocarde 
blanche et faire de vains efforts pour 
maintenir la garnison dans le devoir. 
Il vint ensuite à Paris, et un soir, au 
thâtre Feydeau, il eut nue querelle 
avec un officier qui demandait que 
l'orchestre exécutât la MarniUaiêe, 
Un duel s'ensuivit, et son adversaire 
fut blessé. Alors Saint-Marcellin se 
rendit à Gand, oii il rencontra le gé- 
néral Donnadieu qui, en lui faisant part 
de ses projets,dit qif il avait besoin de 
jeunes hommes résolus, et lui proposa 
de le prendre pour aide-de-camp ; 
Saint -Marceilin n'hésita pas. Quel- 
ques jours après, il partit pour Bor- 
deaux. Ce voyage se rattachait sans 
doute au plan du général Donnadieu, 
qui était d'opérer un débarquement 
sur les côtes de Guienne ou de Bre- 
tagne. Bordeaux, que venait de quit- 
ter la duchesse d'Ângoulême , était, 
comme on sait, le centre de la résis- 
tance royaliste; dans son sein se 
trouvaient les partisans les plus dé- 
voués des Bourbons ; Saint - Mar- 
cellin n'y conserva peut* être pas 
asseï de retenue, et, signalé à la po- 
lice, il fut arrêté. On le tit partir 
sous l'escorte de deux gendarmes, 
sans qu'il coundt le lieu de sa des- 
tination; mais, en passant à An- 
goulême, un mouvement royaliste 
qu'il excita lui permit d'échapper à 
ses gardes. Ou était alors vers la fin 
du mois de juin, et, eu apprenant les 
évënemenls qui se passaient, Saint- 
Marcellin résolut de diriger sa niar- 
r/re sur Pdris.ii y arâivn le jour mèiae 



SAI 

de la rentrée de Loiûb XVlll. Fait n- 
pitaine à Gand, le grade de chef de 
bataillon fut la récompense de a i- 
délité. H tenait garnison à Orlëais, 
lorsque, blessé dans un duel, il fot 
transporté à Paris. On le nonw 
alors chef d'escadron d'ëtat-maîQr, 
et cette nouvelle position lui per- 
mit de se livrer assidûment à ses 
goût pour la littérature. Le 24 mars 
1817, il fit représenter an opén- 
comique, Wallact^ ou le Méùêtnl 
ieoêsais, dont la musique était it 
Catel; le succès couronna ce pre- 
mier essai ; néanmoins Saint - lla^ 
celliu garda l'anonyme. Ensuite il 
donna une petite comédie à FOdéoi. 
U Bal d la mode; puis au mésM 
théâtre, le 12 mai 1818. Fiesqm H 
Doriay qui ne réussit pas aussi bieo 
(cette pièce n'a pas été imprimée}- 
Il écrivait dans quelques feuilles pu- 
bliques, et fort aimé de M. de Cha- 
teaubriand, il faisait paraître, dans le 
Conservateur, des articles très-spiri- 
tuels, lorsqu'une affaire d'honneur, 
dont la cause était assez futile, vint 
mettre fin à ses jours. Ce fut le 2 févr. 
1819 qu'il se battit en duel avec M. 
Fayau, hors de la barrière de Clichy. 
Blessé d'une balle dans le bas-ven- 
tre, il fut rapporté sans connais- 
sance à l'hôtel de Foiitanes, où tout 
se préparait pour une fête ; quand il 
eut repris ses sens et qu'on lui de- 
manda le nom de son adversaire, il 
répondit : « Cela ne se dit pas; sea- 
lement c'est un homme qui tir^ 
bien.* Malgré les soins de M. Du- 
puytren, il expira le lendemain soir 
• avec le sang-froid d'un vieux sol- 
dat et la facilite d'un jeune homme,» 
selon les expressit»ns de M. de Cha- 
teaubriand, qui lui a consacré quet- 
ques pages dans le Conacrocrtenr 
(t. Il, p. 272). Saint-Marceliin <<tait 
^V vxvkft v^w^VsaW ^^ >\\w^ \M.^^^Mimje 



SAI 

charmante, avec une . imagiaetion 
vive et un caractère des plus impë^ 
tueui:. Ses productions ne manquent 
ni de ver?e ni d'esprit. En voici la 
liste : I. LeiArréiiy comédie-vaude* 
ville en un acte, Paris, 1818« in-8^. 
II. LeBalâla mods, à-proposëpisodi- 
que en un acte eten prose^ 1816, in-8«. 
ni. Wallaeej on le Màntêtrel écoê' 
saiê, opérarcomique en 8 actes, 1818. 
IV. Relatùm d^un voyage de Parie 
d Gand en 1815, précédée d'une no* 
tice de M. de Chateaubriand et sut* 
vie de quelques poésies de Fontanes, 
18S8, in-8*de 114 pages. Siint^Mar- 
cellin a laissé en portefeuille une 
comédie en 8 actes et en vers* inti*- 
tulée la Mouche du eod^e, et denx 
opéras-comiques. C— b^-ii. 

SAINT -MARSAN (Antoinb- 
Mabii-Phiuppk Asinari, marquis 
de)» ancien ambassadeur dt Napo* 
léon à Berlin, puis premier ministre 
du roi de Sardaigne, naquit le 10 
décembre 1761, à Turin, d'une an«> 
cienne famille, originaire du Langue- 
doc. Son père était gouverneur de la 
capitale du Piémont, charge qui est 
sans doute la plus élevée du royaume. 
Après avoir reçu sa première éduca- 
tion sons la direction de son aïeul 
qui avait lui-même occupé de hauts 
emplois tant à Parmée qu'à la cour, 
le jeune Saint-Marsan fut envoyé à 
l'université de Pise où il remporta, 
à l'âge de 17 ans, le grand prix d'é- 
loquenee latine. Son cours d'études 
terminé, il revint à Turin et entra 
dans les bureaux des affaires étran- 
gères, où ses talents non moins que 
sa naissance lui valurent un avance- 
ment rapide. Militaire dès l'enfance, 
il était adjudant-'général lorsque la 
guerre éclata entre la Sardaigne et la 
France, mais il ne paraît pas qu'il ait 
en occasion de se servir de son épée, 
ayant été dès le cofflOfjiClÇjUeitl ?U- 



Ml 



ib» 



vuyé à Vienne pour concerter avec 
l'empereur le plan de lu campagne 
qui allait s'onyrir. Il n'eut guère a le 
louer du ministère autrichien^ dont 
la politique tortueuse teqdaft sans 
cesse à comprpmettre ses mei lieues 
alliés^ et il revîpt à Turin bien résolu 
d'engager son souverain à un arran- 
gement avec Ijss français. 11 fut d'au- 
tant plus £oi|firmé dans cette idée 
qu'au moment de. son retour, ceux- 
ci avaient déj^ remporté plusieurs 
victoires dont le résultat devait sur- 
tout être fotal au monarque sarde, qui 
voyait U plus belle partie de ses 
États devenir le théâtre de la 
guej*re et qui, dans maintes circon- 
stances, put suspecter avec raison la 
bonne foi de l'Autriche et la franche 
coopération de ses généraux ( voy- 
Mebcy-Abqsntiau , LXXm, 469). 
Aussi des négociations ne tardèrent 
pas à se former entre le roi de Sar- 
daigue et le général républicain- Un 
premier armistice ayant été conclu 
à Gherasco, le 28 avril 1796^ le duc 
d*Aoste (qui régna depuis sous le 
nom de Victor-Emmanuel Y), second 
fils du roi de Sardaignci envoya à 
Bonaparte le marquis de Saint-Mar- 
san, pour régler la ligne de démar- 
cation et tout ce qui avait rapport au 
maintien de la trêve. Il le chargea 
en même temps de la mission délicate 
de faire accepter au vainqueur un 
subside dont celui-ci avait le plu3 
grand hesoin malgré ses victoires. 
Ce fut le 4 mai, à Tortone, qn'eiif 
lieu la première entrevue. Bonaparlé 
goûta le négociateur pit^montais , et 
en remerciant le duc d'Aoste de l'a* 
voir choisi, il en fit les plus gr|U)d3 
éloges V voici comment i) s'est ejc- 
prinié depuis à son ^ard : « Le roi 
envoyait so^vf nt auquartj^r^général 
H' dç Sai^trSW^Di soit qoi^c d<\ikr 



S60 



SAI 



toit pour demander Paniftance né- 
eessaire aa maintien de latranqail- 
litë dans le pays. Ses affaires ne pon- 
Taient pas être en meilleures mains. 
Homme froid , doux » éclairé, il ne se 
laissait dominer par aucun préjugé , 
et voyait par conséquent les choses 
telles qu'elles étaient. Il était per- 
sonnellement prévenu contre la po- 
litique autrichienne , sentiment qu'il 
tenait de ses ancêtres et de sa pro- 
pre expérience. » Les instances du né- 
■goeiateur et du duc d'Aoste avaient 
surtout pour objet de porter le géné- 
ral républicain à ne donner aucune 
protection aux révolutionnaires pié- 
montais. Bonaparte, qui se trouvait 
en ce moment dans une position as- 
sex précaire et la jugeait telle, ob- 
tempéra d'abord à ce désir et enga- 
gea le Directoire à signer avec le roi 
de Sardaigne un traité d'alliance dont 
celni-ei semblait disposé à exécuter 
les clauses de bonne . foi , et qui au- 
rait apporté un contingent de 10,000 
hommes de bonnes troupes dans la 
lutte qui allait se continuer avec 
l'Autriche. Le traité avait été dressé 
et accepté de part et d'autre, mais 
le Directoire, qui ne partageait pas 
pour la maison de Savoie les dispo- 
sitions pacifiques de son général, et 
qui dans ce moment était peu d'ac- 
cord avec lui, refusa sa ratification 
sons différents prétextes, et chargea 
Clarke d'entamer de nouvelles négo- 
ciations. Le roi de Sardaigne chargea 
Saint-Marsan d'en écrire à Bonaparte. 
Voici les principaux passages de sa let- 
tre qui met en évidence plus que nous 
ne saurions le faire, d'un côté la du- 
plicité, la mauvaise foi du Directoire, 
de l'autre la loyauté des négocia- 
teurs sardes. « La non-ratification du 
traité, écrivait le marquis de Saint- 
Ifarssn, a forcé sa majesté de «u«^n* 
dre tout mouvement ulténeuv ^e« 



6AI 

troupes vers Novare (I), et Ta plon- 
gée, ainsi que le chevalier Prioea 
(principal ministre) et moi , dans h 
plus grande perplexité aar leseansM 
d'un changement si sabit, dont voos 
jugerez vous-même, mon généni, 
par le récit que je vais tous en fmn. 
UgénéralCIarke, qui était ici depuis 
le du courant (mars 1797), «tta- 
dant, ainsi que nous, sans en douter 
un instant, l'approbation da traité, 
nous déclara, le 13, qu'il venait de 
recevoir un courrier de Paris, et qat 
le Directoire, sans avoir reçu ki 
dépêches ni les uôtres, et appaiem- 
ment sur la simple communicatieo 
du traité que lui en aura faite M. le 
comte deBalbo, l'avait presque to- 
talement désapprouvé, et lui ea- 
voyait de nouvelles instroctions et 
de nouveaux pleins pouvoirs. Cet 
événement, déjà bien extraordîniire 
et bien surprenant, est devenu entiè- 
rement une énigme pour nous, lois- 
que l'on a vu, par le nouveau projet 
de traité que présenta hier le génénd 
Clarke au chevalier Priocca, qu'il 
était réellement tout à fait dénaturé, 
comme vous l'observerez aisémeat 
par la copie que j'ai l'honneur de 
vous en transmettre avec une note 
d'observations que j'y ai &ite à la 
hâte. Ce n'est pas tout encore : le 
nouveau plein pouvoir qu'a reçu le 
général Clarke est non-seulcment 
sans date, mais il ne l'autorise qu'à 
négocier et point à conclure, ni à 
signer; de sorte que le traité ne 
saurait avoir lieu qu'à Paris , ce qui 
entraînera un reUrd préjudiciable. Si 
vous ajoutez à ces circonstances celle 
bien désagréable que les coupables 
de la dernière conjuration révolu- 
tionnaire que vous aviez voulu offrir 



(0 C'était dans cette TÎlIe qu*un fort «w- 
^V«»^d%«Ad%u^«mcniUii devait M joio. 



\ 



SAl SAI 161 

au cheTaiier Priocca défaire arrêter, tard il accepta mtoe dec emplois 
et qui ensuite ont été arrêtés efléo- dans le nonreau gouvernement ; mais 
tivement par votre ordre à Milan, ce ne fut qu'aprà avoir reçu l'assèn- 
ent ëtë incessamment relâchés et timent de son ancien souverain. En 
se promènent tranquillement, vous 1800 il fut nommé par Napoléon 
ne pouvez être étonné que sa majesté ministre plénipotentiaire à Berlin , 
soit fortement surprise et affligée et gagna, dans ces délicates fonc- 
d'une conduite si extraordinaire et tions, l'estime du roi de Prusse, qui 
d'autant moins attendue que vous ne lui sut gré de ce qu'en parlant au 
pouvez disconvenir que nous n'ayons nom d'un vainqueur superbe il fit 
mis de notre côté toute la loyauté et entendre le langage de la justice et 
la franchise possibles, ainsi que non celui de l'oppression. Égale- 
toute l'activité à faire passer l'ap- ment aimé des deux souverains, il 
probation du roi à Paris et à rem- reçut d'eux de fréquents témoigna- 

plir les conditions La profondé ges de satisbction, et obtint, en 

estime que sa majesté a de votre 181S, le titre d'ambassadeur. Fidèle 
personne et de votre manière de peu- à son rôle de conciliation , il ne vou- 
ser l'a engagée à m'ordonner de lut point toutefois se foire [l'instru- 
vous instruire en détail de tout ceci, ment des mesures extrêmes que Ma- 
puisque, outre l'importance que vous poléou prenait volontiers aux jours 
soyez prévenu à temps de la cause de grande prospérité comme de gran- 
qui suspend la marche ultérieure des dedétresse. Aprèsladéfectiond'York, 
troupes formant le complément du M ne s'opposa pas à l'évasion de Fré- 
contingent , elle ne doute pas que déric-Guillaume. Ce mot d'évosto» 
vous ne coopériez efficacement à un n'est pas trop fort, car l'empeieur 
rapprochement également désiré des des Français avait positivement or- 
deux puissances, mais qui doit ce- donné à son ambassadeur d'empê • 
pendant être posé sur des bases cher le départ du roi. On vmt à quel 
équitables. • On ne pouvait, certes , point en étaient venues les relations 
tenir un langage plus ferme ni plus diplomatiques entre les deux puis- 
convenable; mais si cette lettre aug- sauces. Saint-Marsan avait cepen- 
menta l'estime que Bonaparte avait dant usé de toute son influence per- 
pour Saint-Marsan, elle ne put em- sonnelle pour retenir le roi de 
pêcher que 1^ Piémont ne f(it livré Prusse dans l'alliance française. Lors 
à sa malheureuse destinée. Nommé à de la retraite de Russie, il a^ait pro- 
cette époque ministre de la guerre et posé au maréchal Augereau, qui gou- 
de la marine, Saint-Marsan assista vernait à Berlin et qui goûta son 
avecdouleur à l'agonie delà monar- projet, de former un cordon sur 
chic qu'il avait servie avec tant de l'Oder afin d'empêcher les fuyards 
zèle, et signa le 28 juin 1798 la cou- de jeter l'alarme et de semer l'esprit 
vention par laquelle la ville et la ci- de révolte parmi les Prussiens. Il 
tadelle de Turin furent rendues aux obtint aussi que la conduite d'York 
troupes commandées par le général fût publiquement désavouée , et 
Brune. Cependant il ne suivit pas en que ce général fût arrêté et qois 
Sardaigne Charles-Emmanuel, qui, en jugement En même temps il son- 
dés le 18 oct. 1796, avait succédé à geait à former de w(ira:««iiaa^\>K^^ 
son père Victor-Amédée III , et plis eiiVn\ti 4«a\ ^s<»%%tX 5s^iN»sfiW!X>>K 



363 



SAI 



pvMrièrM aégociitioiif pour un ma- 
riage entre le prince royal et une 
priooesse dn la maison impi^rialf. 
Mais bientôt lea éTéneme nta furent 
pluB forts que la sagesise diplt)mati- 
que^ et le roi de Pniaae, apr^ quel- 
quea hésitations et de raines proies- 
talions, jeta le masque et se joignit à 
la coalition. Le marquis dtt>8aint- 
Marsan vint alors à Paris , on il fut 
nommé conneiller d*État , puis séna- 
teur, et enfin membre de la commis- 
sion des ciuq« Après l'entrée en 
France des armées étrangères , il fut 
chargé par les souverains alliés d'al- 
ier présider le gouvernement pro- 
visoire que Ton venait d'établir à 
Turin, en attendant Tarrivée du! roi 
Victor*Bmmanuel. Ce prince, satis- 
fait du zèle qu'il avait déployé dans 
rezercice de ces fonctions, le nomma 
ministre de la guerre et renvoya au 
congrès de Vienne pour y réclamer 
cette partie de la Savoie qui en 
1814 avait été lai»ée K lu France. 
Le marquis de Saint-Marsan conclut 
dans cette capitale deux traités, dont 
Tun avait pour objet la fixation des 
limites du Piémont rt l'incorpora* 
tion de TÉtat de Gênrs an royaume 
de Sardaignf , et Paiitre les futures 
relations politiques entre celui-ci et 
le canton de (jcnèvi*. De retour k 
Turin, il reçut le portefeuille des af- 
faires étrangères, qu'il quitta en tHlT 
pour celui de la guerre, et qu*il re- 
prit Tonnée suivante, aver. la préjti- 
dence du conseil. K la fin de iSW, 
il fut envoyé au congrès de Laylwch 
par le roi de Sardaigne, dont le choix 
fut dicté pur Tempereur Alexandre et 
le roi de Prusse, qui n'avaient pas 
oublié lu conduite généreuse de 
l'ambassadeur de Napoléon. De re- 
tour à Turin le il murs t8St , il 
tronva le Piémont en pleine revolu- 
f/ori, rf bien que 80| Hls H^t \\\\ ^e% 



SAr 

conspirateurs I il n^m ooMeillapii 
moins à son souverain dei te eoa- 
former à la volonté des grandes puis- 
sances, et de rejeter U constitntiei. 
Victor^Bmmanuel, placé entre In 
exigences de la sain te-al liante et m 
qu*il crttyait être le vœu d*iine partie 
de ses sujets , n'eut pan la force et 
regarder eu face cette position , et il 
abdiqua en faveur de son frère. Siiat* 
Marsan donna sa démission, et, dé- 
solé du rôle qu'avait joué son Ils, il 
se retira dans une de ses propriétéi. 
située pri*s d'Asti, où il fut visité 
par le prince de Mettemioh lors à 
dernier voyage que ce ministre M 
en France. C'est là qii*il mourat le 
15 juillet iS3e. La fin de cet hooMe 
d'État fut chrétienne comme toute n 
vie ; en matière de religioDi il aviit 
toujours pensé et agi STec uns sisH 
plicité de foi digne desauciensts«|ps. 
Sa taille était élevée, son air grtfc 
et même sévère. Dans les relaiioBf 
avec ses inférieurs, il semblait plutôt 
les élever jusqu'à lui que desoendre 
jusqu'à eux. La facilité et Télégaoce 
de su parole ne durent pas peu coa- 
tribuer à ses succès diplomatiqui^ 
Kl les étaient d'ailleurs relevées par 
l'autorité de sa personne et rinCégrilé 
de sa vie. — > SAiNT-MAssan {Chiarlo 
de), lilsatnédu précé<lent, né à Tuna 
vers 1790, entra de bonne heure ae 
service de France, Ht en qualité de 
lieutenant la campagne de Russie st 
y perdit jleux doigts. Lors du retour 
de la maison de Savoie dans ses États 
du continent, il suivit son père 
à Turin, et obtint le grade de capi« 
taine dans un des corps d'élite de 
Tarmée sarde. En i8^t il était co- 
lonel en second du régiment des dra- 
gons de la reine et aide«-de*camp da 

roi ; ce qui ne reinpéclia pas de se 
lier avec les partisans du couver* 

t^tmv^v txyMlicvVt^«<MKV fi 4e deve- 



sAi sAi ses 

nir un des plus ardenV^ instiga- de Lupari, dans la proTince de Trë- 
teurs de la réToIntion pi^montaise , Tîse, d'une fkniine panrre et obscure, 
avec les Santa-Rosa, les Collfgno, Il n'aurait sans doute jamais connu 
les Ansaldi , les Lisio , etc. Le Jour le bonheur d'une éducation libérale 
même où son père arriTait de Lay- ««ns la générosité du curé de son 
bach , porteur des résolutions prises ▼il1«g« qu» . 'rappé de ses heureuses 
dans le congrès , il se rendait k Vfr- disposiiions, lui enseigna lui-même 
ceil pour faire soulever son régiment le» premiers éléments des lettres et 
qui y tenait garnison .-Mais il fut pré- des sciences et lui Inspira de bonne 
Tenu par le comte de Sambuy, co- heure le goût de la vie religieuse, 
lonel en premier, qui le devança de Le jeune Jean-Baptiste fut docile aux 
quelques heures et prit des mesures inspirations du bon prêtre, et à peine 
telles que Saint- Marsan , arerti en eut-il atteint l'âge requis qu'il alla 
toute hftle par un de ses amis, frapper à la porte du couvent des 
rétrograda vers Alexandrie, oh les capucins de Bassano, et après un 
menées révolutionnaires avaient ob- noviciat accompli avec ferveur , il 
tenu un plein succès. Plus tard II prononça les vœux solennels qui le 
réussit à faire soulever ce régiment lièrent pour toujours! la sévère dis- 
de dragons, et ce fut à la tête de ce cipline de Saint-François. Comme les 
corps et de quelques autreaqu'ii con- religieux de cet ordre sont destinés 
manda la cavalerie dans l'échanilbo- surtout à la prédication, le pèreSaint- 
rée de Novare, où les troupes consti- Martin dut tenter cette carrière ; mais 
tutiounelles furent mises en dé- nmlgré tous ses eflbrts il ne réussit 
route presque aussitôt qu'attaquées, point à devenir un prédicateur pa- 
Ce fut le dernier coup porté à un goo- thétique ni écouté. Ce que voyant, 
vernemeutéphémère,et ses partinns ses supérieurs le traitèrent en pauvre 
n'eurent plusd'autre ressource que la sujet et le reléguèrent, en qualité 
fuite. Saint-Marsan s'embarqua à Gê- d'aumônier, à Thospice de Yicence. 
nés avec le comte de Santa-Rosa, le Si honorable que fussent ces fane- 
chevalier de Collegno et plusieurs au- tions, elles étaient le partage des 
très, qui tous f^ent jugés par con* religieux que l'on ne voulait pas élit- 
tumace et pendns en eiig:e. . arrivé ver aux dignités de Tordre. Le père 
en France, on lui aaaigM Lille pour Jean-Baptiste dut à cette injuste opi* 
résidence; mais, dans la crainte d*être nton de découvrir sa véritable voca- 
lot ou tard livré au fonverncnieBt tion. Ses rapports avec les médecins 
sarde, il passa furtivement eu Angle- de Thospice lui Brent prendre du goût 
terre. Il ae revint en France qu'a- pour les scieuces naturelies; il s'y 
près la révolution de IBSO, et profita livra avec ardeur, et bientôt tton- 
ensuile d'une amnistie accordée aux seulement aucune des parties de la 
conspirateurs de 1894 pv Je roi de physique ne lui fut étrangère, mats 
Sardaigne, pour rentrer en Piémont, il se trouva encore à même de faire 
où il vécut fort jwtiré jusqu'à sa mort fiire à la science de véritables pro- 
en 1843. A— v. grès. La liste des ouvrages du père 
SAISIT-MARTIM (le Père iian- Jean-BaptUte, qu'on lira à la fin de 
BAPTisn Pasinat9« plus connu b< us cette «otioe, donnera une idée asies 
le A<Mn de), pbyeicéen et agronome exacte de «am Vcvi«âx vMt «^f»* 



M4 SAl SAI 

rkistoire. U nous suffirt de dire que «îiii» qui eoBtient an rtppoft 

M réputatioo ne tâitte pis à s*ëtendre cinct sur rëUblissemeat des td 

lu dehors même de Viceoce. que le à Nous, Venise, 17M, îa*t*. 

gouvernemeot le chargea d^inspecter NcmnelUs reckmheê pour ffti 

Ja manulacture des tabacs de Noua, la cimw du moneemfiU Ai twj 

et qu'il obtint drs prix de plusieurs à la superficie êi ftam H é 

sociétés sarantes de Tltalie. L^uni- r«Sfa/iofidsfeMOMeemeiil(3roui 

rersité de Catane lui arait fiit offrir ioumai aicyclo^if im, tlW 

la chaire de physique; mais il ne l'ac* LH$re mr Ut t/frfs prormmi 

cepta point. Au moment de riuvasion la éifférmte 4e gra$$màr émm 

française, il n*imita pas l'exemple éUquet Hectriqueê éê eri$iml^^ 

de plusieurs de ses confrères qui pro- novembre 1 703. XL Akré§i dn 

fitèrent du# bouleyersement général «eroafîoiM méféorolof iç«m9 l/Ul 

pour s'affranchir de leurs vœux: Eara êams Us anméêê ï79^^. 

il y fut fidèle jusqu'à la fin. et aussi Lettre smr l^usaga ée jommt 

humble après ses succès scientifiques dodbes pend a n t tu arm§m {Sm 

qu'il Tarait été au début de sa car- ioumai mryelopétfifiM.aTril 11 

rièrf , il ne dédaigna pas de se faire L'auteur ne croit pas que cet i 

maître d^école pour obéir à ses supé- puisse être dangereux ainsi qw * 

rieurs , et c'est dans Pexercice de très physiciens le prétendent. ! 

ces motiestes fonctions qu'il mourut LeflrssuriiiipMfioiiiéiiemafiMli 

en 1800. il avait publié en italien : ibid. XIV. Leffre d TaèM FeMil 

l. BéfieiKions smr ta mamière es pré- donî , où l'on examine quel es 

strter Us arbres des trhtee effets de meilleur moyen parmi ceux q 

ta glace, dans le Joun\ai encgclapé- emploie pour se procurer instaai 

di<|tfe de sept. 1788. II. ^rtirie sur ment de la lumière, ibid., juin i 

ta mamire êe cwriger U barowkétre \V. De ta conêtructiom é\m \ 

par U moyeu du thermomètre fie momètre^ dans le tome VI des . 

Réaumur. ibid., 1790. 111. Mémoire de la Société italienme. XVI. 

fur la manière de couuaitre et de fUxiaus sur ta cause d'un phèmoi 

corriger le méphitismede Pair, ibid. éUctriguCy ibid. XVIi. Estmi « 

IV. Description d^ume plume â écrire rectification de l'en^mêtrs et m 

propre aux voga§eurs, dans le Nou • différents usages , ibid. « tome 

veauJommal riia/ie. I79t. V.OEu- XVIH. De l'origine du carbim 

tres^ Venise, 1791. 3 vol. in-8*. On eiilredaiMl«tp/aiiref,ibid.aome 

y a inséré les mémoires qui avaient Xl\. Lettre à If. Pierre Mitose 

été imprimés précédemment dans le sur ta construction dl'una ha 

Journal encgctopédique, VI. Essai {stadera) portative ^ w^irer. 

sur ta manière de rendre plus éconO' propre à nous faire ctmnetii 

mi^ue l^usage de Vhmile dans les poids de tcmtes sortes de tirrm, 

lampes {Nouveau Journal encgclo- le iVouvemi Jcmmal dritaiie^ 

pédique^ déc. 1791). Appendice an XX. Eseai sur U moment oè 

précédent^ Essai, ibid.. aoAt 1795. mence le jour^ ou des S4 heurt. 

Vil. Méthode pour substituer te miel <ieffiiet,ibid. XXI. LettredM. I 

«u sucrcy confirmée par de nonteUei sur te frailemenl de tépizooti 

iap*Wmrw. ibid., loûimv YllU vé^nidonsiesfroeineeadefiif 

Leiirê d S. Esse. M. iW» ««f^ iMftiftinmvv\»A- 'i;:&:^.%ian 



SAI SAI 38S 

un nouvel eudiamitre, ihid. XXIII. SAI!IT-BIàRTIN(ANTomC'jRAN), 

La théorie de Véveniail, on Lettre à un de nos habiles orientalistes, na- 
Jir- L. Q., ibid. XXIY. Lettre à quit à Paris, le 17 janvier 1791. Ses 
M. Q. M. iur la pesanteur que Pair parents étaient d*honnétes mar- 
exerce sur le corps humain, ibid. chands, dont l'achalandage princi- 
XXV. Des causes qm rendent l'huile pal était situé aux environs de l'HÔ- 
ranceetdesmoyensdelesneutraliser^ tcl-de-Ville, et que révoltaient les 
article traduit de la Bibliothèque spectacles de désordres et de vio- 
physico'économique de Paris, avec lence dont .trop souvent ils étaient 
des notes, ibid: A— y. lesiémoins forcés. Cette impression 

SAINT-MARTIN de la Motte (le fut comme transmise dès l'enfance 
comte FÉLIX db), savant piémon- à Saint -Martin qui ne comprenait 
tais, né à Turin d'une famille distin- qu'à moitié ces scènes terribles, lors- 
guée, se lit recevoir docteur en droit qu'où lui montrait les chars funè- 
et membre du collège de droit à l'uni- bres menant les victimes à l'écha- 
versité de cette ville, où i 1 devint aussi faud ; et peut-être fut-elle pour beau- 
membre de l'Académie des sciences, coup dans cette aversion instinctive 
et s'occupa beaucoup de littérature avec laquelle il repoussa uou-seu- 
et de botanique. Il lit insérer dans la lement les manifestations populaires^ 
Bibliotheca ultramontana (t. XII , m&is toute participation du peuple 
p. 260) des Osservazioni botaniche^ àux affaires publiques. Son enfance, 
où il relevait quelques inexactitudes sa jeunesse, se passèrent dans la mai- 
ùelàTopographiemédiealedeCham' son ou plutôt dans les maisons pa- 
béry. Le docteur Daquin, auteur de ternelles, car son père avait trois 
cet ouvrage, y répondit par une Dé- établissements divers, et voulait lui 
fense de la Topographie médicale et faire suivre la carrière commerciale, 
par une Réponse à la lettre du comte dans laquelle, malgré son très- jeune 
Félix de Saint- Mwrtin, Chambéry, âge, il déployait d^à beaucoup d'in- * 
1788, in-8«. Saint -Martin Ut par- telligence et d^activilé. Henreuse- 
tie du gouvernement provisoire qui ment un banquier , ami de la mai- 
fut établi sous l'influence du gouver- son, eut occasion de le voir, de 
nement de la république française, en le faire causer. 11 fut frappé de sa 
l'an Vil (1799), et de la municipalité facilité de conception, et engagea la 
en 1800 et 1801. Bonaparte le nomma Camille à ne pas laisser enfouir dans 
préfet du département de la Sésia en un magasin de commerce des dispo- 
1802, et peu de temps après séna- sitions si heureuses. Ces conseils fti- 
teur et comte. Le 1*" avril 1614, le rent peu du goût d'un père qui avait 
comte de Saint-Martin vota en cette les idées exclusivement tournées du 
qualité la création d'un gouverne- côté du gain, et à qui les services de 
ment provisoire, puis l'expulsion de son fils économisaient un commis et 
Napoléon du trône de France. 11 ne du temps. Biais le jeune Saint-Martin 
* fût point appelé à la chand)re des leva la difficulté; il promit de trou- 
pairs que créa Louis XYIII, et étant ver moyen de rendre les mêmes ser- 
retournéàTurin.ily mourutenl818. vices qu'auparavant au commercede 
Son éloge, par Caréna, fut inséré dans son père et de suivre les cours du 
les Mémoires de l'Académie de Tu- collège. Il ne s'a^jûsavA. v^>^ ^^^^>^^ 
rin, de 18st, toro. XXV, C. M. P. At yctvAx^ ^txa wxVrô^^w^^w'^^ 'wst 



S66 



SAI 



la nuit et d'abrëger les repas, les ré- 
créitîoiis, inzqnelles peftonne ne 
tenait moins que lui. Il le fit comme 
il le disait, et pendant sept ans à 
peu près(180S-1809) qu'il fréquenta 
le collège des Quatre-Nations, rou- 
vert par le gouvernement consulaire, 
il se signala par des succès bVillants 
et plus encore peut-être par une vi- 
gueur de conception , par une logi- 
que, par une perspicacité rares à cet 
âge. Mentelle, uu de ses professeurs, 
disait : • rapprends mille choses de 
cet enfant. > Déjà Ton pouvait pré- 
voir en lui Pérudit, Thommis positif; 
l'imagination, Téloquence n'étaient 
pas Ik. On elles n'étaient pas totale- 
ment absentes cependant, ou il se 
faisait à lui-même d'étranges illu- 
sions, car, peu de temps après avoir 
achevé ses études collégiales, il pré- 
sentait à Deiilie les deux ou trois 
premiers actes d'une tragédie de Don 
Carlos,* ou selon d'autres les pre- 
miers chants d'un poème épique qui 
aurait été intitulé Chosroès. Proba- 
blement c'étaient les lauriers de Do- 
«rion et Palmyre conquise qui empê- 
chaient le jeune savant de dormir. 
I^ grand versificateur, tout en re- 
connaissant ce qu'il pouvait y avoir 
de louable dans cette hardie ten- 
tative, le dissuada de poursuivre. 
Qui déterminait letraducteur Je Vir- 
gile h. tienir ce langage? Est-ce qu'il 
regardait la poésie comme ne pou- 
vant alors conduire à rien? ou bieu 
est-ce parce qu'il ne reconnaissait 
pas dans ce jeune homme la verve, 
l'enthousiasme sans lesquels [9^ poé- 
sie n^est qu^un gazouillement sans 
valeur? Quoi qu'il en puisse être, 
Saint-Martin se le tint pour dit : il 
renonça si complètement à la poésie 
qu'il ne s'est trouvé nulle trace ni 
d'épopée ni de tragédie , dans les 
nombreux papiers qu'il laissa en 



SAI 

mourant. 11 se mît dès ce moment t 
rëtntfédes langues qui se diqmtèrcBt 
ses veilles , et fréquenta sortoit 
Técole des langues orientales Ti- 
rantes, fondée en 179$ près de U 
Bibliothèque royale. L^arabe était ds 
lors assez accessible » grftce à Eipe 
nius.à Golius et à bon nombKde 
textes imprimés et traduits q« la 
bibliothèques de Paris mettaient i la 
disposition des amateurs. Maisfor 
l'arménien , bien qu'il en eût étéif- 
cemment crééune chaire a l'ëcoled- 
dessus nommée, et bien que lesgiJe 
ries de l'abbé de Tersau lui fussnt 
ouvertes ainsi qu'à Rëmusat, la cipi- 
tale de la France n'offrait yraimait 
encore que peu de secours. Aocher 
n'avait point fait encore son dictioi- 
naire, ceux de Niersce^owicz et do 
P. Villotte étaient fort imparfaiti^df 
plus c'étaient des lexiques latins•t^ 
méniens , comme celui de Miaoel 
Ciakciak de Goumichekhane (Venise, 
1804) était italien-arménien ^ tt h 
traduction du précieux dictionnûre 
de Mikhitar, indépendamment de ce 
que, même augmentée par VîHafoie 
et remaniée par Lourdet , elle était 
encore loin de répondre a^ ht- 
soins des arménistes, n*avait Jamais 
été imprimée. De même pour les 
grammaires, Celle de Schroder éUit 
la seule dont on pût se servir avan- 
tâpeusemenl, eu y joignant les nu- 
méros l2î et it5 des manuscrits 
arméniens de la Bibliothèque royale. I 
car les cinq grammaires dites des 
corrupteurs de langue (Rivola, Ga- 
lanus , Oscan , Holov ,. Khatcha- 
dour de Garin) n'étaient bonnes 
qu'à égarer un commençant. Ajou- 
tons qu'à Venise la facilité, la pos- 
sibilité du moins de voir des Mikhi- 
tarîstes fournit des moyens de con- 
trôle à qui sait en user, maïs que 
rien de semblable n'existait k Paris. 



SA! ^ SAt S67 

La puissft&te volonté doSâint-MirtiD tflt craintes qu'il arait eues en 1811 
triompha de ces obstacles, et à vingt et 1812 d'être enlevé par cette coupe 
ans il était déjà de certaine force réglée pour laquelle l'empereur de- 
dans la connaissance d'un idiome venait d'année en année plus impi- 
riche, à nombreuses flexions, et dont toyable, soit qn*il lAt dans un pro- 
la syntaxe comme la lexicologie pré- chain avenir la chute du souverain 
sente nombre de phénomènes gram- défait, et qu'il pensât] dès lors à 
maticaux remarquables. Il aborda se créer un moyen de faveur par 
ensuite, tout en continuant de tra- un acte de courage, il préféra s'ex- 
vailler son arménien qui devait for- primer publiquement en quelques 
mer la base de sa réputation, le per- pages d'une vigueur acerbe et ti'an- 
san, le syriaque» le turk, il effleura chante. Est -il vrar que Napoléon 
le géorgien ; ses amis ont même dit lut ou parcourut ces pages ? Nous 
qu'il s'occupa du zend, mais nous n'en serions pas étonnés. Est-il vrai 
penchons à croire qu'il y a là un qu'il en Ait frappé et qu'il voulait 
anachronisme. Il doit en être de mé- en voir Pautenr, qu'il chargea une 
uie de Tasseriion qui nous le montre des dames de Timpératrice-mèrç de 
ayant terminé à vingt ans, c'est*àr le lui présenter; mais que la rapidité 
dire en 1811 (ou 1812 au plus tard) avec laquelle se précipitèrent les 
ses Mémoires sur f Arménie, Cet ou- événements empêcha cette présenta- 
vrage ne parut qu'en 1819, et à la tiou? Ici nous sommes un pea plus 
maturité des jugements, au style, il indécis. Quoi qu'il en soit, lorsque les 
est assez évident qu'une grande par- Bourbons furent pour la deuxième 
tieau moins de œadeux volumes fois remontés sur le trOne, Saint- 
dut être écrite un peu plus tard Martin sollicita uneicfaaired'armé- 
qu'on ne nom le racoute. 11 n'avait nien, à l'instar de Cbézy et de Ré- 
encore rien fait paraître d'important musat, qui avaient précédemment 
à cette époque^ car ou ne peut men- demandé et obtenu en leur (kveur l'é- * 
tiouner que pour mémoire un ar* tablissement de deux chaires, l'une de 
ticle dans le Magaei» encydopédi" sanscrit, l'autre de chinois. Mais il 
qne de septembre 1811 pour an- fut moins heureux, bien que Rémusat 
noncer VEssai mr la lënffue et lui eût prêté pour l'inspirer le mé- 
la littérature ehinoiseê, le court moire qu'il avait composé dans ce 
Éloge fiêHéhre qu'il fit de son ami but, et bien qu'il n'eût sans doutei 
Bourgeat de Grenoble, mort en 1814, pas manqué de faire apostiller sa. 
rédacteur du Jfsreurs de Franes, et demande et mentionner sa har- 
\esMatift du vote négatifs tic. ^^u'ï\ diesse pendant les Cent>Jourt. En 
osa faire imprimer lorsque ftuna- effet il devenait urgent pour lui qu'il 
parte , en 1815, demanda l'adhésion trouvât une position ; car ^1 ne re* 
des Français à son Acte additionnel, gardait pas. comme telle le poste si 
aux uns sur le Champ-de-Mai, aux médiocre que lui avait confié, en. 
autres par serment isolé. 11 o'eût 1814, la Société des antiquaires de 
tenu qu'à Saint- Martin de se tenir France lorsque, eu s'installant à la 
tranquille chez lui eutre les Miiaii- place de l'Académia celtique, dont il 
goniens et les Orpéliaus. Soiti{u'il était membre depuis 1810, elle le 
obéit à l'impulsion d'une indigna- nomma son secrétaire. Peu de temps 
tion énergique prenant sa source daiM après, il faisait lire è l'Académie des 



308 SAI 

iascriplioBs et bdla- lettics ( ctr «lige pour être ▼raiment apyrwl M - 
aloii om ne poaTtit fûre de Icctorat die et entendue, sinon ta to tu 
i^wt cette assemblée sans en être honune, da moins dix nns de U fie 
membre), on mémoire sur le royaume uniquement voués à cette étude. Dh 
de Néiène ou de Characène (1817), lors il est clair que Saint-Martin, mri- 
et presque à la même époque il obte* gré sa riche et facile mëmoire. mil- 
naît, pour ses Mtmoirtê hitiori(iue$ gré sa rare aptitude lingai5tH|ne,ie- 
eî géofraphiqueê tur l'Arménie^ les tait en deçà de la perfection; miisi 
honneursderimpression gratuite à hVq ^tait pas moins >u delà de ee 
rimprimerie royale. En 1818, en ef- qu*oD pouvait attendre d*nn sa- 
fet, parut son premier volume, bien- ^ant de son ftge et qui n^amit poirt 
tôt suivi du second (1819). Ce travail eu de secours extraordiDaîres à a 
où Saint-Martin se montrait en mê- disposition. Quelques érodits pom- 
me temps linguiste, bistorien, cri- sèrent plus loin le scepticisme et ci 
tique, et où le premier en quelque yinrent à contester qu*il sût bat 
sorte il traçait un sillon lumineux i^arabe et même l'arméaien. Ici vt» 
dans les ténèbres d*un pays snrlequel mentrexagération devient tropforliL 
on n'avait guère en France que des cirbied, pour clore la préhee des 
notions superficielles ou sommaires, Grammaire arminienna ( 18U), i 
et qu'on ne croyait pas valoir la peine beau montrer dans quelqaes-asM 
d'être connu plus à fond , causa une de ses traductions des légèretés» da 
senution peu commune parmi les imperfections et même des faula, 
érudits. Le Jowmal des Savante^ quoique à notre avis ces fiautessoîml 
cet organe impartial et sévère de réelles assez souvent et graTcsqori- 
rérudition sérieuse , salua d*un quefois, elles ne démontrent nulfe- 
tribut de louanges, qu'atténuaient ment que l'auteur si durement rè 
de bien faibles restrictions* lapubli* primandé ne sût pas rarménîM; 
cation d'un livre qui, en réalité, elles fout voir seulement qu'il avait 
agrandissait le domaine de la scîen- encore à apprendre pour se fiimiliari- 
ce.Les autres journaux et recueils ser complètement avec les finesses* 
suivirent; et dès ce moment la pro- les caprices et les anomalies de 
phétie de Rémusat se trouva plus Tidiome qu'il étudiait. C*est ce qu'il 
que réalisée : Saint-Martin ne fut ne manqua pas de faire, et quoiqu'os 
plus simplement une des espérances ne puisse nier qu'il n'y eût déjà en loi, 
des lettres orientales, il en fut un dès cette époque, un arméniste dis- 
des coryphées. Il y eut bien quelques tingué , il est de fait qu'il se perfet- 
réclamants, qui virent plus de clin- tionna beaucoup encore dans Pintel- 
quant que de vrai dans ce qu'ils ligenœ des auteurs et la théorie de 
appelaient son étalage de persan, la langue. La même année 18 19 voyait 
de turk, de syriaque, et qui préten- paraître le bel ouvrage de M. Cbam- 
dirent que ses notions dans chacune pollion-Figeac qui , couronné par 
de ces langues étaient au moins su- l'Académie des inscriptions, lors- 
perGcielles. C'était peut-être un peu que ce n'était encore qu'un mémoire, 
sévère, mais au fond il y avait de la avait été retouché depuis et s'était 
justesse dans cette opinion, et la étendu de manière à former deux 
nature des choses le voulait ainsi, volumes. La chronologie des Ptolé- 
Chacune des langues en qunXSoii mAs»^V\\^^C^\%^nvaft.^stNk!wat, 



SAl SAl S69 

a pourpoint (kiit^parl et poiirliast^ U cnrotup. clarté de classer les pièces 

itt^ferminatiou do la date de la iitort orientales (que classaient déjà trois 

d'Alexandre. Saint-Martin n'hésita autres savants). Une ordonnancé de 

point à s'engager dans une assez vive 1824 le nut-kla ttMe de la Bihlio- 

polémiquc contre le lauréat, tant thèque de l'Arsenal, avec le titre de 

sur Alexandre même que sur diver- sous-conservateur, qu'il échangea 

ses dates des Lagides. Nous ne dirons un peu. plus tard contre celui de 

pas que tout le monde se rangea de conservateur - administrateur. Tré$- 

son avis, nous ne dirons pas surtout P^u de temps après il obtint de M. de 

qu'on prit à la lettre ce qu'il allait Peyronnet, auprès duquel il avait fait 

répétant à qui voulait l'entendre, valoirsonarde.ntroyalisme, une sine- 

qu'il avait en portefeuille une C/iro- cure. qn*on décora du nom sonore 

nologie dcfMis les temps les plus d'inspecteur de la gravure et de la 

renilés de l'antiquité jusqu'à notre fonte des types orientaux, et qui n'a 

ère. Mais l'idée qu'on avait de son janoiais existé que pour lui. 11 est 

érudition et de la solidité de sa criti- vrai que, sa nomination coïncidant 

que historique était telle, que, ses avec la retraite de Sacy, on pouvait, 

amis et protecteurs aidant, il tut nom- en dépit du changement de titre, 

mé, sous rinfluence de Silvestre de penser que Télève prenait la place 

Sacy, membre de l'Académie des in- du maître (1825). Les émoluments 

scriptions et belles-lettres (2 sept, de toutes ces places ensemble et les 

1820), en remplacement de To- jetons à l'Académie lui -composaient 

rhon d'Annecy, avant le rival qu'il un revenu de- onze à douze mille fr. 

(*ombattait, et aussi avant plusieurs auquel il faut joindre le produit de 

hommes d'un mérite reconnu qui ses ouvrages, des articles qu*il four- 

s'iUaient mis sur les rangs. Il n'avait nissait à différents recueils, et de 

pasencorctrenteansrévolus.Désigné sa nouvelle édition deVHistoire du 

ainsi en quelque sorte orficiellement Bas- Empire, ûe Lebeau, éditipnqu'il . 

ciar rinstitut à la considération de commença en 1824, et dont les huit 

ceux qui ne peuvent juger par eux- premiers volumes se succédèrent en 

mêmes, très-bien vu des ministres quatre ans. Membre du conseil de la 

Corbivre, Frayssiiious et Damas, société asiatique depuis 1822, peu à 

n'ayant aucune envie d'en rester aux peu uni à Klaproth et à Rémusat, il 

000 francs et au grenier qu'un de parvint à y prendre la haute main ; 

ces hommes d'État déclarait suffisants et, là encore, le vénérable Sacy, leur 

pour unsavant, il se glissa rapidement maître à tous, dut en fait céder la 

à divers postes aussi enviés que com- place au jeune triumvirat. Monopo^ 

modes. Dès 1820, son nom se trouva liser en quelqne sorte ou assujettir 

parmi les rédacteurs du Journal des à leur domination tout ce qui s'occu- 

Savants, dont toutefois il ne devint pait à Paris.de littérature orientale, 

n-dacteur ordinnire qu'en 1828. Le tel était le but des trois savants; et 

ministère des affaires étrangères , se quelque temps ils purent se croire 

débarrassant de Montlosipr qui lui à la veille de le réaliser. L'équité, 

coûtait 0000 fr. jtnr nu, d(»nn:i la l'urbanité n'étaient pas à l'ordre du 

moitié de cette pension à Saint-Mar- jour dans leur Revue., à cette époque, 

tin, soitconime savant pouvant four- Ou se souvient entre autres des di- 

uir des renseignements utiles, soit ve^sav\v>\^^?»Kv\\u\\\\v^?»^^«iv^:^^\^^^^ss^^ 

rwx, ^^ 



S70 SAI 6 AI 

maire armonieniie île iriHnnl, et ilu I u \ ai Uai t pi us. Sim Histoire lu^i 

refus que fit U Journal cl*iuftërer la Bas-£mpirf se ralentit, et il n> 

réponse. Mais c*étai( peu pour Saint- rut que deux volumes (le 9* et h 

Martin que de régner dans In science : de 182V à 1830. C'est sur ce^ e 

il voulait primer aussi dans te champ faites que vint à crvver Toragi 

de la politique, qui »«ns doute lui troisjournéesdejuillet. Lapoléo 

présentait une perspifctive t>lus large de riniDer^e/» il faut en coni 

d^honneura et de richesses; et, pour avait éié irritante pendant Vi 

arrirer là, il se précipita djns le jour- qui avait précédé les ordonna 

nalisme. Ayant ses entrées dans tous ce journa: ne parut plus. Qu 

les ministères, et sachant bien s'y m- Saint-Martin, sM crut prudent > 

truduire quand ou ne les lui donnait pat sVxposer en pure perte pei 

pas, ne se posant pas à luoitié comme les jours de crise qui suivireot 1 

champion d*un alisolutisme dont son volutiuu, il faut lui rendre cette 

Orient lui montrait partout le type, tice qu'il ne parla poiut contre sa 

plusou moins modifié par les mœurs, sée, qu*i lue s'empressa pas« com 

il parvinl à con?aincre des persouna- ^l P^i 1^ îàit^^ à Tezeuiple d 

geshautplacésqirillallait,pourassu- '"'i^i ^'<^ f^if« prend:e la cocardi 

rer et accélérer le triomphe des idées colore k tout ce qui était autour d 

légitimistes, un nouveau journal pliu t*t surtout qu*il ne Tarbura poini 

fort, plus savant et plus logique que m^uie. Tous iiVurent pas ce cou 

la Quotidienne et la Gazette de ^u cette dignité. Au nste, il est ci 

Firanee. De là la fondation de riii^ ^1^ qu'une altitude plus couiril 

«ertff, dont on connaît la couleur et ''<iût pas sauvé du cnup dont : 

le rôle en 1839 et 1830. Saint-Murtin ^^}*^^ i' ^^'"lit sur-:e-chainp qu'i 

en fut, sinon le rédacteur principal, ^^il ^^re frappé. 11 no pouvait] 

du moins le meneur et la pensée. Il ^^^ question pour lui de rien t 

se défendit plus tard d*y avoir jamais ^^' ^^ ministère des affaires éir 

écrit d'articles politiques (Lettre au K^ces; uiaia ce qui dut lui être j 

Temps du 19 septembre i8SQ). Mais ^^^^^^^ ^"$ ^tre pourtant totaleiv 

alors on ne saurait se dissimuler que i»*atï^"tl"i oe fui d'être destitue 

les articles étaient en quelque sorte ^^'^ fonciious à U bibliothèque 

écrits sous sa dictée, qu'il les corn- l'Arsenal. Les bibliothécaires itl 

mandait, qu'il les inspirait. On peiisr "^''^1 ^^"^ iuduioviblcs^ mais Sa 

bien que ses travaux scientifiques en M.*rtin trouvait ce principe ridic 

étaient négligésd'autant, et que, quoi- ^" t^ni^» do sa laveur, et il visai 

que sa position et son orgueil ne lui ^*^^^ autour de lui une grande é] 

permisseutpasdelesabandonnertout l'^tion de personnes dans la bibi 

à fkit, ils marchaient bien lentement, ^^^ue. C'e^i lui qui fut la preui 

Toutes ses publications vraiment et presque la seule victime de C( 

savantes se bornaient à des articles ^^^^^ qui malheureusement avait 

dans le Nouveau Journal asiatique, trop de notoriété; et très-cerlai 

Cette Biographie universelle à la- ment, si sa chute inspira des 

quelle il en avait donné long-temps, grets, ce ne lui point à TArseii 

^ainsi que sou ami Rémusat, venait De toutes ses places donc il negar 

d'être terminée, et le Supplément outresonfiiuteuilàrinstitut,ques 

n'en était pas commencé; ainsi il n'y inspection à l'Imprimerie ro*yale. 



&A1 SAI 871 

fut, avec un^and déficit pëcuDiaire, être par mauvais vouloir que parce 

une humiliation grave pour l'orgueil qu'on ne se croyait pas encore assez 

de celui qui avait rêvé de si hautes fort pour s'associer l'impopularité de 

destinées, etquidésormais,lors même son nom. 11 n'eut pas plus de succès 

qu'il eût dû se rallier au gouverne- quand quelques mois après il demanda 

ment nouveau, ne pouvait avec hon^ (183S) la pli^^ laissée vacante an dé-* 

neur ni lui proaieUre le même dé- partement des manuscrits de la Bi- 

vouement I ni s'en promettre les hliothèque royale par le décès d'Abel 

mêmes faveurs, il i^e put se défendre Rémnsat. Au reste la mort de ce sa- 

de laisser échapper quelques plaintes vaut, son, ami depuis l'enfance, lui 

publiques, dans le premier étourdis- avait inspiré non-seulement une af- 

sement de sa chute ; et de là cette fliction profonde , mais de sinistres 

lettre au Temps où, en niant qu'il pressentiments. «Il m'emmènera,» 

eût jamais en part à la rédaction po- disait-il. Effectivement il ne Survécut 

lîlique de l'Universel et en retra- à Rémusat que six semaines. Saisi 

çant sa vie littéraire, il s'étonna d'une violente migraine le 14 juillet^ 

des mesures qui étaient venues le de vomissements le 15, après avoir 

frapper et diminuer son existence, daigné à peine s'en inquiéter, bientôt 

Il comprenait à son tour ce qu'il y il fut forcé d'y reconnaître les symp* 

a souvent d'inique dans les réactions, tomes du plus violent choléra et sud- 

Et cependant, il faut l'avouer, quoi- «omba le 16. On écrivit dans la Gù" 

que nous ne prétendions pas justi- zetie de France dn 19 juillet, sans 

fier la sévérité dont Saint-Martin avait doute afin de faire ressortir tonte la 

h gémir, il est visible que le gou- sauvagerie du gouvernement à son 

vernement d'alors ne voulait en au^ égard, qu'il était mort dans le dénû" 

cune façon le dépouiller entièrement ment, que le linge avait manqué pour 

ni lui enlever toutes ressources, ses pansements; maïs on sait quMI 

Il lui laissait une de ses positions ré- y avait plus que de l'exagération 

tribuées, et probablement il lui en eût dans ces assertions. Il ne faut pas non 

laissé deux , malgré le cumul, si on plus perdre de vue qu'on lui avait 

ne lui eût forcé la main, si ses subor- laissé une place de trois mille francs, 

donnés n'eussent cru leurs places en. à laquelle il joignait les avantages 

péril tant qu'il garderait la sienne, de l'Institut et le produit de ses on- 

Nul doute qu'à la longue on ne lui vrages. C'était bien-peu comparative- 

en eût rendu quelque autre. Ce ment à ce dont il avait joui, mais oe 

n'était qu'nne question de temps, n'était pas la misère, comme on Pa 

et tout se serait borné à une suspen- dit. Sacy, dans la Kotiee hiettirique 

sion fâcheuse, il est vrai, mais qu'il pleine dé bon goût et d'égard qu'il 

s'était bien un peu attirée. Malheu- loi consacra, atteste qu'il avait été 

reusement il n'en vit pas la fin. Une chargé par le ministère de l'assu- 

mort prématurée devaii le ravir à la rer que sous peu des jours meil- 

littérature orientale avant que les leurs allaient briller pour lui. Il 

jours de la réconciliation fussent âr- avait souvent usé de façons blés- 

rivés pour lui. Présenté par l'Institut santés, acerbes » en même temps 

et par le Collège de France pour une que fait du mal autour de lui ; les 

chaire d'histoire en 1831, il se la vit événements, si mal prévus par lui, 

refuser par le ministère, moins peut- firent qu'il snbît la peine dn ta^ 



W? SAI SAl 

lioD« dans sn iatérêfs niatfri^ls m^ langnes , mœurs, h»t5iie. f 

comme dans son orgueil : om eût dit graphie , simple expositioB àt t 

qa'on toolait loi donner one leçon, polémiqae on déaionstratioB. D 

Quoiqu'il en soitduplos oo moins leurs, il nVtait pas linguiste | 

de temps qu*«Tait à durer cette ex- être linguiste ; mais les la^ 

piation, eeftit, on ne saurait le nier, étaient pour lui on moyen d*ter 

une perte grare pour les lettres oriei^- aux faifs, au réel, à rhistoîre., 

taies en France, surtout si Ton pense gnez à cela qu'il irait certaine I 

qu'il était dans toute la force de Pige, teur de rues, beancou p de suite à 

et qu'on pouraitse promettre encore les idées, un coup d'ceil net, qni 

de lui au moins 20 ans de traraux. tingnait rite où t*tait le nœni' 

Onue saurait nier, non plus, que tous difficultés, quel était« dans un is 

deux, à l'enri Tun de Tautre, Ré* pêle-mêle de Taits, le point cuk 

musat et Saint- Martin, n'aient df- nant,et enfin une grande déâ 

ployé autant de UToir-faire que de d>sprit. Il se trompait quelqnd 

talent, toutes les fois qu'il s'agissait justement par suite de cette pron 

de se faire valoir et d'arriyer soit à la décision d'esprit \ mais i I se tram 

réputation, soi taux places. Ils avaient rarement, et, à ce qu'il nous a t 

commencéde bonne heure,etprésen- joars semblé, il se trompait ] 

té, dès l'époque de l'empire, ce spec- utilement que d'autres. Presquel 

taele d'Oreste et Pylade littéraires, jours, grâce à ce tranchant arec 

dont un peu plus tard le système de- quel prononce Saint-Martin et i 

fait donner naissance au mot coma- prétendues iireures dont il ap| 

rodme.Nous avons vu Saint-Martin, sou dire, on fait route dans lai 

à vingt ans, en tsto, emboucher la du vrai /et il aide soit à découi 

trompette pour faire résonner du sa propre erreur, soit à trouver d 

nomd'Abfl Rémusat les échos du très résultats. Quan ta son stTle,â 

Magasin enefelapédique ; et Rému> parfois lourd et peu gracieux, con 

sat, en 18t3« lorsqu'il imprimait sa Pest trop souvent celui des savai 

thèse médicale sur les signes des ma- H professait un mépris profond, e 

ladies de la langue ^ en envoyer le géré même, pour ce qu*ii appe 

premier exemplaire à Saint-Martin, phraser^ proclamant que la sctei 

avec «ette inscription : J. SainU devait être aride, m^me ennuyée 

Martin^ alteri orienlalium HUera- l\ s'en faut cepenUaut que sa d 

nim«j»e.MaisleurUlent,ieurscience tion soit toujours dépourvue de dm 

étaient réels : Saint-Martin , en par- vement et de vie. Très-souvent 

ticulier, éUit, sans contredit, l'hom- puissance des faits qu'il cite, la p 

me qui connaissait le mieux tout ce nitnde des détails qu'on voit sur 

qui tient à rensemble des régions de sa science, le sentiment profc 

comprises du Caucase au Golfe Fer- qu'il a des événements ou des can 

sique et de la Mer Noire à la mer tères lui donnent une vigueur, 

d'Aral. L'Arménie « à elle seule , lui intérêt que n'offrent pas même 

eût semblé trop peu ; mais, dans la jolies pages de son élégant ami Réa 

manière dont il avait conçu et orga- sat. On doit à Saini-Martin : 1. J 

nisé ses travaux, tout ce qu'il savait, moires historiqueê et géo§rafkiqi 

tout ce qu'il signalait, du reste, fur TiÉrménie, etc., Paris, lëis 

venait rayonner autour de l'Armé- I8t9, !^vol. iu-8<>.C'est« sans conU 



SAl SAI! S78 

dit, le plus iiu|M)rtant de ses ouvra- uiains cureut laat et de si fréquentes 
ges. Le premier volume contient l'his- relations, et qu'évidemment les su- 
toire générale et la géographie du jets des Arsacides distinguaient par- 
pays*, et cette histoire, cette géogra- faitement jeurs voisins du nord et 
phie, étaient presque totalement in- de Test de ceux de l'ouest, et que 
connues aux savants de TEurope. On par suite ceux*ci devaient aussi en- 
avait même sur elles les idées les tendre parler avec certaine précision 
plus fausses. Dans la 2' partie s'of- des Chinois. Nous admettrons même 
frent, avec les textes arméniens de qu'ils ne croyaient pas ces Chinois 
VHistoire des princes Orpélian$, par (les Sinœ, suivant le mot aucien) ha- 
Varchevêque de Siounie, Etienne Or^ bitants de rHiudoustan, et qu'ils 
pélian, de la Géographie attribuée' à comprenaient passablement leur po- 
MoTse de I^boren, et de celle du Sition géographique, relativement à 
docteur Vartau, des traductions fran- l'empire persan. Nous admettrons 
çaises en regard, plus des notes ex- entin, car Saint-l^lartin nous semble 
plicatives. La Géographie de Vartan l'avoir parfaitement prouvé, que de- 
avait déjà été publiée & Constantiuo- puis sept ou huit siècles au moins 
pie en 1728, et celle de Moïse de Kho- avant notre ère, des colonies vinrent 
ren, à Marseille, 1^83; maïs il n'en de l'empire chinois (du Djenasdan, 
existait pas de traductions françaises, comme disent les auteurs qu'il allé- 
et bien moins encore de notes expli- gue) eu- Arménie, et que les Mami- 
catives en français ou même en langue goniens, les Orpélians, étaient du 
européenne. Pour VHistoire des Or- nombre jde ces colonies. En résulte- 
pélians, complètement inédite, elle t-il ^ue ces illustres familles étaient 
a été écrite, comme on le sait, au h, vraiment parler chinoises, et que 
XIII* .siècle seulement, et se com- leurs chefs, parce qu'ils sont nom- 
pose de neuf .chapitres. Pris dans mes princes» fussent de la fiimille 
son ensemble, le travail de Saint- impériale de Pékin? L'empire^hinois, 
Martin est ce qui a paru de plus sa« le Djenasdan, comprenait, puisqu'il 
vant et de plus complet, tant sur la s'étendait jusqu'à la mer d'Aral , 
géographie que sur les élémei\ts de quantité de populations d'un autre 
l'histoire de l'Arménie. Beaucoup des sang. Divers témoignages d'ailleurs 
idées, des conclusions de l'auteur, mentionnent les Orpélians comme 
peuvent servir à jeter un jour éclatant Tourauieus; or, par le Touran on a 
sur divers points historiques, long- toujours entendu l'Asie centrale , 
temps controversés, ou quisont restés c*est-à-dire ou leTurkestan indé- 
dans l'ombre. Tout pourtant n'est pas pendant, ou les contrées circonvoi- 
également exact, ou bien l'auteur ne sines. Malgré plusieurs taches de ce 
s'est pas assez donné de peine pour genre, les notes sur l'histoire des 
restreindre la portée de l'expression Orpélians sont pleines d'intérêt et 
en exposant son système. Ainsi nous ont une grande portée. On doit re- 
admettrons facilementcetteassertion marquer principalement celles sur 
qui nous donne la Chine comme bien le chapitre XI, malgré la faute assez 
moins inconnue des anciens qu'on grave qu'il commet dans la traduc* 
ne se le figure communément, vu tion d'Ebn-Alathir, en traduisant 
qu^elle était limitrophe de l'enipirek • un butin de 19,000 coudées de 
des Arsacides, avec lequel les Bo- longueur,* pour • un butju où H< 






SAl 



drii\ méprises: Vmu\ sur le ti'Xtc 
«rHêfiuiolo. relatif il la prise de Sir- 
des, t)u\»ii a plac(^e douze aii> imp 
bas; Tautre, sur ]a ratisse, iiiethtide. 
qirou a suivie en faisanl p.irlir le 
calcul de la prise de Sardes, et nun 
de ravéïieuient de Grt^sus. T Con- 
sidérations sur l'histoire d'Egypte 
en général^ et mr les systèmes d'Hc- 
rodoteet de Diodoredv Sicile en par- 
ticulier (lu le 15 novembre 1822). Il 
5'y élève avec raison contre la leeon 
ârrô p^2iâ?:;de Dîod., 1, 44, mais 
il a le tort lie croire que personne 
avant lui n^avait remarqué la dilli- 
ciilté de ce passage, et senti l'ab- 
surdité tant grammaticale qu*arith- 
uiétique de i^upt-i^c; ; il a tort aussi de 
penser que Mirris et Menés ne sont 
pas un mOme personnage (vuy. Ofr- 
sercalions sui' un passage de Dio- 
dore de SiCf/f, etc., par M. Letioiim», 
Ultime recueil, Xll, 2, puj;. 81). Mais 
nous le croyons ttes-voisiu «le la 
vérité dans î^ou inlerpivialion du 
passage d'll«»rodote, II. ti.*. sur 
les qualrc IcviTS du soleil i; •'Jswv, 
et, dans les eomlusions qu'il en tire, 
son essai de conciliation de Ma- 
néthoQ avec Hérodote et Diodore 
nous semble mettre, sur la voie des 
solutions vraies, l. 'explication ten- 
tée par M. Ideler, liandl. d. math. 
If. techn. Chronvlogii'y 1, 138, est 
bien loin de satisifaire autaitt et d'ê- 
tre aussi réservée, aussi rationnelle. 
3» Nouvelles obscrcalions sur les 
inscriptions de Perscpi)Us (-H) dé- 
cembre 1822). Ces observai ions lu^ 
portent que sur deux des six inscrip- 
tions persépolitaiues de la ))ianche 
\XIV, tome 11, du Voyage il". Nie- 
buhr (celles qui sont d<5s:^;Mées pur 
fes lettres el B). Déjà GrolefeiuL 
entre autres, s'était exercé sur ces 
inscriptions, ri il en avait décliiM'ré 
quelques mots avec a^scz de bon- 



SAl 

heur; mais, eomnie il lu*. savait ati* 
cun des idiomes orientaux, il n*av«i 
pas également réussi partout. Saiul- 
Martiu déchiffre les deux inscrip- 
tions compiêteinent, d'uue maniè- 
re à peu près irrëprdlicnsible, ri 
lieu conclut un alphabet cubiformr 
(qui du reste.^ on le sait, n'est \m 
le seul qui ail exia'ié). Il fait rem.ir- 
quer en pass.iiit diverses particu!j- 
rités grammaticalos, supposant avec 
vraisemblance que la laugue d(« 
deux inscriptions pcrsëpolitaiiies dul 
tUre un dialecte lend. Il en conclut 
en lin que les monuments t\^ Tersé- 
polis ont été élevés par Darius cl 
par Xe.rxès, dont les noms se liiteiit, 
ainsi que celui de Vichtasp, dans ks 
inscriptions déchiffrées. 4« Recher- 
ches sur la cie et le* aventures de 
Isèon, dernier roi des Jrmétitriii (In 
le 18 mars 1823). Le Léon dont il fit 
ici question est Léon ou Lîvon Yl, 
nù de la petite Arménie, mort à Pari5 
eu l.'iî>:U L''s promesses du titre sont 
loin d'être remplies p:ir raiiteiir. qui 
stî borne à induîuer les diverixences 
des historiens, soit arméniens, soit la- 
tins, sur les rè;;iiesde la dynastie de 
Lusiguan en Ai'uuiuie, el k dire de 
quelle manière cette uuii.son parvint 
au trône de Cilicie. Ou ne peut que 
rej^retlcr de Viîir qtie Saint-Martin 
ait abandonné ou ajourné une qtte.s- 
tiou que personne nVlait capable de 
traiter aussi à fond ([ue lui. H» Ob- 
sercallons snr ré/)07<w du rèjne 
d'Chymandyas{{i février 1823). Ce 
uVsi pas une u•:tea^sez courte. 1/au* 
teiu" v pose eu t'ait l'existence d'0>v- 
Miamh.'is. M identitie ce prince .H 
risinandè.s de Strabon et au Smen- 
dt>s de Mauéthou, cher de la ii'^ dy- 
nastie, ou 2"^ des Ttiuiies : il le fait 
réjçucr de 1102 à 1077 avant J.-C. S,i 
date peut se contester, le reste nous 
semble imlubitublc. tî* Mémoire sur 



SAl 

Psatnmétique^ roi de Corinthe (18 
uovembre 1825). De ce nom égyp- 
tien^ intercalé au milieu des noms 
d'une famille grecque, et de plusieurs 
autres circonstances habilement rap- 
prochéeSi Saint*>Martin conclut, avec 
beaucoup de probabilité, que Gor- 
gus, père du dernier Cypsélide de 
Corinthe elfrèrede Périandre, avait 
épousé lîne fille du roi d'Egypte, 
Psammétiquev et, par conséquent, 
était petit-fils de ce prince. ?<> Oà- 
servations sur un passage de Sal* 
luste, relatif à l'origine persane des 
Maures, et de plusieurs autres peu- 
ples de l'Asie septentrionale ( fé- 
vrier 1828). Sans administrer préci- 
sément la démonstration des asser- 
tions si curieuses de Salluste (Jug.j 
13) sur Torigine des Numides et des 
Manres, Tauteur s'attache du moins 
à en faire saisir la vraisemblance; il 
écarte toute i^dée de légende ihytho- 
logique; il réfute l'opinion de ceux 
qui seraient tentés de voi r là une expé* 
dition phénicienne , enfin il appelle 
l'attention sur le rapport de son des 
mots Perse et Pharusii. XI (dans les 
Notices et Extraits des manuscrits 
de la Bibliothèque royale.^ U XI). 
Notice du Décret ou Privilège de 
Léon II, roi d^Armènie^ en faveur 
des Génois, en 1288. XII. Onze arti- 
cles dans le Journal des Savants . 
lo Sur la Chronique àfEusèbe (févr. 
1 820) ; 2° Sur les Inscriptions ly- 
viennes découvertes par M- CocKerelt 
( avril 1821) ; 3» Sur un papyrus 
égyptieti expliqué par M* Bœcker 
(sept. 1821)^ i'>5ttr l'inscription hié- 
roglyphique de l'obélisque de Philè 
(avril 1822} ; 5« Extrait d'un mé- 
moire sur l'histoire d'Egypte (sept. 
1823) i 0» Sur la Johannide de'FL 
Crcsc. Corippus (avril 1828) ; 7» Sur 
les Synchronismes des temps hérot- 
f/ues, de M. Petit-RadelQmn t%n); 



SAl 



377 



8o Sur le Voyage de M. Schulz en 
Orient (août 1828); 9^ Sur la descr. 
de l'anc. Arménie^ par Luc IndjHd- 
jian (sept. 1828)*, le^" Sur une Col- 
lection des auteurs classiques de l'Ar- 
ménie (juillet 1829); iV Sur la Chro- 
nique géorgienne de M* Brosset jeune 
(février 1830). XIII. Une vingtaine 
d'articles dans le Journal Asiatique^ 
entre autres ceux : Sur une tragédie 
arménienne: Sur les Fables armé- 
niennes de Vartan; Sur des manu- 
scrits orientaux offerts par lord 
KingUborough; Sur les Révolutions 
de l'Arménie sous Arsace 71, au IV* 
siècle ; Sur les Inscriptiùus armé- 
niennes de Bolghari. XIV. Deux 
cent soixante-quinze articles dans la 
Biographie universelle, parmi les< 
quels il faut placer en première 
ligne Mithridaie-le-Çhrand et les 
quatorze Ptolémêes, puis les trois 
Mithridate, roi des Partbes, les 
quatre Uormisdas^ les trois lesded- 
jerd, les deux Khosrou^ les huit Sau- 
romates, les quatre Phrahates, rois 
des Parthes, les deux Phamace, 
rois de Pont, les sept Phara^nane, 
rois d'Ibérie, les six Seleucus, rois 
de Syrie, les deux Roustem, guer- 
riers persans, les deux Hayton et 
les six Léon, rois d'Arménie, «les 
cinq Grégoire, patriarches de cette 
contrée , saint Èphrem , le philo- 
sophe David, les trois historiens 
Moïse de Khoren, Maribas Cathina, 
et Mekhithar, Mas'oudy, Edouard 
Pocock^ cUc^etc. ^\. Divers mor- 
ceaux séparés, tels que Motif démon 
vote négatif sur l'Acte additionnel 
aux constitutions de l'empire, Fa- 
ris, 1815, in-8''^, Notice sur la vie 
et les travaux numismatiques de 
Tcchon d'Annecy, en tôte des Re- 
cherches de cet académicien* sur 

m 

les médaillée des nomes ou pré- 
fectures de VÉgypte, Paris, 1822, 



378 SAI SAI 

iD-4*; une Noiicê twr Vt^pit^ noUmment donner les datât êiafl 

sous les Pharaons, de Champol* de l'hiMoire grecque k partir 

lion, Paris, 181 1 , in-8» (dans le 15 août stso avant notre ère. 

Moniteur) ; Notice (dans le Maga- comptait r«^unir, dans des tablai 

atfi eneyelopédique), sur TEssii de synoptiques, quantité d*îudicatii 

Mémutat, sur la langue et la litté* chronologiques sur les Sicyoaie 

rature chinoises, Paris, 1811, in-8«. les Argiens, les Athënirns, les l 

Ontre ces ouvrages, Saint-Martin phiens, les Lacédémoniens , 

laissait, dit-on, en nianu.^crit plu- Achéens^ les Étoliens« rangées 

sieurs travaux de grande importance; regard ûett nninëroA d'années, s 

la plupart consistant en traductions vant les 4 grandes ères grec^ 

(M. Brosset en nomme cinq, non (olympiades, isthmiades, pythya 

comprisceuxqu'ona publiés); savoir: et ni^méades). Il appuyait suit 

1^ un Abrégé d^hiitoire umverselle i «nr ce point, qu'il admettrait t 

S* rflislotre de Lazare de Farbe; qu'ils sont tous les témoignages j 

3*" V Histoire de Moïse de Khoren; ciens, quelque contradictoiresqu 

4<» plusieurs portions considérables paraissent fort souvent, et qu'on 

d'une Histoire d'Arménie, différente rait tout étonné de voir se rétoo 

de cette dernière ; 5<> V Histoire des facilement et comme d'eiiz*aite 

Farlanien<, par Élise; &*V Histoire par ses procédés et avec ses iè 

du pays de Toron, et cel le de Nersés- fondamentat«^s , une foule de prob 

le-Grand^ plus ou moins complètes; mes long-temps réputés insoluU 

7« la Vie de Thamour^ par Thomas Cet ouvrage, probablement, n*a j 

Mesrob ; 8« des fragments de mé- mais été qu'à l'état de notes plut 

moires sur (e5 iânli^utle^ de VÈgyp- moius informes, mais, à notre ar 

fe, sur Sanchoniathon, sur Mané- était fort avancé dans sa t^te ; ce de 

Mon; 9« d'autres sur la Dynastie des il est permis de juger par tous les i 

Arsacides; t0« d'autres encore sur taihchrouologiquesqu'ilseplattso 

V Histoire des Saisanides (ceux-ci, veut à donner et qui semblent, cfa 

on rassure, étaient très-nombreux lui. jaillir de source et d'un systèi 

et plusieurs étaient fort longs); unique. C*est à tort, du reste, qu'< 

ll«sur r^nnéf de la naissance de a iumginé que ce travail projetéétJ 

Jésus - Christ, 11 existe k riui> devenu la Chronologie de tous l 

primerie royale les 150 premières peuplu depuis le déluge universt 

page% d^\n\c. Histoire du royaume de Paris, 1820 et 1834^ 4 vtil. in-8' 

Palmyre^ qu'il n'a pas eu le loisir compilation sans grande valeur, 

d'achever. Il promettait, dès 1820, qui n'a rien de commun avec notre h 

lors de sou débat avec M. Cliampol- bileorientaliste,que le second nom i 

lion-Figeac, une CAronotp^ie de r^js< son auteur, Baillot de Saiiit-llarti 

toire ancienne^ dont même il annon- 11 faut ajouter, pour achever de fai 

çait le premier volume comme étant connaître et apprécier les servie 

ou devant être sous peu de mois en rendus à la science par Saint^-Marti 

état d'être imprimé. 11 se faisait fort que c'est lui qui patrona Sotiuli 

d'y traiter toutes les questions rela- rédigea les instructions dont il F 

tives à la chronologie ancienne avec chargé; qu'il avait de même fa 

une précision que vainement on adopter en principe, par le gouvei 

chercherait ailleurs. Il prétendait nementde la Reslauraiioni le proj 



SAI SAI 379 

cl*ane exploration dans le Caucase temps de prendre les ordres, pour 1c 
par M. Brosset, qu'il en avait dëjà décider à ce sacrifice. Sa docilité fat 
rédigé les principales dispositions, et récompensée par un' canonicat an 
enfin qu'en 1829 et 1830, lorsqu'on chapitre de Saint-Jean de Besançon, 
préparait l'expédition d'Alger, il dont il devint bientôt l'un des pre- 
composa, pour le ministère de la miers dignitaires. Ce diocèse avait 
guerre, sur cet objet, plusieurs mé- alors pour archevêque Claude de la 
moires qui firent l'étonnement des Baume (roy. ce nom, III, 567), prélat 
hommes de l'art, et dont les données à douze ans, et qui , comme Saint- 
semblent ne pas avoir été inutiles Mauris, aurait bien désiré conserver 
au succès de nos armes sur ces son titre, sans prononcer un enga- 
plages éloignées. C'est du moins ce gement indissoluble. Soit que Saint- 
que donne, comme présumable et Mauris fdt animé de ce zèle si na- 
comme étant son opinion , Sil- turel aux néophytes, soit qu'il en- 
yestre de Sacy, dans la notice qu'il trevît la possibilité de remplacer La 
lui a consacrée (t. XU de la nou- Baume sur le siège de Besançon, il 
▼elle série des Mimoireg de VÂca' devint pour l'archevêque un sur- 
demie desinscriptionij 1 " partie). — veillant très-incommode, et ne cessa 
Assez jeune encore (en 1818), Saint- de le tourmenter qu'après son en- 
Martin avait épousé la veuve du gé- trée dans les ordres. Nommé par le 
néral Casteix. P — ot. crédit de Cranvelle conseiller-clerc, 
SAINT-MAURIS (Jacques de), puis maître des réquêtes au parle- 
homme d'État, Franc-Comtois, est ment de DOIe , le zèle que Saint- 
plus connn dans l'histoire de cette Manris apporta dans ses fonctions 
provin<ïe, au XYI^ siècle, sous le nom lui mërita la confiance de la cour 
de prieur de Beîlefontaine, bénéfice d'Espagne , qui l'employa dans di- 
dont, par un abus très-commun k Verses circonstances iniportantes. Il 
cette époque, il avait été pourvu fut aussi député plusieurs fois à 
long-temps avant Tâge fixé par les Bruxelles par les États de la pro- 
canons. Il était fils de Jean de Saint- vince, et il s'acquitta toujours de ses 
Mauris {voy. ce nom, XL, 29), sa- commissions avec autant de pru- 
vant jurisconsulte que ses talents dence que d'habileté. Le cardinal de 
avaient élevé d'une chaire de pro- Granvelle, élu archevêque de Besan- 
fesseur en droit aux premières di- çon, mais ne pouvant pas )te rendre 
gnités de la magistrature. Né vers dans son diocèse , lui donna une 
1530, k DÔIe, il achevait ses études marque particulière de s<»'n estime, 
à l'académie de Padoue , lorsqu'il en le désignant l'un des membres du 
eut le m'alheur de perdre son père; conseil auquel il en remit l'admini- 
mais le jeune Saint-Mauris trouva stration. L'esprit tracassier de Saint- 
dans le cardinal de Granvelle, son Mauris, et les prêtent icm s exagérées 
proche parent, un guide et un pro- qu'il ne .'craignait pas d'afficher, lui 
lecteur dont les conseils et l'appui avaient fait de nombreux ennemis, 
ne lui manquèrent jamais. Le prieur qui n'attendaient qu^me occasion 
de Bellefontaine , en avançant en favorable pour l'humilier. Quoiqu'il 
âg4>, sentait $'aff<«iblir son goOt pour fût peu chanlable envers ses con* 
l'état ecclésiastiques il falliit que frères, sa conduite ne Ikissait pas 
Granvelle lui rappelât qif rl' était qife de donner prise à la critique. 



'6%0 SAI SAI 

E(!e fut deiiouccc k la cour de Rouif ; 1 7tfl , fit, sous \es ordres des ptiMB 
mais Granveilf , iustruil à temps de frères du roi , la campagne de ITfî. 
cette accusation, en arrêta les suites, à Tavaut-garde, et après le Ueeide* 
Déjà pourvu de nombreux bénë6ees, ment servit avec tous ies sicBS.ë» 
Saint-Mauris obtint , en 1596, Tab- Tannée du prioce de Condé, on : 
baye de IloDtbeooIt. C'est donc à perdit un de ses tîlc. 11 reatta a 
tort que, dans son Histoire de V ad- France après le 18 liroiuaire(lW. 
wiimittration de la justice au comté et ne reprit les armes avecaei£i» 
de Bourgogne^ Durand, trompé par que lorsqu'ils surent que le «■:< 
des renseignements inexacts, tixe sa d'Artois était à Bâte. Ils s^empraK- 
mort à Tannée 1570. Saint-Mauris rent alors de lui offrir leurs scrvias. 
mourut au plus t6t eu 1603, et fut que ce prince accepta dès letliè- 
inhumé dans le tombeau de sa fa- vrierl814. Le marquis de Saiot-lbn 
Biille, à Saint-Étienne, où l'on voyait fut nommé la même année înspK' 
scm épitaphe avant la démolition de leur et commandant des gardes m- 
cette église, qui eut lieu après 1674, tionales de la Haule-SaOne» pu 
pour agrandir la citadelle de Besan- maréchal-de-camp en|1813. Élevé i 
çon. On conserve à la bibliothèque la dignité de pair de France paroi- 
de cette ville la Correspondance de donnance du 5 nov. 1827, sa bo» 
Granvelle avec le prieur de Belle- nation fut annulée par la Charte & 
fonUine, 3 vol in-fol.Elle est très- 18S0. Rentré sans peine, mais wm. 
intéressante, surtout par les détails sans regret, dans la vie privée, il aïs 
qu^on y trouve sur les diverses ten- en ordre les matériaux qu^il afiK 
tatives des protestants pour s'établir amassés depuis loDg-temps pour ■ 
dans la Franche-Comté. D. Bertliod grand ouvrage sur la généalogiede sa 
{voy. ce nom, IV, 356), Tun des der- famille. Après avoir recouvré, declui- 
niers savants de la congrégation de fré ou transcrit près de sept cent» 
SaintMaur, en avait extrait les lel- chartes ou titres, depuis le XI* sie- 
tres les plus importantes, qu'il se cle, pour cette grande conpositioB. 
proposait de publier avec des notes il la lit paraUre à Vesoul en 1S32. 
et des éclaircissements. Sou travail sous ce titre : Généalogie hisioriqvt 
inédit fait aussi partie des manuscrit:» de la tnaison de Saint-Mauris, da 
de la même bibliothèque. W— s. comté de Bourgogne^ depuis le eom- 
SAINT - MAURIS ( Chables- mencemenf du XI* siècle^ accomfê- 
Emmamuel-Poltcarpe, marquis de), gnée de Notices sur la plupart i» 
pair de France, chevalier de Saint- degrés, ainsi que sur Vorigine et 
Louis , de Saint-Georges, de Saint- l'illustration des maisons avec les- 
Jean de Jérusalem, etc., naquit en quelles elle a contracté des edlianus 
Franche-Comté, d*une ancienne et directes (Vesoul, 1832), in-fol. d( 
illustre famijie, le 27 mai 1754, et XL et 282 pag. avec fig. et blasons: 
fut sous -lieutenant au régiment de ouvrage curieux. M. de Saint-Uauris 
Saint-Mauris en 1764,capitainededra- fut nommé Tannée suivante (1833' 
gons au régiment de Bauffremont, son membre de TAcadémic des sciences 
cousin, en 1768, et colonel du même et belles-lettres de Besan^^ou. 11 mou- 
corps en 1787. 11 émigra avec ses deux rut peu de temps après. Il avait 
frères et ses deux fils pour rejoindre épousé, en 1777, la marquise de Baî- 
lesarmées royalcsà leur formation en gecourt,chanoinessede1leBiireoioBti 



SAI 

îasiiA û*\\m des plus illustres maison* 
de Taucienne chevalerie de Lorraioe. 
Son fiis^ qui lui succéda.dans ses biens 
et titres, soutient dignement cet ho- 
norable nom. L— M— X. 

SAINT-MÉGRIN (Gaussadb de) 
fut un de ces hommes méprisables 
qui souillèrent la cour de Henri III, 
sous la dénomination de Mignons, 
« Ce prince, dit l'historien Anquetil, 
d'après Marguerite de Navarre , ai- 
mait ses favoris jusqu'à les embras- 
ser plus que familièrement .devant 
tout le monde, à les parer de sa main, 
à leur attacher des colliers et des 
pendants d'oreilles. 11 ne permettait 
point qu'ils le quittassent ni le jour 
ni la nuit. Le jour il le passait avec 
eux dans des appartements inacces- 
sibles à ceux qui n*étaient pas du se- 
cret. La nuit , tous couchaient dans 
ée petites cellules pratiquées autour 
d'une vaste salle , séparée par une 
mince cloison ; et souvent il en choi- 
sissait quelques-uns pour leur faire 
partager son lit... » On sait que c'é- 
raient des hommes du plus grand nom 
f|ui jouèrent ce rôle infâme; parmi 
eux se remarquaient un Lavalette^un 
Joyeuse, un Vil1equier,un Maugiron, 
un Caylus, etc. Lorsque ce dernier 
eut péri dans un desduels si fréquents 
à cett^ époque, le roi lui donna les 
plus vifs regrets. Pendant les trente- 
trois jours qu'il vécut encore, après 
avoir été percé de dix-neuf coups 
d'épée, Henri ne quitta pas le chevet 
de son lit. « 11 avait promis, dit la 
reine de Navarre, aux chirurgiens 
qui le pansaient, cent mille francs 
en cas qu'il revînt en convalescence, 
et , k ce l^au mignony cent mille 
éeus pour lui faire avoir bon cou- 
rage de guérir, • Nonobstant ces 
• belles promesses, ajoute l'histo- 
« rien, il passa de ce monde à l'autre.- 
Henri n'aimait pas moins Maugiron, 



SAt 



381 



oarilles baisa tous deux morts; tit 
tondre leurs têtes et emporter et ser- 
rer leurs blonds cheveux; ôta à 
Cajlus les pendants de ses oreilles, 
que lui - même avait donnés et at* 
tachés de sa propre main. 11 sou- 
lagea sa douleur en leur faisant faire, 
dans l'église de Saint-Paul, des obsè- 
ques d'une magnificence royale, et 
en élevant des statues sur leurs tom- 
beaux. Auprès d'eux fut bientôt en- 
fermé dans la tombe Caussade de 
Saint -Mégrin, aussi favori du roi, 
que le sort des autres ne rendit pas 
plus sage. Il s'était attaqué aux Gui- 
ses mêmes , affectant de les mépriser. 
Un jour , dans la chambre du roi , 
devant des seigneurs qui étaient 
présents, « il tira son épée et, bra* 
« vaut de paroles, il en trancha son 
• gant parie mitan, disant qu'ainsi 
« il taillerait ces petits princes... > 
Une pareille imprudence devait le 
perdre. Cependant Varillas donne 
à son malheur une antre cause « 
Quoique attaché au roi , et par 
état ennemi du duc de Guise , Saint* 
Mégrin aimait la duchesse, et l'on dit 
qu'il en était aimé. Bien que fort indif- 
férent sur la fidélité de sa femme, ce 
prince, que Bassompierre informa de 
cette intrigue, fit assassiner Saint- 
Mégrin de 35 coups de poignards, à 
sa sortie du Louvre, le 21 juillet 
1578. Selon quelques-uns, c'est 
par le duc de Mayenne et d'autres 
parents que ce meurtre fut préparé 
dans le seul but de venger l'honneur 
delà famille.Quoi qu'il en soit, le 
roi lui donna hautement les mêmes 
regrets qu'à Càylus et à Maqgiron. 
Comme eux il fut enseveli dans Té- 
glise Saint- Paul avec de grands hon- 
neurs, et une statue de marbre fut 
placée sur sa tombe. Mais en 1588, 
quand on apprit la mort des Guises, 
massacrés à Blois par ordre de Hen« 



S8S 



SAl 



ri lll, le peuple brisa les tonbeiux 
des trois mignons. M— d j. 

SAINT • MICHEL (Alexis de) , 
poète contemporain, né à Lorient le 
14 de'ceiiibre 1795, débuta dans la 
carrière dirs leitres par une pièce de 
vers qui fut couronnée à T Académie 
d'Orléans, en 1811. Enhardi par ce 
premier succès, il se livra presque 
uniquement à la lecture des poètes 
étrangers, et Télégante imitation des 
poésies d*Ossian, par M Baour-Lor- 
miau, Tenflamma pour le t»arde éco^ 
sais,qu*il voulut étudier et connaître 
dans sa langue originale. Il se pro- 
cura les traductions même les plus 
inexactes, les fragments originaux, 
les dissertations, les commentaires 
de sir John Sinclair, avec lequel il 
entretint une correspondance active, 
et qui Taida de ses lumières. Enfin, 
joignant à la verve du poète' la pa- 
tience de rantiquafre. il parvint, 
après lin travail de douze années, à 
compléter une traduction eu vers 
français de toutes les poésies d'Ossiau . 
la plus complète et, peut-être la plus 
exacte que l'on ait faite; mais cet 
■ouvrage est resté jusqu'à présent 
inédit. Au milieu des nombreux dé- 
tails de cette grande entreprise, le la- 
borieux Saint-Michel publia quelques 
pièces Je vers, qui se rapportaient 
presque toutes à son étuile favo- 
rite. Eu 1813, il tii paraître un 
petit poème intitulé : la Guerre 
de Thura: et en 18 1 9. un autre poè- 
me, intitulé FingaL dont quelques 
fraguieuts, insères dans VAimanach 
des Muses, furent cités avec éloge 
dans les feuilles publiques. Fingal 
fut suivi, en 1821, d'i'n autre poème, 
la Vierge de Groa. C'était une tra- 
dition populaire que le chantre de 
Fingal était allé recueillir dans une 
île située non loin des cotes de la 
Bretagne. Saint-Michel avait appris 



SAl 

l'anglais, les dialectes éeoMUS el gal- 
lique; il' voyageait souTnit à pied, 
pour s'instruire par des conTeisa- 
tions avec les pasteurs et les pay< 
sans, dont il lui importait de coa- 
nattre les traditions et le langage. 
Aussi serviable que modeste et ia- 
struit, il suspendît son grand oa- 
vrage pour traduire, en société a?c« 
M. Loève -Veimar, les ballades aa- 
glaises et écossaises dont ce jeuie 
littérateur a publié one collectioD. 
La modestie de Saint - Michel m 
permit pas à son ami de le citer et ée 
faire connaître la part qui lui ap- 
partenait dans ce travail. Cet hoà- 
mage au génie national du nord ht 
le chant du cygne. Saint -Michel 
mourut à U fleur de l'âge, dans le 
commencement de Tannée 1837. Z. 
SAINT-OURS, peintre céièbic, 
né à Genève en 1762, n>ut pour mi- 
tre jusqu'à TAge de seize ans quesoa 
père, qui était un excellent dessina- 
teur. Envoyé à Paris en 1779, il v en- 
tra dans récote de Vien.où ses progrès 
furent extrêmement rapides. Il rem- 
porta dès Tannée suivante une mé- 
daille à T Académie, et en 17gO le 
grand prix de peinture, dont te siûet 
était VEnlécement des SabimeSy que 
Ddvui a traité plus tard avec tant de 
succès. L*ouvrage de Saint-Ours était 
véritablement très - remarquable. 
Ayant ensuite fait le voyage de Rome, 
comme pensionnaire du roi, il y étu- 
dia soigneusement les nH>uument$ de 
cette patrie des arts, et donna suc- 
cessivement plusieurs ouvrages, dont 
le plus important est le tableau d*uue 
Lutte auœ jeux olympiques s aussi re- 
commandable par la beauté des détails 
que par la richesse du plau. En 179S 
les troubles de la révolution le for- 
cèrent de retourner daus sa patrie. 
où il se fixa pour s'occuper exclusi- 
vement de son art- Il y fil beaucoup 



SAl 

de portrtiU et queiques^iUbleaux 
historiques, entre, autres unlWm- 
èlement de terre^ distingué par une 
belle conception et une grande vi- 
gueur de pinceau. Saint-Ours mou- 
rut à Genève en 1809, lorsque la ma- 
turité de son talent lui promettait 
de plus grands succès. P— s. 

SAINT-PARD (PiERKis-NicoLAS 
VAN Blotaqub, plus counu SOI» le 
nom de) naquit le 9 février 1734 à 
Givet-Saint-Hilaire, dans le pays de 
Liège. Il étudia au collège de Diuan, 
tenu par les jésuites ; et, après avoir 
fait son noviciat à Paris, il eutra 
dans leur institut «t professa dans 
plusieurs de leurs collèges. Lors de 
là suppression de la Société,* il était à 
Vaunesen Bretagne, et il quitta cette 
province pour se rendre à Paris; mais 
un arrêt du parlement défendant 
aux jésuites d'exercer- le ministère 
ecclésiastique , le P. van Blotaque, 
d^apr^s le conseil de Tarchevéque 
Christophe de Beaumont, changea 
de nom, prit celui de Saint-Pard, 
et fut placé par le prélat dans la pa- 
roisse 'de Saint-Germain -en-Laye. 
Revenu à Paris vers 177.5 et nommé 
directeur des religieiises de la Visi- 
tation, il remplit ces fonctions jus- 
qu'à l'époque de la révolution, où 
toutes Ips communaqtés furent sup- 
primées. L*abbé do SaintrPard n'é- 
migra point ; il resta' cacht', et mon- 
tra néanmoins du courage et du zèle. 
Profitant d'un peu de calme sous le 
gouvernement du Directoire, il des- 
servit quelque temps la cure de San- 
nois; mais à la suite d'un sermon 
qu'il avait prêché à Poissy le jour des 
Rois et dont les répt.blicains se forr 
malisèreut, il fut arrêté et détenu à 
Versailles pendant six mois; plus 
tard il subit encore un emprisonne- 
ment dans la capitale. Enfin, après 
le ooncordat de 1801, M. de Belloy^ 



SAl 



38S 



archevêque de Paris, le nomma cha- 
noine, honoraire de la métropole. 
L'abbé de Saint-Pard s'attacha dès 
lors à la paroisse de Saint-Jacques- 
du-Haut-Pas, et se livra avec ardeur 
à la prédication et à la direction des 
consciences. Il mourut nonagénaire 
le 1« décembre 1824. Il a publié, 
soit comme auteur, soit comme édi- 
teur, différents ouvrages de piété, 
dont plusieurs ont paru soiis le voile 
de l'anonyme : L Le livre des élue, 
ou Jésus crucifié, par le P. de Saint- 
Jure, revu et corrigé, avec l'éloge 
du P. de Saint- Jure et la liste de ses 
ouvrages, Paris, 177t, in-12 ; il y en 
a eu d'autres éditions ; celles de Pa- 
ris, 1825 et 1832, in-12, contiennent 
une notice sur Tabbéde Saint-Pard, 
extraite de VÀrni de la religion^ 
tom. XLII, 198. IL De la connais- 
sance et de l'amour de Jésus-Christ j 
Paris. 1773, in-t2. C'est encore un 
ouvrage du P. de Saint -Jure (i^oy. ce 
nom, XXXIX,604),in«foL,que l'abbé 
de Saint-Pard a revu et réduit à un 
volume in-12, souvent réimprimé. 
111. Retraite de dix jours, à Vusage 
des ecclésiastiques et des religieux, * 
Paris, 1773, in-12; nouvelle édition, 
1805, in-12. IV. L'âme chrétienne 
formée sur les maximes de VÊvan^ 
pile, Paris, 1774, in-12; suivi de 
VOratoire du ccsur, ouvrage de 
Querlu-le Gall, docteur en théolo- 
gie, qui avait paru en 1677, et dont 
l'abbé de Saint-Pard a retouché le 
style. V. La tie et la doctrine de 
Jésus-Christ, rédigées en médita- 
tions pour tous les jours de l^ année, 
Paris, 1775, 2 vol. in-12. C'est une 
nouvelle traduction de Touvrage la- 
tin du P. Àvancinus {voy. ce nom, 
111, 102). VL Le jour de la commu^ 
nion, ou Jésus-Christ considéré sous 
les différents rapports qu'il a avec 
Vâene fidèle dans l'Eucharistie, Pa- 



384 



SAI 



ris, 177C, 1778, iu-lS; ibid., 1819, 
iu-13. VII. CottéMte intériatn du 

m 

ckrétienj petit ouvrage de piété re- 
Tu et jDdifl dans un nouvel ordre, Pa- 
ris, 1778, in-24; ibid., 1819, in-12; 
Besançon, 1825, in-32. VIII. Exerei- 
eu 4e Vamonr pénitent, suivi d'un 
Essai sur l*ordrc considéré comme 
verlu, 1819, in-10. L'al)bé de Saint- 
Pard a laissé manuscrites des Let- 
tres spirituellei et des Lecture* 
pieuses tirées des psaumes. P— rt. 
SAINT -PÉRÈS (J. de) est un 
poète fort peu connu, dont il ne reste 
qu'un seul ouvrage et dont personne 
au monde n*a probablement lu le 
qnart d'une page. Cet ouvrage est 
intitulé : Le vray Trésor de l'hiS'- 
toiresainctesur le transpart mira^ 
culeux de Vimage de Nostre-Dame 
de Liesse , Paris, A. Estienne , 1647, 
in-4°. Après avoir raconté le trans- 
port miraculeux de cette image, de- 
puis l'Egypte jusqu'à la ville de 
Laon en ltl3, l'auteur fait le récit 
du pèlerinage qu'entreprit en 1644 
une famille entière, le père, la mère 
et deux enfants. Il fallait alors troi« 
jours entiers pour aller, par le cu- 
che, de Paris à Laon. Cette relation 
est racontée en vers fort plats, mais 
parfois naïfs. Le livre est dédié à la 
princesse de Condé^ et il doit quelque 
prix à huit belles gravures de Poilly, 
d'après les dessins de Stella. Le sa- 
vant auteur du Manuel du Libraire 
l'a jugé digne d'une mention spé- 
ciale, et lorsqu'il se présente dans 
les ventes publiques (circonstance 
peu commune), il est poussé à des 
prix assez élevés, bonne fortiiue 
quMl ne doit certes point aux vers 
du sieur de Saint-Pérès. B—n— t. 
SAINT -PERN (Bertrand de), 
seigneur de Ligouyer, naquit à Di- 
' nan, en Bretagne, vers la fin du 
Xllî^ siècle , de l'une des familles de 



SAI 

l'ancienne France qui eurent le |i 
de part à la gloire de nos armes, 
notice de quelques personnages 
portèrent ce nom le prouvera su 
aamment. Bertrand de Saint-Pc 
qui peut être çonsidtSré comme 
souche de cette illustre faAille,^ 
allié à celle (le DngueRcfin , etM 
de parrain au connétable de ce n 
L'as.« emblée des grands de la | 
vince de Bretagne , réunie à Di 
en 1351, le nomma avec Dugues 
et Beaumanoir pour faire partie 
l'ambassade Chargée de conduin 
Angleterre les princes Jean et 
de Bretagne, enfants du duc Cba 
de Blois, qui s'y rendaient p 
otages de leur père, détenu à lai 
de Londres depuis la bataille d« 
Roche->Derrien (1347) et pour 
reté du paiement de sa rançon t 
à cent mille florins d*or. An rel 
de cette mission , Saint-Pern coi 
nua, avec Duguesolin, de se déro 
à la cause de Charles de Blois, < 
la politique anglaise retint ca 
Jusqu'en 1350. Il fut du nombre 
ceux qui , au mois d'avril 1354, 
laquèrent et dl^firent uue divi; 
auglaise qui voulait cerner le c 
teau de Montmuran pour faire 
souniers les Bretons de distinc 
qui s'y trouvaient réunis à Voi 
sion des fêtes que. <lonnait alors 
beau de Bavière. Les Anglais, tai 
en pièces, laissèrent au pouvoir 
vainqueurs dix pannous d'arme 
Cowerleyt leur général. Lorsqi 
mois d'octobre 1356 le duc de I 
castre vint assiéger Rennes, Berti 
de Saint-Peru fut spécialement cl 
gé de veiller à la sûreté de la v 
Par un moyen ingénieux, il déc 
vrit l'endroit où l'ennemi fai 
creuser une galerie souterraine p 
sMntroduire dans la place. Ayant 
contre-miner, et s'étant noîs à la 



SAI 

de ses hommes d'étite , dè.<{ que la 
mine fut suffisamment déblayée il 
s*y précipita, repoussa les Âoglais 
qui s'y étaient introduits, jusqu'au 
fond de la galerie, où il imit le feu 
aux merrains qui la soutenaient. 
Tout se combla, et la ville fut sauvée. 
En mémoire de cette action hardie , 
les habitants deRennes firent fondre 
une petite pièce dVtillerie à la- 
quelle ils donnèrent le nom de Pi" 
tard de Ligouyer^ • qu'on ne tire , 
dit une vieille chronique, qu'aux 
feux de joie des naissances de nos 
princes et aux jours de leurs plus 
grandes conquêtes.» En 1338, Ber- 
trand de Saint-Pern , Rohan , Cha- 
teaubriand et Beaumanoir, avaient 
été les quatre juges du tournoi dans 
lequel Duguesclin commença à se 
distinguer. Saint-Pem se rendit aussi 
avec Olivier de Maudy et le maré- 
chal de Beaumanoir pour assister 
Duguesclin dans le combat qiie ce- 
Ini-ci livra à Guillaume Troussel 
{VOy. DOGUBSCUN, XII, 169). — 

Saint-Pbbn {Bertrand de), fils du 
précédent , était filleul de Dugues- 
clin , et fit ses premières armes sous 
ce héros , qui, en 1362 , l'appela au 
commandement en second de sa 
compagnie de cent lances. Sa valeur 
et les services qu'il rendit à son chef 
lui acquirent tonte sa confiance. Du- 
guesclin ayant été fait prisonnier 
par les Anglais, à la bataille d'Auray 
(1364), Saint-Pern se livra avec les 
sires de Matignon et de Montbour- 
cher, pour sûreté de la rançon, fixée 
à 100,000 livres. Charles de Blois, 
qui trouva le terme de ses jours et 
de sa longue querelle avec Jean de 
Montfort dans cette fatale journée , 
avait récompensé la valeur de Du- 
guesclin, en 1357, par le don en 
toute propriété des ville, château et 
territoire de la Roche-Derrien. Lé 

LXXX, 



SAI 



S85 



connétable avait besoin tl'un chef 
intrépide et qui lui fût personnelle- 
ment dévoué pour la défense de cette 
place, alors une des plus fortes de 
la Bretagne*, il en confia le comman- 
dement à Saint-Pern avec les pou- 
voirs les plus étendus. Son autorité 
y était telle «qu'aucuns droits oi 
subventions ne pouvaient s'y perce- 
voir sans qu'il en donnftt ses lettres 
de permission.» {Yoy. Ogée, Diet. 
de la Bretagne , tom. II , p. 358 , 
qui dit par erreur que Saint-Pern te- 
nait cette place pour le dnc Arthur.) 
On peut consulter dans D. Horioe 
les montres des 1*' avril 1 370,1^' mai, 
1«' juin et V' juillet 1371, où Ber- 
trand de Saint-Pern figure comme le 
troisième chevalier de la compagnie 
du connétable Duguesclin. Jean et 
Olivier de Saint-Pern , qui vivaient 
alors, se signalèrent comme lui, dans 
la fameuse association qui se fit à 
Rennes, en avril 1379, par la no- 
blesse bretonne, pour assurer le 
duché au prince Jean IV, qu'on 
avait d'abord chassé. Bertrand de 
Saint-Pern mourut vers 1380, dans 
le même temps que son illustre par- 
rain. M — D j. 

• SAINT-PERN (JuDBS Di), con- 
nétable de Rennes, qualifié nohleet 
puiseant aigneur^ comme tous les 
aînés de ses descendants, fut nommé 
par Charles IX, en 1574, chevalier 
de Tordre du roi en récampeme de 
$es verltif , méritée et vaillance* Du- 
rant les troubles qui agitèrent si 
long-temps le royaume, il soutint 
constamment le parti du roi , et eut 
ses biens saisis par le duc de Mer- 
cœur, chef de la Ligue en Bretagne. 
C'est ce que rappellent des procès- 
verbaux et des baux à ferme éDon-- 
çant que les terres des Saint-Pern 
avaient été saisies, leurs maisons 
brûlées et saccagées , leurs meubles 

1^ 



::»€ 



S4I 



et papiers pîllrA. pareil qu'iU éliâeiit 
dii parti du roi contre la Ligii^. Jii- 
des de Saint-Pern mourut à Benoes 
le 17 mars 1599.— Jac^uM de Sai?it- 
Psitif ,^n fils, fut tiif^ en 1588 de- 
rapt Saint-^iarcflliii,où il comman- 
dait ua corps de troupes. — CharltM 
de Saint-Pern du Laiay, qui fit ses 
preurei pour Tordre dr Saint-J<*an 
de Jérusalem le 19 mai 1662, rejn- 
portade nombreux avantages sur les 
Barbaresques , et se distingua tel- 
lement dans les combaU qu'il leur 
livra, et par les pertes qu^l leur fit 
éprouver, que le bey de Tunis envoya 
une flotte k sa poursuite. Enveloppe 
par des forces supérieures , il fut 
pris, après avoir soutenu un me'mo- 
rable combat. Conduit à Tunis, il fut 
réduit en esclavage. Dans leur ses- 
sion de la même année, les États de 
Bretagne, • prenant en considéra- 
tion la valeur dont le chevalier de 
Saint-Pern du Latay avait donné 
tant (le preuves, les glorieux com- 
bats qu'il avait soutenus contre les 
infidèles, et sa belle défeuse lors- 
que, accablé par le nombre, il fut 
forcé de se rendre. ■ votèrent un 
fonds pour payer sa rançon. Il mourut 
àDinan en 1675. M — oj. 

SAJEXT-PERN (Judbs- Vincent, 
marquis de), lieutenant-général et 
commandeur de Saint-Louis, né en 
1694, entra au service comme officier 
dans le régiment du roi, le 18 février 
1713, fit ses premières armes au siège 
de Landau et assi.sta à la défaite de 
Vaubonne , ainsi qu'au siège et à la 
prise de Fribourg. Les campagnes 
d'Italie lui oif rirent ensuite de fré- 
quentes occasions de signaler son 
courage. Il combattit aux sièges de 
Guerra , de Pizzighitone et du châ- 
teau de Milan m 1733 : Tannée sui- 
vante à ceux de Sarravale, de No- 
vare , de Tortone , et aux batailles 



SAf 

de Piinue ^tde Giiasiallu. Xuuiut 
rn 1735 aide-major-gén^ral dr l'ii 
mée d'Italie, il contribua à la pris 
de Gonzague, de Be ggiolo et de Bf 
véré. Le rang dç coluuel lui fut doiu 
le 26 nov., même année, et le con 
mandement'du régiment de laMarch 
en 17il. Il passa alors à Tarmée d 
Bavière sous les ordres du duc d*Bai 
court, puis sous ceux du comte d 
Saxe. Ayant contribué à chasser If 
Autrichiens de ce pays , il fut cil 
dans plusieurs actions fort vives qi 
eurent lieu sur les frontières de I 
Bohême. Créé brigadier à son retoi 
en France, il alla servir à TaroK 
du Rhin sous le maréchal de Nuailh 
et combattit à Dettingen. A Tarme 
de Flandre , où il tut employé e 
1744etoùil.fit plusieurs campagne 
sous le maréchal de Saxe, Saint Per 
oummauda une brigade aux siège 
de Menin, «rYpres et de Fumes 
A son retour en Bretagne cette mém 
année, les Etats iui envoyèrentuai 
députation, pour le féliciter sur l 
manière dont il s*ètail distingué du 
les campagnes qu'il venait de fairt 
Ayant rejoint Tarmée de Flandre t 
1745,ilfuteiiiployéausiëgedeToui 
nay, et déclaré maréchal -de-camp 
la suite de la bataille de Fonteuu) 
Dius ce nouveau grade, il comutai: 
da un corps de troupe^s aux siég< 
de Tnuruay, d'Oudenarde, de Dei 
dermondi» et. d'Ath ; et Tannée, su 
vaute . il couvrit les sièges i 
Mous, Charleroy et Naniur. Lors c 
ce dernier, il importait au succ( 
des opérations que les ennemis fuj 
sent rejetés de l'autre côté de 
Meuse, dans un pays stérile, où 
défaut de vivres les éloignerait c 
Namur. Mais pour cela il fallait d\ 
bord que l'armée française reçî 
elle-même des approvisionnemeota 
Le maréchal de Saxe choi.Mt Saial 



SAI 

P«rn pour escorter, le prineipul con- 
voi à ia tête de quaU^ >nUle hqin* 
mes. Il s*acquitta de cette mission 
avec tant d'intelligence, qu'il fut 
chargé d^ ia condpite de trois au- 
tres convois qu'on Qt veuir de Lou- 
vain. Il combattit encore à Râucouz 
le 1 1 octobre 1746. On apprit à Ton- 
grès que les Anglais venaient de faire 
une descente ea Bretagne, et le mar- 
quis de Saint- Pern reçut des ordres 
pour se rendre en poste dans cette 
province, où commandait le duc de 
Penthièvre, et où il fut employé jus- 
qu'au mois d'août 1748. Le grade de 
lieutenant-général lui avait été con- 
féré le 10 mai de cette année. Après la 
paix d'Aix-la-Chapelle, Louis XV, 
ayant formé le régiment des grena- 
diers de France, plaça à la tête de ce 
corps d'élite le marquis deSaint-Pem» 
sous le titre de colonel-commandant 
et d'inspecteur-général. 11 conserva 
ces honorables fonctions jusqu'à sa 
mort. En 1750, il commanda le camp 
d'Alsace, et fut créé inspecteur-gé- 
néral de l'infanterie. En 1755, il fut 
employé sur les côtes et commanda 
le camp ie Dieppe ; puis il passa à 
Tarmée d'Allemagne, combattit à 
Qastembeck et entra, le 9 août, dans 
La ville de Hanovre, où il commanda 
sous le duc de Chevreuse jusqu'au 
mois de février 1758. Après avoir 
combattu à Crewelt au mois de juin, 
il eut le commandement d'un corps 
die troupes campé à Laynen, Chargé 
au mois de septembre d'attaquer le 
camp de Borck, commandé par |e 
prince de Holsteiu-Gottorp et com- 
posé d'un corps considérable d'in- 
fanterie et de deux mille dragons, le 
marquis de Saint-Pern, à la tête des 
grenadiers de France, des grenadiers 
royaux, de dix compagnies de gre- 
nadiers, des carabiniers et des bri- 
gades de cavalerie du roi at de royal- 



SAI 



387 



étranger, déboqcha de Luypen dans 
h nuit, à la droite de la Lippe, attaqua 
avec impétuosité et biittit le prince de 
Holstein, et, après l'avoir fdrcé de se 
retirer, ramena ses troupes à Borck; 
enleva les tentes et les blessés des 
ennemis, repassa la Lippe et rentra 
dans son camp de Luyneq. Ce fait 
d'armes fut cité comme l'un des plus 
hairdis et des plus habilement exécu- 
tés de cette guerre. Lorsqu*en 1759 
l'armée d'Allemagne se r<tssembla 
pour entrerjen campagne,Saint-Pern, 
fut mis à la tête de la division d'a- 
vant-garde, composée de dix batail- 
lons de grenadiers et de la brigade 
d'Aquitaine. Le l*' août, il se signa- 
la par son sang-froid et son courage 
à la bataille de Minden (perdue par 
le maréchal de Contades). Le corp^ 
des grenadiers de France qa'il com- 
mandait essuyait depuis long-temp^ 
le feu très-vif d'une batterie enne- 
mie. Les rangs s'éclaircissaient d'une 
manière effrayante. Pour maintenir 
la bonne contenance de ses troupes, 
le marquis de Saint-Pern se prome- 
nait devant la ligne, au petit pas de 
son cheval, sa tabatière à la main. 
«Eh bien! mes enf^ts, leur disait- 
il en les voyant émus, qu'est-ce que 
c'est ; du canon? Eh bien! ça tue, ça 
tue, voilà tout; mais ça ne fait pas de 
mal. » A la fin de cette campagne, il 
fut chargé particulièrement de l'in- 
spection et de la nouvelle organisa» 
lion des troupes légères. Il continua 
de commander une forte division, à 
la tête de laquelle il marcha pour 
enlever le camp de Sachsenhausen, 
lequel fut abandonné par Tennemi^Le 
2 août 1760, il soutint le prince de 
Condé dans sa marche contre un 
corps qui avait passé la Dymel et qui 
se retira sous la protection des hau- 
teurs de Varbourg. Saint-Pern com- 
mandait à Minden , lorsqu'au mois 



DHn 



SA1 



fie Tevrier 17G1, les Hanovrieni ten- 
tèrent d'enlever les quartiers Tran- 
çals. Il uisiembla anisîtôt ses trou- 
pes, prit une position, et là, at- 
taqué par le général Sporcken , il 
soutint contre des forces supé- 
rieures une canonnade de cinq heu- 
res, fit échouer toutes les tentativesde 
Tennemi et le contraignit à laretraite. 
Le manque absolu de cavalerie ne lui 
r< nuit pas de changer en une vic- 
toire complète le luccès de cette glo- 
rieuse défense. Tombé malade à Ful- 
de de l'excès de ses fatigues, il fut 
transporté à Francfort-sur- le-Mein, 
où la mort l'enleva le 8 mai 1761. 
La perte de ce général excita d'una- 
nimes regrets. Il avait la promesse 
de Louis XV d'être nommé maré- 
chal de France, et aucun général 
de l'armée française, on doit en con- 
venir, ne méritait ce titre mieux 
que lui. — Son neveu, le cheva- 
lier Bonaventure de Saint -Pern, 
entra au service en 1735, à l'armée 
d'Italie, oii il fut d'abord sous les or- 
dres de son oncle. 11 passa ensuite 
en Allemagne, où il se trouva à la 
prise et à la défense de Prague, sous 
le maréchal de Belle-Isie, puis dans 
la retraite célèbre qui en fut la suite. 
Revenu enTFrance, il rejoignit l'ar- 
mée de Flandre, et se trouva à la ba- 
taille de Fontenoy, puis à celle de 
Raucoux. Ayant passé à l'armée d'I- 
talie, il concourut à la prise de Nice, 
de Villefranche, etc. Parvenu au 
grade de maréchal-de-camp, il fut 
employé en Bretagne, puis en Corse, 
et devint lieutenaut-général en 1780. 
Il mourut peu de temps avant la ré- 
volution. — Son fils, capitaine au 
régiment de Languedoc, émigra en 
1792 et lit les campagnes de Tarmée 
des princes ; passa au service d'An- 
gleteno.^ cl fut tué à la défense de 
SainUJHm-iVkcve., ewt799. ^— ti\. 



SAr 

SAINT PERN (RBNÉCÉLasTii 

Bertrand, marquis de), né au chi 

teau de Brondineuf, le 4 septembi 

1716, fut élevé k Paris au coll^ 

Louis-le-Grand. Encore enfant lor 

qn'M perdit sesparents, ileutpoi 

tuteur son oncle, le marquis de Saii 

Pern, lientenant-général. (Va^. l'a 

ticle qui précède). Quand ses étnd 

furent terminées, il entra dans 1er 

giment du roi, et quitta le servii 

aussitôt qu'il eut atteint sa ving 

cinquième année. Son frère et s 

sœurs étant parvenus à leur majorif 

il Gt avec eux les partages de la sui 

cession le 28 février 1751, et doni 

au premier la terre de Lîgouyc 

dont il cessa depuis lors de po 

ter le nom. En 1758 les Angla 

ayant fait uue descente en Bretagn 

Saint-Pern se réunit à la nobles 

de l'évéché de Saint-Malo , et il ei 

l'honneur de commander une di 

divisions qui marchèrent contre l'ei 

nemi. Il avait épousé, le 13 févri( 

1741, Marie-Philippe de Loliyjerd 

Saint-Maur. Au moment où la révo 

lution éclata, le marquis de Saint 

Pern possédait une fortune considi! 

rable. Père d'une nombreuse familh 

il comptait cinq fils au service d 

l'État, jouissait d'une grande consi 

dération et s'occupait avec ardeur d 

l'amélioration de ses terres, particii 

lièrement de celle qu'il habitai) 

Obligé en 1792, comme toute la no 

blesse, de quitter la campagne, il s 

rendit d'abord à Dinan,où il fut mi 

en surveillance, et de là à Saint-Malo 

11 y fut incarcéré avec son épouse I 

12 octobre 1793, puis envoyé à Pa 
ris. Un jugement du tribunal révo 
lutionnaire, du 2 messidor an II (2< 
juin 1794), prononçant en masse sui 
un grand nombre d'accusés, con- 
damna la marquise de Saint-Pern 

«:^w.^^\\>^^^x^^ft.^^\:^\^^l«et amis, 



rsAi 

à la peine de mort. Elle était âgée de 
70 aus. Son mari u'avait pas encore 
été jugé^ il était tellement aimé 
dans le pays, où il avait si long-temps 
répandu des bienfaits, que tous les 
habitants se réunirent pour le récla- 
mer, il fut mis en liberté, mais peu 
de jours après il succomba à ses cha- 
grins. — Jean - Louis - Marie - Ber- 
trand^ dievalier de Saint-Pern, né 
à Rennes le 27 .février 1757, (pia- 
Irième fils de René-Bertrand- Céles- 
tin, marquis de Saint-Pern, entra 
aux pages de la grande écurie le 
U juillet 1774, Sou8*lieutenant dans 
le régiment de Berry, cavalerie, le 8 
mai i779,il devint capitaine au même 
corps le 19 juin 1785, éipigra en sep* 
tembre 1791, servit dai|s Tarmée du 
prince de Coudé, puis dans les hu- 
lans autrichiens, enfiu dans les par- 
tisans royaux en Bretagne sous M. 
de Puisaye. Il avait épousé, en juin 
1806, Charlotte - Félicité du Han, 
chauoi nesse d'Épinal. En 1 815, Sain t- 
Peru lit partie des royalistes qui pri- 
rent les armes dans le Morbihan, et 
fut tué près le bourg de la Trinité, 
arrondissement de Ploërmel, dans 
une affaire contre une colonne mo- 
bile.— Anastaêe- Joseph de Saint- 
Pern, né à Rennes le 15 mars 1760, 
cinquième fils de René-Bertrand-Cé- 
lestin, entra dans la marine royale 
le V' juin 1770, fit la guerre de l'in- 
dépendance d'Amérique comme lieu- 
tenant de vaisseau, et mourut à Saint- 
Domingue en 1704. 11 avait épousé 
à la Martinique, en 1792, mademoi- 
selle de Longvilliers de Poincy. — 
Son fils, le comte de Saint-FÎ!1n- 
CoMlan , né à Tîle de la Trinité en 
1793, fut maire de la yilfe de Dinan, 
membre du conseil -général des Cô- 
tes-du-Nord , puis élu par ce dépar- 
tement, en 1885, à la Chambre des 
députés. Il mourut eu 1839. H— d j. 



SA] 



G83 



SAINT -POL (François U , de 
Bourbon-Vendôme , comte de) , tige 
des ducs d'Estouteviile; était né k 
Ham, en Picardie, le 6 octobre 1491, 
de François de Bourbon , comte de 
Vendôme , et de Marie de Luxem- 
bourg (1). Il fiénta,en 1495, à la mort 
de son père, du comté de Saint-Pol, 
son frère aine, Charles de Bourbon, 
succédant à celui de Vendôme. Com- 
pagnon d'enfance du comte d'Augou- 
lême , depuis François ]^^ il resta 
toute sa vie dans rintimitë de ce 
prince. A Tavénement du jeune roi, 
en 1515 , il Paccompagna dans Tex- 
pédition d'Italie, et se distingua à la 
bataille de Marignan. On lU , dans 
la letlre de François l*'' à la reine- 
mère, sur cette victoire : • Et vous 
veux assurer que M. do Saint - Pol a 
aussi bien rompu bois que gentils- 
hommes de la compagnie quels qu'ils 
soient , et de ce j'en parle comme 
celui qui l'a vu *, car il ne s'épargnait 
non plus que sanglier échauffé. » 
Nous voyons dans le Joicmal deLouise 
de Savoie , que l'an 1521, où la cour 
était à Romorantin, le sort fit roi de 
la fève M. de Saint-Pol. François 1'" 
envoya défier le nouveau monarque, 
et la maison du comte fut assiégée. 
On attaqua et on se défendit avec des 
boules de neige, des poihmes et des 
œufs. Le jeu s'échauffant, Pun des 
assiégés lanç4i par la fenêtre un tison 
enflammé qui vint tomber sur la tête 
du roi et le renversa sans connais- 
sance. On voulut rechercher l'auteur 
de cette imprudence; François 1*" s'y 
opposa : « C'est moi , dit - il , qui ai 
fait la folie, il est juste que je la 
boive. • Le roi n'en témoigna aucun 

(i) L« comté de Saint «Pél «ppirtoBait À 
la maison de Luxembourg (vof . en nom, 
XXV, 471) ; Mario «a arait hérité de son 
père, Pierre II île Loxembourg, et en époa* 
kant le comte de Veodôoïc^ ca li.&v^^'^^^ 
lui tt^Y*'^t\A tu ^V. 



390 SAI 

rfstrntiineiil an conile de Saint-Pol. 
CV5t à la suite de cet accident qiiMl 
M Gl rater la lt^ie,et à |>artir de cette 
^pi>que lea frentilshommes portèrent 
les cheveux court5; ju.S(]u*a1ors la 
coutume de le^ laisser croîlre ^tail , 
comme on sait . une marque de niv 
blejtfc. Bu t5:!3. Saini-Pol fort:» le 
comte de Nassau de lover le siège de 
Mèzirres. puis reprit Mouzou et Ba- 
paume ; rannée suivante il dolîi Par- 
rière-gaitte anglaise au combat du Pas, 
en Artois. En tA24, il suivit le roi en 
tlalie, et à la retraite de Rebec oi\ fut 
tuè Bavard, il sauva les débris de l'ar- 
mèe,et les ramena eu France. Il lit en- 
core partie do la malheureuse exp**- 
ditîon de t^5^, au-delà dos Al|>es. 
A la bataille de Pavio il combattit en 
désespéré et v Tut néanmoins fait 
prisonnier. Mais , plus heureux que 
Françi^is l". iî parvint à s'och«pper ; 
un coup de pique Payant renversé, il 
pentait tout Si>u sang et paraissait 
mort Vn Esp.igiàol voulut lui couper 
le doigt pour avoir son .inneau : la 
douleur réveilla sos sous et le lit 
crier. LVnnomi le chargea sur son 
chovaK le c«Muhiisit h Pavio. oii ou lo 
traita si bien qu'il en revint. ÎS'ayant 
point engigé .<a parole , une fois 
guéri, il r'évada. Kn i52T il reçut lo 
gouvernement du l^anphiné , puis, 
l'année suivanle. lo coium.iudoniout 
de Parmoe d'Italie. Lo 19 soplouibre 
il prit d'assaut Pavio, qu'il s,icc.igea 
en souvenir do U captivité du roi l.o 
3 iuait.%*^.) il so rendit matiro doMor- 
tare, m^us lo ^S juin suivant, surpris 
à l^ndriano p.)r Anti>ine dol.è\os. il 
lut obligé do so rendre. II recouvra sa 
libexté deux mois dpros^ par lo traité 
dft Cambrai. En 15.14, il s'unit h 
Adrirnne. lillo unique et hérilioro de 
Jean UU sue d'K.MoufovUle. l.o roi, 
en coii.<ideration de ooite aliLinco , 
frifieji le seigneurie d'F.siou\c\\\\e c\\ 



SAI 

duché. Le comte de Saînt>Pol «o pnt 
alors le nom. et en écartela le? armes 
dans sou ét^i avec celles de Bourbon. 
En ISSfi^apr^snne courte campagnf 
contre le duc de Savoie^ il soumit 
presque tout (Y pays à la dominatior. 
de la France. Le ctuntë de Saint-Po! 
était alors aux mains de IVmpereur. 
qui sVn était saisi comme d>in fief 
mouvant du comté de Bou1a|?nc. dos: 
il était possesseur ; François deItou^ 
bon« au mois d'avril 1537, le céda u 
roi contre le comté de Moiitfort-l'A- 
maury. En f .%4t et l.%43« il accompa- 
gna le Dauphin, chargé du comman- 
dement de ParauV de Picardie ef àt 
l.uxenilHuirg; malgré ses efforts, i! 
ne put empêcher Laudrecies de ton- 
ber au pouvoir de IVnneini. Ltvrsqnr 
le comte d'Eughien. ct>mmandant en 
Italie, députa en 1544 MontJuc. alon^ 
ofticier subalterne . prè* de Fran- 
çois 1*'. pour savoir s*il (allait tenter 
une grande Ivataille. le cinnteFrauçoi» 
do Bi iirbou tissista au Conseil que If 
Tv^i tint \cc sujet, et sa vive opposi- 
tion no put l'oniportersur les bonnes 
r.iisons dr Mont lue ; il dit à celui-ci : 

• Fou enragé quo tu es, lu vas être 

• cause du plus grand bien ou du 

• plus grand mal qui puisse^ armer au 
»roi. * Ft Mont lue do lui re|Hvndre: 

• Monsieur, soyez on ri»po$ et assu- 

• ro7.-vous que l.t première nom elle 

• que vous reoovro7,cVst quo nous les 

• aurons fricassos. et on mangercns 

• si nous voulons.» Lu v'»otoiro de Ce- 
nsollos conlirmaoolloprétiiolïon. p^r 
la \\i\x do Ciopy. le c»»iuté de 5Uini- 
Pol tiil rendu à Fr.in*,*ois de BtMirbon. 
lue année ^près. le \^^ septembre 
i:t4.N. il expira k Colignan« près de 
Koiius. et fut inhumo a Palvbavo de 
V.ilioiuont. on Nonuau«)ie. Fr.in- 
i;oisl'' regretta eu luiautant un miî\ 
iloioué qu'un fidèle serviînir, lii,: 



SAl 

iiiélë à ses plaisirs comme à sa gloire. 
Le comte de Saint-Pol était meilleur 
homme d'armes que capitaine d'ex* 
pt^rience \ son courage imp(^tueux te* 
Uîtit de la témérité, • car de cette 
race de Buurbou, dit Brantôme, il n'y 
en a point de poltrons ; ils sont tous 
braveset vaillants.»— Franfoi* llt^ 
son fils, qui lui succéda, mourut en 
1546, ftgé de 10 ans, laissant le comté 
d(^ Saint-Pol à sa sœur, Marie de 
Bourbon, laquelle épousa: t" eu 
1 5:» 7, Jean de Bourbon, comte de Sois - 
sons, son cousin gerniain, tué deux 
mois après ^ la journée de Saint- 
Quentin; 2*' en 1560, François de 
Clève», duc de Nevers, mort en 1563; 
A<> enfin, Léonor d'Orléans, duc de 
J.ongueviile. Ces trois époux joigni- 
rent le titre de duc d'Estouteville à 
celui de comte de Saint-Pol. Marie 
mourut elle-même en 1601. François 
d'Orléans, le second fils qu'elle avait 
eu du duc de Longueville, lui succéda 
au comté de Saint-Pol, qui resta daus 
r.ettf maison jusqu't-n 1705, époque 
ou Marie d^Orléaus- Longueville le 
vendit à Elisabeth de Lorraine- 
Lillebonne, veuve de Louis I"' de 
Meluii , prince d'Ëpinoy dans l'Ar- 
tois. C— H- N. 

SA1NT-POL(Antoinb Montbb- 

TON de), l'un des chefs de la Ligue au 
XVP siècle, est resté jusqu'à préseul 
oublié (les biographes et même de la 
plupart des historiens. Celait ce- 
pendant un des hommes les plus 
remariiuables de celte époque. Né 
vers 1550 pauvre gentil houune , il 
fut d'abord page d'Antoine de Beau- 
vais, seigneur de Nangis. b'uu cou- 
rage extraordinaire et plein d'ambi- 
tion, il entra fort jeune dans la car- 
rière des uruie.s; fiubrasba aveo beau- 
coup d'ardeur la cause de la Ligue, 
t*l sH dévoua tout riitierii la maison 
de Guise. Lo duc Henri, étant Vcuu 



SAl 



391 



à Reims en 1583, l'y établit son 
lieutenant-général et fut très-eflica- 
cement secondé par lui, dans le 
combat d'Anneau, où il battit les 
Allemands le ti septembre 1587. 
Le crédit dont Montbeton (c'était 
alors le seul nom qu'il portât^ jouis- 
sait , sous la protection de la puis- 
sante maison de Guise^ lui fit ob- 
tenir la main d'une très -riche 
veuve, il se trouvait ii Paris lors de 
la fameuse journée des barricades , 
et il contribua beaucoup à sauver 
le duc Hrnri dé Guise d'un très- 
grand péril. Revenu bientdt en 
Champagne, il se rendit à peu prè^s 
Ir. maître de celte province, au nom 
de son protecteur. Après la mort du 
duc Henri , assassiné aux États de Blois 
en 1588, Saint- Pol prit ouvertement 
possession de Reims , et y bâtit une 
citadelle, malgré les habitants fort 
dévoués à la Ligue, mais qui redou- 
taient avec raison les conséquen- 
ces de la guerre pour une ville 
fortifiée. Il s'emimru ensuite de Vi 
try-Ie-Français, puis de Méxièrcsj 
où il fit aussi coustruire» mais aux 
frais du roi d'Espagne, qui soutenait 
ouvertement la Ligue, une citadelle 
(|ui existe encore. C'est dans le même 
temps (1593), qu'il fut un des quatre 
maréchaux de France, créés par le 
duc de Mayenne. Il était depuis trois 
ans colonel-général des Laasqucliets. 
Ainsi placé à la tête de cette puis- 
sante Ligue, il soutiut, avec des alter- 
natives de succès et de revers, dif- 
férents combats contre les seigneurs 
du voisinage, qui s'étaient déciarés 
pour le roi, entre autres le comlè 
de Graudpré et Louis de Gunxaguet 
comte de Rethel. Ay^t osé deniau- 
der à celui-ci la main de sa fille pour 
Sun lils, il essuya un refi.s donUl 
fui très piqué. Pour se vx\n^<i ^ >Sv 



o 



9'J 



SAI 



emparé , et s'en fit déclarer duc, en 
yertu d'une prétendue donation du 
pape Innocent IX, qui, disait-il, Pa- 
yait reconnu pour tel dans une ha- 
rangue oh le légat du saint-siége l'a - 
Tait désigné ainsi : Campaniœ et 
RHhelia ducem. On prétend même 
qnerambitieux ligueur forma alors 
le projet de se créer dans ce pays , 
sous la protection de l'Espagne, 
qui le favorisait secrètement, une 
petite souveraineté indépendante. On 
conçoit toutes les haines , toutes les 
jalousies que durent exciter de pa- 
reilles prétentions. Le duc de Nevers 
surtout s'en montra fort irrité. II lui 
tendît plusieurs embuscades, et dé- 
clara hautement que s'il tombait 
dans ses mains, il le ferait pendre 
au premier arbre, avec une couronne 
ducale sur la tête. Saint-Pol réussit 
néanmoins vers cette époque à s'em- 
parer d'Épernay; mais cette place 
importante fut bientôt reprise par 
les troupes du roi Henri IV, qui, 
devenu maître de la capitale, con- 
traignit successivement à se sou- 
mettre tous les partis de ligueurs. 
Les habitants de Reims même y pa- 
rurent fort disposés; ce qui mit 
Saint-Pol dans la nécessité d'occu- 
per le château. Les Rémois ayant 
tenté de le reprendre par surprise 
sur la garnison espagnole qui le te- 
nait pour la Ligue, il s'y rendit de 
sa personne, prit possession des 
postes et réduisit la ville k son obéis- 
sance. C'est dans cet état de choses 
qu'il se trouvait, lorsque le duc de 
Guise, fils de Henri assassiné à Blois, 
après s'être échappé de la prison 
de Tours, vint à Reims, dont il 
était gonvemeur, avec l'intention 
secrète de s'eAparer de toute l'au- 
torité, pour remettre la place au 
roi et obtenir par là de meilleures 
conditions. Saint-Pol. s'en défiant. 



se tint d'abord surj ses gardes, cl 
laissa à peiue les apparences du com- 
mandement au duc , qui aurait bien 
voulu se défaire de lui, mais n'ouït 
pas même le tenter au milieu d'inie 
ville où il était tout-puissant. Disu- 
mnlant alors, il feignit, de vouloii 
se rendre à Soissons, et accepta ub 
déjeunjBr chez le maréchal, qui offrit 
de l'accompagner jusqu'à la moitié 
du chemin. Au jour fixé pour le dé- 
part, celui-ci alla, dès le matin, cher- 
cher le duc au monastère de Saiit- 
Pierre où il logeait. Ils y entendirent 
la messe, et sortirent ensemble dan 
la rue. Le duc, s'appuyant familiè- 
rement sur l'épaule du maréchal, 
qui s'était fait accompagner de ses 
gardes à pied, l'engagea à les éloi* 
gner, sous le vain prétexte d'aller 
chercher leurs chevaux; et dès qu'ils 
furent seuls il lui plongea t'raîtreu8^ 
ment son épée dans le corps. Saint- 
Pol expira sur-le-champ, et son ca- 
davre, aussitôt dépouillé, fut Ikïssé 
tout nu dans la rue jusqu'à midi. Ses 
gardes, épouvantés, se retirèrent 
dans le château pour s'y défendre 
ainsi que ia garnison ; mais le due, 
ayant gagné les chefs, ne tarda pas 
à être le maître absolu de tout le 
pays, dont il proposa la soumission 
au roi Henri IV,àdesconditions très- 
avantageuses pour lui. Le jour même 
de cet assassinat, madame de Saint- 
Pol quitta Reims avec ses deux filles 
pour se rendre à Mézières, où elle 
parut vouloir résister. Mais elle finit 
par entrer en capitulation arec le 
roi , qui consentit à rembourser 
80,000 écus dépensés aux fortifica- 
tions de cette place, et à en recon- 
naître le fils de Saint-Pol pour gou- 
verneur. La veuve du maréchal con- 
tinua de résider à Mézières, où elle 
fit transporter le corps de son mari, 
qui, par ses soins, fut inhumé dans 



rëglise de Saint-Pîerre. C'était sans il saisit toutes les occasions de se 

nnl doute un excellent guerrier, de venger. Saint-Preuil, méprisant tou- 

beaucoup d'énergie et de courage, tes ces haines et ces menaces, con« 

qui se montra fidèle à son parti jus- tibua de vivre en brave et galant 

qu*au dernier moment, et qui, s'il chevalier. S'étant battu contre un 

eût vécu plus long-temps et si ce officier nommé Flexelles, il le tua, et 

parti eût eu des éléments de succès fut obligé de sortir du royaume, pour 

et de durée plus certains, aurait cou- se soustraire aux ordonnances ré- 

tinué d'y jouer un grand rôle. M— Dj. êemment rendues contre les duels. 

SAINT-PRÈUIL (François Jus- Il demeura à Bruxelles jusqu'à ce 

SAC d'Emble VILLE de), connu dans que, ayant vu, en 1636, les Espagnols 

l'histoire par ses aventures et sa fin assiéger Corbie, il pass^ la Somme à 

tragique, était le fils d'un lieute- la nage pour se jeter dans la place, 

iiant-général, issu de l'une des fa- afin de concourir à sa défense; ce 

milles les .plus considérables de la qu'il fit d'une manière très-coura- 

Saintongc. Suivant le portrait qu'en geuse. Ce trait de valeur, rapporté au 

fait Bussy-Babutin, il était brun, cardinal de Richelieu, excita au plus 

avait les cheveux naturellement fri- haut degré son enthousiasme. Jl en 

ses, le visage agréable et surtout parla au roi, et une ordonnance où 

• la mine haute et fière, autant que )e duel de Saint-Preuil fut considéré 

« le courage. • Né dans la première comme une rencontre fortuite fit 

année du XYIP siècle , il en- cesser son exil. H obtint même de 

tra fort jeune dans la carrière des l'avancement , fut nommé gouver- 

armes. D'abord capitaine au régi- neur d'Ardrcs, puis de DouUens et 

ment desgardes, il alla ensuite com- fait maréchal-de-camp. Il servit en 

battre en Languedoc, sous le mare- cette qualité avec une g;nnde dis- 

chal deSchomberg, et ce fut lui qui tinction. La ville d'Arras ayant été 

fit prisonnier le duc de Montmo- assiégée en 1640, par l'armée fran- 

rency à la fameuse journée de Cas- çaise» il ei\ assura la reddition par les 

telnaudari (1*' septembre 1632), ce convois de vivres et de munitions 

qui lui valut une grande faveur à la qu'il fit passer aux assiégeants. Pour 

cour, surtout auprès de Richelieu, récompense il fut nommé gouver- 

Cependant,aussi généreux que brave, neur de cette place, et le cardinal de 

ayant voulu implorer pour son pri- Richelieu lui fit présent d'un diamant 

sonnier la clémence du cardinal, il de grand prix, en lui disant avec une 

en fut rudement repoussé. « Saint- extrême politesse que s'il n'était pas 

Preuil, lui dit celui-ci , songez à Richelieu il voudrait être Saint- 

vous-même; si le roivons eût rendu Preuil. Encouragé par d'aussi flat- 

justice, vous auriez la tête où vous teuses distinctions, ce général con- 

avez les pieds. »> Cette réponse si ef- tinua de servir avec autant de cou- 

frayante de la part d'nn tel homme' nge que d'activité. « Toujours en 

avait trait à plusieurs intrigues oj( marche ou en bataille, disent les his- 

Saint-Preuil s'était trouvé compro- toriens, il fatiguait tellement les en- 

mis» notamment avec une dame an- nemis qu'ils l'appelaient la tête de 

près de laquelle La Meilleraîe était son fer,» Mais dans une de ses expédi- 

rival. Jamais celui-ci ne le lui par- tions il euf le malheur de tomber 

donnai et plus tard devenu maréchal sur une Irouiie qu'il ne connaissait 



394 



SAI 



pas, el qui n'était autre que la garni- 
son espafçnole de Bapaunie, laquelle 
venait de w. rrndrr par capiuilation, 
et, contre l*usagc, nVtait escortée 
que par un trompette. Cette fu- 
neste méprise, dont on lit grand 
bruit à la cour, réveilla tontes les 
haines contre Saint- Preuil. Le nia- 
n'tilml de La Meiileraif,qui se trou- 
vait là, en fît un rapport fort en- 
venimé, et sur lequel enchérit en- 
core Sublet des Noyer», secn'taire 
d'Éfat au département de la guer- 
re, qui conservait aussi dans son 
cœur le souvenir de coups de hdton 
donnés par Saiut-Preuil kun de ses 
parents, commis des vivres à Arras. 
Le malheureux fut arrêté et conduit 
prisonnier à la citadelle d^Aniiens, où 
on lui fit son procès. Alors il se vit 
ahandonné de tout le monde, m^me 
de Richelieu qui, déjh malade et ap- 
prochant de sa flii, ne s'occupuit plus 
d^affaires. Dus accusations, des plain- 
tes de toute espace tombèrent sur le 
l'orps de Saint-Preiiil. Ou l'accusa 
lie violences, de concussions; et ce 
fut en vain que, Voulant se luver de 
ce dernier reproche, il produisit des 
pièces très-remarquables et qui prou- 
Viiient combien, alors comme tou- 
jours, on avait à souffrir de la rapa- 
cité deS gens de guerre, souvent au- 
torisée par la cour. C'étaient des let- 
t res écrites pai des hommes puissants, 
par Lh's Noyers et par le roi lui-mê- 
me...* Brave et généreux Saint- 
Preuil, lui disait-on dans une de 
ces singulières éptfres, vivez d'in- 
dustrie, plumez la poule sans la faire 
crier; faites ce que f(»nt beaucoup 
d'autres dans leur gouvernement. 
Tranchez, coupez; tout vous est per- 
mis.- Toutes ces pièces, toutes ces 
déclarations ne servirent ii rien; des 
ennemis iuiplarafiles avdient juré sa 
perte. Ils allèrent jusqu'à faire pa- 



SAI 

raître un meunier qui lui reprodu 
d'avoir autrefois enlevé sa femne 
enfin on raccus» isans preuve demeur 
tre, d*empoisoniiuuient, el il fut dé- 
capité k Amiens, le 9 uoveuibre 1641, 
après avoir été cuudamné, suiviol 
l'inique usage de ce temps, parikJ 
commissaires nonimds en cùur, Coor- 
tilz de Vaudras , daiia ses Jfémoîra 
de d'Àrlagnan^ veut faire cousidmt 
Saint- Preuil comme une victiuK^ 
la vengeance du cardinal de Ricbe 
lien; mais Bayle (Dic/. historiqwt 
cr/^tç., article Louis XIII) comtM 
cette assertion du modèle des fu: 
Mémorialiêtei ; vX il pense, conui 
nous l'avons dit, que ce fut plul2 
par suite du ressentiment de L 
Meilleraie que périt le ujalheureo 
Saiut-Preuil. M— Dj. 

SAIKT-PRIX (Jkan-AmablbFoi 
cault), acteur du Théâtre-Françiii 
naquit à Paris en 1759. Sou pèn 
qui avait acquis dans le comnert 
une honniHe aisance, voulut qu' 
étudiAt les arts du dessin, noUiu 
ment la sculpture et rarchitecturt 
mais, à peine âgé de 18 aus, lejeui 
Foucault abandonna Tatelier de a 
maîtres pour la carrière théâtral 
Les applaudissements qu'il reçi 
d'abord comme simple uuiateur, dai 
plusieurs comédies de société, lac 
litèrent ses débuts à la ConiédieFra 
oaise. 11 les ill avec succès le 9 no 
178*2, el les prolongea jusqu'il 
lin de cette année; mais sa récepti< 
définitive lie date que de 1784. 
commença par doubler f^rive ila 
ce que les comédiens appellent I 
premiers rôles tragiques ; et , ta 
que son chef d'emploi, dont le t 
Irnt avait beaucoup d'éclat, onser 
la laveur du public, le malhcurei 
double fit de vains efl'orts pour 
partager. On voulait bien lui reco 
naître de rintelli;;«'nc(', des attif uil 



SAI 



SAI 



395 



3s, une voix imposante, et, pour 
;r encore le langage des comë- 
i,une belle diction: mais, n'ayant 
ï d rot de choisilr ses rflle^il trou- 
*arement l'occasion de déployer 
essources de son talent, et le 
irre ne raccueillait souvent 
^ec une froideur décourageante. 
)onheur pour lui, Larive quitta 
entanément le théâtre en 1768, 
partir de celte époque, Saint- 
devenn à son tour chef d'em- 
parvint non-seulement h dé- 
er l'injuste rigueur de ses juges, 
encore à obtenir leurs suifragés. 
it surtout dans le MariUs à 
urnes, de V. Arnault, et dané 
ort d^Âbel, de G. Legouvé, qu'il 
ta et obtint de nombreux ap- 
lissements. Saint-Prix, dirent 
ne et Martainville dans leur 
tire du Thiâtre- Français ^ à 
e rôle de Caîu, et il est impos- 
d'y montrer plus de force et 
rgie. Quant au rôle de Marins, 
îmes écrivains disent que Saint- 
t reproduisit, avec le plus grand 
s, lei belles attitudes qu'on 
admirées, peu de tenrps aupa- 
it, dans le tableau si remarqua- 
e J.-G. Drouais (voy, ce liom, 
33). Nous ne siiitroiis pas cet 
rdans lé cours deii vicissitudes 
ivées par les coiilédiens fran- 
à l'époque de là Terreur. Nous 
s seuletiient qu'enfermé avec la 
irt de ses camarades dans U 
M des MHdelonnettes, il leUr 
a l'exemple du plus ferme cou- 
■ Cet homme si habituelle- 
sérieux, dit uti de ftes co-dé- 
t, se |)ermettait néalimoinsqtiél- 
plaisanteries. Un jour qu'il 
ait sa chambre, nous Tenteu- 
% *'('crier : • malheureux ém- 
ir, qui eût jamais pensé que fil 
ï un jour réduit à fai^e ce pé- 



nible métier ! • Du reste, il s'atta- 
chait sans cesse à remonter le moral 
des autres prisonniers, en leur fai- 
sant une feule de contes, dont la 
gatté contrastait plaisamment avec 
sou maintien grave et flegmatique. 
Lôrsqu'après la fameuse journée dii 
9 thermidor, Saint^Prix reparut sur 
la scène il sentit la nécessité d'a- 
bandonner successivement les pre- 
miers rôles pour l'emploi des rois, au- 
quel ses formes herculéennes, sa voix 
tonnante et le caractère imposant de 
sa tête convenaient infiniment mieux 
qu'à dejennes héros, tels qu'Achille, 
Tancrëde, Ninias et autres. AuSsi 
joua-t-ii de la manière la plus 
distinguée les rôles de Joad,d'Aga- 
memnon, de Thésée, de Pharasmane, 
d'Artaban et de Jaéques Molay. 
Après 36 ans de services, cet acteur, 
qu'on n'a point encore remplacé, se 
retira prëùiaturément du théâtre, le 
l"" avril 1818, n'ayant alors que 59 
ans, et il prolongea paisibleuièut sa 
carrière jusqu'au 38 octobre 1834. 
Un mariage avantageux et le produit 
de ies économies, avec sa double 
pension de retraite, Ini avaient as- 
suré due existence honorable. Sa 
perte causa de profonds ri'greis à 
toutes les personhes qui l'avaient 
connu, parce qu'il joignait à des 
mœurs régulières tes qualités de 
cœUr lès plus dignes d'estimé. Oii 
avait lotig-temps reproché à cet ac- 
teur de la pesanteur et un jeu froid, 
c'est-à-dire deux défauts ({u'ôu iie sau- 
rait tolérer dans l'expression de l'a- 
mour et des autres passions du cœur; 
il n'avait pas les manières briliauies 
et t;hevaleresques de Larive;' il ne 
possifdâil pas cette riche variété d'iu- 
ilexions qui donne tant de charme 
au débit tragiqut'.êt sa robuste tom- 
plexion <^tait plu^ m.ijestu(*use qu'é- 
légiiritr. Mais si sa voix, pleine, 



S9G SAl SAI 

grave, élô^anle et moniaulf , se pré- novfoiibre 1790, et fit, dais « 
tait difficilement aux nuances dëli- ville, des <ftudes qiie. la téfMÀ 
cates, elle ne manquait jamais de rendit incomplètes. Il suivit mm 
produire un grand eriet dans les rôles un cours de droit que U cossori 
où le personnage doit faire entendre tion le força aussi d'interrompR.1) 
le ton du commandement et de Tau- bord simple soldat, il entra dan: 
rite despotique^ en un mot, dit k et. état*majorcommesecr^taiK,ctqÉ 
sujet Fauteur d'une Revue des co- dëfiiiitivement lo. $ervic4^ en W 
médiens, imprimée en JSI8, comme à ré|K>qucdc U Rostaiiratiot.ài 
ce bel acteur a, dans son talent, plus il embrassa la caïuc avec bemi 
de vigueur que de souplesse, et plus d'ardeur. Dès lors, ne s*occupaat)ii 
de noblesse que de sensibilité, il lui que de littérature et de polili^. 
faut des Hiles tracés à grands traits, travailla à la rédaction de plmi 
des personnages plus grands que na- journaux, entre autres Im^ 6ui 
ture, comme le sont les héros d'Ilo- de JVoiiee, le ihrapemu bianCttê(}i 
mère. Saint-Prix était professeur de ftdieiiii€,etc. Dans les dejrnierstei 
déclamation au Conservatoire. Son de sa vie, il était allé à GkmI 
fils« M. Maille-Saint-Prix, peintre de pour y rédiger la GattUe ds Ai 
paysage, a plusieurs fois exposé aux jAiné. Ce fut dans cette ville f 
salons du Louvre des tableaux re- mourut en février 1841. Onadf) 
marqués par les connaisseurs. C'est 1. B$9al sur la caméâiM^ guiti i 
k tort que des biographes ont parlé nalyiu du Mi^anthrtipe tt in Tl 
des débuts de Saint-Prix commes^ils tnft, extraites d'un Commemtaùfi 
avaient eu lieu peu de temps après Moitié que Tautein^ se propett 
la retraite de Lekain, et comme s^il puè/ter, Paris, 1812, in-4)*. 11. Als 
avait partagé l'héritage de ce grand nach des CunmlardSy arec /« a 
acteur avec Mauduit-Larive. D'abord très-exacte de leurs diters appo» 
Lekaiu ne se retira )>oint \ il était ments, traitements^ pefuions. ci 
encore au nombre des comédiens le tout mis en lumière par un k<m 
français quand il 8uccomL>a à une 9111 sait compter^ Paris, 1820, in- 
fièvre inflammatoire, quatorze jours III. Berryana, ou AecMeij destn 
aprè-s avoir admirablement joué le de bonté les plus remar^uahh 
rÂle du duc de Vcndi^uie. 11 e^t en S. À.H^ feu monaet^netir le dut 
outre certain que Saint-Prix ne dé- Berry, Paris, 1820, in*1 8. IV. La 
buta au Théâtre-Français que quatre mille Liliers, ou Scènes deU\ 
ans et dix mois après la mort de ce tome 1*^' (etmii<]uo), Paris, M 
grand tragédien, et que ce fut seule- in-12. V. La France royaliste 1 
ment en 1790 que, devenu depuis mdnejtdemoiMet^netfr /edwcdel 
deux ans chef d'emploi, il consentit ry, Paris, 1820 , in-8«. V|. U^mm 
à entrer en partage avec Urive, delaFranceroyalisteet liîiéraù 
toutes les fois que celui-ci jugeait monseignfurleducde Bordeoêx 
convenable de remonter sur le théâ- Recueil de pièces de poésie, dtaci 
tre, dont il notait plus sociétaire. ef morreaHO!: de prose publies d l 

F. P— T. ccMton de Vheureuse naissante 

S\1NT - PRf>SPER ( Antoinr- H. - (•.- F. - Marie - Otetidonné , 

Jran Cass^ de), écrivain politique ficrry, et mis en ordre par M 

ri jouriialiste . uaqu\\ a Vam \c \Çk S«LwM*Tott^^ 1820»1 82i . m-* 



SAI 



SAt 



S99 



battîL ^D champ clog, k Pari^, aver liition éclata. Il 8Vn dt^clara d^fi le 

If seigiK^iir ttc Loiseiench, baron de couiinencenient un des adversaires 

Pologne, en présence du roi, de 1^ les plus prononcés, et, ainsi que la 

reine, de madame, et demeura vaÎH* plupart de ses camarades , il fut obligé 

queur. Bien fait de sa personne, doué d'émigrer. S'étant rendu en Angle- 

de beaucoup 'd'esprit et d'amabilité, terre, il y passa quelques mois dans 



il eut de grands succèj k la cour de 
Charles VI. Il nous paraît hors de 
doute que c'est lui, et non son père, 
qu'Antoine de La Sale (voy. Sai.r. 
XL, 142), a fait le héros de sou 
roman intitulé : Hystoire et plai- 



un grand dénûment. Dès qu'il vit, en 
179S. les départements de Touest ar- 
borer le drapeau blanc il se hâta d'y 
revenir. Placé d'abord sous les ordres 
de Paisaye, puis sous ceux* de Geor- 
ges Cadoudal. il prit part à un grand 



santé chromque du Petit Jel^n de nombre d'expéditions plus ou moins 



Saintré et de la jeune dame des Bel- 
les Cousines , sans autre nom nom- 
fner. Mais l'auteur a tellement deiî- 
^uré ce qui le concerne, qu'il est 
presque impossible de discerner, k 
travers tous les faits romanesques* 
i*e qui appartient véritablement k 
l'histoire. On soupi;onne seulement, 
mais àssv'i vaguement, que la dame 
des Belles-Cousines était Marie, pe- 
tite*fille du roi Jean, par sa mère, 
Jeanne, reine de Navarre, qui, en 
1394^ épousa Alphonse d'Aragoà, 
duc de Candie. Elle était cousine de 
Charles Yl, et il est probable que 
c'est elle qui , désjgni<e i^ous le seul 
nom de madame, assistait au combat 
en champ clos dont nous venons de 
parler. L— s— o. 

SAINT-REJAKT (Piurr Robi- 
ff^ULT), dit Saint-Martin, et altcr- 
natiTement fiierrot^ Soynr ou Sol- 
liêT^ fut I9 chef de l'une des conspi- 
ralio^ Ifs plus horribles, mais \e$ 
l^î^ux f^rdiiss, les plus courageu- 
||yi|Mi(.eytfeutée8dont l'histoire fasse 
ffj^lff. Il était né gentil hummt!, 
|pi|i|y||| IfMliine, d'une (amiMe ob- 
liH«^^:.|Ell|4 (i« la Bretagne, ep 
fiVruir bit ilaus c* pays 
Hffg iiMd^s, il entni font 



honorables, mais toujours fort péril- 
leuses. Bienque d'une constitution fai- 
ble en apparence, il montra dans tou- 
tes les occasions un courage indomp- 
table,et surtout cette force de vouloir, 
cette ténacité de résolution qui sem- 
blent. appartenir plus spécialement 
aux habitants de la Bretagne. Ce fut 
par là sans doute qu'il se Ht remarquer 
de ses chefs, notamment de Georges 
Cadoudal, qui, vers la fin de l'année 
1801, le chargea d'une mission aussi 
difficile que périlleuse, ce hjt d'aller 
secrètement à Paris pour y tenter 
par tous les moyens de faire périr le 
consul Bonaparte, récemment arrivé 
au pouvoir souverain, et dont les 
succès et les ambitieux projets, dès 
lors compris par le ministère britan- 
nique, l'inquiétaient vivement sur 
l'avenir de ta puissance anglaise. 
Cette étonnante mais incontestable 
prévision du célèbre Pitt eut une 
grande influence sur les événements 
de cette époque, on ne peut en douter; 
et ce fut surtout cette profonde et pré- 
voyante pensée qui décida la terrible 
entreprise de la machine infernale. 
Il n'est que trop vrai que, dans 
cette occasion comme dans beaucoup 
d'autres, les royalistes français. 



|4Çi|licifr diu^s l'artillerie rjrovani servir leur noble cause, ne 
qjk il 99 .i^rriuit c t que les aveu^iM v&aXros&si^ 



41)0 1 iAl SAI 



Unniqii^s. Tèiuoin dé cet événement tandis que ses deux ea»and«& n 

ei bien placé pour en observer les tent à quelque distance, Saint4 

Giiu$esetlesGonsëqnenoes»nouspoii- jant lût tenir le cheTuI par ci c 

vons affirmer que c*est ainsi que nous fut de douie ans, à qui il donne i 

le comprimes dès le premier jour, sous, et qu^ainsî il Toue à vie m 

Tout ce qui s*est passe depuis n*a inë?itab1e; il se tient' k cdlèdt 

Dut que nous confirmer dans cette charrette arec la fatnie mèd 

opinion. Ce fut dans le mois d'oeto- Mais à rapproche du cortège, i 

bre 1801 que Saiut-Bejaut partit de était composé de deux voituresL 

LundresavecGeorgcsCadoudaletson cavalier qui précède le force bn 

ami Limolan. Ce dernier leauivitdans quemeut à se rangrer. Cette dit» 

ia capitale, en s'y faisant aocompa- stauce lui Gt perdre deux seooni 

gner de quelques soldats vendéens ou et sauva Bonaparte « qui se trotr 

chouans, sur lesquels il croyait pou- dans la première voiture, avec s 

voir compter, entre autres Carbon, lieutenants Unnes et Bcsskh 

qui passait pour son domestique et Sans se déconcerter , Saint4tf>i 

quien effet leservaitdepuis plusieurs revient à son tonneau, et. pari 

mois. Georges re sU en Bretagne, où mouvement aussi prompt que 

il fut l'intermédiaire des conjurés penisée, détermine l'explosion. ^ 

avec l'Angleterre. Arrivés à Paris se bit avec le plus hornble Irte 

dans les premiers jours d'octobre, Us maisons voisines en sont An 

Saint-Bejant et Limolan, aidés par i^s, renversées, et le reteaiîs 

«!arbon, travaillèrent eu secret avec meut porte IVITroi dans tout P 

U plus élounaute activité aux pré- ris. Mais celte explosion n*eut^ 

pAratibde cet effroyable instrument qu*à rinstani oii la voiture du «^ 

de destruction, que l'on a si bien sul , entrant daus la seconde lu 

nommé ia morAiiM infernale. C'était était déjà garantie par la maison ^ 

un tonneau de ia forme et de la gros- eu formait l'angle. La secousse l 

seur de ceux avec lesquels on traus- néanmoins si forte, qu'elle le sou{f 

porte l'eau dans les rues. Ce fut Car- violemment» lui et ses deux amis, 

bon qui acheta le cheval et la char- que le cocher, qui était ivre, qui 

rette destinés à le transporter, cause de cela avait £ait marcher j 

Saint-Bejaut , en sa qualité d'ar- chevaux plus vite , pensa être re 

tilleur, prefMira la poudre et les versé de son siège. La seconde n 

mèches, dont il calcula les effets ture, où madame Bonaparte se tro 

avec une incroyable précision; et vait avec sa belle-sœur Murât, f 

il se chargea d'y mettre le feu... sauvée par un retard de deux n 

Sachantque, dausiasoirée du S ni> nutes. Beaucoup de passants. H 

vose an ]\f(24 déc. 1801), le consul s'étaient arrêtés pour voir le eorté. 

devaitsortir des Tuileries pour aller furent atteints. H y en eut douze 

à rOpéra, situé alors rue de Riche- tués sur place, et une trentaine 

lieu, les trois conjurés , Limolan , grièvement blessés. La charrette^ 

Saint-Bejant et Carinm, déguisés cheval et la petite fille qui le teK 

eu charretiers, conduisirent sur furent mis en pièces; on en trou 

son passage l'épouvantable machine, à peine quelques vestiges. Saint-I 

L'ayant placée dans l'angle des rues jant , qui n'avait pas eu le temps > 

«ainr•Ni^•ai5eetdeMaUe^C\lanft%^s V^w«i!«*\ iwNwX ^'vt Teflt fifli 



SAC 

tomba la face contre terrf», et no se 
releva qu'avec peine, tout ineiiriri, 
sufTuqué, ne pouvant respirer. Il se 
traîna cependant ainsi dans la rue des 
Prouvaircs, où il avait trouvé un 
asile. Il y arriva dans un état de fai- 
blesse tel que ses hôtes, effrayés, 
crurent devoir envoyer chercher un 
médecin el un confesseur. Limolan 
et Carbon, placés plus loin delà ma- 
chine, n'avaient eu aucun mal : ils 
s'étaient mis en sûreté. Le premier 
réussit à sortir de Paris, et se sauva 
en Bretagne, puis en Amérique. Car- 
bon, dont la sœur tenait un cabaret 
dans la capitale, s'y réfugia pendant 
quelques jours; mais bientôt , pour- 
suivi par la police, il alla se cacher 
dans une maison de religieuses, où 
mademoiselle de Cicë, sœur de l'ar- 
chevêque de Bordeaux, l'avait recom- 
mandé. Poursuivi de nouveau dans 
cette retraite, il y fut arrêté, et fit 
des révélations qui obligèrent encore 
plusieurs fois Saint-Rejant à changer 
de demeure. Enfin, pourchassé et 
traqué lui-même par de nombreux 
espions , il tomba dans leurs mains, 
et avec lui plusieurs pièces qui, join- 
tes aux déclarations de Carbon, ren- 
dirent toute dénégation impossible. 
Pendant ce temps, Bonaparte, qui , 
dans le premier moment, avait pensé 
que le complot venait des Jacobins , 
par la raison que des gens de ce parti 
avaient été surpris , tout récemment, 
dans une conspiration du même 
genre, en fit aussitôt déporter une 
centaine, qni furent envoyés aux îles 
Séchelles , lors même que l'on sut 
positivement qu'ils étaient étrangers 
à cette dernière entreprise (voy, Na- 
poléon, LXXV, 186), et que Saint- 
Rejant et Carbon , traduits au tri- 
bunal criminel, furent condamnés à 
mort après une longue et solen- 
nelle procédure qui ne laissa aucun 



SAI 



40! 



doute. Quelques-uns de^^eux qui les 
avaient . assistés on recueillis dans 
leur fuite furent condamnés à des 
peines correctionnelles. Tous avaient 
été défendus par des hommes de ta- 
lent et de' zèle, tels que Bellart^ Gai- 
ral et Roussiale; mais rjen ne pouvait 
les sauver ; les preuves étaient nom- 
breuseset irrésistible» surtout ht let*^ 
tre de Georges Cadoudal. Cependant 
Saint-Réjaut ne fit pas un aveu; ety 
dans tout le procès, qui dura plu-, 
sieurs jours , il ne montra pas un 
moment de faiblesse, et surtout il 
évita tout ce qui pouvait compromet- 
tre d'autres personnes. Lorsqu'il en- 
tendit son arrêt, il en demanda l'exé- 
cution dans les vingt^uatre heures; 
mais l'avis de Carbipn et de ses oon* 
seils en décida autrement. Forcé 
d'attendre l'arrêt de cassation, il ne 
fut exécuté que quinze jours plus 
tard, le 80 germinal an IX (30 avril 
1802). Son courage ne se démentit pas 
nu seul instant, et il remplit, avant de 
mourir, tous ses devoirs de religiou. 
Carbon , homme grossier et dépourvu 
de toute éducation, donna des preu- 
ves de faiblesse. Limolan , qui avait 
échappé aux recherches, passa dans 
les États-Unis d'Amérique , où il se 
fît prêtre et vécut encore plusieurs 
années. Onaimprim^,en 1802, à Tim- 
primerie de la république : Procès 
instrtntpar le tribunal criminel du 
département de la Seine contre les 
nommés Saint-R^ani, Carbon et 
auiresprévenusdeconspiration con- 
tre la personne du premier amsulf 
suivi du jugement du tribunal de 
cassation, qui a rejeté le pourvoi des 
condamnés^ 2 vol. in-8®. M— d j« 

SAINT-SAMSON(JEAfiDB), 
homme extraordinaire qu'on peut 
comparer à ce savant Denys que vi- 
sita saint Antoine^ v^^tvv.^ ^sfib.^ \^ 



40f 



S\I 



II! Cf^lèlir^ Malavalv et y a plus il(> li- 
trM encore. Fils tk Pi«rrr Diiinwi- 
lin «t de Marie d*Ais. pe^niiages ri- 
ches, nobles et fort pieux, Jean naquit 
à Sens le 29 décembre 1571. Il ëtait 
encore au berceau lonqu^il fut atta- 
qua de la petite vérole* dont la mali- 
gnité fut si TÏoleiile quVIle lui fit 
perdre entièrement la vue. Mineur à 
l*lge de dix ans, il demeura sons la 
tutelle d'un oncle maternel qui lui fit 
faire son éducation, autant quMI était 
possible à un enfant aveugle. Il s'ap- 
pliqua surtout à le rendre habile dans 
la musique, et à lui faire apprendre à 
toucher de l'orgue, à jouer de quel- 
ques autres instruments. Plusieurs 
années après, cet enfant, vraiment 
eslraordinaire, quitta la maison de 
son oncle et se retira dans nn lieu 
écarté où il eut plus de liberté de se 
faire lire des livres spirituels et de 
s'exercer à la piété et à la mortifica- 
tion, k 25 ans il alla demeurer à Pa- 
ria chez un de ses frères qui était tré- 
sorier et payeur de la gendarmerie, 
et là il eut la liberté entière de sui- 
vre l'attrait de la grftce. Il aimait 
surtout à méditer la Passion, et Dieu 
le fit passer par des épreuves qui ne 
peuvent être appréciées que par 
ceux qui ont soutfert de semblables 
peines. La mort lui ayant enlevé son 
frère et sa belle-sœur, soumis aux 
ordres de la Providence, il en adora 
les décrets, et eut même la généro- 
sité d'abandonner tous ses biens en 
se réduisant, tout aveugle qu'il était, 
k l'état d'une pauvreté absi»iue. Zélé 
pour la gloire de Dieu» il voulut 
concourir à la réforme des carmes. 
Sa profession d'organiste l'avait mis 
en rapport avec un jeune religieux 
de cet ordre. Pendant deux ans, il 
ne cessa-pas do lui faire faire de 
pieuses lectures, et il le reudiv ca- 
/Mible d'^re un des principaux \n- 



SAf 

siruuients de la rêft»rme qui eut 
lieu peu de temps après dans le cou- 
vent de Reunes, et qui s*est répandae 
depuis dans plusieurs autres provia- 
ces. Ce fut lui encore qui iuspira k 
même dessein au Père Philippe Thi- 
baut, qui fut le chef de cette piew 
entreprise. Jean Dumoulin detuaidi 
à entrer lui-même au couvent ée 
Dol,enBreugne,quin*élait ponfif 
formé, et, malgré sa cécité, ses gna- 
des vertus le firent admettre. On 1*^ 
prouva dans son noviciat ; Dieu lii 
envoya des peines et des maladin: 
il souffrit avec une patience hénf* 
que. et fit sa profession en 1607. Dqi 
si pieux dans le monde, on juge biôi 
de ce qu'il devint en religion ; sa veiH 
favorite était le secours des maladd 
et ses historiens citent plusieurs cura 
miraculeuses qu^il opéra. IlemploTiii 
dans ses guérisous l'oraison qatjr 
dit à Saint-Pierre de Rome posr k 
même sujet Ayant aiusi guéri uaêo- 
mestiquede l'evêque de Dol. Antoiar 
de Revol, ce prélat exauiina, enpiè- 
sence de quelques docteurs, les pn* 
tiques du saint aveugle, et il les ap- 
prouva. Il conçut niéuie pour Iv 
une telle estime, qu'il le visitait jus- 
qu'à trois fois daus un jour. Le pieu 
religieux répandit l'esprit de pielf 
daus tout le pays. On Tappela à Rai- 
nes, au couvent réforiue, où on ha 
fit couiinencer uu secoud noviciat en- 
core plus rigoureux, dont il supporti 
les épreuves avec une constance ad- 
mirable. L'éclat de ses vertus se pro- 
pagea bieuiOt au dehors, car sav 
couipter les êvêques de Rennes, de 
Nantes, de Dol et de Saiui-Brieuc 
les premiers présidents du parle- 
èiieut et les personnes les plus illus- 
tres de Bretagne, qui avsient uar 
estime intinie pour ce saint avea- 
gle, la reine Marie de Médicis, mère 
t\e UAÀ%X\\\^\^\Taax<viia, eu plu$ 



SAl . SAI 403 

d'um» rencontra, la ▼(^nëraiion(|iiVII^ mort des êainU préde^H devant 

avait ponr lui. 11 tenait de ses parent» Dieu, ou Vart âtpatir et de mourir 

une ^ande dévotion k la sainte «atnlemanl. 14'* Obnervatiùns eur la 

Vierge que son zèle lé portait à règle de$ earmee, 15° La cfmduite 

inspirer à tout le monde. Dand ses des naticee. 16* Divers traités (ils 

ouvrages il n>n parle qu'avec des sout au nombre de sept). 17<* PoMe# 

expressions sublimes. Ce pieux aveu- mystiques, qui contiennent des can- 

gle, quoique patient sur la terre, tiques spirituels, k une telle époque, 

soupirait après le ciel comme vers et chez un aveugle, quelques-unes 

sa patrie et son lieu de repos. Dien de ces poésies pourraient étonner. 

Texauça. Le S sept. 1636 il com- Tous les ouvrages de ce religieux ont 

mença une maladie grave, et qui ne été composés et dictés par la volonté 

fut pour lui qu'une nouvelle épreuve, de ses supérieurs. Aucun n'a été ac- 

II ne lui échappa pas une plainte, pas cusé de quiétisme, malgré le genre 

un murmure. Il mourut Iel4 du même entièrement mystique dans lequel ils 

mois, en baisant le crucifix, et en pro* ont été faits. Il est vrai que ces dis- 

BOBçant ces paroles de Tapôtre : Je putes alors n'étaient pas connûtes. 

suis attaehé à la croiœ avec Jésus- Publiées d'abord dans de petits volu- 

CAHst. Un concours de peuple ex- mes séparés, les œuvres du frère 

traordinaire assista à ses funérailles, Jean de Saint. Samson ont été recueil- 

et s'empressa d*avoir quelque partie li«s en deux volumes in-folio: Sa vie 

de ses vêtements, de ses cheveux, a été composée en français par le P. 

et de faire loucher des chapelets à son Donatien de Saint-Nicolas, et tra- 

corps. L'année suivante, le président dnite en latin par le P. Mathurin de 

1>esloges, guéri miraculeusement, fit Sainte-Anne, tous deux religieux car- 

uiettreunetombedemarbresursasé- mes. Etiese trouve abrégée dans lere- 

pulture,avecuneépiiapheen latin, où cueil de D. Lobineau, bénédictin de 

les vertus du saintaveugle sont retra- la congrégation deSaint-Maur, et plus 

eéds, ainsi que les effets extraordinai- intéressante dans celui du P. Albert 

res de sa communion quotidienne. Le Legrand (voy. ce nom, LXXI, 200), 

frèreJeandeSaint-Samson est auteur ainsi que daus l'édition récente des 

d'un grand nombre de traités pieux Vies des Saints de Bretagne, donnée 

dont les titres indiquent les sujets et par M. l'abbé Tresvaux. B—d— e. 
l'esprit. VLevrai esprit du Carmel. SAINT-SINON (Claude de Rou- 

9f Leeahinet mystique. yRèglesde vroy de), baron de Jouy-Trouville» 

ooiuetenos et de eanversation. 4° Le pair de France, issu de la branche aî- 

miroir et les flammes de l'amour di- uée de la maison ducale, né à Paris le 

otn, composé à la prière de Revol, 20 sept. 1695, était le sixième fils du 

évêque deDol. 5«> Les soliloques. 6** marquis de Saint-Simon, et parent de 

Les contemplations, 7^ Méditations Tauteurdes Mémoires (voy.SAifn^i" 

pour les retraites^ ou Exercices de mon, LX, 98). Destiné à l'état ec- 

dix jours. 9^ Lumières et règles de ctésiastique, il n'avait pas encore 

discrétion pour les supérieurs. 9« ite- quiuze ans quand il reçut la tonsure 

cueil de ses lettres spirituelles. t(i9 cléricale, et en 1716 il fut pourvu de 

De la simplicité divine. U* De ^ef- l'abbaye de Jumiéges, au diocèse de 

fusion de l'homme hors de Dieu et de Rouen , dout le« t^^^^>^% ^tcvKox^^ 

sa révision en Dieu. I2'> et 15* La U^,OV>v^ \\nt^%. Kns^ tis^av^ ^^^ \5K!\^ 



404 



SAI 



1731 9 il fut nommé <^vt^iifi ft comtf 
df Noyon , et traiitféré le 38 août 
1733 à rëvêclié de Mf.tz, dont il ne 
prit possession qae le 16 juin 1734. 
Il soccëdait à un prélat (M. de Cois- 
lin) dont la mémoire est encore en 
vénération dans cette importante cité 
qu*il avait remplie de ses immenses 
bienfaits (1). Sans prétendre éga- 
ler son prédécesseur en générosité. 
M. de Saint-Simon essaya de mar* 
cher sor ses traces; mais il trouva 
peut-être, dans les regrets de ses 
nombreux diocésains , les premiers 
obstacles qui rendirent sa marcbe 
pénible. Dès raniiée 1737 il éUit 
constitué en état d'hostilité avec le 
parlement, qui lui interdit, par ar- 
rêt, de prendre la qualité de prince 
de Metz. Continuant Tœuvre de M. 
de Coislin, il jota en 1743 les fon- 
dements d*un nouveau séminaire 
qui a conservé son nom ; mais les 
frais de construction et d'entre- 
tien furent eu partie acquittés par 
la suppression de plusieurs anciens 
chapitres dont les rerenus furent 
affectés au nouvel établissement. 
L'évêquc de Metz éprouva encore, 
sous ce rapport, des résistances qui 
parurent bien fondées. Il échoua no- 
tamment dans la tentative qu'il lit 
pour obtenir lu suppression de la 
collégiale de Saint-Thiébaut, dont 
l'ancienneté rtuioutaitau XI 1*" siècle. 
Dans cette circonstance, il trouva 



( X ) Ou peut dire sans hyperbole que 
M. d« Coisliu fut prodigue iiiâme dans la 
ditpeDMtion de ses i)ieuf.iits. Après avoir 
fait coDstraire un cor)>s de casernes , une 
maison de refuge, un séminaire, le «IjAteau 
de FrescHti (anjourd'liui dcmoli), il versa 
dans le sein des pauvres la plus grande 
partie de sa fortune, qui était considérable. 
De tels artcs de munificence ont été célébrés 
avec une éloquence digue du bujet par 
SoriaB, évéqufî de Vence, dans son dis- 
courê de rétu-^itioii a l'Acadéi&ie fr-aaf"A\^v, 
où il remyliàCàii M. d« Coisttn. 



SAI 

nn nonvel adversaire dans le maré- 
chal de Belle-lsle, gouverneur de la 
province. C'est à M. de Saint-SimoQ 
que Metz est redevable de l'intro- 
ductiondes frères des écoles de cha- 
rité. Il mourut dans cette ville le 29 
février 1760. Il avait eu pour grand- 
vicaire, son parent, qui fut ensuite 
évêque d'Agde (voy. SAiNT-Snoir, 
XL, 103). L— M^-x. 

SAINT-SIMON (Claude -Am, 
marquis de), général espagnol, néca 
France, au château de la Paye, eol 713, 
dé la même famille que le préeédeat, 
entra comme cadet à l'école d'artill^ 
rie de Strasbourg, et passa lieutenaat 
au régiment d'Auvergne, avec leqod 
il lit les campagnes de Flandre, et le 
distingua. En iTftSyiifut nommé chef 
de brigade des gardcs-d u-corpsdn roi 
de Pologne. Le 25 mars il reçut le 
brevet de colonel de cavalerie; le S 
janv. 1770, celui de brigadier, et le 
12 septembre de la même année, il 
fut nommé chevalier de Saint-Louis. 
Le 4 août 1771 il devint colonel du 
régiment provincial de Poitiers, et 
de celui de Tourainele M juin 1775. 
Désigné à la lin de 1779 pour faire 
partie des troupes envoyées à la Mar- 
tinique , le marquis de Saint-Simon 
s'embarqua à Brest avec le régiment 
de Touraine. Pendant la traversée, le 
vaisseau qu'il montait soutint trois 
combats contre l'amiral Rodney. Le 
1'' mars 1780, il passa an service de 
S. M. Catholique en qualité de ma- 
réchal -de -camp, et fut envoyé en 
Amérique avec un corps de deux 
mille hommes, qu'il commanda dans 
toutes les campagnes, oii ïi reçut 
plusieurs blessures. Rentré au ser- 
vice de France, il fut créé comman- 
deur de Saint-Louis et nommé gou- 
verneur de Saint-Jeau-Pied-de-Port. 
En avril 1789, il fut élu par la no- 
W%s^. <\^. V\\\%^vk\cv^%^ «ou premier 



SAI SAl 405 

député aux États -Généraux, où dans damné à mort par une commission 
la séance du 4 déc. il se plaignit de ce comme émigré français, il obtint un 
qu'un comité d'Angonléme arait in- sursis, puis la commutation de peine, 
tercepté des lettres qui lui étaient à la prière de sa fille, qui vîqt im- 
adressées. Le 8 février 1790, il plorer la clémence de Temperenr. 
prêta le serment civique à fa tri- Amené en France, à la citadeUft4le 
bune, par des motifs que nous ne Besançon, il y resta jusqu'^. 1814, 
pouvons pas apprécier. Du reste il ne vivant que par les soins les plus 
se fit peu remarquer dans cette as- touchants de sa fille^ bien aimée^ qui 
semblée, où il vota avec la minorité, était son unique enfant, et qui ne 
Après la session, il signa toutes les le quitta pas un instant. Après le ré- 
protestations contre les innovations tablissement de Ferdinand Vil, en 
révolutionnaires, et se rendit en Es- 1814, le marquis de Saint-Si^Bon re- 
pagne. Le 16 mai 1703, le roi Char- tourna en Espagne, et ce nionarque 
les IV le nomma maréchal-de-camp. lui donna le grade de capitaine-gé- 
II fut employé sous les ordres du nëral, équi valent à celui de maréchal 
général Caro, et, k l'affaire d'irun, de France , puis le nomma colonel de 
il reçut une balle qui lui traversa son régiment des gardes wallones. 11 
le cou. Le 20 septembre il obtint conservaceshautes fonctions jusqu'à 
le brevet de colonel de la l^ion sa mort, vers 1820. M— Dj. 
royale des Pyrénées, et onze jours SAINT-SIMON ( Claudb-Henbi, 
après le grade de lieutenant-général comte de), le fondateur de la secte 
des armées d'Espagne. En défendant qui porte son nom , né à Paris le 
la position d'Argensu, il fut encore ' 17 octobre 1760 , de la même fa- 
atteint d'une balle qui lui traversa la mille que les précédents, et comme 
poitrine. En 1705, il fut nommé com- eux parent de l'auteur des Mémoi- 
mandant en second lie l'armée de Na- rts, se prétendait également issu 
varre , et , le 20 avril 1796 , colonel des comtes de Vermandois, et en 
commandant du régiment d'infante- conséquence de l'empereur Charle- 
rie de Bonrbon qu'i I eut ordre de for- magne {voy. Saint-Simon, XL , 98 ). 
mer. Au mois de mai suivant, le roi Son père était l'aîné, mais ayant 
d'Espagne l'éleva au grade de capi- été déshérité, nous ne savons pojor- 
taine-général de la Vieille-Castilie. quoi, il perdit à la fois le titre 
En mars 1801, il eut le commande- de duc et une grande fortune. Le 
ment de la division qui agissait con- jeune Claude-Henri reçut une édu- 
tre le Portugal , et, au mois d'avril cation toute philosophique, dans 
même année , celui de l'armée de l'acception qu'on donnait à ce mot 
Galice. Le 4 oct. 1802, il reçut la à la fin du dernier siècle, et il compta 
grand-croix de Charles IIL Le 15 d'Alembert parmi ses maîtres. Peu 
sept. 1803, S. M. Catholique con- studieux, et dès lors bizarre dans 
firma en sa personne la succession ses goûts et ses idées , il ne s'appU- 
à la grandesse d'Espagne. En 1808 qna spécialement à rien , effleurant 
lorsque les Français attaquèrent Ma- tous les arts, toutes l^ sciences, 
drid sous les ordres de Napoléon, sans en approfondir aucune. Doué 
le général Saint-Simon était dans d'une imagination active, ardente^ 
cette place et il la défendit coura- et d'une vanité t.<^fââ&K^^ ^ *^ ^^ 
geui$ement» Fait prisonpier et cou- ct\A 4fc Vi^WkfcV^wittc^V^^^^x^^*^^*^ 



4M 



SAI 



QD grand rôle »ur lu scènedu uiond«. 
k dii'sept ans, pour imiter sans 
dtute le grand Frëdërio qui se 'fii- 
sait appliquer tous les matins un 
lînge firoidsur la figure, il donna or* 
dre à son domestique de le réveiller 
èhaquejour aree oes paroles : • LeTes- 
Tous » monsieur le comte, tous avez 
dt grandes choses à faire. • Comme 
la plupart des jeunes gens de son 
rang , il était entré dans (a carrière 
militaire en 1777, et, deux ans après, 
il sTait obtenu une compagnie. Lors- 
que Louis XVI envoya une armée au 
secours des Américains insurgés con- 
tre TAngleterre, Saint-Simon fût au 
nombre des officiers qui prirent part 
4 cette expédition. On a dit qu'il s'y 
était distingué dans beaucoup d'occa- 
sions; mais sur cela, comme sur beau- 
coup d'autres choses, nous n'avons 
que ses propres assertions , et l'his- 
toire d(»its'en défier. Ce qu'il y a de 
sûr, c'est qu'ainsi que la plupart des 
officiers qui firent cette guerre , il 
reçut , quand elle fut terminée , la 
croix de Cincinnatus. Il a encore dit 
que, s'étant lié avec Franklin, il 
se livra à une étude sérieuse de 
l'orgaiiisation de ce nouvel Étal, et 
(fne lorsque la paix fut faite, il par- 
courut les contrées méridionales du 
Nouveau-Monde, surtout le Mexi- 
que « et proposa au vice- roi de cette 
colonie d'établir une comntunicatiou 
entre les deux mers, en rendant na- 
vigable la rivière In Partido , dont 
un bras se jette daus l'Océan , tan- 
dis que l'autre verse ses eaux dans la 
mer du Sud ; mais il paraît que le vice- 
roi mit peu d'impnrtance àce projet, 
que d'autres d'ailleurs avaient déjà 
présenté. Revenu en France aussitôt 
aprè.s que la paix fut conclue (i 783), 
Saint-Simon devint colonel, et k peine 
il^e f/e vinift-trois ans \\ v»rvl le com- 
mandement du rêpùueuv A*M\vuUuw, 



SAI 

înCanterie. Celait un aTineemi 
très-rapide, et une conséquence 
l'un des plus grands abus de ce tem] 
de n'accorder ce grade élevé qi 
des }eunesgeDsde la plus haute na 
sauce, mais trop souvent incapabb 
et qui , résidant toujours à la eoi 
se montraient peu à leur régima 
Il paraît que Saint-Simon ne fit } 
autrement. «La carrière milita 

• d'ailleurs, a-t-il dit, ne me souri 

- guère. Le seul but de la guei 

• (celled'Amérique)m'intéressaiti 

• vement, et cet intérêt m*en fiiis 

• supporter les travaux sans rép 

- gnance. Ma vocation n'était poi 

• d'être soldat; j'étai3 porté à > 

• genre d'activité bien différent, et 

• puisdire contraire. Étudier la lu 
« che de l'esprit humain, pour tnn 
« 1er ensuite au perfectionnement 

• la civilisation, tel fut le but que 

• me proposai. > Si le métier de s 
dat ue lui convenait point en temps 
guerre, ce fut bien pis quand la pi 
l'eut condamné à l'ioactivité. Po 
se soustraire à l'ennui d'un genre* 
vie qui ne consistait qu'à faire Pexc 
cice pendant l'été et à se montrei 
la cour pendant l'hiver , il se mit 
voyagt'r, et partit pour la HolUm 
en 1785. Le duc de la Vauguyoi 
alors ambassadeur dans œ pays 
avait décidé les États-Généraux 
faire, de concert avec la Frana 
une expédition contre les possessioi 
anglaises dans l'Inde. Le couimai 
dément de cette expéilition devi 
être donné à Bouille , qui avMt fa 
la guerre d'Amérique avec tant d'* 
ctat, et que Saint-Simon y avait coi 
nu. Il fut destiné à servir de not 
veau sous ses ordres. Nais ce proje 
dont il pressa pendant un au l'exi 
cution , ayant uianqué pir la nial« 
dresse de la diplomatie française < 
V \\\v\^^v5.\Wi 'ikvv ^>i\>vw:\ >V^ V «* r »a i I ir 



SAI SAI 407 

il rerint en France en 1786 ,r€i par lit totalement en Espagne. U y gagna 
peu après pour l'Espagne» où il vit d'assez fortes sommes qu'il ne tenait 
pour la première fois le comte de qu'à lui d'augmenter encore ; mais 
Bedern,quiëtaitamba8sadeurdeSaxe toujours impatient du repos^ et ne 
à Madrid, et qui plus tard devait pouvant pas séjourner un an dans les 
être son associé. Selon son habitude, mêmes lieux, ni s'occuper des mêmes 
il ne tarda pas (à soumettre divers objets, il revint en France au com* 
projets au gouvernement, entre au- mencement de jl780, précisément k 
très celui d'un canal destiné à faire l'époque où la révolution commen- 
communiquerja capitale avec la mer. ça. Il s'y tint d'abord, a-t-ii dit, 
Mais l'argent et les ouvriers man- fort éloigné de tous les partis , 
quaient; Saint-Simon se concerta semblant vouloir rester spectateur 
avec Gabarrus, alors directeur de la impassible des événements. Cepen- 
banque Saint-Charles, et qui devint dant il est probable que son es- 
plus tard ministre des finances. Tous prit aventureux et son goût ponr 
deux présentèrent un autre projet, les innovations le portaient dès 
dont la réalisation devait mènera bien lors naturellement vers les révolu- 
l'entreprise presque abandonnée. Ca- tions, tandis que son rang et l'exem- 
barrus s'engageait à fournir les fonds pie de sa famille devaient l'entraîner 
nécessaires, moyennant la concession en sens contraire; mais, d'un autre 
d'un péage, et de son côté Saint- côté,songoûtpour les voyages et Icg 
Simon offrait de lever une légion de entreprises hasardeuses avait fort 
six mille hommes composée d'étran- altéré sa fortune, et, comme tant 
gers , dont deux mille auraient tenu d'autres , il crut voir dans ces chan- 
garnison, tandis que les quatre mille gements politiques un bon moyen 
autres auraient été employés aux tra- delà rétablir. Lui, d'une si haute 
vaux du canal. Le gouvernement naissance, lui , descendant du plus 
n'aurait supporté que les frais d'é- fier des courtisans de Louis XlV^s'as- 
quipement et d'hôpitaux militaires , sociaavec un protestant prussien pour 
le surplus de la dépense devant être acheter les dépouilles de la noblesse 
amplement couvert parla paie, de etduclergédeFrancelSiTonnecon- 
manière, dit-il , qu'avec une somme sidère que le lucre et la spéculation 
modique, le roi d'Espagne aurait eu mercantile, il faut convenir que l'o- 
ie plus beau et le plus utile canal pération n'était pas mauvaise. Ils 
de l'Europe ; il aurait augmenté son achetèrent les biens nationaux de 
armée de six mille hommes et accru tout un département de l'ancienne 
son royaume d'une population né- Normandie (celui de l'Orne), et 
cessairement laborieuse et indus- même quelques-uns de la capitale, 
trielle. Mais ce beau projet n'eut pas notamment ie grand hôtel des Fer- 
plus de suite que ses aînés ; et Ton mes dans la rue du Bouloi, Pour tout 
doitcroirequ'il s'y trouvait quelques ,cela ils ue payèrent pas même le 
difficultés dont ne parle pas Saint- premier douzième exigé par ia loi 
Simon. 11 fit quelque cho»e de plus sous peine de déchéance; et quand 
sûr et de plus utile eu établissant la Terreur eut forcé le Prussien à se 
dans l'Aridalousiedes diligences à peu sauver ( voy. Rbdbkn, LXXVIII , 
près semblables à ce qui existait dès 401) et mis Saint-Simon oouuik* 
lui!» f n Fraucr, et qui manquait uuble. Wi>>!^ \«ik n^w>>» ^^\s.^w»«- 



408 



SAI 



pierre, il u'y aTtit pu encore un 
tM de ptyë ; mais ce fat précitëmen t 
par les causes qui devaient la perdre 
qntf cette société fit une excellente 
allure. Lorsque, après la chute 
de Robespierre, le Prussien put 
rerenir, et que Saint-Simon re- 
convra la liberté, la yaleur des 
assignats était à peu près nulle, 
et cependant ils étaient encore 
adaus en paiement des biens natio- 
naux; mais la déchéance était en- 
courue, et il semblait impossible 
de s'y soustraire. Cependant ils ne 
désespérèrent pas.On sait combien les 
paissants de cette époque se mon- 
traient favorables aux acquéreurs 
de biens nationaux, et comment ils 
donnaient facilement et à vil prix des 
domaines qu^ils ne s'étaient appro- 
priés qu'en faisant couler tant de sang 
et de larmes ! La société Redern et 
Saint-Simon trouva en eux de zélés 
protecteurs , et par eux elle réussit 
à se faire relever de sa déchéance , 
de manière que son retard de paie- 
ment lui valut l'immense avantage 
de payer, non pas un douzième, 
maïs la totalité de ses acquisitions , 
arec des assignats qu'elle acheta à 
six francs le mille! Saint-Simon, 
qui ne pensait point encore à la 
communauté des richesses, trou- 
va cela fort bon , et quand on en 
vint à la liquidation des bénéfices, 
il y eut deux cent mille francs de 
rentes pour chacun des deux as- 
sociés! Il est vrai que Saint-Simon 
a dit qu'on ne lui avait pas donné 
tout ce qui lui appartenait , et que 
même il y eut procès, que Ton p1ai« 
da, que des mémoires furent échan- 
gés ^ et qu'enfin la discussion se 
termina par une rente viagère de 
douze cents francs, que Redern con- 
sentit à payer, non pas pour ré- 
fablir l'équilibre du partage qu'il 



SAI 

soutint avoir été biea Ikît, maispir 
égard pour un associé qui s'étiit 
miné dans des rêveries et de folleiei- 
treprises.-— Selon M. LoaisBeybNfl, 
dont nous devons d^larer id que 
l'oovrage intitulé : études jur I» 
réfàrmatmrê corUtmporains , nous 
a été fort utile, pour la compositi<« 
de cette notice, la période commer- 
ciale de la vie de Saint-Simon fat 
close dès qu'il eut réglé ses compto 
avec Redern. Se voyant en posses- 
sion d'un riche capital , il abordi, 
a-t-il(iit,la période scientifique et 
expérimentale, la plus rode, la plu 
opiniâtre de toutes, celle où le CkriH 
nouveau detait ceindre la cowrmm 
d'épines. Pou r s'initier aux nid iuwits 
de la science, il se fit écolier, k h 
manière des grands seigneurs, ci 
attirant les professeurs chez lui, m 
lieu d'aller chez eux. Logé d'abonl 
en face de l'École Polytechnique, ii 
reçut à sa table des physiciens pour 
apprendre la physique , des astrono- 
mes pour apprendre l'astronomie; 
il sema çà et là , dans tout le corps 
enseignant, des pièces d'or qu'on 
oubliait quelquefois de lui rendre. 
Quand il crut avoir acquis de la sorte 
assez de notions mathématiques, il 
se rabattit sur les physiologistes , et 
déménagea pour s'établir non loin 
de là, près de l'école de Médecine. 
Ainsi il étudia , non sans qnelques 
frais, mais avec tontes ses aises, 
d'une partie science des corps bruts, 
d'autre part la science des corps ani- 
més. L'expérience qui suivit fut celle 
des voyages. Il parcourut l'Angle- 
terre et l'Allemagne « ne rencontrant 
« dans la première, a-t-il dit, aucune 

• idée capitale et neuve, surprenant 
« l'autre au milieu de sa philosophie 
« mystique, état d'enfance de la 
« science générale... et il ajoute qu'il 

• ne rapporta rien de cette exfé- 



SAI SAÏ '409 

« rieK€e, si ce n*est la preuve «c- venir par l'interreniion d*au tiers ; 

« quise d'une situation arriérée et et persuadé que les enfants doiveot 

« confuse.*— C'est à l'époque de cette toujours , sous le rapport moral et 

tournée européenne qu'il faut ratta- physique, ressembler à leur père, 

cher la visiteétrangequ'il fit à madame il voulut que sa femme s'unit à nu 

deStaël,et sa proposition plusétrange homme d'un grand génie. Dans ce 

encore. De passage à Genève, le phi- but il la proposa lui-même à l'un 

losophe demanda la faveur d'être reçu de nos plus grands mathématiciens, 

àCoppet.etàpeine entré; «Madame, à peu près comme il s'était offert à 

dit-il à la baronne , vous êtes la fem- madame de Staël. Le savant ayant 

mêla plus extraordinaire du monde, accepté, il en résulta un fils qui, 

comme j'en suis l'homme le plus ex- dit-on, n'a pas répondu sons tous les 

traordinaire ; à nous deux nous au- rapports à l'attente du philosophe, 

rions sans doute un enfant encore ^^ i*^!^ la plupart des expérimen- 

plus extraordinaire.* Madame de t^i^^ons que fit alors Saint-Simon 

StBël eut l'esprit assez bien fait pour furent très-coûteuses; il donna des 

prendre la chose eu bonne part; elle ^*) ^^^ dîners somptueux, ties 

en rit, et il faut avouer qu'elle ne pou- soirées expérimmtales ^ et pour 

vait guère faire autrement. Au retour ^''^ >1 dévora toute la somme 

de ce pèlerinage, Saint-Simon réalisa ^^' ^"^ restait de la liquidation Re- 

sa dernière et décisive expérience; d^>'"- ^^ ^ut une sorte de va-iout 

il épousa en 1801 la fille d'un de ses ^îgûeurial qui dura douze mois, 

anciens frères d'armesdans la guerre ^^^^^ au milieu de ce bruit ^ ju« 

de l'indépendance américaine. Cette S^ut les autres sans en être jugé, 

union fut loin d'être heureuse; car, au pratiquant tout, le mal et le bien , 

bout de quelques années, les deux ^^ j^u, l'orgie, l'entretien décent» 

époux divorcèrentd'un consentement la discussion élevée, pour avoir 

mutuel. • Je voulais user du maria- l'expérience de toutes choses et de 

• ge,a-t-il dit lui-même, comme toutes positions; gastronome, dé- 
« d'un moyen pour étudier les sa- bauché , prodigue , mais par sys- 

• vants, chose qui me paraissait né- tème plutôt que par goût, il vécut 

• cessaire pour l'exécution de mon ainsi en un an cinquante années, et 

• entreprise; car pour améliorer l'or- courut dans la vie au lieu d'y mar- 

• ganisation du système scientifique, cher: Afin d'acquérir avant le temps 

• il ne sufBt pas de bien connaître la science du vieillard, il usa et abusa 
« la situation du savoir humain : il de tout, pour pouvoir faire, un jour, 

• fout encore saisir l'effet que la cul- tout entrer dans ses calculs; enfin il 
« turc de la science produit en ceux s'inocula les maladies du siècle pour 
«qui s'y livrent; il faut apprécier en fixer plus tard la physiologie.Toute 

• l'influence que cette occupation sa vie fut une expérimentoHon. On 

• exerce sur leurs passions, sur leur auraitdonctortdelajugersurl'étalon 

• esprit, sur l'ensemble de leur moral des autres ; lui-même ne se connais- 

• et sur ses différentes parties. • Le sait pas. • Si je vois un homme, disait- 
fait le plus bizarre de ce mariage, «iljquin'estpaslancédanslacarrière 
c*estqnele philosophe eapirimmta^ • de la science générale, fréquenter 
letir, n'ayant point eu d'enfants et • les maisons de jeu et de débauche , 
désespérant d*en i?oir, voulut y par- • ne pas fuir avec la plus scrupuieusQ 



410 SAI 8AI 

• attention la soci^ë des personnes • lion ^ part«|^i-en te produit < 

• d*une immoralité reconnue, Je dî- « tre les trois mathëmniiciens, 

• rai : roilà nn homme qui se perd ; « troîsphysiciens»etc,qin nunmtt 
« il n'est pas heureusement né ; les • tenu le plus de fois, et les hoMi 

• habitudes qu'il contracte i'afili* • de génie jouiront d'une réoompei 

• ront à ses propres yeui, et le ren- • digne d*eux et de vous...» Tel ê 

• dront par conséquent souveraine- son premier thème, qu'ensuite il i 
- ment méprisable. Mais si cet hom- veloppait dans une série de lettr 

• me est dans la direction de la phi* où il partafçeait l'humanité en bi 

• loffophie théorique , si le but de ses grandes catégories, cherchant à pn 
' recherches est de rectiGer la ligne ver è toutes» et avec des arguna 
« de démarcation qui doit séparer appropriés à chacune, l'excellenea 

• les actions et les elas^r en bonnes sa méthodje de rémunération ; paii 

• et maufaises , s'il s'efforce de trou- établissait la formule suiyante : 

• ver les moyens de guérir ces mala- pouvoir spirituel entre les mains i 

• dies de l'intelligence humaine, qui savants^ le pouvoir temporel entrai 
«nous portent àsuirre des routes mainsdes propriétaires; le pouvoir 

• qui nous éloignent du bonheur , je nommer les individus appelés à re 

• dirai : Cet homme parcourt la car- plir les fonctions de grands cheh 

• Hère du vice dans une direction qui Thumanité entre les mains de U 

• lecondtiira nécessairement à la plus le monde; pour salaire aux gouvf 

• haute vertu. • Vertu ou vice, Saint- nants, la considération* Tout ca 
Simon s'y ruina complètement, et on le voit, a peu de valeur; c'cst< 
au lieu de pouvoir héberger et nour- Platon et de l'abbé de Saint-Piem 
rir la science, ce fut au tour de la Tétai d'amalgame ; c'est un ré 
science de rhél)erger et de le nour- après mille rêves, une innocente ul 
rir. Elle s'y prit uioius magnifique- pie qui se termine par une sorte 
mt^ntquelui; car elle destinait le prosopopée, épilogue du morofi 
philosopheiiunedcrnièreezpérience, où il suppose que Dieu lui apparî 
celle du besoin et de la misère. Près- en songe, et lui dit : • Rome reno 
sentant cette phase décroissante, il - ceraà la prétention d*élre le ch 
avait jeté le plan d'uue rémunéra- « lieu de mon église; le pape, 
tion populaire, pour lessavautset les ' cardinaux, les évoques et les pi 
hommes de génie, dans ses Lettrée • très cesseront de parler en m 
d'un habitant de Genève à ses con- • nom, etc. • Le seul fait qui résu 
temporaina, morceau bizarre et neuf de cet opuscule , c'est la tendao 
qui décelait le but de ses dernières tbéosopbique du réformateur , d< 
idées. > Ouvrez, disait-il, ouvrez une fortement accusée. Cette tendance 

• souscription devant le tombeau de caractérisa mieux par la suite, loi 

• Newton, souscrivez tous indistinc- que ses travaux d^ philosophie 

• tement pour la somme que vous d'économie industrielle seuiblère 
« voudrez. Que chaque souscripteur appeler la religion cpmme leur d< 
« nomme troismathéniaticieus, trois mer corollaire. — Mais d'autres o 

• physiciens, trois chimistes, trois vragesdevaientjalonner cette roui 

• physiologistes, trois littérateurs , le premier fut une réponse à i 
« trois peint res»trtMs musiciens. Re- programme de Napoléon, qui avj 
•• nouvelez tous les ans la souscrit*- dit a rinstitut : « ReuHca-nioi comfi 



SAI 

• des progrès de ia science depuis 
- 1789 ; dites-moi quel est son état 
« actael, et quels sont les moyens k 

• employer pour lui faire faire des 

• progrès ?» A cette question ainsi 
posée Y Saint-Simon avait répondu 
(l'abord par son IwtroduêCiUm aux 
travmuBêeieniifiques due XIX* Hècle^ 
vaste étude qu'il se sentit lui-même 
incapable d'aitM^rder, et qu'il réduisit 
à des proportions plus académiques 
dans ses L$itr$$ au Bureau des lûfi- 
§îiu4êê. Là, comme on le pense, il 
n'accepte le programme de l'Institut 
que comme prétextée! comme cadre. 
Au lieu de recevoir l'impulsion, il la 
donne ; au lieu de régler le passé, il 
arrange l'avenir ; il fait de la prophé- 
tie quand on lui demandait de la sta- 
tistique. Au reste, la pensée fonda- 
mentale dej ce travail était toujours 
de pousser les savants vers une réor- 
ganisation. II y était dit : « Depuis 
« le XV* siècle jusqu'à ce jour , 
« l'institution qui unissait les na- 

• tions européennesi qui mutait Un 

• frein à l'ambition des peuples et 
« des rois, s'est successivement af- 
«faiblie; elle est complètement dé- 
« truite aujourd'hui, et une guerre 

• générale , une guerre effroyable, 
« une guerre qui s'avance comme 
« devant dévorer toute la populatiou 
« européenne , existe déjà depuis 
« vingt ans, et a moissonné plusieurs 
« millions d'hommes. Vous seuls 
« pouvea réorganiser la société euro- 
« péenne. Lé temps presse, le sang 
« coule, hâtez*vous de prononcer. • 
Comme gage d'union et de progrèii, 
Saint-Simon concluait en demandant 
une sorte de magistrature intellec- 
tuelle, magistrature d'où est issue, 
comme dérivation logique, la hié- 
rarchie des c^ipacilés, base de la fa- 
mille Suint-Siuiotèicnuc. Ce travail 
iresl pas le seul qu'il«ait laisM' sur 



SAI 



m 



ces matières. Les léettrêi sur l'EnefT 
elopédU^ les Mémoires iur ia gravi- 
tation ti surlaiciencede i*honme^se 
rapportent à cette époque et à cette 
série d'études.— Pendant que le réfor- 
mateur poursuivait ainsi une tftche 
pénible et incomprise, de grands évé- 
nements politiques agitaii^it laFrance 
et l'Europe. La Restauration venait 
d'arriver, et avec elle un retour vers 
les noms d'une importance histori- 
que. Saint-Simon, pauvre alors, vi- 
vant de secours, et simple copiste au 
Mont-de-Piété à raison de mille 
francs par an, eût sans doute étéad- 
mis aux faveurs de la cour nouvelle, 
si ia direction étrange de ses idées 
n'eût éloigné de lui toutes les offres 
et toutes les avances. On ne fit rien^ 
on ne pouvait rien faire pour un no- 
vateur pareil ; il resta complètement 
oublié. Aussi, à peu d'années de là, 
en 1810, publia-t-ii une brochure 
sous le titre de Parabole, dans la- 
quelle le bout d'oreille du grand sei- 
gneur méconnu perce sous l'en- 
veloppe de l'économiste radical. 

• Nous supposons, y est-il dit, que 
« la France perde subitement ses ci n- 
«quante premiers physiciens, ses 
■ cinquante premiers peintres, ses 

• cinquaute premiers poètes, etc. 

• ( suit la nomenclature), en tout les 

• trois mille premiers savants, artis- 

• tes et artisans de la France. Comme 

• ces hommes sont l^s Français le 
« plus essentiellement producteurs > 

• ceux qui donnent les produits les 
« plus imposants, ceux qui dirigent 

• les travaux les plus utiles à ia ua- 
« liuu et qui la rendent productive 

• dans les beaux-arts et dans les 

• arts et métiers, ils sont réellement 

• la fleur de la société française, ils 

• sont de tous les Français les plus 

• utiles à leurs pays, ceux qui lui pro- 

• curent k plus.de gloire^ qm hàiçnl 



413 



SAI 



« le plos sa civilisation f t sa prospé- 

• rite. Il faudrait à la France au moins 
« une génération entière pour répa- 
« rer ce malheur; car les hommes 

• qui se distinguent dans les travaux 
« d*une utilité positive sont de véri- 

• tables anomalies, et la nature n'est 

• pu prodigne d'anomalies, surtout 

• de cette espèce. Passons à une au- 

• tre supposition. Admettons que la 

• France conserve tous les hommes 

• de génie qu'elle possède dans les 
« sciences, dans les beaux-arts, dans 

• les arts et métiers; mais qu'elle ait 

• le malheur de perdre le même jour, 

• Monsieur, frère du roi , monsei- 
« gneur le duc d'Angoulême , mon- 
« seigneur le duc de Berry, monsei- 
« gneur le duc d'Orléans, monsei* 
« gneur le duc de Bourbon, madame 

• la duchesse d'Angoulême , madame 
« la duchesse de Berry, madame la 
« duchesse d'Orléans, madame la du- 

• chesse de Bourbon et mademoi- 
« selle de Oondé. Qu'elle perde en 

• même temps tous les grands ofli- 

• ciers de la couronne, tous les mi- 

• nistres d'État , tous les maîtres des 

• requêtes, tous les maréchaux, tous 
« les cardinaux , archevêques, évê- 

• queS) grands-vicaires et chanoines, 
« tous les préfets et sous-préfets , 

• tous les employés dans les minis- 

• tères, tous les juges, et en sus de 
« cela les dix mille propriétaires les 
« plus riches parmi ceux qui vivent 

• noblement. Cet accident affligerait 

• certainement les Français , parce 

• qu'ils sont bons, parce qu'ils ne sau- 
« raient voir avec indifférence la dis- 
« parition subite d'un aussi grand 
« nombre de lenrs compatriotes. Mais 

• cette perte de trente mille indivi- 

• dus, les plus importants de l'État, 
« ne leur causerait de chagrin que 

• sous un rapport purement senti- 

• mental ; car il n^ca résaUtvaxl wi- 



SAI 

cun mal pour l^tat , d*abord p 

la raison qu'il senût très-fMÎle 

remplir les places qui seraient d 

venues vacantes. Il existe un gra 

nombre de Français en état d*cii 

eer les fonctions de frère du i 

aussi bien que Monsieur; beiMo 

sont capables d'oecu|»er les pbi 

des princes tout aussi convcôiW 

ment que monseigneur le duc dli 

goulême, monseigneur le dne dPO 

léans, etc. Les antichambres ' 

château sont pleines de eouttis 

prêts à occuper les places desgia 

officiers de la couronne; Pn 

possède une grande quantitëdei 

litaires aussi bons capitaines ^ 

nos maréchaux actuels. Qnedea 

mis valent nos ministres d'État! < 

d'administrateurs plus en élit 

bien gérer les afEnires des dépar 

ments que les préfets et sons-p 

fets actuellement en activité! < 

d'avocats aussi bons jurisconsul 

que nos juges! que de curés au 

capaUesque nos cardinaux, que i 

archevêques, que nos évéques, c 

nos grands- vicaires et que nos cl 

noines ! Quant aux dix mille p 

priétaires , leurs héritiers n^ 

raient besoin d'aucun apprentiss 

pour faire l'honneur de Icurssak 

aussi bien qu'eux !... • Ce bizam 

hardi pamphlet peut être amus 

pour quelques esprits frondeurs, m 

nous ne pouvons accorder à M. Lo 

Reybaud qu'il soit vrai au fond, com 

il le prétend. Quoi! la perte de t 

les héritiers de la couronne ne sei 

pas une calamité plus grande qw 

mort de quelques savants ! Ceux 

laisseraient sans doute un grand i 

après eux, mais quels ne pourrai 

pas être les résultats de la disparit 

subite de toutes les personnes . 

pelées par leur naissance à la suci 



•SAI 

elle pas d«s exemples, sinon sembla- 
bles au moins analogues, et ne 
voit-on pas combien de ctlamités, de 
désordres, de guerres civiles une 
(elle perturbation peut exercer? 
Quant aux grands dignitaires, aux 
employés, etc., Saint-Simon a ou- 
blié de faire une suppositiou ^ c'est 
que tous ceux qu'il cite ne seraient 
que des intrus, et que le véritable 
mérite aurait constamment été écarté 
Klans la distribution des honneurs et 
des emplois. Or, cela ne peut être, et 
«ces fonctionnaires dont il fait si bon 
jnarché, appartenant eux-mêmes pour 
la plupart à cette classe qu'il appelle 
les hommes de génie, laisseraieut, en 
descendant subitement dans la tombe, 
un vide qu'une génération entière 
ne saurait remplir. Mais à quoi bon 
discuter un. pamphlet où la satire 
tient lieu de raison, où l'on ne cher- 
che pas à frapper juste, mais à frapper 
fort, et auquel il ne faut, par consé- 
quent, point donner plus d'importan- 
jce qu'à un article de feuilleton ou du 
Charivari? Aussi le gouvernement 
de cette époque eut-il tort, selon 
nous , d'intenter un procès à l'au- 
jtenr, pour une moquerie inconvenan- 
te, sans nul doute, mais dont il eût 
«été plus sage de ne pas même s'aper- 
icevoir. Ce fut une chose étrange 
de vAÎr le comte de Saint-Simon , 
se disant un descendant de Oharle- 
magne, le petit-fils du grand sei- 
^^neiir de la cour de Louis XIV, ve- 
jRir se défendre, devant les juges, d'a- 
voir avancé que la uiort du comte 
d'Artois et celle du duc d'Angoulême 
lieraient moins^de vide en France 
que celle d'un manufacturier. Singu- 
lier procès, dont un acquittement 
ne fit qu'accroître le ridicule ! Du 
reste, cette parabole^ que nous ve- 
nons de citer , ne fut, aux yeux de 
Saint-Simon, qu'une boutade dont 



SAI 



413 



ses disciples ont toujours contesté la 
valeur et l'à-propos. Il acheva vers 
ce temps des travaux plus graves et 
plus complets : la RéorganUation de 
la soeiété européenne, Vlnduêtrie^ 
VOrganisatmrt U Politique^ leSys- 
time industriel, le Catéchisme des 
industriels. Toutes ces publications, 
d'un débit fort difficile, n'eurent 
lieu qu'à la suite de démarches 
humiliantes et longues. Méconnu 
alors, Saint-Simon se voyait presque 
toujours obligé d'aller quêter de 
porte en porte l'aumône d'un éditeur. 
Et ces peines ne furent pas les seules. 
Plus d'une fois l'héritier d'un des 
plus beaux noms de France se vit ré- 
duit à l'ordinaire du pain et de l'eau; 
plus d'une fois il se passa de feu 
l'hiver pour arriver, à l'aide de pri- 
vations personnelles, aux honneurs 
d'une coûteuse et ingrate publicité. 
«Mes fonds se trouvant épuisés, 
« écrivait-il en 1808, j'ai sollicité 
« une place, je me suis adressé à 

• M. le comte de S(<gur. Il a accueilli 
« ma demande, et il m'a annoncé au 

• bout de six mois qu'il avait obtenu 
m pour moi un emploi au Mont-de- 

• Piété. Cet emploi était celui de co- 
« piste ; il rapportait mille francs 

• par an pour neuf heures de travail 
« par jour. Je l'ai exercé pendant 
«six mois; mou travail personnel 

• était pris sur les nuits ; je crachais 
« le sang, ma santé était dans le plus 
« mauvais état, quand le hasard me 

• fit rencontrer le seul homme que 
« je puisse appeler mon ami. J'ai 
« rencontré Diard, qui m'avait été 
« attaché depuis 1790 jusqu'en 1797; 
« je ne m'étais séparé de lui qu'à l'é- 

• poquede ma rupture avec le comte 
« de Redern. Diard me dit : « Mon- 

• sieur, la place que vous occupez 
« est indigne de votr<^ \v^^ ^';sNKn&R. 



414 



SAt 



- venir chez moi ; voiix pouvez dis- 

• poiier (le tout ce qui m'appartient, 

• vous travaillerez à votre aise et 

• vous vous fer(*z rendre justice. • 

• J'ai accepté la proposition de ce 
« brave homme, j*ai été chez lui, j'y 
« habite depuis deux mifi^ et depuis 

• cette époque il a fourni avec eui- 

• pressement k tous mes besoins et 

• aux frais considérables de Touvra- 
« ge que j'ai imprimé. • Malheu- 
reusement pour Saint-Simon, cet ami 
si dévoué mourut quelques mois 
après, et le philosophe se trouva de 
nouveau, en 1812, aux prises avec le 
bejoin. • Depuis quinze jours, écri- 
« vait-il k cette époque, je mange du 

• pain et je bois de l'eau ; je travaille 

• sans feu, et j'ai vendu jusqu'à mes 

• habits pour fournir aux frais des 

• copies de mon travail. C'est la pas- 

• sion de la science et du bouheur 

• public, c'est le désir de trouver un 

• uioy«>n (le terminer d'une uiani(>re 

• douce l'effroyable crise dans lu- 
' « quelle toute la sociéft^ «européenne 

• se trouve en^ag(^e, qui m'ont fait 

• tomber il.ins ct^t «itat de détresse. 

• Ainsi, c'est sans rougir que je peux 

• faire l'Aveu de ma misère, et deman- 

• (1er li^s secours uf^cessaires pour 
« me mettre eu état de coutinu(2r 

• mon œuvre. > Toutes ces douleurs, 
dans sa haute sagesse, le Messie nou- 
><*au les avait prévues; il ne recula 
devant aucune d'elles. Uu jour |H)ur- 
tant, un seul jour, lu tristesse Ut 
vainquit : Thomme écrasa le dieu. 
Saignant sur sa croix, il demanda 
grftce ; et comme pas un ami ne se 
trouvait là pour le percer d'une lan- 
ce, il se rendit ce service k lui-même 
avec l'arme plus moderne du pisto- 
let (9 mars 1823). Les t^tes puissau- 
t(*s résistent mieux, à ce qu'il paraît, 
que les têtes vulgaires. Saint-Simon 
survécut au suicide : la balle n'avait 



SAt 

atteint aneune dc*t parties oi) 
qties ; il en fut qaitte pour la ) 
d'un <ril. S'il était mort de son 
ton aatorité à venir en restait si 
lièrement compromise, et, de plu 
complément de sa doctrine eût i 
que à ses apôtres : le nonreandi 
tianisme n'existait pas... Le Mesii 
revint donc valétudinaire et déf^i 
—On a vu Saint-Simon débuter { 
l'expérimentation personnelle p 
arriver à la publication par la ràk 
la presse, et d'homme du monde 
venir polémiste. Voici maioten 
qu'il quitte l'une et l'autre métb 
pour le rôle d'évangëliste et def 
phète. Il déserte la pratique de la ' 
la tribune de la publicité, pour 
prédications de la chaire. . En 

• laquant le système religieux 

• moyen âge, disait-îl à Oliudel 

• drigues avant de mourir» on 

• réellement prouvé qu'une ebos 

• c'est qu'il n'est plus en harmo 

• avec les progrès des sciences p( 
•tives; mais on a tort d'en ec 

• dure que le système religieux ( 

• vail disparaître eu entier ; il d 

• seulement se uieitre d'accord ai 

• les progrès des sciences. . F 
il ajoutait par une sorte de reu 
ver» la réalité ; . La dernière par 

• de nos travaux sera peut-être a 

• comprise. • Celte dernière par 
des travaux de Saiut-Simon , c' 
le Nouveau Christianiame. La pc 
sée, dans cet évangile contemp 
rain, n'est ni saillante, ni* uem 
Il s'agit toujours d'un plan de i 
forme religieuse , h^e sur cet a 
gumenl, à l'usage des schismatiqu 
de toutes les époques , depuis Ari 
jusqu'à l'abbé Châtel, en passant p 
Luther, que le christianisme a é 
détourné de ses voies, et que la pr 
fanatiou est aujourd'hui flagran 
dans toutes les églises. L'auteui 



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après quarante anirfs, conin»fnrepar 
établir lagraudf scission entre la pa- 
role divine et la parole humaine, en- 
tre les révélations et les commen- 
taires; entre le texte et la glose; puis*, 
cesfprémisses posées, il se résume en 
oohcloant quis le christianisme, pro- 
gressif de sa nature, n'aurait pas àt 
flimmobilisef. dans les entraves ca* 
noniques *, et qu'au contraire, rece^ 
▼ant autant d'impulsion qu'il en don- 
nait, agissant sur le siècle comme le 
siècle agissait sur lui, il aurait dû se 
modifier suivant les mœurs, suivant 
les pays, suivant les peuples, suivant 
les âges , et ne conserver d'éternel 
que cet adage évidemment divin : 

• Aimez-vous les uns les autres. » Le 
Christ n'avait pas dit autrement. 
Quand il arrive à la démonstration, 
Saint-Simon rencontre pourtant sa 
belle et nouvelle formule, celle qu'on 
aurait couipromise en expériences 
maladroites , si elle n'était pas une 
vérité hors d'atteinte. De Tadage : 

• Aimes-vous les uns les autres, • il 
tire le principe suivant : • La religion 

• doit diriger la société vers le grand 

• but de l'amélioration la plus rapide 

• possfble du sort de la classe la plus 
« nombreuse et la plus pauvre.» Tout 
est là selon le maître : unité reli- 
gieuse, infaillibilité sacerdotale, du- 
rée du culte, sa moralité, son influen- 
ce, tout est là. C'est le nou^^eau chris- 
tianisme en trois lignes. S*agit-il, eu 
effet, de trouver les prêtres du culte 
régénéré? 11 va sans dire que les prê- 
tres seront forcément et natiirt*lle- 
meut les hommes les plus capables 
de contribuer, par leurs travaux, à 
l'accroissement du bi4*n-étre de la 
classe la plus nombreuse et la plus 
pauvre. Seulement il reste à régler 
le choix et l'échelle hiérarchique des 
hommes les plus capables. Sur ce 
point* Saint-Simon n'avait rien fixé, 



SAt 



A\f^ 



rien prévu; il posait sa religion à 
l'état purement spéculatif. Dans la 
pratique, l'organisation hiérarchique 
des plus capables a été d'une diffi- 
culté presque insoluble. Il tournait 
Id il^cullc sans l'aborder ; il fai- 
sait de la poésie et non de la logique, 
quand il adressait un hymne aux puis- 
sants, aux philosophes , aux savants, 
aux artistes en tous genres, pour 
qu'ils se missent à la tête du culte 
régénéré , pour qu'ils le rendissent 
majestueux et beau , pour qu'ils le 
relevassent au moyen de tous les 
prestiges et de toutes les magnifi- 
cences. Cette théorie péchait par les 
deux bases; car il fallait tout à la 
fois que les privilégiés (lu g(<nie vou- 
lussent commander, et que les au- 
tres se résignasisent à obéir. Si cette 
organisation, indécise et vaporeuse , 
laisse beaucou p à désirer, la partie cri- 
tique du Noufotau Christianisme ^ré' 
sente parfois les traces d'une étude 
plus positive. S'attaqua nt d'abord au 
catholicisme , Saint-Simon accuse le 
pape et son église d'hérésie sur trois 
chefs : 1^ l'enseignement vicieux des 
laïques; 2^ la mauvaise direction don- 
née aux études des séminaristes , et 
par suite l'ignorauce et l'incapacité 
relieuse des desservants du culte ; 
3^ l'autorisation occulte et patente 
accordée à deux institutions diamé- 
tralement opposées, selon lui, à l'es- 
prit du christiauisme, celles de l'in- 
quisition et des jésuites ; trois héré- 
sies, trois erreurs capitales du catho- 
licisme, destructives du principe fon- 
damental de la révélation chrétienne: 
• Aimez-vous les uns les autres;» 
trois obstacles dirimants à l'améliora- 
tion du sort de la classe la plu^ nom- 
breuse et la plus pauvre. Luther, aux 
yeux de Saint-Simon , est hérétique 
au premier chef, pour avoir, quand il 
était maître de sa formule, quand il 



416 SAi SAi 

avait table raM devant lui, proclamé rintHligence, rlf corps et lVs| 

iineDioraletrèfl-inférieareàcelleqiii Cette lutte devait cesser, le c 

peut convenir aux chrétiens dans l'é- nouveau devait être un fait à la 

tat actuel de leur civilisation-, il l'est social et religieux. Tel est le iH 

eucore pour n'avoir pu, comme Je- «eau CArii/ tattùm^, clans lequel I 

sus le disait, organisé l'espèce hu- teur a mérité qu'on dU de loi ce ^ 

muiue dans l'intérêt de la classe la disait de Luther : « Il a biencritk 

plus nombreuse et la plus pauvre, mais pauvrement doctrine. • De 

Au second chef, Luther est hérétique opuscule ont découlé, pour lesè 

pour avoir adopté un mauvais culte, pies de Saint-Simon, d'abordlaée 

pour n'avoir point appelé, à l'aide de ou trois épigraphes de U foi noani 

sa réforme, tous It'S arts qui char- puis l'appel aux capacités pour qi 

ment la vie :1a poésie, la musique, la les eussent à concourir à Ja gn 

scupiture: pour avoir prosaïsé les sen- œuvre de la rénovation religieuse 

liments chrétieus; pour s'être privé sociale; puis encore cet aposti 

de l'illusion sensuelle, de l'émotion tout de persuasion et d'amour, e 

scénique que le catholicisme avait si nouvelle communion de martyr 

bien mises en (suvre. Enfin, Luther laquelle il n'a manqué que des bo 

est hérétique au troisième chef, parce reaux plus farouches ; enfin le pi 

(|if il ordonne de lire et de ne lire que cipe vieux, mais oublié» de l'aiecl 

ia Bible, lecture exclusive, immorale fraternelle eutre les hommes, 1 

souvent, féconde en révélations sur de la nouvelle organisation soc 

les turpitudes humaines, nommant qui remplacera la force militaire 

de ces vices dont l'existence même l'union pacifique, qui dissoudrai 

devrait être ignorée ; lecture trop jnée pour enrégimenter les trai 

métaphysique d'ailleurs, et qui n'est leurs. Jésus-Christ a préparé la 

pas une des causes les moins actives ternité universelle, dirent les suc 

du dévergondage nébuleux des phi- seurs du prophète; Saint->Simoi 

losophes allemands. Donc, sur ces réalise. L'Église vraiment univers 

trois chefs, Luther est hérétique, va paraître: le règne de César w 

comme le pape Ta été sur d'autres L'Église universelle gouverne le t 

chefs. L'un et l'autre ont dévié du porel comme le spirituel, le for 

graud axiome religieux, du but essen- térieur comme le for intérieur 

liel (le toute loi et (Je tout dogme, l'a- science est saiute, l'industrie 

inélioration de l'existence morale et sainte. Des prêtres, des savants, 

physique de la classe la plus nom- induslriels,voilà toute la société, 

breuse et la plus pauvre. Pour réta- chefs des prêtres, les chefs des 

blir le christiaiiisme dans ses voies, vauts. les chefs des industriels, v 

il fallait, toujours suivant Sainl-Si- tout le gouvernement. Bt tout 1 

mon, lui restituer un côté matéria- est bien de l'Église : et toute pro 

liste dont l'absence le frappe de sté- sion est une fonction religieuse. 

rilité (laus son action sociale. Le mot grade dans la hiérarchie sociali 

de Jésus-Christ : • Mon royaume n'est chacan selon sa capacité^ d chû 

pas de ce monde, » mal compris et capacité selon sescBuvres! AcùU 

plus mal pratiqué, avait établi, dans texte de Saint-Simon, telle est la g 

lu religion ancienne, une lutte éter- saint-simonienne. Mais quand il 

ndlç et indélinie en\xe \a u^aXvtve. «\ ècrvX. v^ Kwx^toM iJhriMiianis 



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SAl 

^a sant^ alla dépérissant cfaaqup joiif . 
Réduit à vivre d'emprunts, en proie 
au besoin et criblé de dettes, il 
n'en conservait pas moins un cal- 
me, uue sérénité imperturbables. En 
1825 le mal redoubla ; pendant 
deux. mois il ne vécut que d'eau 
' et de bouillon. Le corps s'en allait , 
mais la tête n'avait rien perdu de 
son activité. Malgré ses souffran- 
ces , il s'occupait alors de la fon- 
dation d'un journal qui conti- 
nuât ses doctrines et, préchant son 
œuvre , la suivit dans ses développe- 
ments. Ce journal était le ProdiAC- 
teur^ que le moribond n'eut pas 
même la joiede saluer comme le vieil- 
lard du cantique. Le 19 mai il mou- 
rut dans les bras de quelques disci- 
ples ; c'étaient Auguste Comte , son 
Benjamin , son vase d'élection , qui 
avait succédé en 1817 à M. Augustin 
Thierry dans les fonctions de son se- 
crétaire ^ et qui depuis renia le maî- 
tre, et M. Olinde Rodrigues , qui glo- 
ri lia Saint-Simon avec Bazard {voy» 
ee nom,Lyn, 340) et M. Enfantin, 
puis avec M. Eniantin seul , pour se 
retirer dans sa tente au jour de la 
rupture. Ses funérailles se firent sans 
pompe , et Ton pense bien que son 
corps ne fut pas présenté è l'église. 
Ses disciples eux-mêmes dirent dans 
le Globe , leur journal officiel , qu'ils 
n'avaient pas voulu demander à une 
église qu'il avait abandonnée des cé- 
rémonies et des prières auxquelles il 
ne croyait pas. Plusieurs discours fu- 
rent prononcés sur sa tombe, en- 
tre autres par M. Halévy, l'un de ses 
disciples. Cette mort de Saint-Simon 
ferait demeurée sous le voile , si plus 
tard lei disciples alors présents n'en 
eussent révélé les détails. Leur pieuse 
affection n'a pas, on doit le croire, 
rapetissé le héros. Peut-être même 
ont-ils eu soin de le draper pour 

LXXX. 



SAI 



417 



mourir. N'importe, il fant raconter 
ici comme ils racontent. Le moment 
suprême a des solennités qni désar- 
ment le doute. Saint-Simon sentait 
la vie le fuir: il rassembla autour 
de son lit les confidents de ses pen- 
sées et leur dit: «Depuis douze jours 
« je m'occupe , mes amis, de la com- 
« binaison la plus capable de faire 
« réussir notre entreprise {le Produe- 
•teur)'^ depuis trois heures, malgré 
« mes souffrances , je cherche à vous 
« faire le résumé de ma pensée. Vous 
«arrivez à une époque où des efforts 
« bien combinés parviendront à un 
« immense résultat... La poire est 

• mûre, vous pouvez la cueillir... La 

• dernière partie de mes travaux , le 

• Nouveau Chrisîiamsme ^ ne sera 
« pas immédiatement comprise. On a 
« cru que tout système religieux de- 

• vait disparaître, parce qu'on avait 
« réussi à prouver la caducité du sys- 
« tème catholique; on s'est trompé ^ la 

• religion ne peut disparaître du mon- 
« de : elle ne fait que se transfor- 
« mer... Rodrigues, ne l'oubliez pas, 
« et souvenez- vous que , pour faire 
« de grandes choses , il faut être pas- 
« siouné... Toute ma vie se résume 
« dans une seule pensée : Assurer 
« à tous les hommes le plus libre dé- 
« veloppement de leurs facultés* » 
Il se fit alors quelques minutes de 
silence , après lesquelles l'agonisant 
ajouta : «Quarante-huit heures après 

« notre seconde publication, le parti * 
«des travailleurs sera constitué : 
« l'avenir est à nous. » Ces mots dits, 
il porta la main à sa tête et mourut. 
Ainsi , pour résumer Saint-Simon, il 
faut le voir sous trois aspects saillants 
et bien distincts : comme expérimen- 
tateur, comme publiciste, comme 
réformateur religieux. Comme expé- 
rimentateur, il partit de ce fait^^s^^^A^t^ 
»euV wvo^fe^ ^^. Y^^*^^^^ V!w^^<N'çj5ss^v>^ 



418 SAI Sàl 

dans des voies progressi?es ëtait de vine : • La rdigion doit dinga 

se livrer à des expërimoes soeofs* société vers le grand tMit de Pu 

sives et personoelles. Cherehant, lierai ico morale et physiqae^bp 

combinant des actions étranges et rapide possible, de U cUase la f 

inouïes, ou de nouvelles séries d*ae- nombreuse et la plus pauvre. • & 

tions, il s*abandonna sciemment à tence de paix et de fraternité, à 

beaucoup d'épreuves folles; il fut mouretd'union^qui vautàcllese 

extravagant selon le monde, biiarre, tout un code de morale ; uiaii 

immoral, mal famé : ebose qui lui sainte devant laquelle viennent s 

importait peu^ car il rêvait une mo- mortir et s'éleindre les grands 

ralité nouvelle. Voici comment il bonteux mobiles des aoeiélës moè 

dé6nit lui-même cette pbase expéri- nés, Tégoïsme, la haine, PisoleoM 

mentale : « 1^ Mener pendant tout le le doute, le découragement, la m 

cours de la vigueur de l'âge la vie vaise foi \ dogme déjà pressenti | 

la plus originale et la plus active le philosophe dans les Letlres i 

possible; V prendre connaissance habitant deCrenève, mieux aca 

avec soin de toutes les théories et plus tard par la Réorgamisaiiim 

de toutes les pratiques; 3<> parcourir la société ewTopéenne , mais ai 

toutes les classes de la société, se culé seulement d'une manière ( 

placer personnellement dans les po- melledanslei\FoiM>eauC^rtariaiitii 

sitions sociales les plus différentes, ce testament de Saint-Simon. Àp 

et même créer des relations qui avoir admis la divinité du christ 

n'aient point existé; 4" enfin, em- nisuie, il contredit cette assert 

ployer sa vieillesse à résumer les ob- sans s'en douter, puis il sVerie : - 

servations sur les effets de ses ac- « ma mission aussi est divine 

tions pour les autres et pour soi, à Pour preuve il racoute une vis 

établir des principes sur ces résu- qu'il aurait eue pendant sadétent 

mes. » Dans la seconde phase de sa dans la prison du Luxembou 

vie, il résuma, comme publiciste, « Charlemagne, dit-il, m'est app 

les impressions qu'il avait acquises • et m'a dit : Depuis que le moi 

dans sa vie expérimentale; il cher- «existe, aucune famille n'a joui 

eha à les rendre profitables et pra- ««l'honneur de produire un hérui 

tiques pour le monde industriel, « un philosophe de première ligi 



scientifique et politique. Il essaya « cet honneur était réservé à 

par lambeaux son système de doctrine « maison. Mou fils, tes succès coa 

et d'applications générales, dont la • philosophe égaleront ceux que 

synthèse ne devait se trouver que « obtenus comme militaire et con 

plus tard dans \t Nouveau Christia- «politique. • A ce compte, il u 

tUime, attique de sou monument, personne au moude qui ne pui 

Enfin comme révélateur religieux, il prétendre avoir reçu du ciel i 

couronna se^ travaux antérieurs, tra- mission , et qui ne puisse citej 

vaux incomplets et préparatoires, l'appui des indices du même geo 

par la théorie d'une socialisation Aussi ce qui nous étonne , ce n' 

chrétienne; il donna la formule qui pas que Saint-Simon se soit posé 

résumait, suivant lui, le seul principe nouveau Messie, mais qu'il ait rèu 

révélé dn christianisme, le seul ar- à faire, croire en lui, en plein Xl 

ticle de foi qui fftl d*iusp\Ta\Àou ^v- i\<^V«» «^ une é^^ue de doute 



SAt SAl 419 

dMndifrërence pour toutes les qnes* de son grand-prêtre, qui disait son- 

tions religieuses. Au reste , on se vent à ses disciples : « De nouvelles 

tromperaitétrangementsi l'on croyait • phases¥iendVont,qui placerontnos 

trouver dans le Nmneeau Chriitia- • doctrines dans un chemin de gloire 

nitme l'exposé d*uno religion nou- « et de prospérité. • On sait com- 

velle. En général Saint-Simon s'y ment se sont réalisées ces propbé- 

attache plus à détruire qu'à réédîBer, ties d'une secte à laquelle le public 

et nous ferons remarquer en passant dès aujourd'hui ne songe guère plus 

que ses accusations contre le pape qu'à l'Être suprême de Robespierre 

et le catholicisme, fussent-elles vraies • ou à la ridicule théophilantbropie de 

en fait, ne convaincraient point en* La Révellière-Lépauz.— Nous avons 

core l'Église latine d'hérésie, car donné aussi exactement qu'il nous a 

son orthodoxie dépend non de la été possible le résumé des doctrines 

conduite de ses ministres, si haut d'un homme qui, dans le XIV* siècle, 

placés qu'ils soient dans la hiérar- eût passé pour un fou on un héréti- 

chie, mais bien de la doctrine pro- que, et que peut-être on eût fait pé- 

fessée par les papes et la majorité nr sur un bûcher, mais qui, dans 

des évêques. — Enfin, comme ëcri-' le XIX», dans un temps qui se vante 

vain, Saint-Simon est, en général, d'être plus éclairé, plus sage que 

incorrect ; ses pensées même les plus tous ceux qui Pont précédé, a trouvé 

simples ne se dégagent qu'avec peme, des admirateurs, des sectaires! 

et ce défaut devient encore plus sail- Nous n'oserions pas dire dans la- 

lant lorsqu'il aborde un ordre d'idées quelle des deux époques il y a plus 

qui, par leur nature, exigent la plus de raison et de vérité. Pour faire 

grande netteté, la plus grande pré- mieux connaître Saint-Simon, nous 

cision dans les mois. Ce défaut lui résumerons ainsi son histoire. Né 

est commun avec Charles Fourier, dans une position fort élevée, très- 

qui l'a poussé jusqu'à ses dernières fier et Irèsvain comme ses ancêtres, 

limites; mais il y a entre les deux mais dépourvu de tout savoir et de 

réformateurs cette différence que les toute instruction, comme beaucoup 

élèves du second ont fait et font en- de gens de son rang l'étaient alors, il 

core des efforts inouïs pour rendre entra dans la carrière des armes'ponr 

intelligibles ses doctrines, tandis que profiter des avantages de sa noblesse, 

les saint-simonieus semblent avoir et par conséquent par ambition et 

pris à tâche de dénaturer quelque- par vanité. S'apercevant , dès qu*il 

fois et toujours d'envelopper de té- y fut entré, qu'il fallait autre chose 

nèbres de plus en plus épaisses les qu'une haute naissance pour y arri- 

pensées de leur mattre. 11 en estré« ver au premier rang, il la quitta 

suite que le fouriérisme est cujour- pour se livrer à des aventures, à des 

d'hui constitué en parti, ayant sa essais, à des expériences d'autant 

presse périodique, ses assemblées, plus folles, d'autant plus chiméri- 

ses établissements d'essai, tandis que ques qu'il ne possédait les éléments 

le saint-simonisuie, après quelques d'aucune science , et qu^il dut y 

années d'une existence bruyante et perdre bientôt le peu de fortune 

scandaleuse, est tombé dans un dis- qu'il avait amassée. Le hasard lui 

crédit dont il ne se relèvera sans donna occasion de ré^ajKx ^^^^^ 

doute jamais, malgré les prédictions petX^ , ^w w, Iràw^ ^^^^x^vs^ ^^ 



4tO SAI SAI 

Ikifn^ nationaux » et dont «on non Thistoir^ d^ cMIe Mrlc.pmtérwwh 
et sfs antécédents devaient Téloi- ment k la mort de SainC-Simoa. Ifîk 
gner. Militaire dès sa jeunesse , que i*a racontée, atcc tout le son e 
dam un rang élcTis il pouvait, en resactituilecunvenablcfvnotreeoHh 
adoptant les iddes de la révolution borateur Villenave dans sa noi» 
conune il le lit, se trouver hienidt à sur Baxard, qui fut Pun des ooiii- 
la t£te d*une armée; mais il paraît nuatcurs de Saint-SîuMHi (roy. Bi- 
que la gloire des armes ne le toucha zasd, LVll, 340). Nous u\ ajoil^ 
jamais ; il voulait bien se distinguer, rons , pour compiler le tabhsL 
être remarqué de la foule, mais c*é- que quelques faits postérieurs, p 
tait par de la bijearrerie , par des démontrent de plat en plus que an- 
idées extraordinaires qu'il voulait taires et maîtres, tous nVfaîent ^ 
fixer les reganis. On m* conçoit pas des hommes sans conviction et sw 
comment un homme dussi dépourvu bonne foi. Après aroir «^té conte 
de savoir* aussi étranger à toutes les nés par des jugements sans répliqM. 
sciences, ait pu entreprendre dVn après avoir élé dispersés « expohu 
£tre le réformateur, et que m<îme il |>ar la police» après avoir erré pfi 
ait trouvé des auditeurs, des sectai- dant plusieurs années en Egypte, c^ 
rcs. Quand il se crut assez avancé, Turquie, eu Algérie et dans d*ac- 
il se rendit assidûment aux séances très contrées, plutôt en charlatan, 
de TAcadémie des sciences, i»our lui eu aventuriers quVn apôtres, n'ayis: 
communiquer ses rêveries, qu*il an- trouvé dans toutes ces coDt^éesa^ 
nonçait comme de merveilleuses cun moyen de semer leuis doein- 
découvertes. Voici ce qu*nn de nos ues ou <lo f.iire de nouvelles dupe» 
académiciens les plus distingués ils st>nt rovenus vu France, où cf«4 
nous écrivait récemment à cette oc- est toujours plus lacile. Renoni^ai 
casion: «Quand cet homme (Saint- alors à prêcher la comoiunauté (ii» 

• Simon), venait hre ses billevesées biens et le mépris des richesses, u 

• à TAcadémie des sciences , il était sont rentrés dans les Toies de la po- 

• considéré non-seulement comme un litique ou de la spéculation ; enfis oa 

• fou, mais comme un imbécile; tout les voit aujouni^hni, honteux de 

• le monde s'en allait, on le laissait rôle qu'ils ont joué, mais toujon» 

• presque seul avec le bureau... Ex- protégés par le même parti, occuper 

• pliquez-moi coiumeut des hommes de grands emplois dans les cheirnas 

• desensontpus*éprendrcdVutliou- de fer et dans les rangs :rs pui» 
«siasme pour de tel lej doctrines?...* élevés de la aocièté et du gouTCf^ 
Répondant à cette Urrnière (|ues- nement. Voici la réponse qu'a taiic 
tion du savant académicien, nous récemment Tun d'eux à II. Reybauô, 
dirons que uotre opinion est «{u'il qui, s'étonnant de le voin ainsi qae 
n'y a jamais eu d'enthousiasme réel plusieurs de ses confrères ^ dans U 
pour les billetesée* de Saint-Simon, carrière des spéculations et de la- 
ut que Ton pourrait facilement et giotage, lui demanda comment A 
sans exagération classer les sectaires avait pu renoncer aux pkasa et 
ou les admirateurs de cet homme en gloire et de «plaideur si solennel- 
charlatans, en fourbes impudents, lement annoncées par U maiin : 
en hommes créilules et dupes. C'est « Ne trouvez-vous pu, dit le disapie. 
ce que <ler..«>i.ti(' assrz clairement que celte NOMref/eji^seen vaille bin 






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une autre?.,.' « Ainsi s'explique tout 
le but et, comme disent ces mes- 
sieurs, les tendances du saint-si- 
monisme. M. Beybaud l'a fort bien 
compris. Comme nous il voit clai- 
rement aujourd'hui qu' en religion, 
comme en politique et en beaucoup 
d'autres choses, il n'y a dans tout 
cela que charlatanisme et mensonge. 
S'il avait à parler encore des socia- 
listes^ nous pensons qu'il ne les 
traiterait pas avec la même indui- 
geuce. Mais il se gardera bien de 
revenir sur un sujet aussi complè- 
tement oublié. Nous -même nous 
nous reprocherions d'en avoir parlé 
trop loDg-temps, si notre tâche n'était 
pas de présenter telle qu'elle est réel- 
lement, de montrer dans toute sa 
vérité cette époque d'illusion et de 
mensonge. — Nous terminerons cette 
notice par la liste des écrits plus 
ou moins absurdes que le Maître^ 
comme l'appelaient ses disciples, 
a publiés en différents temps. On 
y reconnaît facilement les variations 
de son système, l'incohérence et 
l'incertitude de ses vaines théo- 
ries. I. Lettres d'un habitant de 
Genève à ses contemporains sur le 
système du monde^ 180S, iu-S"". II. 
Lettres adressées au B^eau des 
longitudes et à la première classe 
deVInstitut^ 1808, in-8o. 111. Intro- 
duction aux travaux scientifiques 
du XIX^ siècle^ 1807, in-8o. Cette 
introduction et ces lettres présentées 
aux savants de l'Académie n'en furent 
pas mieux comprises l'une que l'autre. 
Ce qu'il est bon de remarquer, parce 
que c'est une nouvelle preuve des va- 
riations et de l'incertitudede l'auteur, 
c'est que ses ouvrages de cette époque 
sont empreints d^une admiration très- 
prononcée pour Napoléon, qu'il sup- 
posait alors disposé à faire une révo- 
lution dans les sciences et l'industrie 



SAI 



421 



comme il l'avait faite dans |& poli- 
tique. On trouve une analyse de 
l'Introduction par 0. Rodrigues^qoi 
fut aussi l'un des ^continuateurs de 
Saint-Simon, dans le Producteur g 
journal philosophique de j'indus- 
trie, des sciences et beaux-arts, où 
écrivaient plusieurs disciples de l'ë- 
cole saint -simoniennç. IV. Abu* 
velleEncyclopédiej Paris, 1810, in-S**. 
Il n'en a paru que le prospectas et la 
première livraison. Saint-Simon avait 
écrit en 1812 des Mémoires sur VEt^ 
cyclopédie^ Il y expliquait l'idéequ'on 
doit attacher à ce mot, et prétendait 
que ce titre ne peut être convenable- 
ment donné qu'à une conception 
dans laquelle les connaissances hu- 
maines seraient présentées dans l'or- 
dre de leur ûliation, de leur dépen- 
dance généalogique. « Le mot eney^ 
^clopédie, dit-il, dont les racines 

• sont grecques, signifie enchaîne- 

• ment des sciences; ainsi un ouvrage 
« revêtu du titre d^ encyclopédie doit 
« présenter des vues sur l'organisa- 
« lion du système seientifique ; une 
« bonne encyclopédie serait une col- 
« lection complète des connaissances 
« humaines^ rangées dans un ordre 
« tel que le lecteur descendrait , par 

• des échelons également espacés, 
« depuis la conception scientifique la 

• plus générale jusqu'aux idées les 
« plus particulières, ettic0 versa*., 

• VEncyclopUie du XVlIh siècle a 
« été faite dans un esprit bon pour le 
« temps , mauvais pour l'époque ac- 
« tuelle ; elle a été construite d'après 
« un plan proportionné aux lumières 
« d'alors, et trèsinférfeur àcelui que 
«les lumières acquises depuis ont 
« mis à portée de concevoir. 11 n'y a 
« même d'encyclopédique dans tout 
« ce travail que le discours prélimi- 
« nairc. Il reste une lacune immense 

• entre ce discours et le corps^e 



Ait . SAl SAI 

PouTrage qui n*est qu'un diction- Simon moâifia considërablemen 

nalre général. D'Alembert et Dide- explications qu'il donnait alors 

rot ont admis la division de Bacon, diiïérents termes de cette prog 

Ils ont classé les sciences en scien- sion. Comme on le voit, Tidëe foi 

eesde mémoire.sciencesde raison et mentale de cette brochure est boi 

sciences d'imagination. Cette dîvi- mais l'initiative n'en appartient p 

sion est vicieuse, parce que, chaque à Saint-Simon. Avant lui ^ Leib 

science particulière exigeant le con- avait entrevu le plan d'un dictionr 

cours de toutes les facultés de notre philosophique, par ordre de mati^ 

intelligence, une division qui par- ainsi qu'on peut le vérifier dans 

tage notre intelligence en trois fa- Basais sur l'entendement humai 

cultes, ne peut porter que sur des surtout dans leI>ta<?oura touchât 

nuances, et laisse nécessairement méthode de la certitude et l'art é 

les différences les plus essentielles venter. Mais sur ce que Leibiiitz 

entièrement confondues. Par exem- vait fait qu'indiquer, Saint-Simi 

pie, on peut bien dire que la bota- voulu édifier tout un système. C< 

nique exige plus de mémoire que son écueil. Après avoir posé 

de raison et d'imagination , mais principe juste, il en fausse Tapp 

on ne saurait concevoir l'existence tion, et plus il avance, plus il va 

d'un botaniste entièrement dépour- dérive, parce qu'il oublie de prci 

vu d'imagination et de raison. C'est l'analogie pour guide. Cette s 

l'analyse des progrès de l'esprit de ses travaux porte le titre 

humain qui doit servir de base à Mémoires sur l'Encyclopédie: i 

l'encyclopédie ; c'est cette analyse elle n'a jamais été publiée. V. Jî 

qui duit fixer la division de ce grand ganisation de la société fi 

livre de la science.» Saint-Simon péenne, ou De la nécessité et 

entreprend ensuite , à l'aide de la moyens de rassembler les peupU 

figure d'un arbre , de représenter le l'Europe en un seul corpê politi 

développement des conceptions en- en conservant à chacun sa na 

cyclopédiques de l'esprit humain, na(t(é, par Henri Saint-Simo 

depuis les temps les plus reculés jus- Augustin Thierryt son élève, P^ 

que dans l'avenir. La tige de cet 1814, un vol. in-H». Cet ouvrage 

arbre représente les termes progrès- inspiré par les événements qui a 

sifs de l'idée générale, et ses bran nèrent la chute de l'empire. Sa 

chesles diverses coordinations ency- Simon était alors partisan du rég 

clopédiques correspondant ii ces ter- parlementaire, niais plus tard il 

mes progressifs. L'arbre se divise en le considéra plus que comme 

cinq époques^ la première est repré- moyen de faciliter le passage d' 

sentée par la cime de sa tige, qui se féodalité à l'état d'association, 

perd dans un nuage où l'on trouve ces constitution anglaise, avec les a 

deux inscriptions : Sensations pri- lioratioiis dont elle est suscepti 

mitives, établissements des premiers lui semblait le système le plus 

signes de convention. Les quatre fait auquel les peuples pussent 

autres époques sont désign(>.es sous river, et en conséqueuce il en t 

les noms et dans l'ordre suivants : baitait l'adoption par toutes les 

Idolâtrie , polythéisme y monothéiS' lions. Il proposait l'établissen 

m$sphysicisme. Dans la suite Saitn- d'un parlement européen qui au 



SAl 

eu pour fonctioDS, par rapport àux 
peuples qu'il aurait représentés^ de 
maintenir la paix entre eux et d'ad- 
ministrer leurs intérêts communs. 
« Des confédérations particulières» 
« disait-il , des coalitions opposées 
« d'intérêts rejetteront l'Europe dans 

• ce triste état de guerre dont on 
« aura essayé vainement de la tirer; 
« voilà ce que l'événement prouve- 
« rait mieux encore , voilà ce que ni 
« le bon esprit , ni la sagesse , ni le 

• dcsir de la paix ne peuvent faire 
« éviter; assemblez congrès sur con- 

• grès; multipliez les truites, les con- 
« ventions , les accommodements ; 
« tout ce que vous ferez n'aboutira 
« qu'A la guerre ; vous ne la détrui- 
« rez point , vous pourrez tout au 

• pluslafairechangerdelieu. L'Eu* 
« rope est jdans un état violent, tous 
« le savent, tous le disent; mais cet 

• état, quel est-il? d'où vient-il? a- 

• t-il toujours duré? Est-il possible 
« qu'il cesse? Ces questions sont en- 
« core sans réponse. A toute réunion 

• (le peuples, comme k toute réunion 

• d'hommes, il faut des institutions 

• communes, il faut une organisa- 

• tion ; hors de là tout se décide par 

• la force. Vouloir que l'Europe soit en 
« paix par des traités et des congrès, 

• c'est vouloir qu'un corps social sub- 
« siste par des conventious et des ac- 

• cords. Nous affectons un mépris su- 
« perbe pour les siècles qu'on appelle 
m du moyen âge; nous n*y voyons qu'un 
« temps de barbarie stupide, d'igno- 
« rance grossière, de superstitions 
« dégradantes, et nous ne faisons pas 

• attention que c*est le seul teuips 
« où le système politique de l'Europe 
« ait été fondé sur sa véritable base, 
« sur une organisation générale. » 
Après avoir rappelé les guerres uieur- 
tricres qui se sont succédé depuis 
la chute de la puissance papale, qui 



SAI 



423 



avait été jusqu'au XVl^ siècle le lien 
de l'association européenne ^ il con> 
tinue ainsi : « Malgré tant d'exemples 
si frappants, le préjugé a été tel 
que les plus grands talents n'ont 
pu lutter contre lui. Tous ne font 
dater que du XVI'' siècle le système 
politique de l'Europe; tous ont 
regardé le traité de Westphalie 
comme le vrai fondement de ce 
système, et cependant il suffisait 
d'examiner ce qui s'est passé depuis 
ce temps pour sentir que l'équili- 
bre des puissances est la combi- 
naison la plus fausse qui puisse être 
faite , puisque la paix était le but 
et qu'elle n'a produit que des guer- 
res, et quelles guerres! • Exami- 
nant quelles doivent être les attri- 
butions du parlement dont il propose 
l'institution, il veut qu'il soit chargé 
d'organiser et de surveiller l'instruc- 
tion publique , de prononcer sur les 
différends qui pourraient s'élever en- 
tre les peuples associés, enfin de pro 
poser et de diriger les grandes cana- 
lisations, les colonisations générales 
sur tout le globe. Quant à la manière 
dont ce grand corps politique devrait 
être composé , il n'y admet que les 
hommes chez qui les dispositions 
natives , l'éducation , les travaux 
habituels ont subordonné les consi- 
dérations particulières, les affections 
locales aux vices et aux affections 
générales. Il propose ensuite, comme 
moyen d'arriver à l'établissement du 
parlement européen, la réunion préa- 
lable de la France et de l'Angleterre 
sous un pouvoir commun. Cette pro- 
position ) dans les circonstances où 
elle était faite, ne pouvait manquer 
d'être mal accueillie; mais Saint- 
Simon n'était pas homme à reculer 
devant les obstacles. Tout le reste 
de son plan est également fondé sur 
de values utopies, sur de chiuic* 



4t4 



SÂI 



riqlM i^eusées de paii et de poa- 
▼oîr onÎTersels. VI. Lettre de Henri 
éê Saint-Simon d MM. Comte et 
Dmnojfer, insérée dans le touie III 
du Cm^eur européen (1814), pag. 33i 
à 356. VU. Le Défenseur des j^oprié- 
tedreê de domaines nationaux^ etc., 
Ptris, 1815. Il n'en a paru que le 
prospectus. VIII. Profession de foi 
de$ emteitrs de Vouvrage annoncé 
sous le titre : le Défenseur, etc., Pa- 
ris» 1815, in-8* de 8 pages. IX. Opi- 
nion sur les mesures d prendre contre 
la coeUitiof\ de 1815 (avec M. Aug. 
Thierry), Paris, 1815, in-8»de 14 
pages. X. Profusion de foi du comte 
de Saint Simon au sujet de Vinva^ 
siofi du territoire français par Na- 
^poléon Bonaparte, Paris, 1815, in-8® 
' de 4 pages. XI. Quelques idées sou- 
mises par Jf . de Saint-Simon d tas- 
seaMée générale d^instruction pri- 
maîr», Paris, 1815, in-8<> de 4 pages. 
XII. L'Industrie, ou Discussions po- 
lOtilues, morales et philosophiques 
dans Vintérét de tous les hommes 
livrés à des travaux utiles et indé- 
pendants, Paris, 1817 et 1818 , 4 vol. 
in-8^ Saint-Simon eut pour collabo • 
ratears, dans cet ouvrage, MM. Saint- 
Aubin, AugustinThierry, qui y prend 
laqualiticatiou de filsadoptif de Saint- 
Simon, et Auguste Comte. Le premier 
volume se compose des trois opuscu- 
les suivants, qui avaientété imprimés 
à la même époque et que Ton réunit 
seulement sous un nouveau frontis- 
pice. Ce sont : 1° L'Industrie litté- 
raire et scientifique liguée avec l'in 
dustrie commerciale et manufactu- 
rière^ ou Opinions sur les finances, 
la politique, la morale et la philo- 
sophiSy^iome premier, première par- 
tie, finances, par Saint-Aubin; 2^ 
deuxième partie, politique, par Aug. 
Thierry; 3° troisième partie , finan- 
ces ^ par Saint-Aubin. Le reste ne 



SAI 

porte que le nuui deSjiiut-$ittioi.Cct 
ouvrage aliéna les prof ecleurs «pe 
Saint-Simon s'était faits dans le dm* 
de financier . Quelques-uns d'entre 
aux avaient encouragé les prenuèRS 
publicationssurrindustrie,etafii(K 
autorisé l'auteur à se donner due 
les prospectus Tappui de leurs now; 
mais quand ils vireut que le but ut- 
tien moins que de les orgauisera 
parti politique, lorsquMls s'eni» 
dirent appeler par lui à la téteéc 
l'administration publique, ils liirat 
effrayes de l'alliance qu'ils avaitf 
contractée , et par une lettre daV 
octobre 1817 ils prièrent le pnfa 
de police de vouloir bien ordouncri 
tous les journaux de consigner le dé- 
saveu formel qu'ils faisaient des opi- 
nions contenues daus le troisième t^ 
lume de VIndustrie. Ils déclarèreit 
de plus qu'en souscrivant à Pouvnse 
de Saint-Simon, ils avaient voalo 
faire acte d'aumdtie et fion de s^m- 
pathie. Cette lettre était signée et 
MM. Cottier, Vassal, Hezlsell, Blauc, 
Hottinguer, Gros-Davilliers, Deles- 
sert, Casimir Périer, Guériu dejo- 
nein. Cependant tous , les magnats 
de la finance ne reuièreut point le 
novateur, et parmi ceux qui lui res- 
tèrent fidèles Jacques Laffitte tigo- 
rait au prepiier rang ; ce qui dooue 
lieu de croire qu'il y avait dans tout 
cela un but politique. XIU. Le Poli- 
tique, par une société de gens de let- 
tres. Mélanges , tome I et II, Paris, 
1819, in-8o. Cet ouvrage, qui a paru 
périodiquement, devait être divisé en 
quatre parties, chacune ayant sa pa- 
gination particulière, lo PoiiHquê 
pur Ci 2^ Politique littéraire; 3* Po- 
litique scientifique: 4» Mélanges. 
Cette dernière partie seule a été pu- 
bliée. Saint-Simon eut pour collabora- 
teur dans ce recueil, Lachevardièrci 
ancien consul, très-oounu par ses 



k' 



SAI 



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SAI 



4S6 



)m ultra-révolutiouaaires.XlV. 
anisateur, Paris, 1819-1820, 
. in-8o. Cet oavrage a paru par 
aux détachés et qui ont ensuite 
luis d'une manière confuse dans 
litions successives. C'est dans 
mière livraison que se trouve 
^arahole dont nous avons parlé 
valut à l'auteur un procès en 
'assises. XV. Lettre de Sainte 
'> aux jurés qui doivent pro- 
' sur Vacaisatiôn intentée con* 
, Paris, 1820, in-B^ de 43 pag. 
'Onsidérations sur les mesures 
idre pour terminer la révolu- 
présentées au roi, ainsi qu'à 
es agriculteurs, négociants, 
icturier3 et autres industriels 
it membres de la Chambre des 
s, Paris, 1820, in-8'». XVII. 
éettresàMM. lescultivateurs, 
mts , négociants^ etc., Paris, 
821 , in-fol. et in-80. XVIII. 
Venvoi à MM. les industriels^ 
1820,in-4ode 4 pages. XIX. 
Ires sur les Bourbons^ adres- 
roi et aux industriels^ Paris, 
n-8°. XX. Du système indus- 
>aris,i821, in^8«. XXL Des 
ns et des Stuarts, Paris, 1822, 
XXII. Catéchisme des indus- 
Paris, 1824, in-8». XXIll. 
is littérairesy philosophiques 
lirielles, Paris, 1821-25, in-8o. 
imon eut pour collaborateurs, 
:tle publication, MM. Léon 
Olinde Rodrigues et le doc- 
liy de Blois. XXIV. Nouveau 
mismcj dialogues entre un 
ateur et un Novateur, Paris, 
n-8o. Saint-Simon a de plus 
[uelques articles au Censeur 
I et laissé en manuscrit plu- 
ivrageSj entre autres des Mé- 
sur VEncyelopédie et ôur 
ce de Vhomme. Son élève , 
flodrigues, «?ait entrepris 



de publier une édition complète 
de ses œuvres, mais deux livraisons 
seulement ont paru en 1832, in-S^. 
Elles contiennent, outre quelques 
fragments de Mémoires écrits par 
l'auteur sur sa propre vie : 1° les 
Lettres d'un habitant de Genève; 
2° la Parabole; 3*» le Nouveau Chris- 
tianisme; 4o le Catéchisme des tnr 
dustrielsi 5° Vues sur la propriété 
et la législation. L'éditeur y a de 
plus ajouté quelques morceaux de sa 
façon,tautôt en forme d'introduction, 
tantôt en forme de notes. — Parmi 
les ouvrages dont Saint-Simon a 
été l'objet nous citerons : 1® Les 
réformateurs contemporains , par 
M. Louis Reybaud, dout nous avons 
parlé et qui a obtenu un prix an con- 
cours de la classa des sciences mo- 
rales de l'Institut \ 29 VExposition 
de sa doctrine, publiée par un de ses 
é\^ye8\^^ Pièges et charlatanisme 
des deux sectes Saint-Simon et 
Owen, par Charles Fourier. On trouve 
dans la Biographie des contempo- 
rains, par Rabbeet Boisjolin, et dans 
le Dieti&nnaire de la conversation ^ 
des notices apologétiques évidem- 
ment composées par des adeptes. On 
a publié récemment daus la Phalange 
une biographie de Saint-Simon daus 
le même esprit et manquant égale-, 
ment de vérité et d'exactitude. Le 
poète Béranger lui a consacré, dans la 
chanson qu'il a intitulée LesFous^ une 
stance que nous croyons devoir citer : 

J'ai TU Saiot-Sinioo, le prophète, 
Kiclie d*abord, puû endetté, 
Qui, du fondement jasqa*au laite, 
Refnùait lu société. 
Plein de son œuvre vomoiencée. 
Vieux, pour eUe, il tendait la main, 
SOr qa'il embrassait la pensée 
Qoi doit sauver le genre humain. 

On pourrait se tromper sur le véri- 
table sens de ces vers, si on ne li- 
sait pas dans le même volume une 
notice nécrologique à la louange de 



4M SAl SAl 

Saint-Simon , et si dans c^tte notice maréchal de Lautrec, près daqueU 

ne se trouvait exprimé le yœii que assista, Tann^ suivante, à ia trislê 

quefqu'un se charge d^ecrire une his- défaite de la Bic4M|ue, qui força lo 

toirt eonsciencieuse du pkiiosophe rf- Français à repasser les Alpes. En a 

formateur. Cette tâche, nous croyons moment, le connétable de Bourboa. 

ravoir remplie; mais nous ne pen- plein de haine contre le roietiareiiM' 

sons pas que ce soit de manière k mère^ méditait de quitter la France, 

mériter les éloges du célèbre chon- et il venait d'entrer en négi-ciatioas 

souuier. M--DJ. avec Charles- Quint. Saint- Ydltiff, 

SAITT-l-RBAIN. Voy, Uebai?i sonparent et son ami, de retour fi- 

(Sairt-), XLVII, 200. talie, alla le voir à MontbrisM. 

SAINT-V ALLIER (Jean de Poi- et lui manifesU quelque oiécouUa- 

tirrf, seigneur de), d'une des plus tement contre François 1«, qui m- 

anetennes familles du Danphiné (1), puUit aux chefs de l'armée la pott 

était né dans cette province vers du Milanais. Le connétable, profitais 

1475. Destiné dès l'enfance au mé- de celte disposition d'esprit> loi w- 

tier des armes , il en fit Tappren- vêla, sur un serment solennel, ta 

tissage éêns Texpédition de Char- offres qu'il recevait de l'empercw 

les Vif! au royaume de Naples. Sous Malgré sa disgrâce, Saint- Yallierc»- 

Louis XII ^ if comlMittit encore en saya di» détourner le duc d'unes 

Italie dans les guerres que ce prince mauvaise pensée ; néanmoins il aniS 

eutàsoutenircontreLudovioSforza, juré d'en garder le secret : il élai: 

Feidinand-le-Catholique, larépubli- «iécidé à tenir sa parole. Lorsque b 

que de Venise, et le pape Jules II. A dëfeciiun du connétable s'aecomptiu 

ravénemf nt de François !•% en 1515, iï f"» "« des premiers que Ton soup- 

iléUitdêjàchfvalierdesordre5,etfut Çoiina d'y avoir participé; en o»- 

choisi par le n«»uvean roi pour capi- séquence ou l'arrêta à Lyou, le 5 

taine de !a première compagnie des septembre 1523, puis on le conJuisi: 

centgentilshommes(2),enremplace- ^ Tarare! Interrogé par le présideaî 

ment du duc de Longueville. On le Brinon, il ne voulut pas réponJr*. 

vit,àlatétedececorpsd'élite,pren- ^n ^^ transféra au château de Lû- 

dre une part glorieuse à la bataille «hes, où déjà se trouvaient .Aynur 

deMarignan. En 1521, il fut chargé ^^ P"^ l'évéque d'Autun, rêTéq« 

de conduire dans le Milanai*! un <^" P»y' Ld Vauguyon, Bonnet d 

renfort «le cinq cents lances et de quelques autres , accusés d'avoir 

quatre mille hommes d'infanterie au trempé dans l'affaire du conneuWe. 

Leur procès dut être fait eu comiDun 
devant le parlement de Paris; Tin- 

^i^rharlesdePoitien, frèredeOuiUaoïne strUCtioU CU fllt COUfiée à QUe COa- 

de Poitiers éT^qoe ri dor de L.Dgre», et de ^Issiou dirigée par JeaU de Sel«, 

HeDri, eveque de Trove», fol la tige de* ... » • . 

«eigneurs de SuioNVallier, et le imnieul de premier président. Apres de vives 

jeaa de Poit-ers. iustanccs et confrooté avec Bonnet. 

(a) r/ét.ieor !« g.rde<^aH.ort^ Il existe -, ^ ^^^ curieusc déclaration p.'r- 

un curieux petit liTrf iiupnme en ioi4. >ous '^ 

ce litre : Ort^une det deux coi'paçnits des ïaut en SubstaUCC I «que l'été dt!r- 

ent fêntUshommes ordinaires de la ma: son du nier, éîanl à MoUthrisOU, le Cl-UDé- 

D • ' • j«- 1 c . v i- i» •. table 1 avait appelé seul en son ca- 

trajjiuiacdtfJatCLondc comv^k^mc. VA1^^\^ Q>à.x ^\il<(^ va\ avoir dou-ii 



SAI , SAI W 

quelques bagues, il lui ftvtit dit qu'il point serâfient d'observer ces traités; 
l'aimait et se fiait en lui, qu'il youlait mais il donna à Beaui^ain sa réponse 
lui confier quelque chose, mais qu'il à l'empereur, et désigna Bonnet pour 
fallait qu'il jurât sur un reliquaire aller en Espagne a?ec lui. Cette dé- 
où il y avait de la vraie croix, qu'il eh pèche fut faite en présence de Saint- 
garderait le secret : ce qu'il promit. Val lier, et le lendemain celui-ci re- 
Alors le connétable lui fit connaître montra au connétable la faute qu'il 
que l'empereur offrait de lui donner commettait, les maux qui suivraient ; 
en mariage Éléonore, sa sœur, veuve si bien que ce prince en fut touché, 
du roi de Portugal ^avec deux cent et promit de n'y plus penser, en lui 
mille écus de dot , six cent mille recommandant le secret. Beaurain 
écus de diamants, et la promesse, avait laissé un chiffre au connétable, 
qu'après sa mort, madame Éléonore et Saint- Vallier en était dépositaire.» 
serait héritière de tous ses royaumes, Amené à Paris, celui-ci persista dans 
et il ajouta: «Tu verras le seigneur la déposition qu'on vient de lire; 
de Beaurain, chambellan de l'empe^ bien qu'elle ne lui inculpât, que le 
reur, qui viendra ce soir devers moy, tort de n'avoir pas dénoncé les me^ 
tu oiras ce qu'il me dira. • Sur les nées du connétable, et qu'on ne pût 
onze heures de nuit, le connétable lui en reconnaître d'autre, ir fut cou- 
le mena à un cabinet oti il vit en effet damné à mort ; l'arrêt, du 16 janvier 
ledit Beaurain que leconnëtablecom- 1524, dit : «que> pour raison de plu- 
bla de caresses, et auquel i I le présenta sieurs séditions, conspirations et ma 
en lui disaut que c'était un desesmeil- chinations commises par lui contre 
leurs amis. Alors Beaurain montra le roi et son royaume, il est déclaré 
au connétable les lettres de l'empe- criminel de lèze-majesté, et comme 
reur, puis le pouvoir pour traiter le tel condamné à avoir la tête iran- 
roariage avec madame Éléonore, ou chée, ses biens acquis et confisqués 
à son défaut madame Catherine, son au roi, et, avant l'exécution, ledit 
autre sœur. En outre Beaurain fit Saint- Vallier aura la question extra- 
voir le traité de l'empereur avec le ordinaire, pour savoir ses complices 
roi d'Angleterre, auquel il promet- de ht conspiration. » De plus, cet ar- 
tait de faire participer le connétable, rét le dégradait de tout honneur. De 
Ce traité portait que Charles-Quint tous les accusés, il était le seul jugé 
devait entrer en France du . côté de avec tant de rigueur. Cependant, ma- 
Narbonne avec une armée; que le roi |ade et alité, il obtint un sursis; 
d'Angleterre ferait une descente sur mais, au bout d'un mois, la sentence 
les côtes ; que madame Margueritei dut être exécutée. La cérémonie hu- 
qui était en France, commencerait miliante par laquelle ou arracha de 
la guerre sur la frontière de Picardie, «on cou le collier de l'ordre lui fit 
Toutesces invasions devaient s'effec- la plus vive impression. Le médecin 
tuer en même temps, c'est* à*dire du parlement avait déclaré qu'il ne 
lorsque le roi aurait passé les monts supporterait pas lu question; le chan- 
pourse rendre à Miian. Le connéta^ celier voulait qu'on la lui donnât, 
ble ne devait se déclarer que dix jours dût-il y succomber; mais le parlement 
après que reiu|)<-reur et le roi d'An* Ten exempta : on se, contenta de lui 
gleterre auraient attaqué uue des en étaler l'effrayant t^^eH^^Vft^ "^^^^^"^ 
villes de France. Ce deriàier ne fil kloicn^t \dA;^vi«Mi^Vi^»^^^i*^^'^'* 



4i8 SAI ^ SAI 

voir rî«tt k dire et autorisa sou cou- au supplice, la frayeur lui àtm 

fesseur k rendre sa confession pu- fièvre qui depuis est pasiésa 

blique. Enfin , conduit sur la place verbe sous le nom de fièvni$ 

de Grève, où Téchafaud se trouvait Yallier. Pasquier dit mène 

dressé, il était déjà aux mains du mourut peu de temps après.— 

bourreau, lorsqu'un archer de la historiens semblent oublier <!«,. 

garde du roi arriva avec des lettres- avant sa condamnation, il ëà 

patentes, portant commutation de la teint d*une maladie qiti fit mm 

peine de mort en une détention per- Texécution, laquelle allait avw^ 

pétuelJe « entre quatre murailles de quoiqu'il fût encore assez Sûdi 

pierreai massonnées dessus et dessous, pour qu'on Feûf exempté de Ufi 

esquelles il n'y devait avoir qu'une tiou. Eufîn, on a donné cobumb 

petite fenêtre, par laquelle on luy tradition véridique, queleroîMi' 

«duinistreroit son boire et son man- grâce de la vie à Saint- Vallier ftt 

ger...« Il fut en conséquence rein- prix du deshonneur de sa fille, Dii 

tégré à la Conciergerie, puis on le de Poitiers ( depuis maitroM I 

transféra dans une autre prison. On Henh 11), et qu'elle se dévNit 

voit dans une ancienne relation du salut de son père. Ce fidt i * 

procès «que le dernier ujars 1524, accueilli par de graves histonBi> 

après Pasques, Sa Majesté Ut , par le tels que Mézeray et Bayle. Voltiiiel 

sieur de Vaux, capitaine de ses gar- l'a pas contesté, mais il ditqrïfr 

des, tirer Saint- Vallier de la tour rait plus probable, si Diane n'cât|l 

carrée, pour le mener au lieu que Sa alors été un enfant de 1 4 ans, qtniV 

Majesté avait ordonné, et k quelque avait point encore paru à la ett- 

lemps, il fut délivré.» Le traité de L'historien philosophe commet io 

Madrid prouve qu'il était encore pri- une grave erreur» car il est iihtè 

sounier au mois de janvier 1525; que la belle Diane avait alors près^ 

l'art. 38 stipule«queM. dcSaint-Val- 25ans,et que, depuis 1514, elleétf 

lier sera promptement et librement mariée au comte de Maulévrier-Broi 

relâché et absous.» H est incontestable Nous sommes loin d'adopter la cui 

que cette clause fut exécutée; le roi à laquelle on a attribué la grâce ( 

lui donna même (juillet 1526) des Saint - Vallier ; nous pensons méi 

lettres de .restitution , abolition , qu'on doit en chercher le motif di 

grâce et rappel. Toutefois, il ne re- des considérations d'une toute aud 

parut point à la cour, et n'y remplit nature,ainsi que M. Capefigue l'api 

plus aucune fonction. On ignore l'an- foitement établi. {Histoire de Fre 

née de sa mort. L'Histoire ^énéato^t- rot< i*") t. 11, ch. 7.) Ce fut Mau 

que dit que, s'étant échappé de sa vrier-Brézé qui sollicita et obtint 

prison, il se retira en Allemagne, où ro* ^a grâcede son beau-père, lesli 

il vivait en 1532, et qu'il fit son tes- très-patentes datées de Blois (févri 

tament dans son château de Pisan- 1^24) en font foi. «Comme puisn 

çou , le 26 août 1539. On voit dans guères notre cher et féal^cousin, 

quelques historiens qu'en entendant est-il dit, conseiller et chambellan, 

son arrêt, Saint-Vallier fut saisi d'une comte de Maulévrier-Brézé, grand-j 

frayeur si violente que ses cheveux néchaldeNormandie, et les parents 

blanchirent en une nuit, et de Thou amis charnels de Jean de Poictiei 

ajoute à cela que lorsqu'on le menait sieur de Saint- Vallier, nous ayant < 



SAI SAI 4M 

^,^!èt-grande hnmilit^^ supplie et requis ce qu'elle en a^^^ndait. Pour preuve, 
^^oir pitié et compassion dndit de nous donnerons ici le peu de mots 
'^^yMCticrs ; et nous, ayant considéra- qu'a public sur son compte le li- 
^**ten auxdits service», et principale- braire Pigorcau,son éditeur, qui était 
^-''lent à celui que ledit graud-sénéchal un homme de sens et de probité, 
^'^i.ous a fait en découvrant les machi- «Sénèque, mollement assis dans ses 
^JitMiations et conspirations, etc. • fin vastes appartements, faisait, sur des 
^ifet, le comte de Maulévrier, le pre- tablettes d*or, Téloge de la pauvreté ; 
' ^(Hiier, avait indirectement donné avis madame de Saint- Venant , dans un 
^^^ trames du connétable, dans une réduit obscur, entourée de toutes les 
*~c%ttre adressée au roi le 10 août 1523. livrées de l'indigence et placée sur 
r^ap'après ces témoignages historiques, un escabot mal assuré, prodiguait à 
c3iiRioas croyons que l'épisode de la ses héros des richesses qu'elle était 
j-*fe;rftce de Saint -Vallier, qui a fait loin de posséder. Mère de famille, 
r jtia base d'un drame moderne, Le elle travaillait plutôt pour ses en* 
^^illot s'amuie^ est «fort contestable, fants que pour sa gloire : elle eât 
^jet qu'il n'est guère plus vrai que échangé un de ses manuscrits contre 
^4i.'action même de cette pièce. On les objets de première nécessité. Ses 
^ fipeut consulter au sujet de Saint* Val- ouvrages annoncent beaucoup d'ima- 
^lier : I. Procès criminel de Charles, gination et respirent la morale la 
L^iiiic de Bourbon j et de ses complices^ la plus pure, mais il ne faut pas y 
K jlsmprimé à la suite des Divers traités chercher les grâces du style. On ai- 
Ktconcemant l'histoire de France, par mait néanmoins ses romans. . .» Pigo- 
^ ItDnpuy.U. Procès criminel fait con- reau le savait bien, puisqu'on tes 
tM^ire messire Charles de Bourbon, achetait chez lui; et il fait suivre 
^ ichevalier de l'ordre du roy, prince cet éloge d'une liste de vingt -six 
Mjiet connestable de France, et messire romans, à laquelle il aurait pu ajou- 
^Jsan de Poitiers, aussi thevalier de ter encore ; mais nous nous borne- 
Xi Vordre, sieur de Saint-Yallier, mss rons^k en indiquer les plus remarqua- 
5ii de la Bibliothèque royale, rec. de piè- blés. 1. Olympia, ou les Brigands des 
^ ces in-4% vol. coté L, 647, p. 20. — PyrinieSy Paris, 1801, in-U ; 1820, 
fy Le comte de Saint- Vallier, sénateur 2 vol. II. Derville et Natalie, ou les 
sous l'empire, pair de France le 4 Effets de la malédiction maternelle^ 
juin 1814, mort en 1824, nedescen- I802,3vol.in-12.111.£aurette,ou2a 
dait pas du précédent; il appartenait Grange Saint-Louis, 1802, 2 vol. 
à la famille de la Croix de Ghevriè- in-12. IV. Robert et Blanche, ou les 
^ res qui, en 1584, avait acquis de la Effets de l'Orgueil <i 1803, 2 vol. in- 
r; maison de Poitiers le comté de Saint- 12. V. La Chaumière de Yineennes, 
\i Vallier. C— h—- n. 1806,2 vol. in-12. VI. Zirza, his- 

SAINT-VENANT (M"** de), l'une foire orientale tirée des Annales de 
des romancières les plus fécondes de la Perse, suivie du Malheureux tma- 
notre époque, est sans nul doute ^tnatre,Aisrotre récente, Paris, 1807, 
du nombre des auteurs qui ont écrit in-12. VII. Thérèse vertueuse^ ou le 
pro famé plus que pro fmna; aussi Bon Curé, Paris, 1807, 2 vol. in-12. 
n'a-t-elle composé que des ouvrages VlII. Catherine de Bourbon, Elxina, 
très-médiocres,^ mais qui l'ont aidée les Amante du Marais et Marguerite 
à faire vivre sa famille, et c'était tout deValois^ nouivelles historiques^ Pa- 



m 



4S0 SAI SAI 

ris, 1807,3 ToL in-lS. IX. Mo$$ i$ où il fat blessé et perdit «i i 

Valdeuil, ou Uê ÈauiU de Vkuxpé^ Apres avoir pris direrses mesorci 

ri$ne€, Paris, 1808, 6 vol. iD-12. X. sûreté pour la défense du Poy,è 

Marie ie Bourgogne, roman histo- il était gouverneur, contre le 

rique, 1808, 3 vol. in-12, etc. Ma* comte de Polignac, qui était 

dame de Saint- Venant mourut à Pa* guerre avec cette ville, il accoor 

risenl815.0napubliéaprès8amort en 1581, sans succès an seconn 

2 ou 3 volumes dont elle avait termi- Bedoueze en Gévandan, assiégée ] 

ué le manuscrit. Beaucoup d'autres les capitaines Le Merle et Good 

n'étaient qu'ébauchés, et sans doute envoyés par le prince de Com 

ne verront jamais le jour. M— d j. Quelques années après, en 1 586, il 

SAINT-VIDAL (Antoinb de), ba- rendit, am^^nant six canons dn Pi 

ron d(t la Tour et de Senaret, capitaine auprès du duc de Joyeuse, avec ] 

de cinquante hommes d'armes, et quel il fit le siège du Malzien en ( 

gouverneur pour le roi au pays de vaudan, qui fut sounais et dont 

Velay, fit, en 1573/avec le seigneur duc lui donna le gouvernement. 

- de la BargCj gouverneur du Vivarais, obtint aussi de lui le gouvernem* 

de vains efforts pour reprendre le de Marvejols, qui capitula après h 

château de Beaudiné en Velay, dont jours de siège. En 1587, le goev 

s'était emparé par stratagème le ca- nement du Pu y et le conseil de t 

pitaine protestant Lavacberesse, qui firent jeter en fonte deux canons 

l'avait fortifié et faisait coutribuer gros calibre pour la défense de 

tous les environs. Deux mois après, place. L'année suivante il fit le 

il fit le siège et s'empara du bourg cond siège de Saint-Agrève, doDi 

et du château d'Espaly, à un quart fit raser les murs et ruiner les foi 

de lieue du Puy, occupés par les pro- fications. Dévoué au parti de la Lig 

testants, où il fut blessé Ces succès et continuant de commander au P 

lui méritèrent la confiance des habi- en 1589, le sénéchal de Chattes, • 

tants de cette ville, et il en fut nom- avait été nommé par le roi goun 

mé gouverneur par Tévéque et le neur du pays de Velay, lui disputi 

corps municipal. La même année, gouvernement de cette ville et 

les châteaux de Saint-Quentin, d'A-* somma de se rendre à Tobéissai 

diac, de Bessamorel, de Chapteuil et du roi. D'une autre part, le corps m 

de Bel lecombe, occupés aussi par les nisipal du Puy, qui était liguei 

protestants et tous situés dans le Ve- déclara vacante la charge de s^d 

lay, tombèrent en son pouvoir. 11 as- chai, et y nomma le baron de Sain 

siégea ensuite et prit la ville de Vidal. Ces conjonctures Tengagère 

Tence, au même pays, qu'il mit au à se rendre auprès des chefs de 

pillage, en fit pendre les ministres Ligue. Après dix mois d'absence, 

comme auteurs des troubles et passer revint au Puy, avec trois à quai 

les habitants au fil de Tépée. En mille hommes, à la fin de mai 15S 

1577, il fit le siège d'Ambert en II fit le second siège d'Espaly, s'ci 

Auvergne, qu'il fut obligé de lever, para du bourg, qui fut brûlé, et 

D'après Tordre du roi, il assiégea, château capitula. 11 en fit sauter, p 

en 1580, avec le seigneur de Tour- la mine, toutes les voûtes. De no 

noir, gouverneur du Vivarais, Saint- velles hostilités entre les royalisl 

Agrève , tenu par les protestants , du Velay et les ligueurs du P 



SAI SAI 431 

I ayant donné lieu à des négociations portait Tordonnauce di réhabilita- 

I de paix, cette ville s'obstina, même tton, qu'elle avait été haineusement, 

i contre son avis, à ne pas reconnaître damnablement^injuâtemefU et dérai- 

I le lieutenant du roi en Languedoc, sonnablement détruite par les Àr- 

I le duc de Montmorency. Ces négo- magiMLCS. La famille de Sain^-Yon 
il ciations, qui avaient lieu au-delà du fut , par la même ordonnance, rein- 

II pont d'Estrolhas, près du faubourg tégrée dans ses droits et privilèges 
g Saint-Laurent, amenèrent de vives qui étaient considérables, et d'abord 
{ discussions entre les négociateurs fondés sur un échange que Philippe 
i royalistes «t ligueurs, et un duel où avait fait, avec les religieuses de 
K étaient présents, d'une part, le séné- Montmartre, du fièf de Torfou et de 
g chai de Chattes et Pierre de la Rodde, plusieurs terres qui luiappartenaient, 
ii frère puîné du seigneur de Seuen- proche le village de Saint -Yon, 
|g jols; et, de l'autre, le lieutenant du pour une maison de ces religieuses, 
l capitaine-général de la ville du Puy, située près l'Apport , vulgairement 
ig et le baron de Saint-Vidal, qui y fut nommé la Porte de Paris ^ où il fit 
ic tué par le sieur de la Rodde, le 25 construire la grande boucherie dont 
\i janvier 1591. B—p. nous venons de parler. Les ^aint-Yon 
k; SAINT- VINCENT (Jean -Jervis furent d'abord chargés seuls de four- 
i comtede). Foy. Jervis, LXYlll, 181. nir Paris àtgrosses chairs^ qui se dé- 
if SAINT- YON (Philippe de), de bitaient d/uf/e pria? par les étaliers. 
i la famille des bouchers de Paris, qui lis s'associèrent ensuite avec les Ti- 
I: furent si célèbres sous le malheureux bert, les Ladehors, les Dauvergne, et 
V règne de Charles VI, se prétendait ils eurent tous ensemble la police »ur 
jj issu des anciens barons de Saint- lofait de la mande yVente et débit de 
1 Yon près de Châtres sous Montlhéry, toutes sortes de bestiaux. Ils avaient 
I ce que ne dît point Juvénal des Ur- même une chambre du conseil , des 

siiis, qui en a parlé fort longuement prisons, un scel et une juridiction 

dasis sa Chronique. Cet historien avec maire , procureur fiscal , gref- 

rapporte que cette famille , jointe à fier et sergents. 11 était défendu d'é- 

•- celle des Gois et des Tibert, fit de tablir de nouvelles boucheries sans 

grands ravages dans Paris, à Voc- letir consentement, et les choses du- 

casion de la lutte des Bourguignons rèrent ainsi pendant plusieurs siè-. 

avec les Armagnacs, dans laquelle ils clés, jusqu'à l'extinction de ces dif- 

figurèrent au premier rang, dirigeant, fércntes familles. Celle des Skint- 

sous les ordres du comte de Saint- Yon resta la dernière. On prétend 

Fol, une troupe de garçons bon- même qu'elle existas encore, et que 

chers qu'on appelait les écorcheurs, fauteur dramatique de ce nom , qui 

et qui causèrent de ^rand« ma/^eur^, concourut avec Dancourt à la co- 

pillant et tuant ceux qu'on soupçon- médie des Bourgeois à la mode et 

nait de favoriser les Armagnacs, à celle du Chevalier à la mode, en 

Mais en 1416, lorsque ce parti ou descendait, ce qui est peu probable, 

celui du duc d'Orléans triompha à son Celui-là fut le secrétaire de M. de la 

tour, le roi fit abattre la grande bon- Falnère, grand-maître dés eaux et fo- 

chérie qu'il leur avait peruiis d'éta- rets. 11 descendait vraisemblablement 

blir près l'Apport de Paris, et qui fdt d'Antoine de Saiut-Yon, lieutenant- 

denonveau rétablie en 1418, attendu, général des eaux et forêts au siégi^ 



XM SAl SAI 

i\e la Tahl^* de marbre de Paris, et Nepontant Miffire anzbesoia^di 

maître des requéles, qui a publié. b]ic,quiaugiiientaîratavecsaré| 

en 1610 un Reeueil des édité et or- tion, il s'adjoignit, en 1715, un c 

dimnanres sur les eaux et forêts , en chinir^e nomme LéoflTroy, < 

in-fol., ouvrage estimé, quoiqu'on l'ndresse et le caractère soumis et 

lui ait reproché d'avoir altéré le ji^uz lui plurent tellement qn' 

texte des ordonnances. .M — Dj. maria avec sa gouvernante, ra 

SAINT-YVKS (Chailes), célèbre moise) le Manon, qui était ileveiv 

oculiste • né à Maubert - Fontaine, pt* u près la maîtresse de sa maii 

prèsdeRocroi, le lOnovenib. 1667, comme il arrive si souvent chei 

peut être regardé comme le créa- vipuxcelibataires.il rautorisao» 

leur de la science ophthalmologique. ^ prendre son nom après sa mori 

Né sans fortune dans un village lui laissa par son testament U 

ignoré , il ne dut les soins de sa sa fortune qui ne se montait pi 

première éducation qu*à mademoi- moins de cinq cent mille frai 

selle de Guise, qui le fit venir à Paris, somme considérable à cette épo( 

pourvut aux frais de son éducation et Saint- Yves mourut, le 5 août i' 

rattacha à son service en qualité de à ftlaubert-Fontaine, qu^il allait 

page. Ayant perdu sa protectrice, il siter au moins nne fois chi 

entra dans le couvent des Lazaristes année. Conformément à ses « 

eu 1686,011 Ton sait que quelques-uns positions testamentaires, son a 

des religieux étaient chargésde prati- fut transporté à Paris et inhumé d 

quer la médecine. Après quinze ans la maison de Saint-Lazare, à laqv 

d*études dans cet art si important el jl était resté Irès-attachc. II ne | 

si difficile, il s*adonna plus spéciale- lait jamais de saint Vincent de F 

ment au traitement des maladies des sans admiration, et au milieu 

yeux, et il y obtint une telle snpério- soins innombrables de sa profesi 

rite qu'on venait le consulter de tous il n'avait pas ce^éde s'acquittera 

les pays. Il avait surtout acquis une une exactitude véritablement r 

extrême habileté dans l'opération de gieuse de tous ses devoirs de pi> 

la cataracte , et Ton a raconté qu'il n a laissé sur son art un ouvr. 

en levajusqu'à 571 dans Tannée 1708. élémentaire sous le titre de Ai 

Voulant exercer ses talents avec plus veau traité deg maladies des y» 

de liberté et s'allVauchir des exerci- Paris, 1722, iit-12^ Amsterdai 

ces de la règle qui lui dérobait des 173G, in-S""; ibid., 1767, in-l2, a 

moments utifes à la pratique de son quelques augmentations parCaulv 

art et au soulagement de Thumauité, traduit en anglais par Stokton, b 

il quittaen 1711 la maison de Saint- dres, 17S6, in-8«; et en allemai 

Lazare et vint demeurer dans la rue Berlin, 1744, in•8^ Bien que dépa 

N.-D.-de-Bonne-Nouvelle avec son aujourd'hui par les écrits de I 

frère aîné et sou neveu Paulmier. moursetdeScarpa,le traitédeSai 

Charitable et fort désintéressé, il Yves peut encore être consulté tr 

était resté jusqu'alors sans fortune utilement. « Cet ouvrage, dit P 

au milieu d'uue innombrable clien- tal, est divisé en deux livres, et 

tèle, et souveut on le vit non-seule- trouve à la tête une description si 

ment traiter gratuitement ses ma- cincte et exacte des parties de l'o 

lades, mais les aider de sa bourse, principalement du ganglion ophth 



SAi SAI 438 

miquf. Saint- Yves croît ^ à tort, iniéréê d(M le Mercure iûui le nom 

avfc M«riotte qae la choroïde est de Mautduirdy 172Sy iD-lS« Saint- 

Corgane immédiat de la vue. Il traite Yres s'y justifie 'de plusieurs fautes 

, dans le premier livre des maladies dont Mauchàrd l'accusait, et il y 

extérieures au globe, et propose une donne quelques observations pour 

' nouvelle méthode de guérir la fistule servir de supplément à son livre. 

" lacrymale, recommandant l'usage de Cette réponse fut encore attaquée 

^- la pierre infernale contre plusieurs par le même Mauchàrd dans le Jour- 

affections qu'il avait dissipées par ce nal des Savants de février et juin 

^ secours. Le second livre concerne les 1724. «— Saint- Yves, frère atné 

* maladies de l'œil. Saint-Yves y établit du précédent, né comme lui à Mau- 
-^ plusieurs espèces nouvelles d'oph- bert- Fontaine, fut aussi élevé par 
^ thalmies. Il s'est convaincu par sa les soins de mademoiselle de Guise, 
^ propre observation que la cataracte et devint également un de ses pages. 
^ est tantôt membraneuse, tantôt cris- S'étant livré de bonne heure à la 
^ talline. 11 faisait l'opération de la peinture, il fit le voyage de Rome 
-^ cataracte membraneuse par extrao* comme pensionnaire du roi, et fut 

* tion. Cet habile oculiste est un des nommé, à son retour, membre de 
^' premiers qui aient déduit, d'après l'Académie de peinture à Paris, où il 
" l'observation, les prolongements de mouruten 1730. Du reste, on ne con- 

' la cataracte. La première est le déta- natt de lui aucune production remar- 
^ chement de quelqu'une de ses parties quable. «r— .d-^h. 
^ de la choroïde, d'où, dit Saint- Yves, SAISSEVAL .( Claude - Louis , 
^ il se forme, dans l'endroit de cette marquis de) , né le 12 janvier 1754, 
^ séparation, une élévation ou repli d'une branche cadette de l'ancienne 
■^ qui arrête la lumière et ne lui permet famille de Pecquigny, à laquelle était 
^ pas de passer jusque sur l'endroit de échue la terre de Saisseval qu'elle 
^ la choroïde que ce pli recouvre , ce possédait en 1023, fut nommé sous- 
J^ qui forme comme une ombre que lieutenant dans le régiment d'Or- 
es les malades voient en l'air. La se- léans-cavalerie le 24 mars 1769 , 
' conde maladie que Saint-Yves a dé- capitaine dans celui de Chartres en 
' crite est l'atrophie de cette mem- 1770, colonel en second du régiment 
' brane qui lui ôte la faculté de modi- de Normandie en 1780, chevalier de 
/ fier les rayons lumineux qui, suivant Saint-Louis en 1787, et maréchal-de- 
■ notre oculiste, blessent la choroïde, camp en 1791. Il avait ét^ élu par le 
d'où- il arrive une confusion dans bailliagedeMontfortdéputésnppléant 
la vision. On trouvera dans cet de la noblesse aux états-généraox , 
ouvrage des remarques tntéressan- mais il n'eut pas occasion d'y siéger, 
tes sur la goutte sereine et une mé- li fut successivement à Paris oom- 
thode pour panser les yeux. Saint- mandant de bataillon de la garde na- 
Y ves a omis de traiter un grand nom- tionale et représentant de lacommune 
bre d'affections des yeux; c'est ce que de 1789 (1). Depuis que le roi était 
Mauchàrd, médecin allemand , lui a 

reproché dans le supplément du ifer- (i) Ua pamphlet deveoa fort rare et qui 

cure du mois de mai 1722. Saint- « l'our titre : ^/«««m a ^ *«•!(•. ou ^Aii«- 

_, - ... ..^ ,. . nacA a«j an«(ocrafcs pour i'*Qo, a Spa,iiJ-8o, 

Yves répondit par un petit livre m- .pprécôe en ces tîrmcs les opinioDS de 

titalë': M^^él^eâune lettre critique Salsscvul : « Son di^itiict, ea le dépurant 

LXXX. 28 



AU SAI SAI 

ilans la capitale, la gur4e ntlionale cftle race aiigiistf a comblé leurs »• 

avait excliisîTeraent Tlioiiiiaur df If cdtrea ; cVst à nous de leur apprendrr 

garder, et les gardes du corps en que Pé?énement dont ils sont témoiis 

^îent éloignés ; Louis XVI fit con • n^nt point une révoluiion: que c'est 

nattre à Saissfval qu'il désirait les le r^fablissement de Tordre Ditortl 

voir reprendre leur service auprès des choses, la réintégration sur k 

de ta personne, mais qu'il lui serait trône de la dynastie qui règne sarh 

agréable d'y être invité par la ville France depuis tant de siècles, etqii 

de Paris. Saisseval réussit à faire a fait constamment son bonheur et 

adopter par la commune un arrêté sa gloire.* Saisseval, nommé dos 

conforme au désir du roi, et ce prince cette même séance pour aller khiiti 

reçut cet arrêté avec une grande sa- d'une députation présenter les boa- 

tisfaction; mais des conseils pusil- mages des électeurs à Mon sieur, s»- 

laoimes, s'ils n'étaient pas perfides, ait cette occasion pour coinbatlrr 

rempêchèaent de le mettre à exécu- Pacte par lequel le sénat avait prr- 

tion sur-le-champ, et bientôt il ne tendu déférer volontairement le trdse 

fut plus en mesure de le faire. Cette au roi légitime, comme il aurait pi 

circonstance n'est pas une de celles le faire à un autre , en déclarât 

qui ont le moins contribué à ses mal- qu'il appelait Louis - StamslaS' 

heurs. Saisseval, lié des l'enfance Xavier.,. • Lorsque les Français, 

avee l'abbé de Périgord (Talley- dit*il à ce prince, désignent sous )t 

rand), ne partageait pas toutes ses nom de Louis XVllI le uonaïqee 

opinions, et il profita peu de sa fa- qu'ils rappellent aujourd'hui sur le 

veor; il n'occupa aucune place pen- trône où ses aieuz se sont assis 

dant la révolution, et fut seulement depuis neuf cents ans , c'est qu'ils 

compris, comme l'un des plus impo- comptent le fils de Louis XVl sudoie- 

sés,surlalistedesélrcteurs(Uidépar- bre de leurs rois, et qu^'ls oonsa- 

tement de la Seine. Cependaut, à l'ar- crent, sous le nom de Louis XVII ce 

rivéedes alliés en 1814, il a lia trouver règne d'un moment écoulé dans la 

son ancien ami, alors président du douleur et dans les fers. Ils indiquent 

gouvernement provisoire, et obtint ainsi que si l'exercice du pouvoir 

de lui la convocation du collège élcc- royal a pu être suspendu pentUot 

toral, dont il fut nommé président, quelques années, les titres successiis 

Le discours qu'il adressa aux élec- des héritiers de Henri IV sont rfS- 

teurs dans la séance du 1 1 avril fut tés gravés dans le cœur des Frai- 

le premier où l'on vit professer pu- çais.» Le marquis de Saisseval moo* 

bliquemeut les principes de la iégiti- rut à Patis vers 1820. 11 a écrit 

mité. « La génération actuelle, dit-il, plusieurs Mémoires sur les fioaDCfs- 

est composée en grande partie de i- Des bases du crédit public, du M 

Français qui n'ont pas vu la famille get de tSi5,et plus particulièremmi 

des Bourbons; c'est à nous de les du mode adopté pour le paiement éi 

instruire de tous les bienfaits dont l'arriéré, Paris, 1815, iu-8^ H.Di 

pouvoir royal avee la Charte, oi 

Réponse à trois chapitres de Voê- 

«a lassenil)lee de la (rommiinf?,. a mis le rivnntt Ho U rhM*^^J,K^- j ^»«« 

« loup daus la bergerie; s'il n'y cause pas ^^^^^ ^^ ^ ChateOUbriOnd, 1816, 

« de grands dégâts, c'est qu'il ue se seut pas in-8". 111. Sur la négociation it 

« asMx fort n (pag« la). trente n^illions de rsnte^ I817, in-^. 



SAl SAI 485 

Dans ce petit ouvrage de huit pa- J« Rheniince, accoucheur renom- 

ges, Saisseval a donne ud traité de mé, connu par d'importantes njodifi- 

l'amortissement fort clair et fort cations au forceps. Saissy pratfi|Qa I9 

exact. IV. Delà publication des em- médecine a§ec distinction, et s'adon- 

prunts du gouvernement ^iSiS, in-8^ na surtout à la pratique des accou- 

V. Répome du marquis de Saiêseval chements et à la connaissance des 

dVécrit du iieur Haller, intitulé: maladies de l'oreille. Il fut reçu mem- 

Précisde l' emprunt d*un million fait bre de l'Académie des sciences, arts 

à Gênes par M. de Saint-Morys, et et belles>lettres de Lyon, et d'un grand 

relevé des erreurs volontaires de nombre de sociétés savantes. Il obtint 

M. de Saisseval, Paris, tS2i y ïn^i^ aussi plusieurs palmes académi- 

de 12 pages. VI. Sur (eh'vre de Jf. de ques. Il mourut le 5 mars 1822. 

! Pradt, intitulé : De la France, de Les écrits qu'il a laissés annoncent 

rimigration et des colonies, Paris, un homme éclairé et un bon obser- 

i 182R, in-8®. M— D j. vateur. En voici l'indication : I. Re- 

I SAISSY (jEAN-ANToiNE),néà Mou- cherches expérimentales , anatomi^ 

gins, près de Grasse en Provence, le 2 ques, chimiques^ etc., sur la phy- 

février 1756, étaitfilsd'un cultivateur siologie des animaux mammifères 

f aisé, qui le destinait à la même pro< hyhernants^ notamment les marmo- 

i i'ession que Itii. A vingt-deux ans il tes^ les loirs, etc., Lyon, 1808, in-8^; 

I ne possédait encore aucune instruc- très-bon mémoire qui remporta, le 

I tîon ^ des livres de médecine lui étant 4 janvier 1808, le prix proposé par 

t tombés entre les mains, il se sentit un la classe des sciences physiques et 

penchant irrésistible pour l'étude de mathématiques de l'Institut. 11. Es- 

! Fart de guérir, et se rendit en 1777 sai sur les maladies de Voreille in- 

I à Parts^ uii pendant cinq années il terne , ouvrage couronné par la so- 

apprit les langues anciennes et les ciété de médecine de Bordeaux et 

principes de la me^decine et de la chi- considérablement augmenté par Pau- 

rurgie. En 1782, il fut reçu, au con- teur, Lyon, 1827, i^-8^ Ce livre pa- 

cours, chirurgien interne de l'Hôtel- rut cinq ans après la mort de Saissy. 

Dieu de Lyon. Trois ans après, il ac- Le docteur Théodore Perrin y ajouta 

cepta les propositions qui lui furent des notes, et M. Montain y joignit une 

faites par la compagnie royale d'Afri- notice sur la vie de l'auteur. Cet ou- 

que, et partit eu qualité de chirur- vrage présente quelques procédés 

gien-major des États barbaresques. opératoires nouveaux. Saissy a, entre 

Il y fut appelé par le dey de Con- autres, perfectionné le cathétérisme 

stuntine pour donnerdes soins à son de la trompe d'Bustache : il est en- 

iils qui était très - gravement ma- core auteur de la partie pathologique 

lade. Saissy eut le bonheur de guérir de l'article oreille^ du Dictionnaire 

cet enfant. Le dey voulut le iixer au- des sciences médicales. 11 existe aussi, 

près de lui, mais il refusa, et revint dans les Mémoires de l'Académie de 

eu France en 1789. La même année Turin, un travail de lui, intitulé: 

il fut agrégé au collège de chirurgie Observations mr qfielques mammi- 

de Lyon, et reçut le titre de docteur en fères hybemants. Enfin il a laissé 

médecine à l'université de Valence, plusieurs manuscrits dont on peut 

H se Wxà alors à Lyon pour y exer- voir l'indication dans VHistoire de 

cer son art , et il y épousa la fille r Académie royale des sciences, bel» 

28, 



438 SAL SAL 

eroix de Saint- Louis. Nommé en et le collège électoral, coiuacnM 
1619 député de Loir-et-Cher, il con- ces suffrages, le réélut au mois d'w- 
tiDua de professer les mêmes princi- tobre suivant. Dans cette session. 
pesde 6délité àla monarchie. Le28 ses opinions sur la liberté indivi- 
oct. 1815, dans la discussion sur les duelle, contre l'arbitraire exercé sur 
cris séditieux, il fit un long discours : les journaux , contre la vente dfs 
• Les méchants, dit-il, ne craignent biens ecclésiastiques, l'ont fait voir 
que les lois sévères. Indignes du nom marchant toujours dans la même Ih 
de Français, ennemis nos du bon or- gne. Le 15 janvier 1818, il pronoiçi 
dre, nous les verrions toujours prêts une opinion sur la loi de recrutf- 
à se rallier au princii>e le plus anti* ment. S'attachant à combattre Tes- 
social, rhorreur de la monarchie lé- prit de ceitH loi, il chercha à en (lé- 
gitime. Indifférents sur le nom de montrer les dangers, et s'éleva »nc 
leur chef, ils ne tiendraient point à force contre un mode qui, par sa m- 
la couleur de la cocarde, de la ban- semblance avec la conscription, d^ 
nière, pourvu que ce chef filt aussi vait alarmer les amis du trône. El 
coupable qu'eux, pourvu qu'il n'eût 1810, il prononça, pour l'expolsioi 
pas de reproc'nesà leur faire, pourvu de la chambre du régicide Grégoiif, 
qu'ils n'eussent pas à rougir devant un discours qu'il avait auparavui 
lui. A ces condiiions le premier fac- communiqué à suu collègue Labow- 
tieux pourrait compter sur de pa- donnaye: «Je pense, mon cher Sab- 
reifs complices et lever rétendard « berry, répondit celui-ci, qu'il u 
de I* révolte sous la pourpre d'un «beaucoup à retoucher pour lier toof 
prince du hasard, on sous les hail- « les beaux et bons morceaux qu*it 
Ions de Masaniello... Je demande que * ronlenne, et qu'il doit être dégagé 
vous prononciez la peine de moiL si « de quelques passages que vos amis 
l'attentat est commis par vingt iiom- • i>*out pas entièrement approuves 
mes armés ou non armés... » il parla « hier. Vous me trouverez peut-être 
aussi dans le mois de novembre con- «bien sévère; mais je vous traite 
tre riuamovibihté à conférer aux « comme je me traiterais moi-mêiuf. 
juges su us examen. C'est d'après ce «il ne vous manque que de ne pif 
système qu'il lut, le 18 mars 1816, en « travailler si vite pour être un dfs 
comité secret, sa proposition sur les • premiers orateurs de la Chambre.* 
épurations à laire dans plus d'nn 11 parla encore avec force (mai 1814; 
ministère et dans les grandes admi- contre radmis>ion de Benjamin Ci>d- 
nistrations. A son retour d;nis sou stanî, etlesi fév. 1826 en faveur df 
département, après la session, les l'indemnité des émigrés. • Fils d'uD 
témoignages de satisfaction que lui conilamMé, dit-il, je n'ai rieukrécla- 
donnèrent les conseils d'arrondisse- merde la révolution que ce que la mo- 
ment et le conseil-g»>néral lui pnm- uarcliie ne peut me rendre, la téie de 
vèrent qu'il avait rempli les devoirs mou père... «Ce fui lui qui, le 20 fév. 
d'un bon et loyal député. Lorsque 1820, provoqua une condamuatios 
l'ordonnance du 6 septembre 1816 du Jouniai. c/u Cotmnerce, qui avait 
commanda de nouvelles élections, insulté la chambre; vi par suite 
on vit deux conseils d'arrondisse- des mêmes principes:, un \^u plii< 
meut, sur les trois du département de tard, il parla avec beaucoup dVuorgie 
Loir-et-Cher, le nommer candidat ; en faveur de la censure. Reelu par if 



SAL SAL 4a9 

I grand collège de son département, in-8^; plusieurs cahiers extraits du 

, aux élections de 1827, il vit avec Conêervattur.Wh EêêaiêmÊrlaVO' 

,. erfroi la chute du ministère Villèle. lachieetlaMoldavie,ihédirede^in' 

J De 1818 à 1820 il concourut, avec stfrrsctton dite Fjpst^atilt, Paris, 1821» 

ç M de Chateaubriand, à la rédaction brochure in-8«. VIII. LuPremiére,.i 

( du Conservateur , où il déploya en- La Dixième uuœ homme$ de bien^ 

;l core les mêmes talents et le même Paris, 1828, in*8». Ce sont dix let- 

I, zèle monarchique. Après la révolu* très sur des saatières politiques et 

1 tion de 1880, il se retira dans son religieuses. IX. Loisire d'un «^ 

,, château de Fossé, où il ne s*occupa nage en 1806, Paris, 1828, iu«12. Ce 

f plus que du bien à faire dans sa terre volume contient deux nouvelles : Le 

I, et dans son pays, ainsi que de litté- Mariage de convenance et le Projet 

^ rature; c'est là qu'il mourut, dans de mariage, oxkBohertine et eoneou- 

If des sentiments très«chrétiens, le 7 sîn. Le comte de Salaberry fut un 

^ janvier 1847, s*honorant encore de des collaborateurs de cette Biogra- 

^ la flétrissure dont il avait été phie ufi«v«rsai(s, à laquelle il donna 

frappé dans la personne de son les notices de beaucoup de person* 

fils pour le voyage de Londres. Ses nages des histoires de France et 

adversaires politiques eux-mêmes de Turquie. Il avait aussi travaillé 

ont apprécié son caractère de loyau- aux archivée littéraires de Vander- 

té et d'honneur; il n'y avait peut- bourg. On n'a pas oublié les couplets 

être pas dans la Chambre un dé- satiriques très-ji^ais et très-spirituels 

puté qui ne l'écoutAt, sinon avec qu'ii composa dans les différentes 

faveur^ du moins avec intérêt et phases politiques que la France a 

plaisir, rendant justice à sa bonne eues à traverser pendant quarapte 

foi, à l'élévation de ses vues et au ans et plus. L— p— ». 

piquant de son esprit. Madame de SALADIN (Nicolas-Josem) , né 

SUël, à qui il avait donné l'hijspi- ^ la Bassée (déparlement du Nord), 

talité dans le temps de ses perse- en 1743 ^ fit ses premières étuOes % 

entions ' napoléoniennes, en parle l'iile , où son père exerçait la loéde* 

d'une manière très-honorable dans cine avec distinction. 11 suivit d'à* 

ses Dix années d'exiL Outre ses dis- burd cette profession et reçut le titre 

cours prononcés à la Chambre des de docteur-médecin de la Faculté ^ui 

députés, on a du comte de Sdia- existait alors à Douai. Après Avoii 

berry : 1. Voyage à Constantinople exercé, pendant plusieurs années, 

par l'Allemagne, la Hongrie, les îles sous les auspices de son père « il lui 

de V Archipel , sans nom d'auteur, succéda comme médecin attaché à 

Paris, 1799, in-S*. 11. Mon voyageau l*uu des hûpitaux civils de Lille. Mais 

Mont-d'Or, Paris, 1802, in 8*>; iiouv. il négligea bientôt sa profession et se 

édit., 1805. III. Corisandre de Beau- livra aux mathématiques pour les- 

villiers, roman historique, Blois et quelles il avait un goût prononcé. 

Pans. 1806, 2 vol. in-12. IV. Lord Instruit par un homme profond dans 

Wiseby, ou le Célibataire, Paris, cette science, il y fit des progrès si 

1808 , 2 vol. in 12. V. Histoire de rapides qu'il obtint la chaire de pro- 

l'empire otloinan, Paris, 1811,4 vol. fesseur à Tacadéaiie de Lille. A cette 

in-S*". VI. Développements de^ prin- ci|KK|ue, il composa des éléments d*a- 

rijK's royeUiUes, Paris, 1819-1820, rithmétique et de géométrie dont la 



440 SAL SAL 

clarté et U concision lui méritèrent vrages publiés pir Snladin, sont: L 

Piflipretiion aoz frais de la Tille. Traiiéé^algèlm^ éPttrithmiHfm â 

Il composa ensuite des traités élë- de §éùméirU ptmtiqme^ Lille, IH), 

iMBtairfs de la sphère, de statique, in-4*. II. Grmtmuiire firmifÊàL 



do dynamique et de géométrie prati- Douai, 1791-1796, in-8*. 

que, qui pouTaîent rivaliser ayec les 8ALAGNT (Gboffboi de), puîs- 

SMTres des plus uvants professeurs consulte, né en ISlg, nppurtenaîii 

de ce temps; mais ces dernières pro- une noble et ancienne fkmille k 

dnctions sont restées inédites. Au Bourgogne, et probablement éttt 

oommencement de la révolution, il neveu de Jean de SaUgny, évéfs 

lut choisi par ses concitoyens pour de Mftcon. Ayant terminé ses Imàt 

eiercer les fonctions d*officier muni« nilés, il se rendit à Tunî versité dtl^ 

cipal. Cette carrrière ne convenant léans, oii il étudia la jurispruéoBt 

pas du tout à son humeur et à son et reçut le doctorat. Il visiu 

•caractère , il quitta Lille en 179S et les universités d'Angers et de 

alla occuper la chaire de processeur pellier. S*étant retiré à Micon,!; 

de mathématiques et de physique au fut nommé chanoine , pais éaàà 

collège d'Auchin à Douai. 11 y resta doyen de l'église de SninV-VÎMOt 

pen de temps et se rendit à Paris à Ce fut dans cette ville qu'il oommeiçL 

l'École normale, d'où il revint à Lille, en iS42 , son commentaire sur P ji^ 

dont on lui confia la bibliothèque pu- /brltol. Plus tard il fut Ticairc^ 

blique. Ayant été nommé, en 1803 , néral de l'archevêque d'Arles , et» 

profBSsenr de mathématiques au lycée treprit différents voyages. 11 alla ^a^ 

de Strasbourg, il y donna des leçons cessivement à Milan, à Rome o& îIsk 

jusqu'en 18IS , époque à laquelle il trouva en 1350, à l'époque du graii 

obtintsaretraite. A râgedeSO ans, jubilé; i fiaples, où il assista ca 

il avait épousé mademoiselle Sohier, 1356 au couronnement de Jeanm 

d'une Camille distinguée dans le l*^ et de Louis de Tarente, son mari. 

commerce de Lille. En 1805, il se Eofin il traversa l'Espagne pour « 

maria en secondes noces k madame rendre en Portugal, chargé « dit-oi, 

veuve Baum, de Strasbourg, qui fer- d'une mission secrète de la part da 

ma ses paupières le 4 avril 1829, saint^iége. 11 était en 1364 à An- 

après lui avoir prodigué tous les soins gnon, alors résidence des papes; c'est 

qu'exigeaient son grand ftge et ses in- 1^ qu'il termina son grand ouvrage 

firmités. Saladin était correspondant de jurisprudence, qui lui avait coét« 

associé de l'ancienne académie de mé- plus de vingt ans de travail et qu*il 

decine , membre correspondant des présenta à Urbain V. On croit mèan 

Sociétés des sciences et arts de Lille, qu'il le suivit à Rome où ce ponlile 

de Douai, etc., et membre honoraire passa quelques années et lui dimaa 

de la Société d'agriculture de Stras- l'emploi d'auditor comtraéieîarwÊU 

bourg. Il fut, en 1771, l'un des col- Son livre, dont le manuscrit était dé- 

laboratenrs de la Pharmacopée de posé à la bibibliothèque de ^unive^ 

Lille, que le collège de médecine de site d'Avignon , fut publié par Jac- 

cette ville fit imprimer sous les aus- ques Novarini , professeur en droit 

pices du magistrat, avec ce titre : dans la même université, sons ce ti- 

Pharmaeopœa jtuiu smaiûs Inm- tre : Goffrtdi SaUgnaà (lisez 5aic- 

Icmii, Lille, 1772, in-4''. Les ou- maciiciMerrimindenompini^iemm' 



SAL SAL 441 

simiUffumprof€$êori$,eto*iCommm' çois h' eut attiré Léonard de Vinci 

, tariiinlnfortiatum^Lyon^ 1552, 9 v. en France , il lui témoigna le désir 

|. in-fol. L'éditeur dit que Salagny fut de le lui voir peindre ; mais l'artiste, 

d'abord éyéque de Bayeux {primo suivant son usage, dit Vasari , amusa 

'I Bajoceniis q^iscopi) ; c'est une er- le roi par de belles paroles. Dn reste 

, reur. Il succéda, avant 1372 , à Jean on sait, par une lettre du P. Resta , 

'* de Salornay, son parent< sur le siège insérée dans le tome 111 des Leitru 

^ épiscopal de Cbâlons-sur-Saône , et des Peintres , que le Vinci a fait trois 

' mourut en 1374. P— rt. cartons différents de cette Sainte- 

* SALAI ou Salaino ( André ) , mâtine , et que c'est l'un d'eux que le 
f peintre du XV1« siècle, naquit à Mi- Salai a peint. Cet artiste y répondit 
•^ lan. La beauté de sa figure et la don- d'une manière admirable au génie de 

* ceur de son caractère captivèrent tel- l'inventeur, par la douceur et Thar- 
^ lement l'amitié de Léonard de Vinci, monie du coloris , labeaaté du pay- 
^' qu'il le prit avec lui, le traita comme sage et le grandiose de l'effet géné- 
'^ son fils , et s'en servit comme de raL Ce tableau eut long-temps en 
^ modèle toutes les fois qu'il voulut regard une des plus belles Saintes- 
^' peindre dans toute leur beauté des Familles de Raphaël , et il soute- 
^^ figures d'hommes ou d'anges. Selon nait avantageusement la comparai* 
*" Vasari , Léonard apprit au jeune son. Une antre copie du même car- 
*' Salai tous les secrets de son art ; il ton, attribuée également à Salai, a 
^ . retouchait ses tableaux , et c'est ce été placée dans la galerie du palais 
^ qui est cause que beaucoup de com- de Florence par l'archiduc Ferdi- 
'^ positions du disciple passent pour nand 111. P— s. 

<^ être du maître , , quoique le pre- SALAMI ( Abdal^Malech ) , fils 
^: mier n'ait jamais atteint à la perfec^ d'Habid, polygraphe de la ville d'Ho- 
^ tion du second. Le Saint-Jeaf^Bap- servath, près de Grenade, fut un 
^ tiste que l'on voit à l'archevêché de homme très-versé dans tous lesgenres 
'*' Milan porte le nom de Salai. L'ex- de sciences et un écrivain si fécond 
^ pression en est très-gracieuse, mais qu'il <^rivit, à ce qu'on rapporte, 
le faire présente un peu de sèche- mille cinquante livres sur différentes 
resse. 11 n'en est pas de même d'un matières , parmi lesquels il y en a 
Portratld'^iomme qui se trouve dans sept sur la morale, quinze sur la 
le palais Aresi ; il est plein de vie et généalogie et l'histoire des Corals- 
de la plus belle manière. Mais son cites, soixante sur la médecine, 
tableau le plus célèbre est celui de quatre-vingt-dix sur l'art militaire et 
la sacristie de Saint-Celse. Il est tiré Téquitatiou, etc. H mourut à Cordoae 
du carton que Léonard de Vinci exé- en 289 de l'hégire on 901 de J.'C. 
cuta à Florence, et qui excita une {voy. la Bibliothèque arabe d'Ibn- 
si grande admiration , que toute la Alkhathib, chez Casiri, t. Il , p. 107). 
ville courut le voir comme à une SALAmiiÀhaul'Hassan'Mahomet)^ 
solennité. Vasari le désigne sous le fils d'Obéidalla, un des poètes ara- 
nom de Sainte- Anne. Cette sainte bes les plus distingués de son temps, 
et la Vierge regardent tendrement naquit a Baghdad en 303 de l'hégire 
l'enfant Jésus, qui s'amuse avec le (915 de J.-C), et y mourut en 893 
petit saint Jean. Ce carton acquit (1002). Il composa, entre autres on - 
tant de célébrité, que lorsque Frau- vrages , uu poème intitulé Maftach 



442 SAL SAL 

AimamiU {la CUf dê$ upéram€e$) , cumme lui, qui le coBiiaiMut,Kl^ 

et le dédia au sultan Âdaddadulat, dait à se soustraire aaz ndMdi 

qui aiioait beaucoup sa conversa- de la police révolutionnaire. Il R- 

tion et le retint près de lui jusqu'à tournait tous les soirs dans soi al 

sa mort. J—n. de la forêt, et vécut ainsi ftéâ 

SALAMON (Louis - SwBBiii-Jo- plus de six mois, jusqu'à II d« 

SBPH FoNCBOSB de) fut un desecclé- de Robespierre. Traduit en fdà 

siastiques qui, dans le cours de nos et menacé de la déportation mmI 

révolutions, se signalèrent par leur gouvernement directorial cb IM 

dévouement à la cause de la monar- il eut le bonheur d^être a«qii 

chie. NéàCarpentrasle22oct. 1759, En 1801, le cardinal Capran,f 

il vint très-jeune à Paris et y acheta élait déjà arrivé en France coii 

une charge de conseil (er-clerc an par- légat a lattrt, mais qui n'avait \ 

lement. En 1790, au départ de Du- encore été reconnu, renvoyaàlfli 

gnani , dernier nonce du pape en pour prendre les renseignemeatii 

France, et depuis cardinal, il fut cessaires et les mesures lesplospi 

nommé par Pie VI soni internonce près au rétablissement de la pi 

auprès de Louis XVI, et il ezerçases Cette mission n'eut pas tout le fl 

fonctions jusqu'au 10 août t702. En ces qu'on s'en était promis. Bici 

mars 1701, il avait reçu du pape, par les obstacles s'aplanirent dcc 

le cardinal Zelada, les brefs contre l'abbé Cambacérës, nommé ard 

la constitution civile du clergé. Ces vaque de Rouen. Pie VII noBW 

brefs étaient en original, dans la 1806 Salamon évêque d^Orthosii 

forme légale et accoutumée, avec Carie, pour le récompenser de 

une petite lettre eu parchemin très- courageux services. En ISli, len 

(in pour chacun d(^8 métropolitains, veau prélat fut désigné auditeai 

Salamon les expédia sur-le-champ rote à Rome, par le roi Louis XV 

au cardinal de la Rochefoucauld, ar- mais il ne fui pas accepté par le |k 

chevêque de Rouen, et aux arche- qui Soutenait avec raison que 1 

vêques de Cambrai, de Toulouse et Isoard , nommé prëcédemmeat 

d'Arles qui étaient encore en France, Napoléon , ne pouvait pas être i 

et même au cardinal de Loménie. titué. Salamon revint à Paris 

Ces prélats lui en accusèrent la ré- 1817, après trois ans de séjon 

ception, à l'exception des archevê- Rome, et fut nomme ëvéque dei 

qiies de Toulouse et de Sens. Quel- jey en remplacement de M. de ( 

ques jours après^ il fut arrêté, con- don. On publia, dans l'interrègn 

d'oïl à l'Abbaye, et dut à son cou- isift, une lettre fort curieuse, i 

rage et à sa présence d'esprit le bon- ti ve aux négociations avec Rome 

heur d'échapper aux massacres de iribuée à l'évêque d'Orthosia, et 

septembre. Mu nouveau décret d'ac- était adressée à M. de Talleyrand 

cusation l'ayant obligé de fuir, il rigord , grand-aumônier. Pliisi 

vécut long-temps aux environs de traits de cette lettre sont peu di( 

Paris, se cachant dans les hautes d'un évéque. Il voulait qu*on 

futaies du bois de Roulogne, où il ^rem52er le chef de l'Église, et di 

couchait sur un lit de feuilles, ne qu'on avait tort de nej^octer. M. t 

rentrant dans Paris que pour y dl- lois de Pressigny, évéque de Sa 

lier ches; un restau râleur, royalibte Malo, eut souvent à se plainifn 



SAL 

M$pTOcéA6s^qttou\\i*i\ le traitât avec 
^ne extrême bienveillance. Nommé 
f^c 13 janvier 182S évêqiie de Sainl- 
"^ yionr, Salamon mourut dans cette 
Ville le 11 juin 18)9. Les vicaires- 
généraux capitniaires dans leur man- 
=-'^iiement liront Téloge du prélat dé- 
^H^uut. Ils insistèrent surtout sur la 
^^toU la résignation et la piété dont il 
^^afait donné d'éclatantes marques 
^•*dans ses derniers moments. Il légua 
^stout ce qu'il possédait aux pauvres 
'et aux établissements publics de 
•^la ville et du diocèse. C'était un 
C* homme d*uu caractère vif et ar- 
• •*dent; il passait pour être affilié à la 
'Société des Templiers, qui lui firent 
il un service funèbre, où Ton vit le ca- 
*• lafalque d'un évéque couvert desîn- 
"i signes et des emblèmes de cet ordre 
c équivoque et proscrit. D-s- e. 
.* SALANDRI (l*ai)bé Pkllcgrino)^ 
i poète italien, né k Uoggio le 30 avril 
V 1723.d*une famille pauvre et obscure, 
^ dut le bienfait d*uue éducation 11- 
I bt^rale h la générosité d^lne perCK^nnc 
y qui se chargea de son entretien et de 
I celui de son frère. Il lit ses études au 
séminaire de sa ville natale, et fut 
I reçu docteur en thi'ologie. Mais il 
, abandonna ])resquc aussi lôl la car- 
rière ecclésiastique « et ne s*occupa 
que de littérature, surtout de la poé- 
sie, pour laquelle il avait montré de 
bonne heure les plus heureuses dis- 
positions. Une circonstance particu- 
lière que les biographes ne préiMsent 
pas lui ayant reiiiln désagréable le 
S(\jour de Reggio, il se rendit à Mo- 
dène où, dénué île tout moyen d'exis- 
tence, il se vit obligé d^entrer^ com- 
nie précepteur , dans la Hiaison du 
ccunte Cristiani, a.iministrateur-ge- 
néral du duché, pondant son occupa- 
tion, vv f74î, paf les troupes roui- 
binées de la ivino de H(»n^i'ic v\ du 
nu de Sardai^iie. BM'n«;ui'n't enipN>i 



SAL 



443 



fût peu en harmonie avec les goAts 
et le caractère de Salandri , il dut 
s'applaudir de l'avoir accepté, et de 
s'être fait par ce moyen un puissant 
protecteur. Il devint le secrétaire 
particulier du comte, et il le suivit 
dans ses différentes missions à Mi» 
lau, à Vienne, à Turin et à Parme. 
Ayant été nommé, par le crédit de 
ce diplomate , premier officier de la 
secrétairerie royale de Mantoue, Sa- 
landri alla se fixer dans celle ville, 
où l'on s'empressa de l'appeler aux 
académies des Timides et de la Co^ 
ZonîB de Virgile; et quand , par ud 
décret impérial de 1767, ces deux so- 
ciétés furent fondues en une seule, 
il fut chargé d'en rédiger les statuts 
et noiiimé secrétaire perpétuel. Plus 
tard , il devint aussi secrétaire du 
tribunal héraldique établi à Mantoue. 
Le 17 aoAt 1771, il était parti de cette 
ville pour aller passer quelques jtmrs 
h la cuuipagne, lorsqu'il péril écrasé 
sous sa voiture, que tes chevaux en 
s'euiportant avaiient renversét». Pen- 
dant un voyage à Rome, il avait été 
nt)mmé membre de l'académie des 
Arcades, sous le nom iï*Alceite Pria- 
mideo. On a de Salandri : I. Poiêies 
pour une rdigieuse. Milan , 1719 , 
in-4". II. Cinq Oratorios pour musi- 
que, destinés à être chaulés les ven- 
dredis de carême. 111. Le^ Inveelires 
eontre llbis, etc.« d^Ovide; traduites 
en tercets et en vers libres . Mi- 
lan, 1733, in-l*", et dans le tome XXX 
du Recueil des anciens poètes pu- 
blié à Milan ptr Argelati. lY. Plu- 
sieurs |wèces de vers dans le Recueil 
de poésies publié à Milan, en 1754. 
à l'occasion du mariage d'une fille 
du c<imle Cristiani avec le mar- 
quis Castiglione. Les principales 
oi:î p(uir titres : dalnie de XXI 
femmes illustres (12 sonnets)^ Us 
Noces .<''^»« les rits antiques (20 



444 SAL 

•ouueU) ; U$ Noce» suivmtU |U« rilê des Ltfùtu rar Vusmfê é$ Im Mfdi 

ée l'ȧliH romaine (sonnets et ter- lofta émns la poésia^ un ÊlogeêÊp 

cets). V. Louan§e$ à Marie^ Milau, ÀUxandre CialUy nioiiM féUilm. 

1759, in-4*« avec des notes hislori- différents DUeowrê prononcés k F 

ques, théologiques ei morales. Ce €adéaiiedellautoue.SesOlB«mt< 

recueil se compose de 81 sonnets^ été publiées, en 178S, à Mantoae< 

dont 59 repondent aux litanies de la Nice ,etréimprimées ptusieurslbisi 

Vierge et ^lèbrent les attributs qui puis ; Tédition la plus complète 

^ sont éuumërés. L'auteur a traité cellede Reggio, 1891. in-l6.CoB 

fe difficile sujet avec beaucoup de poète, il jouit eucore de quelque! 

talent, et il u*y pas éié surpassé de- putation en Italie* et il le méril 

puis.Vl.Caiuofiekro€Gasiondupas- plus d*un titre. Son style est ei 

sage par Mantoue de Tinfante Isa- stamuient pur, ël^gaut» et ses pi 

belle d*Espague, épouse de l'archi» sées ne manquent ni dVIëvatioi 

duc Joseph ; Maotoue « 1760, in-4*. de grandeur. C*est surtout dam 

VU. Ciii^Nfe tonnela à Timpéra- poésie sacrée qu'il excelle, et les vi 

trice Marie-Thérèse* à Toccasion des qu'il a laissés dans ce genre peavt 

noces de Tarchiduc Léopold, grand- être^ lus avec plaisir, même ap 

duc de Toscane, avec riufanle Louise ceux du comte Manxoui et du d 

de Bourbon, Mantoue , 1765 , în-ful. noine Borghi. Il avait soigneuse» 

VUl. La riMon, puème, à l'occasion ^^ité dans ses pièces tout ce qui pt 

de la niaUdie et guérison de Pimpé- TAÎt rappeler la mythologie pdem 

ratrice Marie Thérèse, Mantoue, 1 767 , et il croyait qu'il était temps enia 

in-4«. IX. Éloge de Tabbé Charles- renouccr à ces allégories ridei 

luiiocent Frugooi, secrétaire perpë- sens. Une dissertation qu'il lut s 

tuel de l'Académie des Beaux- Arts de ce sujet à l'Académie de Mantoue fj 

Parme, Mantoue, l7G9,iti-4».X. Corn- honneur s son goût, à sa raison, 

potiltoiM lues le jour de Piiiaugura- fut peut être le premier signal d*B 

tlou de ramphithéitre de l'Académie réaction, aujourd'hui complétées!» 

de Blantoue, Mautoue, 1769, iii-4*'. dans la littérature iUlieu ne, au nK>i 

Elles se composent d*uiie canUte, <laus celle de France. Salaud ri d. 

d'un discours pour la distribution de^ aussi iuiprofisateur. L'abbé Quac 

prix et d*une ode intitulée la Nuit, assure Pavoir entendu plusieurs fo 

Xl.Canzone^ à Toccasion du mariage «1 il eu parle avecéloge daus le t. > 

dei'inrant D.Ferdinand de Bourbon, àt son Hietoire ée la Poésie. ( 

avec Parchiducliesse Marie-Amélie, trouve des notices sur ce poète dai 

Mautoue, l760,in•4^XII. Six Soniielt yEwro^ letleraria de no?emb 

adressésaucomteAchilleCrispi^dont ^771, dans la Biblioieca modem 

la atie venait de se faire religieuse, tle Tiraboschi, t. V, et eu télé d 

Mantoue, 1770, in-4«. XIII. Le Corn-- éditions de ses OJS:ui>res. A— t. 
baty uctiou lyrico-drauktttique, Man- SALAS (Giégoibb-Fbakçois di 

touc, 1771, iu-8*. Saldiidri a inséré célèbre poète espagnol, naquit da 

uu grand nombre de pièces dans di- l'Estramadure en 1740. Après arc 

vers recueils, surtout daus celui des fait, à Madrid, de bonnes études qu 

Poéjrif^desircades.eteuafaitimpri- dirigea principalement vers le go; 

mer d*aiUres sur de simples feuilles passionné qu'il avait dès-lors cow 

volantes. Il a laissé en manuscrit pour la poésie, il se fbtira à la cai 



!)AL SAL 445 

pagne, où îl passa plasiears annëes Conquistador). Cet opuscule a été im- 

I nniquement occupé de la composi- primé et publié à la suite de la 6ram- 

I tioD de poésies pastorales, dans les- tnaire et apologie de la langw ta- 

e quelles il représenta la nature avec ialaiM du docteur Joseph Pau Ballot 

\ tantdevérité,qued'iDjustescritique8 yTorrès, publiée fn 1827. Salât a 

I lui en ont fait uïi reproche. Salas laissé en manuscrit des Mémoireê 

I mourut à Madrid en 1808; ainsi il ne powr VHisto&e de la Catalogne 

I fut pas témoin des malheurs de sa pendant VinvaHon des iroupes firan* 

^ patrie. Ses ouvÉïges publiés sont: 'çaises en 1808. D— z— s. 

g I. Observatoire rustique, où l'on SALAVILLE (Iean-Baptiste), 

l fait une description de la vie de la écrivain politique et journaliste fran* 

.j(, campagne et de ses avantages. Ma- çais, néle 20 août 1755 dans le village 

^, drid et Valence, 1772 et 1770. II. de Saint-Léger, fit ses études à Pa- 

^ Êglogue en faveur de la vie de la ris, et habita cette ville dès sa jeu- 

^ campagne, Madrid, 1780, in-8o. 111. nesse. S*y trouvant au commence- 

I Songes poétiques adressés aux Àca- ment de la révolution, il en adopta 

jjj; démies royales et à celle des beaux- la cause avec empressement, et fut 

^ arts, Madrid, 1778, in-8o. IV. Poé^ un des compilateurs ou copistes que 

^, sies nouvelles, renfermant les éloges Mirabeau employait à lui préparer 

j des grands hommes espagnols, morts ses écrits et ses discours. Il composa 

, dans le siècle présent, Madrid, 1776 ensuite différentes brochures dans le 

I et 1778. V. Hymne à la Paix, Ma* sens révolutionnaire modéré ; travail- 

drid , 1785, in-8*. Salas n'a publié la à plusieurs journaux, notamment 

qu'un seul ouvrage en prose de peu à celui de Perlet, dont on doit toute- 

dMmpoVtance. C'est une espèce d'à- fois teconnaître qu'il ne partagea 

vis aux prédicateurs. Il était associé pas les turpitudes {voy. Perlbt, 

correspondant de plusieurs acadé- LXXVI, 468) ,et concourut ensuite à 

mies. B— s. la rédaction du Citoyen français. Il 

SALAT (don Josil), avocat et mourut du choléra en 1832. Sesou- 

ëcrivain espagnol, né à Cervera le vrages publiés sont : L Le Moraliste 

7 juin 1762 et mort vers 1828, fit de tnesmérien, ou Lettres philosophie 

très-bonnes études et n'avait que ques sur l'influence du magnétisme, 

22 ans lorsqu'il fut nommé docteur Londres et Paris, )[785, in-12. II. De 

en droit. On lui doit quelques ou- l'organisation d^un état monarehi- 

vrages remarquables : lo Traité des que, ou Considérations sur les vices 

monnaies /'a&rt9uée<(labradas} dans de la monarchie française et sur la 

ia principauté de Catalogne, appuyé nécessité de lui donner une consti- 

de pièces justificatives. Le premier tution, 1789, in-8*. Cet ouvrage a eu 

et le second volume in-rol. de cette deux éditions au moins. On assure 

oeuvre importante furent imprimés à qu'une troisième est due aux soins 

Barceloneen 1818. Salatenavait pré- de l'abbé Bive. III. L'homme et la 

paré un troisième dont toutes les société, ou Nouvelle théorie de la 

planches étaient déjà gravées, mais la nature humaine et de Vétat social^ 

mort l'empêcha de le publier. 2® Ca- Paris, 1799, in-8». IV. De la révo- 

talogue de tous les ouvrages écrits en lution française, comparée à celle 

languecatalanedepuislerégnededOH d^ Angleterre, on Lettre au représen- 

jtyme (Jacques) le Conquérant (el tant du peuple Bculay de la Meur- 



U6 



SAL 



iht^ «ur la éifftî'mce de ce* deux 
rèrolNitoiif. Pans, 1799, iu-8*. V. 
De la perfectibUitét Pan5« au bu- 
rfaii du Citoyen français (jour- 
nal d^ ce temps-là), 1801, in-8*. 
VI. De i'homme et des animaux^ 
ou Euai fur cette qUfSîion propo- 
sée par V institut ; Ju5qu*à quel |)Oint 
les irailfments barbares exercés sur 
les animaux intérosseiit-iis U mo- 
rale publique, «t nt- cuii viendrait- il 
pas de faire des lois à eei égard ? 1 804 , 
in-8^ VU. Essai sur le duel, sur la 
Née. ssité et sur les moyens d'tn abolir 
Vusage* 1819»iii-8''. VIII. De la peine 
de morty et du système pénal dans 
ses rapports atec ia morale et la 
politique^ 1827. in-8'\ XI. Une tra- 
duction des Lettresd^YorickàÈlisa^ 
imprimée dans les œuvres île Sterne, 
Paris, 1818, i> vol. in-18. Plusieurs 
bibliographes attribuent à S.ila ville 
la Théorie de la royauté if après la 
doctrine de Milton. traduite de Tan- 
plais, 17S9. in-S»», et les Lettres du 
comte de Mirabeau à set comtnet' 
tant s, 1791. iii-8^ CVs! Barbirr qui, 
le premier, a enlevé à Mirabeau la 
paternité de ces ileuxouvratres, pour 
les aitrihuer à Salaville. mais s.ins 
donner aucun molif a Pappui de 
cette opinii«n. Il est possilile que Sa- 
lavilb* ait aidé Mirabeau, nuiis très- 
certaiDcnient la pensée première e\ 
la cbarpinti- de ct-s deux érriis ap- 
pariitunent en propre à Mirabeau. 
On sa il d'ail! eu rs que les pren;i«Tes 
Lettres à ses commettant faisaient 
p.irtie du Lourritrde Province {tuy. 

MlRABE.\l'. \\l\.97 ft Itl . L-M-X. 

SALA/A (Castro - Loris de ^ , 
gouverneur de Zurila , tîscal de 
Tordre de Caiatiaia, historiographe 
de Charles 11. gentilhomme de la 
<:bambre« Ton iles hisloneiis les plus 
judicieux qu'ait eus TEspagne dans le 
XVIK siècle, est avantageusement 



SAL 

iN^nna par les niiv rages Muntti 
Cataioyo historial ff n wh fiw 
los senores y coude* de Fsrmml 
nez,' de la Conquista êe Cerà 
anno d$ 1236 « hasta ê$U 4rM 
Madrid , 1682 « in-fckl. II. Him 
genealoyica de la §ram cm 
Silta^ Madrid, I6>^,in-M.; 
ouvrage d'un excell^Ht anice, 
Lenglet-Dufresnoy. ill. Ei^ 
gentalogica de la casa de Lan^ 
drid« 1697. in- toi. . dont Lenpci 
enci're que c*est un «xcellealA 

V-n. 
SALDEX vGcili.aL'Mk:,«<i 
holla.'idais du Wll * ssècle.t 
Utrecht iuous ignorons en que)* 
née), tît d? trés-b^.nnes etudfi 
cette ville et se distiugiu teltA 
daiLs la tlitviogie , sous Ie5 pri 
seurs Gisberi Voet et Jean Hc^ 
beeck . qu'il obtint le grade de^ 
leur sans Tavoir demande ei i 
avoir «ubi aucun examen pre. 
naire. S'étant consacre au miri.^ 
lastoral, il l'exerça avec rêie ; 
daul quarante-cinq .ins . dans ; 
sirurs villes , doiil Moreri râr:*. 
les noms et dotii la dernièn^ f:: 
Haye, où il avait été jtppeléen U 
et oii il resta jusqu'à s.i mort, i: 
vée en 1694. Dans Ph^suire i\ 
raire dXirecht Trajectum cru 
fMW, etc.). Gaspard Burniaun di-:.2 
liste des pn du ci ions de S*<!d:n. 
unes sont eu holi.mdaîs; les a::: 
en latin Nous ne citerons de c<!i 
ci que les suivantes : I. Conci.'*ns 
saar, l.a Ha>o, 167S, in-D.II. 
thcologica, sice ejccrcitationum c 
ccficarum rarii argu menti li 
quatuor, Amsterdam, lô84.in-4'. 
sont «les disserlaiions sur di/Teff 
snjeis de IWncien et du N\\iv« 
Itsiauieiit. III. De libris^i'jri^\ 
eorum usu et abuêu^ ibid.. te? 
petit m S\ On trouve d ïv.s I'M. ! 



l SAL 8AL 447 

np p. 481 et sniv., du DietiimnaHre bi- Aniadiii Jamyri icheva oelta malhf n- 

j^ Miographigue attribué à Cailleau retite version, revit Taravre de son 

sÉi (mais qui est de l'abbé Ducloa)> une devancier, et le tout parut k' Paria 

'Aï analyse détaillée de cet ouvrage eu- en 1580. Trente^huit années s'étaient 

«( rteox et intéressant dans lequel Tau- écoulées entre le début et l'achève- 

K; leur montre autant de jugement que meut de Teutreprise. L'édition de 

ip de savoir et de goût. Dès 1681 Sal- 1580 fut réimprimée plusieurs fois» 

!j,i denenavaitpubliéunessaiàUtrecht, notammentà Parisen 1584,àRoueH 

^i daàns le format in-16, sous le num de en 1605. Ronsard accorda de grands 

I CkrisHanus lÀberius , Germanuê^ éloges à ce travail; il écrivit des vers 

^ avec ce titre : fitSxtc^tXia , sive de où il prétend que Salel mourut à la 

'/ êCrihendiM» legmdis ei œsUmandis fleur de Tâge, par suite de l'inimitié 

^ libriêeaereUatioparœnetiea.benmà des dieux protecteurs des Troyens, 

\ n*a connu que cet essai, qu'il désigne qui avaient déjà rendu si misérable 

par ces mots : certo libricciuolo , et la vie d'Homère. Le début de Vlliadê 

: il n'a point su quel en était le véri- dédiée à François I*», dtmi Primnfiit 

• table auteur. Voyez la préface de sa l'aïeuly montrera si tous ces éloges 

BWiopea^ livre qui a quelques rap- étaient bien mérités : 

ports avec celui du Savaut bollau- le te tuply. Déesse graciens«, 

dais. B — L"U» Vouloir chaoter lire {leroiueuse, , 

S A L £ L ( Hugues ) , né à Casais, S"°* ^*^\""f ' ^"' '«"•^«» "?"• ^ , 

^ '' » Que pnr iceile ua graBd nombre d'etpris 

dans le Quercy, en 1504^ embrassa Des princes grec* pnrdROgereuxeocofabre 

l'état ecclésiastique, et obtint les Firent descente aux ioferoHles ombres... 

bonnes grâces de François 1*" qui lui A la suite d'un poème de Jean du Pré, 
donna plusieurs bénéfices considéra- la Palais des nobles dames, on trouve 
blés et lui accorda, en outre, le titre un Dialogue entre Jupiter et Cupi- 
de son poète, eu lui demandant de don composé par Hugues Salel, et 
traduire l'i^tade eu vers. Salel se mit daté de Lyon, le 24 août 1534. Quel- 
à l'œuvre, mais avec la lenteur qu'on ques autres pièces de vers du même 
apporte d'ordinaire à tout travail ofti- auteur se rencontrent à la suite des 
ciel; il n'acbevaque les doUZf* pre- Ode^d'OlivierdeMagny, Paris, 1559, 
miers livres, en vers de dix syllabes, in-8^ B-^n^-t. 
d'une désespérante médiocrité. Il pa- SALEMON ou Salmon (Jian*Ba- 
rapbrase sèchemMit le texte grec, et ptiste), professeur d'humanités et 
n'a jamais ni couleur ni vie. Telle fut maître de pension k Nancy, naquit 
cependant l'aviditéaveclaquellecelte danscette ville en 17 14. Après y avoir 
triste production fut accueillie du pu- fait d'excellentes études au collège 
blicque les libraires la mirent au jo>ir des jésuites, il se lit recevoir maître- 
par fragments à mesure que Salel les ès-arts en l'université de Paris, et 
leur livrait. Les deux premiers livres suppléa M. Lebel, professeur de 
parurent à Lyon en 1542^ les livres rhétorique au collège Mazarin, pen- 
lli à IX arrivèrent sticcessivemeiit ; dant les deux années de son rectorat, 
les dix premiers furent réimprimés Durant cet intervalle , il suivit les 
en 1515, et en 1646 avec addition cours de la faculté de droit. De retour 
du onzième. Le douzième se trouva dans sa ville natale^ il fut admis an 
dans l'édition de 1570. Salel étant nombre des avocaU an parlement ; 
mort sans terminer le treizième, mais un autre motif l'avait rappelé à 



448 SAL SAL 

Naney. il opéffait, à Vûàt àt paît- tîee et pir en fonsM acfrbM 

SABtcft pratcctioM, poafoir oonir iHOlaiMs. ka»i l'on piémi ^ 

WMéeole rivale des îMtitiitioiis mi- INnde icséièvcs l*a pris 

veraitaircs. Aide de la bvetir dn dèle d'an institoievr q«*il 

aMrdehal de Slaiintle» eomniaiidaBt aeèse, soos le nom de Séwèn, à 

et la proTÎace, il sollicita et obtiat le roman intilolë: LmGUBimfn 

k privil^ d'établir une pension ^if (1). An surplus, Snlemon 

qui, sous le titre d'Acole wnUimrt oioias connu ponr iBStîtatcnrè 

privée^ était destinée êxrhui9mu9ii jeunesse que par la iBentioB f« 

à la jeune noblesse» • qui devait y ont accordée les noteurs du Pi 

• rceevoir toute Téducttion qu'exige Almamaek. < Cet écrÎTau , din 

• une naissanee distinguée et y trou- • ils , raeonte benoeonp en ven 

• ver les aisances et les comniodités • ses anecdotes sont très-rcch 

• de la vie.» Elle subsista sons ce • cbées des amateurs. Il ne f 
titfejusqu'enl79S. Les sentiments et «qu'im poète un peu f éeond p 
les intérêts de Salemon l'attachaient • fûre le bonbear de toute la L 
trop étroitement à Tanden ordre de • raine. Tontes les proTînocs nés 
choses pour qu'il ne vit pas arec • pas aussi heurenses (s). Les c 
peine toute innovation politique. Il tiqnes oubliaient oo fcîgnaiesit f < 
eut la hardiesse de faire parvenir à blier que cette Lorraine offrait û 
l'académie de Nancy, ponr le con- avec orgueil, dans les CastA de 
cours au prix de poésie en 179S, un poésie, les noms de Saint-LasilN 
apologue intitulé : CAne corrigé, où de BoufBers, de Palissot, de fr 
les allusions les plus blessantes çois de Nenfchatean, ete. Qnu 
étaient dirigées contre les partisans Salemon, il est certain que ses piè 
de la révolution. Quoique l'académie fugitives , insérées dans les joi 
lût composée en très-grande partie naux et les recueils du temps^e; 
de citoyens dévoués à la monarchie, laient, si elles ne surpassaient | 
cette pièce fut rejetée du concours, en médiocrité, la foule de petits f 

• comme étant un ouvrage qui ren- dont l'AImanach des Muses, les Êtr 
« fermait des allusions aux.circon- nés du Parnasse, etc., étaient inc 

• stances politiques et pouvant être dés. Salemon mourut à ^îancy le 

• considéré comme un ouvrage de mai 1814. Dans un âge plus aval 

• parti. » Les persécutions ne man- î| fit paraître quelques opuscules i 
quèren t pas à son auteur. Emprisonné les. i . Les sages Leçons d'wi psr 
comme suspect, il ne fut rendu à la «on /fis, ou (es Moyens assmrés 
liberté qu'après le 9 thermidor. Son fmire des progrès dans in vcrfn , 
Acoie mtitïfltff, désorganisée par les MUs-lsUres ei Us bamus mcni 
événements et par sa détention, ne Nancy, an Yl (1798) , in-S». Cet < 
fiit rouverte que sous le titre de ^rage en vers est une traduction < 
pension, transformée plus tard en principaux passages du poème de 1 
école secondaire, par un arrêté des col.Mercier (v.cenom, XXV1II,S4 

consuls. On n'aurait que des éloges 

à faire de la methoile d*enseigiie- 

ment suivie par Salemon , s'il n'eût „C0 ^ ^^ ^'«' /'•■ff'*. o« A^^ntmm 

afiaibU le mente de ses leçons par ^^^ i^ Âi^iL—di rf. «^V*^ u 

une rigiifur outrée iuaqn'k V\nS^3i&- •.«,«c«iMie édition, i^hs. iw^t^ p c^ 



SAL SAL 449 

Ikof/kiiiicholanUcùrum. Le ir^dkxc- mar^ tâuo , la junte centrale » k la- 

tcnr n>n dit rien, et comme il a placé quelle il avait ofTert ses services, lui 

le texte latin eu regard de la version confia la place de premier secrétaire 

française, il a donné lieu de faire d^État et, quatre mois après, celle de 

penser qu'il était également Pauteur secrétaire du roi , avec la rédaction 

du poème original , dont il a trans- des décrets. En 1810 , la régence du 

I formé le titfe en celui-ci : Patris ad royaume Payant chargé de négocier 

fiUum pia monila^ $m de rêcta un traité d'alliance avec le Portugal, 

ralione proficiendi in virMe, i|(te- il déploya dans cette mission une pru- 

0, ris et morilms. Il . Les Jeuâ; d'mfanUt dence et une habileté qui aboutirent à 

poème, Nancy, an Vil (1709), in-B^". un heureux résultat. Durant toute la 

Quoique cet opuscule soit bien infé- guerre de la Péninsule , il ne cessa 

rieurà celui deRaboteau(t}oy.ce nom, pas un seul instant de donner des 

LXXVIII, 249), on y remarque quel- preuves de zèle et de dévouement à 

ques traits omis par celui-ci, et qu'il lacause|de rindépcndance,sans adop- 

n'ei^t pas désavoués. IIK VHiver^ ter néanmoins les funestes principes 

poème mdeux chants, tiàXkcy^auyil^ descortès de 1812. Ferdinand VU, 

in-8<'. 1/autour reconnaît lui-même la en remontant surson trône, le nomma 

ttiniéritc qu'il a eue de traiter un pa- secrétaire d'ambassade à Paris, où il 

reil sujet après Saint - Lambert et remplit , après la seconde Restaura- 

Thomson; mais il a espéré que 9i(e<- tion, les fonctions de commissaire 

ques beautés de détail lui feraiemt pour la régularisation des réclama- 

irauiser grâce aux yeux d'un lecteur tions des Espagnols auprès du gou- 

indulgent. Ce lecteur se rencontrera- vernement.français,en vertu des Irai- 

t*il? 11 est permis d'en douter. tés de 1815. Il s'acquitta de cette 

L— M— X. tftche difficile avec tant de modé- 
SALEMON ou SALMON(don Ma* ration que Louis XVIII , au mois de 
NURL - GoNZALàs), diplomate espa- mai 18J7, lui témoigna publique- 
gnol, était né à Cadix le 18 octobre ment sa satisfaction en le créant of- 
1778. Son père, long-temps minis- licier de la Légion- d'Honneur. Au 
tre plénipotentiaire dans le Maroc, commencement, de 1818 il ^retourna 
le destina à la carrière diplomatique, à Madrid occuper la charge de secré- 
Élevé au séminaire des nobles, il taire d'État et, du 12 juin au 14 sep- 
alla terminer ses études II l'univer- tembre 1819 , il dirigea le départe- 
sité d'Alcala de Flessares et, en 1 776, ment de l'intérieur après la démission 
k peine ftgé de dix-huit ans, il fut du marquis de Casa-lrufo. H fut en- 
attaché à l'ambassade de Saxe. Bn suiteenvoyéen Saxe comme ministre 
1802 on le nomma secrétaire de lé- plénipotentiaire, avec le titre decon- 
gation en Danemark, l'année sui- seiller d'État honoraire. Ayant donné 
vanteàDresdcpuisen 1804 à Saint- sa démission après les événements 
Pétersbourg. Il se trouvait en congé survenus dans sa patrie en 1820, 
de santé à Madrid lorsque les armées il rentra.en Espagne et restft. dans la 
de Napoléon envahirent l'Espagne, retraite jusqu'à ce que le roi reprît 
Une fois la capitale en leur pouvoir, en mains le pouvoir absoliju ferdi- 
il se réfugia à Séville, d'où allait par- naud VU garda la mémoire de la fi- 
lir le mouvement de résistance con- délité de don Saleaion, et, le IK août 
tre la domination française. Le 17 t8^6^\VV\vvv^W^'^^«^\'^'«^^^^^^'^" 

LXXX. "^ 



450 



SAL 



t^rieur^ ofi ou W vit s'appliquer à 
fair^ respecter les 4roit<i de It cou* 
roniie comme les intérêts de It na- 
tion. Il fut le signataire du traite du 
SO décembre 183H, par lequel TEs* 
pagne accordait à la France une 
tomme de 80 millions de francs pour 
indemnité des frais de la campagne 
de 18t8. Au moiside septembre 1829, 
il négocia, auprès de la cour de Na- 
ples, le mariage du roi avec la prin- 
cesse Marie-Christine, et ceci contri- 
bua beaucoup au choix que Ferdi- 
nand VII fit de lui, le 15 octobre 
1830, pour premier secrétaire d'État 
et ministre des affaires étrangères. 
Dans ce poste élevé, don Salemon 
montra autant de zèle que d'aclivité 
et une haute expérience des affaires ; 
malheureusement une mort préma- 
turée Tenleva après une courte ma- 
ladie, le 18 janvier 183Ï. Sans être 
un homme d'État de premier ordre, 
don Salemon ne manquait pas d'une 
certriine capacité diplomatique; à 
des principes de sagesse il joignait 
1IU caractère d'une f^rânde ternpe:- 
rance. Il était membre associé de plu- 
sieurs sociétés scientifiques et phi- 
lanthropiques, et décoré des ordres 
d'Espagne, de France, des Deux-Si- 
ciles, de Portugal et de Russie. 

— H— N. 
SALES (Louis de), né en Savoie 
l'an 1564, termina ses études litté- 
raires à Paris, y reçut le titre de doc- 
teur en théologie, en 1590, et fut ap- 
pelé en 1594 k ramener k l'unité ca- 
tholique, de concert avec François 
de Sales, son cousin, et le père Ché- 
rubin de Morienne, les calvinistes du 
Chablais que le duc Charles-Emma- 
Tiuef I" voyait avec iloiileur se mu!- 
tiplierde jour en jour dans cette par- 
tie de ses domaines. Le sage mis- 
sionhaire, à l'exemple de ses pieux 
coopérateurs, sut convertir les héré- 



SAL 

tiques sangles persécoter.PtfniR»| 

mer la croyance dont il était l'apid»' 

à force de douceur et de modénii 

Nommé en 1602, par bulle d^tt 

ment VIII, prévOt de la fathédniei 

Genève, il se fit remarquer davf 

conférences journalières aveeki» 

nistres de la réforme, comment» 

troversiste sincère, plein dezèlrdA 

charité. Ce vertueux prêtre reesi 

religieusement tous les écritsetl» 

tes les lettres dont se compose Jt* 

gnifique édition des œuvres difl^ 

évéquede Genève, imprimée îAm 

en 1652. Il mourut , entourékti 

vénération uinverselle, à l'âgeie^ 

ans, le 16 octobre 1G25. On nett 

naît de Louis de Sales que Icsdi 

ouvrages suivants : i» Lettni^ 

gentilhomme savoisien d un f^ 

tilkomme lyonnais^ tnir la p 

alarme que Théodore de Bti(\ 

donnée de la nouvelle de sa merf 

de celle de son retour à la rdif 

catholique, Lyon,ir>98, in-8»;î* 

gociation de Louix de Sales, i 

noine de la cathédrale, conem 

les points de la foi^ avec les mim 

dô Genève^ du 21 juin 1 597, in-4« 

dernier est demeuré inédit. B-p 

SALKS (Charles-Auguste). 

q:ie et prince de Genève, nevet 

saint François de Sales, naqui 

château de Sales, le !'*■' janvier 1 

du comte Louis {voy. Sales, 

154) et de Cldudine-PhiliberK 

Pingon. Il fit ses études à Lyoi 

collège de la Trinité tenu pai 

jésuites, sous le P. Monet ( 

ce nom, XXIX, 358). Urbain 

lui conféra, en 1630, la prévô 

rÉglise de Genève^ Charles-An| 

réunit à cette dignité celle de d 

de la collégiale d'Annecy, et Téf 

Juste Guérin le nomma, en 1631 

caire-général et officiai du dio 

De Sales se retira ensuite aux 



&kh SAL 451 

cma rons,d'oùBenott-ThëophileCh«vrûtt. in-4«. VllI. Oraison funèbre du duc 
I ^ Villette rappela à Moûtiisrs, poiip di- de Gene9oi$* ibid., 1659. J.-L. Gril- 
la rig€r le diocèse de Tarentaîse, pen- let, «utaur du Dictionnaire hiêtori- 

{} dftDt un voyage que ce prélat fit à que, ete., eu Mont-Blane et du Lé- 

t 4! Rome. Nommé coadjuteur de l'Église fiMin (tom. 111, p. 323), rapporte qu'en 

-^ de Genève par Innocent X, Ch.>Ai]- 1791 il vitraux arehÎTes de Thorena, 

C9, gnste de Sales fut sacré évêque d'É- plusieurs manuscrits de Gh. -Auguste 

;^ bron dans l'église de Saint-Domini- de Sales, et il en donne la liste. . 

^,2 qae d'Annecy, en 1645; mais la même G — l— t. 

^ année il succéda à Juste Guérin. II SALETIER (Claudb) éUit exé- 

^augmenta la fondation delà chaire de cuteur des hautes œuvres à Lyon, 

^j théologie du collège d*Annecy, et avant et après 1572, lorsque Pierre 

f^ mourut, le 6 février 1C60, dans le chft- d'Ausserre ( voy. ce nom, LVI, 

,„ tean qu'il avait fait bâtir à Tresun, au- 077), revenant de Paris après la 

^^ dessus d'Annecy. On a de lui : I.Un Saint -Barthéiemi, eut persuadé à 

|i Tolume de poésies latines qui pa- Mandelet que l'intention de la cour 

^ rut sous ce titre : Caroli Àugusii était que tous les protestants fussent 

' Salesii Tulliani Àllobrogis Prœeo- mis à mort; Saletier refusa son mi- 



. . blié à Lyon. L'auteur de cette Cor- s'écrie Saint-^Foix, en rapportant 

, héille de primeurs n'avait que vingt- cette réponse, voilà l'homme le plus 

unansquand il fit paraître son volume vil par son état, qui a plus d'hon- 
^ de vers; rela explique, et peut-être- neur que la reine et son conseil! •> 

^' justifie, le ton léger et mondain de Ce bourreau ^tait français... Sou 

" la plupart de ces petites pièces, dans nom nous a paru digne d'être men- 

lesqnelles on remarque certainement tionné dans une Biographie upiver- 

quelque mérite, quoique Gh.-Auguste selle. Voyez Notes et documents pour 

de Sales donne beaucoup à l'imita- servir d histoire de Lyon sous 

lion . 11. De vita et rehus gestis servi Charles iX^ p. 73. A. p. 

Jhiy eanmiœ sanctitatis^ Francisci SALFI (Fbançois), littérateur itn- 

Salesii^ episcopi etprincipis Gehen- lien, naquit le 24 janvier 1759 à Co- 

fi^nm, ^tftrtZ, Lyon, 1634, in-8^. III. senza dans la Galabre citérieurè. 

Le même ouvrage traduit en français, Après ses premières études, il suivit 

par l'auteur, sous ce titre : Histoire son goût en se- livrant tout entier à 

du bienheureux François de Sales, la philosophie et aux lettres. Ge fut 

Lyon, 1634, iu-4^ IV. Métanie^ petit surtout en lisantà la dérobée les au- 

traité mystique de la Pénitence^ leurs français du X Vil 1^ siècle, tels 

Annecy, 1645, in-12. V. Oraison fu- que d'Alembert, Rousseau, Helvétius, 

nèbre de la Mère de Chantah pro- alors sévèrement prohibés dans les 

iionoée en 1642, et imprimée à An- États de Naples, qu'il adopta avec 

necy, 1645. VI. Vie de la Mère de tant d'ardeur, en morale et en poli- 

Blonay, supérieure de la Visitation^ tique , les principes qui ont été ceux 

Paris, 1655, in-S». Vil. Pourpris de toute sa vie. En 1783, les Galabres 

historique de la maison de Sales- avaient été dévastées par des trem- 

Thorens en Genevois, Annecy, 1659, blême nts de terre; les effets moraux 

:29. 



r 



454 SAL SAL 

très discours sur les Romains et les ie t*' de ce mois que le gênëralissiHK 
Italiens, etc., puis un Traité de dé- de la garde nationale était Teno le 
damaiion pour les Italiens. Après Toir. Outre les écrits que nous afou 
la mort de Tauteur de VBistoire cites, Sal fi avait donné en 1826 un JN- 
littéraire d'îtalie^ Salfi fut chargé sumé de rhiêtmre littéraire dritelk, 
par l^éditeur de rédiger les trois ïtoI. in-l 8. Il avait encore fait iirsé- 
derniers volumes de cet ouvrage rer différents articles dans la Jtaw 
(7^,8* et 9*) sur les notes que Gin- encyclopédique. Enfin , il a fooni 
guené avait laissées, et il fut con- quelques notices de littérateurs iU- 
venu que Daunou en reverraii le liens à cette Biographie tmivtr- 
manuscrit, ce que fit en effet cet aca- $elle. M. A. Renzi, son ami, a publié 
démicien, ami particulier de Gin- sou apologie sous le tilredeFte^ 
guené; mais Salfi écrivait si mal et litiqw et littéraire de F. Sal/i, Paris, 
si péniblement le français, que Dau> 1834, in-8*. M— Dj. 
nou se fatigua de cet accablant Ira- 8ALGUKS ( Jacques-Babibêu- 
.vail, qui par cette cause est resté mi), littérateur et journaliste, âiit 
très - incorrect. L'infatigable Salfi né à Sens vers 1 760* Destiné à Tétit 
s*occupa aussitôt après de continuer ecclésiastique, il commença ses éti- 
ce grand ouvrage, et il en fit quatre des dans sa ville natale et vint Itf 
volumes in-8®, qui furent publiés en achever à Paris, au séminaire de 
1834-86, et qui sont devenus fort Saint-Sulpice. Il était professeorde 
rares, parce que l'édition presque rhétorique au collège de Sens, lors- 
tout entière a |>éri dans l'incendie qu'en 1788 le corps municipal le 
de la rue du Pot-de-Fer en 1835. choisit pour la rédaction des cahifrs 
Toujours zélé révolutionnaire, Salfi de doléance, et en 1 790 pour faiw 
attendait depuis long-temps quelque Touverturedes premières asseoiblws 
changement politique en Fr&nce, primaires. L'année suivante il fut 
où il ne voyait qu'avec un grand dé- élu membre de la première asserabl*^ 
plaisir le gouvernement de la Res- électorale, puis désigné par les 5«- 
tauration. La révolution de 1830 lui tions pour la place de substitut du 
causa donc beaucoup de satisfaction : procureur-général de la c^ommuoedr 
mais ce fut pour lui une illusion Sens. Cette fonction n'était point 
de courte durée. Peu de jours après, alors aussi redoutable qu'elle le de- 
ii disait que c'était une révolution vint quelqu*>s années plus tard, et 
mort' née. Ne supportant qu'avec Saignes y sut garder une honorable 
peine le climat de Paris, sa santé modération. 11 débuta par un té 
s'affaiblissait de plus en plus. Il se quisitoire contre Marat, qui avait ia- 
retira à Passy par le conseil des mé- diqué Sens comme le Foyer d'une eon- 
decins, et il y fut accueilli avec beau- spiration aristocratique. Nommé en 
coup d'empressement par madame 3791 principal du collège, l'archeTé- 
Cabanis. Pour comble de félicité, il que lui donna des lettres de graod- 
reçut alors l'honneur insigne d'une vicaire, et après le 20 juin 1792 il 
visite de Lafayette, et en (éprouva fit partie de la députât ion chargeede 
une joie si vive qu'on a dit que ce porter à Louis Wj Tassurance delà 
fut la cause de sa mort. Ce. qu'il y fidélité de la ville de Sens. On le rit 
A de sûr, cVsl (pril mourut pre.situo ensuite s'oppost^r à la piiUticationdu 
subitement le 3 .sept. 1832; et cVtait décret de dcchéancc du lou v\.ei 



SAL SAL ^56 

1793, faire supprimer une adresse de alors daus une voie* de paix et de 
félicitations de la société populaire repos, qui laissait un peu plus de 
à la Convention nationale sur la con- liberté à la société, et Salgues arriva 
damnation du malheureux prince, à Paris afec l'intention de se consa- 
Bien qu'il eût prêté le serment exigé crer entièrement à la carrière des 
des prêtres par la loi du 15 août 1793, lettres. Il entreprit un Journal dea 
il refusa d'exécuter le décret du 38 spectacles. A cette époque « Lamé* 
avril 1793, qui enjoignait d'arrêter sangère (voy* ce nom, LXX, 89) 
les ecclésiastiques non assermentés, commençait son Journal des Dameê 
Destitué pour ce fait avec toute la et des mode<. On vit ainsi deux ecclé- 
nuinicipalité, il fut réélu malgré la siastiques appelés à porter des juge- 
défense de renommer aucun noble ments, faisant souvent autorité, sur 
ou prêtre. Lorsque Barère dénonça les théâtres et les modes, et ce qui 
Sens comuie étant en état de contre- est assez remarquable, c'est que ces 
révolution manifeste, le conseil-gé- deux journaux étaient des meilleurs 
néral de la commune et les autorités de ce temps-là, et qu'ils eurent beau- 
envoyèrent Salgues à Paris réclamer coup de vogue. Le succès du journal 
contre cette accusation. Pendant de Salgues était déjà bien établi, lors- 
son absence, les jacobins le dénon- que l'arrélé consulaire du 17 janvier 
cèrent comme prêtre exerçant des 1800 sur la presse «ériodi que vint le 
fonctions civiles, et ils exigèrent sa supprimer avec beaucoup d'autres, 
destitution. Le 36 septembre, ob En 1803, il publia la J/kforte de Tarn* 
vint pour l'arrêter,; mais il échappa bition, comme un ouvrage posthume 
aux poursuites, et on le porta sur d'Hérault de Séchel les (i?oy. ce nom, 
la liste des émigrés. Sa proscription \X, 337) ; ce livre fut aussi attribué 
dura jusqu'à la fin de 1794. L'année à Salgues lui-même, mais il est réel- 
suivante il fut nommé secrétaire lement d'Antoine de Lasalle (t)oy. ce 
de l'administration du district, puis nom,LXX»316).Duranttoutrempire) 
chargé de la réorganisation des étu- Salgues travailla à différents jour- 
des. Après le 13 vendémiaire, les ja<^ naux et à des recueils littéraires. En 
cobiiis ayant fait paraître un journal, 1810, il rassembla dans un volume 
Salgues en publia un de son côté, des extraits du Jtferctire, qu'il donna 
destiné à combattre leurs priuci- sous le titre de Mélanges inéiits 
pes. Il était alors en relations avec de Laharpe. En 1814, il se nK>ntra 
l'abbé de Vauxcelles qui,decoucert partisan zélé des Bourbons, et pu- 
avec Fontanes et Laharpe, rédigeait blia des Mémoires sur Napolémi 
le Métnorial^ auquel il envoyait dont les premiers volumes furent 
des articles. Au 18 fructidor, décrété assez bien accueillis ; obligé d'en 
d'arrestatiou et traduit en justice, il suspendre bientôt la publication, il 
fut condauiné, par contumace, à la la reprit sous la seconde Restaura- 
déportation. Au bout de dix-huit tion. De tous les ouvrages de Salgues» 
mois, il se prési'Uta devunt le tribu- c'fSt, sans contredit^ celui qui a eu 
nal d'Au^erre, qui Tacquilta. Ce le plus de succès. On y trouve des 
jugement ayant été cassé» le tribu- détails int^essauts sur la famille 
ual (le Melun, devant lequel ou le reii- Bonaparte et le gouvernement impé- 
voya, rendit aussi un verdict d'ac- rial. Cependant, aujourd'hui que 
quiueuicnl. Le OirecliOMv maru{iait toute cet4ie époque est .mieux coiumei 



4S6 SAL SAL 



oet Jfémoîrrflaineiit à désirer ;tou- nous dêsitous âvec une si mev^ 

tifbîSi comme ils forent le premier deor ! Le premier et le plus pmi 

OttTra^ complet sur la révolution et des bienfaits de son retour est Ulî- 

Pcapire, ils eurent beanooop de lec- berté de la presse... • Ceci exptifM 

tears. Lorsque Napoléon accomplit asses comment alors Saignes ne te 

ton expédition ayentureuse de 1815, point inquiété. En 1817, il fondasK 

Saignes, un des principaux rédac- maison d*éducation pour les }««» 

tenrsdn Jonrnni tfePorû, lança con- étrangers, sous le nom de Lyrei a- 

tre Ini des articles virulents, entre rapém. Cette entreprise ne letsat 

antres, le 13 mars : Ik$ arwin et du point. On le vit alors se flaire le tk- 

ronrife/ cinq jours après :.Yecroyes fenseur le plus actif de la ménniit 

JNU lu traitres! Dans celui-ci, il s*é- du malheureux Lesurques, redosnit 

criait : • Quoi ! une bande de cinq à fQctmm sur factum pour sa rebàWi' 

six cents fugitifs se flatteraient de tation et la restitution de ses bimi 

iure la conquête de la France! ils sa famille (voy. Lssun^ss. L3Qk 

oeeraloit concevoir la folle espé- 415). Ceièlehumanitaire^a-t-oaéL 

ruice de nous remettre sous le joug ne fîit en réalité qu'une spêouUtaut. 

de fer du Jloàejptarre eor^f . Il vient, et le procès que Salgues inteiita plas 

disent les traîtres, avec des senti- tard aux héritiers Lesurques fm 

ments pacifiques. Quoi! il revien- ses honoraires semble assez Piaè- 

drait avec des sentiments pacifiques, quer. En 1824, il attaqua en rtiffii 

^ui qui n*a jamais rien oublié, rien tion Méhée de la Touche, qui, ditf 

pardonné...; qui ne goûte de plaisir un libelle intitulé : Deiur piét9$ m- 

quedansle sang et la vengeance... ; portantes d joindn (mof numoirtsâ 

êeltii qui n'a jamais tenu sa parole do€uments historiées suria révolu 

ni dans les traités publics ni dans les tion >^anpaisf , avait raeoutê fàù- 

traités particuliers...» Salgues sigua totre de la calotte de t'abbr 5...... 

ces articles et les fit placarder sur jNifrtotr (feSet». Salgues voulut bM 

les murs de la capitale. Le surlende- se reconnaître dans cette anecdtf^e, 

main Napoléon entrait aux Tuileries, du reste fort calomnieuse : Méhêe et 

et le Journal de Paris changeait de la Touche, comme on sait^ notait f& 

ton; la louange remplaçait Tinjure. avare de mensonges et de calomaie 

Il est curieux de citer le passage (coy. Mêhbb, L\\lll,404). La mène 

suivant , extrait d'un article du !i5 année, Salgues rédigea avec Martaii- 

mars, avoué par la rédactiou de cette ville une sorte de revue mensuelle, 

feuille, dont Salgues continua de sous le titre de rOr«)lamme,>oitrMi 

faire partie : • L'événement miracu- de la littérature, dee eeienoe^ et é» 

lenz dont nous venons d'être les té- arte^ d^hietoire et des docirieiÊS rtli- 

moins est un sûr présage du triom« ^'ctiief et monorcàtfues. Cette revae 

phe de la nation. Si Napoléon est parut d'abord par cahiers in-d*; eik 

arrivé dans la capitale avec une si devint ensuite quotidienne, puis s< 

étonnante rapidité, c'est qu'il était réunit à la Caisse de Vameortissemmt 

porté par le vcpu national, et que la de Vesprit public, c'est-è-dire qnVHe 

puissance de son bras était nécessaire fut vendue au ministère de ce temps- 

pour ^rger la France de ses plus là, par l'imprimeur qui en était pn^ 

cruels ennemis.. . Il n'avait rien pro- priétaire. Jusqu'à sa wort^ arrivée U 

mis, et il u<>U!> donne tout ce que :ï6 juillet 1830, Saignes ne cessa é: 



SAL SAL 45T 

*\ s'occuper de travaux littéraires, et, dam les journaux anglais et aile- 
^^ durant ses dernières années, il se mands pendant le ministère de M, le 
f- mêla, par plusieurs brochures, à la «IttcDecaze*, Paris, 1822, 3 vol. in-8^ 
-*• question des jésuites, alors d'une ex- XIII. Réfutation du baron Zangia- 
■? trême vivacité , et se montra l'ardent <îomt, sur la question de savoir s'il 
-"^ adversaire de la Société. Du reste Sal- y a lieu d reviser le jugement qui a 
*j^ gués ne manquait pas de talent comme condamné d mortJ. Lesurques,pour 
^'•^ écrivain, et ce fut un des bous jour- servir de supplément au mémoire juS' 
B^ nalistes de cette époque. Il a publié : iificatif vuhlié m faveur de cet in- 
^ I. Le Paradw p«rdii,trad. nouvelle, fortuné, Paris, 1823, in-8». XIV. 
^^ 1800, in-8». II. La Philosophie ren- Précis pour M. Salgues contre le 
' due à ses premiers principes, ou ^icur Méhée de la Touche, Paris, 
" Cours d'études sur la religion, la 1821, in.8o. XV. Des libertés publi- 
^ morale et les principes de l'ordre ques à l'occasion de la censure, Wi4, 
"• social, pour servir à la jeunesse in-S"". X\l. Delalittérature des Hé' 
^ (avec MM. Mutin et Jondot), Paris, breux, ou des livres saints considé- 
> 1801, 2 vol. in-8°. III. LaMéprise, ou rés sous le rapport des beautés lit* 
i Quelque chose qui passe la plaisan- téraires, Paris, 1825, in-8o. XVII. 
1 ierie, trad. de l'anglais de Lit t le John , Antidote de Montrouge, ou Six ques* 
1801, 3 vol. in-12. IV. Cours derhé* tiens adressées d monseigneur Vévê- 
: torique française, d l'usage des jeu- que d'Hermopolis sur lé projet de 
nés rhétoriciensj Lyon, 1810, in-12^ rétablir ou de tolérer les jésuites^ et 
( Salgues publia cet ouvrage sous le suivies de Vexamen de leurs apolo- 
nom de l'abbé Paul; ce sont ses le- gistes^ MM.Tharin, de Donald, etc., 
cens de rhétorique au collège de 1827, in-8o. XVIIl. Petit catéchis- 
Sens.) V. Des erreurs et des préjugés me des jésuites , d Vusage des écoles, 
répandus dans la société, 1810-1818, des collèges^ noviciats, petits sémi- 
3 vol . in-8®. VI. De Paris, desmœurs, naires et congrégations dirigés par 
de la littérature et de la philosophie, <a compagnie, Paris, 1827,iîn-8o. 
1813, in-8°. VII. Mémoires pour ser- XIX. Des erreurs et des préjugés ré- 
vir à l'histoire de France sous le pandus dans le XVIIl'' et le XIl^ 
gouvernement de Napoléon Bona* 9iécle,Ve,ns, 1828,2vol. in-8o.XX. 
parte et pendant Vabsence de la mai- Pétition sur l'exécution des lois re- 
son de Bourbon, contenant des anec- latives à la compagnie de Jésus, pré- 
dotesparticulièressurlesprincipaux tentée à la Chambre des députés, Pa- 
personnages de ce temps, Paris,181i- ris, 1828, in-8o. XXI. De la littéra- 
1828,9 vol. in-80. VIII. C/nmotdlouf ture des offices divins, etc., Paris, 
le monde, 1818, in-8®. IX. Notice sur 1820, in-8«. XXIL Courtes observa- 
la vie et la mort de Joseph Letur- tiofis sur les congrégations, les mis-- 
gtff«, Paris, 1821, in-d*". X. Mémoire sionnaires, les jésuites et les trois 
au roi pour le sieur Lesurques, 1822, discours de M. l'évéque d'Hermopo* 
in-8^ XI. Demandé en revendication lie, Paris, 1829, in-8o. Comme édi- 
des biens saisis par V administration leur, on doit à Salgues : I. La Théorie 
des domaines sur la famille de Vinfor- de l'ambition, dont nous avons déjà 
tuné Lesurques, iS2i,m-S'^.X\l Les parlé, 1802, in- 8°. II. Mélanges 
mille et une calomnies, ou Extrait inédits de littérature, de Laharpe, 
des correspondances priv^ insérées 1810, in-8«. 111. Deuxiém partie de 



4&8 



SAL 



la Ccrrespondanee ée Grimm et Dû 
derot, de 1770 à 1782; 1813. IV. Col- 
Ucîion des meilleures distertations^ 
Hotieei et traités particuliers rela- 
tifs à l'histoire de France (en société 
avec MM. Cohen et Leber), Paris^ 
18Ï6-29, 16 vol. in-S«. C— H— M. 

SALIERI (Antoini), célèbre com- 
positeur, lié à Lego&no dans les États 
de Venise en 1750^ fils d'un négo- 
ciant, montra dès l'enfance un goût 
décidé pour la musique. Ayant perdu 
son père lorsqu'il était à peine âgé 
de quinze ans» il se rendit à Venise 
pour y continuer son éducation mu- 
sicale, qu'il alla ensuite achever à 
Naples. Après avoir reçu de Gass- 
mann des leçons de chant et de cla- 
vecin, il suivit ee maître à Vienne 
pour y apprendre de lui l'art de la 
composition, et profita si bien de ses 
leçons qu'au bout de huit ans. Gass- 
mann étant mort, Salieri fut en état 
de lui succéder dans ses places de 
maître de musique à la chapelle im- 
périale et au théâtre de \n cour. Il 
se lia alors intimement avec Gluck 
qui revenait de Paris (1775) où il 
avait fait jouer ses chefs-d'œuvre. 
Déjà parvenu à un âge avancé et ne 
pouvant plus se livrer aux mêmes 
travaux, il chargea Salieri de mettre 
en musique l'opéra des Danatdes 
d'après sa méthode, ce que celui-ci 
fit avec tant de succès que les con- 
naisseurs les plus exercés purent s'y 
tromper, et que le public de Paris 
lui-même ne douta point que ce ne 
fût l'ouvrage de Gluck lorsque Salieri 
vint le faire représenter en 1784 sur 
le théâtre de TOpéra. L'ouvrage eut 
aussi un grand succès à la cour. La 
reine fit à Tauteur un riche présent, 
et il reçut de l'admioist ration du Spe6- 
tacle une somme considérable. Re- 
tour iié eu Autriche avec 't* poème 
des HoraceSt dont il était également 



SAL 

chargé de composer la musique, 
lieri vint faire représenter cette p 
à Paris eu 1786; mais elle n'eut 
le même succès que les Danal 
Plus heureux l'année suivante, i 
çut de grands applaudissements | 
son opéra de Tarare, dont lu 
rôles sont de Beaumarchais. Que 
médiocre que fût ce poèuie, le pc 
montra uu tel enthousiasme aux 
mières représentations , que Sa 
fut porté en triomphe sur la s 
par les acteurs. De retour à Vie 
il y fit représenter son opéra d 
sur, roi d'Ornius, dont l'erope 
Joseph 11 fut un des plus clu 
admirateurs. Ce prince envoya 
magnifique présent à l'auteur. el 
accorda une pension de 200 du 
avec le titre de directeur de l'é 
impériale de chant. Alors Sa! 
contracta un riche mariage, et p 
les dernières années de sa vie dans 
très-belle position. Il était ass 
correspondant de l'Institut de Fn 
(Académie roy.ile des beaux-ai 
Outre ceux que nous avons ci 
Salieri a composé beaucoup d 
vrngesd^égli$e,eten italien un gr 
nombre de pièces de théâtre quin 
pas été jouées ni traduites en Frai 
Il mourut 'à Vienne le 7 mai 181' 

S— v-s 
SALIES (Antoinette Salvati 
naquit à Alby en 1638 et fut ma 
à Antoine de Fontvieille, seigneu 
Salies , ancien capitaine d'une o 
pagnie de gens de pied et puis vig 
de la ville d'Alby. Devenue n 
dès l'année I672« elle se livra en 
rement à Téducation de ses deux 
fants et à la culture des lettres. F 
satisfaire avec plus de facilité 
dernier et noble penchant, elle 
fusa tous les engagements qui 
furent proposés. Déjà le beau si 
de Louis-le-GronU s\*tait ou 



SAL 

avec autant de gloire que d'éclat ; le 
goût de la poésie s'était introduit 
dans les provinces, et plusieurs vou- 
* laient dérober quelques rayons de 
' cette auréole de lumière dont Paris 
s'était environné. Cette louable ému- 
- lation enflamma madame de Salies 
^ qui non-seulement voulut cultiver 
^ les lettres, mais fît de généreux ef- 
^ forts pour inspirer aux personnes 
c qui l'entouraient l'amour de la litté- 
? rature, dont elle était elle-même 
1 embrasée. Elle réunissait chez elle 
r une société aimable , instruite et 
polie, où l'on discutait sur toutes 
sortes de sciences et d'arts, et où on 
lisait des morceaux de poésie. Le 
plu.s souvent madame de Salies en 
faisait tous les frais. Elle recevait 
aussi avec bienveillance les savants, 
et finit par établir une petite acadé- 
mie , dont elle traça les statuts en 
vers ; le premier quatrain était ainsi 
conçu : 

Une amitié tendre et sincère, 
Ploji douce mille foie que l*iimoareut« lui» 
Doit être le lien, Tatmahle caractère 

Des rheTaliers de bonne foi. 

Cette société des chevaliers de bonne 
foi répaudit eu Albigeois le g(»ùt des 
lettres, adoucit les mœurs un peu 
sauvages des seigneurs du pays. Les 
efTorts de madame de Salies et le 
succès de ses écrits kii ouvrirent les 
portes de l'acaiiémie des Ricovratide 
Padouequl,en 1689, l'inscrivit parmi 
ses membres. Cette dame conserva, 
jusque dans l'ftge le plus avancé , la 
vivacité et la délicatesse de son es- 
prit. Son culte pour les lettres dura 
autant que sa vie ^ qni se termina le 
14 juin ITSO, k l'ftge de 92 ans. Sa 
piété, ses vertus, sa bonté et sa douce 
amabilité lui avaient mérité la véné- 
ration de ses concitoyens. Titon du 
TilM a pl.KM* cdtf miisiî dans sou 
Purna^ise françaU. On trouve plu- 
siiMirs lellres et quelques piccc!» de 



SAL 



4ô9 



poésie de madame de Salies dans ta 
Nouvelle Pandore de Vertron, 3 vol. 
in-13. Cette dame avait fait impri* 
mer la Comtesse d^hembowrg, ro' 
fnan hisioriqtte; des Réflexions dé- 
tiennes ; des Paraphrases en f^srs 
français sur les psauvnes de la péni- 
tence} Inscriptions pour la cérémo- 
nie de la translation des reliques de 
saint Clair m t700 , et relation de 
cette translation. On trouve ce der- 
nier opuscule dans le Mercure de 
Ftance de septembre 1700. La même 
coIltfCtion hebdomadaire offre, en 
1679, la relation de l'entrée de M. de 
Serroni, premier archevêque d'Alby, 
en 1687 celle de M. Legoux de la 
Berchère , et en 1704 celle de M. de 
Nesmond, aussi archevêque d'Alby. 
Le Mercure de juill»*t 1081 contient 
le Projet d^uns ntmioelle secte de 
philosophie. Cfux de mars 1678, fé- 
vrier 1680, janvier 1682, octobre 
1681 et 1689, présentent diverses 
pièces de vers de madame de Salies, 
qui , outre les ouvrages dont on u 
parlé, 8 laissé inédites les Princesses 
de Bavière ( Isabelle et Marguerite )i 
roman historique, et quelques autres 
ouvrages «^n vers. Julien d'Hôricourt, 
de l'acadéniie de Soissons, a fait l'é- 
loge de cette dame dans son Histoire 
latine de l'académie de Soissons. 

C—L— B. 
SALIGNAC (Bertrand de), gen- 
tilhomme du Périgord , naquit dans 
la première partie du XV1« siècle, 
probablement au même château que 
l'iltustre auteur du Télémaque, dont 
il était le grand-oncle. II fut le se- 
cond fîts d'Elie de Salignac, seigneur 
de la Motte-Pénelon, et de Catherine 
de ^^gnr-Théobon. En 1552, très- 
jeune encore , il se trouvnit k Mets 
comme volontaire pendant le siège de 
cettft ville )»av IVmf)ereur Charles- 
(^uitit, et il en publia une relatiou 



460 



SAL 



circoustauciée qa'oat louée et suivie 
nos plus judicieux historiens. Il nous 
apprend lui-même que, pour la rédac- 
tion de ce précieux document, il pro- 
fita des obserrations que lui commu- 
niquait chaque jour un de ses com- 
patriotes qui était avec lui à Mets, le 
jeune Armand de Gontaut , baron de 
Biron, depuis maréchal de France. 
Salignac le qualifie de • diligent en- 
quéreur et soigneux observateur de 
la vérité. • L'année suivante , Ber- 
trand accompagna le roi Henri 11 
dans sa courte campagne des Pays- 
Bas, et il rendit compte de ce Toyage 
dans des lettres adressées au cardi- 
nal de Ferrare (Hippolyte d'Bste). 
Nommé, au commencement de 1572, 
ambassadeur eu Angleterre, il sut se 
faire estimer de la reine Elisabeth , 
qui lui montra une bienveillance toute 
particulière. Quelques jours après 
le massacre de la Saint-Barthéiemi, 
Charles IX et Catherine de Médicis 
engagèrent Salignac à justifier ou du 
moins à excuser cet affreux événe- 
ment auprès de la cour de Londres. 
L'ambassadeur répondit au roi : «Sire, 
je deviendrais complice de cette ter- 
rible exécution, si je tâchais de la co- 
lorer ; votre majesté peut s'adresser 
à ceux qui la lui ont conseillée. Un 
roi peut accabler un gentilhomme de 
sa puissance, mais il ne peut jamais 
lui ravir Thonneur. • Bertrand resta 
en Angleterre jusque vers le milieu 
de l'année 1575. Des lettres relatives 
ii ses négociations, au nombre de 151, 
la plupart de Charles IX, Henri 111 et 
Catherine, leur mère, ont été impri- 
mées sous le titre de Nouvelles ad- 
diiions dans le tome 111 de l'édition 
des Mémoires de Michel deCastelnau, 
donnée à Bruxelles en 1731 , par J. 
Godcfroi. Au mois de décembre 1578, 
Henri III ayant institué l'ordre du 
baiut-Ësprit, Bertrand de Salignac, 



SAL 

déjà conseiller du roi et capitaine 

cinquante hommes d^armes deses< 

donnances , fut nommé cheTaHer. 

ne fut cependant pas reçu au prem 

chapitre, étant absent lorsqu'il 

tint et employé en Gui en ne pour 

affaires du roi, à la suite de la rei 

mère. Sa réception n'eut I ieu que 1 

de la seconde promotion , le St 

cembre 1579. Bientôt après, il 

tourna en Angleterre et, le 11 j 

1581 , il signa , avec plusieurs pr 

ces et seigneurs , le contrat de i 

riage du duc d'Anjou, frère du i 

avec la reine Elisabeth, mariagec 

comme on sait , ne se fit que su 

papier, la reine s'étant jouée de 

cour de France et de ses minisi 

(1). Après la mort de Henri III, S 

gnac servit son successeur, soit i 

guerre, soit dans la diplomatie, a 

le même zèle et le même dévo 

ment. H mérita ainsi la confia 

de Henri IV qui le choisit p 

son ambassadeur à Madrid, auss 

que le traité de Ver vins eut 

sure la paix entre les couronne! 

France et d'Espagne. C'est en se i 

dant à ce nouveau poste que Bertt 

mourut à Bordeaux , en 1599 i 

ayant vécu sous six de nos roi 

passé ses jours dans la célébrité. «^ 

beaucoup d'esprit, de valeur, des 

vices signalés à la guerre et dans 

ambassades, il passa, dit Saint-F 

la moitié de sa vie dans l'amert 

de la plus vive douleur. Oblig< 

se défendre et après tous les m 

gements possibles, il avait tué le 

d'une personne qu'il adorait et • 

il était tendrement aimé-, elle s 



(i) Ce inariHge ntirait clé ftirt disprf 
tioiiDC quant à i*Agc : J!.lisn1>eth avait 
uas de plus que le duc d^Anjou. 

(2) Le successeur do SHliguac tt Tan 
&;Vlc d'E&pugue fut Antaiuu dr SiUvi <" 
de Va Kocbcput et dîiinotscau de Cui'aifl 



;SAL 2iAL 461 

religicnfie : il ne cessa jamais de Tai- Voyage du roi au Pays Bas de Vem- 
mer et refusa la main d'onc veuve , pereur, en Van ir»j4, brefvement ré- 
jeune, t rès-belle et d'une haute nais- cité par lettres missives au cardinal 
sance. Lorsque, après quelques grands de Ferrare, Paris, Ch. Estienne, 1554, 
services, Henri 111 ou Henri IV lui in.4'». M. Renouard cite une autre 
donnait les louanges qu'il méritait, ^»tion donnée par le même impri- 
sa mélancolie semblait augmenter et meur ,dans le môme format et la même 
Convoyait ses yeux se remplir de année, sous le titre de £e«re« au car 
larmcs.Ce qui peut paraître assez sin- dînai, etc. Il en cite également une 
gulier, c'est qu'avant la perte de sa dt Lyon, aussi de 1554, in-4o. Enfin, 
niattresse, ayant reçu treize blessures «^ ««^ Pa''"^ une à Rouen, chez Le Mé- 
à différents sièges ou combats, il n'en gissier, en 1555, in-8o. B-^l-u. 

reçut aucune dans un temps où il lUe de la noblesse française , a eu plusieurs 

cherchait la mort et se précipitait historient. Outre la relation deSulignnc, 

4lanS tous les endroits où il espérait Habert-PhilippedeVilUersenapubliêune, 

.„ j , r\-rt vatiimae'. Discours au Siège de Metz, traduit 

de la trouver. » {Voy. , dans les 0£;U- d^UaUen, Lyon, Thiband Payen, i553, iii -/»". 

t?rM de Saint' Foix j l'histoire de Du Verdier, qui «ite cette tradurtiou , ne 

Tordre du Saint- Esprit; consultez ^f'} I?^"' connaître l'auteor original. C'é- 

. J T> -mm tait sûrement un des officiers foinraandaDt 

aussi le Dictionnaire de PrOSper Mar- les troupe» italiennes qui faisaient pai tie de 

«chaud.) Voici les litres des deux ou- l*armée de Charles-Quint. Un capitaine de 

vrages de SalignaC : I. Le Siège de cette nation, gagné pour unesonuoe de r,5cK> 

^ ® . ^ ecns,fit entrer de nuitAmbroise Pare dans la 

Metz en 1552, Pans, Charles Es- ville assiégée, à laquelle «a présence fut si 

tienne, 1553, petit in-4«, avec un iitile(voy.fagrandeFi*/oir»rfe^«/«,pardes 

«M.«»i/l «i«« A^ I» «:ii^ A^ Ma4» I >/v., religieux bénédictin!), Ilf, 48). L'habile chi- 

grand plan de la ville de Metz. L'on- ^„^|,^„ ^ j^j^. ^ j^,„^ ses OEuvres, sous le 

Vrage est dédié à Henri II, et il y en titre de rojrage dt Metz, on récit reœpH de 

a des exemplaires imprimés sur Vé- détails intéressants, tant sor le siège qoe sur 

-. ^ ui'^ 'Atki. ^ 4— ïc» travaux de son art. Un sieur des Cha- 

lin. On en publia aussitôt une tra- g„„^ ^ ,„, „ j;, .i,„pu„e„t soldat eu i. 

duCtion italienne intitulée : Metz di' compagnie du capitaine Yoguedemar, avait 

fssa da Francisco da Lûrena, duca t?** ^2 &phimèrides du tiègeet sauiyes de 

j-ni.»-- nt i> f • «r»n *. Jiete a MéT»" le i/aa»Ain. Cette piece curîeuse, 

dlfihîZa, Florence, OnofnO, 1 553, m- ,„toat $ous le rapport militaire, était restée 

4*. Ne se trouvant plus que difficile- inédite et se conservait à la Ciblioihèque 

tnent, on le réimprima sous ce non- *>y«»e.o«ira imprimée à la fin des c*ra«i,tt« 

x'A r a '2 ^ -ma A ^ ^ d« la Ville de Metz, mises en ordre et publiées 

veau titre : Le Siège de Metz, par ^^ur la premUre fois par j. - f. nuguenin, 

l'empereur Charles F, en Van 1552, Metr, Lamort, i838, gr. in-s*» à 2 coi. Le 

Oii Von voit comme M. de Guise et Professeur à qui l'on doit cette importante 

, . _ . j m publication n en a point vu l'entière impres* 

fHusieurs grands seigneurs de Fran- 'ion. Né le i5 février 1795. il est n.ort le a« 

ce.,, se sont comportés^ à la deffense janvier i838, vivement regretté detous ceux 

de laplace. Metz, P. Collignon, 1665, ?"^ *>»* *'^^''"- ^' ^' Y"*^'' ***^'*^"; f^ 

' .«V* il- l^j>' A.? jt' imprimeur de ce beau volume, a reproduit, 

in-4«. Collignon dédia cette réimpreS- em/ac^simile, un Plan de la ville de Metz, 

Sion aux magistrats de Metz, et il y selon sa vraje proportion, aycc Déclaration des 

ioigni t un plan de la vîlle et des en- ''•"' ' "^^'^ ^« **»!»' ""P'J»« * ^f ' jf ^^ '553 

» . ** ^..^ ..., , j, . et devenu excessivement rare. Enfin, D.Cal- 

YironS peu aelaule et d'une execn- met nous apprend qa'un nommé Stocker 

lion médiocre , quoique gravé par le (Oswald) avait écrit en allemand l'histoire 

célèbre Sébastien Le Clerc (3). ÎI. «1^!T ?! ^.!^.;^^^ 

^ ^ tleun 11. Le uiaooscrii eu Teliu de cet ou- 

' vrage se trouvait chez M. de Curberon , 

(3) Ce fameux nége de Metz, qui couvrit conseiller d*£tat à Colmar. Xous ne pensons 

<2e gloire le dur de fioise et où brillait i'é- pas qu'il ait été imprimé. 



ÀCQ 



SAL 



SALIMBEIf I (AicANOfOLo), p«in- 
f r<% né à Sienne, florissait en 1 560 (1 ). 
Après avoir étudie dans sa patrie les 
principes de son art, il se rendit à 
Rome, où l'anriti<^ qu'il contracta 
avec Frédéric Zuccaro ne ftif pas sans 
milité pour lui : toutefois il fut loin 
d'adopter la manière de son ami, et 
il prit un style tout à fait opposé 
k celui de ce maître. Il préfère la pré- 
cision du dessin à la pastosîté, et Ton 
aperçoit même dans plusieurs de 
ses ouvrages, notamment dans son 
Christ entouré de six saints , qui se 
conserve dans IVglise paroissiale de 
Lusignan, uu penchant à l'imitation 
du Pérugiu. Dans quelques-uns de 
ses taldeaux qui existent à Sienne, 
comme par exemple dans celui de 
Saint Pierre martyr, aux Domini- 
cains, son style est tout à fait mo- 
derne ; mais il est soigné et exempt 
de ces défauts que Fou remarque dans 
les ouvrages de Zuccaro, qui, à cette 
époque, était un des promoteurs du 
tnaniériume. Ce fut un bonheur ponr 
I rcole de Sienne qu'après la perte 
du Kicciu elle pAt être soutenue par 
Salimbeni, qui ^ s'il n'eut pas un gé- 
nie remarquable, eut assez de juge- 
nienl et de goût pour ne point se 
laisser entraîner par la corruption 
do son temps. CVst ainsi qu'au mi 
lien (les vict>s<ie toutes les écoles voi- 
sines, la sienne en demeura exempte, 
on du moins peu atteinte, et qu'on 
en vit sortir une foule d'élèves qui 

( i) Dans If tHl>le:iti de Saint Pierre mar- 
Ijrr^ qu'on voit iinx norninirniriA , il y u Br>D 
nom »vrr In d.itt* dn l57(); mais rrtte dntr 
doit être; ku|){)09C«!. Lh feniinc d'Arcjiigiolo, 
M lires la mort de non mnri, %v. maria en %o- 
4-ond<*H noi*(*9 et nrcniirliii de FraoçoinVaniii 
ffi r5G5. (> drrnif'r n\i donc pu étro, mai- 
^r<^ Popiniou commune, plèvt* d'Arcangiolo, 
qui n'a pu même donner que trè.s - peu Ile 
terapH deA leronii à son (ils Venturn, iiu Sorri 
«t au CaHolani, si l'époque de leur naÎMancc 
r.ht exacte. 



SAL 

contrihn^TAnt à la r^fomMderarl 
Italie, tt parmi Iftmiuals il soffil 
Dommer Pierre Sorri , le Casoii 
qae roB dit aroir été son beM-i 
et fon propre fils , le oheralier V< 
tura Salimbeiii. ArcaDgiolo se 
borna pas à travailler dans 9m 
il a laissé à d'autres villes de kT 
cane et du reste de Tltalie des M? 
ges, tant publics queparticalien,i 
l'on conserve avec soin. — FfM 
Salimbbni ou Bbvilàcqua, fili 
précédent, naquit à Sienne en 11 
Il reçut de son père les premien^ 
ments de son art, et ayant quitté I 
jeune la maison paternelle, il p 
courut une partie de la Lombardii 
se mit à étudier avec assiduité 
ouvrages du Corrige et des aot 
maîtres dont le goût commeoçii 
se propager en Toscane. U sera 
à Rome sous le pontificat de Sii 
Quint, et y produisit plusieursgn 
des compositions qui lui firent i 
haute réputation, et qui proon 
taieut un artiste qui se fût plicé 
premier rang si les plaisirs w. i 
vaientdihtraitdesesétudeii.Parim 
fresques qu'il peignit^ Borne, 0B< 
avec beaucoup d'éloges celle qu 
Voit dans une des chapellesde l'^l 
de Jésus et qui représente Alirsk 
adorant les angen. L'éclat, Taii 
bilité du coloris et des figures cb 
meut les yeux des moins connaisse! 
Srflimbreniyadéployéunecorrect 
de dessin, une entente de clair- 
scur qu'il a trop négligées parlas 
te. Il peignit quelques voûtes â 
Vanni, son frère utérin, et quoi( 
plus âgé de huit ans que ce demi 
il sut tirer profit de ses conseil! 
est vrai qu'il lui ressemble dans: 
faire qui tient de Baroche, et qn'il 
cède à peine pour la grâce des c( 
tours, pour l'expression et poor 
pinceau plein de morbidesse et 



SAL 

Il raporf ux. C'est dans les églises de 

g Saint-Quirice. et de Saint- Dominique 

,i qu'il a surtout fait voir ce dont il 

I était eapable. Dans la première est 

f un tableau de l'Ange gui apparaît 

\ près du tombeau de Jésus-Christ; 

I dans la seconde un Crucifix entouré 

^ de plusieurs saints. La ville de Sienne 

j lui doit encore quelques tableaux 

. précieux, particulièrement ceux où 

. il travailla dans le voisinage àes plus 

, eëlèbres artistes de son école. Les 

vastes compositions qu'il a peintes 

dans le cloître des Servites de Flo- 

; renceen concurrence avec le Poccetti, 

. ainsi que dans l'église du dAme de 

^ Pise, sont des ouvrages du premier 

^ .mérite. Il ne put jamais se fixer dans 

j aucune ville; il parcourut une grande 

j partie de l'Italie, laissant partout des 

I productions de son pinceau. Pendant 

«on Si^our à Pérouse, il peignit un 

, Saint Georges pour Téglise de Saint- 

I Vierre ; le cardinal Bevilacqua le prit 

en amitié, le créa chevalier de l'Épe- 

fon-d*Or, et lui permit dé prendre 

son uom qu'il conserva par la suite. 

Il séjourna plus long-temps à Gènes 

que dans aucune ville d'Italie. On y 

conserve encore les peintures dont 

il orna les appartements du palais 

Adorno; quelques autres ont péri. 

Il avaitamené avec lui dans cette ville 

Augustin Tassi, dont il se servit pour 

•peindre les ornements et le pajrsage. 

Il mourut en 1613. P s 

SALINAS ( François de ) , h.abile 
musicien espagnol, né en 1513 ou 
1513 à Burgos, était Ois de Jean de 
Saliuas, trésorier de l'empereur 
Charles-Quint. Vers l'âge de dix ans 
il eut le malheur de (>erdre la vue, 
ce qui ne l'enipécha point de se Ij. 
• vrer avec ardeur à l'étude des lan- 
gues grecque et latine , des mathé- 
matiques et surtout de la musique. 
Il cultiva aussi la poésie et traduisit 



SAL 



463 



avec élégance un certain nombre 
d'épigrammes de Martial. Nous ne sa- 
vons si elles ont été imprimées. Teis- 
sier {Éloges tirés de l'Hist. de M. de 
Thou ) prétend que Salinas devint 
le plus savant mathématicien de son 
temps f et que personne ne l'égalait 
dans la théorie et la pratique de la 
musique. Il jouait parfaitement de 
plusieurs instruments, dont il ac- 
compagnait sa voix , et, par son jeu 
et par son chant, il produisait des 
effets extraordinaires sur Pâme de 
tous ceux qui récoutaient(l). Ses ta- 
lents lui méritèrent l'estime et l'af 
fection du pape Paul IV, du cardinal 
de Granvelle, de Gaspard Qniroga , 
archevêque de Tolosa, de Roderic de 
Castro, archevêque de Séville, etc. 
Ils lui valurent encore la bienveil- 
lance et la protection du fameux Fer- 
dinand Alvarez de Tolède, duc d'AIbe, 
qui , étant vice-roi à Naples , lui fit 
avoir l'abbaye de Saint - Pancrace, 
dont le revenu était considérable. 
Salinas était en même temps profes- 
seur de musique à l'université de 
Salamanque. lly était liéd'uneétroiie 
amitié avec Louis de Léon (Aloysius 
Legionensis) (voy. ce nom, XXIV, 
l50), religieux augustin, qui y pro- 
fessait les saintes lettres. L'intéres- 
sant aveugle mourut dans le courant 
du mois de février 1690, âgé d'en- 
viron 77 ans. Des divers traités sur 
la musique qu'il avait successivemeii t 
dictés à ses élèves, il composa Tou- 
vr.ige, encore .»ujourd'hui estimé, 
dont voici le litre : Franc. Salinœ 
de musica libri VU, in quibus ejus 
doctrines veritas , tam quœ ad har- 
moniam, quam quœ ad rkythmum 
pertinetjuxtasensus et rationisju- 
dicium ostendilur et demonstratur^ 

(i) M. Vijrtiot {Études sur l'Espagne, 
p^g. 38o) dit quo Salinas est peut-être Je 
plan grHod orgHoiste qui ait jaaiaia «xiitf 



464 SAL SAL 

S.il.im.inqiif , 1 r»77, in-fol., lig.; ri'im- ftiilaire, il parvint à rentrer lUn 

primé. in(*me ville, même format , biens et n^ida dès lors dans sa 

en 1692. Ces deoz éditions sont ëga- de Tho^y, près de Këthel , ou 

lement recherchées et ne se trouvent fit remarquer par sa bîenfaîstw 

que diflicilement. B— l— u. obtint du roi le grade de maté 

SAL10(JosBPH)Jittérateur italien, de-camp eu 1815 et fut, à la a 

ne à Padoue en 1700 , appartenait à époque , nomme', par le départe 

une famille noble, et dès sa jeunesse des Ardenne^, membre de la C 

cultiva la poésie pour laquelle il bre des députés , oîi il siégea < 

avait un goiU prononcé. Ses talents tammrutaucentredroitetseiM 

et ses suecès lui ouvrirent les portes dans toutes les occasions, par 

de l'académie des réfugiée , dont il sage du système monarchiquc|el 

devint le secrétaire perpétuel. Quoi- zélé pour le^ intérêts de son ùi 

f|4i*il n*ait pas fourni une longue car- tement.qui avait eu beaucoup ai 

r ière, car une mort prématurée IVnle- frir des deux invasions. Dans la 

va Ie94avrill 737, il est auteur déplu- cussion sur Timpdt des bois$o 

sieurs productions qui prouvent qu*il demanda que le classement lût 

n'aiu*ait pas tardé à prendre un rang primé et que le droit de ciroob 

distingué sur le Parnasse italien. On (Ht remplacé par un droit pro 

a de lui : I. Pénélope, tragédie, Pa- tionnel sur le prix des ventes,! 

doue, 1734. II. OlAott, tragédie,! 730. nant pour exemple le dëpartei 

III. ixamen critique de quelque* des Ardennes qui, • dit-il. ne pro 

écrit)a<fia.IV.I>t0urédempfeur,poè- • que des vins de la dernière i 

uie en six chants, in otava rima. • lité, et qui cependant est | 

CVst Touvrage capital de Salio, ce- • dans la classe la plus élevce. 

lui qui a fondé sa réputation. La pu- « ville de Mouzon jouit , pour i 

retr et Tharmonie de rélocution , la « dire, d*une sorte de célébrité] 

grûccet la majesté des images cnrac- • la qualité inférieure de ses t 

térisent ce poème. Sans doute il ne • (oUo que dans un concile teni 

peut être comparé ni pour retendue « cette ville, en 498, les pères di 

ni pour la vigueur poétique k la Mee- « rèrent que les vins de Mouzod 

stiade de Klopstock ( voy. ce nom, • taient pas bons pour dire lann 

X\1I , 476 } ; mais on trouve que le • Eh bien! ces vins sont assujélis 

plan en est beaucoup mieux conçu et • mêmes droits qu^in vin de loi 

les détails mieux coordonnées. Z. Dans la discussion de Tavancefl 

SALIS ;(re haron Tatuts-Rodol* ^militaire il demanda que le droit il 

PHR, Gilbert de), né en Lorraine, le cieuneté fat remplacé par des orc 

novembre 1752 , d*une famille no- nancejt, ce que la Chambre repou 

ble originaire de la Suisse, entra 11 demandaensuite^ sur le budget 

fort jeune au service comme sous- différentes administrât ions^desréi 

lieutenant dans un régiment d'in- lions qui ne Ini furent] pas tduj< 

fanterie, où il était major, quand accordées, notamment dans la seu 

la révolution commença. Il émigra de 1817, où il prononça, sur ce gr 

en 1790 et fit une partie de la guerre sujet , un des meilleurs et des | 

dans les armées des princes français, honorables discours que l'on 

Revenu en France , dès que cela fut alors entendus. C'est un monun 

possible sous Ip gouvernement con- de véritable patriotisme e| que n 



SAL 

erayoBi dtvmr citer tout entier. « Au 
prenier eiaeien^ dit-il, qui a été 
fitit du budget , Boit dans les bu- 
reaux» soit dans les commissions 
spéciales, chaque membre a dû 
reculer devant la proposition 
ministérielle, en la considérant 
comme la mesure des charges acca- 
blantes qu'elle continuerait à im- 
poser à la nation épuisée. Si c*est 
le dcToir des ministres d'exposer 
les besoins présumés de PÉtat, com- 
me ils les conçoivent, et dans le 
iiystème qu'ils ont cru adopter, 
c'est celui des députés des dépar- 
tements de placer à cdté de ces hy- 
pothèses ministérielles les souf- 
frances réelles du peuple et les 
moyens qu'elles lui laissent. Vai- 
nement on cherche k reconnaître 
une nécessité incontestable à ces 
dépenses, dont chaque ordonna- 
teur forme une demande absolue, 
sur laquelle il semble déclarer n'y 
avoir pas un centime à rabattre ; 
et toujours les députés ont trouvé 
en opposition une nécessité ur- 
gente de soulager les contribua- 
bles et de leur donner enfin un si- 
gne sensible de l'avantage et de la 
réalité du gouvernement représen- 
tatif. En ett'et, sans la résistance 
des gardiens de la fortune publi- 
que aux demandes des dépositaires 
du pouvoir, que les circonstances 
ont long-temps dominés, k quels 
systèmes serions-nous conduits? 
Nous laisserions attacher la perma- 
nence à l'exagération des impOts 
actuels, transformer en charges or- 
dinaires pour la nation le poids 
immense des tributs accumulés 
successivement sur elle par un gou- 
vernement violent, par une guerre 
conduite avec des moyens extrê- 
mes, et par les événements prodi- 
gieux qui l'ont terminée; nous 

LXXX. 



SAL 



4eft 



laisserions enfin^au gouvernement 
légitime un caractère d'impuis- 
sance pour soulager ses adminis- 
trés, qui le discréditerait dans l'es* 
prit des peuples. Dirons-nons done 
à ceux qui nous ont envoyés : la 
Restauration vous a saisis sous le 
fardeau accablant des taxes inven- 
tées par le despotisme de l'ambi- 
tion la plus gigantesque ; eh bien, 
vous y demeurerez? Dirons-nous 
au gouvernement : vous demandez 
à la nation près d'un milliard d'im- 
pôts; eh bien, elle les paiera? 
Enfin, dirons-nous aux proprié- 
taires et aux cultivateurs : peut- 
être ne pourrez-vous pas, sans 
emprunts, solder vos frais d'ex- 
ploitation et de réparation, payer 
la rente de la propriété que vous 
avez acquise ou priseà bail, assu- 
rer la subsistance.de votre famille 
et acquitter tous vos impôts ; mais 
prenez patience, la presse est li- 
bre pour ceux qui en vivent, et le 
grand-livre, comme on vous l'a 
dit, attend vos. économies? Sans 
doute, ce serait une dérision, et 
cependant c'est à quoi se réduirait 
à peu près le résultat de la session 
dans l'intérêt des départements, si 
la Chambre acceptait le budget 
sans aucune réduction. Elle ferait 
mettre en doute, à la fois, et la na- 
ture de notre gouvernement et le 
courage des députés à remplir leur 
mission. Consentir l'impôt, en dé- 
terminer et vérifier l'emploi, le vo- 
ter tous les ans et rien que pour un 
an, s'il est direct, tel est le mandat 
que laCharte vuos donne;voter le né- 
cessaire, et seulement le nécessaire, 
c'est le mandat tacite de tous ceux 
qui nous ont envoyés; faire plus ou 
moins que cela, ce serait en même 
temps violer la Charte et trahir les 
intérêts de notre pays. Mais ce qui 

4^ 



4«6 



SAL 



Buiis impose parliculièreinfiit le 
devoir de soulager les contribua- 
blés, c'est la nécessité de discrédi- 
ter un système qu'on ne dissimule 
plus ; un système qui tend à tenir 
la propriété territoriale en défa- 
veur auprès du gouvernement, et 
la fure déconsidérer de ceux-là mê- 
me qui en sont les détenteurs. Par 
sonavilissementtChacunsembleêtre 
provoqué à la mobiliser, à transfor- 
mer son héritage en annuités, à l'é- 
changer contre des valeurs en pa- 
pier, et à placer, pour ainsi dire, 
son patriotisme et sa patrie en porte- 
feuille. Serait*il donc possible que 
ce fût chez la nation la plus favori- 
sée dans son territoire par Tavan- 
tage du sol, du climat et la variété 
de ses productions, que prévaudrait 
un système de divorce entre l'in- 
dustrie et la propriété territoriale, 
comme si les intérêts de l'industrie, 
du commerce et de l'agriculture, 
n'étaient pas inséparables, ne s'ali- 
mentaient pas les uns les autres, et 
n'avaient pas pour base commune 
le sol de la patrie? Ne serait - ce 
pas, au contraire^ en isolant ces in- 
térêts, en les opposant entre eux 
comme ennemis, qu'on pourrait 
nous ramener vers cet état primitif 
de la société, dans lequel l'homme , 
réduit au plaisir du calumet, bor- 
nait sa culture, ou sa pêche, ou sa 
chasse, au besoin de sa patrie? Mais 
ce n'est point à cet état sans doute 
que nous voulons retourner. Pro- 
tégeons tous les intérêts çn portant 
secours d'abord à celui qui engen- 
dre tous les autres. Les capitaux 
que vous laisserez k la propriété 
se reporteront d'eux - mêmes au 
commerce et à l'industrie ; ils faci- 
literont les entreprises, produiront 
le travail , les consommations , et 
accroîtront les recettes effectives 



SAL 

• auxquellesii'aisano^ du conioma 
« teur profite plus que U rigoe 

• de la perception. » Le baron deS 
lis s'oppou, en 1818, an projet 
loi concernant la récon^pense nati 
nale à accorder au duc de Richelii 
prétendant « qu'il ^ait contraire I 

• Charte, à la loi de 1814, qni «dée 

• ré inaliénables les immeubles al 

• tés à la dotation de la couronne; < 
il dit • encore que l'amendementck 

• commission était contraire auzi 

• tentions et au désir du duc;Iq 

• c'était une charge pobliqucqni d 

• être remplacée : car c'est la nati 
« de cette charge, plus encore qi 
' son poids, qui répugne à cehiiq 

• doitenêtrerobjet.Unedëpen8eq 

• le satisferait bien plus, est celieq 
« serait destinée à venir au seeN 

• de ces mêmes départements qi 

• son heureuse négociation a afln 

• chis.. (Foy. RicBBLiBU,XXXVn 
64.) Dans le cours de son opiaioi 
le baron de Salis c)it « que l'oea 
« pation du territoire français par l 

• troupes des alliés avait été pluspi 

• nible qu'humiliante , puisque k 

• peuples étrangers s'étaient rénal 
« tous pour faire chez nous ce qi 
« la France seule avait hit chez esx 

• mais l'oppression qui r^ulte et 
« droits de la victoire ne consolepi 

• de celle que l'on subit à son ton 
•et le souvenir de la prospérit 
« passée 'est bien loin de compea 
« ser les malheurs du présent. • l 
baron de Salis avait été réélu, iprc 
la dissolution du 5 septembre 1811 
et il continua de siéger au cAté di«i 
de l'assemblée jusqu'à Tépoquedei 
mort, qui eut lieu k Thugny, le S 
août 1820. « C'était, dirent alors plfl 

• sieurs journaux, entre autres le Ma 

• niteur, un homme d'un esprit fiac 

• délicat, d'une conversation plein 
« de charme , et qui avait oonseri 



SAL 

• toatasles formas de bienveillance 
« et de politesse qni cincténsaient 
« en Fhmce ce qnV)n appelait le bon 

• i(m. Pende personnes ont su lancer 
n nn trait malin avec moins d'amer- 

• tnme, nneépigramme avec plus de 

• politesse. La tournure de son es- 
« prit était en général un peu cans- 

• tique ; mais peu d'hommes ont eu 

• nne âme plus accessible aux récla- 

• mations dn malheur et aui plaintes 

• des infortunés-. •!! a publié : Mé' 
MOftal de la êêuhn de 1815, et J>l- 
if d'envoi par wn ûép^té des ilr- 
dminiêrMê, Paris, 1817, in-S^'de 
88 pages. M— Dj. 

aâLI8BUftT(RlCH ARD-AlITOlIVB) , 

botanbte anglais^ né en 176S, mem- 
bre de la Société royale de Londres, 
a été long- temps pépiniériste à Little- 
Chelsaa. De 1791 à 1818, il a enrichi 
les Actes de la Société linéenne, dont 
il était membre, d'un grand nombre 
de dissertations sur les diverses par- 
ties de la science des végétaux. On 
loi doit en particulier des remarques 
judidenàes sur les termes techniques 
emplofés dans la langue botanique, 
des olMenrations sur l'insertion des 
étamines elles stygmates des fleurs, 
ainsi que sur le mode propre de ger- 
mination des mousses.Dans plusieurs 
autres travaux spéciaux, il a traité 
successivement des eaniflre$, des w-^ 
ehHêa , des nymphéaMa et des 
plantes qni se rapportent à ces grou- 
pes naturels. Enfin il a décrit une 
foule d'espèces nouvelles ou peu con- 
nues dans les genres eypripeâium, 
pamroHum^ osuUiê^ tolanêra erica, 
fudg§a^ eiwardia^ himera , gagsa^ 
croeiM, etc., soit dans les Tramiae- 
tUm$ de la SociM Unienne^ soit 
dans les Ânmalee de botanique de 
Kœniget Symes. Nous ignorons l'é- 
poque précise de la mort de ce. sa- 
vant bôanîste. Il a publié séparé- 



SAL 



4S7 



ment : 1. leonei atirpiam rariùrum 
dêieripiionibui illmetratee,X tabui. , 
Londres, 1791, in-fol. allant. II. 
Prodromus stirpiutn in harto ad 
Chapel Alberion vigemium^ ibid., 
17*6, in-8». 111. 6\-P. Tbwnberg 
disêertatio de eriea, curante R.-À. 
SalUbury^ 1800, in-4<'. IV. Porodi- 
ius Londénemie^ ou Description et 
figures coloriées des. plantes culti- 
vées dans les environs de la métro- 
pole, 2 vol. in-4'' (CXX tab.), Lon- 
dres, 1806-1808. Z. 

SALIS»IJRT (WiLLUM), frère du 
précédent, a publié un seul catalogue 
des plantes du jardin qu'il dirigeait 
aux environs de Londres, et la col- 
lection des graminées de la Grande- 
Bretagne. Ces deux ouvrages ont pa- 
ru sous les titres suivants: I. Horkn 
Paddingtwmsis^ ou Catalogue des 
plantes cultivées dans le jardin de 
la terre de Paddington, appartenant 
à J. Symmons, Londres, 1797,in-8*. 
II. Hortuesiecus gramineas^ a Col- 
leetion of dried speeitnen of brUish 
Grasses unihbotamealiUasiraiiont 
Londres, 18r3, in-8^ Z. 

SALLE - de - CAotMB (le baron 
ÉnBNNB-FsANçois) était, à l'époque 
de la révolution , avocat du roi à 
Bourges. Il fut d^té du tiers-état 
du Berry aux États-Généraux de 1789, 
où il proposa, le S6 janvier 1790, de 
priver les religieux du droit de eité. 
Cette proposition fut combattue com- 
me injuste par Regnaud de Saint- 
Jean-d'Angely. Peu de jours après, 
Sallé-de-Choux fit une sortie vâié- 
mente contre les brigands révolu- 
tionnaires qui incendiaient les chi- 
teaux; mais, craignant qu'on nt 
prîtle prétexte de leur punition pour 
attenter à la liberté des citoyens pai» 
sibles, il demanda que tontes les pro- 
cédures de ce genre fussent soumisett 
à l'assemblée nationale avant l'exé- 



4f8 



SAL 



cuiiun lif I jugeoMuti. Le 11 déccui* 
bre, il prtfMDta uo rapport sur 
les troubles survenus à Hfsdin; 
propou dMmprouver la conduite des 
officiers municipaux de cette Tille, 
et celle du ministre de la guerre La 
Tour-du-Pin, qui n'avaient pas su 
réprimer la révolte, et d'incorporer 
dans la maréchaussée (c'est ainsi que 
s'appelait alors le corps de la gendar- 
merie), les oavaliersde iloyoi-C^m- 
pap^^ qni avaient donné le signal 
de la révolte, et qui forent licenciés. 
Depnia oatte époque, Sallé-de-Choux 
ne parut pins à la tribune, et il ren- 
tra, après la session, dans la vie pri- 
vée. Ces opinions de ce député don- 
nèrent lieu à des critiques plai- 
santes, que lés auteurs des Àete$ du 
Àp&tm insérèrent dans leur recueil, 
avec quelques Jeux de mots assez 
«ommnns sur la singularité de son 
nom. 8allé-de-Ghoux, dont les opi- 
nions furent toujours modérées, réus- 
sit à traverser assez heureusement, et 
sans y prendre aucune part, le ré> 
giwe de la terreur. Bn 1800, il fut 
nommé président du tribunal d'ap- 
pel du département du Cher, et de- 
vint, l'année suivante, premier prési- 
dent de la cour impériale de Bourges. 
Il présida, en 1312, la députation 
qui fut envoyée par le collège élec- 
toral du Cher à Napoléon, pour le 
gomplimenter sur la naissance de 
ion tils. 11 adhéra, en 1814, à la dé- 
chéance du même Napoléon , et pré- 
sida, dans le mois de juillet 1815, 
1^ collège électoral de Bourges, il 
continua d'être premier président 
do la Cour royale du Cher jusqu'à sa 
mort, vers i8ao. — Son tils, juge- 
auditeur en la Cour d'appel du 
m4m« département avant la recom- 
position des tribunaux, tut nommé, 
le U avril 1811, couieiiier^ la Cour 
impériale de Bourges. M— d j. 



SAL 

SA1XKK4;R0S(A. EMonFi 
çois) était avocat et oflieier miui 
pal à Maubeuge, quand il hit dép 
du Nord à raaseu»blëe législative, 
1791, et à la Convention natioiulf 
1702. Il se montra, dans cette d 
nière assemblée, l'un des ploi 
dents montagnards , et fut noa 
commissaire, dès le commeDceoM 
à la frontière du Nord, avec Dah 
et Gossuiu. La correspondasee 
ces députés fit alors concevoir^ 
inquiétudes sur la place de Maàfl 
ge, qu'ils dirent menaoée par4'«i 
mi , ce qui était sans aucuoe ni 
semblanee à cette époque. Sills 
gros était encore au même pis 
lors du procès de Louis XVI, et 
envoya son vote par écrit dsssl 
termes suivants : « Je ne puis e^ 

• tuier ni avec mes devoirs» ni if 

• la loi : je suis convaincu delool 

• les trahisons, des crimes de a» 

• pi ration de Louis Capet envers 

• nation française. Je suisdoucfon 

• et ne puis me dispenser, d'api 

• le mandat que. j'ai reçu de s 
« commettants , d'après pluiia 

• décrets de la Convention natiooa 

• d'après le texte formel de la loi, 
« condamner Louis Capet : je n 
« pour la mort. • On sait que, part 
des monstruosités de ce procès, 
votedescoQventionnels, quifutaii 
donné sans avoir entendu racca 
tiou ni la défense, compta commec 
lui des df pûtes présenta. Révisa 
sein de la Convention natiou 
Sailengros y siégea au sommet de 
Montagne, à côté deMoratetdsB 
bespierre; mais il parut pea à 
tribune, et fut toujours très-occ 
pé dans les comités des trivi 
et des secours publics , au nom dt 
qupis 11 présenta différents rappor 
Après la mort de Robespierre il 
rangea du parti des themidorin 



SAL SAL 46» 

qui iVvait renversé, et le 10 no- de dire que cet iiNpro«t«a<0ur u'ini- 

Vf mbre 1 1794 , il fit accorder dès provise point, ouie donne à la suite 

secours k la veuve de Lauze-Dnperet, d'an mot quelconque une anecdote 

dëputé girondin , qui avait péri sur ou une réflexion dont ce mot est 

l'ëchafaud. Il proposa , le 16 octobre l'objet, et qu'il copie ou que sa më- 

même année et le 27 janvier 1795, moire lui fuurnit, Z. 

de réunir la Sambre à TOise , et de SALUEBrChamont (Ghi-Mabie), 

fiûre exécuter le décret, ordonnant petit-neveu de racadëmicien de ce 

l'ouverture d'un canal à cet effet. U nom {voy. SâLMBB, XL, 187), naquit 

< fût élu secrétaire le 4 juillet sui- à La Rocbe-en-Breny, dans la Bour- 

^ Tant, et parut à la tribune deux jours gogne » vers 1750, et se rendit de 

1 après, pour y discuter l'Acte consti- bonne heure dans la capitale, où il 

« tutionnêl, en ce qui concernait la di- fit ses études de droit. Devenu con- 

^vision du territoire. Sallengros reu- seiiler au parlement de Paris, il s'y 

jira dans l'obscurité après la session, lia intimement avec -d'Eprémenii, 

jll était héraut-d'armes de Napoléon Sabatier, Robert de Saint- Vincent « 

|k l'époque de sa chute en 1814 , et il et se joignit k ces fougueux orateurs 

j disparut après la Restauration. 11 dans toutes les circonstances où il fut 

pétait déjà mort en 1816, et il échap- question de s'opposer aux décisions 

j^ipaainsià l'exil des régicides. M— Dj. de la cour. Ce fut surtout dans les 

.^ SAI^LENTIN (Louis), ué à Pont- nmontranceê du 34 juillet 1787 qu'é- 

^Sainte-Maxeoce le 17 janvier 1746, data avec le plus de violence ce sys- 

^était le curé d'un village du Beau- tème d^opposition , à l'occasion d'un 

^vpisis à l'époque de la révolution, impôt du timbre que le parlement in- 

^ Après avoir prêté tous les serments vita le roi à retirer, lui déclarant^ ce 

exigés des ecclésiastiques parles lois qui était une exagération manifeste, 

de la révolution, il éprouva en 1793 que la $euU annonce d$ cH impôt 

quelques persécutions, et fut obligé aï>aitjetél' alarme dans toutleroyau- 

àe cesser entièrement ses fonctions. fM, et que son exécution y répan- 

.^' S'étant alors rendu dans la capitale, drait un deuil universel. Le parle- 

' il s'y occupa de diverses compilations meut ne voyait de remède à taut de 

. iittéraires, et fut ensuite employé à maux que dans la convocation d'une 

^^l'administration de \à Gazette de assemblée nationale. On sait ce qu'il 

\ France, et non à la rédaction comme en est adirenu au malheureux Louis 

' on r» dit Sous le gouvernement XVI pour avoir cédé à ces remon- 

iiripérial, et dans les premières an- trances.Sallier,qui y avait pris beau- 

liées de la Restauration il signait ce coup de part, n'en fut pas viciime , 

journal comme éditeur responsable, comme son frère et la plupart de 

et il conserva cet emploi jusqu'en ses collègues ; il échappa aux mas> 

1820. IS'étant, à cette époque, re- sacres de la révolution, ease tenant 

tiré dansson déparlemeut, il ymou- soigneusement caché , et composa 

rul vers 18S0. Salleniiu a publié dans sa retraite, des ouvrages où l'on 

V improvisateur français t 1804-6, trouve des reuseignemeals, pré- 

21 vol. in-12, actuellement oubliés, cieux pour l'histoire, sur les évé- 

mais où Ton peut glaner quelques nemeuts dont il avait été témoin et 

faits , glanés eux-mêmes dans une acteur. U ne reparut qu'à l'époque 

multitude d'ouvrages; car il est juste delà Restauration, en 1814, et fat 



470 



SAL 



SAL 



alors nottouf nièiire «ks rtquétes H iIabs Icif u«1s il poisa timt « i 

chevalier de la Légion-d'HoBiieur par imporle de cuoiiattre sa r Pailî^ 

le gooTememeiit rayil. Sallier bom- SallîD t'éCait fixé à Lyon, où ses 

rut Ters t MO, dana an âge avane^. leats, jointa à aa candeur et à sii 

Ses oayrages imprimés aoot : 1. Vâm deatie, lui ooneîlîèrent l'estîaie 

«M èonfMcl êê roMt, rtnmteU^iê oérale. La juste relation qa*ilv 

r ina é^Or d'^pnUt, Paria, 1809 , s acquise ne pouTait qtie sVcrc 

Tol. în - 16. H. E$$ai$ àMon*f«Mt lorsque la mort le frappa dans n 

pour fcrtir d^lnfrodartfon d TAm- la Tîguear de Page, le 3S jaia i^ 

toir0 et la r^oolaltoii ^onfatae , par Outre divers moroeaiix de scolyo 

«N «Mfiafrat « tOOS, in-8*, publié il a gravé, d*après Wej^ellw^. 



d^dionl sous le voile de Tanonyme, 
et réimprimé en 1819 avec le nom 
lie Tanteur , sons ce titre : £t- 
aata pour arrrir é^imiroi^ciùm à 
l^Hairtêê lmré9oUtiifmframfm$€. 
lU.ÀmMU$firmmçm$t$êefmifùamh 
Mmconanl A» réfiK âê Lcmis Xfl 
jufq¥l*0m eomm t metm m i dat £lala» 
fénératUB, 1774-1780; 1818, in-8^ 
IV. ilfiiialaa flromfûisf*, mai 1780- 
uai 1700; 1881, 8 vol. ia-8*.— Son 
fr^re, Saixri (ffmrî), président de 
la cour des aides, périt sur récha- 
feud révolutionnaire, à Paris, tians 
le mois de mars 1 704 . M— d j . 

SALLIN (ManaicB), arUste distin- 
gué « fut d'autant plus remarquable 
qu^il n*eut pour guide et pour maître 
que la nature, et ue dut qu a lui seul 
les connaissances qu*il possédait. Né 
dans la Savoie eu i760 , de parents 
pauvres, il quitta ses montagnes 
fort jeune, comme un grand nombre 
de ses compatriotes, et vint en Fran- 
ce, où il exerça Phumble métier de 
ramoneur, puis celui de fondeur. 
Doué des dispositions les plus heu- 
reuses, il se livra avec autant d^ar- 
deur que de succès à la sculpture 
et à la gravure. Tous les moments 
qu'il nVmployait pas à ce travail, il 
les consacrait à la lecture des au- 
teurs anciens , tels qu^Homère , Hé- 
rodote, Pline et Strabon, dont il sa- 
vait, dit-on. les ouvrages par cœur, et 



portnit de J.-Bm. Gilibert . pla 
téted*un des ouvrages de ce l'vaè 
médecin lyonnais. P-4. 

SALUOR (llAnn-Fft\:<a>K 
à Versailles vers 1740. fit 5«^ èm 
à Paris et fut d'abord destiné m : 
rean. Il était avocat dans cette i 
lorsque la révolution commen^i 
il en adopta les principes avec m: 
ration. Ayant traversé assex bi 
blement IVpoquede la terreur,:! 
tra dans la carrière de IVnseï^ 
ment après la chute de Robesp'v 
et fht nouinié inspecteur du cvi 
de Sainl-Cyr, puis dn prytaîiee?» 
çais. Il mourut à Paris en i$<M : 
lier était membre de plusieun j 
demies, entre autres de cell< 
Madrid. On a de lui : I. Mamuti cî 
nologique, ou RappcMri et* 4Ju 
fuiranl U* quatre fmamièrts ia 
compter tes ptus usitées, pow f 
loiff ondemie. Paris, i70i. Il 
fruits de mon jardin . premitr 
«wr, Paris, 1708^ 4* cahier, la 
IIL ror6ei7/e des fteurs de fHv'A ; 
din, deuxième panier^ Paris. V 
4 cahiers, in-13. Cesdeuv deraM 
publications étaient perM^iques 
première, destinée aux enfantSs '4 
conde, aux pères. Sallior « ri b 
comme éditeur, une traduction i> 
lh>imi com$uedia de CMnte. 
Colbert;d'Bslouteville. pett-fils 



grand Colbert, 1706.3 pan in^. 
vx^oti^nTac-vmaninii voi.rsifr. 



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