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http://www.archive.org/details/biographieuniver003ft
BIOGRAPHIE
UNIVERSELLE
DES MUSICIENS.
TOME TROISIÈME.
CA-DZ.
\
IMPRIMERIE DE ODE ET WODON
Boulevard do Waterloo, N° 34.
BIOGRAPHIE
UNIVERSELLE
DES MUSICIENS
BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE
LA MUSIQUE.
PAR F. J. FÉTIS,
MAITRE DE CHAPELLE DU ROI DES BELGES ET DIRECTEUR DU CONSERVATOIRE
DE BRUXELLES.
TOME TROISIÈME.
t
/
BRUXELLES.
LEROUX, LIBRAIRE-ÉDITEUR, RUE DE LA MADELEINE, N° 9.
MONS, MÊME MAISON, GRANd'pLACE , N° 36.
MAYENCE.
LES FILS DE B. SCHOTT, ÉDITEURS DE MUSIQUE.
M D C C C X X X V I .
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UNIVERSELLE
CABALONE (michel), ouGABELONE,
ou GABELLONE , fat le premier maître de
contrepoint du violiniste Emmanuel Bar-
bella. Il est mort à Naples, sa patrie,
en 1773, dans an âge peu avancé. Ou
connaît de lui : 1° Alessanclro nell'In-
die ; 2° Adriano in Siria (1740). Il y
a à la bibliothèque du Conservatoire de
Paris une partition manuscrite d'un ora-
torio de la Passion } composé par Caba-
lone on Gabelone.
CABEZON (antoine), musicien de la
chambre et de la chapelle du roi d'Espa-
gne Philippe II, naquit à Madrid en 1510,
et mourut dans la même ville le 26 mars
1566, à l'âge de 56 ans. Il fut inhumé
dans l'église des Franciscains de Madrid ,
et l'on mit sur son tombeau l'épitaphe
suivante :
Hic situ9 est felix Antonius ille sepulchro ,
Organici quondam gloria prima chori.
Cognomen Cabezon cur eloquar? inclyta quando
Fama ejus terras , spiritus astra colit.
Occidit heu ! tota régis plangente Philippi
Aula ; tam rarum perdiditilia decus.
On a de Cabezon : Libro de Musicapara
tecla : harpa, y viguela. (Livre de mu-
sique pour jouer du clavecin, de la harpe
et de la viole ) , Madrid , 1578 , in-fol.
Cet ouvrage a été publié par les soins de
TOME m.
son fils. C'est la seule production de Ca-
bezon qui est venue jusqu'à nous.
CACC1ATI ( don maumzio ) , maître de
chapelle à St-Pétrone de Bologne , com-
positeur dramatique vers 1660. Il a laissé
en manuscrit beaucoup de musique d'é-
glise, et plusieurs opéras , parmi lesquels
on remarque : 1° Nitteli; 2° Orlando.
CACCINI (jules), né à Borne, fut
connu et cité sous le nom de Giulio Ro-
«zrmo.Les écrivains de son temps ont garde"
le silence sur le commencement et la fin
de sa vie; il y a même beaucoup d'incer-
titude sur l'époque de sa naissance. Tou-
tefois il fournit lui-même une date ap-
proximative clans la préface de son recueil
de madrigaux intitulé : Nuove Musiche
( publié en 1615 ) ; car il y dit qu'il avait
vécu trente-sept ans à Florence; or, ou
sait qu'il arriva dans cette ville fort jeune,
mais déjà artiste, vers 1578 , d'où il suit
qu'il a dû naître vers 1558 ou 1560. Il
eut pour maître de chant et de luth Sci-
pion Délia Palla, qui ne le rendit point
savant musicien, mais qui en fit un chan-
teur habile et un homme de goût. On
ignore s'il se détermina de lui-même à se
rendre à Florence , ou s'il y fut appelé par
les Médicis ; mais on sait qu'en 1580 il
était attaché à la cour en qualité de chan-
teur. Il est certain aussi qu'aux fêtes de
1
CAG
CAC
noces du grand duc François deMedicis avec
BiancaCapello, célébrées en l579,Caccini
chanta le rôle de laNuit, accompagné par
des violes l , dans un intermède dont la
musique était de Pierre Strozzi.
A cette éqoque, Jean de Bardi , comte
deVerniojScs amis Jacques Corsi et Pierre
Strozzi, à qui s'étaient réunis Vincent Ga-
lilée , père du célèbre physicien , Mei et le
poète Rinuccini , avaient formé une asso-
ciation artistique qui avait pour but de
faire revivre l'ancienne déclamation musi-
cale des Grecs, et de l'appliquer au drame.
Les membres de cette société avaient pris
en aversion le genre madrigalesquc à plu-
sieurs voix, et voulaient lui substituer
des chants à voix seule, accompagnés d'un
instrument. Cette idée n'était pas absolu-
ment nouvelle , car dans une fête donnée
à Galéas Sforce et à son épouse, Isabelle
d'Arragon, par Borgonzo Boita, noble
de Tortone , en 1488, il y eut un inter-
mède où les dieux et les déesses chantèrent
tour à tour. Au mariage de Cosme 1er
avec Éléonore de Tolède , en 1539 , on en-
tendit Apollon chanter, en s'accompa-
gnant de la lyre, des stances poétiques
à la louange des deux époux , et les muses
répondre à ce chant par une canzone
à neuf parties réelles. Enfin, aux mêmes
fêtes, l'Aurore réveillait par ses chants les
bergers, les nymphes, et était accompa-
gnée par un clavecin 2.
Admis dans la société des hommes
distingués qu'on vient de nommer, et
instruit par leurs entreliens de la révo-
lution qu'ils voulaient opérer dans la mu-
sique, Caccini sentit s'éveiller en lui le
génie qui le rendait propre à réaliser une
partie des vues et des espérances de ses
patrons. Homme d'esprit , il comprit qu'il
avait tout à gagner à cette transformation
de l'art, car son ignorance des règles du
contrepoint était à peu près complète, et
la nature lui avait accordé le don d'inven-
ter des chants que son talent d'exécution
faisait valoir. Ses canzonettes et ses son-
nets acquirent une vogue extraordinaire ; il
les chantait avec l'accompagnement du
théorbe, instrument qui venait d'être in-
venlé par un Florentin nommé Bar-
de lia.
Ces heureux essais déterminèrent le
comte de Vernio à écrire, en 1590, le
poème d'une monodie } sorte de scène
à voix seule, que Caccini mit en musique
avec succès. Peu de temps après, Bardi
quitta Florence pour aller se fixer à Rome.
La maison de Corsi devint alors le centre
de la société d'artistes et d'amaleurs dont
ce seigneur était un des fondateurs. Eu
1594, son ami, le poète Rinuccini , fit
un second essai dans sa Daphné } et char-
gea Péri et Caccini de la composition de
la musique. Plusieurs autres petils dra-
mes de ce dernier succédèrent à celui-là,
et furent joués dans la maison de Corsi où
ils excitèrent l'enthousiasme. Ces pasto-
rales avaient eu pour modèles Il Saliro }
d'Emilio del Cavalière (V. Cavalière),
représenté publiquement à Florence, en
1590 , Ladisperazione di Fileno (1590),
et II Giuoco délia Cieca (1595) , ouvrages
du même compositeur; maison ne peut
nier qu'il y eût dans le style de Caccini
quelque chose de plus dramatique que
dans celui de Cavalière. Les méditations
de tant d'hommes distingués conduisi-
rent enfin , après environ vingt ans de re-
cherches , à la découverte d'une espèce de
déclamation musicale destinée à changer
la direction de l'art. Rinuccini, musicien
autant que poète, paraît avoir eu la plus
grande part dans celte découverte. Les
fêtes célébrées en 1600 , pour le mariage
de Henri IV , roi de France , avec Marie
de Médicis, lui fournirent une occasion
favorable pour réaliser ses idées à cet
égard; il écrivit pour les fêtes qui furent
alors célébrées une Tragedia per Musica
» Feste r.elle Nazie del Scvenisslmo D. Frnneesco
Médiat gmn Duca di Toscana , clCi Fire»ïe , Filip. et
Jac. Giunti, 1579. 40.
a V. Jpparato e Fesle nelle nazis dello Ilîttstriisimo
Sig. Duca di Fiinme , etc. Tinrent» -, Bencd, GiunU,
1539, in- 8., p. 40.
CAC
dont le sujet et le titre étaient Euridice.
Péri écrivit la plus grande partie de la
musique de cet ouvrage ; Caccinifut chargé
de la composition des airs du rôle d'Eu-
ridice et des chœurs. Plus tard , il écrivit
de nouveau tout l'opéra, et lit imprimer
à Venise sa partition.
Quel que fut le mérite de Péri et l'im-
portance deses travaux dans sa collabora-
tion avec Caccini, il paraît que sa gloire
fut éclipsée par celle de ce dernier, car
les contemporains de Caccini s'accordent
à le considérer comme ayant eu la plus
grande part dans la création du draine ly-
rique. L'abbé Angclo Grillo , ami du
Tasse , lui écrivait : « Vous êtes le père
o d'un nouveau genre de musique, ou plu-
« tôt d'un chant qui n'est point un chant,
« d'un chant récitatif, noble et au-dessus
<c des chants populaires, qui ne tronque
«pas, n'altère pas les paroles, ne leur
« ôte point la vie et le sentiment, et les
o leur augmente au contraire, en y ajou-
«■ tant plus d'ame et de force, etc. l.» Jean
de Bardi, dont le témoignage est d'un
grand poids pour le temps où il écrivait,
s'exprime ainsi dans un discours adressé
à Jules Caccini lui-même : « Selon mon
« sentiment et selon celui des connais-
« seurs, vous avez atteint le but d'une
« musique parfaite; non seulement per-
« sonne ne vous surpasse en Italie, mais
«il en est peu, et peut-être n'en est-il
« aucun qui vous égale 2. » Doni , en plu-
sieurs endroits de ses ouvrages , accorde
aussi beaucoup d'éloges à Caccini. 11 pa-
raît qu'avant de s'exercer dans le genre de
musique qui fit sa réputation , cet artiste
avait écrit d'autres ouvrages dans l'ancien
style , et qu'il n'y avait pas réussi , caf
Pierre Délia Valle dit, en le rangeant
parmi ceux qui ont le plus contribué aux
progrès de la musique moderne : Giulio
Caccini egli ancora } detlo Giulio Ro-
CAC
3
mano ; via dopo che si fu esercitato
nelle musiche di Firenze; perche nelle
altre innanzi , con buona pace di lui }
non ci trovo lanto di buono*. Ces mots
de Délia Valle, con buona pace di lui,
nous font connaître que Caccini ne vivait
plus au mois de janvier 1640, car le dis-
cours où ils se trouvent est daté du 16 de
ce mois. Il aurait été âgé alors d'un peu
plus de quatre-vingts ans.
Malgré tant d'éloges accordés à Caccini
par les écrivains de Florence, les produc-
tions de ce musicien ont été l'objet de cri-
tiques amères depuisenviron quarante ans.
Burney , copié par quelques auteurs alle-
mands , a reproché à ses chants d'être em-
preints de monotonie, et leur a trouvé de
l'analogie avec le style de Lulli. En cela,
il a fait preuve de cette légèreté de jugement
qu'on remarque en beaucoup d'endroits de
son Histoire delà musique, lorsqu'il y ana-
lyse les œuvres des anciens compositeurs.
11 n'y a pas la plus légère analogie entre
les mélodies de Caccini et celles de Lulli,
encore moins de ressemblance dans le ré-
citatif. Caccini est sans doute inférieur à
Monteverde , sous le rapport de l'expression
passionnée , et il a été surpassé dans le réci-
tatif par Carissimi ; mais les formes de ses
mélodies ont de l'originalité; les périodes
en sont longues, et l'examen attentif de
ses ouvrages fait voir qu'il saisissait fort
bien le caractère des paroles. Quant aux
ornemens du chant, il a su leur donner
une grâce qu'on ne trouve point dans le3
œuvres de ses contemporains. Ses madri-
gaux à voix seule offrent en ce genre des
choses de très bon goût. C'est donc à tort
que les auteurs du nouveau lexique uni*
versel de musique, publié sous la direc-
tion de M. Schilling, ont copié Gerber ,
et ont dit que celte musique n'est qu'une
psalmodie. C'est à tort surtout qu'ils
ont reproché à d'autres écrivains d'avoir
lLeltere dell'abate Angclo Grillo, Venezia , 1608 ,
f. 1. p. 435.
» Discorso mandata da Gio. de Bardi a Giulo
Caccini detlo Roniano sopra la Muiicn , c'I cnntaf
ùene. Dans les œuvres de J. E. Demi, t. 2, p. 233.
3 Délia Musicn deW elh noslra , etc., dtscorso di
Pictro Deila Valle. Selle opère del Doni, t. 2,
p, 249.
â
CAG
cm
considéré Péri et Caecini comme des in-
venteurs et comme de grands artistes. Nul
commencement n'est grand ni beau, disent-
ils ! mais n'y a-t-il pas un immense mérite
à commencer?
Tous les écrivains sur la musique, du
temps de Caecini, l'ont signalé comme le
meilleur chanteur de son époque, et Pra>
torius en parle en ce sens ( Sytitag. Mu-
sic, t. 3 , p. 230 ). Il avait formé quel-
guesélèvesqui passaient pour des chanteurs
distingués. Cependant Gerher {Neues
Lexikon cler Tonkunstler, t. 1 , col. 595)
se moque et de Prsetorius et de Caecini ,
et dit qu'à juger des fioritures du chant
de Caecini par son trille , qui consistait
en 8 ou 16 fois la même note répétée, ce
dernier devait être un pauvre chanteur.
Gerber , en cela comme en beaucoup d'au-
tres choses, n'a su de quoi il parlait; il a
pris pour le trille de Caecini l'ancien orne-
ment de chant appelé vibrato. Parmi les
élèves de Jules Caecini , on remarquait sa
fille Francesca, dont le talent dans l'art
du chant est vanté par Doni. Elle vivait
en 1640, et se faisait remarquer comme
poète et comme musicienne. (V. Opère
delDoni, t. 2, p. 257. )
Les ouvrages connus de Jules Caecini
sont : 1° Combattimento d'Apolline
col serpente , monodrame , poésie de
Bardi, en 1590, représenté à Florence ,
dans la maison du poète; 2° Daphne ,
drame, poésie de Rinuccini , représenté
chez Corsi en 1594 ; 5° Euridice , tragé-
die mise en musique par Jacques Péri et
Caecini, représentée en 1600, d'abord en
particulier, puis publiquement. La plus
grande partie de cet ouvrage par Péri ;
4° // Ratto di Cefale, représenté en 1600
en société particulière ; la poésie, par Ri-
nuccini , la musique par Péri et Caecini ,
mais la plus grande partie par ce dernier;
5° Euridice, musique refaite entièrement
par Caecini, publiée à Venise en 1615;
6° Le Nuove Musiche , collection de ma-
drigaux à voix seule, de canzoni et de
monodies. Venise, 1615; ouvrage qui
peut être considéré comme un des plus
importons de Caecini.
CACC1NI ( horace ) , fut maître de cha-
pelle de Sainle-Marie-Majeure, à Rome,
en 1577. 11 eut pour successeur Nicolas
Pervè , en 1581. Je possède une messe
De beata Virgine à cinq voix, de ce
maître.
CADEAC (pierre), compositeur fran-
çais qui vivait vers le milieu du 16e siècle,
a publié un recueil intitulé : Moteta
quatuor, quinque et sex vocum, lib. 1 ,
Paris, Adrien Le Roy, 1555, in-4°
oblong. On trouve aussi une messe à 4
voix de ce musicien dans une collection
de messes de divers auteurs français , re-
cueillies par A. Cardane, et publiées sous
ce titre : XII Misses cum 4 voc. a cele-
berrimis auctoribus conditœ , nunc re-
cens in lucem editœ , atque recognitœ }
Paris , 1554. Dans la bibliothèque de
M. l'abbé Santini, à Rome, il y a des mo-
tets à cinq voix de Cadeac , imprimés à
Paris en 1544.
CiESAR (jean-melchior) , né à Sa-
verne, en Alsace, vers le milieu du 17e
siècle, fut maîlre de chapelle des évêques
de Bamberg et de Wiirtzbourg en 1683 ,
et passa en 1687 en la même qualité à la
cathédrale d'Augsbourg. On a de lui les
ouvrages dont les titres suivent : 1° Tri'
sagion Musicum, complectens omnia
qffertoria de communi Sanctorum et
Sanctarum, de Maria Virgine et dedi-
catione Ecclesiœ, secundum proprium
textum gradualis Romani cum 6 , scilicet
C. A. T. B. et 2 violinis concordanti-
bus. Cum adjunctis ad libitum quatuor
vocibus concordanlibus, tribus violis et
fagotto autviolone. Op. 1. Wiirtzbourg,
1683, m-fol. ; 2° Misses brèves VIII.
4 vocibus et 2 violinis concertantibus
ac totidem vocibus et violis cum fagotto
accessoriis ad bene placitum. op. 2 ,
Wiirtzbourg, 1687, in-4°; 3° Lustige
Tafelmusik in FI Stûcken mit 60 Ba-
letten , bestehend in unlerschiedlichen
lustigen Quodlibetten und kurzweiligen
CAF
CAF
deutschenConzerten. Wùrtzbourg, 1684,
grand in-4° ( Musique agréable de table ,
consistant en six pièces, etc.) ; 5° Psalmi
vesperlini dominicales etfestivi per an-
nuni, cuni 2 magnificat C. A. T. B.
2 violinis concert, cum 2 violis ,Jagotto
aut violone , et 4 repienis seu vocibus
concordantibus ad libitum. Quibus pro
additamento adjuncti sunt psalmi alter-
nativi duplici modo , 2 , 5 , 4 , 5 et 6 tum
vocibus , tum instruments , prioribus ad
beneplacitum intermiscendi ; op. 4,
Wùrtzbourg , 1690, in-4° ; 5° Hymni de
Dominicis et tempore, de proprio et
communi sanctorum , aliis iiniversorum
religiosorum , ordinum principationibus
per totius anni decursum, in ojjlcio ves~
pertino decantari solitis. Wùrtzbourg ;
1692,in-4°.
CiESARIUS ( jean-martin ) , contra-
punlistedu 17e siècle, a publié : Concen-
tus sacros 2-8 vocum. Municb, 1622.
CAETANO ( fr. luiz de ) , moine por-
tugais et sous- chantre d'un cloître de Lis-
bonne], naquit dans cette ville en 1717.
On a de sa composition un ouvrage inti-
tulé : Corona seraphica de puras et fra-
grantes flores pelo ardente affecto dos
f rades menores da pr ovine ia de Portu-
gal para com summa melodia ser qffe~
reieda emaccao de graças nos coros
Franciscanos , no das mais religioens
sagradas lodas amantes da pureza Ma-
riana. Lisbonne, in ojjicina Joaquiniana
da musica. 1744.
CAFARO (pascal), compositeur, né
en 1708 , à San-Pietro , dans la province
de Lecce, au royaume de Naples, fut ad-
mis comme élève au conservatoire de la
Pietà , où Léo fut son maître de composi-
tion. Ses études étant achevées, il devint
maître de la chapelle du Roi, et maître
de l'école où il avait été élève. 11 est mort
à Naples en 1787. Bien qu'il ne fût pas
un musicien fort remarquable sous le rap-
port de l'invention , Cafaro obtint néan-
moins des succès à cause de la grâce natu-
relle de ses mélodies et de la pureté de son
style. On connaît de lui les œuvres dont
les titres suivent : 1° Oratorio perl'inven-
zione délia croce, Naples, 1747; 2° Iper-
mnesira , Naples, 1751; 3° La disfatta
di Dario, 1756; 4° Antigono , 1751',
5° L'Olimpiade; 6° L' Incendia di Troia }
Naples, 1757 ; 7° Cantata à tre voci per
festeggiare il giorno natalizio di Sua
Maestà, Naples, th. S. Carlo, 1764,
8° Arianna e Teseo , ibid., 1766;
9° Cantata a tre voci per festeggiare il
giorno natalizio di sua Maestà Catolica,
Naples, th. S.Carlo, 1766; 10° Giusti-
zia placata , 1769; 11° Cantata a pik
voci pour la translation du sang de
saint Janvier, Naples, 1769, 75, 81 , 83 ;
12° Creso, Turin, 1777; 13° Belulia
libéra ta; 14° // Figliuolo prodigo ravve-
dulo • 15° Oratorio pour Saint-Antoine de
Padoue; 16° Il trionfo di Davidde,
oratorio. Un air de Cafaro , Belle luci
che accendete , a eu un succès d'enthou-
siasme. La musique d'église de ce com-
positeur est simple, mais expressive. Son
Stabat est à juste titre considérécomme une
bonne production. On cite aussi avec éloge
le psaume 106e [Confilemini) qu'il a écrit
pour soprano , alto et ténor , avec chœurs
et orchestre. Le tombeau de Cafaro se
trouve près de celui d'Alexandre Scarlatti,
dans la chapelle de sainte Cécile, à l'église
des Carmes de Monte-Sanlo , hors de la
porte Médina , à Naples. On y lit cette
épitaphe :
D. 0. M.
Divinaque. Cseciliœ. Tutelari. Suae.
Diù. Dicatum. Altare. Sacellumque.
Musicorum. Chorus. iEdis. Regii. Pallatii.
Sibi Proprium.
Anctore. Paschale. Caffaro.
Regiarum. Majestatum. Magistro.
Et. primo, ejusdem. iEdis. Corago.
iEre. Collât. Exornarunt.
Anno. M. D. CC. LXXXVII.
Curantibus.Petro. Antonacci. Hieronymo.
De Donato. Et. Joachimo. Sabbatmo.
Annuis Praefectis.
CAFFARELLI.Voy. Majorant
CAF
CAF
CAFFI ( FKAKçois) , littérateur italien,
né à Venise, a donné une biographie du
maître de chapelle de Saint-Marc Furla-
netto , sous ce titre : Délia vita e ciel
comporte di Bonavenlura Furlanetlo ,
dello Musia, Veneziano , maestro di
cappella ducale di S. Marco. Venise,
Picotti, 1820, 40 pages in-8°, avec le
portrait de Furlanetto. Il y a peu de cri-
tique et de connaissance de l'art dans ce
morceau.
CAFFI AUX ( DOM PHILIPPE-JOSEPH ) ,
bénédictin de la congrégation de St-Maur,
naquit à Valenciennes en 1712, et après
avoir achevé ses études, entra fort jeune
dans Tordre de Si-Benoît. Il mourut à
Paris, à l'abbaye St-Germain-des-Prés ,
le 26 décembre 1777. Ce savant religieux
est connu principalement par le premier
volume d'un livre qui a pour titre : Trè-
sor généalogique } ou extraits des litres
anciens qui concernent les maisons et
familles de France. Paris , 1777 , in-4°.
La suite de cet ouvrage n'a point paru ,
mais elle se trouve en manuscrit, avec
les matériaux que Dom Caffiaux avait
rassemblés, à la bibliothèque royale de
Paris. Plusieurs autres ont élé publiés ou
entrepris par lui, maison ne le cite ici
que comme auteur d'une Histoire de la
Musique, dont le manuscrit autographe
a été retrouvé à la bibliothèque royale par
l'auteur de ce Dictionnaire. Cet ouvrage,
dont le prospectus avait paru en 1756,
fut annoncé comme étant sous presse, dans
le catalogue des livres de musique qui se
trouve à la fin de YHistoire du Théâtre
de V Académie royale de Musique , pu-
bliée parle président Purey de Noinville;
mais le nom de l'auteur y était défiguré
en celui de Caffiat. Forkel ( Allgemeine
Lilleratur cler Musik , p. 21) et Lichten-
thal ( Dizzion. e Biùliog. délia Musica ,
t. III ) , ont copié cette annonce sous le
même nom , et ont cité l'ouvrage comme
avant été imprimé en 1757, en 2 volu-
mes in-4°. La Borde n'en a rien dit dans
le catalogue des écrivains sur la musi-
que , inséré au troisième volume de son
Essai sur cet art, et les auteurs du
Dictionnaire historique des musiciens
(Paris 1810-1811) ont imité son silence.
L'auteur anonyme de l'article peu étendu
sur Dom Caffiaux, de la Biographie uni-
verselle publiée par MM. Michaud , dit,
après avoir cité le Trésor généalogique :
«H (D. Caffiaux) avait précédemment
it fait paraître un Essai sur l'histoire de
« la musique , in-4°. » Cependant ayant
acquis par ses recherches la certitude
qu'aucun livre portant le nom de Caffiaux
n'avait paru sous les litres d'Histoire de
la musique ou d'Essai sur l'histoire de
la musique , l'auteur de ce dictionnaire
doutait de l'existence de cet ouvrage , lors-
qu'un hasard heureux le lui fit découvrir,
au moment où il faisait des investigations
sur un autre objet, parmi les manuscrits
de la bibliothèque royale.
Le manuscrit original du P. Caffiaux
( coté 16, fonds de Corbie ) est contenu
dans un portefeuille petil in-folio. On y
trouve en tête une note de la même main ,
sur une feuille volante, qui contient le
détail des diverses parties de l'ouvrage.
Cette note est ainsi conçue :
« L'histoire manuscrite de la musique
« faite par Dom Caffiaux est renfermée
« dans vingt cahiers, qui sont : 1. Pré-
« face et table générale en 24 pages ;
k 2. Dissertation I , sur l'excellence et les
« avantages de la musique , en 83 pages;
o 3. Livre I , Histoire de la musique , de-
c puis la naissance du monde, jusqu'à la
« prise de Troie, en 52 pages; 4. Lix. H,
« Histoire depuis la prise de Troie jusqu'à
«Pytliagorc, en 42 pages; 5. Disserta-
« lion II sur la musique des différens
« peuples , en 65 pages; 6. Dissertation
« III , sur la musique des différens peu-
«ples, en 65 pages; 7. Liv\, III, His-
« toirc de la musique , depuis Pytliagorc
«jusqu'à la naissance du christianisme,
« en 59 pages; 8. Dissertation IV sur les
« inslrumens de musique anciens et mo-
« dernes, en 57 pages; 9. Dissertation
CAF
CAF
« snr le contrepoint des anciens et des mo->
« dernes , en 46 pages ; 10. Dissertation VI
« sur la déclamation , en 41 pages ;
a 11. Livre IV, Histoire de la musique,
« depuis la naissance du christianisme
«jusqu'à Gui d'Arezzo, en 51 pages;
« 12. Dissertation VII sur le chant et sur
«la musique d'église, en 59 pages;
« 13. Livre V. Histoire delà musique,
« depuis Guy d'Arezzo jusqu'à Lulli ,
«en 123 pages; 14. Dissertations VIII
a et IX sur l'Opéra et sur la sensibilité des
« animaux pour la musique, en 24 pages;
«15. Livre VI. Histoire de la musique,
« depuis Lulli jusqu'à Rameau , en
a 98 pages; 16. Dissertation X. Paral-
« lèle fie la musique ancienne et moderne,
« en 23 pages ; 17. Dissertation XI. Pa-
« rallèle de la musique française et i ta-
a lienne,cn 43 pages; 18. Dissertation XII,
« Parallèle des Lullistcs et des anlilullis-
«tes, en 26 pages ; 19. Livre VII. His-
« toire delà musique depuis Rameau jus-
« qu'aujourd'hui (1754), en 145 pages ;
« 20. Catalogue des musiciens, dont il
« n'est point parlé dans le corps de l'ou-
a vrage , en 25 pages; 21. Total des pa-
« ges du manuscrit, 1171.»
Cette note , conforme à la table géné-
rale qui suit la préface et qui contient
l'analyse de chaque partie de l'ouvrage,
n'est cependant point d'accord avec l'état
actuel du manuscrit , qui ne forme que
9 cahiers. Le premier de ces cahiers ren-
ferme la préface et la table analytique des
matières; mais la deuxième, qui devait
contenir la dissertation sur l'excellence de
la musique, en 83 pages, manque; on ne
trouve à sa place que deux feuilles, cotées
pages 109-116, où se trouve le commen-
cement du premier livre. Cette pagination
est conforme à la note ; car les 24 pages
de la préface et de la table , et les 83 pa-
ges de la dissertation , composaient un
total de 107 , plus , la page du litre ; ve-
nait ensuite le premier livre, commen-
çant à la page 109. Les cahiers du pre-
mier et du deuxième livres sont complets ;
mais le cinquième et le sixième , qui con-
tenaient les deuxième et troisième disser-
tations, ont disparu , ainsi que ceux des
dissertations 4, 5, 6, 7, 8, 9,10, 11
et 12. Les livres troisième, quatrième,
cinquième, sixième et septième , ainsi que
le catalogue des musiciens, sont complets.
La perte des dissertations n'est point
l'effet du hasard; car plusieurs ebange-
mens de titres, corrections et raccords,
tous de la main de Dom Caffiaux, démon-
trent que lui-même avait fait ces suppres-
sions. C'est ainsi que les huit premières
pages détachées du premier livre ont été
presque entièrement changées dans le
cahier qui renferme ce livre. Quant à sa
volonté de faire les suppressions dont il
vient d'èlre parlé, elle est manifeste par
la paginaison même du manuscrit, qui a
été faite aussi parlui, et qui n'a point de
lacune, depuis le commencement du pre-
mier livre jusqu'à la fin du catalogue des
musiciens. Au reste, un autre fait démon-
tre que , postérieurement à la note indica-
tive des vingt cabiers de l'histoire de la
musique, dom Caffiaux avait donné une
autre forme à son ouvrage, et qu'il l'avait
divisé en 19 dissertations, dont les 12 pre-
mières contenaient tout ce qui a été re-
tranché , comme des prolégomènes du livre
principal. Cela se voit, évidemment par
la pagination du manuscrit tel qu'il est
aujourd'hui, car ce manuscrit commence
au premier livre par la page 565, et se
continue sans interruption jusqu'à la
page 1161; de plus, on voit que le pre-
mier livre était originairement intitulé
Dissertation XIIIe sur l'histoire de la
musique et des musiciens , et les livres
suivans, Dissertations 14e, 15e, 16e, 17e,
18e et 19e. Ne serait-ce pas que la pre-
mière partie de l'ouvrage , contenant les
douze premières dissertations auraient été
livrées à l'impression, et que par quelque
circonstance ignorée , cette impression
n'aurait pas été continuée? Ce qui pour-
rait le faire croire, c'est que je possède un
prospectus d'une demi-feuille in-4° , im-
8
CAF
primé en 1756, dans lequel l'histoire de
la musique, par dom Caffiaux , est an-
noncée comme devant être publiée en
2 volumes in-4° , à la fin de la même an-
née.
Quelles que soient les circonstances qui
nous ont privé des dissertations que Dom
Caffiaux avait écrites sur quelques objets
relatifs à l'histoire de la musique, on ne
peut que regretter la perte de quelques-
unes ; par exemple, de celle où il était
traité des instrumens de musique de l'an-
tiquité , du contrepoint des anciens et des
modernes, et de la musique d'église. La
soigneuse érudition qui brille dans les au-
tres parties du livre ne peut laisser de
doute sur le mérite de celles-là. Il aurait
mieux valu qu'elles fussent conservées , et
que le savant bénédictin n'eût pas examiné
sérieusement quel était l'état de la musi-
que avant le déluge, et si Adam était
musicienne par le fait même de la créa-
tion. L'histoire conjecturale, l'histoire
qui ne repose pas sur des monumens et
sur des faits , n'est pas de l'histoire.
Bien supérieure aux compilations de
Bonnet et Bourdelot , de Blainville et
de La Borde ( V. ces noms) , l'histoire de
la musique de dom Caffiaux méritait
d'être publiée, et aurait fait honneur à la
France, à l'époque où elle fut écrite. L'au-
teur dit, dans sa préface, qu'il a lu, ana-
lysé et expliqué plus de douze cents au-
teurs pour composer cet ouvrage ; il n'y
a rien d'exagéré dans cette assertion : les
détails dans lesquels il est entré sur les
points les plus importons de l'histoire de
l'art prouvent qu'il possédait des connais-
sances étendues , et qu'il avait lu avec at-
tention , non seulement les auteurs de
l'antiquité , mais aussi les écrits de Gui
d'Arezzo , de Jean de Mûris , de Gaffori ,
de Glarean , de Salinas , de Zarlino , et de
tous les grands théoriciens de la musique
des seizième, dix-septième et dix-huitième
siècles. Pas un de ces ouvrages qui ne soit
apprécié à sa juste valeur, et qui ne soit
considéré dans l'influence qu'il a exercée.
CAF
sur les progrès de l'art ; pas une décou-
verte de quelque importance qui ne soit
enregistrée. L'ordre chronologique est ce-
lui que dom Caffiaux a adopté. Cette dis-
position a l'inconvénient de morceler cha-
que partie de l'art musical , et de faire
revenir , à plusieurs reprises, snr le même
sujet ; mais il a l'avantage de présenter
sous un même coup d'œil , l'ensemble des
progrès de chaque époque. En ce qui con-
cerne l'antiquité, dom Caffiaux a puisé
la plupart de ses matériaux dans la biblio-
thèque grecque de Fabricius, et surtout
dans les mémoires de Burette (V. ce nom):
pour tout le reste , il a été obligé de lire
dans les auteurs originaux tous les passa-
ges qu'il a cités , et il s'est acquitté con-
sciencieusement de cette lâche. A l'époque
où il écrivait , les grands ouvrages de Mar-
tini , de Burnèy , de Hawkins , de Mar-
purg , de l'abbé Gerbert et de Forkel
n'existaient pas ; on n'avait pas encore les
lexiques musicaux de Bousseau , de Koch
et de "Wolf ; celui de Waîther n'était pas
connu en France; les Biographies géné-
rales de La Borde , de Gerber et de plu-
sieurs autres auteurs n'avaient pas encore
paru ; il n'existait pas une seule biblio-
graphie spéciale de la musique; enfin,
l'historien de cet art était pour ainsi dire
livré à ses propres forces pour porter la
lumière dans des questions obscures. Le
P. Caffiaux, malgré ces désavantages, a
su donner de l'intérêt à sa narration , et a
jugé sainement du mérite de chaque chose
et de chaque artiste dont il a parlé. Son
style ne manque ni d'élégance, ni de faci-
lité ; ses citations sont exactes et précises ;
en un mot son histoire peut être encore
consultée avec fruit , surtout à l'égard de
la musique française , nonobstant les tra-
vaux plus récens de plusieurs musiciens
savans. Les livres 4, 5, 6 et 7 spnt parti-
culièrement clignes d'attention.
CAFFBO ( josepii), hautboïste célèbre
et virtuose sur le cor anglais , est né dans
le royaume de JVaples, non en 1776,
comme il est dit dans le lexique universel
CAI
CAI
de musique publié par M. Schilling , mais
en 1766. Il entra d'abord dans la chapelle
da roi deNaples , puis, fort jeune encore,
il se rendit à Paris, et s'y fit entendre
avec beaucoup de succès au concert spiri-
tuel. Lié d'amitié avec les artistes célèbres
de son pays qui jouaient au théâtre de
Monsieur, il ne s'éloigna delà capitale de
la France qu'en 1793. La Hollande fut le
point vers lequel il se dirigea d'abord ; il
y resta quelque temps, y fit graver plu-
sieurs morceaux de sa composition , et se
rendit ensuite à Berlin , puis à Manheim ,
où il se trouvait encore en 1807. L'année
suivante il quitta l'Allemagne pour retour-
ner en Italie. Depuis lors , on n'a plus eu
de renseignemens sur sa personne. Les
journaux de Paris ont donné de grands
éloges à Caffro lorsqu'il se fit entendre au
concert spirituel , et Salentin m'a dit qu'il
le considérait comme un artiste distingué;
mais il paraît que les qualités de son ta-
lent se sont altérées plus tard , car la ga-
zette musicale de Leipsickdel807 (n° 18),
rendant compte d'un concert qu'il avait
donné peu de temps auparavant à Man-
heim , fait une critique assez sévère de son
jeu. On y donne des éloges au fini de son
exécution dans les difficultés, mais on dit
qu'il tirait des sons durs de l'instrument,
que le goût de sa musique était suranné ,
et qu'il y avait dans son style une multi-
tude d'ornemens de mauvais goût et de
traits insignifians.
Caffro a publié à Paris trois concertos
pour le hautbois, en 1790. En 1794, il
a fait paraître deux concertos pour le même
instrument , gravés à Amsterdam, et l'an-
née suivante, à Rotterdam , un pot-pourri
pour piano et flûte ou violon : ce dernier
morceau a été réimprimé à Berlin. La
Bibliothèque du Conservatoire de musi-
que de Paris possède les manuscrits ori-
ginaux de plusieurs concertos de hautbois
composés par cet artiste.
CAIGNET ( dénis) , musicien attaché
au duc de Villeroi, mit en musique, à
4 parties , les Psaumes de David, tra-
duits par Phi. Desportes; Paris, Ballard ,
1607.
CAILLOT { joseph ) , acteur célèbre de
la Comédie Italienne, naquit à Paris
en 1732. Il n'était âgé que de cinq ans
lorsque son père, qui était orfèvre, fut
obligé de déclarer sa faillite, et fut arrêté
pour dettes ; les créanciers firent vendre
tout ce qui était dans la maisou , la bou-
tique fut fermée et le petit Caillot se trouva
dans la rue. Des porteurs d'eau touchés de
sa misère, le recueillirent et en prirent
soin comme de leur enfant. Son père, ayant
enfin recouvré sa liberté, obtint un em-
ploi subalterne clans la maison du roi ; il
suivit Louis XV dans la campagne de
Flandre, et il emmena avec lui l'élève des
porteurs d'eau, dont la vivacité spirituelle
et les manières gracieuses excitèrent l'in-
térêt des grands seigneurs de l'armée. Le
duc de Villeroi prit de l'amitié pour lui et
le présenta au roi qui lui demanda com-
ment il s'appelait : Sire , je suis le pro-
tecteur du duc de Villeroi, répondit Cail-
lot, qui voulait dire le contraire. Louis XV
rit de celte méprise, et à la prière de
Villeroi, il attacha son protecteur aux
spectacles des petits appartenions pour y
jouer les amours. Il avait une jolie voix;
on lui donna un maître de musique sous
lequel il fit de rapides progrès. Après que
sa voix eût changé de caractère par suite
de la mue, il fut obligé de quitter la Cour,
à cause de la mauvaise conduite de son
père , et de s'engager au théâtre de la Ro-
chelle comme musicien d'orchestre. La
maladie d'un acteur lui fournit l'occasion
de remonter sur la scène , où il ne tarda
pas à se faire remarquer. Après avoir joué
avec succès la comédie à Lyon et dans plu-
sieurs autres villes de province , il fut at-
taché pendant quelques années au spec-
tacle de l'Infant, duc de Parme; enfin on
l'appela à Paris, et il débuta, le 26 juil-
let 1760, à la Comédie Italienne, par le
rôle de Colas dans N incite à la Cour. Sa
belle voix, qui réunissait les registres de
barvlon et de ténor , la finesse de sa die-»
10
CAI
tion , l'expression de sa physionomie et de
ses gestes , tous ces avantages , dis-je ,
lui procurèrent un triomphe complet, et
dans la même année il fut reçu au nom-
bre des comédiens sociétaires. Dès qu'il
paraissait sur la scène , son extérieur pré-
venait le public en sa faveur, et son jeu,
dit La Harpe, achevait l'entraînement.
Grimm assure que le talent de Caillot
était plus flexible et plus rare que celui
deLekain; mais il semblait ignorer son
mérite, et ce fut Garrick qui, pendant
son séjour en France , lui apprit qu'il se-
rait pathétique quand il voudrait. Il était
en effet doué d'une profonde sensibilité , et
ce qui se passait dans son ame , il savait le
communiquer à son organe; de là vient
qu'il n'obtint pas moins de succès dans le
genre pathétique que dans le bouffe. Il
s'identifiait aux rôles qu'il jouait , se met-
tait à la place de l'auteur, et faisait tou-
jours plus que celui-ci n'espérait. Il ne
faut pas s'y tromper; Caillot, malgré la
beauté de sa voix , était plus acteur que
chanteur; c'était ainsi qu'il fallait être
pour plaire au public de son temps. Don-
ner au chant le caraclère de vérité de la
parole , était le but des efforts de tous les
comédiens de l'Opéra-Comique, et lors-
qu'on y parvenait, il semblait qu'il ne
restait plus rien à faire. Grétry, parlant
dans ses Essais sur la musique de la pre-
mière répétition de son opéra Le Union ,
dit : a Lorsque Cailleau ' chanta l'air:
« Dans quel canton est l'Huronie ? et
« qu'il dit : Messieurs , Messieurs, en
« Huronie.... Les musiciens cessèrent de
« jouer pour lui demander ce qu'il vou-
o lait. — Je chante mon rôle , leur dit-il.
a — On rit de la méprise et l'on recom-
« mença le morceau, n Cette vérité de dé-
clamation musicale était alors considérée
comme le comble de l'art. Les rôles les
plus brillans de Caillot étaient ceux du
Sorcier, de Mathurin dans Rose et Co-
' Gre'lry a écrit partout dans son livre Cailleau pour qu'on trouve ce nom dans les registres de l'ancienne Co-
C.nillot; il était dans Terreur sur l'orthographe du nom de rue'die italienne.
cet acteur ; c'est Caillot qu'il faut écrire , et c'est ainsi
CAI
las f du Déserteur, du Huron , du Syl-
vain , de Biaise dans Lucile , et de Ri-
chard dans Le Roi et le Fermier. Un
enrouement fréquent, et qui se déclarait
d'une manière subite , vint contrarier
cet artiste au moment où son talent d'ac-
teur atteignait à la plus grande perfec-
tion ; il craignit que cet accident ne lui fit
perdre la faveur du public , et il se retira
en 1772 , ayant à peine atteint l'âge
de quarante ans. Il quitta le théâtre au
mois de septembre, avec une pension de
1000 francs, et ne parut plus qu'aux
spectacles de la cour jusqu'en 1776 , épo-
que où il cessa tout-à-fait de jouer la co-
médie, ne conservant que l'emploi de ré-
pétiteur. Il retourna vivre avec sa mère et
ses trois sœurs , qui avaient repris le com-
merce de la bijouterie. Plus tard, il se
retira à Saint-Germain-en-Laye , dans une
petite maison que lui avait donnée le comte
d'Artois, dont il était le capitaine des
chasses. La quatrième classe de l'Institut
l'admit en 1800 au nombre de ses cor-
respondans. En 1S10, les acteurs de 10-
péra-Comique , informés que Caillot n'é-
tait pas heureux, lui assurèrent une
pension de 1200 francs. Quatre ans plus
tard, Louis XVIII y joignit une autre
pension de 1000 francs sur sa cassette.
La mort de deux de ses sœurs lui avait
donné la co-propriété d'une maison située
sur \r Quai de Conli; mais il ne jouit pas
long-temps de l'aisance qu'il venait d'ac-
quérir. Après la mort déjà ancienne dosa
femme, il lui était resté deux enfans; son
fils, major de cavalerie, périt en 1812 ,
dans la campagne de Moscou; la douleur
que Caillot en ressentit lui causa dans la
même année une attaque de paralysie qui
le força de revenir à Paris avec sa fille :
il sembla d'abord avoir recouvré la santé ,
mais une seconde atteinte mit fin à ses
jours le 30 septembre 1816. il était dans
sa quatre-vingt-quatrième année. Sa fille,
CAJ
qui ]qi a survécu, est tombée en démence.
CAIMO (joseph ), compositeur quia
eu de la célébrité , naquit à Milan , vers
1540, et vécut dans cette ville. Ses pro-
ductions 6ont devenues fort rares. On
trouve l'indication de quelques-uns de ses
ouvrages dans l'Athénée des Lettrés de
Milan, de Pjccinelli, dans l'Essai de La
Borde, et dans le Lexique des M usiciens de
Gerber. La Borde, qui ne cite aucun titre,
parle de 8 livres de chants (probablement
des madrigaux) qui auraient été publiés vers
1560. Les titres connus des productions
de Caimo sont : 1° Madrigali a cinque
voci, Venise, 1568 ; 2U Madrigali a 5 , 6,
7 e 8 voci, Milan , 1571 ; 3° Madrigali a
quatlra voci, 1° Libro , Milan, 1581;
4° Madrigali, libro seconde), ibid., 1582;
5° Canzonetle a quattro voci, lib. 1,
Brescia , 1584; 6° d°. libro secondo ,
Ibid., 1585; 7° Madrigali a cinqne voci,
Venise, 1585. On trouve des madrigaux
et des chansons de Caimo dans le recueil
intitulé : Paradiso musicale de madrigali
e canzoni a cinque voci di diversi eccel-
lenlissimi auto ri , nuovamenle raccolli
da P. Phalesii et posli in lace. In An-
versa , nella slamperia di Pielro Plia-,
lesio , 1596. 4° obi.
CAIX (m. de), professeur de viole à
Paris, vers 1750, a publié de sa com-
position : l°Cinq livres de pièces de viole;
2° Un livre de duos pour le pardessus de
viole; 3° Trois livres de sonates à lîûte
seule.
CAJANI (joseph), chef des chœurs
et accompagnateur du Théâtre Italien de
Paris, né à Milan, en 1774, s'essaya
d'abord comme chanteur dramatique,
mais n'ayant qu'une voix de mauvaise
qualité, il ne réussit pas , et bientôt il
renonça à cette carrière. Il est mort à
Paris en 1821. On a de lui : Nuovi Ele-
menti di Musica esposli con vero or-
dine progressivo. MWan, Biccordi, in- fol.
obi. 11 a composé et arrangé la musique de
plusieurs ballets pour les théâtres de Mi-
lan, entre autres : 1° Tavora edOliviera ;
CAL
a
2° Campestre, en 1797; o" Demetrio ;
&° I finti Filosofi', 5° Eugenia e Rodolfo,
en 1799 ; 6° 77 Filopemene ; 7° Adélaïde
ed Alfonso; 8° / Ire Malrimoni, en 1805;
8° Le Danaidi; 9° Malilde eRodegondo,
en 1816; 10° F.omilda e Dezavedas ;
11° I Ritidi Milo, en 1818.
CAJON ( ANTOINE -FRANÇOIS ) , né à
Maçon, en 1741 , fut d'abord enfant de
chœur dans cette ville, puis s'engagea
comme soldat, déserta, entra dans un
couvent de capucins, n'y acheva pas son
noviciat, et s'enfuit à Paris , où son esprit
et ses talens en musique lui procurèrent
la faveur d'un fermier général , qui le fit
entrer comme commis dans les aides.
En 1765 il se maria, eut des enfans, et la
gêne qui en résulta pour ses affaires le con^
duisit à quelques infidélités qui lui firent
perdre son emploi. Ce fut alors qu'il
chercha des ressources dans la musique et
qu'il en fît sa profession. Il réussit d'a-
bord assez bien, mais ensuite il fit des
dettes et fut obligé de s'éloigner de Paris
pour se rendre en Bussie , où il est mort
en 1791. C'était, dit Mme Boland , dans
ses Mémoires, un petit homme vif et
causeur.
Çajon a publié un livre qui a pour ti-
tre : Les élémens de musique , avec des
leçons à une et deux voix. Paris , 1772 ,
in-8°. La Borde dit qu'il pilla avec assez
d'art les leçons de Bordier pour composer
cet ouvrage. Choron et M. FayoIIe ont ré-
pété ce jugement dans leur Dictionnaire
des musiciens : j'ignore s'il est fondé, car
je ne connais pas le livre de Cajun.
Ce musicien eut un fils qui s'appelait
comme lui Antoine-François , et qui était
né à Paris le 8 mars 1766. Elevé à la maî-
trise de la cathédrale, il entra à l'Opéra
comme contrebasse en 1792, en sortit
en 1795, et voyagea dans les Pays-Bas
comme maître de musique d'une troupe
de comédiens, puis retourna à Paris en
1816 , et entra à l'Opéra-Comique comme
souffleur de musique. 11 garda peu de
temps celte place , et retourna dans les
12
CAL
Pays-Bas. Il est mort le 27 octobre 1819,
à Mons , où il était maître de musique du
théâtre. En 1805 , il a donné au théâtre
des Jeunes artistes un opéra comique en
un acte , intitulé : Une matinée de prin-
temps.
CALCKMANN (jean-jacqtjes) , mem-
bre du consistoire de La Haye, vers le
milieu du 17me siècle, a fait imprimer uu
livre intitulé '.Anlidotum, tegen-giftvant
gebruyek qfongebruyck vant orgel in de
kerken der vereenighde Nederlanden
(Antidote contre l'usage et le non usage de
l'orgue dans les églises des provinces-unies
des Pays-Bas), in s'Gravenhage (La Haye),
by Aert Mearis , 1641 , in-8°. Cet ouvrage,
écrit avec violence, est une critique d'un
autre livre qui avait paru sous le voile de
l'anonyme , et sous ce titre : Gebruick qf
ongebruick varCt orgel in de kercken der
vereenighde Nederlanden (Usage et non
usage de l'orgue dans les églises des pro-
vinces unies dans les Pays-Bas) , Leyde ,
Bonaventure et Abraham Elsevier , 1641,
in-8°. L'auteur de ce dernier écrit avait
voulu démontrer que l'usage de l'orgue
dans les temples protestans n'est point
contraire à la foi catholique, comme le
croyaient alors les rigoristes des églises de
Hollande et les puritains en Angleterre ,
et qu'il était seulement nécessaire d'en ré-
gler convenablement l'emploi. Calckmann
entreprit dans sa réponse de prouver au
contraire que rien n'est plus funeste à
l'esprit de recueillement que l'introduc-
tion mondaine de l'orgue dans le service
divin, et qu'on devait détruire cet instru-
ment partout où il existait. Il ne se borna
pas à combattre son adversaire par des
armes égales , car il fit censurer son ou-
vrage dans une assemblée du consistoire
dont lui-même était membre. L'acte de
censure est daté du 20 décembre 1641.
Quelques jours après, l'auteur de l'écrit
censuré fit paraître, pour toute réponse,
un recueil d'approbations qu'il avait re-
çues de toutes parts , et particulièrement
des pasteurs des églises réformées de Hol-
CAL
lande, d'Angleterre et de Genève. Dans ce
recueil, intitulé Responsa prudentium
ad auclorem Dissertationis de Organo in
Ecclesiis confœd. Belgii (Lugd. Batavor.
ex officina Elseviriana, 1641 , in-8°) , on
trouve des lettres intéressantes de Bochorn,
de Daniel Heinsius , de Gaspard Barlœus ,
de Louis de Dieu , de Golius , et de quel-
ques autres savans.
CALCOTT. Voyez Callcott.
CALDANI (leopold), professeur de mé-
decine théorique et d'anatomie , membre
pensionné de l'Académie de Padoue , a
donné dans les Saggi scientifici e lette-
rari de cette académie (t. II , 1789 ,
page 12-24), une dissertation sur l'organe
de l'ouïe, intitulée : Dissertatio de Chor-
dœ timpani qfficio , et de peculiari péri'
tonœi structura.
CALDENBACH (Christophe), profes-
seur d'éloquence àTubinge, a publié un pro-
gramme de thèse sur quelques motets de Ro-
land deLassus ou De Lattre, et particulière-
ment de celui qui commence par ces mots :
In me transierunl. Le répondant lut Elie
Walther (Voyez ce nom). Suivant Forkel
et Lichtenthal , ce serait Caldenbach qui
aurait publié l'examen de ce sujet, sous le
titre De musied dissertatio , Tubinge,
1664, mais Godefroid Walther (Musika-
lische Lexik.) ne s'y est pas trompé , et a
cité cette dissertation comme l'ouvrage
d'Élie Walther. Gerber a suivi l'opinion de
Godefroid Walther à ce sujet. L'erreur de
Forkel est d'autant plus singulière, qu'ila
pris ce dernier pour guide dans sa Litté-
rature générale de la musique , quand il
n'avait pas vu lui-même les ouvrages dont
il parlait, ou lorsqu'il n'avait pas des ren-
seignemens particuliers.
CALDARA (antoine), compositeur la-
borieux, naejuit en 1678 , à Venise , où il
reçut dans sa jeunesse des leçons d'accom-
pagnement et de contrepoint de son com-
patriote Legrenzi. Il n'était âgé que de
dix-huit ans quand il fit représenter son
premier opéra. Appelé en 1714 à la cour
de Mantouc, pour y remplir les fonctions
CAL
CAL
13
de maître de chapelle , il y resta jusqu'en
1718. Alors il se rendit à Vienne et y ob-
tint le titre de vice-maître de chapelle de
la cour impériale. L'empereur Charles VI,
qui aimait beaucoup sa musique, le prit
pour maître de composition , dans le style
moderne de ce temps , pendant qu'il étu-
diait le contrepoint rigoureux sous la di-
rection de Fux ou Fuchs. En 1723, il di-
rigea à Prague l'opéra que Fuchs avait
écrit pour le couronnement du roi de Bo-
hême, et qui fut exécuté en plein air. Il
paraît qu'après avoir écrit son opéra de
Temistocle, dont la représentation eut lieu
à Vienne , le 4 novembre 1756 , Caldara ,
affligé du peu de succès de cet ouvrage ,
renonça au théâtre. Il vécut encore deux
ans dans la capitale de l'Autriche , puis ,
vers la fin de 1738, il retourna à Venise,
et y vécût dans la retraite jusiju'en 1763 ,
où il mourut le 28 août, à l'âge de 92 ans.
C'est donc à tort que Gerber a dit que cet
artiste cessa de vivre à Vienne. Les œuvres
de théâtre et de musique d'église compo-
sées par Caldara sont innombrables. Sa
fécondité eut plusieurs causes, car il vécut
long-temps, conserva la vigueur de sa tête
jusqu'à ses derniers jours, et travailla con-
stamment dix heures chaque jour.
Caldara eut deux manières pour sa mu-
sique de théâtre. La première, faible d'in-
vention, n'a derecommandableque la faci-
lité naturelle des mélodies : elle a vieilli
promptement parce que les formes en sont
peu variées. Après son arrivée en Allema-
gne, il changea son style et donna plus de
vigueur à son harmonie , mais il manqua
toujours à sa musique le caractère vital
qui ne peut être que le produit du génie.
Caldara était un habile imitateur, mais il
ne savait pas inventer. Le sort de toute
musique dramatique est d'être plongée dans
l'oubli par les transformations successives
de l'art ; les productions de ce compositeur
ont donc dû subir la commune destinée ;
mais elles n'ont pas comme celles d'Alexan-
dre Scarlatti , contemporain de leur au-
teur, le mérite d'offrir quelques-uns de
ces beaux élans de génie qui survivent à
toutes les révolutions et qu'on peut admirer
dans tous les temps. Plus heureux dans sa
musique d'église , Caldara a laissé quel-
ques ouvrages qui , sans s'élever à la hau-
teur des belles compositions en style con-
certé des écoles de Scarlatti , de Léo et
de Lolli , sont cependant fort estimables.
Les principaux ouvrages de Caldara sont
ceux dont les titres suivent : 1° Argene ,
à Venise , en 1689 ; 2" Tirsi, Ib., 1696 ;
(le deuxième acte de cet ouvrage est le seul
qu'il ait écrit ; les autres étaient de Lolli
et d'Ariosti) ; 3° Le Promesse serbate ,
Ibid., 1697 ; 4° Il Trionfo délia conti-
nenza, Ibid., 1697 ; 5° Famace, Ibid.}
1703; 6° II Selvaggio eroe , 1707;
7° Partenope, 1708; 8° Sofonisbe , à
Venise, en 1708; 9° L'Inimicogeneroso,
à Bologne, en 1709; 10° Costanza in
amore vince V Lnganno , Macerata ,
1710 ; 11° Alenaïde, à Rome, en 1711.
Cet ouvrage fut écrit pour le célèbre chan-
teur Amadori. 12° Tito e Bérénice , à
Rome, en 1714; 13° Il Ricco Epulone }
à Venise ; 14° // Giubilo délia Salza , à
Salzbourg, 1716; 15° Caio Mario,
Vienne, 1717; 16° Coriolano , 1717;
17° La Verità nell' inganno , Vienne,
1717 ; 18° La Partenza amorosa, Rome,
1717; 19° A s tarte , Vienne, 1718;
20° La Forza delV amieizia , 1718;
21° Ifigenia in Aulide, Vienne, 1718;
22° Lucio Papirio dittatore,Ibid., 1719;
23° Sirita, Ibid., 1719; 24° Sisara ,
Ibid., 1719; 25° Tobia, Ibid., 1719;
26° Assalone, Ibid., 1720; 27° Naa-
man, Ib., 1721; 28° Ginseppe , Ibid.,
1722; 28° Nilocri, Ib., 1722; 29° Or-
milda , Ibid., 1722; 50° Scipione nelle
Spagne, Ibid., 1722; 31° Euristeo, Ib.,
1723 ; 32° Andromacca , Ibid., 1724;
55° David, Ibid., 1724; 34° Gianguir }
Ibid., 1724; 35° La Griselda, Ibid.,
1725 ; 56° Le Profezie evangeliche, Ib.,
1725; 37° Semiramide , Ibid., 1725;
38° / due dittatori, 1726; 39° Vences~
lao, 1726; 40" Gioaz, 1726 ; 41° Bai-
14
CAL
CAL
tista , 1726 5 42° Don Chisciotlo alla
corte délia Duchés sa , 1727; 43° Ime-
neo, 1727; 44° Ornospade , 1727;
45° Gionala , 1728; 46° Mitridate ,
1 728; 4 7° CVy'o Fabrizio, 1 729 ; 48° iYa-
Z>o/, 1729. Tous ces ouvrages , depuis
171 8, sont sur des poèmes de Zcno. 49° La
Passionedi Giesu-Chrislo,1750\ 50° Da-
niello , 1731; 51° Sanla Elena al cal-
vario, 1731; 52° Demelrio , 1731;
53° L'Asilo d'Amore, 1732; 54° Sede-
cia , 1732; 55° Dcmofoonte , 1733;
56°Gerusalemmecom>crtita;'l734;57"Lic
Clemenza di Tilo , le 4 novembre 1734 ;
58° Adr'wno in Siria , 1735; 59° Da-
vidde umiliato , 1735; 60° Enone }
1735 ; 61° San Pielro in Cesarea, 1735;
62" Gesh presentalo nel tempio , 1755 ;
63° Le Grazie vendicale, 28août 1735;
64° L'Olinipiade , 1756; 65° Achille in
Sciro , 1756 ; 66° Ciro riconosciulo , 28
août 1736 ; 67° Temistocle, 4 novembre
1736.
Parmi les œuvres de musique d'église
de Caldara, on remarque plusieurs messes
à quatre et à cinq voix avec inslrumens ,
un Magnificat à qualre voix , deux vio-
lons, deux trompettes, timbales et orgue,
un Eegina cœli , un Te Deum, l'hymne
Lauda Jérusalem , un Salve regina pour
voix de soprano avec instrurnens , les
psaumes Beatus vir , à voix seule et or-
chestre , et Mémento Domine à quatre
voix, des lèpres complètes à cinq voix, et
des motets à deux, trois et cinq voix. Un
recueil de ces motets à deux et trois voix a
été publié à Bologne , en 1715. On connaît
aussi de la composition de Caldara, six
messes qui ont pour titre : Chorus Musa-
tum Divino Apollini accinenlium, sive
Sex Missœ seleclissimœ quatuor vo-
cibus , C. A. T. B. 2 violinis et organo
concert. 2 clarinis , Tjmp. violonc. pro
Libet. Authore celeberrimo et prestant.
Do. Antonio Caldara, chori Mus. in
aida Caroli f^l , gl. mem. Imp. Rom.
vice Direct, in Lucem prodierunt , una
in Ordine Ht. Joh. Nicolai Hemmer-
lin, Bamberg, 1748, in-fol. Les catalo-
gues de Breitkopf , publiés en 1764 et
1769 contiennent l'indication des deux
ouvrages dont les titres suivent - 1° Ma-
gnificat a canoni , 4 voc. et organo;
2° Kyrie cuni gloria , Sanctus , Osanna.
etAgnus, 4 voc. 2 violinis, viola etfun-
damenlo.
La musique de chambre de ce composi-
teur renferme : 1° Douze cantates avec basse
continue, dont six pour soprano et six
pour contralto, publiées à Venise, en
1699, par Joseph Sala; 2° Deux œuvres
de sonates pour deux violons et basse con-
tinue , publiésà Amsterdam. Au titre d'un
de ces ouvrages , Caldara est qualifié Mu-
sico di violoncello , ce qui indique qu'il
jouait de cet instrument.
CALDABERA(miciiel), naquitàBorgo-
Sesia , le 28 septembre 1702 , et fut en-
voyé par son père à Milan , à 1 âge de 14
ans, pour y apprendre le contrepoint. De-
venu musicien habile, il obtint la place de
maître de chapelle de St.-Evasio à Casalê ,
et occupa ce poste jusqu'à sa mort, arrivée
en 1742. 11 a laissé en manuscrit une
grande quantité de musique d'église.
CALEGARI (corne'lie), cantatrice dis-
tinguée, claveciniste et compositeur, était
fille de Barlholomé Calegari, de Bergame.'
Elle naquit dans cette ville en Ï644. Elle
était à peine âgée de quinze ans quand elle
fit paraître son premier livre de motets,
qui fut accueilli par de nombreux applau-
dissemens à son apparition. Néanmoins^
ce brillant succès ne détourna pas Corné-
lie Calegari du projet qu'elle avait formé
de se retirer dans un couvent : elle choisit
celui de Sainte-Marguerite, à Milan, et y
prononça ses vœux en 1660. Elle reçut
alors les noms de Marie-Catherine. Par
son chant , son jeu sur l'orgue et ses com-
positions, elle fixa sur elle l'attention de
toute la population de Milan ; les ama-
teurs de musique se rendaient en foule à
l'église de Sainte-Marguerite pour l'enten-
dre. On ignore l'époque de sa mort. Ses
compositions connues sont ; 1° Molelti a
CAL
CAL
15
vocesola, 1659; 2° Maclrlgali e canzo-
nette a voce sola; 5° Maa.rigu.li a due
voci ; 4° Messe a sei voci cou islru-
menli ; 5° Vespéral à l'usage des religieu-
ses.
CALEGARl (françois-antoine), cor-
delier, naquit à Padoue, vers la fin du 17e
siècle. On voit par l'approbation qu'il a
donnée au Musico Testore de Tevo (dont
il avait été nommé censeur), qu'il était
maître de chapelle de l'église du grand
couvent des mineurs conventuels de Frari,
à Venise, en 1702. En 1724, il était
maître de chapelle à Padoue, et l'on croit
qu'il occupait encore ce posle en 1740. 11
eut pour successeur VallotLi. Le père Cale-
gari jouissait d'une grande réputation de
savoir, et sa musique d'église était admi-
rée des plus habiles compositeurs, lorsqu'il
lui prit fantaisie de la brûler , pour en
composer dans le genre enharmonique des
Grecs, dont il croyait avoir retrouvé les
principes; mais sans respect pour l'anti-
quité, les auditeurs trouvèrent cette mu-
sique détestable , et les musiciens la décla-
rèrent inexécutable. On a imprimé de sa
composition : 1. IX Psalmi ; 2° Salve
sanguis ; 3° Cantate cla caméra. 11
existe dans la bibliothèque de l'union phil-
barmonique de Bergame une copie manu-
scrite d'un traité théorique sur la musique
par le P. Calegari ; cet ouvrage a pour ti-
tre : Ampia dimoslrazione degli armo-
niali musicali Tuoni. TratlaLo teorico
pratlico. 11 paraît que le manuscrit origi-
nal est daté du 15 août 1732 , mais la co-
pie dont il s'agit a été faite par le P. Sab-
balini , en 1791 , comme le prouve cette
noteplacéeà la fin du manuscrit qui a 204
pages in-fol. : Trascritta ad Litteram
nell' anno 1791 dal Pre. Luigi Antonio
Sabbatini } Minor conventuale maestro
di cappella nella sacra Basilica del
Santo in Padova. Licbtenlhal , qui a
donné un aperçu du contenu de cet ou-
vrage (Bibliog. délia Mus., t. IV, p. 462),
dit que son mérite est égal à celui des
meilleurs traités de musique publiés en
Italie, et qu'il est vraisemblable que Va-
îotti et Sabbatini lui-même en ont fait leur
profit sans le citer; le P. Barca est le seul
qui en ail parlé. On ignore où se trouve le
manuscrit original.
CALEGARI (antoine), compositeur
dramatique , né à Padoue , vers le milieu
du 18me siècle, fit représenter à Venise,
en 1784 , un opéra qui avait pour titre :
Le Soi elle rwali. D'autres ouvrages suc-
cédèrent à celui-là jusqu'en 1789, époque
où il cessa de travailler pour le théâtre.
En 1800 il vivait à Padoue et s'y faisait
remarquer comme violoncelliste clans des
concerts publies, lorsque les troubles delà
guerre l'obligèrent à s'éloigner de sa patrie
et à chercher un asile en France. II se ren-
dit à Paris, où la fortune lui fut d'abord
contraire, car il ne put réussir à se faire
entendre comme instrumentiste, ni comme
compositeur. Il imagina enfin un moyen
de se faire connaître par une de ces singu-
larités musicales dont on avait déjà vu
quelques exemples : le succès répondit à
ses espérances. L'ouvrage qu'il publia
avait pour litre : L'art de composer la
musique sans en connaître les élémens.
Il fut publié à Paris, en 1802, et l'auteur
le dédia à Mme Bonaparte, qui prit Cale-
gari sous sa protection et lui procura de
l'emploi. Cet art prétendu, par lequel
on pouvait en apparence composer, n'était
qu'une opération mécanique qui permet-
tait de combiner de 1400 manières diffé-
rentes des phrases préparées et calculées
par Calegari pour se prêter à ces combi-
naisons. L'auteur et l'éditeur du livre,
essayèrent en 1803 de rappeler l'attention
publique sur l'ouvrage, en faisant une
deuxième édition qui ne différait de la
première que par le fronlispice.
Lorsque les circonstances le permirent,
Calegari retourna dans sa ville natale , et
y obtint la place de maître de chapelle du
Santo y il en remplit honorablement les
fonctions jusqu'à sa mort qui arriva le 28
juillet 1828.
CALEGARI (fra^coîs) ? guitariste , né
16
CAL
CAL
à Florence, vers la fin du 18me siècle ,
s'est fixé en Allemagne où il a publié pres-
que tous ses ouvrages. On connaît de lui
environ vingt œuvres pour guitare seule
ou pour deux guitares, composés de valses,
de rondeaux, de sonates, d'airs variés, et de
mélanges d'airs d'opéras et de ballet , pu-
bliés à Florence , à Milan , à Leipsick et à
Brunswick. On connaît aussi sous le nom
de Calegari une introduction et des varia-
tions pour le piano sur un thème de Carafa
(Milan, Riccordi); je crois que cet ouvrage
est d'un autre artiste portant le même
nom.
CALL (leonard de), né dans un village
de l'Allemagne méridionale , en 1779 , se
livra dès son enfance à l'étude delà guitare,
de la flûte et du violon. Il commença à se
faire connaître à Vienne, en 1801, par
des compositions qui obtinrent de brillans
succès, à cause de leurs mélodies faciles et
d'un goût agréable. Les premiers ouvrages
de cet artiste furent écrits pour la guitare
et la flûte. Bientôt ils devinrent populai-
res, et les éditeurs de musique, dont ils
faisaient la fortune, excitèrent si souvent
leur auteur à en produire de nouveaux, que
leur nombre s'éleva jusqu'à près de 150 en
moins de douze années. C'étaient des piè-
ces pour guitare seule, des duos pour gui-
tare et flûte, des trios , quatuors, séréna-
des, avec accompagnement de violon , de
hautbois , de basson , et d'autres instru-
mens. A ces compositions légères de musi-
que instrumentales succédèrent à divers in-
tervalles des recueils de chansons pour trois
ou quatre voix d'hommes, qui obtinrent un
succès prodigieux. De Call peut être consi-
déré comme celui qui mit en vogue ce
genre de musique chez les Allemands. Les
catalogues des marchands de musique in-
diquent environ vingt recueils de ces
chants qui contiennent plus de 140 mor-
ceaux. Ainsi qu'il arrive toujours aux com-
positeurs populaires, l'éclat du succès et la
trop grande fécondité usèrent en peu de
temps la renommée de De Call. S'il n'eût
cessé de vivre à l'âge de trente-six ans , il
eût eu le chagrin de voir succéder un profond
oubli à la popularité dont il avait joui. Il
est mort à Vienne, en 1815, laissant après
lui une femme et des enfans dont il faisait
le bonheur, par ses excellentes qualités so-
ciales.
Un autre musicien du même nom se
faisait remarquer à Vienne, en 1814, par
un talent fort singulier : il était siflleur,
et possédait une habileté extraordinaire.
Non seulement les traits les plus rapides et
les plus difficiles étaient exécutés par lui
avec beaucoup de précision et de justesse,
mais il pouvait faire des suites de trilles
chromatiques dont la perfection ne laissait
rien à désirer. Ce musicien d'un genre nou-
veau ne se faisait entendre que dans des
sociétés particulières.
CALLAULT (salvator) , harpiste de
l'Académie royale de musique à Paris, est
né dans cette ville, vers 1791. Elève de
Nadermann , il s'est fait connaître par
quelques compositions pour son instru-
ment. Les plus connus de ses ouvrages sont :
1° Marche de Saùl variée pour la harpe,
avec flûte ou violon , Paris , Zetter j 2° La
tyrolienne, suivie d'un rondeau , avec
flûte, Ibid.; 5° Nocturne concertant pour
harpe, violon ou violoncelle, Ibid.; 4° Col-
lection de morceaux choisis, arrangés pour
la harpe, Paris, Freyj 5° Première fan-
taisie sur la romance de Joseph } Ibid.;
6° Fantaisie et variations sur la gavotte
et le menuet du ballet de Nina , Paris ,
Janet.
CALLCOTT (john-wall), né le 20
novembre 1766 à Kensington, dans le
comté de Middlesex, entra dès l'âge de seize
ans dans un collège du voisinage , où il
fit d'assez bonnes études grecques et lati-
nes , que ses parens lui firent interrompre
à douze ans pour lui faire embrasser l'état
de chirurgien. N'ayant pu surmonter la
répugnance que lui inspirait cet état , il
s'appliqua à la musique en 1779, et re-
prit en même temps le cours de ses études.
Il apprit successivement le français , l'ita-
lien, l'hébreu et les mathématiques. Ayant
CAL
été présenté aux docteurs Arnold et Cooke
en 1782, il reçut de ces deux habiles mu-
siciens des conseils qui perfectionnèrent ses
connaissances. L'année suivante il devint
organiste suppléant à Saint-Georges le Mar-
tyre (Hannover Square). Depuis cetteépo-
que, jusqu'en 1793 , il envoya un nombre
considérable de pièces aux divers concours
ouverts par la société de musique intitu-
lée The Catch Club , et presque tous ses
ouvrages furent couronnés. Dès 1786, il
avait été fait bachelier en musique à l'uni-
versité d'Oxford. Vers 1795, il commença
à se livrer à la lecture des écrivains didac-
tiques sur la musique , et conçut le projet
d'écrire un dictionnaire de musique, dont
il publia le prospectus en 1797. Cinq ans
plus tard , ses matériaux étaient rassem-
blés ; mais il fallait les classer et rédiger
l'ouvrage, et ce long travail ne s'accordait
guère avec ses nombreuses occupations et
avec le mauvais état de sa santé : il fut
donc obligé de l'ajourner à une époque
plus éloignée qu'il ne vit point arriver. Se
persuadant toutefois que le public atten-
dait de lui un livre sur la tbéorie de la
musique, il écrivit en 1804 une gram-
maire musicale {A musical Grammar)
dont la première édition parut en 1806
( Londres, un vol. in-12) , et la troisième,
en 1817, sous ce titre : A Musical Gram-
mar in four parts; 1. Notation; 2. Me-
lody ; 3. Harmonj ; 4. Rhythm.
Il avait pris en 1800 ses degrés de doc-
teur en musique à l'université d'Oxford.
En 1792, il obtint la place d'organiste à
l'hospice des orphelins de Londres ; il la
conserva jusqu'en 1802, époque où il y
renonça en faveur de M. Horsley , son
gendre. Il succéda en 1805 au docteur
Crotch dans l'emploi de lecteur de mu-
sique à l'Institution Royale; mais crai-
gnant que le mauvais état de sa santé ne
lui permît pas de remplir les devoirs de
cette place , il donna sa démission au bout
de quelques années. En 1814, il prit le
parti de vivre dans la retraite , et s'occupa
d'un ouvrage sur la Biographie musicale ,
TOME m.
CAL
17
qu'il n'eut pas le temps d'achever. Enfin ,
après avoir langui pendant les deux der-
nières années de sa vie, il expira le 15 mai
1821 , dans sa cinquante-cinquième an-
née. La grammaire musicale de Callcott
est conçue sur un bon plan et bien exécu-
tée : les notes font voir que leur auteur
possédait de l'érudition musicale. A l'égard
de ses compositions , dont on n'a gravé
qu'une faible partie , et qui se composent
d'airs, de chansons, de canons et d'an-
tiennes, les biographes anglais leur accor-
dent beaucoup d'éloges. Le gendre de Cal-
cott, M. Horsley, a publié une collection
des œuvres choisies de son beau-père , en
deux volumes in-folio, avecjjune notice sur
la vie de l'auteur.
CALLENBERG (geo-rges-alexandre-
henri-herriuann, comte de), seigneur de
Muskau , dans la Haute-Lusace , membre
de l'académie royale de Stokholm , et cla-
veciniste habile , naquit à Muskau , le
8 février 1744, et mourut dans le même
lieu en 1775. On a gravé de sa composi-
tion six sonalespourleclavecinf avec ac-
compagnement de violon. Berlin, 1781.
CALLETOT ( Guillaume ) , chantre
à déchant de la chapelle de Charles V ,
roi de France , suivant une ordonnance
de l'hôtel , datée du mois de mai 1364. Ce
chantre était un de ceux qui , dans la cha-
pelle du roi , improvisait l'espèce de con-
trepoint simple qu'on appelait Chant sur
le livre. C'est ce qu'indique son titre de
Chantre à déchant. ( V. la Revue musi-
cale , 6me année, p. 218 ). Les appoin-
terons de Guillaume Calletot , ainsi que
ceux de ses collègues, étaient de quatre
sous par jour.
CALMET (dom Augustin), savant bé-
nédictin de la congrégation de Saint-Van-
nes , naquit le 26 février 1672 , à Mesnil-
la-Horgne, près de Corn merci, en Lorraine.
Après avoir fait ses premières études au
prieuré duBreuil, et prononcé ses vœux
dans l'abbaye de St-Mansui, le 23 octobre
1689, il alla faire son cours de philoso-
phie à l'abbave de Saint-Évre , et celui de
2
18
CAL
Théologie à l'abbaye de Manster. En 171 8,
il fut nommé abbé de Saint-Léopold de
Nanci, et, dix ans après, abbé de Sénones,
où il passa le reste de sa vie. Il mourut
dans celte abbaye le 25 octobre 1757.
Dans son Commentaire littéral sur la
Bible, Paris, 1714-20, 26 vol. in-4°,
ou Paris, 1724, 9 vol. in- fol., ou enfin ,
Amsterdam, 1723, 25 vol. in-8°, on
trouve : 1° Dissertation sur la musique
des anciens , et en particulier des Hé-
breux j 2° Dissertation sur les instru-
irions de musique des Hébreux • 5° Dis-
sertation sur ces deux termes Hébreux:
lamnazeach et sela. Ugolini a donné
une traduction latine de ces dissertations
dans son Trésor des antiquités sacrées ,
tome 32e. On trouve aussi quelques détails
sur la musique des Hébreux dans le Dic-
tionnaire historique et critique de la
Bibh } du même auteur, Paris, 1730,
4 vol. in-fol. fig. H y a peu d'utilité à
tirer de tout cela.
CALMUS (martin), né en 1749 à
Deux-Ponts , passa la plus grande partie
de sa vie à Dresde , où il était violoncel-
liste et musicien de la cour. Il est mort
dans cette ville, le 13 janvier 1809. Avant
de se fixer à Dresde, il avait été attaché
quelque temps à l'orchestre du théâtre
d'Altona. Il a laissé quelques composi-
tions pour son instrument, dont une par-
lie est encore inédite.
CALOCASIUS, musicien romain , dont
le nom est parvenu jusqu'à nous , au
moyen d'une inscription rapportée par
Gruter ( Corpus Inscript. , t. 1 , part. 2 ,
p. 654) , et que voici :
D. M.
CALOCASIO
VERNiE. DVLCISS.
ET. MVSICARIO
INGENIOS1SSIMO
QVl. VIX. AM. XV
BENEMERENTI. FECIT
DAPHNVS.
Ce musicien doit avoir vécu dans le
moyen-âge, car le mot musicarius , placé
CAL
dans cette inscription , est de la basse la-
tinité. Ducange ne cite sur ce mot ( Glos-
sar. ad script, med. et infini, latin. ) que
l'inscription dont il est ici question.
CAfiORI ( Alme ) , cantatrice renommée
dans son temps, naquit à Milan , en 1732.
Après avoir paru avec succès sur quelques
théâtres d'Italie, elle se rendit à Londres
vers la fin de 1755 , et s'y fit une bril-
lante réputation qui se répandit dans toute
l'Europe. Elle se faisait remarquer parti-
culièrement par une agilité de gosier dont
on n'avait pas eu d'exemple jusqu'alors,
par une voix d'une étendue rare, et par
un profond savoir en musique. En 1770 ,
elle brillait à Dresde comme prima donna.
Elle retourna dans sa patrie en 1774 ,
continua de se faire entendre sur divers
théâtres jusqu'en 1783, quoique sa voix
eût perdu sa fraîcheur et une partie de son
agilité. On présume qu'elle cessa de vivre
vers 1790.
CALOVIUS ( aeraham ), professeur de
théologie, pasteur primaire et surinten-
dant général à Wittemberg , naquit à Mo-
rungen en Prusse , le 16 avril 1612, et
mourut à Wiltembcrg le 29 février 1686.
Il a publié en langue latine une Encyclo-
pédie ( Lubeck, 1651, in-4° ) dans la-
quelle il traite de la musique, p. 549-554.
C ALVEZ (Gabriel), musicien espagnol,
vivait à Piome vers le milieu du seizième
siècle, et y était attaché en qualité de
chantre, à l'église de Sainte-Marie-Majeure.
11 publia dans cette ville, en 1540, des
motets à quatre voix. La mélodie d'un de
ces motets ( Emendemus in melius quœ
ignoranter peccavimus) a servi de thème
à Palestrina pour" sa messe Emendemus.
CALVI ( laurent), musicien au ser-
vice de l'église cathédrale de Pavie , dans
la première moitié du dix-septième siècle,
s'est fait connaître par quatre recueils de
motets à deux, trois et quatre voix.
En 1626, il a publié à Venise un ouvrage
qui a pour titre : Rosarhim litaniarum
B. V. Mariœ.
CALVI ( JEAN-BArTisTE ) , amateur de
CAL
CAL
19
musique, né à Rome, vers le milieu du
18° siècle, a donné : 1° Ezio , opéra sé-
ria , à Pavie, en 1784 ; 2° Caslore e Pol-
luée , ballet, à Crémone, en 1788;
3° Le donne mal accorte , ballet , dans la
même ville, en 1788; 4° // Giuseppe ri-
conosciuto , oratorio, à Milan , en 1788.
CALVIÈRE ( GUILLAUME- ANTOINE ),
organiste de la chapelle du roi, naquit à
Paris en 1695. Ayant été reçu organiste
de la chapelle du roi en 1738 , il occupa
cette place jusqu'à sa mort, arrivée le
18 avril 1755. Doué des plus beureuses
qualités pour la musique, mais né mal-
heureusement dans un pays où le goût et
les études étaient détestables, Calvière
eut en France la réputation d'un des plus
grands organistes du monde : le fait est
que son exécution et sa connaissance des
ressources de l'instrument étaient remar-
quables; mais son style, semblable à celui
de tous les organistes de son temps, man-
que d'élévation , et son harmonie est sou-
vent incorrecte. J'ai entre les mains
un livre manuscrit de ses pièces d'orgue,
qui me paraît démontrer la justesse du
jugement que j'en porte. Au reste c'était
un homme d'esprit ; l'anecdote suivante
en offre la preuve. Ayant concouru en
1750 avec Dagincourt pour une place
d'organiste, François Couperin, qui avait
été nommé juge du concours, ayant plus
d'égard à l'âge des deux compétiteurs
qu'à leur talent, prononça en faveur de
Dagincourt; mais voulant consoler Cal-
vière de cette injustice, il le loua beau-
coup sur son habileté. Lui ayant demandé
où il avait appris à jouer si bien de l'orgue,
Calvière lui répondit : Monsieur , c'est
sous l'orgue de Saint-Gervais (Couperin
était organiste de cette église). Calvière
a composé plusieurs motets à grand chœur,
et beaucoup de pièces pour l'orgue et le
clavecin qui n'ont point été gravées.
CALV1S1TJS (sethus), dont le nom
allemand était Kalwitz , naquit le 21 fé-
vrier 1556 , à Gorschleben, près de Sach-
senberg , dans la Tburinge. Fils d'un sim-
ple paysan, il devint, à force de travail et
de persévérance, astronome, ou plutôt
astrologue, poète, musicien et savant dans
l'histoire et la chronologie. Ses premières
études de musique et de chant furent fai-
tes à l'école de Frankenhausen '. La pau-
vreté de ses parens l'obligea à quitter ce
collège après un séjour de trois ans et
demi ; mais bientôt la beauté de sa voix
le fit admettre gratuitement à l'école pu-
blique de chant de Magdebourg. Déjà il
était assez habile pour donner des leçons
de musique qui lui procurèrent quelques
économies. Avec ces épargnes, il alla étu-
dier les langues anciennes et les arts aux
universités de Helmstadt et de Leipsick.
Dans cette dernière ville, on le nomma
directeur de musique de l'église Sainte-
Pauline; mais il quitta Leipsick en 1582,
pour aller remplir les fonctions de chan-
tre à l'école de Pforte.il occupa cette place
pendant dix ans. Appelé à Leipsick en
1592, pour y remplir les fonctions de
chantre à l'église de Saint-Thomas , il re-
tourna avec plaisir dans cette ville qu'il
avait toujours préférée à toute autre. Deux
ans après , il réunit , à ses attributions de
chantre et de professeur , celles de direc-
teur de musique. Il prit possession de
cette dernière place le 19 mars 1594, et
fit exécuter le même jour plusieurs mor-
ceaux de musique religieuse qu'il avait
composés. Rien ne peut surpasser le zèle
qu'il montra dans l'administration de l'é-
cole qui lui était confiée, pour l'améliora-
tion de l'enseignement , et particulière-
ment de celui de la musique. Estimé pour
son savoir et son caractère honorable par
les habitans de Leipsick, il conçut tant
d'affection pour cette ville, qu'il ne vou-
lut jamais s'en éloigner, bien que des
offres brillantes lui fussent faites par les
villes de Wittenberg et de Francfort sur
le Mein. Il y mourut à l'âge de près de
60 ans , le 23 novembre 1615 , suivant ce
> Mallheson dit que ce fut à Francfort sur l'Oder
(\oy. Grwidlage einer Ehrcn-Pfvrlc, p. 32).
9»
20
CAL
qne rapporte Mattheson (Grundlage elner
Ehrenpforte, p. 55) , et en 1617, d'après
l'opinion de Jean Godefroi Walther, de
Forkel , de Gerber , et de plusieurs autres
écrivains. Il y a lieu de s'en rapporter à
Mattheson qui écrivit sa notice huit ans
après qne Walther eut publié son lexique
de musique , et qui a dû examiner le fait
avec attention.
Calvisius était persuadé de l'infaillibi-
lité de l'astrologie : un événement fâ-
cheux vint fortifier sa confiance en cette
science prétendue. Il avait lu , ou cru lire
dans les astres , qu'un grand malheur de-
vait lui arriver certain jour de l'année
1602. Pour éviter le coup dont il était
menacé , il prit la résolution de ne point
sortir de chez lui ce jour-là, de se livrer au
travail du cabinet , et d'éviter tout ce qui
pourrait faire naître quelque danger pour
lui. Cependant sa plume fatiguée l'obligea
de prendre un canif pour la tailler, l'in-
strument lui échappe des mains , et dans
son empressement à serrer les genoux pour
l'empêcher de tomber à terre , il enfonça
la lame dans son genou droit : un nerf
fut coupé , et Calvisius demeura boiteux
le reste de sa vie.
On a de Calvisius les ouvrages de théo-
rie et de didactique dont les titres suivent:
Melopoeia seu melodiœ condendœ ratio }
quant vulgo miisicam poeticam voccuit:
ex verisfundamentis extrada et expli-
cata , Erfordiœ, l592,in-8° '. Lipenius
(Bibl., p. 975) indique une première édi-
tion de ce livre, sous la date de 1567 :
c'est évidemment une erreur ou une faute
d'impression, car l'auteur, étant né en
1556 , n'aurait eu que onze ans quand son
livre aurait été publié ; si cette édition
première n'est pas supposée , elle doit être
de 1576. Gerber cite aussi une édition an-
térieure à 1592, sous la date de 1582
{Neues Lexikon der Tonkunstl., t. 1,
col. 611 ) , d'après Wilkius, auteur d'un
CAL
livre allemand intitulé : Bedeken -vont
Schulwesen (p. 137) ; il y a lieu de croire
que cette date est aussi le résultat d'une
faute d'impression , et que le 8 y a été
substitué à 9 , par erreur. Une dernière
édition du livre de Calvisius a été publiée
à Leipsick, en 1650, in-8°. Le titre de
cet ouvrage semble indiquer un traité de
la mélodie ; cependant il est presque tout
entier relatif au contrepoint et à l'harmo-
nie. Forkel remarque avec justesse que
c'est un fort bon livre pour le temps où
il a été écrit; 2° Compendium musicœ
practicœ pro incipientibus conscrlplum
à Setho Calvisio , Lipsiœ , ad D. Tho-
mam cantore. 1594 , in-8°. Cette édition
est indiquée par Lipenius, sous la date de
1595. Il y a une deuxième édition de
l'ouvrage, datée de 1602. Walther sem-
ble croire que ces deux éditions du Com~
pendium sont la même. Il y en a une
troisième qui a pour titre : Musicœ arlis
prœcepta nova et facillima , per septem
voces musicales , quibus omnis difficul-
tas , quœ ex diversis clavibus , et ex di-
versis cantilenarum , generibus et ex
vocummusicaliummutatione oriri potest,
tollitur. Pro incipientibus conscripta.
Jena», 1616, in-8°.Dansce petit ouvrage,
destiné , comme on voit, à l'enseignement
desenfans, dans l'art de lire la musique
et de la chauter , Calvisius expose les
avantages de la Bocédisalion , c'est-à-dire
de la solmisation pour les sept syllabes
Bo, ce , di, ga, lo ; ma , ni, au lieu de
l'emploi de l'hexacorde ut, re , mi, fa,
sol , la, de l'ancienne méthode. Je ne sais
s'il est exact de dire , comme Walther ,
Mattheson et Forkel , que Calvisius donne
dans son livre une approbation à la solmi-
sation de ces sept syllabes nouvellement
inventées, car je n'y ai point vu le nom
de l'inventeur, Hubert Waelrant. Sans
se donner précisément comme inventeur
de cette solmisation, il laisse entendre
1 Mattheson écrit le nom de la ville Erfurli (Grund- sont également employés en latin pour désigner la yill»
lage einer Ehrenpforte, p. 32), mais il est certain que d'Erfurt.
le livre porte Erfordite. Au reste, Erfordia et Erfurluin.
CAL
CAL
21
qu'il pent l'être , par sa manière vague et
générale de s'exprimer. Forkel a inséré
douze règles de l'art du cliant dans le
deuxième volume de son Histoire de la mu-
sique (p. 65), qu'il a extraites du livre
de Calvisius. Elles sont, en leur genre , les
plus méthodiques qu'on ait données sur
cette matière à cette époque reculée.
5° Exercitaliones musicœ duce, quarum
prior est , de modis musicis , quos vulgo
tonos vocant , rectè cognoscendis , et di-
judicandis. Posterior, de initio et pro-
gressa musices , aliisque rébus eo spec-
tantibus. Lipsiœ, 1600, in-8°, de 138 p.
Gerber , dans son ancien lexique des mu-
siciens , a indiqué comme un livre parti-
culier la seconde partie de celui-ci , sous
le litre : De initio et progressa , etc. ; il
a été copié en cela par M3I. Choron et
Fayolle, dans leur Dictionnaire histori-
que des musiciens. Dans son nouveau
lexique, Gerbera corrigé cette erreur. La
première partie du livre de Calvisius est
toute dogmatique; la deuxième est un
abrégé fort bien fait et fort exact de l'his-
toire de la musique. Une troisième partie
de ces Exercitaiions a paru sous ce titre :
Exercilalio musica tertio, de prœcipuis
quibusdam in arle musica quœstionibus,
quibus prœcipua ejus theoremata conli-
nentur ; inslituta ad clarissimum virum
Hippoljtum Hubmeierum poetam laurea-
tum et pœdag ogiarchum Geranum. Lip-
siœ, impensis Thomœ Schureti Michael
Lantzenberger excudebat. 1611 , in-8°
de 180 pages. L'existence de cette troi-
sième partie séparée a été inconnue à
Walther , à Mattheson , à Forkel , à Ger-
ber , et à leurs copistes. Ces auteurs disent
que dans l'année où elle a paru , une édi-
tion des trois parties réunies a été publiée
sous ce titre : Exercitaliones musicœ
1res , de prœcipuis quibusdam in musica
arte quœstionibus instilutœ. Leipsick,
in- 8°. Il y a beaucoup de probabilité qu'ils
se sont trompés , et que le mot très a été
substitué à tertia , car tout le reste du ti-
tre est conforme à celui du livre qui est
indiqué ci-dessus. L'ouvrage dont on vient
déparier est adressé à Hubmeier, maître
d'école à Géra, qui, dans ses Discussions
de questions importantes de philosophie ,
de musique, etc. {V. Hubmeier) avait
attaqué la solmisation par les sept sylla-
bes, et avait entrepris de démontrer que
la méthode de l'hexacorde est préférable.
Parmi les diverses questions de théorie et
de pratique qui sont agitées par Calvisius
dans sa troisième exercitation , il revient
sur ce sujet, et le traite avec une puissance
de raisonnement qui détruit facilement
les argumens de son adversaire. Celui-ci
avait cru répondre victorieusement aux
partisans de la nouvelle solmisation , qui
affirmaient que puisqu'il y a sept notes ,
et sept clefs ou lettres , il doit y avoir sept
syllabes pour les nommer , en disant que
ce raisonnement n'avait pas plus de force
que si l'on disait que parce qu'il n'y a que
cinq lignes dans la portée, il ne doit y
avoir que cinq noms de notes : Calvisius
prouve fort bien la futilité de cette objec-
tion, et démontre invinciblement la néces-
sité des sept syllabes ; mais il ne s'agit
plus de Bo , ce, di , ga } lo , ma, ni;
c'est de l'addition de la syllabe si
aux six autres noms ( ut, re, mi, fa, sol,
la ) , qu'il est question , et Calvisius en
parle comme d'une chose déjà con-
nue '.
» Le passage du livre de Calvisius a tant d'inte'rêt, et
ces sortes de livres sont si rares, que je crois qu'on verra
avec plaisir la citation que j'en fais ici:
De QU.ESTIONE QUINTA.
An sex vel septem sint voces musicales •
« Statuts sex tantùm voces musicales esse debere, idque
aliquot argumentis firmum faccre conaris, et rejicis eos,
qui in musicis pro complemento septimam vocem musica-
lem si adjecerunt. Hoc videtur déesse tua; disputationi ,
quod non causas eliam affers, çur quidam puteut septimam
cum unicam tantùm ejus causas afferas, data operà videris
sententiam de septem vocibus musicalibus deprimere
voluisse. Ea est , quod dicunt , ut ait f septem esse claves,
crgo etiam septem voces musicales esse debere. Hanc ra-
lionem postea ita réfutas, ut dicas , cam nihil concludere,
cum pari ratione argumentari liceat : quinque sunt linea? ,
ergo quinque sunt voces. Quae , quaeso, Hubmeiere, te
causa impulit, ut rébus diversissimis eandem affeclionem
tribueres? Cerlè quinque lineacnon sunt idem quod septem
claves , quod et pueris apparet. Deinde lineac per se niliil
23 CAL
On a de Calvisius les ouvrages de musi-
que pratique dont les titres suivent :
voccm adjiciendam. Id enim si fecisset, leetori libenim
fuisset eligendieam partem, quam firmiorem putasset. Jam
faciunt ad voces musicales. Subjectum enim tautùm sunt,
in quibus elenienta musica scribuntur , quem admodum
papyrus subjtctum est scripturœ, cui nnlla efficacia perse
est ad scripturam aperiendam et legendam, potuissel enim
idem seribi in ligno , lapide, plumbo , etc. Clavinm
ratio longé alia est , nam septem claves ambilum conclu-
dunt unius A£«»r«;coV vcl octava, quœ periudum complet
omnium sonoium, quâ absohilà soni in orbem redeunt,
et quemadmodum soni distiuguuntur in repelita. Si igitur
sonos per voces musicales in una octava efferre potueris,
de repetilâ octava nihil est Ijborandum , eaedem enim
voces ibidem eliam recurrunt. Et verissimum est , quod
censés, voces musicales non mulliplicari quemadmodum
claves non multiplicantur : quapropter necesse est , cum
septem sint claves, ut septrm eliam sint voces musicales ,
ut septem clavinm numerum aequent, ne sui pcrmulatinne
et subslilutione inter se confundantur, et discentes lur-
benl. Altéra verô ratio, quam adjungis , cur septem voces
musicales esse non debeaul, quod videlici t voces ex lile-
ris non oriantur, tola falsa est. Nam si Musicam compen-
diosè docere vellemus , literae ipsae debebant sitnul esse
voces musicales, ut identitate facilitalem deduclionissono-
rum adjuvarent : sed quoniam inhabiles sunt ad sub-
itam vepetitionem et semitonium suo proprio loco certâ
nota non exhibent ; additae sunt eis voces musicales ,
qnœ id , quod clavibus deest, prœslare possinl. Fir-
miter igitur adhuc consistunt septem voces musicales ,
quas adhue uno adqne altero argumento asseram. Pri-
mum : quia in quabbet octava septem sont dislincli soni
priusquamad eam clavem repetilam pervenias, quae prin-
cipium deductionis dédit : unde sequitur, septem etiam
distinctas esse debere voces musicales. Nam quemad-
modum septem illi soni in instruments musicis artificia-
libus per claves exprimuntur et distinguuntur : ita in
nostra naturali et vocali musica iidem soni per voces mu-
sicales efferuntur, et par est ubique ratio. Secundo: auto-
ritas velerum etiam in bac re atlendalur. Ptolomœus, om-
nium optimus autor inter eos, qui de musica scripserunt,
lib. 2, de Mus., sic inquit : « Voces naturâneque pluies,
neque pauciores esse possunt quam septem. » El Deme-
trius Phalereus teslatur .flsgvplios et Graco septem vo-
calium modulatâ enuncialione laudes Deorum suorum ce-
cinisse: unde constat sep lemGrœcornm voca les pro vocibus
musicalibus liabilas et usurpalas esse. Assume etiam tes-
timonia pottarum , ut quod Virgilius lyrœ septem dis-
crimina voeu m tribuit, quae discrimina lsidorns Ilispalensis
«plicat, quod nnlla chorda vicinœ chordic similem souum
ediderit. Sic Horatius :
n Tuque testudo resonare septem callida nervis. »
Sic Ovid. 5. Fastoruni de Mercurio :
« Septena putaris
« Pleiadum numéro fila dédisse lyrae.»
Sic Vilgilianusopilio seu bubsequa !
« Est milii disparibus septem compacta cicutis
« Fistula.»
Idem affirmant Aristotelcs, l'lutarchus, et alii, à quo-
rum nutorilatibus temerènoq est recedendum. Sed di; hac
re infrà plura dabimus, accedamus jam ad fundamenla
tua sententiae.
Quodnam igitur jam statuts fundamentum tuae assertio-
CAL
1° Harmonia cantionum ecclesiastica-
rum à M. Luthero et aliis viris piis Gér-
ons, quod lantùm sei claves musicales esse debeaut ?
Remillis nos id discere cupientes 1. ad Phjsica; 2. ad
Arilhmetica; 3. ad Geomelrica. Quid , Hbmeierc?
Estnè boni dispulatoris , audituies suos eô remitlere , urû
ipso argumentum nullum suas sentenliœ conGrmandïe
invenire potuit? Si enim potuisses , certè id pro démon-
stralione allegasscs, et alia contra futilia et falsa argu-
menta, ut audiemus, omisisses. Ego eo profectus quo
me ainandasti , rem longe aliter, ac tu ais, reprrio. Ex
physicis enim , arilhmeticis et geomelricis firmissè de-
monslratur septem esse debere voces musicales. Pliysicus
enim audit in una petava septem discrimina vocum, sep-
tem sonos distinctos. Arilhmetica ut et harmonica sectio
octavœ eosdem septem sonos in suis veris et légitimas pro-
porlionihus exhibel. Geometrae idem in légitima sectione
circuli demonstrant. Frustra igitur Hnbmeiere nos eo
ablegas, ubi lua sententia penitus evertitur. Destilueris
ergo , ut video , et demonstrationibus et autoritalibus ,
cum nemo veterum autorum de hexacordo unquam quic-
quam affirmant.
Jam rationes etiam tuas excutiamus, quarum prima est ,
quod pluies voces musicales non sint dandœ, quam in
scala exprimentur . Septimam vocem autem in ea non
esse expressam , ergo. Non docebo te, Hubmeiere ,
dialecticam : attamen sciredebebas ab autoritate negativâ
non lirma deduci argumenta. Proh Deum immortalem, si
hase ratio vera, et nihil novi velerum inventis addendum.
esset, quot et quantis commoditatibns deslitueretur hodiô
vita humana , quas veteres ignorarnnl, et quas noviter iu-
ventee sunt. Quod septima vox t si , in scala expressa non
est, nihil mirum. Autor enim scalae, Guido Aretinus, cum
statuissettantùm sex voces musicales esse, eas ita dispo-
suitut septima locutn non relinqueret, et voces musicales
mutuà substitulione in scala ita turbavit, ut ea facta sit ré-
mora et impedimentum maximum musicam discenlibus ,
cum longé rectius hœc tradipotuisscnt.Secnndam rationem
affers , quod septima vox , si, ad nullam cerlam clavem
delerminetuv cum ab aliquibus modo in C.t modo in F.,
modo in B. ponatur. Unde haec de positu syllabae si lia-
bes, oplime Hubmeiere? Vix credo quempiam in musicis
adeô imperitum esse possc . ut ibi, ubi voci musicali^à
legitimus locus est ; mi vel si ponere , et lotarn musicam
pervertere aucleal , mi enim e\fn, si rectè distinguantur ,
sunt Iota musica, ut veteres loculisnnt, potius crediderim,
te honoris gratiâ hœc finxisse , cum claves G et F omnium
sint principes. Sillabîej/, locus slabijis et perpetnus est
in regulari quidem sistemate in clave b quadrato, in
transposito veiô in clavi nec unquam hœc ratio variatur ,
nisi b adscriplum syllabam si \*afa inutet : lerlia ratio ,
quod necesse silsyUabamsx ad tria hexacliorda reduci,
falsa est, ut in prœcedenti quasslione demonslravi , cum
unicum tantum et solum hexachordum sit vocum sex
musicalium. Sic et quarta ratio, quod si coïncidât cum
aliâ voce musicali , falsa cum eâ nunquam , si ad illas sex
voces musicales assumatur, in aliquam incidere possit. Ad
quiulara tantùm abest, ut si vox musicalis discrimen inter
mi et fa tollat, ut illud semitonium nullà refermiùs sta-
biliatur. Sexta ratio cum terliâ coincidit, et refutata est.
Ad septimam , quâ asseris, œquè facile quempiam posse
institui in consueto canendi modo, quam si septem adhi-
beamus voces musicales, respondeo, te, si hîc esses, aliter
censurum. Kgn hisce triginta annis ferè, quibus hoc saxum
volvo, esperienliâ longé aliter edoctus sum, le manumad
slivaiu hanevix adnjovisse puto. Grade igitur potius eier»
CAL
manice compositarum 4 voc. Lipsiae ,
1596, in-4°. La deuxième édition fut pu-
bliée l'année suivante dans la même ville.
La quatrième édition de ces cantiques est
de 1612. Il y en a une dernière datée
de 1612 , selon Matlheson et Gerber.
2° Teutsche Tricinia, mehrentheils auss
den Psalmen Davids , etc. (Musique à
trois voix sur des textes allemands, la
plupart tirés des psaumes de David, et
d'autres religieux et profanes , pour le
chant et les inslrumens). Leipsick, chez
Voigt, 1603, in-4°. 5° Biciniorumllbri
duo, quorum prior 70 continel ad sen~
tentias evangeliorum anniversariorum à
Selho Calvisio , musico, decanlala ;
posterior 90 cum et sine textu , à prœ-
stanlissimis musicis concinnata. Lipsiae,
1612, in-4°; 4° Der 150i/e Psalm fur
12 stimmen auj"5 Chœren (Le cent cin-
quantième psaume à douze voix en trois
chœurs ) , Leipsick, 1615 , in-fol. 5° Der
Psaller Davids gesangweis , vom H m.
D. Cornelio Beckern, etc. (Le Psautier
de David mis en chant, composé primiti-
vement par M. Corneille Becker , et ar-
rangé à quatre voix par Sethus Calvisius }
Leipsick, 1617 , in-8°. )
Calvisius est connu des savans par de
hons ouvrages sur la chronologie et la
réforme du calendrier ; ce n'est point ici
le lieu de citer ni d'examiner ces livres,
on trouvera à ce sujet d'amples renseigne-
mens dans les biographies générales , par-
ticulièrement dans celle de M. Michaud.
CALVO (ladrent), moine de Ticino,
dans l'état de Venise, au commencement
du 17e siècle, fut musicien à l'église ca-
thédrale de Pavie. On connaît de sa com-
position : 1° Symbolœ diversorum mu-
sicornm, 2.3,4,5 vocibus cantandœ ,
Venise, 1620 ; 2° Canzoni sacre «2,3
eivoci. Baccoltel) II, III, IV. Venise;
3° Bosarium Litaniarum B . V. Maria?,
Venise , 1626.
CAM
23
CALVOER ( Gaspard) , théologien pro-
testant , inspecteur des écoles de Claustal,
et surintendant de la principauté de Gru-
benhagen, naquit à Hildesheirn, en 1650,
et mourut le 11 mai 1725. Il a beaucoup
écrit sur la théologie. On a aussi de lui :
De musica ac sigillalim de ecclesiasticd
eoque speclaniibus organis. Leipsick,
1702,in-12; petit écrit de trois feuilles
d'impression, divisé en 6 chapitres, où
l'auteur a traité d'une manière générale
du chant religieux, des instrumens et des
fonctions du directeur de musique. Dans
son Bituale ecclesiasticum ( Jena, 1705,
in-4° ) , il a traité de la musique d'église.
On trouve aussi des renseignemens inté-
rcssans sur l'état du plain- chant en France
et chez les Saxons, sous le règne de Char-
lemagne, dans son livre intitulé : Saxo-
nia inferior antiqua gentillis et chris-
tiana. Goslar, 1714, in-fol. Enfin Calvoer
a écrit la préface de l'ouvrage de Christ.
Àlh. Sinn. intitulé : Temperatura prac-
tica, etc. Wernigerod, 1717, in-4°.
Cette préface a été réimprimée dans le
Vorgemache der gelehrsctmkeit ( An-
tichambre de l'érudition) de Falsius ,
p. 567-624. C'est un morceau rempli d'éru-
dition.
C A MBEFORT (jean), et non Camefort,
comme on l'appelle dans le Dictionnaire
des Musiciens de 1810, musicien au ser-
vice de Louis XIV, épousa la fille d'Auger,
surintendant de la musique de la chambre
du roi, en eut 7 ou 8 enfans depuis 1652
jusqu'en 1661 , et mourut le 4 mai de cette
dernière année. Dans les derniers temps
de sa vie, il avait été nommé intendant
de la musique de la chambre, maître ordi-
naire et compositeur de cette musique. Il
écrivit quelques divertissemens et des can-
tates pour le service du roi et de la cour.
Il y a aussi quelques chansons de sa com-
position dans les recueils imprimés par
Ballard.
citato musico , quam tuis , nescio unde conceplis opinio- doyer si fort de raisonnement en faveur de la gamme de
cibus. » sept notes, on disputait encore en Allemagne sur cette
Qui pourrait croire que plus d'un siècle après ce plai-. question ! (Voy , jBuUstedl et Matlheson) .
24
CAM
CAMBERT (robert), fils d'un fournis-
seur, naquit à Paris, vers 1628. Après
avoir reçu des leçons de clavecin de Cham-
bonnières , le plus célèbre maître de son
temps , il obtint la place d'organiste de
l'église collégiale de Saint-Honoré , et
quelque temps après fut nommé surinten-
dant delà musique de la reine Anne d'Au-
triche, mère de Louis XIV. Dès 1666 , il
occupait cette place. Cambert est le pre-
mier musicien français qui entreprit de
composer la musique d'un opéra : il y fut
déterminé par les circonstances suivantes.
Perrin , introducteur des ambassadeurs
près de Gaston, duc d'Orléans, imagina
en 1659 un nouveau genre de spectacle, à
l'imitation de l'opéra d'Or/êo ed Eure-
dice que le cardinal Mazarin avait fait re-
présenter par une troupe italienne , en
1647. Il donna à sa pièce le titre de La
Pastorale , première comédie française
en musique ; Cambert fut chargé d'en
composer la musique, et elle fut représen-
tée au château d'Issy , au mois d'avril de
la même année. L'ouvrage eut un succès si
décidé, que Louis XIV voulut l'entendre et
le fit représenter à Vincennes. Mazarin ,
qui aimait ce genre de spectacle et qui s'y
connaissait , engage les auteurs à composer
d'autres pièces du mêmegenre;ilsécrivirent
l'opéra à' Ariane ou Le mariage de Bac-
chus, qui fut répété à Issy, en 1661, mais
dont la mort de Mazarin empêcha la repré-
sentation.Quelques auteurs ont dit que cet
ouvrage fut représenté plus tard à Lon-
dres ; mais on ne trouve aucune trace de
cette représentation dans les mémoires sur
l'établissement de l'Opéra en Angleterre.
Il paraît qu'au commencement de l'année
1662 Cambert écrivit un autre opéra inti-
tulé Adonis ; mais il ne fut point joué, et
depuis lors, il s'est perdu. L'idée de Perrin,
ajournée par divers événemens , ne reçut
son exécution qu'en 1669. Le 28 juin de
cette année, l'académie royale de musi-
que fut créée par lettres patentes ; le privi-
lège en fut accordé à celui qui en avait conçu
le plan j celui-ci s'associa Cambert , et de
CAM
leur union résulta le premier opéra fran-
çais régulier, intitulé Pomone; il fut re-
présenté à Paris, en 1671, et obtint beau-
coup de succès. L'année suivante , Cambert
composa la musique d'une pièce intitulée
Les peines et les plaisirs de l'amour f
pastorale en cinq actes , dont les paroles
étaient de Gilbert ; mais cette même an-
née le privilège fut ôté à Perrin et à Cam-
bert pour être donné à Lulli qui jouissait
de la plus grande faveur auprès de
Louis XIV , et qui en abusait à son profit
et au préjudice de ses rivaux. Irrité de
l'injustice qui lui était faite , Cambert
quitta la France, passa en Angleterre en
1673 , et devint maître de la deuxième
compagnie des musiciens de Charles II ;
il ne jouit pas long-temps de sa nouvelle
position, carie chagrin le conduisit au tom-
beau en 1577 . Ch. Ballard a publié en
partition in-folio des fragmens de l'opéra
de Cambert intitulé Pomone. On trouve
en manuscrit à la Bibliothèque royale de
Paris la partition de celui qui a pour titre
Les Peines et les Plaisirs de l'amour.
CAMBINI(jean-joseph) ,né àLivourne r,
le 13 février 1746, s'est livré dans son en-
fance à l'étude du violon, sous la direction
d'un maître obscur nommé Polli. Les oc-
casions fréquentes qu'il eut ensuite d'en-
tendre et même d'accompagner Manfredi
et Nardini, perfectionnèrent son talent sur
cet instrument. Bien qu'il ne soit jamais
parvenu à se faire un nom célèbre comme
violiniste, il posséda dans sa jeunesse l'art
d'exécuter ses quatuors et toute sa musique
de chambre avec pureté, goût et élégance.
A l'âge de 17 ans , il se rendit à Bologne,
où il eut l'avantage d'être admis au nom-
bre des élèves du P. Martini et de recevoir
de lui des leçons de contrepoint. Après
avoir passé trois années près de ce maître,
il partit pour Naples. Il y devint amoureux
d'une jeune fille née comme lui àLivourne,
et s'embarqua avec elle pour retourner dans
1 C'est à tort qu'il est dit dans le nouveau Lexique uni-
versel de musique, publie' par M. Schilling, que Cambini
était lié à Lucques,
CAM
CAM
25
cette ville, où il devait l'épouser. Grimm
rapporte en ces termes ( Correspondance
Littéraire, août 1776) l'événement qni sur-
vint après le départ des amans : « Ce pau-
« vre M. Cambini n'est pas né sous une
« étoile heureuse. Il a éprouvé, avant d'ar-
a river dans ce pays-ci, des infortunes plus
« fâcheuses qu'une chute à l'Opéra. S'étant
« embarqué à Naples avec une jeune per-
te sonne dont il était éperdument amou-
« reux , et qu'il allait épouser , il fut pris
« par des corsaires et mené captif en Bar-
ci barie. Ce n'est pas encore le plus cruel
« de ses malheurs. Attaché au mât du
« vaisseau , il vit cette maîtresse , qu'il
« avait respectée jusqu'alors avec une timi-
a dite digne de l'amant de Sophronie , il
a la vit violer en sa présence par ces bri-
o gands , et fut le triste témoin etc. »
Heureusement un riche négociant véni-
tien , nommé M. Zamboni , eut pitié de
Cambini ; il le racheta d'un renégat espa-
gnol et lui renditla liberté. Arrivé à Paris,
en 1770, l'artiste obtint la protection de
l'ambassadeur de Naples qui le recommanda
au prince de Conti , et le prince dit deux
mots en sa faveur à Gossec. Celui-ci diri-
geait alors le concert des amateurs ; il pro-
cura à Cambini l'occasion de se faire con-
naître en faisant exécuter des symphonies
de sa composition *. Elles obtinrent du
succès , bien que la conception en fût assez
faible , parce qu'elles étaient écrites avec
cette facilité qui est le caractère distinctif de
la musique italienne. Cambini abusa de
cette facilité à écrire à tel point qu'il produi-
sit plus de soixante symphonies en un petit
nombre d'années, ce qui ne l'empêcha pas
de publier une immense quantité d'autres
ouvrages de musique instrumentale, ni de
faire exécuter au concert spirituel des mo-
tets et des oratorios. Il y avait dans tout
cela des idées assez jolies , et la facture en
était assez pure ; mais l'empreinte du génie
y manquait. De toutes les compositions de
Cambini , celles qui obtinrent le plus de
succès furent ses quatuors de violon. Leurs
mélodies étaient agréables, et il y avait de
la correction dans leur harmonie. Cette
musique paraîtrait aujourd'hui faible et
puérile; mais on ne connaissait point alors
les admirables compositions de Haydn, de
Mozart , de Beethoven. On n'avait même
pas les jolis quatuors de Pleyel. Au reste,
Cambini était capable de s'élever plus qu'il
ne fît ; mais presque toujours en proie au
besoin , suite inévitable de son intempé-
rance, il était obligé de travailler avec une
activité prodigieuse , et ne pouvait choisir
ses idées. Sa fécondité fut d'autant plus
remarquable, qu'il passait la plus grande
partie des jours et des nuits au cabaret ,
employant d'ailleurs une partie du temps
où il était à jeun à donner des leçons de
chant, de violon et de composition.
Au mois de juillet 1776, il fit repré-
senter à l'Opéra un ancien ballet héroïque
de Bonneval , dont il avait refait la musi-
que. Ce ballet avait pour titre : Les Ro-
mans j* il tomba tout à plat, et l'on fut
obligé de le retirer après la troisième re-
présentation. Cet ouvrage fut suivi de
Rose d'amour et Carloman, qui ne réus-
sit pas mieux au Théâtre-Italien, en 1779,
quoique la musique eut été goûtée. Appelé
à la direction de la musique du théâtre
des Beaujolais , en 1788 2, il y fut plus
heureux dans les ouvrages qu'il fit repré-
senter sous les titres de La Croisée,
Cora ou la prêtresse du soleil, les Deux
frères, ou la Revanche, Adèle etEdwin.
Il écrivit aussi pour le même spectacle la
musique de quatre pantomimes. En 1791,
après la ruine théâtre des Beaujolais, Cam-
bini devint chef d'orchestredu théâtre Lou-
vois, où il fît représenter Nantilde et Da-
gobert, opéra en 3 actes qui fut bien accueil] i
parle public. Ce fut à peu près le dernier
succès de cet artiste. Il avait écrit, depuis
1782 jusqu'enl793, les opéras à'Alcméon,
1 Ces renseiguemens sont tires d'un mémoire manu-
terit et autographe de Gossec.
a On dit dans la Biographie universelle et portative
des contemporains, que Cambini eut cette place en 1787;
mais c'est une erreur.
26
CAM
à'Alcide, ainsi qu'une nouvelle musique
pour YÀrndde de Quinault; mais aucun
de ces ouvrages n'a été représenté. On con-
naît aussi de lui quelques entrées de danse
dansle ballet-opéra des Fêtes Vénitiennes.
En 1780, Cambini fit exécuter au concert
spirituel un oratorio intitulé Le sacrifice
d'Jbraham. Précédemment il y avait
donné quelques motets , entre autres un
Domine dont la partition manuscrite est
à la bibliothèque du conservatoire de musi-
que de Paris.
Parmi ses compositions instrumentales
et ses morceaux détachés de musique vo-
cale, on compte : 1° Soixante symphonies
pour orchestre; 2° Cent quarante-quatre
quatuors pour deux violons, alto et basse;
5° Vingt-neuf symphonies concertantes
pour divers instrumens ; 4° Sept concertos
dont deux pour violon, un pour hautbois,
et quatre pour flûte; 5° Plus de quatre
cents morceaux pour divers instrumens
consistant en trios et duos pour violon,
viole, violoncelle; quatuors, trios, duos
pour flûte; quatuors pour hautbois, duos
pour basson, etc.; 6° Différens solfèges
dune difficulté graduelle pour l'exercice
du phrasé, du style et de l'expression,
avec des remarques nécessaires et une
basse chiffrée pour l'accompagnement ,
Paris, Le Duc, 1788; 7° Préludes et
points d'orgue clans tous les tons , mêlés
d'airs variés, et terminés par l'Art de
moduler sur le violon , etc., Paris, 1796,
et Offenbach, 1797; 8° Méthode pour
flûte, suivie de vingt petits airs et de six
duos à l'usage des commençans, Paris,
Gaveaux, 1799; 9° Plusieurs airs patrio-
tiques, avec accompagnement de deux cla-
rinettes , deux cors et deux bassons;
10° Le Compositeur , scène comique du
répertoire du concert des amateurs, Paris,
Imbault, 1800.
Vers 1 800, et dans les deux ou trois années
suivantes, Pleyel employa Cambini à com-
poser quelques quintetti et des quatuors
dans le style de Boccherini. Il y réussit si
bien que ces morceaux furent mêlés à
CAM
d'autres inédits de ce compositeur original,
et furent publiés sous son nom , sans qne
les amateurs ni les artistes se doutassent
de celte spéculation commerciale.
Cambini doit être compté aussi parmi
les écrivains sur la musique, car dans les
années 1810 et 1811 il devint le collabo-
rateur de M. De Garaudé pour la rédaction
du journal de musique que celui-ci venait
de fonder, sous le nom de Tablettes de
Polymnie. Cambini possédait des connais-
sances assez étendues pour juger sainement
de toutes les parties de la musique; mais
il avait de la causticité dans l'esprit , et
quelques-uns de ses articles ont mis en
émoi bien des amours-propres blessés. Il
ne fut jamais connu comme le rédacteur
de ces articles.
Dans les dernières années de sa vie, cet
artiste, dont les talens méritaient un
meilleur sort , était aux gages des éditeurs
de musique , et faisait pour eux de ces
arrangemens , ou plutôt de ces dérange-
mens des œuvres des grands maîtres , qui
sont la honte de l'art. Ces travaux, mal
payés , ne purent le tirer de la misère
profonde où il languissait , et qu'il faisait
partagera une femme beaucoup plus jeune
que lui. On a écrit dans quelques recueils
biographiques qu'il quitta Paris vers 1812
etqu'il se renditen Hollande où il mourut.
Il paraît que ces faits ne sont point exacts,
que Cambini était encore à Paris en 1815,
que depuis lors il a été reçu à Bicêtre
comme bon pauvre, et qu'il y est mort
depuis peu d'années. Tels sont les rensei-
gnemens que j'ai pu recueillir.
CAMBIO (perissone) , compositeur ita-
lien, vécut vers le milieu du 16rae siècle.
On connaît de lui : Canzone vdlanesche
alla Napoletana , Venise, 1551. Le
docteur Burney a extrait de cet ouvrage
une villote à quatre voix , qu'il a insérée
dans le troisième volume de son his-
toire de la musique (p. 215). On a aussi
imprimé de la composition de Cambio :
Madrigali a quattro voci, con alcuni dl
Cipriano Rare ; Fenezia, 1547.
CAM
CAM
27
CAMERARITJS (philippe) , docteur en
droit et célèbre jurisconsulte, naquit à
Nuremberg , en 1537, et non à Tubingue,
comme on le dit dans le Dictionnaire
historique des musiciens. Dans un voyage
qu'il fità Rome,il fut arrêté et mis en prison
par l'inquisition : mais , sur les réclama-
tions de l'empereur et du duc Albert de
Bavière, on lui rendit la liberté. De retour
dans sa pairie , il fut nommé conseiller de
la ville de Nuremberg , ensuite vice-chan-
celier à Altorf, où il mourut le 22 juin
1624, âgé de quatre-vingt-sept ans. On a
de lui un livre intitulé : Horamm sub-
secivarumeenturiœ très, Francfort, 1624,
3 vol. in-4°. Dans le 18e chapitre de la
première centurie, il traite : De industriel
hominum, quibusdam veterum instru-
ments musicis , et quatenus inventus in
Us sit inslruenda.
(,AMERLOHER(rLACTDE de), chanoine
de la Basilique de St. -André à Freising ,
puis conseiller et maître de chapelle du
prince évêque delà même ville, naquit en
Bavière vers 1720. Il a mis en musique
pour la cour de Munich l'opéra intitulé :
Melissa , représenté en 1759. On a de lui
des messes, des vêpres, litanies, motets, etc.
Son œuvre deuxième, composé de six sym-
phonies pour deux violons , alto , basse,
deux cors et deux trompettes, fut gravé à
Liège vers 1760. L'œuvre troisième, com-
posé de six symphonies, parut à Amster-
dam , en 1761. et l'œuvre quatrième, id.,
à Liège , en 1762. Camerloher est un des
premiers qui ont écrit desquatuors concer-
tans\>oar deux violons, alto et basse, dans
le style moderne, genre qui depuis lors a eu
tant de vogue. On en connaît vingt-qua-
tre de sa composition, qui sont restés ma-
nuscrits. On a aussi du même auteur :
1° Dix-huit trios pour guitare, violon et
violoncelle; 2° Vingt-quatre sonates pour
deux violons et basse ; 3° Un concerto pour
guitare avec accompagnement de deux
violons, alto et basse; 4° Un idem, avec
deux violons et basse. Tous ces ouvrages
sont restés manuscrits.
CAMIDGE (le docteur), habile orga-
niste et compositeur, né à York, et rési-
dant dans cette ville, a tenu l'orgue au
grand Concert festival de cette ville, en
1823. Les introductions et les préludes
qu'il a exécutés en cette circonstance, pour
quelques antiennes du docteur Croft , ont
été fort goûtés et applaudis. 11 a publié chez
Clementi , à Londres , depuis 1800 , deux
œuvres de sonates pour le piano , avec ac-
compagnement de violon et violoncelle;
une sonate pour piano seul, op. 5; un
recueil de préludes pour l'orgue, et un
œuvre de sonates pour le piano , avec des
airs favoris , op. 5.
CAMUNER (antonio). On connaît sous
ce nom un Indice de lealrali spettacolidi
tutto l'anno dal carnovale 1808, a tutto
il carnovale 1809, ed alcuni anche pre-
cedenti, con aggiunta deW elenco de'
poeti } maestri di musica , pittori , vir-
tuosi cantanli, ballerini , cupie stato pré-
sente délie corniche compagnie italiane,
ejinalmente délie note délie opère série,
buffe , efarse italiane , scritle di nuova
in musica , de' respettivi maestri , ed in
quali leatri, Venise , Gio. Ant. Curti ,
1800,in-12.
CAMPAGNOLI (bartholome) , violi-
nisle distingué, naquit à Cento , près de
Bologne, le 10 septembre 1751. Dali'
Ocha , élève de Lolli , fut son premier
maître de violon. Ses progrès furent rapides,
et bientôt il eut besoin d'un meilleur mo-
dèle que celui qu'il avait eu jusqu'alors.
Son père , qui était négociant, l'envoya à
Modène, en 1763, pour y prendre des le-
çons de Don Paolo Guaslarobba , violi-
niste de l'école de ïartini. Ce fut dans
cette ville qu'il acheva aussi ses études
dans l'art de la composition. En 1766,
Cairipagnoli retourna dans le lieu de sa
naissance : il y fut placé à l'orchestre du
théâtre. Deux ans après cette époque il
partit pour Venise où il demeura quelques
mois; puis il alla à Pacloue où respirait
encore le vénérable Tartini, arrivé presque
au terme de sa vie. Campagnoli s'arrêta
28
GAM
aussi dans cette ville. En 1770, il fit son
premier voyage à Rome, et y recueillit
desapplaudissemens. De là il alla à Faenza,
où le maître de chapelle Paolo Alberghi ,
virtuose sur le violon, le fixa pendant six
mois. Enfin, il partit pour Florence, dans
le dessein d'y entendre Nardini. Le haut
mérite de cet artiste le décida à prendre
de ses leçons , et pendant cinq années , il
travailla sous la direction de ce maître.
Ce fut pendant ce temps qu'il se lia d'ami-
tié avec Cherubini. Il était alors premier
des seconds violons au théâtre de la Per-
gola. En 1775, il retourna à Rome, y fut
placé comme chef des seconds violons au
théâtre Argentina, et se fit entendre avec
succès dans plusieurs concerts. Vers la fin
de la même année, le prince évêque de
Freisinge l'appela en Bavière , et lui con-
fia la place de maître des concerts de sa
cour. Campagnoli arriva à sa destination,
en 1776. Deux ans après , il fit un voyage
en Pologne avec le célèbre bassoniste Rei-
nert; ces deux artistes s'arrêtèrent trois
mois à Grodno , puis autant à Varsovie.
Arrivé à Dresde , Campagnoli y reçut un
engagement du duc Charles de Courlande,
comme directeur de sa musique. En 1783
il se rendit en Suède par Stralsund , et
pendant un assez long séjour qu'il fit à
Stockholm , fut reçu membre de l'Acadé-
mie royale de musique de cette ville. 11
retourna ensuite à Dresde par Gothenberg,
Copenhague, Schleswig, Hambourg, Lud-
wigstad et Potsdam. En 1784, il alla re-
voir pour la première fois sa patrie, et prit
sa route par Leipsick, Weimar, Nurem-
berg, Barenth , Anspach , Ratisbonne,
Munich, Salzbourg, Inspruck, Vérone et
Mantoue ; donnant partout des concerts et
recueillant des témoignages d'estime pour
ses talens. En 1786, il passa quelques
mois à Prague, et retourna à Dresde par
Berlin , Hambourg , Hanovre , Brunswick,
Cassel , Gœttingue , Francfort, Mayence ,
Manheim et Coblenz. Après un second
voyage en Italie, entrepris en 1788, il ne
quitta plus Dresde, jusqu'à la mort du duc
CAM
Charles de Courlande. Il fut alors nommé
maître de concerts à Leipsick ; il y dirigea
les orchestres des deux églises principales
et du concert avec talent. Vers la fin de
l'année 1801, il visita Paris, et eut le
plaisir d'y revoir son ancien ami Cheru-
bini. Kreutzer fut le seul violiniste fran-
çais qu'il eut occasion d'entendre : il admi-
rait le jeu brillant et plein de verve de ce
grand artiste. De retour à Leipsick, il y
est resté encore plusieurs années , puis a
été appelé à Neustrelitz comme directeur
de musique. Il est mort en cette résidence,
le 6 novembre 1827.
Les compositions de Campagnoli qui ont
été publiées sont : 1° Six sonates pour
violon et basse , Florence ; 2° Dix-huit
duos pour flûte et violon , œuvres 1 , 2 et
4 , Berlin 5 3° Trois concertos pour flûte
et orchestre, op. 3, Berlin, 1791 et 1792;
3° Six sonates pour violon et basse, op. 6,
Dresde ; 4° Trois thèmes variés pour deux
violons, op. 7 et 8, Leipsick, Breitkopf et
Haertel; 5° Six duos concertans pour deux
violons , op. 9, Ib. ; 6° Six duos faciles ,
op. 14, Ibid. ; 7° Trois duos concertans,
op. 19, Ibid.; 8° Recueil de 101 pièces
faciles et progressives pour deux violons ,
op. 20, liv. 1 et 2, Ibid.; 9° Trois thèmes
de Mozart variés pour deux violons ,
Vienne, Artaria ; 10° Six fugues pour
violon seul, op. 10 , liv. 1 et 2 , Ibid.;
11° Trente préludes dans tous les tons ,
pour perfectionner l'intonation , op. 12,
Ibid.; 12° Six polonaises avec un second
violon ad libitum , op. 13, Leipsick , Pe-
ters 5 13° L'illusion de la viole d'amour ,
sonate nocturne, œuvre 16, Leipsick,
Breitkopf et Haertel; 14° L'art d'inven-
ter à l'improviste des Fantaisies et des
cadences, etc. , op. 17, Ibid.; 15° Sept
divertissemens composés pour l'exercice
des sept positions principales, op. 18,
Ibid.; 16° Concerto pour violon et orches-
tre, op. 15 , Ibid. ; 17° Quarante-un ca-
prices pour l'alto , op. 22 , Ib.; 18° Nou-
velle méthode de la mécanique progressive
dujeudu violon, divisée en cinq parties et
CAM
CAM
29
distribuée en 132 leçons progressives pour
deux violons, et 118 études pour le violon
seul, op. 21 (en français et en allemand),
Hanovre, Bachmann.
Campagnoli a eu deux filles ( Albertine
et Giovanna) qui ont brillé comme canta-
trices sur le tbéâtre de Hanovre.
CAMPANELLI (louis), violiniste et
directeur de la chapelle à la cour de Tos-
cane , naquit à Florence , en 1771 . Il eut
pour maître Nardini, et passe pour l'un de
ses meilleurs élèves. En 1802, il fut
admis à la cour du roi d'Étrurie, Ferdi-
nand Ier, en qualité de premier violon. On
connaît de sa composition des sonates de
violon , des duos , des trios , des quatuors
qui , bien que manuscrits , sont répandus
dans toute l'Italie.
CAMPBELL ( . . . . ), médecin écos-
sais , qui vivait dans la seconde moitié du
18e siècle, s'est fait connaître par la pu-
blication d'un écrit intitulé : De Musices
effectu in doloribus leniendis aut fugien-
dis , Edimbourg, 1777, in-4°.
CAMPBELL (Alexandre), organiste à
Edimbourg , a publié un recueil d'airs
écossais sous ce titre : 12 Scots songs
•with violin ( douze chansons écossaises
avec violon , Londres, 1792). Il y un se-
cond recueil d'airs semblables avec accom-
pagnement de harpe, publié par le même
artiste.
CAMPEGIUS (symphorianus). Voyez
Champier.
CAMPELLI ( Charles), compositeur
dramatique , qui vivait vers la fin du 17e
siècle, a donné à Sienne, en 1693, un
opéra qui avait pour titre : Amorfra gli
impossibili.
CAMPESIUS (Dominique). Foy. Cam-
PISI.
CAMPI (antonia), née en Pologne, en-
tra en 1785 , comme cantatrice dans la
troupe d'opéra dirigée par Guardacori , et
qui jouait alternativement à Prague et à
Leipsick. Peu de temps après, elle épousa
Campi, chanteur de cette troupe. En 1787,
Mozart écrivit pour elle à Prague le rôle
de Dona Anna dans l'opéra de Don
Juan. Ce rôle était merveilleusement
adapté à sa belle voix et au caractère
expressif et passionné de son chant; il fit
sa réputation. Long-temps elle fit preuve
de zèle autant que de talent en faveur des
affaires de Guardacori , mais ce directeur
ne s'en montra point reconnaissant.
Elle le quitta donc en 1801 , et se rendit
à Vienne , où elle eut un engagement au
théâtre Sehitander. Les habitans de
Vienne l'accueillirent avec beaucoup d'ap-
plaudissemens. Après avoir obtenu le titre
de première cantatrice du théâtre impérial
en 1818, elle eut celui de cantatrice de la
chambre en 1820. Il y avait alors trente-
cinq ans qu'elle chantait au théâtre , et
pourtant sa voix était encore belle , et les
qualités dramatiques de son talent s'étaient
perfectionnées. On en donne pour preuve
les succès qu'elle obtint dans quelques
voyages qu'elle fit dans l'automne de 1 81 8.
Des amateurs qui l'avaient entendue à
Leipsick vingt ans auparavant , furent
frappés d'étonnement en lui retrouvant un
talent fort remarquable encore par sa jeu-
nesse et son énergie. Bien qu'elle n'eût
point fait d'études sérieuses et suivies delà
vocalisation, au commencement de sa car-
rière , elle avait une adresse singulière à
exécuter la musique moderne et particu-
lièrement le répertoire de Rossini. Elle
avait même pris en affection toutes les
fioritures de cette école , et en surchar-
geait mal à propos la musique de Mozart.
En 1819, elle se fit entendre à Dresde,
Francfort, Stuttgard , Munich, et partout
avec succès. En 1821, elle donna quelques
représentations à Prague, à Berlin, et en-
fin à Varsovie, où elle joua avec un succès
extraordinaire le rôle àAménaïde dans
Tancrede. L'empereur Alexandre lui fit
cadeau à cette occasion d'une bague en dia-
mans. Au mois de septembre 1 822 , elle
visita de nouveau Munich où elle espérait
obtenir encore des succès ; mais atteinte
subitement d'une fièvre inflammatoire, elle
mourut dans cette ville le 30 du même
80
CAM
CAM
mois. L'étendue de la voix de Mme Campi
sortait desbornesordmaires, car elle com-
mençait au sol grave, et allait jusqu'au
fa sur-aigu, c'est-à-dire à trois octaves
environ plus haut. Son articulation était
flexible, et son exécution se faisait remar-
quer par sanettetéetsa précision. Ona com-
paré cette cantatrice à Mme Catalani , et
quelques personnes lui donnaient la palme,
parce qu'elles lui trouvaient la voix mieux
conservée , le trille meilleur, et des con-
naissances plus étendues et plus solides
dans la musique. Les seuls défauts qu'on
lui connaissait étaient d'enfler les sons par
saccades et trop rapidement , et de sur-
charger les mélodies de groupes et de
mordans.
CAMPIOLI ( ) est compté parmi
les castrats les plus célèbres qui ont vécu
en Allemagne. Il naquit en ce pays de pa-
rens italiens vers 1700, fit son éducation
de chanteur en Italie , puis retourna en
Allemagne. En 1716, sa belle voix de
contralto excita l'admiration générale. En
1720, il contracta un engagement à la cour
de Wolfenbiittel ; six ans après il se ren-
dit à Hambourg, puis voyagea en Allema-
gne, en Hollande et en Angleterre. En
1731 il chanta de nouveau à Dresde, dans
Cleofide , opéra de liasse. Il paraît qu'il
alla ensuite en Italie, et qu'il y passa le
reste de ses jours.
CAMPION (François) , théorbiste, mu-
sicien de l'Opéra de Paris, entra à l'orches-
tre decethéâtre en 1703. Retiré avec une
pension de 300 francs, en 1719, après
quinze années de service, on voit par des
Mémoires pour servir à l'histoire de
V Académie royale de musique ( Mss. de
ma bibliothèque), qu'il vivait encore en
1738 , et qu'il jouissait de cette pension.
On a de ce musicien les ouvrages dont les
titres suivent : 1° Nouvelles découvertes
sur la guitare, contenant plusieurs suites
de pièces sur huit manières différentes
d'accorder, Paris, 1705. Ouvrage curieux
qui enseigne l'art de tirer de la guitare des
effets qu'on a présentés comme des décou-
vertes modernes. 2° Traité d'accompa-
gnement pour le théorbe , Paris et Ams-
terdam , 1710, in-8° ; 5° Traité de
composition, selon les règles des octaves
de musique, Paris, 1716.
CAMPION (thomas), docteur en méde-
cine selon Wood (Fasti-Oxon., tome 1 ,
col. 229), et selon M. Robert Watt (Bi-
bl. Britann., lre part. 189 n) et quel-
ques autres, docleuren musique. Si ceux-ci
avaient vu la dédicace de la premièreédition
du traité de contrepoint de Campion, ils
se seraient convaincus de leur erreur, car
cet écrivain , après avoir déclaré qu'il fait
sa profession de la médecine , s'excuse
d'avoir écrit un traité de musique, par
l'exemple de Galien qui devint un très ha-
bile musicien , et qui voulut ensuite ap-
pliquer la musique à la connaissance des
mouvemens irréguliers du pouls. Wood
assure que Campion n'était pas seulement
médecin , mais qu'il était aussi admiré
comme poète et comme musicien. On trouve
en effet dans l'édition des airs de Ferabosco,
publiés à Londres , en 1609 , des vers qui
sont signés parThomas Campion docteur en
médecine. La poésie des chants sur la mort
du prince Henri, mise en musique par Coo-
perouCoperario, estaussi du même auteur}
enfin, il existait autrefois dans la bibliothè-
que Bodleienne un livre qui avait pour ti-
tre : Observations on the art qf english
poelry, par Thomas Campion, imprimé en
1602, in-12. Wood parle aussi d'un Tho-
mas Campion, de Cambridge, qui était maî-
tre-ès-arts à Oxford, en 1624; mais, selon
toute apparence, celui-ci n'est pas le même
que le docteur en médecine.
A l'égard du savoir de Campion en mu-
sique, il ne peut être mis en doute, car
son traité du contrepoint en fait foi. Cet
ouvrage a paru sans date sous ce titre : A
new way of makingfowre parts in con-
trepoint by a mostfamiliar and infalli-
ble rule (Nouveau moyen pour composera
quatre parties en contrepoint, par une rè-
gle facile et sûre) , Londres , in-8°. La
deuxième édition de cet ouvrage a été pu-
CAM
bliée, vraisemblablement après la mort de
l'auteur, sous ce titre : The art of setting
or composing music in parts , Londres ,
1660, in-8°. La troisième, revue et an-
notée par Ch. Simpson , est intitulée :
The art qf Discant , wilh annotations ,
by Clir. Simpson , Londres , 1672 , petit
in-8°. C'est sous ce titre que ce petit ou-
vrage a été ajouté à la huitième édition de
l'introduction à la connaissance de la mu-
sique de Playford , publiée à Londres , en
1674, in-8°. M. Watt a confondu tout
cela , et a fait plusieurs ouvrages d'un
seul.
CAMPIONI (charles-antoine), maître
de chapelle du grand-duc de Toscane, na-
quit à Livourne vers 1720. 11 s'y livra à
l'étude du violon et de la composition, et
se lit connaître par la publication de sept
œuvres de trios pour le violon , et de trois
œuvres de duos pour violon et violoncelle.
La plupart de ces ouvrages furent bien
accueillis, et furent gravés en Angleterre,
en Allemagne et en Hollande. En 1764 ,
Campioni passa à Florence, en qualité
de maître de chapelle, et s'y livra à la
composition pour l'église; il fit voir au
docteur Burney , qui était allé le visiter
dans son voyage en Italie, beaucoup d'ou-
vrages de ce genre qu'il avait composés, et
particulièrement un Te Deum qui avait
été exécuté en 1767 par deux cents musi-
ciens. Campioni possédait une superbe col-
lection de madrigaux des compositeurs des
16e et 17e siècles.
CAMPISI (Dominique), dominicain, né
à Raialbuto en Sicile, vers la fin du 16me
siècle, fut nommé professeur de théologie
de son ordre en 1629. Mong-itore (Bibl.
SicuL, tom. 1, p. 166), dit que ce fut un
savant compositeur, et cite de lui : lo Mo-
telti a due, Ire et quattro voci , con una
compieta, lib. 1, Païenne, 1615, in-4°;
2° Moteltia due, etc., lib. 11, Païenne,
1618, in-4°; 3° Floridus concentus bi-
nis , ternis , quaternis et quinis vocibus
modulandus, Rome, 1622, in-4°; 4° Li-
lia campi, binis, ternis, quaternis et qui-
CAM
31
nis vocibus moduïanda cumcomplelorio
et Vttaniis Beat. F irginis Marias , Rome,
1623, in-4°; 5° Lilia campi, 1-6 vocibus
moduïanda , Rome , 1627, in-4°.
CAMP1UÏ1 ( .... ), composileur napo-
litain , élève du conservatoire de Naples, a
fait représenter à Pavie, le 1 1 février 1830
un opéra intitulé : Bianca e Fernando.
CAMPOBASSO (ALEXANDRE-VINCENT),
compositeur dramatique, né à Naples, vers
1760, a donné à Milan, en 1789, un
opéra séria intitulé Aatigona.
CAMPORESI (violante), maintenant
Mme Giustiniani , cantatrice distinguée,
née à Rome, en 1785, n'avait jamais paru
sur aucun théâtre en Italie , lorsqu'elle
fut engagée pour la musique particulière
de Napoléon Bonaparte. Douée d'une fort
belle voix de soprano et d'une vocalisation
facile ,elleavait déjà en arrivant en France
un talent remarquable que les conseils de
Crescentini perfectionnèrent encore. Après
les événemens de 1814, Mm0 Camporesi
passa en Angleterre, où elle débuta, en
1817, au théâtre de Haymarket dans la
Pénélope de Cimarosa. Elle parut d'abord
fort embarrassée, n'ayant aucune habitude
de la scène : mais elle perdit bientôt sa ti-
midité et fut fort applaudie dans le rôle de
la comtesse des Noces de Figaro , dans
X Agnese , et dans Dona Anna de Don
Juan. La direction de l'Opéra ayant passé
en d'autres mains, dans la saison de 1818,
Mme Corri fut substituée comme prima
dona à Mme Camporesi, qui quitta l'An-
gleterre; mais elle fut engagée de nouveau
en 1821, par M. Ayrlon, et pendant trois
ans elle joua avec le plus grand succès les
rôles de Ninetta de la Gazza , et de Des-
demona dans XOlello. A la fin de 1823,
après avoir chanté dans les oratorios , elle
se relira du théâtre, et parut même renon-
cer à chanter en public dans les concerts;
mais au mois de mai 1827, elle s'est fait
entendre au nouveau théâtre d'Ancône
dans Ricciardo e Z or aide , avec le plus
grand succès. Deux ans après , elle se ren-
dit de nouveau à Londres j mais sa vois
32
CAM
avait vieilli, et la présence de Mm0 Mali-
bran etMUe deSontag ne lui permit d'ob-
tenir aucun succès. Elle comprit alors que
le temps était venu où elle devait renoncer
au théâtre. Depuis lors, elle s'est retirée à
Rome, où elle a une existence honorable et
paisible.
CAMPRA (andre) , compositeur , né à
Aix en Provence, le 4 décembre 1660 , re-
çut des leçons de musique de Guillaume
Poitevin, prêtre etbénéficier de l'église mé-
tropolitaine Saint-Sauveur de la même
ville. Après avoir terminé ses études mu-
sicales, Campra fut appelé à Toulon, en
1679, pour y remplir la place de maître de
musique de la cathédrale , quoiqu'il n'eût
pas encore atteint sa vingtième année. En
1681 , on le nomma maître de chapelle à
Arles ; il y resta deux ans et se rendit en-
suite à Toulouse , où il remplit les mêmes
fonctions à la cathédrale, depuis 1683 jus-
qu'en 1694. Ce fut dans cette année qu'il
vint à Paris (et non en 1685, comme il est
dit dans le deuxième supplément du Par-
nasse français, p. 19). On lui confia d'a-
bord les places de maîtrede musique de l'é-
glise du collège des Jésuites et de leur maison
professe , devenues vacantes par la démis-
sion de Charpentier, qui passait à la Sainte
Chapelle de Paris. Peu de temps après il
fut nommé maître de la musique de
Notre-Dame , ce qui l'obligea à donner ses
deux premiers opéras sous le nom de son
frère 1. En quittant cette maîtrise , il re-
nonça à un bénéfice qu'il possédait dans
l'église métropolitaine, et ce fut alors qu'il
commença à donner des opéras sous son
nom. Les succès brillans qu'il obtint par
ces ouvrages le firent nommer maître de
la chapelle du roi en 1722 , et de plus, on
lui confia la direction des pages de cette
chapelle. Il mourut à Versailles, le 29
juillet 1744 , âgé de près de 84 ans
(et non en 1740, comme le dit La Borde
dans son Essai sur la musique). Bien su-
« Celui-ci, nomme Joseph, était basse de violon à l'Opéra
depuis 1699. Il fut mis à la pension en 1727 el vivait en-
tière en 1744.
CAM
périeur aux autres successeurs de Lulli ,
Campra entendait bien l'effet de la scène
et savait donner une teinte dramatique à
ses ouvrages. Sa musique n'a point le ton
uniforme et languissant de celle de Colasse
et de Destouches ; il y règne une certaine
vivacité de rhythme qui est d'un bon effet,
et qui manquait souvent à la musique
française de son temps; néanmoins ce n'é-
tait point un homme de génie. Il man-
quait d'originalité , et son style était fort
incorrect. Malgré ces défauts , la musique
de Campra fut la seule qui put se maintenir
auprès de celle de Lulli, jusqu'au moment
où Rameau devint le maître de la scène
française. Les ouvrages de Campra sont :
1° L'Europe galante, 1697 , avec quel-
ques morceaux de Destouches (sous le nom
de son frère) ; 2° Le carnaval de Venise ,
1699 {idem); 3° Hésione, 1700; 4" Are-
thuse, 1701 ; 5° Fragmens de Lulli, sep-
tembre 1702; 6° Tancre.de , novembre
1702; 7° Les Muses, 1703; 8° Iphigénie
en Tauride , mai 1704, avec Desmarets ;
9° Télémaque , nov. 1704; 10° Aline,
1705; 11° Le triomphe de l'Amour, opéra
refait en septembre 1705 ; 12° Hjppoda-
mie , 1708; 15° Plusieurs airs, dont la
cantatille « Régnez , belle Thètys » pour
les opéras de Thètys et Pelée, en 1708 ,
et d1 'Hésione , en 1709; 14° Les Fêtes
Vénitiennes , en 1710; de plus l'acte de
Laure et Pétrarque pour les fragmens
représentés au mois de décembre 1711;
15° Idoménée, 1712; 16° Les amours de
Mars et Vénus, sept. 1712; 17° Téle-
phe, 1715; 18° Camille, 1717 ; 19° Les
âges , ballet opéra , 1718 ; 20° Achille et
Déidamie, 1755; 21° Plusieurs cantates
et l'acte de Silène et Bacchus pour les
fragmens représentés au mois d'octobre
1722. Par un brevet daté du 15 décem-
bre 1718 , le roi accorda une pension
de 500 livres à Campra, en considération
de ses talens pour la musique dramatique,
et dans le but de l'exciter à continuer ses
travaux pour l'Académie royale de musi-
que. Quatre ans après , c'est-à-dire eu
CAM
CAN
33
1722 , le prince de Conti nomma ce com-
positeur directeur de sa musique. Outre
les ouvrages qui viennent d'être cités ,
Campra a écrit pour le service du roi et de
la cour : 1° Vénus, en 1698 ; 2° Le des-
tin du nouveau siècle, divertissement
pour Tannée 1700 ; 3° Les fêtes de Co-
rinthe, 1717 ; 4° La fêle de l'Ile Adam,
divertissement pour la cour, en 1722 ;
5° Les muses rassemblées par l'amour ,
1723; 6° Le génie de la Bourgogne , diver-
tissement pour la cour, 1732 ; 7° Les
noces de Vénus, partition écrite en 1740,
à l'âge de quatre-vingts ans. Enfin on con-
naît de ce compositeur , trois livres de
cantates , Paris , Ballard, 1708 et années
suivantes, et cinq livres de motets , Paris,
Ballard, 1706, 1710, 1713, etc. L'air
de La Furstemberg , qui fut long-temps
célèbre, est de Campra.
CAMUS (. . . .), né à Paris en 1731,
fut d'abord page de la musique du roi et
eut l'abbé Madin pour maître. En 1746,
il fit exécuter , devant le roi , le psaume
Qui confidunt inDomino qui fut applaudi;
il n'avait alors que quinze ans. Depuis lors
il a écrit beaucoup de musique d'église.
La beauté de sa voix le fit admettre comme
ténor à la chapelle, où il passait pour
un des plus habiles chanteurs de France
( ce qni n'était pas un grand éloge) , et il.
brillait aux concerts spirituels. Il est mort
à Paris en 1777.
CAMUS (paul-hippolyte) , première
flûte du Théâtre-Italien de Paris, né dans
cette ville le 6 pluviôse an IV de la répu-
blique (janvier 1796) , fut admis au Con-
servatoire de musique , comme élève de
Wunderlich, au mois de juillet 1806 , et
se distingua dans ses études. Après les
avoir terminées , il entra au théâtre de la
Porte-Saint-Martin en qualité de première
flûte en 1819, puis il passa au Gym-
nase Dramatique. En 1824, lorsque le
théâtre de l'Odéon fut destiné à la repré-
sentation des opéras italiens et allemands
traduits, M. Camus a été appelé à faire
partie du bon orchestre que dirigeait
TOME III.
M. Crémont ; enfin , après avoir aban-
donné sa place à ce théâtre , et avoir
voyagé, il est entré à l'Opéra Italien, où
il est encore. M." Camus s'est fait entendre
avec suci es dans plusieurs concerts pu-
blics. On a gravé de sa composition :
1° Duos pour deux flûtes, op. 2. Paris,
Carli ;2 Trois grands duos, livre 2me ,
Paris, Pacini ; 3° Fantaisie sur un air
écossais pour flûte et piano , op. 5. Paris,
P. Petit ; 4° Trois grands duos pour deux
flûtes , op. 6 , Mayence , Schott; 5° Trois
id.j op. 11. Paris, Pleyel ; 6° 24 séréna-
des composées d'airs nationaux variés,
op. 1. Paris, Carli; 7° Six airs variés,
op. 4, ïbid.j 8° Fantaisie et variations
pour piano et flûte sur la ronde de la
Neige, op. 12, Milan, Riccordi, et plu-
sieurs airs variés sur divers thèmes.
CANALIS ( Florent), compositeur
belge qui vivait dans la seconde moitié du
16me siècle, est connu par un recueil de
messes , introïts et motets à quatre voix ,
publié à Brescia , en 1588.
CANAVASSO. Deux frères italiens de
ce nom , plus connus sous celui de Cana-
vas , se sont fixés à Paris vers 1755.
L'aîné ( Alexandre ) , bon professeur de
violoncelle, a publié un livre de sonates
pour cet instrument; le plus jeune ( Jo-
seph ) , avait un talent distingué sur le
violon. Il a fait graver deux livres de so-
nates pour violon seul , et le Songe , can-
tatille. Tous deux vivaient encore à Paris
en 1753.
CANDEILLE ( pierre -joseph ) , com-
positeur dramatiqxie, né à Estaire, le 8 dé-
cembre 1744, fit ses études musicales
comme enfant de chœur à Lille , et vint à
Paris, lorsqu'il eut atteint sa vingtième
année. En 1767, il fut admis à l'Acadé-
mie royale de musique pour y chanter la
basse-taille dans les chœurs et les chori-
phées. Il y resta dix-sept ans, et se retira à
la clôture de 1784, avec une pension de
700 francs , réduite ensuite au tiers. Ren-
tré au même théâtre comme chef du chant
eu 1800, réformé le 18 décembre 1802,
5
34
CAN
CAN
rappelé de nouveau en 1804 , en rempla-
cement de Guichard , qui s'était retiré ,
et réformé définitivement le 15 mai 1805,
avec une pension de quinze cents francs ,
il se retira à Chantilly , où il est mort le
24 avril 1827, à l'âge de 82 ans. Les pre-
miers ouvrages qai firent connaître Can-
deille comme compositeur, furent des
motets qu'on exécuta au Concert spirituel ;
ils furent applaudis , et ce succès fit naî-
tre en lui le désir de travailler pour le
tliéâtre. Il débuta parla musique d'un di-
vertissement de Noverre qui fut ajouté au
Curieux indiscret , et qu'on exécuta à la
Comédie Française, le 27 août 1778. Ce
divertissement fut suivi d'un autre, ajouté
aux Deux Comtesses , et qui fut exécuté
le 30 août de la même année. Au mois de
novembre suivant, il refit les parties de
chant de l'acte de la Provençale , dans les
Fêtes de Thalie , opéra de Mouret. Il a
refait depuis lors toute la musique du
même ouvrage. Enfin , dans le cours de
cette même année , Candeille fil. repré-
senter devant le roi Laure et Pétrarque ,
opéra en trois actes , qui fut joué ensuite
sans succès à Paris, en 1780. Cet ouvrage
fut suivi d'un repos de cinq années , pen-
dant lesquelles Candeille quitta le théâtre
pour travailler à son opéra de Pizarre ,
ou la conquête du Pérou, en cinq actes,
qui fut représenté en 1785 et qui n'eut
que neuf représentations. Cette pièce,
réduite en quatre actes , avec beaucoup de
changemens dans la musique , fut reprise
en 1791 , mais ne fut pas plus heureuse.
L'ouvrage qui a fait Je plus d'honneur au
talent de Candeille est la musique nou-
velle qu'il a composée pour l'opéra de
Castor et Pollux. De tout ce que Ra-
meau avait écrit pour le poème de Gentil-
Bernard, Candeille ne conserva que l'air
Tristes apprêts , le chœur du second acte,
et celui des démons au quatrième ; tout
le reste était de sa composition. Cet opéra,
qui fut joué le 14 juin 1791 , eut tant de
succès , que dans l'espace de huit ans il
obtint cent trente représentations; ayant
été repris le 28 décembre 1814 , il en eut
encore vingt jusqu'en 1817. On connaît
aussi de Candeille La mort de Beaure-
paire , pièce de circonstance, qui fut
jouée à l'Opéra , et qui n'eut que trois re-
présentations. Enfin il a écrit plusieurs
airs de danses insérés dans divers opéras ,
et la musique de quelques ballets panto-
mimes. Dans tous ces ouvrages , Candeille
ne se montre pas un compositeur de génie;
il n'y a pas de création véritable dans sa
musique , mais on y trouve un sentiment
juste de la scène , de la force dramatique
et de beaux effets de masses. Ces qualités
suffisent pour lui assurer un rang hono-
rable parmi les musiciens français du 18e
siècle. D'ailleurs peu favorisé delà fortune
dans ses travaux, il n'a pu faire connaître
que la plus petite partie de ses ouvrages ,
parce qu'il les a écrits sur des poèmes qui ,
après avoir été reçus, ont été refusés à une
seconde lecture. Voici la liste des opéras
de Candeille qui n'ont point été représen-
tés^ l'Opéra de Paris, et dont les parti-
tions ont été entièrement achevées : 1° Les
saturnales, ou Tibulle et Délie, acte
d'opéra des Fêtes Grecques et Romaines,
représenté en 1777 sur le théâtre particu-
lier du duc d'Orléans , rue de Provence.
Cet acte fut présenté au comité de l'O-
péra , le 5 mars 1778 , mais il ne fut pas
admis. Après en avoir refait quelques scènes
et ajouté un rôle, Candeille fit recevoir cet
ouvrage plus tard ; la musique fut copiée ,
les rôles furent distribués à Dérivis, Nour-
rit, Mesd. Albert et Granier, mais il fut
définitivement rejeté par le jury le 2 mars
1816; 2° Les fêtes Lupercales, pastorale
héroïque en trois actes ; la partition était
écrite dès 1777 , mais l'ouvrage fut refusé
à une seconde lecture en 1783; 5° L'amour
et Psyché , opéra en trois actes, 1780;
4° Bacchus et Erigone , entrée pour les
Fêtes de Paphos, 1780 ; 5° Danaé, opéra
en quatre actes , refusé le 29 floréal an iv,
refait et refusé de nouveau le 21 thermidor
an vu; 6° Divertissement pastoral pour le
concert de Lille , en 1785 ; 7° Lausus et
CAN
CAN
35
Lydie , opéra en trois actes , partition
achevée en 1786, poème refusé à la seconde
lecture, le 29 février 1788; 8° Roxane
et Statyra, ou les fleuves d'Alexandre,
musique écrite par ordre du gouvernement
en Tan iv, pièce refusée le 28 nivôse an vu,
puis admise avec des changemens, et rejetée
de nouveau le 14 juillet 1815 ; 6° Ladis-
las et Adélaïde , opéra en trois actes.
Candeille en composala musique par ordre,
en 1791; deux ans après la musique fut
copiée , les décorations peintes , et l'on fit
vingt-deux répétitions de l'ouvrage; néan-
moins il ne fut pas représenté ; 10° Les
Jeux olympiques , ancien opéra en un
acte , remis en musique , reçu au comité de
l'Opéra, le 21 mars 1788, mais non re-
présenté; 11° Brutus , opéra en trois
actes, composé en 1793, par ordre du
gouvernement , non représenté. La parti-
tion est dans la bibliothèque de l'Opéra ;
12° Tilon et l'Aurore , ancien opéra re-
mis en musique en l'an vi ; la partition n'a
pas été achevée; 13° Ragonde , comédie-
lyrique en trois actes. La partition était
finie en l'an vu ; les rôles étaient copiés et
distribués, mais la pièce n'a pas été repré-
sentée ; 14° Pithys, pastorale héroïque en
deux actes.
CANDEILLE (emilie). Voyez Si-
MONS (Mrae).
CANDELERO(. . . .). Dans les mé-
moires de l'Académie royale des sciences
de Turin (t. XXII , pour les années 1812-
1814, p. lxii), un Mémoire de cet auteur,
sur la modulation , est cité comme exis-
tant en manuscrit.
CANDIDO (louis), compositeur et vir-
tuose sur le violon , vivait à Venise au
commencement du 18me siècle : on a de
lui : Sonate per caméra, a violino solo
con violoncello , op. 1 , Venise , 1712.
CANETTI (françois), compositeur dra-
matique , né à Crème, vers le milieu du
18e siècle, a écrit pour le théâtre de Bres-
cia , en 1784, un opéra bouffe intitulé
l Imaginario. Il a été nommé depuis lors
maître de chapelle de la cathédrale de cette
ville , et l'un des huit membres de la sec-
tion musicale de l'Institut des sciences ,
lettres et arts du royaume d'Italie. On
connaît de lui une messe à huit parties
réelles, dans le style du contrepoint fugué,
qui passe pour un chef-d'œuvre. Canetti
vivait encore en 1812.
CANGE ( ciiarles DUFRESNE , sieur
DU), né à Amiens, le 18 décembre 1610,
fit ses études chez les jésuites de cette ville.
Après les avoir achevées , il alla faire son
droit à Orléans, et fut reçu avocat au
parlement de Paris , le 11 août 1631.
Etant retourné à Amiens quelques années
après, il y épousa la fille d'un trésorier de
France , et acheta la charge de son beau-
père en 1645. La peste qui , en 1668, ra-
vageait la ville, le força d'en sortir; il vint
s'établir à Paris, dont le séjour convenait
aux immenses recherches que lui deman-
daient ses travaux. Il mourut dans cette
ville, le 23 octobre 1688 , âgé de 78 ans.
Parmi les ouvrages de ce savant homme ,
qui tous annoncent une érudition prodi-
gieuse , on remarque les suivans , dans
lesquels on trouve des renseignemens pré-
cieux sur la musique du moyen âge :
1° Glossarium ad scriptores mediœ et
infini œ latinitatis, Paris , 1678 , 3 vol.
in-fol. , dont les bénédictins de la congré-
gation de Saint-Maur, ont donné une
excellente édition en 6 volumes in-fol.,
Paris, 1735-56. P. Carpentier, l'un d'eux,
a publié depuis lors un supplément sous
ce titre : Glossarium novum seu Supple-
mentum ad auclioremGlossarii Cangiani
editionem , Paris, 1766, 4 vol. in-fol.
Les termes de mnsique expliqués dans ce
glossaire , avec des détails très curieux ,
sont : Accantare, antiphona , antistro-
pha, apertio, asiatim , ballo , bemollis ,
bicinium , cabellum , cantata , cantici-
nium, canticum , cantilena Rolandi ,
cantilenosus, cantores, cantorium , can-
tus ecclesiasticus , capitula , clavis, cor-
nare , cornicare , decentum , discan-
tus , docticanus , dulciana , evigilans
slultum , fobarius , fausetus , jirinare f
3*
36
CAN
CAN
fiscla , fisicolus , frigdora , imponere ,
infantes , jubilœus , leudus , mellifi-
care, melodi, melodima, melodus , mo-
dulizare ? modus , notœ , odarium , of-
fertorium , paraphonistœ } paritanus ,
pneuma, sincinnium, superacutœ, trac-
tim , tractus , tricinium, vocalis , usus.
Les termes de musique instrumentale sont :
Acetabulum , œtenervum , batallum ,
batillus , baudosa , burda , calainella }
calamizare , cascaviellus , ceromella ,
chrotta , citola , clangorium , clarosus ,
clario } classicum, claxendix , cloca 7
cornu, corrigiuncula, cymbalum, filosa,
Jlauta } laudis , magadium } monochor-
dum , musa, muta, nablizare, nacara,
oiganum , pandurizare } pifferus , plec-
trum, psalterium , pulsare, rigabellum }
roda, sambuca, signum , skella, stiva }
symphonia 7 tinniolum, tintinnabulum ,
tintinnum , tonabulum, turturi , tympa-
num , tympanistra , vituïa, vociductus.
IL Glossarium. ad scriptores mediœ et
infimœ grcecitatis } Paris , 1688 , 2 vol.
in-fol.
CANIS (corneille), compositeur belge,
dont les compositions sont répandues dans
les collections publiées à Louvain et à
Anvers dans le cours du 16me siècle. On
trouve surtout des canons bien faits dans
le cinquième livre de chansons de di-
vers auteurs (Louvain 1544). Barney a
donné une chanson française de Canis
dans le troisième volume de son histoire
de la musique (p. 509); elle commence
par ces mots : Ta bonne grâce et main-
tien gracieux. Un recueil de motets à
cinq voix , de Canis , a été publié sous ce
titre : Cantiones sacrœ seu mott. quinque
vocum, Lovanii, 1544 , in-4°. Ce compo-
siteur avait cessé de vivre en 1556 , à l'é-
poque où Guichardin écrivait sa description
des Pays-Bas.
CAN1SIUS (henri) , naquit à Nimègue ,
vers le milieu du 16mB siècle. Après avoir
fait ses études à Louvain , il fut appelé à
Ingolstadt , où il enseigna le droit canon
pendant vingt-un ans. Il est mort en
1610. Ses Antiquœ Lectiones ont été
publiées à 'Ingolstadt , 1601 à 1608 ,
7 vol , in-4°. Il en a été donné une meil-
leure édition à Amsterdam, sous la rubri-
que d'Anvers, 1725, 7 tomes in-fol. On y
trouve : Canones diverses conciliorum
de Cantu Romano; sous la date de 884,
de Cantu gregoriano , et , t. II , P. 111 ,
p. 198 , un extrait de Notker : Quid sin-
gulœ litterœ in super scriptione signifi-
cent cantilena , etc.
CAN NABICH (chrétien) , maître de la
chapelle de l'électeur de Bavière, naquit à
Manheim en 1751. Son père, Mathias
Cannabich , flûtiste de la cour , lui donna
les premiers principes de la musique , et
le mit ensuite sous la direction de Jean
Stamitz le père. Lorsqu'il eut acquis un
beau talent sur le violon , le prince Char-
les Théodore de Bavière l'envoya à ses
frais en Italie pour y étudier la composi-
tion : il y reçut des leçons de Jomelli pen-
dant trois ans, et en 1765 il revint à
Manheim. Dix ans plus tard il fut nommé
chef d'orchestre de l'Opéra-Italien , et fit
preuve de beaucoup de talent dans cet em-
ploi. En 1778 il alla remplir les mêmes
fonctions à Munich , où le prince transporta
sa cour. Ce fut vers ce temps qu'il écrivit
un opéra intitulé Azacaja, qui fut gravé
à Manheim en 1778 , et un grand nombre
de ballets qui eurent beaucoup de succès.
On cite surtout avec éloge celui de la des-
cente d'Hercule aux Enfers , représenté à
Cassel, dans laquelle un quintetto, exécuté
par Barth , les deux frères Michl , Palsa et
Baunkirk , excitait l'enthousiasme. On
connaît de lui les œuvres de musique in-
strumentale dont les titres suivent : 1° Six
quatuors pour violon , flûte , alto et basse,
œuvre 1er, La Haye , in fol.; 2° Trois sym-
phonies à grand orchestre ; 5° Six trios
pour deux violons et violoncelle , œuvre 5 ,
Manheim ; 4° Six duos pour flûte et violon,
œuvre 4, Manheim 1767 ; 5° Six quatuors
pour deux violons, alto et basse, œuvre 5,
Manheim ; 6° Trois Concerti pour violon
principal, deux violons, alto et basse; 7° Six
CAN
CAN
37
symphonies concertantes pour deux flûtes,
avec deux violons , alto et basse , œuvre 7,
Paris 1769; 8° Recueil des airs de ballets
pour deux violons et clavecin , Manheim
1775; quatre parties. Cannabich mourut
en 1798 à Francfort sur le Mein , où il
était allé voir son fils. Mozart , qui estimait
les talens de cet artiste, en parle avec éloge
dans ses lettres.
CANNABICH ( Charles), fils du pré-
cédent , naquit à Manheim en 1764. A
l'âge de quatre ans, il commença l'étude
du violon et du clavecin; dans sa neuvième
année , il prit des leçons de Eck , premier
violon de la cour , et apprit l'harmonie et
l'accompagnement sous la direction de
Grœitz. Très jeune encore, il voyagea avec
Auguste Lebrun , virtuose célèbre sur le
hautbois, et joua avec succès dans les prin-
cipales villes de l'Allemagne. De retour à
Munich, il fut placée en 1784 à l'or-
chestre de la cour. L'année suivante, il
partit pour l'Italie , afin d'y augmenter ses
connaissances, et lorsqu'il revint à Munich,
il prit encore des leçons de composition de
P. Winter. En 1796 il fut appelé en qua-
lité de directeur de musique à Francfort-sur-
le-Mein, etaccepta ces fonctions pour quatre
ans, avec la permission de sa cour, con-
servant néanmoins sa place au service de
Bavière. Il y épousa la cantatrice José-
phine Woraleck en 1798. Deux ans après
il fut rappelé à Munich , pour succéder à
son père dans la place de directeur des
concerts de la cour. Il fit alors représenter
deux opéras, O rphëe^iP aimer et Amalie,
qui eurent du succès : on en a gravé les ou-
vertures et les airs. Ce fut Cannabich qui
composa les airs de ballets de l'opéra
à'Axur. En 1805 , il fut envoyé par son
gouvernement à Paris , pour y étudier le
mode d'enseignement du conservatoire de
musique. De retour dans sa patrie , il y fut
attaqué d'une fièvre nerveuse qui le mit
an tombeau le 1er mars 1806. On a gravé
les ouvrages snivans de sa composition :
1" Gcdœchtnissfeyer Mozartz in Kla-
vierauszuge , mit Mozartz Brustbilde ,
Hambourg 1797; 2° VI Deutsche Lieder
am klaviere; Munich, 1798; 3° XlVva-
riations pour le clavecin sur l'air : A
Schïisserl und a Reindl, Munich 1798 j
4° X variations pour le clavecin N. 2, Mu-
nich 1799; 5° VI trios pour deux violons
et violoncelle , op. 3 ; 6° VI duos pour
Jlûteet violon, op. 4; 7° VI conzonette a
3 a 4 voci con cembalo, op. 5 , Munich
1801 ; 8° Pot-pourri pour deux violons
concertans , op. 6, Leipzick; 9° Ouver-
ture à grand orchestre , op. 7, Leipsick;
10° Grande symphonie } op . 8, Leipsick;
11° Concert pour violon principal , op. 9,
12° VI canzonette a 3 voci, op 10, Mu-
nich 1803.
CANNICCIARI(d.pompeo), compositeur
de l'école romaine, devintmaître de chapelle
de l'église Sainte-Marie-Majeure au mois de
mars 1709 , et mourut au service de cette
basilique, le 29 décembre 1744. H légua sa
bibliothèque musicale aux archives de la
chapelle où il avait passé la plus grande
partie de sa vie. On a de ce compositeur
des messes et des motets à quatre chœurs
qui se trouvent à Sainte-Marie-Majeure.
M. l'abbé Santini, de Rome, possède di-
verses compositions manuscrites de Can-
nicciari, particulièrement : 1° Deux messes
à quatre voix ; 2° Ave Regina cœli , à qua-
tre ; 3° Des messes à cinq voix; 4° Deus
firmavit , à trois ; 5° Salvo nos à trois ;
6° Intonuit, à cinq ; 7° Cinq messes à huit
voix ; 8° Une messe pastorale à huit ; 9° Une
messe à neuf; 10° Terra tremuit; 11° 2>e-
nedictus Dominus , à huit.
Il y a beaucoup d'apparence que ce maî-
tre est le même qui a été nommé Cannic-
ciani par Gerbert. (Neues Lex. der Ton-
kunstler) , et qu'il dit être auteur d'une
messe à seize voix en quatre chœurs , datée
de 1679 (ne serait-ce pas 1697 qu'il faut
lire?)
CANOBBIO (Alexandre), savant litté-
rateur italien , né à Vérone vers le milieu
du 16e siècle, a donné au public une dis-
sertation intitulée : Brève Traltato sopra
le académie in musica. Venise 1571,
38
CAN
in-4°. Haym et Eontanini font mention ,
dans leurs Bibliothèques italiennes , d'un
savant nommé Alexandre Canovio , au-
teur d'un traité de musique spéculative ;
dont le manuscrit serait à la bibliothèque
de l'institut de Bologne. 11 ne serait pas
impossible que Cannobbio et Canovio fus-
sent la même personne , et qu'il n'y eût
qu'une altération de nom dans le dernier,
par le changement de b en v , dont il y a
de nombreux exemples en Italie , et sur-
tout à Venise. N'oublions pas cependant
que les deux auteurs cités disent que Cano-
vio vécut au 15me siècle : s'ils ne se sont
pas trompés sur l'époque, la conjecture
tombe d'elle-même.
CANOBIO (charles ) , violiniste italien
était attaché à l'orchestre de l'Opéra à
Saint-Pétersbourg , en 1790. On a de sa
composition : six duos pour flûte et vio-
lon, Paris , 1780.
CANTEMIR (démétrius ) , prince , na-
quit en Moldavie le 26 octobre 1673. Il fit
ses premières armes sous la direction de
son père , en 1692 ; et à la mort de celui-
ci, il fut nommé parles barons de la pro-
vince pour lui succéder , mais cette nomi-
nation ne fut point confirmée par la Porte,
et il alla vivre à Constantinople. Nommé
depuis hospodar de Moldavie , il refusa
deux fois cette dignité , et n'accepta enfin
que sur la promesse qui lui fut faite qu'il
serait affranchi de toute espèce de tribut ,
pendant qu'il gouvernerait cette province.
Trompé dans son attente , il traita avec
Pierre-le-Grand , et il fut convenu entre
eux que la Moldavie serait érigée en prin-
cipauté héréditaire, et que Démétrius join-
drait ses troupes à celles de l'empereur.
Ce traité ne put être exécuté à cause de
la trahison des Moldaves ; Démétrius fut
obligé de s'enfuir, et de se réfugier dans le
camp de son allié. Pierre créa Cantemir
prince de l'empire russe, et lui donna de
grands élablissemens en Ukraine. Il mou-
rut dans ses terres, le 21 août 1723. Can-
temir parlait le turc , le persan, l'arabe,
le grec, le latin, l'italien } le russe, le
CAN
moldave, et entendait fort bien le grec
ancien , le slave et le français. Il était
versé dans les sciences, et particulièrement
dans la musique. Dans son Histoire de
V agrandissement et de la décadence de
l'empire ottoman , traduit en français
par Jonquières , d'après une version an-
glaise (Paris, 1743, in-4°), Démétrius
dit qu'il a introduit l'art de noter la mu-
sique chez les Turcs de Constantino-
ple. Suivant Toderini , Cantemir , à la
demande de deux ministres puissans , écri-
vit en turc un traité de musique , et le
dédia au sultan Achmed II. M. Villoteau
affirme , dans ses mémoires sur la musi-
que des Orientaux , que les signes dont
parle Cantemir sont aujourd'hui absolu-
ment ignorés des Turcs. On a aussi de
ce prince : Introduction à la musique
Turque, en moldave; manuscrit in-8°,
qui se trouve à Astrakan.
CANTONE ( le p. séraphin) ou CAN-
TONI , né dans le Milanais , fut moine de
Mont-Cassin, au monastère de St-Simpli-
cien, vers la fin du 16e siècle, et ensuite
organiste de l'église cathédrale de Milan.
Il a publié les ouvrages suivans, de sa com-
position , 1° Canzonette a tre , Milan ,
1588; 2° Canzonette a quattro voci, id.
1599 ; 3° Sacrœ cantiones a 8 voci con
partitura, id., 1599; 4° Vespri a ver-
setti, efalsi bordoni a cinque voci, id.,
1602; 5° / Passi, le Lamentazioni , e
altre cose per la Settimana Santa a cin-
que, Milan , 1603 ; 6° Motetti a cinque ,
lib. 1 , con partitura , Venise , 1596 ;
7° Motetti a 5. lib. 2, con partitura,
Milan , 1605 ; 8° Motetti «2,3,4,5,
lib. 4, col basso continuo, Venise, 1625 ;
9° Messa, Salmi e Letanie a 5 voci, Ve-
nise, 1621 ; 10° Académie festevole con-
certate a sei voci col basso continuo ,
opéra di spirituale recreàzione ornata
de' migliori ritratli de' piu famosi mu-
sici di tutta l'Europa, con l'andante ail'
infemo ed al paradiso, concerti di varii
instrumenti, edunpiacevole giuocco d'uc-
eclli , Milano, Giorgio Rolla, 1627. Ou-
CAN
vrage singulier où il y a pins de mauvais
goût que d'originalité réelle. Le P. Can-
tone fut un des premiers compositeurs qui
introduisirent dans la musique religieuse
un style concerté rempli de traits de voca-
lisation plus convenables pour le théâtre
que pour l'église. Bodenchatz a inséré dans
ses Florilegii Portensis un motet à huit
voix, de la composition de Cantone.
CANTONE(girolamo), mineur conven-
tuel, maître des novices, et vicaire au cou-
vent des Cordeliers de Turin, vers le mi-
lieu du 17e siècle, a publié : Armonia
Gregoriana 7 Turin , 1678, in-4°. C'est
un traité de plain-chant.
CANTU (jean) , chanteur qui , dès sa
jeunesse, annonçait un talent remarqua-
ble , mais que la mort moissonna avant
qu'il eût atteint l'âge de 24 ans , le 9 mai
1822. Fils d'un ténore médiocre (Antoine
Cantu) , qui chantait encore au Théâtre
Carcano de Milan , en 1810, Cantu, né à
Milan en 1799, eut pour maître de chant
Gentili, et fit sous sa direction d'étonnans
progrès. Doué d'une voix étendue , péné-
trante et d'un beau timbre, d'une taille
avantageuse, et d'une figure intéressante et
expressive , il ne lui manquait rien pour
obtenir de beaux succès ; la légèreté de la
vocalisation, le goût, et une prononciation
pure et correcte, étaient les caractères
distinctifs de son talent. Après avoir dé-
buté avec succès à Florence, il fut engagé
pourl'Opéra-Italien de Dresde, oùil excita
l'enthousiasme du public ; il ne vécut point
assez pour réaliser les espérances qu'il avait
données.
CANUTIO (pierre* de) ou CANUZIO,
surnommé Potentinus , parce qu'il était
né à Potenza, dans le royaume deNaples,
fut mineur conventuel au commencement
du 16e siècle. Angelo de Piccitone le
cite (Flor Angelico de Mtisica, lib. I,
cap. 34), comme auteur d'un traité de musi-
que intitulé : Regulœ Florum Musicœ.
Tevo (Muslco Teslore , p. 115) en parle
aussi , mais d'après Angelo de Piccitone ,
et n'en rapporte qu'une courte citation.
GAP
39
Le P. Martini dit que cet ouvrage a été
imprimé à Florence en 1501 ; Forkel fixe
la date de l'impression à 1510, mais il est
vraisemblable qu'il y a là une faute d'im-
pression et une transposition de chiffres.
Possevin (Biblioth. Select. ) cite le nom
d'un musicien appelé Petrus de Canuc-
ciis; il y a lieu de croire que c'est le même
que Canutio ou Canuzio. Le P. Martini
l'appelle Cannutiis , et il a été copié par
Gerbert dans son ancien lexique. Ce nom
a été défiguré par MM. Choron et Favolle
en celui de Canuntiis.
CAPALTI (francois ), né à Fossom-
brone , dans l'état de l'Eglise , maître de
chapelle de la cathédrale de Narni , a pu-
blié un traité du contrepoint sous ce titre :
II contrappuntista pratico , ossiano di-
mostrazioni fatte sopra l'esperienza ,
Terni, per Antonio Saluzi , 1788, in-8°
de 232 pages.
CAPECE (Alexandre), compositeur, né
à Rome vers la fin du 16e siècle , nous est
connu par une collection qui existait dans
la bibliothèque du roi de Portugal, Jean IV.
Elle est intitulée : Sacri concerti d'un
vagoenuovostilea2,5et 4 voci, op. 10;
et par diverses autres productions dont
voici les titres : MoteLti concertatl a 2, 5,
4, 5 voci, Venise, 1624 ; Motetti a 2, 3,
4, 5, 6, 7, 8 voci. Ibid., 1613 ; Madri-
gali a quattro , cinque } sel e otto voci ,
Venise, 1617; Magnificat sopra gliluoni
dell' Ecclesla , Venise, 1616; Matutlne
del Natale a 2. 3, 4, 5 , 6, 8 voci, Ve-
nise, 1623.
CAPELLA (martianus-mineus-felix),
néàMadaure en Afrique, selon Cassiodore;
mais lui-même se nomme nourrisson d'E-
lice , ville de l'Afrique propre. On ignore
l'époque précise où il vécut : quelques au-
teurs la fixent vers l'an 475 ; d'autres
l'ont reculée jusqu'au milieu du 5e siècle.
Capella est l'auteur d'une espèce d'Ency-
clopédie latine , intitulée Satyricoji , et
divisée en neuf livres , dont les deux pre-
miers , qui servent d'introduction aux au-
tres, contiennent une sorte de roman allé-
40
GAP
gorique , intitulé : Des Noces de la phi-
lologie et de Mercure. Le neuvième livre
traite uniquement de la musique ; ce n'est
qu'un extrait de l'ouvrage d'Aristide Quin-
tillien, écrit d'un style obscur et barbare.
La première édition de cet ouvrage a paru
à Vicenceen 1499, in-fol. Gerbert {Neues
historisch-biograph. Lexik.) assure qu'il
y en a une édition antérieure, imprimée à
Parme en 1494, in-fol. ; mais celle-ci paraît
supposée. Urieautre, meilleure, acte publiée
par Grotius, qui n'avait que quinze anslors-
qu'elle parut. Elle est intitulée : Martiani
Minei Felicis Capellœ , Carthaginien-
sis, viri proconsularis Satyricon in qua
de Nuptiis Philologue et Mercurii libri
duo, et de septem artibus liberalibus sin-
gulares omnes et emendati ac notis sive
februis Hug.Grotii illustrati,heiàey1599 ,
in-8°. Meibomius a inséré le neuvième li-
vre de Satyricon dans sa collection d'au-
teurs grecs sur la musique, Amsterdam,
1652, 2 vol. in-4°, et l'a accompagné de
notes. Une bonne édition du texte de Mar-
tianus Capella a été donnée à Berne, en
1763, in-8° (cbez Wagner), par L. Wat-
thard ; on n'y trouve point dénotes. Rémi
d'Auxerre (Remigius Allisiodorensis) a
donné sur le traité de musique de Capella un
commentaire que l'abbé Gerbert a inséré
dans sa collection des écrivains ecclésias-
tiques sur la musique , tom. 1 , p. 63-94.
CAPELLI (l'abbé jean-marie) , né à
Parme, chanoine de la cathédrale de cette
ville, vers la fin du 17e siècle, fut compo-
siteur de la cour de Parme et mourut en
1728. Il a beaucoup écrit pour le théâtre,
et a donné à Venise : 1° Rosalinda } en
1692 (au théâtre S. -Agniolo ) ; cet ouvrage
fut joué à Rovigo , en 1717 , sous le titre
de Ergonia Mascherata. 2° Giulio Fla-
vio Crispo, en 1722, et Mitridaie Re di
Ponto, en 1723. On connaît aussi de lui :
La Griselda, et Climène. Un autre compo-
siteur nommé Capelli s'est fait connaître
vers la fin du dix-huitième siècle, par
quelques opéras parmi lesquels on remar-
que celui $ Achille in Sciro, Il a écrit
CAP
aussi le 116me psaume a quatre voix, et
quelques ariettes et cantates itahennes.
CAPELLO (jean-marie), compositeur,
né à Venise vers la fin du 16e siècle , fut
organiste de l'église délie Grade à Bres-
cia ; il a composé treize livres de messes et
de psaumes ; le neuvième a paru à Venise,
en 1616.
CAPILUPI (germiniani) , compositeur
italien du 16e siècle, dont Bodenchatz a
publié deux motets à huit voix, dans sa col-
lection des Florilegii Portensis.
CAPOANI (JEAN-FRANÇOIS), COIUpOSl-
teur, né à Bari s vivait en 1750. On
trouve quelques-unes de ses compositions
dans le premier livre de la collection des
auteurs de Bari , publiée par Antiquis , à
Venise , en 1585.
CAPOC1NI ou CAPOCINO (Alexan-
dre), né dans la province de Spolette , vé-
cut à Rome, vers 1624. Jacobilli cite dans
sa Bibliotheca Umbriœ un traité de Mu-
sica, en cinq livres , de cet auteur peu
connu .
CAPOLLINI (michel-ange) , composi-
teur italien, au commencement du 17e siè-
cle, a fait exécuter à Mantoue un oratorio
de sa composition , intitulé : Lamento di
Maria Vergine, accompagnato délie La-
grime di santa Maria Maddalena , e di
S. Giovanni per la morte di Giesk
Chris to , rappresentalo in Musica in stile
recitativo nella chiesa de' Santi lnno-
centi di Mantua , 1627.
CAPORALE ( ) violoncelliste ,
a eu de la renommée en Angleterre , vers
le milieu du 18e siècle. Il était né en Ita-
lie , mais on ignore en quel lieu et en quel
temps précis. Il arriva à Londres, en 1735,
s'y fixa , et devint l'artiste en vogue pour
son instrument. Il ne possédait pas de
grandes connaissances dans la musique,
et son jeu laissait désirer plus de brillant
et de fermeté dans l'exécution des passages
difficiles ; mais il tirait un beau son de son
instrument, et il avait du goût et de l'ex-
pression. En 1740, il était attaché à 10-
péra-Italien j dirigé par Handel. Il vivait
CAP
CAP
41
encore en 1749. Au-delà de cette époque,
on ne trouve pins de renseignemens sur
lui.
CAPOSELE (le père horace), frère
mineur, né dans le royaume de Naples , a
fait imprimer un livre intitulé : Pratica
del canto piano e canto fermo , Naples ,
1625 , in-fol. Ce traité du plain-chant est
fort rare.
CAPPA (. . .) fabricant de violons à Sa-
luzzo. Il paraît qu'il y a eu plusieurs lu-
thiers de ce nom , car dans le catalogue
des Instrumens d'Albinoni , vendus à Mi-
lan, on trouve un violon de Cappa qui
portait la date de 1661 , et un autre avec
celle de 1712. Il est peu vraisemblable
que ces deux instrumens soient du même
maître.
CAPPELLETTI (...) compositeur
italien , né à Bologne , a étudié le contre-
point, sous la direction de l'abbé Mattei.
Il a fait représenter au théâtre Comunale
de sa ville natale, au mois de janvier 1830,
un opéra bouffe , qui avait pour titre : La
Contes sina.
CAPPEVAL ( CAUX de). V. CAUX.
CAPPONI (gino-angelo), compositeur
de l'école romaine , vivait vers le milieu
du 17e siècle. Il a fait imprimer en 1650,
un recueil de messes et de psaumes à huit
voix, avec un miserere à neuf. On connaît
aussi de lui des psaumes et des litanies à
cinq, publiés à Rome, en 1654. M. l'abbé
Baini, cite dans ses Mémoires sur la vie
et les ouvrages de Palestrina (n. 315),
une messe sur les notes ut, re , mi,fa,
sol, la , de Capponi, qui se trouve en ma-
nuscrit dans les archives de la chapelle
Sixtine. Kircher, qui donne à Capponi la
qualiléde chevalier {Musurg. 1. 1, p. 611),
a rapporté de lui un fragment d'un Can~
tabo Domino à quatre voix de soprano ,
assez bien écrit.
Un autre compositeur, nommé Cap-
poni, a vécu vers la fin du 16e siècle. Il
paraît qu'il était au service du duc de Sa-
voie, car il a écrit la musique du Triom-
phe de Neptune, sorte de cantate, pour
une fêta navale que ce prince donna à
Mille-Fonti.
CAPPUS (jean-baptiste), né à Dijon,
vers le commencement du 18e siècle, fut
pensionnaire de cette ville pour la musi-
que, et maître ordinaire de l'académie. On
a de lui les ouvrages suivans : 1° Pre-
mier livre de pièces de viole et de basse
continue, Paris, Boivin, 1730, in-4° obi.;
2° Premier recueil d'airs sérieux et à
boire, Paris, 1732, in-4°; 3° Second re-
cueil, id., Paris, 1732, in-4°; 4° Sémèlé,
ou la naissance de Bacchus , cantate à
voix seule, avec symphonie, Paris, 1732,
in-fol. ; 5° Second livre de pièces de
viole, Paris, 1793 , in-4°. Ce musicien a
éarit aussi : Les plaisirs de l'hiver, di-
vertissement en un acte, représenté devant
la reine, au château de Versailles , le 15
novembre 1730. Enfin, Cappus est auteur
d'une Petite méthode de musique, Paris,
1747, in-4° obi.
CAPRANICA ( césar ), professeur de
musique à Rome, vers la fin du 16me siè-
cle , a écrit et publié un petit traité de
musique sous ce titre : Brevis et accurata
totius musicœ notitia, Rome, l591,in-4°.
Cet opuscule a été réimprimé à Palerme
en 1702, par les soins de Vincenzo Na-
varra , prêtre bénéficié de la cathédrale,
avec quelques corrections de l'éditeur.
C'est un ouvrage de peu de valeur.
CAPRANICA (matteo), compositeur
italien, né à Rome, et peut-être fils du
précédent , a écrit plusieurs opéras pour le
théâtre Argentina , vers 1746. Reichardt
a cité un Salve regina pour voix de so-
prano , avec accompagnement d'instru-
mens à cordes , composé par ce maître.
CAPRANICA (rosa), cantatrice ita-
lienne , élève de Mingotti , était engagée à
la cour de Bavière en 1770. Suivant l'abbé
Bertini (Dizzion. stor. crit. degli scrit-
toridi musica ) , elle était de la même fa-
mille que les précédens. Sa voix était fort
belle, et son chant gracieux : elle eut des
succès, non seulement à Munich, mais
aussi en Italie et particulièrement à Rome.
42
CAP
Elle épousa le violiniste Lops, élève de
Tartini , et musicien de la cour de Bavière,
et se rendit en Italie avec lui, en 1792. On
ignore si elle vit encore.
CAPRICORNUS (samuel). V. boks-
HORN.
CAPRON (. . .), habile violiniste et
l'an des meilleurs élèves de Gaviniés, dé-
buta au concert spirituel en 1768, publia,
en 1769, six sonates pour le violon , op. 1;
et l'année suivante six quatuors, op. 2.
Capron avait épousé en secret la nièce de
Piron, qui, devenu aveugle, feignit de n'en
rien savoir j mais il disait quelquefois : Je
rirai bien après ma mort : ma bonne
Nanette a le paquet. En effet lorsqu'on
fit l'ouverture du testament qu'il avait
fait, on trouva ces mots : Je laisse à Na-
nette, femme de Capron , musicien , etc.
CAPSBERGER. Voyez kapsberger.
CAPUANA ( mario ) , compositeur et
maître de chapelle de la cathédrale de
Noto en Sicile, vers le milieu du 17e siè-
cle , a publié un recueil de messes de sa
composition, à Venise, en 1650.
CAPUTI (antoine), compositeur italien
qui vivait en 1754, s'était fixé en Alle-
magne, et y a fait représenter un opéra de
Didone abbandonata. On y connaît aussi
un concerto de flûte de sa composition, en
manuscrit.
CAPUZZI (antoine) , maître de violon
à l'institut musical de Bergame, et direc-
teur de l'orchestre de Sainte-Marie-Ma-
jeure, naquit à Brescia en 1740, et non à
Venise, comme on le dit dans le Diction-
naire des musiciens de 1810. Il passa
pour un des meilleurs élèves de Tartini ,
et reçut des leçons de composition de Fer-
dinand Bcrtoni à Venise. En 1796 il fit
un voyage à Londres, où il composa la
musique d'un ballet intitulé : la Villa-
geoise enlevée , ou les Corsaires ; il vivait
encore à Bergame en 1812. On a de lui :
Trois œuvres de quintetti , publiés à Ve-
nise, deux œuvres de quatuors, publiés à
Vienne, et deux concertos de violon. Il a
composé la musique de plusieurs opéras et
CAR
farses italiennes, qui ont eu du succès.
CARACCIOLO (paul) , compositeur, né
à Nicocia , en Sicile , vers le milieu du
17e siècle, a publié : Madrigalia cinque,
libro 1° , Palerme, sans date.
CARADORI-ALLAN(madame), connue
d'abord sous le nom de mademoiselle de
Munck, naquit en 1800 dans la maison
palatine à Milan. Son père, le baron de
Munck, était Alsacien et ancien colonel au
service de France. L'éducation musicale de
Mlle de Munck fut entièrement l'ouvrage
de sa mère , sans la participation d'aucun
secours étranger. La mort du baron de
Munck et la situation malheureuse de sa
famille , qui en fut la suite , obligèrent sa
fille à chercher une ressource dans ses ta-
lens. Après avoir parcouru la France et
une partie de l'Allemagne , elle passa en
Angleterre, où elle prit le nom de Cara-
dori, de la famille de sa mère. Elle dé-
buta au théâtre du roi, le 12 janvier 1822,
par le rôle du page dans Les noces de
Figaro, et successivement elle chanta dans
Elisa e Claudio , Corradino et la Cle-
menza di Tito , comme prima donna. Sa
voix pure et flexible, la justesse de son in-
tonation , et plusieurs autres qualités assu-
rèrent son succès. Mais c'est surtout comme
cantatrice de concert qu'elle obtint la fa-
veur publique; elle s'est fait entendre à
Brighton , à Oxford , à Bath , à Bristol , à
Glocester, etc., et partout elle a reçu des
applaudissemens. Madame Caradori a pu-
blié plusieurs romances de sa composition
à Paris et à Londres. Dans la saison du
carnaval, en 1830, elle a chanté avec
succès au théâtre de la Fenice, à Venise.
CARAFA ( miciiel ), né à Naples le 28
novembre 1785, a commencé l'étude de la
musique au couvent de Monte- Olivelo, à
l'âge de huit ans. Son premier maître fut
un musicien mantouan nommé Fazai ,
habile organiste. Francesco Ruggi , élève
de Fenaroli , lui fit faire ensuite des étu-
des d'harmonie et d'accompagnement , et
plus tard il passa sous la direction de Fe-
naroli lui-même. Enfin dans un séjour
CAB.
qu'il fit à Paris , il reçut de M. Chembini
des leçons de contrepoint et de fugue.
Quoiqu'il eût écrit dans sa jeunesse , pour
des amateurs , un opéra intitulé : II
Fantasma, et qu'il eût composé, vers
1802, deux cantates, Il natale cil Giove,
et Achille e Deidamia , dans lesquels on
trouve le germe du talent , néanmoins , il
ne songea d'abord à cultiver la musique
que pour se délasser d'autres travaux : il
embrassa la carrière des armes. Admis
comme olEcier dans un régiment de hus-
sards de la garde de Murât, il fut ensuite
nommé écuyer du roi dans l'expédition
contre la Sicile, et chevalier de l'ordre des
Deux-Siciles. En 1812, il remplit auprès
de Joachim les fonctions d'officier d'or-
donnance dans la campagne de Russie , et
fut fait chevalier de la Légion-d'Honneur.
Ce ne fut qu'au printemps de l'année
1814 que M. Carafa songea à tirer parti de
son talent, et qu'il fit représenter son pre-
mier opéra intitulé II Vascello l'Occi-
dente , au théâtre Del Fondo. Cet ou-
vrage qui eut beaucoup de succès a été
suivi de la Gelosia correlta , au théâtre
des Florentins, en 1815, de Gabriele di
Vergi au théâtre del Fondo , le 3 juillet
1816, iïljigenia in Taurida , à Saint-
Charles , en 1817 , iï Adèle di Lusi-
gnano , à Milan, dans l'automne de la
même année, de Bérénice in Siria} au théâ-
tre de Saint-Charles, à Naples , dans l'été
de 1818, et de VElisabeth in Derbishire,
à Venise, le 26 décembre de la même an-
née. Au carnaval de 1819, M. Carafa a
écrit dans la même ville II sacrifizio
d'Epito , et l'année suivante il a fait re-
présenter à Milan gli due Figaro. En
1821 , il a débuté sur la scène française ,
par l'opéra de Jeanne d'Arc , qu'il avait
composé pour le théâtre Feydeau : cet
ouvrage n'a pas eu le succès qu'aurait dû
lui procurer la musique, car il s'y trou-
vait de belles choses. Après la mise en
scène de cet opéra, M. Carafa alla à Rome,
où il écrivit La Capriciosa ed il soldato,
qui eut beaucoup de succès. 11 y composa
CAR
43
aussi la musique du Solitaire, pour le
Théâtre Feydeau , de Paris , et celle de
Tamerlano , qui était destiné au théâtre
Saint-Charles de Naples , mais qui n'a
pas été représenté. De tous les opéras de
M. Carafa , celui qui a obtenu le succès
le plus populaire est le Solitaire. Il s'y est
glissé des négligences dans la partition ,
mais on y trouve des situations dramati-
ques bien senties et bien rendues. Après la
représentation de cette pièce, qui eut lieu à
Paris au mois d'août 1822, M. Carafa re-
tourna à Rome pour y écrire Eufemio di
Messina, où il y a quelques beaux mor-
ceaux , entre autres un duo dont l'effet est
dramatique. Cet ouvrage eut une réussite
complète. En 1823, le compositeur donna
à Vienne Abufar , dont les journaux ont
vanté le mérite. De retour à Paris, M. Ca-
rafa y fit représenter le Valet de cham-
bre , dans la même année; en 1823, il
donna l'Auberge supposée, en 1825, La
Belle au bois dormant, grand-opéra.
Dans l'automne de 1825, il avait aussi
écrit II sonnanbulo, à Milan , puis il fit
représenter à Venise le Paria, au mois
de février 1826.
En 1827, il vint se fixer à Paris, dont il
ne s'est plus éloigné. Le 19 mai de cette
année il fit représenter un opéra en un
acte, intitulé Sangarido ; cet ouvrage
n'eut point de succès. Il fut suivi de La
Violette, opéra en trois actes, dont M. Le-
borne avait composé quelques morceaux ,
de Masaniello , en trois actes, ouvrage
rempli de belles choses et qu'on peut con-
sidérer comme le chef-d'œuvre de M. Ca-
rafa (joué en 1828), de Jenny, en trois
actes, qui n'eut qu'un succès incertain, en
1829 , de La Fiancée de Lammermoor ,
opéra italien écrit pour Mlle Sontang,
d'un ballet en trois actes intitulé l'Or-
gie ( à l'Opéra , en 1851 ) , de La Prison
d'Edimbourg , en 1833, ouvrage qui
réussit peu , mais qui méritait un meil-
leur sort, enfin de La Grande Duchesse ,
opéra en quatre actes , représenté à l'O-
péra-Comiquc.
44
CAR
On a souvent reproché à M. Carafa de
remplir ses ouvrages de réminiscences et
d'imitations ; il faut avouer qu'il ne choisit
pas toujours ses idées comme il pourrait
le faire. Il écrit vite et négligemment sui-
vant l'usage des compositeurs italiens ;
mais s'il avait voulu prendre plus de soin
de ses partitions, on peut juger par les
bonnes choses qui s'y trouvent que sa ré-
putation aurait plus d'éclat.
CARAFFE (....). Il y a eu deux frères
de ce nom dans la musique du roi et à
l'Opéra, vers le milieu du 18me siècle. Ils
étaient fils d'un musicien qui était entré à
l'Opéra, eu 1699, pour y jouer delà viole,
et qui était mort au mois de février 1738.
Caraffe, connu sous le nom de Carajfe
l'aîné , était bon musicien. Il entra à l'O-
péra en 1728. Son frère beaucoup plus
jeune s'est fait connaître par divers ou-
vrages, entre autres, par de grandes sym-
phonies, au concert spirituel, en 1752.
CARAMELLA (honorius-dominique),
ecclésiastique à Palerme , naquit en cette
ville, le 15 février 1623, et mourut le
10 février 1661. Mongitori (Bibl.Sic, 1. 1,
p. 291) et Jœcher (Gelehrt. Lex.), citent
de lui les deux ouvrages suivans , mais
n'indiquent pas l'époque , ni le lieu de
leur impression : 1° Pictorum et musico-
rum elogia ; 2° Musica pratica-politica,
nella quale s'insegna ai principi chris-
tiani il modo di canlare un sol motetto
in concerto. Il est douteux que ce dernier
livre soit relatif à la musique.
CAR AMUEL DE LOBROWITZ(jean),
évêque de Vigevano , naquit à Madrid , le
23 mai 1606. Après avoir fait de brillan-
tes études et acquis de grandes connais-
sances dans les mathématiques, la littéra-
ture et la philosophie, il entra dans l'ordre
de Cîteaux, et professa la théologie à Al-
cala. Appelé ensuite dans les Pays-Bas, il
y prit le bonnet de docteur en théologie ,
et fut successivement ingénieur dans les
guerres qui désolaient alors ces provinces,
ahbé de Dissembourg dans le Palatinat ,
envoyé du roi d'Espagne à la cour de Fcra-
CAR
pereur Ferdinand III, et capitaine de
moines enrégimentés, au siège de Prague,
en 1648. A la paix de Westphalie, il re-
prit ses travaux apostoliques et fut nommé
à l'évêché de Campagna , dans le royaume
de Naples , par le pape Alexandre VII , et
ensuite à celui de Vigevano, dans le Mila-
nais , où il termina sa carrière , le 8 sep-
tembre 1682. Parmi les nombreux ouvra-
ges de Caramuel , on remarque celui-ci :
Arte nueva de Musica inventade anno
de 600 por S. Gregorio, desconcertada
anno da 1026 por Guidon Aretino , res-
tituida a su primera perfeccion anno
1620 por Fr. Pedro de Urena , redu-
cida a este brève compendio anno 1644
por J.-C. , etc. , en Roma, por Fabio de
Talco, 1669, in-4°. On trouve l'analyse
de ce livre dans le Giornale de' Letterali
d'Italia (1669, p. 124). Caramuel deLob-
kowitz y établit que Saint- Grégoire avait
découvert la forme naturelle de la gamme,
et que Gui d'Arezzo a gâté ce système na-
turel en réduisant la gamme à six noms
de notes. Il rapporte ensuite que Pierre de
Urena a rétabli les choses dans leur ordre
normal , en ajoutant la septième syllabe
{ni) aux six autres, et il fait voir que, par
cette addition , la main harmonique et les
muances deviennent inutiles. Godefroi
Walther dit (Musik. Lexik., art. Lobko-
■witz) qu'une édition antérieure dulivrede
Caramuel avait été publiée à Vienne (en
1645), et imprimée par Cosmerovio. A ce
renseignement, Forkel ajoute (Algem.
Letter. der musik , p. 270) que cette édi-
tion a pour titre : ut, re, mi, fa, sol, la,
Nova musica. Le savant auteur de l'his-
toire de la musique ne s'est-il pas trompé
dans cette circonstance , et n'a-t-il pas
confondu avec l'édition de Vienne de l'ou-
vrage de Caramuel , le livre de Buttstedt
{voj. ce nom)? Cela est d'autant plus vrai-
semblable, que ce titre, ut, re , mi, fa,
sol, la, nova musica, n'a point de sens ,
ou du moins qu'il en a un absolument
contraire à l'objet du livre, caria nouvelle
musique ne consistait pas dans la gamme
CAR
CAR
45
des six syllabes, mais celle de ut, re , mi ,
fa, sol, la, ni; tandis que le titre de Butts-
tedt, ut, re, mi, fa, sol, la, tota musica,
dit exactement ce qu'il doit dire , puisque
l'auteur affirme que toute la musique est
renfermée dans la gamme des six sylla-
bes.
On trouve différentes cboses relatives à
la musique dans le Cursus Mathematici
de Caramuel, et dans son livre, Mathesis
Audax, publié à Louvain, en l642,in-4°.
CARAPELLA (thomas), maître de cha-
pelle, né à Naples, vers 1680, a publié des
Canzonia duevoci, Naples, 1728 , in-4°.
On a aussi de sa composition des Duetti
da caméra et un miserere à quatre voix,
qui sont restés en manuscrit. Le P. Mar-
tini fait l'éloge du style de ce maître ,
dans son histoire de la masique (t. H).
MM. Choron et Fayolle ont reculé d'un
siècle l'époque où Carapella a vécu.
CARAUSAUX on CARASAUX , poète
et musicien, naquit à Arras , vers le mi-
lieu du 13e siècle. Il nous reste six chansons
notées de sa composition. Les manuscrits
de la bibliothèque du roi, n° 65 (fonds de
Cangé), et 7222, en contiennent quatre.
CARAVACCIO (jean), maître de cha-
pelle de l'église de Sainte-Marie-Majeure,
à Bergame, au commencement du 17e siè-
cle , a publié un recueil de psaumes de sa
composition , à Venise , en 1620.
CARAVAGGIO (jean-jacques GAS-
TOLDI DE); V, Gastoldi. Gerbera fait,
dans son nouveau Lexique des Musiciens,
deux articles de Caravaggio et de Gas-
toldi, n'ayant pas vu qu'il s'agissait du
même compositeur.
CARAVOGLIA (barbara), célèbre can-
tatrice , et prima donna au théâtre de
Saint-Charles, à Naples, en 1788.
CARAVOGLIO (maria) , cantatrice ,
née à Milan, vers 1788 ; elle chanta suc-
cessivement en Italie, en Angleterre et en
Allemagne, et fut appelée à Londres , par
Chrétien Bach, vers 1778, pour chanter à
ses concerts; en 1784, elle était prima
donna au théâtre de Prague , et en 1792 ,
à celui de Messine. Sa voix était agréable,
quoique d'un volume peu considérable, et
son chant était pur.
CARBASUS (. . .). On a sous ce nom ,
qui paraît être supposé , un petit écrit in-
titulé : Lettre à M. de , auteur du
Temple du goût sur la mode des instru-
mens de musique, Paris, 1739, in-12. On
ne sait sur quel fondement Blankenbarg
attribue (dans sa nouvelle édition de la
Théorie des beaux-arts , par Sulzer) cet
opuscule à l'abbé Goujet. La liste des écrits
de cet abbé, donnée dans l'un des supplé-
mens de Moreri , ne le cite pas. Barbier
n'a point donné de renseignemens sur ce
pseudonyme dans son dictionnaire. L'écrit
dont il s'agit ne peut être l'ouvrage que
d'un homme de goût qui connaissait la
musique et qui s'en occupait, et l'abbé
Goujet n'était certainement pas cet homme-
là. On y fait voir que rien n'était plus ri-
dicule que la passion qui s'était emparée de
toute la France, sous le règne de Louis XV,
pour la vielle et la muzette.
CARBONEL (joseph-noel), néà Salon,
en Provence, le 12 août 1751, était fils
d'un berger. Ayant perdu ses parens en
bas âge , il fut recueilli par un particulier
qui le fit entrer au collège des Jésuites.
Ses études terminées, il fut envoyé à Paris
pour y étudier la chirurgie; mais son goût
pour la musique lui ayant fait cultiver dès
sa plus tendre jeunesse le galoubet, instru-
ment de son pays, il conçut le projet de le
perfectionner , et d'en faire son unique
ressource. Ayant fait un voyage à Vienne,
il y connut Noverre, qui y était alors maî-
tre de ballets , et qui depuis le fit entrer à
l'Opéra, pour y jouer du galoubet. Floquet,
son compatriote, composa pour lui son
ouverture 'du Seigneur bienfaisant , qu'il
exécutait derrière le rideau. Par un tra-
vail assidu, il parvint à donner à l'instru-
ment qu'il avait adopté tout le développe-
ment dont il était susceptible, et à jouer
dans tous les tons sans changer de corps.
Il a publié une Méthode pour apprendre à
jouer du tambourin ou du galoubet, sans
46
CAR
aucun changement de corps , dans tous
les tons , Paris, 1766. Car bonel est aussi
l'auteur de l'article Galoubet qu'on trouve
dans l'Encyclopédie. Il est mort pension-
naire de l'Opéra, en 1804.
CARBONEL (joseph- François -nar-
cisse), fils du précédent, né à Vienne, en
Autriche, le 10 mai 1773, n'avait que
cinq ans lorsque ses parens vinrent se
fixer à Paris ; son père lui enseigna les élé-
mens de la musique , et le fit ensuite ad-
mettre au nombre des élèves de l'Opéra ,
vers 1782. 11 joua en cette qualité, dans
Tarare , le rôle de l'Enfant des Augures.
Lors de l'établissement de l'Ecole Royale de
chant, en 1783, on l'y admit avec 400 liv.
de pension. Il reçut à cette école des leçons
de Gobert pour le piano, de Rodolphe et de
Gossec pour l'harmonie et la composition;
de Piccini, de Langlé et de Guichard pour
le chant. Devenu lui-même professeur de
chant, il a formé quelques bons élèves,
parmi lesquels on remarqueMadameScio,
célèbre actrice du théâlreFeydeau. Comme
compositeur, M. Carbonel est connu par
les ouvrages dont voici les titres : 1° Six
sonates pour le clavecin avec ace. de
violon adlibit. liv., 1 et 2, Paris, Le Due,
1798; 2° Pot-pourri sur les airs d'E-
liska pour clav . et viol.; 3° 3 sonates ,
id.} Paris, Imbault , 1799; 4° Quelques
sonates et morceaux séparés ; 5° Cinq re-
cueils de romances.
CARBONELLI (Etienne), habile vioïi-
niste, fut élève de Corelli , à Rome. En
1720 , il se rendit en Angleterre sur l'in-
vitation du duc de Rulland , qui le logea
dans sa maison. Peu de temps après son
arrivée à Londres , il y publia douze solos
pour le violon avec basse continue, et les
joua souvent en public avec succès. Lors
de l'organisation de l'Opéra , il fut placé à
la tête de l'orchestre, et devint célèbre par
sa brillante exécution. En 1725 , il quitta
ce théâtre pour passer à celui de Drury-
Lane, mais peu de temps après, il s'enga-
gea avec Handel pour les Oratorios. Dans
la dernière partie de sa vie , il négligea la
CAR
musique et se fit marchand de vin. Il est
mort en 1772.
CARCANI (joseph), maître de chapelle
aux incurables, à Venise, naquit à Crème,
en 1703. Lorsque Hasse quitta Venise
pour se rendre à Dresde, il proposa Carcani
pour lui succéder à l'hôpital des incura-
bles. On conserve encore dans la biblio-
thèque de cet établissement , les composi-
tions manuscrites de ce musicien. En 1742,
on représenta à Venise l'opéra à'Hame-
leto , dont il avait fait la musique. Deux
ans auparavant , il avait donné au même
théâtre La concordia del tempo colla
famé.
CARCASSI (matteo) , né en Italie,
vers 1792, s'est livré dès sa jeunesse à l'é-
tude de la guitare, et par des travaux assi-
dus, a acquis sur cet instrument un degré
d'habileté fort remarquable. Venu à Paris
plusieurs années après Carulli , il a porté
plus loin que lui les ressources de son in-
strument, et s'est fait une réputation bril-
lante qui a été de quelque préjudice à celle
du fondateur de l'école moderne de la gui-
tare. De nouveaux effets ont été imaginés
par lni,etle mécanisme du doigté lui doit
plusieurs perfectionnemens. En 1822 , il
s'est rendu à Londres, s'y est fait entendre
avec succès , et y est retourné dans les an-
nées 1825 et 1826. En 1824, il fit un
voyage en Allemagne , et donna des con-
certs dans plusieurs grandes villes. Il re-
tourna dans le même pays en 1827, et n'y
fut pas moins bien accueilli que la pre-
mière fois. Il est en ce moment en Italie.
Cet artiste a publié environ 40 œuvres de
différens genres pour la guitare ; ces ou-
vrages ont été gravés à Paris , chez Meis-
sonnier, et à Mayence , chez Schott fils.
On y distingue un assez bon style, et des
traits qui ne sont pas communs. Ils con-
sistent en sonatines , rondeaux détachés,
pièces d'études , divertissemens , caprices ,
fantaisies et airs variés.
CARDAN (je'rome), médecin, géomètre
et astrologue, naquit à Pavie, en 1501.11
fut élevé dans la maison de son père , qui
CAR
CAR
47
demeurait à Milan , mais à l'âge de vingt
ans , il se rendit à Pavie pour y terminer
ses études; deux ans après il y expliqua
Euclide. A trente-trois ans, il professa les
mathématiques, puis la médecine à Milan;
ensuite il enseigna quelque temps à Bolo-
gne , et enfin il alla terminer sa carrière à
Rome , vers 1576 , à l'âge de soixante-
quinze ans. On a dit qu'il se laissa mou-
rir de faim, pour ne pas survivre à la honte
des fausses prédictions qu'il avait faites sur
quelques hommes célèbres de son temps.
C'était un homme superstitieux et plein de
confiance dans les rêves de l'astrologie ju-
diciaire. Les vices de Cardan lui firent de
nombreux ennemis pendant sa vie, et lui-
même n'a pas peu contribué à la mauvaise
réputation qu'il a laissée après lui, par le
portrait affreux qu'il a fait de ses mœurs et
de son caractère dans son ouvrage inti-
tulé : De vitdproprid, Paris, 1643, in-8°.
On a de cet auteur un livre intitulé : Opus
novum de proportionibus numéro rum ,
motuum, ponderum, sonorum , Bâle ,
1570, in-fol., réimprimé dans la collec-
tion de ses œuvres, publiée par Ch. Spon,
sons le titre de Hieronymi Cardani opéra,
Lyon, 1663, 10 vol. in-fol. On trouve
aussi dans cette collection un traité de
musica en 9 chapitres (t. X, p. 105-116),
et un petit ouvrage intitulé : Prœcepta
canendi.
CARDENA (pierre-le'on), compositeur
dramatique, né à Palerme, dans les pre-
mières années du 18e siècle , a fait repré-
senter au théâtre de Saint-Samuel , à Ve-
nise, un opéra sous le titre de Creusa , en
1739.
CARDON (louis), habile harpiste, d'o-
rigine italienne , était petit-fils de Jean-
Baptiste Cardoni , pensionnaire de la mu-
sique du roi , et neveu de F. Cardon ,
violoncelliste de l'Opéra. Il naquit à Paris,
en 1747, et se livra de bonne heure à l'é-
tude de la musique. Son Art de jouer de
la harpe, l'an des plus anciens ouvrages
méthodiques de ce genre , fut publié à
Paris, en 1785. A l'aurore de la révolu-
tion française , cet artiste quitta Paris et
se rendit en Russie, où il est mort en 1805.
Ses principaux ouvrages sont : 1° Quatre
sonates pour la harpe , œuv. 1 , Paris ;
2° Pièces pour la harpe , etc., œuvre 2e ;
3° Trois duos pour deux harpes , op. 3 J
4° Recueil d'airs choisis , op. 4 ; 5° Trois
ariettes d'opéras , arr. pour deux harpes ,
op. 5 ; 6° Quatre sonates pour harpe et
violon, Paris, 1780, op. 6; 7° Quatre
id., op. 7 ; 8° Quatre id., op. 9; 9° Deux
concerts pour harpe , deux violons , deux
hautbois, deux cors, alto et basse, op. 10 ;
11° Quatre sonates pour harpe et violon .
op. 12; 12° L'art de jouer de la harpe
démontré dans ses principes , suivi de
deux sonates, op. 13 ; 13° Quatre sonates
pour harpe et violon, op. 14; 14° Deux
sinfonies concertantes pour harpe , violon
et basse , op. 15 ; 15° Quatre sonates pour
harpe et violon, op. 16; 16° Quatre id.,
op. 17 ; 17° Deux sinfonies concertantes
pour harpe, deux violons et basse, op. 18;
18° Recueil d'airs variés, op. 19 ; 19° Qua-
tuors pour harpe, violon , alto et basse,
op. 20 ; 20° concerto pour harpe, deux vio-
lons , alto et basse, op. 21 ; 21° Quatre
sonates pour harpe et violon, op. 22.
CARDON (pierre), frère du précédent,
né à Paris, en 1751, fut élève de Richer
pour le chant, et de son oncle pour le vio-
loncelle. En 1788 ,41 était chanteur de la
chapelle du roi, à Versailles; il vivait encore
en 1811, et donnait des leçons de chant
et de violoncelle. Il a publié à Paris : Ru-
dimens de la musique , ou principes de
cet art mis à la portée de tout le monde,
par demandes et par réponses , in-fol.
Un troisième frère de Cardon fut un vio-
liniste distingué.
CARDONNE (philieert), né à Ver-
sailles, en 1731, entra fort jeune dans les
Pages de la musique du roi, et eut pour
maître, Colin de Blamont. A l'âge de qua-
torze ans, et lorsqu'il était encore page , il
fit exécuter à la cour , le 4 et le 7 février
1745, un motet à grand chœur de sa com-
position. En 1748, il fit entendre aussi ,
48
CAR
CAR
dans la chapelle du roi , le psaume Super
Jlumina Babylonis. C'était le cinquième
motet qu'il a*ait composé, quoiqu'il n'eût
pas encore dix-huit ans. Depuis lors, il
entra comme musicien ordinaire dans la
chapelle du roi , et eut les titres d'officier de
la chambre de Madame, et de maître de vio-
lon de Monsieur (depuis lors Louis XVIÏI).
En 1777 ilobtinlla survivance de Berton,
comme maître de la musique du roi, mais
la révolution française ne lui permit pas
de jouir par la suite des avantages de cette
survivance. En 1752, Cardonne écrivit la
musique delà pastorale à' Amarillis , qui
fut exécutée au concert de la reine , pen-
dant le voyage de Compiègne, le 17 juillet
1752. Son opéra dHOmphale, représenté
à TAcadémie Royale de musique, le 2 mai
1769, n'eut point de succès. En 1775 , il
a remis en musique l'entrée des Amours
déguisés , sous le titre à' Ovide et Julie ,
pour les fragmens qui furent représentés
au mois de juillet.
CARDOSO (manuel), chapelain du roi
Jean III, né à Lisbonne, vers le milieu du
16e siècle , a fait imprimer un ouvrage de
sa composition, sous ce titre : Passiona-
rium juxta Capellœ Regiœ Lusitanœ
consuetudinem accentus rationum intè-
gre observons , Leira , 1575, in-fol.
CARDOSO ( FRANÇOIS - EMMANUEL ) ,
carme portugais , naquit à Beja , dans la
province dAlentejo, vers la fin du 16e siè-
cle. Il a publié : 1° Missœ , 5 vocibus
concert., Lisbonne, 1613 ; 2° Missœ, sex
vocibus concert., Lisbonne, 1625; 3° Ma-
gnificat, sex vocibus concert., Lisbonne,
1626, in-fol. ; 4° Missœ de B. Virgine,
quaternis et sex vocibus , Lib. 3, ibid.,
1646, in-fol.; 5° Livro que comprehende
tudo quante se canta na Semana santa,
ibid. , in-fol. Plusieurs autres ouvrages de
ce musicien se trouvent en manuscrit dans
la bibliothèque du roi de Portugal.
CARDUCCI (jean-jacques) , composi-
teur , né à Bari , dans le royaume de Na-
ples, vers le milieu du 16e siècle. On trouve
quelques pièces de sa composition, dans la
collection intitulée : II primo Libro a
due voci di diversi autori di Bari , Ve-
nise, 1585.
CARELIO (antoine) , violiniste, né à
Messine, en Sicile, a publié des sonates en
trois parties , de sa composition , Amster-
dam , 1710 , in-fol.
CARESANA (Christophe) , organiste
de la chapelle royale de Naples , naquit à
Tarente , en 1669. Il s'est fait une répu-
tation de compositeur habile par ses sol-
fèges en duos , divisés en deux livres , et
publiés à Naples, en 1680, sous le titre de
Solfeggi a piu voci sul canto fermo . Ils
sont suivis d'exercices à trois voix sur les
intervalles de l'échelle, qui sont incontes-
tablement ce qu'on a fait de mieux en ce
genre. M. Choron a publié à Paris, en 1808,
une deuxième édition de ces excellens exer-
cices.
CARESTINI (jean) , surnommé Cu-
sanino, parce que la famille des Cusani
de Milan l'avait pris sous sa protection dès
l'âge de douze ans , naquit à Monte-Fila-
trano , dans la marche d'Ancône, et brilla,
pendant près de quarante ans, sur la scène,
comme un des meilleurs chanteurs qui
fussent connus de son temps. Sa première
apparition en public eut lieu à Rome , en
1721 , dans la Griselda, de Buononcini ;
en 1723 il chanta à Prague , au couron-
nement de l'empereur Charles VI j l'année
suivante il était à Mantoue, et en 1725 il
chanta pour la première fois àVenise dansle
Seleuco de Zuccari. En 1728 il retourna à
Rome et y resta jusqu'en 1730. Les prin-
cipaux ouvrages dans lesquels il chanta
furent l' Alessandro neli Indie de Vinci
e 1 1' Artaserse du même auteur. Senesino
ayant quitté l'Angleterre en 1733, Cares-
tini fut appelé pour lui succéder. De là il
alla à Parme; en 1754 il était à Berlin ,
l'année suivante il fut engagé pour Saint-
Pétersbourg , et il y resta jusqu'en 1758 ;
ce fut alors qu'il quitta le théâtre pour
goûter le repos dans sa patrie, mais il
mourut peu de temps après. Hasse, Han-
del et d'autres grands maîtres avaient la
CAR
plas haute estime pour ce célèbre chanteur.
Quantz, en parlant de lui , s'exprime ainsi :
«( 11 avait une des plus belles et des plus
«t fortes vois de contralto , et montait du
ure (à la clef de fa) jusqu'au sol (au-
<t dessus de la portée, à la clef de sol). 11
«t était en outre extrêmement exercé dans
it les passages, qu'il exécutait de poitrine
« conformément aux principes de l'école
<t de Bernacchi et à la manière de Farinelli,
<c il était très hardi , et souvent très heu-
« reux dans les traits. » Carestini joignait
à ces avantages celui d'être fort bon acteur
et d'avoir un extérieur agréable.
CAREY (henki), fils naturel de Georges
Saville , marquis d'Halifax , fut à la fois
poète et musicien , mais ne s'éleva pas au-
dessus du médiocre dans ces deux genres.
Ses maîtres de musique furent Linnant ,
Roseingrave , et Geminiani ; mais toute
l'habileté de ces maîtres ne put développer
en lui beaucoup de talent , quoiqu'il fût
doué de la faculté d'imaginer des chants
heureux. Ce qu'il a fait de mieux est le
chant national God save the King qu'on
a , sans aucun fondement , attribué à Han-
del , et qui selon quelques écrivains mo-
dernes, mal informés, serait de Lulli.
On lui doit aussi la charmante ballade
Sally in our Alley , devenue populaire.
On a cru long-temps que le premier de
ces chants avait été composé par Handel ,
mais une lettre du docteur Harrington de
Bath , insérée dans le Monthly Maga-
zine, vol. xi , page 386, a prouvé qu'il est
l'ouvrage de Carey. En 1782, il publia
six cantates dont il avait fait les paroles
et la musique. Il a composé aussi les airs
de plusieurs comédies de son temps, entre
autres ceux du Mari provoqué ( Provoked
busband ) , de The Contrivances , et de
quelques farces représentées au théâtre de
Goodman fields. En 1740, Carey réunit
en collection toutes les ballades et les
chansons qu'il avait composées , et les pu-
blia sous ce titre : The musical century ,
in one hundred english ballads on va-
rious subjects and occasions, Londres ,
TOME m.
CAR
49
in-4°. Carey était homme de plaisir, dissi-
pateur , et les secours de ses amis furent
toujours insuffisans pour le préserver des
embarras pécuniaires dans lesquels il se
jetait sans cesse. Ses folies finirent par le
mettre dans une position si déplorable
qu'il se tua de désespoir , le 4 octo-
bre 1743.
CARIBALDI (joachim), né à Rome en
1743 , fut le meilleur bouffe chantant de
son temps. Lorsque Devismes fit revenir
les bouffons à Paris , en 1778, Caribaldi
fut compris dans la composition de la
troupe. Voici ce qu'en dit La Borde {Essai
sur la musique , tom. 3, pag. 319 ). « Il
« met dans ses rôles toute l'expression
« qu'une musique parfaitement rendue
« peut leur procurer ; une voix naturelle,
u douce , extrêmement souple ; une exécu-
<t tion variée et pleine d'agrémens , l'art
« de déclamer parfaitement et de pronon-
«t cer supérieurement : voilà ce qui distin-
ct gue particulièrement Caribaldi, et l'a fait
« accueillir avec transport sur le théâtre
« de Paris, quoique les Français ne soient
« pas encore au point de connaître tout
« son mérite. »
CAPiIO(jean-henri), musicien du con-
seil et veilleur de la tour de l'église Sainte-
Catherine, à Hambourg, naquit en 1736
à Eckernforde, dans le Holstein. A l'âge
de quatre ans il fut conduit à Hambourg ,
où il passa successivement sous la direction
de trois maîtres célèbres, Telemann, Char-
les-Philippe-Emmanuel Bach, et Schwenke.
Le dernier lui enseigna à jouer de la trom-
pette , et Cario acquit sur cet instrument
une habileté si grande , qu'on peut le con-
sidérer comme un des artistes les plus ex-
traordinaires qu'il y ait eu pour cet instru-
ment. Tous les sons qu'il en tirait étaient
égaux en pureté , en force ou en douceur.
Son agilité , sa précision dans les traits
étaient incomparables. Il avait inventé
une sorte de trompette à clefs avec laquelle
il jouait dans tous les tons. Il se créait lui-
même des difficultés inouies sur la trom-
pette, pour avoir le plaisir de les vaincre,
4
50
CAR
CAR
Ainsi , Gerber rapporte {Neues Lexik. der
Tonk. ) qu'on l'entendit un jour exécuter
un grand prélude en mi bémol mineur.
Sans doute il se servait de la main pour
former quelques demi-tons , mais son mé-
rite n'en est pas moins grand s'il a pu
donner aux notes presque boucbées une
force qui approchait des sons ouverts.
Cario vivait encore en 1800 , et quoiqu'il
fût âgé de soixante-quatre ans , il n'avait
rien perdu de son talent.
Son fils , Jean-Pierre-Henri , organiste
de l'église Anglicane , à Hambourg , s'est
fait connaître par une marche pour le
piano , publiée chez Cranz , dans la même
ville, par des variations sur une chanson
de YEgmont, de Goethe , composée par
Reiehardt (chez Boehme, à Hambourg) ,
et par quelques autres petites pièces.
CARISSIMI ( jacques), compositeur
célèbre , naquit à Padoue vers 1582. On
ignore le nom du maître qui le dirigea
dans ses études : quel qu'il soit , il est
vraisemblable que Carissimi ne dut guère
qu'à lui seul le talent qu'il acquit dans
son art , car on remarque dans ses ou-
vrages plus d'invention que de savoir dans
l'ancien style des écoles d'Italie. Il n'a
été recueilli que peu de renseignemens
sur la vie de ce grand artiste : peut-être
en trouverait-on davantage dans les no-
tices sur les maîtres de l'école romaine,
par Octave Pitoni ; mais ces notices , res-
tées en manuscrit dans la bibliothèque du
Vatican , sont cachées à tous les yeux.
M. l'abbé Baini seul en a eu communica-
tion, mais il n'a dit sur Carissimi que
quelques mots , à propos d'une messe à
douze voix. Le silence que gardent tous
les écrivains sur les événemens de la car-
rière de cet homme célèbre, ne permet pas
de vérifier l'assertion de Le Cerf de la
Vieville de Fresneuse, qui prétend ( Com-
paraison de la musique italienne et de la
musique française , 3me partie , p. 202 ,
Bruxelles, 1706, in-12) que Carissimi
s'était long-temps formé en faisant chan-
ter ses pièces aux Théatins de Paris.
Il est difficile d'ajouter foi à ces paroles ,
car on ne voit point à quelle époque le
compositeur aurait pu venir en France, y
devenir maître de musique des Théatins
de Paris , et y faire chanter long-temps
ses ouvrages. Avant Mazarin , on ne con-
naît guère de musicien italien qui soit
venu en France, si ce n'est Baltazarini;
or, Kircher, qui a fait imprimer sa Musur-
gie, à Rome en 1649, et qui était l'ami
de Carissimi , dit que celui-ci était depuis
long-temps maître de chapelle de l'église
Saint-Apollinaire du collège allemand à
Rome *. On ne comprend pas d'ailleurs
comment Carissimi se serait formé le goût
à Paris , où il était fort mauvais au dix-
septième siècle. Il est donc vraisemblable
que de Fresneuse n'a avancé ce fait singu-
lier que dans l'intérêt de la mauvaise
cause qu'il défendait de la suprématie des
musiciens français sur les italiens.
Gerber ( Historisch - Biographisch.es
Lexik. der Tonkûnstler) , et d'après lui
les autenrs du Dictionnaire des Musiciens
(Paris, 1810), ont dit que Carissimi fut
maître de la chapelle pontificale ; c'est une
erreur que j'ai copiée dans la Revue musi-
cale (t. IV, p. 419). Le fait n'a aucun
fondement, et l'on ne voit pas que cet
artiste ait rempli d'autres fonctions que
celles de maître de chapelle de l'église
Saint-Apollinaire. D'après les renseigne-
mens recueillis par Mattheson , il vivait
encore en 1672, et était alors âgé d'environ
90 ans.
Parmi les compositeurs italiens du dix-
septième siècle , Carissimi est un de ceux
qui ont le plus contribué au perfectionne-
ment du récitatif, mis en vogue depuis
peu de temps par Jules Caccini , Péri et
Monteverde. Il avait de l'affection pour
cette partie de la musique ; c'est à lui que
i JacoLus Carissimu3 eïcellentisslmus , etcelebris famas
*ymplioneta,ecclesi;eSancti Apollinaris collegii Germanici
multorum annorum spalio musica; prœfectus dignissi»
tnus, ctc, (Musurg., 1. 1, p. 603).
CAR
Kircher dut les renseignemens dont il avait
besoin pour traiter du récitatif dans sa
Musurgie. S'il ne fut pas l'inventeur de
la cantate proprement dite, on peut du
moins le considérer comme nn des maîtres
qui contribuèrent le plus efficacement à en
perfectionner les formes , et qui , par la
beauté de leurs ouvrages en ce genre , les
firent substituer aux madrigaux , dont le
système ne se trouvait plus en barmonie
avec le style pathétique et dramatique que
l'invention de l'Opéra avait mis à la mode.
Le cbant de Carissimi a de la grâce ; on y
remarque surtout une expression vraie et
spirituelle , soutenue par une harmonie
qui , sans être aussi savante que celle des
maîtres de l'ancienne école romaine,
est cependant très pure. Sa musique est,
de toute évidence , le type de la musique
moderne. Perfectionnée par ses élèves Bas-
sani, Cesti, Bononcini, et surtout par
Alexandre Scarlatti , sa manière a conduit
par degrés au style de la musique du dix-
huitième siècle. Aussi fécond qu'original ,
Carissimi a écrit un nombre considéra-
ble de messes , de motets , de cantates et
d'oratorios 5 maison n'a imprimé qu'une
faible partie de ses ouvrages ; de là leur
excessive rareté. J'ai recueilli sur ces
productions les renseignemens qu'on va
lire :
1° La bibliothèque de M. l'abbé San-
tini , de Rome , renferme deux recueils de
motets à deux, trois et quatre voix compo-
sés par Carissimi , et publiés à Rome , en
1664 etl667; 2° Missœ 5 et 9vociuncum
selectis quibusdam cantionibus } Cologne,
1665 et 1666, in fol. 3° Sous le numéro
235 du catalogue de la musique du docteur
Burney, on trouve un volume manuscrit
qui contenait des messes de Carissimi en
partition ; 4° Lauda Sion, à huit voix, en
manuscrit (bibliotbèque de M. l'abbé San-
tini); 5° JVisi dominus , à huit voix,
{Idem); 6° Messe à douze voix sur la
chanson de l'homme armé. Cette messe ,
qui est vraisemblablement la dernière qu'on
a écrite sur cette mélodie , existe en Mss.
CAR
51
dans les archives de la chapelle pontifi-
cale à Rome ( Voyez les Mém. sur la vie
et les ouvrages de Pierluigi de Palestrina,
par M. l'abbé Baini, t. I , n° 451). La
bibliothèque royale de Paris possède en
manuscrit plusieurs oratorios de Carissimi,
dont les titres suivent : 7° Histoire de
Job, à trois voix et basse continue ; 8° La
plainte des Damnés , à trois voix , deux
violons et orgue : cette pièce a eu une
grande célébrité ; 9° Ezéchias , à quatre
voix , deux violons et orgue ; 10° Baltha-
zar, à cinq voix, deux violons et orgue j
11° David et Jonathas , à cinq voix, deux
violons et orgue; 12° Abraham et Isaac,
à cinq voix et orgue; 15° Jephtè , à six et
sept voix. Cet ouvrage passe pour le chef-
d'œuvre de Carissimi. Kircher a publié un
fragment du chœur Plorate filii Israël,
de cet oratorio , comme un modèle d'ex-
pression douloureuse (V. Musurg , t. I,
p. 604 et seq. ); ce morceau est en effet
fort beau; 14° Le Jugement dernier, à
trois chœurs , deux violons et orgue ; 15° Le
mauvais riche } à deux chœurs , deux vio-
Ions et basse ; 16° Jonas , à deux chœurs,
deux violons , et basse. Je ne cite point ici
l'oratorio de Salomon , que Le Cerf de la
Vieville de Fresneuse et quelques autres
auteurs ont attribué à Carissimi, et qui est
de Cesti. La bibliothèque du conservatoire
royal de musique de Paris possède en
deux volumes in-folio manuscrits beau-
coup de motets et de cantates de Carissimi.
On trouve aussi dans ces volumes quel-
ques pièces comiques où ce compositeur a
mis beaucoup d'esprit. Ces pièces sont :
17° Les Cyclopes , à trois voix; 18° Tes-
tament d'un âne, plaisanterie à deux
voix; 19° Plaisanterie sur l'Introït de la •
messe des morts, canon à deux voixj
20° Plaisanterie sur la barbe , à trois
voix. Parmi ces pièces , on trouve la décli-
naison du pronom latin hic, hœc , hoc,
à quatre voix ; M. Choron l'a fait graver
sous le nom de Carissini , mais il est de
Dominique Mazzoccbi , et c'est sous le
nom de ce dernier qu'il a été imprimé en
4*
52
CAR
CAR
1643 ; 21° Vingt-deux cantates de Caris-
simi, pour voix seule avec basse continue,
ont été gravées à Londres au commence-
ment du dix-huitième siècle , d'après un
manuscrit original qui a passé ensuite
entre les mains de Burney , et qui n'a été
vendu après sa mort que pour la modique
somme de 1 livre 2 schellings (environ
27 francs 50 centimes ) , tandis que d'au-
tres objets de peu de valeur ont été portés
à des prix escessifs. Il paraît que Burney
n'avait fait l'acquisition de ce manuscrit
qu'après la publication du quatrième vo-
lume de son Histoire de la musique , car
les fragmens des cantates qu'il y a publiés
ont été tirés d'un manuscrit de l'église du
Christ à Oxford. On trouve ces fragmens
avec une analyse de leurs beautés ,
pag. 143-150 du même volume. Hawkins
a aussi publié dans son Histoire générale
de la musique (tom. IV, pag. 489) un
petit duo de Carissimi. Quelques motets
de ce compositeur ont été insérés dans la
collection publiée à Bamberg, en 1665,
par le P. Spiridione , sous le titre de
Musica Romana, Dans la collection des
Airs sérieux et à boire, imprimée par Bal-
lard, on trouve quelques morceaux de
Carissimi sur lesquels on a parodié des pa-
roles françaises. Stevens a aussi placé
quelques motets du même auteur dans son
recueil intitulé Sacredmusic, et en dernier
lieu , le docteur Crotch a placé des mor-
ceaux de ce maître dans ses Sélections of
music. Le docteur Àldrich avait rassemblé
une collection presque complète des œuvres
de Carissimi ; eHe est maintenant dans la
bibliothèque du collège du Christ , à Ox-
ford. Plusieurs volumes, qui contiennent
un grand nombre de pièces de ce composi-
teur se trouvent au Musée Britannique ,
sous les numéros 1265, 1272 et 1501.
Forkel ( Allgem. Litter. der Musik )
et Gerber (Neues Hist. Biog. Lexik. der
Tonkunstler ) indiquent une traduction
allemande d'un petit traité de l'art du
chant composé par Carissimi. Cette tra-
duction a pour titre : Ars cantandi, dass
ist richtiger und Ausfithrlicher Weg ,
die Jugend aus dem rechten Grundin der
Singkunst zu unterrichten. Aus den ita-
liœnischen ins deutsch ilbersetz von
einem musikfreund. Augsbourg , 1696 ,
in-4°. Cette édition est la troisième : on
ignore les dates des deux premières. Il y
en a une de 1708 : la sixième est de 1731,
et la dernière de 1753. Elles sont toutes
imprimées à Augsbourg. Il ne paraît
pas que l'original italien d'après lequel
cette traduction a été faite, a été im-
primé. Vraisemblablement quelque copie
fournie par un élève de Carissimi a servi
de texte.
CABL (berthe), née à Berlin en 1802,
fut élevée au couvent de Sainte-Louise, in-
stitution de charité pour les enfans pau-
vres et les orphelins. Quelques amateurs
de musique qui avaient remarqué sa bonne
qualité de voix , la recommandèrent à l'at-
tention du comte de Bruhl , qui lui fit
faire des études de chant sous la direction
de la cantatrice madame Schmalz. Cepen-
dant mademoiselle Cari resta plusieurs
années au théâtre royal de Berlin , sans
faire de remarquables progrès. Benvoyée
de ce théâtre , elle alla chercher un enga-
gement à Francfort-sur-le-Mein; là, un
riche négociant devint son protecteur et
lui fournit les moyens d'aller en Italie
achever son éducation. Elle se rendit à
Milan , y prit des leçons de chant de Ban-
derali et de quelques autres maîtres. De-
puis ce temps , elle a chanté avec succès
sur plusieurs théâtres italiens, s'est rendue
ensuite en Espagne , s'est fait entendre
avec succès à Cadix, à Madrid, puis à
Londres, Paris, Bruxelles, etc. En 1835,
elle est retourné à Berlin , précédée d'une
grande renommée qui exagérait un peu
son mérite. Elle y a donné avec succès
quelques représentations où elle a chanté
les rôles de Desdemona , Sémiramis ,
Donna Anna, etc.; elle n'a point eu de-
puis lors d'engagement fixe.
CABLANI (charles) , né à Bologne en
1738, fut élève d'Antoine Bernacchi , et
CAR
CAR
63
devint l'un des plus célèbres ténors de
l'Italie. Il brillait encore en 1780.
CARLETON (richakd), bachelier en
musique de l'université d'Oxford , né dans
la seconde moitié du seizième siècle, a pu-
blié à Londres, en 1602, un œuvre de
madrigaux à cinq voix. On trouve aussi
quelques-unes de ses pièces dans la collec-
tion intitulée Le triomphe cCOriane.
CARLETTI (mathieu césar), composi-
teur du seizième siècle dont on trouve des
chansons à huit voix dans les collections
publiées à Anvers par P. Phalèse , par-
ticulièrement dans le recueil qui a pour
titre : Canzonetle a la romana da diversï
eccellentissimi musici a sel e otto voci,
Anvers, 1606, in-4°oblong.
CARLI RUBBI (jean-renaud), comte,
naquit à Capo-d'Istria , au mois d'avril
1720. Ses études se tournèrent vers la phy-
sique et les sciences exactes; à l'âge de
vingt-quatre ans il obtint une chaire d'as-
tronomie qui venait d'être créée par le
sénat de Venise. Après avoir passé sa vie
dans des travaux scientifiques et des alter-
natives de bonne et de mauvaise fortune ,
il mourut à Milan , président émérite du
conseil de commerce et d'économie publi-
que, le 22 février 1795. Le comte Carli
s'est rendu célèbre par son Traité des
monnaies } qui a eu de nombreuses édi-
tions. Dans la collection de ses œuvres ,
publiée à Milan, 1784 à 1790, 15 vol.
in-8°, on trouve : Osservazioni sulla
musica antica e moderna, tome XIV,
pag. 329-450. Il y agite la question Si
les anciens ont connu le contrepoint.
CARLIER ou CHARLIER (égide) , en
latin Carlerius y docteur en théologie,
doyen de l'église cathédrale de Cambrai ,
dans la deuxième moitié du quinzième siè-
cle , fut envoyé comme assesseur au con-
cile de Bâle. Il mourut à Paris en 1472.
On trouve parmi les manuscrits de la bi-
bliothèque royale de Paris (n° 7212 A
in-fol. ) un ouvrage dont il est auteur , et
qui a pour titre : Traclatus de lande et
utilitate musicœ. C'est un livre de peu de
valeur. Il est dédié au pape Clément V.
On en trouve une copie manuscrite dans
la bibliothèque de l'université de Gand.
CARLO (je'rome) , musicien né à Reg-
gio , dans la première moitié du seizième
siècle , s'est fait connaître par la publica-
tion d'une collection de motets à cinq voix,
de divers auteurs célèbres, tels queTbomas
Crequillon, Clément non papa } Jachet de
Mantoue et Hippolyte Ciera. Cette collec-
tion qui a pour titre : Motetli del Labi-
rinto, est divisée en deux parties. La pre-
mière qui contient trente-et-un motets , a
paru à Venise, chez Jérôme Scoto, en
1554, in-4°obl. La seconde, renfermant
trente-cinq pièces, a été publiée l'année
suivante.
CARLOS (jean), médecin espagnol,
vivait à Lerida au commencement du dix-
septième siècle , et y a fait imprimer en
1626 : La guitara espanola de cinque
ordenes (la guitare espagnole accordée
de cinq manières).
CARLSTADT (jean), né àVanern,
village de la Thuringe , vers la fin du
seizième siècle, s'est fait connaître comme
compositeur par la publication d'un ou-
vrage intitulé : Gestliche und weltliche
Lieder mit 3 , 4 und 5 Stimmen ( chan-
sons spirituelles et mondaines , à 3, 4 et 5
voix). Erfurt , 1609, in-4°.
CARNEIRO (fr. manuel), carme,
excellent organiste ; naquit à Lisbonne ,
vers le milieu du dix-septième siècle, et
mourut en 1695. Machado (Bibl. Lusit.
tom. III , pag. 214 ) cite de lui les ouvra-
ges suivans, qui sont restés en manuscrit :
1° Responsorios e liçoens das matinas
de Sabbado Santo , a 2 coros ; 2° Respon-
sorios das matinas de Paschoa , a 2
coros; 3° Missa de defuntos , etc.; a 2
coros; 4° Psalmos } motetes e vilhan-
cicos a diversas vozes.
CARNICER ( raimond ) , compositeur
espagnol , directeur de musique actuel de
l'Opéra de Madrid , est né, dit-on, dans
l'Estramadure, et après avoir appris les
premiers principes de la musique dans un
54
CAR
couvent , a reçu des leçons de composition
de Dovagué, chanoine de l'église cathé-
drale de Salamanque, et maître de cha-
pelle de cette cathédrale. Doué d'un génie
original et de beaucoup de facilité, Carnicer
a appliqué ses facultés à la musique de
théâtre, ce qui était presque sans exemple
chez les musiciens espagnols. Son style est
vigoureux , plein de traits saillans, mais
inégal et un peu trop fortement empreint
du caractère rhythmique de la musique
espagnole. Au reste , je ne prétends pas
donner à ce jugement plus de poids qu'il
n'en mérite, car je ne connais de Carnicer
que cinq ou six morceaux de son opéra
Elenay Constantino, et des airs détachés.
Cet opéra a obtenu un brillant succès à
Madrid. Adèle de Lusinedno n'a pas été
moins bien accueilli par le public. Quel-
ques autres ouvrages dramatiques du même
compositeur ont précédé ceux-là, ou les
ont suivis; j'en ignore les titres. En 1828,
l'administration de l'Opéra de Madrid
ayant été changée , les nouveaux entrepre-
neurs donnèrent à M. Carnicer l'emploi de
directeur de musique, précédemment oc-
cupé par Mercadante ; depuis lors , il est
resté en possession de cette place.
CARNOLI (Elisabeth), cantatrice,
naquit en 1772 à Manheim , où elle prit
des leçons de la célèbre madame Wen-
deling. A l'âge de 12 ans, en 1784, elle
commença à voyager dans toute l'Allema-
gne, et excita partout l'admiration par
la beauté de sa voix et la pureté de son
chant. La princesse Palatine, qui en fut
charmée , l'attacha à son service en qua-
lité de femme de chambre. Elle touchait
encore les émolumens de cet emploi en
1811. En 1807 elle épousa à Manheim
Eisemmenger , musicien, de la cour du
grand-duc de Bade»
CAROLI ( angelo) , compositeur né à
Bologne vers le commencement du dix-hui-
tième siècle, a donné en 1728 un opéra
intitulé Amor nalo ira l'Ombre , et quel-
ques années après une sérénade qui a été
vantée. On connaît aussi de lui Messa a
CAR
4 voci con stromenti, Bologne , 1766, et
un Credo à quatre voix avec orchestre, en
manuscrit.
C ARON (fiemin) , célèbre compositeur et
contrapuntiste du quinzième siècle, est au
nombre des artistes qui ont le plus contri-
bué aux progrès de la musique à cette épo-
que. Sa patrie n'est pas exactement connue;
Tinctor, qui en parle en plusieurs endroits
de son Proportionale et en d'autres ouvra-
ges, ne fournit aucun renseignement à cet
égard ; Hermann Finck se borne à le nom-
mer, dans sa Practica musica. Cependant,
on croit qu'il était né en France , où il y
a plusieurs familles de son nom , mais on
est réduit à des conjectures sur ce sujet.
D'ailleurs , il y a eu aussi une famille du
nom de Caron dans les Pays-Bas; car dans
le registre n° 4 des chartes du Brabant ,
on trouve (fol. 106) une commission de
garde et concierge de l'hôtel du duc de
Brabant, accordée à Jean Caron , sous la date
de 1470. Peut-être ce Jean Caron était-il
parent du célèbre musicien. Quoi qu'il en
soit , il est certain que celui-ci fut contem-
porain de Domart ou Domarto , de Bus-
nois, de Faugues, de Régis, d'Ockeghem ,
d'Obrecht , de Cousin , de Courbet , de
Puylois et de beaucoup d'autres artistes
distingués qui brillèrent dans le milieu du
quinzième siècle. Par un passage du Pro-
portionale de Tinctoris , on voit aussi
qu'il eut pour maître de musique Egide
Binchois ou Guillaume Dufay , et consé-
quemment qu'il a dû naître au plus tard
vers 1420. On avait cru qu'il ne restait
plus rien des œuvres de ce vieux maître ,
mais M. l'abbé Baini nous a appris , dans
ses mémoires sur la vie et les ouvrages de
Pierluigi de Palestrina , que plusieurs
messes de Firmin Caron se trouvent dans
un volume manuscrit des archives de la
chapelle Pontificale, sous le n° 14. Parmi
ces messes, il y en a une sur la chanson de
l'Homme armé. Un manuscrit qui est
en la possession de M. Guilbert de Pixéré-
court , littérateur français ( Voyez l'article
Busnois ) renferme aussi plusieurs chan-
CAR
CAR
55
sons et motets de Caron , que l'auteur de
cetteBiographie a traduits en notation mo-
derne et mis en partition. On trouve dans
ces morceaux des traces delégance dans
le mouvement des parties : sous ce rap-
port , Caron est supérieur à Ockeghem et
à Busnois.
CAROSO (marc fabrice), né à Sarmo-
neta en Italie , vers le milieu du seizième
siècle , est auteur d'un livre intitulé : Il
Ballerino , diviso in due Trattatl con in-
tavolatura dl Liuto, e il soprano délia
musica nella soneta di ciascun Ballo,
Venise, 1581. Cet ouvrage est intéressant
pour l'histoire de la musique , parce qu'il
contient les airs de danse du seizième
siècle.
CARPANI (jean-antoine) , compositeur
Vénitien , vécut vers le milieu du dix-sep-
tième siècle. Il s'est fait connaître par une
collection de motets fort bien faits, qu'il a
publiés sous ce titre : Motetti a quattro
voci, canto, allô , tenore, basso, col ri-
volto alla duodecima del basso in canto.
Rome , 1664.
CARPANI ( gaetano ) , maître de cha-
pelle de l'église del Gesu et des autres
églises des Jésuites, à Rome , vécut vers le
milieu du dix- huitième siècle, et fut re-
nommé comme professeur de composition.
Il fut le maître de Jannaconi , composi-
teur romain d'un grand mérite. Carpani a
laissé en manuscrit beaucoup de composi-
tions pour l'église, parmi lesquelles on
remarque : 1° Trois messes à trois voix;
2° Neuf messes à quatre; 3° Quatre messes
à cinq; 4° Deux messes à huit; 5° Le
psaume Dixit Dominus , à huit voix,
avec orchestre; 6° Le même psaume à huit
voix, sans instrumens; 7° Sept offertoires
à trois et à quatre voix ; 8° Plusieurs mo-
tets à 2 voix ; 9° Le psaume Credidi , à
quatre voix , avec orchestre; 10° Dixit , à
quatre voix; 11° Beatus vir , à quatre
voix ; 12° Confilebor pour soprano et con-
tralto avec chœur ; 15° Litanies à quatre
voix.
Il y a eu aussi un maître de chapelle à
Bologne, nommé Carpani (Jean -Luc),
ou Carpioni, qui a fait représenter dans
cette ville, en 1673 , un opéra intitulé
Antioco.
CARPANI (joseph) , né dans un village
de la Briansa, en Lombardie, fit ses études
à Milan , sous les jésuites auxquels il resta
toujours attaché. Destiné par son père à
être avocat , il ne se sentait point de fout
pour cette profession, et son penchant pour
les arts et les lettres l'emporta sur la vo-
lonté de sa famille. Il publia d'abord quel-
ques essais de poésie, et fit jouer une comé-
die qui avait pour titre I conti dAigliato .
Cette pièce qu'on attribua au P. Molina ,
auteur de quelques pièces dans le dialecte
milanais , fut bien accueillie et procura à
Carpani l'occasion d'écrire les drames des-
tinés à être représentés à la cour de l'ar-
chiduc , sur le théâtre impérial de Monza.
La Camilla , mise en musique par Paër ,
l'Uniforme , l'Amor alla persia?ia} Il
Miglior dono, Il giudizio di Febo, l'In-
contro, parurent successivement. Décrivit
aussi l'oratorio de La passione di iV. S.
Gesii Christo } qui fut mis en musique
par Weigl , Pavesi et quelques autres
compositeurs. La révolution française dé-
tourna pendant quelque temps Carpani du
théâtre; il se fit journaliste et donna, dans
la gazette de Milan , des articles où il atta-
quait la France avec violence. Lors de la
conquête de l'Italie par le général Bona-
parte, il suivit l'archiduc à Vienne, v fut
attaché comme poète au théâtre impérial ,
et y obtint du gouvernement une pension
qu'il conserva jusqu'à sa mort, arrivée le
22 janvier 1825. Carpani a traduit en
Italien plusieurs opéras français et alle-
mands; il est aussi l'auteur de la version
italienne de la Création } de Haydn. Ses
liaisons avec ce grand musicien le déter-
minèrent à rendre hommage à sa mémoire,
par un volume de lettres biographiques et
critiques qu'il publia sous ce titre : Le
Hajdine , ovvero lettere su la vita e le
opère del célèbre maestro Giuseppe
Haydn (LesIIaydines3oulettres sur la vie et
56
CAR
]es ouvrages du célèbre compositeur Joseph
Haydn), Milan, 1812, in-8° avec le por-
trait de Haydn. Ces lettres intéressantes
sont écrites d'un style élégant et pittores-
que. Une nouvelle édition , augmentée et
revue par l'auteur, a paru à Padoue en
1823, in-8°de307 pages, à la typographie
de la Minerve. Les notes ajoutées à cette
édition sont presque toutes relatives à Ros-
sini. Un plagiaire impudent a traduit ces
lettres en français et les a données comme
un ouvrage original (Voy. Bombet ) ,-mais
Carpani réclama hautement dans les jour-
naux, et le plagiaire en fut pour la honte.
Carpani est aussi l'auteur de plusieurs
lettres sur Rossini qui furent d'abord insé-
rées dans les journaux italiens et alle-
mands , et qu'il a réunies depuis sous le
titre de Le Rossiniane, ossia leltere mu-
sico-ieatrali , Padoue, de la typographie
delà Minerve, 1824, 130 pages in-8° ,
avec le portrait de Rossini. Un enthou-
siasme qui ne connaît point de bornes , et
l'absence de notions positives sur l'art
musical se font remarquer dans cette pro-
duction. Dans cet ouvrage , comme dans
son livre sur l'Imitation de la peinture ,
Carpani montre un esprit étroit et rempli
de préventions, dont il avait déjà donné des
preuves dans ses articles contre la révolu-
tion française insérés dans la Gazette de
Milan. Ses préjugés en faveur de la musi-
que de Rossini sont aussi peu raisonnables
que ceux d'un autre écrivain italien
(M. Majer de Venise) contre ce célèbre
musicien . On a publié un opuscule intitulé :
Lettera ciel prof essore Giuseppe Carpani
sulla musica di Gioacchino Rossini,
Roma , nella tipografia di Crispino Puc-
cinelli , 1826, 63 pages in-8° ; cette lettre
prétendue de Carpani n'est qu'un extrait
fait par un anonyme de quelques articles
des Rossiniennes.
CARPENTIER (joseph), musicien à
Paris, dans la seconde moitié du 18e siè-
cle, est auteur d'un ouvrage qui a pour
titre : Instructions pour le cyslre ou la
guitare allemande , Paris, 1770. Cet ar-
CAR
tiste avait vraisemblablement cessé de vi-
vre, en 1788, car il ne figure pas dans la
liste des professeurs de musique , publiée
dans le Calendrier musical universel, ré-
digé par Framery , cette même année.
CARPENTIER (le), professeur de vio-
lon à Paris , mort en cette ville , en 1827
ou 1828, a publié une. Méthode de violon,
Paris , Frey. M. Lichtenthal a confondu
mal à propos ce musicien avec le précé-
dent.
CARPENTRAS. Voy. GENET (elea-
zar).
CARRARA (michel) , compositeur ita-
lien du 16e siècle , est connu par quelques
madrigaux insérés dans la collection qui a
pour titre : De' Floridi Virtuosi d'Italia
il terzo libro de' Madrigali a cinque
-voci nuov ameute compostiedati in luce ,
Venise, 1586. On a aussi de ce musicien,
qui paraît avoir vécu à Rome (au moins
jusqu'en 1608 , car il dédia dans cette
année, au comte de Sarno ) , une instruc-
tion sur l'art de jouer du luth , en une
grande feuille qui fut publiée dans cette
ville.
Il ne faut pas confondre cet artiste avec
J ean- Michel Carrar a , de Bergame, écri-
vain du 15e siècle, auteur d'un livre inti-
tulé : De Choreis Mus arum, sive de
Scientiarum origine, qui se trouve en ma-
nuscrit dans la bibliothèque de Saint-Marc
de Venise. Il est traité de la musique dans
cet ouvrage. Peut-être ces deux Carrara
étaient-ils de la même famille.
CARRE (louis) , géomètre français , de
l'Académie des Sciences, naquit en 1663 ,
à Clofontaine , village de la Brie. Simple
laboureur , son père n'eût pu fournir aux
dépenses qu'exigeaient ses études , si le P.
Malebranche, qui avait deviné les disposi-
tions du jeune homme, ne l'eût pris pour
secrétaire , et ne lui eût donné des leçons
de mathématiques et de philosophie. Carré
fut admis à l'Académie des Sciences , en
1697, et mourut le 11 avril 1711. Il a
donné dans les Mémoires de l'Académie
des Sciences : 1° Théorie générale du
CAR
CAR
57
son, sur les différens accords de la mu-
sique, et sur le monocorde ( Histoire de
l'Académie royale des sciences, an 1704,
p. 88); 2° Traité mathématique des cor-
des par rapport aux instrumens de mu-
sique, id., an 1706, p. 124; 5° De la
proportion que doivent avoir les cylin-
dres, pour former par leurs sons les ac-
cords de musique, Mém. de l'Acad.,1709,
p. 47. Carré avait été chargé par l'abbé
Bignon de faire la description de tous les
instrumens de musique en usage en France,
mais sa mort prématurée l'empêcha de ter-
miner ce travail ; il ne donna que la des-
cription du clavecin , dans l'histoire de
l'académie, an. 1702, p. 157.
CARRE (remi) , moine bénédictin de
l'ancienne observance, naquit à Saint-Fal,
diocèse de Troyes , le 20 février 1706. 11
fit ses vœux dans l'abbaye de St.-Amand
de Boixe , et devint chantre titulaire de
celle de Saint-Lignaire. Dans la suite , il
obtint le prieuré de Berceleux , diocèse de
la Rochelle, et la place de sacristain du
couvent de la Celle, diocèse de Meaux. On
a de ce moine : 1° Le maistre des novi-
ces dans l'art de chanter, ou règles gé-
nérales, courtes , faciles et certaines pour
apprendre parfaitement le plein-chant
(sic). Paris, 1744, in-4°. La seconde édi-
tion , revue et augmentée de la clef des
psaumes, par Foynard, a été publiée à
Paris , en 1755 , in-12. On lit dans la
Biographie universelle de MM. Michaud,
que ce livre est curieux ; c'est en effet un
assez bon ouvrage ; il y a de l'érudition
dans les chapitres où il est traité de quel-
ques usages dans la manière de chanter les
offices. On y trouve aussi des choses utiles
sur la conservation de la voix et la guéri-
son de ses maladies. Les chapitres 12 à 18
renferment beaucoup de pièces de plain-
chant. 2° Recueil curieux et édifiant sur
les cloches de l'église , Cologne (Paris) ,
1757 , in-8° {V. Barbier, Examen criti-
que et complément des dictionnaires his-
toriques, etc., t. 1, p. 172.)
CARREIRA (antoine), maître de cha-
pelle des rois de Portugal , Sébastien et
Henri , mourut à Lisbonne en 1599. La
bibliothèque du roi de Portugal renferme
des lamentations et des motets de sa com-
position , en manuscrit.
CARTARI (le p. julien), moine fran-
ciscain, fut maître de chapelle du couvent
de St. -François , à Bologne, en 1588. Il
a publié à Venise : 1° Missarum quinque
vocum , lib. 1 ; 2° Missœ et Motecta, 8 ,
9 vocum.
CARTAUD DE LA VILLATE (Fran-
çois), chanoine d'Aubusson, né dans cette
ville, renonça à son bénéfice pour se reti-
rer à Paris , où il est mort en 1737. Il a
publié des Pensées critiques sur les ma-
thématiques (Paris, 1733, in-12), dans
lesquelles il essayait de démontrer que
cette science n'est point exempte d'erreur,
et qu'elle a peu contribué à l'avancement
des beaux-arts et particulièrement de la
musique. On a aussi de cet écrivain, un
livre qui a pour titre : Essai historique et
philosophique sur le goût, Paris, 1736 ,
in-12, et Londres (Paris) , 1751 , in-12.
La seconde partie de cet ouvrage contient
des réflexions sur la musique en général ,
sur la musique italienne et française,
et sur les changemens introduits dans
celle-ci.
C ARTELLIERI(joseph) ,né enToscane,
vers le milieu du 1 8e siècle, fut un chan-
teur distingué. Sa voix était un ténor pur
et sonore : on le comparait à Raff , pour
l'expression etla facilité. En 1783, il était
au service du duc de Mecklembourg Stre-
litz : on leretrouveàKœnigsberg,enl792;
mais on ignore ce qu'il est devenu depuis
lors.
CARTELLIERI (madame). F.BOEHM
(e'lisabeth).
CARTELLIERI (A.),fils des précédens,
maître de chapelle du prince de Lobko-
•witz, a fait son éducation musicale à Ber-
lin. Son premier ouvrage fut un petit
opéra , qu'il fit jouer en 1793 , dans cette
ville, sous le titre de Geeslerbeschworung.
Cette composition obtint du succès et fut
58
CAR
CAR
exécutée sur plusieurs théâtres. Il s'y
trouve une romance qui était toujours re-
demandée. Cartellieri se rendit ensuite à
Vienne , et y fit exécuter au Théâtre-Na-
tional, le 19 mars 1795, l'oratorio de
Gioas, re di Giuda , en deux parties . Les
autres ouvrages de ce compositeur sont :
1° Une cantate intitulée Contimar et
Zora , écrite à Berlin , en 1 792 ; 2° An-
toine, opérette, en 1796 ; 3° Deux sympho-
nies à grand orchestre, à Darmstadt, en
1793; 4° Concerto pour flûte, ibid.,1795;
5° Concerto pour flûte, Berlin, Hummel,
1796, op. 7; 6° Nocturne pour 2 violons,
alto, hasse, flûte, hautbois, clarinette,
basson, 2 cors, 2 trombones et timbales,
en manuscrit chez Traeg , à Vienne.
CARTER (thomas) , chanteur, pianiste
et compositeur , naquit en Irlande , en
1768. Ayant manifesté d'heureuses dispo-
sitions pour la musique dans son enfance,
le comte de Inchiquin le prit sous sa pro-
tection , et lui fit faire de bonnes études
musicales. A l'âge de dix-huit ans il pu-
blia son premier ouvrage, qui consistait en
six sonates pour le clavecin. II quitta l'An-
gleterre dans sa jeunesse , et se rendit à
Naples, où il perfectionna son goût et son
savoir. La passion des voyages lui fit pren-
dre ensuite la résolution de se transporter
dans l'Inde : il y fut cbargé de la direction
de la musique au Bengale ; mais sa santé
s'altérant par la chaleur du climat , il fut
obligé de retourner en Angleterre. Le di-
recteur du théâtre de Drury-Lane l'en-
gagea alors à écrire la musique de plusieurs
opéras : ceux qui eurent le plus de succès
furent : The rival Candidates (Le Rival)
et The Milesian (Le Milésien). Mais c'est
surtout comme compositeur de ballades
que Carter brilla à Londres : on vante par-
ticulièrement celle qui commence par ces
mots : O Nanny , wilt thou gang with
me, et la description d'un combat naval :
Stand to jour guns my hearts of oak,
devenue célèbre. Toutefois l'auteur ne fut
pas toujours aussi heureux qu'il méritait
de l'être par son talent. Il n'était pas éco-
nome et se trouvait souvent dans de fâ-
cheuses positions. Dans un de ces mo-
mens d'embarras , il rassembla quelques
morceaux qu'il avait composés, et chercha
à les vendre; mais il ne put en trouver
une seule guinée ; dans son dépit , et pour
se venger , il écrivit sur une feuille de
vieux papier de musique un morceau à la
manière et dans le style de Handel , en
imitant son écriture. Il l'offrit ensuite,
comme un manuscrit de ce grand maître,
à un marchand de musique , qui n'hésita
pas à en donner vingt livres sterling. Carter
est mort d'une maladie de foie, au mois de
novembre 1804. Ses principaux ouvrages
sont : 1° Auld Robin Gray, varié pour le
piano, Londres ; 2° Fair American, petit
opéra ; 3° Leçons et duos pour la guitare ;
4° Deux concertos pour le piano, avec ac-
compagnement d'orchestre, Londres, chez
Bland ; 5° Leçons favorites pour le piano,
Ibid.; 6° Just in Time, opéra, gravé chez
Broderip, à Londres; 7° The Birth Day,
pastorale, 1787; 8° The Constant Maid,
représenté en 1788.
CARTHEUSERIN (marguerite), reli-
gieuse du couvent de Sainte-Catherine , à
Nuremberg , vers le milieu du 15e siècle ,
a écrit huit livres de musique chorale, qui
se trouvent parmi les manuscrits de la bi-
bliothèque de cette ville. Au titre du pre-
mier, on trouve cette note : « JVach Christi
« Geburt CIO CCCC. in dem LVL11.
<c Jahr liât geschreiben diss Buch ,
<c Schwester Margaretha Cartheuserin,
« zu Nutz ihrem Kloster zu S. Kallia-
« rina in Nurnberg , predigter ordens ,
(c bitt Gott vor sie. n (L'an 1458 après la
naissance du Christ, sœur Marguerite Car-
theuserin a écrit ce livre , dans son cou-
vent de Sainte-Catherine , de l'ordre des
carmélites, à Nuremberg, etc.) Le second
livre est daté de 1459 ; le troisième , de
1460; le quatrième, de 1461; le cinquième,
de 1465 ; lesixième, de 1467 ; le septième,
de 1 468 ; et le huitième, de 1470. (V. Sau-
berti Oration. 2 de Biblioth. Norimb.,
p. 94, et Hallerverdi Biblioth. Curios.)
CAR
CAR
m
CARTIER (jean-baptiste) , fils d'an
maître de danse d'Avignon, est né dans
cette ville, le 28 mai 1765 •. II y reçut les
premières leçons de musique de l'abbé
Walraef, chanoine bebdomadier de l'église
paroissiale de Saint- Pierre , vint à Paris ,
en 1783 , fut présenté à Viotti, et devint
élève de ce grand violiniste. Peu de temps
après, la reine, Marie-Antoinette, ayant de-
mandé un accompagnateur au violon,
Viotti indiqua M. Cartier; celui-ci fut
accepté, et conserva cet emploi jusqu'au
commencement des troubles révolution-
naires. Entré à l'Opéra, en 1791, il y de-
vint adjoint du premier violon, joua sou-
vent les solos , et obtint sa pension de
retraite après trente années de service. Pai-
siello l'avait fait entrer dans la chapelle
de Napoléon, en 1804. A la restauration ,
il fut compris dans la composition de la
chapelle du roi , et en fit partie jusqu'à la
révolution du mois de juillet 1830, épo-
que où cette chapelle cessa d'exister. Le
goût des bonnes études pour son instru-
ment, et une connaissance étendue des ou-
vrages des violinistes les plus habiles des
écoles italienne et française , ont fait de
M. Cartier un très bon professeur. Bien
qu'il n'ait point été attaché en cette qualité
au Conservatoire de musique de Paris, il
n'en a pas moins contribué à la formation
des élèves de cette école célèbre, par les
publications qu'il a faites d'ouvrages clas-
siques pour le violon. C'est à lui qu'on doit
les éditions françaises des chefs-d'œuvre
de Corelli , de Pugnani , de Nardini et de
Tartini. La tradition des belles écoles ita-
liennes de violon était presque inconnue en
France, avant ces publications. L'ouvrage
où M. Cartier a rassemblé les documens
les plus précieux sur cette matière a pour
titre : L'art du violon, ou collection
choisie dans les sonates des trois écoles
italienne , française et allemande, etc.,
Paris, Decombe, 1798, in-fol. La deuxième
* C'est par erreur qu'on a fixe , dans quelques biogra-
phies de contemporains, la date de sa naissance au 1G octo-
bre 1767.
édition est intitulée : L'art du violon, ou
division des écoles servant de complémen t
à la méthode de violon du conservatoire,
Paris, 1801, in-fol. Parmi les composi-
tions de M. Cartier, on remarque : 1° Airs
de Richard, du Droit du. Seigneur, et de
Figaro, variés pour le violon, Paris, 1792,
2° Air de Calpigi, idem; 5° Escouto Ja-
netta, idem; 4° Hymne des Marseillais,
idem; 5° Sonate pour le violon, dans le
style de Lolly, œuvre 7e, Paris, 1797 j
6° Caprices ou études pour le violon, ib.,
1800; 7° Six duos méthodiques pour deux
violons, œuvre 11e, Paris, 1801 ; 8° Trois
grands duos dialogues et concertans pour
deux violons, op. 14 , Ibid. Depuis long-
temps M. Cartier s'occupe de recherches
pour une histoire du violon , qu'il a rédigée
et qui contient des choses fort curieuses
et fort intéressantes ; malheureusement il
n'a pu trouver jusqu'ici d'éditeur qui ait
osé se charger de la publication d'un ou-
vrage si considérable et d'un intérêt spé-
cial. M. Cartier a détaché de son livre une
Dissertation sur le violon , qui a été in-
sérée dans la Revue Musicale (tom. III,
p. 103-108). Cet artiste a écrit la musi-
que de deux opéras, dont les livrets avaient
été faits pour lui par Fabre d'Olivet. Le
premier a pour titre : Les fêtes de Myti-
lene ; l'autre, destiné à l'Opéra-Comique ,
était intitulé : L'Héritier supposé. Ces
ouvrages n'ont pas été représentés. M. Car-
tier a aussi en manuscrit des symphonies
et des concertos pour le violon. Il possède
une collection curieuse , de violons et
d'autres instrumens anciens.
CARULLI (Ferdinand), guitariste, est
né à Naples, le 10 février 1770. Le vio-
loncelle fut l'instrument qu'il apprit d'a-
bord; mais il l'abandonna bientôt pour se
livrer à l'étude de la guitare. Il n'y avait
point de maître à Naples qui pût lui en-
seigner cet instrument, et il manquait de
musique : ce fut peut-être un bonheur
pour lui , car, privé de ressources, il dut
s'en créer, et faire des recherches qui lui
firent découvrir des procédés d'exécution
60
CAR
CAR
inconnus jnsqu'à lai. Il faut connaître la
musique de guitare et avoir entendu les
guitaristes de l'époque qui précéda M. Ca-
rulli, pour comprendre les progrès qu'il fit
faire à l'art déjouer de cet instrument.
Cet artiste arriva à Paris au mois d'avril
1818 5 il s'y fit entendre dans quelques
concerts, et obtint de brillans succès.
Bientôt il fut l'homme à la mode , comme
virtuose et comme professeur. Ses compo-
sitions, remplies déformes nouvelles alors,
ajoutèrent à sa réputation , et furent la
seule musique de guitare qu'on joua. lien
publia une immense quantité dans l'espace
d'environ douze ans , car le nombre de ses
œuvres gravées dépasse trois cents. Ces
ouvrages consistent en solos , duos , trios ,
quatuors , concertos , fantaisies , airs va-
riés, etc. On doit aussi à M. Carulli une
méthode de guitare , divisée en deux par-
ties (Paris , Launer) ; elle a été considérée
comme la meilleure qui existât : son succès
fut si brillant , qu'en peu d'années on fut
obligé d'en faire quatre éditions. M. Ca-
rulli a fait aussi paraître un ouvrage ori-
ginal intitulé : L' Harmonie appliquée à
la guitare (Paris , Petit , 1825). C'est un
traité d'accompagnement .basé sur une
théorie régulière de l'harmonie. Aucun ou-
vrage de ce genre n'existait auparavant.
Depuis quelques années , M. Carulli a peu
composé pour la guitare : l'art de jouer de
cet instrument s'est perfectionné; d'au-
tres artistes, plus jeunes, ont obtenu la vo-
gue, autant que des guitaristes peuvent en
avoir.
M. Gustave Carulli, fils de l'artiste dont
il vient d'être parlé , est un professeur de
chant qui jouit à Paris de quelque renom-
mée. Il a passé plusieurs années en Italie,
et a publié quelques morceaux pour le
piano et le chant , en France , en Italie et
en Allemagne : ils ont eu du succès. Il y a
du goût et de la nouveauté dans ses trios
à trois voix récemment publiés.
CARUS (joseph-marie) , théologien et
antiquaire , né à Rome , vers le milieu du
17e siècle, a public un livre qui a pour
titre : Antiqui libri Miss arum Romance
ecclesiœ, Rome, 1691, in-4°. Ony trouve
une dissertation sur le chant des antiennes,
des litanies , du Kyrie Eleyson, des hym-
nes, etc., des premiers chrétiens.
CARUSO (louis) , compositeur , né à
Naples, le 25 septembre 1754, reçut les
premiers principes de la musique de son
père, maître de chapelle d'une église de
Naples , et passa ensuite sous la direction
de Nicolas Sala. Après avoir fini ses études,
il fut nommé maître de la cathédrale de
Pérouse, et directeur de l'école publique de
musique de cette ville. Poussé par un pen-
chant irrésistible vers la musique de théâtre,
il composa un grand nombre d'opéras , et
écrivit dans toutes les villes d'Italie de
quelque importance , particulièrement à
Naples, à Rome, à Bologne , à Venise et à
Milan. S'il ne fut pas un des meilleurs
compositeurs de l'école italienne , il fut au
moins un des plus féconds , comme on en
pourra juger par la notice de ses ouvrages.
l°Opéras. // Barone di Trocchia, Naples,
1773, dans le carnaval; Artaserse, Lon-
dres, 1774 , dans l'été ; Il Marchese vil-
lano , Livourne, 1775, dans le carnaval;
La Mirandolina, Trieste , 1776, dans le
carnaval; La Caffetiera di iS/?info,Brescia,
1777 ; La virtuosa alla moda, Florence,
1777, au printemps ; Il Cavalière magni-
fico } ibid., 1777, à l'automne; La Cre-
dula pastorella } Rome, 1778, dans le
carnaval; II Tutore burlato , Bologne,
1778, à l'automne; .Lacera, Roine,l 779;
L'Amor volubile , Bologne, 1779, au
printemps; La Barca di Padova, Ve-
nise, 1779; Scipione in Car tagena, Rome
1781 ; Ilfanatico per la Musica, Rome
1781; L'albergatrice vivace? Milan
1781 ; Il Marito geloso, Venise, 1781
// Matrimonio in comedia, Milan, 1782
L'inganno, Naples, 1782, au printemps
La Gelosia. Rome, 1785, dans le carna
val; Ilvecchio burlalo, Venise, 1783
Gli Amanti alla prova, Venise, 1784
Gli scherzi délia Jbrluna , Rome , 1784
Le quatlro slagioni , Naples, 1784; /
CAR
CAS
61
puntigli e gelosie fra mariio e moglie ,
Naples, 1784; Giunio Bruto , Rome,
1785, dans le carnaval ; La Parentelari-
conosciuta, Florence, 1785; Le spose
ricuperate , Venise , 1785; Le rivall in
puntiglio, Venise, 1786, dans le carna-
val ; II Poeta melodramatico , Vérone ,
1786; II Poeta di Villa, Rome , 1786,
au printemps ; Lo studente di Bologna ,
Rome, 1786, dans l'été; L'imprésario
fallito , Palerme , 1786, à l'automne;
Alessandro nelle Indie, Rome, 1787,
dans le carnaval; Il Maledico confuso,
Rome, 1787, dans l'automne ; Gli amanti
disperati, Naples, 1787, dans l'automne;
ICampi Elisi, Milan, 17 '88 ; L'Antigono,
l'Imprudente, Rome, 1788, dans le car-
naval et dans l'automne ; La sposa volu-
bile, la Disfatta di Dimtalmo , le due
Spose in contrasto, Rome, 1789 ; L'Am-
leto, Florence, 1790; L'Attalo , Rome,
1790; Gli Amanti alla prova , Milan,
1 790 ; Alessandro nell' Indie , Il Berne-
trio , Venise, 1791 ; La Locandiera as-
tuta, Rome, 1792; Gli Amanti ridi-
coli , Rome, 1793 ; L'Antigono , L'Oro
non compra amorce , Venise , 1794 ;
Il Giuocator del Lotto , Rome, 1795;
La Lodoiska, Rome, 1798; La Tem-
pesta, Naples, 1799; La Donna biz-
zarra, le Spose disperate, Rome , 1800;
Azemiro e Cimene , Rome, 1803; La
Ballerina raggiratrice , Rome, 1805;
LaFuga, Rome, 1809; L'Avviso ai Ma-
ritati, Rome, 1810. 2° Musique d'église.
8 Messes solennelles ; Aid. brèves; Une
messe solennelle des morts ; 4 Messes a
cappella; 3 Dixit ; 5 autres psaumes;
3 Magnificat; 4 Litanies; Tous les psau-
mes des vêpres a cappella ; Deux Mise-
rere; 1 Via crucis; Plusieurs offertoires ;
Les lamentations de Jérémie ; Reaucoup
de motets ; 1 Tantum ergo. 3° Oratorios.
Jeftè, en 1779; Giuditta, Urbino,1781;
La Sconfitta degli Assiri, 1793;// Trionfo
di David, Assise, 1794. 4° Cantates. Can-
tate pastorale pour la fête de Noël; Mi-
nerva al Trasimeno; Il Tempo scuopre
la verità ; Cantate funèbre pour la mort
de 31° N. Ar. Plusieurs hymnes, beau-
coup de morceaux détachés de musique vo-
cale et instrumentale.
CARUTIUS (gaspard-ernest), échan-
son de l'électeur de Brandebourg, et orga-
niste à Custrin , vers la fin du 17e siècle,
a publié un traité de la manière d'exami-
ner et de recevoir légalement un orgue ,
sous ce titre : Examen Organi Pneuma-
tici, oder Orgelprobe, Custrin , 1683.
CASA(girolamo DELL A) , néàUdine,
est auteur d'un traité de musique intitulé :
Il vero modo di diminuire con tut te le
sorte di stromenti ( La véritable manière
de faire des variations sur tous les instru-
inens). Cet ouvrage, excessivement rare,
n'est cité que par Arteaga , dans ses Révo-
lutions du théâtre musical italien (t. I,
p. 200, 2e édit.). Il paraît que Délia Casa
vivait au commencement du 16e siècle.
CAS ALI (louis), prêtre et compositeur,
né à Modène, en 1594, est connu princi-
palement pour un ouvrage intitulé : Gé-
nérale Invito aile grandezza e miraviglie
délia musica, ove per ogni raggion tanto
divina, corne naturale e positiva si mos-
tra la sua antichità e valore , etc., opéra
quarta, Modène , 1629,in-4°. Ce livre
contient vingt chapitres , tous remplis de
louanges sur la musique et sur ses effets.
On y trouve des remarques historiques
assez carieuses.
CASALI (jean-baptiste) , maître de
chapelle de Saint-Jean-de-Latran, à Rome,
fut nommé à cette place , au mois de sep-
tembre 1759 , et la conserva jusqu'à sa
mort , qui eut lieu au commencement de
juillet 1792. Il a composé un grand nom-
bre de messes , d'oratorios , et même quel-
ques opéras , parmi lesquels on remarque
Campaspe, représentée à Venise, en 1740.
11 avait peu d'invention , mais son style
était très pur. Grétry, à son arrivée à
Rome , choisit Casali pour son maître de
composition, et reçut de lai des leçons pen-
dant près de deux ans ; mais , par une de
ces singularités dont il y a quelques exem-
m
CAS
pies , cet homme , doué de la faculté
d'imaginer des chants si heureux, et d'ex-
primer si hien les situations dramatiques ,
n'avait reçu de la nature qu'un faible
sentiment de l'harmonie; aussi Casali,
hien plus frappé de ce défaut que des
qualités précieuses de son élève, en fai-
sait-il fort peu de cas. Lorsque Grétry
partit pour Genève, Casali lai donna une
lettre pour un de ses amis , qui résidait
dans cette ville. Cette lettre (qui se trouve
maintenant dans les mains de M. Lam-
purdi, à Tarin) commence par ces mots :
Caro amico , vi mando un mio scolaro ,
vero asino in musica, che non sa niente,
ma giovane gentil' assai e di buon cos-
tume, etc. (c Mon cher ami, je vous adresse
(c un de mes élèves , véritable âne en
<t musique , et qai ne sait rien ; mais
«jeune homme aimable et de bonnes
« mœurs, etc. » On trouve dans la biblio-
thèque de M. Santini les ouvrages de Ca-
sali , dont les titres suivent : 1° Quatre
messes à quatre parties ; 2° Motets à qua-
tre, dont : Christum regem, Adjuva nos,
Comœdetis, Justus ut palma, Assurnpla
est, etc. ; 3° Trois Dixit à huit ; 4° Un
Dixit à neuf; 5° Trois Dixit à quatre;
6° Beatus vir pour basse solo avec chœur ;
7° Deux Confitebor pour soprano et con-
tralto avec chœur; 8° Beatus vir à qua-
tre ; 9° Laudate pour soprano et chœur ;
10° Beatus vira deux chœurs ; 11° Lau-
date à huit, 12° Ave Maria à huit;
13° Lauda Sion à quatre; 14° Matines
de Noël a quatre; 15° Magnificat a qua-
tre et à huit ; 16° Litanies à quatre avec
orchestre et orgue. On connaît de Casali
un opéra (Campaspe) représenté au théâtre
Saint-Angelo , à Venise, en 1740, et un
oratorio ( Abigail ) , exécuté à Rome , en
1770.
CASATI (girolamo) , compositeur dis-
tingué et maître de chapelle à Mantoue ,
vers la fin du 16e siècle, a publié plusieurs
œuvres de musique d'église. Walther
(Lexihon , oderMusikal. Bibliot.) indique
ceux dont les titres suivent, mais sans
CAS
faire connaître le lieu ni la date de leur
publication : 1° Harmonica? Cantiones a
1, 2, 3, 4 et 5 vocibus,cum Missa, Ma-
gnificat, Litaniis , op. 3; 2° Un recueil
contenant des messes , des psaumes et des
vêpres à 2 , 3 et 4 voix.
CASATI ( François ) , né à Milan vers
la fin du 16e siècle, fut d'abord organiste de
Sainte-Marie-de-la-Passion, de cette ville,
et ensuite de celle de Saint-Marc. Pierre-
François Lucino a inséré quelques motets
de sa composition dans sa collection inti-
tulée : Concerti diversi, etc., Milan, 1616.
On trouve aussi quelques pièces de lui dans
le Parnassus Musicus de Pergameni ,
Venise , 1615.
CASATI (gaspard), compositeur, né à
Venise , au commencement du dix-sep-
tième siècle, a publié les ouvrages saivans :
1 ° Sacri Opus missarum et psalmorum,
4 et 5 vocibus concert. , Venise , 16..;
2° Concento a voce sola, Venise 16..;
3° Plusieurs recueils de motets à 2 , 3 et
4 voix, avec accompagnement de deux vio-
lons ; l'un d'eux porte la date de Venise ,
1645; 5° Sacri concentus , al, 3 et 4
voci; 5° Dans la collection de Boddecker,
intitulée Partitura sacra (Strasbourg,
1651 , in-fol.), on trouve quatre motets
de Casati , à voix seule et basse conti-
nue.
CASATI ( Théodore) , né à Milan vers
1630, fut d'abord maître de chapelle de
l'église de Saint-Fedele, ensuite du Saint-
Sépulcre , et enfin devint organiste de là
cathédrale de Milan , en 1667. Il obtint
aussi plus tard la survivance de la place
de maître de chapelle de la reine Marie-
Anne d'Espagne. Piccinelli (Aten. dei Let-
ter. Milan, p. 122 et 501) dit que Casati
a fait imprimer quatre œuvres de messes
et de motets ; mais il n'indique ni le lieu,
ni la date de ces publications.
CASCIATINI (claude), compositeur de
l'école romaine, a laissé en manuscrit pour
l'église : 2° Laude sacra per la Passione
di G. C, a 4; 2° Missa di Requiem a 3;
3° Missa a qualtro senza organo ;
CAS
4° Beatusvir, à 8 ; 5° Descendit angélus
à 8; 6° Viam mandatorum , à 4.
CASE (jean), né à Woodstock, dan3 le
comté d'Oxford , se rendit fameux dans
l'nniversité de cette ville , par son talent
pour la dialectique, et fut considéré comme
un des plus subtils argumentatears du
16e siècle. Il fnt reçu docteur en philoso-
phie , en 1589, et mourut le 25 janvier
1600. On a de lui : 1° The praise o/Mu-
sick (Eloge de la musique), Oxford,
1586. in-8°; 2° Apologia musices, tant
vocalis quant instrumenlalis et mixtœ }
Oxford, 1588, in-8°. Ce dernier ouvrage
est peut-être une traduction latine du pre-
mier.
CASELLA (. . .), musicien Florentin
du 15e siècle, a été rendu célèbre par un
passage du poème immortel du Dante. Ca-
sella fut le maître de musique de ce grand
poète. Tout porte à croire qu'il fut un
des auteurs de ces Laudl spirituali, dont
les mélodies ont tant de charme et qui
n'ont point vieilli , bien que quelques-uns
de ces cantiques remontent à plus de cinq
cent cinquante ans. Casella a dû enseigner
la musique au Dante, environ vers 127.5;
il fut donc le contemporain d'Adam de
Le Haie; mais il avait cessé de vivre quand
l'illustre poète de Florence écrivit son ou-
vrage , car celui-ci a placé son ombre dans
les avenues du Purgatoire. Cette ombre s'a-
vance vers lui pour l'embrasser, avec tant
d'affection , qu'il fait vers elle un mouve-
ment pareil , mais en vain, a Trois fois il
étend les bras, et trois fois, sans rien saisir,
ils reviennent snr sa poitrine. L'ombre
sourit , et se montre si bien à lui , qu'il
reconnaît Casella, son maître de musique
et son ami. Ils s'entretiennent quelque
temps avec toute la tendresse de l'amitié;
ensuite le poète , fidèle à son goût pour la
musique, prie Casella, s'il n'a point perdu
la mémoire et l'usage de ce bel art , de le
consoler dans ses peines par la douceur
de son chant ; le musicien ne se fait pas
CAS
63
prier ; il chante une canzone de Dante lui-
même (Amor che nella mente ml ra-
giona), avec une voix si douce et si tou-
chante, que Dante et Virgile, et toutes les
âmes venues avec Casella, restent enchan-
tées de plaisir *. ;> Dante nous apprend
qu'il commença son Purgatoire;, vers l'an-
née 1500 ; il suit de là que Casella mourut
à cette époque.
Burnev dit qu'il existe dans la biblio-
thèque du Vatican (n° 5214, p. 149), une
Ballatella ou Madrigal de Lemmo de Pes-
toie, au-dessus duquel sont écrits ces mots :
Lemmo da Pistoja; e Casella diede il
suono. Gerber, M3I. Choron et Fayolle ,
l'abbé Bertini , et d'autres encore , ont dit
d'après cela, que Casella est le premier
compositeur de madrigaux qu'on connaisse.
Il y a dans cette assertion une erreur qu'il
est bon de faire remarquer. Le madrigal
en musique est une pièce en contrepoint
dont on ne trouve point de traces avant le
milieu du 15e siècle, et dont le nom ne
parait pas davantage avant ce temps. Dans
les manuscrits antérieurs à cette époque ,
tons les morceaux qui n'appartiennent pas
à la musique d'église sont des canzones
ou des ballate , en Italie, des chansons
ou des ballades en France. Il n'y a pas
une pièce portant d'autre titre dans le ma-
nuscrit de la bibliothèque du roi de Paris
(n° 555 in-4° du supplément) , qui con-
tient une grande quantité de morceaux
composés par des musiciens italiens du
14° siècle. Burney s'est donc trompé lors-
qu'il a donné comme synonyme de Balla-
tella le nom de Madrigal3 , et Gerber,
Choron et Fayolle , l'abbé Bertini et d'au-
tres , ont eu tort de dire, d'après le passade
de Burney, que Casella fut le plus ancien
compositeur de Madrigaux ,* car s'ils ont
entendu par ce mot, une composition à
plusieurs voix sur de la poésie mondaine
en langue vulgaire , il s'en faut de beau-
coup que Casella soit le plus ancien auteur
italien qui en ait écrit : je prouverai cela
l Ginguené , HUt. Liltér. de Vllalie, t. 2, p. 132.
* A General History qfmusic , t. 2, p. 322,
64
CAS
CAS
par des docnmens authentiques dans mon
histoire générale de la musique.
CASELLI ( michel), excellent ténor,
déhuta à Milan , en 1733, il était encore
admiré en 1771, au théâtre de San-Bene-
detto , à Venise. Peu de chanteurs ont
fourni une si longue carrière.
CASELLI (joseph) , violiniste , né à
Bologne, en 1727, passa en 1758 au ser-
vice du czar, à Pétershourg. Il a publié
un œuvre de six solos pour violon.
Il y a eu un autre Caselll (Pierre), qui
vivait à Rome vers 1800, et qui a écrit
un De Profundis pour voix de soprano ,
avec chœur et orchestre , ainsi qu'une es-
pèce de cantate sur la mort de Cimarosa.
CASENTINI (marsilio) , compositeur
né à Lucques , était maître de chapelle à
Gemona, en 1607, comme on le voit par
le titre d'un œuvre de Madrigaux à 5 voix,
imprimés à Venise, dans la même année.
On connaît aussi du même auteur : Can-
tica Salomîs , à 6 , Venise, 1615. Le ca-
talogue de la Bibliothèque du roi de Por-
tugal indique aussi les ouvrages suivans
de sa composition : Tirsi e Chlori, ma-
drigali a chique, lib. 3; et Madrigali a
5, lib. 5.
CASINI (d. jean-marie), prêtre floren-
tin, né vers 1675, étudia d'abord les pre-
miers élémens de la musique dans sa ville
natale, et se rendit ensuite à Rome , où il se
mit sons la direction de Matteo Simonelli,
pour continuer ses études. Dans la suite,
il entra dans l'école de Bernard Pasquini ,
où il perfectionna son talent dans l'art de
jouer de l'orgue. Son éducation musicale
terminée , il obtint la place d'organiste de
l'église principale de Florence. Son pre-
mier ouvrage fut un livre de motets à qua-
tre voix sans orgue, dans l'ancien style de
l'école romaine , appelé Stile osservato ;
il le fît imprimer sous ce titre : Joannis
Mariœ Casini organi majoris ecclesice
Florentiœ modulatoris , et sacerdotio
prœditi Moduli quatuor vocibus. Opus
primum. Romœ ap. Mascardum 1706.
Ses autres compositions consistent en fa.n«
taisies et fngues pour l'orgue. Ils sont in-
titulés : 1° Fantasie e tuccate d'intavo-
laiura, op. 2e ; 2° Pensieri per l'organo
in partitura, Florence, 1714, in-fol. Dans
la suite , Casini se livra à des travaux de
théorie , pour réaliser les rêves de Vicen-
tino , de Colonna et de Doni , sur le rétablis-
sement des anciens genres de musique
diatonique, chromatique, et enharmonique,
an moyen d'une division exacte des inter-
valles des instrumens à clavier. On pense
bien que ses recherches n'aboutirent à rien.
CASONI (guido), littérateur italien du
16e siècle, né à Serravalle , est auteur
d'un livre bizarre qui a pour titre : Délia
magia d'Amore , nella quale si traita
corne Amore sia Metafisico, Fisico, As-
trologo, Musico, etc., in Venezia,appresso
Agostino Zoppini, 1696, 56 feuilles in-4°.
Le troisième livre de cet ouvrage singulier
traite de la musique, laquelle, suivant
l'auteur, tire son origine de l'amour.
CASPARINI (eugène) , dont le nom
allemand était Caspar, était fils d'un fac-
teur d'orgues. Il exerça la même profession ,
et fut considéré comme le plus habile ar-
tiste de son temps pour la fabrication de
ces instrumens. Il naquit en 1624, à So-
rau, dans la basse Lusace. Le désir d'aug-
menter les connaissances qu'il avait ac-
quises dans les ateliers de son père le
détermina à voyager, lorsqu'il eut atteint
sa dix-septième annnée. Après un séjour
de trois ans en Bavière, il partit pour l'Ita-
lie , et se fixa à Padoue, où il vécut long-
temps. Appelé à Vienne avec le titre de
facteur d'orgues de la cour impériale , il
remit en bon état tous les instrumens de
cette ville, et avant de s'éloigner, construi-
sit pour l'empereur un petit orgue de six
jeux, dont tous les tuyaux étaient en pa-
pier verni. L'empereur lui témoigna sa sa-
tisfaction par le don d'une somme de mille
ducats et d'une tabatière d'or ornée de son
portrait. De retour en Italie, Casparini y
reprit ses travaux habituels. En 1697, il
fut appelé à Gœrlitz pour y construire le
grand orgue de la nouvelle église de Saint-
CAS
Pierre et Saint-Paul ; il acheva cet instru-
ment dans l'espace de six ans , en sociélé
avec son fils. On croit qu'il cessa de vivre
peu de temps après , mais l'époque de sa
mort n'est pas exactement connue. Les
principaux ouvrages de Casparini sont :
1° L'excellent orgue de Sainte-Marie-Ma-
jeure à Trente , composé de trente-deux
registres , et qui fut ensuite augmenté de
dix jeux nouveaux ; 2° L'orgue de Sainte-
Justine, à Padoue , seize pieds ouverts,
avec quarante-deux registres ; 5° Le grand
orgue de Saint-Georges-le-Majeur , à Ve-
nise, de trente-deux pieds ; 4° Le grand
orgue de Saint-Paul , à Epan, dans le Ty-
rol ; 5° Un orgue au couvent de Brixen ,
dans le Tyrol ; 6° Le grand orgue de Gœr-
litz , de trente-deux pieds.
CASPx\RlNI (adam-horace) , fils du
précédent, et non moins célèbre construc-
teur d'orgues , naquit en Italie. 11 aida
son père dans la construction du grand
orgue de Gœrlitz. Quanta ses travaux par-
ticuliers, ils consistent : 1° Dans l'orgue
de Saint-Bernard, à Breslau , composé de
trente-un jeux avec quatre soufflets , con-
struit de 1708 à 1711 ; 2° Dans celui de
l'église des Onze-mille-vierges, de la même
ville, composé de vingt-trois jeux et de
quatre soufflets , en 1705; 5° Dans celui
de Saint-Adalbert, de vingt-deux jeux et
trois soufflets , en 1737.
Le fils de cet artiste, nommé Jean-
Gotllob y aida son père dans la construc-
tion de l'orgue de Saint-Adalbert, de Bres-
lau , et fit lui-même l'orgue des Domini-
cains de Glogan, composé de vingt jeux.
CASSAGNE (l'aebe joseph LA), naquit
au diocèse d'Oléron , vers 1720. Il apprit
la musique à la maîtrise de la cathédrale
de Marseille, et publia : 1° Recueil de fa-
bles mises en musique, Paris, 1754,in-4°.
2° Alphabet musical, Paris, 1765, in-8°.
3° Traité général des èlèmens du chant.
Cet ouvrage , imprimé dès 1742, ne fut
publié qu'en 1766 (Paris, grand in-8°).
L'auteur y propose de réduire toutes les
clefs à une seule , c'est-à-dire à la clef de
TOME m.
CAS
65
sol sur la seconde ligne ; idée fausse que
Salmon avait déjà tenté de faire adopter
dans son Essay to the advancement of
Musik (Londres, 1678, in-8°). PascaL
Boyer, maître de musique delà cathédrale
de Nîmes, fit voir le ridicule de cette
idée dans une Lettre à Diderot, publiée
en 1767. La Cassagne répondit à cette let-
tre par L'unicléfier musical , pour servir
de supplément au Traité général des
élémens du chant (Paris, 1768, grand
in-8°), mais ne détruisit pas la force des
objections qui avaient été faites contre son
système.
CASSEBOEHM (jean-frede'ric), méde-
cin et habile anatomiste, fit ses études à
Halle, sa patrie, et à Francfort-sur-1'Oder.
De retour à Halle, il y enseigna l'anato-
mie, et fut ensuite appelé à Berlin(enl741),
pour y occuper une chaire de la même
faculté ; il y mourut le 7 février 1745. Ce
médecin s'est spécialement occupé de l'a-
nalomie de l'oreille , et a donné sur cette
matière : 1° Disputatio de aure interna,
Francfort, 1750, in-4° ; 2° Tractalus très
de aure humanâ , ibid. , 1730, in-4° ,
augmenté d'un 4e traité en 1734 , d'un 5e
et d'un 6e en 1755, in-4°.
CASSEL (Guillaume), professeur de
chant au Conservatoire de musique de
Bruxelles, est né à Lyon le 12 octobre
1794. Entré à Page de onze ans, comme
pensionnaire, au Lycée de cette ville, il y
fit de bonnes études. Ses parens désiraient
lui voir suivre la carrière du barreau ;
mais la nécessité de se soustraire à la con-
scription militaire , lui fit chercher un re-
fuge dans celle des arts. Dès son enfance
il avait montré d'heureuses dispositions
pour la musique; elles avaient été culti-
vées par de bons maîtres , et particulière-
ment par M. Georges Jadin ; il dut à
cette première éducation musicale l'avan-
tage d'être admis au pensionnat du Con-
servatoire de Paris, comme élève interne
pour le chant. Dans cette école célèbre,
Garât, Talma et Baptiste aîné, furent ses
maîtres de chaut et de déclamation. La
66
CAS
réforme du pensionnat en 1814, après la
restauration, obligea M. Cassel à chercher
au théâtre l'emploi des connaissances qu'il
avait acquises dans son art : ce fut au
théâtre d'Amiens qu'il débuta. Ses pre-
miers pas dans la carrière dramatique fu-
rent heureux ; une voix fraîche et d'un
timbre agréable, une très bonne méthode
de chant, et une profonde connaissance de
la musique assurèrent ses succès. Les théâ-
tres de Nantes, de Metz, de Lyon, de
Rouen et de Bordeaux, possédèrent ensuite
M. Cassel, et partout il fut applaudi. En-
fin il entra à l'Opéra-Comique de Paris , y
débuta avec succès et y demeura pendant
trois ans. Il y serait vraisemblablement resté
plus long-temps si des discussions assez
vives ne s'étaient élevées entre lui et M. Guil-
bert de Pixérécourt , alors directeur de ce
théâtre; elles l'obligèrent à rompre ses
engngemens et à se rendre en Belgique. Il
se fit d'abord entendre à Gand, puis fut
appelé au grand théâtre de Bruxelles , où
il joua avec succès pendant cinq ans. Re-
tiré en 1832, il a cessé de se faire entendre
en public et s'est livré à l'enseignement.
Déjà il s'était fait connaître avantageuse-
ment par les bons élèves qu'il avait for-
més ; parmi ceux ci, on remarque Mlle Do-
rus (aujourd'hui Mme Gras), î\llle Florigny
(connue ensuite sous le nom de Mme Va-
lère), et MUe Dorgebray, qui a obtenu des
succès à YOdéon de Paris. Nommé pro-
fesseur de chant au Conservatoire de
Bruxelles, en 1833, M. Cassel y a formé
des élèves qui paraissent destinés à briller
au théâtre. Sa méthode est une très bonne
tradition de celle de Garât.
Comme compositeur, M. Cassel s'est fait
connaître par beaucoup de romances et de
nocturnes qui ont été publiés à Bruxelles
et à Paris. A Rouen , il a écrit une cantate
pour l'anniversaire de la naissance de
Pierre Corneille; à Bruxelles : 1° Une
messe solennelle qui a été exécutée plu-
sieurs fois à l'église de Sainte-Gudule ;
2" Un Laudateyour soprano avcccliœurs;
3° Deux airs italiens, dont un pour soprano
CAS
avec chœur; 4° Un duo italien pour so-
prano et bariton. A Metz, un Domine sal-
vumfac regem, pour deux ténors et basse ;
Un O salularis , pour soprano , mezzo so-
prano et contralto.
CASSERIO (joi.es), célèbre anatomiste,
né à Plaisance , d'une famille obscure, fut
instruit dans la médecine par Fabrice
d'Aquapendente , dont il avait été le do-
mestique, et qui le fit recevoir docteur en
médecine et en chirurgie, dans l'université
de Padoue. En 1609, il fut nommé pro-
fesseur de chirurgie, par le séaat de Ve-
nise. Casserio mourut à Padoue, en 1616,
âgé de soixante ans. On lui doit un excel-
lent livre intitulé : De vocis audilûsque
organis historia anatomica, Venise,
1600, in-fol., avec 33 pi., réimprimé à
Ferrare, en 1601, in-fol.
CASS1NI DETHURY (césar-françots),
de l'Académie des sciences, maître des
comptes, directeur de l'observatoire, cé-
lèbre par la pensée et l'exécution de la
belle carte topographique de la France ,
connue sous le nom de Carte de Cassini,
naquit le 14 juin 1714, et mourut de la
petite vérole ,1e 4 septembre 1784.11a fait
avec 31araldi et l'abbé de La Caille des ex-
périences sur la propagation du son , dont
il a consigné le résultat dans un mémoire
inséré parmi ceux de l'Académie des scien-
ces , année 1758 , p. 24. Dans ceux de
l'année 1739, p. 126, il a aussi donné :
Nouvelles expériences faites en Langue-
doc sur la propagation du son , qui con-
firment celles qui ont été faites aux en-
virons de Paris.
CASSIODORE ( atjrflien ) , historien
latin, et ministre de Théodoric, roi des
Goths, naquit à Sqnillace, vers 470. Dès
l'âge de dix-huit ans, il avait déjà acquis une
grande réputation par son savoir et sa pru-
dence. Odoacre, roi desHérules, lui confia
le soin de ses domaines et de ses finances.
Après la mort de ce prince, vaincu par
Théodoric , il se retira dans sa patrie ,
mais bientôt rappelé par le vainqueur , il
devint son secrétaire , son ministre et le
CAS
CAS
67
bienfaiteur de l'Italie. Sa faveur s'accrut
avec ses services; il était déjà patrice et
maître des offices , lorsqu'il fut fait consul
en 514. Eloigné de la cour en 524, il y fut
rappelé par la fille de Théodoric, après la
mort de ce prince; mais accablé parles
revers et la ruine des Gotlis qu'il n'avait
pu prévenir , il se retira enfin dans sa pa-
trie à l'âge de soixante-dix ans , et fonda
le monastère de Viviers (en Calabre). On
croit que sa carrière se prolongea jusqu'à
près de cent ans; au moins sait-on qu'il
vivait encore en 562. Parmi les ouvrages
de Cassiodore on trouve un traité de mu-
sique, qui fait partie de celui qui a pour
titre : De arlibus ac disciplinis libera-
lium litlerarum. L'abbé Gerbert l'a inséré
dans sa collection des écrivains ecclésias-
tiques sur la musique, tom. I, pag. 15.
On le trouve aussi dans ses œuvres com-
plètes publiées parles Bénédictins, Rouen,
1679, 2 vol. in fol., réimprimées à Ve-
nise en 1729 , tom. II.
CASTAGNEDA Y PARÉS (d. isidork),
professeur de clavecin à Cadix, dans la se-
conde moitié du 18e siècle, a fait paraî-
tre un ouvrage intitulé : Traité théorique
sur les premiers èlémens delà musique ,
Cadix, Hondillo et Iglesias, 1785. Ce titre
est celui qui est cité dans le Journal Ency-
clopédique du mois de juin 1785, p. 560;
mais il est vraisemblable que ce n'est qu'une
traduction, et que l'ouvrage de Castngneda
est écrit en espagnol.
CASTAGNERY ( jean-paul) , luthier
français , vivait à Paris , vers le milien du
17e siècle. On a de lui des instrumens qui
portent la date de 1639, et d'autres, 1662.
Ses violons sont estimés, à cause de leur
timbre argentin ; mais le volume de leur
son est peu considérable.
CASTEL (louis-Bertrand), né à Mont-
pellier le 11 novembre 1688 , entra chez
les jésuites le 16 octobre 1703. Il cultiva
principalement les mathématiques et les
enseigna à Toulouse et à Paris , où il
arriva vers 1720. Frappé de cette proposi-
tion avancée par Newton (dans son Opti-
que, liv. I, pag. 2, prop. 5), que les
largeurs des sept couleurs primitives, ré-
sultant de la réfraction delà lumière à tra-
vers le prisme, sont proportionnelles aux
longueurs des cordes d'une échelle musi-
cale disposée dans cet ordre : re , mi, fa,
sol, la, si, ut, le père Castel prétendit
former des gammes de couleurs , comme il
y a des gammes de sons , et crut à la
possibilité d'une machine, qu'il appela
Clavecin oculaire, au moyen de quoi , en
variant les couleurs, il prétendit affecter
l'organe de la vue, comme le clavecin
ordinaire affecte celui de l'ouïe par la va-
riété des sons. Il en annonça le projet dans
le Mercure de novembre 1725 , et en déve-
loppa la théorie dans les journaux de Tré-
voux de 1735. II dépensa des sommes con-
sidérables pour faire construire sa machine,
qui fut recommencée à plusieurs reprises;
mais c'était une idée bizarre qui ne pou-
vait avoir de résultat satisfaisant, et qu'il
finit par abandonner. Le père Castel
travailla au journal de Trévoux pendant
trente ans , et fournit aussi beaucoup d'ar-
ticles au Mercure. Quoique géomètre, il
manquait de méthode et se jetait souvent
dans des écarts d'imagination. 11 est mort
le 11 janvier 1757 , à soixante-neuf ans.
On a de lui : 1° L'exposition de son sys-
tème du clavecin oculaire sous ce titre :
Nouvelles expériences d'optique et d'a-
coustique (Mémoires de Trévoux, t. 69
et 70, année 1755). G. Pb. Teleman a
donné une traduction allemande de celte
exposition sous ce titre : Beschreibung
derJugenorgel , oder Àugenclavier* etc.
Hambourg, 1759, in-4°. On trouve une
analyse de cette traduction dans la Biblio-
thèque mnsicale de Mitzler , tom. 2 ,
pag. 269-276. On a publié aussi à Lon-
dres : Explanation of the ocular Harp-
sichord , Londres, 1757, in-8° 22 pages.
2° Lettres d'un académicien de Bordeaux
sur le fond de la musique , Paris, 1754,
in-12. Ces lettres ont été écrites à l'occa-
sion de celle de J.-J. Rousseau sur la mu-
sique française ; le style en est lourd et
68
CAS
CAS
diffus. Une réponse .anonyme a été publiée
sous ce titre : Réponse critique d'un aca-
démicien de Rouen à l'académicien de
Bordeaux , Paris, 1754, in-12. Cette ré-
ponse est du père Castel lui-même; 3° Re-
marques sur la lettre de M. Rameau ,
dans les Mémoires de Trévoux, an 1736,
tom. 71, pag. 1999-2026 (F. Rameau).
On attribue aussi au père Castel la rédac-
tion des ouvrages de théorie de Rameau ;
mais ce fait n'est pas prouvé. Le journal
des travaux de ce jésuite pour son clavecin
oculaire ayant été vendu avec la bibliothè-
que de la maison professe de son ordre,
passa dans celle de Meermann ; il a été
remis en vente à La Haye en 1824, et
acheté par un Anglais. Le père Castel
est auteur d'une Dissertation philosophi-
que et littéraire , ou , par les vrais prin-
cipes de la géométrie , on recherche si les
règles des arts sont fixes ou arbitraires
(Paris, 1758, in-12). Pour se faire mieux
entendre à cet égard , le père Castel appli-
que ses principes à la musique, et en prend
occasion de rapporter à ce sujet les con-
versations qu'il a eues avec Rameau. Ces
conversations ne conduisent à aucun résul-
tat de quelque importance.
CÂSTELAN (andre), violon de la
chambre de Henri II , roi de France , fut
nommé à cette place en 1555, suivant
un compte manuscrit de l'année 1559 ,
qui se trouve à la bibliothèque du roi, à
Paris. (V. la Revue musicale, 6me année,
pag. 257. )
CASTELLACCÏ (louis), guitariste, est
né à Pise en 1797. Après avoir appris les
premiers principes de la musique, il se li-
vra à l'étude de la mandoline, et acquit
sur cet instrument beaucoup d'habileté.
Mais il y a si peu de ressources pour l'exis-
tence d'un artiste dont le talent consiste
à jouer de la mandoline, que M. Castel-
lacci se vit forcé d'y renoncer pour se faire
guitariste. C'est par la guitare surtout
qu'il s'est fait connaître. Ainsi que Ca-
rulli et Carcassi, il vint chercher une répu-
tation et de l'aisance à Paris : il y trouva
ces deux choses. Comme professeur de gai-
tare, il s'est placé au rang de ceux qui
obtiennent le plus de succès dans cette
ville, dont il ne s'est point éloigné depuis
douze ans , si ce n'est pour faire un voyage
en Allemagne dans l'année 1825. M. Cas-
tellacci a publié près de deux cents œuvres
de musique pour son instrument, entre
autres, une méthode divisée en deux par-
ties. Toute cette musique, qui est fort
légère, et qui consiste en fantaisies, airs
varias , duos , rondeaux, valses, etc., a été
gravée à Paris , à Lyon et à Milan. On
connaît aussi de M. Castellacci un grand
nombre de romances.
CASTELLI(jean-fre'de'ric), poète dra-
maticme et littérateur, né à Vienne le
6 mars 1781, doit être rangé parmi les
écrivains sur la musique, parce qu'il rédige
depuis le mois de janvier 1828 un petit
journal sur cet art, sous le titre de Allge-
meine musikalischer Anzeiger , dont il
paraît, à Vienne, un numéro chaque se-
maine, composé d'un quart de feuille
in-8°. Le peu d'étendue de ce journal ne
permet d'y traiter la matière que d'une
manière superficielle.
CASTELLO (dario), vénitien, chef de
l'orchestre de Saint-Marc , au commence-
ment du 17e siècle, est désigné sur le titre
d'un de ses ouvrages : Capodi Compagnia
di musichi istrumenti dafialo. On con-
naît de lui les productions dont voici les
titres : 1° Sonate concertate a quattro
slromenti , parte prima , Venise, 1626;
2° Idem } parte secunda , Venise, 1627;
3° Sonate concertate in stil moderno per
sonar nel organo, overo Spinetta con di-
verse istromenti a due e tre, lib. 1°, Ve-
nise , 1629. La deuxième édition est de
1658, in-fol. ; 4° Idem, lib. 2°; Venise,
1644. C'est une réimpression.
CASTELLO (paul D A), compositeur
vénitien attachée à l'église de Saint-Marc,
en 1670, a donné à Vienne, en 1683, un
oratorio intitulé : II triomfo di D avide ,
dont il avait fait les paroles et la musique.
CASTELLO (jEAN)jclaveciniste italien,
CAS
CAS
69
fixé à Vienne au commencement du
17e siècle, a publié une collection de pièces
de clavecin sous ce titre : Neue Clavier-
uebung , beslehend in ei/ier sonata , Ca-
priccio , Allemanda, Corrente , Sara-
banda , Giga} Aria con XII variazioni
d ' Intavolatura d'i ce inb al 'o ; Vienne, 1722.
CASTENDORFER (etienne), construc-
teur d'orgues à Breslau , est un des plus
anciens artistes de ce genre dont l'histoire
ait conservé les noms , car on sait qu'il
construisit un bon orgue à Nordlingue, en
1466. II est aussi l'un des premiers qui ait
introduit l'usage des pédales, s'il est vrai,
comme le rapporte Prœtorius (Syntag.
mus., t. II, p. 111), qu'il en avait misa
l'orgue de la cathédrale d'Erfurt, qu'il
construisit en 1485. Il fut aidé dans ses
travaux par ses deux fils, Melchior et Mi-
chel (V. Bernhard).
CASTIL-BLAZE. Voy. BLAZE.
CASTILHON (jean -louis), membre de
l'académie des Jeux-Floraux et avocat à
Toulouse, naquit dans cette ville, en 1720,
et mourut vers la fin de 1799. Ecrivain
laborieux, il a publié beaucoup de livres,
et a coopéré à la rédaction de quelques
grands ouvrages, tels que le Dictionnaire
universel des sciences morales , écono-
miques, politiques et diplomatiques, et le
Suppplément de l'Encyclopédie de Dide-
rot et de d'Alemhert. Il a fait insérer dans
celui-ci un certain nombre d'articles sur
la partie historique de la musique qui ont
été conservés dans la première partie du
Dictionnaire de Musique de l'Encyclopédie
méthodique, et qu'il aurait fallu en bannir,
car ils renferment, la plupart, des notions
fausses et ont plutôt l'apparence que la
réalité de l'érudition.
CASTILLO (alphonse de), docteur à
l'université de Salamanquc, né vers la fin
du 15e siècle, a publié un traité de plain-
chant intitulé : Arte de canto Llano, Sa-
lamanqne, 1504, in-4°.
CASTILLON (frederic-adolphe-maxi-
milien-gustave de) , littérateur, membre
de l'académie de Berlin, est né vers 1778,
à Utrecht, où son père professait les mathé-
matiques et la philosophie. Le nom de sa
famille est Salvemini ; son père le quitta
pour celui de Castillon, qu'il prit de la
ville de Castiglione où il était né. On a de
Castillon fils, des Recherches sur le Beau
et sursoit application à la musique clans
la mélodie , l'harmonie et le rhythme.
Voyez à ce sujet les mémoires de l'académie
de Berlin, année 1804, p. 5-19.
CASïOLDI (JEAN- JACQUES). F. GAS-
ÏOLD1.
CASTRITIUS (MATTHIAS), ou CAS-
TR1TZ , contrapuntiste allemand du
16e siècle, a publié les ouvrages suivans :
1° Nova Harmonia quinque vocum, Nu-
remberg, 1569, in-4° ; 2° Carmina quat.
vocibus concert., Nuremberg, 1571;
3° Symbola principum , A et 5 vocum,
id., 1571 {Vid. Draudii Biblioth. class.,
p. 1625).
CASTRO (jean de), luthiste et maître
de chapelle de Jean-Guillaume, prince sou-
verain de Juliers , de Clèves et de Berg,
vers 1580 , naquit à Liège. Il a publié les
ouvrages dont les titres suivent : 1° Ma-
drigalia et Cantiones , Anvers, 1569,
réimprimés à Louvain , en 1570; 2° Sept
livres de chansons , Paris et Louvain,
1570,in-4°, 1576, in-4% Anvers, 1582
et 1597, in-4°; 3° Flores cantionum
3 vocum, Louvain, 1574 et 1575; 4° Li-
vre de mélanges contenant un recueil de
chansons à quatre parties, Anvers, 1575,
in-4°; 5° Lajleur des chansons à trois
parties, contenant un recueil produit de
la divine musique , Louvain, 1575, An-
vers, 1582 et 1591 ; 6° Chansons, odes
et sonnets de P. de Ronsard , à quatre
et sept parties , Louvain, 1577, in-4°;
7° Livre de chansons composé à trois
parties , Paris, 1580 ; 8° Livre de chan-
sons à cinq parties, convenable tant à la
voix, comme à toute sorte d'instrumens,
avec une paslorelle en forme de dialogue,
Anvers, 1586; 9° Cantiones sacne, à cinq,
six et huit, voix, Douai, 1588, in-4°;
10° Rosefresclie, Madrigali a 3 voci}
70
CAS
CAS
Venise, 1591,in-4°; 11° Recueil de chan-
sons à trois parties , Anvers, 1591,in-4°;
12à Sonelti, Anvers, 1592,in-4°;13° Can-
tiones sacrée, quos Muletas nominant ,
quinque vocum, Francfort, 1591, in-4° ;
14° Sonnets avec une chanson à neuf par-
ties, Anvers, 1592, in-4° ; 15° Odes III,
contenant chacune d'elles douze parties,
l'une suivant l'au're , le tout mis en mu-
sique à quatre voix , Douai, 1592, in-4°;
16° Sonetti, Douni, 1593, in-4°; 17° Bi-
c'inia sacra, Cologne, 1593, in-4°;
18° Quintines , Sextines , sonnets à cinq
parties, Cologne, 1594, in-4°; 19° Har-
monie délectable, contenant aucunes
stanzes et chansons à quatre parties,
Anvers, 1594, in-4° ; 20° Chant musical,
mis en musique A cinq parties , Cologne,
1597, in-4° ; 21° Sonnets du Seigneur
de la Mcchiniere, mis en musique à trois
parties, Douai, 1600, in-4°.
CASTRO (jean), maître de musique à
Lyon, vers 1570. On a de lui des Chan-
sons à trois parties, Paris, Adrien le Roy,
1580. Depuis 1570 jusqu'en 1592, il a
publié une grande quantité de Chansons,
de Sonnets et de Madrigaux , à quatre ,
cinq, six, sept et huit parties, à Lyon, chez
de Tournes, et à Paris, chez le Roy. Il y
a beaucoup d'apparence que ce composi-
teur est le même que celui qui est l'objet
de l'article précédent, malgré l'opinion
contraire émise par M. de Boisgelou, dans
une note du catalogue manuscrit de sa bi-
bliothèque.
CASTRO (rodricuez), juif portugais,
fit ses études à Salamanque, et enseigna la
philosophie et la médecine à Hamhourg,
où il s'établit, en 1596. 11 mourut dans
celte ville, le 20 janvier 1627, âgé de plus
de 80 ans. On a de lui : De ojjiciis me-
dicopolilicis, seu medicus polilicus , Ham-
bourg, 1614, in-4°. Le chapitre 14e du
livre 4e, est intitulé : Ut demonslrelur,
non minus ulililer quant honeste atque
prudenler in niorbis musicam adhiberi :
ipsius encomia preemitluntur . Le chapi-
tre 15e : Noteinlur, ac reiiciunlur mu-
sicce abusus. Le chapitre 16e : Musiccs
excellentia ,atqueprœstantia ,rationibus ,
auctorum suffragiis et experimentis corn-
probatur.
CASTROVILL ARI (le p. daniel), cor-
delier au grand couvent de Venise, vers
le milieu du 17e siècle , a fait la musique
des opéras Gli Avvenimcnli di Orinda, en
1659; La Pasifae, 1661 ; et La CleO-
palra , 1662. Tous ont été représentés à
Venise.
CASTRUCCI (pierre), habile violiniste,
né à Rome , vers 1690 , fut élève do Co-
rclli. En 1715 , il s'attacha au service du
comte Richard Burlington , et passa en
Angleterre. Quoiqucl'enlhousiasmedeCas-
trucci pour son art , et surtout pour son
instrument, fût porté à un tel degré qu'il
passait pour être fou, néanmoins on lui
confia la direction de l'orchestre de l'O-
péra, à la retraite de Corbet. Quantz l'en-
tendit en 1727 ; il jouait alors les solosaa
théâtre de Handel avec beaucoup de suc-
cès. En 1737 il donna un concert à son
bénéfice, et publia un avertissement où il
disait « qu'ayant eu l'honneur de servir la
a noblesse anglaise pendant plusieurs an-
« nées , il espérait qu'elle voudrait bien
« l'honorer de sa présence à ce concert. »
Il annonçait aussi qu'il devait retourner à
Rome l'été suivant ; mais soit qu'il n'ait
point exécuté ce projet ou qu'il soit revenu
à^ Londres il y est mort en 1769, à
l'âge de près de quatre-vingts ans, dans
un étal voisin de la misère. Castrucci a
servi de modèle à Hogarth , pour sa cari-
cature du musicien enragé (The enraged
Musician). Les compositions qu'il a pu-
bliées sont les suivantes : 1° Sonate a vio-
linoe violone o cembalo , op. 1, Londres et
Amsterdam; 2° Sonate a violinô e vio-
lone o cembalo, op. 2, ibid.; 3° XII con-
certosfor violino , Londres, 1738.
CASTRUCCI (prosfer), frère du précé-
dent, et violiniste comme lui , fut attaché
à l'orchestre de l'Opéra de Londres, et di-
rigea pendant quelques années le concert
de Castlelavern, Il a publié : Six solo s
CAT
CAT
71
for a violin and a bass } Londres, in-fol.
CASULANA (madeleine), née à Bres-
cia, vers 1540, s'est livrée à l'étude de la
composition avec succès, et a publié :
1° Madrigali a quallro voci, Venise,
1568 ; 2° II seconda llbro de Madrigali
a quallro voci , Brescia , 1583.
CATALAiNI (angelique), cantatrice
célèbre, née à Sinigaglia, dans l'Etat ro-
main, en 1783 , est fille d'un orfèvre de
cette ville. Vers l'âge de douze ans, elle
fut envoyée au couvent de Sainte-Lucie, à
Gubbio, près de Borne, où sa belle voix at-
tirait aux offices un grand nombre d'ama-
teurs. Cette voix, que j'ai entendue dans
sa plus grande fraîcheur , et lorsqu'elle
avait atteint tout son développement, avait
nneétendue rare, surtout à l'aigu, car, dans
les ti-aits rapides, Mme Calalani s'élevait
quelquefois jusqu'au contre-sol, avec un
son pur et moelleux. Ce phénomène, joint
à beaucoup de facilité naturelle pour l'exé-
cution de certains traits, particulièrement
pour les gammes chromatiques, ascendantes
et descendantes, que personne n'a faites avec
autant de netteté ni avec autant de rapi-
dité. A l'âge de quinze ans, MmK Calalani
sortit du couvent, et se vit obligée de cher-
cher une existence au théâtre, par suite de
la ruine de son père : son éducation de
cantatrice et de musicienne avait été mal
faite dans le monastère dont elle sortait :
son bel organe faisait tous les frais de son
chant ; elle avait même contracté des dé-
fauts de vocalisation et d'articulation dont
elle n'est jamais parvenue à se corriger,
même après qu'elle eut entendu de grands
chanteurs tels que Marchesi et Crescen-
tini. Par exemple, elle n'a jamais pu ren-
dre certains traits sans imprimer à sa
mâchoire inférieure un mouvement d'os-
cillation très prononcé ; de là vient que sa
vocalisation n'était pas liée, et que les
traits exécutés par elle ressemblaient tou-
jours à une sorte de slaccato de violon.
Malgré ce défaut qui n'était appréciable
que par les gens du métier, il y avait tant
de charme dans l'émission des sons de l'é-
tonnante voix de la jeune cantatrice, tant
de puissance et de facilité dans les tours
de force qu'elle exécutait par instinct, une
intonation si pure et si juste dans les plus
grandes difficultés, que ses premiers pas
dans la carrière du théâtre furent marqués
par des succès dont il y a peu d'exemples.
La nature l'avait destinée au chant de bra-
voure; mais elle ne fut éclairée sur sa
vocation qu'après plusieurs années de pra-
tique, et dans les premiers temps elle s'es-
saya dans le chant d'expression , qui était
alors celui qu'on préférait , et pour lequel
elle n'était point organisée. C'est ainsi
qu'elle chanta à Paris, d'une manière peu
satisfaisante, l'air avec récitatif de L'Aies-
sandro nelle Indie, de Piccini, se' l ciel
mi dii'ide dalcaro niio ben. Bientôt après
elle commença à chanter ses variations ar-
rangées pour la voix , d'après un air varié
de Bodc, ses concertos, l'air, son Rcgina,
et toutes ces choses de bravoure dans les-
quelles elle ne pouvait trouver de rivale;
ses succès portèrent le fanatisme du public
jusqu'au délire.
Ce fut en 1801, que M™e Catalanise fît
entendre pour la première fois, au théâtre
de La Scula , de Milan, dans la Clilem-
ncs/redeZingarelli, et dans les Baccanali
di Ronia , de jNiccolini. Elle y produisit
peu d'effet sous le rapport del'artdu chant,
mais sa voix fut admirée et considérée
comme un prodige. De Milan, elle passa
aux théâtres de Florence , de Triesle , de
Borne et de Naples; partout, elle excita
l'enthousiasme , et sa réputation devint
bientôt universelle. Cette renommée la fit
appeler à Lisbonne pour y chanter à 10-
péra-Italien , avec Mmc Gaffurini et Cres-
centini : elle y arriva vers la fin de 1804 '.
Il n'est pas vrai, comme on l'a écrit dans
quelques recueils biographiques, qu'elle
» Dans l'article Calalani du nouveau Lexique universel ([ne de son début à Milan , puis on l'a fait aller à Londres
deinusiquepnMie parM. Schilling , on a confondu toutes passer cinq ans, avant devenir à Paris en 1 6.
les date!!, et on l'a fait arriver à Lisbonne en 1801 , epo-
73
GAT
CAT
ait beaucoup travaillé l'art du chant avec
Crescentini, car ce grand chanteur m'a dit
qu'il avait essayé en vain de lui donner
quelques conseils, et qu'elle n'avait pas
paru le comprendre. À Lisbonne, Mme Ca-
talani épousa M. Valabrègue, officier fran-
çais attaché à l'ambassade de Portugal;
mais elle conserva toujours son nom de
Catalani lorsqu'elle parut en public.
M. Valabrègue comprit tout le parti qu'on
pouvait tirer d'une voix aussi belle que
celle de sa femme, et de l'enthousiasme
des populations pour cet organe extraor-
dinaire; dès ce moment commença la spé-
culation basée sur un don si rare , spécu-
lation qui produisit d'immenses résultats.
Mmc Catalani se rendit d'abord à Madrid,
puis à Paris, où elle ne chanta que dans
des concerts. Son séjour en cette ville, et
l'effet qu'elle y fit donna pourtant à sa re-
nommée plus d'éclat qu'elle n'en avait eu
jusqu'à cette époque ; car c'est toujours à
Paris que les réputations d'artistes se con-
solident. Beaucoup de réclamations furent
faites par les habiles contre l'engouement
du public pour le chant de Mme Catalani ;
mais il n'y eut pas moins de prévention
d'une part que de l'autre. Si le talent de
la cantatrice n'était pas à l'abri de tout re-
proche , il faut avouer que ce talent était
composé de rares qualités et de dons na-
turels qu'il était peu raisonnable de ne point
reconnaître. Au beau temps de sa carrière,
Mme Catalani fit naître dans toute l'Eu-
rope une admiration sans bornes ; or ,
quand le succès est universel , on ne peut
nier qu'il ne soit mérité. Qu'il y ait des
défauts dans le talent que le monde ap-
plaudit avec ivresse, défauts dont les con-
naisseurs seuls sont juges, à la bonne heure ;
mais celui qui ne pourrait approuver que
la perfection serait fort à plaindre, car
cette perfection n'existe pas.
Au printemps de 1807, Mme Catalani
se rendit à Londres ; c'était là que l'atten-
dait une fortune qui n'avait point eu d'exem-
ples jusqu'alors, bien qu'elle eût déjà donné
à Madrid et à Paris des concerts d'un pro-
duit immense. Elle avait tout ce qu'il fal-
lait pour séduire des Anglais ; d'abord la
beauté extraordinaire de sa voix, qualité
qu'aucune autre ne saurait remplacer au-
près de ce peuple mal organisé pour la
musique ; puis son maintien noble et dé-
cent, son port de reine, qui ne pouvait
manquer de plaire à la haute société; en-
fin, son dédain pour la cour nouvelle de
Napoléon, et le choix qu'elle avait fait de
l'Angleterre , pour le théâtre de sa gloire ;
tout concourait à la faire non seulement ad-
mirer , mais aimer par les habitans de la
Grande-Bretagne. Dans une seule saison
théâtrale qui ne durait que quatre mois ,
elle gagnait environ cent quatre-vingt
mille francs, y compris la représentation
à son bénéfice. Outre cela , elle gagnait
dans le même temps environ soixante
mille francs dans les soirées et concerts
particuliers. On lui a donné jusqu'à deux
cents guinées pour chanter à Drury Lane
ou à Covent-Garden God save the King
et Ride Britannia , et deux mille livres
sterling lui furent payées pour une seule
fête musicale. Lorsque les théâtres de Lon-
dres étaient fermés, elle voyageait dans les
divers comtés, en Irlande ou en Ecosse ,
et en rapportait des sommes énormes. Ses
richesses seraient aujourd'hui égales aux
plus grandes fortunes, si elle n'eût eu, pen-
dant son séjour en Angleterre, un train
presque royal. Un seul fait pourra faire
juger de la dépense de sa maison : dans
une seule année, le compte de la bière
fournie à ses domestiques, s'éleva, dit-on,
à six cents livres sterling. On assure d'ail-
leurs que d'autres causes , indépendantes
de ses dépenses personnelles , dissipaient
une grande partie de ce qu'elle gagnait.
Après un séjour de sept ans à Londres ,
Mme Catalani retourna à Paris, au moment
de la restauration. Le roi (Louis XVIII),
qui l'avait entendue et admirée en An-
gleterre, lui accorda la direction du
théâtre Italien, avec une subvention de
160,000 francs; mais elle ne jouit pas
long-temps des avantages de cette entre-
CAT
CAT
73
prise, car elle se crut obligée de s'éloigner de
Paris, au retour de Napoléon, en 1815.
Pendant les cent jours, et dans les premiers
mois de la seconde restauration, elle voya-
gea en Allemagne, se rendit à Hambourg,
et de là passa en Danemark et en Suède.
Partout elle excita la même admiration,
le même enthousiasme. Son retour en
France eut lieu par la Hollande et la Bel-
gique. Amsterdam et Bruxelles furent les
villes où elle s'arrêta le.plus long-temps;
elle y donna beaucoup de concerts.
De retour àParis, elley reprit, en 1816,
la direction du théâtre Italien. Alors com-
mença pour ce spectacle un temps de déca-
dence qui se termina par sa ruine et par
la clôture du théâtre. Le public, engoué
de Mme Catalani, n'allait à l'Opéra Bouffe
que pour l'entendre. M. Valabrègue pro-
fita de cette disposition pour en écarter
tous les chanteurs de quelque renommée
ou de quelque talent. C'est ainsi que Cri-
velli , Madame Fodor et Madame Pasta ,
qui étaient venus s'essayer à Paris , fu-
rent contraints de s'en éloigner. Quelques
nullités et le bouffe Barilli furent tout ce
qu'on garda. L'orchestre et le chœur fu-
rent aussi soumis à des réformes économi-
ques, au moyen de quoi la subvention
royale tout entière était le bénéfice de
l'entreprise. Ce n'est pas tout encore. La
plu part des opéras qu'on représentaitétaient
des espèces de pastiches où il y avait de la
musique de tout le monde, excepté des au-
teurs dont l'affiche indiquait les noms.
Les morceaux d'ensemble étaient coupés ou
supprimés, et des variations de Rode, des
concertos de voix ouïe fameux son Regina
en prenaient la place. Tout alla bien cepen-
dant pour l'entreprise , tant que l'idole du
public conserva le bel instrument qu'elle
avait reçu de la nature, mais vers la fin
de 1817, une altération sensible se ma-
nifesta dans l'organe vocal de Mme Cata-
lani. Le mal agit avec rapidité, car lorsque
j'entendis la cantatrice au printemps de
1818, elle ne me parut plus que l'omhre
d'clle-mènif. Bientôt, elle cessa d'attirer
le public, et la salle du théâtre Italien fut
déserte, parce qu'il n'y avait plus de chan-
teurs, de choristes , d'orchestre, ni de ré-
pertoire. Mrae Catalani prit alors la réso-
lution d'abandonner la direction de ce
spectacle, et de voyager dans toute l'Alle-
magne. Un arrangement fut fait entre elle
et Mrae Gail , pour que celle-ci l'accompa-
gnât dans son voyage, lui préparât ses
morceaux et sesaccompagnemens d'orches-
tre, comme avait fait autrefois Pucitta,
à Londres et à Paris. Au mois de mai ,
elles partirent pour Vienne , mais à peine
arrivées dans cette capitale, elles cessèrent
de s'entendre, des nuages survinrent*,
Mme Gail revint à Paris , et Mme Catalani
continua son voyage. Il dura près de dix
ans. Le prestige de la grande renommée
de la cantatrice n'était point encore dis-
sipé : beaucoup de gens allaient l'entendre
par curiosité ; ceux qui ne l'avaient point
entendue dans sa jeunesse se persuadaient
qu'elle était encore ce qu'elle avait été :
le plus grand nombre l'applaudissait sur
la loi de sa réputation. Mme Catalani vi-
sita tour à tour toutes les cours de l'Alle-
magne, parcourut l'Italie , revint à Paris,
où elle chanta sans succès, visita la Polo-
gne, la Russie, et retourna dans le nord de
l'Allemagne, en 1827. Ce fut à cette
époque qu'elle se fit entendre à Berlin ,
pour la dernière fois , et qu'elle prit la
résolution de cesser de chanter en pu-
blic. Elle avait acheté une jolie maison
de campagne dans les environs de Flo-
rence; elle s'y relira, après avoir vécu
quelque temps à Paris , dans un petit cer-
cle d'amis, avec le chagrin de voir qu'il
restait à peine, dans la population de cette
ville, un souvenir de ce qu'elle avait été
autrefois.
Comme actrice, Mme Catalani a toujours
quelque chose d'étrange à la scène; je ne
sais quoi de convulsif dans les gestes et
d'égaré dans les yeux. Ses amis les plus
intimes assurent qu'il lui était aussi péni-
ble déchanter dans l'Opéra qu'il lui était
agréable de se faire entendre dans un con-
74
CAT
CAT
cert, car elle avait naturellementbeauconp
de timidité. De là vient qu'elle s'efforçait,
et que, dans l'action dramatique, elle dépas-
sait presque toujours le but, de crainte de
rester en deçà. Élevée dans un couvent, elle
est restée pieuse. De mœurs pures et mo-
destes , elle a été bonne épouse et bonne
mère. Généreuse, bienfaisante, elle a fait
beaucoup d'aumônes, et Ton estime que le
produit des concerts qu'elle a donnés au
profit des pauvres s'élève à plus de deux
millions. On assure qu'elle a fondé dans sa
terre une école de musique où elle enseigne
lé chant à un certain nombre de jeunes
filles.
CATALANO (octave), né au bourg
cCE/ma, dans le Val di Noto en Sicile,
vers la fin du 16e siècle, fut d'abord mu-
sicien de la cliapelle du pape Paul V, et en-
suite maîtrcde chapelle de la cathédrale de
Messine. Précédemment, il avait été abbé
et chanoine à Calane. On a publié de sa
composition une collection de motets sous
ce titre : Ad SS. D. N. Paul uni V, P.
M. Sacrarum cantionum quœ binis , ter-
nis, ouaterais } quinis } senis , seplenis ,
optants vocibus concinnunlur cum basso
ad organum ab Oclavio Catalano Siculo
Ennense , etc. , lib. 1, Romœ ap. Zanet-
tum , 1616, in-4°. Un autre recueil de
motets pour trois voix de soprano , trois
altos et trois ténors, avait été publié par
Catalano en 1609, à Rome. Dans la hihlio-
thèque de M. l'abbé Santini, à Rome, il y
a un Beatus vir à huit voix, du même
auteur. Rodenchatz a inséré un motet à
huit voix, de Catalano, dans ses Florilegii
Porlensis. Ce compositeur fut un des pre-
miers qui firent usage de la basse conti-
nue chiffrée pour l'orgue.
CATALISANO (lep. janvier), minime,
né à l'alerme, vers la fin de l'année 1728,
était fils d'un maître de musique , contra-
puntiste instruit , mais homme de peu de
génie dans ses compositions. Catalisano
apprit les premiers principes de la musi-
que sous la direction de son père; puis il
entra dans l'ordre des frères mineurs ,
comme novice , et y fit son cours d'étu-
des. Quand il l'eut terminé, il se livra
entièrement à des travaux sur la musique,
Parvenu à un certain de;;ré d'habileté dans
cet art, il fut envoyé à Rome par ses supé-
rieurs, et y devint maître de chapelle-
de l'église Saint- André délie Frutte ,
qui appartenait à son ordre. Le dérange-
ment de sa santé l'obligea à retourner à
Païenne pour y respirer l'air natal. 11 est
mort dans cette ville en 1793 , à l'âge de
près de soixante ans. Ce maître est moins
connu par ses compositions que par un
livre sur la théorie de la musique qu'il a
publié sous ce titre : Grammalica- Armo-
nica fisico matlemalica ragionata su i
veri principi fondamenlali teoricopra-
tici, per uso délia giovenlu studiosa} e
diqualunque musicale radunanza. Rome,
1781 , grand in-4°. Lorsque Catalisano
publia ce livre , la manie des calculs pour
soutenir de vains systèmes d'harmonie
était encore dans toute sa force : Tartini
et Rameau avaient mis en vogue cet étalage
de chiffres inutiles à l'égard de la pratique
de l'art. L'auteur de la Grammaire-
harmonique ne manqua pas d'imiter ces
écrivains , et surchargea son ouvrage de
leurs pédantesques et infructueux calculs.
11 suppose ses lecteurs instruits dans les
mathématiques, ou du moins initiés au
cinquième livre des élémens d'Euclide;
partant de ce point, il explique la géné-
ration des consonnances et des dissonances
par les proportions harmonique, arithmé-
tique et géométrique, ainsi que par les
phénomènes physiques qui servent de base
aux systèmes de Rameau et de Tartini ;
puis , par une sorte de scrupule sur l'igno-
rance où pourraient être ses lecteurs con-
cernant ces choses , il explique à la fin en
quoi consistent ces proportions, qu'il aurait
fallu faire connaître d'abord, pour rendre
l'ouvrage intelligible. Les deuxième et
troisième chapitres sont les plus utiles du
livre, quoiqu'on n'y trouve rien qui ne soit
partout. Il y traite de l'harmonie , de l'art
d'écrire à plusieurs parties , et des artifi-
CAT
CAT
75
ces de l'imitation, du canon et de la fugue,
suivant les règles de la pratique. Dans le
quatrième chapitre, l'auteur s'occupe de
la recherche d'un moyen terme entre les
proportions géométrique, harmonique et
arithmétique. Le cinquième et dernier
chapitre est un dédale de calculs puérils
sur ces proportions. Tout cela n'est bon à
rien. Catalisano se borné souvent à copier
Mersenne et Rameau, mêle ensemble des
choses qu'il aurait fallu séparer , confond
ce qu'il aurait fallu distinguer , et loin de
pouvoir instruire la Jeunesse studieuse,
à qui son livre était destiné , paraît ne pas
s'être toujours entendu lui-même. On
pourrait s'étonner d'après cela qu'un maî-
tre si instruit clans la pratique de 1 art que
l'était Sabbatini ait pu donner à l'ouvrage
de Catalisano l'approbation qui est impri-
mée en tête de ce livre, si l'on ne connais-
sait l'incapacité des compositeurs et des
maîtres d'harmonie pour tout ce qui est
relatif à la théorie de leur art.
CATEL (charles-simon) , né à l'Aigle,
an mois de juin 1773, se rendit fort jeune
à Paris , et se livra sans réserve à son pen-
chant pour la musique. Sacchini, qui s'in-
téressait à lui, le fit entrer à l'école
royale de chant et de déclamation , fondée
en 1783, par Papillon de la Perte, inten-
dant des menus-plaisirs. Catel y étudia le
piano, sous la direction de Gobert, et
Gossec , qui le prit en affection, lui donna
des leçons d'harmonie et de composition.
En peu de temps , il devint habile clans
l'harmonie et dans toutes les parties de
l'art d'écrire la musique; vers le milieu de
l'année 1787 il fut nommé accompagna-
teur et professeur adjoint delà même école.
En 1790, l'administration de l'Opéra le
choisit pour être accompagnateur de ce
théâtre; il conserva cet emploi jusqu'en
1802, époque où des fonctions plus im-
portantes l'obligèrent à renoncer à sa
place. Ce fut dans celte même année
(1790), que le corps de musique de la
garde nationale fut formé par les soins de
M. Sarrette, qui depuis lors, fonda le con-
servatoire de musique et en devint le di-
recteur. L'étroite amitié qui l'unissait déjà
à Catel le détermina à lui fournir les
moyens de faire connaître son talent , en
l'attachant à ce corps de musique, en qua-
lité de chef de musique adjoint de son maî-
tre Gossec. Catel s'acquitta des obligations
de cet emploi en écrivant un grand nombre
de marches et de pas redoublés qui furent
généralement adoptés par les régi mens
français pendant les guerres de la révolu-
tion. La première production qui signala
le talent de Catel pour les grands ouvra-
ges , fut un De Prqfundis avec choeurs et
orchestre, exécuté en 1792, à l'occasion
des honneurs funèbres que la garde na-
tionale rendit à son major général Gou-
vion.
La nécessité de faire entendre la musi-
que dans les fêtes nationales, l'insuffisance
et l'inconvénient des inslrumens à cordes
pour ce genre d'exécution , déterminèrent
Catel à composer des symphonies pour des
instrumens à vent seuls , et des chœurs à
grand orchestre, dont l'exécution n'exigeait
aucun instrument à cordes. Le premier
essai d'une composition de cette espèce se
fit aux Tuileries, le 11 messidor an ir ,
dans lhymnc à la victoire sur la bataille
de Fleurus , dont le poète Lebrun avait
fait les vers.
En l'an ni delà République, époque de
l'organisation du Conservatoire de musi-
que, Catel y fut nommé professeur d'har-
monie. A peine cet établissement fut-il
consolidé, que les vues des professeurs dis-
tingués qu'on y avait réunis se tournèrent
vers la nécessité de poser les bases d'un
système d'enseignement, et de rédiger des
ouvrages élémentaires pour toutes les par-
ties de l'art. Chacun eut sa part de tra-
vaux , en raison de ses études spéciales ,
et d'après cette distribution, Catel fut
chargé de la rédaction d'un traité d'har-
monie. Il en proposa le système clans une
assemblée des professeurs; il fut adopté,
et l'ouvrage parut en l'an x (1802). Ce
livre a été pendant plus de vingt ans le
'G
CAT
GAT
seul guide des professeurs d'harmonie eu
France.
Depuis l'origine du Conservatoire de
Paris, Gossec , Méhul et M. Chérubini en
étaient inspecteurs ; une quatrième place
de ce genre fut fondue en 1810 , et ce fut
Catel qu'on choisit pour en remplir les
fonctions. Il ne jouit pas long-temps des
avantages de cette nouvelle position , car
les événemens de 1814 ayant ôté à M. Sar-
rette l'administration du Conservatoire ,
son ami voulut le suivre dans sa retraite ,
et donna sa démission. Depuis lors , il a
refusé tous les emplois qui lui ont été of-
ferts, et sa nomination de membre de l'In-
stitut de France (en 1815) est la seule
chose qu'il ait acceptée. En 1824, il fut
fait chevalier de la légion-d'honneur, sans
avoir fait aucune démarche pour obtenir
cette faveur.
Dès l'époque de son établissement , le
Conservatoire de musique devint le centre
d'un parti dans l'art, ou, si l'on veut, d'une
coterie, parce qu'il fut obligé de se défen-
dre des attaques dont il était l'objet. Il
fondait un nouvel ordre d'idées; substi-
tuait un enseignement normal aux routi-
nes vicieuses qui régnaient auparavant en
France; créait de nouvelles existences , et
portait préjudice à d'autres plus anciennes.
Ce fut encore pis quand , séparant des élé-
mens hétérogènes qu'il avait admis dans
son sein , il fit des réformes parmi les pro-
fesseurs dont les babil udes ne coïncidaient
pas avec ses nouvelles doctrines. De là des
haines, des pamphlets , et des attaques au
dehors, qui consolaient les adversaires de la
nouvelle école de ses succès naissans. Plus
qu'un autre, Catel devait être l'objet de
ces attaques , car on connaissait ses étroi-
tes liaisons avec le directeur du Conserva-
toire , et l'on n'ignorait pas qu'il exer-
çait une active influence sur les résolutions
de celui-ci. C'est peut-être à ces causes
qu'il faut attribuer les difficultés qui en-
tourèrent Catel à son début comme com-
positeur dramatique . et la disproportion
de l'éclat de sa renommée avec la réalité
de son talent ; car s'il avait des amis
dévoués parmi les artistes du théâtre et de
l'orchestre, ses ennemis étaient en foule
au parterre. De là vint sans doute l'oppo-
sition qui se manifesta contre lui lorsqu'il
fit représenter Sémiramis en 1802. Le
moment n'était pas favorable au succès de
cet ouvrage, car c'était celui des haines
les plus violentes contre le Conservatoire :
aussi ne réussit -il que médiocrement, ou
plutôt, ne réussit-il pas, quoique la par-
tition renfermât de grandes beautés. Il
faut le dire, elle ne brillait pas par ces
traits de création qui marquent tout d'a-
bord la place d'un artiste ; mais , le chant
y était si noble et si gracieux , la décla-
mation si juste, l'harmonie si pure, qu'en
examinant aujourd'hui cette partition, on
s'étonne que le public de l'an x ait montré
si peu de sympathie pour celte œuvre.
Quelques airs seuls ont survécu dans les
concerts , parce qu'ils sont favorables aux
chanteurs français. De nos jours, grâce à
l'influence des journaux, des applaudisseurs
à gages et de la camaraderie , une chute
se transforme en un demi succès, un demi
succès en un triomphe complet; mais à
l'époque où Catel fit représenter Sémira-
mis, un demi succès était une chute, une
chute la mort d'un ouvrage dramatique.
Malheur à l'auteur tombé ! Catel en fit
la triste expérience. Plusieurs années se
passèrent avant qu'il eût surmonté son dé-
couragement et avant qu'il eût trouvé un
livret pour une nouvelle composition. Le
coup était porté ; il était décrié près des
gens de lettres de ce temps comme un
musicien savant, ce qui était la pire chose
qu'on pût dire alors d'un musicien. Enfin
en 1807 , il fit représenter Y Auberge de
Bagneres , à l'Opéra-Comique. Cette par-
tition était trop forte , trop pleine de mu-
sique pour les habitués de ce théâtre, à
l'époque où elle parut. Les mélodies y sont
charmantes , les intentions comiques bien
saisies, la facture excellente; mais il sV
trouvait des morceaux d'ensemble d'un
grand style, dont les combinaisons étaient
CAT
CAT
77
trop riches pour un auditoire français de
1807. Le succès fut d'abord incertain, et
le mérite du bel ouvrage de Catel ne fut
compris que long-temps après , et sa re-
prise fut en quelque sorte une résurrec-
tion.
Dans l'année 1807, ce compositeur fit
représenter un opéra-comique sous le titre
de Les artistes par occasion. La pièce
n'était pas bonne : la musique ne put la
soutenir; mais il s'y trouvait un trio excel-
lent qui a été souvent chanté aux concerts
du Conservatoire , et qu'on a toujours ap-
plaudi. Cet ouvrage fut suivi du ballet
& Alexandre chez Apelle, en 1S08, des
Bayaderes , grand-opéra en trois actes ,
en 18J 0, des Aubergistes de qualité,
opéra-comique en trois actes, en 1812,
composition un peu froide , mais dont les
mélodies sont d'un goût exquis , du Pre-
mier en date , opéra-comiquè en un acte,
faible production représentée en 1814, du
Siège de Mézieres, pièce de circonstance,
en société avec Nicolo Isouard, Boieldieu
et Cherubini , de Wallace ou le Ménes-
trel écossais, drame en trois actes, qu'on
peut considérer comme le chef d'œuvre de
Catel , ou du moins comme l'œuvre sortie
de ses mains où le sentiment dramatique
est le plus énergique , et dans laquelle le
coloris musical est le mieux assorti au
sujet. Cet ouvrage fut représenté en 1817.
Il fut suivi, en 1818, de Zirphile etjleur
de Myrte , opéra en deux actes, repré-
senté à l'Académie royale de musique ,
et, en 1819, de l'Officier enlevé , faible
production remplie de négligences , et qui
laissait apercevoir le dégoût de l'auteur
pour la carrière du théâtre , où jamais ses
succès n'avaient été populaires ni produc-
tifs. Ce fut son dernier ouvrage. Cherchant
dès ce moment ses plaisirs dans les encou-
ragemens qu'il donnaità dejeunesartistes,
et dans les douceurs d'une rie tranqnille,
il se condamna au silence, et passa la plus
grande partie de chaque année dans une
maison de campagne qu'il avait acquise à
quelques lieues de Paris.
La collection des pièces de musique à
l'usage des fêtes nationales contient beau-
coup de morceaux composés par Catel,
entre autres : 1° Ouverture pour des in-
strumens à vent, exécutée dans le temple
de la Raison, an n de la République}
2° Marches militaires et pas de manoeuvre;
3° Stances chantées à la fête des élèves
pour la fabrication des canons , poudres et
salpêtres; 4° Marche militaire; 5° Sym-
phonie militaire, marche et hymne à la
victoire sur la bataille de Fleurus , 6° Le
chant du départ , hymne de guerre ; 7° La
bataille de Fleurus , chœur ; 8° Chœur
du banquet de la fête de la victoire;
9° Hymne à. l'égalité , paroles de Ché-
nier ; 10° Ouverture en ut, à l'usage mi-
litaire; 11° Symphonie en Ja , Idem.;
12° Ouverture en fa , Idem. Catel s'est
aussi essayé dans la musique de chambre
et a publié : Trois quintettes pour deux
violons, deux altos et basse, œuvre 1er,
Paris 1797; Trois idem: œuvre 2me, Ib.;
Trois quatuors pour flûte , clarinette ,
cor et basson, Paris 1796; et six sonates
faciles pour le piano , Paris 1799. Le re-
cueil de chansons et romances civiques
publié à Paris, en 1796, contient plusieurs
morceaux de la composition de cet artiste;
enfin il a eu une grande part à la rédac-
tion des Solfèges du conservatoire , dont
il a publié une deuxième édition, en 1815,
avec une exposition méthodique des prin-
cipes de la musique.
L'ouvrage qui a le plus contribué à la
réputation de Catel est incontestablement
son Traité d'harmonie. A l'époque où il
l'écrivit, le système de Rameau était le
seul qu'on connût en France ; la plupart des
professeurs du Conservatoire n'enseignaient
même pas autre chose pendant les pre-
mières années de l'existence de cette école.
Catel était trop habile dans la pratique de
l'art d'écrire l'harmonie pour ne pas aper-
cevoir les vices de ce système, et pour
ne pas comprendre que la génération har-
monique imaginée par l'ancien chef de
l'école française n'était pas conforme aux
78
CAT
CAT
lois de succession des accords. Il vit bien
que l'accord de double emploi tic Rameau
et ceux de septième mineure du second
degré , de neuvième , de onzième , etc. ,
étaient des produits de prolongations d'ac-
cords précédens sur des accords conson-
nans et dissonans; il aperçut l'origine de
certains accords dissonans dans des alté-
rations d'autres accords naturels, et fon-
dant sa théorie sur ces considérations , il
débarrassa le système de l'échafaudage
d'accords fondamentaux imaginés par Ra-
meau, et produits, suivant cet harmoniste,
par des sous-positions ou par des superpo-
sitions dénotes, ajoutées de tierce en tierce.
La théorie de Catel avait déjà été présen-
tée, au moins dans ses considérations les
plus importantes, par Kirnherger (Grand-
sœlze des Generalbass als ersLe linien
der composition , Berlin, 1781 , in-4°),
et par Turk (Anweisung zuni General-
bnsspie'en, Halle, 1800); mais à l'époque
où ce système fut proposé, il était inconnu
en France, en sorte que le mérite de l'in-
vention lui reste. Il est certain que ce sys-
tème, beaucoup plus simple , et plus con-
forme aux faits qui se produisent dans
l'emploi et dans la succession des accords ,
était un grand pas vers une théorie com-
plète et rationnelle de l'harmonie ; mais il
est si difficile de s'affranchir tout à coup
des habitudes de l'éducation dans la re-
cherche de la vérité , que Catel se crut
obligé de prendre la base de son système
d'harmonie dans les divisions du mono-
corde, imitant en cela ses prédécesseurs
qui avaient fondé le leur sur des phénomè-
nes physiques plus ou moins incertains,
plus ou moins mal observés. Il ne vil pas
qu'il prêtait ainsi des armes à ceux qui
voudraient, attaquer sa théorie. Voici quel,
est le point de départ qu'il a choisi.
a 11 n'existe en harmonie qu'un seul
« accord qui contient tous les autres. Cet
a accord est formé des premiers produits
« du corps sonore, ou des premières divi-
« sions du monocorde.
t: Une corde tendue donne dans «a tota-
« lité un son que je nommerai sol. Sa
« moitié donne un sol à l'octave du 1er ;
« son tiers donne un rê à la 12me, son
<i quart donne un sol la double à octave,
« son cinquième donne un si à la \7*°e j
« son sixième donne un ré octave du tiers,
« son septième donne un^à à la 21me;
te son huitième donne un sol à la triple
ce octave , son neuvième donne un la à
« la 23me.
» Ainsi ,en parlant du quart delà corde,
« ou de la double octave du premier son,
« on trouve en progression de tierces 1 ac-
te cord sol , si, ré, fa, la. r>
Il est facile de comprendre les consé-
quences que Catel tire de ce résultat des
divisions du monocorde ; car, dans sol,
si , ré. fa, la } on trouve l'accord parfait
majeur sol, si, ré; l'accord parfait mi-
neur , ré , fa , la ; l'accord de quinte mi-
neure si, ré , fa ; l'accord de septième
naturelle de la dominante, sol , si, ré, fa ;
l'accord de septième de sensible si, ré, fa,
la, enfin l'accord de neuvième majeure
de la dominante sol , si, ré, fa , la. De
là , il concluait que tous ces accords sont
naturels, et que les autres sont obtenus par
des modifications artificielles de ceux-ci.
Mais ainsi que l'a fort bien vu Boely
(Voyez ce nom ) , ces divisions du mono-
corde sont arbitraires si l'on s'arrête au
point que Catel a pris pour terme , car
rien n'empêche d'aller au-delà , et de
pousser la division jusqu'à ut, mi, et
d'autres sons encore, en sorte qu'au lieu de
l'accord sol, si , ré, fa, la, on aura sol,
si, ré ,fa, la, ut, mi , etc. On comprend,
d'après cela , quelles objections se présen-
tent contre la distinction établie par Catel
entre les accords qu'il appelle naturels et
ceux qu'il nomme artificiels; car dans
l'accord sol , si, ré, fa, la, ut, mi, on
trouve l'accord de septième mineure du
second degré, ré, fa, la, ut , et l'accord
de septième majeure fx, la, ut, mi;
donc, plus de nécessité de prolongation
pour la formation de ces accords. En fai-
sant d'autres proportions dans la division
CAT
CAT
79
du monocorde, on arrive à d'antres sons
qui rendent également inutiles les altéra-
tions des intervalles naturels des accords;
dès lors , toute la théorie s'écroule. Tels
sont les inconvénicns de ces systèmes basés
sur des considérations prises en-dehors de
l'art : aucun d'eux ne soutient un examen
sérieux. Heureusement la théorie de Catel
n'avait pas besoin du faible soutien de ces
divisions du monocorde qui ne prouvent
rien ; la distinction des accords naturels et
des accords artificiels subsiste, parce que
les premiers sont des faits acceptés par l'o-
reille comme ayant une existence indépen-
dante de toute harmonie précédente, tandis
que les autres ne se conçoivent que comme
de produits de succession à des faits anté-
rieurs. L'instinct du musicien avait guidé
Catel dans cette distinction avec plus de
sûreté qu'une mauvaise physique d'éco-
lier : de là vient que malgré les attaques
des partisans de l'ancien système de la
basse fondamentale, le traité d'harmonie
de Catel a été pendant près de vingt ans le
seul ouvrage qu'on a étudié en France
pour apprendre l'harmonie : succès justi-
fié par l'amélioration qui s'est manifestée
dans la connaissance pratique de l'art chez
les Français.
Le Traité d'harmonie de Catel n'est en
quelque sorte que le programme d'un
cours de cette science ; il en a écrit les dé-
veloppcmens pour ses élèves et a donné
des exemples nombreux pour tous les cas
qu'il avait indiqués. Son manuscrit auto-
graphe, d'un grand intérêt pour la prati-
que de l'art, avait passé dans la bibliothè-
que de Perne; il est aujourd'hui dans la
mienne.
Quels qu'aient été les talens de Catel ,
ils ne furent qu'une partie de ses titres à
l'estime, je pourrais dire , à la vénération
de ceux qui le connurent. A l'esprit le
plus juste et le plus fin , au don d'obser-
vation le plus pénétrant, il joignait la
probité la plus sévère, et toutes les qua-
lités de l'ame la plus pure. Pendant qua-
rante ans, son amitié, sa reconnaissance
pour M. Sarrette , qui l'avait secondé de
tout son pouvoir dès son début dans sa
carrière, ne se démentit pas un instant;
sa bienveillance pour les jeunes musiciens,
qui réclamèrent ses conseils et sa protec-
tion , ne connut pas de bornes.
CATENACCl ( le p. cian-domenico),
moinede l'ordre des observans, néà Milan,
dans la première moitié du 18e siècle, fut
un très habile contrapuntisle et un grand
organiste. Il a publié à Milan, en 1791 ,
un livre de sonates fuguées pour l'orgue ,
qui sont d'un excellent style. Le P. Cate-
nacci a fait de nombreux élèves. Il est
mort vers 1800.
CATHALA (jean), maître de musique
de l'église cathédrale d'Auxcrre, vers le
milieudul7e siècle, estauteur de plusieurs
messes, dont voici les titres : 1° Missa
quinque vocum ad imitalioiiem moduli ,
Lœlare Jérusalem, Paris, Robert Ballard,
1666, in-fol.; 2° Missa quoique vocum,
ad irh.it. mod. in Luce Stellarum , ibid.,
in-fol.; 5° Missa quatuor vocibus , ad
imit. mod. Inclina cor meum Deus, Paris,
Christ. Bal'ard, 1678, in-fol. C'est une
deuxième édition ; j'ignore la date de la
première; 4° Missa quinque vocibus ad
imit. mod. Nigra sum sed formosa, ibid.,
1678, in-fol. 11 n'y a pas une seule note
blanche dans cette messe, à cause de son
titre; 5° Missa quatuor vocibus ad imit.
moduli } Non recuso laborem , Paris, Bal-
lard, 1680, in-fol. ; 6° Messe syllabiqueen
plain-chant, à quatre voix , Ibid., 16S3,
in-fol.
CATLEY (anne), cantatrice à l'Opéra
de Londres, de 1767 à 1781 , possédait
une voix charmante, un goût exquis et une
déclamation parfaite. Elle naquit dans
cette ville en 1737, et y fit son édu-
cation musicale. Elle épousa le général
Lasalle, et mourut à Londres, le 15 oc-
tobre 1789. Son portrait a été gravé par
Jones, dans le rôle à'Euplirosine de l'opéra
de Dunkarton (Londres. 1777).
CATRUFO (josepii), compositeur dra-
matique, est né à Naples, en 1771. A l'âgé
CAT
CAT
de douze ans , c'est-à-dire en 1783 , il fut
admis au conservatoire de La Pietà de
Turchini , et il y commença l'étude de la
musique. Ses maîtres furent dans cette
école Tarentino pour l'étude de la basse-
chiffrée ou des partimenti , Sala pour le
contrepoint, Trilto pour la coupe drama-
tique des morceaux et la facture de la par-
tition , enfin La Barbiera pour le chant.
Vers la fin de 1791 , ses éludes étant ter-
minées , il partit pour Malte , où il écrivit
l'année suivante, deux opéras houffes , II
Corriere , en deux actes , et Cajacciello
disertore, en un acte. Mais bientôt les tra-
vaux de M. Catrufo furent interrompus
par les événemens militaires qui occupè-
rent l'Italie. Fils d'un ancien officier es-
pagnol, il était destiné par ses parcns à la
profession des armes ; il entra au service ,
et lors de la révolution de Naples , il prit
parti dans l'armée française, fit les cam-
pagnes d'Italie , et partagea la gloire des
drapeaux français. Adjudant de place à
Diana-Marina, il se mit à la tête des habi-
tans de cette ville, et donna des preuves
de courage en la défendant contre les at-
taques d'une escadre anglaise. Au milieu
de ses faits d'armes , il revenait quelque-
fois à l'objet de ses goûts , à la musique
qui avait fait les délices de sa jeunesse.
C'est ainsi qu'au carnaval de 1799, il
donna sur le théâtre d'Arezzo II Furbo
contro il Furbo , opéra bouffe en deux
actes, et qu'il écrivit pour la cathédrale de
cette ville une messe et un Dixil à quatre
voix, avec chœur et orchestre. Dans la même
année, il composa aussi pour le théâtre de
La Pergola , à Florence, quelques mor-
ceaux qui furent introduits dans les opéras
de divers auteurs. Retiré du service mili-
taire en 1804, M. Catrufo se fixa à Ge-
nève, et écrivit dans la même année pour
l'église de l'Auditoire un Christus factus
estpro nobis , à voix seule avec orchestre.
Il fit aussi représenter au théâtre de cette
ville, depuis 1805 jusqu'en 1810, quatre
opéras-comiques français, savoir : Clarisse,
en deux actes ; La Fée Urgele, en trois
actes ; L'Amant alchimiste , en trois ac-
tes ; et Les Aveugles de Franconville, en
un acte. Pendant son séjour à Genève ,
M. Catrufo fit le premier essai de l'ensei-
gnement mutuel appliqué à la musique,
et cet essai lui réussit. Ce fut pour ce cours
qu'il écrivit les Solfèges progressifs qu'il
a publiés à. Paris, en 1820, chez Pacini.
Arrivé à Paris, vers le milieu de 1810 , il
se livra à l'enseignement du chant, et pu-
blia, l'année suivante, un recueil de Foca-
lises qui fut adopté pour l'usage du con-
servatoire de Milan. Au mois de novembre
1813 il fit représenter au Théâtre Feydeau
L'Aventurier, opéra-comique en trois ac-
tes , qui n'obtint qu'un succès médiocre;
cet ouvrage fut suivi de Fèlicie ou la jeune
file romanesque , en trois actes , qui fut
bien accueilli du public et qui resta au
théâtre; d'Une matinée de Frontin, en
un acte ; de La Bataille de Denain , en
trois actes ; de La Boucle de cheveux, en
un acte ; de Zadig, en un acte ; de L'In-
trigue au château, en trois actes; du
Voyage à la cour, en deux actes ; et Des
Rencontres , en trois actes. Outre ces ou-
vrages dramatiques, M. Catrufo a publié :
1° Fantaisie pour le piano sur les airs de
Fèlicie', 2° Fantaisie pour le piano sur
des airs de Rossini ; 3° Variations sur une
marche tirée d'Une matinée de Frontin;
4° Trois waîsescaractérisques pour le piano;
5° Six duos caractéristiques pour le chant
avec ace. de piano; 6° Six recueils de noc-
turnes contenant vingt-sept morceaux ;
7° Deux recueils d'ariettes contenant neuf
morceaux; 8° Sei quartetlini da Caméra
a qualtro voci ; 9° Sei Terzettini da Ca-
méra a tre voci ; 10° Les animaux chan-
tans , recueil de canons à plusieurs voix ,
11° Barème musical, ou l'art de compo-
ser de la musique sans en connaître les
principes , Paris , 1811, in-8°; 12° Beau-
coup de romances françaises avec accom-
pagnement de piano , parmi lesquelles on
remarque : L'Infidélité d'Annelle , La
Déclaration, Le Gondolier, L'Exilé, etc. ;
13« Un recueil de vocalises sur les airs de
CAU
Rossini, Paris, 1826; 14° Méthode de
vocalisation, ibid., 1830; et plusieurs
autres productions légères. On connaît
aussi de ce compositeur : 1° Un hymne
républicain pour voix de ténor, avec chœur
et orchestre, exécuté en 1799 sur le théâ-
tre de la Pergola, à Florence ; 2° Un hymne
du même genre avec orchestre, ^u théâtre
d'Alexandrie, en Piémont ; 3° Une cantate
avec chœur à grand orchestre , exécuté à
Empoli (Toscane), pour la cérémonie fu-
nèbre à l'occasion de l'assassinat des plé-
nipotentiaires français de Rastadt ; 4° Une
cantate à voix seule avec chœur et orchestre ,
au théâtre de Pavie, en 1 800, pour célébrer
la bataille de Marengo. Parmi les produc-
tions inédites de M. Catrufo, on remarque :
Blanche et Olivier, opéra en deux actes ,
reçu à l'Opéra-Comique; Don Raphaël,
en trois actes , Idem ; Clotaire , en trois
actes, Idem ; Le Mécanisme de la voix,
ouvrage élémentaire ; L'Art de varier un
chant donné , et un recueil de vocalises
pour contralto et basse. En dernier lieu ,
il a fait paraître, à Paris, un traité des
voix et des instrumens, à l'usage des com-
positeurs.
CATTANEO (jacques), né à Lodi,vers
1666 , fut maître de psaltérion et de vio-
loncelle au collège des nobles de Rrescia ,
dirigé par les jésuites. 11 est auteur d'un
ouvrage intitulé : Trattenimenti Armo-
nici da Caméra a tre istromenti, due vio-
Uni et violoncello o cembalo , con due
brevi cantate a soprano solo ed una so-
nata per violoncello , opéra prima , Mo-
dène, 1700, in-4°.
CATTANEO (françois-marie) , frère
du précédent, né à Lodi, était, en 1739,
violiniste de la cour de Dresde , et succéda
àPisendel, en 1756, comme maître de
concerts de cette cour. On a de sa compo-
sition trois concertos pour violon , et quel-
ques airs en manuscrit.
Un autre musicien du nom de Catla-
neo a publié à Milan, chez Riccordi, Deux
sinphonies pour guitare seule.
CAUCHY (Augustin-Louis), membre de
tome m.
CAU
81
l'Académie des sciences, de l'Institut de
France, est né à Paris, en 1781. Une rare
aptitude pour les mathématiques s'est ma-
nifestée en lui dès sa jeunesse : il est au-
jourd'hui un des géomètres les plus distin-
gués de France. Il a fait insérer dans les
mémoires de l'Institut (années 1817 et
suivantes), plusieurs mémoires sur des su-
jets d'acoustique.
CAUCIELLO (prosper), musicien delà
chapelle royale de Naples, en 1780, a fait
graver à Lyon , vers la même époque :
1° Deux œuvres de six duos pour le vio-
lon; 2° Cinq quintettes pour violon ou
flûte; 3° Trois symphonies détachées à
grand orchestre.
CAULERY (je an), maître de chapelle
de Catherine de Médicis, vivaitàRruxelles,
en 1556. Il a fait imprimer à Anvers ,
dans la même année, un ouvrage de sa
composition intitulé : Jardin musical,
contenant plusieurs belles Jleurs de chan-
sons spirituelles à trois et à quatre par-
ties, in-4°.
CAURROY (françois-eustache DU),
sieur de Saint-Frémin , naquit à Gerbe-
roy, près de Beau vais, en 1549. Il eut en
France la réputation d'un compositeur ha-
bile , et même il fut appelé Prince des
professeurs de musique, ce qui ne prouve
pas d'ailleurs qu'il fûtle meilleur musicien
de son temps , car ce titre fut aussi donné
à Palestrina et à Roland de Lassus, qui
vivaient à la même époque , et qui le mé-
ritaient bien mieux que lui. Son père le
destinait à entrer dans l'ordre de Malte ,
dont son fils aîné était commandeur; mais
après avoir achevé ses études, Du Caurroy
s'adonna à la musique, et y acquit bientôt
tant de réputation , que ses parens renon-
cèrent à leur premier dessein. Il entra
dans les ordres, devint chanoine de la
Sainte-Chapelle et prieur de Sainl-Aïoul
de Provins. Il dit dans l'épître dédicatoire
de ses Preces ecclesiasticœ , publiées en
1609, qu'il était depuis quarante ans maî-
tre de musique de la chapelle des rois de
France; d'où il suit qu'il fut reçu dans
6
GAU
CAU
cette charge, en 1568, ou au plus tard au
commencement de 1569, et conséquem-
ment qu'il fut successivement au service
de François II, de Charles IX, de Henri III,
et de Henri IV. Il annonçait aussi qu'il
allait publier plusieurs autres ouvrages,
mais la mort le surprit avant qui! eût
exécuté son dessein, le 7 août 1609, à l'âge
de 60 ans. La place de surintendant de la
musique du roi avait été créée pour lui ,
en 1599. Il fut inhumé dans l'église des
Grands- Augustins. Son tombeau , élevé
aux frais de Nicolas Formé , son succes-
seur, a été détruit à la révolution de 1789;
Millin l'a fait graver dans son Becueil des
antiquités nationales. L'épitaphe de Du
Caurroy, composée par le cardinal Duper-
ron , son protecteur, se trouve dans l'Es-
sai sur la musique de La Borde (tom. III).
Il nous reste de ce compositeur : 1° Missa
pro defunctis 5 vocum. Cette messe , qui
n'a jamais été publiée , et dont le manu-
scrit se trouve à la bibliothèque du roi, à
Paris, fut, jusqu'au commencement du
18e siècle, la seule qu'on chantait aux ob-
sèques des rois de France, à Saint-Denis;
2° Preces ecclesiasticœ ad numéros mu-
sices redactœ, lib. 1, à cinq voix, Paris,
1609; 3° Precum ecclesiasticarum, lib. 2,
Paris, 1609, in-4° ; 4° Mélanges de Mu-
sique, contenant des chansons, des psau-
mes, des noels , Paris, 1610 , in-4°. Bur-
ney a extrait de cet ouvrage un noël à qua-
tre voix , qu'il a publié dans le troisième
■volume de son histoire générale de la mu-
sique (p. 285); 5° Fantaisies à trois ,
quatre, cinq et six parties , etc., Paris,
P. Ballard, 1610, in-4°. Ces deux der-
niers ouvrages ont été publiés parles soins
d'André Pilart , petit-neveu de l'auteur.
Du Verdier (Bibl. Française) dit que Du
Caurroy avait déjà publié quelques œuvres
chez Adrien Leroy, en 1584; mais il n'en
indique pas les titres. Il dit aussi que cet
auteur avait écrit plusieurs ouvrages théo-
riques sur la musique, qui n'étaient point
encore publiés à cette époque : il ne pa-
raît pas qu'ils l'aient été depuis lors.
CAUS (salomon DE) , ingénieur et ar-
chitecte , naquit dans la Normandie, vers
la fin du 16e siècle. Ses études dans les
mathématiques étant terminées , il passa
en Angleterre , où il fut attaché au prince
de Galles. Il se rendit ensuite en Alle-
magne , et devint ingénieur de l'électeur
de Bavière , qui lui donna la direction de
ses bâtimens et de ses jardins. Après avoir
passé la plus grande partie de sa vie au-
près de ce prince , il revint en France , et
y mourut vers 1650. On a de cet auteur :
1° Institution harmonique, divisée en
deux parties ; en la première sont mon-
strées les proportions des intervalles har-
moniques, et en la deuxième les compo-
sitions d'icelles, Francfort, 1615, in-fol.
Jean Gaspard Trost indique une première
édition de cet ouvrage, Heidelberg, 1614,
in-fol. (voyez Ausfïdirliche Beschreibung
des neuen Orgelwerks auf der Augus-
tusburgzu Weissenfels, c'est-à-dire, Des-
cription de l'intérieur de l'orgue du châ-
teau d'Auguste à Weissenfels , p. 72).
Je crois qu'il est dans l'erreur ; cependant
l'épître dédicatoire à la reine Anne d'An-
gleterre est datée de Heidelberg, le 15 sep-
tembre 1614. Ce même J. G. Trost avait
fait une traduction allemande du livre de
De Caus , mais cette traduction est restée
manuscrite. La première partie du livre
de De Caus est de peu d'intérêt pour l'art,
n'étant remplie que de calculs sur les pro-
portions des intervalles ; la deuxième, qui
est relative à la constitution des tons et au
contrepoint, est plus utile, quoique les
exemples soient en général mal écrits;
2° Les raisons des forces mouvantes avec
diverses machines et plusieurs dessins
de grottes et fontaines, Francfort, 1615,
in-fol . , réimprimé à Paris, en 1624, in-fol.
Le troisième livre, qui traite de la construc-
tion des orgues, est très remarquable pour
le temps où il fut écrit. On a une traduc-
tion allemande de tout l'ouvrage, sous ce
titre : Von gewaltsamen Bewegungen ,
BeschreibungetlicherMaschinen,]} ranc-
fort, 1616, in-fol. et 1620, in-fol.
CAV
CAV
83
CAUSSE (joseph), fils de J.-J. Causse,
maître de musique de la collégiale de
Saint-Pons (département de l'Hérault) ,
naquitdans cette ville, en 1774.Aprèsavoir
fait ses études musicales sous la direction de
son père, il vint à Paris où il donna des
leçons de piano. On a de lui : 1° Sonate
pour le piano avec fuie obligée ,œuvrelerj
Paris, Viguerie, 1801 ; 2° Caprice pour
le pianot œuvre 2e, Ibid., 1802 ; 3° So-
nates faciles pour le piano, op. 3e, Ibid.;
4° Sérénade pour piano, violon et violon-
celle, Paris, Pacini; 5° Plusieurs pots-
pourris, rondeaux, valses, etc. , pour piano
seul.
CAUXDE CAPPEV AL (gilles MONT-
LEBERT),né aux environs de Rouen, au
commencement du 18e siècle, entra au
service de l'électeur Palatin, et fit impri-
mer quelques-uns de ses ouvrages à Man-
heim. On croit qu'il est mort à Paris. On
a de lui : apologie du. goût français re-
lativement à l'Opéra , avec les discours
apologétiques , et les adieux aux Bouf-
fons, poème, Paris, 1754, in-8°. C'est une
rapsodie dirigée contre J.-J. Rousseau, à
l'occasion de sa Lettre sur la musique
française. On n'y trouve aucune espèce
de mérite : l'auteur se croyait cependant
supérieur à Voltaire.
CAVACCIO (jean), né à Bergame, vers
1556 , fut d'abord chanteur au service de
la cour de Bavière; il alla ensuite à Rome
et à Venise, et revint enfin dans sa patrie,
où il fut nommé maître de chapelle de la
cathédrale. A près avoir occupé ce poste pen-
dant vingt-trois ans, il fut appelé à Sainte-
Marie-Majenre , comme maître de cha-
pelle, et y resta jusqu'à sa mort, arrivée le
11 août 1626. On trouve son épitaphe dans
le Lexikon de Wallher. On a imprimé de
la composition de Cavaccio les ouvrages
dont voici les titres : 1° Magnificat om-
nitonum, Venise, 1581. La seconde par-
tie parut en 1582; 2° Madrigali a 5,
lib. 1, Venise, 1583; 3° Musica a 5 da
sonare, id. , 1585 ; 4° Dialogo à 1 nel
lib. 1 dé Madrigali di Claudio da Cor-
reggio , Milan , 1588 ; 5° Madrigali a 5 ,
lib. 2, Venise, 1589; 6° Salmi di corn-
pieta con le antifone délia Vergine, et
8 falsi bordoni a 5, Venise, 1591;
7° Salmi a cinque per tutti i vespri dell
anno, con alcuni Hinni , Moletti , e falsi
bordoni accomodati ancora a voci di
donne , Venise, 1593 ; 8° Madrigali a 5*
lib. 4, Venise, 1594; 9° Salmi a 5, Ve-
nise , 1594 ; 10° Madrigali a 5 , lib. 5 ,
Venise, 1595; 11» Canzoni francesi a
quattro , Venise, 1597; 12° Canzonette
atre, Venise, 1598; 15° Madrigali a 5 ,
lib. 6, Venise, 1599; 14° Messe péri de-
fonti a quattro e cinque, con Moletti, Mi-
lan , 1611. Bergameno a inséré quelques
pièces de Cavaccio dans son Parnassus
musicus Ferdinandœus 2-5 vocum , Ve-
nise, 1615. Cavaccio fut un des composi-
teurs qui contribuèrent à la formation
d'une collection de psaumes , imprimée en
1592, et qui fut dédiée à Jean-Pierluigi
de Palestrina.
CAVALARY (etienne) , flûtiste à Pa-
ris, vers le milieu du 18e siècle, a fait gra-
ver un livre de Sonates à flûte seule j
Paris, 1746, in-4°, obi.
CAVALIERE ou CAVAL1ERI (emilio
DEL), gentilhomme romain, né vers 1550,
vécut long-temps à Rome , et fut ensuite
appelé à la cour de Toscane , où le grand-
duc Ferdinand de Médicis lui confia la
place d'inspecteur-général des arts et des
artistes. Doué par la nature d'un génie
élevé pour la musique, il se livra dès son
enfance à l'étude de cet art , et y acquit
bientôt des connaissances profondes , non
seulement dans le contrepoint, mais aussi
dans le chant, et dans la musique instru-
mentale. Jusqu'à l'époque où il commença
à écrire, la musique n'était point sortie
des règles rigoureuses du style ecclésias-
tique appelé stile osservato; les madri-
gaux qu'on chantait à table et dans les sa-
lons, étaient, écrits en contrepoint fugué.
Emilio del Cavalière, persuadé qu'il était
possible de trouver une musique plus lé-
gère, plus expressive et plus analogue au,
6*
84
CAV
sens de la poésie, tourna toutes ses facultés
vers la recherche de ce genre nouveau
qu'il se sentait la force de créer. Ses
travaux eurent d'abord pour ohjet de per-
fectionner l'art du chant. S'il n'est pas
l'inventeur de quelques agrémens dont on
a fait usage dans cet art , et dont il reste
encore quelque chose dans nos écoles, il est
du moins le premier qui en ait laissé des
traces dans ses ouvrages ; ces agrémens
étaient le groppolo (gruppetto),le£n'//e., la
monachine et le zimbalo. Alexandre Gui-
dotti , de Bologne, qui, après la mort de
Cavalière, apuhlié, en 1600, le drame mu-
sical de ce compositeur intitulé : La Rap-
presentazione di anima e di corpo , a
donné dans l'avertissement de cet ouvrage
une indication de ces ornemens dont les
signes ont été employés par Cavalière, avec
leur traduction notée; cette indication des
ornemens du chant est la plus ancienne
qu'on connaisse. Emilio del Cavalière fut
aussi un des premiers musiciens qui ima-
ginèrent de joindre l'accompagnement des
instrumens aux voix, non pour jouer exac-
tement les mêmes choses qu'elles chan-
taient, comme cela s'était pratiqué jusqu'à
lui , mais pour faire un accompagnement
de fantaisie improvisé , de la même ma-
nière que les chanteurs de la chapelle
pontificale exécutaient le plain-chant à
plusieurs parties ; ce qu'on appelait con-
trappunto alla mente. On trouve aussi
dans le drame dont il vient d'être parlé, la
preuve que Cavalière fut un des premiers
musiciens , s'il ne fut le premier de tous ,
qui imaginèrent d'écrire une basse instru-
mentale différente de la basse vocale , lui
donnèrent le nom de basse continue, et
l'accompagnèrent de chiffres et de signes
destinés à guider les instrumentistes dans
les accompagnemens improvisés qu'ils exé-
cutaient. La démonstration de ce fait existe
dans les instructions que Alexandre Gui-
dotti a mises dans l'édition du drame La
Rappresentazione di anima e di corpo ,
sur la signification des signes dont il est
question, I numeri piccoli posti sopra
CAV
le note del basso continualo per suonare,
dit-il ,significano la consonanza e la dis-
sonanza di tal numéro, corne il 3 terza,
il 4 quarta, e cosi di mano in mano, etc.
Les idées de Cavalière sur l'application de
la musique à l'expression de la poésie , et
sur le drame musical , se développèrent à
Florence dans ses conversations avec Jules
Caccini son compatriote , Jean Bardi ,
comte de Vernio , Vincent Galilée, Jac-
ques Péri, Jacques Corsi et Octave Rinuc-
cini, qui étaient ses amis et qui faisaient
l'ornement de la cour de Ferdinand de
Médicis. Enfin il fit représenter en 1590,
II Satiro ( Le Satyre) , devant le grand-
duc et sa cour. C'était le premier essai de
ce genre de composition ; le succès en fut
complet. Dans la même année il donna
La Disperazione de Filene(Le désespoir
dePhilène), devant une assemblée particu-
lière; déjà cet ouvrage montrait un pro-
grès sensible dans la forme du récitatif
mesuré qui en était la partie principale.
En 1595, Cavalière fit exécuter devant les
cardinaux de Monte et Mont' alto, et de-
vant l'archiduc Ferdinand , Il Giuoco
délia cieca , autre drame musical qui fut
reçu avec les plus vifs applaudissemens.
Enfin le dernier ouvrage de Cavalière , in-
titulé La Rappresentazione di anima e di
corpo, fut exécuté solennellement à Rome,
dans l'oratoire de Sainte-Marie in Vali-
cella, au mois de février 1600; mais à
cette époque l'auteur de tant de choses in-
génieuses n'existait plus. La poésie de ces
quatre drames avait été composée par
Laure Guidiccioni , de la maison de Luc-
chesini , dame noble et spirituelle de la
ville de Lucques. Ce dernier ouvrage est
le seul de Cavalière qu'on a imprimé. C'est
une composition originale et qui prouve
que son auteur possédait une grande force
de conception.
CAVALIERI (girolamo) , prêtre de la
congrégation arménienne , au monastère
de St-Damien, à Monforte, naquit vers la
fin du 16e siècle. II fut compositeur esti-
mable et organiste habile. On a imprimé
CAV
de sa composition : 1° Nova metamorfose,
lib. 1, Milan, 1600; 2° Nova metamor-
fose a 5, lib. 2 , con partilura , Milan,
1605; 3° Nova metamorfose a 6, lib. 5,
co' l basso principale perl'organo, Milan,
1610; 4° Madrigali di diversi accomo-
dati per concerti spirituali cotipartitura,
Louvain, 1616.
CAVALIERI (bonaventure), né à Mi-
lan, en 1598 , entra fort jeune chez les jé-
suites. Il étudia les mathématiques sous la
direction de Galilée, et devint professeur
de cette science à l'université de Bologne,
en 1629. Il mourut de la goutte, en 1647.
Au nomhre des ouvrages qu'il a publiés ,
il s'en trouve un qui a pour titre : Cen-
turia di vari problemi per dimostrare
l'uso e la facilita de' logaritmi nella
gnomonica, astronomia, geografia , etc.;
toccandosi anche qualche cosa délia
mecanica , arte militare e musica, Bo-
logne, 1659, in-12.
CA VALLI (françois), organiste célèbre
et l'un des premiers compositeurs dont on
joua les opéras à Venise, naquit dans cette
ville, vers 1610. Son nom véritable était
Caletto , car on voit au registre des maî-
tres de chapelle de Saint-Marc, dans les
archives de cette église : Francesco Ca-
letto detto Cavalli. Il succéda à Jean Bo-
vetta, en qualité de maître de chapelle de
Saint-Marc , le 20 novembre 1668 (Voy.
Elogio di Giuseppe Zarlino dell' ab-
bate Ravagnan , Annot., pag. 71). Ca-
valli commença à écrire pour le théâtre ,
vers 1657 , époqne où l'Opéra s'établit
à Venise. Plus tard il fut appelé en
France par le cardinal Mazarin, et son
opéra de Xercès fut représenté à Paris, le
22 novembre 1660, dans la haute galerie
du Louvre, à l'occasion du mariage de
Louis XIV ; mais cet ouvrage n'eut point
de succès , soit que la langue italienne ne
fût connue que de peu de personnes , soit
que la cour fût trop ignorante en musique
pour goûter les beautés de cette composi-
tion. Avant de venir en France, Cavalli
avait été quelque temps au service de lé-
CAV
85
lecteur de Bavière. Vers 1669, il cessa
d'écrire pour le théâtre, mais on sait qu'il
vivait encore en 1672 , époque où Jean-
Philippe Krieger le rencontra à Venise, et
prit de lui des leçons de composition. Il
y a lieu de croire qu'il mourut au mois
d'avril 1676 , car on voit , par le registre
cité précédemment, qu'il eut pour succes-
seur Nadal Monferrato, le 50 du même
mois. Planelli (dell' Opéra in musica }
sect. III, c. 5) dit que Cavalli fut le
premier qui introduisit des airs dans les
opéras , que ce fut dans celui de Jason
qu'il en fit l'essai , et qu'avant lui la mu-
sique théâtrale consistait seulement en un
récitatif grave, soutenu ou interrompu par
les instrumens. Je ferai voir à l'article
Monteverde que cette assertion n'est pas
exacte. Voici la liste des opéras de Cavalli :
Le Nozze di Teti e di Peleo, en 1659 ;
Gli amori d'Apollo e di Dnfne , 1640;
La Didone , en 1641 ; Amore innamo-
rato, 1642 ; La virtude ' strali d Amore,
ib. ; Narciso ed Eco immortalati , ib. ;
L'Egisto, en 1645 ; La Deidamia, 1644 ;
L'Ormindo, ib. ; La Doriclea, 1645 ; Il
Titone, ib. ; Il Romolo edil Remo, ib. ; La
prosperità infelice di Giulio Cesare ditta-
tore, 1646 ; La Torilda, 1648 ; Giasone ,
en 1649 ; L'Euripo, ib.; La Bradamante,
en 1650; L'Orimonte , ib. ; L'Oristeo,
1651 ; Alessandro vincitor di se stesso,
ib. ; L'Artemidoro, ib.; La Rosinda, ib.;
La Calisto , ib. ; L'Eritrea , en 1652;
Veremonda , ib. ; L'Amazone d'Ara-
gona, ib.; L'Elena rapita da Teseo , en
1655; Xerse, en 1654; cet ouvrage fut
imprimé chez Ballard , en 1660, in-4°;
La Statira, principessa di Persia, en
1655; L'Erismena , ib. ; Artemisia, en
1656 ; Antioco, en 1658 ; Elena, en 1659;
Scipione Africano, en 1664 ; Mutio Sce-
vola, en 1665; Ciro, id.; Pompeo Ma-
gno , en 1666 ; Egisto , en 1667 ; Corio-
lano , en 1660, à Parme. La musique de
Cavalli est énergique, dramatique, et se
fait surtout remarquer par une puissance
de rhythme qui n'existait point avant lui
CAV
CAY
dans la musique de théâtre. Sous ce rap-
port il peut être considéré comme un des
musiciens qui ont le plus contribué aux
progrès de l'opéra.
CAVALLO (tibekio), savant italien,
fixé à Londres, dans la seconde moitié du
18e siècle, a publié une dissertation sur les
instrumens à sons fixes, dans les Transac-
tions philosophiques (t.LXXVJII, an 1788,
2e part.), sous ce titre : Of those musical
instruments , in which the tones , keys
and frets are fixed , as in the harpsi-
chord, urgan, guittare } etc.
CAVALLO (fortune) , né dans Yévè-
ché d' Augsbourg, en 1 758, fit ses premières
études musicalesauséminairede cette ville.
Julini, maître de chapelle de la cathédrale,
lui enseigna les premiers principes de la
composition ; il passa ensuite sous la di-
rection de ftiepel , cornpositenr à Ralis-
bonne.En 1770,aprèsla mort d'Ildephonse
Michl, il fut nommé maître de chapelle de
la cathédrale de cette dernière ville. Il est
mort dans ce poste, en 1801. Cavallo a
composé plus de vingt messes solennelles,
des concertos de clavecin, des symphonies,
des canlates , etc.; mais, à l'exception de
deux messes et de quelques offertoires ,
toutes ses compositions ont été la proie
des flammes , dans le grand incendie qui
détruisit une partie de la ville de Ratis-
bonne, en 1809. Cavallo fut un habile or-
ganiste et jouait fort bien du violon.
CAVALLO (wenceslas), fils du précé-
dent, naquit en 1781 , à Ratisbonne, où
il reçut des leçons de violon et de compo-
sition d'Antoine-Joseph Libert , premier
violon et compositeur du prince de La Tour
et Taxis. Après la mort de son père, il
devint maître de chapelle de la cathédrale.
Il avait composé trois messes solennelles
et plusieurs autres morceaux de musique
d'épi ise, qui ont été anéantis par l'incendie
qui éclata à Ratisbonne , en 1809.
CAVAZZA (don manuel), premier
hautboïste de la chapelle du roi d'Espagne,
vers 1770, a publié six trios pour deux
violons et basse, Madrid , 1772.
CAVEIRAC (jean NO VI DE ), abbé, né
à Nîmes, le 16 mars 1713, vécut g Paris ,
vers le milieu du 18e siècle. Il fut un des
antagonistes de J.-J. Rousseau, dans la
querelle sur la musique française, et pu-
blia dans cette dispute : Lettre d'un Visi-
goth à M. Frèron, sur la dispute harmo-
nique avec M. Rousseau , Paris , 1754 ,
in-12 ; et Nouvelle lettre à M. Rousseau
de Genève , par M. de C, ibid. , 1754 ,
in-12. L'abbé de Caveiracest mort à Paris,
en 1782.
CAVENDISH (michel) , musicien an-
glais , vécut vers la fin du 16e siècle. On
a inséré quelques-unes de ses compositions
dans le recueil de chansons à cinq et à six
voix , qui parut à Londres , en 1601, sous
ce titre : Le Triomphe d'Orianne.
CAVERON (quentin), chanoine de
Saint-Quentin, fut maître des enfans de la
chapelle de Louis, duc de Guyenne et dau-
phin , fils de Charles VI (mort en 1415).
Ces enfans s'appelaient Jehan Beaugendre,
Jehan Maresse etJVormanorum. Ils chan-
taient le dessus ou superius du déchant.
{V. la Revue Musicale, 6e année, p. 219.)
CAVI (jean), maître de chapelle de l'é-
glise Saint- Jacques des Espagnols, dans
la seconde moitié du 18e siècle, a beau-
coup écrit pour l'église. M. l'abbé San-
tini , de Rome , possède de ce maître les
compositions dont les titres suivent: 1° Deux
messes à quatre voix , avec instrumens ;
2° Le psaume Beatus vir et un Laudate,
à quatre parties , avec orchestre ; 3° Un
autre Beatus vir à trois voix , chœur et
orchestre. Cavi a aussi écrit pour le théâ-
tre, mais j'ignore les titres de ses ouvrages
dramatiques.
CAYLUS ( ANNE-CLAUDE-PHILIPPE DE
TIJBIÈRES, DE GRIMOARD , DE PES-
TELS , DE LÉVI , comte DE ), marquis
d'Esternay , baron de Bronsac , conseiller
d'honneurdu parlement de Toulouse, del'a-
cadémie des Inscriptions et de cellede pein-
ture , naquit à Paris, le 51 octobre 1692, et
mourutlc5septernbrel765. lia traité de la
musique des anciens en plusieurs endroits-
CAZ
CEC
87
de son Recueil d' Antiquités égyptiennes ,
étrusques , grecques , romaines et gau-
loises, Paris, 1752 et ann. suiv., 7 vol.
in-4°. On peut voir aussi sur le même su-
jet sa dissertation intitulée : De l'amour
des beaux-arts, et de l'extrême considé-
ration que les Grecs avaient pour ceux
qui les cultivaient (Mém. de l'acad. des
Insc., t. 21, p. 174). Tout cela est faible
de pensée, de savoir et de style.
CAZA (françois), auteurinconnu dont
Forkel ( Allgem. Litter. der Musik ,
pag. 303) cite, d'après Maittaire, un livre
sous ce titre : Tractato vulgare del canto
figuralo , opéra Magistri Jo. Peiri Lo-
macio , Milan , 1492, in-4°.
CAZOT(francois-fe'lix), né à Orléans,
le 6 avril 1790, fut admis au conservatoire
de musique, comme élève, en 1804, et re-
çut des leçons de M. Pradher, et, d'har-
monie de Catel. Il eut ensuite pour maî-
tres de composition Gossec, et l'auteur de
cette biographie. En 1809, il obtint aux
concours du Conservatoire le premier prix
de fugue et de contrepoint ; deux ans après,
le premier prix de piano lui fut décerné.
Admis au concours de l'Institut de France,
il mérita le 2e grand prix de composition
musicale, et en 1812, il partagea le pre-
mier grand prix avec M. Hérold , pour la
composition de la cantate intitulée : Ma-
dame de Lavallière. Peu de temps après ,
il se maria et suivit à Bruxelles sa femme
(Mademoiselle Armand jeune) qui était
engagée au théâtre de cette ville comme
première chanteuse. Là il donna des leçons
de piano jusqu'en 1821 , où il retourna à
Paris. Arrivé dans cette capitale, il y a re-
pris ses fonctions de professeur. Il a fait
graver à Bruxelles des variations pour le
piano sur l'air : Au clair de la lune.
CAZOTTE (jacques), commissaire de
la marine, naquit en 1720, à Dijon, où
son père était greffier des états de Bour-
gogne. Après avoir été quelques années à
la Martinique, en qualité de contrôleur
des îles du Vent, il revint à Paris , où il
passa le reste de sa vie dans la culture des
lettres. Il est mort sur l'échafand, victime
des troubles révolutionnaires, le 25 sep-
tembre 1792. On a de lui : 1° La guerre
de l'Opéra , Lettre à une dame de pro-
vince, par quelqu'un qui n'est ni d'un
coin , ni de l'autre, Paris, 1753, in- 8°,
24 pages ; 2° Observations sur la lettre
de J.-J. Rousseau, Paris, 1754 , in-12 ,
sans nom d'auteur. Ces deux opuscules
valent mieux que la plupart des pamphlets
dirigés contre le philosophe de Genève
dans cette querelle ridicule.
CAZZAÏI (. . . ) est cité par Orlandi
(Notizie degli Scrittori Bolognesi, p . 1 75)
comme auteur d'un ouvrage intitulé : Op-
posizioni ail' Artusi. Orlandi ne fait con-
naître ni le lieu ni la date de l'impression
de cet ouvrage.
CAZZATI (maurice), compositeur de
mérite, né à Mantoue, vers 1655, fut maî-
tre de chapelle de l'église de Saint-Petrone,
à Bologne, vers 1660. On connaît de lui :
1° Motetti e Inni a voce sola , con
2 violini efagolti, Anvers , 1658, in-4° ,
op. 1; 2° Cantata , Bologne, 1659;
3° Messa e salmi a 5 voci et 2 violini;
4° Messa , salmi e letania a tre voci ;
5° Motetti a voce sola ; 6° Motetti a due
voci; 7° Motetti a 2, 3 et 4 voci, con
violini; 8° Correnti e balletli a 3 et 4
slromenti ; 8° (bis) Letanie a quattro
vocicon violini; 9° Salmi pertutlol'anno,
op. 21, Bologne, 1681, in-4° ; 10° Tri-
bulo di sacri concerli , op. 23, Anvers,
1 663, in-4° ; 11° Messe due brève a 8 con
una concertata a 4, op. 28, Bologne,
1685. C'est une seconde édition ; 12° Mo-
tetti a voce sola con 2 violini , op. 51 ,
Anvers, 1682 ; 15° Motetti a voce sola,
lib. 8, op. 65; Venise, 1685, in-4°. On
trouve dans la collection des motets de Bal-
lard, pour l'année 1712, le motet Sunt brè-
ves jnundi Rosce, de Cazzati ; enfin Profe
a inséré dans sa collection intitulée Geist-
licher Concerlen und Harmonien , etc.
(Leipzick, 1641), quelques pièces de cet
auteur.
CECCARELLI (edouard), né à Meva-
88 CEG
nia , dans l'Etat de l'Eglise , fut reçu à la
chapelle pontificale comme ténor,le 21 jan-
vier 1628. Aussi instruit dans les lettres
que dans la musique, il écrivit de belles
paroles latines pour des motets, et fit des
travaux considérables pour fixer les règles
de la prosodie , de l'accentuation et de la
ponctuation des textes sacrés mis en mu-
sique. Lui-même en donna des exemples
dans quelques-unes de ses compositions
pour l'église. Ce savant musicien fut chargé
par le pape Urbain VIII , de préparer ,
conjointement avec Santé Naldini, Etienne
Landi et Grégoire Allegri , une édition de
tous les hymnes de l'église,tant avecl'ancien
chant grégorien, qu'avec la musique à plu-
sieurs parties, composés par Jean Pierluigi
de Palestrina. Il s'acquitta avec beaucoup
de zèle de cette tâche , et le beau travail de
ces hommes distingués parut à Anvers sous
ce titre : Hymni sacri in Breviario Ro-
mano S. N. D. Urbain VIII , aucto-
ritate recognili , et cantu musico pro
prœcipuis anni festivitatibus expressi.
Antverpiœ , ex qfflcina Plantiniana Bal-
thassaris Moretti, 15 M, in -fol. Cecca-
relli fut nommé maître de la chapelle pon-
tificale, en 1652, et mourut peu d'années
après. Il avait fait un abrégé des constitu-
tions , des décrets et des usages relatifs à
cette chapelle; ce travail n'a point été publié.
CECCARELLI (françois), né en 1752,
à Foligno , dans l'Etat de l'Eglise, fut un
chanteur habile. Après s'être fait enten-
dre avec succès sur les principaux théâtres
d'Italie , il fut engagé à Dresde comme
chanteur de la cour ; il est mort en cette
ville , le 21 septembre 1814.
CECCHELLI (charles), succéda à Be-
nevoli comme maître de chapelle de Sainte-
Marie-Majeure, à Rome, en 1646, et donna
sa démission de cette place le 10 septem-
bre 1649. En 1651 , il a publié un livre
de messes à quatre parties , sans instru-
mens. C'est ce musicien que Gerber ap-
pelle Dominique Cecchielli , d'après une
indication inexacte de Kircher {Musurg.}
lib. VII, t. I,P.614).
CEL
CECCHI (dominique), chanteur célèbre
de la fin du 17e siècle, naquit à Cortone,
vers 1660. Après avoir brillé sur les prin-
cipaux théâtres de l'Italie , il fut engagé à
Vienne, où Algarotti le connut. Cet écri-
vain accorde beaucoup d'éloges à Cecchi ,
dont le talent était particulièrement re-
marquable dans le style pathétique. Pos-
sesseur de grandes richesses , Cecchi re-
tourna en Italie, vers 1702; il y chantait
encore en 1706 ; l'année suivante il se re-
tira dans le lieu de sa naissance, et y vé-
cut dans le repos jasqu'en 1717, époque
de sa mort.
CECCHINI (angelo), musicien du duc
de Braccinio , a mis en musique à Rome ,
en 1641 : La sincerità trionfante o sia
l'Ercoleo ardire , pastorale d'Ottaviano
Castelli.
CECCHINO (thomas), compositeur, né
à Vérone, vivait vers 1620. On trouve
dans le catalogue de la Bibliothèque du
roi de Portugal l'indication des œuvres
suivans de sa composition : 1° Missarum
3 et 4 vocum, cum motetta 4 et 5 voc.}
lib. 2, op. 17; 2° Madrigali a cinque ,
lib. 1, op. 15 ; 3° Missœ5,i, Set 8 voc,
op. 19 ; 4° Psalmi vespertini 4 , 5 et 8
voc, lib. 4 , op. 22.
CELESTINO (eligio), violîniste, né à
Rome, en 1739, fit ses études musicales
dans cette ville , et y demeura jusqu'en
1775. Burney, qui le connut à Rome en
1770, le cite comme le meilleur artiste
sur le violon qui s'y trouvât à cette épo-
que. En 1776 , Celestino fit un. voyage en
France et en Allemagne; quatre ans après,
il serendità Ludwigslust, où il futnommé,
en 1781 , maître des concerts du duc de
Mechlembourg-Schwerin. Wolf, qui l'en-
tendit , en parle avec éloge , dans son
Voyage musical. Il vante son talent comme
violiniste et comme chef d'orchestre. A
l'âge de soixante ans, Celestino se rendit
à Londres , pour s'y faire entendre ; mal-
gré son âge, il fut considéré comme un
des artistes les plus distingués de son temps.
De retour en Allemagne en 1800 , il con-
CEN
CEP
tinua l'exercice de ses fonctions , et mou-
rut à Ludwigslust , le 14 janvier 1812.
On a publié à Londres et à Berlin quel-
ques ouvrages de Celestino , entre autres :
Trois duos pour violon et violoncelle ,
Berlin , 1786 , et six sonates pour violon
et violoncelle , œuvre 9e , Londres , dé-
menti, 1798.
CELLA (louis-sebastien), violiniste et
compositeur, né à Bareuth, vers 1750,
entra dans un régiment autrichien , en
qualité de maître de musique, après avoir
terminé ses études. 11 résida plusieurs an-
nées à Klattau, en Bohême, s'y maria et y
fit profession de la religion catholique,
en 1777. Après avoir voyagé pour donner
des concerts, il s'établit à Vienne , puis se
rendit à Erlaug, où il se fixa vers 1795.
Il y vivait encore en 1799. On connaît
sous son nom : 1° Douze petites pièces
pour le piano, livre 1er, Posen , Simon;
2° Marche pour le piano, Munich, Falter ;
3° Dix-sept variations pour le piano sur
le menuet de Don Juan , Erlang , Wal-
ther, 1797.
CELLI (phtlippe) , compositeur, né à
Borne , dans la seconde moitié du 18e siè-
cle, s'est fait connaître par la composition
de plusieurs opéras, entre autres : 1° Ama-
lia e P aimer; 2° Dritto e Rovescio ,
opéra bouffe, au théâtre Be de Milan, en
1815; 3° Arnore aguzza l'ingegno, o sia
Don Timonella di Piacenza, au même
théâtre et dans la même année. 11 a écrit
aussi plusieurs autres ouvrages, mais tout
cela est de peu de valeur.
CENSOBIN , grammairien et philoso-
phe , vécut sous les règnes d'Alexandre
Sévère, de Maximien et de Gordien. Il
écrivit vers l'an 238 un petit ouvrage qu'il
intitula De die Natali, parce qu'il le com-
posa à l'occasion du jour anniversaire de la
naissance de son ami Quintus Cerellius. Il
y traite de l'histoire , des rites religieux ,
de l'astronomie et de la musique suivant
les principes de Pythagore. Au chapitre
dixième de ce livre , Censorin expose les
règles de la musique; au douzième, il
donne les opinions de Pythagore concer-
nant la musique des sphères célestes , et
rapporte qu'un certain Dorilas croyait que
le monde était un instrument dont jouait
le créateur. Putschius a attribué à tort à
Censorin, dans sa collection des gram-
mairiens de l'antiquité , quelques frag-
mens d'un livre intitulé : De nalurali
institutione y où il est traité de l'astro-
nomie , de la géométrie , de la musique, et
de la versification. Ces fragmens ont été
placés à la suite de l'ouvrage de Censorin,
dans quelques anciennes éditions. Les
chapitres 9 à 13 de ces fragmens sont re-
latifs à la musique, au rhythme, à la mo-
dulation , et au mètre poétique. La plus
ancienne édition de l'ouvrage de Censorin
a paru à Bologne, en 1497. De bonnes
éditions , accompagnées de notes , ont
été publiées par Havercamp , à Leyde , en
1745 et 1767, et par Gruber à Nurem-
berg, en 1805 et 1810.
CENTO (le p. jean-antoine) , moine
franciscain , fut d'abord maître de cha-
pelle à Padone, puis passa en la même qua-
lité à l'église de St. -François , à Bologne,
dans l'année 1660. 11 a laissé beaucoup
de musique d'église en manuscrit.
CENTOBIO (marc-antoine) , né à Ver-
ceil , à la fin du 16e siècle, apprit la mur
sique à l'école appelée il Collegio degli
Innocenti y et se fit d'abord remarquer par
la beauté de sa voix. Il se rendit ensuite
à Milan pour y apprendre le contrepoint.
Ses études terminées , il fut ordonné prê-
tre , et revint dans sa ville natale , où il
obtint un canonicat à Sainte-Marie-Ma-
jeure; peu de temps après , il fut nommé
maître de chapelle de la même église. Il a
composé beaucoup de messes, de vêpres, et
de motets qui se conservent encore dans
les archives du chapitre. En 1637, la cour
de Savoie ayant fait un long séjour à Ver-
ceil , Centoiio fut chargé de la direction
des concerts qui eurent lieu dans cette cir-
constance , et y fit exécuter plusieurs sym-
phonies de sa composition.
CÉPÈDE ( BERNARD - GERMAIN - ETIENNE
80
CER
DE LA VILLE , comte DE), V. LACÉ-
TÈDE.
CÉPION, cytharède grec, fut élève de
Terpandre, et vécut conséquemrnent entre
la 34e et la 40e olympiade. Plutarque
( De musica ) dit qu'il donna une forme
nouvelle à la Cythare , et qu'il composa
un Nome auquel il donna son nom.
CERACHINI (francesco), né à Asina
Lunga , en 1748, fut nommé maître de
chapelle de la cathédrale de Sienne, en
1796. Il a beaucoup écrit pour l'église,
et a formé de nombreux élèves pour le
contrepoint.
CERBELLON (d. eustache) , savant
espagnol, vivait au commencement du
18e siècle. Il a fait imprimer un ouvrage
qui a pour titre : Dialogo harmonico en
defensa de la musica de los templos. Al-
cala, 1726, in-4°. C'est une réfutation de
l'écrit de Feyoo contre l'introduction de la
musique profanedans l'église. {V. Feyoo.)
CERCEAU (le p. jean-antoine DU) ;
Voyez DUCERCEAU.
CERESINI (jean), compositeur italien,
né à Césène vers la fin du 16e siècle, est
connn par les ouvrages suivans : 1° Missa
et salmi a 5 voci , op. 3, Venise , 1618;
2° Motetli e letanie de B. V. a 2,3 et 4
voci, Venise, 1638.
CERONE (dominique-pierre) , prêtre,
ne à Bergame en 1566, fit ses études en
cette ville , et y apprit la musique. Il dit
dans le Préambule de son grand ouvrage
intitulé El Melopeo , qu'il entra d'abord
au service de l'église cathédrale d'Oristano
en Sardaigne, en qualité de chantre. Déjà
il avait formé le projet de se rendre en
Espagne; il le réalisa en 1592. Il paraît
qu'il ne trouva pas dans les premiers
temps à se placer dans une position con-
venable, car on voit (Melop., p. 1 ) , qu'il
parcourait diverses provinces de l'Espagne
et {Ibid., fib. 1) que ses voyages n'étaient
pas terminés en 1595. Enfin, il entra
au service de Philippe II commechnpelain,
c'est-à-dire comme membre de la chapelle
royale. Après la mort de ce prince , il
CER
exerça les mêmes fonctions sous son suc-
cesseur, Philippe III ; puis, par des motifs
qu'il ne fait pas connaître, il abandonna sa
place pour prendre celle de musicien de
la chapelle royale à Naples. Son retour en
Italie dut s'effectuer au plus tard vers la
fin de 1608 , car l'année d'après il publia
à Naples un traité de plain-chant. Au
reste, il n'avait point quitté le service du
roi d'Espagne en se rendant à Naples , car
les deux royaumes étaient alors réunis sous
la domination du même monarque, et la
chapelle royale de Naples était aussi celle
de Philippe III. On ignore l'époque de la
mort de Cerone ; on sait seulement qu'il
vivait encore en 1613, car il publia dans
cette année son livre intitulé El Melopeo.
Suivant l'inscription de son portrait, qui
se trouve dans cet ouvrage, il était alors
âgé de quarante-sept ans.
On a de ce musicien : 1° Regole per il
cantofermo , Naples, 1609 , in-4°; 2° El
Melopeo y Maestro , tractado de musica
theorica y pratica : en que se pone por
extenso, lo que uno para hazerdu per-
fecto musico ha menestrer saber : y por
mayor facilidad , comodidad , y clari-
dad del lector, esta repartido en XXII
libros. Compuesto por el M. D. Pedro
Cerone de Bergamo : Musico en la Real
Capilla de Napoles. En Napoles , por
Juan-Bautista Gargano , y Lucrecio
Nucci , impressores. Anno de nuestra
Saluacion de MDCXIII , in fol. de
1160 pages. Au frontispice, on trouve
cette inscription peu modeste : quid ultra
quœris ? Le Melopeo est un des ouvrages
les plus considérables el les plus importans
qu'on a publiés sur la musique. On y trouve
d'excellentes choses, surtout dans les li-
vres 5e , 4e et 5e , qui traitent du chant
de l'église, 11e, 12e, 14 et 15e, relatifs
au contrepoint , à la fugue et aux canons ,
et enfin dans le 17e, qui explique les
temps, les modes et les prolations. Tout
ce qui concerne les intervalles y est clair
et beaucoup plus satisfaisant que ce qu'on
avait écrit auparavant. Il est vrai que pour
CER
découvrir ce qui est estimable dans ce
livre, il faut le chercher dans un fatras
d'inutilités, écrites d'un style prolixe et
fastidieux. Il semble que deux hommes ont
travaillé au même ouvrage : l'un , doué de
jugement et de savoir , l'autre , un de ces
érurlits qui , faisant à tout propos un vain
étalage du fruit de leurs lectures, ne met-
tent rien à leur place, et délaient en vingt
pages ce qui se peut dire en quelques li-
gnes. Par exemple, quoi de plus ridicule
que le premier livre du Melopeo, malgré
l'instruction étendue dont l'auteur y fait
preuve ? Et que peut-on penser de l'esprit
d'un écrivain qui, dans un livre sur la
musique emploie plus de cent pages in-folio
à traiter des questions telles que celles-ci :
De l'oisiveté; de ceux qui se découragent
et de ceux qui persévèrent dans leurs
études; des maux causés par le i>in; des
avantages du vin; du respect qu'on doit
au maure ; du vice de l'ingratitude ; de
l'amitié et du véritable ami , etc. , etc. ?
Malgré ces défauts , si l'on a le courage de
lire l'ouvrage de Cerone , d'écarter les inu-
tilités, et de choisir les bonnes choses qui s'y
trouvent , on en sera récompensé par l'in-
struction solide qu'on y puisera sur des
matières utiles ou curieuses. Au mérite
réel qui le distingue , il joint malheureu-
sement celui de la rareté ; il est si difficile
de s'en procurer des exemplaires , que le
P. Martini n'avait pu en trouver un qu'au
prix de cent ducats, à Naples, où ce livre
a été imprimé, et que Burney, après l'avoir
cherché en vain clans ses voyages en Italie,
en France , en Allemagne et dans le Pays-
Bas , ne put le faire entrer dans sa riche
bibliothèque. Je n'ai pas trouvé l'indica-
tion d'un seul exemplaire de cet ouvrage
dans le nombre immense de catalogues de
bibliothèques particulières que j'ai con-
sultés. Celui que je possède a été apporté
de Naples à Paris par M. Sclvaggi qui l'a
cédé à M. Fayolle. Ce littérateur l'a vendu
à Perne , et je l'ai acquis avec toute la
collection de livres et de manuscrits pro-
venant de la succession de ce dernier, Drau-
CER
91
dius indique {Bibliolh. Exot., pag. 279)
une édition du Melopeo qui aurait été
imprimée à Anvers , en 1619 ; je ne
crois point à cette édition qui , si elle
existait , serait encore plus rare que la
première. Il ne serait point impossible ,
toutefois , que des exemplaires eussent
porté cette date , et qu'on eût changé à
Anvers le frontispice de l'édition de Na-»
pies, comme on a fait en 1680 pour les
Primi Alborimusicali, de Laurent Penna,
en changeant le titre de l'édition donnée
à Bologne , en 1674.
Il n'est peut être pas inutile de consi-
gner ici quelques remarques qui pourraient
faire douter que Cerone fût le véritable
auteur du Melopeo , ou du moins que le
mérite de cet ouvrage lui appartînt tout
entier. Il nous apprend , dans son préam-
bule, qu'il avait conçu le dessein d'écrire
sur la musique , avant qu'il songeât à s'é-
loigner de Bergame, et qu'il avait même
déjà mis la main à l'œuvre quand il fut
appelé à Oristano ; mais que ce change-
ment de position avait interrompu ce tra-
vail , et qu'il n'avait pensé à le reprendre
qu'après qu'il eût remarqué l'ignorance où
étaient plongés les musiciens espagnols ;
ignorance qui lui paraissait n'exister que
par la rareté des livres sur la musique.
Cependant, on possédait alors en Espagne
les ouvrages de Vyzcargui , de Blas Bo-
seto , d'Etienne Boseto , de Bal thazar Buyz,
du bachelier Tapia , de Ciruelo , de Chris-
toval de Beyna, de François de Montanos,
de François Cervera , de Salinas , de Gon-
zales Martinez , de Jean Bermudo, de
Jean Espinosa , de Jean Martinez, de Mel-
chior de Torrez, de Guevara, de Silva,
de Taraçona , et de plusieurs autres bons
écrivains ; les moyens d'instruction ne
manquaient donc pas aux Espagnols , et
le livre de Cerone était trop volumineux
pour qu'il pût rendre le savoir populaire.
Quoi qu'il en soit, il est exactement possi-
ble qu'il ait considéré cet ouvrage comme
étant nécessaire, et qu'il en ait entrepris la
rédaction dans le but qu'il indique. Mais
92
CER
CER
ses lumières ont-elles été suffisantes pour
exécuter un plan si vaste? On peut en
douter , si l'on considère la faiblesse do.
traité de plain-chant qu'il a publié à Na-
ples en 1609. Que l'on compare ce traité
avec l'excellent travail sur la même ma-
tière renfermé dans les livres 3e , 4e et 5°
du Melopeo : on aura peine à comprendre
que deux cboses si différentes aient, pu
sortir de la même main. Ces trois livres ,
si remarquables d'ailleurs par leur conci-
sion ricbe de faits , sont très différens du
premier, qui est évidemment l'ouvrage de
Cerone, et dans lequel il a traité d'une ma-
nière si prolixe de questions oiseuses sous
le titre de consonnances morales. Les
autres parties du Melopeo que j'ai signa-
lées plus baut renferment aussi l'exposé
d'une excellente doctrine fait avec beau-
coup de méthode. Or, il est un fait qui
pourrait peut-être servir à expliquer ces
singulières anomalies : le voici. Zarlino
nous apprend qu'il avait composé un grand
ouvrage intitulé De Re musica , en vingt-
cinq livres , et un autre qui avait pour
titre : Il Melopeo, o musico perfetto.
Voici ce qu'il en dit à la fin de ses Soppli-
menti musicale (p. 330) : « Ayant parlé
« maintenant assez de la dernière partie
« des cboses qui concernent la musique
u et la mélopée, tant en particulier qu'en
(c général , une autre fois je considérerai
(t ce qui appartient au Mélopéiste ou mu-
<t sicien parfait. Il ne me reste plus qu'à
a rendre des actions de grâces à celui qui
« habite dans le royaume céleste avec son
«c fils, notre rédempteur et le Saint-Esprit,
u pour m'avoir permis de mettre au jour le
« fruit de mes travaux , avec les autres
« dons que j'ai reçus de lui. J'espère qu'il
u m'accordera de nouveau de satisfaire à
<; l'engagement que j'ai pris depuis long-
« temps envers les hommes studieux, de
a publier les vingt-cinq livres que j'ai
<c promis du traité De Re Musica , faits
« en langue latine , avec celui que je
<c nomme Melopeo o Musico perfetto *. »
Or , ce grand travail de Zarlino n'a point
été publié pendant sa vie, et les manu-
scrits ne se sont pas retrouvés depuis sa
mort. N'ya-t-ilpas quelque vraisemblance
qu'ils ont passé entre les mains de Cerone,
qui en aura tiré les meilleures parties de
son livre?
Il est juste d'avouer pourtant qu'on ne
peut considérer le Melopeo comme une
simple traduction en espagnol de l'ou-
vrage de Zarlino ; tout annonce que Ce-
rone a au moins le mérite de la rédaction,
et que plusieurs parties lui appartiennent
en propre de toute évidence , quoique dans
quelques parties du second livre, et dans
presque tous les 11e, 12e et 17e, on recon-
naisse la méthode de Zarlino. En plusieurs
endroits, et notamment pag. 209, 270,
356 et 932, il cite l'autorité de cet auteur
avec éloge, ce que n'aurait pas fait Zar-
lino. Ailleurs, il parle de quelques au-
teurs , tels que Valerio Bona , Zacconi ,
Henri Van de Pute, qui n'ont publié leurs
ouvrages qu'après la mort de ce théori-
cien. Il est assez remarquable qu'ayant
écrit son livre pour l'Espagne , et ayant
donné ( lib. XII ) des règles pour les dif-
férens genres de compositions , et même
des canzoni , des chansons à la Napoli-
taine , des frotoles , estrambotes , etc. ,
Cerone n'ait pas dit un mot des boléros ,
tirannas , seguediles , vilhancicos , et
autres pièces espagnoles. Enfin dans le
nombre considérable de compositeurs ita-
liens , français et flamands , dont il a in-
diqué les noms , ou qui lui ont fourni des
exemples , on ne trouve que trois espa-
i Avendo parlato ora a sufficienza dell' ultima parte
délia co.sa che considéra in universale e in particolare
délia musica e délia melopcia , un* altra fiata vederemo
quelle cose che appartengono al Melopeo , o Musico
perfetto. Laonde rendendo grazie immortali a quelle- clie
habita col suo Figliuolo rjoslro redentore et con lo Spirito
Saulo ncl cclcstc Rcgno, di havcrnii coccesso tanta grazia
ch'io hahhia posto in luce queste mie fatiche, oltre gli al-
îridoni rîcevuti da sua Maestà, spero clie di nuovo misarà
da lei concesso ch'io potrd salisfare al debito, cite già molto
tempo l»o contratto con ciascheduno sludioso , ponendo
inlucehormai i promessi venticin'jne lilni DeRe Musica,
fatti in lingua latina , con qucllo cli'io nomiqo Melopeo,
o Musico perfeilQ.
CER
gnols, Christophe Morales, François Guer-
reroet Thomas de Vittoria, qui ont écrit
en Italie, et dont le style est calqué sur
celui des maîtres italiens du 16e siècle ,
tandis qu'ayant vécu environ seize ans en
Espagne , il aurait pu nous faire connaître
la manière originale d'une multitude d'ar-
tistes espagnols, dont les noms sont à peine
parvenus jusqu'à nous. Il n'est pas moins
singulier qu'il ait gardé un silence absolu
sur le chant mozarabique , dont les formes
sont si remarquables, et qui était en usage
de son temps dans beaucoup d'églises de
l'Espagne et particulièrement de l'Anda-
lousie. Toutes ces considérations me sem-
blent donner du poids à ma conjecture, et
peuvent faire douter que Cerone ait écrit
son livre en Espagne , comme il le dit.
CERRETTO(scipion), théoricien, com-
positeur et luthiste, naquit à Naples en
1546. On lui doit un livre estimable inti-
tulé: Délia pratica musica vocale estro-
mentale, Naples, 1601 , in 4. On y
trouve des règles assez intéressantes pour
le contrepoint improvisé que les Italiens
appellent Contrappunto da mente, et des
exemples bien écrits, que Zacconi a copiés
dans la seconde partie de sa Pratica di
musica. C'est aussi dans l'ouvrage de Cer-
retto qu'on trouve pour la première fois
les règles et les exemples du contrepoint
singulier appelé Inverse contraire. Le
portrait de ce musicien se trouve en tête
de son livre , et a été reproduit par Haw-
kins, dans le troisième volume de son
histoire de la musique , pag. 235.
CERRO (louis) , maître de chapelle né
à Gênes en 1752, a fait graver à Florence,
en 1785 , trois trios pour clavecin avec
violon obligé.
CERTON (pierre), maître des enfans de
chœur de la sainte Chapelle , tient une
place distinguée parmi les compositeurs
français de la première moitié du 16e siè-
cle. Rabelais l'a placé dans la liste des
musiciens célèbres de son temps (Nouveau
prologue du deuxième livre de Pantagruel).
On trouve un motet à quatre voix , de sa
CER
93
composition , sur ces paroles : O Adonaï,
dans le huitième livre du Recueil des mo-
tets de divers auteurs , publié par Pierre
Attaignant, Paris 1555, in-4°, gothique.
Un recueil de trente-un psaumes à qua-
tre voix , dont il a composé la musique , a
paru à Paris, en 1546. Un autre recueil de
chansons françaises de ce musicien a été
publié par Nicolas Du Chemin , Paris
1552. Burney cite du même auteur le
motet Diligebat autem , qui est inséré
parmi ceux de Cipriani , lib. 1 , Venise ,
1544 : il en fait beaucoup d'éloges , et le
dit égal, si ce n'est même supérieur, à
tout ce qu'on a fait de mieux en France à
cette époque.
CERUTTI (hyacinthe) , abbé, né à
Viterbe, en 1737, est connu par une
deuxième édition du Gabinetto armonico
de Bonanni, sous ce titre : Descrizione
degli slromenti armonici, Rome , 1776 ,
in-4°. H y a joint une traduction fran-
çaise libre, qui est fort mal écrite, et qui
a le défaut d'être remplie d'inexactitudes.
On s'est servi des cuivres de la première
édition pour les 140 planches qui ornent
ce livre.
CERVERA (françois) , musicien espa-
gnol , né à Valence , dans la deuxième
moitié du 16e siècle, a publié plusieurs
livres sur la musique. L'un d'eux est inti-
tulé : Declaracion de lo canto llano.
Alcala , 1593, in-4°. J'ignore les titres
des autres ouvrages.
CERVETTO (jacques BASSEVI , dit),
excellent violoncelliste, naquit en Italie en
1682. En 1728, il se rendit à Londres, et y
entra à l'orchestre du théâtre de Drury-
Lane. On rapporte sur lui l'anecdote sui-
vante : Un soir que le célèbre acteur Garrick
jouait admiralement le rôle d'un homme
ivre, et venait de se laisser tomber assoupi
sur une chaise , Cervetto interrompit le
silence que gardait l'auditoire en bâillant
d'une manière bruyante et prolongée. Gar-
rick, se levant tout à coup de sa chaise, ré-
primanda vivement le musicien, qui l'a-
paisa en lui disant : Je -vous demande
94
CES
CES
pardon ; je bâille toujours quand j'ai
trop de plaisir. Cervetto est mort le
14 janvier 1783, à l'âge de cent et on
ans , laissant à son fils une fortune de
vingt mille livres sterling , fruit de ses
économies.
CERVETTO (Jacques) , fils du précé-
dent , né à Londres , fut , après Mara , le
meilleur violoncelliste do son temps. En
1783, il était attaché aux concerts de lord
Abington, et à ceux de la reine, mais la
fortune considérable qu'il recueillit à la
mort de son père le détermina à aban-
donner l'exercice de son art. On a de lui :
1° Solos pour le violoncelle; 2° Six duos
pour violon et violoncelle ; 3" Six solos
pour la flûte; 4° Six trios pour deux vio-
lons et violoncelle, tous gravés à Lon-
dres.
CESAR ( pierre-antoine ) , professeur
de clavecin , et marchand de musique à
Paris , dans la seconde moitié du 18e siè-
cle, y a publié: 1° Pièces de clavecin,
oeuvre premier, 1770; 2° Sonates pour le
clavecin ; 3° Symphonies de divers auteurs,
arrangées pour le clavecin, 1787; A0 Les
variétés à la mode, vingt-cinq suites
d'airs , ariettes d'opéra et opéra-comique,
ariettes italiennes , romances, vaudevilles
et duos, arrangés pour le piano-forté ,
Paris , 1794. Tout cela est au-dessons du
médiocre.
CESARINI ( CHARLES-FRANÇOIS ) , SUr-
nommé Del violino, à cause de son talent
comme violiniste , naquit à Rome en
1664. En 1700, il était attaché comme
musicien à l'église de la Pietà de la même
ville; puis il devint maître de chapelle de
l'église des jésuites. On a de lui : Lejils
prodigue , oratorio ; 2° Tobie, oratorio en
deux parties ; 3° // Trionfo délia divina
providenza ne successi de S. Geneviefa.
oratorio; 4° Le psaume Credidi , à huit
voix ; 5° Une messe à quatre parties : tous
ces ouvrages sont en manuscrit.
CES ATI (bartholome' ) , compositeur
italien , vivait dans la seconde moitié du
16e siècle. J. B. Pergameno a inséré plu-
sieurs motets de ce musicien dans son Par-
nassus musicus Ferdinandœus , Venise
1615.
CESI (pierre) , prêtre , né à Rome , fut
maître de chapelle en cette ville, dans la
seconde moitié du 17e siècle. On trouve
à la bibliothèque royale de Paris (sous le
n° Vin. 26) un ouvrage de ce maître inti-
tulé : Messa a qualtro con altre sacri
canzoni a una, due , Ire o cinque voci di
D. Pietro Cesi romaho, Libro secundo f
opéra terza : in Roma , 1660 , in-4°.
CESTI ( marc-antoine ) , récollet d'A-
rezzo, qu'Adami fait naître à Florence,
fut un des meilleurs compositeurs drama-
tiques du 17e siècle. Il naquit vers 1620,
et, après avoir étudié les élémens de la
musique , entra dans l'école de Carissimi.
Ayant été nommé maître de chapelle à
Florence vers 1646, il commença vers ce
temps à écrire des cantates où il fit re-
marquer son génie pour la musique ex-
pressive et dramatique. Cavalli se distin-
guait alors par les opéras qu'il faisait
représenter à Venise, et par le caractère
nouveau qu'il donnait au récitatif. Cesti
marcha sur ses traces, et peut-être alla-t-il
plus loin que son modèle dans le sentiment
de la scène , dès son premier ouvrage re-
présenté en 1649. Il entra dans la cha-
pelle du pape Alexandre VII le 1er jan-
vier 1660, en qualité de ténor, fut ensuite
maître de chapelle de l'empereur Léo-
pold Ier , et mourut à Rome en 1681.
Cesti coupa les scènes de ses opéras dans
la manière des cantates de Carissimi*
Presque tous ses ouvrages furent, composés
pour les théâtres de Venise. Ceux dont ort
connaît les titres sont : Orontea, en 1649;
Cesare Amante , 1651 ; La Dori, o lo
schiavo regio , en 1663; celui-ci eut un
très grand succès , non seulement à Ve-
nise, mais dans toute l'Italie. Tito, en
1666; La schiava fortunata , en société
avec Ziani , à Vienne en 1667 , et à Ve-
nise en 1674; Ai gène , en 1668; Gen-
serico , en 1659; et dans la même année,
Argia. Gerber croit aussi que cet artiste
CHA
CHA
a mis en musique le Pastor Fido, de
Guarini ; mais cela ne paraît pas prouvé.
Dans la bibliothèque impériale de Vienne,
on trouve la partition d'un opéra de Cesti
intitulé La pomme d'or , qui a été repré-
senté avec beaucoup de luxe à la cour de
Léopold Ier. Ce compositeur paraît avoir
peu écrit pour l'église : je ne connais de
lui en ce genre de musique que le motet
Non plus me ligale , qui est en manu-
scrit à la bibliothèque royale de Paris, dans
un recueil sous le numéro Vm 276. Burney
a rapporté une scène à'Orontea , dans le
4e volume de son Histoire générale de la
musique (pag. 67) , et Hawkins a publié
dans le 4me volume de son Histoire de cet
art (p. 94) un petit duo pour soprano et
basse , dont les premiers mots sont : Cara
e dolce libertà. Cesti mérite d'être placé
parmi les musiciens inventeurs qui ont le
plus contribué aux progrès de la musique
de théâtre. Il a composé aussi quelques
cantates et un petit nombre des madri-
gaux.
CEVEN1NÎ (camille), surnommé
l'Operoso parmi les académiciens Filo-
musl , naquit à Bologne au commence-
ment du 17e siècle. On a de lui : 1° Con-
certe notturni espressi in musica, Bologne,
1636, in-4°; 2° Epitalamiche serenate
nette nozze d'Annibale Marescotti, e di
Barbara Rangoni , applausi musicali,
Bologne , 1638 , in-4°.
CHABANON(MicHEL-FAUL-GmDE), de
l'académie française et de celle des inscrip-
tions, naquit à l'île St.-Domingue en
1730. Dans sa jeunesse les jésuites avaient
voulu l'attirer dans leur société, et peu
s'en fallut que leur dessein ne s'accom-
plît ; mais, éclairé sur leurs menées, il
renonça à son projet , et de dévot qu'il
était , il se fit athée. Il avait reçu une édu-
cation brillante , aimait beaucoup la mu-
sique, et jouait fort bien du violon; il fut
long-temps chef des seconds violons au
concert des amateurs que dirigeait St.-
Gcorges. Après avoir consacré huit ans
à la culture de cet art, il l'abandonna
pour la carrière des lettres , et se retira en-
tièrement de la société. Il fut reçu à l'aca-
démie des Inscriptions en 1760, et le
20 juin 1780, il remplaça Foncemagne
à l'Académie Française. 11 est mort le
10 juillet 1792. Fontanes a dit de lui :
« Chabanoneut plus d'esprit quede talent,
« une érudition égale à son esprit , et un
« caractère encore préférable à tous ses
o titres littéraires. Il cultiva les arts pour
« eux-mêmes ; il s'y dévoua tout entier ,
« sans recueillir le prix de ce dévouement.
« La faveur publique s'éloigna presque
o toujours de ses travaux , et ses eonfrè-
« res accordaient plus d'éloges à ses mœurs
v. qu'à ses écrits. » Les ouvrages de Cha-
banon relatifs à la mnsique sont les sui-
vans : 1° Eloge de Rameau , Paris ,
1764, in-12. Il se montre dans cet écrit
admirateur passionné de l'inventeur delà
basse fondamentale; 2° Observations sur
la musique, et principalement sur la
métaphysique de l'art, Paris, 1779, in-8°*
Hiller a traduit cet ouvrage en allemand,
avec des remarques sous ce titre : Ueber
die Musik und deren Wirkungen. Leip-
sick , 1781, in-8° ; 3° De la musique con*
sidérée en elle-même et dans ses rap-
ports avec la parole, les langues, la
poésie et le théâtre , Paris , 1785, in-8°,
ouvrage qui n'est que le premier refondu ,
et considérablement augmenté; 4° Conjec-
tures suri' introduction des accords dans
la musique des anciens , dans les Mémoi-
res de l'académie des Inscriptions , t. 34 ,
p. 360, année 1770. C'est dans cet écrit
que Chabanon a reproché le premier à Bu-
rette de n'avoir point assez distingué les
temps en parlant de la musique des an-
ciens. 11 croyait que l'harmonie, inconnue
aux Grecs du temps d'Aristoxène, ne le fut
pas aux Romains d'une époque postérieure;
il se fondait sur les deux vers d'Horace qui
avaient déjà donné lien à la discussion
de Du Cerceau et de Burette ; 5° Sur la
musique de Castor, dans le Mercure,
avril 1772 , pag. 159 ; 6° Lettre sur les
propriétés de la langue française , dans
96
CHA
le Mercure de janvier 1765 , p. 171. C'est
une critique de l'Iphigénie en Aulide de
Gluck. On lui répondit dans le même jour-
nal , février 1773 , p. 192 , sous ce titre :
Lettre à M. de Chabanon , pour servir
de réponse à celle qu'il a écrite sur les
propriétés musicales de la langue fran-
çaise , par M. le C. de S. A. Dans ses ou-
vrages, pleins d'idées vagues et de déclama-
tions oiseuses , Chabanon n'a rendu aucun
service réel à l'art. 11 était fort peu versé
dans la théorie , et toutes ses vues se sont
tournées vers une espèce de métaphysi-
que obscure, qui n'est d'aucune utilité.
Ce que ce littérateur-musicien a donné de
meilleur consiste en trois mémoires, où les
problèmes d'Aristote concernant la musi-
que sont traduits et commentés. Ces mé-
moires ont été insérés parmi ceux de l'aca-
démie royale des Inscriptions , toru. 46.
Chabanon a écrit les paroles et la musique
d'un opéra intitulé Sémélé ; cet ouvrage a
été lu et reçu à l'Académie royale de mu-
sique, mais n'a jamais été représenté. Deux
ouvrages posthumes de cet écrivain ont été
publiés par Saint- Ange; ils ont pour
titres : Tableau de quelques circonstances
de ma vie } et Précis de ma liaison avec
mon frère Maugris. Paris, 1793, 1 vol.
in-8°. On trouve dans ces écrits un inté-
rêt presque romanesque.
CHABANON DE MAUGRIS , frère du
précédent , naquit à Saint-Domingue en
1756. Il servit quelque temps dans les
jeunes cadets de la marine , et commanda
même une batterie dans l'île d'Oléron;
mais le soin de sa santé l'ayant obligé à
quitter l'état militaire , il s'adonna aux
lettres et aux arts. Il est mort le 17 no-
vembre 1780. Musicien et poète , comme
son frère; il a donné à l'Opéra Alexis et
Daphné; pastorale, et Philémonet Bau-
cis f ballel héroïque. On a aussi de lui
quelques pièces de clavecin et de harpe
avec accompagnement de violon.
CHABRAN (françois) , ou plutôt Chia-
bran , neveu et élève du célèbre violiniste
Somis , naquit dans le Piémont en 1723.
CHA
En 1747 , il fnt admis dans la musique
du roi de Sardaigne, et en 1751, il se
rendit à Paris, où il fit admirer son talent
sur le violon. Voici en quels termes s'ex-
primait le Mercure de France (Mai, 1 751 ,
pag. 188) qui rendait compte de l'effet
produit par cet artiste au concert spirituel :
« Les applaudissemens qu'il reçut la pre-
« mière et la seconde fois qu'il parut, ont
« été poussés dans la suite jusqu'à une
« espèce d'enthousiasme. L'exécution la
« plus aisée et la plus brillante , une lé-
« gèreté, une justesse, une précision
« étonnante , un jeu neuf et unique ,
« plein de traits vifs et saillans, caracté-
« risent ce talent aussi grand que singu-
« lier. L'agrément de la musique qu'il
« joue, et dont il est l'auteur, ajoute aux
a charmes de son exécution. ». On a gravé
à Paris , trois œuvres de sonates pour le
violon et un œuvre de concertos pour le
même instrument , de la composition de
Chabran.
CH ALLES (claude-françois MILLIET
DE ) , mathématicien , né à Cambrai en
1621 , entra chez les jésuites à l'âge de qua-
torze ans, et enseigna pendant toute sa vie
les humanités, la rhétorique et les mathé-
matiques. Le duc de Savoie, Charles Em-
manuel II , le fit nommer recteur du col-
lège de Chambéry. Il fut ensuite appelé à
Turin, où il mourut le 28 mars 1678. On
a de lui un traité général de toutes les
parties des mathématiques intitulé : Cursus
seu mundus mathematicus , Lyon , 1 674,
dont il y a eu une seconde édition en
4 vol. in fol., Lyon 1690. Le 22e traité ,
en 47 propositions, est intitulé de Musica.
C'est un morceau de peu de valeur. Les
propositions les plus intéressantes sont les
36e , 38e , et 39e , qui traitent de l'archi-
viole , du clavecin et de la cornemuse.
CHALLONER (neville butler) , né
à Londres en 1784, eut pour maître de
violon Cl. Jos. Duboeck , de Bruxelles, et
entra comme violoniste à l'orchestre de
Covent-Garden, à l'âge de trente-deux ans.
Deux ans après il fut engagé pour diriger
CHA
CHA
07
l'orchestre de Richemond, et l'année sui-
vante il remplit les mêmes fonctions au
théâtre de Birmingham. En 1805, il s'est
livré à l'étude de la harpe, et il est entré
comme harpiste au théâtre de l'Opéra de
Londres, en 1809; il occupe encore cette
place aujourd'hui. Challoner a puhlié en
1 805 quatre méthodes , l'une pour le
violon , la seconde pour le piano , la troi-
sième pour la harpe , et la quatrième pour
la flûte. Il s'est vendu plus de 9000 exem-
plaires de la méthode de piano ; et celles
de violon et de harpe ont été tirées à plus
de 4000 chacune.
CHALON ( fkederic ), fils d'un violi-
niste de l'Opéra , fut flûtiste et hauhoïste
au théâtre de l'Opéra-Comique, et se re-
tira avec la pension en 1821 , après trente
ans de service. Il a puhlié : 1° Airs nou-
veaux pour la flûte, 1er et 2e recueils;
2° Six duos faciles pour deux flûtes ,
œuvre 2e , Paris , Sieher ; 5° Six idem ,
œuvre 5e, ibid. ; 4° Airs en duos, lre et
2e suites , ibid. • 5° Walses et anglaises
pour deux flûtes ; 6° Méthode pour le fla-
geolet , Paris , Decomhe ; 7° Méthode pour
le cor anglais , avec des airs et des duos ,
Paris, Janet; 8° Méthode pour le haut-
bois à neuf clefs, Paris, Frère , 1826.
CHALONS (charles), claveciniste et
violiniste à Amsterdam, vers le milieu du
18e siècle, a publié dans cette ville : 1° Six
symphonies à huit parties ; 1760 ; 2° Six
sonates pour le clavecin, 1762.
CHAMATERO (hippolyte). On trouve
sous ce nom à la bibliothèque de Munich
des Madrigali a quattro voci, Venise ,
1561.
CHAMBONNIÈRES(andre CHAMPION
DE) , fils de Jacques Champion, et petit-
fils de Thomas Champion , tous deux célè-
bres organistes sous le règne de Louis XIII.
André Champion prit le nom sous lequel
il est plus connu de la terre de Chambon-
nières } en Brie , dont il avait épousé l'hé-
ritière. Il jouait fort bien du clavecin, et
passait pour l'un des plus habiles de son
temps. Louis XIV lui donna la charge de
premier claveciniste de sa chambre. Le
Gallois, contemporain de Chambonnières,
lui accorde les plus grands éloges en plu-
sieurs endroits de sa Lettre à mademoi-
selle Regnault de Solier , touchant la
musique (Paris 1680 , in-12). Il assure
que sa manière d'attaquer les touches du
clavecin était telle qu'il tirait de cet instru-
ment des sons d'une qualité si moelleuse ,
qu'aucun autre artiste ne pouvait l'attein-
dre dans cet art. Nous apprenons aussi de
Le Gallois que Hardelle fut, de tous les
élèves de Chambonnières, celui qui l'imita
le mieux. Ses autres élèves furent Buret ,
Gautier, les premiers Couperins, d'Angle-
bert et Le Bègue. On peut donc considérer
ce maître comme le chef d'une école de
clavecin qui s'est propagée jusqu'à Rameau,
car le caractère de la plupart des orne-
rnens de ses pièces se retrouve jusque dans
celles de celui-ci. Chambonnières est mort
en 1670. Ce fut lui qui produisit à Paris
et à la cour le premier des Couperins
( Louis ). On a de ce claveciniste six livres
de pièces de clavecin, publiés à Paris, sans
date,in-4° obi.
CHAMELET (pierre DE), ménestrel de
la musique de Charles V, roi de France ,
suivant une ordonnance de l'hôtel , datée
de 1564 (Mss. de la bibliothèque royale
de Paris). On voit par cette ordonnance,
que ce musicien jouait d'un instrument
appelé Jlusle de Behaigne (Guillaume de
Machault écrit Jlauste Brehaigne). La
forme de cet instrument n'est pas exacte-
ment connue. Brehaigne est un vieux mot
français qui signifie une femelle stérile.
Flûte Brehaigne était peut-être une flûte
à sons aigus , une petite flûte.
CHAMPEIN (stanislas), compositeur
dramatique, naquit à Marseille, le 19 no-
vembre 1755. Il apprit la musique sous la
direction de deux maîtres peu connus ,
nommés Peccico et Chauvet. A l'âge de
treize ans , il devint maître de musique de
la collégiale de Pignon, en Provence, pour
laquelle il composa une messe, un 3Iagni-
ficat et des psaumes. Au mois de juin
7
98
CHA
1770, il se rendit à Paris, et quelques
mois après son arrivée , il fut assez heu-
reux pour faire entendre à la chapelle du
roi, à Versailles, un motet à grand chœur
de sa composition. A la fête de Sainle-Cé-
cile de la même année, il donna, dans l'é-
glise des Mathurins, une messe et le motet
de Versailles. Son premier essai dans la
musique dramatique fut un opéra-comi-
que en deux actes , représenté par les co-
médiens du Bois-de-Boulogne, sous le
titre du Soldat français. Depuis 1780,
Champein a donné au Théâtre-Italien
1° Mina, en trois actes (1780) ; 2° La
Mèlomanie , en un acte (1781). Cet ou-
vrage est le meilleur de l'auteur. 11 a été
repris plusieurs fois, et toujours avec suc-
cès. Au milieu des défauts qu'on y trouve
des phrases mal faites, des mauvaises ca
denecs fréquentes et d'une harmonie incor
recte , on y remarque de jolies mélodies
une heureuse imitation des formes ita-
liennes de l'époque , et même une sorte
d'élégance dans l'instrumentan'on ; 5° Le
Poète supposé, en trois acte? (1783); 4° Le
Baiser, en trois actes (1784); 5° Les
Fausses nouvel/es, en deux actes (1786);
6° Les Espiègleries de garnison, en trois
actes; 7° Bayard dans Bresse, en quatre
actes (1786); 8° Isabelle et Fernand, en
trois actes ; 9° Colombine douairière , ou
Cassandre ; 10° Léonore, ou l'Heureuse
épreuve, en deux actes ; 11° Les Délies ,
en deux actes, 1787; 12° Les Epreuves
du Bépublicain , en trois actes; 13° Les
Trois Hussards, en deux actes (1804):
14° Menzikoff, en trois actes (1808);
15° La Ferme du Mont-Cenis , en trois
actes (1809); 15° (bis ) Les Bivaux d'un
moment, en un acte (1812). Au théâtre de
l'Opéra : 16° Le Portrait, ou la divinité
du Sauvage (1791); au théâtre de Mon-
sieur: 17° Le nouveau Don Quicliolle,
en deux actes (1789), un des meilleurs
ouvrages de Champein. Le privilège du
théâtre de Monsieur ne permettait de
jouer que des pièces d'origine italienne ;
cette circonstance fut cause que Le nou-
CHA
veau Don Quichotte fat joué comme une
pièce traduite, sous le nom imaginaire
d'un Signor Zuccharelli. Framery assure
que les Italiens mêmes furent dupes de ce
subterfuge; 18° Les Buses de Frontin ,
en deux actes, au théâtre de Beaujolais;
19° Florelteet Colin, en un acte ; 20° Les
Déguisemens amoureux, en deux actes;
21° Le Manteau ou les nièces rivales, en
un acte.
On remarque une interruption assez
longue dans les travaux de Champein pour
le tliéàtre,car depuis 1792 jusqu'en 1804,
il n'a fait représenter aucun ouvrage. Des
fonctions administratives auxquelles il
avait été appelé en 1793 , furent cause de
cette lacune dans sa carrière d'artiste. Il
ne faut pas croire, toutefois, qu'il soit
resté étranger à la musique dans cet in-
tervalle, car il a écrit pour l'académie
royale de musique et pour l'Opéra-Comi-
que , divers ouvrages qui ont été reçus à
ces théâtres , mais qui n'ont pas été repré-
sentés. Ces opéras sont : 1° Le Barbier de
Bagdad , en trois actes; 2° Diane et En-
dymion, en trois actes; 3° Le triomphe
de Camille, en deux actes; 4° Wisnou ,
en deux actes; 5° L'Education de l'A-
mour, en trois actes , pour l'Opéra-Comi-
que; 6° L'Inconnu, en un acte; 7° Les
Métamorphoses, ou les parfaits amans ,
en quatre actes; 8n L'Amour goutteux, en
un acte, paroles de Sedaine; 9° Le père
adolescent , en un acle; 10" Beniowsky,
en trois actes ; 11° Bianca Capello , en
trois actes; 12° La Paternité recouvrée ,
en trois actes ; 13° Les Bohémiens ou le
pouvoir de l'amour, en deux actes ; 14° Le
Noyer, en 1 acte; 15° Le Trésor, en 1 acte.
Dans le temps où le prince de Condé s'a-
musait à jouer la comédie, à Chantilly,
avec quelques seigneurs de la cour, Cham-
pein fut invité à écrire un opéra-cornhjue
en deux actes, qui avait pour titre : La
Chaise à porteurs. Le prince y jouait le
rôle de Fesse-Mathieu , et Mademoiselle
de Condé, morte au Temple, il y a peu
d'années, y chantait. La partition de cet
CHA
CHA
99
Cuvraoe s'est perdue. Champein avait essayé
de mettre en musique un opéra écrit en
prose, et il avait choisi l'Electre de So-
phocle, traduit lilléralement. Le. premier
acte deect ouvrage fut répelé à l'Académie
royale de Musique , et ohlint beaucoup
d'applaudissemcns ; mais l'autorité a tou-
jours refusé l'autorisation de représenter
cette production , sans faire connaître les
motifs de son refus.
Si Champein ne fut pas au premier rang
parmi les compositeurs français, il ne mé-
rita pourtant point l'abandon où il fut
laissé dans les vingt-quatre dernières an-
néps de sa vie , car il y a de la facilité et
de l'esprit scénique dans la Mëlornctnie ,
dans Les Dettes , et dans Le Nouveau
Don Quichotte. Malheureusement , après
un silence assez long , il rentra dans la
carrière par Menzikoff, ouvrage faible qui
nuisit au reste de sa vie artistique. Dans sa
vieillesse , il ne fut point heureux. A l'é-
poque de ses succès, les droits d'auteur
au théâtre rapportaient si peu de chose,
qu'il n'avait pu faire d'économies; toute
sa (ortuhe consistait en pensions qui avaient
été supprimées à la révolution de 1789.
Napoléon lui en avait accordé une de
6000 francs; il la perdit encore à la res-
tauration. Plus tard les sociétaires de
l'Opéra Comiqueachelèrent son répertoire,
moyennant une rente viagère; mais lors-
que cethéàtrecutchanoé d'administration,
le nouvel entrepreneur refusa de recon-
naître l'engagement contracté envers l'au-
teur de la Mêlomctnie. Celui-ci connut
bientôt toutes les horreurs du besoin. Sur
la proposition de celui qui écrit celte no-
tice, la commission des auteurs, dont il
était membre, vola pour Champein un se-
cours annuel de douze cents francs; celle
commission, où figuraient Dupaty, Mo-
reau , Scribe, Catel et Boieldieu, obtint
pour lui du ministre, M. de Marlignac, une
pension , et M. le vicomte de Larochefou-
cault en accorda une autre sur les fonds
de la liste civile. Le vieillard ne jouit pas
long-temps des douceurs de sa nouvelle po-
sition , car il cessa de vivre moins de dix-
huit mois après, le 19 septembre 1830.
CIIAMP1ER (symphoiuen), en latin
Campegius , habile médecin, naquit à
Saint-Symphorien-lc-Chàteau , dans le
Lyonnais, en 1470. Il fut successivement
premier médecin du prince Antoine de
Lorraine, et échevin de la ville de Lyon.
Il mourut dans cette ville, en 1539. Parmi
ses ouvrages, on remarque celui-ci : De
Dialectica , rhetorica, geomelria, arilh-
metica , astronomie. 7 musica , philoso-
phia naturali , medecina } theologia , de
Legibus, politica et elhica , Baie, 1537 ,
in -8°.
CHAMPION (antoine), organiste célè-*
lave, sous le règne de Henri IV. On trouve
p&rmi les manuscrits de la bibliothèque
royale de Munich une messe à cinq voix
de sa composition. Son fils, Jacques Cham-
pion , père de Chambonnières , fut aussi
un habile organiste , sous le règne de
Louis XIII. Je possède en manuscrit un
livre de pièces d'orgue d'Antoine Cham-
pion ; elles sonl d'un fort bon style.
CHANCOURTOIS (louis) , né le 6 mai
17S5, fut admis comme élève au Conser-
vatoire de musique, le 25 frimaire an IX,
et obtint successivement au concours les
premiers prix de piano et d harmonie. Il
se destinait à la carrière d'artiste , et par-
ticulièrement à celle de la composition
pour le théâtre; mais les difficultés qui
ont toujours entouré en France les pre-
miers pas des compositeurs, lui inspirèrent
des dégoûts qui lui firent accepter un em*
ploi dans l'administration des finances.
Il ne renonça pas pourtant à la musique;
mais ce fut en amateur qu'il continua de
s'en occuper. En 1818, il fit représenter
au théâtre Fcydeau, un opéra-comique en
un acte, intilulé:Lrt Ceinture magique; cet
ouvrage ne réussit pas. L'année suivante,
il donna au même théâtre Charles XII }
opéra en trois actes, qui ne fut pas plus
heureux. Un nouvel essai fut tenté par lui,
en 1823, dans un ouvrage en un acte, qui
avait pour titre : Le Mariage difficile; la
100
CHA
CHA
faiblesse du livret nuisit à la musique, où
il y avait fies choses agréables. Enfin , le
13 mai 1824, M. Chancourtois fit repré-
senter à l'Opéra-Comique , La Duchesse
d'Alençon, en un acte : la mauvaise for-
tune qu'il avait rencontrée jusqu'alors au
théâtre, lui fit sentir encore cette fois sa
funeste influence. Dégoûté par tant d'es-
sais infructueux , M. Chancourtois a cessé
d'écrire.
CHANCY (M. DE), musicien français
qui vivait à Paris, au commencement du
17e siècle, a publié un livre de tablature
pour la mandore , Paris , 1629.
CHANDOSCHKIN (...), violiniste,
né en Russie, vers 1765, a publié de sa
composition : 1° Six chansons Russes ,
'variées pour deux violons , op. 1 , Pé-
tersbourg, 1795; 2° Six chansons,
Idem., etc., op. l,ibid., 1796.
CHANOINE DE SAINT-QUENTIN(le);
on trouve sous ce nom , dans les manu-
scrits de la bibliothèque du roi, cotés 65
(fonds de Cangé) et 7222, trois chansons
notées, du 15e siècle.
CHANOT (fp.ançois), né à Mirecourt,
en 1787, était fils d'un fabricant d'in-
strumens de musique. Doué de disposi-
tions particulières pour les mathématiques,
il y fit de rapides progrès , fut admis à l'é-
cole polytechnique , et entra ensuite dans
le corps des ingénieurs de la marine. Elevé
dans les idées de gloire de l'empire, il vit,
comme presque tous les jeunes gens de
cette époque qui suivaient la carrière des
armes et delà marine, la restauration avec
de vifs regrets , et fit sur cet événement
des couplets satiriques qui furent chantés
publiquement , et dont une copie parvint
jusqu'au ministère. Chanot était alors em-
ployé à Toulon ; une décision du gouver-
nement le mit à la demi-solde et sous la
surveillance de la police. Il se retira alors
à Mirecourt , et dans l'oisiveté forcée à la-
quelle il était condamné, il se mit à réflé-
chir sur les principes de la construction
des instrumens qu'il voyait fabriquer dans
l'atelier de son père. Il se persuada que le
meilleur moyen pour faire entrer en vibra-
tion les diverses parties d'un violon , était
de conserver, autant qu'il était possible,
les fibres du bois dans toute leur longueur.
Partant de ce principe, il considérait la
forme des échancrures de l'instrument or-
dinaire, avec ses angles et ses tasseaux ,
comme de grands obstacles à la bonne et
puissante qualité des sons ; enfin , il crut
que le creusement de la table, pour en for-
mer les voûtes , était contraire aux prin-
cipes de cette théorie , et conséquemment
une erreur de la routine. Il se persuada
aussi que les fibres courtes favorisaient la
production des sons aigus , et les fibres
longues, celles des sons graves. D'après
ces considérations , il fit un violon dont la
table n'était que légèrement bombée ; ses
ouies furent presque droites , et au lieu
d'échancrer l'instrument, suivant la forme
ordinaire, il en déprima les côtés par un
mouvement doux , à peu près semblable à
celui du corps d'une guitare. Dans le des-
sein de favoriser autant qu'il le pouvait la
mise en vibration de la table d harmonie,
il attacha les cordes à la partie inférieure
de cette table , au lieu de les fixer au cor-
dier ordinaire. Chanot ayant terminé son
violon, le seul qu'il ait jamais fait, le sou-
mit au jngement des académies des scien-
ces et des beaux-arts de l'Institut. Des
expériences furent faites en présence de
plusieurs savans et artistes; on compara
l'effet du nouvel instrument avec celui de
quelques bons violons de Stradivari et de
Guarneri , et les examinateurs décidèrent
qu'il ne leur était pas inférieur en qualité
(on peut voir le rapport de l'Institut dans
le Moniteur Universel du 22 août 1817).
L'expérience a démenti le jugement des
savans dont il vient d'être parlé , et tous
les violons qui ont été construits d'après
le modèle fait par Chanot sont considérés
aujourd'hui comme des instrumens de mé-
diocre qualité. Il n'en faut pas conclure
cependant que les juges se sont trompés
sur leurs impressions ; mais il est un fait
auquel on n'a point songé : c'est que beau-
CHA
CHA
101
coup d'instrumens à archet sont bons au
moment où on les monte de cordes , et qu'ils
ne deviennent durs ou sourds qu'après que
toutes les parties ont acquis leur aplomb.
Dans l'espace de six mois, on voit presque
toujours s'opérer ces fâcheuses métamor-
phoses, et tel qui a cru faire l'acquisition
d'un excellent instrument, n'en possède au
bout de quelque temps qu'un médiocre ou
mauvais.
Quelques luthiers qui n'aiment pas les
innovations dans la fabrication des in-
strumens à archet , et qui ne croient pas
qu'on puisse faire mieux que les anciens
artistes italiens, ont traité assez cavaliè-
rement les idées de Chanot sur la nécessité
de laisser aux fibres du bois leur longueur,
pour favoriser la vibration. Ils objectent
que dans certains violons anciens , l'incli-
naison des ouies a trois ou quatre lignes de
plus que dans d'autres, sans qu'il en résulte
aucune infériorité dans la qualité des sons.
A l'égard de la coïncidence des fibres
courtes avec les sons aigus , ou longues
avec les sons graves , et de l'opinion de
Cbanot concernant l'a me du violon , qu'il
considérait comme interceptant dans le
haut la continuité des fibres ligneuses,
M. Savart a fort bien remarqué (Mémoire
sur la construction des insirumens à ar-
chet, p. 38) que cette hypothèse est con-
traire à ce qu'enseigne l'expérience. En
effet , si elle était fondée , les sons graves
se renforceraient quand on ôte l'ame d'un
violon; or, c'est précisément le contraire
qui arrive. D'ailleurs, les expériences faites
sur des tables harmoniques de violon san-
poudrées de sable fin, prouvent, par la
régularité des figures , l'uniformité des
mouvemens vibratoires entre les deux côtés
de l'instrument.
L'attention publique fixée sur Chanot
par le rapport de l'Institut fut favorable
à sa situation ; remis en activité de service
par le gouvernement, il fut envoyé à Brest,
et reprit ses travaux comme ingénieur de
la marine. Dès lors il cessa de s'occuper de
ses recherches sur la construction des in-
strumens à archet. Il est mort à Brest ,
dans l'été de 1823 , à l'âge de trente-sept
ans.
CHAPELAIN (jehan), premier chantre
de la musique de la chambre de Henri II,
roi de France, succéda le 1er mai 1558 ,
en cette qualité à Jehan Fernel , mort le
26 avril de la même année, suivant un
compte manuscrit de l'année 1559, qui
existe à la Bibliothèque royale de Paris
(voy. la Revue Musicale, 6e année,
p. 243). Il y a une chanson française à
quatre parties, de ce musicien, dans le re-
cueil publié par P. Attaignant, en 1530.
CHAPELLE (pierre-david-augustin),
né à Bouen, en 1756, vint à Paris dans sa
jeunesse, et fit entendre au concert spiri-
tuel des concertos de violon de sa compo-
sition. Peu de temps après, il se livra à
la carrière dramatique, et fit jouer au
théâtre de Beaujolais : 1° La Rose , opéra
en un acte, 1772; 2° Le Mannequin, en
un acte, dans la même année ; 3° Le Bailli
Bienfaisant , en un acte, 1779; à la Co-
médie-Italienne ; 4° L 'Heureux dépit , en
un acte , 1 785 ; 5° Le Double Mariage , en
un acte, 1786; 6° Les deux Jardiniers,
1787 ; 7° La vieillesse d'Annette et Lu-
bin, en un acte, 1789; 8° La Famille
réunie , en un acte 1790 ; 9° La nouvelle
Zélandaise, à l'Ambigu-Comique, 1793;
10° La Huche, en un acte , au théâtre de
la Cité, 1794. La musique de tons ces
ouvrages est faible et décolorée : celle de
La vieillesse d'Annette et Lubin a seule
obtenu quelque succès. La musique instru-
mentale du même auteur se compose de
Six concertos pour le violon, gravés suc-
cessivement à Paris ; Duos pour deux vio-
lons , œuvres 2, 5, 6, 13, 15 et 16 ;
Bondo pour violon seul ; Sonates , op. 14 ,
et qnelques airs variés. Chapelle fut pen-
dant vingt ans violiniste à la Comédie-Ita-
lienne , et passa ensuite à l'orchestre du
Vaudeville. 11 est mort à Paris , en 1821.
CHAPELLE (JACQOES-ALEXANDRE DE
LA) , musicien qui vivait à Paris, vers le
milieu du 18e siècle, s'est fait connaître
102
CHA
CHA
par la publication d'un ouvrage intitulé :
Les vrais principes de la musique, ex-
posés par une gradation de leçons - dis-
tribuées d'une manière facile et sûre pour
arriver à une connaissance parfaite et
pratique de cet art, livre premier, Paris,
1736, fn-fol. La seconde partie de cet ou-
yrâgen paru en 1757, in-fol.; la troisième,
en 1739; la quatrième, terminée par un
abrégé des règles de la composition , a été
publiée à Paris, sans date. Forkcl cite une
édition de cet ouvrage, sous la date de
1756. Elle n'existe pas. La Chapelle a
aussi publié Lesplaisirs de la campagne,
cantatille, et un livre d'airs à chanter,
Paris, Ballard , 1755. A l'égard d'un ou-
vrage cilé par Liehtenthal , sous ce titre :
Capitulation harmonique de Muldene ,
continuée jusqu'au, temps présent, 1 750 ,
in-4°, et qu'il attribue à La Chapelle, je
ne sais ce que c'est. Je n'ai trouvé ce livre
nulle part, et le titre même paraît inintel-
ligible.
CHAPPLE (samuel) , né à Creditton,
dans le Devonsbire, en 1 775, devint aveu-
gle , à 1 âge de seize mois , par suite de la
petite vérole. Aussitôt qu'il put saisir les
intervalles sur le violon, il commença l'é-
tude de cet instrument. A quinze ans , il
apprit à jouer du piano , scus la direction
de Eames de Creditton , élève de Thomas ,
qui l'était lui-même de Stanley, aveugle
comme eux. En 1795, Chapple a été
nommé organiste de Ashburton , où il est
encore. 11 a publié : 1" Trois sonates pour
le piano, avec accompagnement de violon,
Londres ; 2° Six chansons, Ibid.; 3° Cinq
chansons et un glee , ibid.; 4° Six antien-
nes en partition , ibid. ; 5° Six antiennes
et douze plain-chants. 11 a composé aussi
une antienne pour le couronnement de
Georges IV, qui a été chantée à Ashbur-
ton.
CHAPUIS (claude), chantre de la mu-
sique de la chambre de François l01', roi
de France, était copiste et bibliothécaire
de celte musique, suivant un compte de
dépense (Mss. de Bibliothèque royale de
Paris ; V. la Revue Musicale , 6e année ,
p. 243) pour les funérailles du roi, dressé
en 1547 , par Nicolas Le Jai, notaire et
secrétaire à ce commis.
CHARDAVOI1NE (jean), musicien, na-
quit à Beaufort , en Anjou , vers le milieu
du 16e siècle. On a de lui : 1° Recueil de
chansons, en mode de vaudevilles, tirées
de divers auteurs , avec la musique de
leur chant commun, Paris, Claude Mi-
cart, 1575, in-16; 2° Recueil des plus
belles cliansons modernes, mises en mu-
sique, Paris , 1576.
CHARDE (jean), musicien anglais,
était professeur à l'université d'Oxford,
en 1518. Wood (Jn Hist. Univ. Oxon.,
lib. 1, p. 5) cite une messe à cinq voix et
une antienne de sa composition, qu'on
conserve en manuscrit dans cette univer-
sité. Charde avait fait aussi une messe sur
le chant de l'antienne : Kyrie Rex Splen-
dens , etc.
CHARDINY (louis-armand), dont le
nom véritable était Chardin, naquit à
Piouen , en 1755. Il débuta à l'Opéra , en
1780, dans l'emploi des baritons , et fut
reçu définitivement l'année suivante. Il se
fit remarquer par la beauté de sa voix et
la pureté de son chant; mais malheureu-
sement il jouait froidement et ne sut ja-
mais animer la scène. Le rôle qui lui fit
le plus d'honneur, fut celui de Thésée dans
OEdipe à Colonne. Chardiny était com-
positeur, et l'on connaît de lui plusieurs
petits opéras qu'il écrivit pour le théâtre
de Beaujolais, tels que : 1° Le pouvoir de
la Nature, en un acte, 1786 ; 2° La Ruse
d'amour, en un acte, 1786; 3° Le Cla-
vecin, 1787 ; 4° Clitandre et Céphise ,
1788. Il a fait aussi représenter à la Co-
médie-Italienne : L' Anneau perdu et re-
trouvé, en un acte, 1787. On connaît
aussi de lui la musique d'un mélodrame inti-
tulé : Annette et Basile. Il fut un des pre-
miers qui mirent en musique les romances
à' Estelle et de Galalée, de Florian. Son
oratorio du Retour de Tobie fut exécuté
au concert Spirituel, dans la même année.
CHA
CHA
103
Chardiny avait embrasse avec chalcnr le
parti de la révolution, et avait été nommé
capitaine d'une compagnie armée de la
section de Marat. II est mort à Paris, le
1er octobre 1795, à l'âge de trente-sept
ans.
CHARGER (...), musicien atlacbé
au prince de Conli, en 1745 , a publié de
sa composition : Le pouvoir de l'Amour,
cantatille, et un livre de sonates en trios
pour le violon , Paris , 1749 , in-4" ohl.
CHARGEY (...), amateur de mu-
sique, né à Dijon , membre de l'académie
de celte ville, a publié une brochure sous
cctilre : Entretiens d'un musicien fran-
çais avec un gentilhomme russe , sur les
effets de la musique moderne, ou. tableau
des concerts de province , avec des let-
tres à l'académie de Dijon, à d'Àlem-
bert, Marmonlel, J.-J. Rousseau, Dijon,
1775, in-8°. V. DU CHARGER.
CHARLES DE FRANCE, duc d'Anjou,
frère de Saint-Louis, naquit en 1220.
Gendre et héritier de Bérengcr, comte de
Provence, il fit valoir ses droits sur le
royaume de Naplcs,le conquit, et fut cou-
ronné roi des Deux-Sieiles , en 1266. Il
mourut à Naples , le 7 janvier 1285. Ce
prince cultivait la poésie et la musique. Il
nous reste deux chansons nolées de sa com-
position : l'une se trouve dans le manu-
scrit de la bibliothèque du roi, coté 7222 ;
la seconde est dans deux autres Mss. de la
même bibliothèque (nos 65 et 66, fonds de
Cangc).
CHARLES (...). On a sous ce nom
cinq livres d'airs à chanter, imprimés
chez Ballard, depuis 1717 jusqu'en 1754.
CHARLIER ( PIERRE - JACQUES-IIIPPO-
iyte), piètre dn diocèse de Paris, naquit
dans cette ville, en 1757, et y fit ses étu-
des avec distinction. L'archevêque de
Paris, M. de Beaumont, ayant remarqué
ses qualités, le prit sous sa protection et
le fit entrer au séminaire de Sainl-Ma-
gloire, pour y étudier les sciences ecclé-
siastiques. En 1785, il fut ordonné prê-
tre, et M. de Juigné, archevêque de Paris,
le fit son secrétaire et son bibliothécaire.
Il coopéra à l'édition du bréviaire, imprimé
par ordre de ce prélat, en refondit les ru-
briques, et mit à la tête une Théorie de
plain-chant, qui, depuis lors, a été réim-
primée séparément avec des corrections ,
Paris, 1787, in-12. La vie de Charlier
s'écoula dans des travaux paisibles de son
étal, qui ne sont point du ressort de ce
dictionnaire. Dans le désir d'être utile , il
avait consenti à aider, sans rétribution,
le curé de Saint-Denis, dans l'exercice de
ses fonctions. 11 mourut dans ce lieu, le
25 juin 1807, après quatorze jours de ma-
ladie.
CHARMILLON (jean), célèbre méné-
trier, né en Champagne, vers le milieu du
15e siècle, lut élu roi des ménestrels de la
ville de Troyes, en 1295 , sous le règne de
Pliilippe-le-Bel : c'est la plus ancienne
nomination de ce genre qu'on ait trouvée
jusqu'à ce jour; car Robert, roi des mé-
nestrels de la cour de Louis X, n'est nommé
que dans une ordonnance de l'hôtel des
rois de France, datée de 1515 (V. la Revue
Musicale, 6e année, p, 194), et ce Robert
est le premier qu'on trouve revêtu de cette
dignité à la cour. Le silence des monu-
mens historiques connus jusqu'à cette
époque sur ce sujet, a fait considérer Jean
Cliarmillon comme le premier roi des mé-
nestrels qu'il y ait eu en France; cepen-
dant il y a lieu de croire que cette charge
avait été créée antérieurement à la cour,
et qu'on y trouvait, avant Philippe -le- Bel,
un roi des ménestrels aussi bien qu'un roi
des hérauts d'armes , et un roi des ri-
bauds. Pour éclaircir ce fait, il faudrait
découvrir dans les manuscrits des biblio-
thèques ou des archives des comptes de dé-
penses de la maison des rois de France,
antérieurement à 1285 ; aucun monument
de ce genre n'est venu à ma connaissance.
CHARPENTIER (marc-anto. ne), com-
positeur, naquit à Paris, en 1654. Dès sa
jeunesse il avait appris les premiers prin-
cipes de la peinture et de la musique. A
l'âge de quinze ans , il se rendit à Tiome,
104
CHA
pour y étudier avec soin le premier de ces
arts; mais à son arrivée en Italie , ayant
entendu un motet de Carissimi, ce mor-
ceau excita en lui une sensation assez vive
pour lui faire ahandonner la peinture et se
livrer exclusivement à la musique. Arrivé
à Rome, il entra dans l'école de Carissimi,
et travailla pendant quelques années sous
ce maître célèbre. Revenu en France, il
obtint de Louis XIV la place de maître de
chapelle du Dauphin , mais la jalousie de
Lulli lui fit ôter cet emploi. Peu de temps
après , Charpentier entra chez Mademoi-
selle de Guise, en qualité de maître de sa
musique, et dès ce moment il se livra avec
ardeur à la composition, et principalement
au théâtre. On remarqua que par suite du
dépit qu'il avait conçu contre Lulli, il
affectait de s'éloigner de sa manière dans
tous ses ouvrages , ce qui nuisit beaucoup
à ses succès. Le duc d'Orléans , qui fut
depuis régent du royaume , prit de lui des
leçons de composition, et lui accorda Fin-
tendance de sa musique. Les dégoûts qu'il
éprouvait au théâtre , lui firent abandon-
ner cette carrière, et ses travaux n'eurent
plus d'autre but que l'église. Nommé maî-
tre de musique de l'église du Collège et de
la maison professe des Jésuites, à Paris, il
futbientôt appelé à la maîtrisedela Sainte-
Chapelle , et il occupa cette place jusqu'à
sa mort , qui eut lieu au mois de mars
1702, dans la soixante-huitième année de
son â.ce. Les ouvrages donnés à la scène ,
par Charpentier, sont les suivans : Circé ;
La musique du malade imaginaire ; Les
plaisirs de Versailles; la fête de Ruel;
Les arts Jlorissans ; Le sort d'Andro-
mède ; Les fous diverlissans ; Actéon;
Le jugement de Pan; La Couronne de
Jleurs ; La sérénade ; Le retour du prin-
temps ; Les amours d ' Acis et Galatée }
opéra représenté chez M. de Rians, pro-
cureur du roi au Châtelet, au mois de jan-
vier 1678; les airs de danse et les diver-
tissemens de La Pierre philosophale ,
comédie en cinq actes , jouée le 15 février
1681 , et qui n'eut que trois représenla-
CHA
tions ; Les amours de Vénus et Adonis f
tragédie de Visé. A la reprise de cette
pièce , qui eut lieu le 3 septembre 1685 ,
on y ajouta des divertissemens et des dan-
ses, dont Charpentier composa la musique.
En cet état, celte pièce n'eut que six re-
présentations; Médée, en 1695 ; Quel-
ques tragédies spirituelles pour le collège
des jésuites; Pastorales sur differens
sujets ; etc. On a aussi de ce compositeur
des airs à boire, à deux, trois et quatre
parties , Paris , Ballard ; des messes , des
motets, etc. Charpentier, très inférieur à
Lulli sous le rapport de l'invention , avait
plus d'instruction musicale que lui. Il était
vain de ce savoir, et ne reconnaissait pour
égal que Lalouette, maître de musique de
la cathédrale. Quand un jeune homme
voulait se faire compositeur, il lui disait :
« Allez en Italie, c'est la véritable source ;
« cependant, je ne désespère pas que quel-
« que jour les Italiens ne viennent ap-
« prendre chez nous ; mais je ne serai
« plus. »
CHARPENTIER (jean), célèbre joueur
de musette, débuta en 1720, comme ac-
teur, au théâtre de la foire. On a de ce
musicien : Les plaisirs champêtres f
pièces pour deux musettes, Paris, 1755,
in-4° oblong.
Un autre Charpentier a fait paraître ,
en 1770, un ouvrage intitulé : Instruc-
tions pour le cystre ou la guitare alle-
mande , Paris, in-fol.
CH A RPENTIER (jean-jacques BEAU-
VARLET). F. BEAUVARLET.
CHARTRAIN (. . .), né à Liège, vio-
liniste à l'Opéra , entra à l'orchestre de ce
théâtre, en 1772 , et se fit remarquer au
concert spirituel, par son exécution ferme
et hardie, dans plusieurs concertos de sa
composition. Il est mort en 1795. Comme
compositeur, il est connu par les ouvrages
suivans : 1° Quatuors pour deux violons ,
alto et basse, œuvres 1er, 4e , 5e et 8e ,
Paris , Sieber ; 2° Concertos pour le vio-
lon, rouvres 2e, 5e et 7°, Ibid. ; 5° Six
symphonies à huit parties, œuvre 6e, Ibid.;
CHA
CHA
105
4° Six daos pour violon et alto, œuvre 9e,
Ibid. La Bibliothèque de l'école royale de
musique, à Paris, possède la partition ma-
nuscrite d'un opéra à'Alcione de cet au-
teur, qui n'a jamais été représenté. En
1776, Chartrain a donné à la Comédie-
Italienne un opéra-comique en un acte ,
intitulé : Le lord supposé : cet ouvrage
n'eut point de succès.
CHASSE (CLAUDE-LOUIS-DOMINIQUE DE),
célèbre acteur de l'Opéra, issu d'une maison
noble de Bretagne, naquit à Rennes, en
1698. A l'âge de vingt-deux ans il entra
dans les gardes du corps ; mais le système
de Law et l'incendie de Rennes ayant en-
tièrement ruiné son père, Chassé, que la
nature avait doué d'une taille avantageuse,
d'une figure agréable et d'une belle voix
de basse , se décida à tirer parti des seuls
avantages qui lui restaient, et débuta à
l'Opéra au mois d'août 1721. Chanteur pi-
toyable , comme on l'était alors , mais ac-
teur excellent, il eut bientôt effacé tous
ceux qui l'avaient précédé dans son em-
ploi, et le rôle de Roland, qu'il rendit
avec une supériorité jusqu'alors inconnue,
mit le sceau à sa réputation. Il était si
pénétré de ses rôles , qu'un jour , après
avoir fait une chute sur la scène, il cria
aux soldats qui le suivaient : Marchez
moi sut le corps. En 1738, il abandonna
le théâtre et se rendit en Bretagne, dans
l'espoir d'y rétablir sa fortune; mais le
succès n'ayant pas répondu à son attente,
il rentra à l'Opéra , au mois de juin 1742,
par le rôle iïHylas, dans Issé. Enfin,
après avoir parcouru une brillante car-
rière , il se retira définitivement en 1757.
Il est mort à Paris , le 27 octobre 1786 ,
âgé de 88 ans. Chassé a composé un re-
cueil de chansons bachiques , qui a été
publié chez Ballard.
CHASSIRON (PIERRE-MATHIEU-MARTIN
DE), conseiller au présidial de La Rochelle,
et membre de l'académie de cette ville ,
naquit à l'île d'Oleron , en 1704 , et mou-
rut à La Rochelle en 1767. On a de lui
un petit écrit intitulé : Réflexions sur les
tragédies-opéras, Paris, 1751,in-12. 11
aurait pu se dispenser de réfléchir sur un
sujet auquel il n'entendait rien.
CHASÏEL (robert ou ROEiN DU), poète
et musicien, vers la fin du 13e siècle. On
trouve deux chansons notées de sa com-
position dans un manuscrit de la biblio-
thèque du roi, cotén0 66 (fonds de Gange).
CHASTELLUX (francois-jean , mar-
quis DE), maréchal de camp, naquit à
Paris en 1734. Entré fort jeune au ser-
vice, il fit toutes les campagnes d'Allema-
gne contre Frédéric-leGrand. En 1780,
il passa en Amérique, où il fit les fonctions
de major-général dans l'armée de Rocham-
beau, et donna des preuves multipliées de
courage et d'activité. Il fut l'ami de Wash-
ington. Revenu en France, il obtint le
gouvernement de Longwi et la place d'in-
specteur d'infanterie ; il mourut le 28 oc-
tobre 1788. Chastellux donnait à la cul-
ture des lettres tous les momens que lui
laissaient ses devoirs; il fut admis à l'aca-
démie française en 1775. Parmi ses ou-
vrages on remarque les suivans, qui sont
relatifs à la musique : 1° Essai sur l'u-
nion de la poésie et de la musique , La
Haye (Paris), 1765, in-12. Hiller a donné
un extrait de ce petit ouvrage dans ses
Notices et remarques sur la musique
{Wœchejitliche Nachrichten und Anmer-
kungen die Musik betreffen) année 1767,
p. 379; 1° Observations sur un ouvrage
intitulé traité du mélodrame, dans le Mer-
cure d'octobre 1771. On a attribué faus-
sement ces observations à l'abbé Morellet ;
5° Essai sur l'opéra , traduit de l'italien
d'Algarotti, suivi à'Iphigénie en Aulide ,
par le traducteur, Paris, 1773, in-8°.
Chastellux écrivit le premier de ces ou-
vrages au retour d'un voyage en Italie; il
y montre beaucoup de penchant pour la
musique italienne et de dégoût pour la
française. 11 faut avouer qu'à l'époque où il
écrivait il n'avait pas tort, bien qu'on l'ait
accusé de partialité.
CHATEAUMINOIS (Alphonse), fut
d'abord première flûte et tambourin des
106
CHA
CHA
Variétés amnsantcs ; en 1807 il entra au
Vaudeville comme galoubet. 11 jouait fort
bien de cet instrument, et se faisait sou-
vent entendre dans les entr'actés. 11 est
mort à Paris en 1819. On a de lui une
Méthode de galoubet (Caris, Jouve).
CI1ATEAUNEUF (l'abbe DE), né à
Chambéri, passa la plus grande partie de
sa vie à Paris, où il mourut en 1709. ïl
fut parrain de Voltaire, et Ton dit qu'il
fut l'un des derniers amans de Ninon. Il
cultivait la musique, et a écrit un Dialo-
gue sur la musique des anciens, que Mo-
rabin publia après sa mort, Paris 1725,
in-12. On en trouve des exemplaires avec
un fronlispice portant la date de 1734. Ce
petit ouvrage a été inséré dans la Biblio-
thèquefrançaise, année 1725, p. 179-277;
il donna lieu à des observations sur la
musique, lajlûle et la lyre des anciens ,
Bibl. fiançât. V, p. 107-125. Au reste,
le livre de l'abbé de Cliateauneuf est super-
ficiel et sans utilité, il fut vivement criti-
qué par Burette : c'était lui faire trop
d'honneur. L'abbé de Cliateauneuf a com-
posé ce dialogue à l'occasion du Pantalon,
instrument que son inventeur Hcbenslreit
avait fait enlendre chez Ninon.
CHAUMEU (charles), professeur de
piano, est né à Paris, le 21 juin 1788.
Admis au Conservatoire le 1er frimaire
an V, il y devint élève de 51. Adam et de
Catcl , et obtint au concours les premiers
prix d'harmonie et de piano en 1805 et
1806. Depuis sa sortie de classe du Con-
servatoire, il ne s'est plus fait remarquer
comme exécutant, mais il a publié un
grand nombre de pièces pour le piano, la
plupart arrangées sur des airs d'opéras. Ses
principaux ouvrages sont: 1° Deux sonates
pour le piano, op. 1 , Paris, Sieber; 2° Trois
sonatcsdétacbécs pourle même instrument,
œuvres 11 , 13 et 17, Paris, Lcmoine;
3° Une grande sonate pour piano, flûte ou
violon, op. 13, Ib'ul. , 4° Nocturne con-
certant pour les mêmes instrumens, op. 5,
lbid. 11 a publié aussi beaucoup de diver-
tissemens, de caprices, de rondeaux et
d'exercices ponr piano seul, chez Lemoinc
et Sieber. A l'égard des variations et des
fantaisies qu'il a arrangées sur des tliêmcs
d'opéra , le nombre en est trop considéra-
ble pour que les titres en puissent être rap-
portés ici. M. Chaulieu a aussi arrangé
plusieurs recueils de contredanses pourle
piano , et a écrit pour des pensionnais des
cantates, la musique des chœurs iXEslher,
et plusieursouvrages pour l'éducation pri-
maire des pianistes, entre autres, un re-
cueil d'exercices et d'études qu'il a nommé
Y Indispensable. Cet artiste a pris part à
la rédaction d un journal relatif à la mu-
sique qui a été publié à Paris en 1854 et
1835, sous ce titre : Le Pianiste; ses ar-
ticles sont remarquables par l'ingénuité des
observations et par la naïveté du style.
CHAUMONT (le chevalier DE), d'une
ancienne famille, et petit-iils d'un marin
que Louis XVI avait employé pour établir
des relations entre la Frauee et le royaume
de Siam. On lui doit un livre qui a pour
titre : p'éritable construction d'un théâ-
tre de l Opéra , à l'usage de la France,
Paris, 1766, in-12.
CHAUSSE (michel-ange DE LA), en la-
tin Causœus, naquit à Paris vers la fin du
17e siècle , et se fixa à Borne, afin de pou-
voir se livrer avec plus de fruit à l'étude
de l'antiquité. On a de lui : Romanuni
muséum, sive Thésaurus eruditœ anli-
quitalis , in quo gemmœ, idola, insignia
sacerdotalia , etc. CLXX tabulis œneis
àncisa referuntur ac diluciduntur, Rome,
1660, in-loî. ; deuxième édition, Borne,
1707, in-fol. ; et dernière, 1747, 2 vol.
in-fol. On y trouve des renseignemens sur
les instrumens de musique des anciens, et
particulièrement une petite dissertation
de Sislro , que Grœviusa insérée dans son
Thesaur. antiquit. Roman., t. V.
CHAUVEUE1CHE(. . .), musicien de
la sainte chapelle du roi, à Dijon, a pris
part à la composition de X Union d'Hébé
avec Minerve, pastorale en trois actes,
qui a été représentée par les écoliers du
collège de Dijon, le 20 août 1754. Les airs
CHA
des divertissemcns de cette pastorale ont
été composes par Jollivrt, et mis en parti-
tion avec orchestre par Chauvcrciche.
CHAI7 VET (françois), aveugle, devint
organiste de Saint-Lazare, vers 1783, et
fu!, ensuite attache* au duc d'Angoulême j
en qualité de claveciniste. 11 a (ait paraître
en 1798 : 1° Premier recueil de romances
et de cliansons, avec ace. de piano ou
harpe; 2° Le Fandango , varié pour la
guitare. On lui doit aussi un ouvrage élé-
mentaire intitulé : Principes de musique
pour le piano, Paris, 1791. 11 eut un
frère, surnommé Le Jeune , qui a publié
en 1805, Trois airs connus variés pour
le piano , œuvre 1er.
CHAUVON (. . .), musicien ordinaire
de la musique du roi, vers 1740, a pu-
blié: 1° Diux divcrlissemens, savoir Les
charmes de l'harmonie , et Les agré-
mens champêtres; 2° Le Philosophe
amoureux, cantate; 5° Deux livres de
pièces à chanter, intitulés : Les mille et
iinairs;i°\Jn livre de sonates à flûte seule,
sous le titre : Les Tibiades.
CMAVÉS (j.), né à Montpellier, vers
1770, montra dès son enfance d'heureuses
dispositions pour la musique, et sesparens,
qui le destinaient au commerce , lui per-
mirent d'étudier le piano et le violon. A
l'âge de quinze ans, il composa la musique
d'un grand opéra intitulé : Enceet Lavi-
nie. Ses talcns lui ayant procuré l'entrée
des meilleures maisons, il inspira de l'a-
mour à une riche héritière, que ses parens
furent obligés de lui donner pour épouse.
Il voulut alors briller à Paris; mais arrivé
dans celte ville, il y perdit toute sa for-
lune au jeu, et se vit contraint de vendre
le bien de sa femme. Il en exposa le pro-
duit à de nouveaux hasards, ne fut pas
plus heureux que la première fois, et n'eut
plus d'autre ressource que de se faire p rote
de l'imprimerie musicale d Olivier et Go-
defroy. Pendant qu'il remplissait ces fonc-
tions , il publia un livre élémentaire sous
le lit rc de Rudiment de musique par de-
mandes et réponses, Paris, Olivier et
CHE
107
Godefroy, in-4° (sans date), deux ceavres
de sonates pour le piano, et quelques ro-
mances. Ces productions ayant procuré
quelque argent à Chavès, il tenta de nou-
veau la fortune, perdit tout, et, poussé par
son désespoir, se jeta dans la Seine, en
1808.
CHECCHI (renier), maître de chapelle,
né à Pise, en 1749, reçut les premières no-
tions de la musique de Gio-Gualberlo Bru-
netli , et aclieva ses études sousOrazio Mei,
maître de chapelle de la cathédrale de Li-
vourne. Il s'est fixé depuis lors dans celte
dernière ville. Lorsque Napoléon créa la so-
ciété italienne des sciences, lettres et arts,
Checchi fut nommé membre ordinaire de
la section musicale. lia composé beaucoup
de musique d'église, et plusieurs opéras,
parmi lesquclson remarque YEroe cinese;
on connaît aussi de lui une collection de
Parlimenti, pour l'enseignement de l'har-
monie. Checchi vivait encore à Livourne,
en 1812.
CHEFDEVILLE (esprit-Philippe) ou
CHÉDEV1LLE, l'aîné, fut le plus habile
joueur de musette qu'il y ait eu en France;
son frère (Nicolas) put seul lui être com-
paré. L'aîné entra à l'Opéra, en 1725,
pour y jouer de son instrument; admis à
la pension en 1749, il en jouit jusqu'en
1782, époque où il mourut à Paris. On a
de lui : 1" Simphonies (duos) pour deux
museties, livres 1er et 2e, Paris, in-fol.
oblong ; 2° Concerts champêtres pour
deux musettes et basse, op. 5, ibid.;
3° Recueil de vaudevilles , menuets et
contredanses pour deux museties , Ibid.
Les compositions de Nicolas Chédeville
sont : 1° Les amusemens champêtres,
suites pour deux musettes , op. 1,2 et 3,
Paris , in-fol. obi. ; 2° Les Danses amu-
santes, op. 4, ibid. ; 3Q Les soirées amu-
santes, sonates, on. 5, ibid.; 4° Les pan-
tomimes italiennes , pour museties et
vielles; 5° Les amusemens de Bel loue ,
ou les plaisirs de Mars , op. 6 ; 6° Les
galanteries amusantes (ducs), op. S;
7° Sonates pour la Jlûle , op. 7; 8° Les
108
CHE
défis ou l'étude amusante, op. 9 ; 9° Les
idées françaises , ou les délices de Cham-
bray , op. 10; 10° L'œuvre quatrième
d'Abacu, arrangé pour les musettes et
vielles; 11° Les printemps de Vivaldi ^
arrangés en concertos pour les musettes.
On a aussi imprimé une Méthode de ga-
loubet, sous le nom de Chédeville , Paris,
Decombe.
CHEIN (louis) , né à Beaune , vers le
milieu du 17e siècle, fut enfant de chœur
de la sainte Chapelle du palais, et dans la
suite en devint chapelain. Il passa enfin
à Quimpercorentin , en qualité de maître
de musique de la cathédrale. On connaît
de sa composition : 1° Missa quatuor vo-
cum ad imit. moduli pulehra ut luna,
Paris, Chr. Ballard , 1689, in-folio;
2° Missa pro defunctis quatuor vocum ,
Paris, Ballard, 1690 ; 5° Missa quinque
vocum, ad imitationem moduli floribus
omnia cédant, Paris, Ballard, 1691, in-
fol . ; 4° Missa quatuor vocum , ad imit.
mod. Electa ut sol, Paris, 1691.
CHELARD (hippolyte-andre-jean-
baptiste) r j fils d'un clarinettiste de l'O-
péra, est né à Paris, le 1er février 1789.
Admis, comme élève, dans une classe de
violon, au Conservatoire, en 1 803, il y prit
ensuite des leçons d'harmonie de M. Dour-
len, et de composition de Gossec. En 1811,
il obtint au concours de l'Institut le pre-
mier grand prix de composition musicale.
Devenu par là pensionnaire du gouverne-
ment , il alla , suivant les réglemens alors
en vigueur, passer trois années à Rome,
et il profita de son séjour en cette ville
pour étudier sous la direction de M. l'abbé
Baini les compositions de Palest/ina; il re-
çut aussi des conseils de Zingarelli pour la
musique d'église dans le style accompagné.
De Rome , M. Chelard se rendit à Waples,
ou Paisicllo l'accueillit avec bienveillance,
et lui facilita l'entrée du théâtre pour y
CHE
faire représenter un opéra bouffe de sa
composition intitulé : Casa da vendere.
Cet ouvrage fut joué en 1815, et obtint,
dit-on , quelque succès. 11 fut moins heu-
reux à Paris , lorsque M. Chelard le fit
jouer au théâtre Favart, quoiqu'il fût bien
chanté par Mademoiselle Cinti (aujour-
d'hui Madame Damoreau), Garcia et Porto.
De retour à Paris, vers la fin de 1816,
M. Chelard était entré à l'orchestre de l'O-
péra. Il donnait aussi des leçons de sol-
fège, de violon et d'harmonie ; mais en-
traîné par son penchant pour la composi-
tion, il n'était point heureux , et c'était
avec impatience qu'il subissait l'ennui de
ses travaux journaliers. Après une longue
attente, il parvint enfin au but de ses dé-
sirs , car il fit représenter à l'Opéra une
tragédie-lyrique, dont le sujet était Mac-
beth. Cet ouvrage futjoué pour la première
fois le 29 juin 1827. Empreint du génie
de Shakespare, Macbethest une belle com-
position ; mais réduite aux mesquines pro-
portions que lui avait données Rouget de
Lisle, c'était une pièce médiocre. Elle avait
d'ailleurs le défaut d'être ennuyeuse; le
compositeur ne put triompher de toutes les
difficultés que le poète lui avait préparées.
11 y avait de belles choses toutefois dans
son ouvrage, et l'on se souvient encore d'un
trio de sorcières , vigoureusement conçu ,
qui se trouvait au premier acte. Quelques
chœurs de cet ouvrage ont été aussi remar-
qués comme des morceaux d'une large et
belle facture; mais en somme, la pièce
n'a pu se soutenir. Peu de bienveillance
de la part de l'administration, et les in-
trigues de quelques personnes intéressées
ont peut-être hâté son exclusion de la
scène ; mais il est certain qu'elle en aurait
été bannie bientôt par le peu d'intérêt que
le public portait à l'ouvrage.
Blessé d'une indifférence qu'il considé-
rait comme une injustice, M. Chelard
i Dans la notice du Leïique universel de la musique ,
publiera Stutlgard, par M. Schilling, on trouve seulement
jlndi é-Mppoljtç pour lc-6 prénoms de M. Chelard ;
mais les registres du Conservatoire de Paris , et ceux de
l'Institut, indiquent tcui qu'on voit ici.
CHE
CHE
109
chercha en Allemagne les applaudissemens
qu'on lai refusait en France. Ayant été re-
commandé au haron de Poissl, intendant
du théâtre de la cour à Munich , il lui
envoya sa partition, et bientôt après, lui-
même se rendit dans la capitale de la Ba-
vière. Il avait refait des scènes entières de
son opéra de Macbeth, et dans ce travail ,
il avait profité des critiques dont il avait
été blessé. Au mois de juin 1828 , c'est-à-
dire, un an après que l'ouvrage eut été re-
présenté à Paris, M. Clielard eut la satis-
faction de l'entendre exécuter en allemand,
avec un effet tout nouveau pour lui, par la
célèbre cantatrice Mademoiselle Schechner,
Madame Sigl-Vespermann et Pellegrini.
L'enthousiasme du public fut porté à son
comble. Depuis lors on a représenté Mac-
beth en plusieurs autres villes de l'Alle-
magne, mais le succès n'a pas été aussi
décidé. Les conséquences de triomphe du
compositeur français furent sa nomination
de maître de chapelle du roi de Bavière, et
un empressement flatteur à l'accueillir
dans les cours qu'il visita. En 1829, il re-
vint à Paris, et se prépara à y donner un
opéra-comique, qui fut joué au mois de
janvier de l'année suivante , sous le titre
de La table et le logement. L'attente de
tous les amis de M. Chelard fut trompée ,
car ils ne trouvèrent dans cette production
qu'une musique faible, sans charme, et
plutôt écrite d'une manière systématique
que néedel'inspiration. L'ouvrage ne réus-
sit pas et n'eut que deux ou trois représen-
tations. Quelques mois après, la révolution
qui venait changer le sort de la France
et de l'Europe éclata. Elle surprit M. Che-
lard au moment où il venait de fonder un
établissement pour le commerce de musi-
que : cet établissement fut par cet événe-
ment ruiné dès son origine, et son proprié-
taire , qui n'avait à Paris qu'une existence
précaire, fut contraint de retourner en
Allemagne. Son départ empêcha la repré-
sentation d'un opéra en trois actes, intitulé
Minuit, qu'il avait écrit pour le théâtre
Ventadour.
De rctouràMunich, vers la fin de 1830,
M. Chelard y fit traduire cet ouvrage en
allemand , et le fit jouer au théâtre de la
cour au mois de juin 1831. Plusieurs mor-
ceaux de cette nouvelle production furent
accueillis avec beaucoup d'applaudisse-
mens , mais, en général, le succès de Mi-
nuit fut inférieur à celui de Macbeth.
Vers la même époque , le compositeur fit
venir à Munich sa famille qui était restée
à Paris. Au mois de février 1832, il donna,
sous le titre de l'Étudiant , son opérette
joué précédemment à Paris sous celui de
La table et le logement. Il avait entière-
ment refondu cette partition , et n'avait
conservé de l'ouvrage primitif qu'un petit
nombre de morceaux : le succès fut com-
plet. Dans le même temps, M. Chelard fit
exécuter à la cathédrale de Munich une
messe solennelle qu'il avait fait entendre
précédemment à Paris, dans l'église de
Saint-Roch. Cette messe fut ensuite don-
née au concert spirituel , et fut suivie de
plusieurs chœurs et cantates dont il a été
fait mention dans la Gazette musicale de
Leipsick. Dans les années 1852 et 1833,
M. Chelard fut engagé comme directeur de
musique de l'Opéra allemand de Londres,
aux théâtres du roi , de Drury-Lane et de
Covent-Garden. Il fit représenter au pre-
mier de ces théâtres son opéra de Macbeth ;
le rôle de Lady Macbeth fut joué par Ma-
dame Schroeder-Devrient. L'année sui-
vante il donna à Drury-Laneson Etudiant,
traduit en anglais et chanté par Madame
Malibran. La faillite des entrepreneurs de
ces spectacles obligea M. Chelard de re-
tourner à Munich sans avoir obtenu les
avantages qu'il s1 était promis. Il paraît
qu'à la suite de son retour, la bienveillance
qui avait accueilli d'abord cet artiste en
Allemagne ne s'est pas soutenue, car il a,
dit-on, rencontré de grands obstacles avant
d'obtenir que son nouvel opéra , Le corn-
batd ' Herrmann (Die Herrmannsschlacht)
fut joué au théâtre de la cour. Cet ouvrage
n'a pu être représenté qu'à la fin de l'an-
née 1835; mais l'éclat de son succès a dû
110
CHE
consoler le compositeur de ses tribulations.
On s'accorde à considérer cette nouvelle
production de M. Chelard, comme ce qu'il
a fait de meilleur.
On a publié de M. Chelard, indépen-
damment de ses ouvrages dramatiques :
1° Solfèges à quatre voix, suivis d'un can-
tique à voix seule, avec accompagnement
de piano, Paris, H. Lemoine; 2° Chant
grec, exécute en 1826, au Waux-Hall ,
dans le concert donné au bénéfice des
Grecs.
CHELL (william ) (et non Chelle,
comme écrivent Forkel et Lichtenthal),
chapelain séculier, préhendicr et ebanteur
à l'église calbédrale d'Hercford , fut fait
bachelier en musique à l'université d'Ox-
ford, en 1524. Tanner (in Biog. Britan.)
dit qu'il est auteur de deux écrits, dont
l'un est intitulé : Mitsicœ practicœ Corn-
pendium , et l'autre : De Proportionibus
musicis ; mais il ne fait pas connaître
s'ils ont été imprimés, ou s'ils sont restés
inédits.
CHELLE RI (fortune), naquit à Parme,
en 1668 , d'un père allemand, nommé
Keller, qu'il perdit à l'âge de douze ans.
11 n'en avait que quinze lorsque sa mère
mourut. Son oncle maternel, François-
Marie Bassani , maitre de cliapelle de la
cathédrale de Plaisance, le prit alors dans
sa maison pour veiller, comme tulcur, à
son éducation , se proposant de lui faire
étudier la jurisprudence. Mais les heureuses
dispositions de Clielleri pour la musique ne
tardèrent point à se manifester , et Bas-
sani, témoin de ses efforts et de ses succès,
renonça à son premier dessein, et lui donna
des leçons de chant et de clavecin. Les
progrès de son élève furent si rapides,
qu'au bout de trois ans , il fut en état de
remplir une place d'organiste. Pour ne pas
rester un musicien ordinaire , le jeune
Clielleri commença alors à étudier le con-
trepoint sous la direction de son oncle, et
y fit de grands progrès La mort de Bassani
le laissa livré à ses propres forces; niais au
lieu de se décourager, il redoubla d'efforts
CHE
pour se perfectionner dans son art. Son
premier essai dans la musique dramatique
fut l'opéra de La Griselda , qu'il fit re-
présenter à Plaisance, en 1707. L'année
suivante, il fut appelé à Crémone pour y
écrire l'opéra de la saison ; après s'être
acquitté de cette tâche, il s'embarqua à
Gènes, le 7 janvier 1709 , pour aller en
Espagne, et il visita les principales villes de
ce royaume pendant le reste de Tannée. ■
Après son retour en Italie , en 1710 , il y
déploya tant d'activité qu'au bout de
douze ans, il n'y avait presque pas de ville
considérable qu'il n'eût enrichie de quel-
ques-unes de ses compositions. Il termina
sa carrière théâtrale par l'opéra de Zeno-
bia e RadamistO , qui fut représenté au
théâire Santo-Angelo de Venise. L'évêque
de Wurlzbourg lui offrit alors la place de
maître de chapelle : Clielleri accepta et se
rendit en Allemagne. En 1725, il entra
au service du Landgrave de Hc.-se-Cassel ,
qui lui conféra les titres de maître de cha-
pelle et de directeur de sa musique. L'année
suivante, il partit pour l'Angleterre, et
demeura dix mois à Londres, où il publia
un livre de cantates. Le successeur du
Landgrave Charles de Hcsse-L'assel, qui
était en même temps roi de Suède, le con-
firma dans son emploi de maître de cha-
pelle, et le fit venir à Stockholm en 1731;
mais le climat de la Suède ne convenant
point à sa santé, il demanda la permission
de retourner à Casscl , et l'obtint en 1754,
avec le titre de conseiller de cour. Il est
m»;rt dans cette ville, en 1757, à l'âge de
près de quatre-vingts ans. Ses ouvrages
les plus connus sont : 1° La Griselda }
à Plaisance, en 1707; 2° // gran Ales-
sandro, Crémone, 1708 ; 3° La Zenobia
in Palmira, Milan, 1711 ; 4° L 'Alalanla,
Fenare , 1713 ; 5° L'Alessandro Ira
gli Amazoni , Venise, 1715; 6° La Cao
cia in Etolia, 1715; 7° Pénélope, Ve-
nise, 1716 ; 8° L'A/nalassunle regina de
Goli, Venise, 1718; 9° Alessn/idro Se-
vero , Brescia , 1718; 10° L'Arsacide ,
Venise, 1719; 11° La Pace per amore,
CHE
Venise, 1719; 12° // Temistocle , Pa-
clone , 1720; 13° Tamerlano , Trévise,
1720 ; 14° L'Innocenza diffesa, Venise,
1721 ; 15° Zenobiae Radamislo, Venise,
1722; 16° Amor délia palria , 1722;
17° Un livre de cantates et airs , publié à
Londres, en 1726; 18° Un livre de sonates
et de fugues pour l'orgue et le clavecin ,
Cassel , 1729. Il a composé en Allemagne
des psaumes , des messes , des sérénades ,
des oratorios, des trios , des ouvertures et
des symphonies.
CHEMIN (etienne DU), avocat au par-
lement, vers le milieu du 17e siècle, a pu-
blié : Odes d' Horace mises en musique
à quatre parties , Paris, 1661.
CHEMIN (nicolas DU). Foyez DU-
CHEMIN.
CHENEVILLET (pierre) , maître de
musique et chanoine de Saint-Victor, à
Clermont, vivait dans la seconde moitié du
17e siècle. On a de lui : 1° Missa qua-
tuor vocum ad imitalionem moduli vota
rnea Domino, Paris, Ballard , 1652;
2° Missa quatuor vocum ad imitalionem
moduli Deus ullionis Dominus, Paris,
Ballard, 1653; 3° Missa quatuor vocum
ad i mit. mod. iiulica mihi, ihid., 1672.
CHENIÉ (marie-i'ierre), né à I'aris, le
8 juin 1773, fut élève de l'abbé d'Haudi-
mont. A l'âge de seize ans, il a fait exécu-
ter une messe de sa composition, à IV;; lise
Saint-Jacques-dc la-Boucherie. En 1795,
il est entré à l'orchestre de l'Opéra, comme
eontie-hassiste, et a pris sa retraite en
1820. 11 a fait ensuite partie de l'orchestre
du Théâtre-Italien , et il fut attaché à la
chapelle du roi. Il fut pendant plusieurs
années organiste de la Salpétrièrc. On con-
naît de lui des messes, des motets, trois
Te Deum, un Reguia Cœli, un Osalula-
ris , un Domine salvwn , etc., des ro-
manceset quelques pièces fugitives. Nommé
professeur de contrebasse au Conserva-
toire, il y a formé quelques bons élèves
parmi lesquels on remarque MM. Durier
et Cuillou. Chenié est mort à Paris, le
6 mai 1832.
CHE 111
CHEN1ER (marie-Joseph), poète , né à
Conslantinople en 1764, fut amené fort
jeune en France, et fit ses études à Paris.
11 fut membre de toutes les assemblées lé-
gislatives, depuis 1792 jusqu'en 1802,
puis inspecteur général de l'instruction,
publique, et enlin membre de l'Académie
française (2e classe de l'Institut). 11 mou-
rut à Paris, le 1er janvier 1811. Ce n'est
point ici le lieu d'examiner la vie politique
ni les œuvres littéraires de cet écrivain célè-
bre ; mais il doit être mentionné comme au-
teur d'un Rapport fait à la convention na-
tionale, au nom des comités d'instruction
publique et des finances (le 10 ther. an III)
sur la nécessité d'organiser le Conser-
vatoire de musique, Paris, an III, impri-
merie nationale, une feuille in-8°. C'est à
la suite de ce rapport que la convention
décréta l'institution du Conservatoire de
musique de France.
C1IERIC1 (Sebastien), compositeur, né
près de Bologne en 1647, fut d'abord
maître de la cathédrale de Pistoie, et de-
vint ensuite, vers 1684, maître de cha-
pelle de l'académie dello Spirilo sanlo, à
Fcrrare. 11 fut aussi académicien philhar-
monique de Bologne. On connaît de lui :
1° Ti armonia di divoti concerti a 2 et 3
voci con violini e senza, op. 21, Bologne,
1698, in-4°. C'est une réimpression;
2° Motetti sagri a due e tre voci , con
violini e senza, op. quarla, ibid., 1700 ,
in-4°. C'est la troisième édition; 5° Com-
ponimenli cla caméra a due voci, op. 5%
Bologne, 1688, in-4° obi.; 4° Motetti
sagri a due e tre voci con violini e senza,
op. 6\ Bologne, 1695, in-4°. Cet ouvrage
est dédié à l'empereur Léopold Inr.
CHEfAON (andre), maître de musique
à l'Opéra, y entra en 1734 , et y battit la
mesure pendant pltisieursannées.En 1750,
il devint chef du chant, et en remplit les
fonctions jusqu'en 1753, puis on le lit in-
specteur de la musique jusqu'en 1758,
époque où il fut mis à la pension. II mou-
rut en 1766. Il a publié : 1° Trios pour
trois flûtes, op. 1; 2° Duos et trios de
112
CHÊ
flûtes, op. 2. On connaît aussi quelques
motets de sa composition. On lui attribue
les basses des premiers livres de sonates
de Léclair; enfin, il a écrit la musique
des vers qui furent cbantés dans la tragé-
die de Nicéphore , en 1732.
CIIERON (augustin-athanase), actenr
de l'Opéra de Paris , naquit le 26 février
1760, à Guyancourt (Seine-et-Qise).
La nature lui avait donné une voix de
basse taille de la plus belle qualité , éten-
due, égale, sonore et d'un timbre métal-
lique. A cette époque, l'art du chant était
inconrin en France, et le seul moyen qu'eût
un chanteur pour plaire au puhlic , était
de posséder un organe agréable et une belle
articulation : Chéron était pourvu de ces
deux avantages, et de plus, sa physionomie
était belle et sa taille majestueuse ; cela
suffit pour lui faire obtenir un ordre de
début, bien qu'il n'eût point encore chanté
sur la scène. Il n'avait pas vingt ans lors-
qu'il parut pour la première fois à l'Opéra,
car ce fut en 1779 qu'il débuta; les ap-
plaudissemens du public décidèrent sa ré-
ception. Très bon musicien et doué d'in-
telligence , il comprenait bien ce qu'il
chantait, et le rendait d'nne manière con-
venable. D'ailleurs, sa facile émission de
son le mettait à l'abri de l'habitude de
crier qui n'était que trop fréquente parmi
les acteurs dontil était entouré ; mais cette
facilité même, qui secondait en lui une
certaine paresse naturelle, l'empêchait de
mettre dans son chant et dans son jeu du feu
et de l'expression. Toutefois, dans les rôles
qui avaient été écrits pour lui, il était sou-
vent fort satisfaisant. Parmi ceux où il
s'est le plus distingué on doit citer Aga-
memnon dans IpJiigénie en Aulide , le
pacha dans La Caravane , le roi d'Ormus
dans Tarare, et particulièrement OEdipe
à Colone. Après sa retraite , qui eut lieu
en 1802, il vécut quelque temps à Tours,
puis vint se fixer à Versailles, où il est
mort le 5 novembre 1829.
CHÉRON (anne), née CAMEROY,
épouse du précédent, cantatrice de l'Opéra
CHÉ
de Paris, a vu le jour dans un village des
environs de Paris en 1767. Les circon-
stances qui l'amenèrent sur le théâtre sont
assez singulières pour mériter d'être rap-
portées ici. Sa sœnr aînée était servante
chez un médecin nommé le docteur Mittié.
Ayant reçu des complimens de son maître
sur la beauté de sa voix , elle lui parla de
sa jeune sœur qui l'avait encore plus belle.
Le docteur , lié avec Gossec , lui parla de
ses deux cantatrices contadines. A cette
époque, Gossec venait d'être nommé di-
recteur de l'école de chant et de déclama-
tion des Menus-plaisirs ; occupé de cher-
cher des voix , il saisit l'occasion qui lui
était offerte , et obtint qu'on fit venir de
son village la jeune Cameroy. Sa voix était
réellement belle, et les maîtres de l'école
de chant entreprirent de la cultiver. Ces
maîtres étaient alors Piccinni, Langlé et
Guichard. Lays s'était joint à eux pour
développer le talent de Mademoiselle Ca-
meroy, à qui l'on fit prendre alors , on ne
sait pourquoi, le nom de Mademoiselle
Dozon. Reçue aux appointemens à l'école,
au mois de juin 1785 , elle y reçut non
seulement des leçons de musique et de
chant , mais des conseils de Mole pour la
déclamation ; Deshayes le père lui donna
des leçons de danse, et Donnadieu, fameux
maître d'armes de ce temps , lui fit faire
des exercices pour former son corps à des
mouvemens libres et souples. Après quinze
mois de travaux assidus , ses maîtres dé-
clarèrent qu'elle était en état de débuter
à l'Opéra, et elle y parut avec un succès
brillant, le 17 septembre 1784, dans le
rôle de Chimène. A cette époque, le talent
et la renommée de Madame Saint-Huberty
étaient dans tout leur éclat : les ennemis
de cette grande actrice crurent trouver dans
les débuts de Mlle Dozon les moyens d'y
porter atteinte ; un parti se forma pour la
débutante , et pendant quelque temps le
public se partagea en faveur des deux ri-
vales; mais l'engouement cessa bientôt, et
lorsqu'en 1786, Mademoiselle Dozon épousa
Chéron , elle n'occnpait plus à l'Opéra que
CHE
le second rang, qui était encore assez beau
lorsqu'il n'y avait au premier que Madame
Saint-Huberty. Cependant le rôle HiAn-
tigone dans OEdipe vint à celte époque
lui rendre toute la faveur du public; ce
rôle fut toujours celui qui lui fit le plus
d'honneur, et qui fut le mieux assorti à
ses facultés. Sacchini le lui avait enseigné
avec soin. La petitesse de sa taille, sa mai-
greur, au lieu de faire obstacle à ses suc-
cès , comme dans les autres rôles , étaient
là d'accord avec la situation du person-
nage ; elle y mettait beaucoup de sensibi-
lité, et le caractère de sa voix, qui était ce
que les Italiens appellent soprano sfogato,
convenait fort bien au genre de la musique.
Aucune autre actrice n'a eu depuis Madame
Chéron , autant d'effet qu'elle dans le rôle
d'Antigone. La délicatesse de sa santé l'o-
bligea de quitter le théâtre en 1800, à
l'âge de trente-trois ans. Elle se retira
d'abord à Tours, avec son mari ; mais de-
puis quelques années elle s'est fixée à Ver-
sailles.
CHERUBINI ( MARIE -LOUIS -CHARLES-
zenobi-salvador) , compositeur célèbre,
est né à Florence, le 8 septembre 1760.
Les premiers principes de la musique lui
furent enseignés avant qu'il eut atteint sa
sixième année. A l'âge de neuf ans il reçut
des leçons d'harmonie et d'accompagne-
ment de Bartolomeo Felici et de son fils
Alessandro. Après la mort de ces deux
maîtres, il passa sous la direction de Pierre
Bizzari et de Joseph Castrucci , qui lui
firent continuer ses études de composition,
et qui lui donnèrent quelques notions de
l'art du chant. Ses progrès furent si ra-
pides, que dès 1773, c'est-à-dire, avant
d'avoir accompli sa treizième année , il fit
exécuter, à Florence, une messe solennelle
et un intermède de sa composition. Ces
ouvrages furent suivis de plusieurs autres
à l'église et au théâtre, et le public accueil-
lit avec de vifs applaudissemens ces fruits
précoces d'un talent déjà remarquable.
Léopold II , grand-duc de Toscane , si re-
commandable par la douceur de son gou-
TOME in.
CHE
113
vernement , par sa bienfaisance et par son
goût éclairé pour les arts, Léopold, étonné
de trouver dans le jeune Cherubini de si
belles facultés, lui accorda, en 1778, une
pension, pour le mettre en état de se ren-
dre à Bologne auprès de Sarti , afin qu'il
pût continuer ses études et perfectionner
son talent sous les yeux de ce maître.
Quatre années furent employées dans cette
école , par le jeune artiste , à des travaux
sérieux pour acquérir une profonde con-
naissance du contrepoint et de l'ancien
style fugué. C'est aux conseils de Sarti que
Cherubini dut le savoir étendu qu'il pos-
sède, et ce sentiment délicat des beautés
de style qu'on puisait alors dans les bonnes
écoles d'Italie, et dont il ne restera bien-
tôt plus de traces. La méthode de Sarti
était excellente j non seulement il donnait
à ses élèves des connaissances solides dans
tous les genres de compositions scienti-
fiques, mais il les exerçait au style idéal
en leur confiant la composition des airs de
seconds rôles de ses opéras. Ses partitions
contiennent un grand nombre de mor-
ceaux écrits par M. Cherubini.
Avant de quitter pour toujours l'école
de son maître, le jeune artiste écrivit pour
Alexandrie-de-la-Paille l'opéra de Quinto-
Fabio, qui fut représenté en 1782, et qui
fut suivi de sept autres ouvrages, repré-
sentés à Florence, à Livourne, à Rome et
à Mantoue. En 1784, M. Cherubini quitta
l'Italie pour aller à Londres. Il y écrivit
La Finta principessa , opéra-bouffe, et y
fit représenter son Giulio Sabino , dont il
avait refait plusieurs morceaux. Il écrivit,
aussi dans cette ville quelques morceaux
nouveaux pour la partition du Irîarchese
di Tidipano, de Paisiello, après quoi il se
rendit à Paris, avec l'intention de s'y fixer.
Toutefois, il fut bientôt après appelé à
Turin, pouryécrire son opéra iïljîgeniain
Aulide, quiobtinttant de succès, queMar-
chesi fit choisir cet ouvrage pour l'automne
de 1788, au théâtre de La Scala à Milan.
De retour à Londres, en 1787, M. Cheru-
bini y eut le titre et les fonctions decompo-
8
114
CHE
siteur du théâtre du roi. Il y fît représenter
Giannina e Bernadone,Ao Cimarosa, Gli
schiavi per cunore , de I'aisicllo , et quel-
ques autres ouvrages pour lesquels il écri-
vit des morceaux cliannans. Burney cite
avec éloge ces productions du talent de
M. Cherubini [a General history qfmu-
sic, t. IV, p. 527). Cet artiste, dit-il, est
un jeune homme de génie qui n'a point
eu ici (à Londres) l'occasion de déployer
son habileté, mais qui, avant son arrivée,
avait été d4jà plusieurs fois mentionné en
Angleterre pour son rare talent. Revenu à
Paris en 1788, 31. Cherubini y écrivit son
premier opéra français, dont le sujet était
Démophoji ; cet ouvrage fut représente sur
le théâtre de l'Opéra, le 2 décembre de la
même année, et n'obtint pas de succès.
Plusieurs causes eontrihuèrent à faire ac-
cueillir avec froideur le premier essai d'un
genre de composition où Cherubini sem-
blait renoncer aux formes de la musique
italienne qu'il avait cultivées jusqu'alors.
La première de ces causes se trouvait dans
l'intérêt qu'inspirait au public Vogel,
auteur d'un autre Démophon , dont l'ou-
verture, devenue célèbre, excitait l'admi-
ration. Ce jeune musicien avait cessé de
vivre dans la même année, et avait laissé
son opéra terminé. Il fut représenté dans
l'été , et bien que le reste de l'ouvrage ne
répondît pas à la beauté de l'ouverture, le
public le traita avec une faveur marquée
qui nuisit à l'œuvre de M. Cherubini. Il
v avait dans celle-ci un mérite de facture
supérieur à tout ce qu'on connaissait alors
en France; ce mérite était au-dessus de
l'intelligence des habitués du parterre de
l'Opéra de ce temps ; il ne rachetait pas à
leurs yeux le défaut de chaleur et d'intérêt
dramatique qu'on pouvait reprocher à l'en-
semble de la partition . De tous les ouvrages
du compositeur qui est l'objet de cet arti-
cle , Démophon est aujourd'hui le moins
connu même de ses admirateurs; cepen-
dant il s'y trouve quelques morceaux, et
particulièrement un chœur {Ah! vous
rendez la vie) qui, pour l'intérêt de l'in-
CHE
strumentation , des dispositions des voix et
de la pureté de style étaient, à l'époque où
l'opéra fut écrit, de véritables créations,
et annonça ent une école nouvelle.
En 1789, Léonard, coiffeur de la reine,
obtint un privilège pour élever à Paris un
théâtre d Opéra italien. Violti fut chargé
d'aller en Italie composer la troupe parmi
les chanteurs les plus renommés. Ceux
qu'il ramena méritaient d'être classés parmi
les plus habiles de l'Italie : c'étaient Vt-
ganoni, Mandini, La Morichelli et l'excel-
lent acteur RalTanelli qu'on revit à Paris
environ douze ans plus lard, et qui n'avait
rien perdu de son beau talent. Ces clia
teurs furent mis sous la direction de Che-
rubini , pour ce qui concernait la distribu-
tion des rôles et pour tout ce qui était du
ressort de la musique. La troupe fît son
début dans une espèce de bouge qu'on ap-
pelait le théâtre de la foire Saint-Ger-
main. C'est là que furent exécutés, avec
une perfection jusqu'alors inconnue, les
meilleurs ouvrages d'Anfossi, de Paisiello,
de Cimarosa , dans lesquels M. Cherubini
avait introduit d'excellens morceaux de sa
composition. Tous ces morceaux étaient
marqués du cachet d'un talent supérieur ;
ils excitèrent une admiration générale.
Bien des amateurs se souviennent encore
du délicieux quatuor, Cara , da voi di'
pende , qui était placé dans les f^iaggiatori
folici , et du trio inséré dans Yltaliana in
Londra. Ces productions offrent un sujet
d'étude plein d'intérêt, si on les compare
avec Démophon, et surtout avec Lodoïska}
opéra français que Cherubini écrivit dans le
même temps. Elles prouvent queleurauteur
avait alors deux manières très distinctes;
l'une simple comme celle de Cimarosa et
de Paisiello, et qui ne se distinguait que
par une pureté de style supérieure à tout
ce qu'on connaissait; l'autre, sévère, plus
harmonique que mélodique, riche de dé-
tails d'instrumentation , et type alors
inapprécié d'une école nouvelle, destinée à
changer toutes les formes de l'art.
Lodoïska fut représente en 1791 5 cette
ait
n-
CHE
CHE
115
belle composition où le développement des
proportions dans la coupe des morceaux
d'ensemble, la nouveauté des combinaisons
et les richesses instrumentales sont si re-
marquables, fit une révolution dans la
musique française, et fut l'origine de la
musique d'effet que tous les compositeurs
modernes ont imitée avec diverses modifi-
cations. Aussi vit-on ceux de l'école fran-
çaise , particulièrement Mébul , Sleibelt,
Berlon, Lesucur, Grétry même, se jeter
dans cette route nouvelle, et y porter seu-
lement des différences qui tenaient à leur
génie. A la vérité, Mozart avait déjà révélé
par ses immortelles compositions des Noces
de Figaro et de Don Juan, tout l'effet
que peuvent produire de grandes combi-
naisons harmoniques , et de belles disposi-
tions instrumentales unies à d'heureuses
mélodies ; mais ces ouvrages , venus trop
tôt. même pour que les compatriotes de
Mozart fussent en état de les comprendre,
étaient alors absolument ignorés des étran-
gers. Nul doute que M. Cherubini n'ait
suivi ses propres inspirations dans le genre
nouveau qu'il introduisit en France : la
comparaison de son style avec celui de son
illustre prédécesseur le prouve jusqu'à l'é-
vidence.
La révolution eommenece^v Locloïska,
fut achevée par Elisa , ou le Mont Saint-
Bernard, et par Médée. Malheureusement
ces opéras, dont la musique excite encore ,
après plus de trente ans , l'admiration des
artistes, ont été composés sur des poèmes
ou dénués d'intérêt, ou écrits d'un style
ridicule, en sorte qu'ils n'ont pu se main-
tenir sur la scène : tuais ce qui prouve qu'il
n'a manqué à M. Cherubini, pour olitenir
des succès populaires, que des ouvrages ou
plus inléressans ou plus raisonnables, c'est
l'effet d'entraînement qu'a produit l'opéra
des Deux Journées , dont la musique est
écrite dans le système des autres composi-
tions françaises de M. Cherubini, mais
dont le poème, plus intéressant, est mieux
assorti aux accens de cette belle musique.
Plus de deux cents représentations de cet
ouvrage n'ont pas fatigné l'enthousiasme
des vrais connaisseurs. Toutefois, malgré
la haute réputation dont M. Cherubini
jouissait dans toute l'Europe, il n'avait
point en France un sort digne de son ta-
lent. F>es émolumens dune place d'inspec-
teur du Conservatoire composaient tout
son revenu , et suffisaient à peine aux be-
soins d'une famille nombreuse. Le chef du
gouvernement qui avait succédé au di-
rectoire, laissait dans l'oubli des faveurs
ce mêfrte homme dont le nom était révéré
en France, en Angleterre, en Italie et sur-
tout en Allemagne. Contraint enfin de
songer à assurer son existence, ce fut vers
cette patrie de l'harmonie que M. Cheru-
bini tourna les yeux. Un engagement lui
était offert pour aller écrire à Vienne quel-
ques opéras : il l'accepta, et se mit en roule
avec sa famille, au printemps de 1805.
Arrivé dans la ville impériale, il écrivit la
partition de Faniska , dont les beautés ex-
citèrentl'admiration des artistes de Vienne.
Haydn et Beethoven proclamèrent l'auteur
de cet ouvrage le premier compositeur
dramatique de son temps. Les musiciens
français et Méhul lui-même souscrivirent
à cet éloge; mais à peine Cherubini com-
mençait-il à recueillir le fruit de son suc-
cès, à peine se disposait-il à écrire de nou-
veaux ouvrages, que la guerre éclata entre
la France et l'Autriche. On connaît les
résultats de cette guerre : Vienne fut en-
vahie par les armées françaises, la cour
de François II dut s'éloigner de cette ville,
et l'auteur de Faniska fut obligé de reve-
nir à Paris, où il expia, dans un repos
forcé, la gloire d'un succès qui semblait
braver les dédains de Napoléon.
Cependant quelques amis essayèrent de
vaincre les répugnances et les préventions
de celui-ci : ils engagèrent Cherubini à
écrire un opéra italien pour le théâtre des
Tuileries, et Crescentini promit de chanter
le rôle principal. Le compositeur se laissa
persuader, et quelques mois après, la
partition de Pimmaglione fut achevée.
Pimmaglione l ouvrage charmant, d'un
116
CEE
genre absolument différent des autres pro-
ductions de Cherubini , et dans lequel on
trouvait quelques scènes de la plus heu-
reuse conception. Napoléon parut étonné
quand on lui eut dit le nom de Fauteur
de cette œuvre; il montra d'abord quelque
satisfaction , mais il n'en résulta aucune
amélioration dans le sort du compositeur.
Tant d'injustice devait porter le découra-
gement dans l'ame de l'artiste ; mais tout
à coup, au milieu de la disgrâce où il était
tombé, des circonstances imprévues gui-
dèrent M. Cherubini vers un genre nou-
veau qu'on peut considérer comme un des
titres les plus solides de sa gloire. Il venait
de s'éloigner de Paris, pour goûter, chez
M. le prince de Chimay, un repos d'esprit,
un calme , dont il éprouvait l'impérieux
besoin. Il était dans un de ces momens de
dégoût de l'art qu'il n'est pas rare de ren-
contrer dans la vie des plus grands artistes;
mais, pour donner un aliment à son es-
prit , il s'était épris de la botanique , et
semblait ne vouloir plus s'occuper que de
cette science. Or, il arriva qu1on voulut
exécuter un jour une messe en musique
dans l'église de Chimay; mais pour réali-
ser ce projet , il manquait précisément la
musique de la messe. On eut recours à
Cherubini, qui résista d'abord, et qui finit
par céder. Ce fut à cette occasion qu'il
écrivit son admirable messe à trois voix ,
en fa. La pensée qui le dirigea dans ce
travail n'avait rien d'analogue à celle qui
a inspiré toute la musique de l'ancienne
école romaine ; celle-ci avait été conçue
comme l'émanation d'un sentiment pur,
dépouillé de toute passion humaine ;
M. Cherubini, au contraire, voulut que
sa musique exprimât le sens dramatique
des paroles ; mais dans la réalisation de
cette pensée, il fit preuve d'un talent
si élevé , qu'il est resté sans rival en ce
genre. La réunion des beautés sévères de
la fugue et du contrepoint avec l'expres-
sion dramatique et la richesse des ef-
fets d'instrumentation , est un fait qui ap-
partient au génie de Cherubini j car la
CHE
messe de Requiem, connue sous le nom de
Mozart , n'a pas cette sévérité de style ; elle
appartient au genre de l'harmonie alle-
mande et au goût instrumental. Le succès
qu'obfint dans toute l'Europe le bel ou-
vrage dont il vient d'être parlé, détermina
son auteur à en produire beaucoup d'au-
tres. La restauration de l'ancienne mo-
narchie française, en faisant cesser l'espèce
de proscription qui pesait sur M. Cheru-
bini, lui fournit des occasions fréquentes
de déployer son génie dans ce genre. En
1816, il succéda à Martini, dans l'emploi
de surintendant de la musique du roi, et
dès lors il dut écrire beaucoup de messes
et de motets pour le service de la chapelle
royale ; il n'en a été publié qu'une partie ,
mais la plupart de ces ouvrages sont con-
sidérés par les artistes comme des compo-
sitions d'un ordre très élevé.
Des critiques et des Biographes ont dit
que la musique de M. Cherubini manque
de mélodie, et lui ont même refusé le gé-
nie nécessaire pour en inventer : leur er-
reur est évidente. N'y eût-il que le duo de
l'opéra à'Épicure , écrit par ce composi-
teur, que la grande scène de Pimmaglione
chantée par Crescentini , que le délicieux
air des Ahencèrages , si souvent chanté
avec succès par Ponchard, que celui
d' ' Anacrèon chez lui ( Jeunes filles aux
regards doux), et que le chœur si suave
de Blanche de Provence, il serait prouvé
que 31. Cherubini est doué de la faculté
d'imaginer des mélodies plus neuves de
formes peut-être que beaucoup d'autre mu-
sique considérée comme essentiellement
mélodieuse. La mélodie abonde dans Les
Deux Journées; mais telle estla richesse de
l'harmonie qui raccompagne,telétaitl'éclat
du coloris de l'instrumentation à l'époque
où parut cet ouvrage, telle était surtout
alors l'insuffisance des lumières du public
pour apprécier une combinaison de toutes
ces beautés, que le mérite de la mélodie ne
fut pas apprécié à sa juste valeur ; ce mérite
disparaissait au sein de toutes ces choses dont
les Français n'avaient pas l'intelligence.
CHE
Les mêmes critiques et Jes mêmes biogra-
phes , qui ne savent guère de quoi ils par-
lent, assurent que l'auteur à'Elisa et de
Médée manque d'originalité; or, une des
qualités les plus remarquables des mélo-
dies qui viennent d'être citées, est précisé-
ment l'originalité, car les formes en sont
absolument inusitées, quoique gracieuses.
11 est un défaut qui aurait pu être signalé
avec plus de justesse dans les œuvres dra-
matiques de M. Cherubini, et qui a peut-
être nui plus que toute autre cause au suc-
cès de ses ouvrages : je veux parler d'une
certaine absence de l'instinct de la scène
qui se fait remarquer dans les plus belles
productions de son génie. Presque toujours
le premier jet est heureux ; mais trop en-
clin à développer ses idées par le mérite
d'une admirable facture , M. Cherubini
oublie les exigences de l'action; le cadre
s'étend sous sa main, la musique seule
préoccupe le musicien , et les situations
deviennent froides. Qu'on examine avec
soin toutes les grandes partitions de M. Che-
rubini , et l'on verra que toutes reprodui-
sent plus ou moins ce défaut.
Parmi les principaux ouvrages de M . Che-
rubini on remarque : I. opéras : 1° Quinlo
Fabio, à Alexandrie ,1780 ; 2° Armicla, à
Florence, 1782; 5° Messenzio, dans la
même ville, 1782; 4° Adriano inSiria, à
Livourne,1782 ; 5° Quinto Fabio,reÇa\t, à
Rome, 1 783 ; 5° Lo sposo di trefemine ,
dans la même ville , 1783 ; 7° L'Idalïde,
à Florence, 1784; 8° Alessandro nelle
Indie, Mantoue, 1784; 9° La Finta prin-
cipessa, à Londres, 1785 ; 10° Plusieurs
morceaux dans II Marchese di Tulipano,
dans la même ville, en 1786; 11° Ifge-
nia in Aulide, à Turin, 1788; 12° Dé-
mop/ion , à Paris, 1788 ; 13° Divers mor-
ceaux dans Yltaliana in Londra } dans
/ Viaggialorifelici, et dans d'autres opé-
ras italiens, en 1789 et 1790 ; 14° Lo-
doïska, en trois actes, au théâtre Fcydeau,
en 1791 ; 15° Koukourgi, en trois actes,
1793, inédit, mais dont une partie de la
musique a été employée depuis lors dans
CHE
117
Ali-Baba; 16° ÈUsa ou le Mont Saint-
Bernard, en trois actes , au théâtre Fey-
deau, en 1795 ; 17° Médée, en trois actes,
au même théâtre, 1797; 18° La mort
du général Hoche, en un acte, 1797;
19° L'Hôtellerie portugaise , au théâtre
Favart, 1798. Cet ouvrage ne réussit pas ,
mais il en reste une superbe ouverture et
un beau trio qu'on exécute dans les con-
certs ; 20° La Punition, en un acte, au
théâtre Montansier, 1799 ; 21° La Pri-
sonnière, au même théâtre, composé en
sociétéavecBoieldieu, 1799 ; 22° Épicure,
composé en société avec Méhul, 1800;
23° Les Deux Journées , en trois actes ,
au théâtre Feydeau, 1800; 24° Anacréon
ou V Amour fugitif , en deux actes, à
l'Opéra , 1803; 25° Achille à Scyros ,
grand ballet en trois actes, à l'Opéra, 1 804.
Il s'v trouve une admirable scène de bac-
chanale; 26° Faniska , en trois actes, à
Vienne, 1805 ; 27° Pimmaglione, en un
acte, au théâtre des Tuileries, 1809;
28° Le Crescendo , en un acte, à l'Opéra-
Comique, 1810; 29° Les Abencérages, en
trois actes, à l'Opéra, 1813 ; 30° Bajard ,
ouïe siège deMézières,i\vecNico\oIsouaird,
Boieldieu et Catel , 1814; 51° Blanche
de Provence , en trois actes , avec Boiel-
dieu, Berton, Kreutzer et Paer, à l'Opéra,
1821; 32° Ali-Baba , en trois actes, à
l'Opéra , en 1833. Ce dernier ouvrage a
présenté le phénomène d'un vieillard de
soixante-treize ans qui osait essayer ses for-
ces clans une immense composition; qui
ne craignait pas d'entrer en lice avec de
jeunes imaginations, et qui avait conservé
assez de force pour n'être pas vaincu dans
celte lutte. Il y a de grandes beautés dans
cette œuvre d'une imagination septuagé-
naire , et même , il y en a qui sentent en-
core la jeunesse. II. musique d'église.
1° Motet à huit voix en deux chœurs
manuscrit) ; 2° Credo à huit voix réelles,
en deux chœurs (manuscrit). Une fugue de
ce chœur a été publiée dans le Traité du
contrepoint et de la fugue , de l'auteur de
cette Biographie; 3° Plusieurs motets à
118
CHE
quatre et cinq voix avec orgue, composés
en Italie (en manuscrit); 4° Messe à trois
voix, chœur et orchestre (en fa) , Paris,
Frey ; 5° Deuxième messe solennelle à
quatre voix, chœur et orchestre , Ibid.;
6° Troisième messe solennelle à quatre
voix, chœur et orchestre, Ibid.; 7° Messe
de Requiem à quatre parties en chœur avec
orchestre , Ibid.; 8° Quatrième messe so-
lennelle (en ut), à quatre voix, chœur et
orchestre, Ibid.; 9° Plusieurs messes com-
posées pour la chapelle du roi (inédites),
dont une en mi mineur; 10° Ave veruni
corpus, à trois voix, cor solo et orchestre,
Paris , A. Petit ; 1 1° Isle Dies , à quatre
voix et orchestre, Ibid.; 12° O sacrum
convivium,à quatre voix et orchestre, Ibid.;
13° O salutaris hostia , à deux voix de
soprano, avec quatuor et orgue, Ibid.;
Paris, Beaucé ; 15° Ave Maria, pour voix
de soprano et orgue, Ibid ; 16° Lciuda
Sion, à deux voix et orgue, Ibid.; 1 7" Tan-
ium ergo, pour cinq voix et orgue, Ibid.;
18° Sanclus salutaris, pour voix seule et
orgue , Ibid. ; 19° Pater noster, à quatre
voix , orchestre et orgue , Ibid.; 20° Ecce
punis, à voix seule et orgue, Ibid.;
21° Offertoire, Laudate Dondnum , à
quatre voix cl orchestre, Vienne, Hass-
linger; 22° Confirma hoc Deus , à trois
voix et orchestre; 23° Adoremus in œter-
num, à trois voix et orchestre ; 24° Ofons
amoris spiritus , à quatre parties et or-
chestre ; 25° Inclina Domine, à quatre
parties et orchestre; 26° Adjulor et sus-
ceplor meus , à quatre voix et orchestre;
27° Offertoire (en mi h), O Deus ego amo
te, solo pour voix d'alto, quatuor et contre-
basse; 28° Lauda anima mea, Dominum ,
pour soprano et orchestre, Vienne, Dia-
belti ; 29° Pater noster {en sol) , à quatre
voix et orchestre, Ibid. III. Cantates. 1° La
Primavera, cantate à quatre voix et orches-
tre, Paris, A. Petit; 2° Chant sur la mort
de Haydn, à trois voix et orchestre, Paris,
Frcy; 5° Six nocturnes à deux voix et piano,
Ib.; 4° Douze canons à deux, trois et quatre
voix, Paris, Frey. IV. musique instp.um.en-
CHE
taie. 1° Symphonie à grand orchestre (en
ré), composée pour la société philharmoni-
que de Londres; 2° Ouverture (en sol),
composée pour la même société; 3° Sonate
pour deux orgues (en manuscrit) ; 4° Fan-
taisie pour le piano (Idem) ; 5° Trois qua-
tuors pour deux violons, alto et violon-
celle, Paris, Pacini ; 6° M. Cherubini a
écrit pour les méthodes de violon et de
violoncelle du Conservatoire de Paris de
belles basses d'accompagnement ; 7° On
lui doit aussi un très grand nombre de
leçons pour une, deux, trois et quatre voix,
insérées dans les trois parties des solfèges
du Conservatoire; 8° En 1835, il a pu-
blié à Paris, chez M. 3Iaurice Schlesinger,
une Méthode de contrepoint et de fugue,
1 vol. in-f'ol. Cet ouvrage est le résumé
des leçons qu'il a données au Conservatoire
de Paris, pendant plusieurs années. Le
texte laisse désirer plus de méthode, mais
les exemples sont des modèles de cette per-
fection de style qu'on ne trouve que dans
les productions de l'ancienne école d'Ita-
lie.
Après avoir été pendant vingt ans in-
specteur du Conservatoire de musique de
Paris, M. Cherubini fut nomméprofesscur
de composition de cette école, en 1816,
puis en est devenu le directeur, en 1822 :
il occupe encore celte place. Devenu surin-
tendant de musique du roi, en 1816, il
en a rempli les fonctions jusqu'au mois
d'août 1830; à cette époque, la chapelle
du roi a été supprimée par l'effet de la ré-
volution qui a changé le gouvernement.
Nommé chevalier de la légion d'honneur en
1814, il est devenu depuis lors officier de
cet ordre, et chevalier de celui de Saint-
Michel. L'Institut de Hollande, l'académie
de musique de Stockholm , et l'académie
des beaux-arts de l'Institut de France l'ont
admis au nombre de leurs membres. Pen-
dant plusieurs années, M. Cherubini a fait
partie des divers juris d'examen des pièces
et de la musique pour la réception des ou-
vrages à l'Opéra, depuis 1799 jusqu'au
mois d'avril 1824. Au moment où cette
CHE
notice est écrite, ce grand artiste est âgé
de soixante-spize ans, moins quelques mois.
CIIESNAYE(m.dociiemin DE LA).juge
suppléant au tribunal de première instance
du département de la Seine, fils d'un an-
cien magistrat, est. né en Normandie, en
1769. 11 a fait imprimer un Elogefuncbre
de T.- . /?. • . F.' . Dala yrac, ancien digni-
taire de la R.- . luge des Neuf -Sœurs, lu
dans cet atelier, par le F.'., etc., Paris,
1810,in-8°.
CHEVALIER, musicien delà musique
de la chambre de Henri IV et de Louis XI II,
jouait du violon et de la viole bâtarde ap-
pelée quinte. Dans un catalogue des bal-
lels de la cour, à quatre et cinq parties,
fait par Michel Henry (Mss. de La Valliere,
à la bibliothèque de Paris, n° 5512,
9e portefeuille), l'un des vingt-quatre vio-
lons de la grande bande de Louis XIII,
on trouve ce passage : <t sept airs sonnez la
« nuict de Saint-Julien, en 1587, par
»t nous Chevalier, Lore, Henry l Aisne,
« Lamotle, Richaine,ct âultres sur luths,
«t cspinetles, mandores, violons, flustes à
« neuf trous , etc., le tout bien d'accord,
« sonnant et allant par la ville. Henry
« fist la plupart des dessus; les parties
« lors n'estoient que cinq. Planton y
« jouist la quinte, et depuis lors Cheva-
« lier a faicl aussi la quinte. »On voit par
ce catalogue que Chevalier était auteur de
la musique du ballet de Saint-Julien dont
il est ici question. Ce musicien paraît avoir
été un des plus habiles de son temps, en
France, pour la composition de la musique
instrumentale, et surtout pour la musique
de balh t. Henry donne dans le catalogue
indiqué précédemment la liste des autres
ballets composés par Chevalier; en voici
les titres : 1° Ballet des Enf ans fourrés
de malice, à cinq parties, neuf airs;
2° Ballet de Tiretaine , faict le lundi
gras, dansé au Louvre devant Henri-le-
Grand, quatre airs; 3° Le ballet de la
Mariée , faict par le comte d'Auvergne .
les parties (accompagnement) par Cheva-
lier, quatre airs (1600)5 4° Le ballet des
CHE
119
Valets de f este s, deux airs (1609); 5° Le
grand ballet de Nemours, quatre airs
28 février 1604) ; 6° Le grand ballet
faict au mariage de monsieur de Ven-
dôme à Fontainebleau (9 juillet 1609).
Le premier air seulement est de Chevalier;
7° Le ballet des gens de la reine Màr-
guerite (1609) , trois airs; 8° Bal/et du
roi Arlus , dansé chez la reine Margue-
rite (1609, 16 février), six airs; 9° Ballet
de Monsieur le Dauphin (Louis XIII),
(janvier 1609), cinq airs par Chevalier;
10" Grand ballet, idem (1609), cinq
airs; 11° Ballet des Morfondus (1609),
sept airs; 12° Ballet de cinq hommes et
cinq filles (1599), treize airs; 13° Ballet
des dieux (1599), treize airs ; 14° Ballet
des Sibilols (1611), trois airs ; 15° Ballet
des souffleurs d'Alchimie (1604), quatre
airs ; 16° Ballet des Juifs fripiers ( 1604) ,
première partie, cinq airs; deuxième par-
tic, deux airs ; 17° Ballet faicl par Mon-
sieur de Bassompières (1604), parties do
Chevalier, 18° Ballet des Janissaires ,
idem, six airs; 19° Ballet des Vieilles
sorcières (1598), sept airs ; 20° Ballet des
garçons de taverne (1598), cinq airs;
21° Ballet des Sarrasins (1598) , quatre
airs; 22° Ballet des Juif faicl par Mon-
sieur de Nemours lorsque le duc de Sa-
voye alloisl à Paris , quatre airs de Che-
valier; 23° Ballet des Maislres-des-
Comples et des Margue llicrs, cinq airs
par Chevalier (1604); 24° Ballet des
Amoureulx contrefaits (1610), cinq airs
par Chevalier. Dans les Airs de cour mis
en tablature de luth, par Gabriel Bataille
(l'aris, 1611,2 vol. in-4°), on trouve Pair
de ce ballet intitulé : Récit aux dames;
25° Ballet de Monsieur de Vendosma
( 1 608), neuf airs ; 26° Ballet des Indiens
(1608), sept airs; 27° Ballet des Herma-
phrodites (1608), quatre airs ; 28° Ballet
du prince de Coudé (1605), quatre airs ;
29° Ballet delà Reine (51 janvier 1609),
trois airs; 30° Ballet que le Roy fist à
Tours , revenant de son mariage à Bor-
deaux le jour de mardi gras (16 février
120
CHI
1616); 31° Ballet de la Reine faict à
Tours au retour de Bordeaux (1616),
trois airs ; 32° Ballet de Madame la du-
chesse de Rohan (1617), sept airs;
53° Ballet des chambrières à Zo«e/'(1617),
quatre airs.
CHEVESAILLES (. . .), autrefois vio-
liniste au théâtre des Beaujolais, puis mar-
chand de musique, et enfin retiré dans les
environs de Paris , où il vit encore , a pu-
blié une Petite méthode de violon, ou-
vrage sans valeur. On a aussi publié sous
le nom de ce musicien : 1° Beaucoup d'airs
variés pour violon seul , Paris , Dnfaut et
Dubois (Schonenberger) ; 2° Des valses et
des airs variés pour flûte seule, Paris,
Carli, Madame Joly; 3° Idem , pour cla-
rinette; 4° Idem, pour guitare, Paris,
Hentz-Jouve ; 5° Nouvelle méthode de
guitare, Paris, Madame Joly. Cette mé-
thode a eu trois éditions.
CHEVRIER (françois-antoine) , né à
Nancy au commencement du 18e siècle,
servit d'abord en qualité de volontaire dans
le régiment de Tournaisis ; mais dégoûté
de l'état militaire , il le quitta et vint à
Paris , où il donna quelques pièces de
théâtre, et des brochures spirituelles qui
lui firent beaucoup d'ennemis par le ton
satirique qui y régnait. Il fut obligé de
s'enfuir en Hollande , et mourut d'indiges-
tion , à Rotterdam , le 2 juillet 1760. On
a de lui : Observations sur le théâtre, dans
lesquelles on examine avec impartialité
l'état actuel des théâtres de Paris, Paris,
1755, in-12. Dans cette revue, il y a quel-
ques observations sur l'Opéra.
CHIARELLI (andre ) , luthier et com-
positeur, né à Messine, en Sicile, vers
1775, manifesta dès son enfance d'heureu-
ses dispositions pour la musique. Ayant
été envoyé à Rome et à Naples pour y dé-
velopper ses facultés, il y acquit un talent
remarquable sur l'archiluth , et lorsqu'il
revint dans sa ville natale , il excita l'ad-
miration de tous ceux qui l'entendirent.
Dès-lors il s'occupa des perfectionnemens
qu'il voulait introduire dans la coustruc-
CHI
tion de son instrument , et fabriqua plu-
sieurs théorbes et archiluths qui sont encore
considérés comme les meilleurs qu'on ait
faits. Je possède un archiluth de cet artiste
qui porte la date de 1698. Chiarelli venait
de se marier lorsqu'il mourut en Sicile, à
l'âge de vingt-quatre ans , en 1699. On a
de sa composition : Suonate musicali di
'violini , organo , violone ed arciliuto.
Napoli , 1669, in-4°.
CHIARINI (pierre), habile claveci-
niste et compositeur, né à Brescia en 1717,
s'est fait connaître en Italie par les opéras
suivans : 1° Achille in Sciro , 1739;
2° Statira, 1742; 3° Meride e Selinunte,
1744 ; 4° Argenide.
CHIAULA (maurus), bénédictin et
compositeur pour l'église, naquit à Pa-
lerme vers le milieu du 16e siècle; et
mourut en 1600. On connaît de sa com-
position : Sacrœ cantiones, quee octo
tum vocibus, tum variis instrumentis
concini possunt. Venise, 1590, in-4°.
CHIAVACCI ( Vincent) , compositeur,
né à Rome , vers 1757 , s'est fait connaître
depuis 1783 par quelques opéras repré-
sentés à Milan , parmi lesquels on cite :
Alessandro nell' Indie ; 2° Il fdosofo
impostore;3° I quattro parti del Mondo.
En 1801 , Chiavacci était directeur de l'O-
péra-Buffa à Varsovie. On connaît aussi
de lui : XII Ariette per il clavicembalo,
Vienne , 1799 , et trois rondos tirés de ses
opéras et publiés à Vienne dans la même
année. La femme de ce compositeur (Clé-
mentine Chiavacci) était prima donna à
la Scala de Milan , au printemps de l'an-
née 1782 , et partageait cet emploi avec
madame Morichelli, en 1785.
CHIAVELLONI (vincent), littérateur
italien qui n'est connu que par un livre
intitulé : Discorsi délia musica, Rome,
1668 , in-4°. Ce sont vingt-quatre discours
sur le but moral de la musique.
CHIIA (abraham) , juif espagnol , élève
de Moïse Haddarscian , a laissé , parmi
plusieurs livres de géométrie, un traité de
musique , qui se trouve en manuscrit à la
cm
bibliothèque du Vatican, in-4° {Vid. Bibl.
Rabb. in Barlolocci, tom. 4, pag. 53.)
CHILCOTT ( thomas) , organiste à l'é-
glise de l'abbaye à Bath , a publié chez
Preston à Londres (1797) , deux suites de
concertos pour le clavecin. Il a été le pre-
mier maître de Thomas Linley.
CHILD (william), docteur en musique,
né à Bristol en 1605 , apprit la musique
sous la direction d'EhvayBevin , organiste
de la cathédrale de cette ville. En 1651 ,
il prit ses degrés de bachelier en musique
à l'université d'Oxford , et cinq ans après
il devint organiste de la chapelle royale de
St. -Georges à Windsor, et l'un des orga-
nistes de la chapelle royale à Whitehall.
Après la restauration , il devint chanteur
delà chapelle, et l'un des membres de la
musique de Charles II. En 1665, il fut
fait docteur en musique. On a de lui :
1° Psalms for ihree voices , with a
conlinued bass either for the organ or
theorbo , Londres, 1639 (Psaumes à trois
voix avec la basse continue pour l'orgue ou
le théorbe); 2° Catches, roimds and ca-
nons , dans la collection publiée par Hil-
ton sous le titre de Catch that catch can,
Londres , 1652. 3° Quelques antiennes à
deux parties imprimées dans le livre inti-
tulé : Court Ayres , Londres, 1655. On
trouve aussi quelques pièces de Child dans
la Cathedral fnusic de Boyce , et une fort
belle antienne ( Opraise the lord) dans la
Musica antiqua de Smith. Le style de
ce compositeur est simple et clair, mais
dénué d'invention. Child est mort à Lon-
dres, au mois de mars 1696, à l'âge de
quatre-vingt-onze ans. Son portrait a été
gravé dans l'Histoire de la musique de
Hawkins (tom. 4, pag. 414), d'après un
tableau qui est à l'université d'Oxford.
CH1LMEAD ( edmond), savant philo-
logue, né à Stowon-The-Wold , dans le
comté de Glocester , fut maître-ès-arts au
collège de la Madelainc d'Oxford , et cha-
pelain de l'église du Christ clans la même
ville. A la mort de Charles Ier, sa fidélité
à la cause du roi lui fit perdre ce béné-
CHI
121
fice, et Use fixa à Londres, où il fut obligé
d'enseigner la musique pour vivre. Il
mourut dans cette ville , le 1er mars 1654.
On a de lui : De musica antiqua Grœca,
à la fin de l'édition à'Aratus , donnée par
Jean Fell, Oxford, 1672, in- 8°, à laquelle
il eut part. Hawhins dit que Chilmead a
aussi écrit une dissertation de Sortis qui
n'a point été imprimée. (Vovez A Gen.
Hist. of ' music , tom. 4, pag. 410.)
CHILSTON. Dans un manuscrit qui a
appartenu autrefois au monastère deSainte-
Croix à Waltham dans le comté d'Essex ,
et qui a passé ensuite dans la possession du
comte Shelburne, se trouvent neuf traités
de musique de divers auteurs. Le neu-
vième est un traité des proportions musi-
cales, de leur nature et de leurs dénomi-
nations , en anglais et latin; il a pour
titre: Her beginneth Trelises diverses of
musical proportions , of theire naturis
and dénominations ffirst in Englisch,
and than in latyne ; cet ouvrage est sous
le nom d'un auteur inconnu nommé
Chilston. D'après le langage et l'orthogra-
phe, il a dû être écrit au commencement
du 15e siècle.
CHINELLI (jean-baptiste) , composi-
teur italien sur qui l'on n'a pas de rensei-
gnemens, n'est connu que par les ouvrages
suivans, cités par Walther (Musikal.
Lexikon ) : 1° Conzerlirende missen von
3 , 4 und 5 stimmen , nebst 2 violi-
nen a bene placito , 1 th.; 2° Idem, 2 th.;
5° Idem ,3 th. ; 4° Motetti a voce sola,
1630 ; 5° Madrigali a 2 , 3 , 4 con al-
cune canzonetie a due violini, lib 1 ,
op. 4; 6° Complète, antifone, etc., «2-5
voci e due violini, op. 6.
CH1NZER (jean) , musicien allemand,
était fixé à Paris , en 1754. Il a fait im-
primer dans cette ville plusieurs ouvrages
de sa composition , sous les tilres suivans :
1° Un livre de sonates pour deux violons ;
2° Trois livres de sonates en trio pour
violon; 3° Un livre de sonates pour la
flûte seule; 4° Deux livres de sonates pour
deux violoncelles.
122
CHL
CHL
CHIOCHETTI (pierre-Vincent), com-
positeur, né à Lucques, vers la fin du
17e siècle. Parmi ses ouvrages , on remar-
que ; 1° L'ingralitudine castigala, ossia
l Alarico , représenté à Ancône en 1719;
2° Un oratorio sur la Circoncision , en
1729; à Venise.
C1IIS0N (jacqdes DE) , poète et musi-
cien français, vivait en 1250. Il nous
reste neuf chansons notées de sa composi-
tion : on en trouve huit dans les manu-
scrits de la bibliothèque du roi, n08 65
et 66 ( fonds de Cangé ) , et 7222 , ancien
fonds.
CHLADNI (ernest-florent-fre'deric),
docteur en philosophie, en droit civil et
en droit canon , membre et correspondant
de plusieurs académies des sciences et de
plusieurs sociétés savantes , naquit à Wit-
temberg le 50 novembre 1756. Son père,
professeur et président de la faculté de
droit en cette ville , était un homme sé-
vère qui l'assujettit sans relâche à des étu-
des sérieuses, lui interdit toute relation
avec les autres jeunes gens de la ville, et
même le priva de tout exercice salutaire ,
ne lui permettant de sortir que le diman-
che pour aller au temple. Plus tard,
Chladni a souvent exprimé del'élonnement
d'avoir pu conserver une santé robuste
après une jeunesse si pénible et si con-
trainte. Tant de sévérité était d'ailleurs
inutile, car celui qui en était victime
avait reçu de la nature un goût passionné
pour le travail et pour l'étude. Le seul
effet que produisit celte gêne sur l'esprit
de Chladni , fut de lui inspirer un dégoût
invincible pour tout devoir forcé, et le pen-
chant le plus décidé à l'indépendance la
plus absolue. Dès ses premières années il
étudiait de préférence les livres de géogra-
phie, et passait tout le temps dont il pou-
vait disposer à considérer des cartes, des
globes , des sphères : il ne parlait que de
voyages et se persuadait que le bonheur le
plus pur consistait à parcourir le monde
pour choisir en liberté le lieu qu'on vou-
lait habiter. Plusieurs fois il avait été
tenté de fuir la maison paternelle, de se
rendre en Hollande, et de s'y embarquer
pour l'Inde. Il avait épargné quelque ar-
gent pour l'exécution de son dessein , et
s'était mis à étudier avec ardeur la langue
hollandaise; mais la crainte de causer à son
père un chagrin trop vif, par cette esca-
pade, le retint et le fit renoncer à son
projet. L'histoire naturelle, la géologie ,
l'astronomie, devinrent tour à tour les
objets favoris de ses travaux. A 1 âge de
14 ans , on l'envoya au collège de Grirnma;
il y fut confié aux soins particuliers du
sous-recteur Mûcke. Il semblait que le sort
se plût à rendre malheureuse la jeunesse
de Chaldni, car de la contrainteoù il avait
langui jusqu'alors , il tomba clans un es-
clavage plus dur encore sous la férule du
morose pédagogue. Après quelques années
passéesdans le collège de Grirnma, Chladni
retourna à Wittemberg. Sa vocation pa-
raissait être la médecine, mais son père
avait décidé qu'il étudierait le droit, et il
fallut se soumettre à sa volonté. Dahord
il retrouva dans son travail journalier la
pénible gêne qui avait affligé son enfance;
mais enfin , il obtint la permission d'aller
continuer ses études à Leipsick. Là com-
mença pour lui l'exercice de sa liberté;
mais il n'abusa pas de ce bien qu'on lui
avait fait acheter si cher , et son assiduité
aux leçons du professeur de droit ne fut
pas moindre que s'il eût choisi lui-même
celte science pour l'objet de ses éludes.
Un goût décidé pour la musique s'était
manifesté en lui dès son enfance; mais il
avait atteint sa dix-neuvième année avant
qu'il lui fût permis de se livrer à l'étude
de cet art : ce fut à Leipsick qu'il prit les
premières leçons de piano. La lecture at-
tentive des écrits de Marpurg et des autres
théoriciens cul bientôt étendu ses connais-
sances. Deux thèses qu'il soutint avec dis-
tinction aux exercices publics de l'univer-
sité, lui firent obtenir les degrés de docteur
en philosophieet en droit. Il revint ensuite
à Wittemberg, où il paraissait destiné à
se livrer à des travaux de jurisprudence ,
CHL
CHL
123
lorsque la mort de son père lai fit remet-
tre en question sn carrière future; il ne
tanin point à se décider pour la physique
et l'histoire naturelle qui , de tout temps,
avaient préoccupé son esprit, et le droit
fut abandonné sans retour. Alors com-
mença pour Chladni une vie nouvelle, où
son activité intellectuelle se développa dans
sa véritable sphère.
Cependant laissé sans fortune par son
père, il lui fallait songer à se créer une
existence. Les deux chaires de mathéma-
tiques et de physique étaient vacantes à
l'université : dans l'espoir d'obtenir Pune
ou l'autre , Chladni ouvrit des cours de
géographie physique et mathématique , de
géométrie, et fit, dans les environs de
Wiltcmherg, des excursions de botanique;
mais rien de tout cela ne le conduisit à
son but; il finit par renoncer aux emplois
publics, pour selivrer sans réserve aux re-
cherches scientifiques vers lesquelles il se
sentait entraîné. Heureusement sa belle-
mère , bonne femme qui avait pour lui de
l'attachement , vint souvent au secours de
ses besoins.
A la lecture de divers écrits sur la mu-
sique, Chladni avait remarqué que la
théorie du son était moins avancée que
celle de quelques autres parties de la phy-
sique ; cette observation lui suggéra le
dessein de travailler au perfectionnement
de cette théorie : dés lors, le plan de sa
vie scientifique fut en quelque sorte tracé.
11 fil d'abord quelques expériences sur les
vibrations longitudinales et transversales
des cordes, dont la théorie avait été donnée
précédemment parTaylor, Bernouilli et
Euler {Voyez ces noms) ; expériences fort
imparfaites, suivant son propre aveu, et
telles qu'on devait les attendre d'un pre-
mier essai. 11 fut bientôt détourné de cet
objet par des expériences plus importantes
(faites en 1785) sur des plaques de verre
ou de métal. Le premier, il remarqua
que ces plaques rendent des sons différens,
en raison des endroits où elles sont serrées
et frappées. Vers le même temps , les
journaux ayant donné quelques renscigne-
mens sur un instrument imaginé en Italie
par l'abbé Mazzoechi (Voyez ce nom), qui
consistait en plusieurs cloches de verre
frottées par des archets, Chladni conçut
le projet d'employer aussi un archet de
violon pour la production des vibrations
de divers corps sonores. Ce moyen d'expé-
rimentation, bien plus fécond en résultats
que la percussion , a fait faire depuis lors
des découvertes importantes pour la théo-
rie générale du son. Chladni remarqua
que lorsqu'il appliquait l'archet aux di-
vers points de la circonférence d'une
plaque ronde de cuivre jaune fixée par son
milieu, elle rendait des sons différons
qui, comparés entre eux, étaient égaux
aux carrés de 2, 3, 4, 5, etc.; mais la na-
ture des mouvemens auxquels ces sons
correspondaient, et les moyens de produire
chacun «le ces mouvemens à volonté, lui
étaient encore inconnus. Les expériences
faites et publiées par Licbtenberg sur les
figures électriques qui se forment à la sur-
face d'une plaque de résine saupoudrée ,
fut un trait de lumière pour Chladni.
Elles lui firent présumer que les différens
mouvemens vibratoires d'une plaque so-
nore devraient offrir aussi des apparences
difféientcs, si l'on répandait du sable fin
sur sa surface. Ayant employé ce moyen
sur la plaque ronde dont il vient d'être
parlé, la première figure qui s'offrit à
ses regards ressemblait à une étoile â 10
ou 12 rayons , et le son , très aigu, était,
dans la série citée précédemment, celui
qui convenait au carré du nombre des
lignes diamétrales. 11 est facile d'imaginer
létonnement de l'expérimentateur à la
vue d'un phénomène si remarquable, in-
connu jusqu'à lui. Après avoir réfléchi sur
la naturelle ces mouvemens , il ne lui fut
pas difficile de varier et de multiplier les
expériences, dont les résultats se succé-
dèrent avec rapidité. En 1787 il publia à
Leipsick son premier mémoire sur les vi-
brations d'une plaque ronde, d'une plaque
carrée , d'un anneau , d'une cloche , etc.
124
CHL
Plus tard, il fit paraître dans quelques
journaux allemands et dans les mémoires
de plusieurs sociétés savantes, les résultats
de ses observations sur les vibrations lon-
gitudinales et sur quelques autres objets
de l'acoustique.
Au milieu des recherches dont il était
préoccupé, Chladni se persuadait que l'ob-
jet le pi us important pour sa gloire future,
serait d'inventer un instrument de nature
absolument différente de tous ceux qui
étaient connus. Mille idées se croisaient
dans sa tête à ce sujet. D'abord il imagina
d'ajouter un clavier à l'harmonica , et con-
struisit un de ces instrumens avec des
verres qu'il avait fait venir de la Bohême ;
mais ensuite il renonça à son projet parce
que Roellig , Nicolaï et d'autres l'avaient
devancé. Cependant , l'idée de mettre le
verre en vibration par le frottement resta
toujours dans sa pensée, et fut l'origine de
deux instrumens qu'il inventa dans la
suite. Le premier de ces instrumens , au-
quel il donna le nom d'euphorie , fut in-
venté par lui en 1789 et achevé en 1790.
Il consistait intérieurement en de petits
cylindres de verre qu'on frottait longitu-
dinalement avec les doigts mouillés d'eau.
Ces cylindres, de la grosseur d'une plume
à écrire, étaient tous égaux en longueur,
et la différence des intonations était
produite par un mécanisme intérieur dont
l'auteur dérobait le secret. On ne pouvait
considérer X euphorie que comme une
variété de l'harmonica , connu depuis
long-temps ; cependant l'auteur obtint des
applaudissemens pour l'invention de cet
instrument dans ses voyages en Alleum-
gne, à St.-Pétersbourg et à Copenhague.
Il en exécuta de diverses formes et suivant
des procédés différcns quant à la disposi-
tion du mécanisme intérieur , mais sans
qu'il en résultât de variété sensible dans
la qualité des sons. Au surplus , X euphorie
était par le système de sa construction un
de ces instrumens bornés qu'on doit plutôt
considérer comme des curiosités que
comme des choses utiles à l'art.
CHL
Il n'en est pas de même à l'égard du
clavicylindre , autre instrument inventé
par Chladni; celui-ci fut construit en 1800,
et perfectionné depuis lors par des amé-
liorations successives. Sa forme était à peu
près celle d'un petit piano carré ; son cla-
vier avait une étendue de quatre octaves
et demie , depuis Xut grave du violoncelle
jusqu'au fa aigu au-dessus de la portée
de la clef de sol. Un cylindre de verre ,
parallèle au plan du clavier, était mis en
mouvement par une manivelle à pédale ;
en abaissant les touches, on faisait frotter
contre ce cylindre des tiges métalliques
qui produisaient des sons. Quant à la qua-
lité de ces sons et à leur timbre , le clavi-
cylindre avait de l'analogie avec l'harmo-
nica, mais il n'exerçait pas, comme celui-ci,
une sorte d'irritation sur le système ner-
veux. Lesautres avantages duclavicylindre
étaient de prolonger le son à volonté, d'en
augmenter ou diminuer la force par des
nuances bien graduées, et de garder inva-
riablement son accord. Long-temps Chladni
fît un secret du mécanisme intérieur de
cet instrument et de Xeuphone; mais
dans les dernières années de sa vie, il en
a publié la description. Il paraît avoir
attaché plus d'importance à leur invention
qu'à tous ses autres travaux ; pendant plus
de quinze ans il s'en occupa sans relâche ,
les refit sur différens plans, et dépensa
beaucoup d'argent pour les porter à la
perfection qu'il avait pour but; cependant,
il n'a pu parvenir à leur donner une exis-
tence réelle dans l'art, et les avantages
qu'il croyait en retirer n'ont été que des
illusions.
Ayant achevé son premier euphone
en 1791 , Chladni entreprit un voyage
pour le faire entendre; il alla d'abord à
Dresde, puis à Berlin, à Hambourg, à
Copenhague , à St.-Pétersbourg, et revint
à Wittemberg au mois de décembre 1793.
Plusieurs autres voyages furent ensuite
entrepris par lui dans la ïhuringe et dans
quelques autres parties de l'Allemagne,
Au mois de mars 1797 , il se rendit de
CHL
CHL
125
nouveau à Hambourg , et vers la fin de la
même année, il partit pour Vienne, en
passant par Dresde et Prague. Son eu-
phone était alors l'objet de toutes ses ex-
cursions. Plus tard il parcourut aussi une
grande partie de l'Allemagne et du Nord
pour faire entendre le clavicylindre. Il
est très regrettable qu'un expérimentateur
si habile ait employé tant de temps à ces
courses qui interrompaient ses travaux
importans sur les vibrations des plaques
élastiques , et qui n'ont été que d'un mé-
diocre avantage pour sa gloire.
Les résultats de ses études et de ses ob-
servations furent enfin publiés par Chladni
dans son Traité de l'acoustique , qni
parut en allemand, à Leipsick, en 1802.
La première partie de cet ouvrage, qui
concerne les rapports numériques des vi-
brations, ne renferme rien de neuf, et re-
produit toutes les stériles théories des
géomètres et des physiciens, sans modifica-
tions. Dans tout le reste de sa vie, Chladni
n'a rendu aucun service à cette partie de
la science. 11 était impossible en effet
qu'il y introduisît quelque amélioration
importante, puisque, comme tous les ma-
thématiciens, il n'avait qu'une base fausse
pour sa doctrine. Les premières sections
de la seconde partie du Traité d'acousti-
que indiquent quelques expériences nou-
velles sur les vibrations des cordes et des
instrumensà vent; mais c'est surtout dans
les sections 7e, 8e et 9e de la même partie,
que Chladni s'est élevé au-dessus de tous
ses prédécesseurs par la multitude de faits
nouveaux qu'il a fait connaître concer-
nant les divers modes de vibration des
plaques. Bien que quelques-unes de ses
expériences aient été faites avec trop de
précipitation , qu'il n'ait pas tout vu , et
qu'il ait quelquefois mal vu , on ne peut
nier que ce physicien a créé dans celte
partie de son ouvrage une nouvelle branche
de la science. Quels que puissent être les
progrès futurs de celle-ci , le nom de
Chladni sera toujours en honneur, et l'on
n'oubliera pas qu'il fut celui d'un homme
qui a ouvert aux physiciens et aux géo-
mètres une nouvelle et immense carrière.
L'importance de ses découvertes fut com-
prise par les savans de l'Italie et de la
France; elles déterminèrent plusieurs d'en-
tre eux à refaire des séries d'expériences
qui conduisirent à de nouveaux résultats,
et la première classe de l'Institut s'em-
pressa de mettre au concours ce sujet dif-
ficile : Donner la théorie mathématique
des vibrations des surfaces élastiques ,
et la comparer à l'expérience. C'était
trop se hâter de poser une question si épi-
neuse , dont la solution est environnée
des plus grandes difficultés; ce qui fit
dire à l'illustre géomètre Lagrange qu'en
l'état des connaissances dans la nature
des faits et dans l'analyse, la question était
insoluble (Voyez Germain.)
Arrivé à Paris vers la fin de 1808 ,
Chladni fut présenté à Napoléon, lui fit
entendre son clavicylindre, et lui exposa
quelques-unes de ses découvertes ; l'empe-
reur fut frappé de leur importance , de-
manda qu'elles fussent l'objet d'un rap-
port de l'Institut , et accorda à leur auteur
six mille francs pour faire imprimer la
traduction française du Traité d'acousti-
que. Chladni voulut être lui-même son
traducteur , et fit revoir son travail par
des amis pour la correction des fautes de
langue. L'ouvrage parut à Paris en 1809.
Quelques années après, Chladni publia de
nouvelles découvertes sur les vibrations
des lames et des verges élastiques , dans
un fort bon appendice à son Traité d'a-
coustique.
Après avoir passé environ dix -huit mois
à Paris , Chladni en partit en 1810, se
rendit d'abord à Strasbourg , puis voyagea
en Suisse et en Italie. De retour à Wit-
temberg , il y avait repris ses travaux ;
mais les événemens de la guerre dans les
années 1815 et 1814, l'obligèrent à sortir
de cette ville , pour se soustraireaux incon-
véniens d'un long blocus. Il se retira dans
la petite ville de Kemberg , dans l'espoir
d'y jouir de plus de liberté j mais un in-
126
CHL
ccndic y détruisit nne partie de ses inslru-
mens et de ses appareils d'expérimenta-
tion. Il fut sensildc à celte perle et en
parla toujours avec un vif chagrin. 11
s'était long-temps occupé de la théorie des
météores ignés et avait rassemblé beaucoup
de produits de ces phénomènes ; cette col-
lection fut à peu près tout ce qu'il sauva
du désastre qui anéantit son cabinet. Dans
les dernières années de sa vie, il ne fit
que de petits voyages à Leipsick età Halle,
où son amitié pour les professeurs Ernest-
Ilenri VVeber et Guillaume Weber l'atti-
rait. 11 considérait ces habiles acousti-
ciens comme les seuls qui eussent bien
compris le sens de ses découvertes et qui
pouvaient compléter son ouvrage. Au
moment où il était occupé de la construc-
tion d'un nouvel euphone, il fut atteint
d'une hydropisie de poitrine , maladie
grave qui inspira aux amis de Chladni des
craintes sérieuses pour sa vie; mais sa
robuste constitution triompha du dangrr,
et sa santé se rétablit de manière à faire
croire qu'il vivrait encore long-temps.
Bien qu'il eût atteint l'Age de soixante-
dix ans, il se sentit encore assez fort
pour aller en 1826 ouvrir un cours d'a*
coustique à Francfort-sur-lc-Mein. De là
il alla à Bonn , puis à Leipsick, et vers la
fin de l'année, il retourna à Kemberg. Au
commencement de 1827 il se rendit à
Breslau par Berlin , et y ouvrit un nouveau
cours. Le 3 avril il eut avec M Hienlzch ,
rédacteur de YEutonia } écrit périodique
sur la musique, une longue conversation
dans laquelle il développa ses idées sur un
voyage musical, et donna quelques noti-
ces sur plusieurs savans théoriciens. Le
soir il assista à un thé chez un professeur
de l'université. La conversation tomba sur
les cas de mort subite, et lui-même en
parla comme d'un événement heureux
pour l'homme quia rempli sa mission sur
la terre. A onze heures, deux amis l'accom-
pagnèrent jusque chez lui ; il se retira
dans sa chambre, et le lendemain , 4 avril
1827 , on le trouva mort , assis dans un
CHL
fauteuil. Sa montre était ouverte à ses
pieds ; il paraît que sa dernière occupation
avait été de la remonter- et que pendant
ce temps il fut frappé d'une apoplexie
foudroyante. Son visage ne portait au-
cune empreinte de douleur, et ses traits
avaient conservé le caractère calme et mé-
ditatif qui leur était habituel. Tout ce
qu'il y avait de savans et d'artistes à
Breslau assistèrent à ses funérailles, qui
furent failes avec pompe. Chladni n'avait
jamais été marié. Quoiqu'il n'eût point
occupé de fonctions publiques et n'eût eu
aucune sortedetraitement, il avait amassé
une fortune assez considérable pour passer
sa vieillesse dans une aisance agréable. Le
recteur Hermann , de Kemberg , fut son
héritier. Sa collection météorologique
passa à l'uni versilé de Berlin , et le clavi-
cylindrc dont il se servait habituellement ,
et qui lui avait coûté tant de recherches
et de dépenses, ne fut vendu que neuf
écus de Prusse, c'est-à-dire, environ
36 francs !
Voici la liste des écrits de Chladni rela-
tifs à l'acoustique : 1° Enlcieckungen
iiber dieTheorie des Klanges{ Découvertes
sur la théorie du son), Leipsick, chez les
héritiers Weidmans, 1787, 78 pagesin-4°.
Ces découvertes ne furent connues en
France qu'environ douze ans après la pu-
blication de cet écrit; ce fut l'érolle qui
en parla le premier dans une notice insérée
au Journal de physique (I . 48, ann. 1799)
sous ce titre : Sur les expériences acous-
tiques de Chladni et de Jacquin; 2° Ueber
die Lœngenlœne einer Saite (Sur les in-
tonations longitudinales d'une corde),
notice de quelques expériences insérée dans
le Musikalisch Monalhsschrift, publié à
Berlin par Kunzen et Bcichardt (août 1 792,
p. 34 et suiv.). C'est dans cette notice que
Chladni a fait connaître les effets singu-
liers des sons produits par des cordes de
laiton, d'acier et de boyau, mises en vibra-
tion par des frotlemens opérés dans le sens
de leur longueur. 11 y a donné une table
des sons aigus qui résultent de ce mode
CHL
CHO
127
de vibration, en raison du poids des cordes,
de leur tension , de leur longueur cl de
leur Ion fondamental ; 5° Ueber die lon-
gitudinal Schwingungen cler Saiten und
Stiicke (Sur les vibrations longitudinales
des cordes et des lames), Erl'urt, cbez
Kayscr, 1796, in-4°. Cet ouvrage contient
les développcmens des expériences indi-
quées dans l'écrit précédent; 4° Ucber
dtehende Schwingungen eines Slubes
(Sur les vibrations tournantes d'une verge),
dans le Journal seicntifiqne intitulé Neue
Schriflcn der be ri in. Naturforschenden
Freunde (t. II ). Il s'agit dans ce mémoire
d'un genre de vibrations qui paraît n'avoir
pas été connu avant Cbladni , et dont, il
croit avoir constaté et expliqué l'exis-
tence. Ces vibrations s'obtiennent quand
on frotte une verge dans une direction
oblique sur son axe. Suivant les observa-
tions de Cbladni , elles produisent un son
d'une quinte plus bas que le son total de
la verge, lorsqu'on la fait résonner par la
percussion ; 5° Beilrœge zur Befœrderung
eines bessern Forlrage cler Klanglehre
(Appendice àl'acbeminement vers un meil-
leur exposé de la science du son) , dans le
même recueil, 1797; 6° Ueber die Tœne
einer Pfeife à verschiedenen Gasar.'en
(Sur le ton d'un tuyau d'orgue mis en vi-
bration par différons gaz), dans le Magasin
des sciences naturelles de Voigl (t. IX,
cah . H I) ; 7° Elne neue Art die Geschwin-
digkeit der Schwingungen bei eineni ge~
den Tonedurch den Attgenschein zu bcs-
limmen (Nouvel aride déterminer la vitesse
des vibrations pour ebaque intonation. par
la vue seule), dans les Annales de physique
de Gilbert (1800, t. V, cah. I, n» 1);
8° Ueber die vahre Ursache des Conso-
nirens und Dissonirens (Sur la véritable
cause du consonnant et du dissonant),
dans la 3e année de la Gazette musicale
de Leipsick, p. 337 et 353 ; 9° Nacliricht
vont den Clavieylindcr, einem neuerfun-
denem Instrumente , etc. (Notice sur le
clavicylindre, instrument nouvellement
inventé), dans la Gazette musicale de
Leipsick, 2e ann., p. 505-313 ;10°Zwe/ïe
Nachricht 'Von dem Clavicylinder und
einem neuen Batte desselben (Deuxième
notice sur le clavicylindre et sur une nou-
velleconstrucLion de cet instrument), dans
le même écrit périodique, 3e année, p. 386.
On trouve aussi de nouveaux détails sur le
clavicylindre dans la 9° année de la même
gazette musicale, p. 221-224; 11° Die
Akuslik (l'acoustique) , Leipsick, Breit-
kopf et Haerlcl , 1802, un vol. in 4° de
310 pages, avec 12 planches. C'est cet ou-
vrage dont Cbladni a donné une traduc-
tion française sous le titre de Traité d'a-
coustique (Paris, Courirer, 1809, un vol.
in-8° avec, huit planches); 12° Nette
Beilrœge zur Akuslik (Nouvel appendice
à l'acoustique), Leipsick, Brcilkopf et Haer-
tel, 1817, in-4° avec dix planches gravées
sur pierre; 13° Beilrœge zur praklischen
Akuslik und zur Lehre vom Instrumentai
Bau } enihallhend die Théorie und An-
leilung vom Bau der Clavicylinder und
der damit verwandlen Instrumente
(Appendice à l'acoustique pratique et à la
science de la construction des instrumens,
contenant la théorie et l'introduction à la
construction du clavicylindre, etc.), Leip-
sick , Brcilkopf et Haertel , 1821 , un vol.
in-8° avec cinq planches. Cbladni a révélé
dans cet ouvrage le secret du mécanisme
intérieur du clavicylindre; 14° Kurze
Uebersicht der Schall-ttnd Klanglehre,
nebsl einem Anhange, die Anordnung
und Enlwickelung der Tonverhœltnishe
belreffend (Court aperçu de la science du
son, etc.), Mayence, Schott fils, 1827,
in-8°.Cetouvra;jeestledernicrdeChladni.
On a de ce savant quelques notices sur des
sujets de peu d'importance relatifs à la
musique, et des écrits sur des objets qui
n'ont point de rapports avec cet art.
CHOLLET (jean-baptiste-marie), fils
d'un choriste de l'Opéra , né à Paris , le
20 mai 1798, fut admis comme élève au
Conservatoire de musique, au mois d'avril
1806. 11 s'y livra à l'étude du solfège et
du violon. Quelque temps après , il inter-
128
CHO
rompit le cours de ses études, le reprit en-
suite, et obtint un prix de solfège aux con-
cours de 1814. Le Conservatoire ayant été
fermé en 1815 , par suite des événemens
politiques, Chollet entra peu de temps
après comme choriste à l'Opéra, puis au
théâtre Italien et enfin au théâtre Feydeau,
y resta jusqu'en 1818, puis accepta un en-
gagement dans une troupe de comédiens
de province. Bon musicien et doué d'une
voix agréable, mais peu expérimenté dans
l'art du chant , il suppléait aux connais-
sances quilui manquaientdans cetart par
beaucoup d'intelligence et d'adresse. A
cette époque sa voix était plus grave qu'elle
ne l'est aujourd'hui ; son caractère était
celui d'un bariton, car on voit dans le ta-
bleau de la troupe du Havre, en 1823,
qu'il y était engagé pour jouer les rôles de
Martin, de Lais et de Solië. Il portait
alors le nom de Dôme-Chollet. Engagé au
théâtre de Bruxelles pour y jouer les mêmes
rôles en 1825, il se fit entendre à l'Opéra-
Comique , lors de son passage à Paris , y
fut applaudi, et obtint un engagement
pour l'année 1826, comme acteur aux ap-
pointemens. Il vint en effet prendre pos-
session de son emploi au temps fixé, et ses
débuts furent si brillans, quïl fut admis
comme sociétaire au renouvellement de
l'année théâtrale, en 1827. Les composi-
teurs s'empressèrent d'écrire pour lui , et
dès ce moment il abandonna les rôles de
bariton pour ceux de ténor , qu'il chante
exclusivement aujourd'hui. Ce fut Hérold
qui écrivit pour lui le premier rôle de ce
genre, dans son opéra de Marie. La
Fiancée, Fra-Diavolo , Zampa et quel-
ques autres ouvrages sont venus ensuite
lui composer un répertoire ; dans toutes
ces pièces il a obtenu de brillans succès ,
et le public l'a toujours entendu avec plai-
sir, bien qu'il n'ait pas, à Paris, cette sorte
d'attraction qui fait que le nom d'un ac-
teur, placé sur l'affiche, fait envahir par
la foule la salle où cet acteur doit se faire
entendre.
Après la dissolution de la société des
CHO
acteurs de l'Opéra-Comique , Chollet fat
engagé par l'administration quilui succéda;
mais la ruine de cette entreprise lui ayant
rendu sa liberté, il en profita pour voya-
ger et se faire entendre dans les principales
villes de France. Engagé comme premier
ténor au grand théâtre de Bruxelles , il y
débuta au mois d'avril 1832, et y resta
jusqu'au printemps de l'année 1834. A
cette époque , il s'est rendu à La Haye
pour y remplir le même emploi. Au mois
de mai 1835, il est rentré à l'Opéra-Co-
mique de Paris, où il est en ce moment.
Applaudi avec transport à Bruxelles, Chol-
letyavaitla vogue qui lui manque à Paris ,
quoiqu'il soit aimé dans cette dernière
ville.
Ce chanteur , doué de qualités qui au-
raient pu le conduire à un beau talent si
son éducation vocale eût été mieux faite,
a plus d'adresse que d'habileté réelle, plus
de manière que de style. Quelquefois il
saccade son chant avec affectation ; souvent
il altère le caractère de la mnsique par les
variations de mouvement et la multitude
de points-d'orgue qu'il y introduit ; car
c'est surtout dans le point d'orgue qu'il
tire avantage de sa voix de tête. Les études
de vocalisation lui ont manqué , en sorte
que sa mise de voix est défectueuse et qu'il
n'exécute les gammes ascendantes que
d'une manière imparfaite. Malgré ces dé-
fauts, le charme de sa voix, la connaissance
qu'il a des choses qui plaisent au public
devant lequel il chante, et son aplomb
comme musicien, lui font souvent produire
plus d'effet que des chanteurs habiles pri-
vés de ces avantages. Chollet a composé
des romances et des nocturnes qui ont été
publiés à Paris et à Bruxelles ; quelques-
uns de ces morceaux ont eu du succès.
CHOPIN (fre'def.ic-frakçois), virtuose
sur le piano et compositeur distingué , est
né en 1810à Zelazowawola, près de Varso-
vie. Dans son enfance , uu vieux Bohême,
nommé Zywni , lui a donné des leçons de
piano pendant quelques années; plus tard,
il a dirigé seul ses études pour cet instru-
CHO
CHO
129
ment. Elsner, alors directeur du Conser-
vatoire de Varsovie, lui a enseigné l'art
d'écrire , appelé valgairement la compo-
sition. Le seul moyen que M. Chopin eut
de s'instruire dans la belle manière de
jouer du piano consistait à faire sou-
vent des voyages en Allemagne pour en-
tendre les artistes les plus célèbres ; puis
il retournait chez lui et travaillait d'après
ses souvenirs. C'est ainsi qu'à diverses
époques il a visité Berlin , Dresde et Pra-
gue. Il ne s'est jamais fait entendre dans
ces villes ; mais lorsqu'il s'éloigna de la
Pologne pour se soustraire aux maux qui
accablent ce pays , il prit la résolution de
chercher une existence dans l'exercice de
son talent. En 1831 il joua dans des con-
certs publics à Vienne et à Munich, où
l'originalité de son exécution et de sa mu-
sique lui procura de brillans succès. Vers
la fin de la même année, M. Chopin arriva
à Paris ; il s'y fit entendre et y produisit
une vive sensation. Sa manière de jouer
dn piano et ses compositions avaient peu
d'analogie avec ce qu'on connaissait; l'ori-
ginalité en était une qualité très remar-
quable. Le premier concerto de cet artiste
qui fut entendu ponr la première fois à
cette époque fit naître les plus grandes
espérances pour son avenir ; ses études et
d'autres compositions ont prouvé depuis
lors que ces espérances étaient fondées.
M. Chopin est considéré maintenant à
juste titre comme un des pianistes les plus
habiles de l'Europe , et comme un compo-
siteur de grand mérite pour cet instru-
ment. 11 a publié jusqu'à ce jour : 1° Con-
certo en mi mineur ; 2° Deuxième con-
certo enjri mineur; 3° Krakowiak, rondo
de concert, avec orchestre ; 4° Fantaisie
sur des airs polonais , avec orchestre ;
5° La, ci darem la mano , varié pour
piano , avec orchestre ; 6° Douze études
pour piano seul ; 7° Quatre livraisons de
quatre Mazourka's chaque ; 8° Trois li-
vraisons de nocturnes; 9° Grande po-
lonaise, avec orchestre; 10° Ballade,
pour piano seul; 11° Boléro, idem;
TOME III.
12° Scherzo, idem; 13° Deux polonai-
ses , idem .
CHOQUEL (henri-louis) , avocat au
parlement de Provence , et non au parle-
ment de Paris , comme le dit Lichtenthal
(Bibliog. délia musica, t. IV, p. 110), est
auteur d'une méthode de musique qui a
paru sous ce titre : La musique rendue
sensible par la méchanique ( sic ), ou
nouveau système pour apprendre facile-
ment la musique soi-même. Ouvrage
utile et curieux , Paris, 1759, in-8°. La
méthode de Choquel consiste à enseigner
l'intonation par l'usage du monocorde , et
la mesure par le chronomètre : c'est ce
qu'il appelle la musique rendue sensible
par la mécanique. L'académie royale des
sciences , sur le rapport de Grandjean de
Fouchy et de Dortous de Mairan, approuva
l'ouvrage, le 5 septembre 1759, et déclara
que bien que le monocorde et le chrono-
mètre fassent connus auparavant, on n'en
avait pas fait encore un si bon emploi.
Dans la réalité , le livre de Choquel n'est
pas dépourvu de mérite , et l'on y trouve
des aperçus utiles pour le temps où il a
été fait. Une seconde édition de La mu-
sique rendue sensible par la mécanique,
fut publiée à Paris, chezBallard, en 1762,
1 vol. in-8°, et non en 1782, comme le
disent Forkel, Lichtenthal et M. Quérard,
qui, dans la France littéraire (t. II, p. 197),
indique cette édition de 1782 sous ce ti-
tre : Méthode pour apprendre la musique
soi-même. L'auteur dit dans la préface de
l'édition de 1762 , que la première avait
été épuisée en six mois. Une différence assez
sensible existe entre l'édition de 1759 et
la deuxième. Dans la première , Choquel
avait divisé l'octave en douze parties égales
sur le monocorde; dans la seconde, il se
conforme au système des proportions adop-
tés par tous les physiciens. Choquel est
mort à Paris, en 1767, et non en 1761
comme cela est dit dans la France litté-
raire.
CHOBON(alexandre-e'tienne), naquit
le 21 octobre 1772, à Caen, où son père
9
130
CHO
CHO
était directeur des fermes. Ses études ,
qu'il termina à l'âge de quinze ans, au
collège de Juilly, furent brillantes et so-
lides , mais il ne les considéra que comme
les préliminaires d'une instruction éten-
due, dont il sentait le besoin, et qui fut
pendant toute sa vie l'objet de ses travaux.
Peu de personnes savaient aussi bien que
lui la langue latine ; il la parlait et récri-
vait avec facilité. Sa mémoire était prodi-
gieuse ; et souvent il récitait de longs
morceaux de Virgile, d'Horace, de Mar-
tial ou de Catulle, dont il n'avait pas lu
les ouvrages depuis long-temps. Le plaisir
de citer s'était même tourné en habitude
à ce point, qu'il ne se livrait guère à la
conversation avec ses amis , sans qu'il lui
échappât quelque vers latin , quelque
phrase de Cicéron , et même quelque pas-
sage de la Bible ou des pères de l'église, sa
lecture favorite. La littérature grecque ne
lui était pas moins familière , et son pen-
chant pour cette littérature était tel, qu'on
le vit, clans ses dernières années, se remet-
tre à la lecture des philosophes , des his-
toriens et des poètes grecs, avec toute l'ar-
deur de la jeunesse. Jeune encore, il s'était
aussi livré à l'étude de l'hébreu , et ses
progrès avaient été si rapides , qu'en l'ab-
sence du professeur, il l'avait quelquefois
remplacé dans ses leçons au Collège de
France.
Dès son enfance , Choron se sentit un
goût passionné pour la musique; mais
destiné par son père à une profession ab-
solument étrangère à la culture des arts ,
il ne lui fut point permis de se livrer à
l'étude du plus séduisant de tous. Les maî-
tres qu'il demandait avec instance lui fu-
rent refusés, et ce ne fut que plusieurs
années après sa sortie du collège qu'il put,
sans autre secours que les livres de Ra-
meau, de d'Alcmbert , de J.-J. Rousseau
et de l'ahbé Roussier , acquérir quelques
notions de musique théorique, telle qu'on
la concevait alors en France. Quant aux
exercices relatifs à la pratique de l'art, il
n'en put faire , n'ayant pas de maîtres,
Peut-être ne lui eussent-ils été que d'un
médiocre secours , car il touchait à sa
vingtième année, et l'on sait que les études
de musique commencées à cet âge ne con-
duisent guère à l'habileté dans la lecture
ni dans l'exécution ; ce n'est que par de
longs exercices, commencés dès l'enfance,
qu'on parvient à vaincre les difficultés
multipliées de ces parties de l'art. Choron
se ressentit toujours de l'insuffisance de
sa première éducation musicale, et, bien
que la nature l'eût doué d'un sentiment
exquis des beautés de la musique, et qu'il
fût devenu par fô suite un savant musi-
cien , il ne put jamais saisir du premier
coup d'œil le caractère d'un morceau de
musique. Il lui fallait du temps et de la
réflexion; mais, après le premier moment,
il entrait presque toujours dans l'esprit
d'une composition avec plus de profondeur
que n'aurait pu le faire un musicien plus
exercé.
Les calculs dont les livres théoriques
de l'école de Rameau sont hérissés , por-
tèrent Choron à étudier les mathématiques ;
d'abord il ne les considéra que comme
l'accessoire de la science musicale, mais
bientôt il se passionna si bien pour elles ,
qu'il leur consacra tout son temps. Ses
progrès furent rapides et le firent remar-
quer à l'école des Ponts-et-Chaussées.
Mongc lejugca capable de recevoir ses con-
seils, l'adopta pour son élève, et lui fit
remplir , en cette qualité , les fonctions de
répétiteur de géométrie descriptive à l'école
normale, en 1795. Peu de temps après,
on le nomma chef de brigade à l'école po-
lytechnique qui venait d'être instituée.
En avançant dans les sciences mathéma-
tiques, son esprit, doué de rectitude, com-
prit qu'il y a beaucoup moins de rapports
entre elles et la musique qu'on ne le croit
généralement. Il entrevit l'action toute
métaphysique de celle-ci sur l'organisa-
tion humaine, et se persuada qu'elle no
pouvait être étudiée qu'en elle-même. Con-
vaincu de cette vérité, Choron se décida à
60 livrer exclusivement à l'étude de l'art
CHO
pratique , et Bonesi , auteur d'un Traité
de la mesure , qui n'est pas sans mérite,
fut chargé de lui enseigner les principes
de cet art. Choron avait alors vingt-cinq
ans. Grétry, dont il était devenu l'ami, lui
conseilla de prendre aussi quelques leçons
d'harmonie de l'abbé Roze , qui passait
alors pour un musicien savant, bien que
sa science se réduisît à peu de chose. Ce
furent la tous les secours que tira des le-
çons d'aatrui un homme destiné à être
un des musiciens érudits les plus recom-
mandâmes.
Bonesi ^\x\ avait fait " nnaître la litté-
rature italienne de la musique; il se mit
à lire avec ardeur les ouvrages du P. Mar-
tini , d'Eximeno , de Sabbatini , et plus
tard , ceux des anciens auteurs , tels que
Gafori , Aaron , Zarlino , Berardi. La
nécessité de connaître toutes les écoles ,
pour comparer le* systèmes, le conduisit
ensuite à apprendre la langue allemande
pour lire les écrits de Kirnberger, de Mar-
purg, de Koch et d'Alhrechtsberger. De
tous ces auteurs, le dernier et Marpurg
furent ceux dont il affectionna toujours le
plus la méthode et les idées. Quelques
années employées à ces études sérieuses
avaient accumulé dans la tête de Choron
plus de connaissances relatives à la théo-
rie et à la pratique de la musique qu'au-
cun musicien français en eut jamais pos-
sédé jusqu'alors. Le besoin de résumer ce
qu'il avait appris se fit sentir à lui ; il s'as-
socia avec M. Fiocchi, compositeur et pro-
fesseur de chant distingué , et le fruit de
leur union fut la publication d'un livre
intitulé : Principes d'accompagnement
des écoles d'Italie (Paris, 1804, in-f'ol.).
Ce titre n'était pas justifié par la nature
de l'ouvrage, sorte de combinaison éclec-
tique dans laquelledesdoctrinesfort diffé-
rentes étaient conciliées avec plus d'adresse
que de raison. L'objet que se proposaient
les auteurs ne se fait pas assez apereevo'r
dans cet ouvrage : ce défaut nuisit à son
succès.
A l'époque où parut cette méthode d'ac-
CHO
131
compagnement , Choron s'était déjà fait
connaître par une publication d'un genre
tout diiïérent. Ses méditations sur la né-
cessité de perfectionner l'enseignement
dans les écoles primaires lui avaient fait
découvrir des procédés plus simples, plus
faciles et plus rationnels que ceux dont on
use habituellement pour enseigner à lire
et à écrire. 11 publia le résultat de ses re-
cherches en 1800 , sous le titre de : Mè^
thode d'instruction primaire pour qp-
prendreàlire et à écrire. Ce petit ouvrage,
composé dans des vues philosophiques ,
a depuis lors servi de base au système
d'enseignement mutuel.
Entraîné par le désir de populariser en.
France le goût de la bonne musique , et
d'y répandre le goût de l'instruction dans
l'histoire et la théorie de cet art , Choron
s'associa en 1805 à une maison de com-
merce de musique à Paris, et y porta toute
sa fortune patrimoniale, pour l'employer à
la publication d'anciens ouvrages classi-
ques, oubliant qu'il n'y avait point alors
en France de lecteurs pour ces produc-
tions. C'est ainsi qu'il fit paraître à grands
frais le recueil des cantates de Porpora7
les solfèges à plusieurs voix de Caresana,
ceux de Sabbatini , le recueil des pièces
qui s'exécutent à la chapelle Sixtine pen-
dant la semaine sainte, une messe en dou-
hle canon et le Stabat de Picrluigi de Pa-
lestrina, le Stabat de Josquin Després, la
messe de Requiem et le Miserere de Jo-
inelli, le Miserere à deux chœurs de Léo,
etbeaucoup d'autres compositions du même
geure.
A la même époque , il était préoccupé
de la publication d'une volumineuse com-
pilation qu'il avait annoncée sous le titre
de Principes de composition des écoles
d'Italie. Les exercices de contrepoint pra-
tique et de fugue, composés par Sala, et
gravés sur des planches de cuivre, aux
frais du roi de Naplcs, devaient former la
hase de ce recueil. On croyait alors que
l'ouvrage de Sala avait été détruit dans
l'invasion du royaume de Naples par Par-
132
CHO
mée française, et Choron voulait le sauver
d'un entier oubli. Cette production mé-
diocre , écrite d'an style lâche , incorrect ,
et peu digne de sa réputation , ne méritait
pas l'honneur qu'il voulait lui faire. Quoi
qu'il en soit, l'ouvrage de Sala reparut
dans les Principes de composition des
écoles d'Italie, accompagné d'un traité
d'harmonie et de principes de contrepoint
simple par Choron , d'une nouvelle tra-
duction du Traité de la fugue de Mar-
purg , de nombreux exemples de contre-
point fugué puisés dans YEsemplare du
P. Martini, enfin d'un choix de morceaux
de différens genres, accompagnés d'untexte
explicatif par l'éditeur. 11 en était de cette
immense collection de documens de tout
genre comme des Principes d'accompa-
gnement : elle ne justifiait pas son titre,
et l'idée favorite de Choron, pour la fusion
des doctrines des diverses écoles, s'y repro-
duisait avec tous ses inconvéniens. Pour
être d'accord avec son programme , il au-
rait dû ne point produire un nouveau
système d'harmonie , auquel il a renoncé
plus tard , et se borner à donner une tra-
duction du petit traité d'accompagnement
de Gasparini ou de celui de Fenaroli; il
aurait fallu y joindre les principes de con-
trepoint simple qui se trouvent répandus
dans les ouvrages de Zarlino, de Zacconi,
de Ceretto, ou de tout autre didacticien de
l'Italie ) Berardi aurait dû fournir des do-
cumens pour les contrepoints condition-
nels , Sabbatini , tout ce qui concerne la
fugue, et ainsi du reste ; mais admirateur
sincère de l'excellente tradition pratique
des Italiens, Choron avait l'esprit trop lu-
mineux pour ne pas apercevoir les défauts
de leur méthode d'exposition, et la puérile
prolixité des raisonnemens de la plupart
de leurs écrivains. Il voulut éviter ce que
leurs ouvrages ont de défectueux, en leur
empruntant ce qu'ils ont de bon ; mais il
ne vit pas qu'en s'éloignant d'un écueil ,
il allait se heurter contre un autre beau-
coup plus dangereux : celui d'incompabilité
de systèmes dans les choses qu'il assem-
CHO
blait. Certes, Marpurg est bien plus mé-
thodique dans son traité de la fugue
qu'aucun écrivain de l'Italie ; mais tous
ses exemples , pris dans des compositions
instrumentales assez correctement écrites,
mais surchargées de dures modulations ,
étaient de nature à faire grincer les dents
de tout musicien italien, à l'époque où son
ouvrage parut.
Après d'immenses travaux et d'énormes
dépenses , les Principes de composition
des écoles d'Italie parurent en 1808,
formant trois gros volumes in-folio de plus
de dix-huit cents pages , qui , depuis lors ,
ont été divisés en six volumes , au moyen
de nouveaux titres. Leur publication, et les
désordres de la maison dont il était l'asso-
cié , avaient achevé d'anéantir la fortune
de Choron. Tout occupé du succès de son
livre, il n'y songeait pas, et lorsqu'il rece-
vait les félicitations de ses amis , il ne lui
vint pas même à la pensée qu'elles lui coû-
taient un peu cher.
Doué d'une rare activité, son esprit était
toujours préoccupé de plusieurs ouvrages
à la fois , et les Principes de composition
n'étaient point encore publiés , que la lec-
ture du Dictionnaire historique des musi-
ciens, écrit en allemand par E. L. Gerber,
lui fit concevoir le projet de publier en
français un ouvrage du même genre. Mal-
heureusement le plan fut fait à la hâte ;
une grande précipitation régna dans les
recherches et dans la rédaction, et le livre
de Gerber , qui servait de base à celui
qu'on voulait faire , fut traduit avec né-
gligence par un Allemand qui savait mal
le français , et qui n'entendait rien à
la musique. Choron, dont la santé s'é-
tait dérangée , avait pris M. Fayolle pour
associé de son nouvel ouvrage ; ce fut
ce dernier qui fit en quelque sorte tout le
travail , car celui qui en avait conçu le
projet ne put y donner que peu de soins ;
un petit nombre d'articles furent seulement
fournis par lui, et le morceau le plus con-
sidérable qu'il mit dans le livre , fut l'in-
troduction historique, résumé estimable
CHO
CHO
133
qui avait déjà para dans les Principes de
composition. Le Dictionnaire des Musi-
ciens fut publié en deux volumes in-8°,
dans les années 1810 et 1811. Ce fut vers
le même temps qu'admis à la classe des
beaux-arts en qualité de correspondant,
Choron écrivit plusieurs rapports très re-
marquables sur des objets d'art et de litté-
rature. Celui qu'il fit sur les Principes de
versification, de Scoppa, peut être consi-
déré comme un chef-d'œuvre.
Jusqu'alors la vie de ce savant avait été
consacrée tout entière aux travaux de ca-
binet, mais en 1812 , elle devint active-
ment dévouée aux institutions d'utilité
publique. Associé dans cette année à la
rédaction du Bulletin de la Soc été d'en-
couragement pour l'industrie nationale ,
il fut chargé peu de temps après , par le
ministre des cultes , M. Bigot de Préa-
meneu , d'un plan de réorganisation des
maîtrises et des chœurs de cathédrales ,
ainsi que de la direction de la musique
dans les fêtes et cérémonies religieuses.
Quelques écrits de peu d'étendue, qu'il fit
alors paraître sur les objets de ses nouvelles
fonctions , le firent connaître avantageu-
sement sous le rapport de ses idées rela-
tives à l'enseignement public de la mu-
sique; mais il eut le tort de révoquer en
doute l'utilité du Conservatoire, dont la
direction n'était pas conforme à ses vues.
Il s'expliqua avec amertume , et fit trop
apercevoir d'injustes préventions contre un
établissement qui fournissait depuis plu-
sieurs années de beaux talens en tout genre
à la France. Ses sarcasmes lui firent d'im-
placables ennemis, et dès-lors , peut-être,
il prépara les chagrins qui ont tourmenté
le reste de sa vie, et les injustices qui l'ont
conduit au tombeau. Ses fonctions de di-
recteur de la musique des fêtes et cérémo-
mies religieuses fournissaient d'ailleurs à
ses ennemis une occasion favorable pour
prendre leur revanche contre lui. J'ai déjà
dit que son éducation pratique dans la
musique avait été insuffisante; peut-être
ne se l'était il pas avoué jusqu'alors j mais
il ne tarda pas à en acquérir la triste con-
viction ; car lorsqu'il dut remplir ses de-
voirs de directeur de chœur et d'orchestre,
lorsqu'il se vit le bâton de mesure à la
main, il se troubla et parut embarrassé
pour de certaines difficultés dont se jouaient
les moindres symphonistes placés sous ses
ordres. La malignité tira parti de cet in-
cident ; mais elle avait affaire à un homme
de trempe supérieure qui avait la con-
science de son mérite réel-, il ne se
laissa point abattre, et il sut, par une per-
sévérance infatigable, acquérir l'expérience
nécessaire à sa nouvelle destination. Si
Choron laissa toujours quelque chose à dé-
sirer sous de certains rapports , il montra
aussi d'heureuses facultés par lesquelles il
savait échauffer et entraîner les masses ,
les animer du sentiment dont lui-même
était pénétré , et souvent il sut prêter aux
individus l'apparence de talens bien su-
périeurs à ceux qu'ils possédaient réelle-
ment.
La restauration fut d'abord fatale à
l'existence du Conservatoire de musique.
Né de la révolution, cet établissement avait
aux yeux des partisans de l'ancienne mo-
narchie une tache originelle qui l'avait
fait maintenir avec impatience en 1814,
et qui le fit enfin fermer l'année suivante.
Ce coup, porté à l'école dont Choron s'était
montré l'ardent antagoniste, semblait être
un triomphe pour lui ; mais il y avait
trop de justesse dans son esprit et trop
d'amour de l'art dans son cœur pour qu'il
songeât à s'en applaudir. Des discussions
de doctrine avaient pu exister entre lui et
le Conservatoire , mais il n'était point
assez passionné dans son opinion pour nier
les services que cette école avait rendus à
la musique française. Nommé directeur
de l'Opéra au mois de janvier 1816, il fut
à peine installé, qu'il acquit la conviction
de la nécessité d'établir , entre le Conser-
vatoire de musique et le théâtre qui lui
était confié , des relations intimes; il pro-
posa la réorganisation de ce même établis-
sement , sous le nom (X Ecole royale de
184
CHO
CHO
chant et de déclamation. Ce fol lai qu'on
chargea de la rédaction du plan , et celui
qu'il présenta fut adopté. On lui a repro-
ché souvent, depuis lors , les mesquines
combinaisons de ce plan ; mais quoi? ne
valait-il pas mieux une institution telle
quelle, que l'absence de tout moyen d'en-
seignement musical ? L'événement a d'ail-
léUrs démontré que M. Choron avait agi
sagement en faisant des concessions aux
idées parcimonieuses de cette époque, car
c'est cette même Ecole de chant et de
déclamation qui , par des accroissemens
successifs, a reconquis son ancienne im-
portance.
L'administration de l'Opéra , au temps
de la direction de Choron , n'a pas été
exempte de blâme ; mais, quoi qu'on en ait
dit, on n'a pu nier qu'elle a eu le mérite
d'être la moins coûteuse et la plus produc-
tive. Frappé delà difficulté qu'éprouvaient
tous les jeunes compositeurs à se faire con-
naître, Choron voulut leur ouvrir l'entrée
de la carrière , et fit décider qu'une cer-
taine quantité de pièces en Un acte leur
serait confiée, pour en écrire la musique.
Dans cette circonstance, sa bienveillance
pour les artistes lui fit oublier que l'Opéra
est organisé pour de grandes choses, et que
ce n'est point un théâtre d'essai. Trop
d'ennemis s'étaient déclarés contre Choron
pour qu'il pût rester long-temps à la tète
dé l'administration de l'Opéra : dans les
premiers mois de l'année 1817, il reçut sa
démission sans dédommagement, et per-
sonne ne se souvint qu'un homme qui
avait fait de si grands sacrifices pour la
musique méritait que le gouvernement fit
quelque chose pour lui. Heureusement cet
homme avait de l'énergie dans lame et
des idées dans la tête; il ne perdit pas sou
temps à se plaindre de l'ingratitude dont
on payait ses services , et il crut le mieux
employer en réalisant des plans conçus de-
puis long-temps pour des ouvrages sur la
musique. Ce fut alors qu'il entreprit la
rédaction d'une sorte d'encyclopédie des
sciences musicales , à laquelle il donna le
titre à1 Introduction à l'étude générale et
raisonnée de la musique. Brillant d'idées
nouvelles, et fort de principes féconds en
vérités, cet ouvrage était destiné à placer
Choron au rang des hommes les plus dis-
tingués, parmi les littérateurs et les histo-
riens de la musique. Nul doute que s'il
l'eût achevé, il eût introduit beaucoup
d'idées nouvelles dans la théorie de cet
art, et qu'il eût fixé sur lui l'attention des
musiciens de tous les pays; mais telle était
l'activité de son esprit, que le même objet
ne pouvait l'occuper long-temps. L'ouvrage
qu'il commençait était toujours celui de
ses affections, mais au bout de quelques
mois il se fatiguait de son travail , se fai-
sait à lui-même des objections, perdait la
foi qu'il avait eue en ses premiers aper-
çus , et presque toujours , dans cette dis-
position d'esprit, il faisait rentrer son ou-
vrage dans ses cartons pour ne plus l'en
tirer. Que de fois, après qu'il m'eût lu des
morceaux de son Introduction à l'éludé
générale et raisonnée de la musique, je 1 ui
ai dit : « Voilà qui est beau et neuf; pu-
« bliezeela, et votre nom vivra dans l'his-
<t toire de l'art ! » 11 promettait d'achever,
se remettait à l'ouvrage, ethuit jours après,
une idée nouvelle, saisie avec ardeur, ve-
nait le replonger dans son indifférence
pour l'œuvre de sa vie.
Après l'inconstance de ses vues, le plus
grand obstacle que Choron a rencontré
dans l'accomplissement de ses projets de
livres sur la musique, consista dans sa fa-
cilité à se rendre aux objections qu'on lui
faisait. C'est ainsi que sur une observation
assez saugrenue qui lui fut faite contre le
principe fondamental d'un Traité d'har-
monie et d'accompagnement qu'il venait
d'achever, il arrêta l'impression, paya
l'imprimeur, et condamna son œuvre à l'ou-
bli. On a dû retrouver dans sa bibliothèque
les huit ou dix premières feuilles impri-
mées de cet ouvrage ; le reste n'existe plus.
C'est encore ainsi qu'un jour, dans une
nombreuse assemblée où je me trouvais
avec lui, il exposait, avec cette chaleur
CHO
CHO
135
qui lui était naturelle, ses idées sur l'his-
toire de l'art; il en vint à dire que depuis
Palestrina on n'avait rien fait ni rien
trouvé en musique, si ce n'est, disait-il ,
le coloris instrumental , dont il attribuait
l'invention à Mozart. <c Vous vous trompez,
(t lui dis-je; on a fait quelque chose d'im-
« portant, car on a fait la gamme qui a
« engendré la musique dramatique. » Une
répondit pas, se mit à réfléchir, et lorsque
nous sortîmes, il m'arrêta par le bras dans
l'escalier, et me dit avec plus de gravité
qu'il n'y en avait d'ordinaire dans son ac-
cent : o Vous n'avez dit que quelques
« mots ce soir, mais il y a plus de valeur
<t en eux que dans tout ce que vous avez
o fait jusqu'ici. Cela est contraire à mes
« idées , mais je ne puis m'empêcher de
« vous dire que si vous développez celte
« pensée, elle vous mènera loin. » C'était
avec cette facilité qu'il se rendait à tout ce
qui le frappait.
Dans les premiers mois qui suivirent
son expulsion de l'Opéra , Choron conçut
le projet d'un mode d'enseignement de la
musique par une méthode simultanée qu'il
appela concertante. A peine la première
idée lui en fut-elle venue, qu'il courut en
faire part à M. de Pradel, intendant géné-
ral de la maison du roi, qui l'avait pris
sous sa protection, et il en obtint un léger
subside pour l'école qu'il voulait élever.
Aussitôt il se mit à l'œuvre avec cette ar-
deur qui était dans son caractère, et une
persévérance qui ne lui était pas habituelle.
Les essais furent multipliés pour porter sa
méthode à une perfection dont il la croyait
susceptible. Il crut enfin avoir résolu
toutes les difficultés, et il publia en 1818,
sa Méthode concertante de musique à
quatre parties. Elle fut vivement criti-
quée, à cause de quelques incorrections
d'harmonie ; mais elle n'en était pas moins
une des idées les plus heureuses qu'on eût
mises en pratique pour l'enseignement si-
multané de la musique. A l'aide de cette
méthode et de son chaleureux enseigne-
ment, Choron a fait prospérer sou école
qui , par des accroissemens progressifs ,
est devenue ce Conservatoire de musique
classique et religieuse, objet de toutes ses
affections, et dont la destruction, par la
révolution de juillet, a été cause de sa
mort.
La nouvelle carrière où Choron était
entré devait lui fournir l'occasion de dé-
ployer des facultés qu'on ne lui connais-
sait point encore ; facultés d'un ordre élevé
et qui étaient en lui toutes d'instinct. Ce
n'est pas seulement par une activité peu
commune qu'il se distingua comme chef
d'une institution musicale, son amcardente
y sut communiquer à ses élèves un amour
de l'art et un sentiment du beau qui
n'existent pas à un degré si élevé dans des
écoles plus renommées. Doué d'une sagacité
singulière qui lui faisait discerner au pre-
mier coup d'oeil les enfans bien organisés
pour la musique, il n'était pas moins
habile à faire comprendre ses intentions
aux individus qu'aux masses. Je l'ai vu ,
dans des répétitions, adresser une allocu-
tion à ses élèves, lorsqu'il voulait insinuer
dans leur ame le sentiment d'un morceau
de musique , s'énonçant avec assez de diffi-
culté, préoccupé de la multitude d'idées
qui se croisaient dans sa tête , et pourtant
éloquent par l'accent qui animait sa parole.
Souvent, il voulait joindre l'exemple au
précepte; alors, sans avoir fait lui-même
d'études vocales, et gêné par une voix fai-
ble et tremblante, il faisait entendre quel-
que phrase de chant dont un musicien de
profession n'aurait peut-être aperçu que
le côté ridicule , mais qui ne manquait ja-
mais de produire un heureux effet sur les
jeunes gens qui l'écoutaient, parce qu'une
belle intention rachetait des défauts acci-
dentels.
Les premières ressources qui furent
mises à la disposition de Choron, pour la
fondation de son école, étaient si bornées,
que lui seul était capable d'en tirer parti,
etde ne passe décourager. Les voix étaient
rares; les organisations musicales l'étaient
plus encore, et le budget de l'école, si par-
136
CHO
cimonieux, qu'il semblait qu'on se fût pro-
posé de la rendre improductive. Choron
sut triompher de tontes les difficultés. Il
n'était pas assez riche pour aller en voiture
chercher des élèves dans les départemens ;
et puis les voitures ne s'arrêtent que dans
les villes , et il y a aussi des voix et des
âmes dans les hameaux. Choron partit à
pied , ne sachant trop où le conduirait sa
bourse légère, ou plutôt, n'y songeant pas.
Telle qu'était cette bourse , elle lui four-
nit les moyens de visiter une grande par-
tie de la France. Il ne pouvait donner par
son équipage une opinion très favorable du
sort qui attendait dans son école ceux qu'il
engageait à s'y rendre ; pourtant sa parole
persuadait. On ne fut pas peu surpris de
lui voir ramener du midi de fort beaux té-
nors, et de la Picardie d'excellentes basses
qui , depuis lors , ont fourni un recrute-
ment nécessaire aux chœurs de tous les
théâtres lyriques. Animé par le désir et
par l'espoir d'être utile, Choron ne songeait
pas aux fatigues de son voyage ; sa gaîté le
soutenait dans les situations les plus péni-
bles. Surpris un jour par une pluie abon-
dante dans de mauvais chemins , il y per-
dit sa chaussure, et ce ne fut pas sans
peine qu'il gagna le premier village qui
s'offrait à lui ; mais il ne s'occupa même
pas un instant de cet accident, parce qu'il
venait de découvrir une belle voix de con-
tralto. Peu de jours après il passa près
d'une maison incendiée dont les habitans
imploraient la commisération publique : il
mit dans le tronc son dernier écu , et ne
se souvint qu'il n'avait pas de quoi dîner
que lorsqu'il entra dans Soissons , pressé
par la faim , et se trouvant à vingt-cinq
lieues de chez lui. Peu d'hommes ont
eu plus de dévouement à l'art, plus de
désintéressement ; aucun n'a été plus mal
récompensé de ses généreux sacrifices.
D'abord inaperçue, l'école de Choron ne
tarda point à exciter l'attention publique
par des exercices où de légers défauts
d'exactitude et de fini étaient rachetés par
un sentiment profond du caractère de la
CHO
musique. Là , pour la première fois , on
entendit à Paris les sublimes compositions
de Bach , de Handel , de Palestrina et de
quelques autres grands maîtres des écoles
d'Allemagne et d'Italie ; là seulement on
osa sortir du répertoire usé qui, depuis
plus de trente ans, alimentait les concerts.
Les amateurs du beau de tous les temps
et les artistes sans préjugés se passionnè-
rent pour cette musique si nouvelle pour
eux, et rendirent justice au mérite de
l'homme consciencieux qui leur procurait
le plaisir de l'entendre bien exécutée. L'au-
torité, éclairée par le retentissement qu'a-
vaient ces modestes exercices, compri* en-
fin que l'école de musique religieuse et
classique méritait qu'on encourageât ses
progrès , et des fonds suffisans furent ac-
cordés pour l'institution d'un pensionnat.
Aidé de ces ressources, Choron put donner
un nouvel essor à ses facultés de profes-
seur. Son idée dominante consistait à faire
passer le goût de la bonne musique dans
toutes les classes ; pour y parvenir, il fit
des essais en grand sur des masses d' en-
fans pris dans des écoles de charité , et
le succès alla au-delà de toutes ses espé-
rances.
On a souvent reproché à Choron d'avoir
négligé l'éducation individuelle au profit
des masses , et l'on a dit qu'il n'avait pas
fait de chanteurs. Il paraît que ce sont ces
allégations qui ont exercé de l'influence
sur les hommes du pouvoir établi par Ja
révolution de 1830, et qui ont fait réduire
le budget de l'école de musique religieuse
à des proportions telles, qu'il était devenu
impossible d'y rien produire de bon , et
qu'il eût mieux valu la supprimer. Choron
avait bien compris que sa mission n'était
pas de faire des éducations individuelles
de chanteurs ; il laissait ce soin aux pro-
fesseurs du Conservatoire ; pour lui , ce
qu'il voulait, ce qu'il était utile qu'il fit,
c'était d'introduire parmi nous l'enseigne-
ment des masses vocales tel qu'il existe en
Allemagne; enseignement sans lequel il
n'y a pas d'espoir de rendre les grandes
CHO
CHO
137
compositions selon la pensée qui a dirigé
leurs auteurs. Voilà ce qu'on n'a pas com-
pris , et ce qni eût certainement empêché
la destruction d'une des institutions les
plus utiles , si ceux qui ont mission d'ad-
ministrer les arts n'en étaient d'ordinaire
fort ignorans.
Le coup qui frappa Choron dans l'exis-
tence de son école fut pour lui celui de la
mort : depuis lors sa santé alla toujours
déclinant. 11 comprenait qu'il se consumait
en efforts impuissans, et cette pensée, qu'il
ne pouvait plus rien pour l'art auquel il
avait sacrifié toute sa fortune, lui compri-
mait incessamment le cœur. Un reste de
son ancienne énergie s'exhala dans quel-
ques écrits chagrins qu'il publia dans les
derniers mois de sa vie : bientôt après il s'é-
teignit. Il mourut à Paris, le 29 juin 1 834.
S'il avait pu réaliser ses projets , s'il
avait trouvé dans le pouvoir toute la pro-
tection qui lui était due , il faudrait nous
féliciter de la direction qu'avait prise
Choron à sa sortie de l'administration de
l'Opéra. Mais après ce qu'on a fait pour
anéantir le fruit de ses efforts , il ne peut
nous rester que le regret qu'il ait aban-
donné ses travaux de littérateur-musicien
pour ceux de professeur ; car , quelle que
fût son activité , elle ne pouvait suffire à
toutes ces choses. Il lui fallut opter entre
sa renommée de savant et la modeste ré-
putation d'homme utile : il préféra celle-ci.
11 travaillait cependant beaucoup dans son
cabinet ; mais c'était toujours au profit de
l'instruction élémentaire. Il se passait peu
de mois qu'il ne fit paraître quelque œu-
vre , quelque recueil destiné à l'enseigne-
ment et au service des églises. C'est ainsi
qu'il composa une multitude d'hymnes et
d'antiennes à deux , trois et quatre voix ,
et qu'il écrivit des chorals en faux-bourdon
à trois voix, une méthode de plain-chant ,
un recueil de chants chorals en usage dans
les églises d'Allemagne , arrangés à quatre
parties avec orgue , un corps complet de
musique d'église à une ou plusieurs voix ,
et beaucoup d'autres choses du même genre.
Quant aux autres ouvrages qu'il annonça
par divers prospectus, la plupart n'étaient
qu'en projet, et il n'eut pas le temps de les
écrire. C'est dans cette catégorie qu'il
faut ranger son Exposition abrégée des
principes de musique, le Manuel Ency-
clopédique de musique , qui devait faire
partie de la collection des Manuels de
M.Roret, et dont il y a eu, je crois, quel-
ques feuilles imprimées , la traduction du
Traité de composition moderne, de
Preindl , ouvrage dont Choron avait une
opinion trop favorable , le Répertoire des
contrapuntistes , enfin Y Introduction à
l'étude générale et raisonnée de la mu-
sique , dont il n'y a malheureusement
qu'une partie de terminée. De tout ce que
j'ai dit sur les travaux de Choron, résulte
une triste vérité : c'est que la vie d'un
homme organisé de la manière la plus
heureuse , et dont l'instruction était aussi
solide que variée , a produit peu de choses
qui soient dignes d'aussi grandes facultés,
parce que les circonstances ne lui furent
pas favorables.
Voici la liste chronologique des ouvrages
composés ou publiés par Choron : 1° Col-
lection de romances , chansons et poésies
mises en musique, Paris, Le Duc, 1806,
in-8°. Parmi ces romances , on remarque
La Sentinelle , dont le succès a été popu-
laire ; 2° Bulletin musical d'Auguste Le
Duc et compagnie, Paris, 1807 et 1808,
in-8°, vingt-quatre numéros de quatre
pages chacun ; 3° Notices françaises et ita-
liennes sur Léo, Jomelli, Pierluigi de
Palestrina , et Josquin Després. Ces no-
tices sont placées au commencement de
chaque livraison de la Collection générale
des ouvrages classiques de musique,
Paris, Le Duc ; 4° Principes d'accompa-
gnement des écoles d'Italie , par Choron
et Fiocchi, Paris, Imbault, 1804, un vol.
in-fol.; 5° Principes de composition des
écoles d'Italie , Paris, Auguste Le Duc,
1808 , trois vol. in-fol. Cet ouvrage a été
divisé en six volumes, avec de nouveaux
titres en 1816. Le premier volume rcn~
138
CHO
ferme une préface en xvn pages; le livre
premier , qui traite de l'harmonie et de
l'accompagnement , en 102 pages , et un
choix de Partimenii pour l'accompagne-
ment, choisis dans les ouvrages de Durante,
de Cotumacci , de Fenaroli et de Sala, en
142 pages. Le deuxième volume contient
un trailédu contrepoint simple, en 42 pa-
ges, les modèles de Sala pour ce contre-
point, les trios de Caresana , en 34 pages,
une nouvelle traduction française des con-
trepoints doubles et conditionnels de Mar-
purg, en 52 pages, les modèles de Sala
pour le contrepoint double, en 71 pages.
Le troisième volume renferme le traité de
l'imitation et de la fugue, traduit de Mar-
purg, en 73 pages, et les modèles de Sala
jusqu'à la fugue à huit parties, en 181 pa-
ges. Le quatrième volume contient la
deuxième suite de fugues de Sala, en 138
pages, le traité des canons, traduit de
Marpurg, en 60 pages, et les modèles de ca-
nons de Sala , en 68 pages. Au commen-
cement du cinquième volume, on trouve un
traité de style de chaque genre de musique,
sous le titre de Rhétorique musicale , en
39 pages , suivis de modèles du style os-
servato de musique d'église, extraits de
YEsemplare de P. Martini, et de modèles
du style concerté pris dans Jomelli ; ces
modèles sont contenus en 202 pages. Le
sixième volume renferme des modèles de
madrigaux non accompagnés, pris dans les
ouvrages de Martini et de Paolucci , des
modèles de duos, trios et cantates choisis
dans les œuvres de Marcello , de Lotti ,
d'Alexandre Scarlatti et de Pergolèse, des
modèles de musique vocale de différons
genres, en style moderne, ainsi que quel-
ques modèles de style instrumental. L'ou-
vrage est terminé par des notions élémen-
taires d'acoustique, par une esquisse his-
torique des progrès de la composition, et
par la table des matières; 6° Dictionnaire
historique des Musiciens , par Choron et
Fayollc, Paris, Vallade, 1810-1811,
deux vol. in-8°. Cet ouvrage a reparu avec
un nouveau titre en 1817, Paris, Chiuiot.
CHO
Choron ne songeait point à prendre
M. Fayolle pour collaborateur lorsqu'il
entreprit cetouvrage. Il l'annonça en 1809
par un prospectus d'un quart de feuille
in-4°, sous le titre de Dictionnaire histo-
rique de Musique; 7° Considérations sur
la nécessité de rétablir le chant de l'é-
glise de Rome dans toutes les églises de
l'empire français, Paris. Courcier, 1811,
in-8° de quinze pages ; 8° Méthode élémen-
taire de musique et de plain-chant , à l'u-
sage des séminaires et des maîtrises de
cathédrales, Paris, Courcier, 1811, in-8°;
9° Rapport fait à la classe des beaux-
arts de l'Institut impérial de France sur
l'ouvrage de M. Scoppa , intitulé : Des
vrais principes de versification, Paris,
Baudouin , 1S12 , un vol. in-4°. Dans cet
ouvrage, Choron a particulièrement exa-
miné ce qui concerne la rhylhme musical;
10° Rapport fait à la classe des beaux-
arts de l'Institut impérial de France sur
un manuscrit qui contient la collection
des traités de musique de J. Le Teintu-
rier, Paris, 1813,8 pages in-8°; 1 1° Traité
général des voix et des instrumens d'or-
chestre, et principalement des instru-
mens à vent, à l'usage des compositeurs,
par J. L. F rancœur , nouvelle édition,
revue et augmentée des instrumens mo-
dernes, par M. Choron, Paris, 1813,
in-fol.; 12° Ribliolhèque encyclopédique
de musique, contenant des notes, re-
cherches et dissertations sur la musique
tant théorique que pratique , etc., Paris,
1S 14. 11 n'a paru que le prospectus de ce
recueil périodique, en une demi-feuille
in-8° ; 1 3° Méthode élémentaire de com-
position, par J. G. Albrechtsberger,
traduit de l allemand , par A. Choron,
Paris, veuve Courcier , 1814, deux vol.
in-8°, dont un de texte, et l'autre d'exem-
ples gravés; 14° Méthode d'accompa-
gnement selon les principes des écoles
d'Allemagne , par Albrechtsberger, tra-
duit de l'allemand , Paris , Simon Ga-
veaux, 1815, in-fol. Ces deux ouvrages ont
été réunis par Choron avec quelques addi-
CHO
CHI1
139
tions, d'après l'édition des œuvres com-
plètes de théorie d'Albrechtsbergcr publiée
par le chevalier de Scyfried , et accompa-
gnés de notes critiques. Cette édition com-
plète de la traduction a paru sous ce titre :
Méthodes d'harmonie et de composition
à l'aide desquelles on peut apprendre
soi-même à accompagner la basse chif-
frée et à composer toute espèce de mu-
sique, par J. G. Albrechtsberger, etc.,
Paris, Bachelier, 1830, deux vol. in- 8°,
dont un d'exemples gravés ; 15° Le Musi-
cien pratique, ou leçons graduées qui
conduisent les élevés dans l'étude de
l'harmonie, de l'accompagnement et de
l'art du contrepoint, en leur enseignant
la manière de composer toute espèce de
musique, par Fr. Azopardi, maître de
chapelle de Mallhe, traduit de l'Italien,
par feu M. de Framery , nouvelle édition ,
revue, corrigée et mise dans un meilleur
ordre par A. Choron, Paris, 1816, in-4°.
Dans cette édition, préférable à la première
donnée par Framery, les exemples sont
intercallés dans le texte; malheureusement
ils fourmillent de fautes de gravure;
17° Livre choral de Paris , contenant le
chant du diocèse de Paris écrit en con-
trepoint, à quatre parties, 1817, in-8°.
Il n'a paru de cet ouvrage qu'une livraison
qui contient la messe des annuels et des
grands solennels; 18° Méthode concer-
tante de musique à plusieurs parties,
d'une difficulté graduelle , Paris, 1817,
in-4°; 19" Méthode de plain-chant , au-
trement appelé chant ecclésiastique ou
chant grégorien, contenant des leçons et
les exercices nécessaires paur parvenir
hune parfaite connaissance de ce chant,
Paris, L. Colas ,1818, petit in-4° de 28
pages ; 20° Exposition de la méthode con-
certante de musique, Paris, 1818, une
demi feuille in-4° à deux colonnes ; 2\°Sa-
lut du Saint-Sacrement , contenant les
strophes et antiennes en l'honneur du
Saint-Sacrement et de la Sainte- Cierge,
mises en musique à trois voix égales,
par Choron, Paris, 1818, un vol. in-8°j
22° Méthode concertante de plain-chant
et de contrepoint ecclésiastique , Paris ,
1819, petit in-4° ; 25" Solfège harmo-
nique, offrant une série méthodique
d'exercices d'harmonie à quatre voix ,
pour un maître et ses élèves, un vol.
grand in-8°. Le prospectus de cet ouvrage,
en une demi-feuille grand in-8° , à deux
colonnes , a seul paru ; 24° Instruction
abrégée sur l'organisation et la conduite
d'une école de musique, solfège et chant,
Paris, 1819, une demi-feuille in-4° ;
25° Exposition élémentaire desprincipes
de la musique servant de complément à la
méthode concertante, Paris, 1819, in-8°.
Le prospectus seul de cet ouvrage , en une
demi-feuille à deux colonnes, a paru;
26° Solfèges élémentaires, contenant les
premières leçons de lecture musicale , à
l'usage des commençans , Paris, 1820,
in-4° ; 27° Méthode concertante élémen-
taire de musique, à trois parties, Paris ,
1820, in-4°; 28° Méthode de chant à
l'usage des élèves de l'école royale de
chant, Vans, 1821, in-4". Le premier
cahier seulement de cet ouvrage a paru ;
29° Chant chorals à quatre parties , en
usage dans les églises d'Allemagne, Pa-
ris, 1822; 30° Liber Choralis tribus voci-
bus, ad itsum collegii Sti-Ludovici ; cont-
plectens maxime vulgatas clivini qfficii
parles in contrapunclo simplici nolœ ad
notant super piano cantu in média po-
sito rite perlractatas ; accesserunt et
hymnorum varii canins quibusque me-
tris apti. Compostât ac disposuit Alex.
Steph. Choron. Parisiis , 1824, 4° min.
Choron a publié quelques opuscules très
courts et plusieurs petits écrits de circon-
stance, tirés à un petit nombre d'exemplai-
res qui sont devenus fort rares.
CHRESTIEN (charlks-antoine), mu-
sicien de la chapelle du roi, vers le milieu
du 18e siècle. 11 a publié à Paris, en 1751:
Pièces de differens auteurs, mises en
trios pour les violons. 11 a donné à la
Comédie-Italienne, en 1760, un opéra-co-
mique intitulé : Les précautions inutiles.
140 CHR
CHRÉTIEN (gilles-iouis), né à Ver-
sailles, en 1754, entra à la chapelle du
roi, en qualité de violoncelliste, à l'âge de
vingt-deux ans. 11 tirait un bon son de
son instrument, et jouait avec facilité les
passages les plus difficiles, mais sou jeu
était dépourvu d'expression. La révolution
lui fit perdre sa place, par la réforme de
la chapelle,- mais en 1807, il rentra à la
chapelle de l'empereur Napoléon. On lui
attribue dans le Dictionnaire historique
des Musiciens (Paris, 1810), la musique
d'un opéra-comique intitulé : Les Pré-
cautions inutiles, représenté en 1760 ;
mais cet ouvrage est d'un autre musicien
nommé Chrestien {V. ce nom) ; celui qui
est l'objet de cet article n'était âgé que de
six ans à l'époque où cet ouvrage fut re-
présenté. Il s'occupait de la correction des
épreuves d'un livre sur son art, lorsque la
mort le surprit, le 4 mars 1811. L'ou-
vrage de Chrétien parut après sa mort
sous ce titre : La Musique étudiée comme
science naturelle, certaine et comme art,
ou Grammaire et Dictionnaire musical ,
Paris, 1811, in-8° de 278 pages, et 17 pi.
in-fol. Ce traité, purement élémentaire,
a pour objet l'analyse des formes de l'har-
monie , mais d'après un système particu-
lier à son auteur, et qui ne peut être d'au-
cune utilité dans la pratique. On y trouve
des définitions de Mélodies positives , de
Mélodies collectives , de Mélodies inler-
positives , de Constructions fondamen-
tales, etc. , et de cent autres rêveries qui
n'ont point fait fortune. Chrétien a aussi
publié : Lettre sur la musique, en ré-
ponse à M. Amar, auteur de l'analyse
de l'ouvrage de M. Villoteau , insérée
dans le Moniteur du 27 octobre 1807,
Paris , 1807, une feuille in-8°.
CHRISTEN1US (jean) , chanteur de
l'électeur de Saxe, et musicien à Alten-
bourg , naquit à Bottstœdt en Thuringe.
On connaît de sa composition : Selectis-
sima et nova cantio, quant Valedictionis
ergo dedicat Palronis, 6 vocibus, Jena,
1609} 2° Musikalische Mclodias mit
CHR
4 Stimmen gesetz ( Mélodies musicales à
quatre voix), Leipsick, 1616,in-4°j 3° Gul-
den Venus-Pfeil , in welcher zufinden ,
newe weltliche Lieder , teutsche und
polnische Tœnze ( Les traits dorés de
Vénus , dans lesquels on trouve des chan-
sons nouvelles et profanes , et des danses
allemandes et polonaises ), Leipsick, 1619 ;
4° Sjmbola Saxonica, Fùrstlicher Per-
sonen tœgliche gedenkspruche mit 3
Stimmen gesetzt ( Maximes journalières
pour les personnes de haute naissance ,
composé à trois voix), Leipsick, 1620;
5° Complementum , und dritler Theil
fest und Aposleltœgiger evangelischer
Spreuch , so Melchior Vulpius ubergan-
gen}mitA-S Stimmen (Complément et troi-
sième partie des maximes évangéliques pour
les jours de fête , que Melchior Vulpius a
omises, à quatreethuitvoix), Erfurt,1621,
in-4° ; 6° Omnigeni mancherley Manier
newer weltlicher JÀeder, Paduans, etc.
(Chansons nouvelles et profanes de toute
espèce), Erfurt, 1621.
CHRISTIANELLI (philipfe), maître
de chapelle à Aquilée , dans le royaume
de Naples, vers le commencement du
17e siècle, a publié : Salmi a cinque voci}
Venise , 1626.
CHRISTMANN (jean-frederic ), mi-
nistre luthérien à Heutingsheim , près de
Louisbourg , est né dans cette dernière
ville , le 10 septembre 1752. Dès son en-
fance il s'adonna à la musique , et les fré-
quentes occasions qu'il eut d'entendre les
virtuoses de la chapelle du duc de Wur-
temberg perfectionnèrent son goût et son
talent. Il était étudiant au gymnase de
Stuttgard , lorsque sa réputation comme
flûtiste lui procura l'honneur déjouer un
solo devant le duc. Il était aussi fort ha-
bile sur le piano. Ses parens l'ayant en-
voyé à Tubinge pour y étudier la théolo-
gie, il y continua ses travaux pour la
musique, et commença à composer ses
concertos pour la flûte. Nommé vicaire
chez un minisire, il quitta cette place au
bout de deux ans, et alla, en 1777, à
CHR
Winterthur en Suisse , en qualité de pré-
cepteur ; là , il composa , pendant ses loi-
sirs , ses Elémens de musique , ouvrage
généralement estimé, qu'il fit imprimer
à Spire, en 1782-1790 ; il fit aussi paraî-
tre ses premières compositions pour le
piano. En répétant quelques-unes des ex-
périences sur l'air inflammable, qui occu-
paient alors les physiciens , à l'occasion des
machines aérostatiques, il eut le malheur
de perdre un œil. En 1779, il accepta
une place de précepteur à Carlsruhe. Il s'y
lia avec le maître de chapelle Schmidt-
bauer et avec l'abbé Vogler. Après un
séjour de neuf mois dans cette ville ,
Christmann fit un voyage dans le Palati-
nat , et revint ensuite dans sa ville natale,
où il obtint une place de ministre en 1785.
Le repos et l'indépendance que cet emploi
lui procura, lui fournirent alors les moyens
de se livrer à son goût pour la musique ,
et aux recherches qu'il avait entreprises
sur la théorie de cet art. Il eut la plus
grande part au plan et à la rédaction de
la gazette musicale de Bossler, à Spire, à
laquelle il a fourni des articles fort inté-
ressans. Il était en outre occupé en 1790,
de recherches importantes sur l'histoire
littéraire de la musique, et travaillait à un
dictionnaire général de cet art , en plu-
sieurs volumes in-4°, dont le prospectus
parut dans les journaux de 1788; on peut
consulter à cet égard la Gazette de musi-
que, du mois de février 1789, où l'on
trouve aussi sa biographie détaillée. Voici
la liste de ses ouvrages les plus connus :
1° Elementarbuch der Tonkunst zum
Vnterricht beym Clavier fur Lehrende
undLernende (Elémens de musique, etc.),
Spire 1782 , in-8° de 350 pages. Cet ou-
vrage est accompagné d'un cahier d'exem-
plaires in-fol., qui porte ce titre : Prak-
tische Beytrœge zum Elementarbuch ,
Spire, 1782. La deuxième partie de cet
ouvrage , qui contient des elémens d'har-
monie , a paru dans la même ville, en
1790, en un volume in-8° de 179 pages,
et 50 pages in-fol. d'exemples, 2° Rondeau
CHR
141
pour le clavecin ; 5° Adagio pour le piano,
sur la mort d'une caille, Darmstadt;
4° Roses pour le clavecin de ma Mina ,
étrennes pour la nouvelle année , Spire ,
1791 ; 5° Odes et chansons pour le clave-
cin , Leipsich , Breitkopf , 1797 ; 7° Vol-
stœndige Sammlung theils ganz neue
Komponirter , theils Verbes serter vier-
stimmiger choralmelodien , fur dasneue
Wirtembergische Langesangbuch , etc.
(Recueil complet des mélodies pour les
psaumes à quatre voix, à l'usage du duché
de Wurtemberg , etc. ) , Stuttgard, 1799,
in-4°. Ce recueil a été composé et rédigé
par Christmann et Knecht. On y trouve
une introduction de 50 pages , et 518 mé-
lodies ; 7° La Fiancée de Corinihe , bal-
lade de Goethe, Leipsick , 1792; 8° Va-
riations pour violon et basse sur l'air :
Tyroler sind immer so Lustig , Offen-
bach , 1800 ; 9° Àrion , romance , 1801 ;
10° Ah! vous dirai-je maman, varié
pour la flûte avec basse , op. Offenbach ,
1801 ; 11° Recueil de douze marches pour
le clavecin, ibid ; 12° Die Kinder im
Walde (Les enfans dans la forêt) , bal-
lade pour le piano, Leipsick, Iuihnel.
Christmann a inséré dans la Gazette mu-
sicale de Leipsick les morceaux suivans :
1° Biographie de Cor.-Henr. Kœeferlen ,
lre année , pag. 65 ; 2° Quelques idées
sur le caractère des chansons nationales
françaises, même année, pag. 228 ; 5° Sur
la composition de.Zumsteeg der Geiste-
rinsel, même année, pag. 657; 4° Ta-
bleau de l'état de la musique dans le
"Wurtemberg, 2me année, pag. 71 , 95,
118, 159; 5° Notice préalable sur le
nouvel opéra de Zumsteeg, das Pfauen-
fest betitelt , même année, pag. 716.
Christmann est mort à Heutingsheim , le
21 mai 1817.
CHRISTO (fr.-jean DE) , moine por-
tugais, et organiste habile, naquit à Lis-
bonne au commencement du 17e siècle,
et mourut à Alcobaça le 50 juillet 1654.
Machado (Bibl. Lusit., tom. II, p. 656)
cite les ouvrages suivans de sa composi-
142
CHU
CHY
tion : 1° Texto de Paixoens que se can-
taô em a Semana Santa , composlo a
4 vozes ; 2° Calendas do Natal, e de
St.-Bernardo. Ces compositions n'ont
point été imprimées,
CHR1ST0 (fr.-luiz DE), carme por-
tugais et organiste de son couvent à Cal-
çado, naquit à Lisbonne en 1625, et
mourut dans son cloître en 1693. On
connaît de lui en manuscrit les ouvrages
suivans : 1° Praxoens dos qualro Ei>an-
gellstas a 4 voces ; 2° Licoens de defunc-
tos , motetes e vdhancicos.
CHRYSANDER (guillaume-chretien-
jtjste) , théologien protestant , né le 9 dé-
cembre 1718 , à Gœdekenroda , village de
la principauté d'Halberstadt, fut successi-
vement professeur de philosophie, de ma-
thématiques, de langues orientales et de
théologie clans les universités de Helmstadt,
de Rinleln et de Kiel, et mourut flans
celte dernière ville , le 10 décembre 1 788,
Il aimait beaucoup la musique, et jus-
que dans sa vieillesse on l'entendait sou-
vent chanter les psaumes en hébreu , en
s'accompagnant de la guitare. Parmi ses
dissertations, dont le nombre est immense,
on en remarque une intitulée : Histori-
sche Uiitersuchen von de/iKirchenorgel
(Recherches historiques sur les orgues
d'églises ) , qui fut d'abord insérée dans le
Magasin scientifique de Hanovre, année
1754, n° 91, pag. 1275, et qui fut im-
primée séparément en 1755 , 3 feuilles et
demie, in-8°, sans nom de lieu.
CHRYSOGON , célèbre chanteur de
l'ancienne Grèce , vivait vers la trentième
année après Jésus-Christ. Plutarque dit
qu'il avait inventé un instrument particu-
lier aveclequel il accompagnait son chant.
Juvénal a fait mention de ce musicien en
ces mots ;
Sunt quœ
Chrysogonum cantare vêtent.
Salyr. 6,1.2, v. 74.
CHURCHILL (. . . .), musicien an-
glais , qui vivait à Londres vers la fin du
18e siècle, y a publié les ouvrages suivans :
1° Trois sonates pour le piano , avec ac-
compagnement de violon j 2° Six duog
pour deux violons, op 2, ibid.} 1793;
5° Trois sonates pour le piano , avec vio-
lon; op. 5, ibid.; 4° Six duos pour violon
et alto , ibid.
CHUSTROVIUS (jean), directeur de
musique à l'église de Saint-Nicolas , à
Lunebourg, vers le commencement du
18e siècle, a publié : Sacra? canliones
quinque, sex et octo vocibus ita compo-
sitœ , ut non solum viva voce commo-
dissime cantari, sed eliam ad omnis
generis instrumenta optime adhiberi
possint, Francfort, 1603.
CHYTRAEE (nathan), V. OLTHO-
VICS.
CHYTREE (david) , docteur et profes-
seur de théologie à Rostock, dont le nom
allemand était Kochqff , naquit en 1530
à Ingelfing, en Souabe. Il étudia le latin
et le grec sous Joachim Camérarius , à
Tubinge, et la théologie sous Melanchlon,
à "Wittemberg. Après avoir fait ses études,
il fit un voyage en Italie. De retour en
Allemagne, il obtint la chaire d'écriture
sainte à l'Académie de Rostock. Il mourut
le 15 juin 1600, âgé de plus de 70 ans.
Parmi ses ouvrages, on remarque celui-
ci : Regulœ Studiorum, seu de ralione
et ordine discendi , in prœcipuis artibus
recle inslhuendo , lena 1595, in-8° ; le
troisième chapitre de l'appendice traite De
musica, de sententia, rhythmo, et vocis
modulatione , de speciebus inlervallo-
rum, tetrachordis , generibus et modis
mnsicis.
CHYTRY ( . . . ) , excellent violiniste ,
naquit à Holoben en Bohême, vers l'année
1740. 11 étudia d'abord à Prague, se ren-
dit ensuite à Vienne pour y faire un cours
de droit , et eut le bonheur de se faire en-
tendre sur le violon devant' l'empereur
Joseph II, qui, charmé de son talent,
voulut lui procurer une existence en le
faisant placer à la chancellerie impériale.
En 1778 Cbytry était employé au gouver-
CIA
nement de Prague. Kucliarz considère cet
artiste comme un des plus habiles violi-
nistes produits par la Bohème [V. Dlabacz,
Hislor. Kunstler-Lexikon fur Bœ/unen }
col. 281).
CIAJA (azzolin-bernardino DELLA),
chevalier de Tordre de Saint-Etienne , né
à Sienne le 21 mai 1671 , s'est rendu
également célèbre comme compositeur,
comme organiste et comme constructeur
d'orgues. 11 a fait imprimer de sa compo-
sition : X Salmi a 5 voci con 2 violini
obligati e violetla a bene placilo, op. 1,
Bologne 1700. En 1755, il donna à l'é-
glise des chevaliers de Saint-Etienne de
Pise, l'orgue magnifique, qui est considéré
comme un des plus beaux de l'Italie, et
même de l'Europe, car il est composé de
plus de cent registres, dont un grand
nombre est de son invention. Cet orgue a
été construit par lui-même.
CIAMPI (françoïs), virtuose sur le
violon, et compositeur distingué, naquit
à Massa di Carrara en 1704. Vers 1728 ,
il se rendit à Venise, où il a fait représen-
ter presque tous ses opéras. Les plus con-
nus sont : 1° Onorio, \119 ; 2° Adriano
inSiria, 1748 ; 5° // Négligente, 1749;
4" Calone in Utica , 1756 ; 5° Gianguir,
1761 ; 6° Amorc in Caricatura , 1761 ;
7° Antigono, 1762. Burney cite une
messe et un miserere de Ciampi, qu'il es-
timait beaucoup.
CIAMPI (l.EGRENZIO-VINCENZO), COm-
positcur dramatique, né dans un village
près de Plaisance en 1719, fit ses études
musicales dans cette ville sous un maître
de chapelle nommé Rondini. Il était en-
core fort jeune lorsqu'il donna son premier
opéra intitulé LArcadia in Brenta, qui
fut suivi de celui de Berloldo alla cor le,
dont le succès fut prodigieux. Favart a
parodié sur cette jolie musique son opéra
(le Ninette à la cour. En 1748, Ciampi
passa en Angleterre avec une troupe de
chanteurs italiens, et il fit représentera
Londres les opéras suivantes : Gli tre
Cicisbey ridicoli , 1748 j 2° Adriano in
CIA
143
Siria, 1750; 5° Il trionfo diCamilla,
1750; 4" Didone, 1754; 5° Tolomeo ,
pasticcio fait avec quelques morceaux de
sa musique et de celle de quelques autres
compositeurs, 1762. Il a aussi publié:
Six trios pour deux violons et basse, op. 1
et 2; 2° Cinq concertos pour le hautbois;
3° Italian Songs ; 4° Overlures for a
full Band, op. 5.
CI ANCHEÏTI NI (véronique), sœur du
célèbre pianiste J.-L. Dussek, est née en.
Bohême en 1779. Son père lui enseigna
la musique et l'art de jouer du piano
lorsqu'elle n'était âgée que de quatre
ans. Ses progrès furent rapides, et son
talent devint remarquable. Lorsqu'elle eut
atteint sa dix-huitième année, son frère
l'appela à Londres, où elle s'est livrée avec
succès à l'enseignement du piano. Elle y a
fait graver plusieurs sonates et deux con-
certos de sa composition.
CIANCHETTIM (no) , fils de François
Cianehetlini de Rome , et de Véronique
Dussek, est né à Londres , le 11 décem-
bre 1799. Dès l'âge de quatre ans, il
montra de grandes dispositions pour la
musique : sa mère lui apprit à jouer du
piano et l'instruisit dans l'harmonie. Ses
progrès furent tels qu'après un an d'étu-
des , et lorsqu'il eut atteint sa cinquième
année, il fut en état de se faire entendre au
théâtre de l'Opéra Italien , à Londres, où
il exécuta avec piécision une sonate de
piano de sa composition et des variations
improvisées sur des thèmes qui lui furent
présentés. Tout cela tenait du prodige :
Aussi s'empressa-t-on de lui donner le nom
de Mozart anglais, en Hollande, en Alle-
magne et en France , où il voyagea avec
son père jusqu'à l'âge de six ans. Ce qui
ajoutait à l'étonnement , c'est qu'avant
l'âge de huit ans il parlait et écrivait cor-
rectement quatre langues , l'anglais , le
français, l'italien, et l'allemand. Mais,
ainsi qu'il arrive souvent , ces facultés hâ-
tives s'usèrent avant le temps , le prodige
disparut, et il ne resta plus qu'un artiste
estimable dont le talent peut être comparé
144
C1B
à beaucoup d'autres. La dernière fois que
M. Cianchettini parut avec avantage en
public fut à un concert qu'il donna le
16 mai 1809, dans la grande salle d'Ar-
gyll Room , à Londres, où il exécuta
un concerto de piano de sa composition.
Lorsque madame Catalani voyagea en An-
gleterre, M. Ciancbettini s'attacha à elle à
titre de compositeur et de directeur de ses
concerts , et la suivit dans ses tournées. Il
a composé pour elle quelques airs italiens
qu'elle a chantés souvent, parce qu'ils
étaient propres à faire briller sa voix.
Voici les titres de ses principaux ouvra-
ges : 1° Deux concertos de piano gravés à
Londres ; 2° Des fantaisies pour le même
instrument ; 5° A cantate for two voices
vith choruses : the words from the Pa-
radise Lost, Londres; 4° Take , oh!
take those lips away, cbanson 5 5° Fan-
taisie sur di tanti palpiti pour le piano ;
6° Introduction et air italien varié pour
le piano et flûte ou violon; 7° Ode de
Pope sur la solitude ; 8° Soixante noc-
turnes Italiens pour deux , trois et quatre
voix, avec accompagnement de piano;
7° Scène et air : Ah! quando cessera!
10° Duetto : Ecco di Pafo il tempio ;
11° Benedictus à trois voix.
CIBBER ( suzanne-marie ) ; cantatrice
et excellente actrice de Covent-Garden , à
Londres, naquit dans cette ville en 1716.
Elle était fille d'un tapissier, et sœur du
docteur Arne qui lui enseigna la musique,
et la fit débuter dans un de ses opéras ,
représenté au tbéâtre de Hay-Market.
Handel l'aimait beaucoup , et a composé
pour elle un des airs du Messie. Burney
dit que quoiqu'elle n'eût que des connais-
sances médiocres en musique, elle savait
intéresser les auditeurs par sa profonde
sensibilité et son intelligence. En 1734,
elle épousa Théophile Cibber, comédien et
auteur dramatique, qui lui fit abandon-
ner l'Opéra deux ans après , et la fit dé-
buter dans la tragédie , où elle se fit une
grande réputation. Elle a traduit en an-
glais la petite comédie de Y Oracle de
CIE
Saint-Foix, qui fut jouée à son bénéfice.
Elle est morte en 1766.
CIBULKA ou ZIBULKA (m.-à.), com-
positeur et virtuose sur l'harmonica, est né
en Bohême vers 1770. Après avoir achevé
ses études musicales à Prague , il se fit
d'abord connaître par son talent d'exécu-
tion , puis par quelques légères composi-
tions. En 1794 il accepta une place de ré-
pétiteur au théâtre national de Gratz ;
quatre ans après il était attaché à la
troupe de Bnsehen , qui jouait alternati-
vement à Bude et à Pesth ; il avait alors
la qualité de directeur de musique. En
1810, il dirigeait au piano l'Opéra dans la
dernière de ces villes. Dlabacz, qui écrivait
en 1815 sur les artistes de la Bohême, ne
fournit point d'autre renseignement sur ce-
lui qui est l'objet de cet article. On a de Ci-
bulka : 1° Douze chansons des poètes
célèbres, avec accompagnement de piano,
Prague, in-fol , 1781 ; 2° Quatorze chan-
sons de noces , en allemand , avec accom-
pagnement de piano , Leipsick , 1793 ;
3° Danse allemande avec dix-sept variations
pour le piano , op. 5 , Brunswick, 1794;
4° Danses nationales allemandes arrangées
en quatuors pour deux violons , alto et basse,
ibid. ; 5° Trois cantates , La séparation ,
Lajille gui file } et Les souffrances de
Lotte , pour voix seule , avec accompa-
gnement de piano , Munich , Falter, 1798;
6° Les fruits de mes heures les plus heu-
reuses, chansons pour le piano, Clèves ,
1799, 7° Allemandes faciles, arrangées
pour le piano , Leipsick , Peters.
CICONIA (jesn), né à Liège au com-
mencement du 15e siècle, fut chanoine à
Padoue. Parmi les manuscrits de la Bi-
bliothèque de Ferrare, on trouve un opus-
cule de Ciconia intitulé de Proportio-
nibus.
CIECO (francesco), F. LANDINO
(francesco ).
CIERA (hippolyte) , dominicain , né à
Venise vers 1512 , vivait encore en 1569.
On a de lui : Madrigali del lahirinto a
quattro voci, libro primo, Venise, Je-
CIF
CIM
145
rôme Scott , 1554, in-4° obi. C'est une
réimpression. Dans une collection de ma-
drigaux qui a pour titre : II bel Gîardino
di fiori musicali , Venise , 1587 , on
trouve deux morceaux de Ciera.
CIFOLELLI (jean) , musicien italien
qui vint se fixer en France , vers 1764 , a
donné à la Comédie-Italienne : 1° L'Ita-
lienne, opéra-comique en un acte, paroles
de Framery, en 1770 ; 2° Perrin et Lu-
celte , en 1774. On a aussi de lui une
Méthode de mandoline , gravée à Paris.
CIFRA (antoine) , né dans l'état Ro-
main , vers 1675 , fut élève de Palestrina
et de Bernard Nanino. Le premier emploi
qu'on lui confia fut celui de maître de
chapelle du collège Allemand, à Rome.
11 devint maître de chapelle à Lorette ,
vers 1610, et fut admis à remplir les
mêmes fonctions à Saint-Jean de La-
tran , en 1620. Il occupa cette place jus-
qu'en 1622, où il passa au service de l'ar-
chiduc Charles , frère de l'empereur Fer-
dinand II ; enfin , en 1629 , il retourna à
Lorette et y resta jusqu'à sa mort. Les
ouvrages qu'il a publiés sont nombreux, et
excellens dans leur genre. Les plus connus
sont : 1° Moteltiadue, tre e quattro voci,
Venise, 1611 ; 2° Scherzi ed arie a 1 ,
2 , 3 e 4 voci y per cantar nel clavicem-
balo , chitarone , o altro simile istro-
mento, Venise, 1614; 3° Motettie salmo a
12 voci, a trecori, Venise, 1629 ; 4° Plu-
sieurs recueils de madrigaux imprimés à
Venise depuis 1616, jusqu'en 1623. Le Père
Martini a inséré un Agnus Dei à sept voix
de Cifra , tiré de la messe Conditor aime
siderum, dans son essai sur le contrepoint,
t. I, p. 88. C'est un chef-d'œuvre de dis-
position et d'élégance dans le style du con-
trepoint fugué. Les autres ouvrages de ce
compositeur sont ceux dont les titres sui-
vent: 1° Cinq livres de motets à deux, trois
et quatre voix, Rome, Soldi, 1600-1609 j
2° Salmiper li vespri, trois livres, Rome,
1601-1609 ; 3° Salmi e motelti a 8 voci,
Rome, Zanetti, 1610 j 4° Madrigali a
cinque voci, trois livres, Venise, Vincenti,
tome m.
1610-1615; 5° Salmi spezzati a 4 voci,
Rome, Robletti, 1611 ; 6° Litanie a 8-12
voci, Rome , 1613 ; 7° Cinque libri di
Messe, Rome, Soldi, 1619 à 1625;
8° Ricercari e canzonifrancesi a 4 voci,
deux livres, Rome, Soldi, 1619; 9° Mo-
letti ai, 5,6,8 voci, Rome , Robletti ,
1620; 10° Antifofie e motelti per iutto
l'anno al, 3, 4, 5 voci, Rome, Grignani,
1625. Après la mort de Cifra, Antoine
Poggioli a fait imprimer à Rome, en 1638,
dix suites de concerti ecclesiastici, com-
posés par ce musicien , et contenant plus
de deux cents motets. On y trouve le por-
trait de Cifra à l'âge de quarante-cinq ans.
CIMA (jean-paul) , excellent organiste
et maître de chapelle de l'église de Saint-
Celse, à Milan , naquit vers 1570. Il fut
renommé principalement pour la compo-
sition des canons ; le P. Angleria en a in-
séré quelques-uns dans ses Regole del con-
trappunto. Le P. Martini en rapporte un
fort ingénieux dans son Essai fondamen-
tal pratique de contrepoint fugué. On a
imprimé les ouvrages suivans de Cima :
1° Motetti a quattro, Milan, 1599 j
2° Ricercate per l'organo, ibid., 1602;
5° Canzoni, consequenze, e contrappunti
doppii, a 2, 5 e 4, Milan, 1609 ; 4° Con-
certi ecclesiastici al, 2, 3, 4, 5 e 8 voci,
con partitura, Milan , 1610.
CIMA (andre), frère du précédent, na-
quit à Milan, vers la fin du 16e siècle. Il fut
d'abord organiste et maître de chapelle à
l'église délia Rosa, à Milan, et ensuite
maître de chapelle de l'église de Sainte-
Marie, à Bergame, l'un des postes les plus
éminens que pût obtenir alors un compo-
siteur en Italie. On a de sa composition :
1° Concerti a 2, 3 e 4 voci, lib. 1, Milan,
1614 ; 2° Concerti al, 3 e 4 voci, lib. 2,
Venise, 1627.
Un autre compositeur du nom de Cima
(Annibale), a composé des madrigaux, dont
quelques-uns ont été insérés dans le re-
cueil qui a pour titre : De' Floridi vir-
tuosid'Italia il terzo libro de' madrigali
a cinque vocinuovamente composti e dali
10
146
CIM
CIM
in luce. In Venezia presso Giacomo Vi-
Cenli, 1586, in-4°.
Cl MA (jean-baptjste) , organiste de
l'église de Saint-Nazario, à Milan, naquit
dans les dernières années du 16e siècle.
Vers la fin de sa vie, il se retira à Scon-
drio , petite ville de la Valtelinc, où il
mourut à l'âge de soixante ans. On a im-
primé de sa composition deux livres de
çonçerti , à deux , trois et quatre parties,
JJlilan ,1626. Cima était aussi astrologue
et constructeur de cadrans solaires. Le
catalogue de la bibliothèque du roi de Por-
tugal indique deux livres de motets à qua-
tre voix, composés par cet auteur.
CIMA (tullio) , né à Roncilio , vers la
fin du 16e siècle, a publié à Venise : Sa-
cres çanliones, magnificat, etc., 2, 3 et 4
vocum, lib. 1.
CIMADOR (jean-baptiste) , né à Ve-
nise, en 1761, d'une famille noble, se li-
vra fort jeune à l'étude de la musique , et
devint également habile sur le violon, sur
le violonci-lle et sur le piano. En 1788 , il
fit représenter dans sa ville natale un in-
termède intitulé Pimmaglione, qui fut fort
applaudi; mais on dit que nonobstant les
éloges qu'on donna à son ouvrage, Cima-
dor en fut si mécontent , qu'il renonça à
composer. La partition de cet intermède
est à la bibliothèque du Conservatoire de
Paris ; je l'ai parcourue, et j'ai trouvé que
c'est en effet un ouvrage médiocre. On
s'est servi des paroles de plusieurs scènes
de cet intermède dans l'opéra de Pimma-
glione que M. Cherubini a mis en musi-
que pour la cour de Napoléon. Cimador se
fixa à Londres, vers 1791, et s'y livra à
l'enseignement du chant. Irrité de ce que
l'orchestre de Hay-Market refusait d'exé-
cuter les belles symphonies de Mozart, à
cause de leur difficulté, il en arrangea six
des plus belles en sex'uor pour deux vio-
lons , deux altos , violoncelle et contre-
basse, avec une partie de flûte ad libitum.
Cette collection, qui fait honneurau goût
et à l'intelligence de Cimador, eut le
plus grand succès. On connaît aussi de ce
compositeur quelques morceaux pour le
chant, gravés à Londres; de plus: Deux duos
pour deux violons, et deux duos pour violon
et alto. Il est mort à Londres , vers 1808.
L'almanach théâtral de Gotha, de 1799,
lui donne le titre de comte de Cimadçr.
CIMAROSA (Dominique), génie fécond,
original, et l'un des plus grands musiciçn9
qu'ait produits l'Italie , naquit à Avcrsa ,
dans le royaume de Naplcs , en 1734 , de
parens pauvres et obscurs. Son père, qui
avait été se fixer à Naples en 1757, mou-
rut en 1761, laissant une veuve et son fils,
âgé de sept ans , dans un état voisin de la
misère. La mère de Cimarosa, dépourvue
de moyens pour élever son fils , le recom-
manda à la pitié de son confesseur, le père
Porzio, moine antonin. Celui-ci commença
à lui donner quelques leçons de latinité :
mais bientôt frappé de l'esprit et des heu-
reuses dispositions de son élève, il offrit à
sa mère de se charger, non seulement de son
instruction , mais aussi de son entretien.
Par un heureux hasard, le père Porzio
était organise de son couvent, et s'amu-
sait souvent dans sa cellule à jouer du cla-
vecin et à chauler en s'accompagnant. Le
jeune Cimarosa ne le quittait pas. Les oc-
casions fréquentes qu'il eut ainsi d'enten-»
dre de la musique éveillèrent son génie,
et révélèrent sa vocation. Le bon moine ne
tarda pointa s'apercevoir de la passion de
son pupille pour l'art qu'il cultivait. 11 lui
en enseigna les premiers élémens , lui fit
ensuite donner des leçons de chant par
Aprile, cl le fit enfin entrer au Conserva-
toire de Lorelfe. Là il puisa les principes
de l'école de Durante dans les leçons de
Fenaroli, et acquit ce style pur et élégant
qu'ont eu tous les maîtres sortis des Con^
servaloires de Naples, dans le 18e siècle.
Ses premières compositions annonçaient
ce qu'il devait être un jour : on y trouvait
déjà l'imagination brillante et les chants
heureux qui abondent dans tous ses ou-
vrages. Outre les talens qu'il manifestait
comme compositeur, il jouait bien du vio-
lon, et chantait parfaitement, surtout dans
CIM
le genre bouffe. On rapporte que Sacchini,
ayant composé un intermède intitulé Fva
Donato, le fit exécuter au Conservatoire,
et que Cimavosa } qui n'était alors âgé
que de douze ans, joua le personnage
principal avec un talent, une verve, qui
furent admirés de tous les spectateurs.
A peinesorti du Conservatoire, en 1775,
il reçut un engagement pour écrire la mu-
sique d'une farce intitulée La Bavonessa
Slvamba : cette première production fut
considérée comme un prodige, à cause de
son âge (il avait à peine dix-neuf ans).
L'année suivante, il alla à Rome, où il
composa L'Italiana in Londva. Après le
carnaval, il retourna à Naples, et donna
au Tealvo Nuovo Lafinta Fvascatana ,
et Lafinta Pavigina. En 1775, il écrivit
Il fanalico pev gli antichi Romani, pour
le théâtre des Florentins. Déjà Piccini
avait donné l'idée des finali, mais c'est
dans l'opéra qui vient d'être cité que Cima-
rosa fit entendre, pour la première fois,
des trios et des quatuors dans le cours de
l'action. En 1776, il retourna à Rome,
où il composa II Pittov pavigino , et I
due Bavoni.
Chaque ouvrage nouveau de Cimarosa
lui valait un succès , et le goût capricieux
des Romains semblait se fixer en sa faveur.
A son retour à Naples, il trouva les habi-
lans dans l'enthousiasme des dernières
compositions de Paisiello, et il eut à lutter
contrôla réputation de ce grand musicien ;
mais déjà le talent de Cimarosa était
dans toute sa force : il ne craignit point
de se mesurer avec son redoulable émule.
A peine fut-il arrivé (en 1777), qu'il écri-
vit pour le théâtre des Florentins I Jinti
nobili ; L'Avmida immaginavia; et Gli
Amanli comici. Tous ces ouvrages réus-
sirent, et l'on ne savait ce qu'on devait ad-
mirer le plus , ou d'une fécondité presque
sans exemple , ou de l'invention qui bril-
lait dans tout ce qui sortait de la plume
de ce jeune musicien. Cimarosa retourna
à Rome en 1779 ; il y mit en musique II
Rilovno di don Calandvino, et son fameux
CIM
147
Cajo Mavio , l'une de ses plus belles pro-
ductions. Dans la même année, // meveato
de Malmanlile, YAssalonle et La Giu-
ditta obtinrent beaucoup de succès à Flo-
rence.
De retour à Naples, en 1780, il écrivit
pour l'ouverture du théâtre Del Fondo,
L'lnfedeltàfedele,Il Falegname, cl L'A-
mante combaltulo dalle donne di punto,
pour le théâtre des Florentins. En 1781,
il donna à Rome Y Alessandvo nell' In-
die, et à Turin, YAvlasevse. L'année
suivante, il alla à Venise, où il écrivit II
Convito di pietva. Cet ouvrage excita un
tel enthousiasme, qu'à la fin de la première
représentation l'auteur fut ramené chezlui
en triomphe à la lueur des flambeaux. Re-
venu à Naples , il y composa son délicieux
opéra de La Ballevina amante, et Nina
e Mavliiffb , pour le théâtre des Floren-
tins; La yillana viconosciuta, pour celui
del Fondo; X O veste et L'Evoe Cinese ,
pour le Grand-Théâtre. En 1784, on le
trouve à Viccnce , composant son Olim-
piade pour l'ouverture du nouveau théâtre
de la Foire, et ensuite à Milan , où il fait
représenter / due supposti Conti. Enfin,
l'année suivante, il revint à Naples pour y
faire représenter son opéra de Gianniua e
Bevnadino, qu'il avait composé précédem-
ment à Venise, et auquel il ajouta plu-
sieurs morceaux. Il donna ensuite II ma-
vilo dispevato, au théâtre des Florentins,
la fameuse farce àellCvedulo, La Donna
alpeggiov si appigli, Le Tvame deluse et
L'Impvessavio in anguslie , au théâtre
Nuovo , Il Fanalico lui lato et 11 Sacvifi-
zio d Abvamo , au théâtre del Fondo.
Tant de productions , étincelantes de
beautés du premier ordre, portaient la ré-
putation de Cimarosa dans toute l'Europe.
L'impératrice de Russie, Catherine II, lui
fit offrir un engagement pour se rendre à
sa cour, avec le titre de compositeur de sa
chambre et du théâtre Impérial. Les avan-
tages pécuniaires dont on accompagnait
celle offre, déterminèrent Cimarosa à l'ac-
cepter, et il partit de Naples au commen-
10'
148
CIM
ment de 1787. Forcé de s'arrêtera Turin,
il y écrivit 11 Valdomiro , composition
admirable qui fut applaudie avec transport.
Arrivé à la cour de Catherine , il se mit à
travailler aussitôt ; La Vergine del Sole,
La Félicita inaspettala, la Cleopatra
et YAtene edificata, sortirent en peu de
temps de sa plume ; mais ce qu'on peut
à peine croire, c'est que près de cinq cents
morceaux détachés furent composés par
lui , pour le service de la cour, dans l'es-
pace de quatre ans. Il écrivit aussi pour le
prince Potemkin , une grande cantate
intitulée : La Serata non préveduta. Les
principaux seigneurs russes l'accablèrent
de présens et de caresses , et Paul Ier lui
fit l'honneur d'être parrain d'un de ses en-
fans.
Cependant la santé de Cimarosa com-
mençait à souffrir de la rigueur d'un cli-
mat si différent de celui qui l'avait vu
naître : ce motif le détermina à quitter la
Russie, pour aller à Vienne. Il y arriva
vers la fin de 1792. L'empereur d'Autri-
che , Léopold , qui désirait l'attacher à sa
cour, lui assura un traitement de 12,000
florins; lui assigna un logement et lui
donna le titre de maître de chapelle. Ce fut à
Vienne qu'il écrivit son opéra// Matrimo-
nio segreto , qu'on regarde généralement
comme son chef-d'œuvre. Il avait alors
trente-huit ans, et en avait employé moins
de dix-sept à écrire près de soixante et dix
ouvrages dramatiques , outre une prodi-
gieuse quantité de musique de tout genre.
Ainsi , c'est lorsque tant de productions
semblaient avoir dû épuiser son génie qu'il
enfanta ce chef-d'œuvre, dont tous les
morceaux peuvent être cités comme des
modèles de formes , d'élégance et d'origi-
nalité. L'effet de la première représenta-
tion fut tel , que l'empereur , après avoir
donné à souper aux acteurs et aux musi-
ciens de l'orchestre, les renvoya sur-le-
champ au théâtre pour lui donner une
deuxième représentation, à laquelle il ne
prit pas moins de plaisir qu'à la première.
Jamais ouvrage dramatique n'avait produit
CIM
un pareil effet à Vienne ; car Mozart , qui
venait de mourir, n'avait point vu le suc-
cès des siens ; succès qui ne commença que
plusieurs années après sa mort. Avant de
quitter Vienne, Cimarosa composa encore
pour l'empereur La Calamità de' cuori ,
et Amor rende sagace.
Après six ans d'absence , il arriva à Na-
ples en 1793. La renommée de son Ma-
trimonio segreto l'y avait précédé , et ce
fut cet ouvrage qu'on lui demanda d'abord.
Il y ajouta plusieurs morceaux, entre
autres le duo Deh ! Signore. Jamais
opéra n'excita un plus vif enthousiasme.
Soixante-sept représentations suffirent à
peine à l'empressement du public , et , ce
qui était sans exemple , l'illustre composi-
teur fut obligé de tenir le clavecin aux
sept premières , pour y recevoir les témoi-
gnages de l'admiration générale. / Traci
amanti succédèrent à cette belle compo-
sition , et furent suivis de Le Astuziefem-
minili , de Pénélope et deL'Impegno su-
perato, que Cimarosa écrivit pour le théâtre
del Fondo. En 1796 , il alla à Rome , et
y composa / nemici generosi. De là , il se
rendit à Venise pour y écrire Gli Orazi e
Curiazi. Retourné à Rome, en 1798 , il y
fit représenter, pendantle carnaval Achille
ail' assedio di Troia, et L'Imprudente
Jbrtunato. Dans la même année, il donna
à Naples, au théâtre des Florentins, L'Ap-
prensivo raggirato, qui fut suivi d'une
grande cantate intitulée La Félicita com-
pila. Une maladie grave le conduisit aux
portes du tombeau, dans l'été de la même
année. A peine rétabli , il partit pour Ve-
nise, où il avait un engagement pour y
écrire VArtemisia ; mais il n'eut point le
temps d'achever cet ouvrage, car il mourut
après en avoir composé le premier acte, le
11 janvier 1801 , à l'âge de quarante-sept
ans.
Des bruits singuliers ont couru sur la
mort de ce grand musicien. Il avait em-
brassé vivement le parti de la révolution
napolitaine, lors de l'invasion du royaume
de Naples par l'armée française. Après la
CIM
CIM
149
réaction , il fnt , dit-on , emprisonné par
ordre de la reine Caroline , et les journaux
du temps ont annoncé qu'il avaitsuccombé
aux mauvais traitemens qu'on lui fit éprou-
ver dans sa prison. Il paraît que l'opinion
publique en Italie accusait hautement le
gouvernement de cet attentat. Le lieu de
son décès n'était pas bien connu : les uns
assuraient qu'il avait été étranglé ; d'au-
tres qu'il était mort empoisonné à Padoue.
Enfin la cour, qui voulait détruire cette
fâcheuse impression , fit publier l'avis sui-
vant : <t // fu signore Domenico Cinia-
« rosa , maestro di cappella, e passato
« qui in Venezia agli eterni riposi, il
« giorno undici di gennaro dell' anno
« corrente } in consequenza di un tu-
o more che avea al basso ventre, in
« quale dallo stato scirroso e passato
« allô stato cancrenoso. Tanto attesto
« sul mio onore e per la pura verilà,
« edinfede,etc. Venezia, il 5 apr. 1801.
« Signé : D. Giovanni Piccioli , Beg.
a Deleg. e medico onorario di Sua San-
« tita di N. S. Pio VU '. »
Cimarosa était excessivement gros, mais
sa figure était belle et son aspect agréable.
Il avait beaucoup d'esprit , et faisait fort
bien des vers. Il avait été marié deux fois :
sa première femme , Mademoiselle Bal-
lante, mourut en lui donnant un fils ; la
seconde perdit aussi le jour après lui avoir
donné deux enfans.
Trois grands compositeurs , Cimarosa ,
Guglielmi et Paisiello ont illustré l'Italie
à la même époque. La manie qu'on a de
comparer des choses qui ont entre elles
peu d'analogie , a fait souvent établir des
parallèles entre les productions de ces mu-
siciens ; mais personne n'a songé à distin-
guer les qualités qui sont propres à chacun.
Des hommes doués d'un génie égal diffèrent
nécessairement par quelque endroit ; ce qui
fait la gloire de l'un ne brille souvent d'un
vif éclat qu'aux dépens de quelque autre
chose par où son rival s'est illustré. C'est
ainsi que Cimarosa se distingue par sa
verve comique et sa piquante originalité ,
tandis que Paisiello, moins bouffe et moins
brillant , charme par la suavité de ses
mélodies , et surtout par une expression dra-
matique supérieure à celle de son émule.
Paisiello semble n'abandonner ses idées
qu'à regret ; il répète souvent les mêmes
phrases jusqu'à l'affectation , sans varier
l'harmonie ni les ornemens : cependant il
tire les plus beaux effets de ces redites.
Cimarosa , au contraire, comme s'il se fa-
tiguait de ses propres idées , les fait se
succéder avec une abondance qui tient du
prodige, et nous entretient ainsi dans une
sorte de délire continuel. Qu'en peut-on
conclure? que tous deux sont de grands
musiciens d'une manière différente. Eh !
qu'importe, après tout, cette prééminence
qu'on veut donner à l'un aux dépens de
l'autre! Ce qui importe, c'est que tous
deux nous procurent des jouissances , et
nous n'avons rien à désirer sous ce rap-
port. Qui songe à autre chose qu'à Nina
et à Megacle lorsqu'on entend leurs ac-
cens? qui a jamais désiré que Carolina,
Paolino et Bemadone eussent un autre
langage? Le duo del'Olimpiade, estle chef-
d'œuvre des duos dramatiques, comme Pria
che spunti est le modèle des airs de demi
caractère, et, Sei Morelli, celui des airs
bouffes.
Ces éloges paraîtront sans doute quel-
que jour un radotage aux gens du monde,
qui n'ont que les sensations permises
par la mode. Cette musique que je vante
semble aujourd'hui trop simple d'harmo-
nie. Déjà morte pour le théâtre, elle ne vit
plus qu'au salon , et bientôt , peut-être ,
elle sera complètement oubliée. Mais à
1 « Feu Dominique Cimarosa , maître de chapelle, est
« décédé en cette ville de Venise, le onze janvier de cetle
« année, par suite d'une tumeur qu'il avait dans le bas
« ventre , laquelle de lVtat squireux est passé à l'e'lat
'* gangreneji ; ce que j'atteste sur mon honneur, etc. »
Cette déclaration du me'decin Piccioli ne paraît pas avoir
atteint le but qu'on se proposait , celui de dissiper les
soupçons, car l'opinion publique est toujours reste'e la
même sur le l'ail de la mort violente de Cimarosa.
150
CIM
CIN
quelque époque que ce soit , lorsqu'un véri-
table connaisseur, dépouillé des principes
de l'école et des habitudes de l'éducation ,
jettera les yeux sur les partitions de Cima-
rosa, il reconnaîtra que nul n'a reçu de la
nature, à un plus haut degré, les qua-
lités qui font le grand musicien, et que nul
n'a mieux rempli sa destinée.
Je crois devoir finir cette notice par
la liste complète et chronologique des
œuvres de ce maître : 1° La Baroncssa
Stramba , 1773; 2° L'Italiana in Lon-
dra , 1774; 5° La finta Frascalana,
111 '4; 4° Lafinla Parigina , 1774; 5° Il
Fanalico per gli antichi Romani , 1115 ;
6° La Conlessina , 1775 ; 7° II Giorno
felice, cantate, 1115; 8° Un Te Deum,
1775 ; 9° // Pittorparigino,1116 ; 10° /
Due Baroni, 1116 ; 11° Amor costante ,
1116 ; 12° // Mairimonio per induslria ,
1116 ; 13° Ifinti nobili ,1111 ;14° L'Ar-
mida immaginaria , 1777; 15° Gli
Amanti comici, 1777 ; 16° II Duello per
complimento , 1778; Il a II Mairimonio
per raggiro, 1778; 18° La Circe, 1778 ;
19° II Ritornodi Don Calandrino, 1779;
20° Des Litanies, 1779 ; 21° Cajo Ma-
rio, 1779; 22° // Mercato di Malman-
tile, 1779; 23° L'Assalonle, 1779;
24° La Giudilla,oralor\o,1119 ; 25° L'In-
fedellàfedele, 1780; 26° // Falegname,
1780; 27° L' Amante comballuto dalle
donne di punlo , 1780 ; 28° L'Avviso ai
maritali, 1780; 29° // Trionfo délia re-
ligione, oratorio, 1780 ; 30° Alessandro
nell' Indie, 1781;31° L'Artaserse, 1781;
32° // Capricio dramalico, 1781 ; 53° //
martirio di S . Gennaro, 1782; 34° L'A-
mor contras lato , 1782; 35" II Con-
vito di pietra , 1782; 36° La Ballerina
amante, 1782; 57° Nina e Martuffb ,
1782; 38° La Kdlana riconosciula ,
1783; 39° L'Oreste, 1783; 40" L'Eroe
Cinese, 1783; 41° Giunio Bruto, 1783;
42° Chi d'altrui si veste presto si spo-
glia, 1783; 43° L'OUmpiade, 1784;
44° / due supposti Conti , 1784; 45° Le
Statue parlanli, 1784; 46° Deux messes ,
dont une de requiem, 1784; 47° Gian-
nina e Bernadone, 1785; 48° Il Marilo
disperato, 1785; 49°// Credulo , 1785;
50° La Donna al peggior si appigli ,
1785; 51° La Scuffiara, 1785 ; 52» Gli
Amanti alla prova, 1 786; 53° La nascità
delDelfino, cantate, 1786; 54° Le Trame
deluse, 1786; 55° L'Impressario in an-
gustie , 1786; 56° Il Fanatico burlato ,
1786; 57° IlSacrifizio d'Abramo, 1786;
58° Il Valdomiro, 1787; 59° Le /este
d'Apollo, 1787 ; 60° La Fergine del
Sole, 1787 ; 61° La Félicita inaspettata,
1788 ; 62° La Cleopatra, 1788 ; 63° Messe
de Requiem pour les funérailles de la du-
chesse de Serra Capriola, morte à Péters-
bourg-, 1788; 64° L'Alêne edificata,
1789; 65° La Serata non prevedula ,
cantate, 1789; 66° Cinq cents morceaux
détachés pour le service de la cour de Rus-
sie, de 1787 à 1791 ; 67° // Mairimonio
segreto , 1792; 68° La Calamità de'
cuori, 1792; 69° Amor rende sagace ,
1792; 70° Deux Dixit, l'un pour l'empe-
reur d'Autriche, l'autre pour le prince
Esterliazi , 1792; 71° / Traci amanti ,
1793; 72° Le Astuzie feminili , 1793;
73° Pénélope , 1794 ; 74° L'Impegno su-
perato , 1795; 75° i" Nemici generosi ,
1796; 76° Gli Orazi e Curiazi, 1797;
77° Acliille nell' assedio di Troja, 1 798;
78° L'Imprudente forlunalo , 1798;
79° L'apprensivo raggiralo,1198 ; 80° La
Félicita compila, 1798 ; 81° Semiramide,
1799; 82° Arlemisia, 1801.
CIMOSO (guido), né à Vicence au
commencement de ce siècle, fut admis
comme élève au Conservatoire de Milan ,
et reçut des leçons d'Asioli. De retour dans
la ville natale, il s'y est livré à l'ensei-
gnement de la musique et a publié un
livre qui a pour titre : Principi elemen-
lari di musica , seguendo il melodo di
Bonijazio Asioli ; A ggiunlevi alcune
annolaziani necessarie nello studiare
quest' aile. Vicence, Picotti, 1829, in-8°
de 22 pages.
CINCIARINO (pierre), né à Urbino,
CIN
CIR
151
vers 1510, entra d'abord dans l'ordre des
pauvres crmiles de Saint-Pierre de Pise ,
el passa ensuite (vers 1550) au couvent de
Saint-Sébastien à Venise. II a publié un.
traité du plain-cliant , sous ce litre : In-
trûdutlôrio abbreviato di mtisica piana ,
ovvero canlofermo, Venise, 1555, in-4°,
quarante pages. L'épître dédicatoire à Li-
vio Podacattaro , archevêque de Chypre,
est datée du couvent délia Eosa , à Ter-
rare, le 25 d'août 1550. Je crois que cette
édition est la seconde , car le titre porte :
rcvislo e corretlo. Il y a une faute d'im-
pression dans la Bibliographie musicale de
Lichtenthal sur la date de cet ouvrage
(t. IV, p. 131)j on y voit 1755 au lieu
de 1555.
CINQUE (ermenegildo), compositeur
italien qui a vécu dans la seconde moitié
du 18° siècle , est connu par des composi-
tions vocales et instrumentales des diffé-
rons genres, parmi lesquelles on remar-
que : 1° Dies irœ à quatre voix, avec
inslrumens; 2° Des cantates à plusieurs
voix et orchestre, dont Angclica e Me-
doro et II Sogno di Scipione ; 3° Sta-
bat mater, pour soprano et contralto
avec orchestre ; 4° Tous les oratorios de
Métastase, à plusieurs voix et orchestre;
5° Dix- huit sonates pour trois violon-
celles.
C1NTI (m118 laure-cinthie montaient,
dite). Voy. DAMOREAU (M»e).
CIONACCI (françois), prêtre et mem-
bre de l'académie JpatistaAc Florence,
naquit en cette ville le 13 novembre 1633,
et mourut le 15 mars 1714. On lui doit
un écrit intitulé : Discorso dell' origine
e progressi del canlo ecclesiastico , qui
fut mis comme préface à la tête du livre
de Côferati, intitulé : // canlore addot-
irinato, o regole del canto corale, publié
à Florence, en 1682 ( Voy. MAT. COFE-
RATI). Le discours de Cionacci a été im-
prime séparément à Bologne , en 1685.
CIPOLLA (antoine); sous ce nom , le
Giornale Enciclopedico de Naples de
1821 (t. I , p. 129), cite un ouvrage inti-
tulé : Nuovo metodo di Canto, mais sans
indication précise de date, d'éditeur ni de
format.
Un autre musicien nommé Cipolla
(François) est indiqué dans Y Indice de'
Speltacoli teatrali,de 1785 jusqu'en 1791,
comme un compositeur dramatique , né à
Naples. Ce musicien était à Londres en
1786, et y publia un recueil de six chan-
sons anglaises avec accompagnement de
piano.
C1PRANDI (fekdinando), excellent té-
nor italien, né vers 1738, chantaitau théâ-
tre de Londres, en 1764, et montrait tant
d'habileté qu'on doutait qu'il pût jamais
être égalé. Burney le retrouva à Milan, en
1770 , et conserva de lui la même opinion
après l'avoir entendu de nouveau. Il vivait
encore en 1790.
CIRILLO (bernardin), né à Aquila ,
dans l'Abruzze, vers 1500, fut secrétaire
de la Chambre royale à Naples. Il passa
ensuite à Rome , et y devint protonotairé
et secrétaire apostolique, archi-prêlrc dé
la Sanla-Casa de Loretle , chanoine de
Sainte- Marie-Majeure, et enfin, sous
Paul IV, commandeur de l'hôpital du
St.-Espritin Saxia. Il mourut à soixante-
quinze ans, le 13 juillet 1575. Selon Pos-
sevin ( Appar. Sac, p. 223, t. I) , il a
écrit en italien une épître à Ugolin Guat-
ter Sur la décadence de la musique
d'église.
CIRILLO (françois), compositeur dra-
matique qui vivait à Naples vers le milieu
du 17° siècle, s'est fait connaître par deux
opéras représentés dans celte ville :
1° Orontea , Regina d'Egilto 7 1654 ;
2° // Ratio di Elena , 1655.
CIRILLO (dominiqoe), professeur d'his-
toire naturelle et de médecine théorique,
naquit à Grugno, petite ville du royaume
de Naples, en 1734. Il jouissait d'une
haute réputation de savoir et d'un bonheur
tranquille, quand la révolution de Naples,
à laquelle il prit part en 1799, d'abord
comme représentant du peuple, ensuite
comme président de la Commission légis-
152
CLA
lative, le conduisit à l'échafaud, an mépris
d'one capitulation dans laquelle il avait
été compris au moment de la réaction. Au
nombre des ouvrages de ce savant est une
lettre qu'il écrivit au docteur William
Watson sur la Tarantule , et dont la
traduction anglaise a été publiée en
1770,dansles Transactions philosophiques
(p. 233 à 238), sous ce titre : Some ac-
countqfthe manna Iree and qf the Ta-
rantula, a letter to D. William Watson.
Cirillo se prononce dans cette lettre contre
la réalité des effets de la piqûre de la ta-
rantule, et de la guérison du mal par la
musique.
CIRRI (jean-baptiste), violoncelliste,
né à Forli , vers 1740, a demeuré long-
temps en Angleterre. Son premier œuvre,
qui consistait en quatuors pour deux vio-
lons, alto et violoncelle, a paru à Florence,
en 1763. 11 fut suivi de seize autres œu-
vres, composés également de quatuors, qui
ont été publiés à Florence, à Paris et à Lon-
dres. Son œuvre dix-huitième, composé de
six trios pour violon , alto et violoncelle ,
a paru à Venise, en 1791.
CIRUELO (pierre), né dans le 15e siè-
cle, à Daroca, dans F Aragon , fut d'abord
professeur de théologie et de philosophie à
l'université d'Alcala , et ensuite chanoine
à la cathédrale de Salamanque. Il mourut
en cette ville vers 1580 , âgé d'environ
cent ans. On a de lui : Cursus quatuor
mathematicarum artium liberalium ,
Alcala de Henarès, 1516, în-fol. La mu-
sique est l'une des sciences mathématiques
dont il est traité dans cet ouvrage.
CLAEPIUS (guillaume-hermann), di-
recteur des chœurs, chanteur et acteur au
théâtre de Magdebourg , né à Cœthen , le
20 août 1801, a écrit la musique de quel-
ques mélodrames.
CLAGGET (charies), compositeur et
acousticien , est né à Londres vers 1755.
Doué d'une imagination inventive , il em-
ploya presque toute sa vie et dissipa une
fortune assez considérable à la recherche
de nouveaux instrumens de musique, ou
CLA
à essayer de perfectionner ceux qui étaient
déjà connus. Dès 1789 il avait réuni la
collection des instrumens qu'il avait in-
ventés ou modifiés , au nombre de treize
pièces , sous le nom de Musée national.
Le public était admis à voir cette collection
chez lui depuis midi jusqu'à 4 heures. De
temps en temps il faisait aussi entendre
ces instrumens dans des salles de concert :
des exhibitions de ce genre eurent lieu à
Hannover-Square jusqu'en 1791. Les piè-
ces contenues dans le Musée de Clagget
étaient : 1° Le Teliochorde f instrument
à clavier qui était accordé sans aucune con-
sidération de tempérament et sur lequel
les différences enharmoniques de ut dièse
à ré bémol , de ré dièse à mi bémol , etc.,
se faisaient sentir au moyen d'une pédale;
2° Un cor double , où les deux tons de ré
et de mi bémol étaient accolés sur le même
instrument de manière à donner en sons
ouverts tous les demi-tons de la gamme
chromatique , par une clef qui mettait en
communication l'embouchure avec l'un ou
l'autre cor à volonté. Mortellari a exécuté
un solo dans un concert sur cet instru-
ment devenu inutile depuis l'invention du
cor à pistons ; 5° Un clavecin dont le cla-
vier avait toutes ses touches sur le même
plan; fausse idée qui avait pour objet de
faciliter l'exécution , et qui la rendait en
effet plus difficile ; 4° Un orgue métalli-
que , composé de fourches d'acier mises en
vibration par le frottement ; 5° Un petit
appareil à accorder , composé de trois dia-
pasons divisés en demi tons et tons et dont
les intonations variaient au moyen de piè-
ces mobiles qu'on vissait ou dévissait à
volonté. C'est par le même procédé que
M. Matrot a fait postérieurement son
diapason comparatif. Les autres objets
inventés par Clagget consistaient en acces-
soires pour divers instrumens d'assez peu
d'importance. Ce musicien s'est fait aussi
connaître comme compositeur par divers
ouvrages, parmi lesquels on remarque :
1° Six duos pour deux violons , Londres ,
Prcston ; 2° Six duos pour violon et violon-
CLA
CLA
153
celle, op. 5, ibid.; 5° Six duos poar deux
flûtes , ibid.
CLAIRVAL (jean-baptiste ' ) , acteur
célèbre de l'Opéra-Comique et de la Comé-
die Italienne , est né à Etampes le 27 avril
1737 , et non à Paris, vers 1740 , comme
il est dit dans la Biographie universelle
et portative des Contemporains. Fils d'un
perruquier , il exerça d'abord l'état de son
père ; mais son goût et ses heureuses dis-
positions pour le théâtre lui firent aban-
donner cette profession. Il n'était âgé que
de vingt ans lorsqu'il débuta à l'Opéra-
Comiqne de la foire Saint-Laurent, en
1758. Clairval n'était pas musicien, mais
il possédait une voix agréable , un instinct
naturel et un accent expressif. D'ailleurs,
son intelligence de la scène était parfaite,
sa figure , belle et régulière , sa physiono-
mie, noble, et sa tournure, distinguée.
Tant d'avantages lui procurèrent autant
de succès à la scène que de bonnes fortu-
nes dans le monde. Le premier rôle qui le
fit connaître fut celui de Dorval dans le
petit opéra On ne s'avise jamais de tout.
Dans les divers personnages qu'il y repré-
sentait , il montra une flexibilité de talent
qui fit sa réputation. A l'époque de la sup-
pression de l'Opéra-Comique en 1762 ,
Clairval passa à la Comédie Italienne , et
devint nn des plus fermes appuis de ce
théâtre. Il y jouait avec un succès égal la
comédie , le drame et l'opéra-comique.
Presque tous les rôles de ténor, qu'on
appelait alors des rôles d'amoureux , fu-
rent créés par lui dans les opéras de
Duni , de Philidor, de Monsigny, et de
Grétry ; il se distingua surtout par celui
de Montauciel , dans le Déserteur, par
celui de Pierrot, dans Le Tableau par-
lant , dans Le Magnifique , V Amant ja-
loux , le marquis des Évënemens im-
prévus, et Blondel de Richard Cœur-
de-Lion. Il était déjà âgé lorsqu'il joua
avec une légèreté remarquable et un succès
i Dans les registres Je l'Opéra-Comique on trouve
Béni- André pour les prénoms de Clairval; ceux de
Jean-Baptiste sont portés dans son acte de décès.
éclatant le rôle du Convalescent de qualité,
dans la comédie de Fabre d'Eglantine. Ce
rôle fut en quelque sorte un adieu qu'il dit
au public. Depuis plusieurs années, sa
voix était devenue sourde et nazillarde, et
cette altération de son organe vocal lui
rendait pénible l'exécution des rôles d'o-
péra. Il sentait le besoin de la retraite, et
il quitta en effet le théâtre au mois de juin
1792 , après trente-trois années de travaux
actifs. Il ne jouit que peu de temps du re-
pos qu'il avait acquis , car il mourut au
commencement de 1795. La bonne grâce
et les talens de cet acteur lui ont fait
donner le nom de Mole de la Comédie
Italienne; cependant les journaux contem-
porains lui ont quelquefois reproché de
mettre de l'affectation dans certaines parties
de ses rôles. Un auteur d'opéras-comiques,
irrité de ce que Clairval avait refusé de
jouer dans une de ses pièces , fit contre lui
ces deux vers satiriques :
Cet acteur minaudier , et ce chanteur sans voix,
Écorche les acteurs qu'il rasait autrefois.
CLAMER (andre'-christophe) , chan-
teur à l'église cathédrale de Salzbourg,
en 1682 , a fait imprimer un ouvrage in-
titulé : Mensa harmonica , Salzbourg ,
1685 , in-4°. J'ignore quelle est la nature
de cet ouvrage.
CLAPHAM ( jonathan), recteur à
Wramplingham , dans le comté de Nor-
folk , vivait vers le milieu dn 17e siècle,
lia écrit une apologie de l'usage de chanter
les psaumes , sous ce titre : A short and
full vindication ofihat sweet and com-
fortable ordinance of singing of P s ai-
mes, Londres, 1656.
CLAPISSON. Voyez le supplément.
CLARCHIES (louis- julien) , plus
connu sous le nom de Julien, né à Cura-
çao , le 22 décembre 1769, fut élève de
Capron pour le violon , et de Cambini
pour la composition. Il a écrit un air va-
rié pour le violon , trois œuvres de duos
pour le même instrument, nn œuvre de
duos pour la clarinette, un air varié pour
154
CLA
CLA
l'alto, dès romances, et quinze recueils
de contredanses , tous gravés à Paris. Ce
fut lui qui, le premier, donna de l'élé-
gance et de la grâce aux contredanses,
qu'il exécutait supérieurement sur le vio-
lon. II est mort à Paris en 1814.
CLARENTINI (michel) , né à Vérone,
dans la seconde moitié du 16e siècle, a
publié à Venise, en 1611, un livre de mo-
tets à deux et trois voix.
CLARER (the'odoke) , naquit en 1764
à Dorbern, cercle de I Hier. Il commença
ses études au couvent d'Ottobeuern, et les
termina à Augsbourg. Élant doué d'une
fort belle voix, il se livra à l'étude du
ebant et y fil de grands progrès. P. Fran-
çois Schnelzer , ebanoine d'Ottobeuern ,
et Benoît Kraus, ancien maître de cha-
pelle à Venise, lui donnèrent des leçons
de composition. En 1785 il fut nommé
directeur de la musique d'Ottobeuern , et
après l'extinction de cet ordre, il obtint
une place de pasteur. 11 a beaucoup com-
posé pour l'église; Michel Haydn estimait
son savoir et en faisait souvent l'éloge.
CLARI (jea^charles marie) , maître
de chapelle de Pistoie, naquit à Pise, en
1669. On le considère avec raison comme
le meilleur élève de Jean-Paul Colonna ,
maître de chapelle de lVglise de Saint-
Pétronne, à Bologne. En 1695, il com-
posa pour le théâtre de celte ville l'opéra
intitulé II Savio délirante, qui fut fort
applaudi. Mais ce qui assure surtout une
gloire immortelle à ce compositeur , c'est
la Collection de duos et de trios pour le
chant, avec la basse continue, qu'il a pu-
bliée en 172Ô. Celte œuvre, où l'on trouve
une invention soutenue , un goût pur et
une science profonde , forme , avec les
compositions du môme genre de l'abbé
Stefani , une époque importante dans l'his-
toire de l'art , car on y voit succéder aux
réponses réelles du genre fugué ancien, les
réponses tonales , et la modulation à la
moderne , qui en est le résultat. Le style
des épisodes, qu'on nomme vulgairement
en France les diverlissemens de la fugue
y sont admirables, et c'est la meilleure
élude qu'on puisse conseiller aux élèves.
Mirecki , compositeur polonais , en a
donné une édition, avec un accompagne-
ment de piano, Paris, Carli, 1823. Oq
trouve à la Bibliothèque royale de Co-
penhague un Slabat à quatre voix avec
orchestre, en manuscrit, de la composi-
tion de Clari. Ses autres compositions pour
l'église sont : 1° Dexlera Domine, à
quatre voix, 2° Benediclus à deux chœurs;
3° Ave Maris Stella, à quatre voix et
orchestre; 4° Domine, à quatre voix et
orchestre. On ignore l'époque où ce com-
positeur justement célèbre a cessé de vivre.
CLAUKE (jiîre'mie) , musicien anglais,
né vers 1668, fit son éducation musicale
à la chapelle royale , sous la direction du
docteur" Blow , qui conçut pour lui tant
d'amilié qu'il résigna en sa faveur ses places
d'aumônier et de maître des enfans de
Saint-Paul. Clarke prit possession de ces
places en 1693. Peu de temps après il fut
nommé organiste de la cathédrale. Au
mois de juillet 1700, il devint surnumé-
raire de la chapelle du roi , dont il fut élu
organiste quatre ans après. 11 eût été par-
faitement heureux s'il ne se fût épris d'une
jeune personne dont il ne put obtenir la
main : cette passion malheureuse le porta à
se donner la mort au mois de juillet 1707.
L'explosion du pistolet qui lui ôta la vie
se faisait entendre au moment où son ami
Rcading , organiste de Saint-Dunstan, en-
trait chez lui. Les compositions de Clarke
sont peu nombreuses; elles consistent prin-
cipalement en antiennes, qui sont fort
estimées en Angleterre. Les plus connues
sont : 1° I will love thee, qu'on trouve
dans le recueil intitulé Harmonia sacra;
1° Bow down thine ear; 3° Praise the
lord, ô Jérusalem. Il a publié un recueil
de leçons pour le clavecin sous le titre des
Quatre Saisons, Londres, 1699. On
trouve quelques chansons de sa composi-
tion dans la collection qui a pour titre :
Pdls lo purge melancoly . Il a composé
aussi la ballade The bonny grey eyed
CLA
CLA
155
man, pour la comédie Thefound husband
(Le mari passionné ) de d'Urfey.
CLARKE (le docteur john ) , connu
maintenant sous le nom de Clarke VPh.it-
field , est né à Glocestcr, en 1770. Il
commença ses études musicales à Oxford,
en 1789, sous la direction du docteur
Philippe Haycs. En 1793, il se rendit à
Ludlow pour y prendre possession de l'or-
gue de St. -Sauveur. Dans la même année,
il prit ses degrés de bachelier en musique
à l'université d'Oxford. Deux ans après il
passa en Irlande, et fut nommé organiste
de l'église principale de Armagh et en-
suite maître des enfans de chœur de 1 c-
glise du Christ et de la cathédrale de Saint-
Patrick à Duhlin. Le grade de docteur en
musique lui fut aussi conféré à la même
époque par le collège de la Trinité à Du-
blin. En 1798, il retourna en Angleterre
où il était appelé comme maître des enfans
de chœur des collèges de la Trinité et de
Saint-Jean à Cambridge , places qu'il
occupa pendant vingt ans. En 1799 il fut
admis docteur en musique à l'université de
Cambridge, et en 1810, on lui conféra la
même dignité à celle d'Oxford. Dix ans
plus tard le docteur Clarke a été nommé
organiste et maître des enfans de chœur de
la cathédrale d Hcreford , où il réside main-
tenant. Ses compositions vocales sont nom-
breuses. Les principales sont : 1° Quatre
volumes de musique d'église, publiés à
Londres, en partition, à diverses époques ;
2° Divers recueils de glees (chansons);
3° Deux volumes de chants sur des poé-
sies originales de sir Waller Scott et de
Lord Byron ; 4° Un oratorio en deux actes;
le premier contenant le crucifiement , et
le second , la résurrection. Le crucifie-
ment a été exécuté avec pompe à la fête
musicale {musical festival) d'Hereford ,
en 1822, par un orchestre nombreux di-
rigé par Cramer , et la résurrection Ta été
en 1825, dans une circonstance sembla-
ble. Le docteur Clarke est éditeur de plu-
sieurs collections iutéressantes , telles que
les oratorios de Handel , arrangés pour le
piano , en quinze volumes in-fol. , les
beautés de Purcell , en deux volumes;
deux volumes d'antiennes des maîtres les
plus célèbres, YArtaxèrces de Arne; et la
musique de Macbeth par Mathieu Lock.
CLASING (jean-hermann), né «à Ham-
bourg en 1779, fit ses éludes musicales
dans cette ville , sous la direction de
Schwcnke, et y devint ensuite professeur
de musique et pianiste. La composition
de deux oratorios , La Jille de Jeplilé , et
Belsazar , l'a fait connaître avantageuse-
ment. Il a publié aussi quelques pièces pour
le piano, et a arrangé les ora lorios de Handel
pour cet instrument. Clasing est mort à
Hambourg le 7 février 1829, à l'âge de
cinquante ans , après avoir passé les der-
nières années de sa vie dans un état de
maladie et de souffrance. Les principaux
ouvrages de Clasing sont : 1° Pater N osier,
en allemand , à quatre voix , sans accom-
pagnemeut , gravé comme supplément de
la Gazette musicale de Leipsick (ann. 24,
n° 4) ; 2" Belsazar, oratorio en trois par-
ties pour quatre voix , chœur et orchestre,
gravé en partition réduite pour le piano;
en 1 825 ; 3° La louange du Très Haut
(en allemand), pour contralto et basse,
avec orgue ou piano obligé (supplément
de la gazette musicale de Leipsick, n° 5 ,
28e ann.); 4° La fille de Jeplilé, oratorio
en trois parties pour trois voix , chœur et
orchestre, en manuscrit; 5° Micheli et
son fils, opéra , suite des Deux Journées
de Cherubini ; cet ouvrage fut représenté
avec succès à Hambourg, en 1806, et a
été gravé en partition réduite ; 6° Welchev
ist der rechte ? (quel est le vrai ?) , opéra-
comique représenté en 1811. Parmi les
compositions instrumentales de Clasing,
on remarque un trio pour piano , violon
et violoncelle , op. 4 , une fanlaisie pour
piano et violoncelle, op. 8, un rondo
pour piano, op. 9 , deux fantaisies pour
piano seul , op. 13 et 14, et une sonate
pour piano et violon , op. 10.
CLAUDEDECOmiÈGE.r.MERULO
(cladde).
156
CLA
CLAUDIA, joueuse de cythare, dont le
nom nous a été transmis par une inscrip-
tion rapportée par Gruter (Corpus inscrip.,
t. I, part. 2, p. 654), et que voici :
D. M.
AVXESI
CLAVDIAE. CITHAROEDAE
CONIVGI
OPTIMAE
CORNELIVS. NERITVS
FEC1T. ET. SIBI
CL AUDI ANUS (mammertus) , prêtre,
vécut à Bienne, vers l'an 461 ; il était
frère de l'évêque de cette ville. Il a com-
posé beaucoup d'hymnes et de psaumes ,
qu'il enseignait lui-même aux chanteurs
de son église. Sidoine Apollinaire dit que
ce fat Claudianus qui introduisit dans
l'office les petites litanies qu'on est dans
l'usage de chanter trois jours avant la Pen-
tecôte et dans les calamités publiques. On
le regarde aussi comme l'auteur de l'hymne
de Ja Passion : Pange lingua gloriosi
prœlium, dont le chant est fort beau : tou-
tefois il est douteux que ce chant remonte
à une si haute antiquité. Il ne faut point
confondre ce Claudianus Mammertus avec
Claude Mamertin , orateur latin du 3e siè-
cle, ni avec un autre Claude Mamertin , à
qui l'on doit un panégyrique de l'empereur
Julien , prononcé en 362.
CLAUDIN. V. SERMISY (claude).
CLAUDIN LE JEUNE. V. LEJEUNE
(claude).
CLAUDIUS ( georges-charles ) , ama-
teur de musique, né le 21 avril 1757 à
Zschopau , est mort à Leipsick le 20 no-
vembre 1815. Il apublié plusieurs recueils
de sonates, des rondeaux et d'autres pièces
pour le piano. Je crois que c'est le même
qui a écrit quelques morceaux pour l'é-
glise , et un opéra intitulé Arion.
CLAUFEN (jean-gottlob), organiste à
Auerback, vers le milieu du 18e siècle,
s'est fait connaître par des trios pour l'or-
gue, et des préludes pour des chorals, à
deux claviers et pédale , qui n'ont pas été
CLA
publiés , mais dont il y a beaucoup de co-
pies en Allemagne.
CLAUS (auguste) , maître de musique
du régiment d'infanterie de la garde, à
Dresde, a publié des recueils de contre-
danses pour le carnaval , à grand orches-
tre. Il est mort le 6 février 1822.
CLAVEAU (jean), né à Montauban ,
en 1761, était flûtiste au théâtre des Trou-
badours, vers 1792. Il a publié plusieurs
œuvres pour le flageolet, parmi lesquels
on remarque : 1° Six duos pour deux fla-
geolets, Paris, Imbault, 1792; 2° Recueils
de jolies valses allemandes pour deux fla-
geolets , livres un , deux et trois , Paris ,
1797 ; 3° Nouvelle méthode pour le fla-
geolet , mêlée de théorie et de pratique ,
Paris, 1798.
CLAVEL ( joseph), né à Nantes, en
1800, fut admis au Conservatoire de Paris,
pour l'étude du violon , en 1813 , dans la
classe de Rodolphe Kreutzer. Après avoir
achevé ses études musicales , et avoir ob-
tenu le premier prix de violon, au concours
de 1818, il a été nommé professeur ad-
joint pour le même instrument, et depuis
1819 il occupe cette place. Après avoir
été pendant plus de dix ans un des pre-
miers violons du Théâtre-Italien , il est
entré à l'orchestre de l'Opéra, en 1830.
M. Clavel est chef des seconds violons des
concerts du Conservatoire. Il s'est fait
connaître comme compositeur par trois
œuvres de duos pour deux violons, un œu-
vre de quatuors pour deux violons, alto
et basse, trois sonates, plusieursairs variés
et quelques romances. Ces ouvrages ont
été gravés à Paris, chez MM. Frey, Ri-
chault et Pacini.
CLAVIS (. . .), maître de musique de
la cathédrale de l'académie d'Arles, vivait
dans la première moitié du 18e siècle. Il
a composé la musique d'un ouvrage qui
avait pour titre : Fêle spirituelle en
l'honneur de la reine, en un acte, chantée
à Arles , le 18 septembre 1730.
CLAYTON (thomas), musicien anglais,
né vers 1665 , fit partie de l'orchestre de
CLE
CLE
157
la chapelle royale, sous les règnes de Guil-
laume III et de son successeur. C'était un
artiste médiocre, mais avec du charlata-
nisme , il était parvenu à faire croire à la
réalité de son talent. Dans sa jeunesse , il
avait voyagé en Italie, et en avait rapporté
divers morceaux qui étaient inconnus en
Angleterre. Il les parodia sur des paroles
anglaises pour en faire une Arsinoè , le
premier opéra anglais qui ait été repré-
senté. La prévention qu'il y avait en sa
faveur, fit que cet ouvrage réussit. Encou-
ragé par ce succès , il mit en musique l'o-
péra de Rosamonde , d'Adisson , et le fit
représenter en 1707j mais malgré la bonne
volonté de ses admirateurs, la pièce tomba
à la troisième représentation.
CLEEMANN (frederic-joseph-chris-
tophe), naquit le 16 septembre 1771 , à
Criwitz , dans le duché de Mecklenburg-
Schwerin ( et non à Sternherg , ainsi que
le disent Gerber et Lichtenthal). Il fut
d'abord candidat et professeur à Ludwigs-
lust , et passa ensuite à Sternberg , où il
fut nommé collaborateur du surintendant
des écoles, vers 1799. Plus tard il s'est
retiré à Parchim, où il cultivait la musi-
que et les lettres comme amateur. Il est
mort dans ce lieu le 26 décembre 1825.
On a de lui : 1° Odes et chansons pour le
clavecin, Ludwigslust, 1797, seize feuilles;
2° Handbuch der Tonkunst ( Manuel de
musique) , deux parties , gr. in-8° , Lud-
wigslust, 1797. Lichtenthal indique la
date de 1800 ; c'est une erreur.
CLEGG (jean) , bon violiniste , né en
Angleterre, en 1714, n'était âgé que de
neuf ans lorsqu'il se fit entendre à Lon-
dres, en 1723 , dans un concert dont l'an-
nonce indiquait qu'il exécuterait plusieurs
morceaux , entre autres , un concerto de
Vivaldi. Hawkins dit que son maître
fut Dubourg , artiste célèbre de ce temps
{Voyez Dubourg ) ; cependant les gazettes
de Dublin (1731) disent que Clegg était
élève de Bononcini. Après avoir demeuré
quelque temps à Dublin , Clegg retourna
à Londres, et son talent l'y plaça au-
dessus de tous les autres violinistes de
son temps, tant par la beauté du son qu'il
tirait de l'instrument que par la légèreté
de son exécution. En 1742, sa raison se
dérangea , et il fut enfermé à l'hôpital de
Bedlam. Pendant long-temps, une multi-
tude de curieux se rendit en ce lieu pour
l'entendre jouer du violon dans les accès
de sa folie.
CLEMANN (balthazar) , n'est connu
que par deux traités de musique, qui sont
restés en manuscrit. L'un , cité par Ma-
theson (Ehrenpforte, p. 108), est un traité
de contrepoint ; l'autre , indiqué par Blan-
kenbourg , dans son édition de la théorie
des beaux-arts de Sulzer (t. 3, p. 440),
est intitulé : Ex Musica didactica tem-
perirtes Monochordon. Il paraît que Cle-
mann a vécu vers 1680.
CLEMENT ( jacques), appelé par ses
contemporains Clemens non papa, fut
l'un des plus célèbres compositeurs du
16e siècle. Il naquit en Flandre, et fut le
premier maître de chapelle de l'empereur
Charles V. Guichardin (Description des
Pays-Bas) dit qu'il avait cessé de vivre
en 1566. On lui donna le sobriquet de
Clemens non papa, parce qu'on voulait
le distinguer du pape Clément VII dont
il fut le contemporain. Ses principaux ou-
vrages sont : 1° Missœ cum quatuor
vocibus , lib. 1-1%, Louvain , 1558 j
2" Cantionum sacrarum quatuor vocum ,
lib. l-VII, 1567, in-4°; 3° Chansons
françaises à quatre parties , Louvain,
1569 j 4° Missa defunctorum , Louvain ,
1580, in-fol. max. On trouve aussi quel-
ques morceaux de sa composition dans le
premier livre des chansons à quatre par-
ties, publié à Louvain en 1558, et dans
les Motetti del labirinto , Venise , 1554 ,
in-4°. En 1588, Antoine Barré a publiée
Milan un recueil de motets qui a pour
titre : Liber primus musarum cum qua-
tuor vocibus , seu sacra? cantiones , quas
vulgo motteta appellant. Clément est au
nombre des auteurs dont les compositions
forment cette collection. Le stvle de Clé-
158
CLE
ment est clair, son harmonie pnre, simple
et naturelle, et l'opinion publique, qui
place ce compositeur au rang des plus ha-
biles du 16e siècle, est justifiée par le
mérite de «es ouvrages.
CLÉMENT (l'abbe) , né en Provence,
en 1697, fut chanoine de Saint-Louis du
Louvre. Il est connu par des poésies fugi-
tives, et particulièrement par une Ode sur
les progrès de la musique sous le règne
de Louis-le-Grand , pièce qui a remporté
le prix de l'Académie française , en 1735,
et qui a été imprimée à Paris, en 1736,
in-12.
CLÉMENT (charles-françois), neveu
du précédent, né en Provence, vers 1720,
fut professeur de clavecin à Paris, où il a
publié : 1° Essai sur V accompagnement
du clavecin , 1758 , in-4° obi. ; 2° Essai
sur la basse fondamentale , pour servir
de supplément à l'Essai sur l'accompa-
gnement du clavecin , et d'introduction
à la Composition pratique, Paris, 1762,
in-4° oblong. La deuxième édition de ces
ouvrages a paru sous ce titre : Essai sur
l'accompagnement du clavecin par les
principes de la composition pratique et
de la basse fondamentale, Paris, in-fol.
obi. gravé, sans date. Casanova dit, dans
ses mémoires, qu'il a connu Clément à Pa-
ris : il donnait alors des leçons de musique
à Silvia, actrice du Théâtre-Italien, dont
il était amoureux et qu'il devait épouser :
mais ce mariage fut ensuite rompu. Il a
donné au Théâtre-Italien, La Pipée, en
deux actes (1756), qu'il a parodiée sur la
musique du Paratoio , opéra de Jomelli,
et à rOpéra-Comique, dans la même an-
née, La Bohémienne , en deux actes. On
connaît aussi de lui deux cantatilles inti-
tulées Le Départ des guerriers et Le Re-
tour des guerriers ; un livre de pièces de
clavecin avec accompagnement de violon ;
enfin , un journal de clavecin , dont il a
paru sept cahiers.
CLEMENT (jean-georges), appelé dé-
menti par Gerber, maître de chapelle à
l'église cathédrale de Saint- Jean , à Bres-
CLE
lau , est né dans cette ville vers 1710.
M. Hoffmann , qui a consacré à cet artiste
un article dans sa biographie des musiciens
de la Silésie, n'a pu découvrir aucune
particularité sur sa vie , si ce n'est qu'il fit
le 5 novembre 1785 le jubilé de sa place
de maître de chapelle de Saint-Jean , qu'il
occupait depuis cinquante ans. Clément
fut aussi directeur du chœur de l'église de
Sainte-Croix, notaire apostolique, et che-
valier de l'Éperon d'or. 11 a beaucoup
écrit pour l'église , mais nonobstant sa fé-
condité, il était dépourvu d'imagination
et de toute connaissance de l'art d'écrire.
Ses idées sont mesquines, son style est
lâche et vide , et ses ouvrages sont remplis
de fautes grossières. Parmi ses composi-
tions, on cite : 1° Messe de requiem com-
posée pour les obsèques de l'empereur
Charles VI ; 2° Diverses pièces de musique
avec orchestre pour le roi de Prusse Fré-
déric II, pour l'inauguration de l'église
catholique de Sainte-Edwige , à Berlin , et
pour l'inauguration de la statue de St.-
Jean ; 3° Lamentations pour les mercredi,
jeudi et vendredi saints ; 4° Douze messes,
dans les diverses églises catholiques de
Breslau ; 5° Deux messes de morts ; 6° Cinq
introïts ; 7° Vingt-sept offertoires ; 8° Dix-
huit graduels; 9° Trois vêpres complètes;
10° Huit airs d'église; 1 1° Trois Te Deum;
12° Quatre stations; 13° Neuf hymnes;
14° Trois Noclurni jigurales; 15° Deux
Salve Regina; 16° Six Ave Regina;
17° Sept litanies; 18° Responsorium in
lotione pedum; 19° Un Credo ; 20" Alle-
luja et versus insabato sanclo. Tous ces
ouvrages sont restés en manuscrit. Clément
a eu deux fils; après sa mort, l'un d'eux
s'est fixé à Vienne, où il s'est fait profes-
seur de musique; l'autre, qui avait quel-
que talent sur le violon, demeura plusieurs
années à Breslau. Celui-là était né dans
cette ville en 1754. Sous le nom de Cle-
mentiW fut admis d'abord dans la chapelle
de Slutlgard comme premier violon (en
1790), puis se rendit à Cassel (en 1792) ,
et enfin fut nommé maître de chapelle du
CLÉ
duc de Wurtemberg à Carlsruhe. On ignore
l'époque de sa mort.
CLÉMENT (François), violinistc dis-
tingué , particulièrement dans sa jeunesse ,
est né à Vienne le 19 novembre 1784.
Son père était écuyer tranchant chez le
comte deïlarsch , qui avait une assez bonne
musique composée de ses domestiques. Ce
seigneur ayant remarqué dans le jeune
Clément des dispositions extraordinaires
pour la musique, à lâge de quatre ans,
lui fit donner des leçons par son père , qui
jouait assez bien de cet instrument. Lors-
qu'il eut atteint sa septième année, il passa
sous la direction de Kurzweil , maître de
concert du prince Grapulwicb, et fit des
progrès si rapides, qu'après avoir reçu
pendant une année des conseils de cet ar-
tiste, il put se l'aire entendre sur son petit
violon dans un concert au Théâtre Impé-
rial. Lorsqu'il eut atteint 1 âge de douze
ans , son père entreprit avec lui un voyage
qui dura quatre ans. Après avoir parcouru
une partie de l'Allemagne , ils se rendirent
en Angleterre où ils rencontrèrent Hum-
mel. Clément y reçut des leçons de Jar-
nowich. 11 se fit entendre à Londres dans
les concerts de Drury-Lane, de Covent-
Oardcn et de Hannover-Square. Le roi
(Georges III) le fit venir à Windsor,
et parut frappé d'étonnement lorsqu'il
entendit cet enfant. A Oxford, Clément
joua un concerto de sa composition à
la solennité musicale où Haydn fut fait
docteur en musique. A Amsterdam il
obtint le plus brillant succès à la société
de Félix Merilis ; il en fut de même à
Prague, où il était allé à l'occasion du
couronnement de l'empereur. De retour à
Vienne, il reprit le cours de ses études ;
mais , ainsi qu'il arrive à tous ceux dont
les talens précoces sont trop tôt livrés au
public, Clément parut s'arrêter dans ses
progrès dès qu'il ne fut plus soutenu par
les applaudissemens. Admis en qualité de
violon solo à l'orchestre de la cour, il fut
aussi adjoint au maître de chapelle Sùss-
mayer pour la direction des coucerts. Ea
CLÉ
159
1802 il entra comme chef d'orchestre au
nouveau théâtre de Vienne, et il y resta
jusqu'en 1811. A celte époque, ayant
formé le projet de visiter la Russie avec un
noble polonais , il fit une excursion jusqu'à
Riga; mais par des circonstances qui ne
sont pas exactement connues, il fut con-
sidéré comme espion par le gouverneur
de cette ville , et envoyé sous escorte à Pé-
tersbourg. Cependant, après avoir été gardé
à vue pendant un mois dans la capitale de
la Russie, son innocence fut reconnue , et
on le ramena aux frontières de l'Autriche.
De là, il se mit en route pour Vienne,
donnant des concerts à Lcmbcrg , à Pcsth ,
et dans plusieurs autres villes. Pendant
son absence, sa place du théâtre avait
été donnée à son collègue Casimir Blu-
menthal ; cette circonstance l'obligea d'ac-
cepter une autre position à l'orchestre de
Prague qui était alors sous la direction de
Charles-Marie de Webcr. Pendant son sé-
jour en Bohême , il fit quelques voyages
pour donner des concerts à Dresde, à
Carlsbad, et dans d'autres villes. En 1818,
il fut rappelé au théâtre de Vienne; mais
en 1821, il quitta de nouveau sa place
pour voyager avec Mrae Catalani et diriger
ses concerts à Munich , Francfort , Stutt-
gard, Augsbourg, Nuremberg, Ratis-
bonne, Bambcrg, Carlsruhe, etc. Il eut
occasion de faire preuve dans ces voyages
d'une rare habileté dans l'art de diriger
des orchestres. Sa mémoire était prodi-
gieuse, et quelques répétitions suffisaient
pour lui faire savoir toute une partition
avec ses moindres détails d'inslrumenla-
tion. Son ouïe était délicate, et il saisis-
sait à l'instant la moindre faute faite par un
instrumentiste ou par un chanteur. Comme
violiniste, les biographes allemands as-
surent qu'il était né pour être un autre
Paganini, mais que sa paresse et son in-
différence l'ont empêché de développer les
dons heureux qu'il avait reçus de la nature.
Il paraît que sa situation actuelle n'est
point heureuse, et qu'il est tombé dans un
découragement absolu. 11 a composé et
160
CLE
CLE
publié environ vingt-cinq concertinos pour
le violon, un trio, un quatuor, douze
études , trois ouvertures à grand orchestre ,
six concertos , beaucoup d'airs variés , une
polonaise , un rondeau , un concerto pour
le piano, le petit opéra Le Trompeur
trompé, et la musique d'un mélodrame
intitulé Les deux coups de sabre. On
assure que toute cette musique est remar-
quable par la richesse et l'abondance des
idées.
CLEMENTI (muzio), célèbre pianiste et
compositeur, est né à Rome en 1752. Son
père, qui était orfèvre, aimait beaucoup la
musique , et fut charmé de trouver dans
le jeune Muzio des dispositions remarqua-
bles pour cet art. Il n'épargna rien pour
le lui faire étudier avec succès, et son pre-
mier soin fut de le placer sous la direction
de Buroni, son parent, qui était maître de
chapelle dans une des églises de Rome.
Dès l'âge de six ans , Clementi commença
à solfier, et à sept , il fut confié à un or-
ganiste nommé Cordicelli , qui lui ensei-
gna à jouer du clavecin et les principes
de l'accompagnement. A l'âge de neuf ans,
Clementi se présenta à un concours pour
une place d'organiste , et l'obtint après
avoir rempli d'une manière satisfaisante
les conditions du concours, qui consistaient
à accompagner une basse figurée, tirée des
œuvres de Corelli , en la transposant dans
différens tons. Il passa alors sous la direc-
tion de Santarelli, excellent maître de
chant , et deux ans après , il entra dans
l'école de Carpini , qui était considéré
comme un des meilleurs contrapuntistes
qu'il y eût alors à Rome. Il poursuivit le
cours de ses études jusqu'à l'âge de qua-
torze ans. A cette époque, un Anglais,
nommé Beckford, qui voyageait en Italie,
eut occasion de l'entendre, et fut si émer-
veillé de son talent sur le clavecin , qu'il
pressa le père du jeune artiste de le lui
confier pour l'emmener en Angleterre ,
promettant de veiller à sa fortune. Les
propositions de M. Beckford ayant été ac-
ceptées , Clementi fut conduit dans l'ha-
bitation de ce gentilhomme , qui était si-
tuée dans le Dorsetshire. Là, à l'aide d'une
bonne bibliothèque, et des conversations
de la famille, il acquit promptement la
connaissance de la langue anglaise, et fit
plusieurs autres études, sans négliger celle
du clavecin qu'il cultiva assidûment. Les
ouvrages de Handel , de Bach, de Scarlatti
et de Paradies devinrent les objets de ses
méditations , et perfectionnèrent son goût
en même temps que son doigté. A dix-huit
ans il avait non seulement surpassé tous
ses contemporains dans l'art de toucher le
piano , mais il avait composé son œuvre
deuxième, qui devint le type de toutes les
sonates pour cet instrument. Cet ouvrage
ne fut publié que trois ans après avoir été
écrit. Tous les artistes en parlèrent avec
admiration, et parmi eux, Charles Emma-
nuel Bach , juge si compétent , en fit les
plus grands éloges.
La renommée que cette publication ac-
quit à Clementi l'obligea à sortir de sa
retraite du Dorsetshire pour aller habiter
à Londres. Il y reçut aussitôt un engage-
ment pour tenir le piano à l'Opéra, ce qui
contribua à perfectionner son goût, par les
occasions fréquentes qu'il eut d'entendre
les meilleurs chanteurs italiens de cette
époque. Son style s'aggrandit, son exécu-
tion acquit plus de fini, et l'invention qui
brillait dans ses ouvrages ne tarda point à
porter son nom sur le continent. Vers
1780, il se détermina à visiter Paris, d'a-
près les conseils de Pacchiarotti. Il y fut
entendu avec enthousiasme, et la reine,
devant qui il eut l'honneur déjouer, lui
témoigna hautement sa satisfaction. Frappé
du contraste de l'impétueuse admiration
française avec la froide approbation des
anglais, Clementi a dit souvent depuis lors
qu'il ne croyait plus être le même homme.
Pendant son séjour à Paris, il composa
ses œuvres 5e et 6e , et publia une nou-
velle édition de son œuvre 1er, auquel il
ajouta une fugue.
Au commencement de 1781 , il partit
pour Vienneetpritsaroute par Strasbourg,
CLE
CLE
161
où il fut présenté au prince des Deux-Ponts
(feu roi de Bavière), qui le traita avec la
plus haute distinction. Il s'arrêta aussi à
Munich, où il fut également bien accueilli
par l'électeur. Arrivé à Vienne, il s'y lia
avec Haydn, Mozart, et tous les musiciens
célèbres de cette capitale. L'empereur Jo-
seph II , qui aimait beaucoup la musique,
prit souvent plaisir à l'écouter pendant
plusieurs heures, et quelquefois ce mo-
narque passa des soirées entières avec Mo-
zart et Clemenli , qui se succédaient au
piano. Clementi écrivit à Vienne son œu-
vre 7 e , composé de trois sonates , qui fut
publié par Artaria , l'œuvre 8e , gravé à
Lyon, et six sonates (œuvres 9e et 10e),
qui furent aussi mises aujour par Artaria.
A son retour en Angleterre, il fit paraître
sa fameuse Toccate avec une sonate (œu-
vre 11e) qu'on avait publiée en France,
sans sa participation , sur une copie rem-
plie de fautes. Dans l'automne de 1783 ,
Jean-Baptiste Cramer, alors âgé de quinze
ans, devint l'élève de Clemenli, après avoir
reçu des leçons de Schroeter et de F. Abel.
L'année suivante , Clementi fit un nou-
veau voyage en France , d'où il revint au
commencement de 1785. Depuis cette
époque jusqu'en 1802, il ne quitta plus
l'Angleterre , et se livra à l'enseignement.
Quoiqu'il eût fixé le prix de ses leçons à
une guinée, ses élèves étaient si nombreux,
qu'il lui était difficile de conserver quelque
liberté pour composer. Ce fut dans cet in-
tervalle qu'il écrivit tous ses ouvrages ,
depuis l'œuvre 15e jusqu'au 40e , et sou
excellente Introduction à l'art de jouer
du piano. Vers l'année 1800 , la banque-
route de la maison Longman et Broderip
lui fit perdre une somme considérable ;
plusieurs négocians du premier ordre l'en-
gagèrent à se livrer au commerce pour
réparer cet échec : il goûta ce conseil et
forma une association pour la fabrication
des pianos et le commerce de musique.
Le désir qu'il avait de donner aux instru-
mens qu'il faisait fabriquer toute la per-
fection désirable , lui fit abandonner l'en-
TOME III.
seignement pour se livrer à des études
mécaniques et à une surveillance active.
Le succès couronna son entreprise , et sa
maison devint une des premières de Lon-
dres , pour le genre de commerce qu'il
avait entrepris.
Parmi les bons élèves que Clementi a
formés , on distingue surtout Jean Field ,
l'un des plus habiles pianistes de son temps.
Ce fut avec cet élève favori que dans l'au-
tomne de 1802, il vint à Paris pour la
troisième fois. Il y fut reçu avec la plus
vive admiration, et Field y excita l'étonne-
ment par la manière dont il jouait les fu-
gues de Bach. Les deux artistes prirent ,
en 1803, la route de Vienne : Clementi
avait formé le dessein de confier Field aux
soins d'Albrechtsberger , pour qu'il lui en-
seignât le contrepoint. Field paraissait y
consentir avec plaisir, mais au moment où
son maître se préparait à partir pour la
Russie , il le supplia les larmes aux yeux
de lui permettre de l'accompagner : Cle-
menti ne put résister à ses prières, et tous
deux partirent pour Pétersbourg. Là , un
jeune pianiste , nommé Zeuner , s'attacha
à Clementi, et le suivit à Berlin et ensuite
à Dresde. On lui présenta dans cette ville
un jeune homme de la plus grande espé-
rance , nommé Klengel , dont il fit son
élève et avec qui il retourna à Vienne,
en 1804. M. Klengel est devenu depuis lors
un des premiers organistes de l'Allema-
gne. Ce fut alors que M. Kalkbrenner se
lia avec Clementi , et qu'il en reçut des
conseils qui "ont porté son talent au plus
haut point de perfection. Pendant l'été
suivant, Clementi et son élève Klengel
firent une tournée en Suisse. Le maître
retourna ensuite à Berlin , où il épousa sa
première femme. Il partit avec elle pour
l'Italie, dans l'automne de la même année,
et alla jusqu'à Rome et à Naples. De re-
tour à Berlin, il eut le malheur de perdre
sa compagne. Le chagrin qu'il en conçut
le fit partir brusquement pour Pétersbourgj
mais ne trouvant de soulagement que dans
les distractions inséparables des voyages,
II
162
CLE
CLE
il resta peu dans cette ville, et retourna à
Vienne. Ayant appris, peu de temps après,
la mort de son frère, il se rendit à Rome
pour des affaires de famille. La guerre qui
désolait alors l'Europe l'obligea de séjour-
ner à Milan et dans plusieurs autres villes
d'Italie; mais ayant saisi une occasion fa-
vorable, il retourna en Angleterre, où il
arriva dans l'été de 1810, après une ab-
sence de huit ans. L'année suivante il se
remaria , et une compagne aimable le con-
sola de la perte de sa première femme.
Il n'avait composé qu'une seule sonate
(œuvre 41e) pendant les huit années qu'a-
vaient duré ses voyages, ayant été absorbé
par la composition de ses symphonies, et
la préparation de sa collection précieuse
de pièces d'orgues et de clavecin , choisies
dans les œuvres des plus grands composi-
teurs. La société philharmonique ayant
été instituée, Clementi y fit entendre deux
symphonies, qu'on a exécutées plusieurs
fois, et qui ont été fort applaudies. Il en
a donné de nouvelles dans les concerts du
mois de mars 1824 , à la société philhar-
monique et au théâtre du roi.
Les œuvres de Clementi consistent en
cent et six sonates divisées en trente-
quatre œuvres, dont quarante-six avec ac-
compagnement de violon ou de flûte et de
violoncelle ; un duo pour deux pianos ;
quatre duos à quatre mains; une chasse;
une toccate célèbre ; une œuvre de pièces
caractéristiques , dans le style de plusieurs
grands maîtres ; trois caprices ; une fan-
taisie sur l'air : Au clair de la lune; vingt-
quatre walses ; douze montferrines ; une
introduction à l'art de jouer du piano
[Gradus ad Parnassum), divisée en deux
parties, ouvrage qui a eu douze éditions en
Angleterre, et qui a été réimprimé plu-
sieurs fois en Allemagne et en France ;
plusieurs symphonies et ouvertures à grand
orchestre; enfin il a été l'éditeur de celte
belle collection de pièces rares des plus
grands maîtres, publiées à Londres, en trois
vol. in-fol. obi. Le style des compositions
de Clementi est léger, brillant , plein d'é-
légance, et ses sonates resteront long-temps
classiques ; mais on ne peut nier qu'il n'y
ait de la sécheresse dans son chant , et
qu'il ne manque de passion. Sauf quel-
ques légères incorrections , ses ouvrages
sont généralement bien écrits. Comme
pianiste , les éloges qu'on lui donne sont
sans restrictions, et les plus grands artistes
s'accordent à le proclamer le chef de la
meilleure école de mécanisme et de doigté.
C'est lui qui a fixé invariablement les prin-
cipes de ce doigté et de ce mécanisme d'exé-
cution. Plusieurs éditions complètes de
ses œuvres ont été publiées à Leipsick et
à Bonn.
Clementi jouissait en Angleterre de la
plus haute considération , et les artistes
les plus distingués lui témoignaient du
respect. Possesseur de richesses considéra-
bles, il avait abandonné, dans les dernières
années de sa vie, la direction de sa maison
de commerce et de sa fabrique de pianos
aux soins de son associé, M. Collard. Re-
tiré dans une belle propriété à la campagne,
il y vivait dans le repos et venait rarement
à Londres. Dans une de ses visites en cette
ville, Cramer, Moscheles et beaucoup d'au-
tres artistes célèbres offrirent un banquet
au patriarche du piano. Vers la fin de la
séance, ils obtinrent de lui qu'il se ferait
entendre. Il improvisa ; et la jeunesse de
ses idées , et la perfection de son jeu dans
celte soirée mémorable , excitèrent autant
d'étonnement que d'admiration parmi son
auditoire. Ce dernier effort d'un grand ta-
lent fut, selon l'expression poétique, le
chant du cygne. Bientôt après, Clementi
cessa de vivre, et l'art le perdit le 10 mars
1832, à l'âge de quatre-vingts ans.
CLEMENTIUS (chrétien), musicien
qui paraît avoir vécu dans le 16e siècle ,
et dont Mattheson cite ( Ehrenpforle f
p. 106) un ouvrage théorique sous ce ti-
tre : Christ. Clementii et Orl. Lassi
principia de contextu et constructione
cantilenarum , lequel est manuscrit.
Hausmann , bourgmestre à Scliafslœdt ,
près de Halle, possédait aussi , vers 1790,
CLE
deux traités manuscrits du même auteur,
dont l'an était intitulé : Prœcepta theo-
rica , et l'autre Prœcepta practica.
CLEONIDES. Voy. EUCLIDE.
CLERAMBAULT (louis-nicolas), est
né à Paris, le 19 décembre 1676, d'une fa-
mille qui avait toujours été au service des
rois de France, depuis Louis XI. Il reçut
des leçons d'orgue et de contrepoint de Rai-
son, organiste de l'abbaye de Ste. -Geneviève
et des Jacobins delà rue St. -Jacques. Il suc-
céda à sonmaîtredanscettedernièreplace ,
et fut ensuite organiste de l'église Saint-
Louis , de la paroisse de St.-Sulpice et de
la maison royale de Saint-Cyr.LouisXIV,
ayant entendu une de ses cantates , en fut
si content , qu'il lui ordonna d'en composer
plusieurs pour le service de sa cbambre
(ce sont celles du troisième livre), et le
nomma surintendant de la musique parti-
culière de Madame de Maintenon. C'est
par ce genre de composition que Cleram-
bault s'est illustré : il en a publié cinq li-
vres parmi lesquels on trouve celle d'Or-
phëe , qui a eu beaucoup de vogue. Le
premier ouvrage de cet artiste consiste en
deux livres de pièces de clavecin , gravées
en 1707. Il a composé un office complet
à l'usage de l'abbaye de Saint-Cyr , et
un Livre d'orgue contenant deux suites
du premier et du second ton, qui fut
gravé à Paris, en 1710, in-4° obi. Enfin
il a fait représenter à l'Opéra Le Soleil
vainqueur des nuages, en 1721. On
connaît aussi de lui Le Départ du roi ,
idylle exécutée à la cour , en 174:5. Cleram-
bault est mort à Paris, le 26 octobre 1749.
CLERAMBAULT ( césar - françois-
nicolas), fils du précédent, fut organiste
de Saint-Sulpice , et occupa cette place
jusqu'à sa mort, arrivée le 29 octobre
1760. Il a fait graver un livre de pièces
de clavecin, Paris, sans date, in-folio
oblong , et un livre de pièces d'orgue.
Un autre fils de Louis-Nicolas Clerain-
bault, nommé Evrard-Dominique , a pu-
blié plusieurs livres de cantates, et des trios
pour le violon.
CLE
163
CLEREAU (pierre), musicien français
au 16e siècle, a publié : Chansons spiri-
tuelles à quatre parties, Paris, Nicolas
Du Chemin, 15..; 2° Tricinia, Paris,
1556, in-12.
CLÈVES (jean DE). Voyez JEAN DE
CLÈVES.
CLEVESAAL (georges) , chanteur à
Gœttingue , et maître de quartier au col-
lège de cette ville, mort en 1725, a fait
imprimer un discours sur la musique,
sous ce titre : Oratio de musicœ volup-
tate et commode ejus insigni, in supremo
electoralis pedagogii Gœttingensis Au-
ditorio IF. non. nov. anni 1706 habita,
quo die auctoritate eleclorali cantor et
collega rita renunciabalur , Gœttingue,
1707, in-4°, 19 pages.
CL1CQUOT ( FRANÇOIS-HENRI ) , né à
Paris, en 1728, fut le plus habile con-
structeur d'orgues qu'il y ait eu en France
dans le dix-huitième siècle. Son talent
consistait principalement à donner aux
jeux de l'orgue une bonne qualité de son
et une harmonie convenable ; mais ses in-
strumens ont le défaut, commun à toutes
les orgues françaises, d'être trop chargés de
jeux d'anches d'une grande dimension , tels
que les bombardes et les trompettes , qui
ne produisent qu'un son dur et rauque,
et de n'être point assez variés dans les jeux
de récit. Ce n'est point dans ce système
que sont construites les bonnes orgues d'Al-
lemagne et d'Italie. Le premier ouvrage
important de Clicquot fut l'orgue de Sainl-
Gervais, qu'il acheva en 1760. Cinq ans
après, il prit pour associé Pierre Dallery,
qui l'emportait sur lui pour le fini et la
disposition du mécanisme. C'est à leur
réunion qu'on dut les orgues de Notre-
Dame, de Saint-Nicolas-des-Champs , de
Saint-Méry, de la Sainte-Chapelle, et de
la chapelle du roi , à Versailles. Cette as-
sociation cessa avant que Clicquot entre-
prît l'orgue de Saint-Sulpice, le plus con-
sidérable de ses ouvrages. Cet orgue, quia
cinq claviers à la main, et un clavier de
pédale, est un trente -deux pieds , com-
11*
164
CLI
posé de soixante-six registres. Clicquot est
mort à Paris, en 1791. En 1708, un Clic-
quot était facteur d'orgues rue Phelippot ,
à Paris. Il avait construit en 1703 l'orgue
de l'église du chapitre de Saint-Quentin.
On ignore si c'était le père du fameux Clic-
quot.
CLIFFORD (jacques) , né à Oxford ,
fut d'abord enfant de chœur au collège
de la Madeleine, et devint ensuite chape-
lain à l'église Saint-Paul de Londres. Il
est mort en 1700. On lui doit la publica-
tion d'une collection d'antiennes et de
prières intitulée : Collection of divine
services and anthems usually sung In
Hls Magesly's chapell and In ail the ca-
thedral and collégiale choirs of En-
gland and Ireland , Londres, 1664,
in-12. On y trouve des détails curieux sur
la musique d'église en Angleterre , les
noms de soixante-dix compositeurs, et des
instructions pour les organistes.
CLIFTON (jean-charles), né à Lon-
dres, en 1781, a fait ses premières études
musicales sous la direction de Bellamy ,
maître des enfans de chœur de la cathé-
drale de Saint-Paul , et a reçu ensuite des
leçons de Charles Wesley. Son père , qui
était négociant, le destinait au commerce,
mais ses liaisons avec Cimador, Spagno-
letti, et quelques autres musiciens forti-
fiaient son penchant pour la musique , et
lui donnaient un dégoût invincible pour la
carrière qu'on voulait lui faire embrasser.
Il s'établit d'abord à Bath, comme profes-
seur de musique , et y publia quelques
glees et chansons qui le firent connaître.
En 1802, il alla se fixer à Dublin, où il
fit paraître plusieurs compositions pour le
piano , et une notice biographique sur le
musicien Jean Stevenson, son ami, qui fut
insérée dans la Revue littéraire de Dublin.
En 1815, il composa pour le théâtre de
Crow-Street un petit opéra intitulé Ed-
win, qui eut quelque succès. Après avoir
passé quatorze ans en Irlande , il revint à
Londres, en 1816, au moment où il venait
d'achever une théorie simplifiée de l'har-
CLO
monie. Il avait inventé une machine, qu'il
appelait E idomuslcon , et qui était des-
tinée a être attachée au piano pour écrire
les improvisations {Voyez Engramelle ,
FREKEetUNGER);il avait eu d'abord le des-
sein de la faire exécuter ; mais la dépense
énorme que cela devait lui occasionner l'a
fait renoncer à cette entreprise. Il est
maintenant professeur de piano à Londres
d'après la méthode de Logier.
CLINIO (the'odore), né à Venise, de-
vint chanoine de Saint-Sauveur, dans cette
ville, en 1590, et mourut en 1602. lia
laissé en manuscrit Falsi bordoni a otto
voci. Le catalogue de la bibliothèque du
roi de Portugal indique aussi sous le nom
de cet auteur , Mlssœ sex vocum, llb. 1.
CLINTHIUS (david), littérateur alle-
mand qui n'est connu que par une disser-
tation intitulée : Disputatio de Echo ,
Wittemberg, 1655.
CLONAS , musicien grec, dont parle
Plutarque, d'après Héraclide, vivait peu
de temps après Terpandre. Il était de
Tégée, suivant les Arcadiens; mais les
Béotiens le réclamaient comme leur com-
patriote , et affirmaient qu'il était né à
Thêbes. Il fut l'un des premiers qui com-
posèrent des nomes ou airs pour la flûte.
Ces nomes étaient l' A pothètos , le Schœ-
nlon et le Trlméres. L'invention de ce
dernier est particulièrement attribuée à
Clonas , dans les registres des jeux publics
de Sicyone , consultés par Plutarque.
CLOTZ (mathias), luthier célèbre, na-
quit dans le Tyrol , vers 1640. Ayant été
admis dans l'atelier de Jacques Steiner, il
devint son meilleur élève. Après la mort
de son maître , il établit une manufacture
d'instrumens dont les formes sont en gé-
néral imitées de celles de Steiner, mais dont
la qualité de son est moins argentine. La
plupart des violons de Clotz ont été fabri-
qués depuis 1675 jusqu'en 1696. 11 existe
cependant des instrumens qui portent le
nom de Mathias Klotz, et une date posté-
rieure, mais on croit qu'ils ont été fabri-
qués par les fils de cet artiste, et que ceux-
CLU
COB
165
ci n'ont mis leurs noms aux violons et
violes sortis de leurs ateliers qu'après la
mort de leur père. J'ignore sur quels fon-
demens Olto a donné à Clotz le père le
prénom à'Egitia ( Ueber den Bau der
Bogeninstrumente,^. 81); tousles instru-
mens de cet artiste que j'ai vus portent
celui de Mathias. C'est à tort aussi que
Gerber a orthographié , dans son ancien
lexique des musiciens, le nom de Clotz de
cette manière : Klotz.
Georges et Sébastien Clotz, fils de ce
luthier, ont fabriqué des violons qui ne
sont pas dépourvus de mérite, mais qui
sont moins recherchés que ceux de leur
père. Ces artistes avaient pour habitude ,
lorsqu'un instrument de leur fabrique était
meilleur que d'autres , et plus parfaits
dans les détails des formes, de leur mettre
une étiquette indiquant le nom de Stei-
ner j c'est à cette fraude qu'il faut attri-
buer les faux Steiner qu'on trouve dans le
commerce. Toute la famille Clotz a vécu
dans le Tyrol , et y a formé de nombreux
élèves , fondateurs de toutes les fabriques
d'instrnmens de ce pays.
CLUVER (dethlef), mathématicien et
astronome, naquit à Slcwig, vers le milieu
du 17e siècle. Après avoir voyagé en France
et en Italie , où il séjourna trois ans , il se
rendit à Londres , y enseigna les ma-
thématiques, et y établit une imprime-
rie. La société royale de Londres l'admit
au nombre de ses membres en 1678. Ayant
été obligé de faire un voyage dans sa pa-
trie, en 1687, il eut le malheur de perdre
son imprimerie et sa bibliothèque qui fu-
rent détruites par l'incendie pendant les
troubles de la révolution anglaise. Réduit
à une grande détresse , et sans autre res-
source que sa plume, Cluver passa le reste
de ses jours à Hambourg , et mourut en
1708. Parmi les ouvrages qu'il a publiés ,
il a donné dans les Qbservationes hebdo-
madœ de Hambourg (ann. 1707, n. xiv),
un mémoire sur un système de proportions
des intervalles des sons. Ce système a été
attaqué avec violence par Mattheson, dans
son Forschender Orchestre (p. 263-266),
et par Heufling , dans les Miscellanées de
Berlin (ann. 1710, tome I, partie III,
p. 265-294). Moller n'a pas cité le mé-
moire de Cluver parmi ses ouvrages, dans
la notice qu'il a donnée sur cet écrivain.
( Cimbria Literata , 1. 1 , p. 99-103.)
CNIRIM (Constantin), on plutôt Knie-
riem , naqnit à Eschwege, dans la seconde
moitié du 16e siècle, et devint recteur dans
sa ville natale , en 1605. Quelque temps
après il passa à Ober-Hohna, en qualité de
prédicateur : il y est mort en 1627. On a
de lui : Isagoge musica ex probatissimo-
rum auctorum prœceptis observata, etc.,
Erfurt, 1610, in-8°.
COBBOLD (william ), musicien an-
glais, qui vivait dans le 16e siècle, a com-
posé des psaumes qu'on trouve dans la col-
lection publiée en 1591, par Thomas Este;
un de ses madrigaux a été inséré dans le
recueil publié à Londres, en 1601 , sous
ce titre : The Triumphs of Oriana.
COBER (georges) , musicien allemand
qui vivait vers la fin du 16e siècle , s'est
fait connaître par un ouvrage intitulé :
Tyrocinium w^s/cum, Nuremberg, 1589,
in-8°. Ce livre est un traité des élémens
de la musique à l'usage des écoles primaires
de Nuremberg.
COBERG (jean-antoine), organiste de
la cour à Hanovre, naquit en 1650 à Ro-
thenbourg sur la Fulde , dans la Hesse. Il
était fort jeune lorsqu'il se rendit à Ha-
novre pour s'y livrer à l'étude de la mu-
sique , sous la direction de Clamor Abel et
de Nie. -Ad. Strunck. Dirigé par ces ar-
tistes, il parvint à une grande habileté
dans l'art de jouer du clavecin et de l'orgue ,
et acquit des connaissances étendues dans
l'harmonie et le contrepoint. L'abbé Stef-
fani, qui l'avait pris en affection, lui fit
connaître le style des bons compositeurs
italiens, et lui enseigna l'art du chant.
Doué de beaucoup de mémoire et d'intelli-
gence, Coberg apprit aussi en peu de temps
le latin , l'italien et le français. Après que
ses études furent terminées , on le nomma
166
COC
COG
organiste de la ville neuve de Hanovre , et
quelques années après , il fut appelé à la
cour électorale pour remplir les mêmes
fonctions. Ses talens lui procurèrent la
faveur du duc Jean-Frédéric , et de l'élec-
teur Ernest-Auguste. Comme musicien de
la chambre, il fut chargé d'enseigner la
musique aux princes et princesses , et
lorsque le roi de Prusse eut épousé la prin-
cesse électorale de Hanovre, il suivit son
élève à Berlin. Deux fois il fut appelé dans
cette capitale pour v continuer l'éducation
musicale de la reine , et telle fut la faveur
dont il jouissait dans les deux cours , qu'il
lui fut permis d'y remplir concurremment
deux places d'organiste, et d'en cumuler
les traitemens. Coberg mourut à Hanovre
en 1708. Il a laissé en manuscrit des suites
de pièces de Clavecin , des règles d'accom-
pagnement, et beaucoup de musique d'é-
glise. Une partie de ces ouvrages a été
acquise de la veuve du compositeur par la
cour de Hanovre ; l'autre a passé dans les
mains de son neveu Heinert , chantre à
Minden.
COCATRIX (....), amateur de musi-
que, né à la Piochelle, vers 1770 , se ren-
dit à Paris en 1797, et y fut employé dans
les bureaux de la marine , puis réformé
en 1800. Assez bon musicien et jouant du
violon , il s'était lié avec le fournisseur
Armand Seguin , amateur comme lui , qui
lui suggéra le dessein d'écrire un journal
concernant la musique. Cejournal parut en
1803 sous le titre de Correspondance des
professeurs et amateurs de musique, rédi-
gée par le citoyen Cocatrix. 11 en parais-
sait une feuille in-4° chaque semaine. Cette
publication ne se soutint qu'environ dix-
huit mois. La rédaction en était faible et
manquait d'intérêt et de variété. Le ré-
dacteur n'avait pas d'ailleurs le savoir né-
cessaire pour une telle entreprise, et ses
opinions étaient entachées de beaucoup de
préjugés de son temps. Vers la fin de 1804,
M. Cocatrix s'est éloigné de Paris; on
jrrnore ce qu'il est devenu.
COCCH1 (joachim), maître de chapelle
au conservatoire d'egli Incurabili , à Ve-
nise , naquit à Padoue en 1720. Son pre-
mier opéra , intitulé Adélaïde , fut repré-
senté à Rome en 1743; en 1750 Cocchi
était à Naples , où il obtint des succès dans
plusieurs ouvrages. Ce fut peu de temps
après cette époque qu'il alla à Venise
prendre possession de sa place de maître
de chapelle. En 1757, il partit pour l'An-
gleterre et y fit représenter plusieurs opé-
ras ; mais n'ayant, point réussi à faire
goûter sa musique, il s'adonna pendant
près de quinze ans à l'enseignement du
chant, ce qui lui procura des sommes
considérables. Il publia aussi à Londres
deux suites de pièces de clavecin , des ou-
vertures et des cantates. En 1773 , il re-
tourna à Venise, et y reprit ses fonctions
de maître au conservatoire. Il est mort dans
cette ville en 1794. Quoique ce composi-
teur ait eu un instant de vogue en Italie,
surtout pour le genre bouffe, et bien qu'on
l'ait comparé à Galuppi , il avait peu d'ima-
gination, et n'est recommandable que par
la clarté de son style et une gaieté assez
franche. Voici la liste de ses ouvrages ;
1° Adélaïde } à Rome , en 1743 ; 2° Baja-
setle , à Rome, 1746; 2° bis, Giuseppe
ricoiwsciuto , Naples , 1748 ; 3° Arminio ,
à Rome, 1749; 4° Siroe,k Naples, 1750;
5° La Mascherata , 1751 ; 6° Le Donne
vendicate , 1752; 7° La Gouvernante
rusée y 1752; 8° Il Pazzo glorioso , à
Venise, 1753; 9° Semiramide ricono-
sciuta, 1753; 10° Rosaurajedele, 1753;
11° Demofoonte , 1754 ; 12° / Mattiper
amore, 1756 ; 13° Zoe, 1756; 14° Emira,
à Venise, 1756; 15° Gli Amanli gelosi,
à Londres, 1757 ; 16° Zenobia, 1758;
1 7° Issifile , 1 758 ; 1 8° Ciro riconosciuto ,
1759 ; 19° Il Tempio délia Gloria, 1 759 ;
20° La Clemenza di Tito, 1760 ; 21° Er-
ginda, 1760; 22» Tito Manlio , 1761;
23° Grande serenata, 1761 ; 24° Ales-
sandro nell' Indie, 1761 ; 25° Le Nozze
di Dorina , 1762; 26° La Famiglia in
scompiglia , 1762.
COCCIA (charles)j fils d'un violiniste
coc
COG
167
de Naples , naquit en cette ville au mois
d'avril 1789. Son père l'avait destiné à
étudier l'architecture; mais son goût pas-
sionné pour la musique lit changer ce pro-
jet. Un maître obscur, nommé Visocchi ,
enseigna à Coccia les premiers principes
de la musique. Il avait une jolie voix de
soprano et chantait dans les églises. A l'âge
de neuf ans il reçut des leçons de Pietro
Capelli. Déjà il s'essayait à écrire, et il
n'avait point encore atteint sa treizième
année quand il composa une sérénade,
quelques solfèges, une cantate et un ca-
price pour le piano. Ensuite il continua
ses études au Conservatoire sous la direc-
tion de Fenaroli et de Paisiello. Ce dernier
maître l'avait pris sous sa protection spé-
ciale : ce fut à ses recommandations que
Coccia dut l'avantage d'être admis comme
professeur de musique dans les meilleures
maisons de Naples, et d'être nommé ac-
compagnateur au piano de la musique
particulière du roi Joseph Bonaparte.
En 1808, Coccia écrivit son premier
opéra pour le théâtre Valle, de Rome,
sous le titre II Matrimonio per cambiale :
cet ouvrage ne réussit pas. Découragé par
ce premier échec, le compositeur voulait
renoncer au théâtre et retourner à Naples
pour y reprendre ses paisibles occupations ;
mais Paisiello lui rendit le courage, et l'en-
gagea à écrire pour toutes les villes où il
obtiendrait des engagemens. Coccia alla
donc à Florence, et y composa : 2° Il
Poeta forlunato , qui fut bien accueilli,
et qui fut suivi d'un grand nombre de
pièces, notamment : 3° La Verità nella
bugia, à Venise, 1810; 5° bis, Voglipt
di dote e non di moglie , Ferrare, 1810.
A la seconde représentation de cet ouvrage ,
le bouffe Lipparini ayant été atteint d'une
indisposition subite, Coccia chanta son
rôle , et fut fort applaudi ; 4° La Matilde,
1811 ; 5° / Solilari, Venise , 1812 ; 6° //
Sogno verificalo , 1812; 7° Arrighetlo,
Venise, 1814; 8° La Selvagia, 1814;
9° Il Crescendo, 1 8 1 5; 1 0° Euristea, 1815;
11° Evelina, à Milan, 1815; 12° / Be-
gli usi dl città, Milan, 1816; 15° Clo-
tilde, à Venise, 1816 ; 14° Rinaldo d'Asti,
Rome, 1816; 15° Carlotta e Werter ,
1816; 16° Claudine, à Turin, 1817;
17o La vera Gloria, cantate, à Padoue,
1817; 18° Elelinde, Venise, 1817;
19° Simile , à Ferrare , 1817 ; 20° Donna
Caritea, Turin, 1818; 21» Fayel, à Flo-
rence , 1819; 22° La Fedeltà, cantate,
à Trieste,1819; 23° Cantate pour la nais-
sance du roi de Rome, àTrevise, en 1811 ;
24° Cantate pour l'entrée des armées al-
liées à Paris , Padoue , 1814. Appelé à Lis-
bonne comme compositeur, en 1820, Coc-
cia y lit représenter 25° Atar , opéra ;
26° Il Lusilano , cantate; 27° Mandane
regina di Persia, en 1821 ; 28° Elena e
Costantino, opéra semi- séria , dans la
même année; 29° La Festa délia rosa ,
opéra bouffe, en 1822. Au mois d'août
1823 , il se rendit à Londres pour y pren-
dre la place de directeur de la musique
du théâtre du roi. L'année suivante , il lit
imprimer dans cette ville plusieurs canta-
tes , six duos de chant avec accompagne-
ment de piano, et quelques autres petites
productions. Pendant le temps où il dirigea
la musique de l'Opéra italien de Londres,
il écrivit plusieurs morceaux pour divers
ouvrages, et y fit représenter, en 1827;
50° Maria Stuart , opéra sérieux , puis il
retourna à Naples. En 1828 , il écrivit
pour le Théâtre de la Scala , à Milan ,
31° L'Orfano délie Selve , à Venise, en
1829; 52° Rosamunda , opéra sérieux, à
Naples, en 1831 ; 33° Edoardo Stuart,
à Milan , en 1852; 34° Enrico di Mont-
fort, opéra sérieux; et en 1853, 35° Ca-
tarina di Guisa. Dans cette même année,
Coccia a fait un nouveau voyage à Lon-
dres ; depuis lors il s'est fixé dans sa ville
natale.
Ce compositeur s'est fait une sorte de
réputation en Italie par son opéra de Clo-
tilde. Cet ouvrage fut représenté à Paris
en 1821, mais sans succès. On en trouva
le style vieux et les mélodies vulgaires. Il
n'y a en effet point d'imagination dans la
168
COG
musique de cet artiste , et sa manière
d'écrire est lâche et remplie d'incorrections .
Ses études ont été faibles , et l'on voit qu'il
n'a point eu connaissance des bons modèles
classiques.
COCCIOLA (jean-baptiste), maître de
chapelle du chancelier de Lithuanie (Léon
Sapieha), naquit à Verceil , en Piémont,
vers la fin du 16e siècle. Il a fait imprimer
une messe de sa composition , à huit voix
avec basse continue, à Venise, en 1612 ,
in-4°. On trouve quelques-uns de ses mo-
tets dans le Parnasso musico Berga-
meno , ce qui a fait croire à Frezza qu'il
était né à Bergame.
COCCIUS (MARC-ANTOINE SABELLI-
CUS), né à Rome en 1438, mourut en
1507, à l'âge de soixante-dix ans. Il a écrit
un poème De Rerum artiumque invento-
ribus, qu'on trouve dans la collection de
Matthseus De rerum Inventoriais , Ham-
bourg, 1613. Sabellicus y parle beaucoup
de la musique et des instrumens.
COCHEREAU (....), haute-contre de
l'Opéra, du temps de Lulli , passait pour
un habile chanteur. Il était en même
temps au service du prince de Conti , et
enseignait à chanter. Il est mort à Paris le
5 mai 1722. On a de sa composition :
trois livres à^Airs à chanter, imprimés
chez Ballard , sans date , in-4° obi.
COCHIN (claude-nicolas), dessinateur
et graveur, naquit à Paris en 1715 , et
mourut dans cette ville le 29 avril 1790.
On a de lui des lettres sur l'Opéra , Paris ,
1781,in-12.
COCHLÉE (jean), en latin Cochlœus,
naquit à Wendelstein, près de Nuremberg,
en 1479. Après avoir été reçu docteur en
théologie, il fut successivement pourvu de
canonicats à Worms , à Mayence , et enfin
à Breslau, où ilmourut le 10 janvier 1552,
et non à Vienne en 1553 , comme on le
dit dans le Dictionnaire des musiciens ,
d'après la première édition du Lexikon de
Gerber. Cochlée fut un antagoniste ar-
dent de Luther et de sa réforme ; il poussa
le fanatisme jusqu'à proposer à son ad ver-
coc
saire une conférence publique , sous la
condition que celui qui succomberait dans
cette lutte serait brûlé. Luther accepta le
défi , mais leurs amis empêchèrent l'exé-
cution de ce projet insensé. Walther dit
que Cochlée fut doyen à Francfort-sur-le-
Mein ; il le cite aussi sous le nom de Wen-
delstein , qui est celui du lieu de sa nais-
sence. Gerber cite deux Cochlée, du nom
de Jean , dont l'un aurait été recteur de
l'école de Saint-Laurent , à Nuremberg :
tout porte à croire qu'il s'agit du même
homme. Quoi qu'il en soit, on connaît sous
ce nom : 1° Musica activa, Cologne,
1507, in-8°; 2° Tetrachordum Muslces
Joannis Coclei Norici, artium magistri ;
Nurnbergœ nuper contextum ; pro j'u-
ventutis Laurentiana eruditione impri-
mis , etc., Nuremberg, 1512, in-4° ,
2e édition, 1520. Ce traité de musique ne
renferme que quatre chapitres concernant
les élémens de la musique, du plain-chant,
des huit tons et de la musique mesurée.
Plusieurs bibliographes citent aussi sous
ce nom un ouvrage intitulé : Rudimenta
Musicœ et geometriœ , in quibus urbis
Norimbergensis laus continetur, etc. ,
Nuremberg, 1512, in-4°.
COCLIUS (adrien), musicien du 16e siè-
cle, et élève de Josquin Desprez , vivait à
Nuremberg. On a de lui : Compendium
musices descriptwn ab Adriano Petit
Coclio , discipulo Josquini de Près, in
quoprœter ccetera iractantur hœc: 1° de
modo omatè canendi ; 2° De régula con-
trapuncti • 5° De compositione , Nurem-
berg, 1552, in-4° de quinze feuilles d'im-
pression. L'auteur a destiné cet ouvrage à
l'école de cette ville. C'est un livre curieux
et utile pour l'histoire de l'art : on y trouve
un chapitre qui a pour titre : De régula
contrapuncti secwidum doctrinam Jos-
quini de Pratis. E. L. Gerber, Lichten-
thaletles auteurs du Dictionnaire des mu-
siciens (Paris, 1810), l'appellent Coclicus.
COCQUEREL (adrien), dominicain au
couvent de Lisieux , naquit à Vernon, au
commencement du 17e siècle. Il est au-
COG
COL
169
teur d'an livre intitulé : Méthode uni-
verselle et très briève et facile pour ap-
prendre le plain-chant sans maître,
Paris, 1647, in-4°. C'est une seconde édi-
tion ; je n'ai pu découvrir la date de la
première.
CODRONCHI (baptiste), célèbre méde-
cin italien, né à Imola , vers le milieu du
16e siècle , est auteur d'un ouvrage inti-
tulé : De vitiis vocis libri duo, in quitus
non solum vocis dejinilio traditur et ex-
plicatur, sed illius differentiœ , instru-
menta et causœ aperiuntur ; ultime de
vocis conservatione , prœservatione , ac
vitiorum ejus curatione tractatus , etc. ,
Francfort, 1597, in-8°. Ce traité est ce
qu'on a écrit de plus complet sur l'organe
de la voix ; mais on a fait dans ces derniers
temps quelques découvertes qui ont avancé
l'état des connaissances sur cet organe.
CiEDES (Mme). On a publié sous ce
nom des Lettres sur la musique, avec des
exemples gravés, Paris, Bossange, 1806,
quatre-vingt-quatre pages in-8°. Lichten-
thal écrit le nom de l'auteur Cœder. L'ou-
vrage est divisé en quatre lettres , dont la
première est une introduction générale,
la deuxième traite des principes de la mu-
sique, la troisième des accords qui forment
l'harmonie, et la quatrième, de la méthode
à suivre dans l'enseignement.
COFERATI (matiiieu), ecclésiastique et
maître de plain-chant à Florence , naquit
dans cette ville et y publia II cantore ad-
dottrinato , o regole del canto corale ,
1682. On a fait plusieurs éditions de ce
livre; la troisième, qui est la meilleure,
est de la même ville , 1708 , in-8o.
COGAN (philippe) , claveciniste , né à
Doncaster , en 1757 , s'établit à Londres
où il a publié huit œuvres pour le piano ,
parmi lesquels on remarque : 1° Six so-
nates pour le piano, avec ace. de violon,
œuvre 2e , Londres, 1788; 2o Concerto
favori pour le piano , avec ace. de deux
violons, alto, basse, deux flûtes et deux
cors, op. 6, Londres , 1792; 5° New Les-
sons for the harpsichord , op. 8, ibid.
COGGINS(joseph), professeur depiano,
né en Angleterre, vers 1780, a été élève
et ensuite remplaçant du docteur Calcott.
Il est auteur d'un bon ouvrage élémentaire
pour le piano , intitulée : The musical
assistant, containing ail that is truly
usefulto the theorj and practice of the
piano forte , Londres, etc. 1815. Il a aussi
publié un divertissement pour le piano sur
un thème de Steibelt, et une fantaisie pour
le même instrument.
COICK (jean), ou LE COQ , que quel-
ques biographes font anglais , et d'autres
hollandais, vécut vers le milieu du 16e siè-
cle, et se distingua par des compositions
scientifiques. On trouve plusieurs de ses
motets et de ses chansons dans les recueils
publiés à cette époque, et particulièrement
dans celui qui parut à Anvers, en 1545.
Une chanson, contenue, dans ce recueil est
surtout remarquable par sa forme : elle
est à cinq voix. Deux d'entre elles font un
canon par mouvement rétrograde, et les
trois autres accompagnent dans le style du
contrepoint fugué.
COIGNET (horace) , compositeur, est
né à Lyon , en 1736 , et mort à Paris , en
1821. Il a écrit la musique de Pigmalion,
monodrame de Jean-Jacques Rousseau.
Cette musique a été pendant plusieurs an-
nées la seule musique qu'on exécutait pour
cette pièce au Théâtre Français.
COL (simon), ménestrel de la musique
de Charles V, roi de France , suivant une
ordonnance de l'ostel de ce prince , da-
tée de 1564, jouait de la trompette. Il pa-
raît que son talent sur cet instrument
était remarquable, car Guillaume de Ma-
chault dit de lui , dans une ballade :
De Simon Col oyez le doulx labeur;
A ce Simon, nulz égale en trompeur.
COLANDER (antoine), organiste de
l'électeur de Saxe, dans la première moitié
du 17e siècle, étudia d'abord le droit à
l'université de Leipsick , et fut organiste
dans celte ville. Il quitta cette place, en
1602, pour se rendre à Dresde, où il mou-
170
COL
rut en 1643. Gerber cite des motets à
quatre voix de sa composition , mais sans
faire connaître le lieu ni la date de l'im-
pression.
COLASSE (pascal), l'un des maîtres
de la musique de la chambre deLouis XIV.
Suivant l'Essai sur la musique de La Borde,
le dictionnaire de Ladvocat et les anec-
dotes dramatiques , ce musicien était né à
Taris, en 1659. D'après le Dictionnaire
historique des musiciens de Choron et
Fayolle, et le Dictionnaire dramatique , il
serait né dans la même ville, en 1636;
mais son acte de mariage avec la fille de
Jean Berin, dessinateur du cabinet du roi,
fait à Paris, à la paroisse de Saint-Ger-
main-1'Auxerrois, le 7 novembre 1689,
prouve qu'il était fils de « défunt Antoine
Colasse , bourgeois de Beims } et d'Anne
Martin.»» 11 est dit dans cet acte que Colasse
était alors âgé d'environ trente-sept ans ,
ce qui supposerait qu'il était né en 1652 ;
mais il est vraisemblable que devenant
l'époux d'une jeune fille de dix-huit ans ,
il aura voulu se rajeunir, et se sera donné
trente-sept ans , au lieu de quarante-neuf
ou cinquante qu'il avait réellement. Quoi
qu'il en soit , il est certain qu'il entra à
l'église de Saint-Paul, comme enfant de
chœur, qu'il y fit une partie de ses études,
et qu'il les acheva au collège de Navarre ,
où il avait obtenu une bourse. Après qu'il
fut sorti du collège, Lulli ayant entendu
parler de ses talens naturels pour la mu-
sique , le prit chez lui comme élève , le fit
travailler à remplir les parties de chœurs
et d'orchestre de ses opéras , dont il n'é-
crivait quele chant et la basse, et lui donna
l'emploi de batteur de mesure à l'Opéra,
à la place de Lalouette , qu'il venait de
congédier (en 1677). Au mois de mai
1685, il obtint pour lui une des quatre
places de maître de la musique de la cha-
pelle du roi. Le 2 juillet 1696 , le roi fit
cadeau à Colasse de la charge de maître
de la musique de sa chambre , vacante par
la mort de Lambert. Vers le même temps,
il obtint le privilège de l'établissement
COL
d'un Opéra à Lille , et il en fit l'entreprise
à ses dépens; mais un incendie renversa
ses projets de fortune. Louis XIV, qui
aimait la musique d'ailleurs assez plate
de Colasse, lui fit cadeau de dix mille
livres, pour l'indemniser de ses pertes,
et lui conserva sa place de maître de
la musique de la chambre, bien qu'il eût
cessé d'en remplir les fonctions pendant
plusieurs années. Colasse ne sut pas pro-
filer de son bonheur, car il se mit en tête
de chercher la pierre philosophale , et il
ruina sa bourse et sa santé. Le peu de suc-
cès de son opéra de Polixène et Pyrrhus
acheva de lui déranger l'esprit, et il mou-
rut à Versailles dans un état d'imbécillité,
au mois de décembre 1709, âgé d'environ
soixante-dix ans. L'année précédente il
avait été forcé de renoncer à sa charge de
maître de la musique de la chapelle du
roi. Lulli avait gardé près de lui son élève
jusqu'à sa mort (en 1687), et lui avait as-
suré par son testament un logement et
cent pistoles de pension ; mais Colasse
ayant quitté les enfans de Lulli , auquel
leur père avait voulu l'attacher , ils plai-
dèrent contre lui. et il perdit sa pension
et son logement. Ce qu'il ne perdit pas,
c'était une collection assez considérable
d'airs de Lulli , que lui seul possédait. Il
arrivait souvent que ce compositeur célè-
bre écrivait un air pour un de ses opéras ,
puis n'en étant pas satisfait, en composait
un autre. Il donnait ensuite celui qu'il
rejetait à Colasse en lui disant de le brûler,
ceque celui-ci segardaitbien de faire; plus
tard il utilisa tous ces morceaux dans ses ou-
vrages. Ces larcins lui furent souvent re-
prochés par des contemporains , et quel-
quefois il les avouait. On cite à ce sujet
l'anecdote suivante. Un jour Colasse se
prit de querelle avec un acteur de l'Opéra,
et la dispute se termina par un combat à
coups de poing dans lequel le compositeur
eut ses habits déchirés. Un de ses amis, le
voyant en cet état, lui dit : <* Comme te
voilà fait! — Comme quelqu'un qui re-
vient du pillage , » répondit La Rochois ,
COL
célèbre actrice de ce temps. Malgré les
emprunts faits à Lulli par Colasse , sa
musique ne fut jamais en faveur auprès du
public comme elle l'était à la cour. On la
trouvait faible, languissante, et dépourvue
d'expression dramatique. A l'exception de
son opéra des Noces de Thetys et Pelée ,
aucun de ses ouvrages n'eut un succès vé-
ritable. Son Achille, dont les paroles
étaient de Campistron, donna lieu à cette
épigramme :
Entre Campistron et Colasse
Grand débat s'émeut au Parnasse ,
Sur ce que l'opéra n'a pas un sort heureux.
De son mauvais succès nul ne se croit coupable :
L'un dit que la musique est plate et misérable,
L'autre, que la conduite et les vers sont affreux;
Et le grand Apollon , toujours juge équitable ,
Trouve qu'ils ont raison tous deux.
Outre un grand nombre de motets , de
cantiques et de cantates composés pour la
chapelle et la chambre de Louis XIV ,
Colasse a écrit les ouvrages suivans :
1° Achille et Polixene, 1687, avec quel-
ques morceaux de Lulli ; 2° Thètys et
Pelée, 1689; 5° Énée et Lavinie, 1690 ;
4° Astrée, 1691 ; 5° Le ballet de Ville-
neuve-Saint-Georges , 1692 ; 6° Les Sai-
sons, 1695. avec Louis Lulli ; 7° Jason, ou
la Toisond' Or, janvier, 1696; 8° La nais-
sance de Vénus, mai, 1696 ; 9° Canente,
1700 ; 10° Polixene et Pyrrhus. Tons ces
ouvrages ont été représentés à l'académie
royale de musique. On trouve à la biblio-
thèque de l'Arsenal, à Paris, la partition ori-
ginale à'Amarillis, pastorale de Colasse,
datée de 1689. Cet ouvrage n'a pas été re-
présenté. Colasse a écrit anssi V Amour et
l'hymen , divertissement composé d'un
prologue et de huit scènes, exécuté au ma-
riage du prince de Conti , dans l'hôtel de
Conti , et la musique d'un des ballets des
jésuites qu'on trouve dans un volume de
la collection Philidor à la bibliothèque du
Conservatoire de musique de Paris.
COLBRAN (isabella-angela), aujour-
d'hui femme du célèbre compositeur Ros-
sini, est née à Madrid j le 2 février 1785 ,
COL
1.71
de Gianni Colbran , musicien de la cha-
pelle de la chambre du roi d'Espagne. A
l'âge de six ans , elle reçut les premières
leçons de musique de François Pareja,
compositeur et premier violoncelliste de
Madrid. Trois ans après, elle passa sous la
direction de Marinelli , dont elle reçut les
conseils jusqu'à ce que Crescentini , ayant
eu occasion de l'entendre, voulut se char-
ger de la former dans l'art du chant. Lors-
qu'il crut que le moment était venu de la
produire en public, il lui prédit les succès
qu'elle devait y obtenir, et ne se trompa
point. De 1806 à 1815, mademoiselle Col-
bran à joui de la réputation méritée d'une
des plus habiles cantatrices de l'Europe.
En 1809, elle était à Milan en qualité de
prima donna séria • l'année suivante elle
chanta au théâtre de la Fenice , à Venise.
Elle alla ensuite à Rome , et enfin à Na-
ples , où elle a chanté sur le théâtre de
Saint-Charles, jusqu'en 1821. Sa voix s'é-
tait conservée pure et juste jusqu'en 1815;
mais passé cette époque , mademoiselle
Colbran commença à chanter tantôt au-
dessus, tantôt au-dessous du ton, et quel-
quefois si faux , que les oreilles des pauvres
Napolitains étaient soumises à des rudes
épreuves. Toutefois ils n'osaient témoigner
leur mécontentement , car la cantatrice ,
qui était bien avec le directeur Barbaja,
leur était imposée par la cour. Leur
silence seul les vengeait de ce despo-
tisme. Enfin mademoiselle Colbran ayant
épousé M. Rossini , à Castenaso, près de
Bologne, le 15 mars 1822, partit pour
Vienne, chanta à Londres en 1825, et
quitta le théâtre peu de temps après. De-
puis lors , elle a cessé de se faire entendre
en public. En 1824, elle a fait un voyage
en Angleterre avec son mari , et mainte-
nant elle réside à Bologne. Elle a composé
quatre recueils de canzoni dont un est
dédié à la reine d'Espagne, un à l'impéra-
trice de Russie, le troisième à Crescentini,
et le dernier au prince Eugène Reauhar-
nais.
COLEJRE (richard) , ecclésiastique an-
172
COL
COL
glais, vivait dans la première moitié du
18e siècle. Il fut d'abord vicaire à Isle-
■worth et ensuite ministre à Riclimond.
On a de lui : On erecting an organ at
Isleworth, a sermon on Psalm 150 (Sur
l'érection d'un orgue à Isleworth ; sermon
sur le psaume 150), Londres, 1 738, in-4°.
COLEMAN (charles), docteur en mu-
sique , fut d'abord attacbé à la musique
particulière de Charles Ier, et après la ré-
solution anglaise enseigna la musique à
Londres. Il fut le premier qui conçut le
projet de mettre en musique un intermède
anglais , à l'imitation des Italiens. Un
poète nommé William Davenant fît les
paroles , et le docteur Goleman , conjoin-
tement avec Henri Lawes , capitaine Cook
et Georges Hudson, écrivit la musique. Cet
intermède, dont on n'a pas retenu le titre,
fut représenté à Rulland-house, pendant
l'usurpation.
COLER (valentin), ou KOELER,
compositeur, né à Erfurt vers 1550, fut
chanteur à Sonderhausen. On connaît les
ouvrages suivans de sa composition :
1° Trois messes et trois Magnificat , Er-
furt, 1599; 2° Cantionum sacrarum,
quœ vulgo motettœ appellantur 4-8 et
pluribus vocibus concinnatarum , lib. 1
et 2, Urseren, 1604, in-4°; 5°iVewe Lus-
tige liebliche und artige Intraden ,
Tœnze und Gagliarden auff allerley Sai-
tenspiel, Iena , 1605, in-4°.
COLER (martin), ou KOLER, compo-
teur, né à Dantzig, vers 1620, mena une
vie errante, non seulement dans sa jeu-
nesse, mais même lorsqu'il fut devenu
vieux. En 1661, il était à Hambourg,
qu'il quitta pour aller, en 1665 , occuper
la place de maître de chapelle à Bruns-
wick. Deux ans après il était au service
du margrave de Bayreuth; mais on lui
donna son congé en 1670, et il obtint un
emploi dansle Holstein. Onignore combien
de temps il resta dans celte situation, mais
on le retrouve dans sa vieillesse à Ham-
bourg, où il est mort en 1704. On a de sa
composition ; 1° Melodien zu Rislens
Passions-Ândachten, Hambourg, 1648 ,
in-8°, Henri Pape a écrit la plus grande
partie des mélodies de ce recueil ; 2° Die
Hochzeitliche Ehrenfackel dent Hrn.
von Hardenberg zu zell angezundet und
ueberschickt von Martino Colero aus
Danzig, etc., Hambourg, 1661, in-fol. ;
3° Sulamitische Seelen-harmonie , das
ist einstimmiger Freudenhall etlicher
geistlicher Psalmen , Hambourg, 1662,
in-fol.
COLETTI (adgustin-bonaventure),
compositeur et académicien philharmo-
nique, né à Lucques, vécut à Venise vers
le commencement du 18e siècle. Il a fait
représenter dans cette ville deux opéras ,
P aride e Ida, 1706, et Ifigenia, dans la
même année. Il a publié aussi : Armonici
Tributi o XII cantate a voce sola e
cembalo , Lucques, 1609.
COLIN (pierre-gilbert), en latin Co-
linus ou Colinœus , compositeur et pre-
mier chapelain de la chapelle des enfans
de France , sous le règne de François 1er.
On lui avait donné le sobriquet de Cha-
mault. Il entra dans la chapelle en 1532,
et se retira en 1536 , suivant un compte
manuscrit de la maison des enfans de
France, qui commence en 1526, et finit
en 1536 (V. la Revue musicale, 6e ann.,
p. 242). Les autres circonstances de la vie
de Colin sont ignorés. On a publié sous son
nom , à Lyon , un recueil de messes inti-
tulé : Liber octo Missarum cum modulis
seu motettis et parthenicis canticis in
laudem R. V. Mariœ , 1541, in-fol. Six
de ces messes sont à quatre voix , la sep-
tième à cinq , et la dernière à six. Jacques
Moderne, imprimeur à Lyon, en a donné,
en 1552, une deuxième édition, in-fol., à
laquelle il a joint une messe de requiem
de Richafort. On trouve aussi dans cette
édition des motets et un Magnificat. Le
troisième livre des messes de Colin a été
imprimé à Venise chez Antoine Gar-
dano, en 1544, sous ce titre : Liber
tertius Missœ sex ad voces quatuor,
D, Pétri Colini, noviterimpressœ ac ddi'
COL
COL
173
gentissime recognitœ, in-4° obi. On voit
que c'est une réimpression. Les titres de
ces messes sont : 1° Regnum mundi;
2° Ave glorioSa ; 3° Beatus vir ; 4° Tant
plus que bien; 5° Emundemus ; 6° Chris-
tus resurgens . M. l'abbé Baini dit, dans
ses Mémoires sur la vie et les ouvrages de
Pierluigi de Palestrina (t. I , n. 226) qu'il
existe des messes manuscrites de Colin ,
sur d'anciennes cbansons françaises , dans
les archives de la chapelle pontificale.
COLIN (jean), prêtre, maître de musi-
que de l'église cathédrale des Soissons, na-
quit à Beaune, et mourut en 1722, âgé de
plus de quatre-vingts ans. Il prenait le
titre de Insignis F.cclesiœ Suessoniensis
symphonetœ symphoniarca. Il a publié
les ouvrages suivans : 1° Missa sex voci-
bussub nwdulo : Ego flos campi , Paris ,
Ballard, 1688, in-fol.; 2° Missa pro dé-
fendis, sex vocïbus, Paris, 1688, in-fol.
COLIN (pierre-françois) , l'aîné, né
le 21 mai 1781 , entra comme élève au
Conservatoire de musique, au mois de bru-
maire an v, et reçut des leçons de M. Dom-
nich pour le cor. Dans la même année , il
obtint un second prix, et le premier lui fut
décerné en 1803. Dans la suite, il a aban-
donné son instrument, et après avoir été
employé à l'Opéra comme corniste, il a
joué la partie d'alto dans l'orchestre de ce
spectacle. Il a écrit un ouvrage qui a pour
titre : Du Cor, et de ceux qui l'ont per-
fectionné. Il l'annonça par souscription
en 1827, mais ce livre n'a point paru.
Colin est mort au mois de février 1832.
COLIN (pierre-louis), frère cadet du
précédent, né le 21 novembre 1787 , fut
aussi élève de M. Domnich pour le cor, et
entra au Conservatoire au mois de frimaire
an v J le premier prix lui fut décerné en
1804. Il annonçait les dispositions les
plus heureuses ; mais il mourut fortjeune.
Il a exécuté un solo de cor de sa composi-
tion dans un concert du Conservatoire, en
1808.
COLIZZI ( jean-andré ) , claveciniste
italien, né vers 1740 , a parcouru succes-
sivement le Hanovre , la Hollande et l'An-
gleterre; il paraît s'être fixé en dernier lieu
à Londres, où il a fait graver plusieurs de
ses ouvrages. Les plus connus sont : ^Re-
cueil de chansons , avec ace. de clave-
cin, Brunswick, 1766; 2° Concerto pour
le piano, avec ace. d'orchestre, Londres j
3° Six sonates pour le clavecin, œuvre 2e,
Londres, Preston ; 4° Six sonates pour le
clavecin, op. 4e, ibid.; 5° Trois sonates
pour le piano, op. 5, Londres, Clementij
6° Airs anglais variés pour le piano, ib. ;
7° Petites sonates pour le piano , op. 8 ,
ibid. ; 8° Trois duos pour le piano, op. 1 1 ;
9° Loto musical , ou direction facile
pour apprendre en s' amusant à connaî-
tre les différais airs de musique, La
Haye et Amsterdam, Hummel , 1787.
Colizzi a aussi arrangé plusieurs ouvertu-
res pour le piano , entre autres celle de
Y Amant statue, gravée à Paris, en 1794.
COLLA (joseph) , maître de chapelle
du duc Ferdinand de Parme , naquit à
Parme en 1730, et mourut dans cette
ville le 16 mars 1806. En 1780, il épousa
la célèbre cantatrice Agujari. Il a beaucoup
écrit pour l'église; mais toutes ses compo-
sitions de musique religieuse consistant en
messes, vêpres, hymnes, antiennes, etc.,
sont restées en manuscrit. On a de lui le3
opéras dont voici les titres : Enea in Car-
tagine, à Turin, en 1770; Didone , en
1773; Tolomeo,en 1780.
Un autre musicien, nommé aussi Joseph
Colla , et qui est fixé à Milan , a publié
chez Riccordi des compositions légères
pour le piano, la flûte , la guitare , etc.
COLLA (vincenzo), maître de chapelle
de la collégiale de Voghera, est né à Plai-
sance, vers 1780. Comme compositeur, il
a écrit beaucoup de musique d'église , qui
est restée en manuscrit ; mais l'ouvrage par
lequel il s'est fait connaître le plus avan-
tageusement est un traité de contrepoint
qu'il a publié sous ce titre : Saggio Teo-
rico-pratico-musicale , ossia melodo di
contrappunto , Turin, Pomba, 1819, deux
vol. in-4°. La deuxième édition de ce livre
174
COL
COL
a paru à Turin, en 1830, 2 vol. in-4°.
COLLE (jean), médecin, né à Belluno,
dans l'état de Venise , en 1558 , étudia à
Padoue , et fut reçu docteur en 1584. Il
exerça d'abord la médecine à Venise pen-
dant quinze ans, et fut ensuite premier
médecin du duc d'Urbin, et professeur aux
écoles de Padoue. 11 mourut dans cette
ville, au mois de juin 1 631 , âgé de soixante-
treize ans. On a de lui une espèce d'ency-
clopédie où il traite d'une manière succincte
de tous les arts , de toutes les sciences et
particulièrement de la musique ; cet ou-
vrage est intitulé : De ided et theatro
imitatricium et imitabilium ad omnes in-
tellectûs facultates } scientias et artes ,
libri aulici , Pesaro , 1618, in-fol.
COLLE (françois-marie), de la famille
des comtes de Cesana , membre de l'aca-
démie de Padoue, né à Bellune, vers 1730,
a présenté au concours de l'Académie des
sciences et des belles-lettres de Mantoue ,
en 1 774, une dissertation intitulée : Disser •
tazione sopra il quesito : Dimostrare che
cosa fosse e quanta parte avesse la
musica nell' educazione de' Greci , quai
era la forza da una siffatta istituzione
e quai vantaggio sperarsi potesse , se
fosse introdotta nel piano délia moderna
educazionepresentata dal sig.Francesco
Maria Colle de' nobili di S. Bartolomeo
de' Colle t e de' conti di Cesana, Bullu-
nense, socio dell' academia litteraria e
georgica di Belluno, al concorso dell'
anno 1774, e coron ata dalla reale acade-
mia discienze e belle lettere di Mantova,
Mantoue, 1775, in-4° 140 pages. On trouve
aussi cette dissertation dans les actes de
l'Académie des sciences et belles-lettres de
Mantoue, année 1773, t. I. Colle a publié
une autre dissertation sur l'influence ré-
ciproque des mœurs sur la musique et de
la musique sur les mœurs, dans les actes
scientifiques et littéraires de l'académie de
Padoue (t. III, P. II , 1796, p. 154-168),
sous ce titre : Dell' injluenza del cos-
tume nella collocazione de' vocaboli , o
nell' armonia.
COLLINET (. . .), virtuose sur le fla-
geolet, fut d'abord admis commeflûtiste au
théâtre des Variétés, puis se livra à l'étude
du flageolet, perfectionna cet instrument
en y ajoutant des clefs , et parvint à en
jouer avec unebabileté inconnue avant lui.
Julien Clarcliies, qui eut long-temps de
la célébrité pour son talent de directeur
d'orchestre de contredanses , engagea Col-
linet à appliquer son instrumenta ce genre
de musique ; celui-ci goûta ses conseils ,
et bientôt la vogue dont il jouit fut telle
qu'on ne voulut plus danser à Paris qu'au
son du flageolet de Collinet. On a de cet
artiste : 1° Deux concertos pour flageolet
et orchestre, Paris, chez l'auteur; 2° Un
quatuor pour flageolet, violon, alto et vio-
loncelle , Ibid.; 3° Deux livres de duos
pour deux flageolets , Ibid. ; 4° Plusieurs
recueils d'airs variés pour deux flageolets ,
Ibid.' 5° Plusieurs recueils de contre-
danses et valses pour flageolet , violon et
basse , ou flageolet et piano , Paris , Lan-
glois, Collinet, Frère etMeissonier ; 6° Des
exercices, des préludes et des pots-pourris
pour flageolet seul; 7° Une méthode de
flageolet dont il a été fait deux éditions ,
Paris, Collinet.
COLLINET (. . .), fils du précédent ,
né à Paris, vers 1797, a surpassé son père
dans l'art déjouer du flageolet. Il y a dans
son jeuplus de goût, plus d'élégance, sinon
plus d'habileté dans l'exécution des traits
difficiles. 11 joue les solos de flageolet dans
le bel orchestre de danse organisé par
M. Musard , et dans les bals de la cour. Il
est aussi marchand de musique et d'in-
strumens.
COLLINUS (martin), musicien alle-
mand qui vivait vers le milieu du 16e siè-
cle, a mis en musique, pour une voix seule,
les odes d'Horace, et les a fait imprimer
sous ce titre : Harmonia univoca in odas
Horatianas , et in alia qnœdam carmi-
num gênera, Strasbourg, 1568, in-12.
COLMAN (charles). V. COLEMAN.
COLO (angelo), docteur en médecine,
né à Bologne, a publié un livre sur l'action
COL
salutaire du magnétisme animal et de la
musique dans le traitement des maladies,
sous ce titre : Prodromo sull' azione sa-
lutare del magnetismo animale e délia
musica, ossia ragguaglia di Ire interes-
santi guarigioni , idtimamente ottenute
col niezzo del magnetismo animale e délia
musica ;con un cenno storico su iprogressi
del primo in Francia,e singolarmente in
Germania, Bologne, tipografia di Giuseppe
Lucchesini , 1815.
COLO (j.-c), pianiste italien, fixé à
Vienne, en Autriche, a publié depuis quel-
ques années : 1° Variations pour le piano
sur un thème de La Famille suisse,
Vienne, Artaria; 2° Six variations en la,
Vienne , Hasslinger ; 3° Six variations en
ut, Ibid. , 4° Trio pour piano , violon et
alto, op. 3, Vienne, Weigl ; 5° Menuet
pour piano, Vienne, Cappi.
COLOMBANI (hobace), contrapuntiste
du 16e siècle, né à Vérone, a publié les
ouvrages suivans de sa composition :
1° Harmonia super vespertinos om-
nium solemnitatum psalmos 6 vocum,
Venise, 1576, in-4°; 2° Completorium
et cantiones , sex ordinibus distinctas
quinis vocibus super 8 tonos decantan-
dos, Brescia, 1585, in-8°. Dans le Corol-
lario cantionum sacrarum de Lindner, on
trouve so us le n° 46 un Te Deum à cinq
voix, delà composition de Colombani. Le
P. Martini dit (Saggio fondam. prat. di
conlrap., t. II, p. 74) que Colombani fut
un des musiciens célèbres du 16e siècle
qui voulurent témoigner leur estime et
leur admiration à Pierluigi de Palestrina,
en lui dédiant une collection de psaumes
de leur composition, en 1592. Le cata-
logue de la bibliothèque musicale du roi
de Portugal indique aussi sous le nom de
cet auteur : 1° Madrigali a 5; 2° Ma-
drigali a 10 , lib, 1 ; 3° Dilettevoli ma-
gnificat a 9 ; 4° Magnificat « 14.
COLOMBAT(. . .), médecin à Paris,
né dansle département de l'Isère, vers 1 800,
a obtenu au concours de l'Institut , en
1833, un prix de cinq mille francs, fondé
COL
175
par M. de Montbyon en faveur de ceux qui
perfectionnent l'art de guérir , à cause de
procédés découverts par lui pour la cure
du bégaiement. Dans la même année
M. Colombat a publié un livre relatif à
cette partie de la médecine, sous ce titre :
L'Orthophonie ou physiologie et théra-
peutique du bégaiement et de tous les
vices de la prononciation, Paris, un vol.
in-8° de 400 pages. On y trouve de bonnes
observations applicables au chant. On a
aussi de M. Colombat un ouvrage impor-
tant intitulé : Traité médico-chirurgi-
cal des maladies des organes de la
voix, ou recherches théoriques et prati-
ques sur la physiologie , la pathologie,
la thérapeutique et l'hygiène de l'ap-
pareil vocal, Paris , 1834, un vol. in-8°
avec planches.
COLOMBE (raphael DELLA), domi-
nicain, était recteur de théologie et prédi-
cateur général à Florence, au commen-
cement du 17e siècle. Parmi d'autres
ouvrages, il a laissé un manuscrit intitulé :
TJna lettera ail' autore del libro de'
laudi spirituali délia musica; ce manu-
scrit se conserve au couvent Saint-Marco
à Florence.
COLOMBE (rigieri), dite COLOMBE
AINEE, naquit à Venise, en 1 754 .Elle vint
jeune à Paris, et débuta dans les premières
amoureuses de l'Opéra-comique à la Comé-
die-Italienne, le 6 septembre 1772, parle
rôle d'Hortense, dans le Huron. Ceux de
Sophie, dans Tom Jones, de Suzelte ,
dans le Bûcheron , de Lucile , et surtout
de Bélinde, dans La Colonie , lui ont as-
suré une brillante réputation. Les mé-
moires du temps font d'elle l'éloge sui-
vant : « Une figure intéressante et noble,
« une taille avantageuse, une voix bril-
<c lante et flexible, une grande sensibilité,
« tous ces dons réunis à beaucoup d'intel-
o ligence , à un excellent goût du chant ,
« à des gestes expressifs , à un débit gra-
« cieux et à un jeu naturel, aisé, décent
te et animé , ont assuré à cette jeune ac-
« trice des succès auprès du public, >»
176
COL
COL
Mademoiselle Colombe s'est retirée enl7 88 .
Elle est morte en 1835. Sa sœur cadette,
Marie-Madeleine Rigieri, dite Adeline, fut
reçue au mois de mars 1779. Dès son en-
fance , elle avait été attachée à ce théâtre
en qualité de danseuse , et elle avait été
admise aux appointemens comme actrice,
le 17 avril 1776.
COLOMBELLE (clotilde). Foy. CO-
BELDI.
COLOMBINI (françois), organiste et
compositeur à Massa di Carara, était né
dans un village des environs de Padoue,
en 1573. 11 a fait imprimer : 1° Moletli
a 2 , 3 , 4 e 5 voci, Venise ; 2° Salmi a
4 voci , ibid. ; 3° Concerti a 2 , 3 , 4 e 5
voci, ibid. 5 4° Madrigali, ibid., 1618.
COLOMBO (jean-antoine) , cordelier,
compositeur de musique, naquit à Ra-
venne au commencement du 17e siècle.
On connaît de lui les ouvrages suivans :
1° Motetti, Venise, 1643; 2° Missa et
psalmi 2 et 3 vocibus , concert., Ibid.,
1647; 3° Complelorium , antiphonœ et
litan. 5 voc, Venise, 1640; 4° Syn-
taxis harmonica 2 , 3 et 4 voc.
COLONNA (fabio), en latin Fabius
Columna , naquit à Naples , en 1567,
d'une famille illustre. Botaniste distingué,
il acquit de la célébrité par les ouvrages
qu'il publia sur l'objet principal de ses
études. 11 possédait aussi des connaissances
étendues dans les langues latine et grec-
que, les mathématiques, la musique et la
peinture. Ayant concouru à la fondation
de l'académie des Lyncées à Rome , il
prit depuis lors le nom de Lynceo. Dès
son enfance, il avait éprouvé des atteintes
d'épilepsie , dont il parvint à diminuer la
violence par l'usage de la valériane; mais
dans les dernières années de sa vie , ce
mal augmenta au point d'altérer ses fa-
cultés morales, et de le réduire à un état
d'imbécillité. Il mourut à Naples, en 1650,
âgé de quatre-vingt-trois ans. On a de lui
un livre qui a pour titre : Délia sambuca
lincea , ovvero dell' instrumenta musico
perfetto, libri III , Naples , 1618 , in-4°.
Cet ouvrage contient la description d'un
instrument de l'invention de Colonna pro-
pre à diviser le ton en trois parties égales ,
et qu'il appelle Pentecontachordon ,
parce qu'il était monté de cinquante cor-
des. Mersenne a donné la description de
cet instrument dans son Harmonie uni-
verselle, liv. III, propos. XI. Doni dit que
l'instrument et le livre sont absurdes * ;
il ignorait que le système de la musique
arabe est basé sur une absurdité semblable. '
COLONNA (jean-amekoise), surnommé
Stampadorino , fut un luthiste renommé
qui vécut à Milan, dans la première moitié
du 17e siècle. Il a fait imprimer deux col-
lections de pièces sous ces titres : 1° In-
tavolatura di liuto , Milan , 1616 ; 2° In-
tavolaturadi chitarra spagnuola, Milan,
1627.
COLONNA (jean-paul), maître de cha-
pelle de Saint-Pélronne à Bologne, et pré-
sident de l'académie philharmonique , na-
quit à Brescia, vers le milieu du 17e siècle,
d'Antoine Colonna, constructeur d'orgues.
Il établit à Bologne une école de musique,
d'où sont sortis plusieurs bons musiciens, et
particulièrement J. M. Bononcini. Presque
toutes ses compositions sont pour l'église;
cependant il a fait représenter à Bologne ,
en 1693, un opéra intitulé : Amilcare.
Jean -Paul Colonna doit être considéré
comme un des compositeurs italiens les
plus distinguées du 17° siècle , particu-
lièrement dans le style d'église, et comme
un des fondateurs de la bonne école de Bo-
logne. Voici la liste de ses autres ouvrages :
1° Salmi brevi per tutto l'anno a otto
voci, con uno o due organi se place ,
op. la, Bologne , 1681, in-4° ; 2° Motetti
sacri a voce sola con due violini e bas-
« Fabius Columna , vir nobilis, rerumque naturalium
diligpntissimus , Neapoli nuper dicm si i obiit : is ,
immalura pravaque ambitioneinslinctus, iibrumquemdam
ad iheoreticam musicam speetanlem Sambuae Ljneeœ
titulojuvenis adliuceffudit ; quonescio (parceut mihi ejus
quœso mânes) an quidquam ineptiiis , atque a.jXOMTO'tïpO'J
jam dudum prodierit (De Prcestantia Musicœ vttcris ,
l. I, p. 99, ex operis].
COL
COM
177
setto de viola, op. 2a, ibid., 1691 ; c'est
une réimpression ; 5° Motetti a due e tre
voci, op. 5a, ibid., 1698; 4° Letanie con
le quattro antifone délia B. Vergine ad
otto voci piene, op. 4a, ibid., 1682, in-4°;
5° Messe piene a otto voci con uno e due
organi, op. 5a , ibidem, 1684, in-4°;
6° Messa, salmi e responsori per li de-
fonti a otto voci piene, op. 6a,ibid., 1685;
7° Il secondo lïbro de' salmi brevi a otto
voci con uno e due organi se place , con
il Te Deum , etc., op. 7a , ibid., 1686,
in-4°; 8° Compléta con le tre sequenze
dell' anno, cioe : Fictimœ Paschali, per
la resurrezione ; Veni sancte spiritus, per
la Penlecoste ; e Lauda Sion salvato-
rem, per il corpus Domini , a otto voci
piene, ibid., 1687, in-4° ; 9° Sacre la-
mentazioni délia settimana santa a voce
sola, op. 9a, ib., 1689,in-4°; 10° Messe
e salmi concertati a 5 , 4 e 5 voci se
place, con stromenti e ripieni a bene-
placito, op. 10a, ibid., 1691, in-4° ;
11° P salmi octo vocibus adritum eccle-
siasticœ musices concinencli et ad primi
et secundi organi sonum accomodati ,
liber tertius , op. lla, ibid., 1694, in-4°;
12° P salmi ad vesperas, musicis trium ,
quatuor et quinque vocum concentibus
imitis cum symphoniis ex obligatione, et
cum aliis quinque partibus simul cum
Mis canentibus ad placltum, op. 12a,
ibid. , 1694, in 4°. La prqfezia d'Eliseo
nell' assedia di Samaria , oratorio , Mo-
dena, 1688, in-4°. Paolucci a inséré un
Pange lingua de Colonna dans son Arte
pratica di contrappunto , t. I , p. 199.
L'ancien fonds de manuscrits de la maison
Breitkopf à Leipsick, contenait une messe
de ce compositeur , à cinq voix , avec un
orcbestre ajouté par Harrer , une autre
messe à trois cbœurs , avec orcbestre , et
un oratorio de Saint-Basile, exécuté à Bo-
logne, en 1680. Berardi a dédié le septième
chapitre de la seconde partie de ses mé-
langes de musique ( Miscellanea musi-
cale) à Paul Colonna.
C0LTELL1NI (céleste), excellente
TOME m.
cantatrice, fille du poète de ce nom, est
née à Livourne en 1764. Elle n'avait que
dix-sept ans lorsqu'elle débuta à Naples
en 1781. L'empereur Joseph II, l'ayant en-
tendue en 1783, lors du voyage qu'il fit
en Italie, en fut si charmé, qu'il la fit
engager à l'Opéra de Vienne , avec un trai-
tement de dix mille ducats. En 1790, elle
était retournée à Naples , et y chantait avec
le plus grand succès. Sa voix était un
mezzo soprano. Beichardt dit que le rôle
de Nina était son triomphe. Vers 1795,
elle s'est retirée.
COMA (annibal), compositeur italien
qui fîorissait dans la seconde moitié do,
16e siècle, est connu par les ouvrages sui-
vans : 1° Madrigali a cinque voci , Ve-
nise , 1568 ; 2o II primo libro de Madri-
gali a quattro voci; 3° Il secondo libro
de Madrigali aquattro voci,Yenïse,1588.
COMANEDO (flaminio), compositeur
né à Milan vers 1570, a publié les ou-
vrages suivans de sa composition : 1° Can-
zonelte a 3 voci, lib. 1 , Venise 1601 ;
2° Canzonelte a 3 voci, lib. 2, Milan,
1602 ; 3° Madrigali a cinque voci , Ve-
nise , 1615 ; 4° Vesperi a quattro voci,
con partitura per V organo , Venise, 1618.
COMI ( gaudence ) , né à Civita-Vecchia
en 1749, se fixa à Paris vers 1784, et y
fut attaché au service du prince de Conti.
En 1786 , il publia à Paris six sympho-
nies à huit parties , op. 1, qui furent
bien accueillies ; elles furent suivies de
six autres œuvres , consistant en trios ,
symphonies à grand orchestre, et six so-
nates pour deux cors et basse.
COMOLxl (ange), excellent chanteur
dans le style d'église , naquit à Isoletta ,
près de Verceil, vers 1769. Il apprit la
musique sous la direction du chanoine
Saltelli, fut attaché pendant quelque
temps , comme chanteur, à la cathédrale
de Verceil , et devint ensuite chanoine à
Varallo, où il est mort en 1823. Il a laissé
en manuscrit des messes et des motets.
COMPABETTI (andke) , physicien et
médecin, né dans le Frioul au mois d'août
12
178
COM
COM
1746, mourut à Padoue le 22 décembre
1801. On a de lui un ouvrage important
sur l'anatomie de l'oreille, intitulé : Ob-
servationes anaiomicœ de aure interna
comparatœ, Padoue, 1789, un vol. in-4°.
Ce livre a pour but de démontrer que le
siège de l'ouïe se trouve dans le labyrinthe
membraneux de l'oreille.
COMPAN (honore) , professeur de
harpe et violiniste à Paris. On a de lui :
1° Pièces en concerts pour la harpe, Paris,
1779; 2° Recueil de petites pièces pour la
harpe , ibid ; 3° Méthode de harpe , ou
principes courts et clairs pour apprendre
à jouer de cet instrument. On y a joint
plusieurs petites pièces pour l'applica-
tion des principes , et quelques ariettes
choisies, avec accompagnement. Paris ,
Thomassin , 1783. Compan vivait encore
en 1798 ; il était alors violiniste au théâ-
tre de la pantomime nationale. On a pu-
blié sous son nom une Petite méthode de
viusique , Paris, Frère.
COMPENIUS (henri), constructeur
d'orgues et compositeur, naquit à Nord-
bausen vers 1540. Il fut l'un des cin-
quante-deux examinateurs nommés pour
la réception du grand orgue de Groningue,
en 1596. Ses ouvrages les plus connus
sont : 1° L'orgue de la cathédrale de Mag-
debourg , composé de trois claviers , pé-
dale et quarante -deux jeux, terminé en
1604 ; 2° Celui de l'abbaye de Riddages-
bausen , à trois claviers , pédale et trente-
un jeux. Comme compositeur, il a publié :
Chrislliche harmonia } zu Ehren dess
new erwehlten Raths des 1572 Jahrsin
JSrffiirtj mit S Stimmen componirt , 1572.
COMPENIUS (esaie), organiste, fac-
teur d'orgues et d'instrumens du duc de
Brunswick, naquit vers 1560. Il vivait à
Brunswick vers 1600. On doit à Prœto-
rius des renseignemens sur cet artiste et
sur ses travaux. C'est de lui que nous ap-
prenons que Compenius avait écrit un
traité de la construction des tuyaux d'or-
gue et de quelques autres parties de cet
instrument. Prœtorius promettait de met-
tre au jour cet ouvrage, mais il n'a jamais
paru. Le même écrivain dit ( Syntagma
mus., t. II , p. 140) que Compenius a
inventé un jeu de flûte en bois ( double
flûte, doijllœte) qui chantait à la fois
comme huit et comme quatre pieds, c'est-
à-dire à l'octave. Ce jeu se trouve assez
communément dans les orgues de la Thu-
ringe. Les orgues qui ont été construits
par Compenius sont : 1° Celui du château
de Hessen , composé de ving-sept jeux en
tuyaux de bois, construit en 1612, et qui
fut placé en 1616 à Frederichsbourg , en
Danemarck; 2° Le grand orgue de Bûc-
kebourg, de quarante-huit jeux, trois cla-
viers et pédale , construit en 1615 ; 3° L'or-
gue de l'église St. -3Iaurice , à Halle,
construit en 1625.
COMPENIUS (louis), constructeur
d'orgues , paraît avoir vécu à Erfurt vers
le milieu du 17e siècle. En 1649, il a
fini l'orgue de l'église des Prédicateurs ,
dans la même ville, auquel on a ajouté
plusieurs jeux depuis lors.
COMPÈRE (louis), célèbre contrapun-
tiste , naquit vers le milieu du 15e siècle.
M. l'abbé Baini , citant ce musicien dans
l'index de ses Mémoires sur la vie et les
ouvrages de Pierluigi de Palestrina , le
désigne sous le surnom de Le Normant ,
mais sans indiquer dans l'ouvrage sur
quelle autorité il lui donne cette qualifi-
cation. Sans doute il s'est appuyé de quel-
que manuscrit ou ancienne publication;
mais je crois qu'il a été induit en erreur
par une similitude de nom , comme je le
ferai voir tout à l'heure. Il est au moins
vraisemblable que Compère n'est pas né en
Normandie , et qu'il a vu le jour dans l'an-
cienne Flandre française , car Claude Ré-
méré (Tabell. chronol. decan. St.-Quin-
tini , p. 162) et Colliete {Mémoires pour
servira l'histoire du Vermaitdois , t. III ,
p. 159) disent , d'après des actes authen-
tiques et des registres anciens , que Com-
père fut d'abord enfant de chœur à l'église
Saint-Martin, à St. -Quentin. Les mêmes
auteurs ajoutent qu'il vivait encore en
COM
COM
179
1524, sous le règne de François Ier.
Le nom de ce musicien a donné lieu à
beaucoup d'erreurs. M. l'abbé Baini l'ap-
pelle « Loyset, detto Compère, e mon Com-
père corne il Normant. » M. R.-G. Kiese-
■wetter semble bésiter sur le nom véritable,
car il indique dans son Mémoire sur les
musiciens belges , couronné par l'Institut
des Pays-Bas (p. 52), et dans son ouvrage
postérieur intitulé : Geschichte cler euro-
pœische abencllœndischen oder unsrer
heutigen Musik (p. 56), le nom de Com-
père comme celui de famille, et Loyset
comme le prénom , tandis que dans ce
dernier ouvrage (p. 105), il indique d'abord
celui de Loyset, puis celui de Compère.
Forkel, qui ne dit rien de Compère , parle
d'un musicien nommé Loyset Piéton
(Allgem. geschichte der Musik , t. IF,
p. 648), et considère Loyset comme le
nom , et Piéton comme un sobriquet l. Or,
Piéton (Louis) fut un musicien né vers la
fin du 15e siècle à Bernay, en Normandie
( Voy. Piéton), et c'est lui qui a été dé-
signé autrefois sous le nom de Normant.
C'est aussi de ce Piéton que Jean Ternaire
de Belges a parlé lorsqu'il a dit dans son
poème de Vénus :
Les tei mes doux de Loyset et Compère
Font mélodie aux cieux même confine.
Quant au nom de Loyset, c'est le dimi-
nutif de Loys (Louis), c'est-à-dire le petit
Louis , dénomination d'amitié et de bien-
veillance dont on se servait, à l'égard de
certains artistes , comme on disait autre-
fois dans les Pays-Bas Jannekin pour Jan
(Jean), Josekin pour Josse (Joseph), Pier-
kin ou Pieyerkin pour Pieyer ( Pierre);
Ainsi Loyset (le petit Louis) était le pré-
nom de Compère. A l'égard de la dénomi-
nation de Monsieur mon Compère , qu'on
trouve dans un manuscrit des archives de
la chapelle pontificale (n° 42) et dans plu-
sieurs autres endroits , on ne peut douter
■ In der TTebersclirift dieser Motette fiihrt Loyset ien
iieynamen Piéton (Loe. cit.)
que ce ne soit un jeu de mots auquel le
nom du musicien avait donné lieu. Ces
sortes de plaisanteries étaient fort en usage
au temps où Compère vivait. E.-L. Gerber
estropie le prénom de Loyset en celui de
Loset , et y ajoute celui de Samsotn, qu'il
écrit Sampson /je ne sais où il a pris cela.
Il est à peu près hors de doute que Com-
père a été élève d'Okeghem (V. ce nom),
et qu'il fui le condisciple de Josquin, car
Guillaume Crespel , qui fut aussi élève
d'Okeghem, le nomme dans sa Déploration
sur la mort de ce grand musicien qui a
été rapportée à l'article Brumel ( Voy. ce
nom). Tous les auteurs du 16e siècle s'u-
nissent pour louer le savoir qu'il avait
acquis dans son art ; ce que nous connais-
sons de ses ouvrages s'accorde avec les
éloges qui en ont été faits. Malheureuse-
ment ces ouvrages sont en petit nombre.
Gerber dit qu'on trouve plusieurs mélodies
de Compère dans un recueil de chants en
diverses langues , imprimé de 1550 à 1540,
in-8°, et dont la bibliothèque de Zwickau
renferme un exemplaire; mais il ne fait
connaître ni le titre du recueil , ni le lieu
de l'impression. Dans la collection des mes-
ses imprimées à Venise , par Petrucci , on
trouve un Asperges de Compère. Le vo-
lume manuscrit des archives de la chapelle
pontificale, coté n° 42, renferme (p. 78
et suiv. ) un motet à cinq voix de ce mu-
sicien, composé sur des paroles différentes
aux diverses parties ; le ténor et le deuxième
contralto chantent : Fera pessima devo-
ravit Jilium meum Joseph, pendant que
le soprano, le premier contralto et la basse
font entendre des vers sur les querelles du
pape Jules II et de Louis XII, roi de
France. Le manuscrit précieux qui appar-
tient à M. Guilbert de Pixérécourt, et
dont a été fait mention aux articles de
Busnois et de Caron ( Voyez ces noms ) ,
contient plusieurs pièces de Compère, que
l'auteur de cette Biographie a mises en
partition pour faire partie d'une collection
de monumens des premiers temps de la
musique harmonique.
12*
Ï80
CON
CON
COMTE (antoine LE) , maître de mu-
sique des églises de Sainte-Marie et de
Saint-Martin , à Marie , vers la fin da
17e siècle, a publié : Missa quinque vo-
cibus ad imitationem moduli : O vivum
ineffabilem , Paris , Christophe Ballard ,
1685 , in-fol.
CONCEIÇAM (Philippe DA), moine
portugais , né à Lisbonne , vécut dans on
couvent à Castella, vers le commencement
du 17e siècle. La Bibliothèque du roi de
Portugal possédait des Vilhancicos do
sacramento e Natal de sa composition.
CONCEIÇAM (pierre DA), clerc régu-
lier, né à Lisbonne, fut à la fois bon poète
et compositeur distingué. Il est mort le
4 janvier 1712, à peine âgé de vingt-un
ans. Machado (Bibl. Lusit., t. III, p. 569)
donne la liste suivante de ses composi-
tions : 1° Musica a 4 coros , pour une
comédie ; 2° Loa com musica a 4 vozes ;
3° Vilhancicos a 3,4e 8 vozes ; 4° A
cetera, e soif a de hum vilhancico; 5° In
exitu Israël de Egypto a 4 vozes , f un-
dadas sobre o Canto-Chao do mesmo
psalmo (In exitu Israël, à quatre voix,
sur le plain-chant de ce psaume).
CONCEIÇAM ( nuno DA), moine por-
tugais , né à Lisbonne, étudia la musique
avec succès dans sa jeunesse , et devint
maître de chapelle de son couvent à
Coimbre, où il est mort en 1737. On
y conserve en manuscrit ses compositions,
qui consistent en hymnes , motets , psau-
mes, etc.
CONCILIANI (charles) , chanteur ha-
bile, né à Sienne, en 1744, débuta sur
le théâtre de Venise , et eut bientôt une
brillante réputation. En 1763, il passa au
service de la cour de Bavière, mais il y
resta peu , ayant été invité par Frédéric II,
roi de Prusse , à faire partie de sa cha-
pelle. Il vivait encore en 1812, et habitait
une jolie maison de campagne près de
Charlottenbourff , où il avait rassemblé
une fort belle bibliothèque de musique.
Les qualités qui distinguèrent cet artiste
furent une belle mise de voix , une grande
légèreté , et surtout un trille admirable.
CONDILLAC (etienne-bonnot DE) ,
abbé à Mureaux , philosophe distingué du
18e siècle, naquit à Grenoble en 1715.
Ayant été nommé précepteur du duc de
Parme , petit-fils de Louis XV , il écrivit
pour son élève son Cours d'études, l'un des
fondemens les plus solides de sa réputa-
tion. En 1768 il fut reçu à l'Académie
française , à la place de l'abbé d'Olivet. Il
mourut dans sa terre de Flux , près de
Beaugenci, le 5 août 1780. Dans son
Essai sur l'origine des connaissances
humâmes , il traite de l'origine et des
progrès du langage et de la musique,
2e partie, § 5. Hiller a donné une traduc-
tion allemande de ce morceau dans ses
Notices et extraits sur la musique, année
1766, p. 269. Ce que dit Condillac con-
cernant la musique prouve que les meil-
leurs esprits peuvent s'égarer lorsqu'ils
parlent de ce qu'ils ignorent.
CONFORTI (jean-baptiste) , composi-
teur italien , élève de Claude Merulo , a
publié en 1567 , à Venise , son premier
œuvre de madrigaux à cinq voix. Ces ren-
seignemens sont les seuls qu'on ait sur cet
artiste.
CONFORTO (antoine), habile violi-
niste , naquit dans le Piémont en 1745,
et fut élève de Pngnani. Lorsque Bnrney
passa à Vienne, en 1772, il y trouva
Conforto , qui y était établi. Ce virtuose
a laissé en manuscrit deux oeuvres de so-
nates pour le violon.
CONFORTO (nicolas), compositeur
dramatique , né en Italie , se fixa à Lon-
dres , vers 1757, et y fit représenter un
opéra intitulé Antigono , qui eut douze
représentations.
CONRAD , moine bénédictin au mo-
nastère de Hirscbau , vers 1140 , fut phi-
losophe , rhéteur , poète et musicien , au-
tant qu'on pouvait l'être de son temps. On
a de lui un traité De musica et differentia
tonorum , lib. 1 , dont on trouve des
copies manuscrites dans plusieurs biblio-
thèques (Fid. Trith. in Chron. Hirsaug,
CON
sub. ann. 1091. pag. 90 et 91.) Forkel
et Lichtenthal ont fait par erreur deux
articles d'un seul en distinguant Conrad
du diocèse de Cologne de Conrad de Hirs-
chau, et le traite De musica et différencia
tonorum de celui qu'ils citent ensuite soas
le titre De musica et To/iis.
CONRAD DE MURE, chanoine et
chanteur primaire de l'église principale
de Zurich, vivait vers l'an 1274. Gesner
( Bibl. Univ. ) cite un traité De musica
dont il était auteur.
CONRAD (bartholome) , jésuite pro-
fesseur de mathématiques à l'université
d'Olmùtz, vers le milieu du 17e siècle,
a fait imprimer une dissertation intitulée :
Propositiones pliysico-mathematicœ de
natura soni, Olmùtz , 1641 , in-4°.
CONRAD (jean-christopiie), organiste
à Eisfeld, dans le pays de Hildbourghau-
sen, a fait imprimer à Leipsick, en 1772,
deux suites de préludes pour l'orgue. Ce
sont de bons ouvrages dans la manière des
anciens organistes allemands.
CONRAD (j.-g.). On a sous ce nom un
livre qui a pour titre : Beitrag zum Ge-
sangs unlerricht in Ziffern , als Probe
einer Leichten Beziefferung. ( Essai sur
l'enseignement du chant par chiffres, etc.)
Meissen, Goedsche. Ce musicien a publié
aussi chez Breitkopf , à Leipsick , un re-
cueil de préludes faciles pour l'orgue.
CONRADI (jean-georges) , maître de
chapelle à OEttingen , vers la fin du
17e siècle, fut un des compositeurs qui
firent entendre les premiers opéras alle-
mands , sur le théâtre de Hambourg. Ses
principaux ouvrages sont : 1° Ariane,
en 1691 ; 2° Diogenes , 1691 ; 3° Numa
Pompilius , 1591 ; 4° Carolus Magnus ,
1692; 5° Jérusalem, première partie,
1692; 6° Jérusalem, deuxième partie,
1692 ; 7° Sigismond, 1693; 8° Gense-
ricus , 1693; 9° Pygmalion , 1793. Le
style de ce musicien est lourd ; et ses mé-
lodies sont sans grâce : cependant Hatthe-
son assure (dans la 22e méditation de
son Musick, Patriot. ) que plusieurs de
CON
181
ses opéras ont obtenu d'éclatans succès.
CONRADI (Mlle), célèbre cantatrice
allemande, fille d'un barbier de Dresde,
naquitvers 1682. Ellebrilla sur le théâtre
de Hambourg de 1700 à 1709, et chanta
ensuite à Berlin dans deux opéras. Eu
1711 , elle devint la femme d'un noble
polonais , nommé le comte Gruzewski , et
quitta le théâtre. Mattheson a parlé de
cette cantatrice avec beaucoup d'éloges
sous le rapport de ses facultés naturelles ,
mais il assure que son éducation musicale
était à peu près nulle.
CONRING (herman), savant distingué,
médecin célèbre , professeur de droit civil
et politique, philologue habile et histo-
rien , naquit à Norden en Ostfrise le 9 no-
vembre 1606. En 1632 il fut nommé
professeur de philosophie naturelle à
Helmstadt. La reine Christine de Suède
l'appela à Stockholm en 1650, avec le titre
de son médecin et de son conseiller. Il fut
sucessivement honoré des bontés de Charles-
Gustave , roi de Suède, de Louis XIV , et
de l'empereur d'Allemagne. Il mournt le
12 décembre 1681, âgé de soixante-quinze
ans. Ses œuvres ont été recueillies par
Jean-Guillaume Gœbel , et publiées en
1720, à Brunswick, en 7 vol. in-fol. On
trouve dans cette collection beaucoup de
renseignemens sur la musique, et particu-
lièrement sur celle des anciens , dans un
grand nombre d'endroits du tome III. On
peut en voir l'indication dans la Littéra-
ture de la musique de Forkel (Allgem.
Litter. der Musik , pag. 95 ) , et dans l'ou-
vrage de Mattheson intitulé G/undlage
einer Ehrenpforte , pag. 39.
CONSALVO (t.), ancien élève du
Conservatoire de la Pietà, à Naples, a pu-
blié des principes de musique , suivis des
règles d'accompagnement de Fenaroli ,
sous ce titre : La Teoria musicale corn-
presevi ancora le rinomate regole pel
partimento del cel. maestro Fenaroli,
corredate di annotazioni , Naples 1726.
CONSILIUM (jacques), musicien fran-
çais qui vivait dans la première partie du
182
CON
16e siècle, est connu par quelques motets
et des chansons qui ont été insérées dans
les recueils publiés de son temps et parti-
culièrement dans la précieuse collection
de motets imprimée à Paris chez Pierre
Attaignant, de 1529 à 1537 , in-4° obi.,
gothique. Les livres septième, huitième et
onzième , contiennent les motets à cinq
voix In Ma die , Cuni inducerent, et Ad-
juva me Domine , de la composition de
Consilium. Il y a lieu de croire que le
nom sous lequel cet artiste est connu n'é-
tait pas le sien , et que suivant un usage
assez fréquent du temps où il vécut, on a la-
tinisé celui qui lui appartenait réellement.
CONSOLI ( tiiomâs) , sopranisle , né à
Rome vers 1755 , fut appelé en 1775 à la
cour de l'électeur de Bavière pour y chan-
ter l'opéra séria. En 1777 , il obtint un
congé de six mois pour faire un voyage en
Italie , mais le prince Maximilien III
étant mort dans la même année, tous ses
engagemens se trouvèrent rompus, et le
prince Charles-Théodore , successeur de
l'électeur, congédia Consoli de son service.
Il résolut alors de se fixer à Rome , et fut
admis comme chanteur à la chapelle Six-
tine. Il vivait encore en 1808.
CONSTANTIN, violon de la musique
de Louis XIII et roi des ménétriers, fut un
artiste habile pour le temps où il vécut ,
et composa des pièces à cinq et six parties
pour le violon, la viole et la basse , qui ne
sont pas dépourvues de mérite. Il mourut à
Paris , en 1657 , et eut pour successeur
Dumanoir , dans sa charge de roi des mé-
nétriers.
CONSTANTIN ( . . . ) , ancien chef
d'orchestre de la danse aux jardins de Ti-
voli , s'est fait connaître par un grand nom-
bre de cahiers de contredansespour orches-
tre complet, en quatuors, en trios, etc.
On a aussi de lui des valses et des contre-
danses variées pour violon seul. Tout ce
que ce musicien a écrit ou arrangé a été
pravé à Paris.
° CONSTANTINI(fabio). Foyez COS-
TANTINI.
CON
CONSTANTIUS (barbarinus) , compo-
siteur sicilien qui vivait au commence-
ment du dix-septième siècle, a fait impri-
mer plusieurs de ses pièces dans un recueil
intitulé : Infidi lumi , Palerme, 1603.
CONTANT DE LA MOLETTE (phi-
lippe DU), naquit à la Côte Saint-André,
le 29 août 1737. Ayant obtenu le degré de
docteur en théologie en 1765 , il fut en-
suite nommé vicaire général du diocèse
de Vienne. Il périt victime de la révolu-
tion en 1793. On a de lui : Traité sur la
poésie et la musique des Hébreux, Paris,
1781, in-12 ; ouvrage qui ne mérite au-
cune estime. Forkel et Lichtenthal se sont
trompés sur le nom de cet auteur en écri-
vant Constant.
CONTI (ANGELo),né à Aversa, en 1603,
a publié à Venise, en 1634 , un livre de
messes à cinq voix ; trois livres de madri-
gaux à quatre voix, en 1635-1638, et un
livre de motels à deux et dix voix, 1639.
CONTI (fkançois), compositeur distin-
gué et l'un des plus habiles théorbistes qui
aient existé , naquit à Florence, dans la
seconde moitié du 17e siècle. On ignore
où il fit ses études musicales , mais il pa-
raît qu'elles furent bien dirigées , car il
écrivait avec élégance , quoiqu'il manquât
d'invention, et qu'il se bornât à imiter le
style d'Alexandre Scarlatti. Cette opinion,
concernant la musique de Conti, n'est pas
celle qui a été émise par quelques écrivains
allemands, notamment par Schulz et Ger-
ber ; ces auteurs lui reconnaissent un gé-
nie original et l'accusent même de bizar-
rerie ; mais je n'ai trouvé aucune trace de
cette originalité dans la partition de Teseo
in Creta, ni dans les airs de llfmto Po-
licare et de Clotilda, que je possède. Ces
airs sont exactement calqués sur ceux de
Scarlatti.
Conti se rendit à Vienne en 1703 , et y
entra dans l'orchestre de la chapelle impé-
riale, en qualité dethéorbiste. L'empereur,
qui aimait son talent, le nomma peu après
compositeur de sa chambre et vice-maître
de sa chapelle. A la mort de Ziani, en
CON
CON
183
1 7 22 , il devint titulaire de sa place. Quanz,
qui entendit Conti jouer du théorbc à
Prague, en 1723, dans l'opéra de Cos-
tanza e Fortezza , parle de son talent
avec admiration. Son opéra de Clotilde
fut joué à Lozidres en 1709 ; on ignore s'il
se rendit en cette ville pour le faire repré-
senter, ou si l'ouvrage avait été joué pré-
cédemment à Vienne. Quoi qu'il en soib,
cette composition fut suivie de beaucoup
d'autres que Conti écrivit pour la cour im-
périale. Parmi ces productions , on cite
surtout le Don Chisciotte comme em-
preint d'une originalité remarquable. Cet
ouvrage, traduit en allemand par Millier,
fut joué à Hambourg en 1722. On dit que
le succès de cette composition excita la ja-
lousie et la haine de Mattheson contre
Conti , et que c'est à cette cause qu'il faut
attribuer la publication d'une anecdote
insérée dans le Parfait maître de cha-
pelle de cet écrivain ', et dont on conteste
aujourd'hui la réalité. Voici cette anec-
dote telle qu'elle est rapportée par Mat-
theson , d'après une lettre datée de Ralis-
bonne, le 19 octobre 1730.
Une discussion s'étant élevée entre un
prêtre séculier et Conti, celui-ci fut insulté
d'une manière grave par l'homme d'église,
et se vengea par un soufflet. Le clergé,
ayant été saisi de cette affaire , condamna
le compositeur à faire amende honorable
à la porte de l'église cathédrale de Saint-
Etienne , pendant trois jours. Quoique
l'empereur (Charles VI) eut de l'attache-
ment pour son maître de chapelle, il n'osa
point annuler cet arrêt ; peut-être ne
croyait-il pas en avoir le pouvoir ; il se
borna à réduire à une seule séance la sta-
tion à la porte de l'église. Irrité par l'hu-
miliation qu'il subissait, Conti employa le
temps qu'il passa sur les marches de l'es-
calier de Saint-Etienne à vomir des in-
jures contre ses juges. Cette scène scanda-
leuse le fit condamner à recommencer
l'épreuve, le 17 septembre suivant (1730),
• Der Wolîkommeno Cappellmeister, p, 40.
revêtu d'un cïlice, et entouré de douze gar-
des, avec une torche dans la main. Bientôt
après , un arrêt du tribunal civil le con-
damna à payer au clergé une amende de
mille florins, à un emprisonnement de
quatre ans, et à être ensuite banni de
l'Autriche. Ceux qui ont rapporté cette
triste histoire, d'après Mattheson, ajoutent
qu'on croit que Conti mourut en prison.
Gerber a essayé, dans son nouveau Dic-
tionnaire des musiciens , de révoquer en
doute l'anecdote dont il s'agit , ou du
moins de la mettre sur le compte d'un fils
de Conti, jeune homme à tête folle , dit-il
(quoiqu'il ne soit pas prouvé que Conti
eut un fils), et il s'appuie de l'autorité de
Quanz et de Reichardt. Selon lui , Matthe-
son n'avait pour garant du fait que la let-
tre d'un jeune étourdi de Ratisbonne, et ne
l'avait accueilli que par haine contre le
musicien italien. L'auteur del'article Conti
du dictionnaire universel de musique, pu-
blié par M. Schilling, copie en partie celui
de Gerber, et ajoute que des écrivains im-
prudens , au nombre desquels figure le
rédacteur de la Revue musicale } ont em-
prunté ces fables scandaleuses au livre
de Mattheson. Ceci oblige l'auteur de cette
biographie d'examiner de quel côté sont
les probabilités.
"Walther a publié son lexique de musi-
que en 1732, c'est-à-dire deux ans après
l'événement indiqué par la lettre écrite de
Ratisbonne, le 19 octobre 1730 j il n'en
parle pas à l'article Conti {Francesco) 7
mais il avoue que les derniers rensei^ne-
inens qu'il a eus sur cet artiste remontent
à 1727, et qu'il les a puisés dans un alma-
nach d'adresses de Vienne. Le Parfait
maître de chapelle de Mattheson a paru
en 1759; neuf années seulement s'étaient
écoulées depuis l'événement rapporté dans
cet ouvrage j la plupart des amis de Conti
vivaient sans doute encore ; cependant au-
cune réclamation n'a été faite à l'appari-
tion du livre de Mattheson ; tout le monde
a gardé le silence sur un fait si extraordi-
naire, et ce n'est qu'en 1752 que fut pu-
184
CON
CON
blié l'ouvrage de Quanz sur la flûte , où
se trouvent quelques mots qui semblent
contredire , mais d'une manière indirecte,
l'anecdote du Parfait maître de chapelle.
A l'égard de l'autorité de Reichardt , elle
est de nulle valeur , car il écrivait environ
soixante-dix ans après l'événement. Mat-
tlieson était sans doute d'un caractère ja-
loux, mais il ne peut être accusé d'avoir
dans cette affaire accordé trop légèrement
sa confiance à de faux renseignemens, car
la lettre fut écrite en 1750, et il ne la pu-
blia que neuf ans après. S'il n'avait pas eu
la certitude alors d'être bien informé , il
se serait exposé à passer pour le plus im-
prudent de tous les hommes. Il est bon de
remarquer encore que Quanz a eu le tort
d'attendre trop long-temps pour démentir
le fait, et qu'il ne l'a pas fait d'une manière
explicite. Enfin , n'oublions pas que Ger-
ber et le Dictionnaire général de musique
avouent qu'on ignore le lieu et l'époque de
la mort de Conti; après 1730, tout se tait
sur son sort, et ce silence sur un maître
de chapelle de l'empereur et sur un artiste
tel que Conti est au moins singulier. Le
lecteur jugera , d'après ces renseignemens
de quel côté est l'imprudence des asser-
tions.
Voici la liste des ouvrages de Conti :
Clotilde , opéra sérieux , à Londres , en
1709; 2° Alba Cornelia, à Vienne, en
1714; 5° I Satiri in Arcadia , 1714;
4° Teseo in Creta, 1715; 5° Il Finto
Policare, 1716; 6° Ciro, 1716 ; 7° Ales-
sandro in Sidone, 1821 ; 8° Don Chi-
sciotte in Siéra Morena , 1719 - 9° Ar-
chelao, re di Cappadocia , 1722;
10° Mose preservato , 1722 ; llo Péné-
lope, 1724 ; 12° Griselda, 1725 ; 13° Isi-
Jïle ; 14° Galatea vindicata ; 13° Il
Trionfo dell' amore e dell' amicizia;
16° Motetto a soprano solo, 2 viol, con-
cert., 2 violini ripieni, 2ob. viola, viola
di gamba e basso ; 17° Cantate : Lonta-
nanza del amato bene , pour soprano,
chalumeau, flûte, violon à sourdine,
luth français et clavecin; 18° Cantate ;
Conpiu luci di condori , pour soprano,
violons et clavecin; 19° Cantate : Poi che
speme , pour soprano, deux violons, viole
et basse ; 20° Cantate : Quando petiso a
colei , pour soprano et clavecin. Les ar-
chives de musique du prince de Sonder-
hausen contiennent un volume manuscrit
qui renferme vingt-six cantates de Conti.
CONTI (ignace), compositeur drama-
tique, né à Florence, fut contemporain de
François , et comme lui au service de lu
cour de Vienne. Quelques personnes ont
cru qu'ils étaient frères ; d'autres , que
François fut le père d'Ignace. On n'a pas
de renseignemens pour éclaircir ce doute.
Ignace Conti a donné à Yienne :1° La Dis-
truzione di Hai , en 1728 ; 2° Il Giusto
ajflilto nella persona di Giobbe, 1736.
CONTI (l'abbe antoine), né à Venise ,
d'une famille noble, en 1678, est mort en
1749 , à l'âge de soixante-onze ans. Il fut
lié d'une étroite amitié avec Benoît Mar-
cello, vécut quelque temps en France,
puis en Angleterre , où il devint l'ami de
Newton. Dans ses œuvres posthumes, im-
primées à Venise, en 1756, in-4° , on
trouve : Dissertazione sulla musica imi-
tativa; cette dissertation fait voir que
Conti avait adopté toutes les idées de Mar-
cello sur la musique ; il s'élève particu-
lièrement contre le chant de bravoure que
Farinelli et Caffarelli avaient mis à la
mode.
CONTI (joachin) , surnommé Giz-
ziello , du nom de son maître D. Gizzi , fut
un des plus grands chanteurs du 18esiècle.
Né à Arpino , petite ville du royaume de
Naples, le 28 février 1714, il subit de
bonne heure la castration; soit, comme l'ont
dit plusieurs biographes italiens, qu'une
maladie de son enfance eût rendu cette
opération nécessaire , soit que la pau-
vreté de ses parens les eût déterminés à
spéculer sur la mutilation de leur enfant.
Quoi qu'il en soit , jamais cet acte de dé-
pravation n'eut de plus heureux résultats
pour l'art : voix douce , pure , pénétrante,
étendue, jointe a une expression naturelle,
CON
à un sentiment profond du beau , tout se
trouva réuni dans le jeune Conti. A l'âge
de huit ans , ses parens le conduisirent à
Naples , et le mirent sous la direction de
leur compatriote Gizzi. Cet habile profes-
seur entrevit au premier aspect tout ce
qu'on pouvait attendre d'un tel élève : il
se l'attacha, le reçut dans sa maison,
l'alimenta gratuitement et lui donna ses
soins pendant sept années consécutives.
Ce fut par reconnaissance pour son maître
que Conti prit le nom de Gizziello.
Le premier essai des talens du vir-
tuose eut lieu à Rome lorsqn'il n'était
âgé que de quinze ans ; le succès fut
prodigieux , et sa réputation s'étendit
dans toute l'Italie. En 1731 , il excita le
plus vif enthousiasme lorsqu'il chanta sur
le théâtre de la même ville la Didone et
X Artaserse de Léonard de Vinci. On
rapporte à cette occasion que Caffarelli ,
autre célèbre chanteur, qui se trouvait
alors à Naples , ayant appris que Gizziello
devait chanter certain jour , partit en
poste pour Rome , afin de l'entendre.
Arrivé dans cette ville , il se rendit au
théâtre et entra au parterre enveloppé de
son manteau, afin de n'être point reconnu.
Après le premier air chanté par Gizziello ,
Caffarelli saisit un moment où l'on faisait
trêve aux applaudissemens et s'écria :
Bravo, bravissimo, Gizziello ! e Caffa-
relli che tel dice ; après quoi il sortit
précipitamment et reprit la route de Na-
ples. En 1732 et 1733 , Gizziello chanta
à Naples avec le même succès. Trois ans
après il partit pour Londres , où il était
engagé pour le théâtre que Handel diri-
geait. C'était l'époque de la rivalité la plus
ardente entre ce théâtre et celui de l'op-
position conlié aux soins de Porpora. Ce
dernier où l'on trouvait réunis des chan-
teurs tels que Farinelli , Senesino et la
fameuse Cuzzoni , avait alors un avantage
marqué dans l'opinion , et Handel , avec
tout son génie, ne pouvait lutter contre
un pareil ensemble, qu'en lui opposant
quelque virtuose du premier ordre. L'ar-
CON
185
rivée de Gizziello rétablit ses affaires : ce
grand artiste débuta le 5 mai 1736 , dans
X Ariodant de Handel , avec un succès
d'enthousiasme. Le 12 de ce mois il chanta
dans X Atalante du même auteur , com-
posée pour le mariage de la princesse de
Galles , et il continua pendant plusieurs
années à exciter l'admiration des Anglais.
En 1743 , il se rendit à Lisbonne , où il
avait été appelé pour le théâtre de la
cour. On remarqua dès ce moment que le
talent de Gizziello s'était perfectionné par
les études qu'il avait faites après avoir en-
tendu Farinelli , et sa réputation s'étendit
de telle sorte que le roi de Naples , Char-
les III , qui venait de faire construire le
théâtre de St. -Charles , résolut d'y réunir
Caffarelli et notre chanteur dans l'opéra
& Achille in Sciro , dont la musique avait
été composée par Pergolèse. On fit donc
revenir Caffarelli de la Pologne et Giz-
ziello de Portugal; celui-ci chanta le rôle
d'Ulysse , et l'autre celui d'Achille. Rien
ne peut être comparé à l'effet que Caffa-
relli produisit dans le premier air qu'il
chanta : toute la cour et les spectateurs se
livrèrent pendant quelques minutes aux
transports les plus vifs et aux applaudisse-
mens les plus bruyans. Gizziello avoua de-
puis qu'il se crut perdu et qu'il resta tout
étourdi de ce qu'il venait d'entendre.
Néanmoins, dit-il, j'implorai l'assistance
du ciel , et je m'armai de courage. L'air
qu'il devait chanter était dans le style pa-
thétique ; le son de sa voix , si pur, si tou-
chant, le fini de son exécution, l'accent
si expressif qu'il sut y mettre, et proba-
blement aussi l'émotion que lui avait cau-
sée le succès de son rival , tout cela , dis-
je, le fit atteindre à un tel degré de subli-
mité, que le roi transporté se leva , battit
des mains , invita toute sa cour à l'imiter,
et la salle fut ébranlée par les applaudis-
semens prolongés de l'auditoire. Aucun
des deux rivaux ne fut vaincu ; Caffarelli
fut déclaré le plus grand chanteur dans le
genre brillant, Gizziello, dans le style ex-
pressif.
186
GON
CON
En 1749 , ce virtuose passa en Espa-
gne, où il chanta sous la direction de Fa-
rinelli avec la célèbre Minghotti. Trois ans
après il retourna à Lisbonne, et se fit enten-
dre dans le Demofoonle de David Perez.
Le roi de Portugal le combla de richesses,
et Ton rapporta que , touché d'un air pas-
toral que Gizziello avait chanté dans une
cantate pour la naissance de ses fils, ce
prince lui fit présent d'une poule et de
vingt poussins d'or de la plus grande va-
leur. Vers la fin de l'année 1755, ce grand
artiste résolut de quitter le théâtre, et revint
dans sa ville natale, où il demeura quelque
temps ' ; ensuite il fixa son séjour à Home,
et après avoir joui de sa fortune avec hon-
neur, il mourut dans cette ville le 25 oc-
tobre 1761, à l'âge de 47 ans. Son portrait
a été gravé , et se trouve dans la Biogra-
fia clegli uoinini illustri del regno di
JYapoli.
CONTI ( jacques ) , violiniste italien ,
mort à Vienne en 1804, était en 1790
premier violon de la chapelle de l'impéra-
trice de Russie et du prince Potemkin.
Trois ans après il se rendit à Vienne , où
il fut fait chef d'orchestre de l'Opéra Ita-
lien. Ses ouvrages imprimés consistent en
cinq concertos pour le violon, deux œuvres
de sonates pour le même instrument, trois
œuvres de duos, idem, op. 6, 9 et 10,
et un œuvre de solos pour le violon, op. 8.
Il y a eu un autre violiniste du nom de
Conti (Pierre), qui a publié un concerto de
violon à Amsterdam , en 1760.
CONTI (charles), compositeur drama-
tique , né à Naples vers 1804, a été admis
comme élève au collège royal de musique
de cette ville ; et y a fait ses études sous
la direction de Tritto. Au mois de septem-
bre 1827, il a fait représenter avec quel-
que succès , au tbéâtre Valle , de Rome,
un opéra qui avait pour titre L'Innocenza
in periglio. Au mois de décembre de la
même année, il a donné au tbéâtre Nuovo
de Naples Gli Aragonesi in JYapoli. Le
6 juillet 1828, on joua au théâtre Saint-
Charles, un ouvrage du même auteur inti-
tulé Alexi : il fut accueilli avec froideur.
Cet opéra n'avait pas été écrit entièrement
par Conti; une indisposition grave qui lui
était survenue , ne lui avait pas permis de
pousser son travail au-delà de la troisième
scène du second acte ; la partition fut ter-
minée par Vaccai. Riccordi a publié à
Milan quelques morceaux détacbés de l'o-
péra de Conti , Gli Aragonesi in Napoli.
CONTINI (jean), maître de chapelle
de la cathédrale de Brescia en 1550 , a
publié les ouvrages suivans de sa compo-
sition : 1° Madrigali a cinque voci, lib. 1 ,
Venise 1550; 2° Canliones sex vocum,
Venise, 1565, in- 4°; 3° Introitus et
alleluja quinque vocum , ibid. , in-4° ;
4° Hjmnos quatuor vocum, ibid., in-4»;
5° Threnos Hieremiœ quatuor vocum }
ibid. , in-4° ; 6° Missœ 4 vocibus con-
cert., ibid., in-4°. Ce musicien ne doit
pas être confondu avec Jean Contini ,
compositeur de Pécole romaine qui vivait
au commencement du 18e siècle, et qui
est auteur d'un oratorio, intitulé IlPesca-
tore castigato. Cet oratorio fut exécuté
avec beaucoup d'effet dans l'église des do-
minicains , à Prague en 1735.
CONTITJS (Christophe) , bon construc-
teur d'orgues , vivait à Halberstadt au
commencement du 18e siècle. Ses princi-
paux ouvrages sont : 1° L'orgue de Tars-
chengen , composé de vingt-un jeux, deux
claviers et pédale, terminé en 1706;
2° Celui de l'église des Femmes (Frauen-
kirche) à Halle, composé de soixante-cinq
jeux, trois claviers et pédale, fini en 1713.
CONTIUS ( ) , compositeur ,
claveciniste et joueur de harpe , naquit à
Rosla , en Turinge , vers 1714. Il fut d'a-
bord attaché au service du comte de
1 C'est par une erreur manifeste que A. Burgh (Anec-
dotes of miisic, lom. Uï, pag. 169) dit que Gizziello
se trouvait encore à Lisbonne en 1755, lors du tremble-
ment de terre qui détruisit celte ville, et qu'après avoir
échappe comme par miracle à ce funeste événement, ce
grand chanteur, dans un accès de dévotion, avait e'té
s'enfermer dans un cloître où il mourut peu de temps
après.
CON
Bruhl , à Dresde , en qualité de harpiste.
Lorsque la chapelle de ce ministre eut été
dispersée par suite de la guerre de sept
ans , Contius se transporta à Sonderhau-
sen , en 1759, et y mena une vie retirée,
donnant des leçons de clavecin et de harpe.
Il y composa plusieurs morceaux d'église
pour la chapelle du prince , dans lesquels
il employa des idées puisées dans les œu-
vres de Hasse , mais avec adresse , et de
manière à prouver qu'il connaissait hien
les ressources du contrepoint. En 1762,
il entra au service du prince de Berne-
bourg ; mais ayant reçu sa démission en
1770 , il se rendit à Quedlimbourg , où il
obtint une charge civile, dans laquelle il
est mort en 1776. 11 est auteur de plu-
sieurs concertos de clavecin et de harpe,
ainsi que de quelques symphonies; mais
tous ces ouvrages sont restés en manuscrit.
CONTIUS (henri-andre), constructeur
d'orgues privilégié, à Halle , vécut vers le
milieu du 18e siècle. Les meilleurs instru-
mens sortis de ses mains sont : 1° L'oro-ue
de l'église principale à Giebichenstein ,
composé de vingt-deux jeux, deux claviers,
et pédale , avec deux anges qui jouent des
timbales, et un antre qui sonne de la
trompette : cet orgue a été fini en 1743;
2° L'orgue de la nouvelle église de Glau-
cha , de vingt-cinq jeux , deux claviers et
pédale, terminé en 1755; 3° Un orgue
de chambre, pour un seigneur des envi-
rons de Riga , en 1760.
CONTREDIT ( andrien ou andre),
ecclésiastique , vivait vers la fin du
13e siècle. Il était poète et musicien , et a
laissé neuf chansons notées. Le manu-
scrit de la Bibliothèque du roi, coté 7222
(ancien fonds) , en contient huit.
CONVERSI (jERÔME),né à Corrège vers
le milieu du 16e siècle, est connu comme
auteur des ouvrages suivans : 1° Canzonl
a cinque voci , Venise , 1575 ; 2° Ma-
drigali a sei voci, lib. 1, Venise, 1584-,
CONTERS (jean), savantanglais, mem-
bre de la société royale de Londres dans
la seconde moitié du 17° siècle , a donné
coo
187
dans les Transactions philosophiques ,
tome XII , page 1027, une dissertation
sur la trompette parlante perfectionnée
par Morcland sous ce titre : The Speak-
ing trompe t improvecl.
COOK ( henri ) , musicien anglais , fut
élevé k la chapelle royale de Charles Ier;
mais au commencement des troubles qui
causèrent la mort de ce prince , il quitta
la musique pour suivre la carrière mili-
taire. En 1642 il obtint une commission
de capitaine, ce qui fait que les anglais le
désignent ordinairement sous le nom de
capitaine Cook. Au retour de Charles II,
il rentra clans l'ordre civil , et fut nommé
maître des enfans de la chapelle royale.
Parmi ses élèves, on distingue Humphrey,
Blow et Wise ; Anthony Wood nous ap-
prend que Cooli mourut, en 1672, du
chagrin que les succès de Humphrey lui
occasionnèrent. On n'a imprimé de la mu-
sique de Cook que quelques antiennes dans
les collections de son temps ; elles ne don-
nent pas une haute opinion de son génie.
Playford a inséré plusieurs airs de ce com-
positeur dans son Musical companion
(Londres, 1667); ils sont d'un style sec
et aride.
COOK (benjamin) , fils d'un marchand
de musique , naquit à Londres , en 1739.
Par une étude assidue des meilleurs li-
vres sur la théorie de la musique, et de la
musique d'église des plus grands com-
positeurs, il parvint à un haut degré d'ha-
bileté comme harmoniste et comme orga-
niste, et acquit beaucoup de réputation en
Angleterre. Il a été organiste de l'abbaye
de Westminster et de l'église St.-Martin-
des-Prés pendant les trente dernières an-
nées de sa vie. Après la mort de Kelway ,
il a été nommé aussi organiste de la cour.
Le grade de docteur en musique lui fut
conféré par l'université d'Oxford, en 1782.
Il est mort à Londres , au mois de sep-
tembre 1793. Quoiqu'il ait écrit beaucoup
de musique d'église , il n'a publié que
quelques psaumes, et une collection de
canons , de catches et de glees.
188
coo
GOO
COOKE ( roeert ) , organiste et maître
des enfans de chœur de l'abbaye de West-
minster, est mort en 1814, à l'âge de
cinquante-neuf ans. Il a composé de bonne
musique d'église, et des préludes pour
l'orgue ; mais ces ouvrages n'ont pas été
publiés.
COOKE (nathaniel), né à Bosliam ,
près de Cbichester, en 1775, eut pour
maître de musique son oncle , Mathieu
Cooke , organiste de St.-George's Blooms-
bury, à Londres. La place d'organiste de
l'église paroissiale de Brighton devint va-
cante , Nathaniel Cooke se mit an nombre
des concurrens , et fat nommé par accla-
mations. Il occupe maintenant cette place.
Les ouvrages qu'il a publiés se composent
de plusieurs petites pièces pour le piano ,
d'une collection d'hymnes et d'antiennes
intitulée : A Collection of psalms and
hymnsfor the use ofthe Brighthelmstone
church choir, et d'un Te Deuni.
COOKE (thomas) , né à Dublin, vers
1785, reçut des leçons de son père pour
le violon , et apprit la composition sous la
direction de Giordani. Il était doué d'une
facilité prodigieuse pour apprendre à jouer
de toute sorte d'instrumens ; on rapporte
que dans un concert, donné à son bénéfice,
au théâtre de Drury-Lane, iljona des so-
los sur neuf instrumens différens. Il était
encore fort jeune lorsqu'il succéda au di-
recteur du théâtre de Dublin ; il joignit à
cet emploi celui de chef d'orchestre. On
ne lui connaissait point le talent de chan-
teur , lorsque, tout à coup, il annonça
qu'il jouerait le rôle du Seraskier, dans
Le siège de Belgrade, pour une représen-
tation à son bénéfice» Il y réussit complè-
tement , et se plaça , dit-on , dès cet essai ,
au premier rang des chanteurs anglais. Il
ne tarda point à se rendre à Londres , où
il fut engagé comme premier chanteur au
théâtre de l'Opéra anglais. Après l'expi-
ration de cet engagement, il passa au théâ-
tre de Drury-Lane pour y remplir le même
emploi pendant plusieurs années. Il est
maintenant attaché au même théâtre
comme directeur de la musique, chef
d'orchestre et compositeur. Il joint à ces
titres celui de membre de la société phil-
harmonique, de professeur de l'académie
royale de musique , membre du Catch-
Club , et du Glee-Club. Ses principales
compositions sont : deux opéras intitulés
Frederick the Great (Frédéric-le-Grand),
et The king's proxy (Le procureur du roi) ;
des duos et des sonates pour le piano ; l'ou-
verture de Maid and wife (Fille et femme) ;
une ouverture militaire et pastorale ; beau-
coup de chansons anglaises pour une ou plu-
sieurs voix avec accompagnement de piano,
et un ouvrage élémentaire pour le piano ,
Seule, wilh ffty-seven variations for
young performers on the piano forte.
Cooke a épousé miss Howells , cantatrice
distinguée de Covent-Garden, et en a plu-
sieurs enfans qui déjà se distinguent dans
la musique. M. Cooke est connu à Londres
sous le nom de Tom Cooke.
COOMBE (guillaume-françois) , né
en 1786, à Plymouth, dans le Devonshire,
a commencé ses études musicales sous la
direction de son père , qui était professeur
de chant. Il reçut ensuite des leçons de
Churchill , puis de Jackson d'Exeter.
A l'âge de quatorze ans il fut nommé or-
ganiste de Chard , dans le comté de Som-
merset ; il passa ensuite à Tottness, où
il est demeuré neuf ans, et enfin à Chelms-
ford , en Essex , où il est maintenant. Il a
composé plusieurs sonates de piano, à l'u-
sage des élèves; elles ont été gravées à Lon-
dres. On les trouve dans le catalogue de
Preston , sous la date de 1797.
COOMBS (jacques-maurice), né à Sa-
lisbury, en 1769, fut admis au nombre
des enfans de chœur dans la cathédrale de
cette ville, et eut pour maître de musique
M. Parry, et le docteur Stephens. En 1789,
il a été nommé organiste de Chippenham,
où il est demeuré jusqu'à sa mort, arrivée
en 1820. Dans sa jeunesse, il a composé
un Te Deum et un Jubilate qui ont été
gravés et qui lui font honneur. Il a publié
depuis lors des glees et des chansons. En
COP
1819, il a donné nne collection de psaumes
choisis de divers auteurs sous le titre de
Psalm tunes.
COPERARIO (jean), dont le nom an-
glais est Cooper, fut un fameux joueur de
viola da gamba. Il naquit en Angleterre,
vers 1570. Dans sa jeunesse , il voyagea
en Italie, où il changea son nom en celui
de Coperario. A son retour, Jacques Ier le
chargea d'enseigner la musique à ses en-
fans. Il fut aussi le maître de Henry
Lawes. Ses fantaisies pour la viola da
gamba eurent beaucoup de vogue en An-
gleterre, au commencement du 17e siècle.
Elles sont restées en manuscrit. Aux noces
du comte de Sommerset avec Lady Fran-
cis Howard, Coperario composa la musique
d'nn divertissement , en société avec La-
nière et plusieurs autres personnes ; un
des airs de ce divertissement a été inséré
par Smith dans sa collection intitulée :
Musica antica. On trouve aussi quelques
morceaux de ce musicien dans le recueil de
William Leighton. Coperario a aussi pu-
blié : 1° Funeral tears for the death
of the right honourable Earle of De-
vonshire , etc. (Larmes versées au tom-
beau du comte de Devonshire , en sept
chants, dont six pour un soprano avec une
guitare , et le septième à deux voix), Lon-
dres , 1606 ; 2° Songs of mourning be-
wailing the untimelj death of prince
Henry (Chants funèbres sur la mort pré-
maturée du prince Henry, avec accompa-
gnement de guitare ou de gamba), Lon-
dres, 1613, in-fol.
COPERNICUS (erdmann), recteur à
Francfort-sur-1'Oder, naquit dans cette
ville, au commencement du 16e siècle , et
fut reçu docteur et professeur de droit sur
la recommandation de Mélanchton. Il est
mort à Francfort, le 25 août 1575. On a
de lui : Hymni Ambrosii , Seduli , Pro-
pertiiet aliorum, quatuor vocum, Franc-
fort, 1575, in-8°.
COPPIN DE BREQUIN , ménestrel du
roi de France Charles V, vivait en 1364,
il était alors attaché à la musique de ce
COQ
18D
prince, suivant un compte daté de cette
année qui est à la Bibliothèque royale de
Paris (V. la Revue musicale, 6e année,
p. 219). Dans un manuscrit delà biblio-
thèque de Bourgogne, à Bruxelles, il existe
une chanson française à trois voix de ce
musicien , qui était contemporain de Guil-
laume de Machault.
COPPINDS (aquiltnus) , littérateur et
musicien, naquit à Milan, vers 1565.
Après avoir fait ses humanités au collège
de Saint-Simon , de cette ville , il se livra
à Pétude de la musique, et devint fort ha-
bile dans cet art. L'époque de sa mort
n'est point connue , mais on sait qu'il vi-
vait encore en 1621 , car il publia dans
cette année un recueil d'épîtres latines re-
marquables par leur élégance. On a de lui
un recueil de motets arrangés sur des ma-
drigaux de plusieurs auteurs, sous ce titre :
Partito délia musica, tolta de' madri-
gali di Claudio Monteverde , e d'altri
autori, fatta spirituale da Aquilino
Coppino, Milan, 1607, 6 vol. in 4°.
COPPOLA(jacques), est le plus ancien
maître de chapelle connu de l'église Sainte-
Marie-Majeure de Rome. Le 26 juin 1539,
il fut nommé maître de chant de cette
basilique, avec la charge d'instruire les
enfans de chœur.
Un. autre artiste de ce nom (Joseph
Coppola) , naquit à Naples , vers le milieu
du dix-huitième siècle, et écrivit dans cette
ville, en 1788, un oratorio intitulé :
L'apparizione di S. Michèle Arcangelo
nel Monte Gargano. On connaît aussi de
ce compositeur une cantate avec orchestre
qui a pour titre : Gli Amanti pastori.
COQUE AU (claude-philieert), archi-
tecte, naquit à Dijon le 3 mai 1753. Après
avoir fait de bonnes études au collège de
Gadran, il apprit les principes de l'archi-
tecture et fit de rapides progrès dans cet
art, dans les mathématiques, et dans le
dessin. Artiste et littérateur, il se livra à des
recherches sur les usages, les mœurs et la
civilisation des peuples de l'antiquité ; ses
travaux eurent particulièrement pour objet
190
COQ
les principes de l'ordonnance et de la con-
struction des temples , des hôpitaux , des
salles de spectacle et de concert, etc. Il
rechercha surtout dans Vitruve les moyens
employés par les anciens pour produire
dans leurs théâtres des effets puissans sur
des populations entières, et il fut conduit
par là à la considération des moyens par
lesquels on pourrait ajouter à l'effet de la
musique dans les salles d'Opéra. Mais bien-
tôt convaincu de la nécessité de joindre les
connaissances du musicien à celles de l'ar-
chitecte, pour la solution de ce prohlême,
il se livra avec ardeur à l'étude de la mu-
sique, sous la direction de Balbàtre , alors
maître de chapelle à la cathédrale de Di-
jon. En 1778, Coquéau se rendit à Paris
pour suivre les cours de l'académie royale
d'architecture. Cette époque était celle des
disputes des Gluckistes et des Piccinnistes
auxquelles tout le monde prenait part.
L'abhé Arnaud , Suard , Marmontel , La
Harpe , et beaucoup d'autres écrivains se
renvoyaient chaque jour des épigrammes à
ce sujet, dans des pamphlets et des articles
de journaux. Un écrit anonyme parut tout
à coup sur le même sujet sous le titre : De
la mélopée chez les anciens et de la mé-
lodie chez les modernes (Paris, 1778,
in-8°) ; il excita autant d'étonnement que
d'intérêt par les aperçus neufs et justes
qu'il contenait : cet ouvrage était de
Coquéau. Les qualités mélodiques des œu-
vres de Gluck et de Piccinni y étaient exa-
minées avec impartialité et sagacité. On
sut bientôt que l'auteur était simplement
un élève de l'école d'architecture. Cet écrit
fut suivi d'un autre qui avait pour titre :
Entretiens sur l' état actuel de l'Opéra de
Paris (Amsterdam, Paris), 1779, in-8°.
Barbier s'est trompé en indiquant ce petit
ouvrage sous la date del781,in-12,dans son
Dictionnaire des anonymes ; il n'y en a
point eu d'autre édition que celle de 1779.
Les Entretiens sur l'état actuel de l'Opéra
de Paris se ressentaient un peu plus de
l'esprit de parti que le premier ouvrage de
Coquéau; Suard en lit une analyse peu
COR
bienveillante dans le Mercure de France.
Coquéau répondit à ses attaques par la
Suite des entretiens sur l'état actuel de
l'Opéra de Paris, ou lettres à M. S....
(Suard) , auteur de l'extrait de cet ou-
vrage dans le Mercure, in-8° , sans date
ni nom de lieu (Paris). Ce fut la dernière
publication de ce genre que fit paraître
Coquéau. Plus tard, il cessa de s'occuper
de la musique, et il se livra tout entier
aux travaux de l'architecture. Il périt vic-
time des troubles révolutionnaires , le 27
juillet 1794 (8 thermidor) , et monta sur
l'échafaud la veille du jour où se fit la
réaction qui mit un terme au régime de
la terreur.
CORANCEZ (olivier DE), né en 1743,
était employé dans les fermes, en 1778 ,
lorsque La Harpe publia dans le Mercure
un article où la mémoire de J.-J. Rous-
seau était attaquée ; Corancez crut devoir
prendre la défense du philosophe , et pu-
blia une brochure qui contenait quelques
anecdotes neuves et curieuses sur cet
homme extraordinaire. Admirateur en-
thousiaste de Gluck, Corancez prit une
part active aux discussions que firent naî-
tre les compositions de ce grand artiste;
plusieurs articles furent publiés par lui à
ce sujet dans le Journal de Paris , dont
il était rédacteur dès 1777, et dont il de-
vint co-propriétaire en 1788. En 1796, il
publia un recueil de poésies, petit volume
terminé par une notice intéressante sur
Gluck. Corancez est mort à Paris, au mois
d'octobre 1810.
CORBELIN (françois-vincent), pro-
fesseur de harpe et de guitare , à Paris ,
vers la fin du 18e siècle , fut élève de Pa-
touart. Parmi ses ouvrages , les plus con-
nus sont les suivans : Méthode de gui-
tare pour apprendre seul à jouer de cet
instrument, nouvelle édition, corrigée et
augm. de gammes dans tous les tons,
des folies d'Espagne avec leurs varia-
tions, et d'un grand nombre de pièces, etc.,
Paris, 1785; 2° Méthode de harpe,
IbicL; 3° Le guide de l'enseignement mu-
COR
sical , ou méthode élémentaire et méca-
nique de cet art, etc., Paris, 1802.
Corhelin fut fondant plusieurs années
marchand de musique à Paris ; vers 1805
il se relira à Montmorency, où il est mort
quelques années après.
CORBELLINI (bernardin), né en 1748
à Dubino, dans la Valteline des Grisons ,
fit ses études musicales au Conservatoire
de la Pielà, sous la direction de Sala. Il
mourut à Naples , en 1797. Il s'est fait
connaître par quelques opéras bouffes
parmi lesquels on cite Asluzzie per As-
tuzzie , et II marito imbrogliato. Cor-
bellini a écrit aussi pour l'église, et a mis
en musique les canzoni de Métastase.
CORBER (georges), musicien qui pa-
raît avoir été maître d'école à Nuremberg,
et qui a vécu vers la fin du 16e siècle. Il a
fait imprimer les ouvrages suivans de sa
composition : 1° Tyrocinium musicum ,
Nuremberg, 1589, in-8°; 2° Disticha
Moralia, ad 2 voc; 3° Sacrée cantiones,
4 voc. , Jitgis concinnatœ , Nuremberg,
in-4°.
COR.BERA (françois) , musicien espa-
gnol, a vécu dans le 17e siècle, et a dédié
à Philippe IV un ouvrage qui a pour titre :
Guitarra espannola , y sus différencias
de sonos.
CORBET (francisque), célèbre guita-
riste dont les noms véritables étaient Fra-
cesco Corbetti, naquit à Pavievers 1630.
Ses parens, qui le destinaient à une autre
profession que celle de musicien , le me-
nacèrent en vain de leur colère pour lui
faire abandonner l'étude de la guitare. Son
goût passionné pour cet instrument l'em-
porta, et il devint le guitariste le plus ha-
bile de son temps. Après avoir fait admi-
rer son talent en Italie , en Espagne et en
Allemagne, il se fixa à la cour du duc de
Mantoue. Quelques années après, ce prince
l'envoya à Louis XIV. Le talent deCorbet
excita la plus vive admiration à Versailles
et à Paris; mais le goût des voyages étant re-
venu à cet artiste, il passa en Angleterre où
le roi le maria, lui donna le titre de gentil-
COR
191
homme de la chambre de la reine, son por-
trait et une pension considérable. A l'épo-
que des troubles (1688) , Corbet revint en
Êrance; il y mourut quelques années après
regretté de tous ceux qui bavaient connu.
Ses meilleurs élèves furent De Vabray , De
Visé et Médard. Ce dernier lui fit l'épi-
taphe qu'on va lire :
Ci gît l'Amphion de nos jours ,
Francisque, cet homme si rare ,
Qui fit parler à sa guitare
Le vrai langage des amours.
11 gagna par son harmonie
Les cœurs des princes et des rois,
Et plusieurs ont cru qu'un génie
Prenait le soin de conduire ses doigts.
Passant , si tu n'as pas entendu ses merveilles ,
Apprends qu'il ne devait jamais finir son sort,
Et qu'il aurait charmé la mort ;
Mais hélas ! par malheur elle n'a point d'oreilles.
Ces derniers vers ne sont pas de trop
bon goût , mais l'admiration qu'ils expri-
ment n'est point au-dessus de ce que les
contemporains ont écrit concernant le ta-
lent de Francisque Corbet.
CORBETT (william), célèbre violi-
niste anglais, né vers 1668 , fut pendant
plusieurs années chef d'orchestre du théâ-
tre de Hay-Market. En 1710, il fit un
voyage en Italie, et se rendit à Rome , où
il vécut pendant plusieurs années. Il y ras-
sembla une collection précieuse de musi-
que et d'instrumens. Les dépenses considé-
rables qu'il fit dans ce pays ont fait croire
à quelques personnes qu'il recevait des se-
cours du gouvernement , et qu'il était
chargé de surveiller les actions du préten-
dant. Vers 1740, Corbett retourna à Lon-
dres ; il y mourut en 1748, dans un âge
avancé. La plus grande partie de ses iustru-
mens de musique fut léguée par son testa-
ment au collège de Gresham, avec une rente
de dix livres sterling pour la personne qui
serait chargée de les montrer au public. Les
compositions principales de ce musicien
sont : 1° Sonates pour deux violons et basse,
op. 1 , Londres, 1705; 2° Sonates pour
deux flûtes et basse, op. 2, Londres 1706;
3° Sonates paur deux flûtes etbasse, op. 5,
192
COR
Londres, 1707 ; 4° Six sonates pour deux
hautbois on trombes, deux violons et b. c,
Amsterdam, Roger ;5° Douze concertos pour
tous les instrnmens ; 6° XXXV concertos
or universal bizzarries , in 7 parts , in
3 books, op. 5, Londres, 1741. L'auteur
dit dans la préface de ce dernier ouvrage,
qu'il s'est proposé d'imiter le style usité
dans les divers royaumes de l'Europe, et
dans les principales villes on provinces de
l'Italie.
CORBIE (pierre DE). Foy. PIERRE.
CORDANS (barthe'lemi) , compositeur
dramatique, né à Venise, vers 1680 , s'est
fait connaître dès 1707 , et a travaillé
jusqu'en 1751. Son style est une imitation
de ceux d'Alexandre Scarlatti et de Bonon-
cini. Ses ouvrages les plus connus sont :
1° S. Romualdo , oratorio, à Forli , en
1707; 2° Silvia, à Vicence , en 1710;
5° Osmisda , Venise, 1728 ; 4° La Ge-
nerosità di Tiberio , en 1729; 5° La Ro-
milda, à Venise, 1 731 ; 6° La Roselinda,
à Venise, en 1731. On a aussi de lui une
messe de requiem et un De Prqfundis à
trois voix (deux ténors et basse).
CORDELET (claude), clerc tonsuré,
et maître de musiqne à Saint-Germain-
l'Auxerrois, de Paris, né à Dijon, est mort
à Paris, le 19 octobre 1760. Les motets
qu'il a donnés au Concert spirituel , ont
été applaudis •• c'était cependant un homme
de peu de talent ; le Mercure du mois de
juin 1753 (p. 163) dit beaucoup de mal
d'un Lœtatus sum de Cordelet qui avait
été exécuté au Concert spirituel le jour de
X Ascension. On connaît quelques canta-
tilles de ce musicien, telles que V Amour
déguisé, La Timidité, la Solitude, La
Convalescence du roi, etc., un livre d'airs
à chanter, Paris, Ballard , et deux livres
de solos pour les musettes et les vielles.
CORDELIER DE LA NOUE (a.). On
a publié sous ce nom : La poésie et la
musique, ou Racine et Mozart, épure à
M. Victor S...., Paris, Peytieux, 1824,
in- 8° de seize pages.
CORDELLA (jacqtjes) , compositeur
COR
dramatique , est né à Naples , en 1786. Il
commença , sous la direction de Fenaroli,
des études que les conseils de Paisiello
terminèrent. Il a donné beaucoup d'opéras
qui ont été représentés sur les principaux
théâtres d'Italie , d'Allemagne et de Hol-
lande. Le premier de ses ouvrages, intitulé
II Ciarlatano , a été représenté à Pise.
Cet ouvrage a été joué ensuite à Milan, en
1806. On connaît aussi de sa composition
Lo Scambio , opéra bouffe en deux actes.
CORDEYRO (antoine), prêtre et sous-
chantre à l'église cathédrale de Coimbre ,
en Portugal, vivait vers le commencement
du 16e siècle. Il est auteur d'additions et
de corrections au traité du plain-chant de
Jean-Martin, dont il a donné une édition
sous ce titre : Arte de canto chaô com-
posta por Joaô Martins , augmentada e
emendada, Coimbre, 1612, in-8°.
CORDILLUS (jacques-antoine), mu-
sicien , né à Venise , vers le milieu du
16e siècle , a publié des motets, en 1579.
CORELD1 (clotilde), dont le nom vé-
ritable était Colombelle, naquit à Paris,
le 4 mars 1804. Admise au Conservatoire
de mnsique de cette ville , elle y fit des
études de chant sous la direction de M. de
Garaudé. A l'âge de quinze ans elle obtint
au concours le prix de chant de cette école.
Quelque temps après elle partit pour l'Ita-
lie, et débuta avec succès au théâtre Saint-
Charles , de Naples , puis elle se rendit à
Milan , où elle fut engagée comme prima
donna du théâtre de laScala. Elle y joua
dans Tancredi avec madame Pisaroni , et
obtint un brillant succès dans cet ouvrage.
Au moment où l'avenir de cette jeune can-
tatrice paraissait assuré , elle mourut à
Milan, le 5 février 1826.
CORELLI (arcangelo), nom justement
célèbre dans les fastes de la musique , et
qui traversera les siècles sans rien perdre
de son illustration , quelles que soient les
révolutions auxquelles cet art sera soumis.
Le grand artiste qui le porta , non moins
admirable comme compositeur que comme
violiniste, naquit , au mois de février 1653,
COR
COR
193
à Fusignano, près d'Imola , sur le terri-
toire de Bologne. Selon Adami {Osser-
vazioni per ben regolare il coro ciel can-
ton, etc.), Corelli reçut les premières
leçons de contrepoint de Ma tteo Simonelli,
de la chapelle du pape, et l'on croit géné-
ralement que J.-B. Bassani fut son insti-
tuteur pour le violon.
On a dit que Corelli vint à Paris, en
1672 , et que la jalousie de Lulli lui sus-
cita tant de dégoûts et de tracasseries, qu'il
fut bientôt obligé de s'en éloigner ; mais
ce fait paraît an moins douteux. Il est plus
certain qu'il visita l'Allemagne après que
ses études furent terminées, car Gaspard
Printz, son contemporain, le connut en
1680, lorsqu'il était au service de la cour
de Bavière. Vers la fin de 1681 , il re-
tourna en Italie et se fixa à Rome , où il
publia, en 1685, son premier œuvre,
consistant en sonates pour deux violons et
basse , avec une partie d'accompagnement
pour l'orgue. Bientôt sa réputation fut
telle que les plus grands seigneurs se dis-
putèrent le plaisir de l'entendre chez eux,
et qu'on le chargea de la direction des or-
chestres dans toutes les occasions solen-
nelles.
L'élévation de son style , son exécution
prodigieuse pour le temps où il vivait, tout
se réunissait pour étendre sa réputation,,
Mattheson , quoiqu'il fût peu complimen-
teur, lui donnait le titre de Fiïrst aller
Tonkunstler ( prince de tous les musi-
ciens ) , et Gasparini l'appelait virtuosis-
simo cil violino , e vero Orfeo di nostri
tempi. Le cardinal Cutoboni , protecteur
éclairé des arts , s'était fait le Mécène de
Corelli; il le logea dans son palais , et ne
cessa de lui donner des marques d'atta-
chement jusqu'à sa mort. L'admiration
que ce grand artiste inspirait aux étrangers
qui fréquentaient Rome et la maison du
cardinal, et les éloges qu'ils lui donnaient,
ne pouvaient manquer de répandre au de-
hors le bruit de sa supériorité.
Le roi de Naples , qui désirait de l'en-
tendre, l'avait fait engager à se rendre près
tome m.
delui; mais Corelli s'y était refusé plusieurs
fois, soit qu'il aimât la tranquillité dont
il jouissait à Rome, soit qu'il craignît la
jalousie des violinistes de Naples; cepen-
dant il finit par accepter l'invitation. Mais,
craignant de n'être pas bien accompagné ,
il prit avec lui son second violon et son
violoncelle. Arrivé à Naples , il y trouva
Alexandre Scarlatti et plusieurs autres
maîtres qui l'engagèrent à jouer quel-
qu'un de ses concertos devant le roi. 11
s'en défendit d'abord, disant que l'or-
chestre n'avait pas le temps de faire des
répétitions ; mais son étonnement fut ex-
trême lorsqu'il entendit ce même orches-
tre jouer à première vue l'accompagne-
ment de son premier concerto, avec plus
de précision que ne pouvait le faire celui
de Rome , après plusieurs répétitions. Il ne
put cacher sa surprise, et se tournant vers
Matteo , son second violon, il s'écria :
« Si suona a Napoli ! n Cette première
épreuve du talent de Corelli lui procura
un triomphe complet. Mais il y a quelque-
fois de singulières vicissitudes dans la car-
rière d'un artiste, quelque soit son talent.
Admis à la cour , quelques jours après , et
pressé de s'y faire entendre de nouveau ,
notre célèbre violiniste joua l'une des so-
nates de son admirable œuvre cinquième;
le roi trouva l'adagio long , ennuyeux , et
quitta la salle, laissant le pauvre Corelli si
déconcerté , qu'il fut hors d'état de conti-
nuer. Une autre fois , on le pria de diriger
l'exécution d'un ouvrage de Scarlatti, qui
devait être représenté devant le roi. Le
peu de connaissance que Scarlatti avait
du violon , lui avait fait mettre dans un
endroit un passage mal doigté et d'une
exécution difficile. Arrivé à cet endroit,
sans avoir été prévenu , Corelli manqua le
trait, et comme s'il avait fallu que son
malheur fût complet , il entendit Pctrillo
chef de l'orchestre napolitain , qui avait
étudié le passage , le jouer avec précision.
A ce trait succédait un chant en ut mi"
neur ; Corelli, entièrement déconcerté,
le joua en majeur. « Ricominciamo, » dit
13
194
COR
COR
Scarlatti, avec sa douceur habituelle :
Corelli recommença, mais toujours en ut
majeur, jusqu'à ce que Scarlatti l'eût ap-
pelé près de lui, pour le mettre dans le
ton. Le pauvre Corelli fut si mortifié de
cette aventure et de la mauvaise figure
qu'il s'imaginait avoir faite à Naples, qu'il
partit promptement pour Rome.
Là, de nouveaux chagrins l'attendaient.
Un joueur de hautbois, dont on n'a pas
conservé le nom , jouissait alors de toute
la faveur du public, et fut cause qu'on
s'aperçut à peine du retour de Corelli. A
cet homme succéda Valentini, dont le jeu
sur le violon et les compositions étaient
bien inférieures au talent et aux ouvrages
de Corelli, mais qui eut pendant quelque
temps tout le charme de la nouveauté. La
susceptibilité de ce grand artiste s'alarma
de l'oubli momentané où il se voyait tombé ;
une mélancolie profonde s'empara de lui
et abrégea ses jours. Les concertos avaient
paru en«1712; ils étaient dédiés à Jean-
Guillaume, prince palatin du Pihin; mais
l'auteur ne survécut que six semaines à la
publication de ce bel ouvrage, car son
épître dédicatoire est datée du 3 décembre
1712, et la mort le frappa le 18 janvier
1713. Il fut inhumé dans l'église de la
rotonde, au Panthéon, et un monument
en marbre lui fut élevé . près de celui de
Raphaël , par le prince palatin , qui char-
gea le cardinal Ottobonid'en diriger l'exé-
cution. Un service solennel eut lieu sur sa
tombe, à l'anniversaire de ses funérailles,
pendant une longue suite d'années. 11 con-
sistait en morceaux choisis dans ses œu-
vres , et exécutés par un orchestre nom-
breux. Cet usage dura tant qu'il vécut un de
ses élèves qui pût indiquer la tradition des
mouvemens et des intentions de Fauteur.
Ce grand musicien possédait une belle
collection de tableaux, qu'il légua par son
testament au cardinal Otloboni, avec une
somme de cinquante mille écus ; mais le
cardinal n'accepta que les tableaux, et fit
distribuer l'argent aux parens de Corelli.
Quelques anecdotes qu'on a recueillies sur
cet habile artiste prouvent la douceur de
son caractère. Un jour qu'il se faisait en-
tendre dans une assemblée nombreuse, il
s'aperçut que chacun se mettait à causer :
posant son violon sur une table , il dit
qu'il craignait d'interrompre la conversa-
tion. Ce fut une leçon pour les auditeurs
qui le prièrent de reprendre son violon , et
qui lui prêtèrent toute l'attention due à
son talent. Une autre fois il jouait devant
Handel l'ouverture de l'opéra intitulé Le
TriompJie du Temps, de ce compositeur.
Handel, impatienté de ce que Corelli ne la
jouait pas dans son genre, lui arracha le
violon, avec sa brusquerie ordinaire, et se
mit lui-même à jouer. Corelli, sans s'é-
mouvoir, se contenta de lui dire : « Ma,
caro Sassàne , quesla musïca e riel stilo
francese , di ch' io non m intendo. »
Les principaux élèves de Corelli sont Rap-
tiste , Geminiani , Locatelli, Lorcnzo et
Giambattista Somis : tous se sont illus-
trés comme violinistes , et comme com-
positeurs. Quelques amateurs ont aussi
reçu des leçons de Corelli , entre autres
lord Edgecumbe , qui a fait graver son
portrait à la manière noire, par Smith,
d'après le tableau original de Henry
Howard;
Corelli est le type primitif de toutes les
bonnes écoles de violon; aujourd'hui même,
bien que l'art se soit enrichi de beaucoup
d'effets inconnus de son temps , l'étude
de ses ouvrages est encore une des meil-
leures qu'on puisse faire pour acquérir un
style large et majestueux. Corelli avait
fait de bonnes éludes de composition et
écrivait bien. Jean-Paul Colon na l'ayant
attaqué sur une succession de quintes
qu'il avait trouvée dans une allemande
de la troisième sonate de l'œuvre intitulé
Ballelti da caméra , Corelli se défendit
en homme instruit, et Antoine Liberati,
pris pour juge, se prononça en sa fa-
veur. Cependant, nonobstant l'opinion de
M. l'abbé Baini , il est certain que la suc-
cession de quintes diatoniques existe dans
le passage dont il s'agit.
COR
COR
195
On a de ce grand artiste les ouvrages
dont les titres suivent : 1° XII Sonate a
tre, due violini e violoncelle» , col basso
per l'organo, op. 1, Rome, 1685, in-fol.
Cet œuvre contient des pièces destinées à
être jouées dans les églises , comme c'était
l'usage alors : c'est pourquoi Corclli les
appelle Suonate cla chiesa. La deuxième
édition parut à Anvers , en 1688 , in-fol. ;
il y en a une troisième d'Amsterdam, sans
date. 2° XII Suonate da caméra a Ire, due
■violini , violoncello e violone o cembalo ,
op. 2, Rome, 1685, in-fol. Deux autres édi-
tions ont été publiées à Amsterdam. Cette
dernière est intitulée : Balletti da caméra.
La deuxième sonate, la cinquième , la hui-
tième et la onzième sont de la plus grande
beauté. Dans une allemande de la troi-
sième on trouve la succession de cinq
quintes par mouvement diatonique, qui
occasionna, en 1685, la querelle dont il
a été parlé précédemment, entre Jean-Paul
Colonna et Corelli. 3° XII Suonate a
tre , due violini e violone o arciliulo col
basso per l' organo } op. 3, Bologne, 1690.
Il y a une deuxième édition de cet œuvre
imprimée à Anvers, en 1681; la troi-
sième a été gravée à Amsterdam , sans
date. 4° XII Suonate da caméra a tre }
due violini e violone o cembalo , op. 4,
Bologne, 1 694. L'édition publiée à A mster-
dam, chez Roger, porte le titre de Balletti
da caméra. Il a été publié à Paris, chez
Leclerc , une belle édition des quatre
premiers œuvres de sonates de Corelli.
5° XII Suonate a violino e violone o
cembalo, op. 5, parte prima; parte se-
cunda , preludi , allemande, correnti,
gighe, sarabande, gavotte efollia, Rome,
1700, in-fol. Cet ouvrage, chef-d'œuvre
du genre , place Corelli au premier rang
comme compositeur de musique instru-
mentale. Ce n'est point par une pureté
d'harmonie irréprochable que brille cet
ouvrage immortel, mais par une variété
de chants , une richesse d'invention , un
grandiose, tels qu'aucune autre production
du même genre n'en, avait jamais offert
d'exemple. Les deuxième , troisième, cin-
quième, sixième et onzième sonates sont
surtout admirables. La dernière est une
fantaisieintituléc Follia; on a publié cinq
éditions de cet ouvrage; la cinquième, dont
M. Cartier est l'éditeur, a paru à Paris en
1799, in-fol. Ce même œuvre, arrangé en
trios pour deux flûtes et basse, a été gravé
à Londres et à Amsterdam, sous l'indication
d'œuvresix, et Geminiani en a arrangé les
deux parties en concerti , et les a publiées
sous ce titre : XII Concerti grossi , con
due violini, viola e violone elli di con-
certini obligati, e due altri violini é
basso di concerto grosso , quali conten-
gono preludi , allemande , correnti, gi-
ghe, sarabande , gavotte e follia. Com-
posli délia prima e délia seconda parte
delf opéra 5a di Corelli , da Francesco
Geminiani. Londres, in-fol., sans date;
6° Concerti grossi con due violini e vio-
loncello di concerlino obligati e due altri
violini , viola e basso di concerto grosso
adarbitrio che si potranno radoppiare ,
op. 6, Rome, décembre 1712, in-fol. 11 y
en a une autre édition d'Amsterdam , sans
date. Cet ouvrage estle dernier qui sortit de
la plume de Corelli. Geminiani possédait
quelques solos de violon composés par ce
grand artiste ; mais il ne paraît pas qu'on
les ait imprimés. Ravenscroft avait fait
paraître neuf sonates de sa composition à
Rome, en 1695; par une spéculation de
marchand de musique , on les publia à
Amsterdam sous ce titre : Sonate a tre }
due violini e basso per il cembalo; si
crede che siano slate composte da Ar~
cangelo Corelli avanti le sue altre opère,
op. 7. On doit ranger aussi parmi les sur-
percheries du même genre une autre pu-
blication intitulée : Sonate a tre, due
violini col basso per l'organo di Arcan-
gelo Corelli, opéra posluma, Amsterdam,
Roger.
CORFE (josEPn) , né à Salisbury en
1740, entra comme enfant de chœur à la
cathédrale de cette ville, et étudia la rau-
sirrue sous le docteur Stephens, qui y était
13*
COR
COR
organiste. En 1782 , il obtint une place
de membre de la chapelle du roi d'Angle-
terre, et dix ans après il fut nommé orga-
niste de la cathédrale de Salisbury, et
maître des enfans de chœur. 11 résigna ces
deux places en 1804, en faveur de son
fils, Arthur, qui les occupe encore. Joseph
Corfe est mort en 1820. Ses compositions
consistentprincipalement en musique reli-
gieuse qu'on chante habituellement dans les
églises de Salisbury et dans d'autres comtés.
lia publié : 1° Un service du matin et du
soir avec huit antiennes, dédié au chapitre
de Salisbury, un volume ; 2° Un traité sur
le chanlsous ce titre : A Treatïse on sing-
ing, explaîning inthe most simple nianner
ail the rides for learning to sing by noies
■without the assistance ofan instrument,
with some observations on vocal music,
Londres, 1791, in-fol. ; 5° Un traité sur
la basse continue intitulé : A Treatise
on thorough bass ; 4° Les Beautés de
Handel , trois vol.; 5° Les Beautés de Pur-
cell, Londres, deux vol.; 6° Trois recueils
de chansons écossaises. Corfe est aussi l'é-
diteur du deuxième volume des antiennes
de Kent.
CORFE (arthur-thomas), fils du pré-
cédent, est né à Salisbury, en 1775. A
l'âge de dix ans, il fut placé comme enfant
de chœur à l'abbaye de Westminster, et
reçut son éducation musicale du docteur
Cooke. Il étudia ensuite le piano avec
Clementi. En 1804 , il succéda à son père
dans les places d'organiste et de maître
des enfans de chœur de la cathédrale de
Salisbury. Les compositions de M. Corfe
consistent en un Te Deumjm Jubilate, un
Sanctus , Les commun démens de Dieu,
à quatre parties, l'hymne de l'ordination,
et quelques morceaux détachés pour le
piano.
CORFINI (jacques) , compositeur, né à
Padouc, vers 1540, a publié un œuvre de
sa composition , sous ce titre : Madrigali
a sei voci, Venise , 1575.
CORK1NNE (william), musicien an-
glais, né dans la seconde moitié du 16e siè-
cle, a fait paraître à Londres, en 1610,
une collection pour le luth et la basse de
viole , sous ce litre : Ajres to sing and
play to lute and basse violl, withpavins,
galliards , almaines and corantes for
the lyra-violl , in-fol. : la seconde partie
de ce recueil a été publiée en 1612.
CORNET (sEVERiN),né à Valenciennes,
vers 1540 , étudia la musique en Italie ,
comme on le voit par ces vers à sa louange,
placées en tête d'un de ses ouvrages :
« Car, hantant l'Italie , il y a sceu choisir
« Et en a rapporté Futile théorique
« Richement mariée au doux de sa pratique. »
En 1578 , il est devenu maître des enfans
de chœur de la grande église d'Anvers ,
place qu'il paraît avoir occupéejusqu'à sa
mort. Son meilleur élève fut Corneille
Werdonck. Les ouvrages les plus connus
de ce musicien sont : 1° Chansons fran-
çaises à cinq, six et huit parties, Anvers,
Plantin, 1581, in-4°; 2° Madrigali a 5,
6, 7 e 8 voci, ibid. , 1581, in-4°;
5° Cantiones musicœ 5 , 6 , 7 et 8 vocum ,
ibid., 1581 , in-4° ; 4° Motetti a 5, 6,
7 e 8 voci, ibid/, 1582, in-4°.
CORNET (jules), né en 1792, à Santo-
Candido, dans le Tyrol, jouit en Alle-
magne de la réputation de bon chanteur
et d'acteur distingué. Destiné d'abord à la
profession d'avocat, il étudia le droit à
Vienne ; mais le goût passionné qu'il avait
pour la musique et pour le théâtre le fit
renoncer à ses premiers projets. Après
avoir été attache à plusieurs troupes am-
bulantes d'opéra, il joua pendant quelques
années au théâtre de Hambourg, puis il
entreprit des voyages en Danemarck , en
Suède et en Hollande. Il est en ce moment
l'ornement du théâtre de Brunswick, mais
il est vraisemblable qu'il ne tardera point
à s'éloigner de la scène, car- sa fortune est
déjà considérable. On dit qu'il a le projet
de se retirer dans le lieu de sa naissance.
La voix de Cornet est un ténor de la plus
belle qualité. Parmi les rôles qui lui ont
fait le plus d'honneur, on cite celui de
COR
COR
197
Masaniello dans la Muette de Portici ,
d'Auber. Cornet a publié à Hambourg,
cbez Christiani, un recueil de cbants avec
accompagnement de piano ou de guitare,
sous le titre de Lyra fur Freunde und
Freudinnen des Gesœnges (Lyre pour les
amateurs du chant).
CORNETTE (V.), répétiteur au théâ-
tre de l'Opéra-Comique de Paris, premier
tromboniste dans la musique de la 1 CHégion
de la garde nationale, et organiste adjoint
de l'église Saint-Sulpice et de la chapelle
des Invalides, est né vers 1796. On a de
lui : Méthode de trombone contenant les
principes de cet instrument, des gammes ,
des exercices, vingt leçons , quatre duos
concertans , deux trios et six grandes
études, Paris , Richault , 1831.
CORNETTI (paul), maître de chapelle
de la confrérie du Saint-Esprit, à Ferrare,
naquit à Rome , au commencement du
17e siècle. Il a fait imprimer une collec-
tion de motets, sous ce titre : Sacrœ can-
tiones 1,2 et 3 vocibus concertatœ, op. 1,
lib. 1, Anvers, 1645, in-4°. Cette édition
doit être une réimpression.
CORNISH (william) , poète anglais ,
et compositeur de la chapelle du roi
Henri VII , vivait au commencement du
16e siècle. Il a écrit un poème intitulé :
A parable between information and
musike , que Hawhins a inséré dans son
Histoire de la musique (t. II , p. 508 et
suiv.). Le même écrivain a donné (t. III ,
p. 3-16) deux chansons de table à trois
voix composées par Cornish.
CORNU (rené), professeur de piano à
à Paris, naquit en cette ville le 21 avril
1792. Fils d'un sous-maître de chant de
Notre-Dame , il reçut son éducation mu-
sicale dans la maîtrise de cette cathédrale.
Ladurner fut son maître de piano, et il
reçut des leçons de composition de Desvi-
gnes et d'Eler. Il a publié : 1° Cinq re-
cueils de romances avec accomp. de piano,
Paris, Le Duc, etPleyel; 2° ViveHenrilF,
varié pour piano, op. 3, Paris, Frey;
3° Chœur à'Iphigénie en Aulide , varié
pour piano, op. 4, Ibid.; 4° Charmante
Gabrielle, varié pour piano, op. 6, Ibid.;
5° Quand le bien-aimé reviendra , Idem ,
op. 8, Ibid.; 6° Godsave the king, idem,
Paris, H. Lemoine. Cornu a fait exécuter
à Notre-Dame de Paris une messe solen-
nelle de sa composition. Il est mort du
choléra au mois de juin 1852.
CORRADINI (nicolas) , organiste et
maître de chapelle à l'église principale de
Crémone, naquit à Bergame vers la fin du
16e siècle. Il a fait imprimer un recueil
de Canzoni a quattrovoci, Venise, 1624.
On trouve aussi quelques morceaux de sa
composition dans le Bergameno Parnass.
Music, Venise, 1615. Corradini fut aussi
maître de chapelle de l'académie des Ani~
mosi , à Crémone.
CORREA (fr. -manuel), carme portu-
gais, né à Lisbonne, vers la fin du 16e siè-
cle, était maître de chapelle de l'église de
Sainte-Catherine, en 1625. Il est auteur
d'un motet : Adjuva nos Deus , à cinq
voix , dont le manuscrit se trouve dans la
bibliothèque du roi de Portugal. Un autre
Manuel Correa, né aussi à Lisbonne, vers
le même temps , et qui était chapelain de
l'église cathédrale de Séville , en 1625 , a
composé des motets qui sont en manuscrit
dans la bibliothèque du roi de Portugal.
CORREA (henrique-carlos), maître de
chapelle à l'église cathédrale de Coimbre,
naquit à Lisbonne le 10 février 1680. lia
composé une grande quantité de messes ,
de répons, de motets , de Miserere , etc.,
qui sont en manuscrit à la bibliothèque
du roi de Portugal , et dont on trouve un
catalogue détaillé dans la Bibliotheca
Lusitana de Machado , t. II, p. 446.
CORREA (lorenza) , née à Lisbonne,
en 1771, eut pour maître de chant, Mari-
nelli , célèbre sopraniste de la musique du
roi d'Espagne. En 1790, elle débuta sur le
théâtre de Madrid et obtînt beaucoup de suc-
cès. Deux ans après elle partit pour l'Italie,
et débuta à Venise dans l'emploi des prime
donne. Elle a chanté successivement dans
toutes les grandes villes , et notamment à
198
COR
COR
Napïes , où elle fat attachée au théâtre de
Saint-Charles pendant trois ans. On admi-
rait la beauté de sa voix, et la perfection
de sa méthode. En 1810, elle débuta à
YOpëra-Buffa de Paris ; mais à cette épo-
que, sa voix était fatiguée, et elle produisit
peu d'effet. Depuis lors, elle s'est retirée da
théâtre.
CORRETTE (michel) , chevalier de
l'ordre du Christ, né à Saint-Germain,
était en 1758, organiste du grand collège
des Jésuites de la rue Saint-Antoine, à
Paris. Enthousiaste admirateur de la mu-
sique française, il donnait dans sa maison,
enclos du Temple, un concert où il faisait
entendre les plus beaux morceaux de Lulli,
de Campra , et des cantates de sa façon,
qu'il accompagnait au clavecin. On dit
qu'il faisait chanter sa servante dans ses
séances musicales. Plus tard il ouvrit une
école de musique pour laquelle il écrivit
plusieurs ouvrages élémentaires; mais
malgré son zèle cl ses efforts, ses élèves fai-
saient peu de progrès ; les musiciens de
Paris les appelaient , par dérision , les
anachorètes (les ânes à Corrette). En
1780 , Corrette eut le titre d'organiste
du duc d'Angoulême. On connaît de ce
musicien : 1° Les soirées de la ville ,
cantates à voix seule avec la basse continue
pour le clavecin , Paris , Le Clerc , 1771 ,
in-fol. ; 2° Méthode pour apprendre à
jouer de la harpe , Paris , 1774 , in-4° ;
3° Méthode pour apprendre à jouer de
lajlute traversière , Paris, 1778, in-4°.
Il en a paru une deuxième éditionen 17S1;
4° Le parfait maître à chanter, Paris ,
1782; 5° Méthode pour apprendre faci-
lement à jouer de la quinte ou de l'alto ,
Paris , 1782 , in-4° ; 6° L'art de se per-
fectionner sur le violon, Paris, 1785;
7° Méthode pour le violoncelle , conte-
nant les véritables positions, etc., Paris,
1785. Ces ouvrages contiennent quelques
renseignemens curieux.
CORRIiïTE (michel), fils du précé-
dent, fut organiste de l'église du Temple.
Il a publié en 1786 : Pièces pour l'orgue
dans un genre nouveau, à l'usage des
dames religieuses et de ceux qui touchent
l'orgue , avec le mélange des jeux et la
manière d'imiter le tonnerre.
CORRI (dominique) , né à Naples en
1744, fut élève de Porpora , depuis 1765
jusqu'à la mort de cet habile maître , en
1767. En 1774, Corri se rendit à Lon-
dres, et dans la même année il y fit repré-
senter un opéra intitulé Alessandro nelV
Indie, qui eut peu de succès. Cet échec le
détermina à se livrera l'enseignement du
chant. Vers 1797, il s'associa à Dussek
pour l'exploitation d'un commerce de mu-
sique, mais cette entreprise ne réussit pas.
Parmi les compositions dramatiques de
Corri , son opéra The Traveller, est celle
qui a eu le plus de succès. Corri vivait en-
core à Londres, en 1826; il était alors
âgé de quatre-vingt-deux ans. Il a eu qua-
tre enfans , trois fils et une fille : celle-ci
avait épousé Dussek : elle s'est remariée
depuis à un artiste nommé M. Moralt. Les
principaux ouvrages de Corri sont : l°Trois
volumes de chansons anglaises, Londres ,
1788 ; 2° Alessandro nell' Indie , opéra
séria; 5° Sept airs italiens, Londres, 1797;
4° Quatre volumes d'airs anglais , italiens
et français, Londres, 1797 ; 5° Sufferings
oflhe queen of France , wilh accomp. ;
6° Douze airs anglais de caractère, avec
accompagnement ; 7° Deux recueils de
sonates pour le piano ; 8° Recueil de duos
anglais , allemands , italiens et français ;
9° Six airs et rondos pourle piano; 10° The
singer's preceptor (Traité du chant, etc.),
Londres, 1798; 11° Art of Fingering
(Méthode de piano, etc.), Londres, 1799;
12° Musical Dictionnary as a Desk
(Dictionnaire de musique, etc.), Londres,
1798 ; 15° The Traveller (Le Voyageur),
opéra. Un des fils de Corri s'est fixé à
Edimbourg, en 1795, et s'y est livré à
l'enseignement de la musique. Cet artiste
est le père de Madame Corri-Paltoni. Le
rédacteur de l'article Corri du Lexique
universel de musique publié par M. Schil-
ling a été induit en erreur sur ce point,
COR
car il dit que Madame Corri-Païtoni est
fille du vieux élève de Porpora, et de Ma-
dame Dussek. Celle-ci était la tante de la
cantatrice; il en a fait sa sœur.
CORRI-PALTONI (iume fanny), née à
Edimbourg, eu 1795, fit ses premières
études musicales sous la direction de son
père. Lui ayant trouvé une belle voix de
mezzo-sopruno } et ce trille vigoureux et
brillant que la plupart des chanteurs ont
en Angleterre, à cause de l'usage fréquent
qu'ils font de cet ornement, Madame Ca-
talani voulut avoir Mademoiselle Corri
pour élève, et s'en fit accompagner dans
ses voyages de 1815 et 1816. Elle se fit
alors entendre à Hambourg, mais sans
succès. De retour à Londres, elle y reprit
ses études, cbanta quelque temps les se-
conds rôles au Ïliéâtrc-Italien , quitta ce
théâtre en 1821 , lorsque le libraire Ebers
en prit la direction , et se rendit en Alle-
magne. Malgré les avantages qu'elle tenait
de la nature, elle eut peu de succès à Ham-
bourg, à Francfort et à Munich. De cette
ville, elle alla en Italie, y épousa un chan-
teur médiocre nommé Paltoni, et com-
mença à se faire une certaine réputation
lorsqu'elle chanta à Bologne en 1825.
Deux ans après elle fut appelée comme
prima donna à Madrid, puis, en 1828,
elle chanta à Milan avec Lablache, et y eut
quelque succès. En 1850 elle retourna en
Allemagne et y chanta dans plusieurs
concerts. On dit qu'elle est maintenant en
Russie.
CORSI ( jacques), gentilhomme flo-
rentin , né vers 1560, cultiva la poésie et
la musique avec succès, et fut un des
protecteurs les plus zélés des artistes de
son temps. Lié d'amitié avec Jean Bardi,
comte de Vcrnio,le poète Rinuccini , Gali-
lée le père, Emilio-del-Cavaliere, Perez,
Jules Caccini , et d'autres hommes célè-
bres, il contribua comme eux à l'invention
du drame musical. Après que le comte
Bardi {Voyez ce nom ) eut quitté Florence
pour se rendre à Rome, la maison de Corsi
devint le rendez-vous de ces artistes. La
( !OR
199
société qu'ils avaient formée continua de
s'y occuper des moyens de bâter les pro-
grès du nouvel art qu'elle avait créé. Ce
fut aussi dans la maison de Corsi que fu-
rent représentées les pastorales de Dafne,
en 1594 , et iïEuridice, en 1600 , ouvra-
ges de Péri et de Jules Caccini. Corsi com
posa plusieurs airs pour YEuridice.
CORSI (bernard), compositeur à Cré-
mone, a publié à Venise, en 1617, des
psaumes à cinq voix, et vers le même temps
des litanies , antiennes et motels à huit
voix. Son œuvre septième est intitulé :
Psalmi vesperlini oclo voçum.
CORSI (josepii) , maître de chapelle à
Sainte-Marie-Majeure, de Rome, occupait
celte place en 1657, suivant le titre d'un
recueil de motets publié cette année. L'abbé
Baini a omis le nom de ce compositeur
dans sa liste des maîtres de chapelle de
celte basilique ( Memor. slor. crit. dï
Pierl. da Paleslrina , t. 1 , n° 440). On
connaît de ce maître : 1° Motetti «2,3,
A voci, Rome, 1667, in-4° ; 2° Miserere
a cinque ; 3° Motetti a 9.
CORTECCIA (françois), chanoine de
Saint-Laurent, à Florence, et maître de
chapelle de Cosme de Médicis, vivait vers
1530. Il brillait aussi comme organiste.
Negri (Scritt. Fiorenl.) fixe l'époque de
sa mort au mois de mai 1571. 11 a publié :
1° Madrigaliaquattrovoci, lib. 1°, 2°,
Venise, 1545 et 1547, in-4° oblong;
2° Responsoria et lectiones Hebdomadœ
sanctœ , Venise. Burney dit qu'il a exa-
miné un de ses motels, et qu'il ne l'a pas
trouvé digne de sa réputation.
CORTELLINI (camille), surnommé
II Violino , à cause de son talent sur
le violon , composilcur de musique d'é-
glise, vécut au commencement du 17e siè-
cle, et fut engagé au service de la Signoria
de Bologne. Il a publié : 1° Misse a Quat-
tro e cinque voci, Venezia , 1617, in-4°j
2° Salmi a 8 voci; 5" Magnificat di tutti
li luoni a 6 voci, Venezia, 1619, in-4°;
4° Messe concerlate a otlo voci , in Ve-
nezia, app. Aless. Vincenti,1626. On voit
200
cas
cos
dans la préface de cet ouvrage une indi-
cation de la manière d'exécuter la musique
d'église, à l'époque où il fut publié, lorsque
les instrumens étaient joints aux voix.
L'auteur s'exprime ainsi : La Messa lit
Domino confido ha lagloria concertata .•
e dove saranno le leltere grandi il can-
lore canlerà solo; et dove saranno le
linee, li tromboni e altri simili stromenti
soneranno soli.
CORTONA (antoine) , compositeur
dramatique, né à Venise, au commence-
ment du 18° siècle, est connu par deux
opéras , le premier intitulé : Amor indo-
vino , fut représenté en 1726, l'autre,
Marianne, en 1728.
CORVINUS (jean-michel) , pasteur à
Orsloewen Zélande, mort le 10 août 1665,
estauteur d'un livre quia pourtitre : Hep-
tachordum Danicum,sive nova solfisatio,
in qua musicœ praclica usus, tani qui ad
canendum , quam qui ad componendum
canlum facit , oslenditnr, Coppenhague,
1643. Cet ouvrage est un traité de la nou-
velle méthode de solmisation par sept syl-
labes. On connaît anssi de Corvinus : Lo-
gistica Harmonica , Musicœ vera et
firma prœslruens fundamenta } Coppen-
hague, 1646, in-4°.
COS1MÏ (nicolas), habile violiniste,
né à Rome , dans la seconde moitié du
17e siècle, se rendit à Londres , en 1702 ,
et y publia , en 1706 , douze solos pour le
violon, in-4°, qu'il dédia au duc de Bed-
fort. Peu de temps après il retourna en
Italie où il est mort jeune. Il paraît avoir
été élève de Corelli. Son portrait , gravé à
Yacqua tinta par J. Smith, d'après Gode-
froy Kneller,a été publié en 1706. Burney
dit (a General hist. of music , t. III,
p. 559) que le violon de Cosimi, considéré
comme le plus beau qu'on connût, fut
porté en Angleterre par Corbett , après la
mort de l'artiste, et qu'il y fut vendu à un
prix très élevé.
COSME DELGADO. Voy. DELGADO.
COSSA (vincent) , compositeur, né à
Pérouse au commencement du 16° siècle.
a fait imprimer : Madrigali a qualtro
voci, Venise, 1569. Il a laissé aussi un.
livre de Canzonette à trois voix, que son
compatriote Christophe Lauro a publié
après sa mort.
COSSA (angelo) ; on a imprimé sous ce
nom un petit écrit intitulé : Progetto di
al cane riforme delV I. R. Teatro alla
Scala ( Projet de quelques réformes au théâ-
tre impérial et royal de la Scala), Milan, à
la typographie de Batelli et Fantini, 1819,
23 p. in-8°. Cette brochure est divisée en
deux chapitres; le premier est relatif aux
réformes à faire au théâtre; le second, aux
réformes dans les spectacles.
COSSET (françois), maître de musique
de l'église métropolitaine de Reims, vers
le milieu du 17e siècle, a publié les messes
de sa composition dont voici les titres :
1° Miss a quatuor vocum ad imitationem
moduli : Cantate Domino, Paris, Ballard,
1659. 2° Missa sex vocum ad imit.
mod. : Domine Salvum fac regem, Paris,
1659, in-fol. 5° Missa sex vocum ad
imitationem moduli : Surge propera ,
Paris, Ballard, 1659, in-fol. 4° Missa
quinque vocum , ad imit. mod. : Salvum
me fac Deus, Paris, 1661, in-fol. 5° Missa
quatuor vocum ad imid. mod. : Eruc-
tavit cor meum , Paris , Ballard, 1675 ,
in-fol., 2° édition. J'ignore la date de la
première ; il y en a une troisième sous la
date de 1687 ; 6° Missa sex vocum ad
imitât, moduli : Super flumina Babylo-
nis, Paris, Ch. Ballard, 1673. in-fol. C'est
une seconde édition ; 7° Missa quinque
vocibus adimit.mod. : Gaudeamusomnes,
Paris, 1676; 8° Missa quatuor vocum
ad imit. mod. : Exultate Deo, Paris, Bal-
lard , 1682, in-fol.
COSSONI (charles-donat), organiste
adjoint à l'église de Saint-Pétrone , à Bo-
logne , a passé dans cette ville, en 1667 :
1° Salmia otto voci ; 2° Salmi concertati
a cinque voci e 2 violini, con uno basso
e 5 parti di ripieno, op. 6, Bologne, 1668,
in-4°.
COSTA (jean-paul), né à Gènes , vers
cos
cos
201
la fin du 16e siècle, fat maître de chapelle
à Trévise. 11 a fait imprimer à Venise :
1° Madrigali a due , tre e quallro voci,
lib. 1 ; 2° Madrigali a cinque voci,
lib. 1 e 2,
COSTA (Alphonse VAZ DA), habile
chanteur et maître de chapelle à Avila ,
naquit en Portugal, vers la fin du 16e siè-
cle. Dans sa jeunesse il alla à Rome, et
se mit sous la direction des plus laineux
maîtres de son temps , soit pour le chant,
soit pour la composition. Ses études termi-
nées , il fut d'abord maître de chapelle à
Badajoz, et ensuite à Avila. Ses composi-
tions , qui sont nombreuses, se trouvent
en manuscrit dans la bibliothèque du roi
de Portugal.
COSTA (fr.- andke' D A) , né à Lisbonne,
entra fort jeune dans l'ordre de la Trinité,
dont il prit l'habit le 5 août 1650. Il était
grand musicien , bon compositeur de mu-
sique d'église, et jouait supérieurement de
la harpe. Il fut attaché a la chapelle des
rois de Portugal Alphonse VI et Pierre II,
qui estimaient ses talens. Il mourut, jeune
encore, le 6 juillet 1685, laissant en ma-
nuscrit les ouvrages suivans, qui sont dans
la bibliothèque du roi de Portugal: 1° Mis-
sas de varios coros ; 2° Confiiebor tibi,
à douze voix ; 5° Laudate pueri Dominum,
à quatre voix ; 4° Beali omnes , à quatre
voix ; 5° Compliesà huit voix ; 6° Lodainha
de N. Senhora a 8 vozes ; 7° Responso-
rios da 4 , 5 e 6 feira da Semana santa
a 8 vozes; 8° O texlo da Paixaô da
Dominga de Palmas, e de 6 feira major
a 4 vozes ; 9° Vdhancicos de conceicaô,
Natal , e Reys ai, 6, 8 e 12 vozes.
COSTA (françois DA) , musicien por-
tugais, mort à Lisbonne en 1667, a laissé
en manuscrit des compositions qui prou-
vent ses connaissances étendues, tant dans
la théorie que dans la pratique de la mu-
sique {V. Machado, Bibliot. Lusit., t. IV,
pag. 151).
COSTA (lelio) , né à Rome , au com-
mencement du 17e siècle, était, en 1655,
le plus habile harpiste de toute l'Italie.
COSTA (rocii), chanoine de l'église pa-
triarchale de Venise , naquit près de cette
ville au commencement du 17e siècle. Il
a fait imprimer un petit traité de plain-
chant sous ce titre -.Brève RistrelLo di due
Introdutdoni , overo Instruttioni délie
cose pih essentiali spettanti alla facile
cognitionc del canto fermo, cavalo d'al-
cuni classici autori di questa materia}
Venise, 1681 , in-4°, 26 pages.
COSTA (fkijx- Joseph DA), docteur en
droit, né à Lisbonne en 1701 , cultiva la
poésie et la musique comme amateur. Ses
essais poétiques ont été imprimés. Il a
laissé en manuscrit un recueil de sonates
intitulé : Musica revelada do contra-
ponto a coposicaô 7 que comprehende
varias sonatas de cravo , viola, rebeca
e varios minuetes e cantates.
COSTA E SYLVA (françois DA),
chanoine et maître de chapelle de l'église
cathédrale de Lisbonne, mourut dans celte
ville, le 11 mai 1727. Il a laissé en ma-
nuscrit les ouvrages suivans de sa compo-
sition : 1° Missa a 4 vozes com todo o
génère de instrumentas ; 2° Miserere a
11 vozes 7 com instrumentas ; 5° Motetes
para se cantarem as Missas das Do-
mingas da quaresma ; 4° Lamentocaô
primeira de quarta feira de T rêvas a 8;
5° O Texlo de Paixaô de S. Marcos e
S. Lucas a 4 ; 6° Vilhancicos a S. Vin-
cente, e a Santa Cecilia com instrumen-
tas ; 7° Responsorios do officia dos de-
funtos a 8 vozes, com todo o genero de
instrumentas.
COSTA (victorin-joseph DA), écrivain
portugais, qui vivait vers le milieu du
18e siècle , a publié un traité du plain-
chant sous ce titre : Arte de canto chaô
para uso dos principiantes , Litbonne,
1757, in-8°.
COSTA (rodrjgo FERREIRA DA).
Voyez FERREIRA.
COSTAGUTI (vincent) , né à Gênes ,
en 1613, fut d'abord protonotaire du pape
Urbaiti VIII, ensuite secrétaire de la cham-
bre apostolique, et enfin devint cardinal en
202
GOS
COS
1643 ; il mourut en 1660. On a de lui les
ouvrages suivons : 1° Discorso délia Mu-
sica, Gênes, 1640, in-4°; 2° Applausi
poelici aile glorie délia Signora Leonora
Raroni, Rome, 1639. Léonore Baroni
fut une célèbre cantatrice du 17e siècle.
COSTANT1NI (Alexandre), composi-
teur né à Rome, qui vivait vers la fin du
17e siècle, et dont on trouve plusieurs
morceaux dans la collection publiée par
Fab. Costantini sous ce titre : Selectœ
cantiones excellentissimorum auctorum
8 voc, Rome, 1614. On a aussi de cet
artiste : Motecta singulis , binis , ternis-
que vocibus puni basso ad organum con-
cinenda, auctore Alexandro Costantino,
roniano , Romœ ex tipogr. Zannelli ,
1616.
COSTANTINI (fabio), compositeur de
l'école romaine , fut d'abord maître de
chapelle de la confrérie du rosaire, à
Ancône , puis maître de chapelle de l'é-
glise cathédrale d'Orvieto; il naquità Rome
vers 1570. 11 a fait imprimer dans cette
ville par Zannetti, en 1614, un recueil de
motets à huit voix des compositeurs les
plus célèbres de son temps , sous ce titre :
Selectœ cantiones excellentissimorum
auctorum octonis vocibus concinendœ a
Fabio Conslantino, romano, urbevetanœ
cathedralis musicœ prœfecto in lucem
editœ. Les maîtres dont il y a des motets
dans cette collection sont : Picrluigi de
Palestrina, J. M. Nanini , Félix Anerio,
Fr. Soriano, Roger Giovanelli, Arcangclo
Crivelli, B. Nanini , J. Fr. Anerio , Aspri-
lio Pacclli, Alex. Costantini, Prosper San-
tini , Annibul Zoilo, L. Marenzio, Barlh.
Roy, J.-B. Lucatello, et Fabio Costantini
même. Ce maître avait déjà publié à Rome,
en 1596 , des motets de sa composition à
deux, trois cl quatre voix; en 161 8 il donna
dans la même ville : Motelti a due,
tre, quattro e cinque voci, e psalmi e
magnificat oclo vocum.
COSTA1NZI (d. juan), connu générale-
ment sous le nom de Gioannino di Roma,
parce qu'il était né à Rome, fut maître de
chapelle de Saint-Pierre du Vatican, Il
avait été d'abord au service du cardinal
Ottoboni, neveu du pape Alexandre VIII.
Il fut nommé maître de chapelle de Saint-
Pierre du Vatican, comme adjoint de Ben-
cini , le 5 juin 1754, devint titulaire de
la place le 7 juillet 1755 , et la conserva
jusqu'à sa mort quieutlieule 5 mars 1778.
Ses ouvrages les plus connus sont un opéra
intitulé Carlo Magno , qui fut représenté
à Rome en 1729 , et un Miserere qui est
fort estimé. On conserve en manuscrit
dans la chapelle pontificale des motets
à seize voix en quatre chœurs. Ses au-
tres productions consistent en offertoires
à quatre voix, un Ave Maria à trois,
Salve Regina à quatre , Ave Regina à
quatre, Dixit à huit, Te Deum et Ma-
gnificat à huit, Messe pastorale à qua-
tre, Laudate à quatre, Regina cœli à
quatre , et Salve Regina pour soprano
solo et chœur. Tous ces ouvrages se trou-
vent en manuscrit dans la bibliothèque de
M. l'abbé Santini, à Rome. Costanzi était
un des plus habiles violoncellistes de son
temps.
COSTE D'ARNOBAT (pierre), littéra-
teur, né à Bayonne, en 1752 , fut attaché
très jeune au service militaire. 11 n'était
âgé que de vingt-un ans lorsqu'il publia,
sous le voile de l'anonyme, une brochure
relative à la querelle sur la musique fran-
çaise; elle a pour titre : Doute d'un
pjrrhonien, proposés amicalement à
J.-J. Rousseau, Paris, 1753, in-8°.
Coste est mort à Paris, vers 1810. Il a pu-
blié beaucoup de livres qui n'ont point de
rapports avec la musique.
COSTEEEY (Guillaume), organiste et
valet de chambre de Charles IX, naquit
de parons écossais en 1531. On a de lui
un traité théorique intitulé : Musique,
Paris, Adrien Le Roi, 1579, jn-4°. Dans
le seizième livre de Chansons à quatre et
à cinq parties publiées par Adrien Le Roy
et Robert Ballard , en 1567 , on trouve
une chanson française de Costeley , qui
commence par ces mots : Elle craint. Le
COT
livre dix-neuvième de cette collection con-
tient neuf chansons à quatre et cinq voix
du même compositeur.
COSYN (. . .), musicien anglais, qui
vivait à la fin du 16e siècle , a fait impri-
mer à Londres, en 1585, des psaumes à
quatre et à six voix.
COTTON (je an), écrivain dont il nous
reste un traité de musique , en vingt-sept
chapitres précédés d'un prologue, que
l'abbé Gerhert a inséré dans ses Scriplores
Ecclesiaslici de Masica sacra, tom. II,
pag. 230. Quelques personnes ont cru que
l'auteur de cet ouvrage était un pape
nommé Jean, parce qu'il emploie la for-
mule de Serviteur des serviteurs de Dieu
dans son épître dédicatoire à Fulgence,
évêque anglais ; mais l'abbé Gerhert con-
jecture avec plus de vraisemblance que
Jean Cotlon est le même que Jean Scho-
lastique , qui était moine à l'abbaye de
Saint-Matthias, à Trêves, et qui vivait
vers l'an 1047. Quoi qu'il en soit, il est
certain qu'il écrivit après Guid'Arezzo,
car il examine l'utilité de la méthode de
ce moine dans un des chapitres de son ou-
vrage. C'est dans ce chapitre qu'on trouve
la plus ancienne indication connue du sys-
tème de solmisation par l'hexacorde et par
les noms de notes ul , re, mi , etc. {V. le
Résumé philos, del'hist. de la musique,
tom. I , pag. clxx).
COTUMACCI (chaules), et non Contu-
macci comme l'écrit Lichlenlhal , né à
Naplesen 1698, eut pour maître de com-
position Alexandre Scarlatti, et succéda à
son disciple Durante dans la charge de
maître de chapelle du Conservatoire de
S. Onofrio. C'était un bon organiste de
l'ancienne école, et un habile professeur.
Il a beaucoup écrit pour l'église, et a aussi
composé deux livres élémentaires, l'un
intitulé: B.egole delV accompagnanienlo,
avec des partimenli bien gradués ; l'autre,
Traltalo di contrappunlo ; mais ces deux
ouvrages sont restés en manuscrit. M. Cho-
ron a publié quelques-uns des partimenli
de ce professeur dans ses Principes de
COU
203
composition des écoles d'Italie. Cotu-
macci est mort à Naples, en 1765.
COUCHERY (M.), ancien secrétaire
rédacteur de la chambre des députés, sortit
de France au commencement des troubles
de la révolution de 1789, obtint sa radia-
tion delaliste des émigrés sous le consulat,
et accueillit la restauration avec enthou-
siasme. Appelé à la chambre des députés
comme secrétaire rédacteur, il en remplit
les fonctions jusqu'à la révolution du mois
de juillet 1830. A cette époque, il crut
devoir donner sa démission, et depuis lors
il est resté sans emploi. Amateur passionné
de la musique italienne, il avait été du
petit nombre de ceux qui fréquentaient le
spectacle des fameux bouffons de 1789 , et
depuis sa rentrée en France, n'avait cessé
de suivre les représentations du Théâtre-
Italien. On a de lui : Observations désin-
téressées sur l'administration du théâtre
royal Italien, adressés à M. Viotti ,
directeur de ce théâtre, par un dilettante
(anonyme), Paris, 1821, trente-sept pages
in-8°.
CQUCY (regnatjlt, CHATELAIN DE),
célèbre trouvère du 12e siècle, mal connu
de la plupart de ceux qui en ont parlé , a
vécu vers la fin du 12° siècle. Quelques
auteurs , d'après l'opinion de Fauchet
{Recueil de l'origine de la langue et poé-
sie française) , ont cru que ce Châtelain
n'était autre que Raoul 1er, sire de Coucy;
d'autres, parmi lesquels on remarque
l'historien Mézcray, ont pensé que c'était
Baoul H ; enfin , La Borde {Essai sur la
musique, tom. II, pag. 242)et M. Crapelet
(l1 Histoire du Châtelain du Coucy, etc.,
pag. 289 et 500) , disent qu'il était fils
d'Enguerrand de Coucy, frère de Raoul Ier.
La Borde, qui a puisé la plupart de ses
renseignemens dans YHisloire de la mai-
son de Coucy, de Duchesne, et dans le
Traité des nobles , de l'Alouette, dit que
le Châtelain était né vraisemblablement
en 1167, et qu'il avait été élevé à Coucy-
le-Chdleau, dans les domaines de son on-
cle ; et il cite à ce sujet un acte tiré des
204
COU
COU
archives de l'hôpital de Laon , daté de
1187. Suivant cet acte , le Châtelain au-
rait porté alors l'habit ecclésiastique, car
il y est qualifié de clerc (clericus) ; mais
il aurait bientôt quitté son état et aurait
embrassé le parti des armes. Une dif-
ficulté se présente contre l'identité du per-
sonnage désigné dans l'acte dont il s'agit
avec le Châtelain; car, suivant un poème
écrit vers 1228 , et qui a pour titre : Li
Roumans dou Chastelain de Coucy et de
la dame de Fayel , celui-ci s'appelait
Eegnault, tandis que le clerc de l'acte de
1187 est désigné sous le nom de Raoul.
M. Francisque Michel a fort bien démon-
tré (dans son Essai sur la vie et les chan-
sons du Châtelain de Coucy) que La
Borde et tous les autres ont été dans l'er-
reur à cet égard, et a fait voir que le Châ-
telain n'est aucun de ceux qu'on a confond us
avec lui. Suivant le Roumans, qui a servi
de base à son travail, le Châtelain de
Coucy se croisa avec Richard-Cœur-de-
Lion , et partit avec lui pour la Palestine,
en 1190. Il y resta deux ans, et y fut tué,
en 1192 , dans un combat contre les Sar-
rasins.
Une ancienne chronique, écrite en 1580,
et rapportée par Fauchet,nous apprend que
Regnault de Coucy était amoureux de la
femme d'un gentilhomme nommé Fayel ,
dont le château était situé près de Saint-
Quentin. Après avoir triomphé des rigueurs
de sa dame , le Châtelain partit pour la
Palestine. Ayant été blessé mortellement
par les Sarrasins , il ordonna à son écuyer
de porter son cœur à celle qu'il aimait ;
mais cet écuyer ayant été surpris par le
seigneur de Fayel , lorsqu'il cherchait à
s'acquitter de son message, le mari jaloux
s'empara du cœur de Coucy, et l'ayant
fait apprêter par son cuisinier, le fit man-
ger à sa femme, qui mourut de douleur
lorsqu'elle sut de quelle nature était le
repas qu'elle venait de faire. Cette lamen-
table histoire a fourni le sujet de plusieurs
drames.
Le Châtelain de Coucy est un des plus
anciens trouvères dont les productions
sont parvenues jusqu'à nous : les manu-
scrits de la Bibliothèque royale de Paris
contiennent vingt-quatre chansons avec
leurs mélodies , dont il est auteur, ou qui
lui sont attribuées. Elles sont toutes re-
marquables par leur naïveté , et le chant
ne manque pas de grâce. Les mauuscrits
qui en contiennent le plus grand nombre
sont ceux de l'ancien fonds nos 7222 ,
in-fol.; 7613, in-4° ; no 63, fonds de
Paulmy, in-fol.; 65 et 66 , fonds deCangé,
in-8° et in-4°; 1989 , fonds de Saint-Ger-
main-des-Prés; 184, in-fol., du supplé-
ment , et 59 , du fonds de La Vallière.
Quelques-unes de ces chansons ont des
mélodies différentes dans les divers ma-
nuscrits, mais celles-ci sont en petit nom-
bre. Les manuscrits dont la notation est
la plus correcte sont les nos 7222 et 63 j
les autres renferment beaucoup de fautes
et d'inexactitudes.
Quatre mélodies des chansons du Châte-
lain de Coucy ont été publiées par La Borde
dans son Essai sur la musique (tom. II,
p. 205, 281, 287 et 291); il en adonné un
plus grand nombre lorsqu'il a publié une
nouvelle édition de son travail sur ce trou-
vère , sous ce titre : Mémoires historiques
sur Raoul de Coucy, avec un recueilde ses
chansons envieux langage, et la traduc-
tion de l'ancienne musique, Paris, 1781,
deuxvol. in-12. La prétendue traduction de
La Borde est aussi informe que l'ancienne
notation donnée par lui est inexacte. La
Borde était trop ignorant de la notation
du 12e siècle pour pouvoir même la lire ,
et dans les copies qu'il a faites d'après les
manuscrits, il a négligé une multitude de
détails qui sont indispensables pour le sens
des mélodies. Bnrney et Forkel , qui n'a-
vaient pas de manuscrits pour les aider
dans leur travail , ont essayé de rhythmer
les mélodies de Coucy d'après les informes
copies de La Borde , et n'ont fait qu'une
traduction imaginaire des véritables mé-
lodies du trouvère, dans leurs histoires de
la musique. Perne, homme instruit, tra-
cou
cou
205
vailleur infatigable, et doué de l'esprit de
recherches, a pris des copies exactes de
toutes ces mélodies dans les manuscrits de
la Bibliothèque royale, et les a traduites
en notation moderne , d'après les règles
véritables de la notation mesurée du
12e siècle. Son travail a été publiée à la
suite de l'édition des Chansons du Châte-
lain de Coucy, revues sur tous les manu-
scrits, par M. Francisque Michel , sous
le titre de Ancienne musique des chan-
sons du Châtelain de Coucy, mise en no-
tation moderne avec accompagnement
de piano. Cet accompagnement de piano
est une idée bien malheureuse , car elle a
gâté le fruit des recherches de Perne. Do-
miné par la pensée fausse, reproduite dans
tous ses travaux , que la musique de tous
les temps et de tous les pays est basée sur
les mêmes principes , ce savant homme a
accompagné tontes les mélodies de Coucy
avec une harmonie moderne remplie de
dissonances naturelles, de septièmes de do-
minantes , etc., au lieu de prendre pour
modèles de ses accompagnemens les chan-
sons à trois voix de moyen âge , et particu-
lièrement celles d'Adam de Le Haie; en
sorte que le caractère essentiel de la musi-
qne de l'époque a complètement dispara
dans cet amalgame bizarre.
On peut consulter sur le Châtelain de
Coucy et sur ses œuvres les divers ou-
vrages cités précédemment : De Bellay,
Mémoires historiques sur la maison de
Coucy et sur la dame de Fayel , Paris ,
1770, in-8°; M. Crapelet, l'Histoire du
Châtelain de Coucy et de la dame de
Fayel, publié d'après le manuscrit de la Bi-
bliothèque du roi (Li Roumans dou Chas-
telainde Coucy, etc., n° 195, in-fol. du
supplément), et mise en français, Paris ,
Crapelet, 1829, in-8°; Chansons du Châ-
telain de Coucy, revues sur tous les ma-
nuscrits, par Francisque Michel, suivies
de l'ancienne musique, etc., Paris, 1830,
un vol. gr. in-8°.
COUP ART (ANTOiNE-MARiE),néàParis
lel3 juial780, fut d'abord employé àl'ad-
ministratîon des transports militaires, tant
à Paris qu'à Liège, depuis 1796 jusqu'en
1798 ; puis il entra au bureau des journaux
et des théâtres, au ministère de la police gé-
nérale, devint chef-adjoint de ce bureau en
1813, et passa en la même qualité au mi-
nistère de l'intérieur,'en 1 820. Nom mé chef
de cebureau en 1 824, ilfut mis à la retraite
en 1829, puis fut employé un moment à
l'Opéra en qualité de secrétaire-général.
M. Coupart s'est fait connaître comme lit-
térateur, par un grand nombre de vaude-
villes et de comédies joués sur les petits
théâtres de Paris, et par plusieurs recueils
de chansons dont il est auteur ou éditeur.
On lui doit l ' Almanach des spectacles
(Paris, Barba, 1822-1856, douzev. in-12),
ouvrage supérieur, soit pour le style , soit
pour l'exactitude , à tout ce qu'on avait
publié précédemment clans le même genre.
Les fonctions de l'auteur lui avaient fourni
des renseignemens que d'autres ne se se-
raient procurés qu'avec peine. M. Coupart
n'a pas mis son nom à ce recueil. On y trouve
des renseignemens nécrologiques sur quel-
ques musiciens.
COUPELLE (pierre DELA), poète et
musicien du 15e siècle. On trouve cinq
chansons notées de sa composition dans le
manuscrit de la Bibliothèque du roi , coté
7222 (anc. fonds).
COUPER1N, nom d'un famille qui s'est
illustrée dans la musique pendant près de
deux cents ans. Elle était originaire de
Chaume, en Brie, où trois frères, Louis,
François et Charles Couperin ont vu le
jour. Je vais donner sur ces trois frères et
sur tous ceux dont ils sont les ancêtres les
détails que j'ai pu recueillir.
COUPERIN (louis), né en 1630, vint
fort jeune à Paris, et fut nommé organiste
de Saint-Gervais et de la chapelle du roi.
Il mourut en 1665, à l'âge de trente-cinq
ans. Louis XIII avait créé pour lui une
place de dessus de viole dans sa musique.
Louis Couperin a laissé en manuscrit trois
suites de pièces de clavecin.
COUPERIN (françois), sieur de
206
COU
Crouilly, organiste de Saint-Gervais, de-
puis 1679 jusqu'en 1698, naquit à Chaume
en 1631 , et reçut des leçons de musique
et de clavecin de son parent Chambon-
nières, dont il fut un des meilleurs élèves.
Il composait pour l'orgue et le clavecin, et
enseignait bien à en jouer. C'était un pe-
tit liomme vif, qui aimait le vin , et qui,
vers la lin de sa vie, était souvent ivre. Il
périt malheureusement à l'âge de soixante-
dix ans : ayant été renversé par une char-
rette, dans sa chute il se cassa la tête. Il a
laissé deux enfans, une fille (Louise), et
un fils (Nicolas). On connaît un recueil de
pièces d'orgue composées par ce Couperin ,
sous ce titre; Pièces d'orgue consistantes
en deux messes, l'une à L'usage ordinaire
des paroisses pour lesfesles solennelles ;
l'autre propre pour les couvens de reli-
gieux et religieuses , in-4° oblong. 11 est
assez singulier que le titre seul de ce re-
cueil soit gravé, avec le privilège du roi,
daté de 1690, qui autorisait Couperin à
faire écrire , graver ou imprimer ses pièces.
Le reste du cahier est en effet noté à la
main, d'une belle écriture. Tous les exem-
plaires que j'ai vus sont delà même main.
Sans être remarquable sous le rapport de
l'invention, la musique de Couperin est
estimable parce qu'elle est écrite avec pu-
reté. Le plain-chant y est beaucoup mieux
traité qu'il ne Ta été depuis par des orga-
nistes plus renommés.
COUPERIN (louise), fille du précédent,
née à Paris , en 1674, chantait avec goût,
et jouait supérieurement du clavecin. Elle
fut attachée pendant trente ans à la mu-
sique du roi, et mourut à Versailles, en
1728 , à l'âge de cinquante-deux ans.
COUPERIN (Nicolas), fils de François,
naquit à Paris, en 1680. 11 fut attaché au
comte de Toulouse, comme musicien de sa
chambre, et occupa pendant long-temps
la placed'organistcdeSaint-Gervais. Il est
morten 1748,àl'âge de soixante-huit ans.
COUPERIN (charles), troisième frère
de Louis et de François , naquit à Chaume,
en. 1632 , et vint à Paris , fort jeune, il
COU
succéda à son frère aîné dans la place
d'organiste de Saint-Gervais; mais il n'en
jouit pas long-temps , car il mourut en
1669, à l'âge de trente-sept ans. Il avait ,
pour son temps , un talent de premier or-
dre, comme organiste.
COUPERIN (François), fils de Charles,
fut surnommé Le Grand , à cause de sa
supériorité sur tous les organistes fran-
çais. Il naquit à Paris, en 1668, et n'était
âgé que d'un an lorsqu'il perdit son père.
Un organiste nommé Tolin lui donna les
premières leçons. En 1696, il fut nommé
organiste de Saint-Gervais, et en 1701
il obtint le titre de claveciniste de la
chambre du roi, et d'organiste de sa cha-
pelle. Il est mort en 1733, à l'âge de
soixante-cinq ans, laissant deux filles,
toutes deux habiles sur l'orgue et sur le
clavecin. L'une, Marie-Anne, se fit reli-
gieuse à l'abbaye de Montbuisson , dont
elle fut organiste ; l'autre, Marguerite-An-
toinette , eut la charge de claveciniste de
la chambre du roi , charge qui , jusqu'à
elle, n'avait été remplie que par des hom-
mes. De tous les organistes français ,
François Couperin est celui qui paraît
avoir réuni le plus de qualilés remarqua-
bles : disons plus, c'est le seul dont les
compositions méritent l'estime des artistes.
Il s'est même élevé à une hauteur qui tient
du prodige , au milieu du mauvais goût et
de l'ignorance qui l'environnaient. On a de
lui : 1° Premier livre de pièces de clave-
cin, Paris, 1713, in-fol.; 2° Deuxième
livre idem, Paris, 1716, in-fol.; 3° Troi-
sième livre de pièces de clavecin à la
suite duquel il y a quatre concerts à
l'usage de toutes sortes d'instrumens ,
Paris, 1719, in-fol. ; 4° Quatrième livre
de pièces de clavecin , Paris , in fol. j
5° Les goûts réunis, ou nouveaux con-
certs, augmentés de l'apothéose de Co-
relli en trio, Paris, 1717, in-fol.;
6° V Apothéose de l'incomparable L***
(Lulli), Paris, sans date; 7° Trios pour
deux dessus de violon, basse d'archet etbasse
chilïrée , Paris , sans date ; 8° Leçons des
cou
ténèbres à une et deux voix , Paris , sans
date.
COUPERIN (armand-loots), fils de
Nicolas, et neveu, à la mode de Bretagne,
de Couperin-le-Grand , naquit à Paris le
11 janvier 1721. Personne n'a porté plus
loin que lui le talent de l'exécution sur
l'orgue ; mais ses compositions sont froides,
quoique assez correctes. On connaît de lui
deux œuvres de sonates et un de trios pour
le clavecin, qui ont été gravés a Paris. Il
a laissé en outre plusieurs motets et mor-
ceaux d'église. Il fut organiste du roi , de
Saint-Gervais , de la sainte chapelle du
palais , de Saint-Bartliélcmi , de Sainte-
Marguerite, et l'un des quatre organistes
de Notre-Dame. Couperin était ordinaire-
ment choisi pour la réception des orgues
nouvelles ; ses connaissances étendues dans
le mécanisme et la construction de ces in-
strumens le rendaient très propre à cet
emploi. Il épousa la fille de Blanchet, cé-
lèbre facteur de clavecins , et en eut trois
enfans , dont il sera parlé plus loin. Ma-
dame Couperin avait déjà , avant son ma-
riage , une grande célébrité comme clave-
ciniste et comme organiste. Elle vivait
encore en 1810, et joua alors , à la ré-
ception de l'orgue de Saint-Louis , à Ver-
sailles, de manière à satisfaire l'auditoire,
quoiqu'elle eût quatre-vingt-un ans.
Armand-Louis Couperin est mort en 1789,
des suites d'un coup de pied qu'il avait
reçu d'un cheval échappé.
COUPERIN ( antoinette-victoire) ,
fille d'Armand-Louis , élève de son père
et de sa mère, touchait l'orgue de Saint-
Gervais, à l'âge de seize ans. Elle jouait
aussi de la harpe, et possédait une belle
voix, qu'elle a fait entendre souvent dans
des concerts et dans des maisons de reli-
gieuses. Elle a épousé, en 1780, le fils
de M. Soûlas, trésorier de France, et pro-
priétaire de la manufacture de damas de
Tours. Elle vivait encore en 1810.
COUPERIN (pierre-louis), fils de
Louis-Armand, n'eut point d'autre insti-
tuteur que sou père et sa, mère» Doué
COU
207
d'heureuses dispositions, il fit de rapides
progrès sur le clavecin, l'orgue et la barpe.
Malheureusement sa mauvaise santé 1 em-
pêcha de se livrer sérieusement à la com-
position : néanmoins il a fait exécuter
dans plusieurs églises quelques-uns de ses
motets qui ont eu du succès. La romance
de Nina , variée pour le piano , est le seul
de ses ouvrages qui ait été gravé. Il fut
fort babile sur l'orgue , et partagea avec
son père les places d'organiste du roi, de
Notre-Dame, de Saint-Gervais, de Saint-
Jean et des Carmes-Billettes. Il est mort
fort jeune , en 1789.
COUPERIN (gervais-françois), se-
cond fils d'Armand-Louis, vivait encore
en 1815. 11 reçut des leçons d'orgue et de
piano de son père et de sa mère , mais il
ne soutint point l'honneur de son nom ,
car il ne fut qu'un organiste médiocre et
un compositeur sans mérite. Toutefois,
tel était le respect qu'inspirait le nom
de Couperin, qu'il obtint sans peine après
la mort de son père et de son frère les
places d'organiste du roi, de la sainte eba
pelle de Paris, de Saint-Gervais, de Saint-
Jean , de Sainte-Marguerite, des Carmes-
Billettes et de Saint-Merry. Il a été aussi
nommé arbitre pour la réception des orgues
de Saint-Nicolas-des-Champs , de Saint-
Jacqucs-du-Haut-Pas , de Saint-Merry, de
Saint-Eustacbe, de Saint-Rocb , etc. Ses
compositions , qui consistent en sonates ,
airs variés , caprices , pots-pourris et ro-
mances, ont été gravées à Paris. Il a com-
posé aussi quelques motets qui sont restées
en manuscrit. Gervais-François Couperin
a été le dernier rejeton de cette illustre
famille.
COURBOIS ( . . . ), musicien français
qui s'est fait connaître, en 1728, par le
motet Oinncs gentes plaiidUe manibus }
avec des trompettes et des timbales ,
exécuté au Concert spirituel. C'était une
nouveauté jusqu'alors inconnueen France.
On a aussi de Courbois un livre de can-
tates et de cantatilles , la cantate de Doit
Quichotte ? et uu livre à!airs à chanter.
208
COU
cou
COTJRTAÏN (jacques), constructeur
d'orgues , fut établi d'abord à Emmericb ;
ensuite, en 1790, à Burg-Steinfurt ; et en-
fin, en 1793, à Oldenbourg. Son plus bel
ouvrage est l'orgue de seize pieds de l'église
principale d'Osnabruck , composé de seize
registres , trois claviers , pédale et cinq
soufflets.
COURTNEY(. . .), irlandais, né vers
le milieu du 18e siècle, a brillé à Londres,
en 1794, par son talent sur la cornemuse
appelée par les anglais Irislipipe. Il avait
perfectionné la construction de cet instru-
ment , et lui avait donné une qualité de
son beaucoup plus agréable que celle qu'on
lui connaît. On ignore si ce musicien vit
encore.
COURTOIS (jean), musicien français ,
vécut dans la première moitié du 16e siè-
cle. C'était un homme habile dans l'art
d'écrire, et qui aurait eu, sans doute une
plus grande renommée si ses ouvrages
eussent été moins rares. On trouve un ca-
non a cinq voix fort bien fait de sa com-
position dans le recueil des Chansons à
cinq et six parties , publié à Louvain en
1545, par Tilman Susato. Il y a aussi un
motet de Courtois dans la collection pu-
bliée par Salblinger, à Àugsbourg,en 1545.
Gerber cite aussi dans son nouveau Lexi-
que, à l'article Corlois , des messes ma-
nuscrites de ce musicien, qui existent à la
Bibliothèque royale de Munich, sous le
n° 51. Un recueil manuscrit de chansons,
de motets et de messes à quatre parties ,
copié en 1542 , qui a appartenu à Seger
Van Maie, de Bruges, et qui se trouve
maintenant à la Bibliothèque publique de
Cambrai, contient la messe Domine, guis
habitat, à quatre parties, de Courtois.
COUSIN (jean), prêtre et chantre de
la chapelle du roi de France Charles VII,
sous la direction d'Ockeghem , était atta-
ché à cette chapelle en 1461 , suivant un
compte des officiers de la maison de
Charles VU qui ont eu des robes et des
chaperons faits de drap noir pour les
obsèques et funérailles du corps du feu
roy, l'an 1461. Ce compte se trouve dans
un manuscrit de la Bibliothèque royale de
Paris {V. la B.evue musicale , 6me année,
pag. 235). Tinctoris cite les compositions
de Cousin , dans plusieurs endroits de ses
ouvrages , notamment dans le Proportio-
nale, où il examine le système des pro-
portions de la messe de ce musicien inti-
tulée : Nigrarum.
COUSIN DE CONTAMINE (. . .), né
dans le Dauphiné, en 1704, fut sous-
chantre à l'église cathédrale de Grenoble.
Il a publié un livre intitulé : Traité cri-
tique du plain-chant usité aujourd'hui
dans les églises, contenant les principes
qui en montrent les défauts et qui peu-
vent conduire à le rendre meilleur, Paris,
1749,in-12.
COUSINEÀU (pierre-joseph), profes-
seur de harpe , luthier et marchand de
musique à Paris , naquit dans cette ville
vers 1753. En 1782, il fabriqua des har-
pes avec un double rang de pédales , pour
moduler facilement dans tous les tons ;
mais ce perfectionnement, qui depuis lors
a été reproduit avec avantage par M. Dizi,
à Londres, et par M. Erard, à Paris, n'eut
point alors de succès , parce que les diffi-
cultés d'exécution rebutèrent les artistes
et les amateurs, et parce qne la musique
qu'on jouait sur cet instrument était trop
simple et trop facile pour qu'on eût besoin
de ce double rang de pédales. En 1788,
M. Cousineau obtint le titre de luthier de
la reine, et fut nommé harpiste de l'acadé-
mie royale de musique. 11 a occupé cette
place jusqu'en 1812, époque où il a été
admis à la retraite. En 1 798, il acquit d'un
amateur, nommé M. Rouelle {V~. ce nom)
le secret d'un mécanisme nouveau qu'il per-
fectionna, et au moyen duquel les demi-
tons se font sur la harpe par la cheville
même à laquelle est attachée la corde, sans
les secours des pinces ou des crochets j
mais il résulte de ces perturbations conti-
nuelles de la tension verticale des cordes ,
qu'elles ne peuvent conserver leur accord,
inconvénient qui a nui au succès de cette
cou
cou
209
innovation. Comme compositeur , Con-
sineau est connu pnrscpt œuvres de sonates
pour la harpe (œuvres 1 , 2, 5 , 7, 10,
15 et 16) , cinq recueils d'airs variés pour
le même instrument, deux concertos avec
accompagnement d'orchestre, op. 6 et 12,
deux pots-pourris, et une méthode de
harpe. En 1823, Cousineau a quitté le
commerce de musique et lu lutherie. Il est
mort dans l'année suivante.
Cousineau a eu un fils qui jouait aussi
de la harpe et qui fut associé dans ses tra-
vaux pour la construction des harpes. Il
remplaça souvent son père à l'Opéra comme
harpiste suppléant. On a de lui plusieurs
airs variés pour la harpe, et une petite
méthode pour cet instrument , Paris , Le-
moine aîné.
COUSSER on KUSSER. (jean-stgis-
mond), compositeur dramatique, naquit à
Presbourg, en Hongrie, vers le milieu du
17e siècle. Esprit inquiet, il ne sut jamais
se fixer et changea souvent de situation.
Dans les premiers temps de sa carrière
musicale, il fut attaché à plusieurs cha-
pelles de seigneurs hongrois, comme in-
strumentiste cl comme compositeur ; mais
bientôt il se fatigua de ce genre de vie,
voyagea cl se rendit à Paris, où il fit. la con-
naissance de Lulli. Celui-ci lui enseigna à
écrire dans le style français , c'est-à-dire
dans sa manière propre. Après que Cous-
ser eut passé six ans à Paris, il fut maître
de chapelle à Stullgard et à Wolfcnhiiltel ;
mais il serait difficile de décider comhien
de temps il a passé dans ces cours, car
son inconstance était telle, que Walther
{M/isik. Lexik.) assure qu'il y a peu de
lieux en allemagne où il n'ait séjourné
plusou moins long-temps. La partie la plus
brillante et la plus heureuse de sa vie pa-
raît avoir été depuis 1693 jusqu'en 1697 ;
il demeura pendant ce temps à Hamhourg,
et y fit admirer ses lalens comme compo-
siteur et comme directeur d'orchestre.
Maltheson lui accorde heaueoup d'éloges ,
dans son Parfait maure de chapelle
(p. 480), pour l'habileté dont il faisait
TOME lit.
preuve dans l'exécution des opéras. Après
avoir quitté Hamhourg, il fit deux voyages
en Italie, à peu de distance l'un de l'au-
tre, dans le but d'y étudier le style des
compositeurs de ce pays et d'y appiendre
l'art du chant. Plus tard il se rendit en
Angleterre , y vécut quelque temps de
leçons qu'il donnait et de concerts , puis,
en 1710, il obtint une place à la cathé-
drale du Dublin , dont il devint plus tard
maître de chapelle. Il conserva cette situa-
lion jusqu'à sa mort, qui arriva en 1727.
Les compositions qu'on connaît de lui sont :
1° Erindo, opéra représenté à Hambourg,
en 1693; 2° Parus, 169i,Jbid.; 3» Pyr
rame et Thisbê, 1694, Ibid.; 4° Scipion
V Africain, 1695. Ibid.; 5° Jason, 1697,
Ibid. Cousscr a fait imprimer : 6" Apol-
lon enjouée , ou six ouvertures de théâtre
accompagnées de plusieurs airs , Nurem-
berg, 1700, in- fol. ; 7° Heliconhclie
Musenlust ( Amusemcns des muscs sur
l'Hélicon ) , tirés de l'opéra iï Ariane ,
Nuremberg , 1700 , in-fol.; 8° Ode sur la
mort de la célèbre Mrs. Arahella Hunt,
mise en musique, à Londres ; 9° A séré-
nade lo be représentée on the birlh dày
of His most sacred Majestj George I ,
at the castle of Dublin, the 28 of may
1724, Dublin* 1724, in-fol.
COUSU (jean), chanoine de Saint-
Quentin , naquit vers les dernières années
du 16e siècle, ou au commencement
du 17e, car on voit par une lettre de Mer-
senne à Doni, datée de 1632, parmi les
manuscrits de Peiresc qui sont à la Biblio-
thèque royale de Paris, que Cousu était
alors un jeune homme. Il fut d'abord
chantre de la sainte chapelle, puis direc-
teur du chœur de l'église de Noyon , et
enfin chanoine de Saint-Quentin. Mer-
senne, dans la lettre citée précédemment,
dit que Cousu avait composé un livre sur
la musique en général , mais que les dé-
penses auxquelles l'impression de ce livre
auraient donné lieu, avaient empêché de
le publier jusqu'à l'époque où il écrivait.
Dans son Harmonie universelle , publiée
14
210
COU
en 1636, il citece même ouvrage de Cousu,
sous le titre de La musique universelle ,
contenant toute la pratique et toute la
théorie , mais il ne dit pas s'il a été im-
primé. N'ayant jamais vu ciler ce livre
dans les catalogues que j'avais consul-
tés, je croyais qu'il n'avait pas vu le
jour, et que Mersenne ne l'avait connu
que par le manuscrit, lorsque Perne m'ap-
prit que Junu'ntier , maître de chapelle à
Saint Quentin, lui avait écrit pour lui
demander s'il ne serait pas possible qu'il
complétât à Paris un livre intitulé La
musique universelle, dont il ne possédait
qu'une partie, cl dont l'auteur lui était
inconnu. Perne crut que le titre était
mal indiqué, et qu'il s'agissait de Y Har-
monie universelle de Mersenne, dont on
trouve quelquefois des exemplaires impar-
faits; il écrivit à Jumcutier qu'il lui en-
voyât son livre, promettant de chercher
à le compléter ; mais l'envoi n'eut pas
lieu. Perne m'avait fait part de cette
circonstance, et je n'y avais pas attache
plus d'importance que lui , lorsque je
trouvai dans la Littérature musicale de
Foikcl , à l'article Cousu, ce titre : La
musique universelle , d'après le passage
de Mersenne; j'appelai de nouveau l'at-
tention de Perne sur ce livre, il écrivit
à Jumentier de le lui envoyer; il le reçut
quelque temps après, et nous filmes éton-
nés de voir un livre qui nous était in-
connu, et qui, après avoir été examiné
attentivement, nous parut le meilleur
ouvrage, le plus méthodique et le plus
utile pour la pratique qu'on ait écrit dans
le 1 7 e siècle, non seulement en France, mais
dans toute l'Europe. Malheureusement ,
ce livre, qui n'avait pas de frontispice , ne
s'étendait que jusqu'à la page 208, et tout
indiquait que nous n'en avions sous les
yeux que la plus petite partie. Un recueil
de notes manuscrites de Boisgclou, qui,
de la bibliothèque de Perne a passé dans
la mienne, nous fournil alors sur l'ouvrage
de Cousu l'anecdote que voici : « L'auteur
« de La musique universelle est Antoine
COU
a Cousu (il se trompe sur le prénom, car
o Cousu s'appelait Jean); il n'existe que
a deux exemplaires imparfaits de cet oa-
« vrage. Deux épreuves de chaque feuille
« étaient fournies, une pour l'auteur, qui
« ne demeurait point à Paris, l'autre pour
« l'éditeur. Sans ces épreuves, on n'aurait
a aucune connaissance de ce que conte-
« riait l'ouvrage, car l'imprimerie de Bal-
« lard ayant été brûlée, lout ce qui était
« imprimé de La musique universelle ,
« fut consumé avec le manuscrit. » Je
doute maintenant de l'authenticité de l'a-
necdote de Boisgelou, car si mes souvenirs
ne me trompent pas, je crois avoir vu en
parcourant le manuscrit de ÏHisloire de
la musique du P. Caffiaux, une analyse de
l'ouvrage de Cousu , qui indique que cet
historien de Fart en avait vu au moins le
manuscrit. Je ne puis en ce moment m'as-
surur que je ne suis pas dans l'erreur ^
mais j'engage les érudits à vérifier le
fait.
Quoi <ju'il en soit , ce que je connais de
La musique universelle , est divisé en trois
livres : lepremier, qui renferme quarante-
quatre chapitres, est particulièrement re-
latif aux principes de la musique, aux
proportions et à la notation de l'époque où
le livre fut écrit. Toutes ces choses sont
exposées avec beaucoup d'ordre et cXpli*
quées avec une lucidité remarquable. Le
deuxième livre , divisé en cinquante-neuf
chapitres, commence à la page soixante-
quinze. Il traile du contrepoint simple.
Toutes les règles de l'art d'écrire y sont
mieux établies qu'en aucun autre livre an-
cien quejc connaisse, et sont expliquées par
de bons exemples à deux, trois, quatre, cinq
et six parties. Cousu est , je crois , le plus
ancien auteur qui ait parlé d'une manière
explicite des successions de quintes et d'oo
taves cachées ; il fait à ce sujet de bonne3
observations. Le troisième livre commence
à la page 157. 11 contient une continua-
tion du deuxième, et, dans l'exemplaire de
Jumentier, est interrompu à la page 208
par le trente-deuxième chapitre , où il est
cou
CRA
211
traité des cadences terminées par octave
ou par unisson.
Waltiier a donné dans son lexique de
musique un petit article sur Jean de
Cousu, auteur d'une fantaisie à quatre
parties rapportées en entier par Kirclier
dans sa Musurgia (1. 7, c. 7, p. 627-654).
Forkel {Allgem. Litler. der Musik ,
p. 407) dit qu'on ne sait pas si ce Jean
de Cousu est le même que Jean Cousu,
dont Mcrsennea parlé : Gerberet Lichten-
th.al répètent la même chose. Il y a lieu
de s'étonner qu'aucun de ces écrivains n'ait
songé à vérifier dans Kirehcr la citation
de Wallher ; ils auraient vu que le musi-
cien dont il s'agit n'est point appelé Jean
de Cousu , par le jésuite allemand, mais
Jean Cousu '. Il ne peut y avoir de doute
sur l'identité de l'auteur de La musique
universelle et du compositeur du morceau
rapporté par Kirclier, car ce morceau est
composé pour démontrer la possibilité du
bon emploi de la quarte dans la composi-
tion (Phantasia infavorem quarlce); or
Cousu a précisément écrit un chapitre
(liv. 2, ch. 53) où il a essayé de démon-
trer que la quarte peut être employée avec
avantage dans la composition. Ce chapitre
a p^ur titre : Quel sentiment les anciens
ont eu de la quarte : quelle estime en
font à présent les modernes : Monstrer
par authorilés , par raisons, et par exem-
ples , qu'elle est une consonance par-
faite : et enseigner la manière de la pra-
tiquer dans le contrepoint , en toutes les
foçons possibles. La fantaisie rapportée
par Kirclier est un morceau bien fait.
COUTINIIO (fkançois-josepii) , ama-
tenr de musique, né à Lisbonne le 21 oc-
tobre, servit en Espagne dans la guerre de
la succession. 11 vint à Paris, en 1723,
pour se faire opérer de la pierre, et mou-
rut dans cette ville, l'année suivante, des
suites de l'opération. Il a laissé en manu-
scrit un Te Deum à huit chœurs, écrit
en 1722, et une messe à quatre chœurs
avec accompagnement de violons, cors et
timbale, intitulée Scala Arelina.
COXE ( william) , littérateur anglais ,
qui vivait vers la fin du 18e siècle, a pu-
plié un livre qui a pour titre : Anecdotes
qf Handel and John Christophe/' Smith,
Londres, 1795,in-4°. Cet ouvrage, im-
primé avec luxe, est fort rare; il n'en a
été tiré que soixante exemplaires sur grand
papier impérial : j'en possède un.
COZZI ( charles), organiste à Milan,
dans la première moitié du 17e siècle, na-
quit à Parabiago dans le Milanais. Dans
sa jeunesse, il fut barbier ; mais son amour
pour la musique le conduisit, à force d'é-
tudes, à être nommé organiste de l'église
Saint-Simplicien , à Milan. Lors du pas-
sage de la reine d'Espagne Marie-Anne
dans cette ville , Cozzi lui présenta un de
ses œuvres de musique d'église , et reçut
d'elle en récompense le titre d'organiste de
la cour, qu'il conserva jusqu'à sa mort,
arrivée en 16j8 ou 1659. Il a laissé en
manuscrit : 1° Messa e salmi a 8 voci
piene ; 2° Compléta a quatlro voci.
COZZOLAM (claire-marguerite), re-
ligieuse au couvent de Sainte-Radcgonde,
de l'ordre de saint Benoît, à Milan, y prit
le voile en 1620. C'est à peu près tout ce
qu'on sait sur sa personne. Il reste d'elle
quatre ouvrages qui prouvent qu'elle fut
très habile musicienne : 1° Primavera di
fwri mnsicali al, 2 , 5 e 4 voci , Milan,
1640 'j 2" Molelti « 1, 2, 3 e 4 voci, Ve-
nise, 1642; 3° Scherzi di sacra melo-
dia , Venise, 1648 ; 4° Salmi a olto voci
concerlale, con motetti , c dialoghi a 2,
3 , 4 e 5 voci, Venise , 1650.
CRAANEN (the'odore), médecin hol-
landais , exerça d'abord sa profession a
Duisbourg, près Nimègue, ensuite à Leyde.
Frédéric-Guillaume, électeur de Brande-
bourg, le nomma son conseiller premier
médecin ; Craanen conserva ce titre jusqu'à
» Secundo potest in principio, lnedio, et fine salrari,
eola temporis perfccli mensura ; uti Joazmes Cousu GaU
lus in doctissima qtiadam compositione demonslrayit, etc ,
(Musurg., lit/. 7, c. 7, p. 627],
14*
212
CRA
CRA
sa mort, arrivée le 27 mars 1688. Parmi
ses oavrages, on remarque celui qui a pour
titre: Tractatus physico-medicus de ho-
mine , in quo status ejus tant naluralis
quant prœtematuralis quo ad ihcoriam
rationalèm mechanicè demonstralur.
Leyrle, 1689, in-4°, Naplcs, 1722, in-4°,
le chapitre 107e traite deMusica, le 108e
de Echo, le 109e de Tarantula.
CRAEN (nicolas) , conlrapuntiste alle-
mande, vivait au commencement du
17e siècle. Glaréan a inséré dans son Do-
décachorde un motet à trois voix de cet
auteur.
CRAMER (gaspard) , correcteur de l'é-
cole de Sakbourg, dans la première moi-
tié du 17e siècle, a publié soixante-dix
Chorals (musique simple) à quatre voix
sous ce titre singulier : Ahimœ sauciatœ
Medela, etc, Erfurt, 1641, in-8°; une
partie des pièces qui sont dans ce recueil
ont été composées par lui ; les autres sont
de divers musiciens allemands.
CRAMER (jean), chanteur à Jena ,
dans la deuxième moitié du 17e siècle, a
fait imprimer dans celte ville , en 1673,
un épilhalame, sous ce litre : Wohlers-
iiegener Tannebei g } a soprano solo 7
avec accompagnement et ritournelles de
deux violons , viola da gamba et basse ,
in- fol.
CRAMER (gabriel), géomètre, naquit
à Genève, le 31 juillet 1704. En 1724 il
fut nommé professeur de mathématiques
dans sa ville natale , et trois ans après il
parcourut la Suisse , la France et l'Angle-
terre , pour connaître les hommes de mé-
rite de ces divers pays. De retour à Ge-
nève en 1729 , il se livra à divers travaux
sur les sciences qu'il cultivait. La réputa-
tion dont il jouissait le fit nommer sans
concours, en 1750, professeur de philoso-
phie ; il mourut à Bagnols en 1752. On a
de lui : Thèses de Sono , Genève, 1722,
in-4° ; il soutint ces thèses à l'âge de dix-
buit ans.
CRAMER (charles -frederic) , naquit
en 1748, à Kiel, selon la Biographie
universelle , et selon Gerber ( Lexikon.
der Tonkunstler) , à Quedlimbourg , eu
1752. A l'âge de vingt-trois ans il fut
nommé professeur de littérature grecque
et de philosophie à l'université de Kiel , où
il se fit un nom distingué. De là il passa
à Coppenhague pour y enseigner la langue
grecque; mais il quitta bientôt ce poste
pour venir s'établir à l'aris, où il se fit im-
primeur vers 1792. 11 mourut dans celte
vi]lele9décembre 1807. C'étaitunbomme
bizarre, fort instruit, mais d'une érudi-
dition mal dirigée. Parmi les ouvrages
qu'il a publiés, on remarque ceux-ci,
relatifs à la Musique : 1° Magazin der
musik (Magasin musical), Hambourg,
Westphall, 1783, in-8°; la seconde partie
fut publiée dans la même ville en 1786.
Après quelques années d'interruption il en
parut quatre cahiers à Coppenhague, en
1789. Cet ouvrage contient des choses cu-
rieuses et utilessur l'art musical; 2° Kurze
Ueberschrift der Geschichte der fran-
zœsischen Musik ( Court exposé de l'his-
toire delà musique française), Berlin,
1786, in-8°, 24 pages; 3° Anecdotes sur
W.-A. Mozart, Paris, 1801 , in-8°.
CRAMER (jacques), chef d'une famille
qui s'est illustrée dans l'art musical, na-
quit en 1705 à Sachau, en Silésie. Il
entra comme flûtiste dans la musique de
l'électeur palatin en 1729 , et dans un âge
plus avancé, il y fut placé comme timba-
lier. Il esl mort à Manheim en 1770.
CRAMER (guillaume), fils du précé-
dent, naquit à Manheim en 1745. Il fut
d'abord élève de Jean Stamitz le père pour
le violon , ensuite de Basconni et enfin de
Chrétien Cannahich. A l'âge de sept ans,
il joua à la cour un concerto de violon
avec beaucoup de succès. A seize ans , il
fit son premier voyage en Hollande, et se
fit une grande réputation à, La Haye, à
Amsterdam et dans d'autres villes. De re-
tour dans sa patrie il entra dans la musi-
que de l'électeur palatin, et occupa ce
poste jusqu'en 1772; il se rendit alors à
Londres. La beauté de son jeu fut l'objet
CRA
CRA
213
de l'admiration générale , et le roi , pour
le retenir, le nomma directeur de ses
concerts et chef d'orchestre de l'Opéra,
avec des appointemens considérables. Ce
fut Cramer qui , en 1787 , dirigea l'or-
chestre de huit cents musiciens au troi-
sième anniversaire de la mort de Handel.
Il mourut à Londres le 5 octobre 1800.
C'était, disent les biographes allemands,
un virtuose du premier ordre : il réunis-
sait la légèreté de Lolli à l'expression et à
l'énergie de Fr. Benda. Les compositions
qu'on connaît de lui sont : 1° Sept concer-
tos de violon, gravés à Paris de 1770
à 1780; 2° Six trios dialogues pour deux
vicions et basse, op. 1 , Londres; 3° Six
solos pour le violon, op. 2, Paris; 4° Six
trios pour deux violons et basse , op. 5,
Londres; 5° Six solos pour le violon,
op. 4.
CRAMER (jean-baptiste), célèbre pia-
niste, fils aîné de Guillaume, est né à
Manheim en 1771. Il était fort jeune lors-
qu'il accompagna son père en Angleterre.
Ses heureuses dispositions pour la musique
se manifestèrent de bonne heure, et fu-
rent cultivées avec soin. Son père lui fit
d'abord apprendre à jouer du violon , le
destinant à cet instrument; mais le pen-
chant du jeune Cramer le portait vers l'é-
tude du piano. Il saisissait avidement
tous les instans où il pouvait en jouer , et
montra pour cette étude tant de persévé-
rance que son père consentit à ce qu'il se
livrât à son goût, et lui donna un maître
nommé Benser. Après avoir reçu des leçons
de ce professeur pendant trois ans, Cramer
passa, en 1782, sous la direction de
Schroeter. Enfin , dans l'automne de l'an-
née suivante, il devint l'élève de Cïemenli;
mais il ne put profiter de ses conseils que
pendant un an , ce grand artiste ayant
quitté l'Angleterre en 1784 pour voyager
sur le continent. Cramer employa l'année
suivante à se familiariser avec les ouvrages
des plus grands maîtres, tels que Handel
et Jean-Sébastien Bach. A peine avait-il
atteint sa treizième année que déjà sa ré-
putation d'habile pianiste commençait à
s'étendre : il fut invité à jouer dans plu-
sieurs concerts publics, où il étonna les
auditeurs par la pureté et le brillant de
son exécution. En 1785, il étudia la théo-
rie de son art sous Charles-Frédéric Ahel.
Ses études terminées , il commença à
voyager, à J âge de dix-sept ans, se faisant
entendre dans toutes les grandes villes, et
excitant partout la surprise et l'admira-
tion. Il retourna en Angleterre en 1791,
et s'y livra à l'enseignement du piano.
Déjà il s'était fait connaître comme com-
positeur par la publication de plusieurs
œuvres de sonates. Quelques années après
il fit un nouveau voyage, et se rendit à
Vienne, où il renouvela sa liaison avec
Haydn , qu'il avait connu à Londres, et en-
suite en Italie. A son retour en Angleterre,
il s'y maria , et depuis lors il a continué
d'y résider, sauf quelques voyages qu'il a
faits à Paris et dans les Pays-Bas. 11 est
maintenant professeur de piano à l'Acadé-
mie royale de musique établie à Londres.
Cramer jouit aujourd'hui de la plus belle
réputation comme virtuose et comme com-
positeur pour son instrument : parmi ses
ouvrages, ses études se font remarquer
surtout par l'élégance du style et l'intérêt
qui y régnent : elles sont éminemment
classiques. La collection des œuvres de
cet artiste distingué se compose de cent
et cinq sonates de piano , divisées en 43
œuvres , savoir : 1 , 2 , 3 , 4 , 5 , 6 , 7, 8,
9, 11,12, 13,14, 15, 18, 19, 20,21,
22 , 23 , 25 , 27 , 29 , 51 , 33 , 35 , 36 ,
38,59,41, 42,45, 44, 46, 47,49,
55 , 57 , 58 , 59, 62 et 65 , sept concer-
tos , avec orchestre; œuvres 10, 16, 26 ;
57, 46, 51 et 56; trois duos à quatre mains,
œuvres 24, 54 et 50; deux duos pour
piano et harpe, œuvres 45 et 52 ; un grand
quiutctto pour piano , violon , alto, basse
et contre-basse, œuvre 61; un quatuor pour
piano, violon, alto et basse, œuvre 2S ;
deux œuvres de nocturnes 52 et 54; deux
suites d'études , œuvres 50 et 40 ; et une
multitude de morceaux détachés, rondos,
CïtÀ
GRE
marches , valses , airs variés, fantaisies et
bagatelles. Comme virtuose, cet artiste est
surtout remarquable par la manière dont
il joue l'adagio, et par l'art de nuancer
la qualité du son qu'il tire de l'instrument.
Rien ne peut donner une idée de la délica-
tesse de son jeu ; sa manière est toute parti-
culière et ne ressemble à celle d'aucun
autre grand pianiste.
CRAMER (francois), second fils et
élève de Guillaume, naquit à Manlieim en
1772. Il est maintenant musicien de la
chambre du roi d'Angleterre, professeur
à l'Académie royale établie depuis plu-
sieurs années, et l'un des chefs d'orchestre
des concerts de la société philharmonique.
C'est un violiniste médiocre.
CRAMER ( François ) , neveu de Guil-
laume, naquit à Munich en 1786. Dès
l'âge de six ans , il commença à étudier le
piano, et à sept il avait fait tant de pro-
grès , qu'il fut en état de jouer au concert
des amateurs avec succès. Son maître de
clavecin fut Eberlé. Dans la suite , son
oncle maternel , Gérard Dimler , musicien
de l'électeur de Bavière, lui donna des
leçons de llûte. 11 eut bientôt acquis une
grande habileté sur cet instrument, et en
1795 il fut admis dans la musique de la
cour. Ayant montré de grandes disposi-
tions pour la composition par de jolies va-
riations de piano qu'il écrivit à l'âge de
quinze ans, son père le plaça sous la direc-
tion de Joseph Gractz , maître de piano
de la cour. 11 a écrit plusieurs concertos
pour divers inslrumcns, des airs variés,
des rondos, etc. On connaît de lui un
opéra de Hidallant dont l'ouverture à
grand orchestre a élé gravée à Leipsick,
chez Rreitkopf. Cramer a publié aussi
quelques recueils de chansons allemandes
avec accompagnement de piano. Son père ,
Jean Cramer, deuxième fils de Jacques,
fut timbalier et copiste de la cour à Mu-
nich ; il exerçait encore ces emplois
enl811.
CRANTZouCRANTIUS (henri), l'un
des plus anciens constructeurs d'orgues
dont l'histoire fasse mention , a fait l'or*
gue de l'église collégiale de Brunswick
en 1499.
CRAPELET (g.-a.), imprimeurà Paris,
est né dans cette ville le 13 juin 1789.
Littérateur et typographe, il s'est égale-
ment distingué dans sa double carrière. Il
a placé à la tête de l'édition des œuvres
choisies de Quinault ( Paris , 1824, 6 vol.
in-8° ) , une notice sur la vie de ce poète ,
suivie de pièces relatives à l'établissement
de l'Opéra. On doit aussi à M. Crapelet :
L'Histoire du Châtelain de Coucy et de
la dame de Fayel , publiée d'après le
manuscrit de la Bibliothèque du roi,
et mise en français } Paris, Crapelet,
1829,in-8°.
CRAPP1US (andre) , chantre et com-
positeur à Hanovre, naquit à Lunebourg,
vers le milieu du 16e siècle. On connaît
de sa composition : 1° Canliones sacrœ et
Missœ super : Schaffe in mir, Golt ,
ein reines Herz, etc., Magdcbourg 1582;
2° Sacrœ cantiones 4 et 6 vocuni , Mag-
debourg , 1581 et 1584 ; 3° Musicœ artis
elemenla , Halle , 1608 , in-8°.
CRASSOï (richard), musicien fran-
çais , paraît être né à Lyon , vers 1530. Il
a fait imprimer : Les CL psalmes de
David à quatre parties , avec la lettre
au long , Genève , 1569 , in-16.
CREDIA (pierre), fils d'un espagnol et
d'une dame de Verceil , naquit dans cette
ville dans les premières années du 17e siè-
cle, et fit ses études à l'école de musique
appelée II collegio degl' Innocenti. Il fut
ensuite nommé chanoine mineur de Saint-
Eusèbc , et maître de chapelle de la
même église. S'élant rendu à Rome, il y
fut fait musicien de la chapelle Sixtine et
y obtint un bénéfice ; mais ce bénéfice lui
ayant été disputé par la suite , Credia se
retira au collège des jésuites, où il mourut
en 1648. Il a laissé plusieurs livres de
messes et de vêpres en manuscrit ( Gregory,
Lettcr. Vercel. Distrib. V, page 255).
CREED ( jacques), ecclésiastique an-
glais , mort en 1770 , paraît être le pre-
CRE
mier qui a conçu l'idée d'une machine
propre à écrire les pièces improvises sur
le piano. Il la proposa à la société royale
de Londres , en 1747 , dans un mémoire
inlitulé : A démonstration ofthe possi-
bilité of making a machine tlint shall
write ex tempore voluntaries , or olher
pièces of music , etc. Ce mémoire se
trouve dans les Transactions philosophi-
ques de 1747, n° 1 83 ; et dans l'abrégé de
ces mémoires par Martin , lom. X, p. 566.
L'invention dont il s'agit a été réclamée par
d'autres {Voyez Frike, Unger, Hohll'eld
et Engramclle).
CREIGHTON (robert), docteur en
théologie, naquit à Cambridge en 1639.
Il était fils du docteur Robert Crcighton ,
du collège de la Trinité à Cambridge, qui
fut ensuite évoque de Bâlh et de Wells ,
et qui accompagna Charles II dans son
exil. Le jeune Creigliton joignit l'élude de
la composition musicale à celle de la
théologie, et s'appliqua avec tant d'assi-
duité à la musique d'église, qu'il acquit
assez d'habileté pour être placé parmi les
grands maîtres de son temps. En 1674, il
fut nommé chanoine résident et chantre de
l'église cathédrale de Wells. Il est mort
dans cette vil le en 1756, à 1 âge de quatre-
vingt-dix-sept ans. Le docteur Boyce a in-
séré dans sa collection une antienne de
Creigliton sur ces paroles : / will arise
and go to my fatlicr , qui est célèbre en
Angleterre. Le docteur Crotch l'a arrangée
pour l'orgue ou le clavecin dans ses Spéci-
mens of musica. Deux services complets
du même auteur se trouvent dans la col-
lection publiée par Tudway , ainsi que
deux antiennes en mi bémol. Le reste des
compositions du docteur Creigliton existe
en manuscrit dans la Bibliothèque de l'é-
glise cathédrale de Wells.
CRELL ou CRELLIUS (chrétien),
constructeur d'orgues, vivait vers le mi-
lieu du 17e siècle. Il a terminé, le 1er août
1657, l'orgue de l'église de Sainte-Elisa-
beth, à Hreslau, composé de trente-cinq
jeux, trois claviers et pédale.
CRE
21S
CREMONESI (ambroise), maître de
chapelle à Ortona-a-Mare , petite ville
des Abruzzcs , vers le milieu du 17° siè-
cle, a publié : Madrigcdi concertati }
Venise, 1636.
CRE.YIONT ( pierre) , violiniste et cla-
rinettiste , né dans le midi de la France,
vers 1784 , fut reçu comme élève au Con-
servatoire de Paris, en l'an vm de la répu-
blique, etsortit de cette écoleen 1803 pour
voyager. 11 se fixa pendant quelques années
en Russie, dirigea à Saint-Pétersbourg l'or-
chestre du théâtre français, puis revint eu
France en 1817, et s'établit à Paris. En
1821 il fut nommé second sous-chef d'or-
chestre au théâtre de l'Opéra-Comique, et
il en remplit les fonctions jusqu'en 1824,
où il passa à l'Odéon , en qualité de pre-
mier chef et de directeur de la musique. Ce
théâtre venait d'être destiné à la représen-
tation des opéras traduits de l'Italien et de
i'allemand.M.Crémontfutchargé d'organi-
ser l'orchestre pour l'exécution de ces ouvra-
ges, cl s'acquit ta de cet le mission de manière
à mériter les éloges des artistes et du public.
Cet orchestre, composé déjeunes artistes
dont quelques-uns ont acquis depuis lors
de brillantes réputations, était dirigé avec
talent par Crérnont , et rendait avec beau-
coup de soin les ouvrages de Rossini et de
Wéber. Après la retraite de Frédéric
Krcubé, Crérnont rentra à POpéra-Coini-
que (en 1828 ) , comme premier chef d'or-
chestre; il y resta jusqu'en 1831 , époque
où il prit sa retraite définitive. J'ignore ce
qu'il est devenu depuis ce temps, son nom
ayant disparu de la liste des artistes de
Paris publiée dans l' Annuaire musical de
1855 et de 1856. On a de ce musicien :
1° Concerto pour le violon , op. 1 , Paris ,
Gambaro ; 2° Trois marches funèbres pour
harmonie militaire, Ibid.; 3° Harmonie
pour musique militaire, liv. 1 et 2, Ibid.;
4° Concerto pour la clarinette, op. 4,
Ibid.; 5° Quatuor pour deux violons, alto
et basse, Ibid.; 6° Fantaisies pour violon
principal sur l'air : Au clair de la lune r
avec violon, alto et basse , op. 8 , Paris }
216
CRE
CRE
Janet et Cotclle ; 7° Duos pour deux vio-
lons, œuvres 10 et 12 , IbicL; 8° Fantai-
sie pour violon principal sur un air des
montagnes de l'Auvergne , avec quatuor,
op. 11, Ibicl. ; 9° Trois trios concertans
pour deux violons et allô, op. 13, Ibicl.
CREPTAX (rosette TREBOR), pseu-
donyme sous lequel a paru dans le Jour-
nal encyclopédique au. mois de mai 1789,
page 506, un essai intitulé : Mémoire
sur la musique actuelle.
CREQUILLON (thomas) , né dans les
Pays-Bas, vers 1520, fut maître de cha-
pelle de l'empereur Charles-Quint après la
mort de Nicolas Gomhert. 11 a publié un
grand nombre d'ouvrages , entre autres
une messe à six voix sur la chanson fran-
çaise : Mille regrets , Anvers 1556, une
collection de motets intitulée Canliones
sacree quinque et oclo vocuvi, Louvain ,
1576, et un livre de chansons françaises
à quatre, cinq et six voix. On trouve aussi
des molets dcCrcquillon dans la collection
de Paul Galligopei intitulée Molctti ciel
Labirinto , Venise, 1554. Un recueil de
messes et de motets à cinq voix , de ce mu-
sicien , a été publié à Venise chez Gar-
danne en 1544 , in-4°. Les divers recueils
de son temps contiennent beaucoup de
morceaux de sa composition. Jacques Paix
a aussi arrangé des pièces de Crequillon
pour l'orgue , et les a insérées dans son
Orgel Tabulatur Buch, Lavjngcn, 1583,
in-folio. On trouve à la Bibliothèque de
Cambrai une collection de messes impri-
mées , sans date, nom de ville, ni d'im-
primeur, iu-fol. max. sous ce sitre : Prce-
stantissimorum divince musicœ autorum
missœ cleceni quatuor, quinque et sex vo-
cibus, dans laquelle il y une messe de
Crequillon à quatre parties, intitulée
Doidce mémoire, et une autre, à cinq
parties, sur la chanson populaire Dung
petit mot (sine pausà ). Cet auteur a joui
de son temps d'une grande réputation. Il
écrivait assez purement, mais il n'a rien
ajouté aux progrès que Josquin Després
avait fait faire à l'art musical.
CRESCENTINI (gtrolàmo), célèbre
sopraniste, est né en 1769 près d'Urbino ,
dans l'État Romain. Doué de la plus belle
voix de Mezzo soprano, d'une mise de
voix et d'une vocalisation parfaite, il dé-
buta à Rouie, en 1788 , avec le plus bril-
lant succès. Deux ans après il était à Pa-
doue, et en 1794, il chantait à Venise.
Appelé en 1797 à Vienne , il y resta jus-
qu'en 1799, où il partit pour Lisbonne;
mais les souvenirs qu'il avait laissés dans
la capitale de l'A ut riche l'y firent appeler de
nouveau en 1804. L'empereur des Fran-
çais, Napoléon Bonaparte, l'ayant entendu
à Vienne, pendant la campagne de 1805,
fut si charmé de son talent qu'il voulut se
l'attacher, et qu'il lui assura un traite-
ment considérable. Crescentini chanta
dans les concerts et aux spectacles de la
cour à Paris, depuis 1806 jusqu'en 1812.
A cette époque l'altération de sa voix, pro-
duite par l'effet d'un climat défavorable
le détermina à demander sa retraite, qu'il
n'obtint que difficilement. Il se retira
d'abord à Bologne , puis à Rome , où il
resta jusqu'en 1816; il est maintenant à
Naples, où il remplit les fonctions de pro-
fesseur de chant au collège roval de mu-
sique qui a remplacé les divers conserva-
toires de cette ville. Crescentini est le der-
niergrand chanteur qu'ait produit l'Italie :
en lui a fini cette série de virtuoses subli-
mes enfantés par cette terre classique de
la mélodie. Rien ne peut être comparé à
la suavité de ses necens , à la force de son
expression, au goût parfait de ses fioritu-
res , à la largeur de son phrasé, enfin à
cette réunion de qualités dqnl une seule ,
portée au même degré de supériorité , suf-
firait pour assurer à celui qui la posséde-
rait le premier rang parmi les chanteurs
du jour. Quelques personnes se rappellent
encore avec enthousiasme l'impression pro-
fonde que ce grand artiste produisit dans
une représentation de l'opéra de Roméo et
Juliette qui fut donnée aux Tuileries, en
1808. Jamais le sublime du chant et de l'art
dramatique ne furent poussés plus loin.
CRE
CRI
217
L'entrée de Roméo «tu troisième acte, sa
prière, les cris de désespoir, l'air Ombra
adorala aspel.'a , tout cela l'ut d'un effet
tel, que Napoléon et tout l'auditoire fondi-
rent en larmes, et que ne sachant com-
ment exprimer sa satisfaction à d-escon-
tini , l'empereur lui envoya la décoration
de 1 ordre de la couronne de fer, dont il le
fit chevalier. Au talent de chanteur ad-
mirable, Crescciitini joint celui de com-
positeur élégant. La prière de Roméo a
été composée par lui : il a aussi publié à
Vienne en 1797 douze ariettes italiennes
avec accompagnement de piano , dix-huit
autres à Paris , en deux recueils , et un
recueil d'exercices pour la vocalisation,
précédé d'un discours sur l'art du chant en
français et en italien , Paris, Janet , in- fol.
CRESCIMBENI (jean-marie), chanoine
et archiprètre de Sainte-Mariein Transte-
verre à Rome, naquit le 9 octobre 1663 ,
à Macerata, clans la marche d'Aneône, et
mourut à Rome, le 7 mars 1728. Dans
son livre intitulé : Istoria délia volgar
poesia (Rome, 1698 , in-4°), on trouve
des détails intéressans concernant la mu-
sique. Le chapitre onzième est intitulé :
De Drammi musicali, e délia loro
origine e stalo; le douzième traite Délie
J'este musicali e délie cantate e serenale,
et le quinzième, Degli oratorie délie can-
tate spirituali.
CRESPEL (Guillaume), et non Jean,
comme le nomme Gerber, d'après Her-
mann Fink, naquit vers 1465, et fut
élève de Jean Ockeghem , sur la mort de
qui il a fait une déploralion à cinq par-
ties, que Burncy a insérée dans le troisième
volume de son histoire de la musique. On
trouve plusieurs motels de ce maître dans
le Thésaurus Musicus , publié à Nurem-
berg en 1564. Le premier livre de la col-
lection de chansons françaises, publiée à
Louvain , en 1558, contient aussi une
chanson française à quatre parties , par
Crespel, sur ces paroles: Fille qui prend
Jacecieulx mary.
CREXUS, musicien grec, était contem-
porain de Pbiloxcne et de Timolhée. Pla-
tarque dit qu'il est le premier qui ait sé-
paré du chant le jeu des instrumens , car
chez les anciens, dit-il, ce jeu accompa-
gnait toujours la voix. 11 lui attribueaussi
des innovations hardies dans la cadence
musicale.
CRICCHI (dominique), chanteur bouffe,
né en Italie au commencement du 18esiè-
cle, fut au service du roi de Prusse, de
1740 a 1750.
CRISANIUS (georges), ou plutôt CRI-
SANI, auteur d'un ouvrage indiqué par
le catalogue de la bibliothèque Barbcrine,
sous ce titre : Asserla musicalia , Rome,
1656, in-4°. J'ignore de quelle nature est
cet ouvrage.
CRISPI (l'abbe pierre), né à Rome
vers 1737 , cultiva d'abord la musique
comme amateur, et finit en 1765 par en
faire son occupation principale. Le Dr. Bur-
ncy le connut à Rome en 1 770 ; il donnait
des concerts toutes les semaines dans sa
maison , et y jouait fort bien du clavecin.
Il a publié quelques sonates et des con-
certos dans le style d'Alberti. Ces compo-
sitions sont agréables; le chant en est na-
turel et d'une élégante simplicité. Le
Dr. Crotch en a inséré quelques morceaux
dans sa collection. L'abbé Crispi est
mort à Rome en 1797.
CRISTELLI (gaspard), né à Vienne
an commencement du 18e siècle , était
violoncelliste au service de l'évêque de
Salzbourg, en 1757. Il a laissé quelques
compositions pour son instrument.
CRISTIANELLI (piiilippe), né à Bari,
en 1587, fut maître de chapelle à Aqiiila,
dans le royaume de Naples, vers 1615. Il
a fait imprimer de sa composition : S al mi
a cinqne voci, Venise, 1626, in-4°.
CR1STOFALI (bartholome), ou plutôt
CRISTOFORI , facteur de clavecins du
grand-duc de Toscane. Le premier de ces
noms lui a été donné dans le Giornale dei
lelterali d'ilalia (t. V, art, IX, p. 144);
l'article de ce journal a été traduit en alle-
mand par Kœnig , et iuséré dans la Cri-
218
CRI
CRI
lica musica deMattheson (t. ïï, p. 535),
et depuis lors les Biographes allemands
onl écrit le nom de ce facteur d'irislrumcns
de la même manière. D'un autre côté, tous
les auteurs italiens écrivent Crislqfori,
C'est ainsi que le comte Carli ( Opère,
t. 14, p. 405), Gervasoni (Nuova teoria
di musica, p. 41), l'auteur anonyme d'une
notice sur les inslrumens à clavier (Noti-
zie sloriche di alcuni gravicembali ed
allr'i slromenli di lastatura di A. P. Pisa,
1743, p. 13), et Lichlenlhal (Dizzion. e
Bibliog. de Mus., t. II, p. 120) écrivent
ce nom, et il y a lieu de croire qu'ils ne se
trompent pas , et que le nom véritable du
facteur dont il s'agit est Crislqfori l.
Quoi qu'il en soit, ce facteur naquit à Pa-
doue , en 1683, suivant l'auteur de la no-
tice historique citée plus haut , s'établit
à Florence en 1710, et y fonda une ma-
nufacture de clavecins et d'épinettes. Eu
1711 , si l'on en croit l'article du journal
des lettrés d'Italie, et en 1718, suivant
l'opinion de tous les autres auteurs, Cris-
tofori inventa un clavecin à marteaux
(cembalo a marielletli), qui a été consi-
déré comme l'origine du piano (V. Ma-
lins et Schroeter) ; mais l'invention de
Cristofori et celles de plusieurs autres
étaient oubliées quand on a commencé à
faire des pianos dont l'usage s'est étendu.
CRIVELLAÏI (césar), médecin à Vi-
terbe, petite ville de l'état de l'Église, na-
quit vers la fin du 16e siècle. 11 a publié
un ouvrage sur la musique, intitulé :
Discorsi musicali, nelli quali si conten-
gono , non solo cose perlinenli alla ieo-
rica , ma eziandio alla pralica, me-
dianle le quali si polrà con facilita
pervenire ail' acquisto di cosi onoraia
scienza : raccolti da diversi buoni aidori,
Viterbc, 1624, in-8°.
CRIVELLI (ap.changelo), né à Ber-
game, vers le milieu du 16° siècle , fut
reçu comme ténor à la chapelle du pape,
» Voyez à ce sujet une discussion élevée enlre la Gazette
musicale de Paris (1834, n° 28;, et la Revue Musicale
(8e aDnée, n° 2'JJ.
en 1583. Il était anssi compositeur, et a
publié divers ouvrages estimés dont on
s'est servi long-temps dans la chapelle
pontificale. On trouve quelques-uns de ses
motets dans les Selectœ cantiones cxcel-
lenlissimorum auctorum de Costantini ,
Rome, 1614.
CRIVELLI (jean-baptiste), composi-
teur italien dont Walther cite un ouvrage
intitulé : Moletli a due, Ire, qualtro e
cinque voci , mais sans indiquer le lieu
ni la date de l'impression.
CRIVELLI (gaetano), un des meilleurs
ténors de l'Italie , au commencement de ce
siècle, est né à Bergame, en 1774. Ayant
terminé ses éludes de chant, il débuta fort
jeune sur des théâtres de second ordre. Il
n'était âgé que de dix-neuf ans lorsqu'il se
maria. En 1793 , il était à Brescia , et y
excitait l'admiration par sa belle voix et
sa manière large de phraser. Les succès
qu'il avait obtenus dans cette ville le
firent appeler à Naples en 1795. Il y fut
attaché au théâtre Saint-Charles pendant
plusieurs années, et y perfectionna son ta-
lent par les occasions fréquentes qu'il eut
d'entendre des artistes distingués, et par
les conseils de quelques bons maîtres, no-
tamment d'Aprile. De Naples, il alla à
Rome, puis à Venise, et enfin à Milan,
où il chanta au théâtre de la Scala pen-
dant le carnaval de 1805 , avec la Banti,
Marchcsi et le basso Jean-Baptiste Bi-
naghi. En 1811, Crivelli succéda à Garcia
à lOpcra-Italien de Paris, qui était alors
à l'Odéon. 11 y produisit une vive sensation
dans le Pirro de Paisicllo, qui servit à
son début. <i M. Crivelli (disait un journal
« de cette époque) est doué de toutes les
« qualités qui peuvent charmer les ama-
« leurs de musique. Une superbe voix ,
u une excellente méthode, une belle fi-
«c gure, un jeu noble et très expressif;
« telles sont celles qui le distinguent; on
« ne pouvait faire une plus précieuse ac-
« quisition. » Pour se faire ainsi remar-
quer dans une troupe chantante composée
de MMmes Barilli et Fcsta , de Tacchi-
CRI
nardi, de Porto, de Barilli, de Botticelli,
et de quelques autres chanteurs distingués,
il fallait posséder un talent de premier
ordre. Crivelli resta au Théâtre-Italien de
Paris jusqu'au mois de février 1817. 11 se
rendit alors à Londres, y chanta jusqu'à
la fin de 1818, et retourna en Italie. En.
1819 et 1820 il clianta avec succès au
théâtre de la Seala , à Milan ; cependant
on commença â remarquer dans cette der-
nière année une altération dans son or-
gane, et cette altération parut heaucoup
plus sensible lorsque Crivelli reparut dans
cette ville, au théâtre Carcano , pendant
le carême de 1825. Ce chanteur, qui ne
sut pas borner sa carrière , continua de se
faire entendre dans les villes de second
ordre, et offrit encore pendant six ans le
triste spectacle d'un grand talent déchu.
En 1829, il chantait à Florence; ce fut ,
je crois, le dernier effort de son courage :
il avait alors cinquante-cinq ans. J'ignore
où il s'est retiré depuis cette époque, et
s'il vit encore.
CRIVELLI (domintque) , fils du pré-
cédent, est né à Brescia en 1794. A l'âge
de neuf ans il suivit son père à Kaples, et
y commença ses études pour le chant sous
la direction de Millico. A la fin de sa
onzième année il fut admis comme élève
au Conservatoire de St.-Onofrio , où il ap-
prit l'accompagnement sous la direction
de Fcnaroli. En 1812, il quitta le Conser-
vatoire et se rendit à Rome pour y prendre
des leçons de Zingarclli. L'année suivante
il retourna à Naples et y composa plusieurs
morceaux de musique sacrée. En 1816 , il
écrivit pour le théâtre de Sainl-Cliarles
un opéra séria qui ne put être représenté
parce que ce théâtre fut brûlé. A cette
époque son père étail à Londres, et l'en-
gagea à venir l'y rejoindre; il y arriva en
1817. Depuis lors il y a publié quelques
pièces détachées pour le chant, une can-
tate à trois voix avec accompagnement
d'orchestre. Il y a écrit aussi un opéra
bouffe inlilulé : La fiera diSalerno, ossia
la Finta capriciosa. Lors de la formation
CRO
219
du collège royal de musique, M. Crivelli y
a été nommé professeur de chant.
CRIVELLI (françois), littérateur ita-
lien, a publié un livre qui a pour titre :
Cenni sitlla sloria pofUica e letleraria
degV llallani, Vérone, 1824, cent vingt-
deux pages in-12. Cet ouvrage traite de la
musique, page 98-105.
CROATTI (françois), né à Venise vers
le milieu du 16° siècle, a publié dans celle
ville son premier livre de messes et de
motets à cinq et six voix. Bodencliatz a
inséré un motet à huit voix de cet auteur
dans ses Florilegii Porlensis.
CROCE (jean), compositeur savant et
original, né vers 1560, à Ciiioggia , près
de Venise, d'où lui est venu le nom de
Chiozzetlo. Il fut élève de Zarlino, son
compatriote, et succéda à Balthazar Bo-
nati, en qualité de maître de chapelle de
Saint-Marc, de Venise, le 13 juillet 1605;
il mourut au mois d'août 1609 , et eut
pour successeur Jules César Marlinengo.
On a de ce compositeur : 1° Sonate a
cinqtie, Vcnczia, 1580; 2° Madrigali a
cinque voci, lib. 1 , Ibid.., 1588. La
deuxième édition de cet ouvrage a été pu-
bliée en 1596, in-4°; 2° (bis) Salmi, Te
Deum , Benedictus et Miserere a oito
voci; 3° Triacca musicale, nella quale
vi sono diversi capricci «4,5, 6 e 7 voci,
nuovamenle composta e data in lace , in
Venezia,appressoGiacomo Vincenti, in-4°.
Ce recueil curieux contient des composi-
tions très originales s ur des paroles en dia-
lecte vénitien. On y trouve : 1° Un écho à
six voix fort ingénieusement écrit ; 2° Une
mascarade à quatre; 5° La chanson du
rossignol et du coucou, avec la sentence du
perroquet, à cinq voix, morceau où règne
une verve comique peu commune; 4° La
canzonette des Bambini , non moins re-
marquable; 5° La chanson des paysans,
à six voix; 6° Un morceau fort plaisant,
intitulé : Le Jeu de l'Oie , à six voix;
7° Le chant de l'esclave, à sept voix, com-
position d'un grand mérite. J'ai mis lous
ces morceaux en partition. Il y a une
220
CRO
CRO
deuxième édition de la Triacca musicale,
datée de Venise, 1601 , et une troisième,
imprimée par P. Phalèse, en 1609, in-4°
obi. ; 3° (bis) Canzoïinelte e quallro
voci, lib. I, Vinegia , 1595, in-4°;
4° Vespertinee omnium solemnitalum
psalmodiée 8 vocum, Venise, 1599,
in-4° ; 5° Moleltce oclo vocum, lib. 1
et 2 ; 6° Sacrée cantiones quinque vo-
cum ; 7° Sacrée canlilenœ, 3, 5 et 6 voc;
8° Nove lamenlationi per la sellimana
sauta, a sei voci, Venezia, 1610, in-4°;
9° Motetli a quallro voci, 1 6 1 1 ; 10° Ma-
drigalia sei voci, Anvers, 1610 j 10° Can-
tiones sacrée oclo vocum, cum basso
continuo ael organum, Anlvcrpise, ex oiïi-
cina Pétri Phalcsii, 1622, in-4°. 11 y
a vingt-deux motels dans ce recueil,
11° Cantiones sacrée oclo vocum cum
basso continuo, lib. 2, Ibid., 1623. Il y
a lieu de croire que les ouvrages indiques
sous les numéros 8, 9, 10, 11 sont des
réimpressions, car, ainsi qu'on l'a vu pré-
cédemment, Croce était mort en 1609.
Bodcnchatz a inséré des motets à buit voix
de ce musicien dans ses Flordegii Por-
lensis. On trouve aussi des madrigaux de
Croce dans le recueil qui a pour titre :
Ghirlanela di madrigali a sei voci di di-
verse eccellentissimi autori de' nostri
tempi, in Anversa, appresso P. Pbalesio,
1601 , in-4°. Sous le litre de Musicei sa-
cra, Penilenlials Jbrô voices, on a publié
à Londres, en 1608 , in-4°, une collection
de musique d'église puisée dans les œuvres
de Croce, avec des paroles anglaises.
CROENER (FRANÇOIS FERDINAND DE),
l'aîné de quatre frères du même nom, tous
habiles musiciens, naquit en 1718, à
Augsbourg, où son père, Thomas Crœner,
était musicien de la cour. Après avoir fait
de brillantes études chez les jésuites
d'Augsbourg , il se livra à son penchant
pour la musique, et devint au bout de
quelques années d'une grande habileté sur
le violon et la flûte. En 1737 il fut admis
ainsi que son père à l'orchestre de la cour
de Charles Albert, électeur de Bavière,
depuis lors empereur d'Allemagne sous le
nom de Charles VII. Ce prince l'envoya
en Italie pour y perfectionner son talent.
A son retour à Munich, la guerre s'étant
déclarée, Crœner voyagea avec ses frères
en Hollande, en Angleterre, en France,
en Suède, en Danemarck, en Prusse, en
Russie, etc., et partout ils recueillirent
des applaudissemens. Après la mort de
Charles VII, Crœner revint à Munich et
fut nommé directeur des concerts et de la
musique de la cour. En 1749 il fut ano-
bli avec ses trois frères et prit le titre de
Reichseeller de Crœner. Il mourut à Mu-
nich le 12 juin 1781.
CROENER ( FRANÇOIS-CHARLES DE),
frère du précédent, naquit à Augsbourg
en 1722. Il fut d'abord valet de chambre
d'un prince de l'empire à Miïnchorsth. Il
jouait fort bien du violon, de la flûte et de
la viola da gamba, instrument favori de
l'électeur de Bavière, Maximilien III, qui
l'appela à son service en 1743. Sa charge
l'obligeait à composer chaque année six
concertos de viola da gamba pour son
prince. En 1756 il composa l'oratorio de
Joseph, qui fut exécuté à la cour avec
beaucoup de succès. On a gravé en 1760,
à Amsterdam , six trios pour le violon, de
sa composition. On connaît aussi de lui
des concertos, symphonies, quatuors, etc.,
qui sont restes en manuscrit. Il est mort
à Munich, le 5 décembre 1787.
CROENER ( ANTOINE-ALBERT DE), né
à Augsbourg, en 1726, jouait fort bien
du violoncelle. En 1744 il fut nommé
musicien de la cour de Bavière. Il mourut
aux bains de Traunstein, en 1769.
CROENER (jean-nepomucène DE),
troisième frère de François- Ferdinand ,
naquit en 1737, à Munich, où il prit des
leçons de violon de son frère. Il devint sur
cet instrument d'une habileté remarqua-
ble. Il mourut à Munich , le 24 juin 1784.
CROES (henri-jacqoes DE), né à
Bruxelles , directeur de la musique' au,
prince de la Tour et Taxis, à Ratisbonne,
vers 1760, fut antérieurement maître dg
CRO
chapelle dn prince de Lorraine. Il mourut
vers 1799. On a gravé les ouvrages suivans
desa composition : 1° Trois divertissemens
et trois sonates pour les violons et flti les,
avec la basse continue, œuv. 1er, Paris,
in-fol. ;2° Idem , œuv. 2e, Paris ; 3° Six
diverlissemens en trios pour deux violons
et basse , œuv. 3", Paris, in-fol. ; 4° Six
symphonies pour deux violons, alto,
basse et deux hautbois ;œuv . 4e, Bruxelles.
CROES (henri DE), fils du précédent,
naquit à Bruxelles , en 1758. 11 étudia la
musique sous la direction de son père, avec
qui il se rendit à la cour du prince de la
Tour et Taxis. En 1799 il lui succéda
dans la place de directeur de la musique
de ce prince. Il vivait en 1811 à Ratis-
bonnc. Ses compositions consistent en
messes, cantates, symphonies, concertos,
morceaux d'harmonie, etc. On en a gravé
plusieurs morceaux en Allemagne.
CROFT( William), docteur en musique,
né à Nelher-Eatington, en 1677, dans le
comté de Warwick. Ayant, été admis à
la chapelle royale , il y fit ses études mu-
sicales sous le docteur Blow. Après qu'elles
furent achevées , il obtint la place d'orga-
niste à l'église paroissiale de Sainte-Anne,
à Westminster. En 1700, il entra à la
chapelle royale en qualité de chanteur.
Quatre ans après on le nomma organiste
adjoint de cette chapelle, et à la mort de
Jérémie Clark, en 1708, il devint titulaire
de cette place. L'année suivante il succéda
à Blow comme maître des enfans de chœur,
comme compositeur de la chapelle royale
et comme organiste de Westminster. Les
degrés de docteur en musique lui furent
conférés par l'université d'Oxford, en 1715.
Il est mort à Londres, au mois d'août
1727. Les principales compositions de
Croft sont pour l'église; il a cependant
publié trois recueils de pièces instrumen-
tales qui consistent en Six suites d'airs
pour deux violons et basse, Londres,
in fol.; Six sonates pour deux Jldles ,
ibid.; et six solos pourflûte et basse. L'ou-
vrage qui a le plus contribué à sa réputa-
CRO
221
tion est intitulé : Musica sacra, or sélect
Anthems in score for 2-8 voices , to
which is added the burial service, as it
is occasionally performed in Weslmins-
ier-Abbey (Musique sacrée, ou antiennes
choisies en partition), Londres, 1724,
deux vol. in-fol. C'est le premier essai de
musique gravée en partition en Angle-
terre. La plupart de ces antiennes ont été
composées en actions de grâces pour les
victoires remportées sous le règne de la
reine Anne. Page en a inséré plusieurs
dans son Harmonia sacra, et la collec-
tion de musique sacrée de Stevens en con-
tient aussi quelques-unes. Le catalogue
de Preston indique aussi : FL sélect An-
thems in score , by Dr. Green, Dr. Croft
and Henr. Purcell, Londres, in-fol. Le
concours de Croft pour le doctorat a été
publié sous ce titre : Musicus apparatus
academicus , Londres, 1715. Le Diction-
naire historique des musiciens(Paris,l 810)
cite , d'après Gerber , une collection pu-
bliée par Croft, sous ce titre : Divine har-
mony , or a new collection of selecl
anthems nsed at lier Majesty's cha-
pels royal, Wesminster Abbey , St.~
Paul's, etc., Londres, 1711 ; mais ce re-
cueil ne contient que les paroles et non la
musique de ces antiennes.
CROIX (a. phérotee DE LA), littéra-
teur, né à Lyon, vers îc milieu du 1 7e siè-
cle , a publié dans celte ville un livre in-
titulé : L'Art de la poésie française et
latine, avec une idée de la musique sous
une nouvelle méthode, 1694, in 8°.
CROIX (albert DE), littérateur peu
connu, a publié un livre qui a pour litre:
L'Ami des arts, Paris, 1776, in-12.
On y trouve la biographie de Rameau,
pages 95-124.
CROIX (antoine LA). V. LACROIX.
CHOMER (martin), historien polonais,
naquit en 1512, à Biecz, ville de la petite
Pologne. Après avoir fait ses études dans
sa ville natale, à Cracovic et à Bologne,
il fut nommé secrétaire de la chancellerie
de la couronne sous Sigismond Ier. En
222
CRO
1579 il fat promu à l'évêché de Warmi.
Il est mort le 15 mars 1589. Parmi ses
écrits Joecher ( Gel. Lex. ) et Freher
(Thealr. vir. eriidit. clar.) citent une
dissertation De Conccntibus musicis, qui
ne paraît pas avoir été imprimée, et un
petit traité intitulé : Musica figurativa f
que Sébastien Felstius a inséré dans ses
Opusc. 31/isices, Cracovie, 1534, in-i°.
CRON (joachim-antoine), naquit de pa-
rens pauvres , à Podcrsum , près de Saalz ,
le 29 septembre 1751. Il fit ses études à
l'université de Prague, et entra ensuite au
monastère de Tordre de Cîtcaiix, à Osteyk.
Ayant été nommé professeur au collège de
Leitmeritz en 1782, il passa en 1788 au
Gymnase de Cornmotlian en la même qua-
lité, et enfin devint professeur de théolo-
gie à Prague, où il est mort subitement
le 20 janvier 1826. Cron est considéré
comme un des plus habiles qu'il y ait eu
en Bohême, sur l'orgue, et comme le vir-
tuosele plus remarquable sur l'harmonica.
Ses maîtres dans l'art de jouer de ces in-
struirons et dans la composition furent
Brixi et Scgert. Nul ne posséda mieux
que lui l'art de varier les effets de l'orgue
par le mélange des jeux. 11 avait acquis
aussi beaucoup d'habileté dans le jeu de
la pédale obligée, quoique le clavier de
pédale des orgues de la Bohême , étant
fort borné , fût un obstacle à l'exécution
des choses de ce genre. Sa riche imagina-
tion lui fournissait incessamment une
multitude de traits neufs et hardis lors-
qu'il improvisait; ses sujets de fugues
étaient toujours piquans et bien choisis ;
eniin, tout avait le caractère de l'inven-
tion dans le jeu de cet artiste remarqua-
ble. L'habitude qu'il avait d'improviser
toujours est cause qu'il n'a rien fait im-
primer de ses compositions pour l'orgue.
CROPAT1US (george), musicien qui
vivait vers le milieu du 16" siècle, a pu-
blié : Misse a cinque voci, Venise, 1548.
CROSDILL ( jean ), violoncelliste dis-
tingué, naquit à Londres, en 1755. On
ignore quel fut son premier maître en An-
CRO
gleterre, mais on sait qu'il vint en France
vers 1775 , et qu'il reçut des leçons de
Janson l'aîné. 11 demeura quelques années
à Paris, et fit partie de l'orchestre du Con-
cert des amateurs, sous la direction du
chevalier de Saint-Georges. Vers 1780,
il retourna à Londres, et vécut des leçons
qu'il donnait à quelques gentlemen, se
refusant toujours à accepter une place
dans les orchestres de théâtre, et même
dans la musique du roi. On dit que sa
jalousie contre le violoncelliste Marat ,
qui était fort aimé du public, était cause
de son obstination à cet égard. En 1794,
Crosdill épousa une dame fort riche, et ne
cultiva plus la musique qu'en amateur.
Depuis lors, il ne s'est plus fait entendre
en public. On ignore s'il vit encore.
CROSE (jean), amateur de musique
distingué, né à Hull, dans le duché
d'York, et domicilié dans cette ville, a
publié une histoire delà grande fête mu-
sicale donnée à York en 1823 , sous ce ti-
tre : An ciccount of ihe grand musical
Festival held in seplember 1 823 , in the
calhedral Church of York, for the bene-
fit ofthe York Counly hospilal,andthe
gênerai infirmaries at Leeds, Hull , and
Sheffield, lo which is prefixed a Sketch
ofthe rise and progress of musical Fes-
tivals in Great-Britain ; wilh biographi-
cal and historical notes, York , John
Wolstenholm, 1825, un vol. gr. in-4°.
Cet ouvrage , exécuté avec beaucoup de
luxe, contient des notices intéressantes sur
plusieurs points de l'histoire de la musique
et sur quelques artistes célèbres.
CROTCH (Guillaume), né à Norwich,
le 5 juillet 1775, montra dès son enfance
de prandes dispositions pour la musique.
Son père, qui était charpentier, était fort
ingénieux : il fit un petit orgue dont il
jouait quelquefois; l'enfant n'était alors
âgé que de deux ans; néanmoins il mon-
trait beaucoup de joie quand il entendait
cet instrument. Daines Barrington rap-
porte qu'il entendit le 10 décembre 1778,
le petit Crotch , alors âgé de trois ans et
CRO
demi , jouer sur le piano God save the
king et le menuet de la cour, avec beau-
coup d'exactitude , quoique ses petites
mains ne pussent sans effort embrasser
un intervalle de sixte. Son père avait
loué une salle clans Piccadilly ; on y
avait placé un petit orgue j l'enfant se fai-
sait «ntendre chaque jour depuis une heure
jusqu'à trois, et les curieux accouraient
en foule à cette exhibition. Tout annonçait
dans cet enfant une organisation musicale
très heureuse, et ses progrès prodigieux
semblaient présager un grand homme.
Toute l'Angleterre s'occupa de ce phéno-
mène, et Burney prit même la peine d'é-
crire sur ce sujet une notice détaillée qu'il
lut à la société royale de Londres , et qui
parut dans les Transactions philosophi-
ques,tom. 69, p. 1 (1779), sotis ce titre:
Paper on Crotch, the infant musician 1.
Mais, ainsi qu'il arrive souvent, toutes
les espérances que tant de précocité fai-
sait naître furent déçues, et d'un en-
fant merveilleux il ne vint qu'un homme
médiocre. Son maître de musique à Cam-
bridge s'appelait Knyrelte. Des biographes
anglais ont écrit que le génie de Crotch
fut étouffé sous la sévérité de ses études
musicales; mais rien n'étouffe le génie,
car c'est une faculté productive qui ne
s'arrête que lorsque le ressort en est usé :
cr un ressort ne s'use pas avant d'agir; d'ail-
leurs l'étude assidue que Crotch a faite des
théoriciens semblerait indiquer que la na-
ture l'avait destiné à perfectionner des mé-
thodes : mais dans celte branche de l'art
musical, comme dans toute autre, il n'a
été que le copiste de ses devanciers. A
l'âge de vingt-deux ans il fut nommé pro-
fesseur de musique à l'université d'Ox-
ford, et le grade de docteur lui fut conféré
peu de temps après. Il est maintenant
professeur à l'académie royale de musique
de Londres. Son meilleur ouvrage est l'o-
ratorio de la Palestine. 11 a publié des
* On peut voir dam Gerlier quelques anecdotes sur
l'enfance du docteur Crotch,
CRO
223
motets, des glees , une ode à cinq voix,
des chansons , trois volumes de Spécimens
of the various kinds of music of ail
nations ( Modèles des differens genres de
musique de toutes les nations), et beau-
coup de musique de piano, etc. Le docteur
Crotch a fait à Londres, pendant plusieurs
années, des lectures publiques, sur la mu-
sique, dont le résumé a été publié sous ce
titre : Substance of several courses of
lectures on Music , read in the univer-
sily of Oxford, and in the melropolis ,
London, 1851, gr. in-8° décent soixante-
dix pages. Tout ce que renferme ce vo-
lume est commun et dépourvu d'idées et
d'aperçus de quelque valeur. Parmi les
productions du docteur Crotch , les moins
faibles sont : 1° Palestine , a sacred ora-
torio adaptée! for the piano forte , Lon-
dres , in-4° ; 2° Trois concertos pour l'or-
gue, Londres, Chapell et compagnie,
in-4°; 3° Une sonate pour le piano, en mi
bémol; 4° Dix antiennes à quatre voix,
en partition, Ibid. ; 5" Une fugue pour
l'orgue, sur un sujet de Mu (l'a t. Crotch a
arrangé pourle piano une grande partie des
oratorios etopéras de lïandel, des sympho-
nies, ouvertures et quatuors de Haydn, de
Mozart et de Beethoven , des concertos de
Corelli , de Geminiani , etc. , et beaucoup
d'autres morceaux de musique. Comme
écrivain didactique il a publié : 1° Prac-
tical thorough bass (Harmonie pratique),
Londres, in-4° (Pour l'instruction des
élèves de l'Institution harmonique);
2° Questions in Harmony , wilh their
answers ,for the examinations ofyoung
pupils (Questions sur l'harmonie avec les
réponses, pourlYxamen des jeunes élèves),
Londres, in-8°; 3° Eléments of musical
composition andlhourough bass{ïL\émer\s
de composition musicale et d'harmonie),
Londres, 1812, in-4° ; 4° Préludes for
the piano forte , wilh instructions ( Pré-
ludcs pour le piano avec les instructions),
Londres , in-4°.
CIIOTUSELIUS (arnold), musicien al-
lemand qui vivait à la lin du 16° siècle,
224
CRU
CRU
a publié : Missa quinque vocum, Iîelms-
tadt , 1590.
CROUCH (Mme), célèbre actrice et can-
tatrici; du théâtre de Drury-Lane , naquit
en 1763, et parut pour la première fjis
sur la scène en 1780. La beauté de sa
voix, jointe à beaucoup d'expression et à
des charmes extérieurs, la rendirent long-
temps la favorite du public. Elle est morte
à Brighton , en 1805.
CROUSAZ ( jean-pierre I)E), né à
Lausanne, le 15 avril 1663, fut d'abord
professeur de mathématiques et de philo-
sophie dans sa patrie; mais en 1624, il
fut appelé à Groningue pour y enseigner
les mathématiques , et fut nommé gouver-
neur du jeune prince Frédéric de Hesse-
Cassel. Il mourut à Lausanne le 22 mars
1750. On a de cet auteur : Traité du
Beau , ou l'on montre en quoi consiste
ce que l'on nomme ainsi, par des exem-
ples tirés de la plupart des arts et des
sciences, Amsterdam, 1715, in-8° , et
1724, deux vol. in-12. Dans la 8e section,
Crousaz traite de la beauté de la musique,
p. 171-302. Le docteur Forkel a donné
une traduction allemande de ce morceau
dans sa Bibliothèque critique de musique,
tom. l,pag. 1-52, et tom. 2, pag. 1-125.
Crousaz n'était point organisé pour sentir
le beau et pour en parler.
CRUCIATI (mauhice), maître de cha-
pelle à l'église de Saint- Pélronne, à Bo-
logne, vivait dans cette ville vers 1660.
11 est auteur d'un oratorio de Sisara , qui
fut exécuté dans la grande chapelle del
Palazzo Publico , à Bologne , en 1667.
CRUGER ou KRUGER (pancrace),
docteur en philosophie, naquit en 1546,
à Finsterwald dans la basse Lusace. Mat-
theson croit qu'il était le père ou le parent
de Jean Cruger, dont il sera parlé dans
l'article suivant ( Voy. Grundlage einer
Ehrenpforle , p. 47). Après avoir étudié
la littérature grecque et la philosophie,
Pancrace Cruger , qui possédait aussi des
connaissances étendues dans la musique,
fut nommé chantre à l'école Saint-Martin
de Brunswick, puis professeur de langue
latine et de poésie à Helmstadt, et enfin
recteur à Lubeck , en 1580. Son profond
savoir dans les littératures grecque et la-
tine, lui attirèrent la haine des ministres
protestans qui prêchèrent contre lui, et
le firent dépouiller du doctorat. Il paraît,
d'après ce que rapporte Matlhcson, que le
prétexte de cette destitution fut la substi-
tution que Cruger avait faite des lettres
a, b , c , d, etc., aux noms des notes ut,
re , mi, fa, etc., pour la solmisation.
Cependant cette substitution a fini par pré-
valoir dans toute l'Allemagne. Après sa
disgrâce de Lubeck, Cruger fut appelé
comme professeur à Francfort sur l'Oder,
puis fut recteur à Guldherg, et enfin re-
tourna à Francfort, où il mourut en 1614,
à l'âge de soixante-dix-huit ans.
CRUGER (jean), directeur de musique
à l'église de Saint-Nicolas de Berlin, né à'
Gruben, dans la hasse Lusace, fit ses études
successivement dans le lieu de sa nais-
sance, à Sorau, à Breslau , au collège des
Jésuites, à Olmulz, et à Vittembcrg. Il
mourut à Berlin en 1662. Il s'est fait con-
naître commeécrivain didactique et comme
compositeur pour l'église. Ses ouvrages
théoriques sont : 1° Prœcepla musicœ
praclicœ figuralis , Berlin, 1625, in-8°.
Unenouvelleédition de ce livre, fort aug-
mentée et enrichie d'une traduction alle-
mande, a été publiée sous ce titre : Beich-
ter Wcg Zur Singkunst (Le droit chemin
de l'art du chant), Berlin, 1660, in-4°;
2° Synopsis Musica, continens rationum
constituendi et componendi melos har-
monicum, conscripta , variisque exem-
plis illustrata, Berlin, 1630, in-4°. C'est
un livre écrit avec beaucoup de méthode,
et dans lequel les exemples de musique
sont excellens. Walthcr, et après lui
Forkel , ont cru qu'il y en a, une édition
antérieure sous la date de 1624; mais je
crois que celle que je viens de citer est la
première; la seconde, publiée à Berlin,
en 1634, in-12, est intitulée : Synopsis
Musica f continens 1° Melhodum con-
CRU
centum harmoniçum pure et. artlficlose
conslituendi ; 2° Instructionem brevem,
quamcumque melodiam ornati modu-
landi, quibus 5° pauca quœdam de basso
gênerait, in gratiam musicorum instru-
menlalium juniorum prœsertim organis-
tarum etincipientum idiomate germanico
annexa sunt. C'est le premiertraité décom-
position , publié en Allemagne, où il a été
traité méthodiquement del a liasse continue.
G. Vincenz, organiste à Spire, n'avait fait
qu'indiquer cette nouveauté dans sa pré-
face du recueil publié par Abraham Schad,
sous le titre de Promptuarium Musicœ 7
Strasbourg, 1611, in-4° ; 3° Questiones
Musicœ praclicœ, Berlin, 1650, in-4°.
C'est un petit traité de musique, à l'usage
des écoles publiques. Les ouvrages prati-
ques de Cruger sont : 1° Un livre de can-
tiques avec la musique, sous le titre de
Praxis pielalis melica , Berlin , 1703;
2° Meditationum musicarum paradisum
primum, oderErstes musikalischer Lust-
Gaerilein , à trois et quatre voix ; Berlin ,
1622; 3° Meditationum musicarum pa-
radisum secundum, contenant des Ma-
gy?//?c«£dansleshuittonsde l'église, à deux
et huit voix, Berlin, 1626; 4-° Recrea-
tiones musicœ, Leipsick, 1651, in-4°;
5° Uebung der Gotlesligkeit im Singen
(Exercices de dévotion dans le chant) ,
Francfort, 1680. On connaît aussi des
motets et des concerts de la composition
de Cruger.
CBUSELL (bernard), clarinettiste dis-
tingué, est né dans la Finlande, vers 1778,
et a fait ses études musicales à Berlin, sous
la direction deTausch. 11 se trouvait encore
dans cette ville en 1 797, mais l'année sui-
vante il était à Hambourg. 11 est mainte-
nant iîxé à Stockholm , comme artiste de
la chapelle du roi de Suède. Il a publié de
sa composition : 1° Concerto pour la cla-
rinette (en si), œuvre 1 , Leipsick, Peters ;
2° Idem, œuvre 5 , Ibid. ; 5° Symphonie
concertante pour clarinette, cor et basson,
œuvre 3e , Ibid. ; 4° Quatuors pour clari-
nette, violon , alto et basse , œuvres 2, 4 ,
TOME in.
CRU
225
7 et 8 , Ibid. ; 5° Duos pour deux clari-
nettes , op. 6 , Ibid. ; 6" Divertissement
pour le hautbois avec quatuor, op. 9,
Ibid. ; 7° Douze chansons allemandes ,
avec accompagnement de piano , op. 10,
Ibid.
CRUSÎUS ( martin), né le 19 septem-
bre 1526, dans la principauté de Bambcrg,
fut nommé en 1559 professeur de langue
grecque à Tubingue , où il mourut le 25
février 1607. On a de lui : Turco-grœcia,
Bàle, 1584, in-fol.; excellent recueil con-
cernant l'état civil et religieux de la Grèce,
dans les 14e , 15e et 16e siècles. Ce qui a
rapport aux chants et aux signes musicaux
de l'église grecque , est contenu au liv. 2 ,
pag. 197.
CBUSIUS (jean), né à Halle, vers le
milieu du 16e siècle , fut maître d'école
dans sa ville natale. On connaît de lui les
ouvrages intitulés : 1" Isagoge adartem
musicam , Nuremberg, en 1592, in-8°.
Il y a une seconde édition de ce livre
datée de 1630; 2'' Compendium Musices,
oder Kurzer Unterricht fur die Jungen
Scinder, wie zie sollen Singen lernen ,
Nuremberg , 1595 , in-8°. Le second ou-
vrage n'est qu'une traduction allemande
du premier , faite pour l'usage des écoles.
CRUX (marianne), fille d'un maître de
ballet de la cour de Bavière, naquit à Man-
heim en 1772. Elle reçut des leçons de
chant de la célèbre cantatrice Dorothée
Wendling, et apprit le piano sous la di-
rection de Strizl. Frédéric Eck , violiniste
à la cour de Munich, lui donna aussi des
leçons de violon. Après quelques années
d'études, elle se fît remarquer par ses ta-
lens dans ces trois genres. En 1787 elle
se rendit à Vienne où elle joua du violon ,
du piano, et chanta devant l'empereur
Joseph II , qui lui témoigna sa satisfac-
tion. Trois ans après elle partit avec son
père pour Berlin , où elle excita l'enthou-
siasme général. De là elle alla à Mayence ,
à Francfort , etc. , et enfin à Manheim.
Pendant son séjour dans cette ville, son
père obtint pour elle une place de canta-
15
226
CRU
CTÉ
trice à la cour de Manich , où il l'appela ;
mais elle refusa cette position et aima
mieux continuer ses voyages. Elle se ren-
dit à Londres, puis à Stockholm , où elle
se maria avec un officier du génie suédois,
nommé Gclbcrt. Elle était à Hambourg
en 1807 ; mais depuis ce temps on ne sait
ce qu'elle est devenue : son père même
l'ignorait en 1811. On vante surtout la
manière dont Mademoiselle Crux jouait
l'adagio, et l'expression de son chant. Ou-
tre ses talens en musique, elle était fort
instruite , parlait et écrivait bien le fran-
çais, l'anglais et l'italien, dessinait avec
goût, et était fort adroite à tous les ou-
vrages de femme.
CRUZ (agostinho DA), chanoine régu-
lier de la congrégation de Santa-Crux , à
Coimbre , naquit à Braga , en Portugal ,
vers 1595 , et prit l'habit -de son ordre le
12 septembre 1609. 11 était également
habile comme compositeur, comme orga-
niste et comme exécutant sur le violon. Il
a fait imprimer une méthode pour appren-
dre à jouer du violon, sous ce titre : Lira
de Arco, ou Arte de tanger Rebeca,
Lisbonne, 1659, in-fol. Il a laissé aussi
en manuscrit deux ouvrages curieux inti-
tulés : 1° Prado musical para Orgaô
dedicado à Seren. Magestade del Rey
D. Joaô o IF] 2° Duas artes , huma
de Canio chaô por estylo novo, outra de
Orgaô comfjguras muito curiosas ; celui-
ci a été écrit en 1652.
CRUZ (philippe DA), clerc régulier au
monastère de Palmella , en Portugal , na-
quit à Lisbonne. 11 fut d'abord maître de
musique dans cette ville ; passa ensuite à
Madrid , où il devint aumônier de Phi-
lippe IV, et enfin fut rappelé par le roi de
Portugal, Jean IV, qui le fit son maître
de chapelle. On trouve dans la Biblio-
thèque royale , à Lisbonne , les ouvrages
suivans de sa composition en manuscrit :
1° Une messe à dix voix sur la chanson
portugaise : Quel razon podeis vos lencr
para no me querer; 2° Une autre messe
sur la chanson : Solo régnas tu en mi;
3°Psalmos de vesperas, e completos a 4
Coros ; 4° Motete de Defuntos , Dimitte
me , a 1 2 ; 5° Motete : Fivo ego 7 a 5 ;
6° Vdhancicos , a diversas vozes.
CRUZ (gaspard DA), chanoine régu-
lier de l'ordre de Saint-Augustin, à Coim-
bre, est auteur d'un traité de plain-chant
intitulé : Arte de canto chaô recopilada
de varies authores , et d'un traité du
chant m juré sous le titre de Arte de
canto Orgaô. Les manuscrits de ces ou-
vrages étaient en la possession d'un Espa-
gnol nommé Francisco de Valladolid ,
qui vivait à Lisbonne lorsque Machado
écrivait sa Bibliotheca Lusitana.
CRUZ (jean-chrisostome DA), domi-
nicain portugais , né à Villa-Franca de
Xira, en 1707, a fait imprimer un traité
élémentaire de musique, sous ce titre :
Méthode brève, e claro em que sempre-
lixidade, ncm confusaô se esprimem es
necessarios principios para inlelligencia
da arte da musica. Coin hum appendix
dialogico , que servira de Index da Obra,
e licaô dos principiantes } Lisbonne,
1745 , in-4°.
CRYSAPHE (manuel-lampadaritjs),
poète et musicien grec moderne. Parmi
les manuscrits de la Bibliothèque de l'Es-
curial, il en est un de cet auteur qui est
indiqué parFabricius, dans sa Bibliothèque
grecque , sous le titre : De arte Psal-
lendi.
CTESIBIUS, mécanicien célèbre, vécut
en Egypte sous le règne de Ptolémée Ever-
gète , environ cent vingt-quatre ans avant
l'ère chrétienne. Fils d'unbarbicr, il exerça
d'abord lui-même cetélat, et ne sembla pas
destiné à se distinguer dans les sciences
mathématiques ] ce fut cependant un des
instrumens de son état qui lui fit faire une
de ses découvertes les plus importantes.
Il remarqua que le contrepoids d'un mi-
roir mobile produisait un son prolongé
par la pression de l'air , en glissant dans
le tube qui le contenait. Cette observa-
tion lui suggéra , dit-on , l'idée de l'orgue
hydraulique, qui fut perfectionnée par son
CUG
CUN
227
fils Héron, et dont Vitrnve nous a laissé
nne description obscure que n'a point
éclairée le travail des commentateurs.
L'instrument primitif conçu par Ctésibius
consistait en une sorte do vase en forme
de trompe, où l'eau agissant par une
pompe rendait un son éclatant. Cette ma-
chine parut si merveilleuse, qu'on la con-
sacra dans le temple de Vénur Zyphy-
ride [V. Héron et Vitruve).
CUDMORE (richard), né en 1787 à
Chicliester, dans le comté de Susses, est
également remarquable comme violiniste,
comme violoncelliste et comme pianiste.
Son premier maître fut Jacques Forgelt ,
organiste de Chicliester. A l'âge de neuf
ans Cudmore joua un concerto de violon
en public 5 à dix , il reçut des leçons de
Reinagle, et, Tannée suivante, il joua dans
un concert un concerto de sa composition.
Vers le même temps il fut présenté à Sa-
lomon dont il reçut des leçons pendant
deux ans. 11 retourna ensuite à Chicliester
où il demeura pendant neuf ans. Revenu
à Londres au bout de ce temps , il devint
l'élève de Woelf pour le piano , et joua
avec succès un concerto sur cet instru-
ment au concert de Salomon, et un autre
à celui de Madame Catalaui. Dans un con-
cert donné par lui à Liverpool, il s'est
fait applaudir en jouant également bien
un concerto de piano de Kalkbrenner sur
le piano , un de Rode sur le violon, et un
de Cervetto sur le violoncelle. Il dirige
maintenant l'orchestre des Gentlemen s
concert, à Manchester.
CUGNIER (pierre) , premier basson de
l'Opéra de Paris, naquit à Paris en 1740,
et fit ses études musicales à la maîtrise de
la cathédrale de cette ville. Lorsqu'il eut
atteint l'Age de quatorze ans , il reçut des
leçons de Cappel , alors le meilleur basso-
niste de France. En 1764 il fut admis
comme deuxième basson à l'Opéra, et la
place de premier lui fut donnée en 1778.
On a de cet artiste une description du
basson , et une courte méthode pour en
jouer, que La Rorde a insérées dans le pre-
mier volume de YEssai sur la musique
(p. 313-343).
CULANT-CIRÉ ( rené' -Alexandre ,
MARQUIS DE), naquit en 1718, au châ-
teau d'Angerville , clans l'Angoumois. 11
parcourut d'abord la carrière militaire
avec distinction, et devint mestre-de-camp
de dragons ; mais ayant conçu un système
de manœuvres pour la cavalerie , que le
ministère ne voulut point adopter , il
quitta le service en 1758 , et se livra en-
tièrement aux lettres et aux arts. Il avait
fait de la musique une étude particulière,
et publia sur cet art les opuscules sui-
vans : 1° Nouvelle lettre à M. Rousseau
de Genève, sur celle qui parut de lui il
y a quelques mois contre la musique
française, Paris, 1754,, in-8°; 2° Nou-
veaux principes de musique, Paris, 1785,
in-8°; 5° Nouvelle règle de l'octave f
Paris , 1786 , in-8° , contre laquelle
M. Gournay, avocat au parlement, écrivit
une brochure intitulée : Lettre à M. l'abbé
Roussier, Paris, 1786, in-8°. Le marquis
de Culant a fait exécuter un salve Regina
de sa composition , au Concert spirituel 5
ce morceau n'a point eu de succès. L'au-
teur est mort en 1799.
CUNO (Christophe), prédicateur à Leu-
bingen , vers 1695, fit ses études à Halle,
lieu de sa naissance. Il est mort à Gross-
Neuliauss, en 1726, dans la 58e année de
son âge. On a sous son nom un opuscule
intitulé : Die Christliche Harmonie und
bruderliche Einigkeit, Welche Chrislen
an einen Wohlgeslimmten Orgelwerke
zu lemen haben, stelltefùr, bej Veber-
gabe und Einwejhung einerneuen Or gel
in Leubingen , Als den 18 Juli 1700 in
der Kirche daselbst S. Pétri und Pauli,
lena, 1700, in-4° , vingt-deux pages.
CUNTZ (etienne), facteur d'orgues à
Nuremberg, a beaucoup amélioré la con-
struction de cet instrument, et s'est fait
une grande réputation dans toute l'Alle-
magne. Il mourut à Nuremberg en 1635.
CUNY (jean) , prêtre et chapelain de
l'église cathédrale de Verdun , vers le
15*
228
CUP
milieu du 17e siècle, a publié : Missa sex
vocum adimit.mod.i SurrexitDominus,
Paris, Robert Ballard , 1667, in-fol.
CUPER. (gisbert), savant philologue ,
né le 14 septembre 1644 à Hemmendene,
dans le duché de Gueldre , fit ses études à
Nimègue, puis à Leyde sous Gronovius.
En 1666 il fut appelé à Deventer pour y
enseigner l'histoire et l'éloquence, et en
1681 , il fut député de sa province aux
Etats-Généraux de la Hollande. L'Acadé-
mie des inscriptions et belles-lettres de
Paris l'admit au nombre de ses correspon-
dans en 1715. 11 mourut à Deventer, le
22 novembre 1716, avec le titre de bourg-
mestre de celle ville. On a de Cuper un
ouvrage intitulé : Harpocrales , sive ex-
plicalio imagunçulœ quœ in figurant
HarpocraLis formata représentai soient :
ejusdem monumenta an tiqua 7 Amster-
dam, 1676, in-8°, et Utrecht, 1687, in-4°.
11 a été inséré dans le premier volume des
supplémens de Poleni aux Antiquités ro-
maines. On y trouve une explication d'un
passage d'Eustathe, ad lliad. 2., sur six
sortes de flûtes des anciens, p. 141 et
suiv., édition d'Amsterdam. C'est un bon
travail d'érudition sur ce point d'anti-
quité. Le livre de Barlholin sur les flûtes
des anciens serait plus utile s'il eût été
traité de la même manière.
CUPIS (françois) DE CAMARGO,
frère de la célèbre danseuse Camargo, na-
quit à Bruxelles le 10 mars 1719, suivant
le registre de baptême de la paroisse de
Sainte-Gudule de cette 'ville. C'est donc à
tort qu'on a donné à cette danseuse le nom
de Cuppi, dans la Biographie universelle.
Partout on trouve le nom de cette famille
écrit Cupis dans les registres des paroisses
de Bruxelles. Il n'est pas plus exact de
dire, comme dans cet estimable recueil,
qu'elle priten montant sur la scène le nom
de sa grand' mère (Carnargo) , car dans
tous les actes cités précédemment, le père
de l'arliste dont il s'agit dans cet article,
et qui était professeur de musique et de
danse, a pris le nom deCupis-de-Camargo;
CUP
il en avait le droit , son père ayant épousé
une espagnole de la noble famille de Ca-
margo.
François Cupis eut pour maître de vio-
lon son père , qui lui fit faire de rapides
progrès. Il n'avait que dix-neuf ans lors-
qu'il se fit entendre à Paris pour la pre-
mière fois ; néanmoins son talent y produi-
sit beaucoup d'effet. Le Mercure de ce
temps (juin, 1738, p. 1116) lui accorde
de grands éloges. Le P. Caffiaux dit, dans
l'Histoire de la musique, qu'il joignait le
tendre et le doux de Le Clerc au brillant
de Guignon. En 1741 il entra à l'orches-
tre de l'Opéra comme premier violon ; il
occupait encore cette place en 1761, mais
il avait cessé de vivre peu de temps après,
car son nom disparaît des états de la mu-
sique du roi et de l'Académie royale de
musique en 1764. Cupis à publié à Paris
deux livres de sonates à violon seul , et un
livre de quatuors pour deux violons, alto
et basse. Il a eu deux fils qui furent atta-
chés à l'Opéra, et qu'on désignait sons les
noms de Cupis l'aîné et de Cupis le cadet.
L'aîné avait peu de talent; en 1769, il
quitta le violoncelle pour la contrebasse.
11 mourut en 1772. Le cadet est l'objet de
l'article suivant.
CUPIS (jean-baptiste), né à Paris , en
1741 , reçut les premières leçons de mu-
sique de son père , et devint à l'âge de
onze ans élève de Bertaut pour le violon-
celle. En peu de temps, il fit de grands
progrès sur cet instrument, et il avait à
peine atteint sa vingtième année, qu'il
était considéré comme un des plus habiles
violoncellistes de France. 11 entra fort
jeune à l'Opéra, et fut placé dans ce qu'on
appelait alors le petit chœur ; c'est-à-dire,
dans la partie de l'orchestre qui servait
pour l'accompagnement des airs. Le désir
de voyager lui fit quitter cette place en
1771; il parcourut une partie de l'Alle-
magne, s'arrêta quelque temps à Ham-
bourg, revint à Paris, puisse rendit en
Italie où il épousa la cantatrice Julie Gas-
perini , qui s'est appelée depuis lors Gas-
CUR
perini de Cupis. 11 se trouvait avec elle à
Milan, en 1794. On ignore ce qu'il est de-
venu depuis ce temps. Ou a de lui : 1° Pre-
mier concerto pour le violoncelle , avec ac-
compagnement d'orchestre , Paris , Bail-
leux ; 2° Deuxième concerto, Ibid. ; 3° Air
de Y Aveugle de Palmyre et Menuet de
Fischer, variés pour le violoncelle, avec
accompagnement de deux violons, alto,
Lasse, deux hautbois et deux cors ; 4° Pe-
tits airs variés pour deux violoncelles ,
nos 1 à 3, Paris, Pleyel (œuvre post-
hume); 5° Méthode de basse (violon-
celle), Paris, Nadermann.
CUPRE (jean DE), musicien français,
qui vivait à Heidelberg au commencement
du 17e siècle, a fait imprimer de sa com-
position : Trente madrigaux à cinq voix,
sur des paroles françaises , Francfort-
sur-le-Mein , 1610, in-4°.
CUREUS ou CURSUS (joachim), doc-
teur en médecine à Glogau, né à Freystadt,
en Silésie , le 21 octobre 1532, étudia la
philosophie et la théologie à Wittemberg
sous Mélanchton , et la médecine pendant
deux ans , à Bologne et à Padoue. Il est
mort à Glogau , le 21 janvier 1573. Aa
nombre de ses ouvrages , on trouve : Li-
bellus physicus continens doctrinam de
natura et differentiis colorum, sono-
rum, etc., Wittemberg, 1572, in-8°. Les
chapitres 38 , 39, 40 , 41 , 42 et 43 du
premier livre traitent du son, de la voix
et de l'organe de l'ouie.
CURSCHMANN (charles-frederic),
compositeur de chansons allemandes, dont
les productions jouissent maintenant de la
vogue dans sa patrie , est né à Berlin , le
21 juin 1805. Fils d'un négociant, il était
destiné à la profession d'avocat, et ne se
livra d'abord à l'étude de la musique que
pour compléter son éducation. Sa famille
lui fil suivre des cours de droit ; mais après
plusieurs années employées à cette étude,
son goût passionné pour la musique l'em-
porta , et il se décida pour la culture de
cet art. Il se rendit alors à Cassel, et reçut
des leçons de SpohretdeHauptmann pour
GUT
229
l'harmonie et la composition. L'étude de
celte science l'occupa pendant quatre ans;
pendant ce temps il écrivit quelques ou-
vrages, entre autres un petit opéra qui a
pour titre : Abdul et Ereunich , ou les
deux morts. Cette production et quelques
morceaux de musique religieuse furent
bien accueillis. De retour à Berlin, Cursch-
mann y resta peu de temps, et bientôt il
se rendit de nouveau à Cassel, où il réside
habituellement, quoiqu'il ait fait quelques
voyages en Allemagne, en France et en
Italie. Il est aujourd'hui considéré comme
un des meilleurs compositeurs de chan-
sons, quoique les formes de ses produc-
tions en ce genre soient trop travaillées et
manquent de naturel. M. Rellstabt a dit
avec raison , dans l'article qu'il a inséré
sur cet artiste au Lexique universel de la
musique, qu'il y a plus de manière que de
style dans ses ouvrages. Les compositions
de Curschmann qui ont été publiées sont :
1° Six chansons allemandes avec accom-
pagnement de piano , op. 1 , Berlin , chez
Cosmar et Krause; 2° Idem, op. 2, ibid.;
3° Cinq chansons, op. 3, ibid.; 4° Sis
chants, avec accompagnement, op. 4,
ibid. ; 5° Idem, op. 5, Berlin, Trautwein ;
6° Romeo, scène et air, op. 6, ibid.;
7° Deux canons à trois voix, op. 7, ibid.
CUTELL (richard), musicien anglais
qui vivait vers la fin du 15° siècle. Parmi
les manuscrits de la Bibliothèque Bod-
leienne, à Oxford, on trouve un fragment
d'uu traité du contrepoint qui a pour
titre : Compositio Ricardi Cuteli de Lo/i-
don. Cet ouvrage est écrit eu anglais et
commence ainsi : It is to witt thaï there
are IX accordys in discant, ihat is to
say, 1,3,5,6,8, 10, 12, 13, 15 of
whilke IX, 5 are perfite accordys, and
4 imperfile, etc. ( 11 est à savoir qu'il y
a neuf accords dans le contrepoint , c'est-
à-dire, l'unisson, la tierce, la quinte, la
sixte, l'octave, la dixième, la douzième, la
treizième et la quinzième, desquels cinq
sont des accords parfaits , et quatre des
accords imparfaits , etc.).
230
CZA"
CZE
CUTLER (Guillaume -h enry), bache-
lier en musique , né à Londres , en 1792 ,
apprit à jouer du piano sous la direction
de Litlle et de Griffin , et l'accompagne-
ment avec le docteur Arnold. A l'âge de
onze ans il entra comme choriste à la ca-
thédrale de Saint-Paul ; il fut ensuite or-
ganiste de St.-Helen's Bishopsgale. En
1812 , il prit ses degrés de bachelier en
musique à l'Université d'Oxford. Six ans
après il établit une école de piano d'après
la méthode de Logier , mais ne trouvant
point de bénéfice à cette entreprise , il la
quitta en 1821. En 1823, il a renoncé
à sa place d'organiste de Sainte-Hélène ,
pour un emploi du même genre à la cha-
pelle de Québec. Il a composé pour cette
chapelle un Te Dewn, un jubilate et une
antienne. h quatre parties pour le jour de
Noël. Il a publié aussi beaucoup de mu-
sique pour le piano, des chansons, des mar-
ches, des rondos, etc.
CUVEL1ERS (jean LE), poète et mu-
sicien, né à Arras, vers 1250, a composé
des chansons, dont il reste six qui sont no-
tées. Les manuscrits de la bibliothèque du
roi en contiennent deux ; on en trouve
quatre autres dans un manuscrit de la bi-
bliothèque du Vatican.
CUZZONI (Mme). V. SANDONI (M"").
CYBULOWSKY (lucas), directeur du
chœur de l'église dccanalc à Prague, occu-
pait cette place en 1617. Ce musicien s'est
fait connaître dans sa patrie par une grande
quantité de musique d'église telle que
graduels, offertoires , etc. Ces ouvrages
existent en manuscrit dans les églises de
la Bohême.
CYPRIANDS (ernest-salomon) , con-
seiller consislorial à Gotha, né à Ostein ,
dans la Franconie, en 1673, mourut en
1745. On a de lui une dissertation curieuse
intitulée : De propagalione hœresium per
cantdenas , Londres, 1720, vingt-quatre
pages in-8°.
CZAPECK (l.-e.), professeur de piano
et compositeur à Vienne, actuellement
vivant. Il est né en Bohême vers la fin du
18e siècle. On a de lui environ soixante
œuvres pour le piano , qui consistent en
duos pour piano et violon , ou violoncelle,
ou flûte, œuvres 8, 14, 24 et 25, Vienne,
Mechetti et Pennauer ; sonates, rondeaux,
fantaisies, polonaises, etc., tous imprimés
à Vienne , chez Mechetti ; marches à qua-
tre mains, œuvres 26 et 28, Ibid.; danses,
valses , etc.
CZ ARTH (georges) , né à Deutschenbrot
en Bohême, en 1708, eut pour premier
maître Timmer. Rosetti lui donna ensuite
des leçons de violon, et Biarelli lui en-
seigna à jouer de la flûte. S'étant lié d'ami-
tié avec François Benda , il partit avec lui
pour Varsovie, où il entra au service du
staroste Sucharewsky. En 1733 il fut ad-
mis dans la chapelle du roi de Pologne ;
mais il n'y resta qu'un an, et en 1734 il
entra dans l'orchestre du prince royal de
Prusse , qu'il suivit à Berlin , en 1740 , à
son avènement au trône. 11 y resta jus-
qu'en 1760, où il quitta cette ville pour
se rendre à Manheim , en qualité de violi-
niste de la chapelle de l'électeur palatin. Il
y resta jusqu'à sa mort, arrivée en 1774.
Outre une grande quantité de concertos,
de trios , de solos et de symphonies qui
sont restés en manuscrit , il a fait graver
six solos pour la flûte et autant pour le
violon , sur lesquels son nom a été écrit
Zarlh.
CZECK ( EXPEDIT- FRANÇOIS- XAVIER ) ,
bon organiste et pianiste, né à Horciez en
Bohême le 4 décembre 1759. Il y apprit
le chant et les élémens du piano. En 1772
il se rendit à Prague et entra comme con-
tralto à l'église des Barnabites. Le direc-
teur du chœur et maître de concert Jean
Kutlnohorsky le jeune , homme de beau-
coup de mérite, le dirigea dans ses études
musicales et littéraires , et lorsque Czeck
eut acquis quelque habileté, il lui confia
souvent la direction de la musique de l'é-
glise. Le 14 septembre 1780, il entra au
couvent des Prémontrés à Strahow, et y
fut ordonné prêtre en 1787. Après avoir
vécu dans ce monastère jusqu'en 1801 , il
CZE
devint pastenr à Mullhauer , et passa le
reste de sa vie dans ce lieu. Il y est mort
le 29 août 1808. On a de ce musicien : un
Te Deum pour chœur et orchestre, un
Credo, idem, une messe solennelle, plu-
sieurs litanies, des danses allemandes pour
l'orchestre, et plusieurs sonates pour le
piano. Toute cette musique est en ma-
nuscrit.
CZERMAK(. . . .), très bon violon-
celliste à Varsovie , naquit en Bohême
vers 1710. En 1790 il vivait encore dans
la capitale de la Pologne, et s'y faisait en-
tendre , malgré son grand âge. Son jeu
était encore agréable, particulièrement
dans Vjédagio. 11 a écrit un grand nom-
bre de concertos pour son instrument :
tous sont restés en manuscrit.
CZERMAK (antoine), habile orga-
niste, naquit en Bohême vers 1750. 11
fut élève de Segert et apprit de lui les rè-
gles de la composition et l'art déjouer de
l'orgue. Après avoir étudié les langues
grecque, latine et la philosophie à Prague,
il fut pendant plusieurs années organiste
à l'église de Saint-Henri en cette ville, et
se fit remarquer par sa belle manière d'ac-
compagner le plain-chant. 11 fut ensuite or-
ganiste de Sainte-Marie, et enfin, de l'église
des religieux de Sainte-Croix. 11 mourut à
Prague au mois d'août 1803. On connaît
de lui des concertos d'orgue qu'il exécutait
avec un rare talent.
CZERNY (sanctus) , excellent orga-
niste et compositeur, naquit en Bohême
en 1724. A l'âge de dix-neuf ans il entra
chez les frères de la charité- ; déjà son habi-
leté dans l'art déjouer de l'orgue était re-
marquable; ses maîtres dans cet art avaient
élé Seullie et Tuma. Ayant été nommé
directeur de son ordre, il en remplit avec
gloire les fonctions jusqu'à sa mort qui
arriva le 26 novembre 1775. Il a laissé
en manuscrit un grand nombre de compo-
sitions pour l'église.
CZERNY (Dominique) , compositeur
distingué, naquit à Nimbourg en Bohême
le 50 octobre 1736. Dans sa jeunesse , il
CZE
231
chanta d'abord la partie de contralto à
l'église de Sainte-Égide, à Prague; plus
tard, il fit ses études à l'université de cette
ville et entra dans l'ordre des frères mi-
neurs. En 1760, il fut nommé directeur
du chœur de l'église Saint-Jacques. Tout
semblait lui présager une heureuse car-
rière ; mais la mort l'enleva , avant qu'il
eut atteint sa trentième année, le 2 mars
1766. Ses compositions sont encore esti-
mées en Allemagne, et sont exécutées avec
soin dans les églises de la Bohême.
CZERNY (ciiarles), pianiste et compo-
siteur, est né à Vienne le 21 février, 1791.
Son père Wencezcelas Czerny, né en Bo-
hême , et professeur de piano , habitait
dans la capitale de l'Autriche depuis 1785.
Wencezcelas fut le seul maître de son fils
et l'exerça sur les œuvres de Jean Sébastien
Bach, de Mozart, de Clementi et de Beet-
hoven. Les compositions de celui-ci étaient
l'objet des prédilections du jeune artiste.
Czerny apprit l'art d'écrire dans les traités
didactiques deKirnberger, d'Albrechtsher-
ger et de quelques autres théoriciens. Des-
tiné dès son enfance à l'enseignement du
piano, il commença à donner des leçons
en 1805 , à l'âge de quatorze ans; depuis
lors il n'a cessé de suivre cette carrière , et
la vogue dont il jouit à Vienne comme
professeur est telle , qu'il est obligé d'em-
ployer chaque jour plus de douze heures
aux leçons qu'il donne. Celte incessante
occupation a peut être nui au développe-
ment de son talent d'exécution , quoique
Czerny ait eu dans sa jeunesse une exécu-
tion chaleureuse et brillante : s'il eût pu
se livrer à des éludes suivies , il y a lieu
de croire qu'il aurait été compté parmi les
virtuoses les plus remarquables. 11 y a lieu
de s'étonner qu'au milieu de tant de tra-
vaux , Czerny ait trouvé le temps néces-
saire pour écrire le grand nombre d'ou-
vrages connus sous son nom. Ses meilleurs
élèves sont MIlc de Belleville (aujourd'hui
Mme Oury), Liszt (quia reçu aussi des
leçons de Hummel), et Dohler. Czerny
était fort jeune quand il fit ses premiers
232
CZE
CZE
essais clans tous les genres de composition;
sans autre guide que lui-même, il jetait
sur le papier toutes les idées dont il était
assiégé : heureusement doué d'un goût na-
turel et de beaucoup de facilité, il suppléa
par ces dons naturels aux leçons et à l'ex-
périence qui lui manquaient : l'expérience
lui vint ensuite par l'exercice constant
qu'il donna à ses facultés productrices. Ses
ouvrages n'ont pas sans doute les qualités
qui font vivre dans l'histoire les produc-
tions de l'art et qui les rendent classiques;
mais ils sont agréables , brillans , et font
valoir le talent des exécutans sans leur
offrir de grandes difficultés à vaincre. Il
ne publia pas ses premières compositions,
et quoiqu'il eût commencé à écrire dans sa
première jeunesse, cène fut, dit M. deSey-
fried , qu'en- 1810 , à l'âge de vingt-huit
ans , qu'il fit paraître ses deux premiers
ouvrages , savoir : les variations concer-
tantes en ré pour piano et violon , et le
rondo brillant, en fa, pour piano à qua-
tre mains. Depuis lors jusqu'en 1834, il
a publié le nombre, presque fabuleux, de
trois cents trente-huit productions, grandes
ou petites pour le piano , et dans ce nom-
bre ne sont pas compris les arrangemens
d'une immense quantité de symphonies ,
d'oratorios, d'opéras, d'ouvertures, etc.,
ni sa traduction allemande du volumineux
ouvrage de Reicha sur l'harmonie, ni plu-
sieurs messes , motets , concertos , sym-
phonies , chants avec et sans orchestre ,
qui sont encore en manuscrit , et dont le
nombre s'élève "à plus de cent cinquante
ouvrages. Une telle facilite de production
tient du prodige.
Charles Czerny n'a pu écrire un si
grand nombre d'ouvrages et se livrer à un
enseignement si actif qu'en s'éloignanl des
plaisirs du monde et vivant retiré. Ce
n'est pas cependant qu'il y ait rien en lui
de cette âpreté sauvage qui porte cer-
tains artistes à vivre solitaires : il est
homme aimable et de bonne compagnie :
mais les conditions qu'il s'était imposées
pour ses travaux l'ont obligé à se renfer-
en lui-même. Il a maintenant atteint l'âge
de quarante-cinq ans et n'a jamais été
marié.
CZERNY (joseph) , pianiste , composi-
teur et éditeur de musique , né le 17 juin
1785 à Horzitz, en Rohême, est mort à
Vienne le 22 septembre 1831. On a cru
qu'il était frère de Charles Czerny , mais
cette opinion était une erreur, car ces
deux artistes n'avaient même aucun lien de
parenté. Le talent de Joseph sur le piano
était moins que médiocre ; ses compositions
ne sont pas d'un ordre beaucoup plus élevé.
On assure qu'il ne songeait point à écrire
pour le piano avant que Charles eût donné
de la célébrité au nom de Czerny , il com-
prit , dit-on , alors qu'il pouvait y avoir
une bonne spéculation à publier des cho-
ses légères sous ce nom qui était aussi le
sien , et que c'est cette idée qui a été
l'origine d'environ soixante œuvres de va-
riations , de fantaisies , de rondos , etc. ,
qu'il a publiées. Quelques personnes ont
mis même en doute qu'il eût jamais rien
composé, disant qu'il faisait faire ses ou-
vrages par de jeunes artistes qu'il payait
pour obtenir la permission de mettre son
nom sur leurs productions. Quoiqu'il en
soit , cette spéculation ne réussit pas long-
temps ; les pièces de piano qui portent le
nom de Joseph Czerny sont déjà tombées
dans l'oubli. Le meilleur élève formé par
ses soins est Mlle Blahetka.
CZERNOHORSKY ( bohuslaw ), frère
mineur de Nimbourg, fut maître de mu-
sique et directeur^du chœur à l'église de
Saint-Antoine de Padoue. Il alla ensuite à
Prague pour remplir les fonctions de di-
recteur du chœur au couvent des frères
mineurs de cette ville. 11 mourut en 1740
en retournant en Italie. Il fut le premier
organiste de son temps en Bohême, et un
fort savant musicien. Il avait laissé une
quantité considérable de musique d'église
composée par lui en manuscrit; malheu-
reusement l'incendie qui détruisit le cou-
vent des frères mineurs de Prague , en
1754, en a consumé la plus grande par-*
CZE
CZE
233
tie. En 1808, l'excellent organiste Kiïcharz
possédait le motet Laudetur Jesus-Chris-
tus , à quatre voix et orchestre, composé
par Czernohorsky. Ce savant musicien a
formé plusieurs élèves qui ont été de
grands organistes et d'habiles composi-
teurs: de ce nombre sontSegert, Czeslaus,
Tuma et Zach.
CZERWENKA(josEPH),excellenthaut-
boïste , est né le 6 septembre 1759 à Be-
nadeck , en Bohême. Son premier maître
pour son instrument fut Sliasny de Pra-
gue. En 1779, il fut employé chez le
prince évèque de Breslau , comte Schaf-
gotsche , à Johannisberg, en Silésie; il
resta dans cette résidence jusqu'en 1790.
À cette époqueilfut appelé à Eisenstadt en
Hongrie , pour entrer dans la chapelle du
prince Esterhazy. De là il se rendit à
Vienne en 1794 et y continua ses études
sous la direction de Triebensee l'aîné. Peu
de temps après, il fut engagé pour jouer les
solos dans la chapelle impériale et au théâ-
tre de la cour. Après avoir excité l'admi-
ration des connaisseurs pendant plus de
trente-cinq ans , Czerwenka s'est retiré en
1820 pour jouir du repos et de l'indépen-
dance pendant ses dernières années. On
n'a pas trouvé jusqu'ici d'artiste dont le
talent fasse oublier celui de Czerwenka.
CZERWENKA (theodore) , appelé le
jeune, naqaitàBenadccken 1762. Comme
son frère , il étudia le hautbois sous la di-
rection de Slasny. Après avoir été attaché
à la chapelle du roi de Prusse pendant
plusieurs années, il se rendit à Saint-
Pétersbourg, et fut employé dans la mu-
sique de l'empereur de Russie. Il est mort
dans cette ville en 1827. On a de lui quel-
ques solos pour le hautbois.
CZEYKA (valentin) , né à Prague en
1769, fut enfant de chœur à l'église Saint-
Jacques , et apprit à jouer de plusieurs
instrumens à vent. Il acquit particulière-
ment un talent distingué sur le basson ,
et fut admis dans la chapelle du comte
Pachta , pour jouer les solos sur cet instru-
ment. En 1802 , il se rendit à Vienne et
entra dans l'orchestre d'un théâtre de cette
ville. Pendant près de vingt-ans il y rem-
plit honorablement ses fonctions comme
concertiste; ensuite il accepta la place de
chef de musique d'un régiment autricliien
qui était en garnison à Naples ; plus tard
il fut rappelé en Allemagne parce que ses
connaissances dans les langues slaves le ren-
daient propre a diriger le corps de musique
qu'on recrutait dans la Gallicie. Il occupe
encore ce poste, quoiqu'il ne soit plus jeune.
Czeyka a écrit sept concertos pour le bas-
son , et des marches militaires qui sont en-
core en manuscrit.
234
BAB
DAG
D
DABADIE (....) acteur del'Opéra de
Paris , né dans le midi de la France vers
1798, entra au Conservatoire de musique
en 1818 , fut reçu peu de temps après
élève pensionnaire de l'école de l'Opéra et
débuta dans le rôle de Cinna , de La Ves-
tale, le 12 décembre 1819. Admis comme
double de Lays , il en fut nommé le rem-
plaçant au mois de janvier 1821 , et de-
vint chef de l'emploi de baritonà l'époque
de la retraite du vieux chanteur.
DABADIE (Mme lguise-zdlme), épouse
du précédent , autrefois ffllle leroux , est
née à Paris, le 20 mars 1804. Ayant été
admise au Conservatoire de musique de
cette ville, le 9 juillet 1814 , elle entra
d'abord dans une classe de solfège, où elle
fit de rapides progrès , puis étudia le chant
sous la direction de Plantade. Le 31 jan-
vier 1821 , elle débuta avec succès à l'O-
péra , dans le rôle à'Antigone, cl'OEdipe
à Colonne. Le 23 mars de cette année,
elle reçut un engagement à ce théâtre
comme double; peu de temps après elle
fut choisie pour remplacer Mme Bran chu
et MUe Grassari en leur absence , et après
la retraite de la première de ces actrices ,
elle eut le rang de premier sujet. En 1822
elle a épousé Dabadie, acteur de l'Opéra.
Lesbrillans débuts de Mme Dabadie sem-
blaient lui promettre un bel avenir ; ce-
pendant sa voix a subi une altération sen-
sible après un petit nombre d'années , et
au moment où cette notice est écrite, celle
qui en est l'objet vient d'être obligée de
prendre sa retraite. Deux causes paraissent
avoir agi sur cette altération prématurée
de l'organe vocal de Mmc Dabadie : la pre-
mière se trouve dans le déplorable système
de chant crié qui était en usage ài'Opéra
de Paris et au Conservatoire, dans cer-
taines classes, à l'époque où la cantatrice
faisait, ses études de musique ; la seconde,
dans l'imprudence qu'on a eue de la faire
débuter avant qu'elle eût atteint sa dix-
septième année , et conséquemment avant
que sa voix eût reçu tout son développe-
ment.
DACIER (anne LEFÈVRE) , fille du
célèbre Tannegui Lefèvre , naquit à Sau-
mur en 1651 , épousa Dacier en 1683 , et
mourut à Paris le 17 août 1720 , à l'âge
de soixante-neuf ans , après avoir passé
dans des souffrances continuelles les deux
dernières années de sa vie. Il n'est point
de l'objet de ce livre d'examiner ici les
travaux de cette femme célèbre; je ne cite-
rai que son édition de Téreuce ( Paris ,
1688 , 3 vol. in-12 , Amsterdam , 1691 ,
Zittau , 1705 , Rotterdam , 1717 , etc. ) ,
dans laquelle on trouve une dissertation
assez bonne sur les flûtes des anciens.
Elle a été traduite en allemand par Fré-
déric-Chrétien Rackemann , et insérée par
Marpurg dans ses Essais critiques et histo-
riques sur la musique, t. 2, p. 224-232.
DACOSTA (isaac), dont le véritable
nom est Franco, né à Bordeaux le 17 jan-
vier 1778, a obtenu le premier prix de
clarinette au Conservatoire de musique,
en l'an vi delà république française (1798).
Après avoir été pendant plusieurs années
attaché comme clarinettiste aux petits
théâtres de Paris , il entra à l'Opéra-Ita-
îien comme première clarinette, et occupa
cette position jusqu'en 1820 ; il entra alors
à l'Opéra où il est encore. On a de cet ar-
tiste : 1° Premier concerto pour la cla-
rinette (en si bémol) , Paris, Janet et
Cotelle ; 2° Deuxième concerto , idem ( en
ut), Paris, llentz Jouve; 3° Troisième
concerto (en mi bémol), Paris, Sieber;
4° Quatrième concerto, idem; 5° Cinq
airs variés pour la clarinette sur des thè-
mes de Mozart, de Garât, etc., Paris,
Dufaut et Dubois, Caveaux , etc. ; 6° Duos
pour piano et clarinette, op. 5, Paris,
Sieber. M . Dacosla a construit en 1 832 une
clarinette basse d'un système différent
des instrumens de cette espèce qui sont en
usage en allemagne, car il lui a conservé
la forme de la clarinette ordinaire , dont il
DAH
a seulement courbé le bec. Meyerbeer a
fait usage avec succès de cet instrument,
dans le trio du cinquième acte des Hu-
guenots.
DAGINCOURT (jacques-andre) , né à
Rouen en 1684, fit ses études musicales
dans la maîtrise de la cathédrale de cette
ville , puis fut organiste de l'abbaye de
Saint-Ouen. En 1718, il se rendit à Paris
et y vécut d'abord en donnant des leçons de
clavecin. Quelques années après il obtint
la place d'organiste de Saint-Méry. Infé-
rieur à Daquin, à Calvière et surtout à
Couperin , il n'était cependant pas sans
talent dans l'exécution. Sa douceur lui
avait fait beaucoup d'amis qui exagéraient
son mérite; cette bienveillance qui lui
était acquise fit faire quelquefois des in-
justices à ses concurrens dans les épreuves
d'orgue où il se présentait. C'est ainsi qu'il
l'emporta un jour sur Calvière. bien supé-
rieur à lui , quoique Couperin fût au nom-
bre des juges. Ce fut peut-être aussi cette
bienveillance qui lui fit obtenir en 1727
une des places d'organistes du roi. Vers
1745, Dagincourt renonça à toutes ses
places , et se retira à Rouen, où il mourut
environ dix ans après. En 1753 , il avait
publié à Paris un livre de pièces de clave-
cin , ouvrage faible d'invention , et qui
prouve peu d'habileté clans l'art d'écrire.
DÀGNEAUX («erre), maître de mu-
sique de l'église paroissiale de Saint-Ma-
gloire à Pontorson, en Bretagne, dans le
17e siècle, a publié une messe à quatre
voix de sa composition , intitulée : Missa
quatuor vocum ad imitationem mocluli :
Vox exultationis, Paris, Robert Bal-
lard, 1666.
DAHMEN (jean-akdre), habile violon-
celliste et compositeur pour son instru-
ment, naquit en Hollande vers le milieu
du 18e siècle. Il vivait à Londres en 1694.
On connaît de sa composition plusieurs
œuvres de duos et de sonates pour le vio-
loncelle, gravés à Londres, à Paris et à
Offenbach , trois quatuors pour deux vio-
lons 5 alto et basse, op. 3, Offenbach,
DAL
235
1798,. et trois trios peur deux violons et
basse , Paris , Érard.
DALAYRAC (nicolas), compositeur
dramatique, naquit à Muret en Langue-
doc, le 15 juin 1755. Dès son enfance, un
goût passionné pour la musique se mani-
festa en lui ; mais son père, subdélégué de
la province, qui n'aimait point cet art, et
qui destinait le jeune Dalayrac au barreau,
ne consentit qu'avec peine à lui donner
un maître de violon , qui lui fit bientôt né-
gliger le Digeste et ses commentateurs. Le
père s'en aperçut, supprima le maître, et
notre musicien n'eut d'autre ressource que
de monter tous les soirs sur le toit de la
maison pour étudier sans être entendu.
Les religieuses d'un couvent voisin tra-
hirent son secret ; alors ses parens, vaincus
par tant de persévérance, et craignant que
cette manière d'étudier n'exposât les jours
de leur fils , lui laissèrent la liberté de
suivre son penchant. Désespérant d'en
faire un jurisconsulte, on l'envoya à Paris
en 1774, pour être placé dans les gardes
* du comte d'Artois. Arrivé dans cette ville,
Dalayrac ne tarda point à se lier avec
plusieurs artistes, particulièrement avec
Lan°lé, élève de Caffaro, qui lui enseigna
l'harmonie. Ses premiers essais furent des
quatuors de violon qu'il publia sous le nom
d'un compositeur italien. Poussé par un
goût irrésistible vers la carrière du théâtre,
il écrivit en 1781 la musique de deux
opéras-comiques intitulé: Le Petit souper et
Le Chevalier àla mode , qui furent repré-
sentés à la cour et qui obtinrent du succès.
Enhardi par cet heureux essai, il se hasarda
sur le théâtre de l'Opéra-Comique , et dé-
buta , en 1782, \>ar l'Eclipsé totale, qui
fut suivie du Corsaire, en 1785. Dès lors,
il se livra entièrement à la scène française;
et dans l'espace de vingt-six ans, ses tra-
vaux, presque tous couronnés par le suc-
cès, s'élevèrent au nombre de cinquante-
six opéras. En voici la liste avec les
dates : L Éclipse totale, 1782; Le Cor-
saire, 1785; Les Deux Tuteurs, 1784;
La Dot, L'Amant Statue , 1785; Nina,
236
DAL
1786; Azemia, Benaud d'Ast, 1787;
Sargines , 1788; Raoul de Créqui, Les
deux Petits Savoyards, Fanchelle, 1789;
La Soirée orageuse , Vert-Vert, 1790;
Philippe et Georgelte , Camille ou Le
Souterrain, Agnès et Olivier, 1791 ;
Elise-Hortense , LActrice chez elle,
1792 ; Ambroise , ou Voilà ma Journée,
Roméo et Juliette , Urgande et Merlin ,
La prise de Toulon, 1793; Adèle et
Dorsan , 179 A; Arnill, Marianne , La
Pauvre Femme, 1795 ; La Famille Amé-
ricaine, 1796; Gulnare, La Maison
isolée, 1797; Primerose, Alexis ou l'Er-
reur d'un bon père, Le Château de
Monténéro, Les Deux mots, 1798;
Adolphe et Clara, Lattre, La Leçon ou
La Tasse déglace, 1799; Catinat, Le
Rocher de Leucade, Maison à Vendre ,
1800; La Boucle de Cheveux, La Tour
de Neustadt , 1801 ; Picaros et Diego,
1803; Une Heure de Mariage, La Jeune
Prude, 1804 ; Gulistan , 1805; Lina ou
le Mystère , 1807 ; Koulouf ou les Chi-
nois, 1808; Le Poète et le Musicien ,
1811. En 1804, il avait donné à l'Opéra
un ouvrage intitulé : Le Pavillon du Ca-
life, en un acte; depuis sa mort on a ar-
rangé cette pièce pour le théâtre Feydeau,
où elle a été représenté en 1822, sous le
titre du Pavillon des Fleurs.
Dalayrac avail le mérite de bien sentir
l'effet dramatique et d'arranger sa musique
convenablement pour la scène. Son chant
est gracieux et facile, surtout dans ses pre-
miers ouvrages ; malheureusement, ce ton
naturel dégénère quelquefois en trivialité.
Nul n'a fait autant que lui de jolies ro-
mances et de petitsairsdevenus populaires;
genre de talent nécessaire pour réussir au-
près des Français, plus chansonniers que
musiciens. Son orchestre a le défaut de
manquer souvent d'élégance; cependant il
donnait quelquefois à ses accompagncmens
une couleur assez heureuse : telles sent
ceux de presque tout l'opéra de Camille,
de celui de Nina , du chœur des matelots
à'Azémia et de quelques autres. On peut
DAL
lui reprocher d'avoir donné souvent à sa
musique des proportions mesquines ; mais
ce défaut était la conséquence du choix de
la plupart des pièces sur lesquelles il écri-
vait; pièces plus convenables pour faire
des comédies ou des vaudevilles que des
opéras. Que faire, en effet, sur des ou-
vrages tels que Les Deux Tuteurs , Phi-
lippe et Georgette, Ambroise, Marianne,
Catinat, La Boucle de Cheveux, Une
Heure de Mariage, La Jeune Prude , et
tant d'autres? Dalayrac était lié avec quel-
ques gens de lettres qui ne manquaient
pas de lui dire , en lui remettant leur ou-
vrage : Voici ma pièce; elle pourrait se
passer de musique; ayez donc soin de
ne point en ralentir la marche. Partout
ailleurs , un pareil langage eût révolté le
musicien; mais en France, le public se
connaissait en musique comme les poètes,
et pourvu qu'il y eût des chansons, le suc-
cès n'était pas douteux. C'est à ces circon-
stances qu'il faut attribuer le peu d'estime
qu'ont les étrangers pour le talent de ce
compositeur, et l'espèce de dédain avec
lequel ils ont repoussé ses productions. Ce
dédain est cependant une injustice ; car on
trouve dans ses opéras un assez grand
nombre de morceaux dignes d'éloge.
Presque tout Camille est excellent ; rien
de plus dramatique que le trio de la cloche
au premier acte, le duo de Camille et d'Al-
berli , et les deux premiers finales. La
couleur de Nina est sentimentale et vraie;
enfin on trouve dans Azémia, dans Bo-
rnéo et Juliette , et dans quelques autres
opéras des inspirations très heureuses.
Deux pièces de Dalayrac , Nina et
Camille, ont été traduites en italien et
mises en musique , la première par Pai-
siello, et la seconde par Paer; et comme
on ne peut se défendre de comparer des
choses faites dans des systèmes qui
n'ont point d'analogie dans l'objet qu'on
s'est proposé , les journalistes n'ont pas
manqué d'immoler Paisiello à Dalayrac,
et d'exalter l'œuvre du musicien français
aux dépens de celle du grand maître ita-
DAL
lien. Sans doute la Nina française est
excellente pour le pays où elle a été faite ;
mais le chœur Dormi o cura, l'air de
Nina au premier acte, l'admirablequatuor
Corne ! partir! et le duo de Nina et de Lin-
doro, sont des choses d'un ordre si supérieur,
que Dalayrac, entraîné par ses habitudes et
peut-être par ses préjugés, n'eût pu même
en concevoir le plan. 11 est vrai que le
public parisien a pensé long-temps comme
ses journalistes j mais ce n'est pas la faute
de Paisiello.
Le talent estimable de Dalayrac était
rebaussé par la noblesse de son caractère.
En 1790, au moment où la faillite du
banquier Savalette de Lange venait de lui
enlever le fruit de dix ans de travaux et
d'économie , il annula le testament de son
père qui l'instituait son héritier au préju-
dice d'un frère cadet. Il reçut en 1798,
sans l'avoir sollicité , le diplôme de mem-
bre de l'académie de Stockholm , et quel-
ques années après , fut fait chevalier de la
légion d'honneur, lors de l'institution de
cet ordre. Il venait de finir son opéra : .
Le Poêle et le Musicien, qu'il affection-
nait , lorsqu'il mourut à Paris, le 27 no-
vembre 1809, sans avoir pu mettre en
scène ce dernier ouvrage. Il fut inhumé
dans son jardin à Fontenay-sous-Bois.
Son buste , exécuté par Cartellier , a été
placé dans le foyer de l'Opéra-Comique ,
et sa vie écrite par R. C. G. P. (René-
Charles Guilbert Pixérécourt) , a été pu-
bliée à Paris, en 1810 , un vol. in-12.
Après que l'assemblée nationale eut
rendu les décrets qui réglaient les droits de
la propriété des auteurs dramatiques, les
directeurs de spectacles se réunirent pour
élever des contestations contre les disposi-
tions de ces décrets, et firent paraître une
brochure à ce sujet. Peu de temps après
la publication de cet écrit, Dalayrac fit
imprimer une réfutation de ce qu'il conte-
nait, sous ce titre : Réponse de Dalayrac
à MM. les directeurs de spectacles , ré-
clamons contre deux décrets de l'as-
semblée nationale de 1789, lue au
DAL
237
comité d'instruction publique, le 26 dé-
cembre 1791, Paris, 1791, dix-sept pages
in-8".
DALBERG (jean-fre'déric-hugues ,
BARON DE), frère du prince primat de
la confédération du Rhin, est né vers 1752,
Après avoir été successivement conseiller
de l'électeur de Trêves , à Coblentz , et
chanoine de Worms,il est mort à Auschaf-
fenbourg , en 1812. C'était un pianiste
babile et un compositeur de la bonne école.
On connaît de lui vingt-huit œuvres de
musique pratique, consistant en quatuors
pour piano, hautbois, cor et basson, trio9
pour piano, violon et violoncelle, duos
pour deux pianos, plusieurs œuvres de so-
nates, dont quelques-unes à quatre mains,
des variations, des polonaises, des canons,
des chansons allemandes et françaises , et
enfin une cantate intitulée : Les Plaintes
d'Eve (extraite du Messie de Klopstok) ,
publiée à Spire, en 1785. Le baron de
Dalberg s'est aussi fait connaître comme
écrivain sur la musique par les ouvrages
suivans : 1° Blike eines Tonkïuisller in
die Musik der Geister , an Philipp
Haake (Coup-d'œil d'un musicien sur la
musique des esprits de Philippe Haake),
Manheim, 1787, in-12 de vingt-un pages ;
2° Von Erkennen und Erfmden (Du sa-
voir et de l'invention) , Francfort , 1791 ,
in-8° , ce petit ouvrage renferme des vues
assez fines sur l'invention et le génie mu-
sical ; 5° Gita govinda , oder Gesœnge
eines indianischen Dichters, mit Erlaù-
terungen [Gita-govinda , ou chants d'un
poète indien , avec des éclaircissemens) ;
4° Untersuchungen uber den Ursprung
der Harmonie ( Recherches sur l'origine
de l'harmonie) , in-8°, Erfurt, 1801. Cet
ouvrage est un mémoire lu par l'auteur à
l'académie d'Erfurt : il contient des aper-
çus curieux sur l'affinité des tons et leurs
rapports consonnans et dissonans. La
partie historique ne présente pas moins
d'intérêt ; on y remarque des observations
1° Sur les instrumens des anciens et leur
usage j 2° Sur l'échelle musicale à'Olym-
238
DAL
pus, citée par Plutarqae , et son analogie
avec celle des Chinois et une ancienne
gamme écossaise; 3° Sur plusieurs échelles
anciennes ; 4° Sur la culture delà musique
chez les Chinois, les Indiens et les Grecs ;
5° Sur l'ancienne lyre à quatre cordes et
sur celle à' Orphée • 6° Sur les premiers
essais de la musique à plusieurs parties.
5° Ueber die Musik der Indier ( Sur la
musique des Indiens, traduit de l'anglais
de William Jones , et accompagné de no-
tes et d'additions , cent cinquante pages
in-4°, Erfurt, 1802). L'original de ce mé-
moire, composé par W. Jones, président
de la société de Calcutta, a été inséré dans
le troisième volume des Transactions de
cette société, publié à Londres, en 1792.
Il renferme des renseignemens intéressons
sur cette matière ; malheureusement les
bornes d'un mémoire académique n'avaient
pas permis à son auteur de faire usage de
tous les matériaux qu'il avait rassemblés;
le baron de Daiberg , pour suppléer à ses
omissions , s'est occupé pendant plusieurs
années à recueillir des notices authentiques
sur la musique des Indiens , des Persans ,
des Arabes et des Chinois. Sir Richard
Jonhson, ami et collègue de W. Jones, lui
communiqua les dessins des mythes musi-
caux des Indiens , qui n'avaient point en-
core été gravés à Londres. Pour ne rien
laisser à désirer , le traducteur , qui était
parvenu à se procurer une collection rare
de chansons indiennes, publiée à Calcutta,
en 1789, par W. Hamilton Bird, en
enrichit son travail , en y ajoutant pi usieurs
airs arabes, persans et chinois, pour en
faire la comparaison avec ceux des Hin-
dous. Ce volume et le travail de Villoteau,
dans la description de l'Egypte, sont ce
qu'il y a de mieux sur la musique des peu-
ples orientaux ; 6° Die Aeolsharfe, eine
allegorischer Traum (La harpe éolienne,
songe allégorique), Erfurt, 1801, soixante-
douze pages in-8°. On y trouve des détails
sur le mécanisme de cet instrument.
7° Ueber griechisches Instrumentalmu-
sik und ihre Wirkung (Sur la musique
DAL
instrumentale des Grecs et ses effets), dans
la Gazette musicale de Leipsick, 9e ann.,
pag. 17.
Le baron de Daiberg ne s'est point borné
à des travaux sur la musique : il est au-
teur d'un ouvrage estimé sur les religions
de l'Orient , auquel il a donné le cadre
d'un roman, et qu'il a intitulé : Histoire
d'une famille Druse ; ce livre a été tra-
duit en français sous le titre de Mehaled
et Zedli, Paris , 1811 , deux vol. in-12.
DALLANS (ralph), constructeur d'or-
gues anglais, vivait à Londres, vers le
milieu du 17e siècle. Il est mort à Green-
wich , au mois de février 1672. Il a con-
struit les orgues du nouveau Collège et de
l'École de musique à Oxford.
DALLA11MI (jean), mathématicien
né dans le Tyrol, vers la fin du 18e siècle,
et qui s'est fixé à Rome depuis plusieurs
années , a publié dans cette ville : 1° Ris-
tretto difatti acustici, letlo nelV acade-
mia de' Lincei, Rome, 1821, édition litho-
graphique authographe ; 2° Estratto del
Ristretto di Jalti acustici, provenienli
dall' autore, ibid. , 1821 ; 3° Parte se-
conda del Ristretto di fatti acustici }
ibid., 1821. Ces recherches sur l'acousti-
que ont été insérées dans le Giornale ar-
cadico di Roma , novembre, pag. 164;
décembre, p. 321 (1821); janvier, p. 48;
février, p. 221 (1822).
DALLERY (charles), constructeur
d'orgues, né à Amiens, vers 1710 , exerça
d'abord la profession de tonnelier dans sa
ville natale : doué d'un esprit d'invention
pour la mécanique, il entreprit de réfor-
mer celle des orgues , dont le bruit
désagréable nuisait à l'effet de ces instru-
mens ; réforme que personne avant lui
n'avait tenté de faire. C'est à lui qu'on
doit les belles orgues de Saint -Nicolas-
aux-Bois , de l'abbaye de Clairmarais , en
Flandre, et enfin le bel orgue de l'abbaye
d'Anchin, orgue à cinq claviers, dont ceux
du positif et du grand orgue ont cinq oc-
taves, ceux de récit et d'écho, trois octaves,
et celui de pédale deux octaves et demie.
DAL
Cet orgue est maintenant à l'église de
Saint-Pierre, à Douai; malheureusement
remplacement n'était pas assez grand pour
le remonter dans ses proportions primi-
tives, et l'on a été obligé de réduire à
cinquante-deux le nombre de ses registres,
qui était originairement de soixante-qua-
tre. Mais , tel qu'il est , c'est encore un
magnifique instrument. L'auteur de celte
Biographie l'a joué pendant plusieurs
années, et, par l'étude qu'il avait faite
des qualités et des défauts de ses différens
registres, était parvenu a en tirer des com-
binaisons de jeux d'un grand effet. On
ignore l'époque de la mort de Dallcry.
DALLERY (pierre) , neveu du précé-
dent, et son élève dans la facture des or-
gues, est né le 6 juin 1755, à Buire-le-
Sec , près de Montrcuil-sur-Mer. Jusqu'à
l'âge de vingt-six ans, il travailla sous la
direction de son oncle , et l'aida dans la
construction des orgues dont il vient d'être
parlé. Son premier ouvrage fut l'orgue des
missionnaires de Saint-Lazare, faubourg
Saint-Denis, dont toutes les parties pou-
vaient déjà servir de modèle sous le rap-
port de la mécanique. Clicquot, qui fut
appelé comme arbitre pour la réception
de cet orgue, donna les plus grands éloges
à son auteur, le chargea de la reconstruc-
tion de l'orgue de la paroisse Saint-Lau-
rent, et finit par s'associer à lui. C'est à la
réunion de ces hommes habiles que la ca-
pitale dut les orgues magnifiques de Notre-
Dame, de Saint-Nicolas-des-Champs , de
Saint-Méry, de la Sainte-Chapelle, de
la chapelle du roi, à Versailles , et d'une
multitude d'autres qui n'existent plus.
Leur association cessa avant que Clicquot
eût entreprit la construction de l'orgue de
Saint-Sulpice. On dit que cet habile ar-
tiste, mécontent de ce dernier ouvrage,
s'écria que depuis sa séparation avec
Pierre Dallery, il n'avait plus rien fait de
bon. C'est de ce moment que date la répu-
tation que ce dernier s'est acquise. 11 refit
à neuf l'orgue des Missionnaires de Saint-
Lazare en lai donnant l'harmonie qui lui
DAL
239
manquait. Il fit ensuite le joli orgue de
la paroisse de Sainte-Suzanno de l'Ile de
France, ceux de la Madeleine d'Arras, de
la paroisse de Bagnolet, de Charonne, du
chapitre de Saint-Etienne des Grès, etc.,
sans compter les petits orgues de chambre,
dont l'invention est faussement attribuée
par Dom Bédos à un nommé L'épine, qui
n'en a jamais fait, mais qui a fabriqué des
clavecins organisés.
DALLOGLIO (dominique) , violiniste
et compositeur, naquit à Padoue au com-
mencement du 18e siècle. En 1755, il se
rendit à Pétersbourg avec son frère, et y
resta pendant vingt-neuf ans au service
de la cour. 11 demanda sa démission en
1764, et se mit en route pour retourner
dans sa patrie ; mais il ne put atteindre le
but de son voyage , car il fut frappé d'a-
poplexie près de Narva , où il mourut. On
a gravé à Vienne douze solos pour le vio-
lon de sa composition. Il a laissé en ma-
nuscrit plusieurs symphonies, des concer-
tos de violon , des solos pour le même
instrument, et quelques solos pour l'alto,
dont on a conservé des copies en Alle-
magne.
DALLOGLIO (joseph) , frère cadet du
précédent, célèbre violoncelliste, naquit à
Venise. En 1755, il entra au service delà
cour de Russie avec son frère , et s'y fit
admirer par la supériorité de son talent
pendant vingt-neufans. En 1764 , il quitta
Saint-Pétersbourg, et se rendit à Varsovie,
où le roi de Pologne lui conféra la charge
de son agent , auprès de la république de
Venise.
DALL'OLIO (jean-baptiste) , écrivain
cité par Lichtenthal (Dizzion. e Bibliog.
délia musica) comme auteur des disserta-
tions suivantes : 1° Memoria sull' appli-
cazione délia matematica alla musica
(Mémoire sur l'application des mathéma-
tiques à la musique) , inséré dans les Me-
mor. di MatJiem. e di Fisica délia soc.
ital. délie scienze, tom. 9, Modène, 1802,
pag. 609-625; 2° Memoria sul preteso
ripristinamento del génère enarmonico
240
DAL
de Greci (Mémoire sur le prétendu re-
nouvellement du genre enharmonique des
Grecs), dans le même recueil , lom. 10,
pag. 636, 939, 1803. Ce mémoire est une
réfutation de la lettre écrite par le comte
Giordani Riccali à son élève Jean-Baptiste
Bortolani , laquelle est insérée dans la
Raccolta Ferrarese di opuscoli scicnli-
fici, Venise, 1787, tom. 19, pag. 129.
Bortolani, ne sachant comment expliquer
un passage d'un air de Jomelli , avait de-
mandé des éclaircissemens à son maître ,
qui lui répondit qu'il y avait retrouvé le
genre enharmonique desGrecs. Il a été pu-
blié, dans le Giornale dell' italiana let-
teratura (Padoue, 1805, t. XI, p. 65-70),
une lettre d'un anonyme sous le titre de
Lettere d'un philarmonico , etc. , dans
laquelle on prouve que le passage de Jo-
melli a trompé également le comte Ric-
cati et DallOlio; 5° Memoria sopra la
tastalura degli organi e de' cembali
(Mémoire sur les claviers des orgues et des
clavecins), dans les Mem. di Matem. e di
Fisica, etc., t. XIII, part. 1, p. 374-580,
Modène, 1807.
DALLUM (robert), constructeur d'or-
gues anglais qui a joui d'une grande répu-
tation de son temps , naquit à Lancaster,
en 1602, et mourut à Oxford , en 1665.
DALVI3IARE (martin-pierre) , né en
1770, à Dreux (Eure-et-Loire), d'une fa-
mille distinguée, apprit dans sa jeunesse
la musique comme art d'agrément , et l'ut
obligé d'en faire une ressource pour son
existence, après les troubles de la révolu-
tion de 1789. 11 avait acquis un talent re-
marquable sur la harpe ; dès qu'il fut ar-
rivé à Paris , il y produisit une assez vive
sensation. D'ailleurs, homme du inonde,
et possédant des connaissances variées ,
qu'il est rare de rencontrer dans un mu-
sicien, il était bien accueilli partout, et il
eut bientôt des liaisons d'amitié avec les
artistes et les gens de lettres les plus re-
nommés de cette époque. On voit par
l'acte de mariage du poète Lcgouvé (15 plu-
viôse an xi, février 1803, mairie du
DAL
deuxième arrondissement de Paris) , que
Dalvimare fut un de ses témoins , et qu'il
avait alors trente-deux ans révolus. Admis
comme harpiste à l'Opéra dès l'an vin
(1800), il eut sa nomination définitive à
cette place au mois de fructidor an îx. A
l'époque delà formation de la musique par-
ticulièredel'empereurNapoléon, M. Dalvi-
mare en fut aussi nommé le harpiste. Au
mois de septembre 1807, il eut le titre de
maître de harpe de l'impératrice Joséphine.
Un heureux changement dans sa fortune
ayant permis à cet artiste de renoncer à
l'exercice de son talent pour vivre, il donna
sa démission de toutes ses places lel2 mars
1812, et se retira à Dreux, où il vit encore.
Par une faiblesse singulière, il n'aime pas
qu'on lui parle de sa carrière d'artiste , qui
n'a rien eu que d'honorable , et voudrait
faire oublier jusqu'à ses succès. Son pre-
mier ouvrage fut une symphonie concer-
tante pour harpe et cor, qu'il composa
avec Frédéric Duvernoy, et qu'il publia
en l'an vir (1798) ; cependant il n'a compté
pour son premier œuvre qu'un recueil de
romances avec accompagnement de piano
ou de harpe qu'il a publié quelque temps
après chez Pleyel. Ses autres productions
sont : 1° Trois sonatespourharpe et violon,
op. 2, Paris, S. Gaveaux ; 2° Trois idem,
op. 9, Paris, Erard; 3° Trois idem }
op. 12, Paris, Pleyel; 4° Trois idem,
op. 14, Paris, Erard; 5° Trois idem ,
op. 15, ibid. ; 6° Grande sonate avec vio-
lon, op. 33 , ibid. ; 7° Premier duo pour
deux harpes, Paris , Cousineau ( Lemoine
aîné); 8° Deuxième duo Idem, ibid.;
9° Premier duo pour harpe et piano, op. 22,
Paris, Erard; 10° Deuxième duo pour
harpe et piano, Paris , Dufaut et Dubois;
11° Troisième duo idem, op. 51 , Paris,
Erard; 12°Recueils d'airs connus variés pour
la harpe, Ibid. ; 13° Théine varié , op. 21 ,
Ibid. ; 14° Scène pour la harpe, op. 23 ,
Ibid. ; 15° Fantaisie sur le pas russe;
op. 24, Ibid.; 16° Airs russes variés,
op. 25 , Ibid. ; 16° Fantaisie et variations
sur l'air de Léonce, Paris , Frey ; 17° Air
DAM
DAM
241
tyrolien varié, Paris, Erard; 18" Airs des
Mystères d'Isis en pots-pourris et variés ,
Paris, Pleyel ; 19° Fandango varié,
Paris, Erard ; 20° Fantaisie sur l'air : Mon
Cœur soupire, ibid. ; 21° Idem, sur l'air :
Un Jeune Troubadour, ibid.; 22° Idem
snr un thème donné, Ibid.; 23° Idem
et douze variations sur un air piémontais ,
Ibid. ; 24° Idem et variations sur l'air :
Charmant Ruisseau,Varis,Janetj 25° Plu-
sieurs recueils de romances , œuvres 4 ,
13, 15, 20, Paris, Pleyel et Érard;
25° Beaucoup d'airs et d'ouvertures d'opé-
ras arrangés pour la harpe ; 26° Plusieurs
morceaux pour harpe et cor , composés en
société avec Frédéric Duvernoy. En 1809,
M. Dalvimare a composé pour le théâtre
Feydeau un opéra-comique en un acte inti-
tulé : Le Mariage par imprudence. La
musique de cet ouvrage était faible ; la
pièce ne réussit point , et l'on dit alors
que la plus grande imprudence était celle
des auteurs qui l'avaient fait jouer. La
partition de cet opéra a été cependant
gravée à Paris, chez Erard.
DÀMANCE (le père), religieux trini-
taire de la rédemption des Captifs , orga-
niste du couvent de son ordre , à Lisieux,
vécut à la fin du 17e siècle. Il a laissé en
manuscrit des pièces d'orgue.
DAMON, sophiste et musicien grec,
naquit au bourg d'Oa , dans l'Attique. Il
était élève d'Agatocle, et fut le maître de
musique de Périclès et de Socrate. C'est à
lui qu'on attribue l'invention du mode
Hypolydien. Platon lui a donné beaucoup
d'éloges; Galien (Deplacit. Hippoc.) pré-
tend que ce musicien, voyant un jour des
jeunes gens que les vapeurs du vin et un
air de flûte joué dans le mode phrygien
avaient rendus furieux, les ramena tout à
coup à un état de tranquillité, en faisant
jouer un air du mode dorien. Ce conte
a été renouvelé plusieurs fois à propos de
divers musiciens.
DAMON (william), organiste de la cha-
pelle royale, sous le règne d'Elisabeth,
naquit vers 1540. Il est principalement
TOME m.
connu par une collection de psaumes à
quatre parties, qu'il avait composés pour
l'usage d'un de ses amis; celui-ci, à l'insu
de l'auteur, le livra au public sous le titre
de The psalmes of David in English
metter , with notes of foure parts set
unto them by Guglielmo Damon (Les
psaumes de David en vers anglais, notés à
quatre parties) , Londres, 1579. La nou-
veauté de l'ouvrage , ni la réputation de
l'auteur ne purent le mettre en faveur. Ce
défaut de succès le détermina à retirer les
exemplaires et à les détruire avec tant de
soin , qu'il serait presque impossible d'en
trouver un aujourd'hui. Damon se mit
ensuite à en retoucher l'harmonie , et en
publia une seconde édition qu'il intitula :
The former book ofthe music ofM. Wil-
liam Damon, la te one of Her Majesty's
inusicians , conteyning ail the tunes of
David's psalms as they are ordinarely
soung in the Church, most excellentyly
by him composed into 4 parts ; in which
sett the ténor singeth the church tune f
Londres, 1591. Le second livre parut
dans la même année ; il ne différait du
premier que par la place qu'occupait la
mélodie; elle avait passé du ténor dans le
dessus. On ignore l'époque de la mort de
Damon.
DAMORE AU(Mme laure-cinthie MON-
TALANT) , a été d'abord, connue sous le
nom de Mlle Cinti. Elle est née à Paris, le
6 février 1801 , et a été admise au Con-
servatoire de musique de cette ville , le
28 novembre 1808, dans une classe de
solfège. Ses progrès furent rapides , et
bientôt après elle put commencer l'étude du
piano. Elle avait atteint l'âge de treize ans
avant qu'on songeât à lui faire apprendre
les élémens du chant. Je vois par les re-
gistres du conservatoire qu'elle sortit de
la classe de piano pour passer à l'élude de
la vocalisation, en 1814. Les événemens
politiques qui firent ensuite fermer cette
école , livrèrent Mlle Montalant à elle-
même pour continuer ses études. Sa voix
acquérait chaque jour plus de pureté, plus
16
242
DAM
DAM
de moelleux. Excellente musicienne, et
douée d'un précieux sentiment naturel du
beau musical, elle sut se bien diriger, et
mit à profit les leçons pratiques qu'elle
recevait par l'audition des chanteurs ha-
biles qui venaient à Paris, et particulière-
ment au théâtre Italien. Les commence-
mens de sa carrière de cantatrice n'eurent
cependant pas beaucoup d'éclat. Elle don-
nait quelques concerts où il allait peu de
monde, parce qu'elle n'était pas connue : et
puis, elle ne venait pas des pays étrangers,
et ce lui était un grand tort.
Le théâtre Italien , anéanti par la mau-
vaise administration de Mme Catalani, fut
rouvert en 1819 , et MUe Cinti , alors
âgée de dix-huit ans , y fut engagée pour
les rôles de secondes femmes. Le premier
rôle de quelque importance qu'elle chanta
fut celui du page dans les Noces de Figaro;
elle y mit beaucoup de grâce et de charme;
mais le temps n'était pas venu pour elle
de se faire remarquer des habitués de 10-
péra-Italien. Profitant de tout ce qu'elle
entendait, elle se préparait en silence, par
des études sérieuses , à l'avenir brillant
dont elle avait le pressentiment. Ce ne fut
que vers la fin de Tannée 1821 qu'elle
essaya ses forces dans les rôles de première
femme; son talent avait déjà pris du dé-
veloppement ; elle chanta bien , mais elle
produisit peu d'effet : les dilettanti d'alors
ne pouvaient se persuader qu'on pût bien
chanter sans venir d'Italie, ou du moins
sans y avoir été. Cependant, le talent de
Mlle Cinti était réel et grandissait chaque
jour. En 1822 elle fut engagée par Ebers
pour chanter pendant une saison à l'Opéra-
Italien de Londres, au prix de 500 livres (en-
viron 12, 500fr.). Les Anglais, qui estiment
par-dessus tout la puissance de la voix ,
ne comprirent pas bien le mérite du chant
fin et délicat de la cantatrice française;
toutefois celle-ci eut lieu d'être satisfaite
de l'effet qu'elle avait produit dans cette
saison. Elle revint à Paris plus sûre d'elle-
même , et dès ce moment elle commença
à prendre dans son pays un rang parmi les
cantatrices distinguées. Sesappointemens,
qui n'avaient étéjusque là que de 8000 fr.,
furent portés à 12,000. L'arrivée de Ros-
sini à Paris , en 1823 , fut un événement
heureux pour Mlle Cinti : trop bon con-
naisseur pour ne pas apprécier à sa valeur
le mérite de cette jeune personne , il en
dit son sentiment, et l'autorité de son
jugement fit cesser les préventions qui
avaient existé jusqu'à ce moment contre
un des plus beaux talens qu'on eût entendus
à Paris.
En 1825 l'administration de l'Opéra
ayant conçu le projet de changer son ré-
pertoire et de faire représenter des ouvra-
ges de Rossini, comprit qu'elle devait avant
tout engager des acteurs capables de chanter
ces compositions. Le théâtre Italien était
alors régi par la même administration ;
cette circonstance favorisa l'engagement
de Mlle Cinti pour l'Opéra Français; elle
débuta le 24 février 1 826 à ce théâtre, dans
Fernand Cortez , et son triomphe fut
complet. Jamais on n'avait entendu chan-
ter avec une telle perfection dans le vieux
sanctuaire des cris dramatiques. C'est de
ce moment que date la renommée de
Mme Damoreau. Avec le succès , le senti-
ment de ses forces lui revint ; ce succès
nel'éblouit pas, mais il lui fit prendre con-
fiance en elle-même, et lui fit redoubler
d'efforts. Les rôles de première femme
écrits pour elle dans le Siège de Corinthe
et dans Moïse , achevèrent de mettre dans
tout son éclat le beau talent qu'elle devait
à la nature et surtout à l'art.
Des difficultés s'étant élevées entre
l'administration et MUe Cinti dans l'été
de 1827 , la cantatrice y mit fin en quit-
tant brusquement l'Opéra pour se rendre
à Bruxelles. Elle y excita la plus vive
admiration dans les représentations qu'elle
y donna. Toutefois , cette ville n'offrait
pas de ressources suffisantes pour un
talent tel que le sien , et sa place ne
pouvait être remplie à l'Opéra de Paris.
Des concessions lui furent faites par l'ad-
ministration de ce spectacle, et son retour
DAM
fut décidé. Avant rie quitter Bruxelles ,
Mlle Cinti épousa Darnoreau, acteur du
théâtre de cette ville , qui avait autrefois
débuté sans succès à l'Opéra , puis au
théâtre Feydeau, et qui joue maintenant
en province. Cette union n'a point été heu-
reuse. De retour à Paris , Mme Darnoreau
y reprit avec éclat possession de son em-
ploi à l'Opéra , et le talent qu'elle déploya
dans La Muette de Portici , Le Comte
Ory , Robert-le-Diable et Le Serment,
acheva de mettre le sceau à sa réputation.
Une dernière épreuve était nécessaire pour
que le public fût persuadé de la beauté de
ce talent; il fallait qu'il fût mis en paral-
lèle avec les deux cantatrices les plus
renommées de l'époque , c'est - à - dire ,
MUe Sontag et Mme Malibran. L'occasion
se présenta en 1829 où ces trois beaux ta-
lens se trouvèrent réunis à l'Opéra, dans le
premier acte du Malrimonio Segreto.
Jamais réunion semblable n'avait eu lieu;
jamais perfection comparable n'avait ému
une assemblée. Mme Darnoreau ne resta
point au-dessous de ses célèbres rivales :
peut-être même y eut-il plus de fini dans
sa vocalisation. Son beau talent s'est en-
core perfectionné depuis ce temps , et je
ne crains pas de dire qu'il est aujour-
d'hui le plus parfait qui existe et qui
peut-être a jamais existé parmi les canta-
trices.
Des plans d'économie mal entendus ont
empêché de renouveler l'engagement de
Mme Darnoreau à l'Opéra en 1835. Des
propositions avantageuses lui ont été faites
alors pour l'Opéra-Comique ; elles ont été
acceptées , et l'admirable cantatrice a dé-
buté à ce théâtre avec un succès immense
vers la fin de l'année. L'administration de
l'Opéra comprend maintenant qu'elle a
fait une faute en laissant s'éloigner de son
théâtre une femme qu'elle ne saurait rem-
placer par aucune autre ; mais elle ne
pourra réparer cet échec qu'après la fin de
l'engagement del'Opéra-Comique. Mme Da-
rnoreau a publié un Album de romances,
(Paris, Troupenas) qui contient des mor-
DAN
243
ceaux pleins de charme, et quelques autres
petites pièces détachées.
DANA (josepfi), compositeur né à Na-
ples et élève de Fenaroli, a écrit pour le
théâtre Saint-Charles , en 1791 , la musi-
que de deux ballets qui ont pour titre :
La FlntaPazza perAmore, et La Fesla
campestra .
DANBY ( jean ) , musicien anglais qui
vivait à Londres en 1790, a joui d'une
grande réputation en Angleterre comme
compositeur de glees. Il avait établi une
école de chant qui était fort estimée, et
pour laquelle il a écrit un ouvrage élé-
mentaire intitulé La Guida alla musica
vocale , publié à Londres en 1787. 11 à
fait imprimer aussi plusieurs recueils de
glees.
DANDRÉ-BARDON (michel-fran-
çois) , né en 1700 à Aix en Provence , fut
destiné par sa famille à la magistrature ,
et envoyé à Paris , pour y faire son droit ;
mais son goût prononcé pour les arts lui
fit abandonner l'étude de la jurisprudence,
et il devint poète , peintre et musicien.
Malheureusement il fut médiocre dans
chaque genre. Elève de Pierre Vanloo et
de Detroy pour la peinture , il eut tous les
défauts de leur école; ses compositions,
presque toutes instrumentales, ne lui ont
pas survécu , et le seul de ses ouvrages
dont on se souvient aujourd'hui est un
poème relatif aux querelles occasionnées
par la lettre de Jean-Jacques Rousseau
sur la musique française ; il a pour titre :
L'Impartialité de la musique , Paris ,
1754 , in-12. Dandré-Bardon est mort à
Marseille, le 14 avril 1785.
DANDRIEU ( jean-françois ) , orga-
niste de Saint-Méry et de Saint-Barthé-
lémy, qui a joui de quelque réputation
en France, naquit à Paris en 1684, et
mourut dans la même ville le 16 janvier
1740. Il a donné trois livres de pièces de
clavecin , un livre de pièces d'orgue, une
suite de noëls , et des sonates à trois par-
ties, pour deux dessus de violon et basse ,
livre 1er et 2«"e, Paris, 1705 , in-fol. En
16*
244
DAN
DAN
1719 il publia la première édition d'un
ouvrage intitulé Traité de V accompa-
gnement du clavecin. La deuxième édi-
tion a paru en 1727 , et la troisième en
1777, in-4°, oblong. C'est un recueil de
basses chiffrées et sans chiffres. Le cata-
logue de Boy vin , de 1729, indique aussi ,
sous le nom de Dandrieu , une suite de
pièces pour les violons, intitulée Les ca-
ractères de la guerre.
DANIEL (jéan), luthiste, vivait en
Allemagne au commencement du 17e siè-
cle. Il a fait imprimer une collection de
pièces pour son instrument, sous ce titre :
Thésaurus Gratiarum , dass est Schatz-
kœstlein , darinnen allerhand Stiicklein,
Prœambulen , Toccaden , Fugen , etc.
zur Lauten-Tabulatur gebracht, auss
verschiedenen Autoribus zusammenge-
lesen, Hanau, 1625, in-fol. La deuxième
partie de cet ouvrage a été publiée dans la
même année.
DANKERS ( ghislain ) , savant contra-
puntiste du 16e siècle, naquit à Tholen
en Zélande, et fut chantre de la chapelle
pontificaleà Rome, sous les papes Paul III,
Marcel II , Paul IV et Pie IV. Il a publié
en 1559, à Venise, chez Gardane, Il primo
e secondo libro de madrigali a A, 5 e 6
voci. On trouve aussi des motets de ce
musicien dans la collection de Salblinger,
Augsbourg, 1554. Dankers fut choisi en
1551 avec Bartholomé Escobedo ( Voyez
ce nom) par Nicolas Vicentino et Vincenzo
Lusitano , pour juger la discussion qui
s'était élevée entre eux sur la connaissance
des modes diatonique , chromatique et
énarmonique , et prononça en faveur de
Lusitano. Il ne faut pas confondre Ghis-
lain Dankers avec Jean Ghiselain , dont
il y a un livre de messes publié par Pe-
trucci de Fossombrone en 1513.
DANNELEY (jean-feltham) , profes-
seur de musique à Londres , est né en
1786, à Oakingliam , dans le Berkshire.
Son père était chantre du chœur à Wind-
sor et lui enseigna la musique. A l'âge de
quinze ans il fut placé sons la direction de
Knywett pour apprendre à jouer du piano,
et Samuel Webbe lui donna des leçons
d'harmonie. Lorsqu'il eut atteint sa dix-
septième année, Danneley interrompit ses
études musicales pour aller demeurer avec
un oncle fort riche qui lui avait promis
de lui laisser sa fortune j mais ayant
long-temps tardé à réaliser ses promesses,
cet oncle mourut sans avoir fait de testa-
ment , et Danneley , retombé dans une si-
tuation pénible, fut obligé de reprendre sa
première profession. Il se remit avec cou-
rage au travail, reçut des leçons de piano de
Woelfl, et eut aussi pendant quelque temps
C. Neate pour professeur. Après avoir de-
meuré avec sa mère à Odiham , dans le
Hampshire, il fut appelé à Ips"\vich comme
professeur de musique , y demeura quel-
que temps , jmis fut nommé organiste de
l'église Sainte-Marie- de-la-Tour, dans
cette ville. En 1816, il alla à Paris , prit
des leçons de Reicha pour la composition ,
et de Pradher pour le piano, puis alla s'é-
tablir à Londres où il s'est fixé. Danneley
a publié quelques légères compositions
pour le chant et le piano, mais ses ouvrages
les plus importans sont ceux dont les titres
suivent ; 1° An Encyclopedia or Dic-
tionary of music; in which not only
every technical -word is explained , the
formation of every species of composi-
tion distincily shewn , thier harmonies ,
periods, cadences, and accentuation, but
the various poetiefeet employed in mu-
sic, etc. (Encyclopédie ou Dictionnaire de
musique, dans lequel non seulement chaque
mot technique est expliquera formation de
toute espèce de composition exposée, etc.),
London , 1825, un vol. in-8°, avec
planches. Malgré le titre fort étendu de
cet ouvrage et tout ce qu'il annonce ,
l'Encyclopédie musicale de Danneley
n'est traitée que d'une manière fort abré-
gée; 2° A musical Grammar , com-
prehending the principles and rules
of the Science ( Grammaire musicale
contenant les principes et les règles de
cette science), London, 1826, in-8°. Ce
DAN
livre ne contient que les premiers élémens
de la musique.
DANNER (CHRETIEN -FREDERIC) , violi-
niste, né à Manheim en 1745, reçut de
son père les premières leçons de musique,
et fit de si grands progrès sur le violon ,
qu'il devint bientôt un des artistes les plus
Labiles sur cet instrument. En 1761 ,
l'électeur palatin l'admit dans son orches-
tre, et lorsque cet orchestre passa à Munich
en 1778 , il l'y suivit. En 1783, il quitta
ce service pour la place de directeur des
concerts du duc des Deux-Ponts. Il occu-
pait le même emploi en 1812 à la cour du
grand-duc de Bade à Carlsruhe. Il fut le
maître du célèbre violiniste Frédéric Eck.
On a de Danner un concertino {en fa)
pour le violon avec orchestre , Paris ,
Sieber.
DANNER (georges), père du précédent
était musicien de la cour de Manheim , et
jouait de tous les instrumens. Il mourut
auprès de son fils à Carlsruhe en 1807.
DANNERET (Elisabeth) , née à Saint-
Germain , vers 1670, débuta comme chan-
teuse à la Comédie-Italienne, le 24 août
1694, dans le divertissement du. Départ
des Comédiens. Elle devint ensuite la
femme d'Ëvariste Gherardi. Les journaux
du temps nous apprennent qu'elle était
également remarquable pour la beauté de
sa voix et par la sûreté de sa méthode.
D'Origny assure, dans ses Annales du
théâtre Italien (tom. I, pag. 26), qu'elle
entra à l'Opéra après la mort de son mari;
mais ce fait est au moins douteux , car on
ne trouve point son nom sur les catalogues
des acteurs de l'Opéra.
DANOVILLE(. . .), écuyer, fut élève
de Sainte-Colombe pour la basse de viole,
et enseigna à jouer de cet instrument à
Paris, sous le règne de Louis XIV. On
lui doit un livre qui a pour titre : L'art
de toucher le dessus et basse de violle ,
contenant tout ce qu'il y a de nécessaire,
d'utile et de curieux dans celle science ;
avec des principes , des règles et obser-
vations si intelligibles, qu'on peut acqué-
DAN
245
rir la perfection de cette belle science en
peu de temps , et mesme sans le secours
d'aucun maisire , Paris, Christophe Bal-
lard, 1687, in-8° de 47 pages.
DANYEL ( jean ), bachelier en musi-
que , était chantre de l'église du Christ
à Oxford, au commencement du 17e siè-
cle. Il a publié une suite de chansons an-
glaises sous ce titre : Songsfor the lute ,
viol and voices , Londres, 1606 , in-fol.
DANZI (françois) , compositeur , na-
quit à Manheim le 15 mai 1763. Son père,
musicien de la cour et premier violoncel-
liste de la chapelle de l'électeur palatin ,
alors la meilleure del'Europe, lui donna les
premières leçons , et lui enseigna les prin-
cipes de la musique, du piano et du chant.
A l'égard de l'art d'écrire, le jeune Danzi
n'eut qu'une éducation pratique; il n'ap-
prit cet art que par quelques notions
d'harmonie qu'il puisa dans les livres, et
par la lecture des partitions des grands
maîtres. Cependant il a reçu quelques le-
çons de l'abbé Vogler. A l'âge de douze
ans il avait déjà écrit plusieurs morceaux
pour le violoncelle , et ses progrès sur cet
instrument furent si rapides, qu'à peine
sorti de l'enfance, il fut admis dans la
chapelle comme membre de l'orchestre.
En 1778 , cette chapelle ayant été trans-
portée à Munich , Danzi se rendit aussi
dans cette ville, et l'année suivante il
écrivit son premier ouvrage pour le théâtre
de la Cour. Vers 1790 , il épousa Margue-
rite Marchand, fille du directeur du théâ-
tre de Munich. En 1791 , Danzi demanda
et obtint un congé illimité pour voyager
avec sa nouvelle épouse, cantatrice distin-
guée dont le talent s'était développé par
les leçons de son mari. Ils séjournèrent
long-temps à Leipsick et à Prague. Danzi
dirigea dans ces deux villes l'orchestre de
la troupe italienne de Guardatoni, et sa
femme chanta avec succès les rôles de
Suzanne dans les Noces de Figaro } de
Caroline , dans le Matrimonio Segreto,
et de Nina , dans l'opéra de ce nom. Pen-
dant les années 1794 et 1795^ ces artistes
246
DAN
BAN
parcoururent l'Italie et s'y firent remar-
quer pour leurs talens , particulièrement
à Venise et à Florence. Le dérangement
de la santé de Mme Danzi obligea son époux
à revenir à Munich ; il y arriva en 1797 ,
et dans la même année il obtint le titre
de vice-maître de la chapelle électorale.
Mme Danzi succomba à une maladie de
poitrine en 1799, à l'âge de 32 ans.
Danzi fut frappé si douloureusement de
cette perte, qu'il ne put remplir ses fonc-
tions à la cour pendant plusieurs années ;
lorsqu'il lui fallut ensuite diriger des opé-
ras où sa femme avait chanté , il éprouva
des émotions si pénibles, qu'il prit enfin la
résolution de s'éloigner de Munich. En
1807 , il se rendit à Stuttgard , où il fut
nommé maître de chapelle du roi de Wur-
temberg ; mais les changemens politiques
qui survinrent en cette partie de l'Alle-
magne l'année suivante, l'obligèrent à aller
chercher fortune ailleurs. 11 alla à Carls-
ruhe, et la cour de Bade lui accorda le
même titre qu'il avait à Stuttgard et un
traitement suffisant pour assurer son exis-
tence. Depuis lors il n'a plus quitté Carls-
ruhe. Il est mort en cette ville le 15 avril
1826. Les compositions religieuses et
instrumentales de Danzi lui ont fait en
Allemagne la réputation d'un savant musi-
cien ; mais dans ses opéras il a souvent
sacrifié les convenances dramatiques à des
effets d'instrumentation ou à des combi-
naisons harmoniques dépourvues du charme
de la mélodie , ce qui est d'autant plus
étonnant qu'il connaissait bien l'art du
chant , et qu'il l'enseigneit à merveille.
Parmi ses ouvrages, on remarque : I. Ope-
pas : 1° Cléopdtre, mélodrame, à Man-
heirn , 1779; 2° Azakia , opérette, à
Munich, 1780; 3° Das Triumph der
True ( Le triomphe de la vérité ) ; 4° Der
Sylphe , opéra , à Munich ; 5° Die Mit-
lernacht Slunde ( Minuit ) , Ibid.; 6° Der
Kuss ( Le Baiser) , Ibid. , 1799 ; 7° Der
Quasimann, opérette, Ibid.; 8° Elbon-
dokani, opérette ; 9° Iphigéiùe en Aulide,
grand opéra , à Munich , 1807 ; 10° Dus
Freudenfest (Le Festin), cantate à quatre
voix et orchestre, gravée en partition;
11° Preis Gattes, cantate publiée en par-
tition à Leipsick, 1804. II. Musique
d'église: 11° Messe à quatre voix et orgue,
n° l ( en si bémol ) , Offenbach , André ;
13° Messe à quatre voix et orchestre, n° 2
( en ré), Ibid. ; 14° Messe facile à qua-
tre voix et orgue , Paris , Porro ; 15° Le
128e psaume à quatre voix et orchestre,
œuvre 65, Leipsick, Probst; 16° Te Deum,
à quatre voix et orchestre , en manuscrit ;
\1° Magnificat en ut à quatre voix et orches-
tre, en manuscrit. III. Musique instrumen-
tale; 18° Symphonie, à grand orchestre,
œuvre 19 (en ré mineur), Leipsick, Breit-
kopf et Haertel ; 19° Idem, op. 20 (en ut),
Ibid.; 20° Grande Symphonie, n° 5
(en si) , Offenbach, André; 21° Idem,
n° 4 (en ré) , Ibid. ; 22° Symphonie con-
certante pour flûte et clarinette, op. 41 ,
Ibid.; 25° Idem, pour clarinette et bas-
son, Bonn, Simrock;24°iefe/rt, n° 2, Leip-
sick, Breitkopf et Haertel ; 25° Trois qnin-
tetti pour flûte , hautbois , clarinette , cor
et basson, op. 56, Berlin, Schlesinger;
26° Pot-pourri pour violon et orchestre ,
op. 61, Offenbach, André; 27° Trois
quintelti pour violon ,etc. , op. 66 , Ibid.;
28° Quatuors pour deux violons , alto et
basse, op. 5,6 et 16, Munich, Falter;
op. 7, Mayence, Schott ; op. 29, Leip-
sick, Breitkopf et Haertel ; op. 44, Leip-
sick, Peters; op. 55, Offenbach, André
( en tout dix-neuf quatuors) ; 29° Concer-
tas pour le violoncelle ; nos 1 et 2, Zurich,
Huz; 30°Concertino, Idem, op. 45, Leip-
sick , Peters ; 31° Sonates pour violoncelle,
liv. 1 et 2 , Zurich , Haz ; 32° Concertos
pour la flûte ; op. 30 , 31, 42, 43, Leip-
sick , Breitkopf et Haertel ; 53° Trios pour
flûte, alto et violoncelle, op. 71, Offen-
bach, André; 54° Sextuor- pour hautbois,
deux altos, deux cors, violoncelle et contre-
basse ,op. 10 , Mayence , Schott ; 35° Trois
quatuors pour basson, op. 40 , Offenbach ,
André ; 36° Concerto pour le piano, op. 4,
3iavence, Schott, 57° Quintctlopourpiano,
DAP
flûte, hautbois, cor et basson, op. 55
et 54, Offenbach , André; 58° Quatuor
pour piano, op. 40, Leipsick, Breitkopf
et Haertel ; 59° Sonate, pour deux pianos
et violoncelle, op. 42, Offenbach , André;
40° Sonates pour piano et cor, op. 28
et 44 , Leipsick , Breitkopf et Haertel ,
41° Sonates pour piano et flûte, op. 34,
Munich , Falter ; 42° Sonate pour piano et
cor de bassette , op. 62 , Offenbach ,
André; 45° Sonates pour piano à quatre
mains, op. 2 , 9 et 11 , Munich , Falter,
Leipsick, Breitkopf et Haertel, Mayence,
Schott; 44° Sonates pour piano seul,
op. 33, Munich, Falter; 45° Quelques
petites pièces pour divers instrumens.
IV. Musique de chambre; 46° Airs ita-
liens détachés avec orchestre, Munich,
Falter ; 47° Chansons allemandes pour
deux dessus et basse , avec accompagne-
ment de piano, op. 16, Leipsick, Breit-
kopf et Haertel ; 48° Idem , op. 17, Ib.-
49° Chansons guerrières à quatre voix
d'homme, op. 58, Offenbach, André;
50° Chants grecs à quatre voix d'homme ,
avec piano, op. 72, Leipsick, Breitkopf et
Haertel; 51° Six chansons allemandes
pour deux dessus, ténor et basse, avec
piano , op. 74 , Ibid. ; 52° Environ vingt-
cinq recueils de chansons allemandes, de
canzonettes italiennes , et de romances
françaises pour voix seule avec accompa-
gnement de piano, publiés à Munich,
Offenbacb et Leipsick.
DAINZY (Françoise). Voyez Mme LE-
BBUN.
DAPPEREN (d. VAN) , professeur de
chant au séminaire des instituteurs pri-
maires, à Harlem, est auteur d'un manuel
des élémens de la musique et du chant, à
l'usage des professeurs d'écoles primaires ,
qu'il a publié sous ce titre : Aanvankelijk
onderwijs in de musijh en het zingen;
qf Handboekje voor onderwijzers , om
kinderen deze welenschappen reeds
eenigzins vroegtijdig te leeren beoefe-
nen , première partie , Amsterdam , Jean
Van der Hey, 1818, in-8°. Deuxième par-
1)AQ
247
tie, Ibid., 1820, in-8°. Cet ouvrage est
fort bien imprimé avec les caractères de
musique de Enschedé, de Harlem. On a
aussi de M. Dapperen des Exercices de
chant à l'usage des petites écoles , sous ce
titre : Zang-oefeningen voor de Lagere
Scholen, etc. Harlem , 1819, deux suites.
DAQUIN (louis-claude) , organiste du
roi, naquit à Paris, au mois de juillet
1694. Il n'avait que six ans lorsqu'il joua
du clavecin devant Louis XIV, qui lui
donna des applaudissemens et qui le ré-
compensa. Le grand Dauphin, qui était
présent , frappa sur l'épaule du jeune ar-
tiste et lui dit : Mon petit ami , vous
serez un jour un de nos plus célèbres
organistes. Bernier, qui était alors un des
musiciens les plus savans de France, ayant
donné quelques leçons de composition au
jeune Daquin , celui-ci écrivit à l'âge de
huit ans un Beatus vir à grand chœur
et orchestre. Quand on l'exécuta , Bernier
mit l'auteur sur une table pour qu'il battît
la mesure et fût mieux vu des spectateurs.
Il n'avait que douze ans lorsqu'il obtint
l'orgue des chanoines réguliers de Saint-
Antoine , et l'on courait déjà pour l'enten-
dre. En 1727 , l'orgue de Saint-Paul vint
à vaquer. Le concours fut annoncé et
Rameau s'y présenta pour disputer la place
à Daquin. On dit que Hameau ayant joué
une fugue préparée , Daquin s'en aperçut
et ne laissa pas d'en improviser une qui
balançait lessuffrages. Il remonta à l'orgue,
et arrachant le rideau qui le cachait à
l'auditoire, il lui cria, c'est moi qui vais
toucher. Le plus vif enthousiasme était
dans ses yeux : il se surpassa , disent les
biographes , et eut la gloire de l'emporter
sur son rival.
Daquin vécut soixante-dix-huit ans et
excita pendant près de soixante-dix l'admi-
ration de ceux qui l'entendirent. Dix-huit
jours avant de mourir , il joua sur l'orgue
de Saint-Paul à la fête de l'ascension et
charma ses auditeurs. Pendant sa dernière
maladie, qui ne dura que huit jours, il
pensait encore à la fête de Saint-Paul qui
248
DAQ
approchait , et disait : Je veux m'y faire
porter et mourir à mon orgue. Il cessa
de vivre le 15 juin 1772, et fut inhumé à
Saint-Paul : un très grand nomhre d'ar-
tistes et d'amateurs assista à ses obsèques.
Les chanoines réguliers de Saint-Antoine,
dont il avait joué l'orgue pendant soixante-
six ans, firent aussi chanter un service
pour lui et accordèrent une gratification
à son fils. Les ouvrages de Daquin , qui
ont été gravés, sont : 1° Un livre de pièces
de clavecin , en 1735 ; 2° Un livre de
noëls; 3° Une cantate intitulée La Rose.
11 a laissé en manuscrit un Te Deum ,
plusieurs motets, un Miserere en trio,
des leçons des ténèbres, plusieurs cantates,
entre autres celle de Circé, de J.-B. Rous-
seau, et des pièces d'orgue.
Cette notice est tirée de l'Essai sur la
musique de La Borde : elle a été fournie
par le fils de Daquin, et cette circonstance
seule explique les éloges exagérés qu'elle
contient. Que Daquin ait eu une exécu-
tion brillante , une connaissance étendue
des effets de l'orgue, on doit le croire puis-
qu'il obtint l'estime de ses contemporains ;
mais j'ai examiné ses pièces d'orgue , ses
noè'ls , ses pièces de clavecin, et je puis
affirmer que tout cela est misérable : on
n'y trouve que des idées communes et une
ignorance complète de l'art d'écrire. Or ,
qu'est-ce qu'un organiste qui n'a qu'un
jeu brillant? Que pouvait être cette fugue
improvisée qui balança les suffrages avec
celle de Rameau ? et qui pourra croire cette
historiette où l'on nous dit que Handel,
après avoir entendu Daquin, éprouva tant
d'étonnement et d'admiration que, malgré
les instances les plus vives , il ne voulut
pas jouer devant lui ? Handel et Daquin !
Quel rapprochement ! Ce fait seul doit
suffire pour faire apprécier la valeur des
louanges qu'on a prodiguées à l'organiste
français,
DAQUIN (pierre-lotjis) , fils du précé-
dent et bachelier en médecine , était né à
Paris, où il est mort en 1797. Quoiqu'il
eût cultivé les lettres avec passion , il avait
DAR
peu de talent , et n'a laissé que des ouvra-
ges médiocres. Parmi ces écrits, celui qui
est intitulé : Lettres sur les hommes cé-
lèbres clans les sciences , la littérature
et les arts , sous le règne de Louis X.V
(Paris, 1752,- 2 vol. in-12), contient
huit chapitres relatifs à la musique. Us ont
pour titre : 1° Sur la musique et ses ef-
fets ; 2° Sur l'Opéra; 3° Sur M. Rameau;
4° Sur la cantate , la musique d'église et
les maîtres les plus renommés ; 5° Sur
l'orgue, le clavecin et les premiers orga-
nistes du temps; 6° Sur le violon, la
basse de viole et les autres instrumens ;
7° Sur le chant et sur la danse ; 8° Sur
quelques faits omis , et sur quelques mu-
siciens dont on a oublié de parler. On
trouve dans tout cela quelques faits cu-
rieux , mais qui sont écrits d'un style pro-
lixe et ennuyeux. On a dit de ce pauvre
littérateur :
« On souffla pour le père , on siffle pour le fils. »
L'ouvrage dont on vient de parler a été
reproduit en 1754 , in-8° , sous le titre de
Siècle littéraire de Louis XP^.
DAQUONEUS (jean), compositeur
italien, cité par Walther, d'après Drau-
dius, vivait vers le milieu du 16e siècle.
On connaît de lui : 1° Madrigali a sei e
sette voci, Venise, 1567 ; 2° Madrigalia
quatuor vocum, Anvers, 1594, in-4°.
11 y a lieu de croire que ce nom est mal
écrit.
DARCIS (FRANçois-josEPH),néà Paris,
vers 1756 , fut élève de Grétry pour la
composition , et donna à la Comédie-Ita-
lienne La Fausse Peur, opéra-comique en
un acte , et Le Bal masqué. Les essais
précoces de ce jeune homme semblaient
promettre un compositeur distingué; mais
la fougue de ses passions ne lui permit pas
de se livrer à des éludes sérieuses, et causa
sa perte. Doué d'une figure charmante,
brave, entreprenant, il aimait les femmes
et était homme à bonnes fortunes. Ses
désordres devinrent tels, que la police con-
seilla à son père de le faire voyager. On le
DAR
fit partir pour la Russie ; mais à peine y
fut-il arrivé qu'il se battit avec un officier
russe', qui le tua.
DARD ( . . . . ) , bassoniste ordinaire
de la chapelle du roi et de l'Académie
royale de musique , a fait graver à Paris ,
en 1767, sixsolos pour lebasson ou le vio-
loncelle, œuvre 1er, et six autres, œu-
vre 2e. Il a publié aussi : Nouveaux prin-
cipes de musique , pour l 'apprendre par-
faitement , Paris, 1766, in-4°.
DARDESPIN (melchior) , musicien et
valet de chambre de l'électeur de Bavière ,
naquit vers le milieu du 17e siècle. Il a
composé la musique des ballets du grand
opéra Servio Tullio , de Steffani , et celle
du ballet donné pour le mariage de l'élec-
teur Maximilien-Emmanuel , en 1615, à
Munich. On ignore l'époque de sa mort.
DARONDEAU (benoni), né à Munich,
vers 1740, vint s'établir à Paris en 1782,
et s'y fit maître de chant. En 1786 il pu-
blia son premier Recueil de petits airs à
couplets avec accompagnement de harpe,
op. 1 ; quatre autres recueils semblables
parurent l'année suivante. Il a composé
aussi la musique Du Soldat par amour }
qui a été représenté au théâtre de l'Opéra-
Comique, en 1789.
DARONDEAU (henri) , fils du précé-
dent , naquit à Strasbourg , le 28 février
1779. Admis au Conservatoire de musi-
que , comme élève , il y apprit à jouer du
piano de Ladurner, et eut pour maître
d'harmonie M. Berton. Il a publié pour le
piano : 1° Fantaisie pour le piano, op. 1 ;
2° La Fête de Sainl-Cloud , pot-pourri ;
5° L'Homme du destin, fantaisie ; 4° La
Jeune victime, pot-pourri; 5° Air de
TVacher, varié ; 6° Air favori de Jean
de Paris , varié ; 7° Plusieurs fantaisies
et variations sur des airs de La Neige,
Roger de Sicile , la barcarole de Venise ,
la ronde de Saint- Malo , la Journée aux
Aventures, etc.: 8° Sonates pour le piano,
op. 2 , Paris, Omont ; et quelques recueils
de romances. Darondeau a écrit la musi-
que du ballet à'Acis et Galatée , qui a
BAS
249
été représenté à l'Opéra , an mois de mai
1806. Il a donné au théâtre de la Porte
Saint-Martin : 1° Les deux Créoles, bal-
let ; 2° Jenny ou Le Mariage secret,
ballet en deux actes ; 3° Rosine et Lorenzo,
ou Les Gondoliers Vénitiens, idem ;
4° Les Sauvages de la Floride, idem ;
5° La Chatte merveilleuse, idem ; 6° Pi-
zarre , idem. Ce musicien fut long-temps
attaché comme compositeur, ou plutôt
comme arrangeur, au théâtre des Variétés.
DASSER ou DASSERUS (louis), maî-
tre de chapelle du duc de Wurtemberg ,
vivait dans la seconde moitié du 16e siècle.
Il a fait imprimer , en 1578 , une Passion
à quatre voix , grand in-fol. Jacques Paix
a donné quelques-uns de ses motets arran-
gés pour l'orgue dans son Orgeltabulatur-
buch. On trouve en manuscrit, dans la bi-
bliothèque de Munich , les ouvrages sui-
vans de sa composition : 1° Motettœ ,
cod. 13 5 2° Missœ, 4 et 5 voc, cod. 18,
in-fol. ; 3° Motettœ 4 e 6 voc, cod. 22 ;
4° Officia, Introitus , etc., cod. 29 ;
5° Officia, etc., cod. 41 ; 6° Officia, etc.,
cod. 44; 7° Missœ, cod. 45.
DASYPODIUS (conrad) , né à Stras-
bourg en 1532, étudia les mathématiques
sous la direction de Herlin, et succéda à son
maître dans la place de professeur au collège
de sa ville natale. Son nom allemand était
Rauchfuss , qui signifie pied velu; son
père le changea en celui de Dasypodius ,
d'un mot grec qui a la même signification.
Il mourut à Strasbourg, le 26 avril 1600.
C'était un savant homme, mais d'un es-
prit pédantesque et minutieux. L'horloge
de la cathédrale de Strasbourg, qui a
long-temps passé pour la plus belle de
l'Europe , a été faite sur ses dessins , en
1580. Il en a donné la description dans son
Héron malhematicus, Strasbourg, 1580,
in-4°. Blumhof a publié en allemand un
Essai sur la vie et les ouvrages de Con-
rad Dasypodius , avec une préface de
Kaestner, in-8°, Gottingue, 1798. Parmi
ses ouvrages, on remarque : 1° Euclidis
Propositiones Elementorum XV optico-
250
DAU
DAU
rum, calropticorum , harmonicorum et
apparentium , Strasbourg, 1571, in-8°.
Cet ouvrage est extrait de son analyse
géométrique des livres d'Euclide , publiée
à Strasbourg; travail fastidieux, où le
commentaire est loin d'éclaircir le texte ;
2° Un appendix à ses Institutions de ma-
thématiques , sous ce titre : Voluminis
primi Evotematum appendix arithme-
ticce et musicœ mechanicœ , Strasbourg,
1596, in-8°; Lexikon Mathematicum
grœcb et latine conscriptum, Strasbourg,
1575, in-8°. Ce dictionnaire n'est pas
disposé par ordre alphabétique , mais par
ordre de matières. Dasypodius y traite
(p. 50-54) delà théorie mathématique de
la musique.
DATHI (aogustin) , de Sienne, était
secrétaire de cette ville, vers 1460. Gesner
le cite dans sa Bibliothèque universelle ,
comme auteur d'un traité De Musica
disciplina. On ignore si cet ouvrage est
imprimé ou s'il est resté en manuscrit.
DATTABI (giiinolfo), né à Bologne,
vivait à Venise vers le milieu du 16e siè-
cle. Il a publié : Le Villanelle a tre ,
quattro e cinque voci, Venise, 1568,
in-8°.
DAUBE (jean-frede'ric), né en 1750 ,
à Hesse-Cassel , fut d'abord musicien de la
musique particulière du duc de Wurtem-
berg, puis conseiller et premier secrétaire de
l'académie des sciences fondée à Augsbourg
par l'empereur François Ier, et enfin se re-
tira à Vienne, où il passa les dernières an-
nées de sa vie. Il mourut en cette ville , le
19 septembre 1797. Daube s'est fait con-
naître comme compositeur par des Sonates
pour le luth, dans le goût moderne, op. 1,
publiées à Nuremberg, in-fol. Mais c'estsur-
tout par ses écrits sur la musique qu'il a fixé
sur lui l'attention des artistes et des ama-
teurs. Le premier a pour titre : General-
bass in drei Accorden, gegriindet in deti
Regeln der alt-und neuen Auctoren, etc.
(L'Harmonie en trois accords , d'après les
règles des auteurs anciens et modernes ,
avec une instruction sur la manière de
passer d'un ton dans chacun des vingt-
trois autres tons , par le moyen de deux
accords intermédiaires), Leipsick, 1756,
in-4°. Marpurg a attaqué le système de
Daube avec vivacité , sous le pseudonyme
du docteur Gemmel, dans le deuxième vo-
lume de ses Essais historiques et critiques
sur la musique (Hist. Krit. Beitr, p. 525).
Le second ouvrage de Daube est intitulé :
Der musikalische Dilettant ; eine Ab-
handlung der Composition, welchenicht
allein die neuesten Setzarten der zwo-
drey-und mehrstimmigen Sachen; son-
dent auch die meisten kiinstlichen Gat-
tungen der alten Kanons ; der einfachen
und Doppelfugen , deutlich vortrœgt ,
und durch ausgesuchte Beyspiele erklart
(L'amateur de musique ; dissertation sur
la composition, etc.), Vienne, 1775, in-4°
de trois cent trente-trois pages ; 5° Anlei-
tung Zum Selbslunlerricht in der musi-
kalischen Komposition , sowohl fur die
Instrumental als Vocalmusik; Erster
Theil ("Méthode pour apprendre soi-même
la composition de la musique instrumen-
tale et vocale, première partie) , Vienne,
1798, 51 pages in-4°; 4° Deaxième partie
du même ouvrage, Vienne, 1798, 68 pages
in-4°. La première partie de ce livre est
relative à la composition de la mélodie ;
la seconde, à l'harmonie. Malgré les criti-
ques sévères de Marpurg , les ouvrages de
Daube renferment de fort bonnes choses;
il y a des vues et de la méthode dans son
traité de l'harmonie en trois accords.
DAUDENMEBKL (françois-michel),
habile organiste, né en 1746, à Walters-
hoff, bourg du Haut-Palatinat , fut élevé
par Wopperer, son oncle, pasteur à Floss,
et apprit de lui les premiers élémens de la
langue latine. L'organiste Bueder, dans
une visite qu'il fit au pasteur de Floss , eut
occasion de remarquer dans le jeune Dau-
benmerkl un génie porté à la musique ; il
lui donna des leçons de clavecin, et, au
bout de deux ans , il eut la satisfaction de
voir sou élève assez avancé pour obtenir la
place d'organiste des Jésuites, à l'église de
DAU
Saint-Georges, à Ahberg. Vers le même
temps il obtint une place gratuite au sé-
minaire de la même ville ; il y fit de grands
progrès dans l'étude de la langue et de la
littérature grecques. Il travaillait aussi
avec ardeur à perfectionner ses talens en
musique et il devint enfin l'un des plus
grands organistes de l'Allemagne dans le
style de Reinken et de J.-S. Bach; style
qui se perd de jour en jour , et dont il ne res-
tera bientôt plus de traces. Se sentant né
pour l'état ecclésiastique , Daubenmerkl
étudia la théologie et se lit ordonner prê-
tre. On lui conseillait de parcourir l'Alle-
magne ou de se fixer dans quelque cour;
mais il préféra le repos et l'obscurité. Ainsi
ses talens comme compositeur et son jeu
admirable sur l'orgue furent ensevelis
dans une petite ville d'Allemagne. Nommé
organiste de l'église de Saint-Martin , à
Anherg , il y obtint ensuite un bénéfice et
employa une partie de son temps à former
des élèves à qui il donnait ses leçons gra-
tuitement. Doué d'un caractère doux et
bienveillant, il mena dans le repos une vie
philosophique et irréprochable. Il vivait
encore en 1812. Aucune de ses composi-
tions n'a été publiée.
DAUBENROCH (georges), maître d'é-
cole à Nuremberg , au commencement du
17e siècle, a fait imprimer dans cette ville,
en 1613 , un Epitome Musices , in-8°.
DAUPRAT ( . . . . ) , célèbre profes-
seur de cor et compositeur pour cet instru-
ment, est né à Paris le 24 mai 1781 , et
non en 1792 , comme il est dit dans YUni-
•versal Lexikon der Tonkunst publié par
M. Schilling. Possesseur d'une jolie voix ,
il fut placé comme enfant de chœur à la
maîtrise de Notre-Dame et n'en sortit que
lorsque les églises furent fermées , pendant
les troubles révolutionnaires. 11 était en-
core enfant lorsqu'il se prit d'un goût pas-
sionné pour le cor , et ce fut cet instru-
ment qu'il choisit lorsqu'on le fit entrer
dans les classes du Conservatoire de musi-
que , qui venait d'être fondé sous le titre
£ Institut national de musique. Son pro-
UAU
251
fesscur fut M. Renn , un des meilleurs
cors basse de cette époque ( Voyez Kenn).
Après six mois de leçons , il fit partie du
corps de musique que M. Sarretle, direc-
teur du Conservatoire, fournit au camp des
élèves de Mars , à la plaine des Sablons ,
près de Paris. Plus tard , il entra dans la
musique du camp de 20,000 hommes qui
fut formé au Trou d'enfer, près de Marly.
En 1799 il entra dans la musique de lu
garde des consuls, et il fit la campagne de
1800 en Italie. De retour à Paris, il obtint
son congé et fut placé dans l'orchestre du
théâtre Montansier. A la même époque
il rentra aussi au Conservatoire , et Calel
lui donna des leçons d'harmonie; puis il
fut admis dans la classe de composition di-
rigée par Gossec et y fit un cours complet.
En 1806, on offrit à M. Dauprat un en-
gagement avantageux pour le grand théâtre
de Bordeaux ; il l'accepta , demeura dans
cette ville jusqu'en 1808, et ne revint à
Paris que lorsqu'il fut appelé par l'ad-
ministration de l'Opéra pour remplacer
M. Kenn, qui demandait sa retraite.
Quelque temps après , Frédéric Duvernoy
s'étant aussi rétiré , M. Dauprat fut dési-
gné pour lui succéder comme cor-solo.
Après vingt-trois ans de service il a cessé
ses fonctions à ce théâtre , parce que la
nouvelle administration lui fit , en 1831 ,
des propositions qu'il ne crut pas devoir
accepter. Nommé, en 1811, membre hono-
raire de la chapelle de l'empereur Napo-
léon, il a succédé à M. Domnich à la cha-
pelle du roi Louis XVIII, en 1816. Dans
la même année, il a été nommé professeur
de cor au Conservatoire de Paris. En 1853,
le maître de chapelle , M. Paër , a désigné
M. Dauprat pour la partie de cor basse de
la nouvelle musique du roi.
Un beau son , une manière élégante et
pure de phraser, telles étaient les qualités
qui brillaient dans le talent de M. Dauprat
quand il se fit entendre dans sa jeunesse,
aux concerts de la rue de Grenelle et à
ceux de l'Odéon. Tout annonçait en lui un
virtuose destiné à la plus brillante réputa-
252
DAU
DAU
tionj mais une timidité excessive l'empê-
cha de profiler des succès de ses débuts ;
et quoiqu'il n'ait connu dans sa carrière
que les applaudissemens mérités du pu-
blic , les occasions où il se faisait entendre
sont devenues chaque jour plus rares , et il
a fini par prendre la résolution de ne plus
jouer dans les concerts- Cette défiance de
lui-même fut d'autant plus fâcheuse que
M. Dauprat n'exécutait que de la musique
de fort bon goût qu'il composait pour lui,
et qui est écrite avec plus de soin qu'on
n'en trouve habituellement dans les solos
d'instrumens à vent. Mécontent du résul-
tat de ses études en composition , il s'était
décidé à les recommencer en 1811 sous la
direction de M. Reicha , et c'est aux con-
seils de ce maître habile qu'il attribue
ce qu'il a appris dans l'art d'écrire :
il a travaillé avec lui pendant trois
années. La liste de ses compositions im-
primées et manuscrites renferme les ou-
vrages dont les titres suivent : I. OEuvres
publies : 1° Premier concerto pour cor
alto ou cor basse, avec une double partie
principale et orchaptre ; op. 1, Paris,
Zetter; 2° Sonate pour piano et cor, op. 2,
Ib'id. ; 5° Trois grands trios pour cors en
mi , op. 4 , Ibid; 4° Tableau musical oh
scènes en duo , pour piano et cor, op. 5,
Ibid. ; 5° Trois quintelti pour cor , deux
violons, alto et basse, op. 6, Ibid.;
6° Duo pour cor et piano , op. 7 , Ibid.;
7° Quatuors pour cors en différens tons ,
op. 8 , Ibid. ; 8° Deuxième concerto pour
cor basse, en fa, op. 9, Ibid.; 9° Sextuors
pour cors en différens tons, op. 10, Ibid.;
10° Trois solos pour cor alto et cor basse,
avec une double partie, et accompagne-
ment de piano ou d'orchestre, op. 11,
Ibid. ; 11° Deux solos et un duo pour cor
basse en ré et cor alto en sol , avec accom-
pagnement de piano ou d'orchestre, op. 12,
Ibid.; 12° Six grands duos pour cors en
mi bémol , op. 13 , Ibid. ; 13<> Vingt duos
pour cors avec mélange de tons, op. 14,
Ibid.; 14° Trios pour deux cors altos en
sol cl fa, et un cor basse en ut, avec ac-
compagnement de piano ou d'orchestre ,
op. 15, Ibid.; 15° Trois solos pour cor
alto en mi, et dans trois gammes diffé-
rentes, op. 16, Ibid.; 16° Idem, dans
trois autres gammes, op. 17, Ibid.;
17° Troisième concerto, pour cor alto et
cor basse en mi , op. 18, Ibid.; 18° Qua-
trième concerto en. fa, op. 19, Ibid.;
19° Trois solos propres aux deux genres,
op. 20, Ibid.; 20° Cinquième concerto
pour cor basse en mi, op. 21, Ibid. ;21° Air
écossais (de la Dame Blanche) varié pour
cor et harpe, op. 22, Ibid.; 22° Premier
thème varié suivi d'un rondo-bolero , avec
accompagnement de piano ou d'orchestre ,
op. 23 , Ibid.; 23° Deuxième thème varié,
terminé en rondeau, op. 24, Ibid.;
24° Trois mélodies, lettres A , B , C, pour
cor, propre aux deux genres. La parti-
tion des trios , quatuors et sextuors pour
cors en différens tons , composés par
M. Dauprat, a été publiée en un volume
in-8° de 157 pages, avec un avertissement
de neuf pages concernant le mélange des
tons dans l'usage de ces instrumens ;
25° Méthode pour cor alto et cor basse
(premier et deuxième cors), divisée en
trois parties , Paris , Zetter. Dans cet ou-
vrage, le meilleur qui ait été publié sur
l'art déjouer du cor, M. Dauprat a adopté
les dénominations de cor alto et de cor
basse, parce qu'elles donnent une idée
exacte du diapason de chacune de ces par-
ties qu'on désignait autrefois sous les noms
de premier et second cor. La première
partie est élémentaire ; la deuxième ren-
ferme plus de trois cents exercices pour
ebacun des trois genres , des dissertations
sur les différens caractères de musique qui
conviennent au cor , ainsi que des con-
seils sur la respiration, le phrasé, etc. ; la
troisième partie, spécialement destinée anx
jeunes compositeurs , leur enseigne les res-
sources de l'instrument, et la manière de
l'employer dans le solo et dans l'orches-
tre ; 26° Extrait d'un traité inédit du cor à
deux pistons, Paris, 1829. II. OEuvres
inédit;;; 27° Symphonies à grand orches-
DAU
DAU
203
tre; 28° Nous allons le voir, opéra rie
circonstance composé à Bordeaux pour le
passage de l'empereur Napoléon dans cette
ville; 29° Ouverture, airs de danse et de
pantomime placés dans le ballet de Cylhère
assiégée, joué à Bordeaux en 1808; 50° O
Salutaris pour voix de ténor, avec harpe
et cor obligé, deux violons, alto, violon-
celle et contrebasse d'accompagnement ;
31°plusieurs scènes, duos, trios, romances;
32° Essai sur le quatrième livre desparti-
menti de Fenaroli ; 35° Cours d'harmonie
et d'accompagnement de la basse chiffrée
et non chiffrée, et de la mélodie sur la
basse ; 34° Théorie analytique de la mu-
sique destinée aux élèves des collèges.
M. Dauprat a formé un grand nombre
d'élèves dont la plupart sont devenus des
artistes de beaucoup démérite. Parmi eux
on remarque M. Roussel ot , qui possède
une sûreté d'attaque et une puissance
d'exécution fort rares; M. Gallay, devenu
célèbre par sa belle et égale qualité de son,
et son style élégant et pur; et MM. Nor-
bert, Méric (époux de la cantatrice Méric-
Lalande), Banneux, Bernard, Jacqmin ,
Meifred , Urbain , Paquis et Nagel , ainsi
que quelques amateurs distingués.
DAUSCHER ( andre), amateur de mu-
sique à Kempten , est né à Issny. On a de
lui un petit traité de musique et de flûte
sous ce titre : Kleines Handbuch der
Musiklehre und vorzi/glich der Quer-
Jlote, etc., Ulm , 1801 , in-8° gr. de cent
quarante-huit pages.
DAUSSOIGNE (joseph), directeur du
Conservatoire royal de Liège, né à Givet
( Ardennes ) , le 24 juin 1790 , fut admis
C07nme élève au Conservatoire de musique
deParisaumois de frimaire an vu, eut pour
maître de piano M. Adam , et après avoir
fait un cours d'harmonie sous la direction
de Catel , reçut des leçons de composition
de Méhul , son oncle. Dix années d'études
sérieuses et suivies avaientfait de M. Daus-
soigne un musicien instruit dans toutes les
parties de son art , et avaient développé les
dispositions qu'il avait reçues de la na-
ture ; en 1807 il concourut ù l'Institut de
France, et obtint le second grand prix de
composition : le sujet du concours était
la scène à? Ariane à Naxos. Deux ans
après , le premier grand prix lui fut dé-
cerné , et à ce titre il obtint du gouver-
nement une pension pour aller terminer
ses études en Italie. Arrivé à Rome, et n'y
trouvant plus de vestiges des anciennes
écoles , il se demanda , comme tous les
pensionnaires musiciens qu'on y avait en-
voyés , ce qu'il y pouvait faire. Comme
ceux qui s'y étaient trouvés dans la même
situation , il éprouvait le désir impatient
de produire, et ce désir n'était pas la
moindre cause de l'ennui qu'il ressentait.
Enfin , agité par le souvenir de sa patrie
et par l'espoir de s'y faire un nom distin-
gué, il confia ses chagrins au célèbre ar-
tiste dant il était le neveu , et qui n'était
pas moins pour lui un ami qu'un parent;
celui-ci le tira de peine en lui envoyant
le poème d'un opéra en trois actes intitulé
Robert Guiscard; ce poème , ouvrage de
M. Saulnier , était reçu à l'Opéra depuis
sept ans. M. Daussoigne en écrivit rapide-
ment la partition , et revint à Paris , tout
ému de l'espoir d'un succès ; mais alors
commença pour lui une suite de décep-
tions qui n'a que trop souvent été celle des
jeunes compositeurs en France ; carrière
où l'on voit se dissiper une à une toutes
les illusions d'une première ferveur , et
qui n'est pour la plupart qu'un affreux
cauchemar. Qui le croirait ? Il s'agis-
sait d'un lauréat de l'Institut, d'un jeune
artiste dont le début avait eu de l'éclat ,
d'nn homme que la renommée de Méhul
semblait devoir protéger, d'un opéra reçu à
l'Académie royale de musique depuis long-
temps, et dont le droit de représentation ne
pouvait être contesté; le règlement du théâ-
tre prescrivait d'entendre préalablement la
musique; ehbien! rien de tout cela ne servit!
M. Daussoigne ne put jamais obtenir cette
audition de son ouvrage qu'on ne pouvait
lui refuser! personne ne contestait ses
droits; mais on lui opposait cette force
254
DAU
DAU
d'inertie contré laquelle les pi as fermes
volontés sont venues échouer dans nos
théâtres, et le résultat de toutes ses dé-
marches fut qu'on n'eut pas même la fan-
taisie de savoir si son ouvrage était bon ou
mauvais , et que l'auteur seul a connu sa
production.
La mauvaise fortune semblait s'être
attachée à M. Daussoigne dans ses travaux.
En 1817 , il écrivit la musique du Faux
Inquisiteur, opéra-comique en trois actes,
de M. Viennet; une nouvelle lecture du
poème ne lui fut pas favorable, et l'œuvre
du musicien fut perdue. L'année d'après ,
nonveau désappointement. Marsolier avait
laissé en mourant un petit opéra-comique
en un acte intitulé Le Testament. Poète
accoutumé aux succès , et connu par des
pièces charmantes , Marsolier , paraissait
offrir des garanties à M. Daussoigne , qui
fut choisi pour écrire la musique de l'œu-
vre posthume; mais après qu'il eut ter-
miné sa partition, les comédiens du théâtre
Feydeau s'avisèrent que la pièce était en-
nuyeuse, et ne voulurent pas la jouer. 11 y
avait dans cette succession de mésaven-
tures de quoi décourager la persévérance
la plus opiniâtre, et le cœur commençait
à défaillir à l'artiste, quand M. Viennet
vint le ranimer en lui confiant un second
ouvrage en trois actes dont le titre était
Les Amans corsaires. Celui-là est lu au
comité de l'Opéra-Comique , reçu par ac-
clamations , et l'enthousiasme va jusqu'à
promettre à M. Daussoigne ce qu'on appelle
au théâtre un tour de faveur. Mais, par
une fatalité inexplicable , M. le duc d'Au-
mont , premier gentilhomme de la cham-
bre , chargé de la haute administration de
l'Opéra-Comique, imagine d'ordonner une
nouvelle lecture de toutes les pièces reçues,
au moment où l'on allait mettre à l'étude
Les Amans corsaires. Le comité de
lecture était accusé d'indulgence pour les
pièces qu'il avait reçues; il crut devoir se
montrer sévère dans la nouvelle épreuve;
vingt ouvrages furent rejetés , et de ce
nombre fut le livret des Amans corsaires,
reçu naguère aux applaudissemens de ras-
semblée.
Enfin l'espèce de proscription qui sem-
blait poursuivre M. Daussoigne cessa ; il
écrivit une A spasie en un acte pour le théâ-
tre de l'Opéra, et cet ouvrage fut représenté
au mois de juillet 1820. On y remarque
un style large et noble ; mais le sujet était
froid ; la manière de chanter des acteurs de
ce temps, mise en parallèle avec celle des
chanteurs italiens qui exécutaient leBarbiër
de Séville de Rossini et les compositions
de Mozart et de Paè'r , avait peu de charme
pour le public ; l'ouvrage n'eut pas de suc-
cès. Peu de temps après , l'administration
de l'Opéra imagina de faire mettre en réci-
tatif le dialogue de Stratonice , opéra
de Méhul , et M. Daussoigne fut chargé de
ce travail , où il mérita les applaudisse-
mens des artistes , par l'analogie de son
style avec celui de l'illustre auteur de l'ou-
vrage. Bléhul avait laissé imparfait un
opéra en trois actes intitulé V~alentine
de Milan ; le poète qui avait fourni le livret
de cet ouvrage ne crut pas pouvoir le faire
mieux terminer que par l'artiste qui venait
de faire preuve de tant de sagacité dans
l'arrangement de Stratonice : un tiers en-
viron de la partition restait à faire, M. Daus-
soigne l'écrivit , et dans ce travail il ne
resta point au-dessous du compositeur
dont il terminait l'ouvrage. Valentine ,
jouée au théâtre Feydeau, le 28 novembre
1822 , obtint un beau succès. Le 12 juil-
let 1824, M. Daussoigne fit jouer à l'Opéra
Les Deux Salem , en un acte. Cette pièce
ne fut point heureuse ; le poème avait peu
d'intérêt ; les efforts du musicien ne pu-
rent la soutenir. Toutefois , le mérite qui
se faisait remarquer dans la partition dé-
cida M. Bouilly, auteur de l'opéra-comi-
que intitulé Les Deux Nuits , à confier
son ouvrage à M. Daussoigne; mais des
intrigues de coulisses lui firent ôter cette
pièce dont Boieldieu a depuis lors écrit la
musique. Dès ce moment , M. Daussoigne
prit la résolution de renoncer à la carrière
du théâtre, qui n'avait eu pour lai que
DAU
des déceptions. Ses dégoûts lui inspiraient
le désir de s'éloigner de Paris , nonobstant
la position honorable qu'il avait au Conser-
vatoire de musique de cette ville, comme
professeur d'harmonie. Des propositions
lui étaient faites pour la direction du
Conservatoire de Liège ; il les accepta ,
et au mois de janvier 1827, sa nomi-
nation à cette place fut signée par le mi-
nistre de l'intérieur, M. Van Gobelschroy.
C'est ainsi que M. Danssoigne s'éloigna de
Paris et du Conservatoire où, depuis 1 803,
il avait rempli des places de répétiteur,
de professeur adjoint, et enfin de profes-
seur en titre pour le solfège , le piano et
l'harmonie. C'est lui qui fît établir dans
cette école la classe d'harmonie et d'accom-
pagnement pratique pour les femmes, et
c'est à lui qu'on doit la manifestation de
la singulière aptitude de jeunes filles pour
cette science; aptitude telle qu'on les vit
presque toujours depuis lors l'emporter
sur les hommes dans les concours.
Arrivé à Liège, M. Danssoigne s'est im-
médiatement occupé de l'amélioration de
toutes les branches de l'enseignement , et
s est réservé l'harmonie et la composition.
Peu d'encouragemens lui ont été donnés;
néanmoins son zèle et sa persévérance ont
triomphé des obstacles, et lui ont fait pro-
duire déjà de beaux résultats dans l'école
dont la direction lui est confiée. Comme
compositeur , il a eu peu d'occasions de
mettre en œuvre ses talens dans sa position
actuelle : cependant, en 1828, il a écrit
une belle cantate à grand orchestre pour
la fête qui fut donnée à Liège, à la réception
du cœur de Grétry , et depuis lors il a com-
posé une symphonie avec chœurs , dont le
sujet est une journée de la révolution. Cet
ouvrage , après avoir été entendu au Con-
servatoire de Liège , a été exécuté au mois
de septembre 1834 à Bruxelles, dans le
grand concert donné à l'église des Augus-
tins, avec un orchestre et des chœurs d'en-
viron 500 exécutans , et y a fait beaucoup
d'effet. C'est une belle et large compo-
sition.
DAU
25.5
DAUTRIVE (jacqdes-frakcois). Voy .
AUTR1VE.
DAUVERGNE (antoine), surintendant
de la musique du roi et directeur de
l'Opéra, né à Clermont,le 4 octobre 1713,
est mort à Lyon , le 12 février 1797 , à
l'âge de quatre-vingt-quatre ans. Son
père, premier violon du concert de Cler-
mont, lui enseigna la musique, et l'envoya
à Paris, en 1739, pour y achever ses
études. Il ne tarda pas à s'y faire connaî-
tre. En 1741, il entra, comme violiniste,
dans la musique du roi , et l'année sui-
vante à l'Opéra. Il avait près de quarante
ans lorsqu'il essaya de se livrer à la com-
position dramatique. Son premier ouvrage
fut la musique du ballet des Amours de
Tempe , qu'on représenta à l'Opéra , en
1752 ; mais c'est surtout par la musique
de l'opéra -comique intitulé Les Tro-
queurs qu'il se fit remarquer dans l'an-
née suivante. Jusque-là , ce genre de
pièces qu'on appelle en France Opéras-
comiques , n'avait été que des comédies
entremêlées de couplets, tels que nos vau-
devilles; mais Les Troqueurs , écrits à
l'imitation des intermèdes italiens, à l'ex-
ception du dialogue parlé qui tenait la
place du récitatif, ouvrirent une carrière
nouvelle aux compositeurs français , et ,
bien que la musique n'en fût pas forte, va-
lurent à Dauvergne un succès brillant.
En 1755, il acheta la charge de compo-
siteur du roi, et la survivance de celle
de maître de la musique de la chambre ;
ce qui l'obligea de quitter sa place de vio-
liniste à l'Opéra. Mondonville ayant aban-
donné l'entreprise du Concert spirituel en
1762, Dauvergne s'en chargea. En 1751 ,
on lui confia les fonctions de maître de
musique battant la mesure, à l'Opéra, et
il en garda le titre jusqu'en 1755, puis
il devint une première fois directeur de
l'Opéra, se retira en 1 776, eut alors le litre
de compositeur de ce spectacle, rentra
dans la direction en 1777, y resta jus-
qu'en 1778 , fut de nouveau directeur de-
puis le 26 mai 1780 jusqu'en 1782, et
25Q
DAV
DAV
une troisième fois rentra dans cette ad-
ministration , en 1785, jusqu'au 18 avril
1790. 11 eut le titre de surintendant de la
musique du roi , et fut fait chevalier de
Saint-Michel, le 9 mai 1786. Au commen-
cement de la révolution il quitta Paris et
se retira à Lyon, où il mourut le 12 fé-
vrier 1797. Ses principaux ouvrages dra-
matiques sont : \° Les Amours de Tempe }
en 1752; 2° Les Troqueurs , en 1753, à
l'Opéra-Comique ; 3° La Coquette trom-
pée , à la cour, en 1753 ; 4° Énée et La-
vinie , à l'Opéra , en 1758; 5° Les Fêtes
d'Euterpe ; 6° Canente, en 1760 ; 7° Her-
cule mourant, en 1761; 8° Pyrrhus et
Polixéne, en 1764 ; 9° La Vénitienne ,
en 1768 ; 10° Persée, à la cour, en 1770,
en société avec Rehel , Francœur et de
Bury; 11° Le Prix de la' Valeur, en
1776; 12° Callirhoé, en 1773; 13° Li-
nus , en société avec Trial et Berton ,
14° La Tour enchantée ; 15° Orphée. Ces
trois derniers ouvrages n'ont pas été re-
présentés. Dauvergne a aussi composé la
musique de quinze motets qui ont été exé-
cutés au Concert spirituel , un livre de
trios pour deux violons et basse, publié en
1740 , un livre de sonates pour le violon ,
et deux livres de symphonies à quatre par-
ties , qui ont paru en 1750.
DAUVILLIERS (jacques-marin) , né
à Chartres, le 2 septembre 1754, a fait
ses études musicales sous un maître de
chapelle de la cathédrale de cette ville
nommé Delalande. Au sortir de cette
école, il devint maître de chapelle de Saint-
Aignan , à Orléans , et ensuite à la cathé-
drale de Tours. Lors de la suppression des
maîtrises, à la révolution, il vint à Paris,
et voyagea ensuite en Italie et dans d'autres
pays. Il a composé plusieurs œuvres, telles
que des pots-pourris, des romances, et un
solfège , qui a été gravé à Paris , chez
Leduc.
DAV AUX (jean-eaptiste) , violiniste
amateur et compositeur, né dans le Dau-
phiné , vers 1740 , reçut la vie de parens
honnêtes dont la fortune était des plus mé-
diocres, et dont la famille nombreuse était
composée de quatorze enfans. Son père ne
négligea rien cependant pour lui donner
une éducation brillante et solide, et le
jeune homme répondit avec beaucoup de
zèle aux soins qui lui furent prodigués. Il
fit particulièrement des progrès rapides
dans la musique, et vint à Paris à l'âge
de vingt-trois ans pour y continuer ses
études , y cultiver ses talens avec plus
d'avantages , et tâcher d'y obtenir un em-
ploi. Quelques snecès obtenus dans le
monde le déterminèrent à se livrer à la
composition avec assiduité ; il publia des
quatuors , des trios , des concertos , des
symphonies concertantes, qui, par des
mélodies naturelles, quelquefois même un
peu triviales , et surtout par une facilité
d'exécution convenable à l'inexpérience
des musiciens français de son temps , eu-
rent une vogue qui s'évanouit à l'appari-
tion des admirables concertos de Viotti et
des quatuors de Pleyel. Ce qui contribua
surtout à faire la réputation de ses qua-
tuors , c'est qu'on les entendit long-temps
exécuter, avec une perfection relative fort
remarquable par Jarnovick, Guerin, Gué-
7îinet Duport. Les réunions de ces artistes
distingués avaient lieu chezDavaux chaque
semaine ; les amateurs , attirés autant par
ses nobles manières que par le désir d'en-
tendre de la musique agréable , recher-
chaient avec empressement les occasions
de s'introduire chez lui.
Lorsqu'après la révolution le général ,
depuis maréchal de Beurnonville , fut ap-
pelé au ministère de la guerre, Davaux fut
placé dans ses bureaux. Il y remplissait
encore avec distinction le poste qu'on lui
avait confié , lorsque le comte de Lacé-
pède, son ami , le nomma chef de division
à la Chancellerie de la légion-d'honneur.
Cette division ayant été supprimée en 1 815,
lors de la nouvelle organisation de l'ordre,
le maréchal duc de Tarente demanda et
obtint pour Davaux une pension de re-
traite dont il a joui jusqu'à sa mort , ar-
rivée à Paris le 22 février 1822.
DAV
DAV
257
On a fie Davanx : 1° Six quatuors pour
deux violons, alto et basse, œuvre 1;
2° Quatre concertos, pour violon, œnv. 2 ;
5° Symphonies concertantes pour deux vio-
lons , œuvres 5 et 4; 4° Deux duos pour
violon et violoncelle , œuvre 5; 5° Six qua-
tuors, op. 6; 7o Deux symphonies concer-
tantes pour violon, op. 7; 8° Trois sym-
phonies à grand orchestre, op. 8 ; 9° Six
quatuors, op. 9; 10° Six idem, composés
d'airs variés, op. 10; 11° Deux sym-
phonies, op. 11; 12° Deux idem, con-
certantes poar deux violons et flûte,
op. 12 ; 15° Deux idem pour deux violons,
op. 13; 14° Trois quatuors, op. 14;
15° Six trios pour deux violons et alto,
op. 15; 16o Symphonie concertante pour
deux violons, op. 16; 17° Trois quatuors,
op. 17; 18° Concerto de violon , op. 18.
Davaux a fait insérer dans le Journal
encyclopédique (juin 1784, p. 534) une
Lettre sur un instrument ou pendule
nouveau qui a pour but de déterminer
avec la plus grande exactitude les diffé-
rens degrés de vitesse depuis le prestis-
simo jusqu'au largo , avec les nuances
imperceptibles d'un degré à l'autre. Da-
vaux est aussi l'auteur de la musique d'un
opéra-comique en deux actes, intitulé
Théodore, qui fut représenté à la Comédie-
Italienne , en 1785.
DAVENANT (sir William), poète et
écrivain dramatique, né à Oxford en 1605,
mort à Londres , en 1668, est auteur d'un
poème qui contient la description d'une
fête musicale donnée à l'hôtel de Rutland.
Ce poème a pour titre : The first -Day's
Entertainment at Rudland house bj
Déclamation and Music (Le divertisse-
ment du premier jour à l'hôtel de Rut-
land, parla déclamation et la musique),
Londres, 1657, in-8°. Ce morceau se trouve
aussi dans les œuvres complètes de Dave-
nant, publiées à Londres, en 1673.
DAVIA ( lorenza) , née à Belluno , en
1767, était considérée comme la meil-
leure cantatrice de l'Opéra-Buna de Saint-
Pétersbourg, en 1785. En 1790, elle chan-
TOME III.
tait à Berlin , et deux ans après à Naples.
DAVID (françois), né à Lyon au com-
mencement du 18e siècle, fut d'abord pro-
fesseur de musique dans sa ville natale ,
et ensuite à Paris. Il a publié un ouvrage
élémentaire sous le titre de Méthode nou-
velle, ou principes généraux pour ap-
prendre facilement la musique et. l'art du
chant. Paris , sans date , in-4° oblong. Il
y en a une seconde édition , aussi sans
date.
DAVID ( louis ) , professeur de harpe à
Genève, au commencement du 17e siècle,
est connu parla publication de trois œu-
vres de sonates pour son instrument ; de
quelques airs variés et de trois recueils de
romances. On ignore si c'est le même qui
a fait graver à Paris un Recueil de huit
polonaises et un air russe varié pour le
clavecin, 1799 , in-fol.
DAVIDE (giacomo), chanteur célèbre ,
connu aujourd'hui sous le nom de Davidle
père, nacquità Presezzo, près de Bergame,
en 1750. Doué d'une voix de ténor sonore
et facile, il apprit , par des études de voca-
lisation bien faites , à en tirer le plus
grand parti possible. A l'intonation la plus
sure il joignait un goût parfait qui lui fai-
sait donner à son chant le caractère conve-
nable à tous les genres d'expression. Ayant
étudié la composition sous la direction de
Sala , il appropriait toutes ses fioritures à
l'harmonie. Mais c'était surtout dans le
style sérieux et expressif qu'il brillait, ainsi
que dans la musique d'église. En 1785, il
vint à Paris, chanta au Concert spirituel,
et y produisit une grande sensation dans
le Stabat de Pergolèse. De retour en Ita-
lie , il chanta avec Marchesi au théâtre de
la Scala à Milan pendant deux saisons. En
1790, il était à Naples, et l'année suivante
il chantait à Londres. En 1802 il se trou-
vait à Florence , et quoiqu'il eût déjà cin-
quante-deux ans , il avait conservé toute
la puissance de sa voix, et une vigueur
telle qu'il chantait tous les matins dans
les églises , et tous les soirs au théâtre ,
l'Oratorio de Debora et Sisara, dans le-
17
m
DAV
quel il avait le plus grand succès. En 1812
il revint dans sa ville natale , où il fat at-
taché à l'église de Sainte-Marie-Majeure. On
dit qu'il a essayé de remonter sur la scène,
et qu'ij a chanté à Lodi en 1820 ; mais il
n'était plus alors quel'omhre de lui-même.
11 a formé deux élèves , dont l'un est son
fils, et l'autre M. Nozzari, qui a brillé
long-temps à Paris et en Italie. David est
mort à Bergame le 31 décembre 1830.
DAVIDE (jean), fils du précédent, né
en 1789 , a eu longtemps en Italie la ré-
putation de grand chanteur, quoique sa
mise de voix fût défectueuse , et qu'il
manquât souvent de discernement et de
goût. On ne peut nier toutefois qu'il eût
beaucoup de verve , et que sa manière fût
originale. Il débuta en 1810 à Brescia ,
chanta ensuite avec succès à Venise, à
Naples et à Milan ; dans cette dernière
Tille , il produisit tant d'effet qn'on l'enga-
gea pour toutes les saisons de l'année 1814,
au théâtre de la Scala. Il y fut rappelé eu
1818. Ce fut à l'automne de 1814 que
Rossini employa Davide pour la première
fois dans II Turco in Italia. Depuis lors
il a écrit pour lui dans Otello , à Naples ,
en 1814, dans Ricciardo e Zoraide en
1818 (même ville) ; dans Ermione et dans
la Donna del Lago , en 1819. Plus tard
Davide chanta à Rome , à Vienne , à Lon-
dres et enfin à Paris, où il arriva en 1829.
Sa voix alors était usée , nasillarde , et ces
défauts ajoutés à ses bizarreries et à ses
traits de mauvais goût, donnaient souvent
à son chant le caractère le plus ridicule ;
mais au milieu de tout cela, il y avait des
éclairs d'une belle organisation tout ita-
lienne qui jetait de vives lueurs; quelque-
fois même Davide allait jusqu'au sublime
et ses défauts disparaissaient. C'est ainsi
que dans unescène du deuxième acte de la
Gazza Ladra , il a produit la plus vive sen-
sation avec Mme Malibran. Depuis son
retour en Italie, ce chanteur s'est retiré
du théâtre.
DAVIES (miss), née en Angleterre ,
vers 1746 , était parente de Franklin, qui
DAV
lui donna l'harmonica qu'il venait d'inven-
ter en 1764. Déjà elle s'était acquis une
réputation d'habile pianiste et de cantatrice
agréable , lorsqu'en 1765 elle vint à
Paris, et s'y fit admirer sur le piano et sur
l'harmonica. Dans les années suivantes ,
elle visita Vienne et les principales villes
de l'Allemagne , et recueillit partout les
marques de la faveur publique. Vers 1784,
elle s'est retirée à Londres , et a renoncé
à l'harmonica , à cause de l'effet trop sen-
sible qu'il produisait sur ses nerfs. On
ignore si elle vit encore.
DAVIES (cecile ) , sœur cadette de la
précédente , connue en Italie sous le nom
de l'Inglesinay fut une cantatrice fort ha-
bile. Son premier maître de chant fut
Sacchini ; mais ce fut surtout à Vienne ,
où elle accompagna sa sœur , qu'elle eut
occasion de perfectionner son talent. Logée
dans la même maison que le célèbre Hasse,
elle enseigna la langue anglaise à sa fille ,
et reçut de lui, en retour, des leçons de
chant. Elle a chanté avec beaucoup de
succès, comme prima donna, à Naples en
1771, à Londres en 1774, et à Florence
depuis 1780 jusqu'en 1784; à cette épo-
que , elle se retira à Londres , et renonça
au théâtre.
DAVOGLIO (françois), violiniste ,
né à Velletri , en 1727, vint à Paris, où il
se fit entendre au Concert spirituel en
1755. Il a publié dans cette ville , depuis
1780jusqu'en 1784 , six œuvres de solos,
de duos et de quatuors pour son instru-
ment.
DAVY(charles), et non Davies, comme
l'écrivent Gerber et Lichlenthal , d'après
Blanhenbourg , savant ecclésiastique an-
glaisée dans le comté deSuffolken!722,
fut nommé recteur d'Onehouse , dans ce
comté, après avoir terminé d'excellentes
études. On lui doit un fort bon ouvrage
intitulé : Letters adressed chiefly to a
young gentleman , upon subjects qf lit-
térature , including translation qf Eu-
clid's section qf the Canon; and liis
treatise on harmonie; wilh an expia-
DAV
DEA
259
nation of Oie greek musical modes, ac-
cordingto the doctrine of Ptolemj ( Let-
tres adressées principalement à un jeune
gentleman sur divers sujets de littérature,
contenant une traduction de la section du
Canon d'Euclide, et de son traité des har-
moniques ; avec une explication des modes
musicaux des Grecs , suivant la doctrine
dePtolémée), Bury St.-Edmunds, Payne
and son, 1787, 2 vol. in-8°. On n'a rien
écrit d'anssi satisfaisant que ce livre sur
les modes delà musique grecque. Dans son
avertissement daté du 25 février 1787,
Davy dit qu'il était alors âgé de soixante-
cinq ans et accablé d'infirmités.
DAVY (john), compositeur dramati-
que anglais , est né dans la paroisse de
Uplon-Hellon , à environ huit milles
d'Exeter, vers 1774. Il avait à peu près
trois ans, lorsqu'il entra un jour dans une
chambre où son oncle , qui vivait dans le
même lieu, était occupé à jouer du violon-
celle. Le son de cet instrument lui causa
tant de frayear, qu'il s'enfuit en pous-
sant des cris , et qu'il en eut presque des
convulsions. Pendant plusieurs semaines,
on essaya de l'accoutumera la vue de l'ob-
jet qui lui avait imprimé cette terreur;
ensuite on le lui fit entendre en pin-
çant les cordes légèrement; enfin il s'y
accoutuma si bien qu'il devint passionné
pour l'instrument et pour la musique en
général. 11 n'avait pas plus de six ans,
lorsqu'un forgeron du voisinage, chez le-
quel il allait souvent , s'aperçut qu'il lui
manquait vingt ou trente fers à cheval ,
sans qu'on pût découvrir ce qu'ils étaient
devenus. Un jour , quelques sons ayant
frappé l'oreille de l'artisan, la curiosité le
poussa à suivre leur direction, et bientôt il
arriva dans un grenier où le jeune Davy ,
qui avait choisi huit fers parmi ceux qu'il
avait dérobés au forgeron , en avait formé
l'octave, les avaient suspendus par une
corde , et les frappait avec une baguette
pour imiter le carillon de Credlton , pe-
tite ville des environs. Cette anecdote se
répandit , et son goût pour la musique al-
lant toujours croissant, un voisin, mem-
bre du clergé , et bon musicien , lui en-
seigna à jouer du clavecin , sur lequel il
fit de rapides progrès. Il apprit aussi à
jouer du violon. A l'âge de douze ans il
fut présenté au docteur Eastcolt, qui char-
mé de son exécution sur le piano et de ses
dispositions pour la musique , le recom-
manda à M. Jackson , organiste de la ca-
thédrale d'Exeter , dont il devint l'élève.
M. Jackson lui enseigna à jouer de l'orgue
et de quelques autres instrumens , ainsi
que les élémens de la composition. Ses
études , qui durèrent plusieurs années ,
étant finies , Davy résida quelque temps à
Exeter, où il écrivit plusieurs morceaux
à quatre voix , pour l'église. Enfin il se
rendit à Londres, où il fut placé dans l'or-
chestre de Covent-Garden.
Ce fut alors qu'il se livra à la composi-
tion dramatique. Ses premiers ouvrages
furent quelques petits opéras pour le théâ-
tre de Sadler-Wells. En 1800, il fit re-
présenter sur celui de Hay-Market l'opéra
intitulé What a blunderl (Quelle étour-
derie ! ). L'année suivante il fit , en société
avec Moorehead, la musiquedc laPérouse,
et avec Mountain celle de Brazen Mask
( Le masque de fer), pour Covent-Garden.
Voici la liste de ses autres ouvrages dra-
matiques. Cabinet ( Le Cabinet), 1802 ;
RodRoy,h Hay-Market, en 1803; Mil-
ler s Mald (La Fille du Meunier), idem.
1804 : Harlequln Quicksilver ( Arlequin
Vif-argent), pantomime à Covent-Garden,
1804 ; Thlrty thousand ( Trente mille) ,
avec Braham et Reeve, à Covent-Garden,
1804 ; Spanlsh Dollars (Les Ecus d'Es-
pagne) , idem, 1805, Harlequln magnet
(Arlequin aimant), avec Ware , Idem ,
1805; Blind-Boj (Le Garçon aveugle),
iWe/?z;180S.
M. Davy réside encore à Londres. Le
docteur Eastcott a publié la première par-
tie de sa vie.
DEAMICIS ( anne) , cantatrice distin-
guée, née à Naples vers 1740, eut d'abord
de la réputation dans le genre bouffe,
17*
260
DEB
DEB
mais lorsqu'elle se rendit à Londres, en
1762, Chrétien Bach écrivit pour elle un
rôle sérieux où elle obtint un si brillant
succès, que depuis cetempsjusqu'à celui de
sa retraite elle a continué de chanter dans
Y Opéra séria. Burney dit que cette can-
tatrice fut la première qui exécuta des
gammes ascendantes staccato et dans un
mouvement rapide , montant sans effort
jusqu'au contre-mi aigu. Cet écrivain ajoute
que les grâces de sa personne augmen-
taient beaucoup le charme de son chant.
En 1771 , Mme Deamicis renonça à paraî-
tre sur la scène ; elle épousa vers ce
temps un secrétaire du roi de Naples ,
qui réserva le talent de sa femme pour
les concerts de la cour. En 1789, elle
chantait encore bien , quoiqu'elle fût âgée
de près de cinquante ans ; à cette époque,
elle se fit souvent entendre chez la duchesse
douairière de Saxe-Weimar, dans le séjour
que cette princesse fit à Naples. Mme Dea-
micis a en deux filles que Reichardt en-
tendit chanter avec beaucoup de goût , en
1790, des airs napolitains à deux voix, que
l'une d'elles accompagnait d'une manière
originale sur une de ces grandes guitares
dont le peuple de Naples se sert habituel-
lement.
DEAN ( Thomas ) , violiniste anglais ,
et organiste à Warwick et à Coventry, au
commencement du 18e siècle. 11 fut le
premier qui fit entendre, en 1709, en
Angleterre , une sonate de Corelli. On
trouve quelques pièces de sa composition
dans un ouvrage élémentaire intitulé Di-
vision-Violin. 11 fut reçu docteur en mu-
sique à l'université d'Oxford, en 1731.
DEBEGNIS ( joseph), né àLugo, dans
les états du Pape , en 1793 , commença ses
études musicales à l'âge de sept ans , sous
la direction d'un moine nommé le Père
Bongiovanni, et reçut ensuite des leçons
de Mandini, célèbre cbanteur, et de Sa-
raceni , compositeur , frère de Mme Mo-
randi. Au carnaval de 1813 , il fitson pre-
mier début au théâtre de Modène , dans
l'opéra de Pavesi intitulé Ser Marc- An-
tonio. De là, il se rendit à Forli, ù Ri-
mini et ensuite à Sienne, où il joua ù l'ou-
verture du nouveau et magnifique théâtre
nommé // Teatro degli Academici Rozzi.
Ils'y fit remarquer par sa manière plaisante
dans les rôles de bouffe non-chantant. Les
villes où il se fit entendre ensuite sont
Ferrare, Badia, Trieste, Mantoue , Rome,
Milan et Bologne. Ce fut dans cette der-
nièrequ'ilépousa,dans l'automnede 1816,
Mlle Ronzi , qui jouissait alors de quelqne
réputation comme cantatrice. Après avoir
parcouru l'Italie jusqu'à 1818 , Debegnis
débuta à Paris avec sa femme , en 1819 ,
dans les Fuorusciti de Paer. Les rôles de
Basile, dans le Barbier de Rossini , et du
Mari , dans Le Turc en Italie, sont ceux
où il obtint le plus de succès dans cette
ville. Au printemps de 1822, il passa en
Angleterre, où il s'est fait applaudir par
ses charges italiennes. Il a débuté à Lon-
dres , au théâtre du Roi , dans le rôle de
Selim , du Turc en Italie. Les concerts
publics , les Oratoires , et les fêtes musi-
cales lui ont procuré l'occasion d'obtenir
des succès de plus d'un genre. Il a aussi
dirigé l'opéra de Bath, dans la saison de
1823.
DEBEGNIS (madame RONZI), femme
du précédent. Dans les registres du Con-
servatoire de Paris , on trouve une demoi-
selle Ronzi (Claudine), née dans cette
villele 11 janvier 1800, etadmise dans une
classe de solfège le 9 mars 1809 ; j'ignore
si c'est la cantatrice qui devint l'épouse de
Debegnis , à Bologne , en 1816. Quoi qu'il
en soit, celle-ci , peu de temps après son
mariage, fut obligée de se séparer mo-
mentanément de son mari , pour aller
chanter à Gênes où elle était engagée. En
1819 , elle débuta à Paris; mais on la
trouva faible. Elle nuisit même au suc-
cès du Barbier de Rossini, qui ne se releva
que lorsqu'elle eut quitté le rôle de Rosine,
pour le céder à Mme Mainvielle-Fodor. Il
est juste de dire, cependant, que lerôle de
Donna Anna, dans le Don Juan de Mozart
n'avait jamais été aussi bien chanté que
DEC
DED
261
par elle , avant que M1'0 Sontag s'en
fût chargée, en 1828. Mme Debegnis avait
reçu pour ce rôle des leçons de Garât, dont
elle avait beaucoup profité. Elle a suivi son
mari en Angleterre et y a eu des suc-
cès. On dit que depuis lors la voix et le ta-
lent de cette cantatrice se sont beaucoup
améliorés. Depuis 1826 elle est à Naples
où elle a su se faire applaudir.
DEBLOIS ( CHARLES-GUI-XAVIER VAN-
GROMENRADE,dit), né à Luneville
le 7 septembre 1757, fut élève de Giardini
et de Gaviniès pour le violon. Pendant
vingt-huit ans il a été l'un des premiers
violons de la Comédie-Italienne, où il a
fait souvent les fonctions de chef d'orches-
tre. Il a composé quatre symphonies à
grand orchestre, qui ont été jouées souvent
à ce théâtre comme ouvertures ; de petits
airs en quatuors, une sonate , des roman-
ces , et un opéra comique en un acte inti-
tulé Les Rubans, ou le Rendez-vous, qui
a été représenté pour la première fois le
11 août 1784.
DECKER ( joachim), organiste et com-
positeur, vivait à Hambourgau commen-
cement du 17e siècle. Parmi ses ouvrages,
le plus important est le livre de cantiques
et de musique chorale qu'il a composé en
société avec Jacques Prœtivius et David
Scheideman , et qui a été publié à Ham-
bourg en 1604.
DECKERT ( jean-nicolas ), luthier à
Grosbreitenbach, près d'Arnstadt , vers la
fin du 18e siècle, construisait des pianos
carrés et à queue qui étaient estimés de
son temps autant pour la qualité du son
que pour la modicité du prix. Il est mort
depuis peu d'années.
DECORTIS (louis) , professeur de vio-
loncelle au Conservatoire de Liège , est né
dans cette ville le 15 septembre 1795.
Fils d'un violoncelliste habile , il reçut
d'abord des leçons de son père , puis fut
successivement élève de MM. Hus-Desfor-
ges , Benazet et Norblin , pendant le séjour
qu'il fit à Paris. Comme professeur et
comme exécutant, M. Dccortis s'est acquis
l'estime de ses compatriotes. Il a publié
pour son instrument : 1° Air varié pour
violoncelle, avec quatuor ou accompagne-
ment de piano, op. 1 , publié en Allema-
gne} 2° Polonaise pour le violoncelle, op. 2 ;
5° Thème varié idem, op. 5, Mayence,
Schott. M. Decortis a en manuscrit un
concertino , une fantaisie , et plusieurs
airs variés.
DEDEKIND ( henri) , chanteur et com-
positeur de l'église de Saint-Jean à Lune-
bourg, vers la fin du 16e siècle, naquit à
Neustadt. Il a fait imprimer : Brèves Pe-
riochae Evangeliorum von advent bis
Oslern,fur 4 und 5 Stimmen , 1592.
DEDEKIND (heuning), chanteur à
Langensalza, dans la Thuringe, vers 1590,
fut nommé prédicateur du même lieu en
1614, et devint ensuite pasteur à Gebsée ,
en 1622. On a de lui les ouvrages sui-
vans : 1° Neuwe Ausserlesene Tricinia,
auff furtrejjfliche Lustige Texte ge-
setzt, etc. (Nouveaux chants à trois voix
pour la suite des vendanges, etc.), Erfurt,
1588, in-4°j 2° Prcecursor Metricus Ar-
tis Musicœ , Erfurt, 1590, 5 feuilles
in-8° ; 5° Gregorii Langii Tricinia, Er-
furt, 1614.
DEDEKIND (constantin-chretien) ,
fils d'un prédicateur de Reinsdorf, naquit
le 2 avril 1628. Il fut successivement mu-
sicien au service de l'électeur de Saxe,
poète lauréat, et percepteur des contribu-
tions des cercles de Misnie et de l'Erzge-
berg , montagnes de Ming. On voit par
une inscription placée au bas de son por-
trait qu'il vivait encore en 1697. Ce fut
un compositeur fécond, qui écrivit une
multitude d'ouvrages pour l'église et la
chambre. Les principaux sont : 1° Elbia-
nische Musen-Lust, etc. (Divertissemens
de la muse de l'Elbe , consistant en cent
soixante-quinze chansons choisies des poè-
tes célèbres à quatre parties, etc.), Dresde,
1657, 4 vol. in-4°; 2° Davidische ge-
heime Musik-Kammer , 1663 , in-fol ,
contenant trente psaumes allemands à
quatre voixj 3° Silsscr Mandel-Kœrnen:
262
DEE
DEG
Erstes Pfuncl von ausgekœrneten S alo-
monischen Liebes-Worten } in 15 Ge-
scengen mit vohr-zwischen und Nach-
Spielen , auf Violinen zubereitet.
(Amandes douces, premier livre de sen-
tences d'amour de Salomon , en quinze
chants, etc.), Dresde, 1664 , in-fol. ;
4° Deuxième livre du même ouvrage ;
5° Belebte oderruchbare Myrrhen Blat-
ter } das sind zweystimmige beseelte
heilige Leidens-Lieder , Dresde , 1666 ,
in-fol. 24 pages. Cet ouvrage consiste en
duos à deux voix avec la basse continue ;
6° Die Sonderbahre Seelen-Freude, oder
geistlieher Concerten , erster und zwey-
ter-Theil. ( Concerts choisis , première et
deuxième parties); Dresde, 1672; 7° Musi-
kalischer Jcdir gang und vesper Gesang ,
in 120 auf Sonn-festag schicklichen zur
Sœnger- Uebung, nach rechter Capellma-
nier gesetzten deutschen Concerten (An-
née Musicale et chants de vêpres, etc.),
Dresde, 1676, trois parties ; 8° Davidis-
cher Harfenschall in Liedern und Melo-
deyen (Résonnance de la harpe de David
en cantiques et en mélodies ) , Francfort ,
grand in-12; 9° Singende Sonn-und Fest-
Tags Andachten (Cantiques spirituels
pour les dimanches et fêles), Dresde, 1685;
10° Musikalischer Jahrgang und ves-
per- Gesang in 2 Singstimmen und der
Orgel ( Année musicale et chants des vê-
pres, à deux voix et orgue), Dresde, 1694,
in-4°.
DEDLER (. . .), musicien à la cathé-
drale dAugshourg, vers 1810, a publié :
1° Quinque Missœ brèves cum totidem
offertorii 4 vocum cum organo et instru-
menlis , op. 1, Augsbourg, Lotter ;
2° Messes allemandes à quatre voix, orgue
ou orchestre, ad libitum, ibid. Ces compo-
sitions sont faibles d'invention et de style.
DEERING (richard), descendant d'une
ancienne famille du comté de Kent , fut
élevé en Italie. Lorsque son éducation fut
terminée, il retourna en Angleterre, et y
résida quelque temps ; mais , d'après une
pressante invitation, il se rendit à Bruxelles,
où il devint organiste des religieuses anglai-
ses. A l'époque du mariage de Charles Ier,
il fut nommé organiste de la reine , et il
occupa ce poste jusqu'à la mort du roi.
En 1610, il prit les degrés de bachelier en
musique , à l'université d'Oxford ; il est
mort vers 1657 , dans la communion ro-
maine. Il a laissé les ouvrages suivans de
sa composition : 1° Cantiones sacra?,
quinque vocum , cum basso continuo ad
organum, Anvers , 1597; 2° Cantica sa-
cra, Anvers , 1616.
DEFESCH (guillàume) , né dans les
Pays-Bas , vers la fin du 17e siècle , était
organiste de la grande église d'Anvers, en
1725. Il était aussi violoncelliste fort ha-
bile. En 1730, il alla s'établir à Londres,
où il vivait encore en 1757, comme on le
voit par son portrait qui fut gravé dans le
cours de cette année. Il a publié les ou-
vrages suivans de sa composition : 1° Six
sonates pour deux violons , Amsterdam ;
2° Concerti a 4 violini, viola, violon-
cello e continuo , ibid. ; 5° Sei concerti ,
ibid. ; 4° X sonate a due violini ojlauti
e basso continuo, op. 7, ibid.; 5° Six so-
los pour violon oujlûte avec basse con-
tinue, op. 8 , liv. 1 , ibid. ; 6° Six solos
pour le violoncelle , op. 8 , liv . 2 , ibid. ;
7° Canzonetti e Arie a canto solo e con-
tinuo , ibid. ; 8° Judith, oratorio exécuté
à Londres , en 1730.
DEGEN ( Henri-Christophe ), né au
commencement du 18e siècle, dans un
village près de Glogau , était, en 1757,
violiniste solo- et pianiste à la chapelle du
prince de Schwarzbourg-Rudolstadt. Il
s'est fait connaître par quelques composi-
tions pour le violon et le piano, et par
plusieurs "cantates pour l'église, qui sont
restées en manuscrit.
DEGEN (jean-philippe), né à Wolfen-
bùtel, en 1728 , fut d'abord violoncelliste
à l'orchestre de Nicolini à Brunswick.
Lorsque cet orchestre futdissous, en 1760,
Degen passa au service du roi de Dane-
marck. Il est mort à Coppenhague, au
mois de janvier 1789. On ne connaît de
DEII
DEL
263
sa composition qu'une cantate pour la
Saint -Jean, avec accompagnement de
piano , qu'il a publiée à Coppenhague ,
en 1779.
DEGESLIN (philippe-marie-antoine).
Voy. GESLIN.
DEGOLA (andre-louis) , né à Gènes,
eu 1778 , commença ses études musicales
à l'âge de dix-sept ans , sous la direction
de Luigi Cerro. Quatre ans après il com-
posa une messe qui annonçait du talent, et
quel ques morceaux pour le théâtre de Gênes,
où Ton trouve de l'imagination. En 1799
il écrivit pour le théâtre de Livourne un
opéra bouffe intitulé II Medico perforza }
qui obtint du succès. Mais bientôt après
il quitta la carrière du théâtre et devint
maître de chapelle et organiste de l'église
principale de Chiavari , où il se trouvait
encore en 1816. M. Degola est depuis plu-
sieurs années organiste de l'église princi-
pale de Versailles, et donne à Paris des le-
çons de musique vocale et d'harmonie. Il
a composé dans le genre instrumental plu-
sieurs symphonies , des quintetti , sestetti
et sérénades pour divers instrumens. On
a aussi de lui une grande quantité de
messes , de vêpres , d'hymnes , et d'autres
morceaux de musique sacrée. Il a publié
à Paris : 1° L'Utile et l 'Agréable , re-
cueil pour le piano ; 2° Méthode de chant;
5° Méthode d'accompagnement pour le
piano , la harpe et la guitare ; 4° Thème
varié pour.le piano, avec accompagnement
de quatuor; 5° Plusieurs romances.
DEHEC (nassoyius), né en Allemagne,
vers 1710, fut premier violon à l'église
de Sainte-Marie-Majeure , à Bergame. Il a
fait graver à Nuremberg, en 1760, six trios
pour le violon. On connaît aussi quelques
autres ouvrages de sa composition , qui
sont restés en manuscrit.
DEÏÏELIA (vincent) , maître de cha-
pelle à l'église de Saint-Pierre de Palerme,
naquit en Sicile au commencement du
17e siècle. On connaît de lui l'ouvrage qui
a pour titre : Salmi ed Hinni di vespri
ariosia 4e 8 voci, Païenne, 1656, in-4°.
DEI (silvio), maître de chapelle de la
cathédrale de Sienne , naquit dans cette
ville, en 1748. Il se livra de bonne heure
à l'étude de la musique , sous la direction
de Carlo Lupini, et s'adonna exclusivement
à la composition de la musique d'église.
On cite particulièrement un Recordare
qu'il composa en 1806, et un Confitebor
daté de 1807. Il vivait encore en 1812.
JJEIMLING (louis-ernest) , amateur
de musique et habile organiste , né dans
le département du Haut-Rhin, vivait à
Pforzheim, en 1795. Il a publié , sous les
initiales D. L. E., un livre intitulé :
Besclireibung der Orgelbaues und der
Verfahrangsart bey Untersuchung neuer
und verbesserter Werke ; ein Buchfûr
Organisten, Schulmeyer und Ortsvorge-
selzte, etc. (Description de la construction
de l'orgue et des procédés dans l'examen
des orgues nouveaux ou réparés , etc.) ,
Offenbach , 1792, deux cent seize pages
in-4°. Une deuxième édition de cet ou-
vrage, ou plutôt la même, avec un nou-
veau frontispice, a été publiée en 1796.
Celle-ci porte l'indication du nom de l'au-
teur.
DEINL (nicolas), né vers 1660, en
Allemagne , eut pour maître de musique
vocale Sclrwemmer, et pour maître de com-
position Wecker. Il étudia aussi cet art
sous J. Phil. Krieger de Weissenfels ,
qu'il quitta en 1685. En 1690, il fut
nommé organiste à Nuremberg, et en
1705 il devint directeur de musique à
l'église du Saint-Esprit de la même ville ,
où il est mort en 1730. Il a laissé beau-
coup de compositions manuscrites pour
l'orgue et pour l'église.
DELA1R (etienne-denis) , maître de
clavecin et de théorbe , né à Paris , vers
1662, vivait encore en 1750, comme on
le voit par l'arrêt du Parlement, du 50
mai de cette année, en faveur des organistes
et maîtres de clavecin , contre Guignon ,
roi des violons. On a de ce musicien :
Traité d'accompagnement pour le théorbe
et le clavecin, qui comprend toutes les
264
DEL
DEL
règles nécessaires pour accompagner
sur ces deux inslrumens , Paris , 1690 ,
in-4° oblong , gravé. On ne sait pourquoi
J.-J. Rousseau attribue à cet auteur l'in-
vention de la formule harmonique appelée
Règle de l'octave. Cette formule était
connue depuis long-temps en Italie et en
France , à l'époque où Delair a publié son
livre.
DELAIRE (jacques-auguste) , né à
Moulins (Allier) , -vers 1798, s'est fixé à
Paris, en 1826 , et a été employé dans les
administrations du gouvernement. En
1830 il a été nommé secrétaire de l'Athé-
née musical de Paris. M. Delaire a fourni
à la Revue musicale plusieurs articles
qui se font remarquer par la justesse des
aperçus et la lucidité du style. Il s'est
fait connaître comme compositeur par di-
vers ouvrages dont les titres suivent :
1° Stabat mater à quatre voix et orchestre
exécuté dans l'église cathédrale de Mou-
lins , le Jeudi Saint, 31 mars 1825. Ce
morceau a été exécuté depuis lors à Paris,
dans l'église de Saint-Roch , pendant la
semaine sainte, en 1826 et 1827, et à
Saint-Enstache, le 14 avril 1829 ; 2» La
Grèce, scène lyrique, avec chœur et or-
chestre , chantée au concert donné par les
amateurs au profit des Grecs ; 3° Sympho-
nie à grand orchestre, exécutée au concert
des amateurs, en 1828, et à l'Athénée
musical, en 1850 ; 4° Messe solennelle (en
re majeur); 5° Quatuors pour deux violons,
alto et basse ; 6° Des romances publiées à
Paris chez Pacini , Madame Dorval et Au-
lagnier.
DELAMOTTE (f.) , musicien français
fixé à Londres, vers la fin du règne d'Eli-
sabeth, a fait imprimer un livre qui a pour
titre : A brie/ introduction to musicke
collected by DelamoLle, Londres, 1574 ,
in-8°. Ce livre a été imprimé par Vautrol-
lier , imprimeur de Rouen , qui s'était
d'abord établi à Londres , et qui alla en-
suite imprimer à Edimbourg 1.
DE L'AULNAYE ( François -henri-
stanislas), littérateur, né à Madrid, de
païens français , le 7 juillet 1739, fut ra-
mené fort jeune en France , et fit des
études brillantes à Versailles, où son père
occupait un emploi. Après avoir terminé
ses études littéraires, il apprit la musique
et en étudia la théorie avec passion. A
l'époque de la fondation du Musée de Paris,
il devint un de ses membres et en fut
nommé le secrétaire. Il eut part à l'édi-
tion des œuvres de J.-J. Rousseau, publiée
en 1788 par l'abbé Rrizard , et ajouta
des notes à tous les écrits de ce philosophe,
concernant la musique. Son père lui avait
laissé une fortune considérable qu'il dis-
sipa. Pendant les troubles de la révolu-
tion , il se tint caché , parce qu'il avait
attaqué cette révolution dans quelques
pamphlets publiés à l'étranger ; il reparut
en 1796, et fut forcé de se mettre aux
gages des libraires pour vivre. Vivant dans
le plus complet isolement, il contracta des
habitudes grossières, finit par tomber dans
la misère, et mourut dans l'hospice de
Sainte-Perrine , à Chaillot, en 1830, à
l'âge de quatre-vingt-onze ans. Parmi ses
nombreux écrits , on remarque ceux qu'il
a publiés sur des objets relatifs à la mu-
sique , et dont voici les titres : 1° Lettre
sur un nouveau Stabat exécuté au Con-
cert spirituel, Paris, 1782, in-8° ; 2° Mé-
moire sur la nouvelle harpe de Cousi-
neau, ibid. , 1782, in-12; 3° Lettre à
Dupuis, de l'Académie des inscriptions,
sur les nouvelles échelles musicales (Dans
le Journal des Savans, février 1783);
4° Mémoire sur un nouveau système de
notation musicale, avec trois planches
(Dans le recueil du Musée de Paris,
n° 1er, 1785 , in-8°); 5° De la Sallation
théâtrale , ou Recherches sur l'origine,
i Le même imprimeur a publié un recueil de madri-
gaux de» divers auteurs , à plusieurs parties. M. Walt
{BMiolli. Brilan. , art. Vaulrollicr) a fait un
sur ce recueil; il l'a cité sous le titre de
Discantus Cantianes , ne s'étant pas aperçu crue le mot
Discantus est l'indication do la partie de dessus rju'il
avait sous les jeux.
DEL
DEL
265
les progrès et les effets de la pantomime
chez les anciens , dissertation couronnée
par l'Académie des inscriptions , Paris ,
1790, in-S°- Cette dernière production
est un ouvrage utile par l'esprit de recher-
che qui y règne.
DELCAMBRE (tiiomas) , virtuose sur
le basson, naquit à Douai (Nord), en 1766.
Ayant appris la musique à la collégiale de
Saint-Pierre , il entra fort jeune comme
musicien dans un régiment qui était en
garnison dans cette ville. A l'âge de dix-
huit ans , il se rendit à Paris , et y devint
élève d'Ozy, pour le basson. Ses progrès
furent rapides , et bientôt il se fit remar-
quer par la beauté du son qu'il tirait de
son instrument , et par le brillant de son
exécution. En 1790, il entra à l'orchestre
de Monsieur , et y partagea l'emploi de
jDremier basson avec Devienne. C'était l'é-
poque des fameux Bouffons italiens ; l'or-
chestre , dirigé alors par Puppo , était ex-
cellent 5 Delcambre forma son goût par
l'habitude d'entendre de la musique ren-
due avec une perfection jusqu'alors inouie.
Les concerts du théâtre Feydeau, en 1794,
lui fournirent l'occasion de faire applaudir
son talent dans un concerto de sa compo-
sition, et dans les symphonies concertantes
de Devienne pour hautbois, flûte , cor et
basson qu'il jouait avec Salentin, Hugot
et Frédéric Duvernoy. Admis comme pro-
fesseur au Conservatoire de musique de
Paris, à l'époque de sa formation, il en
remplit les fonctions jusqu'à la fin de
1825, où il prit sa retraite après trente
ans de service. Ce fut aussi vers le même
temps qu'il se retira de l'orchestre de
l'Opéra, où il était entré après avoir obtenu
la pension de retraite au théâtre Feydeau.
De tous ses emplois , il n'avait conservé ,
dans ses dernières années , que celui de
premier basson de la chapelle du roi. Une
promotion de chevaliers delà légion-d'hon-
neur ayant été faite en 1824 , il obtint la
décoration de cet ordre. Il est mort à Paris,
le 7 janvier 1828. Un beau son , une exé-
cution nette et pure , étaient les qualités
distinctives du talent de Delcambre ; mais
il manquait en général d'élégance et d'ex-
pression. Cet artiste a publié : 1° Six so-
nates avec accompagnement de basse,
œuvre 1er; 2° Six duos pour deux bas-
sons, œuvre2e, Paris, 1796 ; 3° Six duos,
idem, œuvre 3e, Paris, 1798 , 4° Concerto
pour basson principal , avec accompa-
gnement d'orchestre , œuvre 4e.
DELEMER (henri) , ancien professeur
d'elocution à l'Athénée de Bruxelles, et
depuis 1831 professeur des sciences indus-
trielles et commerciales dans la même
école, a publié une nouvelle édition d'un
mémoire de M. Villoteau sur la musique
des Egyptiens, extrait de la Description
de l'Egypte , et y a ajouté quelques ré-
flexions. Cette brochure a paru sous ce
titre : Musique de l'Antique Egypte
daiis ses rapports avec la poésie et l'élo-
quence, par M. Villoteau, etc., mémoire
qui traite de l'éducation en général et
des moyens de gouvernement qu'elle of-
frent en Egypte. Publié avec quelques
réflexions, etc. Bruxelles, 1850, 80 pages
in-8°. Les réflexions de M. Delemer com-
mencent à la page 59.
DELFANTE ( Antoine), compositeur
italien dont on ne connaît qu'un opéra in-
titulé : // Pdpiego deluso , qui a été re-
présenté à Rome , en 1791.
DELGADO (cosme ), habile chanteur
portugais, né à Cartaxo, dans le 17e siècle,
a composé beaucoup de musique qui se
trouve au couvent de Saint-Jérôme, à
Lisbonne. Il est aussi auteur d'un ouvrage
théorique intitulé : Manual de Musica
dividido em très partes , dirigido ao
muito alto e esclarecido Principe Car-
deal Alberto Archiduque de Austria
Pœgente desles Reynos de Portugal. Ce
livre n'a point été imprimé.
DELIIAISE ( Nicolas- joseph) , profes-
seur de violon et compositeur, naquit à
Huy , en Belgique, vers 1770. Sa profession
fut d'abord celle de tailleur de pierres j
mais le goût de la musique se développa
en lui avec tant de force qu'il prit la réso-
266
DEL
lntion de se livrer à sa vocation, et de re-
noncer à son premier état. Le violon était
l'instrument qu'il avait choisi ; d'abord il
n'eut d'autre ressource pour vivre que de
jouer des contredanses, mais il mit tant de
persévérance dans ses études, qu'il parvint
à acquérir un talent fort agréable, et qu'il
devint le maître à la mode dans la ville de
Huy et dans les environs. Doué d'une rare
intelligence , il apprit seul et par la lec-
ture de quelques traités de musique les
élémens de l'harmonie , et parvint à écrire
avec assez de correction quelques composi-
tions qu'il a publiées à Liège et à Bruxelles.
Delhaise est mort à Huy en 1835. Les
ouvrages de sa composition qui ont été
publiés sont : 1° Contredanses pour clari-
nette et violon , liv. 1 , Bruxelles , Plou-
vier; 2° Quadrille en quatuor pour deux
violons, alto et basse, Ibid., et Paris,
Richault ; 3° Duos très faciles et progres-
sifs pour deux violons , Bruxelles , Plou-
vier ; 4° Etudes faciles pour violon , avec
basse ; Ibid.
Delhaise a laissé un fils , qui est impri-
meur à Huy , et qui possède un talent
assez distingué sur la flûte. Il est mainte-
nant directeur de musique d'une société
d'harmonie dans sa ville natale. On a pu-
blié sous son nom : 1° Thème varié pour
la flûte avec orchestre , Bruxelles , Plou-
vier; 2° Airs variés pour la flûte seule,
liv. 1 , Ibid.; 3° Douze valses pour le
même instrument , Ibid.
DELITZ (. . .), habile facteur de cla-
vecins et d'orgues , né à Dantzig , fut mis
fort jeune en apprentissage cbez le célèbre
facteur d'orgues Hildebrand, élève de Sil-
bermann. Après plusieurs années de tra-
vaux et d'études dans l'art de fabriquer
des instrnmens , il fit une excursion à
Kœnigsberg, et ne retourna à Dantzig qu'a-
vec le projet de se rendre en Saxe ; mais
Hildebrand, déjà âgé, le détermina à rester
près de lui , et le cbargea de la direction
de beaucoup d'ouvrages. Après la mort de
son maître, Delitz continua de travailler à
la construction des orgues, et se distingua
DEL
particulièrement dans un bel instrument
qu'il plaça à Thorn, dans le grand orgue de
Sainte-Marie , à Dantzig, composé de cin-
quante-trois jeux, trois claviers à la main
et pédales , dans l'orgue de l'église du Sé-
pulcre de la même ville, dans celui de
l'église du Saint-Esprit , et dans le petit
orgue de l'église paroissiale, etc. Gerber
attribue aussi à ce facteur l'invention du
clavecin organisé avec un jeu de flûte et
divers changemens ; il assure que Wagner,
de Dresde , ne fit qu'améliorer cette idée
dont il s'attribua l'honneur lorsqu'il fit
connaître l'instrument du même genre
qu'il appela Clavecin royal : Gerber se
trompe, l'idée du clavecin organisé est
plus ancienne.
DELLAIN (charles-henri), musicien
de l'orchestre de la Comédie-Italienne ,
vécut à Paris depuis 1756 jusqu'en 1787.
Il a composé la musique de La Fête du
Moulin, divertissement représenté au Théâ-
tre-Italien, en 1758. Il est aussi l'auteur
d'un ouvrage intitulé : Nouveau Manuel
musical , contenant les élémens de la
musique } des agrémens du chant et de
l' accompagnement du clavecin , Paris ,
1781 , cinquante-deux pages in-4°.
DELLA-MARIA (dominique), compo-
siteur dramatique, naquit à Marseille,
vers 1764 , de parens italiens , suivant
quelques-uns de ces biographes ; cependant
M. de Boisgelou, dans une note manu-
scrite , assure que son nom véritable était
Lamarie, et qu'il avait italianisé son nom
pour rendre les commencemens de sa car-
rière d'artiste plus facile. Quoi qu'il en
soit, il se livra de bonne heure à l'étude de
la musique, et montra, dès sa plus tendre
jeunesse , les plus heureuses dispositions
pour cet art. A dix-huit ans, il fit repré-
senter au théâtre de Marseille un grand
opéra dans lequel on reconnût , parmi les
défauts inséparables d'un premier essai,
le traces du talent. Peu de temps après ,
il partit pour l'Italie, persuadé qu'il lui
restait peu de chose à apprendre, quoique
ses études musicales , faites dans une ville
DEL
DEL
267
de province, eussent été très faibles. Il ne
tarda point à reconnaître son erreur, et
pendant un séjour de dix ans en Italie ,
il étudia sous la direction de plusieurs
maîtres. Le dernier fut Paisiello, qui avait
pris pour lui beaucoup d'amitié. Sorti de
l'école de ce grand compositeur, il écrivit
pour quelques théâtres secondaires de l'Ita-
lie six opéras bouffes , dont trois ont eu
du succès. Plus tard, il se plaisait à faire
entendre des morceaux de l'un d'eux, inti-
tulé // Maestro cli Cappella.
Della-M'aria arriva à Paris, en 1796,
absolument inconnu ; mais le hasard lui
aplanit les difficultés que rencontrent
presque toujours à leur début les artistes
ou les gens de lettres. Voici ce que dit à ce
sujet M.Duval, dans une notice sur Della-
Maria , qui a été insérée dans la Décade
philosophique (10 germinal an vin): » Un
<c de mes amis , auquel il avait été re-
« commandé, me pria de lui donner quel-
<i que poème. Sa physionomie spirituelle,
« ses manières simples, vives et originales,
«i m'inspirèrent de la confiance : elle fut
« justifiée. Je finissais alors la petite pièce
« du Prisonnier , que je destinais au
« Théâtre-Français. Le désir de l'obliger
« m'eut bientôt décidé à en faire un opéra .
« Quelques coupures, quelques airs, l'eu-
« rent aussitôt métamorphosée en comé-
« die-lyrique. Il ne mit que huit jours à
« en composer la musique, et les artistes
« del'Opéra-Comique, qui, séduits comme
« moi , l'avaient accueilli avec intérêt ,
<t mirent aussi peu de temps à l'appren-
ez dre et à la jouer. Cette pièce commença
« sa réputation. »
Le succès, qui fut éclatant, tint à deux
causes. La première fut la diversion opérée
par le style chantant, brillant et facile de
Della-Maria, au milieu de cette musique
forte d'harmonie , mais où le sentiment
mélodique ne se faisait apercevoir que d'une
manière secondaire, que les maîtres ha-
biles de ce temps faisaient entendre au
public. La deuxième cause du succès se
trouve dans la perfection du jeu des acteurs
chargés des rôles principaux. On se rap-
pellera long-temps l'ensemble délicieux
que formaient les talens d'Elleviou et de
MMmes Saint -Aubin et Dugazon ; ces comé-
diens excellens, qui, trouvaient dans la mu-
sique du Prisonnier des proportions ana-
logues à leurs moyens , y brillaient sans
effort. Dans cet ouvrage, Della-Maria ne
s'élève pas à de fortes conceptions , mais
sa manière est à lui , et c'est , comme on
sait, la condition importante pour obtenir
des succès de vogue. Malheureusement
cette manière alla s'affaiblissant dans les
opéras qui suivirent le Prisonnier ; on en
trouve encore quelques traces dans Y Opéra
Comique (en un acte) , dans Y Oncle Va-
let (en un acte), et dans Le Vieux Châ-
teau ( en trois actes) ; mais Jacquot , ou
l'Ecole des Mères (en trois actes), joué
en 1799, était une production peu colorée,
et il n'y avait plus rien dans La Maison
du Marais (en trois actes) , ni dans La
Fausse Duègne (en trois actes) , qui ne
furent représentés qu'après la mort de
l'auteur. Tous ces ouvrages furent écrits
en quatre ans , et dans ce court espace ,
Della-Maria semble avoir épuisé tout ce
que la nature lui avait donné d'idées.
Doué d'un caractère doux et facile, ce
jeune artiste s'était fait de nombreux amis :
M. Duval, Pun d'eux, se disposait à se
rendre à la campagne avec lui , dans l'in-
tention de travailler à un nouvel ouvrage,
lorsque Della-Maria, revenant un soir vers
son logis , dans l'automne de 1800 , tomba
évanoui dans la rue Saint-Honoré. Il fut
recueilli par une personne charitable, chez
qui il expira au bout de quelques heures ,
sans pouvoir proférer une parole. Comme
il ne se trouvait sur lui aucune indication
de son nom ni de sa demeure, les agens de
la police furent plusieurs jours avant de
découvrir ce qu'il était. Ainsi périt, à
l'âge de trente-six ans , un artiste dont la
renommée a eu de l'éclat.
DELLA VALLE (pierre), voyageur,
né à Rome , le 2 avril 1586 , cultiva avec
succès les lettres et les arts. Après avoir
DEL
DEL
pris da service militaire contre les Véni-
tiens, pais contre les Barbaresques, il re-
tourna à Rome, puis voyagea en Palestine,
en Syrie, en Egypte et en Perse, et revint
dans sa patrie, le 28 mars 1626. Il publia
la relation de ses voyages , ainsi que plu-
sieurs autres ouvrages, et vécut avec hon-
neur dans la société des gens de lettres et
des artistes. Il mourut à Rome, le 20 avril
1652. L'éditeur des œuvres de Doni a in-
séré dans le deuxième volume de cette
collection une lettre de Délia Valle à Lelio
Guidiccioni, intitulée : Dellamusica clell'
età nostra che non è punio inferiore,
anzi è migliore cil quella dell' età pas-
sata (pages 249-264). Cette lettre est
datée du 16 janvier 1640 ; elle con-
tient de précieux renseignemens pour
l'histoire de la musique en Italie à cette
époque.
DELLÀ VALLE (Guillaume) , savant
cordelier, né à Sienne , vers le milieu du
18e siècle, fit profession au couvent de sa
ville natale, passa ensuite à Rome, y resta
pendant plusieurs années, puis fut nommé
secrétaire de son ordre à Naples, en 1785,
et enfin se retira à Sienne, où il est mort
clans les premières années du 19e siècle.
Il a écrit des Lettere Sanesi sxirles beaux-
arts, qui ont été publiées en trois volumes
in-4°; elles sont principalement relatives
à la peinture. On a du P. Délia Valle :
Elogio del Padre Giambattista Martini,
Minore conventuale (Letto il 24 novemb.
1784), Bologna , 1784, in-8°. Cet éloge a
été aussi publié dans X Antologia Romana}
lom. XI , 1784, in-4°, pages, 190, 201,
209, 217, 225, 233 et 241. Le même
écrivain a fait paraître ensuile des Menio-
rle Storiche del P. M. Gio-Battista-
Martïni Min. Couvent, in Bologna, cé-
lèbre maestro di cappella, Napoli, 1785,
in-8° de cent cinquante-deux pages. Ces
intéressans mémoires contiennent beau-
coup de choses curieuses, qu'on ne trouve-
rait point ailleurs , sur les maîtres de
chapelle de Bologne, et sur le P. Martini 5
ils sont suivis de lettres de ce savant mu-
sicien, de l'abbé Mattei, d'Eximeno, et de
l'auteur de l'ouvrage.
DELLEPLANQUE ( . . . ), né à Liège
en 1746 , fut professeur de harpe à Paris ,
et mourut dans cette ville en 1801. Il a fait
graver plusieurs ouvrages de sa composi-
tion, depuis 1775 jusqu'en 1796. Les plus
connus sont : 1° Sonates pour la harpe ,
op. 1 ; 2° Sonate avec accompagnement
de violon, op. 2 ; 5° Airs variés pour
la harpe, op. 4; 4° Marche variée;
5° Pot-pourri; 6° Sonate avec accompa-
gnement de violon et basse.
DELLER (florian), compositeur alle-
mand , né à Louisbourg , s'y retira en
1768, après avoir visité plusieurs villes
telles que Vienne et Munich, et y mourut
vers 1774. Il n'avait point eu de maître
et s'était instruit par la lecture des parti-
tions des grands maîtres. Ses principaux
ouvrages sont : 1° La Contessa per amore,
opéra-comique; 2° Pygmalion , ballet
héroïque; 3° Die beyden Werther (Les
deux Werther) , ballet. Il a écrit aussi
plusieurs messes , des motets , et des trios
pour deux violons et violoncelle, avec basse
continue.
DELMOTTE (henri-florent) , né à
Mons (Belgique), en 1799, fit ses études
au collège de cette ville. Fils de Philibert
Delmotte , littérateur et savant bibliogra-
phe , il avait été disposé de bonne heure
au goût des lettres et des sciences. Ses
progrès furent rapides, et dès sa plus ten-
dre jeunesse il montra beaucoup d'aptitude
et de facilité à apprendre. Son père le des-
tinait au barreau , mais la faiblesse de sa
poitrine fit renoncer à ce projet, et le no-
tariat fut la carrière qu'il embrassa. Toute-
fois, les travaux littéraires occupèrent la
plus grande partie de sa trop courte vie.
Pendant quelques années il fut notaire à
Baudour ; plus tard il revint à Mons exercer
la même profession , qui ne l'empêcha pas
de succéder à son père dans la place de
bibliothécaire de la ville. Passionné pour
l'étude, il passa la plus grande parlie de
sa vie au milieu de ses lis res ; et peu de
DEL
temps s'écoulait sans qu'il publiât quelque
opuscule où brillaient à la fois une origi-
nalité d'idées peu commune et une rare
instruction. Les précieuses qualités de son
cœar lui avaient fait beaucoup d'amis;
malgré l'état de souffrance qui fut pres-
que constamment le sien , il portait au
milieu d'eux une gaité douce , facile et
spirituellequi donnait beaucoup de charme
à la conversation. Peu soigneux de sa santé,
il ne donna malheureusement point assez
d'attention à la gravité d'une maladie de
poitrine dont il était atteint depuis long-
temps ; le danger s'accrut progressivement,
et le 9 mars 1836 Delmotte cessa de vivre.
Il était vice-président de la société des
sciences , des arts et des lettres du Hai-
naut , et membre correspondant de l'Aca-
démie de Bruxelles. La société des Biblio-
philes de Mons, dont il était président, a
fait imprimer une notice biographique sur
ce digne et savant homme. La plupart des
écrits de Delmotte sont étrangers à l'objet
de cette biographie ; je ne mentionnerai
que ceux qui y ont du rapport. Dans un
journal qui était publié à Mons en 1825,
sous le titre Le Dragon , il a publié deux
articles remplis d'intérêt sur le célèbre
compositeur Roland de Lassus ou de Lattre.
Depuis lors , des découvertes importantes
qu'il a faites dans les manuscrits de la bi-
bliothèque publique de Mons lui ont fait
revoir et étendre ce travail pour en faire
une monographie du plus haut intérêt
qu'il faisait imprimer au moment où il est
mort, sous le titre de Notice biographi-
que sur Roland Delattre , connu sous
le nom d'Orland de Lassus. Cette notice
forme un volume de 8 feuilles d'impres-
sion. Elle est entièrement terminée, et la
gravure des planches est la seule cause
qui en a retardé la publication.
Des travaux assez étendus ont été faits
aussi par Delmotte sur le célèbre musicien
Philippe de Mons; leur résultat était
destiné à faire partie d'une Biographie
montoise à laquelle il a travaillé pendant
plus de dix ans.
BEL
269
DELORTH (iienri), violiniste de l'or-
chestre du théâtre des Beaujolais, a public
un petit ouvrage qui a pour titre : Moyen
de rectifier la gamine de la musicpte et
défaire chanter juste , Paris, 1791,
in-8°.
DELPANE (dominique) , chanteur de
la chapelle pontificale , né à Rome vers
1629 , fut reçu comme sopraniste dans
cette chapelle, le 10 juin 1654. Il a fait
imprimer dans cette ville, en 1675, un
recueil de motets à deux , trois , quatre et
cinq voix. Il y a en manuscrit beaucoup
de musique d'église de sa composition dans
les archives de la chapelle Sixtine.
DEL-RIO (martin-antoine), né à An-
vers, de parens espagnols, le 17 mai 1551,
fît ses études à Paris et retourna ensuite
dans sa ville natale pour y faire son droit.
Après avoir aussi étudié quelque temps à
l'université de Salamanque , il y fut reçu
docteur en 1574. Trois ans après , il fut
nommé sénateur au conseil souverain de
Brabant , et successivement auditeur de
l'armée, vice-chancelier- et procureur-gé-
néral ; mais s'étant dégoûté des affaires ,
par suite des troubles des Pavs-Bas, il re-
tourna en Espagne et se fit jésuite à Val-
ladolid , en 1580. Il enseigna la théologie
successivement à Douai , à Liège , en
Styrie, à Salamanque et à Louvain , où il
mourut le 19 octobre 1608. Au nombre
de ses ouvrages on trouve celui qui a pour
titre : Disquisitionum magicarum libri
sex , Louvain, 1599 , in-4°, souvent réim-
primé; il y traite De musica ma gica lib. 1,
p. 93 et suiv. André Duchesne a abrégé et
traduit ce livre en français, Paris, 1611,
in-4° et in-8° , deux vol.
DELUSSE (charles) , professseur de
flûte, à Paris , né en cette ville en 1731,
entra comme flûtiste à l'Opéra-Comique ,
en 1758. Le 18 août 1759, on représenta
à la foire Saint-Laurent un opéra-comi-
que intitulé : L'Amant Statue, dont il
avait fait la musique , et Guichard les pa-
roles : il ne faut pas confondre cet ouvrage
avec un autre du même nom , paroles de
270
DEL
Desfontaines et musique de Dalayrac, qui
n'a rien de commun avec celui-là, soit pour
le sujet, soit pour la forme. Delusse avait
publié précédemment plusieurs composi-
tions pour son instrument , entre autres
Six duos pour deux flûtes , gravés à
Paris , six sonates pour flûte , avec basse
continue, six petits divertis s emens pour
deux flûtes , mais tout cela est compléte-
tçment oublié aujourd'hui. En 1760 , il
fit paraître une méthode de flûte intitu-
lée : L'art de la flûte traversiere, ouvrage
fort inférieur à celui de Quantz publié
quelques années auparavant. Au mois de
décembre 1765, il fit insérer dans le Mer-
cure une Lettre sur une nouvelle déno-
mination des sept degés de la gamme ,
dont une nouvelle publication fut faite sé-
parément en 1766, petit in-12 de quatorze
pages, avec figures. Il y propose de sub-
stituer aux mots ut, ré, mi, etc., extraits
de l'hymne de Saint- Jean par Guid'Arezzo,
les voyelles a, e, i, o, u, ou, uo, et
même d'employer ces voyelles au lieu des
notes ordinaires , pour écrire le chant.
Cette innovation, qui n'offrait rien d'utile,
ne fut point adoptée.
Delusse était fabricant d'instrumens à
vent , et montra beaucoup d'habileté dans
leur confection ; ses flûtes et ses hautbois
étaient surtout remarquables pour leur
bonne qualité ; ces derniers sont encore
recherchés , à cause de leur beau son et de
leur grande justesse. Il exécuta, en 1780,
une flûte double, qu'il appella/7z^e harmo-
nique : elle était composée de deux flûtes
à bec réunies dans un même corps, et
sur lequel on pouvait exécuter des duos.
Cette invention était renouvelée des anciens,
comme on le voit par quelques passages de
Pollux , de Pausanias et d'Athénée , et par
plusieurs bas-reliefs antiques. C'est aussi
à Delusse qu'on doit le Eecueil de ro-
mances historiques , tendres et burles-
ques, tant anciennes que modernes,
avec les airs notés , Paris , 1768, in-8°,
qu'on a attribué par erreur à Laujon ,
dans le catalogue de La Vallière, n° 151 09.
DEM
DELVER (frederic), maître de clave-
cin à Hambourg, vers la fin du 18e siècle,
a fait imprimer dans cette ville trois re-
cueils de romances , en 1796 et 1797, et
une sonate pour le piano avec accompa-
gnement de violon.
DEMACHI (joseph), né à Alexandrie-
de-la-Paille , vers 1740, fut d'abord atta-
ché à la musique du roi de Sardaigne , en
qualité de violiniste, et s'établit ensuite à
Genève en 1771. Il a fait imprimer dix-
sept ouvrages de sa composition , tant à
Lyon qu'à Paris. Ils consistent en sym-
phonies concertantes , quatuors , trios et
duos pour le violon. Ses duos pour violon
et alto, op. 1, et pour deux violons, op. 7,
ont eu du succès lorsqu'ils ont paru.
DEMANTIUS (Christophe), composi-
teur, né à Reichemberg en 1567, fut d'a-
bord chantre à Zittau, vers 1596, et passa
ensuite à Freyberg, en 1607, pour y rem-
plir les mêmes fonctions. Il mourut en ce
lien le 20 avril 1643. On a de lui les ou-
vrages suivans : 1° Magnificat 4 , 5 et
6 voc. ad 8 usitatos et 12 Modos musi-
cos , Francfort; 2° Weliliche Lieder mit
5 Stimmen, Nuremberg, 1595, in-4°;
5° LXXF^II auserlesene Liebliche Pol-
nischer und Teutscher Art Tœntze mit
und ohne Texte, von 4 und 5 Stimmen,
neben andem Kïinstlichen Galliarden
mit 5 Stimmen ( Soixante-dix-sept airs de
danse polonais et allemands , choisis et
agréables , avec et sans paroles , à quatre
et cinq voix , etc.) , Nuremberg , 1601 ,
in-4°; 4° Triades precumvespertinarum
ad 8 tonos et modos concinnatœ , Nu-
remberg , 1602 ; 5° Isagoge artis Mu-
sicœ ad incipientium captum maxime ac-
comodata. Kurtze Anleitûng recht und
leicht singen zu lernen, nebst Erklœrung
der griechischen Wœrlein, so beyneuen
Musicis im Gebrauch sind, Nuremberg ,
1605, in-8°. La seconde édition est de
Nuremberg, 1607, in-8°;il yen a une de
la même ville, datée de 1617. La septième
porte la date de Freyberg, 1621 , in-8° ;
enfin il y en a de cette dernière ville da-
DEM
DEM
271
tées de 1652, de 1642, de 1650, de Jcna
1656, et de Freyberg, 1671, in-8° ;
6° Conviviorum Deliciœ, newe, liebliche
Inlraden und Ausszuge , neben Kunst-
lichen Galliarden und Frœlichen Pol-
nischen Tœntzen mit 6 Stimmen, Nu-
remberg, 1608, in-4°; 7° Convivalium
concentuumfarrago, in welcherleutsche
Canzonetle und Villanellen mit 6 Stim-
men zu sampt einem Echo und zwejen
dialogis mit 8 Stimmen verfasset , Nu-
remberg, 1609, in-4°; 8° Corona Har-
monica, oder auserlesene ans den Evan-
gelien au f ail Sonntage und vornehmste
Feste durchs gantze Jahr mit 6 Stimmen
und aufallerhand Instrumentent zu ge-
brauchen , Leipsick, 1610; 9° Threno-
diœ , dass ist senhliche Klaglieder uber
den abschiedt des Churfurslens Chris-
tian II , von Sachsen , Leipsick, 1611 ,
in-4°; 10° Erster Theil newer teutsche
Lieder , so zwor durch Georgium Lan-
gium mit 5 Stimmen, Leipsick, 1615,
in-4°; 11° Zweiter Theil derselben ,
Leipsick, 1615, in -4°; 12° Timpanum
Militare, oder 21 Streit und Triumph-
Lieder } von 5, 6, 8 imd 10 Stimmen,
Nuremberg, 1615; 13° Te Deum Lan-
damus 5 voc, Freyberg, 1618 ; 14° Te
Deum mit 6 Stimmen, Freyberg, 1620 ;
15° Triades Sioniœ Introïlum , Missa-
rum et Prosarum 5 , 6 et 8 vocum,
Freyberg, 1619; 16° Threnodiœ , dass
ist auserlesene trostreiche Begrœbniss-
gesœnge , so bey chur-und Fûrstlichen
Leichen-Begœngnissen und Bejsetzun-
gen-benebst andern christlichen Medita-
tionibus und Todegedanken , fur 4,5,
und 6 Stimmen, Freyberg, 1620, in-8°.
DEMAR (Sebastien), né à Wiïrtzbourg,
en Franconie , le 29 juin 1765, a eu pour
premier maître de composition Richter ,
maître de musique de la cathédrale de
Strasbourg. Après avoir été pendant trois
ans instituteur et organiste à l'école Nor-
male de Weissembourg , il partit pour
Vienue, où il reçut des conseils de Haydn.
De là il alla en Italie et y acheva ses étu-
des sons son oncle Pfeifïer , musicien ha-
bile. Il vint enfin en France , et se fixa à
Orléans, où il vit encore. Il a composé
plusieurs messes, un Te Deum à grand
orchestre, trois opéras, six œuvres de
symphonies , deux concertos de violon ,
quatre concertos de piano , trois concertos
de harpe, un idem de cor, quatre qua-
tuors pour le violon, deux recueils de mu-
sique militaire à grand orchestre , dix
œuvres de duos pour le violon , trois duos
pour le cor , quatre duos pour la harpe et
le piano , quatre œuvres de sonates pour le
piano , quatre œuvres de sonates pour la
harpe , trois méthodes élémentaires , la
première pour le violon, la deuxième pour
le piano et la dernière pour la clarinette.
DEMAR (joseph) , frère du précédent,
est né, en 1774, à GaUaschach en Fran-
conie. Il a en pour maître de violon Lau-
rent-Joseph Schmitt , maître des concerts
du duc de Wùrtzbourg ; on le cite comme
un virtuose sur le violon et la viole d'a-
mour. Il était attaché à la chapelle du
grand-duc de Wùrtzbourg en 1812. Il a
composé plusieurs messes à grand orches-
tre , et beaucoup de duos de violon.
DEMAR ( therèse) , fille de J. Sébas-
tien , née à Paris , fut élève de son père ,
et se fit connaître comme harpiste dans
les concerts publics, en 1808 et 1809.
Elle a publié environ trente œuvres de
musique pour la harpe , qui consistent en
préludes, pots-pourris, airs variés, fan-
taisies , etc., dont la plupart ont été gra-
vés à Paris , chez Mme Duhan.
DEMELIUS (chrétien), naquit à
Schlettan , petite ville près de Annaberg ,
en Saxe, le premier avril 1643. Son père,
qui était brasseur , aimait beaucoup la
musique. Il voulut que Demelius cultivât
cet art , et le confia aux soins de Christo-
phe Knorr , organiste , pour qu'il en ap-
prît les principes. Le jeune Demelius fut
envoyé ensuite à l'école de Zwickau , où
il reçut des leçons de chant pendant cinq
annnées. De là il passa à l'école de Nnrd-
hausen , en 1663 , où il obtint la place
272
DEM
DEM
de précepteur des enfans du bourguemestre
Ernest. Il les accompagna à l'université
de Jena, en 1666, et cette circonstance
lui fournit l'occasion d'apprendre la com-
position sous la direction de Adam Dresen.
Revenu à Nordhausen vers la fin de 1669,
il y fut nommé chantre de la ville, et
occupa cette place jusqu'à sa mort, arrivée
le premier novembre 1711. Demelius a
publié, en 1688, un livre de cantiques
pour l'usage des églises de Nordhausen ,
dont on a fait plusieurs éditions. Il a com-
posé aussi un recueil de motets à quatre
voix , qui a été imprimé à Sondersbausen
en 1700. Enfin , on a de lui un traité élé-
mentaire de musique sous ce titre : Musicœ
artis prœcepta labulis synopticis inclus a,
nec non praxin pecidiarem , cujus béné-
ficie) nonnullorum mensiwn spatio tiro-
nes ex fwidamento musicam facillime
docere poterit docturus. Nordhausen ,
in-4° , sans date. J.-J. Meyer, recteur à
Nordhausen , a fait une élégie latine sur la
mort de Demelius, où il a fait entrer tous
les termes techniques de la musique.
DEMHARTER (joseph), pianiste et
compositeur, vivait à Augsbourg vers 1 81 5.
Il a publié dans cette ville, chez Gombart,
une messe à quatre voix avec quatuor et
orgue , des chants populaires de la Bavière
à quatre voix , avec accompagnement de
piano , des variations sur God save the
King pour le piano , un rondeau avec or-
chestre , op. 7 , pour le même instrument ,
et quelques autres productions du même
genre. Il y a lieu de croire que M. Dem-
harter a cessé de vivre , car aucune com-
position de lui n'a été publiée depuis près
de quinze ans.
DEMMLER (jean-michel), né à Gross-
Actingen , dans la Bavière, est mort en
1785 , à Augsbourg , où il était organiste
de la cathédrale. Il jouissait de la réputa-
tion d'un habile claveciniste. Ses compo-
sitions , dont on n'a rien imprimé, consis-
tent en une cantate intitulée Deucalion et
Pyrrha , plusieurs symphonies, et des
concertos pour le clavecin.
DEMOCRITE, philosophe de l'anti-
quité, naquit à Abdère, ville delà Thrace,
470 ans avant l'ère chrétienne. Héritier
de richesses considérables , il les employa
à voyager en Egypte , dans la Perse . dans
l'Inde et en Italie , pour acquérir des con-
naissances étendues dans toutes les bran-
ches des sciences. A Athènes , il suivit les
leçons de Socrate et d'Anaxagorc. De re-
tour dans sa patrie , et ruiné par ses longs
voyages , il trouva un asile chez son frère
Damasis. Cependant une loi des Abdéri-
tains privait des honneurs de la sépulture
quiconque avait dissipé son patrimoine ;
pour se soustraire à cette ignominie , Dé-
mocrite fit une lecture publique d'un de
ses ouvrages philosophiques , et l'admira-
tion qu'il excita par cette lecture fut telle
que ses compatriotes décidèrent que ses
funérailles seraient faites au frais de l'Etat.
Après une longue vie passée dans la re-
traite , dans l'étude et dans la méditation,
ce philosophe célèbre mourut , dit-on , à
l'âge de cent neuf ans. Dans la liste éten-
due des ouvrages attribués à Démocrite
par Diogène Laërce, et parmi lesquels il
est vraisemblable qu'il y en a beaucoup de
supposés , on trouve sept livres sur la mu-
sique qui n'ont point été retrouvés jusqu'à
ce jour.
DÉMODOQUE, musicien de l'antiquité,
né à Corcyre, vivait avant Homère , qui en
parle avec éloge en plusieurs endroits de
l'Odyssée. Il fut disciple d'Automède de
Mycènes, et l'on croit que ce fut lui
qu'Agamemnon laissa près de Clitemnes-
tre pour veiller à sa conduite. Ptolémée
Ephestion, cité par Photius, dit qu'Ulysse,
disputant le prix dans des jeux célèbres en
Tyrrhéuie, y chanta au son de la flûte le
poème de Démodoque sur la prise de Troye,
et fut déclaré vainqueur.
DÉMOÏZ DE LA SALLE (l'aebe),
né à Rumilly, en Savoie, vers la fin du
17e siècle , était de la même famille que le
le général Démotz-de-1'Allée, qui comman-
daitlesforces d'Hyder-Aly, dans le Maïs-
sour. Après avoir terminé ses études , Dé-
DEN
DEN
273
motz entra dans les ordres et fut pourvu
d'une cure dans la partie du diocèse de
Genève qui appartenait alors à la France.
Tl fit insérer dans le Mercure le plan d'une
nouvelle méthode de notation pour la mu-
sique, qui fut approuvé par l'Académie
des sciences en 1726 , mais vivement cri-
tiqué dans un petit écrit intitulé : Remar-
ques sur la méthode d'écrire la musique
de M. Démotz, Paris, 1726 , in-12. Le
système de Démotz consistait à supprimer
la portée, et à ne faire usage que d'un seul
caractère de note qui , par sa position ver-
ticale , horizontale , ou inclinée en divers
sens, indiquait le degré d'élévation du
son. Cette invention n'était pas nouvelle :
Burmeister, en 1601, Smidt, en 1607,
et le père Souhaitty, en 1677, en avaient
proposé d'analogues. Démotz fit paraître
pour sa défense une brochure qui avait
pour titre : Réponse à la critique de M***
contre un nouveau système de chant,
par M***, prêtre, Paris 1727, in-12, de
42 pages. On y trouve les approbations de
l'Académie des sciences , de Campra , de
Clerambault, de Lallouette, et de plusieurs
autres maîtres du temps. Il publia ensuite :
1° Méthode de plain chant selon un nou-
veau système, très court , très facile et
très sûr , Paris , 1 728 , in-12 ; 2° Bréviaire
romain, noté selon un nouveau système
de chant, Paris, 1728, in-12 de 1550 p.;
5° Méthode de musique selon un nou-
veau système, Paris, 1728, in-8° de
232 pages. Brossard attaqua ce système ,
et fit voir qu'il ne pouvait être utile, dans
une Lettre en forme de dissertation , à
M. Démotz, sur sa nouvelle méthode
d'écrire le plain chant et la musique,
Paris, 1729, in-4° de 37 pages. Le sys-
tème de Démotz eut cependant une sorte
de succès ; il préparait même de nouvelles
éditions de ses livres notés, avec des chan-
gemens qui furent approuvés par l'Acadé-
mie des sciences, en 1741, lorsque la
mort de l'auteur vint empêcher l'exécution
de ce projet.
DENNER ( JEAN-cnRisTornE) , célèbre
facteur d'instrumens, naquit à Leipsick
le 13 août 1655. Il n'était âgé que de huit
ans lorsque son père , fabriquant de cors
de chasse et de flûtes , alla s'établir à Nu-
remberg. Dès son enfance , Denner apprit
à fabriquer des instrumens de musique ,
particulièrement des flûtes , et il acquit
tant d'habileté dans la construction de
celles-ci qu'on les préféra aux flûtes de
tous les autres facteurs de l'Allemagne. Il
se distingua surtout par la justesse qu'il
donna à ses instrumens. On lui attribue
l'invention de deux bassons portatifs dont
l'un eut le nom de Stock fagott (basson à
canne ) , et l'autre , celui de Racketten
fagott (basson à raquette ou à fusée ). Ce
dernier, assez semblable à une petite trom-
pette par sa forme et par ses dimensions *
était d'un maniement assez facile ; mais ii
paraît qu'il fatiguait la poitrine , à cause
des neuf tours que faisait son tube, et qu'il
était difficile de saisir exactement les trous
pour les boucher sur ce tube si souvent re-
courbé. Ces défauts paraissent avoir été
cause de l'oubli où cet instrument est
tombé. On doit à Denner une découverte
beaucoup plus importante : je veux parler
de la clarinette qu'il inventa en 1690
suivant quelques biographes, et vers 1700
selon d'autres. Cet instrument, qui est
devenu la base des orchestres d'harmonie
et qui joue un grand rôle dans les autres
est un instrument sui generis qui n'a d'a-
nalogie avec aucun autre , prouve que son
inventeur possédait une grande puissance
d'imagination *. On n'en comprit pas d'a-
bord le mérite, car plus de soixante années
s'écoulèrent avant qu'on l'introduisît dans
les orchestres, surtout en France (Voyez
Gossec); mais depuis lors, on en a tiré
les plus beaux effets.
Après une vie honorable et active
» Le principe acoustique tin la clarinette offre cette
différence avec relui des autres instrumens à veut, qu'elle
TOME m.
tfoclavie pas , mais qu'elle quintoie, lorsque le son voulu
ne se produit pas.
18
274
DEN
DEN
Denner mourut à Nuremberg le 20 avril
1707. Ses deux fils ont marché sur ses
traces , et ont fabriqué d'excellens instru-
mens pendant plus d'un demi-siècle.
DENEUF VILLE (jean-jacques) , fils
d'un négociant Français qui s'était établi
à Nuremberg, naquit dans cette ville le
5octobrel684.Dèsson enfance il s'adonna
à l'étude de la musique, et apprit le cla-
vecin et la composition sous la direction de
Pachelbel. Au mois de novembre 1707 , il
entreprit un voyage en Italie pour perfec-
tionner son goût et son savoir. Il s'arrêta
à Venise , où il publia un œuvre de pièces
pour le chant avec accompagnement de
plusieurs instrumens. Il revint dans sa
ville natale par Gratz et Vienne, et arriva
à Nuremberg au mois d'avril 1709. Il y
fut bientôt nommé organiste et composi-
teur de la ville ; mais il ne jouit pas long-
temps de ces avantages, car il mourut dans
sa vingt-haitième année , le 4 août 1712.
Ses principaux ouvrages sont : 1° Honig-
Opfer auf andachtige Lippen triefend ,
oder der allersùssele Nahmen Jésus
(Offrande de miel pour humecter les lèvres
dévotes, ouïes douceurs du nom de Jésus,
en quatre devises), Nuremberg, 1710
2° IV Encomia ; Sit nomen Domini be
nedictum ; Non est similis tui , Domine
Bealus vir, cujus est nomen Domini
spes ejus ; Confitemini Domino, quo
niam excelsum nomen ejus, a voce
sola , Ire stromenti e continuo , Venise,
1708. Je crois que l'ouvrage cité précé-
demment n'est que la deuxième édition du
premier ; 3° VI Variirte Arien f tirs Kla-
vier (Six airs variés pour le clavecin).
DENIS (J.), organiste de Saint-Bar-
thélémy et maistre faiseur d' instrumens
de musique, vers le milieu du 17e siècle,
a fait imprimer un livre qui a pour titre :
Traité de l'accord de l'espinetle avec la
comparaison de son clavier à la musi-
que vocale, augmenté en cette édition des
quatre chapitres suivans : 1° Traité des
sons et combien il y en a; 2° Traité des
tons de l'église, et de leurs es tendues;
5° Traité des fugues et comme il les faut
traiter; 4° La manière de bien jouer de
iespinette et des orgues, à Paris, par
Robert Ballard,1650, petit in-4°. J'ignore
quelle est la date de la première édition; elle
n'est point indiquée dans la seconde. Dans
un chapitre de son livre , intitulé Advis à
messieurs les maistres de musique et
messieurs les organistes , J. Denis dit
qu'un organiste de la Sainte-Chapelle,
nommé Florent le Bien Venu , fut son
maître de musique vocale et instrumentale.
DENIS ( . . . . ) , né à Lyon au com-
mencement du 18e siècle fut maître de
musique des cathédrales de Tournay et de
Saint-Omer, après avoir exercé la profes-
sion de musicien à Lyon , à Rouen , à
Marseille, à Lille, à Bruxelles, à Anvers,
et dans beaucoup d'autres villes. Il s'est
fait connaître par un ouvrage élémentaire
intitulé : Nouveau système de musique
pratique, qui rend l'étude de cet art
plus facile , en donnant de V agrément à
la solfiation (solmisation) , et en soute-
nant ainsi l'ardeur des commencans ,
Paris, 1747, in-4° oblong. Ce musicien
est vraisemblablement le même que l'au-
teur de deux livres de sonates cités par
Walther d'après le catalogue de Boyvin
publié à Paris en 1729.
DENIS (pietro), maître de musique
des dames de Saint-Cyr, vers 1780, et
professeur de mandoline à Paris , était né
en Provence. Il a publié plusieurs ouvra-
ges théoriques et pratiques dont voici les
titres : 1° Méthode pour apprendre faci-
lement et en peu de temps la musique et
l'art de chanter , Paris, in-4°, sans date}
2° Méthode pour apprendre la mando-
line, Paris , 1792 ; 3° Quatre recueils de
petits airs pour la mandoline; 4° Traité de
composition par Fux, traduit du Gradùs
ad Parnassum de cet auteur, Paris,
Boyer, in-4°, gravé. Cette traduction est
fort mauvaise ; l'exécution typographique
n'est pas meilleure.
DENK ( j.-j.). On a sous ce nom une
dissertation qui a pour titre ; De musices
DEN
DEN
275
■vl medicatrice , Vindobonœ, 1822. II est
vraisemblable que l'auteur de cet écrit est
médecin.
DENNINGER ( jean-nepomucène),
claveciniste et virtuose sur le violon , était
directeur de musique et maître des concerts
à Oehringen en 1788. Il a fait graver un
concerto de clavecin à Manbeim, en 1788,
et trois sonates pour le même instrument
avec accompagnement de violon et basse ,
op. 4, à Offenbach, en 1794.
DENNIS (jean) , écrivain anglais, plus
connu par la bizarrerie de son caractère
que par le mérite de ses ouvrages , naquit
à Londres en 1657. Son père , qui était
sellier dans la Cité, voulant lui donner une
éducation libérale , l'envoya à l'université
de Cambridge , où il fit d'assez bonnes
études , et d'où il fut cbassé pour avoir
tenté d'assassiner un étudiant. Revenu en
Angleterre, après avoir voyagé en France
et en Italie , il se trouva possesseur d'une
fortune assez considérable qui lui avait été
laissée par un de ses oncles. Il se lia alors
avec des nommes distingués par leur nais-
sance ou par leur mérite, tels que les
comtes Halifax et Pembroke , Dryden ,
Congrève, Wicherley, etc.; mais l'excès
de sa vanité et son caractère insociable
éloignèrent bientôt de lui ses amis. Il se fit
auteur , et attaqua dans une foule de pam-
phlets l'honneur et la réputation des per-
sonnes les plus recommandables , ce qui
lui attira quelquefois d'assez méchantes
affaires. Enfin , après avoir dissipé sa for-
tune, il mourut délaissé et dans un état
voisin de l'indigence, à l'âge de soixante-dix-
sept ans, le 6 janvier 1735. Dennis a publié
une diatribe assez piquante sur l'établisse-
ment de l'Opéra-Italien à Londres , sous
le titre de An essay on the italian Opéra,
Londres, 1706, in-8°.
DENTICE ( lodis ), gentilhomme na-
politain , qui vécut vers 1550 , est connu
par Due Dialoghi délia musica, Na-
ples , 1552 , in-4°. Le père Martini indi-
que une édition de cet ouvrage ( Sloria
délia Musica f tom. I, pag. 454) datée
de Rome, 1655. M. l'abbé Baini dit que
les deux dialogues ont été imprimés plu-
sieurs fois à Rome et à Naples depuis 1555
jusqu'en 1554 ( Mem. stovico-critiche
délia vita e délie opère di Giov. Pierluigi
da Paleslrina, tom. II, n° 578). Dentice
traite principalement dans ces dialogues
des proportions et de la tonalité de la mu-
sique des anciens , et prend pour guide le
traité de Boëce. Dans la biographie des
hommes illustres du royaume de Naples
(Biographia degli uominl illustri del re-
gno di Napoli ornata dei loro rispettivi
ritratli, 'volume che contiene gli elogi
dei maestri di Cappella, cantori, e can-
tanii più celebri , Naples 1819, in-4°.)
on cite aussi un autre ouvrage de
Dentice, intitulé : La Cura dei malicolla
musica, qu'on dit avoir été publié, mais
sans indiquer le lieu ni la date de l'im-
pression. Louis Dentice a écrit un Mise-
rere à deux versets alternativement à 5 et à
4 parties. Il a dédié ce morceau à la cha-
pelle pontificale , où il a été souvent exé-
cuté. C'est un des meilleurs morceaux de
ce genre qui ont été faits pour cette cha-
pelle , où il est conservé.
DENTICE ( fabrice ) , compositeur na-
politain , vivait à Rome dans la seconde
moitié du 16e siècle. Galilée vante son ha-
bileté sur le luth et dans la composition
( Dialogo délia musica, pag. 158). Il a
publié à Venise, en 1580 , des motets à
cinq voix. Dentice est aussi auteur d'un
Miserere, composé originairement à six
voix. On trouve ce Miserere réduit à qua-
tre parties par D. Michel Pacini , chantre
chapelain de la chapelle du duc d'Altemps,
avec les versets intermédiaires ajoutés par
J. Marie Nanini, dans un volume de la
chapelle Sixtine , in-fol., sous le n° 2925.
Dans un volume de la collection manus-
crite connue sous le nom de Collection
Eler , qui est à la Bibliothèque du Con-
servatoire de musique de Paris, on trouve
des motets en partition de Fabrice Den-
tice.
DENTICE (scifion), frère du précé-
18*
270
DEP
dent, fut un compositeur distingué. Il a
publié à Venise cinq livres de madri-
gaux à cinq voix , et un livre de motets ,
également à cinq voix. Ces ouvrages sont
indiqués par le catalogue de la bibliothè-
que musicale du roi de Portugal.
DENZI ( Antoine ) , compositeur et
chanteur italien, fut engagé pour chanter
à Prague chez le comte de Sporck , en
1724. llybrilla cette même année dans le
rôle à'Orlcmdo furioso , de Ristori , et se
fit applaudir en 1726 dans le Nerone et
dans YArmenione d'Orlandini. En 1727,
le comte de Sporck le chargea de la direc-
tion de son théâtre, et pendant l'exercice de
ses fonctions il fit représenter plus de cin-
quante-sept opéras; mais il y mit tant de
luxe, que la fortune du comte commençaità
en souffrir, et que celui-ci fut obligé de sup-
primer son opéra italien. Denzi prit alors
ce spectacle à ses frais; mais cette spécu-
lation ne fut point heureuse : il y perdit
toutes les richesses qu'il avait acquises pré-
cédemment. Alors, dans l'espoir de rétablir
ses affaires , il composa l'opéra national
intitulé : Praga nascente da Libussa e
Primislao , qui fut représenté en 1734.
Il dédia cet ouvrage à la noblesse de Bohême
etyjoualui-mêmele rôle de Ctirad. Le suc-
cès fut si grand; et les représentations furent
si multipliées et si productives, que Denzi
se trouva plus riche qu'il n'était aupara-
vant. Dlabacz, à quicesrenseignemenssont
empruntés ( Voyez Allgem. histor. Kunst-
ler-Lexik. fur Bœhmen , tom. I , col.
521 ) , ignore combien de temps Denzi de-
meura à Prague , le lieu où il s'est retiré ,
et la date de sa mort.
DEPERT (gabriel), membre de l'a-
cadémie des sciences de Turin , au com-
mencement du 19e siècle , à fait insérer
dans les mémoires de cette académie
i Cet article est tiré en partie d'un mémoire tjue l'au-
teur :1e ce Dictionnaire à écrit sur les musiciens belges
des XVe et XVIe siècles , pour un concours de l'Institut
«les l'ays-Bas , mais avec des additions et des corrections
considérables.
y «CuivirO, si de duodecim moilis ac vera rationo
« musica nolitia contigisset ad nativam illam indoleai, et
DEP
(années 1805-180G, part. II, pag. 241-
320 ) une dissertation qui a pour titre :
Du principe de V harmonie des langues ;
de leur influence sur le chant et sur la
déclamation. Ce mémoire a été lu le 5
mars 1806.
DEPRÈS ou DESPRÈ3 (josquin) ', fut
un des plus grands musiciens de la fin du
15e siècle, et celui dont la réputation eut
le plus d'éclat. Les anciens écrivains, et
même les Italiens de nos jours, le désignent
en général par son prénom de Josquin ;
cependant on trouve aussi son nom écrit
de beaucoup de manières différentes, telles
que Jusquin, Jossien, Jodocus, Jodocu-
lus , Depret, Dupré , Després , a Prato,
del Prato, a Pratis, Pratensis, etc. Son
nom véritable était Deprès. Quant au
prénom de Josquin, contracté du flamand
Jossekin, il signifie le petit Josse , sorte
de diminutif amical employé autrefois pour
désigner certains artistes célèbres. Nul n'a
joui d'une plus brillante réputation pen-
dant sa vie , et n'a conservé sa renommée
aussi long-temps après sa mort. Les Alle-
mands , les Italiens , les Français , les
Anglais l'ont unanimement proclamé le
plus grand compositeur de son temps , et
le plus habile maitre qu'ait produit l'an-
cienne école gallo-belge , si fertile en sa-
vans musiciens. Glaréan a dit de lui que
la nature n'a jamais produit d'artiste plus
heureusement organisé, ni qui possédât une
science plus réelle et plus étendue a. Il
ajoute que nul, mieux que lui, ne savait
exciter les affections de l'ame par ses chants,
que nul n'avait plus de grâce et de facilité
dans tout ce qu'il faisait, et que, semblable
à Virgile , qui n'a point de maître dans la
poésie latine , il n'en avait point dans son
art 3. Gaffori en parle avec la même admi-
ration {Pract. Music.j lib. III, cap. 13);
« ingenii, qua viguit, aciimoniam ; nihil natuia augustins
« in hac arte, nihil magniScenlius producere poluisset.
« lia in omnia versatile ingenium erat, ita natnra»
« acumiue ac vi armatum, ut nihil in hoc negolio ille non
« poluisset. » Dodecach., pag. 362.
3 « Nemo hoc symplioneta aft'eclus animi in cantu
« eilicacius expressif , nemo felicius orsus est , nemo
DEP
DEP
277
Spataro le qualifie du titre rie premier ries
compositeurs de son temps ( Tractato de
musica , etc., Venise, 1532); Adrien
Petit Coclicus, ou plutôt Coclius, l'appelle
Princeps musicorum, quos munclus sus-
cipit et admirât ur ; et Zarlino, si bon
juge en ce quiconcernela musique, affirme
qu'il tenait la première place parmi ses
contemporains ( teneva ai suoi tempi nella
musica il primo luogo *. On ne finirait
pas si l'on voulait citer toutes les autorités
qui prouvent la haute estime dont Josqnin
Deprès a joui pendant sa vie et après sa
mort. Des faits viennent à l'appui de ces
éloges pour démontrer la puissance de son
nom. Corteggiano de Castiglione voulant
prouver que les esprits ordinaires ne ju-
gent du mérite des ouvrages que sur la ré-
putation de leurs auteurs, rapporte l'anec-
dote suivante : Un motet ayant été chanté
devant la duchesse d'Urbin, il fut écouté
avec la plus grande indifférence parce que
le nom de l'auteur était inconnu ; mais dès
qu'on eut appris que le morceau était de
Josquin, les marques d'une admiration ex-
cessive éclatèrent de toutes parts. Zarlino
rapporte aussi une anecdote semblable 2.
Le motet Verbum bonum et suave était
chanté depuis long-temps à la chapelle
pontificale de Rome, comme une compo-
sition de Josquin , et considéré comme une
des meilleures productions de l'époque ,
lorsque Adrien Willaert, qui dans la suite
est devenu célèbre, quitta la Flandre pour
visiter l'Italie. Arrivé à Rome, il entendit
exécuter ce motet , et déclara qu'il était de
lui. Dès cet instant, le morceau fut mis
au rebut , et cessa d'être exécuté. M. l'abbé
Raini a exprimé dans un style très élégant
cette prééminence de Josquin Deprès sur
tous ses contemporains 3 : Un tal Jus-
quin des Près, o del Prato; dit-il, in
brev ora diviene con le sue nuove pro-
« gratia ac facilitate cum eo ex aequo certare potuit, sicut
c< nemo Latinorum in carminé epico Marone inelius. »
Jbid.
I Sopplimenti music., pag. 314.
» Jbid, pag. 315.
3 Mémo rie storico-cril. délia vita e délie opère di
duzioni Vidolo delV Europa. Non si
gusta piii allri , se non il solo Jusquino.
Non v' e piu bello , se non e opéra di
Jusquino. Si canta il solo Jusquino in
tuile le cappelle allora esistenli : il solo
Jusquino in Italia , il solo Jusquino in
Francia , il solo Jusquino in Germania,
nelle Flandre , in Ungheria , in Boemia,
nelle Spagne il solo Jusquino. (Josquin
des Près ou Del Prato devint en peu de
temps l'idole de l'Europe. On ne goûte
plus que Josquin ; nul ouvrage n'est beau
s'il n'est de Josquin ; Josquin est le seul
dont on chante la musique dans les cha-
pelles alors existantes. Josquin seul en
Italie, Josquin seul en France, Josquin
seul en Allemagne; en Flandre, en Hon-
grie , en Bohême , en Espagne , rien que
Josquin ).
L'Italie , l'Allemagne et la France se
sont disputé la gloire d'avoir donné la
naissanceà ce grand musicien. Les Italiens,
se fondant sur la traduction qu'on avait
faite autrefois de son nom en ceux de
Jacobo Pralense et de Jusquin del Prato,
l'ont fait naître à Prato , en Toscane. For-
kel dit, dans son histoire de la musique 4,
que le lieu de la naissance de Josquin n'est
point connu, mais qu'on le croit originaire
des Pays-Bas. Néanmoins, cet historien
cite Vitus-Ortel de Windsheim qui le met
au rang des meilleurs compositeurs alle-
mands , tels que Senfel , Henri-Isaac et
autres 5. Pour appuyer cette prétention ,
Forkel dit qu'on peut d'ailleurs considérer
Josquin comme compositeur allemand,
puisque les Pays-Bas font partie de l'Alle-
magne. D'un autre côté , les biographes
et les critiques français font des efforts
pour démontrer que c'est en France que
Josquin a pris naissance. Sans compter
Colliète, auteur d'une histoire de Ver-
mandois , et Claude Hémeré , à qui l'on
Gio Pierluigi du. Palestrina, tom. 11 pag. 407.
4 AUgemeine GeschielUe der Musih , t. II , p. 550.
5 « Germanorum , musice, utpote Josquini, Senfetii ,
« Jsuaci , etc., vincit rclinquaruiu nationum musicam ,
« et arte, et suavitate , et pravilate. »
278
DEP
doit des tables chronologiques des doyens
de Saint-Qnentin, lesquels ne le disent pas
positivement , mais le font entendre , on
peut citer Mercier, abbé de Saint-Léger,
qui considère le grand musicien comme
Français r sur l'autorité de Le Duchat,
qui le fait naître à Cambrai , et M. Perne,
auteur d'une notice sur Josquin Desprès
{Voyez la Revue musicale } Paris, 1827,
tom. II , pag. 266 ) , qui adopte la même
opinion. Voici le passage sur lequel l'abbé
de Saint-Léger se fonde pour assigner Cam-
brai comme le lieu de la naissance de Jos-
quin : c'est la note 48 de Le Duchat sur
le nouveau prologue du 4e livre du Pen-
tagruel de Rabelais (édit. d'Amsterdam,
1711 , tom. IV , pag. 44). « Dix d'entre
« ceux que Rabelais nomme icy , dit Le
«c Duchat , furent les disciples de cet excel-
« lent musicien ( Josquin ) , qui estoit de
a Cambray, et duquel il y a plusieurs
« chansons imprimées avec la note à
« Paris , à Lyon , à Anvers, et en d'autres
«t lieux. » Ce passage , et l'opinion émise
par Le Duchat sur le lieu de la naissance
de Josquin , ne concluent point en faveur
de ceux qui croient que ce compositeur
était Français, car il ne faut pas oublier
que la Flandre française, à laquelle appar-
tient Cambrai, fit long-temps partie des
Pays-Bas; qu'elle était indépendante comme
le pays dont elle est un démembrement ,
qu'elle fut ensuite réunie au duché de
Bourgogne , par l'alliance des ducs avec
les comtes de Flandre , et qu'elle ne de-
vint une province française qu'après que
Jjouis XIV en eut fait la conquête. Cette
conquête ne peut faire considérer comme
Français ceux qui étaient nés dans le pays
avant qu'elle se fit 2.
Au reste l'assertion de Le Duchat , que
rien n'autorise , est démentie par des écri-
DEP
vains presque contemporains de Josquin
Deprès , qui disent que ce musicien était
né clans le Hainaut. Parmi ces écrivains ,
on remarque Lacroix-du-Maine, Duverdier
et Ronsard. « Josquin Des Près , dit le
« premier (Biblioth., tom. II , pag. 47 ,
« édition de Rigoley de Juvigny ) , natif
« du pays de Hainault en la Gaule bel-
o gique , l'un des premiers et des plus ex-
« cellens et renommés musiciens de son
« siècle. Il a mis plusieurs chansons en
« musique, imprimées à Paris], à Lyon ,
« à Anvers et autres lieux par une infinité
« de fois. » Duverdier dit aussi (Biblioth.
franc., tom. III , pag. 83) : « Josquin Des
« Prez, Ji ennuyer de nation , et ses disci-
« pies Mouton, Vuillard , Richafort et
« autres , etc . » Enfin le poète Ronsard ,
dans sa préface d'un recueil de chansons à
plusieurs voix , adressé à Charles IX , s'ex-
prime ainsi : <c Et pour ce , sire , quand
« il se manifeste quelque excellent ouvrier
« en cet art (la musique) vous le devez
<c soigneusement garder comme chose
« d'autant excellente que rarement elle
« apparoist , entre lesquels ce sont , depuis
« six ou sept vingt ans , eslevez Josquin
«c Desprez , Hennuyer de nation, et ses
<c disciples Mouton , Vuillard , Richafort,
« Janequin , etc. 3. » Il n'y a donc point
de doute, Josquin Deprès était né dans le
Hainaut. Peut-être est-il permis de croire
que le lieu même de sa naissance fut Condé
{Condatœ Haginœ), où il paraît qu'il
s'était retiré vers la fin de sa vie , et qui ,
n'étant qu'à" sept lieues de Cambrai , à pu
induire en erreur ceux qui l'ont fait naître
dans cette dernière ville.
La date précise de la naissance de Jos-
quin Deprès est un mystère que les efforts
des biographes n'ont pu pénétrer. Il est
des auteurs qui l'ont fait remonter jus-
i Dans ses notes manuscrites sur les Bibliothèques
françaises de Lacroix-du -Maine et de Duverdier qui
sont à la Bibliothèque royale de Paris.
» L'autorité de Glaréan suffirait seule pour prouver que
Josquin naquit dans les Pays-Bas : Jodocus a Vralo ,
dit-il, quant vulgus Belgica lingua , in qua natus
im°/.opiil/.<}>i Jusrjuinum vocal , quasi Jodoculus.
3 Meslanges de chansons , tant des vieux auteurs que
des modernes, à cinq, six , sept et huit parties, Paris, par
JVdrien Leroy et Robert Ballard , 1572. M. de Reiffen-
berg m'a repris sur cette citation , et prétend que la pré-
face de Ronsard est adressée à Henri II ; j'ai sous les
yeux ce recueil que j'ai cité, et j'affirme' que le nom de
Charles IX est écrit co toutes lettres.
DEP
DFP
279
qu'en 1440, mais il est peu vraisemblable
qu'elle soit si ancienne, car Jean Ockeghem
(Voyez ce nom), maître de Josquin , n'a
pas dû naître avant 1452 ou 1450 au plus
tôt , et n'aurait été âgé qae de huit ou dix
ans déplus que son élève. Il est d'ailleurs
assez remarquable que Tincloris , qui
écrivit son traité du contrepoint en 1477,
et qui a cité les noms de tous les musiciens
célèbres de son temps, n'a pas écrit une
seule fois celui de Josquin Deprès, qui,
certes, aurait eu déjà acquis une brillante
renommée s'il eût alors atteint l'âge de
trente-sept ans. Claude Hémeré, qui nous
a appris que ce grand musicien fut d'abord,
enfant de chœur de l'église Saint-Martin,
à Saint-Quentin, et qui a trouvé des preu-
ves irrécusables de ce fait dans les regis-
tres du chapitre de cette ville , ne désigne
point l'époque; il ajoute seulement que
Josquin devint ensuite maître de musique
delà même église *. Colliète confirme ces
faits dans ses Mémoires pour servir à
l'histoire de Vermandois (t. III, p. 157),
mais il néglige aussi de préciser les dates.
Au reste, Josquin Deprès n'a pas dû naître
pins tard que 1450 ou 1455 , car il
fut chanteur de la chapelle pontificale
antérieurement à 1484, et il ne devait pas
avoir moins de vingt-cinq ans lorsqu'il fut
admis dans cette chapelle.
S'il pouvait rester quelque doute sur
les prétentions des Italiens et les Allemands
à l'égard de la patrie de Josquin Deprès ,
la seule circonstance prouvée du lieu de
ses études suffirait pour démontrer qu'il
n'en est pas d'admissibles, car il est tout-à-
fait invraisemblable que ses parens aient
pris la résolution de l'amener de la Tos-
cane ou du milieu de l'Allemagne dans
une petite ville du nord de la France,
pour en faire un enfant de chœur , tandis
que la proximité de Condé et de Saint-
Quentin justifie l'opinion de ceux qui
croient qu'il était né dans cette ville du
Hainaut.
On vient de voir que Josquin eut pour
maître de contrepoint Jean Ockeghem ,
d' abord premier chapelain de la chapelle
de Charles VII , puis trésorier de Saint-
Martin de Tours. Ce fait est démontré par
deux déplorations qui furent composées sur
la mort de ce maître , l'une par Josquin
Deprès lui-même , l'autre par Guillaume
Crespel , élève du même musicien. On
trouve dans la première :
« Acoustrez-vous d'habits de deuil
« Josquin , Brumel , Pierchon', Compère,
« Et plorez grosses larmes d'oeil ;
« Perdu avez vostre bon père.
Et dans l'autre ,
« Agricola , Verbonnet, Prioris,
« Josquin Des Prez, Gaspard, Brumel,Compère,
« Ne parlez plus de joyeulx chants, ne ris,
« Mais composez un ne recorderis,
« Pour lamenter nostre maistre et bon père.
Ockeghem demeurait à Tours avant
1475; il est peu vraisemblable que Jos-
quin se soit rendu auprès de lui, dans
cette ville pour recevoir ses leçons. On doit
croire plutôt qu'il fit ses études fort jeune
sous ce maître avant que celui-ci eût quitté
Paris. Ce dut être vers 1465 qu'il les com-
mença. Il est impossible de décider s'il
vint ensuite prendre possession de la place
de maître de musique de Saint-Martin à
Saint-Quentin , ou s'il partit pour l'Italie
après avoir achevé ses études musicales.
S'il revint d'abord dans le lieu où il avait
été enfant de chœur, il ne dut pas y rester
long-temps, car Adami de Bolsena nous
apprend ( Osservazioni per ben regolare
il coro de' cantori délia cappella Pontifi-
cia} pag-. 159 a) qu'il fut chanteur de la
1 Voici comment s'exprime Claude Hcmerë : Fuit ille
cantandi arle clarissimus iiifantulus ( Josquinus) ,cantor
in choro Sancli-Quintini tmn ibidem musicœ prtefeclus ,
postremo magisler symplioniœ regiœ, (Taliell, clironolug.
Dec St. Quintini, pag. 161).
3 Mi par cosa ragionevole, pria di comminciar questa
opéra, il dar nolizia al collegio de' canlori délia cappella
Ponlificia di Jacopo Pratense , detto Jusquio del Prato,
celeberrimo compositoredi Musica ne'suoi tempi, escolaro
di Giovanni Okenheiin, del quale parla il Glareano. Egli
ju cantore délia delta cappella sotto Sisto IV, e sul
nostro coro nel palazzo vaticano si legge scolpito il suo
nome. (Adami, Osserv. } pag. 159-160. j
280
DEP
DEP
chapelle pontificale sons le pape Sixte IV,
qui n'occupa le Saint-Siège que depuis
1471 jusqu'en 1484. Cependant il ne se
rendit en Italie qu'après avoir été maître
de musique pendant un temps plus ou
inoins long à la cathédrale de Cambrai, si
Ton doit s'en rapporter à Jean Manlius ,
qui, dans ses remarques sur les lieux
communs de Melanchton (Collect., t. III,
cap. de Studiis) , cite une anecdote rela-
tive au séjour de Josquin dans cette ville.
Un chanteur s'y était permis de broder un
passage d'un motet de sa composition ;
Josquin s'emporta contre lui et lui dit :
« Pourquoi ajoutez-vous ici des ornemens ?
« Quand ils sont nécessaires , je sais bien
« les écrire '. »
Ce fut après son arrivée à Rome que
Josquin Deprès commença à donner l'essor
à son génie , et que sa réputation s'étendit.
Sa supériorité sur tous ses rivaux , sa fé-
condité , et le grand nombre d'idées ingé-
nieuses qu'il répandit dans ses ouvrages ,
le mirent bientôt hors de toute comparai-
son avec les autres compositeurs. Il paraît
qu'après la mort de Sixte IV , il se rendit
à la cour d'Hercule Ier d'Est, duc de Fer-
rare, et que ce fut pour ce prince qu'il écrivit
sa messe intitulée Hercules Dux Ferra-
riœ , l'une de ses plus belles productions.
La magnificence de la cour de Ferrare, et
la protection que le prince accordait aux
hommes distingués de tout genre, aurait
probablement offert à Josquin un avenir
heureux s'il avait vonlu se fixer, et si son
humeur inconstante ne l'avait déterminé
à quitter l'Italie pour se rendre en France
à la cour de Louis XII , où il accepta, non
une place de maître de chapelle , comme
l'ont dit plusieurs auteurs , et particuliè-
rement Claude Hémeré et Colliète , car,
ainsi que le remarque Guillaume du Peyrat
(Recherches sur la chapelle des rois de
France, pag. 434 et 474 ), cette charge
ne fut créée que sous le règne de Fran-
çois Ier , mais celle de premier chanteur ,
comme Glaréan le désigne ( Dodécach ,
pag. 468 2.) Mersenne donne à Josquin la
simple qualification de musicien du roi
( Harmonie universelle, livre de la Voix ,
pag. 44). Il rapporte une anecdote qui
semble prouver en effet que cet artiste cé-
lèbre fut attaché au service de Louis XII.
Ce prince, qui aimait beaucoup une chan-
son populaire, demanda un jour à Josquin
d'en faire un morceau à plusieurs voix où
il put (le roi) chanter sa partie. La pro-
position était embarrassante parce que
Louis XII n'était pas musicien et n'avait
qu'une voix faible et fausse ; cependant le
compositeur triompha des difficultés en
faisant du thème un canon «à l'unisson pour
deux enfans de chœur ; à la partie du roi,
qu'il appelle vox régis , il ne mit qu'une
seule note qui se répétait pendant tout le
morceau , et il garda pour lui la basse. Le
roi, s'amusa beaucoup de l'adresse de son
musicien qui avait trouvé le moyen de le
faire chanter juste. On trouve dans le Do-
décachorde de Glaréan ce morceau singu-
lier (pag. 469), qui a confirmé tous les
écrivains dans l'opinion que son auteur a
1 II y a des difficultés assez grandes sur l'occupation
àe la ^lace- de maître de chapelle de la cathédrale de
Cambrai par Josquin Deprès. Il n'a pu dit-on , en
remplir les fonctions qu'antérieurement à 1483, puisque
ce fut sous le règne de Sixte IV qu'il fut chanteur de la
chapelle pontificale. Cependant, Martin Hanart, cha-
noine de la cathédrale de Cambrai était aussi maître de
chapelle de cette cathédrale; il occupait cette place en
1477, à l'époque où Tinctoris lui dédia son Traité de la
valeur régulière des notes. Il faudrait donc que ce
musicien fût mort où eût quitté sa place entre les années
1477 et 14815; cependantquelques mots delà pre'face d'un
recueil de motets publié par Pierre Atlaignant à Paris,
en 1530, peuvent faire croire qu'il vivait encore au com-
mencement du 1GC siècle. (Voyez Hanart.) 11 se pourrait
toutefois que Josquin Deprès eût été nommé maître de
la chapelle de Cambrai après son retour d'Italie, et avant
de se rendre à Paris pour solliciter un emploi ou un béné-
fice de Louis XII, qui ne monta sur le trône qu'en 1498.
quinze ans se sont écoulés depuis l'a mort de Sixte IV
jusqu'à l'avènement de Louis XII. Cette époque n'offri-
rait pas les mêmes difficultés que la première.
s M. l'abbé Baini pense que Josquin fut d'abord au
service de Louis XII, et qu'il passa ensuite à celui
d'Hercule Ier, duc de Ferrare (Jusquin del Prato , die
servi m Franeia Luigi XII , e ijuindi Ercole I, duca
di Ferrara. (Mem. Stor.-crit. délia vita e délie opère di
Giov. Pierluigi da Palestrina , tom. 1, pag. 118). Cela
est peu vraisemblable, car Louis XII ne monta sur le
trône qu'en 1498, et Hercule Ier d'Est mourut le 15 jan-
vier 1505.
DEP
DEP
281
été maître de chapelle du roi de France.
Toutefois il paraît au moins douteux que
Josquin Deprès ait réellement occupé
une place dans la musique de Louis XII ,
car son nom ne se trouve dans aucun des
comptes de la chapelle de ce prince. Il est
plus vraisemblable qu'il a vécu libre à
Paris , attendant le bénéfice qui lui avait
été promis.
Il paraît d'ailleurs que son sort n'était pas
heureux dans cette ville, et qu'il n'y trouvait
pas les avantages auxquels ses talens lui
donnaient des droits ; car il adressa à l'un
de ses amis d'Italie ( Serafino Aquilano )
des plaintes amères sur la position critique
où il était , et sur le désordre de ses affai-
res. Cet ami lui répondit par le sonnet
suivant , où l'on trouve de la raison et de
la philosophie exprimées avec assez peu de
goût.
Giosquin, non dir che'I ciel sia crudo ed empio
Che t' adornô de si sublime ingegno :
E s' alcun veste ben, lascia lo sdegno ,
Che di ciô gode alcun huffone, o sempio.
Da quel ch' io ti dire prendi Y esempio ;
L' argento e 1' or, che da se stess' è degno ,
Si mostra nudo, e sol si veste il legno ,
Ouando s' adorna alcun theatro e tempio.
Il favor di costor vien presto manco ,
E mille volte il di, fia pur giocondo ,
Se muta il stato lor di nero in bianco.
Ma chiha virtù , gira a suo modo il mondo
Com' huom che nuota e ha la zucca al fianco ,
Metti' 1 sott' acqua pur, non teme il fondo.
Dans sa détresse, Josquin s'était adressé
à un courtisan, qu'il avait connu en Italie,
et l'avait prié d'obtenir du roi en sa faveur
quelque bénéfice qui pût lui procurer une
existence tranquille. Ce seigneur lui avait
promis ses bons offices , et chaque fois que
Josquin lui parlait de l'objet de ses désirs,
il répondait : Lascia fare mi ( Laissez-moi
faire). Fatigué de tant de vaines promes-
ses, Josquin se vengea en composant une
messe dont le thème obligé était la } sol ,
fa, ré, mi, et, suivant l'usage de ce temps
où l'on composait toute une messe sur un
seul thème, répéta si souvent cette phrase ,
que celui qui était l'objet de cette plaisan-
terie s'aperçut enfin que la cour riait à
ses dépens. Le roi, que l'anecdote avait
beaucoup amusé, promit au musicien de
s'occuper de son sort : toutefois, après une
longue attente , le pauvre Josquin ne se
trouva pas dans une meilleure position. 11
essaya de rappeler à Louis XII la pro-
messe qu'il lui avait faite, dans le motet :
Memor esto verbi tuo , etc. ( Souvenez-
vous , seigneur , de vos promesses ) ; mais
le roi n'entendit pas, ou feignit de ne
pas entendre le sens du motet , et Jos-
quin n'eut plus d'autre ressource qu'une
plainte indirecte. Un autre motet , Portio
mea non est in terra viventium (je n'ai
point de partage sur la terre des vivans) ,
fut écrit par lui et exécuté à la cour ; le
roi , dit-on , ne put résister plus long-
temps , et le bénéfice que le compositeur
attendait avec tant d'impatience lui fut
enfin accordé. Il exhala sa joie dans un
troisième motet sur les paroles : Bonita-
temfecisti cum servo tuo , Domine ( Sei-
neur, vous avez usé de bienfaisance envers
votre serviteur ) ; mais soit envie , soit
réalité , on dit alors que le désir l'avait
mieux inspiré que la reconnaissance, et
que le dernier motet ne valait pas le pré-
cédent.
Quoi qu'il en soit , il eut enfin ce béné-
fice, objet de ses désirs ; Claude Hémeré
et Colliète disent que ce fut un canoni-
cat à l'église Saint-Martin de Saint-Quen-
tin. Ces auteurs fixent à l'année 1524
(sous le règne de François Ier) l'époque
où Josquin en prit possession ; mais il y
a lieu de croire que ce ne fut pas si tard ,
car en supposant qu'il n'eût été âgé que de
vingt-cinq ans à la mort du pape Sixte IV,
il aurait eu alors près de soixante-dix ans.
Il est plus vraisemblable que le bénéfice
lui fut accordé quelques années après que
Louis XII eut fait la conquête du Milanais,
c'est-à-dire, vers l'an 1504 ou 1505.
Sur l'autorité d'Aubert Le Mire (Mi-
rœus), Perne a cru que le bénéfice accordé
282
DEP
DEP
à Josquin Deprès était un canonicat à
l'église de Condé (Voyez la Bévue musi-
cale , tom. II, pag. 271 et suiv. ) ; mais
son erreur est manifeste à cet égard puis-
que Coudé n'appartenait pas alors à la
France. Cette ville était dépendante du
comté de Hainaut , et Louis XII n'avait
aucun droit d'y conférer un bénéfice. Voici
le passage d'AubertLeMire: il peut donner
lieu à quelques remarques intéressantes :
« Il existe à Condé , ville du Hainaut ,
te un célèbre chapitre de chanoines régu-
<c liers fondé depuis plusieurs siècles. Jos-
« quin Deprès , excellent musicien , le
« premier qui mit de l'ordre dans l'art do
* la composition musicale, et l'augmenta
« de beaucoup de parties, fut d'après le
<c témoignage des anciens , doyen de cette
« collégiale. Il mourut l'année de J.-C.
« 1501 , et il a été inhumé sous le jubé
« de Condé, devant le maître autel ?. »
Les faits rapportés par Le Mire sont
trop précis pour inspirer des doutes; il faut
donc croire que Josquin fut en effet doyen
du chapitre de Condé : d'où l'on peut con-
clure qu'il abandonna son canonicat de
Saint-Quentin , pour se retirer dans sa pa-
trie, où des avantages égaux ou supérieurs
lui étaient offerts. Conrad Peutinger, à qui
nous devons une collection précieuse de
motets publiée à Àugsbourg , en 1520 , dit
que Josquin Deprès fut maître de chapelle
de l'empereur Maximilien Ier, et il a été
copié en cela par Lucas Lossius. Si le fait
est vrai , Josquin aurait passé au service
de ce prince après avoir quitté son bénéfice
de St-Quentin; et Maximilien, ayant réuni
les Pays-Bas à l'empire, en 1515, lui aurait
donné le canonicat de Condé, en récompense
de ses services. Quant à la date de 1501
assignée à son décès , date adoptée par
Perne, il est facile de démontrer ou qu'elle
résulte d'une faute d'impression , ou que
Jje Mire a été induit en erreur. En effet,
on a vu que Josquin fat élève de Jean
Okeghem. Or , après la mort de celui-ci il
composa un chant de déploration qui a été
cité précédemment ; d'où il suit qu'il a
survécu à son maître. Or, un passage d'une
épître de Jean Le Maire de Belges, prouve
que Okeghem vivait encore en 15 12 (Voyez
Okeghem ) ; il faut donc que le décès de
Josquin soit postérieur à cette date. D'ail-
leurs Jean-Georges Schielen cite , dans sa
Bibliothèque choisie (Biblioth. enucleata,
pag. 327) un traité de musique composé
par Josquin , sous le titre de Compendium
musicale, qui portait la date de 1507. On
ne peut croire que l'existence de cet ou-
vrage soit supposée , car Berardi en parle
comme l'ayant vu {Staffetta musicale,
pag. 12). 'Enfin, et ceci est encore plus
remarquable, Adrien Petit, surnommé
Coclius ou Coclicus , musicien français
qui devint maître de musique à Nurem-
berg, vers le milieu du 16e siècle, et qui
était né en 1500 , a publié à Nuremberg ,
en 1532 , un traité de musique, où il ex-
pose la doctrine de Josquin Deprès dont
il était élève. Voici le titre de ce livre :
Compendium musicœ descriplum ab
Adriano Petit Coclio , discipulo Joscjuini
Des Près , in quo preeter ccetera trac-
tantur hœc : 1° De modo ornate ca-
nendi; 2° De régula contrapuncti ; 3° De
compositione. On trouve dans la deuxième
partie de cet ouvrage un chapitre sur le
contrepoint qui a pour titre : De régula
contrapuncti secundum doctrinam Jos-
cjuini de Pratis. Il est évident qu'un
homme né en 1500, n'a pu avoir pour
maître un autre homme mort en 1501.
J'ai dit qu'il y a vraisemblablement une
faute d'impression dans le texte de Le
Mire : je présume qu'on doit lire : Obiit
anno Christi 1521 ou 1531 , au lieu de
1501 ; la date de 1531 est peut-être celle
qui convient le mieux à cet événement ,
1 Est autem Condatum (vulgùCondé) Hannoniae oppidum
in quo monialum insigne canonicorum collegium, a mullis
jam sseculis resedit. Hujus collegii decanus patrum ni©-
moria fuit Josquinus Pratanus musicus excellentissimus,
qui primus fereartem mucicamin ordinem redegit, multis-
que earn parlihus auxit. OJ)iit anno Christi 1501. Condati
odrio antearam summam conditus. A. Mirai De Canonic.
Collegiis. Cap. 16, p, 42,
DEP
BEI»
283
car Spataro appelle Josquin Optlmo de II
compositori del tempo noslro , dans son
Tractato di musica , imprimé dans cette
même année 1531. J'ajouterai que si Jos-
quin avait cessé de vivre en 1501 , le titre
d'un recueil de ses compositions, publié
à Anvers par Tilman Susato en 1541 ,
n'aurait pas été rédigé de cette manière :
Le septième livre, contenant vingt-quatre
chansons à cinq et six parties, par feu
de bonne mémoire et très excellent en
musique Josquin des Prez , avec trois
ëpitaphes du dict Josquin, composées
par divers auteurs. On ne se sert pas du
mot de Jeu en parlant d'un homme qui
serait mort depuis près d'un demi-siècle,
et l'on ne s'amuse point à lui faire des épi-
taphes.
Quoi qu'il en soit , la perte de ce grand
musicien fut vivement sentie par toute
l'Europe ; une multitude de poèmes , de
déplorations et d'épitaphes furent com-
posées par les poètes et les nombreux élèves
sortis de son école. Swertius a conservé
l'épitaphe qui, selon lui, se trouvait autre-
fois sous son buste dans l'église de Sainte-
Gudule de Bruxelles l , et un chant fu-
nèbre composé par Gérard Avidius de
Nimègue, élève de Josquin (V. Athen.
Belgicis). Le recueil dont j'ai parlé précé-
demment contient l'épitaphe mise en mu-
sique, à sept voix, par Jérôme Vinders.
La déploration d' Avidius a été aussi mise
en musique à quatre voix , par Benoît
Ducis , et à six voix , par Nicolas Gombert
(V. ces noms).
Luther, ce célèbre réformateur, joignait
à des connaissances étendues le talent de
la poésie et de la musique. Il était même
habile dans la composition et bon juge en
ce qui concernait cet art. Il a dit, en par-
lant de Josquin : Les musiciens font ce
qu'ils peuvent des notes , Josquin seul
en fait ce cjuHl veut. Si l'on examine avec
attention les ouvrages de ce compositeur ,
on est frappé en effet de l'air de liberté qui
y règne , malgré les combinaisons arides
qu'il était obligé d'y mettre , pour obéir
au goût de son siècle. Il passe pour être
l'inventeur de beaucoup de recherches
scientifiques qui dans la suite ont été
adoptées par les compositeurs de toutes les
nations , et perfectionnées par Pierluigi
de Palestrina et quelques autres musiciens
célèbres de l'Italie ; toutefois la plupart de
ces inventions sont d'une époque anté-
rieure au temps où il vécut. L'imitation
et les canons sont les parties de l'art qu'il
a le plus avancées ; il y a mis plus d'élé-
gance et de facilité que ses contemporains;
il paraît avoir été le premier qui en a fait
de réguliers a plus de deux parties. Quel-
quefois , les contraintes de ce genre de re-
cherches l'ont obligé à laisser l'harmonie
des voix nue et incomplète; mais il rachète
ce défaut par une facilité de style incon-
nue avant lui. Ses chansons ont plus de
grâce , plus d'esprit que tout ce qu'on con-
naît du même genre et de la même époque;
il y règne en général un certain air plai-
sant et malin qui paraît avoir été son ca-
ractère distinctif, et qui s'alliait d'une
manière assez bizarre avec ses boutades
chagrines. M. de Winterfeld a accusé Jos-
quin d'avoir porté cet esprit de plaisante-
rie et même de moquerie dans sa musique
d'église {Voyez la première partie du livre
sur la vie et les ouvrages de Jean Gabrieli),
et conséquemment de n'avoir pas mis dans
celle-ci le sentiment religieux et grave qui
lui convient : en écrivant cet article , j'ai
sous les yeux la collection presque com-
plète des messes et un grand nombre de
motets de Josquin Deprès, en partition,
etje ne vois guère que la Messe de l'homme
armé qui puisse donner lieu à un pareil
1 J'ai fait de vaincs recherches à Bruxelles pour découvrir
l'épitaphe et le buste ; aucun renseignement n'a pu m'être
fourni. J'ai aussi consulté, mais sans fruit, l'ouvrage intitulé:
Basitica Bruxellensis , sive monumenla antiqua , in~
scripliones et crenotaphia œdis DD, Michœlis et
Gudulœ. Amstel, 1677, in-8° ; il ne s'y trouve aucune
indication du monument cité par Swertius , et l'on n'en
trouve pas davantage dans ia deuxième e'dition de ce livro
publiée à Malines en 1743 , in 8°.
284
DEP
DEP
reproche ; peut-être en faut-il accnser le
rhythme de la mélodie qui sert de thème ;
ce rhythme est sautillant, et la répétition
de quelques-unes de ses phrases, dans des
mouvemens plus ou moins rapides, est la
cause principale du style plaisant et mo-
queur de cette composition. J. P. de Pier-
luigi de Palestrina lui-même , si grave, si
religieux observateur du sens des paroles
dans ses ouvrages , n'a pu éviter l'incon-
vénient que je viens de signaler dans la
messe qu'il a écrite sur la chanson de
Y Homme armé. La messe de Josquin ,
la , sol, fa , ré , mi, est sans doute une
plaisanterie, et la répétition continuelle
de la phrase est peu convenable pour le
style religieux; mais il faut considérer
que ces sortes de recherches étaient dans
le goût du temps où vivait le compositeur.
On doit en dire autant de l'usage de chan-
ter ensemble des paroles de différentes
prières , et même de chansons vulgaires et
obscènes, dans les messes et dans les mo-
tets : cet usage s'était introduit dans l'é-
glise dès le 13e siècle, et il s'est maintenu
long-temps après Josquin. C'était une ab-
surdité, mais cette absurdité n'est pas
plus l'œuvre de Josquin que celle de ses
contemporains et de ses successeurs. Ce
musicien est souvent aussi grave , aussi
religieux, aussi convenable, dans sa mu-
sique d'église qu'aucun autre composi-
teur de son temps. Je citerai à cet égard
comme des morceaux irréprochables , et
comme des sources de beautés remarqua-
bles pour le temps , Ylnviolata à cinq
voix sur le plain chant ; le Miserere, éga-
lement à cinq voix , où l'on trouve un des
plus anciens exemples connus de la ré-
ponse tonale à un sujet de fugue ; le Sta-
bat mater , composition touchante établie
sur une large combinaison du plain-chant;
le motet Prœler rerum sérient , à six
voix ; l'antienne à six O p^irgo pruden-
tissima , avec un canon à la quinte entre
le ténor et le contralto , et les cinq salu-
tations de J.-C, à quatre voix, morceaux
du style le plus noble. Il en est un grand
nombre d'autres qui pourraient être ajou-
tés à cette liste. L'observation de M. de
Winterfeld n'est donc pas fondée.
Il en est une autre plus juste qui a été
faite par M. l'abbé Baini {Memor. stor.
crit. délia vita e délie opère di G. Pierl.
da Palestrina , t. I, n. 195); c'est que
l'extension exorbitante donnée souvent par
Josquin aux différentes voix , peut faire
croire qu'il a composé une partie de sa
musique pour des instrumens, et qu'il y a
ensuite ajouté les paroles. Ce défaut fut
celui de beaucoup de maîtres du 15e et
du 16e siècle. On en voit un exemple fort
remarquable dans un morceau à trois voix
qui termine le Traité de l'exposition de
la main musicale de J. Tinctoris, où le
supérius descend jusqu'au sol grave de la
basse , et monte graduellement jusqu'au
mi aigu du soprano. Il n'existe point de
voix qui ait cette étendue ; cependant on
a placé sous les notes les paroles Kyrie die
Domine , sed eleyson die miserere.
Au premier aspect, lorsqu'on examine
les compositions de Josquin Deprès , et
lorsqu'on les compare à celles de ses pré-
décesseurs , on ne voit pas qu'aucune in-
vention importante lui appartienne , ni
qu'il ait changé dans les formes de l'art
ce qui existait avant lui. Ainsi l'harmonie
n'est dans sa musique que ce qu'elle est
dans celle d'Ockeghem, d'Obrecht et de
quelques antres maîtres de l'époque pré-
cédente, soit par la constitution des ac-
cords , soit par leur enchaînement. Lu
disposition des parties, la tonalité, le
système des imitations et des canons, la
notation, tout est semblable dans ses ou-
vrages aux productions d'une époque anté-
rieure. Mais un examen approfondi de ces
mêmes ouvrages y fait découvrir une per-
fection plus grande dans chacune de ces
parties, un caractère particulier de génie
qui n'existe point dans les autres. Les
formes de sa mélodie sont souvent entiè-
rement neuves, et il a eu l'art d'y jeter une
variété prodigieuse. Jj'artifice de l'enchaî-
nement des parties, des repos, des ren-
DEP
DEP
285
trées, est chez lui plus élégant, plus spi-
rituel que chez les autres compositeurs.
Mieux que personne il a connu l'effet de
certaines phrases obstinées qui se repro-
duisent sans cesse , particulièrement dans
la basse, pendant que la mélodie de la
partie supérieure brille d'une variété facile,
comme si aucunegênene lui étaitimposée.
Il n'a point connu la modulation sensible,
parce que celle-ci n'a pu naître que de l'har-
monie dissonante naturelle qui a changé
le système de la tonalité , près d'un siècle
après lui ; mais il avait compris la puis-
sance de certains cbangemens de tons , et
il a quelquefois employé de la manière la
plus beureuse le passage à la seconde mi-
nence supérieure du ton principal ; sorte
de modulation qui, appliquée à la tona-
lité moderne, a été reproduite avec un grand
succès par Rossini et quelques autres com-
positeurs de l'époque actuelle.
Bien que Josquin écrivît avec facilité ,
il employait beaucoup de temps à polir
ses ouvrages. Glaréan dit qu'il ne livrait
ses productions au public qu'après les
avoir revues pendant plusieurs années.
Dès qu'un morceau était composé , il le
faisait chanter par ses élèves; pendant
l'exécution, il se promenait dans la cham-
bre, écoutant avec attention, et s'arrêtant
dès qu'il entendait quelque passage qui
lui déplaisait pour le corriger à l'instant.
Ces soins sont d'autant plus remarquables
que sa vie fut agitée , et qu'il produisit
beaucoup , comme font d'ordinaire les
hommes de génie.
Tout démontre que Josquin Deprès fut
le chef et le type de la musique de son
temps , que sa réputation fut universelle,
qu'il fut l'artiste qui exerça le plus d'in-
fluence sur la destinée del'art de son temps;
et peut-être est-il permis de dire qu'il
conserva cette influence plus long-temps
qu'aucun autre , car elle commença à se
faire sentir vers 1485, et ne cessa qu'après
que Paleslrina eut perfectionné toutes
les formes de l'art, c'est-à-dire plus de
soixante-dix ans après. Quelles que soient les
modifications que l'art a subi , et quelque
difficulté qu'il y ait aujourd'hui d'apprécier
le mérite des compositions de Josquin, n'ou-
blions pas que l'artiste qui obtint un suc-
cès si universel ne peut être qu'un homme
supérieur. Il y a donc plus de préjugés
que de véritable raison dans les opinions
émises par des écrivains modernes contre
le mérite de Josquin. Artéaga a dit, en par-
lant de ses ouvrages, qu'en écoutant la
musique qu'il a composée sur les sonnets
de Pétrarque, il semble qu'on voit le Sa-
tyre de l'Aminte du Tasse, essayant de vio-
ler de sa main grossière les délicates beau-
tés de Silvie. En écrivant ce passage ,
Artéaga était sous l'influence des opinions
tranchantes de la fin du 18e siècle. Le
vénitien M. Majer n'est pas mieux fondé
dans les diatribes qu'il a lancées depuis
lors contre les musiciens belges et parti-
culièrement contre Josquin. Toutes ces
sorties font voir peu de connaissance de
l'art , et peu de philosophie esthétique.
J'ai dit que les productions de Josquin
Deprès sont en grand nombre. Je vais don-
ner une indication de toutes celles qui
sont venues à ma connaissance , et de
leurs diverses éditions ou copies manu-
scrites. I. Messes. Dans la collection des
messes de divers auteurs publiée à Venise
par Octave Petrucci de Fossombrone , en
1503, 1508 et 1513, sous ce titre : Missœ
diversorum auclorum quatuor vocibus ,
on trouve trois livres de Messes de Josquin
Deprès. Le premier contient les messes
dont les titres suivent : 1° Super voces
musicales; 2° La, sol , fa , ré, mi;
3° Gaudeamus / 4° Fortuna disperata ,*
5°/ 'Homme Armé ,sextitoni.G\aréana pu-
blié dans son Dodecachorde YAgnus Dei
de la première de ces messes , le Benedic-
lus de la deuxième , le Benedictus de la
troisième, YAgnus Dei de la quatrième,
et le Benedictus de la dernière. Dans une
collection manuscrite de la Bibliothèque
du Conservatoire de musique de Paris , on
trouve en partition les messes la , sol, fa,
ré, mi, et dei' Homme Armé, à quatre et à
286
DEP
six voix. Le deuxième livre de messes de Jos-
quin publié par Petrucci contient celles
dont les titres suivent :\° Ave M. aris Stella;
2° Hercules Dux Ferrariœ; 3° Malheur
me bat; 4° Lami (L'Ami) Baudichon;
5° Una mus qui de Buscaya (Thème d'une
chanson espagnole),- 6° Dung aultre amor
(D'un autre amour). Glaréan a publié Le
pleni surit cœli et Y Agnus Del de la
deuxième messe. Le troisième livre des
messes de Josquin renferme : 1° Mis sa
Mater patris; 2° Faysans regrets;
5° Adfugam ; 4° Didadi (Messe des Dez);
5° De Beata virgine ; 6° Sine nomine.
])ans une très rare collection qui a pour
titre ; Liber qidndecim missarum elec-
iarum quœ per excellentissimos musicos
compositœ fuerunt, et qui a été publiée à
Rome en 1516 (in-fol. m0) , par André An-
tiquo de Montona, on trouve les deuxième,
troisième et cinquième messes de ce livre.
Glaréan a publiée in terrapax et Agnus
Dei delà messe de Beata Virgine. La plus
singulière de toutes les compositions con-
tenues dans le troisième livre est la messe
des dez. Cette messe porte à la marge de
chaque morceau deux dez dont le nombre
de points indique la proportion des temps
de mesure et de prolation des différentes
parties. Le système de notation de ces
proportions présente d'assez grandes diffi-
cultés pour la traduction en notation mo-
derne. J'ai mis en partition tous les mor-
ceaux de cette messe. Doni {Libraria,
Vinegia 1550) cite cinq livres de messes
de Josquin Deprès 5 toutefois , il est dou-
teux que les deux derniers aient été pu-
bliés. Je possède en partition toutes les
messes citées précédemment. Théophile
Folengo, connu sous le pseudonyme de
Merlin Coccaie , a écrit dans le livre 25e
de son poème macaronique , une prophé-
tie où il indique les titres de deux autres
messes de Josquin [Hue me Sydereo , et
Se congé). Voici le passage :
0 Félix Biilo, Carpentras, Silvaque, Broier,
Vosque léonin* cantorum squadra capellui
Josquini quoniam cantus frisolabitis illos,
DEP
Quos Deusauscultans cœlummonstrabitapertum,
Missa Super voces Mussorum, Lassaque far mi,
Mks&supersextum, fbrtunamWissaque Musqué,
Missaque de Domina, sine nomine, Duxque Fer-
Partibus in senis cantabitur illa Beata [rarice,
Hue me sydereo , Se congé , etc.
Les volumes manuscrits des archives de
la chapelle pontificale contiennent deux
messes sur la chanson de Y Homme armé 7
par Josquin Deprès , l'une à quatre voix ,
qui a été publiée dans la collection de Pe-
trucci, l'autre à cinq. On conserve aussi
parmi les manuscrits de cette chapelle les
autres messes de ce compositeur dont les
titres suivent : 1° Pange lingua- 2° De
nostra Domina , à quatre voix (c'est la
messe de Beata Virgine qui a été publiée);
5° De Domina, à six voix ; 4° De Village;
5° Des rouges nés ; 6° Da pacem, Do-
mine ; 7° De tous biens plaine (pleine).
Le nombre des messes de Josquin De-
près, qui sont connues jusqu'à ce jour, est
donc de vingt-cinq. Plusieurs extraits de
ces messes ont été insérés par Sebald
Heyden dans son livre intitulé : De Arts
canendi (Nuremberg, 1540, in-4°).
II. Motets. 1° Le premier livre des Mo-
tetti de la Corona , publié à Venise en
1514, par Octave Petrucci, contient de
Josquin Deprès les motets à quatre voix :
Christum ,ducem redemis, et Memor esta
Derbi tuo ; 2° Le troisième livre publié en
1519, contient : Ave nobilissima Crea-
tura ; Ave Maria, gratia plena ; Aima
redemptoris , Domine ne injurore, Hue
me sydereo, à six voix -y Miser ère meiDeuSj
à cinq voix ; Prœter rerum seriem , à
cinq , Slabat mater , à cinq. Ce stabat a
été publié postérieurement par Grégoire
Faber, dans son livre intitulé Musices
practicœ erotematum (p. 116-139) , et
Choron en a donné une édition en parti-
tion (Paris, Leduc, 1807). Le quatrième
livre des Motets de la couronne, renferme :
Inviolata intégra, Lectio actuumApost.,
et Missus est angélus , à cinq voix; Mi-
scricordias Domini; O crux ave spes ;
O pulcherrima mulierum ; à quatre. D'au-
DEP
DEP
287
très collections imprimées par Petrucci de
Fossombrone en 1503, 1504 et 1505, con-
tiennent aussi des motets de Josquin ;
n'ayant point vu ces collections, j'ignore
quels sont ces motets , et quel en est le
nombre. La première collection est intitulée
Canti cenlo cinquanla , Venise, 1505,
in-4°obl.; la seconde est citée par Draudius
sous le titre de Concenlus Jucundiss., 8,
6, 5, 4 voc. harmonies musicœ Odhe-
caton , Venise, sans date : elle contient
cent motets en deux livres. Le troisième
livre, contenant quarante-sept motets , a
été publié en 1504 ; la plus grande partie
de ces motels est de Josquin Deprès. Le
cinquième livre , achevé d'imprimer le 4
juin 1505, renferme cinquante-cinq mo-
tets , dont cinq ( Ave Regina , Gaude
virgo , Virgo saluti } Vullam tuum et
VeniSancte Spirïtus) sont de Josquin De-
près. Dans le cinquième livre ( Venise ,
1505) , on né trouve que deux motets de
cet auteur, Homo quidam, et Requiem.
En 1520 , Conrad Pentinger publia à
Augsbourg- une collection de motets de
divers auteurs, intitulée :Liber selectorum
cantionum quas vulgo motettas appel-
lant, sex , quinque et quatuor vocum ;
il y a inséré quatre motets à six voix de
Josquin (Prœter rerum seriem; O virgo
prudentissima • Anima mea liquefacta
est; Benedicta et cœlorum regina), trois
à cinq voix ( Miserere mei Deus ; Stabat
mater dolorosa , et Inviolata intégra),
et un De profundis à quatre. Pierre At-
taignant , imprimeur de Paris , a publié
plusieurs livres dé motets de Josquin de-
puis 1533 jusqu'en 1559. En 1549 , le
même imprimeur fit paraître un autre re-
cueil de motets inédits de ce compositeur
sous ce titre : Josquini Des Prez , musi-
corum omnium facile principis tredecim
modulorum selectorum opus , nunc pri-
mùm cura solerti impensaque Pétri Altin-
gentis, regii typographi excussum, in-4°
obi. gotb. Le titre porte la date de 1459;
mais c'est évidemment une transposition de
chiffres , car l'art d'imprimer la musique
n'était pas connu alors , et Attaignant
n'existait pas. Un livre de motets de
Josquin , choisi dans les collections de
Petrucci , a paru sous ce titre : Cantile-
nas varias sacras, quas motettas vo-
cant, Antverpiœ , typis Tilmani Susati ,
anno 1544, in-4° obi. Adrien Le Roy
et Robert Rallard ont donné une autre
édition de ces motets , et l'ont intitulée :
Josquini Pralensis , musicis prœstantis-
simi , moduli, ex sacris lilleris delecti ,
et in 4,5,6 voces distincti, Parisiis, 1555,
in-4° obi. Le Dodécacborde dé Glaréan
renferme Ave verum à deux et trois voix;
De profundis , à quatre ; Domine non se-
cundum] Liber generationis à quatre,
Magnus es tu Domine, à quatre ; O Jesù
fdi David, à quatre, et F'ictimœ paschali
laudes , à quatre, de Josquin. On trouve
aussi des motets de ce musicien dans la
collection intitulée : Psalmorum selec-
torum a prœstantissimis hujus nostii
temporis in arle musica artijicibus in
harmoniœ quatuor, quinque et sex vo-
cum redactarum, tom. I, II , III et IV.
Noriberga , ex qfficina Joannis Montani
et UlriciNeuberi, anno 1553-54, in-4°.
Une autre collection de psaumes , publiée
par Georges Forster , et imprimée à
Nuremberg-, en 1542 , par Jean Petrejns ,
renferme aussi des motets de Josquin
Deprès. Enfin la collection de Salblinger,
publiée à Augsbourg, en 1545, les prin-
cipes de musique pratique de Jean Zuger
(Leipsick, 1554, in-4°) , le deuxième vo-
lume de l'histoire de la musique, parRur-
ney, le deuxième volume de l'histoire de
Hawkins , le deuxième de celle de Forkel et
le premier de celle de Busby, contiennent des
motets de Josquin , ou des extraits de ses
messes, en partition. III. Chansons fran-
çaises. 1° Le septième livre , contenant
vingt-quatre chansons à cinq et six par-
ties, par feu de bonne mémoire et très
excellent en musique Josquin Des Prez,
avec trois épitaphes du dict Josquin ,
composées par divers auteurs, Anvers,
Tilman Susato, 1545, in-4°; 2° Le pre~
288
DEB.
DER
mier, le segont et le tiers livre des chan-
sons à quatre et à cinq parties du prince
des musiciens Jossequin De Prez, Paris,
Nicolas Du Chemin, 1553, in-4° oblong.
Quelques-unes des chansons françaises de
Josquin Deprès sont contenues clans le re-
cueil qui a pour titre : Meslanges de
chansons tant des vieux autlieurs que
des modernes , à cinq, six, sept et huict
parties, à Paris, par Adrien Le Roy et
Robert Bail ard, 1572, in-4°. Beaucoup
d'autres collections renferment des com-
positions de Josquin Deprès, mais il serait
trop long de les citer toutes.
DEREGIS ( gaudence) , né à Agnona,
près de Verceil, en 1747, lit ses premières
études musicales au séminaire de Casa-
dadda , à Varallo , sous la direction du
chanoine Comola ; passa ensuite à Borgo-
Sesia , où son oncle Joseph Deregis lui en-
seigna la composition , et devint enfin
maître de chapelle de la collégiale d'Ivrea,
en 1775. Il est mort dans ce lieu en 1816.
Il a laissé en manuscrit beaucoup de mes-
ses et de vêpres à grand orchestre , dont
on vante le style large et savant.
DEREGIS ( luc ) , d'Agnona , près de
Verceil, cousin du précédent , naquit en
1748. Il apprit la musique à Bologne , et
fut nommé chanoine et directeur de la
chapelle de Borgo-Sesia , où il a composé
des messes , des motets et un Te Deum
qui passent pour être excellens. Deregis
est mort le 30 août 1805, des suites d'une
chute de cheval.
DERHAM (william) , théologien an-
glais , naquit le 26 novembre 1657 à
Stroughton près de Vorcester. Il fit ses
études à Blockley et au collège de la Tri-
tinité à Oxford. Devenu recteur à Upmin-
ster, dans le comté d'Essex , en 1689, il
borna son ambition à cette place qu'il con-
serva jusqu'à sa mort, arrivée en 1755.
Dans sa jeunesse (en 1696) il avait publié
un traité de l'horlogerie et de l'art de no-
ter les cylindres pour les carillons, sous ce
titre : The Artificial Clock-maker ; la
quatrième édition de cet ouvrage a paru à
Jjondres, en 1734, in-12, avec de grandes
augmentations et des corrections. Le titre
de la cinquième, publiée en 1759, in-12,
est celui-ci : The Artificial Clock-maker,
or a treatise ofwatch and dock work ;
shewing to the meanest capacities the
art oj calculating numbers to alterclock-
■work , to make chimes and setthem to
musical note, and to calculate and cor-
rect the motions of pendulums . Derham a
inséré dans les Transanctions philosophi-
ques (tom. XXVI, n° 513, pag. 2), un mé-
moire sur la propagation du son, intitulé :
Experiments and Observations on the
motion of Sound. Un autre mémoire du
même auteur a paru dans le même recueil
(ann. 1707, pag. 380), sous ce titre :
Account of Experiments on the motion
and velocity ofsound.
DÉRIVIS ( . . . ), né dans un village
des environs d'Alby (Aveyron) , en 1781,
entra comme élève au Conservatoire de
musique de Paris, au mois de frimaire
an vin, et y reçut des leçons de chant de
Richer. Le 1 1 février 1803 il débuta avec
succès à l'Opéra, parle rôle de Zarastro,
dans Les Mystères d'Isis , et dans la
même année il fut admis à la chapelle du
premier consul Bonaparte. Doué d'une
voix de basse sonore et puissante , d'une
taille avantageuse et d'une figure drama-
tique, Dérivis aurait pu devenir un chan-
teur distingué et un acteur remarquable
s'il eût été bien dirigé dès ses premiers pas
dans la carrière dramatique ; mais il n'a-
vait alors que de mauvais modèles dans
ses chefs d'emploi ; l'école de chant de
l'Opéra n'était que celle des cris : il y
apprit à jeter sa voix avec effort pour en
augmenter la puissance , et cette vicieuse
méthode usa avant le temps une des con-
stitutions les plus robustes de chanteurs
qu'il y ait eu. Tout semblait favoriser
Dérivis dès son entrée au théâtre. Adrien ,
succombant aussi à la fatigue de la mau-
vaise manière de chanter qu'il ensei-
gnait à ses élèves, se retirait jeune encore;
Dufresne était trop faible pour être autre
DER
JDER
280
chose qu'un doubla, en sorte que le débu-
tant se trouva chef d'emploi après peu
d'années. 11 joua d'origine tous les premiers
rôles de basse des opéras nouveaux qui fu-
rent représentés depuis 1805 jusqu'en
1828. Le 5 mai de cette dernière année il
joua pour la dernière fois dans une repré-
sentation à son bénéfice, le rôle iïOEdipe,
un de ceux où il montrait du talent comme
acteur. En 1826 , Rossini avait arrangé
pour lui le rôle de Mahomet clans le Siège
de Corinthe, et pour la première fois Dé-
rivis avait essayé d'y vocaliser des traits
rapides ; mais sa voix avait un timbre trop
puissant pour avoir de la légèreté ; d'ail-
leurs , les habitudes de cet acteur étaient
trop anciennes pour qu'il pût changer de
manière; il dut se retirer devant la révolu-
tion chantante.qui s'opérait alors à l'Opéra.
Depuis ce temps il a voyagé pour donner
des représentations clans les départemens,
et s'est même engagé clans quelques trou-
pes d'Opéra de province. En 1834, il jouait
à Anvers.
Mlle Naudet, élève dn Conservatoire de
Paris , qui devint ensuite la femme de
Dérivis, débuta à l'Opéra par le rôle d'^/z-
ligone, dans OEdipe ci Colonne, le 12 ni-
vôse an XII (3 janvier 1804), n'obtint
qu'un succès médiocre, et se retira peu de
temps après. Elle est morte à Paris en 1819.
Dérivis, fils des précédens, est né à Paris
en 1809. Admis au Conservatoire de mu-
sique comme élève du pensionnat , il s'y
livra à des études de chant, obtint un prix
au concours de 1831, et débuta à l'Opéra,
le 21 septembre de la même année , par
le rôle de Moïse , dans l'opéra de ce nom.
Depuis cette époque , il a travaillé avec
ardeur à développer les avantages de la
belle voix de basse dont la nature l'a doué ;
ses progrès ont été constans, et l'on a lieu
de présumer que ce jeune acteur occupera
un rang distingué parmi les chanteurs de
l'Opéra français, quand il sera devenu
chef de l'emploi qu'il ne remplit aujour-
d'hui que comme remplaçant de Levas-
seur.
TOME III.
DEMODE (victou), né dans le départe-
ment du Nord , membre de la Société des
Sciences , de l'Agriculture et des Arts de
Lille, de la Société d'Emulation de Cam-
brai, est auteur d'un livre qui a pour titre :
Introduction à l'étude de l'harmonie,
ou exposition d'une nouvelle théorie de
cette science , Paris , Trenttel et Wiirtz ,
1828 , un vol. in-8° de 374 pages , avec
sept planches et deux tableaux. Cet ou-
vrage est d'un genre absolument neuf, et
a pour base un système qui appartient
tout entier à son auteur. Après avoir donné
des notions préliminaires , conformes aux
théories connues , de quelques expériences
d'acoustique et des lois qu'on en déduit,
M . Derode arrive à la gamme et au nom des
intervalles : c'est là crue commence la série
de ses idées particulières. Selon lui, celte
gamme, dont on a fait l'un des élémensde
la musique , n'a pas l'utilité qu'on lui
accorde généralement, et il ne la considère
point comme un principe constitutif de
l'art. Déduisant toutes les conséquences de
cette première donnée , M. Derode ne voit
dans le ton qii'nne convention purement
arbitraire , et seulement une invention de
méthode, quoique ce soit sur la tonalité que
reposent la mélodie et l'harmonie , telles
qu'elles tombent sous les sens , la composi-
tion, l'art du chant, la construction des in-
strumens, etc. Les intervalles neluiparais-
sent pas non plus devoir être présentés
comme des relations de différens sons,
mais comme des proportions tirées de la
division d'une corde. On voit que dans ce
système c'est le principe mathématique
qui domine, et c'est en effet sur le prin-
cipe mathématique que repose la théorie
de M. Derode, en sorte que toutes les con-
sidérations de rapports métaphysiques
des sons en sont exclues; cependant, par
une sorte de contradiction, en certains cas
fort difficiles , l'auteur est forcé d'avouer
que l'arithmétique et l'algèbre ne sont de
nul secours pour expliquer les faits , et
qu'il faut prendre pour règle la sensation.
Ce système n'a point eu de succès.
19
290
DES
DES
DEROSIERS (nicolas), musicien fran-
çais , vivait en Hollande vers la fin da
17e siècle. Il s'est fait connaître par les
ouvrages suivans : 1° Trois livres de trios
pour divers instrumens; 2° Ouvertures à
trois parties et concerts à quatre pour di-
vers instrumens; 3° Douze ouvertures
pour la guitare , œuv. 5 , La Haye, 1688 ;
4° Méthode pour jouer de la guitare;
5° La fuite du roi d'Angleterre, à deux
violons ou deux flûtes et basse, Amster-
dam, 1689.
DEROSSI (joseph), compositeur, né à
Bientina, près de Pise , vers le milieu du
17e siècle , a publié, à Venise , en 1680 ,
tm livre de messes à seize voix réelles. Un
autre musicien, nommé Fabrice Derossi,
a composé , vers le même temps , des duos
pour deux voix de soprano, avec accompa-
gnement de clavecin.
BEROSSI (laurent), est aussi connu
comme compositeur de duos pour deux
voix de soprano avec accompagnement de
clavecin.
DES ARGUS (xavier), né à Amiens
vers 1768 , fut d'abord attacbé à la cathé-
drale de cette ville, en qualité de musicien
de chœur ; il avait alors une fort belle
voix de haute-contre. Les églises ayant été
fermées par suite de la révolution de 1789,
Desargus vint à Paris et entra dans les
chœurs de l'Opéra ; mais , ne se sentant
point de goût pour le théâtre, il quitta
cette carrière et se livra à l'étude de la
harpe. Il devint en peu de temps un habile
professeur de cet instrument, et en donna
des leçons jusque vers 1832, époque où il
a cessé d'enseigner. Parmi plusieurs bons
élèves qu'il a formés on remarque son fils,
qui, après avoir été attaché comme har-
piste à l'Opéra-Comique , a été à Berlin
au service du roi de Prusse, puis est revenu
à Paris en 1852 , s'est établi à Bruxelles
vers la fin de la même année , et se trouve
encore en cette ville en ce moment (1 855).
Les compositions de Desargus (père),
au nombre d'environ ving-cinq œuvres ,
consistent en sonates pour la harpe , avec
ou sans accompagnement, en pots-pourris,
fantaisies et airs variés pour le même
instrument ; enfin en duos pour harpe et
piano. En 1809 , il publia une Méthode de
harpe, à Paris, chez Nadermann ; il a re-
fondu entièrement cet ouvrage , et l'a fait
paraître en 1816, sous le titre de Cours
complet de harpe , rédigé sur le plan de
la méthode de piano du Conservatoire ;
enfin une nouvelle édition de cet ouvrage,
fort améliorée et considérablement augmen-
tée , a été publiée à Paris en 1820 , chez
Laffillé.
DE S AUGE S (dénis), prêtre du diocèse
d'Evreux, né en 1598, a publié un livre
intitulé : L'E s claircis sèment du plain-
chant, ou le vray thrésor des choristes ,
Paris, 1664 , 50 pages in-8°.
DÉSAUGIERS (marc-antoine) , né à
Fréjus, en 1742 , apprit la musique sans
maître. En 1 774 , il ,se rendit à Paris , où
il se fit connaître d'abord par la traduc-
tion des Réflexions sur l'art du chant
figuré de J .-B . Mancini, Paris, 1776,
in-8°. Cet ouvrage fut suivi du Petit
OEdipe, pièce en un acte, dont il fit la
musique, et qui fut représenté aux Italiens
en 1799. L'année suivante il donna à
l'Opéra Erixène, ou l'Amour enfant,
paroles de Voisenon , et successivement ,
il fit représenter au Théâtre-Italien Flo-
rine, en deux actes (1780), Les Deux
Sylphides (1781), toutes deux sur des
paroles d'Imbert, et Les Jumeaux de
Bergame, paroles deFlorian(1782). Cette
dernière pièce eut un grand succès : on y
trouve quelques petits airs qui firent long-
temps les délices de Paris. Vers le même
temps, Désaugiers donna au théâtre de
Monsieur, alors à la foire Saint-Germain,
"V Amant travesti, en un acte, imité du
conte de La Fontaine intitulé Le Mule-
tier; en 1791 il fit représenter au théâtre
Feydeau Le Médecin malgré lui, dans
lequel il introduisit d'une manière assez
plaisante l'air révolutionnaire Ça ira. Ou-
tre ces ouvrages , il a composé la musique
d'une multitude de petits opéras pour les
DES
DES
291
théâtres secondaires qui existaient de son
temps, entre autres Les Rendez-vous ,
en un acte , pour les Beaujolais. Le chant
de la musique de Désaugiers ne manque
ni de naturel, ni de facilité, mais son
harmonie, lâche et incorrecte, se sent
de la faiblesse des études musicales en
France , à l'époque où il avait appris la
composition. Ce musicien fut lié d'amitié
avec Gluck et Sacchini , et composa , à la
mémoire de ce dernier, une messe de re-
quiem qui fut estimée dans le temps de sa
nouveauté. L'exaltation de ses idées lui
avait fait embrasser avec avidité les prin-
cipes de la révolution; dans une pièce de
musique, composée de chœurs et d'instru-
mens, qu'il avait intitulée Hiérodrame, et
qu'il fit exécuter à Notre-Dame, il célébra
la prise de la Bastille. Il a laissé en ma-
nuscrit un grand opéra sur le sujet de Béli-
saire, dont les paroles sont de son fils aîné,
qui fut depuis secrétaire de légation en Da-
nemarck. Désaugiers est mort à Paris, le
10 septembre 1793.
DESAYVE. V. SAYVE (DE).
DESBOULMIERS (jean-atjgtjstin-ju-
xien) , littérateur, né à Paris en 1731,
entra fort jeune dans la carrière militaire,
servit quelque temps en Allemagne, puis
revint à Paris, et renonça aux armes pour
les lettres. Toutefois il y avait en lui plus
de penchant pour la littérature que de ta-
lent véritable , et dans ses ouvrages il ne
s'éleva point au-dessus du médiocre. Il
mourut à Paris en 1771 , à l'âge de qua-
rante ans. Au nombre de ses productions,
on trouve quelques opéras-comiques , en-
tre autres Toinon et Toinette , dont Gos-
sec a composé la musique ; mais ses
ouvrages les plus importans sont : 1° His-
toire anecdotique et raisonnèe du Théâ-
tre-Italien, depuis son rétablissement
(en 1697) jusqu'à l'année 1769, Paris,
1769, sept vol. in-12. Ce livre renferme
l'analyse des pièces jouées au Théâtre-
Italien , et des notices sur les auteurs et
les acteurs de ce théâtre jusqu'en 1769.
On y trouve aussi , à la fin , un catalogue
raisonné par ordre alphabétique des pièces
et des acteurs dont il n'est point parlé
dans l'ouvrage; 2° Histoire du théâtre
de l'Opéra-Comique , Paris, 1769, deux
vol. in-12. Desboulmiers donne dans ce
livre l'analyse des pièces qui ont été re-
présentées sur le théâtre de l'Opéra-Comi-
que depuis 1712 jusqu'en 1761.
DESBOUT (louis), chirurgien français,
attaché au service des troupes italiennes ,
dans la seconde partie du 18e siècle. Il
est auteur d'une dissertation sur l'usage
de la musique dans les maladies nerveuses,
qui a paru sous ce titre : Ragionamento
fisico-chirurgico sopra l'effetto délia mu-
sica nelle malattie nervose , Livourne,
1740, in-8°.
DESBROSSES (robert) , né à Bonn-
sur-le-Rhin, en 1719, entra comme acteur
pensionnaire à la Comédie-Italienne , en
1743 , et se retira en 1764. lia composé
la musique d'un divertissement représenté
en 1751, sous le titre du Mai, des Sœurs
Rivales, opéra-comique, représenté ea
1762, du Bon Seigneur, et des Deux
Cousines, en 1763. Desbrosses était mau-
vais acteur et compositeur médiocre. Il
est mort à Paris , le 29 pluviôse an Vit
(1799), à l'âge de quatre-vingts ans.
DESBROSSES (marie), actrice de
l'Opéra-Comique , fille du précédent , est
née à Paris en 1763. Elle n'avait que
treize ans lorsqu'elle débuta à la Comédie-
Italienne; elle y parut la première fois le
29 avril 1776, dans le rôle de Justine du
Sorcier, opéra de Philidor, et dans Co- '
lombine de La Clochette , opérette de
Duni. Accueillie favorablement par le pu-
blic , séduit par un talent si précoce , elle
fut engagée immédiatement après comme
pensionnaire. La suite de sa carrière drama-
tique ne répondit point à ce brillant début.
Trop de charmes étaient attachés au ta-
lent et à la personne de Mmo Dugazon,
alors en possession des premiers rôles, pour
que M1Ie Desbrosses pût lutter avec elle.
Toutefois , une maladie sérieuse de l'ac-
trice célèbre, après les premières représen-
19*
292
DES
tations $ Alexis et Justine, opéra de
Dezaides , Mlle Desbrosses consentit à la
remplacer dans le rôle principal de cette
pièce , le 4 juillet 1785. L'accueil que lui
fît le public n'était point encourageant;
la douleur qu'elle en ressentit donna à sa
physionomie un caractère si touchant, que
le public consentit enfin à l'entendre , et
cette disposition contribua à donner à son
chant et à son jeu une expression vive qui
enleva tous les suffrages et la fit rappeler
à la fin de la pièce aux applaudissemens de
toute l'assemblée. Plus lard , Mlle Des-
brosses joua les rôles de la Comtesse d 'Al-
bert, de Camille, dans l'opéra de Dalay-
rac, et dans d'autres rôles du même genre ;
plus tard encore elle prit l'emploi des rôles
qu'on appelait les duègnes dans l'ancien
Opéra -Comique français, et remplaça
l'excellente actrice Madame Gonthier pen-
dant une absence de celle-ci. Mécontente
de se voir toujours repoussée par les pré-
ventions de ses camarades , et de n'oc-
cuper qu'une position incertaine après de
longs services , Mlle Desbrosses demanda
sa retraite en 1796, alla jouer quelque
temps en province, revint à Paris en 1798,
et entra au théâtre Feydeau , où elle fut
traitée plus favorablement qu'à la Comé-
die-Italienne. À la réunion des deux théâ-
tres , en 1801 , elle reprit son rang d'an-
cienneté dans la nouvelle société des acteurs
de l'Opéra-Comique. En 1812, la retraite
de Mme Gonthier la rendit chef de l'em-
ploi des duègnes. Elle n'eut jamais le jeu
fin et spirituel de cette actrice inimitable,
mais ayant plus de voix et d'oreille, elle
était moins antipathique à la musique.
D'ailleurs , elle ne manquait pas d'une
certaine franchise de diction qui produi-
sait de l'effet dans les rôles de son emploi.
Après cinquante-trois ans de service au
théâtre , Mlle Desbrosses s'est retirée au
mois d'avril 1829.
DESCARTES (rené) , philosophe célè-
bre et génie sublime, naquit à La Haye ,
en ïouraine, le 31 mars 1596. L'histoire
de ce ftrand homme se liant nécessaire-
DES
ment à celle des travaux qui l'ont illustré,
mais qui ne sont pas l'objet de ce livre ,
on se bornera ici à renvoyer aux diction-
naires historiques , dans lesquels on trou-
vera sa biographie, l'analyse de ses décou-
couvertes en mathématiques, et celle de
ses systèmes en physique et en métaphy-
sique , fruits d'une imagination brillante
qui , souvent, aima mieux chercher à de-
viner la nature que de l'étudier. Je ne
parlerai donc de Descartes qu'à l'occasion
d'un Compendium Musicœ qu'il écrivit
en 1618 , à l'âge de vingt-deux ans, à la
prière de son ami Isaac Beckmann , alors
recteur à Dordrecht. Malheureusement cet
ouvrage est peu digne du nom de son au-
teur : il parut le sentir, car il ne voulut
jamais permettre qu'il fût imprimé; aussi
ne le fut-il qu'après sa mort , à Utrecht ,
en 1650, in-4°. Ce livre a été réimprimé
depuis lors dans les deux éditions de ses
œuvres complètes , Amsterdam , 1690 à
1701 , neuf vol. in-4°, et 1713 , aussi en
neuf vol. in-4°. Lord Bronneker, président
de la société royale de Londres, en publia
une traduction anglaise, à Londres, en
1653 , in-4° , et le P. Poisson , de l'Ora-
toire , le traduisit en français, à la suite
de sa Mécanique , et la fit paraître sous ce
titre : Abrégé de la musique de M. Des-
cartes , avec les éclaircissements néces-
saires, Paris , 1668 , in-4°. Cette traduc-
tion a été insérée dans la collection des
œuvres de Descartes en français , Amster-
dam , 1724-1729, treize vol. in-12.
Outre ce petit ouvrage , Descartes a
aussi traité de divers objets relatifs à la
musique dans ses épîtres , imprimées à
Amsterdam, in-4°, en 1682. On y trouve,
Part. 1 , Epist. 61 , De Musica et cele-
ritate motus; Part. 2, Ep. 23, De Mu-
sica' Ep. 24, De Nervorum Sono;Ep. 61 ,
DeVibrationeChordarum;Ep. 66, Va-
ria? animadversiones ad Musicam spec-
tantes ; Ep. 68, De Musica, et responsio
adquasdam quœstiones musicas ; Ep . 11,
Cur sonus Jacilius feratur secundum
longitudinem trahis percussœ , quant per
DES
DES
293
cerem solum ; de tremore œris ; Ep. 75,
De Reflexione soni ac luminis j de Conso-
nantiis , de refractione sonorum ; Ep. 74,
De Resonantia Chordarum; Ep . 76, Va-
riœ quesliones ; Ep. 77, De motu Chor-
darum ; Ep. 105, De Motu Chordarum
etdeMusica;EpAOi, De Sono; Ep. 105,
De Motu Chordarum et de Musica , de
Sonis etintensione Chordarum; Ep. 106,
De Tonis musicis : de Tonis mixtis;
Ep. 110, Adquam dlslantiam sonus au-
diri possit; de Imaginatione ad judican-
dum de tonis , de sonis , de sono fistula-
rum; Ep. 112, De Tonis musicalibus.
Les lettres de Descartes ont été traduites
en français, el réunies en six vol. in-12,
Amsterdam, 1724-1725. Cegrandhomme
mourut en Suède le 11 février 1650.
DESENT1S (jean-pierre), professeur
de clavecin, à Paris, vers 1780, a publié
en 1787 : 1° Trois sonates pour le cla-
vecin avec accompagnement de violon,
op. 1 ; 2° Recueil d'airs connus , mis en
variations pour le clavecin.
DESESSARTS ( Nicolas - Toussaint
MOYNE, dit), né à Constance , le premier
novembre 1744, fut avocat à Paris , puis
libraire et chargé d'affaires contentieuses,
particulièrement près de la cour de cassa-
tion. Il mourut à Paris, le 5 octobre 1810.
Compilateur infatigable , il a publié un
grand nombre d'ouvrages de tout genre
parmi lesquels on remarque celui-ci : Les
trois théâtres de Paris , ou abrégé his-
torique de l'établissement de la Comédie-
Française , de la Comédie-Italienne et
de l'Opéra, Paris, 1777, in-8°. On trouve
quelques renseignemens relatifs à des écri-
vains sur la musique , dans son livre inti-
tulé : Siècles littéraires de la France,
ou Nouveau Dictionnaire historique, cri-
tique et bibliographique de tous les écri-
vains français morts et vivans , jusqu'à
la fm du 18e siècle, Paris, 1800-1801 ,
six vol. in-8°, et supplément, 1803, un
vol. in-8°.
DESESSARTZ (jean-charles), méde-
cin distingué , né à Rragelogne , près de
Bar-sur-Seine, en 1750, fit ses premières
études à Tonnerre, et les acheva à Paris,
au collège de Beauvais. Quand elles furent
terminées, il se livra à la médecine, et
pendant qu'il suivait les cours de cette
science, il donna des leçons de mathéma-
tiques pour exister. Après avoir été reçu
docteur à Reims , il alla exercer la méde-
cine à Villers-Cotterets , puis à Noyon , et
enfin à Paris , où il fut nommé en 1770 ,
professeur de chirurgie , et ensuite de
pharmacie. A l'époque de la formation de
l'Institut , Desessartz y fut admis dans la
classe des sciences physiques et mathéma-
tiques. Dans une séance publique de ce
corps savant, il lut, le 20 vendémiaire
an XI (octobre 1805), des Réflexions sur
la musique considérée comme moyen eu'
ratif. Elles ont été imprimées sous ce titre,
chez Baudouin , à Paris , au mois de no-
vembre de la même année, et forment une
brochure de 20 pages in-8°.
DESFORGES (nus). Foy. HUS-DES-
FORGES.
DESHAYES (prosper-didier), compo-
siteur des divertissemens et ballets de la
Comédie-Française, depuis 1782, s'est fait
connaître à Paris , en 1780 , par son ora-
torio des Machabées , qui fut exécuté au
Concert spirituel. Il a donné ensuite di-
vers opéras-comiques, tels que 1° Le Faux
Serment, au théâtre des Beaujolais, en
1786 ; 2° L'Auteur à la mode, 1786 j
5° Le Paysan à prétention, 1787;
4° Rerthe et Pépin, 1787 ; 5° Adèle et
Didier, 1790; 6° Zelia , 1791; 7° La
Suite de Zelia, 1 792 ; 8° Le Petit Orphée,
1795 ; 9° Le Mariage patriotique ,Yj '93 ;
10° Relia, en 1795; 11° Don Carlos,
en un acte, en 1799. Deshayes fut un des
compositeurs qui écrivirent la musique
du Congrès des Rois, opéra en trois actes,
qui fut joué en 1793 au théâtre Favart.
Les autres auteurs de la musique de cette
pièce révolutionnaire furent Grétry , Mé-
hul , Dalayrac, Devienne, Solié, Trial
fils, Blasius, Kreutzer, Berton, Cherubini
et Jadin. On a aussi de Deshayes des sym-
294
DES
phonies à grand orchestre en manuscrit,
et d'un livre de pièces d'harmonie à six
parties gravées au magasin de musique du
Conservatoire. On ignore l'époque de la
mort de ce musicien.
DESHAYES (a.-j.-j.), ancien premier
danseur de l'Opéra de Paris, professeur au
Conservatoire de musique, et auteur de
plusieurs ballets , a publié un petit écrit
qui a pour titre : Idées générales sur
l'Académie royale de musique , et plus
spécialement sur la danse , Paris, Mon-
gieaîné, 1822, in-8°.
DESIDERI (je'rome), docteur en droit,
naquit à Bologne vers 1635. Ses connais-
sances profondes dans la philosophie, les
mathématiques, les lettres et la musique,
lui avaient ouvert les portes de plusieurs
académies d'Italie : il prit le nom à'Indi-
Jerente dans celle des Gelati de Bologne.
On lui doit un petit traité des instrumens
de musique et de leurs inventeurs, inti-
tulé Discorso délia musica, qui a été in-
séré dans les Prose degli Academici Ge-
lati di Bologna (p. 321-356), Bologne,
1671 , in-4°.
DESMABETS (henri) , l'un des plus
habiles musiciens du règne de Louis XIV,
naquit à Paris en 1662. Après avoir été
page de la musique du roi, il concourut ,
en 1683, pour l'une des quatre places
de maître de la chapelle du roi , mais
Louis XIV le trouva trop jeune, et lui
donna une pension pour le dédommager.
Desmarets, qui avait composé une grande
quantité de motets , en fit paraître une
partie sous son nom et quelques-uns sous
celui de Goupillier, maître de la chapelle
de Versailles. Le roi en ayant été informé,
dit à Goupillier : Avez-vous au moins
payé Desmarets ? Oui, sire, répondit le
maître de chapelle. Louis XIV indigné,
fit défendre à Desmarets de paraître de-
vant lui.
Les opéras dont ce compositeur a fait la
musique sont : Didon , en 1693; Circé ,
en 1694; Théagene et Clariclée, en
1695; Les Amours de Mo mus , clans la
DES
même année ; Vénus et Adonis, en 1697 ;
Les Fêtes galantes , en 1698 ; Iphigénie
en Tauride , avec un prologue par Cam-
pra, en 1704; Renaud, en 1722. Il avait
fait, en 1682, la musique d'une idylle sur
la naissance du duc de Bourgogne.
En 1700, Desmarets ayant été passer
quelque temps chez son ami Gervais, maî-
tre de la cathédrale de Senlis, fit la con-
naissance de la fille du président de l'élec-
tion, nommé de S. Gobert, et l'épousa
secrètement. Le père rendit plainte en sé-
duction et rapt , et Desmarets fut condamné
à mort par arrêt du Châtelet. Il se sauva
en Espagne, où il devint maître de la
chapelle de Philippe V. Mais la chaleur
du climat nuisant à la santé de sa femme,
il quitta son poste et se rendit à Lune-
ville , où il fut nommé surintendant de la
musique du duc de Lorraine.
Quelque bonté que Louis XIV eût pour
lui , et quelque estime qu'il eût pour ses
talens , on ne put obtenir de lui la grâce
de Desmarets : ce ne fut qu'en 1722, pen-
dant la régence, que son procès fut revu :
il le gagna, et son mariage fut déclaré va-
lable. Il obtint aussi du duc d'Orléans,
une augmentation de pension , et il passa
le reste de sa vie dans l'aisance. Il mourut
à Luneville le 7 septembre 1741 , âgé de
près de quatre-vingts ans.
DESOBMERY (leopold-bastien) , né
en 1740 , à Bayon en Lorraine , a fait ses
études musicales à la Primatiale de Nancy.
Venu à Paris, vers 1765, il fit exécuter
plusieurs motets au Concert spirituel. Son
opéra iï Euthyme et Lyris fut représenté à
l'Académie royale , en 1776 , et eut vingt-
deux représentations. Myrtil et Lycoris ,
quifutjouéàla courenl777, passa ensuite
au théâtre de l'Opéra , où il obtint assez
de succès pour avoir soixante-trois repré-
sentations consécutives , ce qui était sans
exemple jusqu'alors. Desormery avait com-
posé la musique de plusieurs autres opéras,
mais il ne put parvenir à les faire jouer,
et dégoûté par les obstacles qu'il rencon-
trait, il renonça à la carrière dramatique,
DES
DES
295
et se livra à l'enseignement. Cependant,
à l'âge de soixante-huit ans, il reprit cou-
rage, et composa la musique d'un ouvrage
qui avait pour titre : Les Montagnards.
Celui-là ne fut pas plus heureux que les
autres, et resta dans son portefeuille. De-
sormery s'est retiré dans les environs de
Beauvais. 11 est mort en 1810.
DESORMERY (jean-baptiste^êIs du
précédent, né à Nancy en 1772, est un
pianiste hahile. Il est élève de son père
pour la musique, et de Hulmandell pour
le piano. On a de lui : 1° Sonates pour
piano seul, œuvres 1,2,7,14,16; 2° So-
nates avec accompagnement, œuvres 5,
6,9 et 15 ; 3° Sonate à quatre mains,
op. 11 ; 4° Airs variés et fantaisies.
DESPÉRAMONS (françois-noel), né
à Toulouse, le 26 novemhre 1783, vint à
Paris , à l'âge de quatorze ans , et entra au
Conservatoire de musique en qualité d'é-
lève violiniste. Il quitta ensuite l'instru-
ment qu'il avait adopté , pour se livrer à
l'étude du chant, sous la direction de Per-
suis. A l'époque de la mue, il fut obligé
d'interrompre son travail; mais ayant re-
couvréla voix, il continua ses études dans la
classe de chant de Garât. En 1 804, il déhuta
à l'Opéra, dans le rôle de Panurge, et re-
nonça à ce théâtre après quelques repré-
sentations. Rentré au Conservatoire pour
la troisième fois, il y remporta le premier
prix de chant qui fut décerné en 1805.
L'année suivante il débuta à l'Opéra-
Comique dans l'emploi de M. Martin;
mais nul ne pouvait alors soutenir la com-
paraison avec ce chanteur, dont la voix
était dans toute sa beauté. M. Despéramons
fut donc obligé de se borner à jouer dans
les grandes villes de province. Il est mainte-
nant à Bordeaux. Il a chanté pendant plu-
sieurs années dans les concerts publics ,ety
a obtenu beaucoup de succès. Sa voix était
mauvaise ; mais il était doué d'une cha-
leur entraînante. Jamais le beau duo de
Don Juan, Fuggi } fuggi , crudel, n'a été
aussi bien chanté que par lui et par Ma-
dame Barbier-Valbonne. M. Despéramons
a publié plusieurs romances de sa compo-
sition , à Paris, chez les frères Gaveaux.
DESPLANES ( jean-antoine PIANI ,
dit) , habile violiniste, né à Naples, vers
la fin du 17° siècle , vint en France en
1704 , et s'attacha au comte de Toulouse.
Il fut le maître de Senaillé. On a de lui
un œuvre de sonates pour le violon, quia
été gravé à Paris. J'ai lu quelque part que
Desplanes étant retourné en Italie , et s'é-
tant fixé à Venise, y fut accusé d'avoir
fait de fausses signatures, et fut condamné
à avoir le poing coupé.
DESPONS (antoine), luthier de Paris,
vivait au temps de Henri IV et de
Louis XIII. Ses violons, qui sont devenus
fort rares, sont estimés et recherchés.
DESPREAUX(CLAUDE-JEAN-FRANÇOIS),
fils d'uu hautboïste de l'Opéra , qui se re-
tira en 1767, entra en qualité de violiniste
au même spectacle en 1759, devint chef
des premiers violons en 1771, et se retira
en 1782. Ayant été juré du tribunal révo-
lutionnaire, il se tua le 24 thermidor,
après la révolution qui fit cesser le régime
de la terreur. Il a publié quelques œuvres
de sonates pour le violon et le clavecin.
DESPRÉAUX ( louis-fe'lix), frère
puîné de Claude-Jean-François, naquit à
Paris, vers 1746. Il se livra de bonne
heure à l'élude de la musique, et fut placé
par son père, en 1767, en qualité de quinte
ou alto , à l'orchestre de l'Opéra. L'année
suivante il entra au Concert spirituel.
Nommé accompagnateur de l'école royale
de chant, en 1771, il en remplit les fonc-
tions jusqu'à la suppression de cette école.
En 1775, il avait quitté l'Opéra. A la for-
mation du Conservatoire de musique, il
fut un des professeurs de cette école; mais
à l'époque de la réforme qui fut faite
(an X) dans cet établissement, il perdit sa
place comme beaucoup d'autres profes-
seurs. Il est mort à Paris , en 1813. Des-
préaux était claveciniste assez habile , et
surtout bon professeur. Il a publié plu-
sieurs œuvres pour le piano , tels que des
sonates , des préludes et exercices , trois
296
DES
pots-pourris , nn recueil intitulé : Les
genres de musique des différais peuples,
La bataille de Fleurus , des airs variés,
et un Cours d'éducation pour le piano,
en cinq parties : ce dernier ouvrage a eu
du succès. On a aussi de lui des Cartes
musicales pour apprendre la musique
aux enfans, Paris, Janet et Cotelle.
Un frère cadet de Louis-Félix Despréaux,
nommé Jean-Etienne, a publié, en 1817,
un tableau des mouvemens de la musique
sous le nom de Chronomètre Musical
établi sur les bases du pendule astrono-
mique. Il était né le 51 août 1748 , et
était entré à l'Opéra comme danseur , en
1766. Retiré en 1781 , il ne rentra à ce
spectacle qu'en 1792, en qualité de Di-
recteur de la scène ; mais peu de temps
après, les administrateurs Célérier et Fran-
cœur ayant été accusés de malversations et
arrêtés, Despréaux cessa ses fonctions. En
1807, il fut nommé inspecteur du même
théâtre et de ceux de la cour. Ala même épo-
que, il était professeur de danse et demain-
tien théâtral au Conservatoire de musique.
Il est mort le 26 mars 1820. Despréaux cul-
tivait la poésie et fit représenter beaucoup
de parodies et de vaudevilles de sa com-
position. Il avait épousé la célèbre danseuse
Guimard , qui était née le 27 décembre
1743 , et qui mourut en 1816.
DESPRÉAUX (Guillaume ROSS),
•compositeur de musique , né à Clermont
^Puy-de-Dôme) en 1805, fut admis comme
élève au Conservatoire de Paris , et reçut
des leçons de composition de l'auteur de
cette notice et de M. Berton. Ayant été
reçu comme acteur, en 1824, au Gymnase
dramatique, il resta attaché à ce théâtre
jusqu'en 1828. L'année précédente le se-
cond grand prix de composition musicale
lui avait été décerné au concours de l'In-
stitut. Le sujet du concours était la can-
tate d' 'Orphée. En 1828 , M. Despréaux
obtint le premier prix, et sa cantate fut
exécutée à la séance publique de l'Institut.
Peu de temps après, il partit pour Rome,
d'où il envoya en 1850 un Requiem et un
DES
Diesirœ. Dans la même année, il écrivit
de Naples une lettre spirituelle sur l'état de
la musique dans cette ville, qui fut insérée
dans le septième volume de la Prévue Mu-
sicale (p. 169 et suiv.), et qui produisit
une assez vive sensation. De retour à Paris,
M. Despréaux y a fait représenter à POpéra-
Comique , le 25 janvier 1833, un petit
opéra intitulé Le Souper du Mari. 11 a
écrit depuis lors plusieurs ouvrages qui
n'ont point été joués jusqu'à ce jour (1836).
DESPRÈS ou DESPREZ (Josquin);
Voy. DEPRÈS.
DESPREZ (jean-baptiste), violiniste,
né à Versailles, en 1771, eut pour maître
de musique Richer , son concitoyen. Il a
publié : Six duos dialogues pour deux
violons , op. 1 , Paris, 1798.
DESSAUER (joseph), compositeur, né
à Prague, le 28 mai 1794, de parens aisés
qui lui firent donner une brillante éduca-
tion , fut destiné au commerce dès son en-
fance. Tomascheken fit un pianiste habile
et M. Frédéric-Denis Weber, directeur du
Conservatoire de Prague , lui donna des
leçons d'harmonie. Quelques composi-
tions estimables qu'il fit paraître dans sa
jeunesse prouvèrent ses heureuses disposi-
tions; mais, détourné de la pratique de
l'art par les affaires, ii négligea cet art
pendant plusieurs années. Un voyage qu'il
fit à Naples en 1821 pour des spéculations
de commerce lui ayant fourni l'occasion
de faire admirer ses talens de pianiste et
de compositeur, lui fit comprendre qu'il
n'avait pas suivi sa véritable vocation. De
retour dans sa patrie, il prit la résolution
de cultiver avec plus d'activité les heureux
dons qu'il avait reçus de la nature pour la
musique , et il écrivit beaucoup de chants
à une ou plusieurs voix , des morceaux de
piano . des quatuors et des ouvertures pour
l'orchestre. Dans un autre voyage qu'il fit
à Milan, dix ans plus tard, il écrivit plu-
sieurs ouvrages de musique instrumentale
et vocale, et commença un opéra qui est
resté inachevé jusqu'à ce jour. Dans les
années 1832 et 1835, il a visité l'Angle-
DES
DES
297
terre et la France. Pendant un séjour de
dix-huit mois à Paris, il y fit entendre
souvent avec succès dans les salons ses
chansons allemandes. Il est en ce moment
à Prague , et y consacre à la musique tous
les momens qu'il peut dérober aux affaires.
On a publié de M. Dessauer : 1° Rimem-
branze di Napoli } composizione per il
piano-forte sopra motivi originali napo-
letani, op. 1 et 2, Vienne, Liedesdorf;
2° Capriccio sopra alcuni motivi clell'
opéra : Norma, Milan , Riccordi , 3° Six
canzoni italiennes et allemandes , avec ac-
compagnement de piano, Vienne, Mechetti;
4° Six chansons allemandes avec piano ,
op. 6, Vienne, Artaria; 5° Trois liccler
avec piano , op. 6 , Vienne , Diahelli.
DESTOUCHES (andre-cardinal), com-
positeur dramatique, né à Paris, en 1672,
fut surintendant de la musique du roi , et
inspecteur général de l'Opéra, depuis 1713
jusqu'en 1751. Son opéra agisse fut re-
présenté en 1 679 , et suivi à? Amadis de
Grèce , en 1699, de Marthésia, dans la
même année; aOmphale , en 1701, du
Carnaval et la Folie , en 1704, En 1712
il donna Callirhoë , en 1714, Téléma-
que , en 1718, Sèmiramis, en 1725, Les
Élémens , en société avec Lalande, et en-
fin, en 1726, les Stratagèmes de l'Amour.
Louis XIV fut si satisfait à'Issé } qu'il fit
donner à l'auteur une gratification de
deux cents Louis , et déclara que Des-
touches était le seul qui ne lui eût point
fait regretter Lulli. Toutefois , il paraît
que sa musique ne plut pas à tout le
inonde , car on fit contre son opéra de
Callirhoë ce couplet satyrique :
Roy sifflé ,
Pour l'être encore,
Fait éciore
Sa Callirhoë :
Et Destouches
Met sur ses vers
Une couche
D'insipides airs.
Sa musique
Ouoiqu'étique
Flatte et pique
Le goût des badauds.
Heureux travaux !
L'ignorance
Récompense
Deux nigauds.
Destouches est mort à Paris, en 1749,
à l'âge de 77 ans. Il avait fait le voyage
de Siam avec l'abbé de Choisy.
DESTOUCHES ( François), composi-
teur, né. à Munich le 14 octobre 1774;
prit des leçons de musique et d'harmonie
de Théodore Grunberger, moine augus-
tin , et fit des progrès remarquables dans
ces sciences. Son père, qui était conseiller
de la chambre et fiscal de la cour de l'é-
lecteur, l'envoya à Vienne, en 1787,
pour y étudier la composition sous la di-
rection de Joseph Haydn. Il resta dans
cette ville jusqu'en 1791 , et retourna en-
suite dans sa patrie. Bientôt après , il y
mit en musique l'opéra-comique intitulé
Die Thomas nacht ( La nuit de Thomas),
qui fut représenté sur le théâtre national
et sur celui de la cour en 1792. Il partit
ensuite pour la Suisse et l'Autriche, et
donna des concerts dans plusieurs villes.
Arrivé à Erlang , il s'y arrêta et y exerça
les fonctions de directeur de musique pen-
dant deux. ans. En 1799, il passa au ser-
vice du duc de Saxe-Weimar , revint à
Munich en 1810, et fut enfin placé comme
professeur d'harmonie à l'université de
Landshut, où il était encore en 1816.
Outre plusieurs messes de sa composition,
qui sont connues avantageusement en Al-
lemagne, il a mis en musique , à Weimar,
l'opéra intitulé Missverslœndniss ( La
rupture), qui eut beaucoup de succès
dans la nouveauté. lia composé pour le
même théâtre les chœurs du drame Die
Hussilen von Naumburg (les Hussites de
Naumbourg ) , ainsi que les ouvertures
des pièces de Schiller , la Fiancée de
Messine , la Pucelle d'Orléans , Guil-
laume Tell, et Wallenslein. 11 est aussi
l'auteur des chœurs de Wanda, tragédie
de Werner. On a gravé à Augsbourg, chez
Gombart , et à Olïembach , chez André ,
plusieurs de ses concertos pour divers in-
298
DEV
DEV
strumens , des sonates de piano, des varia-
tions, et autres compositions instrumenta-
les. Parmi ces productions, on remarque :
1° Trois sonates pour le piano , op. 1. Of-
fenbach, 1792 ; 2° Fantaisie pour le piano,
op. 10, Augsbourg , 1799, 5° Marche
avec dix variations, op. 8 ; 4° Ariette avec
9 variations, n° 2. Heilbronn , 1798;
5° Ariette avec 9 variations , n° 3 ; 6° So-
nates pour piano , violon et violoncelle ,
op. 11, Augsbourg; 7° Concerto (en sol)
pourpiano et orchestre. Augsbourg, Gom-
bart.
DEURING (benoît) , moine allemand,
vivait vers le milieu du 18e siècle. Il a
puhlié douze motets de sa composition sous
le titre de Conceptus musici , Augsbourg,
1730, in -fol.
DEUS1NGER (j.-f.-p.). On a sous ce
nom un traité d'accompagnement de l'or-
gue et du clavecin intitulé : Compendium
inusicum, oder Fundamenta partiturœ ,
dass ist : Unterricht fur die Orgel und
das Klavier, en deux parties, Augsbourg,
Lotter, 1788.
DEV1CQ ( eloy ) , d'une famille distin-
guée de l'ancien parlement de Flandres ,
naquit à Douai, vers 1778. Dans les trou-
bles révolutionnaires de 1792, ses parens
sortirent de France , et cherchèrent un
asile à Hambourg. Privés de leur fortune
par l'émigration, ils trouvèrent heureuse-
ment une ressource dans le talent musical
de leur fils qui , ayant étudié la musique
et le violon avec ardeur , dès son enfance,
put , à peine âgé de quinze ans , donner
des leçons et entrer comme violiniste à
l'orchestre du théâtre de Hambourg. Quel-
que temps après, il partit pour la Rus-
sie , vécut plusieurs années à Pétersbourg
et à Moscou , et perfectionna son talent
par ses liaisons avec Rode, Baillotetle cé-
lèbre violoncelliste Lamare. De retour en
France vers 1809, M. Éloy Devicq se
maria à Abbeville et s'y établit , ne culti-
vant plus la musique que comme ama-
teur , mais y puisant ses jouissances les
plus vives. Sa manière grande et classique
de jouer du violon , et le profond senti-
ment musical dont il était pénétré, ont
fait long-temps le charme de ceux qui
l'ont entendu. C'est à ce pur amour de
l'art dont il est toujours animé , qn' Abbe-
ville doit l'institution d'une école publique
de musique qui a déjà formé de bons élèves
et propagé le goût de cet art. M. Eloy De-
vicq a publié : Air russe varié pour vio-
lon principal, avec violon, alto et violon-
celle ou piano. Paris, Pacini.
DEVIENNE (françois) , né à Joinville
(Haute-Marne ) en 1759, fut élevé par son
frère , musicien au service du prince de
Deux-Ponts. Dès son enfance, il annonça
les plus heureuses dispositions pour la mu-
sique; à peine âgé de dix ans, il composa
une messe avec accompagnement d'instru-
mens à vent, qui fut exécutée par les mu-
siciens du régiment où il était déjà engagé
comme flûte. Ses études musicales termi-
nées , il s'attacha au cardinal de Rohan ,
et passa ensuite dans la musique des
Gardes-Suisses , qu'il quitta pour entrer ,
en 1788, dans l'orchestre du théâtre de
Monsieur , en qualité de bassoniste. Ega-
lement distingné par son talent sur la
flûte et sur le basson, Devienne avait une
connaissance générale de tous les autres in-
strumens , et savait en tirer des effets in-
connus en France avant lui. Né avec du
talent pour la composition, il créa un nou-
veau genre de musique pour les instrumens
à vent, encouragea les artistes à perfection-
ner leur exécution , et contribua par-là à
l'amélioration des orchestres français. Non
moins recommandable comme compositeur
dramatique , il a laissé quelques opéras
qui pourraient être encore entendus avec
plaisir , et qui se font remarquer par la
fraîcheur des idées , et l'élégance de l'in-
strumentation. L'un de cesouyrages, connu
sous le titre des Visitandines , se joue en-
core avec succès.
Les productions de Devienne sont en si
grand nombre qu'on ne comprendrait qu'à
peine sa fécondité, si l'on ne savait que,
nonobslantles devoirs que lui imposaient ses
DEV
DEV
299
places et les leçons qu'il donnait, il tra-
vaillait ordinairement hait heures chaque
jour. Cet excès de travail finit par altérer
ses facultés; sa tête se dérangea, et l'on
fut obligé de l'enfermer à Charenton } où
il mourut le 5 septemhre 1803. Il avait
été professeur au Conservatoire de musique,
et fut compris dans la réforme générale de
l'an X. Voici la liste de ses productions :
I. Opéras: 1° Encore des Savoyards,
opéra-comique en un acte , au théâtre de
Monsieur, en 1789; 2° Le Mariage clan-
destin, en un acte, au théâtre Montansier,
1791 ; 3° Les Quiproquos espagnols, au
théâtre Feydeau , 1792; 4° Les Visitan-
dines, en deux actes, au théâtre Feydeau,
1792. Un troisième acte fut ajouté à cet
opéra, en 1793; puis la pièce fut remise
en deux actes , en 1795. Refusée maladroi-
tement au théâtre Favart , cette pièce fut
jouée avec un succès d'enthousiasme au
théâtre Feydeau, et continua de jouir de
la faveur publique jusqu'à la restauration.
Plus tard, elle fut arrangée sous le titre du
Pensionnat de Jeunes Demoiselles pour
être jouée à l'Opéra-Comique, et sous celui
des Français au Sérail', au théâtre de
l'Odéon. Depuis la révolution de juillet
1830, elle a repris son premier titre;
5° Rose et Aurèle, en un acte, au théâtre
Feydeau, 1793; 6° Agnes et Félix, ou
les deux Espiègles, en deux actes, 1794 ;
7° Valecour, ou un tour de page, en un
acte, 1797; 7° Les Comédiens Ambu-
lans , en trois actes , 1798; 9° Le Valet
des deux maîtres , en deux actes, 1799.
Devienne a été collaborateur, pour la mu-
sique , du Congrès des Rois, opéra révo-
lutionnaire joué au théâtre Favart , en
1793. II. Pièces be'tachees : 10° Ro-
mances d'Estelle, avec accompagnement
de piano et flûte, Paris, Nadermann ;
11° Romances de Gonzalve de Cor doue,
avec accompagnement de piano et flûte ou
violon, op. 53, Paris, 1795; 12° Roman-
ces patriotiques , Paris, Ozy; 13° Chan-
sons républicaines , à l'usage des fêtes
nationales, ibid. ; 14° Première livraison
de six romances , paroles de Labiée avec
accompagnementdepianoetharpe.nl. Ou-
vertures et symphonies : 15° Symphonie
concertante pour cor et basson, n° 1 , Paris,
1792 ; 16° Symphonie concertante pour
hautbois ou clarinette et basson , n° 2 ,
ibid., 1793; 17° Symphonie concertante
pour flûte, clarinette et basson, op. 22,
ibid.; 18° Symphonie concertante pour
flûte, hautbois, cor et basson avec orchestre,
n° 4 , ibid. , 1794 ; production excellente
en son genre, et qui a obtenu le plus grand
succès; 19° Symphonie concertante pour
deux clarinettes et orchestre, op. 25,
ibid. ; 20° La Bataille de Jemmapes ,
pour vingt instrumens , ibid. , 1796;
21° Ouvertures pour instrumens à vent ,
à l'usage des fêtes nationales, nos 1,2,3,
4 , 5 , 6 et 7 , Paris, Ozy ; 22° Symphonie
concertante pour deux flûtes et orchestre ,
ibid. ; 23° Deuxième symphonie concer-
tante pour flûte , hautbois, cor et basson ,
Paris, 1800. IV. Concertos : 24° Cpn-
certino d'airs variés pour la flûte , n° 1 ,
ibid. ; 25° Concertos pour flûte et orches-
tre , nos 1 , en ré ; 2, en ré ; 3, en sol ; 4 ,
en sol ; 5, en sol • 6, en ré • 7, en mi mi-
neur; 8 , en sol ; 9, en mi mineur; 10, en
ré; 11 , en si mineur ; 12 , exila, Paris ,
Imbault et Sieber ; n° 13, posthume, en
sol, Orléans, Demar ; 26° Concertos pour
basson et orchestre, n° 1, en ut, Imbault ;
n° 2, Naderman; n° 3, tu fa, n° 4, en ut,
Paris , Sieber. V. Quatuors ; 27° Quatuors
pour flûte , violon , alto et basse, op. 1 ,
3, Paris, Le Duc, op. 16, liv. 1 et 2 ,
Paris, Sieber, op. 62, Offenbach , André ,
op. 66, liv. 1 et 2, Paris, Imbault, op. 67 ,
Ibid., formant ensemble trente-six qua-
tours ; 28° Trois quatuors pour clarinette,
violon, alto et basse, op. 73, Paris, Érard ;
29° Trois quatuors pour basson , violon ,
alto et basse, op. 75, Ibid. VI. Trios;
50° Six trios pour flûte, alto et basse, liv. 1
et 2, Paris, Sieber; 31° Six trios pour
flûte, violon et basse, op. 18, Paris,, Im-
bault; 32° Six Idem, op. 66, Paris, Ga-
veauxj 33° Six trios pour deux flûtes et
300
DEV
basse, op. 19, Paris, Sieber; 34° Six trios
pour deux flûtes et basson , op. 77, Ibid;
35° Six trios pour flûte, clarinette et
basson, op. 61, liv. 1 et 2 , Offenbach ,
André; 36° Six trios pour trois flûtes,
liv. 1 et 2, Paris , Imbault ; 37° Six trios
pour deux clarinettes et basson , op. 27 ,
Paris, Sieber ; 38° Trois trios pour deux
clarinettes et basson, op. 75, Ibid.;
39° Trois Idem, livre troisième , Paris,
Sieber ; 40° Six trios pour basson, violon
et basse, op. 17, Paris, Imbault. VII. Duos;
41° Cent cinquante-huit duos pour divers
instrumens, œuvres 2, 5, 6, 7, 8, 15, 20,
21, 53, 64, 65, 68, <^9, 70, 78, 79,
81, 84, Paris, Londres, OfTenbacb, Berlin,
1788-1801. VIII. Sonates: 42° Six so-
nates pour piano, flûte et basse, op. 22
et 23 , Paris , Naderman ; 43° Six sonates
pour basson, avec accompagnement de
basse, op. 24, Paris. Sieber ; 44° Six so-
nates pour clarinette , avec accompagne-
ment de basse, op. 28, Ibid.; 45° Six so-
nates pour flûte, avec accompagnement de
basse, op. 14, Orléans, Demar ; 46° Six
idem, op. 58; 47° Six idem, op. -68,
Paris, Sieber; 48° Six idem, liv. 4, Paris,
Imbault; 49° Six idem, cinquième livre,
Paris, Pleyel ; 50° Six idem, liv. 6, Paris,
Frey ; 51° Six idem, liv. 7, Paris, Sieber;
52° Six idem, liv. 8, Ibid.; 53° Douze
sonates pour hautbois , avec accompagne-
ment de basse, op. 70 et 71 , Paris, Le Duc.
IX. Harmonie; 54° Douze suites d'har-
monie à huit et douze parties , Paris ,
1 798-1 801 . 55° X. Méthode de flûte théo-
rique et pratique, contenant tous les prin-
cipes, des petits duos et sonates faciles,
Paris, Imbault, 1795. Cet ouvrage estimé
a été reproduit dans plusieurs éditions.
DEVISMES DU VALGAY (anne-
pierre-jacques), né à Paris en 1745, en-
tra dans les fermes où il parvint à l'em-
ploi de sous-directeur. Dans sa jeunesse il
se livra à l'étude de la musique et publia
un Abrégé des règles de la composition
et de l'accompagnement, dédié à la reine,
Paris, 1767, in-4°. La protection du valet
DEV
de chambre de la reine lui fit obtenir , en
1777, l'entreprise de l'Opéra de Paris. Le
privilège lui fut accordé pour douze ans,
moyennant un cautionnement de cinq
cent mille francs, dont la ville devait lui
payer l'intérêt, outre un subside de quatre-
vingt mille francs qu'il devait recevoir.
Deux réglemens du 27 février et du 22
mars 1778 établirent les droits de l'entre-
preneur et de ses subordonnés ; le premier
avril suivant, Devismes prit possession de
son entreprise. A cette époque, les ama-
teurs de l'Opéra étaient divisés en quatre
partis , dont les goûts et les préventions
étaient différens. Le premier de ces partis,
composé des Lullistes ou amateurs de
l'ancienne musique française, était le plus
faible; le second, plus vigoureux, était
formé par les défenseurs de Rameau; les
troisième et quatrième, où étaient enrôlés
les admirateurs enthousiastes de la musi-
que nouvelle, dédaignaient de combattre les
préjugés des partisans de Lulli ou l'entête-
ment des Ramis tes, et se plaçant les uns sous
la bannière de Gluck, les autres sous celles
de Piccini , se faisaient une guerre aussi
vive que s'il se fût agi des intérêts les plus
graves. Ces circonstances étaient favora-
bles au nouveau directeur : il sut en pro-
fiter, et déploya une activité prodigieuse.
Voulant que le public pût juger des di-
verses transformations qui s'étaient opérées
en France dans la musique théâtrale , il
donna dans une seule année Thésée , de
Lulli; Castor et Pollux, Pygmalion, de
l\ameau;Ernelinde, de Philidor; Armide,
Iphigénie, Orphée, de Gluck; Roland,
de Piceini; et fit composer par Grétry une
pièce intitulée Les Trois âges de l'Opéra.
Outre cela, il rappela les bouffons italiens,
et les fit jouer, alternativement avecl'Opéra
français, les meilleurs ouvrages d'Anlossi,
de Piccini et de Paisiello. Mais tant de
nouveautés avaient coûté des frais énormes,
et malgré l'affluence du public, la recette
ne couvrait pas la dépense. Devismes re-
cevait les félicitations de quelques amateurs
zélés , mais il se ruinait. D'ailleurs , ses
DEV
DEV
301
réformes et sa manière nouvelle d'admi-
nistrer l'Opéra avaient froissé des inté-
rêts particuliers, et loi avaient fait des
ennemis : ils l'accablaient de sarcasmes et
de dégoûts. Nonobstant ses talens et sa fer-
meté, il ne put parvenir à déraciner les
abus d'une administration vicieuse. Mal-
gré la protection de la reine, Devismes ne
put résister aux haines, aux cabales et aux
tracasseries de tout genre auxquelles il
était en butte, il offrit la résiliation de son
bail , et elle fut acceptée le premier avril
1779; mais il conserva la direction jus-
qu'au mois de mars de l'année suivante,
pour le compte delà ville. A la clôture de
l'année théâtrale de 1780, Berton prit la
direction de l'Opéra pour le compte du
roi, et Devisme reçut le brevet d'une pen-
sion de neuf mille francs, avec une indem-
nité de vingt-quatre mille francs , faible
dédommagement des pertes qu'il avait
essuyées.
Le 20 fructidor an VII (12 septembre
1799) Devismes fut nommé, conjointement
avec Bonnet de Treiches , ex -législateur,
administrateur de l'Opéra , par un arrêté
du Directoire. Le 18 mars 1800, le mi-
nistre de l'intérieur nomma Devismes di-
recteur de ce spectacle, et Bonnet n'eut
plus que le titre de conservateur du ma-
tériel ; mais bientôt , des soupçons circu-
lèrent sur la gestion du directeur; ils pa-
rurent assez graves et assez fondés pour
que l'autorité le privât de son emploi et le
fit remplacer par Bonnet , qui eut le titre
de commissaire du gouvernement, le 25
décembre 1800. Un procès fâcheux fut
intenté à Devismes sur la partie conten-
tieuse de son administration , mais il s'en
tira avec habileté. Il publia à cette occa-
sion un petit écrit de deux feuilles in- 8°
d'impression sous ce litre : Devismes du
Valgay à ses concitoyens sur son ad-
ministration du théâtre de la république
et des arts. Il a aussi fait imprimer quel-
ques autres petites brochures sur le même
sujet; mais je n'en sais pas les titres.
Devismes résida encore quelque temps
à Paris , et y fit représenter quelques ou-
vrages dramatiques au théâtre Montansier
et à l'Opéra-Cornique , entre autres La
Double Récompense , et Eugénie et Lin-
val. En 1806 il publia à Paris, en un vo-
lume in-8°, un livre intitulé : Pasilogie,
ou. de la musique considérée comme lan-
gue universelle . Betiré en Normandie en
1810, Devismes est mort à Caudebec vers
le milieu du mois de mai 1819, à l'âge de
soixante-quinze ans. Il avait annoncé des
Mémoires sur sa vie , mais cet ouvrage
n'a pas paru.
DEVISME ( JEANNE-HIPPOLYTE MOY-
BOUD), épouse du précédent, née à Lyon
en 1765, a composé la musique d'un opéra
intitulé Praxitèle , représenté en 1802
sur le théâtre de l'Opéra. Cette dame avait
reçu des leçons de Steibelt pour le piano ,
et jouait fort bien de cet instrument ; elle
vit encore.
DEVBIENT (edouard-philippe) , un
des meilleurs chanteurs de l'Opéra alle-
mand, est né à Berlin le 11 août 1801. Ne-
veu du célèbre comédien Louis Devrient, il
a hérité de ses talens comme acteur. Après
avoir eu dans son enfance une jolie voix
de soprano, il acquit dans sa dix-septième
année un bariton grave dont le caractère
a de l'analogie avec la véritable basse ,
mais dont la qualité est médiocre. Vers
cet âge , il entra dans l'école de Zelter et
y apprit Fart du chant. Pour la première
fois il chanta en public dans une exécution
delà Passion de Graun qui eut lieu à Ber-
lin en 1819; peu de temps après il débuta
au théâtre dans YAlcesle de Gluck, et le
25 avril de la même année il fit son se-
cond début dans Masetto de Don Juan.
Bien accueilli par le public , surtout à
cause de son talent dramatique , il joua
avec succès les principaux rôles de basse
des opéras allemands ou traduits de l'ita-
lien et du français. En 1822 il voyagea et
se fit entendre à Dresde , à Leipsick , à
Cassel et à Francfort. Peu de temps après
il fut engagé à Vienne, et depuis lors il
n'a plus quitté cette ville. On dit qu'il a
302
DEZ
DEZ
joué aussi bien YOreste de Gluck que le
Barbier de Rossini ; mais il ne faut pas
avoir trop de confiance aux éloges de
ce genre accordés en Allemagne, car on
n'y a qu'une connaissance fort imparfaite
de l'art du chant.
DEVRÎËNT (wilhelmine SCËROÈ-
DER). V. SCHROEDER.
DEWAR (daniel) , professeur de mo-
rale et de philosophie au collège du Roi à
l'université d'Aberdeen , au commence-
ment du 19e siècle , a publié un livre qui
a pour titre : Observations on the cha-
racter } custom , superstitions, music,
poetry and language of the Irish , etc.
(Observations sur le caractère, les mœurs,
les superstitions , la musique , la poésie et
le langage des Irlandais), Londres, 1812 ,
in-8°.
DEYCKS (ferdinand), docteur en phi-
losophie et professeur de langues anciennes
et d'histoire au collège royal de Coblenz ,
est né en 1802 à Burg, au duché de Berg.
Il a fait ses études au gymnase de Dussel-
dorf et aux universités de Bonn et de
Berlin. Après les avoir terminées, il a
passé plusieurs années à Dusseldorf ne
s'occupant que des sciences et des arts; la
musique surtout était l'objet de ses études,
et il eut pour maîtres dans cet art Burg-
miiller, Ries , Salomon et Steymann.
Pour se distraire de ses recherches d'éru-
dition et de ses travaux sur la littérature
ancienne, il a écrit plusieurs articles de
critique musicale qui ont paru dans le re-
cueil intitulé Cœcilia. On y remarque
particulièrement : 1° Sur l'oratorio de
Spohr Die Letzten dinge (t. 5); 2° Pla-
ton, sur la musique (t. 8); 3° Sur le
Jephté de B. Klein (t. 8); 4° Sur les der-
niers œuvres de piano de Ries (t. 11) ;
3° Sur l'édition de la partition du Requiem
de Mozart publiée par André (t. 14);
6° Goethe, Sur la musique (t. 11); 7° Et
en dernier lieu : Sur le chant de l'église
catholique (1835).
DEZÈDE ou DEZAIDES (n.), compo-
siteur dramatique, paraît être né vers
1740. On ignore quelle fut sa patrie.
Parmi les biographes , les uns ont cru
qu'il était allemand ; d'antres , qu'il était
né à Lyon. Lui-même ne connut jamais
sa famille. Son éducation fut celle d'un
homme bien né. Après quelques études,
on le retira du collège et il fut mis sous la
direction d'un abbé , qui , entre autres
connaissances , lui donna celle de la mu-
sique et lui apprit à jouer de la harpe.
Venu de bonne heure à Paris , il y perfec-
tionna son instruction et apprit la compo-
sition. Il jouissait alors d'une pension de
vingt-cinq mille francs , qui fut doublée à
sa majorité. Désirant connaître les auteurs
de ses jours, il s'adressa à son notaire;
mais celui-ci le prévint que ses démar-
ches seraient inutiles , et qu'en les conti-
nuant, il s'exposerait à perdre son revenu.
Il ne tint compte de cet avis , continua
ses recherches , ne découvrit rien , et fut
privé de sa pension. Ce fut alors qu'il son-
gea à tirer parti de ses talens pour assurer
son existence. Il débuta aux Italiens , en
1772 , par le petit opéra de Julie, et donna
successivement Y Erreur d'un moment ; le
Stratagème Découvert (1773); Les Trois
Fermiers (1777); Zulime; Le Porteur
de chaises (1778) ; A Trompeur, trom-
peur et demi' Cécile (1781) ; Biaise et
Babet (1783); Alexis et Justine (1785);
La Cinquantaine; Les deux Pages,
et Ferdinand, ou la suite des Deux Pages.
Ses productions à l'Opéra sont Fatmé, ou
Le Langage des Fleurs (1777); Péronne
Sauvée (1783); et Alcindor (1787).
Le caractère du talent de Dezède est le
genre pastoral ; son style n'est imité d'au-
cun autre , et personne n'a songé à imiter
le sien. Son opéra de Biaise et Babet a
eu pendant deux ans un succès de vogue
tel qu'on en voit fort peu au théâtre. On
trouve aujourd'hui que les formes de la
musique de Dezède ont vieilli ; mais ses
mélodies sont gracieuses et naïves. Son
harmonie est d'ailleurs assez pure et son
orchestre soigné , pour l'époque et le pays
où il écrivait , ce qui pourrait faire croire
D'HA
DIA
303
qu'il a eu des leçons île Philidor, le seul
maître qui sût alors en France écrire avec
correction.
Dezède avait la taille, la tournure et
l'acoutrement du peintre Greuze. Il était
presque toujours vêtu d'un habit riche-
ment brodé, et chaussé avec des bottes.
Son caractère était aussi original que sa
mise: il affectait de prendre des manières
brusques et un ton grondeur, que démen-
tait sa bonté naturelle. En 1785, le duc
Maximilien de Deux-Ponts, qui fut ensuite
électeur et depuis lors roi de Bavière , et
qui aimait beaucoup la musique de De-
zède, fit venir à sa cour ce compositeur,
lui donna un brevet de capitaine avec cent
louis d'appointemens, à la seule condition
qu'il irait tous les ans passer un mois à
Deux-Ponts. Cette faveur ne le rendit pas
plus riche, car il était dissipateur et tran-
chait du grand seigneur. On dit que ses pro-
digalités ruinèrent sa maîtresse, Mme Bel-
cour, de la Comédie-Française, qui, beau-
coup plus âgée , s'était éprise de lui lors-
qu'il n'était déjà plus jeune. Il est mort à
Paris , en 1792.
DEZEDE (florine), fille du précédent,
a donné à l'Opéra-Comique, en 1781,
Nanette et Lucas, ou La Paysanne cu-
rieuse. La musique de cet ouvrage est une
copie du style de Dezède.
D'HAUDIMONT ( l'abbe - etienne -
pierre MTJJNIEB), né en Bourgogne en
1730, fut élevé à Dijon, et quitta cette ville
vers 1754 , pour aller occuper la place de
maître de chapelle de Châlons-sur-Saône.
Après en avoir rempli les fonctions pen-
dant six ans , il vint à Paris , et se livra à
l'étude de la composition sous la direction
de Bameau, son compatriote et son ami.
En 1764, il succéda à Bordier dans la
place de maître de chapelle des Saints-
Innocents. Ce fut alors qu'il composa plu-
sieurs motets que l'on entendit au Con-
cert spirituel, chez le roi, et dans les fêtes
publiques. Les plus connus sont le Mé-
mento Domine David? le Deus nosler,
le Beatus vir, le Quare fremerunt,
YExurgat Deus, etc. Il a écrit aussi une
messe de Requiem, et un De profundis,
en 1772. Enfin il est auteur d'un grand
nombre d'ariettes, qui ont été publiées
sous le voile de l'anonyme. L'abbé d'Hau-
dimont a formé beaucoup d'élèves , parmi
lesquels on remarque Perne etChénié.
D'HEBBAIN (le chevalier). V. HER-
BAIN.
DIABELLI (antoine), professeur et
éditeur de musique à Vienne , est né le
6 septembre 1781 à Mattsée, dans le pays
de Salzbourg , où son père était musicien
et sacristain. Celui-ci enseigna à son fils
les élémens du chant, du piano et du vio-
lon. A l'âge de sept ans , Antoine fut reçu
comme enfant de chœur au couvent de
Michaelbayern , et deux ans après il entra
dans la chapelle de Salzbourg. En 1796
il alla continuer ses études au collège de
Munich , et perfectionner son savoir dans
la théorie et dans la pratique de la musi-
que. Lorsqu'il eut atteint sa dix-neuvième
année, il étudia la théologie au monastère
de Daitenbosslach et commença à essayer
ses facultés en différens genres de compo-
sition. Il soumettait ses ouvrages à la cen-
sure de Michel Haydn qui lui avait ensei-
gné l'art d'écrire, et qui lui témoigna tou-
jours un intérêt paternel. Il se destinait à
l'état monastique 5 mais la sécularisation
des couvens en Bavière changea ses projets
et le détermina à se rendre à Vienne. Là ,
il se livra à l'exercice de son talent et se fit
professeur de musique. En 1818, il s'asso-
cia avec l'éditeur de musique Cappi, et
en 1824 il prit pour son compte la mai-
son de commerce dont il n'était aupara-
vant que l'associé. Comme compositeur,
Diabelli s'est fait remarquer par sa fécon-
dité, si ce n'est par le mérite de ses ou-
vrages. Il a écrit dans tous les genres et
presque pour tous les instrumens, pour le
chant, pour la chambre, le concert > l'é-
glise et le théâtre. On a de lui plusieurs
recueils de danses et de valses pour l'or-
chestre ou en quatuors, en trios, etc., des
duos pour violon et pour flûte, dé la ma-
304
DIB
DIB
sique de guitare en tout genre, des sonates
pour piano avec et sans accompagnement,
des rondeaux, menuets, valses, cadences ,
études , pots-pourris, etc. , pour le même
instrument ; dix messes , douze graduels ,
douze offertoires, sept Tantumergo, pour
plusieurs voix , orchestre et orgue ; des
cantates, duos, chansons allemandes et ro-
mances avec accompagnement de piano ,
des opérettes ou vaudevilles, etc., etc.,
Enfin le nombre de ses productions de
différens genres s'élève à cent quatre-vingts
œuvres.
DIBDIN (charles), comédien, compo-
siteur, poète et prosateur, était fils d'un
orfèvre de Southampton. L'époque de sa
naissance n'est pas exactement connue;
mais, dans un de ses ouvrages, il dit qu'il
était enfant de chœur en 1747. Quelque
temps après , il fut attaché au chœur de
la cathédrale de Winchester , et y reçut
des leçons de musique et de plain-chant
de Fussel , organiste de cette église ; mais
c'est , disait-il , à l'étude des ouvrages de
Corelli et des écrits didactiques de Ra-
meau qu'il devait ses connaissances en
composition. Au commencement de sa
carrière musicale, il se présenta comme
candidat pour la place d'organiste de Wal-
tham,dansle Hamsphire;mais il fut écarté
à cause de son extrême jeunesse. Bientôt
après , il se rendit à Londres : il y était
depuis peu, et avait à peine seize ans lors-
qu'il fut engagé comme chanteur au théâ-
tre de Covent-Garden. Les rôles qui lui
furent confiés étaient peu importans et ne
le firent point remarquer jusqu'à ce que
la manière dont il joua celui de Ralph
dans The Maid qf the Mill (La fille du
moulin), fixa sur lui l'attention du public.
Dans la saison de 1762 à 1763, il fit re-
présenter à Covent-Garden la pastorale in-
titulée The Sheplierd' s Artifice (La rase
du Berger) , dont il avait composé la mu-
sique, et qui fut accueillie favorablement.
Environ cinq ans après , il composa l'ou-
verture, le premier chœur, les final i du
premier et du second acte, et trois airs de
la farce iutitulée Love in a City (L'amour
dans une ville) , qui fut suivie de Damon
and Phillida (Damon et Phillis) , opéra-
comique, The Ephesian Matron (La ma-
trone d'Ephèse), et de Lionel and Cla-
îissa (Lionel et Clarisse) , tous faits en
société.
Engagé comme compositeur au théâtre
de Drury-Lane sous la direction de Gar-
rick , Dibdin donna une preuve de son
talent musical dans l'intermède de Pad-
lock ; qui fut représenté pour la première
fois en 1768, et où il joua le rôle de Mungo
avec un grand succès. Il composa ensuite
la musique de différentes pièces pour le
même théâtre, mais les titres en sont
presque entièrement oubliés. Celle du Ju-
bilé est la plus connue, car elle fut repré-
sentée quatre-vingt-treize fois dans une
saison, et elle a été reprise souvent depuis.
Les ouvrages que Dibdin fit ensuite furent
écrits et composés par lui seul. Les plus
célèbres furent The Waterman ( Le Ba-
telier) , The Quaker (Le Quaker), The
Desertur (Le déserteur) , traduit du fran-
çais , et Liberty-Hall (Le palais de la li-
berté). Plusieurs airs de ces opéras , prin-
cipalement de Liberty -Hall, sont devenus
populaires. Le terme de l'engagement de
Dibdin à Drury-Lane étant expiré, et quel-
ques différends s'étant élevés entre lui et
Garrick , il résolut de se rendre indépen-
dant des directeurs de spectacles , et se
hasarda à établir à Exeter-Exchange une
nouvelle espèce d'amusement , qui consi-
stait en marionnettes musicales; il annonça
ce spectacle sous le nom de The Comic
Mirror (Le Miroir comique). Ces marion-
nettes représentaient des caractères con-
nus, et quelquefois faisaient allusion à des
personnages politiques. Il écrivit aussi
pour le théâtre de Sadler's-Wells une
grande quantité de bagatelles, et à l'ou-
verture du théâtre appelé Le Cirque-
royal , il eut un engagement comme di-
recteur et comme compositeur. Cela ne
dura toutefois qu'une saison; quelques
difficultés étant survenues , la société fut
DIB
DIC
805
dissoute, et Dibdin ne retira qu'une perte
assez considérable de ses efforts.
Dans l'année 1788, il publia un livre
inli l ulé A musical Tourlhrough Eiigland
(Voyage musical en Angleterre), Slicfïîebl,
1788, un vol. in-4° de 445 pages, avec
quelques morceaux de musique. Cet ou-
vrage contient quelques laits curieux
dans une suite de lettres. Les lettres 69
à 74 contiennent la liste des principaux
ouvrages que Dibdin a écrits pour le théâ-
tre. Le voyage musical de cet artiste avait
été entrepris pour lui fournir les moyens
de se rendre dans l'Inde ; il s'embarqua en
effet, mais un temps peu favorable ayant
obligé le vaisseau de jeter l'ancre à Torbay,
Dibdin changea de résolution, et retourna
à Londres. 11 composa alors pour une réu-
nion , dans King-Street, l'intermède The
Wliiin oflhe moment (Le caprice du mo-
ment), qu'il exécuta seul. Pour donner
une idée du succès de cet intermède, il
suffit de dire que dans l'espace de quel-
ques semaines il a été vendu dix-sept mille
exemplaires d'un de ses airs, Poor Jack
(Pauvre Jacques) , qu'on a aussi chanté en
France à cette époque. En 1790, Dibdin
prit à bail le local appartenant à la société
polygraphique, et y éleva un théâtre où
il fit représenter plusieurs pièces de sa
composition. Quelques années après il
ouvrit un nouveau théâtre à Leycester-
Placc, qu'il nomma Sans-Souci , et où il
donna dix opéras-comiques. Après avoir
travaillé pendant quarante-deux ans pour
les divers théâtres de Londres , il s'est re-
tiré en 1804, et a publié dans cette an-
née un potme didactique sur la musique,
intitulé : The harmonie preceptor, a di-
daclic poem , in tliree paris, Londres,
1804 , in-4° de 150 pages , avec quatorze
planches. Le nombre de pièces mises en
musique par Dibdin s'élève à plus de cent
vingt, et l'on y compte plus de neuf cents
airs et beaucoup de morceaux d'ensemble.
Il a écrit aussi plusieurs œuvres de sonates
pour le piano, et d'autre musique instru-
mentale. Comme prosateur, il a publié
TOME III.
plusieurs ouvrages , parmi lesquels on re-
marque une histoire de la scène anglaise
(Londres, 1795), et les mémoires de sa vie
(Londres, 1802). On ignore s'il vit en-
core.
DIBDIN (miss), née à. Londres en 1797,
a la réputation d'une harpiste habile. Elle
commença à étudier la harpe en 1808,
sous la direction de Challoner, et se fit en-
tendre en public pour la première fois, en
1815, dans un concert de Covent-Garden.
Depuis lors elle a reçu des leçons de
Bochsa. Elle est maintenant professeur ad-
joint à l'académie royale de musique , à
Londres.
D1CE ARQUE , philosophe péripatéti-
cien, naquit en Sicile trois cents qua-
rante-sept ans avant l'ère chrétienne. Il
avait écrit un traité de musique qui s'est
perdu.
DICÉLITJS (jean-sebastien), chanteur
à Tondern dans le duché de Schleswig-,
en Danemark, naquit à Sehmalkalden ,
dans la liesse, vers 1648. Il étudiait la
médecine à l'université de Iena, en 1669,
et vivait encore en 1695. On a de lui une
cantate intitulée : Nacht-Musik ait/
Schenckii Geburtstag , a canio solo co/i
ritornello a 2 violini e continuo , Iena,
1669, une feuille in-fol.
DICKHDT (C), virtuose sur le cor et
sur la guitare, actuellement vivant , s'est
fait connaître par quelques compositions
pour ces instrumens et pour le violoncelle.
Parmi ses ouvrages, on remarque : 1° Six
pièces pour deux cors à clefs , cornet de
poste, cinq trompettes, quatre cors, trois
trombones et deux trompettes basses ,
Mayence, Schott ; 2° Trois duos pour deux
violoncelles, op. 2, Ibid.; "5° Dix-huit
trios pour trois cors, Ibid.; 4° Marches et
fanfares pour sept trompettes , quatre
cors, deux cors de signal, et trois trom-
bones, Ibid.; 5° Trois sérénades et un trio
pour guitare, flûte et cor, œuvres 1,
3 , 4 et 6 . Mayence et Manheim.
DICKINSON (edmond), médecin an-
glais , né en 1624 , à Applcton , dans le
20
806
DID
comté de Berks, fit ses éludes à Oxford,
et mournt en 1707, âgé de quatre-vingt-
trois ans. Au nombre de ses ouvrages,
remplis d'une érudition profonde, on en
trouve un , publié après sa mort , sous le
titre de Periodica exegesis, sive celeber-
rimorum Grœciœ ludomm declaratio ,
Londres, 1739, in-8°. Il y traite de la
musique dans lesjeux publics de l'ancienne
Grèce.
DIDEROT (dents), fils d'un coutelier
de Langres , naquit dans cette ville en
1712. Passionné pour les lettres, les
sciences et les arts , il vint à Paris fort
jeune , afin de suivre son penchant , se lia
avec les hommes de lettres les plus célè-
bres , et après avoir publié plusieurs ou-
vrages , conçut le projet de YEncyclopé-
die, et l'exécuta avec d'Alembert. On
trouve des détails sur la vie et les ouvrages
de ce philosophe dans tous les Diction-
naires historiques ; il n'est considéré ici
que dans ce qu'il a fait relativement à la
musique.
En 1748, il fit paraître à La Haye
tin recueil intitulé : Mémoires sur diffé-
rens sujets de mathématiques, in-8°. On
y trouve : 1° Des principes d'acoustique,
où la matière est traitée avec beancoup de
simplicité ; 2° Projet d'un nouvel orgue;
il y propose une nouvelle construction de
l'orgue à cylindre, où l'on pourrait varier
les airs à volonté et à l'infini , sans chan-
ger de cylindre : c'était une idée inexécu-
table; 5° Observations sur le chrono-
mètre. Ces mémoires se trouvent dans les
diverses éditions des œuvres complètes de
Diderot qui ont été publiées. Lichtenthal
a cru que Les principes d'acoustique sont
un ouvrage différent des Mémoires de
mathématiques : c'est une erreur. Tous
les articles relatifs à la construction des
instrumens qui se trouvent dans 1 Ency-
clopédie sont de Diderot. C'est lui aussi
qui a rédigé les Leçons de clavecin de Be-
metzrieder ; l'originalité de son style a
procuré une sorte de célébrité à ce livre
qui, d'ailleurs, n'en méritait aucune. Di-
DID
derot est mort à Paris le 30 juillet 1784.
DIDIER LUPI SECOND , musicien du
16e siècle, dont La Croix du Maine et
Duverdier ont vanté les talens dans leurs
bibliothèques; il a mis en musique les
chansons spirituelles de Guillaume Gue-
roult, imprimées à Paris chez Nicolas du
Chemin. Ce musicien était nommé Didier
Lupi Second pour le distinguer d'un au-
tre Lupi , dont il est parlé dans le prolo-
gue du quatrième livre de Rabelais (Voy.
Lupi).
DIDYME , musicien grec et écrivain
sur la musique , né à Alexandrie, était fils
d'Héraclide, et, selon Suidas, vivait au
temps de Néron. Porphyre dit , dans son
commentaire sur Ptolémée , que Didyme
a écrit un livre en faveur des proportions
musicales de Pythagore contre le système
égal d'Aristoxène , ce qui lui avait fait
donner le nom de Pythagoricien. Cet ou-
vrage paraît être perdu , mais Porphyre
nous a donné un abrégé de la doctrine
qu'il renfermait {Comment, in Harmon.
Ptolem., p. 210, éd. Wallis.). Ptolémée
a cité aussi Didyme en beaucoup d'endroits
de son traité des harmoniques , mais il le
critique avec amertume , et souvent
avec peu de justesse. En d'autres pasi
sapes , il adopte ses idées et s'en emparé
sans le citer ; c'est du moins ce qui lui a
été reproché par Porphyre (V. Comment.
in Harmon. Ptolem. ,p.l90,ed. Wallis.).
Le genre diatonique, on ]Aulôi,unitonique,
conforme à la tonalité du plain-chant,
passe pour avoir été formulé d'une ma-
nière régulière par Didyme , sous le nom
de diatonique synton, suivant la doctrine
de Pythagore. Ce synton diatonique de
Didyme est préférable à celui de Ptolémée,
en ce qu'il offre l'octave divisée en deux
tétracordes parfaitement réguliers , ce qui
n'a lieu dans le synton de Ptolémée qu'en
altérant la tonalité. C'est ce qu'on peut
voir dans les deux tableaux suivans , où
l'on trouve pour chaque intervalle les
nombres des proportions de Pythagore. Le
synton de Didyme est conforme au qua-
DIE
DIE
307
trièmo ton du plain-chant; celui de Pto-
lémée donne naissance an plagal du pre-
mier.
Synton diatonique de Didyme.
mi fa sol la.
Qt
iG
i5 8 9
Synton de Ptolémée.
la si b ut ré.
mi fa sol la
16
if.
9
On trouve des détails étendus sur la
question de ces deux syntons dans le traité
de musique de Salinas {De Musica ,
lib. IV, cap. 25, 26), et dans un discours
de Doni (adressé au P. Kircher) Del Sin-
tono di Didimo, e di Tolomeo (tom. I,
délie Opère, p. 549-355).
DIES (albert c.) , bon peintre paysa-
giste de Vienne, mort depuis peu d'années,
a publié une notice biographique sur
Haydn. Cette monographie a pour titre :
Haydn' s Biographie } nach milndlichen
Erzœhlungen, Vienne, Camesina (Heub-
ner), 1810, in-8«.
DIETERICH (sixte), compositeur du
16e siècle, né à Augsbourg, vécut habi-
tuellement à Constance. Glaréan nous a
conservé trois morceaux de ce compositeur,
p. 276 , 328 et 343 de son Dodecachor-
don. Gessner (in Pandectis , 1. 7, t. VI,
p. 85) cite, du même auteur, Magnificat
octo ionorum, liber primas, mais sans en
indiquer la date. J. G. Schielen attribue
à Dieterich un Compendiwn musicale,
mais il ne dit pas si cet ouvrage est im-
primé.
Un autre contrapuntiste du 16e siècle,
nommé Georges Dieterich , a publié à Nu-
remberg , en 1565, des Canliones funè-
bres, en latin et en allemand.
DIETERICH (conrad), né à Gemunde,
dans la Hesse, le 9 janvier 1575, fut sur-
intendant d'Dlm , et directeur du Gym-
nase de cette ville où il est mort le 22
mars 1639. On a de lui une dissertation
allemande intitulée : Ulmische Glocken-
predigt, darinn von der Erfxndung,
Brauch und Missbrauch der Glockenin
der Kirche Gottes gehandelt Wird (Ser-
mon sur les cloches d'UIm , dans lequel
on traite de l'origine des cloches , de leur
usage et de leur abus dans l'église), Ulm,
1625 , in-4°. C'est un livre savant et l'un
des meilleurs qu'on puisse consulter sur
cette matière.
DIETERICH (je an-conk An), philologue
et helléniste, né à Rutzbach, en Wétéra-
vie, le 19 janvier 1612, étudia les belles-
lettres et la théologie à Marburg. En 1639
il fut nommé professeur de grec à l'uni-
versité de cette ville , et passa ensuite à
Giessen pour y exercer les mêmes fonctions.
Il est mort , dans cette dernière ville , le
24 juin 1669. Au nombre de ses ouvrages,
on en trouve un intitulé Antiquitatœ bi-
blicœ, publié après sa mort, par Pistorius,
Giessen, 1671, in-fol. Il traite au sixième
chapitre , p. 349-553 , de Musica sacra.
DIETERICH (fre^eric-georges). Voy.
DIETER1CK ci-dessous.
D1ETER1CK (FREnERic-GEORGEs) , né
à Halle en 1686, eut pour premier maître
J. Samuel Wetter , organiste de Saint-
Michel de cette ville, et apprit la compo-
sition sous la direction de J. G. C. Stœrl,
maître de chapelle à Stuttgard. Le roi de
Danemarck, devant qui il toucha du cla-
vecin , en 1708 , fut si content de son jeu
qu'il lui lit présent d'une médaille d'or.
En 1710, il alla en Italie pour s'y per-
fectionner dans la composition et le jeu
du clavecin sous Vinaccesi ; mais en 1711
il revint à Halle occuper la place d'orga-
niste de Sainte-Catherine, et en 1720, il
succéda à Wetter dans son emploi. Il
mourut vers 1750. Plusieurs pièces d'or-
gues de sa composition se trouvent en ma-
nuscrit dans divers magasins de musique
de l'Allemagne.
DIETRÏCHSTEIN (maurice, C031TE),
20*
308
DIE
conseiller privé et chambellan de l'empe-
reur d'Autriche, est né à Vienne le 19 fé-
vrier 1775, d'une des familles les plus an-
ciennes de la monarchie autrichienne. Dès
son enfance il fit voir d'heureuses dispo-
sitions pour les sciences , les arts , et par-
ticulièrement la musique; on lui donna
des maîtres pour les développer. En 1791,
il entra dans la carrière militaire; il se
rendit à l'armée en 1792, et s'y distingua
dans le corps d'artillerie comme général-
adjudant. Après la paix de 1800, il quitta
le service, épousa la comtesse de Gilleis ,
et se livra à la pratique des arts. Lié d'a-
mitié avec le poète Collins et l'abhé Stad-
lcr, compositeur distingué, il les servit de
tout son pouvoir dans tontes les circon-
stances de leur vie. En 1815 , l'empereur
François II choisit le comte de Dielrich-
stein pour diriger l'éducation du duc de
Reichstadt. Quatre ans après, l'intendance
de la chapelle de la cour lui fut confiée,
et les soins qu'il y donna en améliorèrent
beaucoup la musique. En 1821 l'empereur
ajouta à ses fonctions la direction supé-
rieure des théâtres de la cour; et, enfin ,
en 1826, le monarque le nomma conser-
vateur en chef de la bibliothèque impé-
riale , l'une des plus considérables et des
plus précieuses de l'Europe. Le comte de
Dietrichslein occupe encore cette place.
On a de sa composition : 1° Cinq recueils
de douze danses chacun , pour piano à
quatre mains, Vienne, Weigl, Hasslinger,
Mechetti et Diahclli ; 2° Douze valses de
redoute avec trios pour piano à quatre
mains, Vienne, Diabelli; 3° Douze me-
nuets avec trios pour piano seul, Vienne,
Mechetti ; 4° Douze danses allemandes
pour piano seul , Ibicl. ; 5° Huit recueils
de chansons allemandes pour voix seule,
avec accompagnement de piano, Vienne,
Artaria et Hasslinger; 6° Six romances
françaises et allemandes, Vienne, Dia-
belli.
DIEÏTENHOFER (joseph), professeur
de musique à Londres , vers la fin du
18e siècle, était né à Vienne vers 1749.
DIE
II fit ses études musicales dans sa ville
natale, et vint à Paris en 1778. Deux
ans après il partit pour Londres, où il vi-
vait encore en 1799. Il y fit graver suc-
cessivement trois œuvres de trios pour le
clavecin avec violon, et y publia un ou-
vrage élémentaire sur l'accompagnement
et l'harmonie , sous ce litre : An Intro-
duction to musical composition or a pré-
paration for the stucly of counterpoint ,
through an original treatise on Tho-
rough Bass , which is the first slep
towards composition, etc., 1799, in-fol.
DIETTER. (ciirktien-louis), né le 13
juin 1757, à Ludwigshourg, dans le Wur-
temberg , entra en 1770 au collège Caro-
linien , et s'y consacra d'abord à l'étude
de la peinture. Ses loisirs étaient em-
ployés à la musique , et ses progrès furent
si rapides, que le duc de Wurtemberg lui
conseilla de se livrer exclusivement à cette
carrière. L'instrument qu'il choisit fut le
violon ; mais dans la suite il apprit aussi
à jouer de plusieurs instrumens à vent, et
particulièrement du basson. Ses maîtres
de musique furent Seubert et Celestini.
Il prit aussi quelques leçons de composi-
tion de Baroni , maître de chapelle du
prince ; mais ce fut surtout à l'étude des
partitions de Jomelli et des grands maî-
tres italiens qu'il dut les connaissances
qu'il acquit dans cet art. Dans les années
1776 et 1777, il obtint les médailles dé-
cernées au concours, et en 1778 il reçut
la même distinction pour la composition.
Il était encore à l'académie lorsqu'il pu-
blia, en 1781 , son premier ouvrage, qui
consistait en un concerto pour le cor, et
successivement il fit paraître quatre con-
certos pour la flûte ; deux concertos pour
le basson; une symphonie concertante
pour deux flûtes ; une idem pour deux
bassons; soixante-trois duos pour deux
flûtes, œuvres 9, 10, 21, 22, 23, 24,
25 et 29; douze duos pour deux bassons ;
six sonates pour le basson , livres 1 et 2 ,
Leipsick , 1805 ; Six danses allemandes
avec chant , pour le clavecin , Stuttgard ,
DIE
1794; Elisonde, opéra en un acte, 1794;
plusieurs recueils d'airs variés pour la
flûte, le basson et la clarinette. Dietter
est mort en 1822. Sa musique a joui rie
quelque réputation en Allemagne. En
1781 il avait été nommé premier violon
delà cliapelle du duc de Wurtemberg, à
Stuttgard; il ne quitta cette place qu'en
1817, et il obtint une pension de retraite.
Outre les ouvrages cités précédemment, il
a écrit pour la cour de Stultgard beau-
coup d'opéras-comiques où règne une
verve assez remarquable. Parmi ces
productions on cite : 1° Der Scholz im
Dorfe ( L'échevin au village) ; 2° Der
Irwisch (Le (eu follet); 3° Der Rekruten
aushub (Le recrutement); 4° Laura
Rosetti; 5° Belmont et Constance;
5° Gliïcklich zusammen gelogen (L'heu-
reux mensonge mutuel) ; 7° Die Dorfde-
putirten (Les députés du village) ; 8° Der
Luftballon ( Le ballon aérostatique ) ;
9° Elisonde, etc. Il a laissé en manuscrit :
trois concertos pour violon, six solos pour
le même instrument , quatre concertos de
cor, huit concertos pour la flûte, quatre
symphonies concertantes pour deux flûtes,
sept concertos pour le basson, quatre con-
certos pour le hautbois, et une symphonie
concertante pour deux hautbois.
DIETZ (jean-sebastien) , né en Fran-
conie vers 1720, fut maître du chœur de
l'église paroissiale de Wasserhurg, sur
L'Inn (cercle de Viser). Il a publié : Al-
phabetarius Musicus } exhibens 7 niis-
sœ solemnes in claves ordinarias distri-
buas , et secundum sljlum modernum ,
at lamen ecclesiasticum elaboratas ;op .1 ,
Augsbou rg , 1753 , in-fol.
DIETZ (josEr-H) , né en Prusse vers
1735, a publié à Nuremberg, en 1768,
une sonate pour le clavecin avec violon.
Il a fait paraître aussi dans la suite, à
Amsterdam et à Paris, trois œuvres de six
trios pour le clavecin avec violon et basse.
DIETZ ( jean-chretien ) , mécanicien
distingué, né en 1778 à Darmstadt,
puis établi à Emmerich , sur le Rhin,
DIE
809
s'est fait connaître par l'invention de plu-
sieurs instrumens de musique, notamment
par le Mclodion et le Claviharpe. Le
premier de ces instrumens, qui l'ut achevé
en 1805 , avait la forme d'un petit piano
carré. Sa longueur était d'environ quatre
pieds , sa hauteur et sa largeur de deux
pieds. Les sons, assez semblables à ceux de
l'harmonica, mais beaucoup plus forts,
étaient produits par le frottement de tiges
métalliques, et pouvaient être modifiés
dans leur intensité par la pression plus ou
meins forte des doigts sur les touclics. Le
Melodion fut entendu en 1806 dans les
voyages que fit alors M. Dielz en West-
phalie et en Hollande. Vers le même temps,
cet artiste s'établit dans ce dernier pays et
y établit une fabrique d'instrumens et de
divers objets de mécanique; mais après
quelques années, il se transporta avec sa
famille à Paris, et y fit connaître un nou-
vel instrument qu'il avait inventé et au-
quel il donna le nom de Claviharpe. Cet
instrument ingénieux était composé d'un
corps assez semblable pour la courbe de la
tête à celui d'un grand piano renversé ver-
ticalement, avec un clavier placé en sail-
lie,commeaux pianos droits. Les touches de
ce clavier faisaient mouvoir de petits cro-
chets garnis de peau qui pinçaient des
cordes de métal filées de soie. Quatre pé-
dales servaient à modifier de diverses ma-
nières les sons de l'instrument , qui ,
bien que moins prolongés que ceux de la
harpe, étaient néanmoins beaux et moel-
leux. La facilité du jeu du claviharpe au-
rait dû lui procurer plus de succès qu'il
n'en obtint ; mais on a eu lieu de remar-
quer que tout ce qui n'est pas d'un usa^e
habituel et spécial dans la musique, est
accueilli avec indifférence , quel que soit
d'ailleurs le mérite de l'invention. C'est
ainsi qu'une multitude d'inslrumens ingé-
nieux et d'un effet agréable ont été con-
damnés à l'oubli. M. Dietz avait obtenu
un brevet d'invention pour son instrument
le 18 février 1814 ; mais le Claviharpe ,
construit par son fils , ne parut en public
310
DIE
DIL
qu'à l'exposition des produits de l'industrie,
au Louvre, en 1819. En 1812, M. Dietz
acheva le Troc/iléon, instrument composé
d'un archet circulaire agissant sur des
tiges métalliques , qu'on entendit jus-
qu'en 1819. A cette époque M. Dietz avait
quitté Paris pour fonder un établissement
de machines hydrauliques à Bruxelles.
Cet habile mécanicien s'est depuis quel-
ques années exclusivement occupé de la
construction de remorqueurs à vapeur pour
des voitures de tout genre sur les roules
ordinaires. On a publié : Description du
Çlaviharpe inventé par M . Dietz père et
exécuté par M. Dietz fils , Paris, 1821,
19 pages in-8°, avec une planche qui repré-
sente l'instrument sous ses différensapects,
DIETZ (chrétien), fils du précédent,
né à Emmerich, vers 1801, s'est fait con-
naître comme inventeur de plusieurs in-
strumens de musique, et comme un fac-
teur de pianos distingué. Il n'avait que
dix-huit ans lorsqu'il mit ses premiers in-
strumens à l'exposition du Louvre , à
Paris, en 1819. Quelques années après il
produisit un grand piano dont il n'avait
fixé la table que par les extrémités, lais-
sant les côtés vibrer librement. Cet instru-
ment excita létonnernent et l'admiration
parla puissance de ses sons. A l'exposition
des produits de l'industrie de 1827, on
vit de lui un grand piano à quatre cordes,
un piano de nouvelle forme dont les di-
mensions , sans être beaucoup plus consi-
dérables que celles d'un piano carré,
offraient dans leur ensemble une régula-
rité de dispositions qui n'existe pas dans
ce dernier. La médaille d'argent fut dé-
cernée au jeune artiste. Peu de mois après
il fît paraître un instrument à archet mé-
canique qui se jouait avec un clavier, et
auquel il donna le nom de Polyplectron.
On peut voir dans la Revue musicale
(t. III , p. 595) une description de cet in-
strument, le meilleur de tous ceux du
même genre qu'on a essayé de construire.
On a aussi de M. Dietz un instrument à
lames métalliques mises en vibration par
l'action de l'air, du même genre que le
physharmonica, mais supérieur à celui-ci
par la pureté, la douceur et l'égalité des
sons. Comme facteur de pianos , ce jeune
artiste s'est particulièrement distingué par
ses petits pianos verticaux , auxquels il a
donné une plus grande puissance de son
qn'aucun autre facteur de France.
DIEUPART (charles), musicien fran-
çais , également habile sur le violon et le
clavecin , naquit vers la fin du 17e siècle.
Il passa en Angleterre en 1707, et tint le
clavecin aux opéras & Arsinoé, Camilla,
Pyrrhus , Démétrius et au Rinaldo de
Handel. Il est mort à Londres, vers 1740,
dans un état voisin de l'indigence. On a de
ce musicien l'ouvrage suivant : Six suites
'de clavecins, divisées en ouvertures, alle-
mandes, courantes } sarabandes , etc.,
composées et mises en concert pour un
violon } et unejlûte , avec basse de viole
et un archiluth , Londres, sans date.
Walther cite aussi Six ouvertures pour
clavecin avec violon et basse continue,
de sa composition , gravées à Amsterdam ,
chez Roger.
DIEZELIDS (valentin) , musicien al-
lemand qui vivait à Nuremberg au com-
mencement du 17e siècle, a publié dans
cette ville, en 1600, une collection de ma-
drigaux de divers maîtres italiens sous ce
titre : Ers ter Theil, welcher Mqdriga-
lien, auss den beriïhmtesten Musicis
Italicis colligirt, mit 5,4,5,6,7 und
8 Stimmen.
D1LLEN (Guillaume), compositeur
belge , était maître de chapelle à l'église
cathédrale de Parme , au commencement
du 17e siècle. Il a fait imprimer à Venise,
en 1622, une collection de messes à cinq,
à six et à douze voix.
DILLHERR (jean-michel) , fameux
théologien , né le 14 octobre 1604 à Thé-
mar dans la principauté de Henncberg en
Franconie , fut d'abord professeur à Jena,
ensuite pasteur à Saint-Sébald, inspecteur
de l'école de Nuremberg et bibliothécaire
de la même ville. Au nombre de ses ou-
DIL
vrages se trouve une dissertation intitulée :
De orlu et progressu , usu et abusu mu-
sicœ 7 Nuremberg, 1645. Dillherr est
mort le 8 avril 1669.
DI EXIGER ou D1LL1NGER (jean) ,
magister et ensuite diacre à Cobourg, né,
en 1590, à Eissl'eld en Franconie , étudia
à Wittenberg , et fut d'abord chanteur
clans la grande église de cette ville. En
1623 , on lui confia l'emploi de magister
qu'il quitta en 1625 pour la place de chan-
tre à Cobourg. On voit par le titre d'un
de ses ouvrages qu'il était pasteur à Gel-
lersbausen en 1635. Dans la suite il devint
diacre à l'église Moritz à Cobourg, et con-
serva ce postejusqu'en 1647, où il mourut.
Voici la liste de ces ouvrages : 1° Pro-
dromi Triciniorum sacrorum , newer
geistlicher Liedlein mit 3 Slimmen ge-
setzt, Nuremberg, 1612, • 2° Medulla ex
Psaîmo 6S deprompta et harmonice
6 voc. composita , Magdebourg , 1614;
5° Exercitatio musica I, conlinens XIII
selectissimos concentus niusicos vario-
rwn autorum , cum basso generali, gui-
bus accesserunlS cantilenœ 3 voc, Wit-
tenberg, 1624 ; 4° Disce Mori, oder ein
Gebetlein zur Betrachlung der Slerblich-
keit, mit 4 Stimmen ad contrapunclum
simplicem , Cobourg, 1628, in-4° ;
5° Gesprœch D. Lutheri und eines Kran-
ken Sludiosi , Vordesscn zu Wittenberg
gehallen , jetzo aber injeine Reime ge-
bracht , und mit 4 Stimmen gesetz, Co-
bourg, in-4° ; 6° Musica votiva , Deo sa-
cro , de Tempore , zum lieben neuen
Jahre den ganzen Werthen jetzo hoch-
betruebten Chrislenheit, mit 2, 5, 4 und
5 Stimmen, Theils Concerts - Theils
contrapunclo-Weise verfertiget, 1629 ;
7° Musica Christiana Cordialis Domes-
tica , dass ist : Chrislliche Hauss-und
Hertzens Musica , auss-Sl in Contra-
punclo simplici gesetzlen 2, 3und£Stim-
migen Arien bestehend, Cobourg , 1651 ;
8° Deux supplémens au même ouvrage,
1651 ; 9° Musica Concertativa , oder
Schatz Iùemmerlein , neuer geisllichen
DM
311
Auserlesenen Concerte , von 1,2, 3, 4,
5, 6 — 12 Stimmen, etc. Cobourg, 1632,
in-4°; 10° Musica Oratoria ; Musica
Thanabulenlica ; Musica Castrensis ;
Musica invitatoria ad Epulum Cœleste ,
iw-48 Liedern fur 2, 3 und 6 Stimmen,
Cobourg, 1655; 11" Jeremias pœnilen-
tiarius, in-52 teutschen Buss-Sprœchen,
ans jedem Capilel des PropJieten Jere-
miœ genommen, fur 2 Singstimmen.
1er et 2e parties, Cobourg, 1640, in-4°.
DIMMLER (antoine) , compositeur et
contrebassiste au service du roi de Ba-
vière, nacquit à Manbei m le 14 octobre
1755. Le musicien de la cour Joseph
Zwini lui enseigna la musique et à jouer
du cor, et l'abbé G. J. Voglerla composi-
tion. A l'âge de 11 ans il entra dans la mu-
sique de la cour , en qualité de corniste.
En 1778 , il se rendit à Munich, où il
s'adonna à l'étude de la contrebasse , et
devint très fort sur cet instrument, pour
lequel , à l'exception de Marconi et de
Gaspard Bohrer , il ne se trouvait pas alors
un homme de talent dans toute la Ba-
vière. Dimmler a composéles petits opéras
suivans : 1° Der Guck Kaslen ( La ja-
lousie), représenté à Munich en 1794;
2» Die Schatz Greber ( Les chercheurs de
trésors), représenté au château deSufeld
près de Munich ; 5° Zebel-Jager ( Les
chasseurs de Zibeline) .11 a en outre composé
la musique de 185 ballets, parmi lesquels
on distingue : 1° Der Ersie Tod (La pre-
mière mort) ; 2° Des Erste Schafer (Le
premier pâtre) ; 5° Medea (Médée);
4° Die Grazien ( Les Grâces ) ; 5° Ritler
Amadis (Amadis) , etc. On connaît aussi
en manuscrit des simphonies , quatuors ,
concertos , etc. de sa composition , outre
une grande quantité de musique de gui-
tare , instrument dont il jouait très bien.
11 vivait encore à Munich en 1815. La
bibliothèque du conservatoire possède les
partitions manuscrites de plusieurs concer-
tos pour le hautbois, pour la flûte, le cor
et le clavecin, de sa composition. Dimmler
a eu un fils , nommé Antoine comme lui,
312
DIR
DIS
né à Munich, le 24 avril 1783, qui a
reçu les premiers principes de musique de
son père , et qui est entré au service
de la cour, en qualité de clarinetliste, le
16 juin 1796, n'étant âgé que de 13 ans.
DIOMEUES (caton ) , luthiste , né à
Venise , vivait à la fin du 16e siècle et au
commencement du 17e. 11 passa fort jeune
en Pologne et entra au service de Stanislas
Kostka , grand trésorier de la Prusse polo-
naise. Son talent sur le luth était remar-
quable, et il chantait fort bien. Il a fait
imprimer à Cracovieen 1607 des mélodies
qu'il avait composées en l'honneur de Saint
Stanislas, patron de la Pologne. C'est
aussi ce musicien qui a composé la musique
pour les poésies de Stanislas Grochowski ,
publiées à Cracovie en 1606. On trouve
quelques pièces de luth composées par
Diomedes dans le Thésaurus Harmoni-
cus de Besardus.
DION , cylhariste , naquit à l'ile de
Chio. Ménechme, cité par Atliénce (liv. 14,
c. 9. ), dit qu'il joua le premier, sur la
cythare, les chants des libations qu'on
faisait aux fêtes de Bacchus.
DIONIGI (marc), docteur en droit, na-
quit à Poli , bourg de l'État Romain , au
commencement du 17e siècle. Il est au-
teur d'un traité de plain-cliant intitulé :
Primi Tuoni , Inlroductione ncl canio
fermo , Parme, 1648. Il en a donné une
deuxième édition en 1667 , avec des aug-
mentations.
DIHUTA (agostino), moine de l'or-
dre de Saint-Augustin , né vers la fin du
16e siècle, fut d'ahord maître de chapelle
à Asola . petite ville de la Lombardie. Il
s'y trouvait encore en 1622. Plus tard ,
il se rendit à Rome au couvent de son or-
dre, dont il devint le maître de chapelle.
Il y vécut jusque vers 1650. 11 a fait im-
primer beaucoup d'ouvrages pour l'église ,
tant à Venise qu'à Rome; les plus connus
sont les suivants : 1° Messe concerlate a
chique voci } Venise, 1622 ; 2° Litanie
di Gloriosa Domina a 4 , 5 , e 6 voci ,
Rome, 1651.
DIRUTA ( girolamo ), frère mineur,
né àPérouse, vers 1580, fut organiste de
l'église cathédrale de Chioggia , ville de
l'État Vénitien. On lui est redcvahle d'un
livre intéressant sur l'art de toucher l'or-
gue, qui est devenu fort rare. Il est inti-
tulé : // Transilvano , Dialogo sopra il
vero modo di sonar organi e stromenti
dapenna, Parle I, Venise, 1615, in- fol .
Cet ouvrage est dédié à un prince de Tran-
sylvanie, qui était élève de l'auteur : c'est
à cause de cette circonstance que l'ou-
vrage est intitulé // Transilvano. Outre
la partie didactique , qui concerne le
doigté des inslrumens à clavier, on y
trouve des toccates et des pièces d'orgne
de Diruta , de Claude Merulo , André
Gabrielli, Luzzasco Euzzaschi, Paul Qua-
gliati, Joseph Guami et d'autres composi-
teurs célèbres. La seconde partie du Tran-
silvano a été publiée à Venise en 1622,
in-fol. Elle est divisée en quatre livres. Le
premier est intitulé : Sopra il vero modo
de intavolare ciaschedun canlo. Le
deuxième contient les règles du contre-
point avec des exemples de Luzzaschi , de
Gabriel Fattorini, et de Adrien Banchieri.
On trouve dans le troisième l'exposition
des tons de l'église et les règles de la trans-
position. Le quatrième contient les règles
du mélange des registres.
DISTLER (jean-georges), maître des
concer's de la cour de Stuttgard , né dans
un village du royaume de Wurtemberg,
vers le milieu du 18e siècle, s'est fait une
réputation en Allemagne, comme violi-
niste et comme compositeur. MM. Pleyel,
Neukomm, et lui, sont les seuls élèves que
Haydn ait formés. En 1781 Distler se
rendit à Stutlgard ; il y obtint la place de
premier violon à l'orchestre de la cour;
neuf ans après, il fut fait maître des con-
certs. Une maladie mélancolique le con-
duisit à Vienne 1796 pour y voir ses pa-
rens : il y mourut en 1798 des suites de
cette hypocondrie. Les compositions de
Butler ont été publiées de 1791 à 1804;
elles consistent en : 1° Six quatuors pour
DIT
le violon, op. 1, Angsbourg, 1791. La
deuxième édition a paru dans la même ville
en 1795. On a gravé aussi cet ouvrage à
Amsterdam, 1791 ; à Bâle , 1791 ; à
Londres, 1797; à Paris, 1797; 2° Six
quatuors pour deux violons, alto et basse,
op. 2; 3" Concerto pour le violon, Augs-
bourg, 1795 ; 4o Six quintetti pour deux
violons, deux altos et basse, en manu-
scrit, à Vienne, cbez Trae g ; 5° Six qua-
tuors pour deux violons, alto et basse ,
Augsbourg, 1798»
DIÏTERSDE DITTERSDORF (Char-
les), compositeur et violiniste allemand ,
dont le nom de famille était simplement
Diïtcrs , naquit à Vienne, en 1739; dès
l'âge de sept ans , il montra un goût dé-
cidé pour la musique; ses parens lui firent
cultiver cet art, et lui donnèrent une édu-
cation soignée. Il forma son talent pour
le violon à l'école des plus habiles violi-
nisles de l'Allemagne, et lui-même ne
tarda pas à être compté au nombre des
virtuoses sur cet instrument. Un solo qu'il
joua dans une église excita l'admiration
de tous les auditeurs, et révéla son talent.
Hubaczek, fameux corniste, qui était pré-
sent , prit Ditters en affection , et le re-
commanda si fortement au prince de Hild-
burgliausen , auquel il était attaché , que
le jeune artiste fut admis au nombre des
pages de ce prince , quoiqu'il n'eût pas en-
core douze ans accomplis. Après avoir
achevé son éducation musicale dans la pe-
tite cour de son bienfaiteur, il fut attaché
à l'orchestre d'un théâtre de Vienne, se lia
avec Métastase, et eut le bonheur de deve-
nir l'ami de Gluck, qui l'emmena avec lui
en Italie. Là, son jeu sur le violon fut
admiré de tous les artistes; lui-même
rapporte qu'après avoir joué en public un
concerto, il reçut une lettre anonyme rem-
plie d'éloges et accompagnée d'une montre
fort riche. 11 ne sut que long-temps après
que ce présent lui venait du fameux Fari-
nelli. De retour à Vienne, Ditters mit à
profit la connaissance de Joseph Haydn,
et augmenta ses connaissances dans la
DIT
313
composition. Lors du couronnement de
l'empereur Joseph II, en 1765, Ditters
suivit la cour à Francfort ; et s'y fit en-
tendre avec succès. De là, il passa au ser-
vice de l'évêque de Grosswardein , en
Hongrie. Il y écrivit quatre oratorios ,
Isaac , David , Job et Esther, qui furent
exécutés à Vienne avec heaucoup de succès.
Ce fut aussi vers le même temps qu'il
commença à écrire pour le théâtre. En
1769, il quitta Gross-Wardein pour se
rendre en Silésie, où il entra au service
du prince-évêque de Breslan, en qualité de
maître de chapelle. Ce prélat aimait pas-
sionnément la musique, et goûta si bien
celledeson maître de chapelle, qu'il voulut
faire sa fortune. En 1770, il le fit nommer
maître des forêts de la Silésie autrichienne,
lui fit accorder des lettres de noblesse et
la permission d'ajouter à son nom celui
de Dillersdorf \ qu'il porta toujours de-
puis lors. Le sort de cet artiste semblait
assuré de la manière la plus heureuse. Il
était recherché à Vienne, et surtout à Ber-
lin, où on l'appelait souvent ; mais le mal-
heur qu'il eut de se brouiller avec l'évêque
de Breslau , le succès de la musique de
Mozart , qui changea la direction de l'art,
et fit paraître le stvle de Ditters vieux et
mesquin , enfin les infirmités qui acca-
blèrent celui-ci dans ses dernières années,
tout cela , dis-je, empoisonna la fin de sa
vie, et il aurait été réduit à la dernière
misère, sans les bienfaits du baron de
Stillfried, qui le prit dans son château en
Bohême, et le mit ainsi que sa famille à
l'abri du besoin. Il y est mort le premier
octobre 1799 , deux jours après avoir
achevé de dicter à son fils l'histoire de sa
vie, ouvrage intéressant par le ton d'ori-
ginalité naïve qui y règne , et dans lequel
les jeunes musiciens peuvent trouver des
instructions utiles. II renferme aussi des
anecdotes curieuses et peu connues sur
Lolli et d'autres grands maîtres. On a de
Ditters les ouvrages suivans : 1° Brief
iïeber die Grenzen des Komischen und
fferoischen in, der Musik ( Lettre sur les
314
DIT
DIT
bornes du comique et de l'héroïque en mu-
sique), dans la Gazette musicale de Leip-
sick, première année, p. 158 ; 2° Brief ,
ïieberdie Behandlung italiœnischer texte
bey cler Komposition und ûeber andere
Gegenstœnde (Lettre sur l'expression des
paroles italiennes dans la composition et
sur d'autres objets relatifs à la musique),
Ibid., p. 201 ; 3° Karl von Dittersdorfs
Lebensbeschreibung ( Histoire de la vie
de Charles Dittersdorf ) , publiée par son
fils , à Leipsick , 1801 , 294 pages in-8° ,'
i° Isacco, figura del Redentore, oratorio,
composé à Grosswardein en 1767 ; 5° La
libératrice del Popolo Giudaico nella
Persia, o sia l'Esther, oratorio. Cet ou-
vrage, qu'on exécuta deux fois à Vienne,
en 1785, an profit des veuves des musi-
ciens , fut accueilli avec beaucoup d'ap-
plaudissemens ; 6° Job, oratorio, Vienne,
1786 ; 7° Messe en ut, avec orchestre , en
manuscrit chez Breitkopf ; 8° Motet pour
le jour de Saint-Népomucène, en Mss. chez
Rellstab ; 9° Amore in musica , opéra-
buffa , à Grosswardein , en 1767; 10° Lo
Sposo burlalo , opéra buffa , à Johannis-
berg , en 1775; 11° Der Doktor und
jépotheker (Le médecin et l'apothicaire) ,
opéra en un acte, à Vienne, en 1786. Cet
ouvrage fut accueilli avec tant de faveur,
que l'empereur Joseph II , assistant à une
de ses représentations , ne dédaigna pas
de témoigner par ses applaudissemens sa
satisfaction , au moment où Ditters entra
dans l'orchestre. À Londres, cette pièce eut
trente-six représentations de suite. Elle a
été gravée en partition pour le piano à
Vienne, à Berlin et à Mayence; on l'a
aussi arrangée pour tous les instrumens ;
12° Betrug durch Aberglauben (La Four-
berie par superstition), opéra en un acte,
à Vienne, en 1786; 15° Die Liebe im
Narrenhause (L'amour aux petites mai-
sons), en un acte, à Vienne, en 1786. Cet
ouvrage a été gravé à Mayence, en 1790,
et à Berlin , en 1792 ; 14° Il Democrito
Corretlo, opéra bouffe, à Vienne, en 1786;
15° Hieronjmus Knicker (Jérôme Knic-
ker), opérette, à Vienne, en 1787, gravé
en partition pour le piano à Leipsick , en
1792; 16° La Contadina fedele , opéra
bouffe, à Johannisberg, en 1785 ; 17° Or-
pheus der zwejle (Le nouvel Orphée),
en un acte, à Vienne, 1787; 18° Das
rote Kœppehen ( Le chaperon ronge ) , à
Vienne, en 1788 , gravé à Leipsick, eu
1792; 19° Der Schiffspatron, oder neue
Gutsherr (Le Patron de navire, ou le nou-
veau seigneur de village) , à Vienne , en
1789 , gravé en partition pour le piano ,
à Leipsick, en 1795 ; 20° Hokus Pokus ,
en un acte, à Vienne , en 1790, et à Wei-
mar , en 1792, avec des changemens;
21° Das Gespenst der Trommel (Le
tambour nocturne), à Oels , en 1794;
22° Gott Mars , oder der eiserne Mann
(Le Dieu Mars, où l'homme insensible),
en deux actes, à Oels, en 1795 ; 25° Der
Gefoppte Brœuligam , ibid., 1795;
24° Don Quichotte , en italien , ibid. ,
1795; 25° Die Guelfen (Les Guelfes),
prologue , ibid. , 1795 ; 26° Der Schach
vonSchiras(Le Sultan de Schiras), ibid.,
1795; 27° Ugolino, en deux actes, ibid.,
1796; 28° Die Lustigen Weiber von
Windsor (Les bourgeoises de Windsor) ,
ibid., 1796 ; 29° Der Schœne Herbsltag
(Le beau jour d'automne), ibid., 1796;
50° Der Ternengewinnst ( Le billet de
loterie), en un acte, ibid., 1797; 31° Der
Mœdchenmarckt (Le marché des filles),
en un acte, ibid., 1797 ; 32° Tertio Secco,
opéra bouffe en deux actes , à Breslau, en
1797; 53° L'opéra bouffe de Bretzner, en
Mss. 1798; 34° Don Coribaldi , o sia
l'usurpata Prepotenza , en deux actes,
1798, en Mss.; 35° // Mercato délie Ra-
gazze, 1798 , en Mss.; 36<> // Tribunale
di Giove, en Mss. Ces quatre derniers ou-
vrages sont restés entre les mains de la
famille de Ditters; 57° Grande cantate
latine , pour le jour de fête de l'évêque de
Grosswardein, en 1765; 38° Lafdle de
Kola, chant ossianique, avec piano , Leip-
sick, 1795; 39° Grand concerto pour onze
instrumens concertans , avec orchestre,
DIV
1765; 40° Quinze symphonies à grand
orchestre, intitulées Les Métamorphoses
d'Ovide, Vienne , 1785 ; 41° Trente-cinq
symphonies, en manuscrit, chez Traeg, à
Vienne; 42° Six nouvelles symphonies,
en manuscrit, dans les mains des héritiers;
45° Concerlino alob. Fag. e 2 cor. con-
cert., 2 viol., 2 ait. eb. , en Mss. , chez
Traeg , à Vienne ; 44° Douze concertos
pour violon, ihid.; 45° Deux nocturnes
pour deux cors et violoncelle obligé, ihid.j
46° Six quatuors pour violon , Vienne ,
Àrtaria ; 47° Douze divertissemens pour
deux violons et violoncelle , en Mss. chez
Traeg-; 48° Duos pour violon et basse,
ihid, ; 49° Douze sonates à quatre mains
pour le piano, 1796-1797, en Mss.;
5° Soixante-douze préludes pour le piano,
dans tous les tons ; 51° Douze chansons
et romances variées pour le piano. On a
appelé Ditters le Grëtrj de l'Allemagne :
cet éloge est exagéré. Si ses compositions
sont plus pures d'harmonie que celles du
musicien belge, elles sont bien inférieu-
res sous le rapport de l'invention.
D1TTMER (mantey baron de) , en ce
moment maître de chapelle du duc de
Blecklembourg Strelitz, est né en Bavière,
a eu pour maître Winter, et s'est fait
son imitateur. On a de lui un petit opéra
(Diebeide Galœrensclaven), Les deux Ga-
lériens, qui n'a rien de remarquable. Son
meilleur ouvrage en ce genre est son opéra
intitulé Louis de Bavière ; on a gravé
l'ouverture pour piano. Sa musique reli-
gieuse se distingue par un style assez pur,
et par son caractère pieux : elle est restée
jusqu'à ce jour en manuscrit. Parmi ses
œuvres de musique instrumentale on re-
marque; 1° Fantaisie sérieuse pour le piano,
Berlin ; 2° Fantaisie en forme de variations
sur l'air de Himmel : An Alexis, ibid.;
3° Adagio et allegro agitalo pour piano
violon et flûte, ibid. ; 4° Six danses popu-
laires de la Bavière pour piano, op. 2,
ibid. ; 5° Six valses de Rossini,op. 7, ibid.
DIVISS ouDIWISCH (procope), mu-
sicien, mécanicien et physicien, naquit le
DIV
315
1er août 1696, à Senftenberg en Bohême.
Après avoir fait ses éludes à Znaim, il en-
tra en 1719 dans l'ordre des prémontrés,
à Bruck. Il y enseigna la théologie et la
philosophie avec éclat, jusqu'en 1735;
à cette époque la cure de Prenditz, près de
Znaim, lui fut offerte, et il l'accepta. Ce
fut dans cette retraite qu'il se livra avec ar-
deur à des recherches de physique et de mé-
canique, et qu'il imagina la paratonnerre,
dont l'invention a été retrouvée depuis lors
par Franklin , et une sorte iïorchestrion ,
grand instrument de musique , auquel il
donna le nom de Denis d'or, par analogie
avec le sien qui signifie Denis en bohé-
mien. En 1741, Diwisch accepta l'emploi
de supérieur de l'abbaie de prémontrés de
Bruck , et son administration fut si sage,
que pendant la guerre de l'Autriche contre
la Prusse, le monastère fut toujours res-
pecté, même par les ennemis. Après que
la tranquillité eut été rétablie dans la Mo-
ravie , il retourna clans sa cure, et reprit
ses travanx scientifiques. Il mit alors la
dernière main à ses inventions du paraton-
nerre et du Denis d'or. En 1754, il plaça
un paratonnerre près de sa maison ; mais
cette nouveauté lui fit courir quelque dan-
ger, car le peuple ayant considéré cet appa-
reil comme un instrument de sorcellerie,
et lui attribuant la sécheresse qui se fit
sentir alors pendant deux ans , renversa
cette machine qui fut transportée à l'abbaie
de Bruck. Les savans de l'Autriche ne se
montrèrent pas beaucoup plus raisonnables
que le peuple, car ils s'opposèrent à l'éta-
blissement des paratonnerres sur les édifices
publics, qui avaitélé proposéà l'Empereur,
par Diwisch. A l'égard du Denis d'or, il
paraît qu'il lui donna la dernière perfec-
tion en 1762. Cet instrument se jouait
comme l'orgue avec les mains et les pieds ;
il imitait, dit-on, tous les instrumens à
cordes et à vent , et l'on assure qu'il pou-
vait produire cent trente variétés de qua-
lités de sons. Le prince Henri de Prusse
en offrit une somme considérable, mais
lorsqu'il l'entendit, Diwisch le croyait sus-
316
DIX
ceptible de plus de perfeetionnemens, et il
ne voulut pas le céder. En 1790, l'évêque
de Bruck , Georges Lambeck, possédait
le dernier instrument de ce genre exécuté
par l'inventeur, et entretenait un musi-
cien chargé spécialement de le jouer. On
ignore ce qu'il est devenu depuis ce temps.
Diwisch est mort à Prendilz, le 21 dé-
cembre. 1765. On a de lui un ouvrage
pôslliume en allemand qui a pour titre:
Théorie de l'électricité et application de
ses principes à la Chimie, ïubinge,
176S, in-8°. Le portrait de ce savant a été
gravé par Balzer. avec ce distique :
Non laudate .Tovem génies! QuiJ vester Apollo?
Iste majjis Deus est fulminis atque soni.
DIVIT1S ( Antoine), musicien fran-
çais , vivait dans la première moitié du
16e siècle. On ne connaît de sa compo-
sition que deux morceaux : 1° Un gloria
Laits à quatre parties, dans le dixième
livre de la collection d'anciens motets, im-
primée à Paris, par Pierre Àttaignant,
1530-1540 , in-4° , gothique ; 2° Un Credo
à six voix, en manuscrit, dans la biblio-
thèque royale de Munich. Gerber dit aussi
qu'il y a des morceaux de sa composition
dans un recueil de chansons en différentes
langues, imprimé depuis 1550 jusqu'en
1540 , in-8°, et dont il y a un exemplaire
dans la bibliothèque de Zwickau. Cette
collection a pour titre : Sammlung von
Gesœngen in verschiedenen Sprachen.
Il est peut-être permis de penser que le
nom réel de ce musicien était Le Biche ,
et qu'il a été latinisé. On trouve deux chan-
sons françaises à 5 voix, de Le Riche, dans
une collection publiée par Nicolas Duche-
min, en 1551 , sous ce titre : Le premier
livre des plus excellentes chansons de
divers auteurs.
DIXON (william), compositeur et or-
ganiste anglais, vécut à Londres, depuis
1770, jusque vers 1800. 11 a publié une
collection de musique sacrée, choisie dans
les œuvres des meilleurs maîtres anglais ,
sous ce titre ; Psalmodia Christiana , a
DIZ
collection of sacred music , in Jour
parts, designed for public worship, con-
laining 200 plain psalm lunes , 50 fu-
gues , and a few pièces in the hymn
style , for the three great festivals,
Chrislmas-Day, Easler-Day, andWhit-
sunday , wilh the bass figured for the
organ or harpsichord , etc., Londres,
1790. Celte collection est précédée d'an
traité élémentaire du chant intitulé :
An Essay and concise Introduction to
singing, conlaining rides for singing at
sight, formed hy the author during
many years study and practice in
teaching. On a aussi de Dixon un recueil
de chansons anglaises , Londres, 1795.
D!ZI (François-Joseph), né à Namur,
le 14 janvier 1780, est fils d'un professeur
de musique qui, de Dinant-sur-la-Meuse,
alla s'établir dans cette ville. Le jeune
Dizi fit voir dès son enfance les plus heu-
reuses dispositions pour la musique, et la
sévérité de son père développa ses facultés
par des études laborieuses. La harpe était
l'instrument pour lequel il avait le plus
de penchant; malheureusement il n'y
avait pas de maître à Namur qui pût lui
enseigner à en jouer ; les leçons de son
père, qui était violiniste, furent les seules
qu'il reçut, et ce fut en lui-même qu'il dut
chercher les moyens d'acquérir du talent.
11 avait à peine atteint sa seizième année,
lorsqu'il conçut le projet de se rendre en
Angleterre. Il voyageait alors en Hollande
pour s'y faire entendre; il s'y embarqua.
Arrivé dans un port où le vaisseau fut
obligé de relâcher, il se jjromcnait sur le
pont du bâtiment; tout à coup il vit un
matelot tomber à la mer, et poussé par un
mouvement d'humanité, il s'y précipita
lui-même pour le sauver, oubliant qu'il ne
savait pas nager. Il perdit bientôt connais-
sance, et lorsqu'il revint à lui, il se trouva
dans une maison sur le port, où on lui
donnait des soins. Dès que ses habits fu-
rentséchés, il voulut retourner au vaisseau,
mais cebâtiment,dont il ncsavail pas même
le nom, avait continué sa route, parce
DIZ
qu'on ne s'était pas aperçu de l'accident
de Dizi, qu'un ouvrier du port avait sauvé.
La situation du jeune artiste était des plus
pénibles, car sa harpe et les malles qui
contenaient ses habits , son linge, ses lettres
de recommandation et son argent étaient
sur le vaisseau qui s'éloignait de lui. Sa
bourse ne renfermait que quelques écus à
peine suffisans pour le conduire à Londres,
et il ne savait pas un mot d'anglais. 11 se
décida pourtant à sacrifier le peu qui lui
restait pour arriver jusqu'à la capitale de
l'Angleterre, dans l'espoir d'y retrouver le
navire qui contenait toutes ses richesses et
l'espoir de son avenir.
Arrivé à Londres, il ne put jamais dé-
couvrir ce bâtiment , n'ayant aucun ren-
seignement qui pût l'aider dans ses recher-
ches au milieu de l'immense quantité de
vaisseaux qui stationnaient sur la Tamise;
il se trouva donc dans cette grande ville
sans ressources , et n'y connaissant per-
sonne. Après quelques semaines passées
dans la situation la plus pénible, le ha-
sard le conduisit près d'une maison où il
entendit jouer de la harpe ; il se décida à
y entrer, exposa sa situation à ceux qui
l'habitaient, et demanda qu'on l'entendît
sur son instrument. Celte maison était celle
de Sébastien Erard , célèbre facteur de
harpes et de pianos. Le chef de cette mai-
son apprécia le talent du jeune Dizi, com-
prit qu'il avait de l'avenir, et l'aida à se
poser convenablement dans le monde, en
lui procurant des élèves. Clementi lui fut
aussi utile par l'estime qu'il témoigna pour
ses talens. Bientôt Dizi devint le harpiste
le plus renommé de Londres , et pendant
trente ans, il jouit en Angleterre d'une
brillante réputation comme virtuose , et
comme compositeur pour son instrument.
La nature l'avait doué de dispositions
naturelles pour la mécanique, et de beau-
coup d'adresse. Il voulut appliquer ces fa-
cultés au perfectionnement de son instru-
ment , et inventa , avec l'assistance d'un
Polonais, une harpe à double action qu'il
appela Harpe perpendiculaire, parce que
DLA
317
les cordes, placées au centre de la console,
étaient dans une position exactement ver-
ticale avec le centre de la table. L'éléva-
tion de ces cordes, à un demi ton ou à un
ton plus haut que l'accord naturel, se fai-
sait par des bascules placées à l'intérieur
delà console. La difficulté du placement
des cordes, et les dérangemens fréquens du
mécanisme , ont déterminé plus tard
M. Dizi à renoncer à ce système de con-
struction , pour se rapprocher de celui
d'Érard , qu'il a seulement voulu simpli-
fier en substituant aux mouvemens parti-
culiers de chaque note, des mouvemens
généraux de communication d'octave en
octave. M. Dizi est aussi le premier qui a
imaginé de doubler les tables d'harmonie
des harpes, pour leur donner plus de rési-
stance aux vibrations des cordes. Enfin, il
a disposé les pédales de l'instrument dans
un ordre plus régulier que celui qui est
généralement adopté ; mais cette innova-
tion a eu peu de succès, parce qu'elle con-
trariait les habitudes des harpistes.
En 1828, M. Dizi a quitté Londres pour
s'établir à Paris , où il a formé une asso-
ciation avec la maison Pleyel , pour l'éta-
blissement d'une fabrique de harpes. De-
puis son arrivé en France, il a été nommé
professeur de harpe des princesses de la fa-
mille royale.
Les compositions de M. Dizi pour la
harpe sont: l°Une grande sonate, publiée
à Londres ; 2° Air Saxon, de Cramer, varié,
Paris, Janet ; 3° Danse du Cliâle , variée,
Ibid. ; 4° Trois thèmes originaux variés,
Ibid. ; 5° Douze exercices ou fantaisies
pour la harpe à deux rangs de pédales ,
première et deuxième suite, Paris, Pleyel;
6° Une grar.de quantité de romances
françaises, d'airs anglais et italiens, variés
pour la harpe, Londres, Paris, Erard,
Pleyel et autres.
DLABACZ ( joseph-benoît ) , virtuose
sur le trombone , naquit à Podécbradt, le
2 juillet 1703. Après avoir fini ses études
à Prague, il voyagea, puis se fixa à Co-
blentz, où son talent remarquable le fit
318
DOB
DOB
engager dans la chapelle de l'électeur.
Il mourut en cetle ville vers 1769. On
ignore s'il a écrit pour son instrument.
DLABACZ (godefroi-jeaii) , né vers
1760 à Bœhmisch-Brod , en Bohême,
entra dans l'ordre des Prémontrés à Prague,
et devint directeur du chœur et bibliothé-
caire du chapitre Strahow, dans la même
ville. Il a àonnîtV Essai d'un catalogue des
meilleurs musiciens de la Bohême , dans
les septième et neuvième parties de la Sta-
tistique de la Bohême, qui a été publiée
en 1788. Le troisième volume de la Société
Royale des Sciences de la Bohême (1798 ,
in-4° , n° 2) renferme une dissertation sur
l'état des arts dans ce pays, dont il est aussi
l'auteur. On y trouve quelques détails cu-
rieux sur les orgues et sur plusieurs mu-
siciens. L'ouvrage le plus important qu'il
a publié est le Dictionnaire historique des
artistes de la Bohême , qui a paru sous ce
ce titre : Allgemeine - hist.-Kunstler-
Lexikon fur Bœhmen , 3 vol. in-4°,
Prague, 1815-1818. On y trouve une
multitude de notices intéressantes sur les
musiciens de cette partie de l'Allemagne.
Dlabacz est mort à Prague, le 4 jan-
vier 1820.
DLUGORÀI (aleert) , compositeur et
luthiste distingué , né en Pologne , vécut
vers la fin du 16e siècle. On trouve quel-
ques-unes de ses pièces de luth dans le
Thésaurus Harmonicus de Besard.
D0BBEBT(CHRETIEN-FRE'DERIC)./7OJreZ
DOEBBERT.
DOBLEll (joseph-aloys) , un des meil-
leurs chanteurs de l'époque actuelle en Alle-
magne, est né le 17 novembre 1796 à
Gebratzhofen , dans le royaume de Wur-
temberg, où son père était maître d'école.
Celui-ci lui donna les premières leçons de
musique, de chant et de piano. A l'âge de
dix ans Dobler fut admis comme enfant
de chœur à l'église cathédrale deConstance.
Il y fit ses études jusqu'en 1813; alors,
pour se soustraire aux lois delà conscrip-
tion , il se décida à aller faire un cours de
théologie à l'université d'Ellwangen. Là ,
il eut occasion d'exercer sa belle voix de
basse .dans les concerts d'amateurs que le
recteur Spsegele avait institués. Encouragé
par les succès qu'il obtint dans ces con-
certs , il résolut de ne point entrer au sé-
minaire et se rendit secrètement à Vienne,
où il trouva un protecteur dans l'ambas-
sadeur de Wurtemberg. Weigl, ayant en-
tendu la belle voix de Dobler, l'encouragea
à cultiver le chant, lui donna des conseils
et lui procura un engagement au théâtre
de la porte de Carinthie, avec deux mille
florins d'appointemens. Le jeune chanteur,
âgé seulement de dix-neuf ans, se fit bien-
tôt remarquer , et bientôt il fut engagé
pour le théâtre de Linz, comme première
basse. 11 y débuta par le rôle d'Alcidor
dans Cendrillon , et son succès fut com-
plet. En 1820 il prit l'emploi de première
basse au théâtre de Francfort-sur-le-Mein,
resta dans cette ville jusqu'en 1825, et
entreprit alors un grand voyage en Alle-
magne, chanta avec succès à Mayence,
Stuttgard , Wiesbaden , Berlin , etc. En-
gagé pour l'Opéra-AUemand de Londres
en 1833, il y chanta dans trente-deux re-
présentations pendant la saison , et se lia
d'amitié avec les célèbres chanteurs italiens
Rubini, Tamburini et Madame Malibran,
qui devinrent ses modèles. De retour à
Erancfort à la fin de celte année , Dobler
V resta jusqu'au 15 septembre 1834, épo-
que où il est entré au service de la cour
des Wurtemberg, à Stuttgard. Cet artiste
n'a point étudié de méthode de chant pro-
prement dite; ce qu'il sait dans cet art, il
le doit à sa propre expérience , aux exem-
ples qu'il a recueillis des chanteurs habiles,
et surtout à sa rare intelligence et au sen-
timent dramatique dont il est doué au
plus haut degré. Sa voix est pure, égale,
flexible, et d'une grande puissance.
DOBYHEBL (joseph), niaître de mu-
sique du deuxième régiment d'artillerie en
garnison à Vienne, est né le 13 juin 1779
à Krasowitz, en Bohême. Destiné à l'ensei-
gnement de la musique par son père, il
étudia toutes les parties de cet art et ap-
DOC
DOD
319
prit le cliant, le piano, l'orgue , le violon
et presque tous les instrumens à vent, sous
la direction de Nawratil , Doluzalek, Jo-
hanis, et surtout d'un organiste très habile
nommé Bubmik. Lorsqu'il eut atteint sa
quinzième année, il fut envoyé à Enns,
dans la Haute-Autriche, pour y apprendre,
sous la direction du musicien de la ville,
à jouer du cor, de la trompette et du trom-
bone, puis il alla à Vienne faire un cours
d'études littéraires. Admis daus cette ville
au théâtre Léopold comme clarinettiste,
il y resta pendant six ans. Pendant ce
temps, il apprit l'harmonie et la compo-
sition chez HeidenreichetTayber. Enl808,
Dobyherl fut nommé chef de la musique
du prince Kourakin, ambassadeur de Rus-
sie à la cour de Vienne. En 1810 il entra
au théâtre Hofburger , et peu de temps
après il eut la direction de la chapelle du
prince de Lobkowitz. Depuis lors il a été
admis à l'orchestre du théâtre de la cour
comme seconde clarinette, et a été nommé
maître de musique du deuxième régiment
d'artillerie. Le talent de cet artiste pour, la
direction d'un orchestre d'instrumens à
vent et pour l'arragement de la musique
en harmonie militaire est très remarqua-
ble. On a de lui plus de cent suites de
morceaux extraits d'opéras italiens , alle-
mands et français arrangés avec beaucoup
de goût et une rare intelligence. Dobyherl
y a introduit une multitude de nouvelles
combinaisons d'instrumens, du plus grand
effet. Lorsque Rossini alla à Vienne, il
éprouva tant de plaisir à l'exécution de
quelques-unes de ses productions ainsi ar-
rangées, qu'il désira avoir les pari itions de
ces morceaux pour étudier le système et
le mécanisme des combinaisons d'instru-
mens.
DOCHE (joseph-denis) , né à Paris, le
22 août 1766, entra comme enfant de
chœur à la cathédrale de Meaux , à l'âge
de huit ans, et y apprit la musique sous la
direction de Guignet. Nommé maître de
chapelle de la cathédrale de Constance,
à dix-neuf ans , il y resta jusqu'à l'époque
de la révolution. Il entra alors à l'orches-
tre du théâtre du Vaudeville pour y jouer
de l'alto, puis du violoncelle, et enfin de
la contrebasse. Devenu chef d'orchestre du
même théâtre, il composa, pour les pièces
qu'on y représentait, une multitude d'airs
qui se distinguent par un chant naturel
et gracieux. Les plus connus sont ceux
de Fanchon la vielleuse , la romance
de Sanleuil, celle de Gentil Bernard, etc.
Il en a publié le recueil, en 1822, sous
le titre de La Musette du Vaudeville ,
grand in-8° obi. Doche a fait aussi la mu-
sique d'un opéra-comique intitulé Les
Trois D er ville , qui fut refusée au théâtre
Feydeau en 1818, et de plusieurs opé-
rettes joués au théâtre des Boulevards ,
entre autres, Point de Bruit, qui fut joué
avec succès au théâtre de la Porte-Saint-
Martin , en 1804. Il a fait entendre à
Paris plusieurs messes à grand orchestre.
La dernière a été exécutée à Saint-Eusta-
che, le 22 novembre 1809, jour de Sainte-
Cécile. Retiré du Vaudeville en 1824,
Doche est mort à Soissons au mois de
juillet 1825.
DOCHE (axexandre-pierre-joseph) ,
fils du précédent, né à Paris, en 1799, lit
ses études musicales au Conservatoire de
Paris , et succéda à son père dans la place
de compositeur et de chef d'orchestre du
Vaudeville. Il a écrit pour les pièces de
ce théâtre beaucoup de morceaux de mu-
sique, dont quelques-uns ont été publiés
à Paris, chez Petit, Savaresse et Lemoine.
DODART (dénis), médecin, naquit à
Paris, en 1624. Après avoir été reçu doc-
teur en 1660, il fut nommé six ans après
professeur de pharmacie , et ensuite con-
seiller-médecin de Louis XIV. En 1675,
l'Académie des Sciences l'admit au nom-
bre de ses membres. Il fut chargé par ses
confrères de rassembler les matériaux
d'une histoire de la musique; mais il s'est
borné à publier plusieurs mémoires sur la
formation de la voix, et sur la détermina-
tion du son fixe. Ces mémoires ont été in-
sérés parmi ceux de l'Académie des Scien-
820
DOD
DOE
ces. Dodart est mort à Paris le 5 novembre
1707. Les mémoires publiés par lui sur
les objets relatifs à la musique sont les
suivans : 1° Mémoire sur les causes de
la voix de l'homme , et de ses différens
ions (Mém. de l'Académie des Sciences,
ann. 1700 , p. 258-268); 2° Notes sur le
mémoire précèdent (Idem, p. 268-287);
5° Supplément au mémoire sur la voix
et sur les tons, première partie (ann.
1706, p. 136); 4° De la différence des
tons de la parole et de la voix du chant,
par rapport au récitatif, et par occasion
des expressions de la musique antique
et de la musique moderne (Id., p. 388);
5° Supplément au mémoire sur la voix
et sur les tons, seconde partie (ann. 1707,
p. 66). Dodart cherche à établir dans ces
mémoires la similitude de l'organe vocal
avec un instrument à vent ; système adopté
jusqu'en 1743, où Ferrein en proposa un
autre, qui partagea les savans. On a aussi
du même auteur : Sur la détermination
du sonjixe (Mém., an 1700, p. 131-140).
11 y a quelques exemplaires du mémoire
de Dodart sur les causes de la voix de
l'homme, imprimé séparément avec les
notes et les additions, lesquels portent la
date de 1705, sans nom d'imprimeur.
L'auteur les avait l'ait tirer pour ses amis :
la bibliothèque du Roi, à Paris, en pos-
sède un qui vient du cabinet de Brossard.
DODDRIDGE (philippe), ecclésiastique
anglais, naquit à Londres, le 26 juin
1702. 11 commença ses études à l'école de
Saint-Albain, et les acheva au collège des
ministres non conformistes, à Kibworth,
dans le comté de Leycester. En 1722, il
fut nommé prédicateur à Kibworth, en-
suite à Market-Harbofough , et enfin pro-
fesseur au collège de Northamplon en
1730. Sa santé, qui avait toujours été très
faible, s'étant entièrement dérangée, les
médecins lui conseillèrent de changer de
climat; il se rendit à Lisbonne; mais à
peine y fut-il arrivé que son mal empira,
et il mourut dans cette ville , le 26 octo-
bre 1750.
Il a donné dans les Transactions philo-
sophiques, t. 44, p. 596, Account of
one , who had no ear to music nalu-
rally , singing several tunes ■when in a
delirium (Notice sur un individu qui,
n'ayant point l'oreille musicale, chante
plusieurs airs avec justesse, lorsqu'il est
en délire).
DODVVEL (henp.i), philologue célèbre,
naquit en 1641. Ayant perdu ses parens
de bonne heure, il tomba dans 1 indigence
jusqu'à ce qu'un de ses oncles le recueillît
et lui fournît les moyens de faire ses
études, d'abord à Dublin, ensuite à Oxford.
Ayant été nommé professeur d'histoire
dans cette université en 1688 , l'année
même de la révolution anglaise , il ne
tarda pas à perdre cette place, parce qu'il
se refusa à prêter le serment A"* allégeance.
Après s être engagé dans toutes les que-
relles religieuses de son temps, et avoir
écrit une immense quantité d'ouvrages de
tout genre, il mourut le 7 juin 1711. Les
travaux de ce savant homme sur les histo-
riens et les géographes anciens , ainsi que
sur les antiquités ecclésiastiques, n'étant
point de l'objet de ce dictionnaire , je me
contenterai de citer son livre intitulé
Trealise concerning the lawfulness of
instrumental music in holy offices , etc.
(Traité concernant l'admission de la mu-
sique instrumentale dans l'office divin) ,
Londres, 1700, in-8°. C'est une seconde
édition : j'ignore la date de la première.
Ce traité est tout théologique.
DOEBBERT (chretien-frederic), ha-
bile flûtiste, naquit à Berlin, où il prit
des leçons de hautbois et de flûte. Ayant
acquis beaucoup de talent sur ces deux
instrumens, il passa au service du mar-
grave Frédéric de Brandebourg Culmbach,
auquel il donnait des leçons de flûte. A
la mort de ce prince, en 1765, les vir-
tuoses italiens, chanteurs et cantatrices
ayant été congédiés, Doebbert passa avec
les musiciens allemands au service du
margrave d'Anspach et de Bayreuth; il y
mourut en 1770. 11 a publié à Nuremberg,
DOE
en 1759, six solos de flûte, avec accom-
pagnement de basse.
DOEDERLIN (jean-alexandre) , né
le 11 février 1675 , à Biswang, dans le
comté de Pappenheim, fut magister et rec-
teur de l'école de Weissenfelsen Nordgau,
où il mourut le 23 octobre 1745. On a
de lui un écrit intitulé : Ars canendi
velerum , et veterum canlores weissen-
burgenses, deux feuilles in- fol. sans date.
Cet ouvrage, qui paraît devoir être inté-
ressant, par son titre, est de la plus grande
rareté.
DOEHLER (théodore), pianiste dis-
tingué, attaché à la musique particulière
du duc de Lucques , est né le 20 avril
1814 à Naples, où son père était maître
de langues. A l'âge de sept ans il montrait
beaucoup de goût pour la musique et priait
instamment le maître de piano de sa sœur
de lui donner des leçons , mais il avait
tant de maladresse en toutes choses qu'on
ne pouvait croire qu'il pût réussir à bien
jouer d'un instrument. On céda enfin à
ses instances, et ses progrès furent si ra-
pides qu'en moins de six mois il eut dé-
passé sa sœur qui avait eu deux ans de le-
çons plus que lui. Cependant la difficulté
de trouver de bons maîtres était un obsta-
cle au développement des facultés du jeune
Doehler ; l'arrivée de M. Benedictà Naples
fut un bonheur pour ce jeune artiste : sous
sa direction, il acquit en peu de temps un
bon mécanisme de l'instrument. Son père
ayant été appelé à Lucques pour l'éduca-
tion des princes, il l'accompagna dans
cette résidence, et peu de mois après il
suivit le duc à Vienne, dont le séjour fut
pour lui la terre promise. Admis dans l'é-
cole de Charles Czerny, il s'y distingua de
manière à mériter les éloges des artistes
qui l'entendirent. C'est à ces étonnans
progrès qu'il dut la faveur d'être nommé
à dix-sept ans pianiste de la musique par-
ticulière du duc de Lucques. Depuis lors
il a accompagné son souverain dans ses
voyages en Allemagne et en Italie, et par-
tout il s'est fait remarquer par son talent.
tome m.
DOI
321
11 a publié jusqu'à ce jour environ dix
œuvres de variations et de fantaisies sur
des thèmes de Zampa, La Straniera,
I. Montecchi , Norma, et Robert le
Diable, ainsi qu'un grand concerto pour
le piano , dédié à la reine de Naples.
DOELZSCH(jean-gottlieb), construc-
teur d'orgues, né à Dœbeln , en Saxe,
vivait dans la première moitié du 18e siè-
cle. En 1729 il finit l'orgue de Gruene-
berg, composé de douze jeux. Il répara
celui de l'église de Sainte-Cunégonde, à
Rochlitz, en 1732.
DOERING(j. f. s.), chantre à Gœrlitz,
né vers 1765, s'est fait connaître par les
ouvrages dont les titres suivent : 1° Die
3 Bosen des Lebens , Gesellschaftslled
f'ùr 4 Singstlmmen, etc. (Les trois roses
de la vie , chansons de société à quatre
voix), Gœrlitz. 1799; 2° Vollstœndiges
Gœrlitzer Chora l - Melodlen -Bue h in
Buchstaben , vierstimmig geesizt (Livre
complet de mélodies chorales, pour la ville
de Gœrlitz , arrangé à quatre voix) , Gœr-
litz, 1802; 3° Anwelsung zum Singen.
E rster kursus (Instruction pour le chant,
premier cours), ibid., 1805, in-8° de 80
pages.
DOER1NG (M.-L.-j.)jon a sous ce nom
une suite d'articles sur l'existence et la
nature du rhythme , qui ont été insérés
dans la 27e année de la Gazette musicale
de Leipsick, p! 3-9, 17-26, 37-41. Ces
morceaux ne sont point sans intérêt et se
font remarquer par des vues neuves.
DOERNER (jean-ceorges) , organiste
à Bitterfeld, en Prusse, vers le milieu du
18e siècle, a fait imprimer une Epure au
docteur Mitzler sur l'origine du son et
des tons principaux (en allemand), Bit-
terfeld , Mich. Heunigen, 1743, trois
feuilles in-8°.
DOISY-LINTANÏ (charles), guitariste
et marchand de musique à Paris, est mort
dans cette ville en 1807. 11 a publié un
grand nombre de morceaux pour son in-
strument. Les plus connus sont • 1° Un
concerto , avec accompagnement de deux
21
322
DOL
DOL
violons , alto et basse ; 2° Dix trios pour
guitare, violon et alto, op. 1 et 5 ;
3° Trois trios pour trois guitares ; ^Qua-
rante-neuf duos pour deux guitares ou
pour guitare et violon ; 5° Plusieurs
sonates, rondos et solos ; 6° Principes
généraux et raisonnes de la guitare ,
Paris , Nadermann ; 7° Petite méthode
pour le même instrument , avec des airs,
Ibid.
DOLES (jean-fre'déric) , né à Stein-
bach en Franconie, en 1715 , commença
ses éludes au gymnase de Schleusingen,
et apprit la musique à l'école de Saint-
Thomas à Leipsick. Son maître de com-
position fut Jean-Sébastien Bach. En
1744 , il obtint la place de chantre à
Freyberg, où il resta jusqu'en 1756, épo-
que où il succéda à Harrer dans les fonc-
tions de directeur de musique à l'église de
Saint-Thomas de Leipsick. Il unissait le
talent de bien enseigner à celui de bien
écrire , et jouissait d'une grande considé-
ration parmi les musiciens de son temps.
Il est mort le 8 février 1797. On a de lui
les ouvrages suivans : 1° A nfangsgriinde
zH/7ZiS'/«gert(Introduction à l'art du chant),
manuscrit in-8° de 158 pages ; 2° Neue
Lieder von Fuchs ( Nouvelles chansons
de Fuchs), Leipsick, 1750; 5° Le qua-
rante-sixième psaume, mis en musique,
Ibid., 1758, in-fol.; 4° Melodien zu
Gellerts Geistlichen Oden, etc. (Mélodies
pour les odes spirituelles de Gellert , à
quatre voix, avec accompagnement de cla-
vecin), Ibid.,1 762, in-fol. min. ; 5° Vier-
stîmmiges Choralbuch , oder harmonis-
che Melodien-Sammlung fur Kirchen
(Livre choral à quatre voix , ou recueil de
mélodies harmoniques pour l'église), ibid.,
1785; in-4° ; 6° Cantate sur le chant de
Gellert : Ich Komme vor dein Ange-
sicht, etc., pour quatre voix et orchestre,
Leipsick, 1790, petit in-fol. Cet ouvrage,
dont une partie est dans le style fugué,
fait voir que Doles était un digne élève de
J.-S. Bach. On y trouve une préface ex-
cellente sur l'art de traiter la musique
d'église , 7° Singbare und Leichte Choral
VorspielefùrLchrerundOrganisten, etc.
(Préludes chantans et choisis pour des cho-
rals à l'usage des professeurs et des orga-
nistes, etc.), première suite, Leipsick,
1795, in-fol.; Deuxième suite, Ibid.}
1795; Troisième, Idem, ibid., 1796;
Quatrième, Idem, ibid., \191 . Cette col-
lection présente des pièces d'un fort bon
style. Doles a laissé en manuscrit ; 1° Pas-
sion , d'après Saint-Marc; 2° Idem, d'a-
près Saint-Luc; 3° La Passion, oratorio;
4° Les psaumes quatre-vingt-cinq et cent ;
5° Salvele vos ; 6° Un cantique : Jésus
meine Zuversicht ; 7° Magnificat, en al-
lemand ; 8° Deux messes ; 9° Kyrie cum
gloria en si mineur; 10° Les 2e, 16e,
25e, 53e, 81e, 84e et IIIe psaumes.
DOLES (jean-fre'beric) , fils du pré-
cédent, naquit à Freyberg, le 26 mai
1746. Son premier maître fut le recteur
Funcke , de Freyberg. Il apprit ensuite la
musique et le chant sous la direction de
son père. En 1764, il entra à l'université
de Leipsick et ensuite à l'Académie d'Er-
langen pour se livrer à l'étude de la juris-
prudence. Il prit ses degrés de docteur en
droit en 1776, et fut nommé substitut
dans la faculté de droit. Il est mort à
Leipsick le 16 avril 1796. Doles est
compté parmi les amateurs de musique les
plus distingués. Il a publié en 1773, six
solos pour le piano, à Leipsick, chezBreit-
kopf. On connaît aussi en manuscrit un
concerto pour le même instrument, qui
a eu beaucoup de succès en Allemagne.
DOLEZALEK (jean-emmanuel) , ex-
cellent pianiste , né à Chotiebarz en Bo-
hême, vers 1785, vécut à Vienneen 1815,
et dans les années suivantes. En 1814 , il
s'était fait admirer à Prague par son habi-
leté comme exécutant et par l'originalité
de ses chansons bohémiennes, publiées en
1812, sous le titre de Cziske Pjsné
wkudbu vwedené, etc. Parmi les au-
tres compositions de Dolezalek on remar-
que : 1° Douze écossaises pour deux vio-
lons, deux clarinettes, deux cors, flûte,
DOM
DON
323
denx bassons et basse, Vienne, Artaria;
2° Neuf variations sur un thème de Sar-
gines, pour le piano, Ibid.; 5° Variations
sur un thème du ballet Der Fassbinder,
Ibid. 5 4° Plusieurs recueils d'allemandes,
écossaises et valses pour le piano, Vienne,
Mechelti et Artaria ; 5° Deux marches
russes pour le piano, Vienne, Artaria.
DOMART ou DOMARTO, musicien
français, ne vraisemblablement en Picar-
die , vécut dans la première moitié du
15e siècle. Son nom figure parmi ceux des
contrapuntistes les plus célèbres de son
temps. Tinctoris le cite en plusieurs en-
droits de ses ouvrages, notamment dans son
Proportionale, où il critique quelques
errenrs de proportions dans la messe Spi-
ritus almus de Domart. Dans les archives
de la chapelle pontificale , il y a un re-
cueil des messes manuscrites des maîtres
les plus anciens (coté 14, in-fol.), parmi
lesquelles on en trouve de ce musicien.
DOMINICO (jean), musicien italien,
qui vivait vers le milieu du 16e siècle, a
fait imprimer : Cantiones sacrœ quinque
vocum , Venise, 1566.
DOMNICH (henri), fils d'un musicien
de l'électeur de Bavière , naquit à Wurz-
bourg vers 1760. Dès son enfance il cul-
tiva la musique et s'adonna particulière-
ment à l'étude du cor, sur lequel il fit de
si rapides progrès, qu'à l'âge de douze ans
il fut admis à la chapelle électorale. De là
il passa à Mayence , au service du comte
deOelz, grand amateur de musique. Enfin
il vint à Paris, où il fut assez heureux
pour recevoir des leçons de Punto. A la
formation du Conservatoire de musique,
Dornnich fut compris au nombre des pro-
fesseurs, et se montra digne de cette
distinction par les excellens élèves qu'il
forma , et dont il a peuplé les orchestres
de Paris et de la France. On lui doit la
Méthode du premier et du second cor ,
à l'usage du Conservatoire (Paris, 1805,
in-fol.), qui fut long-temps la meilleure
qu'on eût en France , et qui n'a été rem-
placée avantageusement que par celle de
M. Dauprat. Il a aussi publié : 1° Trois
concertos pour le cor, avec accompagne-
ment d'orchestre, Paris, Ozi ; 2° Sympho-
nie concertante pour deux cors , Ibid. ;
5° Deux recueils de romances , avec ac-
compagnement de piano, op. 4 et 5. Quel-
ques-unes de ces romances sont charmantes
et ont eu un succès de vogue. Dornnich a
eu deux frères, Jacques et Arnold, tous
deux virtuoses sur le cor. Le premier, qui
était son aîné, est passé en Amérique, et
vivait à Philadelphie en 1806. Le second,
plus jeune que lui, était, en 1805, au ser-
vice du duc de Saxe Meiningen.
DONATI (ignace), compositeur, né à
Casale Maggiore, près de Crémone, vers
la fin du 16e siècle, fut d'abord, en 1619,
maître de chapelle de l'académie du Saint-
Esprit à Ferrare. En 1624 , il passa en
la même qualité dans le lieu de sa nais-
sance, et enfin, en 1653, il fut appelé à
la cathédrale de Milan. Ceux de ses ou-
vrages dont les titres sont connus sont :
1° Le Fanfalage , rnadrigali , a 3, 4
e 5 voci; 2° Libri I e II délie messe a
4 , 5 e 6 voci ; 5° Concerti ecclesiastici
« 2, 5, 4 e 5 voci7 op. 4 , Venise, 1619;
4° Libri I e II de motelti a 5 voci ;
5° Moletti a voce sola ; 6° Salmi Bosca-
recci a sei } op. 9; 7° Missce , Venise,
1633.
DONATO (balthasar), maître de cha-
pelle de Saint-Marc de Venise, vivait dans
la seconde moitié du 16e siècle, et fut le
successeur de Zarlino dans cette place. Sa
nomination est du 9 mars 1590 , suivant
les registres de la chapelle. Il mourut au
mois de juin 1605. On connaît de lui les
ouvrages dont les titres suivent : 1° Il
primo libro di canzonette villanesche
alla Napolelana a quattro voci, Venise,
1555 , in-4° ; 2° Madrigali a 5 e 6 con-
tre dialoghi a 7,lib. 1, Venise, 1560,
in-4°; 3° Fillanelle alla Napoletana ,
1561 ; 4° Madrigali a quattro voci , Ve-
nise , 1568 ; 5° Madrigali a 6 e 7 voci r
Venise , 1567.
DONE (josîje), professeur de musique
21*
324
DON
et accordeur de pianos à Londres , est au-
teur d'un livre qui a pour titre : The
Tunner companion , being a trealise of
the construction of piano forte , with
rulesfor regulaling and tuning them(Ma-
nuel de l'accordeur, ou traité de la con-
struction des pianos-fortés , avec des pré-
ceptes pour les régler et les accorder) ,
Londres, 1827, in-8°.
DONFIUD (jean) , directeur de musi-
que à l'église Saint-Martin de Rothenbourg
sur le Neckcr , et recteur de l'école de la
même ville, naquit vers la fin du 16e siè-
cle. On lui doit la publication de trois
collections de motets et de messes de divers
auteurs des 16e et 17e siècles. Elles sont
intitulées : 1° Promptuarium musicum ;
welches Concentus ecclesiast. von ver-
schiedenen Komponislen ,filr 2, 5 und
4 Stimmen enthalt ; première partie,
Strasbourg, 1622 ; deuxième partie, ibid.,
1623; Troisième, Idem, ihkl., 1627. Ces
trois parties contiennent six cent quatre-
Ire-vingt-treize motets; 2° Viridarium
Musico-Marianmn , enthalt mehr als
200 Concentus ecclesiast. for 3 und 4
Stimmen von verschiedenen Komponis-
len, op. 4, Strasbourg, 1627, in-4°;
3° Corolla musica , contenant trente-sept
messes à deux, trois, quatre et cinq voix,
op. 5, Strasbourg, 1628. On a aussi de
Donfrid un recueil de pièces d'orgue sous
ce titre : Der Tahulatur fur Orgel, pre-
mière et deuxième parties, Hambourg,
1623. On y trouve des variations et des
fugues sur le cbant des psaumes et des can-
tiques ; ces pièces sont d'un bon style.
DONI (antoine-françois), prêtre et
littérateur , naquit à Florence vers 1503.
Il entra fort jeune dans l'ordre des Frères
Servîtes; mais il fut sécularisé dans la
suite, et resta simple prêtre. Fort pauvre,
et contraint souvent de vivre du seul pro-
duit de ses messes, il était occupé sans
cesse du soin d'améliorer sa fortune, mais
ne put jamais y parvenir. Son bumeur
inconstante le portait à changer de lieu à
chaque instant ; c'est ainsi qu'il vit en peu
DON
de temps Gênes, Alexandrie, Pavie, Milan,
Plaisance , Rome et Venise. Il eut pour
amis les hommes les plus célèbres de son
temps, tels que l'Arétin et le Domenichi;
mais il finit par se brouiller avec eux , et
mourut ignoré au village de Monselise,
près de Padoue, au mois de septembre
1574. Parmi les nombreux ouvrages qu'il
a publiés , on remarque : Dialoghi délia
musica, Venise, 1544. Dans sa Libraria,
1550, 1551 et 1560, in-12 , il indique
un assez grand nombre d'ouvrages relatifs
à la musique qui sont devenus rares ; mais
la bibliothèque italienne de Fontanini ,
avec les notes d'Apostolo Zeno , a rendu
le catalogue de Doni à peu près inutile.
DONI (jean-baptiste), noble Floren-
tin, naquit en 1593. Après avoir fait ses
études à Bologne , il alla les terminer à
Rome sous les Jésuites. Ses progrès dans
la langue grecque, la rhétorique, la poéti-
que et la philosophie furent très rapides.
Son père, qui le destinait au barreau, l'en •
voya à Bourges , en 1613 , pour y étudier
le droit dans l'école célèbre de Cujas : il y
passa cinq ans. De retour en Italie en
1618, Doni reçut le bonnet de docteur
dans l'université de Pise , et se livra en-
suite à l'étude des langues orientales , des
sciences naturelles et de toutes les parties
de la philologie. Son père le pressait d'em-
brasser l'état auquel il l'avait destiné ,
mais le cardinal Octave Corsini , qui ve-
nait d'être nommé légat en France , lui
proposa de l'accompagner à Paris, ce qu'il
accepta avec joie. Il y passa plus d'un an,
occupé sans cesse à étendre la sphère de
ses connaissances, par la fréquentation des
bibliothèques et des savans. Ce fut à cette
époque qu'il se lia d'une étroite amitié
avec le P. Mersenne. La mort d'un frère,
et des affaires de famille l'ayant ramené
à Florence en 1622, il fut appelé l'année
suivante à Rome par le cardinal Barbe-
ritii, neveu du pape Urbain VIII. Ce car-
dinal avait un goût passionné pour la mu-
sique : Doni, qui avait fait une étude
approfondie de cet art, et surtout de ce
DOS
DON
325
qui concernait la musique des anciens,
écrivit sur celte matière plusieurs disser-
tations, dans le dessein de se rendre agréa-
lile à son nouveau protecteur. Il en reçut
la récompense dans sa nomination à la
place de secrétaire du sacré collège. Peu
de temps après, le cardinal, étant venu en
France , avec le titre de légat, y amena
plusieurs savans, parmi lesquels était Doni,
qui revit avec plaisir les amis qu'il avait
laissés dans ce pays. De là il suivit le car-
dinal en Espagne, et revint ensuite à Rome.
Ce fut alors qu'il imagina un instrument
à cordes , qu'il appela Lyra Barberina
AftfiyepAs, et qu'il dédia à Urbain VIII.
Cet instrument était composé d'un corps
sonore mobile, posé verticalement sur un
socle , et sur lequel des cordes tendues
dans divers systèmes permettaient de pas-
ser à volonté , et subitement , de l'un des
modes grecs dans un autre. Il écrivit, à
propos de cette invention, une dissertation
intitulée Commentarii de Lyra Barbe-
rina, où il examine tout ce qui concerne
les divers instrumens à cordes des anciens :
c'est ce qu'on a de plus savant sur cette
matière. Cette dissertation ne fut impri-
mée que plus d'un siècle après sa mort. La
perte de deux frères qui lui restaient, et
le besoin de soigner ses affaires domesti-
ques, l'obligèrent à retourner à Florence
en 1640 : il s'y maria l'année suivante,
et accepta une chaire publique d'éloquence
que lui offrait Ferdinand II de Médicis.
Ses devoirs de professeur ne l'empêchèrent
point de continuer ses recherches sur la
musique des anciens , et particulièrement
sur la musique et la déclamation théâ-
trales. Ayant été nommé académicien de
Florence et de la Crusca, il ne jouit pas
long-temps de ces honneurs, car il mourut
en 1647, âge de cinquante-trois ans.
Les ouvrages de Doni, relatifs à la mu-
sique , qui ont été publiés de son vivant ,
sont les suivans : 1° Compendio del trat-
tatto dei generi e modi délia musica,
con un discorso sopra la perfezzione de'
concenti, e un saggio a due voci di mu-
tazione di génère, e di tuono in Ire ma-
nière d'inlavolatura, Rome, 1655, in-4°.
On voit dans la dédicace au cardinal Bar-
beriui, que cet abrégé est celui d'un traité
considérable, en cinq livres, que l'auteur
avait écrit, mais qu'il n'a pas publié;
2° Annotazioni sopra il compendio de'
generi de' modi délia musica, etc., con
due trattati, l'uno sopra i tuoni, e modi
veri • l'altro sopra i tuoni , o Armonie
degli antichi : e sette discorsi sopra le
malerie piu principali délia musica , e
concernanti alcuni stromenti nuovi pra-
ticati dall' aulore , Rome, 1640, in-4° ,
5° De Prœstantid musicœ veteris libri
très, totidem dialogiis comprehensi , in
quibus vêtus et recens musica cum sin-
gulis earum partibus accurale inter se
conferuntur, Florence, 1647, in-4°. Dans
cet ouvrage , traité sous la forme du dia-
logue, Doni a répandu une érudition im-
mense; mais il se trompe souvent sur le
fond des choses. Il s'y prononce en faveur
de la musique des anciens contre la mo-
derne, et oppose, comme preuve de son
opinion, l'anathême lancé par le concile
de Trente sur la musique du 16e siècle,
aux éloges donnés par tous les écrivains
de l'antiquité à celle de leur temps; mais
cette question, de peu d'intérêt, demeurera
àjamaisinsoluble par le dénuement où nous
sommes de monumens de celle musique
antique; et les eussions-nous en notre pou-
voir, nous n'en serions guère plus avancés,
n'étant point placés dans des circonstances
favorables pour en juger ; 4° Deux traic-
tès de musique : 1° Nouvelle introduc-
tion de musique , qui monstre la réfor-
mation du système ou eschelle musicale,
selon la méthode ancienne, et meilleure.'
la facilité d'apprendre toute sorte de
chants pour le retranchement de deux
syllabes ut et la : une nouvelle manière,
et plus aisée, de tablature harmonique ;
et un nouveau reiglement des avantexer-
cices de la musique ; 2° Abrégé de la
matière des tons , qui monstre en peu de
mots tout ce que l'auteur a traicté plus
326
DON
DO_\
amplement en plusieurs discours italiens,
touchant les tons et les harmonies des
anciens , par lui heureusement renouve-
lées et remises en usage. Ces deux trai-
tés sont indiqués par Gori , dans son cata-
logue des œuvres de Boni, comme étant
imprimés; si cela est, ils ont dû l'être à
Paris, vers 1639, car l'auteur dit, dans
ses Annotazioni sopra ilcompendio, etc.,
qu'il en avait envoyé les manuscrits à l'im-
pression dans cette ville. Toutefois je pré-
sume qu'ils n'ont point vu le jour, car mes
recherches , pour en découvrir des exem-
plaires dans les catalogues de bibliothè-
ques et chez les bibliographes , ont été
infructueuses, et je suis confirmé dans ma
conjecture par une lettre de L. Giac. Buc-
ciardi, datée de 1641 , et rapportée par
Bandini ( de Vita et Scriptis Donii,
part. II , p. 149 , Epist. 94) , où il dit :
De' suoi trattati francesi non ho avuto
fmo adesso avviso veruno. Mattheson
semble cependant les avoir eus en sa pos-
session , car il donne une petite notice de
leur contenu dans sa Crilica musica ,
part. VI, p. 102; mais peut-être n'en
avait-il que des copies manuscrites. Quoi
qu'il en soit, ces ouvrages paraissaient être
perdus , lorsque le hasard m'en a fait dé-
couvrir les manuscrits autographes parmi
ceux de la bibliothèque du Roi ( n° 1689,
fonds del'abbaye Saint-Germain-des-Prés) ,
dans une liasse de vieux écrits relatifs à
des matières théologiques.
Ces manuscrits , qui forment un cahier
de 142 pages in-8°, sont d'une belle écri-
ture italienne, et sont chargés de correc-
tions de plusieurs mains ; celles-ci sont
généralement relatives au style et à des
expressions impropres qui ont vieilli. On
trouve en tête du premier ouvrage deux
lettres de Doni , datées du 12 mai 1640 ;
l'une est adressée à l'évêque de Riez, qu'il
nomme son parent , et à qui il rappelle
qu'ils ont fait ensemble leurs études à
Bourses : cette lettre est une dédicace ;
l'autre, qui est adressée à Messieurs les
musiciens de France , contient l'éloge des
écrivains et des compositeurs frnnçais qui
se sont distingués dans la musique , et
parmi eux il place Aurélien de Reims,
Jean de Mûris (qu'il appelle de Moiris),
Jacques Le Febvre (d'Etaples) , Pierre
Maillard, Josquin De Près, Jean Mouton,
Nicolas Gombert, qu'il appelle Crombert,
Goudimel, Claude Le Jeune, DuCaurroy
et Guesdron. Il y place son livre sous la
protection des musiciens français , et leur
adresse des observations sur la nécessité
d'adopter la réformation des tons modernes
qu'il propose.
Le premier traité ( Nouvelle introduc-
tion de musique qui monstre la réforma-
tion du système ou eschelle musicale ,etc . )
est complet; il contient 95 pages. Doni y
critique avec sévérité l'hexacorde de Gui
d'Arezzo (ou du moins celui qui lui est
attribué), la déclare très inférieur à la
constitution des modes grecs , et ne le
trouve bon que relativement à la tonalité
barbare du moyen âge. M. Villoteau a
émis une opinion à peu près semblable
dans son ouvrage intitulé : Recherches
sur l'analogie de la musique avec les
arts qui ont pour objet V imitation du
langage. Les développemens dans lesquels
Doni entre sur cette matière me paraissent
de peu d'utilité , comme tout ce qui a été
écrit par lui et par ses contemporains sur
le rapprochement de la tonalité moderne
et des modes grecs ; mais on y remarque
un fait curieux et entièrement ignoré :
c'est que Doni est le premier qui ait pro-
posé de substituer la syllabe do à ut, dans
la solmisation. On ne trouve, en effet, cette
syllabe dans aucun ouvrage italien anté-
rieur à l'époque où celui de Doni a été
écrit.
Le second traité contenu dans le manu-
scrit que j'examine est celui qui a pour
titre : Abrégé de la matière des tons, etc.
Il est incomplet, mais il m'a paru qu'il ne
doit y manquer que quelques pages de la
fin. Ce n'est, en quelque sorte, qu'un co-
rollaire du premier, mais on y remarque
(p, 111) un renseignement intéressant
DON
DON
327
poar l'histoire de la musique. Il s'agit d'an
clavecin transposileur, qui avait été fait
par un contemporain de Doni ; sorte d'in-
vention qu'on a renouvelée de nos jours ,
et dont l'existenceantérieureavait été long-
temps ignorée. Voici le passage dont il est
question : « Enfin la diversité des tons
n d'aujourd'hui n'est autre que celle qu'on
<i entend au clavecin fabriqué par Jacques
« Ramerin , Florentin; auquel, par le
« changement des ressorts, le même clavier
« sert à divers tons différens par degrés
a semi-toniques. » Ce passage, et quelques
détails sur les ouvrages de Marenzio, de
Cyprien Rose , et du prince de Venouse ,
sont à peu près tout ce qu'il y a de remar-
quable dans ce traité.
Outre la description de sa Lyre Bar-
berine , et le traité des instrumens à
cordes qui y est joint , Doni avait laissé
plusieurs ouvrages remplis de recherches
curieuses, et presque tous relatifs à la mu-
sique des anciens : tous ces travaux res-
tèrent ensevelis dans l'oubli, jusqu'à ce
que le savant antiquaire Gori , les ayant
rassemblés, en prépara une belle édition ,
à laquelle il joignit le traité de Prœstan-
lia niusicœ veleris, mais il mourut avant
qu'elle eût paru, et ce fut Passeri qui la
publia à Florence en 1773, en deux vo-
lumes in-fol. Le premier, intitulé : Joli.
Baplistœ Doni Patrici Florentini Lyra
Barberina kiwu/op&n, accedunt ejusdem
opéra , pleraque nonduni édita , ad vete-
rem musicam illustrandam perlinentia ,
contient : \° Commentarii de Lyra Barbe-
rina, orné de gravures représentant les
instrumens à cordes antiques ; 2° Le traité
de Prœstantid musicœ veleris ; 5° Pro-
gymnastica musicœ pars velerum resti-
tuta et ad hodiernam praxim redacia
libri II ; 4° Disserlalio de musica sacra,
recitata in academia Basiliana, Romœ,
tf7Zrtol640;5° Due Trattatidi Giov. Ba-
tista Doni, l'uno sopra il génère enar-
monico , l'altro sopra gl' instrument de
tasti di diverse armonie , con cinque
discorsi, il primo, del siniono di Didimo,
e di Tolomeo ; il secondo, del Diatonico
er/uabile di Tolomeo; il ter'zo , quai spe-
zie di diatonico si usasse dagli Aniichi ,
e quale oggi si pratichi; il quarto, délia
disposizione e facilita délie viole diar-
mo niche ; in quinto , in quanti modi si
possa praticare l'accordo perfetto nelle
viole Diarmoniche. Le second volume,
intitulé De' Trattati di Musica diGiov.-
Batista Doni, contient : 1° Trattato
délia musica scenica, ouvrage rempli de
recherches curieuses, et fort important
pour l'histoire de la musique théâtrale;
2° Neuf discours sur le même objet ;
3° Discorso délia rythmopeia de' versi
lalini, e délia melodia de cori tragichi ;
A°'Degli oblighi ed osservazione de modi'
musicali ; 5° Discorso sopra la musica
antica e il cantar bene : ce discours est de
Giov. Bardi ; 6° Délia musica delV età
hostra, che non e punto inferiore, anzi
e migliore di quel la delV età passata,
par Pierre Délia Valle.
Doni avait aussi laissé beaucoup d'ou-
vrages commencés, et plus ou moins avan-
cés dans leur rédaction ; Gori n'a pas cru
devoir insérer ces fragmens dans son édi-
tion ; mais il en a donné une liste com-
plète que je transcris ici.
1° Versio latina Aristidis Quintiliani,
Aristoxeni Fragmenti de Rhythmica :
aliorumque similium , cum notis. Les
fragmens des Eléinens Rhythmiques d'A-
ristoxène dont il est ici question , furent
découverts par Doni dans un manuscrit
de la bibliothèque du Vatican, comme il
le rapporte dans son traité de Prœstantia
musicœ veteris (lib. 11 , p. 136 ) ; le sa-
vant bibliothécaire Morelli les a publiés
depuis, d'après un manuscrit de la biblio-
thèque de S. Marc de Venise, avec un
opuscule inédit de Michel Psellus le jeune,
intitulé : n^)a/*êW//-:'v* ni ï->;v puO^ix^it ski-
çtj/aijv, Venise, 1785 , in-8°.
DONIZETTI (gaetan) , compositeur
dramatique , est né à Bergame en 1797.
Après avoir appris les premiers principes
de la musique au Lycée de cette ville , il
328
DON
DON
reçut des leçons du célèbre maître de cha-
pelle Simon Mayr, puis il se rendit à Bo-
logne et y devint élève de Pilotti et de
Maltei. Ses études musicales étant termi-
nées, il écrivit des ouvertures, des qua-
tuors de violon, des cantates, des messes
et d'autres morceaux de musique d'église.
J'ignore par quelles circonstances Doni-
zetti se trouva engagé tout à coup au ser-
vice militaire; il ne tarda point à éprou-
ver le plus vif désir de recouvrer sa liberté
afin de se livrer à la composition pour le
théâtre; mais de grandes difficultés s'op-
posaient à la réalisation de ses vœux ; un
succès vint le tirer d'embarras , et le pre-
mier opéra qu'il donna lui fit obtenir son
congé. 11 put alors satisfaire en liberté son
penchant pour la musique dramatique, et
dans un petit nombre d'années ou lui vit
donner à Venise Enrico , conte di Bor-
gogna , La Follia , Le Nozze in Villa 7
Il Falegname di Livoiiia } à Rome , Zo-
raïde di Granata, à Naples, La Zingara,
La Lettera anonima, et d'autres ouvrages
en plusieurs villes. En 1822, il fit jouer
à la Scala, de Milan, le25 octobre, Chiara
e Serafina. Une grande facilité de fac-
ture se faisait remarquer dans toutes ces
productions; mais par malheur, l'abus de
cette facilité, le laisser-aller, le défaut de
conscience se faisaient apercevoir partout.
D'ailleurs, la plupart des opéras qui vien-
nent d'être cités sont empreints d'un
caractère d'imitation de la musique de
Rossini. Bien d'autres faibles productions
sont ensuite sorties de la plume de Doni-
zetti et se sont ressenties de la précipita-
tion avec laquelle elles ont été mises au
jour; mais au milieu de ce dévergondage
d'une plume trop hàLive, la manière du
compositeur prenait de temps en temps
un caractère plus grand, plus élevé. Ainsi
dans le style sérieux Anna Bolena, Eli-
sabeth à Kenilworth (représenté à Naples
en 1828) et surtout YEsule di Roma
Naples, à Saint-Charles, en 1829), ren-
ferment de véritables beautés. Dans ce
dernier ouvrage on trouve un trio de la
plus grande beauté; morceau original
dans la forme et dans les idées, qui
fait comprendre qu'avec plus de soin ,
Donizetti aurait pu prétendre à la plus
belle position parmi les artistes. Dans le
genre bouffe, YElisir d'Amore, Il nuovo
Pourceaitgnac et / Pazzi per progetto ,
sont de jolis ouvrages où règne un style vif
et spirituel. Les autres opéras de ce com-
positeur sont Alfredo, YAjo in imbar-
razzOf Olivo e Pasquale (joué à Rome le
9 janvier 1827), la Regina di Golconda
(Rome, automne 1828), Otto mesi in due
ore (Palerme, 1828), Gianni di Calais
(Naples, 3 août 1828), Fausta,Il Furioso
nell' isola S. Domingo , Parisina , Ugo
conte di Parigi , Alaor in Granata (Pa-
lerme, 1830), // Diluvio universale (Na-
ples,! 830), Marino Faliero (Paris, 1835).
L'abus que Donizetti a fait de sa faci-
cité, la négligence qu'il a mise dans ses ou-
vrages , ont été le résultat de la position
où il s'est trouvé pendant une partie de sa
carrière, et des funestes usages des théâ-
tres de l'Italie , qui consistent à ne point
donner aux compositeurs un prix de leurs
productions qui leur permette de travailler
pour leur renommée et pour l'art. Pen-
dant plusieurs années , Donizetti , engagé
avec l'entrepreneur des théâtres de Naples
Barbaja, a dû écrire chaque année deux
opéras sérieux et deux bouffes , et ce qu'il
recevait pour un si grand travail était à
peine suffisant pour les premières nécessi-
tés de la vie. De là l'obligation d'écrire en
même temps pour d'autres théâtres, et,
pour suffire à tant d'ouvrages , celle de
hâter le travail. Il ne reste presque plus
rien de l'artiste dans une semblable situa-
tion. On a vu souvent Donizetti instru-
menter toute une partition d'opéra en
trente heures, temps à peine suffisant
pour l'écriture matérielle, nonobstant les
abréviations usitées en Italie. Rien de réel-
lement bon ne peut naître d'un travail si
précipité, et si l'on doit s'étonner, c'est
qu'il s'y trouve des traces d'un talent in-
contestable et des éclairs de génie.
DOP
DUR
.329
Douizetti est maintenant professeur de
contrepoint aa collège royal de musique
de Naples ; il est capable d'en bien remplir
les fonctions, car il a du savoir, et c'est
peut-être le seul parmi les jeunes compo-
siteurs italiens à qui l'on puisse accorder
cet éloge. Il a d'ailleurs une connaissance
étendue de l'art du chant, est grand lec-
teur de musique, et accompagne au piano
d'une manière remarquable.
DONZELLI (dominiqcje), chanteur dis-
tingué, est né à Bologne vers 1790. Après
avoir terminé ses études de chant dans sa
ville natale , il débuta sur quelques théâ-
tres des villes de second ordre. En 1816 ,
il était au théâtre Italie, à Rome, et sa
réputation commençait à s'étendre, lors-
que Rossini écrivit pour lui dans cette
ville le rôle de Torvaldo où il se fit re-
marquer. Au carnaval de l'année suivante
il chanta à la Scala , de Milan, avec Ma-
dame Festa-Maffei , Caroline Bassi et Phi-
lippe Galli. Son succès fut si décidé qu'il
fut engagé pour les deux saisons sui-
vantes. De Milan il alla à Venise , puis à
Naples, puis revint en 1821 à Milan, ou
Mercadanle écrivit pour lui Elisa e Clau-
dio. A Vienne, Donzelli produisit un grand,
effet en 1822, et le succès qu'il y obtint
porta sa réputation à Paris , où il fut en-
gagé en 1824. Il resta attaché au Théâtre-
Italien de cette ville jusqu'au printemps
de 1831 , où il eut pour successeur Ru-
bini. En 1828 il chanta au théâtre du roi
à Londres, et le succès qu'il y obtint le fit
engager au même théâtre les années sui-
vantes, après la saison de Paris. De retour
en Italie, en 1832, Donzelli a chanté pen-
dant plusieurs années sur quelques grands
théâtres. 11 est maintenant retiré à Bolo-
gne, où il jouit de l'indépendance acquise
par ses travaux. Le caractère du talent de
ce chanteur consistait dans une grande
énergie dont il abusait quelquefois , mais
qui produisait de l'effet dans quelques
rôles tels que celui à'Otello.
DOPPERT (jean) , savant allemand ,
naquit à Francfort-sur-le-Mein , en 1671,
devint en 1703 recteur dn collège de
Schnéeberg , en Saxe , et mourut le 18 dé-
cembre 1735. Au nombre de ses disserta-
tions sur divers sujets d'érudition , on en
trouve une intitulée : De musices Prœ-
stantia et anliquitate, Schnéeberg, 1708,
et une autre : Musices cum Litteris copula
descripta , ibid., 1711.
DORAT ( claude-joseph ), poète fran-
çais, né à Paris, le 31 décembre 1734,
d'une famille ancienne dans la robe , s'at-
tacha d'abord au barreau, puis se lit mous-
quetaire , et enfin quitta cette dernière
carrière pour se livrer à son goût pour les
lettres. Il est mort à Paris le 29 avril
1780. Dorât a consacré à l'Opéra un chant
de son poème de la déclamation. On a
aussi de lui un petit poème intitulé Le
pouvoir de l'harmonie, imité de Dryden
et dédié à M. le Ch. Gluck ( Voyez le
Journ. Encyclop., octobre 1779, p. 114).
Dans ses œuvres diverses, publiées à
Amsterdam et à Paris , on trouve des Re-
cherches sur l'usage et l'abus de la mu-
sique dans l'éducation moderne, qui ont
été traduits en anglais sous ce titre : Eu-
terpe , or remarks on the use and abuse
ofmusic, as a part oj modem éducation ,
Londres, 1779, in-8°.
DORATIUS (je'rome), compositeur, né
à Lucques, vers 1580, a fait imprimer :
Psalmi vespertini quatuor vocum , Ve-
nise , 1609.
DORATUS (nicolas) , ou plutôt Do-
rati, compositeur italien, vivait dans la
seconde moitié du 16e siècle. On connaît
de lui : 1° Madrigali a 5-8 voci, Venise,
1579 j 2° Madrigali a cinque voci , Ve-
nise , 1567.
DORELLI (antoine), habile ténor,
élève d'Aprile, entra en 1788, au service
de l'électeur de Bavière, et chanta pendant;
plusieurs années sur le théâtre de Mu-
nich.
DORFSCHMID ( Georges), musicien
allemand qui vivait dans la seconde moi-
tié du 16e siècle. Il a publié des vêpres a
quatre voix sous ce titre : Sacrificium
830
BOR
DOR
vespertinum quatuor vocum, Augsbourg,
1597.
DORION , célèbre joueur de flûte, fut
contemporain de Philippe de Macédoine ;
on croit qu'il était né en Egypte. Plutar-
que (De Musica) dit qu'il fit dans un
mode de musique pour la flûte des
innovations qui prirent de son nom celui
de mode Dorionien , et que ceux qui
adoptèrent ce mode formèrent une sorte de
secte , opposée à une autre qui avait pour
chef Antigériide (Voyez ce nom). Dorion
était fertile en bons mots ; Athénée en
rapporte plusieurs (lib. 8, c. 4), parmi
lesquels on remarque celui-ci : étant un
jour dans une ville où il n'avait pu trou-
ver de logement , il se reposait dans un
bois sacré , près d'un petit temple ; il s'in-
forma du nom de la divinité à qui il était
consacré : A Jupiter et à Neptune, répon-
dit le sacrificateur. Comment , s'écria Do-
rion, pourrai-je trouver un gile dans une
ville oh les Dieux mêmes sont logés deux
à deux ? Il passait pour un de ces gour-
mands si communs dans l'antiquité, car
le poète comique Mnésimaque faisait dire
dans une de ses pièces : Dorion passe
chez nous là nuit à jouer, non de lajlute,
mais de la casserole.
DOPiIOT (l'abbé), né en Franche-
Comté vers 1720, fut d'abord maître de
chapelle à Besançon , et fut appelé à Paris
vers 1758, pour y être attaché à la Sainte
Chapelle, en cette qualité. 11 y occupait
encore le même poste en 1780. L'abbé
Doriot a composé plusieurs motets qu'on
entendait le samedi saint à la sainte cha-
pelle, et qui jouissaient de son temps de
quelque réputation. On connaît aussi de
lui un Traité d'harmonie selon les prin-
cipes de Rameau , dont une copie se
trouve dans la bibliothèque du Conserva-
toire de musique , à Paris.
DORN (iienri), directeur de musique à
Leipsick, est né à Kœnigsberg le 4 novem-
bre 1804. Elève de Bernard Klein pour la
composition, et de Louis Berger pour le
piano 5 il a fait des éludes sévères et a ac-
quis des connaissances étendues dans son
art. Pendant son séjour à Berlin il y a fait
représenter son premier opéra intitulé Les
pages de Roland, qui a obtenu beaucoup
de succès au théâtre de Kœnigstadt. Quel-
que temps après, M. Dorn fut nommé di-
recteur de là musique du théâtre de
Kœnigsberg, pour lequel il écrivit l'opéra
deHoltei, puis Àbu-Kara et Artaxerces.
Assez de mérite se fait remarquer dans
ces productions pour faire espérer que leur
auteur occupera un jour une place distin-
guée parmi les compositeurs dramatiques
de l'école allemande. En 1830, il a été
nommé directeur de musique à Leipsick.
Parmi les compositions instrumentales de
M. Dorn, on remarque : 1° Le Camp,
sonate caractéristique pour le piano ,
Vienne , Bormann ; 2° Un grand divertis-
sement pour le même instrument, œuv. 3,
Francfort, Pichler ; 5° Sonate pour piano,
violon et violoncelle, œuvre 5, Berlin,
Lane; 4° Des pièces détachées , œuv. 10,
Dresde, Thieme, et œuvre 15 ^ Berlin,
Trautwein. On connaît aussi de lui des
chansonnettes italiennes et allemandes
pour voix seule, avec accompagnement de
piano.
Un autre musicien nommé Dorn (J. F.),
qui paraît avoir été professeur de musique
à Kœnigsberg, et qui vraisemblablement
est parent du précédent, a publié plusieurs
recueils de chants à trois et quatre voix
pour l'usage des écoles de chant de l'Alle-
magne, à Kœnigsberg, Leipsick et Berlin.
DORNAUS (philippe), virtuose sur le
cor, et musicien de la chambre de l'élec-
teur de Trêves , naquit vers 1769. On dit
qu'il jouait déjà les concertos de Punto à
l'âge de nuit ans. A quatorze, il se mit à
voyager avec son frère, et vint à Paris en
1783. Les connaisseurs admirèrent l'ha-
bileté de ces deux enfans qui retournèrent
ensuite en Allemagne. En 1769, ils en-
trèrent tous deux au service du comte de
Bentheim-Steinfurth , d'où ils passèrent
ensuite à la chapelle électorale de Coblenz.
Philippe Dornaus a publié à Ollenbach ,
DOT
DOT
331
en 1802, un concerto pour deux cors,
avec un accompagnement d'orchestre ar-
rangé par André. Il a fait aussi insérer
dans la troisième année de la Gazette mu-
sicale de Leipsick (p. 508), des remarques
sur l'usage utile qu'on peut tirer du cor.
DORNAUS (ldcas), l'rère cadet du pré-
cédent, a toujours accompagné son frère,
et se trouvait avec lui, en 1800, à la cha-
pelle électorale de Coblenz. Il a publié :
1° Six petites pièces pourjlûte et deux
cors, op. 1 , Offenbach ; 2° iSï.r petites
pièces pour deux clarinettes , deux cors
et basson , op. 2, ibid.
DORNEL (antoine), né en 1695, fut
d'abord organiste de la Madeleine en la
Cité , et ensuite de l'église de Sainte-Ge-
neviève. Il est mort à Paris en 1765. C'était
un organiste médiocre et un mauvais com-
positeur , mais il passait pour être bon
maître d'accompagnement. Il a publié, en
1727, des cantates intitulées Les carac-
tères de la musique, et Le tombeau de
Clorinde. Il a fait imprimer aussi trois
livres de trios pour le violon.
DORRINGTQN(theophile), néà Witt-
nesharn , dans le duché de Kent , fut rec-
teur dans ce lieu depuis 1686 , jusqu'en
1712. On a de lui : Discourse on singing
in the worship of God, Londres, 1714,
in-8°.
DOTHEL (nicolas), flûtiste, né en
Allemagne, vers le commencement du
18e siècle, était fils d'un artiste habile sur
le même instrument. Vers 1750, il était
attaché à la chapelle du grand-duc de Tos-
cane. Le jeu de Dothel , différent de celui
de Quantz, était lié et dépourvu de coups
de langue. Les compositions de ce virtuose
étaient estimées de son temps , en Alle-
magne ; il a fait graver à Amsterdam , en
1763, six duos pour la flûte, et ensuite, à
Paris , Studiper iljlauto in tutti i tuoni e
modi, avec la basse. Outre cela , on con-
naît encore en manuscrit neuf concertos
pour flûte, et sept quatuors de sa compo-
sition.
DOTZAUER (jOSTE-JEAN-FREDERlc) ,
né à Hœsselrieth, près de Hildburghausen,
le 20 juillet 1785, se livra de bonne heure
à l'étude de la musique. Son père, pasteur
du lieu de sa naissance , lui procura une
éducation soignée, et lui fit apprendre à
jouer du piano, du violon, du violoncelle,
et les éléments delà composition. Le goût
passionné qu'il montrait particulièrement
pour le violoncelle, et les progrès remar-
quables qu'il faisait sur cet instrument,
déterminèrent son père à le mener à Mei-
ningen , en 1799, pour le confier aux
soins de Kriegek , maître des concerts.
Deux ans après, Dotzauer obtint une place
de musicien de la chambre à Cobourg ; il
la conserva jusqu'en 1805, époque où il
entra à l'orchestre de Leipsick. Un voyage
qu'il fit à Berlin, en 1806, lui procura
l'occasion d'entendre Bernard Romberg ,
et de perfectionner son talent sous la direc-
tion de cet habile artiste. En 1811 , il a
quitté Leipsick pour entrer à la chapelle
royale de Dresde. Voici la liste de ses com-
positions; 1° Deux quatuors pour violon,
op. 12 ; 2° Trois , Idem, op. 19 ; 3° Un ,
Idem, op. 29; 4° Trois Idem, op. 50;
5° Trois duos faciles pour violon et basse,
op. 4 ; 6° Trois , Idem , op. 8 ; 7° Trois ,
Idem, pour deux violons, op. 14 ; 8° Trois,
Idem, op. 16, liv. 1 et 2 ; 9° Six, Idem,
op. 25; 10° Variations pour violoncelle
avec deux violons , alto et basse ,
op. 7; 10° Concerto pour violoncelle,
avec orchestre , op. 27; 11° Pot-pourri
pour violoncelle, avec deux violons,
alto et basse, op. 33 ; 12° Quatuor pour
violoncelle, deux violons et alto, op. 13 ;
13° Six duos faciles pour deux violon-
celles, op. 9; 14° Trois, Idem, pour deux
bassons ou deux violoncelles, op. 10;
15° Trois, Idem, op. 15; 16° Huit va-
riations pour violoncelle , avec accom-
pagnement de basse, op. 1 ; 17° Deux so-
nates pour violoncelle, avec basse, op. 2 ,
18° Dix variations pour violoncelle ,
avec basse , op. 11 ; 19° Divertissement
pour piano et violoncelle ; 20° Dix-huit
walses à quatre mains pour le piano ,
332
DOU
DOW
op. 5, 17 et 20 ; 21° Exercices pour le
-violoncelle, op. 47; 22° Douze, Idem,
op. 54; 23° Beaucoup de pièces détachées,
de pots-pourris, etc. , pour le violoncelle.
Dofzauer a outre cela , dix concertos pour
le violoncelle avec orchestre.
DOUET (Alexandre) , prêtre et maître
de chapelle de l'église de St-Hylaire de
Poitiers , a publié : Missa sex vocum ad
imitationem moduli Consolamini, Paris,
Christophe Ballard , 1676, in-fol.
DOURLEN (victor) , né à Dunkerque
en 1779, entra au conservatoire dans le
classe de piano de M. Mozin , en 1797 ,
reçut des leçons d'harmonie de M. Catel,
et apprit ensuite le contrepoint sous la
direction de M. Gossec. En 1806, il con-
courut pour le grand prix de composi-
tion musicale, qui lui lit décerné par la
classe des beaux-arts de l'Institut. Ce prix
lui procurait l'avantage d'aller en Italie,
aux frais du gouvernement, étudier l'art
de chanter avec facilité dans la composi-
tion ; mais avant son départ , il fit re-
présenter au théâtre Feydeau Philoclès ,
opéra en deux actes , dont il avait fait la
musique. Pendant son séjour à l'école des
beaux- arts, à Rome, M. Dourlen envoya
à l'institut un Dies irœ dont il était Fau-
teur, et sur lequel M. Lebreton, secrétaire
de la quatrième classe de cette compagnie,
fit un rapport favorable au mois d'octobre
1808. De retour à Paris, M. Dourlen a
donné au théâtre Feydeau les opéras sni-
vans : 1° Linnée , en trois actes, 1808;
2° La Dupe de son art, en un acte,
1809; 3° Cagliostro, en trois actes, en
société avec M. Reicha, 1811; 4° Plus
heureux que sage, en un acte, 1816;
5° Le Frère Philippe, en un acte, 1818;
6° Marini, en trois actes, 1819; 7° Le
Petit Souper, en un acte, 1822. Outre
ces ouvrages , M Dourlen a publié plu-
sieurs compositions instrumentales, parmi
lesquelles on remarque : 1° Sonates pour
le piano , op. 1 ; 2° Fantaisie sur la ro-
mance de Bëlisaire ; 3° Premier concerto
pour le piano, op. 3; 4° Trio pour piano,
violon et basse, op. 4; 5° Trois sonates
avec accompagnement de violon, op. 5;
6° Fantaisie en trio, avec F. Kreubé;
7° Pot pourri sur les airs de Jean de Paris;
8° Sonates faciles pour le piano, op. 6;
9° Sonate avec accompagnement de flûte,
op. 9 ; 10° Sonate à quatre mains, op. 10.
M. Dourlen est professeur d'harmonie et
d'accompagnement au Conservatoire de
musique de Paris, depuis 1816. Il a pu-
blié, pour l'usage de ses élèves un Tableau
Synoptique des accords , Paris, Pacini.
DOUTH (philippe) , écrivain anglais
du 17e siècle, a publié un poème sur la
musique sous ce titre : Musica incantans,
seu Poema exprimens vires musices, in~
venem in insaniam adigentis , et musici
inde periculum , Londres , 1674 , in-4°.
Cet ouvrage est fort rare.
DOUWES (nicolas, en hollandais,
Klaas), organiste à Tzum, dans la Frise,
naquit à Leuwarden en 1689. Il fit im-
primer à Franeker, en 1722, un traité de
la musique etdesinstrumens,dont il avait
préparé une deuxième édition améliorée ,
qui ne parut qu'après sa mort, sous le titre
suivant : Grondig ondersoek van de
Toonen der Muzyk ; -waarin van de
■wydte of groolheid van Octaven, Quin-
ten, Quarlen en Tertien, heele en halve
Toone onvolmaakte en valsche spelien
geoorloqfde t' zamenvoeging van Octa-
ven, etc. (Recherches fondamentales sur
l'enseignement de la musique, etc.), Am-
sterdam, 1773, in-4°. C'est un livre mé-
diocre.
DOWLAND (jean), célèbre joueur de
luth anglais, né en 1562, fut admis à
l'âge de vingt-six ans à prendre le grade
de bachelier en musique, à l'université
d'Oxford. Dans un sonnet attribué à Sha-
kespeare , on trouve ce passage relatif à
Dowland.
If musicke and sweet poetry agrée,
As they must needs (the sister and the brother)
Then must the love be great twixt thee and me ,
Because thou lov'st the one and I the other.
Dowland to thee is deer, whose heavenly touçh
DOW
DRA
Upon the Iule dotli ravish human sensé ;
Spencer lo me, etc., etc '.
En 1584, Dowland voyagea en France,
et de là passa en Allemagne où il fut reçu
de la manière la plus flatteuse par le duc
de Brunswick , et par le prince Maurice ,
Landgrave de Hesse Cassel. Après avoir
passé quelques mois à la cour de ces princes,
il traversa les Alpes, et visita Venise,
Padoue , Gênes , Fcrrare et Florence. A
Venise il se lia d'amitié avec le célèbre
compositeur Jean Croce. De retour en
Angleterre, il y publia ses premières com-
positions en 1595, sous ce litre : Thefirst
Booke of songs or ayres qfjbure pari s,
with tablature for the Iule (Premier livre
de chansons ou d'airs à quatre parties ,
avec tablature de luth). Peu de temps
après, il partit pour le Danemarck et de-
vint premier luthiste du roi de ce pays.
Le deuxième livre de ses chansons (The
second book of songs or airs for the
lute or Orpharion , with the viol de
Gamba)est daté deHelsingnoureen Dane-
mark, le premier juin 1600. En 1603 il
était de retour à Londres et y publia :
Thethird book of Songs or Airs lo sing
to the Iule, Orpharion , or violls. Cet
ouvrage fut suivi de celui qui a pour titre:
Lachrimœ } or seaven theares figured
in seaven passionate pavans } with di-
vers others pavans , gagliards , and al-
mands , setforlhfor the lute , viols , or
violinSf infive parts (Les larmes figurées
par sept pavanes passionnées, avec d'autres
pavanes, gaillardes et allemandes , arran-
gées pour le luth , les violes ou violons, à
cinq parties). Cet ouvrage paraît avoir
joui dune assez grande célébrité, car il en
est fait mention dans une comédie de Mid-
leton intitulée : No wit like a Woman's
(Nul esprit n'est semblable à celui d'une
femme) , dans laquelle une servante an-
nonce une fâcheuse nouvelle à sa maî-
tresse, et en reçoit la réponse suivante :
u No , Thou piaiest Dowland's JLachrima: to thy
master. »
Dans la dédicace decette œuvre à la reine
Anne, qui était sœur de Christian IV, roi
de Danemark, Dowland dit que voulant
retourner près de ce prince, son maître,
il s'était embarqué , mais que les vents
contraires l'ont obligé à passer l'hiver en
Angleterre.
En 1609 Dowland publia à Londres sa
traduction anglaise du traité de musique
d'Ornitoparcus. Cette traduction est plus
rare que l'ouvrage original , parce qu'il
n'en a été fait qu'une édition. Trois ans
après , il fit paraître une collection de
pièces, sous ce litre : A Pilgritn's solace,
■wherein is contained musical harmony
of three, four andfive parts , to be sung
and plaid with Iule and viols (La conso
lation d'un pèlerin, où est contenue uni;
harmonie musicale à trois , quatre et cinq
parties , pour être chantée ou jouée sur le
luth ou les violes). Quelques madrigaux
de Dowland ont été insérés dans la Mu-
sica antiqua de Smith, et dans la collec-
tion du docteur Crotch. Ces spécimens de
sa musique ne donnent pas une idée favo-
rable de son génie ni de son savoir. Il y a
lieu de croire qu'il était meilleur instru-
mentiste que compositeur. Ce musicien
paraît avoir cessé de vivre en 1615.
DOWLAND (robert), fils du précédent,
a publié un recueil de chansons à plusieurs
voix, de sa composition , sous le titre de
A musical Banquet, Londres, 1610,
in-fol.
DOZON (m11"). V. CïlÉRON (M»«).
DRAGHETTI (andre), jésuite italien ,
professeur de métaphysique à l'université
de Brera , dans la seconde moitié du
18e siècle, a publié un petit traité de
Psychologie sous le titre de Psychologue.
i Si la musique et la douce poésie se plaisent comme
le doivent une sœur et un frère, l'amour entre vous et moi
doit être grand, car vous aimez l'une et moi l'autre:
Dowland vous est cher par cette touche divine sur le
luth, qui ravit les sens; Spencer me plaît, etc.
334
DRA
spécimen, Milan, 1771, in-8°. Il y traite
(p. 45-53) des lois des séries arithmétiques
et géométriques appliquées à l'échelle mu*
sicale. Le P. Sacchi {V. ce nom) attaqua
les idées du P. Draghetti, relatives à ce
sujet, dans un petit écrit qui a pour titre :
Riposta al P. Andréa Draghetti délia
compagnia di Giesu , sidle legge di con-
tinuità nella scala musicale, Milan,
1771 , et ce morceau donna lieu à une
autre publication du P. Draghetti , inti-
tulée : Délia legge di centinuità nella
scala musica, replica alla riposta del
Padre D. Giovenale Sacchi, Milan, 1772,
97 pages in-8° avec une planche. Il a été
rendu compte de la discussion de ces deux
savans dans la Gazette littéraire de Milan
(1772 , n° 26) , et dans le Journal des
Seavans (1773, janvier, p. 151 . février,
p!375).
DRAGHI (balthasar), compositeur ita-
lien qui vivait vers la fin du 16e siècle, a
publié des Canzonette o vdlanelle alla
Napoletana , Venise, 1581.
DRAGHI (antoine), compositeur dra-
matique, né à Ferrareen 1642, commença
à écrire fort jeune , et après avoir fait des
messes et des motets à Page de vingt-un
ans, composa son premier opéra en 1665.
Peu de musiciens ont eu une fécondité
égale à la sienne. Après avoir passé plus de
25 cinq ans au service delà cour de Vienne,
il retourna vers la fin de sa vie à Ferrare ,
et y monrut en 1707. On peut juger de
sa facilité par la liste suivante de ses opé-
ras : 1° Aronisba, en 1665 ; 2° Alcindo;
3° Cloridea , 1665 ; 4° Muzio Scevola ,
1666; 5° Ercole acquisitator délia im-
mortalilà , 1667; 6° Atalante , 1669;
7° Leonida in Tegea , 1670; 8°Ifide,
1670; 9" Peneloppe, 1670; 10° La
prosperità d'Elio Sejano, 1670 ; 11° Ci-
dippe, 1671 ; 1 2° Avidilà di Midà,1671 ;
13° Gara de' Genni, 1671 ; 14° Gundel-
berga, 1672; 15° La Sulpizia , 1672 ;
16» Atomi d'Epicure, 1672; 17° Pro-
vare per non recitare (divertissement),
1673 ; 18° La Tessalonica, 1675 ; 19° La
DBA
Lanterna di Diogenc , 1674 ; 20° //
ratio délie Sabine , 11)7 i; 21° Il fuoco
eterno custodito dalle vestali , 167 4;
22° Pirro, 1675; 23° i" Pazzi abderiti ,
1675 ; 24° Lucrezia, 1676 ; 25° Seleuco,
1676; 26° Il Silenzio d'Arpocrate, 1677 ;
27° Adriano su'l monte Casio, 1677;
28° Chelonida, 1677; 29" Rodogone ,
1677 ; 30° La conquisità del velod'Oro,
1678- 51° Creso, 1678 ; 52° Enea in
Italia , 1678; 55° Leucippe , 1678;
54° La Monarchia latina trionfante ,
1678 ; 55° // Tempio di Diana in Tau-
rica, 1678 ; 56° Il vincitor magnianimo
in Tito quinto, 1678; 57° Flaminio ,
1679; 38° Baldracca, 1679; 39° La
Pazienza di Socrate con due moglie ,
1680, 40° // Temistocle, en 1681;
41° Achille in Tessalia, 1681 ; 42° La
forza dell amicizia , 1681 : 43° Gli stra-
tagemi di Bionle , 1682; 44° La Chi-
mera , 1682; 45° La lira d'Orfeo,
1683 ; 46° // Palladio in Roma , 1683 ;
47° Lapin generosa Spartana , 1685;
48° Le nere azioni di Tempe, 1685;
49° Il Risarcimento délia ruota délia
fortuna, 1685 ; 50° Le Scioccagini degli
Psilli, 1686; 51° Lo Studio d'amore,
1686; 52° La Vendetta dell' onestà ,
1687; 53° La Vittoria délia Jbrtezza ,
1687; 54° Il marito amapiu, la moglie
ama meglio, 1688 ; 55° Tanasio, 1688 ;
56° I Pianeti benigni, 1689 , 57° Pim-
malione in cipro , 1689; 58° Rosaura ,
1689; 59° La Reginade Volsei, 1690;
60° Il Ringiovenito , 1691 ; 61° Il tri-
buto de Sari , 1691 ; 62° La varietà di
fortuna in Lucio Giunio Bruto , 1691;
63° Il merito uniforma i Geni, 1691 ;
44° Fedellà e Generosità, en 1692;
65° Amore in Sogno , 1695; 66° Le
Plante délia virtue délia fortuna, 1695,
67° Lepiu ricche gemme, 1695 ; 68° Pe-
lopida Tebano in Tessaglia , 1694;
69° L'Ossequio délia poesia e délia slo-
ria , 1694 ; 70° Le sere dell' Aventino,
1694, 71° La Chioma di Bérénice,
1695; 72° La finta cecità d'A'diocco
DRA
grande, 1695; 75° Industrie amorose
de' ragazzc di Tracià , 1695; 74° Ma-
gnianimità di Fabrizio , 1696; 75° La
Tirannide abbatuta dalla virtii, 1697;
76? Adalberto , ovvero la forza dell'
astuzie feminile , 1697 ; 77° Amor
per virth, 1697 ; 78° Le Piramide d'E-
gitlo , 1697; 79° Arbacefondatore dell'
Impero de Parti, 1698; 80° Delizioso
ritiro di Luccello , 1698; 81° Idea del
felice governo , 1698; 82° Le finezze
dell amicizia e dell' onore , 1699;
85° L'Alceste , 1799. On connaît aussi
quelques oratorios d'Antoine Draghi,
parmi lesquels on remarque Le cinque
piaghe di Cristo , écrit en 1677.
DRAGHI (jean-baptiste), claveciniste
et compositeur, né en Italie, accompagna
en Angleterre Marie d'Esté , princesse de
Modène, et épouse du roi Jacques II. Pen-
dant tonte la durée de ce règne il fut le
musicien favori de la cour. On croit aussi
qu'il donna des leçons de musique à la
reine Anne. L'année de sa mort est iono-
rée. Les ouvrages qu'il publia en Angles-
terre consistent en suites de pièces de cla-?
vecin. Il fit aussi la musique de deux
opéras ; l'un intitulé Psyché , en société
avec Lock , l'autre , sous le titre de The
Wonders in the Sun, or the kingdom qf
Birds ( Les merveilles dans le soleil , ou
le royaume des oiseaux), représenté au
théâtre de la Reine, dans Haymarket, en.
1706. On croit que plusieurs antiennes
insérées dans les collections de la fin du
17e siècle, et indiquées sous le nom de
Baptiste , sont de Draghi.
DRAGONETTI (Dominique), virtuose
sur la contrebasse, est né à Veniseenl771.
Son père, simple ménétrier, jouait aussi
de cet instrument. Dragonetti n'eut point
d'autre maître que lui-même; un pauvre
cordonnier, nommé Scliiamadori , lui en-
seigna les premiers principes de la musi-
que. Seul , il apprit à jouer de la contre-
basse, et ses progrès furent si rapides qu'à
l'âge de onze ans il était capable de faire
sa partis dans un orchestre. Un musicien ,
DRA
335
nommé Dorelti, ayant eu occasion de l'en-
tendre, fut si étonné de ses rares disposi-
tions, qu'il pria son père de lui donner un
maître. Celui-ci confia son fils aux soins
de Rerini , contrebassiste de l'église de
Saint-Marc, et le meilleur maître de Ve-
nise. Après avoir donné onze leçons au
jeune Dragonetti , ce vieux musicien n'eut
plus rien à lui apprendre, car son élève
était arrivé à un degré de talent supérieur
au sien. A l'âge de treize ans Dragonetti
occupait la place de premier contrebas-
siste à 1 Opéra Rouffe ; à quatorze on lui
confia la même place à l'Opéra Sérieux de
San-Rénedetto ; enfin , à dix-neuf, il suc-
céda à son maître Rerini au chœur de
l'église de Saint-Marc. Son talent extraor-
dinaire le faisait souvent choisir pour
jouer sur la contrebasse la partie de vio-
loncelle dans les quatuors de violon. Les
concertos les plus difficiles de basson ou
de violoncelle n'étaient qu'un jeu pour
lui. Il avait composé pour son usage des
concertos, des sol os , des sonates, dans
lesquels il avait introduit des passages
d'une si grande difficulté que lui seul pou
vait les jouer. Dans un voyage qu'il fit à
Vicence, il eut le bonheur d'acquérir une
contrebasse excellente qui avait été con-
struite par Gaspard de Salô, maître d'An-
dré Amali : c'est cette même contrebasse,
instrument excellent, dont il s'est toujours
servi depuis lors. De retour à Venise , il
reçut l'invitation de se rendre à Londres ;
Rertoni, maître de chapelle de Saint-Marc,
et le célèbre chanteur Pacchiarotti , qui
arrivait d'Angleterre , l'engagèrent à ac-
cepter celte invitation. Il avait alors vingt-
quatre ans et était dans la force de son
talent. Il arriva à Londres en 1795 , et y
excita le plus grand étonnement. Non-
seulement il exécute avec une admira-
ble précision les passages les plus difficiles
en sons harmoniques, mais à l'orchestre,
où il est placé près du piano , lorsque l'or-
chestre hésite dans la mesure, M. Drago-
netti le raffermit aussitôt en attaquant
avec énergie les notes essentielles. On rap-
336
BRA
DRE
porte que Viotti ayant un jour engagé cet
artiste à jouer la seconde partie d'un de
ses duos de violon les plus difficiles, et
remarquant sa facilitéà remplir cette tâche,
lui proposa de jouer le premier violon ;
Dragonctti mit tant d'habileté dans ce tour
de force , que Violti s'écria qu'il n'avait
point d'égal. Bien qu'âgé de soixante-cinq
ans, M. Dragonetti tient encore au théâtre
du roi et aux concerts de la Société phil-
harmonique la place de première contre-
basse, et quoiqu'il ait perdu quelque chose
de son agilité , il remplit encore ses fonc-
tions de manière à exciter l'étonncment de
ceux qui l'entendent.
DRAGONl (jean-andre) , maître de
chapelle à Saint-Jêan-de-Lalran , dans la
seconde moitié du 16e siècle, naquit à
Meldola, bourg des États de l'Eglise, vers
1540, et fut élève de Jean Pierluigi dePa-
leslrina. Ayant été nommé maître de cha-
pelle de Saint-Jean-de-Latran au mois de
juin 1576 , il conserva cette place jusqu'à
sa mort, arrivée en 1598. On connaît de
lui : 1° Madrigali a cinque voci, lih. 1°,
Venise, 1594 ; lihro 2° , Venise , Scotto ,
1575 ; libro 3% Ibid. , 1579, libro 4",
Vicenti, 1594 ; 2° Madrigali a 6 voci,
Venise, Scotto, 1583; 3° Vdlanelle a
5 voci, Ibid., 1588; 4° Motetti per tutti
i sanli dell anno a 5 voci, Venise, 1578.
Motetti a tre voci, Venise, 1580. Après
la mort de Dragoni , le chapitre de Saint-
Jean-de-Latran a fait imprimer de ce com-
positeur un livre de madrigaux à six voix
et un livre de motels à cinq, en trois par-
ties , Rome, Mutio , 1600. Le catalogue
de la collection de M. l'abbé Santini, de
Rome, indique aussi sous le nom de cet
auteur trois Benedictus a huit voix, une
messe a quatre en canon , et un Dixil à
huit.
DRAUD ou DRAUDIUS (georges) ,
pasteur à Gross-Carben , dans le duché
de Hesse-Darmstadt, ensuite à Ortenberg,
et enfin à Daverheim, naquit dans ce der-
nier lieu, le 9 janvier 1573 , et mourut à
Butzbach en 1635. Tout le inonde con-
naît ses bibliothèques classiques et exoti-
tiques, Francfort, 1611 et 1625, in-4°.
On y trouve les titres d'environ douze
cents ouvrages de musique théorique et
pratique , publiés dans les 16e et 17e siè-
cles.
DREBENSTADIUS (paulus), magister
à Helmstadt vers la fin du 16e siècle, a pu-
blié un épithalame à six voix sousce titre :
Hochzeitlicher Gesangvon 6 Stimmen,
Andreœ Hartmann Furst. Braunschw.
Amt-Schreiber des Hanses Ertzen, als
Brœuligham , v. Ifr. hedwigen Mar-
garelh , Antonii Amerbachs , furst.
Braunschw. gewesenen Organistens
(seel.)nachgelassenerTochterzuEhren,
Helmstadt, 1591 , in-4°.
DRECHSLER (jean-gabriel) , bache-
lier en théologie et professeur au collège
de Halle, naquit à Wolkenstein en 1634,
et mourut à Halle le 22 octobre 1677. Il
est auteur d'une dissertation De Cjthara
Davidica, qui a paru à Leipsich, en 1670,
in-4°. Georges Serpilius l'a insérée dans ses
Vitis Scriplorum Sacrorum germanice
editis, part. 9, p. 54, et Ugolini, dans son
Trésor des antiquités sacrées, t. 52, p. 171 .
DRECHSLER (josepii), professeur
d'harmonie à l'école Ste-Anne de Vienne,
estné le 26 mars 1782 à Wœllischburchen
en Bohême. Son père lui donna les pre-
mières leçons de musique, puis il fut en-
voyé au couvent des Franciscains de Pas-
sau pour y être enfant de chœur; de là il
alla à Jorenbach faire un cours d'études
littéraires ; il y apprit aussi le contrepoint
sous la direction d'un moine. Destiné par
son père à l'état ecclésiastique, il alla étu-
dier la théologie à Prague ; mais ayant
terminé son cours de celte science avant
d'avoir atteint l'âge requis pour recevoir
les ordres, il se rendit à Vienne pour y
apprendre la jurisprudence , changea en-
core de résolution et accepta en 1810 une
place de co-répétiteur au théâtre de l'Opéra
de la cour. Plus tard il fut nommé vice-
maître de chapelle, et en 1815 il obtint
la place d'organiste chez les PP. Servîtes.
DRE
DRE
337
Quatre ans après, l'orgne rie Sainte-Anne
lui fut confie; en 1821 il reçut sa nomi-
nation de maître de chapelle de l'église de
l'Université et de la paroisse delà conr,
et presque dans le même temps il fut
chargé de former des élèves candidats pour
la théorie musicale et pour l'orgue. Depuis
lors il a été nommé directeur de musique
au théâtre de Josephstadt, et en 1824 les
mêmes fonctions lui ont été confiées au
théâtre de Léopoldstadt. Les compositions
de M. Drechsler sont en grand nombre;
on y remarque : 1° Dix messes solennelles;
2° Un Requiem ; 3° Un Veni sancte spi-
ritus , à quatre voix et orchestre; 4° Plu-
sieurs offertoires et graduels ; 5° L'En-
fant Prodigue , mélodrame; 6° Six opé-
ras, dont Claudine de Villa bella , Le
Panier enchanté , Pauline , etc.; 7° Dix-
huit vaudevilles ou opérettes, notamment:
Ydor, Le Diamant du roi des Esprits ,
La Fille du monde des Fées , L'Esprit
des Montagnes, Capricciosa, La Girafe?
Le Petit homme vert, Oscar et Tina ,
La Reine des Serpents, La Sylphide,
Les Viennois à Bagdad, etc. ; 8° Beau-
coup de pantomimes ; 9° Trois grandes
cantates, dont une pour l'inauguration de
la nouvelle synagogue; 9° Des quatuors
pour violon ; 10° Des sonates pour piano,
avec et sans accompagnement ; 11° Des
airs variés , rondos , marches et danses
pour le même instrument ; 12° Des fugues
pour Forgue; 13° Des chansons à voix
seule , avec accompagnement de piano ;
14° Une petite méthode d'orgue, Vienne,
Hasslinger ; 15° La méthode de piano de
Pleyel , traduite et modifiée , Ibid. ;
16° Un traité d'harmonie et d'accompa-
gnement avec une introduction au contre-
point, sous ce titre : Harmonie und Ge-
neralbasslehre , nebst einem Anhange
vom Contrapuncte , 2. Verbesserte Auf-
lage, grand in-S° , 1828 , Vienne, Hass-
linger. La première édition avait été pu-
bliée à Vienne , chez Steiner , sans date.
Le méthode didactique de cet ouvrage est
de peu de valeur , mais les exemples sont
TOME m.
écrits avec assez de pureté; 17° Une col-
lection d'exercices pour l'accompagnement
de la basse chiffrée avec une introduction
sur l'art de préluder, sous ce titre : Gene-
ralbass- Uebungen mit Zijfer-bezeichung,
nebst einer Anleitung mit Reispielen
zum praeludireii , Vienne, 1824, à l'in-
stitut lithographique; 18° Une suite de
formules pour apprendre à préluder et im-
proviser sans avoir la connaissance des rè-
gles du contrepoint; cet ouvrage est inti-
tulé : Theoretisch-praktischer Leilfa-
den , ohne Kenntniss des Contrapunctes
phantasiren oder praeludiren zu koen-
nen, Vienne, Tendler (sans date), in- 8° de
76 pages.
DREI (françois) , violiniste et compo-
siteur, né à Sienne en 1737, fut élève de
Nardini , qui lui apprit à jouer l'adagio
supérieurement. Ses compositions , consis-
tant en sonates pour violon , quatuors , et
quelques morceaux de musique vocale ,
ont été imprimées de 1760 à 1785. Il est
mort dans sa patrie , le premier janvier
1801.
DREIST (k.-a.) , né à Reigenwald en
Poméranie , étudia les nouvelles méthodes
d'enseignement à Yverdun , vers 1810,
quitta la Suisse au mois de septembre
1812, et se rendit à Bunzlau , où il fut
chargé en 1816, conjointement avec le
pasteur Hoffman et M. Hennig, de faire
le plan d'une école publique , pour la
basse Silésie, d'après la méthode de Pesta-
lozzi. Dreist a publié des observations sur
une méthode de chant basée sur celles de
Pestalozzi et de Naegeli , sous ce titre :
Aufsalz ueber die Gesangbildungs-lehre
nach Pestalozzischen und Nœgelischen
Grundsœtzen, etc., Zurich, 1812, in-8°.
DRESCHKE (g. -a.); on a sous ce nom
un traité des huit tons du chant des églises
protestantes, intitulé : System der Acht-
Kirchen Tonarten nach P. Mortimer,
Berlin, 1834, in-8°.
DRESE (adam), compositeur allemand,
né sujet du duc de Weimar, Guillaume IV,
fut envoyé à Varsovie par ce prince , pour
22
338
DRE
DRE
y apprendre la science de ïa composition
sons la direction de Marc Sacchi. Ses
études finies , il revint à Weimar , où il
obtint la place de maître de chapelle.
Après la mort du prince qui avait été son
protecteur , il se rendit à Iena , et y fut
nommé maître de chapelle et secrétaire de
la chambre du duc de Saxe- Weimar , en
1672. Ce prince étant mort aussi , Drese
perdit ses emplois , et tomba dans l'indi-
gence. L'ennui et le chagrin le portèrent
alors (vers 1680) à lire les ouvrages du
visionnaire Spener, qui firent une im-
pression si forte sur son esprit qu'il brûla
tous les opéras qu'il avait composés jus-
qu'alors , et qu'il se fit piétiste. Il vécut
encore à Iena, jusqu'à ce que le prince de
Schwarzbourg l'appelât à Arnstadt , en
qualité de maître de chapelle; place qu'il
occupa jusqu'à sa mort arrivée en 1718.
On lui attribue la gloire d'avoir perfec-
tionné le récitatif des opéras allemands.
Outre une grande quantité de musique
d'église, il a écrit aussibeaucoup de musique
instrumentale et un nombre considérable
d'opéras dont les titres sont inconnus
maintenant. Mattheson cite aussi un traité
de composition manuscrit, dont il était
l'auteur {F. Ehrenpforte , p. 108). On
n'a imprimé de sa composition qu'un œu-
vre de musique instrumentale qui a pour
titre : Erster Thell etlicher Alleman-
den, Couranten, Sarabanden, Balletten,
Intraden und Arien, Iena, 1672, in-fol.
DRESE (jean-samtjel), parent du pré-
cédent , prit de lui des leçons de composi-
tion , fut ensuite organiste de la cour à
Iena , et quitta cette place pour celle de
maître de chapelle à Weimar, qu'il obtint
en 1683. Il est mort dans cette ville le
1er décembre 1716, à l'âge de soixante-
douze ans. Il a laissé en manuscrit des so-
nates pour le clavecin, des motets et quel-
ques opéras.
DRESIG (sigismond-frede'ric), né le
premier octobre 1700, à Volberg , village
de la basse Lusace , devint co-recteur à
l'école de Saint-Thomas, à Leipsick. Dans
un accès de mélancolie , il s'étrangla , le
11 janvier 1742. Il a publié une disserta-
tion sur les chantres de l'antiquité appelés
rapsodes , sous le titre de Commentatio
critica de rhapsodis , quorum vera origo,
antiquitas ac ratio ex auctoribus et
scholasticis grœcis traditur, Leipsick ,
1754 , in-4°. On y trouve des recherches
sur la manière de chanter la poésie des
anciens.
DR.ESLER (gallus), né à Nebra ,
dans la Thuringe , au commencement du
16e siècle , fut d'abord chantre à Magde-
bourg,et devint, en 1566, diacre à l'église
de Saint-Nicolas, à Zerbst. Il a publié les
ouvrages suivans : 1° XVII cantiones
sacrée quatuor et quinque vocum } Mag-
debourg, 1569, in-4° ; 2° XIX cantiones
sacrœ quatuor et quinque vocum, it. III
aliœ , Wittemberg, en 1568, in-4°;
3° XC cantiones sacrœ quatuor et plur.
voc, Magdebourg , 1570; 4" Elementa
Musicœ practicœ in usum Scholœ Mag-
deburgensis , Magdebonrg, 1571, huit
feuilles in-8°. Une deuxième édition de
ce livre a été publiée en 1584, in-8° ;
5° Ausserlesene Teutsche Lieder mit
4 und5 Stimmen, Magdebourg, 1570, et
Nuremberg, 1575 ; 6° Cantiones quatuor
et plur. voc, Magdebourg , 1577, in-4°;
7° Sacrœ cantiones quatuor, quinque et
plur. •voc, Nuremberg, 1577.
DRESLER (ernest-christophe), chan-
teur allemand qui a joui d'une grande ré-
putation. Il naquit, en 1754, à Greussen,
petite ville de la principauté de Schwarz-
bourg-Sondershausen, et y apprit les pre-
miers élémens de la musique. Dans la suite
il visita les universités de Halle , de Iena
et de Leipsick ; ce fut dans ce dernier lieu
qu'il apprit à jouer du violon , et qu'il se
forma dans l'art du chant. Il y demeura
depuis 1753 jusqu'en 1756. Quelque
temps après , il alla à Bayreuth , et après
y avoir pris des leçons de la célèbre
cantatrice Turcotti , il entra dans la
chapelle du margrave , et fut nommé peu
après secrétaire des finances. Lors de la
DRE
DRE
339
mort du Margrave, en 1763, le duc de
Gotha engagea Dresler à son service , en
qualité de secrétaire et de musicien de sa
chambre. 11 n'y resta que peu de temps,
et donna sa démission en 1766. L'année
suivante , le prince de Furstemberg lui
confia les fonctions de secrétaire et de di-
recteur de sa chapelle à Wetzlar; mais ce
prince étant retourné en Bohême en 1771,
Dresler ne voulut pas l'y suivre et de-
manda sa retraite. En 1775 , il fut admis
à chanter devant l'empereur à Vienne ,
puis se rendit à Cassel. Il s'y engagea
comme chanteur à l'Opéra, et y resta jus-
qu'à sa mort, arrivée le 5 avril 1779.
Dresler s'est fait connaître par ses écrits
sur la musique : en voici les titres :
1° Fragmente einiger Gedanken des
musikalischeii Zuschauers , die bessere
Aufnahme (1er Musik in Deutschland
betreffend (Fragmens d'idées d'un ama-
teur sur les progrès de la musique en
Allemagne), Gotha, 1767, six feuilles
in-4° ; 2° Gedanken ïiber die Vorstellung
der Alcest (Réflexions sur la représenta-
tion d' Alceste) , Francfort et Leipsick ,
1774, deux feuilles in-8°; 3° Theater-
schule fur die Deutschen das Ernst-
hafte Singschauspiel betreffend ( Ecole
du théâtre pour les Allemands, concernant
l'opéra sérieux), Hanovre et Cassel , 1777,
quatorze feuilles in-8°. Dresler a aussi
publié des chansons détachées et en re-
cueils.
DRESSLER (jeAn-frede'ric) , littéra-
teur à Magdebourg , est né à Halle , en
Saxe, vers 1760. Il a publié un opuscule
intitulé : Bejtrœge zu Fischer's Ver-
suchen in der Ton und Dichtkunst (Ad-
ditions aux Essais de Fischer sur la mu-
sique et la poésie), Magdebourg, 1791 ,
in-8°.
DRETZEL (valentin), organiste à
l'église Saint-Laurent de Nuremberg, vers
le commencement du 17e siècle , a publié
une collection de motets à trois voix , sous
le titre de Sertulum musicale ex sacris
Jlosculis côntentum, Nuremberg, 1621.
Son fils, Wolfgang Dretzel , habile lu-
thiste, naquit à Nuremberg en 1650, et
mourut clans la même ville en 1660.
DRETZEL ( corneille-henri ) , orga-
niste habile , né à Nuremberg, au com-
mencement du 18e siècle, fut d'abord
attaché à l'église de Saint-Egide , puis à
celle de Saint-Laurent, et enfin à celle de
Saint-Sébald. Il joua l'orgue de cette der-
nière jusqu'en 1775 , époque de sa mort.
On a de lui les ouvrages suivans : 1° Livre
de musique simple à quatre parties , Nu-
remberg, 1751, in-fol. de 880 pages;
2° Divertissement harmonique, consistant
en un concerto pour le clavecin.
DREUX (jacques-philippe), joueur de
flûte traversière à Paris, dans la première
moitié du 18e siècle, a fait imprimera
Paris, vers 1750, Trois livres de fan-
fares pour deux chalumeaux ou deux
trompettes, et des Airs pour chalumeaux.
Le fils de ce musicien , professeur de
piano à Paris, a publié quatre pots-pourris
pour cet instrument, La Bataille de Ma-
rengo , pièce caractéristique, Paris, Im-
bault , et une petite méthode de piano ,
Paris , Frère. Il est mort en 1805.
DREWIS (f.-g.), amateur de musique,
né en Saxe, et vivant encore en 1812 , a
publié des lettres sur la théorie de la mu-
sique et de la composition sous ce titre :
Briefe ueber die Théorie der Tonkunst
und Composition, Halle, 1796, six feuilles
in-8°. Cet ouvrage ne contient rien de re-
marquable ; il est divisé en huit lettres.
DREYER (jean-melchior), organiste
et directeur de musique à Ellwangen , pe-
tite ville du royaume de Wurtemberg, est
né vers 1765. Il a beaucoup écrit pour
l'église, principalement dans le style bref.
Voici la liste de ses ouvrages imprimés :
1° Missœ-breves et rurales ad moder-
num genium , 4 voc, 2 viol. org. oblig.,
2 clar., 2 c. et violonc. adlïbit., Augs-
bourg , 1790, op. 1 ; 2° Idem, op. 2,
ibid., 1790; 5° VI Solemnes Miserere
4 voc. ord., 2 viol, viola, organ. oblig.,
Ifl., 2 c. et violonc, op. 3, ibid., 1791;
22*
340
DRE
DM
4° XXVIII Psalmi vesperlini , pro
Dominica de Beata, Apostolis, Confes-
sori et residuis , 4 voc, 2 viol, organ.
oblig. viola, 2 c. timpanis et violonc.
ad libit. op. 4 , ibid. , 1791 ; 5° XXIV
Hymni brevissimi ad Vesperas, op. 5,
ibid., 1791; 6° VI Misses, quarum
prima solemnis , reliquœ vero brèves et
rurales sunt, 4 voc., 2 viol, viola, 2 c.
organ. et violonc. partim obligatis, par-
tim ad libit., op. 6, ibid., 1792;
7° VIII Tantum ergo , 4 voc. ord. ,
Iviol. organ. obi., 1c. et violonc. op. 7,
ibid., 1792; 8° VIII Sehr kurze und
leichte Landmessen, wovon die 2 letzten
fïir die abgestorbenen , sammt 8 kurzen
qffertorïts fur 1 Singslimme und Orgel ,
mit willkuehrlichen 3 andem Singstim-
men und einer violino , op. 8, ibid.,
1793 j 9° VI kurze und leichte Orgel-
sonalen , 1 und 2 theil , op. 9, ibid. ,
1793 ; 10° VI idem, dritter und vierter
Theil, op. 10, ibid., 1793; 11° V ves-
perœ cum IV psalmis 4 voc. cum organ.
obi., 2 viol, viola, 2 c. et violonc,
op. 2 , ibid. ; 12° Deutsche Messe, oder
derheilige Gesang zum Gottesdienste in
der romisch-katolischen Kirche unter
der heiligen Mess, zum Gebrauch der
Schulen und Land-Chorregenten , mit
neuen Melodien Verschen, in-4°, ibid. ;
13° XII qffertoria brevissima de Beata
A voc, org. et symph., op. 14, ibid.;
14° Te Deum Laudamus 4 voc, org.
et symph., op. 16 , ibid.; 15° VI Missœ
brèves ac rurales 4 voc, org. et symph.,
o/?. 17, ibid.; 16° XII Tantum ergo 4 voc,
org. et symph. , op. 18 , ibid. ; 17° VI
kurze und leichte Land-messen , etc.,
sammt 6 kurzen Offerlorien fur 1 oder
4 Singslimmen mit Orgel und 1 oder
2 Violinen ad libit., op. 19, ibid.; 18° VI
brèves ac rurales Missœ pro defunctis
seu cum 3 libéra 4 voc, org. et symph.,
op. 20, ibid.; 19° VI symphoniœ cum
violin., viol, et B. obligat. clarien.fl. c
vel clar. et tymp. ad libitum-, op. 21 ,
Augsbourg , in- fol. Dreyer est mort à
EUwangen an commencement du 19esiècle.
DPiEYSIG (antoine) , organiste du. roi
de Saxe , naquit en 1775 à Oberleutens-
dorf , en Bobême. Il n'avait que dix ans
quand son père l'envoya à Dresde pour y
faire ses études : son premier maître de
musique fut François Hurka , puis il prit
des leçons de ebant de Mariottini , chan-
teur de la cour. Après avoir achevé ces
études préparatoires , il devint élève de
Arnest ponr l'orgue , et fut nommé son
adjoint, pour jouer les messes du matin,
puis il succéda à son maître comme orga-
niste de la cour. On a de Dreysig des pré-
ludes pour l'orgue qui sont restés en ma-
nuscrit.
DRIEBERG (frederic DE) , chambel-
lan du roi de Prusse, né à Charlottenbourg,
en 1785, s'est livré fort jeune à l'étude de
la musique, et s'est particulièrement atta-
ché à l'examen de la musique des Grecs ,
sur laquelle il a publié des opinions fort
singulières. Ce fut vers 1816 que M. de
Drieberg commença à s'occuper de cet
objet, et que sur quelques aperçus saisis à
la légère , il se donna la mission de réfor-
mer les connaissances qu'on croyait avoir
sur la musique des anciens. Ses vues se
portèrent d'abord sur la construction de
l'échelle musicale des Grecs et sur la na-
ture des intervalles de cette échelle. L'ou-
vrage spécial dans lequel il avait exposé
ses idées sur cet objet , fut annoncé dans
la Gazette musicale deLeipsick(ann. 1817,
n° 51), et parut sous ce titre : Die mathe-
matische Intervallenlehre der Griechen
(La doctrine mathématique des intervalles
des Grecs), Leipsick , 1818, in-4°. M. de
Drieberg établit dans ce livre que le sys-
tème musical des Grecs ressemblait par-
faitement au nôtre , que le tempérament
est une invention misérable et fausse, que
les proportions de la tierce majeure ou
mineure sont purement arbitraires, et que
le comma est une quantité illusoire, n'y
ayant d'autre moyen de mesurer les in-
tervalles des sons, pour notre oreilleet pour
notre intelligence, que le demi-ton. Il n'y
DRI
DRI
341
avait rien de nouveau dans ces propositions,
car depuis Aristoxène le système de la
division de l'échelle en parties égales a eu
beaucoup de partisans , et M. de Momigny
s'est efforcé de le faire prévaloir depuis
plus de trente ans. En 1825, M. de Drie-
berg a développé les conséquences de ce
système dans deux articles qu'il avait
écrits pour le Dictionnaire de musique an-
noncé par M. Godefroi Weber, et qui fu-
rent insérés daDs le deuxième volume de
l'écrit périodique intitulé Cœcilia. Le
premier de ces articles concerne l'accord
des instrumens de musique grecs, l'autre,
le monochorde. M. Drieberg y soutient la
nécessité d'accorder par quintes et par
quartes justes , et l'inutilité des résultats
delà division du monochorde. Chladni sai-
sit cette occasion pour mettre en évidence
une multitude d'erreurs de M. de Drie-
berg , et l'attaqua avec vivacité dans des
observations sur la musique ancienne et
moderne, insérées au cinquième volume
de Cœcilia (p. 279 et suiv.). L'autorité
du nom de Chladni dissipa les illusions
que beaucoup de personnes s'étaient faites
sur la valeur des prétendues découvertes
de M. de Drieberg , et depuis lors les opi-
nions de celui-ci ont perdu beaucoup de
leur valeur en Allemagne.
En 1819 M. de Dreiberg fit paraître
des éclaircissemens sur la musique des
Grecs ( Aufchlilsse ueber die Musik der
Griechen, Leipsick, 1819, in-4°), dans
lesquels il exposa l'ensemble de son système ;
il acheva de le développer dans deux ou-
vrages qui ont pour titres : Die musika-
lischen Wissenschaften der Griechen
(Les connaissances musicales des Grecs) ,
Berlin, T. Trautwein, 1820, in-4° , et
Die praktische Musik der Griechen (La
musique pratique des Grecs), Berlin,
T. Trautwein, 1821, in-4°. C'est dans
ces ouvrages que les idées les plus bizarres
et les plus fausses furent émises par l'au-
teur de ce système sur la musique des an-
ciens. 11 y reproduisit comme base de sa
théorie l'assertion de Pepusch , depuis
long-temps oubliée ( et sans citer cet an-
cien musicien) , que le système tonal des
Grecs se prenait en descendant, en sorte
que toutes les cordes de l'échelle étaient
placées au rebours de la disposition que
les autres auteurs leur avaient données ;
absurdité qui ne soutient pas un examen
sérieux et qui aurait mis au néant l'utilité
qu'on aurait pu retirer des ouvrages de
M. de Drieberg, lors même qu'il ne se serait
pas trompé sur les autres points de la mu-
sique des Grecs. La manière dogmatique
et absolue de cet écrivain lorsqu'il présente
ses idées, et l'absence de toute citation , si
ce n'est celle de quelques auteurs de l'an-
tiquité et de ses propres ouvrages, ne per-
met pas de savoir ce qui l'a déterminé à
adopter ce singulier système; il ne discute
jamais , et avance les faits qu'il imagine
comme s'ils étaient incontestables. Au
reste, il ne paraît pas avoir des opinions
bien arrêtées ni formulées en un système
homogène dont on ne peut rien changer
sans qu'il s'écroule, car vraisemblablement
ébranlé par les objections qui lui ont été
faites, et par les travaux consciencieux de
Perne publiés dans la Revue musicale , il
a renversé de nouveau l'échelle musicale
des Grecs dans le Dictionnaire de la mu-
sique grecque qu'il vient de publier , et
s'est confirmé au système réel de cette
musique , en replaçant la Proslamba-
nomène ou corde ajoutée, au grave, et les
autres cordes dans leur ordre naturel , en
partant de ce point , au lieu de les mettre
à l'aigu comme il l'avait fait d'abord.
En 1822, M. de Drieberg a publié un
traité des inventions pneumatiques des
Grecs sous ce titre : Die pneumatischen
Erfindungen der Griechen, Berlin, in-4°
avec planches. Il y traite de l'orgue hy-
draulique et de l'orgue pneumatique, mais
arrangeant les documens qui lui étaient
fournis par Vitruve et Héron d'Alexandrie
suivant ses idées particulières , de telle
sorte qu'on ne peut pas plus se former une
idée de ce qu'étaient ces instrumens chez
les anciens , d'après l'ouvrage de M. de
343
DRO
DRO
Drieberg , qu'on ne le peut dans ce que
Perrault en a écrit.
Il me reste à parler du dernier ouvrage de
M. deDrieberg, c'est-à-dire du Dictionnaire
delà musique des Grecs {Wœrlerbuch cler
Griechischen Musik, etc., Berlin, Schle-
singer , 1835 , in-4° de 219 pages, avec
sept plane.) qu'il vient de publier. Les
assertions les plus bizarres , les supposi-
tions les plus gratuites , particulièrement
en ce qui concerne les instrumens de mu-
sique des anciens , abondent dans cet ou-
vrage , et l'on y trouve encore une preuve
du défaut de fixité des idées de l'auteur ,
car après avoir nié autrefois la réalité des
proportions musicales, il en expose le sys-
tème dans plusieurs articles , d'après Eu-
clide et Ptolémée. Au résumé , il est per-
mis de dire que M. de Drieberg n'a point
fait l'bistoire , mais bien le roman de la
musique grecque , et qu'aucune utilité ne
peut être retirée de ses ouvrages sur ce
sujet.
Ce n'est pas seulement comme écrivain
sur la musique que M. de Drieberg s'est
fait connaître ; élève de plusieurs musi-
ciens distingués et particulièrement de
M. Spontini, il a écrit deux opéras {Don
Cocagno, et Le Chanteur et le Tailleur)
qui ont été joués avec quelque succès à
Berlin et dans d'autres villes ; l'ouverture
et quelques morceaux du premier de ces
ouvrages ont été publiés à Mayence chez
Scbott. M. de Drieberg habite ordinaire-
ment en Poméranie.
DROBISCH (charles-louis), né à Leip-
sick le 24 décembre 1805, montra peu de
p-oût pour la musique dans son enfance ,
et rien ne faisait présumer qu'il aurait un
jour quelque talent ; ce ne fut qu'au col-
lège de Grimma, où il fit ses études qu'un
penchant chaque jour plus prononcé se ma-
nifesta pour cet art , et qu'il s'en occupa
dans tous ses momens de loisir. Sans au-
tres moyens d'instruction que ses propres
études, il parvint à composer quelques ba-
gatelles , des cantates et un petit opéra. A
Leipsick , où il fut envoyé pour faire ses
études universitaires, Drœbs, organiste de
Saint-Pierre , lui donna des leçons d'har-
monie et de contrepoint. Dans le même
temps il écrivit plusieurs motets et des
cantates qui furent exécutés dans les églises
de Leipsick , et en 1826 il fit entendre
dans un grand concert son premier orato-
rio, intitulé Boniface. Cette production
eut peu de succès 5 les critiques signalèrent
alors la sécheresse des mélodies , la diva-
gation des idées et la longueur excessive
des fugues. Ces critiques sévères furent un
utile avertissement pour Drobisch , qui ,
depuis lors, donna plus d'attention aux le-
çons d'esthétique du professeur Weinlig :
cette époque fut celle d'une réaction dans
ses vues et dans ses études artistiques. Après
avoir visité Dresde , Prague , Vienne et
l'Italie supérieure , pour augmenter ses
connaissances musicales , il se fixa à Mu-
nich. Depuis lors , il s'est spécialement
occupé de compositions pour l'église , et
s'est distingué dans ce genre. Sa fécondité
est telle , que dans l'espace de dix ans il a
écrit cent ouvrages grands et petits pour
l'église , dont on a publié chez Palier, à
Munich , une messe solennelle en mi ma-
jeur, six messes plus petites pour les cam-
pagnes, trois litanies, six offertoires, et six
graduels ; il a en manuscrit une messe so-
lennelle en ré majeur , six autres messes ,
deux Requiem , plusieurs litanies, un Te
Deum , et plus de quarante graduels , of-
fertoires et psaumes.
DROEBS (jean-andre) , organiste de
l'église de Saint-Pierre à Leipsick , est né
en 1784 à Erfùrfc, où son père était orga-
niste et professeur de piano. Après avoir
fini ses études au Gymnase de cette ville,
il se livra presque seul à des études de
composition et d'orgue. En 1808 il se ren-
dit à Leipsick, y vécut d'abord comme
professeur de musique , puis fut nommé
organiste de Saint-Pierre en 1810. Il est
mort dans cette ville en 1826. C'était un
homme de peu de génie, mais un musicien
instruit dont les compositions pour l'église
ne manquent pas d'un certain mérile de
DRO
BRO
343
factarc. On a de Drœbs plusieurs œuvres
de sonates pour le piano , publiés à Leip-
sick chez Breitkopf et chez Hofmeister, des
thèmes variés pour le même instrument,
des préludes , des petites pièces et des fu-
gues pour l'orgue, oeuvres 4, 10, 12,
14, etc., Leipsick, Breitkopf, et Bonn,
Simrock.
DROLLING (jean-michel), pianiste et
compositeur, est né à Turckeim (Haut-
Rhin) en 1796. Ayant été admis comme
élève au Conservatoire de musique de Paris,
il a reçu des leçons de M. Adam pour le
piano , et de Méhul pour la composition.
Il a publié un grand nombre d'ouvrages
pour le piano , parmi lesquels on remar-
que : 1° Des thèmes variés , œuv. 1 et 2 ,
Paris, P. Petit, 10, Paris, Meissonnier,
16 , Paris , Bichault , 18 , Hanry ; 2° Di
tanti palpiti varié pour piano et violon ,
op. 3, Paris, P. Petit; 5° Des caprices
pour piano seul , œuvres 4 et 14, Paris,
P. Petit et Meissonnier ; 4° Des fantaisies
Idem, œuvres 15 et 20, Paris, P. Petit et
Meissonnier ; 5° Un rondeau pastoral ,
op. 19, Paris, Hanry; 6° Des duos pour
piano à quatre mains, œuvres 5 et 17,
Paris , Janet et Richault ; 7° Des duos
pour piano et violon , op. 11 , 12 , et 22 ,
Paris, Petit et Schoenenberg. M. Drolling
a en manuscrit un Traité élémentaire
d'harmonie et de composition.
DROMAL (jean), chantre de l'église
de Sainte-Croix , à Liège, vivait dans le
17e siècle. On connaît l'ouvrage suivant
de sa composition : Coiwivium musicum
in quo binis, ternis , quaternis, quinis et
senis vocibus , nec non et instrumentis
recolitur , cum basso continuo , Anvers,
1641, in-4°, opus 2.
DROPA (mattiiias) , bon constructeur
d'orgues , vivait au commencement du
18e siècle à Lunebourg. On vante l'orgue
qu'il a construit dans l'église de Saint-
Jean de cette ville , ouvrage de quarante-
sept jeux , trois claviers et pédale, qu'il a
fini en 1705. Celui de l'église de Saint-
Michel , composé de quarante-trois jeux ,
trois claviers , pédale et dix soufflets , est
son meilleur ouvrage.
DROSTE-HULSHOFF (maximilien ,
chevalier DE). V. HULSHOFF.
DROUAUX (henri-blaise) , maître de
musique à Paris , dans la seconde moitié
du 17° siècle , a publié un livre intitulé :
Nouvelle méthode pour apprendre le
plain-chant et la musique , divisée en
quatre parties, Paris, Gilles Blaisot, 1674,
in-8°. La troisième édition de ce livre ,
divisée en deux parties, est datée de Paris,
Christophe Ballard , 1687, in-8°. Il y en
a une édition de 1690.
DRODET (louis), flûtiste distingué et
compositeur pour son instrument , né à
Amsterdam en 1792 , est fils d'un barbier
français établi en cette ville. Un musicien
qui allait se faire raser chez son père lui
ayant donné une petite flûte, lorsqu'il n'é-
tait âgé que de quatre ans, s'aperçut, à
la manière dont il en jouait, qu'il était
doué des plus heureuses dispositions pour
cet instrument , le prit en affection, et se
chargea de son éducation musicale. Drou et
avait déjà acquis quelque habileté quand il
fut mené à Paris par ses parens ; il entra
comme élève au Conservatoire de musique
et y fit de rapides progrès sur son instru-
ment. Sa réputation commença à s'étendre
en 1813, lorsqu'il se fit entendre dans les
concerts ; ses succès furent brillans. En
181 7, il se rendit à Londres où il fut fort
applaudi. La confiance dont il ne tarda
point à jouir en ce pays le détermina à y
établir une fabrique de flûtes sur un nou-
veau modèle ; mais cette entreprise ne
réussit point, et M. Drouet fut forcé de
quitter l'Angleterre en 1819. Depuis lors
il a parcouru toute l'Europe , a visité la
Russie , toutes les parties de l'Allemagne ,
la Suisse , l'Italie, est retourné à Paris en
1828, a fait un court séjour à Londres en
1829, puis est retourné en Allemagne pas
la Belgique et la Hollande, est revenu une
troisième fois à Paris en 1852, y est resté
plusieurs mois, s'est marié et a vécu quel-
que temps en Suisse. Il est en ce moment
344
DRU
DUB
en Allemagne, et l'on dit qu'il doit se fixer
bientôt à Bruxelles pour y établir un ma-
gasin de musique et une manufacture
d'instrumens à vent. M. Drouet excelle
dans les difficultés et dans les traits ra-
pides ; son double coup de langue est
d'une admirable volubilité ; mais son in-
tonation manque de justesse , et son style
est dépourvu d'expression et de grandiose.
Partout où cet artiste s'est fait entendre,
il a obtenu des succès. Il a fait graver un
très grand nombre d'œuvres de sa compo-
sition pour la flûte, parmi lesquels on re-
marque dix concertos publiés à Paris et
en Allemagne , des fantaisies et tbêmes
variés avec orcbestre , quatuor ou piano ,
des trios pour trois flûtes , dix œuvres de
duos pour le même instrument, et un très
grand nombre de morceaux détachés de
tout genre.
DROUET DE MAUPERTUY (jean-
baptiste), néà Paris en 1650, selivra, dans
sa jeunesse , à l'étude de la jurisprudence ,
et l'abandonna ensuite pour cultiver les
lettres. Un oncle , fermier général , lui
procura un emploi considérable dans la
Provence ; mais Drouet , en laissant tout
le travail à ses commis , vit le désordre se
mettre dans ses affaires , et dissipa son
riche patrimoine. Revenu à Paris , à l'âge
de quarante ans , il se dégoûta du monde,
prit l'habit ecclésiastique en 1692 , fit un
séminaire de cinq ans, puis se retira dans
l'abbaye deSept-Fonts. En 1702, il obtint
un canonicatà Bourges, le quitta, voyagea,
revint à Paris, et se fixa enfin à Saint-
Germain-en-Laie, où il est mort en 1750,
âgé de quatre-vingts ans. Les mémoires
de l'académie royale des sciences (Ann.
1724. p. 215-226) contiennent l'analyse
d'un mémoire sur la forme des instru-
mens de musique , qu'il avait adressé à
cette société savante. Ce morceau est de peu
de valeur, et renferme beaucoup d'inexac-
titudes dans les faits.
DRUELE, en latin DRUEL;EUS (chré-
tien) , pasteur à Kellinghausen dans le
Holstcin , vers le milieu du dix-septième
siècle, fut aussi compositeur de musique
religieuse. Il a fait imprimer un recueil
de vingt-neuf concerts à plusieurs voix
sur les dix premiers psaumes de David ,
sous ce titre : Psalmodia Davidica}
Hambourg , 1650.
DRUZECHY ou DRUSCHETZKY
(georges) , musicien hongrois , né vers le
milieu du dix-huitième siècle, était, en
1787, attaché au service du comte de Gras-
salkovicz. Il a composé beaucoup de pièces
d'harmonie pour deux clarinettes , deux
hautbois , deux cors , deux bassons et
trompette , ainsi que des concertos pour
le hautbois et d'autres instrumens à vent.
Enfin on a de lui l'opéra de Persée et
Andromède, le ballet de Inkle et Yariko,
et une symphonie de bataille pour Adèle
de Ponthieu. Druschetzky fut d'abord
timbalier des Etats de la Haute-Autriche
à Lintz , et y publia en 1783 six solos
pour le violon.
DUBOS (jean-baptiste) , né à Beau-
vais , en 1670 , se livra d'abord à l'étude
de la théologie, mais y renonça bientôt
pour celle du droit public. Successive-
ment employé par M. de Torcy, ministre
des affaires étrangères , par le régent et
par le cardinal Dubois, dans plusieurs
négociations secrètes , il réussit et reçut
en récompense des pensions et des béné-
fices. Il quitta les affaires publiques pour
se livrer à la culture des lettres , et ses
ouvrages lui valurent l'entrée de l'acadé-
mie en 1720. Il est mort à Paris le
23 mars 1742, âgé de soixante-douze ans.
Parmi les ouvrages qu'il a publiés, on re-
marque ses Réflexions critiques sur la
poésie et sur la peinture ; qui parurent en
1719 pour la première fois, 2 vol. in-12,
et qui ont été souvent réimprimés en
5 vol. On trouve au premier vol. Sect. 45 :
De la musique proprement dite. Sect. 46 c
Quelques réflexions sur la musique des
Italiens i que les Italiens n'ont cultivé
cet art qu'après les Français et les Fla-
mands. Sect. 47 : Quels vers sont les
plus propres à être mis en musique.
DUB
DUC
345
L'abbé Dubos manquait des connaissances
nécessaires pour traiter de tout cela d'une
manière utile.
DUBOURG (mathieu) , l'un des meil-
leurs violinistes que l'Angleterre ait pro-
duits, naquit en 1703, d'un maître de
danse nommé Isaac. Lorsqu'il eut atteint
sa onzième année, il fut placé sous la di-
rection de Geminiani , qui lui commu-
niqua son excellente méthode. En 1728,
il fut appelé à Dublin pour y remplir la
place de premier violon et de compositeur
des concerts de cette ville. Après un séjour
de quelques années en Irlande, il passa au
service du prince de Galles , et à la mort
deFesting-, en 1752, il devint directeur
de la troupe du roi ; place qu'il occupa
jusqu'à sa mort , arrivée en 1767. Burney
rapporte sur lui l'anecdote suivante : ac-
compagnant un jour , au théâtre , un air
avec violon obligé , il s'égara si bien dans
un point d'orgue , que Handel , qui con-
duisait l'orchestre, lui cria, lorsqu'il re-
vint dans le ton : Grâces au ciel, M. Du-
bourg, vous voilà enfin rentré chez vous !
exclamation qui valut au violiniste les
applaudissemens de toute la salle. Dubourg
est connu comme compositeur par quelques
morceaux de musique vocale qu'il écrivit
en Irlande , et par un grand nombre de
solos et de concertos de violon ; aucun de
ces ouvrages n'a été publié.
DUBREUIL (jean) maître de clavecin,
né à Paris vers 1710, est mort dans la
même ville en 1775. Il a donné xm Manuel
harmonique, ou tableau des accords pra-
tiques, Paris 1767, in-8°, qui n'est qu'une
rapsodie dénuée de tout mérite , et un
recueil d'airs, sous le nom de Dictionnaire
Lyrique, Paris, 1769, 2 vol. in-8°,
avec un supplément en deux volumes pu-
blié en 1771.
DUBUGRARRE (....), organiste de
Saint-Sauveur de Paris, fut au nombre
des professeurs de musique qui plaidèrent
contre Guignon , roi des violons , vers le
milieu du 18e siècle, comme on le voit
par l'arrêt du parlement du 30 mai 1750.
Dubngrarre a publié en 1754 un ouvrage
élémentaire qui a pour titre : Méthode
plus courte et plus facile que l'ancienne
pour l'accompagnement du clavecin }
Paris, in- fol. obi. En 1760, ce musicien
a donné aussi des principes élémentaires
de musique en un petit volume in-24,
sous le titre d'Etrennes à la jeunesse oit
l'on détaille les principes de la mu-
sique.
DUC (philippe DE), compositeur belge,
vivait dans la seconde moitié du seizième
siècle, et paraît s'être fixé en Italie. On
connaît sous son nom : 1° Madrigali a
quattro voci, Venise, 1570; 2° : Madri-
gali a cinque et sei voci, Venise, 1586;
3° Il primo libro de Madrigali a 4,5 e 6
voci, Venise, 1591, in-4.
DUCANCEL (g.-p.) , fils d'un chirur-
gien de Beauvais, exerça, pendant la révo-
lution française la profession de Défenseur
officieux , à Paris, et ensuite celle d'avoué
jusqu'en 1810. Il s'est retiré depuis lors
dans une propriété qu'il avait à Clermont,
département de l'Oise. En 1815 , il fut
nommé soas-préfet de ce lieu ; mais le mi-
nistère , mécontent des élections de son
arrondissement en 1816, l'a privé de son
emploi , et depuis lors il vit dans la re-
traite. Il a publié une brochure de plus de
200 pages, ayant pour titre : Mémoire
pour J.-F. Lesueur, un des inspecteurs
de l'enseignement au Conservatoire de
musique , en réponse à la partie d'un
prétendu recueil de pièces, imprimé,
soit disant, au nom du conservatoire;
et aux calomnies dirigées contre le cit.
Lesueur par le cit. Sarrette , directeur
de cet établissement; contenant en outre
quelques vues d amélioration et d'af-
fermissement, dont le Conservatoire pa-
raît susceptible. Paris, 1802, in-8°. On
a aussi de Ducancel : Mémoire au roi,
pour 1° Colombe Rigiery, dite Colombe
aînée ; 2° Marie-Madeleine Rigiery ca-
dette, dite Adeline; 3° Pierre Joseph
JSfarbonne • 4° Joseph JJorsonville ;
5° Charlotte Rosalie Pitrot ; 6° Jeanne-
DUC
BUG
Louise-Elisabeth Verteuil ,• 7° Paul-
Marie Langlois , <f/£Courcelles; 8° Pierre-
Philibert oranger ; 9° Jean-Pierre Val-
roy ; tous anciens comédiens italiens
ordinaires du roi, et pensionnaires de
Sa Majesté , contre les comédiens ordi-
naires du roi, sociétaires actuels de l'O-
péra-Comique. Paris, LeNormant, 1815,
in-4° de 44 pag.
DUCANGE ( chaelés DUFRESNE).
Voyez CANGE (DU).
DUCAURROY (françois-eustache).
Voyez CAURROY (DU).*
DUCERCEAU (jean-antoine) , né à
Paris, le 12 novembre 1670, entra chez
les jésuites le 12 janvier 1688. Ayant été
nommé précepteur du prince de Conti , il
l'accompagna à Véret, château du duc
d'Aiguillon, près de Tours. Le jeune
prince en maniant un fusil , qui avait été
chargé à balle , sans qu'il le sût , eut le
malheur de tuer son précepteur le 4. juil-
let 1730. P. Ducerceau fut l'un des ré-
dacteurs du journal de Trévoux , où il a
inséré : Dissertation adressée au père
Sanadon, ou l'on examine la traduction
et les remarques de M. D acier , sur un
endroit d'Horace, et oh l'on explique par
occasion ce qui regarde le tétracorde
des Grecs. Mém. de Trév. , lom. LU.
pag. 100-141 et 284-310. Le passage
d'Horace qui donna lieu à cette disserta-
tion est celui-ci :
Sonante mistum tibiis carmen lyra ,
Hac dorium , illis barbarum.
Le P. Ducerceau crut y trouver la
preuve que les anciens connaissaient au
moins l'harmonie delà tierce, et chercha
à le prouver dans sa dissertation. Burette
réfuta victorieusement cette opinion dans
ses Nouvelles réflexions sur la sympho-
nie des anciens, tom. VIII, pag. 63, des
Mém. de l'Acad. des inscript. Le P. Du-
cerceau répondit par des Additions à la
dissertation, etc. Mém. deTrév., lom. LU,
pag. 605-629. Son opinion fut aussi atta-
quée dans le Journal des savans (mois de
mai et d'octobre 1728) j il répondit dans
les Mém. de Trévoux (tom. LV.pag. 2085-
2189, tom. LVI, pag. 69-98, et pag. 234-
250), et cette réponse lui valut une répli-
que qui parut dans le Journal des Savans
de 1729 , pag. 580-402 , et qui termina
la dispute. Le passage qui y donna lieu
avait déjà été examiné dans un mémoire
des Transactions philosophiques de 1702
(voyez Molineux) , et a été reproduit de-
puis dans les Mémoires de l'Académie des
inscriptions , tome 35 , page 360-363.
(voyez Chabanon) .
DUCHAMBGE (M™ pauline), née à
Paris, en 1787, cultiva d'abord la musique
comme amateur. Liée d'amitié avec des
artistes distingués tels que Dussek, Chéru-
bini, de Lamare , Rode, Auber, elle avait
acquis parmi eux le sentiment du beau ,
et possédait un talent fort remarquable sur
le piano. Sa voix , quoique d'un volume
peu considérable , était agréable , et elle
chantait avec goût. Des revers de fortune
obligèrent Mrae Duchambge à chercher des
ressources dans ses talens , et à se livrer à
l'enseignement, vers 1814. Ce fut aussi
vers la même époque qu'elle fit paraître
ses premières productions pour le piano ;
plus tard elle écrivit des romances , et les
gracieuses formes de ses mélodies lui pro-
curèrent des succès que n'ont point affaiblis
ses publications plus récentes. Mme Du-
chambge est encore comptée parmi les com-
positeurs de romances les plus distingués
de l'époque actuelle. Elle en a publié un
grand nombre , et chaque année , elle en
fait paraître quelques-unes. On a de cet
artiste : 1° Trois études et un caprice pour
le piano , Paris , Pleyel ; 2° Deux thèmes
variés pour lepiano, Paris, LeDacj 3° Beau-
coup de romances françaises avec ace. de
piano , en Album ou détachées.
DUCHAMP (marie -Catherine - ce'sa-
rine), née à Paris, le 14 mai 1789, entra
d'abord dans la classe de chant de M. Plan-
tade , au Conservatoire de musique , le
15 pluviôse an XIII (31 janvier 1805), et
devint ensuite élève de Garât, le 9 mars
DUC
DUC
34?
1807. Mademoiselle Dnchamp possédait
une très belle voix de contralto et avait
acquis par les leçons de Garât un fort Lcau
talent qu'elle fit admirer dans les concerts
depuis 1815 jusqu'en 1817; mais une sur-
dité dont elle fut atteinte et qui augmenta
progressivement ne lui permit plus de se
faire entendre; cependant elle a continué
d'enseigner le chant pendant plusieurs
années. Elle a publié à Paris quelques ro-
mances avec accompagnement de piano.
DUCIS (benoît) , compositeur du sei-
zième siècle , est désigné souvent sous le
nom de Benedictus par les anciens écri-
vains ou aux titres de ses productions.
C'est le même musicien que Gesner (Biblio-
thèque univ.), et, d'après lui, Walther et
Gerber, ont appelé Dux, quoique, suivant
l'usage parmi les auteurs des Pays-Bas, les
noms latinisés soient en général placés au
génitif. Il règne autant d'incertitude sur
le nom véritable de ce musicien que sur sa
patrie. Burney cite une collection de mo-
tets (A gênerai hislory qf ' music , t. 2,
pag. 518) publiée en 1555 à Venise ? où
Ducis est appelé Benoît d A ppenzell , et
Gerber , trompé par cette citation , lui a
consacré un article sous ce nom , dans
son nouveau dictionnaire, quoiqu'il en ait
fait un autre sous celui de Dux. Moi-
même j'ai d'abord cru qu'il s'agissait d'un
autre musicien que Ducis, que j'ai toujours
considéré comme Belge; mais un examen
plus approfondi des diverses circonstances
m'a convaincu qu'il n'y a point d'autre musi-
cien nommé Benoît ([ne Ducis, et que j'ai eu
tort d'en faire deux articles. 11 y a lieu de
croire que si Benoît Ducis eût vu le jour à
Appenzell, Glaréan ne l'aurait point ignoré,
et qu'il aurait cité quelque composition de
lui , car son patriotisme se manifeste en
plusieurs endroits de son Dodécachorde.
D'un autre côté , un recueil d'odes d'Ho-
race mises en musique à trois et quatre
voix, et publié à Ulm en 1539 sous le nom
de Dux } ainsi que quelques mélodies pla-
cées parHans Walter dans son cantionale,
ont fait croire à M. le conseiller Kiesewetler
que le nom véritable de Ducis est Herzog
(duc) , et que ce musicien est né en Alle-
magne (V. le supplément du Mémoire de
M. de Kiesewelter sur les musiciens Néer-
landais , art. 5, pag. 86). Cependant des
difficultés assez considérables s'élèvent
contre cette opinion , car dans un recueil
manuscrit (in-fol. atlant, n° 4) , qui se
trouve à la bibliothèque delà ville de Cam-
brai , et qui contient dix-huit messes de
divers auteurs du seizième siècle, à 4 et 5
parties , il y a une de ces messes intitulée
Myn hert, qui porte le nom de Benedictus
Hertochs / or Hertochs signifie Duc en
flamand , comme Herzog en Allemand ,
et Ducis en est la traduction latine. 11 est
donc vraisemblable que Ducis vit le jour
dans les Pays-Bas, ainsi qu'on l'a cru jus-
qu'à ce jour , et l'opinion qui le fait élève
de Josquin Deprès paraît fondée , car il a
écrit un chant funèbre à quatre voix sur
la mort de ce grand artiste. D'ailleurs ,
toutes les compositions de Ducis sont sur
des paroles latines , flamandes ou fran-
çaises (car , bien que le titre de la musi-
que des Odes d'Horace soit en allemand ,
cette musique est écrite sur le texte latin),
et ce choix serait au moins singulier de
la part d'un musicien allemand.
Quoi qu'il en soit de toutes les conjec-
tures auxquelles le nom et la patrie de
Benoît Ducis ont donné lieu, il est certain
que ce maître vécut dans la première moi-
tié du seizième siècle , et que ses composi-
tions le placent au premier rang parmi
les musiciens de son temps. On en peut
juger par l'excellente monodie qu'il a
écrite sur la mort de Josquin Deprès ,
morceau qui se trouve en partition dans
le deuxième volume de l'histoire de la mu-
sique de Burney , et dans le deuxième de
celle de Forkel. Mais ce qui peut surtout
i lÂber primus ecclesiasticorum cantiormni quatuor in Novo TesLamento, ab oplimis quibusque hujus œtatis
vocum , iiclgo molela vacant, lam in Vcteri , quant musicis compositarum.Anlea nunquam excusais, 1553.
348
DUC
DUC
donner une haute opinion du talent de
Ducis, c'est la messe Myn hert, qui est la
neuvième de la collection de Cambrai citée
précédemment , et aussi les pièces de sa
composition qui se trouvent dans une col-
lection de chansons manuscrites datée de
1542, et qui, après avoir appartenu à Seger
van Maie , de Bruges , a passé dans la bi-
bliothèque de Cambrai. Cette collection
renferme treize chansons françaises à quatre
voix, le motet Da pacem Domine, une pa-
vanne à quatre parties, et la monodie sur
Josquin Deprès. Outre ces morceaux, on a
aussi les pièces contenues dans les col-
lections de Tilman Susato, publiées à An-
vers en 1545etl546, et cellesqui, dans la
collection de motets de Venise, 1553, sont
attribués à Benedict d'Appenzell; enfin,
toutes les Odes d'Horace mises en musique
à trois et quatre parties , et publiées sous
ce titre : Harmonien ueber aile Oden
des Horaz , fur 3 und A stimmen ,
Ulm,l539.
Il résulte de ce qui vient d'être dit que
l'article Benedict d ' Appenzell doit être
supprimé au second volume de cette bio-
graphie, et que celui-ci doit le remplacer.
DUC LOS (Charles PINEAU), né à Di-
nan , en Bretagne , en 1704 , fut envoyé
fort jeune à Paris pour y faire ses études.
En 1739, il fut reçu à l'Académie des in-
scriptions et belles-lettres , et en 1747, à
l'Académie Française , dont il devint le
secrétaire perpétuel en 1755. Il est mort
à Paris le 26 mars 1772, dans sa soixante-
neuvième année. Parmi ses ouvrages , on
remarque : Mémoire sur l'art de parta-
ger l'action théâtrale, et sur celui de
noter la déclamation , qu'on prétend
avoir été en usage chez les Romains ,
dans les Mémoires de l'Académie des in-
scriptions , t. 21, p. 191-208. Il est aussi
l'auteur de l'article déclamation, dans
l'Encyclopédie méthodique, où il est ques-
tion de la musique théâtrale. On trouve
ces deux morceaux dans la collection de
ses œuvres donnée par Désessarls , en dix
volumes iu-3°, Paris , 1806.
DUCLOS ( . . . ), horloger de Paris,
inventa, en 1782 , une machine destinée
à indiquer la division des temps de la
mesure en musique. Il appela cette ma-
chine rhjthmometre. Elle fut approuvée
par les professeurs de l'école royale de
chant , et Gossec , l'un d'eux , fit sur cet
instrument un rapport favorable qui a été
imprimé dans la même année en un quart
de feuille in-8°.
DUCRAY-DUMINIL (françois-guil-
laume), né à Paris en 1761 , succéda en
1790 à l'abbé Aubert , dans la rédaction
des Petites-Affiches de Paris. Il est mort à
Ville-d'Avray , le 29 octobre 1819, à
l'âge de cinquante-huit ans. Auteur de
beaucoup de romans mal écrits , mais où
l'on trouve de l'intérêt , Duçray-Duminil
a fait aussi des pièces de théâtre , des
vaudevilles dont il a composé les airs, pour
les théâtres des Boulevards de Paris , et
s'est fait aussi connaître comme musicien
par Six romances tirées du roman de
Loloite et Fanfan, avec accompagne-
ment de harpe ou de clavecin , Paris ,
Boyer, 1788 j Six romances tirées d'A-
lexis, ou La Maisonnette dans les bois ,
ibid., 1789 1 Six romances tirées d'Emi-
lie, ibid.
DUCREUX (emmanuel), fils d'un pein-
tre de portraits au pastel , naquit à Paris
en 1765. Destiné par son père à la pein-
ture , il fit d'abord des études pour se li-
vrer à l'exercice de cet art , mais son goût
pour la musique le lui fit abandonner. Il
apprit à jouer de plusieurs instruraens à
vent , particulièrement de la flûte et du
basson , et entra à l'orchestre du Théâtre-
Français en 1789, pour ce dernier instru-
ment. Il est mort à Paris vers 1812. On
a de sa composition : 1° Symphonie con-
certante pour deux flûtes principales ,
Paris, 1795, Sieber ; 2° Symphonie Idem,
n° 2, Ibid.; 3° Six duos non difficiles
pour deux flûtes, œuvre 3, Ibid.; 4° Duos
pour flûte et basson extraits des œuvres
de J. Haydn et Mozart, liv. 1,2, Ibid.;
5° Des airs variés pour flûle seule, Paris,
DUF
Corbaux ; 6° Les Folies d'Espagne, variées
pour basson , Ibid. Dacreux a eu un fils
qui , après avoir été quelque temps musi-
cien dans un régiment, a été fait souffleur
de musique à l'Opéra-Comique , en 1818.
Il a arrangé des airs d'opéras pour deux
violons.
DUFAUR (pierre), ou DU FAUR DE
SAINT-JORY, fut un des plus savans
hommes du 16e siècle. Après avoir été con-
seiller au grand conseil , puis maître des
requêtes , il fut élevé à la dignité de pre-
mier président du parlement de Tou-
louse, le 8 juillet 1597, et mourut d'apo-
plexie le 18 mai 1600, en prononçant un
arrêt. Parmi ses ouvrages, on en remarque
un qui a pour titre : Agonisticon, sive de
re athletica , ludisque veterum gjmni-
cis , musicis, atque circensibus , spicile-
giorum tractatus , tribus libris conipre-
hensi opus tessellatum , etc. , Toulouse,
1595 , in-4°. Cet ouvrage a eu plusieurs
éditions.
DUFAY ou DU FAY (Guillaume), célè-
bre compositeur de la fin du 14e siècle, par-
tage avec Égide Binchois et Jean Dunstaple
la gloired'avoirépurél'harmonie, de l'avoir
affranchie des formes grossières et des suc-
cessions de quintes, d'octaves et d'unissons
qui entachent les productions des plus ha-
biles musiciens du milieu du 14e siècle,
tels que François Landino de Florence,
Jacques de Bologne , Guillaume de Ma-
chault et autres; enfin, de lui avoir im-
primé un caractère de suavité qui a été se
perfectionnant jusqu'à la fin du 16e siècle,
dans la tonalité du plain-chant. Tinctor
ou Tinctoris a fait de Dufay un Français ;
il se pourrait toutefois qu'il eût été mal
informé, car j'ai trouvé dans un traité ma-
nuscrit de musique du commencement du
16e siècle , cette phrase : Secundum doc-
trinam TVilhelmi Dufais , Cimacensis
Hann. (Selon la doctrine de Guillaume
Dufay, de Chimay en Hainaut '). Mon sa-
i Voyez à ce sujet mon Mémoire sur celle question :
Quels ont été' les mériles des Néerlandais dans la mu-
sique, etc., pages 12 el 13. Amsterdam, 1829, in-4°.
DUF
349
vant ami et parent Henri Delmotte, trop
tôt enlevé aux lettres et à l'histoire des
arts, m'aobjecté contre ce fait, qu'il y avait
peu de noms propres au 14e siècle qui ne
fussent des indications de lieux de nais-
sance, de profession ou de sobriquets; qu'il
était vraisemblable que le nom de Dufay
était Guillaume f et que Dufay indiquait
qu'il était né dans un lieu appelé Le Fay ;
ce qui rendait assez vraisemblable l'opi-
nion de Tinctoris concernant la patrie du
musicien dont il s'agit , puisqu'il y a plu-
sieurs villages de ce nom en France. Tou-
tefois l'indication du manuscrit que j'ai
cité est si précise, qu'elle a dû avoir pour
base un fait bien connu de l'auteur de ce
livre. Je persiste donc dans la croyance
que Guillaume Dufay était né à Chimay.
II y a beaucoup d'incertitude à l'égard de
l'école où ce musicien célèbre a pu s'instruire
dans son art. M. le conseiller Kiesewetter
pense que ce dut être en Belgique, et fonde
son opinion sur ce que les compositions de
Dufay indiquent un état de l'art beaucoup
plus avancé, sous le rapport de l'harmo-
nie, qu'on ne le trouve dans les ouvrages
des musiciens florentins du 14e siècle et
de Guillaume de Machault, auteur d'une
messe à quatre voix écrite en 1567; ce qui
lui fait croire qu'il existait en Belgique une
connaissance plus étendue de l'art d'écrire
en musique qu'ailleurs, et que Dufay y a
puisé son instruction. D'autre part, M. Kie-
sewetter remarque qu'antérieurement à ce
musicien , toute Ja notation était noire et
dans le système exposé par Francon ; tan-
dis que la notation blanche apparaît pour
la première fois dans les compositions de
Dufay, de Binchois et de Dunstaple ; par-
ticulièrement du premier (Voy. l'ouvrage
de M. Kiesewetter intitulé : Geschichle
der europœisch - abenlœndischeti oder
unsrer heutigen Musik Darslellung ehres
Ursprunges, etc., p. 42-49). M. Kiese-
•wetter dans ces remarques , paraît avoir
été préoccupé par l'opinion reproduite en
plusieurs endroits de ses ouvrages, qu'il
n'y a point eu de véritable école de mu-
850
DUF
DUF
siqne en France dans ces temps anciens ,
et avoir oublié que Dufay a été précisé-
ment renommé pour les perfectionnemens
qu'il a portés dans l'harmonie et pour ses
inventions dans la notation. S'il y eût eu
un art plus avancé sous les rapports de
l'harmonie et de la notation dans les Pays-
Bas, les trouvères picards de la fin du
13e siècle et du commencement du 14e,
ne l'auraient point ignoré et n'auraient
pas tardé à le répandre en France. L'in-
fluence de Dufay sur les perfectionnemens
de l'art ne peut être mise en doute , car
Tinctoris , Adam de Fulde, Spataro, Ga-
fori , ont signalé précisément ce maître
comme ayant eu la plus grande part aux
perfectionnemens de la musique de son
temps. Adam de Fulde {Voyez ce nom),
auteur d'un traité de musique écrit en
1490, dit que Guillaume Dufay fut l'au-
teur d'une multitude d'innovations dans
la notation et dans l'emploi des disso-
nances par prolongation '. D'ailleurs ,
Martin-le-Franc , poète français qui écri-
vait de 1456 à 1459 , et que j'ai cité à
l'article B inchois , ne nous laisse pas de
doute sur l'opinion répandue parmi les
contemporains de Dufay concernant les
perfectionnemens introduits par lui dans
la musique. Je rapporterai de nouveau ici
les vers de ce poète , à cause de leur im-
portance pour le sujet dont il s'agit :
Tapissier, Carmen , Cesaris
N'a pas long-temps si bien chantèrent
Qu'ils esbahirent tout Paris
Et tous ceux qui les fréquentèrent :
Mais oncques jour ne deschantèrent
En mélodie de tel chois
(Ce m'ont ditceulx qui les hantèrent)
Que Guillaume Dufay et Binchois.
Car ils ont nouvelle pratique
De faire frisque concordance
En haute et en basse musique,
En feinte, en pause et en muance.
Etc. , etc.
Voilà bien les inventions , la nouvelle
pratique de Dufay et de Binchois consta-
I Cujus rei venerubilem Cuilhelmum Duffity inven-
Jorcm exlilisse credo, quem et moderniores musici
tée dans l'harmonie {la frisque concor-
dance , et la feinte, ou retard de conson-
nanee) et dans la notation {la pause).
Cependant l'art existait déjà avant eux en
France, bien que moins avancé, puisque
trois musiciens, Tapissier ; Carmen et
Cesaris , pouvaient esbahir tout Paris.
A l'égard de l'argument tiré par M. de
Kiesewetter du peu de vraisemblance qu'on
ait passé subitement de la notation noire
à la notation blanche de Dufay , et de la
probabilité que cette dernière notation était
en usage dans les Pays-Bas lorsqu'elle était
encore inconnue en France et en Italie, je
ferai voir, lorsque je publierai le traité du
contrepoint de Jean de Mûris , dont je
suis possesseur , et un traité de musique
daté de Paris le 12 janvier 1375, que la
notation blanche était déjà connue en
France avant Guillaume Dufay , ou du
moins dans sa jeunesse, bien que d'un
usage peu répandu et bien qu'elle fût peu
perfectionnée. Je ferai voir par la publica-
cation de morceaux de musique composés
.dans la première moitié du 15e siècle, que
l'usage de la notation blanche ne s'était
pas tellement répandu qu'on ne se servît
encore de la noire à cette époque ; enfin ,
je ferai voir par deux chansons à trois voix
composées aussi au temps de Dufay dans
les Pays-Bas , et tirées d'un manuscrit des
archives de Gand , que la notation noire
était encore celle dont on se servait alors
dans ce pays, et que l'art d'écrire en har-
monie y était inférieur à celui dont ce
musicien a fait preuve dans ses ouvrages.
D'où il suit qu'on ne peut contester à Du-
fay l'importance de ses travaux ^ ~ des
suppositions gratuites d'un avan^...ont
antérieur de l'art dans les Pays-Bas , et
que sa gloire reste entière (V. le Résumé
philos, del'hist. delà musique, p. cxcix).
Que Dufay ait commencé l'étude de la
musique dans la Belgique , cela est vrai-
semblable puisqu'il y était né , mais il a
pu les continuer en France , et y prendre
omnes imilanlur , etc. (Vide Script, ecclesiast. de
Musicâ, auct. M. Gerberto, t, 3, p. 350.)
DUF
les premières notions de Ja notation Man-
che dont il a ensuite propagé l'usage et
perfectionné le système.
M. l'abbé Baini a trouvé dans les ar-
chives de la chapelle pontificale de Rome
la preuve que Dufay était attaché à cette
chapelle, en qualité de ténor, dans l'année
1580. Il ne devait pas être alors âgé de
moins de vingt-cinq ans , en sorte qu'il a
dû naître vers 1350 ou 1555 au plus tard.
Il demeura attaché à cette chapelle tout le
reste de sa vie , et mourut en 1452 , dans
un âge avancé , circonstance qui prouve
que' l'époque de sa naissance doit être
placée vers 1350. Pendant le temps ou il
fut au service de la chapelle pontificale ,
il paraît qu'il visita la France et les
Pays-Bas, car quelques vers de Martin-le-
Franc semblent indiquer que ce poète l'a
tu à la cour des ducs de Bourgogne {V. le
t. 2 de cette Biographie, p. 199).
Les archives de la chapelle pontificale
renferment quelques messes composées par
Guillaume Dufay, et dont les titres sont :
Ecce ancilla Domini , Omme (Homme) ,
L'Ommearmé, Se la face ay pale, Tant
me déduis. Tinctoris cite aussi la messe
de ce compositeur intitulée De Saint- An-
toine. M. Kiesewetter a publié le Kyrie
(à quatre voix) de la messe Se la face ay
pale, le Benedictus de la messe Ecce an-
cilla Domini (à deux voix) , le Kyrie
(à quatre voix) de la messe de L'Homme
armé. Un manuscrit intéressant qui ap-
partient à M. Guilbert de Pixérécourt con-
tient des motets et des chansons françaises
de Dufay , entre autres la chanson à trois
voix, Qtfit mille escus quant je voeldroie,
me, ,f-7.-.t très remarquable par les imita-
tions bien faites qu'il contient , et par la
pureté de son harmonie.
Plusieurs auteurs ont dit que Dufay a
ajouté deux octaves au système complet de
Gui d'Arezzo ; cette assertion ne soutient
pas l'examen des monumehs historiques
de l'art, comme je le prouverai dans mon
histoire de la musique. Il est plus raison-
nable de s'en tenir à cet égard au texte
DUG
351
à' Adam de Fulde, qui dit que Dufay
ajouta quelques notes au-dessous du
Gamma-ut grave du système de Gui , et
quelques autres notes au-dessus de cc-la.
DUFRESNE (françois), violiniste à
l'orchestre de l'Opéra , fils d'un musicien
de la Comédie-Française , est né à Paris
vers 1780. Il a composé et publié quatre
concertos pour son instrument, des qua-
tuors , des pots-pourris et des airs variés
pour deux violons et basse , plusieurs œu-
vres de duos et des solos. Le père de
M. Dufresne , a publié à Paris , en 1779 ,
six solos pour flûte, op. 1.
DUGAZON (louise -Rosalie LEFÊ-
VRE), femme d'un acteur renommé delà
Comédie-Française, naquit à Berlin, en
1755, et vint à Paris à l'âge de huit ans.
En 1767 on la fit débuter comme danseuse
au théâtre d'Opéra-Comique qu'on appe-
lait alors la Comédie-Italienne. Sa grâce ,
sa gentillesse , l'intelligence dont elle fai-
sait preuve, et le succès qu'elle obtint dans
quelques petits airs qu'on lui fit chanter,
déterminèrent sa vocation pour le genre
des comédies à ariettes. Le premier rôle
qu'on lui confia fut celui de Pauline dans
le Sylvain , de Grétry. Elle y fut applau-
die avec transport dès son début , qui eut
lieu le 50 juillet 1774. Sans posséder une
belle voix et sans instruction dans l'art
du chant, elle savait exciter l'enthousiasme
des habitués de la Comédie-Italienne par
les accens d'un organe plein de charme.
D'ailleurs , actrice douée d'instinct , de
finesse et de sensibilité, elle savait émou-
voir , faisait verser des larmes ou provo-
quait à son gré la gaieté. Les personnes
qui l'ont entendue dans sa jeunesse par-
lent encore avec admiration de son jeu et
même de son chant dans les rôles de Ba-
bet(àe Biaise et Babet), de Justine (dans
Alexis et Justine) , et surtout de Nina.
Lorsque l'âge ne lui permit plus de jouer
ces rôles , elle prit ceux de mères ; mais
quoiqu'elle y fût encore bonne actrice ,
elle n'y produisit plus autant d'effet que
dans ceux de sa jeunesse. En 1792, cette
352
DUG
DUI
excellente actrice se retira de la scène;
elle y reparut en 1795 , et parut au pu-
blic n'avoir rien perdu de son talent.
Dans Le Prisonnier , dans Le Calife de
Bagdad, et dans beaucoup d'autres pièces
elle mit à ses rôles un cachet particulier
de gaîté et de finesse que n'ont pu retrou-
ver toutes les actrices qui lui ont succédé.
Madame Dugazon a donné son nom aux
rôles de sa jeunesse et de son âge mûr ; on
les distingue encore au théâtre en Jeunes
Dugazon, et Mères Dugazon. Retirée
du théâtre en 1806, cette actrice est morte
le 22 septembre 1821, à l'âge de soixante-
six ans.
DUGAZON (gustave), fils de la précé-
dente, naquit à Paris en 1782. Admis au
Conservatoire de musique de cette ville ,
il y devint élève de M. Berton pour l'har-
monie , et , après avoir interrompu plu-
sieurs fois ses études , passa sous la direc-
tion de Gossec pour la composition. En
1806 , il concourut à l'Institut de France
et obtint le deuxième grand prix ; puis il
se livra à l'enseignement du piano et pu-
blia plusieurs morceaux détachés pour cet
instrument. Son premier ouvrage pour la
scène fut un ballet intitulé Noëmi ; il
l'écrivit pour le théâtre de la Porte-Saint-
Martin. En 1812, il fit représenter au
théâtre Feydeau Marguerite de Walde-
mar, opéra en trois actes, qui fut suivi
de La Noce Ecossaise, en un acte (1814),
et du Chevalier d'Industrie , en un acte
(1818), composé en société avec M. Prad-
her. Aucun de ces ouvrages ne réussit.
Pour l'Opéra , Dugazon a écrit : 1° Les
Fiancées de Caserte , ballet en un acte
(1817); Alfred-le-Grand , ballet en trois
actes , arrangé avec la musique du comte
de Gallenberg (1822); Aline, ballet en
trois actes , en société avec M. Berton
(1823). Parmi les compositions instrumen-
tales de Dugazon , on remarque cinq mé-
langes d'airs variés en trios pour piano ,
violon et violoncelle, Paris, Dufaut et Du-
bois , et Janet et Cotelle ; cinq mélanges
d'airs et nocturnes pour piano et cor,
Paris, Gaveanx, Petit, Janet, Pacini ;
fantaisies, mélanges d'airs, préludes et toc-
cates pour piano seul , Paris , Dufaut et
Dubois, Leduc, Petit, Janet, Schlesinger ;
airs variés pour piano seul, Paris, Petit ,
Janet , Dufaut et Dubois ; quadrilles de
contredanses pour piano ; duos pour harpe
et piano, Paris, Le Duc. On a aussi de ce
musicien plusieurs recueils de romances
et de nocturnes à deux voix. Dugazon est
mort à Paris vers la fin de l'année 1826.
DUGUET (l'aebe), maître de musique
à l'église Saint-Germain-l'Auxerrois , en
1767 , passa en la même qualité à Notre-
Dame, en 1780. Il a composé beaucoup
de messes et de motets qu'on conserve en
manuscrit dans la bibliothèque de la ca-
thédrale de Paris. En 1767, il fit exécu-
ter avec succès un motet de sa composi-
tion an Concert spirituel.
DUIFFOPRUGCAR (gaspard), célèbre
luthier , né dans le Tyrol Italien vers la
fin du 15e siècle, voyagea d'abord en Alle-
magne et s'établit ensuite à Bologne , vers
1510. François Ier, roi de France, étant
allé dans cette ville en 1515 , pour y éta-
blir le concordat avec Léon X , entendit
parler des talens de Duiffoprugcar, et lui
fit faire des offres si avantageuses qu'il le
détermina à venir à Paris. Il paraît que le
climat nébuleux de la capitale ne conve-
nant point à la santé de cet artiste, il ob-
tint la permission de se retirer à Lyon.
Plusieurs instrumens sortis de ses mains
sont datés de cette ville. On a gravé son
portrait en médaillon, où il est représenté
entouré d'instrumens , tenant un compas
d'une main et un manche de l'autre : ce
portrait est daté de 1562, ce qui pour-
rait faire croire qu'il vivait encore alors.
M. Cartier a possédé une belle basse de
viole et un ténor de viole de cet artiste
célèbre, et M. Raoul, amateur distingué
comme violoncelliste, a aussi une basse de
viole de Duiffoprugcar , remarquable par
sa beauté et la belle qualité de ses sons.
L'instrument le plus intéressant peut-être
qui existe aujourd'hui, de ce luthier célèbre,
DUL
est un violon grand patron , le seul connu
jusqu'à ce jour, et qui porte son nom, avec
la date de 1539. La qualité des sons de
cet instrument est puissante, pénétrante,
et porte au loin dans une grande salle. La
tête représente une figure de fou de roi,
avec une fraise plissée. Ce violon appartient
à M. Merts , premier violon solo du grand
théâtre de Bruxelles.
DULC1NO (jean-baptiste) , composi-
teur italien qui vivait au commencement
du 17e siècle. Il a publié un recueil de
motets de sa composition sous ce titre :
Cantiones sacrœ octo vocibus una cum
litaniis B. M. Virginis et Magnificat
cumB. C, Venise, 1609, in-4°.
DULICH (philippe), né à Chemnitz, en
1563 , fut professeur de musique à l'an-
cienne école normale de Stettin , et mou-
rut dans cette ville en 1631 , à l'âge de
soixante-huit ans. On a imprimé de sa
composition : 1° Centuriœ 6 octonum et
seplennum vocum harmonias sacras
lauclibus sanctœ triados consecratas con-
tinentis , Stettin, 1607, in-4°. La se-
conde partie de cet ouvrage a paru en 1610,
et la troisième en 1612 ; 2° Novuni opus
musicumduarum partium continens dicta
insignora ex evangeliis dierum domin.
etfostorum tolius anni desumpta et qui-
narum vocum concentu exornata, etc.,
Leipsick, 1609, in-4°.
DULING (antoine), né à Magdehourg,
vers la fin du 16e siècle, fut chantre à
Cobourg. 11 a publié : Cythara melica ,
oder XXXII laleinisclie Motetten fur
8 bis 12 Slimmen , auf die Fest-Tage
gerichtet (Trente-deux motets latins , de-
puis huit voix jusqu'à douze , etc.), Mag-
dehourg, 1620.
DULKEN (jean-louis) , né à Amster-
dam , le 5 août 1761 , apprit dans sa ville
natale , et ensuite à Paris , sous la direc-
tion de son père, l'art de confectionner des
clavecins, forteqnano et autres instrumens.
En 1781 , l'électeur de Bavière le fit ve-
nir à Munich, où il épousa la célèbre pia-
niste Sophie Lebrun , et où il se trouvait
TOME III.
DUM
353
encore en 1S12. Les pianos qu'il y a fa-
briqués ont un si haut degré de perfection,
pour la qualité du son et le fini du méca-
nisme , que ses instrumens se sont répan-
dus,non seulement danstouterAllemagne,
mais même en Suisse et en Italie, et qu'ils
y sont fort recherchés.
DULON (fréderic-louis) , flûtiste, est
né à Havelberg (Prusse) , en 1779. Il n'é-
tait âgé que de trois mois lorsqu'il devint
aveugle. Son père, qui était inspecteur de
l'accise, jouait fort bien de la flûte, et était
élève de Quanz. Il lui enseigna à jouer de
cet instrument, et Angerstein, organiste
de la ville , lui donna des leçons d'orgue.
Ses progrès sur ces deux instrumens furent
rapides. A l'âge de treize ans, il fit un
voyage dans les principales villes de l'Eu-
rope, accompagné de sa sœur, et partout il
excita l'admiration générale par la manière
brillante dont il jouait les pièces les plus
difficiles. Il composait aussi et dictait ses
ouvrages avec facilité. En 1796 , il alla à
Saint-Pétersbourg, où il obtint le titre de
musicien de l'empereur de Russie. Deux ans
après, il revint dans son pays et s'y fixa.
La cour de Russie lui avait fait une pen-
sion , qui lui a été payée régulièrement.
CM. Wielanda publié La vie et les opi-
nions de Dulon, joueur de flûte aveugle,
dictées par lui-même sous ce titre : Du-
lons des blinden Flœtenspielers Leben
und Meynungen , -von ihm selbst bear-
beitet, Zurich, 1807-1808, deux vol. in-8°.
On a de ce musicien les compositions dont
les titres suivent : 1° Trois duos pour
flûte et violon, op. 1 , Leipsick, 1800 j
2° Douze variations pour flûte et violon,
op. 2 , ibid. , 1 800 ; 5° Trois duos pour
flûte et violon, op. 3, ibid., 1801 j 4° Ca-
prices pour une et deux flûtes , op. 4,
ibid.; 5° Trois duos pour deux flûtes ,
op . 5 , ibid . ; 6° Trois duos pour flûtes et
violon, op. 6, ibid.,- 7° Premier concerto
pour la flûte , en sol, op. 8 , ibid. Cet ar-
tiste intéressant est mort à Wùrzbourg, le
7 juillet 1826.
DUMANOIR (Guillaume), fils d'un mé-
23
304
DUM
DUM
nétrier de Paris , succéda en 1659 à Con-
stantin , dans la charge grotesque de Roi
des violons et maître des ménétriers } de
la confrérie de Saint-Julien , charge qui
avait été établie à Paris, en 1331, et que
Charles VI avait confirmée par une ordon-
nance datée du 24 avril 1407. Les pré-
tentions du roi des violons, qui voulait
asservir tous les musiciens , et même les
organistes , à se faire recevoir maîtres de
danse , occasionnèrent souvent des procès
qui furent toujours jugés en faveur des
musiciens. Dumanoir fut le premier qui
établit cette prétention dans une brochure
de cent vingt pages in-12, écrite d'un style
bas et grossier, et intitulée : Le Mariage
de la musique avec la danse , Paris ,
1664. Une ordonnance de police rendue
contre Dumanoir, en faveur des joueurs de
hautbois, le 29 avril 1689, nous apprend
qu'il exerçait encore sa charge à cette
époque. Son fils, nommé Guillaume comme
lui , et qu'on appelait Dumanoir second ,
lui succéda en 1690 ; mais il se démit de
son emploi, par acte passé devant notaire ,
le premier décembre 1695.
DUMAS (louis), fils naturel de Mont-
calm , seigneur de Saint- Veran et de Can-
diac, naquit à Nîmes en 1676. Il étudia
la jurisprudence , la philosophie , et se lia
avec le P. Mallebranche , qui le fortifia
dans son goût pour la dernière de ces
sciences. Il finit par se livrer à la culture
des lettres et des arts : la musique devint
particulièrement l'objet de ses études. Il
passa les dernières années de sa vie au
château de Vaujour , à quelques lieues de
Paris, et y mourut le 19 janvier 1744. On a
decetamateurdesarts : L'Art de composer
toutes sortes de musique sans être obligé
de connaître le ton ni le mode, Paris,
1711, in-4°.
DUMAS (antoine-jgseph) , né à Bé-
thune en 1705, fit ses études à Arras, et
se rendit à Paris, après les avoir termi-
nées , pour y faire connaître une méthode
d'enseignement pour les enfans, qu'il avait
inventée, et qu'il appelait la Méthode du
bureau typographique.' Ce bureau était
une imitation des procédés de composition
de l'imprimerie, et par son moyen, les en-
fans apprenaient à assembler les lettres
dont les mots sont formés , et à décompo-
ser ceux-ci , pour parvenir à lire avec
promptitude. Dumas appliqua, ses procé-
dés à la musique, et publia sur ce sujet un
livre intitulé : L'Art de la musique en-
seigné et pratiqué par la méthode du
bureau typographique , établi sur une
seule clef } sur un seul ton et sur un seul
signe de mesure, Paris, sans date (1755),
in-4° obi. d'environ 450 pages, tout gravé.
Un abrégé de cet ouvrage a paru sous ce
titre : L'Art de la musique enseigné et
pratiqué sans transposer, joint à une in-
troduction à la connaissance des clefs
pour la démonstration des voix rela-
tives 7 Paris, sans date (1758), in-4°,
gravé. La méthode de Dumas, en ce qui
concerne l'unité de clef, a beaucoup d'a-
nalogie avec les principes qui servent de
base à la méthode plus moderne du mélo-
plaste.
DU31AS ( . . .), facteur d'instrumens,
à Paris, né à Sommières, inventa en 1810
une Basse guerrière, instrument du genre
de la clarinette qu'il destinait à joner les
parties de basse dans la musique militaire.
Cet instrument fut soumis à l'examen
d'une commission qui l'éprouva , et il fut
décidé qu'il serait employé dans la musi-
que de la garde impériale ; toutefois cette
clarinette basse ne fut pas alors introduite
dans la musique d'instruments à vent; ce
n'est que depuis peu d'années qu'on a re-
connu l'utilité de ce genre d'instrument
et que l'usage à commencé à s'en établir
Dumas est mort à Versailles en 1828.
DUMENIL ou DUMENI , acteur del'Ô
péra du temps de Lulli , avait une hautt
contre de la plus belle qualité 5 il chanta
long- temps les premiers rôles avec le plus
grand succès . Son début eut lieu en 1677 ,
dans l'opéra iïlsis; il mourut en 1715, fort
âgé. 11 avait été cuisinier de M. de Fou-
cault, intendant de Montauban, ce qui fit
DUM
qu'an plaisant du artcrre s'écria, un jour
qu'il jouait le rôle le Phaélon :
« Ah ! Phaéton ! est-il possible
« Que vous ayez fait du bouillon? »
Ce fut lui qui joua le premier le rôle
de Renaud dans Armide. Mattheson , qui
l'avait entendu, dit qu'il chantait comme
un cuistre. C'était un homme abject , vi-
vant aux dépens des filles de l'Opéra , se
laissant hattre par elles . et ne paraissant
sur la scène que dans un état d'ivresse ha-
bituelle (Voyez Maupin).
DUMONCHAU (charles-françois), né
à Strasbourg le 11 avril 1775 , et non le
15 février 1778, comme on le dit dans le
Dictionnaire historique des musiciens de
Choron et Fayolle. Son père lui enseigna
les principes de la musique et lui donna
des leçons de violoncelle ; Berg lui donna
ensuite des leçons d'harmonie et Baumayr
lui enseigna à jouer du piano. Cet instru-
ment lui fit négliger l'étude du violon-
celle; il y fit de rapides progrès 'et acquit
une hahileté peu commune , particulière-
ment dans l'exécution de la musique fu-
guée. La guerre vint interrompre' ses
études. 11 fut employé dans l'administra-
tion des vivres de l'armée, et les événemens
militaires le conduisirent à Paris où il se
lia d'amitié avec Kreutzer , à qui il dédia
son premier œuvre , qui consistait en
sonates de piano. Admis au Conservatoire
de musique , il y reprit ses études de piano
et de composition; mais quelque temps
après il sortit de eette école pour prendre
des leçons de Wœffl. En 1805 il donna au
théâtre de la Porte-St. -Martin un opéra-
.eomique intitulé L'Officier Cosaque ', cet
mvrage eut quelque succès ; les morceaux
détachés ont été gravés avec accompagne-
ment de piano chez Leduc. Peu de temps
après, Dumonchau retourna à Strasbourg,
y vécut comme professeur de piano, et
alla s'établir à Lyon en 1809. Il mourut
dans cette ville le 21 décembre 1820.
Comme compositeur, Dumonchau se dis-
tingue par un style élégant et pur ; mais
DUM
355
il manquait d'invention : de là vient que
sa musique est déjà oubliée depuis long-
temps. Il a fait gravera Paris : 1° Trente-
trois sonates pour piano seul, œuvres 1,5,
5, 19, 21, 26, 28, 30 et 52; 2° Vingt-
quatre sonates pour piano avec violon ou
flûte , œuvres 4 , 15 , 15 , 20 , 25 et 24 ;
3° Deux trois pour piano, violon et basse,
op. 29 et 54; 4° Deux concertos de piano ,
œuvres 12 et 55 ; 5° Des bagatelles , des
airs variés, des mélanges et des pots-pour-
ris. 11 a laissé en manuscrit quelques com-
positions , entre autres une symphonie
concertante pour flûte, hautbois et basson,
et un concerto pour cor.
DUMONT (henri), né près de Liège, en
1610, apprit dans cette ville la musique
et à jouer de l'orgue. Etonnés de la rapi-
dité de ses progrès, ses parens l'envoyèrent
à Paris pour qu'il y perfectionnât ses talens.
En 1659, il obtint l'orgue de St-Paul ,
et peu de temps après le roi ayant entendu
quelques morceaux de sa composition , en
fut si content qu'il nomma Dumont l'un
des maîtres de sa musique, où il remplaça
Spirli et Gobert. Il remplit les fonctions
de cette place pendant trente ans , con-
jointement avec son confrère l'abbé Ro-
bert. La reine, qui aimait la musique de
Dumont , donna à ce musicien le même
emploi dans sa maison, et le fit nommer à
l'abbaye de Silly. La musique qui se
chantait à la chapelle du roi avait été,
jusques vers 1670 , composée seulement
pour les voix, selon l'ancien système, avec
une partie de basse instrumentale , qu'on
appelait basse continue; Louis XIV, porté
vers tout ce qui avait un air de grandeur,
désira qu'à l'exemple de Carissimi et de
ses imitateurs , les maîtres de sa musique
joignissent à leurs motets des accompagne-
mens d'orchestre : il en parla à Dumont,
qui, religieux observateur des décisions du
concile de Trente, répondit au roi qu'il ne
pouvait se prêter à ce qui lui était de-
mandé. Louis XIV, curieux d'examiner
d'où pouvait naître ce scrupule, consulta
l'archevêque de Paris (de Harlay) , qui
23*
S56
DON
décida que le concile avait proscrit les
abus de la symphonie , mais non la sym-
phonie elle-même : Dumont ne se rendit
qu'avec peine à cette décision . Il se pourrait
que le concile eût été d'un grand secours au
maître de chapelle, pour cacher son inha-
bileté à se servir d'un orchestre. Quoi qu'il
en soit, peu de temps après (en 1674) , il
demanda et obtint sa retraite de vété-
rance. Il mourut en 1684, et fut inhumé
dans l'église de St. -Paul, dont il avait été
organiste pendant 45 ans.
On a de Dumont cinq messes en plain-
chant , connues sous le nom de messes
royales , qu'on chante aux fêtes solen-
nelles dans plusieurs églises de France.
Ses autres ouvrages sont : 1° Mélanges à
2, 5 , 4 et 5 Parties avec la basse conti-
nue , contenant plusieurs chansons, mo-
tels, magnificat, préludes et allemandes
pour l'orgue et pour les violes. Livre Ier,
Paris, Robert Ballard, 1649, in-4°; 2° Mé-
langes à 2 , 3 , 4 et 5 parties , etc.
IIe Livre, Ibid. 1757, in-4° ; 3° Canlica
sacra , 2, 3 , 4 voc. et instrumentis mo-
dulata , adjectœ itidem litaniœ 2 , vo-
cibus ad libitum 3 et 4 , cum basso
continuo. Liber primus. Paris , R. Rai-
lard, 1662, in-4°; 4° Motets à deux voix
avec la basse continue, Ibid, 1668, in-4°;
5° Motets à 2, 3 et 4 parties pour voix
et instrumens avec la basse continue ,
Paris, Christophe Ballard, 1681, in-4°. Il
est vraisemblable que ceux qui ont été
publiés chez le même imprimeur, en 1686,
sous le titre de Motets pour la chapelle
du Roi mis en musique par M. Du-
mont etc., sont la seconde édition de
ceux-ci.
DUNI (e'gide-komuald) , compositeur
dramatique , naquit à Matera , dans le
royaume de Naples, le 9 février 1709, d'un
maître de chapelle, dont il était le dixième
enfant. Lorsqu'il eut atteint l'âge de neuf
ans , on l'envoya au conservatoire Dei
Poveri di Giesit Christo, à Naples, dirigé
alors par Durante. Ses études étant termi-
nées, il se rendit à Rome, où il fut chargé
DUN
d'écrire l'opéra de Nerone , en concur-
rence avec Pergolèse, qui travaillait alors
à son Olympiade ; et , ce qu'on aurait
peine à comprendre en comparant les deux
partitions , l'ouvrage de Pergolèse tomba ,
et celui de Duni eut le plus grand succès.
On doit rendre justice à celui-ci ; il ne
s'enorgueillit point de son triomphe, et
proclama hautement la supériorité de son
rival. Chargé d'une mission secrète pour
Vienne , par la cour de Rome , il profita
de cette occasion pour faire entendre sa
musique dans la capitale de l'Autriche. Il
revint ensuite dans sa patrie , où il fut
nommé maître de chapelle de St. -Nicolas
de Bari. Quelques années après il écrivit
pour le théâtre St. -Charles , de Naples ,
l'opéra & Artaxerchs , qui eut du succès ;
après quoi il se rendit à Venise et de là à
Paris et à Londres , où il composa la mu-
sique de plusieurs ouvrages. Une maladie
chronique , dont il ressentait les effets ,
l'inquiétait beaucoup; les médecins an-
glais lui conseillèrent de passer en Hol-
lande , pour y consulter Boërhave, qui le
guérit en effet ; mais comme il revenait
dans sa patrie , il fut attaqué par des
voleurs , près de Milan , et le trouble que
lui causa cet événement détruisit sa santé
pour toujours. Après avoir visité Gênes, il
fut chargé d'enseigner la musique à la fille
de l'infant de Parme. La cour de ce prince
étant presque toute française , Duni se
hasarda à écrire quelques petits opéras
dans cette langue. Son coup d'essai fut la
Ninette à la cour de Favart; le succès fut
si grand, qu'on lui envoya La Chercheuse
d'esprit et le Peintre amoureux de son
modèle. En 1757 , il revint à Paris où il
se fixa, et, après y avoir fait la musique de
dix-huit opéras, dans l'espace de treize ans,
il y mourut le 11 juin 1775. Presque tous
les opéras français de Duni ont eu du
succès. Pour juger du mérite de sa musi-
que, il ne faut point y chercher des formes
développées, auxquelles on est maintenant
accoutumé, mais qui étaient inconnues de
son temps j son instrumentation est nulle,
DUN
DUP
357
et même, sous ce rapport, il est très inférieur
à Pergolèse,etàtous les compositeurs sortis
comme lui de la première école de Du-
rante; son expression dramatique manque
souvent de force , mais ses mélodies sont
naturelles et gracieuses ; il a de la faite
et même quelquefois de la verve comique.
Ses opéras italiens sont Nérone , Arta-
serce, Bajazet, Ciro , Ipermnestre , De-
mofonte, Alessandro, Adriano, Catone,
Didone, Demetrio, l'Olimpiade. Voici la
liste de ses opéras français : Ninette à la
Cour (1755) , le Peintre amoureux de
son modèle (1757) , Le docteur San-
grado , La Veuve indécise (1758) ; La
Fille malgardée (1759), Nina etLindor,
Ij'Ile des fous , Mazet (1761) , La bonne
Jille , le Retour au village (1762); La
Plaideuse et le Procès, Le Milicien, Les
Chasseurs et la Laitière, Le Rendez-vous
(1763) ; L'Ecole de la jeunesse, La Fée
Urgèle (1765) , La Clochette (1766) ; les
Moissonneurs, Les Sabots (1768), Thé-
mire (1770).
DUNKEL (françois) , né à Dresde en
1769, commença l'étude de la musique à
l'âge de six ans , sous la direction de son
père, musicien de la chapelle de l'électeur
de Saxe , et apprit ensuite le contrepoint
par les leçons de Weinlig. En 1788 , il
entra comme violiniste dans la cbapelle
de son souverain. Il a composé : 1° Les
anges près de la Croix, oratorio ; 2° Trois
cantates ; 3° Recueil de chansons avec
ace. de piano, Dresde, 1790; 4° Duos
pour flûte et violon, ibid. , 1792;
5° L'ouverture et les chœurs d'un drame
intitulé : Kein Faustrecht mehr, qui
fut représenté à Weimar en 1797. Dunkel
a laissé aussi en manuscrit des sympho-
nies, des concertos pour le violon et le
violoncelle, des quintetti , des quatuors,
des trios et des duos.
DUNSTABLE (jean) ou DUNSTAPLE,
né vers 1400 dans un bourg d'Ecosse,
dont il prit le nom , est cité par les écri-
vains sur la musique des quinzième et
seizième siècles, avec Dufay et Binchois,
comme auteur de plusieurs perfectionne-
mens importons dans l'harmonie et dans
la notation. Tinctor va même jusqu'à lui
attribuer l'invention du contrepoint; opi-
nion dont le ridicule est trop évident pour
qu'on entreprenne de la réfuter sérieuse-
ment , qui cependant a été copiée par
Marpurg et les auteurs du supplément
de l'Encyclopédie, et que Burney a prise
au sérieux. Ce qui a donné lieu à cette
erreur, c'est qu'on a confondu le musicien
dont il est ici question avec Dunstan ,
évêque de Cantorbéry , mort en 988 , qui
aimait la musique, et qui avait fait placer
dans l'abbaye de Malmesbury le premier
orgue qui eut paru en Angleterre. Dun-
stable mourut en 1458, et fut enterré
dans l'église de Saint-Etienne, à Wal-
brook. Il est qualifié dans son épitaphe de
Mathématicien, de maître d'astrono-
mie et de musicien. Gafori {Pract.-Mus.
L. 2, c. 7.) Morley (I/itrod., p. 178) , et
Bavenscroft (Brieje dise, p. 1 et suiv.) lui
attribuent un traité De Mensurabili
Musicd qui est perdu. Le même Gafori
donne ( loc. cit. ) un veni Sancte Spiritus
à trois voix composé par Dunstable. Si
l'on j>eut juger de son talent par ce mor-
ceau , il était fort inférieur à celui de
Dufay.
DUPABC (elisabeth) , cantatrice fran-
çaise, chanta pendant long-temps en Italie,
où elle était connue sous le nom de la
Francesina. En 1736, elle se rendit à
Londres où elle chanta deux ans après
dans l'opéra de Pharamond de Handel.
En 1745 elle remplit l'emploi de prima
donna dans les oratorios du même com-
positeur. Son portrait a été gravé.
DUPHLY ( . . . ) , bon claveciniste et
professeur distingué , est né à Dieppe en
1716. Il avait eu pour maître de clavecin
Dagincourt , organiste à Bouen. Vers
1750, il vint s'établir à Paris , où son ta-
lent le fit rechercher avec empresse-
ment. Il y publia quatre livres de pièces
de clavecin. Il est mort en 1788.
DUPIEBGE (felix-tiburce-auguste),
358
DUP
DUP
né à Courbevoye, près de Paris, le 11 avril
1784, est élève de son père pour le violon
et pour la composition. Il est entré comme
violiniste à l'orchestre de l'Opéra-Comi-
qde. On a gravé à Paris les ouvrages sui-
vans de sa composition : 1° Duos pour
deux violons, œuvres 1, 5, 6 et 7; 2° Deux
concertos pour le violou , œuvre 2 et 4 5
3° Grandes sonates pour le piano avec
accomp. de violon, liv. 1, 2 et 3; 4° Mé-
thode de violon, Paris, Frère. La musique
de violon de cet artiste a eu du succès et
est estimée. Vers 1815, M. Dupierge a
quitté l'orchestre de FOpéra-Comique pour
se fixer à Rouen.
DUPLESSlS (le jeune) , violon de
l'Opéra , entra à l'orchestre de ce théâtre ,
aux appointemens de 450 livrés , fut
nommé maître de musique de l'école de
magasin de l'Opéra en 1748, et mis à la
retraite ad mois de décembre 1749. Il a
écrit la musique d'un opéra-ballet joué en
1734 , sous ce titre : Les Fêtes nou-
velles.
Le frère de cet artiste , connu sous le
nom de Duplessis l'aîné, était entré
comme violiniste à l'Opéra en 1704, et se
retira après quarante-quatre ans de ser-
vice en 1748. On a de lui deux livres de
sonates de violon , gravés à Paris.
DUPLESSIS (le chevalier LENOIR),
né à Paris en 1754, a donné sur le petit
théâtre des élèves de l'Opéra de Paris
l'amOuf enchaîné par Diane (en 1779) ,
opéra en un acte, composé en société avec
Edeltiiann, et Don Carlos, ou La Belle in-
visible (1780). Cette dernière pièce est un
pastiche arrangé avec de la musique de
plusieurs auteurs italiens.
DUPONT (hENRi-BONAVENTCRE), rflUSi-
cien à Paris, au commencement du dlx-
huitièrne siècle , a publié dans cette ville
des Prinôipes de musique par demandes
et par réponses , Paris , 1713 , in-4°. La
deuxième édition â paTù dans la même
ville en 1718 , in-4°. C'est à tort qu'on a
attribué cet ouvrage à Jean-Baptiste Du-
pont (à qui se rapporte l'article suivant)
dans le Dictionnaire des Musiciens ,
(Paris, 1810).
DUPONT (jêan-baptiste) , violiniste
à l'orchestre de l'Opéra de Paris , depuis
1750 , retiré avec la pension en 1773 , a
fait graver deux concertos pour le violon ,
arrangés sur les airs de Lucile et du Dé-
serteur.
DUPONT (pierre) , littérateur vivant
à Paris vers 1800, est l'auteur d'un écrit
publié sous le voile de l'anonyme, et qui
est intitulé : Réflexions sur la décadence
du théâtre de l'Opéra, ou Aperçu des
moyens capables de le relever, Paris ,
1799,in-12.
DUPORT (jean-pierre), connu sous le
nom de Duport l'aîné, habile violoncel-
liste, est à né à Paris le 27 novembre 1741 .
Il reçut des leçons de Berthaut, et devint
bientôt le meilleur élève de ce virtuose.
En 1761 , il se fit entendre au concert
spirituel pour la première fois , et réunit
tous les suffrages. Le prince de Conti se
l'attacha, et le garda dans sa musique jus-
qu'en 1769, époque où Duport fit un
voyage en Angleterre. Deux ans après il
alla en Espagne , et enfin, en 1773 , il se
rendit à l'invitation de Frédéric II , roi de
Prusse , et alla à Berlin occuper la place
de premier violoncelliste de là chapelle de
ce prince , qui lui donna pour élève le
prince royal son neveu (depuis Frédéric-
Guillaume II). Depuis 1787 jusqu'en 1806
il remplit les fonctions de surintendant
des concerts delà cour; mais l'état déplo-
rable où la Prusse se trouva réduite après
la perte de la bataillé de Jéna , obligea
le roi à réformer sa musique. Duport con-
tinua cependant à demeurer en Prusse
jusqu'à sa mort , qui eut lieu à Berlin le
31 décembre 1818. Cet artiste tirait un
beau son du violoncelle et jouait saris peirie
les passages les plus difficiles) mais il n'a-
vait pas le style large et expressif de son
fréré , objet de l'article suivant. Il a écrit
et fait graver : 1° Trois duos pour detix
violoncelles, œuvre 1er, Paris, Sieber;
2° Six sonates pour violoncelle et
DUP
DUP
359
basse , Amsterdam et Berlin , 1788.
E. L. Gerber lui attribue aussi plusieurs
autres œuvres de sonates, et des concertos;
mais ces ouvrages appartiennent à son frère.
DUPORT (jean-louis), célèbre violon-
celliste, frère du précédent, naquit à
Paris le 4 octobre 1749. Fils, d'un maître
de danse, il était destiné comme Duport
l'aîné à suivre la profession de son père ;
mais, comme lui, il préféra se livrer à l'é-
tude de la musique. L'instrument qu'il
cboisit d'abord était le violon ; mais séduit
par les succès de son frère , il quitta cet
instrument pour le violoncelle et devint
l'élève de Duport l'aîné. Doué des plus
heureuses dispositions , il fit de rapides
progrès , et surpassa bientôt son maître
en habileté. Il n'avait pas encore atteint
sa vingtième année , et déjà il avait de la
célébrité. Le Concert spirituel , celui des
amateurs , connu depuis sous le nom de
société Olympique , et les réunions mu-
sicales du baron de Bagge offraient alors
aux artistes les moyens de se faire con-
naître. Ce fut là que Duport jeta les fon-
demens de sa réputation , augmentant
chaque jour son talent par les conseils et
les encouragemens qu'il recevait de ses
amis. L'arrivée de Viottià Paris fut l'évé-
nement le plus heureux pour Duport, qui
comprit qu'en appliquant au violoncelle la
manière large et brillante de ce grand
artiste, il obtiendrait des effets inconnus
auparavant* Il travailla donc à se former
un style nouveau , et le succès couronna
ses efforts. Lié d'amitié avec le violoncel-
liste anglais Crosdill, il le suivit à Londres
et y fut accueilli avec enthousiasme; mais
il ne resta que six mois dans la capitale du
royaume britannique.
Les premiers troubles de la révolution
française ayant éclaté en 1789, Duport se
rendit en Prusse, près de son frère, et fut
placé dans la musique de la cour. Il y
jouit de la réputation de premier violon-
celliste de son temps , et fut recherché
avec empressement non seulement par les
artistes , mais par les étrangers qui visi-
taient Berlin. Après un séjour de dix-sept
ans dans cette ville, Duport, ruiné par la
guerre de Prusse, revint en France en 1 806.
Le long intervalle écoulé depuis son dé-
part de Paris y avait affaibli le souvenir
de son talent ; il fallait refaire sa réputa-
tion, et il avait cinquante-huit ans. Le
sentiment de sa force le soutint dans cette
entreprise difficile. Il se fit entendre en
1807 dans un concert qu'il donna à la
salle de la rue Chantereine, conjointement
avec mademoiselle Colbran (aujourd'hui
madame Bossini) , et y excita le plus vif
enthousiasme. On admira la pureté du
son qu'il tirait du violoncelle, son style
jeune encore , suave et large à la fois , et,
ce qui était plus étonnant à son âge, la
vigueur de son coup d'archet. Toutefois ,
soit indifférence de la part de l'autorité
qui était alors chargée de l'administration
des arts, soit par l'effet d'intrigues sourdes,
Duport se vit délaissé. Le Conservatoire,
l'Opéra , la chapelle du prince , tout se
fermait à son approche; il n'y avait de
place nulle part , et l'intéressant artiste ,
ruiné par les événemens politiques et par
des faillites particulières, allait être forcé
de quitter de nouveau sa patrie pour cher-
cher ailleurs du pain, lorsque le roi d'Es-
pagne (Charle IV) , dont lé séjour était
fixé à Marseille, l'attacha à son service.
En 1812, ce prince obtint du gouverne-
ment français l'autorisation de se transpor-
ter à Borne, et Duport fut encore obligé de
revenir à Paris. Dans l'hiver de 1812 à
1813, il parut trois fois aux concerts de
l'Odéon, et , quoique âgé de soixante-cinq
ans , il étonna par la jeunesse de son ta-
lent. Ce fut alors qu'une justice tardive
lui fut enfin rendue. Admis d'abord dans
la musique de l'impératrice Marie-Louise ,
il entra ensuite à la chapelle de l'Empereur
comme violoncelliste solo , et enfin au
Conservatoire comme professeur.
Dégagé des soucis qui l'avaient accablé
pendant plusieurs années , Duport sembla
tout à coup rajeunir. Point de concert où
il ne brillât ; point de soirée musicale dont
360
DUP
il ne fût ; à peine pouvait-il suffire à l'em-
pressement des amateurs. Dans les courts
intervalles que lui laissaient ses engage-
mens de société , il composait des duos ,
des trios et des nocturnes, dans lesquels il
mariait les accens de son violoncelle aux
sons de la harpe de Bochsa, du cor de Du-
vernoy, ou du violon de Lafont. Tout le
monde connait les jolis nocturnes qu'il a
écrits en société avec Bochsa. En 1815 le
Conservatoire fut supprimé ; Duport, qui
n'avait point été compris dans la nouvelle
organisation de l'école royale de musique
en 1816, resta attaché à la musique du
roi. Enfin, à soixante-dix ans, il fut atta-
qué d'une maladie hilieuse, considérée d'a-
bord comme peu dangereuse , mais qui ,
s'étant jetée sur le foie , ne tarda point à
prendre un caractère plus sérieux, et finit
par le conduire au tombeau le 7 septem-
bre 1819. Il laissa en mourant trois en-
fans : deux filles et un fils; celui-ci, après
avoir été quelque temps attaché au théâ-
tre de Lyon comme violoncelliste, a établi
à Paris une fabrique de pianos. Il possède
la basse de son père, admirable instrument
de Stradivari , dont un amateur a offert ,
dit-on , vingt-cinq mille francs. Duport
a composé pour son instrument : 1° Six
concertos , gravés à Paris chez Janet et
Cotelle; 2° Quatre œuvres de sonates,
avec accompagnement de basse , Paris ,
Janet, Sieber; 3° Trois duos pour deux
violoncelles, Paris, Sieber; 4° huit airs
variés, avec orchestre, ou quatuor, Paris,
Pleyel ; 5° Deux airs variés pour violon
et violoncelle, en société avec Jarnowick,
Paris , Sieber ; 6° Romance avec accom-
pagnement de piano , Paris , Janet et C. ;
7° Neuf noctures pour harpe et violoncelle,
en société avec Bochsa , Paris , Pacini ,
Dufaut et Dubois ; 8° Fantaisie pour vio-
loncelle et piano , en société avec Rigel ,
Paris , Janet ; 9° Essai sur le doigté du
violoncelle et la conduite de l'archet ,
avec une suite d'exercices, Paris, Pleyel.
DUPREZ (gilbert), chanteur qui jouit
ajuste titre en Italie d'une brillante ré-
DUP
putation, est né à Paris en 1805. Dès son
enfance il commença l'étude de la musi-
que et y fit de rapides progrès. Séduit par
sa précieuse organisation musicale , Cho-
ron , qui eut occasion d'entendre chanter
cet enfant, le fit entrer à l'école de musi-
que qu'il dirigeait, et donna à son éduca-
tion artistique les soins les plus assidus.
Une connaissance solide et étendue de
toutes les parties de la musique fut donnée
au jeune Duprez, qui justifia les espérances
qu'il avait inspirées. Le premier essai qui
fut fait en public de son talent eut lieu
dans des représentations de YAthalie de
Racine (en 1820), au théâtre Français, où
l'on avait introduit des chœurs et dessolos.
Duprez y chanta une partie de soprano
dans un trio composé pour lui et deux au-
tres élèves de Choron par l'auteur de cette
notice, et l'accent expressif qu'il mit dans
l'exécution de ce morceau fit éclater les
applaudissemens dans toutes les parties
de la salle. Bientôt après vint la mue de
sa voix qui l'obligea de suspendre les études
de chant. Pendant cette crise de l'organe
vocal , il apprit l'harmonie et le contre-
point , et ses essais en composition prou-
vèrent qu'il aurait pu obtenir des succès
en ce genre s'il eût continué à cultiver ses
faculté. Cependant une voix de ténor
avait succédé à sa voix enfantine ; d'abord
faible et sourde de timbre , elle ne laissa
que peu d'espoir pour l'avenir ; mais le
sentiment musical de Duprez était si beau,
si actif, si puissant, qu'il triomphait des
défauts de son organe. Au mois de dé-
cembre 1825 il débuta au théâtre de l'O-
déon, dans le rôle d' ' Almaviva , de la tra-
duction française du Barbier de Séville
de Rossini. Il lui manquait alors de l'as-
surance en lui-même et de l'expérience
dans l'art du chant scénique; toutefois on
put comprendre dès lors que malgré la
faiblesse de sa voix, Duprez serait un chan-
teur distingué. Il resta au théâtre de
l'Odéon jusqu'en 1828, époque où l'opéra
cessa d'être joué à ce théâtre. Il partit alors
pour l'Italie et y obtint, des, engagemens
DUP
DUP
361
qui ne le firent pas remarquer d'abord ,
mais qui furent utiles à son talent et au
développement de sa voix , dont le timbre
acquit plus de puissance. De retour à
Paris en 1830, il joua quelques représen-
tations à l'Opéra-Comique , notamment
dans La Dame Blanche , où les connais-
seurs l'applaudirent et remarquèrent ses
progrès ; mais n'ayant pu contracter d'en-
gagement à ce théâtre, il retourna en Ita-
lie. Depuis ce temps il a chanté dans tontes
les grandes villes, et en dernier lieu à Na-
ples, avec des succès toujours plus écla-
tans. Son organe vocal a pris beaucoup
de développement, et a maintenant de
la puissance. Il est compté au premier
rang des ténors et n'a plus de rival
sur les théâtres italiens , depuis que Ru-
bini est fixé à Paris et à Londres.
DUPUIS ( Thomas SAUNDERS) , doc-
teur en musique, naquit en Angleterre, de
parens français, en 1 733. Son père occupait
quelque emploi à la cour de Georges II ,
et ce fut probablement par cette raison que
le jeune Dupuis fut placé à la chapelle
royale. Il reçut les premières leçons de
musique de Gates , et devint ensuite élève
de Travers , qui était dans ce temps orga-
niste de la chapelle du roi. A la mort du
docteur Boyce, en 1 779, Dupuis fut nommé
organiste et compositeur de la chapelle.
Lors de l'exécution de la grande musique
funèbre en l'honneur de Handel, en 1784 ,
il fut l'un des aides directeurs. Comme
compositeur, il est connu par plusieurs
œuvres de sonates pour le piano , et deux
concertos pour le même instrument, qui
ont été gravés j on a aussi de lui des pièces
d'orgue, deux recueils d'hymnes à l'usage
delà chapelle royale, et quelques antiennes.
Dupuis est mort le 17 juin 1796 , et a été
remplacé, comme organiste de la chapelle
royale par le docteur Arnold , et comme
compositeur du roi par M. Atwood, orga-
niste de Saint-Paul.
DUPUY (henri). V. PUTTE (van de).
DUPUY (. . .), maître de chapelle du
chapitre abbatial de Saint-Saturnin , à
Toulouse, naquit dans cette ville. Dans sa
jeunesse , il avait fait un voyage en Italie
et en avait rapporté le goût de la musique
d'église qu'il avait entendue à Milan , à
Venise , à Bologne et à Rome. De retour
dans sa ville natale , il essaya d'y opérer
une réforme dans la maîtrise où il fut ad-
mis , et y fit entendre quelques bons ou-
vrages de l'école italienne. Lui-même es-
saya de former son style sur ce modèle.
Une messe, quelques motets et un oratorio
de sa composition ont été entendus avec
plaisir à l'église de Saint-Saturnin , et y
sont encore exécutés de temps en temps.
On connaît aussi une Ode sur la naissance
de J.-C. , composée par le bénédictin
d'Olive, et mise en musique par Dupuy.
Ce musicien est mort en 1789, âgé d'envi-
ron cinquante ans.
DUPUY (JEAN-BAPTISTE-EDOUARD-LOUÏS-
camille), né en 1775 au village de Cor-
selles , près de Neufchâtel , fut envoyé à
l'âge de quatre ans chez un oncle qu'il
avait à Genf , pour y faire son éducation.
Il y resta jusqu'à sa treizième année, et
se rendit ensuite à Paris, où Chabran
lui donna des leçons de violon, et Dussek
lui enseigna à jouer du piano. Ses progrès
furent si rapides qu'à l'âge de seize ans il
put remplir les fonctions de maître de con-
certs du prince Henri de Prusse, à Rheins-
berg. Il resta au service de ce prince pen-
dant quatre ans , et le suivit à Berlin, où
il étudia l'harmonie sous la direction de
Fasch. Il fit ensuite plusieurs voyages ,
parcourut l'Allemagne et une partie de la
Pologne, donnant des concerts clans toutes
les grandes villes. Vers la fin de 1793 il
arriva à Stockholm et y fut engagé comme
chanteur au théâtre de l'Opéra et comme
second maître des concerts de la cour. En
1 799 il s'éloigna de la capitale de la Suède
pour aller à Copenhague, où on lui avait
offert un engagement comme maître des
concerts et comme chanteur de l'Opéra.
A l'époque de l'expédition des Anglais,
sous le commandement de Nelson , contre
Copenhague , Dupuy entra en 1801 dans
362
DUR
DUR
lé corps de volontaires organisé pour la
défense de la ville ; il y était encore en
1807 lorsque cette ville fut bombardée, et
s'y distingua si bien par son courage^ qu'il
fut élevé au grade de lieutenant ) néan-
moins ses travaux militaires ne l'empê-
chèrent pas de cultiver la musique avec
succès. En 1809 il s'éloigna de Copen-
hague et se rendit à Paris, où il vécut jus-
qu'à l'automne de 1810. A cette époque
il retourna en Suède et vécut d'abord à
Schœnen, puis à Stockholm. En 1812 il
fut nommé chanteur, professeur et maître
de chapelle de la cour. Une apoplexie fou-
droyante l'enleva à sa famille et à ses amis
le 3 avril 1822 , et ne lui permit pas de
voir la première réprésentation de son
opéra suédois Bjorn Jarnsida.
Comme compositeur , Dupuy s'est fait
applaudir dans les opéras intitulés : Une
Folie y Fèlicie et Bjorn Jarnsida. Son
style est vif et animé dans les deux premiers,
sentimental dans le dernier. Ses musiques
funèbres pour le service du roi Charles XIII
et de la reine sont aussi estimées. Parmi
ses Compositions instrumentales on dis-
tingue : 1° Des duOs pour deux violons
concertans , gravés à Copenhague ; chez
Lose, 2° Un concerto pour flûte (en ré
mineur ) ,'Leipsick, Breitkopf et Haertel ;
3° Une polonaise pour violon principal,
un second violon, guitare et basse, Prague,
Kronberger ; 4° Dés quadrilles de contre-
danses , valses et écossaises pour piano ,
Stockholm, Grœf 5 5° Dés marches en har-
monie militaire, Copenhague. On a aussi
de lui pour le chant une romance à trois
voix intitulée L'Amour, Copenhague,
Lose , et six quatuors pour deux ténors et
deux basses , Ibid.
DURAN (dominiqùe-marc) , né â Al-
conetor dans l'Estramadure, Vers le milieu
du 16e siècle , est auteur de deux traités
sur le plain-chant, intitulés : 1° Lux bûlla
del canlo llano , Toledo, 1590, in-4°;
2° Contenta sobre la Lux belht , ibid. ,
in-4°. Blankenberg (Nouvelle édition de la
théorie des beaux-arts de Sulzcr) assure
qu'il y a une deuxième édition de ces li-
vres, sous la date de Salamanque* 1598.
DURAND ou DURANOWSKY (au-
guste-frederic ) , virtuose sur le violon
qui n'a point joui de la réputation qu'il
méritait par son talent , est né vers 1770
à Varsovie, où son père était musicien au
service du dernier roi de Pologne. Il apprit
de lui les principes de la musique, et reçut
les premières leçons de violon. Conduit à
Paris en 1787, par Un seigneur polonais
qui s'intéressait à son sort , il fut dirigé
dans l'étude de son instrument par Viotti,
qui trouvait en lui le génie de l'art $ et
une admirable facilité à jouer les choses
les plus difficiles; Durand vécut quelque
temps à Paris, puis voyagea en Allemagne
et en Italie pendant les années 1794 et
1795. Partout il fit admirer sa prodigieuse
habileté ; mais tout à coup , il sembla re-
noncer à l'usage de son talent , entra dans
l'armée française , et devint aide-de-camp
d'un général. Une fâcheuse affaire dans
laquelle il fut compromis le fit mettre en
prison à Milan ; la protection du général
Menou lé sauva des suites de cette affaire,
et le rendit à la liberté , mais il fut obligé
de donner sa démission d'officier , et de se
rendre en Allemagne où sa vie fut agitée.
Dans l'intervalle de 1810 à 1814 il sé-
journa plus ou moins long-temps à Leip-
sick, Prague, Dresde, Cassel, Varsovie,
Francfort-sur-le-Mein, Mâyence , et quel-
ques autres villes. Vers là fin de 1811 il
joua deux fois avec le plus grand succès à
là coUr de Cassel, et l'année suivante il se
fit entendre chez le grand-diiti de Darms-
tadt et à Aschaffenbourg. Enfin , le besoin
du repos lui fit accepter en 1814 les places
de premier violoil du concert et du théâtre
qui lui étaient offertes à Strasbourg, et de-
puis ce temps jusqu'à l'époque actuelle, il ne
s'est éloigné de cette ville que pour faire de
petits voyages en France et en Allemagne.
Il y était encore à la fin de 1834.
Si Durand eût pu se défendre de l'agita-
tion de sa vie et se fût livré sans réserve au
développement de ses facultés , il eût été
DUR
DUR
363
]e plus étoilnaht des violinistes. Sa ma-
nière était originale et toute de création.
Son adresse dans l'exécution des difficultés
était prodigieuse, et il avait inventé une
multitude de traits inexécutables pour
tout autre que lui. Il tirait un grand son
de l'instrument , avait une puissance irré-
sistible d'archet , et mettait dans son jeu
une inépuisable variété d'effets. Paganini,
qui avait entendu Durand dans sajeunesse,
m'a dit que cet artiste lui avait révélé le
secret de tout ce qu'on pouvait faire sur le
violon j et que c'est aux lumières qui lui
ont été fournies par cet artiste qu'il doit
son talent.
Comme compositeur pour son instru-
ment, Durand ne s'est pas élevé au-dessus
dii médiocre ; autant il y avait de génie
dans son jeu , autant cette qualité est né-
gative dans sa musique. Il a publié :
1° Cdncertopour violon et orchestre, œu-
vre 8 , en la, Leipsick, Peters j 2° Pot-
pouriï, idem , œuvre 1 0 , en ré, ibid. ;
3° Idem, Op. 11, Offenbacb , André ;
4° Deux airs variés pour violon et orches-
tre, Bonn , Simrock; 5° Fantaisie suivie
de deux airs variés pour violon et qua-
tuor, Lëipsick, Hoftneister ; 6° Duos pour
deux violons , œuvres 1 , 2 , 3 , 4 et 6 ,
Lëipsick , Breitkopf et Haertel , et Paris ,
Sieber ; 7° Des airs variés poUr violon seul,
Vienne, Cappi, et Lëipsick, Br. et H.;
8° Six Caprices ouétudes,op,15,Mayence,
Scliott; 9° Six chansons allemandes pour
voix seule, Offenbacb, André.
DURANTE (angelo), né à Bologne vers
le milieu du 16e siècle, a publié : 1° Messe
a cinqlie Doci, Venise, 1578 5 2° Madri-
gdli a cinque , Venise, 1585.
DURANTE (octave), compositeur et
maître de chapelle à Viterbe, au commen-
cement du 17e siècle , naquit à Borne. Il
a fait imprimer un ouvrage de sa cOmpo-
sitioh sous ce titre : Arie dévote, le quali
. contehgono in se la tiianiera di cantar
con grazia l'imitazione délie parole, e il
modo di Scriver passagi ed altri affetti ,
Rome, 1608.
DURANTE (silvestke), maître de cha-
pelle à Sainte-Marie in Transtévere, vers
le milieu du 17e siècle, a fait imprimer
de sa composition : 1° Messe a 5 e 9 ad
libitum, Rome, 1651 ; 2° Moletti d tré,
ibid., 1664.
DUBANTE (françois), chef d'une école
fameuse qUi a produit les plus célèbres
compositeurs italiens du 18e siècle, naquit
à Naples en 1693. Admis au Conserva-
toire de S.-Onofrio dès l'âge de sept ans,
il y reçut des leçons d'Alexandre Scarlatti.
Plus tard, il alla à Rome, et y apprit, pen-
dant cinq ans l'art du chant , sous la di-
rection de Petroni , et le contrepoint ri-
goureux sous celle de Bernard Pasquini.
De retour à Naples, il commença à écrire
pour l'église , et se fit bientôt remarquer
par son style large et nerveux. En 1715
il entra au Conservatoire de S.-Onofrio ,
en qualité de maître d'accompagnement ,
et trois ans après il fut nommé maître de
chapelle de celui qu'on appelait Dei Po-
veri di Giesu Christo. Il était encore à la
tête de cette école, lorsque le cardinal Spi-
nelli , archevêque de Naples , la détruisit
en 1740, pour en faire un séminaire. Par
suite de cet événement , Durante se trouva
sans emploi pendant cinq ans , et obligé
d'écrire pour vivre une grande quantité
de messes et de motets pour les couvens
de Naples. En 1745, Léo mourut , et Du-
rante lui succéda comme maître de cha-
pelle au Conservatoire de S.-Onofrio. Il
en remplit les fonctions pendant dix an-
nées , et moUrut en 1 755 , à l'âge de soixatite-
deux ans.
Ce maître est considéré comme le plus
habile professeur qu'ait eu l'école Napo-
litaine; toutefois, on serait dans l'erreur si
l'on croyait que son habileté consistait
dans une doctrine lumineuse, où tous les
faits étaient ràUienés â des principes géné-
raux tirés de la nature des choses. Il n'y
a jamais eu rien de pareil dans les écoles
d'Italie. La méthode d'enseignement n'y
avait d'autre base qu'une tradition d'école
émanée d'un sentiment très délicat. Sous
364
DUR
DUR
ce rapport , Dorante paraît avoir eu plas
qu'aucun autre le talent de communiquer
cette tradition, et le sentiment le plus per-
fectionné de la tonalité. Le grand nombre
d'élèves excellens qu'il a formés en est une
preuve irrécusable. On distingue deux
époques dans son professorat. La première,
qui s'étend jusqu'à la destruction du Con-
servatoire Dei Poveri di Giesu Christo,
a produit Pergolèse, Duni, Traetta, Vinci,
Terradeglias et Jomelli ; la seconde, qui
commence à la mort de Léo et qui finit à
la sienne , a fait éclore des talens de pre-
mier ordre, tels que ceux de Piccinni, Sac-
cbini, Guglielmi et Paisiello.
Durante est compté aussi parmi les
compositeurs les plus célèbres de l'Italie.
Il s'est livré surtout à la culture de la mu-
sique d'église, et n'a rien produit pour le
théâtre. Il a peu d'invention dans les
idées ; ses motifs sont même souvent com-
muns et surannés ; mais nul n'a connu
mieux que lui l'art de les développer et de
les enrichir d'une harmonie vigoureuse et
piquante. Son style est religieux , solen-
nel, et généralement brillant, quoique dé-
pouillé de ces effets d'orchestre qui font le
charme de la musique de nos jours , mais
qui étaient inconnus de son temps. Il a aussi
le grand mérite de donner à toutes les
parties vocales des formes chantantes et fa-
ciles,* sous ce rapport, ses compositions ont
servi de modèle tant qu'il y a eu des écoles
en Italie. La bibliothèque du Conservatoire
de musique de Paris possède une collec-
tion complète des œuvres de Durante, qui
a été apportée en France par M. Selvaggi,
Napolitain et musicien distingué. En voici
le catalogue. Messes : 1° Missa alla Pa-
lestrina, en ré mineur ; ouvrage médiocre
et fort inférieur au modèle que Durante
voulait imiter ; 2° Missa a 9 voci, en la
majeur; 3° Messe des morts à quatre voix,
en sol mineur ; 4° Messe des morts à huit
voix, en ut mineur; 5° Missa a 4, Kyrie,
gloria, en sih.; 6° Idem, en la majeur ;
7° Idem, à cinq voix, en ut mineur;
8° Idem, à cinq voix , en ut majeur;
9° Idem, à cinq voix, en sol majeur;
10° Idem , à quatre voix , en ré majeur;
11° Autre , à quatre voix , en ré majeur ;
12° Credo à quatre voix, en sol majeur;
15° Credo à cinq voix , en sol majeur ;
— Psaumes : 14° Dixit a 8 voci con stro-
menti , en ré majeur; 15° Idem, à huit
voix, en ré majeur ; 16° Idem, à cinq voix,
en ré majeur (brillant ) ; 17° Idem, style
brève ; 1 8° Idem, à quatre voix, ré majeur;
19° Confitebor a vocesola, enre'majeur;
20° Idem, style bref ; 21° Laudate pueri,
a vocesola, en /a mineur; 22°Idem, à qua-
tre voix, en sol majeur; 23° Idem, à huit
xoix,en sol ma^eur-jfôi0 Beatusvir à quatre
voix, enja majeur; 25° Idem, style bref;
26° Lœtatus sum, à quatre voix, en la
majeur; 27° Misericordias Domini, a
8 senza stromenti ; 28° Magnificat à
quatre voix en si b . ; 29° Idem, a 8 voci,
en la mineur. — Antiennes : 30° Aima,
a voce sola ; 51° Idem, a voce sola di
basso ; 32° Salve Eegina , a voce sola ;
33° Idem, a 2 voci; 34° Feni sponsa , a
5 voci ; 35° Idem, a 4 voci. — Hymnes :
36° Iste confessor, a 4 voci; 37° Pange
lingua , a 5 voci ; 38° Vexilla régis , à
quatre voix. — Motets : 39° O gloriosa
Domina, a 5 voci ; 40° O Divi amoris
victima;4rl° Si quœris miracula, a voce
sola; 42° Surge , a 5 voci, ré majeur;
43° Jam si redit, a 8 voci; 44° Cito Pas-
toiles, a voce sola, en la majeur; 45° Ad
prœsepe, a 4 voci, en sol majeur; 46° Toc-
cate , sonate , a 4 voci, en sol majeur;
47° Ave Virgo, a voce sola, en ré ma-
jeur; 48° Surge aurora , à trois voix, en
sol majeur; 49° Inter Choros , à cinq
voix , en sol majeur ; 50° Cessent corda
(chœur) ; 51° Videtur, à quatre voix, en
ré majeur; 52° Te Deum, a 5 voci, ut
majeur; 53° Litanies de la Vierge, à
quatre voix, en mi mineur; 54° Idem ;
à quatre voix , en sol mineur ; 55° Idem ,
à quatre voix , en fa mineur ; 56° Idem ,
à deux voix, mi mineur ; 57° Incipit ora-
tio , à quatre voix. — Musique de cham-
bre : 58° Cantate : Dopo sentira, a voce
DUR
DUS
365
di contralto; 59° XII madrigali col
Lasso continuo estratti dalle cantate del
Scarlatti ; 60° XI solfeggi a 2 voci, col.
b. c. ;61° Partimenti per cembalo.
DURELL (jean), né à Jersey en 1625,
mourut le 8 juin 1683. Le vingt-septième
chapitre de son Historia rituum (p. 514
à 525) contient une défense de l'orgue con-
tre les Presbytériens.
DURET( anne-cecile DORLISE), fille
de madame Saint-Aubin, actrice de l'Opéra-
Comique, est née à Paris en 1785. Admise
au Conservatoire comme élève de Garât,
le 15 germinal an xi, elle en sortit l'année
suivante, et débuta à l'Opéra-Comique au
mois de juin 1805 , dans Le Concert in-
terrompu. Sa voix était belle, mais son
éducation musicale n'était pas terminée et
elle manquait absolument d'habitude de
la scène. Peu de mois après, elle rentra au
Conservatoire, y reprit ses études de chant,
développa son talent par les leçons de
Garât, et fut en état de reparaître avec
éclat à l'Opéra-Comique le 2 avril 1808,
dans le rôle de son premier début. Une
voix de la plus belle qualité , une excel-
lente vocalisation et une manière large de
phraser lui assurèrent dès lors la réputa-
tion d'habile cantatrice et la plaça au pre-
mier rang à l'Opéra-Comique, bien qu'elle
n'ait jamais été qu'actrice médiocre. Nicolo
Isouard écrivit pour elle des rôles impor-
tans qui firent briller son talent et qui
furent long-temps difficiles à chanter pour
les actrices qui lui succédèrent. Tels fu-
rent ceux qu'elle joua dans Jeannot et
Colin, et surtout dans le Billet de Lote-
rie. Jeune encore, Madame Duret fut
obligée de quitter le théâtre, parce que sa
respiration était devenue laborieuse, d'où
résultait pour elle l'obligation de couper
les phrases de son chant : elle se retira au
renouvellement de l'année théâtrale, en
1820. Elle est aujourd'hui pensionnaire
du gouvernement comme les autres anciens
acteurs sociétaires de l'Opéra-Comique.
DUREY DE NOINVILLE (jacques-
bernard), né à Dijon le 3 décembre 1683,
fut conseiller au parlement de Metz en
1726, et président au grand conseil en
1751. Il est mort le 20 juillet 1768. On
a de lui : Histoire du théâtre de l'Acadé-
mie royale de musique en France , de-
puis son établissement jusqu'à présent ,
Paris , 1758 , in-8°. La seconde édition ,
augmentée, a été publiée à Paris en 1757,
deux parties in-8°. Dans quelques exem-
plaires , on trouve à la fin du volume un
Catalogue de quelques ouvrages qui trai-
tent de l'Opéra, etc., et qui ont rapport
à l'histoire du théâtre de l'Opéra. Le
président de Noinville tenait une partie
des renseignemens qu'il donne de Trave-
nol, violiniste de l'Opéra. Son livre est au
reste fort mal fait , et rempli d'inexacti-
tude.
DURIEU ( . . .), professeur de musi-
que à Paris, vers la fin du 18e siècle, a
publié : 1° Nouvelle méthode de musi-
que vocale , Paris , 1795 , in-fol ; 2° Mé-
thode de violon, ibid., 1796.
DUSSEK ou DUSCHECK (françois) ,
né à Chotiborck en Bohême, le 8 décembre
1756 , trouva dans le comte de Spork un
protecteur qui lui fit faire d'abord ses
études chez les jésuites de Konigratz , et
qui l'envoya à Vienne, pour y apprendre à
jouer du piano et les règles de la composi-
tion , sous la direction de Wagenseil. De
retour à Prague, il s'y fit remarquer comme
virtuose sur le piano , comme profes-
seur, et forma plusieurs élèves distingués,
parmi lesquels on remarque Vincent Mas-
check et Jean Wittassech. Duscheck est
mort dans cette ville le 12 février 1799.
On a de lui : 1° Vingt-cinq chansons de
Spielmann pour les enfans , Prague ,
1792, in-4°; 2° Sonate à quatre mains ,
n° 1 , Vienne , 1792 ; 5° Deux sonates à
quatre mains, Leipsick, 1797 ; 4° Sonate
pour le piano , ibid. ; 5° Le combat na-
val et la défaite complète de la grande
Jlotte hollandaise par l'amiral Duncan,
le 2 octobre 1797, sonate caractéristique
pour le piano, Vienne, 1799 j 6° An-
dante avec variations pour le piano ,
866
DUS
Leipsick, Kiïhnel. Duscheck a laissé en
manuscrit beaucoup de concertos, de sym-
phonies , de quatuors et de trios.
DUSCHECK (josephine ) , femme du
précédent , naquit à Prague vers 1756.
Elève de son mari pour le piano et pour le
chant, elle brillait; à Prague, en 1790,
comme cantatrice et corqme virtuose sur
le piano. Elle joignait à son talent sur cet
instrument une grande habileté sur la
harpe. En 1794 , elle se fit entendre avec
succès dans les concerts de Vienne. Après
la mort de son mari, elle partit pour Lon-
dres, où elle s'est fixée vers 1800. Elle y
est morte il y a peu d'années.
DUSSEK (jean-jcsepu) , excellent or-
ganiste et directeur du chœur de l'église
collégiale de Czaslau , naquit en 1759 , à
Wlazowicz , en Bohême , où son père était
charron- Lorsqu'il eut atteint l'âge de dix
aps , sa mère le mit à l'école de son beau-
frère Jean Wlachs, instituteur et bon maî-
tre de musique à Wlazowicz. Après quel-
ques années d'études , Dussek fut en état
d'enseigner lui-même dans l'école de son
oncle. A l'âge de seiie ans il se rendit à Lan-
genau comme instituteur primaire agrégé ;
il demeura en ce lieu pendant trois ans , et
employa une partie de ce temps à l'étude
de l'harmonie. Appelé ensuite à Chumecz
pour y enseigner la musique dans l'école
publique , il alla prendre possession de
l'emploi qui lui était offert , et ne tarda
point à se faire remarquer par son talent
t l'orgue. Sa réputation fut bientôt si
■n établi que le magistrat de Czaslau lui
o it la place d'organiste et de premier
instituteur de la ville avec un traitement
consid able. Il accepta cette position et
entra en fonctions en 1759, n'étant âgé
que de vingt ans. L'année suivante il
épousa Véronique Stebeta, fille d'un juge
de la ville, et de cette union naquirent
trois enfans dont il sera parlé dans les arti-
cles suivans, et qui furent tous des artistes
distingués. L'étude des œuvres des grands
organistes et compositeurs occupa la plus
grande partie de la vie de J.-J. Dussek;
DUS
et les plus habiles furent ceux qu'il se pro-
posa pour modèles. Depuis long-temps ses
enfans étaient séparés de lui,lorsqu'enl 802
il eut le bonheur d'embrasser son fils ,
pianiste célèbre dont le nom était devenu
européen , et sa fille , Madame Cianchet-
tini. Le plaisir d'entendre des artistes sem-
blables fut pour sa vieillesse une s^ -ce
de pures jouissances. J.-J. Dussek ce^sa
de vivre en 1811 ; trois années auparavant,
il remplissait encore ses doubles fonctions
d'organiste et d'instituteur primaire.
Parmi les meilleurs ouvrages de J,-J. Dqs-
sek,qui sont tous restés en manuscrit, on
distingue : 1° Une messe pastorale à qua-
tre voix et orchestre; 2° Deux litanies;
3° 1 Salve regina; 4° Des sonates pour le
piano ; 5° Des fugues et des toccates pour
l'orgue.
DUSSEK (jEAN-LOTJIS OU lADISlAS),
fils du précédent , artiste illustre comme
virtuose sur le piano et comme composi-
teur, est né à Czaslau, en Bohême, le 9 fé-
vrier 1761. A l'âge de cinq ans il jouait
déjà du piano, et suivany le témoignage de
sou père, il accompagnait sur l'orgue dans
sa neuvième année. U fut ensuite envoyé
comme sopraniste au couvent d'Ig au, où
il continua d'étudier la musique sous la
direction du P, Ladislas Spenar , maître
du chœur de l'église des Minorités. Dussek
étudia les langues anciennes au collège
des Jésuites , et alla achever ses études à
Kuttenberg , où il avait été appelé comme
organiste. Après avoir passé deux années
et demie en ce lieu, il alla suivre un cours
de philosophie èi Prague , et ses progrès
furent tels, qu'il put soutenir avec hon-
neur sa thèse de bachelier en cette science.
Ce fut alors que le comte de Maenrer, ca-
pitaine impérial d'artillerie, et protecteur
de Dussek, l'emmena avec lui en Belgique,
et le fit entrer comme organiste à l'église
Saint-Rombaut de Malines. Après avoir
passé quelque temps dans cette situation,
Dussek alla à Berg-op-Zoom , où il rem-
plit aussi les fonctions d'organiste, et se
rendit ensuite à Amsterdam. Arrivé dans
DUS
cette ville, il y fit admirer son habileté sur
le piano. Sa renommée le fit bientôt ap-
peler à La Haye par le Statbouder , et il
passa près d'un an dans cette résidence ,
pour y donner des leçons de piano aux
enfans, du prince. Ce fut là qu'il publia ses
trojs premiers ouvrages, qui consistaient
en ^iois concerts pour le piano , deux
violons, alto et basse, œuvre 1er; six
sonai.es pour piano et violon, œuvre 2j et
six autres sonates du même genre, œuv. 3,
Ces productions sont comptées parmi ses
meilleures. En 1785 Dussek avait atteint
sa vingt-deuxième année, et déjà son ta-
lent excitait la plus vive admiration ; cer;
pendant il était encore en doute sur lui-
même, et ce doute lui fit prendre la
résolution de se rendre à Hambourg pour
consulter Charles - Philippe - Emmanuel
Bach. Il en reçut d'utiles conseils et des
éloges. L'année suivant „; le jeune virtuose
était à Berlin où des applaudissemens
lui étaient prodigués pour son habileté sur
le piano et sur l'harmonica à clavier, in-
strument nouvelle nient inventé par Hesseh
De Berlin , Dussek alla à Pétersbourg où
il avait le dessein derésider quelque temps,
mais 1 prince Charles de Badziwill lui
proposa un engagement si avantageux,
qu'il crut devoir l'accepter, et il demeura
deux ans avec ce seigneur dans le fond de
la Lithuanie. Vers la fin de 1786, il vint
à Paris, y joua devant la reine (Marie- An-
toinette), et reçut de la part de cette prin-
cesse des offres avantageuses qui ne purent
le décider à se fixer en France, parce qu'il
avait le désir de visiter son frère en Italie.
Arrivé à Milan, il y donna des concerts
où il se fit entendre sur le piano et sur
l'harmonica , et son talent produisit une
vive sensation, bien que les Italiens fus-
sent peu sensibles aux beautés de la mu-
sique instrumentale, surtout à cette époque.
De retour à Paris, en 1788 , il y resta peu
de temps ; les premiers troubles de la révo-
lution française le décidèrent à passer en
Angleterre ; il s'y maria en 1792, et se fixa
à Londres, où il établit un commerce de mu-
DUS
367
sique. Dussek, enthousiaste de son art et ai-
mant le plaisir, était peu propre à diriger
des spéculations commerciales : de là vint
que son établissement ne prospéra point.
Poursuivi par ses créanciers , ce grand ar-
tiste fut obligé de quitter l'Angleterre et
de se réfugier à Hambourg, eu 1800. Là,
une princesse du Nord se passionna pour
lui, l'enleva et vécut avec lui dans une
retraite située vers la frontière de Dane-
mark. Cette liaison dura près de deux ans.
En 1802, Dussek fit un voyage en Bohême
pour y revoir son père , dont il était sé-
paré depuis vingt-cinq ans. A son retour,
il passa par Magdebourg , fut présenté à
l'infortuné prince Louis-Ferdinand de
Prusse, et s'attacha à sa personne. Ce prince
ayant perdu la vie au combat de Saalfeld,
en 1806, Dussek passa d'abord au service
du prince d'Ysenbourg, puis, en 1808, il
se rendit à Paris et prit un engagement
aveq le prince de Talleyrand , dont il de-
vint le maître de concerts. Fatigué de la
vie agitée qu'il avait eue jusqu'alors , il ne
songea plus qu'à jouir en paix du repos
qui lui était offert.
Doué du caractère le plus aimable, de
bonté et d'obligeance pour les artistes, d'un
esprit naturel orné d'une instruction va-
riée, de beaucoup de gaîté, et de manières
nobles qu'il avait puisées dans la haute so-
ciété où il avait vécu , Dussek avait pour
amis tous ceux qui le connaissaient. On ne
lui reprochait qu'un défaut, quinuisaitplus
à lui-même qu'aux autres : c'était une in-,
souciance incurable qui lui faisait néglig
le soin de ses affaires , et qui le mit sr
vent dans de grands embarras. Dans: îes
dernières années de sa vie, son eml. ipojnt
était devenu excussif , ce qui ne *ui avait
rien ôté de son agilité sur le piano : mais
la difficulté de se mouvoir, qui en était la
suite, lui avait fait contracter l'habitude
de passer au lit la plus grande partie du
jour. Pour sortir de l'espèce d'apathie qui
résultait de ce genre de vie , il était obligé
de faire un usage immodéré de vin et de
liqueurs fermentées, comme de stimulans,
368
DUS
qui finirent par altérer sa constitution et
par lui donner la mort , au mois de mars
1812. Il s'était fait transporter à Saint-
Germain en Laye ; ce fut là qu'il rendit le
dernier soupir.
Egalement célèbre comme exécutant et
comme compositeur pour son instrument ,
Dussek a mérité sa double réputation par
de rares talens. On se souvient encore de
l'effet prodigieux qu'il fit en 1 808 , aux
concerts qui furent donnés à l'Odéon par
Rode, Baillot et Lamare. Jusque-là, le
piano n'avait paru qu'avec désavantage
dans les concerts ; mais, sous les mains de
Dussek, il éclipsa tout ce qui l'entourait.
Le style large et sage de cet artiste, sa
manière de chanter sur un instrument
privé de sons soutenus , enfin la netteté et
la délicatesse de son jeu lui procurèrent un
triomphe dont il n'avait point eu d'exem-
ple auparavant. Ses compositions se dis-
tinguent par des formes qui lui sont pro-
pres , par des motifs brillans , par des
mélodies heureuses , et par une harmonie
riche , bien que parfois incorrecte.
Dussek a publié soixante-seize œuvres
pour le piano , qui consistent en douze
concertos , une symphonie concertante
pour deux pianos , une quintetto pour
piano, violon , alto , violoncelle et contre-
basse , un quatuor pour les mêmes instru-
mens sans contrebasse, dix œuvres de trios
ou sonates accompagnées ; quatre-vingts
sonates avec accompagnement de violon,
neuf sonates à quatre mains , trois fugues
idem , cinquante-trois sonates pour piano
seul , et un grand nombre de rondeaux ,
fantaisies , airs variés et valses pour piano
seul. Une collection complète de ses œu-
vres a été publiée à Leipsick , chez Breit-
kopf et Haertel. Parmi ses ouvrages, ceux
que Dussek estimait le plus sont les œu-
vres 9, 10, 14, 35, la sonate intitulée
Les Adieux à Clementi, et celle qui a
pour titre Le Retour à Paris. Il avait
publié à Londres une méthode pour le
piano, en anglais, qu'il a traduite en alle-
mand , pour la faire paraître à Leipsick ,
DUS
et dont une traduction française a été pu-
bliée à Paris chez Erard. Il a donné aussi
à Londres, deux opéras anglais, qui ont eu
peu de succès ; enfin on connaît de lui en
Allemagne une messe solennelle qu'il a
composée à l'âge de treize ans , plusieurs
oratorios allemands, entre autres celui de
la Résurrection, sur la poésie deKlopstock.
Il y a aussi beaucoup d'autre musique
d'église de sa composition qui est conservée
à l'église de Sainte-Barbe, à Kuttenberg,
ainsi que dans l'église collégiale de Czas-
lau.
Un beau portrait de Dussek a été peint
à Londres par Cosway, et gravé en 1800
par P. Condé.
DUSSEK .( françois-benoit ), second
fils de Jean-Joseph , naquit à Czaslau le
15 mars 1766. Après avoir fait ses pre-
mières études de musique sous la direction
de son père, il fut envoyé à Prague en
qualité d'organiste du couvent d'Emaus,
où il apprit l'harmonie et le contrepoint
par les leçons d'un bon organiste et com-
positeur nommé le P. Augustin Ssenkyrz.
Ce fut aussi dans ce couvent qu'il apprit à
jouer du violoncelle et du violon, instru-
mens sur lesquels il parvint à une grande
habileté. Lorsque ses études furent entiè-
rement terminées , il entra comme maître
de chapelle au service de la comtesse de
Litzow, ancienne élève de son père et pro-
tectrice de sa famille. Cette dame ayant
résolu de faire un voyage en Italie, prit
avec elle son maître de chapelle qui s'arrêta
d'abord à Mortara , dans le Piémont , en
qualité d'organiste et de maître de musi-
que , et qui fut ensuite accompagnateur
au théâtre S. Benedetto , à Venise, puis
au théâtre de la Scala, à Milan. Pendant
qu'il était employé à ces théâtres , il écri-
vit les opéras intitulés : 1° La Caffeliera
di Spirito; 2° Il fortunato successo ;
3° La Feudataria; 4° L'Impostore ;
5° Voglia di dote e non di moglie ;
6° Matrimonio e divorzio in un sol giorno;
7° L'Incantesimo ; 8° La Ferila mortale.
Tous ces ouvrages furent accueillis favora-
DUS
blement; cependant il ont le défaut de
manquer d'originalité dans les mélodies ,
quoiqu'ils soient assez riches d'harmonie.
Vers 1790, Dussek s'établit à Laybach,
comme organiste de la cathédrale et pro-
fesseur de violon. 11 y vivait encore en
1800 ; on ignore ce qu'il est devenu depuis
ce temps. On connaît de cet artiste de jo-
lis canzoni pour le chant , avec accompa-
gnement de piano , un trio ou nocturne
pour trois flûtes , n° 1 , Leipsick, Peters ,
et une sonate pour piano et violon , Ihid.
Il a laissé en manuscrit des concertos
pour piano et pour violon, des sonates, so-
Jos , trios , etc.
DUSSEK (veronique-rosalie). Voy.
CIANCHETTINI(M"«).
DUSSEK (Mme), femme de Louis Dus-
sek, aujourd'hui Madame Moralt, née fille
de Dominique Corri , vit le jour à Edim-
bourg en 1775. Ses grandes dispositions
pour la musique se manifestèrent dès sa
plus tendre enfance. Elle joua même du
piano en public à l'âge de quatre ans. En
1788 sa famille quitta l'Ecosse et alla s'é-
tablir à Londres. Miss Corri, âgée alors
de quatorze ans , chanta avec succès aux
concerts du roi et aux soirées publiques.
Son premier maître de chant avait été son
père, mais elle profita beaucoup ensuite
des conseils deMarchesi, de Viganoni et de
Cimador. En 1792, elle épousa J.-L. Dus-
sek, et, par ses leçons, devint bientôt aussi
célèbre comme pianiste et comme virtuose
sur la barpe que comme cantatrice , en
jouant à tous les oratorios et aux concerts
de Salomon avec son mari. Elle chanta à
Cambridge, à Oxford, à Liverpool, à Man-
chester, Dublin et Edimbourg avec un
égal succès. Elle fut ensuite engagée à
l'Opéra pendant une saison ; mais dégoûtée
des tracasseries et des intrigues de théâtre,
elle quitta la scène, et se livra à l'ensei-
gnement. Devenue veuve en 1812, Ma-
dame Dussek épousa en secondes noces
M. Moralt. Depuis lors elle a toujours
résidé à Paddington , où elle a établi une
académie de musique. Elle a publié les
tome m.
DUT
309
ouvrages suivans de sa composition :
1° Trois sonates pour le piano , op. 1 ,
JiOndres; 2° Trois idem pour la harpe,
op. 2, Ibid.; 5° Trois idem, op. 3, Ibid.;
4° Trois idem pour le piano , n° 1 , 2 , 5 ,
ibid.; 5° Walse de la duchesse d'York
pour le piano; 6° Walse allemande pour
la harpe; 7° Rondo pour le même instru-
ment ; 8° Rondo du Déserteur pour le
piano.
DUSSEK (olivia), fille des précédens,
est né à Londres en 1799. Héritière des
talens de ses parens , elle excelle sur le
piano et sur la harpe. Sa mère, qui fut
son institutrice, la mit en état de se faire
entendre sur le piano à l'âge de huit ans à
la salle d'Argyle. Elle demeure avec sa
mère à Paddington et exerce la même
profession. Elle a composé quelques jolies
ballades et un duo pour harpe et piano qui
a été gravé à Londres.
DUTARTRE (jean-baptiste), profes-
seur de musique et de chant, mort à Paris
en 1749, a donné à la Comédie-Italienne
L Amour Mutuel , comédie à ariettes, en
1729 , et le Divertissement de la paix.
On trouve dans un recueil d'airs sérieux
et à boire, publié par Rallard , en 1710,
in-4° obi., un air pour voix de dessus, avec
accompagnement de flûte et de basse con-
tinue.
DUTILL1EU (pierre), né à Lyon vers
1765, voyagea d'abord en Italie où il écri-
vit la musique de plusieurs ballets, et fut
ensuite attaché comme compositeur à la
cour impériale de Vienne, vers 1791. Ses
compositions les plus connues sont : 1° An-
tigona ed Enone, à Naples, 1788; 2° /
Curlandesi, ballet, ibid., 1791 ; 5° Mag-
gia contra Maggia , ballet , ibid., 1791 ;
4e i7 Trionfo d'amore , opéra buffa , ù
Vienne, en 1791 ; 5° Nannerina e Pan-
dolfmo, o sia gli sposi in cimento, opéra
buffa, ibid., 1792 ; 6° Die Freywilligen ,
ballet, à Vienne, 1793 ; 7° Gli Accidenli
délia Villa, opéra buffa, ibid., 1794;
8° La Superba corretta , opéra buffa .
ibid., 1795; 9° Der Jarmarkt , ballet,
24
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DUV
DUV
ibid.; 10o Arminio, ballet, ibid.; 11° Die
Macht des schœnen Geschlechts ( La
puissance dn beau sexe), ballet; 12° Six
duos pour deux violons, op. 1 , Vienne,
Artaria , 1800; 15° Concerto pour le vio-
lon, en manuscrit chez Traeg , à Vienne.
DUTROCHET (r.-h.-joachim), né en
1776, au château de Néon, département
de l'Indre, était destiné par sa naissance à
jouir d'une fortune considérable , mais en
fut privé par la révolution de 1789. Son
père ayant émigré , ses biens furent con-
fisqués et vendus. Ces circonstances obli-
gèrent M. Dutrochet à faire choix d'un
état ; il se livra à l'étude de la médecine.
Le 26 juin 1806 il soutint une thèse re-
marquable qui a paru la même année chez
Firmin Didot (in-4°) , sous ce titre : Mé-
moire sur une nouvelle théorie de la voix,
avec l'exposé de divers systèmes qui ont
paru jusqu'à ce jour sur cet objet. C'est
un fort bon ouvrage et qui contient des
vues neuves. Nommé dans le même temps
médecin des armées, M. Dutrochet fit en
cette qualité les campagnes d'Espagne
pendant les années 1808 et 1809. Depuis
lors , retiré dans les environs de Château-
Regnault , il s'est livré exclusivement à
l'étude de la nature. Outre ses ouvrages
spéciaux sur la physiologie , l'histoire na-
turelle et la médecine, on a de ce savant :
Mémoire sur une nouvelle théorie de
l'harmonie , dans lequel on démontre
V existence de trois modes nouveaux qui
faisaient partie du système musical des
Grecs, Paris, Allul, 1810, in-8" de 90
pages.
DUVAL (françois), violiniste de la
chapelle du roi depuis 1704, est mort à
Paris en 1738. C'est le premier Français
qui ait composé des sonates de violon , à
l'imitation des Italiens. On a de lui sept
livres de sonates qui ont été publiées à
Paris.
DUVAL (mademoiselle), actrice de
l'Opéra de Paris , y jouissait d'une grande
réputation en 1720. Elle a composé la
musique du ballet des Génies , qui a été
représenté en 1736, et a publié aussi un
ouvrage élémentaire qui a pour titre : Mé-
thode agréable et utile pour apprendre
facilement à chanter juste et avec
goût, etc. , Paris , 1741, in-fol. obi. Elle
est morte à Paris en 1769.
DUVAL (l'abbe'), musicien de la sainte
chapelle du palais, vers le milieu du
18e siècle, est mort à Paris en 1781. On
a de lui : Principes de la musique pra-
tique, par demandes et par réponses ,
Paris, 1764, in-8°.
DUV AL (charles), avocat, né en 1753,
fut membre de la convention nationale. Il
est mort à Paris, au mois d'avril 1825. On
a de lui un pamphlet sous ce titre : In-
struction du procès entre les premiers
sujets de V Académie royale de musique
et de danse, et le sieur De Vismes , en-
trepreneur, jadis public, aujourd'hui
clandestin, et directeur de ce spectacle.
Sans date ni nom de lieu (Paris , 1779) ,
in-8°.
DUVE (jordan), écrivain cité par Wal-
ther comme auteur d'une dissertation in-
titulée : Programma quo nimiam artis
affectationem in musicd sacra theologis
magninominis, improbari, ostendit^ea-
ruppin , 1729.
DUVERNOY (frederic), ou plutôt
DUVERNOIS , né à Montbéliard (Haut-
Rhin ) , le 15 octobre 1771 , suivant le Dic-
tionnaire historique de Choron et Fayolle,
mais suivant les registres de l'Opéra , le
16 octobre 1765, ce qui est plus vraisem-
blable, car Duvernoy exécuta un concerto
de cor au Concert spirituel le 6 août 1 788.
11 se livra sans maître à l'élude du cor et
à celle de la composition. En 1788, il en-
tra à l'orchestre de la Comédie-Italienne.
Neuf ans après , il fut admis à l'orchestre
de l'Opéra, et en 1801 on le choisit pour
jouer les solos. En 1816, il en sortit avec
la pension de retraite. Nommé professeur
au Conservatoire de musique , lors de sa
formation, il en remplit les fonctions jus-
qu'à la suppression de celte école en 1815.
M. Duvcrnov fut aussi attaché à la oha-
DUV
pelle et à la musique particulière de l'em-
pereur Napoléon Bonaparte, qui aimait
son talent. Ce talent est d'une nature par-
ticulière. Satisfait d'acquérir un beau son
et une exécution parfaite, M. Duvernoy
borna l'étendue de son instrument à un
petit nombre de notes qui participaient
du premier et du second cor, appelés par
M. Dauprat cor alto et cor basse. Il ré-
sulta de ce mélange ce que M. Duvernoy
appela cor mixte ; c'est cette classifica-
tion particulière qu'il enseignait au Con-
servatoire. Quelle que fût la perfection de
son jeu , il résultait du peu de notes qu'il
employait une sorte de monotonie qui nui-
sait beaucoup à l'effet qu'il voulait pro-
duire. Quant à ses compositions, le chant
en est commun , les traits peu élégans et
les accompagnemens mal écrits : elles
sont déjà tombées dans un profond oubli.
Ces compositions consistent en douze con-
certos , trois quintetti pour cor , deux vio-
lons, alto et basse, des trios pour cor, vio-
lon et violoncelle , trois œuvres de duos
pour deux cors , plusieurs livres de so-
nates et d'études, des solos, des duos pour
piano et cor , enfin une Méthode de cor
mixte. Tous ces onvrages ont été gravés à
Paris et en Allemagne.
DUVERNOY (charles), frère puîné du
précédent, est né à Montbéliard (Haut-
Rhin) en 1766. Le maître de musique
d'un régiment en garnison à Strasbourg
lui donna des leçons de clarinette, et les
progrès du jeune artiste furent rapides.
Après avoir été attaché pendant quelque
temps à un corps de musique militaire,
M. Duvernoy se rendit à Paris en 1790,
entra dans la même année au théâtre de
Monsieur, comme première clarinette, et
passa ensuite de la foire Sainte-Germain
au théâtre Feydeau. Pendant vingt-cinq
ans il a rempli ses fonctions avec ta-
lent, et s'est retiré en 1824 avec la
pension de vétérancc. Admis comme pro-
fesseur lors de l'organisation du Conser-
vatoire , il fut compris dans les réformes
qui furent faites en Fan X dans celle école.
DZO
371
Un beau son et beaucoup de netteté dans
l'exécution des traits rapides composaient
le caractère particulier du talent de cet
artiste ; mais son style laissait souvent dé-
sirer plus d'élégance. M. Duvernoy a pu-
blié deux œuvres de sonates pour la clari-
nette , avec accompagnement de basse , et
des airs variés en duos pour deux clari-
nettes.
DUYSCHOT (jean), constructeur d'or-
gues hollandais, vivait au commencement
du 18e siècle. Ses principaux onvrages
sont : 1° Un orgue de huit pieds, composé
de dix-huit jeux, deux claviers et pédale,
dans l'église française de Delft, en 1696;
2° Un idem, de seize pieds , à trente-cinq
jeux, trois claviers et pédale , dans l'église
neuve de La Haye, en 1702; 3° Dans
l'église française du même lieu un positif
de onze jeux , en 1711 ; 4° Un ouvrage de
treize jeux , deux claviers et pédale , en
1712 , à Zaandam.
DUYTSCHOT (r.-b), autre construc-
teur d'orgues, et peut-être le père du pré-
cédent, s'est fait connaître par les ouvrages
suivans : 1° Des améliorations au grand
orgue de l'église neuve d'Amsterdam, avec
addition de treize jeux et d'un clavier,
en 1666 ; 2° Un orgue de trente-huit jeux,
trois claviers , pédale et huit soufflets ,
commencé en 1683 et fini en 1686, dans
l'église de l'Ouest, à Amsterdam.
DYGON (jean), bachelier en musique ,
né en Angleterre, vers le milieu du 15e siè-
cle , fut élu prieur du couvent de Saint-
Augustin, à Cantorbery, en 1497. Il est
mort dans le même Jieu en 1509. Haw-
kins a inséré un motet à trois voix de sa
composition , dans son histoire de la mu-
sique (t. II , p. 519).
DZONDI (charles-henri), docteur et
professeur de médecine à l'université de
Halle, y est mort le premier juin 1835 ,
des suites d'une atteinte d'apoplexie. 11 a
publié un grand nombre d'ouvrages rela-
tifs à la médecine, mais qui n'ont point
de rapports avec l'objet decette Biographie.
Il n'est cilé ici que pour ses discussions
372
DZO
avec Nauenburg sur l'organisation de l'ap-
pareil vocal , dont on peut voir les détails
dans la Gazette musicale de Leipsick
(ann. 1851 et 1832). Ces discussions dé-
terminèrent Dzondi à publier un ouvrage
spécial sur les fonctions du voile du palais
DZO
dans la respiration, la parole, le chant, etc.;
cet ouvrage a paru sous le titre suivant :
Die Funclionem des weichen Gaumens
beim Athmen, Sprechen , Singen, Schlin-
gen, Erbrechen, etc. (Halle, Sclnvelschke,
1831,in-4° de 74 pages et onze planches.)
FIN DU TROISIEME VOLUME.
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