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Full text of "Biographie universelle des musiciens et bibliographie générale de la musique"

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in  2011  with  funding  from 

Boston  Public  Library 


http://www.archive.org/details/biographieuniver003ft 


BIOGRAPHIE 


UNIVERSELLE 


DES  MUSICIENS. 


TOME  TROISIÈME. 

CA-DZ. 


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IMPRIMERIE    DE    ODE    ET    WODON 

Boulevard  do  Waterloo,  N°  34. 


BIOGRAPHIE 


UNIVERSELLE 


DES    MUSICIENS 


BIBLIOGRAPHIE  GÉNÉRALE 


LA  MUSIQUE. 


PAR  F.  J.  FÉTIS, 

MAITRE  DE  CHAPELLE  DU  ROI  DES  BELGES  ET  DIRECTEUR  DU  CONSERVATOIRE 
DE  BRUXELLES. 


TOME  TROISIÈME. 


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BRUXELLES. 

LEROUX,  LIBRAIRE-ÉDITEUR,  RUE  DE  LA  MADELEINE,  N°  9. 

MONS,     MÊME    MAISON,     GRANd'pLACE ,    N°  36. 

MAYENCE. 
LES  FILS  DE  B.  SCHOTT,  ÉDITEURS  DE  MUSIQUE. 

M  D  C  C  C  X  X  X  V  I . 


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UNIVERSELLE 


CABALONE  (michel),  ouGABELONE, 
ou  GABELLONE  ,  fat  le  premier  maître  de 
contrepoint  du  violiniste  Emmanuel  Bar- 
bella.  Il  est  mort  à  Naples,  sa  patrie, 
en  1773,  dans  an  âge  peu  avancé.  Ou 
connaît  de  lui  :  1°  Alessanclro  nell'In- 
die  ;  2°  Adriano  in  Siria  (1740).  Il  y 
a  à  la  bibliothèque  du  Conservatoire  de 
Paris  une  partition  manuscrite  d'un  ora- 
torio de  la  Passion  }  composé  par  Caba- 
lone  on  Gabelone. 

CABEZON  (antoine),  musicien  de  la 
chambre  et  de  la  chapelle  du  roi  d'Espa- 
gne Philippe  II,  naquit  à  Madrid  en  1510, 
et  mourut  dans  la  même  ville  le  26  mars 
1566,  à  l'âge  de  56  ans.  Il  fut  inhumé 
dans  l'église  des  Franciscains  de  Madrid , 
et  l'on  mit  sur  son  tombeau  l'épitaphe 
suivante  : 

Hic  situ9  est  felix  Antonius  ille  sepulchro , 

Organici  quondam  gloria  prima  chori. 

Cognomen  Cabezon  cur  eloquar?  inclyta  quando 

Fama  ejus  terras  ,  spiritus  astra  colit. 

Occidit  heu  !  tota  régis  plangente  Philippi 

Aula  ;  tam  rarum  perdiditilia  decus. 

On  a  de  Cabezon  :  Libro  de  Musicapara 
tecla  :  harpa,  y  viguela.  (Livre  de  mu- 
sique pour  jouer  du  clavecin,  de  la  harpe 
et  de  la  viole  ) ,  Madrid  ,  1578  ,  in-fol. 
Cet  ouvrage  a  été  publié  par  les  soins  de 

TOME   m. 


son  fils.  C'est  la  seule  production  de  Ca- 
bezon qui  est  venue  jusqu'à  nous. 

CACC1ATI  (  don  maumzio  ) ,  maître  de 
chapelle  à  St-Pétrone  de  Bologne  ,  com- 
positeur dramatique  vers  1660.  Il  a  laissé 
en  manuscrit  beaucoup  de  musique  d'é- 
glise, et  plusieurs  opéras  ,  parmi  lesquels 
on  remarque  :  1°  Nitteli;  2°  Orlando. 

CACCINI  (jules),  né  à  Borne,  fut 
connu  et  cité  sous  le  nom  de  Giulio  Ro- 
«zrmo.Les  écrivains  de  son  temps  ont  garde" 
le  silence  sur  le  commencement  et  la  fin 
de  sa  vie;  il  y  a  même  beaucoup  d'incer- 
titude sur  l'époque  de  sa  naissance.  Tou- 
tefois il  fournit  lui-même  une  date  ap- 
proximative clans  la  préface  de  son  recueil 
de  madrigaux  intitulé  :  Nuove  Musiche 
(  publié  en  1615  )  ;  car  il  y  dit  qu'il  avait 
vécu  trente-sept  ans  à  Florence;  or,  ou 
sait  qu'il  arriva  dans  cette  ville  fort  jeune, 
mais  déjà  artiste,  vers  1578  ,  d'où  il  suit 
qu'il  a  dû  naître  vers  1558  ou  1560.  Il 
eut  pour  maître  de  chant  et  de  luth  Sci- 
pion  Délia  Palla,  qui  ne  le  rendit  point 
savant  musicien,  mais  qui  en  fit  un  chan- 
teur habile  et  un  homme  de  goût.  On 
ignore  s'il  se  détermina  de  lui-même  à  se 
rendre  à  Florence  ,  ou  s'il  y  fut  appelé  par 
les  Médicis  ;  mais  on  sait  qu'en  1580  il 
était  attaché  à  la  cour  en  qualité  de  chan- 
teur. Il  est  certain  aussi  qu'aux  fêtes  de 

1 


CAG 


CAC 


noces  du  grand  duc  François  deMedicis  avec 
BiancaCapello,  célébrées  en  l579,Caccini 
chanta  le  rôle  de  laNuit,  accompagné  par 
des  violes  l ,  dans  un  intermède  dont  la 
musique  était  de  Pierre  Strozzi. 

A  cette  éqoque,  Jean  de  Bardi ,  comte 
deVerniojScs  amis  Jacques  Corsi  et  Pierre 
Strozzi,  à  qui  s'étaient  réunis  Vincent  Ga- 
lilée ,  père  du  célèbre  physicien ,  Mei  et  le 
poète  Rinuccini ,  avaient  formé  une  asso- 
ciation artistique  qui  avait  pour  but  de 
faire  revivre  l'ancienne  déclamation  musi- 
cale des  Grecs,  et  de  l'appliquer  au  drame. 
Les  membres  de  cette  société  avaient  pris 
en  aversion  le  genre  madrigalesquc  à  plu- 
sieurs voix,  et  voulaient  lui  substituer 
des  chants  à  voix  seule,  accompagnés  d'un 
instrument.  Cette  idée  n'était  pas  absolu- 
ment nouvelle  ,  car  dans  une  fête  donnée 
à  Galéas  Sforce  et  à  son  épouse,  Isabelle 
d'Arragon,  par  Borgonzo  Boita,  noble 
de  Tortone  ,  en  1488,  il  y  eut  un  inter- 
mède où  les  dieux  et  les  déesses  chantèrent 
tour  à  tour.  Au  mariage  de  Cosme  1er 
avec  Éléonore  de  Tolède  ,  en  1539  ,  on  en- 
tendit Apollon  chanter,  en  s'accompa- 
gnant  de  la  lyre,  des  stances  poétiques 
à  la  louange  des  deux  époux  ,  et  les  muses 
répondre  à  ce  chant  par  une  canzone 
à  neuf  parties  réelles.  Enfin,  aux  mêmes 
fêtes,  l'Aurore  réveillait  par  ses  chants  les 
bergers,  les  nymphes,  et  était  accompa- 
gnée par  un  clavecin  2. 

Admis  dans  la  société  des  hommes 
distingués  qu'on  vient  de  nommer,  et 
instruit  par  leurs  entreliens  de  la  révo- 
lution qu'ils  voulaient  opérer  dans  la  mu- 
sique, Caccini  sentit  s'éveiller  en  lui  le 
génie  qui  le  rendait  propre  à  réaliser  une 
partie  des  vues  et  des  espérances  de  ses 
patrons.  Homme  d'esprit ,  il  comprit  qu'il 
avait  tout  à  gagner  à  cette  transformation 
de  l'art,  car  son  ignorance  des  règles  du 
contrepoint  était  à  peu  près  complète,  et 
la  nature  lui  avait  accordé  le  don  d'inven- 


ter des  chants  que  son  talent  d'exécution 
faisait  valoir.  Ses  canzonettes  et  ses  son- 
nets acquirent  une  vogue  extraordinaire  ;  il 
les  chantait  avec  l'accompagnement  du 
théorbe,  instrument  qui  venait  d'être  in- 
venlé  par  un  Florentin  nommé  Bar- 
de lia. 

Ces  heureux  essais  déterminèrent  le 
comte  de  Vernio  à  écrire,  en  1590,  le 
poème  d'une  monodie }  sorte  de  scène 
à  voix  seule,  que  Caccini  mit  en  musique 
avec  succès.  Peu  de  temps  après,  Bardi 
quitta  Florence  pour  aller  se  fixer  à  Rome. 
La  maison  de  Corsi  devint  alors  le  centre 
de  la  société  d'artistes  et  d'amaleurs  dont 
ce  seigneur  était  un  des  fondateurs.  Eu 
1594,  son  ami,  le  poète  Rinuccini ,  fit 
un  second  essai  dans  sa  Daphné }  et  char- 
gea Péri  et  Caccini  de  la  composition  de 
la  musique.  Plusieurs  autres  petils  dra- 
mes de  ce  dernier  succédèrent  à  celui-là, 
et  furent  joués  dans  la  maison  de  Corsi  où 
ils  excitèrent  l'enthousiasme.  Ces  pasto- 
rales avaient  eu  pour  modèles  Il  Saliro } 
d'Emilio  del  Cavalière  (V.  Cavalière), 
représenté  publiquement  à  Florence,  en 
1590  ,  Ladisperazione  di  Fileno  (1590), 
et  II  Giuoco  délia  Cieca  (1595)  ,  ouvrages 
du  même  compositeur;  maison  ne  peut 
nier  qu'il  y  eût  dans  le  style  de  Caccini 
quelque  chose  de  plus  dramatique  que 
dans  celui  de  Cavalière.  Les  méditations 
de  tant  d'hommes  distingués  conduisi- 
rent enfin  ,  après  environ  vingt  ans  de  re- 
cherches ,  à  la  découverte  d'une  espèce  de 
déclamation  musicale  destinée  à  changer 
la  direction  de  l'art.  Rinuccini,  musicien 
autant  que  poète,  paraît  avoir  eu  la  plus 
grande  part  dans  celte  découverte.  Les 
fêtes  célébrées  en  1600  ,  pour  le  mariage 
de  Henri  IV  ,  roi  de  France  ,  avec  Marie 
de  Médicis,  lui  fournirent  une  occasion 
favorable  pour  réaliser  ses  idées  à  cet 
égard;  il  écrivit  pour  les  fêtes  qui  furent 
alors  célébrées  une  Tragedia  per  Musica 


»  Feste  r.elle  Nazie  del  Scvenisslmo  D.  Frnneesco 
Médiat  gmn  Duca  di  Toscana  ,  clCi  Fire»ïe  ,  Filip.  et 
Jac.  Giunti,  1579.  40. 


a  V.  Jpparato  e  Fesle  nelle  nazis  dello  Ilîttstriisimo 
Sig.  Duca  di  Fiinme ,  etc.  Tinrent»  -,  Bencd,  GiunU, 
1539,  in- 8.,  p.  40. 


CAC 

dont  le  sujet  et  le  titre  étaient  Euridice. 
Péri  écrivit  la  plus  grande  partie  de  la 
musique  de  cet  ouvrage  ;  Caccinifut  chargé 
de  la  composition  des  airs  du  rôle  d'Eu- 
ridice  et  des  chœurs.  Plus  tard  ,  il  écrivit 
de  nouveau  tout  l'opéra,  et  lit  imprimer 
à  Venise  sa  partition. 

Quel  que  fut  le  mérite  de  Péri  et  l'im- 
portance deses  travaux  dans  sa  collabora- 
tion avec  Caccini,  il  paraît  que  sa  gloire 
fut  éclipsée  par  celle  de  ce  dernier,  car 
les  contemporains  de  Caccini  s'accordent 
à  le  considérer  comme  ayant  eu  la  plus 
grande  part  dans  la  création  du  draine  ly- 
rique. L'abbé  Angclo  Grillo ,  ami  du 
Tasse ,  lui  écrivait  :  «  Vous  êtes  le  père 
o  d'un  nouveau  genre  de  musique,  ou  plu- 
«  tôt  d'un  chant  qui  n'est  point  un  chant, 
«  d'un  chant  récitatif,  noble  et  au-dessus 
<c  des  chants  populaires,  qui  ne  tronque 
«pas,  n'altère  pas  les  paroles,  ne  leur 
«  ôte  point  la  vie  et  le  sentiment,  et  les 
o  leur  augmente  au  contraire,  en  y  ajou- 
«■  tant  plus  d'ame  et  de  force,  etc. l.»  Jean 
de  Bardi,  dont  le  témoignage  est  d'un 
grand  poids  pour  le  temps  où  il  écrivait, 
s'exprime  ainsi  dans  un  discours  adressé 
à  Jules  Caccini  lui-même  :  «  Selon  mon 
«  sentiment  et  selon  celui  des  connais- 
«  seurs,  vous  avez  atteint  le  but  d'une 
«  musique  parfaite;  non  seulement  per- 
«  sonne  ne  vous  surpasse  en  Italie,  mais 
«il  en  est  peu,  et  peut-être  n'en  est-il 
«  aucun  qui  vous  égale  2.  »  Doni ,  en  plu- 
sieurs endroits  de  ses  ouvrages  ,  accorde 
aussi  beaucoup  d'éloges  à  Caccini.  11  pa- 
raît qu'avant  de  s'exercer  dans  le  genre  de 
musique  qui  fit  sa  réputation  ,  cet  artiste 
avait  écrit  d'autres  ouvrages  dans  l'ancien 
style ,  et  qu'il  n'y  avait  pas  réussi ,  caf 
Pierre  Délia  Valle  dit,  en  le  rangeant 
parmi  ceux  qui  ont  le  plus  contribué  aux 
progrès  de  la  musique  moderne  :  Giulio 
Caccini  egli  ancora }  detlo  Giulio   Ro- 


CAC 


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mano  ;  via  dopo  che  si  fu  esercitato 
nelle  musiche  di  Firenze;  perche  nelle 
altre  innanzi ,  con  buona  pace  di  lui } 
non  ci  trovo  lanto  di  buono*.  Ces  mots 
de  Délia  Valle,  con  buona  pace  di  lui, 
nous  font  connaître  que  Caccini  ne  vivait 
plus  au  mois  de  janvier  1640,  car  le  dis- 
cours où  ils  se  trouvent  est  daté  du  16  de 
ce  mois.  Il  aurait  été  âgé  alors  d'un  peu 
plus  de  quatre-vingts  ans. 

Malgré  tant  d'éloges  accordés  à  Caccini 
par  les  écrivains  de  Florence,  les  produc- 
tions de  ce  musicien  ont  été  l'objet  de  cri- 
tiques amères  depuisenviron  quarante  ans. 
Burney ,  copié  par  quelques  auteurs  alle- 
mands ,  a  reproché  à  ses  chants  d'être  em- 
preints de  monotonie,  et  leur  a  trouvé  de 
l'analogie  avec  le  style  de  Lulli.  En  cela, 
il  a  fait  preuve  de  cette  légèreté  de  jugement 
qu'on  remarque  en  beaucoup  d'endroits  de 
son  Histoire  delà  musique,  lorsqu'il  y  ana- 
lyse les  œuvres  des  anciens  compositeurs. 
11  n'y  a  pas  la  plus  légère  analogie  entre 
les  mélodies  de  Caccini  et  celles  de  Lulli, 
encore  moins  de  ressemblance  dans  le  ré- 
citatif. Caccini  est  sans  doute  inférieur  à 
Monteverde  ,  sous  le  rapport  de  l'expression 
passionnée ,  et  il  a  été  surpassé  dans  le  réci- 
tatif par  Carissimi  ;  mais  les  formes  de  ses 
mélodies  ont  de  l'originalité;  les  périodes 
en  sont  longues,  et  l'examen  attentif  de 
ses  ouvrages  fait  voir  qu'il  saisissait  fort 
bien  le  caractère  des  paroles.  Quant  aux 
ornemens  du  chant,  il  a  su  leur  donner 
une  grâce  qu'on  ne  trouve  point  dans  le3 
œuvres  de  ses  contemporains.  Ses  madri- 
gaux à  voix  seule  offrent  en  ce  genre  des 
choses  de  très  bon  goût.  C'est  donc  à  tort 
que  les  auteurs  du  nouveau  lexique  uni* 
versel  de  musique,  publié  sous  la  direc- 
tion de  M.  Schilling,  ont  copié  Gerber , 
et  ont  dit  que  celte  musique  n'est  qu'une 
psalmodie.  C'est  à  tort  surtout  qu'ils 
ont  reproché  à  d'autres  écrivains  d'avoir 


lLeltere  dell'abate  Angclo  Grillo,  Venezia  ,  1608  , 
f.  1.  p.  435. 

»  Discorso  mandata  da  Gio.  de  Bardi  a  Giulo 
Caccini  detlo  Roniano  sopra  la  Muiicn ,  c'I    cnntaf 


ùene.   Dans  les  œuvres  de  J.  E.  Demi,   t.  2,  p.  233. 
3  Délia  Musicn  deW  elh  noslra  ,  etc.,  dtscorso  di 
Pictro   Deila    Valle.    Selle   opère   del   Doni,    t.   2, 
p,  249. 


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CAG 


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considéré  Péri  et  Caecini  comme  des  in- 
venteurs et  comme  de  grands  artistes.  Nul 
commencement  n'est  grand  ni  beau,  disent- 
ils  !  mais  n'y  a-t-il  pas  un  immense  mérite 
à  commencer? 

Tous  les  écrivains  sur  la  musique,  du 
temps  de  Caecini,  l'ont  signalé  comme  le 
meilleur  chanteur  de  son  époque,  et  Pra> 
torius  en  parle  en  ce  sens  (  Sytitag.  Mu- 
sic,  t.  3  ,  p.  230  ).  Il  avait  formé  quel- 
guesélèvesqui  passaient  pour  des  chanteurs 
distingués.  Cependant  Gerher  {Neues 
Lexikon  cler  Tonkunstler,  t.  1 ,  col.  595) 
se  moque  et  de  Prsetorius  et  de  Caecini  , 
et  dit  qu'à  juger  des  fioritures  du  chant 
de  Caecini  par  son  trille ,  qui  consistait 
en  8  ou  16  fois  la  même  note  répétée,  ce 
dernier  devait  être  un  pauvre  chanteur. 
Gerber  ,  en  cela  comme  en  beaucoup  d'au- 
tres choses,  n'a  su  de  quoi  il  parlait;  il  a 
pris  pour  le  trille  de  Caecini  l'ancien  orne- 
ment de  chant  appelé  vibrato.  Parmi  les 
élèves  de  Jules  Caecini ,  on  remarquait  sa 
fille  Francesca,  dont  le  talent  dans  l'art 
du  chant  est  vanté  par  Doni.  Elle  vivait 
en  1640,  et  se  faisait  remarquer  comme 
poète  et  comme  musicienne.  (V.  Opère 
delDoni,  t.  2,  p.  257.  ) 

Les  ouvrages  connus  de  Jules  Caecini 
sont  :  1°  Combattimento  d'Apolline 
col  serpente  ,  monodrame ,  poésie  de 
Bardi,  en  1590,  représenté  à  Florence , 
dans  la  maison  du  poète;  2°  Daphne , 
drame,  poésie  de  Rinuccini ,  représenté 
chez  Corsi  en  1594  ;  5°  Euridice ,  tragé- 
die mise  en  musique  par  Jacques  Péri  et 
Caecini,  représentée  en  1600,  d'abord  en 
particulier,  puis  publiquement.  La  plus 
grande  partie  de  cet  ouvrage  par  Péri  ; 
4°  //  Ratto  di  Cefale,  représenté  en  1600 
en  société  particulière  ;  la  poésie,  par  Ri- 
nuccini ,  la  musique  par  Péri  et  Caecini , 
mais  la  plus  grande  partie  par  ce  dernier; 
5°  Euridice,  musique  refaite  entièrement 
par  Caecini,  publiée  à  Venise  en  1615; 
6°  Le  Nuove  Musiche ,  collection  de  ma- 
drigaux à  voix  seule,  de  canzoni  et  de 
monodies.  Venise,    1615;  ouvrage  qui 


peut  être  considéré  comme  un  des  plus 
importons  de  Caecini. 

CACC1NI  (  horace  ) ,  fut  maître  de  cha- 
pelle de  Sainle-Marie-Majeure,  à  Rome, 
en  1577.  11  eut  pour  successeur  Nicolas 
Pervè ,  en  1581.  Je  possède  une  messe 
De  beata  Virgine  à  cinq  voix,  de  ce 
maître. 

CADEAC  (pierre),  compositeur  fran- 
çais qui  vivait  vers  le  milieu  du  16e  siècle, 
a  publié  un  recueil  intitulé  :  Moteta 
quatuor,  quinque  et  sex  vocum,  lib.  1 , 
Paris,  Adrien  Le  Roy,  1555,  in-4° 
oblong.  On  trouve  aussi  une  messe  à  4 
voix  de  ce  musicien  dans  une  collection 
de  messes  de  divers  auteurs  français  ,  re- 
cueillies par  A.  Cardane,  et  publiées  sous 
ce  titre  :  XII  Misses  cum  4  voc.  a  cele- 
berrimis  auctoribus  conditœ ,  nunc  re- 
cens in  lucem  editœ ,  atque  recognitœ } 
Paris ,  1554.  Dans  la  bibliothèque  de 
M.  l'abbé  Santini,  à  Rome,  il  y  a  des  mo- 
tets à  cinq  voix  de  Cadeac  ,  imprimés  à 
Paris  en  1544. 

CiESAR  (jean-melchior)  ,  né  à  Sa- 
verne,  en  Alsace,  vers  le  milieu  du  17e 
siècle,  fut  maîlre  de  chapelle  des  évêques 
de  Bamberg  et  de  Wiirtzbourg  en  1683 , 
et  passa  en  1687  en  la  même  qualité  à  la 
cathédrale  d'Augsbourg.  On  a  de  lui  les 
ouvrages  dont  les  titres  suivent  :  1°  Tri' 
sagion  Musicum,  complectens  omnia 
qffertoria  de  communi  Sanctorum  et 
Sanctarum,  de  Maria  Virgine  et  dedi- 
catione  Ecclesiœ,  secundum  proprium 
textum  gradualis  Romani  cum  6 ,  scilicet 
C.  A.  T.  B.  et  2  violinis  concordanti- 
bus.  Cum  adjunctis  ad  libitum  quatuor 
vocibus  concordanlibus,  tribus  violis  et 
fagotto  autviolone.  Op.  1.  Wiirtzbourg, 
1683,  m-fol.  ;  2°  Misses  brèves  VIII. 
4  vocibus  et  2  violinis  concertantibus 
ac  totidem  vocibus  et  violis  cum  fagotto 
accessoriis  ad  bene  placitum.  op.  2  , 
Wiirtzbourg,  1687,  in-4°;  3°  Lustige 
Tafelmusik  in  FI  Stûcken  mit  60  Ba- 
letten ,  bestehend  in  unlerschiedlichen 
lustigen  Quodlibetten  und  kurzweiligen 


CAF 


CAF 


deutschenConzerten.  Wùrtzbourg,  1684, 
grand  in-4°  (  Musique  agréable  de  table  , 
consistant  en  six  pièces,  etc.)  ;  5°  Psalmi 
vesperlini  dominicales  etfestivi  per  an- 
nuni,  cuni  2  magnificat  C.  A.  T.  B. 
2  violinis  concert,  cum  2  violis  ,Jagotto 
aut  violone ,  et  4  repienis  seu  vocibus 
concordantibus  ad  libitum.  Quibus  pro 
additamento  adjuncti  sunt  psalmi  alter- 
nativi  duplici  modo ,  2  ,  5 ,  4 ,  5  et  6  tum 
vocibus  ,  tum  instruments ,  prioribus  ad 
beneplacitum  intermiscendi  ;  op.  4, 
Wùrtzbourg ,  1690,  in-4°  ;  5°  Hymni  de 
Dominicis  et  tempore,  de  proprio  et 
communi  sanctorum  ,  aliis  iiniversorum 
religiosorum ,  ordinum  principationibus 
per  totius  anni  decursum,  in  ojjlcio  ves~ 
pertino  decantari  solitis.  Wùrtzbourg  ; 
1692,in-4°. 

CiESARIUS  (  jean-martin  ) ,  contra- 
punlistedu  17e  siècle,  a  publié  :  Concen- 
tus  sacros  2-8  vocum.  Municb,  1622. 

CAETANO  (  fr.  luiz  de  ) ,  moine  por- 
tugais et  sous- chantre  d'un  cloître  de  Lis- 
bonne], naquit  dans  cette  ville  en  1717. 
On  a  de  sa  composition  un  ouvrage  inti- 
tulé :  Corona  seraphica  de  puras  et  fra- 
grantes  flores  pelo  ardente  affecto  dos 
f rades  menores  da  pr  ovine  ia  de  Portu- 
gal para  com  summa  melodia  ser  qffe~ 
reieda  emaccao  de  graças  nos  coros 
Franciscanos ,  no  das  mais  religioens 
sagradas  lodas  amantes  da  pureza  Ma- 
riana.  Lisbonne,  in  ojjicina  Joaquiniana 
da  musica.  1744. 

CAFARO  (pascal),  compositeur,  né 
en  1708  ,  à  San-Pietro ,  dans  la  province 
de  Lecce,  au  royaume  de  Naples,  fut  ad- 
mis comme  élève  au  conservatoire  de  la 
Pietà  ,  où  Léo  fut  son  maître  de  composi- 
tion. Ses  études  étant  achevées,  il  devint 
maître  de  la  chapelle  du  Roi,  et  maître 
de  l'école  où  il  avait  été  élève.  11  est  mort 
à  Naples  en  1787.  Bien  qu'il  ne  fût  pas 
un  musicien  fort  remarquable  sous  le  rap- 
port de  l'invention ,  Cafaro  obtint  néan- 
moins des  succès  à  cause  de  la  grâce  natu- 
relle de  ses  mélodies  et  de  la  pureté  de  son 


style.  On  connaît  de  lui  les  œuvres  dont 
les  titres  suivent  :  1°  Oratorio  perl'inven- 
zione  délia  croce,  Naples,  1747;  2°  Iper- 
mnesira ,  Naples,  1751;  3°  La  disfatta 
di  Dario,  1756;  4°  Antigono ,  1751', 
5°  L'Olimpiade;  6°  L' Incendia  di  Troia } 
Naples,  1757  ;  7°  Cantata  à  tre  voci per 
festeggiare  il  giorno  natalizio  di  Sua 
Maestà,  Naples,  th.  S.  Carlo,  1764, 
8°  Arianna  e  Teseo ,  ibid.,  1766; 
9°  Cantata  a  tre  voci  per  festeggiare  il 
giorno  natalizio  di  sua  Maestà  Catolica, 
Naples,  th.  S.Carlo,  1766;  10°  Giusti- 
zia  placata ,  1769;  11°  Cantata  a  pik 
voci  pour  la  translation  du  sang  de 
saint  Janvier,  Naples,  1769,  75,  81 ,  83  ; 
12°  Creso,  Turin,  1777;  13°  Belulia 
libéra  ta;  14°  //  Figliuolo  prodigo  ravve- 
dulo  •  15°  Oratorio  pour  Saint-Antoine  de 
Padoue;  16°  Il  trionfo  di  Davidde, 
oratorio.  Un  air  de  Cafaro ,  Belle  luci 
che  accendete ,  a  eu  un  succès  d'enthou- 
siasme. La  musique  d'église  de  ce  com- 
positeur est  simple,  mais  expressive.  Son 
Stabat  est  à  juste  titre  considérécomme  une 
bonne  production. On  cite  aussi  avec  éloge 
le  psaume  106e  [Confilemini)  qu'il  a  écrit 
pour  soprano ,  alto  et  ténor ,  avec  chœurs 
et  orchestre.  Le  tombeau  de  Cafaro  se 
trouve  près  de  celui  d'Alexandre  Scarlatti, 
dans  la  chapelle  de  sainte  Cécile,  à  l'église 
des  Carmes  de  Monte-Sanlo ,  hors  de  la 
porte  Médina  ,  à  Naples.  On  y  lit  cette 
épitaphe  : 

D.  0.  M. 

Divinaque.  Cseciliœ.  Tutelari.  Suae. 

Diù.  Dicatum.  Altare.  Sacellumque. 

Musicorum.  Chorus.  iEdis.  Regii.  Pallatii. 

Sibi  Proprium. 

Anctore.  Paschale.  Caffaro. 

Regiarum.  Majestatum.  Magistro. 

Et.  primo,  ejusdem.  iEdis.  Corago. 

iEre.  Collât.  Exornarunt. 

Anno.  M.  D.  CC.  LXXXVII. 

Curantibus.Petro.  Antonacci.  Hieronymo. 

De  Donato.  Et.  Joachimo.  Sabbatmo. 
Annuis  Praefectis. 

CAFFARELLI.Voy.  Majorant 


CAF 


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CAFFI  (  FKAKçois) ,  littérateur  italien, 
né  à  Venise,  a  donné  une  biographie  du 
maître  de  chapelle  de  Saint-Marc  Furla- 
netto  ,  sous  ce  titre  :  Délia  vita  e  ciel 
comporte  di  Bonavenlura  Furlanetlo , 
dello  Musia,  Veneziano ,  maestro  di 
cappella  ducale  di  S.  Marco.  Venise, 
Picotti,  1820,  40  pages  in-8°,  avec  le 
portrait  de  Furlanetto.  Il  y  a  peu  de  cri- 
tique et  de  connaissance  de  l'art  dans  ce 
morceau. 

CAFFI  AUX    (  DOM    PHILIPPE-JOSEPH  )  , 

bénédictin  de  la  congrégation  de  St-Maur, 
naquit  à  Valenciennes  en  1712,  et  après 
avoir  achevé  ses  études,  entra  fort  jeune 
dans   Tordre  de  Si-Benoît.   Il    mourut  à 
Paris,    à  l'abbaye  St-Germain-des-Prés  , 
le  26  décembre  1777.  Ce  savant  religieux 
est   connu  principalement  par  le  premier 
volume  d'un  livre  qui  a  pour  titre  :  Trè- 
sor  généalogique }  ou  extraits  des  litres 
anciens  qui  concernent  les   maisons  et 
familles  de  France.  Paris ,  1777  ,  in-4°. 
La  suite  de  cet  ouvrage  n'a  point  paru , 
mais    elle    se  trouve  en  manuscrit,  avec 
les    matériaux  que    Dom  Caffiaux    avait 
rassemblés,  à  la  bibliothèque    royale   de 
Paris.  Plusieurs  autres  ont  élé  publiés  ou 
entrepris  par  lui,  maison  ne  le  cite  ici 
que  comme  auteur  d'une  Histoire  de  la 
Musique,  dont  le  manuscrit  autographe 
a  été  retrouvé  à  la  bibliothèque  royale  par 
l'auteur  de  ce  Dictionnaire.  Cet  ouvrage, 
dont  le  prospectus  avait  paru  en  1756, 
fut  annoncé  comme  étant  sous  presse,  dans 
le  catalogue  des  livres  de  musique  qui  se 
trouve  à  la  fin  de  YHistoire  du  Théâtre 
de  V Académie  royale  de  Musique ,  pu- 
bliée parle  président  Purey  de  Noinville; 
mais  le  nom  de  l'auteur  y  était  défiguré 
en  celui  de  Caffiat.  Forkel  (  Allgemeine 
Lilleratur  cler  Musik ,  p.  21)  et  Lichten- 
thal  (  Dizzion.  e  Biùliog.  délia  Musica , 
t.  III  )  ,   ont   copié  cette  annonce  sous  le 
même  nom  ,  et  ont  cité  l'ouvrage  comme 
avant  été  imprimé  en  1757,  en   2  volu- 
mes in-4°.  La  Borde  n'en  a  rien  dit  dans 
le  catalogue  des  écrivains  sur  la  musi- 


que ,  inséré  au  troisième  volume  de  son 
Essai  sur  cet  art,  et  les  auteurs  du 
Dictionnaire  historique  des  musiciens 
(Paris  1810-1811)  ont  imité  son  silence. 
L'auteur  anonyme  de  l'article  peu  étendu 
sur  Dom  Caffiaux,  de  la  Biographie  uni- 
verselle publiée  par  MM.  Michaud  ,  dit, 
après  avoir  cité  le  Trésor  généalogique  : 
«H  (D.  Caffiaux)  avait  précédemment 
it  fait  paraître  un  Essai  sur  l'histoire  de 
«  la  musique  ,  in-4°.  »  Cependant  ayant 
acquis  par  ses  recherches  la  certitude 
qu'aucun  livre  portant  le  nom  de  Caffiaux 
n'avait  paru  sous  les  litres  d'Histoire  de 
la  musique  ou  d'Essai  sur  l'histoire  de 
la  musique ,  l'auteur  de  ce  dictionnaire 
doutait  de  l'existence  de  cet  ouvrage  ,  lors- 
qu'un hasard  heureux  le  lui  fit  découvrir, 
au  moment  où  il  faisait  des  investigations 
sur  un  autre  objet,  parmi  les  manuscrits 
de  la  bibliothèque  royale. 

Le  manuscrit  original  du  P.  Caffiaux 
(  coté  16,  fonds  de  Corbie  )  est  contenu 
dans  un  portefeuille  petil  in-folio.  On  y 
trouve  en  tête  une  note  de  la  même  main , 
sur  une  feuille  volante,  qui  contient  le 
détail  des  diverses  parties  de  l'ouvrage. 
Cette  note  est  ainsi  conçue  : 

«  L'histoire  manuscrite  de  la  musique 
«  faite  par  Dom  Caffiaux  est  renfermée 
«  dans  vingt  cahiers,  qui  sont  :  1.  Pré- 
«  face  et  table  générale  en  24  pages  ; 
k  2.  Dissertation  I ,  sur  l'excellence  et  les 
«  avantages  de  la  musique  ,  en  83  pages; 
o  3.  Livre  I ,  Histoire  de  la  musique ,  de- 
c  puis  la  naissance  du  monde,  jusqu'à  la 
«  prise  de  Troie,  en  52  pages;  4.  Lix.  H, 
«  Histoire  depuis  la  prise  de  Troie  jusqu'à 
«Pytliagorc,  en  42  pages;  5.  Disserta- 
«  lion  II  sur  la  musique  des  différens 
«  peuples  ,  en  65  pages;  6.  Dissertation 
«  III ,  sur  la  musique  des  différens  peu- 
«ples,  en  65  pages;  7.  Liv\,  III,  His- 
«  toirc  de  la  musique  ,  depuis  Pytliagorc 
«jusqu'à  la  naissance  du  christianisme, 
«  en  59  pages;  8.  Dissertation  IV  sur  les 
«  inslrumens  de  musique  anciens  et  mo- 
«  dernes,  en  57  pages;  9.  Dissertation 


CAF 


CAF 


«  snr  le  contrepoint  des  anciens  et  des  mo-> 
«  dernes  ,  en  46  pages  ;  10.  Dissertation  VI 
«  sur  la  déclamation  ,  en  41  pages  ; 
a  11.  Livre  IV,  Histoire  de  la  musique, 
«  depuis  la  naissance  du  christianisme 
«jusqu'à  Gui  d'Arezzo,  en  51  pages; 
«  12.  Dissertation  VII  sur  le  chant  et  sur 
«la  musique  d'église,  en  59  pages; 
«  13.  Livre  V.  Histoire  delà  musique, 
«  depuis  Guy  d'Arezzo  jusqu'à  Lulli  , 
«en  123  pages;  14.  Dissertations  VIII 
a  et  IX  sur  l'Opéra  et  sur  la  sensibilité  des 
«  animaux  pour  la  musique,  en  24  pages; 
«15.  Livre  VI.  Histoire  de  la  musique, 
«  depuis  Lulli  jusqu'à  Rameau  ,  en 
a  98  pages;  16.  Dissertation  X.  Paral- 
«  lèle  fie  la  musique  ancienne  et  moderne, 
«  en  23  pages  ;  17.  Dissertation  XI.  Pa- 
«  rallèle  de  la  musique  française  et  i ta- 
a  lienne,cn  43  pages;  18. Dissertation  XII, 
«  Parallèle  des  Lullistcs  et  des  anlilullis- 
«tes,  en  26  pages  ;  19.  Livre  VII.  His- 
«  toire  delà  musique  depuis  Rameau  jus- 
«  qu'aujourd'hui  (1754),  en  145  pages  ; 
«  20.  Catalogue  des  musiciens,  dont  il 
«  n'est  point  parlé  dans  le  corps  de  l'ou- 
a  vrage  ,  en  25  pages;  21.  Total  des  pa- 
«  ges  du  manuscrit,  1171.» 

Cette  note  ,  conforme  à  la  table  géné- 
rale qui  suit  la  préface  et  qui  contient 
l'analyse  de  chaque  partie  de  l'ouvrage, 
n'est  cependant  point  d'accord  avec  l'état 
actuel  du  manuscrit ,  qui  ne  forme  que 
9  cahiers.  Le  premier  de  ces  cahiers  ren- 
ferme la  préface  et  la  table  analytique  des 
matières;  mais  la  deuxième,  qui  devait 
contenir  la  dissertation  sur  l'excellence  de 
la  musique,  en  83  pages,  manque;  on  ne 
trouve  à  sa  place  que  deux  feuilles,  cotées 
pages  109-116,  où  se  trouve  le  commen- 
cement du  premier  livre.  Cette  pagination 
est  conforme  à  la  note  ;  car  les  24  pages 
de  la  préface  et  de  la  table  ,  et  les  83  pa- 
ges de  la  dissertation ,  composaient  un 
total  de  107  ,  plus  ,  la  page  du  litre  ;  ve- 
nait ensuite  le  premier  livre,  commen- 
çant à  la  page  109.  Les  cahiers  du  pre- 
mier et  du  deuxième  livres  sont  complets  ; 


mais  le  cinquième  et  le  sixième ,  qui  con- 
tenaient les  deuxième  et  troisième  disser- 
tations, ont  disparu  ,  ainsi  que  ceux  des 
dissertations  4,  5,  6,  7,  8,  9,10,  11 
et  12.  Les  livres  troisième,  quatrième, 
cinquième,  sixième  et  septième  ,  ainsi  que 
le  catalogue  des  musiciens,  sont  complets. 
La  perte  des  dissertations  n'est  point 
l'effet  du  hasard;  car  plusieurs  ebange- 
mens  de  titres,  corrections  et  raccords, 
tous  de  la  main  de  Dom  Caffiaux,  démon- 
trent que  lui-même  avait  fait  ces  suppres- 
sions. C'est  ainsi  que  les  huit  premières 
pages  détachées  du  premier  livre  ont  été 
presque  entièrement  changées  dans  le 
cahier  qui  renferme  ce  livre.  Quant  à  sa 
volonté  de  faire  les  suppressions  dont  il 
vient  d'èlre  parlé,  elle  est  manifeste  par 
la  paginaison  même  du  manuscrit,  qui  a 
été  faite  aussi  parlui,  et  qui  n'a  point  de 
lacune,  depuis  le  commencement  du  pre- 
mier livre  jusqu'à  la  fin  du  catalogue  des 
musiciens.  Au  reste,  un  autre  fait  démon- 
tre que  ,  postérieurement  à  la  note  indica- 
tive des  vingt  cabiers  de  l'histoire  de  la 
musique,  dom  Caffiaux  avait  donné  une 
autre  forme  à  son  ouvrage,  et  qu'il  l'avait 
divisé  en  19  dissertations,  dont  les  12  pre- 
mières contenaient  tout  ce  qui  a  été  re- 
tranché ,  comme  des  prolégomènes  du  livre 
principal.  Cela  se  voit,  évidemment  par 
la  pagination  du  manuscrit  tel  qu'il  est 
aujourd'hui,  car  ce  manuscrit  commence 
au  premier  livre  par  la  page  565,  et  se 
continue  sans  interruption  jusqu'à  la 
page  1161;  de  plus,  on  voit  que  le  pre- 
mier livre  était  originairement  intitulé 
Dissertation  XIIIe  sur  l'histoire  de  la 
musique  et  des  musiciens ,  et  les  livres 
suivans,  Dissertations  14e,  15e,  16e,  17e, 
18e  et  19e.  Ne  serait-ce  pas  que  la  pre- 
mière partie  de  l'ouvrage  ,  contenant  les 
douze  premières  dissertations  auraient  été 
livrées  à  l'impression,  et  que  par  quelque 
circonstance  ignorée ,  cette  impression 
n'aurait  pas  été  continuée?  Ce  qui  pour- 
rait le  faire  croire,  c'est  que  je  possède  un 
prospectus  d'une  demi-feuille  in-4° ,  im- 


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primé  en  1756,  dans  lequel  l'histoire  de 
la  musique,  par  dom  Caffiaux ,  est  an- 
noncée comme  devant  être  publiée  en 
2  volumes  in-4°  ,  à  la  fin  de  la  même  an- 
née. 

Quelles  que  soient  les  circonstances  qui 
nous  ont  privé  des  dissertations  que  Dom 
Caffiaux  avait  écrites  sur  quelques  objets 
relatifs  à  l'histoire  de  la  musique,  on  ne 
peut  que  regretter  la  perte  de  quelques- 
unes  ;  par  exemple,  de  celle  où  il  était 
traité  des  instrumens  de  musique  de  l'an- 
tiquité ,  du  contrepoint  des  anciens  et  des 
modernes,  et  de  la  musique  d'église.  La 
soigneuse  érudition  qui  brille  dans  les  au- 
tres parties  du  livre  ne  peut  laisser  de 
doute  sur  le  mérite  de  celles-là.  Il  aurait 
mieux  valu  qu'elles  fussent  conservées ,  et 
que  le  savant  bénédictin  n'eût  pas  examiné 
sérieusement  quel  était  l'état  de  la  musi- 
que avant  le  déluge,  et  si  Adam  était 
musicienne  par  le  fait  même  de  la  créa- 
tion. L'histoire  conjecturale,  l'histoire 
qui  ne  repose  pas  sur  des  monumens  et 
sur  des  faits  ,  n'est  pas  de  l'histoire. 

Bien  supérieure  aux  compilations  de 
Bonnet  et  Bourdelot ,  de  Blainville  et 
de  La  Borde  (  V.  ces  noms) ,  l'histoire  de 
la  musique  de  dom  Caffiaux  méritait 
d'être  publiée,  et  aurait  fait  honneur  à  la 
France,  à  l'époque  où  elle  fut  écrite.  L'au- 
teur dit,  dans  sa  préface,  qu'il  a  lu,  ana- 
lysé et  expliqué  plus  de  douze  cents  au- 
teurs pour  composer  cet  ouvrage  ;  il  n'y 
a  rien  d'exagéré  dans  cette  assertion  :  les 
détails  dans  lesquels  il  est  entré  sur  les 
points  les  plus  importons  de  l'histoire  de 
l'art  prouvent  qu'il  possédait  des  connais- 
sances étendues ,  et  qu'il  avait  lu  avec  at- 
tention ,  non  seulement  les  auteurs  de 
l'antiquité  ,  mais  aussi  les  écrits  de  Gui 
d'Arezzo  ,  de  Jean  de  Mûris  ,  de  Gaffori , 
de  Glarean  ,  de  Salinas ,  de  Zarlino  ,  et  de 
tous  les  grands  théoriciens  de  la  musique 
des  seizième,  dix-septième  et  dix-huitième 
siècles.  Pas  un  de  ces  ouvrages  qui  ne  soit 
apprécié  à  sa  juste  valeur,  et  qui  ne  soit 
considéré  dans  l'influence  qu'il  a  exercée. 


CAF 

sur  les  progrès  de  l'art  ;  pas  une  décou- 
verte de  quelque  importance  qui  ne  soit 
enregistrée.  L'ordre  chronologique  est  ce- 
lui que  dom  Caffiaux  a  adopté.  Cette  dis- 
position a  l'inconvénient  de  morceler  cha- 
que partie  de  l'art  musical ,  et  de  faire 
revenir  ,  à  plusieurs  reprises,  snr  le  même 
sujet  ;  mais  il  a  l'avantage  de  présenter 
sous  un  même  coup  d'œil ,  l'ensemble  des 
progrès  de  chaque  époque.  En  ce  qui  con- 
cerne l'antiquité,  dom  Caffiaux  a  puisé 
la  plupart  de  ses  matériaux  dans  la  biblio- 
thèque grecque  de  Fabricius,  et  surtout 
dans  les  mémoires  de  Burette  (V.  ce  nom): 
pour  tout  le  reste ,  il  a  été  obligé  de  lire 
dans  les  auteurs  originaux  tous  les  passa- 
ges qu'il  a  cités  ,  et  il  s'est  acquitté  con- 
sciencieusement de  cette  lâche.  A  l'époque 
où  il  écrivait ,  les  grands  ouvrages  de  Mar- 
tini ,  de  Burnèy ,  de  Hawkins ,  de  Mar- 
purg ,  de  l'abbé  Gerbert  et  de  Forkel 
n'existaient  pas  ;  on  n'avait  pas  encore  les 
lexiques  musicaux  de  Bousseau  ,  de  Koch 
et  de  "Wolf  ;  celui  de  Waîther  n'était  pas 
connu  en  France;  les  Biographies  géné- 
rales de  La  Borde ,  de  Gerber  et  de  plu- 
sieurs autres  auteurs  n'avaient  pas  encore 
paru  ;  il  n'existait  pas  une  seule  biblio- 
graphie spéciale  de  la  musique;  enfin, 
l'historien  de  cet  art  était  pour  ainsi  dire 
livré  à  ses  propres  forces  pour  porter  la 
lumière  dans  des  questions  obscures.  Le 
P.  Caffiaux,  malgré  ces  désavantages,  a 
su  donner  de  l'intérêt  à  sa  narration  ,  et  a 
jugé  sainement  du  mérite  de  chaque  chose 
et  de  chaque  artiste  dont  il  a  parlé.  Son 
style  ne  manque  ni  d'élégance,  ni  de  faci- 
lité ;  ses  citations  sont  exactes  et  précises  ; 
en  un  mot  son  histoire  peut  être  encore 
consultée  avec  fruit  ,  surtout  à  l'égard  de 
la  musique  française  ,  nonobstant  les  tra- 
vaux plus  récens  de  plusieurs  musiciens 
savans.  Les  livres  4,  5,  6  et 7  spnt  parti- 
culièrement clignes  d'attention. 

CAFFBO  (  josepii),  hautboïste  célèbre 
et  virtuose  sur  le  cor  anglais  ,  est  né  dans 
le  royaume  de  JVaples,  non  en  1776, 
comme  il  est  dit  dans  le  lexique  universel 


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de  musique  publié  par  M.  Schilling ,  mais 
en  1766.  Il  entra  d'abord  dans  la  chapelle 
da  roi  deNaples  ,  puis,  fort  jeune  encore, 
il  se  rendit  à  Paris,  et  s'y  fit  entendre 
avec  beaucoup  de  succès  au  concert  spiri- 
tuel. Lié  d'amitié  avec  les  artistes  célèbres 
de  son  pays  qui  jouaient  au  théâtre  de 
Monsieur,  il  ne  s'éloigna  delà  capitale  de 
la  France  qu'en  1793.  La  Hollande  fut  le 
point  vers  lequel  il  se  dirigea  d'abord  ;  il 
y  resta  quelque  temps,  y  fit  graver  plu- 
sieurs morceaux  de  sa  composition  ,  et  se 
rendit  ensuite  à  Berlin  ,  puis  à  Manheim  , 
où  il  se  trouvait  encore  en  1807.  L'année 
suivante  il  quitta  l'Allemagne  pour  retour- 
ner en  Italie.  Depuis  lors  ,  on  n'a  plus  eu 
de  renseignemens  sur  sa  personne.  Les 
journaux  de  Paris  ont  donné  de  grands 
éloges  à  Caffro  lorsqu'il  se  fit  entendre  au 
concert  spirituel ,  et  Salentin  m'a  dit  qu'il 
le  considérait  comme  un  artiste  distingué; 
mais  il  paraît  que  les  qualités  de  son  ta- 
lent se  sont  altérées  plus  tard  ,  car  la  ga- 
zette musicale  de  Leipsickdel807  (n°  18), 
rendant  compte  d'un  concert  qu'il  avait 
donné  peu  de  temps  auparavant  à  Man- 
heim ,  fait  une  critique  assez  sévère  de  son 
jeu.  On  y  donne  des  éloges  au  fini  de  son 
exécution  dans  les  difficultés,  mais  on  dit 
qu'il  tirait  des  sons  durs  de  l'instrument, 
que  le  goût  de  sa  musique  était  suranné  , 
et  qu'il  y  avait  dans  son  style  une  multi- 
tude d'ornemens  de  mauvais  goût  et  de 
traits  insignifians. 

Caffro  a  publié  à  Paris  trois  concertos 
pour  le  hautbois,  en  1790.  En  1794,  il 
a  fait  paraître  deux  concertos  pour  le  même 
instrument ,  gravés  à  Amsterdam,  et  l'an- 
née suivante,  à  Rotterdam  ,  un  pot-pourri 
pour  piano  et  flûte  ou  violon  :  ce  dernier 
morceau  a  été  réimprimé  à  Berlin.  La 
Bibliothèque  du  Conservatoire  de  musi- 
que de  Paris  possède  les  manuscrits  ori- 
ginaux de  plusieurs  concertos  de  hautbois 
composés  par  cet  artiste. 

CAIGNET  (  dénis)  ,  musicien  attaché 
au  duc  de  Villeroi,  mit  en  musique,  à 
4  parties ,  les  Psaumes  de  David,  tra- 


duits par  Phi.  Desportes;  Paris,  Ballard  , 
1607. 

CAILLOT  {  joseph  ) ,  acteur  célèbre  de 
la    Comédie    Italienne,     naquit  à    Paris 
en  1732.   Il   n'était  âgé  que  de  cinq  ans 
lorsque  son  père,  qui  était  orfèvre,   fut 
obligé  de  déclarer  sa  faillite,  et  fut  arrêté 
pour  dettes  ;  les  créanciers  firent  vendre 
tout  ce  qui  était  dans  la  maisou ,  la  bou- 
tique fut  fermée  et  le  petit  Caillot  se  trouva 
dans  la  rue.  Des  porteurs  d'eau  touchés  de 
sa  misère,   le  recueillirent  et  en  prirent 
soin  comme  de  leur  enfant.  Son  père,  ayant 
enfin  recouvré  sa  liberté,  obtint  un  em- 
ploi subalterne  clans  la  maison  du  roi  ;  il 
suivit  Louis  XV   dans    la   campagne   de 
Flandre,  et  il  emmena  avec  lui  l'élève  des 
porteurs  d'eau,  dont  la  vivacité  spirituelle 
et  les  manières  gracieuses  excitèrent  l'in- 
térêt des  grands  seigneurs  de  l'armée.  Le 
duc  de  Villeroi  prit  de  l'amitié  pour  lui  et 
le  présenta  au  roi  qui  lui  demanda  com- 
ment il  s'appelait  :  Sire ,  je  suis  le  pro- 
tecteur du  duc  de  Villeroi,  répondit  Cail- 
lot, qui  voulait  dire  le  contraire.  Louis  XV 
rit    de   celte  méprise,  et   à  la  prière  de 
Villeroi,  il   attacha  son  protecteur  aux 
spectacles  des  petits  appartenions  pour  y 
jouer  les  amours.  Il  avait  une  jolie  voix; 
on  lui  donna  un  maître  de  musique  sous 
lequel  il  fit  de  rapides  progrès.  Après  que 
sa  voix  eût  changé  de  caractère  par  suite 
de  la  mue,  il  fut  obligé  de  quitter  la  Cour, 
à  cause   de  la  mauvaise  conduite  de  son 
père ,  et  de  s'engager  au  théâtre  de  la  Ro- 
chelle comme    musicien    d'orchestre.  La 
maladie  d'un  acteur  lui  fournit  l'occasion 
de  remonter  sur  la  scène ,   où  il  ne  tarda 
pas  à  se  faire  remarquer.  Après  avoir  joué 
avec  succès  la  comédie  à  Lyon  et  dans  plu- 
sieurs autres  villes  de  province  ,  il  fut  at- 
taché  pendant  quelques   années   au  spec- 
tacle de  l'Infant,  duc  de  Parme;  enfin  on 
l'appela  à  Paris,  et  il  débuta,  le  26  juil- 
let 1760,  à  la  Comédie  Italienne,  par  le 
rôle  de  Colas  dans  N incite  à  la  Cour.  Sa 
belle  voix,  qui  réunissait  les  registres  de 
barvlon  et  de  ténor  ,  la  finesse  de  sa  die-» 


10 


CAI 


tion ,  l'expression  de  sa  physionomie  et  de 
ses  gestes ,  tous  ces  avantages  ,  dis-je  , 
lui  procurèrent  un  triomphe  complet,  et 
dans  la  même  année  il  fut  reçu  au  nom- 
bre des  comédiens  sociétaires.  Dès  qu'il 
paraissait  sur  la  scène  ,  son  extérieur  pré- 
venait le  public  en  sa  faveur,  et  son  jeu, 
dit  La  Harpe,  achevait  l'entraînement. 
Grimm  assure  que  le  talent  de  Caillot 
était  plus  flexible  et  plus  rare  que  celui 
deLekain;  mais  il  semblait  ignorer  son 
mérite,  et  ce  fut  Garrick  qui,  pendant 
son  séjour  en  France  ,  lui  apprit  qu'il  se- 
rait pathétique  quand  il  voudrait.  Il  était 
en  effet  doué  d'une  profonde  sensibilité  ,  et 
ce  qui  se  passait  dans  son  ame  ,  il  savait  le 
communiquer  à  son  organe;  de  là  vient 
qu'il  n'obtint  pas  moins  de  succès  dans  le 
genre  pathétique  que  dans  le  bouffe.  Il 
s'identifiait  aux  rôles  qu'il  jouait ,  se  met- 
tait à  la  place  de  l'auteur,  et  faisait  tou- 
jours plus  que  celui-ci  n'espérait.  Il  ne 
faut  pas  s'y  tromper;  Caillot,  malgré  la 
beauté  de  sa  voix  ,  était  plus  acteur  que 
chanteur;  c'était  ainsi  qu'il  fallait  être 
pour  plaire  au  public  de  son  temps.  Don- 
ner au  chant  le  caraclère  de  vérité  de  la 
parole  ,  était  le  but  des  efforts  de  tous  les 
comédiens  de  l'Opéra-Comique,  et  lors- 
qu'on y  parvenait,  il  semblait  qu'il  ne 
restait  plus  rien  à  faire.  Grétry,  parlant 
dans  ses  Essais  sur  la  musique  de  la  pre- 
mière répétition  de  son  opéra  Le  Union , 
dit  :  a  Lorsque  Cailleau  '  chanta  l'air: 
«  Dans  quel  canton  est  l'Huronie  ?  et 
«  qu'il  dit  :  Messieurs ,  Messieurs,  en 
«  Huronie....  Les  musiciens  cessèrent  de 
«  jouer  pour  lui  demander  ce  qu'il  vou- 
o  lait.  —  Je  chante  mon  rôle  ,  leur  dit-il. 
a  —  On  rit  de  la  méprise  et  l'on  recom- 
«  mença  le  morceau,  n  Cette  vérité  de  dé- 
clamation musicale  était  alors  considérée 
comme  le  comble  de  l'art.  Les  rôles  les 
plus  brillans  de  Caillot  étaient  ceux  du 
Sorcier,  de  Mathurin  dans  Rose  et  Co- 

'  Gre'lry  a  écrit  partout  dans  son  livre  Cailleau  pour         qu'on  trouve  ce  nom  dans  les  registres  de  l'ancienne  Co- 
C.nillot;  il  était  dans  Terreur  sur  l'orthographe  du  nom  de  rue'die  italienne. 

cet  acteur  ;   c'est  Caillot  qu'il  faut  écrire  ,  et  c'est  ainsi 


CAI 

las  f  du  Déserteur,  du  Huron ,  du  Syl- 
vain ,  de  Biaise  dans  Lucile ,  et  de  Ri- 
chard dans  Le  Roi  et  le  Fermier.  Un 
enrouement  fréquent,  et  qui  se  déclarait 
d'une  manière  subite  ,  vint  contrarier 
cet  artiste  au  moment  où  son  talent  d'ac- 
teur atteignait  à  la  plus  grande  perfec- 
tion ;  il  craignit  que  cet  accident  ne  lui  fit 
perdre  la  faveur  du  public  ,  et  il  se  retira 
en  1772  ,  ayant  à  peine  atteint  l'âge 
de  quarante  ans.  Il  quitta  le  théâtre  au 
mois  de  septembre,  avec  une  pension  de 
1000  francs,  et  ne  parut  plus  qu'aux 
spectacles  de  la  cour  jusqu'en  1776  ,  épo- 
que où  il  cessa  tout-à-fait  de  jouer  la  co- 
médie, ne  conservant  que  l'emploi  de  ré- 
pétiteur. Il  retourna  vivre  avec  sa  mère  et 
ses  trois  sœurs  ,  qui  avaient  repris  le  com- 
merce de  la  bijouterie.  Plus  tard,  il  se 
retira  à  Saint-Germain-en-Laye  ,  dans  une 
petite  maison  que  lui  avait  donnée  le  comte 
d'Artois,  dont  il  était  le  capitaine  des 
chasses.  La  quatrième  classe  de  l'Institut 
l'admit  en  1800  au  nombre  de  ses  cor- 
respondans.  En  1S10,  les  acteurs  de  10- 
péra-Comique  ,  informés  que  Caillot  n'é- 
tait pas  heureux,  lui  assurèrent  une 
pension  de  1200  francs.  Quatre  ans  plus 
tard,  Louis  XVIII  y  joignit  une  autre 
pension  de  1000  francs  sur  sa  cassette. 
La  mort  de  deux  de  ses  sœurs  lui  avait 
donné  la  co-propriété  d'une  maison  située 
sur  \r  Quai  de  Conli;  mais  il  ne  jouit  pas 
long-temps  de  l'aisance  qu'il  venait  d'ac- 
quérir. Après  la  mort  déjà  ancienne  dosa 
femme,  il  lui  était  resté  deux  enfans;  son 
fils,  major  de  cavalerie,  périt  en  1812  , 
dans  la  campagne  de  Moscou;  la  douleur 
que  Caillot  en  ressentit  lui  causa  dans  la 
même  année  une  attaque  de  paralysie  qui 
le  força  de  revenir  à  Paris  avec  sa  fille  : 
il  sembla  d'abord  avoir  recouvré  la  santé  , 
mais  une  seconde  atteinte  mit  fin  à  ses 
jours  le  30  septembre  1816.  il  était  dans 
sa  quatre-vingt-quatrième  année.  Sa  fille, 


CAJ 

qui  ]qi  a  survécu,  est  tombée  en  démence. 

CAIMO  (joseph  ),  compositeur  quia 
eu  de  la  célébrité  ,  naquit  à  Milan  ,  vers 
1540,  et  vécut  dans  cette  ville.  Ses  pro- 
ductions 6ont  devenues  fort  rares.  On 
trouve  l'indication  de  quelques-uns  de  ses 
ouvrages  dans  l'Athénée  des  Lettrés  de 
Milan,  de  Pjccinelli,  dans  l'Essai  de  La 
Borde,  et  dans  le  Lexique  des  M  usiciens  de 
Gerber.  La  Borde,  qui  ne  cite  aucun  titre, 
parle  de  8  livres  de  chants  (probablement 
des  madrigaux)  qui  auraient  été  publiés  vers 
1560.  Les  titres  connus  des  productions 
de  Caimo  sont  :  1°  Madrigali  a  cinque 
voci,  Venise,  1568  ;  2U  Madrigali  a  5 ,  6, 
7  e  8  voci,  Milan  ,  1571  ;  3°  Madrigali  a 
quatlra  voci,  1°  Libro ,  Milan,  1581; 
4° Madrigali,  libro  seconde),  ibid.,  1582; 
5°  Canzonetle  a  quattro  voci,  lib.  1, 
Brescia  ,  1584;  6°  d°.  libro  secondo , 
Ibid.,  1585;  7°  Madrigali  a  cinqne  voci, 
Venise,  1585.  On  trouve  des  madrigaux 
et  des  chansons  de  Caimo  dans  le  recueil 
intitulé  :  Paradiso  musicale  de  madrigali 
e  canzoni  a  cinque  voci  di  diversi  eccel- 
lenlissimi  auto  ri ,  nuovamenle  raccolli 
da  P.  Phalesii  et  posli  in  lace.  In  An- 
versa ,  nella  slamperia  di  Pielro  Plia-, 
lesio ,  1596.  4°  obi. 

CAIX  (m.  de),  professeur  de  viole  à 
Paris,  vers  1750,  a  publié  de  sa  com- 
position :  l°Cinq  livres  de  pièces  de  viole; 
2°  Un  livre  de  duos  pour  le  pardessus  de 
viole;  3°  Trois  livres  de  sonates  à  lîûte 
seule. 

CAJANI  (joseph),  chef  des  chœurs 
et  accompagnateur  du  Théâtre  Italien  de 
Paris,  né  à  Milan,  en  1774,  s'essaya 
d'abord  comme  chanteur  dramatique, 
mais  n'ayant  qu'une  voix  de  mauvaise 
qualité,  il  ne  réussit  pas ,  et  bientôt  il 
renonça  à  cette  carrière.  Il  est  mort  à 
Paris  en  1821.  On  a  de  lui  :  Nuovi  Ele- 
menti  di  Musica  esposli  con  vero  or- 
dine  progressivo.  MWan,  Biccordi,  in- fol. 
obi.  11  a  composé  et  arrangé  la  musique  de 
plusieurs  ballets  pour  les  théâtres  de  Mi- 
lan, entre  autres  :  1°  Tavora  edOliviera  ; 


CAL 


a 


2°  Campestre,  en  1797;  o"  Demetrio  ; 

&°  I  finti  Filosofi',  5°  Eugenia  e  Rodolfo, 
en  1799  ;  6°  77  Filopemene  ;  7°  Adélaïde 
ed  Alfonso;  8°  /  Ire  Malrimoni,  en  1805; 
8°  Le  Danaidi;  9°  Malilde  eRodegondo, 
en  1816;  10°  F.omilda  e  Dezavedas  ; 
11°  I  Ritidi  Milo,  en  1818. 

CAJON     (   ANTOINE -FRANÇOIS  )  ,    né     à 

Maçon,  en  1741  ,  fut  d'abord  enfant  de 
chœur  dans  cette  ville,  puis  s'engagea 
comme  soldat,  déserta,  entra  dans  un 
couvent  de  capucins,  n'y  acheva  pas  son 
noviciat,  et  s'enfuit  à  Paris  ,  où  son  esprit 
et  ses  talens  en  musique  lui  procurèrent 
la  faveur  d'un  fermier  général ,  qui  le  fit 
entrer  comme  commis  dans  les  aides. 
En  1765  il  se  maria,  eut  des  enfans,  et  la 
gêne  qui  en  résulta  pour  ses  affaires  le  con^ 
duisit  à  quelques  infidélités  qui  lui  firent 
perdre  son  emploi.  Ce  fut  alors  qu'il 
chercha  des  ressources  dans  la  musique  et 
qu'il  en  fît  sa  profession.  Il  réussit  d'a- 
bord assez  bien,  mais  ensuite  il  fit  des 
dettes  et  fut  obligé  de  s'éloigner  de  Paris 
pour  se  rendre  en  Bussie  ,  où  il  est  mort 
en  1791.  C'était,  dit  Mme  Boland ,  dans 
ses  Mémoires,  un  petit  homme  vif  et 
causeur. 

Çajon  a  publié  un  livre  qui  a  pour  ti- 
tre :  Les  élémens  de  musique  ,  avec  des 
leçons  à  une  et  deux  voix.  Paris  ,  1772  , 
in-8°.  La  Borde  dit  qu'il  pilla  avec  assez 
d'art  les  leçons  de  Bordier  pour  composer 
cet  ouvrage.  Choron  et  M.  FayoIIe  ont  ré- 
pété ce  jugement  dans  leur  Dictionnaire 
des  musiciens  :  j'ignore  s'il  est  fondé,  car 
je  ne  connais  pas  le  livre  de  Cajun. 

Ce  musicien  eut  un  fils  qui  s'appelait 
comme  lui  Antoine-François ,  et  qui  était 
né  à  Paris  le  8  mars  1766.  Elevé  à  la  maî- 
trise de  la  cathédrale,  il  entra  à  l'Opéra 
comme  contrebasse  en  1792,  en  sortit 
en  1795,  et  voyagea  dans  les  Pays-Bas 
comme  maître  de  musique  d'une  troupe 
de  comédiens,  puis  retourna  à  Paris  en 
1816  ,  et  entra  à  l'Opéra-Comique  comme 
souffleur  de  musique.  11  garda  peu  de 
temps  celte  place ,  et  retourna  dans  les 


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CAL 


Pays-Bas.  Il  est  mort  le  27  octobre  1819, 
à  Mons ,  où  il  était  maître  de  musique  du 
théâtre.  En  1805  ,  il  a  donné  au  théâtre 
des  Jeunes  artistes  un  opéra  comique  en 
un  acte ,  intitulé  :  Une  matinée  de  prin- 
temps. 

CALCKMANN  (jean-jacqtjes)  ,  mem- 
bre du  consistoire  de  La  Haye,  vers  le 
milieu  du  17me  siècle,  a  fait  imprimer  uu 
livre  intitulé  '.Anlidotum,  tegen-giftvant 
gebruyek  qfongebruyck  vant  orgel  in  de 
kerken  der  vereenighde  Nederlanden 
(Antidote  contre  l'usage  et  le  non  usage  de 
l'orgue  dans  les  églises  des  provinces-unies 
des  Pays-Bas),  in  s'Gravenhage  (La  Haye), 
by  Aert  Mearis  ,  1641  ,  in-8°.  Cet  ouvrage, 
écrit  avec  violence,  est  une  critique  d'un 
autre  livre  qui  avait  paru  sous  le  voile  de 
l'anonyme ,  et  sous  ce  titre  :  Gebruick  qf 
ongebruick  varCt  orgel  in  de  kercken  der 
vereenighde  Nederlanden  (Usage  et  non 
usage  de  l'orgue  dans  les  églises  des  pro- 
vinces unies  dans  les  Pays-Bas)  ,  Leyde , 
Bonaventure  et  Abraham  Elsevier  ,  1641, 
in-8°.  L'auteur  de  ce  dernier  écrit  avait 
voulu  démontrer  que  l'usage  de  l'orgue 
dans  les  temples  protestans  n'est  point 
contraire  à  la  foi  catholique,  comme  le 
croyaient  alors  les  rigoristes  des  églises  de 
Hollande  et  les  puritains  en  Angleterre  , 
et  qu'il  était  seulement  nécessaire  d'en  ré- 
gler convenablement  l'emploi.  Calckmann 
entreprit  dans  sa  réponse  de  prouver  au 
contraire  que  rien  n'est  plus  funeste  à 
l'esprit  de  recueillement  que  l'introduc- 
tion mondaine  de  l'orgue  dans  le  service 
divin,  et  qu'on  devait  détruire  cet  instru- 
ment partout  où  il  existait.  Il  ne  se  borna 
pas  à  combattre  son  adversaire  par  des 
armes  égales ,  car  il  fit  censurer  son  ou- 
vrage dans  une  assemblée  du  consistoire 
dont  lui-même  était  membre.  L'acte  de 
censure  est  daté  du  20  décembre  1641. 
Quelques  jours  après,  l'auteur  de  l'écrit 
censuré  fit  paraître,  pour  toute  réponse, 
un  recueil  d'approbations  qu'il  avait  re- 
çues de  toutes  parts ,  et  particulièrement 
des  pasteurs  des  églises  réformées  de  Hol- 


CAL 

lande,  d'Angleterre  et  de  Genève.  Dans  ce 
recueil,  intitulé  Responsa  prudentium 
ad auclorem  Dissertationis  de  Organo  in 
Ecclesiis  confœd.  Belgii  (Lugd.  Batavor. 
ex  officina  Elseviriana,  1641  ,  in-8°)  ,  on 
trouve  des  lettres  intéressantes  de  Bochorn, 
de  Daniel  Heinsius  ,  de  Gaspard  Barlœus , 
de  Louis  de  Dieu ,  de  Golius ,  et  de  quel- 
ques autres  savans. 

CALCOTT.  Voyez  Callcott. 

CALDANI  (leopold),  professeur  de  mé- 
decine théorique  et  d'anatomie  ,  membre 
pensionné  de  l'Académie  de  Padoue  ,  a 
donné  dans  les  Saggi  scientifici  e  lette- 
rari  de  cette  académie  (t.  II  ,  1789  , 
page  12-24),  une  dissertation  sur  l'organe 
de  l'ouïe,  intitulée  :  Dissertatio  de  Chor- 
dœ  timpani  qfficio ,  et  de  peculiari  péri' 
tonœi  structura. 

CALDENBACH  (Christophe),  profes- 
seur d'éloquence  àTubinge,  a  publié  un  pro- 
gramme de  thèse  sur  quelques  motets  de  Ro- 
land deLassus  ou  De  Lattre,  et  particulière- 
ment de  celui  qui  commence  par  ces  mots  : 
In  me  transierunl.  Le  répondant  lut  Elie 
Walther  (Voyez  ce  nom).  Suivant  Forkel 
et  Lichtenthal ,  ce  serait  Caldenbach  qui 
aurait  publié  l'examen  de  ce  sujet,  sous  le 
titre  De  musied  dissertatio ,  Tubinge, 
1664,  mais  Godefroid  Walther  (Musika- 
lische  Lexik.)  ne  s'y  est  pas  trompé  ,  et  a 
cité  cette  dissertation  comme  l'ouvrage 
d'Élie  Walther.  Gerber  a  suivi  l'opinion  de 
Godefroid  Walther  à  ce  sujet.  L'erreur  de 
Forkel  est  d'autant  plus  singulière,  qu'ila 
pris  ce  dernier  pour  guide  dans  sa  Litté- 
rature générale  de  la  musique ,  quand  il 
n'avait  pas  vu  lui-même  les  ouvrages  dont 
il  parlait,  ou  lorsqu'il  n'avait  pas  des  ren- 
seignemens  particuliers. 

CALDARA  (antoine),  compositeur  la- 
borieux, naejuit  en  1678 ,  à  Venise  ,  où  il 
reçut  dans  sa  jeunesse  des  leçons  d'accom- 
pagnement et  de  contrepoint  de  son  com- 
patriote Legrenzi.  Il  n'était  âgé  que  de 
dix-huit  ans  quand  il  fit  représenter  son 
premier  opéra.  Appelé  en  1714  à  la  cour 
de  Mantouc,  pour  y  remplir  les  fonctions 


CAL 


CAL 


13 


de  maître  de  chapelle ,  il  y  resta  jusqu'en 
1718.  Alors  il  se  rendit  à  Vienne  et  y  ob- 
tint le  titre  de  vice-maître  de  chapelle  de 
la  cour  impériale.  L'empereur  Charles  VI, 
qui  aimait  beaucoup  sa  musique,  le  prit 
pour  maître  de  composition  ,  dans  le  style 
moderne  de  ce  temps  ,  pendant  qu'il  étu- 
diait le  contrepoint  rigoureux  sous  la  di- 
rection de  Fux  ou  Fuchs.  En  1723,  il  di- 
rigea à  Prague  l'opéra  que  Fuchs  avait 
écrit  pour  le  couronnement  du  roi  de  Bo- 
hême, et  qui  fut  exécuté  en  plein  air.  Il 
paraît  qu'après  avoir  écrit  son  opéra  de 
Temistocle,  dont  la  représentation  eut  lieu 
à  Vienne ,  le  4  novembre  1756  ,  Caldara  , 
affligé  du  peu  de  succès  de  cet  ouvrage , 
renonça  au  théâtre.  Il  vécut  encore  deux 
ans  dans  la  capitale  de  l'Autriche  ,  puis  , 
vers  la  fin  de  1738,  il  retourna  à  Venise, 
et  y  vécût  dans  la  retraite  jusiju'en  1763  , 
où  il  mourut  le  28  août,  à  l'âge  de  92  ans. 
C'est  donc  à  tort  que  Gerber  a  dit  que  cet 
artiste  cessa  de  vivre  à  Vienne.  Les  œuvres 
de  théâtre  et  de  musique  d'église  compo- 
sées par  Caldara  sont  innombrables.  Sa 
fécondité  eut  plusieurs  causes,  car  il  vécut 
long-temps,  conserva  la  vigueur  de  sa  tête 
jusqu'à  ses  derniers  jours,  et  travailla  con- 
stamment dix  heures  chaque  jour. 

Caldara  eut  deux  manières  pour  sa  mu- 
sique de  théâtre.  La  première,  faible  d'in- 
vention, n'a  derecommandableque  la  faci- 
lité naturelle  des  mélodies  :  elle  a  vieilli 
promptement  parce  que  les  formes  en  sont 
peu  variées.  Après  son  arrivée  en  Allema- 
gne, il  changea  son  style  et  donna  plus  de 
vigueur  à  son  harmonie  ,  mais  il  manqua 
toujours  à  sa  musique  le  caractère  vital 
qui  ne  peut  être  que  le  produit  du  génie. 
Caldara  était  un  habile  imitateur,  mais  il 
ne  savait  pas  inventer.  Le  sort  de  toute 
musique  dramatique  est  d'être  plongée  dans 
l'oubli  par  les  transformations  successives 
de  l'art  ;  les  productions  de  ce  compositeur 
ont  donc  dû  subir  la  commune  destinée  ; 
mais  elles  n'ont  pas  comme  celles  d'Alexan- 
dre Scarlatti ,  contemporain  de  leur  au- 
teur, le  mérite  d'offrir  quelques-uns  de 


ces  beaux  élans  de  génie  qui  survivent  à 
toutes  les  révolutions  et  qu'on  peut  admirer 
dans  tous  les  temps.  Plus  heureux  dans  sa 
musique  d'église  ,  Caldara  a  laissé  quel- 
ques ouvrages  qui ,  sans  s'élever  à  la  hau- 
teur des  belles  compositions  en  style  con- 
certé des  écoles  de  Scarlatti ,  de  Léo  et 
de  Lolli ,  sont  cependant  fort  estimables. 

Les  principaux  ouvrages  de  Caldara  sont 
ceux  dont  les  titres  suivent  :  1°  Argene  , 
à  Venise ,  en  1689  ;  2"  Tirsi,  Ib.,  1696  ; 
(le  deuxième  acte  de  cet  ouvrage  est  le  seul 
qu'il  ait  écrit  ;  les  autres  étaient  de  Lolli 
et  d'Ariosti)  ;  3°  Le  Promesse  serbate  , 
Ibid.,  1697  ;  4°  Il  Trionfo  délia  conti- 
nenza,  Ibid.,  1697  ;  5°  Famace,  Ibid.} 
1703;  6°  II  Selvaggio  eroe ,  1707; 
7°  Partenope,  1708;  8°  Sofonisbe ,  à 
Venise,  en  1708;  9° L'Inimicogeneroso, 
à  Bologne,  en  1709;  10°  Costanza  in 
amore  vince  V Lnganno ,  Macerata  , 
1710  ;  11°  Alenaïde,  à  Rome,  en  1711. 
Cet  ouvrage  fut  écrit  pour  le  célèbre  chan- 
teur Amadori.  12°  Tito  e  Bérénice  ,  à 
Rome, en  1714;  13°  Il  Ricco  Epulone  } 
à  Venise  ;  14°  //  Giubilo  délia  Salza  ,  à 
Salzbourg,  1716;  15°  Caio  Mario, 
Vienne,  1717;  16°  Coriolano ,  1717; 
17°  La  Verità  nell'  inganno ,  Vienne, 
1717  ;  18°  La  Partenza  amorosa,  Rome, 
1717;  19°  A s  tarte  ,  Vienne,  1718; 
20°  La  Forza  delV  amieizia ,  1718; 
21°  Ifigenia  in  Aulide,  Vienne,  1718; 
22°  Lucio  Papirio  dittatore,Ibid.,  1719; 
23°  Sirita,  Ibid.,  1719;  24°  Sisara , 
Ibid.,  1719;  25°  Tobia,  Ibid.,  1719; 
26°  Assalone,  Ibid.,  1720;  27°  Naa- 
man,  Ib.,  1721;  28°  Ginseppe ,  Ibid., 
1722;  28°  Nilocri,  Ib.,  1722;  29°  Or- 
milda  ,  Ibid.,  1722;  50°  Scipione  nelle 
Spagne,  Ibid.,  1722;  31°  Euristeo,  Ib., 
1723  ;  32°  Andromacca ,  Ibid.,  1724; 
55°  David,  Ibid.,  1724;  34°  Gianguir  } 
Ibid.,  1724;  35°  La  Griselda,  Ibid., 
1725  ;  56°  Le  Profezie  evangeliche,  Ib., 
1725;  37°  Semiramide ,  Ibid.,  1725; 
38°  /  due  dittatori,  1726;  39°  Vences~ 
lao,  1726;  40"  Gioaz,  1726 ;  41°  Bai- 


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tista ,  1726  5  42°  Don  Chisciotlo  alla 
corte  délia  Duchés sa ,  1727;  43°  Ime- 
neo,  1727;  44°  Ornospade ,  1727; 
45°  Gionala  ,  1728;  46°  Mitridate , 
1 728;  4  7°  CVy'o  Fabrizio,  1 729  ;  48°  iYa- 
Z>o/,  1729.  Tous  ces  ouvrages  ,  depuis 
171 8,  sont  sur  des  poèmes  de  Zcno.  49°  La 
Passionedi  Giesu-Chrislo,1750\  50° Da- 
niello ,  1731;  51°  Sanla  Elena  al  cal- 
vario,  1731;  52°  Demelrio ,  1731; 
53°  L'Asilo  d'Amore,  1732;  54°  Sede- 
cia ,  1732;  55°  Dcmofoonte ,  1733; 
56°Gerusalemmecom>crtita;'l734;57"Lic 
Clemenza  di  Tilo ,  le  4  novembre  1734  ; 
58°  Adr'wno  in  Siria ,  1735;  59°  Da- 
vidde  umiliato ,  1735;  60°  Enone } 
1735  ;  61°  San  Pielro  in  Cesarea,  1735; 
62"  Gesh  presentalo  nel  tempio ,  1755  ; 
63°  Le  Grazie  vendicale,  28août  1735; 
64°  L'Olinipiade  ,  1756;  65°  Achille  in 
Sciro  ,  1756  ;  66°  Ciro  riconosciulo ,  28 
août  1736  ;  67°  Temistocle,  4  novembre 
1736. 

Parmi  les  œuvres  de  musique  d'église 
de  Caldara,  on  remarque  plusieurs  messes 
à  quatre  et  à  cinq  voix  avec  inslrumens  , 
un  Magnificat  à  qualre  voix ,  deux  vio- 
lons, deux  trompettes,  timbales  et  orgue, 
un  Eegina  cœli ,  un  Te  Deum,  l'hymne 
Lauda  Jérusalem ,  un  Salve  regina  pour 
voix  de  soprano  avec  instrurnens ,  les 
psaumes  Beatus  vir ,  à  voix  seule  et  or- 
chestre ,  et  Mémento  Domine  à  quatre 
voix,  des  lèpres  complètes  à  cinq  voix,  et 
des  motets  à  deux,  trois  et  cinq  voix.  Un 
recueil  de  ces  motets  à  deux  et  trois  voix  a 
été  publié  à  Bologne  ,  en 1715.  On  connaît 
aussi  de  la  composition  de  Caldara,  six 
messes  qui  ont  pour  titre  :  Chorus  Musa- 
tum  Divino  Apollini  accinenlium,  sive 
Sex  Missœ  seleclissimœ  quatuor  vo- 
cibus ,  C.  A.  T.  B.  2  violinis  et  organo 
concert.  2  clarinis ,  Tjmp.  violonc.  pro 
Libet.  Authore  celeberrimo  et  prestant. 
Do.  Antonio  Caldara,  chori  Mus.  in 
aida  Caroli  f^l ,  gl.  mem.  Imp.  Rom. 
vice  Direct,  in  Lucem  prodierunt ,  una 
in  Ordine  Ht.  Joh.  Nicolai  Hemmer- 


lin,  Bamberg,  1748,  in-fol.  Les  catalo- 
gues de  Breitkopf ,  publiés  en  1764  et 
1769  contiennent  l'indication  des  deux 
ouvrages  dont  les  titres  suivent  -  1°  Ma- 
gnificat a  canoni ,  4  voc.  et  organo; 
2°  Kyrie  cuni  gloria  ,  Sanctus  ,  Osanna. 
etAgnus,  4  voc.  2  violinis,  viola  etfun- 
damenlo. 

La  musique  de  chambre  de  ce  composi- 
teur renferme  :  1°  Douze  cantates  avec  basse 
continue,  dont  six  pour  soprano  et  six 
pour  contralto,  publiées  à  Venise,  en 
1699,  par  Joseph  Sala;  2°  Deux  œuvres 
de  sonates  pour  deux  violons  et  basse  con- 
tinue ,  publiésà  Amsterdam.  Au  titre  d'un 
de  ces  ouvrages  ,  Caldara  est  qualifié  Mu- 
sico  di  violoncello  ,  ce  qui  indique  qu'il 
jouait  de  cet  instrument. 

CALDABERA(miciiel),  naquitàBorgo- 
Sesia ,  le  28  septembre  1702  ,  et  fut  en- 
voyé par  son  père  à  Milan  ,  à  1  âge  de  14 
ans,  pour  y  apprendre  le  contrepoint.  De- 
venu musicien  habile,  il  obtint  la  place  de 
maître  de  chapelle  de  St.-Evasio  à  Casalê  , 
et  occupa  ce  poste  jusqu'à  sa  mort, arrivée 
en  1742.  11  a  laissé  en  manuscrit  une 
grande  quantité  de  musique  d'église. 

CALEGARI  (corne'lie),  cantatrice  dis- 
tinguée, claveciniste  et  compositeur,  était 
fille  de  Barlholomé  Calegari,  de  Bergame.' 
Elle  naquit  dans  cette  ville  en  Ï644.  Elle 
était  à  peine  âgée  de  quinze  ans  quand  elle 
fit  paraître  son  premier  livre  de  motets, 
qui  fut  accueilli  par  de  nombreux  applau- 
dissemens  à  son  apparition.  Néanmoins^ 
ce  brillant  succès  ne  détourna  pas  Corné- 
lie  Calegari  du  projet  qu'elle  avait  formé 
de  se  retirer  dans  un  couvent  :  elle  choisit 
celui  de  Sainte-Marguerite,  à  Milan,  et  y 
prononça  ses  vœux  en  1660.  Elle  reçut 
alors  les  noms  de  Marie-Catherine.  Par 
son  chant  ,  son  jeu  sur  l'orgue  et  ses  com- 
positions, elle  fixa  sur  elle  l'attention  de 
toute  la  population  de  Milan  ;  les  ama- 
teurs de  musique  se  rendaient  en  foule  à 
l'église  de  Sainte-Marguerite  pour  l'enten- 
dre. On  ignore  l'époque  de  sa  mort.  Ses 
compositions  connues  sont  ;  1°  Molelti  a 


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vocesola,  1659;  2°  Maclrlgali  e  canzo- 
nette  a  voce  sola;  5°  Maa.rigu.li  a  due 
voci  ;  4°  Messe  a  sei  voci  cou  islru- 
menli  ;  5°  Vespéral  à  l'usage  des  religieu- 
ses. 

CALEGARl  (françois-antoine),  cor- 
delier,  naquit  à  Padoue,  vers  la  fin  du  17e 
siècle.  On  voit  par  l'approbation  qu'il  a 
donnée  au  Musico  Testore  de  Tevo  (dont 
il  avait  été  nommé  censeur),  qu'il  était 
maître  de  chapelle  de  l'église  du  grand 
couvent  des  mineurs  conventuels  de  Frari, 
à  Venise,  en  1702.  En  1724,  il  était 
maître  de  chapelle  à  Padoue,  et  l'on  croit 
qu'il  occupait  encore  ce  posle  en  1740.  11 
eut  pour  successeur  VallotLi.  Le  père  Cale- 
gari  jouissait  d'une  grande  réputation  de 
savoir,  et  sa  musique  d'église  était  admi- 
rée des  plus  habiles  compositeurs,  lorsqu'il 
lui  prit  fantaisie  de  la  brûler ,  pour  en 
composer  dans  le  genre  enharmonique  des 
Grecs,  dont  il  croyait  avoir  retrouvé  les 
principes;  mais  sans  respect  pour  l'anti- 
quité, les  auditeurs  trouvèrent  cette  mu- 
sique détestable  ,  et  les  musiciens  la  décla- 
rèrent inexécutable.  On  a  imprimé  de  sa 
composition  :  1.  IX  Psalmi  ;  2°  Salve 
sanguis  ;  3°  Cantate  cla  caméra.  11 
existe  dans  la  bibliothèque  de  l'union  phil- 
barmonique  de  Bergame  une  copie  manu- 
scrite d'un  traité  théorique  sur  la  musique 
par  le  P.  Calegari  ;  cet  ouvrage  a  pour  ti- 
tre :  Ampia  dimoslrazione  degli  armo- 
niali  musicali  Tuoni.  TratlaLo  teorico 
pratlico.  11  paraît  que  le  manuscrit  origi- 
nal est  daté  du  15  août  1732  ,  mais  la  co- 
pie dont  il  s'agit  a  été  faite  par  le  P.  Sab- 
balini ,  en  1791  ,  comme  le  prouve  cette 
noteplacéeà  la  fin  du  manuscrit  qui  a  204 
pages  in-fol.  :  Trascritta  ad  Litteram 
nell'  anno  1791  dal  Pre.  Luigi  Antonio 
Sabbatini }  Minor  conventuale  maestro 
di  cappella  nella  sacra  Basilica  del 
Santo  in  Padova.  Licbtenlhal ,  qui  a 
donné  un  aperçu  du  contenu  de  cet  ou- 
vrage (Bibliog.  délia  Mus.,  t.  IV,  p.  462), 
dit  que  son  mérite  est  égal  à  celui  des 
meilleurs  traités  de  musique  publiés  en 


Italie,  et  qu'il  est  vraisemblable  que  Va- 
îotti  et  Sabbatini  lui-même  en  ont  fait  leur 
profit  sans  le  citer;  le  P.  Barca  est  le  seul 
qui  en  ail  parlé.  On  ignore  où  se  trouve  le 
manuscrit  original. 

CALEGARI  (antoine),  compositeur 
dramatique ,  né  à  Padoue  ,  vers  le  milieu 
du  18me  siècle,  fit  représenter  à  Venise, 
en  1784  ,  un  opéra  qui  avait  pour  titre  : 
Le  Soi  elle  rwali.  D'autres  ouvrages  suc- 
cédèrent à  celui-là  jusqu'en  1789,  époque 
où  il  cessa  de  travailler  pour  le  théâtre. 
En  1800  il  vivait  à  Padoue  et  s'y  faisait 
remarquer  comme  violoncelliste  clans  des 
concerts  publies,  lorsque  les  troubles  delà 
guerre  l'obligèrent  à  s'éloigner  de  sa  patrie 
et  à  chercher  un  asile  en  France.  II  se  ren- 
dit à  Paris,  où  la  fortune  lui  fut  d'abord 
contraire,  car  il  ne  put  réussir  à  se  faire 
entendre  comme  instrumentiste,  ni  comme 
compositeur.  Il  imagina  enfin  un  moyen 
de  se  faire  connaître  par  une  de  ces  singu- 
larités musicales  dont  on  avait  déjà  vu 
quelques  exemples  :  le  succès  répondit  à 
ses  espérances.  L'ouvrage  qu'il  publia 
avait  pour  litre  :  L'art  de  composer  la 
musique  sans  en  connaître  les  élémens. 
Il  fut  publié  à  Paris,  en  1802,  et  l'auteur 
le  dédia  à  Mme  Bonaparte,  qui  prit  Cale- 
gari sous  sa  protection  et  lui  procura  de 
l'emploi.  Cet  art  prétendu,  par  lequel 
on  pouvait  en  apparence  composer,  n'était 
qu'une  opération  mécanique  qui  permet- 
tait de  combiner  de  1400  manières  diffé- 
rentes des  phrases  préparées  et  calculées 
par  Calegari  pour  se  prêter  à  ces  combi- 
naisons. L'auteur  et  l'éditeur  du  livre, 
essayèrent  en  1803  de  rappeler  l'attention 
publique  sur  l'ouvrage,  en  faisant  une 
deuxième  édition  qui  ne  différait  de  la 
première  que  par  le  fronlispice. 

Lorsque  les  circonstances  le  permirent, 
Calegari  retourna  dans  sa  ville  natale  ,  et 
y  obtint  la  place  de  maître  de  chapelle  du 
Santo  y  il  en  remplit  honorablement  les 
fonctions  jusqu'à  sa  mort  qui  arriva  le  28 
juillet  1828. 

CALEGARI  (fra^coîs)  ?  guitariste ,  né 


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à  Florence,  vers  la  fin  du  18me  siècle  , 
s'est  fixé  en  Allemagne  où  il  a  publié  pres- 
que tous  ses  ouvrages.  On  connaît  de  lui 
environ  vingt  œuvres  pour  guitare  seule 
ou  pour  deux  guitares,  composés  de  valses, 
de  rondeaux,  de  sonates,  d'airs  variés,  et  de 
mélanges  d'airs  d'opéras  et  de  ballet ,  pu- 
bliés à  Florence  ,  à  Milan ,  à  Leipsick  et  à 
Brunswick.  On  connaît  aussi  sous  le  nom 
de  Calegari  une  introduction  et  des  varia- 
tions pour  le  piano  sur  un  thème  de  Carafa 
(Milan,  Riccordi);  je  crois  que  cet  ouvrage 
est  d'un  autre  artiste  portant  le  même 
nom. 

CALL  (leonard  de),  né  dans  un  village 
de  l'Allemagne  méridionale  ,  en  1779  ,  se 
livra  dès  son  enfance  à  l'étude  delà  guitare, 
de  la  flûte  et  du  violon.  Il  commença  à  se 
faire  connaître  à  Vienne,  en  1801,  par 
des  compositions  qui  obtinrent  de  brillans 
succès,  à  cause  de  leurs  mélodies  faciles  et 
d'un  goût  agréable.  Les  premiers  ouvrages 
de  cet  artiste  furent  écrits  pour  la  guitare 
et  la  flûte.  Bientôt  ils  devinrent  populai- 
res, et  les  éditeurs  de  musique,  dont  ils 
faisaient  la  fortune,  excitèrent  si  souvent 
leur  auteur  à  en  produire  de  nouveaux,  que 
leur  nombre  s'éleva  jusqu'à  près  de  150  en 
moins  de  douze  années.  C'étaient  des  piè- 
ces pour  guitare  seule,  des  duos  pour  gui- 
tare et  flûte,  des  trios  ,  quatuors,  séréna- 
des, avec  accompagnement  de  violon  ,  de 
hautbois  ,  de  basson ,  et  d'autres  instru- 
mens.  A  ces  compositions  légères  de  musi- 
que instrumentales  succédèrent  à  divers  in- 
tervalles des  recueils  de  chansons  pour  trois 
ou  quatre  voix  d'hommes,  qui  obtinrent  un 
succès  prodigieux.  De  Call  peut  être  consi- 
déré comme  celui  qui  mit  en  vogue  ce 
genre  de  musique  chez  les  Allemands. Les 
catalogues  des  marchands  de  musique  in- 
diquent environ  vingt  recueils  de  ces 
chants  qui  contiennent  plus  de  140  mor- 
ceaux. Ainsi  qu'il  arrive  toujours  aux  com- 
positeurs populaires,  l'éclat  du  succès  et  la 
trop  grande  fécondité  usèrent  en  peu  de 
temps  la  renommée  de  De  Call.  S'il  n'eût 
cessé  de  vivre  à  l'âge  de  trente-six  ans  ,  il 


eût  eu  le  chagrin  de  voir  succéder  un  profond 
oubli  à  la  popularité  dont  il  avait  joui.  Il 
est  mort  à  Vienne,  en  1815,  laissant  après 
lui  une  femme  et  des  enfans  dont  il  faisait 
le  bonheur,  par  ses  excellentes  qualités  so- 
ciales. 

Un  autre  musicien  du  même  nom  se 
faisait  remarquer  à  Vienne,  en  1814,  par 
un  talent  fort  singulier  :  il  était  siflleur, 
et  possédait  une  habileté  extraordinaire. 
Non  seulement  les  traits  les  plus  rapides  et 
les  plus  difficiles  étaient  exécutés  par  lui 
avec  beaucoup  de  précision  et  de  justesse, 
mais  il  pouvait  faire  des  suites  de  trilles 
chromatiques  dont  la  perfection  ne  laissait 
rien  à  désirer.  Ce  musicien  d'un  genre  nou- 
veau ne  se  faisait  entendre  que  dans  des 
sociétés  particulières. 

CALLAULT  (salvator)  ,  harpiste  de 
l'Académie  royale  de  musique  à  Paris,  est 
né  dans  cette  ville,  vers  1791.  Elève  de 
Nadermann ,  il  s'est  fait  connaître  par 
quelques  compositions  pour  son  instru- 
ment. Les  plus  connus  de  ses  ouvrages  sont  : 
1°  Marche  de  Saùl  variée  pour  la  harpe, 
avec  flûte  ou  violon  ,  Paris ,  Zetter  j  2°  La 
tyrolienne,  suivie  d'un  rondeau  ,  avec 
flûte,  Ibid.;  5°  Nocturne  concertant  pour 
harpe,  violon  ou  violoncelle,  Ibid.;  4°  Col- 
lection de  morceaux  choisis,  arrangés  pour 
la  harpe,  Paris,  Freyj  5°  Première  fan- 
taisie sur  la  romance  de  Joseph  }  Ibid.; 
6°  Fantaisie  et  variations  sur  la  gavotte 
et  le  menuet  du  ballet  de  Nina ,  Paris  , 
Janet. 

CALLCOTT  (john-wall),  né  le  20 
novembre  1766  à  Kensington,  dans  le 
comté  de  Middlesex,  entra  dès  l'âge  de  seize 
ans  dans  un  collège  du  voisinage ,  où  il 
fit  d'assez  bonnes  études  grecques  et  lati- 
nes ,  que  ses  parens  lui  firent  interrompre 
à  douze  ans  pour  lui  faire  embrasser  l'état 
de  chirurgien.  N'ayant  pu  surmonter  la 
répugnance  que  lui  inspirait  cet  état ,  il 
s'appliqua  à  la  musique  en  1779,  et  re- 
prit en  même  temps  le  cours  de  ses  études. 
Il  apprit  successivement  le  français ,  l'ita- 
lien, l'hébreu  et  les  mathématiques.  Ayant 


CAL 

été  présenté  aux  docteurs  Arnold  et  Cooke 
en  1782,  il  reçut  de  ces  deux  habiles  mu- 
siciens des  conseils  qui  perfectionnèrent  ses 
connaissances.  L'année  suivante  il  devint 
organiste  suppléant  à  Saint-Georges  le  Mar- 
tyre (Hannover  Square).  Depuis  cetteépo- 
que,  jusqu'en  1793  ,  il  envoya  un  nombre 
considérable  de  pièces  aux  divers  concours 
ouverts  par  la  société  de  musique  intitu- 
lée The  Catch  Club ,  et  presque  tous  ses 
ouvrages  furent  couronnés.  Dès  1786,  il 
avait  été  fait  bachelier  en  musique  à  l'uni- 
versité d'Oxford.  Vers  1795,  il  commença 
à  se  livrer  à  la  lecture  des  écrivains  didac- 
tiques sur  la  musique  ,  et  conçut  le  projet 
d'écrire  un  dictionnaire  de  musique,  dont 
il  publia  le  prospectus  en  1797.  Cinq  ans 
plus  tard ,  ses  matériaux  étaient  rassem- 
blés ;  mais  il  fallait  les  classer  et  rédiger 
l'ouvrage,  et  ce  long  travail  ne  s'accordait 
guère  avec  ses  nombreuses  occupations  et 
avec  le  mauvais  état  de  sa  santé  :  il  fut 
donc  obligé  de  l'ajourner  à  une  époque 
plus  éloignée  qu'il  ne  vit  point  arriver.  Se 
persuadant  toutefois  que  le  public  atten- 
dait de  lui  un  livre  sur  la  tbéorie  de  la 
musique,  il  écrivit  en  1804  une  gram- 
maire musicale  {A  musical  Grammar) 
dont  la  première  édition  parut  en  1806 
(  Londres,  un  vol.  in-12) ,  et  la  troisième, 
en  1817,  sous  ce  titre  :  A  Musical  Gram- 
mar in  four  parts;  1.  Notation;  2.  Me- 
lody  ;  3.  Harmonj ;  4.  Rhythm. 

Il  avait  pris  en  1800  ses  degrés  de  doc- 
teur en  musique  à  l'université  d'Oxford. 
En  1792,  il  obtint  la  place  d'organiste  à 
l'hospice  des  orphelins  de  Londres  ;  il  la 
conserva  jusqu'en  1802,  époque  où  il  y 
renonça  en  faveur  de  M.  Horsley  ,  son 
gendre.  Il  succéda  en  1805  au  docteur 
Crotch  dans  l'emploi  de  lecteur  de  mu- 
sique à  l'Institution  Royale;  mais  crai- 
gnant que  le  mauvais  état  de  sa  santé  ne 
lui  permît  pas  de  remplir  les  devoirs  de 
cette  place  ,  il  donna  sa  démission  au  bout 
de  quelques  années.  En  1814,  il  prit  le 
parti  de  vivre  dans  la  retraite ,  et  s'occupa 
d'un  ouvrage  sur  la  Biographie  musicale  , 
TOME  m. 


CAL 


17 


qu'il  n'eut  pas  le  temps  d'achever.  Enfin , 
après  avoir  langui  pendant  les  deux  der- 
nières années  de  sa  vie,  il  expira  le  15  mai 
1821 ,  dans  sa  cinquante-cinquième  an- 
née. La  grammaire  musicale  de  Callcott 
est  conçue  sur  un  bon  plan  et  bien  exécu- 
tée :  les  notes  font  voir  que  leur  auteur 
possédait  de  l'érudition  musicale.  A  l'égard 
de  ses  compositions ,  dont  on  n'a  gravé 
qu'une  faible  partie ,  et  qui  se  composent 
d'airs,  de  chansons,  de  canons  et  d'an- 
tiennes, les  biographes  anglais  leur  accor- 
dent beaucoup  d'éloges.  Le  gendre  de  Cal- 
cott,  M.  Horsley,  a  publié  une  collection 
des  œuvres  choisies  de  son  beau-père ,  en 
deux  volumes  in-folio,  avecjjune  notice  sur 
la  vie  de  l'auteur. 

CALLENBERG  (geo-rges-alexandre- 
henri-herriuann,  comte  de),  seigneur  de 
Muskau ,  dans  la  Haute-Lusace ,  membre 
de  l'académie  royale  de  Stokholm ,  et  cla- 
veciniste habile ,  naquit  à  Muskau  ,  le 
8  février  1744,  et  mourut  dans  le  même 
lieu  en  1775.  On  a  gravé  de  sa  composi- 
tion six  sonalespourleclavecinf  avec  ac- 
compagnement de  violon.  Berlin,  1781. 

CALLETOT  (  Guillaume  ) ,  chantre 
à  déchant  de  la  chapelle  de  Charles  V , 
roi  de  France  ,  suivant  une  ordonnance 
de  l'hôtel ,  datée  du  mois  de  mai  1364.  Ce 
chantre  était  un  de  ceux  qui ,  dans  la  cha- 
pelle du  roi ,  improvisait  l'espèce  de  con- 
trepoint simple  qu'on  appelait  Chant  sur 
le  livre.  C'est  ce  qu'indique  son  titre  de 
Chantre  à  déchant.  (  V.  la  Revue  musi- 
cale ,  6me  année,  p.  218  ).  Les  appoin- 
terons de  Guillaume  Calletot ,  ainsi  que 
ceux  de  ses  collègues,  étaient  de  quatre 
sous  par  jour. 

CALMET  (dom  Augustin),  savant  bé- 
nédictin de  la  congrégation  de  Saint-Van- 
nes ,  naquit  le  26  février  1672 ,  à  Mesnil- 
la-Horgne,  près  de  Corn  merci,  en  Lorraine. 
Après  avoir  fait  ses  premières  études  au 
prieuré  duBreuil,  et  prononcé  ses  vœux 
dans  l'abbaye  de  St-Mansui,  le  23  octobre 
1689,  il  alla  faire  son  cours  de  philoso- 
phie à  l'abbave  de  Saint-Évre ,  et  celui  de 
2 


18 


CAL 


Théologie  à  l'abbaye  de  Manster.  En  171 8, 
il  fut  nommé  abbé  de  Saint-Léopold  de 
Nanci,  et,  dix  ans  après,  abbé  de  Sénones, 
où  il  passa  le  reste  de  sa  vie.  Il  mourut 
dans  celte  abbaye  le  25  octobre  1757. 
Dans  son  Commentaire  littéral  sur  la 
Bible,  Paris,  1714-20,  26  vol.  in-4°, 
ou  Paris,  1724,  9  vol.  in- fol.,  ou  enfin , 
Amsterdam,  1723,  25  vol.  in-8°,  on 
trouve  :  1°  Dissertation  sur  la  musique 
des  anciens ,  et  en  particulier  des  Hé- 
breux j  2°  Dissertation  sur  les  instru- 
irions de  musique  des  Hébreux  •  5°  Dis- 
sertation sur  ces  deux  termes  Hébreux: 
lamnazeach  et  sela.  Ugolini  a  donné 
une  traduction  latine  de  ces  dissertations 
dans  son  Trésor  des  antiquités  sacrées , 
tome  32e.  On  trouve  aussi  quelques  détails 
sur  la  musique  des  Hébreux  dans  le  Dic- 
tionnaire historique  et  critique  de  la 
Bibh }  du  même  auteur,  Paris,  1730, 
4  vol.  in-fol.  fig.  H  y  a  peu  d'utilité  à 
tirer  de  tout  cela. 

CALMUS  (martin),  né  en  1749  à 
Deux-Ponts  ,  passa  la  plus  grande  partie 
de  sa  vie  à  Dresde  ,  où  il  était  violoncel- 
liste et  musicien  de  la  cour.  Il  est  mort 
dans  cette  ville,  le  13  janvier  1809.  Avant 
de  se  fixer  à  Dresde,  il  avait  été  attaché 
quelque  temps  à  l'orchestre  du  théâtre 
d'Altona.  Il  a  laissé  quelques  composi- 
tions pour  son  instrument,  dont  une  par- 
lie  est  encore  inédite. 

CALOCASIUS,  musicien  romain  ,  dont 

le   nom   est   parvenu  jusqu'à    nous  ,   au 

moyen    d'une    inscription    rapportée  par 

Gruter  (  Corpus  Inscript. ,  t.  1 ,  part.  2 , 

p.  654) ,  et  que  voici  : 

D.  M. 

CALOCASIO 

VERNiE.  DVLCISS. 

ET.  MVSICARIO 

INGENIOS1SSIMO 

QVl.  VIX.  AM.  XV 

BENEMERENTI.  FECIT 

DAPHNVS. 

Ce  musicien  doit  avoir    vécu  dans  le 
moyen-âge,  car  le  mot  musicarius ,  placé 


CAL 

dans  cette  inscription ,  est  de  la  basse  la- 
tinité. Ducange  ne  cite  sur  ce  mot  (  Glos- 
sar.  ad  script,  med.  et  infini,  latin.  )  que 
l'inscription  dont  il  est  ici  question. 

CAfiORI  (  Alme  )  ,  cantatrice  renommée 
dans  son  temps,  naquit  à  Milan ,  en  1732. 
Après  avoir  paru  avec  succès  sur  quelques 
théâtres  d'Italie,  elle  se  rendit  à  Londres 
vers  la  fin  de  1755  ,  et  s'y  fit  une  bril- 
lante réputation  qui  se  répandit  dans  toute 
l'Europe.  Elle  se  faisait  remarquer  parti- 
culièrement par  une  agilité  de  gosier  dont 
on  n'avait  pas  eu  d'exemple  jusqu'alors, 
par  une  voix  d'une  étendue  rare,  et  par 
un  profond  savoir  en  musique.  En  1770 , 
elle  brillait  à  Dresde  comme  prima  donna. 
Elle  retourna  dans  sa  patrie  en  1774  , 
continua  de  se  faire  entendre  sur  divers 
théâtres  jusqu'en  1783,  quoique  sa  voix 
eût  perdu  sa  fraîcheur  et  une  partie  de  son 
agilité.  On  présume  qu'elle  cessa  de  vivre 
vers  1790. 

CALOVIUS  (  aeraham  ),  professeur  de 
théologie,  pasteur  primaire  et  surinten- 
dant général  à  Wittemberg  ,  naquit  à  Mo- 
rungen  en  Prusse ,  le  16  avril  1612,  et 
mourut  à  Wiltembcrg  le  29  février  1686. 
Il  a  publié  en  langue  latine  une  Encyclo- 
pédie (  Lubeck,  1651,  in-4°  )  dans  la- 
quelle il  traite  de  la  musique,  p.  549-554. 

C  ALVEZ  (Gabriel),  musicien  espagnol, 
vivait  à  Piome  vers  le  milieu  du  seizième 
siècle,  et  y  était  attaché  en  qualité  de 
chantre,  à  l'église  de  Sainte-Marie-Majeure. 
11  publia  dans  cette  ville,  en  1540,  des 
motets  à  quatre  voix.  La  mélodie  d'un  de 
ces  motets  (  Emendemus  in  melius  quœ 
ignoranter peccavimus)  a  servi  de  thème 
à  Palestrina  pour"  sa  messe  Emendemus. 

CALVI  (  laurent),  musicien  au  ser- 
vice de  l'église  cathédrale  de  Pavie  ,  dans 
la  première  moitié  du  dix-septième  siècle, 
s'est  fait  connaître  par  quatre  recueils  de 
motets  à  deux,  trois  et  quatre  voix. 
En  1626,  il  a  publié  à  Venise  un  ouvrage 
qui  a  pour  titre  :  Rosarhim  litaniarum 
B.  V.  Mariœ. 

CALVI  (  JEAN-BArTisTE  ) ,  amateur  de 


CAL 


CAL 


19 


musique,  né  à  Rome,  vers  le  milieu  du 
18°  siècle,  a  donné  :  1°  Ezio  ,  opéra  sé- 
ria ,  à  Pavie,  en  1784  ;  2°  Caslore  e  Pol- 
luée ,  ballet,  à  Crémone,  en  1788; 
3°  Le  donne  mal accorte ,  ballet ,  dans  la 
même  ville,  en  1788;  4°  //  Giuseppe  ri- 
conosciuto ,  oratorio,  à  Milan  ,  en  1788. 

CALVIÈRE     (   GUILLAUME- ANTOINE   ), 

organiste  de  la  chapelle  du  roi,  naquit  à 
Paris  en  1695.  Ayant  été  reçu  organiste 
de  la  chapelle  du  roi  en  1738  ,  il  occupa 
cette  place  jusqu'à  sa  mort,  arrivée  le 
18  avril  1755.  Doué  des  plus  beureuses 
qualités  pour  la  musique,  mais  né  mal- 
heureusement dans  un  pays  où  le  goût  et 
les  études  étaient  détestables,  Calvière 
eut  en  France  la  réputation  d'un  des  plus 
grands  organistes  du  monde  :  le  fait  est 
que  son  exécution  et  sa  connaissance  des 
ressources  de  l'instrument  étaient  remar- 
quables; mais  son  style,  semblable  à  celui 
de  tous  les  organistes  de  son  temps,  man- 
que d'élévation ,  et  son  harmonie  est  sou- 
vent incorrecte.  J'ai  entre  les  mains 
un  livre  manuscrit  de  ses  pièces  d'orgue, 
qui  me  paraît  démontrer  la  justesse  du 
jugement  que  j'en  porte.  Au  reste  c'était 
un  homme  d'esprit  ;  l'anecdote  suivante 
en  offre  la  preuve.  Ayant  concouru  en 
1750  avec  Dagincourt  pour  une  place 
d'organiste,  François  Couperin,  qui  avait 
été  nommé  juge  du  concours,  ayant  plus 
d'égard  à  l'âge  des  deux  compétiteurs 
qu'à  leur  talent,  prononça  en  faveur  de 
Dagincourt;  mais  voulant  consoler  Cal- 
vière de  cette  injustice,  il  le  loua  beau- 
coup sur  son  habileté.  Lui  ayant  demandé 
où  il  avait  appris  à  jouer  si  bien  de  l'orgue, 
Calvière  lui  répondit  :  Monsieur ,  c'est 
sous  l'orgue  de  Saint-Gervais  (Couperin 
était  organiste  de  cette  église).  Calvière 
a  composé  plusieurs  motets  à  grand  chœur, 
et  beaucoup  de  pièces  pour  l'orgue  et  le 
clavecin  qui  n'ont  point  été  gravées. 

CALV1S1TJS  (sethus),  dont  le  nom 
allemand  était  Kalwitz ,  naquit  le  21  fé- 
vrier 1556  ,  à  Gorschleben,  près  de  Sach- 
senberg  ,  dans  la  Tburinge.  Fils  d'un  sim- 


ple paysan,  il  devint,  à  force  de  travail  et 
de  persévérance,  astronome,  ou  plutôt 
astrologue,  poète,  musicien  et  savant  dans 
l'histoire  et  la  chronologie.  Ses  premières 
études  de  musique  et  de  chant  furent  fai- 
tes à  l'école  de  Frankenhausen  '.  La  pau- 
vreté de  ses  parens  l'obligea  à  quitter  ce 
collège  après  un  séjour  de  trois  ans  et 
demi  ;  mais  bientôt  la  beauté  de  sa  voix 
le  fit  admettre  gratuitement  à  l'école  pu- 
blique de  chant  de  Magdebourg.  Déjà  il 
était  assez  habile  pour  donner  des  leçons 
de  musique  qui  lui  procurèrent  quelques 
économies.  Avec  ces  épargnes,  il  alla  étu- 
dier les  langues  anciennes  et  les  arts  aux 
universités  de  Helmstadt  et  de  Leipsick. 
Dans  cette  dernière  ville,  on  le  nomma 
directeur  de  musique  de  l'église  Sainte- 
Pauline;  mais  il  quitta  Leipsick  en  1582, 
pour  aller  remplir  les  fonctions  de  chan- 
tre à  l'école  de  Pforte.il  occupa  cette  place 
pendant  dix  ans.  Appelé  à  Leipsick  en 
1592,  pour  y  remplir  les  fonctions  de 
chantre  à  l'église  de  Saint-Thomas  ,  il  re- 
tourna avec  plaisir  dans  cette  ville  qu'il 
avait  toujours  préférée  à  toute  autre.  Deux 
ans  après ,  il  réunit ,  à  ses  attributions  de 
chantre  et  de  professeur ,  celles  de  direc- 
teur de  musique.  Il  prit  possession  de 
cette  dernière  place  le  19  mars  1594,  et 
fit  exécuter  le  même  jour  plusieurs  mor- 
ceaux de  musique  religieuse  qu'il  avait 
composés.  Rien  ne  peut  surpasser  le  zèle 
qu'il  montra  dans  l'administration  de  l'é- 
cole qui  lui  était  confiée,  pour  l'améliora- 
tion de  l'enseignement ,  et  particulière- 
ment de  celui  de  la  musique.  Estimé  pour 
son  savoir  et  son  caractère  honorable  par 
les  habitans  de  Leipsick,  il  conçut  tant 
d'affection  pour  cette  ville,  qu'il  ne  vou- 
lut jamais  s'en  éloigner,  bien  que  des 
offres  brillantes  lui  fussent  faites  par  les 
villes  de  Wittenberg  et  de  Francfort  sur 
le  Mein.  Il  y  mourut  à  l'âge  de  près  de 
60  ans  ,  le  23  novembre  1615  ,  suivant  ce 


>  Mallheson  dit   que   ce   fut   à    Francfort  sur  l'Oder 
(\oy.  Grwidlage  einer  Ehrcn-Pfvrlc,  p.  32). 
9» 


20 


CAL 


qne  rapporte  Mattheson  (Grundlage  elner 
Ehrenpforte,  p.  55) ,  et  en  1617,  d'après 
l'opinion  de  Jean  Godefroi  Walther,  de 
Forkel ,  de  Gerber ,  et  de  plusieurs  autres 
écrivains.  Il  y  a  lieu  de  s'en  rapporter  à 
Mattheson  qui  écrivit  sa  notice  huit  ans 
après  qne  Walther  eut  publié  son  lexique 
de  musique ,  et  qui  a  dû  examiner  le  fait 
avec  attention. 

Calvisius  était  persuadé  de  l'infaillibi- 
lité de  l'astrologie  :  un  événement  fâ- 
cheux vint  fortifier  sa  confiance  en  cette 
science  prétendue.  Il  avait  lu  ,  ou  cru  lire 
dans  les  astres  ,  qu'un  grand  malheur  de- 
vait lui  arriver  certain  jour  de  l'année 
1602.  Pour  éviter  le  coup  dont  il  était 
menacé ,  il  prit  la  résolution  de  ne  point 
sortir  de  chez  lui  ce  jour-là,  de  se  livrer  au 
travail  du  cabinet ,  et  d'éviter  tout  ce  qui 
pourrait  faire  naître  quelque  danger  pour 
lui.  Cependant  sa  plume  fatiguée  l'obligea 
de  prendre  un  canif  pour  la  tailler,  l'in- 
strument lui  échappe  des  mains ,  et  dans 
son  empressement  à  serrer  les  genoux  pour 
l'empêcher  de  tomber  à  terre  ,  il  enfonça 
la  lame  dans  son  genou  droit  :  un  nerf 
fut  coupé ,  et  Calvisius  demeura  boiteux 
le  reste  de  sa  vie. 

On  a  de  Calvisius  les  ouvrages  de  théo- 
rie et  de  didactique  dont  les  titres  suivent: 
Melopoeia  seu  melodiœ  condendœ  ratio } 
quant  vulgo  miisicam  poeticam  voccuit: 
ex  verisfundamentis  extrada  et  expli- 
cata ,  Erfordiœ,  l592,in-8°  '.  Lipenius 
(Bibl.,  p.  975)  indique  une  première  édi- 
tion de  ce  livre,  sous  la  date  de  1567  : 
c'est  évidemment  une  erreur  ou  une  faute 
d'impression,  car  l'auteur,  étant  né  en 
1556  ,  n'aurait  eu  que  onze  ans  quand  son 
livre  aurait  été  publié  ;  si  cette  édition 
première  n'est  pas  supposée  ,  elle  doit  être 
de  1576.  Gerber  cite  aussi  une  édition  an- 
térieure à  1592,  sous  la  date  de  1582 
{Neues  Lexikon  der  Tonkunstl.,  t.  1, 
col.  611  ) ,  d'après  Wilkius,  auteur  d'un 


CAL 

livre  allemand  intitulé  :  Bedeken  -vont 
Schulwesen  (p.  137)  ;  il  y  a  lieu  de  croire 
que  cette  date  est  aussi  le  résultat  d'une 
faute  d'impression  ,  et  que  le  8  y  a  été 
substitué  à  9 ,  par  erreur.  Une  dernière 
édition  du  livre  de  Calvisius  a  été  publiée 
à  Leipsick,  en  1650,  in-8°.  Le  titre  de 
cet  ouvrage  semble  indiquer  un  traité  de 
la  mélodie  ;  cependant  il  est  presque  tout 
entier  relatif  au  contrepoint  et  à  l'harmo- 
nie. Forkel  remarque  avec  justesse  que 
c'est  un  fort  bon  livre  pour  le  temps  où 
il  a  été  écrit;  2°  Compendium  musicœ 
practicœ  pro  incipientibus  conscrlplum 
à  Setho  Calvisio ,  Lipsiœ ,  ad  D.  Tho- 
mam  cantore.  1594  ,  in-8°.  Cette  édition 
est  indiquée  par  Lipenius,  sous  la  date  de 
1595.  Il  y  a  une  deuxième  édition  de 
l'ouvrage,  datée  de  1602.  Walther  sem- 
ble croire  que  ces  deux  éditions  du  Com~ 
pendium  sont  la  même.  Il  y  en  a  une 
troisième  qui  a  pour  titre  :  Musicœ  arlis 
prœcepta  nova  et  facillima ,  per  septem 
voces  musicales  ,  quibus  omnis  difficul- 
tas ,  quœ  ex  diversis  clavibus ,  et  ex  di- 
versis  cantilenarum ,  generibus  et  ex 
vocummusicaliummutatione  oriri  potest, 
tollitur.  Pro  incipientibus  conscripta. 
Jena»,  1616,  in-8°.Dansce  petit  ouvrage, 
destiné ,  comme  on  voit,  à  l'enseignement 
desenfans,  dans  l'art  de  lire  la  musique 
et  de  la  chauter ,  Calvisius  expose  les 
avantages  de  la  Bocédisalion  ,  c'est-à-dire 
de  la  solmisation  pour  les  sept  syllabes 
Bo,  ce ,  di,  ga,  lo ;  ma ,  ni,  au  lieu  de 
l'emploi  de  l'hexacorde  ut,  re ,  mi, fa, 
sol ,  la,  de  l'ancienne  méthode.  Je  ne  sais 
s'il  est  exact  de  dire ,  comme  Walther  , 
Mattheson  et  Forkel ,  que  Calvisius  donne 
dans  son  livre  une  approbation  à  la  solmi- 
sation de  ces  sept  syllabes  nouvellement 
inventées,  car  je  n'y  ai  point  vu  le  nom 
de  l'inventeur,  Hubert  Waelrant.  Sans 
se  donner  précisément  comme  inventeur 
de  cette  solmisation,    il  laisse  entendre 


1  Mattheson  écrit  le  nom  de  la  ville  Erfurli  (Grund-         sont  également  employés  en  latin  pour  désigner  la  yill» 
lage  einer  Ehrenpforte,  p.  32),  mais  il  est   certain  que  d'Erfurt. 

le  livre  porte  Erfordite.  Au  reste,  Erfordia  et  Erfurluin. 


CAL 


CAL 


21 


qu'il  pent  l'être ,  par  sa  manière  vague  et 
générale  de  s'exprimer.  Forkel  a  inséré 
douze  règles  de  l'art  du  cliant  dans  le 
deuxième  volume  de  son  Histoire  de  la  mu- 
sique (p.  65),  qu'il  a  extraites  du  livre 
de  Calvisius.  Elles  sont,  en  leur  genre ,  les 
plus  méthodiques  qu'on  ait  données  sur 
cette  matière  à  cette  époque  reculée. 
5°  Exercitaliones  musicœ  duce,  quarum 
prior  est ,  de  modis  musicis ,  quos  vulgo 
tonos  vocant ,  rectè  cognoscendis ,  et  di- 
judicandis.  Posterior,  de  initio  et  pro- 
gressa musices ,  aliisque  rébus  eo  spec- 
tantibus.  Lipsiœ,  1600,  in-8°,  de  138  p. 
Gerber  ,  dans  son  ancien  lexique  des  mu- 
siciens ,  a  indiqué  comme  un  livre  parti- 
culier la  seconde  partie  de  celui-ci ,  sous 
le  litre  :  De  initio  et  progressa  ,  etc.  ;  il 
a  été  copié  en  cela  par  M3I.  Choron  et 
Fayolle,  dans  leur  Dictionnaire  histori- 
que des  musiciens.  Dans  son  nouveau 
lexique,  Gerbera  corrigé  cette  erreur.  La 
première  partie  du  livre  de  Calvisius  est 
toute  dogmatique;  la  deuxième  est  un 
abrégé  fort  bien  fait  et  fort  exact  de  l'his- 
toire de  la  musique.  Une  troisième  partie 
de  ces  Exercitaiions  a  paru  sous  ce  titre  : 
Exercilalio  musica  tertio,  de  prœcipuis 
quibusdam  in  arle  musica  quœstionibus, 
quibus  prœcipua  ejus  theoremata  conli- 
nentur  ;  inslituta  ad  clarissimum  virum 
Hippoljtum  Hubmeierum poetam  laurea- 
tum  et  pœdag ogiarchum  Geranum.  Lip- 
siœ,  impensis  Thomœ  Schureti  Michael 
Lantzenberger  excudebat.  1611  ,  in-8° 
de  180  pages.  L'existence  de  cette  troi- 
sième partie  séparée  a  été  inconnue  à 
Walther  ,  à  Mattheson  ,  à  Forkel ,  à  Ger- 
ber ,  et  à  leurs  copistes.  Ces  auteurs  disent 
que  dans  l'année  où  elle  a  paru ,  une  édi- 


tion des  trois  parties  réunies  a  été  publiée 
sous  ce  titre  :  Exercitaliones  musicœ 
1res ,  de  prœcipuis  quibusdam  in  musica 
arte  quœstionibus  instilutœ.  Leipsick, 
in-  8°.  Il  y  a  beaucoup  de  probabilité  qu'ils 
se  sont  trompés  ,  et  que  le  mot  très  a  été 
substitué  à  tertia ,  car  tout  le  reste  du  ti- 
tre est  conforme  à  celui  du  livre  qui  est 
indiqué  ci-dessus.  L'ouvrage  dont  on  vient 
déparier  est  adressé  à  Hubmeier,  maître 
d'école  à  Géra,  qui,  dans  ses  Discussions 
de  questions  importantes  de  philosophie  , 
de  musique,  etc.  {V.  Hubmeier)  avait 
attaqué  la  solmisation  par  les  sept  sylla- 
bes, et  avait  entrepris  de  démontrer  que 
la  méthode  de  l'hexacorde  est  préférable. 
Parmi  les  diverses  questions  de  théorie  et 
de  pratique  qui  sont  agitées  par  Calvisius 
dans  sa  troisième  exercitation ,  il  revient 
sur  ce  sujet,  et  le  traite  avec  une  puissance 
de  raisonnement  qui  détruit  facilement 
les  argumens  de  son  adversaire.  Celui-ci 
avait  cru  répondre  victorieusement  aux 
partisans  de  la  nouvelle  solmisation ,  qui 
affirmaient  que  puisqu'il  y  a  sept  notes , 
et  sept  clefs  ou  lettres ,  il  doit  y  avoir  sept 
syllabes  pour  les  nommer ,  en  disant  que 
ce  raisonnement  n'avait  pas  plus  de  force 
que  si  l'on  disait  que  parce  qu'il  n'y  a  que 
cinq  lignes  dans  la  portée,  il  ne  doit  y 
avoir  que  cinq  noms  de  notes  :  Calvisius 
prouve  fort  bien  la  futilité  de  cette  objec- 
tion, et  démontre  invinciblement  la  néces- 
sité des  sept  syllabes  ;  mais  il  ne  s'agit 
plus  de  Bo ,  ce,  di ,  ga }  lo ,  ma,  ni; 
c'est  de  l'addition  de  la  syllabe  si 
aux  six  autres  noms  (  ut,  re,  mi,  fa,  sol, 
la  ) ,  qu'il  est  question ,  et  Calvisius  en 
parle  comme  d'une  chose  déjà  con- 
nue '. 


»  Le  passage  du  livre  de  Calvisius  a  tant  d'inte'rêt,  et 
ces  sortes  de  livres  sont  si  rares,  que  je  crois  qu'on  verra 
avec  plaisir  la  citation  que  j'en  fais  ici: 

De   QU.ESTIONE    QUINTA. 

An  sex  vel  septem  sint  voces  musicales  • 
«  Statuts  sex  tantùm  voces  musicales  esse  debere,  idque 
aliquot  argumentis  firmum  faccre  conaris,  et  rejicis  eos, 
qui  in  musicis  pro  complemento  septimam  vocem  musica- 
lem  si  adjecerunt.  Hoc  videtur  déesse  tua;  disputationi , 
quod  non  causas  eliam affers,  çur  quidam  puteut  septimam 


cum  unicam  tantùm  ejus  causas afferas,  data  operà  videris 
sententiam  de  septem  vocibus  musicalibus  deprimere 
voluisse.  Ea  est ,  quod  dicunt  ,  ut  ait  f  septem  esse  claves, 
crgo  etiam  septem  voces  musicales  esse  debere.  Hanc  ra- 
lionem  postea  ita  réfutas,  ut  dicas  ,  cam  nihil  concludere, 
cum  pari  ratione  argumentari  liceat  :  quinque  sunt  linea?  , 
ergo  quinque  sunt  voces.  Quae ,  quaeso,  Hubmeiere,  te 
causa  impulit,  ut  rébus  diversissimis  eandem  affeclionem 
tribueres?  Cerlè  quinque  lineacnon  sunt  idem  quod  septem 
claves  ,  quod  et  pueris  apparet.  Deinde  lineac  per  se  niliil 


23  CAL 

On  a  de  Calvisius  les  ouvrages  de  musi- 
que  pratique    dont    les    titres    suivent  : 

voccm  adjiciendam.    Id  enim  si  fecisset,   leetori  libenim 
fuisset  eligendieam  partem,  quam  firmiorem  putasset.  Jam 
faciunt  ad  voces  musicales.  Subjectum  enim  tautùm sunt, 
in  quibus  elenienta    musica  scribuntur  ,  quem  admodum 
papyrus  subjtctum  est scripturœ,  cui  nnlla  efficacia  perse 
est  ad  scripturam  aperiendam  et  legendam,  potuissel  enim 
idem    seribi    in    ligno  ,   lapide,   plumbo  ,    etc.  Clavinm 
ratio  longé  alia  est  ,  nam  septem  claves  ambilum  conclu- 
dunt  unius  A£«»r«;coV  vcl  octava,  quœ  periudum  complet 
omnium  sonoium,  quâ  absohilà  soni  in  orbem  redeunt, 
et  quemadmodum  soni  distiuguuntur  in  repelita.  Si  igitur 
sonos  per  voces  musicales  in  una  octava  efferre  potueris, 
de   repetilâ  octava    nihil  est  Ijborandum  ,  eaedem   enim 
voces  ibidem  eliam   recurrunt.   Et  verissimum  est ,  quod 
censés,  voces  musicales  non  mulliplicari  quemadmodum 
claves  non  multiplicantur  :  quapropter  necesse  est ,  cum 
septem  sint  claves,  ut  septrm  eliam  sint  voces  musicales  , 
ut  septem  clavinm  numerum  aequent,  ne  sui  pcrmulatinne 
et  subslilutione  inter  se  confundantur,   et  discentes  lur- 
benl.  Altéra  verô  ratio,  quam  adjungis  ,  cur  septem  voces 
musicales  esse  non  debeaul,  quod  videlici  t  voces  ex  lile- 
ris  non  oriantur,  tola  falsa  est.  Nam  si  Musicam  compen- 
diosè  docere  vellemus  ,  literae   ipsae  debebant  sitnul  esse 
voces  musicales,  ut  identitate  facilitalem  deduclionissono- 
rum  adjuvarent  :    sed   quoniam  inhabiles  sunt    ad    sub- 
itam  vepetitionem  et  semitonium  suo  proprio   loco  certâ 
nota    non    exhibent  ;    additae   sunt    eis    voces  musicales , 
qnœ  id  ,   quod   clavibus    deest,   prœslare    possinl.     Fir- 
miter  igitur  adhuc    consistunt  septem  voces  musicales  , 
quas  adhue  uno   adqne    altero  argumento  asseram.   Pri- 
mum  :    quia  in  quabbet  octava  septem  sont  dislincli  soni 
priusquamad  eam  clavem  repetilam  pervenias,  quae  prin- 
cipium  deductionis  dédit  :  unde  sequitur,  septem  etiam 
distinctas  esse    debere   voces  musicales.  Nam   quemad- 
modum septem  illi  soni  in  instruments  musicis  artificia- 
libus  per   claves    exprimuntur  et    distinguuntur  :    ita    in 
nostra  naturali  et  vocali  musica  iidem  soni  per  voces  mu- 
sicales efferuntur,  et  par  est  ubique  ratio.  Secundo:  auto- 
ritas  velerum  etiam  in  bac  re  atlendalur.  Ptolomœus,  om- 
nium optimus  autor  inter  eos,  qui  de  musica  scripserunt, 
lib.  2,  de  Mus.,  sic  inquit  :  «  Voces  naturâneque  pluies, 
neque  pauciores  esse  possunt  quam  septem.  »  El  Deme- 
trius    Phalereus  teslatur  .flsgvplios  et  Graco  septem  vo- 
calium  modulatâ  enuncialione  laudes  Deorum  suorum  ce- 
cinisse:  unde  constat  sep  lemGrœcornm  voca  les  pro  vocibus 
musicalibus  liabilas  et  usurpalas  esse.  Assume  etiam  tes- 
timonia   pottarum  ,   ut  quod    Virgilius  lyrœ  septem  dis- 
crimina voeu  m  tribuit,  quae  discrimina  lsidorns  Ilispalensis 
«plicat,  quod  nnlla  chorda  vicinœ  chordic similem  souum 
ediderit.  Sic  Horatius  : 

n  Tuque  testudo  resonare  septem  callida  nervis.  » 

Sic  Ovid.  5.  Fastoruni  de  Mercurio  : 

«  Septena  putaris 
«  Pleiadum  numéro  fila  dédisse  lyrae.» 

Sic  Vilgilianusopilio  seu  bubsequa  ! 

«  Est  milii  disparibus  septem  compacta  cicutis 
«  Fistula.» 
Idem  affirmant  Aristotelcs,  l'lutarchus,  et  alii,  à  quo- 
rum nutorilatibus  temerènoq  est  recedendum.  Sed  di;  hac 
re  infrà  plura  dabimus,  accedamus  jam  ad  fundamenla 
tua  sententiae. 
Quodnam  igitur  jam  statuts  fundamentum  tuae  assertio- 


CAL 

1°  Harmonia  cantionum  ecclesiastica- 
rum  à  M.  Luthero  et  aliis  viris  piis  Gér- 
ons, quod  lantùm  sei  claves  musicales  esse  debeaut  ? 
Remillis  nos  id  discere  cupientes  1.  ad  Phjsica;  2.  ad 
Arilhmetica;  3.  ad  Geomelrica.  Quid  ,  Hbmeierc? 
Estnè  boni  dispulatoris  ,  audituies  suos  eô  remitlere  ,  urû 
ipso  argumentum  nullum  suas  sentenliœ  conGrmandïe 
invenire  potuit?  Si  enim  potuisses  ,  certè  id  pro  démon- 
stralione  allegasscs,  et  alia  contra  futilia  et  falsa  argu- 
menta, ut  audiemus,  omisisses.  Ego  eo  profectus  quo 
me  ainandasti  ,  rem  longe  aliter,  ac  tu  ais,  reprrio.  Ex 
physicis  enim  ,  arilhmeticis  et  geomelricis  firmissè  de- 
monslratur  septem  esse  debere  voces  musicales.  Pliysicus 
enim  audit  in  una  petava  septem  discrimina  vocum,  sep- 
tem sonos  distinctos.  Arilhmetica  ut  et  harmonica  sectio 
octavœ  eosdem  septem  sonos  in  suis  veris  et  légitimas  pro- 
porlionihus  exhibel.  Geometrae  idem  in  légitima  sectione 
circuli  demonstrant.  Frustra  igitur  Hnbmeiere  nos  eo 
ablegas,  ubi  lua  sententia  penitus  evertitur.  Destilueris 
ergo  ,  ut  video  ,  et  demonstrationibus  et  autoritalibus  , 
cum  nemo  veterum  autorum  de  hexacordo  unquam  quic- 
quam  affirmant. 

Jam  rationes  etiam  tuas  excutiamus,  quarum  prima  est , 
quod  pluies  voces  musicales  non  sint  dandœ,  quam  in 
scala  exprimentur  .  Septimam  vocem  autem  in  ea  non 
esse  expressam  ,  ergo.  Non  docebo  te,  Hubmeiere  , 
dialecticam  :  attamen  sciredebebas  ab  autoritate  negativâ 
non  lirma  deduci  argumenta.  Proh  Deum  immortalem,  si 
hase  ratio  vera,  et  nihil  novi  velerum  inventis  addendum. 
esset,  quot  et  quantis  commoditatibns  deslitueretur  hodiô 
vita  humana  ,  quas  veteres  ignorarnnl,  et  quas  noviter  iu- 
ventee  sunt.  Quod  septima  vox  t  si  ,  in  scala  expressa  non 
est,  nihil  mirum.  Autor  enim  scalae,  Guido  Aretinus,  cum 
statuissettantùm  sex  voces  musicales  esse,  eas  ita  dispo- 
suitut  septima  locutn  non  relinqueret,  et  voces  musicales 
mutuà  substitulione  in  scala  ita  turbavit,  ut  ea  facta  sit  ré- 
mora et  impedimentum  maximum  musicam  discenlibus  , 
cum  longé  rectius  hœc  tradipotuisscnt.Secnndam  rationem 
affers ,  quod  septima  vox  ,  si,  ad  nullam  cerlam  clavem 
delerminetuv  cum  ab  aliquibus  modo  in  C.t  modo  in  F., 
modo  in  B.  ponatur.  Unde  haec  de  positu  syllabae  si lia- 
bes,  oplime  Hubmeiere?  Vix  credo  quempiam  in  musicis 
adeô  imperitum  esse  possc  .  ut  ibi,  ubi  voci  musicali^à 
legitimus  locus  est  ;  mi  vel  si  ponere  ,  et  lotarn  musicam 
pervertere  aucleal ,  mi  enim  e\fn,  si  rectè  distinguantur , 
sunt  Iota  musica,  ut  veteres  loculisnnt,  potius  crediderim, 
te  honoris  gratiâ  hœc  finxisse  ,  cum  claves  G  et  F  omnium 
sint  principes.  Sillabîej/,  locus  slabijis  et  perpetnus  est 
in  regulari  quidem  sistemate  in  clave  b  quadrato,  in 
transposito  veiô  in  clavi  nec  unquam  hœc  ratio  variatur  , 
nisi  b  adscriplum  syllabam  si  \*afa  inutet  :  lerlia  ratio  , 
quod  necesse  silsyUabamsx  ad  tria  hexacliorda  reduci, 
falsa  est,  ut  in  prœcedenti  quasslione  demonslravi ,  cum 
unicum  tantum  et  solum  hexachordum  sit  vocum  sex 
musicalium.  Sic  et  quarta  ratio,  quod  si  coïncidât  cum 
aliâ  voce  musicali ,  falsa  cum  eâ  nunquam  ,  si  ad  illas  sex 
voces  musicales  assumatur,  in  aliquam  incidere  possit.  Ad 
quiulara  tantùm  abest,  ut  si  vox  musicalis  discrimen  inter 
mi  et  fa  tollat,  ut  illud  semitonium  nullà  refermiùs  sta- 
biliatur.  Sexta  ratio  cum  terliâ  coincidit,  et  refutata  est. 
Ad  septimam  ,  quâ  asseris,  œquè  facile  quempiam  posse 
institui  in  consueto  canendi  modo,  quam  si  septem  adhi- 
beamus  voces  musicales,  respondeo,  te,  si  hîc  esses,  aliter 
censurum.  Kgn  hisce  triginta  annis  ferè,  quibus  hoc  saxum 
volvo,  esperienliâ  longé  aliter  edoctus  sum,  le  manumad 
slivaiu  hanevix  adnjovisse  puto.  Grade  igitur  potius  eier» 


CAL 

manice  compositarum  4  voc.  Lipsiae , 
1596,  in-4°.  La  deuxième  édition  fut  pu- 
bliée l'année  suivante  dans  la  même  ville. 
La  quatrième  édition  de  ces  cantiques  est 
de  1612.  Il  y  en  a  une  dernière  datée 
de  1612  ,  selon  Matlheson  et  Gerber. 
2°  Teutsche  Tricinia,  mehrentheils  auss 
den  Psalmen  Davids ,  etc.  (Musique  à 
trois  voix  sur  des  textes  allemands,  la 
plupart  tirés  des  psaumes  de  David,  et 
d'autres  religieux  et  profanes ,  pour  le 
chant  et  les  inslrumens).  Leipsick,  chez 
Voigt,  1603,  in-4°.  5°  Biciniorumllbri 
duo,  quorum  prior  70  continel  ad sen~ 
tentias  evangeliorum  anniversariorum  à 
Selho  Calvisio ,  musico,  decanlala  ; 
posterior  90  cum  et  sine  textu ,  à  prœ- 
stanlissimis  musicis  concinnata.  Lipsiae, 
1612,  in-4°;  4°  Der  150i/e  Psalm  fur 
12  stimmen  auj"5  Chœren  (Le  cent  cin- 
quantième psaume  à  douze  voix  en  trois 
chœurs  ) ,  Leipsick,  1615  ,  in-fol.  5°  Der 
Psaller  Davids  gesangweis ,  vom  H  m. 
D.  Cornelio  Beckern,  etc.  (Le  Psautier 
de  David  mis  en  chant,  composé  primiti- 
vement par  M.  Corneille  Becker ,  et  ar- 
rangé à  quatre  voix  par  Sethus  Calvisius  } 
Leipsick,  1617  ,  in-8°.  ) 

Calvisius  est  connu  des  savans  par  de 
hons  ouvrages  sur  la  chronologie  et  la 
réforme  du  calendrier  ;  ce  n'est  point  ici 
le  lieu  de  citer  ni  d'examiner  ces  livres, 
on  trouvera  à  ce  sujet  d'amples  renseigne- 
mens  dans  les  biographies  générales  ,  par- 
ticulièrement dans  celle  de  M.  Michaud. 

CALVO  (ladrent),  moine  de  Ticino, 
dans  l'état  de  Venise,  au  commencement 
du  17e  siècle,  fut  musicien  à  l'église  ca- 
thédrale de  Pavie.  On  connaît  de  sa  com- 
position :  1°  Symbolœ  diversorum  mu- 
sicornm,  2.3,4,5  vocibus  cantandœ , 
Venise,  1620  ;  2°  Canzoni  sacre  «2,3 
eivoci.  Baccoltel)  II,  III,  IV.  Venise; 
3°  Bosarium  Litaniarum  B .  V.  Maria?, 
Venise ,  1626. 


CAM 


23 


CALVOER  (  Gaspard)  ,  théologien  pro- 
testant ,  inspecteur  des  écoles  de  Claustal, 
et  surintendant  de  la  principauté  de  Gru- 
benhagen,  naquit  à  Hildesheirn,  en  1650, 
et  mourut  le  11  mai  1725.  Il  a  beaucoup 
écrit  sur  la  théologie.  On  a  aussi  de  lui  : 
De  musica  ac  sigillalim  de  ecclesiasticd 
eoque  speclaniibus  organis.  Leipsick, 
1702,in-12;  petit  écrit  de  trois  feuilles 
d'impression,  divisé  en  6  chapitres,  où 
l'auteur  a  traité  d'une  manière  générale 
du  chant  religieux,  des  instrumens  et  des 
fonctions  du  directeur  de  musique.  Dans 
son  Bituale  ecclesiasticum  (  Jena,  1705, 
in-4°  )  ,  il  a  traité  de  la  musique  d'église. 
On  trouve  aussi  des  renseignemens  inté- 
rcssans  sur  l'état  du  plain-  chant  en  France 
et  chez  les  Saxons,  sous  le  règne  de  Char- 
lemagne,  dans  son  livre  intitulé  :  Saxo- 
nia  inferior  antiqua  gentillis  et  chris- 
tiana.  Goslar,  1714,  in-fol.  Enfin  Calvoer 
a  écrit  la  préface  de  l'ouvrage  de  Christ. 
Àlh.  Sinn.  intitulé  :  Temperatura  prac- 
tica,  etc.  Wernigerod,  1717,  in-4°. 
Cette  préface  a  été  réimprimée  dans  le 
Vorgemache  der  gelehrsctmkeit  (  An- 
tichambre de  l'érudition)  de  Falsius , 
p.  567-624. C'est  un  morceau  rempli  d'éru- 
dition. 

C  A  MBEFORT  (jean),  et  non  Camefort, 
comme  on  l'appelle  dans  le  Dictionnaire 
des  Musiciens  de  1810,  musicien  au  ser- 
vice de  Louis  XIV,  épousa  la  fille  d'Auger, 
surintendant  de  la  musique  de  la  chambre 
du  roi,  en  eut  7  ou  8  enfans  depuis  1652 
jusqu'en  1661 ,  et  mourut  le  4  mai  de  cette 
dernière  année.  Dans  les  derniers  temps 
de  sa  vie,  il  avait  été  nommé  intendant 
de  la  musique  de  la  chambre,  maître  ordi- 
naire et  compositeur  de  cette  musique.  Il 
écrivit  quelques  divertissemens  et  des  can- 
tates pour  le  service  du  roi  et  de  la  cour. 
Il  y  a  aussi  quelques  chansons  de  sa  com- 
position dans  les  recueils  imprimés  par 
Ballard. 


citato  musico  ,  quam  tuis  ,  nescio  unde  conceplis  opinio-  doyer  si  fort  de  raisonnement  en  faveur  de  la  gamme  de 

cibus.  »  sept  notes,  on  disputait  encore  en  Allemagne  sur  cette 

Qui  pourrait  croire  que  plus  d'un  siècle  après  ce  plai-.         question  !  (Voy ,  jBuUstedl  et  Matlheson) . 


24 


CAM 


CAMBERT  (robert),  fils  d'un  fournis- 
seur, naquit  à  Paris,  vers  1628.  Après 
avoir  reçu  des  leçons  de  clavecin  de  Cham- 
bonnières ,  le  plus  célèbre  maître  de  son 
temps  ,  il  obtint  la  place  d'organiste  de 
l'église  collégiale  de  Saint-Honoré  ,  et 
quelque  temps  après  fut  nommé  surinten- 
dant delà  musique  de  la  reine  Anne  d'Au- 
triche, mère  de  Louis  XIV.  Dès  1666  ,  il 
occupait  cette  place.  Cambert  est  le  pre- 
mier musicien  français  qui  entreprit  de 
composer  la  musique  d'un  opéra  :  il  y  fut 
déterminé  par  les  circonstances  suivantes. 
Perrin  ,  introducteur  des  ambassadeurs 
près  de  Gaston,  duc  d'Orléans,  imagina 
en  1659  un  nouveau  genre  de  spectacle,  à 
l'imitation  de  l'opéra  d'Or/êo  ed  Eure- 
dice  que  le  cardinal  Mazarin  avait  fait  re- 
présenter par  une  troupe  italienne  ,  en 
1647.  Il  donna  à  sa  pièce  le  titre  de  La 
Pastorale ,  première  comédie  française 
en  musique  ;  Cambert  fut  chargé  d'en 
composer  la  musique,  et  elle  fut  représen- 
tée au  château  d'Issy  ,  au  mois  d'avril  de 
la  même  année.  L'ouvrage  eut  un  succès  si 
décidé,  que  Louis  XIV  voulut  l'entendre  et 
le  fit  représenter  à  Vincennes.  Mazarin  , 
qui  aimait  ce  genre  de  spectacle  et  qui  s'y 
connaissait ,  engage  les  auteurs  à  composer 
d'autres  pièces  du  mêmegenre;ilsécrivirent 
l'opéra  à' Ariane  ou  Le  mariage  de  Bac- 
chus,  qui  fut  répété  à  Issy,  en  1661,  mais 
dont  la  mort  de  Mazarin  empêcha  la  repré- 
sentation.Quelques  auteurs  ont  dit  que  cet 
ouvrage  fut  représenté  plus  tard  à  Lon- 
dres ;  mais  on  ne  trouve  aucune  trace  de 
cette  représentation  dans  les  mémoires  sur 
l'établissement  de  l'Opéra  en  Angleterre. 
Il  paraît  qu'au  commencement  de  l'année 
1662  Cambert  écrivit  un  autre  opéra  inti- 
tulé Adonis  ;  mais  il  ne  fut  point  joué,  et 
depuis  lors,  il  s'est  perdu.  L'idée  de  Perrin, 
ajournée  par  divers  événemens ,  ne  reçut 
son  exécution  qu'en  1669.  Le  28  juin  de 
cette  année,  l'académie  royale  de  musi- 
que fut  créée  par  lettres  patentes  ;  le  privi- 
lège en  fut  accordé  à  celui  qui  en  avait  conçu 
le  plan  j  celui-ci  s'associa  Cambert ,  et  de 


CAM 

leur  union  résulta  le  premier  opéra  fran- 
çais régulier,  intitulé  Pomone;  il  fut  re- 
présenté à  Paris,  en  1671,  et  obtint  beau- 
coup de  succès.  L'année  suivante  ,  Cambert 
composa  la  musique  d'une  pièce  intitulée 
Les  peines  et  les  plaisirs  de  l'amour  f 
pastorale  en  cinq  actes  ,  dont  les  paroles 
étaient  de  Gilbert  ;  mais  cette  même  an- 
née le  privilège  fut  ôté  à  Perrin  et  à  Cam- 
bert pour  être  donné  à  Lulli  qui  jouissait 
de  la  plus  grande  faveur  auprès  de 
Louis  XIV  ,  et  qui  en  abusait  à  son  profit 
et  au  préjudice  de  ses  rivaux.  Irrité  de 
l'injustice  qui  lui  était  faite ,  Cambert 
quitta  la  France,  passa  en  Angleterre  en 
1673 ,  et  devint  maître  de  la  deuxième 
compagnie  des  musiciens  de  Charles  II ; 
il  ne  jouit  pas  long-temps  de  sa  nouvelle 
position,  carie  chagrin  le  conduisit  au  tom- 
beau en  1577 .  Ch.  Ballard  a  publié  en 
partition  in-folio  des  fragmens  de  l'opéra 
de  Cambert  intitulé  Pomone.  On  trouve 
en  manuscrit  à  la  Bibliothèque  royale  de 
Paris  la  partition  de  celui  qui  a  pour  titre 
Les  Peines  et  les  Plaisirs  de  l'amour. 

CAMBINI(jean-joseph)  ,né  àLivourne r, 
le  13  février  1746,  s'est  livré  dans  son  en- 
fance à  l'étude  du  violon,  sous  la  direction 
d'un  maître  obscur  nommé  Polli.  Les  oc- 
casions fréquentes  qu'il  eut  ensuite  d'en- 
tendre et  même  d'accompagner  Manfredi 
et  Nardini,  perfectionnèrent  son  talent  sur 
cet  instrument.  Bien  qu'il  ne  soit  jamais 
parvenu  à  se  faire  un  nom  célèbre  comme 
violiniste,  il  posséda  dans  sa  jeunesse  l'art 
d'exécuter  ses  quatuors  et  toute  sa  musique 
de  chambre  avec  pureté,  goût  et  élégance. 
A  l'âge  de  17  ans ,  il  se  rendit  à  Bologne, 
où  il  eut  l'avantage  d'être  admis  au  nom- 
bre des  élèves  du  P.  Martini  et  de  recevoir 
de  lui  des  leçons  de  contrepoint.  Après 
avoir  passé  trois  années  près  de  ce  maître, 
il  partit  pour  Naples.  Il  y  devint  amoureux 
d'une  jeune  fille  née  comme  lui  àLivourne, 
et  s'embarqua  avec  elle  pour  retourner  dans 

1  C'est  à  tort  qu'il  est  dit  dans  le  nouveau  Lexique  uni- 
versel de  musique,  publie'  par  M.  Schilling, que  Cambini 
était  lié  à  Lucques, 


CAM 


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25 


cette  ville,  où  il  devait  l'épouser.  Grimm 
rapporte  en  ces  termes  (  Correspondance 
Littéraire,  août  1776)  l'événement  qni  sur- 
vint après  le  départ  des  amans  :  «  Ce  pau- 
«  vre  M.  Cambini  n'est  pas  né  sous  une 
«  étoile  heureuse.  Il  a  éprouvé,  avant  d'ar- 
a  river  dans  ce  pays-ci,  des  infortunes  plus 
«  fâcheuses  qu'une  chute  à  l'Opéra.  S'étant 
«  embarqué  à  Naples  avec  une  jeune  per- 
te sonne  dont  il  était  éperdument  amou- 
«  reux ,  et  qu'il  allait  épouser  ,  il  fut  pris 
«  par  des  corsaires  et  mené  captif  en  Bar- 
ci  barie.  Ce  n'est  pas  encore  le  plus  cruel 
«  de  ses  malheurs.  Attaché  au  mât  du 
«  vaisseau  ,  il  vit  cette  maîtresse ,  qu'il 
«  avait  respectée  jusqu'alors  avec  une  timi- 
a  dite  digne  de  l'amant  de  Sophronie  ,  il 
a  la  vit  violer  en  sa  présence  par  ces  bri- 
o  gands  ,  et  fut  le  triste  témoin  etc.  » 
Heureusement  un  riche  négociant  véni- 
tien ,  nommé  M.  Zamboni ,  eut  pitié  de 
Cambini  ;  il  le  racheta  d'un  renégat  espa- 
gnol et  lui  renditla  liberté.  Arrivé  à  Paris, 
en  1770,  l'artiste  obtint  la  protection  de 
l'ambassadeur  de  Naples  qui  le  recommanda 
au  prince  de  Conti ,  et  le  prince  dit  deux 
mots  en  sa  faveur  à  Gossec.  Celui-ci  diri- 
geait alors  le  concert  des  amateurs  ;  il  pro- 
cura à  Cambini  l'occasion  de  se  faire  con- 
naître en  faisant  exécuter  des  symphonies 
de  sa  composition  *.  Elles  obtinrent  du 
succès ,  bien  que  la  conception  en  fût  assez 
faible ,  parce  qu'elles  étaient  écrites  avec 
cette  facilité  qui  est  le  caractère  distinctif  de 
la  musique  italienne.  Cambini  abusa  de 
cette  facilité  à  écrire  à  tel  point  qu'il  produi- 
sit plus  de  soixante  symphonies  en  un  petit 
nombre  d'années,  ce  qui  ne  l'empêcha  pas 
de  publier  une  immense  quantité  d'autres 
ouvrages  de  musique  instrumentale,  ni  de 
faire  exécuter  au  concert  spirituel  des  mo- 
tets et  des  oratorios.  Il  y  avait  dans  tout 
cela  des  idées  assez  jolies  ,  et  la  facture  en 
était  assez  pure  ;  mais  l'empreinte  du  génie 
y  manquait.  De  toutes  les  compositions  de 


Cambini ,  celles  qui  obtinrent  le  plus  de 
succès  furent  ses  quatuors  de  violon.  Leurs 
mélodies  étaient  agréables,  et  il  y  avait  de 
la  correction  dans  leur  harmonie.  Cette 
musique  paraîtrait  aujourd'hui  faible  et 
puérile;  mais  on  ne  connaissait  point  alors 
les  admirables  compositions  de  Haydn,  de 
Mozart  ,  de  Beethoven.  On  n'avait  même 
pas  les  jolis  quatuors  de  Pleyel.  Au  reste, 
Cambini  était  capable  de  s'élever  plus  qu'il 
ne  fît  ;  mais  presque  toujours  en  proie  au 
besoin  ,  suite  inévitable  de  son  intempé- 
rance, il  était  obligé  de  travailler  avec  une 
activité  prodigieuse  ,  et  ne  pouvait  choisir 
ses  idées.  Sa  fécondité  fut  d'autant  plus 
remarquable,  qu'il  passait  la  plus  grande 
partie  des  jours  et  des  nuits  au  cabaret , 
employant  d'ailleurs  une  partie  du  temps 
où  il  était  à  jeun  à  donner  des  leçons  de 
chant,  de  violon  et  de  composition. 

Au  mois  de  juillet  1776,  il  fit  repré- 
senter à  l'Opéra  un  ancien  ballet  héroïque 
de  Bonneval ,  dont  il  avait  refait  la  musi- 
que. Ce  ballet  avait  pour  titre  :  Les  Ro- 
mans j*  il  tomba  tout  à  plat,  et  l'on  fut 
obligé  de  le  retirer  après  la  troisième  re- 
présentation. Cet  ouvrage  fut  suivi  de 
Rose  d'amour  et  Carloman,  qui  ne  réus- 
sit pas  mieux  au  Théâtre-Italien,  en  1779, 
quoique  la  musique  eut  été  goûtée.  Appelé 
à  la  direction  de  la  musique  du  théâtre 
des  Beaujolais  ,  en  1788  2,  il  y  fut  plus 
heureux  dans  les  ouvrages  qu'il  fit  repré- 
senter sous  les  titres  de  La  Croisée, 
Cora  ou  la  prêtresse  du  soleil,  les  Deux 
frères,  ou  la  Revanche,  Adèle  etEdwin. 
Il  écrivit  aussi  pour  le  même  spectacle  la 
musique  de  quatre  pantomimes.  En  1791, 
après  la  ruine  théâtre  des  Beaujolais,  Cam- 
bini devint  chef  d'orchestredu  théâtre  Lou- 
vois,  où  il  fît  représenter  Nantilde  et  Da- 
gobert,  opéra  en  3  actes  qui  fut  bien  accueil]  i 
parle  public.  Ce  fut  à  peu  près  le  dernier 
succès  de  cet  artiste.  Il  avait  écrit,  depuis 
1782  jusqu'enl793,  les  opéras  à'Alcméon, 


1   Ces  renseiguemens  sont  tires  d'un  mémoire  manu- 
terit  et  autographe  de  Gossec. 

a  On  dit  dans  la  Biographie  universelle  et  portative 


des  contemporains,  que  Cambini  eut  cette  place  en  1787; 
mais  c'est  une  erreur. 


26 


CAM 


à'Alcide,  ainsi  qu'une  nouvelle  musique 
pour  YÀrndde  de  Quinault;  mais  aucun 
de  ces  ouvrages  n'a  été  représenté.  On  con- 
naît aussi  de  lui  quelques  entrées  de  danse 
dansle  ballet-opéra  des  Fêtes  Vénitiennes. 
En  1780,  Cambini  fit  exécuter  au  concert 
spirituel  un  oratorio  intitulé  Le  sacrifice 
d'Jbraham.  Précédemment  il  y  avait 
donné  quelques  motets  ,  entre  autres  un 
Domine  dont  la  partition  manuscrite  est 
à  la  bibliothèque  du  conservatoire  de  musi- 
que de  Paris. 

Parmi  ses  compositions  instrumentales 
et  ses  morceaux  détachés  de  musique  vo- 
cale, on  compte  :  1°  Soixante  symphonies 
pour  orchestre;  2°  Cent  quarante-quatre 
quatuors  pour  deux  violons,  alto  et  basse; 
5°  Vingt-neuf  symphonies  concertantes 
pour  divers  instrumens  ;  4°  Sept  concertos 
dont  deux  pour  violon,  un  pour  hautbois, 
et  quatre  pour  flûte;  5°  Plus  de  quatre 
cents  morceaux  pour  divers  instrumens 
consistant  en  trios  et  duos  pour  violon, 
viole,  violoncelle;  quatuors,  trios,  duos 
pour  flûte;  quatuors  pour  hautbois,  duos 
pour  basson,  etc.;  6°  Différens  solfèges 
dune  difficulté  graduelle  pour  l'exercice 
du  phrasé,  du  style  et  de  l'expression, 
avec  des  remarques  nécessaires  et  une 
basse  chiffrée  pour  l'accompagnement  , 
Paris,  Le  Duc,  1788;  7°  Préludes  et 
points  d'orgue  clans  tous  les  tons  ,  mêlés 
d'airs  variés,  et  terminés  par  l'Art  de 
moduler  sur  le  violon  ,  etc.,  Paris,  1796, 
et  Offenbach,  1797;  8°  Méthode  pour 
flûte,  suivie  de  vingt  petits  airs  et  de  six 
duos  à  l'usage  des  commençans,  Paris, 
Gaveaux,  1799;  9°  Plusieurs  airs  patrio- 
tiques, avec  accompagnement  de  deux  cla- 
rinettes ,  deux  cors  et  deux  bassons; 
10°  Le  Compositeur ,  scène  comique  du 
répertoire  du  concert  des  amateurs,  Paris, 
Imbault,  1800. 

Vers  1 800, et  dans  les  deux  ou  trois  années 
suivantes,  Pleyel  employa  Cambini  à  com- 
poser quelques  quintetti  et  des  quatuors 
dans  le  style  de  Boccherini.  Il  y  réussit  si 
bien  que   ces  morceaux  furent   mêlés  à 


CAM 

d'autres  inédits  de  ce  compositeur  original, 
et  furent  publiés  sous  son  nom  ,  sans  qne 
les  amateurs  ni  les  artistes  se  doutassent 
de  celte  spéculation  commerciale. 

Cambini  doit  être  compté  aussi  parmi 
les  écrivains  sur  la  musique,  car  dans  les 
années  1810  et  1811  il  devint  le  collabo- 
rateur de  M.  De  Garaudé  pour  la  rédaction 
du  journal  de  musique  que  celui-ci  venait 
de  fonder,  sous  le  nom  de  Tablettes  de 
Polymnie.  Cambini  possédait  des  connais- 
sances assez  étendues  pour  juger  sainement 
de  toutes  les  parties  de  la  musique;  mais 
il  avait  de  la  causticité  dans  l'esprit ,  et 
quelques-uns  de  ses  articles  ont  mis  en 
émoi  bien  des  amours-propres  blessés.  Il 
ne  fut  jamais  connu  comme  le  rédacteur 
de  ces  articles. 

Dans  les  dernières  années  de  sa  vie,  cet 
artiste,  dont  les  talens  méritaient  un 
meilleur  sort ,  était  aux  gages  des  éditeurs 
de  musique  ,  et  faisait  pour  eux  de  ces 
arrangemens ,  ou  plutôt  de  ces  dérange- 
mens  des  œuvres  des  grands  maîtres  ,  qui 
sont  la  honte  de  l'art.  Ces  travaux,  mal 
payés  ,  ne  purent  le  tirer  de  la  misère 
profonde  où  il  languissait ,  et  qu'il  faisait 
partagera  une  femme  beaucoup  plus  jeune 
que  lui.  On  a  écrit  dans  quelques  recueils 
biographiques  qu'il  quitta  Paris  vers  1812 
etqu'il  se  renditen  Hollande  où  il  mourut. 
Il  paraît  que  ces  faits  ne  sont  point  exacts, 
que  Cambini  était  encore  à  Paris  en  1815, 
que  depuis  lors  il  a  été  reçu  à  Bicêtre 
comme  bon  pauvre,  et  qu'il  y  est  mort 
depuis  peu  d'années.  Tels  sont  les  rensei- 
gnemens  que  j'ai  pu  recueillir. 

CAMBIO  (perissone)  ,  compositeur  ita- 
lien, vécut  vers  le  milieu  du  16rae  siècle. 
On  connaît  de  lui  :  Canzone  vdlanesche 
alla  Napoletana ,  Venise,  1551.  Le 
docteur  Burney  a  extrait  de  cet  ouvrage 
une  villote  à  quatre  voix ,  qu'il  a  insérée 
dans  le  troisième  volume  de  son  his- 
toire de  la  musique  (p.  215).  On  a  aussi 
imprimé  de  la  composition  de  Cambio  : 
Madrigali  a  quattro  voci,  con  alcuni  dl 
Cipriano  Rare  ;  Fenezia,  1547. 


CAM 


CAM 


27 


CAMERARITJS  (philippe)  ,  docteur  en 
droit  et  célèbre  jurisconsulte,  naquit  à 
Nuremberg  ,  en  1537,  et  non  à  Tubingue, 
comme  on  le  dit  dans  le  Dictionnaire 
historique  des  musiciens.  Dans  un  voyage 
qu'il  fità  Rome,il  fut  arrêté  et  mis  en  prison 
par  l'inquisition  :  mais  ,  sur  les  réclama- 
tions de  l'empereur  et  du  duc  Albert  de 
Bavière,  on  lui  rendit  la  liberté.  De  retour 
dans  sa  pairie  ,  il  fut  nommé  conseiller  de 
la  ville  de  Nuremberg  ,  ensuite  vice-chan- 
celier  à  Altorf,  où  il  mourut  le  22  juin 
1624,  âgé  de  quatre-vingt-sept  ans.  On  a 
de  lui  un  livre  intitulé  :  Horamm  sub- 
secivarumeenturiœ  très,  Francfort, 1624, 
3  vol.  in-4°.  Dans  le  18e  chapitre  de  la 
première  centurie,  il  traite  :  De  industriel 
hominum,  quibusdam  veterum  instru- 
ments musicis ,  et  quatenus  inventus  in 
Us  sit  inslruenda. 

(,AMERLOHER(rLACTDE  de),  chanoine 
de  la  Basilique  de  St. -André  à  Freising  , 
puis  conseiller  et  maître  de  chapelle  du 
prince  évêque  delà  même  ville,  naquit  en 
Bavière  vers  1720.  Il  a  mis  en  musique 
pour  la  cour  de  Munich  l'opéra  intitulé  : 
Melissa ,  représenté  en  1759.  On  a  de  lui 
des  messes,  des  vêpres,  litanies,  motets, etc. 
Son  œuvre  deuxième,  composé  de  six  sym- 
phonies pour  deux  violons  ,  alto  ,  basse, 
deux  cors  et  deux  trompettes,  fut  gravé  à 
Liège  vers  1760.  L'œuvre  troisième,  com- 
posé de  six  symphonies,  parut  à  Amster- 
dam ,  en  1761.  et  l'œuvre  quatrième,  id., 
à  Liège  ,  en  1762.  Camerloher  est  un  des 
premiers  qui  ont  écrit  desquatuors  concer- 
tans\>oar  deux  violons,  alto  et  basse,  dans 
le  style  moderne,  genre  qui  depuis  lors  a  eu 
tant  de  vogue.  On  en  connaît  vingt-qua- 
tre de  sa  composition,  qui  sont  restés  ma- 
nuscrits. On  a  aussi  du  même  auteur  : 
1°  Dix-huit  trios  pour  guitare,  violon  et 
violoncelle;  2°  Vingt-quatre  sonates  pour 
deux  violons  et  basse  ;  3°  Un  concerto  pour 
guitare  avec  accompagnement  de  deux 
violons,  alto  et  basse;  4°  Un  idem,  avec 
deux  violons  et  basse.  Tous  ces  ouvrages 
sont  restés  manuscrits. 


CAMIDGE  (le  docteur),  habile  orga- 
niste et  compositeur,  né  à  York,  et  rési- 
dant dans  cette  ville,  a  tenu  l'orgue  au 
grand  Concert  festival  de  cette  ville,  en 
1823.  Les  introductions  et  les  préludes 
qu'il  a  exécutés  en  cette  circonstance,  pour 
quelques  antiennes  du  docteur  Croft ,  ont 
été  fort  goûtés  et  applaudis.  11  a  publié  chez 
Clementi  ,  à  Londres ,  depuis  1800  ,  deux 
œuvres  de  sonates  pour  le  piano  ,  avec  ac- 
compagnement de  violon  et  violoncelle; 
une  sonate  pour  piano  seul,  op.  5;  un 
recueil  de  préludes  pour  l'orgue,  et  un 
œuvre  de  sonates  pour  le  piano  ,  avec  des 
airs  favoris  ,  op.  5. 

CAMUNER  (antonio).  On  connaît  sous 
ce  nom  un  Indice  de  lealrali  spettacolidi 
tutto  l'anno  dal  carnovale  1808,  a  tutto 
il  carnovale  1809,  ed  alcuni  anche  pre- 
cedenti,  con  aggiunta  deW  elenco  de' 
poeti }  maestri  di  musica ,  pittori ,  vir- 
tuosi  cantanli,  ballerini ,  cupie  stato  pré- 
sente délie  corniche  compagnie  italiane, 
ejinalmente  délie  note  délie  opère  série, 
buffe  ,  efarse  italiane  ,  scritle  di  nuova 
in  musica  ,  de'  respettivi  maestri ,  ed  in 
quali  leatri,  Venise ,  Gio.  Ant.  Curti , 
1800,in-12. 

CAMPAGNOLI  (bartholome) ,  violi- 
nisle  distingué,  naquit  à  Cento ,  près  de 
Bologne,  le  10  septembre  1751.  Dali' 
Ocha  ,  élève  de  Lolli ,  fut  son  premier 
maître  de  violon.  Ses  progrès  furent  rapides, 
et  bientôt  il  eut  besoin  d'un  meilleur  mo- 
dèle que  celui  qu'il  avait  eu  jusqu'alors. 
Son  père  ,  qui  était  négociant,  l'envoya  à 
Modène,  en  1763,  pour  y  prendre  des  le- 
çons de  Don  Paolo  Guaslarobba  ,  violi- 
niste  de  l'école  de  ïartini.  Ce  fut  dans 
cette  ville  qu'il  acheva  aussi  ses  études 
dans  l'art  de  la  composition.  En  1766, 
Cairipagnoli  retourna  dans  le  lieu  de  sa 
naissance  :  il  y  fut  placé  à  l'orchestre  du 
théâtre.  Deux  ans  après  cette  époque  il 
partit  pour  Venise  où  il  demeura  quelques 
mois;  puis  il  alla  à  Pacloue  où  respirait 
encore  le  vénérable  Tartini,  arrivé  presque 
au  terme  de  sa  vie.  Campagnoli  s'arrêta 


28 


GAM 


aussi  dans  cette  ville.  En  1770,  il  fit  son 
premier  voyage  à  Rome,  et  y  recueillit 
desapplaudissemens.  De  là  il  alla  à  Faenza, 
où  le  maître  de  chapelle  Paolo  Alberghi  , 
virtuose  sur  le  violon,  le  fixa  pendant  six 
mois.  Enfin,  il  partit  pour  Florence,  dans 
le  dessein  d'y  entendre  Nardini.  Le  haut 
mérite  de  cet  artiste  le  décida  à  prendre 
de  ses  leçons  ,  et  pendant  cinq  années  ,  il 
travailla  sous  la  direction  de  ce  maître. 
Ce  fut  pendant  ce  temps  qu'il  se  lia  d'ami- 
tié avec  Cherubini.  Il  était  alors  premier 
des  seconds  violons  au  théâtre  de  la  Per- 
gola. En  1775,  il  retourna  à  Rome,  y  fut 
placé  comme  chef  des  seconds  violons  au 
théâtre  Argentina,  et  se  fit  entendre  avec 
succès  dans  plusieurs  concerts.  Vers  la  fin 
de  la  même  année,  le  prince  évêque  de 
Freisinge  l'appela  en  Bavière ,  et  lui  con- 
fia la  place  de  maître  des  concerts  de  sa 
cour.  Campagnoli  arriva  à  sa  destination, 
en  1776.  Deux  ans  après  ,  il  fit  un  voyage 
en  Pologne  avec  le  célèbre  bassoniste  Rei- 
nert;  ces  deux  artistes  s'arrêtèrent  trois 
mois  à  Grodno ,  puis  autant  à  Varsovie. 
Arrivé  à  Dresde  ,  Campagnoli  y  reçut  un 
engagement  du  duc  Charles  de  Courlande, 
comme  directeur  de  sa  musique.  En  1783 
il  se  rendit  en  Suède  par  Stralsund  ,  et 
pendant  un  assez  long  séjour  qu'il  fit  à 
Stockholm  ,  fut  reçu  membre  de  l'Acadé- 
mie royale  de  musique  de  cette  ville.  11 
retourna  ensuite  à  Dresde  par  Gothenberg, 
Copenhague,  Schleswig,  Hambourg,  Lud- 
wigstad  et  Potsdam.  En  1784,  il  alla  re- 
voir pour  la  première  fois  sa  patrie,  et  prit 
sa  route  par  Leipsick,  Weimar,  Nurem- 
berg, Barenth  ,  Anspach  ,  Ratisbonne, 
Munich,  Salzbourg,  Inspruck,  Vérone  et 
Mantoue  ;  donnant  partout  des  concerts  et 
recueillant  des  témoignages  d'estime  pour 
ses  talens.  En  1786,  il  passa  quelques 
mois  à  Prague,  et  retourna  à  Dresde  par 
Berlin  ,  Hambourg ,  Hanovre  ,  Brunswick, 
Cassel ,  Gœttingue  ,  Francfort,  Mayence  , 
Manheim  et  Coblenz.  Après  un  second 
voyage  en  Italie,  entrepris  en  1788,  il  ne 
quitta  plus  Dresde,  jusqu'à  la  mort  du  duc 


CAM 

Charles  de  Courlande.  Il  fut  alors  nommé 
maître  de  concerts  à  Leipsick  ;  il  y  dirigea 
les  orchestres  des  deux  églises  principales 
et  du  concert  avec  talent.  Vers  la  fin  de 
l'année  1801,  il  visita  Paris,  et  eut  le 
plaisir  d'y  revoir  son  ancien  ami  Cheru- 
bini. Kreutzer  fut  le  seul  violiniste  fran- 
çais qu'il  eut  occasion  d'entendre  :  il  admi- 
rait le  jeu  brillant  et  plein  de  verve  de  ce 
grand  artiste.  De  retour  à  Leipsick,  il  y 
est  resté  encore  plusieurs  années  ,  puis  a 
été  appelé  à  Neustrelitz  comme  directeur 
de  musique.  Il  est  mort  en  cette  résidence, 
le  6  novembre  1827. 

Les  compositions  de  Campagnoli  qui  ont 
été  publiées  sont  :  1°  Six  sonates  pour 
violon  et  basse ,  Florence  ;  2°  Dix-huit 
duos  pour  flûte  et  violon ,  œuvres  1 ,  2  et 
4 ,  Berlin  5  3°  Trois  concertos  pour  flûte 
et  orchestre,  op.  3,  Berlin,  1791  et  1792; 
3°  Six  sonates  pour  violon  et  basse,  op.  6, 
Dresde  ;  4°  Trois  thèmes  variés  pour  deux 
violons,  op.  7  et  8,  Leipsick, Breitkopf  et 
Haertel;  5°  Six  duos  concertans  pour  deux 
violons  ,  op.  9,  Ib.  ;  6°  Six  duos  faciles  , 
op.  14,  Ibid.  ;  7°  Trois  duos  concertans, 
op.  19,  Ibid.;  8°  Recueil  de  101  pièces 
faciles  et  progressives  pour  deux  violons  , 
op.  20,  liv.  1  et  2,  Ibid.;  9°  Trois  thèmes 
de  Mozart  variés  pour  deux  violons  , 
Vienne,  Artaria  ;  10°  Six  fugues  pour 
violon  seul,  op.  10  ,  liv.  1  et  2 ,  Ibid.; 
11°  Trente  préludes  dans  tous  les  tons  , 
pour  perfectionner  l'intonation  ,  op.  12, 
Ibid.;  12°  Six  polonaises  avec  un  second 
violon  ad  libitum  ,  op.  13,  Leipsick  ,  Pe- 
ters  5  13°  L'illusion  de  la  viole  d'amour , 
sonate  nocturne,  œuvre  16,  Leipsick, 
Breitkopf  et  Haertel;  14°  L'art  d'inven- 
ter à  l'improviste  des  Fantaisies  et  des 
cadences,  etc.  ,  op.  17,  Ibid.;  15°  Sept 
divertissemens  composés  pour  l'exercice 
des  sept  positions  principales,  op.  18, 
Ibid.;  16°  Concerto  pour  violon  et  orches- 
tre, op.  15  ,  Ibid.  ;  17°  Quarante-un  ca- 
prices pour  l'alto  ,  op.  22  ,  Ib.;  18°  Nou- 
velle méthode  de  la  mécanique  progressive 
dujeudu  violon,  divisée  en  cinq  parties  et 


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29 


distribuée  en  132  leçons  progressives  pour 
deux  violons,  et  118  études  pour  le  violon 
seul,  op.  21  (en  français  et  en  allemand), 
Hanovre,  Bachmann. 

Campagnoli  a  eu  deux  filles  (  Albertine 
et  Giovanna)  qui  ont  brillé  comme  canta- 
trices sur  le  tbéâtre  de  Hanovre. 

CAMPANELLI  (louis),  violiniste  et 
directeur  de  la  chapelle  à  la  cour  de  Tos- 
cane ,  naquit  à  Florence  ,  en  1771 .  Il  eut 
pour  maître  Nardini,  et  passe  pour  l'un  de 
ses  meilleurs  élèves.  En  1802,  il  fut 
admis  à  la  cour  du  roi  d'Étrurie,  Ferdi- 
nand Ier,  en  qualité  de  premier  violon.  On 
connaît  de  sa  composition  des  sonates  de 
violon ,  des  duos  ,  des  trios ,  des  quatuors 
qui ,  bien  que  manuscrits  ,  sont  répandus 
dans  toute  l'Italie. 

CAMPBELL  (  .  .  .  .  ),  médecin  écos- 
sais ,  qui  vivait  dans  la  seconde  moitié  du 
18e  siècle,  s'est  fait  connaître  par  la  pu- 
blication d'un  écrit  intitulé  :  De  Musices 
effectu  in  doloribus  leniendis  aut  fugien- 
dis ,  Edimbourg,  1777,  in-4°. 

CAMPBELL  (Alexandre),  organiste  à 
Edimbourg ,  a  publié  un  recueil  d'airs 
écossais  sous  ce  titre  :  12  Scots  songs 
•with  violin  (  douze  chansons  écossaises 
avec  violon  ,  Londres,  1792).  Il  y  un  se- 
cond recueil  d'airs  semblables  avec  accom- 
pagnement de  harpe,  publié  par  le  même 
artiste. 

CAMPEGIUS  (symphorianus).  Voyez 
Champier. 

CAMPELLI  ( Charles),  compositeur 
dramatique ,  qui  vivait  vers  la  fin  du  17e 
siècle,  a  donné  à  Sienne,  en  1693,  un 
opéra  qui  avait  pour  titre  :  Amorfra  gli 
impossibili. 

CAMPESIUS  (Dominique).  Foy.  Cam- 

PISI. 

CAMPI  (antonia),  née  en  Pologne,  en- 
tra en  1785  ,  comme  cantatrice  dans  la 
troupe  d'opéra  dirigée  par  Guardacori ,  et 
qui  jouait  alternativement  à  Prague  et  à 
Leipsick.  Peu  de  temps  après,  elle  épousa 
Campi,  chanteur  de  cette  troupe. En  1787, 
Mozart  écrivit  pour  elle  à  Prague  le  rôle 


de  Dona  Anna    dans    l'opéra   de  Don 
Juan.    Ce    rôle    était    merveilleusement 
adapté   à   sa  belle  voix    et   au    caractère 
expressif  et  passionné  de  son  chant;  il  fit 
sa  réputation.  Long-temps  elle  fit  preuve 
de  zèle  autant  que  de  talent  en  faveur  des 
affaires  de  Guardacori  ,  mais  ce  directeur 
ne     s'en     montra    point     reconnaissant. 
Elle  le  quitta  donc  en  1801  ,  et  se  rendit 
à  Vienne ,  où  elle  eut  un  engagement  au 
théâtre    Sehitander.     Les     habitans     de 
Vienne  l'accueillirent  avec  beaucoup  d'ap- 
plaudissemens.  Après  avoir  obtenu  le  titre 
de  première  cantatrice  du  théâtre  impérial 
en  1818,  elle  eut  celui  de  cantatrice  de  la 
chambre  en  1820.  Il  y  avait  alors  trente- 
cinq  ans  qu'elle  chantait  au  théâtre  ,  et 
pourtant  sa  voix  était  encore  belle ,  et  les 
qualités  dramatiques  de  son  talent  s'étaient 
perfectionnées.  On  en  donne  pour  preuve 
les  succès    qu'elle   obtint   dans  quelques 
voyages  qu'elle  fit  dans  l'automne  de  1 81 8. 
Des    amateurs  qui  l'avaient    entendue  à 
Leipsick   vingt   ans    auparavant ,   furent 
frappés  d'étonnement  en  lui  retrouvant  un 
talent  fort  remarquable  encore  par  sa  jeu- 
nesse et  son  énergie.  Bien  qu'elle  n'eût 
point  fait  d'études  sérieuses  et  suivies  delà 
vocalisation,  au  commencement  de  sa  car- 
rière ,  elle  avait  une  adresse  singulière  à 
exécuter  la  musique  moderne  et  particu- 
lièrement le  répertoire  de  Rossini.  Elle 
avait  même  pris  en  affection   toutes  les 
fioritures  de  cette  école  ,  et  en  surchar- 
geait mal  à  propos  la  musique  de  Mozart. 
En  1819,  elle  se  fit  entendre  à  Dresde, 
Francfort,  Stuttgard  ,  Munich,  et  partout 
avec  succès.  En  1821,  elle  donna  quelques 
représentations  à  Prague,  à  Berlin,  et  en- 
fin à  Varsovie,  où  elle  joua  avec  un  succès 
extraordinaire  le  rôle  àAménaïde  dans 
Tancrede.  L'empereur  Alexandre  lui  fit 
cadeau  à  cette  occasion  d'une  bague  en  dia- 
mans.  Au  mois  de  septembre  1  822  ,  elle 
visita  de  nouveau  Munich  où  elle  espérait 
obtenir  encore  des  succès  ;  mais  atteinte 
subitement  d'une  fièvre  inflammatoire,  elle 
mourut  dans  cette  ville  le  30  du  même 


80 


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CAM 


mois.  L'étendue  de  la  voix  de  Mme  Campi 
sortait  desbornesordmaires,  car  elle  com- 
mençait au  sol  grave,  et  allait  jusqu'au 
fa  sur-aigu,  c'est-à-dire  à  trois  octaves 
environ  plus  haut.  Son  articulation  était 
flexible,  et  son  exécution  se  faisait  remar- 
quer par  sanettetéetsa précision. Ona  com- 
paré cette  cantatrice  à  Mme  Catalani  ,  et 
quelques  personnes  lui  donnaient  la  palme, 
parce  qu'elles  lui  trouvaient  la  voix  mieux 
conservée  ,  le  trille  meilleur,  et  des  con- 
naissances plus  étendues  et  plus  solides 
dans  la  musique.  Les  seuls  défauts  qu'on 
lui  connaissait  étaient  d'enfler  les  sons  par 
saccades  et  trop  rapidement ,  et  de  sur- 
charger les  mélodies  de  groupes  et  de 
mordans. 

CAMPIOLI  ( )   est  compté  parmi 

les  castrats  les  plus  célèbres  qui  ont  vécu 
en  Allemagne.  Il  naquit  en  ce  pays  de  pa- 
rens  italiens  vers  1700,  fit  son  éducation 
de  chanteur  en  Italie ,  puis  retourna  en 
Allemagne.  En  1716,  sa  belle  voix  de 
contralto  excita  l'admiration  générale.  En 
1720,  il  contracta  un  engagement  à  la  cour 
de  Wolfenbiittel  ;  six  ans  après  il  se  ren- 
dit à  Hambourg,  puis  voyagea  en  Allema- 
gne, en  Hollande  et  en  Angleterre.  En 
1731  il  chanta  de  nouveau  à  Dresde,  dans 
Cleofide ,  opéra  de  liasse.  Il  paraît  qu'il 
alla  ensuite  en  Italie,  et  qu'il  y  passa  le 
reste  de  ses  jours. 

CAMPION  (François)  ,  théorbiste,  mu- 
sicien de  l'Opéra  de  Paris,  entra  à  l'orches- 
tre decethéâtre  en  1703.  Retiré  avec  une 
pension  de  300  francs,  en  1719,  après 
quinze  années  de  service,  on  voit  par  des 
Mémoires  pour  servir  à  l'histoire  de 
V Académie  royale  de  musique  (  Mss.  de 
ma  bibliothèque),  qu'il  vivait  encore  en 
1738  ,  et  qu'il  jouissait  de  cette  pension. 
On  a  de  ce  musicien  les  ouvrages  dont  les 
titres  suivent  :  1°  Nouvelles  découvertes 
sur  la  guitare,  contenant  plusieurs  suites 
de  pièces  sur  huit  manières  différentes 
d'accorder,  Paris,  1705.  Ouvrage  curieux 
qui  enseigne  l'art  de  tirer  de  la  guitare  des 
effets  qu'on  a  présentés  comme  des  décou- 


vertes modernes.  2°  Traité  d'accompa- 
gnement pour  le  théorbe ,  Paris  et  Ams- 
terdam ,  1710,  in-8°  ;  5°  Traité  de 
composition,  selon  les  règles  des  octaves 
de  musique,  Paris,  1716. 

CAMPION  (thomas),  docteur  en  méde- 
cine selon  Wood  (Fasti-Oxon.,  tome  1 , 
col.  229),  et  selon  M.  Robert  Watt  (Bi- 
bl.  Britann.,  lre  part.  189  n)  et  quel- 
ques autres,  docleuren  musique. Si  ceux-ci 
avaient  vu  la  dédicace  de  la  premièreédition 
du  traité  de  contrepoint  de  Campion,  ils 
se  seraient  convaincus  de  leur  erreur,  car 
cet  écrivain  ,  après  avoir  déclaré  qu'il  fait 
sa  profession  de  la  médecine ,  s'excuse 
d'avoir  écrit  un  traité  de  musique,  par 
l'exemple  de  Galien  qui  devint  un  très  ha- 
bile musicien  ,  et  qui  voulut  ensuite  ap- 
pliquer la  musique  à  la  connaissance  des 
mouvemens  irréguliers  du  pouls.  Wood 
assure  que  Campion  n'était  pas  seulement 
médecin  ,  mais  qu'il  était  aussi  admiré 
comme  poète  et  comme  musicien. On  trouve 
en  effet  dans  l'édition  des  airs  de  Ferabosco, 
publiés  à  Londres  ,  en  1609  ,  des  vers  qui 
sont  signés  parThomas  Campion  docteur  en 
médecine.  La  poésie  des  chants  sur  la  mort 
du  prince  Henri,  mise  en  musique  par  Coo- 
perouCoperario,  estaussi  du  même  auteur} 
enfin,  il  existait  autrefois  dans  la  bibliothè- 
que Bodleienne  un  livre  qui  avait  pour  ti- 
tre :  Observations  on  the  art  qf  english 
poelry,  par  Thomas  Campion,  imprimé  en 
1602,  in-12.  Wood  parle  aussi  d'un  Tho- 
mas Campion, de  Cambridge,  qui  était  maî- 
tre-ès-arts  à  Oxford, en  1624;  mais,  selon 
toute  apparence,  celui-ci  n'est  pas  le  même 
que  le  docteur  en  médecine. 

A  l'égard  du  savoir  de  Campion  en  mu- 
sique, il  ne  peut  être  mis  en  doute,  car 
son  traité  du  contrepoint  en  fait  foi.  Cet 
ouvrage  a  paru  sans  date  sous  ce  titre  :  A 
new  way  of  makingfowre  parts  in  con- 
trepoint by  a  mostfamiliar  and  infalli- 
ble  rule  (Nouveau  moyen  pour  composera 
quatre  parties  en  contrepoint,  par  une  rè- 
gle facile  et  sûre) ,  Londres ,  in-8°.  La 
deuxième  édition  de  cet  ouvrage  a  été  pu- 


CAM 

bliée,  vraisemblablement  après  la  mort  de 
l'auteur,  sous  ce  titre  :  The  art  of  setting 
or  composing  music  in  parts ,  Londres  , 
1660,  in-8°.  La  troisième,  revue  et  an- 
notée par  Ch.  Simpson  ,  est  intitulée  : 
The  art  qf  Discant ,  wilh  annotations , 
by  Clir.  Simpson  ,  Londres  ,  1672  ,  petit 
in-8°.  C'est  sous  ce  titre  que  ce  petit  ou- 
vrage a  été  ajouté  à  la  huitième  édition  de 
l'introduction  à  la  connaissance  de  la  mu- 
sique de  Playford ,  publiée  à  Londres  ,  en 
1674,  in-8°.  M.  Watt  a  confondu  tout 
cela  ,  et  a  fait  plusieurs  ouvrages  d'un 
seul. 

CAMPIONI  (charles-antoine),  maître 
de  chapelle  du  grand-duc  de  Toscane,  na- 
quit à  Livourne  vers  1720.  11  s'y  livra  à 
l'étude  du  violon  et  de  la  composition,  et 
se  lit  connaître  par  la  publication  de  sept 
œuvres  de  trios  pour  le  violon ,  et  de  trois 
œuvres  de  duos  pour  violon  et  violoncelle. 
La  plupart  de  ces  ouvrages  furent  bien 
accueillis,  et  furent  gravés  en  Angleterre, 
en  Allemagne  et  en  Hollande.  En  1764  , 
Campioni  passa  à  Florence,  en  qualité 
de  maître  de  chapelle,  et  s'y  livra  à  la 
composition  pour  l'église;  il  fit  voir  au 
docteur  Burney  ,  qui  était  allé  le  visiter 
dans  son  voyage  en  Italie,  beaucoup  d'ou- 
vrages de  ce  genre  qu'il  avait  composés,  et 
particulièrement  un  Te  Deum  qui  avait 
été  exécuté  en  1767  par  deux  cents  musi- 
ciens. Campioni  possédait  une  superbe  col- 
lection de  madrigaux  des  compositeurs  des 
16e  et  17e  siècles. 

CAMPISI  (Dominique),  dominicain, né 
à  Raialbuto  en  Sicile,  vers  la  fin  du  16me 
siècle,  fut  nommé  professeur  de  théologie 
de  son  ordre  en  1629.  Mong-itore  (Bibl. 
SicuL,  tom.  1,  p.  166),  dit  que  ce  fut  un 
savant  compositeur,  et  cite  de  lui  :  lo  Mo- 
telti  a  due,  Ire  et  quattro  voci ,  con  una 
compieta,  lib.  1,  Païenne,  1615,  in-4°; 
2°  Moteltia  due,  etc.,  lib.  11,  Païenne, 
1618,  in-4°;  3°  Floridus  concentus  bi- 
nis ,  ternis ,  quaternis  et  quinis  vocibus 
modulandus,  Rome,  1622,  in-4°;  4°  Li- 
lia  campi,  binis,  ternis,  quaternis  et  qui- 


CAM 


31 


nis  vocibus  moduïanda  cumcomplelorio 
et  Vttaniis  Beat.  F irginis  Marias ,  Rome, 
1623,  in-4°;  5°  Lilia  campi,  1-6  vocibus 
moduïanda  ,  Rome  ,  1627,  in-4°. 

CAMP1UÏ1  (  ....  ),  composileur  napo- 
litain ,  élève  du  conservatoire  de  Naples,  a 
fait  représenter  à  Pavie,  le  1 1  février  1830 
un  opéra  intitulé  :  Bianca  e  Fernando. 

CAMPOBASSO  (ALEXANDRE-VINCENT), 

compositeur  dramatique,  né  à  Naples,  vers 
1760,  a  donné  à  Milan,  en  1789,  un 
opéra  séria  intitulé  Aatigona. 

CAMPORESI  (violante),  maintenant 
Mme  Giustiniani ,  cantatrice  distinguée, 
née  à  Rome,  en  1785,  n'avait  jamais  paru 
sur  aucun  théâtre  en  Italie  ,  lorsqu'elle 
fut  engagée  pour  la  musique  particulière 
de  Napoléon  Bonaparte.  Douée  d'une  fort 
belle  voix  de  soprano  et  d'une  vocalisation 
facile  ,elleavait  déjà  en  arrivant  en  France 
un  talent  remarquable  que  les  conseils  de 
Crescentini  perfectionnèrent  encore.  Après 
les  événemens  de  1814,  Mm0  Camporesi 
passa  en  Angleterre,  où  elle  débuta,  en 
1817,  au  théâtre  de  Haymarket  dans  la 
Pénélope  de  Cimarosa.  Elle  parut  d'abord 
fort  embarrassée,  n'ayant  aucune  habitude 
de  la  scène  :  mais  elle  perdit  bientôt  sa  ti- 
midité et  fut  fort  applaudie  dans  le  rôle  de 
la  comtesse  des  Noces  de  Figaro ,  dans 
X Agnese ,  et  dans  Dona  Anna  de  Don 
Juan.  La  direction  de  l'Opéra  ayant  passé 
en  d'autres  mains,  dans  la  saison  de  1818, 
Mme  Corri  fut  substituée  comme  prima 
dona  à  Mme  Camporesi,  qui  quitta  l'An- 
gleterre; mais  elle  fut  engagée  de  nouveau 
en  1821,  par  M.  Ayrlon,  et  pendant  trois 
ans  elle  joua  avec  le  plus  grand  succès  les 
rôles  de  Ninetta  de  la  Gazza ,  et  de  Des- 
demona  dans  XOlello.  A  la  fin  de  1823, 
après  avoir  chanté  dans  les  oratorios  ,  elle 
se  relira  du  théâtre,  et  parut  même  renon- 
cer à  chanter  en  public  dans  les  concerts; 
mais  au  mois  de  mai  1827,  elle  s'est  fait 
entendre  au  nouveau  théâtre  d'Ancône 
dans  Ricciardo  e  Z  or  aide ,  avec  le  plus 
grand  succès.  Deux  ans  après  ,  elle  se  ren- 
dit de  nouveau  à  Londres j  mais  sa  vois 


32 


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avait  vieilli,  et  la  présence  de  Mm0  Mali- 
bran  etMUe  deSontag  ne  lui  permit  d'ob- 
tenir aucun  succès.  Elle  comprit  alors  que 
le  temps  était  venu  où  elle  devait  renoncer 
au  théâtre.  Depuis  lors,  elle  s'est  retirée  à 
Rome,  où  elle  a  une  existence  honorable  et 
paisible. 

CAMPRA  (andre)  ,  compositeur  ,  né  à 
Aix  en  Provence,  le  4  décembre  1660  ,  re- 
çut des  leçons  de  musique  de  Guillaume 
Poitevin,  prêtre  etbénéficier  de  l'église  mé- 
tropolitaine Saint-Sauveur  de  la  même 
ville.  Après  avoir  terminé  ses  études  mu- 
sicales, Campra  fut  appelé  à  Toulon,  en 
1679,  pour  y  remplir  la  place  de  maître  de 
musique  de  la  cathédrale  ,  quoiqu'il  n'eût 
pas  encore  atteint  sa  vingtième  année.  En 
1681  ,  on  le  nomma  maître  de  chapelle  à 
Arles  ;  il  y  resta  deux  ans  et  se  rendit  en- 
suite à  Toulouse  ,  où  il  remplit  les  mêmes 
fonctions  à  la  cathédrale,  depuis  1683  jus- 
qu'en 1694.  Ce  fut  dans  cette  année  qu'il 
vint  à  Paris  (et  non  en  1685,  comme  il  est 
dit  dans  le  deuxième  supplément  du  Par- 
nasse français,  p.  19).  On  lui  confia  d'a- 
bord les  places  de  maîtrede  musique  de  l'é- 
glise du  collège  des  Jésuites  et  de  leur  maison 
professe  ,  devenues  vacantes  par  la  démis- 
sion de  Charpentier,  qui  passait  à  la  Sainte 
Chapelle  de  Paris.  Peu  de  temps  après  il 
fut  nommé  maître  de  la  musique  de 
Notre-Dame ,  ce  qui  l'obligea  à  donner  ses 
deux  premiers  opéras  sous  le  nom  de  son 
frère  1.  En  quittant  cette  maîtrise  ,  il  re- 
nonça à  un  bénéfice  qu'il  possédait  dans 
l'église  métropolitaine,  et  ce  fut  alors  qu'il 
commença  à  donner  des  opéras  sous  son 
nom.  Les  succès  brillans  qu'il  obtint  par 
ces  ouvrages  le  firent  nommer  maître  de 
la  chapelle  du  roi  en  1722  ,  et  de  plus,  on 
lui  confia  la  direction  des  pages  de  cette 
chapelle.  Il  mourut  à  Versailles,  le  29 
juillet  1744 ,  âgé  de  près  de  84  ans 
(et  non  en  1740,  comme  le  dit  La  Borde 
dans  son  Essai  sur  la  musique).  Bien  su- 

«  Celui-ci,  nomme  Joseph,  était  basse  de  violon  à  l'Opéra 
depuis  1699.  Il  fut  mis  à  la  pension  en  1727  el  vivait  en- 
tière en  1744. 


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périeur  aux  autres  successeurs  de  Lulli , 
Campra  entendait  bien  l'effet  de  la  scène 
et  savait  donner  une  teinte  dramatique  à 
ses  ouvrages.  Sa  musique  n'a  point  le  ton 
uniforme  et  languissant  de  celle  de  Colasse 
et  de  Destouches  ;  il  y  règne  une  certaine 
vivacité  de  rhythme  qui  est  d'un  bon  effet, 
et  qui  manquait  souvent  à  la  musique 
française  de  son  temps;  néanmoins  ce  n'é- 
tait point  un  homme  de  génie.  Il  man- 
quait d'originalité  ,  et  son  style  était  fort 
incorrect.  Malgré  ces  défauts ,  la  musique 
de  Campra  fut  la  seule  qui  put  se  maintenir 
auprès  de  celle  de  Lulli,  jusqu'au  moment 
où  Rameau  devint  le  maître  de  la  scène 
française.  Les  ouvrages  de  Campra  sont  : 
1°  L'Europe  galante,  1697  ,  avec  quel- 
ques morceaux  de  Destouches  (sous  le  nom 
de  son  frère)  ;  2°  Le  carnaval  de  Venise , 
1699  {idem);  3°  Hésione,  1700;  4"  Are- 
thuse,  1701  ;  5°  Fragmens  de  Lulli,  sep- 
tembre 1702;  6°  Tancre.de ,  novembre 
1702;  7°  Les  Muses,  1703;  8°  Iphigénie 
en  Tauride ,  mai  1704,  avec  Desmarets  ; 
9°  Télémaque ,  nov.  1704;  10°  Aline, 
1705;  11°  Le  triomphe  de  l'Amour,  opéra 
refait  en  septembre  1705  ;  12°  Hjppoda- 
mie ,  1708;  15°  Plusieurs  airs,  dont  la 
cantatille  «  Régnez ,  belle  Thètys  »  pour 
les  opéras  de  Thètys  et  Pelée,  en  1708  , 
et  d1 'Hésione ,  en  1709;  14°  Les  Fêtes 
Vénitiennes ,  en  1710;  de  plus  l'acte  de 
Laure  et  Pétrarque  pour  les  fragmens 
représentés  au  mois  de  décembre  1711; 
15°  Idoménée,  1712;  16°  Les  amours  de 
Mars  et  Vénus,  sept.  1712;  17°  Téle- 
phe,  1715;  18°  Camille,  1717  ;  19°  Les 
âges ,  ballet  opéra  ,  1718  ;  20°  Achille  et 
Déidamie,  1755;  21°  Plusieurs  cantates 
et  l'acte  de  Silène  et  Bacchus  pour  les 
fragmens  représentés  au  mois  d'octobre 
1722.  Par  un  brevet  daté  du  15  décem- 
bre 1718  ,  le  roi  accorda  une  pension 
de  500  livres  à  Campra,  en  considération 
de  ses  talens  pour  la  musique  dramatique, 
et  dans  le  but  de  l'exciter  à  continuer  ses 
travaux  pour  l'Académie  royale  de  musi- 
que.  Quatre  ans  après ,   c'est-à-dire  eu 


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33 


1722 ,  le  prince  de  Conti  nomma  ce  com- 
positeur directeur  de  sa  musique.  Outre 
les  ouvrages  qui  viennent  d'être  cités , 
Campra  a  écrit  pour  le  service  du  roi  et  de 
la  cour  :  1°  Vénus,  en  1698  ;  2°  Le  des- 
tin du  nouveau  siècle,  divertissement 
pour  Tannée  1700  ;  3°  Les  fêtes  de  Co- 
rinthe,  1717  ;  4°  La  fêle  de  l'Ile  Adam, 
divertissement  pour  la  cour,  en  1722  ; 
5°  Les  muses  rassemblées  par  l'amour , 
1723;  6°  Le  génie  de  la  Bourgogne ,  diver- 
tissement pour  la  cour,  1732  ;  7°  Les 
noces  de  Vénus,  partition  écrite  en  1740, 
à  l'âge  de  quatre-vingts  ans.  Enfin  on  con- 
naît de  ce  compositeur ,  trois  livres  de 
cantates  ,  Paris  ,  Ballard,  1708  et  années 
suivantes,  et  cinq  livres  de  motets ,  Paris, 
Ballard,  1706,  1710,  1713,  etc.  L'air 
de  La  Furstemberg ,  qui  fut  long-temps 
célèbre,  est  de  Campra. 

CAMUS  (.  .  .  .),  né  à  Paris  en  1731, 
fut  d'abord  page  de  la  musique  du  roi  et 
eut  l'abbé  Madin  pour  maître.  En  1746, 
il  fit  exécuter ,  devant  le  roi ,  le  psaume 
Qui  confidunt  inDomino  qui  fut  applaudi; 
il  n'avait  alors  que  quinze  ans.  Depuis  lors 
il  a  écrit  beaucoup  de  musique  d'église. 
La  beauté  de  sa  voix  le  fit  admettre  comme 
ténor  à  la  chapelle,  où  il  passait  pour 
un  des  plus  habiles  chanteurs  de  France 
(  ce  qni  n'était  pas  un  grand  éloge) ,  et  il. 
brillait  aux  concerts  spirituels.  Il  est  mort 
à  Paris  en  1777. 

CAMUS  (paul-hippolyte)  ,  première 
flûte  du  Théâtre-Italien  de  Paris,  né  dans 
cette  ville  le  6  pluviôse  an  IV  de  la  répu- 
blique (janvier  1796)  ,  fut  admis  au  Con- 
servatoire de  musique ,  comme  élève  de 
Wunderlich,  au  mois  de  juillet  1806  ,  et 
se  distingua  dans  ses  études.  Après  les 
avoir  terminées ,  il  entra  au  théâtre  de  la 
Porte-Saint-Martin  en  qualité  de  première 
flûte  en  1819,  puis  il  passa  au  Gym- 
nase Dramatique.  En  1824,  lorsque  le 
théâtre  de  l'Odéon  fut  destiné  à  la  repré- 
sentation des  opéras  italiens  et  allemands 
traduits,  M.  Camus  a  été  appelé  à  faire 
partie   du    bon  orchestre   que    dirigeait 

TOME   III. 


M.  Crémont  ;  enfin ,  après  avoir  aban- 
donné sa  place  à  ce  théâtre ,  et  avoir 
voyagé,  il  est  entré  à  l'Opéra  Italien,  où 
il  est  encore.  M."  Camus  s'est  fait  entendre 
avec  suci  es  dans  plusieurs  concerts  pu- 
blics. On  a  gravé  de  sa  composition  : 
1°  Duos  pour  deux  flûtes,  op.  2.  Paris, 
Carli  ;2  Trois  grands  duos,  livre  2me , 
Paris,  Pacini  ;  3°  Fantaisie  sur  un  air 
écossais  pour  flûte  et  piano  ,  op.  5.  Paris, 
P.  Petit  ;  4°  Trois  grands  duos  pour  deux 
flûtes  ,  op.  6  ,  Mayence  ,  Schott;  5°  Trois 
id.j  op.  11.  Paris,  Pleyel  ;  6°  24  séréna- 
des composées  d'airs  nationaux  variés, 
op.  1.  Paris,  Carli;  7°  Six  airs  variés, 
op.  4,  ïbid.j  8°  Fantaisie  et  variations 
pour  piano  et  flûte  sur  la  ronde  de  la 
Neige,  op.  12,  Milan,  Riccordi,  et  plu- 
sieurs airs  variés  sur  divers  thèmes. 

CANALIS  (  Florent),  compositeur 
belge  qui  vivait  dans  la  seconde  moitié  du 
16me  siècle,  est  connu  par  un  recueil  de 
messes ,  introïts  et  motets  à  quatre  voix  , 
publié  à  Brescia ,  en  1588. 

CANAVASSO.  Deux  frères  italiens  de 
ce  nom  ,  plus  connus  sous  celui  de  Cana- 
vas  ,  se  sont  fixés  à  Paris  vers  1755. 
L'aîné  (  Alexandre  ) ,  bon  professeur  de 
violoncelle,  a  publié  un  livre  de  sonates 
pour  cet  instrument;  le  plus  jeune  (  Jo- 
seph ) ,  avait  un  talent  distingué  sur  le 
violon.  Il  a  fait  graver  deux  livres  de  so- 
nates pour  violon  seul ,  et  le  Songe ,  can- 
tatille.  Tous  deux  vivaient  encore  à  Paris 
en  1753. 

CANDEILLE  ( pierre -joseph ) ,  com- 
positeur dramatiqxie,  né  à  Estaire,  le  8  dé- 
cembre 1744,  fit  ses  études  musicales 
comme  enfant  de  chœur  à  Lille ,  et  vint  à 
Paris,  lorsqu'il  eut  atteint  sa  vingtième 
année.  En  1767,  il  fut  admis  à  l'Acadé- 
mie royale  de  musique  pour  y  chanter  la 
basse-taille  dans  les  chœurs  et  les  chori- 
phées.  Il  y  resta  dix-sept  ans,  et  se  retira  à 
la  clôture  de  1784,  avec  une  pension  de 
700  francs ,  réduite  ensuite  au  tiers.  Ren- 
tré au  même  théâtre  comme  chef  du  chant 
eu  1800,  réformé  le  18  décembre  1802, 
5 


34 


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rappelé  de  nouveau  en  1804 ,  en  rempla- 
cement de  Guichard ,  qui  s'était  retiré  , 
et  réformé  définitivement  le  15  mai  1805, 
avec  une  pension  de  quinze  cents  francs  , 
il  se  retira  à  Chantilly ,  où  il  est  mort  le 
24  avril  1827,  à  l'âge  de  82  ans.  Les  pre- 
miers ouvrages  qai  firent  connaître  Can- 
deille  comme  compositeur,  furent  des 
motets  qu'on  exécuta  au  Concert  spirituel  ; 
ils  furent  applaudis ,  et  ce  succès  fit  naî- 
tre en  lui  le  désir  de  travailler  pour  le 
tliéâtre.  Il  débuta  parla  musique  d'un  di- 
vertissement de  Noverre  qui  fut  ajouté  au 
Curieux  indiscret ,  et  qu'on  exécuta  à  la 
Comédie  Française,  le  27  août  1778.  Ce 
divertissement  fut  suivi  d'un  autre,  ajouté 
aux  Deux  Comtesses  ,  et  qui  fut  exécuté 
le  30  août  de  la  même  année.  Au  mois  de 
novembre  suivant,  il  refit  les  parties  de 
chant  de  l'acte  de  la  Provençale ,  dans  les 
Fêtes  de  Thalie ,  opéra  de  Mouret.  Il  a 
refait  depuis  lors  toute  la  musique  du 
même  ouvrage.  Enfin ,  dans  le  cours  de 
cette  même  année  ,  Candeille  fil.  repré- 
senter devant  le  roi  Laure  et  Pétrarque  , 
opéra  en  trois  actes  ,  qui  fut  joué  ensuite 
sans  succès  à  Paris,  en  1780.  Cet  ouvrage 
fut  suivi  d'un  repos  de  cinq  années ,  pen- 
dant lesquelles  Candeille  quitta  le  théâtre 
pour  travailler  à  son  opéra  de  Pizarre , 
ou  la  conquête  du  Pérou,  en  cinq  actes, 
qui  fut  représenté  en  1785  et  qui  n'eut 
que  neuf  représentations.  Cette  pièce, 
réduite  en  quatre  actes ,  avec  beaucoup  de 
changemens  dans  la  musique ,  fut  reprise 
en  1791  ,  mais  ne  fut  pas  plus  heureuse. 
L'ouvrage  qui  a  fait  Je  plus  d'honneur  au 
talent  de  Candeille  est  la  musique  nou- 
velle qu'il  a  composée  pour  l'opéra  de 
Castor  et  Pollux.  De  tout  ce  que  Ra- 
meau avait  écrit  pour  le  poème  de  Gentil- 
Bernard,  Candeille  ne  conserva  que  l'air 
Tristes  apprêts ,  le  chœur  du  second  acte, 
et  celui  des  démons  au  quatrième  ;  tout 
le  reste  était  de  sa  composition.  Cet  opéra, 
qui  fut  joué  le  14  juin  1791 ,  eut  tant  de 
succès  ,  que  dans  l'espace  de  huit  ans  il 
obtint  cent  trente  représentations;  ayant 


été  repris  le  28  décembre  1814  ,  il  en  eut 
encore  vingt  jusqu'en  1817.  On  connaît 
aussi  de  Candeille  La  mort  de  Beaure- 
paire ,  pièce  de  circonstance,  qui  fut 
jouée  à  l'Opéra ,  et  qui  n'eut  que  trois  re- 
présentations. Enfin  il  a  écrit  plusieurs 
airs  de  danses  insérés  dans  divers  opéras , 
et  la  musique  de  quelques  ballets  panto- 
mimes. Dans  tous  ces  ouvrages  ,  Candeille 
ne  se  montre  pas  un  compositeur  de  génie; 
il  n'y  a  pas  de  création  véritable  dans  sa 
musique  ,  mais  on  y  trouve  un  sentiment 
juste  de  la  scène  ,  de  la  force  dramatique 
et  de  beaux  effets  de  masses.  Ces  qualités 
suffisent  pour  lui  assurer  un  rang  hono- 
rable parmi  les  musiciens  français  du  18e 
siècle.  D'ailleurs  peu  favorisé  delà  fortune 
dans  ses  travaux,  il  n'a  pu  faire  connaître 
que  la  plus  petite  partie  de  ses  ouvrages  , 
parce  qu'il  les  a  écrits  sur  des  poèmes  qui , 
après  avoir  été  reçus,  ont  été  refusés  à  une 
seconde  lecture.  Voici  la  liste  des  opéras 
de  Candeille  qui  n'ont  point  été  représen- 
tés^ l'Opéra  de  Paris,  et  dont  les  parti- 
tions ont  été  entièrement  achevées  :  1°  Les 
saturnales,  ou  Tibulle  et  Délie,  acte 
d'opéra  des  Fêtes  Grecques  et  Romaines, 
représenté  en  1777  sur  le  théâtre  particu- 
lier du  duc  d'Orléans  ,  rue  de  Provence. 
Cet  acte  fut  présenté  au  comité  de  l'O- 
péra ,  le  5  mars  1778 ,  mais  il  ne  fut  pas 
admis.  Après  en  avoir  refait  quelques  scènes 
et  ajouté  un  rôle,  Candeille  fit  recevoir  cet 
ouvrage  plus  tard  ;  la  musique  fut  copiée  , 
les  rôles  furent  distribués  à  Dérivis,  Nour- 
rit, Mesd.  Albert  et  Granier,  mais  il  fut 
définitivement  rejeté  par  le  jury  le  2  mars 
1816;  2°  Les  fêtes  Lupercales,  pastorale 
héroïque  en  trois  actes  ;  la  partition  était 
écrite  dès  1777  ,  mais  l'ouvrage  fut  refusé 
à  une  seconde  lecture  en  1783;  5°  L'amour 
et  Psyché ,  opéra  en  trois  actes,  1780; 
4°  Bacchus  et  Erigone ,  entrée  pour  les 
Fêtes  de  Paphos,  1780  ;  5°  Danaé,  opéra 
en  quatre  actes  ,  refusé  le  29  floréal  an  iv, 
refait  et  refusé  de  nouveau  le  21  thermidor 
an  vu;  6°  Divertissement  pastoral  pour  le 
concert  de  Lille  ,  en  1785  ;  7°  Lausus  et 


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Lydie ,  opéra  en  trois  actes  ,  partition 
achevée  en  1786,  poème  refusé  à  la  seconde 
lecture,  le  29  février  1788;  8°  Roxane 
et  Statyra,  ou  les  fleuves  d'Alexandre, 
musique  écrite  par  ordre  du  gouvernement 
en  Tan  iv,  pièce  refusée  le  28  nivôse  an  vu, 
puis  admise  avec  des  changemens,  et  rejetée 
de  nouveau  le  14  juillet  1815  ;  6°  Ladis- 
las  et  Adélaïde  ,  opéra  en  trois  actes. 
Candeille  en  composala  musique  par  ordre, 
en  1791;  deux  ans  après  la  musique  fut 
copiée ,  les  décorations  peintes ,  et  l'on  fit 
vingt-deux  répétitions  de  l'ouvrage;  néan- 
moins il  ne  fut  pas  représenté  ;  10°  Les 
Jeux  olympiques ,  ancien  opéra  en  un 
acte ,  remis  en  musique ,  reçu  au  comité  de 
l'Opéra,  le  21  mars  1788,  mais  non  re- 
présenté; 11°  Brutus ,  opéra  en  trois 
actes,  composé  en  1793,  par  ordre  du 
gouvernement ,  non  représenté.  La  parti- 
tion est  dans  la  bibliothèque  de  l'Opéra  ; 
12°  Tilon  et  l'Aurore ,  ancien  opéra  re- 
mis en  musique  en  l'an  vi  ;  la  partition  n'a 
pas  été  achevée;  13°  Ragonde ,  comédie- 
lyrique  en  trois  actes.  La  partition  était 
finie  en  l'an  vu  ;  les  rôles  étaient  copiés  et 
distribués,  mais  la  pièce  n'a  pas  été  repré- 
sentée ;  14°  Pithys,  pastorale  héroïque  en 
deux  actes. 

CANDEILLE    (emilie).    Voyez   Si- 

MONS  (Mrae). 

CANDELERO(.  .  .  .).  Dans  les  mé- 
moires de  l'Académie  royale  des  sciences 
de  Turin  (t.  XXII ,  pour  les  années  1812- 
1814,  p.  lxii),  un  Mémoire  de  cet  auteur, 
sur  la  modulation ,  est  cité  comme  exis- 
tant en  manuscrit. 

CANDIDO  (louis),  compositeur  et  vir- 
tuose sur  le  violon ,  vivait  à  Venise  au 
commencement  du  18me  siècle  :  on  a  de 
lui  :  Sonate  per  caméra,  a  violino  solo 
con  violoncello ,  op.  1 ,  Venise  ,  1712. 

CANETTI  (françois),  compositeur  dra- 
matique ,  né  à  Crème,  vers  le  milieu  du 
18e  siècle,  a  écrit  pour  le  théâtre  de  Bres- 
cia ,  en  1784,  un  opéra  bouffe  intitulé 
l  Imaginario.  Il  a  été  nommé  depuis  lors 
maître  de  chapelle  de  la  cathédrale  de  cette 


ville  ,  et  l'un  des  huit  membres  de  la  sec- 
tion musicale  de  l'Institut  des  sciences  , 
lettres  et  arts  du  royaume  d'Italie.  On 
connaît  de  lui  une  messe  à  huit  parties 
réelles,  dans  le  style  du  contrepoint  fugué, 
qui  passe  pour  un  chef-d'œuvre.  Canetti 
vivait  encore  en  1812. 

CANGE  (  ciiarles  DUFRESNE  ,  sieur 
DU),  né  à  Amiens,  le  18  décembre  1610, 
fit  ses  études  chez  les  jésuites  de  cette  ville. 
Après  les  avoir  achevées  ,  il  alla  faire  son 
droit  à  Orléans,  et  fut  reçu  avocat  au 
parlement  de  Paris  ,  le  11  août  1631. 
Etant  retourné  à  Amiens  quelques  années 
après,  il  y  épousa  la  fille  d'un  trésorier  de 
France  ,  et  acheta  la  charge  de  son  beau- 
père  en  1645.  La  peste  qui ,  en  1668,  ra- 
vageait la  ville,  le  força  d'en  sortir;  il  vint 
s'établir  à  Paris,  dont  le  séjour  convenait 
aux  immenses  recherches  que  lui  deman- 
daient ses  travaux.  Il  mourut  dans  cette 
ville,  le  23  octobre  1688 ,  âgé  de  78  ans. 
Parmi  les  ouvrages  de  ce  savant  homme  , 
qui  tous  annoncent  une  érudition  prodi- 
gieuse ,  on  remarque  les  suivans ,  dans 
lesquels  on  trouve  des  renseignemens  pré- 
cieux sur  la  musique  du  moyen  âge  : 
1°  Glossarium  ad  scriptores  mediœ  et 
infini œ  latinitatis,  Paris  ,  1678  ,  3  vol. 
in-fol. ,  dont  les  bénédictins  de  la  congré- 
gation de  Saint-Maur,  ont  donné  une 
excellente  édition  en  6  volumes  in-fol., 
Paris,  1735-56.  P.  Carpentier,  l'un  d'eux, 
a  publié  depuis  lors  un  supplément  sous 
ce  titre  :  Glossarium  novum  seu  Supple- 
mentum  ad  auclioremGlossarii  Cangiani 
editionem ,  Paris,  1766,  4  vol.  in-fol. 
Les  termes  de  mnsique  expliqués  dans  ce 
glossaire ,  avec  des  détails  très  curieux , 
sont  :  Accantare,  antiphona ,  antistro- 
pha,  apertio,  asiatim ,  ballo ,  bemollis , 
bicinium ,  cabellum  ,  cantata  ,  cantici- 
nium,  canticum ,  cantilena  Rolandi , 
cantilenosus,  cantores,  cantorium ,  can- 
tus  ecclesiasticus ,  capitula ,  clavis,  cor- 
nare  ,  cornicare  ,  decentum  ,  discan- 
tus ,  docticanus  ,  dulciana ,  evigilans 
slultum ,  fobarius ,  fausetus  ,  jirinare  f 

3* 


36 


CAN 


CAN 


fiscla  ,  fisicolus ,  frigdora  ,  imponere , 
infantes  ,  jubilœus  ,  leudus  ,  mellifi- 
care,  melodi,  melodima,  melodus ,  mo- 
dulizare  ?  modus  ,  notœ  ,  odarium  ,  of- 
fertorium  ,  paraphonistœ }  paritanus  , 
pneuma,  sincinnium,  superacutœ,  trac- 
tim ,  tractus ,  tricinium,  vocalis ,  usus. 
Les  termes  de  musique  instrumentale  sont  : 
Acetabulum  ,  œtenervum  ,  batallum  , 
batillus ,  baudosa  ,  burda  ,  calainella  } 
calamizare  ,  cascaviellus  ,  ceromella , 
chrotta ,  citola ,  clangorium  ,  clarosus  , 
clario }  classicum,  claxendix  ,  cloca  7 
cornu,  corrigiuncula,  cymbalum,  filosa, 
Jlauta }  laudis  ,  magadium }  monochor- 
dum  ,  musa,  muta,  nablizare,  nacara, 
oiganum ,  pandurizare  }  pifferus ,  plec- 
trum,  psalterium ,  pulsare,  rigabellum } 
roda,  sambuca,  signum ,  skella,  stiva } 
symphonia  7  tinniolum,  tintinnabulum  , 
tintinnum ,  tonabulum,  turturi ,  tympa- 
num ,  tympanistra ,  vituïa,  vociductus. 
IL  Glossarium.  ad  scriptores  mediœ  et 
infimœ  grcecitatis }  Paris  ,  1688  ,  2  vol. 
in-fol. 

CANIS  (corneille),  compositeur  belge, 
dont  les  compositions  sont  répandues  dans 
les  collections  publiées  à  Louvain  et  à 
Anvers  dans  le  cours  du  16me  siècle.  On 
trouve  surtout  des  canons  bien  faits  dans 
le  cinquième  livre  de  chansons  de  di- 
vers auteurs  (Louvain  1544).  Barney  a 
donné  une  chanson  française  de  Canis 
dans  le  troisième  volume  de  son  histoire 
de  la  musique  (p.  509);  elle  commence 
par  ces  mots  :  Ta  bonne  grâce  et  main- 
tien gracieux.  Un  recueil  de  motets  à 
cinq  voix ,  de  Canis ,  a  été  publié  sous  ce 
titre  :  Cantiones  sacrœ  seu  mott.  quinque 
vocum,  Lovanii,  1544  ,  in-4°.  Ce  compo- 
siteur avait  cessé  de  vivre  en  1556  ,  à  l'é- 
poque où  Guichardin écrivait  sa  description 
des  Pays-Bas. 

CAN1SIUS  (henri)  ,  naquit  à  Nimègue , 
vers  le  milieu  du  16mB  siècle.  Après  avoir 
fait  ses  études  à  Louvain  ,  il  fut  appelé  à 
Ingolstadt  ,  où  il  enseigna  le  droit  canon 
pendant  vingt-un  ans.   Il   est   mort  en 


1610.  Ses  Antiquœ  Lectiones  ont  été 
publiées  à  'Ingolstadt  ,  1601  à  1608  , 
7  vol  ,  in-4°.  Il  en  a  été  donné  une  meil- 
leure édition  à  Amsterdam,  sous  la  rubri- 
que d'Anvers,  1725,  7  tomes  in-fol.  On  y 
trouve  :  Canones  diverses  conciliorum 
de  Cantu  Romano;  sous  la  date  de  884, 
de  Cantu  gregoriano ,  et ,  t.  II ,  P.  111  , 
p.  198  ,  un  extrait  de  Notker  :  Quid  sin- 
gulœ  litterœ  in  super scriptione  signifi- 
cent  cantilena  ,  etc. 

CAN NABICH  (chrétien)  ,  maître  de  la 
chapelle  de  l'électeur  de  Bavière,  naquit  à 
Manheim  en  1751.  Son  père,  Mathias 
Cannabich  ,  flûtiste  de  la  cour ,  lui  donna 
les  premiers  principes  de  la  musique  ,  et 
le  mit  ensuite  sous  la  direction  de  Jean 
Stamitz  le  père.  Lorsqu'il  eut  acquis  un 
beau  talent  sur  le  violon  ,  le  prince  Char- 
les Théodore  de  Bavière  l'envoya  à  ses 
frais  en  Italie  pour  y  étudier  la  composi- 
tion :  il  y  reçut  des  leçons  de  Jomelli  pen- 
dant trois  ans,  et  en  1765  il  revint  à 
Manheim.  Dix  ans  plus  tard  il  fut  nommé 
chef  d'orchestre  de  l'Opéra-Italien  ,  et  fit 
preuve  de  beaucoup  de  talent  dans  cet  em- 
ploi. En  1778  il  alla  remplir  les  mêmes 
fonctions  à  Munich ,  où  le  prince  transporta 
sa  cour.  Ce  fut  vers  ce  temps  qu'il  écrivit 
un  opéra  intitulé  Azacaja,  qui  fut  gravé 
à  Manheim  en  1778  ,  et  un  grand  nombre 
de  ballets  qui  eurent  beaucoup  de  succès. 
On  cite  surtout  avec  éloge  celui  de  la  des- 
cente d'Hercule  aux  Enfers ,  représenté  à 
Cassel,  dans  laquelle  un  quintetto,  exécuté 
par  Barth ,  les  deux  frères  Michl ,  Palsa  et 
Baunkirk  ,  excitait  l'enthousiasme.  On 
connaît  de  lui  les  œuvres  de  musique  in- 
strumentale dont  les  titres  suivent  :  1°  Six 
quatuors  pour  violon ,  flûte ,  alto  et  basse, 
œuvre  1er,  La  Haye ,  in  fol.;  2°  Trois  sym- 
phonies à  grand  orchestre  ;  5°  Six  trios 
pour  deux  violons  et  violoncelle ,  œuvre  5  , 
Manheim  ;  4°  Six  duos  pour  flûte  et  violon, 
œuvre  4,  Manheim  1767  ;  5°  Six  quatuors 
pour  deux  violons,  alto  et  basse,  œuvre  5, 
Manheim  ;  6°  Trois  Concerti  pour  violon 
principal,  deux  violons,  alto  et  basse;  7°  Six 


CAN 


CAN 


37 


symphonies  concertantes  pour  deux  flûtes, 
avec  deux  violons ,  alto  et  basse ,  œuvre  7, 
Paris  1769;  8°  Recueil  des  airs  de  ballets 
pour  deux  violons  et  clavecin ,  Manheim 
1775;  quatre  parties.  Cannabich  mourut 
en  1798  à  Francfort  sur  le  Mein ,  où  il 
était  allé  voir  son  fils.  Mozart ,  qui  estimait 
les  talens  de  cet  artiste,  en  parle  avec  éloge 
dans  ses  lettres. 

CANNABICH  ( Charles),  fils  du  pré- 
cédent ,  naquit  à  Manheim  en  1764.  A 
l'âge  de  quatre  ans,  il  commença  l'étude 
du  violon  et  du  clavecin;  dans  sa  neuvième 
année  ,  il  prit  des  leçons  de  Eck  ,  premier 
violon  de  la  cour ,  et  apprit  l'harmonie  et 
l'accompagnement  sous  la  direction  de 
Grœitz.  Très  jeune  encore,  il  voyagea  avec 
Auguste  Lebrun ,  virtuose  célèbre  sur  le 
hautbois,  et  joua  avec  succès  dans  les  prin- 
cipales villes  de  l'Allemagne.  De  retour  à 
Munich,  il  fut  placée  en  1784  à  l'or- 
chestre de  la  cour.  L'année  suivante,  il 
partit  pour  l'Italie ,  afin  d'y  augmenter  ses 
connaissances,  et  lorsqu'il  revint  à  Munich, 
il  prit  encore  des  leçons  de  composition  de 
P.  Winter.  En  1796  il  fut  appelé  en  qua- 
lité de  directeur  de  musique  à  Francfort-sur- 
le-Mein,  etaccepta  ces  fonctions  pour  quatre 
ans,  avec  la  permission  de  sa  cour,  con- 
servant néanmoins  sa  place  au  service  de 
Bavière.  Il  y  épousa  la  cantatrice  José- 
phine Woraleck  en  1798.  Deux  ans  après 
il  fut  rappelé  à  Munich  ,  pour  succéder  à 
son  père  dans  la  place  de  directeur  des 
concerts  de  la  cour.  Il  fit  alors  représenter 
deux  opéras,  O rphëe^iP aimer  et  Amalie, 
qui  eurent  du  succès  :  on  en  a  gravé  les  ou- 
vertures et  les  airs.  Ce  fut  Cannabich  qui 
composa  les  airs  de  ballets  de  l'opéra 
à'Axur.  En  1805  ,  il  fut  envoyé  par  son 
gouvernement  à  Paris ,  pour  y  étudier  le 
mode  d'enseignement  du  conservatoire  de 
musique.  De  retour  dans  sa  patrie ,  il  y  fut 
attaqué  d'une  fièvre  nerveuse  qui  le  mit 
an  tombeau  le  1er  mars  1806.  On  a  gravé 
les  ouvrages  snivans  de  sa  composition  : 
1"  Gcdœchtnissfeyer  Mozartz  in  Kla- 
vierauszuge ,  mit  Mozartz  Brustbilde , 


Hambourg  1797;  2°  VI  Deutsche  Lieder 
am  klaviere;  Munich,  1798;  3°  XlVva- 
riations  pour  le  clavecin  sur  l'air  :  A 
Schïisserl  und  a  Reindl,  Munich  1798  j 
4°  X  variations  pour  le  clavecin  N.  2,  Mu- 
nich 1799;  5°  VI  trios  pour  deux  violons 
et  violoncelle ,  op.  3  ;  6°  VI  duos  pour 
Jlûteet  violon,  op.  4;  7°  VI  conzonette  a 
3  a  4  voci  con  cembalo,  op.  5 ,  Munich 
1801  ;  8°  Pot-pourri  pour  deux  violons 
concertans ,  op.  6,  Leipzick;  9°  Ouver- 
ture à  grand  orchestre ,  op.  7,  Leipsick; 
10°  Grande  symphonie }  op .  8,  Leipsick; 
11°  Concert  pour  violon  principal ,  op.  9, 
12°  VI  canzonette  a  3  voci,  op  10,  Mu- 
nich 1803. 

CANNICCIARI(d.pompeo), compositeur 
de  l'école  romaine,  devintmaître  de  chapelle 
de  l'église  Sainte-Marie-Majeure  au  mois  de 
mars  1709 ,  et  mourut  au  service  de  cette 
basilique,  le  29  décembre  1744.  H  légua  sa 
bibliothèque  musicale  aux  archives  de  la 
chapelle  où  il  avait  passé  la  plus  grande 
partie  de  sa  vie.  On  a  de  ce  compositeur 
des  messes  et  des  motets  à  quatre  chœurs 
qui  se  trouvent  à  Sainte-Marie-Majeure. 
M.  l'abbé  Santini,  de  Rome,  possède  di- 
verses compositions  manuscrites  de  Can- 
nicciari,  particulièrement  :  1°  Deux  messes 
à  quatre  voix  ;  2°  Ave  Regina  cœli ,  à  qua- 
tre ;  3°  Des  messes  à  cinq  voix;  4°  Deus 
firmavit ,  à  trois  ;  5°  Salvo  nos  à  trois  ; 
6°  Intonuit,  à  cinq  ;  7°  Cinq  messes  à  huit 
voix  ;  8°  Une  messe  pastorale  à  huit  ;  9°  Une 
messe  à  neuf;  10°  Terra  tremuit;  11°  2>e- 
nedictus  Dominus ,  à  huit. 

Il  y  a  beaucoup  d'apparence  que  ce  maî- 
tre est  le  même  qui  a  été  nommé  Cannic- 
ciani  par  Gerbert.  (Neues  Lex.  der  Ton- 
kunstler) ,  et  qu'il  dit  être  auteur  d'une 
messe  à  seize  voix  en  quatre  chœurs  ,  datée 
de  1679  (ne  serait-ce  pas  1697  qu'il  faut 
lire?) 

CANOBBIO  (Alexandre),  savant  litté- 
rateur italien  ,  né  à  Vérone  vers  le  milieu 
du  16e  siècle,  a  donné  au  public  une  dis- 
sertation intitulée  :  Brève  Traltato  sopra 
le  académie  in  musica.  Venise  1571, 


38 


CAN 


in-4°.  Haym  et  Eontanini  font  mention , 
dans  leurs  Bibliothèques  italiennes  ,  d'un 
savant  nommé  Alexandre  Canovio ,  au- 
teur d'un  traité  de  musique  spéculative  ; 
dont  le  manuscrit  serait  à  la  bibliothèque 
de  l'institut  de  Bologne.  11  ne  serait  pas 
impossible  que  Cannobbio  et  Canovio  fus- 
sent la  même  personne  ,  et  qu'il  n'y  eût 
qu'une  altération  de  nom  dans  le  dernier, 
par  le  changement  de  b  en  v ,  dont  il  y  a 
de  nombreux  exemples  en  Italie ,  et  sur- 
tout à  Venise.  N'oublions  pas  cependant 
que  les  deux  auteurs  cités  disent  que  Cano- 
vio vécut  au  15me  siècle  :  s'ils  ne  se  sont 
pas  trompés  sur  l'époque,  la  conjecture 
tombe  d'elle-même. 

CANOBIO  (charles  ) ,  violiniste  italien 
était  attaché  à  l'orchestre  de  l'Opéra  à 
Saint-Pétersbourg ,  en  1790.  On  a  de  sa 
composition  :  six  duos  pour  flûte  et  vio- 
lon, Paris ,  1780. 

CANTEMIR  (démétrius  ) ,  prince ,  na- 
quit en  Moldavie  le  26  octobre  1673.  Il  fit 
ses  premières  armes  sous  la  direction  de 
son  père ,  en  1692  ;  et  à  la  mort  de  celui- 
ci,  il  fut  nommé  parles  barons  de  la  pro- 
vince pour  lui  succéder  ,  mais  cette  nomi- 
nation ne  fut  point  confirmée  par  la  Porte, 
et  il  alla  vivre  à  Constantinople.  Nommé 
depuis  hospodar  de  Moldavie ,  il  refusa 
deux  fois  cette  dignité  ,  et  n'accepta  enfin 
que  sur  la  promesse  qui  lui  fut  faite  qu'il 
serait  affranchi  de  toute  espèce  de  tribut , 
pendant  qu'il  gouvernerait  cette  province. 
Trompé  dans  son  attente ,  il  traita  avec 
Pierre-le-Grand ,  et  il  fut  convenu  entre 
eux  que  la  Moldavie  serait  érigée  en  prin- 
cipauté héréditaire,  et  que  Démétrius  join- 
drait ses  troupes  à  celles  de  l'empereur. 
Ce  traité  ne  put  être  exécuté  à  cause  de 
la  trahison  des  Moldaves  ;  Démétrius  fut 
obligé  de  s'enfuir,  et  de  se  réfugier  dans  le 
camp  de  son  allié.  Pierre  créa  Cantemir 
prince  de  l'empire  russe,  et  lui  donna  de 
grands  élablissemens  en  Ukraine.  Il  mou- 
rut dans  ses  terres,  le  21  août  1723.  Can- 
temir parlait  le  turc ,  le  persan,  l'arabe, 
le  grec,  le  latin,  l'italien  }  le  russe,  le 


CAN 

moldave,  et  entendait  fort  bien  le  grec 
ancien  ,  le  slave  et  le  français.  Il  était 
versé  dans  les  sciences,  et  particulièrement 
dans  la  musique.  Dans  son  Histoire  de 
V agrandissement  et  de  la  décadence  de 
l'empire  ottoman  ,  traduit  en  français 
par  Jonquières ,  d'après  une  version  an- 
glaise (Paris,  1743,  in-4°),  Démétrius 
dit  qu'il  a  introduit  l'art  de  noter  la  mu- 
sique chez  les  Turcs  de  Constantino- 
ple. Suivant  Toderini  ,  Cantemir ,  à  la 
demande  de  deux  ministres  puissans  ,  écri- 
vit en  turc  un  traité  de  musique  ,  et  le 
dédia  au  sultan  Achmed  II.  M.  Villoteau 
affirme ,  dans  ses  mémoires  sur  la  musi- 
que des  Orientaux ,  que  les  signes  dont 
parle  Cantemir  sont  aujourd'hui  absolu- 
ment ignorés  des  Turcs.  On  a  aussi  de 
ce  prince  :  Introduction  à  la  musique 
Turque,  en  moldave;  manuscrit  in-8°, 
qui  se  trouve  à  Astrakan. 

CANTONE  (  le  p.  séraphin)  ou  CAN- 
TONI ,  né  dans  le  Milanais  ,  fut  moine  de 
Mont-Cassin,  au  monastère  de  St-Simpli- 
cien,  vers  la  fin  du  16e  siècle,  et  ensuite 
organiste  de  l'église  cathédrale  de  Milan. 
Il  a  publié  les  ouvrages  suivans,  de  sa  com- 
position ,  1°  Canzonette  a  tre ,  Milan  , 
1588;  2°  Canzonette  a  quattro  voci,  id. 
1599  ;  3°  Sacrœ  cantiones  a  8  voci  con 
partitura,  id.,  1599;  4°  Vespri  a  ver- 
setti,  efalsi  bordoni  a  cinque  voci,  id., 
1602;  5°  /  Passi,  le  Lamentazioni ,  e 
altre  cose  per  la  Settimana  Santa  a  cin- 
que, Milan  ,  1603  ;  6°  Motetti  a  cinque , 
lib.  1  ,  con  partitura  ,  Venise  ,  1596  ; 
7°  Motetti  a  5.  lib.  2,  con  partitura, 
Milan ,  1605  ;  8°  Motetti  «2,3,4,5, 
lib.  4,  col  basso  continuo,  Venise,  1625  ; 
9°  Messa,  Salmi  e  Letanie  a  5  voci,  Ve- 
nise, 1621  ;  10°  Académie  festevole  con- 
certate  a  sei  voci  col  basso  continuo  , 
opéra  di  spirituale  recreàzione  ornata 
de'  migliori  ritratli  de'  piu  famosi  mu- 
sici  di  tutta  l'Europa,  con  l'andante  ail' 
infemo  ed  al  paradiso,  concerti  di  varii 
instrumenti,  edunpiacevole  giuocco  d'uc- 
eclli ,  Milano,  Giorgio  Rolla,  1627.  Ou- 


CAN 

vrage  singulier  où  il  y  a  pins  de  mauvais 
goût  que  d'originalité  réelle.  Le  P.  Can- 
tone  fut  un  des  premiers  compositeurs  qui 
introduisirent  dans  la  musique  religieuse 
un  style  concerté  rempli  de  traits  de  voca- 
lisation plus  convenables  pour  le  théâtre 
que  pour  l'église.  Bodenchatz  a  inséré  dans 
ses  Florilegii  Portensis  un  motet  à  huit 
voix,  de  la  composition  de  Cantone. 

CANTONE(girolamo),  mineur  conven- 
tuel, maître  des  novices,  et  vicaire  au  cou- 
vent des  Cordeliers  de  Turin,  vers  le  mi- 
lieu du  17e  siècle,  a  publié  :  Armonia 
Gregoriana  7  Turin ,  1678,  in-4°.  C'est 
un  traité  de  plain-chant. 

CANTU  (jean)  ,  chanteur  qui ,  dès  sa 
jeunesse,  annonçait  un  talent  remarqua- 
ble ,  mais  que  la  mort  moissonna  avant 
qu'il  eût  atteint  l'âge  de  24  ans ,  le  9  mai 
1822.  Fils  d'un  ténore  médiocre  (Antoine 
Cantu)  ,  qui  chantait  encore  au  Théâtre 
Carcano  de  Milan ,  en  1810,  Cantu,  né  à 
Milan  en  1799,  eut  pour  maître  de  chant 
Gentili,  et  fit  sous  sa  direction  d'étonnans 
progrès.  Doué  d'une  voix  étendue ,  péné- 
trante et  d'un  beau  timbre,  d'une  taille 
avantageuse,  et  d'une  figure  intéressante  et 
expressive  ,  il  ne  lui  manquait  rien  pour 
obtenir  de  beaux  succès  ;  la  légèreté  de  la 
vocalisation,  le  goût,  et  une  prononciation 
pure  et  correcte,  étaient  les  caractères 
distinctifs  de  son  talent.  Après  avoir  dé- 
buté avec  succès  à  Florence,  il  fut  engagé 
pourl'Opéra-Italien  de  Dresde,  oùil  excita 
l'enthousiasme  du  public  ;  il  ne  vécut  point 
assez  pour  réaliser  les  espérances  qu'il  avait 
données. 

CANUTIO  (pierre*  de)  ou  CANUZIO, 
surnommé  Potentinus ,  parce  qu'il  était 
né  à  Potenza,  dans  le  royaume  deNaples, 
fut  mineur  conventuel  au  commencement 
du  16e  siècle.  Angelo  de  Piccitone  le 
cite  (Flor  Angelico  de  Mtisica,  lib.  I, 
cap.  34), comme  auteur  d'un  traité  de  musi- 
que intitulé  :  Regulœ  Florum  Musicœ. 
Tevo  (Muslco  Teslore ,  p.  115)  en  parle 
aussi ,  mais  d'après  Angelo  de  Piccitone , 
et  n'en  rapporte  qu'une  courte  citation. 


GAP 


39 


Le  P.  Martini  dit  que  cet  ouvrage  a  été 
imprimé  à  Florence  en  1501  ;  Forkel  fixe 
la  date  de  l'impression  à  1510,  mais  il  est 
vraisemblable  qu'il  y  a  là  une  faute  d'im- 
pression et  une  transposition  de  chiffres. 
Possevin  (Biblioth.  Select.  )  cite  le  nom 
d'un  musicien  appelé  Petrus  de  Canuc- 
ciis;  il  y  a  lieu  de  croire  que  c'est  le  même 
que  Canutio  ou  Canuzio.  Le  P.  Martini 
l'appelle  Cannutiis ,  et  il  a  été  copié  par 
Gerbert  dans  son  ancien  lexique.  Ce  nom 
a  été  défiguré  par  MM.  Choron  et  Favolle 
en  celui  de  Canuntiis. 

CAPALTI  (francois  ),  né  à  Fossom- 
brone ,  dans  l'état  de  l'Eglise ,  maître  de 
chapelle  de  la  cathédrale  de  Narni ,  a  pu- 
blié un  traité  du  contrepoint  sous  ce  titre  : 
II  contrappuntista  pratico  ,  ossiano  di- 
mostrazioni  fatte  sopra  l'esperienza  , 
Terni,  per  Antonio  Saluzi ,  1788,  in-8° 
de  232  pages. 

CAPECE  (Alexandre),  compositeur,  né 
à  Rome  vers  la  fin  du  16e  siècle  ,  nous  est 
connu  par  une  collection  qui  existait  dans 
la  bibliothèque  du  roi  de  Portugal,  Jean  IV. 
Elle  est  intitulée  :  Sacri  concerti  d'un 
vagoenuovostilea2,5et 4  voci,  op.  10; 
et  par  diverses  autres  productions  dont 
voici  les  titres  :  MoteLti  concertatl  a  2,  5, 
4,  5  voci,  Venise,  1624  ;  Motetti  a  2,  3, 
4,  5,  6,  7,  8  voci.  Ibid.,  1613  ;  Madri- 
gali  a  quattro ,  cinque }  sel  e  otto  voci , 
Venise,  1617;  Magnificat  sopra  gliluoni 
dell'  Ecclesla ,  Venise,  1616;  Matutlne 
del  Natale  a  2.  3,  4,  5 ,  6,  8  voci,  Ve- 
nise, 1623. 

CAPELLA  (martianus-mineus-felix), 
néàMadaure  en  Afrique,  selon  Cassiodore; 
mais  lui-même  se  nomme  nourrisson  d'E- 
lice ,  ville  de  l'Afrique  propre.  On  ignore 
l'époque  précise  où  il  vécut  :  quelques  au- 
teurs la  fixent  vers  l'an  475  ;  d'autres 
l'ont  reculée  jusqu'au  milieu  du  5e  siècle. 
Capella  est  l'auteur  d'une  espèce  d'Ency- 
clopédie latine  ,  intitulée  Satyricoji ,  et 
divisée  en  neuf  livres  ,  dont  les  deux  pre- 
miers ,  qui  servent  d'introduction  aux  au- 
tres, contiennent  une  sorte  de  roman  allé- 


40 


GAP 


gorique ,  intitulé  :  Des  Noces  de  la  phi- 
lologie et  de  Mercure.  Le  neuvième  livre 
traite  uniquement  de  la  musique  ;  ce  n'est 
qu'un  extrait  de  l'ouvrage  d'Aristide  Quin- 
tillien,  écrit  d'un  style  obscur  et  barbare. 
La  première  édition  de  cet  ouvrage  a  paru 
à  Vicenceen  1499,  in-fol.  Gerbert  {Neues 
historisch-biograph.  Lexik.)  assure  qu'il 
y  en  a  une  édition  antérieure,  imprimée  à 
Parme  en  1494,  in-fol.  ;  mais  celle-ci  paraît 
supposée. Urieautre, meilleure,  acte  publiée 
par  Grotius,  qui  n'avait  que  quinze  anslors- 
qu'elle  parut.  Elle  est  intitulée  :  Martiani 
Minei  Felicis   Capellœ ,  Carthaginien- 
sis,  viri  proconsularis  Satyricon  in  qua 
de  Nuptiis  Philologue  et  Mercurii  libri 
duo,  et  de  septem  artibus  liberalibus  sin- 
gulares  omnes  et  emendati  ac  notis  sive 
februis  Hug.Grotii  illustrati,heiàey1599 , 
in-8°.  Meibomius  a  inséré  le  neuvième  li- 
vre de  Satyricon  dans  sa  collection  d'au- 
teurs grecs  sur  la  musique,  Amsterdam, 
1652,  2  vol.  in-4°,  et  l'a  accompagné  de 
notes.  Une  bonne  édition  du  texte  de  Mar- 
tianus  Capella  a  été  donnée  à  Berne,  en 
1763,  in-8°  (cbez  Wagner),  par  L.  Wat- 
thard  ;  on  n'y  trouve  point  dénotes.  Rémi 
d'Auxerre  (Remigius  Allisiodorensis)  a 
donné  sur  le  traité  de  musique  de  Capella  un 
commentaire  que  l'abbé  Gerbert  a  inséré 
dans  sa  collection  des  écrivains  ecclésias- 
tiques sur  la  musique  ,  tom.  1  ,  p.  63-94. 
CAPELLI  (l'abbé  jean-marie)  ,  né  à 
Parme,  chanoine  de  la  cathédrale  de  cette 
ville,  vers  la  fin  du  17e  siècle,  fut  compo- 
siteur de  la  cour  de  Parme  et  mourut  en 
1728.  Il  a  beaucoup  écrit  pour  le  théâtre, 
et  a  donné  à  Venise  :  1°  Rosalinda  }  en 
1692  (au  théâtre  S. -Agniolo  )  ;  cet  ouvrage 
fut  joué  à  Rovigo ,  en  1717  ,  sous  le  titre 
de  Ergonia  Mascherata.  2°  Giulio  Fla- 
vio  Crispo,  en  1722,  et  Mitridaie  Re  di 
Ponto,  en  1723.  On  connaît  aussi  de  lui  : 
La  Griselda,  et  Climène.  Un  autre  compo- 
siteur nommé  Capelli  s'est  fait  connaître 
vers  la  fin  du  dix-huitième  siècle,    par 
quelques  opéras  parmi  lesquels  on  remar- 
que celui  $  Achille  in  Sciro,  Il  a  écrit 


CAP 

aussi  le  116me  psaume  a  quatre  voix,  et 
quelques  ariettes  et  cantates  itahennes. 

CAPELLO  (jean-marie),  compositeur, 
né  à  Venise  vers  la  fin  du  16e  siècle ,  fut 
organiste  de  l'église  délie  Grade  à  Bres- 
cia  ;  il  a  composé  treize  livres  de  messes  et 
de  psaumes  ;  le  neuvième  a  paru  à  Venise, 
en  1616. 

CAPILUPI  (germiniani)  ,  compositeur 
italien  du  16e  siècle,  dont  Bodenchatz  a 
publié  deux  motets  à  huit  voix,  dans  sa  col- 
lection des  Florilegii  Portensis. 

CAPOANI    (JEAN-FRANÇOIS),    COIUpOSl- 

teur,  né  à  Bari  s  vivait  en  1750.  On 
trouve  quelques-unes  de  ses  compositions 
dans  le  premier  livre  de  la  collection  des 
auteurs  de  Bari ,  publiée  par  Antiquis  ,  à 
Venise ,  en  1585. 

CAPOC1NI  ou  CAPOCINO  (Alexan- 
dre), né  dans  la  province  de  Spolette ,  vé- 
cut à  Rome,  vers  1624.  Jacobilli  cite  dans 
sa  Bibliotheca  Umbriœ  un  traité  de  Mu- 
sica,  en  cinq  livres  ,  de  cet  auteur  peu 
connu . 

CAPOLLINI  (michel-ange)  ,  composi- 
teur italien,  au  commencement  du  17e  siè- 
cle, a  fait  exécuter  à  Mantoue  un  oratorio 
de  sa  composition ,  intitulé  :  Lamento  di 
Maria  Vergine,  accompagnato  délie  La- 
grime  di  santa  Maria  Maddalena ,  e  di 
S.  Giovanni  per  la  morte  di  Giesk 
Chris to ,  rappresentalo  in  Musica  in  stile 
recitativo  nella  chiesa  de'  Santi  lnno- 
centi  di  Mantua ,  1627. 

CAPORALE  ( )  violoncelliste , 

a  eu  de  la  renommée  en  Angleterre ,  vers 
le  milieu  du  18e  siècle.  Il  était  né  en  Ita- 
lie ,  mais  on  ignore  en  quel  lieu  et  en  quel 
temps  précis.  Il  arriva  à  Londres,  en  1735, 
s'y  fixa ,  et  devint  l'artiste  en  vogue  pour 
son  instrument.  Il  ne  possédait  pas  de 
grandes  connaissances  dans  la  musique, 
et  son  jeu  laissait  désirer  plus  de  brillant 
et  de  fermeté  dans  l'exécution  des  passages 
difficiles  ;  mais  il  tirait  un  beau  son  de  son 
instrument,  et  il  avait  du  goût  et  de  l'ex- 
pression. En  1740,  il  était  attaché  à  10- 
péra-Italien  j  dirigé  par  Handel.  Il  vivait 


CAP 


CAP 


41 


encore  en  1749.  Au-delà  de  cette  époque, 
on  ne  trouve  pins  de  renseignemens  sur 
lui. 

CAPOSELE  (le  père  horace),  frère 
mineur,  né  dans  le  royaume  de  Naples  ,  a 
fait  imprimer  un  livre  intitulé  :  Pratica 
del  canto  piano  e  canto  fermo ,  Naples  , 
1625  ,  in-fol.  Ce  traité  du  plain-chant  est 
fort  rare. 

CAPPA  (. . .)  fabricant  de  violons  à  Sa- 
luzzo.  Il  paraît  qu'il  y  a  eu  plusieurs  lu- 
thiers de  ce  nom  ,  car  dans  le  catalogue 
des  Instrumens  d'Albinoni ,  vendus  à  Mi- 
lan, on  trouve  un  violon  de  Cappa  qui 
portait  la  date  de  1661 ,  et  un  autre  avec 
celle  de  1712.  Il  est  peu  vraisemblable 
que  ces  deux  instrumens  soient  du  même 
maître. 

CAPPELLETTI  (...)  compositeur 
italien ,  né  à  Bologne  ,  a  étudié  le  contre- 
point, sous  la  direction  de  l'abbé  Mattei. 
Il  a  fait  représenter  au  théâtre  Comunale 
de  sa  ville  natale,  au  mois  de  janvier  1830, 
un  opéra  bouffe  ,  qui  avait  pour  titre  :  La 
Contes  sina. 

CAPPEVAL  (  CAUX  de).  V.  CAUX. 

CAPPONI  (gino-angelo),  compositeur 
de  l'école  romaine ,  vivait  vers  le  milieu 
du  17e  siècle.  Il  a  fait  imprimer  en  1650, 
un  recueil  de  messes  et  de  psaumes  à  huit 
voix,  avec  un  miserere  à  neuf.  On  connaît 
aussi  de  lui  des  psaumes  et  des  litanies  à 
cinq,  publiés  à  Rome,  en  1654.  M.  l'abbé 
Baini,  cite  dans  ses  Mémoires  sur  la  vie 
et  les  ouvrages  de  Palestrina  (n.  315), 
une  messe  sur  les  notes  ut,  re ,  mi,fa, 
sol,  la ,  de  Capponi,  qui  se  trouve  en  ma- 
nuscrit dans  les  archives  de  la  chapelle 
Sixtine.  Kircher,  qui  donne  à  Capponi  la 
qualiléde  chevalier  {Musurg.  1. 1,  p.  611), 
a  rapporté  de  lui  un  fragment  d'un  Can~ 
tabo  Domino  à  quatre  voix  de  soprano , 
assez  bien  écrit. 

Un  autre  compositeur,  nommé  Cap- 
poni, a  vécu  vers  la  fin  du  16e  siècle.  Il 
paraît  qu'il  était  au  service  du  duc  de  Sa- 
voie, car  il  a  écrit  la  musique  du  Triom- 
phe de  Neptune,  sorte  de  cantate,  pour 


une  fêta  navale  que  ce  prince  donna  à 
Mille-Fonti. 

CAPPUS  (jean-baptiste),  né  à  Dijon, 
vers  le  commencement  du  18e  siècle,  fut 
pensionnaire  de  cette  ville  pour  la  musi- 
que, et  maître  ordinaire  de  l'académie.  On 
a  de  lui  les  ouvrages  suivans  :  1°  Pre- 
mier livre  de  pièces  de  viole  et  de  basse 
continue,  Paris,  Boivin,  1730,  in-4°  obi.; 
2°  Premier  recueil  d'airs  sérieux  et  à 
boire,  Paris,  1732,  in-4°;  3°  Second  re- 
cueil, id.,  Paris,  1732,  in-4°;  4°  Sémèlé, 
ou  la  naissance  de  Bacchus ,  cantate  à 
voix  seule,  avec  symphonie,  Paris,  1732, 
in-fol.  ;  5°  Second  livre  de  pièces  de 
viole,  Paris,  1793  ,  in-4°.  Ce  musicien  a 
éarit  aussi  :  Les  plaisirs  de  l'hiver,  di- 
vertissement en  un  acte,  représenté  devant 
la  reine,  au  château  de  Versailles  ,  le  15 
novembre  1730.  Enfin,  Cappus  est  auteur 
d'une  Petite  méthode  de  musique,  Paris, 
1747,  in-4°  obi. 

CAPRANICA  (  césar  ),  professeur  de 
musique  à  Rome,  vers  la  fin  du  16me  siè- 
cle ,  a  écrit  et  publié  un  petit  traité  de 
musique  sous  ce  titre  :  Brevis  et  accurata 
totius  musicœ  notitia,  Rome,  l591,in-4°. 
Cet  opuscule  a  été  réimprimé  à  Palerme 
en  1702,  par  les  soins  de  Vincenzo  Na- 
varra  ,  prêtre  bénéficié  de  la  cathédrale, 
avec  quelques  corrections  de  l'éditeur. 
C'est  un  ouvrage  de  peu  de  valeur. 

CAPRANICA  (matteo),  compositeur 
italien,  né  à  Rome,  et  peut-être  fils  du 
précédent ,  a  écrit  plusieurs  opéras  pour  le 
théâtre  Argentina  ,  vers  1746.  Reichardt 
a  cité  un  Salve  regina  pour  voix  de  so- 
prano ,  avec  accompagnement  d'instru- 
mens  à  cordes  ,  composé  par  ce  maître. 

CAPRANICA  (rosa),  cantatrice  ita- 
lienne ,  élève  de  Mingotti ,  était  engagée  à 
la  cour  de  Bavière  en  1770.  Suivant  l'abbé 
Bertini  (Dizzion.  stor.  crit.  degli  scrit- 
toridi  musica  ) ,  elle  était  de  la  même  fa- 
mille que  les  précédens.  Sa  voix  était  fort 
belle,  et  son  chant  gracieux  :  elle  eut  des 
succès,  non  seulement  à  Munich,  mais 
aussi  en  Italie  et  particulièrement  à  Rome. 


42 


CAP 


Elle  épousa  le  violiniste  Lops,  élève  de 
Tartini ,  et  musicien  de  la  cour  de  Bavière, 
et  se  rendit  en  Italie  avec  lui,  en  1792.  On 
ignore  si  elle  vit  encore. 

CAPRICORNUS  (samuel).  V.  boks- 

HORN. 

CAPRON  (.  .  .),  habile  violiniste  et 
l'an  des  meilleurs  élèves  de  Gaviniés,  dé- 
buta au  concert  spirituel  en  1768,  publia, 
en  1769,  six  sonates  pour  le  violon ,  op.  1; 
et  l'année  suivante  six  quatuors,  op.  2. 
Capron  avait  épousé  en  secret  la  nièce  de 
Piron,  qui,  devenu  aveugle,  feignit  de  n'en 
rien  savoir  j  mais  il  disait  quelquefois  :  Je 
rirai  bien  après  ma  mort  :  ma  bonne 
Nanette  a  le  paquet.  En  effet  lorsqu'on 
fit  l'ouverture  du  testament  qu'il  avait 
fait,  on  trouva  ces  mots  :  Je  laisse  à  Na- 
nette, femme  de  Capron ,  musicien ,  etc. 

CAPSBERGER.  Voyez  kapsberger. 

CAPUANA  (  mario  )  ,  compositeur  et 
maître  de  chapelle  de  la  cathédrale  de 
Noto  en  Sicile,  vers  le  milieu  du  17e  siè- 
cle ,  a  publié  un  recueil  de  messes  de  sa 
composition,  à  Venise,  en  1650. 

CAPUTI  (antoine),  compositeur  italien 
qui  vivait  en  1754,  s'était  fixé  en  Alle- 
magne, et  y  a  fait  représenter  un  opéra  de 
Didone  abbandonata.  On  y  connaît  aussi 
un  concerto  de  flûte  de  sa  composition,  en 
manuscrit. 

CAPUZZI  (antoine)  ,  maître  de  violon 
à  l'institut  musical  de  Bergame,  et  direc- 
teur de  l'orchestre  de  Sainte-Marie-Ma- 
jeure, naquit  à  Brescia  en  1740,  et  non  à 
Venise,  comme  on  le  dit  dans  le  Diction- 
naire des  musiciens  de  1810.  Il  passa 
pour  un  des  meilleurs  élèves  de  Tartini , 
et  reçut  des  leçons  de  composition  de  Fer- 
dinand Bcrtoni  à  Venise.  En  1796  il  fit 
un  voyage  à  Londres,  où  il  composa  la 
musique  d'un  ballet  intitulé  :  la  Villa- 
geoise enlevée ,  ou  les  Corsaires  ;  il  vivait 
encore  à  Bergame  en  1812.  On  a  de  lui  : 
Trois  œuvres  de  quintetti ,  publiés  à  Ve- 
nise, deux  œuvres  de  quatuors,  publiés  à 
Vienne,  et  deux  concertos  de  violon.  Il  a 
composé  la  musique  de  plusieurs  opéras  et 


CAR 

farses  italiennes,  qui  ont  eu  du  succès. 

CARACCIOLO  (paul)  ,  compositeur,  né 
à  Nicocia ,  en  Sicile ,  vers  le  milieu  du 
17e  siècle,  a  publié  :  Madrigalia  cinque, 
libro  1°  ,  Palerme,  sans  date. 

CARADORI-ALLAN(madame),  connue 
d'abord  sous  le  nom  de  mademoiselle  de 
Munck,  naquit  en  1800  dans  la  maison 
palatine  à  Milan.  Son  père,  le  baron  de 
Munck,  était  Alsacien  et  ancien  colonel  au 
service  de  France.  L'éducation  musicale  de 
Mlle  de  Munck  fut  entièrement  l'ouvrage 
de  sa  mère ,  sans  la  participation  d'aucun 
secours  étranger.  La  mort  du  baron  de 
Munck  et  la  situation  malheureuse  de  sa 
famille ,  qui  en  fut  la  suite ,  obligèrent  sa 
fille  à  chercher  une  ressource  dans  ses  ta- 
lens.  Après  avoir  parcouru  la  France  et 
une  partie  de  l'Allemagne ,  elle  passa  en 
Angleterre,  où  elle  prit  le  nom  de  Cara- 
dori,  de  la  famille  de  sa  mère.  Elle  dé- 
buta au  théâtre  du  roi,  le  12  janvier  1822, 
par  le  rôle  du  page  dans  Les  noces  de 
Figaro,  et  successivement  elle  chanta  dans 
Elisa  e  Claudio ,  Corradino  et  la  Cle- 
menza  di  Tito ,  comme  prima  donna.  Sa 
voix  pure  et  flexible,  la  justesse  de  son  in- 
tonation ,  et  plusieurs  autres  qualités  assu- 
rèrent son  succès.  Mais  c'est  surtout  comme 
cantatrice  de  concert  qu'elle  obtint  la  fa- 
veur publique;  elle  s'est  fait  entendre  à 
Brighton  ,  à  Oxford ,  à  Bath ,  à  Bristol ,  à 
Glocester,  etc.,  et  partout  elle  a  reçu  des 
applaudissemens.  Madame  Caradori  a  pu- 
blié plusieurs  romances  de  sa  composition 
à  Paris  et  à  Londres.  Dans  la  saison  du 
carnaval,  en  1830,  elle  a  chanté  avec 
succès  au  théâtre  de  la  Fenice,  à  Venise. 

CARAFA  (  miciiel  ),  né  à  Naples  le  28 
novembre  1785,  a  commencé  l'étude  de  la 
musique  au  couvent  de  Monte- Olivelo,  à 
l'âge  de  huit  ans.  Son  premier  maître  fut 
un  musicien  mantouan  nommé  Fazai , 
habile  organiste.  Francesco  Ruggi ,  élève 
de  Fenaroli ,  lui  fit  faire  ensuite  des  étu- 
des d'harmonie  et  d'accompagnement ,  et 
plus  tard  il  passa  sous  la  direction  de  Fe- 
naroli lui-même.    Enfin   dans  un  séjour 


CAB. 

qu'il  fit  à  Paris ,  il  reçut  de  M.  Chembini 
des  leçons  de  contrepoint  et  de  fugue. 
Quoiqu'il  eût  écrit  dans  sa  jeunesse  ,  pour 
des  amateurs ,  un  opéra  intitulé  :  II 
Fantasma,  et  qu'il  eût  composé,  vers 
1802,  deux  cantates,  Il  natale  cil  Giove, 
et  Achille  e  Deidamia  ,  dans  lesquels  on 
trouve  le  germe  du  talent ,  néanmoins  ,  il 
ne  songea  d'abord  à  cultiver  la  musique 
que  pour  se  délasser  d'autres  travaux  :  il 
embrassa  la  carrière  des  armes.  Admis 
comme  olEcier  dans  un  régiment  de  hus- 
sards de  la  garde  de  Murât,  il  fut  ensuite 
nommé  écuyer  du  roi  dans  l'expédition 
contre  la  Sicile,  et  chevalier  de  l'ordre  des 
Deux-Siciles.  En  1812,  il  remplit  auprès 
de  Joachim  les  fonctions  d'officier  d'or- 
donnance dans  la  campagne  de  Russie  ,  et 
fut  fait  chevalier  de  la  Légion-d'Honneur. 
Ce  ne  fut  qu'au  printemps  de  l'année 
1814  que  M.  Carafa  songea  à  tirer  parti  de 
son  talent,  et  qu'il  fit  représenter  son  pre- 
mier opéra  intitulé  II  Vascello  l'Occi- 
dente ,  au  théâtre  Del  Fondo.  Cet  ou- 
vrage qui  eut  beaucoup  de  succès  a  été 
suivi  de  la  Gelosia  correlta ,  au  théâtre 
des  Florentins,  en  1815,  de  Gabriele  di 
Vergi  au  théâtre  del  Fondo ,  le  3  juillet 
1816,  iïljigenia  in  Taurida  ,  à  Saint- 
Charles  ,  en  1817  ,  iï Adèle  di  Lusi- 
gnano ,  à  Milan,  dans  l'automne  de  la 
même  année,  de  Bérénice  in  Siria}  au  théâ- 
tre de  Saint-Charles,  à  Naples  ,  dans  l'été 
de  1818,  et  de  VElisabeth  in  Derbishire, 
à  Venise,  le  26  décembre  de  la  même  an- 
née. Au  carnaval  de  1819,  M.  Carafa  a 
écrit  dans  la  même  ville  II  sacrifizio 
d'Epito ,  et  l'année  suivante  il  a  fait  re- 
présenter à  Milan  gli  due  Figaro.  En 
1821 ,  il  a  débuté  sur  la  scène  française  , 
par  l'opéra  de  Jeanne  d'Arc ,  qu'il  avait 
composé  pour  le  théâtre  Feydeau  :  cet 
ouvrage  n'a  pas  eu  le  succès  qu'aurait  dû 
lui  procurer  la  musique,  car  il  s'y  trou- 
vait de  belles  choses.  Après  la  mise  en 
scène  de  cet  opéra,  M.  Carafa  alla  à  Rome, 
où  il  écrivit  La  Capriciosa  ed  il  soldato, 
qui  eut  beaucoup  de  succès.  11  y  composa 


CAR 


43 


aussi  la  musique  du  Solitaire,  pour  le 
Théâtre  Feydeau ,  de  Paris ,  et  celle  de 
Tamerlano ,  qui  était  destiné  au  théâtre 
Saint-Charles  de  Naples ,  mais  qui  n'a 
pas  été  représenté.  De  tous  les  opéras  de 
M.  Carafa  ,  celui  qui  a  obtenu  le  succès 
le  plus  populaire  est  le  Solitaire.  Il  s'y  est 
glissé  des  négligences  dans  la  partition  , 
mais  on  y  trouve  des  situations  dramati- 
ques bien  senties  et  bien  rendues.  Après  la 
représentation  de  cette  pièce,  qui  eut  lieu  à 
Paris  au  mois  d'août  1822,  M.  Carafa  re- 
tourna à  Rome  pour  y  écrire  Eufemio  di 
Messina,  où  il  y  a  quelques  beaux  mor- 
ceaux ,  entre  autres  un  duo  dont  l'effet  est 
dramatique.  Cet  ouvrage  eut  une  réussite 
complète.  En  1823,  le  compositeur  donna 
à  Vienne  Abufar  ,  dont  les  journaux  ont 
vanté  le  mérite.  De  retour  à  Paris,  M.  Ca- 
rafa y  fit  représenter  le  Valet  de  cham- 
bre ,  dans  la  même  année;  en  1823,  il 
donna  l'Auberge  supposée,  en  1825,  La 
Belle  au  bois  dormant,  grand-opéra. 
Dans  l'automne  de  1825,  il  avait  aussi 
écrit  II  sonnanbulo,  à  Milan  ,  puis  il  fit 
représenter  à  Venise  le  Paria,  au  mois 
de  février  1826. 

En  1827,  il  vint  se  fixer  à  Paris,  dont  il 
ne  s'est  plus  éloigné.  Le  19  mai  de  cette 
année  il  fit  représenter  un  opéra  en  un 
acte,  intitulé  Sangarido ;  cet  ouvrage 
n'eut  point  de  succès.  Il  fut  suivi  de  La 
Violette,  opéra  en  trois  actes,  dont  M.  Le- 
borne  avait  composé  quelques  morceaux  , 
de  Masaniello ,  en  trois  actes,  ouvrage 
rempli  de  belles  choses  et  qu'on  peut  con- 
sidérer comme  le  chef-d'œuvre  de  M.  Ca- 
rafa (joué  en  1828),  de  Jenny,  en  trois 
actes,  qui  n'eut  qu'un  succès  incertain,  en 
1829  ,  de  La  Fiancée  de  Lammermoor , 
opéra  italien  écrit  pour  Mlle  Sontang, 
d'un  ballet  en  trois  actes  intitulé  l'Or- 
gie (  à  l'Opéra ,  en  1851  ) ,  de  La  Prison 
d'Edimbourg ,  en  1833,  ouvrage  qui 
réussit  peu ,  mais  qui  méritait  un  meil- 
leur sort,  enfin  de  La  Grande  Duchesse , 
opéra  en  quatre  actes ,  représenté  à  l'O- 
péra-Comiquc. 


44 


CAR 


On  a  souvent  reproché  à  M.  Carafa  de 
remplir  ses  ouvrages  de  réminiscences  et 
d'imitations  ;  il  faut  avouer  qu'il  ne  choisit 
pas  toujours  ses  idées  comme  il  pourrait 
le  faire.  Il  écrit  vite  et  négligemment  sui- 
vant l'usage  des  compositeurs  italiens  ; 
mais  s'il  avait  voulu  prendre  plus  de  soin 
de  ses  partitions,  on  peut  juger  par  les 
bonnes  choses  qui  s'y  trouvent  que  sa  ré- 
putation aurait  plus  d'éclat. 

CARAFFE  (....).  Il  y  a  eu  deux  frères 
de  ce  nom  dans  la  musique  du  roi  et  à 
l'Opéra,  vers  le  milieu  du  18me  siècle.  Ils 
étaient  fils  d'un  musicien  qui  était  entré  à 
l'Opéra,  eu  1699,  pour  y  jouer  delà  viole, 
et  qui  était  mort  au  mois  de  février  1738. 
Caraffe,  connu  sous  le  nom  de  Carajfe 
l'aîné ,  était  bon  musicien.  Il  entra  à  l'O- 
péra en  1728.  Son  frère  beaucoup  plus 
jeune  s'est  fait  connaître  par  divers  ou- 
vrages, entre  autres,  par  de  grandes  sym- 
phonies, au  concert  spirituel,  en  1752. 

CARAMELLA  (honorius-dominique), 
ecclésiastique  à  Palerme ,  naquit  en  cette 
ville,  le  15  février  1623,  et  mourut  le 
10  février  1661.  Mongitori  (Bibl.Sic,  1. 1, 
p.  291)  et  Jœcher  (Gelehrt.  Lex.),  citent 
de  lui  les  deux  ouvrages  suivans  ,  mais 
n'indiquent  pas  l'époque ,  ni  le  lieu  de 
leur  impression  :  1°  Pictorum  et  musico- 
rum  elogia  ;  2°  Musica  pratica-politica, 
nella  quale  s'insegna  ai  principi  chris- 
tiani  il  modo  di  canlare  un  sol  motetto 
in  concerto.  Il  est  douteux  que  ce  dernier 
livre  soit  relatif  à  la  musique. 

CAR  AMUEL  DE  LOBROWITZ(jean), 
évêque  de  Vigevano  ,  naquit  à  Madrid  ,  le 
23  mai  1606.  Après  avoir  fait  de  brillan- 
tes études  et  acquis  de  grandes  connais- 
sances dans  les  mathématiques,  la  littéra- 
ture et  la  philosophie,  il  entra  dans  l'ordre 
de  Cîteaux,  et  professa  la  théologie  à  Al- 
cala.  Appelé  ensuite  dans  les  Pays-Bas,  il 
y  prit  le  bonnet  de  docteur  en  théologie  , 
et  fut  successivement  ingénieur  dans  les 
guerres  qui  désolaient  alors  ces  provinces, 
ahbé  de  Dissembourg  dans  le  Palatinat , 
envoyé  du  roi  d'Espagne  à  la  cour  de  Fcra- 


CAR 

pereur  Ferdinand  III,  et  capitaine  de 
moines  enrégimentés,  au  siège  de  Prague, 
en  1648.  A  la  paix  de  Westphalie,  il  re- 
prit ses  travaux  apostoliques  et  fut  nommé 
à  l'évêché  de  Campagna  ,  dans  le  royaume 
de  Naples ,  par  le  pape  Alexandre  VII ,  et 
ensuite  à  celui  de  Vigevano,  dans  le  Mila- 
nais ,  où  il  termina  sa  carrière  ,  le  8  sep- 
tembre 1682.  Parmi  les  nombreux  ouvra- 
ges de  Caramuel  ,  on  remarque  celui-ci  : 
Arte  nueva  de  Musica  inventade  anno 
de  600  por  S.  Gregorio,  desconcertada 
anno  da  1026  por  Guidon  Aretino ,  res- 
tituida  a  su  primera  perfeccion  anno 
1620  por  Fr.  Pedro  de  Urena ,  redu- 
cida  a  este  brève  compendio  anno  1644 
por  J.-C. ,  etc. ,  en  Roma,  por  Fabio  de 
Talco,  1669,  in-4°.  On  trouve  l'analyse 
de  ce  livre  dans  le  Giornale  de'  Letterali 
d'Italia  (1669, p.  124).  Caramuel  deLob- 
kowitz  y  établit  que  Saint- Grégoire  avait 
découvert  la  forme  naturelle  de  la  gamme, 
et  que  Gui  d'Arezzo  a  gâté  ce  système  na- 
turel en  réduisant  la  gamme  à  six  noms 
de  notes.  Il  rapporte  ensuite  que  Pierre  de 
Urena  a  rétabli  les  choses  dans  leur  ordre 
normal ,  en  ajoutant  la  septième  syllabe 
{ni)  aux  six  autres,  et  il  fait  voir  que,  par 
cette  addition  ,  la  main  harmonique  et  les 
muances  deviennent  inutiles.  Godefroi 
Walther  dit  (Musik.  Lexik.,  art.  Lobko- 
■witz)  qu'une  édition  antérieure  dulivrede 
Caramuel  avait  été  publiée  à  Vienne  (en 
1645),  et  imprimée  par  Cosmerovio.  A  ce 
renseignement,  Forkel  ajoute  (Algem. 
Letter.  der  musik ,  p.  270)  que  cette  édi- 
tion a  pour  titre  :  ut,  re,  mi,  fa,  sol,  la, 
Nova  musica.  Le  savant  auteur  de  l'his- 
toire de  la  musique  ne  s'est-il  pas  trompé 
dans  cette  circonstance ,  et  n'a-t-il  pas 
confondu  avec  l'édition  de  Vienne  de  l'ou- 
vrage de  Caramuel ,  le  livre  de  Buttstedt 
{voj.  ce  nom)?  Cela  est  d'autant  plus  vrai- 
semblable, que  ce  titre,  ut,  re ,  mi,  fa, 
sol,  la,  nova  musica,  n'a  point  de  sens , 
ou  du  moins  qu'il  en  a  un  absolument 
contraire  à  l'objet  du  livre,  caria  nouvelle 
musique  ne  consistait  pas  dans  la  gamme 


CAR 


CAR 


45 


des  six  syllabes,  mais  celle  de  ut,  re ,  mi , 
fa,  sol,  la,  ni;  tandis  que  le  titre  de  Butts- 
tedt,  ut,  re,  mi,  fa,  sol,  la,  tota  musica, 
dit  exactement  ce  qu'il  doit  dire  ,  puisque 
l'auteur  affirme  que  toute  la  musique  est 
renfermée  dans  la  gamme  des  six  sylla- 
bes. 

On  trouve  différentes  cboses  relatives  à 
la  musique  dans  le  Cursus  Mathematici 
de  Caramuel,  et  dans  son  livre,  Mathesis 
Audax,  publié  à  Louvain,  en  l642,in-4°. 
CARAPELLA  (thomas),  maître  de  cha- 
pelle, né  à  Naples,  vers  1680,  a  publié  des 
Canzonia  duevoci,  Naples,  1728 ,  in-4°. 
On  a  aussi  de  sa  composition  des  Duetti 
da  caméra  et  un  miserere  à  quatre  voix, 
qui  sont  restés  en  manuscrit.  Le  P.  Mar- 
tini fait  l'éloge  du  style  de  ce  maître , 
dans  son  histoire  de  la  masique  (t.  H). 
MM.  Choron  et  Fayolle  ont  reculé  d'un 
siècle  l'époque  où  Carapella  a  vécu. 

CARAUSAUX  on  CARASAUX  ,  poète 
et  musicien,  naquit  à  Arras ,  vers  le  mi- 
lieu du  13e  siècle.  Il  nous  reste  six  chansons 
notées  de  sa  composition.  Les  manuscrits 
de  la  bibliothèque  du  roi,  n°  65  (fonds  de 
Cangé),  et  7222,  en  contiennent  quatre. 

CARAVACCIO  (jean),  maître  de  cha- 
pelle de  l'église  de  Sainte-Marie-Majeure, 
à  Bergame,  au  commencement  du  17e  siè- 
cle ,  a  publié  un  recueil  de  psaumes  de  sa 
composition ,  à  Venise  ,  en  1620. 

CARAVAGGIO  (jean-jacques  GAS- 
TOLDI  DE);  V,  Gastoldi.  Gerbera  fait, 
dans  son  nouveau  Lexique  des  Musiciens, 
deux  articles  de  Caravaggio  et  de  Gas- 
toldi,  n'ayant  pas  vu  qu'il  s'agissait  du 
même  compositeur. 

CARAVOGLIA  (barbara),  célèbre  can- 
tatrice ,  et  prima  donna  au  théâtre  de 
Saint-Charles,  à  Naples,  en  1788. 

CARAVOGLIO  (maria)  ,  cantatrice , 
née  à  Milan,  vers  1788  ;  elle  chanta  suc- 
cessivement en  Italie,  en  Angleterre  et  en 
Allemagne,  et  fut  appelée  à  Londres ,  par 
Chrétien  Bach,  vers  1778, pour  chanter  à 
ses  concerts;  en  1784,  elle  était  prima 
donna  au  théâtre  de  Prague ,  et  en  1792 , 


à  celui  de  Messine. Sa  voix  était  agréable, 
quoique  d'un  volume  peu  considérable,  et 
son  chant  était  pur. 

CARBASUS  (.  .  .).  On  a  sous  ce  nom  , 
qui  paraît  être  supposé  ,  un  petit  écrit  in- 
titulé :  Lettre  à  M.  de ,   auteur  du 

Temple  du  goût  sur  la  mode  des  instru- 
mens  de  musique,  Paris,  1739,  in-12.  On 
ne  sait  sur  quel  fondement  Blankenbarg 
attribue  (dans  sa  nouvelle  édition  de  la 
Théorie  des  beaux-arts ,  par  Sulzer)  cet 
opuscule  à  l'abbé  Goujet.  La  liste  des  écrits 
de  cet  abbé,  donnée  dans  l'un  des  supplé- 
mens  de  Moreri ,  ne  le  cite  pas.  Barbier 
n'a  point  donné  de  renseignemens  sur  ce 
pseudonyme  dans  son  dictionnaire.  L'écrit 
dont  il  s'agit  ne  peut  être  l'ouvrage  que 
d'un  homme  de  goût  qui  connaissait  la 
musique  et  qui  s'en  occupait,  et  l'abbé 
Goujet  n'était  certainement  pas  cet  homme- 
là.  On  y  fait  voir  que  rien  n'était  plus  ri- 
dicule que  la  passion  qui  s'était  emparée  de 
toute  la  France,  sous  le  règne  de  Louis  XV, 
pour  la  vielle  et  la  muzette. 

CARBONEL  (joseph-noel),  néà  Salon, 
en  Provence,  le  12  août  1751,  était  fils 
d'un  berger.  Ayant  perdu  ses  parens  en 
bas  âge  ,  il  fut  recueilli  par  un  particulier 
qui  le  fit  entrer  au  collège  des  Jésuites. 
Ses  études  terminées,  il  fut  envoyé  à  Paris 
pour  y  étudier  la  chirurgie;  mais  son  goût 
pour  la  musique  lui  ayant  fait  cultiver  dès 
sa  plus  tendre  jeunesse  le  galoubet,  instru- 
ment de  son  pays,  il  conçut  le  projet  de  le 
perfectionner ,  et  d'en  faire  son  unique 
ressource.  Ayant  fait  un  voyage  à  Vienne, 
il  y  connut  Noverre,  qui  y  était  alors  maî- 
tre de  ballets  ,  et  qui  depuis  le  fit  entrer  à 
l'Opéra,  pour  y  jouer  du  galoubet.  Floquet, 
son  compatriote,  composa  pour  lui  son 
ouverture  'du  Seigneur  bienfaisant ,  qu'il 
exécutait  derrière  le  rideau.  Par  un  tra- 
vail assidu,  il  parvint  à  donner  à  l'instru- 
ment qu'il  avait  adopté  tout  le  développe- 
ment dont  il  était  susceptible,  et  à  jouer 
dans  tous  les  tons  sans  changer  de  corps. 
Il  a  publié  une  Méthode  pour  apprendre  à 
jouer  du  tambourin  ou  du  galoubet,  sans 


46 


CAR 


aucun  changement  de  corps ,  dans  tous 
les  tons ,  Paris,  1766.  Car  bonel  est  aussi 
l'auteur  de  l'article  Galoubet  qu'on  trouve 
dans  l'Encyclopédie.  Il  est  mort  pension- 
naire de  l'Opéra,  en  1804. 

CARBONEL  (joseph-  François  -nar- 
cisse), fils  du  précédent,  né  à  Vienne,  en 
Autriche,  le  10  mai  1773,  n'avait  que 
cinq  ans  lorsque  ses  parens  vinrent  se 
fixer  à  Paris  ;  son  père  lui  enseigna  les  élé- 
mens  de  la  musique  ,  et  le  fit  ensuite  ad- 
mettre au  nombre  des  élèves  de  l'Opéra , 
vers  1782.  11  joua  en  cette  qualité,  dans 
Tarare ,  le  rôle  de  l'Enfant  des  Augures. 
Lors  de  l'établissement  de  l'Ecole  Royale  de 
chant,  en  1783,  on  l'y  admit  avec  400  liv. 
de  pension.  Il  reçut  à  cette  école  des  leçons 
de  Gobert  pour  le  piano,  de  Rodolphe  et  de 
Gossec  pour  l'harmonie  et  la  composition; 
de  Piccini,  de  Langlé  et  de  Guichard  pour 
le  chant.  Devenu  lui-même  professeur  de 
chant,  il  a  formé  quelques  bons  élèves, 
parmi  lesquels  on  remarqueMadameScio, 
célèbre  actrice  du  théâlreFeydeau.  Comme 
compositeur,  M.  Carbonel  est  connu  par 
les  ouvrages  dont  voici  les  titres  :  1°  Six 
sonates  pour  le  clavecin  avec  ace.  de 
violon  adlibit.  liv.,  1  et  2,  Paris,  Le  Due, 
1798;  2°  Pot-pourri  sur  les  airs  d'E- 
liska pour  clav .  et  viol.;  3°  3  sonates , 
id.}  Paris,  Imbault  ,  1799;  4°  Quelques 
sonates  et  morceaux  séparés  ;  5°  Cinq  re- 
cueils de  romances. 

CARBONELLI  (Etienne),  habile  vioïi- 
niste,  fut  élève  de  Corelli  ,  à  Rome.  En 
1720  ,  il  se  rendit  en  Angleterre  sur  l'in- 
vitation du  duc  de  Rulland ,  qui  le  logea 
dans  sa  maison.  Peu  de  temps  après  son 
arrivée  à  Londres  ,  il  y  publia  douze  solos 
pour  le  violon  avec  basse  continue,  et  les 
joua  souvent  en  public  avec  succès.  Lors 
de  l'organisation  de  l'Opéra  ,  il  fut  placé  à 
la  tête  de  l'orchestre,  et  devint  célèbre  par 
sa  brillante  exécution.  En  1725  ,  il  quitta 
ce  théâtre  pour  passer  à  celui  de  Drury- 
Lane,  mais  peu  de  temps  après,  il  s'enga- 
gea avec  Handel  pour  les  Oratorios.  Dans 
la  dernière  partie  de  sa  vie ,  il  négligea  la 


CAR 

musique  et  se  fit  marchand  de  vin.  Il  est 
mort  en  1772. 

CARCANI  (joseph),  maître  de  chapelle 
aux  incurables,  à  Venise,  naquit  à  Crème, 
en  1703.  Lorsque  Hasse  quitta  Venise 
pour  se  rendre  à  Dresde,  il  proposa  Carcani 
pour  lui  succéder  à  l'hôpital  des  incura- 
bles. On  conserve  encore  dans  la  biblio- 
thèque de  cet  établissement ,  les  composi- 
tions manuscrites  de  ce  musicien.  En  1742, 
on  représenta  à  Venise  l'opéra  à'Hame- 
leto ,  dont  il  avait  fait  la  musique.  Deux 
ans  auparavant ,  il  avait  donné  au  même 
théâtre  La  concordia  del  tempo  colla 
famé. 

CARCASSI  (matteo)  ,  né  en  Italie, 
vers  1792,  s'est  livré  dès  sa  jeunesse  à  l'é- 
tude de  la  guitare,  et  par  des  travaux  assi- 
dus, a  acquis  sur  cet  instrument  un  degré 
d'habileté  fort  remarquable.  Venu  à  Paris 
plusieurs  années  après  Carulli ,  il  a  porté 
plus  loin  que  lui  les  ressources  de  son  in- 
strument, et  s'est  fait  une  réputation  bril- 
lante qui  a  été  de  quelque  préjudice  à  celle 
du  fondateur  de  l'école  moderne  de  la  gui- 
tare. De  nouveaux  effets  ont  été  imaginés 
par  lni,etle  mécanisme  du  doigté  lui  doit 
plusieurs  perfectionnemens.  En  1822  ,  il 
s'est  rendu  à  Londres,  s'y  est  fait  entendre 
avec  succès ,  et  y  est  retourné  dans  les  an- 
nées 1825  et  1826.  En  1824,  il  fit  un 
voyage  en  Allemagne  ,  et  donna  des  con- 
certs dans  plusieurs  grandes  villes.  Il  re- 
tourna dans  le  même  pays  en  1827,  et  n'y 
fut  pas  moins  bien  accueilli  que  la  pre- 
mière fois.  Il  est  en  ce  moment  en  Italie. 
Cet  artiste  a  publié  environ  40  œuvres  de 
différens  genres  pour  la  guitare  ;  ces  ou- 
vrages ont  été  gravés  à  Paris  ,  chez  Meis- 
sonnier,  et  à  Mayence ,  chez  Schott  fils. 
On  y  distingue  un  assez  bon  style,  et  des 
traits  qui  ne  sont  pas  communs.  Ils  con- 
sistent en  sonatines ,  rondeaux  détachés, 
pièces  d'études ,  divertissemens ,  caprices , 
fantaisies  et  airs  variés. 

CARDAN  (je'rome),  médecin,  géomètre 
et  astrologue,  naquit  à  Pavie,  en  1501.11 
fut  élevé  dans  la  maison  de  son  père ,  qui 


CAR 


CAR 


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demeurait  à  Milan  ,  mais  à  l'âge  de  vingt 
ans ,  il  se  rendit  à  Pavie  pour  y  terminer 
ses  études;  deux  ans  après  il  y  expliqua 
Euclide.  A  trente-trois  ans,  il  professa  les 
mathématiques,  puis  la  médecine  à  Milan; 
ensuite  il  enseigna  quelque  temps  à  Bolo- 
gne ,  et  enfin  il  alla  terminer  sa  carrière  à 
Rome  ,  vers  1576 ,  à  l'âge  de  soixante- 
quinze  ans.  On  a  dit  qu'il  se  laissa  mou- 
rir de  faim,  pour  ne  pas  survivre  à  la  honte 
des  fausses  prédictions  qu'il  avait  faites  sur 
quelques  hommes  célèbres  de  son  temps. 
C'était  un  homme  superstitieux  et  plein  de 
confiance  dans  les  rêves  de  l'astrologie  ju- 
diciaire. Les  vices  de  Cardan  lui  firent  de 
nombreux  ennemis  pendant  sa  vie,  et  lui- 
même  n'a  pas  peu  contribué  à  la  mauvaise 
réputation  qu'il  a  laissée  après  lui,  par  le 
portrait  affreux  qu'il  a  fait  de  ses  mœurs  et 
de  son  caractère  dans  son  ouvrage  inti- 
tulé :  De  vitdproprid,  Paris,  1643,  in-8°. 
On  a  de  cet  auteur  un  livre  intitulé  :  Opus 
novum  de  proportionibus  numéro rum , 
motuum,  ponderum,  sonorum ,  Bâle  , 
1570,  in-fol.,  réimprimé  dans  la  collec- 
tion de  ses  œuvres,  publiée  par  Ch.  Spon, 
sons  le  titre  de  Hieronymi  Cardani  opéra, 
Lyon,  1663,  10  vol.  in-fol.  On  trouve 
aussi  dans  cette  collection  un  traité  de 
musica  en  9  chapitres  (t.  X,  p.  105-116), 
et  un  petit  ouvrage  intitulé  :  Prœcepta 
canendi. 

CARDENA  (pierre-le'on),  compositeur 
dramatique,  né  à  Palerme,  dans  les  pre- 
mières années  du  18e  siècle  ,  a  fait  repré- 
senter au  théâtre  de  Saint-Samuel ,  à  Ve- 
nise, un  opéra  sous  le  titre  de  Creusa  ,  en 
1739. 

CARDON  (louis),  habile  harpiste,  d'o- 
rigine italienne ,  était  petit-fils  de  Jean- 
Baptiste  Cardoni ,  pensionnaire  de  la  mu- 
sique du  roi ,  et  neveu  de  F.  Cardon , 
violoncelliste  de  l'Opéra.  Il  naquit  à  Paris, 
en  1747,  et  se  livra  de  bonne  heure  à  l'é- 
tude de  la  musique.  Son  Art  de  jouer  de 
la  harpe,  l'an  des  plus  anciens  ouvrages 
méthodiques  de  ce  genre  ,  fut  publié  à 
Paris,  en  1785.  A  l'aurore  de  la  révolu- 


tion française  ,  cet  artiste  quitta  Paris  et 
se  rendit  en  Russie,  où  il  est  mort  en  1805. 
Ses  principaux  ouvrages  sont  :  1°  Quatre 
sonates  pour  la  harpe ,  œuv.  1 ,  Paris  ; 
2°  Pièces  pour  la  harpe  ,  etc.,  œuvre  2e  ; 
3°  Trois  duos  pour  deux  harpes  ,  op.  3  J 
4°  Recueil  d'airs  choisis ,  op.  4  ;  5°  Trois 
ariettes  d'opéras ,  arr.  pour  deux  harpes , 
op.  5  ;  6°  Quatre  sonates  pour  harpe  et 
violon,  Paris,  1780,  op.  6;  7°  Quatre 
id.,  op.  7  ;  8°  Quatre  id.,  op.  9;  9°  Deux 
concerts  pour  harpe  ,  deux  violons  ,  deux 
hautbois,  deux  cors,  alto  et  basse,  op.  10  ; 
11°  Quatre  sonates  pour  harpe  et  violon  . 
op.  12;  12°  L'art  de  jouer  de  la  harpe 
démontré  dans  ses  principes ,  suivi  de 
deux  sonates,  op.  13  ;  13°  Quatre  sonates 
pour  harpe  et  violon,  op.  14;  14°  Deux 
sinfonies  concertantes  pour  harpe  ,  violon 
et  basse ,  op.  15  ;  15°  Quatre  sonates  pour 
harpe  et  violon,  op.  16;  16°  Quatre  id., 
op.  17  ;  17°  Deux  sinfonies  concertantes 
pour  harpe,  deux  violons  et  basse,  op.  18; 
18°  Recueil  d'airs  variés,  op.  19  ;  19°  Qua- 
tuors pour  harpe,  violon  ,  alto  et  basse, 
op.  20  ;  20°  concerto  pour  harpe,  deux  vio- 
lons ,  alto  et  basse,  op.  21  ;  21°  Quatre 
sonates  pour  harpe  et  violon,  op.  22. 

CARDON  (pierre),  frère  du  précédent, 
né  à  Paris,  en  1751,  fut  élève  de  Richer 
pour  le  chant,  et  de  son  oncle  pour  le  vio- 
loncelle. En  1788  ,41  était  chanteur  de  la 
chapelle  du  roi,  à  Versailles;  il  vivait  encore 
en  1811,  et  donnait  des  leçons  de  chant 
et  de  violoncelle.  Il  a  publié  à  Paris  :  Ru- 
dimens  de  la  musique ,  ou  principes  de 
cet  art  mis  à  la  portée  de  tout  le  monde, 
par  demandes  et  par  réponses  ,  in-fol. 
Un  troisième  frère  de  Cardon  fut  un  vio- 
liniste  distingué. 

CARDONNE  (philieert),  né  à  Ver- 
sailles, en  1731,  entra  fort  jeune  dans  les 
Pages  de  la  musique  du  roi,  et  eut  pour 
maître,  Colin  de  Blamont.  A  l'âge  de  qua- 
torze ans,  et  lorsqu'il  était  encore  page  ,  il 
fit  exécuter  à  la  cour  ,  le  4  et  le  7  février 
1745,  un  motet  à  grand  chœur  de  sa  com- 
position. En  1748,  il  fit  entendre  aussi , 


48 


CAR 


CAR 


dans  la  chapelle  du  roi  ,  le  psaume  Super 
Jlumina  Babylonis.  C'était  le  cinquième 
motet  qu'il  a*ait  composé,  quoiqu'il  n'eût 
pas  encore  dix-huit  ans.  Depuis  lors,  il 
entra  comme  musicien  ordinaire  dans  la 
chapelle  du  roi ,  et  eut  les  titres  d'officier  de 
la  chambre  de  Madame,  et  de  maître  de  vio- 
lon de  Monsieur  (depuis  lors  Louis XVIÏI). 
En  1777  ilobtinlla  survivance  de  Berton, 
comme  maître  de  la  musique  du  roi,  mais 
la  révolution  française  ne  lui  permit  pas 
de  jouir  par  la  suite  des  avantages  de  cette 
survivance.  En  1752,  Cardonne  écrivit  la 
musique  delà  pastorale  à'  Amarillis ,  qui 
fut  exécutée  au  concert  de  la  reine ,  pen- 
dant le  voyage  de  Compiègne,  le  17  juillet 
1752.  Son  opéra  dHOmphale,  représenté 
à  TAcadémie  Royale  de  musique,  le  2  mai 
1769,  n'eut  point  de  succès.  En  1775  ,  il 
a  remis  en  musique  l'entrée  des  Amours 
déguisés ,  sous  le  titre  à' Ovide  et  Julie , 
pour  les  fragmens  qui  furent  représentés 
au  mois  de  juillet. 

CARDOSO  (manuel),  chapelain  du  roi 
Jean  III,  né  à  Lisbonne,  vers  le  milieu  du 
16e  siècle  ,  a  fait  imprimer  un  ouvrage  de 
sa  composition,  sous  ce  titre  :  Passiona- 
rium  juxta  Capellœ  Regiœ  Lusitanœ 
consuetudinem  accentus  rationum  intè- 
gre observons ,  Leira  ,  1575,  in-fol. 

CARDOSO      (  FRANÇOIS  -  EMMANUEL  )  , 

carme  portugais ,  naquit  à  Beja ,  dans  la 
province  dAlentejo,  vers  la  fin  du  16e  siè- 
cle. Il  a  publié  :  1°  Missœ ,  5  vocibus 
concert.,  Lisbonne,  1613  ;  2°  Missœ,  sex 
vocibus  concert.,  Lisbonne,  1625;  3°  Ma- 
gnificat, sex  vocibus  concert.,  Lisbonne, 
1626,  in-fol.  ;  4°  Missœ  de  B.  Virgine, 
quaternis  et  sex  vocibus ,  Lib.  3,  ibid., 
1646,  in-fol.;  5°  Livro  que  comprehende 
tudo  quante  se  canta  na  Semana  santa, 
ibid. ,  in-fol.  Plusieurs  autres  ouvrages  de 
ce  musicien  se  trouvent  en  manuscrit  dans 
la  bibliothèque  du  roi  de  Portugal. 

CARDUCCI  (jean-jacques)  ,  composi- 
teur ,  né  à  Bari ,  dans  le  royaume  de  Na- 
ples,  vers  le  milieu  du  16e  siècle.  On  trouve 
quelques  pièces  de  sa  composition,  dans  la 


collection  intitulée  :  II  primo  Libro  a 
due  voci  di  diversi  autori  di  Bari ,  Ve- 
nise,  1585. 

CARELIO  (antoine)  ,  violiniste,  né  à 
Messine,  en  Sicile,  a  publié  des  sonates  en 
trois  parties  ,  de  sa  composition  ,  Amster- 
dam ,  1710  ,  in-fol. 

CARESANA  (Christophe)  ,  organiste 
de  la  chapelle  royale  de  Naples  ,  naquit  à 
Tarente ,  en  1669.  Il  s'est  fait  une  répu- 
tation de  compositeur  habile  par  ses  sol- 
fèges en  duos ,  divisés  en  deux  livres  ,  et 
publiés  à  Naples,  en  1680,  sous  le  titre  de 
Solfeggi  a  piu  voci  sul  canto  fermo .  Ils 
sont  suivis  d'exercices  à  trois  voix  sur  les 
intervalles  de  l'échelle,  qui  sont  incontes- 
tablement ce  qu'on  a  fait  de  mieux  en  ce 
genre.  M.  Choron  a  publié  à  Paris,  en  1808, 
une  deuxième  édition  de  ces  excellens  exer- 
cices. 

CARESTINI  (jean)  ,  surnommé  Cu- 
sanino,  parce  que  la  famille  des  Cusani 
de  Milan  l'avait  pris  sous  sa  protection  dès 
l'âge  de  douze  ans ,  naquit  à  Monte-Fila- 
trano ,  dans  la  marche  d'Ancône,  et  brilla, 
pendant  près  de  quarante  ans,  sur  la  scène, 
comme  un  des  meilleurs  chanteurs  qui 
fussent  connus  de  son  temps.  Sa  première 
apparition  en  public  eut  lieu  à  Rome ,  en 
1721 ,  dans  la  Griselda,  de  Buononcini  ; 
en  1723  il  chanta  à  Prague  ,  au  couron- 
nement de  l'empereur  Charles  VI j  l'année 
suivante  il  était  à  Mantoue,  et  en  1725  il 
chanta  pour  la  première  fois  àVenise  dansle 
Seleuco  de  Zuccari.  En  1728  il  retourna  à 
Rome  et  y  resta  jusqu'en  1730.  Les  prin- 
cipaux ouvrages  dans  lesquels  il  chanta 
furent  l' Alessandro  neli  Indie  de  Vinci 
e  1 1' Artaserse  du  même  auteur.  Senesino 
ayant  quitté  l'Angleterre  en  1733,  Cares- 
tini  fut  appelé  pour  lui  succéder.  De  là  il 
alla  à  Parme;  en  1754  il  était  à  Berlin , 
l'année  suivante  il  fut  engagé  pour  Saint- 
Pétersbourg  ,  et  il  y  resta  jusqu'en  1758  ; 
ce  fut  alors  qu'il  quitta  le  théâtre  pour 
goûter  le  repos  dans  sa  patrie,  mais  il 
mourut  peu  de  temps  après.  Hasse,  Han- 
del  et  d'autres  grands  maîtres  avaient  la 


CAR 

plas  haute  estime  pour  ce  célèbre  chanteur. 
Quantz,  en  parlant  de  lui ,  s'exprime  ainsi  : 
«(  11  avait  une  des  plus  belles  et  des  plus 
«t  fortes  vois  de  contralto  ,  et  montait  du 
ure  (à  la  clef  de  fa)  jusqu'au  sol  (au- 
<t  dessus  de  la  portée,  à  la  clef  de  sol).  11 
«t  était  en  outre  extrêmement  exercé  dans 
it  les  passages,  qu'il  exécutait  de  poitrine 
«  conformément  aux  principes  de  l'école 
<t  de  Bernacchi  et  à  la  manière  de  Farinelli, 
<c  il  était  très  hardi ,  et  souvent  très  heu- 
«  reux  dans  les  traits.  »  Carestini  joignait 
à  ces  avantages  celui  d'être  fort  bon  acteur 
et  d'avoir  un  extérieur  agréable. 

CAREY  (henki),  fils  naturel  de  Georges 
Saville ,  marquis  d'Halifax  ,  fut  à  la  fois 
poète  et  musicien ,  mais  ne  s'éleva  pas  au- 
dessus  du  médiocre  dans  ces  deux  genres. 
Ses  maîtres  de  musique  furent  Linnant , 
Roseingrave  ,  et  Geminiani  ;  mais  toute 
l'habileté  de  ces  maîtres  ne  put  développer 
en  lui  beaucoup  de  talent ,  quoiqu'il  fût 
doué  de  la  faculté  d'imaginer  des  chants 
heureux.  Ce  qu'il  a  fait  de  mieux  est  le 
chant  national  God  save  the  King  qu'on 
a ,  sans  aucun  fondement ,  attribué  à  Han- 
del ,  et  qui  selon  quelques  écrivains  mo- 
dernes, mal  informés,  serait  de  Lulli. 
On  lui  doit  aussi  la  charmante  ballade 
Sally  in  our  Alley ,  devenue  populaire. 
On  a  cru  long-temps  que  le  premier  de 
ces  chants  avait  été  composé  par  Handel , 
mais  une  lettre  du  docteur  Harrington  de 
Bath ,  insérée  dans  le  Monthly  Maga- 
zine, vol.  xi ,  page  386,  a  prouvé  qu'il  est 
l'ouvrage  de  Carey.  En  1782,  il  publia 
six  cantates  dont  il  avait  fait  les  paroles 
et  la  musique.  Il  a  composé  aussi  les  airs 
de  plusieurs  comédies  de  son  temps,  entre 
autres  ceux  du  Mari  provoqué  (  Provoked 
busband  ) ,  de  The  Contrivances ,  et  de 
quelques  farces  représentées  au  théâtre  de 
Goodman  fields.  En  1740,  Carey  réunit 
en  collection  toutes  les  ballades  et  les 
chansons  qu'il  avait  composées ,  et  les  pu- 
blia sous  ce  titre  :  The  musical  century , 
in  one  hundred  english  ballads  on  va- 
rious  subjects  and  occasions,  Londres , 
TOME  m. 


CAR 


49 


in-4°.  Carey  était  homme  de  plaisir,  dissi- 
pateur ,  et  les  secours  de  ses  amis  furent 
toujours  insuffisans  pour  le  préserver  des 
embarras  pécuniaires  dans  lesquels  il  se 
jetait  sans  cesse.  Ses  folies  finirent  par  le 
mettre  dans  une  position  si  déplorable 
qu'il  se  tua  de  désespoir ,  le  4  octo- 
bre 1743. 

CARIBALDI  (joachim),  né  à  Rome  en 
1743  ,  fut  le  meilleur  bouffe  chantant  de 
son  temps.  Lorsque  Devismes  fit  revenir 
les  bouffons  à  Paris  ,  en  1778,  Caribaldi 
fut  compris  dans  la  composition  de  la 
troupe.  Voici  ce  qu'en  dit  La  Borde  {Essai 
sur  la  musique ,  tom.  3,  pag.  319  ).  «  Il 
«  met  dans  ses  rôles  toute  l'expression 
«  qu'une  musique  parfaitement  rendue 
«  peut  leur  procurer  ;  une  voix  naturelle, 
u  douce ,  extrêmement  souple  ;  une  exécu- 
<t  tion  variée  et  pleine  d'agrémens ,  l'art 
«  de  déclamer  parfaitement  et  de  pronon- 
«t  cer  supérieurement  :  voilà  ce  qui  distin- 
ct gue  particulièrement  Caribaldi,  et  l'a  fait 
«  accueillir  avec  transport  sur  le  théâtre 
«  de  Paris,  quoique  les  Français  ne  soient 
«  pas  encore  au  point  de  connaître  tout 
«  son  mérite.  » 

CAPiIO(jean-henri),  musicien  du  con- 
seil et  veilleur  de  la  tour  de  l'église  Sainte- 
Catherine,  à  Hambourg,  naquit  en  1736 
à  Eckernforde,  dans  le  Holstein.  A  l'âge 
de  quatre  ans  il  fut  conduit  à  Hambourg , 
où  il  passa  successivement  sous  la  direction 
de  trois  maîtres  célèbres,  Telemann,  Char- 
les-Philippe-Emmanuel Bach, et  Schwenke. 
Le  dernier  lui  enseigna  à  jouer  de  la  trom- 
pette ,  et  Cario  acquit  sur  cet  instrument 
une  habileté  si  grande ,  qu'on  peut  le  con- 
sidérer comme  un  des  artistes  les  plus  ex- 
traordinaires qu'il  y  ait  eu  pour  cet  instru- 
ment. Tous  les  sons  qu'il  en  tirait  étaient 
égaux  en  pureté ,  en  force  ou  en  douceur. 
Son  agilité ,  sa  précision  dans  les  traits 
étaient  incomparables.  Il  avait  inventé 
une  sorte  de  trompette  à  clefs  avec  laquelle 
il  jouait  dans  tous  les  tons.  Il  se  créait  lui- 
même  des  difficultés  inouies  sur  la  trom- 
pette, pour  avoir  le  plaisir  de  les  vaincre, 
4 


50 


CAR 


CAR 


Ainsi ,  Gerber  rapporte  {Neues  Lexik.  der 
Tonk.  )  qu'on  l'entendit  un  jour  exécuter 
un  grand  prélude  en  mi  bémol  mineur. 
Sans  doute  il  se  servait  de  la  main  pour 
former  quelques  demi-tons  ,  mais  son  mé- 
rite n'en  est  pas  moins  grand  s'il  a  pu 
donner  aux  notes  presque  boucbées  une 
force  qui  approchait  des  sons  ouverts. 
Cario  vivait  encore  en  1800  ,  et  quoiqu'il 
fût  âgé  de  soixante-quatre  ans ,  il  n'avait 
rien  perdu  de  son  talent. 

Son  fils  ,  Jean-Pierre-Henri ,  organiste 
de  l'église  Anglicane  ,  à  Hambourg ,  s'est 
fait  connaître  par  une  marche  pour  le 
piano ,  publiée  chez  Cranz ,  dans  la  même 
ville,  par  des  variations  sur  une  chanson 
de  YEgmont,  de  Goethe  ,  composée  par 
Reiehardt  (chez  Boehme,  à  Hambourg) , 
et  par  quelques  autres  petites  pièces. 

CARISSIMI  (  jacques),  compositeur 
célèbre ,  naquit  à  Padoue  vers  1582.  On 
ignore  le  nom  du  maître  qui  le  dirigea 
dans  ses  études  :  quel  qu'il  soit ,  il  est 
vraisemblable  que  Carissimi  ne  dut  guère 
qu'à  lui  seul  le  talent  qu'il  acquit  dans 
son  art ,  car  on  remarque  dans  ses  ou- 
vrages plus  d'invention  que  de  savoir  dans 
l'ancien  style  des  écoles  d'Italie.  Il  n'a 
été  recueilli  que  peu  de  renseignemens 
sur  la  vie  de  ce  grand  artiste  :  peut-être 
en  trouverait-on  davantage  dans  les  no- 
tices sur  les  maîtres  de  l'école  romaine, 
par  Octave  Pitoni  ;  mais  ces  notices  ,  res- 
tées en  manuscrit  dans  la  bibliothèque  du 
Vatican ,  sont  cachées  à  tous  les  yeux. 
M.  l'abbé  Baini  seul  en  a  eu  communica- 
tion, mais  il  n'a  dit  sur  Carissimi  que 
quelques  mots ,  à  propos  d'une  messe  à 
douze  voix.  Le  silence  que  gardent  tous 
les  écrivains  sur  les  événemens  de  la  car- 
rière de  cet  homme  célèbre,  ne  permet  pas 
de  vérifier  l'assertion  de  Le  Cerf  de  la 
Vieville  de  Fresneuse,  qui  prétend  (  Com- 
paraison de  la  musique  italienne  et  de  la 
musique  française ,  3me  partie ,  p.  202 , 


Bruxelles,  1706,  in-12)  que  Carissimi 
s'était  long-temps  formé  en  faisant  chan- 
ter ses  pièces  aux  Théatins  de  Paris. 
Il  est  difficile  d'ajouter  foi  à  ces  paroles  , 
car  on  ne  voit  point  à  quelle  époque  le 
compositeur  aurait  pu  venir  en  France,  y 
devenir  maître  de  musique  des  Théatins 
de  Paris ,  et  y  faire  chanter  long-temps 
ses  ouvrages.  Avant  Mazarin  ,  on  ne  con- 
naît guère  de  musicien  italien  qui  soit 
venu  en  France,  si  ce  n'est  Baltazarini; 
or,  Kircher,  qui  a  fait  imprimer  sa  Musur- 
gie,  à  Rome  en  1649,  et  qui  était  l'ami 
de  Carissimi ,  dit  que  celui-ci  était  depuis 
long-temps  maître  de  chapelle  de  l'église 
Saint-Apollinaire  du  collège  allemand  à 
Rome  *.  On  ne  comprend  pas  d'ailleurs 
comment  Carissimi  se  serait  formé  le  goût 
à  Paris ,  où  il  était  fort  mauvais  au  dix- 
septième  siècle.  Il  est  donc  vraisemblable 
que  de  Fresneuse  n'a  avancé  ce  fait  singu- 
lier que  dans  l'intérêt  de  la  mauvaise 
cause  qu'il  défendait  de  la  suprématie  des 
musiciens  français  sur  les  italiens. 

Gerber  (  Historisch  -  Biographisch.es 
Lexik.  der  Tonkûnstler) ,  et  d'après  lui 
les  autenrs  du  Dictionnaire  des  Musiciens 
(Paris,  1810),  ont  dit  que  Carissimi  fut 
maître  de  la  chapelle  pontificale  ;  c'est  une 
erreur  que  j'ai  copiée  dans  la  Revue  musi- 
cale (t.  IV,  p.  419).  Le  fait  n'a  aucun 
fondement,  et  l'on  ne  voit  pas  que  cet 
artiste  ait  rempli  d'autres  fonctions  que 
celles  de  maître  de  chapelle  de  l'église 
Saint-Apollinaire.  D'après  les  renseigne- 
mens recueillis  par  Mattheson ,  il  vivait 
encore  en  1672,  et  était  alors  âgé  d'environ 
90  ans. 

Parmi  les  compositeurs  italiens  du  dix- 
septième  siècle ,  Carissimi  est  un  de  ceux 
qui  ont  le  plus  contribué  au  perfectionne- 
ment du  récitatif,  mis  en  vogue  depuis 
peu  de  temps  par  Jules  Caccini ,  Péri  et 
Monteverde.  Il  avait  de  l'affection  pour 
cette  partie  de  la  musique  ;  c'est  à  lui  que 


i  JacoLus  Carissimu3  eïcellentisslmus  ,  etcelebris  famas 
*ymplioneta,ecclesi;eSancti  Apollinaris  collegii  Germanici 


multorum  annorum  spalio   musica;  prœfectus   dignissi» 
tnus,  ctc,  (Musurg.,  1. 1,  p.  603). 


CAR 

Kircher  dut  les  renseignemens  dont  il  avait 
besoin  pour  traiter  du  récitatif  dans  sa 
Musurgie.  S'il  ne  fut  pas  l'inventeur  de 
la  cantate  proprement  dite,  on  peut  du 
moins  le  considérer  comme  nn  des  maîtres 
qui  contribuèrent  le  plus  efficacement  à  en 
perfectionner  les  formes ,  et  qui ,  par  la 
beauté  de  leurs  ouvrages  en  ce  genre  ,  les 
firent  substituer  aux  madrigaux ,  dont  le 
système  ne  se  trouvait  plus  en  barmonie 
avec  le  style  pathétique  et  dramatique  que 
l'invention  de  l'Opéra  avait  mis  à  la  mode. 
Le  cbant  de  Carissimi  a  de  la  grâce  ;  on  y 
remarque  surtout  une  expression  vraie  et 
spirituelle  ,  soutenue  par  une  harmonie 
qui ,  sans  être  aussi  savante  que  celle  des 
maîtres  de  l'ancienne  école  romaine, 
est  cependant  très  pure.  Sa  musique  est, 
de  toute  évidence ,  le  type  de  la  musique 
moderne.  Perfectionnée  par  ses  élèves  Bas- 
sani, Cesti,  Bononcini,  et  surtout  par 
Alexandre  Scarlatti ,  sa  manière  a  conduit 
par  degrés  au  style  de  la  musique  du  dix- 
huitième  siècle.  Aussi  fécond  qu'original , 
Carissimi  a  écrit  un  nombre  considéra- 
ble de  messes  ,  de  motets ,  de  cantates  et 
d'oratorios  5  maison  n'a  imprimé  qu'une 
faible  partie  de  ses  ouvrages  ;  de  là  leur 
excessive  rareté.  J'ai  recueilli  sur  ces 
productions  les  renseignemens  qu'on  va 
lire  : 

1°  La  bibliothèque  de  M.  l'abbé  San- 
tini ,  de  Rome  ,  renferme  deux  recueils  de 
motets  à  deux,  trois  et  quatre  voix  compo- 
sés par  Carissimi ,  et  publiés  à  Rome ,  en 

1664  etl667;  2°  Missœ  5  et  9vociuncum 
selectis  quibusdam  cantionibus }  Cologne, 

1665  et  1666,  in  fol.  3°  Sous  le  numéro 
235  du  catalogue  de  la  musique  du  docteur 
Burney,  on  trouve  un  volume  manuscrit 
qui  contenait  des  messes  de  Carissimi  en 
partition  ;  4°  Lauda  Sion,  à  huit  voix,  en 
manuscrit  (bibliotbèque  de  M.  l'abbé  San- 
tini);  5°  JVisi  dominus ,  à  huit  voix, 
{Idem);  6°  Messe  à  douze  voix  sur  la 
chanson  de  l'homme  armé.  Cette  messe , 
qui  est  vraisemblablement  la  dernière  qu'on 
a  écrite  sur  cette  mélodie  ,  existe  en  Mss. 


CAR 


51 


dans  les  archives  de  la  chapelle  pontifi- 
cale à  Rome  (  Voyez  les  Mém.  sur  la  vie 
et  les  ouvrages  de  Pierluigi  de  Palestrina, 
par  M.  l'abbé  Baini,  t.  I ,  n°  451).  La 
bibliothèque  royale  de  Paris  possède  en 
manuscrit  plusieurs  oratorios  de  Carissimi, 
dont  les  titres  suivent  :  7°  Histoire  de 
Job,  à  trois  voix  et  basse  continue  ;  8°  La 
plainte  des  Damnés ,  à  trois  voix ,  deux 
violons  et  orgue  :  cette  pièce  a  eu  une 
grande  célébrité  ;  9°  Ezéchias ,  à  quatre 
voix ,  deux  violons  et  orgue  ;  10°  Baltha- 
zar,  à  cinq  voix,  deux  violons  et  orgue j 
11°  David  et  Jonathas ,  à  cinq  voix,  deux 
violons  et  orgue;  12°  Abraham  et  Isaac, 
à  cinq  voix  et  orgue;  15°  Jephtè  ,  à  six  et 
sept  voix.  Cet  ouvrage  passe  pour  le  chef- 
d'œuvre  de  Carissimi.  Kircher  a  publié  un 
fragment  du  chœur  Plorate  filii  Israël, 
de  cet  oratorio ,  comme  un  modèle  d'ex- 
pression douloureuse  (V.  Musurg ,  t.  I, 
p.  604  et  seq.  );  ce  morceau  est  en  effet 
fort  beau;  14°  Le  Jugement  dernier,  à 
trois  chœurs  ,  deux  violons  et  orgue  ;  15°  Le 
mauvais  riche }  à  deux  chœurs  ,  deux  vio- 
Ions  et  basse  ;  16°  Jonas ,  à  deux  chœurs, 
deux  violons  ,  et  basse.  Je  ne  cite  point  ici 
l'oratorio  de  Salomon ,  que  Le  Cerf  de  la 
Vieville  de  Fresneuse  et  quelques  autres 
auteurs  ont  attribué  à  Carissimi,  et  qui  est 
de  Cesti.  La  bibliothèque  du  conservatoire 
royal  de  musique  de  Paris  possède  en 
deux  volumes  in-folio  manuscrits  beau- 
coup de  motets  et  de  cantates  de  Carissimi. 
On  trouve  aussi  dans  ces  volumes  quel- 
ques pièces  comiques  où  ce  compositeur  a 
mis  beaucoup  d'esprit.  Ces  pièces  sont  : 
17°  Les  Cyclopes ,  à  trois  voix;  18°  Tes- 
tament d'un  âne,  plaisanterie  à  deux 
voix;  19°  Plaisanterie  sur  l'Introït  de  la  • 
messe  des  morts,  canon  à  deux  voixj 
20°  Plaisanterie  sur  la  barbe ,  à  trois 
voix.  Parmi  ces  pièces ,  on  trouve  la  décli- 
naison du  pronom  latin  hic,  hœc ,  hoc, 
à  quatre  voix  ;  M.  Choron  l'a  fait  graver 
sous  le  nom  de  Carissini ,  mais  il  est  de 
Dominique  Mazzoccbi  ,  et  c'est  sous  le 
nom  de  ce  dernier  qu'il  a  été  imprimé  en 
4* 


52 


CAR 


CAR 


1643  ;  21°  Vingt-deux  cantates  de  Caris- 
simi, pour  voix  seule  avec  basse  continue, 
ont  été  gravées  à  Londres  au  commence- 
ment du  dix-huitième  siècle ,  d'après  un 
manuscrit  original  qui  a  passé  ensuite 
entre  les  mains  de  Burney ,  et  qui  n'a  été 
vendu  après  sa  mort  que  pour  la  modique 
somme  de  1  livre  2  schellings  (environ 
27  francs  50  centimes  ) ,  tandis  que  d'au- 
tres objets  de  peu  de  valeur  ont  été  portés 
à  des  prix  escessifs.  Il  paraît  que  Burney 
n'avait  fait  l'acquisition  de  ce  manuscrit 
qu'après  la  publication  du  quatrième  vo- 
lume de  son  Histoire  de  la  musique ,  car 
les  fragmens  des  cantates  qu'il  y  a  publiés 
ont  été  tirés  d'un  manuscrit  de  l'église  du 
Christ  à  Oxford.  On  trouve  ces  fragmens 
avec  une  analyse  de  leurs  beautés , 
pag.  143-150  du  même  volume.  Hawkins 
a  aussi  publié  dans  son  Histoire  générale 
de  la  musique  (tom.  IV,  pag.  489)  un 
petit  duo  de  Carissimi.  Quelques  motets 
de  ce  compositeur  ont  été  insérés  dans  la 
collection  publiée  à  Bamberg,  en  1665, 
par  le  P.  Spiridione  ,  sous  le  titre  de 
Musica  Romana,  Dans  la  collection  des 
Airs  sérieux  et  à  boire,  imprimée  par  Bal- 
lard,  on  trouve  quelques  morceaux  de 
Carissimi  sur  lesquels  on  a  parodié  des  pa- 
roles françaises.  Stevens  a  aussi  placé 
quelques  motets  du  même  auteur  dans  son 
recueil  intitulé  Sacredmusic,  et  en  dernier 
lieu ,  le  docteur  Crotch  a  placé  des  mor- 
ceaux de  ce  maître  dans  ses  Sélections  of 
music.  Le  docteur  Àldrich  avait  rassemblé 
une  collection  presque  complète  des  œuvres 
de  Carissimi  ;  eHe  est  maintenant  dans  la 
bibliothèque  du  collège  du  Christ ,  à  Ox- 
ford. Plusieurs  volumes,  qui  contiennent 
un  grand  nombre  de  pièces  de  ce  composi- 
teur se  trouvent  au  Musée  Britannique  , 
sous  les  numéros  1265,  1272  et  1501. 
Forkel  (  Allgem.  Litter.  der  Musik  ) 
et  Gerber  (Neues  Hist.  Biog.  Lexik.  der 
Tonkunstler )  indiquent  une  traduction 
allemande  d'un  petit  traité  de  l'art  du 
chant  composé  par  Carissimi.  Cette  tra- 
duction a  pour  titre  :  Ars  cantandi,  dass 


ist  richtiger  und  Ausfithrlicher  Weg , 
die  Jugend aus  dem  rechten  Grundin  der 
Singkunst  zu  unterrichten.  Aus  den  ita- 
liœnischen  ins  deutsch  ilbersetz  von 
einem  musikfreund.  Augsbourg ,  1696 , 
in-4°.  Cette  édition  est  la  troisième  :  on 
ignore  les  dates  des  deux  premières.  Il  y 
en  a  une  de  1708  :  la  sixième  est  de  1731, 
et  la  dernière  de  1753.  Elles  sont  toutes 
imprimées  à  Augsbourg.  Il  ne  paraît 
pas  que  l'original  italien  d'après  lequel 
cette  traduction  a  été  faite,  a  été  im- 
primé. Vraisemblablement  quelque  copie 
fournie  par  un  élève  de  Carissimi  a  servi 
de  texte. 

CABL  (berthe),  née  à  Berlin  en  1802, 
fut  élevée  au  couvent  de  Sainte-Louise,  in- 
stitution de  charité  pour  les  enfans  pau- 
vres et  les  orphelins.  Quelques  amateurs 
de  musique  qui  avaient  remarqué  sa  bonne 
qualité  de  voix ,  la  recommandèrent  à  l'at- 
tention du  comte  de  Bruhl ,  qui  lui  fit 
faire  des  études  de  chant  sous  la  direction 
de  la  cantatrice  madame  Schmalz.  Cepen- 
dant mademoiselle  Cari  resta  plusieurs 
années  au  théâtre  royal  de  Berlin  ,  sans 
faire  de  remarquables  progrès.  Benvoyée 
de  ce  théâtre ,  elle  alla  chercher  un  enga- 
gement à  Francfort-sur-le-Mein;  là,  un 
riche  négociant  devint  son  protecteur  et 
lui  fournit  les  moyens  d'aller  en  Italie 
achever  son  éducation.  Elle  se  rendit  à 
Milan  ,  y  prit  des  leçons  de  chant  de  Ban- 
derali  et  de  quelques  autres  maîtres.  De- 
puis ce  temps  ,  elle  a  chanté  avec  succès 
sur  plusieurs  théâtres  italiens,  s'est  rendue 
ensuite  en  Espagne ,  s'est  fait  entendre 
avec  succès  à  Cadix,  à  Madrid,  puis  à 
Londres,  Paris,  Bruxelles,  etc.  En  1835, 
elle  est  retourné  à  Berlin  ,  précédée  d'une 
grande  renommée  qui  exagérait  un  peu 
son  mérite.  Elle  y  a  donné  avec  succès 
quelques  représentations  où  elle  a  chanté 
les  rôles  de  Desdemona ,  Sémiramis , 
Donna  Anna,  etc.;  elle  n'a  point  eu  de- 
puis lors  d'engagement  fixe. 

CABLANI  (charles)  ,  né  à  Bologne  en 
1738,  fut  élève  d'Antoine  Bernacchi ,  et 


CAR 


CAR 


63 


devint  l'un  des  plus  célèbres  ténors  de 
l'Italie.  Il  brillait  encore  en  1780. 

CARLETON  (richakd),  bachelier  en 
musique  de  l'université  d'Oxford ,  né  dans 
la  seconde  moitié  du  seizième  siècle,  a  pu- 
blié à  Londres,  en  1602,  un  œuvre  de 
madrigaux  à  cinq  voix.  On  trouve  aussi 
quelques-unes  de  ses  pièces  dans  la  collec- 
tion intitulée  Le  triomphe  cCOriane. 

CARLETTI  (mathieu  césar),  composi- 
teur du  seizième  siècle  dont  on  trouve  des 
chansons  à  huit  voix  dans  les  collections 
publiées  à  Anvers  par  P.  Phalèse ,  par- 
ticulièrement dans  le  recueil  qui  a  pour 
titre  :  Canzonetle  a  la  romana  da  diversï 
eccellentissimi  musici  a  sel  e  otto  voci, 
Anvers,  1606,  in-4°oblong. 

CARLI  RUBBI  (jean-renaud),  comte, 
naquit  à  Capo-d'Istria  ,  au  mois  d'avril 
1720.  Ses  études  se  tournèrent  vers  la  phy- 
sique et  les  sciences  exactes;  à  l'âge  de 
vingt-quatre  ans  il  obtint  une  chaire  d'as- 
tronomie qui  venait  d'être  créée  par  le 
sénat  de  Venise.  Après  avoir  passé  sa  vie 
dans  des  travaux  scientifiques  et  des  alter- 
natives de  bonne  et  de  mauvaise  fortune , 
il  mourut  à  Milan ,  président  émérite  du 
conseil  de  commerce  et  d'économie  publi- 
que, le  22  février  1795.  Le  comte  Carli 
s'est  rendu  célèbre  par  son  Traité  des 
monnaies }  qui  a  eu  de  nombreuses  édi- 
tions. Dans  la  collection  de  ses  œuvres , 
publiée  à  Milan,  1784  à  1790,  15  vol. 
in-8°,  on  trouve  :  Osservazioni  sulla 
musica  antica  e  moderna,  tome  XIV, 
pag.  329-450.  Il  y  agite  la  question  Si 
les  anciens  ont  connu  le  contrepoint. 

CARLIER  ou  CHARLIER  (égide)  ,  en 
latin  Carlerius y  docteur  en  théologie, 
doyen  de  l'église  cathédrale  de  Cambrai , 
dans  la  deuxième  moitié  du  quinzième  siè- 
cle ,  fut  envoyé  comme  assesseur  au  con- 
cile de  Bâle.  Il  mourut  à  Paris  en  1472. 
On  trouve  parmi  les  manuscrits  de  la  bi- 
bliothèque royale  de  Paris  (n°  7212  A 
in-fol.  )  un  ouvrage  dont  il  est  auteur  ,  et 
qui  a  pour  titre  :  Traclatus  de  lande  et 
utilitate  musicœ.  C'est  un  livre  de  peu  de 


valeur.  Il  est  dédié  au  pape  Clément  V. 
On  en  trouve  une  copie  manuscrite  dans 
la  bibliothèque  de  l'université  de  Gand. 

CARLO  (je'rome)  ,  musicien  né  à  Reg- 
gio ,  dans  la  première  moitié  du  seizième 
siècle  ,  s'est  fait  connaître  par  la  publica- 
tion d'une  collection  de  motets  à  cinq  voix, 
de  divers  auteurs  célèbres,  tels  queTbomas 
Crequillon,  Clément  non  papa  }  Jachet  de 
Mantoue  et  Hippolyte  Ciera.  Cette  collec- 
tion qui  a  pour  titre  :  Motetli  del  Labi- 
rinto,  est  divisée  en  deux  parties.  La  pre- 
mière qui  contient  trente-et-un  motets ,  a 
paru  à  Venise,  chez  Jérôme  Scoto,  en 
1554,  in-4°obl.  La  seconde,  renfermant 
trente-cinq  pièces,  a  été  publiée  l'année 
suivante. 

CARLOS  (jean),  médecin  espagnol, 
vivait  à  Lerida  au  commencement  du  dix- 
septième  siècle ,  et  y  a  fait  imprimer  en 
1626  :  La  guitara  espanola  de  cinque 
ordenes  (la  guitare  espagnole  accordée 
de  cinq  manières). 

CARLSTADT  (jean),  né  àVanern, 
village  de  la  Thuringe ,  vers  la  fin  du 
seizième  siècle,  s'est  fait  connaître  comme 
compositeur  par  la  publication  d'un  ou- 
vrage intitulé  :  Gestliche  und  weltliche 
Lieder  mit  3  ,  4  und  5  Stimmen  (  chan- 
sons spirituelles  et  mondaines  ,  à  3,  4  et  5 
voix).  Erfurt ,  1609,  in-4°. 

CARNEIRO  (fr.  manuel),  carme, 
excellent  organiste  ;  naquit  à  Lisbonne , 
vers  le  milieu  du  dix-septième  siècle,  et 
mourut  en  1695.  Machado  (Bibl.  Lusit. 
tom.  III ,  pag.  214  )  cite  de  lui  les  ouvra- 
ges suivans,  qui  sont  restés  en  manuscrit  : 
1°  Responsorios  e  liçoens  das  matinas 
de  Sabbado  Santo ,  a  2  coros  ;  2°  Respon- 
sorios das  matinas  de  Paschoa ,  a  2 
coros;  3°  Missa  de  defuntos ,  etc.;  a  2 
coros;  4°  Psalmos }  motetes  e  vilhan- 
cicos  a  diversas  vozes. 

CARNICER  (  raimond  ) ,  compositeur 
espagnol ,  directeur  de  musique  actuel  de 
l'Opéra  de  Madrid ,  est  né,  dit-on,  dans 
l'Estramadure,  et  après  avoir  appris  les 
premiers  principes  de  la  musique  dans  un 


54 


CAR 


couvent ,  a  reçu  des  leçons  de  composition 
de  Dovagué,  chanoine  de  l'église  cathé- 
drale de  Salamanque,  et  maître  de  cha- 
pelle de  cette  cathédrale.  Doué  d'un  génie 
original  et  de  beaucoup  de  facilité,  Carnicer 
a  appliqué  ses  facultés  à  la  musique  de 
théâtre,  ce  qui  était  presque  sans  exemple 
chez  les  musiciens  espagnols.  Son  style  est 
vigoureux ,  plein  de  traits  saillans,  mais 
inégal  et  un  peu  trop  fortement  empreint 
du  caractère  rhythmique  de  la  musique 
espagnole.  Au  reste ,  je  ne  prétends  pas 
donner  à  ce  jugement  plus  de  poids  qu'il 
n'en  mérite,  car  je  ne  connais  de  Carnicer 
que  cinq  ou  six  morceaux  de  son  opéra 
Elenay  Constantino,  et  des  airs  détachés. 
Cet  opéra  a  obtenu  un  brillant  succès  à 
Madrid.  Adèle  de  Lusinedno  n'a  pas  été 
moins  bien  accueilli  par  le  public.  Quel- 
ques autres  ouvrages  dramatiques  du  même 
compositeur  ont  précédé  ceux-là,  ou  les 
ont  suivis;  j'en  ignore  les  titres.  En  1828, 
l'administration  de  l'Opéra  de  Madrid 
ayant  été  changée  ,  les  nouveaux  entrepre- 
neurs donnèrent  à  M.  Carnicer  l'emploi  de 
directeur  de  musique,  précédemment  oc- 
cupé par  Mercadante  ;  depuis  lors  ,  il  est 
resté  en  possession  de  cette  place. 

CARNOLI  (Elisabeth),  cantatrice, 
naquit  en  1772  à  Manheim ,  où  elle  prit 
des  leçons  de  la  célèbre  madame  Wen- 
deling.  A  l'âge  de  12  ans,  en  1784,  elle 
commença  à  voyager  dans  toute  l'Allema- 
gne, et  excita  partout  l'admiration  par 
la  beauté  de  sa  voix  et  la  pureté  de  son 
chant.  La  princesse  Palatine,  qui  en  fut 
charmée ,  l'attacha  à  son  service  en  qua- 
lité de  femme  de  chambre.  Elle  touchait 
encore  les  émolumens  de  cet  emploi  en 
1811.  En  1807  elle  épousa  à  Manheim 
Eisemmenger  ,  musicien,  de  la  cour  du 
grand-duc  de  Bade» 

CAROLI  (  angelo)  ,  compositeur  né  à 
Bologne  vers  le  commencement  du  dix-hui- 
tième siècle,  a  donné  en  1728  un  opéra 
intitulé  Amor  nalo  ira  l'Ombre ,  et  quel- 
ques années  après  une  sérénade  qui  a  été 
vantée.  On  connaît  aussi  de  lui  Messa  a 


CAR 

4  voci  con  stromenti,  Bologne ,  1766,  et 
un  Credo  à  quatre  voix  avec  orchestre,  en 
manuscrit. 

C  ARON  (fiemin)  ,  célèbre  compositeur  et 
contrapuntiste  du  quinzième  siècle,  est  au 
nombre  des  artistes  qui  ont  le  plus  contri- 
bué aux  progrès  de  la  musique  à  cette  épo- 
que. Sa  patrie  n'est  pas  exactement  connue; 
Tinctor,  qui  en  parle  en  plusieurs  endroits 
de  son  Proportionale  et  en  d'autres  ouvra- 
ges, ne  fournit  aucun  renseignement  à  cet 
égard  ;  Hermann  Finck  se  borne  à  le  nom- 
mer, dans  sa  Practica  musica.  Cependant, 
on  croit  qu'il  était  né  en  France ,  où  il  y 
a  plusieurs  familles  de  son  nom  ,  mais  on 
est  réduit  à  des  conjectures  sur  ce  sujet. 
D'ailleurs ,  il  y  a  eu  aussi  une  famille  du 
nom  de  Caron  dans  les  Pays-Bas;  car  dans 
le  registre  n°  4  des  chartes  du  Brabant , 
on  trouve  (fol.  106)  une  commission  de 
garde  et  concierge  de  l'hôtel  du  duc  de 
Brabant,  accordée  à  Jean  Caron ,  sous  la  date 
de  1470.  Peut-être  ce  Jean  Caron  était-il 
parent  du  célèbre  musicien.  Quoi  qu'il  en 
soit ,  il  est  certain  que  celui-ci  fut  contem- 
porain de  Domart  ou  Domarto ,  de  Bus- 
nois,  de  Faugues,  de  Régis,  d'Ockeghem , 
d'Obrecht  ,  de  Cousin ,  de  Courbet ,  de 
Puylois  et  de  beaucoup  d'autres  artistes 
distingués  qui  brillèrent  dans  le  milieu  du 
quinzième  siècle.  Par  un  passage  du  Pro- 
portionale de  Tinctoris ,  on  voit  aussi 
qu'il  eut  pour  maître  de  musique  Egide 
Binchois  ou  Guillaume  Dufay ,  et  consé- 
quemment  qu'il  a  dû  naître  au  plus  tard 
vers  1420.  On  avait  cru  qu'il  ne  restait 
plus  rien  des  œuvres  de  ce  vieux  maître , 
mais  M.  l'abbé  Baini  nous  a  appris ,  dans 
ses  mémoires  sur  la  vie  et  les  ouvrages  de 
Pierluigi  de  Palestrina ,  que  plusieurs 
messes  de  Firmin  Caron  se  trouvent  dans 
un  volume  manuscrit  des  archives  de  la 
chapelle  Pontificale,  sous  le  n°  14.  Parmi 
ces  messes,  il  y  en  a  une  sur  la  chanson  de 
l'Homme  armé.  Un  manuscrit  qui  est 
en  la  possession  de  M.  Guilbert  de  Pixéré- 
court ,  littérateur  français  (  Voyez  l'article 
Busnois  )  renferme  aussi  plusieurs  chan- 


CAR 


CAR 


55 


sons  et  motets  de  Caron ,  que  l'auteur  de 
cetteBiographie  a  traduits  en  notation  mo- 
derne et  mis  en  partition.  On  trouve  dans 
ces  morceaux  des  traces  delégance  dans 
le  mouvement  des  parties  :  sous  ce  rap- 
port ,  Caron  est  supérieur  à  Ockeghem  et 
à  Busnois. 

CAROSO  (marc  fabrice),  né  à  Sarmo- 
neta  en  Italie  ,  vers  le  milieu  du  seizième 
siècle  ,  est  auteur  d'un  livre  intitulé  :  Il 
Ballerino ,  diviso  in  due  Trattatl  con  in- 
tavolatura  dl  Liuto,  e  il  soprano  délia 
musica  nella  soneta  di  ciascun  Ballo, 
Venise,  1581.  Cet  ouvrage  est  intéressant 
pour  l'histoire  de  la  musique ,  parce  qu'il 
contient  les  airs  de  danse  du  seizième 
siècle. 

CARPANI  (jean-antoine)  ,  compositeur 
Vénitien ,  vécut  vers  le  milieu  du  dix-sep- 
tième siècle.  Il  s'est  fait  connaître  par  une 
collection  de  motets  fort  bien  faits,  qu'il  a 
publiés  sous  ce  titre  :  Motetti  a  quattro 
voci,  canto,  allô ,  tenore,  basso,  col  ri- 
volto  alla  duodecima  del  basso  in  canto. 
Rome  ,  1664. 

CARPANI  (  gaetano  ) ,  maître  de  cha- 
pelle de  l'église  del  Gesu  et  des  autres 
églises  des  Jésuites,  à  Rome ,  vécut  vers  le 
milieu  du  dix- huitième  siècle,  et  fut  re- 
nommé comme  professeur  de  composition. 
Il  fut  le  maître  de  Jannaconi ,  composi- 
teur romain  d'un  grand  mérite.  Carpani  a 
laissé  en  manuscrit  beaucoup  de  composi- 
tions pour  l'église,  parmi  lesquelles  on 
remarque  :  1°  Trois  messes  à  trois  voix; 
2°  Neuf  messes  à  quatre;  3°  Quatre  messes 
à  cinq;  4°  Deux  messes  à  huit;  5°  Le 
psaume  Dixit  Dominus ,  à  huit  voix, 
avec  orchestre;  6°  Le  même  psaume  à  huit 
voix,  sans  instrumens;  7°  Sept  offertoires 
à  trois  et  à  quatre  voix  ;  8°  Plusieurs  mo- 
tets à  2  voix  ;  9°  Le  psaume  Credidi ,  à 
quatre  voix  ,  avec  orchestre;  10°  Dixit ,  à 
quatre  voix;  11°  Beatus  vir ,  à  quatre 
voix  ;  12°  Confilebor  pour  soprano  et  con- 
tralto avec  chœur  ;  15°  Litanies  à  quatre 
voix. 

Il  y  a  eu  aussi  un  maître  de  chapelle  à 


Bologne,  nommé  Carpani  (Jean -Luc), 
ou  Carpioni,  qui  a  fait  représenter  dans 
cette  ville,  en  1673  ,  un  opéra  intitulé 
Antioco. 

CARPANI  (joseph)  ,  né  dans  un  village 
de  la  Briansa,  en  Lombardie,  fit  ses  études 
à  Milan ,  sous  les  jésuites  auxquels  il  resta 
toujours  attaché.  Destiné  par  son  père  à 
être  avocat ,  il  ne  se  sentait  point  de  fout 
pour  cette  profession,  et  son  penchant  pour 
les  arts  et  les  lettres  l'emporta  sur  la  vo- 
lonté de  sa  famille.  Il  publia  d'abord  quel- 
ques essais  de  poésie,  et  fit  jouer  une  comé- 
die qui  avait  pour  titre  I  conti  dAigliato . 
Cette  pièce  qu'on  attribua  au  P.  Molina  , 
auteur  de  quelques  pièces  dans  le  dialecte 
milanais ,  fut  bien  accueillie  et  procura  à 
Carpani  l'occasion  d'écrire  les  drames  des- 
tinés à  être  représentés  à  la  cour  de  l'ar- 
chiduc ,  sur  le  théâtre  impérial  de  Monza. 
La  Camilla ,  mise  en  musique  par  Paër , 
l'Uniforme ,  l'Amor  alla  persia?ia}  Il 
Miglior  dono,  Il  giudizio  di  Febo,  l'In- 
contro,  parurent  successivement.  Décrivit 
aussi  l'oratorio  de  La  passione  di  iV.  S. 
Gesii  Christo }  qui  fut  mis  en  musique 
par  Weigl ,  Pavesi  et  quelques  autres 
compositeurs.  La  révolution  française  dé- 
tourna pendant  quelque  temps  Carpani  du 
théâtre;  il  se  fit  journaliste  et  donna,  dans 
la  gazette  de  Milan ,  des  articles  où  il  atta- 
quait la  France  avec  violence.  Lors  de  la 
conquête  de  l'Italie  par  le  général  Bona- 
parte, il  suivit  l'archiduc  à  Vienne,  v  fut 
attaché  comme  poète  au  théâtre  impérial , 
et  y  obtint  du  gouvernement  une  pension 
qu'il  conserva  jusqu'à  sa  mort,  arrivée  le 
22  janvier  1825.  Carpani  a  traduit  en 
Italien  plusieurs  opéras  français  et  alle- 
mands; il  est  aussi  l'auteur  de  la  version 
italienne  de  la  Création }  de  Haydn.  Ses 
liaisons  avec  ce  grand  musicien  le  déter- 
minèrent à  rendre  hommage  à  sa  mémoire, 
par  un  volume  de  lettres  biographiques  et 
critiques  qu'il  publia  sous  ce  titre  :  Le 
Hajdine ,  ovvero  lettere  su  la  vita  e  le 
opère  del  célèbre  maestro  Giuseppe 
Haydn  (LesIIaydines3oulettres  sur  la  vie  et 


56 


CAR 


]es  ouvrages  du  célèbre  compositeur  Joseph 
Haydn),  Milan,  1812,  in-8°  avec  le  por- 
trait de  Haydn.  Ces  lettres  intéressantes 
sont  écrites  d'un  style  élégant  et  pittores- 
que. Une  nouvelle  édition ,  augmentée  et 
revue  par  l'auteur,  a  paru  à  Padoue  en 
1823,  in-8°de307  pages,  à  la  typographie 
de  la  Minerve.  Les  notes  ajoutées  à  cette 
édition  sont  presque  toutes  relatives  à  Ros- 
sini.  Un  plagiaire  impudent  a  traduit  ces 
lettres  en  français  et  les  a  données  comme 
un  ouvrage  original  (Voy.  Bombet  )  ,-mais 
Carpani  réclama  hautement  dans  les  jour- 
naux, et  le  plagiaire  en  fut  pour  la  honte. 

Carpani  est  aussi  l'auteur  de  plusieurs 
lettres  sur  Rossini  qui  furent  d'abord  insé- 
rées dans  les  journaux  italiens  et  alle- 
mands ,  et  qu'il  a  réunies  depuis  sous  le 
titre  de  Le  Rossiniane,  ossia  leltere  mu- 
sico-ieatrali ,  Padoue,  de  la  typographie 
delà  Minerve,  1824,  130  pages  in-8°  , 
avec  le  portrait  de  Rossini.  Un  enthou- 
siasme qui  ne  connaît  point  de  bornes  ,  et 
l'absence  de  notions  positives  sur  l'art 
musical  se  font  remarquer  dans  cette  pro- 
duction. Dans  cet  ouvrage  ,  comme  dans 
son  livre  sur  l'Imitation  de  la  peinture  , 
Carpani  montre  un  esprit  étroit  et  rempli 
de  préventions,  dont  il  avait  déjà  donné  des 
preuves  dans  ses  articles  contre  la  révolu- 
tion française  insérés  dans  la  Gazette  de 
Milan.  Ses  préjugés  en  faveur  de  la  musi- 
que de  Rossini  sont  aussi  peu  raisonnables 
que  ceux  d'un  autre  écrivain  italien 
(M.  Majer  de  Venise)  contre  ce  célèbre 
musicien .  On  a  publié  un  opuscule  intitulé  : 
Lettera  ciel  prof  essore  Giuseppe  Carpani 
sulla  musica  di  Gioacchino  Rossini, 
Roma ,  nella  tipografia  di  Crispino  Puc- 
cinelli ,  1826,  63  pages  in-8°  ;  cette  lettre 
prétendue  de  Carpani  n'est  qu'un  extrait 
fait  par  un  anonyme  de  quelques  articles 
des  Rossiniennes. 

CARPENTIER  (joseph),  musicien  à 
Paris,  dans  la  seconde  moitié  du  18e  siè- 
cle, est  auteur  d'un  ouvrage  qui  a  pour 
titre  :  Instructions  pour  le  cyslre  ou  la 
guitare  allemande ,  Paris,  1770.  Cet  ar- 


CAR 

tiste  avait  vraisemblablement  cessé  de  vi- 
vre, en  1788,  car  il  ne  figure  pas  dans  la 
liste  des  professeurs  de  musique  ,  publiée 
dans  le  Calendrier  musical  universel,  ré- 
digé par  Framery ,  cette  même  année. 

CARPENTIER  (le),  professeur  de  vio- 
lon à  Paris  ,  mort  en  cette  ville  ,  en  1827 
ou  1828,  a  publié  une.  Méthode  de  violon, 
Paris ,  Frey.  M.  Lichtenthal  a  confondu 
mal  à  propos  ce  musicien  avec  le  précé- 
dent. 

CARPENTRAS.  Voy.  GENET  (elea- 
zar). 

CARRARA  (michel)  ,  compositeur  ita- 
lien du  16e  siècle  ,  est  connu  par  quelques 
madrigaux  insérés  dans  la  collection  qui  a 
pour  titre  :  De'  Floridi  Virtuosi  d'Italia 
il  terzo  libro  de'  Madrigali  a  cinque 
-voci  nuov ameute  compostiedati  in  luce , 
Venise,  1586.  On  a  aussi  de  ce  musicien, 
qui  paraît  avoir  vécu  à  Rome  (au  moins 
jusqu'en  1608  ,  car  il  dédia  dans  cette 
année,  au  comte  de  Sarno  ) ,  une  instruc- 
tion sur  l'art  de  jouer  du  luth ,  en  une 
grande  feuille  qui  fut  publiée  dans  cette 
ville. 

Il  ne  faut  pas  confondre  cet  artiste  avec 
J ean- Michel  Carrar a ,  de  Bergame,  écri- 
vain du  15e  siècle,  auteur  d'un  livre  inti- 
tulé :  De  Choreis  Mus  arum,  sive  de 
Scientiarum  origine,  qui  se  trouve  en  ma- 
nuscrit dans  la  bibliothèque  de  Saint-Marc 
de  Venise.  Il  est  traité  de  la  musique  dans 
cet  ouvrage.  Peut-être  ces  deux  Carrara 
étaient-ils  de  la  même  famille. 

CARRE  (louis)  ,  géomètre  français ,  de 
l'Académie  des  Sciences,  naquit  en  1663  , 
à  Clofontaine ,  village  de  la  Brie.  Simple 
laboureur ,  son  père  n'eût  pu  fournir  aux 
dépenses  qu'exigeaient  ses  études ,  si  le  P. 
Malebranche,  qui  avait  deviné  les  disposi- 
tions du  jeune  homme,  ne  l'eût  pris  pour 
secrétaire  ,  et  ne  lui  eût  donné  des  leçons 
de  mathématiques  et  de  philosophie.  Carré 
fut  admis  à  l'Académie  des  Sciences ,  en 
1697,  et  mourut  le  11  avril  1711.  Il  a 
donné  dans  les  Mémoires  de  l'Académie 
des  Sciences  :  1°  Théorie  générale  du 


CAR 


CAR 


57 


son,  sur  les  différens  accords  de  la  mu- 
sique,  et  sur  le  monocorde  (  Histoire  de 
l'Académie  royale  des  sciences,  an  1704, 
p.  88);  2°  Traité  mathématique  des  cor- 
des par  rapport  aux  instrumens  de  mu- 
sique, id.,  an  1706,  p.  124;  5°  De  la 
proportion  que  doivent  avoir  les  cylin- 
dres, pour  former  par  leurs  sons  les  ac- 
cords de  musique,  Mém.  de  l'Acad.,1709, 
p.  47.  Carré  avait  été  chargé  par  l'abbé 
Bignon  de  faire  la  description  de  tous  les 
instrumens  de  musique  en  usage  en  France, 
mais  sa  mort  prématurée  l'empêcha  de  ter- 
miner ce  travail  ;  il  ne  donna  que  la  des- 
cription du  clavecin ,  dans  l'histoire  de 
l'académie,  an.  1702,  p.  157. 

CARRE  (remi)  ,  moine  bénédictin  de 
l'ancienne  observance,  naquit  à  Saint-Fal, 
diocèse  de  Troyes  ,  le  20  février  1706.  11 
fit  ses  vœux  dans  l'abbaye  de  St.-Amand 
de  Boixe ,  et  devint  chantre  titulaire  de 
celle  de  Saint-Lignaire.  Dans  la  suite ,  il 
obtint  le  prieuré  de  Berceleux ,  diocèse  de 
la  Rochelle,  et  la  place  de  sacristain  du 
couvent  de  la  Celle,  diocèse  de  Meaux.  On 
a  de  ce  moine  :  1°  Le  maistre  des  novi- 
ces dans  l'art  de  chanter,  ou  règles  gé- 
nérales, courtes ,  faciles  et  certaines  pour 
apprendre  parfaitement  le  plein-chant 
(sic).  Paris,  1744,  in-4°.  La  seconde  édi- 
tion ,  revue  et  augmentée  de  la  clef  des 
psaumes,  par  Foynard,  a  été  publiée  à 
Paris ,  en  1755  ,  in-12.  On  lit  dans  la 
Biographie  universelle  de  MM.  Michaud, 
que  ce  livre  est  curieux  ;  c'est  en  effet  un 
assez  bon  ouvrage  ;  il  y  a  de  l'érudition 
dans  les  chapitres  où  il  est  traité  de  quel- 
ques usages  dans  la  manière  de  chanter  les 
offices.  On  y  trouve  aussi  des  choses  utiles 
sur  la  conservation  de  la  voix  et  la  guéri- 
son  de  ses  maladies.  Les  chapitres  12  à  18 
renferment  beaucoup  de  pièces  de  plain- 
chant.  2°  Recueil  curieux  et  édifiant  sur 
les  cloches  de  l'église ,  Cologne  (Paris)  , 
1757  ,  in-8°  {V.  Barbier,  Examen  criti- 
que et  complément  des  dictionnaires  his- 
toriques,  etc.,  t.  1,  p.  172.) 

CARREIRA  (antoine),  maître  de  cha- 


pelle des  rois  de  Portugal ,  Sébastien  et 
Henri ,  mourut  à  Lisbonne  en  1599.  La 
bibliothèque  du  roi  de  Portugal  renferme 
des  lamentations  et  des  motets  de  sa  com- 
position ,  en  manuscrit. 

CARTARI  (le  p.  julien),  moine  fran- 
ciscain, fut  maître  de  chapelle  du  couvent 
de  St. -François  ,  à  Bologne,  en  1588.  Il 
a  publié  à  Venise  :  1°  Missarum  quinque 
vocum ,  lib.  1  ;  2°  Missœ  et  Motecta,  8  , 
9  vocum. 

CARTAUD  DE  LA  VILLATE  (Fran- 
çois), chanoine  d'Aubusson,  né  dans  cette 
ville,  renonça  à  son  bénéfice  pour  se  reti- 
rer à  Paris ,  où  il  est  mort  en  1737.  Il  a 
publié  des  Pensées  critiques  sur  les  ma- 
thématiques (Paris,  1733,  in-12),  dans 
lesquelles  il  essayait  de  démontrer  que 
cette  science  n'est  point  exempte  d'erreur, 
et  qu'elle  a  peu  contribué  à  l'avancement 
des  beaux-arts  et  particulièrement  de  la 
musique.  On  a  aussi  de  cet  écrivain,  un 
livre  qui  a  pour  titre  :  Essai  historique  et 
philosophique  sur  le  goût,  Paris,  1736  , 
in-12,  et  Londres  (Paris) ,  1751 ,  in-12. 
La  seconde  partie  de  cet  ouvrage  contient 
des  réflexions  sur  la  musique  en  général , 
sur  la  musique  italienne  et  française, 
et  sur  les  changemens  introduits  dans 
celle-ci. 

C  ARTELLIERI(joseph)  ,né  enToscane, 
vers  le  milieu  du  1 8e  siècle,  fut  un  chan- 
teur distingué.  Sa  voix  était  un  ténor  pur 
et  sonore  :  on  le  comparait  à  Raff ,  pour 
l'expression  etla  facilité.  En  1783,  il  était 
au  service  du  duc  de  Mecklembourg  Stre- 
litz  :  on  leretrouveàKœnigsberg,enl792; 
mais  on  ignore  ce  qu'il  est  devenu  depuis 
lors. 

CARTELLIERI  (madame).  F.BOEHM 
(e'lisabeth). 

CARTELLIERI  (A.),fils  des  précédens, 
maître  de  chapelle  du  prince  de  Lobko- 
•witz,  a  fait  son  éducation  musicale  à  Ber- 
lin. Son  premier  ouvrage  fut  un  petit 
opéra  ,  qu'il  fit  jouer  en  1793 ,  dans  cette 
ville,  sous  le  titre  de  Geeslerbeschworung. 
Cette  composition  obtint  du  succès  et  fut 


58 


CAR 


CAR 


exécutée  sur  plusieurs  théâtres.  Il  s'y 
trouve  une  romance  qui  était  toujours  re- 
demandée. Cartellieri  se  rendit  ensuite  à 
Vienne  ,  et  y  fit  exécuter  au  Théâtre-Na- 
tional, le  19  mars  1795,  l'oratorio  de 
Gioas,  re  di  Giuda ,  en  deux  parties .  Les 
autres  ouvrages  de  ce  compositeur  sont  : 
1°  Une  cantate  intitulée  Contimar  et 
Zora ,  écrite  à  Berlin  ,  en  1 792  ;  2°  An- 
toine, opérette,  en  1796  ;  3°  Deux  sympho- 
nies à  grand  orchestre,  à  Darmstadt,  en 
1793;  4°  Concerto  pour  flûte,  ibid.,1795; 
5°  Concerto  pour  flûte,  Berlin,  Hummel, 
1796,  op.  7;  6°  Nocturne  pour  2  violons, 
alto,  hasse,  flûte,  hautbois,  clarinette, 
basson,  2  cors,  2  trombones  et  timbales, 
en  manuscrit  chez  Traeg ,  à  Vienne. 

CARTER  (thomas)  ,  chanteur,  pianiste 
et  compositeur ,  naquit  en  Irlande ,  en 
1768.  Ayant  manifesté  d'heureuses  dispo- 
sitions pour  la  musique  dans  son  enfance, 
le  comte  de  Inchiquin  le  prit  sous  sa  pro- 
tection ,  et  lui  fit  faire  de  bonnes  études 
musicales.  A  l'âge  de  dix-huit  ans  il  pu- 
blia son  premier  ouvrage,  qui  consistait  en 
six  sonates  pour  le  clavecin.  II  quitta  l'An- 
gleterre dans  sa  jeunesse  ,  et  se  rendit  à 
Naples,  où  il  perfectionna  son  goût  et  son 
savoir.  La  passion  des  voyages  lui  fit  pren- 
dre ensuite  la  résolution  de  se  transporter 
dans  l'Inde  :  il  y  fut  cbargé  de  la  direction 
de  la  musique  au  Bengale  ;  mais  sa  santé 
s'altérant  par  la  chaleur  du  climat ,  il  fut 
obligé  de  retourner  en  Angleterre.  Le  di- 
recteur du  théâtre  de  Drury-Lane  l'en- 
gagea alors  à  écrire  la  musique  de  plusieurs 
opéras  :  ceux  qui  eurent  le  plus  de  succès 
furent  :  The  rival  Candidates  (Le  Rival) 
et  The  Milesian  (Le  Milésien).  Mais  c'est 
surtout  comme  compositeur  de  ballades 
que  Carter  brilla  à  Londres  :  on  vante  par- 
ticulièrement celle  qui  commence  par  ces 
mots  :  O  Nanny ,  wilt  thou  gang  with 
me,  et  la  description  d'un  combat  naval  : 
Stand  to  jour  guns  my  hearts  of  oak, 
devenue  célèbre.  Toutefois  l'auteur  ne  fut 
pas  toujours  aussi  heureux  qu'il  méritait 
de  l'être  par  son  talent.  Il  n'était  pas  éco- 


nome et  se  trouvait  souvent  dans  de  fâ- 
cheuses positions.  Dans  un  de  ces  mo- 
mens  d'embarras ,  il  rassembla  quelques 
morceaux  qu'il  avait  composés,  et  chercha 
à  les  vendre;  mais  il  ne  put  en  trouver 
une  seule  guinée  ;  dans  son  dépit ,  et  pour 
se  venger ,  il  écrivit  sur  une  feuille  de 
vieux  papier  de  musique  un  morceau  à  la 
manière  et  dans  le  style  de  Handel ,  en 
imitant  son  écriture.  Il  l'offrit  ensuite, 
comme  un  manuscrit  de  ce  grand  maître, 
à  un  marchand  de  musique  ,  qui  n'hésita 
pas  à  en  donner  vingt  livres  sterling.  Carter 
est  mort  d'une  maladie  de  foie,  au  mois  de 
novembre  1804.  Ses  principaux  ouvrages 
sont  :  1°  Auld  Robin  Gray,  varié  pour  le 
piano,  Londres  ;  2°  Fair  American,  petit 
opéra  ;  3°  Leçons  et  duos  pour  la  guitare  ; 
4°  Deux  concertos  pour  le  piano,  avec  ac- 
compagnement d'orchestre,  Londres,  chez 
Bland  ;  5°  Leçons  favorites  pour  le  piano, 
Ibid.;  6°  Just  in  Time,  opéra,  gravé  chez 
Broderip,  à  Londres;  7°  The  Birth  Day, 
pastorale,  1787;  8°  The  Constant  Maid, 
représenté  en  1788. 

CARTHEUSERIN  (marguerite),  reli- 
gieuse du  couvent  de  Sainte-Catherine ,  à 
Nuremberg ,  vers  le  milieu  du  15e  siècle , 
a  écrit  huit  livres  de  musique  chorale,  qui 
se  trouvent  parmi  les  manuscrits  de  la  bi- 
bliothèque de  cette  ville.  Au  titre  du  pre- 
mier, on  trouve  cette  note  :  «  JVach  Christi 
«  Geburt  CIO  CCCC.  in  dem  LVL11. 
<c  Jahr  liât  geschreiben  diss  Buch , 
<c  Schwester  Margaretha  Cartheuserin, 
«  zu  Nutz  ihrem  Kloster  zu  S.  Kallia- 
«  rina  in  Nurnberg ,  predigter  ordens  , 
(c  bitt  Gott  vor  sie.  n  (L'an  1458  après  la 
naissance  du  Christ,  sœur  Marguerite  Car- 
theuserin a  écrit  ce  livre  ,  dans  son  cou- 
vent de  Sainte-Catherine ,  de  l'ordre  des 
carmélites,  à  Nuremberg,  etc.)  Le  second 
livre  est  daté  de  1459  ;  le  troisième ,  de 
1460;  le  quatrième,  de  1461;  le  cinquième, 
de  1465  ;  lesixième,  de  1467  ;  le  septième, 
de  1 468  ;  et  le  huitième,  de  1470. (V.  Sau- 
berti  Oration.  2  de  Biblioth.  Norimb., 
p.  94,  et  Hallerverdi  Biblioth.  Curios.) 


CAR 


CAR 


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CARTIER  (jean-baptiste)  ,  fils  d'an 
maître  de  danse  d'Avignon,  est  né  dans 
cette  ville,  le  28  mai  1765  •.  II  y  reçut  les 
premières  leçons  de  musique  de  l'abbé 
Walraef,  chanoine  bebdomadier  de  l'église 
paroissiale  de  Saint- Pierre  ,  vint  à  Paris  , 
en  1783  ,  fut  présenté  à  Viotti,  et  devint 
élève  de  ce  grand  violiniste.  Peu  de  temps 
après,  la  reine,  Marie-Antoinette,  ayant  de- 
mandé un  accompagnateur  au  violon, 
Viotti  indiqua  M.  Cartier;  celui-ci  fut 
accepté,  et  conserva  cet  emploi  jusqu'au 
commencement  des  troubles  révolution- 
naires. Entré  à  l'Opéra,  en  1791,  il  y  de- 
vint adjoint  du  premier  violon,  joua  sou- 
vent les  solos ,  et  obtint  sa  pension  de 
retraite  après  trente  années  de  service.  Pai- 
siello  l'avait  fait  entrer  dans  la  chapelle 
de  Napoléon,  en  1804.  A  la  restauration  , 
il  fut  compris  dans  la  composition  de  la 
chapelle  du  roi ,  et  en  fit  partie  jusqu'à  la 
révolution  du  mois  de  juillet  1830,  épo- 
que où  cette  chapelle  cessa  d'exister.  Le 
goût  des  bonnes  études  pour  son  instru- 
ment, et  une  connaissance  étendue  des  ou- 
vrages des  violinistes  les  plus  habiles  des 
écoles  italienne  et  française ,  ont  fait  de 
M.  Cartier  un  très  bon  professeur.  Bien 
qu'il  n'ait  point  été  attaché  en  cette  qualité 
au  Conservatoire  de  musique  de  Paris,  il 
n'en  a  pas  moins  contribué  à  la  formation 
des  élèves  de  cette  école  célèbre,  par  les 
publications  qu'il  a  faites  d'ouvrages  clas- 
siques pour  le  violon.  C'est  à  lui  qu'on  doit 
les  éditions  françaises  des  chefs-d'œuvre 
de  Corelli ,  de  Pugnani ,  de  Nardini  et  de 
Tartini.  La  tradition  des  belles  écoles  ita- 
liennes de  violon  était  presque  inconnue  en 
France,  avant  ces  publications.  L'ouvrage 
où  M.  Cartier  a  rassemblé  les  documens 
les  plus  précieux  sur  cette  matière  a  pour 
titre  :  L'art  du  violon,  ou  collection 
choisie  dans  les  sonates  des  trois  écoles 
italienne ,  française  et  allemande,  etc., 
Paris,  Decombe,  1798,  in-fol.  La  deuxième 


*  C'est  par  erreur  qu'on  a  fixe  ,  dans  quelques  biogra- 
phies de  contemporains,  la  date  de  sa  naissance  au  1G  octo- 
bre 1767. 


édition  est  intitulée  :  L'art  du  violon,  ou 
division  des  écoles  servant  de  complémen  t 
à  la  méthode  de  violon  du  conservatoire, 
Paris,  1801,  in-fol.  Parmi  les  composi- 
tions de  M.  Cartier,  on  remarque  :  1°  Airs 
de  Richard,  du  Droit  du.  Seigneur,  et  de 
Figaro,  variés  pour  le  violon,  Paris, 1792, 
2°  Air  de  Calpigi,  idem;  5°  Escouto  Ja- 
netta,  idem;  4°  Hymne  des  Marseillais, 
idem;  5°  Sonate  pour  le  violon,  dans  le 
style  de  Lolly,  œuvre  7e,  Paris,  1797 j 
6°  Caprices  ou  études  pour  le  violon,  ib., 
1800;  7°  Six  duos  méthodiques  pour  deux 
violons,  œuvre  11e,  Paris,  1801  ;  8°  Trois 
grands  duos  dialogues  et  concertans  pour 
deux  violons,  op.  14  ,  Ibid.  Depuis  long- 
temps M.  Cartier  s'occupe  de  recherches 
pour  une  histoire  du  violon  ,  qu'il  a  rédigée 
et  qui  contient  des  choses  fort  curieuses 
et  fort  intéressantes  ;  malheureusement  il 
n'a  pu  trouver  jusqu'ici  d'éditeur  qui  ait 
osé  se  charger  de  la  publication  d'un  ou- 
vrage si  considérable  et  d'un  intérêt  spé- 
cial. M.  Cartier  a  détaché  de  son  livre  une 
Dissertation  sur  le  violon ,  qui  a  été  in- 
sérée dans  la  Revue  Musicale  (tom.  III, 
p.  103-108).  Cet  artiste  a  écrit  la  musi- 
que de  deux  opéras,  dont  les  livrets  avaient 
été  faits  pour  lui  par  Fabre  d'Olivet.  Le 
premier  a  pour  titre  :  Les  fêtes  de  Myti- 
lene  ;  l'autre,  destiné  à  l'Opéra-Comique , 
était  intitulé  :  L'Héritier  supposé.  Ces 
ouvrages  n'ont  pas  été  représentés.  M.  Car- 
tier a  aussi  en  manuscrit  des  symphonies 
et  des  concertos  pour  le  violon.  Il  possède 
une  collection  curieuse ,  de  violons  et 
d'autres  instrumens  anciens. 

CARULLI  (Ferdinand),  guitariste,  est 
né  à  Naples,  le  10  février  1770.  Le  vio- 
loncelle fut  l'instrument  qu'il  apprit  d'a- 
bord; mais  il  l'abandonna  bientôt  pour  se 
livrer  à  l'étude  de  la  guitare.  Il  n'y  avait 
point  de  maître  à  Naples  qui  pût  lui  en- 
seigner cet  instrument,  et  il  manquait  de 
musique  :  ce  fut  peut-être  un  bonheur 
pour  lui ,  car,  privé  de  ressources,  il  dut 
s'en  créer,  et  faire  des  recherches  qui  lui 
firent  découvrir  des  procédés  d'exécution 


60 


CAR 


CAR 


inconnus  jnsqu'à  lai.  Il  faut  connaître  la 
musique  de  guitare  et  avoir  entendu  les 
guitaristes  de  l'époque  qui  précéda  M.  Ca- 
rulli,  pour  comprendre  les  progrès  qu'il  fit 
faire  à  l'art  déjouer  de  cet  instrument. 
Cet  artiste  arriva  à  Paris  au  mois  d'avril 
1818  5  il  s'y  fit  entendre  dans  quelques 
concerts,  et  obtint  de  brillans  succès. 
Bientôt  il  fut  l'homme  à  la  mode  ,  comme 
virtuose  et  comme  professeur.  Ses  compo- 
sitions, remplies  déformes  nouvelles  alors, 
ajoutèrent  à  sa  réputation  ,  et  furent  la 
seule  musique  de  guitare  qu'on  joua.  lien 
publia  une  immense  quantité  dans  l'espace 
d'environ  douze  ans  ,  car  le  nombre  de  ses 
œuvres  gravées  dépasse  trois  cents.  Ces 
ouvrages  consistent  en  solos  ,  duos ,  trios , 
quatuors  ,  concertos  ,  fantaisies  ,  airs  va- 
riés, etc.  On  doit  aussi  à  M.  Carulli  une 
méthode  de  guitare ,  divisée  en  deux  par- 
ties (Paris ,  Launer)  ;  elle  a  été  considérée 
comme  la  meilleure  qui  existât  :  son  succès 
fut  si  brillant ,  qu'en  peu  d'années  on  fut 
obligé  d'en  faire  quatre  éditions.  M.  Ca- 
rulli a  fait  aussi  paraître  un  ouvrage  ori- 
ginal intitulé  :  L' Harmonie  appliquée  à 
la  guitare  (Paris  ,  Petit ,  1825).  C'est  un 
traité  d'accompagnement  .basé  sur  une 
théorie  régulière  de  l'harmonie.  Aucun  ou- 
vrage de  ce  genre  n'existait  auparavant. 
Depuis  quelques  années ,  M.  Carulli  a  peu 
composé  pour  la  guitare  :  l'art  de  jouer  de 
cet  instrument  s'est  perfectionné;  d'au- 
tres artistes,  plus  jeunes,  ont  obtenu  la  vo- 
gue, autant  que  des  guitaristes  peuvent  en 
avoir. 

M.  Gustave  Carulli,  fils  de  l'artiste  dont 
il  vient  d'être  parlé ,  est  un  professeur  de 
chant  qui  jouit  à  Paris  de  quelque  renom- 
mée. Il  a  passé  plusieurs  années  en  Italie, 
et  a  publié  quelques  morceaux  pour  le 
piano  et  le  chant ,  en  France ,  en  Italie  et 
en  Allemagne  :  ils  ont  eu  du  succès.  Il  y  a 
du  goût  et  de  la  nouveauté  dans  ses  trios 
à  trois  voix  récemment  publiés. 

CARUS  (joseph-marie)  ,  théologien  et 
antiquaire  ,  né  à  Rome  ,  vers  le  milieu  du 
17e  siècle,  a  public  un  livre  qui  a  pour 


titre  :  Antiqui  libri  Miss  arum  Romance 
ecclesiœ,  Rome,  1691,  in-4°.  Ony  trouve 
une  dissertation  sur  le  chant  des  antiennes, 
des  litanies ,  du  Kyrie  Eleyson,  des  hym- 
nes, etc.,  des  premiers  chrétiens. 

CARUSO  (louis)  ,  compositeur ,  né  à 
Naples,  le  25  septembre  1754,  reçut  les 
premiers  principes  de  la  musique  de  son 
père,  maître  de  chapelle  d'une  église  de 
Naples  ,  et  passa  ensuite  sous  la  direction 
de  Nicolas  Sala.  Après  avoir  fini  ses  études, 
il  fut  nommé  maître  de  la  cathédrale  de 
Pérouse,  et  directeur  de  l'école  publique  de 
musique  de  cette  ville.  Poussé  par  un  pen- 
chant irrésistible  vers  la  musique  de  théâtre, 
il  composa  un  grand  nombre  d'opéras ,  et 
écrivit  dans  toutes  les  villes  d'Italie  de 
quelque  importance  ,  particulièrement  à 
Naples,  à  Rome,  à  Bologne ,  à  Venise  et  à 
Milan.  S'il  ne  fut  pas  un  des  meilleurs 
compositeurs  de  l'école  italienne ,  il  fut  au 
moins  un  des  plus  féconds  ,  comme  on  en 
pourra  juger  par  la  notice  de  ses  ouvrages. 
l°Opéras.  //  Barone  di  Trocchia,  Naples, 
1773,  dans  le  carnaval;  Artaserse,  Lon- 
dres, 1774 ,  dans  l'été  ;  Il  Marchese  vil- 
lano ,  Livourne,  1775,  dans  le  carnaval; 
La  Mirandolina,  Trieste ,  1776,  dans  le 
carnaval;  La  Caffetiera  di  iS/?info,Brescia, 
1777  ;  La  virtuosa  alla  moda,  Florence, 

1777,  au  printemps  ;  Il  Cavalière  magni- 
fico }  ibid.,  1777,  à  l'automne;  La  Cre- 

dula  pastorella }  Rome,  1778,  dans  le 
carnaval;  II  Tutore  burlato ,  Bologne, 

1778,  à  l'automne;  .Lacera, Roine,l 779; 
L'Amor  volubile ,  Bologne,  1779,  au 
printemps;  La  Barca  di  Padova,  Ve- 
nise, 1779;  Scipione  in  Car tagena,  Rome 
1781  ;  Ilfanatico  per  la  Musica,  Rome 
1781;    L'albergatrice  vivace?    Milan 
1781  ;  Il  Marito  geloso,  Venise,  1781 
//  Matrimonio  in  comedia,  Milan,  1782 
L'inganno,  Naples,  1782,  au  printemps 
La  Gelosia.  Rome,  1785,  dans  le  carna 
val;  Ilvecchio  burlalo,  Venise,  1783 
Gli  Amanti  alla  prova,  Venise,  1784 
Gli  scherzi  délia Jbrluna  ,  Rome  ,  1784 
Le  quatlro  slagioni ,  Naples,   1784;  / 


CAR 


CAS 


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puntigli  e  gelosie  fra  mariio  e  moglie , 
Naples,  1784;  Giunio  Bruto ,  Rome, 
1785,  dans  le  carnaval  ;  La  Parentelari- 
conosciuta,  Florence,  1785;  Le  spose 
ricuperate ,  Venise  ,  1785;  Le  rivall  in 
puntiglio,  Venise,  1786,  dans  le  carna- 
val ;  II  Poeta  melodramatico ,  Vérone , 
1786;  II  Poeta  di  Villa,  Rome  ,  1786, 
au  printemps  ;  Lo  studente  di  Bologna , 
Rome,  1786,  dans  l'été;  L'imprésario 
fallito ,  Palerme  ,  1786,  à  l'automne; 
Alessandro  nelle  Indie,  Rome,  1787, 
dans  le  carnaval;  Il  Maledico  confuso, 
Rome,  1787,  dans  l'automne  ;  Gli  amanti 
disperati,  Naples,  1787,  dans  l'automne; 
ICampi  Elisi,  Milan,  17 '88  ;  L'Antigono, 
l'Imprudente,  Rome,  1788,  dans  le  car- 
naval et  dans  l'automne  ;  La  sposa  volu- 
bile,  la  Disfatta  di  Dimtalmo ,  le  due 
Spose  in  contrasto,  Rome,  1789  ;  L'Am- 
leto,  Florence,  1790;  L'Attalo ,  Rome, 
1790;  Gli  Amanti  alla  prova ,  Milan, 
1 790  ;  Alessandro  nell'  Indie ,  Il  Berne- 
trio  ,  Venise,  1791  ;  La  Locandiera  as- 
tuta,  Rome,  1792;  Gli  Amanti  ridi- 
coli ,  Rome,  1793  ;  L'Antigono ,  L'Oro 
non  compra  amorce  ,  Venise  ,  1794  ; 
Il  Giuocator  del  Lotto ,  Rome,  1795; 
La  Lodoiska,  Rome,  1798;  La  Tem- 
pesta,  Naples,  1799;  La  Donna  biz- 
zarra,  le  Spose  disperate,  Rome ,  1800; 
Azemiro  e  Cimene ,  Rome,  1803;  La 
Ballerina  raggiratrice ,  Rome,  1805; 
LaFuga,  Rome,  1809;  L'Avviso  ai  Ma- 
ritati,  Rome,  1810.  2°  Musique  d'église. 
8  Messes  solennelles  ;  Aid.  brèves;  Une 
messe  solennelle  des  morts  ;  4  Messes  a 
cappella;  3  Dixit  ;  5  autres  psaumes; 
3  Magnificat;  4  Litanies;  Tous  les  psau- 
mes des  vêpres  a  cappella  ;  Deux  Mise- 
rere; 1  Via  crucis;  Plusieurs  offertoires  ; 
Les  lamentations  de  Jérémie  ;  Reaucoup 
de  motets  ;  1  Tantum  ergo.  3°  Oratorios. 
Jeftè,  en  1779;  Giuditta,  Urbino,1781; 
La  Sconfitta  degli  Assiri,  1793;//  Trionfo 
di  David,  Assise,  1794.  4°  Cantates.  Can- 
tate pastorale  pour  la  fête  de  Noël;  Mi- 
nerva  al  Trasimeno;  Il  Tempo  scuopre 


la  verità  ;  Cantate  funèbre  pour  la  mort 
de  31°  N.  Ar.  Plusieurs  hymnes,  beau- 
coup de  morceaux  détachés  de  musique  vo- 
cale et  instrumentale. 

CARUTIUS  (gaspard-ernest),  échan- 
son  de  l'électeur  de  Brandebourg,  et  orga- 
niste à  Custrin  ,  vers  la  fin  du  17e  siècle, 
a  publié  un  traité  de  la  manière  d'exami- 
ner et  de  recevoir  légalement  un  orgue , 
sous  ce  titre  :  Examen  Organi  Pneuma- 
tici,  oder  Orgelprobe,  Custrin  ,  1683. 

CASA(girolamo  DELL  A) ,  néàUdine, 
est  auteur  d'un  traité  de  musique  intitulé  : 
Il  vero  modo  di  diminuire  con  tut  te  le 
sorte  di  stromenti  (  La  véritable  manière 
de  faire  des  variations  sur  tous  les  instru- 
inens).  Cet  ouvrage,  excessivement  rare, 
n'est  cité  que  par  Arteaga ,  dans  ses  Révo- 
lutions du  théâtre  musical  italien  (t.  I, 
p.  200,  2e  édit.).  Il  paraît  que  Délia  Casa 
vivait  au  commencement  du  16e  siècle. 

CAS  ALI  (louis),  prêtre  et  compositeur, 
né  à  Modène,  en  1594,  est  connu  princi- 
palement pour  un  ouvrage  intitulé  :  Gé- 
nérale Invito  aile  grandezza  e  miraviglie 
délia  musica,  ove  per  ogni  raggion  tanto 
divina,  corne  naturale  e  positiva  si  mos- 
tra  la  sua  antichità  e  valore ,  etc.,  opéra 
quarta,  Modène  ,  1629,in-4°.  Ce  livre 
contient  vingt  chapitres ,  tous  remplis  de 
louanges  sur  la  musique  et  sur  ses  effets. 
On  y  trouve  des  remarques  historiques 
assez  carieuses. 

CASALI  (jean-baptiste)  ,  maître  de 
chapelle  de  Saint-Jean-de-Latran,  à  Rome, 
fut  nommé  à  cette  place ,  au  mois  de  sep- 
tembre 1759  ,  et  la  conserva  jusqu'à  sa 
mort ,  qui  eut  lieu  au  commencement  de 
juillet  1792.  Il  a  composé  un  grand  nom- 
bre de  messes ,  d'oratorios ,  et  même  quel- 
ques opéras ,  parmi  lesquels  on  remarque 
Campaspe,  représentée  à  Venise,  en  1740. 
11  avait  peu  d'invention ,  mais  son  style 
était  très  pur.  Grétry,  à  son  arrivée  à 
Rome ,  choisit  Casali  pour  son  maître  de 
composition,  et  reçut  de  lai  des  leçons  pen- 
dant près  de  deux  ans  ;  mais ,  par  une  de 
ces  singularités  dont  il  y  a  quelques  exem- 


m 


CAS 


pies ,  cet  homme ,  doué  de  la  faculté 
d'imaginer  des  chants  si  heureux,  et  d'ex- 
primer si  hien  les  situations  dramatiques  , 
n'avait  reçu  de  la  nature  qu'un  faible 
sentiment  de  l'harmonie;  aussi  Casali, 
hien  plus  frappé  de  ce  défaut  que  des 
qualités  précieuses  de  son  élève,  en  fai- 
sait-il fort  peu  de  cas.  Lorsque  Grétry 
partit  pour  Genève,  Casali  lai  donna  une 
lettre  pour  un  de  ses  amis  ,  qui  résidait 
dans  cette  ville.  Cette  lettre  (qui  se  trouve 
maintenant  dans  les  mains  de  M.  Lam- 
purdi,  à  Tarin)  commence  par  ces  mots  : 
Caro  amico ,  vi  mando  un  mio  scolaro  , 
vero  asino  in  musica,  che  non  sa  niente, 
ma  giovane  gentil'  assai  e  di  buon  cos- 
tume, etc.  (c  Mon  cher  ami,  je  vous  adresse 
(c  un  de  mes  élèves  ,  véritable  âne  en 
<t  musique ,  et  qai  ne  sait  rien  ;  mais 
«jeune  homme  aimable  et  de  bonnes 
«  mœurs,  etc.  »  On  trouve  dans  la  biblio- 
thèque de  M.  Santini  les  ouvrages  de  Ca- 
sali ,  dont  les  titres  suivent  :  1°  Quatre 
messes  à  quatre  parties  ;  2°  Motets  à  qua- 
tre, dont  :  Christum  regem,  Adjuva  nos, 
Comœdetis,  Justus  ut  palma,  Assurnpla 
est,  etc.  ;  3°  Trois  Dixit  à  huit  ;  4°  Un 
Dixit  à  neuf;  5°  Trois  Dixit  à  quatre; 
6°  Beatus  vir  pour  basse  solo  avec  chœur  ; 
7°  Deux  Confitebor  pour  soprano  et  con- 
tralto avec  chœur;  8°  Beatus  vir  à  qua- 
tre ;  9°  Laudate  pour  soprano  et  chœur  ; 
10°  Beatus  vira  deux  chœurs  ;  11°  Lau- 
date à  huit,  12°  Ave  Maria  à  huit; 
13°  Lauda  Sion  à  quatre;  14°  Matines 
de  Noël  a  quatre;  15°  Magnificat  a  qua- 
tre et  à  huit  ;  16°  Litanies  à  quatre  avec 
orchestre  et  orgue.  On  connaît  de  Casali 
un  opéra  (Campaspe)  représenté  au  théâtre 
Saint-Angelo ,  à  Venise,  en  1740,  et  un 
oratorio  (  Abigail  ) ,  exécuté  à  Rome ,  en 
1770. 

CASATI  (girolamo)  ,  compositeur  dis- 
tingué et  maître  de  chapelle  à  Mantoue , 
vers  la  fin  du  16e  siècle,  a  publié  plusieurs 
œuvres  de  musique  d'église.  Walther 
(Lexihon  ,  oderMusikal.  Bibliot.)  indique 
ceux  dont  les  titres  suivent,  mais  sans 


CAS 

faire  connaître  le  lieu  ni  la  date  de  leur 
publication  :  1°  Harmonica?  Cantiones  a 
1,  2,  3,  4  et  5  vocibus,cum  Missa,  Ma- 
gnificat, Litaniis ,  op.  3;  2°  Un  recueil 
contenant  des  messes ,  des  psaumes  et  des 
vêpres  à  2 ,  3  et  4  voix. 

CASATI  (  François  ) ,  né  à  Milan  vers 
la  fin  du  16e  siècle,  fut  d'abord  organiste  de 
Sainte-Marie-de-la-Passion,  de  cette  ville, 
et  ensuite  de  celle  de  Saint-Marc.  Pierre- 
François  Lucino  a  inséré  quelques  motets 
de  sa  composition  dans  sa  collection  inti- 
tulée :  Concerti diversi,  etc.,  Milan, 1616. 
On  trouve  aussi  quelques  pièces  de  lui  dans 
le  Parnassus  Musicus  de  Pergameni , 
Venise  ,  1615. 

CASATI  (gaspard),  compositeur,  né  à 
Venise ,  au  commencement  du  dix-sep- 
tième siècle,  a  publié  les  ouvrages  saivans  : 
1  °  Sacri  Opus  missarum  et  psalmorum, 
4  et  5  vocibus  concert. ,  Venise  ,  16..; 
2°  Concento  a  voce  sola,  Venise  16..; 
3°  Plusieurs  recueils  de  motets  à  2 ,  3  et 
4  voix,  avec  accompagnement  de  deux  vio- 
lons ;  l'un  d'eux  porte  la  date  de  Venise , 
1645;  5°  Sacri  concentus ,  al,  3  et  4 
voci;  5°  Dans  la  collection  de  Boddecker, 
intitulée  Partitura  sacra  (Strasbourg, 
1651 ,  in-fol.),  on  trouve  quatre  motets 
de  Casati ,  à  voix  seule  et  basse  conti- 
nue. 

CASATI  ( Théodore)  ,  né  à  Milan  vers 
1630,  fut  d'abord  maître  de  chapelle  de 
l'église  de  Saint-Fedele,  ensuite  du  Saint- 
Sépulcre  ,  et  enfin  devint  organiste  de  là 
cathédrale  de  Milan ,  en  1667.  Il  obtint 
aussi  plus  tard  la  survivance  de  la  place 
de  maître  de  chapelle  de  la  reine  Marie- 
Anne  d'Espagne.  Piccinelli  (Aten.  dei  Let- 
ter.  Milan,  p.  122  et  501)  dit  que  Casati 
a  fait  imprimer  quatre  œuvres  de  messes 
et  de  motets  ;  mais  il  n'indique  ni  le  lieu, 
ni  la  date  de  ces  publications. 

CASCIATINI  (claude),  compositeur  de 
l'école  romaine,  a  laissé  en  manuscrit  pour 
l'église  :  2°  Laude  sacra  per  la  Passione 
di  G.  C,  a  4;  2°  Missa  di  Requiem  a  3; 
3°    Missa   a    qualtro  senza    organo  ; 


CAS 

4°  Beatusvir,  à  8  ;  5°  Descendit  angélus 
à  8;  6°  Viam  mandatorum ,  à  4. 

CASE  (jean),  né  à  Woodstock,  dan3  le 
comté  d'Oxford ,  se  rendit  fameux  dans 
l'nniversité  de  cette  ville  ,  par  son  talent 
pour  la  dialectique,  et  fut  considéré  comme 
un  des  plus  subtils  argumentatears  du 
16e  siècle.  Il  fnt  reçu  docteur  en  philoso- 
phie ,  en  1589,  et  mourut  le  25  janvier 
1600.  On  a  de  lui  :  1°  The praise  o/Mu- 
sick  (Eloge  de  la  musique),  Oxford, 
1586.  in-8°;  2°  Apologia  musices,  tant 
vocalis  quant  instrumenlalis  et  mixtœ } 
Oxford,  1588,  in-8°.  Ce  dernier  ouvrage 
est  peut-être  une  traduction  latine  du  pre- 
mier. 

CASELLA  (.  .  .),  musicien  Florentin 
du  15e  siècle,  a  été  rendu  célèbre  par  un 
passage  du  poème  immortel  du  Dante.  Ca- 
sella  fut  le  maître  de  musique  de  ce  grand 
poète.  Tout  porte  à  croire  qu'il  fut  un 
des  auteurs  de  ces  Laudl  spirituali,  dont 
les  mélodies  ont  tant  de  charme  et  qui 
n'ont  point  vieilli ,  bien  que  quelques-uns 
de  ces  cantiques  remontent  à  plus  de  cinq 
cent  cinquante  ans.  Casella  a  dû  enseigner 
la  musique  au  Dante,  environ  vers  127.5; 
il  fut  donc  le  contemporain  d'Adam  de 
Le  Haie;  mais  il  avait  cessé  de  vivre  quand 
l'illustre  poète  de  Florence  écrivit  son  ou- 
vrage ,  car  celui-ci  a  placé  son  ombre  dans 
les  avenues  du  Purgatoire.  Cette  ombre  s'a- 
vance vers  lui  pour  l'embrasser,  avec  tant 
d'affection ,  qu'il  fait  vers  elle  un  mouve- 
ment pareil ,  mais  en  vain,  a  Trois  fois  il 
étend  les  bras,  et  trois  fois,  sans  rien  saisir, 
ils  reviennent  snr  sa  poitrine.  L'ombre 
sourit ,  et  se  montre  si  bien  à  lui  ,  qu'il 
reconnaît  Casella,  son  maître  de  musique 
et  son  ami.  Ils  s'entretiennent  quelque 
temps  avec  toute  la  tendresse  de  l'amitié; 
ensuite  le  poète ,  fidèle  à  son  goût  pour  la 
musique,  prie  Casella,  s'il  n'a  point  perdu 
la  mémoire  et  l'usage  de  ce  bel  art  ,  de  le 
consoler  dans  ses  peines  par  la  douceur 
de  son  chant  ;  le  musicien  ne  se  fait  pas 


CAS 


63 


prier  ;  il  chante  une  canzone  de  Dante  lui- 
même  (Amor  che  nella  mente  ml  ra- 
giona),  avec  une  voix  si  douce  et  si  tou- 
chante, que  Dante  et  Virgile,  et  toutes  les 
âmes  venues  avec  Casella,  restent  enchan- 
tées de  plaisir  *.  ;>  Dante  nous  apprend 
qu'il  commença  son  Purgatoire;,  vers  l'an- 
née 1500  ;  il  suit  de  là  que  Casella  mourut 
à  cette  époque. 

Burnev  dit  qu'il  existe  dans  la  biblio- 
thèque du  Vatican  (n°  5214,  p.  149),  une 
Ballatella  ou  Madrigal  de  Lemmo  de  Pes- 
toie,  au-dessus  duquel  sont  écrits  ces  mots  : 
Lemmo  da  Pistoja;  e  Casella  diede  il 
suono.  Gerber,  M3I.  Choron  et  Fayolle , 
l'abbé  Bertini ,  et  d'autres  encore  ,  ont  dit 
d'après  cela,  que  Casella  est  le  premier 
compositeur  de  madrigaux  qu'on  connaisse. 
Il  y  a  dans  cette  assertion  une  erreur  qu'il 
est  bon  de  faire  remarquer.  Le  madrigal 
en  musique  est  une  pièce  en  contrepoint 
dont  on  ne  trouve  point  de  traces  avant  le 
milieu  du  15e  siècle,  et  dont  le  nom  ne 
parait  pas  davantage  avant  ce  temps.  Dans 
les  manuscrits  antérieurs  à  cette  époque  , 
tons  les  morceaux  qui  n'appartiennent  pas 
à  la  musique  d'église  sont  des  canzones 
ou  des  ballate ,  en  Italie,  des  chansons 
ou  des  ballades  en  France.  Il  n'y  a  pas 
une  pièce  portant  d'autre  titre  dans  le  ma- 
nuscrit de  la  bibliothèque  du  roi  de  Paris 
(n°  555  in-4°  du  supplément) ,  qui  con- 
tient une  grande  quantité  de  morceaux 
composés  par  des  musiciens  italiens  du 
14°  siècle.  Burney  s'est  donc  trompé  lors- 
qu'il a  donné  comme  synonyme  de  Balla- 
tella le  nom  de  Madrigal3 ,  et  Gerber, 
Choron  et  Fayolle  ,  l'abbé  Bertini  et  d'au- 
tres ,  ont  eu  tort  de  dire,  d'après  le  passade 
de  Burney,  que  Casella  fut  le  plus  ancien 
compositeur  de  Madrigaux  ,*  car  s'ils  ont 
entendu  par  ce  mot,  une  composition  à 
plusieurs  voix  sur  de  la  poésie  mondaine 
en  langue  vulgaire ,  il  s'en  faut  de  beau- 
coup que  Casella  soit  le  plus  ancien  auteur 
italien  qui  en  ait  écrit  :  je  prouverai  cela 


l  Ginguené  ,  HUt.  Liltér.  de  Vllalie,  t.  2,  p.  132. 


*  A  General  History  qfmusic  ,  t.  2,  p.  322, 


64 


CAS 


CAS 


par  des  docnmens  authentiques  dans  mon 
histoire  générale  de  la  musique. 

CASELLI  (  michel),  excellent  ténor, 
déhuta  à  Milan ,  en  1733,  il  était  encore 
admiré  en  1771,  au  théâtre  de  San-Bene- 
detto ,  à  Venise.  Peu  de  chanteurs  ont 
fourni  une  si  longue  carrière. 

CASELLI  (joseph)  ,  violiniste ,  né  à 
Bologne,  en  1727,  passa  en  1758  au  ser- 
vice du  czar,  à  Pétershourg.  Il  a  publié 
un  œuvre  de  six  solos  pour  violon. 

Il  y  a  eu  un  autre  Caselll  (Pierre),  qui 
vivait  à  Rome  vers  1800,  et  qui  a  écrit 
un  De  Profundis  pour  voix  de  soprano  , 
avec  chœur  et  orchestre ,  ainsi  qu'une  es- 
pèce de  cantate  sur  la  mort  de  Cimarosa. 

CASENTINI  (marsilio)  ,  compositeur 
né  à  Lucques ,  était  maître  de  chapelle  à 
Gemona,  en  1607,  comme  on  le  voit  par 
le  titre  d'un  œuvre  de  Madrigaux  à  5  voix, 
imprimés  à  Venise,  dans  la  même  année. 
On  connaît  aussi  du  même  auteur  :  Can- 
tica  Salomîs ,  à  6  ,  Venise,  1615.  Le  ca- 
talogue de  la  Bibliothèque  du  roi  de  Por- 
tugal indique  aussi  les  ouvrages  suivans 
de  sa  composition  :  Tirsi  e  Chlori,  ma- 
drigali  a  chique,  lib.  3;  et  Madrigali  a 
5, lib.  5. 

CASINI  (d.  jean-marie),  prêtre  floren- 
tin, né  vers  1675,  étudia  d'abord  les  pre- 
miers élémens  de  la  musique  dans  sa  ville 
natale,  et  se  rendit  ensuite  à  Rome  ,  où  il  se 
mit  sons  la  direction  de  Matteo  Simonelli, 
pour  continuer  ses  études.  Dans  la  suite, 
il  entra  dans  l'école  de  Bernard  Pasquini , 
où  il  perfectionna  son  talent  dans  l'art  de 
jouer  de  l'orgue.  Son  éducation  musicale 
terminée  ,  il  obtint  la  place  d'organiste  de 
l'église  principale  de  Florence.  Son  pre- 
mier ouvrage  fut  un  livre  de  motets  à  qua- 
tre voix  sans  orgue,  dans  l'ancien  style  de 
l'école  romaine ,  appelé  Stile  osservato  ; 
il  le  fît  imprimer  sous  ce  titre  :  Joannis 
Mariœ  Casini  organi  majoris  ecclesice 
Florentiœ  modulatoris ,  et  sacerdotio 
prœditi  Moduli  quatuor  vocibus.  Opus 
primum.  Romœ  ap.  Mascardum  1706. 
Ses  autres  compositions  consistent  en  fa.n« 


taisies  et  fngues  pour  l'orgue.  Ils  sont  in- 
titulés :  1°  Fantasie  e  tuccate  d'intavo- 
laiura,  op.  2e  ;  2°  Pensieri  per  l'organo 
in  partitura,  Florence,  1714,  in-fol.  Dans 
la  suite  ,  Casini  se  livra  à  des  travaux  de 
théorie  ,  pour  réaliser  les  rêves  de  Vicen- 
tino ,  de  Colonna  et  de  Doni ,  sur  le  rétablis- 
sement des  anciens  genres  de  musique 
diatonique, chromatique, et  enharmonique, 
an  moyen  d'une  division  exacte  des  inter- 
valles des  instrumens  à  clavier.  On  pense 
bien  que  ses  recherches  n'aboutirent  à  rien. 

CASONI  (guido),  littérateur  italien  du 
16e  siècle,  né  à  Serravalle ,  est  auteur 
d'un  livre  bizarre  qui  a  pour  titre  :  Délia 
magia  d'Amore ,  nella  quale  si  traita 
corne  Amore  sia  Metafisico,  Fisico,  As- 
trologo,  Musico,  etc., in Venezia,appresso 
Agostino  Zoppini,  1696,  56  feuilles  in-4°. 
Le  troisième  livre  de  cet  ouvrage  singulier 
traite  de  la  musique,  laquelle,  suivant 
l'auteur,  tire  son  origine  de  l'amour. 

CASPARINI  (eugène)  ,  dont  le  nom 
allemand  était  Caspar,  était  fils  d'un  fac- 
teur d'orgues.  Il  exerça  la  même  profession , 
et  fut  considéré  comme  le  plus  habile  ar- 
tiste de  son  temps  pour  la  fabrication  de 
ces  instrumens.  Il  naquit  en  1624,  à  So- 
rau,  dans  la  basse  Lusace.  Le  désir  d'aug- 
menter les  connaissances  qu'il  avait  ac- 
quises dans  les  ateliers  de  son  père  le 
détermina  à  voyager,  lorsqu'il  eut  atteint 
sa  dix-septième  annnée.  Après  un  séjour 
de  trois  ans  en  Bavière,  il  partit  pour  l'Ita- 
lie ,  et  se  fixa  à  Padoue,  où  il  vécut  long- 
temps. Appelé  à  Vienne  avec  le  titre  de 
facteur  d'orgues  de  la  cour  impériale ,  il 
remit  en  bon  état  tous  les  instrumens  de 
cette  ville,  et  avant  de  s'éloigner,  construi- 
sit pour  l'empereur  un  petit  orgue  de  six 
jeux,  dont  tous  les  tuyaux  étaient  en  pa- 
pier verni.  L'empereur  lui  témoigna  sa  sa- 
tisfaction par  le  don  d'une  somme  de  mille 
ducats  et  d'une  tabatière  d'or  ornée  de  son 
portrait.  De  retour  en  Italie,  Casparini  y 
reprit  ses  travaux  habituels.  En  1697,  il 
fut  appelé  à  Gœrlitz  pour  y  construire  le 
grand  orgue  de  la  nouvelle  église  de  Saint- 


CAS 

Pierre  et  Saint-Paul  ;  il  acheva  cet  instru- 
ment dans  l'espace  de  six  ans  ,  en  sociélé 
avec  son  fils.  On  croit  qu'il  cessa  de  vivre 
peu  de  temps  après ,  mais  l'époque  de  sa 
mort  n'est  pas  exactement  connue.  Les 
principaux  ouvrages  de  Casparini  sont  : 
1°  L'excellent  orgue  de  Sainte-Marie-Ma- 
jeure à  Trente  ,  composé  de  trente-deux 
registres ,  et  qui  fut  ensuite  augmenté  de 
dix  jeux  nouveaux  ;  2°  L'orgue  de  Sainte- 
Justine,  à  Padoue ,  seize  pieds  ouverts, 
avec  quarante-deux  registres  ;  5°  Le  grand 
orgue  de  Saint-Georges-le-Majeur  ,  à  Ve- 
nise, de  trente-deux  pieds  ;  4°  Le  grand 
orgue  de  Saint-Paul  ,  à  Epan,  dans  le  Ty- 
rol  ;  5°  Un  orgue  au  couvent  de  Brixen , 
dans  le  Tyrol  ;  6°  Le  grand  orgue  de  Gœr- 
litz  ,  de  trente-deux  pieds. 

CASPx\RlNI  (adam-horace)  ,  fils  du 
précédent,  et  non  moins  célèbre  construc- 
teur d'orgues ,  naquit  en  Italie.  11  aida 
son  père  dans  la  construction  du  grand 
orgue  de  Gœrlitz.  Quanta  ses  travaux  par- 
ticuliers, ils  consistent  :  1°  Dans  l'orgue 
de  Saint-Bernard,  à  Breslau  ,  composé  de 
trente-un  jeux  avec  quatre  soufflets  ,  con- 
struit de  1708  à  1711  ;  2°  Dans  celui  de 
l'église  des  Onze-mille-vierges,  de  la  même 
ville,  composé  de  vingt-trois  jeux  et  de 
quatre  soufflets ,  en  1705;  5°  Dans  celui 
de  Saint-Adalbert,  de  vingt-deux  jeux  et 
trois  soufflets  ,  en  1737. 

Le  fils  de  cet  artiste,  nommé  Jean- 
Gotllob  y  aida  son  père  dans  la  construc- 
tion de  l'orgue  de  Saint-Adalbert,  de  Bres- 
lau ,  et  fit  lui-même  l'orgue  des  Domini- 
cains de  Glogan,  composé  de  vingt  jeux. 

CASSAGNE  (l'aebe  joseph  LA),  naquit 
au  diocèse  d'Oléron  ,  vers  1720.  Il  apprit 
la  musique  à  la  maîtrise  de  la  cathédrale 
de  Marseille,  et  publia  :  1°  Recueil  de  fa- 
bles mises  en  musique,  Paris,  1754,in-4°. 
2°  Alphabet  musical,  Paris,  1765,  in-8°. 
3°  Traité  général  des  èlèmens  du  chant. 
Cet  ouvrage  ,  imprimé  dès  1742,  ne  fut 
publié  qu'en  1766  (Paris,  grand  in-8°). 
L'auteur  y  propose  de  réduire  toutes  les 
clefs  à  une  seule  ,  c'est-à-dire  à  la  clef  de 
TOME  m. 


CAS 


65 


sol  sur  la  seconde  ligne  ;  idée  fausse  que 
Salmon  avait  déjà  tenté  de  faire  adopter 
dans  son  Essay  to  the  advancement  of 
Musik  (Londres,  1678,  in-8°).  PascaL 
Boyer,  maître  de  musique  delà  cathédrale 
de  Nîmes,  fit  voir  le  ridicule  de  cette 
idée  dans  une  Lettre  à  Diderot,  publiée 
en  1767.  La  Cassagne  répondit  à  cette  let- 
tre par  L'unicléfier  musical ,  pour  servir 
de  supplément  au  Traité  général  des 
élémens  du  chant  (Paris,  1768,  grand 
in-8°),  mais  ne  détruisit  pas  la  force  des 
objections  qui  avaient  été  faites  contre  son 
système. 

CASSEBOEHM  (jean-frede'ric),  méde- 
cin et  habile  anatomiste,  fit  ses  études  à 
Halle,  sa  patrie,  et  à  Francfort-sur-1'Oder. 
De  retour  à  Halle,  il  y  enseigna  l'anato- 
mie,  et  fut  ensuite  appelé  à  Berlin(enl741), 
pour  y  occuper  une  chaire  de  la  même 
faculté  ;  il  y  mourut  le  7  février  1745.  Ce 
médecin  s'est  spécialement  occupé  de  l'a- 
nalomie  de  l'oreille  ,  et  a  donné  sur  cette 
matière  :  1°  Disputatio  de  aure  interna, 
Francfort,  1750,  in-4°  ;  2°  Tractalus  très 
de  aure  humanâ ,  ibid.  ,  1730,  in-4°  , 
augmenté  d'un  4e  traité  en  1734  ,  d'un  5e 
et  d'un  6e  en  1755,  in-4°. 

CASSEL  (Guillaume),  professeur  de 
chant  au  Conservatoire  de  musique  de 
Bruxelles,  est  né  à  Lyon  le  12  octobre 
1794.  Entré  à  Page  de  onze  ans,  comme 
pensionnaire,  au  Lycée  de  cette  ville,  il  y 
fit  de  bonnes  études.  Ses  parens  désiraient 
lui  voir  suivre  la  carrière  du  barreau  ; 
mais  la  nécessité  de  se  soustraire  à  la  con- 
scription militaire  ,  lui  fit  chercher  un  re- 
fuge dans  celle  des  arts.  Dès  son  enfance 
il  avait  montré  d'heureuses  dispositions 
pour  la  musique;  elles  avaient  été  culti- 
vées par  de  bons  maîtres  ,  et  particulière- 
ment par  M.  Georges  Jadin  ;  il  dut  à 
cette  première  éducation  musicale  l'avan- 
tage d'être  admis  au  pensionnat  du  Con- 
servatoire de  Paris,  comme  élève  interne 
pour  le  chant.  Dans  cette  école  célèbre, 
Garât,  Talma  et  Baptiste  aîné,  furent  ses 
maîtres  de  chaut  et  de  déclamation.  La 


66 


CAS 


réforme  du  pensionnat  en  1814,  après  la 
restauration,  obligea  M.  Cassel  à  chercher 
au  théâtre  l'emploi  des  connaissances  qu'il 
avait  acquises  dans  son  art  :  ce  fut  au 
théâtre  d'Amiens  qu'il  débuta.  Ses  pre- 
miers pas  dans  la  carrière  dramatique  fu- 
rent heureux  ;  une  voix  fraîche  et  d'un 
timbre  agréable,  une  très  bonne  méthode 
de  chant,  et  une  profonde  connaissance  de 
la  musique  assurèrent  ses  succès.  Les  théâ- 
tres de  Nantes,  de  Metz,  de  Lyon,  de 
Rouen  et  de  Bordeaux,  possédèrent  ensuite 
M.  Cassel,  et  partout  il  fut  applaudi.  En- 
fin il  entra  à  l'Opéra-Comique  de  Paris  ,  y 
débuta  avec  succès  et  y  demeura  pendant 
trois  ans.  Il  y  serait  vraisemblablement  resté 
plus  long-temps  si  des  discussions  assez 
vives  ne  s'étaient  élevées  entre  lui  et  M. Guil- 
bert  de  Pixérécourt ,  alors  directeur  de  ce 
théâtre;  elles  l'obligèrent  à  rompre  ses 
engngemens  et  à  se  rendre  en  Belgique.  Il 
se  fit  d'abord  entendre  à  Gand,  puis  fut 
appelé  au  grand  théâtre  de  Bruxelles  ,  où 
il  joua  avec  succès  pendant  cinq  ans.  Re- 
tiré en  1832,  il  a  cessé  de  se  faire  entendre 
en  public  et  s'est  livré  à  l'enseignement. 
Déjà  il  s'était  fait  connaître  avantageuse- 
ment par  les  bons  élèves  qu'il  avait  for- 
més ;  parmi  ceux  ci,  on  remarque  Mlle  Do- 
rus  (aujourd'hui  Mme  Gras),  î\llle  Florigny 
(connue  ensuite  sous  le  nom  de  Mme  Va- 
lère),  et  MUe  Dorgebray,  qui  a  obtenu  des 
succès  à  YOdéon  de  Paris.  Nommé  pro- 
fesseur de  chant  au  Conservatoire  de 
Bruxelles,  en  1833,  M.  Cassel  y  a  formé 
des  élèves  qui  paraissent  destinés  à  briller 
au  théâtre.  Sa  méthode  est  une  très  bonne 
tradition  de  celle  de  Garât. 

Comme  compositeur,  M.  Cassel  s'est  fait 
connaître  par  beaucoup  de  romances  et  de 
nocturnes  qui  ont  été  publiés  à  Bruxelles 
et  à  Paris.  A  Rouen  ,  il  a  écrit  une  cantate 
pour  l'anniversaire  de  la  naissance  de 
Pierre  Corneille;  à  Bruxelles  :  1°  Une 
messe  solennelle  qui  a  été  exécutée  plu- 
sieurs fois  à  l'église  de  Sainte-Gudule  ; 
2"  Un  Laudateyour  soprano  avcccliœurs; 
3°  Deux  airs  italiens,  dont  un  pour  soprano 


CAS 

avec  chœur;  4°  Un  duo  italien  pour  so- 
prano et  bariton.  A  Metz,  un  Domine  sal- 
vumfac  regem,  pour  deux  ténors  et  basse  ; 
Un  O  salularis ,  pour  soprano ,  mezzo  so- 
prano et  contralto. 

CASSERIO  (joi.es), célèbre  anatomiste, 
né  à  Plaisance  ,  d'une  famille  obscure,  fut 
instruit  dans  la  médecine  par  Fabrice 
d'Aquapendente ,  dont  il  avait  été  le  do- 
mestique, et  qui  le  fit  recevoir  docteur  en 
médecine  et  en  chirurgie,  dans  l'université 
de  Padoue.  En  1609,  il  fut  nommé  pro- 
fesseur de  chirurgie,  par  le  séaat  de  Ve- 
nise. Casserio  mourut  à  Padoue,  en  1616, 
âgé  de  soixante  ans.  On  lui  doit  un  excel- 
lent livre  intitulé  :  De  vocis  audilûsque 
organis  historia  anatomica,  Venise, 
1600,  in-fol.,  avec  33  pi.,  réimprimé  à 
Ferrare,  en  1601,  in-fol. 

CASS1NI DETHURY  (césar-françots), 
de  l'Académie  des  sciences,  maître  des 
comptes,  directeur  de  l'observatoire,  cé- 
lèbre par  la  pensée  et  l'exécution  de  la 
belle  carte  topographique  de  la  France  , 
connue  sous  le  nom  de  Carte  de  Cassini, 
naquit  le  14  juin  1714,  et  mourut  de  la 
petite  vérole  ,1e  4  septembre  1784.11a  fait 
avec  31araldi  et  l'abbé  de  La  Caille  des  ex- 
périences sur  la  propagation  du  son  ,  dont 
il  a  consigné  le  résultat  dans  un  mémoire 
inséré  parmi  ceux  de  l'Académie  des  scien- 
ces ,  année  1758  ,  p.  24.  Dans  ceux  de 
l'année  1739,  p.  126,  il  a  aussi  donné  : 
Nouvelles  expériences  faites  en  Langue- 
doc sur  la  propagation  du  son ,  qui  con- 
firment celles  qui  ont  été  faites  aux  en- 
virons de  Paris. 

CASSIODORE  (  atjrflien  ) ,  historien 
latin,  et  ministre  de  Théodoric,  roi  des 
Goths,  naquit  à  Sqnillace,  vers  470.  Dès 
l'âge  de  dix-huit  ans,  il  avait  déjà  acquis  une 
grande  réputation  par  son  savoir  et  sa  pru- 
dence. Odoacre,  roi  desHérules,  lui  confia 
le  soin  de  ses  domaines  et  de  ses  finances. 
Après  la  mort  de  ce  prince,  vaincu  par 
Théodoric ,  il  se  retira  dans  sa  patrie , 
mais  bientôt  rappelé  par  le  vainqueur  ,  il 
devint  son  secrétaire ,  son  ministre  et  le 


CAS 


CAS 


67 


bienfaiteur  de  l'Italie.  Sa  faveur  s'accrut 
avec  ses  services;  il  était  déjà  patrice  et 
maître  des  offices  ,  lorsqu'il  fut  fait  consul 
en  514.  Eloigné  de  la  cour  en  524,  il  y  fut 
rappelé  par  la  fille  de  Théodoric,  après  la 
mort  de  ce  prince;  mais  accablé  parles 
revers  et  la  ruine  des  Gotlis  qu'il  n'avait 
pu  prévenir  ,  il  se  retira  enfin  dans  sa  pa- 
trie à  l'âge  de  soixante-dix  ans ,  et  fonda 
le  monastère  de  Viviers  (en  Calabre).  On 
croit  que  sa  carrière  se  prolongea  jusqu'à 
près  de  cent  ans;  au  moins  sait-on  qu'il 
vivait  encore  en  562.  Parmi  les  ouvrages 
de  Cassiodore  on  trouve  un  traité  de  mu- 
sique, qui  fait  partie  de  celui  qui  a  pour 
titre  :  De  arlibus  ac  disciplinis  libera- 
lium  litlerarum.  L'abbé  Gerbert  l'a  inséré 
dans  sa  collection  des  écrivains  ecclésias- 
tiques sur  la  musique,  tom.  I,  pag.  15. 
On  le  trouve  aussi  dans  ses  œuvres  com- 
plètes publiées  parles  Bénédictins,  Rouen, 
1679,  2  vol.  in  fol.,  réimprimées  à  Ve- 
nise en  1729  ,  tom.  II. 

CASTAGNEDA  Y  PARÉS  (d.  isidork), 
professeur  de  clavecin  à  Cadix,  dans  la  se- 
conde moitié  du  18e  siècle,  a  fait  paraî- 
tre un  ouvrage  intitulé  :  Traité  théorique 
sur  les  premiers  èlémens  delà  musique , 
Cadix,  Hondillo  et  Iglesias,  1785.  Ce  titre 
est  celui  qui  est  cité  dans  le  Journal  Ency- 
clopédique du  mois  de  juin  1785,  p.  560; 
mais  il  est  vraisemblable  que  ce  n'est  qu'une 
traduction,  et  que  l'ouvrage  de  Castngneda 
est  écrit  en  espagnol. 

CASTAGNERY  ( jean-paul) ,  luthier 
français  ,  vivait  à  Paris  ,  vers  le  milien  du 
17e  siècle.  On  a  de  lui  des  instrumens  qui 
portent  la  date  de  1639,  et  d'autres,  1662. 
Ses  violons  sont  estimés,  à  cause  de  leur 
timbre  argentin  ;  mais  le  volume  de  leur 
son  est  peu  considérable. 

CASTEL  (louis-Bertrand),  né  à  Mont- 
pellier le  11  novembre  1688  ,  entra  chez 
les  jésuites  le  16  octobre  1703.  Il  cultiva 
principalement  les  mathématiques  et  les 
enseigna  à  Toulouse  et  à  Paris  ,  où  il 
arriva  vers  1720.  Frappé  de  cette  proposi- 
tion avancée  par  Newton  (dans  son  Opti- 


que, liv.  I,  pag.  2,  prop.  5),  que  les 
largeurs  des  sept  couleurs  primitives,  ré- 
sultant de  la  réfraction  delà  lumière  à  tra- 
vers le  prisme,  sont  proportionnelles  aux 
longueurs  des  cordes  d'une  échelle  musi- 
cale disposée  dans  cet  ordre  :  re ,  mi,  fa, 
sol,  la,  si,  ut,  le  père  Castel  prétendit 
former  des  gammes  de  couleurs  ,  comme  il 
y  a  des  gammes  de  sons ,  et  crut  à  la 
possibilité  d'une  machine,  qu'il  appela 
Clavecin  oculaire,  au  moyen  de  quoi ,  en 
variant  les  couleurs,  il  prétendit  affecter 
l'organe  de  la  vue,  comme  le  clavecin 
ordinaire  affecte  celui  de  l'ouïe  par  la  va- 
riété des  sons.  Il  en  annonça  le  projet  dans 
le  Mercure  de  novembre  1725  ,  et  en  déve- 
loppa la  théorie  dans  les  journaux  de  Tré- 
voux de  1735.  II  dépensa  des  sommes  con- 
sidérables pour  faire  construire  sa  machine, 
qui  fut  recommencée  à  plusieurs  reprises; 
mais  c'était  une  idée  bizarre  qui  ne  pou- 
vait avoir  de  résultat  satisfaisant,  et  qu'il 
finit  par  abandonner.  Le  père  Castel 
travailla  au  journal  de  Trévoux  pendant 
trente  ans  ,  et  fournit  aussi  beaucoup  d'ar- 
ticles au  Mercure.  Quoique  géomètre,  il 
manquait  de  méthode  et  se  jetait  souvent 
dans  des  écarts  d'imagination.  11  est  mort 
le  11  janvier  1757  ,  à  soixante-neuf  ans. 
On  a  de  lui  :  1°  L'exposition  de  son  sys- 
tème du  clavecin  oculaire  sous  ce  titre  : 
Nouvelles  expériences  d'optique  et  d'a- 
coustique (Mémoires  de  Trévoux,  t.  69 
et  70,  année  1755).  G.  Pb.  Teleman  a 
donné  une  traduction  allemande  de  celte 
exposition  sous  ce  titre  :  Beschreibung 
derJugenorgel ,  oder  Àugenclavier*  etc. 
Hambourg,  1759,  in-4°.  On  trouve  une 
analyse  de  cette  traduction  dans  la  Biblio- 
thèque mnsicale  de  Mitzler  ,  tom.  2  , 
pag.  269-276.  On  a  publié  aussi  à  Lon- 
dres :  Explanation  of  the  ocular  Harp- 
sichord ,  Londres,  1757,  in-8°  22  pages. 
2°  Lettres  d'un  académicien  de  Bordeaux 
sur  le  fond  de  la  musique ,  Paris,  1754, 
in-12.  Ces  lettres  ont  été  écrites  à  l'occa- 
sion de  celle  de  J.-J.  Rousseau  sur  la  mu- 
sique française  ;  le  style  en  est  lourd  et 


68 


CAS 


CAS 


diffus.  Une  réponse  .anonyme  a  été  publiée 
sous  ce  titre  :  Réponse  critique  d'un  aca- 
démicien de  Rouen  à  l'académicien  de 
Bordeaux ,  Paris,  1754,  in-12.  Cette  ré- 
ponse est  du  père  Castel  lui-même;  3°  Re- 
marques sur  la  lettre  de  M.  Rameau , 
dans  les  Mémoires  de  Trévoux,  an  1736, 
tom.  71,  pag.  1999-2026  (F.  Rameau). 
On  attribue  aussi  au  père  Castel  la  rédac- 
tion des  ouvrages  de  théorie  de  Rameau  ; 
mais  ce  fait  n'est  pas  prouvé.  Le  journal 
des  travaux  de  ce  jésuite  pour  son  clavecin 
oculaire  ayant  été  vendu  avec  la  bibliothè- 
que de  la  maison  professe  de  son  ordre, 
passa  dans  celle  de  Meermann  ;  il  a  été 
remis  en  vente  à  La  Haye  en  1824,  et 
acheté  par  un  Anglais.  Le  père  Castel 
est  auteur  d'une  Dissertation  philosophi- 
que et  littéraire ,  ou ,  par  les  vrais  prin- 
cipes de  la  géométrie ,  on  recherche  si  les 
règles  des  arts  sont  fixes  ou  arbitraires 
(Paris,  1758,  in-12).  Pour  se  faire  mieux 
entendre  à  cet  égard  ,  le  père  Castel  appli- 
que ses  principes  à  la  musique,  et  en  prend 
occasion  de  rapporter  à  ce  sujet  les  con- 
versations qu'il  a  eues  avec  Rameau.  Ces 
conversations  ne  conduisent  à  aucun  résul- 
tat de  quelque  importance. 

CÂSTELAN  (andre),  violon  de  la 
chambre  de  Henri  II  ,  roi  de  France  ,  fut 
nommé  à  cette  place  en  1555,  suivant 
un  compte  manuscrit  de  l'année  1559  , 
qui  se  trouve  à  la  bibliothèque  du  roi,  à 
Paris.  (V.  la  Revue  musicale,  6me  année, 
pag.  257.  ) 

CASTELLACCÏ  (louis),  guitariste,  est 
né  à  Pise  en  1797.  Après  avoir  appris  les 
premiers  principes  de  la  musique,  il  se  li- 
vra à  l'étude  de  la  mandoline,  et  acquit 
sur  cet  instrument  beaucoup  d'habileté. 
Mais  il  y  a  si  peu  de  ressources  pour  l'exis- 
tence d'un  artiste  dont  le  talent  consiste 
à  jouer  de  la  mandoline,  que  M.  Castel- 
lacci  se  vit  forcé  d'y  renoncer  pour  se  faire 
guitariste.  C'est  par  la  guitare  surtout 
qu'il  s'est  fait  connaître.  Ainsi  que  Ca- 
rulli  et  Carcassi,  il  vint  chercher  une  répu- 
tation et  de  l'aisance  à  Paris  :  il  y  trouva 


ces  deux  choses.  Comme  professeur  de  gai- 
tare,  il  s'est  placé  au  rang  de  ceux  qui 
obtiennent  le  plus  de  succès  dans  cette 
ville,  dont  il  ne  s'est  point  éloigné  depuis 
douze  ans  ,  si  ce  n'est  pour  faire  un  voyage 
en  Allemagne  dans  l'année  1825.  M.  Cas- 
tellacci  a  publié  près  de  deux  cents  œuvres 
de  musique  pour  son  instrument,  entre 
autres,  une  méthode  divisée  en  deux  par- 
ties. Toute  cette  musique,  qui  est  fort 
légère,  et  qui  consiste  en  fantaisies,  airs 
varias  ,  duos  ,  rondeaux,  valses,  etc.,  a  été 
gravée  à  Paris ,  à  Lyon  et  à  Milan.  On 
connaît  aussi  de  M.  Castellacci  un  grand 
nombre  de  romances. 

CASTELLI(jean-fre'de'ric),  poète  dra- 
maticme  et  littérateur,  né  à  Vienne  le 
6  mars  1781,  doit  être  rangé  parmi  les 
écrivains  sur  la  musique,  parce  qu'il  rédige 
depuis  le  mois  de  janvier  1828  un  petit 
journal  sur  cet  art,  sous  le  titre  de  Allge- 
meine  musikalischer  Anzeiger ,  dont  il 
paraît,  à  Vienne,  un  numéro  chaque  se- 
maine, composé  d'un  quart  de  feuille 
in-8°.  Le  peu  d'étendue  de  ce  journal  ne 
permet  d'y  traiter  la  matière  que  d'une 
manière  superficielle. 

CASTELLO  (dario),  vénitien,  chef  de 
l'orchestre  de  Saint-Marc ,  au  commence- 
ment du  17e  siècle,  est  désigné  sur  le  titre 
d'un  de  ses  ouvrages  :  Capodi  Compagnia 
di  musichi  istrumenti  dafialo.  On  con- 
naît de  lui  les  productions  dont  voici  les 
titres  :  1°  Sonate  concertate  a  quattro 
slromenti ,  parte  prima ,  Venise,  1626; 
2°  Idem  }  parte  secunda ,  Venise,  1627; 
3°  Sonate  concertate  in  stil  moderno  per 
sonar  nel  organo,  overo  Spinetta  con  di- 
verse istromenti  a  due  e  tre,  lib.  1°,  Ve- 
nise ,  1629.  La  deuxième  édition  est  de 
1658,  in-fol.  ;  4°  Idem,  lib.  2°;  Venise, 
1644.  C'est  une  réimpression. 

CASTELLO  (paul  D A),  compositeur 
vénitien  attachée  à  l'église  de  Saint-Marc, 
en  1670,  a  donné  à  Vienne,  en  1683,  un 
oratorio  intitulé  :  II  triomfo  di  D avide , 
dont  il  avait  fait  les  paroles  et  la  musique. 

CASTELLO  (jEAN)jclaveciniste italien, 


CAS 


CAS 


69 


fixé  à  Vienne  au  commencement  du 
17e  siècle,  a  publié  une  collection  de  pièces 
de  clavecin  sous  ce  titre  :  Neue  Clavier- 
uebung ,  beslehend  in  ei/ier  sonata ,  Ca- 
priccio ,  Allemanda,  Corrente ,  Sara- 
banda ,  Giga}  Aria  con  XII variazioni 
d  '  Intavolatura  d'i  ce inb al 'o  ;  Vienne,  1722. 

CASTENDORFER  (etienne),  construc- 
teur d'orgues  à  Breslau ,  est  un  des  plus 
anciens  artistes  de  ce  genre  dont  l'histoire 
ait  conservé  les  noms  ,  car  on  sait  qu'il 
construisit  un  bon  orgue  à  Nordlingue,  en 
1466.  II  est  aussi  l'un  des  premiers  qui  ait 
introduit  l'usage  des  pédales,  s'il  est  vrai, 
comme  le  rapporte  Prœtorius  (Syntag. 
mus.,  t.  II,  p.  111),  qu'il  en  avait  misa 
l'orgue  de  la  cathédrale  d'Erfurt,  qu'il 
construisit  en  1485.  Il  fut  aidé  dans  ses 
travaux  par  ses  deux  fils,  Melchior  et  Mi- 
chel (V.  Bernhard). 

CASTIL-BLAZE.  Voy.  BLAZE. 

CASTILHON  (jean -louis),  membre  de 
l'académie  des  Jeux-Floraux  et  avocat  à 
Toulouse,  naquit  dans  cette  ville,  en  1720, 
et  mourut  vers  la  fin  de  1799.  Ecrivain 
laborieux,  il  a  publié  beaucoup  de  livres, 
et  a  coopéré  à  la  rédaction  de  quelques 
grands  ouvrages,  tels  que  le  Dictionnaire 
universel  des  sciences  morales ,  écono- 
miques, politiques  et  diplomatiques,  et  le 
Suppplément  de  l'Encyclopédie  de  Dide- 
rot et  de  d'Alemhert.  Il  a  fait  insérer  dans 
celui-ci  un  certain  nombre  d'articles  sur 
la  partie  historique  de  la  musique  qui  ont 
été  conservés  dans  la  première  partie  du 
Dictionnaire  de  Musique  de  l'Encyclopédie 
méthodique,  et  qu'il  aurait  fallu  en  bannir, 
car  ils  renferment,  la  plupart,  des  notions 
fausses  et  ont  plutôt  l'apparence  que  la 
réalité  de  l'érudition. 

CASTILLO  (alphonse  de),  docteur  à 
l'université  de  Salamanquc,  né  vers  la  fin 
du  15e  siècle,  a  publié  un  traité  de  plain- 
chant  intitulé  :  Arte  de  canto  Llano,  Sa- 
lamanqne,  1504,  in-4°. 

CASTILLON  (frederic-adolphe-maxi- 
milien-gustave  de)  ,  littérateur,  membre 
de  l'académie  de  Berlin,  est  né  vers  1778, 


à  Utrecht,  où  son  père  professait  les  mathé- 
matiques et  la  philosophie.  Le  nom  de  sa 
famille  est  Salvemini  ;  son  père  le  quitta 
pour  celui  de  Castillon,  qu'il  prit  de  la 
ville  de  Castiglione  où  il  était  né.  On  a  de 
Castillon  fils,  des  Recherches  sur  le  Beau 
et  sursoit  application  à  la  musique  clans 
la  mélodie ,  l'harmonie  et  le  rhythme. 
Voyez  à  ce  sujet  les  mémoires  de  l'académie 
de  Berlin,  année  1804,  p.  5-19. 

CASïOLDI  (JEAN- JACQUES).  F.  GAS- 

ÏOLD1. 

CASTRITIUS     (MATTHIAS),     ou     CAS- 

TR1TZ  ,  contrapuntiste  allemand  du 
16e  siècle,  a  publié  les  ouvrages  suivans  : 
1°  Nova  Harmonia  quinque  vocum,  Nu- 
remberg, 1569,  in-4°  ;  2°  Carmina  quat. 
vocibus  concert.,  Nuremberg,  1571; 
3°  Symbola  principum ,  A  et  5  vocum, 
id.,  1571  {Vid.  Draudii  Biblioth.  class., 
p.  1625). 

CASTRO  (jean  de),  luthiste  et  maître 
de  chapelle  de  Jean-Guillaume,  prince  sou- 
verain de  Juliers  ,  de  Clèves  et  de  Berg, 
vers  1580  ,  naquit  à  Liège.  Il  a  publié  les 
ouvrages  dont  les  titres  suivent  :  1°  Ma- 
drigalia  et  Cantiones ,  Anvers,  1569, 
réimprimés  à  Louvain  ,  en  1570;  2°  Sept 
livres  de  chansons ,  Paris  et  Louvain, 
1570,in-4°,  1576,  in-4%  Anvers,  1582 
et  1597,  in-4°;  3°  Flores  cantionum 
3  vocum,  Louvain,  1574  et  1575;  4°  Li- 
vre de  mélanges  contenant  un  recueil  de 
chansons  à  quatre  parties,  Anvers,  1575, 
in-4°;  5°  Lajleur  des  chansons  à  trois 
parties,  contenant  un  recueil  produit  de 
la  divine  musique ,  Louvain,  1575,  An- 
vers, 1582  et  1591  ;  6°  Chansons,  odes 
et  sonnets  de  P.  de  Ronsard ,  à  quatre 
et  sept  parties ,  Louvain,  1577,  in-4°; 
7°  Livre  de  chansons  composé  à  trois 
parties ,  Paris,  1580  ;  8°  Livre  de  chan- 
sons à  cinq  parties,  convenable  tant  à  la 
voix,  comme  à  toute  sorte  d'instrumens, 
avec  une  paslorelle  en  forme  de  dialogue, 
Anvers,  1586;  9°  Cantiones sacne,  à  cinq, 
six  et  huit,  voix,  Douai,  1588,  in-4°; 
10°  Rosefresclie,  Madrigali  a  3  voci} 


70 


CAS 


CAS 


Venise,  1591,in-4°;  11°  Recueil  de  chan- 
sons à  trois  parties ,  Anvers,  1591,in-4°; 
12à  Sonelti,  Anvers,  1592,in-4°;13°  Can- 
tiones  sacrée,  quos  Muletas  nominant , 
quinque  vocum,  Francfort,  1591,  in-4°  ; 
14°  Sonnets  avec  une  chanson  à  neuf  par- 
ties, Anvers,  1592,  in-4°  ;  15°  Odes  III, 
contenant  chacune  d'elles  douze  parties, 
l'une  suivant  l'au're ,  le  tout  mis  en  mu- 
sique à  quatre  voix ,  Douai,  1592,  in-4°; 
16°  Sonetti,  Douni,  1593,  in-4°;  17°  Bi- 
c'inia  sacra,  Cologne,  1593,  in-4°; 
18°  Quintines ,  Sextines ,  sonnets  à  cinq 
parties,  Cologne,  1594,  in-4°;  19°  Har- 
monie délectable,  contenant  aucunes 
stanzes  et  chansons  à  quatre  parties, 
Anvers,  1594,  in-4°  ;  20°  Chant  musical, 
mis  en  musique  A  cinq  parties ,  Cologne, 
1597,  in-4°  ;  21°  Sonnets  du  Seigneur 
de  la  Mcchiniere,  mis  en  musique  à  trois 
parties,  Douai,  1600,  in-4°. 

CASTRO  (jean),  maître  de  musique  à 
Lyon,  vers  1570.  On  a  de  lui  des  Chan- 
sons à  trois  parties,  Paris,  Adrien  le  Roy, 
1580.  Depuis  1570  jusqu'en  1592,  il  a 
publié  une  grande  quantité  de  Chansons, 
de  Sonnets  et  de  Madrigaux ,  à  quatre  , 
cinq,  six,  sept  et  huit  parties,  à  Lyon,  chez 
de  Tournes,  et  à  Paris,  chez  le  Roy.  Il  y 
a  beaucoup  d'apparence  que  ce  composi- 
teur est  le  même  que  celui  qui  est  l'objet 
de  l'article  précédent,  malgré  l'opinion 
contraire  émise  par  M.  de  Boisgelou,  dans 
une  note  du  catalogue  manuscrit  de  sa  bi- 
bliothèque. 

CASTRO  (rodricuez),  juif  portugais, 
fit  ses  études  à  Salamanque,  et  enseigna  la 
philosophie  et  la  médecine  à  Hamhourg, 
où  il  s'établit,  en  1596.  11  mourut  dans 
celte  ville,  le  20  janvier  1627,  âgé  de  plus 
de  80  ans.  On  a  de  lui  :  De  ojjiciis  me- 
dicopolilicis,  seu medicus polilicus , Ham- 
bourg, 1614,  in-4°.  Le  chapitre  14e  du 
livre  4e,  est  intitulé  :  Ut  demonslrelur, 
non  minus  ulililer  quant  honeste  atque 
prudenler  in  niorbis  musicam  adhiberi  : 
ipsius  encomia  preemitluntur .  Le  chapi- 
tre 15e   :  Noteinlur,  ac  reiiciunlur  mu- 


sicce  abusus.  Le  chapitre  16e  :  Musiccs 
excellentia  ,atqueprœstantia  ,rationibus , 
auctorum  suffragiis  et  experimentis  corn- 
probatur. 

CASTROVILL  ARI  (le  p.  daniel),  cor- 
delier  au  grand  couvent  de  Venise,  vers 
le  milieu  du  17e  siècle  ,  a  fait  la  musique 
des  opéras  Gli  Avvenimcnli  di  Orinda,  en 
1659;  La  Pasifae,  1661  ;  et  La  CleO- 
palra  ,  1662.  Tous  ont  été  représentés  à 
Venise. 

CASTRUCCI  (pierre),  habile  violiniste, 
né  à  Rome ,  vers  1690  ,  fut  élève  do  Co- 
rclli.  En  1715  ,  il  s'attacha  au  service  du 
comte  Richard  Burlington  ,  et  passa  en 
Angleterre.  Quoiqucl'enlhousiasmedeCas- 
trucci  pour  son  art ,  et  surtout  pour  son 
instrument,  fût  porté  à  un  tel  degré  qu'il 
passait  pour  être  fou,  néanmoins  on  lui 
confia  la  direction  de  l'orchestre  de  l'O- 
péra, à  la  retraite  de  Corbet.  Quantz  l'en- 
tendit en  1727  ;  il  jouait  alors  les  solosaa 
théâtre  de  Handel  avec  beaucoup  de  suc- 
cès. En  1737  il  donna  un  concert  à  son 
bénéfice,  et  publia  un  avertissement  où  il 
disait  «  qu'ayant  eu  l'honneur  de  servir  la 
a  noblesse  anglaise  pendant  plusieurs  an- 
«  nées ,  il  espérait  qu'elle  voudrait  bien 
«  l'honorer  de  sa  présence  à  ce  concert.  » 
Il  annonçait  aussi  qu'il  devait  retourner  à 
Rome  l'été  suivant  ;  mais  soit  qu'il  n'ait 
point  exécuté  ce  projet  ou  qu'il  soit  revenu 
à^  Londres  il  y  est  mort  en  1769,  à 
l'âge  de  près  de  quatre-vingts  ans,  dans 
un  étal  voisin  de  la  misère.  Castrucci  a 
servi  de  modèle  à  Hogarth ,  pour  sa  cari- 
cature du  musicien  enragé  (The  enraged 
Musician).  Les  compositions  qu'il  a  pu- 
bliées sont  les  suivantes  :  1°  Sonate  a  vio- 
linoe  violone  o cembalo ,  op.  1,  Londres  et 
Amsterdam;  2°  Sonate  a  violinô  e  vio- 
lone o  cembalo,  op.  2,  ibid.;  3°  XII  con- 
certosfor  violino ,  Londres,  1738. 

CASTRUCCI  (prosfer),  frère  du  précé- 
dent, et  violiniste  comme  lui ,  fut  attaché 
à  l'orchestre  de  l'Opéra  de  Londres,  et  di- 
rigea pendant  quelques  années  le  concert 
de  Castlelavern,  Il  a  publié  :  Six  solo  s 


CAT 


CAT 


71 


for  a  violin  and  a  bass  }  Londres,  in-fol. 
CASULANA  (madeleine),  née  à  Bres- 
cia,  vers  1540,  s'est  livrée  à  l'étude  de  la 
composition  avec  succès,  et  a  publié  : 
1°  Madrigali  a  quallro  voci,  Venise, 
1568  ;  2°  II  seconda  llbro  de  Madrigali 
a  quallro  voci ,  Brescia  ,  1583. 

CATALAiNI    (angelique),    cantatrice 
célèbre,  née  à  Sinigaglia,  dans  l'Etat  ro- 
main, en  1783  ,  est  fille  d'un  orfèvre  de 
cette  ville.  Vers  l'âge  de  douze  ans,  elle 
fut  envoyée  au  couvent  de  Sainte-Lucie,  à 
Gubbio,  près  de  Borne,  où  sa  belle  voix  at- 
tirait aux  offices  un  grand  nombre  d'ama- 
teurs. Cette  voix,  que  j'ai  entendue  dans 
sa  plus  grande   fraîcheur ,   et   lorsqu'elle 
avait  atteint  tout  son  développement,  avait 
nneétendue  rare,  surtout  à  l'aigu,  car,  dans 
les  ti-aits  rapides,  Mme  Calalani  s'élevait 
quelquefois  jusqu'au  contre-sol,  avec  un 
son  pur  et  moelleux.  Ce  phénomène,  joint 
à  beaucoup  de  facilité  naturelle  pour  l'exé- 
cution de  certains  traits, particulièrement 
pour  les  gammes  chromatiques, ascendantes 
et  descendantes, que  personne  n'a  faites  avec 
autant  de  netteté  ni  avec  autant  de  rapi- 
dité. A  l'âge  de  quinze  ans,  MmK  Calalani 
sortit  du  couvent,  et  se  vit  obligée  de  cher- 
cher une  existence  au  théâtre,  par  suite  de 
la  ruine  de  son  père  :  son  éducation  de 
cantatrice  et  de  musicienne  avait  été  mal 
faite  dans  le  monastère  dont  elle  sortait  : 
son  bel  organe  faisait  tous  les  frais  de  son 
chant  ;  elle  avait  même  contracté  des  dé- 
fauts de  vocalisation  et  d'articulation  dont 
elle  n'est  jamais  parvenue  à  se  corriger, 
même  après  qu'elle  eut  entendu  de  grands 
chanteurs  tels  que  Marchesi  et  Crescen- 
tini.  Par  exemple,  elle  n'a  jamais  pu  ren- 
dre certains   traits    sans  imprimer  à  sa 
mâchoire  inférieure  un  mouvement  d'os- 
cillation très  prononcé  ;  de  là  vient  que  sa 
vocalisation  n'était  pas  liée,  et   que  les 
traits  exécutés  par  elle  ressemblaient  tou- 
jours à  une  sorte  de  slaccato  de  violon. 


Malgré  ce  défaut  qui  n'était  appréciable 
que  par  les  gens  du  métier,  il  y  avait  tant 
de  charme  dans  l'émission  des  sons  de  l'é- 
tonnante voix  de  la  jeune  cantatrice,  tant 
de  puissance  et  de  facilité  dans  les  tours 
de  force  qu'elle  exécutait  par  instinct,  une 
intonation  si  pure  et  si  juste  dans  les  plus 
grandes  difficultés,  que  ses  premiers  pas 
dans  la  carrière  du  théâtre  furent  marqués 
par  des  succès  dont  il  y  a  peu  d'exemples. 
La  nature  l'avait  destinée  au  chant  de  bra- 
voure; mais  elle  ne  fut  éclairée  sur  sa 
vocation  qu'après  plusieurs  années  de  pra- 
tique, et  dans  les  premiers  temps  elle  s'es- 
saya dans  le  chant  d'expression  ,  qui  était 
alors  celui  qu'on  préférait ,  et  pour  lequel 
elle  n'était  point  organisée.  C'est  ainsi 
qu'elle  chanta  à  Paris,  d'une  manière  peu 
satisfaisante,  l'air  avec  récitatif  de  L'Aies- 
sandro  nelle  Indie,  de  Piccini,  se'  l  ciel 
mi  dii'ide  dalcaro  niio  ben.  Bientôt  après 
elle  commença  à  chanter  ses  variations  ar- 
rangées pour  la  voix ,  d'après  un  air  varié 
de  Bodc,  ses  concertos,  l'air,  son  Rcgina, 
et  toutes  ces  choses  de  bravoure  dans  les- 
quelles elle  ne  pouvait  trouver  de  rivale; 
ses  succès  portèrent  le  fanatisme  du  public 
jusqu'au  délire. 

Ce  fut  en  1801,  que  M™e  Catalanise  fît 
entendre  pour  la  première  fois,  au  théâtre 
de  La  Scula ,  de  Milan,  dans  la  Clilem- 
ncs/redeZingarelli,  et  dans  les  Baccanali 
di  Ronia ,  de  jNiccolini.  Elle  y  produisit 
peu  d'effet  sous  le  rapport  del'artdu  chant, 
mais  sa  voix  fut  admirée  et  considérée 
comme  un  prodige.  De  Milan,  elle  passa 
aux  théâtres  de  Florence  ,  de  Triesle ,  de 
Borne  et  de  Naples;  partout,  elle  excita 
l'enthousiasme ,  et  sa  réputation  devint 
bientôt  universelle.  Cette  renommée  la  fit 
appeler  à  Lisbonne  pour  y  chanter  à  10- 
péra-Italien ,  avec  Mmc  Gaffurini  et  Cres- 
centini  :  elle  y  arriva  vers  la  fin  de  1804  '. 
Il  n'est  pas  vrai,  comme  on  l'a  écrit  dans 
quelques    recueils   biographiques,    qu'elle 


»  Dans  l'article  Calalani  du  nouveau  Lexique  universel         ([ne  de  son  début  à  Milan  ,  puis  on  l'a  fait  aller  à  Londres 
deinusiquepnMie  parM.  Schilling ,  on  a  confondu  toutes  passer  cinq  ans,  avant  devenir  à  Paris  en  1       6. 

les  date!!,  et  on  l'a  fait  arriver  à  Lisbonne  en  1801  ,  epo- 


73 


GAT 


CAT 


ait  beaucoup  travaillé  l'art  du  chant  avec 
Crescentini,  car  ce  grand  chanteur  m'a  dit 
qu'il  avait  essayé  en  vain  de  lui  donner 
quelques  conseils,  et  qu'elle  n'avait  pas 
paru  le  comprendre.  À  Lisbonne,  Mme  Ca- 
talani  épousa  M.  Valabrègue,  officier  fran- 
çais attaché  à  l'ambassade  de  Portugal; 
mais  elle  conserva  toujours  son  nom  de 
Catalani  lorsqu'elle  parut  en  public. 
M.  Valabrègue  comprit  tout  le  parti  qu'on 
pouvait  tirer  d'une  voix  aussi  belle  que 
celle  de  sa  femme,  et  de  l'enthousiasme 
des  populations  pour  cet  organe  extraor- 
dinaire; dès  ce  moment  commença  la  spé- 
culation basée  sur  un  don  si  rare ,  spécu- 
lation qui  produisit  d'immenses  résultats. 
Mmc  Catalani  se  rendit  d'abord  à  Madrid, 
puis  à  Paris,  où  elle  ne  chanta  que  dans 
des  concerts.  Son  séjour  en  cette  ville,  et 
l'effet  qu'elle  y  fit  donna  pourtant  à  sa  re- 
nommée plus  d'éclat  qu'elle  n'en  avait  eu 
jusqu'à  cette  époque  ;  car  c'est  toujours  à 
Paris  que  les  réputations  d'artistes  se  con- 
solident. Beaucoup  de  réclamations  furent 
faites  par  les  habiles  contre  l'engouement 
du  public  pour  le  chant  de  Mme  Catalani  ; 
mais  il  n'y  eut  pas  moins  de  prévention 
d'une  part  que  de  l'autre.  Si  le  talent  de 
la  cantatrice  n'était  pas  à  l'abri  de  tout  re- 
proche ,  il  faut  avouer  que  ce  talent  était 
composé  de  rares  qualités  et  de  dons  na- 
turels qu'il  était  peu  raisonnable  de  ne  point 
reconnaître.  Au  beau  temps  de  sa  carrière, 
Mme  Catalani  fit  naître  dans  toute  l'Eu- 
rope une  admiration  sans  bornes  ;  or , 
quand  le  succès  est  universel ,  on  ne  peut 
nier  qu'il  ne  soit  mérité.  Qu'il  y  ait  des 
défauts  dans  le  talent  que  le  monde  ap- 
plaudit avec  ivresse,  défauts  dont  les  con- 
naisseurs seuls  sont  juges,  à  la  bonne  heure  ; 
mais  celui  qui  ne  pourrait  approuver  que 
la  perfection  serait  fort  à  plaindre,  car 
cette  perfection  n'existe  pas. 

Au  printemps  de  1807,  Mme  Catalani 
se  rendit  à  Londres  ;  c'était  là  que  l'atten- 
dait une  fortune  qui  n'avait  point  eu  d'exem- 
ples jusqu'alors,  bien  qu'elle  eût  déjà  donné 
à  Madrid  et  à  Paris  des  concerts  d'un  pro- 


duit immense.  Elle  avait  tout  ce  qu'il  fal- 
lait pour  séduire  des  Anglais  ;  d'abord  la 
beauté  extraordinaire  de  sa  voix,  qualité 
qu'aucune  autre  ne  saurait  remplacer  au- 
près de  ce  peuple  mal  organisé  pour  la 
musique  ;  puis  son  maintien  noble  et  dé- 
cent, son  port  de  reine,  qui  ne  pouvait 
manquer  de  plaire  à  la  haute  société;  en- 
fin, son  dédain  pour  la  cour  nouvelle  de 
Napoléon,  et  le  choix  qu'elle  avait  fait  de 
l'Angleterre  ,  pour  le  théâtre  de  sa  gloire  ; 
tout  concourait  à  la  faire  non  seulement  ad- 
mirer ,  mais  aimer  par  les  habitans  de  la 
Grande-Bretagne.  Dans  une  seule  saison 
théâtrale  qui  ne  durait  que  quatre  mois  , 
elle  gagnait  environ  cent  quatre-vingt 
mille  francs,  y  compris  la  représentation 
à  son  bénéfice.  Outre  cela ,  elle  gagnait 
dans  le  même  temps  environ  soixante 
mille  francs  dans  les  soirées  et  concerts 
particuliers.  On  lui  a  donné  jusqu'à  deux 
cents  guinées  pour  chanter  à  Drury  Lane 
ou  à  Covent-Garden  God  save  the  King 
et  Ride  Britannia ,  et  deux  mille  livres 
sterling  lui  furent  payées  pour  une  seule 
fête  musicale.  Lorsque  les  théâtres  de  Lon- 
dres étaient  fermés,  elle  voyageait  dans  les 
divers  comtés,  en  Irlande  ou  en  Ecosse  , 
et  en  rapportait  des  sommes  énormes.  Ses 
richesses  seraient  aujourd'hui  égales  aux 
plus  grandes  fortunes,  si  elle  n'eût  eu,  pen- 
dant son  séjour  en  Angleterre,  un  train 
presque  royal.  Un  seul  fait  pourra  faire 
juger  de  la  dépense  de  sa  maison  :  dans 
une  seule  année,  le  compte  de  la  bière 
fournie  à  ses  domestiques,  s'éleva,  dit-on, 
à  six  cents  livres  sterling.  On  assure  d'ail- 
leurs que  d'autres  causes  ,  indépendantes 
de  ses  dépenses  personnelles ,  dissipaient 
une  grande  partie  de  ce  qu'elle  gagnait. 

Après  un  séjour  de  sept  ans  à  Londres  , 
Mme  Catalani  retourna  à  Paris,  au  moment 
de  la  restauration.  Le  roi  (Louis  XVIII), 
qui  l'avait  entendue  et  admirée  en  An- 
gleterre, lui  accorda  la  direction  du 
théâtre  Italien,  avec  une  subvention  de 
160,000  francs;  mais  elle  ne  jouit  pas 
long-temps   des  avantages  de  cette  entre- 


CAT 


CAT 


73 


prise,  car  elle  se  crut  obligée  de  s'éloigner  de 
Paris,  au  retour  de  Napoléon,  en  1815. 
Pendant  les  cent  jours,  et  dans  les  premiers 
mois  de  la  seconde  restauration,  elle  voya- 
gea en  Allemagne,  se  rendit  à  Hambourg, 
et  de  là  passa  en  Danemark  et  en  Suède. 
Partout  elle  excita  la  même  admiration, 
le  même  enthousiasme.  Son  retour  en 
France  eut  lieu  par  la  Hollande  et  la  Bel- 
gique. Amsterdam  et  Bruxelles  furent  les 
villes  où  elle  s'arrêta  le.plus  long-temps; 
elle  y  donna  beaucoup  de  concerts. 

De  retour  àParis,  elley  reprit,  en  1816, 
la  direction  du  théâtre  Italien.  Alors  com- 
mença pour  ce  spectacle  un  temps  de  déca- 
dence qui  se  termina  par  sa  ruine  et  par 
la  clôture  du  théâtre.  Le  public,  engoué 
de  Mme  Catalani,  n'allait  à  l'Opéra  Bouffe 
que  pour  l'entendre.  M.  Valabrègue  pro- 
fita de  cette  disposition  pour  en  écarter 
tous  les  chanteurs  de  quelque  renommée 
ou  de  quelque  talent.  C'est  ainsi  que  Cri- 
velli ,  Madame  Fodor  et  Madame  Pasta  , 
qui  étaient  venus  s'essayer  à  Paris ,  fu- 
rent contraints  de  s'en  éloigner.  Quelques 
nullités  et  le  bouffe  Barilli  furent  tout  ce 
qu'on  garda.  L'orchestre  et  le  chœur  fu- 
rent aussi  soumis  à  des  réformes  économi- 
ques, au  moyen  de  quoi  la  subvention 
royale  tout  entière  était  le  bénéfice  de 
l'entreprise.  Ce  n'est  pas  tout  encore.  La 
plu  part  des  opéras  qu'on  représentaitétaient 
des  espèces  de  pastiches  où  il  y  avait  de  la 
musique  de  tout  le  monde,  excepté  des  au- 
teurs dont  l'affiche  indiquait  les  noms. 
Les  morceaux  d'ensemble  étaient  coupés  ou 
supprimés,  et  des  variations  de  Rode,  des 
concertos  de  voix  ouïe  fameux  son  Regina 
en  prenaient  la  place.  Tout  alla  bien  cepen- 
dant pour  l'entreprise  ,  tant  que  l'idole  du 
public  conserva  le  bel  instrument  qu'elle 
avait  reçu  de  la  nature,  mais  vers  la  fin 
de  1817,  une  altération  sensible  se  ma- 
nifesta dans  l'organe  vocal  de  Mme  Cata- 
lani. Le  mal  agit  avec  rapidité,  car  lorsque 
j'entendis  la  cantatrice  au  printemps  de 
1818,  elle  ne  me  parut  plus  que  l'omhre 
d'clle-mènif.  Bientôt,  elle  cessa  d'attirer 


le  public,  et  la  salle  du  théâtre  Italien  fut 
déserte,  parce  qu'il  n'y  avait  plus  de  chan- 
teurs, de  choristes  ,  d'orchestre,  ni  de  ré- 
pertoire. Mrae  Catalani  prit  alors  la  réso- 
lution d'abandonner  la  direction  de  ce 
spectacle,  et  de  voyager  dans  toute  l'Alle- 
magne. Un  arrangement  fut  fait  entre  elle 
et  Mrae  Gail ,  pour  que  celle-ci  l'accompa- 
gnât dans  son  voyage,  lui  préparât  ses 
morceaux  et  sesaccompagnemens  d'orches- 
tre, comme  avait  fait  autrefois  Pucitta, 
à  Londres  et  à  Paris.  Au  mois  de  mai  , 
elles  partirent  pour  Vienne  ,  mais  à  peine 
arrivées  dans  cette  capitale,  elles  cessèrent 
de  s'entendre,  des  nuages  survinrent*, 
Mme  Gail  revint  à  Paris  ,  et  Mme  Catalani 
continua  son  voyage.  Il  dura  près  de  dix 
ans.  Le  prestige  de  la  grande  renommée 
de  la  cantatrice  n'était  point  encore  dis- 
sipé :  beaucoup  de  gens  allaient  l'entendre 
par  curiosité  ;  ceux  qui  ne  l'avaient  point 
entendue  dans  sa  jeunesse  se  persuadaient 
qu'elle  était  encore  ce  qu'elle  avait  été  : 
le  plus  grand  nombre  l'applaudissait  sur 
la  loi  de  sa  réputation.  Mme  Catalani  vi- 
sita tour  à  tour  toutes  les  cours  de  l'Alle- 
magne, parcourut  l'Italie  ,  revint  à  Paris, 
où  elle  chanta  sans  succès,  visita  la  Polo- 
gne, la  Russie,  et  retourna  dans  le  nord  de 
l'Allemagne,  en  1827.  Ce  fut  à  cette 
époque  qu'elle  se  fit  entendre  à  Berlin  , 
pour  la  dernière  fois  ,  et  qu'elle  prit  la 
résolution  de  cesser  de  chanter  en  pu- 
blic. Elle  avait  acheté  une  jolie  maison 
de  campagne  dans  les  environs  de  Flo- 
rence; elle  s'y  relira,  après  avoir  vécu 
quelque  temps  à  Paris ,  dans  un  petit  cer- 
cle d'amis,  avec  le  chagrin  de  voir  qu'il 
restait  à  peine,  dans  la  population  de  cette 
ville,  un  souvenir  de  ce  qu'elle  avait  été 
autrefois. 

Comme  actrice,  Mme  Catalani  a  toujours 
quelque  chose  d'étrange  à  la  scène;  je  ne 
sais  quoi  de  convulsif  dans  les  gestes  et 
d'égaré  dans  les  yeux.  Ses  amis  les  plus 
intimes  assurent  qu'il  lui  était  aussi  péni- 
ble déchanter  dans  l'Opéra  qu'il  lui  était 
agréable  de  se  faire  entendre  dans  un  con- 


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cert,  car  elle  avait  naturellementbeauconp 
de  timidité.  De  là  vient  qu'elle  s'efforçait, 
et  que,  dans  l'action  dramatique,  elle  dépas- 
sait presque  toujours  le  but,  de  crainte  de 
rester  en  deçà.  Élevée  dans  un  couvent,  elle 
est  restée  pieuse.  De  mœurs  pures  et  mo- 
destes ,  elle  a  été  bonne  épouse  et  bonne 
mère.  Généreuse,  bienfaisante,  elle  a  fait 
beaucoup  d'aumônes,  et  Ton  estime  que  le 
produit  des  concerts  qu'elle  a  donnés  au 
profit  des  pauvres  s'élève  à  plus  de  deux 
millions.  On  assure  qu'elle  a  fondé  dans  sa 
terre  une  école  de  musique  où  elle  enseigne 
lé  chant  à  un  certain  nombre  de  jeunes 
filles. 

CATALANO  (octave),  né  au  bourg 
cCE/ma,  dans  le  Val  di  Noto  en  Sicile, 
vers  la  fin  du  16e  siècle,  fut  d'abord  mu- 
sicien de  la  cliapelle  du  pape  Paul  V,  et  en- 
suite maîtrcde  chapelle  de  la  cathédrale  de 
Messine.  Précédemment,  il  avait  été  abbé 
et  chanoine  à  Calane.  On  a  publié  de  sa 
composition  une  collection  de  motets  sous 
ce  titre  :  Ad  SS.  D.  N.  Paul  uni  V,  P. 
M.  Sacrarum  cantionum  quœ  binis ,  ter- 
nis, ouaterais }  quinis  }  senis ,  seplenis , 
optants  vocibus  concinnunlur  cum  basso 
ad  organum  ab  Oclavio  Catalano  Siculo 
Ennense ,  etc. ,  lib.  1,  Romœ  ap.  Zanet- 
tum  ,  1616,  in-4°.  Un  autre  recueil  de 
motets  pour  trois  voix  de  soprano  ,  trois 
altos  et  trois  ténors,  avait  été  publié  par 
Catalano  en  1609,  à  Rome.  Dans  la  hihlio- 
thèque  de  M.  l'abbé  Santini,  à  Rome,  il  y 
a  un  Beatus  vir  à  huit  voix,  du  même 
auteur.  Rodenchatz  a  inséré  un  motet  à 
huit  voix,  de  Catalano,  dans  ses  Florilegii 
Porlensis.  Ce  compositeur  fut  un  des  pre- 
miers qui  firent  usage  de  la  basse  conti- 
nue chiffrée  pour  l'orgue. 

CATALISANO  (lep.  janvier),  minime, 
né  à  l'alerme,  vers  la  fin  de  l'année  1728, 
était  fils  d'un  maître  de  musique  ,  contra- 
puntiste  instruit  ,  mais  homme  de  peu  de 
génie  dans  ses  compositions.  Catalisano 
apprit  les  premiers  principes  de  la  musi- 
que sous  la  direction  de  son  père;  puis  il 
entra   dans   l'ordre  des  frères    mineurs  , 


comme  novice ,  et  y  fit  son  cours  d'étu- 
des. Quand  il  l'eut  terminé,  il  se  livra 
entièrement  à  des  travaux  sur  la  musique, 
Parvenu  à  un  certain  de;;ré  d'habileté  dans 
cet  art,  il  fut  envoyé  à  Rome  par  ses  supé- 
rieurs, et  y  devint  maître  de  chapelle- 
de  l'église  Saint- André  délie  Frutte  , 
qui  appartenait  à  son  ordre.  Le  dérange- 
ment de  sa  santé  l'obligea  à  retourner  à 
Païenne  pour  y  respirer  l'air  natal.  11  est 
mort  dans  cette  ville  en  1793  ,  à  l'âge  de 
près  de  soixante  ans.  Ce  maître  est  moins 
connu  par  ses  compositions  que  par  un 
livre  sur  la  théorie  de  la  musique  qu'il  a 
publié  sous  ce  titre  :  Grammalica-  Armo- 
nica  fisico  matlemalica  ragionata  su  i 
veri  principi  fondamenlali  teoricopra- 
tici,  per  uso  délia  giovenlu  studiosa}  e 
diqualunque  musicale radunanza.  Rome, 
1781  ,  grand  in-4°.  Lorsque  Catalisano 
publia  ce  livre  ,  la  manie  des  calculs  pour 
soutenir  de  vains  systèmes  d'harmonie 
était  encore  dans  toute  sa  force  :  Tartini 
et  Rameau  avaient  mis  en  vogue  cet  étalage 
de  chiffres  inutiles  à  l'égard  de  la  pratique 
de  l'art.  L'auteur  de  la  Grammaire- 
harmonique  ne  manqua  pas  d'imiter  ces 
écrivains ,  et  surchargea  son  ouvrage  de 
leurs  pédantesques  et  infructueux  calculs. 
11  suppose  ses  lecteurs  instruits  dans  les 
mathématiques,  ou  du  moins  initiés  au 
cinquième  livre  des  élémens  d'Euclide; 
partant  de  ce  point,  il  explique  la  géné- 
ration des  consonnances  et  des  dissonances 
par  les  proportions  harmonique,  arithmé- 
tique et  géométrique,  ainsi  que  par  les 
phénomènes  physiques  qui  servent  de  base 
aux  systèmes  de  Rameau  et  de  Tartini  ; 
puis  ,  par  une  sorte  de  scrupule  sur  l'igno- 
rance où  pourraient  être  ses  lecteurs  con- 
cernant ces  choses  ,  il  explique  à  la  fin  en 
quoi  consistent  ces  proportions,  qu'il  aurait 
fallu  faire  connaître  d'abord,  pour  rendre 
l'ouvrage  intelligible.  Les  deuxième  et 
troisième  chapitres  sont  les  plus  utiles  du 
livre,  quoiqu'on  n'y  trouve  rien  qui  ne  soit 
partout.  Il  y  traite  de  l'harmonie  ,  de  l'art 
d'écrire  à  plusieurs  parties  ,  et  des  artifi- 


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ces  de  l'imitation,  du  canon  et  de  la  fugue, 
suivant  les  règles  de  la  pratique.  Dans  le 
quatrième  chapitre,  l'auteur  s'occupe  de 
la  recherche  d'un  moyen  terme  entre  les 
proportions  géométrique,  harmonique  et 
arithmétique.  Le  cinquième  et  dernier 
chapitre  est  un  dédale  de  calculs  puérils 
sur  ces  proportions.  Tout  cela  n'est  bon  à 
rien.  Catalisano  se  borné  souvent  à  copier 
Mersenne  et  Rameau,  mêle  ensemble  des 
choses  qu'il  aurait  fallu  séparer  ,  confond 
ce  qu'il  aurait  fallu  distinguer  ,  et  loin  de 
pouvoir  instruire  la  Jeunesse  studieuse, 
à  qui  son  livre  était  destiné  ,  paraît  ne  pas 
s'être  toujours  entendu  lui-même.  On 
pourrait  s'étonner  d'après  cela  qu'un  maî- 
tre si  instruit  clans  la  pratique  de  1  art  que 
l'était  Sabbatini  ait  pu  donner  à  l'ouvrage 
de  Catalisano  l'approbation  qui  est  impri- 
mée en  tête  de  ce  livre,  si  l'on  ne  connais- 
sait l'incapacité  des  compositeurs  et  des 
maîtres  d'harmonie  pour  tout  ce  qui  est 
relatif  à  la  théorie  de  leur  art. 

CATEL  (charles-simon)  ,  né  à  l'Aigle, 
an  mois  de  juin  1773,  se  rendit  fort  jeune 
à  Paris  ,  et  se  livra  sans  réserve  à  son  pen- 
chant pour  la  musique.  Sacchini,  qui  s'in- 
téressait à  lui,  le  fit  entrer  à  l'école 
royale  de  chant  et  de  déclamation  ,  fondée 
en  1783,  par  Papillon  de  la  Perte,  inten- 
dant des  menus-plaisirs.  Catel  y  étudia  le 
piano,  sous  la  direction  de  Gobert,  et 
Gossec  ,  qui  le  prit  en  affection,  lui  donna 
des  leçons  d'harmonie  et  de  composition. 
En  peu  de  temps  ,  il  devint  habile  clans 
l'harmonie  et  dans  toutes  les  parties  de 
l'art  d'écrire  la  musique;  vers  le  milieu  de 
l'année  1787  il  fut  nommé  accompagna- 
teur et  professeur  adjoint  delà  même  école. 
En  1790,  l'administration  de  l'Opéra  le 
choisit  pour  être  accompagnateur  de  ce 
théâtre;  il  conserva  cet  emploi  jusqu'en 
1802,  époque  où  des  fonctions  plus  im- 
portantes l'obligèrent  à  renoncer  à  sa 
place.  Ce  fut  dans  celte  même  année 
(1790),  que  le  corps  de  musique  de  la 
garde  nationale  fut  formé  par  les  soins  de 
M.  Sarrette,  qui  depuis  lors,  fonda  le  con- 


servatoire de  musique  et  en  devint  le  di- 
recteur. L'étroite  amitié  qui  l'unissait  déjà 
à  Catel  le  détermina  à  lui  fournir  les 
moyens  de  faire  connaître  son  talent ,  en 
l'attachant  à  ce  corps  de  musique,  en  qua- 
lité de  chef  de  musique  adjoint  de  son  maî- 
tre Gossec.  Catel  s'acquitta  des  obligations 
de  cet  emploi  en  écrivant  un  grand  nombre 
de  marches  et  de  pas  redoublés  qui  furent 
généralement  adoptés  par  les  régi  mens 
français  pendant  les  guerres  de  la  révolu- 
tion. La  première  production  qui  signala 
le  talent  de  Catel  pour  les  grands  ouvra- 
ges ,  fut  un  De  Prqfundis  avec  choeurs  et 
orchestre,  exécuté  en  1792,  à  l'occasion 
des  honneurs  funèbres  que  la  garde  na- 
tionale rendit  à  son  major  général  Gou- 
vion. 

La  nécessité  de  faire  entendre  la  musi- 
que dans  les  fêtes  nationales,  l'insuffisance 
et  l'inconvénient  des  inslrumens  à  cordes 
pour  ce  genre  d'exécution  ,  déterminèrent 
Catel  à  composer  des  symphonies  pour  des 
instrumens  à  vent  seuls  ,  et  des  chœurs  à 
grand  orchestre,  dont  l'exécution  n'exigeait 
aucun  instrument  à  cordes.  Le  premier 
essai  d'une  composition  de  cette  espèce  se 
fit  aux  Tuileries,  le  11  messidor  an  ir , 
dans  lhymnc  à  la  victoire  sur  la  bataille 
de  Fleurus ,  dont  le  poète  Lebrun  avait 
fait  les  vers. 

En  l'an  ni  delà  République,  époque  de 
l'organisation  du  Conservatoire  de  musi- 
que, Catel  y  fut  nommé  professeur  d'har- 
monie. A  peine  cet  établissement  fut-il 
consolidé,  que  les  vues  des  professeurs  dis- 
tingués qu'on  y  avait  réunis  se  tournèrent 
vers  la  nécessité  de  poser  les  bases  d'un 
système  d'enseignement,  et  de  rédiger  des 
ouvrages  élémentaires  pour  toutes  les  par- 
ties de  l'art.  Chacun  eut  sa  part  de  tra- 
vaux ,  en  raison  de  ses  études  spéciales , 
et  d'après  cette  distribution,  Catel  fut 
chargé  de  la  rédaction  d'un  traité  d'har- 
monie. Il  en  proposa  le  système  clans  une 
assemblée  des  professeurs;  il  fut  adopté, 
et  l'ouvrage  parut  en  l'an  x  (1802).  Ce 
livre  a  été  pendant  plus  de  vingt  ans  le 


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seul  guide  des  professeurs  d'harmonie  eu 
France. 

Depuis  l'origine  du  Conservatoire  de 
Paris,  Gossec ,  Méhul  et  M.  Chérubini  en 
étaient  inspecteurs  ;  une  quatrième  place 
de  ce  genre  fut  fondue  en  1810  ,  et  ce  fut 
Catel  qu'on  choisit  pour  en  remplir  les 
fonctions.  Il  ne  jouit  pas  long-temps  des 
avantages  de  cette  nouvelle  position  ,  car 
les  événemens  de  1814  ayant  ôté  à  M.  Sar- 
rette  l'administration  du  Conservatoire , 
son  ami  voulut  le  suivre  dans  sa  retraite  , 
et  donna  sa  démission.  Depuis  lors  ,  il  a 
refusé  tous  les  emplois  qui  lui  ont  été  of- 
ferts, et  sa  nomination  de  membre  de  l'In- 
stitut de  France  (en  1815)  est  la  seule 
chose  qu'il  ait  acceptée.  En  1824,  il  fut 
fait  chevalier  de  la  légion-d'honneur,  sans 
avoir  fait  aucune  démarche  pour  obtenir 
cette  faveur. 

Dès  l'époque  de  son  établissement ,  le 
Conservatoire  de  musique  devint  le  centre 
d'un  parti  dans  l'art,  ou,  si  l'on  veut,  d'une 
coterie,  parce  qu'il  fut  obligé  de  se  défen- 
dre des  attaques  dont  il  était  l'objet.  Il 
fondait  un  nouvel  ordre  d'idées;  substi- 
tuait un  enseignement  normal  aux  routi- 
nes vicieuses  qui  régnaient  auparavant  en 
France;  créait  de  nouvelles  existences  ,  et 
portait  préjudice  à  d'autres  plus  anciennes. 
Ce  fut  encore  pis  quand ,  séparant  des  élé- 
mens  hétérogènes  qu'il  avait  admis  dans 
son  sein  ,  il  fit  des  réformes  parmi  les  pro- 
fesseurs dont  les  babil udes  ne  coïncidaient 
pas  avec  ses  nouvelles  doctrines.  De  là  des 
haines,  des  pamphlets  ,  et  des  attaques  au 
dehors,  qui  consolaient  les  adversaires  de  la 
nouvelle  école  de  ses  succès  naissans.  Plus 
qu'un  autre,  Catel  devait  être  l'objet  de 
ces  attaques  ,  car  on  connaissait  ses  étroi- 
tes liaisons  avec  le  directeur  du  Conserva- 
toire ,  et  l'on  n'ignorait  pas  qu'il  exer- 
çait une  active  influence  sur  les  résolutions 
de  celui-ci.  C'est  peut-être  à  ces  causes 
qu'il  faut  attribuer  les  difficultés  qui  en- 
tourèrent Catel  à  son  début  comme  com- 
positeur dramatique  .  et  la  disproportion 
de  l'éclat  de  sa  renommée  avec  la  réalité 


de  son  talent  ;  car  s'il  avait  des  amis 
dévoués  parmi  les  artistes  du  théâtre  et  de 
l'orchestre,  ses  ennemis  étaient  en  foule 
au  parterre.  De  là  vint  sans  doute  l'oppo- 
sition qui  se  manifesta  contre  lui  lorsqu'il 
fit  représenter  Sémiramis  en  1802.  Le 
moment  n'était  pas  favorable  au  succès  de 
cet  ouvrage,  car  c'était  celui  des  haines 
les  plus  violentes  contre  le  Conservatoire  : 
aussi  ne  réussit -il  que  médiocrement,  ou 
plutôt,  ne  réussit-il  pas,  quoique  la  par- 
tition renfermât  de  grandes  beautés.  Il 
faut  le  dire,  elle  ne  brillait  pas  par  ces 
traits  de  création  qui  marquent  tout  d'a- 
bord la  place  d'un  artiste  ;  mais  ,  le  chant 
y  était  si  noble  et  si  gracieux  ,  la  décla- 
mation si  juste,  l'harmonie  si  pure,  qu'en 
examinant  aujourd'hui  cette  partition,  on 
s'étonne  que  le  public  de  l'an  x  ait  montré 
si  peu  de  sympathie  pour  celte  œuvre. 
Quelques  airs  seuls  ont  survécu  dans  les 
concerts ,  parce  qu'ils  sont  favorables  aux 
chanteurs  français.  De  nos  jours,  grâce  à 
l'influence  des  journaux,  des  applaudisseurs 
à  gages  et  de  la  camaraderie ,  une  chute 
se  transforme  en  un  demi  succès,  un  demi 
succès  en  un  triomphe  complet;  mais  à 
l'époque  où  Catel  fit  représenter  Sémira- 
mis,  un  demi  succès  était  une  chute,  une 
chute  la  mort  d'un  ouvrage  dramatique. 
Malheur  à  l'auteur  tombé  !  Catel  en  fit 
la  triste  expérience.  Plusieurs  années  se 
passèrent  avant  qu'il  eût  surmonté  son  dé- 
couragement et  avant  qu'il  eût  trouvé  un 
livret  pour  une  nouvelle  composition.  Le 
coup  était  porté  ;  il  était  décrié  près  des 
gens  de  lettres  de  ce  temps  comme  un 
musicien  savant,  ce  qui  était  la  pire  chose 
qu'on  pût  dire  alors  d'un  musicien.  Enfin 
en  1807  ,  il  fit  représenter  Y  Auberge  de 
Bagneres ,  à  l'Opéra-Comique.  Cette  par- 
tition était  trop  forte  ,  trop  pleine  de  mu- 
sique pour  les  habitués  de  ce  théâtre,  à 
l'époque  où  elle  parut.  Les  mélodies  y  sont 
charmantes  ,  les  intentions  comiques  bien 
saisies,  la  facture  excellente;  mais  il  sV 
trouvait  des  morceaux  d'ensemble  d'un 
grand  style,  dont  les  combinaisons  étaient 


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trop  riches  pour  un  auditoire  français  de 
1807.  Le  succès  fut  d'abord  incertain,  et 
le  mérite  du  bel  ouvrage  de  Catel  ne  fut 
compris  que  long-temps  après  ,  et  sa  re- 
prise fut  en  quelque  sorte  une  résurrec- 
tion. 

Dans  l'année  1807,  ce  compositeur  fit 
représenter  un  opéra-comique  sous  le  titre 
de  Les  artistes  par  occasion.  La  pièce 
n'était  pas  bonne  :  la  musique  ne  put  la 
soutenir;  mais  il  s'y  trouvait  un  trio  excel- 
lent qui  a  été  souvent  chanté  aux  concerts 
du  Conservatoire  ,  et  qu'on  a  toujours  ap- 
plaudi. Cet  ouvrage  fut  suivi  du  ballet 
&  Alexandre  chez  Apelle,  en  1S08,  des 
Bayaderes  ,  grand-opéra  en  trois  actes , 
en  18J 0,  des  Aubergistes  de  qualité, 
opéra-comique  en  trois  actes,  en  1812, 
composition  un  peu  froide ,  mais  dont  les 
mélodies  sont  d'un  goût  exquis  ,  du  Pre- 
mier en  date ,  opéra-comiquè  en  un  acte, 
faible  production  représentée  en  1814,  du 
Siège  de  Mézieres,  pièce  de  circonstance, 
en  société  avec  Nicolo  Isouard,  Boieldieu 
et  Cherubini ,  de  Wallace  ou  le  Ménes- 
trel écossais,  drame  en  trois  actes,  qu'on 
peut  considérer  comme  le  chef  d'œuvre  de 
Catel ,  ou  du  moins  comme  l'œuvre  sortie 
de  ses  mains  où  le  sentiment  dramatique 
est  le  plus  énergique ,  et  dans  laquelle  le 
coloris  musical  est  le  mieux  assorti  au 
sujet.  Cet  ouvrage  fut  représenté  en  1817. 
Il  fut  suivi,  en  1818,  de  Zirphile  etjleur 
de  Myrte ,  opéra  en  deux  actes,  repré- 
senté à  l'Académie  royale  de  musique  , 
et,  en  1819,  de  l'Officier  enlevé ,  faible 
production  remplie  de  négligences  ,  et  qui 
laissait  apercevoir  le  dégoût  de  l'auteur 
pour  la  carrière  du  théâtre  ,  où  jamais  ses 
succès  n'avaient  été  populaires  ni  produc- 
tifs. Ce  fut  son  dernier  ouvrage.  Cherchant 
dès  ce  moment  ses  plaisirs  dans  les  encou- 
ragemens  qu'il  donnaità  dejeunesartistes, 
et  dans  les  douceurs  d'une  rie  tranqnille, 
il  se  condamna  au  silence,  et  passa  la  plus 
grande  partie  de  chaque  année  dans  une 
maison  de  campagne  qu'il  avait  acquise  à 
quelques  lieues  de  Paris. 


La  collection  des  pièces  de  musique  à 
l'usage  des  fêtes  nationales  contient  beau- 
coup de  morceaux  composés  par  Catel, 
entre  autres  :  1°  Ouverture  pour  des  in- 
strumens  à  vent,  exécutée  dans  le  temple 
de  la  Raison,  an  n  de  la  République} 
2°  Marches  militaires  et  pas  de  manoeuvre; 
3°  Stances  chantées  à  la  fête  des  élèves 
pour  la  fabrication  des  canons  ,  poudres  et 
salpêtres;  4°  Marche  militaire;  5°  Sym- 
phonie militaire,  marche  et  hymne  à  la 
victoire  sur  la  bataille  de  Fleurus  ,  6°  Le 
chant  du  départ ,  hymne  de  guerre  ;  7°  La 
bataille  de  Fleurus ,  chœur  ;  8°  Chœur 
du  banquet  de  la  fête  de  la  victoire; 
9°  Hymne  à.  l'égalité ,  paroles  de  Ché- 
nier  ;  10°  Ouverture  en  ut,  à  l'usage  mi- 
litaire; 11°  Symphonie  en  Ja ,  Idem.; 
12°  Ouverture  en  fa ,  Idem.  Catel  s'est 
aussi  essayé  dans  la  musique  de  chambre 
et  a  publié  :  Trois  quintettes  pour  deux 
violons,  deux  altos  et  basse,  œuvre  1er, 
Paris  1797;  Trois  idem:  œuvre 2me,  Ib.; 
Trois  quatuors  pour  flûte  ,  clarinette  , 
cor  et  basson,  Paris  1796;  et  six  sonates 
faciles  pour  le  piano ,  Paris  1799.  Le  re- 
cueil de  chansons  et  romances  civiques 
publié  à  Paris,  en  1796,  contient  plusieurs 
morceaux  de  la  composition  de  cet  artiste; 
enfin  il  a  eu  une  grande  part  à  la  rédac- 
tion des  Solfèges  du  conservatoire ,  dont 
il  a  publié  une  deuxième  édition,  en  1815, 
avec  une  exposition  méthodique  des  prin- 
cipes de  la  musique. 

L'ouvrage  qui  a  le  plus  contribué  à  la 
réputation  de  Catel  est  incontestablement 
son  Traité  d'harmonie.  A  l'époque  où  il 
l'écrivit,  le  système  de  Rameau  était  le 
seul  qu'on  connût  en  France  ;  la  plupart  des 
professeurs  du  Conservatoire  n'enseignaient 
même  pas  autre  chose  pendant  les  pre- 
mières années  de  l'existence  de  cette  école. 
Catel  était  trop  habile  dans  la  pratique  de 
l'art  d'écrire  l'harmonie  pour  ne  pas  aper- 
cevoir les  vices  de  ce  système,  et  pour 
ne  pas  comprendre  que  la  génération  har- 
monique imaginée  par  l'ancien  chef  de 
l'école  française  n'était  pas  conforme  aux 


78 


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lois  de  succession  des  accords.  Il  vit  bien 
que  l'accord  de  double  emploi  tic  Rameau 
et  ceux  de  septième  mineure  du  second 
degré  ,  de  neuvième ,  de  onzième  ,  etc. , 
étaient  des  produits  de  prolongations  d'ac- 
cords précédens  sur  des  accords  conson- 
nans  et  dissonans;  il  aperçut  l'origine  de 
certains  accords  dissonans  dans  des  alté- 
rations d'autres  accords  naturels,  et  fon- 
dant sa  théorie  sur  ces  considérations ,  il 
débarrassa  le  système  de  l'échafaudage 
d'accords  fondamentaux  imaginés  par  Ra- 
meau, et  produits,  suivant  cet  harmoniste, 
par  des  sous-positions  ou  par  des  superpo- 
sitions dénotes,  ajoutées  de  tierce  en  tierce. 
La  théorie  de  Catel  avait  déjà  été  présen- 
tée, au  moins  dans  ses  considérations  les 
plus  importantes,  par  Kirnherger  (Grand- 
sœlze  des  Generalbass  als  ersLe  linien 
der composition ,  Berlin,  1781  ,  in-4°), 
et  par  Turk  (Anweisung  zuni  General- 
bnsspie'en,  Halle,  1800);  mais  à  l'époque 
où  ce  système  fut  proposé,  il  était  inconnu 
en  France,  en  sorte  que  le  mérite  de  l'in- 
vention lui  reste.  Il  est  certain  que  ce  sys- 
tème, beaucoup  plus  simple  ,  et  plus  con- 
forme aux  faits  qui  se  produisent  dans 
l'emploi  et  dans  la  succession  des  accords  , 
était  un  grand  pas  vers  une  théorie  com- 
plète et  rationnelle  de  l'harmonie  ;  mais  il 
est  si  difficile  de  s'affranchir  tout  à  coup 
des  habitudes  de  l'éducation  dans  la  re- 
cherche de  la  vérité ,  que  Catel  se  crut 
obligé  de  prendre  la  base  de  son  système 
d'harmonie  dans  les  divisions  du  mono- 
corde, imitant  en  cela  ses  prédécesseurs 
qui  avaient  fondé  le  leur  sur  des  phénomè- 
nes physiques  plus  ou  moins  incertains, 
plus  ou  moins  mal  observés.  Il  ne  vil  pas 
qu'il  prêtait  ainsi  des  armes  à  ceux  qui 
voudraient,  attaquer  sa  théorie.  Voici  quel, 
est  le  point  de  départ  qu'il  a  choisi. 

a  11  n'existe  en  harmonie  qu'un  seul 
«  accord  qui  contient  tous  les  autres.  Cet 
a  accord  est  formé  des  premiers  produits 
«  du  corps  sonore,  ou  des  premières  divi- 
«  sions  du  monocorde. 

t:  Une  corde  tendue  donne  dans  «a  tota- 


«  lité  un  son  que  je  nommerai  sol.  Sa 
«  moitié  donne  un  sol  à  l'octave  du  1er  ; 
«  son  tiers  donne  un  rê  à  la  12me,  son 
<i  quart  donne  un  sol  la  double  à  octave, 
«  son  cinquième  donne  un  si  à  la  \7*°e  j 
«  son  sixième  donne  un  ré  octave  du  tiers, 
«  son  septième  donne  un^à  à  la  21me; 
te  son  huitième  donne  un  sol  à  la  triple 
ce  octave ,  son  neuvième  donne  un  la  à 
«  la  23me. 

»  Ainsi  ,en  parlant  du  quart  delà  corde, 
«  ou  de  la  double  octave  du  premier  son, 
«  on  trouve  en  progression  de  tierces  1  ac- 
te cord  sol ,  si,  ré,  fa,  la.  r> 

Il  est  facile  de  comprendre  les  consé- 
quences que  Catel  tire  de  ce  résultat  des 
divisions  du  monocorde  ;  car,  dans  sol, 
si  ,  ré.  fa,  la  }  on  trouve  l'accord  parfait 
majeur  sol,  si,  ré;  l'accord  parfait  mi- 
neur ,  ré ,  fa ,  la  ;  l'accord  de  quinte  mi- 
neure si,  ré ,  fa  ;  l'accord  de  septième 
naturelle  de  la  dominante,  sol ,  si,  ré, fa  ; 
l'accord  de  septième  de  sensible  si,  ré,  fa, 
la,  enfin  l'accord  de  neuvième  majeure 
de  la  dominante  sol ,  si,  ré,  fa  ,  la.  De 
là  ,  il  concluait  que  tous  ces  accords  sont 
naturels,  et  que  les  autres  sont  obtenus  par 
des  modifications  artificielles  de  ceux-ci. 

Mais  ainsi  que  l'a  fort  bien  vu  Boely 
(Voyez  ce  nom  ) ,  ces  divisions  du  mono- 
corde sont  arbitraires  si  l'on  s'arrête  au 
point  que  Catel  a  pris  pour  terme  ,  car 
rien  n'empêche  d'aller  au-delà ,  et  de 
pousser  la  division  jusqu'à  ut,  mi,  et 
d'autres  sons  encore,  en  sorte  qu'au  lieu  de 
l'accord  sol,  si ,  ré, fa,  la,  on  aura  sol, 
si,  ré ,fa,  la,  ut,  mi ,  etc.  On  comprend, 
d'après  cela  ,  quelles  objections  se  présen- 
tent contre  la  distinction  établie  par  Catel 
entre  les  accords  qu'il  appelle  naturels  et 
ceux  qu'il  nomme  artificiels;  car  dans 
l'accord  sol ,  si,  ré,  fa,  la,  ut,  mi,  on 
trouve  l'accord  de  septième  mineure  du 
second  degré,  ré,  fa,  la,  ut ,  et  l'accord 
de  septième  majeure  fx,  la,  ut,  mi; 
donc,  plus  de  nécessité  de  prolongation 
pour  la  formation  de  ces  accords.  En  fai- 
sant d'autres  proportions  dans  la  division 


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79 


du  monocorde,  on  arrive  à  d'antres  sons 
qui  rendent  également  inutiles  les  altéra- 
tions des  intervalles  naturels  des  accords; 
dès  lors  ,  toute  la  théorie  s'écroule.  Tels 
sont  les  inconvénicns  de  ces  systèmes  basés 
sur  des  considérations  prises  en-dehors  de 
l'art  :  aucun  d'eux  ne  soutient  un  examen 
sérieux.  Heureusement  la  théorie  de  Catel 
n'avait  pas  besoin  du  faible  soutien  de  ces 
divisions  du  monocorde  qui  ne  prouvent 
rien  ;  la  distinction  des  accords  naturels  et 
des  accords  artificiels  subsiste,  parce  que 
les  premiers  sont  des  faits  acceptés  par  l'o- 
reille comme  ayant  une  existence  indépen- 
dante de  toute  harmonie  précédente,  tandis 
que  les  autres  ne  se  conçoivent  que  comme 
de  produits  de  succession  à  des  faits  anté- 
rieurs. L'instinct  du  musicien  avait  guidé 
Catel  dans  cette  distinction  avec  plus  de 
sûreté  qu'une  mauvaise  physique  d'éco- 
lier :  de  là  vient  que  malgré  les  attaques 
des  partisans  de  l'ancien  système  de  la 
basse  fondamentale,  le  traité  d'harmonie 
de  Catel  a  été  pendant  près  de  vingt  ans  le 
seul  ouvrage  qu'on  a  étudié  en  France 
pour  apprendre  l'harmonie  :  succès  justi- 
fié par  l'amélioration  qui  s'est  manifestée 
dans  la  connaissance  pratique  de  l'art  chez 
les  Français. 

Le  Traité  d'harmonie  de  Catel  n'est  en 
quelque  sorte  que  le  programme  d'un 
cours  de  cette  science  ;  il  en  a  écrit  les  dé- 
veloppcmens  pour  ses  élèves  et  a  donné 
des  exemples  nombreux  pour  tous  les  cas 
qu'il  avait  indiqués.  Son  manuscrit  auto- 
graphe, d'un  grand  intérêt  pour  la  prati- 
que de  l'art,  avait  passé  dans  la  bibliothè- 
que de  Perne;  il  est  aujourd'hui  dans  la 
mienne. 

Quels  qu'aient  été  les  talens  de  Catel , 
ils  ne  furent  qu'une  partie  de  ses  titres  à 
l'estime,  je  pourrais  dire  ,  à  la  vénération 
de  ceux  qui  le  connurent.  A  l'esprit  le 
plus  juste  et  le  plus  fin  ,  au  don  d'obser- 
vation le  plus  pénétrant,  il  joignait  la 
probité  la  plus  sévère,  et  toutes  les  qua- 
lités de  l'ame  la  plus  pure.  Pendant  qua- 
rante ans,  son  amitié,  sa  reconnaissance 


pour  M.  Sarrette ,  qui  l'avait  secondé  de 
tout  son  pouvoir  dès  son  début  dans  sa 
carrière,  ne  se  démentit  pas  un  instant; 
sa  bienveillance  pour  les  jeunes  musiciens, 
qui  réclamèrent  ses  conseils  et  sa  protec- 
tion ,  ne  connut  pas  de  bornes. 

CATENACCl  (  le  p.  cian-domenico), 
moinede  l'ordre  des  observans,  néà  Milan, 
dans  la  première  moitié  du  18e  siècle,  fut 
un  très  habile  contrapuntisle  et  un  grand 
organiste.  Il  a  publié  à  Milan,  en  1791  , 
un  livre  de  sonates  fuguées  pour  l'orgue , 
qui  sont  d'un  excellent  style.  Le  P.  Cate- 
nacci  a  fait  de  nombreux  élèves.  Il  est 
mort  vers  1800. 

CATHALA  (jean),  maître  de  musique 
de  l'église  cathédrale  d'Auxcrre,  vers  le 
milieudul7e  siècle, estauteur  de  plusieurs 
messes,  dont  voici  les  titres  :  1°  Missa 
quinque  vocum  ad  imitalioiiem  moduli , 
Lœlare  Jérusalem,  Paris,  Robert  Ballard, 
1666,  in-fol.;  2°  Missa  quoique  vocum, 
ad  irh.it.  mod.  in  Luce  Stellarum  ,  ibid., 
in-fol.;  5°  Missa  quatuor  vocibus ,  ad 
imit.  mod.  Inclina  cor  meum  Deus,  Paris, 
Christ.  Bal'ard,  1678,  in-fol.  C'est  une 
deuxième  édition  ;  j'ignore  la  date  de  la 
première;  4°  Missa  quinque  vocibus  ad 
imit.  mod.  Nigra  sum  sed  formosa,  ibid., 
1678,  in-fol.  11  n'y  a  pas  une  seule  note 
blanche  dans  cette  messe,  à  cause  de  son 
titre;  5°  Missa  quatuor  vocibus  ad  imit. 
moduli }  Non  recuso  laborem  ,  Paris,  Bal- 
lard,  1680,  in-fol.  ;  6°  Messe  syllabiqueen 
plain-chant,  à  quatre  voix ,  Ibid.,  16S3, 
in-fol. 

CATLEY  (anne),  cantatrice  à  l'Opéra 
de  Londres,  de  1767  à  1781  ,  possédait 
une  voix  charmante,  un  goût  exquis  et  une 
déclamation  parfaite.  Elle  naquit  dans 
cette  ville  en  1737,  et  y  fit  son  édu- 
cation musicale.  Elle  épousa  le  général 
Lasalle,  et  mourut  à  Londres,  le  15  oc- 
tobre 1789.  Son  portrait  a  été  gravé  par 
Jones, dans  le  rôle  à'Euplirosine  de  l'opéra 
de  Dunkarton  (Londres.  1777). 

CATRUFO  (josepii),  compositeur  dra- 
matique, est  né  à  Naples,  en  1771.  A  l'âgé 


CAT 


CAT 


de  douze  ans  ,  c'est-à-dire  en  1783  ,  il  fut 
admis  au  conservatoire  de  La  Pietà  de 
Turchini ,  et  il  y  commença  l'étude  de  la 
musique.  Ses  maîtres  furent  dans  cette 
école  Tarentino  pour  l'étude  de  la  basse- 
chiffrée  ou  des  partimenti ,  Sala  pour  le 
contrepoint,  Trilto  pour  la  coupe  drama- 
tique des  morceaux  et  la  facture  de  la  par- 
tition ,  enfin  La  Barbiera  pour  le  chant. 
Vers  la  fin  de  1791 ,  ses  éludes  étant  ter- 
minées ,  il  partit  pour  Malte  ,  où  il  écrivit 
l'année  suivante,  deux  opéras  houffes ,  II 
Corriere ,  en  deux  actes  ,  et  Cajacciello 
disertore,  en  un  acte.  Mais  bientôt  les  tra- 
vaux de  M.  Catrufo  furent  interrompus 
par  les  événemens  militaires  qui  occupè- 
rent l'Italie.  Fils  d'un  ancien  officier  es- 
pagnol, il  était  destiné  par  ses  parcns  à  la 
profession  des  armes  ;  il  entra  au  service  , 
et  lors  de  la  révolution  de  Naples ,  il  prit 
parti  dans  l'armée  française,  fit  les  cam- 
pagnes d'Italie ,  et  partagea  la  gloire  des 
drapeaux  français.  Adjudant  de  place  à 
Diana-Marina,  il  se  mit  à  la  tête  des  habi- 
tans  de  cette  ville,  et  donna  des  preuves 
de  courage  en  la  défendant  contre  les  at- 
taques d'une  escadre  anglaise.  Au  milieu 
de  ses  faits  d'armes ,  il  revenait  quelque- 
fois à  l'objet  de  ses  goûts  ,  à  la  musique 
qui  avait  fait  les  délices  de  sa  jeunesse. 
C'est  ainsi  qu'au  carnaval  de  1799,  il 
donna  sur  le  théâtre  d'Arezzo  II  Furbo 
contro  il  Furbo ,  opéra  bouffe  en  deux 
actes,  et  qu'il  écrivit  pour  la  cathédrale  de 
cette  ville  une  messe  et  un  Dixil  à  quatre 
voix,  avec  chœur  et  orchestre. Dans  la  même 
année,  il  composa  aussi  pour  le  théâtre  de 
La  Pergola ,  à  Florence,  quelques  mor- 
ceaux qui  furent  introduits  dans  les  opéras 
de  divers  auteurs.  Retiré  du  service  mili- 
taire en  1804,  M.  Catrufo  se  fixa  à  Ge- 
nève, et  écrivit  dans  la  même  année  pour 
l'église  de  l'Auditoire  un  Christus  factus 
estpro  nobis ,  à  voix  seule  avec  orchestre. 
Il  fit  aussi  représenter  au  théâtre  de  cette 
ville,  depuis  1805  jusqu'en  1810,  quatre 
opéras-comiques  français,  savoir  :  Clarisse, 
en  deux  actes  ;  La  Fée  Urgele,  en  trois 


actes  ;  L'Amant  alchimiste ,  en  trois  ac- 
tes ;  et  Les  Aveugles  de  Franconville,  en 
un  acte.  Pendant  son  séjour  à  Genève , 
M.  Catrufo  fit  le  premier  essai  de  l'ensei- 
gnement mutuel  appliqué  à  la  musique, 
et  cet  essai  lui  réussit.  Ce  fut  pour  ce  cours 
qu'il  écrivit  les  Solfèges  progressifs  qu'il 
a  publiés  à.  Paris,  en  1820,  chez  Pacini. 
Arrivé  à  Paris,  vers  le  milieu  de  1810 ,  il 
se  livra  à  l'enseignement  du  chant,  et  pu- 
blia, l'année  suivante,  un  recueil  de  Foca- 
lises qui  fut  adopté  pour  l'usage  du  con- 
servatoire de  Milan.  Au  mois  de  novembre 
1813  il  fit  représenter  au  Théâtre  Feydeau 
L'Aventurier,  opéra-comique  en  trois  ac- 
tes ,  qui  n'obtint  qu'un  succès  médiocre; 
cet  ouvrage  fut  suivi  de  Fèlicie  ou  la  jeune 
file  romanesque  ,  en  trois  actes  ,  qui  fut 
bien  accueilli  du  public  et  qui  resta  au 
théâtre;  d'Une  matinée  de  Frontin,  en 
un  acte  ;  de  La  Bataille  de  Denain ,  en 
trois  actes  ;  de  La  Boucle  de  cheveux,  en 
un  acte  ;  de  Zadig,  en  un  acte  ;  de  L'In- 
trigue au  château,  en  trois  actes;  du 
Voyage  à  la  cour,  en  deux  actes  ;  et  Des 
Rencontres ,  en  trois  actes.  Outre  ces  ou- 
vrages dramatiques,  M.  Catrufo  a  publié  : 
1°  Fantaisie  pour  le  piano  sur  les  airs  de 
Fèlicie',  2°  Fantaisie  pour  le  piano  sur 
des  airs  de  Rossini  ;  3°  Variations  sur  une 
marche  tirée  d'Une  matinée  de  Frontin; 
4°  Trois  waîsescaractérisques  pour  le  piano; 
5°  Six  duos  caractéristiques  pour  le  chant 
avec  ace.  de  piano;  6°  Six  recueils  de  noc- 
turnes contenant  vingt-sept  morceaux  ; 
7°  Deux  recueils  d'ariettes  contenant  neuf 
morceaux;  8°  Sei  quartetlini  da  Caméra 
a  qualtro  voci  ;  9°  Sei  Terzettini  da  Ca- 
méra a  tre  voci  ;  10°  Les  animaux  chan- 
tans ,  recueil  de  canons  à  plusieurs  voix  , 
11°  Barème  musical,  ou  l'art  de  compo- 
ser de  la  musique  sans  en  connaître  les 
principes ,  Paris  ,  1811,  in-8°;  12°  Beau- 
coup de  romances  françaises  avec  accom- 
pagnement de  piano  ,  parmi  lesquelles  on 
remarque  :  L'Infidélité  d'Annelle ,  La 
Déclaration, Le  Gondolier,  L'Exilé,  etc. ; 
13«  Un  recueil  de  vocalises  sur  les  airs  de 


CAU 

Rossini,  Paris,  1826;  14°  Méthode  de 
vocalisation,  ibid.,  1830;  et  plusieurs 
autres  productions  légères.  On  connaît 
aussi  de  ce  compositeur  :  1°  Un  hymne 
républicain  pour  voix  de  ténor,  avec  chœur 
et  orchestre,  exécuté  en  1799  sur  le  théâ- 
tre de  la  Pergola,  à  Florence  ;  2°  Un  hymne 
du  même  genre  avec  orchestre,  ^u  théâtre 
d'Alexandrie,  en  Piémont  ;  3°  Une  cantate 
avec  chœur  à  grand  orchestre ,  exécuté  à 
Empoli  (Toscane),  pour  la  cérémonie  fu- 
nèbre à  l'occasion  de  l'assassinat  des  plé- 
nipotentiaires français  de  Rastadt  ;  4°  Une 
cantate  à  voix  seule  avec  chœur  et  orchestre , 
au  théâtre  de  Pavie,  en  1 800,  pour  célébrer 
la  bataille  de  Marengo.  Parmi  les  produc- 
tions inédites  de  M.  Catrufo,  on  remarque  : 
Blanche  et  Olivier,  opéra  en  deux  actes , 
reçu  à  l'Opéra-Comique;  Don  Raphaël, 
en  trois  actes ,  Idem  ;  Clotaire ,  en  trois 
actes,  Idem  ;  Le  Mécanisme  de  la  voix, 
ouvrage  élémentaire  ;  L'Art  de  varier  un 
chant  donné ,  et  un  recueil  de  vocalises 
pour  contralto  et  basse.  En  dernier  lieu , 
il  a  fait  paraître,  à  Paris,  un  traité  des 
voix  et  des  instrumens,  à  l'usage  des  com- 
positeurs. 

CATTANEO  (jacques),  né  à  Lodi,vers 
1666  ,  fut  maître  de  psaltérion  et  de  vio- 
loncelle au  collège  des  nobles  de  Rrescia , 
dirigé  par  les  jésuites.  11  est  auteur  d'un 
ouvrage  intitulé  :  Trattenimenti  Armo- 
nici  da  Caméra  a  tre  istromenti,  due  vio- 
Uni  et  violoncello  o  cembalo ,  con  due 
brevi  cantate  a  soprano  solo  ed  una  so- 
nata  per  violoncello ,  opéra  prima ,  Mo- 
dène,  1700,  in-4°. 

CATTANEO  (françois-marie)  ,  frère 
du  précédent,  né  à  Lodi,  était,  en  1739, 
violiniste  de  la  cour  de  Dresde ,  et  succéda 
àPisendel,  en  1756,  comme  maître  de 
concerts  de  cette  cour.  On  a  de  sa  compo- 
sition trois  concertos  pour  violon  ,  et  quel- 
ques airs  en  manuscrit. 

Un  autre  musicien  du  nom  de  Catla- 
neo  a  publié  à  Milan, chez  Riccordi,  Deux 
sinphonies  pour  guitare  seule. 

CAUCHY  (Augustin-Louis),  membre  de 
tome  m. 


CAU 


81 


l'Académie  des  sciences,  de  l'Institut  de 
France,  est  né  à  Paris,  en  1781.  Une  rare 
aptitude  pour  les  mathématiques  s'est  ma- 
nifestée en  lui  dès  sa  jeunesse  :  il  est  au- 
jourd'hui un  des  géomètres  les  plus  distin- 
gués de  France.  Il  a  fait  insérer  dans  les 
mémoires  de  l'Institut  (années  1817  et 
suivantes),  plusieurs  mémoires  sur  des  su- 
jets d'acoustique. 

CAUCIELLO  (prosper), musicien  delà 
chapelle  royale  de  Naples,  en  1780,  a  fait 
graver  à  Lyon ,  vers  la  même  époque  : 
1°  Deux  œuvres  de  six  duos  pour  le  vio- 
lon; 2°  Cinq  quintettes  pour  violon  ou 
flûte;  3°  Trois  symphonies  détachées  à 
grand  orchestre. 

CAULERY  (je an),  maître  de  chapelle 
de  Catherine  de  Médicis,  vivaitàRruxelles, 
en  1556.  Il  a  fait  imprimer  à  Anvers  , 
dans  la  même  année,  un  ouvrage  de  sa 
composition  intitulé  :  Jardin  musical, 
contenant  plusieurs  belles Jleurs  de  chan- 
sons spirituelles  à  trois  et  à  quatre  par- 
ties,  in-4°. 

CAURROY  (françois-eustache  DU), 
sieur  de  Saint-Frémin ,  naquit  à  Gerbe- 
roy,  près  de  Beau  vais,  en  1549.  Il  eut  en 
France  la  réputation  d'un  compositeur  ha- 
bile ,  et  même  il  fut  appelé  Prince  des 
professeurs  de  musique,  ce  qui  ne  prouve 
pas  d'ailleurs  qu'il  fûtle  meilleur  musicien 
de  son  temps ,  car  ce  titre  fut  aussi  donné 
à  Palestrina  et  à  Roland  de  Lassus,  qui 
vivaient  à  la  même  époque  ,  et  qui  le  mé- 
ritaient bien  mieux  que  lui.  Son  père  le 
destinait  à  entrer  dans  l'ordre  de  Malte  , 
dont  son  fils  aîné  était  commandeur;  mais 
après  avoir  achevé  ses  études,  Du  Caurroy 
s'adonna  à  la  musique,  et  y  acquit  bientôt 
tant  de  réputation  ,  que  ses  parens  renon- 
cèrent à  leur  premier  dessein.  Il  entra 
dans  les  ordres,  devint  chanoine  de  la 
Sainte-Chapelle  et  prieur  de  Sainl-Aïoul 
de  Provins.  Il  dit  dans  l'épître  dédicatoire 
de  ses  Preces  ecclesiasticœ ,  publiées  en 
1609,  qu'il  était  depuis  quarante  ans  maî- 
tre de  musique  de  la  chapelle  des  rois  de 
France;  d'où  il  suit  qu'il  fut  reçu  dans 
6 


GAU 


CAU 


cette  charge,  en  1568,  ou  au  plus  tard  au 
commencement  de  1569,  et  conséquem- 
ment  qu'il  fut  successivement  au  service 
de  François  II,  de  Charles  IX,  de  Henri  III, 
et  de  Henri  IV.  Il  annonçait  aussi  qu'il 
allait  publier  plusieurs  autres  ouvrages, 
mais  la  mort  le  surprit  avant    qui!   eût 
exécuté  son  dessein, le  7  août  1609,  à  l'âge 
de  60  ans.  La  place  de  surintendant  de  la 
musique  du  roi  avait  été  créée  pour  lui , 
en  1599.  Il  fut  inhumé  dans  l'église  des 
Grands- Augustins.    Son   tombeau ,    élevé 
aux  frais  de  Nicolas  Formé  ,  son  succes- 
seur, a  été  détruit  à  la  révolution  de  1789; 
Millin  l'a  fait  graver  dans  son  Becueil  des 
antiquités  nationales.  L'épitaphe  de  Du 
Caurroy,  composée  par  le  cardinal  Duper- 
ron  ,  son  protecteur,  se  trouve  dans  l'Es- 
sai sur  la  musique  de  La  Borde  (tom.  III). 
Il  nous  reste  de  ce  compositeur  :  1°  Missa 
pro  defunctis  5  vocum.  Cette  messe  ,  qui 
n'a  jamais  été  publiée  ,  et  dont  le  manu- 
scrit se  trouve  à  la  bibliothèque  du  roi,  à 
Paris,  fut,  jusqu'au  commencement  du 
18e  siècle,  la  seule  qu'on  chantait  aux  ob- 
sèques des  rois  de  France,  à  Saint-Denis; 
2°  Preces  ecclesiasticœ  ad  numéros  mu- 
sices  redactœ,  lib.  1,  à  cinq  voix,  Paris, 
1609;  3°  Precum ecclesiasticarum,  lib.  2, 
Paris,  1609,  in-4°  ;  4°  Mélanges  de  Mu- 
sique, contenant  des  chansons,  des  psau- 
mes,  des  noels ,  Paris,  1610  ,  in-4°.  Bur- 
ney  a  extrait  de  cet  ouvrage  un  noël  à  qua- 
tre voix ,  qu'il  a  publié  dans  le  troisième 
■volume  de  son  histoire  générale  de  la  mu- 
sique (p.  285);  5°  Fantaisies  à  trois , 
quatre,  cinq  et  six  parties ,  etc.,  Paris, 
P.  Ballard,  1610,  in-4°.  Ces  deux  der- 
niers ouvrages  ont  été  publiés  parles  soins 
d'André  Pilart ,   petit-neveu  de  l'auteur. 
Du  Verdier  (Bibl.  Française)  dit  que  Du 
Caurroy  avait  déjà  publié  quelques  œuvres 
chez  Adrien  Leroy,  en  1584;  mais  il  n'en 
indique  pas  les  titres.  Il  dit  aussi  que  cet 
auteur  avait  écrit  plusieurs  ouvrages  théo- 
riques sur  la  musique,  qui  n'étaient  point 
encore  publiés  à   cette  époque  :  il  ne  pa- 
raît pas  qu'ils  l'aient  été  depuis  lors. 


CAUS  (salomon  DE) ,  ingénieur  et  ar- 
chitecte ,  naquit  dans  la  Normandie,  vers 
la  fin  du  16e  siècle.  Ses  études  dans  les 
mathématiques  étant  terminées ,  il  passa 
en  Angleterre ,  où  il  fut  attaché  au  prince 
de  Galles.  Il  se  rendit  ensuite  en  Alle- 
magne ,  et  devint  ingénieur  de  l'électeur 
de  Bavière  ,  qui  lui  donna  la  direction  de 
ses  bâtimens  et  de  ses  jardins.  Après  avoir 
passé  la  plus  grande  partie  de  sa  vie  au- 
près de  ce  prince ,  il  revint  en  France ,  et 
y  mourut  vers  1650.  On  a  de  cet  auteur  : 
1°  Institution  harmonique,  divisée   en 
deux  parties  ;  en  la  première  sont  mon- 
strées  les  proportions  des  intervalles  har- 
moniques, et  en  la  deuxième  les  compo- 
sitions d'icelles,  Francfort,  1615,  in-fol. 
Jean  Gaspard  Trost  indique  une  première 
édition  de  cet  ouvrage,  Heidelberg,  1614, 
in-fol.  (voyez  Ausfïdirliche  Beschreibung 
des  neuen  Orgelwerks  auf  der  Augus- 
tusburgzu  Weissenfels,  c'est-à-dire,  Des- 
cription de  l'intérieur  de  l'orgue  du  châ- 
teau d'Auguste  à  Weissenfels ,  p.  72). 
Je  crois  qu'il  est  dans  l'erreur  ;  cependant 
l'épître  dédicatoire  à  la  reine  Anne  d'An- 
gleterre est  datée  de  Heidelberg,  le  15  sep- 
tembre 1614.  Ce  même  J.  G.  Trost  avait 
fait  une  traduction  allemande  du  livre  de 
De  Caus ,  mais  cette  traduction  est  restée 
manuscrite.  La  première  partie  du  livre 
de  De  Caus  est  de  peu  d'intérêt  pour  l'art, 
n'étant  remplie  que  de  calculs  sur  les  pro- 
portions des  intervalles  ;  la  deuxième,  qui 
est  relative  à  la  constitution  des  tons  et  au 
contrepoint,  est  plus   utile,   quoique  les 
exemples  soient  en   général   mal    écrits; 
2°  Les  raisons  des  forces  mouvantes  avec 
diverses  machines  et  plusieurs  dessins 
de  grottes  et  fontaines,  Francfort,  1615, 
in-fol . ,  réimprimé  à  Paris,  en  1624,  in-fol. 
Le  troisième  livre,  qui  traite  de  la  construc- 
tion des  orgues,  est  très  remarquable  pour 
le  temps  où  il  fut  écrit.  On  a  une  traduc- 
tion allemande  de  tout  l'ouvrage,  sous  ce 
titre  :  Von  gewaltsamen  Bewegungen , 
BeschreibungetlicherMaschinen,]}  ranc- 
fort,  1616,  in-fol.  et  1620,  in-fol. 


CAV 


CAV 


83 


CAUSSE  (joseph),  fils  de  J.-J.  Causse, 
maître  de  musique  de  la  collégiale  de 
Saint-Pons  (département  de  l'Hérault) , 
naquitdans cette  ville, en  1774.Aprèsavoir 
fait  ses  études  musicales  sous  la  direction  de 
son  père,  il  vint  à  Paris  où  il  donna  des 
leçons  de  piano.  On  a  de  lui  :  1°  Sonate 
pour  le  piano  avec  fuie  obligée  ,œuvrelerj 
Paris,  Viguerie,  1801  ;  2°  Caprice  pour 
le  pianot  œuvre  2e,  Ibid.,  1802  ;  3°  So- 
nates faciles  pour  le  piano,  op.  3e,  Ibid.; 
4°  Sérénade  pour  piano,  violon  et  violon- 
celle, Paris,  Pacini;  5°  Plusieurs  pots- 
pourris,  rondeaux,  valses,  etc. ,  pour  piano 
seul. 

CAUXDE  CAPPEV AL (gilles MONT- 
LEBERT),né  aux  environs  de  Rouen,  au 
commencement  du  18e  siècle,  entra  au 
service  de  l'électeur  Palatin,  et  fit  impri- 
mer quelques-uns  de  ses  ouvrages  à  Man- 
heim.  On  croit  qu'il  est  mort  à  Paris.  On 
a  de  lui  :  apologie  du.  goût  français  re- 
lativement à  l'Opéra  ,  avec  les  discours 
apologétiques ,  et  les  adieux  aux  Bouf- 
fons, poème,  Paris,  1754,  in-8°.  C'est  une 
rapsodie  dirigée  contre  J.-J.  Rousseau,  à 
l'occasion  de  sa  Lettre  sur  la  musique 
française.  On  n'y  trouve  aucune  espèce 
de  mérite  :  l'auteur  se  croyait  cependant 
supérieur  à  Voltaire. 

CAVACCIO  (jean),  né  à  Bergame,  vers 
1556 ,  fut  d'abord  chanteur  au  service  de 
la  cour  de  Bavière;  il  alla  ensuite  à  Rome 
et  à  Venise,  et  revint  enfin  dans  sa  patrie, 
où  il  fut  nommé  maître  de  chapelle  de  la 
cathédrale.  A  près  avoir  occupé  ce  poste  pen- 
dant vingt-trois  ans,  il  fut  appelé  à  Sainte- 
Marie-Majenre ,  comme  maître  de  cha- 
pelle, et  y  resta  jusqu'à  sa  mort,  arrivée  le 
11  août  1626.  On  trouve  son  épitaphe  dans 
le  Lexikon  de  Wallher.  On  a  imprimé  de 
la  composition  de  Cavaccio  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  :  1°  Magnificat  om- 
nitonum,  Venise,  1581.  La  seconde  par- 
tie parut  en  1582;  2°  Madrigali  a  5, 
lib.  1,  Venise,  1583;  3°  Musica  a  5  da 
sonare,  id.  ,  1585  ;  4°  Dialogo  à  1  nel 
lib.  1  dé  Madrigali  di  Claudio  da  Cor- 


reggio ,  Milan  ,  1588  ;  5°  Madrigali  a  5 , 
lib.  2,  Venise,  1589;  6°  Salmi  di  corn- 
pieta  con  le  antifone  délia  Vergine,  et 
8  falsi  bordoni  a  5,  Venise,  1591; 
7°  Salmi  a  cinque  per  tutti  i  vespri  dell 
anno,  con  alcuni  Hinni ,  Moletti ,  e falsi 
bordoni  accomodati  ancora  a  voci  di 
donne ,  Venise,  1593  ;  8°  Madrigali  a  5* 
lib.  4,  Venise,  1594;  9°  Salmi  a  5,  Ve- 
nise ,  1594  ;  10°  Madrigali  a  5  ,  lib.  5  , 
Venise,  1595;  11»  Canzoni  francesi  a 
quattro ,  Venise,  1597;  12°  Canzonette 
atre,  Venise,  1598;  15°  Madrigali  a  5 , 
lib.  6,  Venise,  1599;  14°  Messe  péri  de- 
fonti  a  quattro  e  cinque,  con  Moletti,  Mi- 
lan ,  1611.  Bergameno  a  inséré  quelques 
pièces  de  Cavaccio  dans  son  Parnassus 
musicus  Ferdinandœus  2-5  vocum ,  Ve- 
nise, 1615.  Cavaccio  fut  un  des  composi- 
teurs qui  contribuèrent  à  la  formation 
d'une  collection  de  psaumes  ,  imprimée  en 
1592,  et  qui  fut  dédiée  à  Jean-Pierluigi 
de  Palestrina. 

CAVALARY  (etienne)  ,  flûtiste  à  Pa- 
ris, vers  le  milieu  du  18e  siècle,  a  fait  gra- 
ver un  livre  de  Sonates  à  flûte  seule  j 
Paris,  1746,  in-4°,  obi. 

CAVALIERE  ou  CAVAL1ERI  (emilio 
DEL),  gentilhomme  romain,  né  vers  1550, 
vécut  long-temps  à  Rome  ,  et  fut  ensuite 
appelé  à  la  cour  de  Toscane  ,  où  le  grand- 
duc  Ferdinand  de  Médicis  lui  confia  la 
place  d'inspecteur-général  des  arts  et  des 
artistes.  Doué  par  la  nature  d'un  génie 
élevé  pour  la  musique,  il  se  livra  dès  son 
enfance  à  l'étude  de  cet  art ,  et  y  acquit 
bientôt  des  connaissances  profondes  ,  non 
seulement  dans  le  contrepoint,  mais  aussi 
dans  le  chant,  et  dans  la  musique  instru- 
mentale. Jusqu'à  l'époque  où  il  commença 
à  écrire,  la  musique  n'était  point  sortie 
des  règles  rigoureuses  du  style  ecclésias- 
tique appelé  stile  osservato;  les  madri- 
gaux qu'on  chantait  à  table  et  dans  les  sa- 
lons, étaient,  écrits  en  contrepoint  fugué. 
Emilio  del  Cavalière,  persuadé  qu'il  était 
possible  de  trouver  une  musique  plus  lé- 
gère, plus  expressive  et  plus  analogue  au, 
6* 


84 


CAV 


sens  de  la  poésie,  tourna  toutes  ses  facultés 
vers  la  recherche  de  ce  genre  nouveau 
qu'il  se  sentait  la  force  de  créer.  Ses 
travaux  eurent  d'abord  pour  ohjet  de  per- 
fectionner l'art  du  chant.  S'il  n'est  pas 
l'inventeur  de  quelques  agrémens  dont  on 
a  fait  usage  dans  cet  art ,  et  dont  il  reste 
encore  quelque  chose  dans  nos  écoles,  il  est 
du  moins  le  premier  qui  en  ait  laissé  des 
traces  dans  ses  ouvrages  ;  ces  agrémens 
étaient  le groppolo  (gruppetto),le£n'//e.,  la 
monachine  et  le  zimbalo.  Alexandre  Gui- 
dotti  ,  de  Bologne,  qui,  après  la  mort  de 
Cavalière,  apuhlié,  en  1600,  le  drame  mu- 
sical de  ce  compositeur  intitulé  :  La  Rap- 
presentazione  di  anima  e  di  corpo ,  a 
donné  dans  l'avertissement  de  cet  ouvrage 
une  indication  de  ces  ornemens  dont  les 
signes  ont  été  employés  par  Cavalière,  avec 
leur  traduction  notée;  cette  indication  des 
ornemens  du  chant  est  la  plus  ancienne 
qu'on  connaisse.  Emilio  del  Cavalière  fut 
aussi  un  des  premiers  musiciens  qui  ima- 
ginèrent de  joindre  l'accompagnement  des 
instrumens  aux  voix,  non  pour  jouer  exac- 
tement les  mêmes  choses  qu'elles  chan- 
taient, comme  cela  s'était  pratiqué  jusqu'à 
lui ,  mais  pour  faire  un  accompagnement 
de  fantaisie  improvisé ,  de  la  même  ma- 
nière que  les  chanteurs  de  la  chapelle 
pontificale  exécutaient  le  plain-chant  à 
plusieurs  parties  ;  ce  qu'on  appelait  con- 
trappunto  alla  mente.  On  trouve  aussi 
dans  le  drame  dont  il  vient  d'être  parlé,  la 
preuve  que  Cavalière  fut  un  des  premiers 
musiciens  ,  s'il  ne  fut  le  premier  de  tous , 
qui  imaginèrent  d'écrire  une  basse  instru- 
mentale différente  de  la  basse  vocale ,  lui 
donnèrent  le  nom  de  basse  continue,  et 
l'accompagnèrent  de  chiffres  et  de  signes 
destinés  à  guider  les  instrumentistes  dans 
les  accompagnemens  improvisés  qu'ils  exé- 
cutaient. La  démonstration  de  ce  fait  existe 
dans  les  instructions  que  Alexandre  Gui- 
dotti  a  mises  dans  l'édition  du  drame  La 
Rappresentazione  di  anima  e  di  corpo , 
sur  la  signification  des  signes  dont  il  est 
question,  I  numeri  piccoli  posti  sopra 


CAV 

le  note  del  basso continualo per  suonare, 
dit-il  ,significano  la  consonanza  e  la  dis- 
sonanza  di  tal  numéro,  corne  il  3  terza, 
il  4  quarta,  e  cosi  di  mano  in  mano,  etc. 
Les  idées  de  Cavalière  sur  l'application  de 
la  musique  à  l'expression  de  la  poésie ,  et 
sur  le  drame  musical ,  se  développèrent  à 
Florence  dans  ses  conversations  avec  Jules 
Caccini  son  compatriote ,  Jean  Bardi  , 
comte  de  Vernio ,  Vincent  Galilée,  Jac- 
ques Péri,  Jacques  Corsi  et  Octave  Rinuc- 
cini,  qui  étaient  ses  amis  et  qui  faisaient 
l'ornement  de  la  cour  de  Ferdinand  de 
Médicis.  Enfin  il  fit  représenter  en  1590, 
II  Satiro  (  Le  Satyre) ,  devant  le  grand- 
duc  et  sa  cour.  C'était  le  premier  essai  de 
ce  genre  de  composition  ;  le  succès  en  fut 
complet.  Dans  la  même  année  il  donna 
La  Disperazione  de  Filene(Le  désespoir 
dePhilène),  devant  une  assemblée  particu- 
lière; déjà  cet  ouvrage  montrait  un  pro- 
grès sensible  dans  la  forme  du  récitatif 
mesuré  qui  en  était  la  partie  principale. 
En  1595,  Cavalière  fit  exécuter  devant  les 
cardinaux  de  Monte  et  Mont'  alto,  et  de- 
vant l'archiduc  Ferdinand  ,  Il  Giuoco 
délia  cieca  ,  autre  drame  musical  qui  fut 
reçu  avec  les  plus  vifs  applaudissemens. 
Enfin  le  dernier  ouvrage  de  Cavalière ,  in- 
titulé La  Rappresentazione  di  anima  e  di 
corpo,  fut  exécuté  solennellement  à  Rome, 
dans  l'oratoire  de  Sainte-Marie  in  Vali- 
cella,  au  mois  de  février  1600;  mais  à 
cette  époque  l'auteur  de  tant  de  choses  in- 
génieuses n'existait  plus.  La  poésie  de  ces 
quatre  drames  avait  été  composée  par 
Laure  Guidiccioni ,  de  la  maison  de  Luc- 
chesini ,  dame  noble  et  spirituelle  de  la 
ville  de  Lucques.  Ce  dernier  ouvrage  est 
le  seul  de  Cavalière  qu'on  a  imprimé.  C'est 
une  composition  originale  et  qui  prouve 
que  son  auteur  possédait  une  grande  force 
de  conception. 

CAVALIERI  (girolamo)  ,  prêtre  de  la 
congrégation  arménienne  ,  au  monastère 
de  St-Damien,  à  Monforte,  naquit  vers  la 
fin  du  16e  siècle.  II  fut  compositeur  esti- 
mable et  organiste  habile.  On  a  imprimé 


CAV 

de  sa  composition  :  1°  Nova  metamorfose, 
lib.  1,  Milan,  1600;  2°  Nova  metamor- 
fose a  5,  lib.  2  ,  con  partilura ,  Milan, 
1605;  3°  Nova  metamorfose  a  6,  lib.  5, 
co'  l  basso principale perl'organo,  Milan, 
1610;  4°  Madrigali  di  diversi  accomo- 
dati  per  concerti  spirituali  cotipartitura, 
Louvain,  1616. 

CAVALIERI  (bonaventure),  né  à  Mi- 
lan, en  1598  ,  entra  fort  jeune  chez  les  jé- 
suites. Il  étudia  les  mathématiques  sous  la 
direction  de  Galilée,  et  devint  professeur 
de  cette  science  à  l'université  de  Bologne, 
en  1629.  Il  mourut  de  la  goutte,  en  1647. 
Au  nomhre  des  ouvrages  qu'il  a  publiés  , 
il  s'en  trouve  un  qui  a  pour  titre  :  Cen- 
turia  di  vari  problemi  per  dimostrare 
l'uso  e  la  facilita  de'  logaritmi  nella 
gnomonica,  astronomia,  geografia ,  etc.; 
toccandosi  anche  qualche  cosa  délia 
mecanica ,  arte  militare  e  musica,  Bo- 
logne, 1659,  in-12. 

CA  VALLI  (françois),  organiste  célèbre 
et  l'un  des  premiers  compositeurs  dont  on 
joua  les  opéras  à  Venise,  naquit  dans  cette 
ville,  vers  1610.  Son  nom  véritable  était 
Caletto ,  car  on  voit  au  registre  des  maî- 
tres de  chapelle  de  Saint-Marc,  dans  les 
archives  de  cette  église  :  Francesco  Ca- 
letto detto  Cavalli.  Il  succéda  à  Jean  Bo- 
vetta,  en  qualité  de  maître  de  chapelle  de 
Saint-Marc ,  le  20  novembre  1668  (Voy. 
Elogio  di  Giuseppe  Zarlino  dell'  ab- 
bate  Ravagnan ,  Annot.,  pag.  71).  Ca- 
valli commença  à  écrire  pour  le  théâtre , 
vers  1657 ,  époqne  où  l'Opéra  s'établit 
à  Venise.  Plus  tard  il  fut  appelé  en 
France  par  le  cardinal  Mazarin,  et  son 
opéra  de  Xercès  fut  représenté  à  Paris,  le 
22  novembre  1660,  dans  la  haute  galerie 
du  Louvre,  à  l'occasion  du  mariage  de 
Louis  XIV  ;  mais  cet  ouvrage  n'eut  point 
de  succès  ,  soit  que  la  langue  italienne  ne 
fût  connue  que  de  peu  de  personnes ,  soit 
que  la  cour  fût  trop  ignorante  en  musique 
pour  goûter  les  beautés  de  cette  composi- 
tion. Avant  de  venir  en  France,  Cavalli 
avait  été  quelque  temps  au  service  de  lé- 


CAV 


85 


lecteur  de  Bavière.  Vers  1669,  il  cessa 
d'écrire  pour  le  théâtre,  mais  on  sait  qu'il 
vivait  encore  en  1672 ,  époque  où  Jean- 
Philippe  Krieger  le  rencontra  à  Venise,  et 
prit  de  lui  des  leçons  de  composition.  Il 
y  a  lieu  de  croire  qu'il  mourut  au  mois 
d'avril  1676  ,  car  on  voit ,  par  le  registre 
cité  précédemment,  qu'il  eut  pour  succes- 
seur Nadal  Monferrato,  le  50  du  même 
mois.  Planelli  (dell'  Opéra  in  musica } 
sect.  III,  c.  5)  dit  que  Cavalli  fut  le 
premier  qui  introduisit  des  airs  dans  les 
opéras ,  que  ce  fut  dans  celui  de  Jason 
qu'il  en  fit  l'essai ,  et  qu'avant  lui  la  mu- 
sique théâtrale  consistait  seulement  en  un 
récitatif  grave,  soutenu  ou  interrompu  par 
les  instrumens.  Je  ferai  voir  à  l'article 
Monteverde  que  cette  assertion  n'est  pas 
exacte.  Voici  la  liste  des  opéras  de  Cavalli  : 
Le  Nozze  di  Teti  e  di  Peleo,  en  1659  ; 
Gli  amori  d'Apollo  e  di  Dnfne ,  1640; 
La  Didone ,  en  1641  ;  Amore  innamo- 
rato,  1642  ;  La  virtude  '  strali  d  Amore, 
ib.  ;  Narciso  ed  Eco  immortalati ,  ib.  ; 
L'Egisto,  en  1645  ;  La  Deidamia,  1644  ; 
L'Ormindo,  ib.  ;  La  Doriclea,  1645  ;  Il 
Titone,  ib. ;  Il  Romolo  edil Remo,  ib. ;  La 
prosperità  infelice  di  Giulio  Cesare  ditta- 
tore,  1646  ;  La  Torilda,  1648  ;  Giasone , 
en  1649  ;  L'Euripo,  ib.; La  Bradamante, 
en  1650;  L'Orimonte ,  ib.  ;  L'Oristeo, 
1651  ;  Alessandro  vincitor  di  se  stesso, 
ib.  ;  L'Artemidoro,  ib.;  La  Rosinda,  ib.; 
La  Calisto ,  ib.  ;  L'Eritrea ,  en  1652; 
Veremonda ,  ib.  ;  L'Amazone  d'Ara- 
gona,  ib.;  L'Elena  rapita  da  Teseo ,  en 
1655;  Xerse,  en  1654;  cet  ouvrage  fut 
imprimé  chez  Ballard  ,  en  1660,  in-4°; 
La  Statira,  principessa  di  Persia,  en 
1655;  L'Erismena ,  ib.  ;  Artemisia,  en 
1656  ;  Antioco,  en  1658  ;  Elena,  en  1659; 
Scipione  Africano,  en  1664  ;  Mutio  Sce- 
vola,  en  1665;  Ciro,  id.;  Pompeo  Ma- 
gno ,  en  1666  ;  Egisto ,  en  1667  ;  Corio- 
lano ,  en  1660,  à  Parme.  La  musique  de 
Cavalli  est  énergique,  dramatique,  et  se 
fait  surtout  remarquer  par  une  puissance 
de  rhythme  qui  n'existait  point  avant  lui 


CAV 


CAY 


dans  la  musique  de  théâtre.  Sous  ce  rap- 
port il  peut  être  considéré  comme  un  des 
musiciens  qui  ont  le  plus  contribué  aux 
progrès  de  l'opéra. 

CAVALLO  (tibekio),  savant  italien, 
fixé  à  Londres,  dans  la  seconde  moitié  du 
18e  siècle,  a  publié  une  dissertation  sur  les 
instrumens  à  sons  fixes,  dans  les  Transac- 
tions philosophiques  (t.LXXVJII, an  1788, 
2e  part.),  sous  ce  titre  :  Of  those  musical 
instruments ,  in  which  the  tones ,  keys 
and  frets  are  fixed ,  as  in  the  harpsi- 
chord,  urgan,  guittare }  etc. 

CAVALLO  (fortune)  ,  né  dans  Yévè- 
ché  d' Augsbourg,  en  1 758,  fit  ses  premières 
études  musicalesauséminairede  cette  ville. 
Julini,  maître  de  chapelle  de  la  cathédrale, 
lui  enseigna  les  premiers  principes  de  la 
composition  ;  il  passa  ensuite  sous  la  di- 
rection de  ftiepel ,  cornpositenr  à  Ralis- 
bonne.En  1770,aprèsla  mort  d'Ildephonse 
Michl,  il  fut  nommé  maître  de  chapelle  de 
la  cathédrale  de  cette  dernière  ville.  Il  est 
mort  dans  ce  poste,  en  1801.  Cavallo  a 
composé  plus  de  vingt  messes  solennelles, 
des  concertos  de  clavecin,  des  symphonies, 
des  canlates  ,  etc.;  mais,  à  l'exception  de 
deux  messes  et  de  quelques  offertoires , 
toutes  ses  compositions  ont  été  la  proie 
des  flammes  ,  dans  le  grand  incendie  qui 
détruisit  une  partie  de  la  ville  de  Ratis- 
bonne,  en  1809.  Cavallo  fut  un  habile  or- 
ganiste et  jouait  fort  bien  du  violon. 

CAVALLO  (wenceslas),  fils  du  précé- 
dent,  naquit  en  1781  ,  à  Ratisbonne,  où 
il  reçut  des  leçons  de  violon  et  de  compo- 
sition d'Antoine-Joseph  Libert ,  premier 
violon  et  compositeur  du  prince  de  La  Tour 
et  Taxis.  Après  la  mort  de  son  père,  il 
devint  maître  de  chapelle  de  la  cathédrale. 
Il  avait  composé  trois  messes  solennelles 
et  plusieurs  autres  morceaux  de  musique 
d'épi  ise,  qui  ont  été  anéantis  par  l'incendie 
qui  éclata  à  Ratisbonne  ,  en  1809. 

CAVAZZA  (don  manuel),  premier 
hautboïste  de  la  chapelle  du  roi  d'Espagne, 
vers  1770,  a  publié  six  trios  pour  deux 
violons  et  basse,  Madrid  ,  1772. 


CAVEIRAC  (jean  NO VI  DE  ),  abbé,  né 
à  Nîmes,  le  16  mars  1713,  vécut  g  Paris  , 
vers  le  milieu  du  18e  siècle.  Il  fut  un  des 
antagonistes  de  J.-J.  Rousseau,  dans  la 
querelle  sur  la  musique  française,  et  pu- 
blia dans  cette  dispute  :  Lettre  d'un  Visi- 
goth  à  M.  Frèron,  sur  la  dispute  harmo- 
nique avec  M.  Rousseau ,  Paris  ,  1754  , 
in-12  ;  et  Nouvelle  lettre  à  M.  Rousseau 
de  Genève ,  par  M.  de  C,  ibid. ,  1754  , 
in-12.  L'abbé  de  Caveiracest  mort  à  Paris, 
en  1782. 

CAVENDISH  (michel)  ,  musicien  an- 
glais ,  vécut  vers  la  fin  du  16e  siècle.  On 
a  inséré  quelques-unes  de  ses  compositions 
dans  le  recueil  de  chansons  à  cinq  et  à  six 
voix  ,  qui  parut  à  Londres  ,  en  1601,  sous 
ce  titre  :  Le  Triomphe  d'Orianne. 

CAVERON  (quentin),  chanoine  de 
Saint-Quentin,  fut  maître  des  enfans  de  la 
chapelle  de  Louis,  duc  de  Guyenne  et  dau- 
phin ,  fils  de  Charles  VI  (mort  en  1415). 
Ces  enfans  s'appelaient  Jehan  Beaugendre, 
Jehan  Maresse  etJVormanorum.  Ils  chan- 
taient le  dessus  ou  superius  du  déchant. 
{V.  la  Revue  Musicale,  6e  année,  p.  219.) 

CAVI  (jean),  maître  de  chapelle  de  l'é- 
glise Saint- Jacques  des  Espagnols,  dans 
la  seconde  moitié  du  18e  siècle,  a  beau- 
coup écrit  pour  l'église.  M.  l'abbé  San- 
tini ,  de  Rome ,  possède  de  ce  maître  les 
compositions  dont  les  titres  suivent:  1°  Deux 
messes  à  quatre  voix ,  avec  instrumens  ; 
2°  Le  psaume  Beatus  vir  et  un  Laudate, 
à  quatre  parties ,  avec  orchestre  ;  3°  Un 
autre  Beatus  vir  à  trois  voix ,  chœur  et 
orchestre.  Cavi  a  aussi  écrit  pour  le  théâ- 
tre, mais  j'ignore  les  titres  de  ses  ouvrages 
dramatiques. 

CAYLUS     (  ANNE-CLAUDE-PHILIPPE    DE 

TIJBIÈRES,  DE  GRIMOARD  ,  DE  PES- 
TELS  ,  DE  LÉVI ,  comte  DE  ),  marquis 
d'Esternay ,  baron  de  Bronsac  ,  conseiller 
d'honneurdu  parlement  de  Toulouse,  del'a- 
cadémie  des  Inscriptions  et  de  cellede  pein- 
ture ,  naquit  à  Paris,  le  51  octobre  1692,  et 
mourutlc5septernbrel765.  lia  traité  de  la 
musique  des  anciens  en  plusieurs  endroits- 


CAZ 


CEC 


87 


de  son  Recueil  d' Antiquités  égyptiennes , 
étrusques ,  grecques ,  romaines  et  gau- 
loises,  Paris,  1752  et  ann.  suiv.,  7  vol. 
in-4°.  On  peut  voir  aussi  sur  le  même  su- 
jet sa  dissertation  intitulée  :  De  l'amour 
des  beaux-arts,  et  de  l'extrême  considé- 
ration que  les  Grecs  avaient  pour  ceux 
qui  les  cultivaient  (Mém.  de  l'acad.  des 
Insc.,  t.  21,  p.  174).  Tout  cela  est  faible 
de  pensée,  de  savoir  et  de  style. 

CAZA  (françois),  auteurinconnu  dont 
Forkel  (  Allgem.  Litter.  der  Musik  , 
pag.  303)  cite,  d'après  Maittaire,  un  livre 
sous  ce  titre  :  Tractato  vulgare  del  canto 
figuralo ,  opéra  Magistri  Jo.  Peiri  Lo- 
macio ,  Milan  ,  1492,  in-4°. 

CAZOT(francois-fe'lix),  né  à  Orléans, 
le  6  avril  1790,  fut  admis  au  conservatoire 
de  musique,  comme  élève,  en  1804,  et  re- 
çut des  leçons  de  M.  Pradher,  et,  d'har- 
monie de  Catel.  Il  eut  ensuite  pour  maî- 
tres de  composition  Gossec,  et  l'auteur  de 
cette  biographie.  En  1809,  il  obtint  aux 
concours  du  Conservatoire  le  premier  prix 
de  fugue  et  de  contrepoint  ;  deux  ans  après, 
le  premier  prix  de  piano  lui  fut  décerné. 
Admis  au  concours  de  l'Institut  de  France, 
il  mérita  le  2e  grand  prix  de  composition 
musicale,  et  en  1812,  il  partagea  le  pre- 
mier grand  prix  avec  M.  Hérold  ,  pour  la 
composition  de  la  cantate  intitulée  :  Ma- 
dame de  Lavallière.  Peu  de  temps  après , 
il  se  maria  et  suivit  à  Bruxelles  sa  femme 
(Mademoiselle  Armand  jeune)  qui  était 
engagée  au  théâtre  de  cette  ville  comme 
première  chanteuse.  Là  il  donna  des  leçons 
de  piano  jusqu'en  1821 ,  où  il  retourna  à 
Paris.  Arrivé  dans  cette  capitale,  il  y  a  re- 
pris ses  fonctions  de  professeur.  Il  a  fait 
graver  à  Bruxelles  des  variations  pour  le 
piano  sur  l'air  :  Au  clair  de  la  lune. 

CAZOTTE  (jacques),  commissaire  de 
la  marine,  naquit  en  1720,  à  Dijon,  où 
son  père  était  greffier  des  états  de  Bour- 
gogne. Après  avoir  été  quelques  années  à 
la  Martinique,  en  qualité  de  contrôleur 
des  îles  du  Vent,  il  revint  à  Paris  ,  où  il 
passa  le  reste  de  sa  vie  dans  la  culture  des 


lettres.  Il  est  mort  sur  l'échafand,  victime 
des  troubles  révolutionnaires,  le  25  sep- 
tembre 1792.  On  a  de  lui  :  1°  La  guerre 
de  l'Opéra ,  Lettre  à  une  dame  de  pro- 
vince,  par  quelqu'un  qui  n'est  ni  d'un 
coin ,  ni  de  l'autre,  Paris,  1753,  in- 8°, 
24  pages  ;  2°  Observations  sur  la  lettre 
de  J.-J.  Rousseau,  Paris,  1754  ,  in-12  , 
sans  nom  d'auteur.  Ces  deux  opuscules 
valent  mieux  que  la  plupart  des  pamphlets 
dirigés  contre  le  philosophe  de  Genève 
dans  cette  querelle  ridicule. 

CAZZAÏI  (.  .  .  )  est  cité  par  Orlandi 
(Notizie  degli  Scrittori  Bolognesi,  p .  1 75) 
comme  auteur  d'un  ouvrage  intitulé  :  Op- 
posizioni ail'  Artusi.  Orlandi  ne  fait  con- 
naître ni  le  lieu  ni  la  date  de  l'impression 
de  cet  ouvrage. 

CAZZATI  (maurice),  compositeur  de 
mérite,  né  à  Mantoue,  vers  1655,  fut  maî- 
tre de  chapelle  de  l'église  de  Saint-Petrone, 
à  Bologne,  vers  1660.  On  connaît  de  lui  : 
1°  Motetti  e  Inni  a  voce  sola ,  con 
2  violini  efagolti,  Anvers  ,  1658,  in-4°  , 
op.  1;  2°  Cantata ,  Bologne,  1659; 
3°  Messa  e  salmi  a  5  voci  et  2  violini; 
4°  Messa ,  salmi  e  letania  a  tre  voci  ; 
5°  Motetti  a  voce  sola  ;  6°  Motetti  a  due 
voci;  7°  Motetti  a  2,  3  et  4  voci,  con 
violini;  8°  Correnti  e  balletli  a  3  et  4 
slromenti ;  8°  (bis)  Letanie  a  quattro 
vocicon  violini;  9°  Salmi pertutlol'anno, 
op.  21,  Bologne,  1681,  in-4°  ;  10°  Tri- 
bulo  di  sacri  concerli ,  op.  23,  Anvers, 
1 663,  in-4°  ;  11°  Messe  due  brève  a  8  con 
una  concertata  a  4,  op.  28,  Bologne, 
1685.  C'est  une  seconde  édition  ;  12°  Mo- 
tetti a  voce  sola  con  2  violini ,  op.  51 , 
Anvers,  1682  ;  15°  Motetti  a  voce  sola, 
lib.  8,  op.  65;  Venise,  1685,  in-4°.  On 
trouve  dans  la  collection  des  motets  de  Bal- 
lard,  pour  l'année  1712,  le  motet  Sunt brè- 
ves jnundi  Rosce,  de  Cazzati  ;  enfin  Profe 
a  inséré  dans  sa  collection  intitulée  Geist- 
licher  Concerlen  und  Harmonien ,  etc. 
(Leipzick,  1641),  quelques  pièces  de  cet 
auteur. 

CECCARELLI  (edouard),  né  à  Meva- 


88  CEG 

nia ,  dans  l'Etat  de  l'Eglise ,  fut  reçu  à  la 
chapelle  pontificale  comme  ténor,le  21  jan- 
vier 1628.  Aussi  instruit  dans  les  lettres 
que  dans  la  musique,  il  écrivit  de  belles 
paroles  latines  pour  des  motets,  et  fit  des 
travaux  considérables  pour  fixer  les  règles 
de  la  prosodie  ,  de  l'accentuation  et  de  la 
ponctuation  des  textes  sacrés  mis  en  mu- 
sique. Lui-même  en  donna  des  exemples 
dans  quelques-unes  de  ses  compositions 
pour  l'église.  Ce  savant  musicien  fut  chargé 
par  le  pape  Urbain  VIII ,  de  préparer , 
conjointement  avec  Santé  Naldini,  Etienne 
Landi  et  Grégoire  Allegri  ,  une  édition  de 
tous  les  hymnes  de  l'église,tant  avecl'ancien 
chant  grégorien,  qu'avec  la  musique  à  plu- 
sieurs parties,  composés  par  Jean  Pierluigi 
de  Palestrina.  Il  s'acquitta  avec  beaucoup 
de  zèle  de  cette  tâche ,  et  le  beau  travail  de 
ces  hommes  distingués  parut  à  Anvers  sous 
ce  titre  :  Hymni  sacri  in  Breviario  Ro- 
mano  S.  N.  D.  Urbain  VIII ,  aucto- 
ritate  recognili ,  et  cantu  musico  pro 
prœcipuis  anni  festivitatibus  expressi. 
Antverpiœ ,  ex  qfflcina  Plantiniana  Bal- 
thassaris  Moretti,  15  M,  in -fol.  Cecca- 
relli  fut  nommé  maître  de  la  chapelle  pon- 
tificale, en  1652,  et  mourut  peu  d'années 
après.  Il  avait  fait  un  abrégé  des  constitu- 
tions ,  des  décrets  et  des  usages  relatifs  à 
cette  chapelle;  ce  travail  n'a  point  été  publié. 

CECCARELLI  (françois),  né  en  1752, 
à  Foligno ,  dans  l'Etat  de  l'Eglise,  fut  un 
chanteur  habile.  Après  s'être  fait  enten- 
dre avec  succès  sur  les  principaux  théâtres 
d'Italie ,  il  fut  engagé  à  Dresde  comme 
chanteur  de  la  cour  ;  il  est  mort  en  cette 
ville  ,  le  21  septembre  1814. 

CECCHELLI  (charles),  succéda  à  Be- 
nevoli  comme  maître  de  chapelle  de  Sainte- 
Marie-Majeure,  à  Rome,  en  1646,  et  donna 
sa  démission  de  cette  place  le  10  septem- 
bre 1649.  En  1651 ,  il  a  publié  un  livre 
de  messes  à  quatre  parties ,  sans  instru- 
mens.  C'est  ce  musicien  que  Gerber  ap- 
pelle Dominique  Cecchielli ,  d'après  une 
indication  inexacte  de  Kircher  {Musurg.} 
lib.  VII,  t.  I,P.614). 


CEL 

CECCHI  (dominique),  chanteur  célèbre 
de  la  fin  du  17e  siècle,  naquit  à  Cortone, 
vers  1660.  Après  avoir  brillé  sur  les  prin- 
cipaux théâtres  de  l'Italie ,  il  fut  engagé  à 
Vienne,  où  Algarotti  le  connut.  Cet  écri- 
vain accorde  beaucoup  d'éloges  à  Cecchi , 
dont  le  talent  était  particulièrement  re- 
marquable dans  le  style  pathétique.  Pos- 
sesseur de  grandes  richesses  ,  Cecchi  re- 
tourna en  Italie,  vers  1702;  il  y  chantait 
encore  en  1706  ;  l'année  suivante  il  se  re- 
tira dans  le  lieu  de  sa  naissance,  et  y  vé- 
cut dans  le  repos  jasqu'en  1717,  époque 
de  sa  mort. 

CECCHINI  (angelo),  musicien  du  duc 
de  Braccinio ,  a  mis  en  musique  à  Rome , 
en  1641  :  La  sincerità  trionfante  o  sia 
l'Ercoleo  ardire ,  pastorale  d'Ottaviano 
Castelli. 

CECCHINO  (thomas),  compositeur,  né 
à  Vérone,  vivait  vers  1620.  On  trouve 
dans  le  catalogue  de  la  Bibliothèque  du 
roi  de  Portugal  l'indication  des  œuvres 
suivans  de  sa  composition  :  1°  Missarum 
3  et  4  vocum,  cum  motetta  4  et  5  voc.} 
lib.  2,  op.  17;  2°  Madrigali  a  cinque , 
lib.  1,  op.  15  ;  3°  Missœ5,i,  Set  8  voc, 
op.  19  ;  4°  Psalmi  vespertini  4 ,  5  et  8 
voc,  lib.  4 ,  op.  22. 

CELESTINO  (eligio),  violîniste,  né  à 
Rome,  en  1739,  fit  ses  études  musicales 
dans  cette  ville  ,  et  y  demeura  jusqu'en 
1775.  Burney,  qui  le  connut  à  Rome  en 
1770,  le  cite  comme  le  meilleur  artiste 
sur  le  violon  qui  s'y  trouvât  à  cette  épo- 
que. En  1776  ,  Celestino  fit  un.  voyage  en 
France  et  en  Allemagne;  quatre  ans  après, 
il  serendità  Ludwigslust,  où  il  futnommé, 
en  1781  ,  maître  des  concerts  du  duc  de 
Mechlembourg-Schwerin.  Wolf,  qui  l'en- 
tendit ,  en  parle  avec  éloge ,  dans  son 
Voyage  musical.  Il  vante  son  talent  comme 
violiniste  et  comme  chef  d'orchestre.  A 
l'âge  de  soixante  ans,  Celestino  se  rendit 
à  Londres ,  pour  s'y  faire  entendre  ;  mal- 
gré son  âge,  il  fut  considéré  comme  un 
des  artistes  les  plus  distingués  de  son  temps. 
De  retour  en  Allemagne  en  1800 ,  il  con- 


CEN 


CEP 


tinua  l'exercice  de  ses  fonctions ,  et  mou- 
rut à  Ludwigslust ,  le  14  janvier  1812. 
On  a  publié  à  Londres  et  à  Berlin  quel- 
ques ouvrages  de  Celestino  ,  entre  autres  : 
Trois  duos  pour  violon  et  violoncelle , 
Berlin  ,  1786  ,  et  six  sonates  pour  violon 
et  violoncelle  ,  œuvre  9e ,  Londres  ,  dé- 
menti, 1798. 

CELLA  (louis-sebastien),  violiniste  et 
compositeur,  né  à  Bareuth,  vers  1750, 
entra  dans  un  régiment  autrichien  ,  en 
qualité  de  maître  de  musique,  après  avoir 
terminé  ses  études.  11  résida  plusieurs  an- 
nées à  Klattau,  en  Bohême,  s'y  maria  et  y 
fit  profession  de  la  religion  catholique, 
en  1777.  Après  avoir  voyagé  pour  donner 
des  concerts,  il  s'établit  à  Vienne  ,  puis  se 
rendit  à  Erlaug,  où  il  se  fixa  vers  1795. 
Il  y  vivait  encore  en  1799.  On  connaît 
sous  son  nom  :  1°  Douze  petites  pièces 
pour  le  piano,  livre  1er,  Posen ,  Simon; 
2°  Marche  pour  le  piano,  Munich,  Falter  ; 
3°  Dix-sept  variations  pour  le  piano  sur 
le  menuet  de  Don  Juan ,  Erlang ,  Wal- 
ther,  1797. 

CELLI  (phtlippe)  ,  compositeur,  né  à 
Borne ,  dans  la  seconde  moitié  du  18e  siè- 
cle, s'est  fait  connaître  par  la  composition 
de  plusieurs  opéras,  entre  autres  :  1°  Ama- 
lia  e  P aimer;  2°  Dritto  e  Rovescio , 
opéra  bouffe,  au  théâtre  Be  de  Milan,  en 
1815;  3°  Arnore  aguzza  l'ingegno,  o  sia 
Don  Timonella  di  Piacenza,  au  même 
théâtre  et  dans  la  même  année.  11  a  écrit 
aussi  plusieurs  autres  ouvrages,  mais  tout 
cela  est  de  peu  de  valeur. 

CENSOBIN ,  grammairien  et  philoso- 
phe ,  vécut  sous  les  règnes  d'Alexandre 
Sévère,  de  Maximien  et  de  Gordien.  Il 
écrivit  vers  l'an  238  un  petit  ouvrage  qu'il 
intitula  De  die  Natali,  parce  qu'il  le  com- 
posa à  l'occasion  du  jour  anniversaire  de  la 
naissance  de  son  ami  Quintus  Cerellius.  Il 
y  traite  de  l'histoire  ,  des  rites  religieux  , 
de  l'astronomie  et  de  la  musique  suivant 
les  principes  de  Pythagore.  Au  chapitre 
dixième  de  ce  livre  ,  Censorin  expose  les 
règles  de  la  musique;  au  douzième,  il 


donne  les  opinions  de  Pythagore  concer- 
nant la  musique  des  sphères  célestes ,  et 
rapporte  qu'un  certain  Dorilas  croyait  que 
le  monde  était  un  instrument  dont  jouait 
le  créateur.  Putschius  a  attribué  à  tort  à 
Censorin,  dans  sa  collection  des  gram- 
mairiens de  l'antiquité ,  quelques  frag- 
mens  d'un  livre  intitulé  :  De  nalurali 
institutione  y  où  il  est  traité  de  l'astro- 
nomie ,  de  la  géométrie ,  de  la  musique,  et 
de  la  versification.  Ces  fragmens  ont  été 
placés  à  la  suite  de  l'ouvrage  de  Censorin, 
dans  quelques  anciennes  éditions.  Les 
chapitres  9  à  13  de  ces  fragmens  sont  re- 
latifs à  la  musique,  au  rhythme,  à  la  mo- 
dulation ,  et  au  mètre  poétique.  La  plus 
ancienne  édition  de  l'ouvrage  de  Censorin 
a  paru  à  Bologne,  en  1497.  De  bonnes 
éditions  ,  accompagnées  de  notes ,  ont 
été  publiées  par  Havercamp  ,  à  Leyde  ,  en 
1745  et  1767,  et  par  Gruber  à  Nurem- 
berg, en  1805  et  1810. 

CENTO  (le  p.  jean-antoine)  ,  moine 
franciscain ,  fut  d'abord  maître  de  cha- 
pelle à  Padone,  puis  passa  en  la  même  qua- 
lité à  l'église  de  St. -François  ,  à  Bologne, 
dans  l'année  1660.  11  a  laissé  beaucoup 
de  musique  d'église  en  manuscrit. 

CENTOBIO  (marc-antoine)  ,  né  à  Ver- 
ceil  ,  à  la  fin  du  16e  siècle,  apprit  la  mur 
sique  à  l'école  appelée  il  Collegio  degli 
Innocenti y  et  se  fit  d'abord  remarquer  par 
la  beauté  de  sa  voix.  Il  se  rendit  ensuite 
à  Milan  pour  y  apprendre  le  contrepoint. 
Ses  études  terminées  ,  il  fut  ordonné  prê- 
tre ,  et  revint  dans  sa  ville  natale ,  où  il 
obtint  un  canonicat  à  Sainte-Marie-Ma- 
jeure;  peu  de  temps  après  ,  il  fut  nommé 
maître  de  chapelle  de  la  même  église.  Il  a 
composé  beaucoup  de  messes,  de  vêpres,  et 
de  motets  qui  se  conservent  encore  dans 
les  archives  du  chapitre.  En  1637,  la  cour 
de  Savoie  ayant  fait  un  long  séjour  à  Ver- 
ceil ,  Centoiio  fut  chargé  de  la  direction 
des  concerts  qui  eurent  lieu  dans  cette  cir- 
constance ,  et  y  fit  exécuter  plusieurs  sym- 
phonies de  sa  composition. 

CÉPÈDE  (  BERNARD  -  GERMAIN  -  ETIENNE 


80 


CER 


DE  LA  VILLE ,  comte  DE),  V.  LACÉ- 
TÈDE. 

CÉPION,  cytharède  grec,  fut  élève  de 
Terpandre,  et  vécut  conséquemrnent  entre 
la  34e  et  la  40e  olympiade.  Plutarque 
(  De  musica  )  dit  qu'il  donna  une  forme 
nouvelle  à  la  Cythare ,  et  qu'il  composa 
un  Nome  auquel  il  donna  son  nom. 

CERACHINI  (francesco),  né  à  Asina 
Lunga ,  en  1748,  fut  nommé  maître  de 
chapelle  de  la  cathédrale  de  Sienne,  en 
1796.  Il  a  beaucoup  écrit  pour  l'église, 
et  a  formé  de  nombreux  élèves  pour  le 
contrepoint. 

CERBELLON  (d.  eustache)  ,  savant 
espagnol,  vivait  au  commencement  du 
18e  siècle.  Il  a  fait  imprimer  un  ouvrage 
qui  a  pour  titre  :  Dialogo  harmonico  en 
defensa  de  la  musica  de  los  templos.  Al- 
cala,  1726,  in-4°.  C'est  une  réfutation  de 
l'écrit  de  Feyoo  contre  l'introduction  de  la 
musique  profanedans  l'église.  {V.  Feyoo.) 

CERCEAU  (le  p.  jean-antoine  DU)  ; 
Voyez  DUCERCEAU. 

CERESINI  (jean),  compositeur  italien, 
né  à  Césène  vers  la  fin  du  16e  siècle,  est 
connn  par  les  ouvrages  suivans  :  1°  Missa 
et  salmi  a  5  voci ,  op.  3,  Venise  ,  1618; 
2°  Motetli  e  letanie  de  B.  V.  a  2,3  et  4 
voci,  Venise,  1638. 

CERONE  (dominique-pierre)  ,  prêtre, 
ne  à  Bergame  en  1566,  fit  ses  études  en 
cette  ville  ,  et  y  apprit  la  musique.  Il  dit 
dans  le  Préambule  de  son  grand  ouvrage 
intitulé  El  Melopeo ,  qu'il  entra  d'abord 
au  service  de  l'église  cathédrale  d'Oristano 
en  Sardaigne,  en  qualité  de  chantre.  Déjà 
il  avait  formé  le  projet  de  se  rendre  en 
Espagne;  il  le  réalisa  en  1592.  Il  paraît 
qu'il  ne  trouva  pas  dans  les  premiers 
temps  à  se  placer  dans  une  position  con- 
venable, car  on  voit  (Melop.,  p.  1  ) ,  qu'il 
parcourait  diverses  provinces  de  l'Espagne 
et  {Ibid.,  fib.  1)  que  ses  voyages  n'étaient 
pas  terminés  en  1595.  Enfin,  il  entra 
au  service  de  Philippe II  commechnpelain, 
c'est-à-dire  comme  membre  de  la  chapelle 
royale.   Après  la  mort  de    ce  prince ,   il 


CER 

exerça  les  mêmes  fonctions  sous  son  suc- 
cesseur, Philippe  III  ;  puis,  par  des  motifs 
qu'il  ne  fait  pas  connaître,  il  abandonna  sa 
place  pour  prendre  celle  de  musicien  de 
la  chapelle  royale  à  Naples.  Son  retour  en 
Italie  dut  s'effectuer  au  plus  tard  vers  la 
fin  de  1608  ,  car  l'année  d'après  il  publia 
à  Naples  un  traité  de  plain-chant.  Au 
reste,  il  n'avait  point  quitté  le  service  du 
roi  d'Espagne  en  se  rendant  à  Naples  ,  car 
les  deux  royaumes  étaient  alors  réunis  sous 
la  domination  du  même  monarque,  et  la 
chapelle  royale  de  Naples  était  aussi  celle 
de  Philippe  III.  On  ignore  l'époque  de  la 
mort  de  Cerone  ;  on  sait  seulement  qu'il 
vivait  encore  en  1613,  car  il  publia  dans 
cette  année  son  livre  intitulé  El  Melopeo. 
Suivant  l'inscription  de  son  portrait,  qui 
se  trouve  dans  cet  ouvrage,  il  était  alors 
âgé  de  quarante-sept  ans. 

On  a  de  ce  musicien  :  1°  Regole  per  il 
cantofermo ,  Naples,  1609  ,  in-4°;  2°  El 
Melopeo  y  Maestro ,  tractado  de  musica 
theorica  y  pratica  :  en  que  se  pone  por 
extenso,  lo  que  uno  para  hazerdu  per- 
fecto  musico  ha  menestrer  saber  :  y  por 
mayor  facilidad ,  comodidad ,  y  clari- 
dad  del  lector,  esta  repartido  en  XXII 
libros.  Compuesto  por  el  M.  D.  Pedro 
Cerone  de  Bergamo  :  Musico  en  la  Real 
Capilla  de  Napoles.  En  Napoles ,  por 
Juan-Bautista  Gargano  ,  y  Lucrecio 
Nucci ,  impressores.  Anno  de  nuestra 
Saluacion  de  MDCXIII ,  in  fol.  de 
1160  pages.  Au  frontispice,  on  trouve 
cette  inscription  peu  modeste  :  quid  ultra 
quœris  ?  Le  Melopeo  est  un  des  ouvrages 
les  plus  considérables  el  les  plus  importans 
qu'on  a  publiés  sur  la  musique.  On  y  trouve 
d'excellentes  choses,  surtout  dans  les  li- 
vres 5e ,  4e  et  5e ,  qui  traitent  du  chant 
de  l'église,  11e,  12e,  14  et  15e,  relatifs 
au  contrepoint ,  à  la  fugue  et  aux  canons  , 
et  enfin  dans  le  17e,  qui  explique  les 
temps,  les  modes  et  les  prolations.  Tout 
ce  qui  concerne  les  intervalles  y  est  clair 
et  beaucoup  plus  satisfaisant  que  ce  qu'on 
avait  écrit  auparavant.  Il  est  vrai  que  pour 


CER 

découvrir  ce  qui   est  estimable  dans   ce 
livre,  il  faut  le  chercher  dans  un  fatras 
d'inutilités,  écrites  d'un  style  prolixe  et 
fastidieux.  Il  semble  que  deux  hommes  ont 
travaillé  au  même  ouvrage  :  l'un  ,  doué  de 
jugement  et  de  savoir  ,  l'autre  ,  un  de  ces 
érurlits  qui ,  faisant  à  tout  propos  un  vain 
étalage  du  fruit  de  leurs  lectures,  ne  met- 
tent rien  à  leur  place,  et  délaient  en  vingt 
pages  ce  qui  se  peut  dire  en  quelques  li- 
gnes. Par  exemple,  quoi  de  plus  ridicule 
que  le  premier  livre  du  Melopeo,  malgré 
l'instruction  étendue  dont  l'auteur  y  fait 
preuve  ?  Et  que  peut-on  penser  de  l'esprit 
d'un  écrivain  qui,  dans  un  livre  sur  la 
musique  emploie  plus  de  cent  pages  in-folio 
à  traiter  des  questions  telles  que  celles-ci  : 
De  l'oisiveté;  de  ceux  qui  se  découragent 
et  de  ceux  qui  persévèrent  dans  leurs 
études;  des  maux  causés  par  le  i>in;  des 
avantages  du  vin;  du  respect  qu'on  doit 
au  maure  ;  du  vice  de  l'ingratitude  ;  de 
l'amitié  et  du  véritable  ami ,  etc. ,  etc.  ? 
Malgré  ces  défauts  ,  si  l'on  a  le  courage  de 
lire  l'ouvrage  de  Cerone  ,  d'écarter  les  inu- 
tilités, et  de  choisir  les  bonnes  choses  qui  s'y 
trouvent ,  on  en  sera  récompensé  par  l'in- 
struction solide  qu'on  y  puisera  sur  des 
matières  utiles   ou  curieuses.  Au   mérite 
réel  qui  le  distingue  ,  il  joint  malheureu- 
sement celui  de  la  rareté  ;  il  est  si  difficile 
de  s'en  procurer  des  exemplaires ,  que  le 
P.  Martini  n'avait  pu  en  trouver  un  qu'au 
prix  de  cent  ducats,  à  Naples,  où  ce  livre 
a  été  imprimé,  et  que  Burney,  après  l'avoir 
cherché  en  vain  clans  ses  voyages  en  Italie, 
en  France  ,  en  Allemagne  et  dans  le  Pays- 
Bas  ,  ne  put  le  faire  entrer  dans  sa  riche 
bibliothèque.  Je  n'ai  pas  trouvé  l'indica- 
tion d'un  seul  exemplaire  de  cet  ouvrage 
dans  le  nombre  immense  de  catalogues  de 
bibliothèques  particulières  que  j'ai   con- 
sultés. Celui  que  je  possède  a  été  apporté 
de  Naples  à  Paris  par  M.  Sclvaggi  qui  l'a 
cédé  à  M.  Fayolle.  Ce  littérateur  l'a  vendu 
à   Perne ,  et  je  l'ai  acquis  avec  toute  la 
collection  de  livres  et  de  manuscrits  pro- 
venant de  la  succession  de  ce  dernier,  Drau- 


CER 


91 


dius  indique  {Bibliolh.  Exot.,  pag.  279) 
une  édition  du  Melopeo  qui  aurait  été 
imprimée  à  Anvers  ,  en  1619  ;  je  ne 
crois  point  à  cette  édition  qui ,  si  elle 
existait ,  serait  encore  plus  rare  que  la 
première.  Il  ne  serait  point  impossible , 
toutefois ,  que  des  exemplaires  eussent 
porté  cette  date ,  et  qu'on  eût  changé  à 
Anvers  le  frontispice  de  l'édition  de  Na-» 
pies,  comme  on  a  fait  en  1680  pour  les 
Primi  Alborimusicali,  de  Laurent  Penna, 
en  changeant  le  titre  de  l'édition  donnée 
à  Bologne  ,  en  1674. 

Il  n'est  peut  être  pas  inutile  de  consi- 
gner ici  quelques  remarques  qui  pourraient 
faire  douter  que  Cerone  fût  le  véritable 
auteur  du  Melopeo ,  ou  du  moins  que  le 
mérite  de  cet  ouvrage  lui  appartînt  tout 
entier.  Il  nous  apprend  ,  dans  son  préam- 
bule, qu'il  avait  conçu  le  dessein  d'écrire 
sur  la  musique  ,  avant  qu'il  songeât  à  s'é- 
loigner de  Bergame,  et  qu'il  avait  même 
déjà  mis  la  main  à  l'œuvre  quand  il  fut 
appelé  à  Oristano  ;  mais  que  ce  change- 
ment de  position  avait  interrompu  ce  tra- 
vail ,  et  qu'il  n'avait  pensé  à  le  reprendre 
qu'après  qu'il  eût  remarqué  l'ignorance  où 
étaient  plongés  les  musiciens  espagnols  ; 
ignorance  qui  lui  paraissait  n'exister  que 
par  la  rareté  des  livres  sur  la  musique. 
Cependant,  on  possédait  alors  en  Espagne 
les  ouvrages  de  Vyzcargui ,  de  Blas  Bo- 
seto ,  d'Etienne  Boseto ,  de  Bal  thazar  Buyz, 
du  bachelier  Tapia  ,  de  Ciruelo  ,  de  Chris- 
toval  de  Beyna,  de  François  de  Montanos, 
de  François  Cervera  ,  de  Salinas  ,  de  Gon- 
zales  Martinez ,  de  Jean  Bermudo,  de 
Jean  Espinosa  ,  de  Jean  Martinez,  de  Mel- 
chior  de  Torrez,  de  Guevara,  de  Silva, 
de  Taraçona ,  et  de  plusieurs  autres  bons 
écrivains  ;  les  moyens  d'instruction  ne 
manquaient  donc  pas  aux  Espagnols ,  et 
le  livre  de  Cerone  était  trop  volumineux 
pour  qu'il  pût  rendre  le  savoir  populaire. 
Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  exactement  possi- 
ble qu'il  ait  considéré  cet  ouvrage  comme 
étant  nécessaire,  et  qu'il  en  ait  entrepris  la 
rédaction  dans  le  but  qu'il  indique.  Mais 


92 


CER 


CER 


ses  lumières  ont-elles  été  suffisantes  pour 
exécuter  un  plan  si  vaste?  On  peut  en 
douter  ,  si  l'on  considère  la  faiblesse  do. 
traité  de  plain-chant  qu'il  a  publié  à  Na- 
ples  en  1609.  Que  l'on  compare  ce  traité 
avec  l'excellent  travail  sur  la  même  ma- 
tière renfermé  dans  les  livres  3e ,  4e  et  5° 
du  Melopeo  :  on  aura  peine  à  comprendre 
que  deux  cboses  si  différentes  aient,  pu 
sortir  de  la  même  main.  Ces  trois  livres  , 
si  remarquables  d'ailleurs  par  leur  conci- 
sion ricbe  de  faits ,  sont  très  différens  du 
premier,  qui  est  évidemment  l'ouvrage  de 
Cerone,  et  dans  lequel  il  a  traité  d'une  ma- 
nière si  prolixe  de  questions  oiseuses  sous 
le  titre  de  consonnances  morales.  Les 
autres  parties  du  Melopeo  que  j'ai  signa- 
lées plus  baut  renferment  aussi  l'exposé 
d'une  excellente  doctrine  fait  avec  beau- 
coup de  méthode.  Or,  il  est  un  fait  qui 
pourrait  peut-être  servir  à  expliquer  ces 
singulières  anomalies  :  le  voici.  Zarlino 
nous  apprend  qu'il  avait  composé  un  grand 
ouvrage  intitulé  De  Re  musica ,  en  vingt- 
cinq  livres ,  et  un  autre  qui  avait  pour 
titre  :  Il  Melopeo,  o  musico  perfetto. 
Voici  ce  qu'il  en  dit  à  la  fin  de  ses  Soppli- 
menti  musicale  (p.  330)  :  «  Ayant  parlé 
«  maintenant  assez  de  la  dernière  partie 
«  des  cboses  qui  concernent  la  musique 
u  et  la  mélopée,  tant  en  particulier  qu'en 
(c  général ,  une  autre  fois  je  considérerai 
(t  ce  qui  appartient  au  Mélopéiste  ou  mu- 
<t  sicien  parfait.  Il  ne  me  reste  plus  qu'à 
a  rendre  des  actions  de  grâces  à  celui  qui 
«  habite  dans  le  royaume  céleste  avec  son 
«c  fils,  notre  rédempteur  et  le  Saint-Esprit, 
u  pour  m'avoir  permis  de  mettre  au  jour  le 
«  fruit  de  mes  travaux ,  avec  les  autres 
«  dons  que  j'ai  reçus  de  lui.  J'espère  qu'il 
u  m'accordera  de  nouveau  de  satisfaire  à 
<;  l'engagement  que  j'ai  pris  depuis  long- 


«  temps  envers  les  hommes  studieux,  de 
a  publier  les  vingt-cinq  livres  que  j'ai 
<c  promis  du  traité  De  Re  Musica ,  faits 
«  en  langue  latine  ,  avec  celui  que  je 
<c  nomme  Melopeo  o  Musico  perfetto  *.  » 
Or  ,  ce  grand  travail  de  Zarlino  n'a  point 
été  publié  pendant  sa  vie,  et  les  manu- 
scrits ne  se  sont  pas  retrouvés  depuis  sa 
mort.  N'ya-t-ilpas  quelque  vraisemblance 
qu'ils  ont  passé  entre  les  mains  de  Cerone, 
qui  en  aura  tiré  les  meilleures  parties  de 
son  livre? 

Il  est  juste  d'avouer  pourtant  qu'on  ne 
peut  considérer  le  Melopeo  comme  une 
simple  traduction  en  espagnol  de  l'ou- 
vrage de  Zarlino  ;  tout  annonce  que  Ce- 
rone a  au  moins  le  mérite  de  la  rédaction, 
et  que  plusieurs  parties  lui  appartiennent 
en  propre  de  toute  évidence  ,  quoique  dans 
quelques  parties  du  second  livre,  et  dans 
presque  tous  les  11e,  12e  et  17e,  on  recon- 
naisse la  méthode  de  Zarlino.  En  plusieurs 
endroits,  et  notamment  pag.  209,  270, 
356  et  932,  il  cite  l'autorité  de  cet  auteur 
avec  éloge,  ce  que  n'aurait  pas  fait  Zar- 
lino. Ailleurs,  il  parle  de  quelques  au- 
teurs ,  tels  que  Valerio  Bona  ,  Zacconi , 
Henri  Van  de  Pute,  qui  n'ont  publié  leurs 
ouvrages  qu'après  la  mort  de  ce  théori- 
cien. Il  est  assez  remarquable  qu'ayant 
écrit  son  livre  pour  l'Espagne  ,  et  ayant 
donné  (  lib.  XII  )  des  règles  pour  les  dif- 
férens genres  de  compositions ,  et  même 
des  canzoni ,  des  chansons  à  la  Napoli- 
taine ,  des  frotoles  ,  estrambotes ,  etc. , 
Cerone  n'ait  pas  dit  un  mot  des  boléros , 
tirannas ,  seguediles ,  vilhancicos ,  et 
autres  pièces  espagnoles.  Enfin  dans  le 
nombre  considérable  de  compositeurs  ita- 
liens ,  français  et  flamands ,  dont  il  a  in- 
diqué les  noms  ,  ou  qui  lui  ont  fourni  des 
exemples  ,  on  ne  trouve  que  trois  espa- 


i  Avendo  parlato  ora  a  sufficienza  dell'  ultima  parte 
délia  co.sa  che  considéra  in  universale  e  in  particolare 
délia  musica  e  délia  melopcia  ,  un*  altra  fiata  vederemo 
quelle  cose  che  appartengono  al  Melopeo ,  o  Musico 
perfetto.  Laonde  rendendo  grazie  immortali  a  quelle-  clie 
habita  col  suo  Figliuolo  rjoslro  redentore  et  con  lo  Spirito 
Saulo  ncl  cclcstc  Rcgno,  di  havcrnii  coccesso  tanta  grazia 


ch'io  hahhia  posto  in  luce  queste  mie  fatiche,  oltre  gli  al- 
îridoni  rîcevuti  da  sua  Maestà,  spero  clie  di  nuovo  misarà 
da  lei  concesso  ch'io  potrd  salisfare  al  debito,  cite  già  molto 
tempo  l»o  contratto  con  ciascheduno  sludioso  ,  ponendo 
inlucehormai  i  promessi  venticin'jne  lilni  DeRe  Musica, 
fatti  in  lingua  latina  ,  con  qucllo  cli'io  nomiqo  Melopeo, 
o  Musico  perfeilQ. 


CER 

gnols,  Christophe  Morales,  François  Guer- 
reroet  Thomas  de  Vittoria,  qui  ont  écrit 
en  Italie,  et  dont  le  style  est  calqué  sur 
celui  des  maîtres  italiens  du  16e  siècle , 
tandis  qu'ayant  vécu  environ  seize  ans  en 
Espagne  ,  il  aurait  pu  nous  faire  connaître 
la  manière  originale  d'une  multitude  d'ar- 
tistes espagnols,  dont  les  noms  sont  à  peine 
parvenus  jusqu'à  nous.  Il  n'est  pas  moins 
singulier  qu'il  ait  gardé  un  silence  absolu 
sur  le  chant  mozarabique  ,  dont  les  formes 
sont  si  remarquables,  et  qui  était  en  usage 
de  son  temps  dans  beaucoup  d'églises  de 
l'Espagne  et  particulièrement  de  l'Anda- 
lousie. Toutes  ces  considérations  me  sem- 
blent donner  du  poids  à  ma  conjecture,  et 
peuvent  faire  douter  que  Cerone  ait  écrit 
son  livre  en  Espagne  ,  comme  il  le  dit. 

CERRETTO(scipion),  théoricien,  com- 
positeur et  luthiste,  naquit  à  Naples  en 
1546.  On  lui  doit  un  livre  estimable  inti- 
tulé: Délia  pratica  musica  vocale  estro- 
mentale,  Naples,  1601  ,  in  4.  On  y 
trouve  des  règles  assez  intéressantes  pour 
le  contrepoint  improvisé  que  les  Italiens 
appellent  Contrappunto  da  mente,  et  des 
exemples  bien  écrits,  que  Zacconi  a  copiés 
dans  la  seconde  partie  de  sa  Pratica  di 
musica.  C'est  aussi  dans  l'ouvrage  de  Cer- 
retto  qu'on  trouve  pour  la  première  fois 
les  règles  et  les  exemples  du  contrepoint 
singulier  appelé  Inverse  contraire.  Le 
portrait  de  ce  musicien  se  trouve  en  tête 
de  son  livre ,  et  a  été  reproduit  par  Haw- 
kins,  dans  le  troisième  volume  de  son 
histoire  de  la  musique  ,  pag.  235. 

CERRO  (louis)  ,  maître  de  chapelle  né 
à  Gênes  en  1752,  a  fait  graver  à  Florence, 
en  1785  ,  trois  trios  pour  clavecin  avec 
violon  obligé. 

CERTON  (pierre),  maître  des  enfans  de 
chœur  de  la  sainte  Chapelle  ,  tient  une 
place  distinguée  parmi  les  compositeurs 
français  de  la  première  moitié  du  16e  siè- 
cle. Rabelais  l'a  placé  dans  la  liste  des 
musiciens  célèbres  de  son  temps  (Nouveau 
prologue  du  deuxième  livre  de  Pantagruel). 
On  trouve  un  motet  à  quatre  voix ,  de  sa 


CER 


93 


composition  ,  sur  ces  paroles  :  O  Adonaï, 
dans  le  huitième  livre  du  Recueil  des  mo- 
tets de  divers  auteurs  ,  publié  par  Pierre 
Attaignant,  Paris  1555,  in-4°,  gothique. 
Un  recueil  de  trente-un  psaumes  à  qua- 
tre voix  ,  dont  il  a  composé  la  musique  ,  a 
paru  à  Paris,  en  1546.  Un  autre  recueil  de 
chansons  françaises  de  ce  musicien  a  été 
publié  par  Nicolas  Du  Chemin ,  Paris 
1552.  Burney  cite  du  même  auteur  le 
motet  Diligebat  autem  ,  qui  est  inséré 
parmi  ceux  de  Cipriani ,  lib.  1  ,  Venise  , 
1544  :  il  en  fait  beaucoup  d'éloges ,  et  le 
dit  égal,  si  ce  n'est  même  supérieur,  à 
tout  ce  qu'on  a  fait  de  mieux  en  France  à 
cette  époque. 

CERUTTI  (hyacinthe)  ,  abbé,  né  à 
Viterbe,  en  1737,  est  connu  par  une 
deuxième  édition  du  Gabinetto  armonico 
de  Bonanni,  sous  ce  titre  :  Descrizione 
degli  slromenti  armonici,  Rome  ,  1776  , 
in-4°.  H  y  a  joint  une  traduction  fran- 
çaise libre,  qui  est  fort  mal  écrite,  et  qui 
a  le  défaut  d'être  remplie  d'inexactitudes. 
On  s'est  servi  des  cuivres  de  la  première 
édition  pour  les  140  planches  qui  ornent 
ce  livre. 

CERVERA  (françois)  ,  musicien  espa- 
gnol ,  né  à  Valence ,  dans  la  deuxième 
moitié  du  16e  siècle,  a  publié  plusieurs 
livres  sur  la  musique.  L'un  d'eux  est  inti- 
tulé :  Declaracion  de  lo  canto  llano. 
Alcala ,  1593,  in-4°.  J'ignore  les  titres 
des  autres  ouvrages. 

CERVETTO  (jacques  BASSEVI ,  dit), 
excellent  violoncelliste,  naquit  en  Italie  en 
1682.  En  1728,  il  se  rendit  à  Londres,  et  y 
entra  à  l'orchestre  du  théâtre  de  Drury- 
Lane.  On  rapporte  sur  lui  l'anecdote  sui- 
vante :  Un  soir  que  le  célèbre  acteur  Garrick 
jouait  admiralement  le  rôle  d'un  homme 
ivre,  et  venait  de  se  laisser  tomber  assoupi 
sur  une  chaise ,  Cervetto  interrompit  le 
silence  que  gardait  l'auditoire  en  bâillant 
d'une  manière  bruyante  et  prolongée.  Gar- 
rick, se  levant  tout  à  coup  de  sa  chaise,  ré- 
primanda vivement  le  musicien,  qui  l'a- 
paisa en  lui  disant  :  Je  -vous  demande 


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CES 


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pardon  ;  je  bâille  toujours  quand  j'ai 
trop  de  plaisir.  Cervetto  est  mort  le 
14  janvier  1783,  à  l'âge  de  cent  et  on 
ans  ,  laissant  à  son  fils  une  fortune  de 
vingt  mille  livres  sterling  ,  fruit  de  ses 
économies. 

CERVETTO  (Jacques)  ,  fils  du  précé- 
dent ,  né  à  Londres  ,  fut ,  après  Mara ,  le 
meilleur  violoncelliste  do  son  temps.  En 
1783,  il  était  attaché  aux  concerts  de  lord 
Abington,  et  à  ceux  de  la  reine,  mais  la 
fortune  considérable  qu'il  recueillit  à  la 
mort  de  son  père  le  détermina  à  aban- 
donner l'exercice  de  son  art.  On  a  de  lui  : 
1°  Solos  pour  le  violoncelle;  2°  Six  duos 
pour  violon  et  violoncelle  ;  3"  Six  solos 
pour  la  flûte;  4°  Six  trios  pour  deux  vio- 
lons et  violoncelle,  tous  gravés  à  Lon- 
dres. 

CESAR  (  pierre-antoine  )  ,  professeur 
de  clavecin  ,  et  marchand  de  musique  à 
Paris  ,  dans  la  seconde  moitié  du  18e  siè- 
cle, y  a  publié:  1°  Pièces  de  clavecin, 
oeuvre  premier,  1770;  2°  Sonates  pour  le 
clavecin  ;  3°  Symphonies  de  divers  auteurs, 
arrangées  pour  le  clavecin,  1787;  A0 Les 
variétés  à  la  mode,  vingt-cinq  suites 
d'airs  ,  ariettes  d'opéra  et  opéra-comique, 
ariettes  italiennes ,  romances,  vaudevilles 
et  duos,  arrangés  pour  le  piano-forté , 
Paris  ,  1794.  Tout  cela  est  au-dessons  du 
médiocre. 

CESARINI    (  CHARLES-FRANÇOIS  )  ,  SUr- 

nommé  Del  violino,  à  cause  de  son  talent 
comme  violiniste ,  naquit  à  Rome  en 
1664.  En  1700,  il  était  attaché  comme 
musicien  à  l'église  de  la  Pietà  de  la  même 
ville;  puis  il  devint  maître  de  chapelle  de 
l'église  des  jésuites.  On  a  de  lui  :  Lejils 
prodigue ,  oratorio  ;  2°  Tobie,  oratorio  en 
deux  parties  ;  3°  //  Trionfo  délia  divina 
providenza  ne  successi  de  S.  Geneviefa. 
oratorio;  4°  Le  psaume  Credidi ,  à  huit 
voix  ;  5°  Une  messe  à  quatre  parties  :  tous 
ces  ouvrages  sont  en  manuscrit. 

CES  ATI  (bartholome' ) ,  compositeur 
italien  ,  vivait  dans  la  seconde  moitié  du 
16e  siècle.  J.  B.  Pergameno  a  inséré  plu- 


sieurs motets  de  ce  musicien  dans  son  Par- 
nassus  musicus  Ferdinandœus  ,  Venise 
1615. 

CESI  (pierre)  ,  prêtre ,  né  à  Rome ,  fut 
maître  de  chapelle  en  cette  ville,  dans  la 
seconde  moitié  du  17e  siècle.  On  trouve 
à  la  bibliothèque  royale  de  Paris  (sous  le 
n°  Vin.  26)  un  ouvrage  de  ce  maître  inti- 
tulé :  Messa  a  qualtro  con  altre  sacri 
canzoni  a  una,  due ,  Ire  o  cinque  voci  di 
D.  Pietro  Cesi  romaho,  Libro  secundo  f 
opéra  terza  :  in  Roma  ,  1660 ,  in-4°. 

CESTI  (  marc-antoine  )  ,  récollet  d'A- 
rezzo,  qu'Adami  fait  naître  à  Florence, 
fut  un  des  meilleurs  compositeurs  drama- 
tiques du  17e  siècle.  Il  naquit  vers  1620, 
et,  après  avoir  étudié  les  élémens  de  la 
musique  ,  entra  dans  l'école  de  Carissimi. 
Ayant  été  nommé  maître  de  chapelle  à 
Florence  vers  1646,  il  commença  vers  ce 
temps  à  écrire  des  cantates  où  il  fit  re- 
marquer son  génie  pour  la  musique  ex- 
pressive et  dramatique.  Cavalli  se  distin- 
guait alors  par  les  opéras  qu'il  faisait 
représenter  à  Venise,  et  par  le  caractère 
nouveau  qu'il  donnait  au  récitatif.  Cesti 
marcha  sur  ses  traces,  et  peut-être  alla-t-il 
plus  loin  que  son  modèle  dans  le  sentiment 
de  la  scène  ,  dès  son  premier  ouvrage  re- 
présenté en  1649.  Il  entra  dans  la  cha- 
pelle du  pape  Alexandre  VII  le  1er  jan- 
vier 1660,  en  qualité  de  ténor,  fut  ensuite 
maître  de  chapelle  de  l'empereur  Léo- 
pold  Ier ,  et  mourut  à  Rome  en  1681. 

Cesti  coupa  les  scènes  de  ses  opéras  dans 
la  manière  des  cantates  de  Carissimi* 
Presque  tous  ses  ouvrages  furent,  composés 
pour  les  théâtres  de  Venise.  Ceux  dont  ort 
connaît  les  titres  sont  :  Orontea,  en  1649; 
Cesare  Amante ,  1651  ;  La  Dori,  o  lo 
schiavo  regio ,  en  1663;  celui-ci  eut  un 
très  grand  succès  ,  non  seulement  à  Ve- 
nise, mais  dans  toute  l'Italie.  Tito,  en 
1666;  La  schiava  fortunata  ,  en  société 
avec  Ziani ,  à  Vienne  en  1667  ,  et  à  Ve- 
nise en  1674;  Ai  gène  ,  en  1668;  Gen- 
serico ,  en  1659;  et  dans  la  même  année, 
Argia.  Gerber  croit  aussi  que  cet  artiste 


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a  mis  en  musique  le  Pastor  Fido,  de 
Guarini  ;  mais  cela  ne  paraît  pas  prouvé. 
Dans  la  bibliothèque  impériale  de  Vienne, 
on  trouve  la  partition  d'un  opéra  de  Cesti 
intitulé  La  pomme  d'or ,  qui  a  été  repré- 
senté avec  beaucoup  de  luxe  à  la  cour  de 
Léopold  Ier.  Ce  compositeur  paraît  avoir 
peu  écrit  pour  l'église  :  je  ne  connais  de 
lui  en  ce  genre  de  musique  que  le  motet 
Non  plus  me  ligale ,  qui  est  en  manu- 
scrit à  la  bibliothèque  royale  de  Paris,  dans 
un  recueil  sous  le  numéro  Vm  276.  Burney 
a  rapporté  une  scène  à'Orontea ,  dans  le 
4e  volume  de  son  Histoire  générale  de  la 
musique  (pag.  67)  ,  et  Hawkins  a  publié 
dans  le  4me  volume  de  son  Histoire  de  cet 
art  (p.  94)  un  petit  duo  pour  soprano  et 
basse  ,  dont  les  premiers  mots  sont  :  Cara 
e  dolce  libertà.  Cesti  mérite  d'être  placé 
parmi  les  musiciens  inventeurs  qui  ont  le 
plus  contribué  aux  progrès  de  la  musique 
de  théâtre.  Il  a  composé  aussi  quelques 
cantates  et  un  petit  nombre  des  madri- 
gaux. 

CEVEN1NÎ  (camille),  surnommé 
l'Operoso  parmi  les  académiciens  Filo- 
musl ,  naquit  à  Bologne  au  commence- 
ment du  17e  siècle.  On  a  de  lui  :  1°  Con- 
certe notturni  espressi in  musica,  Bologne, 
1636,  in-4°;  2°  Epitalamiche  serenate 
nette  nozze  d'Annibale  Marescotti,  e  di 
Barbara  Rangoni ,  applausi  musicali, 
Bologne  ,  1638  ,  in-4°. 

CHABANON(MicHEL-FAUL-GmDE),  de 
l'académie  française  et  de  celle  des  inscrip- 
tions, naquit  à  l'île  St.-Domingue  en 
1730.  Dans  sa  jeunesse  les  jésuites  avaient 
voulu  l'attirer  dans  leur  société,  et  peu 
s'en  fallut  que  leur  dessein  ne  s'accom- 
plît ;  mais,  éclairé  sur  leurs  menées,  il 
renonça  à  son  projet ,  et  de  dévot  qu'il 
était ,  il  se  fit  athée.  Il  avait  reçu  une  édu- 
cation brillante  ,  aimait  beaucoup  la  mu- 
sique, et  jouait  fort  bien  du  violon;  il  fut 
long-temps  chef  des  seconds  violons  au 
concert  des  amateurs  que  dirigeait  St.- 
Gcorges.  Après  avoir  consacré  huit  ans 
à  la  culture  de  cet  art,  il  l'abandonna 


pour  la  carrière  des  lettres  ,  et  se  retira  en- 
tièrement de  la  société.  Il  fut  reçu  à  l'aca- 
démie des  Inscriptions  en  1760,  et  le 
20  juin  1780,  il  remplaça  Foncemagne 
à  l'Académie  Française.  11  est  mort  le 
10  juillet  1792.  Fontanes  a  dit  de  lui  : 
«  Chabanoneut  plus  d'esprit  quede  talent, 
«  une  érudition  égale  à  son  esprit  ,  et  un 
«  caractère  encore  préférable  à  tous  ses 
o  titres  littéraires.  Il  cultiva  les  arts  pour 
«  eux-mêmes  ;  il  s'y  dévoua  tout  entier , 
«  sans  recueillir  le  prix  de  ce  dévouement. 
«  La  faveur  publique  s'éloigna  presque 
o  toujours  de  ses  travaux  ,  et  ses  eonfrè- 
«  res  accordaient  plus  d'éloges  à  ses  mœurs 
v.  qu'à  ses  écrits.  »  Les  ouvrages  de  Cha- 
banon  relatifs  à  la  mnsique  sont  les  sui- 
vans  :  1°  Eloge  de  Rameau ,  Paris  , 
1764,  in-12.  Il  se  montre  dans  cet  écrit 
admirateur  passionné  de  l'inventeur  delà 
basse  fondamentale;  2°  Observations  sur 
la  musique,  et  principalement  sur  la 
métaphysique  de  l'art,  Paris,  1779,  in-8°* 
Hiller  a  traduit  cet  ouvrage  en  allemand, 
avec  des  remarques  sous  ce  titre  :  Ueber 
die  Musik  und  deren  Wirkungen.  Leip- 
sick  ,  1781,  in-8°  ;  3°  De  la  musique con* 
sidérée  en  elle-même  et  dans  ses  rap- 
ports avec  la  parole,  les  langues,  la 
poésie  et  le  théâtre ,  Paris  ,  1785,  in-8°, 
ouvrage  qui  n'est  que  le  premier  refondu  , 
et  considérablement  augmenté;  4°  Conjec- 
tures suri' introduction  des  accords  dans 
la  musique  des  anciens ,  dans  les  Mémoi- 
res de  l'académie  des  Inscriptions  ,  t.  34  , 
p.  360,  année  1770.  C'est  dans  cet  écrit 
que  Chabanon  a  reproché  le  premier  à  Bu- 
rette de  n'avoir  point  assez  distingué  les 
temps  en  parlant  de  la  musique  des  an- 
ciens. 11  croyait  que  l'harmonie,  inconnue 
aux  Grecs  du  temps  d'Aristoxène,  ne  le  fut 
pas  aux  Romains  d'une  époque  postérieure; 
il  se  fondait  sur  les  deux  vers  d'Horace  qui 
avaient  déjà  donné  lien  à  la  discussion 
de  Du  Cerceau  et  de  Burette  ;  5°  Sur  la 
musique  de  Castor,  dans  le  Mercure, 
avril  1772  ,  pag.  159  ;  6°  Lettre  sur  les 
propriétés  de  la  langue  française ,  dans 


96 


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le  Mercure  de  janvier  1765 ,  p.  171.  C'est 
une  critique  de  l'Iphigénie  en  Aulide  de 
Gluck.  On  lui  répondit  dans  le  même  jour- 
nal ,  février  1773  ,  p.  192  ,  sous  ce  titre  : 
Lettre  à  M.  de  Chabanon ,  pour  servir 
de  réponse  à  celle  qu'il  a  écrite  sur  les 
propriétés  musicales  de  la  langue  fran- 
çaise ,  par  M.  le  C.  de  S.  A.  Dans  ses  ou- 
vrages, pleins  d'idées  vagues  et  de  déclama- 
tions oiseuses  ,  Chabanon  n'a  rendu  aucun 
service  réel  à  l'art.  11  était  fort  peu  versé 
dans  la  théorie  ,  et  toutes  ses  vues  se  sont 
tournées  vers  une  espèce  de  métaphysi- 
que obscure,  qui  n'est  d'aucune  utilité. 
Ce  que  ce  littérateur-musicien  a  donné  de 
meilleur  consiste  en  trois  mémoires,  où  les 
problèmes  d'Aristote  concernant  la  musi- 
que sont  traduits  et  commentés.  Ces  mé- 
moires ont  été  insérés  parmi  ceux  de  l'aca- 
démie royale  des  Inscriptions  ,  toru.  46. 
Chabanon  a  écrit  les  paroles  et  la  musique 
d'un  opéra  intitulé  Sémélé ;  cet  ouvrage  a 
été  lu  et  reçu  à  l'Académie  royale  de  mu- 
sique, mais  n'a  jamais  été  représenté.  Deux 
ouvrages  posthumes  de  cet  écrivain  ont  été 
publiés  par  Saint- Ange;  ils  ont  pour 
titres  :  Tableau  de  quelques  circonstances 
de  ma  vie  }  et  Précis  de  ma  liaison  avec 
mon  frère  Maugris.  Paris,  1793,  1  vol. 
in-8°.  On  trouve  dans  ces  écrits  un  inté- 
rêt presque  romanesque. 

CHABANON  DE  MAUGRIS  ,  frère  du 
précédent ,  naquit  à  Saint-Domingue  en 
1756.  Il  servit  quelque  temps  dans  les 
jeunes  cadets  de  la  marine ,  et  commanda 
même  une  batterie  dans  l'île  d'Oléron; 
mais  le  soin  de  sa  santé  l'ayant  obligé  à 
quitter  l'état  militaire  ,  il  s'adonna  aux 
lettres  et  aux  arts.  Il  est  mort  le  17  no- 
vembre 1780.  Musicien  et  poète  ,  comme 
son  frère;  il  a  donné  à  l'Opéra  Alexis  et 
Daphné;  pastorale,  et  Philémonet  Bau- 
cis f  ballel  héroïque.  On  a  aussi  de  lui 
quelques  pièces  de  clavecin  et  de  harpe 
avec  accompagnement  de  violon. 

CHABRAN  (françois)  ,  ou  plutôt  Chia- 
bran  ,  neveu  et  élève  du  célèbre  violiniste 
Somis ,  naquit  dans  le  Piémont  en  1723. 


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En  1747  ,  il  fnt  admis  dans  la  musique 
du  roi  de  Sardaigne,  et  en  1751,  il  se 
rendit  à  Paris,  où  il  fit  admirer  son  talent 
sur  le  violon.  Voici  en  quels  termes  s'ex- 
primait le  Mercure  de  France  (Mai,  1 751 , 
pag.  188)  qui  rendait  compte  de  l'effet 
produit  par  cet  artiste  au  concert  spirituel  : 
«  Les  applaudissemens  qu'il  reçut  la  pre- 
«  mière  et  la  seconde  fois  qu'il  parut,  ont 
«  été  poussés  dans  la  suite  jusqu'à  une 
«  espèce  d'enthousiasme.  L'exécution  la 
«  plus  aisée  et  la  plus  brillante ,  une  lé- 
«  gèreté,  une  justesse,  une  précision 
«  étonnante ,  un  jeu  neuf  et  unique  , 
«  plein  de  traits  vifs  et  saillans,  caracté- 
«  risent  ce  talent  aussi  grand  que  singu- 
«  lier.  L'agrément  de  la  musique  qu'il 
«  joue,  et  dont  il  est  l'auteur,  ajoute  aux 
a  charmes  de  son  exécution.  ».  On  a  gravé 
à  Paris ,  trois  œuvres  de  sonates  pour  le 
violon  et  un  œuvre  de  concertos  pour  le 
même  instrument ,  de  la  composition  de 
Chabran. 

CH  ALLES  (claude-françois  MILLIET 
DE  ) ,  mathématicien  ,  né  à  Cambrai  en 
1621  ,  entra  chez  les  jésuites  à  l'âge  de  qua- 
torze ans,  et  enseigna  pendant  toute  sa  vie 
les  humanités,  la  rhétorique  et  les  mathé- 
matiques. Le  duc  de  Savoie,  Charles  Em- 
manuel II ,  le  fit  nommer  recteur  du  col- 
lège de  Chambéry.  Il  fut  ensuite  appelé  à 
Turin,  où  il  mourut  le  28  mars  1678.  On 
a  de  lui  un  traité  général  de  toutes  les 
parties  des  mathématiques  intitulé  :  Cursus 
seu  mundus  mathematicus ,  Lyon ,  1 674, 
dont  il  y  a  eu  une  seconde  édition  en 
4  vol.  in  fol.,  Lyon  1690.  Le  22e  traité  , 
en  47  propositions,  est  intitulé  de  Musica. 
C'est  un  morceau  de  peu  de  valeur.  Les 
propositions  les  plus  intéressantes  sont  les 
36e  ,  38e  ,  et  39e  ,  qui  traitent  de  l'archi- 
viole ,  du  clavecin  et  de  la  cornemuse. 

CHALLONER  (neville  butler)  ,  né 
à  Londres  en  1784,  eut  pour  maître  de 
violon  Cl.  Jos.  Duboeck  ,  de  Bruxelles,  et 
entra  comme  violoniste  à  l'orchestre  de 
Covent-Garden,  à  l'âge  de  trente-deux  ans. 
Deux  ans  après  il  fut  engagé  pour  diriger 


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CHA 


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l'orchestre  de  Richemond,  et  l'année  sui- 
vante il  remplit  les  mêmes  fonctions  au 
théâtre  de  Birmingham.  En  1805,  il  s'est 
livré  à  l'étude  de  la  harpe,  et  il  est  entré 
comme  harpiste  au  théâtre  de  l'Opéra  de 
Londres,  en  1809;  il  occupe  encore  cette 
place  aujourd'hui.  Challoner  a  puhlié  en 
1 805  quatre  méthodes  ,  l'une  pour  le 
violon  ,  la  seconde  pour  le  piano  ,  la  troi- 
sième pour  la  harpe ,  et  la  quatrième  pour 
la  flûte.  Il  s'est  vendu  plus  de  9000  exem- 
plaires de  la  méthode  de  piano  ;  et  celles 
de  violon  et  de  harpe  ont  été  tirées  à  plus 
de  4000  chacune. 

CHALON  (  fkederic  ),  fils  d'un  violi- 
niste  de  l'Opéra ,  fut  flûtiste  et  hauhoïste 
au  théâtre  de  l'Opéra-Comique,  et  se  re- 
tira avec  la  pension  en  1821  ,  après  trente 
ans  de  service.  Il  a  puhlié  :  1°  Airs  nou- 
veaux pour  la  flûte,  1er  et  2e  recueils; 
2°  Six  duos  faciles  pour  deux  flûtes , 
œuvre  2e  ,  Paris  ,  Sieher  ;  5°  Six  idem , 
œuvre  5e,  ibid.  ;  4°  Airs  en  duos,  lre  et 
2e  suites ,  ibid.  •  5°  Walses  et  anglaises 
pour  deux  flûtes  ;  6°  Méthode  pour  le  fla- 
geolet ,  Paris  ,  Decomhe  ;  7°  Méthode  pour 
le  cor  anglais  ,  avec  des  airs  et  des  duos  , 
Paris,  Janet;  8°  Méthode  pour  le  haut- 
bois à  neuf  clefs,  Paris,  Frère  ,  1826. 

CHALONS  (charles),  claveciniste  et 
violiniste  à  Amsterdam,  vers  le  milieu  du 
18e  siècle,  a  publié  dans  cette  ville  :  1°  Six 
symphonies  à  huit  parties  ;  1760  ;  2°  Six 
sonates  pour  le  clavecin,  1762. 

CHAMATERO  (hippolyte).  On  trouve 
sous  ce  nom  à  la  bibliothèque  de  Munich 
des  Madrigali  a  quattro  voci,  Venise , 
1561. 

CHAMBONNIÈRES(andre  CHAMPION 
DE) ,  fils  de  Jacques  Champion,  et  petit- 
fils  de  Thomas  Champion  ,  tous  deux  célè- 
bres organistes  sous  le  règne  de  Louis  XIII. 
André  Champion  prit  le  nom  sous  lequel 
il  est  plus  connu  de  la  terre  de  Chambon- 
nières }  en  Brie  ,  dont  il  avait  épousé  l'hé- 
ritière. Il  jouait  fort  bien  du  clavecin,  et 
passait  pour  l'un  des  plus  habiles  de  son 
temps.  Louis  XIV  lui  donna  la  charge  de 


premier  claveciniste  de  sa  chambre.  Le 
Gallois,  contemporain  de  Chambonnières, 
lui  accorde  les  plus  grands  éloges  en  plu- 
sieurs endroits  de  sa  Lettre  à  mademoi- 
selle Regnault  de  Solier ,  touchant  la 
musique  (Paris  1680  ,  in-12).  Il  assure 
que  sa  manière  d'attaquer  les  touches  du 
clavecin  était  telle  qu'il  tirait  de  cet  instru- 
ment des  sons  d'une  qualité  si  moelleuse , 
qu'aucun  autre  artiste  ne  pouvait  l'attein- 
dre dans  cet  art.  Nous  apprenons  aussi  de 
Le  Gallois  que  Hardelle  fut,  de  tous  les 
élèves  de  Chambonnières,  celui  qui  l'imita 
le  mieux.  Ses  autres  élèves  furent  Buret , 
Gautier,  les  premiers  Couperins,  d'Angle- 
bert  et  Le  Bègue.  On  peut  donc  considérer 
ce  maître  comme  le  chef  d'une  école  de 
clavecin  qui  s'est  propagée  jusqu'à  Rameau, 
car  le  caractère  de  la  plupart  des  orne- 
rnens  de  ses  pièces  se  retrouve  jusque  dans 
celles  de  celui-ci.  Chambonnières  est  mort 
en  1670.  Ce  fut  lui  qui  produisit  à  Paris 
et  à  la  cour  le  premier  des  Couperins 
(  Louis  ).  On  a  de  ce  claveciniste  six  livres 
de  pièces  de  clavecin,  publiés  à  Paris,  sans 
date,in-4°  obi. 

CHAMELET  (pierre DE),  ménestrel  de 
la  musique  de  Charles  V,  roi  de  France , 
suivant  une  ordonnance  de  l'hôtel ,  datée 
de  1564  (Mss.  de  la  bibliothèque  royale 
de  Paris).  On  voit  par  cette  ordonnance, 
que  ce  musicien  jouait  d'un  instrument 
appelé  Jlusle  de  Behaigne  (Guillaume  de 
Machault  écrit  Jlauste  Brehaigne).  La 
forme  de  cet  instrument  n'est  pas  exacte- 
ment connue.  Brehaigne  est  un  vieux  mot 
français  qui  signifie  une  femelle  stérile. 
Flûte  Brehaigne  était  peut-être  une  flûte 
à  sons  aigus  ,  une  petite  flûte. 

CHAMPEIN  (stanislas),  compositeur 
dramatique,  naquit  à  Marseille,  le  19  no- 
vembre 1755.  Il  apprit  la  musique  sous  la 
direction  de  deux  maîtres  peu  connus  , 
nommés  Peccico  et  Chauvet.  A  l'âge  de 
treize  ans  ,  il  devint  maître  de  musique  de 
la  collégiale  de  Pignon,  en  Provence,  pour 
laquelle  il  composa  une  messe,  un  3Iagni- 
ficat  et  des  psaumes.  Au  mois  de  juin 

7 


98 


CHA 


1770,  il  se  rendit  à  Paris,  et  quelques 
mois  après  son  arrivée  ,  il  fut  assez  heu- 
reux pour  faire  entendre  à  la  chapelle  du 
roi,  à  Versailles,  un  motet  à  grand  chœur 
de  sa  composition.  A  la  fête  de  Sainle-Cé- 
cile  de  la  même  année,  il  donna,  dans  l'é- 
glise des  Mathurins,  une  messe  et  le  motet 
de  Versailles.  Son  premier  essai  dans  la 
musique  dramatique  fut  un  opéra-comi- 
que en  deux  actes  ,  représenté  par  les  co- 
médiens du  Bois-de-Boulogne,  sous  le 
titre  du  Soldat  français.  Depuis  1780, 
Champein  a  donné  au  Théâtre-Italien 
1°  Mina,  en  trois  actes  (1780)  ;  2°  La 
Mèlomanie  ,  en  un  acte  (1781).  Cet  ou- 
vrage est  le  meilleur  de  l'auteur.  11  a  été 
repris  plusieurs  fois,  et  toujours  avec  suc- 
cès. Au  milieu  des  défauts  qu'on  y  trouve 
des  phrases  mal  faites,  des  mauvaises  ca 
denecs  fréquentes  et  d'une  harmonie  incor 
recte  ,  on  y  remarque  de  jolies  mélodies 
une  heureuse  imitation  des  formes  ita- 
liennes de  l'époque  ,  et  même  une  sorte 
d'élégance  dans  l'instrumentan'on  ;  5°  Le 
Poète  supposé,  en  trois  acte?  (1783);  4°  Le 
Baiser,  en  trois  actes  (1784);  5°  Les 
Fausses  nouvel/es,  en  deux  actes  (1786); 
6°  Les  Espiègleries  de  garnison,  en  trois 
actes;  7°  Bayard dans  Bresse,  en  quatre 
actes  (1786);  8°  Isabelle  et  Fernand,  en 
trois  actes  ;  9°  Colombine  douairière ,  ou 
Cassandre  ;  10°  Léonore,  ou  l'Heureuse 
épreuve,  en  deux  actes  ;  11°  Les  Délies , 
en  deux  actes,  1787;  12°  Les  Epreuves 
du  Bépublicain ,  en  trois  actes;  13°  Les 
Trois  Hussards,  en  deux  actes  (1804): 
14°  Menzikoff,  en  trois  actes  (1808); 
15°  La  Ferme  du  Mont-Cenis ,  en  trois 
actes  (1809);  15°  (bis  )  Les  Bivaux  d'un 
moment,  en  un  acte (1812).  Au  théâtre  de 
l'Opéra  :  16°  Le  Portrait,  ou  la  divinité 
du  Sauvage  (1791);  au  théâtre  de  Mon- 
sieur: 17°  Le  nouveau  Don  Quicliolle, 
en  deux  actes  (1789),  un  des  meilleurs 
ouvrages  de  Champein.  Le  privilège  du 
théâtre  de  Monsieur  ne  permettait  de 
jouer  que  des  pièces  d'origine  italienne  ; 
cette  circonstance  fut  cause  que  Le  nou- 


CHA 

veau  Don  Quichotte  fat  joué  comme  une 
pièce  traduite,  sous  le  nom  imaginaire 
d'un  Signor  Zuccharelli.  Framery  assure 
que  les  Italiens  mêmes  furent  dupes  de  ce 
subterfuge;  18°  Les  Buses  de  Frontin , 
en  deux  actes,  au  théâtre  de  Beaujolais; 
19°  Florelteet  Colin,  en  un  acte  ;  20°  Les 
Déguisemens  amoureux,  en  deux  actes; 
21°  Le  Manteau  ou  les  nièces  rivales,  en 
un  acte. 

On  remarque  une  interruption  assez 
longue  dans  les  travaux  de  Champein  pour 
le  tliéàtre,car  depuis  1792  jusqu'en  1804, 
il  n'a  fait  représenter  aucun  ouvrage.  Des 
fonctions  administratives  auxquelles  il 
avait  été  appelé  en  1793  ,  furent  cause  de 
cette  lacune  dans  sa  carrière  d'artiste.  Il 
ne  faut  pas  croire,  toutefois,  qu'il  soit 
resté  étranger  à  la  musique  dans  cet  in- 
tervalle, car  il  a  écrit  pour  l'académie 
royale  de  musique  et  pour  l'Opéra-Comi- 
que  ,  divers  ouvrages  qui  ont  été  reçus  à 
ces  théâtres  ,  mais  qui  n'ont  pas  été  repré- 
sentés. Ces  opéras  sont  :  1°  Le  Barbier  de 
Bagdad ,  en  trois  actes;  2°  Diane  et  En- 
dymion,  en  trois  actes;  3°  Le  triomphe 
de  Camille,  en  deux  actes;  4°  Wisnou , 
en  deux  actes;  5°  L'Education  de  l'A- 
mour, en  trois  actes  ,  pour  l'Opéra-Comi- 
que;  6°  L'Inconnu,  en  un  acte;  7°  Les 
Métamorphoses,  ou  les  parfaits  amans , 
en  quatre  actes;  8n L'Amour goutteux, en 
un  acte,  paroles  de  Sedaine;  9°  Le  père 
adolescent ,  en  un  acle;  10"  Beniowsky, 
en  trois  actes  ;  11°  Bianca  Capello  ,  en 
trois  actes;  12°  La  Paternité  recouvrée , 
en  trois  actes  ;  13°  Les  Bohémiens  ou  le 
pouvoir  de  l'amour,  en  deux  actes  ;  14°  Le 
Noyer,  en  1  acte;  15°  Le  Trésor,  en  1  acte. 
Dans  le  temps  où  le  prince  de  Condé  s'a- 
musait à  jouer  la  comédie,  à  Chantilly, 
avec  quelques  seigneurs  de  la  cour,  Cham- 
pein fut  invité  à  écrire  un  opéra-cornhjue 
en  deux  actes,  qui  avait  pour  titre  :  La 
Chaise  à  porteurs.  Le  prince  y  jouait  le 
rôle  de  Fesse-Mathieu ,  et  Mademoiselle 
de  Condé,  morte  au  Temple,  il  y  a  peu 
d'années,  y  chantait.  La  partition  de  cet 


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99 


Cuvraoe  s'est  perdue. Champein  avait  essayé 
de  mettre  en  musique  un  opéra  écrit  en 
prose,  et  il  avait  choisi  l'Electre  de  So- 
phocle, traduit  lilléralement.  Le.  premier 
acte  deect  ouvrage  fut  répelé  à  l'Académie 
royale  de  Musique  ,  et  ohlint  beaucoup 
d'applaudissemcns  ;  mais  l'autorité  a  tou- 
jours refusé  l'autorisation  de  représenter 
cette  production  ,  sans  faire  connaître  les 
motifs  de  son  refus. 

Si  Champein  ne  fut  pas  au  premier  rang 
parmi  les  compositeurs  français,  il  ne  mé- 
rita pourtant  point  l'abandon  où  il  fut 
laissé  dans  les  vingt-quatre  dernières  an- 
néps  de  sa  vie ,  car  il  y  a  de  la  facilité  et 
de  l'esprit  scénique  dans  la  Mëlornctnie , 
dans  Les  Dettes  ,  et  dans  Le  Nouveau 
Don  Quichotte.  Malheureusement  ,  après 
un  silence  assez  long  ,  il  rentra  dans  la 
carrière  par  Menzikoff,  ouvrage  faible  qui 
nuisit  au  reste  de  sa  vie  artistique.  Dans  sa 
vieillesse  ,  il  ne  fut  point  heureux.  A  l'é- 
poque de  ses  succès,  les  droits  d'auteur 
au  théâtre  rapportaient  si  peu  de  chose, 
qu'il  n'avait  pu  faire  d'économies;  toute 
sa  (ortuhe  consistait  en  pensions  qui  avaient 
été  supprimées  à  la  révolution  de  1789. 
Napoléon  lui  en  avait  accordé  une  de 
6000  francs;  il  la  perdit  encore  à  la  res- 
tauration. Plus  tard  les  sociétaires  de 
l'Opéra  Comiqueachelèrent  son  répertoire, 
moyennant  une  rente  viagère;  mais  lors- 
que cethéàtrecutchanoé  d'administration, 
le  nouvel  entrepreneur  refusa  de  recon- 
naître l'engagement  contracté  envers  l'au- 
teur de  la  Mêlomctnie.  Celui-ci  connut 
bientôt  toutes  les  horreurs  du  besoin.  Sur 
la  proposition  de  celui  qui  écrit  celte  no- 
tice,  la  commission  des  auteurs,  dont  il 
était  membre,  vola  pour  Champein  un  se- 
cours annuel  de  douze  cents  francs;  celle 
commission,  où  figuraient  Dupaty,  Mo- 
reau  ,  Scribe,  Catel  et  Boieldieu,  obtint 
pour  lui  du  ministre,  M.  de  Marlignac,  une 
pension  ,  et  M.  le  vicomte  de  Larochefou- 
cault  en  accorda  une  autre  sur  les  fonds 
de  la  liste  civile.  Le  vieillard  ne  jouit  pas 
long-temps  des  douceurs  de  sa  nouvelle  po- 


sition ,  car  il  cessa  de  vivre  moins  de  dix- 
huit  mois  après,  le  19  septembre  1830. 

CIIAMP1ER  (symphoiuen),  en  latin 
Campegius ,  habile  médecin,  naquit  à 
Saint-Symphorien-lc-Chàteau ,  dans  le 
Lyonnais,  en  1470.  Il  fut  successivement 
premier  médecin  du  prince  Antoine  de 
Lorraine,  et  échevin  de  la  ville  de  Lyon. 
Il  mourut  dans  cette  ville,  en  1539.  Parmi 
ses  ouvrages,  on  remarque  celui-ci  :  De 
Dialectica ,  rhetorica,  geomelria,  arilh- 
metica  ,  astronomie.  7  musica  ,  philoso- 
phia  naturali ,  medecina }  theologia  ,  de 
Legibus,  politica  et  elhica ,  Baie,  1537  , 
in -8°. 

CHAMPION  (antoine),  organiste  célè-* 
lave,  sous  le  règne  de  Henri  IV.  On  trouve 
p&rmi  les  manuscrits  de  la  bibliothèque 
royale  de  Munich  une  messe  à  cinq  voix 
de  sa  composition.  Son  fils,  Jacques  Cham- 
pion ,  père  de  Chambonnières  ,  fut  aussi 
un  habile  organiste ,  sous  le  règne  de 
Louis  XIII.  Je  possède  en  manuscrit  un 
livre  de  pièces  d'orgue  d'Antoine  Cham- 
pion ;  elles  sonl  d'un  fort  bon  style. 

CHANCOURTOIS  (louis)  ,  né  le  6  mai 
17S5,  fut  admis  comme  élève  au  Conser- 
vatoire de  musique,  le  25  frimaire  an  IX, 
et  obtint  successivement  au  concours  les 
premiers  prix  de  piano  et  d  harmonie.  Il 
se  destinait  à  la  carrière  d'artiste  ,  et  par- 
ticulièrement à  celle  de  la  composition 
pour  le  théâtre;  mais  les  difficultés  qui 
ont  toujours  entouré  en  France  les  pre- 
miers pas  des  compositeurs,  lui  inspirèrent 
des  dégoûts  qui  lui  firent  accepter  un  em* 
ploi  dans  l'administration  des  finances. 
Il  ne  renonça  pas  pourtant  à  la  musique; 
mais  ce  fut  en  amateur  qu'il  continua  de 
s'en  occuper.  En  1818,  il  fit  représenter 
au  théâtre  Fcydeau,  un  opéra-comique  en 
un  acte,  intilulé:Lrt  Ceinture  magique;  cet 
ouvrage  ne  réussit  pas.  L'année  suivante, 
il  donna  au  même  théâtre  Charles  XII } 
opéra  en  trois  actes,  qui  ne  fut  pas  plus 
heureux.  Un  nouvel  essai  fut  tenté  par  lui, 
en  1823,  dans  un  ouvrage  en  un  acte,  qui 
avait  pour  titre  :  Le  Mariage  difficile;  la 


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faiblesse  du  livret  nuisit  à  la  musique,  où 
il  y  avait  fies  choses  agréables.  Enfin  ,  le 
13  mai  1824,  M.  Chancourtois  fit  repré- 
senter à  l'Opéra-Comique  ,  La  Duchesse 
d'Alençon,  en  un  acte  :  la  mauvaise  for- 
tune qu'il  avait  rencontrée  jusqu'alors  au 
théâtre,  lui  fit  sentir  encore  cette  fois  sa 
funeste  influence.  Dégoûté  par  tant  d'es- 
sais infructueux  ,  M.  Chancourtois  a  cessé 
d'écrire. 

CHANCY  (M.  DE),  musicien  français 
qui  vivait  à  Paris,  au  commencement  du 
17e  siècle,  a  publié  un  livre  de  tablature 
pour  la  mandore  ,  Paris  ,  1629. 

CHANDOSCHKIN  (...),  violiniste, 
né  en  Russie,  vers  1765,  a  publié  de  sa 
composition  :  1°  Six  chansons  Russes , 
'variées  pour  deux  violons ,  op.  1  ,  Pé- 
tersbourg,  1795;  2°  Six  chansons, 
Idem.,  etc.,  op.  l,ibid.,  1796. 

CHANOINE  DE  SAINT-QUENTIN(le); 
on  trouve  sous  ce  nom ,  dans  les  manu- 
scrits de  la  bibliothèque  du  roi,  cotés  65 
(fonds  de  Cangé)  et  7222,  trois  chansons 
notées,  du  15e siècle. 

CHANOT  (fp.ançois),  né  à  Mirecourt, 
en  1787,  était  fils  d'un  fabricant  d'in- 
strumens  de  musique.  Doué  de  disposi- 
tions particulières  pour  les  mathématiques, 
il  y  fit  de  rapides  progrès  ,  fut  admis  à  l'é- 
cole polytechnique ,  et  entra  ensuite  dans 
le  corps  des  ingénieurs  de  la  marine.  Elevé 
dans  les  idées  de  gloire  de  l'empire,  il  vit, 
comme  presque  tous  les  jeunes  gens  de 
cette  époque  qui  suivaient  la  carrière  des 
armes  et  delà  marine,  la  restauration  avec 
de  vifs  regrets  ,  et  fit  sur  cet  événement 
des  couplets  satiriques  qui  furent  chantés 
publiquement ,  et  dont  une  copie  parvint 
jusqu'au  ministère.  Chanot  était  alors  em- 
ployé à  Toulon  ;  une  décision  du  gouver- 
nement le  mit  à  la  demi-solde  et  sous  la 
surveillance  de  la  police.  Il  se  retira  alors 
à  Mirecourt ,  et  dans  l'oisiveté  forcée  à  la- 
quelle il  était  condamné,  il  se  mit  à  réflé- 
chir sur  les  principes  de  la  construction 
des  instrumens  qu'il  voyait  fabriquer  dans 
l'atelier  de  son  père.  Il  se  persuada  que  le 


meilleur  moyen  pour  faire  entrer  en  vibra- 
tion les  diverses  parties  d'un  violon  ,  était 
de  conserver,  autant  qu'il  était  possible, 
les  fibres  du  bois  dans  toute  leur  longueur. 
Partant  de  ce  principe,  il  considérait  la 
forme  des  échancrures  de  l'instrument  or- 
dinaire, avec  ses  angles  et  ses  tasseaux  , 
comme  de  grands  obstacles  à  la  bonne  et 
puissante  qualité  des  sons  ;  enfin ,  il  crut 
que  le  creusement  de  la  table,  pour  en  for- 
mer les  voûtes ,  était  contraire  aux  prin- 
cipes de  cette  théorie  ,  et  conséquemment 
une  erreur  de  la  routine.  Il  se  persuada 
aussi  que  les  fibres  courtes  favorisaient  la 
production  des  sons  aigus  ,  et  les  fibres 
longues,  celles  des  sons  graves.  D'après 
ces  considérations  ,  il  fit  un  violon  dont  la 
table  n'était  que  légèrement  bombée  ;  ses 
ouies  furent  presque  droites ,  et  au  lieu 
d'échancrer  l'instrument,  suivant  la  forme 
ordinaire,  il  en  déprima  les  côtés  par  un 
mouvement  doux ,  à  peu  près  semblable  à 
celui  du  corps  d'une  guitare.  Dans  le  des- 
sein de  favoriser  autant  qu'il  le  pouvait  la 
mise  en  vibration  de  la  table  d harmonie, 
il  attacha  les  cordes  à  la  partie  inférieure 
de  cette  table ,  au  lieu  de  les  fixer  au  cor- 
dier  ordinaire.  Chanot  ayant  terminé  son 
violon,  le  seul  qu'il  ait  jamais  fait,  le  sou- 
mit au  jngement  des  académies  des  scien- 
ces et  des  beaux-arts  de  l'Institut.  Des 
expériences  furent  faites  en  présence  de 
plusieurs  savans  et  artistes;  on  compara 
l'effet  du  nouvel  instrument  avec  celui  de 
quelques  bons  violons  de  Stradivari  et  de 
Guarneri ,  et  les  examinateurs  décidèrent 
qu'il  ne  leur  était  pas  inférieur  en  qualité 
(on  peut  voir  le  rapport  de  l'Institut  dans 
le  Moniteur  Universel  du  22  août  1817). 
L'expérience  a  démenti  le  jugement  des 
savans  dont  il  vient  d'être  parlé  ,  et  tous 
les  violons  qui  ont  été  construits  d'après 
le  modèle  fait  par  Chanot  sont  considérés 
aujourd'hui  comme  des  instrumens  de  mé- 
diocre qualité.  Il  n'en  faut  pas  conclure 
cependant  que  les  juges  se  sont  trompés 
sur  leurs  impressions  ;  mais  il  est  un  fait 
auquel  on  n'a  point  songé  :  c'est  que  beau- 


CHA 


CHA 


101 


coup  d'instrumens  à  archet  sont  bons  au 
moment  où  on  les  monte  de  cordes  ,  et  qu'ils 
ne  deviennent  durs  ou  sourds  qu'après  que 
toutes  les  parties  ont  acquis  leur  aplomb. 
Dans  l'espace  de  six  mois,  on  voit  presque 
toujours  s'opérer  ces  fâcheuses  métamor- 
phoses, et  tel  qui  a  cru  faire  l'acquisition 
d'un  excellent  instrument,  n'en  possède  au 
bout  de  quelque  temps  qu'un  médiocre  ou 
mauvais. 

Quelques  luthiers  qui  n'aiment  pas  les 
innovations  dans  la  fabrication  des  in- 
strumens  à  archet ,  et  qui  ne  croient  pas 
qu'on  puisse  faire  mieux  que  les  anciens 
artistes  italiens,  ont  traité  assez  cavaliè- 
rement les  idées  de  Chanot  sur  la  nécessité 
de  laisser  aux  fibres  du  bois  leur  longueur, 
pour  favoriser  la  vibration.  Ils  objectent 
que  dans  certains  violons  anciens  ,  l'incli- 
naison des  ouies  a  trois  ou  quatre  lignes  de 
plus  que  dans  d'autres,  sans  qu'il  en  résulte 
aucune  infériorité  dans  la  qualité  des  sons. 
A  l'égard  de  la  coïncidence  des  fibres 
courtes  avec  les  sons  aigus ,  ou  longues 
avec  les  sons  graves  ,  et  de  l'opinion  de 
Cbanot  concernant  l'a  me  du  violon  ,  qu'il 
considérait  comme  interceptant  dans  le 
haut  la  continuité  des  fibres  ligneuses, 
M.  Savart  a  fort  bien  remarqué  (Mémoire 
sur  la  construction  des  insirumens  à  ar- 
chet,  p.  38)  que  cette  hypothèse  est  con- 
traire à  ce  qu'enseigne  l'expérience.  En 
effet ,  si  elle  était  fondée  ,  les  sons  graves 
se  renforceraient  quand  on  ôte  l'ame  d'un 
violon;  or,  c'est  précisément  le  contraire 
qui  arrive.  D'ailleurs,  les  expériences  faites 
sur  des  tables  harmoniques  de  violon  san- 
poudrées  de  sable  fin,  prouvent,  par  la 
régularité  des  figures  ,  l'uniformité  des 
mouvemens  vibratoires  entre  les  deux  côtés 
de  l'instrument. 

L'attention  publique  fixée  sur  Chanot 
par  le  rapport  de  l'Institut  fut  favorable 
à  sa  situation  ;  remis  en  activité  de  service 
par  le  gouvernement,  il  fut  envoyé  à  Brest, 
et  reprit  ses  travaux  comme  ingénieur  de 
la  marine.  Dès  lors  il  cessa  de  s'occuper  de 
ses  recherches  sur  la  construction  des  in- 


strumens  à  archet.  Il  est  mort  à  Brest , 
dans  l'été  de  1823  ,  à  l'âge  de  trente-sept 
ans. 

CHAPELAIN  (jehan),  premier  chantre 
de  la  musique  de  la  chambre  de  Henri  II, 
roi  de  France,  succéda  le  1er  mai  1558  , 
en  cette  qualité  à  Jehan  Fernel ,  mort  le 
26  avril  de  la  même  année,  suivant  un 
compte  manuscrit  de  l'année  1559,  qui 
existe  à  la  Bibliothèque  royale  de  Paris 
(voy.  la  Revue  Musicale,  6e  année, 
p.  243).  Il  y  a  une  chanson  française  à 
quatre  parties,  de  ce  musicien,  dans  le  re- 
cueil publié  par  P.  Attaignant,  en  1530. 

CHAPELLE  (pierre-david-augustin), 
né  à  Bouen,  en  1756,  vint  à  Paris  dans  sa 
jeunesse,  et  fit  entendre  au  concert  spiri- 
tuel des  concertos  de  violon  de  sa  compo- 
sition. Peu  de  temps  après,  il  se  livra  à 
la  carrière  dramatique,  et  fit  jouer  au 
théâtre  de  Beaujolais  :  1°  La  Rose ,  opéra 
en  un  acte,  1772;  2°  Le  Mannequin,  en 
un  acte,  dans  la  même  année  ;  3°  Le  Bailli 
Bienfaisant ,  en  un  acte,  1779;  à  la  Co- 
médie-Italienne ;  4°  L 'Heureux  dépit ,  en 
un  acte ,  1 785  ;  5°  Le  Double  Mariage ,  en 
un  acte,  1786;  6°  Les  deux  Jardiniers, 
1787  ;  7°  La  vieillesse  d'Annette  et  Lu- 
bin,  en  un  acte,  1789;  8°  La  Famille 
réunie ,  en  un  acte  1790  ;  9°  La  nouvelle 
Zélandaise,  à  l'Ambigu-Comique,  1793; 
10°  La  Huche,  en  un  acte  ,  au  théâtre  de 
la  Cité,  1794.  La  musique  de  tons  ces 
ouvrages  est  faible  et  décolorée  :  celle  de 
La  vieillesse  d'Annette  et  Lubin  a  seule 
obtenu  quelque  succès.  La  musique  instru- 
mentale du  même  auteur  se  compose  de 
Six  concertos  pour  le  violon,  gravés  suc- 
cessivement à  Paris  ;  Duos  pour  deux  vio- 
lons ,  œuvres  2,  5,  6,  13,  15  et  16  ; 
Bondo  pour  violon  seul  ;  Sonates ,  op.  14 , 
et  qnelques  airs  variés.  Chapelle  fut  pen- 
dant vingt  ans  violiniste  à  la  Comédie-Ita- 
lienne ,  et  passa  ensuite  à  l'orchestre  du 
Vaudeville.  11  est  mort  à  Paris  ,  en  1821. 

CHAPELLE    (JACQOES-ALEXANDRE    DE 

LA) ,  musicien  qui  vivait  à  Paris,  vers  le 
milieu  du  18e  siècle,  s'est  fait  connaître 


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par  la  publication  d'un  ouvrage  intitulé  : 
Les  vrais  principes  de  la  musique,  ex- 
posés par  une  gradation  de  leçons  -  dis- 
tribuées d'une  manière  facile  et  sûre  pour 
arriver  à  une  connaissance  parfaite  et 
pratique  de  cet  art,  livre  premier,  Paris, 
1736,  fn-fol.  La  seconde  partie  de  cet  ou- 
yrâgen  paru  en  1757,  in-fol.;  la  troisième, 
en  1739;  la  quatrième,  terminée  par  un 
abrégé  des  règles  de  la  composition  ,  a  été 
publiée  à  Paris,  sans  date.  Forkcl  cite  une 
édition  de  cet  ouvrage,  sous  la  date  de 
1756.  Elle  n'existe  pas.  La  Chapelle  a 
aussi  publié  Lesplaisirs  de  la  campagne, 
cantatille,  et  un  livre  d'airs  à  chanter, 
Paris,  Ballard  ,  1755.  A  l'égard  d'un  ou- 
vrage cilé  par  Liehtenthal ,  sous  ce  titre  : 
Capitulation  harmonique  de  Muldene , 
continuée  jusqu'au,  temps  présent,  1 750 , 
in-4°,  et  qu'il  attribue  à  La  Chapelle,  je 
ne  sais  ce  que  c'est.  Je  n'ai  trouvé  ce  livre 
nulle  part,  et  le  titre  même  paraît  inintel- 
ligible. 

CHAPPLE  (samuel)  ,  né  à  Creditton, 
dans  le  Devonsbire,  en  1 775,  devint  aveu- 
gle ,  à  1  âge  de  seize  mois  ,  par  suite  de  la 
petite  vérole.  Aussitôt  qu'il  put  saisir  les 
intervalles  sur  le  violon,  il  commença  l'é- 
tude de  cet  instrument.  A  quinze  ans  ,  il 
apprit  à  jouer  du  piano  ,  scus  la  direction 
de  Eames  de  Creditton  ,  élève  de  Thomas  , 
qui  l'était  lui-même  de  Stanley,  aveugle 
comme  eux.  En  1795,  Chapple  a  été 
nommé  organiste  de  Ashburton  ,  où  il  est 
encore.  11  a  publié  :  1"  Trois  sonates  pour 
le  piano,  avec  accompagnement  de  violon, 
Londres  ;  2°  Six  chansons,  Ibid.;  3°  Cinq 
chansons  et  un  glee ,  ibid.;  4°  Six  antien- 
nes en  partition ,  ibid.  ;  5°  Six  antiennes 
et  douze  plain-chants.  11  a  composé  aussi 
une  antienne  pour  le  couronnement  de 
Georges  IV,  qui  a  été  chantée  à  Ashbur- 
ton. 

CHAPUIS  (claude),  chantre  de  la  mu- 
sique de  la  chambre  de  François  l01',  roi 
de  France,  était  copiste  et  bibliothécaire 
de  celte  musique,  suivant  un  compte  de 
dépense  (Mss.  de  Bibliothèque  royale  de 


Paris  ;  V.  la  Revue  Musicale  ,  6e  année , 
p.  243)  pour  les  funérailles  du  roi,  dressé 
en  1547  ,  par  Nicolas  Le  Jai,  notaire  et 
secrétaire  à  ce  commis. 

CHARDAVOI1NE  (jean), musicien,  na- 
quit à  Beaufort ,  en  Anjou  ,  vers  le  milieu 
du  16e  siècle.  On  a  de  lui  :  1°  Recueil  de 
chansons,  en  mode  de  vaudevilles,  tirées 
de  divers  auteurs ,  avec  la  musique  de 
leur  chant  commun,  Paris,  Claude  Mi- 
cart,  1575,  in-16;  2°  Recueil  des  plus 
belles  cliansons  modernes,  mises  en  mu- 
sique, Paris ,  1576. 

CHARDE  (jean),  musicien  anglais, 
était  professeur  à  l'université  d'Oxford, 
en  1518.  Wood  (Jn  Hist.  Univ.  Oxon., 
lib.  1,  p.  5)  cite  une  messe  à  cinq  voix  et 
une  antienne  de  sa  composition,  qu'on 
conserve  en  manuscrit  dans  cette  univer- 
sité. Charde  avait  fait  aussi  une  messe  sur 
le  chant  de  l'antienne  :  Kyrie  Rex  Splen- 
dens ,  etc. 

CHARDINY  (louis-armand),  dont  le 
nom  véritable  était  Chardin,  naquit  à 
Piouen  ,  en  1755.  Il  débuta  à  l'Opéra  ,  en 
1780,  dans  l'emploi  des  baritons ,  et  fut 
reçu  définitivement  l'année  suivante.  Il  se 
fit  remarquer  par  la  beauté  de  sa  voix  et 
la  pureté  de  son  chant;  mais  malheureu- 
sement il  jouait  froidement  et  ne  sut  ja- 
mais animer  la  scène.  Le  rôle  qui  lui  fit 
le  plus  d'honneur,  fut  celui  de  Thésée  dans 
OEdipe  à  Colonne.  Chardiny  était  com- 
positeur, et  l'on  connaît  de  lui  plusieurs 
petits  opéras  qu'il  écrivit  pour  le  théâtre 
de  Beaujolais,  tels  que  :  1°  Le  pouvoir  de 
la  Nature,  en  un  acte,  1786  ;  2°  La  Ruse 
d'amour,  en  un  acte,  1786;  3°  Le  Cla- 
vecin, 1787  ;  4°  Clitandre  et  Céphise , 
1788.  Il  a  fait  aussi  représenter  à  la  Co- 
médie-Italienne :  L' Anneau  perdu  et  re- 
trouvé,  en  un  acte,  1787.  On  connaît 
aussi  de  lui  la  musique  d'un  mélodrame  inti- 
tulé :  Annette  et  Basile.  Il  fut  un  des  pre- 
miers qui  mirent  en  musique  les  romances 
à' Estelle  et  de  Galalée,  de  Florian.  Son 
oratorio  du  Retour  de  Tobie  fut  exécuté 
au  concert  Spirituel,  dans  la  même  année. 


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Chardiny  avait  embrasse  avec  chalcnr  le 
parti  de  la  révolution,  et  avait  été  nommé 
capitaine  d'une  compagnie  armée  de  la 
section  de  Marat.  II  est  mort  à  Paris,  le 
1er  octobre  1795,  à  l'âge  de  trente-sept 
ans. 

CHARGER  (...),  musicien  atlacbé 
au  prince  de  Conli,  en  1745  ,  a  publié  de 
sa  composition  :  Le  pouvoir  de  l'Amour, 
cantatille,  et  un  livre  de  sonates  en  trios 
pour  le  violon  ,  Paris  ,  1749  ,  in-4"  ohl. 

CHARGEY  (...),  amateur  de  mu- 
sique, né  à  Dijon  ,  membre  de  l'académie 
de  celte  ville,  a  publié  une  brochure  sous 
cctilre  :  Entretiens  d'un  musicien  fran- 
çais avec  un  gentilhomme  russe ,  sur  les 
effets  de  la  musique  moderne,  ou.  tableau 
des  concerts  de  province ,  avec  des  let- 
tres à  l'académie  de  Dijon,  à  d'Àlem- 
bert,  Marmonlel,  J.-J.  Rousseau,  Dijon, 
1775,  in-8°.  V.  DU  CHARGER. 

CHARLES  DE  FRANCE,  duc  d'Anjou, 
frère  de  Saint-Louis,  naquit  en  1220. 
Gendre  et  héritier  de  Bérengcr,  comte  de 
Provence,  il  fit  valoir  ses  droits  sur  le 
royaume  de  Naplcs,le  conquit,  et  fut  cou- 
ronné roi  des  Deux-Sieiles  ,  en  1266.  Il 
mourut  à  Naples ,  le  7  janvier  1285.  Ce 
prince  cultivait  la  poésie  et  la  musique.  Il 
nous  reste  deux  chansons  nolées  de  sa  com- 
position :  l'une  se  trouve  dans  le  manu- 
scrit de  la  bibliothèque  du  roi,  coté  7222  ; 
la  seconde  est  dans  deux  autres  Mss.  de  la 
même  bibliothèque  (nos  65  et  66,  fonds  de 
Cangc). 

CHARLES  (...).  On  a  sous  ce  nom 
cinq  livres  d'airs  à  chanter,  imprimés 
chez  Ballard,  depuis  1717  jusqu'en  1754. 

CHARLIER     (  PIERRE  -  JACQUES-IIIPPO- 

iyte),  piètre  dn  diocèse  de  Paris,  naquit 
dans  cette  ville,  en  1757,  et  y  fit  ses  étu- 
des avec  distinction.  L'archevêque  de 
Paris,  M.  de  Beaumont,  ayant  remarqué 
ses  qualités,  le  prit  sous  sa  protection  et 
le  fit  entrer  au  séminaire  de  Sainl-Ma- 
gloire,  pour  y  étudier  les  sciences  ecclé- 
siastiques. En  1785,  il  fut  ordonné  prê- 
tre, et  M.  de  Juigné,  archevêque  de  Paris, 


le  fit  son  secrétaire  et  son  bibliothécaire. 
Il  coopéra  à  l'édition  du  bréviaire,  imprimé 
par  ordre  de  ce  prélat,  en  refondit  les  ru- 
briques, et  mit  à  la  tête  une  Théorie  de 
plain-chant,  qui,  depuis  lors,  a  été  réim- 
primée séparément  avec  des  corrections , 
Paris,  1787,  in-12.  La  vie  de  Charlier 
s'écoula  dans  des  travaux  paisibles  de  son 
étal,  qui  ne  sont  point  du  ressort  de  ce 
dictionnaire.  Dans  le  désir  d'être  utile ,  il 
avait  consenti  à  aider,  sans  rétribution, 
le  curé  de  Saint-Denis,  dans  l'exercice  de 
ses  fonctions.  11  mourut  dans  ce  lieu,  le 
25  juin  1807,  après  quatorze  jours  de  ma- 
ladie. 

CHARMILLON  (jean),  célèbre  méné- 
trier, né  en  Champagne,  vers  le  milieu  du 
15e  siècle,  lut  élu  roi  des  ménestrels  de  la 
ville  de  Troyes,  en  1295  ,  sous  le  règne  de 
Pliilippe-le-Bel  :  c'est  la  plus  ancienne 
nomination  de  ce  genre  qu'on  ait  trouvée 
jusqu'à  ce  jour;  car  Robert,  roi  des  mé- 
nestrels de  la  cour  de  Louis  X,  n'est  nommé 
que  dans  une  ordonnance  de  l'hôtel  des 
rois  de  France,  datée  de  1515  (V.  la  Revue 
Musicale,  6e  année,  p,  194), et  ce  Robert 
est  le  premier  qu'on  trouve  revêtu  de  cette 
dignité  à  la  cour.  Le  silence  des  monu- 
mens  historiques  connus  jusqu'à  cette 
époque  sur  ce  sujet,  a  fait  considérer  Jean 
Cliarmillon  comme  le  premier  roi  des  mé- 
nestrels qu'il  y  ait  eu  en  France;  cepen- 
dant il  y  a  lieu  de  croire  que  cette  charge 
avait  été  créée  antérieurement  à  la  cour, 
et  qu'on  y  trouvait,  avant  Philippe  -le- Bel, 
un  roi  des  ménestrels  aussi  bien  qu'un  roi 
des  hérauts  d'armes  ,  et  un  roi  des  ri- 
bauds.  Pour  éclaircir  ce  fait,  il  faudrait 
découvrir  dans  les  manuscrits  des  biblio- 
thèques ou  des  archives  des  comptes  de  dé- 
penses de  la  maison  des  rois  de  France, 
antérieurement  à  1285  ;  aucun  monument 
de  ce  genre  n'est  venu  à  ma  connaissance. 

CHARPENTIER  (marc-anto. ne),  com- 
positeur, naquit  à  Paris,  en  1654.  Dès  sa 
jeunesse  il  avait  appris  les  premiers  prin- 
cipes de  la  peinture  et  de  la  musique.  A 
l'âge  de  quinze  ans ,  il  se  rendit  à  Tiome, 


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pour  y  étudier  avec  soin  le  premier  de  ces 
arts;  mais  à  son  arrivée  en  Italie  ,  ayant 
entendu  un  motet  de  Carissimi,  ce  mor- 
ceau excita  en  lui  une  sensation  assez  vive 
pour  lui  faire  ahandonner  la  peinture  et  se 
livrer  exclusivement  à  la  musique.  Arrivé 
à  Rome,  il  entra  dans  l'école  de  Carissimi, 
et  travailla  pendant  quelques  années  sous 
ce  maître  célèbre.  Revenu  en  France,  il 
obtint  de  Louis  XIV  la  place  de  maître  de 
chapelle  du  Dauphin  ,  mais  la  jalousie  de 
Lulli  lui  fit  ôter  cet  emploi.  Peu  de  temps 
après  ,  Charpentier  entra  chez  Mademoi- 
selle de  Guise,  en  qualité  de  maître  de  sa 
musique,  et  dès  ce  moment  il  se  livra  avec 
ardeur  à  la  composition,  et  principalement 
au  théâtre.  On  remarqua  que  par  suite  du 
dépit  qu'il  avait  conçu  contre  Lulli,  il 
affectait  de  s'éloigner  de  sa  manière  dans 
tous  ses  ouvrages  ,  ce  qui  nuisit  beaucoup 
à  ses  succès.  Le  duc  d'Orléans  ,  qui  fut 
depuis  régent  du  royaume ,  prit  de  lui  des 
leçons  de  composition,  et  lui  accorda  Fin- 
tendance  de  sa  musique.  Les  dégoûts  qu'il 
éprouvait  au  théâtre  ,  lui  firent  abandon- 
ner cette  carrière,  et  ses  travaux  n'eurent 
plus  d'autre  but  que  l'église.  Nommé  maî- 
tre de  musique  de  l'église  du  Collège  et  de 
la  maison  professe  des  Jésuites,  à  Paris,  il 
futbientôt  appelé  à  la  maîtrisedela  Sainte- 
Chapelle  ,  et  il  occupa  cette  place  jusqu'à 
sa  mort ,  qui  eut  lieu  au  mois  de  mars 
1702,  dans  la  soixante-huitième  année  de 
son  â.ce.  Les  ouvrages  donnés  à  la  scène , 
par  Charpentier,  sont  les  suivans  :  Circé ; 
La  musique  du  malade  imaginaire  ;  Les 
plaisirs  de  Versailles;  la  fête  de  Ruel; 
Les  arts  Jlorissans  ;  Le  sort  d'Andro- 
mède ;  Les  fous  diverlissans  ;  Actéon; 
Le  jugement  de  Pan;  La  Couronne  de 
Jleurs  ;  La  sérénade  ;  Le  retour  du  prin- 
temps ;  Les  amours  d ' Acis  et  Galatée } 
opéra  représenté  chez  M.  de  Rians,  pro- 
cureur du  roi  au  Châtelet,  au  mois  de  jan- 
vier 1678;  les  airs  de  danse  et  les  diver- 
tissemens  de  La  Pierre  philosophale , 
comédie  en  cinq  actes  ,  jouée  le  15  février 
1681 ,  et  qui  n'eut  que  trois  représenla- 


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tions  ;  Les  amours  de  Vénus  et  Adonis  f 
tragédie  de  Visé.  A  la  reprise  de  cette 
pièce  ,  qui  eut  lieu  le  3  septembre  1685 , 
on  y  ajouta  des  divertissemens  et  des  dan- 
ses, dont  Charpentier  composa  la  musique. 
En  cet  état,  celte  pièce  n'eut  que  six  re- 
présentations; Médée,  en  1695  ;  Quel- 
ques tragédies  spirituelles  pour  le  collège 
des  jésuites;  Pastorales  sur  differens 
sujets  ;  etc.  On  a  aussi  de  ce  compositeur 
des  airs  à  boire,  à  deux,  trois  et  quatre 
parties ,  Paris ,  Ballard  ;  des  messes ,  des 
motets,  etc.  Charpentier,  très  inférieur  à 
Lulli  sous  le  rapport  de  l'invention ,  avait 
plus  d'instruction  musicale  que  lui.  Il  était 
vain  de  ce  savoir,  et  ne  reconnaissait  pour 
égal  que  Lalouette,  maître  de  musique  de 
la  cathédrale.  Quand  un  jeune  homme 
voulait  se  faire  compositeur,  il  lui  disait  : 
«  Allez  en  Italie,  c'est  la  véritable  source  ; 
«  cependant,  je  ne  désespère  pas  que  quel- 
«  que  jour  les  Italiens  ne  viennent  ap- 
«  prendre  chez  nous  ;  mais  je  ne  serai 
«  plus.  » 

CHARPENTIER  (jean),  célèbre  joueur 
de  musette,  débuta  en  1720,  comme  ac- 
teur, au  théâtre  de  la  foire.  On  a  de  ce 
musicien  :  Les  plaisirs  champêtres  f 
pièces  pour  deux  musettes,  Paris,  1755, 
in-4°  oblong. 

Un  autre  Charpentier  a  fait  paraître , 
en  1770,  un  ouvrage  intitulé  :  Instruc- 
tions pour  le  cystre  ou  la  guitare  alle- 
mande ,  Paris,  in-fol. 

CH  A  RPENTIER  (jean-jacques  BEAU- 
VARLET).  F.  BEAUVARLET. 

CHARTRAIN  (.  .  .),  né  à  Liège,  vio- 
liniste  à  l'Opéra ,  entra  à  l'orchestre  de  ce 
théâtre,  en  1772  ,  et  se  fit  remarquer  au 
concert  spirituel,  par  son  exécution  ferme 
et  hardie,  dans  plusieurs  concertos  de  sa 
composition.  Il  est  mort  en  1795.  Comme 
compositeur,  il  est  connu  par  les  ouvrages 
suivans  :  1°  Quatuors  pour  deux  violons , 
alto  et  basse,  œuvres  1er,  4e ,  5e  et  8e , 
Paris  ,  Sieber  ;  2°  Concertos  pour  le  vio- 
lon, rouvres  2e,  5e  et  7°,  Ibid.  ;  5°  Six 
symphonies  à  huit  parties,  œuvre  6e,  Ibid.; 


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4°  Six  daos  pour  violon  et  alto,  œuvre  9e, 
Ibid.  La  Bibliothèque  de  l'école  royale  de 
musique,  à  Paris,  possède  la  partition  ma- 
nuscrite d'un  opéra  à'Alcione  de  cet  au- 
teur, qui  n'a  jamais  été  représenté.  En 
1776,  Chartrain  a  donné  à  la  Comédie- 
Italienne  un  opéra-comique  en  un  acte , 
intitulé  :  Le  lord  supposé  :  cet  ouvrage 
n'eut  point  de  succès. 

CHASSE  (CLAUDE-LOUIS-DOMINIQUE  DE), 

célèbre  acteur  de  l'Opéra,  issu  d'une  maison 
noble  de  Bretagne,  naquit  à  Rennes,  en 
1698.  A  l'âge  de  vingt-deux  ans  il  entra 
dans  les  gardes  du  corps  ;  mais  le  système 
de  Law  et  l'incendie  de  Rennes  ayant  en- 
tièrement ruiné  son  père,  Chassé,  que  la 
nature  avait  doué  d'une  taille  avantageuse, 
d'une  figure  agréable  et  d'une  belle  voix 
de  basse ,  se  décida  à  tirer  parti  des  seuls 
avantages  qui  lui  restaient,  et  débuta  à 
l'Opéra  au  mois  d'août  1721.  Chanteur  pi- 
toyable ,  comme  on  l'était  alors  ,  mais  ac- 
teur excellent,  il  eut  bientôt  effacé  tous 
ceux  qui  l'avaient  précédé  dans  son  em- 
ploi, et  le  rôle  de  Roland,  qu'il  rendit 
avec  une  supériorité  jusqu'alors  inconnue, 
mit  le  sceau  à  sa  réputation.  Il  était  si 
pénétré  de  ses  rôles ,  qu'un  jour ,  après 
avoir  fait  une  chute  sur  la  scène,  il  cria 
aux  soldats  qui  le  suivaient  :  Marchez 
moi  sut  le  corps.  En  1738,  il  abandonna 
le  théâtre  et  se  rendit  en  Bretagne,  dans 
l'espoir  d'y  rétablir  sa  fortune;  mais  le 
succès  n'ayant  pas  répondu  à  son  attente, 
il  rentra  à  l'Opéra  ,  au  mois  de  juin  1742, 
par  le  rôle  iïHylas,  dans  Issé.  Enfin, 
après  avoir  parcouru  une  brillante  car- 
rière ,  il  se  retira  définitivement  en  1757. 
Il  est  mort  à  Paris  ,  le  27  octobre  1786  , 
âgé  de  88  ans.  Chassé  a  composé  un  re- 
cueil de  chansons  bachiques ,  qui  a  été 
publié  chez  Ballard. 

CHASSIRON    (PIERRE-MATHIEU-MARTIN 

DE),  conseiller  au  présidial  de  La  Rochelle, 
et  membre  de  l'académie  de  cette  ville , 
naquit  à  l'île  d'Oleron  ,  en  1704  ,  et  mou- 
rut à  La  Rochelle  en  1767.  On  a  de  lui 
un  petit  écrit  intitulé  :  Réflexions  sur  les 


tragédies-opéras,  Paris,  1751,in-12.  11 
aurait  pu  se  dispenser  de  réfléchir  sur  un 
sujet  auquel  il  n'entendait  rien. 

CHASÏEL  (robert  ou  ROEiN  DU),  poète 
et  musicien,  vers  la  fin  du  13e  siècle.  On 
trouve  deux  chansons  notées  de  sa  com- 
position dans  un  manuscrit  de  la  biblio- 
thèque du  roi,  cotén0  66  (fonds  de  Gange). 

CHASTELLUX  (francois-jean  ,  mar- 
quis DE),  maréchal  de  camp,  naquit  à 
Paris  en  1734.  Entré  fort  jeune  au  ser- 
vice, il  fit  toutes  les  campagnes  d'Allema- 
gne contre  Frédéric-leGrand.  En  1780, 
il  passa  en  Amérique,  où  il  fit  les  fonctions 
de  major-général  dans  l'armée  de  Rocham- 
beau,  et  donna  des  preuves  multipliées  de 
courage  et  d'activité.  Il  fut  l'ami  de  Wash- 
ington. Revenu  en  France,  il  obtint  le 
gouvernement  de  Longwi  et  la  place  d'in- 
specteur d'infanterie  ;  il  mourut  le  28  oc- 
tobre 1788.  Chastellux  donnait  à  la  cul- 
ture des  lettres  tous  les  momens  que  lui 
laissaient  ses  devoirs;  il  fut  admis  à  l'aca- 
démie française  en  1775.  Parmi  ses  ou- 
vrages on  remarque  les  suivans,  qui  sont 
relatifs  à  la  musique  :  1°  Essai  sur  l'u- 
nion de  la  poésie  et  de  la  musique ,  La 
Haye  (Paris),  1765,  in-12.  Hiller  a  donné 
un  extrait  de  ce  petit  ouvrage  dans  ses 
Notices  et  remarques  sur  la  musique 
{Wœchejitliche  Nachrichten  und  Anmer- 
kungen  die  Musik  betreffen)  année  1767, 
p.  379;  1°  Observations  sur  un  ouvrage 
intitulé  traité  du  mélodrame,  dans  le  Mer- 
cure d'octobre  1771.  On  a  attribué  faus- 
sement ces  observations  à  l'abbé  Morellet  ; 
5°  Essai  sur  l'opéra ,  traduit  de  l'italien 
d'Algarotti,  suivi  à'Iphigénie  en  Aulide , 
par  le  traducteur,  Paris,  1773,  in-8°. 
Chastellux  écrivit  le  premier  de  ces  ou- 
vrages au  retour  d'un  voyage  en  Italie;  il 
y  montre  beaucoup  de  penchant  pour  la 
musique  italienne  et  de  dégoût  pour  la 
française.  11  faut  avouer  qu'à  l'époque  où  il 
écrivait  il  n'avait  pas  tort,  bien  qu'on  l'ait 
accusé  de  partialité. 

CHATEAUMINOIS  (Alphonse),  fut 
d'abord  première  flûte  et  tambourin  des 


106 


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Variétés  amnsantcs  ;  en  1807  il  entra  au 
Vaudeville  comme  galoubet.  11  jouait  fort 
bien  de  cet  instrument,  et  se  faisait  sou- 
vent entendre  dans  les  entr'actés.  11  est 
mort  à  Paris  en  1819.  On  a  de  lui  une 
Méthode  de  galoubet  (Caris,  Jouve). 

CI1ATEAUNEUF  (l'abbe  DE),  né  à 
Chambéri,  passa  la  plus  grande  partie  de 
sa  vie  à  Paris,  où  il  mourut  en  1709.  ïl 
fut  parrain  de  Voltaire,  et  Ton  dit  qu'il 
fut  l'un  des  derniers  amans  de  Ninon.  Il 
cultivait  la  musique,  et  a  écrit  un  Dialo- 
gue sur  la  musique  des  anciens,  que  Mo- 
rabin  publia  après  sa  mort,  Paris  1725, 
in-12.  On  en  trouve  des  exemplaires  avec 
un  fronlispice  portant  la  date  de  1734.  Ce 
petit  ouvrage  a  été  inséré  dans  la  Biblio- 
thèquefrançaise,  année  1725, p.  179-277; 
il  donna  lieu  à  des  observations  sur  la 
musique,  lajlûle  et  la  lyre  des  anciens , 
Bibl.  fiançât.  V,  p.  107-125.  Au  reste, 
le  livre  de  l'abbé  de  Cliateauneuf  est  super- 
ficiel et  sans  utilité,  il  fut  vivement  criti- 
qué par  Burette  :  c'était  lui  faire  trop 
d'honneur.  L'abbé  de  Cliateauneuf  a  com- 
posé ce  dialogue  à  l'occasion  du  Pantalon, 
instrument  que  son  inventeur  Hcbenslreit 
avait  fait  enlendre  chez  Ninon. 

CHAUMEU  (charles),  professeur  de 
piano,  est  né  à  Paris,  le  21  juin  1788. 
Admis  au  Conservatoire  le  1er  frimaire 
an  V,  il  y  devint  élève  de  51.  Adam  et  de 
Catcl  ,  et  obtint  au  concours  les  premiers 
prix  d'harmonie  et  de  piano  en  1805  et 
1806.  Depuis  sa  sortie  de  classe  du  Con- 
servatoire, il  ne  s'est  plus  fait  remarquer 
comme  exécutant,  mais  il  a  publié  un 
grand  nombre  de  pièces  pour  le  piano,  la 
plupart  arrangées  sur  des  airs  d'opéras.  Ses 
principaux  ouvrages  sont:  1°  Deux  sonates 
pour  le  piano,  op.  1 ,  Paris,  Sieber;  2°  Trois 
sonatcsdétacbécs  pourle  même  instrument, 
œuvres  11  ,  13  et  17,  Paris,  Lcmoine; 
3°  Une  grande  sonate  pour  piano,  flûte  ou 
violon,  op.  13,  Ib'ul. ,  4°  Nocturne  con- 
certant pour  les  mêmes  instrumens,  op.  5, 
lbid.  11  a  publié  aussi  beaucoup  de  diver- 
tissemens,  de  caprices,   de  rondeaux  et 


d'exercices  ponr  piano  seul,  chez  Lemoinc 
et  Sieber.  A  l'égard  des  variations  et  des 
fantaisies  qu'il  a  arrangées  sur  des  tliêmcs 
d'opéra  ,  le  nombre  en  est  trop  considéra- 
ble pour  que  les  titres  en  puissent  être  rap- 
portés ici.  M.  Chaulieu  a  aussi  arrangé 
plusieurs  recueils  de  contredanses  pourle 
piano  ,  et  a  écrit  pour  des  pensionnais  des 
cantates,  la  musique  des  chœurs  iXEslher, 
et  plusieursouvrages  pour  l'éducation  pri- 
maire des  pianistes,  entre  autres,  un  re- 
cueil d'exercices  et  d'études  qu'il  a  nommé 
Y  Indispensable.  Cet  artiste  a  pris  part  à 
la  rédaction  d  un  journal  relatif  à  la  mu- 
sique qui  a  été  publié  à  Paris  en  1854  et 
1835,  sous  ce  titre  :  Le  Pianiste;  ses  ar- 
ticles sont  remarquables  par  l'ingénuité  des 
observations  et  par  la  naïveté  du  style. 

CHAUMONT  (le  chevalier  DE),  d'une 
ancienne  famille,  et  petit-iils  d'un  marin 
que  Louis  XVI  avait  employé  pour  établir 
des  relations  entre  la  Frauee  et  le  royaume 
de  Siam.  On  lui  doit  un  livre  qui  a  pour 
titre  :  p'éritable  construction  d'un  théâ- 
tre de  l  Opéra ,  à  l'usage  de  la  France, 
Paris,  1766,  in-12. 

CHAUSSE  (michel-ange  DE  LA),  en  la- 
tin Causœus,  naquit  à  Paris  vers  la  fin  du 
17e  siècle  ,  et  se  fixa  à  Borne,  afin  de  pou- 
voir se  livrer  avec  plus  de  fruit  à  l'étude 
de  l'antiquité.  On  a  de  lui  :  Romanuni 
muséum,  sive  Thésaurus  eruditœ  anli- 
quitalis ,  in  quo  gemmœ,  idola,  insignia 
sacerdotalia ,  etc.  CLXX  tabulis  œneis 
àncisa  referuntur  ac  diluciduntur,  Rome, 
1660,  in-loî.  ;  deuxième  édition,  Borne, 
1707,  in-fol.  ;  et  dernière,  1747,  2  vol. 
in-fol.  On  y  trouve  des  renseignemens  sur 
les  instrumens  de  musique  des  anciens,  et 
particulièrement  une  petite  dissertation 
de  Sislro ,  que  Grœviusa  insérée  dans  son 
Thesaur.  antiquit.  Roman.,  t.  V. 

CHAUVEUE1CHE(.  .  .),  musicien  de 
la  sainte  chapelle  du  roi,  à  Dijon,  a  pris 
part  à  la  composition  de  X Union  d'Hébé 
avec  Minerve,  pastorale  en  trois  actes, 
qui  a  été  représentée  par  les  écoliers  du 
collège  de  Dijon,  le  20  août  1754.  Les  airs 


CHA 

des  divertissemcns  de  cette  pastorale  ont 
été  composes  par  Jollivrt,  et  mis  en  parti- 
tion avec  orchestre  par  Chauvcrciche. 

CHAI7 VET  (françois),  aveugle,  devint 
organiste  de  Saint-Lazare,  vers  1783,  et 
fu!,  ensuite  attache*  au  duc  d'Angoulême  j 
en  qualité  de  claveciniste.  11  a  (ait  paraître 
en  1798  :  1°  Premier  recueil  de  romances 
et  de  cliansons,  avec  ace.  de  piano  ou 
harpe;  2°  Le  Fandango ,  varié  pour  la 
guitare.  On  lui  doit  aussi  un  ouvrage  élé- 
mentaire intitulé  :  Principes  de  musique 
pour  le  piano,  Paris,  1791.  11  eut  un 
frère,  surnommé  Le  Jeune ,  qui  a  publié 
en  1805,  Trois  airs  connus  variés  pour 
le  piano ,  œuvre  1er. 

CHAUVON  (.  .  .),  musicien  ordinaire 
de  la  musique  du  roi,  vers  1740,  a  pu- 
blié: 1°  Diux  divcrlissemens,  savoir  Les 
charmes  de  l'harmonie ,  et  Les  agré- 
mens  champêtres;  2°  Le  Philosophe 
amoureux,  cantate;  5°  Deux  livres  de 
pièces  à  chanter,  intitulés  :  Les  mille  et 
iinairs;i°\Jn  livre  de  sonates  à  flûte  seule, 
sous  le  titre  :  Les  Tibiades. 

CMAVÉS  (j.),  né  à  Montpellier,  vers 
1770,  montra  dès  son  enfance  d'heureuses 
dispositions  pour  la  musique, et  sesparens, 
qui  le  destinaient  au  commerce  ,  lui  per- 
mirent d'étudier  le  piano  et  le  violon.  A 
l'âge  de  quinze  ans,  il  composa  la  musique 
d'un  grand  opéra  intitulé  :  Enceet  Lavi- 
nie.  Ses  talcns  lui  ayant  procuré  l'entrée 
des  meilleures  maisons,  il  inspira  de  l'a- 
mour à  une  riche  héritière,  que  ses  parens 
furent  obligés  de  lui  donner  pour  épouse. 
Il  voulut  alors  briller  à  Paris;  mais  arrivé 
dans  celte  ville,  il  y  perdit  toute  sa  for- 
lune  au  jeu,  et  se  vit  contraint  de  vendre 
le  bien  de  sa  femme.  Il  en  exposa  le  pro- 
duit à  de  nouveaux  hasards,  ne  fut  pas 
plus  heureux  que  la  première  fois,  et  n'eut 
plus  d'autre  ressource  que  de  se  faire p rote 
de  l'imprimerie  musicale  d  Olivier  et  Go- 
defroy.  Pendant  qu'il  remplissait  ces  fonc- 
tions ,  il  publia  un  livre  élémentaire  sous 
le  lit  rc  de  Rudiment  de  musique  par  de- 
mandes et  réponses,  Paris,   Olivier  et 


CHE 


107 


Godefroy,  in-4°  (sans  date),  deux  ceavres 
de  sonates  pour  le  piano,  et  quelques  ro- 
mances. Ces  productions  ayant  procuré 
quelque  argent  à  Chavès,  il  tenta  de  nou- 
veau la  fortune,  perdit  tout,  et,  poussé  par 
son  désespoir,  se  jeta  dans  la  Seine,  en 
1808. 

CHECCHI  (renier),  maître  de  chapelle, 
né  à  Pise,  en  1749,  reçut  les  premières  no- 
tions de  la  musique  de  Gio-Gualberlo  Bru- 
netli ,  et  aclieva  ses  études  sousOrazio  Mei, 
maître  de  chapelle  de  la  cathédrale  de  Li- 
vourne.  Il  s'est  fixé  depuis  lors  dans  celte 
dernière  ville.  Lorsque  Napoléon  créa  la  so- 
ciété italienne  des  sciences,  lettres  et  arts, 
Checchi  fut  nommé  membre  ordinaire  de 
la  section  musicale.  lia  composé  beaucoup 
de  musique  d'église,  et  plusieurs  opéras, 
parmi  lesquclson  remarque  YEroe  cinese; 
on  connaît  aussi  de  lui  une  collection  de 
Parlimenti,  pour  l'enseignement  de  l'har- 
monie. Checchi  vivait  encore  à  Livourne, 
en  1812. 

CHEFDEVILLE  (esprit-Philippe)  ou 
CHÉDEV1LLE,  l'aîné,  fut  le  plus  habile 
joueur  de  musette  qu'il  y  ait  eu  en  France; 
son  frère  (Nicolas)  put  seul  lui  être  com- 
paré. L'aîné  entra  à  l'Opéra,  en  1725, 
pour  y  jouer  de  son  instrument;  admis  à 
la  pension  en  1749,  il  en  jouit  jusqu'en 
1782,  époque  où  il  mourut  à  Paris.  On  a 
de  lui  :  1"  Simphonies  (duos)  pour  deux 
museties,  livres  1er  et  2e,  Paris,  in-fol. 
oblong  ;  2°  Concerts  champêtres  pour 
deux  musettes  et  basse,  op.  5,  ibid.; 
3°  Recueil  de  vaudevilles ,  menuets  et 
contredanses  pour  deux  museties  ,  Ibid. 
Les  compositions  de  Nicolas  Chédeville 
sont  :  1°  Les  amusemens  champêtres, 
suites  pour  deux  musettes ,  op.  1,2  et  3, 
Paris  ,  in-fol.  obi.  ;  2°  Les  Danses  amu- 
santes, op.  4,  ibid.  ;  3Q  Les  soirées  amu- 
santes, sonates,  on.  5,  ibid.;  4°  Les  pan- 
tomimes italiennes ,  pour  museties  et 
vielles;  5°  Les  amusemens  de  Bel  loue , 
ou  les  plaisirs  de  Mars ,  op.  6  ;  6°  Les 
galanteries  amusantes  (ducs),  op.  S; 
7°  Sonates  pour  la  Jlûle ,  op.  7;  8°  Les 


108 


CHE 


défis  ou  l'étude  amusante,  op.  9  ;  9°  Les 
idées  françaises ,  ou  les  délices  de  Cham- 
bray ,  op.  10;  10°  L'œuvre  quatrième 
d'Abacu,  arrangé  pour  les  musettes  et 
vielles;  11°  Les  printemps  de  Vivaldi  ^ 
arrangés  en  concertos  pour  les  musettes. 
On  a  aussi  imprimé  une  Méthode  de  ga- 
loubet,  sous  le  nom  de  Chédeville  ,  Paris, 
Decombe. 

CHEIN  (louis)  ,  né  à  Beaune ,  vers  le 
milieu  du  17e  siècle,  fut  enfant  de  chœur 
de  la  sainte  Chapelle  du  palais,  et  dans  la 
suite  en  devint  chapelain.  Il  passa  enfin 
à  Quimpercorentin  ,  en  qualité  de  maître 
de  musique  de  la  cathédrale.  On  connaît 
de  sa  composition  :  1°  Missa  quatuor  vo- 
cum  ad  imit.  moduli  pulehra  ut  luna, 
Paris,  Chr.  Ballard ,  1689,  in-folio; 
2°  Missa  pro  defunctis  quatuor  vocum , 
Paris,  Ballard,  1690  ;  5°  Missa  quinque 
vocum,  ad  imitationem  moduli  floribus 
omnia  cédant,  Paris,  Ballard,  1691,  in- 
fol .  ;  4°  Missa  quatuor  vocum ,  ad  imit. 
mod.  Electa  ut  sol,  Paris,  1691. 

CHELARD  (hippolyte-andre-jean- 
baptiste)  r  j  fils  d'un  clarinettiste  de  l'O- 
péra, est  né  à  Paris,  le  1er  février  1789. 
Admis,  comme  élève,  dans  une  classe  de 
violon,  au  Conservatoire,  en  1 803,  il  y  prit 
ensuite  des  leçons  d'harmonie  de  M.  Dour- 
len,  et  de  composition  de  Gossec.  En  1811, 
il  obtint  au  concours  de  l'Institut  le  pre- 
mier grand  prix  de  composition  musicale. 
Devenu  par  là  pensionnaire  du  gouverne- 
ment ,  il  alla ,  suivant  les  réglemens  alors 
en  vigueur,  passer  trois  années  à  Rome, 
et  il  profita  de  son  séjour  en  cette  ville 
pour  étudier  sous  la  direction  de  M.  l'abbé 
Baini  les  compositions  de  Palest/ina;  il  re- 
çut aussi  des  conseils  de  Zingarelli  pour  la 
musique  d'église  dans  le  style  accompagné. 
De  Rome  ,  M.  Chelard  se  rendit  à  Waples, 
ou  Paisicllo  l'accueillit  avec  bienveillance, 
et  lui  facilita  l'entrée  du  théâtre  pour  y 


CHE 

faire  représenter  un  opéra  bouffe  de  sa 
composition  intitulé  :  Casa  da  vendere. 
Cet  ouvrage  fut  joué  en  1815,  et  obtint, 
dit-on  ,  quelque  succès.  11  fut  moins  heu- 
reux à  Paris  ,  lorsque  M.  Chelard  le  fit 
jouer  au  théâtre  Favart,  quoiqu'il  fût  bien 
chanté  par  Mademoiselle  Cinti  (aujour- 
d'hui Madame  Damoreau),  Garcia  et  Porto. 
De  retour  à  Paris,  vers  la  fin  de  1816, 
M.  Chelard  était  entré  à  l'orchestre  de  l'O- 
péra. Il  donnait  aussi  des  leçons  de  sol- 
fège, de  violon  et  d'harmonie  ;  mais  en- 
traîné par  son  penchant  pour  la  composi- 
tion, il  n'était  point  heureux ,  et  c'était 
avec  impatience  qu'il  subissait  l'ennui  de 
ses  travaux  journaliers.  Après  une  longue 
attente,  il  parvint  enfin  au  but  de  ses  dé- 
sirs ,  car  il  fit  représenter  à  l'Opéra  une 
tragédie-lyrique,  dont  le  sujet  était  Mac- 
beth. Cet  ouvrage  futjoué pour  la  première 
fois  le  29  juin  1827.  Empreint  du  génie 
de  Shakespare,  Macbethest  une  belle  com- 
position ;  mais  réduite  aux  mesquines  pro- 
portions que  lui  avait  données  Rouget  de 
Lisle,  c'était  une  pièce  médiocre.  Elle  avait 
d'ailleurs  le  défaut  d'être  ennuyeuse;  le 
compositeur  ne  put  triompher  de  toutes  les 
difficultés  que  le  poète  lui  avait  préparées. 
11  y  avait  de  belles  choses  toutefois  dans 
son  ouvrage,  et  l'on  se  souvient  encore  d'un 
trio  de  sorcières  ,  vigoureusement  conçu  , 
qui  se  trouvait  au  premier  acte.  Quelques 
chœurs  de  cet  ouvrage  ont  été  aussi  remar- 
qués comme  des  morceaux  d'une  large  et 
belle  facture;  mais  en  somme,  la  pièce 
n'a  pu  se  soutenir.  Peu  de  bienveillance 
de  la  part  de  l'administration,  et  les  in- 
trigues de  quelques  personnes  intéressées 
ont  peut-être  hâté  son  exclusion  de  la 
scène  ;  mais  il  est  certain  qu'elle  en  aurait 
été  bannie  bientôt  par  le  peu  d'intérêt  que 
le  public  portait  à  l'ouvrage. 

Blessé  d'une  indifférence  qu'il  considé- 
rait comme  une  injustice,   M.   Chelard 


i  Dans  la  notice  du  Leïique  universel  de  la  musique  , 
publiera  Stutlgard,  par  M.  Schilling,  on  trouve  seulement 
jlndi é-Mppoljtç    pour    lc-6   prénoms    de    M.   Chelard  ; 


mais   les  registres  du  Conservatoire  de  Paris  ,  et  ceux  de 
l'Institut,  indiquent  tcui  qu'on  voit  ici. 


CHE 


CHE 


109 


chercha  en  Allemagne  les  applaudissemens 
qu'on  lai  refusait  en  France.  Ayant  été  re- 
commandé au  haron  de  Poissl,  intendant 
du  théâtre  de  la  cour  à  Munich ,  il  lui 
envoya  sa  partition,  et  bientôt  après,  lui- 
même  se  rendit  dans  la  capitale  de  la  Ba- 
vière. Il  avait  refait  des  scènes  entières  de 
son  opéra  de  Macbeth,  et  dans  ce  travail , 
il  avait  profité  des  critiques  dont  il  avait 
été  blessé.  Au  mois  de  juin  1828  ,  c'est-à- 
dire,  un  an  après  que  l'ouvrage  eut  été  re- 
présenté à  Paris,  M.  Clielard  eut  la  satis- 
faction de  l'entendre  exécuter  en  allemand, 
avec  un  effet  tout  nouveau  pour  lui,  par  la 
célèbre  cantatrice  Mademoiselle  Schechner, 
Madame  Sigl-Vespermann  et  Pellegrini. 
L'enthousiasme  du  public  fut  porté  à  son 
comble.  Depuis  lors  on  a  représenté  Mac- 
beth en  plusieurs  autres  villes  de  l'Alle- 
magne, mais  le  succès  n'a  pas  été  aussi 
décidé.  Les  conséquences  de  triomphe  du 
compositeur  français  furent  sa  nomination 
de  maître  de  chapelle  du  roi  de  Bavière,  et 
un  empressement  flatteur  à  l'accueillir 
dans  les  cours  qu'il  visita.  En  1829,  il  re- 
vint à  Paris,  et  se  prépara  à  y  donner  un 
opéra-comique,  qui  fut  joué  au  mois  de 
janvier  de  l'année  suivante ,  sous  le  titre 
de  La  table  et  le  logement.  L'attente  de 
tous  les  amis  de  M.  Chelard  fut  trompée  , 
car  ils  ne  trouvèrent  dans  cette  production 
qu'une  musique  faible,  sans  charme,  et 
plutôt  écrite  d'une  manière  systématique 
que  néedel'inspiration.  L'ouvrage  ne  réus- 
sit pas  et  n'eut  que  deux  ou  trois  représen- 
tations. Quelques  mois  après,  la  révolution 
qui  venait  changer  le  sort  de  la  France 
et  de  l'Europe  éclata.  Elle  surprit  M.  Che- 
lard au  moment  où  il  venait  de  fonder  un 
établissement  pour  le  commerce  de  musi- 
que :  cet  établissement  fut  par  cet  événe- 
ment ruiné  dès  son  origine,  et  son  proprié- 
taire ,  qui  n'avait  à  Paris  qu'une  existence 
précaire,  fut  contraint  de  retourner  en 
Allemagne.  Son  départ  empêcha  la  repré- 
sentation d'un  opéra  en  trois  actes,  intitulé 
Minuit,  qu'il  avait  écrit  pour  le  théâtre 
Ventadour. 


De  rctouràMunich,  vers  la  fin  de  1830, 
M.  Chelard  y  fit  traduire  cet  ouvrage  en 
allemand  ,  et  le  fit  jouer  au  théâtre  de  la 
cour  au  mois  de  juin  1831.  Plusieurs  mor- 
ceaux de  cette  nouvelle  production  furent 
accueillis  avec  beaucoup  d'applaudisse- 
mens  ,  mais,  en  général,  le  succès  de  Mi- 
nuit fut  inférieur  à  celui  de  Macbeth. 
Vers  la  même  époque ,  le  compositeur  fit 
venir  à  Munich  sa  famille  qui  était  restée 
à  Paris.  Au  mois  de  février  1832,  il  donna, 
sous  le  titre  de  l'Étudiant ,  son  opérette 
joué  précédemment  à  Paris  sous  celui  de 
La  table  et  le  logement.  Il  avait  entière- 
ment refondu  cette  partition  ,  et  n'avait 
conservé  de  l'ouvrage  primitif  qu'un  petit 
nombre  de  morceaux  :  le  succès  fut  com- 
plet. Dans  le  même  temps,  M.  Chelard  fit 
exécuter  à  la  cathédrale  de  Munich  une 
messe  solennelle  qu'il  avait  fait  entendre 
précédemment  à  Paris,  dans  l'église  de 
Saint-Roch.  Cette  messe  fut  ensuite  don- 
née au  concert  spirituel  ,  et  fut  suivie  de 
plusieurs  chœurs  et  cantates  dont  il  a  été 
fait  mention  dans  la  Gazette  musicale  de 
Leipsick.  Dans  les  années  1852  et  1833, 
M.  Chelard  fut  engagé  comme  directeur  de 
musique  de  l'Opéra  allemand  de  Londres, 
aux  théâtres  du  roi ,  de  Drury-Lane  et  de 
Covent-Garden.  Il  fit  représenter  au  pre- 
mier de  ces  théâtres  son  opéra  de  Macbeth  ; 
le  rôle  de  Lady  Macbeth  fut  joué  par  Ma- 
dame Schroeder-Devrient.  L'année  sui- 
vante il  donna  à  Drury-Laneson  Etudiant, 
traduit  en  anglais  et  chanté  par  Madame 
Malibran.  La  faillite  des  entrepreneurs  de 
ces  spectacles  obligea  M.  Chelard  de  re- 
tourner à  Munich  sans  avoir  obtenu  les 
avantages  qu'il  s1  était  promis.  Il  paraît 
qu'à  la  suite  de  son  retour,  la  bienveillance 
qui  avait  accueilli  d'abord  cet  artiste  en 
Allemagne  ne  s'est  pas  soutenue,  car  il  a, 
dit-on,  rencontré  de  grands  obstacles  avant 
d'obtenir  que  son  nouvel  opéra  ,  Le  corn- 
batd '  Herrmann  (Die  Herrmannsschlacht) 
fut  joué  au  théâtre  de  la  cour.  Cet  ouvrage 
n'a  pu  être  représenté  qu'à  la  fin  de  l'an- 
née 1835;  mais  l'éclat  de  son  succès  a  dû 


110 


CHE 


consoler  le  compositeur  de  ses  tribulations. 
On  s'accorde  à  considérer  cette  nouvelle 
production  de  M.  Chelard,  comme  ce  qu'il 
a  fait  de  meilleur. 

On  a  publié  de  M.  Chelard,  indépen- 
damment de  ses  ouvrages  dramatiques  : 
1°  Solfèges  à  quatre  voix,  suivis  d'un  can- 
tique à  voix  seule,  avec  accompagnement 
de  piano,  Paris,  H.  Lemoine;  2°  Chant 
grec,  exécute  en  1826,  au  Waux-Hall , 
dans  le  concert  donné  au  bénéfice  des 
Grecs. 

CHELL  (william )  (et  non  Chelle, 
comme  écrivent  Forkel  et  Lichtenthal), 
chapelain  séculier,  préhendicr  et  ebanteur 
à  l'église  calbédrale  d'Hercford  ,  fut  fait 
bachelier  en  musique  à  l'université  d'Ox- 
ford, en  1524.  Tanner  (in  Biog.  Britan.) 
dit  qu'il  est  auteur  de  deux  écrits,  dont 
l'un  est  intitulé  :  Mitsicœ  practicœ  Corn- 
pendium ,  et  l'autre  :  De  Proportionibus 
musicis ;  mais  il  ne  fait  pas  connaître 
s'ils  ont  été  imprimés,  ou  s'ils  sont  restés 
inédits. 

CHELLE  RI  (fortune),  naquit  à  Parme, 
en  1668  ,  d'un  père  allemand,  nommé 
Keller,  qu'il  perdit  à  l'âge  de  douze  ans. 
11  n'en  avait  que  quinze  lorsque  sa  mère 
mourut.  Son  oncle  maternel,  François- 
Marie  Bassani  ,  maitre  de  cliapelle  de  la 
cathédrale  de  Plaisance,  le  prit  alors  dans 
sa  maison  pour  veiller,  comme  tulcur,  à 
son  éducation  ,  se  proposant  de  lui  faire 
étudier  la  jurisprudence.  Mais  les  heureuses 
dispositions  de  Clielleri  pour  la  musique  ne 
tardèrent  point  à  se  manifester  ,  et  Bas- 
sani, témoin  de  ses  efforts  et  de  ses  succès, 
renonça  à  son  premier  dessein,  et  lui  donna 
des  leçons  de  chant  et  de  clavecin.  Les 
progrès  de  son  élève  furent  si  rapides, 
qu'au  bout  de  trois  ans  ,  il  fut  en  état  de 
remplir  une  place  d'organiste.  Pour  ne  pas 
rester  un  musicien  ordinaire  ,  le  jeune 
Clielleri  commença  alors  à  étudier  le  con- 
trepoint sous  la  direction  de  son  oncle,  et 
y  fit  de  grands  progrès  La  mort  de  Bassani 
le  laissa  livré  à  ses  propres  forces;  niais  au 
lieu  de  se  décourager,  il  redoubla  d'efforts 


CHE 

pour  se  perfectionner  dans  son  art.  Son 
premier  essai  dans  la  musique  dramatique 
fut  l'opéra  de  La  Griselda  ,  qu'il  fit  re- 
présenter à  Plaisance,  en    1707.   L'année 
suivante,  il  fut  appelé  à  Crémone  pour  y 
écrire  l'opéra    de  la  saison  ;   après   s'être 
acquitté  de  cette  tâche,  il  s'embarqua  à 
Gènes,  le  7  janvier  1709  ,  pour  aller  en 
Espagne,  et  il  visita  les  principales  villes  de 
ce  royaume  pendant  le  reste  de  Tannée.  ■ 
Après  son  retour  en  Italie  ,  en  1710  ,  il  y 
déploya    tant    d'activité   qu'au    bout    de 
douze  ans,  il  n'y  avait  presque  pas  de  ville 
considérable  qu'il  n'eût  enrichie  de  quel- 
ques-unes de  ses  compositions.  Il  termina 
sa  carrière  théâtrale  par  l'opéra  de  Zeno- 
bia  e  RadamistO ,  qui  fut  représenté  au 
théâire  Santo-Angelo  de  Venise.  L'évêque 
de  Wurlzbourg  lui  offrit  alors  la  place  de 
maître  de  chapelle  :  Clielleri  accepta  et  se 
rendit  en  Allemagne.  En  1725,  il  entra 
au  service  du  Landgrave  de  Hc.-se-Cassel , 
qui  lui  conféra  les  titres  de  maître  de  cha- 
pelle et  de  directeur  de  sa  musique.  L'année 
suivante,   il   partit  pour  l'Angleterre,  et 
demeura  dix  mois  à  Londres,  où  il  publia 
un    livre   de   cantates.   Le  successeur  du 
Landgrave  Charles  de  Hcsse-L'assel,  qui 
était  en  même  temps  roi  de  Suède,  le  con- 
firma dans  son  emploi  de  maître  de  cha- 
pelle, et  le  fit  venir  à  Stockholm  en  1731; 
mais  le  climat  de  la  Suède  ne  convenant 
point  à  sa  santé,  il  demanda  la  permission 
de  retourner  à  Casscl ,  et  l'obtint  en  1754, 
avec  le  titre  de  conseiller  de  cour.  Il  est 
m»;rt  dans  cette  ville,  en  1757,  à  l'âge  de 
près  de  quatre-vingts  ans.   Ses  ouvrages 
les  plus  connus  sont  :   1°  La  Griselda } 
à  Plaisance,  en  1707;  2°  //  gran  Ales- 
sandro,  Crémone,  1708  ;  3°  La  Zenobia 
in Palmira,  Milan,  1711  ;  4°  L 'Alalanla, 
Fenare  ,    1713  ;    5°   L'Alessandro    Ira 
gli  Amazoni ,  Venise,  1715;  6°  La  Cao 
cia  in  Etolia,  1715;  7°  Pénélope,  Ve- 
nise, 1716  ;  8°  L'A/nalassunle  regina  de 
Goli,  Venise,  1718;  9°  Alessn/idro  Se- 
vero ,  Brescia  ,  1718;   10°  L'Arsacide , 
Venise,  1719;  11°  La  Pace  per  amore, 


CHE 

Venise,  1719;  12°  //  Temistocle ,  Pa- 
clone ,  1720;   13°   Tamerlano ,  Trévise, 

1720  ;  14°  L'Innocenza  diffesa,  Venise, 

1721  ;  15°  Zenobiae  Radamislo,  Venise, 
1722;  16°  Amor  délia  palria  ,  1722; 
17°  Un  livre  de  cantates  et  airs  ,  publié  à 
Londres,  en  1726;  18°  Un  livre  de  sonates 
et  de  fugues  pour  l'orgue  et  le  clavecin , 
Cassel ,  1729.  Il  a  composé  en  Allemagne 
des  psaumes  ,  des  messes  ,  des  sérénades  , 
des  oratorios,  des  trios  ,  des  ouvertures  et 
des  symphonies. 

CHEMIN  (etienne  DU),  avocat  au  par- 
lement, vers  le  milieu  du  17e  siècle,  a  pu- 
blié :  Odes  d' Horace  mises  en  musique 
à  quatre  parties ,  Paris,  1661. 

CHEMIN  (nicolas  DU).  Foyez  DU- 
CHEMIN. 

CHENEVILLET  (pierre)  ,  maître  de 
musique  et  chanoine  de  Saint-Victor,  à 
Clermont,  vivait  dans  la  seconde  moitié  du 
17e  siècle.  On  a  de  lui  :  1°  Missa  qua- 
tuor vocum  ad  imitalionem  moduli  vota 
rnea  Domino,  Paris,  Ballard  ,  1652; 
2°  Missa  quatuor  vocum  ad  imitalionem 
moduli  Deus  ullionis  Dominus,  Paris, 
Ballard,  1653;  3°  Missa  quatuor  vocum 
ad  i mit.  mod.  iiulica  mihi,  ihid.,  1672. 

CHENIÉ  (marie-i'ierre),  né  à  I'aris,  le 
8  juin  1773,  fut  élève  de  l'abbé  d'Haudi- 
mont.  A  l'âge  de  seize  ans,  il  a  fait  exécu- 
ter une  messe  de  sa  composition,  à  IV;; lise 
Saint-Jacques-dc  la-Boucherie.  En  1795, 
il  est  entré  à  l'orchestre  de  l'Opéra,  comme 
eontie-hassiste,  et  a  pris  sa  retraite  en 
1820.  11  a  fait  ensuite  partie  de  l'orchestre 
du  Théâtre-Italien ,  et  il  fut  attaché  à  la 
chapelle  du  roi.  Il  fut  pendant  plusieurs 
années  organiste  de  la  Salpétrièrc.  On  con- 
naît de  lui  des  messes,  des  motets,  trois 
Te  Deum,  un  Reguia  Cœli,  un  Osalula- 
ris ,  un  Domine  salvwn ,  etc.,  des  ro- 
manceset  quelques  pièces  fugitives.  Nommé 
professeur  de  contrebasse  au  Conserva- 
toire, il  y  a  formé  quelques  bons  élèves 
parmi  lesquels  on  remarque  MM.  Durier 
et  Cuillou.  Chenié  est  mort  à  Paris,  le 
6  mai  1832. 


CHE  111 

CHEN1ER  (marie-Joseph),  poète  ,  né  à 
Conslantinople  en  1764,  fut  amené  fort 
jeune  en  France,  et  fit  ses  études  à  Paris. 
11  fut  membre  de  toutes  les  assemblées  lé- 
gislatives, depuis  1792  jusqu'en  1802, 
puis  inspecteur  général  de  l'instruction, 
publique,  et  enlin  membre  de  l'Académie 
française  (2e  classe  de  l'Institut).  11  mou- 
rut à  Paris,  le  1er  janvier  1811.  Ce  n'est 
point  ici  le  lieu  d'examiner  la  vie  politique 
ni  les  œuvres  littéraires  de  cet  écrivain  célè- 
bre ;  mais  il  doit  être  mentionné  comme  au- 
teur d'un  Rapport  fait  à  la  convention  na- 
tionale, au  nom  des  comités  d'instruction 
publique  et  des  finances  (le  10  ther.  an  III) 
sur  la  nécessité  d'organiser  le  Conser- 
vatoire de  musique,  Paris,  an  III,  impri- 
merie nationale,  une  feuille  in-8°.  C'est  à 
la  suite  de  ce  rapport  que  la  convention 
décréta  l'institution  du  Conservatoire  de 
musique  de  France. 

C1IERIC1  (Sebastien),  compositeur,  né 
près  de  Bologne  en  1647,  fut  d'abord 
maître  de  la  cathédrale  de  Pistoie,  et  de- 
vint ensuite,  vers  1684,  maître  de  cha- 
pelle de  l'académie  dello  Spirilo  sanlo,  à 
Fcrrare.  11  fut  aussi  académicien  philhar- 
monique de  Bologne.  On  connaît  de  lui  : 
1°  Ti armonia  di  divoti  concerti  a  2  et  3 
voci  con  violini  e  senza,  op.  21,  Bologne, 
1698,  in-4°.  C'est  une  réimpression; 
2°  Motetti  sagri  a  due  e  tre  voci ,  con 
violini  e  senza,  op.  quarla,  ibid.,  1700  , 
in-4°.  C'est  la  troisième  édition;  5°  Com- 
ponimenli  cla  caméra  a  due  voci,  op.  5% 
Bologne,  1688,  in-4°  obi.;  4°  Motetti 
sagri  a  due  e  tre  voci  con  violini  e  senza, 
op.  6\  Bologne,  1695,  in-4°.  Cet  ouvrage 
est  dédié  à  l'empereur  Léopold  Inr. 

CHEfAON  (andre),  maître  de  musique 
à  l'Opéra,  y  entra  en  1734 ,  et  y  battit  la 
mesure  pendant  pltisieursannées.En  1750, 
il  devint  chef  du  chant,  et  en  remplit  les 
fonctions  jusqu'en  1753,  puis  on  le  lit  in- 
specteur de  la  musique  jusqu'en  1758, 
époque  où  il  fut  mis  à  la  pension.  II  mou- 
rut en  1766.  Il  a  publié  :  1°  Trios  pour 
trois  flûtes,  op.   1;  2°  Duos  et  trios  de 


112 


CHÊ 


flûtes,  op.  2.  On  connaît  aussi  quelques 
motets  de  sa  composition.  On  lui  attribue 
les  basses  des  premiers  livres  de  sonates 
de  Léclair;  enfin,  il  a  écrit  la  musique 
des  vers  qui  furent  cbantés  dans  la  tragé- 
die de  Nicéphore ,  en  1732. 

CIIERON  (augustin-athanase),  actenr 
de  l'Opéra  de  Paris ,  naquit  le  26  février 
1760,  à  Guyancourt  (Seine-et-Qise). 
La  nature  lui  avait  donné  une  voix  de 
basse  taille  de  la  plus  belle  qualité  ,  éten- 
due, égale,  sonore  et  d'un  timbre  métal- 
lique. A  cette  époque,  l'art  du  chant  était 
inconrin  en  France,  et  le  seul  moyen  qu'eût 
un  chanteur  pour  plaire  au  puhlic  ,  était 
de  posséder  un  organe  agréable  et  une  belle 
articulation  :  Chéron  était  pourvu  de  ces 
deux  avantages,  et  de  plus,  sa  physionomie 
était  belle  et  sa  taille  majestueuse  ;  cela 
suffit  pour  lui  faire  obtenir  un  ordre  de 
début,  bien  qu'il  n'eût  point  encore  chanté 
sur  la  scène.  Il  n'avait  pas  vingt  ans  lors- 
qu'il parut  pour  la  première  fois  à  l'Opéra, 
car  ce  fut  en  1779  qu'il  débuta;  les  ap- 
plaudissemens  du  public  décidèrent  sa  ré- 
ception. Très  bon  musicien  et  doué  d'in- 
telligence ,  il  comprenait  bien  ce  qu'il 
chantait,  et  le  rendait  d'nne  manière  con- 
venable. D'ailleurs,  sa  facile  émission  de 
son  le  mettait  à  l'abri  de  l'habitude  de 
crier  qui  n'était  que  trop  fréquente  parmi 
les  acteurs  dontil  était  entouré  ;  mais  cette 
facilité  même,  qui  secondait  en  lui  une 
certaine  paresse  naturelle,  l'empêchait  de 
mettre  dans  son  chant  et  dans  son  jeu  du  feu 
et  de  l'expression.  Toutefois,  dans  les  rôles 
qui  avaient  été  écrits  pour  lui,  il  était  sou- 
vent fort  satisfaisant.  Parmi  ceux  où  il 
s'est  le  plus  distingué  on  doit  citer  Aga- 
memnon  dans  IpJiigénie  en  Aulide ,  le 
pacha  dans  La  Caravane ,  le  roi  d'Ormus 
dans  Tarare,  et  particulièrement  OEdipe 
à  Colone.  Après  sa  retraite  ,  qui  eut  lieu 
en  1802,  il  vécut  quelque  temps  à  Tours, 
puis  vint  se  fixer  à  Versailles,  où  il  est 
mort  le  5  novembre  1829. 

CHÉRON  (anne),  née  CAMEROY, 
épouse  du  précédent,  cantatrice  de  l'Opéra 


CHÉ 

de  Paris,  a  vu  le  jour  dans  un  village  des 
environs  de  Paris  en  1767.  Les  circon- 
stances qui  l'amenèrent  sur  le  théâtre  sont 
assez  singulières  pour  mériter  d'être  rap- 
portées ici.  Sa  sœnr  aînée  était  servante 
chez  un  médecin  nommé  le  docteur  Mittié. 
Ayant  reçu  des  complimens  de  son  maître 
sur  la  beauté  de  sa  voix  ,  elle  lui  parla  de 
sa  jeune  sœur  qui  l'avait  encore  plus  belle. 
Le  docteur ,  lié  avec  Gossec  ,  lui  parla  de 
ses  deux  cantatrices  contadines.  A  cette 
époque,  Gossec  venait  d'être  nommé  di- 
recteur de  l'école  de  chant  et  de  déclama- 
tion des  Menus-plaisirs  ;  occupé  de  cher- 
cher des  voix ,  il  saisit  l'occasion  qui  lui 
était  offerte ,  et  obtint  qu'on  fit  venir  de 
son  village  la  jeune  Cameroy.  Sa  voix  était 
réellement  belle,  et  les  maîtres  de  l'école 
de  chant  entreprirent  de  la  cultiver.  Ces 
maîtres  étaient  alors  Piccinni,  Langlé  et 
Guichard.  Lays  s'était  joint  à  eux  pour 
développer  le  talent  de  Mademoiselle  Ca- 
meroy, à  qui  l'on  fit  prendre  alors  ,  on  ne 
sait  pourquoi,  le  nom  de  Mademoiselle 
Dozon.  Reçue  aux  appointemens  à  l'école, 
au  mois  de  juin  1785  ,  elle  y  reçut  non 
seulement  des  leçons  de  musique  et  de 
chant ,  mais  des  conseils  de  Mole  pour  la 
déclamation  ;  Deshayes  le  père  lui  donna 
des  leçons  de  danse,  et  Donnadieu,  fameux 
maître  d'armes  de  ce  temps ,  lui  fit  faire 
des  exercices  pour  former  son  corps  à  des 
mouvemens  libres  et  souples.  Après  quinze 
mois  de  travaux  assidus ,  ses  maîtres  dé- 
clarèrent qu'elle  était  en  état  de  débuter 
à  l'Opéra,  et  elle  y  parut  avec  un  succès 
brillant,  le  17  septembre  1784,  dans  le 
rôle  de  Chimène.  A  cette  époque,  le  talent 
et  la  renommée  de  Madame  Saint-Huberty 
étaient  dans  tout  leur  éclat  :  les  ennemis 
de  cette  grande  actrice  crurent  trouver  dans 
les  débuts  de  Mlle  Dozon  les  moyens  d'y 
porter  atteinte  ;  un  parti  se  forma  pour  la 
débutante  ,  et  pendant  quelque  temps  le 
public  se  partagea  en  faveur  des  deux  ri- 
vales; mais  l'engouement  cessa  bientôt,  et 
lorsqu'en  1786,  Mademoiselle  Dozon  épousa 
Chéron ,  elle  n'occnpait  plus  à  l'Opéra  que 


CHE 

le  second  rang,  qui  était  encore  assez  beau 
lorsqu'il  n'y  avait  au  premier  que  Madame 
Saint-Huberty.  Cependant  le  rôle  HiAn- 
tigone  dans  OEdipe  vint  à  celte  époque 
lui  rendre  toute  la  faveur  du  public;  ce 
rôle  fut  toujours  celui  qui  lui  fit  le  plus 
d'honneur,  et  qui  fut  le  mieux  assorti  à 
ses  facultés.  Sacchini  le  lui  avait  enseigné 
avec  soin.  La  petitesse  de  sa  taille,  sa  mai- 
greur, au  lieu  de  faire  obstacle  à  ses  suc- 
cès ,  comme  dans  les  autres  rôles  ,  étaient 
là  d'accord  avec  la  situation  du  person- 
nage ;  elle  y  mettait  beaucoup  de  sensibi- 
lité, et  le  caractère  de  sa  voix,  qui  était  ce 
que  les  Italiens  appellent  soprano  sfogato, 
convenait  fort  bien  au  genre  de  la  musique. 
Aucune  autre  actrice  n'a  eu  depuis  Madame 
Chéron  ,  autant  d'effet  qu'elle  dans  le  rôle 
d'Antigone.  La  délicatesse  de  sa  santé  l'o- 
bligea de  quitter  le  théâtre  en  1800,  à 
l'âge  de  trente-trois  ans.  Elle  se  retira 
d'abord  à  Tours,  avec  son  mari  ;  mais  de- 
puis quelques  années  elle  s'est  fixée  à  Ver- 
sailles. 

CHERUBINI     (  MARIE  -LOUIS  -CHARLES- 

zenobi-salvador)  ,  compositeur  célèbre, 
est  né  à  Florence,  le  8  septembre  1760. 
Les  premiers  principes  de  la  musique  lui 
furent  enseignés  avant  qu'il  eut  atteint  sa 
sixième  année.  A  l'âge  de  neuf  ans  il  reçut 
des  leçons  d'harmonie  et  d'accompagne- 
ment de  Bartolomeo  Felici  et  de  son  fils 
Alessandro.  Après  la  mort  de  ces  deux 
maîtres,  il  passa  sous  la  direction  de  Pierre 
Bizzari  et  de  Joseph  Castrucci ,  qui  lui 
firent  continuer  ses  études  de  composition, 
et  qui  lui  donnèrent  quelques  notions  de 
l'art  du  chant.  Ses  progrès  furent  si  ra- 
pides, que  dès  1773,  c'est-à-dire,  avant 
d'avoir  accompli  sa  treizième  année  ,  il  fit 
exécuter,  à  Florence,  une  messe  solennelle 
et  un  intermède  de  sa  composition.  Ces 
ouvrages  furent  suivis  de  plusieurs  autres 
à  l'église  et  au  théâtre,  et  le  public  accueil- 
lit avec  de  vifs  applaudissemens  ces  fruits 
précoces  d'un  talent  déjà  remarquable. 
Léopold  II ,  grand-duc  de  Toscane ,  si  re- 
commandable  par  la  douceur  de  son  gou- 
TOME  in. 


CHE 


113 


vernement ,  par  sa  bienfaisance  et  par  son 
goût  éclairé  pour  les  arts,  Léopold,  étonné 
de  trouver  dans  le  jeune  Cherubini  de  si 
belles  facultés,  lui  accorda,  en  1778,  une 
pension,  pour  le  mettre  en  état  de  se  ren- 
dre à  Bologne  auprès  de  Sarti  ,  afin  qu'il 
pût  continuer  ses  études  et  perfectionner 
son  talent  sous  les  yeux  de  ce  maître. 
Quatre  années  furent  employées  dans  cette 
école  ,  par  le  jeune  artiste  ,  à  des  travaux 
sérieux  pour  acquérir  une  profonde  con- 
naissance du  contrepoint  et  de  l'ancien 
style  fugué.  C'est  aux  conseils  de  Sarti  que 
Cherubini  dut  le  savoir  étendu  qu'il  pos- 
sède, et  ce  sentiment  délicat  des  beautés 
de  style  qu'on  puisait  alors  dans  les  bonnes 
écoles  d'Italie,  et  dont  il  ne  restera  bien- 
tôt plus  de  traces.  La  méthode  de  Sarti 
était  excellente  j  non  seulement  il  donnait 
à  ses  élèves  des  connaissances  solides  dans 
tous  les  genres  de  compositions  scienti- 
fiques, mais  il  les  exerçait  au  style  idéal 
en  leur  confiant  la  composition  des  airs  de 
seconds  rôles  de  ses  opéras.  Ses  partitions 
contiennent  un  grand  nombre  de  mor- 
ceaux écrits  par  M.  Cherubini. 

Avant  de  quitter  pour  toujours  l'école 
de  son  maître,  le  jeune  artiste  écrivit  pour 
Alexandrie-de-la-Paille  l'opéra  de  Quinto- 
Fabio,  qui  fut  représenté  en  1782,  et  qui 
fut  suivi  de  sept  autres  ouvrages,  repré- 
sentés à  Florence,  à  Livourne,  à  Rome  et 
à  Mantoue.  En  1784,  M.  Cherubini  quitta 
l'Italie  pour  aller  à  Londres.  Il  y  écrivit 
La  Finta principessa ,  opéra-bouffe,  et  y 
fit  représenter  son  Giulio  Sabino ,  dont  il 
avait  refait  plusieurs  morceaux.  Il  écrivit, 
aussi  dans  cette  ville  quelques  morceaux 
nouveaux  pour  la  partition  du  Irîarchese 
di  Tidipano,  de  Paisiello,  après  quoi  il  se 
rendit  à  Paris,  avec  l'intention  de  s'y  fixer. 
Toutefois,  il  fut  bientôt  après  appelé  à 
Turin, pouryécrire son  opéra  iïljîgeniain 
Aulide,  quiobtinttant  de  succès,  queMar- 
chesi  fit  choisir  cet  ouvrage  pour  l'automne 
de  1788,  au  théâtre  de  La  Scala  à  Milan. 
De  retour  à  Londres,  en  1787,  M.  Cheru- 
bini y  eut  le  titre  et  les  fonctions  decompo- 
8 


114 


CHE 


siteur  du  théâtre  du  roi.  Il  y  fît  représenter 
Giannina  e  Bernadone,Ao  Cimarosa,  Gli 
schiavi  per  cunore ,  de  I'aisicllo  ,  et  quel- 
ques autres  ouvrages  pour  lesquels  il  écri- 
vit des  morceaux  cliannans.  Burney  cite 
avec  éloge  ces  productions  du  talent  de 
M.  Cherubini  [a  General  history  qfmu- 
sic,  t.  IV,  p.  527).  Cet  artiste,  dit-il,  est 
un  jeune  homme  de  génie  qui  n'a  point 
eu  ici  (à  Londres)  l'occasion  de  déployer 
son  habileté,  mais  qui,  avant  son  arrivée, 
avait  été  d4jà  plusieurs  fois  mentionné  en 
Angleterre  pour  son  rare  talent.  Revenu  à 
Paris  en  1788,  31.  Cherubini  y  écrivit  son 
premier  opéra  français,  dont  le  sujet  était 
Démophoji  ;  cet  ouvrage  fut  représente  sur 
le  théâtre  de  l'Opéra,  le  2  décembre  de  la 
même  année,  et  n'obtint  pas  de  succès. 
Plusieurs  causes  eontrihuèrent  à  faire  ac- 
cueillir avec  froideur  le  premier  essai  d'un 
genre  de  composition  où  Cherubini  sem- 
blait renoncer  aux  formes  de  la  musique 
italienne  qu'il  avait  cultivées  jusqu'alors. 
La  première  de  ces  causes  se  trouvait  dans 
l'intérêt  qu'inspirait  au  public  Vogel, 
auteur  d'un  autre  Démophon  ,  dont  l'ou- 
verture, devenue  célèbre,  excitait  l'admi- 
ration. Ce  jeune  musicien  avait  cessé  de 
vivre  dans  la  même  année,  et  avait  laissé 
son  opéra  terminé.  Il  fut  représenté  dans 
l'été  ,  et  bien  que  le  reste  de  l'ouvrage  ne 
répondît  pas  à  la  beauté  de  l'ouverture,  le 
public  le  traita  avec  une  faveur  marquée 
qui  nuisit  à  l'œuvre  de  M.  Cherubini.  Il 
v  avait  dans  celle-ci  un  mérite  de  facture 
supérieur  à  tout  ce  qu'on  connaissait  alors 
en  France;  ce  mérite  était  au-dessus  de 
l'intelligence  des  habitués  du  parterre  de 
l'Opéra  de  ce  temps  ;  il  ne  rachetait  pas  à 
leurs  yeux  le  défaut  de  chaleur  et  d'intérêt 
dramatique  qu'on  pouvait  reprocher  à  l'en- 
semble de  la  partition .  De  tous  les  ouvrages 
du  compositeur  qui  est  l'objet  de  cet  arti- 
cle ,  Démophon  est  aujourd'hui  le  moins 
connu  même  de  ses  admirateurs;  cepen- 
dant il  s'y  trouve  quelques  morceaux,  et 
particulièrement  un  chœur  {Ah!  vous 
rendez  la  vie)  qui,  pour  l'intérêt  de  l'in- 


CHE 

strumentation  ,  des  dispositions  des  voix  et 
de  la  pureté  de  style  étaient,  à  l'époque  où 
l'opéra  fut  écrit,  de  véritables  créations, 
et  annonça  ent  une  école  nouvelle. 

En  1789,  Léonard,  coiffeur  de  la  reine, 
obtint  un  privilège  pour  élever  à  Paris  un 
théâtre  d  Opéra  italien.  Violti  fut  chargé 
d'aller  en  Italie  composer  la  troupe  parmi 
les  chanteurs  les  plus  renommés.  Ceux 
qu'il  ramena  méritaient  d'être  classés  parmi 
les  plus  habiles  de  l'Italie  :  c'étaient  Vt- 
ganoni,  Mandini,  La  Morichelli  et  l'excel- 
lent acteur  RalTanelli  qu'on  revit  à  Paris 
environ  douze  ans  plus  lard,  et  qui  n'avait 
rien  perdu  de  son  beau  talent.  Ces  clia 
teurs  furent  mis  sous  la  direction  de  Che- 
rubini ,  pour  ce  qui  concernait  la  distribu- 
tion des  rôles  et  pour  tout  ce  qui  était  du 
ressort  de  la  musique.  La  troupe  fît  son 
début  dans  une  espèce  de  bouge  qu'on  ap- 
pelait le  théâtre  de  la  foire  Saint-Ger- 
main. C'est  là  que  furent  exécutés,  avec 
une  perfection  jusqu'alors  inconnue,  les 
meilleurs  ouvrages  d'Anfossi,  de  Paisiello, 
de  Cimarosa  ,  dans  lesquels  M.  Cherubini 
avait  introduit  d'excellens  morceaux  de  sa 
composition.  Tous  ces  morceaux  étaient 
marqués  du  cachet  d'un  talent  supérieur  ; 
ils  excitèrent  une  admiration  générale. 
Bien  des  amateurs  se  souviennent  encore 
du  délicieux  quatuor,  Cara ,  da  voi  di' 
pende ,  qui  était  placé  dans  les  f^iaggiatori 
folici ,  et  du  trio  inséré  dans  Yltaliana  in 
Londra.  Ces  productions  offrent  un  sujet 
d'étude  plein  d'intérêt,  si  on  les  compare 
avec  Démophon,  et  surtout  avec  Lodoïska} 
opéra  français  que  Cherubini  écrivit  dans  le 
même  temps. Elles  prouvent  queleurauteur 
avait  alors  deux  manières  très  distinctes; 
l'une  simple  comme  celle  de  Cimarosa  et 
de  Paisiello,  et  qui  ne  se  distinguait  que 
par  une  pureté  de  style  supérieure  à  tout 
ce  qu'on  connaissait;  l'autre,  sévère,  plus 
harmonique  que  mélodique,  riche  de  dé- 
tails d'instrumentation  ,  et  type  alors 
inapprécié  d'une  école  nouvelle,  destinée  à 
changer  toutes  les  formes  de  l'art. 

Lodoïska  fut  représente  en  1791 5  cette 


ait 
n- 


CHE 


CHE 


115 


belle  composition  où  le  développement  des 
proportions  dans  la  coupe  des  morceaux 
d'ensemble,  la  nouveauté  des  combinaisons 
et  les  richesses  instrumentales  sont  si  re- 
marquables, fit  une  révolution  dans  la 
musique  française,  et  fut  l'origine  de  la 
musique  d'effet  que  tous  les  compositeurs 
modernes  ont  imitée  avec  diverses  modifi- 
cations. Aussi  vit-on  ceux  de  l'école  fran- 
çaise ,  particulièrement  Mébul  ,  Sleibelt, 
Berlon,  Lesucur,  Grétry  même,  se  jeter 
dans  cette  route  nouvelle,  et  y  porter  seu- 
lement des  différences  qui  tenaient  à  leur 
génie.  A  la  vérité,  Mozart  avait  déjà  révélé 
par  ses  immortelles  compositions  des  Noces 
de  Figaro  et  de  Don  Juan,  tout  l'effet 
que  peuvent  produire  de  grandes  combi- 
naisons harmoniques  ,  et  de  belles  disposi- 
tions instrumentales  unies  à  d'heureuses 
mélodies  ;  mais  ces  ouvrages  ,  venus  trop 
tôt.  même  pour  que  les  compatriotes  de 
Mozart  fussent  en  état  de  les  comprendre, 
étaient  alors  absolument  ignorés  des  étran- 
gers. Nul  doute  que  M.  Cherubini  n'ait 
suivi  ses  propres  inspirations  dans  le  genre 
nouveau  qu'il  introduisit  en  France  :  la 
comparaison  de  son  style  avec  celui  de  son 
illustre  prédécesseur  le  prouve  jusqu'à  l'é- 
vidence. 

La  révolution  eommenece^v  Locloïska, 
fut  achevée  par  Elisa  ,  ou  le  Mont  Saint- 
Bernard,  et  par  Médée.  Malheureusement 
ces  opéras,  dont  la  musique  excite  encore  , 
après  plus  de  trente  ans  ,  l'admiration  des 
artistes,  ont  été  composés  sur  des  poèmes 
ou  dénués  d'intérêt,  ou  écrits  d'un  style 
ridicule,  en  sorte  qu'ils  n'ont  pu  se  main- 
tenir sur  la  scène  :  tuais  ce  qui  prouve  qu'il 
n'a  manqué  à  M.  Cherubini,  pour  olitenir 
des  succès  populaires,  que  des  ouvrages  ou 
plus  inléressans  ou  plus  raisonnables,  c'est 
l'effet  d'entraînement  qu'a  produit  l'opéra 
des  Deux  Journées ,  dont  la  musique  est 
écrite  dans  le  système  des  autres  composi- 
tions françaises  de  M.  Cherubini,  mais 
dont  le  poème,  plus  intéressant,  est  mieux 
assorti  aux  accens  de  cette  belle  musique. 
Plus  de  deux  cents  représentations  de  cet 


ouvrage  n'ont  pas  fatigné  l'enthousiasme 
des  vrais  connaisseurs.  Toutefois,  malgré 
la  haute  réputation  dont  M.  Cherubini 
jouissait  dans  toute  l'Europe,  il  n'avait 
point  en  France  un  sort  digne  de  son  ta- 
lent. F>es  émolumens  dune  place  d'inspec- 
teur du  Conservatoire  composaient  tout 
son  revenu  ,  et  suffisaient  à  peine  aux  be- 
soins d'une  famille  nombreuse.  Le  chef  du 
gouvernement  qui  avait  succédé  au  di- 
rectoire, laissait  dans  l'oubli  des  faveurs 
ce  mêfrte  homme  dont  le  nom  était  révéré 
en  France,  en  Angleterre,  en  Italie  et  sur- 
tout en  Allemagne.  Contraint  enfin  de 
songer  à  assurer  son  existence,  ce  fut  vers 
cette  patrie  de  l'harmonie  que  M.  Cheru- 
bini tourna  les  yeux.  Un  engagement  lui 
était  offert  pour  aller  écrire  à  Vienne  quel- 
ques opéras  :  il  l'accepta,  et  se  mit  en  roule 
avec  sa  famille,  au  printemps  de  1805. 
Arrivé  dans  la  ville  impériale,  il  écrivit  la 
partition  de  Faniska ,  dont  les  beautés  ex- 
citèrentl'admiration  des  artistes  de  Vienne. 
Haydn  et  Beethoven  proclamèrent  l'auteur 
de  cet  ouvrage  le  premier  compositeur 
dramatique  de  son  temps.  Les  musiciens 
français  et  Méhul  lui-même  souscrivirent 
à  cet  éloge;  mais  à  peine  Cherubini  com- 
mençait-il à  recueillir  le  fruit  de  son  suc- 
cès, à  peine  se  disposait-il  à  écrire  de  nou- 
veaux ouvrages,  que  la  guerre  éclata  entre 
la  France  et  l'Autriche.  On  connaît  les 
résultats  de  cette  guerre  :  Vienne  fut  en- 
vahie par  les  armées  françaises,  la  cour 
de  François  II  dut  s'éloigner  de  cette  ville, 
et  l'auteur  de  Faniska  fut  obligé  de  reve- 
nir à  Paris,  où  il  expia,  dans  un  repos 
forcé,  la  gloire  d'un  succès  qui  semblait 
braver  les  dédains  de  Napoléon. 

Cependant  quelques  amis  essayèrent  de 
vaincre  les  répugnances  et  les  préventions 
de  celui-ci  :  ils  engagèrent  Cherubini  à 
écrire  un  opéra  italien  pour  le  théâtre  des 
Tuileries,  et  Crescentini  promit  de  chanter 
le  rôle  principal.  Le  compositeur  se  laissa 
persuader,  et  quelques  mois  après,  la 
partition  de  Pimmaglione  fut  achevée. 
Pimmaglione l  ouvrage  charmant,  d'un 


116 


CEE 


genre  absolument  différent  des  autres  pro- 
ductions de  Cherubini ,  et  dans  lequel  on 
trouvait  quelques  scènes  de  la  plus  heu- 
reuse conception.  Napoléon  parut  étonné 
quand  on  lui  eut  dit  le  nom  de  Fauteur 
de  cette  œuvre;  il  montra  d'abord  quelque 
satisfaction ,  mais  il  n'en  résulta  aucune 
amélioration  dans  le  sort  du  compositeur. 
Tant  d'injustice  devait  porter  le  découra- 
gement dans  l'ame  de  l'artiste  ;  mais  tout 
à  coup,  au  milieu  de  la  disgrâce  où  il  était 
tombé,  des  circonstances  imprévues  gui- 
dèrent M.  Cherubini  vers  un  genre  nou- 
veau qu'on  peut  considérer  comme  un  des 
titres  les  plus  solides  de  sa  gloire.  Il  venait 
de  s'éloigner  de  Paris,  pour  goûter,  chez 
M.  le  prince  de  Chimay,  un  repos  d'esprit, 
un  calme  ,  dont  il  éprouvait  l'impérieux 
besoin.  Il  était  dans  un  de  ces  momens  de 
dégoût  de  l'art  qu'il  n'est  pas  rare  de  ren- 
contrer dans  la  vie  des  plus  grands  artistes; 
mais,  pour  donner  un  aliment  à  son  es- 
prit ,  il  s'était  épris  de  la  botanique ,  et 
semblait  ne  vouloir  plus  s'occuper  que  de 
cette  science.  Or,  il  arriva  qu1on  voulut 
exécuter  un  jour  une  messe  en  musique 
dans  l'église  de  Chimay;  mais  pour  réali- 
ser ce  projet ,  il  manquait  précisément  la 
musique  de  la  messe.  On  eut  recours  à 
Cherubini,  qui  résista  d'abord,  et  qui  finit 
par  céder.  Ce  fut  à  cette  occasion  qu'il 
écrivit  son  admirable  messe  à  trois  voix  , 
en  fa.  La  pensée  qui  le  dirigea  dans  ce 
travail  n'avait  rien  d'analogue  à  celle  qui 
a  inspiré  toute  la  musique  de  l'ancienne 
école  romaine  ;  celle-ci  avait  été  conçue 
comme  l'émanation  d'un  sentiment  pur, 
dépouillé  de  toute  passion  humaine  ; 
M.  Cherubini,  au  contraire,  voulut  que 
sa  musique  exprimât  le  sens  dramatique 
des  paroles  ;  mais  dans  la  réalisation  de 
cette  pensée,  il  fit  preuve  d'un  talent 
si  élevé ,  qu'il  est  resté  sans  rival  en  ce 
genre.  La  réunion  des  beautés  sévères  de 
la  fugue  et  du  contrepoint  avec  l'expres- 
sion dramatique  et  la  richesse  des  ef- 
fets d'instrumentation ,  est  un  fait  qui  ap- 
partient au  génie  de  Cherubini  j  car  la 


CHE 

messe  de  Requiem,  connue  sous  le  nom  de 
Mozart ,  n'a  pas  cette  sévérité  de  style  ;  elle 
appartient  au  genre  de  l'harmonie  alle- 
mande et  au  goût  instrumental.  Le  succès 
qu'obfint  dans  toute  l'Europe  le  bel  ou- 
vrage dont  il  vient  d'être  parlé,  détermina 
son  auteur  à  en  produire  beaucoup  d'au- 
tres. La  restauration  de  l'ancienne  mo- 
narchie française,  en  faisant  cesser  l'espèce 
de  proscription  qui  pesait  sur  M.  Cheru- 
bini, lui  fournit  des  occasions  fréquentes 
de  déployer  son  génie  dans  ce  genre.  En 
1816,  il  succéda  à  Martini,  dans  l'emploi 
de  surintendant  de  la  musique  du  roi,  et 
dès  lors  il  dut  écrire  beaucoup  de  messes 
et  de  motets  pour  le  service  de  la  chapelle 
royale  ;  il  n'en  a  été  publié  qu'une  partie  , 
mais  la  plupart  de  ces  ouvrages  sont  con- 
sidérés par  les  artistes  comme  des  compo- 
sitions d'un  ordre  très  élevé. 

Des  critiques  et  des  Biographes  ont  dit 
que  la  musique  de  M.  Cherubini  manque 
de  mélodie,  et  lui  ont  même  refusé  le  gé- 
nie nécessaire  pour  en  inventer  :  leur  er- 
reur est  évidente.  N'y  eût-il  que  le  duo  de 
l'opéra  à'Épicure ,  écrit  par  ce  composi- 
teur, que  la  grande  scène  de  Pimmaglione 
chantée  par  Crescentini ,  que  le  délicieux 
air  des  Ahencèrages ,  si  souvent  chanté 
avec  succès  par  Ponchard,  que  celui 
d' '  Anacrèon  chez  lui  (  Jeunes  filles  aux 
regards  doux),  et  que  le  chœur  si  suave 
de  Blanche  de  Provence,  il  serait  prouvé 
que  31.  Cherubini  est  doué  de  la  faculté 
d'imaginer  des  mélodies  plus  neuves  de 
formes  peut-être  que  beaucoup  d'autre  mu- 
sique considérée  comme  essentiellement 
mélodieuse.  La  mélodie  abonde  dans  Les 
Deux  Journées;  mais  telle  estla  richesse  de 
l'harmonie  qui  raccompagne,telétaitl'éclat 
du  coloris  de  l'instrumentation  à  l'époque 
où  parut  cet  ouvrage,  telle  était  surtout 
alors  l'insuffisance  des  lumières  du  public 
pour  apprécier  une  combinaison  de  toutes 
ces  beautés,  que  le  mérite  de  la  mélodie  ne 
fut  pas  apprécié  à  sa  juste  valeur  ;  ce  mérite 
disparaissait  au  sein  de  toutes  ces  choses  dont 
les  Français  n'avaient  pas  l'intelligence. 


CHE 

Les  mêmes  critiques  et  Jes  mêmes  biogra- 
phes ,  qui  ne  savent  guère  de  quoi  ils  par- 
lent, assurent  que  l'auteur  à'Elisa  et  de 
Médée  manque  d'originalité;  or,  une  des 
qualités  les  plus  remarquables  des  mélo- 
dies qui  viennent  d'être  citées,  est  précisé- 
ment l'originalité,  car  les  formes  en  sont 
absolument  inusitées,  quoique  gracieuses. 
11  est  un  défaut  qui  aurait  pu  être  signalé 
avec  plus  de  justesse  dans  les  œuvres  dra- 
matiques de  M.  Cherubini,  et  qui  a  peut- 
être  nui  plus  que  toute  autre  cause  au  suc- 
cès de  ses  ouvrages  :  je  veux  parler  d'une 
certaine  absence  de  l'instinct  de  la  scène 
qui  se  fait  remarquer  dans  les  plus  belles 
productions  de  son  génie.  Presque  toujours 
le  premier  jet  est  heureux  ;  mais  trop  en- 
clin à  développer  ses  idées  par  le  mérite 
d'une  admirable  facture ,  M.  Cherubini 
oublie  les  exigences  de  l'action;  le  cadre 
s'étend  sous  sa  main,  la  musique  seule 
préoccupe  le  musicien  ,  et  les  situations 
deviennent  froides.  Qu'on  examine  avec 
soin  toutes  les  grandes  partitions  de  M.  Che- 
rubini ,  et  l'on  verra  que  toutes  reprodui- 
sent plus  ou  moins  ce  défaut. 

Parmi  les  principaux  ouvrages  de  M .  Che- 
rubini on  remarque  :  I.  opéras  :  1°  Quinlo 
Fabio,  à  Alexandrie  ,1780  ;  2°  Armicla,  à 
Florence,  1782;  5°  Messenzio,  dans  la 
même  ville,  1782;  4°  Adriano  inSiria,  à 
Livourne,1782  ;  5°  Quinto  Fabio,reÇa\t,  à 
Rome,  1 783  ;  5°  Lo  sposo  di  trefemine , 
dans  la  même  ville  ,  1783  ;  7°  L'Idalïde, 
à  Florence,  1784;  8°  Alessandro  nelle 
Indie,  Mantoue,  1784; 9°  La  Finta  prin- 
cipessa,  à  Londres,  1785  ;  10°  Plusieurs 
morceaux  dans  II  Marchese  di  Tulipano, 
dans  la  même  ville,  en  1786;  11°  Ifge- 
nia  in  Aulide,  à  Turin,  1788;  12°  Dé- 
mop/ion ,  à  Paris,  1788  ;  13°  Divers  mor- 
ceaux dans  Yltaliana  in  Londra }  dans 
/  Viaggialorifelici,  et  dans  d'autres  opé- 
ras italiens,  en  1789  et  1790  ;  14°  Lo- 
doïska,  en  trois  actes,  au  théâtre  Fcydeau, 
en  1791  ;  15°  Koukourgi,  en  trois  actes, 
1793,  inédit,  mais  dont  une  partie  de  la 
musique  a  été  employée  depuis  lors  dans 


CHE 


117 


Ali-Baba;  16°  ÈUsa  ou  le  Mont  Saint- 
Bernard,  en  trois  actes ,  au  théâtre  Fey- 
deau,  en  1795  ;  17°  Médée,  en  trois  actes, 
au  même  théâtre,  1797;  18°  La  mort 
du  général  Hoche,  en  un  acte,  1797; 
19°  L'Hôtellerie  portugaise ,  au  théâtre 
Favart,  1798.  Cet  ouvrage  ne  réussit  pas  , 
mais  il  en  reste  une  superbe  ouverture  et 
un  beau  trio  qu'on  exécute  dans  les  con- 
certs ;  20°  La  Punition,  en  un  acte,  au 
théâtre  Montansier,  1799  ;  21°  La  Pri- 
sonnière, au  même  théâtre,  composé  en 
sociétéavecBoieldieu,  1799  ;  22° Épicure, 
composé  en  société  avec  Méhul,  1800; 
23°  Les  Deux  Journées ,  en  trois  actes , 
au  théâtre  Feydeau,  1800;  24°  Anacréon 
ou  V Amour  fugitif ,  en  deux  actes,  à 
l'Opéra  ,  1803;  25°  Achille  à  Scyros , 
grand  ballet  en  trois  actes,  à  l'Opéra, 1 804. 
Il  s'v  trouve  une  admirable  scène  de  bac- 
chanale; 26°  Faniska ,  en  trois  actes,  à 
Vienne,  1805  ;  27°  Pimmaglione,  en  un 
acte,  au  théâtre  des  Tuileries,  1809; 
28°  Le  Crescendo ,  en  un  acte,  à  l'Opéra- 
Comique,  1810;  29°  Les  Abencérages,  en 
trois  actes,  à  l'Opéra,  1813  ;  30°  Bajard , 
ouïe  siège  deMézières,i\vecNico\oIsouaird, 
Boieldieu  et  Catel ,  1814;  51°  Blanche 
de  Provence ,  en  trois  actes  ,  avec  Boiel- 
dieu, Berton,  Kreutzer  et  Paer,  à  l'Opéra, 
1821;  32°  Ali-Baba ,  en  trois  actes,  à 
l'Opéra ,  en  1833.  Ce  dernier  ouvrage  a 
présenté  le  phénomène  d'un  vieillard  de 
soixante-treize  ans  qui  osait  essayer  ses  for- 
ces clans  une  immense  composition;  qui 
ne  craignait  pas  d'entrer  en  lice  avec  de 
jeunes  imaginations,  et  qui  avait  conservé 
assez  de  force  pour  n'être  pas  vaincu  dans 
celte  lutte.  Il  y  a  de  grandes  beautés  dans 
cette  œuvre  d'une  imagination  septuagé- 
naire ,  et  même ,  il  y  en  a  qui  sentent  en- 
core la  jeunesse.  II.  musique  d'église. 
1°  Motet  à  huit  voix  en  deux  chœurs 
manuscrit)  ;  2°  Credo  à  huit  voix  réelles, 
en  deux  chœurs  (manuscrit).  Une  fugue  de 
ce  chœur  a  été  publiée  dans  le  Traité  du 
contrepoint  et  de  la  fugue  ,  de  l'auteur  de 
cette  Biographie;  3°  Plusieurs  motets  à 


118 


CHE 


quatre  et  cinq  voix  avec  orgue,  composés 
en  Italie  (en  manuscrit);  4°  Messe  à  trois 
voix,  chœur  et  orchestre  (en  fa) ,  Paris, 
Frey  ;  5°  Deuxième  messe  solennelle  à 
quatre  voix,  chœur  et  orchestre ,  Ibid.; 
6°  Troisième  messe  solennelle  à  quatre 
voix,  chœur  et  orchestre,  Ibid.;  7°  Messe 
de  Requiem  à  quatre  parties  en  chœur  avec 
orchestre  ,  Ibid.;  8°  Quatrième  messe  so- 
lennelle (en  ut),  à  quatre  voix,  chœur  et 
orchestre,  Ibid.;  9°  Plusieurs  messes  com- 
posées pour  la  chapelle  du  roi  (inédites), 
dont  une  en  mi  mineur;  10°  Ave  veruni 
corpus,  à  trois  voix,  cor  solo  et  orchestre, 
Paris  ,  A.  Petit  ;  1 1°  Isle  Dies  ,  à  quatre 
voix  et  orchestre,  Ibid.;  12°  O  sacrum 
convivium,à  quatre  voix  et  orchestre, Ibid.; 
13°  O  salutaris  hostia ,  à  deux  voix  de 
soprano,  avec  quatuor  et  orgue,  Ibid.; 
Paris,  Beaucé  ;  15°  Ave  Maria,  pour  voix 
de  soprano  et  orgue,  Ibid  ;  16°  Lciuda 
Sion,  à  deux  voix  et  orgue,  Ibid.;  1 7"  Tan- 
ium  ergo,  pour  cinq  voix  et  orgue,  Ibid.; 
18°  Sanclus  salutaris,  pour  voix  seule  et 
orgue  ,  Ibid.  ;  19°  Pater  noster,  à  quatre 
voix  ,  orchestre  et  orgue  ,  Ibid.;  20°  Ecce 
punis,  à  voix  seule  et  orgue,  Ibid.; 
21°  Offertoire,  Laudate  Dondnum ,  à 
quatre  voix  cl  orchestre,  Vienne,  Hass- 
linger;  22°  Confirma  hoc  Deus ,  à  trois 
voix  et  orchestre;  23°  Adoremus  in  œter- 
num,  à  trois  voix  et  orchestre  ;  24°  Ofons 
amoris  spiritus ,  à  quatre  parties  et  or- 
chestre ;  25°  Inclina  Domine,  à  quatre 
parties  et  orchestre;  26°  Adjulor  et  sus- 
ceplor  meus ,  à  quatre  voix  et  orchestre; 
27°  Offertoire  (en  mi  h),  O  Deus  ego  amo 
te,  solo  pour  voix  d'alto,  quatuor  et  contre- 
basse; 28°  Lauda  anima  mea,  Dominum , 
pour  soprano  et  orchestre,  Vienne,  Dia- 
belti  ;  29°  Pater  noster  {en  sol) ,  à  quatre 
voix  et  orchestre,  Ibid.  III.  Cantates.  1°  La 
Primavera,  cantate  à  quatre  voix  et  orches- 
tre, Paris,  A.  Petit;  2°  Chant  sur  la  mort 
de  Haydn,  à  trois  voix  et  orchestre,  Paris, 
Frcy;  5°  Six  nocturnes  à  deux  voix  et  piano, 
Ib.;  4°  Douze  canons  à  deux,  trois  et  quatre 
voix,  Paris,  Frey.  IV.  musique  instp.um.en- 


CHE 

taie.  1°  Symphonie  à  grand  orchestre  (en 
ré),  composée  pour  la  société  philharmoni- 
que  de  Londres;  2°  Ouverture  (en  sol), 
composée  pour  la  même  société;  3°  Sonate 
pour  deux  orgues  (en  manuscrit)  ;  4°  Fan- 
taisie pour  le  piano  (Idem)  ;  5°  Trois  qua- 
tuors pour  deux  violons,  alto  et  violon- 
celle, Paris,  Pacini  ;  6°  M.  Cherubini  a 
écrit  pour  les  méthodes  de  violon  et  de 
violoncelle  du  Conservatoire  de  Paris  de 
belles  basses  d'accompagnement  ;  7°  On 
lui  doit  aussi  un  très  grand  nombre  de 
leçons  pour  une,  deux,  trois  et  quatre  voix, 
insérées  dans  les  trois  parties  des  solfèges 
du  Conservatoire;  8°  En  1835,  il  a  pu- 
blié à  Paris,  chez  M.  3Iaurice  Schlesinger, 
une  Méthode  de  contrepoint  et  de  fugue, 
1  vol.  in-f'ol.  Cet  ouvrage  est  le  résumé 
des  leçons  qu'il  a  données  au  Conservatoire 
de  Paris,  pendant  plusieurs  années.  Le 
texte  laisse  désirer  plus  de  méthode,  mais 
les  exemples  sont  des  modèles  de  cette  per- 
fection de  style  qu'on  ne  trouve  que  dans 
les  productions  de  l'ancienne  école  d'Ita- 
lie. 

Après  avoir  été  pendant  vingt  ans  in- 
specteur du  Conservatoire  de  musique  de 
Paris,  M.  Cherubini  fut  nomméprofesscur 
de  composition  de  cette  école,  en  1816, 
puis  en  est  devenu  le  directeur,  en  1822  : 
il  occupe  encore  celte  place.  Devenu  surin- 
tendant de  musique  du  roi,  en  1816,  il 
en  a  rempli  les  fonctions  jusqu'au  mois 
d'août  1830;  à  cette  époque,  la  chapelle 
du  roi  a  été  supprimée  par  l'effet  de  la  ré- 
volution qui  a  changé  le  gouvernement. 
Nommé  chevalier  de  la  légion  d'honneur  en 
1814,  il  est  devenu  depuis  lors  officier  de 
cet  ordre,  et  chevalier  de  celui  de  Saint- 
Michel.  L'Institut  de  Hollande, l'académie 
de  musique  de  Stockholm  ,  et  l'académie 
des  beaux-arts  de  l'Institut  de  France  l'ont 
admis  au  nombre  de  leurs  membres.  Pen- 
dant plusieurs  années,  M.  Cherubini  a  fait 
partie  des  divers  juris  d'examen  des  pièces 
et  de  la  musique  pour  la  réception  des  ou- 
vrages à  l'Opéra,  depuis  1799  jusqu'au 
mois  d'avril  1824.  Au  moment  où  cette 


CHE 

notice  est  écrite,  ce  grand  artiste  est  âgé 
de  soixante-spize  ans,  moins  quelques  mois. 

CIIESNAYE(m.dociiemin  DE  LA).juge 
suppléant  au  tribunal  de  première  instance 
du  département  de  la  Seine,  fils  d'un  an- 
cien magistrat,  est.  né  en  Normandie,  en 
1769.  11  a  fait  imprimer  un  Elogefuncbre 
de  T.- .  /?.  • .  F.' . Dala yrac, ancien  digni- 
taire de  la  R.- .  luge  des  Neuf -Sœurs,  lu 
dans  cet  atelier,  par  le  F.'.,  etc.,  Paris, 
1810,in-8°. 

CHEVALIER,  musicien  delà  musique 
de  la  chambre  de  Henri  IV  et  de  Louis  XI II, 
jouait  du  violon  et  de  la  viole  bâtarde  ap- 
pelée quinte.  Dans  un  catalogue  des  bal- 
lels  de  la  cour,  à  quatre  et  cinq  parties, 
fait  par  Michel  Henry  (Mss.  de  La  Valliere, 
à  la  bibliothèque  de  Paris,  n°  5512, 
9e  portefeuille),  l'un  des  vingt-quatre  vio- 
lons de  la  grande  bande  de  Louis  XIII, 
on  trouve  ce  passage  :  <t  sept  airs  sonnez  la 
«  nuict  de  Saint-Julien,  en  1587,  par 
»t  nous  Chevalier,  Lore,  Henry  l  Aisne, 
«  Lamotle,  Richaine,ct  âultres  sur  luths, 
«t  cspinetles,  mandores,  violons,  flustes  à 
«  neuf  trous  ,  etc.,  le  tout  bien  d'accord, 
«  sonnant  et  allant  par  la  ville.  Henry 
«  fist  la  plupart  des  dessus;  les  parties 
«  lors  n'estoient  que  cinq.  Planton  y 
«  jouist  la  quinte,  et  depuis  lors  Cheva- 
«  lier  a  faicl  aussi  la  quinte.  »On  voit  par 
ce  catalogue  que  Chevalier  était  auteur  de 
la  musique  du  ballet  de  Saint-Julien  dont 
il  est  ici  question.  Ce  musicien  paraît  avoir 
été  un  des  plus  habiles  de  son  temps,  en 
France,  pour  la  composition  de  la  musique 
instrumentale, et  surtout  pour  la  musique 
de  balh  t.  Henry  donne  dans  le  catalogue 
indiqué  précédemment  la  liste  des  autres 
ballets  composés  par  Chevalier;  en  voici 
les  titres  :  1°  Ballet  des  Enf ans  fourrés 
de  malice,  à  cinq  parties,  neuf  airs; 
2°  Ballet  de  Tiretaine ,  faict  le  lundi 
gras,  dansé  au  Louvre  devant  Henri-le- 
Grand,  quatre  airs;  3°  Le  ballet  de  la 
Mariée ,  faict  par  le  comte  d'Auvergne . 
les  parties  (accompagnement)  par  Cheva- 
lier, quatre  airs  (1600)5  4°  Le  ballet  des 


CHE 


119 


Valets  de  f este  s,  deux  airs  (1609);  5°  Le 
grand  ballet  de  Nemours,  quatre  airs 
28  février  1604)  ;  6°  Le  grand  ballet 
faict  au  mariage  de  monsieur  de  Ven- 
dôme à  Fontainebleau  (9  juillet  1609). 
Le  premier  air  seulement  est  de  Chevalier; 
7°  Le  ballet  des  gens  de  la  reine  Màr- 
guerite  (1609) ,  trois  airs;  8°  Bal/et  du 
roi  Arlus ,  dansé  chez  la  reine  Margue- 
rite (1609,  16  février),  six  airs;  9°  Ballet 
de  Monsieur  le  Dauphin  (Louis  XIII), 
(janvier  1609),  cinq  airs  par  Chevalier; 
10"  Grand  ballet,  idem  (1609),  cinq 
airs;  11°  Ballet  des  Morfondus  (1609), 
sept  airs;  12°  Ballet  de  cinq  hommes  et 
cinq  filles  (1599),  treize  airs;  13°  Ballet 
des  dieux  (1599),  treize  airs  ;  14°  Ballet 
des  Sibilols  (1611),  trois  airs  ;  15°  Ballet 
des  souffleurs  d'Alchimie  (1604),  quatre 
airs  ;  16°  Ballet  des  Juifs  fripiers  (  1604) , 
première  partie,  cinq  airs;  deuxième  par- 
tic,  deux  airs  ;  17°  Ballet  faicl  par  Mon- 
sieur de  Bassompières  (1604),  parties  do 
Chevalier,  18°  Ballet  des  Janissaires , 
idem,  six  airs;  19°  Ballet  des  Vieilles 
sorcières  (1598),  sept  airs  ;  20°  Ballet  des 
garçons  de  taverne  (1598),  cinq  airs; 
21°  Ballet  des  Sarrasins  (1598) ,  quatre 
airs;  22°  Ballet  des  Juif  faicl  par  Mon- 
sieur de  Nemours  lorsque  le  duc  de  Sa- 
voye  alloisl  à  Paris ,  quatre  airs  de  Che- 
valier; 23°  Ballet  des  Maislres-des- 
Comples  et  des  Margue  llicrs,  cinq  airs 
par  Chevalier  (1604);  24°  Ballet  des 
Amoureulx  contrefaits  (1610),  cinq  airs 
par  Chevalier.  Dans  les  Airs  de  cour  mis 
en  tablature  de  luth,  par  Gabriel  Bataille 
(l'aris,  1611,2  vol.  in-4°),  on  trouve  Pair 
de  ce  ballet  intitulé  :  Récit  aux  dames; 
25°  Ballet  de  Monsieur  de  Vendosma 
(  1 608),  neuf  airs  ;  26°  Ballet  des  Indiens 
(1608),  sept  airs;  27°  Ballet  des  Herma- 
phrodites (1608),  quatre  airs  ;  28°  Ballet 
du  prince  de  Coudé  (1605),  quatre  airs  ; 
29°  Ballet  delà  Reine  (51  janvier  1609), 
trois  airs;  30°  Ballet  que  le  Roy  fist  à 
Tours ,  revenant  de  son  mariage  à  Bor- 
deaux le  jour  de  mardi  gras  (16  février 


120 


CHI 


1616);  31°  Ballet  de  la  Reine  faict  à 
Tours  au  retour  de  Bordeaux  (1616), 
trois  airs  ;  32°  Ballet  de  Madame  la  du- 
chesse de  Rohan  (1617),  sept  airs; 
53°  Ballet  des  chambrières  à  Zo«e/'(1617), 
quatre  airs. 

CHEVESAILLES  (.  .  .),  autrefois  vio- 
liniste  au  théâtre  des  Beaujolais,  puis  mar- 
chand de  musique,  et  enfin  retiré  dans  les 
environs  de  Paris ,  où  il  vit  encore ,  a  pu- 
blié une  Petite  méthode  de  violon,  ou- 
vrage sans  valeur.  On  a  aussi  publié  sous 
le  nom  de  ce  musicien  :  1°  Beaucoup  d'airs 
variés  pour  violon  seul ,  Paris  ,  Dnfaut  et 
Dubois  (Schonenberger)  ;  2°  Des  valses  et 
des  airs  variés  pour  flûte  seule,  Paris, 
Carli,  Madame  Joly;  3°  Idem ,  pour  cla- 
rinette; 4°  Idem,  pour  guitare,  Paris, 
Hentz-Jouve  ;  5°  Nouvelle  méthode  de 
guitare,  Paris,  Madame  Joly.  Cette  mé- 
thode a  eu  trois  éditions. 

CHEVRIER  (françois-antoine)  ,  né  à 
Nancy  au  commencement  du  18e  siècle, 
servit  d'abord  en  qualité  de  volontaire  dans 
le  régiment  de  Tournaisis  ;  mais  dégoûté 
de  l'état  militaire  ,  il  le  quitta  et  vint  à 
Paris ,  où  il  donna  quelques  pièces  de 
théâtre,  et  des  brochures  spirituelles  qui 
lui  firent  beaucoup  d'ennemis  par  le  ton 
satirique  qui  y  régnait.  Il  fut  obligé  de 
s'enfuir  en  Hollande  ,  et  mourut  d'indiges- 
tion ,  à  Rotterdam  ,  le  2  juillet  1760.  On 
a  de  lui  :  Observations  sur  le  théâtre,  dans 
lesquelles  on  examine  avec  impartialité 
l'état  actuel  des  théâtres  de  Paris,  Paris, 
1755,  in-12.  Dans  cette  revue,  il  y  a  quel- 
ques observations  sur  l'Opéra. 

CHIARELLI  (andre ) ,  luthier  et  com- 
positeur, né  à  Messine,  en  Sicile,  vers 
1775,  manifesta  dès  son  enfance  d'heureu- 
ses dispositions  pour  la  musique.  Ayant 
été  envoyé  à  Rome  et  à  Naples  pour  y  dé- 
velopper ses  facultés,  il  y  acquit  un  talent 
remarquable  sur  l'archiluth ,  et  lorsqu'il 
revint  dans  sa  ville  natale ,  il  excita  l'ad- 
miration de  tous  ceux  qui  l'entendirent. 
Dès-lors  il  s'occupa  des  perfectionnemens 
qu'il  voulait  introduire  dans  la  coustruc- 


CHI 

tion  de  son  instrument  ,  et  fabriqua  plu- 
sieurs théorbes  et  archiluths  qui  sont  encore 
considérés  comme  les  meilleurs  qu'on  ait 
faits.  Je  possède  un  archiluth  de  cet  artiste 
qui  porte  la  date  de  1698.  Chiarelli  venait 
de  se  marier  lorsqu'il  mourut  en  Sicile,  à 
l'âge  de  vingt-quatre  ans  ,  en  1699.  On  a 
de  sa  composition  :  Suonate  musicali  di 
'violini ,  organo ,  violone  ed  arciliuto. 
Napoli ,  1669,  in-4°. 

CHIARINI  (pierre),  habile  claveci- 
niste et  compositeur,  né  à  Brescia  en  1717, 
s'est  fait  connaître  en  Italie  par  les  opéras 
suivans  :  1°  Achille  in  Sciro ,  1739; 
2°  Statira,  1742;  3°  Meride  e  Selinunte, 
1744  ;  4°  Argenide. 

CHIAULA  (maurus),  bénédictin  et 
compositeur  pour  l'église,  naquit  à  Pa- 
lerme  vers  le  milieu  du  16e  siècle;  et 
mourut  en  1600.  On  connaît  de  sa  com- 
position :  Sacrœ  cantiones,  quee  octo 
tum  vocibus,  tum  variis  instrumentis 
concini  possunt.  Venise,  1590,  in-4°. 

CHIAVACCI  (  Vincent)  ,  compositeur, 
né  à  Rome  ,  vers  1757  ,  s'est  fait  connaître 
depuis  1783  par  quelques  opéras  repré- 
sentés à  Milan ,  parmi  lesquels  on  cite  : 
Alessandro  nell'  Indie  ;  2°  Il  fdosofo 
impostore;3°  I  quattro parti del Mondo. 
En  1801  ,  Chiavacci  était  directeur  de  l'O- 
péra-Buffa  à  Varsovie.  On  connaît  aussi 
de  lui  :  XII  Ariette  per  il  clavicembalo, 
Vienne  ,  1799  ,  et  trois  rondos  tirés  de  ses 
opéras  et  publiés  à  Vienne  dans  la  même 
année.  La  femme  de  ce  compositeur  (Clé- 
mentine Chiavacci)  était  prima  donna  à 
la  Scala  de  Milan ,  au  printemps  de  l'an- 
née 1782  ,  et  partageait  cet  emploi  avec 
madame  Morichelli,  en  1785. 

CHIAVELLONI  (vincent),  littérateur 
italien  qui  n'est  connu  que  par  un  livre 
intitulé  :  Discorsi  délia  musica,  Rome, 
1668 ,  in-4°.  Ce  sont  vingt-quatre  discours 
sur  le  but  moral  de  la  musique. 

CHIIA  (abraham)  ,  juif  espagnol ,  élève 
de  Moïse  Haddarscian ,  a  laissé ,  parmi 
plusieurs  livres  de  géométrie,  un  traité  de 
musique ,  qui  se  trouve  en  manuscrit  à  la 


cm 

bibliothèque  du  Vatican,  in-4°  {Vid.  Bibl. 
Rabb.  in  Barlolocci,  tom.  4,  pag.  53.) 

CHILCOTT  (  thomas)  ,  organiste  à  l'é- 
glise de  l'abbaye  à  Bath  ,  a  publié  chez 
Preston  à  Londres  (1797) ,  deux  suites  de 
concertos  pour  le  clavecin.  Il  a  été  le  pre- 
mier maître  de  Thomas  Linley. 

CHILD  (william),  docteur  en  musique, 
né  à  Bristol  en  1605  ,  apprit  la  musique 
sous  la  direction  d'EhvayBevin  ,  organiste 
de  la  cathédrale  de  cette  ville.  En  1651 , 
il  prit  ses  degrés  de  bachelier  en  musique 
à  l'université  d'Oxford  ,  et  cinq  ans  après 
il  devint  organiste  de  la  chapelle  royale  de 
St. -Georges  à  Windsor,  et  l'un  des  orga- 
nistes de  la  chapelle  royale  à  Whitehall. 
Après  la  restauration  ,  il  devint  chanteur 
delà  chapelle,  et  l'un  des  membres  de  la 
musique  de  Charles  II.  En  1665,  il  fut 
fait  docteur  en  musique.  On  a  de  lui  : 
1°  Psalms  for  ihree  voices ,  with  a 
conlinued  bass  either  for  the  organ  or 
theorbo ,  Londres,  1639  (Psaumes  à  trois 
voix  avec  la  basse  continue  pour  l'orgue  ou 
le  théorbe);  2°  Catches,  roimds  and  ca- 
nons ,  dans  la  collection  publiée  par  Hil- 
ton sous  le  titre  de  Catch  that  catch  can, 
Londres ,  1652.  3°  Quelques  antiennes  à 
deux  parties  imprimées  dans  le  livre  inti- 
tulé :  Court  Ayres ,  Londres,  1655.  On 
trouve  aussi  quelques  pièces  de  Child  dans 
la  Cathedral  fnusic  de  Boyce  ,  et  une  fort 
belle  antienne  (  Opraise  the  lord)  dans  la 
Musica  antiqua  de  Smith.  Le  style  de 
ce  compositeur  est  simple  et  clair,  mais 
dénué  d'invention.  Child  est  mort  à  Lon- 
dres, au  mois  de  mars  1696,  à  l'âge  de 
quatre-vingt-onze  ans.  Son  portrait  a  été 
gravé  dans  l'Histoire  de  la  musique  de 
Hawkins  (tom.  4,  pag.  414),  d'après  un 
tableau  qui  est  à  l'université  d'Oxford. 

CH1LMEAD  (  edmond),  savant  philo- 
logue, né  à  Stowon-The-Wold ,  dans  le 
comté  de  Glocester ,  fut  maître-ès-arts  au 
collège  de  la  Madelainc  d'Oxford  ,  et  cha- 
pelain de  l'église  du  Christ  clans  la  même 
ville.  A  la  mort  de  Charles  Ier,  sa  fidélité 
à  la  cause  du  roi  lui  fit  perdre  ce  béné- 


CHI 


121 


fice,  et  Use  fixa  à  Londres,  où  il  fut  obligé 
d'enseigner  la  musique  pour  vivre.  Il 
mourut  dans  cette  ville  ,  le  1er  mars  1654. 
On  a  de  lui  :  De  musica  antiqua  Grœca, 
à  la  fin  de  l'édition  à'Aratus ,  donnée  par 
Jean  Fell,  Oxford,  1672,  in- 8°,  à  laquelle 
il  eut  part.  Hawhins  dit  que  Chilmead  a 
aussi  écrit  une  dissertation  de  Sortis  qui 
n'a  point  été  imprimée.  (Vovez  A  Gen. 
Hist.  of ' music ,  tom.  4,  pag.  410.) 

CHILSTON.  Dans  un  manuscrit  qui  a 
appartenu  autrefois  au  monastère  deSainte- 
Croix  à  Waltham  dans  le  comté  d'Essex , 
et  qui  a  passé  ensuite  dans  la  possession  du 
comte  Shelburne,  se  trouvent  neuf  traités 
de  musique  de  divers  auteurs.  Le  neu- 
vième est  un  traité  des  proportions  musi- 
cales,  de  leur  nature  et  de  leurs  dénomi- 
nations ,  en  anglais  et  latin;  il  a  pour 
titre:  Her  beginneth  Trelises  diverses  of 
musical  proportions ,  of  theire  naturis 
and  dénominations  ffirst  in  Englisch, 
and  than  in  latyne  ;  cet  ouvrage  est  sous 
le  nom  d'un  auteur  inconnu  nommé 
Chilston.  D'après  le  langage  et  l'orthogra- 
phe, il  a  dû  être  écrit  au  commencement 
du  15e  siècle. 

CHINELLI  (jean-baptiste)  ,  composi- 
teur italien  sur  qui  l'on  n'a  pas  de  rensei- 
gnemens,  n'est  connu  que  par  les  ouvrages 
suivans,  cités  par  Walther  (Musikal. 
Lexikon  )  :  1°  Conzerlirende  missen  von 
3  ,  4  und  5  stimmen ,  nebst  2  violi- 
nen  a  bene placito ,  1  th.;  2°  Idem,  2  th.; 
5°  Idem  ,3  th.  ;  4°  Motetti  a  voce  sola, 
1630  ;  5°  Madrigali  a  2  ,  3  ,  4  con  al- 
cune  canzonetie  a  due  violini,  lib  1 , 
op.  4;  6°  Complète,  antifone,  etc.,  «2-5 
voci  e  due  violini,  op.  6. 

CH1NZER  (jean)  ,  musicien  allemand, 
était  fixé  à  Paris  ,  en  1754.  Il  a  fait  im- 
primer dans  cette  ville  plusieurs  ouvrages 
de  sa  composition  ,  sous  les  tilres  suivans  : 
1°  Un  livre  de  sonates  pour  deux  violons  ; 
2°  Trois  livres  de  sonates  en  trio  pour 
violon;  3°  Un  livre  de  sonates  pour  la 
flûte  seule;  4°  Deux  livres  de  sonates  pour 
deux  violoncelles. 


122 


CHL 


CHL 


CHIOCHETTI  (pierre-Vincent),  com- 
positeur, né  à  Lucques,  vers  la  fin  du 
17e  siècle.  Parmi  ses  ouvrages  ,  on  remar- 
que ;  1°  L'ingralitudine  castigala,  ossia 
l  Alarico ,  représenté  à  Ancône  en  1719; 
2°  Un  oratorio  sur  la  Circoncision  ,  en 
1729;  à  Venise. 

C1IIS0N  (jacqdes  DE) ,  poète  et  musi- 
cien français,  vivait  en  1250.  Il  nous 
reste  neuf  chansons  notées  de  sa  composi- 
tion :  on  en  trouve  huit  dans  les  manu- 
scrits de  la  bibliothèque  du  roi,  n08  65 
et  66  (  fonds  de  Cangé  ) ,  et  7222  ,  ancien 
fonds. 

CHLADNI  (ernest-florent-fre'deric), 
docteur  en  philosophie,  en  droit  civil  et 
en  droit  canon  ,  membre  et  correspondant 
de  plusieurs  académies  des  sciences  et  de 
plusieurs  sociétés  savantes  ,  naquit  à  Wit- 
temberg le  50  novembre  1756.  Son  père, 
professeur  et  président  de  la  faculté  de 
droit  en  cette  ville  ,  était  un  homme  sé- 
vère qui  l'assujettit  sans  relâche  à  des  étu- 
des sérieuses,  lui  interdit  toute  relation 
avec  les  autres  jeunes  gens  de  la  ville,  et 
même  le  priva  de  tout  exercice  salutaire  , 
ne  lui  permettant  de  sortir  que  le  diman- 
che pour  aller  au  temple.  Plus  tard, 
Chladni  a  souvent  exprimé  del'élonnement 
d'avoir  pu  conserver  une  santé  robuste 
après  une  jeunesse  si  pénible  et  si  con- 
trainte. Tant  de  sévérité  était  d'ailleurs 
inutile,  car  celui  qui  en  était  victime 
avait  reçu  de  la  nature  un  goût  passionné 
pour  le  travail  et  pour  l'étude.  Le  seul 
effet  que  produisit  celte  gêne  sur  l'esprit 
de  Chladni  ,  fut  de  lui  inspirer  un  dégoût 
invincible  pour  tout  devoir  forcé,  et  le  pen- 
chant le  plus  décidé  à  l'indépendance  la 
plus  absolue.  Dès  ses  premières  années  il 
étudiait  de  préférence  les  livres  de  géogra- 
phie, et  passait  tout  le  temps  dont  il  pou- 
vait disposer  à  considérer  des  cartes,  des 
globes ,  des  sphères  :  il  ne  parlait  que  de 
voyages  et  se  persuadait  que  le  bonheur  le 
plus  pur  consistait  à  parcourir  le  monde 
pour  choisir  en  liberté  le  lieu  qu'on  vou- 
lait habiter.    Plusieurs   fois  il  avait  été 


tenté  de  fuir  la  maison  paternelle,  de  se 
rendre  en  Hollande,  et  de  s'y  embarquer 
pour  l'Inde.  Il  avait  épargné  quelque  ar- 
gent pour  l'exécution  de  son  dessein  ,  et 
s'était  mis  à  étudier  avec  ardeur  la  langue 
hollandaise;  mais  la  crainte  de  causer  à  son 
père  un  chagrin  trop  vif,  par  cette  esca- 
pade, le  retint  et  le  fit  renoncer  à  son 
projet.  L'histoire  naturelle,  la  géologie  , 
l'astronomie,  devinrent  tour  à  tour  les 
objets  favoris  de  ses  travaux.  A  1  âge  de 
14  ans  ,  on  l'envoya  au  collège  de  Grirnma; 
il  y  fut  confié  aux  soins  particuliers  du 
sous-recteur  Mûcke.  Il  semblait  que  le  sort 
se  plût  à  rendre  malheureuse  la  jeunesse 
de  Chaldni,  car  de  la  contrainteoù  il  avait 
langui  jusqu'alors  ,  il  tomba  clans  un  es- 
clavage plus  dur  encore  sous  la  férule  du 
morose  pédagogue.  Après  quelques  années 
passéesdans  le  collège  de  Grirnma,  Chladni 
retourna  à  Wittemberg.  Sa  vocation  pa- 
raissait être  la  médecine,  mais  son  père 
avait  décidé  qu'il  étudierait  le  droit,  et  il 
fallut  se  soumettre  à  sa  volonté.  Dahord 
il  retrouva  dans  son  travail  journalier  la 
pénible  gêne  qui  avait  affligé  son  enfance; 
mais  enfin  ,  il  obtint  la  permission  d'aller 
continuer  ses  études  à  Leipsick.  Là  com- 
mença pour  lui  l'exercice  de  sa  liberté; 
mais  il  n'abusa  pas  de  ce  bien  qu'on  lui 
avait  fait  acheter  si  cher  ,  et  son  assiduité 
aux  leçons  du  professeur  de  droit  ne  fut 
pas  moindre  que  s'il  eût  choisi  lui-même 
celte  science  pour  l'objet  de  ses  éludes. 

Un  goût  décidé  pour  la  musique  s'était 
manifesté  en  lui  dès  son  enfance;  mais  il 
avait  atteint  sa  dix-neuvième  année  avant 
qu'il  lui  fût  permis  de  se  livrer  à  l'étude 
de  cet  art  :  ce  fut  à  Leipsick  qu'il  prit  les 
premières  leçons  de  piano.  La  lecture  at- 
tentive des  écrits  de  Marpurg  et  des  autres 
théoriciens  cul  bientôt  étendu  ses  connais- 
sances. Deux  thèses  qu'il  soutint  avec  dis- 
tinction aux  exercices  publics  de  l'univer- 
sité, lui  firent  obtenir  les  degrés  de  docteur 
en  philosophieet  en  droit.  Il  revint  ensuite 
à  Wittemberg,  où  il  paraissait  destiné  à 
se  livrer  à  des  travaux  de  jurisprudence , 


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lorsque  la  mort  de  son  père  lai  fit  remet- 
tre en  question  sn  carrière  future;  il  ne 
tanin  point  à  se  décider  pour  la  physique 
et  l'histoire  naturelle  qui  ,  de  tout  temps, 
avaient  préoccupé  son  esprit,  et  le  droit 
fut  abandonné  sans  retour.  Alors  com- 
mença pour  Chladni  une  vie  nouvelle,  où 
son  activité  intellectuelle  se  développa  dans 
sa  véritable  sphère. 

Cependant  laissé  sans  fortune  par  son 
père,  il  lui  fallait  songer  à  se  créer  une 
existence.  Les  deux  chaires  de  mathéma- 
tiques et  de  physique  étaient  vacantes  à 
l'université  :  dans  l'espoir  d'obtenir  Pune 
ou  l'autre  ,  Chladni  ouvrit  des  cours  de 
géographie  physique  et  mathématique  ,  de 
géométrie,  et  fit,  dans  les  environs  de 
Wiltcmherg,  des  excursions  de  botanique; 
mais  rien  de  tout  cela  ne  le  conduisit  à 
son  but;  il  finit  par  renoncer  aux  emplois 
publics,  pour  selivrer  sans  réserve  aux  re- 
cherches scientifiques  vers  lesquelles  il  se 
sentait  entraîné.  Heureusement  sa  belle- 
mère  ,  bonne  femme  qui  avait  pour  lui  de 
l'attachement ,  vint  souvent  au  secours  de 
ses  besoins. 

A  la  lecture  de  divers  écrits  sur  la  mu- 
sique, Chladni  avait  remarqué  que  la 
théorie  du  son  était  moins  avancée  que 
celle  de  quelques  autres  parties  de  la  phy- 
sique ;  cette  observation  lui  suggéra  le 
dessein  de  travailler  au  perfectionnement 
de  cette  théorie  :  dés  lors,  le  plan  de  sa 
vie  scientifique  fut  en  quelque  sorte  tracé. 
11  fil  d'abord  quelques  expériences  sur  les 
vibrations  longitudinales  et  transversales 
des  cordes,  dont  la  théorie  avait  été  donnée 
précédemment  parTaylor,  Bernouilli  et 
Euler  {Voyez  ces  noms)  ;  expériences  fort 
imparfaites,  suivant  son  propre  aveu,  et 
telles  qu'on  devait  les  attendre  d'un  pre- 
mier essai.  11  fut  bientôt  détourné  de  cet 
objet  par  des  expériences  plus  importantes 
(faites  en  1785)  sur  des  plaques  de  verre 
ou  de  métal.  Le  premier,  il  remarqua 
que  ces  plaques  rendent  des  sons  différens, 
en  raison  des  endroits  où  elles  sont  serrées 
et  frappées.   Vers  le  même  temps ,   les 


journaux  ayant  donné  quelques  renscigne- 
mens  sur  un  instrument  imaginé  en  Italie 
par  l'abbé  Mazzoechi  (Voyez  ce  nom),  qui 
consistait  en  plusieurs  cloches  de  verre 
frottées  par  des  archets,  Chladni  conçut 
le  projet  d'employer  aussi  un  archet  de 
violon  pour  la  production  des  vibrations 
de  divers  corps  sonores.  Ce  moyen  d'expé- 
rimentation, bien  plus  fécond  en  résultats 
que  la  percussion  ,  a  fait  faire  depuis  lors 
des  découvertes  importantes  pour  la  théo- 
rie générale  du  son.  Chladni  remarqua 
que  lorsqu'il  appliquait  l'archet  aux  di- 
vers points  de  la  circonférence  d'une 
plaque  ronde  de  cuivre  jaune  fixée  par  son 
milieu,  elle  rendait  des  sons  différons 
qui,  comparés  entre  eux,  étaient  égaux 
aux  carrés  de  2,  3,  4,  5,  etc.;  mais  la  na- 
ture des  mouvemens  auxquels  ces  sons 
correspondaient,  et  les  moyens  de  produire 
chacun  «le  ces  mouvemens  à  volonté,  lui 
étaient  encore  inconnus.  Les  expériences 
faites  et  publiées  par  Licbtenberg  sur  les 
figures  électriques  qui  se  forment  à  la  sur- 
face d'une  plaque  de  résine  saupoudrée  , 
fut  un  trait  de  lumière  pour  Chladni. 
Elles  lui  firent  présumer  que  les  différens 
mouvemens  vibratoires  d'une  plaque  so- 
nore devraient  offrir  aussi  des  apparences 
difféientcs,  si  l'on  répandait  du  sable  fin 
sur  sa  surface.  Ayant  employé  ce  moyen 
sur  la  plaque  ronde  dont  il  vient  d'être 
parlé,  la  première  figure  qui  s'offrit  à 
ses  regards  ressemblait  à  une  étoile  â  10 
ou  12  rayons  ,  et  le  son  ,  très  aigu,  était, 
dans  la  série  citée  précédemment,  celui 
qui  convenait  au  carré  du  nombre  des 
lignes  diamétrales.  11  est  facile  d'imaginer 
létonnement  de  l'expérimentateur  à  la 
vue  d'un  phénomène  si  remarquable,  in- 
connu jusqu'à  lui.  Après  avoir  réfléchi  sur 
la  naturelle  ces  mouvemens  ,  il  ne  lui  fut 
pas  difficile  de  varier  et  de  multiplier  les 
expériences,  dont  les  résultats  se  succé- 
dèrent avec  rapidité.  En  1787  il  publia  à 
Leipsick  son  premier  mémoire  sur  les  vi- 
brations d'une  plaque  ronde,  d'une  plaque 
carrée ,  d'un  anneau ,  d'une  cloche ,  etc. 


124 


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Plus  tard,  il  fit  paraître  dans  quelques 
journaux  allemands  et  dans  les  mémoires 
de  plusieurs  sociétés  savantes,  les  résultats 
de  ses  observations  sur  les  vibrations  lon- 
gitudinales et  sur  quelques  autres  objets 
de  l'acoustique. 

Au  milieu  des  recherches  dont  il  était 
préoccupé,  Chladni  se  persuadait  que  l'ob- 
jet le  pi  us  important  pour  sa  gloire  future, 
serait  d'inventer  un  instrument  de  nature 
absolument  différente  de  tous  ceux  qui 
étaient  connus.  Mille  idées  se  croisaient 
dans  sa  tête  à  ce  sujet.  D'abord  il  imagina 
d'ajouter  un  clavier  à  l'harmonica  ,  et  con- 
struisit un  de  ces  instrumens  avec  des 
verres  qu'il  avait  fait  venir  de  la  Bohême  ; 
mais  ensuite  il  renonça  à  son  projet  parce 
que  Roellig ,  Nicolaï  et  d'autres  l'avaient 
devancé.  Cependant ,  l'idée  de  mettre  le 
verre  en  vibration  par  le  frottement  resta 
toujours  dans  sa  pensée,  et  fut  l'origine  de 
deux  instrumens  qu'il  inventa  dans  la 
suite.  Le  premier  de  ces  instrumens ,  au- 
quel il  donna  le  nom  d'euphorie ,  fut  in- 
venté par  lui  en  1789  et  achevé  en  1790. 
Il  consistait  intérieurement  en  de  petits 
cylindres  de  verre  qu'on  frottait  longitu- 
dinalement  avec  les  doigts  mouillés  d'eau. 
Ces  cylindres,  de  la  grosseur  d'une  plume 
à  écrire,  étaient  tous  égaux  en  longueur, 
et  la  différence  des  intonations  était 
produite  par  un  mécanisme  intérieur  dont 
l'auteur  dérobait  le  secret.  On  ne  pouvait 
considérer  X euphorie  que  comme  une 
variété  de  l'harmonica ,  connu  depuis 
long-temps  ;  cependant  l'auteur  obtint  des 
applaudissemens  pour  l'invention  de  cet 
instrument  dans  ses  voyages  en  Alleum- 
gne,  à  St.-Pétersbourg  et  à  Copenhague. 
Il  en  exécuta  de  diverses  formes  et  suivant 
des  procédés  différcns  quant  à  la  disposi- 
tion du  mécanisme  intérieur  ,  mais  sans 
qu'il  en  résultât  de  variété  sensible  dans 
la  qualité  des  sons.  Au  surplus  ,  X euphorie 
était  par  le  système  de  sa  construction  un 
de  ces  instrumens  bornés  qu'on  doit  plutôt 
considérer  comme  des  curiosités  que 
comme  des  choses  utiles  à  l'art. 


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Il  n'en  est  pas  de  même  à  l'égard  du 
clavicylindre ,  autre  instrument  inventé 
par  Chladni;  celui-ci  fut  construit  en  1800, 
et  perfectionné  depuis  lors  par  des  amé- 
liorations successives.  Sa  forme  était  à  peu 
près  celle  d'un  petit  piano  carré  ;  son  cla- 
vier avait  une  étendue  de  quatre  octaves 
et  demie ,  depuis  Xut  grave  du  violoncelle 
jusqu'au  fa  aigu  au-dessus  de  la  portée 
de  la  clef  de  sol.  Un  cylindre  de  verre , 
parallèle  au  plan  du  clavier,  était  mis  en 
mouvement  par  une  manivelle  à  pédale  ; 
en  abaissant  les  touches,  on  faisait  frotter 
contre  ce  cylindre  des  tiges  métalliques 
qui  produisaient  des  sons.  Quant  à  la  qua- 
lité de  ces  sons  et  à  leur  timbre  ,  le  clavi- 
cylindre avait  de  l'analogie  avec  l'harmo- 
nica, mais  il  n'exerçait  pas,  comme  celui-ci, 
une  sorte  d'irritation  sur  le  système  ner- 
veux. Lesautres  avantages  duclavicylindre 
étaient  de  prolonger  le  son  à  volonté,  d'en 
augmenter  ou  diminuer  la  force  par  des 
nuances  bien  graduées,  et  de  garder  inva- 
riablement son  accord.  Long-temps  Chladni 
fît  un  secret  du  mécanisme  intérieur  de 
cet  instrument  et  de  Xeuphone;  mais 
dans  les  dernières  années  de  sa  vie,  il  en 
a  publié  la  description.  Il  paraît  avoir 
attaché  plus  d'importance  à  leur  invention 
qu'à  tous  ses  autres  travaux  ;  pendant  plus 
de  quinze  ans  il  s'en  occupa  sans  relâche , 
les  refit  sur  différens  plans,  et  dépensa 
beaucoup  d'argent  pour  les  porter  à  la 
perfection  qu'il  avait  pour  but;  cependant, 
il  n'a  pu  parvenir  à  leur  donner  une  exis- 
tence réelle  dans  l'art,  et  les  avantages 
qu'il  croyait  en  retirer  n'ont  été  que  des 
illusions. 

Ayant  achevé  son  premier  euphone 
en  1791  ,  Chladni  entreprit  un  voyage 
pour  le  faire  entendre;  il  alla  d'abord  à 
Dresde,  puis  à  Berlin,  à  Hambourg,  à 
Copenhague  ,  à  St.-Pétersbourg,  et  revint 
à  Wittemberg  au  mois  de  décembre  1793. 
Plusieurs  autres  voyages  furent  ensuite 
entrepris  par  lui  dans  la  ïhuringe  et  dans 
quelques  autres  parties  de  l'Allemagne, 
Au  mois  de  mars  1797  ,  il  se  rendit  de 


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nouveau  à  Hambourg ,  et  vers  la  fin  de  la 
même  année,  il  partit  pour  Vienne,  en 
passant  par  Dresde  et  Prague.  Son  eu- 
phone  était  alors  l'objet  de  toutes  ses  ex- 
cursions. Plus  tard  il  parcourut  aussi  une 
grande  partie  de  l'Allemagne  et  du  Nord 
pour  faire  entendre  le  clavicylindre.  Il 
est  très  regrettable  qu'un  expérimentateur 
si  habile  ait  employé  tant  de  temps  à  ces 
courses  qui  interrompaient  ses  travaux 
importans  sur  les  vibrations  des  plaques 
élastiques  ,  et  qui  n'ont  été  que  d'un  mé- 
diocre avantage  pour  sa  gloire. 

Les  résultats  de  ses  études  et  de  ses  ob- 
servations furent  enfin  publiés  par  Chladni 
dans  son  Traité  de  l'acoustique  ,  qni 
parut  en  allemand,  à  Leipsick,  en  1802. 
La  première  partie  de  cet  ouvrage,  qui 
concerne  les  rapports  numériques  des  vi- 
brations, ne  renferme  rien  de  neuf,  et  re- 
produit toutes  les  stériles  théories  des 
géomètres  et  des  physiciens,  sans  modifica- 
tions. Dans  tout  le  reste  de  sa  vie,  Chladni 
n'a  rendu  aucun  service  à  cette  partie  de 
la  science.  11  était  impossible  en  effet 
qu'il  y  introduisît  quelque  amélioration 
importante,  puisque,  comme  tous  les  ma- 
thématiciens, il  n'avait  qu'une  base  fausse 
pour  sa  doctrine.  Les  premières  sections 
de  la  seconde  partie  du  Traité  d'acousti- 
que indiquent  quelques  expériences  nou- 
velles sur  les  vibrations  des  cordes  et  des 
instrumensà  vent;  mais  c'est  surtout  dans 
les  sections  7e,  8e  et  9e  de  la  même  partie, 
que  Chladni  s'est  élevé  au-dessus  de  tous 
ses  prédécesseurs  par  la  multitude  de  faits 
nouveaux  qu'il  a  fait  connaître  concer- 
nant les  divers  modes  de  vibration  des 
plaques.  Bien  que  quelques-unes  de  ses 
expériences  aient  été  faites  avec  trop  de 
précipitation ,  qu'il  n'ait  pas  tout  vu ,  et 
qu'il  ait  quelquefois  mal  vu ,  on  ne  peut 
nier  que  ce  physicien  a  créé  dans  celte 
partie  de  son  ouvrage  une  nouvelle  branche 
de  la  science.  Quels  que  puissent  être  les 
progrès  futurs  de  celle-ci ,  le  nom  de 
Chladni  sera  toujours  en  honneur,  et  l'on 
n'oubliera  pas  qu'il  fut  celui  d'un  homme 


qui  a  ouvert  aux  physiciens  et  aux  géo- 
mètres une  nouvelle  et  immense  carrière. 
L'importance  de  ses  découvertes  fut  com- 
prise par  les  savans  de  l'Italie  et  de  la 
France;  elles  déterminèrent  plusieurs  d'en- 
tre eux  à  refaire  des  séries  d'expériences 
qui  conduisirent  à  de  nouveaux  résultats, 
et  la  première  classe  de  l'Institut  s'em- 
pressa de  mettre  au  concours  ce  sujet  dif- 
ficile :  Donner  la  théorie  mathématique 
des  vibrations  des  surfaces  élastiques , 
et  la  comparer  à  l'expérience.  C'était 
trop  se  hâter  de  poser  une  question  si  épi- 
neuse ,  dont  la  solution  est  environnée 
des  plus  grandes  difficultés;  ce  qui  fit 
dire  à  l'illustre  géomètre  Lagrange  qu'en 
l'état  des  connaissances  dans  la  nature 
des  faits  et  dans  l'analyse,  la  question  était 
insoluble  (Voyez  Germain.) 

Arrivé  à  Paris  vers  la  fin  de  1808  , 
Chladni  fut  présenté  à  Napoléon,  lui  fit 
entendre  son  clavicylindre,  et  lui  exposa 
quelques-unes  de  ses  découvertes  ;  l'empe- 
reur fut  frappé  de  leur  importance  ,  de- 
manda qu'elles  fussent  l'objet  d'un  rap- 
port de  l'Institut ,  et  accorda  à  leur  auteur 
six  mille  francs  pour  faire  imprimer  la 
traduction  française  du  Traité  d'acousti- 
que. Chladni  voulut  être  lui-même  son 
traducteur ,  et  fit  revoir  son  travail  par 
des  amis  pour  la  correction  des  fautes  de 
langue.  L'ouvrage  parut  à  Paris  en  1809. 
Quelques  années  après,  Chladni  publia  de 
nouvelles  découvertes  sur  les  vibrations 
des  lames  et  des  verges  élastiques  ,  dans 
un  fort  bon  appendice  à  son  Traité  d'a- 
coustique. 

Après  avoir  passé  environ  dix -huit  mois 
à  Paris ,  Chladni  en  partit  en  1810,  se 
rendit  d'abord  à  Strasbourg ,  puis  voyagea 
en  Suisse  et  en  Italie.  De  retour  à  Wit- 
temberg ,  il  y  avait  repris  ses  travaux  ; 
mais  les  événemens  de  la  guerre  dans  les 
années  1815  et  1814,  l'obligèrent  à  sortir 
de  cette  ville  ,  pour  se  soustraireaux  incon- 
véniens  d'un  long  blocus.  Il  se  retira  dans 
la  petite  ville  de  Kemberg ,  dans  l'espoir 
d'y  jouir  de  plus  de  liberté  j  mais  un  in- 


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ccndic  y  détruisit  nne  partie  de  ses  inslru- 
mens  et  de  ses  appareils  d'expérimenta- 
tion. Il  fut  sensildc  à  celte  perle  et  en 
parla  toujours  avec  un  vif  chagrin.  11 
s'était  long-temps  occupé  de  la  théorie  des 
météores  ignés  et  avait  rassemblé  beaucoup 
de  produits  de  ces  phénomènes  ;  cette  col- 
lection fut  à  peu  près  tout  ce  qu'il  sauva 
du  désastre  qui  anéantit  son  cabinet.  Dans 
les  dernières  années  de  sa  vie,  il  ne  fit 
que  de  petits  voyages  à  Leipsick  età  Halle, 
où  son  amitié  pour  les  professeurs  Ernest- 
Ilenri  VVeber  et  Guillaume  Weber  l'atti- 
rait. 11  considérait  ces  habiles  acousti- 
ciens  comme  les  seuls  qui  eussent  bien 
compris  le  sens  de  ses  découvertes  et  qui 
pouvaient  compléter  son  ouvrage.  Au 
moment  où  il  était  occupé  de  la  construc- 
tion d'un  nouvel  euphone,  il  fut  atteint 
d'une  hydropisie  de  poitrine  ,  maladie 
grave  qui  inspira  aux  amis  de  Chladni  des 
craintes  sérieuses  pour  sa  vie;  mais  sa 
robuste  constitution  triompha  du  dangrr, 
et  sa  santé  se  rétablit  de  manière  à  faire 
croire  qu'il  vivrait  encore  long-temps. 
Bien  qu'il  eût  atteint  l'Age  de  soixante- 
dix  ans,  il  se  sentit  encore  assez  fort 
pour  aller  en  1826  ouvrir  un  cours  d'a* 
coustique  à  Francfort-sur-lc-Mein.  De  là 
il  alla  à  Bonn ,  puis  à  Leipsick,  et  vers  la 
fin  de  l'année,  il  retourna  à  Kemberg.  Au 
commencement  de  1827  il  se  rendit  à 
Breslau  par  Berlin  ,  et  y  ouvrit  un  nouveau 
cours.  Le  3  avril  il  eut  avec  M  Hienlzch  , 
rédacteur  de  YEutonia }  écrit  périodique 
sur  la  musique,  une  longue  conversation 
dans  laquelle  il  développa  ses  idées  sur  un 
voyage  musical,  et  donna  quelques  noti- 
ces sur  plusieurs  savans  théoriciens.  Le 
soir  il  assista  à  un  thé  chez  un  professeur 
de  l'université.  La  conversation  tomba  sur 
les  cas  de  mort  subite,  et  lui-même  en 
parla  comme  d'un  événement  heureux 
pour  l'homme  quia  rempli  sa  mission  sur 
la  terre.  A  onze  heures,  deux  amis  l'accom- 
pagnèrent jusque  chez  lui  ;  il  se  retira 
dans  sa  chambre,  et  le  lendemain  ,  4  avril 
1827  ,  on  le  trouva  mort ,  assis  dans  un 


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fauteuil.  Sa  montre  était  ouverte  à  ses 
pieds  ;  il  paraît  que  sa  dernière  occupation 
avait  été  de  la  remonter-  et  que  pendant 
ce  temps  il  fut  frappé  d'une  apoplexie 
foudroyante.  Son  visage  ne  portait  au- 
cune empreinte  de  douleur,  et  ses  traits 
avaient  conservé  le  caractère  calme  et  mé- 
ditatif qui  leur  était  habituel.  Tout  ce 
qu'il  y  avait  de  savans  et  d'artistes  à 
Breslau  assistèrent  à  ses  funérailles,  qui 
furent  failes  avec  pompe.  Chladni  n'avait 
jamais  été  marié.  Quoiqu'il  n'eût  point 
occupé  de  fonctions  publiques  et  n'eût  eu 
aucune  sortedetraitement,  il  avait  amassé 
une  fortune  assez  considérable  pour  passer 
sa  vieillesse  dans  une  aisance  agréable.  Le 
recteur  Hermann  ,  de  Kemberg  ,  fut  son 
héritier.  Sa  collection  météorologique 
passa  à  l'uni versilé  de  Berlin  ,  et  le  clavi- 
cylindrc  dont  il  se  servait  habituellement , 
et  qui  lui  avait  coûté  tant  de  recherches 
et  de  dépenses,  ne  fut  vendu  que  neuf 
écus  de  Prusse,  c'est-à-dire,  environ 
36  francs  ! 

Voici  la  liste  des  écrits  de  Chladni  rela- 
tifs à  l'acoustique  :  1°  Enlcieckungen 
iiber  dieTheorie  des  Klanges{  Découvertes 
sur  la  théorie  du  son),  Leipsick,  chez  les 
héritiers  Weidmans,  1787,  78  pagesin-4°. 
Ces  découvertes  ne  furent  connues  en 
France  qu'environ  douze  ans  après  la  pu- 
blication de  cet  écrit;  ce  fut  l'érolle  qui 
en  parla  le  premier  dans  une  notice  insérée 
au  Journal  de  physique  (I .  48,  ann.  1799) 
sous  ce  titre  :  Sur  les  expériences  acous- 
tiques de  Chladni  et  de  Jacquin;  2°  Ueber 
die  Lœngenlœne  einer  Saite  (Sur  les  in- 
tonations longitudinales  d'une  corde), 
notice  de  quelques  expériences  insérée  dans 
le  Musikalisch  Monalhsschrift,  publié  à 
Berlin  par  Kunzen  et  Bcichardt  (août  1 792, 
p.  34  et  suiv.).  C'est  dans  cette  notice  que 
Chladni  a  fait  connaître  les  effets  singu- 
liers des  sons  produits  par  des  cordes  de 
laiton,  d'acier  et  de  boyau,  mises  en  vibra- 
tion par  des  frotlemens  opérés  dans  le  sens 
de  leur  longueur.  11  y  a  donné  une  table 
des  sons  aigus  qui  résultent  de  ce  mode 


CHL 


CHO 


127 


de  vibration,  en  raison  du  poids  des  cordes, 
de  leur  tension  ,  de  leur  longueur  cl  de 
leur  Ion  fondamental  ;  5°  Ueber  die  lon- 
gitudinal Schwingungen  cler  Saiten  und 
Stiicke  (Sur  les  vibrations  longitudinales 
des  cordes  et  des  lames),  Erl'urt,  cbez 
Kayscr,  1796,  in-4°.  Cet  ouvrage  contient 
les  développcmens  des  expériences  indi- 
quées dans  l'écrit  précédent;  4°  Ucber 
dtehende  Schwingungen  eines  Slubes 
(Sur  les  vibrations  tournantes  d'une  verge), 
dans  le  Journal  seicntifiqne  intitulé  Neue 
Schriflcn  der  be  ri  in.  Naturforschenden 
Freunde  (t.  II  ).  Il  s'agit  dans  ce  mémoire 
d'un  genre  de  vibrations  qui  paraît  n'avoir 
pas  été  connu  avant  Cbladni  ,  et  dont,  il 
croit  avoir  constaté  et  expliqué  l'exis- 
tence. Ces  vibrations  s'obtiennent  quand 
on  frotte  une  verge  dans  une  direction 
oblique  sur  son  axe.  Suivant  les  observa- 
tions de  Cbladni ,  elles  produisent  un  son 
d'une  quinte  plus  bas  que  le  son  total  de 
la  verge,  lorsqu'on  la  fait  résonner  par  la 
percussion  ;  5°  Beilrœge  zur  Befœrderung 
eines  bessern  Forlrage  cler  Klanglehre 
(Appendice  àl'acbeminement  vers  un  meil- 
leur exposé  de  la  science  du  son) ,  dans  le 
même  recueil,  1797;  6°  Ueber  die  Tœne 
einer  Pfeife  à  verschiedenen  Gasar.'en 
(Sur  le  ton  d'un  tuyau  d'orgue  mis  en  vi- 
bration par  différons  gaz),  dans  le  Magasin 
des  sciences  naturelles  de  Voigl  (t.  IX, 
cah .  H I)  ;  7°  Elne  neue  Art  die  Geschwin- 
digkeit  der  Schwingungen  bei  eineni  ge~ 
den  Tonedurch  den  Attgenschein  zu  bcs- 
limmen  (Nouvel  aride  déterminer  la  vitesse 
des  vibrations  pour  ebaque  intonation. par 
la  vue  seule), dans  les  Annales  de  physique 
de  Gilbert  (1800,  t.  V,  cah.  I,  n»  1); 
8°  Ueber  die  vahre  Ursache  des  Conso- 
nirens  und  Dissonirens  (Sur  la  véritable 
cause  du  consonnant  et  du  dissonant), 
dans  la  3e  année  de  la  Gazette  musicale 
de  Leipsick,  p.  337  et  353  ;  9°  Nacliricht 
vont  den  Clavieylindcr,  einem  neuerfun- 
denem  Instrumente ,  etc.  (Notice  sur  le 
clavicylindre,  instrument  nouvellement 
inventé),   dans  la  Gazette   musicale  de 


Leipsick,  2e  ann.,  p.  505-313  ;10°Zwe/ïe 
Nachricht  'Von  dem  Clavicylinder  und 
einem  neuen  Batte  desselben  (Deuxième 
notice  sur  le  clavicylindre  et  sur  une  nou- 
velleconstrucLion  de  cet  instrument),  dans 
le  même  écrit  périodique,  3e  année,  p.  386. 
On  trouve  aussi  de  nouveaux  détails  sur  le 
clavicylindre  dans  la  9°  année  de  la  même 
gazette  musicale,  p.  221-224;  11°  Die 
Akuslik  (l'acoustique)  ,  Leipsick,  Breit- 
kopf  et  Haerlcl ,  1802,  un  vol.  in  4°  de 
310  pages,  avec  12  planches.  C'est  cet  ou- 
vrage dont  Cbladni  a  donné  une  traduc- 
tion française  sous  le  titre  de  Traité  d'a- 
coustique (Paris,  Courirer,  1809,  un  vol. 
in-8°  avec,  huit  planches);  12°  Nette 
Beilrœge  zur  Akuslik  (Nouvel  appendice 
à  l'acoustique), Leipsick, Brcilkopf et  Haer- 
tel,  1817,  in-4°  avec  dix  planches  gravées 
sur  pierre;  13°  Beilrœge  zur  praklischen 
Akuslik  und  zur Lehre  vom  Instrumentai 
Bau }  enihallhend  die  Théorie  und  An- 
leilung  vom  Bau  der  Clavicylinder  und 
der  damit  verwandlen  Instrumente 
(Appendice  à  l'acoustique  pratique  et  à  la 
science  de  la  construction  des  instrumens, 
contenant  la  théorie  et  l'introduction  à  la 
construction  du  clavicylindre,  etc.),  Leip- 
sick ,  Brcilkopf  et  Haertel ,  1821  ,  un  vol. 
in-8°  avec  cinq  planches.  Cbladni  a  révélé 
dans  cet  ouvrage  le  secret  du  mécanisme 
intérieur  du  clavicylindre;  14°  Kurze 
Uebersicht  der  Schall-ttnd  Klanglehre, 
nebsl  einem  Anhange,  die  Anordnung 
und  Enlwickelung  der  Tonverhœltnishe 
belreffend  (Court  aperçu  de  la  science  du 
son,  etc.),  Mayence,  Schott  fils,  1827, 
in-8°.Cetouvra;jeestledernicrdeChladni. 
On  a  de  ce  savant  quelques  notices  sur  des 
sujets  de  peu  d'importance  relatifs  à  la 
musique,  et  des  écrits  sur  des  objets  qui 
n'ont  point  de  rapports  avec  cet  art. 

CHOLLET  (jean-baptiste-marie),  fils 
d'un  choriste  de  l'Opéra  ,  né  à  Paris ,  le 
20  mai  1798,  fut  admis  comme  élève  au 
Conservatoire  de  musique,  au  mois  d'avril 
1806.  11  s'y  livra  à  l'étude  du  solfège  et 
du  violon.  Quelque  temps  après  ,  il  inter- 


128 


CHO 


rompit  le  cours  de  ses  études,  le  reprit  en- 
suite, et  obtint  un  prix  de  solfège  aux  con- 
cours de  1814.  Le  Conservatoire  ayant  été 
fermé  en  1815  ,  par  suite  des  événemens 
politiques,  Chollet  entra  peu  de  temps 
après  comme  choriste  à  l'Opéra,  puis  au 
théâtre  Italien  et  enfin  au  théâtre  Feydeau, 
y  resta  jusqu'en  1818,  puis  accepta  un  en- 
gagement dans  une  troupe  de  comédiens 
de  province.  Bon  musicien  et  doué  d'une 
voix  agréable,  mais  peu  expérimenté  dans 
l'art  du  chant  ,  il  suppléait  aux  connais- 
sances quilui  manquaientdans  cetart  par 
beaucoup  d'intelligence  et  d'adresse.  A 
cette  époque  sa  voix  était  plus  grave  qu'elle 
ne  l'est  aujourd'hui  ;  son  caractère  était 
celui  d'un  bariton,  car  on  voit  dans  le  ta- 
bleau de  la  troupe  du  Havre,  en  1823, 
qu'il  y  était  engagé  pour  jouer  les  rôles  de 
Martin,  de  Lais  et  de  Solië.  Il  portait 
alors  le  nom  de  Dôme-Chollet.  Engagé  au 
théâtre  de  Bruxelles  pour  y  jouer  les  mêmes 
rôles  en  1825,  il  se  fit  entendre  à  l'Opéra- 
Comique ,  lors  de  son  passage  à  Paris  ,  y 
fut  applaudi,  et  obtint  un  engagement 
pour  l'année  1826,  comme  acteur  aux  ap- 
pointemens.  Il  vint  en  effet  prendre  pos- 
session de  son  emploi  au  temps  fixé,  et  ses 
débuts  furent  si  brillans,  quïl  fut  admis 
comme  sociétaire  au  renouvellement  de 
l'année  théâtrale,  en  1827.  Les  composi- 
teurs s'empressèrent  d'écrire  pour  lui ,  et 
dès  ce  moment  il  abandonna  les  rôles  de 
bariton  pour  ceux  de  ténor ,  qu'il  chante 
exclusivement  aujourd'hui.  Ce  fut  Hérold 
qui  écrivit  pour  lui  le  premier  rôle  de  ce 
genre,  dans  son  opéra  de  Marie.  La 
Fiancée,  Fra-Diavolo ,  Zampa  et  quel- 
ques autres  ouvrages  sont  venus  ensuite 
lui  composer  un  répertoire  ;  dans  toutes 
ces  pièces  il  a  obtenu  de  brillans  succès , 
et  le  public  l'a  toujours  entendu  avec  plai- 
sir, bien  qu'il  n'ait  pas,  à  Paris,  cette  sorte 
d'attraction  qui  fait  que  le  nom  d'un  ac- 
teur, placé  sur  l'affiche,  fait  envahir  par 
la  foule  la  salle  où  cet  acteur  doit  se  faire 
entendre. 

Après  la  dissolution  de  la  société  des 


CHO 

acteurs  de  l'Opéra-Comique ,  Chollet  fat 
engagé  par  l'administration  quilui  succéda; 
mais  la  ruine  de  cette  entreprise  lui  ayant 
rendu  sa  liberté,  il  en  profita  pour  voya- 
ger et  se  faire  entendre  dans  les  principales 
villes  de  France.  Engagé  comme  premier 
ténor  au  grand  théâtre  de  Bruxelles  ,  il  y 
débuta  au  mois  d'avril  1832,  et  y  resta 
jusqu'au  printemps  de  l'année  1834.  A 
cette  époque  ,  il  s'est  rendu  à  La  Haye 
pour  y  remplir  le  même  emploi.  Au  mois 
de  mai  1835,  il  est  rentré  à  l'Opéra-Co- 
mique de  Paris,  où  il  est  en  ce  moment. 
Applaudi  avec  transport  à  Bruxelles,  Chol- 
letyavaitla  vogue  qui  lui  manque  à  Paris  , 
quoiqu'il  soit  aimé  dans  cette  dernière 
ville. 

Ce  chanteur ,  doué  de  qualités  qui  au- 
raient pu  le  conduire  à  un  beau  talent  si 
son  éducation  vocale  eût  été  mieux  faite, 
a  plus  d'adresse  que  d'habileté  réelle,  plus 
de  manière  que  de  style.  Quelquefois  il 
saccade  son  chant  avec  affectation  ;  souvent 
il  altère  le  caractère  de  la  mnsique  par  les 
variations  de  mouvement  et  la  multitude 
de  points-d'orgue  qu'il  y  introduit  ;  car 
c'est  surtout  dans  le  point  d'orgue  qu'il 
tire  avantage  de  sa  voix  de  tête.  Les  études 
de  vocalisation  lui  ont  manqué ,  en  sorte 
que  sa  mise  de  voix  est  défectueuse  et  qu'il 
n'exécute  les  gammes  ascendantes  que 
d'une  manière  imparfaite.  Malgré  ces  dé- 
fauts, le  charme  de  sa  voix,  la  connaissance 
qu'il  a  des  choses  qui  plaisent  au  public 
devant  lequel  il  chante,  et  son  aplomb 
comme  musicien,  lui  font  souvent  produire 
plus  d'effet  que  des  chanteurs  habiles  pri- 
vés de  ces  avantages.  Chollet  a  composé 
des  romances  et  des  nocturnes  qui  ont  été 
publiés  à  Paris  et  à  Bruxelles  ;  quelques- 
uns  de  ces  morceaux  ont  eu  du  succès. 

CHOPIN  (fre'def.ic-frakçois),  virtuose 
sur  le  piano  et  compositeur  distingué ,  est 
né  en  1810à  Zelazowawola,  près  de  Varso- 
vie. Dans  son  enfance  ,  uu  vieux  Bohême, 
nommé  Zywni  ,  lui  a  donné  des  leçons  de 
piano  pendant  quelques  années;  plus  tard, 
il  a  dirigé  seul  ses  études  pour  cet  instru- 


CHO 


CHO 


129 


ment.  Elsner,  alors  directeur  du  Conser- 
vatoire de  Varsovie,  lui  a  enseigné  l'art 
d'écrire ,  appelé  valgairement  la  compo- 
sition. Le  seul  moyen  que  M.  Chopin  eut 
de  s'instruire  dans  la  belle  manière  de 
jouer  du  piano  consistait  à  faire  sou- 
vent des  voyages  en  Allemagne  pour  en- 
tendre les  artistes  les  plus  célèbres  ;  puis 
il  retournait  chez  lui  et  travaillait  d'après 
ses  souvenirs.  C'est  ainsi  qu'à  diverses 
époques  il  a  visité  Berlin  ,  Dresde  et  Pra- 
gue. Il  ne  s'est  jamais  fait  entendre  dans 
ces  villes  ;  mais  lorsqu'il  s'éloigna  de  la 
Pologne  pour  se  soustraire  aux  maux  qui 
accablent  ce  pays  ,  il  prit  la  résolution  de 
chercher  une  existence  dans  l'exercice  de 
son  talent.  En  1831  il  joua  dans  des  con- 
certs publics  à  Vienne  et  à  Munich,  où 
l'originalité  de  son  exécution  et  de  sa  mu- 
sique lui  procura  de  brillans  succès.  Vers 
la  fin  de  la  même  année,  M.  Chopin  arriva 
à  Paris  ;  il  s'y  fit  entendre  et  y  produisit 
une  vive  sensation.  Sa  manière  de  jouer 
dn  piano  et  ses  compositions  avaient  peu 
d'analogie  avec  ce  qu'on  connaissait;  l'ori- 
ginalité en  était  une  qualité  très  remar- 
quable. Le  premier  concerto  de  cet  artiste 
qui  fut  entendu  ponr  la  première  fois  à 
cette  époque  fit  naître  les  plus  grandes 
espérances  pour  son  avenir  ;  ses  études  et 
d'autres  compositions  ont  prouvé  depuis 
lors  que  ces  espérances  étaient  fondées. 
M.  Chopin  est  considéré  maintenant  à 
juste  titre  comme  un  des  pianistes  les  plus 
habiles  de  l'Europe  ,  et  comme  un  compo- 
siteur de  grand  mérite  pour  cet  instru- 
ment. 11  a  publié  jusqu'à  ce  jour  :  1°  Con- 
certo en  mi  mineur  ;  2°  Deuxième  con- 
certo enjri  mineur;  3°  Krakowiak,  rondo 
de  concert,  avec  orchestre  ;  4°  Fantaisie 
sur  des  airs  polonais  ,  avec  orchestre  ; 
5°  La,  ci  darem  la  mano ,  varié  pour 
piano  ,  avec  orchestre  ;  6°  Douze  études 
pour  piano  seul  ;  7°  Quatre  livraisons  de 
quatre  Mazourka's  chaque  ;  8°  Trois  li- 
vraisons de  nocturnes;  9°  Grande  po- 
lonaise, avec  orchestre;  10°  Ballade, 
pour    piano  seul;    11°   Boléro,   idem; 

TOME    III. 


12°  Scherzo,  idem;  13°  Deux  polonai- 
ses ,  idem . 

CHOQUEL  (henri-louis)  ,  avocat  au 
parlement  de  Provence ,  et  non  au  parle- 
ment de  Paris  ,  comme  le  dit  Lichtenthal 
(Bibliog.  délia  musica,  t.  IV,  p.  110),  est 
auteur  d'une  méthode  de  musique  qui  a 
paru  sous  ce  titre  :  La  musique  rendue 
sensible  par  la  méchanique  (  sic  ),  ou 
nouveau  système  pour  apprendre  facile- 
ment la  musique  soi-même.  Ouvrage 
utile  et  curieux ,  Paris,  1759,  in-8°.  La 
méthode  de  Choquel  consiste  à  enseigner 
l'intonation  par  l'usage  du  monocorde  ,  et 
la  mesure  par  le  chronomètre  :  c'est  ce 
qu'il  appelle  la  musique  rendue  sensible 
par  la  mécanique.  L'académie  royale  des 
sciences ,  sur  le  rapport  de  Grandjean  de 
Fouchy  et  de  Dortous  de  Mairan,  approuva 
l'ouvrage,  le  5  septembre  1759,  et  déclara 
que  bien  que  le  monocorde  et  le  chrono- 
mètre fassent  connus  auparavant,  on  n'en 
avait  pas  fait  encore  un  si  bon  emploi. 
Dans  la  réalité  ,  le  livre  de  Choquel  n'est 
pas  dépourvu  de  mérite ,  et  l'on  y  trouve 
des  aperçus  utiles  pour  le  temps  où  il  a 
été  fait.  Une  seconde  édition  de  La  mu- 
sique rendue  sensible  par  la  mécanique, 
fut  publiée  à  Paris,  chezBallard,  en  1762, 
1  vol.  in-8°,  et  non  en  1782,  comme  le 
disent  Forkel,  Lichtenthal  et  M.  Quérard, 
qui,  dans  la  France  littéraire  (t.  II,  p. 197), 
indique  cette  édition  de  1782  sous  ce  ti- 
tre :  Méthode  pour  apprendre  la  musique 
soi-même.  L'auteur  dit  dans  la  préface  de 
l'édition  de  1762  ,  que  la  première  avait 
été  épuisée  en  six  mois.  Une  différence  assez 
sensible  existe  entre  l'édition  de  1759  et 
la  deuxième.  Dans  la  première  ,  Choquel 
avait  divisé  l'octave  en  douze  parties  égales 
sur  le  monocorde;  dans  la  seconde,  il  se 
conforme  au  système  des  proportions  adop- 
tés par  tous  les  physiciens.  Choquel  est 
mort  à  Paris,  en  1767,  et  non  en  1761 
comme  cela  est  dit  dans  la  France  litté- 
raire. 

CHOBON(alexandre-e'tienne),  naquit 
le  21  octobre  1772,  à  Caen,  où  son  père 
9 


130 


CHO 


CHO 


était  directeur  des  fermes.  Ses  études  , 
qu'il  termina  à  l'âge  de  quinze  ans,  au 
collège  de  Juilly,  furent  brillantes  et  so- 
lides ,  mais  il  ne  les  considéra  que  comme 
les  préliminaires  d'une  instruction  éten- 
due, dont  il  sentait  le  besoin,  et  qui  fut 
pendant  toute  sa  vie  l'objet  de  ses  travaux. 
Peu  de  personnes  savaient  aussi  bien  que 
lui  la  langue  latine  ;  il  la  parlait  et  récri- 
vait avec  facilité.  Sa  mémoire  était  prodi- 
gieuse ;  et  souvent  il  récitait  de  longs 
morceaux  de  Virgile,  d'Horace,  de  Mar- 
tial ou  de  Catulle,  dont  il  n'avait  pas  lu 
les  ouvrages  depuis  long-temps.  Le  plaisir 
de  citer  s'était  même  tourné  en  habitude 
à  ce  point,  qu'il  ne  se  livrait  guère  à  la 
conversation  avec  ses  amis  ,  sans  qu'il  lui 
échappât  quelque  vers  latin ,  quelque 
phrase  de  Cicéron ,  et  même  quelque  pas- 
sage de  la  Bible  ou  des  pères  de  l'église,  sa 
lecture  favorite.  La  littérature  grecque  ne 
lui  était  pas  moins  familière  ,  et  son  pen- 
chant pour  cette  littérature  était  tel,  qu'on 
le  vit,  clans  ses  dernières  années,  se  remet- 
tre à  la  lecture  des  philosophes ,  des  his- 
toriens et  des  poètes  grecs,  avec  toute  l'ar- 
deur de  la  jeunesse.  Jeune  encore,  il  s'était 
aussi  livré  à  l'étude  de  l'hébreu  ,  et  ses 
progrès  avaient  été  si  rapides ,  qu'en  l'ab- 
sence du  professeur,  il  l'avait  quelquefois 
remplacé  dans  ses  leçons  au  Collège  de 
France. 

Dès  son  enfance ,  Choron  se  sentit  un 
goût  passionné  pour  la  musique;  mais 
destiné  par  son  père  à  une  profession  ab- 
solument étrangère  à  la  culture  des  arts  , 
il  ne  lui  fut  point  permis  de  se  livrer  à 
l'étude  du  plus  séduisant  de  tous.  Les  maî- 
tres qu'il  demandait  avec  instance  lui  fu- 
rent refusés,  et  ce  ne  fut  que  plusieurs 
années  après  sa  sortie  du  collège  qu'il  put, 
sans  autre  secours  que  les  livres  de  Ra- 
meau, de  d'Alcmbert ,  de  J.-J.  Rousseau 
et  de  l'ahbé  Roussier ,  acquérir  quelques 
notions  de  musique  théorique,  telle  qu'on 
la  concevait  alors  en  France.  Quant  aux 
exercices  relatifs  à  la  pratique  de  l'art,  il 
n'en  put  faire ,  n'ayant  pas  de  maîtres, 


Peut-être  ne  lui  eussent-ils  été  que  d'un 
médiocre  secours  ,  car  il  touchait  à  sa 
vingtième  année,  et  l'on  sait  que  les  études 
de  musique  commencées  à  cet  âge  ne  con- 
duisent guère  à  l'habileté  dans  la  lecture 
ni  dans  l'exécution  ;  ce  n'est  que  par  de 
longs  exercices,  commencés  dès  l'enfance, 
qu'on  parvient  à  vaincre  les  difficultés 
multipliées  de  ces  parties  de  l'art.  Choron 
se  ressentit  toujours  de  l'insuffisance  de 
sa  première  éducation  musicale,  et,  bien 
que  la  nature  l'eût  doué  d'un  sentiment 
exquis  des  beautés  de  la  musique,  et  qu'il 
fût  devenu  par  fô  suite  un  savant  musi- 
cien ,  il  ne  put  jamais  saisir  du  premier 
coup  d'œil  le  caractère  d'un  morceau  de 
musique.  Il  lui  fallait  du  temps  et  de  la 
réflexion;  mais,  après  le  premier  moment, 
il  entrait  presque  toujours  dans  l'esprit 
d'une  composition  avec  plus  de  profondeur 
que  n'aurait  pu  le  faire  un  musicien  plus 
exercé. 

Les  calculs  dont  les  livres  théoriques 
de  l'école  de  Rameau  sont  hérissés  ,  por- 
tèrent Choron  à  étudier  les  mathématiques  ; 
d'abord  il  ne  les  considéra  que  comme 
l'accessoire  de  la  science  musicale,  mais 
bientôt  il  se  passionna  si  bien  pour  elles , 
qu'il  leur  consacra  tout  son  temps.  Ses 
progrès  furent  rapides  et  le  firent  remar- 
quer à  l'école  des  Ponts-et-Chaussées. 
Mongc  lejugca  capable  de  recevoir  ses  con- 
seils, l'adopta  pour  son  élève,  et  lui  fit 
remplir  ,  en  cette  qualité  ,  les  fonctions  de 
répétiteur  de  géométrie  descriptive  à  l'école 
normale,  en  1795.  Peu  de  temps  après, 
on  le  nomma  chef  de  brigade  à  l'école  po- 
lytechnique qui  venait  d'être  instituée. 
En  avançant  dans  les  sciences  mathéma- 
tiques, son  esprit,  doué  de  rectitude,  com- 
prit qu'il  y  a  beaucoup  moins  de  rapports 
entre  elles  et  la  musique  qu'on  ne  le  croit 
généralement.  Il  entrevit  l'action  toute 
métaphysique  de  celle-ci  sur  l'organisa- 
tion humaine,  et  se  persuada  qu'elle  no 
pouvait  être  étudiée  qu'en  elle-même.  Con- 
vaincu de  cette  vérité,  Choron  se  décida  à 
60  livrer  exclusivement  à  l'étude  de  l'art 


CHO 

pratique ,  et  Bonesi  ,  auteur  d'un  Traité 
de  la  mesure ,  qui  n'est  pas  sans  mérite, 
fut  chargé  de  lui  enseigner  les  principes 
de  cet  art.  Choron  avait  alors  vingt-cinq 
ans.  Grétry,  dont  il  était  devenu  l'ami,  lui 
conseilla  de  prendre  aussi  quelques  leçons 
d'harmonie  de  l'abbé  Roze ,  qui  passait 
alors  pour  un  musicien  savant,  bien  que 
sa  science  se  réduisît  à  peu  de  chose.  Ce 
furent  la  tous  les  secours  que  tira  des  le- 
çons d'aatrui  un  homme  destiné  à  être 
un  des  musiciens  érudits  les  plus  recom- 
mandâmes. 

Bonesi  ^\x\  avait  fait  "  nnaître  la  litté- 
rature italienne  de  la  musique;  il  se  mit 
à  lire  avec  ardeur  les  ouvrages  du  P.  Mar- 
tini ,  d'Eximeno ,  de  Sabbatini ,  et  plus 
tard  ,  ceux  des  anciens  auteurs ,  tels  que 
Gafori  ,  Aaron ,  Zarlino ,  Berardi.  La 
nécessité  de  connaître  toutes  les  écoles  , 
pour  comparer  le*  systèmes,  le  conduisit 
ensuite  à  apprendre  la  langue  allemande 
pour  lire  les  écrits  de  Kirnberger,  de  Mar- 
purg,  de  Koch  et  d'Alhrechtsberger.  De 
tous  ces  auteurs,  le  dernier  et  Marpurg 
furent  ceux  dont  il  affectionna  toujours  le 
plus  la  méthode  et  les  idées.  Quelques 
années  employées  à  ces  études  sérieuses 
avaient  accumulé  dans  la  tête  de  Choron 
plus  de  connaissances  relatives  à  la  théo- 
rie et  à  la  pratique  de  la  musique  qu'au- 
cun musicien  français  en  eut  jamais  pos- 
sédé jusqu'alors.  Le  besoin  de  résumer  ce 
qu'il  avait  appris  se  fit  sentir  à  lui  ;  il  s'as- 
socia avec  M.  Fiocchi,  compositeur  et  pro- 
fesseur de  chant  distingué  ,  et  le  fruit  de 
leur  union  fut  la  publication  d'un  livre 
intitulé  :  Principes  d'accompagnement 
des  écoles  d'Italie  (Paris,  1804,  in-f'ol.). 
Ce  titre  n'était  pas  justifié  par  la  nature 
de  l'ouvrage,  sorte  de  combinaison  éclec- 
tique dans  laquelledesdoctrinesfort  diffé- 
rentes étaient  conciliées  avec  plus  d'adresse 
que  de  raison.  L'objet  que  se  proposaient 
les  auteurs  ne  se  fait  pas  assez  apereevo'r 
dans  cet  ouvrage  :  ce  défaut  nuisit  à  son 
succès. 

A  l'époque  où  parut  cette  méthode  d'ac- 


CHO 


131 


compagnement ,  Choron  s'était  déjà  fait 
connaître  par  une  publication  d'un  genre 
tout  diiïérent.  Ses  méditations  sur  la  né- 
cessité de  perfectionner  l'enseignement 
dans  les  écoles  primaires  lui  avaient  fait 
découvrir  des  procédés  plus  simples,  plus 
faciles  et  plus  rationnels  que  ceux  dont  on 
use  habituellement  pour  enseigner  à  lire 
et  à  écrire.  11  publia  le  résultat  de  ses  re- 
cherches en  1800  ,  sous  le  titre  de  :  Mè^ 
thode  d'instruction  primaire  pour  qp- 
prendreàlire  et  à  écrire.  Ce  petit  ouvrage, 
composé  dans  des  vues  philosophiques , 
a  depuis  lors  servi  de  base  au  système 
d'enseignement  mutuel. 

Entraîné  par  le  désir  de  populariser  en. 
France  le  goût  de  la  bonne  musique  ,  et 
d'y  répandre  le  goût  de  l'instruction  dans 
l'histoire  et  la  théorie  de  cet  art ,  Choron 
s'associa  en  1805  à  une  maison  de  com- 
merce de  musique  à  Paris,  et  y  porta  toute 
sa  fortune  patrimoniale,  pour  l'employer  à 
la  publication  d'anciens  ouvrages  classi- 
ques, oubliant  qu'il  n'y  avait  point  alors 
en  France  de  lecteurs  pour  ces  produc- 
tions. C'est  ainsi  qu'il  fit  paraître  à  grands 
frais  le  recueil  des  cantates  de  Porpora7 
les  solfèges  à  plusieurs  voix  de  Caresana, 
ceux  de  Sabbatini ,  le  recueil  des  pièces 
qui  s'exécutent  à  la  chapelle  Sixtine  pen- 
dant la  semaine  sainte,  une  messe  en  dou- 
hle  canon  et  le  Stabat  de  Picrluigi  de  Pa- 
lestrina,  le  Stabat  de  Josquin  Després,  la 
messe  de  Requiem  et  le  Miserere  de  Jo- 
inelli,  le  Miserere  à  deux  chœurs  de  Léo, 
etbeaucoup  d'autres  compositions  du  même 
geure. 

A  la  même  époque ,  il  était  préoccupé 
de  la  publication  d'une  volumineuse  com- 
pilation qu'il  avait  annoncée  sous  le  titre 
de  Principes  de  composition  des  écoles 
d'Italie.  Les  exercices  de  contrepoint  pra- 
tique et  de  fugue,  composés  par  Sala,  et 
gravés  sur  des  planches  de  cuivre,  aux 
frais  du  roi  de  Naplcs,  devaient  former  la 
hase  de  ce  recueil.  On  croyait  alors  que 
l'ouvrage  de  Sala  avait  été  détruit  dans 
l'invasion  du  royaume  de  Naples  par  Par- 


132 


CHO 


mée  française,  et  Choron  voulait  le  sauver 
d'un  entier  oubli.  Cette  production  mé- 
diocre ,  écrite  d'an  style  lâche  ,  incorrect , 
et  peu  digne  de  sa  réputation  ,  ne  méritait 
pas  l'honneur  qu'il  voulait  lui  faire.  Quoi 
qu'il  en  soit,  l'ouvrage  de  Sala  reparut 
dans  les  Principes  de  composition  des 
écoles  d'Italie,  accompagné  d'un  traité 
d'harmonie  et  de  principes  de  contrepoint 
simple  par  Choron  ,  d'une  nouvelle  tra- 
duction du  Traité  de  la  fugue  de  Mar- 
purg ,  de  nombreux  exemples  de  contre- 
point fugué  puisés  dans  YEsemplare  du 
P.  Martini,  enfin  d'un  choix  de  morceaux 
de  différens  genres,  accompagnés  d'untexte 
explicatif  par  l'éditeur.  11  en  était  de  cette 
immense  collection  de  documens  de  tout 
genre  comme  des  Principes  d'accompa- 
gnement :  elle  ne  justifiait  pas  son  titre, 
et  l'idée  favorite  de  Choron,  pour  la  fusion 
des  doctrines  des  diverses  écoles,  s'y  repro- 
duisait avec  tous  ses  inconvéniens.  Pour 
être  d'accord  avec  son  programme ,  il  au- 
rait dû  ne  point  produire  un  nouveau 
système  d'harmonie  ,  auquel  il  a  renoncé 
plus  tard ,  et  se  borner  à  donner  une  tra- 
duction du  petit  traité  d'accompagnement 
de  Gasparini  ou  de  celui  de  Fenaroli;  il 
aurait  fallu  y  joindre  les  principes  de  con- 
trepoint simple  qui  se  trouvent  répandus 
dans  les  ouvrages  de  Zarlino,  de  Zacconi, 
de  Ceretto,  ou  de  tout  autre  didacticien  de 
l'Italie  )  Berardi  aurait  dû  fournir  des  do- 
cumens pour  les  contrepoints  condition- 
nels ,  Sabbatini ,  tout  ce  qui  concerne  la 
fugue,  et  ainsi  du  reste  ;  mais  admirateur 
sincère  de  l'excellente  tradition  pratique 
des  Italiens,  Choron  avait  l'esprit  trop  lu- 
mineux pour  ne  pas  apercevoir  les  défauts 
de  leur  méthode  d'exposition,  et  la  puérile 
prolixité  des  raisonnemens  de  la  plupart 
de  leurs  écrivains.  Il  voulut  éviter  ce  que 
leurs  ouvrages  ont  de  défectueux,  en  leur 
empruntant  ce  qu'ils  ont  de  bon  ;  mais  il 
ne  vit  pas  qu'en  s'éloignant  d'un  écueil  , 
il  allait  se  heurter  contre  un  autre  beau- 
coup plus  dangereux  :  celui  d'incompabilité 
de  systèmes  dans  les  choses  qu'il  assem- 


CHO 

blait.  Certes,  Marpurg  est  bien  plus  mé- 
thodique dans  son  traité  de  la  fugue 
qu'aucun  écrivain  de  l'Italie  ;  mais  tous 
ses  exemples ,  pris  dans  des  compositions 
instrumentales  assez  correctement  écrites, 
mais  surchargées  de  dures  modulations , 
étaient  de  nature  à  faire  grincer  les  dents 
de  tout  musicien  italien,  à  l'époque  où  son 
ouvrage  parut. 

Après  d'immenses  travaux  et  d'énormes 
dépenses  ,  les  Principes  de  composition 
des  écoles  d'Italie  parurent  en  1808, 
formant  trois  gros  volumes  in-folio  de  plus 
de  dix-huit  cents  pages  ,  qui ,  depuis  lors  , 
ont  été  divisés  en  six  volumes ,  au  moyen 
de  nouveaux  titres.  Leur  publication,  et  les 
désordres  de  la  maison  dont  il  était  l'asso- 
cié ,  avaient  achevé  d'anéantir  la  fortune 
de  Choron.  Tout  occupé  du  succès  de  son 
livre,  il  n'y  songeait  pas,  et  lorsqu'il  rece- 
vait les  félicitations  de  ses  amis  ,  il  ne  lui 
vint  pas  même  à  la  pensée  qu'elles  lui  coû- 
taient un  peu  cher. 

Doué  d'une  rare  activité,  son  esprit  était 
toujours  préoccupé  de  plusieurs  ouvrages 
à  la  fois  ,  et  les  Principes  de  composition 
n'étaient  point  encore  publiés  ,  que  la  lec- 
ture du  Dictionnaire  historique  des  musi- 
ciens, écrit  en  allemand  par  E.  L.  Gerber, 
lui  fit  concevoir  le  projet  de  publier  en 
français  un  ouvrage  du  même  genre.  Mal- 
heureusement le  plan  fut  fait  à  la  hâte  ; 
une  grande  précipitation  régna  dans  les 
recherches  et  dans  la  rédaction,  et  le  livre 
de  Gerber ,  qui  servait  de  base  à  celui 
qu'on  voulait  faire ,  fut  traduit  avec  né- 
gligence par  un  Allemand  qui  savait  mal 
le  français  ,  et  qui  n'entendait  rien  à 
la  musique.  Choron,  dont  la  santé  s'é- 
tait dérangée ,  avait  pris  M.  Fayolle  pour 
associé  de  son  nouvel  ouvrage  ;  ce  fut 
ce  dernier  qui  fit  en  quelque  sorte  tout  le 
travail ,  car  celui  qui  en  avait  conçu  le 
projet  ne  put  y  donner  que  peu  de  soins  ; 
un  petit  nombre  d'articles  furent  seulement 
fournis  par  lui,  et  le  morceau  le  plus  con- 
sidérable qu'il  mit  dans  le  livre  ,  fut  l'in- 
troduction historique,  résumé  estimable 


CHO 


CHO 


133 


qui  avait  déjà  para  dans  les  Principes  de 
composition.  Le  Dictionnaire  des  Musi- 
ciens fut  publié  en  deux  volumes  in-8°, 
dans  les  années  1810  et  1811.  Ce  fut  vers 
le  même  temps  qu'admis  à  la  classe  des 
beaux-arts  en  qualité  de  correspondant, 
Choron  écrivit  plusieurs  rapports  très  re- 
marquables sur  des  objets  d'art  et  de  litté- 
rature. Celui  qu'il  fit  sur  les  Principes  de 
versification,  de  Scoppa,  peut  être  consi- 
déré comme  un  chef-d'œuvre. 

Jusqu'alors  la  vie  de  ce  savant  avait  été 
consacrée  tout  entière  aux  travaux  de  ca- 
binet,  mais  en  1812  ,  elle  devint  active- 
ment dévouée  aux  institutions  d'utilité 
publique.  Associé  dans  cette  année  à  la 
rédaction  du  Bulletin  de  la  Soc  été  d'en- 
couragement pour  l'industrie  nationale , 
il  fut  chargé  peu  de  temps  après ,  par  le 
ministre  des  cultes  ,  M.  Bigot  de  Préa- 
meneu ,  d'un  plan  de  réorganisation  des 
maîtrises  et  des  chœurs  de  cathédrales , 
ainsi  que  de  la  direction  de  la  musique 
dans  les  fêtes  et  cérémonies  religieuses. 
Quelques  écrits  de  peu  d'étendue,  qu'il  fit 
alors  paraître  sur  les  objets  de  ses  nouvelles 
fonctions  ,  le  firent  connaître  avantageu- 
sement sous  le  rapport  de  ses  idées  rela- 
tives à  l'enseignement  public  de  la  mu- 
sique; mais  il  eut  le  tort  de  révoquer  en 
doute  l'utilité  du  Conservatoire,  dont  la 
direction  n'était  pas  conforme  à  ses  vues. 
Il  s'expliqua  avec  amertume ,  et  fit  trop 
apercevoir  d'injustes  préventions  contre  un 
établissement  qui  fournissait  depuis  plu- 
sieurs années  de  beaux  talens  en  tout  genre 
à  la  France.  Ses  sarcasmes  lui  firent  d'im- 
placables ennemis,  et  dès-lors  ,  peut-être, 
il  prépara  les  chagrins  qui  ont  tourmenté 
le  reste  de  sa  vie,  et  les  injustices  qui  l'ont 
conduit  au  tombeau.  Ses  fonctions  de  di- 
recteur de  la  musique  des  fêtes  et  cérémo- 
mies  religieuses  fournissaient  d'ailleurs  à 
ses  ennemis  une  occasion  favorable  pour 
prendre  leur  revanche  contre  lui.  J'ai  déjà 
dit  que  son  éducation  pratique  dans  la 
musique  avait  été  insuffisante;  peut-être 
ne  se  l'était  il  pas  avoué  jusqu'alors  j  mais 


il  ne  tarda  pas  à  en  acquérir  la  triste  con- 
viction ;  car  lorsqu'il  dut  remplir  ses  de- 
voirs de  directeur  de  chœur  et  d'orchestre, 
lorsqu'il  se  vit  le  bâton  de  mesure  à  la 
main,  il  se  troubla  et  parut  embarrassé 
pour  de  certaines  difficultés  dont  se  jouaient 
les  moindres  symphonistes  placés  sous  ses 
ordres.  La  malignité  tira  parti  de  cet  in- 
cident ;  mais  elle  avait  affaire  à  un  homme 
de  trempe  supérieure  qui  avait  la  con- 
science de  son  mérite  réel-,  il  ne  se 
laissa  point  abattre,  et  il  sut,  par  une  per- 
sévérance infatigable,  acquérir  l'expérience 
nécessaire  à  sa  nouvelle  destination.  Si 
Choron  laissa  toujours  quelque  chose  à  dé- 
sirer sous  de  certains  rapports  ,  il  montra 
aussi  d'heureuses  facultés  par  lesquelles  il 
savait  échauffer  et  entraîner  les  masses , 
les  animer  du  sentiment  dont  lui-même 
était  pénétré  ,  et  souvent  il  sut  prêter  aux 
individus  l'apparence  de  talens  bien  su- 
périeurs à  ceux  qu'ils  possédaient  réelle- 
ment. 

La  restauration  fut  d'abord  fatale  à 
l'existence  du  Conservatoire  de  musique. 
Né  de  la  révolution,  cet  établissement  avait 
aux  yeux  des  partisans  de  l'ancienne  mo- 
narchie une  tache  originelle  qui  l'avait 
fait  maintenir  avec  impatience  en  1814, 
et  qui  le  fit  enfin  fermer  l'année  suivante. 
Ce  coup,  porté  à  l'école  dont  Choron  s'était 
montré  l'ardent  antagoniste,  semblait  être 
un  triomphe  pour  lui  ;  mais  il  y  avait 
trop  de  justesse  dans  son  esprit  et  trop 
d'amour  de  l'art  dans  son  cœur  pour  qu'il 
songeât  à  s'en  applaudir.  Des  discussions 
de  doctrine  avaient  pu  exister  entre  lui  et 
le  Conservatoire ,  mais  il  n'était  point 
assez  passionné  dans  son  opinion  pour  nier 
les  services  que  cette  école  avait  rendus  à 
la  musique  française.  Nommé  directeur 
de  l'Opéra  au  mois  de  janvier  1816,  il  fut 
à  peine  installé,  qu'il  acquit  la  conviction 
de  la  nécessité  d'établir  ,  entre  le  Conser- 
vatoire de  musique  et  le  théâtre  qui  lui 
était  confié  ,  des  relations  intimes;  il  pro- 
posa la  réorganisation  de  ce  même  établis- 
sement ,  sous  le  nom  (X Ecole  royale  de 


184 


CHO 


CHO 


chant  et  de  déclamation.  Ce  fol  lai  qu'on 
chargea  de  la  rédaction  du  plan ,  et  celui 
qu'il  présenta  fut  adopté.  On  lui  a  repro- 
ché souvent,  depuis  lors  ,  les  mesquines 
combinaisons  de  ce  plan  ;  mais  quoi?  ne 
valait-il  pas  mieux  une  institution  telle 
quelle,  que  l'absence  de  tout  moyen  d'en- 
seignement musical  ?  L'événement  a  d'ail- 
léUrs  démontré  que  M.  Choron  avait  agi 
sagement  en  faisant  des  concessions  aux 
idées  parcimonieuses  de  cette  époque,  car 
c'est  cette  même  Ecole  de  chant  et  de 
déclamation  qui ,  par  des  accroissemens 
successifs,  a  reconquis  son  ancienne  im- 
portance. 

L'administration  de  l'Opéra  ,  au  temps 
de  la  direction  de  Choron  ,  n'a  pas  été 
exempte  de  blâme  ;  mais,  quoi  qu'on  en  ait 
dit,  on  n'a  pu  nier  qu'elle  a  eu  le  mérite 
d'être  la  moins  coûteuse  et  la  plus  produc- 
tive. Frappé  delà  difficulté  qu'éprouvaient 
tous  les  jeunes  compositeurs  à  se  faire  con- 
naître, Choron  voulut  leur  ouvrir  l'entrée 
de  la  carrière  ,  et  fit  décider  qu'une  cer- 
taine quantité  de  pièces  en  Un  acte  leur 
serait  confiée,  pour  en  écrire  la  musique. 
Dans  cette  circonstance,  sa  bienveillance 
pour  les  artistes  lui  fit  oublier  que  l'Opéra 
est  organisé  pour  de  grandes  choses,  et  que 
ce  n'est  point  un  théâtre  d'essai.  Trop 
d'ennemis  s'étaient  déclarés  contre  Choron 
pour  qu'il  pût  rester  long-temps  à  la  tète 
dé  l'administration  de  l'Opéra  :  dans  les 
premiers  mois  de  l'année  1817,  il  reçut  sa 
démission  sans  dédommagement,  et  per- 
sonne ne  se  souvint  qu'un  homme  qui 
avait  fait  de  si  grands  sacrifices  pour  la 
musique  méritait  que  le  gouvernement  fit 
quelque  chose  pour  lui.  Heureusement  cet 
homme  avait  de  l'énergie  dans  lame  et 
des  idées  dans  la  tête;  il  ne  perdit  pas  sou 
temps  à  se  plaindre  de  l'ingratitude  dont 
on  payait  ses  services ,  et  il  crut  le  mieux 
employer  en  réalisant  des  plans  conçus  de- 
puis long-temps  pour  des  ouvrages  sur  la 
musique.  Ce  fut  alors  qu'il  entreprit  la 
rédaction  d'une  sorte  d'encyclopédie  des 
sciences  musicales ,  à  laquelle  il  donna  le 


titre  à1  Introduction  à  l'étude  générale  et 
raisonnée  de  la  musique.  Brillant  d'idées 
nouvelles,  et  fort  de  principes  féconds  en 
vérités,  cet  ouvrage  était  destiné  à  placer 
Choron  au  rang  des  hommes  les  plus  dis- 
tingués, parmi  les  littérateurs  et  les  histo- 
riens de  la  musique.  Nul  doute  que  s'il 
l'eût  achevé,  il  eût  introduit  beaucoup 
d'idées  nouvelles  dans  la  théorie  de  cet 
art,  et  qu'il  eût  fixé  sur  lui  l'attention  des 
musiciens  de  tous  les  pays;  mais  telle  était 
l'activité  de  son  esprit,  que  le  même  objet 
ne  pouvait  l'occuper  long-temps.  L'ouvrage 
qu'il  commençait  était  toujours  celui  de 
ses  affections,  mais  au  bout  de  quelques 
mois  il  se  fatiguait  de  son  travail ,  se  fai- 
sait à  lui-même  des  objections,  perdait  la 
foi  qu'il  avait  eue  en  ses  premiers  aper- 
çus ,  et  presque  toujours ,  dans  cette  dis- 
position d'esprit,  il  faisait  rentrer  son  ou- 
vrage dans  ses  cartons  pour  ne  plus  l'en 
tirer.  Que  de  fois,  après  qu'il  m'eût  lu  des 
morceaux  de  son  Introduction  à  l'éludé 
générale  et  raisonnée  de  la  musique,  je  1  ui 
ai  dit  :  «  Voilà  qui  est  beau  et  neuf;  pu- 
«  bliezeela,  et  votre  nom  vivra  dans  l'his- 
<t  toire  de  l'art  !  »  11  promettait  d'achever, 
se  remettait  à  l'ouvrage,  ethuit  jours  après, 
une  idée  nouvelle,  saisie  avec  ardeur,  ve- 
nait le  replonger  dans  son  indifférence 
pour  l'œuvre  de  sa  vie. 

Après  l'inconstance  de  ses  vues,  le  plus 
grand  obstacle  que  Choron  a  rencontré 
dans  l'accomplissement  de  ses  projets  de 
livres  sur  la  musique,  consista  dans  sa  fa- 
cilité à  se  rendre  aux  objections  qu'on  lui 
faisait.  C'est  ainsi  que  sur  une  observation 
assez  saugrenue  qui  lui  fut  faite  contre  le 
principe  fondamental  d'un  Traité  d'har- 
monie et  d'accompagnement  qu'il  venait 
d'achever,  il  arrêta  l'impression,  paya 
l'imprimeur,  et  condamna  son  œuvre  à  l'ou- 
bli. On  a  dû  retrouver  dans  sa  bibliothèque 
les  huit  ou  dix  premières  feuilles  impri- 
mées de  cet  ouvrage  ;  le  reste  n'existe  plus. 
C'est  encore  ainsi  qu'un  jour,  dans  une 
nombreuse  assemblée  où  je  me  trouvais 
avec  lui,  il  exposait,  avec  cette  chaleur 


CHO 


CHO 


135 


qui  lui  était  naturelle,  ses  idées  sur  l'his- 
toire de  l'art;  il  en  vint  à  dire  que  depuis 
Palestrina  on  n'avait  rien  fait  ni  rien 
trouvé  en  musique,  si  ce  n'est,  disait-il , 
le  coloris  instrumental ,  dont  il  attribuait 
l'invention  à  Mozart.  <c  Vous  vous  trompez, 
(t  lui  dis-je;  on  a  fait  quelque  chose  d'im- 
«  portant,  car  on  a  fait  la  gamme  qui  a 
«  engendré  la  musique  dramatique.  »  Une 
répondit  pas,  se  mit  à  réfléchir,  et  lorsque 
nous  sortîmes,  il  m'arrêta  par  le  bras  dans 
l'escalier,  et  me  dit  avec  plus  de  gravité 
qu'il  n'y  en  avait  d'ordinaire  dans  son  ac- 
cent :  o  Vous  n'avez  dit  que  quelques 
«  mots  ce  soir,  mais  il  y  a  plus  de  valeur 
<t  en  eux  que  dans  tout  ce  que  vous  avez 
o  fait  jusqu'ici.  Cela  est  contraire  à  mes 
«  idées ,  mais  je  ne  puis  m'empêcher  de 
«  vous  dire  que  si  vous  développez  celte 
«  pensée,  elle  vous  mènera  loin.  »  C'était 
avec  cette  facilité  qu'il  se  rendait  à  tout  ce 
qui  le  frappait. 

Dans  les  premiers  mois  qui  suivirent 
son  expulsion  de  l'Opéra  ,  Choron  conçut 
le  projet  d'un  mode  d'enseignement  de  la 
musique  par  une  méthode  simultanée  qu'il 
appela  concertante.  A  peine  la  première 
idée  lui  en  fut-elle  venue,  qu'il  courut  en 
faire  part  à  M.  de  Pradel,  intendant  géné- 
ral de  la  maison  du  roi,  qui  l'avait  pris 
sous  sa  protection,  et  il  en  obtint  un  léger 
subside  pour  l'école  qu'il  voulait  élever. 
Aussitôt  il  se  mit  à  l'œuvre  avec  cette  ar- 
deur qui  était  dans  son  caractère,  et  une 
persévérance  qui  ne  lui  était  pas  habituelle. 
Les  essais  furent  multipliés  pour  porter  sa 
méthode  à  une  perfection  dont  il  la  croyait 
susceptible.  Il  crut  enfin  avoir  résolu 
toutes  les  difficultés,  et  il  publia  en  1818, 
sa  Méthode  concertante  de  musique  à 
quatre  parties.  Elle  fut  vivement  criti- 
quée,  à  cause  de  quelques  incorrections 
d'harmonie  ;  mais  elle  n'en  était  pas  moins 
une  des  idées  les  plus  heureuses  qu'on  eût 
mises  en  pratique  pour  l'enseignement  si- 
multané de  la  musique.  A  l'aide  de  cette 
méthode  et  de  son  chaleureux  enseigne- 
ment, Choron  a  fait  prospérer  sou  école 


qui ,  par  des  accroissemens  progressifs , 
est  devenue  ce  Conservatoire  de  musique 
classique  et  religieuse,  objet  de  toutes  ses 
affections,  et  dont  la  destruction,  par  la 
révolution  de  juillet,  a  été  cause  de  sa 
mort. 

La  nouvelle  carrière  où  Choron  était 
entré  devait  lui  fournir  l'occasion  de  dé- 
ployer des  facultés  qu'on  ne  lui  connais- 
sait point  encore  ;  facultés  d'un  ordre  élevé 
et  qui  étaient  en  lui  toutes  d'instinct.  Ce 
n'est  pas  seulement  par  une  activité  peu 
commune  qu'il  se  distingua  comme  chef 
d'une  institution  musicale,  son  amcardente 
y  sut  communiquer  à  ses  élèves  un  amour 
de  l'art  et  un  sentiment  du  beau  qui 
n'existent  pas  à  un  degré  si  élevé  dans  des 
écoles  plus  renommées.  Doué  d'une  sagacité 
singulière  qui  lui  faisait  discerner  au  pre- 
mier coup  d'oeil  les  enfans  bien  organisés 
pour  la  musique,  il  n'était  pas  moins 
habile  à  faire  comprendre  ses  intentions 
aux  individus  qu'aux  masses.  Je  l'ai  vu , 
dans  des  répétitions,  adresser  une  allocu- 
tion à  ses  élèves,  lorsqu'il  voulait  insinuer 
dans  leur  ame  le  sentiment  d'un  morceau 
de  musique  ,  s'énonçant  avec  assez  de  diffi- 
culté, préoccupé  de  la  multitude  d'idées 
qui  se  croisaient  dans  sa  tête  ,  et  pourtant 
éloquent  par  l'accent  qui  animait  sa  parole. 
Souvent,  il  voulait  joindre  l'exemple  au 
précepte;  alors,  sans  avoir  fait  lui-même 
d'études  vocales,  et  gêné  par  une  voix  fai- 
ble et  tremblante,  il  faisait  entendre  quel- 
que phrase  de  chant  dont  un  musicien  de 
profession  n'aurait  peut-être  aperçu  que 
le  côté  ridicule  ,  mais  qui  ne  manquait  ja- 
mais de  produire  un  heureux  effet  sur  les 
jeunes  gens  qui  l'écoutaient,  parce  qu'une 
belle  intention  rachetait  des  défauts  acci- 
dentels. 

Les  premières  ressources  qui  furent 
mises  à  la  disposition  de  Choron,  pour  la 
fondation  de  son  école,  étaient  si  bornées, 
que  lui  seul  était  capable  d'en  tirer  parti, 
etde  ne  passe  décourager.  Les  voix  étaient 
rares;  les  organisations  musicales  l'étaient 
plus  encore,  et  le  budget  de  l'école,  si  par- 


136 


CHO 


cimonieux,  qu'il  semblait  qu'on  se  fût  pro- 
posé de  la  rendre  improductive.  Choron 
sut  triompher  de  tontes  les  difficultés.  Il 
n'était  pas  assez  riche  pour  aller  en  voiture 
chercher  des  élèves  dans  les  départemens  ; 
et  puis  les  voitures  ne  s'arrêtent  que  dans 
les  villes ,  et  il  y  a  aussi  des  voix  et  des 
âmes  dans  les  hameaux.  Choron  partit  à 
pied ,  ne  sachant  trop  où  le  conduirait  sa 
bourse  légère,  ou  plutôt,  n'y  songeant  pas. 
Telle  qu'était  cette  bourse ,  elle  lui  four- 
nit les  moyens  de  visiter  une  grande  par- 
tie de  la  France.  Il  ne  pouvait  donner  par 
son  équipage  une  opinion  très  favorable  du 
sort  qui  attendait  dans  son  école  ceux  qu'il 
engageait  à  s'y  rendre  ;  pourtant  sa  parole 
persuadait.  On  ne  fut  pas  peu  surpris  de 
lui  voir  ramener  du  midi  de  fort  beaux  té- 
nors, et  de  la  Picardie  d'excellentes  basses 
qui ,  depuis  lors  ,  ont  fourni  un  recrute- 
ment nécessaire  aux  chœurs  de  tous  les 
théâtres  lyriques.  Animé  par  le  désir  et 
par  l'espoir  d'être  utile,  Choron  ne  songeait 
pas  aux  fatigues  de  son  voyage  ;  sa  gaîté  le 
soutenait  dans  les  situations  les  plus  péni- 
bles. Surpris  un  jour  par  une  pluie  abon- 
dante dans  de  mauvais  chemins ,  il  y  per- 
dit sa  chaussure,  et  ce  ne  fut  pas  sans 
peine  qu'il  gagna  le  premier  village  qui 
s'offrait  à  lui  ;  mais  il  ne  s'occupa  même 
pas  un  instant  de  cet  accident,  parce  qu'il 
venait  de  découvrir  une  belle  voix  de  con- 
tralto. Peu  de  jours  après  il  passa   près 
d'une  maison  incendiée  dont  les  habitans 
imploraient  la  commisération  publique  :  il 
mit  dans  le  tronc  son  dernier  écu ,  et  ne 
se  souvint  qu'il  n'avait  pas  de  quoi  dîner 
que  lorsqu'il  entra  dans  Soissons ,  pressé 
par  la  faim ,  et  se  trouvant  à  vingt-cinq 
lieues   de  chez  lui.   Peu  d'hommes    ont 
eu  plus  de  dévouement  à  l'art,  plus  de 
désintéressement  ;  aucun  n'a  été  plus  mal 
récompensé  de  ses  généreux  sacrifices. 

D'abord  inaperçue,  l'école  de  Choron  ne 
tarda  point  à  exciter  l'attention  publique 
par  des  exercices  où  de  légers  défauts 
d'exactitude  et  de  fini  étaient  rachetés  par 
un  sentiment  profond  du  caractère  de  la 


CHO 

musique.  Là ,  pour  la  première  fois ,  on 
entendit  à  Paris  les  sublimes  compositions 
de  Bach  ,  de  Handel  ,  de  Palestrina  et  de 
quelques  autres  grands  maîtres  des  écoles 
d'Allemagne  et  d'Italie  ;  là  seulement  on 
osa  sortir  du  répertoire  usé  qui,  depuis 
plus  de  trente  ans,  alimentait  les  concerts. 
Les  amateurs  du  beau  de  tous  les  temps 
et  les  artistes  sans  préjugés  se  passionnè- 
rent pour  cette  musique  si  nouvelle  pour 
eux,  et  rendirent  justice  au  mérite  de 
l'homme  consciencieux  qui  leur  procurait 
le  plaisir  de  l'entendre  bien  exécutée.  L'au- 
torité, éclairée  par  le  retentissement  qu'a- 
vaient ces  modestes  exercices,  compri*  en- 
fin que  l'école  de  musique  religieuse  et 
classique  méritait  qu'on  encourageât  ses 
progrès  ,  et  des  fonds  suffisans  furent  ac- 
cordés pour  l'institution  d'un  pensionnat. 
Aidé  de  ces  ressources,  Choron  put  donner 
un  nouvel  essor  à  ses  facultés  de  profes- 
seur. Son  idée  dominante  consistait  à  faire 
passer  le  goût  de  la  bonne  musique  dans 
toutes  les  classes  ;  pour  y  parvenir,  il  fit 
des  essais  en  grand  sur  des  masses  d' en- 
fans  pris  dans  des  écoles  de  charité  ,  et 
le  succès  alla  au-delà  de  toutes  ses  espé- 
rances. 

On  a  souvent  reproché  à  Choron  d'avoir 
négligé  l'éducation  individuelle  au  profit 
des  masses ,  et  l'on  a  dit  qu'il  n'avait  pas 
fait  de  chanteurs.  Il  paraît  que  ce  sont  ces 
allégations  qui  ont  exercé  de  l'influence 
sur  les  hommes  du  pouvoir  établi  par  Ja 
révolution  de  1830,  et  qui  ont  fait  réduire 
le  budget  de  l'école  de  musique  religieuse 
à  des  proportions  telles,  qu'il  était  devenu 
impossible  d'y  rien  produire  de  bon ,  et 
qu'il  eût  mieux  valu  la  supprimer.  Choron 
avait  bien  compris  que  sa  mission  n'était 
pas  de  faire  des  éducations  individuelles 
de  chanteurs  ;  il  laissait  ce  soin  aux  pro- 
fesseurs du  Conservatoire  ;  pour  lui ,  ce 
qu'il  voulait,  ce  qu'il  était  utile  qu'il  fit, 
c'était  d'introduire  parmi  nous  l'enseigne- 
ment des  masses  vocales  tel  qu'il  existe  en 
Allemagne;  enseignement  sans  lequel  il 
n'y  a  pas  d'espoir  de  rendre  les  grandes 


CHO 


CHO 


137 


compositions  selon  la  pensée  qui  a  dirigé 
leurs  auteurs.  Voilà  ce  qu'on  n'a  pas  com- 
pris ,  et  ce  qni  eût  certainement  empêché 
la  destruction  d'une  des  institutions  les 
plus  utiles ,  si  ceux  qui  ont  mission  d'ad- 
ministrer les  arts  n'en  étaient  d'ordinaire 
fort  ignorans. 

Le  coup  qui  frappa  Choron  dans  l'exis- 
tence de  son  école  fut  pour  lui  celui  de  la 
mort  :  depuis  lors  sa  santé  alla  toujours 
déclinant.  11  comprenait  qu'il  se  consumait 
en  efforts  impuissans,  et  cette  pensée,  qu'il 
ne  pouvait  plus  rien  pour  l'art  auquel  il 
avait  sacrifié  toute  sa  fortune,  lui  compri- 
mait incessamment  le  cœur.  Un  reste  de 
son  ancienne  énergie  s'exhala  dans  quel- 
ques écrits  chagrins  qu'il  publia  dans  les 
derniers  mois  de  sa  vie  :  bientôt  après  il  s'é- 
teignit. Il  mourut  à  Paris,  le  29  juin  1 834. 
S'il   avait  pu  réaliser  ses  projets ,  s'il 
avait  trouvé  dans  le  pouvoir  toute  la  pro- 
tection qui  lui  était  due  ,  il  faudrait  nous 
féliciter   de   la   direction    qu'avait    prise 
Choron  à  sa  sortie  de  l'administration  de 
l'Opéra.  Mais  après  ce  qu'on  a  fait  pour 
anéantir  le  fruit  de  ses  efforts  ,  il  ne  peut 
nous  rester  que  le  regret  qu'il  ait  aban- 
donné ses  travaux  de  littérateur-musicien 
pour  ceux  de  professeur  ;  car ,  quelle  que 
fût  son  activité ,  elle  ne  pouvait  suffire  à 
toutes  ces  choses.  Il  lui  fallut  opter  entre 
sa  renommée  de  savant  et  la  modeste  ré- 
putation d'homme  utile  :  il  préféra  celle-ci. 
11  travaillait  cependant  beaucoup  dans  son 
cabinet  ;  mais  c'était  toujours  au  profit  de 
l'instruction  élémentaire.  Il  se  passait  peu 
de  mois  qu'il  ne  fit  paraître  quelque  œu- 
vre ,  quelque  recueil  destiné  à  l'enseigne- 
ment et  au  service  des  églises.  C'est  ainsi 
qu'il  composa  une  multitude  d'hymnes  et 
d'antiennes  à  deux ,  trois  et  quatre  voix , 
et  qu'il  écrivit  des  chorals  en  faux-bourdon 
à  trois  voix,  une  méthode  de  plain-chant , 
un  recueil  de  chants  chorals  en  usage  dans 
les  églises  d'Allemagne  ,  arrangés  à  quatre 
parties  avec  orgue  ,  un  corps  complet  de 
musique  d'église  à  une  ou  plusieurs  voix  , 
et  beaucoup  d'autres  choses  du  même  genre. 


Quant  aux  autres  ouvrages  qu'il  annonça 
par  divers  prospectus,  la  plupart  n'étaient 
qu'en  projet,  et  il  n'eut  pas  le  temps  de  les 
écrire.  C'est  dans  cette  catégorie  qu'il 
faut  ranger  son  Exposition  abrégée  des 
principes  de  musique,  le  Manuel  Ency- 
clopédique de  musique ,  qui  devait  faire 
partie  de  la  collection  des  Manuels  de 
M.Roret,  et  dont  il  y  a  eu,  je  crois,  quel- 
ques feuilles  imprimées  ,  la  traduction  du 
Traité  de  composition  moderne,  de 
Preindl ,  ouvrage  dont  Choron  avait  une 
opinion  trop  favorable  ,  le  Répertoire  des 
contrapuntistes ,  enfin  Y  Introduction  à 
l'étude  générale  et  raisonnée  de  la  mu- 
sique ,  dont  il  n'y  a  malheureusement 
qu'une  partie  de  terminée.  De  tout  ce  que 
j'ai  dit  sur  les  travaux  de  Choron,  résulte 
une  triste  vérité  :  c'est  que  la  vie  d'un 
homme  organisé  de  la  manière  la  plus 
heureuse  ,  et  dont  l'instruction  était  aussi 
solide  que  variée  ,  a  produit  peu  de  choses 
qui  soient  dignes  d'aussi  grandes  facultés, 
parce  que  les  circonstances  ne  lui  furent 
pas  favorables. 

Voici  la  liste  chronologique  des  ouvrages 
composés  ou  publiés  par  Choron  :  1°  Col- 
lection de  romances ,  chansons  et  poésies 
mises  en  musique,  Paris,  Le  Duc,  1806, 
in-8°.  Parmi  ces  romances  ,  on  remarque 
La  Sentinelle ,  dont  le  succès  a  été  popu- 
laire ;  2°  Bulletin  musical  d'Auguste  Le 
Duc  et  compagnie,  Paris,  1807  et  1808, 
in-8°,  vingt-quatre  numéros  de  quatre 
pages  chacun  ;  3°  Notices  françaises  et  ita- 
liennes sur  Léo,  Jomelli,  Pierluigi  de 
Palestrina ,  et  Josquin  Després.  Ces  no- 
tices sont  placées  au  commencement  de 
chaque  livraison  de  la  Collection  générale 
des  ouvrages  classiques  de  musique, 
Paris,  Le  Duc  ;  4°  Principes  d'accompa- 
gnement des  écoles  d'Italie ,  par  Choron 
et  Fiocchi,  Paris,  Imbault,  1804,  un  vol. 
in-fol.;  5°  Principes  de  composition  des 
écoles  d'Italie  ,  Paris,  Auguste  Le  Duc, 
1808  ,  trois  vol.  in-fol.  Cet  ouvrage  a  été 
divisé  en  six  volumes,  avec  de  nouveaux 
titres  en  1816.  Le  premier  volume  rcn~ 


138 


CHO 


ferme  une  préface  en  xvn  pages;  le  livre 
premier ,  qui  traite  de  l'harmonie  et  de 
l'accompagnement  ,  en  102  pages  ,  et  un 
choix  de  Partimenii  pour  l'accompagne- 
ment, choisis  dans  les  ouvrages  de  Durante, 
de  Cotumacci ,  de  Fenaroli  et  de  Sala,  en 
142  pages.  Le  deuxième  volume  contient 
un  trailédu  contrepoint  simple,  en  42  pa- 
ges, les  modèles  de  Sala  pour  ce  contre- 
point, les  trios  de  Caresana  ,  en  34  pages, 
une  nouvelle  traduction  française  des  con- 
trepoints doubles  et  conditionnels  de  Mar- 
purg,  en  52  pages,  les  modèles  de  Sala 
pour  le  contrepoint  double,  en  71  pages. 
Le  troisième  volume  renferme  le  traité  de 
l'imitation  et  de  la  fugue,  traduit  de  Mar- 
purg,  en  73  pages,  et  les  modèles  de  Sala 
jusqu'à  la  fugue  à  huit  parties,  en  181  pa- 
ges. Le  quatrième  volume  contient  la 
deuxième  suite  de  fugues  de  Sala,  en  138 
pages,  le  traité  des  canons,  traduit  de 
Marpurg,  en  60  pages,  et  les  modèles  de  ca- 
nons de  Sala  ,  en  68  pages.  Au  commen- 
cement du  cinquième  volume,  on  trouve  un 
traité  de  style  de  chaque  genre  de  musique, 
sous  le  titre  de  Rhétorique  musicale ,  en 
39  pages ,  suivis  de  modèles  du  style  os- 
servato  de  musique  d'église,  extraits  de 
YEsemplare  de  P.  Martini,  et  de  modèles 
du  style  concerté  pris  dans  Jomelli  ;  ces 
modèles  sont  contenus  en  202  pages.  Le 
sixième  volume  renferme  des  modèles  de 
madrigaux  non  accompagnés,  pris  dans  les 
ouvrages  de  Martini  et  de  Paolucci ,  des 
modèles  de  duos,  trios  et  cantates  choisis 
dans  les  œuvres  de  Marcello ,  de  Lotti , 
d'Alexandre  Scarlatti  et  de  Pergolèse,  des 
modèles  de  musique  vocale  de  différons 
genres,  en  style  moderne,  ainsi  que  quel- 
ques modèles  de  style  instrumental.  L'ou- 
vrage est  terminé  par  des  notions  élémen- 
taires d'acoustique,  par  une  esquisse  his- 
torique des  progrès  de  la  composition,  et 
par  la  table  des  matières;  6°  Dictionnaire 
historique  des  Musiciens  ,  par  Choron  et 
Fayollc,  Paris,  Vallade,  1810-1811, 
deux  vol.  in-8°.  Cet  ouvrage  a  reparu  avec 
un  nouveau  titre  en  1817,  Paris,  Chiuiot. 


CHO 

Choron  ne  songeait  point  à  prendre 
M.  Fayolle  pour  collaborateur  lorsqu'il 
entreprit  cetouvrage.  Il  l'annonça  en  1809 
par  un  prospectus  d'un  quart  de  feuille 
in-4°,  sous  le  titre  de  Dictionnaire  histo- 
rique de  Musique;  7°  Considérations  sur 
la  nécessité  de  rétablir  le  chant  de  l'é- 
glise de  Rome  dans  toutes  les  églises  de 
l'empire  français,  Paris.  Courcier,  1811, 
in-8°  de  quinze  pages  ;  8°  Méthode  élémen- 
taire de  musique  et  de  plain-chant ,  à  l'u- 
sage des  séminaires  et  des  maîtrises  de 
cathédrales,  Paris,  Courcier,  1811,  in-8°; 
9°  Rapport  fait  à  la  classe  des  beaux- 
arts  de  l'Institut  impérial  de  France  sur 
l'ouvrage  de  M.  Scoppa ,  intitulé  :  Des 
vrais  principes  de  versification,  Paris, 
Baudouin  ,  1S12  ,  un  vol.  in-4°.  Dans  cet 
ouvrage,  Choron  a  particulièrement  exa- 
miné ce  qui  concerne  la  rhylhme  musical; 
10°  Rapport  fait  à  la  classe  des  beaux- 
arts  de  l'Institut  impérial  de  France  sur 
un  manuscrit  qui  contient  la  collection 
des  traités  de  musique  de  J.  Le  Teintu- 
rier, Paris,  1813,8  pages  in-8°;  1 1°  Traité 
général  des  voix  et  des  instrumens  d'or- 
chestre, et  principalement  des  instru- 
mens à  vent,  à  l'usage  des  compositeurs, 
par  J.  L.  F  rancœur ,  nouvelle  édition, 
revue  et  augmentée  des  instrumens  mo- 
dernes,  par  M.  Choron,  Paris,  1813, 
in-fol.;  12°  Ribliolhèque  encyclopédique 
de  musique,  contenant  des  notes,  re- 
cherches et  dissertations  sur  la  musique 
tant  théorique  que  pratique ,  etc.,  Paris, 
1S 14.  11  n'a  paru  que  le  prospectus  de  ce 
recueil  périodique,  en  une  demi-feuille 
in-8°  ;  1 3°  Méthode  élémentaire  de  com- 
position, par  J.  G.  Albrechtsberger, 
traduit  de  l  allemand ,  par  A.  Choron, 
Paris,  veuve  Courcier ,  1814,  deux  vol. 
in-8°,  dont  un  de  texte,  et  l'autre  d'exem- 
ples gravés;  14°  Méthode  d'accompa- 
gnement selon  les  principes  des  écoles 
d'Allemagne ,  par  Albrechtsberger,  tra- 
duit de  l'allemand  ,  Paris  ,  Simon  Ga- 
veaux,  1815,  in-fol.  Ces  deux  ouvrages  ont 
été  réunis  par  Choron  avec  quelques  addi- 


CHO 


CHI1 


139 


tions,  d'après  l'édition  des  œuvres  com- 
plètes de  théorie  d'Albrechtsbergcr  publiée 
par  le  chevalier  de  Scyfried  ,  et  accompa- 
gnés de  notes  critiques.  Cette  édition  com- 
plète de  la  traduction  a  paru  sous  ce  titre  : 
Méthodes  d'harmonie  et  de  composition 
à  l'aide  desquelles  on  peut  apprendre 
soi-même  à  accompagner  la  basse  chif- 
frée et  à  composer  toute  espèce  de  mu- 
sique, par  J.  G.  Albrechtsberger,  etc., 
Paris,  Bachelier,  1830,  deux  vol.  in- 8°, 
dont  un  d'exemples  gravés  ;  15°  Le  Musi- 
cien pratique,  ou  leçons  graduées  qui 
conduisent  les  élevés  dans  l'étude  de 
l'harmonie,  de  l'accompagnement  et  de 
l'art  du  contrepoint,  en  leur  enseignant 
la  manière  de  composer  toute  espèce  de 
musique,  par  Fr.  Azopardi,  maître  de 
chapelle  de  Mallhe,  traduit  de  l'Italien, 
par  feu  M.  de  Framery  ,  nouvelle  édition  , 
revue,  corrigée  et  mise  dans  un  meilleur 
ordre  par  A.  Choron,  Paris,  1816,  in-4°. 
Dans  cette  édition,  préférable  à  la  première 
donnée  par  Framery,  les  exemples  sont 
intercallés  dans  le  texte;  malheureusement 
ils  fourmillent  de  fautes  de  gravure; 
17°  Livre  choral  de  Paris ,  contenant  le 
chant  du  diocèse  de  Paris  écrit  en  con- 
trepoint, à  quatre  parties,  1817,  in-8°. 
Il  n'a  paru  de  cet  ouvrage  qu'une  livraison 
qui  contient  la  messe  des  annuels  et  des 
grands  solennels;  18°  Méthode  concer- 
tante de  musique  à  plusieurs  parties, 
d'une  difficulté  graduelle ,  Paris,  1817, 
in-4°;  19"  Méthode  de  plain-chant ,  au- 
trement appelé  chant  ecclésiastique  ou 
chant  grégorien,  contenant  des  leçons  et 
les  exercices  nécessaires  paur  parvenir 
hune  parfaite  connaissance  de  ce  chant, 
Paris,  L.  Colas  ,1818,  petit  in-4°  de  28 
pages  ;  20°  Exposition  de  la  méthode  con- 
certante de  musique,  Paris,  1818,  une 
demi  feuille  in-4°  à  deux  colonnes  ;  2\°Sa- 
lut  du  Saint-Sacrement ,  contenant  les 
strophes  et  antiennes  en  l'honneur  du 
Saint-Sacrement  et  de  la  Sainte- Cierge, 
mises  en  musique  à  trois  voix  égales, 
par  Choron,  Paris,  1818,  un  vol.  in-8°j 


22°  Méthode  concertante  de  plain-chant 
et  de  contrepoint  ecclésiastique ,  Paris  , 

1819,  petit  in-4°  ;  25"  Solfège  harmo- 
nique,  offrant  une  série  méthodique 
d'exercices  d'harmonie  à  quatre  voix , 
pour  un  maître  et  ses  élèves,  un  vol. 
grand  in-8°.  Le  prospectus  de  cet  ouvrage, 
en  une  demi-feuille  grand  in-8°  ,  à  deux 
colonnes ,  a  seul  paru  ;  24°  Instruction 
abrégée  sur  l'organisation  et  la  conduite 
d'une  école  de  musique,  solfège  et  chant, 
Paris,  1819,  une  demi-feuille  in-4°  ; 
25°  Exposition  élémentaire  desprincipes 
de  la  musique  servant  de  complément  à  la 
méthode  concertante,  Paris,  1819,  in-8°. 
Le  prospectus  seul  de  cet  ouvrage  ,  en  une 
demi-feuille  à  deux  colonnes,  a  paru; 
26°  Solfèges  élémentaires,  contenant  les 
premières  leçons  de  lecture  musicale ,  à 
l'usage  des  commençans ,  Paris,  1820, 
in-4°  ;  27°  Méthode  concertante  élémen- 
taire de  musique,  à  trois  parties,  Paris  , 

1820,  in-4°;  28°  Méthode  de  chant  à 
l'usage  des  élèves  de  l'école  royale  de 
chant,  Vans,  1821,  in-4".  Le  premier 
cahier  seulement  de  cet  ouvrage  a  paru  ; 
29°  Chant  chorals  à  quatre  parties ,  en 
usage  dans  les  églises  d'Allemagne,  Pa- 
ris, 1822;  30°  Liber  Choralis  tribus  voci- 
bus,  ad  itsum  collegii  Sti-Ludovici  ;  cont- 
plectens  maxime  vulgatas  clivini  qfficii 
parles  in  contrapunclo  simplici  nolœ  ad 
notant  super  piano  cantu  in  média  po- 
sito  rite  perlractatas  ;  accesserunt  et 
hymnorum  varii  canins  quibusque  me- 
tris  apti.  Compostât  ac  disposuit  Alex. 
Steph.  Choron.  Parisiis ,  1824,  4°  min. 
Choron  a  publié  quelques  opuscules  très 
courts  et  plusieurs  petits  écrits  de  circon- 
stance, tirés  à  un  petit  nombre  d'exemplai- 
res qui  sont  devenus  fort  rares. 

CHRESTIEN  (charlks-antoine),  mu- 
sicien de  la  chapelle  du  roi,  vers  le  milieu 
du  18e  siècle.  11  a  publié  à  Paris,  en  1751: 
Pièces  de  differens  auteurs,  mises  en 
trios  pour  les  violons.  11  a  donné  à  la 
Comédie-Italienne,  en  1760,  un  opéra-co- 
mique intitulé  :  Les  précautions  inutiles. 


140  CHR 

CHRÉTIEN  (gilles-iouis),  né  à  Ver- 
sailles, en  1754,  entra  à  la  chapelle  du 
roi,  en  qualité  de  violoncelliste,  à  l'âge  de 
vingt-deux  ans.  11  tirait  un  bon  son  de 
son  instrument,  et  jouait  avec  facilité  les 
passages  les  plus  difficiles,  mais  sou  jeu 
était  dépourvu  d'expression.  La  révolution 
lui  fit  perdre  sa  place,  par  la  réforme  de 
la  chapelle,-  mais  en  1807,  il  rentra  à  la 
chapelle  de  l'empereur  Napoléon.  On  lui 
attribue  dans  le  Dictionnaire  historique 
des  Musiciens  (Paris,  1810),  la  musique 
d'un  opéra-comique  intitulé  :  Les  Pré- 
cautions inutiles,  représenté  en  1760  ; 
mais  cet  ouvrage  est  d'un  autre  musicien 
nommé  Chrestien  {V.  ce  nom)  ;  celui  qui 
est  l'objet  de  cet  article  n'était  âgé  que  de 
six  ans  à  l'époque  où  cet  ouvrage  fut  re- 
présenté. Il  s'occupait  de  la  correction  des 
épreuves  d'un  livre  sur  son  art,  lorsque  la 
mort  le  surprit,  le  4  mars  1811.  L'ou- 
vrage de  Chrétien  parut  après  sa  mort 
sous  ce  titre  :  La  Musique  étudiée  comme 
science  naturelle,  certaine  et  comme  art, 
ou  Grammaire  et  Dictionnaire  musical , 
Paris,  1811,  in-8°  de  278  pages,  et  17  pi. 
in-fol.  Ce  traité,  purement  élémentaire, 
a  pour  objet  l'analyse  des  formes  de  l'har- 
monie ,  mais  d'après  un  système  particu- 
lier à  son  auteur,  et  qui  ne  peut  être  d'au- 
cune utilité  dans  la  pratique.  On  y  trouve 
des  définitions  de  Mélodies  positives ,  de 
Mélodies  collectives ,  de  Mélodies  inler- 
positives ,  de  Constructions  fondamen- 
tales,  etc. ,  et  de  cent  autres  rêveries  qui 
n'ont  point  fait  fortune.  Chrétien  a  aussi 
publié  :  Lettre  sur  la  musique,  en  ré- 
ponse à  M.  Amar,  auteur  de  l'analyse 
de  l'ouvrage  de  M.  Villoteau ,  insérée 
dans  le  Moniteur  du  27  octobre  1807, 
Paris  ,  1807,  une  feuille  in-8°. 

CHRISTEN1US  (jean)  ,  chanteur  de 
l'électeur  de  Saxe,  et  musicien  à  Alten- 
bourg ,  naquit  à  Bottstœdt  en  Thuringe. 
On  connaît  de  sa  composition  :  Selectis- 
sima  et  nova  cantio,  quant  Valedictionis 
ergo  dedicat  Palronis,  6  vocibus,  Jena, 
1609}  2°   Musikalische  Mclodias   mit 


CHR 

4  Stimmen  gesetz  (  Mélodies  musicales  à 
quatre  voix),  Leipsick,  1616,in-4°j  3°  Gul- 
den  Venus-Pfeil ,  in  welcher  zufinden , 
newe  weltliche  Lieder ,  teutsche  und 
polnische  Tœnze  (  Les  traits  dorés  de 
Vénus  ,  dans  lesquels  on  trouve  des  chan- 
sons nouvelles  et  profanes ,  et  des  danses 
allemandes  et  polonaises  ),  Leipsick,  1619  ; 
4°  Sjmbola  Saxonica,  Fùrstlicher  Per- 
sonen  tœgliche  gedenkspruche  mit  3 
Stimmen  gesetzt  (  Maximes  journalières 
pour  les  personnes  de  haute  naissance , 
composé  à  trois  voix),  Leipsick,  1620; 
5°  Complementum  ,  und  dritler  Theil 
fest  und  Aposleltœgiger  evangelischer 
Spreuch ,  so  Melchior  Vulpius  ubergan- 
gen}mitA-S  Stimmen  (Complément  et  troi- 
sième partie  des  maximes  évangéliques  pour 
les  jours  de  fête  ,  que  Melchior  Vulpius  a 
omises, à  quatreethuitvoix),  Erfurt,1621, 
in-4°  ;  6°  Omnigeni  mancherley  Manier 
newer  weltlicher  JÀeder,  Paduans,  etc. 
(Chansons  nouvelles  et  profanes  de  toute 
espèce),  Erfurt,  1621. 

CHRISTIANELLI  (philipfe),  maître 
de  chapelle  à  Aquilée ,  dans  le  royaume 
de  Naples,  vers  le  commencement  du 
17e  siècle,  a  publié  :  Salmi  a  cinque  voci} 
Venise ,  1626. 

CHRISTMANN  (jean-frederic  ),  mi- 
nistre luthérien  à  Heutingsheim ,  près  de 
Louisbourg ,  est  né  dans  cette  dernière 
ville ,  le  10  septembre  1752.  Dès  son  en- 
fance il  s'adonna  à  la  musique  ,  et  les  fré- 
quentes occasions  qu'il  eut  d'entendre  les 
virtuoses  de  la  chapelle  du  duc  de  Wur- 
temberg perfectionnèrent  son  goût  et  son 
talent.  Il  était  étudiant  au  gymnase  de 
Stuttgard  ,  lorsque  sa  réputation  comme 
flûtiste  lui  procura  l'honneur  déjouer  un 
solo  devant  le  duc.  Il  était  aussi  fort  ha- 
bile sur  le  piano.  Ses  parens  l'ayant  en- 
voyé à  Tubinge  pour  y  étudier  la  théolo- 
gie, il  y  continua  ses  travaux  pour  la 
musique,  et  commença  à  composer  ses 
concertos  pour  la  flûte.  Nommé  vicaire 
chez  un  minisire,  il  quitta  cette  place  au 
bout  de  deux  ans,  et  alla,  en  1777,  à 


CHR 

Winterthur  en  Suisse ,  en  qualité  de  pré- 
cepteur ;  là  ,  il  composa  ,  pendant  ses  loi- 
sirs ,  ses  Elémens  de  musique ,  ouvrage 
généralement  estimé,  qu'il  fit  imprimer 
à  Spire,  en  1782-1790  ;  il  fit  aussi  paraî- 
tre ses  premières  compositions  pour  le 
piano.  En  répétant  quelques-unes  des  ex- 
périences sur  l'air  inflammable,  qui  occu- 
paient alors  les  physiciens ,  à  l'occasion  des 
machines  aérostatiques,  il  eut  le  malheur 
de  perdre  un  œil.  En  1779,  il  accepta 
une  place  de  précepteur  à  Carlsruhe.  Il  s'y 
lia  avec  le  maître  de  chapelle  Schmidt- 
bauer  et  avec  l'abbé  Vogler.  Après  un 
séjour  de  neuf  mois  dans  cette  ville , 
Christmann  fit  un  voyage  dans  le  Palati- 
nat ,  et  revint  ensuite  dans  sa  ville  natale, 
où  il  obtint  une  place  de  ministre  en  1785. 
Le  repos  et  l'indépendance  que  cet  emploi 
lui  procura,  lui  fournirent  alors  les  moyens 
de  se  livrer  à  son  goût  pour  la  musique , 
et  aux  recherches  qu'il  avait  entreprises 
sur  la  théorie  de  cet  art.  Il  eut  la  plus 
grande  part  au  plan  et  à  la  rédaction  de 
la  gazette  musicale  de  Bossler,  à  Spire,  à 
laquelle  il  a  fourni  des  articles  fort  inté- 
ressans.  Il  était  en  outre  occupé  en  1790, 
de  recherches  importantes  sur  l'histoire 
littéraire  de  la  musique,  et  travaillait  à  un 
dictionnaire  général  de  cet  art ,  en  plu- 
sieurs volumes  in-4°,  dont  le  prospectus 
parut  dans  les  journaux  de  1788;  on  peut 
consulter  à  cet  égard  la  Gazette  de  musi- 
que, du  mois  de  février  1789,  où  l'on 
trouve  aussi  sa  biographie  détaillée.  Voici 
la  liste  de  ses  ouvrages  les  plus  connus  : 
1°  Elementarbuch  der  Tonkunst  zum 
Vnterricht  beym  Clavier  fur  Lehrende 
undLernende  (Elémens  de  musique,  etc.), 
Spire  1782  ,  in-8°  de  350  pages.  Cet  ou- 
vrage est  accompagné  d'un  cahier  d'exem- 
plaires in-fol.,  qui  porte  ce  titre  :  Prak- 
tische  Beytrœge  zum  Elementarbuch , 
Spire,  1782.  La  deuxième  partie  de  cet 
ouvrage  ,  qui  contient  des  elémens  d'har- 
monie ,  a  paru  dans  la  même  ville,  en 
1790,  en  un  volume in-8°  de  179  pages, 
et 50  pages  in-fol.  d'exemples,  2°  Rondeau 


CHR 


141 


pour  le  clavecin  ;  5°  Adagio  pour  le  piano, 
sur  la  mort  d'une  caille,  Darmstadt; 
4°  Roses  pour  le  clavecin  de  ma  Mina  , 
étrennes  pour  la  nouvelle  année ,  Spire , 
1791  ;  5°  Odes  et  chansons  pour  le  clave- 
cin ,  Leipsich  ,  Breitkopf ,  1797  ;  7°  Vol- 
stœndige  Sammlung  theils  ganz  neue 
Komponirter ,  theils  Verbes serter  vier- 
stimmiger  choralmelodien ,  fur  dasneue 
Wirtembergische  Langesangbuch ,  etc. 
(Recueil  complet  des  mélodies  pour  les 
psaumes  à  quatre  voix,  à  l'usage  du  duché 
de  Wurtemberg  ,  etc.  ) ,  Stuttgard,  1799, 
in-4°.  Ce  recueil  a  été  composé  et  rédigé 
par  Christmann  et  Knecht.  On  y  trouve 
une  introduction  de  50  pages  ,  et  518  mé- 
lodies ;  7°  La  Fiancée  de  Corinihe ,  bal- 
lade de  Goethe,  Leipsick ,  1792;  8°  Va- 
riations pour  violon  et  basse  sur  l'air  : 
Tyroler  sind  immer  so  Lustig ,  Offen- 
bach ,  1800  ;  9°  Àrion  ,  romance  ,  1801  ; 
10°  Ah!  vous  dirai-je  maman,  varié 
pour  la  flûte  avec  basse ,  op.  Offenbach  , 
1801  ;  11°  Recueil  de  douze  marches  pour 
le  clavecin,  ibid ;  12°  Die  Kinder  im 
Walde  (Les  enfans  dans  la  forêt)  ,  bal- 
lade pour  le  piano,  Leipsick,  Iuihnel. 
Christmann  a  inséré  dans  la  Gazette  mu- 
sicale de  Leipsick  les  morceaux  suivans  : 
1°  Biographie  de  Cor.-Henr.  Kœeferlen , 
lre  année ,  pag.  65  ;  2°  Quelques  idées 
sur  le  caractère  des  chansons  nationales 
françaises,  même  année,  pag.  228  ;  5°  Sur 
la  composition  de.Zumsteeg  der  Geiste- 
rinsel,  même  année,  pag.  657;  4°  Ta- 
bleau de  l'état  de  la  musique  dans  le 
"Wurtemberg,  2me  année,  pag.  71 ,  95, 
118,  159;  5°  Notice  préalable  sur  le 
nouvel  opéra  de  Zumsteeg,  das  Pfauen- 
fest  betitelt ,  même  année,  pag.  716. 
Christmann  est  mort  à  Heutingsheim  ,  le 
21  mai  1817. 

CHRISTO  (fr.-jean  DE) ,  moine  por- 
tugais, et  organiste  habile,  naquit  à  Lis- 
bonne au  commencement  du  17e  siècle, 
et  mourut  à  Alcobaça  le  50  juillet  1654. 
Machado  (Bibl.  Lusit.,  tom.  II,  p.  656) 
cite  les  ouvrages  suivans  de  sa  composi- 


142 


CHU 


CHY 


tion  :  1°  Texto  de  Paixoens  que  se  can- 
taô  em  a  Semana  Santa ,  composlo  a 
4  vozes ;  2°  Calendas  do  Natal,  e  de 
St.-Bernardo.  Ces  compositions  n'ont 
point  été  imprimées, 

CHR1ST0  (fr.-luiz  DE),  carme  por- 
tugais et  organiste  de  son  couvent  à  Cal- 
çado,  naquit  à  Lisbonne  en  1625,  et 
mourut  dans  son  cloître  en  1693.  On 
connaît  de  lui  en  manuscrit  les  ouvrages 
suivans  :  1°  Praxoens  dos  qualro  Ei>an- 
gellstas  a  4  voces  ;  2°  Licoens  de  defunc- 
tos ,  motetes  e  vdhancicos. 

CHRYSANDER  (guillaume-chretien- 
jtjste)  ,  théologien  protestant ,  né  le  9  dé- 
cembre 1718  ,  à  Gœdekenroda  ,  village  de 
la  principauté  d'Halberstadt,  fut  successi- 
vement professeur  de  philosophie,  de  ma- 
thématiques, de  langues  orientales  et  de 
théologie  clans  les  universités  de  Helmstadt, 
de  Rinleln  et  de  Kiel,  et  mourut  flans 
celte  dernière  ville ,  le  10  décembre  1 788, 
Il  aimait  beaucoup  la  musique,  et  jus- 
que dans  sa  vieillesse  on  l'entendait  sou- 
vent chanter  les  psaumes  en  hébreu  ,  en 
s'accompagnant  de  la  guitare.  Parmi  ses 
dissertations,  dont  le  nombre  est  immense, 
on  en  remarque  une  intitulée  :  Histori- 
sche  Uiitersuchen  von  de/iKirchenorgel 
(Recherches  historiques  sur  les  orgues 
d'églises  )  ,  qui  fut  d'abord  insérée  dans  le 
Magasin  scientifique  de  Hanovre,  année 
1754,  n°  91,  pag.  1275,  et  qui  fut  im- 
primée séparément  en  1755  ,  3  feuilles  et 
demie,  in-8°,  sans  nom  de  lieu. 

CHRYSOGON  ,  célèbre  chanteur  de 
l'ancienne  Grèce  ,  vivait  vers  la  trentième 
année  après  Jésus-Christ.  Plutarque  dit 
qu'il  avait  inventé  un  instrument  particu- 
lier aveclequel  il  accompagnait  son  chant. 
Juvénal  a  fait  mention  de  ce  musicien  en 
ces  mots  ; 

Sunt  quœ 

Chrysogonum  cantare  vêtent. 

Salyr.  6,1.2,  v.  74. 

CHURCHILL  (.  .  .  .),  musicien  an- 
glais ,  qui  vivait  à  Londres  vers  la  fin  du 


18e  siècle,  y  a  publié  les  ouvrages  suivans  : 
1°  Trois  sonates  pour  le  piano  ,  avec  ac- 
compagnement de  violon  j  2°  Six  duog 
pour  deux  violons,  op  2,  ibid.}  1793; 
5°  Trois  sonates  pour  le  piano ,  avec  vio- 
lon; op.  5,  ibid.;  4°  Six  duos  pour  violon 
et  alto ,  ibid. 

CHUSTROVIUS  (jean),  directeur  de 
musique  à  l'église  de  Saint-Nicolas ,  à 
Lunebourg,  vers  le  commencement  du 
18e  siècle,  a  publié  :  Sacra?  canliones 
quinque,  sex  et  octo  vocibus  ita  compo- 
sitœ ,  ut  non  solum  viva  voce  commo- 
dissime  cantari,  sed  eliam  ad  omnis 
generis  instrumenta  optime  adhiberi 
possint,  Francfort,  1603. 

CHYTRAEE  (nathan),  V.  OLTHO- 
VICS. 

CHYTREE  (david)  ,  docteur  et  profes- 
seur de  théologie  à  Rostock,  dont  le  nom 
allemand  était  Kochqff ,  naquit  en  1530 
à  Ingelfing,  en  Souabe.  Il  étudia  le  latin 
et  le  grec  sous  Joachim  Camérarius ,  à 
Tubinge,  et  la  théologie  sous  Melanchlon, 
à  "Wittemberg.  Après  avoir  fait  ses  études, 
il  fit  un  voyage  en  Italie.  De  retour  en 
Allemagne,  il  obtint  la  chaire  d'écriture 
sainte  à  l'Académie  de  Rostock.  Il  mourut 
le  15  juin  1600,  âgé  de  plus  de  70  ans. 
Parmi  ses  ouvrages,  on  remarque  celui- 
ci  :  Regulœ  Studiorum,  seu  de  ralione 
et  ordine  discendi ,  in  prœcipuis  artibus 
recle  inslhuendo ,  lena  1595,  in-8°  ;  le 
troisième  chapitre  de  l'appendice  traite  De 
musica,  de  sententia,  rhythmo,  et  vocis 
modulatione ,  de  speciebus  inlervallo- 
rum,  tetrachordis ,  generibus  et  modis 
mnsicis. 

CHYTRY  ( .  .  .  ) ,  excellent  violiniste , 
naquit  à  Holoben  en  Bohême,  vers  l'année 
1740.  11  étudia  d'abord  à  Prague,  se  ren- 
dit ensuite  à  Vienne  pour  y  faire  un  cours 
de  droit ,  et  eut  le  bonheur  de  se  faire  en- 
tendre sur  le  violon  devant'  l'empereur 
Joseph  II,  qui,  charmé  de  son  talent, 
voulut  lui  procurer  une  existence  en  le 
faisant  placer  à  la  chancellerie  impériale. 
En  1778  Cbytry  était  employé  au  gouver- 


CIA 

nement  de  Prague.  Kucliarz  considère  cet 
artiste  comme  un  des  plus  habiles  violi- 
nistes  produits  par  la  Bohème  [V.  Dlabacz, 
Hislor.  Kunstler-Lexikon fur Bœ/unen } 
col.  281). 

CIAJA  (azzolin-bernardino  DELLA), 
chevalier  de  Tordre  de  Saint-Etienne  ,  né 
à  Sienne  le  21  mai  1671  ,  s'est  rendu 
également  célèbre  comme  compositeur, 
comme  organiste  et  comme  constructeur 
d'orgues.  11  a  fait  imprimer  de  sa  compo- 
sition :  X  Salmi  a  5  voci  con  2  violini 
obligati  e  violetla  a  bene  placilo,  op.  1, 
Bologne  1700.  En  1755,  il  donna  à  l'é- 
glise des  chevaliers  de  Saint-Etienne  de 
Pise,  l'orgue  magnifique,  qui  est  considéré 
comme  un  des  plus  beaux  de  l'Italie,  et 
même  de  l'Europe,  car  il  est  composé  de 
plus  de  cent  registres,  dont  un  grand 
nombre  est  de  son  invention.  Cet  orgue  a 
été  construit  par  lui-même. 

CIAMPI  (françoïs),  virtuose  sur  le 
violon,  et  compositeur  distingué,  naquit 
à  Massa  di  Carrara  en  1704.  Vers  1728  , 
il  se  rendit  à  Venise,  où  il  a  fait  représen- 
ter presque  tous  ses  opéras.  Les  plus  con- 
nus sont  :  1°  Onorio,  \119  ;  2°  Adriano 
inSiria,  1748  ;  5°  // Négligente,  1749; 
4"  Calone  in  Utica  ,  1756  ;  5°  Gianguir, 
1761  ;  6°  Amorc  in  Caricatura ,  1761  ; 
7°  Antigono,  1762.  Burney  cite  une 
messe  et  un  miserere  de  Ciampi,  qu'il  es- 
timait beaucoup. 

CIAMPI  (l.EGRENZIO-VINCENZO),  COm- 

positcur  dramatique,  né  dans  un  village 
près  de  Plaisance  en  1719,  fit  ses  études 
musicales  dans  cette  ville  sous  un  maître 
de  chapelle  nommé  Rondini.  Il  était  en- 
core fort  jeune  lorsqu'il  donna  son  premier 
opéra  intitulé  LArcadia  in  Brenta,  qui 
fut  suivi  de  celui  de  Berloldo  alla  cor  le, 
dont  le  succès  fut  prodigieux.  Favart  a 
parodié  sur  cette  jolie  musique  son  opéra 
(le  Ninette  à  la  cour.  En  1748,  Ciampi 
passa  en  Angleterre  avec  une  troupe  de 
chanteurs  italiens,  et  il  fit  représentera 
Londres  les  opéras  suivantes  :  Gli  tre 
Cicisbey  ridicoli ,  1748  j  2°  Adriano  in 


CIA 


143 


Siria,  1750;  5°  Il  trionfo  diCamilla, 
1750;  4"  Didone,  1754;  5°  Tolomeo , 
pasticcio  fait  avec  quelques  morceaux  de 
sa  musique  et  de  celle  de  quelques  autres 
compositeurs,  1762.  Il  a  aussi  publié: 
Six  trios  pour  deux  violons  et  basse,  op.  1 
et  2;  2°  Cinq  concertos  pour  le  hautbois; 
3°  Italian  Songs  ;  4°  Overlures  for  a 
full  Band,  op.  5. 

CI ANCHEÏTI  NI  (véronique),  sœur  du 
célèbre  pianiste  J.-L.  Dussek,  est  née  en. 
Bohême  en  1779.  Son  père  lui  enseigna 
la  musique  et  l'art  de  jouer  du  piano 
lorsqu'elle  n'était  âgée  que  de  quatre 
ans.  Ses  progrès  furent  rapides,  et  son 
talent  devint  remarquable.  Lorsqu'elle  eut 
atteint  sa  dix-huitième  année,  son  frère 
l'appela  à  Londres,  où  elle  s'est  livrée  avec 
succès  à  l'enseignement  du  piano.  Elle  y  a 
fait  graver  plusieurs  sonates  et  deux  con- 
certos de  sa  composition. 

CIANCHETTIM  (no) ,  fils  de  François 
Cianehetlini  de  Rome  ,  et  de  Véronique 
Dussek,  est  né  à  Londres  ,  le  11  décem- 
bre 1799.  Dès  l'âge  de  quatre  ans,  il 
montra  de  grandes  dispositions  pour  la 
musique  :  sa  mère  lui  apprit  à  jouer  du 
piano  et  l'instruisit  dans  l'harmonie.  Ses 
progrès  furent  tels  qu'après  un  an  d'étu- 
des ,  et  lorsqu'il  eut  atteint  sa  cinquième 
année,  il  fut  en  état  de  se  faire  entendre  au 
théâtre  de  l'Opéra  Italien  ,  à  Londres,  où 
il  exécuta  avec  piécision  une  sonate  de 
piano  de  sa  composition  et  des  variations 
improvisées  sur  des  thèmes  qui  lui  furent 
présentés.  Tout  cela  tenait  du  prodige  : 
Aussi  s'empressa-t-on  de  lui  donner  le  nom 
de  Mozart  anglais,  en  Hollande,  en  Alle- 
magne et  en  France ,  où  il  voyagea  avec 
son  père  jusqu'à  l'âge  de  six  ans.  Ce  qui 
ajoutait  à  l'étonnement ,  c'est  qu'avant 
l'âge  de  huit  ans  il  parlait  et  écrivait  cor- 
rectement quatre  langues ,  l'anglais  ,  le 
français,  l'italien,  et  l'allemand.  Mais, 
ainsi  qu'il  arrive  souvent ,  ces  facultés  hâ- 
tives s'usèrent  avant  le  temps ,  le  prodige 
disparut,  et  il  ne  resta  plus  qu'un  artiste 
estimable  dont  le  talent  peut  être  comparé 


144 


C1B 


à  beaucoup  d'autres.  La  dernière  fois  que 
M.  Cianchettini  parut  avec  avantage  en 
public  fut  à  un  concert  qu'il  donna  le 
16  mai  1809,  dans  la  grande  salle  d'Ar- 
gyll  Room ,  à  Londres,  où  il  exécuta 
un  concerto  de  piano  de  sa  composition. 
Lorsque  madame  Catalani  voyagea  en  An- 
gleterre, M.  Ciancbettini  s'attacha  à  elle  à 
titre  de  compositeur  et  de  directeur  de  ses 
concerts  ,  et  la  suivit  dans  ses  tournées.  Il 
a  composé  pour  elle  quelques  airs  italiens 
qu'elle  a  chantés  souvent,  parce  qu'ils 
étaient  propres  à  faire  briller  sa  voix. 
Voici  les  titres  de  ses  principaux  ouvra- 
ges :  1°  Deux  concertos  de  piano  gravés  à 
Londres  ;  2°  Des  fantaisies  pour  le  même 
instrument  ;  5°  A  cantate  for  two  voices 
vith  choruses  :  the  words  from  the  Pa- 
radise  Lost,  Londres;  4°  Take ,  oh! 
take  those  lips  away,  cbanson  5  5°  Fan- 
taisie sur  di  tanti  palpiti  pour  le  piano  ; 
6°  Introduction  et  air  italien  varié  pour 
le  piano  et  flûte  ou  violon;  7°  Ode  de 
Pope  sur  la  solitude  ;  8°  Soixante  noc- 
turnes Italiens  pour  deux  ,  trois  et  quatre 
voix,  avec  accompagnement  de  piano; 
7°  Scène  et  air  :  Ah!  quando  cessera! 
10°  Duetto  :  Ecco  di  Pafo  il  tempio  ; 
11°  Benedictus  à  trois  voix. 

CIBBER  (  suzanne-marie )  ;  cantatrice 
et  excellente  actrice  de  Covent-Garden  ,  à 
Londres,  naquit  dans  cette  ville  en  1716. 
Elle  était  fille  d'un  tapissier,  et  sœur  du 
docteur  Arne  qui  lui  enseigna  la  musique, 
et  la  fit  débuter  dans  un  de  ses  opéras , 
représenté  au  tbéâtre  de  Hay-Market. 
Handel  l'aimait  beaucoup  ,  et  a  composé 
pour  elle  un  des  airs  du  Messie.  Burney 
dit  que  quoiqu'elle  n'eût  que  des  connais- 
sances médiocres  en  musique,  elle  savait 
intéresser  les  auditeurs  par  sa  profonde 
sensibilité  et  son  intelligence.  En  1734, 
elle  épousa  Théophile  Cibber,  comédien  et 
auteur  dramatique,  qui  lui  fit  abandon- 
ner l'Opéra  deux  ans  après  ,  et  la  fit  dé- 
buter dans  la  tragédie ,  où  elle  se  fit  une 
grande  réputation.  Elle  a  traduit  en  an- 
glais  la  petite  comédie  de   Y  Oracle  de 


CIE 

Saint-Foix,  qui  fut  jouée  à  son  bénéfice. 
Elle  est  morte  en  1766. 

CIBULKA  ou  ZIBULKA  (m.-à.),  com- 
positeur et  virtuose  sur  l'harmonica,  est  né 
en  Bohême  vers  1770.  Après  avoir  achevé 
ses  études  musicales  à  Prague ,  il  se  fit 
d'abord  connaître  par  son  talent  d'exécu- 
tion ,  puis  par  quelques  légères  composi- 
tions. En  1794  il  accepta  une  place  de  ré- 
pétiteur au   théâtre    national    de  Gratz  ; 
quatre   ans   après    il  était  attaché   à   la 
troupe  de  Bnsehen  ,  qui  jouait  alternati- 
vement à  Bude  et  à  Pesth  ;  il  avait  alors 
la  qualité  de  directeur  de   musique.  En 
1810,  il  dirigeait  au  piano  l'Opéra  dans  la 
dernière  de  ces  villes.  Dlabacz,  qui  écrivait 
en  1815  sur  les  artistes  de  la  Bohême,  ne 
fournit  point  d'autre  renseignement  sur  ce- 
lui qui  est  l'objet  de  cet  article.  On  a  de  Ci- 
bulka    :    1°   Douze    chansons   des  poètes 
célèbres,  avec  accompagnement  de  piano, 
Prague,  in-fol ,  1781  ;  2°  Quatorze  chan- 
sons de  noces  ,  en  allemand  ,  avec  accom- 
pagnement  de  piano  ,    Leipsick  ,    1793  ; 
3°  Danse  allemande  avec  dix-sept  variations 
pour  le  piano  ,  op.  5  ,  Brunswick,  1794; 
4°  Danses  nationales  allemandes  arrangées 
en  quatuors  pour  deux  violons ,  alto  et  basse, 
ibid.  ;  5°  Trois  cantates ,  La  séparation  , 
Lajille  gui  file }  et  Les  souffrances  de 
Lotte ,    pour  voix  seule ,   avec  accompa- 
gnement de  piano  ,  Munich ,  Falter,  1798; 
6°  Les  fruits  de  mes  heures  les  plus  heu- 
reuses,  chansons  pour  le  piano,  Clèves  , 
1799,  7°  Allemandes  faciles,  arrangées 
pour  le  piano  ,  Leipsick  ,  Peters. 

CICONIA  (jesn),  né  à  Liège  au  com- 
mencement du  15e  siècle,  fut  chanoine  à 
Padoue.  Parmi  les  manuscrits  de  la  Bi- 
bliothèque de  Ferrare,  on  trouve  un  opus- 
cule de  Ciconia  intitulé  de  Proportio- 
nibus. 

CIECO  (francesco),  F.  LANDINO 
(francesco  ). 

CIERA  (hippolyte)  ,  dominicain  ,  né  à 
Venise  vers  1512 ,  vivait  encore  en  1569. 
On  a  de  lui  :  Madrigali  del  lahirinto  a 
quattro  voci,  libro  primo,  Venise,  Je- 


CIF 


CIM 


145 


rôme  Scott ,  1554,  in-4°  obi.  C'est  une 
réimpression.  Dans  une  collection  de  ma- 
drigaux qui  a  pour  titre  :  II  bel  Gîardino 
di  fiori  musicali  ,  Venise  ,  1587  ,  on 
trouve  deux  morceaux  de  Ciera. 

CIFOLELLI  (jean)  ,  musicien  italien 
qui  vint  se  fixer  en  France  ,  vers  1764 ,  a 
donné  à  la  Comédie-Italienne  :  1°  L'Ita- 
lienne, opéra-comique  en  un  acte,  paroles 
de  Framery,  en  1770  ;  2°  Perrin  et  Lu- 
celte ,  en  1774.  On  a  aussi  de  lui  une 
Méthode  de  mandoline ,  gravée  à  Paris. 

CIFRA  (antoine)  ,  né  dans  l'état  Ro- 
main ,  vers  1675 ,  fut  élève  de  Palestrina 
et  de  Bernard  Nanino.  Le  premier  emploi 
qu'on  lui  confia  fut  celui  de  maître  de 
chapelle  du  collège  Allemand,  à  Rome. 

11  devint  maître  de  chapelle  à  Lorette , 
vers  1610,  et  fut  admis  à  remplir  les 
mêmes  fonctions  à  Saint-Jean  de  La- 
tran  ,  en  1620.  Il  occupa  cette  place  jus- 
qu'en 1622,  où  il  passa  au  service  de  l'ar- 
chiduc Charles ,  frère  de  l'empereur  Fer- 
dinand II  ;  enfin  ,  en  1629  ,  il  retourna  à 
Lorette  et  y  resta  jusqu'à  sa  mort.  Les 
ouvrages  qu'il  a  publiés  sont  nombreux,  et 
excellens  dans  leur  genre.  Les  plus  connus 
sont  :  1°  Moteltiadue,  tre  e  quattro  voci, 
Venise,  1611  ;  2°  Scherzi  ed  arie  a  1  , 
2 ,  3  e  4  voci y  per  cantar  nel  clavicem- 
balo ,  chitarone  ,  o  altro  simile  istro- 
mento,  Venise,  1614;  3°  Motettie salmo a 

12  voci,  a  trecori,  Venise,  1629  ;  4°  Plu- 
sieurs recueils  de  madrigaux  imprimés  à 
Venise  depuis  1616,  jusqu'en  1623. Le  Père 
Martini  a  inséré  un  Agnus  Dei  à  sept  voix 
de  Cifra  ,  tiré  de  la  messe  Conditor  aime 
siderum,  dans  son  essai  sur  le  contrepoint, 
t.  I,  p.  88.  C'est  un  chef-d'œuvre  de  dis- 
position et  d'élégance  dans  le  style  du  con- 
trepoint fugué.  Les  autres  ouvrages  de  ce 
compositeur  sont  ceux  dont  les  titres  sui- 
vent: 1° Cinq  livres  de  motets  à  deux,  trois 
et  quatre  voix,  Rome,  Soldi,  1600-1609  j 
2°  Salmiper  li  vespri,  trois  livres,  Rome, 
1601-1609  ;  3°  Salmi  e  motelti  a  8  voci, 
Rome,  Zanetti,  1610 j  4°  Madrigali  a 
cinque  voci,  trois  livres,  Venise,  Vincenti, 

tome  m. 


1610-1615;  5°  Salmi  spezzati  a  4  voci, 
Rome,  Robletti,  1611  ;  6°  Litanie  a  8-12 
voci,  Rome ,  1613  ;  7°  Cinque  libri  di 
Messe,  Rome,  Soldi,  1619  à  1625; 
8°  Ricercari  e  canzonifrancesi  a  4  voci, 
deux  livres,  Rome,  Soldi,  1619;  9°  Mo- 
letti  ai,  5,6,8  voci,  Rome ,  Robletti , 
1620;  10°  Antifofie  e  motelti  per  iutto 
l'anno al,  3,  4,  5  voci,  Rome,  Grignani, 
1625.  Après  la  mort  de  Cifra,  Antoine 
Poggioli  a  fait  imprimer  à  Rome,  en  1638, 
dix  suites  de  concerti  ecclesiastici,  com- 
posés par  ce  musicien ,  et  contenant  plus 
de  deux  cents  motets.  On  y  trouve  le  por- 
trait de  Cifra  à  l'âge  de  quarante-cinq  ans. 
CIMA  (jean-paul)  ,  excellent  organiste 
et  maître  de  chapelle  de  l'église  de  Saint- 
Celse,  à  Milan  ,  naquit  vers  1570.  Il  fut 
renommé  principalement  pour  la  compo- 
sition des  canons  ;  le  P.  Angleria  en  a  in- 
séré quelques-uns  dans  ses  Regole  del  con- 
trappunto.  Le  P.  Martini  en  rapporte  un 
fort  ingénieux  dans  son  Essai  fondamen- 
tal pratique  de  contrepoint  fugué.  On  a 
imprimé  les  ouvrages  suivans  de  Cima  : 
1°  Motetti  a  quattro,  Milan,  1599 j 
2°  Ricercate  per  l'organo,  ibid.,  1602; 
5°  Canzoni,  consequenze,  e  contrappunti 
doppii,  a  2,  5  e  4,  Milan,  1609  ;  4°  Con- 
certi ecclesiastici  al,  2, 3,  4,  5  e  8  voci, 
con  partitura,  Milan  ,  1610. 

CIMA  (andre),  frère  du  précédent,  na- 
quit à  Milan,  vers  la  fin  du  16e  siècle.  Il  fut 
d'abord  organiste  et  maître  de  chapelle  à 
l'église  délia  Rosa,  à  Milan,  et  ensuite 
maître  de  chapelle  de  l'église  de  Sainte- 
Marie,  à  Bergame,  l'un  des  postes  les  plus 
éminens  que  pût  obtenir  alors  un  compo- 
siteur en  Italie.  On  a  de  sa  composition  : 
1°  Concerti  a  2,  3  e  4  voci,  lib.  1,  Milan, 
1614 ;  2°  Concerti  al,  3  e  4  voci,  lib.  2, 
Venise,  1627. 

Un  autre  compositeur  du  nom  de  Cima 
(Annibale),  a  composé  des  madrigaux,  dont 
quelques-uns  ont  été  insérés  dans  le  re- 
cueil qui  a  pour  titre  :  De'  Floridi  vir- 
tuosid'Italia  il  terzo  libro  de'  madrigali 
a  cinque  vocinuovamente  composti  e  dali 
10 


146 


CIM 


CIM 


in  luce.  In  Venezia  presso  Giacomo  Vi- 
Cenli,  1586,  in-4°. 

Cl  MA  (jean-baptjste)  ,  organiste  de 
l'église  de  Saint-Nazario,  à  Milan,  naquit 
dans  les  dernières  années  du  16e  siècle. 
Vers  la  fin  de  sa  vie,  il  se  retira  à  Scon- 
drio ,  petite  ville  de  la  Valtelinc,  où  il 
mourut  à  l'âge  de  soixante  ans.  On  a  im- 
primé de  sa  composition  deux  livres  de 
çonçerti ,  à  deux  ,  trois  et  quatre  parties, 
JJlilan  ,1626.  Cima  était  aussi  astrologue 
et  constructeur  de  cadrans  solaires.  Le 
catalogue  de  la  bibliothèque  du  roi  de  Por- 
tugal indique  deux  livres  de  motets  à  qua- 
tre voix,  composés  par  cet  auteur. 

CIMA  (tullio)  ,  né  à  Roncilio  ,  vers  la 
fin  du  16e  siècle,  a  publié  à  Venise  :  Sa- 
cres çanliones,  magnificat,  etc.,  2,  3  et  4 
vocum,  lib.  1. 

CIMADOR  (jean-baptiste)  ,  né  à  Ve- 
nise, en  1761,  d'une  famille  noble,  se  li- 
vra fort  jeune  à  l'étude  de  la  musique  ,  et 
devint  également  habile  sur  le  violon,  sur 
le  violonci-lle  et  sur  le  piano.  En  1788 ,  il 
fit  représenter  dans  sa  ville  natale  un  in- 
termède intitulé  Pimmaglione,  qui  fut  fort 
applaudi;  mais  on  dit  que  nonobstant  les 
éloges  qu'on  donna  à  son  ouvrage,  Cima- 
dor  en  fut  si  mécontent ,  qu'il  renonça  à 
composer.  La  partition  de  cet  intermède 
est  à  la  bibliothèque  du  Conservatoire  de 
Paris  ;  je  l'ai  parcourue,  et  j'ai  trouvé  que 
c'est  en  effet  un  ouvrage  médiocre.  On 
s'est  servi  des  paroles  de  plusieurs  scènes 
de  cet  intermède  dans  l'opéra  de  Pimma- 
glione que  M.  Cherubini  a  mis  en  musi- 
que pour  la  cour  de  Napoléon.  Cimador  se 
fixa  à  Londres,  vers  1791,  et  s'y  livra  à 
l'enseignement  du  chant.  Irrité  de  ce  que 
l'orchestre  de  Hay-Market  refusait  d'exé- 
cuter les  belles  symphonies  de  Mozart,  à 
cause  de  leur  difficulté,  il  en  arrangea  six 
des  plus  belles  en  sex'uor  pour  deux  vio- 
lons ,  deux  altos ,  violoncelle  et  contre- 
basse, avec  une  partie  de  flûte  ad  libitum. 
Cette  collection,  qui  fait  honneurau  goût 
et  à  l'intelligence  de  Cimador,  eut  le 
plus  grand  succès.  On  connaît  aussi  de  ce 


compositeur  quelques  morceaux  pour  le 
chant,  gravés  à  Londres;  de  plus:  Deux  duos 
pour  deux  violons,  et  deux  duos  pour  violon 
et  alto.  Il  est  mort  à  Londres  ,  vers  1808. 
L'almanach  théâtral  de  Gotha,  de  1799, 
lui  donne  le  titre  de  comte  de  Cimadçr. 

CIMAROSA  (Dominique),  génie  fécond, 
original,  et  l'un  des  plus  grands  musiciçn9 
qu'ait  produits  l'Italie  ,  naquit  à  Avcrsa  , 
dans  le  royaume  de  Naplcs  ,  en  1734 ,  de 
parens  pauvres  et  obscurs.  Son  père,  qui 
avait  été  se  fixer  à  Naples  en  1757,  mou- 
rut en  1761,  laissant  une  veuve  et  son  fils, 
âgé  de  sept  ans  ,  dans  un  état  voisin  de  la 
misère.  La  mère  de  Cimarosa,  dépourvue 
de  moyens  pour  élever  son  fils  ,  le  recom- 
manda à  la  pitié  de  son  confesseur,  le  père 
Porzio,  moine antonin.  Celui-ci  commença 
à  lui  donner  quelques  leçons  de  latinité  : 
mais  bientôt  frappé  de  l'esprit  et  des  heu- 
reuses dispositions  de  son  élève,  il  offrit  à 
sa  mère  de  se  charger,  non  seulement  de  son 
instruction  ,  mais  aussi  de  son  entretien. 

Par  un  heureux  hasard,  le  père  Porzio 
était  organise  de  son  couvent,  et  s'amu- 
sait souvent  dans  sa  cellule  à  jouer  du  cla- 
vecin et  à  chauler  en  s'accompagnant.  Le 
jeune  Cimarosa  ne  le  quittait  pas.  Les  oc- 
casions fréquentes  qu'il  eut  ainsi  d'enten-» 
dre  de  la  musique  éveillèrent  son  génie, 
et  révélèrent  sa  vocation.  Le  bon  moine  ne 
tarda  pointa  s'apercevoir  de  la  passion  de 
son  pupille  pour  l'art  qu'il  cultivait.  11  lui 
en  enseigna  les  premiers  élémens ,  lui  fit 
ensuite  donner  des  leçons  de  chant  par 
Aprile,  cl  le  fit  enfin  entrer  au  Conserva- 
toire de  Lorelfe.  Là  il  puisa  les  principes 
de  l'école  de  Durante  dans  les  leçons  de 
Fenaroli,  et  acquit  ce  style  pur  et  élégant 
qu'ont  eu  tous  les  maîtres  sortis  des  Con^ 
servaloires  de  Naples,  dans  le  18e  siècle. 

Ses  premières  compositions  annonçaient 
ce  qu'il  devait  être  un  jour  :  on  y  trouvait 
déjà  l'imagination  brillante  et  les  chants 
heureux  qui  abondent  dans  tous  ses  ou- 
vrages. Outre  les  talens  qu'il  manifestait 
comme  compositeur,  il  jouait  bien  du  vio- 
lon, et  chantait  parfaitement,  surtout  dans 


CIM 

le  genre  bouffe.  On  rapporte  que  Sacchini, 
ayant  composé  un  intermède  intitulé  Fva 
Donato,  le  fit  exécuter  au  Conservatoire, 
et  que  Cimavosa }  qui  n'était  alors  âgé 
que  de  douze  ans,  joua  le  personnage 
principal  avec  un  talent,  une  verve,  qui 
furent  admirés  de  tous  les  spectateurs. 

A  peinesorti  du  Conservatoire,  en  1775, 
il  reçut  un  engagement  pour  écrire  la  mu- 
sique d'une  farce  intitulée  La  Bavonessa 
Slvamba  :  cette  première  production  fut 
considérée  comme  un  prodige,  à  cause  de 
son  âge  (il  avait  à  peine  dix-neuf  ans). 
L'année  suivante,  il  alla  à  Rome,  où  il 
composa  L'Italiana  in  Londva.  Après  le 
carnaval,  il  retourna  à  Naples,  et  donna 
au  Tealvo  Nuovo  Lafinta  Fvascatana  , 
et  Lafinta  Pavigina.  En  1775,  il  écrivit 
Il  fanalico  pev  gli  antichi  Romani,  pour 
le  théâtre  des  Florentins.  Déjà  Piccini 
avait  donné  l'idée  des  finali,  mais  c'est 
dans  l'opéra  qui  vient  d'être  cité  que  Cima- 
rosa  fit  entendre,  pour  la  première  fois, 
des  trios  et  des  quatuors  dans  le  cours  de 
l'action.  En  1776,  il  retourna  à  Rome, 
où  il  composa  II  Pittov  pavigino ,  et  I 
due  Bavoni. 

Chaque  ouvrage  nouveau  de  Cimarosa 
lui  valait  un  succès ,  et  le  goût  capricieux 
des  Romains  semblait  se  fixer  en  sa  faveur. 
A  son  retour  à  Naples,  il  trouva  les  habi- 
lans  dans  l'enthousiasme  des  dernières 
compositions  de  Paisiello, et  il  eut  à  lutter 
contrôla  réputation  de  ce  grand  musicien  ; 
mais  déjà  le  talent  de  Cimarosa  était 
dans  toute  sa  force  :  il  ne  craignit  point 
de  se  mesurer  avec  son  redoulable  émule. 
A  peine  fut-il  arrivé  (en  1777),  qu'il  écri- 
vit pour  le  théâtre  des  Florentins  I  Jinti 
nobili ;  L'Avmida  immaginavia;  et  Gli 
Amanli  comici.  Tous  ces  ouvrages  réus- 
sirent, et  l'on  ne  savait  ce  qu'on  devait  ad- 
mirer le  plus  ,  ou  d'une  fécondité  presque 
sans  exemple ,  ou  de  l'invention  qui  bril- 
lait dans  tout  ce  qui  sortait  de  la  plume 
de  ce  jeune  musicien.  Cimarosa  retourna 
à  Rome  en  1779  ;  il  y  mit  en  musique  II 
Rilovno  di  don  Calandvino,  et  son  fameux 


CIM 


147 


Cajo  Mavio ,  l'une  de  ses  plus  belles  pro- 
ductions. Dans  la  même  année,  //  meveato 
de  Malmanlile,  YAssalonle  et  La  Giu- 
ditta  obtinrent  beaucoup  de  succès  à  Flo- 
rence. 

De  retour  à  Naples,  en  1780,  il  écrivit 
pour  l'ouverture  du  théâtre  Del  Fondo, 
L'lnfedeltàfedele,Il  Falegname,  cl  L'A- 
mante combaltulo  dalle  donne  di  punto, 
pour  le  théâtre  des  Florentins.  En  1781, 
il  donna  à  Rome  Y Alessandvo  nell'  In- 
die,  et  à  Turin,  YAvlasevse.  L'année 
suivante,  il  alla  à  Venise,  où  il  écrivit  II 
Convito  di  pietva.  Cet  ouvrage  excita  un 
tel  enthousiasme,  qu'à  la  fin  de  la  première 
représentation  l'auteur  fut  ramené  chezlui 
en  triomphe  à  la  lueur  des  flambeaux.  Re- 
venu à  Naples  ,  il  y  composa  son  délicieux 
opéra  de  La  Ballevina  amante,  et  Nina 
e  Mavliiffb ,  pour  le  théâtre  des  Floren- 
tins; La  yillana  viconosciuta,  pour  celui 
del  Fondo;  X O veste  et  L'Evoe  Cinese , 
pour  le  Grand-Théâtre.  En  1784,  on  le 
trouve  à  Viccnce ,  composant  son  Olim- 
piade  pour  l'ouverture  du  nouveau  théâtre 
de  la  Foire,  et  ensuite  à  Milan ,  où  il  fait 
représenter  /  due  supposti  Conti.  Enfin, 
l'année  suivante,  il  revint  à  Naples  pour  y 
faire  représenter  son  opéra  de  Gianniua  e 
Bevnadino,  qu'il  avait  composé  précédem- 
ment à  Venise,  et  auquel  il  ajouta  plu- 
sieurs morceaux.  Il  donna  ensuite  II  ma- 
vilo  dispevato,  au  théâtre  des  Florentins, 
la  fameuse  farce  àellCvedulo,  La  Donna 
alpeggiov  si  appigli,  Le  Tvame  deluse  et 
L'Impvessavio  in  anguslie ,  au  théâtre 
Nuovo ,  Il  Fanalico  lui  lato  et  11  Sacvifi- 
zio  d Abvamo ,  au  théâtre  del  Fondo. 

Tant  de  productions ,  étincelantes  de 
beautés  du  premier  ordre,  portaient  la  ré- 
putation de  Cimarosa  dans  toute  l'Europe. 
L'impératrice  de  Russie,  Catherine  II,  lui 
fit  offrir  un  engagement  pour  se  rendre  à 
sa  cour,  avec  le  titre  de  compositeur  de  sa 
chambre  et  du  théâtre  Impérial.  Les  avan- 
tages pécuniaires  dont  on  accompagnait 
celle  offre,  déterminèrent  Cimarosa  à  l'ac- 
cepter, et  il  partit  de  Naples  au  commen- 
10' 


148 


CIM 


ment  de  1787.  Forcé  de  s'arrêtera  Turin, 
il  y  écrivit  11  Valdomiro ,  composition 
admirable  qui  fut  applaudie  avec  transport. 
Arrivé  à  la  cour  de  Catherine  ,  il  se  mit  à 
travailler  aussitôt  ;  La  Vergine  del  Sole, 
La  Félicita  inaspettala,  la  Cleopatra 
et  YAtene  edificata,  sortirent  en  peu  de 
temps  de  sa  plume  ;  mais  ce  qu'on  peut 
à  peine  croire,  c'est  que  près  de  cinq  cents 
morceaux  détachés  furent  composés  par 
lui ,  pour  le  service  de  la  cour,  dans  l'es- 
pace de  quatre  ans.  Il  écrivit  aussi  pour  le 
prince  Potemkin ,  une  grande  cantate 
intitulée  :  La  Serata  non  préveduta.  Les 
principaux  seigneurs  russes  l'accablèrent 
de  présens  et  de  caresses  ,  et  Paul  Ier  lui 
fit  l'honneur  d'être  parrain  d'un  de  ses  en- 
fans. 

Cependant  la  santé  de  Cimarosa  com- 
mençait à  souffrir  de  la  rigueur  d'un  cli- 
mat si  différent  de  celui  qui  l'avait  vu 
naître  :  ce  motif  le  détermina  à  quitter  la 
Russie,  pour  aller  à  Vienne.  Il  y  arriva 
vers  la  fin  de  1792.  L'empereur  d'Autri- 
che ,  Léopold ,  qui  désirait  l'attacher  à  sa 
cour,  lui  assura  un  traitement  de  12,000 
florins;  lui  assigna  un  logement  et  lui 
donna  le  titre  de  maître  de  chapelle.  Ce  fut  à 
Vienne  qu'il  écrivit  son  opéra//  Matrimo- 
nio  segreto ,  qu'on  regarde  généralement 
comme  son  chef-d'œuvre.  Il  avait  alors 
trente-huit  ans,  et  en  avait  employé  moins 
de  dix-sept  à  écrire  près  de  soixante  et  dix 
ouvrages  dramatiques ,  outre  une  prodi- 
gieuse quantité  de  musique  de  tout  genre. 
Ainsi ,  c'est  lorsque  tant  de  productions 
semblaient  avoir  dû  épuiser  son  génie  qu'il 
enfanta  ce  chef-d'œuvre,  dont  tous  les 
morceaux  peuvent  être  cités  comme  des 
modèles  de  formes ,  d'élégance  et  d'origi- 
nalité. L'effet  de  la  première  représenta- 
tion fut  tel ,  que  l'empereur ,  après  avoir 
donné  à  souper  aux  acteurs  et  aux  musi- 
ciens de  l'orchestre,  les  renvoya  sur-le- 
champ  au  théâtre  pour  lui  donner  une 
deuxième  représentation,  à  laquelle  il  ne 
prit  pas  moins  de  plaisir  qu'à  la  première. 
Jamais  ouvrage  dramatique  n'avait  produit 


CIM 

un  pareil  effet  à  Vienne  ;  car  Mozart ,  qui 
venait  de  mourir,  n'avait  point  vu  le  suc- 
cès des  siens  ;  succès  qui  ne  commença  que 
plusieurs  années  après  sa  mort.  Avant  de 
quitter  Vienne,  Cimarosa  composa  encore 
pour  l'empereur  La  Calamità  de'  cuori , 
et  Amor  rende  sagace. 

Après  six  ans  d'absence ,  il  arriva  à  Na- 
ples  en  1793.  La  renommée  de  son  Ma- 
trimonio  segreto  l'y  avait  précédé ,  et  ce 
fut  cet  ouvrage  qu'on  lui  demanda  d'abord. 
Il  y  ajouta  plusieurs  morceaux,  entre 
autres  le  duo  Deh  !  Signore.  Jamais 
opéra  n'excita  un  plus  vif  enthousiasme. 
Soixante-sept  représentations  suffirent  à 
peine  à  l'empressement  du  public ,  et ,  ce 
qui  était  sans  exemple ,  l'illustre  composi- 
teur fut  obligé  de  tenir  le  clavecin  aux 
sept  premières  ,  pour  y  recevoir  les  témoi- 
gnages de  l'admiration  générale.  /  Traci 
amanti  succédèrent  à  cette  belle  compo- 
sition ,  et  furent  suivis  de  Le  Astuziefem- 
minili ,  de  Pénélope  et  deL'Impegno  su- 
perato,  que  Cimarosa  écrivit  pour  le  théâtre 
del  Fondo.  En  1796 ,  il  alla  à  Rome ,  et 
y  composa  /  nemici  generosi.  De  là ,  il  se 
rendit  à  Venise  pour  y  écrire  Gli  Orazi  e 
Curiazi.  Retourné  à  Rome,  en  1798  ,  il  y 
fit  représenter,  pendantle  carnaval  Achille 
ail'  assedio  di  Troia,  et  L'Imprudente 
Jbrtunato.  Dans  la  même  année,  il  donna 
à  Naples,  au  théâtre  des  Florentins,  L'Ap- 
prensivo  raggirato,  qui  fut  suivi  d'une 
grande  cantate  intitulée  La  Félicita  com- 
pila. Une  maladie  grave  le  conduisit  aux 
portes  du  tombeau,  dans  l'été  de  la  même 
année.  A  peine  rétabli ,  il  partit  pour  Ve- 
nise, où  il  avait  un  engagement  pour  y 
écrire  VArtemisia  ;  mais  il  n'eut  point  le 
temps  d'achever  cet  ouvrage,  car  il  mourut 
après  en  avoir  composé  le  premier  acte,  le 
11  janvier  1801 ,  à  l'âge  de  quarante-sept 
ans. 

Des  bruits  singuliers  ont  couru  sur  la 
mort  de  ce  grand  musicien.  Il  avait  em- 
brassé vivement  le  parti  de  la  révolution 
napolitaine,  lors  de  l'invasion  du  royaume 
de  Naples  par  l'armée  française.  Après  la 


CIM 


CIM 


149 


réaction ,  il  fnt ,  dit-on ,  emprisonné  par 
ordre  de  la  reine  Caroline ,  et  les  journaux 
du  temps  ont  annoncé  qu'il  avaitsuccombé 
aux  mauvais  traitemens  qu'on  lui  fit  éprou- 
ver dans  sa  prison.  Il  paraît  que  l'opinion 
publique  en  Italie  accusait  hautement  le 
gouvernement  de  cet  attentat.  Le  lieu  de 
son  décès  n'était  pas  bien  connu  :  les  uns 
assuraient  qu'il  avait  été  étranglé  ;  d'au- 
tres qu'il  était  mort  empoisonné  à  Padoue. 
Enfin  la  cour,  qui  voulait  détruire  cette 
fâcheuse  impression ,  fit  publier  l'avis  sui- 
vant :  <t  //  fu  signore  Domenico  Cinia- 
«  rosa ,  maestro  di  cappella,  e  passato 
«  qui  in  Venezia  agli  eterni  riposi,  il 
«  giorno  undici  di  gennaro  dell'  anno 
«  corrente }  in  consequenza  di  un  tu- 
o  more  che  avea  al  basso  ventre,  in 
«  quale  dallo  stato  scirroso  e  passato 
«  allô  stato  cancrenoso.  Tanto  attesto 
«  sul  mio  onore  e  per  la  pura  verilà, 
«  edinfede,etc.  Venezia,  il 5  apr.  1801. 
«  Signé  :  D.  Giovanni  Piccioli ,  Beg. 
a  Deleg.  e  medico  onorario  di  Sua  San- 
«  tita  di  N.  S.  Pio  VU  '.  » 

Cimarosa  était  excessivement  gros,  mais 
sa  figure  était  belle  et  son  aspect  agréable. 
Il  avait  beaucoup  d'esprit  ,  et  faisait  fort 
bien  des  vers.  Il  avait  été  marié  deux  fois  : 
sa  première  femme ,  Mademoiselle  Bal- 
lante, mourut  en  lui  donnant  un  fils  ;  la 
seconde  perdit  aussi  le  jour  après  lui  avoir 
donné  deux  enfans. 

Trois  grands  compositeurs  ,  Cimarosa  , 
Guglielmi  et  Paisiello  ont  illustré  l'Italie 
à  la  même  époque.  La  manie  qu'on  a  de 
comparer  des  choses  qui  ont  entre  elles 
peu  d'analogie ,  a  fait  souvent  établir  des 
parallèles  entre  les  productions  de  ces  mu- 
siciens ;  mais  personne  n'a  songé  à  distin- 
guer les  qualités  qui  sont  propres  à  chacun. 
Des  hommes  doués  d'un  génie  égal  diffèrent 
nécessairement  par  quelque  endroit  ;  ce  qui 


fait  la  gloire  de  l'un  ne  brille  souvent  d'un 
vif  éclat  qu'aux  dépens  de  quelque  autre 
chose  par  où  son  rival  s'est  illustré.  C'est 
ainsi  que  Cimarosa  se  distingue  par  sa 
verve  comique  et  sa  piquante  originalité , 
tandis  que  Paisiello,  moins  bouffe  et  moins 
brillant ,  charme  par  la  suavité  de  ses 
mélodies ,  et  surtout  par  une  expression  dra- 
matique supérieure  à  celle  de  son  émule. 
Paisiello  semble  n'abandonner  ses  idées 
qu'à  regret  ;  il  répète  souvent  les  mêmes 
phrases  jusqu'à  l'affectation ,  sans  varier 
l'harmonie  ni  les  ornemens  :  cependant  il 
tire  les  plus  beaux  effets  de  ces  redites. 
Cimarosa  ,  au  contraire,  comme  s'il  se  fa- 
tiguait de  ses  propres  idées ,  les  fait  se 
succéder  avec  une  abondance  qui  tient  du 
prodige,  et  nous  entretient  ainsi  dans  une 
sorte  de  délire  continuel.  Qu'en  peut-on 
conclure?  que  tous  deux  sont  de  grands 
musiciens  d'une  manière  différente.  Eh  ! 
qu'importe, après  tout,  cette  prééminence 
qu'on  veut  donner  à  l'un  aux  dépens  de 
l'autre!  Ce  qui  importe,  c'est  que  tous 
deux  nous  procurent  des  jouissances ,  et 
nous  n'avons  rien  à  désirer  sous  ce  rap- 
port. Qui  songe  à  autre  chose  qu'à  Nina 
et  à  Megacle  lorsqu'on  entend  leurs  ac- 
cens?  qui  a  jamais  désiré  que  Carolina, 
Paolino  et  Bemadone  eussent  un  autre 
langage?  Le  duo  del'Olimpiade,  estle  chef- 
d'œuvre  des  duos  dramatiques, comme  Pria 
che  spunti  est  le  modèle  des  airs  de  demi 
caractère,  et,  Sei  Morelli,  celui  des  airs 
bouffes. 

Ces  éloges  paraîtront  sans  doute  quel- 
que jour  un  radotage  aux  gens  du  monde, 
qui  n'ont  que  les  sensations  permises 
par  la  mode.  Cette  musique  que  je  vante 
semble  aujourd'hui  trop  simple  d'harmo- 
nie. Déjà  morte  pour  le  théâtre,  elle  ne  vit 
plus  qu'au  salon ,  et  bientôt ,  peut-être , 
elle  sera   complètement  oubliée.  Mais  à 


1  «  Feu  Dominique  Cimarosa  ,  maître  de  chapelle,  est 
«  décédé  en  cette  ville  de  Venise,  le  onze  janvier  de  cetle 
«  année,  par  suite  d'une  tumeur  qu'il  avait  dans  le  bas 
«  ventre  ,  laquelle  de  lVtat  squireux  est  passé  à  l'e'lat 
'*  gangreneji  ;  ce  que  j'atteste  sur  mon  honneur,  etc.  » 


Cette  déclaration  du  me'decin  Piccioli  ne  paraît  pas  avoir 
atteint  le  but  qu'on  se  proposait ,  celui  de  dissiper  les 
soupçons,  car  l'opinion  publique  est  toujours  reste'e  la 
même  sur  le  l'ail  de  la  mort  violente  de  Cimarosa. 


150 


CIM 


CIN 


quelque  époque  que  ce  soit ,  lorsqu'un  véri- 
table connaisseur,  dépouillé  des  principes 
de  l'école  et  des  habitudes  de  l'éducation  , 
jettera  les  yeux  sur  les  partitions  de  Cima- 
rosa,  il  reconnaîtra  que  nul  n'a  reçu  de  la 
nature,  à  un  plus  haut  degré,  les  qua- 
lités qui  font  le  grand  musicien,  et  que  nul 
n'a  mieux  rempli  sa  destinée. 

Je  crois  devoir  finir  cette  notice  par 
la  liste  complète  et  chronologique  des 
œuvres  de  ce  maître  :  1°  La  Baroncssa 
Stramba ,  1773;  2°  L'Italiana  in  Lon- 
dra ,  1774;  5°  La  finta  Frascalana, 
111 '4;  4°  Lafinla  Parigina ,  1774;  5°  Il 
Fanalico  per  gli  antichi  Romani ,  1115  ; 
6°  La  Conlessina ,  1775  ;  7°  II  Giorno 
felice,  cantate,  1115;  8°  Un  Te  Deum, 
1775 ;  9°  //  Pittorparigino,1116  ;  10°  / 
Due  Baroni,  1116  ;  11°  Amor  costante , 
1116  ;  12°  //  Mairimonio  per  induslria , 
1116  ;  13°  Ifinti  nobili ,1111  ;14°  L'Ar- 
mida  immaginaria  ,  1777;  15°  Gli 
Amanti  comici,  1777  ;  16°  II  Duello  per 
complimento ,  1778;  Il a  II  Mairimonio 
per  raggiro,  1778;  18°  La  Circe,  1778  ; 
19°  II  Ritornodi  Don  Calandrino,  1779; 
20°  Des  Litanies,  1779  ;  21°  Cajo  Ma- 
rio, 1779;  22°  //  Mercato  di  Malman- 
tile,  1779;  23°  L'Assalonle,  1779; 
24°  La  Giudilla,oralor\o,1119  ;  25°  L'In- 
fedellàfedele,  1780;  26°  //  Falegname, 
1780;  27°  L' Amante  comballuto  dalle 
donne  di punlo ,  1780  ;  28°  L'Avviso  ai 
maritali,  1780;  29°  //  Trionfo  délia  re- 
ligione,  oratorio,  1780  ;  30°  Alessandro 
nell'  Indie,  1781;31°  L'Artaserse,  1781; 
32°  //  Capricio  dramalico,  1781  ;  53°  // 
martirio  di  S .  Gennaro,  1782;  34°  L'A- 
mor  contras lato ,  1782;  35"  II  Con- 
vito  di  pietra ,  1782;  36°  La  Ballerina 
amante,  1782;  57°  Nina  e  Martuffb , 
1782;  38°  La  Kdlana  riconosciula , 
1783;  39°  L'Oreste,  1783;  40"  L'Eroe 
Cinese,  1783;  41°  Giunio  Bruto,  1783; 
42°  Chi  d'altrui  si  veste  presto  si  spo- 
glia,  1783;  43°  L'OUmpiade,  1784; 
44°  /  due  supposti  Conti ,  1784;  45°  Le 
Statue  parlanli,  1784;  46°  Deux  messes , 


dont  une  de  requiem,  1784;  47°  Gian- 
nina  e  Bernadone,  1785;  48°  Il  Marilo 
disperato,  1785;  49°//  Credulo ,  1785; 
50°  La  Donna  al  peggior  si  appigli , 
1785;  51°  La  Scuffiara,  1785  ;  52»  Gli 
Amanti  alla  prova,  1 786;  53°  La  nascità 
delDelfino,  cantate,  1786;  54°  Le  Trame 
deluse,  1786;  55°  L'Impressario  in  an- 
gustie ,  1786;  56°  Il  Fanatico  burlato , 
1786;  57°  IlSacrifizio  d'Abramo,  1786; 
58°  Il  Valdomiro,  1787;  59°  Le /este 
d'Apollo,  1787  ;  60°  La  Fergine  del 
Sole,  1787  ;  61°  La  Félicita  inaspettata, 
1788  ;  62°  La  Cleopatra,  1788  ;  63°  Messe 
de  Requiem  pour  les  funérailles  de  la  du- 
chesse de  Serra  Capriola,  morte  à  Péters- 
bourg-,  1788;  64°  L'Alêne  edificata, 
1789;  65°  La  Serata  non  prevedula , 
cantate,  1789;  66°  Cinq  cents  morceaux 
détachés  pour  le  service  de  la  cour  de  Rus- 
sie, de  1787  à  1791  ;  67°  //  Mairimonio 
segreto ,  1792;  68°  La  Calamità  de' 
cuori,  1792;  69°  Amor  rende  sagace  , 
1792;  70°  Deux  Dixit,  l'un  pour  l'empe- 
reur d'Autriche,  l'autre  pour  le  prince 
Esterliazi ,  1792;  71°  /  Traci  amanti , 
1793;  72°  Le  Astuzie  feminili ,  1793; 
73°  Pénélope ,  1794  ;  74°  L'Impegno  su- 
perato ,  1795;  75°  i"  Nemici  generosi , 
1796;  76°  Gli  Orazi  e  Curiazi,  1797; 
77°  Acliille  nell'  assedio  di  Troja,  1 798; 
78°  L'Imprudente  forlunalo ,  1798; 
79° L'apprensivo  raggiralo,1198  ;  80° La 
Félicita  compila,  1798  ;  81°  Semiramide, 
1799;  82°  Arlemisia,  1801. 

CIMOSO  (guido),  né  à  Vicence  au 
commencement  de  ce  siècle,  fut  admis 
comme  élève  au  Conservatoire  de  Milan  , 
et  reçut  des  leçons  d'Asioli.  De  retour  dans 
la  ville  natale,  il  s'y  est  livré  à  l'ensei- 
gnement de  la  musique  et  a  publié  un 
livre  qui  a  pour  titre  :  Principi  elemen- 
lari  di  musica  ,  seguendo  il  melodo  di 
Bonijazio  Asioli  ;  A ggiunlevi  alcune 
annolaziani  necessarie  nello  studiare 
quest'  aile.  Vicence,  Picotti,  1829,  in-8° 
de  22  pages. 

CINCIARINO  (pierre),  né  à  Urbino, 


CIN 


CIR 


151 


vers  1510,  entra  d'abord  dans  l'ordre  des 
pauvres  crmiles  de  Saint-Pierre  de  Pise , 
el  passa  ensuite  (vers  1550)  au  couvent  de 
Saint-Sébastien  à  Venise.  II  a  publié  un. 
traité  du  plain-cliant ,  sous  ce  litre  :  In- 
trûdutlôrio  abbreviato  di  mtisica  piana , 
ovvero  canlofermo,  Venise,  1555,  in-4°, 
quarante  pages.  L'épître  dédicatoire  à  Li- 
vio  Podacattaro ,  archevêque  de  Chypre, 
est  datée  du  couvent  délia  Eosa ,  à  Ter- 
rare,  le  25  d'août  1550.  Je  crois  que  cette 
édition  est  la  seconde ,  car  le  titre  porte  : 
rcvislo  e  corretlo.  Il  y  a  une  faute  d'im- 
pression dans  la  Bibliographie  musicale  de 
Lichtenthal  sur  la  date  de  cet  ouvrage 
(t.  IV,  p.  131)j  on  y  voit  1755  au  lieu 
de  1555. 

CINQUE  (ermenegildo),  compositeur 
italien  qui  a  vécu  dans  la  seconde  moitié 
du  18°  siècle  ,  est  connu  par  des  composi- 
tions vocales  et  instrumentales  des  diffé- 
rons genres,  parmi  lesquelles  on  remar- 
que :  1°  Dies  irœ  à  quatre  voix,  avec 
inslrumens;  2°  Des  cantates  à  plusieurs 
voix  et  orchestre,  dont  Angclica  e  Me- 
doro  et  II  Sogno  di  Scipione  ;  3°  Sta- 
bat  mater,  pour  soprano  et  contralto 
avec  orchestre  ;  4°  Tous  les  oratorios  de 
Métastase,  à  plusieurs  voix  et  orchestre; 
5°  Dix- huit  sonates  pour  trois  violon- 
celles. 

C1NTI  (m118  laure-cinthie  montaient, 
dite).  Voy.  DAMOREAU  (M»e). 

CIONACCI  (françois),  prêtre  et  mem- 
bre de  l'académie  JpatistaAc  Florence, 
naquit  en  cette  ville  le  13  novembre  1633, 
et  mourut  le  15  mars  1714.  On  lui  doit 
un  écrit  intitulé  :  Discorso  dell'  origine 
e  progressi  del  canlo  ecclesiastico ,  qui 
fut  mis  comme  préface  à  la  tête  du  livre 
de  Côferati,  intitulé  :  //  canlore  addot- 
irinato,  o  regole  del  canto  corale,  publié 
à  Florence,  en  1682  (  Voy.  MAT.  COFE- 
RATI). Le  discours  de  Cionacci  a  été  im- 
prime séparément  à  Bologne  ,  en  1685. 

CIPOLLA  (antoine);  sous  ce  nom  ,  le 
Giornale  Enciclopedico  de  Naples  de 
1821  (t.  I ,  p.  129),  cite  un  ouvrage  inti- 


tulé :  Nuovo  metodo  di  Canto,  mais  sans 
indication  précise  de  date,  d'éditeur  ni  de 
format. 

Un  autre  musicien  nommé  Cipolla 
(François)  est  indiqué  dans  Y  Indice  de' 
Speltacoli  teatrali,de  1785  jusqu'en  1791, 
comme  un  compositeur  dramatique  ,  né  à 
Naples.  Ce  musicien  était  à  Londres  en 
1786,  et  y  publia  un  recueil  de  six  chan- 
sons anglaises  avec  accompagnement  de 
piano. 

C1PRANDI  (fekdinando),  excellent  té- 
nor italien,  né  vers  1738,  chantaitau  théâ- 
tre de  Londres,  en  1764,  et  montrait  tant 
d'habileté  qu'on  doutait  qu'il  pût  jamais 
être  égalé.  Burney  le  retrouva  à  Milan,  en 
1770  ,  et  conserva  de  lui  la  même  opinion 
après  l'avoir  entendu  de  nouveau.  Il  vivait 
encore  en  1790. 

CIRILLO  (bernardin),  né  à  Aquila , 
dans  l'Abruzze,  vers  1500,  fut  secrétaire 
de  la  Chambre  royale  à  Naples.  Il  passa 
ensuite  à  Rome ,  et  y  devint  protonotairé 
et  secrétaire  apostolique,  archi-prêlrc  dé 
la  Sanla-Casa  de  Loretle ,  chanoine  de 
Sainte- Marie-Majeure,  et  enfin,  sous 
Paul  IV,  commandeur  de  l'hôpital  du 
St.-Espritin  Saxia.  Il  mourut  à  soixante- 
quinze  ans,  le  13  juillet  1575.  Selon  Pos- 
sevin  (  Appar.  Sac,  p.  223,  t.  I) ,  il  a 
écrit  en  italien  une  épître  à  Ugolin  Guat- 
ter  Sur  la  décadence  de  la  musique 
d'église. 

CIRILLO  (françois),  compositeur  dra- 
matique qui  vivait  à  Naples  vers  le  milieu 
du  17°  siècle,  s'est  fait  connaître  par  deux 
opéras  représentés  dans  celte  ville  : 
1°  Orontea ,  Regina  d'Egilto  7  1654  ; 
2°  //  Ratio  di  Elena  ,  1655. 

CIRILLO  (dominiqoe), professeur  d'his- 
toire naturelle  et  de  médecine  théorique, 
naquit  à  Grugno,  petite  ville  du  royaume 
de  Naples,  en  1734.  Il  jouissait  d'une 
haute  réputation  de  savoir  et  d'un  bonheur 
tranquille,  quand  la  révolution  de  Naples, 
à  laquelle  il  prit  part  en  1799,  d'abord 
comme  représentant  du  peuple,  ensuite 
comme  président  de  la  Commission  légis- 


152 


CLA 


lative,  le  conduisit  à  l'échafaud,  an  mépris 
d'one  capitulation  dans  laquelle  il  avait 
été  compris  au  moment  de  la  réaction.  Au 
nombre  des  ouvrages  de  ce  savant  est  une 
lettre  qu'il  écrivit  au  docteur  William 
Watson  sur  la  Tarantule ,  et  dont  la 
traduction  anglaise  a  été  publiée  en 
1770,dansles  Transactions  philosophiques 
(p.  233  à  238),  sous  ce  titre  :  Some  ac- 
countqfthe  manna  Iree  and  qf  the  Ta- 
rantula,  a  letter  to  D.  William  Watson. 
Cirillo  se  prononce  dans  cette  lettre  contre 
la  réalité  des  effets  de  la  piqûre  de  la  ta- 
rantule, et  de  la  guérison  du  mal  par  la 
musique. 

CIRRI  (jean-baptiste),  violoncelliste, 
né  à  Forli  ,  vers  1740,  a  demeuré  long- 
temps en  Angleterre.  Son  premier  œuvre, 
qui  consistait  en  quatuors  pour  deux  vio- 
lons, alto  et  violoncelle,  a  paru  à  Florence, 
en  1763.  11  fut  suivi  de  seize  autres  œu- 
vres, composés  également  de  quatuors,  qui 
ont  été  publiés  à  Florence,  à  Paris  et  à  Lon- 
dres. Son  œuvre  dix-huitième,  composé  de 
six  trios  pour  violon  ,  alto  et  violoncelle , 
a  paru  à  Venise,  en  1791. 

CIRUELO  (pierre),  né  dans  le  15e  siè- 
cle, à  Daroca,  dans  F  Aragon  ,  fut  d'abord 
professeur  de  théologie  et  de  philosophie  à 
l'université  d'Alcala  ,  et  ensuite  chanoine 
à  la  cathédrale  de  Salamanque.  Il  mourut 
en  cette  ville  vers  1580 ,  âgé  d'environ 
cent  ans.  On  a  de  lui  :  Cursus  quatuor 
mathematicarum  artium  liberalium , 
Alcala  de  Henarès,  1516,  în-fol.  La  mu- 
sique est  l'une  des  sciences  mathématiques 
dont  il  est  traité  dans  cet  ouvrage. 

CLAEPIUS  (guillaume-hermann),  di- 
recteur des  chœurs,  chanteur  et  acteur  au 
théâtre  de  Magdebourg ,  né  à  Cœthen  ,  le 
20  août  1801,  a  écrit  la  musique  de  quel- 
ques mélodrames. 

CLAGGET  (charies),  compositeur  et 
acousticien  ,  est  né  à  Londres  vers  1755. 
Doué  d'une  imagination  inventive  ,  il  em- 
ploya presque  toute  sa  vie  et  dissipa  une 
fortune  assez  considérable  à  la  recherche 
de  nouveaux  instrumens  de  musique,  ou 


CLA 

à  essayer  de  perfectionner  ceux  qui  étaient 
déjà  connus.  Dès  1789  il  avait  réuni  la 
collection  des  instrumens  qu'il  avait  in- 
ventés ou  modifiés  ,  au  nombre  de  treize 
pièces ,  sous  le  nom  de  Musée  national. 
Le  public  était  admis  à  voir  cette  collection 
chez  lui  depuis  midi  jusqu'à  4  heures.  De 
temps  en  temps  il  faisait  aussi  entendre 
ces  instrumens  dans  des  salles  de  concert  : 
des  exhibitions  de  ce  genre  eurent  lieu  à 
Hannover-Square  jusqu'en  1791.  Les  piè- 
ces contenues  dans  le  Musée  de  Clagget 
étaient  :  1°  Le  Teliochorde  f  instrument 
à  clavier  qui  était  accordé  sans  aucune  con- 
sidération de  tempérament  et  sur  lequel 
les  différences  enharmoniques  de  ut  dièse 
à  ré  bémol  ,  de  ré  dièse  à  mi  bémol ,  etc., 
se  faisaient  sentir  au  moyen  d'une  pédale; 
2°  Un  cor  double ,  où  les  deux  tons  de  ré 
et  de  mi  bémol  étaient  accolés  sur  le  même 
instrument  de  manière  à  donner  en  sons 
ouverts  tous  les  demi-tons  de  la  gamme 
chromatique ,  par  une  clef  qui  mettait  en 
communication  l'embouchure  avec  l'un  ou 
l'autre  cor  à  volonté.  Mortellari  a  exécuté 
un  solo  dans  un  concert  sur  cet  instru- 
ment devenu  inutile  depuis  l'invention  du 
cor  à  pistons  ;  5°  Un  clavecin  dont  le  cla- 
vier avait  toutes  ses  touches  sur  le  même 
plan;  fausse  idée  qui  avait  pour  objet  de 
faciliter  l'exécution  ,  et  qui  la  rendait  en 
effet  plus  difficile  ;  4°  Un  orgue  métalli- 
que ,  composé  de  fourches  d'acier  mises  en 
vibration  par  le  frottement  ;  5°  Un  petit 
appareil  à  accorder ,  composé  de  trois  dia- 
pasons divisés  en  demi  tons  et  tons  et  dont 
les  intonations  variaient  au  moyen  de  piè- 
ces mobiles  qu'on  vissait  ou  dévissait  à 
volonté.  C'est  par  le  même  procédé  que 
M.  Matrot  a  fait  postérieurement  son 
diapason  comparatif.  Les  autres  objets 
inventés  par  Clagget  consistaient  en  acces- 
soires pour  divers  instrumens  d'assez  peu 
d'importance.  Ce  musicien  s'est  fait  aussi 
connaître  comme  compositeur  par  divers 
ouvrages,  parmi  lesquels  on  remarque  : 
1°  Six  duos  pour  deux  violons  ,  Londres  , 
Prcston  ;  2°  Six  duos  pour  violon  et  violon- 


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CLA 


153 


celle,  op.  5,  ibid.;  5°  Six  duos  poar  deux 
flûtes  ,  ibid. 

CLAIRVAL  (jean-baptiste  '  ) ,  acteur 
célèbre  de  l'Opéra-Comique  et  de  la  Comé- 
die Italienne  ,  est  né  à  Etampes  le  27  avril 
1737  ,  et  non  à  Paris,  vers  1740  ,  comme 
il  est  dit  dans  la  Biographie  universelle 
et  portative  des  Contemporains.  Fils  d'un 
perruquier  ,  il  exerça  d'abord  l'état  de  son 
père  ;  mais  son  goût  et  ses  heureuses  dis- 
positions pour  le  théâtre  lui  firent  aban- 
donner cette  profession.  Il  n'était  âgé  que 
de  vingt  ans  lorsqu'il  débuta  à  l'Opéra- 
Comiqne  de  la  foire  Saint-Laurent,  en 
1758.  Clairval  n'était  pas  musicien,  mais 
il  possédait  une  voix  agréable  ,  un  instinct 
naturel  et  un  accent  expressif.  D'ailleurs, 
son  intelligence  de  la  scène  était  parfaite, 
sa  figure ,  belle  et  régulière ,  sa  physiono- 
mie, noble,  et  sa  tournure,  distinguée. 
Tant  d'avantages  lui  procurèrent  autant 
de  succès  à  la  scène  que  de  bonnes  fortu- 
nes dans  le  monde.  Le  premier  rôle  qui  le 
fit  connaître  fut  celui  de  Dorval  dans  le 
petit  opéra  On  ne  s'avise  jamais  de  tout. 
Dans  les  divers  personnages  qu'il  y  repré- 
sentait ,  il  montra  une  flexibilité  de  talent 
qui  fit  sa  réputation.  A  l'époque  de  la  sup- 
pression de  l'Opéra-Comique  en  1762  , 
Clairval  passa  à  la  Comédie  Italienne ,  et 
devint  nn  des  plus  fermes  appuis  de  ce 
théâtre.  Il  y  jouait  avec  un  succès  égal  la 
comédie  ,  le  drame  et  l'opéra-comique. 
Presque  tous  les  rôles  de  ténor,  qu'on 
appelait  alors  des  rôles  d'amoureux ,  fu- 
rent créés  par  lui  dans  les  opéras  de 
Duni ,  de  Philidor,  de  Monsigny,  et  de 
Grétry  ;  il  se  distingua  surtout  par  celui 
de  Montauciel ,  dans  le  Déserteur,  par 
celui  de  Pierrot,  dans  Le  Tableau  par- 
lant ,  dans  Le  Magnifique ,  V  Amant  ja- 
loux ,  le  marquis  des  Évënemens  im- 
prévus, et  Blondel  de  Richard  Cœur- 
de-Lion.  Il  était  déjà  âgé  lorsqu'il  joua 
avec  une  légèreté  remarquable  et  un  succès 


i  Dans  les  registres  Je  l'Opéra-Comique  on  trouve 
Béni- André  pour  les  prénoms  de  Clairval;  ceux  de 
Jean-Baptiste  sont  portés  dans  son  acte  de  décès. 


éclatant  le  rôle  du  Convalescent  de  qualité, 
dans  la  comédie  de  Fabre  d'Eglantine.  Ce 
rôle  fut  en  quelque  sorte  un  adieu  qu'il  dit 
au  public.  Depuis  plusieurs  années,  sa 
voix  était  devenue  sourde  et  nazillarde,  et 
cette  altération  de  son  organe  vocal  lui 
rendait  pénible  l'exécution  des  rôles  d'o- 
péra. Il  sentait  le  besoin  de  la  retraite,  et 
il  quitta  en  effet  le  théâtre  au  mois  de  juin 
1792  ,  après  trente-trois  années  de  travaux 
actifs.  Il  ne  jouit  que  peu  de  temps  du  re- 
pos qu'il  avait  acquis ,  car  il  mourut  au 
commencement  de  1795.  La  bonne  grâce 
et  les  talens  de  cet  acteur  lui  ont  fait 
donner  le  nom  de  Mole  de  la  Comédie 
Italienne;  cependant  les  journaux  contem- 
porains lui  ont  quelquefois  reproché  de 
mettre  de  l'affectation  dans  certaines  parties 
de  ses  rôles.  Un  auteur  d'opéras-comiques, 
irrité  de  ce  que  Clairval  avait  refusé  de 
jouer  dans  une  de  ses  pièces ,  fit  contre  lui 
ces  deux  vers  satiriques  : 

Cet  acteur  minaudier ,  et  ce  chanteur  sans  voix, 
Écorche  les  acteurs  qu'il  rasait  autrefois. 

CLAMER  (andre'-christophe)  ,  chan- 
teur à  l'église  cathédrale  de  Salzbourg, 
en  1682  ,  a  fait  imprimer  un  ouvrage  in- 
titulé :  Mensa  harmonica ,  Salzbourg  , 
1685  ,  in-4°.  J'ignore  quelle  est  la  nature 
de  cet  ouvrage. 

CLAPHAM  (  jonathan),  recteur  à 
Wramplingham  ,  dans  le  comté  de  Nor- 
folk ,  vivait  vers  le  milieu  dn  17e  siècle, 
lia  écrit  une  apologie  de  l'usage  de  chanter 
les  psaumes ,  sous  ce  titre  :  A  short  and 
full  vindication  ofihat  sweet  and  com- 
fortable  ordinance  of  singing  of  P  s  ai- 
mes,  Londres,  1656. 

CLAPISSON.  Voyez  le  supplément. 

CLARCHIES  (louis- julien)  ,  plus 
connu  sous  le  nom  de  Julien,  né  à  Cura- 
çao ,  le  22  décembre  1769,  fut  élève  de 
Capron  pour  le  violon  ,  et  de  Cambini 
pour  la  composition.  Il  a  écrit  un  air  va- 
rié pour  le  violon  ,  trois  œuvres  de  duos 
pour  le  même  instrument,  nn  œuvre  de 
duos  pour  la  clarinette,  un  air  varié  pour 


154 


CLA 


CLA 


l'alto,  dès  romances,  et  quinze  recueils 
de  contredanses  ,  tous  gravés  à  Paris.  Ce 
fut  lui  qui,  le  premier,  donna  de  l'élé- 
gance et  de  la  grâce  aux  contredanses, 
qu'il  exécutait  supérieurement  sur  le  vio- 
lon. II  est  mort  à  Paris  en  1814. 

CLARENTINI  (michel)  ,  né  à  Vérone, 
dans  la  seconde  moitié  du  16e  siècle,  a 
publié  à  Venise,  en  1611,  un  livre  de  mo- 
tets à  deux  et  trois  voix. 

CLARER  (the'odoke)  ,  naquit  en  1764 
à  Dorbern,  cercle  de  I  Hier.  Il  commença 
ses  études  au  couvent  d'Ottobeuern,  et  les 
termina  à  Augsbourg.  Élant  doué  d'une 
fort  belle  voix,  il  se  livra  à  l'étude  du 
ebant  et  y  fil  de  grands  progrès.  P.  Fran- 
çois Schnelzer  ,  ebanoine  d'Ottobeuern  , 
et  Benoît  Kraus,  ancien  maître  de  cha- 
pelle à  Venise,  lui  donnèrent  des  leçons 
de  composition.  En  1785  il  fut  nommé 
directeur  de  la  musique  d'Ottobeuern  ,  et 
après  l'extinction  de  cet  ordre,  il  obtint 
une  place  de  pasteur.  11  a  beaucoup  com- 
posé pour  l'église;  Michel  Haydn  estimait 
son  savoir  et  en  faisait  souvent  l'éloge. 

CLARI  (jea^charles  marie)  ,  maître 
de  chapelle  de  Pistoie,  naquit  à  Pise,  en 
1669.  On  le  considère  avec  raison  comme 
le  meilleur  élève  de  Jean-Paul  Colonna  , 
maître  de  chapelle  de  lVglise  de  Saint- 
Pétronne,  à  Bologne.  En  1695,  il  com- 
posa pour  le  théâtre  de  celte  ville  l'opéra 
intitulé  II  Savio  délirante,  qui  fut  fort 
applaudi.  Mais  ce  qui  assure  surtout  une 
gloire  immortelle  à  ce  compositeur  ,  c'est 
la  Collection  de  duos  et  de  trios  pour  le 
chant,  avec  la  basse  continue,  qu'il  a  pu- 
bliée en  172Ô.  Celte  œuvre,  où  l'on  trouve 
une  invention  soutenue ,  un  goût  pur  et 
une  science  profonde ,  forme ,  avec  les 
compositions  du  môme  genre  de  l'abbé 
Stefani ,  une  époque  importante  dans  l'his- 
toire de  l'art ,  car  on  y  voit  succéder  aux 
réponses  réelles  du  genre  fugué  ancien,  les 
réponses  tonales  ,  et  la  modulation  à  la 
moderne  ,  qui  en  est  le  résultat.  Le  style 
des  épisodes,  qu'on  nomme  vulgairement 
en  France  les  diverlissemens  de  la  fugue 


y  sont  admirables,  et  c'est  la  meilleure 
élude  qu'on  puisse  conseiller  aux  élèves. 
Mirecki ,  compositeur  polonais  ,  en  a 
donné  une  édition,  avec  un  accompagne- 
ment de  piano,  Paris,  Carli,  1823.  Oq 
trouve  à  la  Bibliothèque  royale  de  Co- 
penhague un  Slabat  à  quatre  voix  avec 
orchestre,  en  manuscrit,  de  la  composi- 
tion de  Clari.  Ses  autres  compositions  pour 
l'église  sont  :  1°  Dexlera  Domine,  à 
quatre  voix,  2°  Benediclus  à  deux  chœurs; 
3°  Ave  Maris  Stella,  à  quatre  voix  et 
orchestre;  4°  Domine,  à  quatre  voix  et 
orchestre.  On  ignore  l'époque  où  ce  com- 
positeur justement  célèbre  a  cessé  de  vivre. 
CLAUKE  (jiîre'mie)  ,  musicien  anglais, 
né  vers  1668,  fit  son  éducation  musicale 
à  la  chapelle  royale  ,  sous  la  direction  du 
docteur"  Blow ,  qui  conçut  pour  lui  tant 
d'amilié  qu'il  résigna  en  sa  faveur  ses  places 
d'aumônier  et  de  maître  des  enfans  de 
Saint-Paul.  Clarke  prit  possession  de  ces 
places  en  1693.  Peu  de  temps  après  il  fut 
nommé  organiste  de  la  cathédrale.  Au 
mois  de  juillet  1700,  il  devint  surnumé- 
raire de  la  chapelle  du  roi ,  dont  il  fut  élu 
organiste  quatre  ans  après.  11  eût  été  par- 
faitement heureux  s'il  ne  se  fût  épris  d'une 
jeune  personne  dont  il  ne  put  obtenir  la 
main  :  cette  passion  malheureuse  le  porta  à 
se  donner  la  mort  au  mois  de  juillet  1707. 
L'explosion  du  pistolet  qui  lui  ôta  la  vie 
se  faisait  entendre  au  moment  où  son  ami 
Rcading  ,  organiste  de  Saint-Dunstan,  en- 
trait chez  lui.  Les  compositions  de  Clarke 
sont  peu  nombreuses;  elles  consistent  prin- 
cipalement en  antiennes,  qui  sont  fort 
estimées  en  Angleterre.  Les  plus  connues 
sont  :  1°  I  will  love  thee,  qu'on  trouve 
dans  le  recueil  intitulé  Harmonia  sacra; 
1°  Bow  down  thine  ear;  3°  Praise  the 
lord,  ô  Jérusalem.  Il  a  publié  un  recueil 
de  leçons  pour  le  clavecin  sous  le  titre  des 
Quatre  Saisons,  Londres,  1699.  On 
trouve  quelques  chansons  de  sa  composi- 
tion dans  la  collection  qui  a  pour  titre  : 
Pdls  lo  purge  melancoly .  Il  a  composé 
aussi  la   ballade  The  bonny  grey  eyed 


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CLA 


155 


man,  pour  la  comédie  Thefound  husband 
(Le  mari  passionné  )  de  d'Urfey. 

CLARKE  (le  docteur  john  )  ,  connu 
maintenant  sous  le  nom  de  Clarke  VPh.it- 
field ,  est  né  à  Glocestcr,  en  1770.  Il 
commença  ses  études  musicales  à  Oxford, 
en  1789,  sous  la  direction  du  docteur 
Philippe  Haycs.  En  1793,  il  se  rendit  à 
Ludlow  pour  y  prendre  possession  de  l'or- 
gue de  St. -Sauveur.  Dans  la  même  année, 
il  prit  ses  degrés  de  bachelier  en  musique 
à  l'université  d'Oxford.  Deux  ans  après  il 
passa  en  Irlande,  et  fut  nommé  organiste 
de  l'église  principale  de  Armagh  et  en- 
suite maître  des  enfans  de  chœur  de  1  c- 
glise  du  Christ  et  de  la  cathédrale  de  Saint- 
Patrick  à  Duhlin.  Le  grade  de  docteur  en 
musique  lui  fut  aussi  conféré  à  la  même 
époque  par  le  collège  de  la  Trinité  à  Du- 
blin. En  1798,  il  retourna  en  Angleterre 
où  il  était  appelé  comme  maître  des  enfans 
de  chœur  des  collèges  de  la  Trinité  et  de 
Saint-Jean  à  Cambridge ,  places  qu'il 
occupa  pendant  vingt  ans.  En  1799  il  fut 
admis  docteur  en  musique  à  l'université  de 
Cambridge,  et  en  1810,  on  lui  conféra  la 
même  dignité  à  celle  d'Oxford.  Dix  ans 
plus  tard  le  docteur  Clarke  a  été  nommé 
organiste  et  maître  des  enfans  de  chœur  de 
la  cathédrale  d  Hcreford  ,  où  il  réside  main- 
tenant. Ses  compositions  vocales  sont  nom- 
breuses. Les  principales  sont  :  1°  Quatre 
volumes  de  musique  d'église,  publiés  à 
Londres,  en  partition,  à  diverses  époques  ; 
2°  Divers  recueils  de  glees  (chansons); 
3°  Deux  volumes  de  chants  sur  des  poé- 
sies originales  de  sir  Waller  Scott  et  de 
Lord  Byron  ;  4°  Un  oratorio  en  deux  actes; 
le  premier  contenant  le  crucifiement ,  et 
le  second ,  la  résurrection.  Le  crucifie- 
ment a  été  exécuté  avec  pompe  à  la  fête 
musicale  {musical  festival)  d'Hereford  , 
en  1822,  par  un  orchestre  nombreux  di- 
rigé par  Cramer ,  et  la  résurrection  Ta  été 
en  1825,  dans  une  circonstance  sembla- 
ble. Le  docteur  Clarke  est  éditeur  de  plu- 
sieurs collections  iutéressantes ,  telles  que 
les  oratorios  de  Handel ,  arrangés  pour  le 


piano  ,  en  quinze  volumes  in-fol.  ,  les 
beautés  de  Purcell ,  en  deux  volumes; 
deux  volumes  d'antiennes  des  maîtres  les 
plus  célèbres,  YArtaxèrces  de  Arne;  et  la 
musique  de  Macbeth  par  Mathieu  Lock. 

CLASING  (jean-hermann),  né  «à  Ham- 
bourg en  1779,  fit  ses  éludes  musicales 
dans  cette  ville  ,  sous  la  direction  de 
Schwcnke,  et  y  devint  ensuite  professeur 
de  musique  et  pianiste.  La  composition 
de  deux  oratorios  ,  La  Jille  de  Jeplilé ,  et 
Belsazar ,  l'a  fait  connaître  avantageuse- 
ment. Il  a  publié  aussi  quelques  pièces  pour 
le  piano,  et  a  arrangé  les  ora  lorios  de  Handel 
pour  cet  instrument.  Clasing  est  mort  à 
Hambourg  le  7  février  1829,  à  l'âge  de 
cinquante  ans  ,  après  avoir  passé  les  der- 
nières années  de  sa  vie  dans  un  état  de 
maladie  et  de  souffrance.  Les  principaux 
ouvrages  de  Clasing  sont  :  1°  Pater  N  osier, 
en  allemand  ,  à  quatre  voix  ,  sans  accom- 
pagnemeut ,  gravé  comme  supplément  de 
la  Gazette  musicale  de  Leipsick  (ann.  24, 
n°  4)  ;  2"  Belsazar,  oratorio  en  trois  par- 
ties pour  quatre  voix  ,  chœur  et  orchestre, 
gravé  en  partition  réduite  pour  le  piano; 
en  1 825  ;  3°  La  louange  du  Très  Haut 
(en  allemand),  pour  contralto  et  basse, 
avec  orgue  ou  piano  obligé  (supplément 
de  la  gazette  musicale  de  Leipsick,  n°  5  , 
28e  ann.);  4°  La  fille  de  Jeplilé,  oratorio 
en  trois  parties  pour  trois  voix  ,  chœur  et 
orchestre,  en  manuscrit;  5°  Micheli  et 
son  fils,  opéra  ,  suite  des  Deux  Journées 
de  Cherubini  ;  cet  ouvrage  fut  représenté 
avec  succès  à  Hambourg,  en  1806,  et  a 
été  gravé  en  partition  réduite  ;  6°  Welchev 
ist  der  rechte  ?  (quel  est  le  vrai  ?) ,  opéra- 
comique  représenté  en  1811.  Parmi  les 
compositions  instrumentales  de  Clasing, 
on  remarque  un  trio  pour  piano ,  violon 
et  violoncelle ,  op.  4 ,  une  fanlaisie  pour 
piano  et  violoncelle,  op.  8,  un  rondo 
pour  piano,  op.  9 ,  deux  fantaisies  pour 
piano  seul ,  op.  13  et  14,  et  une  sonate 
pour  piano  et  violon  ,  op.  10. 

CLAUDEDECOmiÈGE.r.MERULO 
(cladde). 


156 


CLA 


CLAUDIA,  joueuse  de  cythare,  dont  le 
nom  nous  a  été  transmis  par  une  inscrip- 
tion rapportée  par  Gruter  (Corpus  inscrip., 
t.  I,  part.  2,  p.  654),  et  que  voici  : 

D.  M. 

AVXESI 

CLAVDIAE.  CITHAROEDAE 

CONIVGI 

OPTIMAE 

CORNELIVS.  NERITVS 

FEC1T.  ET.  SIBI 

CL  AUDI  ANUS  (mammertus)  ,  prêtre, 
vécut  à  Bienne,  vers  l'an  461  ;  il  était 
frère  de  l'évêque  de  cette  ville.  Il  a  com- 
posé beaucoup  d'hymnes  et  de  psaumes , 
qu'il  enseignait  lui-même  aux  chanteurs 
de  son  église.  Sidoine  Apollinaire  dit  que 
ce  fat  Claudianus  qui  introduisit  dans 
l'office  les  petites  litanies  qu'on  est  dans 
l'usage  de  chanter  trois  jours  avant  la  Pen- 
tecôte et  dans  les  calamités  publiques.  On 
le  regarde  aussi  comme  l'auteur  de  l'hymne 
de  Ja  Passion  :  Pange  lingua  gloriosi 
prœlium,  dont  le  chant  est  fort  beau  :  tou- 
tefois il  est  douteux  que  ce  chant  remonte 
à  une  si  haute  antiquité.  Il  ne  faut  point 
confondre  ce  Claudianus  Mammertus  avec 
Claude  Mamertin ,  orateur  latin  du  3e  siè- 
cle, ni  avec  un  autre  Claude  Mamertin  ,  à 
qui  l'on  doit  un  panégyrique  de  l'empereur 
Julien  ,  prononcé  en  362. 

CLAUDIN.  V.  SERMISY  (claude). 

CLAUDIN  LE  JEUNE.  V.  LEJEUNE 
(claude). 

CLAUDIUS  (  georges-charles  ) ,  ama- 
teur de  musique,  né  le  21  avril  1757  à 
Zschopau ,  est  mort  à  Leipsick  le  20  no- 
vembre 1815.  Il apublié  plusieurs  recueils 
de  sonates,  des  rondeaux  et  d'autres  pièces 
pour  le  piano.  Je  crois  que  c'est  le  même 
qui  a  écrit  quelques  morceaux  pour  l'é- 
glise ,  et  un  opéra  intitulé  Arion. 

CLAUFEN  (jean-gottlob),  organiste  à 
Auerback,  vers  le  milieu  du  18e  siècle, 
s'est  fait  connaître  par  des  trios  pour  l'or- 
gue, et  des  préludes  pour  des  chorals,  à 
deux  claviers  et  pédale ,  qui  n'ont  pas  été 


CLA 

publiés  ,  mais  dont  il  y  a  beaucoup  de  co- 
pies en  Allemagne. 

CLAUS  (auguste)  ,  maître  de  musique 
du  régiment  d'infanterie  de  la  garde,  à 
Dresde,  a  publié  des  recueils  de  contre- 
danses pour  le  carnaval ,  à  grand  orches- 
tre. Il  est  mort  le  6  février  1822. 

CLAVEAU  (jean),  né  à  Montauban , 
en  1761,  était  flûtiste  au  théâtre  des  Trou- 
badours, vers  1792.  Il  a  publié  plusieurs 
œuvres  pour  le  flageolet,  parmi  lesquels 
on  remarque  :  1°  Six  duos  pour  deux  fla- 
geolets, Paris,  Imbault,  1792;  2°  Recueils 
de  jolies  valses  allemandes  pour  deux  fla- 
geolets ,  livres  un  ,  deux  et  trois  ,  Paris  , 
1797  ;  3°  Nouvelle  méthode  pour  le  fla- 
geolet ,  mêlée  de  théorie  et  de  pratique , 
Paris,  1798. 

CLAVEL  ( joseph),  né  à  Nantes,  en 
1800,  fut  admis  au  Conservatoire  de  Paris, 
pour  l'étude  du  violon  ,  en  1813  ,  dans  la 
classe  de  Rodolphe  Kreutzer.  Après  avoir 
achevé  ses  études  musicales ,  et  avoir  ob- 
tenu le  premier  prix  de  violon,  au  concours 
de  1818,  il  a  été  nommé  professeur  ad- 
joint pour  le  même  instrument,  et  depuis 
1819  il  occupe  cette  place.  Après  avoir 
été  pendant  plus  de  dix  ans  un  des  pre- 
miers violons  du  Théâtre-Italien ,  il  est 
entré  à  l'orchestre  de  l'Opéra,  en  1830. 
M.  Clavel  est  chef  des  seconds  violons  des 
concerts  du  Conservatoire.  Il  s'est  fait 
connaître  comme  compositeur  par  trois 
œuvres  de  duos  pour  deux  violons,  un  œu- 
vre de  quatuors  pour  deux  violons,  alto 
et  basse,  trois  sonates,  plusieursairs  variés 
et  quelques  romances.  Ces  ouvrages  ont 
été  gravés  à  Paris,  chez  MM.  Frey,  Ri- 
chault  et  Pacini. 

CLAVIS  (.  .  .),  maître  de  musique  de 
la  cathédrale  de  l'académie  d'Arles,  vivait 
dans  la  première  moitié  du  18e  siècle.  Il 
a  composé  la  musique  d'un  ouvrage  qui 
avait  pour  titre  :  Fêle  spirituelle  en 
l'honneur  de  la  reine,  en  un  acte,  chantée 
à  Arles  ,  le  18  septembre  1730. 

CLAYTON  (thomas),  musicien  anglais, 
né  vers  1665  ,  fit  partie  de  l'orchestre  de 


CLE 


CLE 


157 


la  chapelle  royale,  sous  les  règnes  de  Guil- 
laume III  et  de  son  successeur.  C'était  un 
artiste  médiocre,  mais  avec  du  charlata- 
nisme ,  il  était  parvenu  à  faire  croire  à  la 
réalité  de  son  talent.  Dans  sa  jeunesse  ,  il 
avait  voyagé  en  Italie,  et  en  avait  rapporté 
divers  morceaux  qui  étaient  inconnus  en 
Angleterre.  Il  les  parodia  sur  des  paroles 
anglaises  pour  en  faire  une  Arsinoè ,  le 
premier  opéra  anglais  qui  ait  été  repré- 
senté. La  prévention  qu'il  y  avait  en  sa 
faveur,  fit  que  cet  ouvrage  réussit.  Encou- 
ragé par  ce  succès  ,  il  mit  en  musique  l'o- 
péra de  Rosamonde ,  d'Adisson  ,  et  le  fit 
représenter  en  1707j  mais  malgré  la  bonne 
volonté  de  ses  admirateurs,  la  pièce  tomba 
à  la  troisième  représentation. 

CLEEMANN  (frederic-joseph-chris- 
tophe),  naquit  le  16  septembre  1771 ,  à 
Criwitz ,  dans  le  duché  de  Mecklenburg- 
Schwerin  (  et  non  à  Sternherg ,  ainsi  que 
le  disent  Gerber  et  Lichtenthal).  Il  fut 
d'abord  candidat  et  professeur  à  Ludwigs- 
lust ,  et  passa  ensuite  à  Sternberg ,  où  il 
fut  nommé  collaborateur  du  surintendant 
des  écoles,  vers  1799.  Plus  tard  il  s'est 
retiré  à  Parchim,  où  il  cultivait  la  musi- 
que et  les  lettres  comme  amateur.  Il  est 
mort  dans  ce  lieu  le  26  décembre  1825. 
On  a  de  lui  :  1°  Odes  et  chansons  pour  le 
clavecin,  Ludwigslust,  1797,  seize  feuilles; 
2°  Handbuch  der  Tonkunst  (  Manuel  de 
musique) ,  deux  parties  ,  gr.  in-8°  ,  Lud- 
wigslust, 1797.  Lichtenthal  indique  la 
date  de  1800  ;  c'est  une  erreur. 

CLEGG  (jean)  ,  bon  violiniste  ,  né  en 
Angleterre,  en  1714,  n'était  âgé  que  de 
neuf  ans  lorsqu'il  se  fit  entendre  à  Lon- 
dres, en  1723  ,  dans  un  concert  dont  l'an- 
nonce indiquait  qu'il  exécuterait  plusieurs 
morceaux ,  entre  autres ,  un  concerto  de 
Vivaldi.  Hawkins  dit  que  son  maître 
fut  Dubourg ,  artiste  célèbre  de  ce  temps 
{Voyez  Dubourg  )  ;  cependant  les  gazettes 
de  Dublin  (1731)  disent  que  Clegg  était 
élève  de  Bononcini.  Après  avoir  demeuré 
quelque  temps  à  Dublin  ,  Clegg  retourna 
à  Londres,  et  son  talent  l'y  plaça   au- 


dessus  de  tous  les  autres  violinistes  de 
son  temps,  tant  par  la  beauté  du  son  qu'il 
tirait  de  l'instrument  que  par  la  légèreté 
de  son  exécution.  En  1742,  sa  raison  se 
dérangea ,  et  il  fut  enfermé  à  l'hôpital  de 
Bedlam.  Pendant  long-temps,  une  multi- 
tude de  curieux  se  rendit  en  ce  lieu  pour 
l'entendre  jouer  du  violon  dans  les  accès 
de  sa  folie. 

CLEMANN  (balthazar)  ,  n'est  connu 
que  par  deux  traités  de  musique,  qui  sont 
restés  en  manuscrit.  L'un  ,  cité  par  Ma- 
theson  (Ehrenpforte,  p.  108),  est  un  traité 
de  contrepoint  ;  l'autre ,  indiqué  par  Blan- 
kenbourg ,  dans  son  édition  de  la  théorie 
des  beaux-arts  de  Sulzer  (t.  3,  p.  440), 
est  intitulé  :  Ex  Musica  didactica  tem- 
perirtes  Monochordon.  Il  paraît  que  Cle- 
mann  a  vécu  vers  1680. 

CLEMENT  (  jacques),  appelé  par  ses 
contemporains  Clemens  non  papa,  fut 
l'un  des  plus  célèbres  compositeurs  du 
16e  siècle.  Il  naquit  en  Flandre,  et  fut  le 
premier  maître  de  chapelle  de  l'empereur 
Charles  V.  Guichardin  (Description  des 
Pays-Bas)  dit  qu'il  avait  cessé  de  vivre 
en  1566.  On  lui  donna  le  sobriquet  de 
Clemens  non  papa,  parce  qu'on  voulait 
le  distinguer  du  pape  Clément  VII  dont 
il  fut  le  contemporain.  Ses  principaux  ou- 
vrages sont  :  1°  Missœ  cum  quatuor 
vocibus ,  lib.  1-1%,  Louvain ,  1558  j 
2"  Cantionum  sacrarum  quatuor  vocum  , 
lib.  l-VII,  1567,  in-4°;  3°  Chansons 
françaises  à  quatre  parties ,  Louvain, 
1569  j  4°  Missa  defunctorum ,  Louvain , 
1580,  in-fol.  max.  On  trouve  aussi  quel- 
ques morceaux  de  sa  composition  dans  le 
premier  livre  des  chansons  à  quatre  par- 
ties,  publié  à  Louvain  en  1558,  et  dans 
les  Motetti  del  labirinto ,  Venise  ,  1554  , 
in-4°.  En  1588,  Antoine  Barré  a  publiée 
Milan  un  recueil  de  motets  qui  a  pour 
titre  :  Liber  primus  musarum  cum  qua- 
tuor vocibus ,  seu  sacra?  cantiones ,  quas 
vulgo  motteta  appellant.  Clément  est  au 
nombre  des  auteurs  dont  les  compositions 
forment  cette  collection.  Le  stvle  de  Clé- 


158 


CLE 


ment  est  clair,  son  harmonie  pnre,  simple 
et  naturelle,  et  l'opinion  publique,  qui 
place  ce  compositeur  au  rang  des  plus  ha- 
biles du  16e  siècle,  est  justifiée  par  le 
mérite  de  «es  ouvrages. 

CLÉMENT  (l'abbe)  ,  né  en  Provence, 
en  1697,  fut  chanoine  de  Saint-Louis  du 
Louvre.  Il  est  connu  par  des  poésies  fugi- 
tives, et  particulièrement  par  une  Ode  sur 
les  progrès  de  la  musique  sous  le  règne 
de  Louis-le-Grand ,  pièce  qui  a  remporté 
le  prix  de  l'Académie  française  ,  en  1735, 
et  qui  a  été  imprimée  à  Paris,  en  1736, 
in-12. 

CLÉMENT  (charles-françois),  neveu 
du  précédent,  né  en  Provence,  vers  1720, 
fut  professeur  de  clavecin  à  Paris,  où  il  a 
publié  :  1°  Essai  sur  V accompagnement 
du  clavecin ,  1758  ,  in-4°  obi.  ;  2°  Essai 
sur  la  basse  fondamentale ,  pour  servir 
de  supplément  à  l'Essai  sur  l'accompa- 
gnement du  clavecin ,  et  d'introduction 
à  la  Composition  pratique,  Paris,  1762, 
in-4°  oblong.  La  deuxième  édition  de  ces 
ouvrages  a  paru  sous  ce  titre  :  Essai  sur 
l'accompagnement  du  clavecin  par  les 
principes  de  la  composition  pratique  et 
de  la  basse  fondamentale,  Paris,  in-fol. 
obi.  gravé,  sans  date.  Casanova  dit,  dans 
ses  mémoires,  qu'il  a  connu  Clément  à  Pa- 
ris :  il  donnait  alors  des  leçons  de  musique 
à  Silvia,  actrice  du  Théâtre-Italien,  dont 
il  était  amoureux  et  qu'il  devait  épouser  : 
mais  ce  mariage  fut  ensuite  rompu.  Il  a 
donné  au  Théâtre-Italien,  La  Pipée,  en 
deux  actes  (1756),  qu'il  a  parodiée  sur  la 
musique  du  Paratoio ,  opéra  de  Jomelli, 
et  à  rOpéra-Comique,  dans  la  même  an- 
née, La  Bohémienne ,  en  deux  actes.  On 
connaît  aussi  de  lui  deux  cantatilles  inti- 
tulées Le  Départ  des  guerriers  et  Le  Re- 
tour des  guerriers  ;  un  livre  de  pièces  de 
clavecin  avec  accompagnement  de  violon  ; 
enfin  ,  un  journal  de  clavecin ,  dont  il  a 
paru  sept  cahiers. 

CLEMENT  (jean-georges),  appelé  dé- 
menti par  Gerber,  maître  de  chapelle  à 
l'église  cathédrale  de  Saint- Jean  ,  à  Bres- 


CLE 

lau ,  est  né  dans  cette  ville  vers  1710. 
M.  Hoffmann  ,  qui  a  consacré  à  cet  artiste 
un  article  dans  sa  biographie  des  musiciens 
de  la  Silésie,   n'a   pu  découvrir  aucune 
particularité  sur  sa  vie ,  si  ce  n'est  qu'il  fit 
le  5  novembre  1785  le  jubilé  de  sa  place 
de  maître  de  chapelle  de  Saint-Jean  ,  qu'il 
occupait  depuis  cinquante  ans.  Clément 
fut  aussi  directeur  du  chœur  de  l'église  de 
Sainte-Croix,  notaire  apostolique,  et  che- 
valier de   l'Éperon   d'or.    11   a  beaucoup 
écrit  pour  l'église  ,  mais  nonobstant  sa  fé- 
condité, il  était  dépourvu  d'imagination 
et  de  toute  connaissance  de  l'art  d'écrire. 
Ses  idées  sont  mesquines,   son   style  est 
lâche  et  vide  ,  et  ses  ouvrages  sont  remplis 
de  fautes  grossières.  Parmi  ses  composi- 
tions, on  cite  :  1°  Messe  de  requiem  com- 
posée  pour   les   obsèques    de    l'empereur 
Charles  VI  ;  2°  Diverses  pièces  de  musique 
avec  orchestre  pour  le  roi  de  Prusse  Fré- 
déric II,  pour  l'inauguration  de  l'église 
catholique  de  Sainte-Edwige ,  à  Berlin  ,  et 
pour  l'inauguration  de  la  statue  de  St.- 
Jean  ;  3°  Lamentations  pour  les  mercredi, 
jeudi  et  vendredi  saints  ;  4°  Douze  messes, 
dans  les   diverses  églises   catholiques   de 
Breslau  ;  5°  Deux  messes  de  morts  ;  6°  Cinq 
introïts  ;  7°  Vingt-sept  offertoires  ;  8°  Dix- 
huit  graduels;  9°  Trois  vêpres  complètes; 
10°  Huit  airs  d'église;  1 1°  Trois  Te  Deum; 
12°  Quatre  stations;  13°  Neuf  hymnes; 
14°  Trois  Noclurni  jigurales;  15°  Deux 
Salve    Regina;    16°   Six   Ave    Regina; 
17°  Sept  litanies;  18°  Responsorium  in 
lotione  pedum;  19°  Un  Credo  ;  20"  Alle- 
luja  et  versus  insabato  sanclo.  Tous  ces 
ouvrages  sont  restés  en  manuscrit.  Clément 
a  eu  deux  fils;  après  sa  mort,  l'un  d'eux 
s'est  fixé  à  Vienne,  où  il  s'est  fait  profes- 
seur de  musique;  l'autre,  qui  avait  quel- 
que talent  sur  le  violon,  demeura  plusieurs 
années  à  Breslau.  Celui-là  était  né  dans 
cette  ville  en  1754.  Sous  le  nom  de  Cle- 
mentiW  fut  admis  d'abord  dans  la  chapelle 
de  Slutlgard  comme  premier  violon   (en 
1790),  puis  se  rendit  à  Cassel  (en  1792) , 
et  enfin  fut  nommé  maître  de  chapelle  du 


CLÉ 

duc  de  Wurtemberg  à  Carlsruhe.  On  ignore 
l'époque  de  sa  mort. 

CLÉMENT  (François),  violinistc  dis- 
tingué ,  particulièrement  dans  sa  jeunesse  , 
est  né  à  Vienne  le  19  novembre  1784. 
Son  père  était  écuyer  tranchant  chez  le 
comte  deïlarsch  ,  qui  avait  une  assez  bonne 
musique  composée  de  ses  domestiques.  Ce 
seigneur  ayant  remarqué  dans  le  jeune 
Clément  des  dispositions  extraordinaires 
pour  la  musique,  à  lâge  de  quatre  ans, 
lui  fit  donner  des  leçons  par  son  père  ,  qui 
jouait  assez  bien  de  cet  instrument.  Lors- 
qu'il eut  atteint  sa  septième  année,  il  passa 
sous  la  direction  de  Kurzweil ,  maître  de 
concert  du  prince  Grapulwicb,  et  fit  des 
progrès  si  rapides,  qu'après  avoir  reçu 
pendant  une  année  des  conseils  de  cet  ar- 
tiste, il  put  se  l'aire  entendre  sur  son  petit 
violon  dans  un  concert  au  Théâtre  Impé- 
rial. Lorsqu'il  eut  atteint  1  âge  de  douze 
ans  ,  son  père  entreprit  avec  lui  un  voyage 
qui  dura  quatre  ans.  Après  avoir  parcouru 
une  partie  de  l'Allemagne  ,  ils  se  rendirent 
en  Angleterre  où  ils  rencontrèrent  Hum- 
mel.  Clément  y  reçut  des  leçons  de  Jar- 
nowich.  11  se  fit  entendre  à  Londres  dans 
les  concerts  de  Drury-Lane,  de  Covent- 
Oardcn  et  de  Hannover-Square.  Le  roi 
(Georges  III)  le  fit  venir  à  Windsor, 
et  parut  frappé  d'étonnement  lorsqu'il 
entendit  cet  enfant.  A  Oxford,  Clément 
joua  un  concerto  de  sa  composition  à 
la  solennité  musicale  où  Haydn  fut  fait 
docteur  en  musique.  A  Amsterdam  il 
obtint  le  plus  brillant  succès  à  la  société 
de  Félix  Merilis  ;  il  en  fut  de  même  à 
Prague,  où  il  était  allé  à  l'occasion  du 
couronnement  de  l'empereur.  De  retour  à 
Vienne,  il  reprit  le  cours  de  ses  études  ; 
mais ,  ainsi  qu'il  arrive  à  tous  ceux  dont 
les  talens  précoces  sont  trop  tôt  livrés  au 
public,  Clément  parut  s'arrêter  dans  ses 
progrès  dès  qu'il  ne  fut  plus  soutenu  par 
les  applaudissemens.  Admis  en  qualité  de 
violon  solo  à  l'orchestre  de  la  cour,  il  fut 
aussi  adjoint  au  maître  de  chapelle  Sùss- 
mayer  pour  la  direction  des  coucerts.  Ea 


CLÉ 


159 


1802  il  entra  comme  chef  d'orchestre  au 
nouveau  théâtre  de  Vienne,  et  il  y  resta 
jusqu'en  1811.  A  celte  époque,  ayant 
formé  le  projet  de  visiter  la  Russie  avec  un 
noble  polonais  ,  il  fit  une  excursion  jusqu'à 
Riga;  mais  par  des  circonstances  qui  ne 
sont  pas  exactement  connues,  il  fut  con- 
sidéré comme  espion  par  le  gouverneur 
de  cette  ville  ,  et  envoyé  sous  escorte  à  Pé- 
tersbourg.  Cependant,  après  avoir  été  gardé 
à  vue  pendant  un  mois  dans  la  capitale  de 
la  Russie,  son  innocence  fut  reconnue  ,  et 
on  le  ramena  aux  frontières  de  l'Autriche. 
De  là,  il  se  mit  en  route  pour  Vienne, 
donnant  des  concerts  à  Lcmbcrg  ,  à  Pcsth  , 
et  dans  plusieurs  autres  villes.  Pendant 
son  absence,  sa  place  du  théâtre  avait 
été  donnée  à  son  collègue  Casimir  Blu- 
menthal  ;  cette  circonstance  l'obligea  d'ac- 
cepter une  autre  position  à  l'orchestre  de 
Prague  qui  était  alors  sous  la  direction  de 
Charles-Marie  de  Webcr.  Pendant  son  sé- 
jour en  Bohême  ,  il  fit  quelques  voyages 
pour  donner  des  concerts  à  Dresde,  à 
Carlsbad,  et  dans  d'autres  villes.  En  1818, 
il  fut  rappelé  au  théâtre  de  Vienne;  mais 
en  1821,  il  quitta  de  nouveau  sa  place 
pour  voyager  avec  Mrae  Catalani  et  diriger 
ses  concerts  à  Munich  ,  Francfort ,  Stutt- 
gard,  Augsbourg,  Nuremberg,  Ratis- 
bonne,  Bambcrg,  Carlsruhe,  etc.  Il  eut 
occasion  de  faire  preuve  dans  ces  voyages 
d'une  rare  habileté  dans  l'art  de  diriger 
des  orchestres.  Sa  mémoire  était  prodi- 
gieuse, et  quelques  répétitions  suffisaient 
pour  lui  faire  savoir  toute  une  partition 
avec  ses  moindres  détails  d'inslrumenla- 
tion.  Son  ouïe  était  délicate,  et  il  saisis- 
sait à  l'instant  la  moindre  faute  faite  par  un 
instrumentiste  ou  par  un  chanteur.  Comme 
violiniste,  les  biographes  allemands  as- 
surent qu'il  était  né  pour  être  un  autre 
Paganini,  mais  que  sa  paresse  et  son  in- 
différence l'ont  empêché  de  développer  les 
dons  heureux  qu'il  avait  reçus  de  la  nature. 
Il  paraît  que  sa  situation  actuelle  n'est 
point  heureuse,  et  qu'il  est  tombé  dans  un 
découragement  absolu.   11  a  composé   et 


160 


CLE 


CLE 


publié  environ  vingt-cinq  concertinos  pour 
le  violon,  un  trio,  un  quatuor,  douze 
études ,  trois  ouvertures  à  grand  orchestre  , 
six  concertos ,  beaucoup  d'airs  variés  ,  une 
polonaise ,  un  rondeau ,  un  concerto  pour 
le  piano,  le  petit  opéra  Le  Trompeur 
trompé,  et  la  musique  d'un  mélodrame 
intitulé  Les  deux  coups  de  sabre.  On 
assure  que  toute  cette  musique  est  remar- 
quable par  la  richesse  et  l'abondance  des 
idées. 

CLEMENTI  (muzio),  célèbre  pianiste  et 
compositeur,  est  né  à  Rome  en  1752.  Son 
père,  qui  était  orfèvre,  aimait  beaucoup  la 
musique ,  et  fut  charmé  de  trouver  dans 
le  jeune  Muzio  des  dispositions  remarqua- 
bles pour  cet  art.  Il  n'épargna  rien  pour 
le  lui  faire  étudier  avec  succès,  et  son  pre- 
mier soin  fut  de  le  placer  sous  la  direction 
de  Buroni,  son  parent,  qui  était  maître  de 
chapelle  dans  une  des  églises  de  Rome. 
Dès  l'âge  de  six  ans  ,  Clementi  commença 
à  solfier,  et  à  sept ,  il  fut  confié  à  un  or- 
ganiste nommé  Cordicelli ,  qui  lui  ensei- 
gna à  jouer  du  clavecin  et  les  principes 
de  l'accompagnement.  A  l'âge  de  neuf  ans, 
Clementi  se  présenta  à  un  concours  pour 
une  place  d'organiste ,  et  l'obtint  après 
avoir  rempli  d'une  manière  satisfaisante 
les  conditions  du  concours,  qui  consistaient 
à  accompagner  une  basse  figurée,  tirée  des 
œuvres  de  Corelli ,  en  la  transposant  dans 
différens  tons.  Il  passa  alors  sous  la  direc- 
tion de  Santarelli,  excellent  maître  de 
chant ,  et  deux  ans  après ,  il  entra  dans 
l'école  de  Carpini ,  qui  était  considéré 
comme  un  des  meilleurs  contrapuntistes 
qu'il  y  eût  alors  à  Rome.  Il  poursuivit  le 
cours  de  ses  études  jusqu'à  l'âge  de  qua- 
torze ans.  A  cette  époque,  un  Anglais, 
nommé  Beckford,  qui  voyageait  en  Italie, 
eut  occasion  de  l'entendre,  et  fut  si  émer- 
veillé de  son  talent  sur  le  clavecin ,  qu'il 
pressa  le  père  du  jeune  artiste  de  le  lui 
confier  pour  l'emmener  en  Angleterre , 
promettant  de  veiller  à  sa  fortune.  Les 
propositions  de  M.  Beckford  ayant  été  ac- 
ceptées ,  Clementi  fut  conduit  dans  l'ha- 


bitation de  ce  gentilhomme ,  qui  était  si- 
tuée dans  le  Dorsetshire.  Là,  à  l'aide  d'une 
bonne  bibliothèque,  et  des  conversations 
de  la  famille,  il  acquit  promptement  la 
connaissance  de  la  langue  anglaise,  et  fit 
plusieurs  autres  études,  sans  négliger  celle 
du  clavecin  qu'il  cultiva  assidûment.  Les 
ouvrages  de  Handel ,  de  Bach,  de  Scarlatti 
et  de  Paradies  devinrent  les  objets  de  ses 
méditations  ,  et  perfectionnèrent  son  goût 
en  même  temps  que  son  doigté.  A  dix-huit 
ans  il  avait  non  seulement  surpassé  tous 
ses  contemporains  dans  l'art  de  toucher  le 
piano ,  mais  il  avait  composé  son  œuvre 
deuxième,  qui  devint  le  type  de  toutes  les 
sonates  pour  cet  instrument.  Cet  ouvrage 
ne  fut  publié  que  trois  ans  après  avoir  été 
écrit.  Tous  les  artistes  en  parlèrent  avec 
admiration,  et  parmi  eux,  Charles  Emma- 
nuel Bach ,  juge  si  compétent ,  en  fit  les 
plus  grands  éloges. 

La  renommée  que  cette  publication  ac- 
quit à  Clementi  l'obligea  à  sortir  de  sa 
retraite  du  Dorsetshire  pour  aller  habiter 
à  Londres.  Il  y  reçut  aussitôt  un  engage- 
ment pour  tenir  le  piano  à  l'Opéra,  ce  qui 
contribua  à  perfectionner  son  goût,  par  les 
occasions  fréquentes  qu'il  eut  d'entendre 
les  meilleurs  chanteurs  italiens  de  cette 
époque.  Son  style  s'aggrandit,  son  exécu- 
tion acquit  plus  de  fini,  et  l'invention  qui 
brillait  dans  ses  ouvrages  ne  tarda  point  à 
porter  son  nom  sur  le  continent.  Vers 
1780,  il  se  détermina  à  visiter  Paris,  d'a- 
près les  conseils  de  Pacchiarotti.  Il  y  fut 
entendu  avec  enthousiasme,  et  la  reine, 
devant  qui  il  eut  l'honneur  déjouer,  lui 
témoigna  hautement  sa  satisfaction.  Frappé 
du  contraste  de  l'impétueuse  admiration 
française  avec  la  froide  approbation  des 
anglais,  Clementi  a  dit  souvent  depuis  lors 
qu'il  ne  croyait  plus  être  le  même  homme. 
Pendant  son  séjour  à  Paris,  il  composa 
ses  œuvres  5e  et  6e ,  et  publia  une  nou- 
velle édition  de  son  œuvre  1er,  auquel  il 
ajouta  une  fugue. 

Au  commencement  de  1781 ,  il  partit 
pour  Vienneetpritsaroute  par  Strasbourg, 


CLE 


CLE 


161 


où  il  fut  présenté  au  prince  des  Deux-Ponts 
(feu  roi  de  Bavière),  qui  le  traita  avec  la 
plus  haute  distinction.  Il  s'arrêta  aussi  à 
Munich,  où  il  fut  également  bien  accueilli 
par  l'électeur.  Arrivé  à  Vienne,  il  s'y  lia 
avec  Haydn,  Mozart,  et  tous  les  musiciens 
célèbres  de  cette  capitale.  L'empereur  Jo- 
seph II ,  qui  aimait  beaucoup  la  musique, 
prit  souvent  plaisir  à  l'écouter  pendant 
plusieurs  heures,  et  quelquefois  ce  mo- 
narque passa  des  soirées  entières  avec  Mo- 
zart et  Clemenli ,  qui  se  succédaient  au 
piano.  Clementi  écrivit  à  Vienne  son  œu- 
vre 7  e ,  composé  de  trois  sonates  ,  qui  fut 
publié  par  Artaria  ,  l'œuvre  8e ,  gravé  à 
Lyon,  et  six  sonates  (œuvres  9e  et  10e), 
qui  furent  aussi  mises  aujour  par  Artaria. 
A  son  retour  en  Angleterre,  il  fit  paraître 
sa  fameuse  Toccate  avec  une  sonate  (œu- 
vre 11e)  qu'on  avait  publiée  en  France, 
sans  sa  participation  ,  sur  une  copie  rem- 
plie de  fautes.  Dans  l'automne  de  1783  , 
Jean-Baptiste  Cramer,  alors  âgé  de  quinze 
ans,  devint  l'élève  de  Clemenli,  après  avoir 
reçu  des  leçons  de  Schroeter  et  de  F.  Abel. 
L'année  suivante  ,  Clementi  fit  un  nou- 
veau voyage  en  France ,  d'où  il  revint  au 
commencement  de  1785.  Depuis  cette 
époque  jusqu'en  1802,  il  ne  quitta  plus 
l'Angleterre ,  et  se  livra  à  l'enseignement. 
Quoiqu'il  eût  fixé  le  prix  de  ses  leçons  à 
une  guinée,  ses  élèves  étaient  si  nombreux, 
qu'il  lui  était  difficile  de  conserver  quelque 
liberté  pour  composer.  Ce  fut  dans  cet  in- 
tervalle qu'il  écrivit  tous  ses  ouvrages , 
depuis  l'œuvre  15e  jusqu'au  40e ,  et  sou 
excellente  Introduction  à  l'art  de  jouer 
du  piano.  Vers  l'année  1800  ,  la  banque- 
route de  la  maison  Longman  et  Broderip 
lui  fit  perdre  une  somme  considérable  ; 
plusieurs  négocians  du  premier  ordre  l'en- 
gagèrent à  se  livrer  au  commerce  pour 
réparer  cet  échec  :  il  goûta  ce  conseil  et 
forma  une  association  pour  la  fabrication 
des  pianos  et  le  commerce  de  musique. 
Le  désir  qu'il  avait  de  donner  aux  instru- 
mens  qu'il  faisait  fabriquer  toute  la  per- 
fection désirable  ,  lui  fit  abandonner  l'en- 

TOME    III. 


seignement  pour  se  livrer  à  des  études 
mécaniques  et  à  une  surveillance  active. 
Le  succès  couronna  son  entreprise  ,  et  sa 
maison  devint  une  des  premières  de  Lon- 
dres ,  pour  le  genre  de  commerce  qu'il 
avait  entrepris. 

Parmi  les  bons  élèves  que  Clementi  a 
formés  ,  on  distingue  surtout  Jean  Field  , 
l'un  des  plus  habiles  pianistes  de  son  temps. 
Ce  fut  avec  cet  élève  favori  que  dans  l'au- 
tomne de  1802,  il  vint  à  Paris  pour  la 
troisième  fois.  Il  y  fut  reçu  avec  la  plus 
vive  admiration,  et  Field  y  excita  l'étonne- 
ment  par  la  manière  dont  il  jouait  les  fu- 
gues de  Bach.  Les  deux  artistes  prirent , 
en  1803,  la  route  de  Vienne  :  Clementi 
avait  formé  le  dessein  de  confier  Field  aux 
soins  d'Albrechtsberger  ,  pour  qu'il  lui  en- 
seignât le  contrepoint.  Field  paraissait  y 
consentir  avec  plaisir,  mais  au  moment  où 
son  maître  se  préparait  à  partir  pour  la 
Russie ,  il  le  supplia  les  larmes  aux  yeux 
de  lui  permettre  de  l'accompagner  :  Cle- 
menti ne  put  résister  à  ses  prières,  et  tous 
deux  partirent  pour  Pétersbourg.  Là ,  un 
jeune  pianiste  ,  nommé  Zeuner ,  s'attacha 
à  Clementi,  et  le  suivit  à  Berlin  et  ensuite 
à  Dresde.  On  lui  présenta  dans  cette  ville 
un  jeune  homme  de  la  plus  grande  espé- 
rance ,  nommé  Klengel ,  dont  il  fit  son 
élève  et  avec  qui  il  retourna  à  Vienne, 
en  1804.  M.  Klengel  est  devenu  depuis  lors 
un  des  premiers  organistes  de  l'Allema- 
gne. Ce  fut  alors  que  M.  Kalkbrenner  se 
lia  avec  Clementi ,  et  qu'il  en  reçut  des 
conseils  qui  "ont  porté  son  talent  au  plus 
haut  point  de  perfection.  Pendant  l'été 
suivant,  Clementi  et  son  élève  Klengel 
firent  une  tournée  en  Suisse.  Le  maître 
retourna  ensuite  à  Berlin  ,  où  il  épousa  sa 
première  femme.  Il  partit  avec  elle  pour 
l'Italie,  dans  l'automne  de  la  même  année, 
et  alla  jusqu'à  Rome  et  à  Naples.  De  re- 
tour à  Berlin,  il  eut  le  malheur  de  perdre 
sa  compagne.  Le  chagrin  qu'il  en  conçut 
le  fit  partir  brusquement  pour  Pétersbourgj 
mais  ne  trouvant  de  soulagement  que  dans 
les  distractions  inséparables  des  voyages, 
II 


162 


CLE 


CLE 


il  resta  peu  dans  cette  ville,  et  retourna  à 
Vienne.  Ayant  appris,  peu  de  temps  après, 
la  mort  de  son  frère,  il  se  rendit  à  Rome 
pour  des  affaires  de  famille.  La  guerre  qui 
désolait  alors  l'Europe  l'obligea  de  séjour- 
ner à  Milan  et  dans  plusieurs  autres  villes 
d'Italie;  mais  ayant  saisi  une  occasion  fa- 
vorable, il  retourna  en  Angleterre,  où  il 
arriva  dans  l'été  de  1810,  après  une  ab- 
sence de  huit  ans.  L'année  suivante  il  se 
remaria  ,  et  une  compagne  aimable  le  con- 
sola de  la  perte  de  sa  première  femme. 

Il  n'avait  composé  qu'une  seule  sonate 
(œuvre  41e)  pendant  les  huit  années  qu'a- 
vaient duré  ses  voyages,  ayant  été  absorbé 
par  la  composition  de  ses  symphonies,  et 
la  préparation  de  sa  collection  précieuse 
de  pièces  d'orgues  et  de  clavecin  ,  choisies 
dans  les  œuvres  des  plus  grands  composi- 
teurs. La  société  philharmonique  ayant 
été  instituée,  Clementi  y  fit  entendre  deux 
symphonies,  qu'on  a  exécutées  plusieurs 
fois,  et  qui  ont  été  fort  applaudies.  Il  en 
a  donné  de  nouvelles  dans  les  concerts  du 
mois  de  mars  1824  ,  à  la  société  philhar- 
monique et  au  théâtre  du  roi. 

Les  œuvres  de  Clementi  consistent  en 
cent  et  six  sonates  divisées  en  trente- 
quatre  œuvres,  dont  quarante-six  avec  ac- 
compagnement de  violon  ou  de  flûte  et  de 
violoncelle  ;  un  duo  pour  deux  pianos  ; 
quatre  duos  à  quatre  mains;  une  chasse; 
une  toccate  célèbre  ;  une  œuvre  de  pièces 
caractéristiques  ,  dans  le  style  de  plusieurs 
grands  maîtres  ;  trois  caprices  ;  une  fan- 
taisie sur  l'air  :  Au  clair  de  la  lune;  vingt- 
quatre  walses  ;  douze  montferrines  ;  une 
introduction  à  l'art  de  jouer  du  piano 
[Gradus  ad Parnassum),  divisée  en  deux 
parties,  ouvrage  qui  a  eu  douze  éditions  en 
Angleterre,  et  qui  a  été  réimprimé  plu- 
sieurs fois  en  Allemagne  et  en  France  ; 
plusieurs  symphonies  et  ouvertures  à  grand 
orchestre;  enfin  il  a  été  l'éditeur  de  celte 
belle  collection  de  pièces  rares  des  plus 
grands  maîtres,  publiées  à  Londres,  en  trois 
vol.  in-fol.  obi.  Le  style  des  compositions 
de  Clementi  est  léger,  brillant ,  plein  d'é- 


légance, et  ses  sonates  resteront  long-temps 
classiques  ;  mais  on  ne  peut  nier  qu'il  n'y 
ait  de  la  sécheresse  dans  son  chant ,  et 
qu'il  ne  manque  de  passion.  Sauf  quel- 
ques légères  incorrections  ,  ses  ouvrages 
sont  généralement  bien  écrits.  Comme 
pianiste ,  les  éloges  qu'on  lui  donne  sont 
sans  restrictions,  et  les  plus  grands  artistes 
s'accordent  à  le  proclamer  le  chef  de  la 
meilleure  école  de  mécanisme  et  de  doigté. 
C'est  lui  qui  a  fixé  invariablement  les  prin- 
cipes de  ce  doigté  et  de  ce  mécanisme  d'exé- 
cution. Plusieurs  éditions  complètes  de 
ses  œuvres  ont  été  publiées  à  Leipsick  et 
à  Bonn. 

Clementi  jouissait  en  Angleterre  de  la 
plus  haute  considération  ,  et  les  artistes 
les  plus  distingués  lui  témoignaient  du 
respect.  Possesseur  de  richesses  considéra- 
bles, il  avait  abandonné,  dans  les  dernières 
années  de  sa  vie,  la  direction  de  sa  maison 
de  commerce  et  de  sa  fabrique  de  pianos 
aux  soins  de  son  associé,  M.  Collard.  Re- 
tiré dans  une  belle  propriété  à  la  campagne, 
il  y  vivait  dans  le  repos  et  venait  rarement 
à  Londres.  Dans  une  de  ses  visites  en  cette 
ville,  Cramer,  Moscheles  et  beaucoup  d'au- 
tres artistes  célèbres  offrirent  un  banquet 
au  patriarche  du  piano.  Vers  la  fin  de  la 
séance,  ils  obtinrent  de  lui  qu'il  se  ferait 
entendre.  Il  improvisa  ;  et  la  jeunesse  de 
ses  idées ,  et  la  perfection  de  son  jeu  dans 
celte  soirée  mémorable  ,  excitèrent  autant 
d'étonnement  que  d'admiration  parmi  son 
auditoire.  Ce  dernier  effort  d'un  grand  ta- 
lent fut,  selon  l'expression  poétique,  le 
chant  du  cygne.  Bientôt  après,  Clementi 
cessa  de  vivre,  et  l'art  le  perdit  le  10  mars 
1832,  à  l'âge  de  quatre-vingts  ans. 

CLEMENTIUS  (chrétien),  musicien 
qui  paraît  avoir  vécu  dans  le  16e  siècle , 
et  dont  Mattheson  cite  (  Ehrenpforle  f 
p.  106)  un  ouvrage  théorique  sous  ce  ti- 
tre :  Christ.  Clementii  et  Orl.  Lassi 
principia  de  contextu  et  constructione 
cantilenarum ,  lequel  est  manuscrit. 
Hausmann  ,  bourgmestre  à  Scliafslœdt , 
près  de  Halle,  possédait  aussi ,  vers  1790, 


CLE 

deux  traités  manuscrits  du  même  auteur, 
dont  l'an  était  intitulé  :  Prœcepta  theo- 
rica ,  et  l'autre  Prœcepta  practica. 

CLEONIDES.  Voy.  EUCLIDE. 

CLERAMBAULT  (louis-nicolas),  est 
né  à  Paris,  le  19  décembre  1676,  d'une  fa- 
mille qui  avait  toujours  été  au  service  des 
rois  de  France,  depuis  Louis  XI.  Il  reçut 
des  leçons  d'orgue  et  de  contrepoint  de  Rai- 
son, organiste  de  l'abbaye  de  Ste. -Geneviève 
et  des  Jacobins  delà  rue  St. -Jacques.  Il  suc- 
céda à  sonmaîtredanscettedernièreplace  , 
et  fut  ensuite  organiste  de  l'église  Saint- 
Louis  ,  de  la  paroisse  de  St.-Sulpice  et  de 
la  maison  royale  de  Saint-Cyr.LouisXIV, 
ayant  entendu  une  de  ses  cantates  ,  en  fut 
si  content ,  qu'il  lui  ordonna  d'en  composer 
plusieurs  pour  le  service  de  sa  cbambre 
(ce  sont  celles  du  troisième  livre),  et  le 
nomma  surintendant  de  la  musique  parti- 
culière de  Madame  de  Maintenon.  C'est 
par  ce  genre  de  composition  que  Cleram- 
bault  s'est  illustré  :  il  en  a  publié  cinq  li- 
vres parmi  lesquels  on  trouve  celle  d'Or- 
phëe ,  qui  a  eu  beaucoup  de  vogue.  Le 
premier  ouvrage  de  cet  artiste  consiste  en 
deux  livres  de  pièces  de  clavecin ,  gravées 
en  1707.  Il  a  composé  un  office  complet 
à  l'usage  de  l'abbaye  de  Saint-Cyr ,  et 
un  Livre  d'orgue  contenant  deux  suites 
du  premier  et  du  second  ton,  qui  fut 
gravé  à  Paris,  en  1710,  in-4°  obi.  Enfin 
il  a  fait  représenter  à  l'Opéra  Le  Soleil 
vainqueur  des  nuages,  en  1721.  On 
connaît  aussi  de  lui  Le  Départ  du  roi , 
idylle  exécutée  à  la  cour ,  en  174:5.  Cleram- 
bault  est  mort  à  Paris,  le  26  octobre  1749. 

CLERAMBAULT  (  césar  -  françois- 
nicolas),  fils  du  précédent,  fut  organiste 
de  Saint-Sulpice ,  et  occupa  cette  place 
jusqu'à  sa  mort,  arrivée  le  29  octobre 
1760.  Il  a  fait  graver  un  livre  de  pièces 
de  clavecin,  Paris,  sans  date,  in-folio 
oblong ,  et  un  livre  de  pièces  d'orgue. 
Un  autre  fils  de  Louis-Nicolas  Clerain- 
bault,  nommé  Evrard-Dominique ,  a  pu- 
blié plusieurs  livres  de  cantates,  et  des  trios 
pour  le  violon. 


CLE 


163 


CLEREAU  (pierre),  musicien  français 
au  16e  siècle,  a  publié  :  Chansons  spiri- 
tuelles à  quatre  parties,  Paris,  Nicolas 
Du  Chemin,  15..;  2°  Tricinia,  Paris, 
1556,  in-12. 

CLÈVES  (jean  DE).  Voyez  JEAN  DE 
CLÈVES. 

CLEVESAAL  (georges)  ,  chanteur  à 
Gœttingue ,  et  maître  de  quartier  au  col- 
lège de  cette  ville,  mort  en  1725,  a  fait 
imprimer  un  discours  sur  la  musique, 
sous  ce  titre  :  Oratio  de  musicœ  volup- 
tate  et  commode  ejus  insigni,  in  supremo 
electoralis  pedagogii  Gœttingensis  Au- 
ditorio  IF.  non.  nov.  anni  1706  habita, 
quo  die  auctoritate  eleclorali  cantor  et 
collega  rita  renunciabalur ,  Gœttingue, 
1707,  in-4°,  19  pages. 

CL1CQUOT     (  FRANÇOIS-HENRI  ) ,    né    à 

Paris,  en  1728,  fut  le  plus  habile  con- 
structeur d'orgues  qu'il  y  ait  eu  en  France 
dans  le  dix-huitième  siècle.  Son  talent 
consistait  principalement  à  donner  aux 
jeux  de  l'orgue  une  bonne  qualité  de  son 
et  une  harmonie  convenable  ;  mais  ses  in- 
strumens  ont  le  défaut,  commun  à  toutes 
les  orgues  françaises,  d'être  trop  chargés  de 
jeux  d'anches  d'une  grande  dimension  ,  tels 
que  les  bombardes  et  les  trompettes ,  qui 
ne  produisent  qu'un  son  dur  et  rauque, 
et  de  n'être  point  assez  variés  dans  les  jeux 
de  récit.  Ce  n'est  point  dans  ce  système 
que  sont  construites  les  bonnes  orgues  d'Al- 
lemagne et  d'Italie.  Le  premier  ouvrage 
important  de  Clicquot  fut  l'orgue  de  Sainl- 
Gervais,  qu'il  acheva  en  1760.  Cinq  ans 
après,  il  prit  pour  associé  Pierre  Dallery, 
qui  l'emportait  sur  lui  pour  le  fini  et  la 
disposition  du  mécanisme.  C'est  à  leur 
réunion  qu'on  dut  les  orgues  de  Notre- 
Dame,  de  Saint-Nicolas-des-Champs ,  de 
Saint-Méry,  de  la  Sainte-Chapelle,  et  de 
la  chapelle  du  roi ,  à  Versailles.  Cette  as- 
sociation cessa  avant  que  Clicquot  entre- 
prît l'orgue  de  Saint-Sulpice,  le  plus  con- 
sidérable de  ses  ouvrages.  Cet  orgue,  quia 
cinq  claviers  à  la  main,  et  un  clavier  de 
pédale,  est  un  trente -deux pieds ,  com- 
11* 


164 


CLI 


posé  de  soixante-six  registres.  Clicquot  est 
mort  à  Paris,  en  1791.  En  1708,  un  Clic- 
quot était  facteur  d'orgues  rue  Phelippot , 
à  Paris.  Il  avait  construit  en  1703  l'orgue 
de  l'église  du  chapitre  de  Saint-Quentin. 
On  ignore  si  c'était  le  père  du  fameux  Clic- 
quot. 

CLIFFORD  (jacques)  ,  né  à  Oxford , 
fut  d'abord  enfant  de  chœur  au  collège 
de  la  Madeleine,  et  devint  ensuite  chape- 
lain à  l'église  Saint-Paul  de  Londres.  Il 
est  mort  en  1700.  On  lui  doit  la  publica- 
tion d'une  collection  d'antiennes  et  de 
prières  intitulée  :  Collection  of  divine 
services  and  anthems  usually  sung  In 
Hls  Magesly's  chapell  and  In  ail  the  ca- 
thedral  and  collégiale  choirs  of  En- 
gland  and  Ireland ,  Londres,  1664, 
in-12.  On  y  trouve  des  détails  curieux  sur 
la  musique  d'église  en  Angleterre ,  les 
noms  de  soixante-dix  compositeurs,  et  des 
instructions  pour  les  organistes. 

CLIFTON  (jean-charles),  né  à  Lon- 
dres, en  1781,  a  fait  ses  premières  études 
musicales  sous  la  direction  de  Bellamy , 
maître  des  enfans  de  chœur  de  la  cathé- 
drale de  Saint-Paul ,  et  a  reçu  ensuite  des 
leçons  de  Charles  Wesley.  Son  père ,  qui 
était  négociant,  le  destinait  au  commerce, 
mais  ses  liaisons  avec  Cimador,  Spagno- 
letti,  et  quelques  autres  musiciens  forti- 
fiaient son  penchant  pour  la  musique ,  et 
lui  donnaient  un  dégoût  invincible  pour  la 
carrière  qu'on  voulait  lui  faire  embrasser. 
Il  s'établit  d'abord  à  Bath,  comme  profes- 
seur de  musique ,  et  y  publia  quelques 
glees  et  chansons  qui  le  firent  connaître. 
En  1802,  il  alla  se  fixer  à  Dublin,  où  il 
fit  paraître  plusieurs  compositions  pour  le 
piano ,  et  une  notice  biographique  sur  le 
musicien  Jean  Stevenson,  son  ami,  qui  fut 
insérée  dans  la  Revue  littéraire  de  Dublin. 
En  1815,  il  composa  pour  le  théâtre  de 
Crow-Street  un  petit  opéra  intitulé  Ed- 
win,  qui  eut  quelque  succès.  Après  avoir 
passé  quatorze  ans  en  Irlande  ,  il  revint  à 
Londres,  en  1816,  au  moment  où  il  venait 
d'achever  une  théorie  simplifiée  de  l'har- 


CLO 

monie.  Il  avait  inventé  une  machine,  qu'il 
appelait  E idomuslcon ,  et  qui  était  des- 
tinée a  être  attachée  au  piano  pour  écrire 
les  improvisations  {Voyez  Engramelle  , 
FREKEetUNGER);il  avait  eu  d'abord  le  des- 
sein de  la  faire  exécuter  ;  mais  la  dépense 
énorme  que  cela  devait  lui  occasionner  l'a 
fait  renoncer  à  cette  entreprise.  Il  est 
maintenant  professeur  de  piano  à  Londres 
d'après  la  méthode  de  Logier. 

CLINIO  (the'odore),  né  à  Venise,  de- 
vint chanoine  de  Saint-Sauveur,  dans  cette 
ville,  en  1590,  et  mourut  en  1602.  lia 
laissé  en  manuscrit  Falsi  bordoni  a  otto 
voci.  Le  catalogue  de  la  bibliothèque  du 
roi  de  Portugal  indique  aussi  sous  le  nom 
de  cet  auteur  ,  Mlssœ  sex  vocum,  llb.  1. 

CLINTHIUS  (david),  littérateur  alle- 
mand qui  n'est  connu  que  par  une  disser- 
tation intitulée  :  Disputatio  de  Echo , 
Wittemberg,  1655. 

CLONAS ,  musicien  grec,  dont  parle 
Plutarque,  d'après  Héraclide,  vivait  peu 
de  temps  après  Terpandre.  Il  était  de 
Tégée,  suivant  les  Arcadiens;  mais  les 
Béotiens  le  réclamaient  comme  leur  com- 
patriote ,  et  affirmaient  qu'il  était  né  à 
Thêbes.  Il  fut  l'un  des  premiers  qui  com- 
posèrent des  nomes  ou  airs  pour  la  flûte. 
Ces  nomes  étaient  l' A pothètos ,  le  Schœ- 
nlon  et  le  Trlméres.  L'invention  de  ce 
dernier  est  particulièrement  attribuée  à 
Clonas ,  dans  les  registres  des  jeux  publics 
de  Sicyone ,  consultés  par  Plutarque. 

CLOTZ  (mathias),  luthier  célèbre,  na- 
quit dans  le  Tyrol ,  vers  1640.  Ayant  été 
admis  dans  l'atelier  de  Jacques  Steiner,  il 
devint  son  meilleur  élève.  Après  la  mort 
de  son  maître ,  il  établit  une  manufacture 
d'instrumens  dont  les  formes  sont  en  gé- 
néral imitées  de  celles  de  Steiner,  mais  dont 
la  qualité  de  son  est  moins  argentine.  La 
plupart  des  violons  de  Clotz  ont  été  fabri- 
qués depuis  1675  jusqu'en  1696.  11  existe 
cependant  des  instrumens  qui  portent  le 
nom  de  Mathias  Klotz,  et  une  date  posté- 
rieure, mais  on  croit  qu'ils  ont  été  fabri- 
qués par  les  fils  de  cet  artiste,  et  que  ceux- 


CLU 


COB 


165 


ci  n'ont  mis  leurs  noms  aux  violons  et 
violes  sortis  de  leurs  ateliers  qu'après  la 
mort  de  leur  père.  J'ignore  sur  quels  fon- 
demens  Olto  a  donné  à  Clotz  le  père  le 
prénom  à'Egitia  (  Ueber  den  Bau  der 
Bogeninstrumente,^.  81);  tousles  instru- 
mens  de  cet  artiste  que  j'ai  vus  portent 
celui  de  Mathias.  C'est  à  tort  aussi  que 
Gerber  a  orthographié ,  dans  son  ancien 
lexique  des  musiciens,  le  nom  de  Clotz  de 
cette  manière  :  Klotz. 

Georges  et  Sébastien  Clotz,  fils  de  ce 
luthier,  ont  fabriqué  des  violons  qui  ne 
sont  pas  dépourvus  de  mérite,  mais  qui 
sont  moins  recherchés  que  ceux  de  leur 
père.  Ces  artistes  avaient  pour  habitude  , 
lorsqu'un  instrument  de  leur  fabrique  était 
meilleur  que  d'autres ,  et  plus  parfaits 
dans  les  détails  des  formes,  de  leur  mettre 
une  étiquette  indiquant  le  nom  de  Stei- 
ner  j  c'est  à  cette  fraude  qu'il  faut  attri- 
buer les  faux  Steiner  qu'on  trouve  dans  le 
commerce.  Toute  la  famille  Clotz  a  vécu 
dans  le  Tyrol ,  et  y  a  formé  de  nombreux 
élèves  ,  fondateurs  de  toutes  les  fabriques 
d'instrnmens  de  ce  pays. 

CLUVER  (dethlef),  mathématicien  et 
astronome,  naquit  à  Slcwig,  vers  le  milieu 
du  17e  siècle.  Après  avoir  voyagé  en  France 
et  en  Italie  ,  où  il  séjourna  trois  ans  ,  il  se 
rendit  à  Londres ,  y  enseigna  les  ma- 
thématiques, et  y  établit  une  imprime- 
rie. La  société  royale  de  Londres  l'admit 
au  nombre  de  ses  membres  en  1678.  Ayant 
été  obligé  de  faire  un  voyage  dans  sa  pa- 
trie, en  1687,  il  eut  le  malheur  de  perdre 
son  imprimerie  et  sa  bibliothèque  qui  fu- 
rent détruites  par  l'incendie  pendant  les 
troubles  de  la  révolution  anglaise.  Réduit 
à  une  grande  détresse ,  et  sans  autre  res- 
source que  sa  plume,  Cluver  passa  le  reste 
de  ses  jours  à  Hambourg ,  et  mourut  en 
1708.  Parmi  les  ouvrages  qu'il  a  publiés  , 
il  a  donné  dans  les  Qbservationes  hebdo- 
madœ  de  Hambourg  (ann.  1707,  n.  xiv), 
un  mémoire  sur  un  système  de  proportions 
des  intervalles  des  sons.  Ce  système  a  été 
attaqué  avec  violence  par  Mattheson,  dans 


son  Forschender  Orchestre  (p.  263-266), 
et  par  Heufling ,  dans  les  Miscellanées  de 
Berlin  (ann.  1710,  tome  I,  partie  III, 
p.  265-294).  Moller  n'a  pas  cité  le  mé- 
moire de  Cluver  parmi  ses  ouvrages,  dans 
la  notice  qu'il  a  donnée  sur  cet  écrivain. 
(  Cimbria  Literata  ,  1. 1 ,  p.  99-103.) 

CNIRIM  (Constantin),  on  plutôt  Knie- 
riem ,  naqnit  à  Eschwege,  dans  la  seconde 
moitié  du  16e  siècle,  et  devint  recteur  dans 
sa  ville  natale  ,  en  1605.  Quelque  temps 
après  il  passa  à  Ober-Hohna,  en  qualité  de 
prédicateur  :  il  y  est  mort  en  1627.  On  a 
de  lui  :  Isagoge  musica  ex  probatissimo- 
rum  auctorum  prœceptis  observata,  etc., 
Erfurt,  1610,  in-8°. 

COBBOLD  (william  ),  musicien  an- 
glais, qui  vivait  dans  le  16e  siècle,  a  com- 
posé des  psaumes  qu'on  trouve  dans  la  col- 
lection publiée  en  1591,  par  Thomas  Este; 
un  de  ses  madrigaux  a  été  inséré  dans  le 
recueil  publié  à  Londres,  en  1601  ,  sous 
ce  titre  :  The  Triumphs  of  Oriana. 

COBER  (georges)  ,  musicien  allemand 
qui  vivait  vers  la  fin  du  16e  siècle  ,  s'est 
fait  connaître  par  un  ouvrage  intitulé  : 
Tyrocinium  w^s/cum,  Nuremberg,  1589, 
in-8°.  Ce  livre  est  un  traité  des  élémens 
de  la  musique  à  l'usage  des  écoles  primaires 
de  Nuremberg. 

COBERG  (jean-antoine),  organiste  de 
la  cour  à  Hanovre,  naquit  en  1650  à  Ro- 
thenbourg  sur  la  Fulde ,  dans  la  Hesse.  Il 
était  fort  jeune  lorsqu'il  se  rendit  à  Ha- 
novre pour  s'y  livrer  à  l'étude  de  la  mu- 
sique ,  sous  la  direction  de  Clamor  Abel  et 
de  Nie. -Ad.  Strunck.  Dirigé  par  ces  ar- 
tistes, il  parvint  à  une  grande  habileté 
dans  l'art  de  jouer  du  clavecin  et  de  l'orgue , 
et  acquit  des  connaissances  étendues  dans 
l'harmonie  et  le  contrepoint.  L'abbé  Stef- 
fani,  qui  l'avait  pris  en  affection,  lui  fit 
connaître  le  style  des  bons  compositeurs 
italiens,  et  lui  enseigna  l'art  du  chant. 
Doué  de  beaucoup  de  mémoire  et  d'intelli- 
gence, Coberg  apprit  aussi  en  peu  de  temps 
le  latin  ,  l'italien  et  le  français.  Après  que 
ses  études  furent  terminées ,  on  le  nomma 


166 


COC 


COG 


organiste  de  la  ville  neuve  de  Hanovre ,  et 
quelques  années  après ,  il  fut  appelé  à  la 
cour  électorale  pour  remplir  les  mêmes 
fonctions.  Ses  talens  lui  procurèrent  la 
faveur  du  duc  Jean-Frédéric  ,  et  de  l'élec- 
teur Ernest-Auguste.  Comme  musicien  de 
la  chambre,  il  fut  chargé  d'enseigner  la 
musique  aux  princes  et  princesses ,  et 
lorsque  le  roi  de  Prusse  eut  épousé  la  prin- 
cesse électorale  de  Hanovre,  il  suivit  son 
élève  à  Berlin.  Deux  fois  il  fut  appelé  dans 
cette  capitale  pour  v  continuer  l'éducation 
musicale  de  la  reine ,  et  telle  fut  la  faveur 
dont  il  jouissait  dans  les  deux  cours  ,  qu'il 
lui  fut  permis  d'y  remplir  concurremment 
deux  places  d'organiste,  et  d'en  cumuler 
les  traitemens.  Coberg  mourut  à  Hanovre 
en  1708.  Il  a  laissé  en  manuscrit  des  suites 
de  pièces  de  Clavecin  ,  des  règles  d'accom- 
pagnement, et  beaucoup  de  musique  d'é- 
glise. Une  partie  de  ces  ouvrages  a  été 
acquise  de  la  veuve  du  compositeur  par  la 
cour  de  Hanovre  ;  l'autre  a  passé  dans  les 
mains  de  son  neveu  Heinert ,  chantre  à 
Minden. 

COCATRIX  (....),  amateur  de  musi- 
que, né  à  la  Piochelle,  vers  1770  ,  se  ren- 
dit à  Paris  en  1797,  et  y  fut  employé  dans 
les  bureaux  de  la  marine ,  puis  réformé 
en  1800.  Assez  bon  musicien  et  jouant  du 
violon ,  il  s'était  lié  avec  le  fournisseur 
Armand  Seguin  ,  amateur  comme  lui ,  qui 
lui  suggéra  le  dessein  d'écrire  un  journal 
concernant  la  musique.  Cejournal  parut  en 
1803  sous  le  titre  de  Correspondance  des 
professeurs  et  amateurs  de  musique,  rédi- 
gée par  le  citoyen  Cocatrix.  11  en  parais- 
sait une  feuille  in-4°  chaque  semaine.  Cette 
publication  ne  se  soutint  qu'environ  dix- 
huit  mois.  La  rédaction  en  était  faible  et 
manquait  d'intérêt  et  de  variété.  Le  ré- 
dacteur n'avait  pas  d'ailleurs  le  savoir  né- 
cessaire pour  une  telle  entreprise,  et  ses 
opinions  étaient  entachées  de  beaucoup  de 
préjugés  de  son  temps.  Vers  la  fin  de  1804, 
M.  Cocatrix  s'est  éloigné  de  Paris;  on 
jrrnore  ce  qu'il  est  devenu. 

COCCH1  (joachim),  maître  de  chapelle 


au  conservatoire  d'egli  Incurabili ,  à  Ve- 
nise ,  naquit  à  Padoue  en  1720.  Son  pre- 
mier opéra  ,  intitulé  Adélaïde  ,  fut  repré- 
senté à  Rome  en  1743;  en  1750  Cocchi 
était  à  Naples  ,  où  il  obtint  des  succès  dans 
plusieurs  ouvrages.  Ce  fut  peu  de  temps 
après  cette  époque  qu'il  alla  à  Venise 
prendre  possession  de  sa  place  de  maître 
de  chapelle.  En  1757,  il  partit  pour  l'An- 
gleterre et  y  fit  représenter  plusieurs  opé- 
ras ;  mais  n'ayant,  point  réussi  à  faire 
goûter  sa  musique,  il  s'adonna  pendant 
près  de  quinze  ans  à  l'enseignement  du 
chant,  ce  qui  lui  procura  des  sommes 
considérables.  Il  publia  aussi  à  Londres 
deux  suites  de  pièces  de  clavecin  ,  des  ou- 
vertures et  des  cantates.  En  1773  ,  il  re- 
tourna à  Venise,  et  y  reprit  ses  fonctions 
de  maître  au  conservatoire.  Il  est  mort  dans 
cette  ville  en  1794.  Quoique  ce  composi- 
teur ait  eu  un  instant  de  vogue  en  Italie, 
surtout  pour  le  genre  bouffe,  et  bien  qu'on 
l'ait  comparé  à  Galuppi ,  il  avait  peu  d'ima- 
gination, et  n'est  recommandable  que  par 
la  clarté  de  son  style  et  une  gaieté  assez 
franche.  Voici  la  liste  de  ses  ouvrages  ; 
1°  Adélaïde }  à  Rome ,  en  1743  ;  2°  Baja- 
setle ,  à  Rome,  1746;  2° bis,  Giuseppe 
ricoiwsciuto ,  Naples ,  1748  ;  3°  Arminio , 
à  Rome,  1749;  4°  Siroe,k  Naples,  1750; 
5°  La  Mascherata ,  1751  ;  6°  Le  Donne 
vendicate ,  1752;  7°  La  Gouvernante 
rusée  y  1752;  8°  Il  Pazzo  glorioso ,  à 
Venise,  1753;  9°  Semiramide  ricono- 
sciuta,  1753;  10°  Rosaurajedele,  1753; 
11°  Demofoonte  ,  1754  ;  12°  /  Mattiper 
amore,  1756  ;  13°  Zoe,  1756;  14°  Emira, 
à  Venise,  1756;  15°  Gli  Amanli  gelosi, 
à  Londres,  1757  ;  16°  Zenobia,  1758; 
1 7°  Issifile ,  1 758  ;  1 8°  Ciro  riconosciuto , 
1759  ;  19°  Il  Tempio  délia  Gloria,  1 759  ; 
20°  La  Clemenza  di  Tito,  1760  ;  21°  Er- 
ginda,  1760;  22»  Tito  Manlio ,  1761; 
23°  Grande  serenata,  1761  ;  24°  Ales- 
sandro  nell'  Indie,  1761  ;  25°  Le  Nozze 
di  Dorina ,  1762;  26°  La  Famiglia  in 
scompiglia ,  1762. 

COCCIA  (charles)j  fils  d'un  violiniste 


coc 


COG 


167 


de  Naples ,  naquit  en  cette  ville  au  mois 
d'avril  1789.  Son  père  l'avait  destiné  à 
étudier  l'architecture;  mais  son  goût  pas- 
sionné pour  la  musique  lit  changer  ce  pro- 
jet. Un  maître  obscur,  nommé  Visocchi , 
enseigna  à  Coccia  les  premiers  principes 
de  la  musique.  Il  avait  une  jolie  voix  de 
soprano  et  chantait  dans  les  églises.  A  l'âge 
de  neuf  ans  il  reçut  des  leçons  de  Pietro 
Capelli.  Déjà  il  s'essayait  à  écrire,  et  il 
n'avait  point  encore  atteint  sa  treizième 
année  quand  il  composa  une  sérénade, 
quelques  solfèges,  une  cantate  et  un  ca- 
price pour  le  piano.  Ensuite  il  continua 
ses  études  au  Conservatoire  sous  la  direc- 
tion de  Fenaroli  et  de  Paisiello.  Ce  dernier 
maître  l'avait  pris  sous  sa  protection  spé- 
ciale :  ce  fut  à  ses  recommandations  que 
Coccia  dut  l'avantage  d'être  admis  comme 
professeur  de  musique  dans  les  meilleures 
maisons  de  Naples,  et  d'être  nommé  ac- 
compagnateur au  piano  de  la  musique 
particulière  du  roi  Joseph  Bonaparte. 

En  1808,  Coccia  écrivit  son  premier 
opéra  pour  le  théâtre  Valle,  de  Rome, 
sous  le  titre  II  Matrimonio  per  cambiale  : 
cet  ouvrage  ne  réussit  pas.  Découragé  par 
ce  premier  échec,  le  compositeur  voulait 
renoncer  au  théâtre  et  retourner  à  Naples 
pour  y  reprendre  ses  paisibles  occupations  ; 
mais  Paisiello  lui  rendit  le  courage,  et  l'en- 
gagea à  écrire  pour  toutes  les  villes  où  il 
obtiendrait  des  engagemens.  Coccia  alla 
donc  à  Florence,  et  y  composa  :  2°  Il 
Poeta  forlunato ,  qui  fut  bien  accueilli, 
et  qui  fut  suivi  d'un  grand  nombre  de 
pièces,  notamment  :  3°  La  Verità  nella 
bugia,  à  Venise,  1810;  5°  bis,  Voglipt 
di  dote  e  non  di  moglie ,  Ferrare,  1810. 
A  la  seconde  représentation  de  cet  ouvrage , 
le  bouffe  Lipparini  ayant  été  atteint  d'une 
indisposition  subite,  Coccia  chanta  son 
rôle  ,  et  fut  fort  applaudi  ;  4°  La  Matilde, 
1811  ;  5°  /  Solilari,  Venise  ,  1812  ;  6°  // 
Sogno  verificalo ,  1812;  7°  Arrighetlo, 
Venise,  1814;  8°  La  Selvagia,  1814; 
9° Il  Crescendo,  1 8 1 5;  1 0°  Euristea,  1815; 
11°  Evelina,  à  Milan,  1815;  12°  /  Be- 


gli  usi  dl  città,  Milan,  1816;  15°  Clo- 
tilde,  à  Venise,  1816  ;  14°  Rinaldo  d'Asti, 
Rome,  1816;  15°  Carlotta  e  Werter , 
1816;  16°  Claudine,  à  Turin,  1817; 
17o  La  vera  Gloria,  cantate,  à  Padoue, 
1817;  18°  Elelinde,  Venise,  1817; 
19°  Simile ,  à  Ferrare ,  1817  ;  20°  Donna 
Caritea,  Turin,  1818;  21»  Fayel,  à  Flo- 
rence ,  1819;  22°  La  Fedeltà,  cantate, 
à  Trieste,1819;  23°  Cantate  pour  la  nais- 
sance du  roi  de  Rome,  àTrevise,  en  1811  ; 
24°  Cantate  pour  l'entrée  des  armées  al- 
liées à  Paris  ,  Padoue  ,  1814.  Appelé  à  Lis- 
bonne comme  compositeur,  en  1820,  Coc- 
cia y  lit  représenter  25°  Atar ,  opéra  ; 
26°  Il  Lusilano ,  cantate;  27°  Mandane 
regina  di  Persia,  en  1821  ;  28°  Elena  e 
Costantino,  opéra  semi- séria  ,  dans  la 
même  année;  29°  La  Festa  délia  rosa , 
opéra  bouffe,  en  1822.  Au  mois  d'août 
1823  ,  il  se  rendit  à  Londres  pour  y  pren- 
dre la  place  de  directeur  de  la  musique 
du  théâtre  du  roi.  L'année  suivante  ,  il  lit 
imprimer  dans  cette  ville  plusieurs  canta- 
tes ,  six  duos  de  chant  avec  accompagne- 
ment de  piano,  et  quelques  autres  petites 
productions.  Pendant  le  temps  où  il  dirigea 
la  musique  de  l'Opéra  italien  de  Londres, 
il  écrivit  plusieurs  morceaux  pour  divers 
ouvrages,  et  y  fit  représenter,  en  1827; 
50°  Maria  Stuart ,  opéra  sérieux ,  puis  il 
retourna  à  Naples.  En  1828  ,  il  écrivit 
pour  le  Théâtre  de  la  Scala ,  à  Milan , 
31°  L'Orfano  délie  Selve ,  à  Venise,  en 
1829;  52°  Rosamunda ,  opéra  sérieux,  à 
Naples,  en  1831  ;  33°  Edoardo  Stuart, 
à  Milan ,  en  1852;  34°  Enrico  di  Mont- 
fort,  opéra  sérieux;  et  en  1853,  35°  Ca- 
tarina  di  Guisa.  Dans  cette  même  année, 
Coccia  a  fait  un  nouveau  voyage  à  Lon- 
dres ;  depuis  lors  il  s'est  fixé  dans  sa  ville 
natale. 

Ce  compositeur  s'est  fait  une  sorte  de 
réputation  en  Italie  par  son  opéra  de  Clo- 
tilde.  Cet  ouvrage  fut  représenté  à  Paris 
en  1821,  mais  sans  succès.  On  en  trouva 
le  style  vieux  et  les  mélodies  vulgaires.  Il 
n'y  a  en  effet  point  d'imagination  dans  la 


168 


COG 


musique  de  cet  artiste ,  et  sa  manière 
d'écrire  est  lâche  et  remplie  d'incorrections . 
Ses  études  ont  été  faibles ,  et  l'on  voit  qu'il 
n'a  point  eu  connaissance  des  bons  modèles 
classiques. 

COCCIOLA  (jean-baptiste),  maître  de 
chapelle  du  chancelier  de  Lithuanie  (Léon 
Sapieha),  naquit  à  Verceil ,  en  Piémont, 
vers  la  fin  du  16e  siècle.  Il  a  fait  imprimer 
une  messe  de  sa  composition ,  à  huit  voix 
avec  basse  continue,  à  Venise,  en  1612  , 
in-4°.  On  trouve  quelques-uns  de  ses  mo- 
tets dans  le  Parnasso  musico  Berga- 
meno ,  ce  qui  a  fait  croire  à  Frezza  qu'il 
était  né  à  Bergame. 

COCCIUS  (MARC-ANTOINE  SABELLI- 
CUS),  né  à  Rome  en  1438,  mourut  en 
1507,  à  l'âge  de  soixante-dix  ans.  Il  a  écrit 
un  poème  De  Rerum  artiumque  invento- 
ribus,  qu'on  trouve  dans  la  collection  de 
Matthseus  De  rerum  Inventoriais ,  Ham- 
bourg, 1613.  Sabellicus  y  parle  beaucoup 
de  la  musique  et  des  instrumens. 

COCHEREAU  (....),  haute-contre  de 
l'Opéra,  du  temps  de  Lulli ,  passait  pour 
un  habile  chanteur.  Il  était  en  même 
temps  au  service  du  prince  de  Conti ,  et 
enseignait  à  chanter.  Il  est  mort  à  Paris  le 
5  mai  1722.  On  a  de  sa  composition  : 
trois  livres  à^Airs  à  chanter,  imprimés 
chez  Ballard ,  sans  date ,  in-4°  obi. 

COCHIN  (claude-nicolas),  dessinateur 
et  graveur,  naquit  à  Paris  en  1715 ,  et 
mourut  dans  cette  ville  le  29  avril  1790. 
On  a  de  lui  des  lettres  sur  l'Opéra  ,  Paris , 
1781,in-12. 

COCHLÉE  (jean),  en  latin  Cochlœus, 
naquit  à  Wendelstein,  près  de  Nuremberg, 
en  1479.  Après  avoir  été  reçu  docteur  en 
théologie,  il  fut  successivement  pourvu  de 
canonicats  à  Worms  ,  à  Mayence ,  et  enfin 
à  Breslau,  où  ilmourut le  10  janvier  1552, 
et  non  à  Vienne  en  1553  ,  comme  on  le 
dit  dans  le  Dictionnaire  des  musiciens  , 
d'après  la  première  édition  du  Lexikon  de 
Gerber.  Cochlée  fut  un  antagoniste  ar- 
dent de  Luther  et  de  sa  réforme  ;  il  poussa 
le  fanatisme  jusqu'à  proposer  à  son  ad  ver- 


coc 

saire  une  conférence  publique ,  sous  la 
condition  que  celui  qui  succomberait  dans 
cette  lutte  serait  brûlé.  Luther  accepta  le 
défi  ,  mais  leurs  amis  empêchèrent  l'exé- 
cution de  ce  projet  insensé.  Walther  dit 
que  Cochlée  fut  doyen  à  Francfort-sur-le- 
Mein  ;  il  le  cite  aussi  sous  le  nom  de  Wen- 
delstein ,  qui  est  celui  du  lieu  de  sa  nais- 
sence.  Gerber  cite  deux  Cochlée,  du  nom 
de  Jean ,  dont  l'un  aurait  été  recteur  de 
l'école  de  Saint-Laurent  ,  à  Nuremberg  : 
tout  porte  à  croire  qu'il  s'agit  du  même 
homme.  Quoi  qu'il  en  soit,  on  connaît  sous 
ce  nom  :  1°  Musica  activa,  Cologne, 
1507,  in-8°;  2°  Tetrachordum  Muslces 
Joannis  Coclei  Norici,  artium  magistri  ; 
Nurnbergœ  nuper  contextum  ;  pro  j'u- 
ventutis  Laurentiana  eruditione  impri- 
mis ,  etc.,  Nuremberg,  1512,  in-4° , 
2e  édition,  1520.  Ce  traité  de  musique  ne 
renferme  que  quatre  chapitres  concernant 
les  élémens  de  la  musique,  du  plain-chant, 
des  huit  tons  et  de  la  musique  mesurée. 
Plusieurs  bibliographes  citent  aussi  sous 
ce  nom  un  ouvrage  intitulé  :  Rudimenta 
Musicœ  et  geometriœ ,  in  quibus  urbis 
Norimbergensis  laus  continetur,  etc. , 
Nuremberg,  1512,  in-4°. 

COCLIUS  (adrien), musicien  du  16e  siè- 
cle, et  élève  de  Josquin  Desprez  ,  vivait  à 
Nuremberg.  On  a  de  lui  :  Compendium 
musices  descriptwn  ab  Adriano  Petit 
Coclio ,  discipulo  Josquini  de  Près,  in 
quoprœter  ccetera  iractantur  hœc:  1°  de 
modo  omatè  canendi  ;  2°  De  régula  con- 
trapuncti  •  5°  De  compositione ,  Nurem- 
berg, 1552,  in-4°  de  quinze  feuilles  d'im- 
pression. L'auteur  a  destiné  cet  ouvrage  à 
l'école  de  cette  ville.  C'est  un  livre  curieux 
et  utile  pour  l'histoire  de  l'art  :  on  y  trouve 
un  chapitre  qui  a  pour  titre  :  De  régula 
contrapuncti  secwidum  doctrinam  Jos- 
quini de  Pratis.  E.  L.  Gerber,  Lichten- 
thaletles  auteurs  du  Dictionnaire  des  mu- 
siciens (Paris,  1810),  l'appellent Coclicus. 

COCQUEREL  (adrien),  dominicain  au 
couvent  de  Lisieux  ,  naquit  à  Vernon,  au 
commencement  du  17e  siècle.  Il  est  au- 


COG 


COL 


169 


teur  d'an  livre  intitulé  :  Méthode  uni- 
verselle et  très  briève  et  facile  pour  ap- 
prendre le  plain-chant  sans  maître, 
Paris,  1647,  in-4°.  C'est  une  seconde  édi- 
tion ;  je  n'ai  pu  découvrir  la  date  de  la 
première. 

CODRONCHI  (baptiste),  célèbre  méde- 
cin italien,  né  à  Imola  ,  vers  le  milieu  du 
16e  siècle  ,  est  auteur  d'un  ouvrage  inti- 
tulé :  De  vitiis  vocis  libri  duo,  in  quitus 
non  solum  vocis  dejinilio  traditur  et  ex- 
plicatur,  sed  illius  differentiœ ,  instru- 
menta et  causœ  aperiuntur  ;  ultime  de 
vocis  conservatione ,  prœservatione ,  ac 
vitiorum  ejus  curatione  tractatus  ,  etc. , 
Francfort,  1597,  in-8°.  Ce  traité  est  ce 
qu'on  a  écrit  de  plus  complet  sur  l'organe 
de  la  voix  ;  mais  on  a  fait  dans  ces  derniers 
temps  quelques  découvertes  qui  ont  avancé 
l'état  des  connaissances  sur  cet  organe. 

CiEDES  (Mme).  On  a  publié  sous  ce 
nom  des  Lettres  sur  la  musique,  avec  des 
exemples  gravés,  Paris,  Bossange,  1806, 
quatre-vingt-quatre  pages  in-8°.  Lichten- 
thal  écrit  le  nom  de  l'auteur  Cœder.  L'ou- 
vrage est  divisé  en  quatre  lettres  ,  dont  la 
première  est  une  introduction  générale, 
la  deuxième  traite  des  principes  de  la  mu- 
sique, la  troisième  des  accords  qui  forment 
l'harmonie,  et  la  quatrième,  de  la  méthode 
à  suivre  dans  l'enseignement. 

COFERATI  (matiiieu),  ecclésiastique  et 
maître  de  plain-chant  à  Florence  ,  naquit 
dans  cette  ville  et  y  publia  II  cantore  ad- 
dottrinato ,  o  regole  del  canto  corale , 
1682.  On  a  fait  plusieurs  éditions  de  ce 
livre;  la  troisième,  qui  est  la  meilleure, 
est  de  la  même  ville  ,  1708  ,  in-8o. 

COGAN  (philippe)  ,  claveciniste  ,  né  à 
Doncaster  ,  en  1757  ,  s'établit  à  Londres 
où  il  a  publié  huit  œuvres  pour  le  piano , 
parmi  lesquels  on  remarque  :  1°  Six  so- 
nates pour  le  piano,  avec  ace.  de  violon, 
œuvre  2e ,  Londres,  1788;  2o  Concerto 
favori  pour  le  piano ,  avec  ace.  de  deux 
violons,  alto,  basse,  deux  flûtes  et  deux 
cors,  op.  6,  Londres ,  1792;  5°  New  Les- 
sons  for  the  harpsichord ,  op.  8,  ibid. 


COGGINS(joseph),  professeur  depiano, 
né  en  Angleterre,  vers  1780,  a  été  élève 
et  ensuite  remplaçant  du  docteur  Calcott. 
Il  est  auteur  d'un  bon  ouvrage  élémentaire 
pour  le  piano ,  intitulée  :  The  musical 
assistant,  containing  ail  that  is  truly 
usefulto  the  theorj  and  practice  of  the 
piano  forte ,  Londres,  etc.  1815.  Il  a  aussi 
publié  un  divertissement  pour  le  piano  sur 
un  thème  de  Steibelt,  et  une  fantaisie  pour 
le  même  instrument. 

COICK  (jean),  ou  LE  COQ  ,  que  quel- 
ques biographes  font  anglais  ,  et  d'autres 
hollandais,  vécut  vers  le  milieu  du  16e  siè- 
cle, et  se  distingua  par  des  compositions 
scientifiques.  On  trouve  plusieurs  de  ses 
motets  et  de  ses  chansons  dans  les  recueils 
publiés  à  cette  époque,  et  particulièrement 
dans  celui  qui  parut  à  Anvers,  en  1545. 
Une  chanson,  contenue, dans  ce  recueil  est 
surtout  remarquable  par  sa  forme  :  elle 
est  à  cinq  voix.  Deux  d'entre  elles  font  un 
canon  par  mouvement  rétrograde,  et  les 
trois  autres  accompagnent  dans  le  style  du 
contrepoint  fugué. 

COIGNET  (horace)  ,  compositeur,  est 
né  à  Lyon  ,  en  1736  ,  et  mort  à  Paris  ,  en 
1821.  Il  a  écrit  la  musique  de  Pigmalion, 
monodrame  de  Jean-Jacques  Rousseau. 
Cette  musique  a  été  pendant  plusieurs  an- 
nées la  seule  musique  qu'on  exécutait  pour 
cette  pièce  au  Théâtre  Français. 

COL  (simon),  ménestrel  de  la  musique 
de  Charles  V,  roi  de  France  ,  suivant  une 
ordonnance  de  l'ostel  de  ce  prince  ,  da- 
tée de  1564,  jouait  de  la  trompette.  Il  pa- 
raît que  son  talent  sur  cet  instrument 
était  remarquable,  car  Guillaume  de  Ma- 
chault  dit  de  lui ,  dans  une  ballade  : 

De  Simon  Col  oyez  le  doulx  labeur; 
A  ce  Simon,  nulz  égale  en  trompeur. 

COLANDER  (antoine),  organiste  de 
l'électeur  de  Saxe,  dans  la  première  moitié 
du  17e  siècle,  étudia  d'abord  le  droit  à 
l'université  de  Leipsick ,  et  fut  organiste 
dans  celte  ville.  Il  quitta  cette  place,  en 
1602,  pour  se  rendre  à  Dresde,  où  il  mou- 


170 


COL 


rut  en  1643.  Gerber  cite  des  motets  à 
quatre  voix  de  sa  composition  ,  mais  sans 
faire  connaître  le  lieu  ni  la  date  de  l'im- 
pression. 

COLASSE  (pascal),  l'un  des  maîtres 
de  la  musique  de  la  chambre  deLouis  XIV. 
Suivant  l'Essai  sur  la  musique  de  La  Borde, 
le  dictionnaire  de  Ladvocat  et  les  anec- 
dotes dramatiques ,  ce  musicien  était  né  à 
Taris,  en  1659.  D'après  le  Dictionnaire 
historique  des  musiciens  de  Choron  et 
Fayolle,  et  le  Dictionnaire  dramatique  ,  il 
serait  né  dans  la  même  ville,  en  1636; 
mais  son  acte  de  mariage  avec  la  fille  de 
Jean  Berin,  dessinateur  du  cabinet  du  roi, 
fait  à  Paris,  à  la  paroisse  de  Saint-Ger- 
main-1'Auxerrois,  le  7  novembre  1689, 
prouve  qu'il  était  fils  de  «  défunt  Antoine 
Colasse ,  bourgeois  de  Beims }  et  d'Anne 
Martin.»»  11  est  dit  dans  cet  acte  que  Colasse 
était  alors  âgé  d'environ  trente-sept  ans , 
ce  qui  supposerait  qu'il  était  né  en  1652  ; 
mais  il  est  vraisemblable  que  devenant 
l'époux  d'une  jeune  fille  de  dix-huit  ans , 
il  aura  voulu  se  rajeunir,  et  se  sera  donné 
trente-sept  ans ,  au  lieu  de  quarante-neuf 
ou  cinquante  qu'il  avait  réellement.  Quoi 
qu'il  en  soit ,  il  est  certain  qu'il  entra  à 
l'église  de  Saint-Paul,  comme  enfant  de 
chœur,  qu'il  y  fit  une  partie  de  ses  études, 
et  qu'il  les  acheva  au  collège  de  Navarre  , 
où  il  avait  obtenu  une  bourse.  Après  qu'il 
fut  sorti  du  collège,  Lulli  ayant  entendu 
parler  de  ses  talens  naturels  pour  la  mu- 
sique ,  le  prit  chez  lui  comme  élève  ,  le  fit 
travailler  à  remplir  les  parties  de  chœurs 
et  d'orchestre  de  ses  opéras ,  dont  il  n'é- 
crivait quele  chant  et  la  basse,  et  lui  donna 
l'emploi  de  batteur  de  mesure  à  l'Opéra, 
à  la  place  de  Lalouette ,  qu'il  venait  de 
congédier  (en  1677).  Au  mois  de  mai 
1685,  il  obtint  pour  lui  une  des  quatre 
places  de  maître  de  la  musique  de  la  cha- 
pelle du  roi.  Le  2  juillet  1696 ,  le  roi  fit 
cadeau  à  Colasse  de  la  charge  de  maître 
de  la  musique  de  sa  chambre ,  vacante  par 
la  mort  de  Lambert.  Vers  le  même  temps, 
il  obtint  le  privilège  de  l'établissement 


COL 

d'un  Opéra  à  Lille  ,  et  il  en  fit  l'entreprise 
à  ses  dépens;  mais  un  incendie  renversa 
ses  projets  de  fortune.  Louis  XIV,  qui 
aimait  la  musique  d'ailleurs  assez  plate 
de  Colasse,  lui  fit  cadeau  de  dix  mille 
livres,  pour  l'indemniser  de  ses  pertes, 
et  lui  conserva  sa  place  de  maître  de 
la  musique  de  la  chambre,  bien  qu'il  eût 
cessé  d'en  remplir  les  fonctions  pendant 
plusieurs  années.  Colasse  ne  sut  pas  pro- 
filer de  son  bonheur,  car  il  se  mit  en  tête 
de  chercher  la  pierre  philosophale ,  et  il 
ruina  sa  bourse  et  sa  santé.  Le  peu  de  suc- 
cès de  son  opéra  de  Polixène  et  Pyrrhus 
acheva  de  lui  déranger  l'esprit,  et  il  mou- 
rut à  Versailles  dans  un  état  d'imbécillité, 
au  mois  de  décembre  1709,  âgé  d'environ 
soixante-dix  ans.  L'année  précédente  il 
avait  été  forcé  de  renoncer  à  sa  charge  de 
maître  de  la  musique  de  la  chapelle  du 
roi.  Lulli  avait  gardé  près  de  lui  son  élève 
jusqu'à  sa  mort  (en  1687),  et  lui  avait  as- 
suré par  son  testament  un  logement  et 
cent  pistoles  de  pension  ;  mais  Colasse 
ayant  quitté  les  enfans  de  Lulli ,  auquel 
leur  père  avait  voulu  l'attacher ,  ils  plai- 
dèrent contre  lui.  et  il  perdit  sa  pension 
et  son  logement.  Ce  qu'il  ne  perdit  pas, 
c'était  une  collection  assez  considérable 
d'airs  de  Lulli ,  que  lui  seul  possédait.  Il 
arrivait  souvent  que  ce  compositeur  célè- 
bre écrivait  un  air  pour  un  de  ses  opéras  , 
puis  n'en  étant  pas  satisfait,  en  composait 
un  autre.  Il  donnait  ensuite  celui  qu'il 
rejetait  à  Colasse  en  lui  disant  de  le  brûler, 
ceque  celui-ci  segardaitbien  de  faire;  plus 
tard  il  utilisa  tous  ces  morceaux  dans  ses  ou- 
vrages. Ces  larcins  lui  furent  souvent  re- 
prochés par  des  contemporains  ,  et  quel- 
quefois il  les  avouait.  On  cite  à  ce  sujet 
l'anecdote  suivante.  Un  jour  Colasse  se 
prit  de  querelle  avec  un  acteur  de  l'Opéra, 
et  la  dispute  se  termina  par  un  combat  à 
coups  de  poing  dans  lequel  le  compositeur 
eut  ses  habits  déchirés.  Un  de  ses  amis,  le 
voyant  en  cet  état,  lui  dit  :  <*  Comme  te 
voilà  fait!  —  Comme  quelqu'un  qui  re- 
vient du  pillage ,  »  répondit  La  Rochois , 


COL 

célèbre  actrice  de  ce  temps.  Malgré  les 
emprunts  faits  à  Lulli  par  Colasse ,  sa 
musique  ne  fut  jamais  en  faveur  auprès  du 
public  comme  elle  l'était  à  la  cour.  On  la 
trouvait  faible,  languissante,  et  dépourvue 
d'expression  dramatique.  A  l'exception  de 
son  opéra  des  Noces  de  Thetys  et  Pelée , 
aucun  de  ses  ouvrages  n'eut  un  succès  vé- 
ritable. Son  Achille,  dont  les  paroles 
étaient  de  Campistron,  donna  lieu  à  cette 
épigramme  : 

Entre  Campistron  et  Colasse 
Grand  débat  s'émeut  au  Parnasse  , 
Sur  ce  que  l'opéra  n'a  pas  un  sort  heureux. 
De  son  mauvais  succès  nul  ne  se  croit  coupable  : 
L'un  dit  que  la  musique  est  plate  et  misérable, 
L'autre,  que  la  conduite  et  les  vers  sont  affreux; 
Et  le  grand  Apollon  ,  toujours  juge  équitable  , 
Trouve  qu'ils  ont  raison  tous  deux. 

Outre  un  grand  nombre  de  motets  ,  de 
cantiques  et  de  cantates  composés  pour  la 
chapelle  et  la  chambre  de  Louis  XIV , 
Colasse  a  écrit  les  ouvrages  suivans  : 
1°  Achille  et  Polixene,  1687,  avec  quel- 
ques morceaux  de  Lulli  ;  2°  Thètys  et 
Pelée,  1689;  5°  Énée  et  Lavinie,  1690  ; 
4°  Astrée,  1691  ;  5°  Le  ballet  de  Ville- 
neuve-Saint-Georges ,  1692  ;  6°  Les  Sai- 
sons, 1695.  avec  Louis  Lulli  ;  7°  Jason,  ou 
la  Toisond' Or,  janvier,  1696;  8° La  nais- 
sance de  Vénus,  mai,  1696  ;  9°  Canente, 
1700  ;  10°  Polixene  et  Pyrrhus.  Tons  ces 
ouvrages  ont  été  représentés  à  l'académie 
royale  de  musique.  On  trouve  à  la  biblio- 
thèque de  l'Arsenal,  à  Paris,  la  partition  ori- 
ginale à'Amarillis,  pastorale  de  Colasse, 
datée  de  1689.  Cet  ouvrage  n'a  pas  été  re- 
présenté. Colasse  a  écrit  anssi  V Amour  et 
l'hymen ,  divertissement  composé  d'un 
prologue  et  de  huit  scènes,  exécuté  au  ma- 
riage du  prince  de  Conti ,  dans  l'hôtel  de 
Conti  ,  et  la  musique  d'un  des  ballets  des 
jésuites  qu'on  trouve  dans  un  volume  de 
la  collection  Philidor  à  la  bibliothèque  du 
Conservatoire  de  musique  de  Paris. 

COLBRAN  (isabella-angela),  aujour- 
d'hui femme  du  célèbre  compositeur  Ros- 
sini,  est  née  à  Madrid  j  le  2  février  1785  , 


COL 


1.71 


de  Gianni  Colbran ,  musicien  de  la  cha- 
pelle de  la  chambre  du  roi  d'Espagne.  A 
l'âge  de  six  ans ,  elle  reçut  les  premières 
leçons  de  musique  de  François    Pareja, 
compositeur  et  premier  violoncelliste  de 
Madrid.  Trois  ans  après,  elle  passa  sous  la 
direction  de  Marinelli ,  dont  elle  reçut  les 
conseils  jusqu'à  ce  que  Crescentini ,  ayant 
eu  occasion  de  l'entendre,  voulut  se  char- 
ger de  la  former  dans  l'art  du  chant.  Lors- 
qu'il crut  que  le  moment  était  venu  de  la 
produire  en  public,  il  lui  prédit  les  succès 
qu'elle  devait  y  obtenir,  et  ne  se  trompa 
point.  De  1806  à  1815,  mademoiselle  Col- 
bran  à  joui  de  la  réputation  méritée  d'une 
des  plus  habiles  cantatrices  de  l'Europe. 
En  1809,  elle  était  à  Milan  en  qualité  de 
prima  donna  séria  •  l'année  suivante  elle 
chanta  au  théâtre  de  la  Fenice ,  à  Venise. 
Elle  alla  ensuite  à  Rome ,  et  enfin  à  Na- 
ples  ,  où  elle  a  chanté  sur  le  théâtre  de 
Saint-Charles,  jusqu'en  1821.  Sa  voix  s'é- 
tait conservée  pure  et  juste  jusqu'en  1815; 
mais   passé    cette  époque ,    mademoiselle 
Colbran  commença  à  chanter  tantôt  au- 
dessus,  tantôt  au-dessous  du  ton,  et  quel- 
quefois si  faux  ,  que  les  oreilles  des  pauvres 
Napolitains  étaient  soumises  à  des  rudes 
épreuves.  Toutefois  ils  n'osaient  témoigner 
leur  mécontentement ,  car  la  cantatrice , 
qui  était  bien  avec  le  directeur  Barbaja, 
leur    était    imposée  par    la    cour.    Leur 
silence   seul    les    vengeait    de    ce  despo- 
tisme. Enfin  mademoiselle  Colbran  ayant 
épousé  M.  Rossini ,  à  Castenaso,  près  de 
Bologne,  le  15  mars  1822,  partit  pour 
Vienne,  chanta  à  Londres  en  1825,  et 
quitta  le  théâtre  peu  de  temps  après.  De- 
puis lors ,  elle  a  cessé  de  se  faire  entendre 
en  public.  En  1824,  elle  a  fait  un  voyage 
en  Angleterre  avec  son  mari ,  et  mainte- 
nant elle  réside  à  Bologne.  Elle  a  composé 
quatre   recueils  de  canzoni  dont  un  est 
dédié  à  la  reine  d'Espagne,  un  à  l'impéra- 
trice de  Russie,  le  troisième  à  Crescentini, 
et  le  dernier  au  prince  Eugène  Reauhar- 
nais. 

COLEJRE  (richard)  ,  ecclésiastique  an- 


172 


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glais,  vivait  dans  la  première  moitié  du 
18e  siècle.  Il  fut  d'abord  vicaire  à  Isle- 
■worth  et  ensuite  ministre  à  Riclimond. 
On  a  de  lui  :  On  erecting  an  organ  at 
Isleworth,  a  sermon  on  Psalm  150  (Sur 
l'érection  d'un  orgue  à  Isleworth  ;  sermon 
sur  le  psaume  150),  Londres,  1 738,  in-4°. 

COLEMAN  (charles),  docteur  en  mu- 
sique ,  fut  d'abord  attacbé  à  la  musique 
particulière  de  Charles  Ier,  et  après  la  ré- 
solution anglaise  enseigna  la  musique  à 
Londres.  Il  fut  le  premier  qui  conçut  le 
projet  de  mettre  en  musique  un  intermède 
anglais ,  à  l'imitation  des  Italiens.  Un 
poète  nommé  William  Davenant  fît  les 
paroles  ,  et  le  docteur  Goleman  ,  conjoin- 
tement avec  Henri  Lawes  ,  capitaine  Cook 
et  Georges  Hudson,  écrivit  la  musique.  Cet 
intermède,  dont  on  n'a  pas  retenu  le  titre, 
fut  représenté  à  Rulland-house,  pendant 
l'usurpation. 

COLER  (valentin),  ou  KOELER, 
compositeur,  né  à  Erfurt  vers  1550,  fut 
chanteur  à  Sonderhausen.  On  connaît  les 
ouvrages  suivans  de  sa  composition  : 
1°  Trois  messes  et  trois  Magnificat ,  Er- 
furt, 1599;  2°  Cantionum  sacrarum, 
quœ  vulgo  motettœ  appellantur  4-8  et 
pluribus  vocibus  concinnatarum ,  lib.  1 
et  2,  Urseren,  1604,  in-4°;  5°iVewe  Lus- 
tige  liebliche  und  artige  Intraden , 
Tœnze  und  Gagliarden  auff  allerley  Sai- 
tenspiel,  Iena  ,  1605,  in-4°. 

COLER  (martin),  ou  KOLER,  compo- 
teur,  né  à  Dantzig,  vers  1620,  mena  une 
vie  errante,  non  seulement  dans  sa  jeu- 
nesse, mais  même  lorsqu'il  fut  devenu 
vieux.  En  1661,  il  était  à  Hambourg, 
qu'il  quitta  pour  aller,  en  1665  ,  occuper 
la  place  de  maître  de  chapelle  à  Bruns- 
wick. Deux  ans  après  il  était  au  service 
du  margrave  de  Bayreuth;  mais  on  lui 
donna  son  congé  en  1670,  et  il  obtint  un 
emploi  dansle  Holstein.  Onignore combien 
de  temps  il  resta  dans  celte  situation,  mais 
on  le  retrouve  dans  sa  vieillesse  à  Ham- 
bourg, où  il  est  mort  en  1704.  On  a  de  sa 
composition   ;  1°    Melodien  zu  Rislens 


Passions-Ândachten,  Hambourg,  1648 , 
in-8°,  Henri  Pape  a  écrit  la  plus  grande 
partie  des  mélodies  de  ce  recueil  ;  2°  Die 
Hochzeitliche  Ehrenfackel  dent  Hrn. 
von  Hardenberg  zu  zell  angezundet  und 
ueberschickt  von  Martino  Colero  aus 
Danzig,  etc.,  Hambourg,  1661,  in-fol.  ; 
3°  Sulamitische  Seelen-harmonie ,  das 
ist  einstimmiger  Freudenhall  etlicher 
geistlicher  Psalmen ,  Hambourg,  1662, 
in-fol. 

COLETTI  (adgustin-bonaventure), 
compositeur  et  académicien  philharmo- 
nique, né  à  Lucques,  vécut  à  Venise  vers 
le  commencement  du  18e  siècle.  Il  a  fait 
représenter  dans  cette  ville  deux  opéras , 
P aride  e  Ida,  1706,  et  Ifigenia,  dans  la 
même  année.  Il  a  publié  aussi  :  Armonici 
Tributi  o  XII  cantate  a  voce  sola  e 
cembalo ,  Lucques,  1609. 

COLIN  (pierre-gilbert),  en  latin  Co- 
linus  ou  Colinœus ,  compositeur  et  pre- 
mier chapelain  de  la  chapelle  des  enfans 
de  France  ,  sous  le  règne  de  François  1er. 
On  lui  avait  donné  le  sobriquet  de  Cha- 
mault.  Il  entra  dans  la  chapelle  en  1532, 
et  se  retira  en  1536  ,  suivant  un  compte 
manuscrit  de  la  maison  des  enfans  de 
France,  qui  commence  en  1526,  et  finit 
en  1536  (V.  la  Revue  musicale,  6e  ann., 
p.  242).  Les  autres  circonstances  de  la  vie 
de  Colin  sont  ignorés.  On  a  publié  sous  son 
nom  ,  à  Lyon  ,  un  recueil  de  messes  inti- 
tulé :  Liber  octo  Missarum  cum  modulis 
seu  motettis  et  parthenicis  canticis  in 
laudem  R.  V.  Mariœ ,  1541,  in-fol.  Six 
de  ces  messes  sont  à  quatre  voix ,  la  sep- 
tième à  cinq  ,  et  la  dernière  à  six.  Jacques 
Moderne,  imprimeur  à  Lyon,  en  a  donné, 
en  1552,  une  deuxième  édition,  in-fol.,  à 
laquelle  il  a  joint  une  messe  de  requiem 
de  Richafort.  On  trouve  aussi  dans  cette 
édition  des  motets  et  un  Magnificat.  Le 
troisième  livre  des  messes  de  Colin  a  été 
imprimé  à  Venise  chez  Antoine  Gar- 
dano,  en  1544,  sous  ce  titre  :  Liber 
tertius  Missœ  sex  ad  voces  quatuor, 
D,  Pétri  Colini,  noviterimpressœ  ac  ddi' 


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gentissime  recognitœ,  in-4°  obi.  On  voit 
que  c'est  une  réimpression.  Les  titres  de 
ces  messes  sont  :  1°  Regnum  mundi; 
2°  Ave  glorioSa  ;  3°  Beatus  vir  ;  4°  Tant 
plus  que  bien;  5°  Emundemus ;  6°  Chris- 
tus  resurgens .  M.  l'abbé  Baini  dit,  dans 
ses  Mémoires  sur  la  vie  et  les  ouvrages  de 
Pierluigi  de  Palestrina  (t.  I ,  n.  226)  qu'il 
existe  des  messes  manuscrites  de  Colin  , 
sur  d'anciennes  cbansons  françaises  ,  dans 
les  archives  de  la  chapelle  pontificale. 

COLIN  (jean),  prêtre,  maître  de  musi- 
que de  l'église  cathédrale  des  Soissons,  na- 
quit à  Beaune,  et  mourut  en  1722,  âgé  de 
plus  de  quatre-vingts  ans.  Il  prenait  le 
titre  de  Insignis  F.cclesiœ  Suessoniensis 
symphonetœ  symphoniarca.  Il  a  publié 
les  ouvrages  suivans  :  1°  Missa  sex  voci- 
bussub  nwdulo  :  Ego  flos  campi ,  Paris  , 
Ballard,  1688,  in-fol.;  2°  Missa  pro  dé- 
fendis, sex  vocïbus,  Paris,  1688,  in-fol. 

COLIN  (pierre-françois)  ,  l'aîné,  né 
le  21  mai  1781  ,  entra  comme  élève  au 
Conservatoire  de  musique,  au  mois  de  bru- 
maire an  v,  et  reçut  des  leçons  de  M.  Dom- 
nich  pour  le  cor.  Dans  la  même  année  ,  il 
obtint  un  second  prix,  et  le  premier  lui  fut 
décerné  en  1803.  Dans  la  suite,  il  a  aban- 
donné son  instrument,  et  après  avoir  été 
employé  à  l'Opéra  comme  corniste,  il  a 
joué  la  partie  d'alto  dans  l'orchestre  de  ce 
spectacle.  Il  a  écrit  un  ouvrage  qui  a  pour 
titre  :  Du  Cor,  et  de  ceux  qui  l'ont  per- 
fectionné. Il  l'annonça  par  souscription 
en  1827,  mais  ce  livre  n'a  point  paru. 
Colin  est  mort  au  mois  de  février  1832. 

COLIN  (pierre-louis),  frère  cadet  du 
précédent,  né  le  21  novembre  1787  ,  fut 
aussi  élève  de  M.  Domnich  pour  le  cor,  et 
entra  au  Conservatoire  au  mois  de  frimaire 
an  v  J  le  premier  prix  lui  fut  décerné  en 
1804.  Il  annonçait  les  dispositions  les 
plus  heureuses  ;  mais  il  mourut  fortjeune. 
Il  a  exécuté  un  solo  de  cor  de  sa  composi- 
tion dans  un  concert  du  Conservatoire,  en 
1808. 

COLIZZI  (  jean-andré  ) ,  claveciniste 
italien,  né  vers  1740  ,  a  parcouru  succes- 


sivement le  Hanovre  ,  la  Hollande  et  l'An- 
gleterre; il  paraît  s'être  fixé  en  dernier  lieu 
à  Londres,  où  il  a  fait  graver  plusieurs  de 
ses  ouvrages.  Les  plus  connus  sont  :  ^Re- 
cueil de  chansons ,  avec  ace.  de  clave- 
cin, Brunswick,  1766;  2°  Concerto  pour 
le  piano,  avec  ace.  d'orchestre,  Londres  j 
3°  Six  sonates  pour  le  clavecin,  œuvre  2e, 
Londres,  Preston  ;  4°  Six  sonates  pour  le 
clavecin,  op.  4e,  ibid.;  5°  Trois  sonates 
pour  le  piano,  op.  5,  Londres,  Clementij 
6°  Airs  anglais  variés  pour  le  piano,  ib.  ; 
7°  Petites  sonates  pour  le  piano ,  op.  8  , 
ibid.  ;  8°  Trois  duos  pour  le  piano,  op.  1 1  ; 
9°  Loto  musical ,  ou  direction  facile 
pour  apprendre  en  s' amusant  à  connaî- 
tre les  différais  airs  de  musique,  La 
Haye  et  Amsterdam,  Hummel ,  1787. 
Colizzi  a  aussi  arrangé  plusieurs  ouvertu- 
res pour  le  piano ,  entre  autres  celle  de 
Y  Amant  statue,  gravée  à  Paris,  en  1794. 

COLLA  (joseph)  ,  maître  de  chapelle 
du  duc  Ferdinand  de  Parme ,  naquit  à 
Parme  en  1730,  et  mourut  dans  cette 
ville  le  16  mars  1806.  En  1780,  il  épousa 
la  célèbre  cantatrice  Agujari.  Il  a  beaucoup 
écrit  pour  l'église;  mais  toutes  ses  compo- 
sitions de  musique  religieuse  consistant  en 
messes,  vêpres,  hymnes,  antiennes,  etc., 
sont  restées  en  manuscrit.  On  a  de  lui  le3 
opéras  dont  voici  les  titres  :  Enea  in  Car- 
tagine,  à  Turin,  en  1770;  Didone ,  en 
1773;  Tolomeo,en  1780. 

Un  autre  musicien,  nommé  aussi  Joseph 
Colla ,  et  qui  est  fixé  à  Milan ,  a  publié 
chez  Riccordi  des  compositions  légères 
pour  le  piano,  la  flûte ,  la  guitare ,  etc. 

COLLA  (vincenzo),  maître  de  chapelle 
de  la  collégiale  de  Voghera,  est  né  à  Plai- 
sance, vers  1780.  Comme  compositeur,  il 
a  écrit  beaucoup  de  musique  d'église  ,  qui 
est  restée  en  manuscrit  ;  mais  l'ouvrage  par 
lequel  il  s'est  fait  connaître  le  plus  avan- 
tageusement est  un  traité  de  contrepoint 
qu'il  a  publié  sous  ce  titre  :  Saggio  Teo- 
rico-pratico-musicale ,  ossia  melodo  di 
contrappunto ,  Turin,  Pomba,  1819,  deux 
vol.  in-4°.  La  deuxième  édition  de  ce  livre 


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a  paru  à  Turin,  en  1830,  2  vol.  in-4°. 

COLLE  (jean), médecin,  né  à  Belluno, 
dans  l'état  de  Venise ,  en  1558  ,  étudia  à 
Padoue  ,  et  fut  reçu  docteur  en  1584.  Il 
exerça  d'abord  la  médecine  à  Venise  pen- 
dant quinze  ans,  et  fut  ensuite  premier 
médecin  du  duc  d'Urbin,  et  professeur  aux 
écoles  de  Padoue.  11  mourut  dans  cette 
ville,  au  mois  de  juin  1 631 ,  âgé  de  soixante- 
treize  ans.  On  a  de  lui  une  espèce  d'ency- 
clopédie où  il  traite  d'une  manière  succincte 
de  tous  les  arts  ,  de  toutes  les  sciences  et 
particulièrement  de  la  musique  ;  cet  ou- 
vrage est  intitulé  :  De  ided  et  theatro 
imitatricium  et  imitabilium  ad  omnes  in- 
tellectûs  facultates }  scientias  et  artes , 
libri  aulici ,  Pesaro  ,  1618,  in-fol. 

COLLE  (françois-marie),  de  la  famille 
des  comtes  de  Cesana  ,  membre  de  l'aca- 
démie de  Padoue,  né  à  Bellune,  vers  1730, 
a  présenté  au  concours  de  l'Académie  des 
sciences  et  des  belles-lettres  de  Mantoue  , 
en  1 774,  une  dissertation  intitulée  :  Disser  • 
tazione  sopra  il  quesito  :  Dimostrare  che 
cosa  fosse  e  quanta  parte  avesse  la 
musica  nell'  educazione  de'  Greci ,  quai 
era  la  forza  da  una  siffatta  istituzione 
e  quai  vantaggio  sperarsi  potesse ,  se 
fosse  introdotta  nel  piano  délia  moderna 
educazionepresentata  dal  sig.Francesco 
Maria  Colle  de'  nobili  di  S.  Bartolomeo 
de'  Colle  t  e  de'  conti  di  Cesana,  Bullu- 
nense,  socio  dell'  academia  litteraria  e 
georgica  di  Belluno,  al  concorso  dell' 
anno  1774,  e  coron ata  dalla  reale  acade- 
mia discienze  e  belle  lettere  di  Mantova, 
Mantoue, 1775,  in-4°  140  pages.  On  trouve 
aussi  cette  dissertation  dans  les  actes  de 
l'Académie  des  sciences  et  belles-lettres  de 
Mantoue,  année  1773,  t.  I.  Colle  a  publié 
une  autre  dissertation  sur  l'influence  ré- 
ciproque des  mœurs  sur  la  musique  et  de 
la  musique  sur  les  mœurs,  dans  les  actes 
scientifiques  et  littéraires  de  l'académie  de 
Padoue  (t.  III,  P.  II ,  1796,  p.  154-168), 
sous  ce  titre  :  Dell'  injluenza  del  cos- 
tume nella  collocazione  de'  vocaboli ,  o 
nell'  armonia. 


COLLINET  (.  .  .),  virtuose  sur  le  fla- 
geolet, fut  d'abord  admis  commeflûtiste  au 
théâtre  des  Variétés,  puis  se  livra  à  l'étude 
du  flageolet,  perfectionna  cet  instrument 
en  y  ajoutant  des  clefs  ,  et  parvint  à  en 
jouer  avec  unebabileté  inconnue  avant  lui. 
Julien  Clarcliies,  qui  eut  long-temps  de 
la  célébrité  pour  son  talent  de  directeur 
d'orchestre  de  contredanses ,  engagea  Col- 
linet  à  appliquer  son  instrumenta  ce  genre 
de  musique  ;  celui-ci  goûta  ses  conseils  , 
et  bientôt  la  vogue  dont  il  jouit  fut  telle 
qu'on  ne  voulut  plus  danser  à  Paris  qu'au 
son  du  flageolet  de  Collinet.  On  a  de  cet 
artiste  :  1°  Deux  concertos  pour  flageolet 
et  orchestre,  Paris,  chez  l'auteur;  2°  Un 
quatuor  pour  flageolet,  violon,  alto  et  vio- 
loncelle ,  Ibid.;  3°  Deux  livres  de  duos 
pour  deux  flageolets  ,  Ibid.  ;  4°  Plusieurs 
recueils  d'airs  variés  pour  deux  flageolets  , 
Ibid.'  5°  Plusieurs  recueils  de  contre- 
danses et  valses  pour  flageolet ,  violon  et 
basse  ,  ou  flageolet  et  piano  ,  Paris  ,  Lan- 
glois,  Collinet,  Frère  etMeissonier  ;  6°  Des 
exercices,  des  préludes  et  des  pots-pourris 
pour  flageolet  seul;  7°  Une  méthode  de 
flageolet  dont  il  a  été  fait  deux  éditions  , 
Paris,  Collinet. 

COLLINET  (.  .  .),  fils  du  précédent , 
né  à  Paris,  vers  1797,  a  surpassé  son  père 
dans  l'art  déjouer  du  flageolet.  Il  y  a  dans 
son  jeuplus  de  goût,  plus  d'élégance,  sinon 
plus  d'habileté  dans  l'exécution  des  traits 
difficiles.  11  joue  les  solos  de  flageolet  dans 
le  bel  orchestre  de  danse  organisé  par 
M.  Musard  ,  et  dans  les  bals  de  la  cour.  Il 
est  aussi  marchand  de  musique  et  d'in- 
strumens. 

COLLINUS  (martin),  musicien  alle- 
mand qui  vivait  vers  le  milieu  du  16e  siè- 
cle, a  mis  en  musique,  pour  une  voix  seule, 
les  odes  d'Horace,  et  les  a  fait  imprimer 
sous  ce  titre  :  Harmonia  univoca  in  odas 
Horatianas ,  et  in  alia  qnœdam  carmi- 
num  gênera,  Strasbourg,  1568,  in-12. 

COLMAN  (charles).  V.  COLEMAN. 

COLO  (angelo),  docteur  en  médecine, 
né  à  Bologne,  a  publié  un  livre  sur  l'action 


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salutaire  du  magnétisme  animal  et  de  la 
musique  dans  le  traitement  des  maladies, 
sous  ce  titre  :  Prodromo  sull'  azione  sa- 
lutare  del  magnetismo  animale  e  délia 
musica,  ossia  ragguaglia  di  Ire  interes- 
santi  guarigioni ,  idtimamente  ottenute 
col  niezzo  del  magnetismo  animale  e  délia 
musica  ;con  un  cenno  storico  su  iprogressi 
del  primo  in  Francia,e  singolarmente  in 
Germania,  Bologne,  tipografia  di  Giuseppe 
Lucchesini ,  1815. 

COLO  (j.-c),  pianiste  italien,  fixé  à 
Vienne,  en  Autriche,  a  publié  depuis  quel- 
ques années  :  1°  Variations  pour  le  piano 
sur  un  thème  de  La  Famille  suisse, 
Vienne,  Artaria;  2°  Six  variations  en  la, 
Vienne  ,  Hasslinger  ;  3°  Six  variations  en 
ut,  Ibid. ,  4°  Trio  pour  piano  ,  violon  et 
alto,  op.  3,  Vienne,  Weigl  ;  5°  Menuet 
pour  piano,  Vienne,  Cappi. 

COLOMBANI  (hobace),  contrapuntiste 
du  16e  siècle,  né  à  Vérone,  a  publié  les 
ouvrages  suivans  de  sa  composition  : 
1°  Harmonia  super  vespertinos  om- 
nium solemnitatum  psalmos  6  vocum, 
Venise,  1576,  in-4°;  2°  Completorium 
et  cantiones ,  sex  ordinibus  distinctas 
quinis  vocibus  super  8  tonos  decantan- 
dos,  Brescia,  1585,  in-8°.  Dans  le  Corol- 
lario  cantionum  sacrarum  de  Lindner,  on 
trouve  so  us  le  n°  46  un  Te  Deum  à  cinq 
voix,  delà  composition  de  Colombani.  Le 
P.  Martini  dit  (Saggio fondam.  prat.  di 
conlrap.,  t.  II,  p.  74)  que  Colombani  fut 
un  des  musiciens  célèbres  du  16e  siècle 
qui  voulurent  témoigner  leur  estime  et 
leur  admiration  à  Pierluigi  de  Palestrina, 
en  lui  dédiant  une  collection  de  psaumes 
de  leur  composition,  en  1592.  Le  cata- 
logue de  la  bibliothèque  musicale  du  roi 
de  Portugal  indique  aussi  sous  le  nom  de 
cet  auteur  :  1°  Madrigali  a  5;  2°  Ma- 
drigali  a  10 ,  lib,  1  ;  3°  Dilettevoli  ma- 
gnificat a  9  ;  4°  Magnificat  «  14. 

COLOMBAT(.  .  .),  médecin  à  Paris, 
né  dansle  département  de  l'Isère, vers  1 800, 
a  obtenu  au  concours  de  l'Institut ,  en 
1833,  un  prix  de  cinq  mille  francs,  fondé 


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175 


par  M.  de  Montbyon  en  faveur  de  ceux  qui 
perfectionnent  l'art  de  guérir ,  à  cause  de 
procédés  découverts  par  lui  pour  la  cure 
du  bégaiement.  Dans  la  même  année 
M.  Colombat  a  publié  un  livre  relatif  à 
cette  partie  de  la  médecine,  sous  ce  titre  : 
L'Orthophonie  ou  physiologie  et  théra- 
peutique du  bégaiement  et  de  tous  les 
vices  de  la  prononciation,  Paris,  un  vol. 
in-8°  de  400  pages.  On  y  trouve  de  bonnes 
observations  applicables  au  chant.  On  a 
aussi  de  M.  Colombat  un  ouvrage  impor- 
tant intitulé  :  Traité  médico-chirurgi- 
cal des  maladies  des  organes  de  la 
voix,  ou  recherches  théoriques  et  prati- 
ques sur  la  physiologie ,  la  pathologie, 
la  thérapeutique  et  l'hygiène  de  l'ap- 
pareil vocal,  Paris ,  1834,  un  vol.  in-8° 
avec  planches. 

COLOMBE  (raphael  DELLA),  domi- 
nicain, était  recteur  de  théologie  et  prédi- 
cateur général  à  Florence,  au  commen- 
cement du  17e  siècle.  Parmi  d'autres 
ouvrages,  il  a  laissé  un  manuscrit  intitulé  : 
TJna  lettera  ail'  autore  del  libro  de' 
laudi  spirituali  délia  musica;  ce  manu- 
scrit se  conserve  au  couvent  Saint-Marco 
à  Florence. 

COLOMBE  (rigieri),  dite  COLOMBE 
AINEE,  naquit  à  Venise,  en  1 754  .Elle  vint 
jeune  à  Paris,  et  débuta  dans  les  premières 
amoureuses  de  l'Opéra-comique  à  la  Comé- 
die-Italienne, le  6  septembre  1772,  parle 
rôle  d'Hortense,  dans  le  Huron.  Ceux  de 
Sophie,  dans  Tom  Jones,  de  Suzelte , 
dans  le  Bûcheron ,  de  Lucile ,  et  surtout 
de  Bélinde,  dans  La  Colonie ,  lui  ont  as- 
suré une  brillante  réputation.  Les  mé- 
moires du  temps  font  d'elle  l'éloge  sui- 
vant :  «  Une  figure  intéressante  et  noble, 
«  une  taille  avantageuse,  une  voix  bril- 
<c  lante  et  flexible,  une  grande  sensibilité, 
«  tous  ces  dons  réunis  à  beaucoup  d'intel- 
o  ligence ,  à  un  excellent  goût  du  chant , 
«  à  des  gestes  expressifs  ,  à  un  débit  gra- 
«  cieux  et  à  un  jeu  naturel,  aisé,  décent 
te  et  animé  ,  ont  assuré  à  cette  jeune  ac- 
«  trice  des  succès  auprès  du   public,  >» 


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Mademoiselle  Colombe  s'est  retirée  enl7  88 . 
Elle  est  morte  en  1835.  Sa  sœur  cadette, 
Marie-Madeleine  Rigieri,  dite  Adeline,  fut 
reçue  au  mois  de  mars  1779.  Dès  son  en- 
fance ,  elle  avait  été  attachée  à  ce  théâtre 
en  qualité  de  danseuse ,  et  elle  avait  été 
admise  aux  appointemens  comme  actrice, 
le  17  avril  1776. 

COLOMBELLE  (clotilde).  Foy.  CO- 
BELDI. 

COLOMBINI  (françois),  organiste  et 
compositeur  à  Massa  di  Carara,  était  né 
dans  un  village  des  environs  de  Padoue, 
en  1573.  11  a  fait  imprimer  :  1°  Moletli 
a  2  ,  3  ,  4  e  5  voci,  Venise  ;  2°  Salmi  a 
4  voci ,  ibid.  ;  3°  Concerti  a  2 ,  3  ,  4  e  5 
voci,  ibid. 5  4°  Madrigali,  ibid.,  1618. 

COLOMBO  (jean-antoine)  ,  cordelier, 
compositeur  de  musique,  naquit  à  Ra- 
venne  au  commencement  du  17e  siècle. 
On  connaît  de  lui  les  ouvrages  suivans  : 
1°  Motetti,  Venise,  1643;  2°  Missa  et 
psalmi  2  et  3  vocibus ,  concert.,  Ibid., 
1647;  3°  Complelorium ,  antiphonœ  et 
litan.  5  voc,  Venise,  1640;  4°  Syn- 
taxis  harmonica  2  ,  3  et  4  voc. 

COLONNA  (fabio),  en  latin  Fabius 
Columna ,  naquit  à  Naples ,  en  1567, 
d'une  famille  illustre.  Botaniste  distingué, 
il  acquit  de  la  célébrité  par  les  ouvrages 
qu'il  publia  sur  l'objet  principal  de  ses 
études.  11  possédait  aussi  des  connaissances 
étendues  dans  les  langues  latine  et  grec- 
que, les  mathématiques,  la  musique  et  la 
peinture.  Ayant  concouru  à  la  fondation 
de  l'académie  des  Lyncées  à  Rome  ,  il 
prit  depuis  lors  le  nom  de  Lynceo.  Dès 
son  enfance,  il  avait  éprouvé  des  atteintes 
d'épilepsie  ,  dont  il  parvint  à  diminuer  la 
violence  par  l'usage  de  la  valériane;  mais 
dans  les  dernières  années  de  sa  vie  ,  ce 
mal  augmenta  au  point  d'altérer  ses  fa- 
cultés morales,  et  de  le  réduire  à  un  état 
d'imbécillité. Il  mourut  à  Naples,  en  1650, 


âgé  de  quatre-vingt-trois  ans.  On  a  de  lui 
un  livre  qui  a  pour  titre  :  Délia  sambuca 
lincea ,  ovvero  dell'  instrumenta  musico 
perfetto,  libri  III ,  Naples  ,  1618  ,  in-4°. 
Cet  ouvrage  contient  la  description  d'un 
instrument  de  l'invention  de  Colonna  pro- 
pre à  diviser  le  ton  en  trois  parties  égales  , 
et  qu'il  appelle  Pentecontachordon , 
parce  qu'il  était  monté  de  cinquante  cor- 
des. Mersenne  a  donné  la  description  de 
cet  instrument  dans  son  Harmonie  uni- 
verselle, liv.  III,  propos.  XI.  Doni  dit  que 
l'instrument  et  le  livre  sont  absurdes  *  ; 
il  ignorait  que  le  système  de  la  musique 
arabe  est  basé  sur  une  absurdité  semblable.  ' 

COLONNA  (jean-amekoise), surnommé 
Stampadorino ,  fut  un  luthiste  renommé 
qui  vécut  à  Milan,  dans  la  première  moitié 
du  17e  siècle.  Il  a  fait  imprimer  deux  col- 
lections de  pièces  sous  ces  titres  :  1°  In- 
tavolatura  di  liuto ,  Milan ,  1616  ;  2°  In- 
tavolaturadi  chitarra  spagnuola,  Milan, 
1627. 

COLONNA  (jean-paul),  maître  de  cha- 
pelle de  Saint-Pélronne  à  Bologne,  et  pré- 
sident de  l'académie  philharmonique ,  na- 
quit à  Brescia,  vers  le  milieu  du  17e  siècle, 
d'Antoine  Colonna,  constructeur  d'orgues. 
Il  établit  à  Bologne  une  école  de  musique, 
d'où  sont  sortis  plusieurs  bons  musiciens,  et 
particulièrement  J.  M.  Bononcini.  Presque 
toutes  ses  compositions  sont  pour  l'église; 
cependant  il  a  fait  représenter  à  Bologne , 
en  1693,  un  opéra  intitulé  :  Amilcare. 
Jean -Paul  Colonna  doit  être  considéré 
comme  un  des  compositeurs  italiens  les 
plus  distinguées  du  17°  siècle  ,  particu- 
lièrement dans  le  style  d'église,  et  comme 
un  des  fondateurs  de  la  bonne  école  de  Bo- 
logne. Voici  la  liste  de  ses  autres  ouvrages  : 
1°  Salmi  brevi  per  tutto  l'anno  a  otto 
voci,  con  uno  o  due  organi  se  place , 
op.  la,  Bologne  ,  1681,  in-4°  ;  2°  Motetti 
sacri  a  voce  sola  con  due  violini  e  bas- 


«    Fabius  Columna  ,  vir  nobilis,  rerumque  naturalium 

diligpntissimus  ,  Neapoli    nuper    dicm    si i  obiit  :  is  , 

immalura  pravaque  ambitioneinslinctus,  iibrumquemdam 
ad  iheoreticam  musicam  speetanlem  Sambuae   Ljneeœ 


titulojuvenis  adliuceffudit  ;  quonescio  (parceut  mihi  ejus 
quœso  mânes)  an  quidquam  ineptiiis  ,  atque  a.jXOMTO'tïpO'J 
jam  dudum  prodierit  (De  Prcestantia  Musicœ  vttcris , 
l.  I,  p.  99,  ex  operis]. 


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177 


setto de  viola,  op.  2a,  ibid.,  1691  ;  c'est 
une  réimpression  ;  5°  Motetti  a  due  e  tre 
voci,  op.  5a,  ibid.,  1698;  4°  Letanie  con 
le  quattro  antifone  délia  B.  Vergine  ad 
otto  voci  piene,  op.  4a,  ibid.,  1682,  in-4°; 
5°  Messe piene  a  otto  voci  con  uno  e  due 
organi,  op.  5a ,  ibidem,  1684,  in-4°; 
6°  Messa,  salmi  e  responsori  per  li  de- 
fonti  a  otto  voci  piene,  op.  6a,ibid.,  1685; 
7°  Il  secondo  lïbro  de'  salmi  brevi  a  otto 
voci  con  uno  e  due  organi  se  place ,  con 
il  Te  Deum ,  etc.,  op.  7a ,  ibid.,  1686, 
in-4°;  8°  Compléta  con  le  tre  sequenze 
dell'  anno,  cioe  :  Fictimœ  Paschali,  per 
la  resurrezione  ;  Veni  sancte  spiritus,  per 
la  Penlecoste  ;  e  Lauda  Sion  salvato- 
rem,  per  il  corpus  Domini ,  a  otto  voci 
piene,  ibid.,  1687,  in-4°  ;  9°  Sacre  la- 
mentazioni  délia  settimana  santa  a  voce 
sola,  op.  9a,  ib.,  1689,in-4°;  10°  Messe 
e  salmi  concertati  a  5 ,  4  e  5  voci  se 
place,  con  stromenti  e  ripieni  a  bene- 
placito,  op.  10a,  ibid.,  1691,  in-4°  ; 
11°  P salmi  octo  vocibus  adritum  eccle- 
siasticœ  musices  concinencli  et  ad  primi 
et  secundi  organi  sonum  accomodati , 
liber  tertius ,  op.  lla,  ibid.,  1694,  in-4°; 
12°  P  salmi  ad  vesperas,  musicis  trium , 
quatuor  et  quinque  vocum  concentibus 
imitis  cum  symphoniis  ex  obligatione,  et 
cum  aliis  quinque  partibus  simul  cum 
Mis  canentibus  ad  placltum,  op.  12a, 
ibid. ,  1694,  in  4°.  La  prqfezia  d'Eliseo 
nell'  assedia  di  Samaria ,  oratorio  ,  Mo- 
dena,  1688,  in-4°.  Paolucci  a  inséré  un 
Pange  lingua  de  Colonna  dans  son  Arte 
pratica  di  contrappunto ,  t.  I ,  p.  199. 
L'ancien  fonds  de  manuscrits  de  la  maison 
Breitkopf  à  Leipsick,  contenait  une  messe 
de  ce  compositeur ,  à  cinq  voix  ,  avec  un 
orcbestre  ajouté  par  Harrer  ,  une  autre 
messe  à  trois  cbœurs  ,  avec  orcbestre ,  et 
un  oratorio  de  Saint-Basile,  exécuté  à  Bo- 
logne, en  1680.  Berardi  a  dédié  le  septième 
chapitre  de  la  seconde  partie  de  ses  mé- 
langes de  musique  (  Miscellanea  musi- 
cale) à  Paul  Colonna. 

C0LTELL1NI  (céleste),  excellente 

TOME  m. 


cantatrice,  fille  du  poète  de  ce  nom,  est 
née  à  Livourne  en  1764.  Elle  n'avait  que 
dix-sept  ans  lorsqu'elle  débuta  à  Naples 
en  1781. L'empereur  Joseph  II,  l'ayant  en- 
tendue en  1783,  lors  du  voyage  qu'il  fit 
en  Italie,  en  fut  si  charmé,  qu'il  la  fit 
engager  à  l'Opéra  de  Vienne ,  avec  un  trai- 
tement de  dix  mille  ducats.  En  1790,  elle 
était  retournée  à  Naples ,  et  y  chantait  avec 
le  plus  grand  succès.  Sa  voix  était  un 
mezzo  soprano.  Beichardt  dit  que  le  rôle 
de  Nina  était  son  triomphe.  Vers  1795, 
elle  s'est  retirée. 

COMA  (annibal),  compositeur  italien 
qui  fîorissait  dans  la  seconde  moitié  do, 
16e  siècle,  est  connu  par  les  ouvrages  sui- 
vans  :  1°  Madrigali  a  cinque  voci ,  Ve- 
nise ,  1568  ;  2o  II  primo  libro  de  Madri- 
gali a  quattro  voci;  3°  Il  secondo  libro 
de  Madrigali aquattro  voci,Yenïse,1588. 

COMANEDO  (flaminio),  compositeur 
né  à  Milan  vers  1570,  a  publié  les  ou- 
vrages suivans  de  sa  composition  :  1°  Can- 
zonelte  a  3  voci,  lib.  1  ,  Venise  1601  ; 
2°  Canzonelte  a  3  voci,  lib.  2,  Milan, 
1602  ;  3°  Madrigali  a  cinque  voci ,  Ve- 
nise ,  1615  ;  4°  Vesperi  a  quattro  voci, 
con partitura per  V organo ,  Venise,  1618. 

COMI  (  gaudence  ) ,  né  à  Civita-Vecchia 
en  1749,  se  fixa  à  Paris  vers  1784,  et  y 
fut  attaché  au  service  du  prince  de  Conti. 
En  1786 ,  il  publia  à  Paris  six  sympho- 
nies à  huit  parties ,  op.  1,  qui  furent 
bien  accueillies  ;  elles  furent  suivies  de 
six  autres  œuvres  ,  consistant  en  trios , 
symphonies  à  grand  orchestre,  et  six  so- 
nates pour  deux  cors  et  basse. 

COMOLxl  (ange),  excellent  chanteur 
dans  le  style  d'église ,  naquit  à  Isoletta , 
près  de  Verceil,  vers  1769.  Il  apprit  la 
musique  sous  la  direction  du  chanoine 
Saltelli,  fut  attaché  pendant  quelque 
temps ,  comme  chanteur,  à  la  cathédrale 
de  Verceil ,  et  devint  ensuite  chanoine  à 
Varallo,  où  il  est  mort  en  1823.  Il  a  laissé 
en  manuscrit  des  messes  et  des  motets. 

COMPABETTI  (andke)  ,  physicien  et 
médecin,  né  dans  le  Frioul  au  mois  d'août 
12 


178 


COM 


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1746,  mourut  à  Padoue  le  22  décembre 
1801.  On  a  de  lui  un  ouvrage  important 
sur  l'anatomie  de  l'oreille,  intitulé  :  Ob- 
servationes  anaiomicœ  de  aure  interna 
comparatœ,  Padoue,  1789,  un  vol.  in-4°. 
Ce  livre  a  pour  but  de  démontrer  que  le 
siège  de  l'ouïe  se  trouve  dans  le  labyrinthe 
membraneux  de  l'oreille. 

COMPAN  (honore)  ,  professeur  de 
harpe  et  violiniste  à  Paris.  On  a  de  lui  : 
1°  Pièces  en  concerts  pour  la  harpe,  Paris, 
1779;  2°  Recueil  de  petites  pièces  pour  la 
harpe ,  ibid  ;  3°  Méthode  de  harpe  ,  ou 
principes  courts  et  clairs  pour  apprendre 
à  jouer  de  cet  instrument.  On  y  a  joint 
plusieurs  petites  pièces  pour  l'applica- 
tion des  principes ,  et  quelques  ariettes 
choisies,  avec  accompagnement.  Paris  , 
Thomassin  ,  1783.  Compan  vivait  encore 
en  1798  ;  il  était  alors  violiniste  au  théâ- 
tre de  la  pantomime  nationale.  On  a  pu- 
blié sous  son  nom  une  Petite  méthode  de 
viusique ,  Paris,  Frère. 

COMPENIUS  (henri),  constructeur 
d'orgues  et  compositeur,  naquit  à  Nord- 
bausen  vers  1540.  Il  fut  l'un  des  cin- 
quante-deux examinateurs  nommés  pour 
la  réception  du  grand  orgue  de  Groningue, 
en  1596.  Ses  ouvrages  les  plus  connus 
sont  :  1°  L'orgue  de  la  cathédrale  de  Mag- 
debourg ,  composé  de  trois  claviers  ,  pé- 
dale et  quarante -deux  jeux,  terminé  en 
1604  ;  2°  Celui  de  l'abbaye  de  Riddages- 
bausen ,  à  trois  claviers  ,  pédale  et  trente- 
un  jeux.  Comme  compositeur,  il  a  publié  : 
Chrislliche  harmonia }  zu  Ehren  dess 
new  erwehlten  Raths  des  1572  Jahrsin 
JSrffiirtj  mit  S  Stimmen  componirt ,  1572. 

COMPENIUS  (esaie),  organiste,  fac- 
teur d'orgues  et  d'instrumens  du  duc  de 
Brunswick,  naquit  vers  1560.  Il  vivait  à 
Brunswick  vers  1600.  On  doit  à  Prœto- 
rius  des  renseignemens  sur  cet  artiste  et 
sur  ses  travaux.  C'est  de  lui  que  nous  ap- 
prenons que  Compenius  avait  écrit  un 
traité  de  la  construction  des  tuyaux  d'or- 
gue et  de  quelques  autres  parties  de  cet 
instrument.  Prœtorius  promettait  de  met- 


tre au  jour  cet  ouvrage,  mais  il  n'a  jamais 
paru.  Le  même  écrivain  dit  (  Syntagma 
mus.,  t.  II ,  p.  140)  que  Compenius  a 
inventé  un  jeu  de  flûte  en  bois  (  double 
flûte,  doijllœte)  qui  chantait  à  la  fois 
comme  huit  et  comme  quatre  pieds,  c'est- 
à-dire  à  l'octave.  Ce  jeu  se  trouve  assez 
communément  dans  les  orgues  de  la  Thu- 
ringe.  Les  orgues  qui  ont  été  construits 
par  Compenius  sont  :  1°  Celui  du  château 
de  Hessen ,  composé  de  ving-sept  jeux  en 
tuyaux  de  bois,  construit  en  1612,  et  qui 
fut  placé  en  1616  à  Frederichsbourg ,  en 
Danemarck;  2°  Le  grand  orgue  de  Bûc- 
kebourg,  de  quarante-huit  jeux,  trois  cla- 
viers et  pédale ,  construit  en  1615  ;  3°  L'or- 
gue de  l'église  St. -3Iaurice  ,  à  Halle, 
construit  en  1625. 

COMPENIUS  (louis),  constructeur 
d'orgues  ,  paraît  avoir  vécu  à  Erfurt  vers 
le  milieu  du  17e  siècle.  En  1649,  il  a 
fini  l'orgue  de  l'église  des  Prédicateurs , 
dans  la  même  ville,  auquel  on  a  ajouté 
plusieurs  jeux  depuis  lors. 

COMPÈRE  (louis),  célèbre  contrapun- 
tiste  ,  naquit  vers  le  milieu  du  15e  siècle. 
M.  l'abbé  Baini ,  citant  ce  musicien  dans 
l'index  de  ses  Mémoires  sur  la  vie  et  les 
ouvrages  de  Pierluigi  de  Palestrina ,  le 
désigne  sous  le  surnom  de  Le  Normant , 
mais  sans  indiquer  dans  l'ouvrage  sur 
quelle  autorité  il  lui  donne  cette  qualifi- 
cation. Sans  doute  il  s'est  appuyé  de  quel- 
que manuscrit  ou  ancienne  publication; 
mais  je  crois  qu'il  a  été  induit  en  erreur 
par  une  similitude  de  nom ,  comme  je  le 
ferai  voir  tout  à  l'heure.  Il  est  au  moins 
vraisemblable  que  Compère  n'est  pas  né  en 
Normandie ,  et  qu'il  a  vu  le  jour  dans  l'an- 
cienne Flandre  française  ,  car  Claude  Ré- 
méré (Tabell.  chronol.  decan.  St.-Quin- 
tini ,  p.  162)  et  Colliete  {Mémoires  pour 
servira  l'histoire  du  Vermaitdois ,  t.  III , 
p.  159)  disent ,  d'après  des  actes  authen- 
tiques et  des  registres  anciens  ,  que  Com- 
père fut  d'abord  enfant  de  chœur  à  l'église 
Saint-Martin,  à  St. -Quentin.  Les  mêmes 
auteurs  ajoutent   qu'il  vivait  encore  en 


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179 


1524,  sous  le  règne  de  François  Ier. 
Le  nom  de  ce  musicien  a  donné  lieu  à 
beaucoup  d'erreurs.  M.  l'abbé  Baini  l'ap- 
pelle «  Loyset,  detto  Compère,  e  mon  Com- 
père corne  il  Normant.  »  M.  R.-G.  Kiese- 
■wetter  semble  bésiter  sur  le  nom  véritable, 
car  il  indique  dans  son  Mémoire  sur  les 
musiciens  belges  ,  couronné  par  l'Institut 
des  Pays-Bas  (p.  52),  et  dans  son  ouvrage 
postérieur  intitulé  :  Geschichte  cler  euro- 
pœische  abencllœndischen  oder  unsrer 
heutigen  Musik  (p.  56),  le  nom  de  Com- 
père comme  celui  de  famille,  et  Loyset 
comme  le  prénom ,  tandis  que  dans  ce 
dernier  ouvrage  (p.  105),  il  indique  d'abord 
celui  de  Loyset,  puis  celui  de  Compère. 
Forkel,  qui  ne  dit  rien  de  Compère  ,  parle 
d'un  musicien  nommé  Loyset  Piéton 
(Allgem.  geschichte  der  Musik ,  t.  IF, 
p.  648),  et  considère  Loyset  comme  le 
nom  ,  et  Piéton  comme  un  sobriquet l.  Or, 
Piéton  (Louis)  fut  un  musicien  né  vers  la 
fin  du  15e  siècle  à  Bernay,  en  Normandie 
(  Voy.  Piéton),  et  c'est  lui  qui  a  été  dé- 
signé autrefois  sous  le  nom  de  Normant. 
C'est  aussi  de  ce  Piéton  que  Jean  Ternaire 
de  Belges  a  parlé  lorsqu'il  a  dit  dans  son 
poème  de  Vénus  : 

Les  tei  mes  doux  de  Loyset  et  Compère 
Font  mélodie  aux  cieux  même  confine. 

Quant  au  nom  de  Loyset,  c'est  le  dimi- 
nutif de  Loys  (Louis),  c'est-à-dire  le  petit 
Louis ,  dénomination  d'amitié  et  de  bien- 
veillance dont  on  se  servait,  à  l'égard  de 
certains  artistes ,  comme  on  disait  autre- 
fois dans  les  Pays-Bas  Jannekin  pour  Jan 
(Jean),  Josekin  pour  Josse  (Joseph),  Pier- 
kin  ou  Pieyerkin  pour  Pieyer  (  Pierre); 
Ainsi  Loyset  (le  petit  Louis)  était  le  pré- 
nom de  Compère.  A  l'égard  de  la  dénomi- 
nation de  Monsieur  mon  Compère ,  qu'on 
trouve  dans  un  manuscrit  des  archives  de 
la  chapelle  pontificale  (n°  42)  et  dans  plu- 
sieurs autres  endroits  ,  on  ne  peut  douter 


■  In  der  TTebersclirift  dieser  Motette  fiihrt  Loyset  ien 
iieynamen  Piéton  (Loe.  cit.) 


que  ce  ne  soit  un  jeu  de  mots  auquel  le 
nom  du  musicien   avait  donné  lieu.  Ces 
sortes  de  plaisanteries  étaient  fort  en  usage 
au  temps  où  Compère  vivait.  E.-L.  Gerber 
estropie  le  prénom  de  Loyset  en  celui  de 
Loset ,  et  y  ajoute  celui  de  Samsotn,  qu'il 
écrit  Sampson  /je  ne  sais  où  il  a  pris  cela. 
Il  est  à  peu  près  hors  de  doute  que  Com- 
père a  été  élève  d'Okeghem  (V.  ce  nom), 
et  qu'il  fui  le  condisciple  de  Josquin,  car 
Guillaume   Crespel  ,  qui  fut  aussi  élève 
d'Okeghem,  le  nomme  dans  sa  Déploration 
sur  la  mort  de  ce  grand  musicien  qui  a 
été  rapportée  à  l'article  Brumel  (  Voy.  ce 
nom).  Tous  les  auteurs  du  16e  siècle  s'u- 
nissent pour   louer  le  savoir  qu'il  avait 
acquis  dans  son  art  ;  ce  que  nous  connais- 
sons  de   ses  ouvrages  s'accorde   avec   les 
éloges  qui  en  ont  été  faits.  Malheureuse- 
ment ces  ouvrages  sont  en  petit  nombre. 
Gerber  dit  qu'on  trouve  plusieurs  mélodies 
de  Compère  dans  un  recueil  de  chants  en 
diverses  langues ,  imprimé  de  1550  à  1540, 
in-8°,  et  dont  la  bibliothèque  de  Zwickau 
renferme  un  exemplaire;  mais  il  ne  fait 
connaître  ni  le  titre  du  recueil ,  ni  le  lieu 
de  l'impression.  Dans  la  collection  des  mes- 
ses imprimées  à  Venise ,  par  Petrucci ,  on 
trouve  un  Asperges  de  Compère.  Le  vo- 
lume manuscrit  des  archives  de  la  chapelle 
pontificale,  coté  n°  42,  renferme  (p.  78 
et  suiv.  )  un  motet  à  cinq  voix  de  ce  mu- 
sicien, composé  sur  des  paroles  différentes 
aux  diverses  parties  ;  le  ténor  et  le  deuxième 
contralto  chantent  :  Fera  pessima  devo- 
ravit  Jilium  meum  Joseph,  pendant  que 
le  soprano,  le  premier  contralto  et  la  basse 
font  entendre  des  vers  sur  les  querelles  du 
pape  Jules  II  et  de   Louis  XII,   roi  de 
France.  Le  manuscrit  précieux  qui  appar- 
tient à   M.   Guilbert   de  Pixérécourt,   et 
dont  a  été  fait  mention  aux  articles  de 
Busnois  et  de  Caron  (  Voyez  ces  noms  ) , 
contient  plusieurs  pièces  de  Compère,  que 
l'auteur   de  cette  Biographie  a  mises  en 
partition  pour  faire  partie  d'une  collection 
de  monumens  des  premiers  temps  de  la 
musique  harmonique. 

12* 


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COMTE  (antoine  LE) ,  maître  de  mu- 
sique des  églises  de  Sainte-Marie  et  de 
Saint-Martin ,  à  Marie ,  vers  la  fin  da 
17e  siècle,  a  publié  :  Missa  quinque  vo- 
cibus  ad  imitationem  moduli  :  O  vivum 
ineffabilem  ,  Paris  ,  Christophe  Ballard  , 
1685  ,  in-fol. 

CONCEIÇAM  (Philippe  DA),  moine 
portugais  ,  né  à  Lisbonne ,  vécut  dans  on 
couvent  à  Castella,  vers  le  commencement 
du  17e  siècle.  La  Bibliothèque  du  roi  de 
Portugal  possédait  des  Vilhancicos  do 
sacramento  e  Natal  de  sa  composition. 

CONCEIÇAM  (pierre  DA),  clerc  régu- 
lier, né  à  Lisbonne,  fut  à  la  fois  bon  poète 
et  compositeur  distingué.  Il  est  mort  le 
4  janvier  1712,  à  peine  âgé  de  vingt-un 
ans.  Machado  (Bibl.  Lusit.,  t.  III,  p.  569) 
donne  la  liste  suivante  de  ses  composi- 
tions :  1°  Musica  a  4  coros ,  pour  une 
comédie  ;  2°  Loa  com  musica  a  4  vozes  ; 
3°  Vilhancicos  a  3,4e  8  vozes  ;  4°  A 
cetera,  e  soif  a  de  hum  vilhancico;  5°  In 
exitu  Israël  de  Egypto  a  4  vozes ,  f un- 
dadas  sobre  o  Canto-Chao  do  mesmo 
psalmo  (In exitu  Israël,  à  quatre  voix, 
sur  le  plain-chant  de  ce  psaume). 

CONCEIÇAM  (  nuno  DA),  moine  por- 
tugais ,  né  à  Lisbonne,  étudia  la  musique 
avec  succès  dans  sa  jeunesse ,  et  devint 
maître  de  chapelle  de  son  couvent  à 
Coimbre,  où  il  est  mort  en  1737.  On 
y  conserve  en  manuscrit  ses  compositions, 
qui  consistent  en  hymnes  ,  motets  ,  psau- 
mes, etc. 

CONCILIANI  (charles)  ,  chanteur  ha- 
bile, né  à  Sienne,  en  1744,  débuta  sur 
le  théâtre  de  Venise ,  et  eut  bientôt  une 
brillante  réputation.  En  1763,  il  passa  au 
service  de  la  cour  de  Bavière,  mais  il  y 
resta  peu ,  ayant  été  invité  par  Frédéric  II, 
roi  de  Prusse ,  à  faire  partie  de  sa  cha- 
pelle. Il  vivait  encore  en  1812,  et  habitait 
une  jolie  maison  de  campagne  près  de 
Charlottenbourff ,  où  il  avait  rassemblé 
une  fort  belle  bibliothèque  de  musique. 
Les  qualités  qui  distinguèrent  cet  artiste 
furent  une  belle  mise  de  voix ,  une  grande 


légèreté ,  et  surtout  un  trille  admirable. 

CONDILLAC  (etienne-bonnot  DE) , 
abbé  à  Mureaux ,  philosophe  distingué  du 
18e  siècle,  naquit  à  Grenoble  en  1715. 
Ayant  été  nommé  précepteur  du  duc  de 
Parme ,  petit-fils  de  Louis  XV ,  il  écrivit 
pour  son  élève  son  Cours  d'études,  l'un  des 
fondemens  les  plus  solides  de  sa  réputa- 
tion. En  1768  il  fut  reçu  à  l'Académie 
française  ,  à  la  place  de  l'abbé  d'Olivet.  Il 
mourut  dans  sa  terre  de  Flux  ,  près  de 
Beaugenci,  le  5  août  1780.  Dans  son 
Essai  sur  l'origine  des  connaissances 
humâmes ,  il  traite  de  l'origine  et  des 
progrès  du  langage  et  de  la  musique, 
2e  partie,  §  5.  Hiller  a  donné  une  traduc- 
tion allemande  de  ce  morceau  dans  ses 
Notices  et  extraits  sur  la  musique,  année 
1766,  p.  269.  Ce  que  dit  Condillac  con- 
cernant la  musique  prouve  que  les  meil- 
leurs esprits  peuvent  s'égarer  lorsqu'ils 
parlent  de  ce  qu'ils  ignorent. 

CONFORTI  (jean-baptiste)  ,  composi- 
teur italien ,  élève  de  Claude  Merulo ,  a 
publié  en  1567 ,  à  Venise ,  son  premier 
œuvre  de  madrigaux  à  cinq  voix.  Ces  ren- 
seignemens  sont  les  seuls  qu'on  ait  sur  cet 
artiste. 

CONFORTO  (antoine),  habile  violi- 
niste ,  naquit  dans  le  Piémont  en  1745, 
et  fut  élève  de  Pngnani.  Lorsque  Bnrney 
passa  à  Vienne,  en  1772,  il  y  trouva 
Conforto  ,  qui  y  était  établi.  Ce  virtuose 
a  laissé  en  manuscrit  deux  oeuvres  de  so- 
nates pour  le  violon. 

CONFORTO  (nicolas),  compositeur 
dramatique ,  né  en  Italie ,  se  fixa  à  Lon- 
dres ,  vers  1757,  et  y  fit  représenter  un 
opéra  intitulé  Antigono ,  qui  eut  douze 
représentations. 

CONRAD ,  moine  bénédictin  au  mo- 
nastère de  Hirscbau ,  vers  1140  ,  fut  phi- 
losophe ,  rhéteur ,  poète  et  musicien  ,  au- 
tant qu'on  pouvait  l'être  de  son  temps.  On 
a  de  lui  un  traité  De  musica  et  differentia 
tonorum ,  lib.  1  ,  dont  on  trouve  des 
copies  manuscrites  dans  plusieurs  biblio- 
thèques (Fid.  Trith.  in  Chron.  Hirsaug, 


CON 

sub.  ann.  1091.  pag.  90  et  91.)  Forkel 
et  Lichtenthal  ont  fait  par  erreur  deux 
articles  d'un  seul  en  distinguant  Conrad 
du  diocèse  de  Cologne  de  Conrad  de  Hirs- 
chau,  et  le  traite  De  musica  et  différencia 
tonorum  de  celui  qu'ils  citent  ensuite  soas 
le  titre  De  musica  et  To/iis. 

CONRAD  DE  MURE,  chanoine  et 
chanteur  primaire  de  l'église  principale 
de  Zurich,  vivait  vers  l'an  1274.  Gesner 
(  Bibl.  Univ.  )  cite  un  traité  De  musica 
dont  il  était  auteur. 

CONRAD  (bartholome)  ,  jésuite  pro- 
fesseur de  mathématiques  à  l'université 
d'Olmùtz,  vers  le  milieu  du  17e  siècle, 
a  fait  imprimer  une  dissertation  intitulée  : 
Propositiones  pliysico-mathematicœ  de 
natura  soni,  Olmùtz  ,  1641 ,  in-4°. 

CONRAD (jean-christopiie),  organiste 
à  Eisfeld,  dans  le  pays  de  Hildbourghau- 
sen,  a  fait  imprimer  à  Leipsick,  en  1772, 
deux  suites  de  préludes  pour  l'orgue.  Ce 
sont  de  bons  ouvrages  dans  la  manière  des 
anciens  organistes  allemands. 

CONRAD  (j.-g.).  On  a  sous  ce  nom  un 
livre  qui  a  pour  titre  :  Beitrag  zum  Ge- 
sangs  unlerricht  in  Ziffern ,  als  Probe 
einer  Leichten  Beziefferung.  (  Essai  sur 
l'enseignement  du  chant  par  chiffres,  etc.) 
Meissen,  Goedsche.  Ce  musicien  a  publié 
aussi  chez  Breitkopf ,  à  Leipsick  ,  un  re- 
cueil de  préludes  faciles  pour  l'orgue. 

CONRADI  (jean-georges)  ,  maître  de 
chapelle  à  OEttingen ,  vers  la  fin  du 
17e  siècle,  fut  un  des  compositeurs  qui 
firent  entendre  les  premiers  opéras  alle- 
mands ,  sur  le  théâtre  de  Hambourg.  Ses 
principaux  ouvrages  sont  :  1°  Ariane, 
en  1691  ;  2°  Diogenes ,  1691  ;  3°  Numa 
Pompilius ,  1591  ;  4°  Carolus  Magnus , 
1692;  5°  Jérusalem,  première  partie, 
1692;  6°  Jérusalem,  deuxième  partie, 
1692  ;  7°  Sigismond,  1693;  8°  Gense- 
ricus ,  1693;  9°  Pygmalion ,  1793.  Le 
style  de  ce  musicien  est  lourd  ;  et  ses  mé- 
lodies sont  sans  grâce  :  cependant  Hatthe- 
son  assure  (dans  la  22e  méditation  de 
son  Musick,  Patriot.  )  que  plusieurs  de 


CON 


181 


ses  opéras  ont  obtenu  d'éclatans  succès. 

CONRADI  (Mlle),  célèbre  cantatrice 
allemande,  fille  d'un  barbier  de  Dresde, 
naquitvers  1682.  Ellebrilla  sur  le  théâtre 
de  Hambourg  de  1700  à  1709,  et  chanta 
ensuite  à  Berlin  dans  deux  opéras.  Eu 
1711 ,  elle  devint  la  femme  d'un  noble 
polonais ,  nommé  le  comte  Gruzewski ,  et 
quitta  le  théâtre.  Mattheson  a  parlé  de 
cette  cantatrice  avec  beaucoup  d'éloges 
sous  le  rapport  de  ses  facultés  naturelles , 
mais  il  assure  que  son  éducation  musicale 
était  à  peu  près  nulle. 

CONRING  (herman),  savant  distingué, 
médecin  célèbre ,  professeur  de  droit  civil 
et  politique,  philologue  habile  et  histo- 
rien ,  naquit  à  Norden  en  Ostfrise  le  9  no- 
vembre 1606.  En  1632  il  fut  nommé 
professeur  de  philosophie  naturelle  à 
Helmstadt.  La  reine  Christine  de  Suède 
l'appela  à  Stockholm  en  1650,  avec  le  titre 
de  son  médecin  et  de  son  conseiller.  Il  fut 
sucessivement  honoré  des  bontés  de  Charles- 
Gustave  ,  roi  de  Suède,  de  Louis  XIV  ,  et 
de  l'empereur  d'Allemagne.  Il  mournt  le 
12  décembre  1681,  âgé  de  soixante-quinze 
ans.  Ses  œuvres  ont  été  recueillies  par 
Jean-Guillaume  Gœbel ,  et  publiées  en 
1720,  à  Brunswick,  en  7  vol.  in-fol.  On 
trouve  dans  cette  collection  beaucoup  de 
renseignemens  sur  la  musique,  et  particu- 
lièrement sur  celle  des  anciens  ,  dans  un 
grand  nombre  d'endroits  du  tome  III.  On 
peut  en  voir  l'indication  dans  la  Littéra- 
ture de  la  musique  de  Forkel  (Allgem. 
Litter.  der  Musik ,  pag.  95  ) ,  et  dans  l'ou- 
vrage de  Mattheson  intitulé  G/undlage 
einer  Ehrenpforte ,  pag.  39. 

CONSALVO  (t.),  ancien  élève  du 
Conservatoire  de  la  Pietà,  à  Naples,  a  pu- 
blié des  principes  de  musique ,  suivis  des 
règles  d'accompagnement  de  Fenaroli  , 
sous  ce  titre  :  La  Teoria  musicale  corn- 
presevi  ancora  le  rinomate  regole  pel 
partimento  del  cel.  maestro  Fenaroli, 
corredate  di  annotazioni ,  Naples  1726. 

CONSILIUM  (jacques),  musicien  fran- 
çais qui  vivait  dans  la  première  partie  du 


182 


CON 


16e  siècle,  est  connu  par  quelques  motets 
et  des  chansons  qui  ont  été  insérées  dans 
les  recueils  publiés  de  son  temps  et  parti- 
culièrement dans  la  précieuse  collection 
de  motets  imprimée  à  Paris  chez  Pierre 
Attaignant,  de  1529  à  1537  ,  in-4°  obi., 
gothique.  Les  livres  septième,  huitième  et 
onzième ,  contiennent  les  motets  à  cinq 
voix  In  Ma  die ,  Cuni  inducerent,  et  Ad- 
juva  me  Domine ,  de  la  composition  de 
Consilium.  Il  y  a  lieu  de  croire  que  le 
nom  sous  lequel  cet  artiste  est  connu  n'é- 
tait pas  le  sien  ,  et  que  suivant  un  usage 
assez  fréquent  du  temps  où  il  vécut,  on  a  la- 
tinisé celui  qui  lui  appartenait  réellement. 
CONSOLI  (  tiiomâs)  ,  sopranisle  ,  né  à 
Rome  vers  1755 ,  fut  appelé  en  1775  à  la 
cour  de  l'électeur  de  Bavière  pour  y  chan- 
ter l'opéra  séria.  En  1777 ,  il  obtint  un 
congé  de  six  mois  pour  faire  un  voyage  en 
Italie  ,  mais  le  prince  Maximilien  III 
étant  mort  dans  la  même  année,  tous  ses 
engagemens  se  trouvèrent  rompus,  et  le 
prince  Charles-Théodore ,  successeur  de 
l'électeur,  congédia  Consoli  de  son  service. 
Il  résolut  alors  de  se  fixer  à  Rome  ,  et  fut 
admis  comme  chanteur  à  la  chapelle  Six- 
tine.  Il  vivait  encore  en  1808. 

CONSTANTIN,  violon  de  la  musique 
de  Louis  XIII  et  roi  des  ménétriers,  fut  un 
artiste  habile  pour  le  temps  où  il  vécut , 
et  composa  des  pièces  à  cinq  et  six  parties 
pour  le  violon,  la  viole  et  la  basse  ,  qui  ne 
sont  pas  dépourvues  de  mérite.  Il  mourut  à 
Paris ,  en  1657 ,  et  eut  pour  successeur 
Dumanoir ,  dans  sa  charge  de  roi  des  mé- 
nétriers. 

CONSTANTIN  ( .  .  .  )  ,  ancien  chef 
d'orchestre  de  la  danse  aux  jardins  de  Ti- 
voli ,  s'est  fait  connaître  par  un  grand  nom- 
bre de  cahiers  de  contredansespour  orches- 
tre complet,  en  quatuors,  en  trios,  etc. 
On  a  aussi  de  lui  des  valses  et  des  contre- 
danses variées  pour  violon  seul.  Tout  ce 
que  ce  musicien  a  écrit  ou  arrangé  a  été 
pravé  à  Paris. 

°  CONSTANTINI(fabio).  Foyez  COS- 
TANTINI. 


CON 

CONSTANTIUS  (barbarinus)  ,  compo- 
siteur sicilien  qui  vivait  au  commence- 
ment du  dix-septième  siècle,  a  fait  impri- 
mer plusieurs  de  ses  pièces  dans  un  recueil 
intitulé  :  Infidi  lumi ,  Palerme,  1603. 

CONTANT  DE  LA  MOLETTE  (phi- 
lippe  DU),  naquit  à  la  Côte  Saint-André, 
le  29  août  1737.  Ayant  obtenu  le  degré  de 
docteur  en  théologie  en  1765  ,  il  fut  en- 
suite nommé  vicaire  général  du  diocèse 
de  Vienne.  Il  périt  victime  de  la  révolu- 
tion en  1793.  On  a  de  lui  :  Traité  sur  la 
poésie  et  la  musique  des  Hébreux,  Paris, 
1781,  in-12  ;  ouvrage  qui  ne  mérite  au- 
cune estime.  Forkel  et  Lichtenthal  se  sont 
trompés  sur  le  nom  de  cet  auteur  en  écri- 
vant Constant. 

CONTI  (ANGELo),né  à  Aversa,  en  1603, 
a  publié  à  Venise,  en  1634  ,  un  livre  de 
messes  à  cinq  voix  ;  trois  livres  de  madri- 
gaux à  quatre  voix,  en  1635-1638,  et  un 
livre  de  motels  à  deux  et  dix  voix,  1639. 

CONTI  (fkançois),  compositeur  distin- 
gué et  l'un  des  plus  habiles  théorbistes  qui 
aient  existé  ,  naquit  à  Florence,  dans  la 
seconde  moitié  du  17e  siècle.  On  ignore 
où  il  fit  ses  études  musicales  ,  mais  il  pa- 
raît qu'elles  furent  bien  dirigées ,  car  il 
écrivait  avec  élégance  ,  quoiqu'il  manquât 
d'invention,  et  qu'il  se  bornât  à  imiter  le 
style  d'Alexandre  Scarlatti.  Cette  opinion, 
concernant  la  musique  de  Conti,  n'est  pas 
celle  qui  a  été  émise  par  quelques  écrivains 
allemands,  notamment  par  Schulz  et  Ger- 
ber  ;  ces  auteurs  lui  reconnaissent  un  gé- 
nie original  et  l'accusent  même  de  bizar- 
rerie ;  mais  je  n'ai  trouvé  aucune  trace  de 
cette  originalité  dans  la  partition  de  Teseo 
in  Creta,  ni  dans  les  airs  de  llfmto  Po- 
licare  et  de  Clotilda,  que  je  possède.  Ces 
airs  sont  exactement  calqués  sur  ceux  de 
Scarlatti. 

Conti  se  rendit  à  Vienne  en  1703  ,  et  y 
entra  dans  l'orchestre  de  la  chapelle  impé- 
riale, en  qualité  dethéorbiste.  L'empereur, 
qui  aimait  son  talent,  le  nomma  peu  après 
compositeur  de  sa  chambre  et  vice-maître 
de  sa  chapelle.  A  la  mort  de  Ziani,  en 


CON 


CON 


183 


1 7  22 ,  il  devint  titulaire  de  sa  place.  Quanz, 
qui  entendit  Conti  jouer  du  théorbc  à 
Prague,  en  1723,  dans  l'opéra  de  Cos- 
tanza  e  Fortezza ,  parle  de  son  talent 
avec  admiration.  Son  opéra  de  Clotilde 
fut  joué  à  Lozidres  en  1709  ;  on  ignore  s'il 
se  rendit  en  cette  ville  pour  le  faire  repré- 
senter, ou  si  l'ouvrage  avait  été  joué  pré- 
cédemment à  Vienne.  Quoi  qu'il  en  soib, 
cette  composition  fut  suivie  de  beaucoup 
d'autres  que  Conti  écrivit  pour  la  cour  im- 
périale. Parmi  ces  productions  ,  on  cite 
surtout  le  Don  Chisciotte  comme  em- 
preint d'une  originalité  remarquable.  Cet 
ouvrage,  traduit  en  allemand  par  Millier, 
fut  joué  à  Hambourg  en  1722.  On  dit  que 
le  succès  de  cette  composition  excita  la  ja- 
lousie et  la  haine  de  Mattheson  contre 
Conti ,  et  que  c'est  à  cette  cause  qu'il  faut 
attribuer  la  publication  d'une  anecdote 
insérée  dans  le  Parfait  maître  de  cha- 
pelle de  cet  écrivain  ',  et  dont  on  conteste 
aujourd'hui  la  réalité.  Voici  cette  anec- 
dote telle  qu'elle  est  rapportée  par  Mat- 
theson ,  d'après  une  lettre  datée  de  Ralis- 
bonne,  le  19  octobre  1730. 

Une  discussion  s'étant  élevée  entre  un 
prêtre  séculier  et  Conti,  celui-ci  fut  insulté 
d'une  manière  grave  par  l'homme  d'église, 
et  se  vengea  par  un  soufflet.  Le  clergé, 
ayant  été  saisi  de  cette  affaire ,  condamna 
le  compositeur  à  faire  amende  honorable 
à  la  porte  de  l'église  cathédrale  de  Saint- 
Etienne ,  pendant  trois  jours.  Quoique 
l'empereur  (Charles  VI)  eut  de  l'attache- 
ment pour  son  maître  de  chapelle,  il  n'osa 
point  annuler  cet  arrêt  ;  peut-être  ne 
croyait-il  pas  en  avoir  le  pouvoir  ;  il  se 
borna  à  réduire  à  une  seule  séance  la  sta- 
tion à  la  porte  de  l'église.  Irrité  par  l'hu- 
miliation qu'il  subissait,  Conti  employa  le 
temps  qu'il  passa  sur  les  marches  de  l'es- 
calier de  Saint-Etienne  à  vomir  des  in- 
jures contre  ses  juges.  Cette  scène  scanda- 
leuse le  fit  condamner  à  recommencer 
l'épreuve,  le  17  septembre  suivant  (1730), 

•  Der  Wolîkommeno  Cappellmeister,  p,  40. 


revêtu  d'un  cïlice,  et  entouré  de  douze  gar- 
des, avec  une  torche  dans  la  main.  Bientôt 
après  ,  un  arrêt  du  tribunal  civil  le  con- 
damna à  payer  au  clergé  une  amende  de 
mille  florins,  à  un  emprisonnement  de 
quatre  ans,  et  à  être  ensuite  banni  de 
l'Autriche.  Ceux  qui  ont  rapporté  cette 
triste  histoire,  d'après  Mattheson,  ajoutent 
qu'on  croit  que  Conti  mourut  en  prison. 

Gerber  a  essayé,  dans  son  nouveau  Dic- 
tionnaire des  musiciens  ,  de  révoquer  en 
doute  l'anecdote  dont  il  s'agit ,  ou  du 
moins  de  la  mettre  sur  le  compte  d'un  fils 
de  Conti,  jeune  homme  à  tête  folle  ,  dit-il 
(quoiqu'il  ne  soit  pas  prouvé  que  Conti 
eut  un  fils),  et  il  s'appuie  de  l'autorité  de 
Quanz  et  de  Reichardt.  Selon  lui ,  Matthe- 
son n'avait  pour  garant  du  fait  que  la  let- 
tre d'un  jeune  étourdi  de  Ratisbonne,  et  ne 
l'avait  accueilli  que  par  haine  contre  le 
musicien  italien.  L'auteur  del'article  Conti 
du  dictionnaire  universel  de  musique,  pu- 
blié par  M.  Schilling,  copie  en  partie  celui 
de  Gerber,  et  ajoute  que  des  écrivains  im- 
prudens ,  au  nombre  desquels  figure  le 
rédacteur  de  la  Revue  musicale }  ont  em- 
prunté ces  fables  scandaleuses  au  livre 
de  Mattheson.  Ceci  oblige  l'auteur  de  cette 
biographie  d'examiner  de  quel  côté  sont 
les  probabilités. 

"Walther  a  publié  son  lexique  de  musi- 
que en  1732,  c'est-à-dire  deux  ans  après 
l'événement  indiqué  par  la  lettre  écrite  de 
Ratisbonne,  le  19  octobre  1730 j  il  n'en 
parle  pas  à  l'article  Conti  {Francesco)  7 
mais  il  avoue  que  les  derniers  rensei^ne- 
inens  qu'il  a  eus  sur  cet  artiste  remontent 
à  1727,  et  qu'il  les  a  puisés  dans  un  alma- 
nach  d'adresses  de  Vienne.  Le  Parfait 
maître  de  chapelle  de  Mattheson  a  paru 
en  1759;  neuf  années  seulement  s'étaient 
écoulées  depuis  l'événement  rapporté  dans 
cet  ouvrage  j  la  plupart  des  amis  de  Conti 
vivaient  sans  doute  encore  ;  cependant  au- 
cune réclamation  n'a  été  faite  à  l'appari- 
tion du  livre  de  Mattheson  ;  tout  le  monde 
a  gardé  le  silence  sur  un  fait  si  extraordi- 
naire, et  ce  n'est  qu'en  1752  que  fut  pu- 


184 


CON 


CON 


blié  l'ouvrage  de  Quanz  sur  la  flûte ,  où 
se  trouvent  quelques  mots  qui  semblent 
contredire  ,  mais  d'une  manière  indirecte, 
l'anecdote  du  Parfait  maître  de  chapelle. 
A  l'égard  de  l'autorité  de  Reichardt ,  elle 
est  de  nulle  valeur ,  car  il  écrivait  environ 
soixante-dix  ans  après  l'événement.  Mat- 
tlieson  était  sans  doute  d'un  caractère  ja- 
loux, mais  il  ne  peut  être  accusé  d'avoir 
dans  cette  affaire  accordé  trop  légèrement 
sa  confiance  à  de  faux  renseignemens,  car 
la  lettre  fut  écrite  en  1750,  et  il  ne  la  pu- 
blia que  neuf  ans  après.  S'il  n'avait  pas  eu 
la  certitude  alors  d'être  bien  informé  ,  il 
se  serait  exposé  à  passer  pour  le  plus  im- 
prudent de  tous  les  hommes.  Il  est  bon  de 
remarquer  encore  que  Quanz  a  eu  le  tort 
d'attendre  trop  long-temps  pour  démentir 
le  fait,  et  qu'il  ne  l'a  pas  fait  d'une  manière 
explicite.  Enfin ,  n'oublions  pas  que  Ger- 
ber  et  le  Dictionnaire  général  de  musique 
avouent  qu'on  ignore  le  lieu  et  l'époque  de 
la  mort  de  Conti;  après  1730,  tout  se  tait 
sur  son  sort,  et  ce  silence  sur  un  maître 
de  chapelle  de  l'empereur  et  sur  un  artiste 
tel  que  Conti  est  au  moins  singulier.  Le 
lecteur  jugera  ,  d'après  ces  renseignemens 
de  quel  côté  est  l'imprudence  des  asser- 
tions. 

Voici  la  liste  des  ouvrages  de  Conti  : 
Clotilde ,  opéra  sérieux ,  à  Londres ,  en 
1709;  2°  Alba  Cornelia,  à  Vienne,  en 
1714;  5°  I  Satiri  in  Arcadia ,  1714; 
4°  Teseo  in  Creta,  1715;  5°  Il  Finto 
Policare,  1716;  6°  Ciro,  1716  ;  7°  Ales- 
sandro  in  Sidone,  1821  ;  8°  Don  Chi- 
sciotte  in  Siéra  Morena ,  1719  -  9°  Ar- 
chelao,  re  di  Cappadocia  ,  1722; 
10°  Mose  preservato ,  1722  ;  llo  Péné- 
lope, 1724  ;  12°  Griselda,  1725  ;  13°  Isi- 
Jïle  ;  14°  Galatea  vindicata  ;  13°  Il 
Trionfo  dell'  amore  e  dell'  amicizia; 
16°  Motetto  a  soprano  solo,  2  viol,  con- 
cert., 2  violini  ripieni,  2ob.  viola,  viola 
di  gamba  e  basso  ;  17°  Cantate  :  Lonta- 
nanza  del  amato  bene ,  pour  soprano, 
chalumeau,  flûte,  violon  à  sourdine, 
luth  français  et  clavecin;  18°  Cantate  ; 


Conpiu  luci  di  condori ,  pour  soprano, 
violons  et  clavecin;  19°  Cantate  :  Poi  che 
speme ,  pour  soprano,  deux  violons,  viole 
et  basse  ;  20°  Cantate  :  Quando  petiso  a 
colei ,  pour  soprano  et  clavecin.  Les  ar- 
chives de  musique  du  prince  de  Sonder- 
hausen  contiennent  un  volume  manuscrit 
qui  renferme  vingt-six  cantates  de  Conti. 

CONTI  (ignace),  compositeur  drama- 
tique, né  à  Florence,  fut  contemporain  de 
François ,  et  comme  lui  au  service  de  lu 
cour  de  Vienne.  Quelques  personnes  ont 
cru  qu'ils  étaient  frères  ;  d'autres  ,  que 
François  fut  le  père  d'Ignace.  On  n'a  pas 
de  renseignemens  pour  éclaircir  ce  doute. 
Ignace  Conti  a  donné  à  Yienne  :1°  La  Dis- 
truzione  di  Hai ,  en  1728  ;  2°  Il  Giusto 
ajflilto  nella  persona  di  Giobbe,  1736. 

CONTI  (l'abbe  antoine),  né  à  Venise  , 
d'une  famille  noble,  en  1678,  est  mort  en 
1749 ,  à  l'âge  de  soixante-onze  ans.  Il  fut 
lié  d'une  étroite  amitié  avec  Benoît  Mar- 
cello,  vécut  quelque  temps  en  France, 
puis  en  Angleterre  ,  où  il  devint  l'ami  de 
Newton.  Dans  ses  œuvres  posthumes,  im- 
primées à  Venise,  en  1756,  in-4°  ,  on 
trouve  :  Dissertazione  sulla  musica  imi- 
tativa;  cette  dissertation  fait  voir  que 
Conti  avait  adopté  toutes  les  idées  de  Mar- 
cello sur  la  musique  ;  il  s'élève  particu- 
lièrement contre  le  chant  de  bravoure  que 
Farinelli  et  Caffarelli  avaient  mis  à  la 
mode. 

CONTI  (joachin)  ,  surnommé  Giz- 
ziello ,  du  nom  de  son  maître  D.  Gizzi ,  fut 
un  des  plus  grands  chanteurs  du  18esiècle. 
Né  à  Arpino  ,  petite  ville  du  royaume  de 
Naples,  le  28  février  1714,  il  subit  de 
bonne  heure  la  castration;  soit,  comme  l'ont 
dit  plusieurs  biographes  italiens,  qu'une 
maladie  de  son  enfance  eût  rendu  cette 
opération  nécessaire ,  soit  que  la  pau- 
vreté de  ses  parens  les  eût  déterminés  à 
spéculer  sur  la  mutilation  de  leur  enfant. 
Quoi  qu'il  en  soit ,  jamais  cet  acte  de  dé- 
pravation n'eut  de  plus  heureux  résultats 
pour  l'art  :  voix  douce  ,  pure  ,  pénétrante, 
étendue,  jointe  a  une  expression  naturelle, 


CON 

à  un  sentiment  profond  du  beau  ,  tout  se 
trouva  réuni  dans  le  jeune  Conti.  A  l'âge 
de  huit  ans  ,  ses  parens  le  conduisirent  à 
Naples ,  et  le  mirent  sous  la  direction  de 
leur  compatriote  Gizzi.  Cet  habile  profes- 
seur entrevit  au  premier  aspect  tout  ce 
qu'on  pouvait  attendre  d'un  tel  élève  :  il 
se  l'attacha,  le  reçut  dans  sa  maison, 
l'alimenta  gratuitement  et  lui  donna  ses 
soins  pendant  sept  années  consécutives. 
Ce  fut  par  reconnaissance  pour  son  maître 
que  Conti  prit  le  nom  de  Gizziello. 

Le  premier  essai  des  talens  du  vir- 
tuose eut  lieu  à  Rome  lorsqn'il  n'était 
âgé  que  de  quinze  ans  ;  le  succès  fut 
prodigieux ,  et  sa  réputation  s'étendit 
dans  toute  l'Italie.  En  1731  ,  il  excita  le 
plus  vif  enthousiasme  lorsqu'il  chanta  sur 
le  théâtre  de  la  même  ville  la  Didone  et 
X Artaserse  de  Léonard  de  Vinci.  On 
rapporte  à  cette  occasion  que  Caffarelli , 
autre  célèbre  chanteur,  qui  se  trouvait 
alors  à  Naples  ,  ayant  appris  que  Gizziello 
devait  chanter  certain  jour ,  partit  en 
poste  pour  Rome  ,  afin  de  l'entendre. 
Arrivé  dans  cette  ville  ,  il  se  rendit  au 
théâtre  et  entra  au  parterre  enveloppé  de 
son  manteau,  afin  de  n'être  point  reconnu. 
Après  le  premier  air  chanté  par  Gizziello  , 
Caffarelli  saisit  un  moment  où  l'on  faisait 
trêve  aux  applaudissemens  et  s'écria  : 
Bravo,  bravissimo,  Gizziello  !  e  Caffa- 
relli che  tel  dice  ;  après  quoi  il  sortit 
précipitamment  et  reprit  la  route  de  Na- 
ples. En  1732  et  1733  ,  Gizziello  chanta 
à  Naples  avec  le  même  succès.  Trois  ans 
après  il  partit  pour  Londres  ,  où  il  était 
engagé  pour  le  théâtre  que  Handel  diri- 
geait. C'était  l'époque  de  la  rivalité  la  plus 
ardente  entre  ce  théâtre  et  celui  de  l'op- 
position conlié  aux  soins  de  Porpora.  Ce 
dernier  où  l'on  trouvait  réunis  des  chan- 
teurs tels  que  Farinelli ,  Senesino  et  la 
fameuse  Cuzzoni ,  avait  alors  un  avantage 
marqué  dans  l'opinion  ,  et  Handel ,  avec 
tout  son  génie,  ne  pouvait  lutter  contre 
un  pareil  ensemble,  qu'en  lui  opposant 
quelque  virtuose  du  premier  ordre.  L'ar- 


CON 


185 


rivée  de  Gizziello  rétablit  ses  affaires  :  ce 
grand  artiste  débuta  le  5  mai  1736  ,  dans 
X Ariodant  de  Handel ,  avec  un  succès 
d'enthousiasme.  Le  12  de  ce  mois  il  chanta 
dans  X Atalante  du  même  auteur ,  com- 
posée pour  le  mariage  de  la  princesse  de 
Galles  ,  et  il  continua  pendant  plusieurs 
années  à  exciter  l'admiration  des  Anglais. 
En  1743  ,  il  se  rendit  à  Lisbonne  ,  où  il 
avait  été  appelé  pour  le  théâtre  de  la 
cour.  On  remarqua  dès  ce  moment  que  le 
talent  de  Gizziello  s'était  perfectionné  par 
les  études  qu'il  avait  faites  après  avoir  en- 
tendu Farinelli ,  et  sa  réputation  s'étendit 
de  telle  sorte  que  le  roi  de  Naples ,  Char- 
les III ,  qui  venait  de  faire  construire  le 
théâtre  de  St. -Charles  ,  résolut  d'y  réunir 
Caffarelli  et  notre  chanteur  dans  l'opéra 
&  Achille  in  Sciro ,  dont  la  musique  avait 
été  composée  par  Pergolèse.  On  fit  donc 
revenir  Caffarelli  de  la  Pologne  et  Giz- 
ziello de  Portugal;  celui-ci  chanta  le  rôle 
d'Ulysse ,  et  l'autre  celui  d'Achille.  Rien 
ne  peut  être  comparé  à  l'effet  que  Caffa- 
relli produisit  dans  le  premier  air  qu'il 
chanta  :  toute  la  cour  et  les  spectateurs  se 
livrèrent  pendant  quelques  minutes  aux 
transports  les  plus  vifs  et  aux  applaudisse- 
mens les  plus  bruyans.  Gizziello  avoua  de- 
puis qu'il  se  crut  perdu  et  qu'il  resta  tout 
étourdi  de  ce  qu'il  venait  d'entendre. 
Néanmoins,  dit-il,  j'implorai  l'assistance 
du  ciel ,  et  je  m'armai  de  courage.  L'air 
qu'il  devait  chanter  était  dans  le  style  pa- 
thétique ;  le  son  de  sa  voix  ,  si  pur,  si  tou- 
chant, le  fini  de  son  exécution,  l'accent 
si  expressif  qu'il  sut  y  mettre,  et  proba- 
blement aussi  l'émotion  que  lui  avait  cau- 
sée le  succès  de  son  rival ,  tout  cela  ,  dis- 
je,  le  fit  atteindre  à  un  tel  degré  de  subli- 
mité, que  le  roi  transporté  se  leva  ,  battit 
des  mains  ,  invita  toute  sa  cour  à  l'imiter, 
et  la  salle  fut  ébranlée  par  les  applaudis- 
semens prolongés  de  l'auditoire.  Aucun 
des  deux  rivaux  ne  fut  vaincu  ;  Caffarelli 
fut  déclaré  le  plus  grand  chanteur  dans  le 
genre  brillant,  Gizziello,  dans  le  style  ex- 
pressif. 


186 


GON 


CON 


En  1749  ,  ce  virtuose  passa  en  Espa- 
gne, où  il  chanta  sous  la  direction  de  Fa- 
rinelli  avec  la  célèbre  Minghotti.  Trois  ans 
après  il  retourna  à  Lisbonne,  et  se  fit  enten- 
dre dans  le  Demofoonle  de  David  Perez. 
Le  roi  de  Portugal  le  combla  de  richesses, 
et  Ton  rapporta  que  ,  touché  d'un  air  pas- 
toral que  Gizziello  avait  chanté  dans  une 
cantate  pour  la  naissance  de  ses  fils,  ce 
prince  lui  fit  présent  d'une  poule  et  de 
vingt  poussins  d'or  de  la  plus  grande  va- 
leur. Vers  la  fin  de  l'année  1755,  ce  grand 
artiste  résolut  de  quitter  le  théâtre,  et  revint 
dans  sa  ville  natale,  où  il  demeura  quelque 
temps  '  ;  ensuite  il  fixa  son  séjour  à  Home, 
et  après  avoir  joui  de  sa  fortune  avec  hon- 
neur, il  mourut  dans  cette  ville  le  25  oc- 
tobre 1761,  à  l'âge  de  47  ans.  Son  portrait 
a  été  gravé  ,  et  se  trouve  dans  la  Biogra- 
fia  clegli  uoinini  illustri  del  regno  di 
JYapoli. 

CONTI  (  jacques  ) ,  violiniste  italien  , 
mort  à  Vienne  en  1804,  était  en  1790 
premier  violon  de  la  chapelle  de  l'impéra- 
trice de  Russie  et  du  prince  Potemkin. 
Trois  ans  après  il  se  rendit  à  Vienne ,  où 
il  fut  fait  chef  d'orchestre  de  l'Opéra  Ita- 
lien. Ses  ouvrages  imprimés  consistent  en 
cinq  concertos  pour  le  violon,  deux  œuvres 
de  sonates  pour  le  même  instrument,  trois 
œuvres  de  duos,  idem,  op.  6,  9  et  10, 
et  un  œuvre  de  solos  pour  le  violon,  op.  8. 
Il  y  a  eu  un  autre  violiniste  du  nom  de 
Conti  (Pierre),  qui  a  publié  un  concerto  de 
violon  à  Amsterdam  ,  en  1760. 

CONTI  (charles),  compositeur  drama- 
tique ,  né  à  Naples  vers  1804,  a  été  admis 
comme  élève  au  collège  royal  de  musique 
de  cette  ville  ;  et  y  a  fait  ses  études  sous 
la  direction  de  Tritto.  Au  mois  de  septem- 
bre 1827,  il  a  fait  représenter  avec  quel- 
que succès  ,  au  tbéâtre  Valle ,  de  Rome, 
un  opéra  qui  avait  pour  titre  L'Innocenza 
in  periglio.  Au  mois  de  décembre  de  la 


même  année,  il  a  donné  au  tbéâtre  Nuovo 
de  Naples  Gli  Aragonesi  in  JYapoli.  Le 
6  juillet  1828,  on  joua  au  théâtre  Saint- 
Charles,  un  ouvrage  du  même  auteur  inti- 
tulé Alexi  :  il  fut  accueilli  avec  froideur. 
Cet  opéra  n'avait  pas  été  écrit  entièrement 
par  Conti;  une  indisposition  grave  qui  lui 
était  survenue  ,  ne  lui  avait  pas  permis  de 
pousser  son  travail  au-delà  de  la  troisième 
scène  du  second  acte  ;  la  partition  fut  ter- 
minée par  Vaccai.  Riccordi  a  publié  à 
Milan  quelques  morceaux  détacbés  de  l'o- 
péra de  Conti ,  Gli  Aragonesi  in  Napoli. 

CONTINI  (jean),  maître  de  chapelle 
de  la  cathédrale  de  Brescia  en  1550  ,  a 
publié  les  ouvrages  suivans  de  sa  compo- 
sition :  1°  Madrigali  a  cinque  voci,  lib.  1 , 
Venise  1550;  2°  Canliones  sex  vocum, 
Venise,  1565,  in- 4°;  3°  Introitus  et 
alleluja  quinque  vocum  ,  ibid. ,  in-4°  ; 
4°  Hjmnos  quatuor  vocum,  ibid.,  in-4»; 
5°  Threnos  Hieremiœ  quatuor  vocum } 
ibid. ,  in-4°  ;  6°  Missœ  4  vocibus  con- 
cert., ibid.,  in-4°.  Ce  musicien  ne  doit 
pas  être  confondu  avec  Jean  Contini  , 
compositeur  de  Pécole  romaine  qui  vivait 
au  commencement  du  18e  siècle,  et  qui 
est  auteur  d'un  oratorio,  intitulé  IlPesca- 
tore  castigato.  Cet  oratorio  fut  exécuté 
avec  beaucoup  d'effet  dans  l'église  des  do- 
minicains ,  à  Prague  en  1735. 

CONTITJS  (Christophe)  ,  bon  construc- 
teur d'orgues  ,  vivait  à  Halberstadt  au 
commencement  du  18e  siècle.  Ses  princi- 
paux ouvrages  sont  :  1°  L'orgue  de  Tars- 
chengen  ,  composé  de  vingt-un  jeux,  deux 
claviers  et  pédale,  terminé  en  1706; 
2°  Celui  de  l'église  des  Femmes  (Frauen- 
kirche)  à  Halle,  composé  de  soixante-cinq 
jeux,  trois  claviers  et  pédale,  fini  en  1713. 

CONTIUS  ( )  ,  compositeur , 

claveciniste  et  joueur  de  harpe  ,  naquit  à 
Rosla  ,  en  Turinge  ,  vers  1714.  Il  fut  d'a- 
bord  attaché    au    service    du  comte  de 


1  C'est  par  une  erreur  manifeste  que  A.  Burgh  (Anec- 
dotes of  miisic,  lom.  Uï,  pag.  169)  dit  que  Gizziello 
se  trouvait  encore  à  Lisbonne  en  1755,  lors  du  tremble- 
ment de  terre  qui  détruisit  celte  ville,  et  qu'après  avoir 


échappe  comme  par  miracle  à  ce  funeste  événement,  ce 
grand  chanteur,  dans  un  accès  de  dévotion,  avait  e'té 
s'enfermer  dans  un  cloître  où  il  mourut  peu  de  temps 
après. 


CON 

Bruhl ,  à  Dresde ,  en  qualité  de  harpiste. 
Lorsque  la  chapelle  de  ce  ministre  eut  été 
dispersée  par  suite  de  la  guerre  de  sept 
ans ,  Contius  se  transporta  à  Sonderhau- 
sen ,  en  1759,  et  y  mena  une  vie  retirée, 
donnant  des  leçons  de  clavecin  et  de  harpe. 
Il  y  composa  plusieurs  morceaux  d'église 
pour  la  chapelle  du  prince  ,  dans  lesquels 
il  employa  des  idées  puisées  dans  les  œu- 
vres de  Hasse ,  mais  avec  adresse ,  et  de 
manière  à  prouver  qu'il  connaissait  hien 
les  ressources  du  contrepoint.  En  1762, 
il  entra  au  service  du  prince  de  Berne- 
bourg  ;  mais  ayant  reçu  sa  démission  en 
1770  ,  il  se  rendit  à  Quedlimbourg ,  où  il 
obtint  une  charge  civile,  dans  laquelle  il 
est  mort  en  1776.  11  est  auteur  de  plu- 
sieurs concertos  de  clavecin  et  de  harpe, 
ainsi  que  de  quelques  symphonies;  mais 
tous  ces  ouvrages  sont  restés  en  manuscrit. 

CONTIUS  (henri-andre),  constructeur 
d'orgues  privilégié,  à  Halle  ,  vécut  vers  le 
milieu  du  18e  siècle.  Les  meilleurs  instru- 
mens  sortis  de  ses  mains  sont  :  1°  L'oro-ue 
de  l'église  principale  à  Giebichenstein , 
composé  de  vingt-deux  jeux,  deux  claviers, 
et  pédale  ,  avec  deux  anges  qui  jouent  des 
timbales,  et  un  antre  qui  sonne  de  la 
trompette  :  cet  orgue  a  été  fini  en  1743; 
2°  L'orgue  de  la  nouvelle  église  de  Glau- 
cha ,  de  vingt-cinq  jeux  ,  deux  claviers  et 
pédale,  terminé  en  1755;  3°  Un  orgue 
de  chambre,  pour  un  seigneur  des  envi- 
rons de  Riga  ,  en  1760. 

CONTREDIT  (  andrien  ou  andre), 
ecclésiastique  ,  vivait  vers  la  fin  du 
13e  siècle.  Il  était  poète  et  musicien  ,  et  a 
laissé  neuf  chansons  notées.  Le  manu- 
scrit de  la  Bibliothèque  du  roi,  coté  7222 
(ancien  fonds)  ,  en  contient  huit. 

CONVERSI  (jERÔME),né  à  Corrège  vers 
le  milieu  du  16e  siècle,  est  connu  comme 
auteur  des  ouvrages  suivans  :  1°  Canzonl 
a  cinque  voci  ,  Venise  ,  1575  ;  2°  Ma- 
drigali  a  sei  voci,  lib.  1,  Venise,  1584-, 

CONTERS  (jean),  savantanglais,  mem- 
bre de  la  société  royale  de  Londres  dans 
la  seconde  moitié  du  17°  siècle  ,  a  donné 


coo 


187 


dans  les  Transactions  philosophiques , 
tome  XII ,  page  1027,  une  dissertation 
sur  la  trompette  parlante  perfectionnée 
par  Morcland  sous  ce  titre  :  The  Speak- 
ing  trompe  t  improvecl. 

COOK  (  henri  )  ,  musicien  anglais  ,  fut 
élevé  k  la  chapelle  royale  de  Charles  Ier; 
mais  au  commencement  des  troubles  qui 
causèrent  la  mort  de  ce  prince ,  il  quitta 
la  musique  pour  suivre  la  carrière  mili- 
taire. En  1642  il  obtint  une  commission 
de  capitaine,  ce  qui  fait  que  les  anglais  le 
désignent  ordinairement  sous  le  nom  de 
capitaine  Cook.  Au  retour  de  Charles  II, 
il  rentra  clans  l'ordre  civil ,  et  fut  nommé 
maître  des  enfans  de  la  chapelle  royale. 
Parmi  ses  élèves,  on  distingue  Humphrey, 
Blow  et  Wise  ;  Anthony  Wood  nous  ap- 
prend que  Cooli  mourut,  en  1672,  du 
chagrin  que  les  succès  de  Humphrey  lui 
occasionnèrent.  On  n'a  imprimé  de  la  mu- 
sique de  Cook  que  quelques  antiennes  dans 
les  collections  de  son  temps  ;  elles  ne  don- 
nent pas  une  haute  opinion  de  son  génie. 
Playford  a  inséré  plusieurs  airs  de  ce  com- 
positeur dans  son  Musical  companion 
(Londres,  1667);  ils  sont  d'un  style  sec 
et  aride. 

COOK  (benjamin)  ,  fils  d'un  marchand 
de  musique  ,  naquit  à  Londres  ,  en  1739. 
Par  une  étude  assidue  des  meilleurs  li- 
vres sur  la  théorie  de  la  musique,  et  de  la 
musique  d'église  des  plus  grands  com- 
positeurs, il  parvint  à  un  haut  degré  d'ha- 
bileté comme  harmoniste  et  comme  orga- 
niste, et  acquit  beaucoup  de  réputation  en 
Angleterre.  Il  a  été  organiste  de  l'abbaye 
de  Westminster  et  de  l'église  St.-Martin- 
des-Prés  pendant  les  trente  dernières  an- 
nées de  sa  vie.  Après  la  mort  de  Kelway , 
il  a  été  nommé  aussi  organiste  de  la  cour. 
Le  grade  de  docteur  en  musique  lui  fut 
conféré  par  l'université  d'Oxford,  en  1782. 
Il  est  mort  à  Londres ,  au  mois  de  sep- 
tembre 1793.  Quoiqu'il  ait  écrit  beaucoup 
de  musique  d'église ,  il  n'a  publié  que 
quelques  psaumes,  et  une  collection  de 
canons  ,  de  catches  et  de  glees. 


188 


coo 


GOO 


COOKE  (  roeert  ) ,  organiste  et  maître 
des  enfans  de  chœur  de  l'abbaye  de  West- 
minster, est  mort  en  1814,  à  l'âge  de 
cinquante-neuf  ans.  Il  a  composé  de  bonne 
musique  d'église,  et  des  préludes  pour 
l'orgue  ;  mais  ces  ouvrages  n'ont  pas  été 
publiés. 

COOKE  (nathaniel),  né  à  Bosliam , 
près  de  Cbichester,  en  1775,  eut  pour 
maître  de  musique  son  oncle ,  Mathieu 
Cooke  ,  organiste  de  St.-George's  Blooms- 
bury,  à  Londres.  La  place  d'organiste  de 
l'église  paroissiale  de  Brighton  devint  va- 
cante ,  Nathaniel  Cooke  se  mit  an  nombre 
des  concurrens  ,  et  fat  nommé  par  accla- 
mations. Il  occupe  maintenant  cette  place. 
Les  ouvrages  qu'il  a  publiés  se  composent 
de  plusieurs  petites  pièces  pour  le  piano  , 
d'une  collection  d'hymnes  et  d'antiennes 
intitulée  :  A  Collection  of psalms  and 
hymnsfor  the  use  ofthe  Brighthelmstone 
church  choir,  et  d'un  Te  Deuni. 

COOKE  (thomas)  ,  né  à  Dublin,  vers 
1785,  reçut  des  leçons  de  son  père  pour 
le  violon  ,  et  apprit  la  composition  sous  la 
direction  de  Giordani.  Il  était  doué  d'une 
facilité  prodigieuse  pour  apprendre  à  jouer 
de  toute  sorte  d'instrumens  ;  on  rapporte 
que  dans  un  concert,  donné  à  son  bénéfice, 
au  théâtre  de  Drury-Lane,  iljona  des  so- 
los  sur  neuf  instrumens  différens.  Il  était 
encore  fort  jeune  lorsqu'il  succéda  au  di- 
recteur du  théâtre  de  Dublin  ;  il  joignit  à 
cet  emploi  celui  de  chef  d'orchestre.  On 
ne  lui  connaissait  point  le  talent  de  chan- 
teur ,  lorsque,  tout  à  coup,  il  annonça 
qu'il  jouerait  le  rôle  du  Seraskier,  dans 
Le  siège  de  Belgrade,  pour  une  représen- 
tation à  son  bénéfice»  Il  y  réussit  complè- 
tement ,  et  se  plaça  ,  dit-on ,  dès  cet  essai , 
au  premier  rang  des  chanteurs  anglais.  Il 
ne  tarda  point  à  se  rendre  à  Londres  ,  où 
il  fut  engagé  comme  premier  chanteur  au 
théâtre  de  l'Opéra  anglais.  Après  l'expi- 
ration de  cet  engagement,  il  passa  au  théâ- 
tre de  Drury-Lane  pour  y  remplir  le  même 
emploi  pendant  plusieurs  années.  Il  est 
maintenant    attaché    au    même    théâtre 


comme  directeur  de  la  musique,  chef 
d'orchestre  et  compositeur.  Il  joint  à  ces 
titres  celui  de  membre  de  la  société  phil- 
harmonique, de  professeur  de  l'académie 
royale  de  musique ,  membre  du  Catch- 
Club  ,  et  du  Glee-Club.  Ses  principales 
compositions  sont  :  deux  opéras  intitulés 
Frederick  the  Great  (Frédéric-le-Grand), 
et  The  king's  proxy  (Le  procureur  du  roi)  ; 
des  duos  et  des  sonates  pour  le  piano  ;  l'ou- 
verture de  Maid  and  wife  (Fille  et  femme)  ; 
une  ouverture  militaire  et  pastorale  ;  beau- 
coup de  chansons  anglaises  pour  une  ou  plu- 
sieurs voix  avec  accompagnement  de  piano, 
et  un  ouvrage  élémentaire  pour  le  piano , 
Seule,  wilh  ffty-seven  variations  for 
young  performers  on  the  piano  forte. 
Cooke  a  épousé  miss  Howells ,  cantatrice 
distinguée  de  Covent-Garden,  et  en  a  plu- 
sieurs enfans  qui  déjà  se  distinguent  dans 
la  musique.  M.  Cooke  est  connu  à  Londres 
sous  le  nom  de  Tom  Cooke. 

COOMBE  (guillaume-françois)  ,  né 
en  1786,  à  Plymouth,  dans  le  Devonshire, 
a  commencé  ses  études  musicales  sous  la 
direction  de  son  père  ,  qui  était  professeur 
de  chant.  Il  reçut  ensuite  des  leçons  de 
Churchill  ,  puis  de  Jackson  d'Exeter. 
A  l'âge  de  quatorze  ans  il  fut  nommé  or- 
ganiste de  Chard ,  dans  le  comté  de  Som- 
merset  ;  il  passa  ensuite  à  Tottness,  où 
il  est  demeuré  neuf  ans,  et  enfin  à  Chelms- 
ford  ,  en  Essex  ,  où  il  est  maintenant.  Il  a 
composé  plusieurs  sonates  de  piano,  à  l'u- 
sage des  élèves;  elles  ont  été  gravées  à  Lon- 
dres. On  les  trouve  dans  le  catalogue  de 
Preston  ,  sous  la  date  de  1797. 

COOMBS  (jacques-maurice),  né  à  Sa- 
lisbury,  en  1769,  fut  admis  au  nombre 
des  enfans  de  chœur  dans  la  cathédrale  de 
cette  ville,  et  eut  pour  maître  de  musique 
M.  Parry,  et  le  docteur  Stephens.  En  1789, 
il  a  été  nommé  organiste  de  Chippenham, 
où  il  est  demeuré  jusqu'à  sa  mort,  arrivée 
en  1820.  Dans  sa  jeunesse,  il  a  composé 
un  Te  Deum  et  un  Jubilate  qui  ont  été 
gravés  et  qui  lui  font  honneur.  Il  a  publié 
depuis  lors  des  glees  et  des  chansons.  En 


COP 

1819,  il  a  donné  nne  collection  de  psaumes 
choisis  de  divers  auteurs  sous  le  titre  de 
Psalm  tunes. 

COPERARIO  (jean),  dont  le  nom  an- 
glais est  Cooper,  fut  un  fameux  joueur  de 
viola  da  gamba.  Il  naquit  en  Angleterre, 
vers  1570.  Dans  sa  jeunesse ,  il  voyagea 
en  Italie,  où  il  changea  son  nom  en  celui 
de  Coperario.  A  son  retour,  Jacques  Ier  le 
chargea  d'enseigner  la  musique  à  ses  en- 
fans.  Il  fut  aussi  le  maître  de  Henry 
Lawes.  Ses  fantaisies  pour  la  viola  da 
gamba  eurent  beaucoup  de  vogue  en  An- 
gleterre, au  commencement  du  17e  siècle. 
Elles  sont  restées  en  manuscrit.  Aux  noces 
du  comte  de  Sommerset  avec  Lady  Fran- 
cis Howard,  Coperario  composa  la  musique 
d'nn  divertissement ,  en  société  avec  La- 
nière et  plusieurs  autres  personnes  ;  un 
des  airs  de  ce  divertissement  a  été  inséré 
par  Smith  dans  sa  collection  intitulée  : 
Musica  antica.  On  trouve  aussi  quelques 
morceaux  de  ce  musicien  dans  le  recueil  de 
William  Leighton.  Coperario  a  aussi  pu- 
blié :  1°  Funeral  tears  for  the  death 
of  the  right  honourable  Earle  of  De- 
vonshire ,  etc.  (Larmes  versées  au  tom- 
beau du  comte  de  Devonshire ,  en  sept 
chants,  dont  six  pour  un  soprano  avec  une 
guitare ,  et  le  septième  à  deux  voix),  Lon- 
dres ,  1606  ;  2°  Songs  of  mourning  be- 
wailing  the  untimelj  death  of  prince 
Henry  (Chants  funèbres  sur  la  mort  pré- 
maturée du  prince  Henry,  avec  accompa- 
gnement de  guitare  ou  de  gamba),  Lon- 
dres, 1613,  in-fol. 

COPERNICUS  (erdmann),  recteur  à 
Francfort-sur-1'Oder,  naquit  dans  cette 
ville,  au  commencement  du  16e  siècle  ,  et 
fut  reçu  docteur  et  professeur  de  droit  sur 
la  recommandation  de  Mélanchton.  Il  est 
mort  à  Francfort,  le  25  août  1575.  On  a 
de  lui  :  Hymni  Ambrosii ,  Seduli ,  Pro- 
pertiiet  aliorum,  quatuor  vocum,  Franc- 
fort, 1575,  in-8°. 

COPPIN  DE  BREQUIN ,  ménestrel  du 
roi  de  France  Charles  V,  vivait  en  1364, 
il  était  alors  attaché  à  la  musique  de  ce 


COQ 


18D 


prince,  suivant  un  compte  daté  de  cette 
année  qui  est  à  la  Bibliothèque  royale  de 
Paris  (V.  la  Revue  musicale,  6e  année, 
p.  219).  Dans  un  manuscrit  delà  biblio- 
thèque de  Bourgogne,  à  Bruxelles,  il  existe 
une  chanson  française  à  trois  voix  de  ce 
musicien  ,  qui  était  contemporain  de  Guil- 
laume de  Machault. 

COPPINDS  (aquiltnus)  ,  littérateur  et 
musicien,  naquit  à  Milan,  vers  1565. 
Après  avoir  fait  ses  humanités  au  collège 
de  Saint-Simon  ,  de  cette  ville  ,  il  se  livra 
à  Pétude  de  la  musique,  et  devint  fort  ha- 
bile dans  cet  art.  L'époque  de  sa  mort 
n'est  point  connue  ,  mais  on  sait  qu'il  vi- 
vait encore  en  1621  ,  car  il  publia  dans 
cette  année  un  recueil  d'épîtres  latines  re- 
marquables par  leur  élégance.  On  a  de  lui 
un  recueil  de  motets  arrangés  sur  des  ma- 
drigaux de  plusieurs  auteurs,  sous  ce  titre  : 
Partito  délia  musica,  tolta  de'  madri- 
gali  di  Claudio  Monteverde ,  e  d'altri 
autori,  fatta  spirituale  da  Aquilino 
Coppino,  Milan,  1607,  6  vol.  in  4°. 

COPPOLA(jacques),  est  le  plus  ancien 
maître  de  chapelle  connu  de  l'église  Sainte- 
Marie-Majeure  de  Rome.  Le  26  juin  1539, 
il  fut  nommé  maître  de  chant  de  cette 
basilique,  avec  la  charge  d'instruire  les 
enfans  de  chœur. 

Un.  autre  artiste  de  ce  nom  (Joseph 
Coppola) ,  naquit  à  Naples  ,  vers  le  milieu 
du  dix-huitième  siècle,  et  écrivit  dans  cette 
ville,  en  1788,  un  oratorio  intitulé  : 
L'apparizione  di  S.  Michèle  Arcangelo 
nel  Monte  Gargano.  On  connaît  aussi  de 
ce  compositeur  une  cantate  avec  orchestre 
qui  a  pour  titre  :  Gli  Amanti  pastori. 

COQUE  AU  (claude-philieert),  archi- 
tecte, naquit  à  Dijon  le  3  mai  1753.  Après 
avoir  fait  de  bonnes  études  au  collège  de 
Gadran,  il  apprit  les  principes  de  l'archi- 
tecture et  fit  de  rapides  progrès  dans  cet 
art,  dans  les  mathématiques,  et  dans  le 
dessin.  Artiste  et  littérateur,  il  se  livra  à  des 
recherches  sur  les  usages,  les  mœurs  et  la 
civilisation  des  peuples  de  l'antiquité  ;  ses 
travaux  eurent  particulièrement  pour  objet 


190 


COQ 


les  principes  de  l'ordonnance  et  de  la  con- 
struction des  temples ,  des  hôpitaux ,  des 
salles  de  spectacle  et  de  concert,  etc.  Il 
rechercha  surtout  dans  Vitruve  les  moyens 
employés  par  les  anciens  pour  produire 
dans  leurs  théâtres  des  effets  puissans  sur 
des  populations  entières,  et  il  fut  conduit 
par  là  à  la  considération  des  moyens  par 
lesquels  on  pourrait  ajouter  à  l'effet  de  la 
musique  dans  les  salles  d'Opéra.  Mais  bien- 
tôt  convaincu  de  la  nécessité  de  joindre  les 
connaissances  du  musicien  à  celles  de  l'ar- 
chitecte, pour  la  solution  de  ce  prohlême, 
il  se  livra  avec  ardeur  à  l'étude  de  la  mu- 
sique, sous  la  direction  de  Balbàtre  ,  alors 
maître  de  chapelle  à  la  cathédrale  de  Di- 
jon. En  1778,  Coquéau  se  rendit  à  Paris 
pour  suivre  les  cours  de  l'académie  royale 
d'architecture.  Cette  époque  était  celle  des 
disputes  des  Gluckistes  et  des  Piccinnistes 
auxquelles  tout  le  monde  prenait  part. 
L'abhé  Arnaud  ,  Suard  ,  Marmontel ,  La 
Harpe ,  et  beaucoup  d'autres  écrivains  se 
renvoyaient  chaque  jour  des  épigrammes  à 
ce  sujet,  dans  des  pamphlets  et  des  articles 
de  journaux.  Un  écrit  anonyme  parut  tout 
à  coup  sur  le  même  sujet  sous  le  titre  :  De 
la  mélopée  chez  les  anciens  et  de  la  mé- 
lodie chez  les  modernes  (Paris,  1778, 
in-8°)  ;  il  excita  autant  d'étonnement  que 
d'intérêt  par  les  aperçus  neufs  et  justes 
qu'il  contenait  :  cet  ouvrage  était  de 
Coquéau.  Les  qualités  mélodiques  des  œu- 
vres de  Gluck  et  de  Piccinni  y  étaient  exa- 
minées avec  impartialité  et  sagacité.  On 
sut  bientôt  que  l'auteur  était  simplement 
un  élève  de  l'école  d'architecture.  Cet  écrit 
fut  suivi  d'un  autre  qui  avait  pour  titre  : 
Entretiens  sur  l' état  actuel  de  l'Opéra  de 
Paris  (Amsterdam,  Paris),  1779,  in-8°. 
Barbier  s'est  trompé  en  indiquant  ce  petit 
ouvrage  sous  la  date  del781,in-12,dans  son 
Dictionnaire  des  anonymes  ;  il  n'y  en  a 
point  eu  d'autre  édition  que  celle  de  1779. 
Les  Entretiens  sur  l'état  actuel  de  l'Opéra 
de  Paris  se  ressentaient  un  peu  plus  de 
l'esprit  de  parti  que  le  premier  ouvrage  de 
Coquéau;  Suard  en  lit  une  analyse  peu 


COR 

bienveillante  dans  le  Mercure  de  France. 
Coquéau  répondit  à  ses  attaques  par  la 
Suite  des  entretiens  sur  l'état  actuel  de 
l'Opéra  de  Paris,  ou  lettres  à  M.  S.... 
(Suard)  ,  auteur  de  l'extrait  de  cet  ou- 
vrage dans  le  Mercure,  in-8° ,  sans  date 
ni  nom  de  lieu  (Paris).  Ce  fut  la  dernière 
publication  de  ce  genre  que  fit  paraître 
Coquéau.  Plus  tard,  il  cessa  de  s'occuper 
de  la  musique,  et  il  se  livra  tout  entier 
aux  travaux  de  l'architecture.  Il  périt  vic- 
time des  troubles  révolutionnaires  ,  le  27 
juillet  1794  (8  thermidor)  ,  et  monta  sur 
l'échafaud  la  veille  du  jour  où  se  fit  la 
réaction  qui  mit  un  terme  au  régime  de 
la  terreur. 

CORANCEZ  (olivier  DE),  né  en  1743, 
était  employé  dans  les  fermes,  en  1778  , 
lorsque  La  Harpe  publia  dans  le  Mercure 
un  article  où  la  mémoire  de  J.-J.  Rous- 
seau était  attaquée  ;  Corancez  crut  devoir 
prendre  la  défense  du  philosophe  ,  et  pu- 
blia une  brochure  qui  contenait  quelques 
anecdotes  neuves  et  curieuses  sur  cet 
homme  extraordinaire.  Admirateur  en- 
thousiaste de  Gluck,  Corancez  prit  une 
part  active  aux  discussions  que  firent  naî- 
tre les  compositions  de  ce  grand  artiste; 
plusieurs  articles  furent  publiés  par  lui  à 
ce  sujet  dans  le  Journal  de  Paris ,  dont 
il  était  rédacteur  dès  1777,  et  dont  il  de- 
vint co-propriétaire  en  1788.  En  1796,  il 
publia  un  recueil  de  poésies,  petit  volume 
terminé  par  une  notice  intéressante  sur 
Gluck.  Corancez  est  mort  à  Paris,  au  mois 
d'octobre  1810. 

CORBELIN  (françois-vincent),  pro- 
fesseur de  harpe  et  de  guitare  ,  à  Paris  , 
vers  la  fin  du  18e  siècle ,  fut  élève  de  Pa- 
touart.  Parmi  ses  ouvrages  ,  les  plus  con- 
nus sont  les  suivans  :  Méthode  de  gui- 
tare pour  apprendre  seul  à  jouer  de  cet 
instrument,  nouvelle  édition,  corrigée  et 
augm.  de  gammes  dans  tous  les  tons, 
des  folies  d'Espagne  avec  leurs  varia- 
tions, et  d'un  grand  nombre  de  pièces, etc., 
Paris,  1785;  2°  Méthode  de  harpe, 
IbicL;  3°  Le  guide  de  l'enseignement  mu- 


COR 

sical ,  ou  méthode  élémentaire  et  méca- 
nique de  cet  art,  etc.,  Paris,  1802. 
Corhelin  fut  fondant  plusieurs  années 
marchand  de  musique  à  Paris  ;  vers  1805 
il  se  relira  à  Montmorency,  où  il  est  mort 
quelques  années  après. 

CORBELLINI  (bernardin),  né  en  1748 
à  Dubino,  dans  la  Valteline  des  Grisons  , 
fit  ses  études  musicales  au  Conservatoire 
de  la  Pielà,  sous  la  direction  de  Sala.  Il 
mourut  à  Naples  ,  en  1797.  Il  s'est  fait 
connaître  par  quelques  opéras  bouffes 
parmi  lesquels  on  cite  Asluzzie  per  As- 
tuzzie ,  et  II  marito  imbrogliato.  Cor- 
bellini  a  écrit  aussi  pour  l'église,  et  a  mis 
en  musique  les  canzoni  de  Métastase. 

CORBER  (georges),  musicien  qui  pa- 
raît avoir  été  maître  d'école  à  Nuremberg, 
et  qui  a  vécu  vers  la  fin  du  16e  siècle.  Il  a 
fait  imprimer  les  ouvrages  suivans  de  sa 
composition  :  1°  Tyrocinium  musicum , 
Nuremberg,  1589,  in-8°;  2°  Disticha 
Moralia,  ad  2  voc;  3°  Sacrée  cantiones, 
4  voc. ,  Jitgis  concinnatœ ,  Nuremberg, 
in-4°. 

COR.BERA  (françois)  ,  musicien  espa- 
gnol, a  vécu  dans  le  17e  siècle,  et  a  dédié 
à  Philippe  IV  un  ouvrage  qui  a  pour  titre  : 
Guitarra  espannola ,  y  sus  différencias 
de  sonos. 

CORBET  (francisque),  célèbre  guita- 
riste dont  les  noms  véritables  étaient  Fra- 
cesco  Corbetti,  naquit  à  Pavievers  1630. 
Ses  parens,  qui  le  destinaient  à  une  autre 
profession  que  celle  de  musicien ,  le  me- 
nacèrent en  vain  de  leur  colère  pour  lui 
faire  abandonner  l'étude  de  la  guitare.  Son 
goût  passionné  pour  cet  instrument  l'em- 
porta, et  il  devint  le  guitariste  le  plus  ha- 
bile de  son  temps.  Après  avoir  fait  admi- 
rer son  talent  en  Italie  ,  en  Espagne  et  en 
Allemagne,  il  se  fixa  à  la  cour  du  duc  de 
Mantoue.  Quelques  années  après,  ce  prince 
l'envoya  à  Louis  XIV.  Le  talent  deCorbet 
excita  la  plus  vive  admiration  à  Versailles 
et  à  Paris;  mais  le  goût  des  voyages  étant  re- 
venu à  cet  artiste,  il  passa  en  Angleterre  où 
le  roi  le  maria,  lui  donna  le  titre  de  gentil- 


COR 


191 


homme  de  la  chambre  de  la  reine,  son  por- 
trait et  une  pension  considérable.  A  l'épo- 
que des  troubles  (1688) ,  Corbet  revint  en 
Êrance;  il  y  mourut  quelques  années  après 
regretté  de  tous  ceux  qui  bavaient  connu. 
Ses  meilleurs  élèves  furent  De  Vabray ,  De 
Visé  et  Médard.  Ce  dernier  lui  fit  l'épi- 
taphe  qu'on  va  lire  : 

Ci  gît  l'Amphion  de  nos  jours  , 
Francisque,  cet  homme  si  rare  , 
Qui  fit  parler  à  sa  guitare 
Le  vrai  langage  des  amours. 
11  gagna  par  son  harmonie 
Les  cœurs  des  princes  et  des  rois, 
Et  plusieurs  ont  cru  qu'un  génie 
Prenait  le  soin  de  conduire  ses  doigts. 
Passant ,  si  tu  n'as  pas  entendu  ses  merveilles  , 
Apprends  qu'il  ne  devait  jamais  finir  son  sort, 

Et  qu'il  aurait  charmé  la  mort  ; 
Mais  hélas  !  par  malheur  elle  n'a  point  d'oreilles. 

Ces  derniers  vers  ne  sont  pas  de  trop 
bon  goût ,  mais  l'admiration  qu'ils  expri- 
ment n'est  point  au-dessus  de  ce  que  les 
contemporains  ont  écrit  concernant  le  ta- 
lent de  Francisque  Corbet. 

CORBETT  (william),  célèbre  violi- 
niste  anglais,  né  vers  1668  ,  fut  pendant 
plusieurs  années  chef  d'orchestre  du  théâ- 
tre de  Hay-Market.  En  1710,  il  fit  un 
voyage  en  Italie,  et  se  rendit  à  Rome ,  où 
il  vécut  pendant  plusieurs  années.  Il  y  ras- 
sembla une  collection  précieuse  de  musi- 
que et  d'instrumens.  Les  dépenses  considé- 
rables qu'il  fit  dans  ce  pays  ont  fait  croire 
à  quelques  personnes  qu'il  recevait  des  se- 
cours du  gouvernement ,  et  qu'il  était 
chargé  de  surveiller  les  actions  du  préten- 
dant. Vers  1740,  Corbett  retourna  à  Lon- 
dres ;  il  y  mourut  en  1748,  dans  un  âge 
avancé.  La  plus  grande  partie  de  ses  iustru- 
mens  de  musique  fut  léguée  par  son  testa- 
ment au  collège  de  Gresham,  avec  une  rente 
de  dix  livres  sterling  pour  la  personne  qui 
serait  chargée  de  les  montrer  au  public.  Les 
compositions  principales  de  ce  musicien 
sont  :  1°  Sonates  pour  deux  violons  et  basse, 
op.  1  ,  Londres,  1705;  2°  Sonates  pour 
deux  flûtes  et  basse,  op.  2,  Londres  1706; 
3°  Sonates  paur  deux  flûtes  etbasse,  op.  5, 


192 


COR 


Londres,  1707  ;  4°  Six  sonates  pour  deux 
hautbois  on  trombes,  deux  violons  et  b.  c, 
Amsterdam, Roger  ;5°  Douze  concertos  pour 
tous  les  instrnmens  ;  6°  XXXV concertos 
or  universal  bizzarries ,  in  7  parts ,  in 
3  books,  op.  5,  Londres,  1741.  L'auteur 
dit  dans  la  préface  de  ce  dernier  ouvrage, 
qu'il  s'est  proposé  d'imiter  le  style  usité 
dans  les  divers  royaumes  de  l'Europe,  et 
dans  les  principales  villes  on  provinces  de 
l'Italie. 

CORBIE  (pierre  DE).  Foy.  PIERRE. 

CORDANS  (barthe'lemi)  ,  compositeur 
dramatique,  né  à  Venise,  vers  1680  ,  s'est 
fait  connaître  dès  1707  ,  et  a  travaillé 
jusqu'en  1751.  Son  style  est  une  imitation 
de  ceux  d'Alexandre  Scarlatti  et  de  Bonon- 
cini.  Ses  ouvrages  les  plus  connus  sont  : 
1°  S.  Romualdo ,  oratorio,  à  Forli ,  en 
1707;  2°  Silvia,  à  Vicence ,  en  1710; 
5°  Osmisda ,  Venise,  1728  ;  4°  La  Ge- 
nerosità  di  Tiberio ,  en  1729;  5°  La  Ro- 
milda,  à  Venise,  1 731  ;  6°  La  Roselinda, 
à  Venise,  en  1731.  On  a  aussi  de  lui  une 
messe  de  requiem  et  un  De  Prqfundis  à 
trois  voix  (deux  ténors  et  basse). 

CORDELET  (claude),  clerc  tonsuré, 
et  maître  de  musiqne  à  Saint-Germain- 
l'Auxerrois,  de  Paris,  né  à  Dijon,  est  mort 
à  Paris,  le  19  octobre  1760.  Les  motets 
qu'il  a  donnés  au  Concert  spirituel  ,  ont 
été  applaudis  ••  c'était  cependant  un  homme 
de  peu  de  talent  ;  le  Mercure  du  mois  de 
juin  1753  (p.  163)  dit  beaucoup  de  mal 
d'un  Lœtatus  sum  de  Cordelet  qui  avait 
été  exécuté  au  Concert  spirituel  le  jour  de 
X Ascension.  On  connaît  quelques  canta- 
tilles  de  ce  musicien,  telles  que  V Amour 
déguisé,  La  Timidité,  la  Solitude,  La 
Convalescence  du  roi,  etc.,  un  livre  d'airs 
à  chanter,  Paris,  Ballard  ,  et  deux  livres 
de  solos  pour  les  musettes  et  les  vielles. 

CORDELIER  DE  LA  NOUE  (a.).  On 
a  publié  sous  ce  nom  :  La  poésie  et  la 
musique,  ou  Racine  et  Mozart,  épure  à 
M.  Victor  S....,  Paris,  Peytieux,  1824, 
in- 8°  de  seize  pages. 

CORDELLA  (jacqtjes)  ,   compositeur 


COR 

dramatique ,  est  né  à  Naples ,  en  1786.  Il 
commença  ,  sous  la  direction  de  Fenaroli, 
des  études  que  les  conseils  de  Paisiello 
terminèrent.  Il  a  donné  beaucoup  d'opéras 
qui  ont  été  représentés  sur  les  principaux 
théâtres  d'Italie ,  d'Allemagne  et  de  Hol- 
lande. Le  premier  de  ses  ouvrages,  intitulé 
II  Ciarlatano ,  a  été  représenté  à  Pise. 
Cet  ouvrage  a  été  joué  ensuite  à  Milan,  en 
1806.  On  connaît  aussi  de  sa  composition 
Lo  Scambio ,  opéra  bouffe  en  deux  actes. 

CORDEYRO  (antoine),  prêtre  et  sous- 
chantre  à  l'église  cathédrale  de  Coimbre  , 
en  Portugal,  vivait  vers  le  commencement 
du  16e  siècle.  Il  est  auteur  d'additions  et 
de  corrections  au  traité  du  plain-chant  de 
Jean-Martin,  dont  il  a  donné  une  édition 
sous  ce  titre  :  Arte  de  canto  chaô  com- 
posta por  Joaô  Martins ,  augmentada  e 
emendada,  Coimbre,  1612,  in-8°. 

CORDILLUS  (jacques-antoine),  mu- 
sicien ,  né  à  Venise ,  vers  le  milieu  du 
16e  siècle  ,  a  publié  des  motets,  en  1579. 

CORELD1  (clotilde),  dont  le  nom  vé- 
ritable était  Colombelle,  naquit  à  Paris, 
le  4  mars  1804.  Admise  au  Conservatoire 
de  mnsique  de  cette  ville ,  elle  y  fit  des 
études  de  chant  sous  la  direction  de  M.  de 
Garaudé.  A  l'âge  de  quinze  ans  elle  obtint 
au  concours  le  prix  de  chant  de  cette  école. 
Quelque  temps  après  elle  partit  pour  l'Ita- 
lie, et  débuta  avec  succès  au  théâtre  Saint- 
Charles  ,  de  Naples  ,  puis  elle  se  rendit  à 
Milan  ,  où  elle  fut  engagée  comme  prima 
donna  du  théâtre  de  laScala.  Elle  y  joua 
dans  Tancredi  avec  madame  Pisaroni ,  et 
obtint  un  brillant  succès  dans  cet  ouvrage. 
Au  moment  où  l'avenir  de  cette  jeune  can- 
tatrice paraissait  assuré ,  elle  mourut  à 
Milan,  le  5  février  1826. 

CORELLI  (arcangelo),  nom  justement 
célèbre  dans  les  fastes  de  la  musique ,  et 
qui  traversera  les  siècles  sans  rien  perdre 
de  son  illustration  ,  quelles  que  soient  les 
révolutions  auxquelles  cet  art  sera  soumis. 
Le  grand  artiste  qui  le  porta ,  non  moins 
admirable  comme  compositeur  que  comme 
violiniste,  naquit ,  au  mois  de  février  1653, 


COR 


COR 


193 


à  Fusignano,  près  d'Imola  ,  sur  le  terri- 
toire de  Bologne.  Selon  Adami  {Osser- 
vazioni  per  ben  regolare  il  coro  ciel  can- 
ton, etc.),  Corelli  reçut  les  premières 
leçons  de  contrepoint  de  Ma tteo  Simonelli, 
de  la  chapelle  du  pape,  et  l'on  croit  géné- 
ralement que  J.-B.  Bassani  fut  son  insti- 
tuteur pour  le  violon. 

On  a  dit  que  Corelli  vint  à  Paris,  en 
1672  ,  et  que  la  jalousie  de  Lulli  lui  sus- 
cita tant  de  dégoûts  et  de  tracasseries,  qu'il 
fut  bientôt  obligé  de  s'en  éloigner  ;  mais 
ce  fait  paraît  an  moins  douteux.  Il  est  plus 
certain  qu'il  visita  l'Allemagne  après  que 
ses  études  furent  terminées,  car  Gaspard 
Printz,  son  contemporain,  le  connut  en 
1680,  lorsqu'il  était  au  service  de  la  cour 
de  Bavière.  Vers  la  fin  de  1681 ,  il  re- 
tourna en  Italie  et  se  fixa  à  Rome ,  où  il 
publia,  en  1685,  son  premier  œuvre, 
consistant  en  sonates  pour  deux  violons  et 
basse ,  avec  une  partie  d'accompagnement 
pour  l'orgue.  Bientôt  sa  réputation  fut 
telle  que  les  plus  grands  seigneurs  se  dis- 
putèrent le  plaisir  de  l'entendre  chez  eux, 
et  qu'on  le  chargea  de  la  direction  des  or- 
chestres dans  toutes  les  occasions  solen- 
nelles. 

L'élévation  de  son  style  ,  son  exécution 
prodigieuse  pour  le  temps  où  il  vivait,  tout 
se  réunissait  pour  étendre  sa  réputation,, 
Mattheson  ,  quoiqu'il  fût  peu  complimen- 
teur, lui  donnait  le  titre  de  Fiïrst  aller 
Tonkunstler  (  prince  de  tous  les  musi- 
ciens ) ,  et  Gasparini  l'appelait  virtuosis- 
simo  cil  violino ,  e  vero  Orfeo  di  nostri 
tempi.  Le  cardinal  Cutoboni ,  protecteur 
éclairé  des  arts  ,  s'était  fait  le  Mécène  de 
Corelli;  il  le  logea  dans  son  palais  ,  et  ne 
cessa  de  lui  donner  des  marques  d'atta- 
chement jusqu'à  sa  mort.  L'admiration 
que  ce  grand  artiste  inspirait  aux  étrangers 
qui  fréquentaient  Rome  et  la  maison  du 
cardinal,  et  les  éloges  qu'ils  lui  donnaient, 
ne  pouvaient  manquer  de  répandre  au  de- 
hors le  bruit  de  sa  supériorité. 

Le  roi  de  Naples  ,  qui  désirait  de  l'en- 
tendre, l'avait  fait  engager  à  se  rendre  près 
tome  m. 


delui;  mais  Corelli  s'y  était  refusé  plusieurs 
fois,  soit  qu'il  aimât  la  tranquillité  dont 
il  jouissait  à  Rome,  soit  qu'il  craignît  la 
jalousie  des  violinistes  de  Naples;  cepen- 
dant il  finit  par  accepter  l'invitation.  Mais, 
craignant  de  n'être  pas  bien  accompagné , 
il  prit  avec  lui  son  second  violon  et  son 
violoncelle.  Arrivé  à  Naples ,  il  y  trouva 
Alexandre  Scarlatti  et  plusieurs  autres 
maîtres  qui  l'engagèrent  à  jouer  quel- 
qu'un de  ses  concertos  devant  le  roi.  11 
s'en  défendit  d'abord,  disant  que  l'or- 
chestre n'avait  pas  le  temps  de  faire  des 
répétitions  ;  mais  son  étonnement  fut  ex- 
trême lorsqu'il  entendit  ce  même  orches- 
tre jouer  à  première  vue  l'accompagne- 
ment de  son  premier  concerto,  avec  plus 
de  précision  que  ne  pouvait  le  faire  celui 
de  Rome ,  après  plusieurs  répétitions.  Il  ne 
put  cacher  sa  surprise,  et  se  tournant  vers 
Matteo  ,  son  second  violon,  il  s'écria  : 
«  Si  suona  a  Napoli  !  n  Cette  première 
épreuve  du  talent  de  Corelli  lui  procura 
un  triomphe  complet.  Mais  il  y  a  quelque- 
fois de  singulières  vicissitudes  dans  la  car- 
rière d'un  artiste,  quelque  soit  son  talent. 
Admis  à  la  cour  ,  quelques  jours  après  ,  et 
pressé  de  s'y  faire  entendre  de  nouveau , 
notre  célèbre  violiniste  joua  l'une  des  so- 
nates de  son  admirable  œuvre  cinquième; 
le  roi  trouva  l'adagio  long  ,  ennuyeux  ,  et 
quitta  la  salle,  laissant  le  pauvre  Corelli  si 
déconcerté  ,  qu'il  fut  hors  d'état  de  conti- 
nuer. Une  autre  fois  ,  on  le  pria  de  diriger 
l'exécution  d'un  ouvrage  de  Scarlatti,  qui 
devait  être  représenté  devant  le  roi.  Le 
peu  de  connaissance  que  Scarlatti  avait 
du  violon ,  lui  avait  fait  mettre  dans  un 
endroit  un  passage  mal  doigté  et  d'une 
exécution  difficile.  Arrivé  à  cet  endroit, 
sans  avoir  été  prévenu ,  Corelli  manqua  le 
trait,  et  comme  s'il  avait  fallu  que  son 
malheur  fût  complet  ,  il  entendit  Pctrillo 
chef  de  l'orchestre  napolitain  ,  qui  avait 
étudié  le  passage  ,  le  jouer  avec  précision. 
A  ce  trait  succédait  un  chant  en  ut  mi" 
neur ;  Corelli,  entièrement  déconcerté, 
le  joua  en  majeur.  «  Ricominciamo,  »  dit 
13 


194 


COR 


COR 


Scarlatti,  avec  sa  douceur  habituelle  : 
Corelli  recommença,  mais  toujours  en  ut 
majeur,  jusqu'à  ce  que  Scarlatti  l'eût  ap- 
pelé près  de  lui,  pour  le  mettre  dans  le 
ton.  Le  pauvre  Corelli  fut  si  mortifié  de 
cette  aventure  et  de  la  mauvaise  figure 
qu'il  s'imaginait  avoir  faite  à  Naples,  qu'il 
partit  promptement  pour  Rome. 

Là,  de  nouveaux  chagrins  l'attendaient. 
Un  joueur  de  hautbois,  dont  on  n'a  pas 
conservé  le  nom  ,  jouissait  alors  de  toute 
la  faveur  du  public,  et  fut  cause  qu'on 
s'aperçut  à  peine  du  retour  de  Corelli.  A 
cet  homme  succéda  Valentini,  dont  le  jeu 
sur  le  violon  et  les  compositions  étaient 
bien  inférieures  au  talent  et  aux  ouvrages 
de  Corelli,  mais  qui  eut  pendant  quelque 
temps  tout  le  charme  de  la  nouveauté.  La 
susceptibilité  de  ce  grand  artiste  s'alarma 
de  l'oubli  momentané  où  il  se  voyait  tombé  ; 
une  mélancolie  profonde  s'empara  de  lui 
et  abrégea  ses  jours.  Les  concertos  avaient 
paru  en«1712;  ils  étaient  dédiés  à  Jean- 
Guillaume,  prince  palatin  du  Pihin;  mais 
l'auteur  ne  survécut  que  six  semaines  à  la 
publication  de  ce  bel  ouvrage,  car  son 
épître  dédicatoire  est  datée  du  3  décembre 

1712,  et  la  mort  le  frappa  le  18  janvier 

1713.  Il  fut  inhumé  dans  l'église  de  la 
rotonde,  au  Panthéon,  et  un  monument 
en  marbre  lui  fut  élevé  .  près  de  celui  de 
Raphaël ,  par  le  prince  palatin  ,  qui  char- 
gea le  cardinal  Ottobonid'en  diriger  l'exé- 
cution. Un  service  solennel  eut  lieu  sur  sa 
tombe,  à  l'anniversaire  de  ses  funérailles, 
pendant  une  longue  suite  d'années.  11  con- 
sistait en  morceaux  choisis  dans  ses  œu- 
vres ,  et  exécutés  par  un  orchestre  nom- 
breux. Cet  usage  dura  tant  qu'il  vécut  un  de 
ses  élèves  qui  pût  indiquer  la  tradition  des 
mouvemens  et  des  intentions  de  Fauteur. 

Ce  grand  musicien  possédait  une  belle 
collection  de  tableaux,  qu'il  légua  par  son 
testament  au  cardinal  Otloboni,  avec  une 
somme  de  cinquante  mille  écus  ;  mais  le 
cardinal  n'accepta  que  les  tableaux,  et  fit 
distribuer  l'argent  aux  parens  de  Corelli. 
Quelques  anecdotes  qu'on  a  recueillies  sur 


cet  habile  artiste  prouvent  la  douceur  de 
son  caractère.  Un  jour  qu'il  se  faisait  en- 
tendre dans  une  assemblée  nombreuse,  il 
s'aperçut  que  chacun  se  mettait  à  causer  : 
posant  son  violon  sur  une  table ,  il  dit 
qu'il  craignait  d'interrompre  la  conversa- 
tion. Ce  fut  une  leçon  pour  les  auditeurs 
qui  le  prièrent  de  reprendre  son  violon  ,  et 
qui  lui  prêtèrent  toute  l'attention  due  à 
son  talent.  Une  autre  fois  il  jouait  devant 
Handel  l'ouverture  de  l'opéra  intitulé  Le 
TriompJie  du  Temps,  de  ce  compositeur. 
Handel,  impatienté  de  ce  que  Corelli  ne  la 
jouait  pas  dans  son  genre,  lui  arracha  le 
violon,  avec  sa  brusquerie  ordinaire,  et  se 
mit  lui-même  à  jouer.  Corelli,  sans  s'é- 
mouvoir, se  contenta  de  lui  dire  :  «  Ma, 
caro  Sassàne ,  quesla  musïca  e  riel  stilo 
francese ,  di  ch'  io  non  m  intendo.  » 
Les  principaux  élèves  de  Corelli  sont  Rap- 
tiste ,  Geminiani ,  Locatelli,  Lorcnzo  et 
Giambattista  Somis  :  tous  se  sont  illus- 
trés comme  violinistes  ,  et  comme  com- 
positeurs. Quelques  amateurs  ont  aussi 
reçu  des  leçons  de  Corelli  ,  entre  autres 
lord  Edgecumbe ,  qui  a  fait  graver  son 
portrait  à  la  manière  noire,  par  Smith, 
d'après  le  tableau  original  de  Henry 
Howard; 

Corelli  est  le  type  primitif  de  toutes  les 
bonnes  écoles  de  violon;  aujourd'hui  même, 
bien  que  l'art  se  soit  enrichi  de  beaucoup 
d'effets  inconnus  de  son  temps  ,  l'étude 
de  ses  ouvrages  est  encore  une  des  meil- 
leures qu'on  puisse  faire  pour  acquérir  un 
style  large  et  majestueux.  Corelli  avait 
fait  de  bonnes  éludes  de  composition  et 
écrivait  bien.  Jean-Paul  Colon na  l'ayant 
attaqué  sur  une  succession  de  quintes 
qu'il  avait  trouvée  dans  une  allemande 
de  la  troisième  sonate  de  l'œuvre  intitulé 
Ballelti  da  caméra ,  Corelli  se  défendit 
en  homme  instruit,  et  Antoine  Liberati, 
pris  pour  juge,  se  prononça  en  sa  fa- 
veur. Cependant,  nonobstant  l'opinion  de 
M.  l'abbé  Baini ,  il  est  certain  que  la  suc- 
cession de  quintes  diatoniques  existe  dans 
le  passage  dont  il  s'agit. 


COR 


COR 


195 


On  a  de  ce  grand  artiste  les  ouvrages 
dont  les  titres  suivent  :  1°  XII  Sonate  a 
tre,  due  violini  e  violoncelle» ,  col  basso 
per  l'organo,  op.  1,  Rome,  1685,  in-fol. 
Cet  œuvre  contient  des  pièces  destinées  à 
être  jouées  dans  les  églises  ,  comme  c'était 
l'usage  alors  :  c'est  pourquoi  Corclli  les 
appelle  Suonate  cla  chiesa.  La  deuxième 
édition  parut  à  Anvers  ,  en  1688  ,  in-fol. ; 
il  y  en  a  une  troisième  d'Amsterdam,  sans 
date.  2°  XII Suonate  da  caméra  a  Ire,  due 
■violini ,  violoncello  e  violone  o  cembalo , 
op.  2,  Rome,  1685,  in-fol.  Deux  autres  édi- 
tions ont  été  publiées  à  Amsterdam.  Cette 
dernière  est  intitulée  :  Balletti  da  caméra. 
La  deuxième  sonate,  la  cinquième  ,  la  hui- 
tième et  la  onzième  sont  de  la  plus  grande 
beauté.  Dans  une  allemande  de  la  troi- 
sième on  trouve  la  succession  de  cinq 
quintes  par  mouvement  diatonique,  qui 
occasionna,  en  1685,  la  querelle  dont  il 
a  été  parlé  précédemment,  entre  Jean-Paul 
Colonna  et  Corelli.  3°  XII  Suonate  a 
tre ,  due  violini  e  violone  o  arciliulo  col 
basso  per  l' organo }  op.  3,  Bologne,  1690. 
Il  y  a  une  deuxième  édition  de  cet  œuvre 
imprimée  à  Anvers,  en  1681;  la  troi- 
sième a  été  gravée  à  Amsterdam ,  sans 
date.  4°  XII  Suonate  da  caméra  a  tre } 
due  violini  e  violone  o  cembalo ,  op.  4, 
Bologne,  1 694.  L'édition  publiée  à  A  mster- 
dam,  chez  Roger,  porte  le  titre  de  Balletti 
da  caméra.  Il  a  été  publié  à  Paris,  chez 
Leclerc ,  une  belle  édition  des  quatre 
premiers  œuvres  de  sonates  de  Corelli. 
5°  XII  Suonate  a  violino  e  violone  o 
cembalo,  op.  5,  parte  prima;  parte  se- 
cunda ,  preludi ,  allemande,  correnti, 
gighe,  sarabande,  gavotte  efollia,  Rome, 
1700,  in-fol.  Cet  ouvrage,  chef-d'œuvre 
du  genre ,  place  Corelli  au  premier  rang 
comme  compositeur  de  musique  instru- 
mentale. Ce  n'est  point  par  une  pureté 
d'harmonie  irréprochable  que  brille  cet 
ouvrage  immortel,  mais  par  une  variété 
de  chants  ,  une  richesse  d'invention  ,  un 
grandiose,  tels  qu'aucune  autre  production 
du  même  genre  n'en,  avait  jamais  offert 


d'exemple.  Les  deuxième  ,  troisième,  cin- 
quième, sixième  et  onzième  sonates  sont 
surtout  admirables.  La  dernière  est  une 
fantaisieintituléc  Follia;  on  a  publié  cinq 
éditions  de  cet  ouvrage;  la  cinquième,  dont 
M.  Cartier  est  l'éditeur,  a  paru  à  Paris  en 
1799,  in-fol.  Ce  même  œuvre,  arrangé  en 
trios  pour  deux  flûtes  et  basse,  a  été  gravé 
à  Londres  et  à  Amsterdam,  sous  l'indication 
d'œuvresix,  et  Geminiani  en  a  arrangé  les 
deux  parties  en  concerti ,  et  les  a  publiées 
sous  ce  titre  :  XII  Concerti  grossi ,  con 
due  violini,  viola  e  violone  elli  di  con- 
certini  obligati,  e  due  altri  violini  é 
basso  di  concerto  grosso ,  quali  conten- 
gono  preludi ,  allemande ,  correnti,  gi- 
ghe, sarabande ,  gavotte  e  follia.  Com- 
posli  délia  prima  e  délia  seconda  parte 
delf  opéra  5a  di  Corelli ,  da  Francesco 
Geminiani.  Londres,  in-fol.,  sans  date; 
6°  Concerti  grossi  con  due  violini  e  vio- 
loncello di  concerlino  obligati  e  due  altri 
violini ,  viola  e  basso  di  concerto  grosso 
adarbitrio  che  si  potranno  radoppiare  , 
op.  6,  Rome,  décembre  1712,  in-fol.  11  y 
en  a  une  autre  édition  d'Amsterdam  ,  sans 
date.  Cet  ouvrage  estle  dernier  qui  sortit  de 
la  plume  de  Corelli.  Geminiani  possédait 
quelques  solos  de  violon  composés  par  ce 
grand  artiste  ;  mais  il  ne  paraît  pas  qu'on 
les  ait  imprimés.  Ravenscroft  avait  fait 
paraître  neuf  sonates  de  sa  composition  à 
Rome,  en  1695;  par  une  spéculation  de 
marchand  de  musique  ,  on  les  publia  à 
Amsterdam  sous  ce  titre  :  Sonate  a  tre } 
due  violini  e  basso  per  il  cembalo;  si 
crede  che  siano  slate  composte  da  Ar~ 
cangelo  Corelli  avanti  le  sue  altre  opère, 
op.  7.  On  doit  ranger  aussi  parmi  les  sur- 
percheries  du  même  genre  une  autre  pu- 
blication intitulée  :  Sonate  a  tre,  due 
violini  col  basso  per  l'organo  di  Arcan- 
gelo  Corelli,  opéra  posluma,  Amsterdam, 
Roger. 

CORFE  (josEPn) ,  né  à  Salisbury   en 

1740,  entra  comme  enfant  de  chœur  à  la 

cathédrale  de  cette  ville,  et  étudia  la  rau- 

sirrue  sous  le  docteur  Stephens,  qui  y  était 

13* 


COR 


COR 


organiste.  En  1782 ,  il  obtint  une  place 
de  membre  de  la  chapelle  du  roi  d'Angle- 
terre, et  dix  ans  après  il  fut  nommé  orga- 
niste de  la  cathédrale  de  Salisbury,  et 
maître  des  enfans  de  chœur.  11  résigna  ces 
deux  places  en  1804,  en  faveur  de  son 
fils,  Arthur,  qui  les  occupe  encore.  Joseph 
Corfe  est  mort  en  1820.  Ses  compositions 
consistentprincipalement  en  musique  reli- 
gieuse qu'on  chante  habituellement  dans  les 
églises  de  Salisbury  et  dans  d'autres  comtés. 
lia  publié  :  1°  Un  service  du  matin  et  du 
soir  avec  huit  antiennes,  dédié  au  chapitre 
de  Salisbury,  un  volume  ;  2°  Un  traité  sur 
le  chanlsous  ce  titre  :  A  Treatïse  on  sing- 
ing,  explaîning inthe  most  simple  nianner 
ail  the  rides  for  learning  to  sing  by  noies 
■without  the  assistance  ofan  instrument, 
with  some  observations  on  vocal  music, 
Londres,  1791,  in-fol.  ;  5°  Un  traité  sur 
la  basse  continue  intitulé  :  A  Treatise 
on  thorough  bass  ;  4°  Les  Beautés  de 
Handel ,  trois  vol.;  5°  Les  Beautés  de  Pur- 
cell,  Londres,  deux  vol.;  6°  Trois  recueils 
de  chansons  écossaises.  Corfe  est  aussi  l'é- 
diteur du  deuxième  volume  des  antiennes 
de  Kent. 

CORFE  (arthur-thomas),  fils  du  pré- 
cédent, est  né  à  Salisbury,  en  1775.  A 
l'âge  de  dix  ans,  il  fut  placé  comme  enfant 
de  chœur  à  l'abbaye  de  Westminster,  et 
reçut  son  éducation  musicale  du  docteur 
Cooke.  Il  étudia  ensuite  le  piano  avec 
Clementi.  En  1804  ,  il  succéda  à  son  père 
dans  les  places  d'organiste  et  de  maître 
des  enfans  de  chœur  de  la  cathédrale  de 
Salisbury.  Les  compositions  de  M.  Corfe 
consistent  en  un  Te  Deumjm  Jubilate,  un 
Sanctus ,  Les  commun  démens  de  Dieu, 
à  quatre  parties,  l'hymne  de  l'ordination, 
et  quelques  morceaux  détachés  pour  le 
piano. 

CORFINI  (jacques)  ,  compositeur,  né  à 
Padouc,  vers  1540,  a  publié  un  œuvre  de 
sa  composition  ,  sous  ce  titre  :  Madrigali 
a  sei  voci,  Venise  ,  1575. 

CORK1NNE  (william),  musicien  an- 
glais, né  dans  la  seconde  moitié  du  16e  siè- 


cle, a  fait  paraître  à  Londres,  en  1610, 
une  collection  pour  le  luth  et  la  basse  de 
viole ,  sous  ce  litre  :  Ajres  to  sing  and 
play  to  lute  and  basse  violl,  withpavins, 
galliards ,  almaines  and  corantes  for 
the  lyra-violl ,  in-fol.  :  la  seconde  partie 
de  ce  recueil  a  été  publiée  en  1612. 

CORNET  (sEVERiN),né  à  Valenciennes, 
vers  1540 ,  étudia  la  musique  en  Italie  , 
comme  on  le  voit  par  ces  vers  à  sa  louange, 
placées  en  tête  d'un  de  ses  ouvrages  : 

«  Car,  hantant  l'Italie ,  il  y  a  sceu  choisir 

«  Et  en  a  rapporté  Futile  théorique 

«  Richement  mariée  au  doux  de  sa  pratique.  » 

En  1578  ,  il  est  devenu  maître  des  enfans 
de  chœur  de  la  grande  église  d'Anvers  , 
place  qu'il  paraît  avoir  occupéejusqu'à  sa 
mort.  Son  meilleur  élève  fut  Corneille 
Werdonck.  Les  ouvrages  les  plus  connus 
de  ce  musicien  sont  :  1°  Chansons  fran- 
çaises à  cinq,  six  et  huit  parties,  Anvers, 
Plantin,  1581,  in-4°;  2°  Madrigali  a  5, 
6,  7  e  8  voci,  ibid. ,  1581,  in-4°; 
5°  Cantiones  musicœ  5 , 6 ,  7  et  8  vocum  , 
ibid.,  1581  ,  in-4°  ;  4°  Motetti  a  5,  6, 
7  e  8  voci,  ibid/,  1582,  in-4°. 

CORNET  (jules),  né  en  1792,  à  Santo- 
Candido,  dans  le  Tyrol,  jouit  en  Alle- 
magne de  la  réputation  de  bon  chanteur 
et  d'acteur  distingué.  Destiné  d'abord  à  la 
profession  d'avocat,  il  étudia  le  droit  à 
Vienne  ;  mais  le  goût  passionné  qu'il  avait 
pour  la  musique  et  pour  le  théâtre  le  fit 
renoncer  à  ses  premiers  projets.  Après 
avoir  été  attache  à  plusieurs  troupes  am- 
bulantes d'opéra,  il  joua  pendant  quelques 
années  au  théâtre  de  Hambourg,  puis  il 
entreprit  des  voyages  en  Danemarck ,  en 
Suède  et  en  Hollande.  Il  est  en  ce  moment 
l'ornement  du  théâtre  de  Brunswick,  mais 
il  est  vraisemblable  qu'il  ne  tardera  point 
à  s'éloigner  de  la  scène,  car-  sa  fortune  est 
déjà  considérable.  On  dit  qu'il  a  le  projet 
de  se  retirer  dans  le  lieu  de  sa  naissance. 
La  voix  de  Cornet  est  un  ténor  de  la  plus 
belle  qualité.  Parmi  les  rôles  qui  lui  ont 
fait  le  plus  d'honneur,  on  cite  celui  de 


COR 


COR 


197 


Masaniello  dans  la  Muette  de  Portici , 
d'Auber.  Cornet  a  publié  à  Hambourg, 
cbez  Christiani,  un  recueil  de  cbants  avec 
accompagnement  de  piano  ou  de  guitare, 
sous  le  titre  de  Lyra  fur  Freunde  und 
Freudinnen  des  Gesœnges  (Lyre  pour  les 
amateurs  du  chant). 

CORNETTE  (V.),  répétiteur  au  théâ- 
tre de  l'Opéra-Comique  de  Paris,  premier 
tromboniste  dans  la  musique  de  la  1  CHégion 
de  la  garde  nationale,  et  organiste  adjoint 
de  l'église  Saint-Sulpice  et  de  la  chapelle 
des  Invalides,  est  né  vers  1796.  On  a  de 
lui  :  Méthode  de  trombone  contenant  les 
principes  de  cet  instrument,  des  gammes , 
des  exercices,  vingt  leçons ,  quatre  duos 
concertans ,  deux  trios  et  six  grandes 
études,  Paris  ,  Richault ,  1831. 

CORNETTI  (paul),  maître  de  chapelle 
de  la  confrérie  du  Saint-Esprit,  à  Ferrare, 
naquit  à  Rome ,  au  commencement  du 
17e  siècle.  Il  a  fait  imprimer  une  collec- 
tion de  motets,  sous  ce  titre  :  Sacrœ  can- 
tiones  1,2 et  3  vocibus  concertatœ,  op.  1, 
lib.  1,  Anvers,  1645,  in-4°.  Cette  édition 
doit  être  une  réimpression. 

CORNISH  (william)  ,  poète  anglais , 
et  compositeur  de  la  chapelle  du  roi 
Henri  VII ,  vivait  au  commencement  du 
16e  siècle.  Il  a  écrit  un  poème  intitulé  : 
A  parable  between  information  and 
musike ,  que  Hawhins  a  inséré  dans  son 
Histoire  de  la  musique  (t.  II ,  p.  508  et 
suiv.).  Le  même  écrivain  a  donné  (t.  III , 
p.  3-16)  deux  chansons  de  table  à  trois 
voix  composées  par  Cornish. 

CORNU  (rené),  professeur  de  piano  à 
à  Paris,  naquit  en  cette  ville  le  21  avril 
1792.  Fils  d'un  sous-maître  de  chant  de 
Notre-Dame ,  il  reçut  son  éducation  mu- 
sicale dans  la  maîtrise  de  cette  cathédrale. 
Ladurner  fut  son  maître  de  piano,  et  il 
reçut  des  leçons  de  composition  de  Desvi- 
gnes et  d'Eler.  Il  a  publié  :  1°  Cinq  re- 
cueils de  romances  avec  accomp.  de  piano, 
Paris,  Le  Duc,  etPleyel;  2°  ViveHenrilF, 
varié  pour  piano,  op.  3,  Paris,  Frey; 
3°  Chœur  à'Iphigénie  en  Aulide ,  varié 


pour  piano,  op.  4,  Ibid.;  4°  Charmante 
Gabrielle,  varié  pour  piano,  op.  6,  Ibid.; 
5°  Quand  le  bien-aimé  reviendra ,  Idem , 
op.  8,  Ibid.;  6°  Godsave  the  king,  idem, 
Paris,  H.  Lemoine.  Cornu  a  fait  exécuter 
à  Notre-Dame  de  Paris  une  messe  solen- 
nelle de  sa  composition.  Il  est  mort  du 
choléra  au  mois  de  juin  1852. 

CORRADINI  (nicolas)  ,  organiste  et 
maître  de  chapelle  à  l'église  principale  de 
Crémone,  naquit  à  Bergame  vers  la  fin  du 
16e  siècle.  Il  a  fait  imprimer  un  recueil 
de  Canzoni  a  quattrovoci,  Venise,  1624. 
On  trouve  aussi  quelques  morceaux  de  sa 
composition  dans  le  Bergameno  Parnass. 
Music,  Venise,  1615.  Corradini  fut  aussi 
maître  de  chapelle  de  l'académie  des  Ani~ 
mosi ,  à  Crémone. 

CORREA  (fr. -manuel),  carme  portu- 
gais, né  à  Lisbonne, vers  la  fin  du  16e  siè- 
cle, était  maître  de  chapelle  de  l'église  de 
Sainte-Catherine,  en  1625.  Il  est  auteur 
d'un  motet  :  Adjuva  nos  Deus ,  à  cinq 
voix ,  dont  le  manuscrit  se  trouve  dans  la 
bibliothèque  du  roi  de  Portugal.  Un  autre 
Manuel  Correa,  né  aussi  à  Lisbonne,  vers 
le  même  temps ,  et  qui  était  chapelain  de 
l'église  cathédrale  de  Séville  ,  en  1625  ,  a 
composé  des  motets  qui  sont  en  manuscrit 
dans  la  bibliothèque  du  roi  de  Portugal. 

CORREA  (henrique-carlos),  maître  de 
chapelle  à  l'église  cathédrale  de  Coimbre, 
naquit  à  Lisbonne  le  10  février  1680.  lia 
composé  une  grande  quantité  de  messes , 
de  répons,  de  motets  ,  de  Miserere ,  etc., 
qui  sont  en  manuscrit  à  la  bibliothèque 
du  roi  de  Portugal ,  et  dont  on  trouve  un 
catalogue  détaillé  dans  la  Bibliotheca 
Lusitana  de  Machado ,  t.  II,  p.  446. 

CORREA  (lorenza)  ,  née  à  Lisbonne, 
en  1771,  eut  pour  maître  de  chant,  Mari- 
nelli ,  célèbre  sopraniste  de  la  musique  du 
roi  d'Espagne.  En  1790,  elle  débuta  sur  le 
théâtre  de  Madrid  et  obtînt  beaucoup  de  suc- 
cès. Deux  ans  après  elle  partit  pour  l'Italie, 
et  débuta  à  Venise  dans  l'emploi  des  prime 
donne.  Elle  a  chanté  successivement  dans 
toutes  les  grandes  villes ,  et  notamment  à 


198 


COR 


COR 


Napïes ,  où  elle  fat  attachée  au  théâtre  de 
Saint-Charles  pendant  trois  ans.  On  admi- 
rait la  beauté  de  sa  voix,  et  la  perfection 
de  sa  méthode.  En  1810,  elle  débuta  à 
YOpëra-Buffa  de  Paris  ;  mais  à  cette  épo- 
que, sa  voix  était  fatiguée,  et  elle  produisit 
peu  d'effet.  Depuis  lors,  elle  s'est  retirée  da 
théâtre. 

CORRETTE  (michel)  ,  chevalier  de 
l'ordre  du  Christ,  né  à  Saint-Germain, 
était  en  1758,  organiste  du  grand  collège 
des  Jésuites  de  la  rue  Saint-Antoine,  à 
Paris.  Enthousiaste  admirateur  de  la  mu- 
sique française,  il  donnait  dans  sa  maison, 
enclos  du  Temple,  un  concert  où  il  faisait 
entendre  les  plus  beaux  morceaux  de  Lulli, 
de  Campra  ,  et  des  cantates  de  sa  façon, 
qu'il  accompagnait  au  clavecin.  On  dit 
qu'il  faisait  chanter  sa  servante  dans  ses 
séances  musicales.  Plus  tard  il  ouvrit  une 
école  de  musique  pour  laquelle  il  écrivit 
plusieurs  ouvrages  élémentaires;  mais 
malgré  son  zèle  cl  ses  efforts,  ses  élèves  fai- 
saient peu  de  progrès  ;  les  musiciens  de 
Paris  les  appelaient ,  par  dérision ,  les 
anachorètes  (les  ânes  à  Corrette).  En 
1780 ,  Corrette  eut  le  titre  d'organiste 
du  duc  d'Angoulême.  On  connaît  de  ce 
musicien  :  1°  Les  soirées  de  la  ville  , 
cantates  à  voix  seule  avec  la  basse  continue 
pour  le  clavecin  ,  Paris  ,  Le  Clerc ,  1771  , 
in-fol.  ;  2°  Méthode  pour  apprendre  à 
jouer  de  la  harpe ,  Paris  ,  1774  ,  in-4°  ; 
3°  Méthode  pour  apprendre  à  jouer  de 
lajlute  traversière ,  Paris,  1778,  in-4°. 
Il  en  a  paru  une  deuxième  éditionen  17S1; 
4°  Le  parfait  maître  à  chanter,  Paris  , 
1782;  5°  Méthode  pour  apprendre  faci- 
lement à  jouer  de  la  quinte  ou  de  l'alto , 
Paris  ,  1782  ,  in-4°  ;  6°  L'art  de  se  per- 
fectionner sur  le  violon,  Paris,  1785; 
7°  Méthode  pour  le  violoncelle ,  conte- 
nant les  véritables  positions,  etc.,  Paris, 
1785.  Ces  ouvrages  contiennent  quelques 
renseignemens  curieux. 

CORRIiïTE  (michel),  fils  du  précé- 
dent, fut  organiste  de  l'église  du  Temple. 
Il  a  publié  en  1786  :  Pièces  pour  l'orgue 


dans  un  genre  nouveau,  à  l'usage  des 
dames  religieuses  et  de  ceux  qui  touchent 
l'orgue ,  avec  le  mélange  des  jeux  et  la 
manière  d'imiter  le  tonnerre. 

CORRI  (dominique)  ,  né  à  Naples  en 
1744,  fut  élève  de  Porpora  ,  depuis  1765 
jusqu'à  la  mort  de  cet  habile  maître  ,  en 
1767.  En  1774,  Corri  se  rendit  à  Lon- 
dres, et  dans  la  même  année  il  y  fit  repré- 
senter un  opéra  intitulé  Alessandro  nelV 
Indie,  qui  eut  peu  de  succès.  Cet  échec  le 
détermina  à  se  livrera  l'enseignement  du 
chant.  Vers  1797,  il  s'associa  à  Dussek 
pour  l'exploitation  d'un  commerce  de  mu- 
sique, mais  cette  entreprise  ne  réussit  pas. 
Parmi  les  compositions  dramatiques  de 
Corri ,  son  opéra  The  Traveller,  est  celle 
qui  a  eu  le  plus  de  succès.  Corri  vivait  en- 
core à  Londres,  en  1826;  il  était  alors 
âgé  de  quatre-vingt-deux  ans.  Il  a  eu  qua- 
tre enfans  ,  trois  fils  et  une  fille  :  celle-ci 
avait  épousé  Dussek  :  elle  s'est  remariée 
depuis  à  un  artiste  nommé  M.  Moralt.  Les 
principaux  ouvrages  de  Corri  sont  :  l°Trois 
volumes  de  chansons  anglaises,  Londres  , 
1788  ;  2°  Alessandro  nell'  Indie ,  opéra 
séria;  5°  Sept  airs  italiens,  Londres,  1797; 
4°  Quatre  volumes  d'airs  anglais  ,  italiens 
et  français,  Londres,  1797  ;  5°  Sufferings 
oflhe  queen  of  France ,  wilh  accomp.  ; 
6°  Douze  airs  anglais  de  caractère,  avec 
accompagnement  ;  7°  Deux  recueils  de 
sonates  pour  le  piano  ;  8°  Recueil  de  duos 
anglais  ,  allemands  ,  italiens  et  français  ; 
9°  Six  airs  et  rondos  pourle  piano;  10°  The 
singer's  preceptor  (Traité  du  chant,  etc.), 
Londres,  1798;  11°  Art  of  Fingering 
(Méthode  de  piano,  etc.),  Londres,  1799; 
12°  Musical  Dictionnary  as  a  Desk 
(Dictionnaire  de  musique,  etc.),  Londres, 
1798  ;  15°  The  Traveller  (Le  Voyageur), 
opéra.  Un  des  fils  de  Corri  s'est  fixé  à 
Edimbourg,  en  1795,  et  s'y  est  livré  à 
l'enseignement  de  la  musique.  Cet  artiste 
est  le  père  de  Madame  Corri-Paltoni.  Le 
rédacteur  de  l'article  Corri  du  Lexique 
universel  de  musique  publié  par  M.  Schil- 
ling a  été  induit  en  erreur  sur  ce  point, 


COR 

car  il  dit  que  Madame  Corri-Païtoni  est 
fille  du  vieux  élève  de  Porpora,  et  de  Ma- 
dame Dussek.  Celle-ci  était  la  tante  de  la 
cantatrice;  il  en  a  fait  sa  sœur. 

CORRI-PALTONI  (iume  fanny),  née  à 
Edimbourg,  eu  1795,  fit  ses  premières 
études  musicales  sous  la  direction  de  son 
père.  Lui  ayant  trouvé  une  belle  voix  de 
mezzo-sopruno }  et  ce  trille  vigoureux  et 
brillant  que  la  plupart  des  chanteurs  ont 
en  Angleterre,  à  cause  de  l'usage  fréquent 
qu'ils  font  de  cet  ornement,  Madame  Ca- 
talani  voulut  avoir  Mademoiselle  Corri 
pour  élève,  et  s'en  fit  accompagner  dans 
ses  voyages  de  1815  et  1816.  Elle  se  fit 
alors  entendre  à  Hambourg,  mais  sans 
succès.  De  retour  à  Londres,  elle  y  reprit 
ses  études,  cbanta  quelque  temps  les  se- 
conds rôles  au  Ïliéâtrc-Italien  ,  quitta  ce 
théâtre  en  1821  ,  lorsque  le  libraire  Ebers 
en  prit  la  direction  ,  et  se  rendit  en  Alle- 
magne. Malgré  les  avantages  qu'elle  tenait 
de  la  nature,  elle  eut  peu  de  succès  à  Ham- 
bourg, à  Francfort  et  à  Munich.  De  cette 
ville,  elle  alla  en  Italie,  y  épousa  un  chan- 
teur médiocre  nommé  Paltoni,  et  com- 
mença à  se  faire  une  certaine  réputation 
lorsqu'elle  chanta  à  Bologne  en  1825. 
Deux  ans  après  elle  fut  appelée  comme 
prima  donna  à  Madrid,  puis,  en  1828, 
elle  chanta  à  Milan  avec  Lablache,  et  y  eut 
quelque  succès.  En  1850  elle  retourna  en 
Allemagne  et  y  chanta  dans  plusieurs 
concerts.  On  dit  qu'elle  est  maintenant  en 
Russie. 

CORSI  (  jacques),  gentilhomme  flo- 
rentin ,  né  vers  1560,  cultiva  la  poésie  et 
la  musique  avec  succès,  et  fut  un  des 
protecteurs  les  plus  zélés  des  artistes  de 
son  temps.  Lié  d'amitié  avec  Jean  Bardi, 
comte  de Vcrnio,le  poète  Rinuccini ,  Gali- 
lée le  père,  Emilio-del-Cavaliere,  Perez, 
Jules  Caccini  ,  et  d'autres  hommes  célè- 
bres, il  contribua  comme  eux  à  l'invention 
du  drame  musical.  Après  que  le  comte 
Bardi  {Voyez  ce  nom  )  eut  quitté  Florence 
pour  se  rendre  à  Rome,  la  maison  de  Corsi 
devint  le  rendez-vous  de  ces  artistes.  La 


(  !OR 


199 


société  qu'ils  avaient  formée  continua  de 
s'y  occuper  des  moyens  de  bâter  les  pro- 
grès du  nouvel  art  qu'elle  avait  créé.  Ce 
fut  aussi  dans  la  maison  de  Corsi  que  fu- 
rent représentées  les  pastorales  de  Dafne, 
en  1594 ,  et  iïEuridice,  en  1600  ,  ouvra- 
ges de  Péri  et  de  Jules  Caccini.  Corsi  com 
posa  plusieurs  airs  pour  YEuridice. 

CORSI  (bernard),  compositeur  à  Cré- 
mone, a  publié  à  Venise,  en  1617,  des 
psaumes  à  cinq  voix,  et  vers  le  même  temps 
des  litanies ,  antiennes  et  motels  à  huit 
voix.  Son  œuvre  septième  est  intitulé  : 
Psalmi  vesperlini  oclo  voçum. 

CORSI  (josepii)  ,  maître  de  chapelle  à 
Sainte-Marie-Majeure,  de  Rome,  occupait 
celte  place  en  1657,  suivant  le  titre  d'un 
recueil  de  motets  publié  cette  année.  L'abbé 
Baini  a  omis  le  nom  de  ce  compositeur 
dans  sa  liste  des  maîtres  de  chapelle  de 
celte  basilique  (  Memor.  slor.  crit.  dï 
Pierl.  da  Paleslrina ,  t.  1  ,  n°  440).  On 
connaît  de  ce  maître  :  1°  Motetti  «2,3, 
A  voci,  Rome,  1667,  in-4°  ;  2°  Miserere 
a  cinque  ;  3°  Motetti  a  9. 

CORTECCIA  (françois),  chanoine  de 
Saint-Laurent,  à  Florence,  et  maître  de 
chapelle  de  Cosme  de  Médicis,  vivait  vers 
1530.  Il  brillait  aussi  comme  organiste. 
Negri  (Scritt.  Fiorenl.)  fixe  l'époque  de 
sa  mort  au  mois  de  mai  1571. 11  a  publié  : 
1°  Madrigaliaquattrovoci,  lib.  1°,  2°, 
Venise,  1545  et  1547,  in-4°  oblong; 
2°  Responsoria  et  lectiones  Hebdomadœ 
sanctœ  ,  Venise.  Burney  dit  qu'il  a  exa- 
miné un  de  ses  motels,  et  qu'il  ne  l'a  pas 
trouvé  digne  de  sa  réputation. 

CORTELLINI  (camille),  surnommé 
II  Violino ,  à  cause  de  son  talent  sur 
le  violon  ,  composilcur  de  musique  d'é- 
glise, vécut  au  commencement  du  17e  siè- 
cle, et  fut  engagé  au  service  de  la  Signoria 
de  Bologne.  Il  a  publié  :  1°  Misse  a  Quat- 
tro e  cinque  voci,  Venezia  ,  1617,  in-4°j 
2°  Salmi  a  8  voci;  5"  Magnificat di tutti 
li  luoni  a  6  voci,  Venezia,  1619,  in-4°; 
4°  Messe  concerlate  a  otlo  voci ,  in  Ve- 
nezia, app.  Aless.  Vincenti,1626.  On  voit 


200 


cas 


cos 


dans  la  préface  de  cet  ouvrage  une  indi- 
cation de  la  manière  d'exécuter  la  musique 
d'église,  à  l'époque  où  il  fut  publié,  lorsque 
les  instrumens  étaient  joints  aux  voix. 
L'auteur  s'exprime  ainsi  :  La  Messa  lit 
Domino  confido  ha  lagloria  concertata  .• 
e  dove  saranno  le  leltere  grandi  il  can- 
lore  canlerà  solo;  et  dove  saranno  le 
linee,  li  tromboni  e  altri  simili  stromenti 
soneranno  soli. 

CORTONA  (antoine)  ,  compositeur 
dramatique,  né  à  Venise,  au  commence- 
ment du  18°  siècle,  est  connu  par  deux 
opéras  ,  le  premier  intitulé  :  Amor  indo- 
vino ,  fut  représenté  en  1726,  l'autre, 
Marianne,  en  1728. 

CORVINUS  (jean-michel)  ,  pasteur  à 
Orsloewen  Zélande,  mort  le  10  août  1665, 
estauteur  d'un  livre  quia  pourtitre  :  Hep- 
tachordum  Danicum,sive  nova  solfisatio, 
in  qua  musicœ  praclica  usus,  tani  qui  ad 
canendum ,  quam  qui  ad  componendum 
canlum  facit ,  oslenditnr,  Coppenhague, 
1643.  Cet  ouvrage  est  un  traité  de  la  nou- 
velle méthode  de  solmisation  par  sept  syl- 
labes. On  connaît  anssi  de  Corvinus  :  Lo- 
gistica  Harmonica ,  Musicœ  vera  et 
firma  prœslruens  fundamenta }  Coppen- 
hague,  1646,  in-4°. 

COS1MÏ  (nicolas),  habile  violiniste, 
né  à  Rome ,  dans  la  seconde  moitié  du 
17e  siècle,  se  rendit  à  Londres ,  en  1702  , 
et  y  publia ,  en  1706  ,  douze  solos  pour  le 
violon,  in-4°,  qu'il  dédia  au  duc  de  Bed- 
fort.  Peu  de  temps  après  il  retourna  en 
Italie  où  il  est  mort  jeune.  Il  paraît  avoir 
été  élève  de  Corelli.  Son  portrait ,  gravé  à 
Yacqua  tinta  par  J.  Smith,  d'après  Gode- 
froy  Kneller,a  été  publié  en  1706.  Burney 
dit  (a  General  hist.  of  music ,  t.  III, 
p.  559)  que  le  violon  de  Cosimi,  considéré 
comme  le  plus  beau  qu'on  connût,  fut 
porté  en  Angleterre  par  Corbett  ,  après  la 
mort  de  l'artiste,  et  qu'il  y  fut  vendu  à  un 
prix  très  élevé. 

COSME  DELGADO.  Voy.  DELGADO. 

COSSA  (vincent)  ,  compositeur,  né  à 

Pérouse  au  commencement  du  16°  siècle. 


a  fait  imprimer  :  Madrigali  a  qualtro 
voci,  Venise,  1569.  Il  a  laissé  aussi  un. 
livre  de  Canzonette  à  trois  voix,  que  son 
compatriote  Christophe  Lauro  a  publié 
après  sa  mort. 

COSSA  (angelo)  ;  on  a  imprimé  sous  ce 
nom  un  petit  écrit  intitulé  :  Progetto  di 
al  cane  riforme  delV  I.  R.  Teatro  alla 
Scala  (  Projet  de  quelques  réformes  au  théâ- 
tre impérial  et  royal  de  la  Scala),  Milan,  à 
la  typographie  de  Batelli  et  Fantini,  1819, 
23  p.  in-8°.  Cette  brochure  est  divisée  en 
deux  chapitres;  le  premier  est  relatif  aux 
réformes  à  faire  au  théâtre;  le  second,  aux 
réformes  dans  les  spectacles. 

COSSET  (françois),  maître  de  musique 
de  l'église  métropolitaine  de  Reims,  vers 
le  milieu  du  17e  siècle,  a  publié  les  messes 
de  sa  composition  dont  voici  les  titres  : 
1°  Miss  a  quatuor  vocum  ad  imitationem 
moduli  :  Cantate  Domino,  Paris,  Ballard, 
1659.  2°  Missa  sex  vocum  ad  imit. 
mod.  :  Domine  Salvum  fac  regem,  Paris, 
1659,  in-fol.  5°  Missa  sex  vocum  ad 
imitationem  moduli  :  Surge  propera  , 
Paris,  Ballard,  1659,  in-fol.  4°  Missa 
quinque  vocum ,  ad  imit.  mod.  :  Salvum 
me  fac Deus, Paris,  1661,  in-fol.  5° Missa 
quatuor  vocum  ad  imid.  mod.  :  Eruc- 
tavit  cor  meum  ,  Paris  ,  Ballard,  1675  , 
in-fol.,  2°  édition.  J'ignore  la  date  de  la 
première  ;  il  y  en  a  une  troisième  sous  la 
date  de  1687  ;  6°  Missa  sex  vocum  ad 
imitât,  moduli  :  Super  flumina  Babylo- 
nis,  Paris,  Ch.  Ballard,  1673.  in-fol.  C'est 
une  seconde  édition  ;  7°  Missa  quinque 
vocibus  adimit.mod.  :  Gaudeamusomnes, 
Paris,  1676;  8°  Missa  quatuor  vocum 
ad  imit.  mod.  :  Exultate  Deo,  Paris,  Bal- 
lard ,  1682,  in-fol. 

COSSONI  (charles-donat),  organiste 
adjoint  à  l'église  de  Saint-Pétrone  ,  à  Bo- 
logne ,  a  passé  dans  cette  ville,  en  1667  : 
1°  Salmia  otto  voci  ;  2°  Salmi  concertati 
a  cinque  voci  e  2  violini,  con  uno  basso 
e  5 parti  di  ripieno,  op.  6,  Bologne,  1668, 
in-4°. 

COSTA  (jean-paul),  né  à  Gènes ,  vers 


cos 


cos 


201 


la  fin  du  16e  siècle,  fat  maître  de  chapelle 
à  Trévise.  11  a  fait  imprimer  à  Venise  : 
1°  Madrigali  a  due ,  tre  e  quallro  voci, 
lib.  1  ;  2°  Madrigali  a  cinque  voci, 
lib.  1  e  2, 

COSTA  (Alphonse  VAZ  DA),  habile 
chanteur  et  maître  de  chapelle  à  Avila  , 
naquit  en  Portugal,  vers  la  fin  du  16e  siè- 
cle. Dans  sa  jeunesse  il  alla  à  Rome,  et 
se  mit  sous  la  direction  des  plus  laineux 
maîtres  de  son  temps ,  soit  pour  le  chant, 
soit  pour  la  composition.  Ses  études  termi- 
nées ,  il  fut  d'abord  maître  de  chapelle  à 
Badajoz,  et  ensuite  à  Avila.  Ses  composi- 
tions ,  qui  sont  nombreuses,  se  trouvent 
en  manuscrit  dans  la  bibliothèque  du  roi 
de  Portugal. 

COSTA  (fr.- andke'  D  A) ,  né  à  Lisbonne, 
entra  fort  jeune  dans  l'ordre  de  la  Trinité, 
dont  il  prit  l'habit  le  5  août  1650.  Il  était 
grand  musicien  ,  bon  compositeur  de  mu- 
sique d'église,  et  jouait  supérieurement  de 
la  harpe.  Il  fut  attaché  a  la  chapelle  des 
rois  de  Portugal  Alphonse  VI  et  Pierre  II, 
qui  estimaient  ses  talens.  Il  mourut,  jeune 
encore,  le  6  juillet  1685,  laissant  en  ma- 
nuscrit les  ouvrages  suivans,  qui  sont  dans 
la  bibliothèque  du  roi  de  Portugal:  1°  Mis- 
sas  de  varios  coros  ;  2°  Confiiebor  tibi, 
à  douze  voix  ;  5°  Laudate  pueri  Dominum, 
à  quatre  voix  ;  4°  Beali  omnes ,  à  quatre 
voix  ;  5°  Compliesà  huit  voix  ;  6°  Lodainha 
de  N.  Senhora  a  8  vozes  ;  7°  Responso- 
rios  da  4 ,  5  e  6  feira  da  Semana  santa 
a  8  vozes;  8°  O  texlo  da  Paixaô  da 
Dominga  de  Palmas,  e  de  6 feira  major 
a  4  vozes  ;  9°  Vdhancicos  de  conceicaô, 
Natal ,  e  Reys  ai,  6,  8  e  12  vozes. 

COSTA  (françois  DA) ,  musicien  por- 
tugais, mort  à  Lisbonne  en  1667,  a  laissé 
en  manuscrit  des  compositions  qui  prou- 
vent ses  connaissances  étendues,  tant  dans 
la  théorie  que  dans  la  pratique  de  la  mu- 
sique {V.  Machado,  Bibliot.  Lusit.,  t.  IV, 
pag.  151). 

COSTA  (lelio)  ,  né  à  Rome ,  au  com- 
mencement du  17e  siècle,  était,  en  1655, 
le  plus  habile  harpiste  de  toute  l'Italie. 


COSTA  (rocii),  chanoine  de  l'église  pa- 
triarchale  de  Venise ,  naquit  près  de  cette 
ville  au  commencement  du  17e  siècle.  Il 
a  fait  imprimer  un  petit  traité  de  plain- 
chant  sous  ce  titre  -.Brève  RistrelLo  di  due 
Introdutdoni ,  overo  Instruttioni  délie 
cose  pih  essentiali  spettanti  alla  facile 
cognitionc  del  canto  fermo,  cavalo  d'al- 
cuni  classici  autori  di  questa  materia} 
Venise,  1681 ,  in-4°,  26  pages. 

COSTA  (fkijx- Joseph  DA),  docteur  en 
droit,  né  à  Lisbonne  en  1701 ,  cultiva  la 
poésie  et  la  musique  comme  amateur.  Ses 
essais  poétiques  ont  été  imprimés.  Il  a 
laissé  en  manuscrit  un  recueil  de  sonates 
intitulé  :  Musica  revelada  do  contra- 
ponto  a  coposicaô 7  que  comprehende 
varias  sonatas  de  cravo ,  viola,  rebeca 
e  varios  minuetes  e  cantates. 

COSTA  E  SYLVA  (françois  DA), 
chanoine  et  maître  de  chapelle  de  l'église 
cathédrale  de  Lisbonne,  mourut  dans  celte 
ville,  le  11  mai  1727.  Il  a  laissé  en  ma- 
nuscrit les  ouvrages  suivans  de  sa  compo- 
sition :  1°  Missa  a  4  vozes  com  todo  o 
génère  de  instrumentas  ;  2°  Miserere  a 
11  vozes 7  com  instrumentas  ;  5°  Motetes 
para  se  cantarem  as  Missas  das  Do- 
mingas  da  quaresma  ;  4°  Lamentocaô 
primeira  de  quarta  feira  de  T rêvas  a  8; 
5°  O  Texlo  de  Paixaô  de  S.  Marcos  e 
S.  Lucas  a  4  ;  6°  Vilhancicos  a  S.  Vin- 
cente,  e  a  Santa  Cecilia  com  instrumen- 
tas ;  7°  Responsorios  do  officia  dos  de- 
funtos  a  8  vozes,  com  todo  o  genero  de 
instrumentas. 

COSTA  (victorin-joseph  DA),  écrivain 
portugais,  qui  vivait  vers  le  milieu  du 
18e  siècle ,  a  publié  un  traité  du  plain- 
chant  sous  ce  titre  :  Arte  de  canto  chaô 
para  uso  dos  principiantes ,  Litbonne, 
1757,  in-8°. 

COSTA  (rodrjgo  FERREIRA  DA). 
Voyez  FERREIRA. 

COSTAGUTI  (vincent)  ,  né  à  Gênes , 
en  1613,  fut  d'abord  protonotaire  du  pape 
Urbaiti  VIII,  ensuite  secrétaire  de  la  cham- 
bre apostolique,  et  enfin  devint  cardinal  en 


202 


GOS 


COS 


1643  ;  il  mourut  en  1660.  On  a  de  lui  les 

ouvrages  suivons  :  1°  Discorso  délia  Mu- 
sica,  Gênes,  1640,  in-4°;  2°  Applausi 
poelici  aile  glorie  délia  Signora  Leonora 
Raroni,  Rome,  1639.  Léonore  Baroni 
fut  une  célèbre  cantatrice  du  17e  siècle. 

COSTANT1NI  (Alexandre),  composi- 
teur né  à  Rome,  qui  vivait  vers  la  fin  du 
17e  siècle,  et  dont  on  trouve  plusieurs 
morceaux  dans  la  collection  publiée  par 
Fab.  Costantini  sous  ce  titre  :  Selectœ 
cantiones  excellentissimorum  auctorum 
8  voc,  Rome,  1614.  On  a  aussi  de  cet 
artiste  :  Motecta  singulis ,  binis ,  ternis- 
que  vocibus  puni  basso  ad  organum  con- 
cinenda,  auctore  Alexandro  Costantino, 
roniano ,  Romœ  ex  tipogr.  Zannelli , 
1616. 

COSTANTINI  (fabio),  compositeur  de 
l'école  romaine ,  fut  d'abord  maître  de 
chapelle  de  la  confrérie  du  rosaire,  à 
Ancône ,  puis  maître  de  chapelle  de  l'é- 
glise cathédrale  d'Orvieto;  il  naquità  Rome 
vers  1570.  11  a  fait  imprimer  dans  cette 
ville  par  Zannetti,  en  1614,  un  recueil  de 
motets  à  huit  voix  des  compositeurs  les 
plus  célèbres  de  son  temps  ,  sous  ce  titre  : 
Selectœ  cantiones  excellentissimorum 
auctorum  octonis  vocibus  concinendœ  a 
Fabio  Conslantino,  romano,  urbevetanœ 
cathedralis  musicœ  prœfecto  in  lucem 
editœ.  Les  maîtres  dont  il  y  a  des  motets 
dans  cette  collection  sont  :  Picrluigi  de 
Palestrina,  J.  M.  Nanini ,  Félix  Anerio, 
Fr.  Soriano,  Roger  Giovanelli,  Arcangclo 
Crivelli,  B.  Nanini ,  J.  Fr.  Anerio  ,  Aspri- 
lio  Pacclli,  Alex.  Costantini,  Prosper  San- 
tini ,  Annibul  Zoilo,  L.  Marenzio,  Barlh. 
Roy,  J.-B.  Lucatello,  et  Fabio  Costantini 
même.  Ce  maître  avait  déjà  publié  à  Rome, 
en  1596  ,  des  motets  de  sa  composition  à 
deux,  trois  cl  quatre  voix;  en  161 8  il  donna 
dans  la  même  ville  :  Motelti  a  due, 
tre,  quattro  e  cinque  voci,  e  psalmi  e 
magnificat  oclo  vocum. 

COSTA1NZI  (d.  juan),  connu  générale- 
ment sous  le  nom  de  Gioannino  di  Roma, 
parce  qu'il  était  né  à  Rome,  fut  maître  de 


chapelle  de  Saint-Pierre  du  Vatican,  Il 
avait  été  d'abord  au  service  du  cardinal 
Ottoboni,  neveu  du  pape  Alexandre  VIII. 
Il  fut  nommé  maître  de  chapelle  de  Saint- 
Pierre  du  Vatican,  comme  adjoint  de  Ben- 
cini ,  le  5  juin  1754,  devint  titulaire  de 
la  place  le  7  juillet  1755  ,  et  la  conserva 
jusqu'à  sa  mort  quieutlieule  5  mars  1778. 
Ses  ouvrages  les  plus  connus  sont  un  opéra 
intitulé  Carlo  Magno ,  qui  fut  représenté 
à  Rome  en  1729  ,  et  un  Miserere  qui  est 
fort  estimé.  On  conserve  en  manuscrit 
dans  la  chapelle  pontificale  des  motets 
à  seize  voix  en  quatre  chœurs.  Ses  au- 
tres productions  consistent  en  offertoires 
à  quatre  voix,  un  Ave  Maria  à  trois, 
Salve  Regina  à  quatre ,  Ave  Regina  à 
quatre,  Dixit  à  huit,  Te  Deum  et  Ma- 
gnificat à  huit,  Messe  pastorale  à  qua- 
tre, Laudate  à  quatre,  Regina  cœli  à 
quatre ,  et  Salve  Regina  pour  soprano 
solo  et  chœur.  Tous  ces  ouvrages  se  trou- 
vent en  manuscrit  dans  la  bibliothèque  de 
M.  l'abbé  Santini,  à  Rome.  Costanzi  était 
un  des  plus  habiles  violoncellistes  de  son 
temps. 

COSTE  D'ARNOBAT  (pierre),  littéra- 
teur, né  à  Bayonne,  en  1752 ,  fut  attaché 
très  jeune  au  service  militaire.  11  n'était 
âgé  que  de  vingt-un  ans  lorsqu'il  publia, 
sous  le  voile  de  l'anonyme,  une  brochure 
relative  à  la  querelle  sur  la  musique  fran- 
çaise; elle  a  pour  titre  :  Doute  d'un 
pjrrhonien,  proposés  amicalement  à 
J.-J.  Rousseau,  Paris,  1753,  in-8°. 
Coste  est  mort  à  Paris,  vers  1810.  Il  a  pu- 
blié beaucoup  de  livres  qui  n'ont  point  de 
rapports  avec  la  musique. 

COSTEEEY  (Guillaume),  organiste  et 
valet  de  chambre  de  Charles  IX,  naquit 
de  parons  écossais  en  1531.  On  a  de  lui 
un  traité  théorique  intitulé  :  Musique, 
Paris,  Adrien  Le  Roi,  1579,  jn-4°.  Dans 
le  seizième  livre  de  Chansons  à  quatre  et 
à  cinq  parties  publiées  par  Adrien  Le  Roy 
et  Robert  Ballard  ,  en  1567  ,  on  trouve 
une  chanson  française  de  Costeley  ,  qui 
commence  par  ces  mots  :  Elle  craint.  Le 


COT 

livre  dix-neuvième  de  cette  collection  con- 
tient neuf  chansons  à  quatre  et  cinq  voix 
du  même  compositeur. 

COSYN  (.  .  .),  musicien  anglais,  qui 
vivait  à  la  fin  du  16e  siècle  ,  a  fait  impri- 
mer à  Londres,  en  1585,  des  psaumes  à 
quatre  et  à  six  voix. 

COTTON  (je an),  écrivain  dont  il  nous 
reste  un  traité  de  musique  ,  en  vingt-sept 
chapitres  précédés  d'un  prologue,  que 
l'abbé  Gerhert  a  inséré  dans  ses  Scriplores 
Ecclesiaslici  de  Masica  sacra,  tom.  II, 
pag.  230.  Quelques  personnes  ont  cru  que 
l'auteur  de  cet  ouvrage  était  un  pape 
nommé  Jean,  parce  qu'il  emploie  la  for- 
mule de  Serviteur  des  serviteurs  de  Dieu 
dans  son  épître  dédicatoire  à  Fulgence, 
évêque  anglais  ;  mais  l'abbé  Gerhert  con- 
jecture avec  plus  de  vraisemblance  que 
Jean  Cotlon  est  le  même  que  Jean  Scho- 
lastique ,  qui  était  moine  à  l'abbaye  de 
Saint-Matthias,  à  Trêves,  et  qui  vivait 
vers  l'an  1047.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  est 
certain  qu'il  écrivit  après  Guid'Arezzo, 
car  il  examine  l'utilité  de  la  méthode  de 
ce  moine  dans  un  des  chapitres  de  son  ou- 
vrage. C'est  dans  ce  chapitre  qu'on  trouve 
la  plus  ancienne  indication  connue  du  sys- 
tème de  solmisation  par  l'hexacorde  et  par 
les  noms  de  notes  ul ,  re,  mi ,  etc.  {V.  le 
Résumé  philos,  del'hist.  de  la  musique, 
tom.  I ,  pag.  clxx). 

COTUMACCI  (chaules),  et  non  Contu- 
macci  comme  l'écrit  Lichlenlhal ,  né  à 
Naplesen  1698,  eut  pour  maître  de  com- 
position Alexandre  Scarlatti,  et  succéda  à 
son  disciple  Durante  dans  la  charge  de 
maître  de  chapelle  du  Conservatoire  de 
S.  Onofrio.  C'était  un  bon  organiste  de 
l'ancienne  école,  et  un  habile  professeur. 
Il  a  beaucoup  écrit  pour  l'église,  et  a  aussi 
composé  deux  livres  élémentaires,  l'un 
intitulé:  B.egole  delV  accompagnanienlo, 
avec  des  partimenli  bien  gradués  ;  l'autre, 
Traltalo  di  contrappunlo ;  mais  ces  deux 
ouvrages  sont  restés  en  manuscrit.  M.  Cho- 
ron a  publié  quelques-uns  des  partimenli 
de  ce  professeur  dans  ses  Principes  de 


COU 


203 


composition  des  écoles  d'Italie.  Cotu- 
macci  est  mort  à  Naples,  en  1765. 

COUCHERY  (M.),  ancien  secrétaire 
rédacteur  de  la  chambre  des  députés,  sortit 
de  France  au  commencement  des  troubles 
de  la  révolution  de  1789,  obtint  sa  radia- 
tion delaliste  des  émigrés  sous  le  consulat, 
et  accueillit  la  restauration  avec  enthou- 
siasme. Appelé  à  la  chambre  des  députés 
comme  secrétaire  rédacteur,  il  en  remplit 
les  fonctions  jusqu'à  la  révolution  du  mois 
de  juillet  1830.  A  cette  époque,  il  crut 
devoir  donner  sa  démission,  et  depuis  lors 
il  est  resté  sans  emploi.  Amateur  passionné 
de  la  musique  italienne,  il  avait  été  du 
petit  nombre  de  ceux  qui  fréquentaient  le 
spectacle  des  fameux  bouffons  de  1789  ,  et 
depuis  sa  rentrée  en  France,  n'avait  cessé 
de  suivre  les  représentations  du  Théâtre- 
Italien.  On  a  de  lui  :  Observations  désin- 
téressées sur  l'administration  du  théâtre 
royal  Italien,  adressés  à  M.  Viotti , 
directeur  de  ce  théâtre,  par  un  dilettante 
(anonyme),  Paris,  1821,  trente-sept  pages 
in-8°. 

CQUCY  (regnatjlt,  CHATELAIN  DE), 
célèbre  trouvère  du  12e  siècle,  mal  connu 
de  la  plupart  de  ceux  qui  en  ont  parlé  ,  a 
vécu  vers  la  fin  du  12°  siècle.  Quelques 
auteurs  ,  d'après  l'opinion  de  Fauchet 
{Recueil  de  l'origine  de  la  langue  et  poé- 
sie française)  ,  ont  cru  que  ce  Châtelain 
n'était  autre  que  Raoul  1er,  sire  de  Coucy; 
d'autres,  parmi  lesquels  on  remarque 
l'historien  Mézcray,  ont  pensé  que  c'était 
Baoul  H  ;  enfin  ,  La  Borde  {Essai  sur  la 
musique, tom.  II,  pag.  242)et  M.  Crapelet 
(l1 Histoire  du  Châtelain  du  Coucy,  etc., 
pag.  289  et  500) ,  disent  qu'il  était  fils 
d'Enguerrand  de  Coucy,  frère  de  Raoul  Ier. 
La  Borde,  qui  a  puisé  la  plupart  de  ses 
renseignemens  dans  YHisloire  de  la  mai- 
son de  Coucy,  de  Duchesne,  et  dans  le 
Traité  des  nobles  ,  de  l'Alouette,  dit  que 
le  Châtelain  était  né  vraisemblablement 
en  1167,  et  qu'il  avait  été  élevé  à  Coucy- 
le-Chdleau,  dans  les  domaines  de  son  on- 
cle ;  et  il  cite  à  ce  sujet  un  acte  tiré  des 


204 


COU 


COU 


archives  de  l'hôpital  de  Laon ,  daté  de 
1187.  Suivant  cet  acte  ,  le  Châtelain  au- 
rait porté  alors  l'habit  ecclésiastique,  car 
il  y  est  qualifié  de  clerc  (clericus)  ;  mais 
il  aurait  bientôt  quitté  son  état  et  aurait 
embrassé  le  parti  des  armes.  Une  dif- 
ficulté se  présente  contre  l'identité  du  per- 
sonnage désigné  dans  l'acte  dont  il  s'agit 
avec  le  Châtelain;  car,  suivant  un  poème 
écrit  vers  1228  ,  et  qui  a  pour  titre  :  Li 
Roumans  dou  Chastelain  de  Coucy  et  de 
la  dame  de  Fayel ,  celui-ci  s'appelait 
Eegnault,  tandis  que  le  clerc  de  l'acte  de 
1187  est  désigné  sous  le  nom  de  Raoul. 
M.  Francisque  Michel  a  fort  bien  démon- 
tré (dans  son  Essai  sur  la  vie  et  les  chan- 
sons du  Châtelain  de  Coucy)  que  La 
Borde  et  tous  les  autres  ont  été  dans  l'er- 
reur à  cet  égard,  et  a  fait  voir  que  le  Châ- 
telain n'est  aucun  de  ceux  qu'on  a  confond  us 
avec  lui.  Suivant  le  Roumans,  qui  a  servi 
de  base  à  son  travail,  le  Châtelain  de 
Coucy  se  croisa  avec  Richard-Cœur-de- 
Lion  ,  et  partit  avec  lui  pour  la  Palestine, 
en  1190.  Il  y  resta  deux  ans,  et  y  fut  tué, 
en  1192  ,  dans  un  combat  contre  les  Sar- 
rasins. 

Une  ancienne  chronique,  écrite  en  1580, 
et  rapportée  par  Fauchet,nous  apprend  que 
Regnault  de  Coucy  était  amoureux  de  la 
femme  d'un  gentilhomme  nommé  Fayel , 
dont  le  château  était  situé  près  de  Saint- 
Quentin.  Après  avoir  triomphé  des  rigueurs 
de  sa  dame ,  le  Châtelain  partit  pour  la 
Palestine.  Ayant  été  blessé  mortellement 
par  les  Sarrasins  ,  il  ordonna  à  son  écuyer 
de  porter  son  cœur  à  celle  qu'il  aimait  ; 
mais  cet  écuyer  ayant  été  surpris  par  le 
seigneur  de  Fayel ,  lorsqu'il  cherchait  à 
s'acquitter  de  son  message,  le  mari  jaloux 
s'empara  du  cœur  de  Coucy,  et  l'ayant 
fait  apprêter  par  son  cuisinier,  le  fit  man- 
ger à  sa  femme,  qui  mourut  de  douleur 
lorsqu'elle  sut  de  quelle  nature  était  le 
repas  qu'elle  venait  de  faire.  Cette  lamen- 
table histoire  a  fourni  le  sujet  de  plusieurs 
drames. 

Le  Châtelain  de  Coucy  est  un  des  plus 


anciens  trouvères  dont  les  productions 
sont  parvenues  jusqu'à  nous  :  les  manu- 
scrits de  la  Bibliothèque  royale  de  Paris 
contiennent  vingt-quatre  chansons  avec 
leurs  mélodies ,  dont  il  est  auteur,  ou  qui 
lui  sont  attribuées.  Elles  sont  toutes  re- 
marquables par  leur  naïveté  ,  et  le  chant 
ne  manque  pas  de  grâce.  Les  mauuscrits 
qui  en  contiennent  le  plus  grand  nombre 
sont  ceux  de  l'ancien  fonds  nos  7222 , 
in-fol.;  7613,  in-4°  ;  no  63,  fonds  de 
Paulmy, in-fol.;  65  et  66  ,  fonds  deCangé, 
in-8°  et  in-4°;  1989 ,  fonds  de  Saint-Ger- 
main-des-Prés;  184,  in-fol.,  du  supplé- 
ment ,  et  59 ,  du  fonds  de  La  Vallière. 
Quelques-unes  de  ces  chansons  ont  des 
mélodies  différentes  dans  les  divers  ma- 
nuscrits, mais  celles-ci  sont  en  petit  nom- 
bre. Les  manuscrits  dont  la  notation  est 
la  plus  correcte  sont  les  nos  7222  et  63  j 
les  autres  renferment  beaucoup  de  fautes 
et  d'inexactitudes. 

Quatre  mélodies  des  chansons  du  Châte- 
lain de  Coucy  ont  été  publiées  par  La  Borde 
dans  son  Essai  sur  la  musique  (tom.  II, 
p.  205,  281,  287 et  291);  il  en  adonné  un 
plus  grand  nombre  lorsqu'il  a  publié  une 
nouvelle  édition  de  son  travail  sur  ce  trou- 
vère ,  sous  ce  titre  :  Mémoires  historiques 
sur  Raoul  de  Coucy,  avec  un  recueilde  ses 
chansons  envieux  langage,  et  la  traduc- 
tion de  l'ancienne  musique,  Paris,  1781, 
deuxvol.  in-12.  La  prétendue  traduction  de 
La  Borde  est  aussi  informe  que  l'ancienne 
notation  donnée  par  lui  est  inexacte.  La 
Borde  était  trop  ignorant  de  la  notation 
du  12e  siècle  pour  pouvoir  même  la  lire , 
et  dans  les  copies  qu'il  a  faites  d'après  les 
manuscrits,  il  a  négligé  une  multitude  de 
détails  qui  sont  indispensables  pour  le  sens 
des  mélodies.  Bnrney  et  Forkel ,  qui  n'a- 
vaient pas  de  manuscrits  pour  les  aider 
dans  leur  travail ,  ont  essayé  de  rhythmer 
les  mélodies  de  Coucy  d'après  les  informes 
copies  de  La  Borde ,  et  n'ont  fait  qu'une 
traduction  imaginaire  des  véritables  mé- 
lodies du  trouvère,  dans  leurs  histoires  de 
la  musique.  Perne,  homme  instruit,  tra- 


cou 


cou 


205 


vailleur  infatigable,  et  doué  de  l'esprit  de 
recherches,  a  pris  des  copies  exactes  de 
toutes  ces  mélodies  dans  les  manuscrits  de 
la  Bibliothèque  royale,  et  les  a  traduites 
en  notation  moderne ,  d'après  les  règles 
véritables  de  la  notation  mesurée  du 
12e  siècle.  Son  travail  a  été  publiée  à  la 
suite  de  l'édition  des  Chansons  du  Châte- 
lain de  Coucy,  revues  sur  tous  les  manu- 
scrits, par  M.  Francisque  Michel ,  sous 
le  titre  de  Ancienne  musique  des  chan- 
sons du  Châtelain  de  Coucy,  mise  en  no- 
tation moderne  avec  accompagnement 
de  piano.  Cet  accompagnement  de  piano 
est  une  idée  bien  malheureuse  ,  car  elle  a 
gâté  le  fruit  des  recherches  de  Perne.  Do- 
miné par  la  pensée  fausse,  reproduite  dans 
tous  ses  travaux ,  que  la  musique  de  tous 
les  temps  et  de  tous  les  pays  est  basée  sur 
les  mêmes  principes ,  ce  savant  homme  a 
accompagné  tontes  les  mélodies  de  Coucy 
avec  une  harmonie  moderne  remplie  de 
dissonances  naturelles,  de  septièmes  de  do- 
minantes ,  etc.,  au  lieu  de  prendre  pour 
modèles  de  ses  accompagnemens  les  chan- 
sons à  trois  voix  de  moyen  âge ,  et  particu- 
lièrement celles  d'Adam  de  Le  Haie;  en 
sorte  que  le  caractère  essentiel  de  la  musi- 
qne  de  l'époque  a  complètement  dispara 
dans  cet  amalgame  bizarre. 

On  peut  consulter  sur  le  Châtelain  de 
Coucy  et  sur  ses  œuvres  les  divers  ou- 
vrages cités  précédemment  :  De  Bellay, 
Mémoires  historiques  sur  la  maison  de 
Coucy  et  sur  la  dame  de  Fayel ,  Paris  , 
1770,  in-8°;  M.  Crapelet,  l'Histoire  du 
Châtelain  de  Coucy  et  de  la  dame  de 
Fayel,  publié  d'après  le  manuscrit  de  la  Bi- 
bliothèque du  roi  (Li  Roumans  dou  Chas- 
telainde  Coucy,  etc.,  n°  195,  in-fol.  du 
supplément),  et  mise  en  français,  Paris  , 
Crapelet,  1829,  in-8°;  Chansons  du  Châ- 
telain de  Coucy,  revues  sur  tous  les  ma- 
nuscrits, par  Francisque  Michel,  suivies 
de  l'ancienne  musique,  etc.,  Paris,  1830, 
un  vol.  gr.  in-8°. 

COUP  ART  (ANTOiNE-MARiE),néàParis 
lel3  juial780,  fut  d'abord  employé  àl'ad- 


ministratîon  des  transports  militaires,  tant 
à  Paris  qu'à  Liège,  depuis  1796  jusqu'en 
1798  ;  puis  il  entra  au  bureau  des  journaux 
et  des  théâtres,  au  ministère  de  la  police  gé- 
nérale, devint  chef-adjoint  de  ce  bureau  en 
1813,  et  passa  en  la  même  qualité  au  mi- 
nistère de  l'intérieur,'en  1 820.  Nom mé  chef 
de  cebureau  en  1 824,  ilfut  mis  à  la  retraite 
en  1829,  puis  fut  employé  un  moment  à 
l'Opéra  en  qualité  de  secrétaire-général. 
M.  Coupart  s'est  fait  connaître  comme  lit- 
térateur, par  un  grand  nombre  de  vaude- 
villes et  de  comédies  joués  sur  les  petits 
théâtres  de  Paris,  et  par  plusieurs  recueils 
de  chansons  dont  il  est  auteur  ou  éditeur. 
On  lui  doit  l ' Almanach  des  spectacles 
(Paris,  Barba,  1822-1856,  douzev.  in-12), 
ouvrage  supérieur,  soit  pour  le  style  ,  soit 
pour  l'exactitude ,  à  tout  ce  qu'on  avait 
publié  précédemment  clans  le  même  genre. 
Les  fonctions  de  l'auteur  lui  avaient  fourni 
des  renseignemens  que  d'autres  ne  se  se- 
raient procurés  qu'avec  peine.  M.  Coupart 
n'a  pas  mis  son  nom  à  ce  recueil.  On  y  trouve 
des  renseignemens  nécrologiques  sur  quel- 
ques musiciens. 

COUPELLE  (pierre  DELA),  poète  et 
musicien  du  15e  siècle.  On  trouve  cinq 
chansons  notées  de  sa  composition  dans  le 
manuscrit  de  la  Bibliothèque  du  roi ,  coté 
7222  (anc.  fonds). 

COUPER1N,  nom  d'un  famille  qui  s'est 
illustrée  dans  la  musique  pendant  près  de 
deux  cents  ans.  Elle  était  originaire  de 
Chaume,  en  Brie,  où  trois  frères,  Louis, 
François  et  Charles  Couperin  ont  vu  le 
jour.  Je  vais  donner  sur  ces  trois  frères  et 
sur  tous  ceux  dont  ils  sont  les  ancêtres  les 
détails  que  j'ai  pu  recueillir. 

COUPERIN  (louis),  né  en  1630,  vint 
fort  jeune  à  Paris,  et  fut  nommé  organiste 
de  Saint-Gervais  et  de  la  chapelle  du  roi. 
Il  mourut  en  1665,  à  l'âge  de  trente-cinq 
ans.  Louis  XIII  avait  créé  pour  lui  une 
place  de  dessus  de  viole  dans  sa  musique. 
Louis  Couperin  a  laissé  en  manuscrit  trois 
suites  de  pièces  de  clavecin. 

COUPERIN     (françois),    sieur    de 


206 


COU 


Crouilly,  organiste  de  Saint-Gervais,  de- 
puis 1679  jusqu'en  1698,  naquit  à  Chaume 
en  1631  ,  et  reçut  des  leçons  de  musique 
et  de  clavecin  de  son  parent  Chambon- 
nières,  dont  il  fut  un  des  meilleurs  élèves. 
Il  composait  pour  l'orgue  et  le  clavecin,  et 
enseignait  bien  à  en  jouer.  C'était  un  pe- 
tit liomme  vif,  qui  aimait  le  vin  ,  et  qui, 
vers  la  lin  de  sa  vie,  était  souvent  ivre.  Il 
périt  malheureusement  à  l'âge  de  soixante- 
dix  ans  :  ayant  été  renversé  par  une  char- 
rette, dans  sa  chute  il  se  cassa  la  tête.  Il  a 
laissé  deux  enfans,  une  fille  (Louise),  et 
un  fils  (Nicolas).  On  connaît  un  recueil  de 
pièces  d'orgue  composées  par  ce  Couperin  , 
sous  ce  titre;  Pièces  d'orgue  consistantes 
en  deux  messes,  l'une  à  L'usage  ordinaire 
des  paroisses  pour  lesfesles  solennelles  ; 
l'autre  propre  pour  les  couvens  de  reli- 
gieux et  religieuses ,  in-4°  oblong.  11  est 
assez  singulier  que  le  titre  seul  de  ce  re- 
cueil soit  gravé,  avec  le  privilège  du  roi, 
daté  de  1690,  qui  autorisait  Couperin  à 
faire  écrire ,  graver  ou  imprimer  ses  pièces. 
Le  reste  du  cahier  est  en  effet  noté  à  la 
main,  d'une  belle  écriture.  Tous  les  exem- 
plaires que  j'ai  vus  sont  delà  même  main. 
Sans  être  remarquable  sous  le  rapport  de 
l'invention,  la  musique  de  Couperin  est 
estimable  parce  qu'elle  est  écrite  avec  pu- 
reté. Le  plain-chant  y  est  beaucoup  mieux 
traité  qu'il  ne  Ta  été  depuis  par  des  orga- 
nistes plus  renommés. 

COUPERIN  (louise),  fille  du  précédent, 
née  à  Paris ,  en  1674,  chantait  avec  goût, 
et  jouait  supérieurement  du  clavecin.  Elle 
fut  attachée  pendant  trente  ans  à  la  mu- 
sique du  roi,  et  mourut  à  Versailles,  en 
1728  ,  à  l'âge  de  cinquante-deux  ans. 

COUPERIN  (Nicolas),  fils  de  François, 
naquit  à  Paris,  en  1680.  11  fut  attaché  au 
comte  de  Toulouse,  comme  musicien  de  sa 
chambre,  et  occupa  pendant  long-temps 
la  placed'organistcdeSaint-Gervais.  Il  est 
morten  1748,àl'âge  de  soixante-huit  ans. 

COUPERIN  (charles),  troisième  frère 
de  Louis  et  de  François  ,  naquit  à  Chaume, 
en.  1632 ,  et  vint  à  Paris ,  fort  jeune,  il 


COU 

succéda  à  son  frère  aîné  dans  la  place 
d'organiste  de  Saint-Gervais;  mais  il  n'en 
jouit  pas  long-temps  ,  car  il  mourut  en 
1669,  à  l'âge  de  trente-sept  ans.  Il  avait , 
pour  son  temps  ,  un  talent  de  premier  or- 
dre, comme  organiste. 

COUPERIN  (François),  fils  de  Charles, 
fut  surnommé  Le  Grand ,  à  cause  de  sa 
supériorité  sur  tous  les  organistes  fran- 
çais. Il  naquit  à  Paris,  en  1668,  et  n'était 
âgé  que  d'un  an  lorsqu'il  perdit  son  père. 
Un  organiste  nommé  Tolin  lui  donna  les 
premières  leçons.  En  1696,  il  fut  nommé 
organiste  de  Saint-Gervais,  et  en  1701 
il  obtint  le  titre  de  claveciniste  de  la 
chambre  du  roi,  et  d'organiste  de  sa  cha- 
pelle. Il  est  mort  en  1733,  à  l'âge  de 
soixante-cinq  ans,  laissant  deux  filles, 
toutes  deux  habiles  sur  l'orgue  et  sur  le 
clavecin.  L'une,  Marie-Anne,  se  fit  reli- 
gieuse à  l'abbaye  de  Montbuisson  ,  dont 
elle  fut  organiste  ;  l'autre,  Marguerite-An- 
toinette ,  eut  la  charge  de  claveciniste  de 
la  chambre  du  roi ,  charge  qui ,  jusqu'à 
elle,  n'avait  été  remplie  que  par  des  hom- 
mes. De  tous  les  organistes  français , 
François  Couperin  est  celui  qui  paraît 
avoir  réuni  le  plus  de  qualilés  remarqua- 
bles :  disons  plus,  c'est  le  seul  dont  les 
compositions  méritent  l'estime  des  artistes. 
Il  s'est  même  élevé  à  une  hauteur  qui  tient 
du  prodige  ,  au  milieu  du  mauvais  goût  et 
de  l'ignorance  qui  l'environnaient.  On  a  de 
lui  :  1°  Premier  livre  de  pièces  de  clave- 
cin, Paris,  1713,  in-fol.;  2°  Deuxième 
livre  idem,  Paris,  1716,  in-fol.;  3°  Troi- 
sième livre  de  pièces  de  clavecin  à  la 
suite  duquel  il  y  a  quatre  concerts  à 
l'usage  de  toutes  sortes  d'instrumens , 
Paris,  1719,  in-fol.  ;  4°  Quatrième  livre 
de  pièces  de  clavecin  ,  Paris ,  in  fol.  j 
5°  Les  goûts  réunis,  ou  nouveaux  con- 
certs,  augmentés  de  l'apothéose  de  Co- 
relli  en  trio,  Paris,  1717,  in-fol.; 
6°  V Apothéose  de  l'incomparable  L*** 
(Lulli),  Paris,  sans  date;  7°  Trios  pour 
deux  dessus  de  violon,  basse  d'archet  etbasse 
chilïrée ,  Paris ,  sans  date  ;  8°  Leçons  des 


cou 

ténèbres  à  une  et  deux  voix ,  Paris  ,  sans 
date. 

COUPERIN  (armand-loots),  fils  de 
Nicolas,  et  neveu,  à  la  mode  de  Bretagne, 
de  Couperin-le-Grand ,  naquit  à  Paris  le 
11  janvier  1721.  Personne  n'a  porté  plus 
loin  que  lui  le  talent  de  l'exécution  sur 
l'orgue  ;  mais  ses  compositions  sont  froides, 
quoique  assez  correctes.  On  connaît  de  lui 
deux  œuvres  de  sonates  et  un  de  trios  pour 
le  clavecin,  qui  ont  été  gravés  a  Paris.  Il 
a  laissé  en  outre  plusieurs  motets  et  mor- 
ceaux d'église.  Il  fut  organiste  du  roi ,  de 
Saint-Gervais ,  de  la  sainte  chapelle  du 
palais  ,  de  Saint-Bartliélcmi ,  de  Sainte- 
Marguerite,  et  l'un  des  quatre  organistes 
de  Notre-Dame.  Couperin  était  ordinaire- 
ment choisi  pour  la  réception  des  orgues 
nouvelles  ;  ses  connaissances  étendues  dans 
le  mécanisme  et  la  construction  de  ces  in- 
strumens  le  rendaient  très  propre  à  cet 
emploi.  Il  épousa  la  fille  de  Blanchet,  cé- 
lèbre facteur  de  clavecins  ,  et  en  eut  trois 
enfans  ,  dont  il  sera  parlé  plus  loin.  Ma- 
dame Couperin  avait  déjà  ,  avant  son  ma- 
riage ,  une  grande  célébrité  comme  clave- 
ciniste et  comme  organiste.  Elle  vivait 
encore  en  1810,  et  joua  alors  ,  à  la  ré- 
ception de  l'orgue  de  Saint-Louis  ,  à  Ver- 
sailles, de  manière  à  satisfaire  l'auditoire, 
quoiqu'elle  eût  quatre-vingt-un  ans. 
Armand-Louis  Couperin  est  mort  en  1789, 
des  suites  d'un  coup  de  pied  qu'il  avait 
reçu  d'un  cheval  échappé. 

COUPERIN  (  antoinette-victoire)  , 
fille  d'Armand-Louis ,  élève  de  son  père 
et  de  sa  mère,  touchait  l'orgue  de  Saint- 
Gervais,  à  l'âge  de  seize  ans.  Elle  jouait 
aussi  de  la  harpe,  et  possédait  une  belle 
voix,  qu'elle  a  fait  entendre  souvent  dans 
des  concerts  et  dans  des  maisons  de  reli- 
gieuses. Elle  a  épousé,  en  1780,  le  fils 
de  M.  Soûlas,  trésorier  de  France,  et  pro- 
priétaire de  la  manufacture  de  damas  de 
Tours.  Elle  vivait  encore  en  1810. 

COUPERIN  (pierre-louis),  fils  de 
Louis-Armand,  n'eut  point  d'autre  insti- 
tuteur que  sou  père  et  sa,  mère»  Doué 


COU 


207 


d'heureuses  dispositions,  il  fit  de  rapides 
progrès  sur  le  clavecin,  l'orgue  et  la  barpe. 
Malheureusement  sa  mauvaise  santé  1  em- 
pêcha de  se  livrer  sérieusement  à  la  com- 
position :  néanmoins  il  a  fait  exécuter 
dans  plusieurs  églises  quelques-uns  de  ses 
motets  qui  ont  eu  du  succès.  La  romance 
de  Nina  ,  variée  pour  le  piano ,  est  le  seul 
de  ses  ouvrages  qui  ait  été  gravé.  Il  fut 
fort  babile  sur  l'orgue ,  et  partagea  avec 
son  père  les  places  d'organiste  du  roi,  de 
Notre-Dame,  de  Saint-Gervais,  de  Saint- 
Jean  et  des  Carmes-Billettes.  Il  est  mort 
fort  jeune  ,  en  1789. 

COUPERIN  (gervais-françois),  se- 
cond fils  d'Armand-Louis,  vivait  encore 
en  1815.  11  reçut  des  leçons  d'orgue  et  de 
piano  de  son  père  et  de  sa  mère ,  mais  il 
ne  soutint  point  l'honneur  de  son  nom  , 
car  il  ne  fut  qu'un  organiste  médiocre  et 
un  compositeur  sans  mérite.  Toutefois, 
tel  était  le  respect  qu'inspirait  le  nom 
de  Couperin,  qu'il  obtint  sans  peine  après 
la  mort  de  son  père  et  de  son  frère  les 
places  d'organiste  du  roi,  de  la  sainte  eba 
pelle  de  Paris,  de  Saint-Gervais,  de  Saint- 
Jean  ,  de  Sainte-Marguerite,  des  Carmes- 
Billettes  et  de  Saint-Merry.  Il  a  été  aussi 
nommé  arbitre  pour  la  réception  des  orgues 
de  Saint-Nicolas-des-Champs ,  de  Saint- 
Jacqucs-du-Haut-Pas  ,  de  Saint-Merry,  de 
Saint-Eustacbe,  de  Saint-Rocb ,  etc.  Ses 
compositions  ,  qui  consistent  en  sonates  , 
airs  variés ,  caprices  ,  pots-pourris  et  ro- 
mances, ont  été  gravées  à  Paris.  Il  a  com- 
posé aussi  quelques  motets  qui  sont  restées 
en  manuscrit.  Gervais-François  Couperin 
a  été  le  dernier  rejeton  de  cette  illustre 
famille. 

COURBOIS  ( .  .  .  ),  musicien  français 
qui  s'est  fait  connaître,  en  1728,  par  le 
motet  Oinncs  gentes  plaiidUe  manibus } 
avec  des  trompettes  et  des  timbales  , 
exécuté  au  Concert  spirituel.  C'était  une 
nouveauté  jusqu'alors  inconnueen  France. 
On  a  aussi  de  Courbois  un  livre  de  can- 
tates et  de  cantatilles  ,  la  cantate  de  Doit 
Quichotte  ?  et  uu  livre  à!airs  à  chanter. 


208 


COU 


cou 


COTJRTAÏN  (jacques),  constructeur 
d'orgues  ,  fut  établi  d'abord  à  Emmericb  ; 
ensuite,  en  1790,  à  Burg-Steinfurt  ;  et  en- 
fin, en  1793,  à  Oldenbourg.  Son  plus  bel 
ouvrage  est  l'orgue  de  seize  pieds  de  l'église 
principale  d'Osnabruck ,  composé  de  seize 
registres ,  trois  claviers ,  pédale  et  cinq 
soufflets. 

COURTNEY(.  .  .),  irlandais,  né  vers 
le  milieu  du  18e  siècle,  a  brillé  à  Londres, 
en  1794,  par  son  talent  sur  la  cornemuse 
appelée  par  les  anglais  Irislipipe.  Il  avait 
perfectionné  la  construction  de  cet  instru- 
ment ,  et  lui  avait  donné  une  qualité  de 
son  beaucoup  plus  agréable  que  celle  qu'on 
lui  connaît.  On  ignore  si  ce  musicien  vit 
encore. 

COURTOIS  (jean),  musicien  français  , 
vécut  dans  la  première  moitié  du  16e  siè- 
cle. C'était  un  homme  habile  dans  l'art 
d'écrire,  et  qui  aurait  eu,  sans  doute  une 
plus  grande  renommée  si  ses  ouvrages 
eussent  été  moins  rares.  On  trouve  un  ca- 
non a  cinq  voix  fort  bien  fait  de  sa  com- 
position dans  le  recueil  des  Chansons  à 
cinq  et  six  parties ,  publié  à  Louvain  en 
1545,  par  Tilman  Susato.  Il  y  a  aussi  un 
motet  de  Courtois  dans  la  collection  pu- 
bliée par  Salblinger,  à  Àugsbourg,en  1545. 
Gerber  cite  aussi  dans  son  nouveau  Lexi- 
que, à  l'article  Corlois ,  des  messes  ma- 
nuscrites de  ce  musicien,  qui  existent  à  la 
Bibliothèque  royale  de  Munich,  sous  le 
n°  51.  Un  recueil  manuscrit  de  chansons, 
de  motets  et  de  messes  à  quatre  parties , 
copié  en  1542 ,  qui  a  appartenu  à  Seger 
Van  Maie,  de  Bruges,  et  qui  se  trouve 
maintenant  à  la  Bibliothèque  publique  de 
Cambrai,  contient  la  messe  Domine,  guis 
habitat,  à  quatre  parties,  de  Courtois. 

COUSIN  (jean),  prêtre  et  chantre  de 
la  chapelle  du  roi  de  France  Charles  VII, 
sous  la  direction  d'Ockeghem ,  était  atta- 
ché à  cette  chapelle  en  1461 ,  suivant  un 
compte  des  officiers  de  la  maison  de 
Charles  VU  qui  ont  eu  des  robes  et  des 
chaperons  faits  de  drap  noir  pour  les 
obsèques  et  funérailles  du  corps  du  feu 


roy,  l'an  1461.  Ce  compte  se  trouve  dans 
un  manuscrit  de  la  Bibliothèque  royale  de 
Paris  {V.  la  B.evue  musicale ,  6me  année, 
pag.  235).  Tinctoris  cite  les  compositions 
de  Cousin ,  dans  plusieurs  endroits  de  ses 
ouvrages  ,  notamment  dans  le  Proportio- 
nale,  où  il  examine  le  système  des  pro- 
portions de  la  messe  de  ce  musicien  inti- 
tulée :  Nigrarum. 

COUSIN  DE  CONTAMINE  (.  .  .),  né 
dans  le  Dauphiné,  en  1704,  fut  sous- 
chantre  à  l'église  cathédrale  de  Grenoble. 
Il  a  publié  un  livre  intitulé  :  Traité  cri- 
tique du  plain-chant  usité  aujourd'hui 
dans  les  églises,  contenant  les  principes 
qui  en  montrent  les  défauts  et  qui  peu- 
vent conduire  à  le  rendre  meilleur,  Paris, 
1749,in-12. 

COUSINEÀU  (pierre-joseph),  profes- 
seur de  harpe ,  luthier  et  marchand  de 
musique  à  Paris  ,  naquit  dans  cette  ville 
vers  1753.  En  1782,  il  fabriqua  des  har- 
pes avec  un  double  rang  de  pédales ,  pour 
moduler  facilement  dans  tous  les  tons  ; 
mais  ce  perfectionnement,  qui  depuis  lors 
a  été  reproduit  avec  avantage  par  M.  Dizi, 
à  Londres,  et  par  M.  Erard,  à  Paris,  n'eut 
point  alors  de  succès ,  parce  que  les  diffi- 
cultés d'exécution  rebutèrent  les  artistes 
et  les  amateurs,  et  parce  qne  la  musique 
qu'on  jouait  sur  cet  instrument  était  trop 
simple  et  trop  facile  pour  qu'on  eût  besoin 
de  ce  double  rang  de  pédales.  En  1788, 
M.  Cousineau  obtint  le  titre  de  luthier  de 
la  reine,  et  fut  nommé  harpiste  de  l'acadé- 
mie royale  de  musique.  11  a  occupé  cette 
place  jusqu'en  1812,  époque  où  il  a  été 
admis  à  la  retraite.  En  1 798,  il  acquit  d'un 
amateur,  nommé  M.  Rouelle  {V~.  ce  nom) 
le  secret  d'un  mécanisme  nouveau  qu'il  per- 
fectionna, et  au  moyen  duquel  les  demi- 
tons  se  font  sur  la  harpe  par  la  cheville 
même  à  laquelle  est  attachée  la  corde,  sans 
les  secours  des  pinces  ou  des  crochets  j 
mais  il  résulte  de  ces  perturbations  conti- 
nuelles de  la  tension  verticale  des  cordes  , 
qu'elles  ne  peuvent  conserver  leur  accord, 
inconvénient  qui  a  nui  au  succès  de  cette 


cou 


cou 


209 


innovation.  Comme  compositeur  ,  Con- 
sineau  est  connu  pnrscpt  œuvres  de  sonates 
pour  la  harpe  (œuvres  1  ,  2,  5  ,  7,  10, 
15  et  16) ,  cinq  recueils  d'airs  variés  pour 
le  même  instrument,  deux  concertos  avec 
accompagnement  d'orchestre,  op.  6  et  12, 
deux  pots-pourris,  et  une  méthode  de 
harpe.  En  1823,  Cousineau  a  quitté  le 
commerce  de  musique  et  lu  lutherie.  Il  est 
mort  dans  l'année  suivante. 

Cousineau  a  eu  un  fils  qui  jouait  aussi 
de  la  harpe  et  qui  fut  associé  dans  ses  tra- 
vaux pour  la  construction  des  harpes.  Il 
remplaça  souvent  son  père  à  l'Opéra  comme 
harpiste  suppléant.  On  a  de  lui  plusieurs 
airs  variés  pour  la  harpe,  et  une  petite 
méthode  pour  cet  instrument ,  Paris  ,  Le- 
moine  aîné. 

COUSSER  on  KUSSER.  (jean-stgis- 
mond),  compositeur  dramatique,  naquit  à 
Presbourg,  en  Hongrie,  vers  le  milieu  du 
17e  siècle.  Esprit  inquiet,  il  ne  sut  jamais 
se  fixer  et  changea  souvent  de  situation. 
Dans  les  premiers  temps  de  sa  carrière 
musicale,  il  fut  attaché  à  plusieurs  cha- 
pelles de  seigneurs  hongrois,  comme  in- 
strumentiste cl  comme  compositeur  ;  mais 
bientôt  il  se  fatigua  de  ce  genre  de  vie, 
voyagea  cl  se  rendit  à  Paris,  où  il  fit.  la  con- 
naissance de  Lulli.  Celui-ci  lui  enseigna  à 
écrire  dans  le  style  français  ,  c'est-à-dire 
dans  sa  manière  propre.  Après  que  Cous- 
ser  eut  passé  six  ans  à  Paris,  il  fut  maître 
de  chapelle  à  Stullgard  et  à  Wolfcnhiiltel  ; 
mais  il  serait  difficile  de  décider  comhien 
de  temps  il  a  passé  dans  ces  cours,  car 
son  inconstance  était  telle,  que  Walther 
{M/isik.  Lexik.)  assure  qu'il  y  a  peu  de 
lieux  en  allemagne  où  il  n'ait  séjourné 
plusou  moins  long-temps.  La  partie  la  plus 
brillante  et  la  plus  heureuse  de  sa  vie  pa- 
raît avoir  été  depuis  1693  jusqu'en  1697  ; 
il  demeura  pendant  ce  temps  à  Hamhourg, 
et  y  fit  admirer  ses  lalens  comme  compo- 
siteur et  comme  directeur  d'orchestre. 
Maltheson  lui  accorde  heaueoup  d'éloges  , 
dans  son  Parfait  maure  de  chapelle 
(p.  480),  pour  l'habileté  dont  il  faisait 

TOME    lit. 


preuve  dans  l'exécution  des  opéras.  Après 
avoir  quitté  Hamhourg,  il  fit  deux  voyages 
en  Italie,  à  peu  de  distance  l'un  de  l'au- 
tre, dans  le  but  d'y  étudier  le  style  des 
compositeurs  de  ce  pays  et  d'y  appiendre 
l'art  du  chant.  Plus  tard  il  se  rendit  en 
Angleterre  ,  y  vécut  quelque  temps  de 
leçons  qu'il  donnait  et  de  concerts  ,  puis, 
en  1710,  il  obtint  une  place  à  la  cathé- 
drale du  Dublin  ,  dont  il  devint  plus  tard 
maître  de  chapelle.  Il  conserva  cette  situa- 
lion  jusqu'à  sa  mort,  qui  arriva  en  1727. 
Les  compositions  qu'on  connaît  de  lui  sont  : 
1°  Erindo,  opéra  représenté  à  Hambourg, 
en  1693;  2°  Parus,  169i,Jbid.;  3»  Pyr 
rame  et  Thisbê,  1694,  Ibid.;  4°  Scipion 
V Africain,  1695.  Ibid.;  5°  Jason,  1697, 
Ibid.  Cousscr  a  fait  imprimer  :  6"  Apol- 
lon enjouée ,  ou  six  ouvertures  de  théâtre 
accompagnées  de  plusieurs  airs  ,  Nurem- 
berg, 1700,  in- fol.  ;  7°  Heliconhclie 
Musenlust  (  Amusemcns  des  muscs  sur 
l'Hélicon  )  ,  tirés  de  l'opéra  iï  Ariane  , 
Nuremberg  ,  1700  ,  in-fol.;  8°  Ode  sur  la 
mort  de  la  célèbre  Mrs.  Arahella  Hunt, 
mise  en  musique,  à  Londres  ;  9°  A  séré- 
nade lo  be  représentée  on  the  birlh  dày 
of  His  most  sacred  Majestj  George  I , 
at  the  castle  of  Dublin,  the  28  of  may 
1724,  Dublin*  1724,  in-fol. 

COUSU  (jean),  chanoine  de  Saint- 
Quentin  ,  naquit  vers  les  dernières  années 
du  16e  siècle,  ou  au  commencement 
du  17e,  car  on  voit  par  une  lettre  de  Mer- 
senne  à  Doni,  datée  de  1632,  parmi  les 
manuscrits  de  Peiresc  qui  sont  à  la  Biblio- 
thèque royale  de  Paris,  que  Cousu  était 
alors  un  jeune  homme.  Il  fut  d'abord 
chantre  de  la  sainte  chapelle,  puis  direc- 
teur du  chœur  de  l'église  de  Noyon ,  et 
enfin  chanoine  de  Saint-Quentin.  Mer- 
senne,  dans  la  lettre  citée  précédemment, 
dit  que  Cousu  avait  composé  un  livre  sur 
la  musique  en  général ,  mais  que  les  dé- 
penses auxquelles  l'impression  de  ce  livre 
auraient  donné  lieu,  avaient  empêché  de 
le  publier  jusqu'à  l'époque  où  il  écrivait. 
Dans  son  Harmonie  universelle ,  publiée 
14 


210 


COU 


en  1636,  il  citece  même  ouvrage  de  Cousu, 
sous  le  titre  de  La  musique  universelle , 
contenant  toute  la  pratique  et  toute  la 
théorie ,  mais  il  ne  dit  pas  s'il  a  été  im- 
primé. N'ayant    jamais   vu  ciler  ce  livre 
dans   les    catalogues   que  j'avais   consul- 
tés, je   croyais    qu'il    n'avait  pas    vu   le 
jour,   et  que  Mersenne  ne  l'avait  connu 
que  par  le  manuscrit,  lorsque  Perne  m'ap- 
prit que  Junu'ntier  ,  maître  de  chapelle  à 
Saint  Quentin,  lui  avait  écrit  pour  lui 
demander  s'il  ne  serait  pas  possible  qu'il 
complétât  à   Paris    un  livre  intitulé   La 
musique  universelle,  dont  il  ne  possédait 
qu'une  partie,  cl  dont  l'auteur  lui  était 
inconnu.    Perne   crut    que   le  titre  était 
mal  indiqué,  et  qu'il  s'agissait  de  Y  Har- 
monie universelle  de  Mersenne,  dont  on 
trouve  quelquefois  des  exemplaires  impar- 
faits;  il  écrivit  à  Jumcutier  qu'il  lui  en- 
voyât son  livre,  promettant  de  chercher 
à    le   compléter  ;    mais  l'envoi    n'eut  pas 
lieu.    Perne    m'avait   fait    part   de    cette 
circonstance,  et  je  n'y  avais  pas  attache 
plus  d'importance   que   lui  ,     lorsque   je 
trouvai  dans  la   Littérature   musicale  de 
Foikcl  ,  à  l'article  Cousu,  ce  titre  :  La 
musique  universelle ,  d'après  le  passage 
de  Mersenne;  j'appelai  de  nouveau  l'at- 
tention de  Perne  sur  ce  livre,   il  écrivit 
à  Jumentier  de  le  lui  envoyer;  il  le  reçut 
quelque  temps  après,  et  nous  filmes  éton- 
nés de  voir  un   livre  qui  nous  était  in- 
connu, et  qui,  après  avoir  été  examiné 
attentivement,    nous    parut   le    meilleur 
ouvrage,  le  plus  méthodique  et  le   plus 
utile  pour  la  pratique  qu'on  ait  écrit  dans 
le  1 7  e  siècle,  non  seulement  en  France,  mais 
dans   toute  l'Europe.    Malheureusement , 
ce  livre,  qui  n'avait  pas  de  frontispice  ,  ne 
s'étendait  que  jusqu'à  la  page  208,  et  tout 
indiquait  que  nous  n'en   avions  sous  les 
yeux  que  la  plus  petite  partie.  Un  recueil 
de  notes  manuscrites  de  Boisgclou,  qui, 
de  la  bibliothèque  de  Perne  a  passé  dans 
la  mienne,  nous  fournil  alors  sur  l'ouvrage 
de  Cousu  l'anecdote  que  voici  :  «  L'auteur 
«  de  La  musique  universelle  est  Antoine 


COU 

a  Cousu  (il  se  trompe  sur  le  prénom,  car 
o  Cousu  s'appelait  Jean);  il  n'existe  que 
a  deux  exemplaires  imparfaits  de  cet  oa- 
«  vrage.  Deux  épreuves  de  chaque  feuille 
«  étaient  fournies,  une  pour  l'auteur,  qui 
«  ne  demeurait  point  à  Paris,  l'autre  pour 
«  l'éditeur.  Sans  ces  épreuves,  on  n'aurait 
a  aucune  connaissance  de  ce  que  conte- 
«  riait  l'ouvrage,  car  l'imprimerie  de  Bal- 
«  lard  ayant  été  brûlée,  lout  ce  qui  était 
«  imprimé  de  La  musique  universelle  , 
«  fut  consumé  avec  le  manuscrit.  »  Je 
doute  maintenant  de  l'authenticité  de  l'a- 
necdote de  Boisgelou,  car  si  mes  souvenirs 
ne  me  trompent  pas,  je  crois  avoir  vu  en 
parcourant  le  manuscrit  de  ÏHisloire  de 
la  musique  du  P.  Caffiaux,  une  analyse  de 
l'ouvrage  de  Cousu ,  qui  indique  que  cet 
historien  de  Fart  en  avait  vu  au  moins  le 
manuscrit.  Je  ne  puis  en  ce  moment  m'as- 
surur  que  je  ne  suis  pas  dans  l'erreur  ^ 
mais  j'engage  les  érudits  à  vérifier  le 
fait. 

Quoi  <ju'il  en  soit ,  ce  que  je  connais  de 
La  musique  universelle ,  est  divisé  en  trois 
livres  :  lepremier,  qui  renferme  quarante- 
quatre  chapitres,  est  particulièrement  re- 
latif aux  principes  de  la  musique,  aux 
proportions  et  à  la  notation  de  l'époque  où 
le  livre  fut  écrit.  Toutes  ces  choses  sont 
exposées  avec  beaucoup  d'ordre  et  cXpli* 
quées  avec  une  lucidité  remarquable.  Le 
deuxième  livre  ,  divisé  en  cinquante-neuf 
chapitres,  commence  à  la  page  soixante- 
quinze.  Il  traile  du  contrepoint  simple. 
Toutes  les  règles  de  l'art  d'écrire  y  sont 
mieux  établies  qu'en  aucun  autre  livre  an- 
cien quejc  connaisse,  et  sont  expliquées  par 
de  bons  exemples  à  deux,  trois,  quatre,  cinq 
et  six  parties.  Cousu  est ,  je  crois ,  le  plus 
ancien  auteur  qui  ait  parlé  d'une  manière 
explicite  des  successions  de  quintes  et  d'oo 
taves  cachées  ;  il  fait  à  ce  sujet  de  bonne3 
observations.  Le  troisième  livre  commence 
à  la  page  157.  11  contient  une  continua- 
tion du  deuxième,  et,  dans  l'exemplaire  de 
Jumentier,  est  interrompu  à  la  page  208 
par  le  trente-deuxième  chapitre ,  où  il  est 


cou 


CRA 


211 


traité  des  cadences  terminées  par  octave 
ou  par  unisson. 

Waltiier  a  donné  dans  son  lexique  de 
musique  un  petit  article  sur  Jean  de 
Cousu,  auteur  d'une  fantaisie  à  quatre 
parties  rapportées  en  entier  par  Kirclier 
dans  sa  Musurgia  (1.  7,  c.  7,  p.  627-654). 
Forkel  {Allgem.  Litler.  der  Musik , 
p.  407)  dit  qu'on  ne  sait  pas  si  ce  Jean 
de  Cousu  est  le  même  que  Jean  Cousu, 
dont  Mcrsennea  parlé  :  Gerberet  Lichten- 
th.al  répètent  la  même  chose.  Il  y  a  lieu 
de  s'étonner  qu'aucun  de  ces  écrivains  n'ait 
songé  à  vérifier  dans  Kirehcr  la  citation 
de  Wallher  ;  ils  auraient  vu  que  le  musi- 
cien dont  il  s'agit  n'est  point  appelé  Jean 
de  Cousu ,  par  le  jésuite  allemand,  mais 
Jean  Cousu  '.  Il  ne  peut  y  avoir  de  doute 
sur  l'identité  de  l'auteur  de  La  musique 
universelle  et  du  compositeur  du  morceau 
rapporté  par  Kirclier,  car  ce  morceau  est 
composé  pour  démontrer  la  possibilité  du 
bon  emploi  de  la  quarte  dans  la  composi- 
tion (Phantasia  infavorem  quarlce);  or 
Cousu  a  précisément  écrit  un  chapitre 
(liv.  2,  ch.  53)  où  il  a  essayé  de  démon- 
trer que  la  quarte  peut  être  employée  avec 
avantage  dans  la  composition.  Ce  chapitre 
a  p^ur  titre  :  Quel  sentiment  les  anciens 
ont  eu  de  la  quarte  :  quelle  estime  en 
font  à  présent  les  modernes  :  Monstrer 
par  authorilés ,  par  raisons,  et  par  exem- 
ples ,  qu'elle  est  une  consonance  par- 
faite :  et  enseigner  la  manière  de  la  pra- 
tiquer dans  le  contrepoint ,  en  toutes  les 
foçons  possibles.  La  fantaisie  rapportée 
par  Kirclier  est  un  morceau  bien  fait. 

COUTINIIO  (fkançois-josepii)  ,  ama- 
tenr  de  musique,  né  à  Lisbonne  le  21  oc- 
tobre, servit  en  Espagne  dans  la  guerre  de 
la  succession.  11  vint  à  Paris,  en  1723, 
pour  se  faire  opérer  de  la  pierre,  et  mou- 
rut dans  cette  ville,  l'année  suivante,  des 
suites  de  l'opération.  Il  a  laissé  en  manu- 
scrit un  Te  Deum  à  huit  chœurs,  écrit 


en  1722,  et  une  messe  à  quatre  chœurs 
avec  accompagnement  de  violons,  cors  et 
timbale,  intitulée  Scala  Arelina. 

COXE  (  william)  ,  littérateur  anglais  , 
qui  vivait  vers  la  fin  du  18e  siècle,  a  pu- 
plié  un  livre  qui  a  pour  titre  :  Anecdotes 
qf  Handel  and  John  Christophe/'  Smith, 
Londres,  1795,in-4°.  Cet  ouvrage,  im- 
primé avec  luxe,  est  fort  rare;  il  n'en  a 
été  tiré  que  soixante  exemplaires  sur  grand 
papier  impérial  :  j'en  possède  un. 

COZZI  ( charles),  organiste  à  Milan, 
dans  la  première  moitié  du  17e  siècle,  na- 
quit à  Parabiago  dans  le  Milanais.  Dans 
sa  jeunesse,  il  fut  barbier  ;  mais  son  amour 
pour  la  musique  le  conduisit,  à  force  d'é- 
tudes, à  être  nommé  organiste  de  l'église 
Saint-Simplicien  ,  à  Milan.  Lors  du  pas- 
sage de  la  reine  d'Espagne  Marie-Anne 
dans  cette  ville  ,  Cozzi  lui  présenta  un  de 
ses  œuvres  de  musique  d'église  ,  et  reçut 
d'elle  en  récompense  le  titre  d'organiste  de 
la  cour,  qu'il  conserva  jusqu'à  sa  mort, 
arrivée  en  16j8  ou  1659.  Il  a  laissé  en 
manuscrit  :  1°  Messa  e  salmi  a  8  voci 
piene  ;  2°  Compléta  a  quatlro  voci. 

COZZOLAM  (claire-marguerite),  re- 
ligieuse au  couvent  de  Sainte-Radcgonde, 
de  l'ordre  de  saint  Benoît,  à  Milan,  y  prit 
le  voile  en  1620.  C'est  à  peu  près  tout  ce 
qu'on  sait  sur  sa  personne.  Il  reste  d'elle 
quatre  ouvrages  qui  prouvent  qu'elle  fut 
très  habile  musicienne  :  1°  Primavera  di 
fwri  mnsicali  al,  2 ,  5  e  4  voci ,  Milan, 
1640  'j  2"  Molelti  «  1,  2,  3  e  4  voci,  Ve- 
nise, 1642;  3°  Scherzi  di  sacra  melo- 
dia  ,  Venise,  1648  ;  4°  Salmi  a  olto  voci 
concerlale,  con  motetti ,  c  dialoghi  a  2, 
3  ,  4  e  5  voci,  Venise ,  1650. 

CRAANEN  (the'odore),  médecin  hol- 
landais ,  exerça  d'abord  sa  profession  a 
Duisbourg,  près  Nimègue,  ensuite  à  Leyde. 
Frédéric-Guillaume,  électeur  de  Brande- 
bourg, le  nomma  son  conseiller  premier 
médecin  ;  Craanen  conserva  ce  titre  jusqu'à 


»  Secundo  potest  in  principio,  lnedio,  et  fine  salrari, 
eola  temporis  perfccli  mensura  ;  uti  Joazmes  Cousu  GaU 


lus  in  doctissima  qtiadam  compositione  demonslrayit,  etc  , 
(Musurg.,  lit/.  7,  c.  7,  p.  627], 

14* 


212 


CRA 


CRA 


sa  mort,  arrivée  le  27  mars  1688.  Parmi 
ses  oavrages,  on  remarque  celui  qui  a  pour 
titre:  Tractatus  physico-medicus  de  ho- 
mine ,  in  quo  status  ejus  tant  naluralis 
quant  prœtematuralis  quo  ad  ihcoriam 
rationalèm  mechanicè  demonstralur. 
Leyrle,  1689,  in-4°,  Naplcs,  1722,  in-4°, 
le  chapitre  107e  traite  deMusica,  le  108e 
de  Echo,  le  109e  de  Tarantula. 

CRAEN  (nicolas)  ,  conlrapuntiste  alle- 
mande, vivait  au  commencement  du 
17e  siècle.  Glaréan  a  inséré  dans  son  Do- 
décachorde  un  motet  à  trois  voix  de  cet 
auteur. 

CRAMER  (gaspard)  ,  correcteur  de  l'é- 
cole de  Sakbourg,  dans  la  première  moi- 
tié du  17e  siècle,  a  publié  soixante-dix 
Chorals  (musique  simple)  à  quatre  voix 
sous  ce  titre  singulier  :  Ahimœ  sauciatœ 
Medela,  etc,  Erfurt,  1641,  in-8°;  une 
partie  des  pièces  qui  sont  dans  ce  recueil 
ont  été  composées  par  lui  ;  les  autres  sont 
de  divers  musiciens  allemands. 

CRAMER  (jean),  chanteur  à  Jena , 
dans  la  deuxième  moitié  du  17e  siècle,  a 
fait  imprimer  dans  celte  ville  ,  en  1673, 
un  épilhalame,  sous  ce  litre  :  Wohlers- 
iiegener  Tannebei  g }  a  soprano  solo  7 
avec  accompagnement  et  ritournelles  de 
deux  violons ,  viola  da  gamba  et  basse , 
in- fol. 

CRAMER  (gabriel),  géomètre,  naquit 
à  Genève,  le  31  juillet  1704.  En  1724  il 
fut  nommé  professeur  de  mathématiques 
dans  sa  ville  natale  ,  et  trois  ans  après  il 
parcourut  la  Suisse  ,  la  France  et  l'Angle- 
terre ,  pour  connaître  les  hommes  de  mé- 
rite de  ces  divers  pays.  De  retour  à  Ge- 
nève en  1729  ,  il  se  livra  à  divers  travaux 
sur  les  sciences  qu'il  cultivait.  La  réputa- 
tion dont  il  jouissait  le  fit  nommer  sans 
concours,  en  1750,  professeur  de  philoso- 
phie ;  il  mourut  à  Bagnols  en  1752.  On  a 
de  lui  :  Thèses  de  Sono ,  Genève,  1722, 
in-4°  ;  il  soutint  ces  thèses  à  l'âge  de  dix- 
buit  ans. 

CRAMER  (charles -frederic)  ,  naquit 
en   1748,  à  Kiel,   selon  la  Biographie 


universelle ,  et  selon  Gerber  (  Lexikon. 
der  Tonkunstler) ,  à  Quedlimbourg  ,  eu 
1752.  A  l'âge  de  vingt-trois  ans  il  fut 
nommé  professeur  de  littérature  grecque 
et  de  philosophie  à  l'université  de  Kiel ,  où 
il  se  fit  un  nom  distingué.  De  là  il  passa 
à  Coppenhague  pour  y  enseigner  la  langue 
grecque;  mais  il  quitta  bientôt  ce  poste 
pour  venir  s'établir  à  l'aris,  où  il  se  fit  im- 
primeur vers  1792.  11  mourut  dans  celte 
vi]lele9décembre  1807.  C'étaitunbomme 
bizarre,  fort  instruit,  mais  d'une  érudi- 
dition  mal  dirigée.  Parmi  les  ouvrages 
qu'il  a  publiés,  on  remarque  ceux-ci, 
relatifs  à  la  Musique  :  1°  Magazin  der 
musik  (Magasin  musical),  Hambourg, 
Westphall,  1783,  in-8°;  la  seconde  partie 
fut  publiée  dans  la  même  ville  en  1786. 
Après  quelques  années  d'interruption  il  en 
parut  quatre  cahiers  à  Coppenhague,  en 
1789.  Cet  ouvrage  contient  des  choses  cu- 
rieuses et  utilessur  l'art  musical;  2°  Kurze 
Ueberschrift  der  Geschichte  der  fran- 
zœsischen  Musik  (  Court  exposé  de  l'his- 
toire delà  musique  française),  Berlin, 
1786,  in-8°,  24  pages;  3°  Anecdotes  sur 
W.-A.  Mozart,  Paris,  1801  ,  in-8°. 

CRAMER  (jacques),  chef  d'une  famille 
qui  s'est  illustrée  dans  l'art  musical,  na- 
quit en  1705  à  Sachau,  en  Silésie.  Il 
entra  comme  flûtiste  dans  la  musique  de 
l'électeur  palatin  en  1729  ,  et  dans  un  âge 
plus  avancé,  il  y  fut  placé  comme  timba- 
lier. Il  esl  mort  à  Manheim  en  1770. 

CRAMER  (guillaume),  fils  du  précé- 
dent, naquit  à  Manheim  en  1745.  Il  fut 
d'abord  élève  de  Jean  Stamitz  le  père  pour 
le  violon  ,  ensuite  de  Basconni  et  enfin  de 
Chrétien  Cannahich.  A  l'âge  de  sept  ans, 
il  joua  à  la  cour  un  concerto  de  violon 
avec  beaucoup  de  succès.  A  seize  ans  ,  il 
fit  son  premier  voyage  en  Hollande,  et  se 
fit  une  grande  réputation  à,  La  Haye,  à 
Amsterdam  et  dans  d'autres  villes.  De  re- 
tour dans  sa  patrie  il  entra  dans  la  musi- 
que de  l'électeur  palatin,  et  occupa  ce 
poste  jusqu'en  1772;  il  se  rendit  alors  à 
Londres.  La  beauté  de  son  jeu  fut  l'objet 


CRA 


CRA 


213 


de  l'admiration  générale  ,  et  le  roi ,  pour 
le  retenir,  le  nomma  directeur  de  ses 
concerts  et  chef  d'orchestre  de  l'Opéra, 
avec  des  appointemens  considérables.  Ce 
fut  Cramer  qui  ,  en  1787 ,  dirigea  l'or- 
chestre de  huit  cents  musiciens  au  troi- 
sième anniversaire  de  la  mort  de  Handel. 
Il  mourut  à  Londres  le  5  octobre  1800. 
C'était,  disent  les  biographes  allemands, 
un  virtuose  du  premier  ordre  :  il  réunis- 
sait la  légèreté  de  Lolli  à  l'expression  et  à 
l'énergie  de  Fr.  Benda.  Les  compositions 
qu'on  connaît  de  lui  sont  :  1°  Sept  concer- 
tos de  violon,  gravés  à  Paris  de  1770 
à  1780;  2°  Six  trios  dialogues  pour  deux 
vicions  et  basse, op.  1 ,  Londres;  3°  Six 
solos  pour  le  violon,  op.  2,  Paris;  4°  Six 
trios  pour  deux  violons  et  basse ,  op.  5, 
Londres;  5°  Six  solos  pour  le  violon, 
op.  4. 

CRAMER  (jean-baptiste),  célèbre  pia- 
niste, fils  aîné  de  Guillaume,  est  né  à 
Manheim  en  1771.  Il  était  fort  jeune  lors- 
qu'il accompagna  son  père  en  Angleterre. 
Ses  heureuses  dispositions  pour  la  musique 
se  manifestèrent  de  bonne  heure,  et  fu- 
rent cultivées  avec  soin.  Son  père  lui  fit 
d'abord  apprendre  à  jouer  du  violon  ,  le 
destinant  à  cet  instrument;  mais  le  pen- 
chant du  jeune  Cramer  le  portait  vers  l'é- 
tude du  piano.  Il  saisissait  avidement 
tous  les  instans  où  il  pouvait  en  jouer  ,  et 
montra  pour  cette  étude  tant  de  persévé- 
rance que  son  père  consentit  à  ce  qu'il  se 
livrât  à  son  goût,  et  lui  donna  un  maître 
nommé  Benser.  Après  avoir  reçu  des  leçons 
de  ce  professeur  pendant  trois  ans,  Cramer 
passa,  en  1782,  sous  la  direction  de 
Schroeter.  Enfin  ,  dans  l'automne  de  l'an- 
née suivante,  il  devint  l'élève  de  Cïemenli; 
mais  il  ne  put  profiter  de  ses  conseils  que 
pendant  un  an ,  ce  grand  artiste  ayant 
quitté  l'Angleterre  en  1784  pour  voyager 
sur  le  continent.  Cramer  employa  l'année 
suivante  à  se  familiariser  avec  les  ouvrages 
des  plus  grands  maîtres,  tels  que  Handel 
et  Jean-Sébastien  Bach.  A  peine  avait-il 
atteint  sa  treizième  année  que  déjà  sa  ré- 


putation d'habile  pianiste  commençait  à 
s'étendre  :  il  fut  invité  à  jouer  dans  plu- 
sieurs concerts  publics,  où  il  étonna  les 
auditeurs  par  la  pureté  et  le  brillant  de 
son  exécution.  En  1785,  il  étudia  la  théo- 
rie de  son  art  sous  Charles-Frédéric  Ahel. 
Ses  études  terminées ,  il  commença  à 
voyager,  à  J  âge  de  dix-sept  ans,  se  faisant 
entendre  dans  toutes  les  grandes  villes,  et 
excitant  partout  la  surprise  et  l'admira- 
tion. Il  retourna  en  Angleterre  en  1791, 
et  s'y  livra  à  l'enseignement  du  piano. 
Déjà  il  s'était  fait  connaître  comme  com- 
positeur par  la  publication  de  plusieurs 
œuvres  de  sonates.  Quelques  années  après 
il  fit  un  nouveau  voyage,  et  se  rendit  à 
Vienne,  où  il  renouvela  sa  liaison  avec 
Haydn  ,  qu'il  avait  connu  à  Londres,  et  en- 
suite en  Italie.  A  son  retour  en  Angleterre, 
il  s'y  maria  ,  et  depuis  lors  il  a  continué 
d'y  résider,  sauf  quelques  voyages  qu'il  a 
faits  à  Paris  et  dans  les  Pays-Bas.  11  est 
maintenant  professeur  de  piano  à  l'Acadé- 
mie royale  de  musique  établie  à  Londres. 
Cramer  jouit  aujourd'hui  de  la  plus  belle 
réputation  comme  virtuose  et  comme  com- 
positeur pour  son  instrument  :  parmi  ses 
ouvrages,  ses  études  se  font  remarquer 
surtout  par  l'élégance  du  style  et  l'intérêt 
qui  y  régnent  :  elles  sont  éminemment 
classiques.  La  collection  des  œuvres  de 
cet  artiste  distingué  se  compose  de  cent 
et  cinq  sonates  de  piano  ,  divisées  en  43 
œuvres ,  savoir  :  1  ,  2 ,  3 ,  4  ,  5  ,  6  ,  7,  8, 
9,  11,12,  13,14,  15,  18,  19,  20,21, 
22 ,  23 ,  25 ,  27 ,  29 ,  51 ,  33 ,  35 ,  36 , 
38,59,41,  42,45,  44,  46,  47,49, 
55  ,  57  ,  58 ,  59,  62  et  65  ,  sept  concer- 
tos ,  avec  orchestre;  œuvres  10,  16,  26 ; 
57,  46,  51  et  56;  trois  duos  à  quatre  mains, 
œuvres  24,  54  et  50;  deux  duos  pour 
piano  et  harpe,  œuvres  45  et  52  ;  un  grand 
quiutctto  pour  piano  ,  violon  ,  alto,  basse 
et  contre-basse,  œuvre  61;  un  quatuor  pour 
piano,  violon,  alto  et  basse,  œuvre  2S  ; 
deux  œuvres  de  nocturnes  52  et  54;  deux 
suites  d'études ,  œuvres  50  et  40  ;  et  une 
multitude  de  morceaux  détachés,  rondos, 


CïtÀ 


GRE 


marches  ,  valses  ,  airs  variés,  fantaisies  et 
bagatelles.  Comme  virtuose,  cet  artiste  est 
surtout  remarquable  par  la  manière  dont 
il  joue  l'adagio,  et  par  l'art  de  nuancer 
la  qualité  du  son  qu'il  tire  de  l'instrument. 
Rien  ne  peut  donner  une  idée  de  la  délica- 
tesse de  son  jeu  ;  sa  manière  est  toute  parti- 
culière et  ne  ressemble  à  celle  d'aucun 
autre  grand  pianiste. 

CRAMER  (francois),  second  fils  et 
élève  de  Guillaume,  naquit  à  Manlieim  en 
1772.  Il  est  maintenant  musicien  de  la 
chambre  du  roi  d'Angleterre,  professeur 
à  l'Académie  royale  établie  depuis  plu- 
sieurs années,  et  l'un  des  chefs  d'orchestre 
des  concerts  de  la  société  philharmonique. 
C'est  un  violiniste  médiocre. 

CRAMER  (  François  )  ,  neveu  de  Guil- 
laume, naquit  à  Munich  en  1786.  Dès 
l'âge  de  six  ans  ,  il  commença  à  étudier  le 
piano,  et  à  sept  il  avait  fait  tant  de  pro- 
grès ,  qu'il  fut  en  état  de  jouer  au  concert 
des  amateurs  avec  succès.  Son  maître  de 
clavecin  fut  Eberlé.  Dans  la  suite  ,  son 
oncle  maternel ,  Gérard  Dimler  ,  musicien 
de  l'électeur  de  Bavière,  lui  donna  des 
leçons  de  llûte.  11  eut  bientôt  acquis  une 
grande  habileté  sur  cet  instrument,  et  en 
1795  il  fut  admis  dans  la  musique  de  la 
cour.  Ayant  montré  de  grandes  disposi- 
tions pour  la  composition  par  de  jolies  va- 
riations de  piano  qu'il  écrivit  à  l'âge  de 
quinze  ans,  son  père  le  plaça  sous  la  direc- 
tion de  Joseph  Gractz  ,  maître  de  piano 
de  la  cour.  11  a  écrit  plusieurs  concertos 
pour  divers  inslrumcns,  des  airs  variés, 
des  rondos,  etc.  On  connaît  de  lui  un 
opéra  de  Hidallant  dont  l'ouverture  à 
grand  orchestre  a  élé  gravée  à  Leipsick, 
chez  Rreitkopf.  Cramer  a  publié  aussi 
quelques  recueils  de  chansons  allemandes 
avec  accompagnement  de  piano.  Son  père  , 
Jean  Cramer,  deuxième  fils  de  Jacques, 
fut  timbalier  et  copiste  de  la  cour  à  Mu- 
nich ;  il  exerçait  encore  ces  emplois 
enl811. 

CRANTZouCRANTIUS  (henri),  l'un 
des   plus  anciens  constructeurs  d'orgues 


dont  l'histoire  fasse  mention ,  a  fait  l'or* 
gue  de  l'église  collégiale  de  Brunswick 
en  1499. 

CRAPELET  (g.-a.),  imprimeurà  Paris, 
est  né  dans  cette  ville  le  13  juin  1789. 
Littérateur  et  typographe,  il  s'est  égale- 
ment distingué  dans  sa  double  carrière.  Il 
a  placé  à  la  tête  de  l'édition  des  œuvres 
choisies  de  Quinault  (  Paris ,  1824,  6  vol. 
in-8°  )  ,  une  notice  sur  la  vie  de  ce  poète , 
suivie  de  pièces  relatives  à  l'établissement 
de  l'Opéra.  On  doit  aussi  à  M.  Crapelet  : 
L'Histoire  du  Châtelain  de  Coucy  et  de 
la  dame  de  Fayel ,  publiée  d'après  le 
manuscrit  de  la  Bibliothèque  du  roi, 
et  mise  en  français }  Paris,  Crapelet, 
1829,in-8°. 

CRAPP1US  (andre)  ,  chantre  et  com- 
positeur à  Hanovre,  naquit  à  Lunebourg, 
vers  le  milieu  du  16e  siècle.  On  connaît 
de  sa  composition  :  1°  Canliones  sacrœ  et 
Missœ  super  :  Schaffe  in  mir,  Golt , 
ein  reines  Herz,  etc.,  Magdcbourg  1582; 
2°  Sacrœ  cantiones  4  et  6  vocuni ,  Mag- 
debourg  ,  1581  et  1584  ;  3°  Musicœ  artis 
elemenla  ,  Halle ,  1608 ,  in-8°. 

CRASSOï  (richard),  musicien  fran- 
çais ,  paraît  être  né  à  Lyon  ,  vers  1530.  Il 
a  fait  imprimer  :  Les  CL  psalmes  de 
David  à  quatre  parties ,  avec  la  lettre 
au  long ,  Genève  ,  1569  ,  in-16. 

CREDIA  (pierre),  fils  d'un  espagnol  et 
d'une  dame  de  Verceil ,  naquit  dans  cette 
ville  dans  les  premières  années  du  17e  siè- 
cle, et  fit  ses  études  à  l'école  de  musique 
appelée  II  collegio  degl'  Innocenti.  Il  fut 
ensuite  nommé  chanoine  mineur  de  Saint- 
Eusèbc  ,  et  maître  de  chapelle  de  la 
même  église.  S'élant  rendu  à  Rome,  il  y 
fut  fait  musicien  de  la  chapelle  Sixtine  et 
y  obtint  un  bénéfice  ;  mais  ce  bénéfice  lui 
ayant  été  disputé  par  la  suite  ,  Credia  se 
retira  au  collège  des  jésuites,  où  il  mourut 
en  1648.  Il  a  laissé  plusieurs  livres  de 
messes  et  de  vêpres  en  manuscrit  (  Gregory, 
Lettcr.  Vercel.  Distrib.  V,  page  255). 

CREED  (  jacques),  ecclésiastique  an- 
glais ,   mort  en  1770  ,  paraît  être  le  pre- 


CRE 

mier  qui  a  conçu  l'idée  d'une  machine 
propre  à  écrire  les  pièces  improvises  sur 
le  piano.  Il  la  proposa  à  la  société  royale 
de  Londres  ,  en  1747  ,  dans  un  mémoire 
inlitulé  :  A  démonstration  ofthe  possi- 
bilité of  making  a  machine  tlint  shall 
write  ex  tempore  voluntaries  ,  or  olher 
pièces  of  music ,  etc.  Ce  mémoire  se 
trouve  dans  les  Transactions  philosophi- 
ques de  1747,  n° 1 83  ;  et  dans  l'abrégé  de 
ces  mémoires  par  Martin  ,  lom.  X,  p.  566. 
L'invention  dont  il  s'agit  a  été  réclamée  par 
d'autres  {Voyez  Frike,  Unger,  Hohll'eld 
et  Engramclle). 

CREIGHTON  (robert),  docteur  en 
théologie,  naquit  à  Cambridge  en  1639. 
Il  était  fils  du  docteur  Robert  Crcighton  , 
du  collège  de  la  Trinité  à  Cambridge,  qui 
fut  ensuite  évoque  de  Bâlh  et  de  Wells  , 
et  qui  accompagna  Charles  II  dans  son 
exil.  Le  jeune  Creigliton  joignit  l'élude  de 
la  composition  musicale  à  celle  de  la 
théologie,  et  s'appliqua  avec  tant  d'assi- 
duité à  la  musique  d'église,  qu'il  acquit 
assez  d'habileté  pour  être  placé  parmi  les 
grands  maîtres  de  son  temps.  En  1674,  il 
fut  nommé  chanoine  résident  et  chantre  de 
l'église  cathédrale  de  Wells.  Il  est  mort 
dans  cette  vil  le  en  1756,  à  1  âge  de  quatre- 
vingt-dix-sept  ans.  Le  docteur  Boyce  a  in- 
séré dans  sa  collection  une  antienne  de 
Creigliton  sur  ces  paroles  :  /  will  arise 
and  go  to  my  fatlicr ,  qui  est  célèbre  en 
Angleterre.  Le  docteur  Crotch  l'a  arrangée 
pour  l'orgue  ou  le  clavecin  dans  ses  Spéci- 
mens of  musica.  Deux  services  complets 
du  même  auteur  se  trouvent  dans  la  col- 
lection publiée  par  Tudway ,  ainsi  que 
deux  antiennes  en  mi  bémol.  Le  reste  des 
compositions  du  docteur  Creigliton  existe 
en  manuscrit  dans  la  Bibliothèque  de  l'é- 
glise cathédrale  de  Wells. 

CRELL  ou  CRELLIUS  (chrétien), 
constructeur  d'orgues,  vivait  vers  le  mi- 
lieu du  17e  siècle.  Il  a  terminé,  le  1er  août 
1657,  l'orgue  de  l'église  de  Sainte-Elisa- 
beth, à  Hreslau,  composé  de  trente-cinq 
jeux,  trois  claviers  et  pédale. 


CRE 


21S 


CREMONESI  (ambroise),  maître  de 
chapelle  à  Ortona-a-Mare ,  petite  ville 
des  Abruzzcs  ,  vers  le  milieu  du  17°  siè- 
cle, a  publié  :  Madrigcdi  concertati } 
Venise,  1636. 

CRE.YIONT  (  pierre)  ,  violiniste  et  cla- 
rinettiste ,  né  dans  le  midi  de  la  France, 
vers  1784  ,  fut  reçu  comme  élève  au  Con- 
servatoire de  Paris,  en  l'an  vm  de  la  répu- 
blique, etsortit  de  cette  écoleen  1803  pour 
voyager.  11  se  fixa  pendant  quelques  années 
en  Russie,  dirigea  à  Saint-Pétersbourg  l'or- 
chestre du  théâtre  français,  puis  revint  eu 
France  en  1817,  et  s'établit  à  Paris.  En 
1821  il  fut  nommé  second  sous-chef  d'or- 
chestre au  théâtre  de  l'Opéra-Comique,  et 
il  en  remplit  les  fonctions  jusqu'en  1824, 
où  il  passa  à  l'Odéon  ,  en  qualité  de  pre- 
mier chef  et  de  directeur  de  la  musique.  Ce 
théâtre  venait  d'être  destiné  à  la  représen- 
tation des  opéras  traduits  de  l'Italien  et  de 
i'allemand.M.Crémontfutchargé  d'organi- 
ser l'orchestre  pour  l'exécution  de  ces  ouvra- 
ges, cl  s'acquit  ta  de  cet  le  mission  de  manière 
à  mériter  les  éloges  des  artistes  et  du  public. 
Cet  orchestre,  composé  déjeunes  artistes 
dont  quelques-uns  ont  acquis  depuis  lors 
de  brillantes  réputations,  était  dirigé  avec 
talent  par  Crérnont ,  et  rendait  avec  beau- 
coup de  soin  les  ouvrages  de  Rossini  et  de 
Wéber.  Après  la  retraite  de  Frédéric 
Krcubé,  Crérnont  rentra  à  POpéra-Coini- 
que  (en  1828  ) ,  comme  premier  chef  d'or- 
chestre; il  y  resta  jusqu'en  1831  ,  époque 
où  il  prit  sa  retraite  définitive.  J'ignore  ce 
qu'il  est  devenu  depuis  ce  temps,  son  nom 
ayant  disparu  de  la  liste  des  artistes  de 
Paris  publiée  dans  l' Annuaire  musical  de 
1855  et  de  1856.  On  a  de  ce  musicien  : 
1°  Concerto  pour  le  violon ,  op.  1  ,  Paris , 
Gambaro  ;  2°  Trois  marches  funèbres  pour 
harmonie  militaire,  Ibid.;  3°  Harmonie 
pour  musique  militaire,  liv.  1  et  2,  Ibid.; 
4°  Concerto  pour  la  clarinette,  op.  4, 
Ibid.;  5°  Quatuor  pour  deux  violons,  alto 
et  basse,  Ibid.;  6°  Fantaisies  pour  violon 
principal  sur  l'air  :  Au  clair  de  la  lune r 
avec  violon,  alto  et  basse  ,  op.  8  ,  Paris  } 


216 


CRE 


CRE 


Janet  et  Cotclle  ;  7°  Duos  pour  deux  vio- 
lons, œuvres  10  et  12  ,  IbicL;  8°  Fantai- 
sie pour  violon  principal  sur  un  air  des 
montagnes  de  l'Auvergne  ,  avec  quatuor, 
op.  11,  Ibicl.  ;  9°  Trois  trios  concertans 
pour  deux  violons  et  allô,  op.  13,  Ibicl. 

CREPTAX  (rosette  TREBOR),  pseu- 
donyme sous  lequel  a  paru  dans  le  Jour- 
nal encyclopédique  au.  mois  de  mai  1789, 
page  506,  un  essai  intitulé  :  Mémoire 
sur  la  musique  actuelle. 

CREQUILLON  (thomas)  ,  né  dans  les 
Pays-Bas,  vers  1520,  fut  maître  de  cha- 
pelle de  l'empereur  Charles-Quint  après  la 
mort  de  Nicolas  Gomhert.  11  a  publié  un 
grand  nombre  d'ouvrages  ,  entre  autres 
une  messe  à  six  voix  sur  la  chanson  fran- 
çaise :  Mille  regrets ,  Anvers  1556,  une 
collection  de  motets  intitulée  Canliones 
sacree  quinque  et  oclo  vocuvi,  Louvain  , 
1576,  et  un  livre  de  chansons  françaises 
à  quatre,  cinq  et  six  voix.  On  trouve  aussi 
des  molets  dcCrcquillon  dans  la  collection 
de  Paul  Galligopei  intitulée  Molctti  ciel 
Labirinto ,  Venise,  1554.  Un  recueil  de 
messes  et  de  motets  à  cinq  voix  ,  de  ce  mu- 
sicien ,  a  été  publié  à  Venise  chez  Gar- 
danne  en  1544  ,  in-4°.  Les  divers  recueils 
de  son  temps  contiennent  beaucoup  de 
morceaux  de  sa  composition.  Jacques  Paix 
a  aussi  arrangé  des  pièces  de  Crequillon 
pour  l'orgue ,  et  les  a  insérées  dans  son 
Orgel  Tabulatur  Buch,  Lavjngcn,  1583, 
in-folio.  On  trouve  à  la  Bibliothèque  de 
Cambrai  une  collection  de  messes  impri- 
mées ,  sans  date,  nom  de  ville,  ni  d'im- 
primeur, iu-fol.  max.  sous  ce  sitre  :  Prce- 
stantissimorum  divince  musicœ  autorum 
missœ  cleceni  quatuor,  quinque  et  sex  vo- 
cibus,  dans  laquelle  il  y  une  messe  de 
Crequillon  à  quatre  parties,  intitulée 
Doidce  mémoire,  et  une  autre,  à  cinq 
parties,  sur  la  chanson  populaire  Dung 
petit  mot  (sine  pausà  ).  Cet  auteur  a  joui 
de  son  temps  d'une  grande  réputation.  Il 
écrivait  assez  purement,  mais  il  n'a  rien 
ajouté  aux  progrès  que  Josquin  Després 
avait  fait  faire  à  l'art  musical. 


CRESCENTINI  (gtrolàmo),  célèbre 
sopraniste,  est  né  en  1769  près  d'Urbino  , 
dans  l'État  Romain.  Doué  de  la  plus  belle 
voix  de  Mezzo  soprano,  d'une  mise  de 
voix  et  d'une  vocalisation  parfaite,  il  dé- 
buta à  Rouie,  en  1788  ,  avec  le  plus  bril- 
lant succès.  Deux  ans  après  il  était  à  Pa- 
doue,  et  en  1794,  il  chantait  à  Venise. 
Appelé  en  1797  à  Vienne  ,  il  y  resta  jus- 
qu'en 1799,  où  il  partit  pour  Lisbonne; 
mais  les  souvenirs  qu'il  avait  laissés  dans 
la  capitale  de  l'A  ut  riche  l'y  firent  appeler  de 
nouveau  en  1804.  L'empereur  des  Fran- 
çais, Napoléon  Bonaparte,  l'ayant  entendu 
à  Vienne,  pendant  la  campagne  de  1805, 
fut  si  charmé  de  son  talent  qu'il  voulut  se 
l'attacher,  et  qu'il  lui  assura  un  traite- 
ment considérable.  Crescentini  chanta 
dans  les  concerts  et  aux  spectacles  de  la 
cour  à  Paris,  depuis  1806  jusqu'en  1812. 
A  cette  époque  l'altération  de  sa  voix,  pro- 
duite par  l'effet  d'un  climat  défavorable 
le  détermina  à  demander  sa  retraite,  qu'il 
n'obtint  que  difficilement.  Il  se  retira 
d'abord  à  Bologne ,  puis  à  Rome ,  où  il 
resta  jusqu'en  1816;  il  est  maintenant  à 
Naples,  où  il  remplit  les  fonctions  de  pro- 
fesseur de  chant  au  collège  roval  de  mu- 
sique qui  a  remplacé  les  divers  conserva- 
toires de  cette  ville.  Crescentini  est  le  der- 
niergrand  chanteur  qu'ait  produit  l'Italie  : 
en  lui  a  fini  cette  série  de  virtuoses  subli- 
mes enfantés  par  cette  terre  classique  de 
la  mélodie.  Rien  ne  peut  être  comparé  à 
la  suavité  de  ses  necens  ,  à  la  force  de  son 
expression,  au  goût  parfait  de  ses  fioritu- 
res ,  à  la  largeur  de  son  phrasé,  enfin  à 
cette  réunion  de  qualités  dqnl  une  seule  , 
portée  au  même  degré  de  supériorité  ,  suf- 
firait pour  assurer  à  celui  qui  la  posséde- 
rait le  premier  rang  parmi  les  chanteurs 
du  jour.  Quelques  personnes  se  rappellent 
encore  avec  enthousiasme  l'impression  pro- 
fonde que  ce  grand  artiste  produisit  dans 
une  représentation  de  l'opéra  de  Roméo  et 
Juliette  qui  fut  donnée  aux  Tuileries,  en 
1808.  Jamais  le  sublime  du  chant  et  de  l'art 
dramatique  ne  furent  poussés  plus  loin. 


CRE 


CRI 


217 


L'entrée  de  Roméo  «tu  troisième  acte,  sa 
prière,  les  cris  de  désespoir,  l'air  Ombra 
adorala  aspel.'a  ,  tout  cela  l'ut  d'un  effet 
tel,  que  Napoléon  et  tout  l'auditoire  fondi- 
rent en  larmes,  et  que  ne  sachant  com- 
ment exprimer  sa  satisfaction  à  d-escon- 
tini ,  l'empereur  lui  envoya  la  décoration 
de  1  ordre  de  la  couronne  de  fer,  dont  il  le 
fit  chevalier.  Au  talent  de  chanteur  ad- 
mirable, Crescciitini  joint  celui  de  com- 
positeur élégant.  La  prière  de  Roméo  a 
été  composée  par  lui  :  il  a  aussi  publié  à 
Vienne  en  1797  douze  ariettes  italiennes 
avec  accompagnement  de  piano  ,  dix-huit 
autres  à  Paris  ,  en  deux  recueils ,  et  un 
recueil  d'exercices  pour  la  vocalisation, 
précédé  d'un  discours  sur  l'art  du  chant  en 
français  et  en  italien  ,  Paris,  Janet ,  in- fol. 

CRESCIMBENI  (jean-marie),  chanoine 
et  archiprètre  de  Sainte-Mariein  Transte- 
verre  à  Rome,  naquit  le  9  octobre  1663  , 
à  Macerata,  clans  la  marche  d'Aneône,  et 
mourut  à  Rome,  le  7  mars  1728.  Dans 
son  livre  intitulé  :  Istoria  délia  volgar 
poesia  (Rome,  1698 ,  in-4°),  on  trouve 
des  détails  intéressans  concernant  la  mu- 
sique. Le  chapitre  onzième  est  intitulé  : 
De  Drammi  musicali,  e  délia  loro 
origine  e  stalo;  le  douzième  traite  Délie 
J'este  musicali  e  délie  cantate  e  serenale, 
et  le  quinzième,  Degli  oratorie  délie  can- 
tate spirituali. 

CRESPEL  (Guillaume),  et  non  Jean, 
comme  le  nomme  Gerber,  d'après  Her- 
mann  Fink,  naquit  vers  1465,  et  fut 
élève  de  Jean  Ockeghem  ,  sur  la  mort  de 
qui  il  a  fait  une  déploralion  à  cinq  par- 
ties, que  Burncy  a  insérée  dans  le  troisième 
volume  de  son  histoire  de  la  musique.  On 
trouve  plusieurs  motels  de  ce  maître  dans 
le  Thésaurus  Musicus ,  publié  à  Nurem- 
berg en  1564.  Le  premier  livre  de  la  col- 
lection de  chansons  françaises,  publiée  à 
Louvain  ,  en  1558,  contient  aussi  une 
chanson  française  à  quatre  parties ,  par 
Crespel,  sur  ces  paroles:  Fille  qui  prend 
Jacecieulx  mary. 

CREXUS,  musicien  grec,  était  contem- 


porain de  Pbiloxcne  et  de  Timolhée.  Pla- 
tarque  dit  qu'il  est  le  premier  qui  ait  sé- 
paré du  chant  le  jeu  des  instrumens  ,  car 
chez  les  anciens,  dit-il,  ce  jeu  accompa- 
gnait toujours  la  voix.  11  lui  attribueaussi 
des  innovations  hardies  dans  la  cadence 
musicale. 

CRICCHI  (dominique), chanteur  bouffe, 
né  en  Italie  au  commencement  du  18esiè- 
cle,  fut  au  service  du  roi  de  Prusse,  de 
1740  a  1750. 

CRISANIUS  (georges),  ou  plutôt  CRI- 
SANI,  auteur  d'un  ouvrage  indiqué  par 
le  catalogue  de  la  bibliothèque  Barbcrine, 
sous  ce  titre  :  Asserla  musicalia ,  Rome, 
1656,  in-4°.  J'ignore  de  quelle  nature  est 
cet  ouvrage. 

CRISPI  (l'abbe  pierre),  né  à  Rome 
vers  1737 ,  cultiva  d'abord  la  musique 
comme  amateur,  et  finit  en  1765  par  en 
faire  son  occupation  principale. Le  Dr.  Bur- 
ncy le  connut  à  Rome  en  1 770  ;  il  donnait 
des  concerts  toutes  les  semaines  dans  sa 
maison  ,  et  y  jouait  fort  bien  du  clavecin. 
Il  a  publié  quelques  sonates  et  des  con- 
certos dans  le  style  d'Alberti.  Ces  compo- 
sitions sont  agréables;  le  chant  en  est  na- 
turel et  d'une  élégante  simplicité.  Le 
Dr.  Crotch  en  a  inséré  quelques  morceaux 
dans  sa  collection.  L'abbé  Crispi  est 
mort  à  Rome  en  1797. 

CRISTELLI  (gaspard),  né  à  Vienne 
an  commencement  du  18e  siècle  ,  était 
violoncelliste  au  service  de  l'évêque  de 
Salzbourg,  en  1757.  Il  a  laissé  quelques 
compositions  pour  son  instrument. 

CRISTIANELLI  (piiilippe),  né  à  Bari, 
en  1587,  fut  maître  de  chapelle  à  Aqiiila, 
dans  le  royaume  de  Naples,  vers  1615.  Il 
a  fait  imprimer  de  sa  composition  :  S  al  mi 
a  cinqne  voci,  Venise,  1626,  in-4°. 

CR1STOFALI  (bartholome),  ou  plutôt 
CRISTOFORI  ,  facteur  de  clavecins  du 
grand-duc  de  Toscane.  Le  premier  de  ces 
noms  lui  a  été  donné  dans  le  Giornale  dei 
lelterali  d'ilalia  (t.  V,  art,  IX,  p.  144); 
l'article  de  ce  journal  a  été  traduit  en  alle- 
mand par  Kœnig  ,  et  iuséré  dans  la  Cri- 


218 


CRI 


CRI 


lica  musica  deMattheson  (t.  ïï,  p.  535), 
et  depuis  lors  les  Biographes  allemands 
onl  écrit  le  nom  de  ce  facteur  d'irislrumcns 
de  la  même  manière.  D'un  autre  côté,  tous 
les  auteurs  italiens  écrivent  Crislqfori, 
C'est  ainsi  que  le  comte  Carli  (  Opère, 
t.  14,  p.  405),  Gervasoni  (Nuova  teoria 
di  musica,  p.  41),  l'auteur  anonyme  d'une 
notice  sur  les  inslrumens  à  clavier  (Noti- 
zie  sloriche  di  alcuni  gravicembali  ed 
allr'i  slromenli  di  lastatura  di  A.  P.  Pisa, 
1743,  p.  13),  et  Lichlenlhal  (Dizzion.  e 
Bibliog.  de  Mus.,  t.  II,  p.  120)  écrivent 
ce  nom,  et  il  y  a  lieu  de  croire  qu'ils  ne  se 
trompent  pas  ,  et  que  le  nom  véritable  du 
facteur  dont  il  s'agit  est  Crislqfori  l. 
Quoi  qu'il  en  soit,  ce  facteur  naquit  à  Pa- 
doue  ,  en  1683,  suivant  l'auteur  de  la  no- 
tice historique  citée  plus  haut  ,  s'établit 
à  Florence  en  1710,  et  y  fonda  une  ma- 
nufacture de  clavecins  et  d'épinettes.  Eu 
1711  ,  si  l'on  en  croit  l'article  du  journal 
des  lettrés  d'Italie,  et  en  1718,  suivant 
l'opinion  de  tous  les  autres  auteurs,  Cris- 
tofori  inventa  un  clavecin  à  marteaux 
(cembalo  a  marielletli),  qui  a  été  consi- 
déré comme  l'origine  du  piano  (V.  Ma- 
lins et  Schroeter)  ;  mais  l'invention  de 
Cristofori  et  celles  de  plusieurs  autres 
étaient  oubliées  quand  on  a  commencé  à 
faire  des  pianos  dont  l'usage  s'est  étendu. 

CRIVELLAÏI  (césar),  médecin  à  Vi- 
terbe,  petite  ville  de  l'état  de  l'Église,  na- 
quit vers  la  fin  du  16e  siècle.  11  a  publié 
un  ouvrage  sur  la  musique,  intitulé  : 
Discorsi  musicali,  nelli  quali  si  conten- 
gono ,  non  solo  cose  perlinenli  alla  ieo- 
rica ,  ma  eziandio  alla  pralica,  me- 
dianle  le  quali  si  polrà  con  facilita 
pervenire  ail'  acquisto  di  cosi  onoraia 
scienza  :  raccolti  da  diversi  buoni  aidori, 
Viterbc,  1624,  in-8°. 

CRIVELLI  (ap.changelo),  né  à  Ber- 
game,  vers  le  milieu  du  16°  siècle  ,  fut 
reçu  comme  ténor  à  la  chapelle  du  pape, 

»  Voyez  à  ce  sujet  une  discussion  élevée  enlre  la  Gazette 
musicale  de  Paris  (1834,  n°  28;,  et  la  Revue  Musicale 
(8e  aDnée,  n°  2'JJ. 


en  1583.  Il  était  anssi  compositeur,  et  a 
publié  divers  ouvrages  estimés  dont  on 
s'est  servi  long-temps  dans  la  chapelle 
pontificale.  On  trouve  quelques-uns  de  ses 
motets  dans  les  Selectœ  cantiones  cxcel- 
lenlissimorum  auctorum  de  Costantini , 
Rome,  1614. 

CRIVELLI  (jean-baptiste),  composi- 
teur italien  dont  Walther  cite  un  ouvrage 
intitulé  :  Moletli  a  due,  Ire,  qualtro  e 
cinque  voci ,  mais  sans  indiquer  le  lieu 
ni  la  date  de  l'impression. 

CRIVELLI  (gaetano),  un  des  meilleurs 
ténors  de  l'Italie  ,  au  commencement  de  ce 
siècle,  est  né  à  Bergame,  en  1774.  Ayant 
terminé  ses  éludes  de  chant,  il  débuta  fort 
jeune  sur  des  théâtres  de  second  ordre.  Il 
n'était  âgé  que  de  dix-neuf  ans  lorsqu'il  se 
maria.  En  1793  ,  il  était  à  Brescia  ,  et  y 
excitait  l'admiration  par  sa  belle  voix  et 
sa  manière  large  de  phraser.  Les  succès 
qu'il  avait  obtenus  dans  cette  ville  le 
firent  appeler  à  Naples  en  1795.  Il  y  fut 
attaché  au  théâtre  Saint-Charles  pendant 
plusieurs  années,  et  y  perfectionna  son  ta- 
lent par  les  occasions  fréquentes  qu'il  eut 
d'entendre  des  artistes  distingués,  et  par 
les  conseils  de  quelques  bons  maîtres,  no- 
tamment d'Aprile.  De  Naples,  il  alla  à 
Rome,  puis  à  Venise,  et  enfin  à  Milan, 
où  il  chanta  au  théâtre  de  la  Scala  pen- 
dant le  carnaval  de  1805  ,  avec  la  Banti, 
Marchcsi  et  le  basso  Jean-Baptiste  Bi- 
naghi.  En  1811,  Crivelli  succéda  à  Garcia 
à  lOpcra-Italien  de  Paris,  qui  était  alors 
à  l'Odéon.  11  y  produisit  une  vive  sensation 
dans  le  Pirro  de  Paisicllo,  qui  servit  à 
son  début.  <i  M.  Crivelli  (disait  un  journal 
«  de  cette  époque)  est  doué  de  toutes  les 
«  qualités  qui  peuvent  charmer  les  ama- 
«  leurs  de  musique.  Une  superbe  voix  , 
u  une  excellente  méthode,  une  belle  fi- 
«c  gure,  un  jeu  noble  et  très  expressif; 
«  telles  sont  celles  qui  le  distinguent;  on 
«  ne  pouvait  faire  une  plus  précieuse  ac- 
«  quisition.  »  Pour  se  faire  ainsi  remar- 
quer dans  une  troupe  chantante  composée 
de  MMmes    Barilli  et  Fcsta ,  de  Tacchi- 


CRI 

nardi,  de  Porto,  de  Barilli,  de  Botticelli, 
et  de  quelques  autres  chanteurs  distingués, 
il  fallait  posséder  un  talent  de  premier 
ordre.  Crivelli  resta  au  Théâtre-Italien  de 
Paris  jusqu'au  mois  de  février  1817.  11  se 
rendit  alors  à  Londres,  y  chanta  jusqu'à 
la  fin  de  1818,  et  retourna  en  Italie.  En. 
1819  et  1820  il  clianta  avec  succès  au 
théâtre  de  la  Seala ,  à  Milan  ;  cependant 
on  commença  â  remarquer  dans  cette  der- 
nière année  une  altération  dans  son  or- 
gane,  et  cette  altération  parut  heaucoup 
plus  sensible  lorsque  Crivelli  reparut  dans 
cette  ville,  au  théâtre  Carcano ,  pendant 
le  carême  de  1825.  Ce  chanteur,  qui  ne 
sut  pas  borner  sa  carrière  ,  continua  de  se 
faire  entendre  dans  les  villes  de  second 
ordre,  et  offrit  encore  pendant  six  ans  le 
triste  spectacle  d'un  grand  talent  déchu. 
En  1829,  il  chantait  à  Florence;  ce  fut  , 
je  crois,  le  dernier  effort  de  son  courage  : 
il  avait  alors  cinquante-cinq  ans.  J'ignore 
où  il  s'est  retiré  depuis  cette  époque,  et 
s'il  vit  encore. 

CRIVELLI  (domintque)  ,  fils  du  pré- 
cédent, est  né  à  Brescia  en  1794.  A  l'âge 
de  neuf  ans  il  suivit  son  père  à  Kaples,  et 
y  commença  ses  études  pour  le  chant  sous 
la  direction  de  Millico.  A  la  fin  de  sa 
onzième  année  il  fut  admis  comme  élève 
au  Conservatoire  de  St.-Onofrio  ,  où  il  ap- 
prit l'accompagnement  sous  la  direction 
de  Fcnaroli.  En  1812,  il  quitta  le  Conser- 
vatoire et  se  rendit  à  Rome  pour  y  prendre 
des  leçons  de  Zingarclli.  L'année  suivante 
il  retourna  à  Naples  et  y  composa  plusieurs 
morceaux  de  musique  sacrée.  En  1816 ,  il 
écrivit  pour  le  théâtre  de  Sainl-Cliarles 
un  opéra  séria  qui  ne  put  être  représenté 
parce  que  ce  théâtre  fut  brûlé.  A  cette 
époque  son  père  étail  à  Londres,  et  l'en- 
gagea à  venir  l'y  rejoindre;  il  y  arriva  en 
1817.  Depuis  lors  il  y  a  publié  quelques 
pièces  détachées  pour  le  chant,  une  can- 
tate à  trois  voix  avec  accompagnement 
d'orchestre.  Il  y  a  écrit  aussi  un  opéra 
bouffe  inlilulé  :  La  fiera  diSalerno,  ossia 
la  Finta  capriciosa.  Lors  de  la  formation 


CRO 


219 


du  collège  royal  de  musique,  M.  Crivelli  y 
a  été  nommé  professeur  de  chant. 

CRIVELLI  (françois),  littérateur  ita- 
lien, a  publié  un  livre  qui  a  pour  titre  : 
Cenni  sitlla  sloria  pofUica  e  letleraria 
degV  llallani,  Vérone,  1824,  cent  vingt- 
deux  pages  in-12.  Cet  ouvrage  traite  de  la 
musique,  page  98-105. 

CROATTI  (françois),  né  à  Venise  vers 
le  milieu  du  16°  siècle,  a  publié  dans  celle 
ville  son  premier  livre  de  messes  et  de 
motets  à  cinq  et  six  voix.  Bodencliatz  a 
inséré  un  motet  à  huit  voix  de  cet  auteur 
dans  ses  Florilegii  Porlensis. 

CROCE  (jean),  compositeur  savant  et 
original,  né  vers  1560,  à  Ciiioggia  ,  près 
de  Venise,  d'où  lui  est  venu  le  nom  de 
Chiozzetlo.  Il  fut  élève  de  Zarlino,  son 
compatriote,  et  succéda  à  Balthazar  Bo- 
nati,  en  qualité  de  maître  de  chapelle  de 
Saint-Marc,  de  Venise,  le  13  juillet  1605; 
il  mourut  au  mois  d'août  1609  ,  et  eut 
pour  successeur  Jules  César  Marlinengo. 
On  a  de  ce  compositeur  :  1°  Sonate  a 
cinqtie,  Vcnczia,  1580;  2°  Madrigali  a 
cinque  voci,  lib.  1  ,  Ibid..,  1588.  La 
deuxième  édition  de  cet  ouvrage  a  été  pu- 
bliée en  1596,  in-4°;  2°  (bis)  Salmi,  Te 
Deum ,  Benedictus  et  Miserere  a  oito 
voci;  3°  Triacca  musicale,  nella  quale 
vi  sono  diversi  capricci  «4,5,  6  e  7  voci, 
nuovamenle  composta  e  data  in  lace ,  in 
Venezia,appressoGiacomo  Vincenti,  in-4°. 
Ce  recueil  curieux  contient  des  composi- 
tions très  originales  s  ur  des  paroles  en  dia- 
lecte vénitien.  On  y  trouve  :  1°  Un  écho  à 
six  voix  fort  ingénieusement  écrit  ;  2°  Une 
mascarade  à  quatre;  5°  La  chanson  du 
rossignol  et  du  coucou,  avec  la  sentence  du 
perroquet,  à  cinq  voix,  morceau  où  règne 
une  verve  comique  peu  commune;  4°  La 
canzonette  des  Bambini ,  non  moins  re- 
marquable; 5°  La  chanson  des  paysans, 
à  six  voix;  6°  Un  morceau  fort  plaisant, 
intitulé  :  Le  Jeu  de  l'Oie ,  à  six  voix; 
7°  Le  chant  de  l'esclave,  à  sept  voix,  com- 
position d'un  grand  mérite.  J'ai  mis  lous 
ces  morceaux  en  partition.   Il  y  a  une 


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CRO 


CRO 


deuxième  édition  de  la  Triacca  musicale, 
datée  de  Venise,  1601  ,  et  une  troisième, 
imprimée  par  P.  Phalèse,  en  1609,  in-4° 
obi.  ;  3°  (bis)  Canzoïinelte  e  quallro 
voci,  lib.  I,  Vinegia  ,  1595,  in-4°; 
4°  Vespertinee  omnium  solemnitalum 
psalmodiée  8  vocum,  Venise,  1599, 
in-4°  ;  5°  Moleltce  oclo  vocum,  lib.  1 
et  2  ;  6°  Sacrée  cantiones  quinque  vo- 
cum ;  7°  Sacrée  canlilenœ,  3,  5 et  6  voc; 
8°  Nove  lamenlationi  per  la  sellimana 
sauta,  a  sei  voci,  Venezia,  1610,  in-4°; 
9°  Motetli  a  quallro  voci,  1 6 1 1  ;  10°  Ma- 
drigalia  sei  voci,  Anvers,  1610  j 10°  Can- 
tiones sacrée  oclo  vocum,  cum  basso 
continuo  ael  organum,  Anlvcrpise,  ex  oiïi- 
cina  Pétri  Phalcsii,  1622,  in-4°.  11  y 
a  vingt-deux  motels  dans  ce  recueil, 
11°  Cantiones  sacrée  oclo  vocum  cum 
basso  continuo,  lib.  2,  Ibid.,  1623.  Il  y 
a  lieu  de  croire  que  les  ouvrages  indiques 
sous  les  numéros  8,  9,  10,  11  sont  des 
réimpressions,  car,  ainsi  qu'on  l'a  vu  pré- 
cédemment, Croce  était  mort  en  1609. 
Bodcnchatz  a  inséré  des  motets  à  buit  voix 
de  ce  musicien  dans  ses  Flordegii  Por- 
lensis.  On  trouve  aussi  des  madrigaux  de 
Croce  dans  le  recueil  qui  a  pour  titre  : 
Ghirlanela  di  madrigali  a  sei  voci  di  di- 
verse eccellentissimi  autori  de'  nostri 
tempi,  in  Anversa,  appresso  P.  Pbalesio, 
1601  ,  in-4°.  Sous  le  litre  de  Musicei  sa- 
cra, Penilenlials Jbrô  voices,  on  a  publié 
à  Londres,  en  1608  ,  in-4°,  une  collection 
de  musique  d'église  puisée  dans  les  œuvres 
de  Croce,  avec  des  paroles  anglaises. 

CROENER  (FRANÇOIS   FERDINAND  DE), 

l'aîné  de  quatre  frères  du  même  nom,  tous 
habiles  musiciens,  naquit  en  1718,  à 
Augsbourg,  où  son  père,  Thomas  Crœner, 
était  musicien  de  la  cour.  Après  avoir  fait 
de  brillantes  études  chez  les  jésuites 
d'Augsbourg ,  il  se  livra  à  son  penchant 
pour  la  musique,  et  devint  au  bout  de 
quelques  années  d'une  grande  habileté  sur 
le  violon  et  la  flûte.  En  1737  il  fut  admis 
ainsi  que  son  père  à  l'orchestre  de  la  cour 
de  Charles  Albert,  électeur  de  Bavière, 


depuis  lors  empereur  d'Allemagne  sous  le 
nom  de  Charles  VII.  Ce  prince  l'envoya 
en  Italie  pour  y  perfectionner  son  talent. 
A  son  retour  à  Munich,  la  guerre  s'étant 
déclarée,  Crœner  voyagea  avec  ses  frères 
en  Hollande,  en  Angleterre,  en  France, 
en  Suède,  en  Danemarck,  en  Prusse,  en 
Russie,  etc.,  et  partout  ils  recueillirent 
des  applaudissemens.  Après  la  mort  de 
Charles  VII,  Crœner  revint  à  Munich  et 
fut  nommé  directeur  des  concerts  et  de  la 
musique  de  la  cour.  En  1749  il  fut  ano- 
bli avec  ses  trois  frères  et  prit  le  titre  de 
Reichseeller  de  Crœner.  Il  mourut  à  Mu- 
nich le  12  juin  1781. 

CROENER     (  FRANÇOIS-CHARLES    DE), 

frère  du  précédent,  naquit  à  Augsbourg 
en  1722.  Il  fut  d'abord  valet  de  chambre 
d'un  prince  de  l'empire  à  Miïnchorsth.  Il 
jouait  fort  bien  du  violon,  de  la  flûte  et  de 
la  viola  da  gamba,  instrument  favori  de 
l'électeur  de  Bavière,  Maximilien  III,  qui 
l'appela  à  son  service  en  1743.  Sa  charge 
l'obligeait  à  composer  chaque  année  six 
concertos  de  viola  da  gamba  pour  son 
prince.  En  1756  il  composa  l'oratorio  de 
Joseph,  qui  fut  exécuté  à  la  cour  avec 
beaucoup  de  succès.  On  a  gravé  en  1760, 
à  Amsterdam  ,  six  trios  pour  le  violon,  de 
sa  composition.  On  connaît  aussi  de  lui 
des  concertos,  symphonies,  quatuors,  etc., 
qui  sont  restes  en  manuscrit.  Il  est  mort 
à  Munich,  le  5  décembre  1787. 

CROENER  (  ANTOINE-ALBERT  DE),  né 
à  Augsbourg,  en  1726,  jouait  fort  bien 
du  violoncelle.  En  1744  il  fut  nommé 
musicien  de  la  cour  de  Bavière.  Il  mourut 
aux  bains  de  Traunstein,  en   1769. 

CROENER  (jean-nepomucène  DE), 
troisième  frère  de  François- Ferdinand , 
naquit  en  1737,  à  Munich,  où  il  prit  des 
leçons  de  violon  de  son  frère.  Il  devint  sur 
cet  instrument  d'une  habileté  remarqua- 
ble. Il  mourut  à  Munich  ,  le  24  juin  1784. 

CROES  (henri-jacqoes  DE),  né  à 
Bruxelles  ,  directeur  de  la  musique'  au, 
prince  de  la  Tour  et  Taxis,  à  Ratisbonne, 
vers  1760,  fut  antérieurement  maître  dg 


CRO 

chapelle  dn  prince  de  Lorraine.  Il  mourut 
vers  1799.  On  a  gravé  les  ouvrages  suivans 
desa composition  :  1°  Trois  divertissemens 
et  trois  sonates  pour  les  violons  et flti les, 
avec  la  basse  continue,  œuv.  1er,  Paris, 
in-fol.  ;2°  Idem  ,  œuv.  2e,  Paris  ;  3°  Six 
diverlissemens  en  trios  pour  deux  violons 
et  basse ,  œuv.  3",  Paris,  in-fol.  ;  4°  Six 
symphonies  pour  deux  violons,  alto, 
basse  et  deux  hautbois ;œuv .  4e, Bruxelles. 

CROES  (henri  DE),  fils  du  précédent, 
naquit  à  Bruxelles  ,  en  1758.  11  étudia  la 
musique  sous  la  direction  de  son  père,  avec 
qui  il  se  rendit  à  la  cour  du  prince  de  la 
Tour  et  Taxis.  En  1799  il  lui  succéda 
dans  la  place  de  directeur  de  la  musique 
de  ce  prince.  Il  vivait  en  1811  à  Ratis- 
bonnc.  Ses  compositions  consistent  en 
messes,  cantates,  symphonies,  concertos, 
morceaux  d'harmonie,  etc.  On  en  a  gravé 
plusieurs  morceaux  en  Allemagne. 

CROFT(  William),  docteur  en  musique, 
né  à  Nelher-Eatington,  en  1677,  dans  le 
comté  de  Warwick.  Ayant,  été  admis  à 
la  chapelle  royale  ,  il  y  fit  ses  études  mu- 
sicales sous  le  docteur  Blow.  Après  qu'elles 
furent  achevées ,  il  obtint  la  place  d'orga- 
niste à  l'église  paroissiale  de  Sainte-Anne, 
à  Westminster.  En  1700,  il  entra  à  la 
chapelle  royale  en  qualité  de  chanteur. 
Quatre  ans  après  on  le  nomma  organiste 
adjoint  de  cette  chapelle,  et  à  la  mort  de 
Jérémie  Clark, en  1708,  il  devint  titulaire 
de  cette  place.  L'année  suivante  il  succéda 
à  Blow  comme  maître  des  enfans  de  chœur, 
comme  compositeur  de  la  chapelle  royale 
et  comme  organiste  de  Westminster.  Les 
degrés  de  docteur  en  musique  lui  furent 
conférés  par  l'université  d'Oxford, en  1715. 
Il  est  mort  à  Londres,  au  mois  d'août 
1727.  Les  principales  compositions  de 
Croft  sont  pour  l'église;  il  a  cependant 
publié  trois  recueils  de  pièces  instrumen- 
tales qui  consistent  en  Six  suites  d'airs 
pour  deux  violons  et  basse,  Londres, 
in  fol.;  Six  sonates  pour  deux  Jldles , 
ibid.;  et  six  solos  pourflûte  et  basse.  L'ou- 
vrage qui  a  le  plus  contribué  à  sa  réputa- 


CRO 


221 


tion  est  intitulé  :  Musica  sacra,  or  sélect 
Anthems  in  score  for  2-8  voices ,  to 
which  is  added  the  burial  service,  as  it 
is  occasionally  performed  in  Weslmins- 
ier-Abbey  (Musique  sacrée,  ou  antiennes 
choisies  en  partition),  Londres,  1724, 
deux  vol.  in-fol.  C'est  le  premier  essai  de 
musique  gravée  en  partition  en  Angle- 
terre. La  plupart  de  ces  antiennes  ont  été 
composées  en  actions  de  grâces  pour  les 
victoires  remportées  sous  le  règne  de  la 
reine  Anne.  Page  en  a  inséré  plusieurs 
dans  son  Harmonia  sacra,  et  la  collec- 
tion de  musique  sacrée  de  Stevens  en  con- 
tient aussi  quelques-unes.  Le  catalogue 
de  Preston  indique  aussi  :  FL  sélect  An- 
thems in  score ,  by  Dr.  Green,  Dr.  Croft 
and  Henr.  Purcell,  Londres,  in-fol.  Le 
concours  de  Croft  pour  le  doctorat  a  été 
publié  sous  ce  titre  :  Musicus  apparatus 
academicus ,  Londres,  1715.  Le  Diction- 
naire historique  des  musiciens(Paris,l  810) 
cite ,  d'après  Gerber  ,  une  collection  pu- 
bliée par  Croft,  sous  ce  titre  :  Divine  har- 
mony ,  or  a  new  collection  of  selecl 
anthems  nsed  at  lier  Majesty's  cha- 
pels  royal,  Wesminster  Abbey ,  St.~ 
Paul's,  etc.,  Londres,  1711  ;  mais  ce  re- 
cueil ne  contient  que  les  paroles  et  non  la 
musique  de  ces  antiennes. 

CROIX  (a.  phérotee  DE  LA),  littéra- 
teur, né  à  Lyon,  vers  îc  milieu  du  1 7e  siè- 
cle ,  a  publié  dans  celte  ville  un  livre  in- 
titulé :  L'Art  de  la  poésie  française  et 
latine,  avec  une  idée  de  la  musique  sous 
une  nouvelle  méthode,  1694,  in  8°. 

CROIX  (albert  DE),  littérateur  peu 
connu,  a  publié  un  livre  qui  a  pour  litre: 
L'Ami  des  arts,  Paris,  1776,  in-12. 
On  y  trouve  la  biographie  de  Rameau, 
pages  95-124. 

CROIX  (antoine  LA).  V.  LACROIX. 

CHOMER  (martin),  historien  polonais, 
naquit  en  1512,  à  Biecz,  ville  de  la  petite 
Pologne.  Après  avoir  fait  ses  études  dans 
sa  ville  natale,  à  Cracovic  et  à  Bologne, 
il  fut  nommé  secrétaire  de  la  chancellerie 
de  la  couronne  sous  Sigismond  Ier.  En 


222 


CRO 


1579  il  fat  promu  à  l'évêché  de  Warmi. 
Il  est  mort  le  15  mars  1589.  Parmi  ses 
écrits    Joecher    (  Gel.   Lex.  )    et   Freher 
(Thealr.  vir.  eriidit.  clar.)  citent  une 
dissertation  De  Conccntibus  musicis,  qui 
ne  paraît  pas  avoir  été  imprimée,  et  un 
petit  traité  intitulé  :  Musica  figurativa f 
que  Sébastien  Felstius    a  inséré  dans  ses 
Opusc.  31/isices,  Cracovie,  1534,  in-i°. 
CRON  (joachim-antoine),  naquit  de  pa- 
rens  pauvres  ,  à  Podcrsum  ,  près  de  Saalz  , 
le  29  septembre  1751.  Il  fit  ses  études  à 
l'université  de  Prague,  et  entra  ensuite  au 
monastère  de  Tordre  de  Cîtcaiix,  à  Osteyk. 
Ayant  été  nommé  professeur  au  collège  de 
Leitmeritz  en  1782,  il  passa  en  1788  au 
Gymnase  de  Cornmotlian  en  la  même  qua- 
lité, et  enfin  devint  professeur  de  théolo- 
gie à  Prague,  où  il  est  mort  subitement 
le   20  janvier   1826.    Cron  est  considéré 
comme  un  des  plus  habiles  qu'il  y  ait  eu 
en  Bohême,  sur  l'orgue,  et  comme  le  vir- 
tuosele  plus  remarquable  sur  l'harmonica. 
Ses  maîtres  dans  l'art  de  jouer  de  ces  in- 
struirons et   dans   la    composition  furent 
Brixi    et  Scgert.    Nul   ne  posséda   mieux 
que  lui  l'art  de  varier  les  effets  de  l'orgue 
par  le  mélange  des  jeux.  11  avait  acquis 
aussi  beaucoup  d'habileté  dans  le  jeu  de 
la  pédale  obligée,  quoique  le  clavier  de 
pédale  des  orgues   de   la    Bohême ,  étant 
fort  borné  ,  fût  un  obstacle  à  l'exécution 
des  choses  de  ce  genre.  Sa  riche  imagina- 
tion  lui    fournissait    incessamment   une 
multitude  de  traits  neufs  et  hardis  lors- 
qu'il  improvisait;    ses    sujets   de   fugues 
étaient  toujours   piquans  et  bien  choisis  ; 
eniin,  tout  avait  le  caractère  de  l'inven- 
tion dans  le  jeu  de  cet  artiste  remarqua- 
ble.  L'habitude   qu'il  avait  d'improviser 
toujours  est   cause  qu'il  n'a  rien  fait  im- 
primer de  ses  compositions  pour  l'orgue. 

CROPAT1US  (george),  musicien  qui 
vivait  vers  le  milieu  du  16"  siècle,  a  pu- 
blié :  Misse  a  cinque  voci,  Venise,  1548. 
CROSDILL  (  jean  ),  violoncelliste  dis- 
tingué, naquit  à  Londres,  en  1755.  On 
ignore  quel  fut  son  premier  maître  en  An- 


CRO 

gleterre,  mais  on  sait  qu'il  vint  en  France 
vers  1775  ,  et  qu'il  reçut  des  leçons  de 
Janson  l'aîné.  11  demeura  quelques  années 
à  Paris,  et  fit  partie  de  l'orchestre  du  Con- 
cert des  amateurs,  sous  la  direction  du 
chevalier  de  Saint-Georges.  Vers  1780, 
il  retourna  à  Londres,  et  vécut  des  leçons 
qu'il  donnait  à  quelques  gentlemen,  se 
refusant  toujours  à  accepter  une  place 
dans  les  orchestres  de  théâtre,  et  même 
dans  la  musique  du  roi.  On  dit  que  sa 
jalousie  contre  le  violoncelliste  Marat , 
qui  était  fort  aimé  du  public,  était  cause 
de  son  obstination  à  cet  égard.  En  1794, 
Crosdill  épousa  une  dame  fort  riche,  et  ne 
cultiva  plus  la  musique  qu'en  amateur. 
Depuis  lors,  il  ne  s'est  plus  fait  entendre 
en  public.  On  ignore  s'il  vit  encore. 

CROSE  (jean),  amateur  de  musique 
distingué,  né  à  Hull,  dans  le  duché 
d'York,  et  domicilié  dans  cette  ville,  a 
publié  une  histoire  delà  grande  fête  mu- 
sicale donnée  à  York  en  1823  ,  sous  ce  ti- 
tre :  An  ciccount  of  ihe  grand  musical 
Festival  held  in  seplember  1 823  ,  in  the 
calhedral  Church  of  York,  for  the  bene- 
fit  ofthe  York  Counly  hospilal,andthe 
gênerai  infirmaries  at  Leeds,  Hull ,  and 
Sheffield,  lo  which  is  prefixed  a  Sketch 
ofthe  rise  and  progress  of  musical  Fes- 
tivals in  Great-Britain  ;  wilh  biographi- 
cal  and  historical  notes,  York  ,  John 
Wolstenholm,  1825,  un  vol.  gr.  in-4°. 
Cet  ouvrage  ,  exécuté  avec  beaucoup  de 
luxe,  contient  des  notices  intéressantes  sur 
plusieurs  points  de  l'histoire  de  la  musique 
et  sur  quelques  artistes  célèbres. 

CROTCH  (Guillaume),  né  à  Norwich, 
le  5  juillet  1775,  montra  dès  son  enfance 
de  prandes  dispositions  pour  la  musique. 
Son  père,  qui  était  charpentier,  était  fort 
ingénieux  :  il  fit  un  petit  orgue  dont  il 
jouait  quelquefois;  l'enfant  n'était  alors 
âgé  que  de  deux  ans;  néanmoins  il  mon- 
trait beaucoup  de  joie  quand  il  entendait 
cet  instrument.  Daines  Barrington  rap- 
porte qu'il  entendit  le  10  décembre  1778, 
le  petit  Crotch ,  alors  âgé  de  trois  ans  et 


CRO 

demi ,  jouer  sur  le  piano  God  save  the 
king  et  le  menuet  de  la  cour,  avec  beau- 
coup d'exactitude  ,  quoique  ses  petites 
mains  ne  pussent  sans  effort  embrasser 
un  intervalle  de  sixte.  Son  père  avait 
loué  une  salle  clans  Piccadilly  ;  on  y 
avait  placé  un  petit  orgue  j  l'enfant  se  fai- 
sait «ntendre  chaque  jour  depuis  une  heure 
jusqu'à  trois,  et  les  curieux  accouraient 
en  foule  à  cette  exhibition.  Tout  annonçait 
dans  cet  enfant  une  organisation  musicale 
très  heureuse,  et  ses  progrès  prodigieux 
semblaient  présager  un  grand  homme. 
Toute  l'Angleterre  s'occupa  de  ce  phéno- 
mène, et  Burney  prit  même  la  peine  d'é- 
crire sur  ce  sujet  une  notice  détaillée  qu'il 
lut  à  la  société  royale  de  Londres  ,  et  qui 
parut  dans  les  Transactions  philosophi- 
ques,tom.  69,  p.  1  (1779),  sotis  ce  titre: 
Paper  on  Crotch,  the  infant  musician  1. 
Mais,  ainsi  qu'il  arrive  souvent,  toutes 
les  espérances  que  tant  de  précocité  fai- 
sait naître  furent  déçues,  et  d'un  en- 
fant merveilleux  il  ne  vint  qu'un  homme 
médiocre.  Son  maître  de  musique  à  Cam- 
bridge s'appelait  Knyrelte.  Des  biographes 
anglais  ont  écrit  que  le  génie  de  Crotch 
fut  étouffé  sous  la  sévérité  de  ses  études 
musicales;  mais  rien  n'étouffe  le  génie, 
car  c'est  une  faculté  productive  qui  ne 
s'arrête  que  lorsque  le  ressort  en  est  usé  : 
cr  un  ressort  ne  s'use  pas  avant  d'agir;  d'ail- 
leurs l'étude  assidue  que  Crotch  a  faite  des 
théoriciens  semblerait  indiquer  que  la  na- 
ture l'avait  destiné  à  perfectionner  des  mé- 
thodes :  mais  dans  celte  branche  de  l'art 
musical,  comme  dans  toute  autre,  il  n'a 
été  que  le  copiste  de  ses  devanciers.  A 
l'âge  de  vingt-deux  ans  il  fut  nommé  pro- 
fesseur de  musique  à  l'université  d'Ox- 
ford, et  le  grade  de  docteur  lui  fut  conféré 
peu  de  temps  après.  Il  est  maintenant 
professeur  à  l'académie  royale  de  musique 
de  Londres.  Son  meilleur  ouvrage  est  l'o- 
ratorio de  la  Palestine.  11  a  publié  des 


*  On  peut  voir  dam  Gerlier  quelques  anecdotes  sur 
l'enfance  du  docteur  Crotch, 


CRO 


223 


motets,  des  glees ,  une  ode  à  cinq  voix, 
des  chansons  ,  trois  volumes  de  Spécimens 
of  the  various  kinds  of  music  of  ail 
nations  (  Modèles  des  differens  genres  de 
musique  de  toutes  les  nations),  et  beau- 
coup de  musique  de  piano,  etc.  Le  docteur 
Crotch  a  fait  à  Londres,  pendant  plusieurs 
années,  des  lectures  publiques,  sur  la  mu- 
sique, dont  le  résumé  a  été  publié  sous  ce 
titre  :  Substance  of  several  courses  of 
lectures  on  Music ,  read  in  the  univer- 
sily  of  Oxford,  and  in  the  melropolis , 
London,  1851,  gr.  in-8°  décent  soixante- 
dix  pages.  Tout  ce  que  renferme  ce  vo- 
lume est  commun  et  dépourvu  d'idées  et 
d'aperçus  de  quelque  valeur.  Parmi  les 
productions  du  docteur  Crotch  ,  les  moins 
faibles  sont  :  1°  Palestine ,  a  sacred  ora- 
torio adaptée!  for  the  piano  forte ,  Lon- 
dres ,  in-4°  ;  2°  Trois  concertos  pour  l'or- 
gue, Londres,  Chapell  et  compagnie, 
in-4°;  3°  Une  sonate  pour  le  piano,  en  mi 
bémol;  4°  Dix  antiennes  à  quatre  voix, 
en  partition,  Ibid.  ;  5"  Une  fugue  pour 
l'orgue,  sur  un  sujet  de  Mu  (l'a  t.  Crotch  a 
arrangé  pourle  piano  une  grande  partie  des 
oratorios  etopéras  de  lïandel,  des  sympho- 
nies, ouvertures  et  quatuors  de  Haydn,  de 
Mozart  et  de  Beethoven  ,  des  concertos  de 
Corelli ,  de  Geminiani ,  etc.  ,  et  beaucoup 
d'autres  morceaux  de  musique.  Comme 
écrivain  didactique  il  a  publié  :  1°  Prac- 
tical  thorough  bass  (Harmonie  pratique), 
Londres,  in-4°  (Pour  l'instruction  des 
élèves  de  l'Institution  harmonique); 
2°  Questions  in  Harmony ,  wilh  their 
answers  ,for  the  examinations  ofyoung 
pupils  (Questions  sur  l'harmonie  avec  les 
réponses,  pourlYxamen  des  jeunes  élèves), 
Londres,  in-8°;  3°  Eléments  of  musical 
composition  andlhourough  bass{ïL\émer\s 
de  composition  musicale  et  d'harmonie), 
Londres,  1812,  in-4°  ;  4°  Préludes  for 
the  piano  forte ,  wilh  instructions  (  Pré- 
ludcs  pour  le  piano  avec  les  instructions), 
Londres ,  in-4°. 

CIIOTUSELIUS  (arnold),  musicien  al- 
lemand qui  vivait  à  la  lin  du  16°  siècle, 


224 


CRU 


CRU 


a  publié  :  Missa  quinque  vocum,  Iîelms- 
tadt  ,  1590. 

CROUCH  (Mme),  célèbre  actrice  et  can- 
tatrici;  du  théâtre  de  Drury-Lane  ,  naquit 
en  1763,  et  parut  pour  la  première  fjis 
sur  la  scène  en  1780.  La  beauté  de  sa 
voix,  jointe  à  beaucoup  d'expression  et  à 
des  charmes  extérieurs,  la  rendirent  long- 
temps la  favorite  du  public.  Elle  est  morte 
à  Brighton  ,  en  1805. 

CROUSAZ  ( jean-pierre  I)E),  né  à 
Lausanne,  le  15  avril  1663,  fut  d'abord 
professeur  de  mathématiques  et  de  philo- 
sophie dans  sa  patrie;  mais  en  1624,  il 
fut  appelé  à  Groningue  pour  y  enseigner 
les  mathématiques  ,  et  fut  nommé  gouver- 
neur du  jeune  prince  Frédéric  de  Hesse- 
Cassel.  Il  mourut  à  Lausanne  le  22  mars 
1750.  On  a  de  cet  auteur  :  Traité  du 
Beau ,  ou  l'on  montre  en  quoi  consiste 
ce  que  l'on  nomme  ainsi,  par  des  exem- 
ples tirés  de  la  plupart  des  arts  et  des 
sciences,  Amsterdam,  1715,  in-8°  ,  et 
1724,  deux  vol.  in-12.  Dans  la  8e  section, 
Crousaz  traite  de  la  beauté  de  la  musique, 
p.  171-302.  Le  docteur  Forkel  a  donné 
une  traduction  allemande  de  ce  morceau 
dans  sa  Bibliothèque  critique  de  musique, 
tom.  l,pag.  1-52,  et  tom.  2,  pag.  1-125. 
Crousaz  n'était  point  organisé  pour  sentir 
le  beau  et  pour  en  parler. 

CRUCIATI  (mauhice),  maître  de  cha- 
pelle à  l'église  de  Saint- Pélronne,  à  Bo- 
logne, vivait  dans  cette  ville  vers  1660. 
11  est  auteur  d'un  oratorio  de  Sisara  ,  qui 
fut  exécuté  dans  la  grande  chapelle  del 
Palazzo  Publico ,  à  Bologne  ,  en  1667. 

CRUGER  ou  KRUGER  (pancrace), 
docteur  en  philosophie,  naquit  en  1546, 
à  Finsterwald  dans  la  basse  Lusace.  Mat- 
theson  croit  qu'il  était  le  père  ou  le  parent 
de  Jean  Cruger,  dont  il  sera  parlé  dans 
l'article  suivant  (  Voy.  Grundlage  einer 
Ehrenpforle ,  p.  47).  Après  avoir  étudié 
la  littérature  grecque  et  la  philosophie, 
Pancrace  Cruger ,  qui  possédait  aussi  des 
connaissances  étendues  dans  la  musique, 
fut  nommé  chantre  à  l'école  Saint-Martin 


de  Brunswick,  puis  professeur  de  langue 
latine  et  de  poésie  à  Helmstadt,  et  enfin 
recteur  à  Lubeck ,  en  1580.  Son  profond 
savoir  dans  les  littératures  grecque  et  la- 
tine, lui  attirèrent  la  haine  des  ministres 
protestans  qui  prêchèrent  contre  lui,  et 
le  firent  dépouiller  du  doctorat.  Il  paraît, 
d'après  ce  que  rapporte  Matlhcson,  que  le 
prétexte  de  cette  destitution  fut  la  substi- 
tution que  Cruger  avait  faite  des  lettres 
a,  b ,  c ,  d,  etc.,  aux  noms  des  notes  ut, 
re ,  mi,  fa,  etc.,  pour  la  solmisation. 
Cependant  cette  substitution  a  fini  par  pré- 
valoir dans  toute  l'Allemagne.  Après  sa 
disgrâce  de  Lubeck,  Cruger  fut  appelé 
comme  professeur  à  Francfort  sur  l'Oder, 
puis  fut  recteur  à  Guldherg,  et  enfin  re- 
tourna à  Francfort,  où  il  mourut  en  1614, 
à  l'âge  de  soixante-dix-huit  ans. 

CRUGER  (jean),  directeur  de  musique 
à  l'église  de  Saint-Nicolas  de  Berlin,  né  à' 
Gruben,  dans  la  hasse  Lusace,  fit  ses  études 
successivement  dans  le  lieu  de  sa  nais- 
sance, à  Sorau,  à  Breslau  ,  au  collège  des 
Jésuites,  à  Olmulz,  et  à  Vittembcrg.  Il 
mourut  à  Berlin  en  1662.  Il  s'est  fait  con- 
naître commeécrivain  didactique  et  comme 
compositeur  pour  l'église.  Ses  ouvrages 
théoriques  sont  :  1°  Prœcepla  musicœ 
praclicœ  figuralis ,  Berlin,  1625,  in-8°. 
Unenouvelleédition  de  ce  livre,  fort  aug- 
mentée et  enrichie  d'une  traduction  alle- 
mande, a  été  publiée  sous  ce  titre  :  Beich- 
ter  Wcg  Zur  Singkunst  (Le  droit  chemin 
de  l'art  du  chant),  Berlin,  1660,  in-4°; 
2°  Synopsis  Musica,  continens  rationum 
constituendi  et  componendi  melos  har- 
monicum,  conscripta ,  variisque  exem- 
plis  illustrata,  Berlin,  1630,  in-4°.  C'est 
un  livre  écrit  avec  beaucoup  de  méthode, 
et  dans  lequel  les  exemples  de  musique 
sont  excellens.  Walthcr,  et  après  lui 
Forkel  ,  ont  cru  qu'il  y  en  a, une  édition 
antérieure  sous  la  date  de  1624;  mais  je 
crois  que  celle  que  je  viens  de  citer  est  la 
première;  la  seconde,  publiée  à  Berlin, 
en  1634,  in-12,  est  intitulée  :  Synopsis 
Musica  f  continens  1°  Melhodum  con- 


CRU 

centum  harmoniçum  pure  et.  artlficlose 
conslituendi  ;  2°  Instructionem  brevem, 
quamcumque  melodiam  ornati  modu- 
landi,  quibus  5°  pauca  quœdam  de  basso 
gênerait,  in  gratiam  musicorum  instru- 
menlalium  juniorum  prœsertim  organis- 
tarum  etincipientum  idiomate  germanico 
annexa  sunt.  C'est  le  premiertraité  décom- 
position ,  publié  en  Allemagne,  où  il  a  été 
traité  méthodiquement  del  a  liasse  continue. 
G.  Vincenz,  organiste  à  Spire,  n'avait  fait 
qu'indiquer  cette  nouveauté  dans  sa  pré- 
face du  recueil  publié  par  Abraham  Schad, 
sous  le  titre  de  Promptuarium  Musicœ 7 
Strasbourg,  1611,  in-4° ;  3°  Questiones 
Musicœ  praclicœ,  Berlin,  1650,  in-4°. 
C'est  un  petit  traité  de  musique,  à  l'usage 
des  écoles  publiques.  Les  ouvrages  prati- 
ques de  Cruger  sont  :  1°  Un  livre  de  can- 
tiques avec  la  musique,  sous  le  titre  de 
Praxis  pielalis  melica ,  Berlin  ,  1703; 
2°  Meditationum  musicarum  paradisum 
primum,  oderErstes  musikalischer  Lust- 
Gaerilein ,  à  trois  et  quatre  voix  ;  Berlin  , 
1622;  3°  Meditationum  musicarum  pa- 
radisum secundum,  contenant  des  Ma- 
gy?//?c«£dansleshuittonsde  l'église,  à  deux 
et  huit  voix,  Berlin,  1626;  4-°  Recrea- 
tiones  musicœ,  Leipsick,  1651,  in-4°; 
5°  Uebung  der  Gotlesligkeit  im  Singen 
(Exercices  de  dévotion  dans  le  chant)  , 
Francfort,  1680.  On  connaît  aussi  des 
motets  et  des  concerts  de  la  composition 
de  Cruger. 

CBUSELL  (bernard),  clarinettiste  dis- 
tingué, est  né  dans  la  Finlande,  vers  1778, 
et  a  fait  ses  études  musicales  à  Berlin,  sous 
la  direction  deTausch.  11  se  trouvait  encore 
dans  cette  ville  en  1 797,  mais  l'année  sui- 
vante il  était  à  Hambourg.  11  est  mainte- 
nant iîxé  à  Stockholm  ,  comme  artiste  de 
la  chapelle  du  roi  de  Suède.  Il  a  publié  de 
sa  composition  :  1°  Concerto  pour  la  cla- 
rinette (en  si),  œuvre  1  ,  Leipsick,  Peters  ; 
2°  Idem,  œuvre  5  ,  Ibid.  ;  5°  Symphonie 
concertante  pour  clarinette,  cor  et  basson, 
œuvre  3e  ,  Ibid.  ;  4°  Quatuors  pour  clari- 
nette, violon ,  alto  et  basse ,  œuvres  2,  4 , 
TOME  in. 


CRU 


225 


7  et  8 ,  Ibid.  ;  5°  Duos  pour  deux  clari- 
nettes ,  op.  6 ,  Ibid.  ;  6"  Divertissement 
pour  le  hautbois  avec  quatuor,  op.  9, 
Ibid.  ;  7°  Douze  chansons  allemandes  , 
avec  accompagnement  de  piano  ,  op.  10, 
Ibid. 

CRUSÎUS  ( martin),  né  le  19  septem- 
bre 1526,  dans  la  principauté  de  Bambcrg, 
fut  nommé  en  1559  professeur  de  langue 
grecque  à  Tubingue  ,  où  il  mourut  le  25 
février  1607.  On  a  de  lui  :  Turco-grœcia, 
Bàle,  1584,  in-fol.;  excellent  recueil  con- 
cernant l'état  civil  et  religieux  de  la  Grèce, 
dans  les  14e  ,  15e  et  16e  siècles.  Ce  qui  a 
rapport  aux  chants  et  aux  signes  musicaux 
de  l'église  grecque  ,  est  contenu  au  liv.  2  , 
pag.  197. 

CBUSIUS  (jean),  né  à  Halle,  vers  le 
milieu  du  16e  siècle ,  fut  maître  d'école 
dans  sa  ville  natale.  On  connaît  de  lui  les 
ouvrages  intitulés  :  1"  Isagoge  adartem 
musicam ,  Nuremberg,  en  1592,  in-8°. 
Il  y  a  une  seconde  édition  de  ce  livre 
datée  de  1630;  2''  Compendium  Musices, 
oder  Kurzer  Unterricht  fur  die  Jungen 
Scinder,  wie  zie  sollen  Singen  lernen , 
Nuremberg  ,  1595  ,  in-8°.  Le  second  ou- 
vrage n'est  qu'une  traduction  allemande 
du  premier  ,  faite  pour  l'usage  des  écoles. 

CRUX  (marianne),  fille  d'un  maître  de 
ballet  de  la  cour  de  Bavière,  naquit  à  Man- 
heim  en  1772.  Elle  reçut  des  leçons  de 
chant  de  la  célèbre  cantatrice  Dorothée 
Wendling,  et  apprit  le  piano  sous  la  di- 
rection de  Strizl.  Frédéric  Eck ,  violiniste 
à  la  cour  de  Munich,  lui  donna  aussi  des 
leçons  de  violon.  Après  quelques  années 
d'études,  elle  se  fît  remarquer  par  ses  ta- 
lens  dans  ces  trois  genres.  En  1787  elle 
se  rendit  à  Vienne  où  elle  joua  du  violon  , 
du  piano,  et  chanta  devant  l'empereur 
Joseph  II  ,  qui  lui  témoigna  sa  satisfac- 
tion. Trois  ans  après  elle  partit  avec  son 
père  pour  Berlin  ,  où  elle  excita  l'enthou- 
siasme général.  De  là  elle  alla  à  Mayence  , 
à  Francfort ,  etc. ,  et  enfin  à  Manheim. 
Pendant  son  séjour  dans  cette  ville,  son 
père  obtint  pour  elle  une  place  de  canta- 
15 


226 


CRU 


CTÉ 


trice  à  la  cour  de  Manich  ,  où  il  l'appela  ; 
mais  elle  refusa  cette  position  et  aima 
mieux  continuer  ses  voyages.  Elle  se  ren- 
dit à  Londres,  puis  à  Stockholm  ,  où  elle 
se  maria  avec  un  officier  du  génie  suédois, 
nommé  Gclbcrt.  Elle  était  à  Hambourg 
en  1807  ;  mais  depuis  ce  temps  on  ne  sait 
ce  qu'elle  est  devenue  :  son  père  même 
l'ignorait  en  1811.  On  vante  surtout  la 
manière  dont  Mademoiselle  Crux  jouait 
l'adagio,  et  l'expression  de  son  chant.  Ou- 
tre ses  talens  en  musique,  elle  était  fort 
instruite ,  parlait  et  écrivait  bien  le  fran- 
çais, l'anglais  et  l'italien,  dessinait  avec 
goût,  et  était  fort  adroite  à  tous  les  ou- 
vrages de  femme. 

CRUZ  (agostinho  DA),  chanoine  régu- 
lier de  la  congrégation  de  Santa-Crux  ,  à 
Coimbre  ,  naquit  à  Braga ,  en  Portugal , 
vers  1595  ,  et  prit  l'habit -de  son  ordre  le 
12  septembre  1609.  11  était  également 
habile  comme  compositeur,  comme  orga- 
niste et  comme  exécutant  sur  le  violon.  Il 
a  fait  imprimer  une  méthode  pour  appren- 
dre à  jouer  du  violon,  sous  ce  titre  :  Lira 
de  Arco,  ou  Arte  de  tanger  Rebeca, 
Lisbonne,  1659,  in-fol.  Il  a  laissé  aussi 
en  manuscrit  deux  ouvrages  curieux  inti- 
tulés :  1°  Prado  musical  para  Orgaô 
dedicado  à  Seren.  Magestade  del  Rey 
D.  Joaô  o  IF]  2°  Duas  artes ,  huma 
de  Canio  chaô  por  estylo  novo,  outra  de 
Orgaô  comfjguras  muito  curiosas  ;  celui- 
ci  a  été  écrit  en  1652. 

CRUZ  (philippe  DA),  clerc  régulier  au 
monastère  de  Palmella  ,  en  Portugal ,  na- 
quit à  Lisbonne.  11  fut  d'abord  maître  de 
musique  dans  cette  ville  ;  passa  ensuite  à 
Madrid  ,  où  il  devint  aumônier  de  Phi- 
lippe IV,  et  enfin  fut  rappelé  par  le  roi  de 
Portugal,  Jean  IV,  qui  le  fit  son  maître 
de  chapelle.  On  trouve  dans  la  Biblio- 
thèque royale  ,  à  Lisbonne ,  les  ouvrages 
suivans  de  sa  composition  en  manuscrit  : 
1°  Une  messe  à  dix  voix  sur  la  chanson 
portugaise  :  Quel  razon  podeis  vos  lencr 
para  no  me  querer;  2°  Une  autre  messe 
sur  la  chanson  :  Solo  régnas  tu  en  mi; 


3°Psalmos  de  vesperas,  e  completos  a  4 
Coros  ;  4°  Motete  de  Defuntos ,  Dimitte 
me ,  a  1 2  ;  5°  Motete  :  Fivo  ego  7  a  5  ; 
6°  Vdhancicos ,  a  diversas  vozes. 

CRUZ  (gaspard  DA),  chanoine  régu- 
lier de  l'ordre  de  Saint-Augustin,  à  Coim- 
bre, est  auteur  d'un  traité  de  plain-chant 
intitulé  :  Arte  de  canto  chaô  recopilada 
de  varies  authores ,  et  d'un  traité  du 
chant  m  juré  sous  le  titre  de  Arte  de 
canto  Orgaô.  Les  manuscrits  de  ces  ou- 
vrages étaient  en  la  possession  d'un  Espa- 
gnol nommé  Francisco  de  Valladolid , 
qui  vivait  à  Lisbonne  lorsque  Machado 
écrivait  sa  Bibliotheca  Lusitana. 

CRUZ  (jean-chrisostome  DA),  domi- 
nicain portugais  ,  né  à  Villa-Franca  de 
Xira,  en  1707,  a  fait  imprimer  un  traité 
élémentaire  de  musique,  sous  ce  titre  : 
Méthode  brève,  e  claro  em  que  sempre- 
lixidade,  ncm  confusaô  se  esprimem  es 
necessarios  principios  para  inlelligencia 
da  arte  da  musica.  Coin  hum  appendix 
dialogico ,  que  servira  de  Index  da  Obra, 
e  licaô  dos  principiantes }  Lisbonne, 
1745  ,  in-4°. 

CRYSAPHE  (manuel-lampadaritjs), 
poète  et  musicien  grec  moderne.  Parmi 
les  manuscrits  de  la  Bibliothèque  de  l'Es- 
curial,  il  en  est  un  de  cet  auteur  qui  est 
indiqué  parFabricius,  dans  sa  Bibliothèque 
grecque ,  sous  le  titre  :  De  arte  Psal- 
lendi. 

CTESIBIUS,  mécanicien  célèbre,  vécut 
en  Egypte  sous  le  règne  de  Ptolémée  Ever- 
gète  ,  environ  cent  vingt-quatre  ans  avant 
l'ère  chrétienne. Fils  d'unbarbicr,  il  exerça 
d'abord  lui-même  cetélat,  et  ne  sembla  pas 
destiné  à  se  distinguer  dans  les  sciences 
mathématiques  ]  ce  fut  cependant  un  des 
instrumens  de  son  état  qui  lui  fit  faire  une 
de  ses  découvertes  les  plus  importantes. 
Il  remarqua  que  le  contrepoids  d'un  mi- 
roir mobile  produisait  un  son  prolongé 
par  la  pression  de  l'air ,  en  glissant  dans 
le  tube  qui  le  contenait.  Cette  observa- 
tion lui  suggéra  ,  dit-on  ,  l'idée  de  l'orgue 
hydraulique,  qui  fut  perfectionnée  par  son 


CUG 


CUN 


227 


fils  Héron,  et  dont  Vitrnve  nous  a  laissé 
nne  description  obscure  que  n'a  point 
éclairée  le  travail  des  commentateurs. 
L'instrument  primitif  conçu  par  Ctésibius 
consistait  en  une  sorte  do  vase  en  forme 
de  trompe,  où  l'eau  agissant  par  une 
pompe  rendait  un  son  éclatant.  Cette  ma- 
chine parut  si  merveilleuse,  qu'on  la  con- 
sacra dans  le  temple  de  Vénur  Zyphy- 
ride  [V.  Héron  et  Vitruve). 

CUDMORE  (richard),  né  en  1787  à 
Chicliester,  dans  le  comté  de  Susses,  est 
également  remarquable  comme  violiniste, 
comme  violoncelliste  et  comme  pianiste. 
Son  premier  maître  fut  Jacques  Forgelt , 
organiste  de  Chicliester.  A  l'âge  de  neuf 
ans  Cudmore  joua  un  concerto  de  violon 
en  public  5  à  dix ,  il  reçut  des  leçons  de 
Reinagle,  et,  Tannée  suivante,  il  joua  dans 
un  concert  un  concerto  de  sa  composition. 
Vers  le  même  temps  il  fut  présenté  à  Sa- 
lomon  dont  il  reçut  des  leçons  pendant 
deux  ans.  11  retourna  ensuite  à  Chicliester 
où  il  demeura  pendant  neuf  ans.  Revenu 
à  Londres  au  bout  de  ce  temps ,  il  devint 
l'élève  de  Woelf  pour  le  piano ,  et  joua 
avec  succès  un  concerto  sur  cet  instru- 
ment au  concert  de  Salomon,  et  un  autre 
à  celui  de  Madame  Catalaui.  Dans  un  con- 
cert donné  par  lui  à  Liverpool,  il  s'est 
fait  applaudir  en  jouant  également  bien 
un  concerto  de  piano  de  Kalkbrenner  sur 
le  piano ,  un  de  Rode  sur  le  violon,  et  un 
de  Cervetto  sur  le  violoncelle.  Il  dirige 
maintenant  l'orchestre  des  Gentlemen  s 
concert,  à  Manchester. 

CUGNIER  (pierre)  ,  premier  basson  de 
l'Opéra  de  Paris,  naquit  à  Paris  en  1740, 
et  fit  ses  études  musicales  à  la  maîtrise  de 
la  cathédrale  de  cette  ville.  Lorsqu'il  eut 
atteint  l'Age  de  quatorze  ans  ,  il  reçut  des 
leçons  de  Cappel ,  alors  le  meilleur  basso- 
niste de  France.  En  1764  il  fut  admis 
comme  deuxième  basson  à  l'Opéra,  et  la 
place  de  premier  lui  fut  donnée  en  1778. 
On  a  de  cet  artiste  une  description  du 
basson ,  et  une  courte  méthode  pour  en 
jouer,  que  La  Rorde  a  insérées  dans  le  pre- 


mier volume  de  YEssai  sur  la  musique 
(p.  313-343). 

CULANT-CIRÉ  (  rené' -Alexandre  , 
MARQUIS  DE),  naquit  en  1718,  au  châ- 
teau d'Angerville ,  clans  l'Angoumois.  11 
parcourut  d'abord  la  carrière  militaire 
avec  distinction,  et  devint  mestre-de-camp 
de  dragons  ;  mais  ayant  conçu  un  système 
de  manœuvres  pour  la  cavalerie  ,  que  le 
ministère  ne  voulut  point  adopter ,  il 
quitta  le  service  en  1758  ,  et  se  livra  en- 
tièrement aux  lettres  et  aux  arts.  Il  avait 
fait  de  la  musique  une  étude  particulière, 
et  publia  sur  cet  art  les  opuscules  sui- 
vans  :  1°  Nouvelle  lettre  à  M.  Rousseau 
de  Genève,  sur  celle  qui  parut  de  lui  il 
y  a  quelques  mois  contre  la  musique 
française,  Paris,  1754,,  in-8°;  2°  Nou- 
veaux principes  de  musique,  Paris,  1785, 
in-8°;  5°  Nouvelle  règle  de  l'octave f 
Paris  ,  1786  ,  in-8°  ,  contre  laquelle 
M.  Gournay,  avocat  au  parlement,  écrivit 
une  brochure  intitulée  :  Lettre  à  M.  l'abbé 
Roussier,  Paris,  1786,  in-8°.  Le  marquis 
de  Culant  a  fait  exécuter  un  salve  Regina 
de  sa  composition ,  au  Concert  spirituel  5 
ce  morceau  n'a  point  eu  de  succès.  L'au- 
teur est  mort  en  1799. 

CUNO  (Christophe),  prédicateur  à  Leu- 
bingen  ,  vers  1695,  fit  ses  études  à  Halle, 
lieu  de  sa  naissance.  Il  est  mort  à  Gross- 
Neuliauss,  en  1726,  dans  la  58e  année  de 
son  âge.  On  a  sous  son  nom  un  opuscule 
intitulé  :  Die  Christliche  Harmonie  und 
bruderliche  Einigkeit,  Welche  Chrislen 
an  einen  Wohlgeslimmten  Orgelwerke 
zu  lemen  haben,  stelltefùr,  bej  Veber- 
gabe  und  Einwejhung  einerneuen  Or  gel 
in  Leubingen ,  Als  den  18  Juli  1700  in 
der  Kirche  daselbst  S.  Pétri  und  Pauli, 
lena,  1700,  in-4°  ,  vingt-deux  pages. 

CUNTZ  (etienne),  facteur  d'orgues  à 
Nuremberg,  a  beaucoup  amélioré  la  con- 
struction de  cet  instrument,  et  s'est  fait 
une  grande  réputation  dans  toute  l'Alle- 
magne. Il  mourut  à  Nuremberg  en  1635. 

CUNY  (jean)  ,  prêtre  et  chapelain  de 
l'église  cathédrale  de   Verdun  ,  vers  le 
15* 


228 


CUP 


milieu  du  17e  siècle,  a  publié  :  Missa  sex 
vocum  adimit.mod.i  SurrexitDominus, 
Paris,  Robert  Ballard  ,  1667,  in-fol. 

CUPER.  (gisbert),  savant  philologue , 
né  le  14  septembre  1644  à  Hemmendene, 
dans  le  duché  de  Gueldre  ,  fit  ses  études  à 
Nimègue,  puis  à  Leyde  sous  Gronovius. 
En  1666  il  fut  appelé  à  Deventer  pour  y 
enseigner  l'histoire  et  l'éloquence,  et  en 
1681  ,  il  fut  député  de  sa  province  aux 
Etats-Généraux  de  la  Hollande.  L'Acadé- 
mie des  inscriptions  et  belles-lettres  de 
Paris  l'admit  au  nombre  de  ses  correspon- 
dans  en  1715.  11  mourut  à  Deventer,  le 
22  novembre  1716,  avec  le  titre  de  bourg- 
mestre de  celle  ville.  On  a  de  Cuper  un 
ouvrage  intitulé  :  Harpocrales ,  sive  ex- 
plicalio  imagunçulœ  quœ  in  figurant 
HarpocraLis formata  représentai  soient  : 
ejusdem  monumenta  an  tiqua  7  Amster- 
dam, 1676,  in-8°,  et  Utrecht,  1687,  in-4°. 
11  a  été  inséré  dans  le  premier  volume  des 
supplémens  de  Poleni  aux  Antiquités  ro- 
maines. On  y  trouve  une  explication  d'un 
passage  d'Eustathe,  ad  lliad.  2.,  sur  six 
sortes  de  flûtes  des  anciens,  p.  141  et 
suiv.,  édition  d'Amsterdam.  C'est  un  bon 
travail  d'érudition  sur  ce  point  d'anti- 
quité. Le  livre  de  Barlholin  sur  les  flûtes 
des  anciens  serait  plus  utile  s'il  eût  été 
traité  de  la  même  manière. 

CUPIS  (françois)  DE  CAMARGO, 
frère  de  la  célèbre  danseuse  Camargo,  na- 
quit à  Bruxelles  le  10  mars  1719,  suivant 
le  registre  de  baptême  de  la  paroisse  de 
Sainte-Gudule  de  cette  'ville.  C'est  donc  à 
tort  qu'on  a  donné  à  cette  danseuse  le  nom 
de  Cuppi,  dans  la  Biographie  universelle. 
Partout  on  trouve  le  nom  de  cette  famille 
écrit  Cupis  dans  les  registres  des  paroisses 
de  Bruxelles.  Il  n'est  pas  plus  exact  de 
dire,  comme  dans  cet  estimable  recueil, 
qu'elle priten  montant  sur  la  scène  le  nom 
de  sa  grand'  mère  (Carnargo) ,  car  dans 
tous  les  actes  cités  précédemment,  le  père 
de  l'arliste  dont  il  s'agit  dans  cet  article, 
et  qui  était  professeur  de  musique  et  de 
danse,  a  pris  le  nom  deCupis-de-Camargo; 


CUP 

il  en  avait  le  droit ,  son  père  ayant  épousé 
une  espagnole  de  la  noble  famille  de  Ca- 
margo. 

François  Cupis  eut  pour  maître  de  vio- 
lon son  père ,  qui  lui  fit  faire  de  rapides 
progrès.  Il  n'avait  que  dix-neuf  ans  lors- 
qu'il se  fit  entendre  à  Paris  pour  la  pre- 
mière fois  ;  néanmoins  son  talent  y  produi- 
sit beaucoup  d'effet.  Le  Mercure  de  ce 
temps  (juin,  1738,  p.  1116)  lui  accorde 
de  grands  éloges.  Le  P.  Caffiaux  dit,  dans 
l'Histoire  de  la  musique,  qu'il  joignait  le 
tendre  et  le  doux  de  Le  Clerc  au  brillant 
de  Guignon.  En  1741  il  entra  à  l'orches- 
tre de  l'Opéra  comme  premier  violon  ;  il 
occupait  encore  cette  place  en  1761,  mais 
il  avait  cessé  de  vivre  peu  de  temps  après, 
car  son  nom  disparaît  des  états  de  la  mu- 
sique du  roi  et  de  l'Académie  royale  de 
musique  en  1764.  Cupis  à  publié  à  Paris 
deux  livres  de  sonates  à  violon  seul ,  et  un 
livre  de  quatuors  pour  deux  violons,  alto 
et  basse.  Il  a  eu  deux  fils  qui  furent  atta- 
chés à  l'Opéra,  et  qu'on  désignait  sons  les 
noms  de  Cupis  l'aîné  et  de  Cupis  le  cadet. 
L'aîné  avait  peu  de  talent;  en  1769,  il 
quitta  le  violoncelle  pour  la  contrebasse. 
11  mourut  en  1772.  Le  cadet  est  l'objet  de 
l'article  suivant. 

CUPIS  (jean-baptiste),  né  à  Paris ,  en 
1741 ,  reçut  les  premières  leçons  de  mu- 
sique de  son  père ,  et  devint  à  l'âge  de 
onze  ans  élève  de  Bertaut  pour  le  violon- 
celle. En  peu  de  temps,  il  fit  de  grands 
progrès  sur  cet  instrument,  et  il  avait  à 
peine  atteint  sa  vingtième  année,  qu'il 
était  considéré  comme  un  des  plus  habiles 
violoncellistes  de  France.  11  entra  fort 
jeune  à  l'Opéra,  et  fut  placé  dans  ce  qu'on 
appelait  alors  le  petit  chœur  ;  c'est-à-dire, 
dans  la  partie  de  l'orchestre  qui  servait 
pour  l'accompagnement  des  airs.  Le  désir 
de  voyager  lui  fit  quitter  cette  place  en 
1771;  il  parcourut  une  partie  de  l'Alle- 
magne, s'arrêta  quelque  temps  à  Ham- 
bourg, revint  à  Paris,  puisse  rendit  en 
Italie  où  il  épousa  la  cantatrice  Julie  Gas- 
perini ,  qui  s'est  appelée  depuis  lors  Gas- 


CUR 

perini  de  Cupis.  11  se  trouvait  avec  elle  à 
Milan,  en  1794.  On  ignore  ce  qu'il  est  de- 
venu depuis  ce  temps.  Ou  a  de  lui  :  1°  Pre- 
mier concerto  pour  le  violoncelle  ,  avec  ac- 
compagnement d'orchestre  ,  Paris  ,  Bail- 
leux  ;  2°  Deuxième  concerto,  Ibid.  ;  3°  Air 
de  Y  Aveugle  de  Palmyre  et  Menuet  de 
Fischer,  variés  pour  le  violoncelle,  avec 
accompagnement  de  deux  violons,  alto, 
Lasse,  deux  hautbois  et  deux  cors  ;  4°  Pe- 
tits airs  variés  pour  deux  violoncelles  , 
nos  1  à  3,  Paris,  Pleyel  (œuvre  post- 
hume); 5°  Méthode  de  basse  (violon- 
celle), Paris,  Nadermann. 

CUPRE  (jean  DE),  musicien  français, 
qui  vivait  à  Heidelberg  au  commencement 
du  17e  siècle,  a  fait  imprimer  de  sa  com- 
position :  Trente  madrigaux  à  cinq  voix, 
sur  des  paroles  françaises  ,  Francfort- 
sur-le-Mein ,  1610,  in-4°. 

CUREUS  ou  CURSUS  (joachim),  doc- 
teur en  médecine  à  Glogau,  né  à  Freystadt, 
en  Silésie ,  le  21  octobre  1532,  étudia  la 
philosophie  et  la  théologie  à  Wittemberg 
sous  Mélanchton  ,  et  la  médecine  pendant 
deux  ans ,  à  Bologne  et  à  Padoue.  Il  est 
mort  à  Glogau  ,  le  21  janvier  1573.  Aa 
nombre  de  ses  ouvrages ,  on  trouve  :  Li- 
bellus  physicus  continens  doctrinam  de 
natura  et  differentiis  colorum,  sono- 
rum,  etc.,  Wittemberg,  1572,  in-8°.  Les 
chapitres  38  ,  39,  40  ,  41 ,  42  et  43  du 
premier  livre  traitent  du  son,  de  la  voix 
et  de  l'organe  de  l'ouie. 

CURSCHMANN  (charles-frederic), 
compositeur  de  chansons  allemandes,  dont 
les  productions  jouissent  maintenant  de  la 
vogue  dans  sa  patrie ,  est  né  à  Berlin ,  le 
21  juin  1805.  Fils  d'un  négociant,  il  était 
destiné  à  la  profession  d'avocat,  et  ne  se 
livra  d'abord  à  l'étude  de  la  musique  que 
pour  compléter  son  éducation.  Sa  famille 
lui  fil  suivre  des  cours  de  droit  ;  mais  après 
plusieurs  années  employées  à  cette  étude, 
son  goût  passionné  pour  la  musique  l'em- 
porta ,  et  il  se  décida  pour  la  culture  de 
cet  art.  Il  se  rendit  alors  à  Cassel,  et  reçut 
des  leçons  de  SpohretdeHauptmann  pour 


GUT 


229 


l'harmonie  et  la  composition.  L'étude  de 
celte  science  l'occupa  pendant  quatre  ans; 
pendant  ce  temps  il  écrivit  quelques  ou- 
vrages,  entre  autres  un  petit  opéra  qui  a 
pour  titre  :  Abdul  et  Ereunich  ,  ou  les 
deux  morts.  Cette  production  et  quelques 
morceaux  de  musique  religieuse  furent 
bien  accueillis.  De  retour  à  Berlin,  Cursch- 
mann  y  resta  peu  de  temps,  et  bientôt  il 
se  rendit  de  nouveau  à  Cassel,  où  il  réside 
habituellement,  quoiqu'il  ait  fait  quelques 
voyages  en  Allemagne,  en  France  et  en 
Italie.  Il  est  aujourd'hui  considéré  comme 
un  des  meilleurs  compositeurs  de  chan- 
sons, quoique  les  formes  de  ses  produc- 
tions en  ce  genre  soient  trop  travaillées  et 
manquent  de  naturel.  M.  Rellstabt  a  dit 
avec  raison  ,  dans  l'article  qu'il  a  inséré 
sur  cet  artiste  au  Lexique  universel  de  la 
musique,  qu'il  y  a  plus  de  manière  que  de 
style  dans  ses  ouvrages.  Les  compositions 
de  Curschmann  qui  ont  été  publiées  sont  : 
1°  Six  chansons  allemandes  avec  accom- 
pagnement de  piano  ,  op.  1  ,  Berlin  ,  chez 
Cosmar  et  Krause;  2°  Idem,  op.  2,  ibid.; 
3°  Cinq  chansons,  op.  3,  ibid.;  4°  Sis 
chants,  avec  accompagnement,  op.  4, 
ibid.  ;  5°  Idem,  op.  5,  Berlin,  Trautwein  ; 
6°  Romeo,  scène  et  air,  op.  6,  ibid.; 
7°  Deux  canons  à  trois  voix,  op.  7,  ibid. 

CUTELL  (richard),  musicien  anglais 
qui  vivait  vers  la  fin  du  15°  siècle.  Parmi 
les  manuscrits  de  la  Bibliothèque  Bod- 
leienne,  à  Oxford,  on  trouve  un  fragment 
d'uu  traité  du  contrepoint  qui  a  pour 
titre  :  Compositio  Ricardi  Cuteli  de  Lo/i- 
don.  Cet  ouvrage  est  écrit  eu  anglais  et 
commence  ainsi  :  It  is  to  witt  thaï  there 
are  IX  accordys  in  discant,  ihat  is  to 
say,  1,3,5,6,8,  10,  12,  13,  15  of 
whilke  IX,  5  are  perfite  accordys,  and 
4  imperfile,  etc.  (  11  est  à  savoir  qu'il  y 
a  neuf  accords  dans  le  contrepoint ,  c'est- 
à-dire,  l'unisson,  la  tierce,  la  quinte,  la 
sixte,  l'octave, la  dixième,  la  douzième,  la 
treizième  et  la  quinzième,  desquels  cinq 
sont  des  accords  parfaits ,  et  quatre  des 
accords  imparfaits ,  etc.). 


230 


CZA" 


CZE 


CUTLER  (Guillaume -h  enry),  bache- 
lier en  musique  ,  né  à  Londres  ,  en  1792  , 
apprit  à  jouer  du  piano  sous  la  direction 
de  Litlle  et  de  Griffin  ,  et  l'accompagne- 
ment avec  le  docteur  Arnold.  A  l'âge  de 
onze  ans  il  entra  comme  choriste  à  la  ca- 
thédrale de  Saint-Paul  ;  il  fut  ensuite  or- 
ganiste de  St.-Helen's  Bishopsgale.  En 
1812  ,  il  prit  ses  degrés  de  bachelier  en 
musique  à  l'Université  d'Oxford.  Six  ans 
après  il  établit  une  école  de  piano  d'après 
la  méthode  de  Logier ,  mais  ne  trouvant 
point  de  bénéfice  à  cette  entreprise ,  il  la 
quitta  en  1821.  En  1823,  il  a  renoncé 
à  sa  place  d'organiste  de  Sainte-Hélène , 
pour  un  emploi  du  même  genre  à  la  cha- 
pelle de  Québec.  Il  a  composé  pour  cette 
chapelle  un  Te  Dewn,  un  jubilate  et  une 
antienne. h  quatre  parties  pour  le  jour  de 
Noël.  Il  a  publié  aussi  beaucoup  de  mu- 
sique pour  le  piano,  des  chansons,  des  mar- 
ches, des  rondos,  etc. 

CUVEL1ERS  (jean  LE),  poète  et  mu- 
sicien, né  à  Arras,  vers  1250,  a  composé 
des  chansons,  dont  il  reste  six  qui  sont  no- 
tées. Les  manuscrits  de  la  bibliothèque  du 
roi  en  contiennent  deux  ;  on  en  trouve 
quatre  autres  dans  un  manuscrit  de  la  bi- 
bliothèque du  Vatican. 

CUZZONI  (Mme).  V.  SANDONI  (M""). 

CYBULOWSKY  (lucas),  directeur  du 
chœur  de  l'église  dccanalc  à  Prague,  occu- 
pait cette  place  en  1617.  Ce  musicien  s'est 
fait  connaître  dans  sa  patrie  par  une  grande 
quantité  de  musique  d'église  telle  que 
graduels,  offertoires ,  etc.  Ces  ouvrages 
existent  en  manuscrit  dans  les  églises  de 
la  Bohême. 

CYPRIANDS  (ernest-salomon)  ,  con- 
seiller consislorial  à  Gotha,  né  à  Ostein  , 
dans  la  Franconie,  en  1673,  mourut  en 
1745.  On  a  de  lui  une  dissertation  curieuse 
intitulée  :  De  propagalione  hœresium  per 
cantdenas ,  Londres,  1720,  vingt-quatre 
pages  in-8°. 

CZAPECK  (l.-e.),  professeur  de  piano 
et  compositeur  à  Vienne,  actuellement 
vivant.  Il  est  né  en  Bohême  vers  la  fin  du 


18e  siècle.  On  a  de  lui  environ  soixante 
œuvres  pour  le  piano ,  qui  consistent  en 
duos  pour  piano  et  violon  ,  ou  violoncelle, 
ou  flûte,  œuvres  8,  14,  24  et  25,  Vienne, 
Mechetti  et  Pennauer  ;  sonates,  rondeaux, 
fantaisies,  polonaises,  etc.,  tous  imprimés 
à  Vienne  ,  chez  Mechetti  ;  marches  à  qua- 
tre mains,  œuvres 26  et  28,  Ibid.;  danses, 
valses  ,  etc. 

CZ  ARTH  (georges)  ,  né  à  Deutschenbrot 
en  Bohême,  en  1708,  eut  pour  premier 
maître  Timmer.  Rosetti  lui  donna  ensuite 
des  leçons  de  violon,  et  Biarelli  lui  en- 
seigna à  jouer  de  la  flûte.  S'étant  lié  d'ami- 
tié avec  François  Benda  ,  il  partit  avec  lui 
pour  Varsovie,  où  il  entra  au  service  du 
staroste  Sucharewsky.  En  1733  il  fut  ad- 
mis dans  la  chapelle  du  roi  de  Pologne  ; 
mais  il  n'y  resta  qu'un  an,  et  en  1734  il 
entra  dans  l'orchestre  du  prince  royal  de 
Prusse  ,  qu'il  suivit  à  Berlin  ,  en  1740  ,  à 
son  avènement  au  trône.  11  y  resta  jus- 
qu'en 1760,  où  il  quitta  cette  ville  pour 
se  rendre  à  Manheim  ,  en  qualité  de  violi- 
niste  de  la  chapelle  de  l'électeur  palatin.  Il 
y  resta  jusqu'à  sa  mort,  arrivée  en  1774. 
Outre  une  grande  quantité  de  concertos, 
de  trios ,  de  solos  et  de  symphonies  qui 
sont  restés  en  manuscrit ,  il  a  fait  graver 
six  solos  pour  la  flûte  et  autant  pour  le 
violon ,  sur  lesquels  son  nom  a  été  écrit 
Zarlh. 

CZECK  (  EXPEDIT-  FRANÇOIS-  XAVIER  )  , 

bon  organiste  et  pianiste,  né  à  Horciez  en 
Bohême  le  4  décembre  1759.  Il  y  apprit 
le  chant  et  les  élémens  du  piano.  En  1772 
il  se  rendit  à  Prague  et  entra  comme  con- 
tralto à  l'église  des  Barnabites.  Le  direc- 
teur du  chœur  et  maître  de  concert  Jean 
Kutlnohorsky  le  jeune  ,  homme  de  beau- 
coup de  mérite,  le  dirigea  dans  ses  études 
musicales  et  littéraires  ,  et  lorsque  Czeck 
eut  acquis  quelque  habileté,  il  lui  confia 
souvent  la  direction  de  la  musique  de  l'é- 
glise. Le  14  septembre  1780,  il  entra  au 
couvent  des  Prémontrés  à  Strahow,  et  y 
fut  ordonné  prêtre  en  1787.  Après  avoir 
vécu  dans  ce  monastère  jusqu'en  1801 ,  il 


CZE 

devint  pastenr  à  Mullhauer ,  et  passa  le 
reste  de  sa  vie  dans  ce  lieu.  Il  y  est  mort 
le  29  août  1808.  On  a  de  ce  musicien  :  un 
Te  Deum  pour  chœur  et  orchestre,  un 
Credo,  idem,  une  messe  solennelle,  plu- 
sieurs litanies,  des  danses  allemandes  pour 
l'orchestre,  et  plusieurs  sonates  pour  le 
piano.  Toute  cette  musique  est  en  ma- 
nuscrit. 

CZERMAK(.  .  .  .),  très  bon  violon- 
celliste à  Varsovie ,  naquit  en  Bohême 
vers  1710.  En  1790  il  vivait  encore  dans 
la  capitale  de  la  Pologne,  et  s'y  faisait  en- 
tendre ,  malgré  son  grand  âge.  Son  jeu 
était  encore  agréable,  particulièrement 
dans  Vjédagio.  11  a  écrit  un  grand  nom- 
bre de  concertos  pour  son  instrument  : 
tous  sont  restés  en  manuscrit. 

CZERMAK  (antoine),  habile  orga- 
niste, naquit  en  Bohême  vers  1750.  11 
fut  élève  de  Segert  et  apprit  de  lui  les  rè- 
gles de  la  composition  et  l'art  déjouer  de 
l'orgue.  Après  avoir  étudié  les  langues 
grecque,  latine  et  la  philosophie  à  Prague, 
il  fut  pendant  plusieurs  années  organiste 
à  l'église  de  Saint-Henri  en  cette  ville,  et 
se  fit  remarquer  par  sa  belle  manière  d'ac- 
compagner le  plain-chant.  11  fut  ensuite  or- 
ganiste de  Sainte-Marie,  et  enfin,  de  l'église 
des  religieux  de  Sainte-Croix.  11  mourut  à 
Prague  au  mois  d'août  1803.  On  connaît 
de  lui  des  concertos  d'orgue  qu'il  exécutait 
avec  un  rare  talent. 

CZERNY  (sanctus)  ,  excellent  orga- 
niste et  compositeur,  naquit  en  Bohême 
en  1724.  A  l'âge  de  dix-neuf  ans  il  entra 
chez  les  frères  de  la  charité-  ;  déjà  son  habi- 
leté dans  l'art  déjouer  de  l'orgue  était  re- 
marquable; ses  maîtres  dans  cet  art  avaient 
élé  Seullie  et  Tuma.  Ayant  été  nommé 
directeur  de  son  ordre,  il  en  remplit  avec 
gloire  les  fonctions  jusqu'à  sa  mort  qui 
arriva  le  26  novembre  1775.  Il  a  laissé 
en  manuscrit  un  grand  nombre  de  compo- 
sitions pour  l'église. 

CZERNY  (Dominique)  ,  compositeur 
distingué,  naquit  à  Nimbourg  en  Bohême 
le  50  octobre  1736.  Dans  sa  jeunesse ,  il 


CZE 


231 


chanta  d'abord  la  partie  de  contralto  à 
l'église  de  Sainte-Égide,  à  Prague;  plus 
tard,  il  fit  ses  études  à  l'université  de  cette 
ville  et  entra  dans  l'ordre  des  frères  mi- 
neurs. En  1760,  il  fut  nommé  directeur 
du  chœur  de  l'église  Saint-Jacques.  Tout 
semblait  lui  présager  une  heureuse  car- 
rière ;  mais  la  mort  l'enleva ,  avant  qu'il 
eut  atteint  sa  trentième  année,  le  2  mars 
1766.  Ses  compositions  sont  encore  esti- 
mées en  Allemagne,  et  sont  exécutées  avec 
soin  dans  les  églises  de  la  Bohême. 

CZERNY  (ciiarles),  pianiste  et  compo- 
siteur, est  né  à  Vienne  le  21  février,  1791. 
Son  père  Wencezcelas  Czerny,  né  en  Bo- 
hême ,  et  professeur  de  piano ,  habitait 
dans  la  capitale  de  l'Autriche  depuis  1785. 
Wencezcelas  fut  le  seul  maître  de  son  fils 
et  l'exerça  sur  les  œuvres  de  Jean  Sébastien 
Bach,  de  Mozart,  de  Clementi  et  de  Beet- 
hoven. Les  compositions  de  celui-ci  étaient 
l'objet  des  prédilections  du  jeune  artiste. 
Czerny  apprit  l'art  d'écrire  dans  les  traités 
didactiques  deKirnberger,  d'Albrechtsher- 
ger  et  de  quelques  autres  théoriciens.  Des- 
tiné dès  son  enfance  à  l'enseignement  du 
piano,  il  commença  à  donner  des  leçons 
en  1805  ,  à  l'âge  de  quatorze  ans;  depuis 
lors  il  n'a  cessé  de  suivre  cette  carrière  ,  et 
la  vogue  dont  il  jouit  à  Vienne  comme 
professeur  est  telle  ,  qu'il  est  obligé  d'em- 
ployer chaque  jour  plus  de  douze  heures 
aux  leçons  qu'il  donne.  Celte  incessante 
occupation  a  peut  être  nui  au  développe- 
ment de  son  talent  d'exécution  ,  quoique 
Czerny  ait  eu  dans  sa  jeunesse  une  exécu- 
tion chaleureuse  et  brillante  :  s'il  eût  pu 
se  livrer  à  des  éludes  suivies ,  il  y  a  lieu 
de  croire  qu'il  aurait  été  compté  parmi  les 
virtuoses  les  plus  remarquables.  11  y  a  lieu 
de  s'étonner  qu'au  milieu  de  tant  de  tra- 
vaux ,  Czerny  ait  trouvé  le  temps  néces- 
saire pour  écrire  le  grand  nombre  d'ou- 
vrages connus  sous  son  nom.  Ses  meilleurs 
élèves  sont  MIlc  de  Belleville  (aujourd'hui 
Mme  Oury),  Liszt  (quia  reçu  aussi  des 
leçons  de  Hummel),  et  Dohler.  Czerny 
était  fort  jeune  quand  il  fit  ses  premiers 


232 


CZE 


CZE 


essais  clans  tous  les  genres  de  composition; 
sans  autre  guide  que  lui-même,  il  jetait 
sur  le  papier  toutes  les  idées  dont  il  était 
assiégé  :  heureusement  doué  d'un  goût  na- 
turel et  de  beaucoup  de  facilité,  il  suppléa 
par  ces  dons  naturels  aux  leçons  et  à  l'ex- 
périence qui  lui  manquaient  :  l'expérience 
lui  vint  ensuite  par  l'exercice  constant 
qu'il  donna  à  ses  facultés  productrices.  Ses 
ouvrages  n'ont  pas  sans  doute  les  qualités 
qui  font  vivre  dans  l'histoire  les  produc- 
tions de  l'art  et  qui  les  rendent  classiques; 
mais  ils  sont  agréables  ,  brillans  ,  et  font 
valoir  le  talent  des  exécutans  sans  leur 
offrir  de  grandes  difficultés  à  vaincre.  Il 
ne  publia  pas  ses  premières  compositions, 
et  quoiqu'il  eût  commencé  à  écrire  dans  sa 
première  jeunesse,  cène  fut,  dit  M.  deSey- 
fried  ,  qu'en- 1810  ,  à  l'âge  de  vingt-huit 
ans ,  qu'il  fit  paraître  ses  deux  premiers 
ouvrages  ,  savoir  :  les  variations  concer- 
tantes en  ré  pour  piano  et  violon ,  et  le 
rondo  brillant,  en  fa,  pour  piano  à  qua- 
tre mains.  Depuis  lors  jusqu'en  1834,  il 
a  publié  le  nombre,  presque  fabuleux,  de 
trois  cents  trente-huit  productions,  grandes 
ou  petites  pour  le  piano  ,  et  dans  ce  nom- 
bre ne  sont  pas  compris  les  arrangemens 
d'une  immense  quantité  de  symphonies  , 
d'oratorios,  d'opéras,  d'ouvertures,  etc., 
ni  sa  traduction  allemande  du  volumineux 
ouvrage  de  Reicha  sur  l'harmonie,  ni  plu- 
sieurs messes  ,  motets  ,  concertos  ,  sym- 
phonies ,  chants  avec  et  sans  orchestre , 
qui  sont  encore  en  manuscrit ,  et  dont  le 
nombre  s'élève  "à  plus  de  cent  cinquante 
ouvrages.  Une  telle  facilite  de  production 
tient  du  prodige. 

Charles  Czerny  n'a  pu  écrire  un  si 
grand  nombre  d'ouvrages  et  se  livrer  à  un 
enseignement  si  actif  qu'en  s'éloignanl  des 
plaisirs  du  monde  et  vivant  retiré.  Ce 
n'est  pas  cependant  qu'il  y  ait  rien  en  lui 
de  cette  âpreté  sauvage  qui  porte  cer- 
tains artistes  à  vivre  solitaires  :  il  est 
homme  aimable  et  de  bonne  compagnie  : 
mais  les  conditions  qu'il  s'était  imposées 
pour  ses  travaux  l'ont  obligé  à  se  renfer- 


en  lui-même.  Il  a  maintenant  atteint  l'âge 
de  quarante-cinq  ans  et  n'a  jamais  été 
marié. 

CZERNY  (joseph)  ,  pianiste  ,  composi- 
teur et  éditeur  de  musique  ,  né  le  17  juin 
1785  à  Horzitz,  en  Rohême,  est  mort  à 
Vienne  le  22  septembre  1831.  On  a  cru 
qu'il  était  frère  de  Charles  Czerny ,  mais 
cette  opinion  était  une  erreur,  car  ces 
deux  artistes  n'avaient  même  aucun  lien  de 
parenté.  Le  talent  de  Joseph  sur  le  piano 
était  moins  que  médiocre  ;  ses  compositions 
ne  sont  pas  d'un  ordre  beaucoup  plus  élevé. 
On  assure  qu'il  ne  songeait  point  à  écrire 
pour  le  piano  avant  que  Charles  eût  donné 
de  la  célébrité  au  nom  de  Czerny ,  il  com- 
prit ,  dit-on  ,  alors  qu'il  pouvait  y  avoir 
une  bonne  spéculation  à  publier  des  cho- 
ses légères  sous  ce  nom  qui  était  aussi  le 
sien ,  et  que  c'est  cette  idée  qui  a  été 
l'origine  d'environ  soixante  œuvres  de  va- 
riations ,  de  fantaisies  ,  de  rondos  ,  etc. , 
qu'il  a  publiées.  Quelques  personnes  ont 
mis  même  en  doute  qu'il  eût  jamais  rien 
composé,  disant  qu'il  faisait  faire  ses  ou- 
vrages par  de  jeunes  artistes  qu'il  payait 
pour  obtenir  la  permission  de  mettre  son 
nom  sur  leurs  productions.  Quoiqu'il  en 
soit ,  cette  spéculation  ne  réussit  pas  long- 
temps ;  les  pièces  de  piano  qui  portent  le 
nom  de  Joseph  Czerny  sont  déjà  tombées 
dans  l'oubli.  Le  meilleur  élève  formé  par 
ses  soins  est  Mlle  Blahetka. 

CZERNOHORSKY  (  bohuslaw  ),  frère 
mineur  de  Nimbourg,  fut  maître  de  mu- 
sique et  directeur^du  chœur  à  l'église  de 
Saint-Antoine  de  Padoue.  Il  alla  ensuite  à 
Prague  pour  remplir  les  fonctions  de  di- 
recteur du  chœur  au  couvent  des  frères 
mineurs  de  cette  ville.  11  mourut  en  1740 
en  retournant  en  Italie.  Il  fut  le  premier 
organiste  de  son  temps  en  Bohême,  et  un 
fort  savant  musicien.  Il  avait  laissé  une 
quantité  considérable  de  musique  d'église 
composée  par  lui  en  manuscrit;  malheu- 
reusement l'incendie  qui  détruisit  le  cou- 
vent des  frères  mineurs  de  Prague ,  en 
1754,  en  a  consumé  la  plus  grande  par-* 


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CZE 


233 


tie.  En  1808,  l'excellent  organiste  Kiïcharz 
possédait  le  motet  Laudetur  Jesus-Chris- 
tus ,  à  quatre  voix  et  orchestre,  composé 
par  Czernohorsky.  Ce  savant  musicien  a 
formé  plusieurs  élèves  qui  ont  été  de 
grands  organistes  et  d'habiles  composi- 
teurs: de  ce  nombre  sontSegert,  Czeslaus, 
Tuma  et  Zach. 

CZERWENKA(josEPH),excellenthaut- 
boïste ,  est  né  le  6  septembre  1759  à  Be- 
nadeck ,  en  Bohême.  Son  premier  maître 
pour  son  instrument  fut  Sliasny  de  Pra- 
gue. En  1779,  il  fut  employé  chez  le 
prince  évèque  de  Breslau  ,  comte  Schaf- 
gotsche ,  à  Johannisberg,  en  Silésie;  il 
resta  dans  cette  résidence  jusqu'en  1790. 
À  cette  époqueilfut  appelé  à  Eisenstadt  en 
Hongrie  ,  pour  entrer  dans  la  chapelle  du 
prince  Esterhazy.  De  là  il  se  rendit  à 
Vienne  en  1794  et  y  continua  ses  études 
sous  la  direction  de  Triebensee  l'aîné.  Peu 
de  temps  après,  il  fut  engagé  pour  jouer  les 
solos  dans  la  chapelle  impériale  et  au  théâ- 
tre de  la  cour.  Après  avoir  excité  l'admi- 
ration des  connaisseurs  pendant  plus  de 
trente-cinq  ans  ,  Czerwenka  s'est  retiré  en 
1820  pour  jouir  du  repos  et  de  l'indépen- 
dance pendant  ses  dernières  années.  On 
n'a  pas  trouvé  jusqu'ici  d'artiste  dont  le 
talent  fasse  oublier  celui  de  Czerwenka. 

CZERWENKA  (theodore)  ,  appelé  le 


jeune,  naqaitàBenadccken  1762.  Comme 
son  frère  ,  il  étudia  le  hautbois  sous  la  di- 
rection de  Slasny.  Après  avoir  été  attaché 
à  la  chapelle  du  roi  de  Prusse  pendant 
plusieurs  années,  il  se  rendit  à  Saint- 
Pétersbourg,  et  fut  employé  dans  la  mu- 
sique de  l'empereur  de  Russie.  Il  est  mort 
dans  cette  ville  en  1827.  On  a  de  lui  quel- 
ques solos  pour  le  hautbois. 

CZEYKA  (valentin)  ,  né  à  Prague  en 
1769,  fut  enfant  de  chœur  à  l'église  Saint- 
Jacques  ,  et  apprit  à  jouer  de  plusieurs 
instrumens  à  vent.  Il  acquit  particulière- 
ment un  talent  distingué  sur  le  basson  , 
et  fut  admis  dans  la  chapelle  du  comte 
Pachta  ,  pour  jouer  les  solos  sur  cet  instru- 
ment. En  1802  ,  il  se  rendit  à  Vienne  et 
entra  dans  l'orchestre  d'un  théâtre  de  cette 
ville.  Pendant  près  de  vingt-ans  il  y  rem- 
plit honorablement  ses  fonctions  comme 
concertiste;  ensuite  il  accepta  la  place  de 
chef  de  musique  d'un  régiment  autricliien 
qui  était  en  garnison  à  Naples  ;  plus  tard 
il  fut  rappelé  en  Allemagne  parce  que  ses 
connaissances  dans  les  langues  slaves  le  ren- 
daient propre  a  diriger  le  corps  de  musique 
qu'on  recrutait  dans  la  Gallicie.  Il  occupe 
encore  ce  poste,  quoiqu'il  ne  soit  plus  jeune. 
Czeyka  a  écrit  sept  concertos  pour  le  bas- 
son ,  et  des  marches  militaires  qui  sont  en- 
core en  manuscrit. 


234 


BAB 


DAG 


D 


DABADIE  (....)  acteur del'Opéra  de 
Paris  ,  né  dans  le  midi  de  la  France  vers 
1798,  entra  au  Conservatoire  de  musique 
en  1818  ,  fut  reçu  peu  de  temps  après 
élève  pensionnaire  de  l'école  de  l'Opéra  et 
débuta  dans  le  rôle  de  Cinna ,  de  La  Ves- 
tale, le  12  décembre  1819.  Admis  comme 
double  de  Lays ,  il  en  fut  nommé  le  rem- 
plaçant au  mois  de  janvier  1821  ,  et  de- 
vint chef  de  l'emploi  de  baritonà  l'époque 
de  la  retraite  du  vieux  chanteur. 

DABADIE  (Mme  lguise-zdlme),  épouse 
du  précédent ,  autrefois  ffllle  leroux  ,  est 
née  à  Paris,  le  20  mars  1804.  Ayant  été 
admise  au  Conservatoire  de  musique  de 
cette  ville,  le  9  juillet  1814  ,  elle  entra 
d'abord  dans  une  classe  de  solfège,  où  elle 
fit  de  rapides  progrès  ,  puis  étudia  le  chant 
sous  la  direction  de  Plantade.  Le  31  jan- 
vier 1821  ,  elle  débuta  avec  succès  à  l'O- 
péra ,  dans  le  rôle  à'Antigone,  cl'OEdipe 
à  Colonne.  Le  23  mars  de  cette  année, 
elle  reçut  un  engagement  à  ce  théâtre 
comme  double;  peu  de  temps  après  elle 
fut  choisie  pour  remplacer  Mme  Bran  chu 
et  MUe  Grassari  en  leur  absence  ,  et  après 
la  retraite  de  la  première  de  ces  actrices , 
elle  eut  le  rang  de  premier  sujet.  En  1822 
elle  a  épousé  Dabadie,  acteur  de  l'Opéra. 
Lesbrillans  débuts  de  Mme  Dabadie  sem- 
blaient lui  promettre  un  bel  avenir  ;  ce- 
pendant sa  voix  a  subi  une  altération  sen- 
sible après  un  petit  nombre  d'années ,  et 
au  moment  où  cette  notice  est  écrite,  celle 
qui  en  est  l'objet  vient  d'être  obligée  de 
prendre  sa  retraite.  Deux  causes  paraissent 
avoir  agi  sur  cette  altération  prématurée 
de  l'organe  vocal  de  Mmc  Dabadie  :  la  pre- 
mière se  trouve  dans  le  déplorable  système 
de  chant  crié  qui  était  en  usage  ài'Opéra 
de  Paris  et  au  Conservatoire,  dans  cer- 
taines classes,  à  l'époque  où  la  cantatrice 
faisait,  ses  études  de  musique  ;  la  seconde, 
dans  l'imprudence  qu'on  a  eue  de  la  faire 
débuter  avant  qu'elle  eût  atteint  sa  dix- 
septième  année  ,  et  conséquemment  avant 


que  sa  voix  eût  reçu  tout  son  développe- 
ment. 

DACIER  (anne  LEFÈVRE) ,  fille  du 

célèbre  Tannegui  Lefèvre ,  naquit  à  Sau- 
mur  en  1651 ,  épousa  Dacier  en  1683  ,  et 
mourut  à  Paris  le  17  août  1720  ,  à  l'âge 
de  soixante-neuf  ans ,  après  avoir  passé 
dans  des  souffrances  continuelles  les  deux 
dernières  années  de  sa  vie.  Il  n'est  point 
de  l'objet  de  ce  livre  d'examiner  ici  les 
travaux  de  cette  femme  célèbre;  je  ne  cite- 
rai que  son  édition  de  Téreuce  (  Paris , 
1688  ,  3  vol.  in-12  ,  Amsterdam  ,  1691 , 
Zittau  ,  1705  ,  Rotterdam ,  1717 ,  etc.  ) , 
dans  laquelle  on  trouve  une  dissertation 
assez  bonne  sur  les  flûtes  des  anciens. 
Elle  a  été  traduite  en  allemand  par  Fré- 
déric-Chrétien Rackemann ,  et  insérée  par 
Marpurg  dans  ses  Essais  critiques  et  histo- 
riques sur  la  musique,  t.  2,  p.  224-232. 
DACOSTA  (isaac),  dont  le  véritable 
nom  est  Franco,  né  à  Bordeaux  le  17  jan- 
vier 1778,  a  obtenu  le  premier  prix  de 
clarinette  au  Conservatoire  de  musique, 
en  l'an  vi  delà  république  française  (1798). 
Après  avoir  été  pendant  plusieurs  années 
attaché  comme  clarinettiste  aux  petits 
théâtres  de  Paris  ,  il  entra  à  l'Opéra-Ita- 
îien  comme  première  clarinette,  et  occupa 
cette  position  jusqu'en  1820  ;  il  entra  alors 
à  l'Opéra  où  il  est  encore.  On  a  de  cet  ar- 
tiste :  1°  Premier  concerto  pour  la  cla- 
rinette (en  si  bémol)  ,  Paris,  Janet  et 
Cotelle  ;  2°  Deuxième  concerto  ,  idem  (  en 
ut),  Paris,  llentz  Jouve;  3°  Troisième 
concerto  (en  mi  bémol),  Paris,  Sieber; 
4°  Quatrième  concerto,  idem;  5°  Cinq 
airs  variés  pour  la  clarinette  sur  des  thè- 
mes de  Mozart,  de  Garât,  etc.,  Paris, 
Dufaut  et  Dubois,  Caveaux ,  etc.  ;  6°  Duos 
pour  piano  et  clarinette,  op.  5,  Paris, 
Sieber.  M .  Dacosla  a  construit  en  1 832  une 
clarinette  basse  d'un  système  différent 
des  instrumens  de  cette  espèce  qui  sont  en 
usage  en  allemagne,  car  il  lui  a  conservé 
la  forme  de  la  clarinette  ordinaire ,  dont  il 


DAH 

a  seulement  courbé  le  bec.  Meyerbeer  a 
fait  usage  avec  succès  de  cet  instrument, 
dans  le  trio  du  cinquième  acte  des  Hu- 
guenots. 

DAGINCOURT  (jacques-andre)  ,  né  à 
Rouen  en  1684,  fit  ses  études  musicales 
dans  la  maîtrise  de  la  cathédrale  de  cette 
ville  ,  puis  fut  organiste  de  l'abbaye  de 
Saint-Ouen.  En  1718,  il  se  rendit  à  Paris 
et  y  vécut  d'abord  en  donnant  des  leçons  de 
clavecin.  Quelques  années  après  il  obtint 
la  place  d'organiste  de  Saint-Méry.  Infé- 
rieur à  Daquin,  à  Calvière  et  surtout  à 
Couperin  ,  il  n'était  cependant  pas  sans 
talent  dans  l'exécution.  Sa  douceur  lui 
avait  fait  beaucoup  d'amis  qui  exagéraient 
son  mérite;  cette  bienveillance  qui  lui 
était  acquise  fit  faire  quelquefois  des  in- 
justices à  ses  concurrens  dans  les  épreuves 
d'orgue  où  il  se  présentait.  C'est  ainsi  qu'il 
l'emporta  un  jour  sur  Calvière.  bien  supé- 
rieur à  lui ,  quoique  Couperin  fût  au  nom- 
bre des  juges.  Ce  fut  peut-être  aussi  cette 
bienveillance  qui  lui  fit  obtenir  en  1727 
une  des  places  d'organistes  du  roi.  Vers 
1745,  Dagincourt  renonça  à  toutes  ses 
places  ,  et  se  retira  à  Rouen,  où  il  mourut 
environ  dix  ans  après.  En  1753  ,  il  avait 
publié  à  Paris  un  livre  de  pièces  de  clave- 
cin ,  ouvrage  faible  d'invention ,  et  qui 
prouve  peu  d'habileté  clans  l'art  d'écrire. 

DÀGNEAUX  («erre),  maître  de  mu- 
sique de  l'église  paroissiale  de  Saint-Ma- 
gloire  à  Pontorson,  en  Bretagne,  dans  le 
17e  siècle,  a  publié  une  messe  à  quatre 
voix  de  sa  composition  ,  intitulée  :  Missa 
quatuor  vocum  ad  imitationem  mocluli  : 
Vox  exultationis,  Paris,  Robert  Bal- 
lard,  1666. 

DAHMEN  (jean-akdre),  habile  violon- 
celliste et  compositeur  pour  son  instru- 
ment, naquit  en  Hollande  vers  le  milieu 
du  18e  siècle.  Il  vivait  à  Londres  en  1694. 
On  connaît  de  sa  composition  plusieurs 
œuvres  de  duos  et  de  sonates  pour  le  vio- 
loncelle, gravés  à  Londres,  à  Paris  et  à 
Offenbach  ,  trois  quatuors  pour  deux  vio- 
lons 5  alto  et  basse,  op.  3,   Offenbach, 


DAL 


235 


1798,. et  trois  trios  peur  deux  violons  et 
basse  ,  Paris  ,  Érard. 

DALAYRAC  (nicolas),  compositeur 
dramatique,  naquit  à  Muret  en  Langue- 
doc, le  15  juin  1755.  Dès  son  enfance,  un 
goût  passionné  pour  la  musique  se  mani- 
festa en  lui  ;  mais  son  père,  subdélégué  de 
la  province,  qui  n'aimait  point  cet  art,  et 
qui  destinait  le  jeune  Dalayrac  au  barreau, 
ne  consentit  qu'avec  peine  à  lui  donner 
un  maître  de  violon  ,  qui  lui  fit  bientôt  né- 
gliger le  Digeste  et  ses  commentateurs.  Le 
père  s'en  aperçut,  supprima  le  maître,  et 
notre  musicien  n'eut  d'autre  ressource  que 
de  monter  tous  les  soirs  sur  le  toit  de  la 
maison  pour  étudier  sans  être  entendu. 
Les  religieuses  d'un  couvent  voisin  tra- 
hirent son  secret  ;  alors  ses  parens,  vaincus 
par  tant  de  persévérance,  et  craignant  que 
cette  manière  d'étudier  n'exposât  les  jours 
de  leur  fils  ,  lui  laissèrent  la  liberté  de 
suivre  son  penchant.  Désespérant  d'en 
faire  un  jurisconsulte,  on  l'envoya  à  Paris 
en  1774,  pour  être  placé  dans  les  gardes 
*  du  comte  d'Artois.  Arrivé  dans  cette  ville, 
Dalayrac  ne  tarda  point  à  se  lier  avec 
plusieurs  artistes,  particulièrement  avec 
Lan°lé,  élève  de  Caffaro,  qui  lui  enseigna 
l'harmonie.  Ses  premiers  essais  furent  des 
quatuors  de  violon  qu'il  publia  sous  le  nom 
d'un  compositeur  italien.  Poussé  par  un 
goût  irrésistible  vers  la  carrière  du  théâtre, 
il  écrivit  en  1781  la  musique  de  deux 
opéras-comiques  intitulé:  Le  Petit  souper  et 
Le  Chevalier àla mode ,  qui  furent  repré- 
sentés à  la  cour  et  qui  obtinrent  du  succès. 
Enhardi  par  cet  heureux  essai,  il  se  hasarda 
sur  le  théâtre  de  l'Opéra-Comique  ,  et  dé- 
buta ,  en  1782,  \>ar  l'Eclipsé  totale,  qui 
fut  suivie  du  Corsaire,  en  1785.  Dès  lors, 
il  se  livra  entièrement  à  la  scène  française; 
et  dans  l'espace  de  vingt-six  ans,  ses  tra- 
vaux, presque  tous  couronnés  par  le  suc- 
cès, s'élevèrent  au  nombre  de  cinquante- 
six  opéras.  En  voici  la  liste  avec  les 
dates  :  L  Éclipse  totale,  1782;  Le  Cor- 
saire, 1785;  Les  Deux  Tuteurs,  1784; 
La  Dot,  L'Amant  Statue ,  1785;  Nina, 


236 


DAL 


1786;  Azemia,  Benaud  d'Ast,  1787; 
Sargines ,  1788;  Raoul  de  Créqui,  Les 
deux  Petits  Savoyards,  Fanchelle,  1789; 
La  Soirée  orageuse ,  Vert-Vert,  1790; 
Philippe  et  Georgelte ,  Camille  ou  Le 
Souterrain,  Agnès  et  Olivier,  1791  ; 
Elise-Hortense ,  LActrice  chez  elle, 
1792  ;  Ambroise  ,  ou  Voilà  ma  Journée, 
Roméo  et  Juliette ,  Urgande  et  Merlin  , 
La  prise  de  Toulon,  1793;  Adèle  et 
Dorsan ,  179 A;  Arnill,  Marianne ,  La 
Pauvre  Femme,  1795  ;  La  Famille  Amé- 
ricaine,  1796;  Gulnare,  La  Maison 
isolée,  1797;  Primerose,  Alexis  ou  l'Er- 
reur d'un  bon  père,  Le  Château  de 
Monténéro,  Les  Deux  mots,  1798; 
Adolphe  et  Clara,  Lattre,  La  Leçon  ou 
La  Tasse  déglace,  1799;  Catinat,  Le 
Rocher  de  Leucade,  Maison  à  Vendre , 
1800;  La  Boucle  de  Cheveux,  La  Tour 
de  Neustadt ,  1801  ;  Picaros  et  Diego, 
1803;  Une  Heure  de  Mariage,  La  Jeune 
Prude,  1804  ;  Gulistan ,  1805;  Lina  ou 
le  Mystère ,  1807  ;  Koulouf  ou  les  Chi- 
nois,  1808;  Le  Poète  et  le  Musicien , 
1811.  En  1804,  il  avait  donné  à  l'Opéra 
un  ouvrage  intitulé  :  Le  Pavillon  du  Ca- 
life, en  un  acte;  depuis  sa  mort  on  a  ar- 
rangé cette  pièce  pour  le  théâtre  Feydeau, 
où  elle  a  été  représenté  en  1822,  sous  le 
titre  du  Pavillon  des  Fleurs. 

Dalayrac  avail  le  mérite  de  bien  sentir 
l'effet  dramatique  et  d'arranger  sa  musique 
convenablement  pour  la  scène.  Son  chant 
est  gracieux  et  facile,  surtout  dans  ses  pre- 
miers ouvrages  ;  malheureusement,  ce  ton 
naturel  dégénère  quelquefois  en  trivialité. 
Nul  n'a  fait  autant  que  lui  de  jolies  ro- 
mances et  de  petitsairsdevenus  populaires; 
genre  de  talent  nécessaire  pour  réussir  au- 
près des  Français,  plus  chansonniers  que 
musiciens.  Son  orchestre  a  le  défaut  de 
manquer  souvent  d'élégance;  cependant  il 
donnait  quelquefois  à  ses  accompagncmens 
une  couleur  assez  heureuse  :  telles  sent 
ceux  de  presque  tout  l'opéra  de  Camille, 
de  celui  de  Nina ,  du  chœur  des  matelots 
à'Azémia  et  de  quelques  autres.  On  peut 


DAL 

lui  reprocher  d'avoir  donné  souvent  à  sa 
musique  des  proportions  mesquines  ;  mais 
ce  défaut  était  la  conséquence  du  choix  de 
la  plupart  des  pièces  sur  lesquelles  il  écri- 
vait; pièces  plus  convenables  pour  faire 
des  comédies  ou  des  vaudevilles  que  des 
opéras.  Que  faire,  en  effet,  sur  des  ou- 
vrages tels  que  Les  Deux  Tuteurs ,  Phi- 
lippe et  Georgette,  Ambroise,  Marianne, 
Catinat,  La  Boucle  de  Cheveux,  Une 
Heure  de  Mariage,  La  Jeune  Prude ,  et 
tant  d'autres?  Dalayrac  était  lié  avec  quel- 
ques gens  de  lettres  qui  ne  manquaient 
pas  de  lui  dire  ,  en  lui  remettant  leur  ou- 
vrage :  Voici  ma  pièce;  elle  pourrait  se 
passer  de  musique;  ayez  donc  soin  de 
ne  point  en  ralentir  la  marche.  Partout 
ailleurs ,  un  pareil  langage  eût  révolté  le 
musicien;  mais  en  France,  le  public  se 
connaissait  en  musique  comme  les  poètes, 
et  pourvu  qu'il  y  eût  des  chansons,  le  suc- 
cès n'était  pas  douteux.  C'est  à  ces  circon- 
stances qu'il  faut  attribuer  le  peu  d'estime 
qu'ont  les  étrangers  pour  le  talent  de  ce 
compositeur,  et  l'espèce  de  dédain  avec 
lequel  ils  ont  repoussé  ses  productions.  Ce 
dédain  est  cependant  une  injustice  ;  car  on 
trouve  dans  ses  opéras  un  assez  grand 
nombre  de  morceaux  dignes  d'éloge. 
Presque  tout  Camille  est  excellent  ;  rien 
de  plus  dramatique  que  le  trio  de  la  cloche 
au  premier  acte,  le  duo  de  Camille  et  d'Al- 
berli ,  et  les  deux  premiers  finales.  La 
couleur  de  Nina  est  sentimentale  et  vraie; 
enfin  on  trouve  dans  Azémia,  dans  Bo- 
rnéo et  Juliette ,  et  dans  quelques  autres 
opéras  des  inspirations  très  heureuses. 

Deux  pièces  de  Dalayrac ,  Nina  et 
Camille,  ont  été  traduites  en  italien  et 
mises  en  musique ,  la  première  par  Pai- 
siello,  et  la  seconde  par  Paer;  et  comme 
on  ne  peut  se  défendre  de  comparer  des 
choses  faites  dans  des  systèmes  qui 
n'ont  point  d'analogie  dans  l'objet  qu'on 
s'est  proposé ,  les  journalistes  n'ont  pas 
manqué  d'immoler  Paisiello  à  Dalayrac, 
et  d'exalter  l'œuvre  du  musicien  français 
aux  dépens  de  celle  du  grand  maître  ita- 


DAL 

lien.  Sans  doute  la  Nina  française  est 
excellente  pour  le  pays  où  elle  a  été  faite  ; 
mais  le  chœur  Dormi  o  cura,  l'air  de 
Nina  au  premier  acte,  l'admirablequatuor 
Corne  !  partir!  et  le  duo  de  Nina  et  de  Lin- 
doro,  sont  des  choses  d'un  ordre  si  supérieur, 
que  Dalayrac,  entraîné  par  ses  habitudes  et 
peut-être  par  ses  préjugés,  n'eût  pu  même 
en  concevoir  le  plan.  11  est  vrai  que  le 
public  parisien  a  pensé  long-temps  comme 
ses  journalistes  j  mais  ce  n'est  pas  la  faute 
de  Paisiello. 

Le  talent  estimable  de  Dalayrac  était 
rebaussé  par  la  noblesse  de  son  caractère. 
En  1790,  au  moment  où  la  faillite  du 
banquier  Savalette  de  Lange  venait  de  lui 
enlever  le  fruit  de  dix  ans  de  travaux  et 
d'économie  ,  il  annula  le  testament  de  son 
père  qui  l'instituait  son  héritier  au  préju- 
dice d'un  frère  cadet.  Il  reçut  en  1798, 
sans  l'avoir  sollicité  ,  le  diplôme  de  mem- 
bre de  l'académie  de  Stockholm  ,  et  quel- 
ques années  après  ,  fut  fait  chevalier  de  la 
légion  d'honneur,  lors  de  l'institution  de 
cet  ordre.  Il  venait  de  finir  son  opéra  :  . 
Le  Poêle  et  le  Musicien,  qu'il  affection- 
nait ,  lorsqu'il  mourut  à  Paris,  le  27  no- 
vembre 1809,  sans  avoir  pu  mettre  en 
scène  ce  dernier  ouvrage.  Il  fut  inhumé 
dans  son  jardin  à  Fontenay-sous-Bois. 
Son  buste ,  exécuté  par  Cartellier ,  a  été 
placé  dans  le  foyer  de  l'Opéra-Comique , 
et  sa  vie  écrite  par  R.  C.  G.  P.  (René- 
Charles  Guilbert  Pixérécourt) ,  a  été  pu- 
bliée à  Paris,  en  1810  ,  un  vol.  in-12. 

Après  que  l'assemblée  nationale  eut 
rendu  les  décrets  qui  réglaient  les  droits  de 
la  propriété  des  auteurs  dramatiques,  les 
directeurs  de  spectacles  se  réunirent  pour 
élever  des  contestations  contre  les  disposi- 
tions de  ces  décrets,  et  firent  paraître  une 
brochure  à  ce  sujet.  Peu  de  temps  après 
la  publication  de  cet  écrit,  Dalayrac  fit 
imprimer  une  réfutation  de  ce  qu'il  conte- 
nait, sous  ce  titre  :  Réponse  de  Dalayrac 
à  MM.  les  directeurs  de  spectacles ,  ré- 
clamons contre  deux  décrets  de  l'as- 
semblée  nationale    de    1789,  lue    au 


DAL 


237 


comité  d'instruction  publique,  le  26  dé- 
cembre 1791,  Paris,  1791,  dix-sept  pages 
in-8". 

DALBERG  (jean-fre'déric-hugues  , 
BARON  DE),  frère  du  prince  primat  de 
la  confédération  du  Rhin,  est  né  vers  1752, 
Après  avoir  été  successivement  conseiller 
de  l'électeur  de  Trêves ,  à  Coblentz ,  et 
chanoine  de  Worms,il  est  mort  à  Auschaf- 
fenbourg  ,  en  1812.  C'était  un  pianiste 
babile  et  un  compositeur  de  la  bonne  école. 
On  connaît  de  lui  vingt-huit  œuvres  de 
musique  pratique,  consistant  en  quatuors 
pour  piano,  hautbois,  cor  et  basson,  trio9 
pour  piano,  violon  et  violoncelle,  duos 
pour  deux  pianos,  plusieurs  œuvres  de  so- 
nates, dont  quelques-unes  à  quatre  mains, 
des  variations,  des  polonaises,  des  canons, 
des  chansons  allemandes  et  françaises ,  et 
enfin  une  cantate  intitulée  :  Les  Plaintes 
d'Eve  (extraite  du  Messie  de  Klopstok)  , 
publiée  à  Spire,  en  1785.  Le  baron  de 
Dalberg  s'est  aussi  fait  connaître  comme 
écrivain  sur  la  musique  par  les  ouvrages 
suivans  :  1°  Blike  eines  Tonkïuisller  in 
die  Musik  der  Geister ,  an  Philipp 
Haake  (Coup-d'œil  d'un  musicien  sur  la 
musique  des  esprits  de  Philippe  Haake), 
Manheim,  1787,  in-12  de  vingt-un  pages  ; 
2°  Von  Erkennen  und  Erfmden  (Du  sa- 
voir et  de  l'invention) ,  Francfort ,  1791 , 
in-8°  ,  ce  petit  ouvrage  renferme  des  vues 
assez  fines  sur  l'invention  et  le  génie  mu- 
sical ;  5°  Gita  govinda ,  oder  Gesœnge 
eines  indianischen  Dichters,  mit  Erlaù- 
terungen  [Gita-govinda ,  ou  chants  d'un 
poète  indien ,  avec  des  éclaircissemens)  ; 
4°  Untersuchungen  uber  den  Ursprung 
der  Harmonie  (  Recherches  sur  l'origine 
de  l'harmonie)  ,  in-8°,  Erfurt,  1801.  Cet 
ouvrage  est  un  mémoire  lu  par  l'auteur  à 
l'académie  d'Erfurt  :  il  contient  des  aper- 
çus curieux  sur  l'affinité  des  tons  et  leurs 
rapports  consonnans  et  dissonans.  La 
partie  historique  ne  présente  pas  moins 
d'intérêt  ;  on  y  remarque  des  observations 
1°  Sur  les  instrumens  des  anciens  et  leur 
usage  j  2°  Sur  l'échelle  musicale  à'Olym- 


238 


DAL 


pus,  citée  par  Plutarqae ,  et  son  analogie 
avec  celle  des  Chinois   et  une  ancienne 
gamme  écossaise;  3°  Sur  plusieurs  échelles 
anciennes  ;  4°  Sur  la  culture  delà  musique 
chez  les  Chinois,  les  Indiens  et  les  Grecs  ; 
5°  Sur  l'ancienne  lyre  à  quatre  cordes  et 
sur  celle  à' Orphée  •  6°  Sur  les  premiers 
essais  de  la  musique  à  plusieurs  parties. 
5°  Ueber  die  Musik  der  Indier  (  Sur  la 
musique  des  Indiens,  traduit  de  l'anglais 
de  William  Jones  ,  et  accompagné  de  no- 
tes et  d'additions  ,   cent  cinquante  pages 
in-4°,  Erfurt,  1802).  L'original  de  ce  mé- 
moire, composé  par  W.  Jones,  président 
de  la  société  de  Calcutta,  a  été  inséré  dans 
le  troisième  volume  des  Transactions   de 
cette  société,  publié  à  Londres,  en  1792. 
Il  renferme  des  renseignemens  intéressons 
sur  cette  matière  ;  malheureusement   les 
bornes  d'un  mémoire  académique  n'avaient 
pas  permis  à  son  auteur  de  faire  usage  de 
tous  les  matériaux  qu'il  avait  rassemblés; 
le  baron  de  Daiberg  ,  pour  suppléer  à  ses 
omissions  ,  s'est  occupé  pendant  plusieurs 
années  à  recueillir  des  notices  authentiques 
sur  la  musique  des  Indiens  ,  des  Persans  , 
des  Arabes  et  des  Chinois.  Sir  Richard 
Jonhson,  ami  et  collègue  de  W.  Jones,  lui 
communiqua  les  dessins  des  mythes  musi- 
caux des  Indiens  ,  qui  n'avaient  point  en- 
core été  gravés  à  Londres.  Pour  ne  rien 
laisser  à  désirer ,  le  traducteur  ,  qui  était 
parvenu  à  se  procurer  une  collection  rare 
de  chansons  indiennes,  publiée  à  Calcutta, 
en  1789,  par  W.    Hamilton  Bird,  en 
enrichit  son  travail ,  en  y  ajoutant  pi  usieurs 
airs  arabes,  persans  et  chinois,   pour  en 
faire  la  comparaison  avec  ceux  des  Hin- 
dous. Ce  volume  et  le  travail  de  Villoteau, 
dans  la   description  de  l'Egypte,  sont  ce 
qu'il  y  a  de  mieux  sur  la  musique  des  peu- 
ples orientaux  ;  6°  Die  Aeolsharfe,  eine 
allegorischer  Traum  (La  harpe  éolienne, 
songe  allégorique),  Erfurt,  1801,  soixante- 
douze  pages  in-8°.  On  y  trouve  des  détails 
sur   le    mécanisme    de   cet    instrument. 
7°  Ueber  griechisches  Instrumentalmu- 
sik  und  ihre  Wirkung  (Sur  la  musique 


DAL 

instrumentale  des  Grecs  et  ses  effets),  dans 
la  Gazette  musicale  de  Leipsick,  9e  ann., 
pag.  17. 

Le  baron  de  Daiberg  ne  s'est  point  borné 
à  des  travaux  sur  la  musique  :  il  est  au- 
teur d'un  ouvrage  estimé  sur  les  religions 
de  l'Orient ,  auquel  il  a  donné  le  cadre 
d'un  roman,  et  qu'il  a  intitulé  :  Histoire 
d'une  famille  Druse  ;  ce  livre  a  été  tra- 
duit en  français  sous  le  titre  de  Mehaled 
et  Zedli,  Paris  ,  1811 ,  deux  vol.  in-12. 

DALLANS  (ralph),  constructeur  d'or- 
gues anglais,  vivait  à  Londres,  vers  le 
milieu  du  17e  siècle.  Il  est  mort  à  Green- 
wich ,  au  mois  de  février  1672.  Il  a  con- 
struit les  orgues  du  nouveau  Collège  et  de 
l'École  de  musique  à  Oxford. 

DALLA11MI  (jean),  mathématicien 
né  dans  le  Tyrol,  vers  la  fin  du  18e  siècle, 
et  qui  s'est  fixé  à  Rome  depuis  plusieurs 
années ,  a  publié  dans  cette  ville  :  1°  Ris- 
tretto  difatti  acustici,  letlo  nelV  acade- 
mia  de'  Lincei,  Rome, 1821,  édition  litho- 
graphique authographe  ;  2°  Estratto  del 
Ristretto  di  Jalti  acustici,  provenienli 
dall'  autore,  ibid. ,  1821  ;  3°  Parte  se- 
conda del  Ristretto  di  fatti  acustici } 
ibid.,  1821.  Ces  recherches  sur  l'acousti- 
que ont  été  insérées  dans  le  Giornale  ar- 
cadico  di  Roma ,  novembre,  pag.  164; 
décembre,  p.  321  (1821);  janvier,  p.  48; 
février,  p.  221  (1822). 

DALLERY  (charles),  constructeur 
d'orgues,  né  à  Amiens,  vers  1710  ,  exerça 
d'abord  la  profession  de  tonnelier  dans  sa 
ville  natale  :  doué  d'un  esprit  d'invention 
pour  la  mécanique,  il  entreprit  de  réfor- 
mer celle  des  orgues ,  dont  le  bruit 
désagréable  nuisait  à  l'effet  de  ces  instru- 
mens  ;  réforme  que  personne  avant  lui 
n'avait  tenté  de  faire.  C'est  à  lui  qu'on 
doit  les  belles  orgues  de  Saint -Nicolas- 
aux-Bois ,  de  l'abbaye  de  Clairmarais ,  en 
Flandre,  et  enfin  le  bel  orgue  de  l'abbaye 
d'Anchin,  orgue  à  cinq  claviers,  dont  ceux 
du  positif  et  du  grand  orgue  ont  cinq  oc- 
taves, ceux  de  récit  et  d'écho,  trois  octaves, 
et  celui  de  pédale  deux  octaves  et  demie. 


DAL 

Cet  orgue  est  maintenant  à  l'église  de 
Saint-Pierre,  à  Douai;  malheureusement 
remplacement  n'était  pas  assez  grand  pour 
le  remonter  dans  ses  proportions  primi- 
tives,  et  l'on  a  été  obligé  de  réduire  à 
cinquante-deux  le  nombre  de  ses  registres, 
qui  était  originairement  de  soixante-qua- 
tre. Mais ,  tel  qu'il  est ,  c'est  encore  un 
magnifique  instrument.  L'auteur  de  celte 
Biographie  l'a  joué  pendant  plusieurs 
années,  et,  par  l'étude  qu'il  avait  faite 
des  qualités  et  des  défauts  de  ses  différens 
registres,  était  parvenu  a  en  tirer  des  com- 
binaisons de  jeux  d'un  grand  effet.  On 
ignore  l'époque  de  la  mort  de  Dallcry. 

DALLERY  (pierre)  ,  neveu  du  précé- 
dent, et  son  élève  dans  la  facture  des  or- 
gues, est  né  le  6  juin  1755,  à  Buire-le- 
Sec  ,  près  de  Montrcuil-sur-Mer.  Jusqu'à 
l'âge  de  vingt-six  ans,  il  travailla  sous  la 
direction  de  son  oncle ,  et  l'aida  dans  la 
construction  des  orgues  dont  il  vient  d'être 
parlé.  Son  premier  ouvrage  fut  l'orgue  des 
missionnaires  de  Saint-Lazare,  faubourg 
Saint-Denis,  dont  toutes  les  parties  pou- 
vaient déjà  servir  de  modèle  sous  le  rap- 
port de  la  mécanique.  Clicquot,  qui  fut 
appelé  comme  arbitre  pour  la  réception 
de  cet  orgue,  donna  les  plus  grands  éloges 
à  son  auteur,  le  chargea  de  la  reconstruc- 
tion de  l'orgue  de  la  paroisse  Saint-Lau- 
rent, et  finit  par  s'associer  à  lui.  C'est  à  la 
réunion  de  ces  hommes  habiles  que  la  ca- 
pitale dut  les  orgues  magnifiques  de  Notre- 
Dame,  de  Saint-Nicolas-des-Champs  ,  de 
Saint-Méry,  de  la  Sainte-Chapelle,  de 
la  chapelle  du  roi,  à  Versailles  ,  et  d'une 
multitude  d'autres  qui  n'existent  plus. 
Leur  association  cessa  avant  que  Clicquot 
eût  entreprit  la  construction  de  l'orgue  de 
Saint-Sulpice.  On  dit  que  cet  habile  ar- 
tiste, mécontent  de  ce  dernier  ouvrage, 
s'écria  que  depuis  sa  séparation  avec 
Pierre  Dallery,  il  n'avait  plus  rien  fait  de 
bon.  C'est  de  ce  moment  que  date  la  répu- 
tation que  ce  dernier  s'est  acquise.  11  refit 
à  neuf  l'orgue  des  Missionnaires  de  Saint- 
Lazare  en  lai  donnant  l'harmonie  qui  lui 


DAL 


239 


manquait.  Il  fit  ensuite  le  joli  orgue  de 
la  paroisse  de  Sainte-Suzanno  de  l'Ile  de 
France,  ceux  de  la  Madeleine  d'Arras,  de 
la  paroisse  de  Bagnolet,  de  Charonne,  du 
chapitre  de  Saint-Etienne  des  Grès,  etc., 
sans  compter  les  petits  orgues  de  chambre, 
dont  l'invention  est  faussement  attribuée 
par  Dom  Bédos  à  un  nommé  L'épine,  qui 
n'en  a  jamais  fait,  mais  qui  a  fabriqué  des 
clavecins  organisés. 

DALLOGLIO  (dominique)  ,  violiniste 
et  compositeur,  naquit  à  Padoue  au  com- 
mencement du  18e  siècle.  En  1755,  il  se 
rendit  à  Pétersbourg  avec  son  frère,  et  y 
resta  pendant  vingt-neuf  ans  au  service 
de  la  cour.  11  demanda  sa  démission  en 
1764,  et  se  mit  en  route  pour  retourner 
dans  sa  patrie  ;  mais  il  ne  put  atteindre  le 
but  de  son  voyage ,  car  il  fut  frappé  d'a- 
poplexie près  de  Narva  ,  où  il  mourut.  On 
a  gravé  à  Vienne  douze  solos  pour  le  vio- 
lon de  sa  composition.  Il  a  laissé  en  ma- 
nuscrit plusieurs  symphonies,  des  concer- 
tos de  violon ,  des  solos  pour  le  même 
instrument,  et  quelques  solos  pour  l'alto, 
dont  on  a  conservé  des  copies  en  Alle- 
magne. 

DALLOGLIO  (joseph)  ,  frère  cadet  du 
précédent,  célèbre  violoncelliste,  naquit  à 
Venise.  En  1755,  il  entra  au  service  delà 
cour  de  Russie  avec  son  frère  ,  et  s'y  fit 
admirer  par  la  supériorité  de  son  talent 
pendant  vingt-neufans.  En  1764  ,  il  quitta 
Saint-Pétersbourg,  et  se  rendit  à  Varsovie, 
où  le  roi  de  Pologne  lui  conféra  la  charge 
de  son  agent ,  auprès  de  la  république  de 
Venise. 

DALL'OLIO  (jean-baptiste)  ,  écrivain 
cité  par  Lichtenthal  (Dizzion.  e  Bibliog. 
délia  musica)  comme  auteur  des  disserta- 
tions suivantes  :  1°  Memoria  sull'  appli- 
cazione  délia  matematica  alla  musica 
(Mémoire  sur  l'application  des  mathéma- 
tiques à  la  musique)  ,  inséré  dans  les  Me- 
mor.  di  MatJiem.  e  di  Fisica  délia  soc. 
ital.  délie  scienze,  tom.  9,  Modène,  1802, 
pag.  609-625;  2°  Memoria  sul  preteso 
ripristinamento  del  génère  enarmonico 


240 


DAL 


de  Greci  (Mémoire  sur  le  prétendu  re- 
nouvellement du  genre  enharmonique  des 
Grecs),  dans  le  même  recueil ,  lom.  10, 
pag.  636,  939, 1803.  Ce  mémoire  est  une 
réfutation  de  la  lettre  écrite  par  le  comte 
Giordani  Riccali  à  son  élève  Jean-Baptiste 
Bortolani ,  laquelle  est  insérée  dans  la 
Raccolta  Ferrarese  di  opuscoli  scicnli- 
fici,  Venise,  1787,  tom.  19,  pag.  129. 
Bortolani,  ne  sachant  comment  expliquer 
un  passage  d'un  air  de  Jomelli ,  avait  de- 
mandé des  éclaircissemens  à  son  maître  , 
qui  lui  répondit  qu'il  y  avait  retrouvé  le 
genre  enharmonique  desGrecs.  Il  a  été  pu- 
blié, dans  le  Giornale  dell'  italiana  let- 
teratura  (Padoue,  1805,  t.  XI,  p.  65-70), 
une  lettre  d'un  anonyme  sous  le  titre  de 
Lettere  d'un  philarmonico ,  etc. ,  dans 
laquelle  on  prouve  que  le  passage  de  Jo- 
melli a  trompé  également  le  comte  Ric- 
cati  et  DallOlio;  5°  Memoria  sopra  la 
tastalura  degli  organi  e  de'  cembali 
(Mémoire  sur  les  claviers  des  orgues  et  des 
clavecins),  dans  les  Mem.  di  Matem.  e  di 
Fisica,  etc.,  t.  XIII,  part.  1,  p.  374-580, 
Modène,  1807. 

DALLUM  (robert),  constructeur  d'or- 
gues anglais  qui  a  joui  d'une  grande  répu- 
tation de  son  temps  ,  naquit  à  Lancaster, 
en  1602,  et  mourut  à  Oxford  ,  en  1665. 

DALVI3IARE  (martin-pierre)  ,  né  en 
1770,  à  Dreux  (Eure-et-Loire),  d'une  fa- 
mille distinguée,  apprit  dans  sa  jeunesse 
la  musique  comme  art  d'agrément ,  et  l'ut 
obligé  d'en  faire  une  ressource  pour  son 
existence,  après  les  troubles  de  la  révolu- 
tion de  1789.  11  avait  acquis  un  talent  re- 
marquable sur  la  harpe  ;  dès  qu'il  fut  ar- 
rivé à  Paris  ,  il  y  produisit  une  assez  vive 
sensation.  D'ailleurs,  homme  du  inonde, 
et  possédant  des  connaissances  variées  , 
qu'il  est  rare  de  rencontrer  dans  un  mu- 
sicien, il  était  bien  accueilli  partout,  et  il 
eut  bientôt  des  liaisons  d'amitié  avec  les 
artistes  et  les  gens  de  lettres  les  plus  re- 
nommés de  cette  époque.  On  voit  par 
l'acte  de  mariage  du  poète  Lcgouvé  (15  plu- 
viôse   an  xi,  février  1803,  mairie  du 


DAL 

deuxième  arrondissement  de  Paris) ,  que 
Dalvimare  fut  un  de  ses  témoins  ,  et  qu'il 
avait  alors  trente-deux  ans  révolus.  Admis 
comme  harpiste  à  l'Opéra  dès  l'an  vin 
(1800),  il  eut  sa  nomination  définitive  à 
cette  place  au  mois  de  fructidor  an  îx.  A 
l'époque  delà  formation  de  la  musique  par- 
ticulièredel'empereurNapoléon,  M.  Dalvi- 
mare en  fut  aussi  nommé  le  harpiste.  Au 
mois  de  septembre  1807,  il  eut  le  titre  de 
maître  de  harpe  de  l'impératrice  Joséphine. 
Un  heureux  changement  dans  sa  fortune 
ayant  permis  à  cet  artiste  de  renoncer  à 
l'exercice  de  son  talent  pour  vivre,  il  donna 
sa  démission  de  toutes  ses  places  lel2  mars 
1812,  et  se  retira  à  Dreux,  où  il  vit  encore. 
Par  une  faiblesse  singulière,  il  n'aime  pas 
qu'on  lui  parle  de  sa  carrière  d'artiste  ,  qui 
n'a  rien  eu  que  d'honorable ,  et  voudrait 
faire  oublier  jusqu'à  ses  succès.  Son  pre- 
mier ouvrage  fut  une  symphonie  concer- 
tante pour  harpe  et  cor,  qu'il  composa 
avec  Frédéric  Duvernoy,  et  qu'il  publia 
en  l'an  vir  (1798) ;  cependant  il  n'a  compté 
pour  son  premier  œuvre  qu'un  recueil  de 
romances  avec  accompagnement  de  piano 
ou  de  harpe  qu'il  a  publié  quelque  temps 
après  chez  Pleyel.  Ses  autres  productions 
sont  :  1°  Trois  sonatespourharpe  et  violon, 
op.  2,  Paris,  S.  Gaveaux  ;  2°  Trois  idem, 
op.  9,  Paris,  Erard;  3°  Trois  idem } 
op.  12,  Paris,  Pleyel;  4°  Trois  idem, 
op.  14,  Paris,  Erard;  5°  Trois  idem , 
op.  15,  ibid.  ;  6°  Grande  sonate  avec  vio- 
lon, op.  33  ,  ibid.  ;  7°  Premier  duo  pour 
deux  harpes,  Paris  ,  Cousineau  (  Lemoine 
aîné);  8°  Deuxième  duo  Idem,  ibid.; 
9°  Premier  duo  pour  harpe  et  piano,  op.  22, 
Paris,  Erard;  10°  Deuxième  duo  pour 
harpe  et  piano,  Paris  ,  Dufaut  et  Dubois; 
11°  Troisième  duo  idem,  op.  51 ,  Paris, 
Erard;  12°Recueils  d'airs  connus  variés  pour 
la  harpe,  Ibid.  ;  13°  Théine  varié  ,  op.  21  , 
Ibid.  ;  14°  Scène  pour  la  harpe,  op.  23  , 
Ibid.  ;  15°  Fantaisie  sur  le  pas  russe; 
op.  24,  Ibid.;  16°  Airs  russes  variés, 
op.  25  ,  Ibid.  ;  16°  Fantaisie  et  variations 
sur  l'air  de  Léonce,  Paris ,  Frey  ;  17°  Air 


DAM 


DAM 


241 


tyrolien  varié,  Paris,  Erard;  18"  Airs  des 
Mystères  d'Isis  en  pots-pourris  et  variés  , 
Paris,  Pleyel  ;  19°  Fandango  varié, 
Paris,  Erard  ;  20°  Fantaisie  sur  l'air  :  Mon 
Cœur  soupire,  ibid.  ;  21°  Idem,  sur  l'air  : 
Un  Jeune  Troubadour,  ibid.;  22°  Idem 
snr  un  thème  donné,  Ibid.;  23°  Idem 
et  douze  variations  sur  un  air  piémontais , 
Ibid.  ;  24°  Idem  et  variations  sur  l'air  : 
Charmant  Ruisseau,Varis,Janetj  25°  Plu- 
sieurs recueils  de  romances ,  œuvres  4  , 
13,  15,  20,  Paris,  Pleyel  et  Érard; 
25°  Beaucoup  d'airs  et  d'ouvertures  d'opé- 
ras arrangés  pour  la  harpe  ;  26°  Plusieurs 
morceaux  pour  harpe  et  cor ,  composés  en 
société  avec  Frédéric  Duvernoy.  En  1809, 
M.  Dalvimare  a  composé  pour  le  théâtre 
Feydeau  un  opéra-comique  en  un  acte  inti- 
tulé :  Le  Mariage  par  imprudence.  La 
musique  de  cet  ouvrage  était  faible  ;  la 
pièce  ne  réussit  point ,  et  l'on  dit  alors 
que  la  plus  grande  imprudence  était  celle 
des  auteurs  qui  l'avaient  fait  jouer.  La 
partition  de  cet  opéra  a  été  cependant 
gravée  à  Paris,  chez  Erard. 

DÀMANCE  (le  père),  religieux  trini- 
taire  de  la  rédemption  des  Captifs ,  orga- 
niste du  couvent  de  son  ordre  ,  à  Lisieux, 
vécut  à  la  fin  du  17e  siècle.  Il  a  laissé  en 
manuscrit  des  pièces  d'orgue. 

DAMON,  sophiste  et  musicien  grec, 
naquit  au  bourg  d'Oa ,  dans  l'Attique.  Il 
était  élève  d'Agatocle,  et  fut  le  maître  de 
musique  de  Périclès  et  de  Socrate.  C'est  à 
lui  qu'on  attribue  l'invention  du  mode 
Hypolydien.  Platon  lui  a  donné  beaucoup 
d'éloges;  Galien  (Deplacit.  Hippoc.)  pré- 
tend que  ce  musicien,  voyant  un  jour  des 
jeunes  gens  que  les  vapeurs  du  vin  et  un 
air  de  flûte  joué  dans  le  mode  phrygien 
avaient  rendus  furieux,  les  ramena  tout  à 
coup  à  un  état  de  tranquillité,  en  faisant 
jouer  un  air  du  mode  dorien.  Ce  conte 
a  été  renouvelé  plusieurs  fois  à  propos  de 
divers  musiciens. 

DAMON  (william), organiste  de  la  cha- 
pelle royale,    sous  le  règne  d'Elisabeth, 
naquit  vers  1540.  Il  est  principalement 
TOME   m. 


connu  par  une  collection  de  psaumes  à 
quatre  parties,  qu'il  avait  composés  pour 
l'usage  d'un  de  ses  amis;  celui-ci,  à  l'insu 
de  l'auteur,  le  livra  au  public  sous  le  titre 
de  The  psalmes  of  David  in  English 
metter ,  with  notes  of  foure  parts  set 
unto  them  by  Guglielmo  Damon  (Les 
psaumes  de  David  en  vers  anglais,  notés  à 
quatre  parties) ,  Londres,  1579.  La  nou- 
veauté de  l'ouvrage ,  ni  la  réputation  de 
l'auteur  ne  purent  le  mettre  en  faveur.  Ce 
défaut  de  succès  le  détermina  à  retirer  les 
exemplaires  et  à  les  détruire  avec  tant  de 
soin  ,  qu'il  serait  presque  impossible  d'en 
trouver  un  aujourd'hui.  Damon  se  mit 
ensuite  à  en  retoucher  l'harmonie  ,  et  en 
publia  une  seconde  édition  qu'il  intitula  : 
The  former  book  ofthe  music  ofM.  Wil- 
liam Damon,  la  te  one  of  Her  Majesty's 
inusicians ,  conteyning  ail  the  tunes  of 
David's  psalms  as  they  are  ordinarely 
soung  in  the  Church,  most  excellentyly 
by  him  composed  into  4  parts  ;  in  which 
sett  the  ténor  singeth  the  church  tune  f 
Londres,  1591.  Le  second  livre  parut 
dans  la  même  année  ;  il  ne  différait  du 
premier  que  par  la  place  qu'occupait  la 
mélodie;  elle  avait  passé  du  ténor  dans  le 
dessus.  On  ignore  l'époque  de  la  mort  de 
Damon. 

DAMORE  AU(Mme  laure-cinthie  MON- 
TALANT)  ,  a  été  d'abord,  connue  sous  le 
nom  de  Mlle  Cinti.  Elle  est  née  à  Paris,  le 
6  février  1801  ,  et  a  été  admise  au  Con- 
servatoire de  musique  de  cette  ville ,  le 
28  novembre  1808,  dans  une  classe  de 
solfège.  Ses  progrès  furent  rapides  ,  et 
bientôt  après  elle  put  commencer  l'étude  du 
piano.  Elle  avait  atteint  l'âge  de  treize  ans 
avant  qu'on  songeât  à  lui  faire  apprendre 
les  élémens  du  chant.  Je  vois  par  les  re- 
gistres du  conservatoire  qu'elle  sortit  de 
la  classe  de  piano  pour  passer  à  l'élude  de 
la  vocalisation,  en  1814.  Les  événemens 
politiques  qui  firent  ensuite  fermer  cette 
école ,  livrèrent  Mlle  Montalant  à  elle- 
même  pour  continuer  ses  études.  Sa  voix 
acquérait  chaque  jour  plus  de  pureté,  plus 
16 


242 


DAM 


DAM 


de  moelleux.  Excellente  musicienne,  et 
douée  d'un  précieux  sentiment  naturel  du 
beau  musical,  elle  sut  se  bien  diriger,  et 
mit  à  profit  les  leçons  pratiques  qu'elle 
recevait  par  l'audition  des  chanteurs  ha- 
biles qui  venaient  à  Paris,  et  particulière- 
ment au  théâtre  Italien.  Les  commence- 
mens  de  sa  carrière  de  cantatrice  n'eurent 
cependant  pas  beaucoup  d'éclat.  Elle  don- 
nait quelques  concerts  où  il  allait  peu  de 
monde,  parce  qu'elle  n'était  pas  connue  :  et 
puis,  elle  ne  venait  pas  des  pays  étrangers, 
et  ce  lui  était  un  grand  tort. 

Le  théâtre  Italien  ,  anéanti  par  la  mau- 
vaise administration  de  Mme  Catalani,  fut 
rouvert  en  1819  ,  et   MUe   Cinti  ,  alors 
âgée  de  dix-huit  ans ,  y  fut  engagée  pour 
les  rôles  de  secondes  femmes.  Le  premier 
rôle  de  quelque  importance  qu'elle  chanta 
fut  celui  du  page  dans  les  Noces  de  Figaro; 
elle  y  mit  beaucoup  de  grâce  et  de  charme; 
mais  le  temps  n'était  pas  venu  pour  elle 
de  se  faire  remarquer  des  habitués  de  10- 
péra-Italien.  Profitant  de  tout  ce  qu'elle 
entendait,  elle  se  préparait  en  silence,  par 
des  études   sérieuses ,  à  l'avenir  brillant 
dont  elle  avait  le  pressentiment.  Ce  ne  fut 
que  vers  la  fin  de  Tannée  1821    qu'elle 
essaya  ses  forces  dans  les  rôles  de  première 
femme;  son  talent  avait  déjà  pris  du  dé- 
veloppement ;  elle  chanta  bien ,  mais  elle 
produisit  peu  d'effet  :  les  dilettanti  d'alors 
ne  pouvaient  se  persuader  qu'on  pût  bien 
chanter  sans  venir  d'Italie,  ou  du  moins 
sans  y  avoir  été.  Cependant,  le  talent  de 
Mlle  Cinti  était  réel  et  grandissait  chaque 
jour.  En  1822  elle  fut  engagée  par  Ebers 
pour  chanter  pendant  une  saison  à  l'Opéra- 
Italien  de  Londres, au  prix  de  500  livres  (en- 
viron 12, 500fr.).  Les  Anglais,  qui  estiment 
par-dessus  tout  la  puissance  de  la  voix  , 
ne  comprirent  pas  bien  le  mérite  du  chant 
fin  et  délicat  de  la  cantatrice  française; 
toutefois  celle-ci  eut  lieu  d'être  satisfaite 
de  l'effet  qu'elle  avait  produit  dans  cette 
saison.  Elle  revint  à  Paris  plus  sûre  d'elle- 
même  ,  et  dès  ce  moment  elle  commença 
à  prendre  dans  son  pays  un  rang  parmi  les 


cantatrices  distinguées.  Sesappointemens, 
qui  n'avaient  étéjusque  là  que  de  8000  fr., 
furent  portés  à  12,000.  L'arrivée  de  Ros- 
sini  à  Paris  ,  en  1823  ,  fut  un  événement 
heureux  pour  Mlle  Cinti  :  trop  bon  con- 
naisseur pour  ne  pas  apprécier  à  sa  valeur 
le  mérite  de  cette  jeune  personne ,  il  en 
dit  son  sentiment,  et  l'autorité  de  son 
jugement  fit  cesser  les  préventions  qui 
avaient  existé  jusqu'à  ce  moment  contre 
un  des  plus  beaux  talens  qu'on  eût  entendus 
à  Paris. 

En  1825  l'administration  de  l'Opéra 
ayant  conçu  le  projet  de  changer  son  ré- 
pertoire et  de  faire  représenter  des  ouvra- 
ges de  Rossini,  comprit  qu'elle  devait  avant 
tout  engager  des  acteurs  capables  de  chanter 
ces  compositions.  Le  théâtre  Italien  était 
alors  régi  par  la  même  administration  ; 
cette  circonstance  favorisa  l'engagement 
de  Mlle  Cinti  pour  l'Opéra  Français;  elle 
débuta  le  24  février  1 826  à  ce  théâtre,  dans 
Fernand  Cortez ,  et  son  triomphe  fut 
complet.  Jamais  on  n'avait  entendu  chan- 
ter avec  une  telle  perfection  dans  le  vieux 
sanctuaire  des  cris  dramatiques.  C'est  de 
ce  moment  que  date  la  renommée  de 
Mme  Damoreau.  Avec  le  succès ,  le  senti- 
ment de  ses  forces  lui  revint  ;  ce  succès 
nel'éblouit  pas,  mais  il  lui  fit  prendre  con- 
fiance en  elle-même,  et  lui  fit  redoubler 
d'efforts.  Les  rôles  de  première  femme 
écrits  pour  elle  dans  le  Siège  de  Corinthe 
et  dans  Moïse ,  achevèrent  de  mettre  dans 
tout  son  éclat  le  beau  talent  qu'elle  devait 
à  la  nature  et  surtout  à  l'art. 

Des  difficultés  s'étant  élevées  entre 
l'administration  et  MUe  Cinti  dans  l'été 
de  1827  ,  la  cantatrice  y  mit  fin  en  quit- 
tant brusquement  l'Opéra  pour  se  rendre 
à  Bruxelles.  Elle  y  excita  la  plus  vive 
admiration  dans  les  représentations  qu'elle 
y  donna.  Toutefois  ,  cette  ville  n'offrait 
pas  de  ressources  suffisantes  pour  un 
talent  tel  que  le  sien ,  et  sa  place  ne 
pouvait  être  remplie  à  l'Opéra  de  Paris. 
Des  concessions  lui  furent  faites  par  l'ad- 
ministration de  ce  spectacle,  et  son  retour 


DAM 

fut  décidé.  Avant  rie  quitter  Bruxelles  , 
Mlle  Cinti  épousa  Darnoreau,  acteur  du 
théâtre  de  cette  ville  ,  qui  avait  autrefois 
débuté  sans  succès  à  l'Opéra ,  puis  au 
théâtre  Feydeau,  et  qui  joue  maintenant 
en  province.  Cette  union  n'a  point  été  heu- 
reuse. De  retour  à  Paris  ,  Mme  Darnoreau 
y  reprit  avec  éclat  possession  de  son  em- 
ploi à  l'Opéra ,  et  le  talent  qu'elle  déploya 
dans  La  Muette  de  Portici ,  Le  Comte 
Ory ,  Robert-le-Diable  et  Le  Serment, 
acheva  de  mettre  le  sceau  à  sa  réputation. 
Une  dernière  épreuve  était  nécessaire  pour 
que  le  public  fût  persuadé  de  la  beauté  de 
ce  talent;  il  fallait  qu'il  fût  mis  en  paral- 
lèle avec  les  deux  cantatrices  les  plus 
renommées  de  l'époque  ,  c'est  -  à  -  dire  , 
MUe  Sontag  et  Mme  Malibran.  L'occasion 
se  présenta  en  1829  où  ces  trois  beaux  ta- 
lens  se  trouvèrent  réunis  à  l'Opéra,  dans  le 
premier  acte  du  Malrimonio  Segreto. 
Jamais  réunion  semblable  n'avait  eu  lieu; 
jamais  perfection  comparable  n'avait  ému 
une  assemblée.  Mme  Darnoreau  ne  resta 
point  au-dessous  de  ses  célèbres  rivales  : 
peut-être  même  y  eut-il  plus  de  fini  dans 
sa  vocalisation.  Son  beau  talent  s'est  en- 
core perfectionné  depuis  ce  temps ,  et  je 
ne  crains  pas  de  dire  qu'il  est  aujour- 
d'hui le  plus  parfait  qui  existe  et  qui 
peut-être  a  jamais  existé  parmi  les  canta- 
trices. 

Des  plans  d'économie  mal  entendus  ont 
empêché  de  renouveler  l'engagement  de 
Mme  Darnoreau  à  l'Opéra  en  1835.  Des 
propositions  avantageuses  lui  ont  été  faites 
alors  pour  l'Opéra-Comique  ;  elles  ont  été 
acceptées  ,  et  l'admirable  cantatrice  a  dé- 
buté à  ce  théâtre  avec  un  succès  immense 
vers  la  fin  de  l'année.  L'administration  de 
l'Opéra  comprend  maintenant  qu'elle  a 
fait  une  faute  en  laissant  s'éloigner  de  son 
théâtre  une  femme  qu'elle  ne  saurait  rem- 
placer par  aucune  autre  ;  mais  elle  ne 
pourra  réparer  cet  échec  qu'après  la  fin  de 
l'engagement  del'Opéra-Comique.  Mme Da- 
rnoreau a  publié  un  Album  de  romances, 
(Paris,  Troupenas)  qui  contient  des  mor- 


DAN 


243 


ceaux  pleins  de  charme,  et  quelques  autres 
petites  pièces  détachées. 

DANA  (josepfi),  compositeur  né  à  Na- 
ples  et  élève  de  Fenaroli,  a  écrit  pour  le 
théâtre  Saint-Charles ,  en  1791  ,  la  musi- 
que de  deux  ballets  qui  ont  pour  titre  : 
La  FlntaPazza  perAmore,  et  La  Fesla 
campestra . 

DANBY  (  jean  ) ,  musicien  anglais  qui 
vivait  à  Londres  en  1790,  a  joui  d'une 
grande  réputation  en  Angleterre  comme 
compositeur  de  glees.  Il  avait  établi  une 
école  de  chant  qui  était  fort  estimée,  et 
pour  laquelle  il  a  écrit  un  ouvrage  élé- 
mentaire intitulé  La  Guida  alla  musica 
vocale ,  publié  à  Londres  en  1787.  11  à 
fait  imprimer  aussi  plusieurs  recueils  de 
glees. 

DANDRÉ-BARDON  (michel-fran- 
çois)  ,  né  en  1700  à  Aix  en  Provence  ,  fut 
destiné  par  sa  famille  à  la  magistrature  , 
et  envoyé  à  Paris ,  pour  y  faire  son  droit  ; 
mais  son  goût  prononcé  pour  les  arts  lui 
fit  abandonner  l'étude  de  la  jurisprudence, 
et  il  devint  poète  ,  peintre  et  musicien. 
Malheureusement  il  fut  médiocre  dans 
chaque  genre.  Elève  de  Pierre  Vanloo  et 
de  Detroy  pour  la  peinture ,  il  eut  tous  les 
défauts  de  leur  école;  ses  compositions, 
presque  toutes  instrumentales,  ne  lui  ont 
pas  survécu  ,  et  le  seul  de  ses  ouvrages 
dont  on  se  souvient  aujourd'hui  est  un 
poème  relatif  aux  querelles  occasionnées 
par  la  lettre  de  Jean-Jacques  Rousseau 
sur  la  musique  française  ;  il  a  pour  titre  : 
L'Impartialité  de  la  musique  ,  Paris , 
1754 ,  in-12.  Dandré-Bardon  est  mort  à 
Marseille,  le  14  avril  1785. 

DANDRIEU  (  jean-françois  ) ,  orga- 
niste de  Saint-Méry  et  de  Saint-Barthé- 
lémy, qui  a  joui  de  quelque  réputation 
en  France,  naquit  à  Paris  en  1684,  et 
mourut  dans  la  même  ville  le  16  janvier 
1740.  Il  a  donné  trois  livres  de  pièces  de 
clavecin  ,  un  livre  de  pièces  d'orgue,  une 
suite  de  noëls  ,  et  des  sonates  à  trois  par- 
ties, pour  deux  dessus  de  violon  et  basse , 
livre  1er  et  2«"e,  Paris,  1705  ,  in-fol.  En 
16* 


244 


DAN 


DAN 


1719  il  publia  la  première  édition  d'un 
ouvrage  intitulé  Traité  de  V accompa- 
gnement du  clavecin.  La  deuxième  édi- 
tion a  paru  en  1727  ,  et  la  troisième  en 
1777,  in-4°,  oblong.  C'est  un  recueil  de 
basses  chiffrées  et  sans  chiffres.  Le  cata- 
logue de  Boy  vin  ,  de  1729,  indique  aussi  , 
sous  le  nom  de  Dandrieu ,  une  suite  de 
pièces  pour  les  violons,  intitulée  Les  ca- 
ractères de  la  guerre. 

DANIEL  (jéan),  luthiste,  vivait  en 
Allemagne  au  commencement  du  17e  siè- 
cle. Il  a  fait  imprimer  une  collection  de 
pièces  pour  son  instrument,  sous  ce  titre  : 
Thésaurus  Gratiarum ,  dass  est  Schatz- 
kœstlein ,  darinnen  allerhand  Stiicklein, 
Prœambulen ,  Toccaden ,  Fugen ,  etc. 
zur  Lauten-Tabulatur  gebracht,  auss 
verschiedenen  Autoribus  zusammenge- 
lesen,  Hanau,  1625,  in-fol.  La  deuxième 
partie  de  cet  ouvrage  a  été  publiée  dans  la 
même  année. 

DANKERS  (  ghislain  ) ,  savant  contra- 
puntiste  du  16e  siècle,  naquit  à  Tholen 
en  Zélande,  et  fut  chantre  de  la  chapelle 
pontificaleà  Rome,  sous  les  papes  Paul  III, 
Marcel  II ,  Paul  IV  et  Pie  IV.  Il  a  publié 
en  1559,  à  Venise,  chez  Gardane,  Il  primo 
e  secondo  libro  de  madrigali  a  A,  5  e  6 
voci.  On  trouve  aussi  des  motets  de  ce 
musicien  dans  la  collection  de  Salblinger, 
Augsbourg,  1554.  Dankers  fut  choisi  en 
1551  avec  Bartholomé  Escobedo  (  Voyez 
ce  nom)  par  Nicolas  Vicentino  et  Vincenzo 
Lusitano ,  pour  juger  la  discussion  qui 
s'était  élevée  entre  eux  sur  la  connaissance 
des  modes  diatonique  ,  chromatique  et 
énarmonique  ,  et  prononça  en  faveur  de 
Lusitano.  Il  ne  faut  pas  confondre  Ghis- 
lain Dankers  avec  Jean  Ghiselain  ,  dont 
il  y  a  un  livre  de  messes  publié  par  Pe- 
trucci  de  Fossombrone  en  1513. 

DANNELEY  (jean-feltham)  ,  profes- 
seur de  musique  à  Londres ,  est  né  en 
1786,  à  Oakingliam  ,  dans  le  Berkshire. 
Son  père  était  chantre  du  chœur  à  Wind- 
sor et  lui  enseigna  la  musique.  A  l'âge  de 
quinze  ans  il  fut  placé  sons  la  direction  de 


Knywett  pour  apprendre  à  jouer  du  piano, 
et  Samuel  Webbe  lui  donna  des  leçons 
d'harmonie.  Lorsqu'il  eut  atteint  sa  dix- 
septième  année,  Danneley  interrompit  ses 
études  musicales  pour  aller  demeurer  avec 
un  oncle  fort  riche  qui  lui  avait  promis 
de  lui  laisser  sa  fortune  j  mais  ayant 
long-temps  tardé  à  réaliser  ses  promesses, 
cet  oncle  mourut  sans  avoir  fait  de  testa- 
ment ,  et  Danneley ,  retombé  dans  une  si- 
tuation pénible,  fut  obligé  de  reprendre  sa 
première  profession.  Il  se  remit  avec  cou- 
rage au  travail,  reçut  des  leçons  de  piano  de 
Woelfl,  et  eut  aussi  pendant  quelque  temps 
C.  Neate  pour  professeur.  Après  avoir  de- 
meuré avec  sa  mère  à  Odiham ,  dans  le 
Hampshire,  il  fut  appelé  à  Ips"\vich  comme 
professeur  de  musique ,  y  demeura  quel- 
que temps  ,  jmis  fut  nommé  organiste  de 
l'église  Sainte-Marie- de-la-Tour,  dans 
cette  ville.  En  1816,  il  alla  à  Paris  ,  prit 
des  leçons  de  Reicha  pour  la  composition  , 
et  de  Pradher  pour  le  piano,  puis  alla  s'é- 
tablir à  Londres  où  il  s'est  fixé.  Danneley 
a  publié  quelques  légères  compositions 
pour  le  chant  et  le  piano,  mais  ses  ouvrages 
les  plus  importans  sont  ceux  dont  les  titres 
suivent  ;  1°  An  Encyclopedia  or  Dic- 
tionary  of  music;  in  which  not  only 
every  technical  -word  is  explained ,  the 
formation  of  every  species  of  composi- 
tion distincily  shewn ,  thier  harmonies , 
periods,  cadences,  and  accentuation,  but 
the  various  poetiefeet  employed  in  mu- 
sic, etc.  (Encyclopédie  ou  Dictionnaire  de 
musique,  dans  lequel  non  seulement  chaque 
mot  technique  est  expliquera  formation  de 
toute  espèce  de  composition  exposée,  etc.), 
London  ,  1825,  un  vol.  in-8°,  avec 
planches.  Malgré  le  titre  fort  étendu  de 
cet  ouvrage  et  tout  ce  qu'il  annonce  , 
l'Encyclopédie  musicale  de  Danneley 
n'est  traitée  que  d'une  manière  fort  abré- 
gée; 2°  A  musical  Grammar ,  com- 
prehending  the  principles  and  rules 
of  the  Science  (  Grammaire  musicale 
contenant  les  principes  et  les  règles  de 
cette  science),  London,  1826,  in-8°.  Ce 


DAN 

livre  ne  contient  que  les  premiers  élémens 
de  la  musique. 

DANNER  (CHRETIEN -FREDERIC)  ,   violi- 

niste,  né  à  Manheim  en  1745,  reçut  de 
son  père  les  premières  leçons  de  musique, 
et  fit  de  si  grands  progrès  sur  le  violon  , 
qu'il  devint  bientôt  un  des  artistes  les  plus 
Labiles  sur  cet  instrument.  En  1761  , 
l'électeur  palatin  l'admit  dans  son  orches- 
tre, et  lorsque  cet  orchestre  passa  à  Munich 
en  1778  ,  il  l'y  suivit.  En  1783,  il  quitta 
ce  service  pour  la  place  de  directeur  des 
concerts  du  duc  des  Deux-Ponts.  Il  occu- 
pait le  même  emploi  en  1812  à  la  cour  du 
grand-duc  de  Bade  à  Carlsruhe.  Il  fut  le 
maître  du  célèbre  violiniste  Frédéric  Eck. 
On  a  de  Danner  un  concertino  {en  fa) 
pour  le  violon  avec  orchestre ,  Paris , 
Sieber. 

DANNER  (georges),  père  du  précédent 
était  musicien  de  la  cour  de  Manheim  ,  et 
jouait  de  tous  les  instrumens.  Il  mourut 
auprès  de  son  fils  à  Carlsruhe  en  1807. 

DANNERET  (Elisabeth)  ,  née  à  Saint- 
Germain  ,  vers  1670,  débuta  comme  chan- 
teuse à  la  Comédie-Italienne,  le  24  août 
1694,  dans  le  divertissement  du.  Départ 
des  Comédiens.  Elle  devint  ensuite  la 
femme  d'Ëvariste  Gherardi.  Les  journaux 
du  temps  nous  apprennent  qu'elle  était 
également  remarquable  pour  la  beauté  de 
sa  voix  et  par  la  sûreté  de  sa  méthode. 
D'Origny  assure,  dans  ses  Annales  du 
théâtre  Italien  (tom.  I,  pag.  26),  qu'elle 
entra  à  l'Opéra  après  la  mort  de  son  mari; 
mais  ce  fait  est  au  moins  douteux  ,  car  on 
ne  trouve  point  son  nom  sur  les  catalogues 
des  acteurs  de  l'Opéra. 

DANOVILLE(.  .  .),  écuyer,  fut  élève 
de  Sainte-Colombe  pour  la  basse  de  viole, 
et  enseigna  à  jouer  de  cet  instrument  à 
Paris,  sous  le  règne  de  Louis  XIV.  On 
lui  doit  un  livre  qui  a  pour  titre  :  L'art 
de  toucher  le  dessus  et  basse  de  violle , 
contenant  tout  ce  qu'il  y  a  de  nécessaire, 
d'utile  et  de  curieux  dans  celle  science  ; 
avec  des  principes ,  des  règles  et  obser- 
vations si  intelligibles,  qu'on  peut  acqué- 


DAN 


245 


rir  la  perfection  de  cette  belle  science  en 
peu  de  temps ,  et  mesme  sans  le  secours 
d'aucun  maisire ,  Paris,  Christophe  Bal- 
lard,  1687,  in-8°  de  47  pages. 

DANYEL  (  jean  ),  bachelier  en  musi- 
que ,  était  chantre  de  l'église  du  Christ 
à  Oxford,  au  commencement  du  17e  siè- 
cle. Il  a  publié  une  suite  de  chansons  an- 
glaises sous  ce  titre  :  Songsfor  the  lute  , 
viol  and  voices ,  Londres,  1606  ,  in-fol. 

DANZI  (françois)  ,  compositeur  ,  na- 
quit à  Manheim  le  15  mai  1763.  Son  père, 
musicien  de  la  cour  et  premier  violoncel- 
liste de  la  chapelle  de  l'électeur  palatin , 
alors  la  meilleure  del'Europe,  lui  donna  les 
premières  leçons  ,  et  lui  enseigna  les  prin- 
cipes de  la  musique,  du  piano  et  du  chant. 
A  l'égard  de  l'art  d'écrire,  le  jeune  Danzi 
n'eut  qu'une  éducation  pratique;  il  n'ap- 
prit cet  art  que  par  quelques  notions 
d'harmonie  qu'il  puisa  dans  les  livres,  et 
par  la  lecture  des  partitions  des  grands 
maîtres.  Cependant  il  a  reçu  quelques  le- 
çons de  l'abbé  Vogler.  A  l'âge  de  douze 
ans  il  avait  déjà  écrit  plusieurs  morceaux 
pour  le  violoncelle ,  et  ses  progrès  sur  cet 
instrument  furent  si  rapides,  qu'à  peine 
sorti  de  l'enfance,  il  fut  admis  dans  la 
chapelle  comme  membre  de  l'orchestre. 
En  1778  ,  cette  chapelle  ayant  été  trans- 
portée à  Munich ,  Danzi  se  rendit  aussi 
dans  cette  ville,  et  l'année  suivante  il 
écrivit  son  premier  ouvrage  pour  le  théâtre 
de  la  Cour.  Vers  1790 ,  il  épousa  Margue- 
rite Marchand,  fille  du  directeur  du  théâ- 
tre de  Munich.  En  1791 ,  Danzi  demanda 
et  obtint  un  congé  illimité  pour  voyager 
avec  sa  nouvelle  épouse,  cantatrice  distin- 
guée dont  le  talent  s'était  développé  par 
les  leçons  de  son  mari.  Ils  séjournèrent 
long-temps  à  Leipsick  et  à  Prague.  Danzi 
dirigea  dans  ces  deux  villes  l'orchestre  de 
la  troupe  italienne  de  Guardatoni,  et  sa 
femme  chanta  avec  succès  les  rôles  de 
Suzanne  dans  les  Noces  de  Figaro }  de 
Caroline ,  dans  le  Matrimonio  Segreto, 
et  de  Nina ,  dans  l'opéra  de  ce  nom.  Pen- 
dant les  années  1794  et  1795^  ces  artistes 


246 


DAN 


BAN 


parcoururent  l'Italie  et  s'y  firent  remar- 
quer pour  leurs  talens  ,  particulièrement 
à  Venise  et  à  Florence.  Le  dérangement 
de  la  santé  de  Mme  Danzi  obligea  son  époux 
à  revenir  à  Munich  ;  il  y  arriva  en  1797  , 
et  dans  la  même  année  il  obtint  le  titre 
de  vice-maître  de  la  chapelle  électorale. 
Mme  Danzi  succomba  à  une  maladie  de 
poitrine  en  1799,  à  l'âge  de  32  ans. 
Danzi  fut  frappé  si  douloureusement  de 
cette  perte,  qu'il  ne  put  remplir  ses  fonc- 
tions à  la  cour  pendant  plusieurs  années  ; 
lorsqu'il  lui  fallut  ensuite  diriger  des  opé- 
ras où  sa  femme  avait  chanté  ,  il  éprouva 
des  émotions  si  pénibles,  qu'il  prit  enfin  la 
résolution  de  s'éloigner  de  Munich.  En 
1807  ,  il  se  rendit  à  Stuttgard  ,  où  il  fut 
nommé  maître  de  chapelle  du  roi  de  Wur- 
temberg ;  mais  les  changemens  politiques 
qui  survinrent  en  cette  partie  de  l'Alle- 
magne l'année  suivante,  l'obligèrent  à  aller 
chercher  fortune  ailleurs.  11  alla  à  Carls- 
ruhe,  et  la  cour  de  Bade  lui  accorda  le 
même  titre  qu'il  avait  à  Stuttgard  et  un 
traitement  suffisant  pour  assurer  son  exis- 
tence. Depuis  lors  il  n'a  plus  quitté  Carls- 
ruhe.  Il  est  mort  en  cette  ville  le  15  avril 
1826.  Les  compositions  religieuses  et 
instrumentales  de  Danzi  lui  ont  fait  en 
Allemagne  la  réputation  d'un  savant  musi- 
cien ;  mais  dans  ses  opéras  il  a  souvent 
sacrifié  les  convenances  dramatiques  à  des 
effets  d'instrumentation  ou  à  des  combi- 
naisons harmoniques  dépourvues  du  charme 
de  la  mélodie ,  ce  qui  est  d'autant  plus 
étonnant  qu'il  connaissait  bien  l'art  du 
chant ,  et  qu'il  l'enseigneit  à  merveille. 
Parmi  ses  ouvrages,  on  remarque  :  I.  Ope- 
pas  :  1°  Cléopdtre,  mélodrame,  à  Man- 
heirn  ,  1779;  2°  Azakia ,  opérette,  à 
Munich,  1780;  3°  Das  Triumph  der 
True  (  Le  triomphe  de  la  vérité  )  ;  4°  Der 
Sylphe ,  opéra  ,  à  Munich  ;  5°  Die  Mit- 
lernacht  Slunde  (  Minuit  ) ,  Ibid.;  6°  Der 
Kuss  (  Le  Baiser) ,  Ibid. ,  1799  ;  7°  Der 
Quasimann,  opérette,  Ibid.;  8°  Elbon- 
dokani,  opérette  ;  9°  Iphigéiùe  en  Aulide, 
grand  opéra  ,  à  Munich  ,  1807  ;  10°  Dus 


Freudenfest  (Le  Festin),  cantate  à  quatre 
voix  et  orchestre,  gravée  en  partition; 
11°  Preis  Gattes,  cantate  publiée  en  par- 
tition à  Leipsick,  1804.  II.  Musique 
d'église:  11°  Messe  à  quatre  voix  et  orgue, 
n°  l  (  en  si  bémol  ) ,  Offenbach  ,  André  ; 
13°  Messe  à  quatre  voix  et  orchestre,  n°  2 
(  en  ré),  Ibid.  ;  14°  Messe  facile  à  qua- 
tre voix  et  orgue  ,  Paris  ,  Porro  ;  15°  Le 
128e  psaume  à  quatre  voix  et  orchestre, 
œuvre  65,  Leipsick,  Probst;  16°  Te  Deum, 
à  quatre  voix  et  orchestre  ,  en  manuscrit  ; 
\1°  Magnificat  en  ut  à  quatre  voix  et  orches- 
tre, en  manuscrit.  III.  Musique  instrumen- 
tale; 18°  Symphonie,  à  grand  orchestre, 
œuvre  19  (en  ré  mineur),  Leipsick,  Breit- 
kopf  et  Haertel  ;  19°  Idem,  op.  20  (en  ut), 
Ibid.;  20°  Grande  Symphonie,  n°  5 
(en  si) ,  Offenbach,  André;  21°  Idem, 
n°  4  (en  ré) ,  Ibid.  ;  22°  Symphonie  con- 
certante pour  flûte  et  clarinette,  op.  41 , 
Ibid.;  25°  Idem,  pour  clarinette  et  bas- 
son, Bonn,  Simrock;24°iefe/rt,  n°  2,  Leip- 
sick, Breitkopf  et  Haertel  ;  25°  Trois  qnin- 
tetti  pour  flûte ,  hautbois  ,  clarinette  ,  cor 
et  basson,  op.  56,  Berlin,  Schlesinger; 
26°  Pot-pourri  pour  violon  et  orchestre , 
op.  61,  Offenbach,  André;  27°  Trois 
quintelti  pour  violon  ,etc. ,  op.  66  ,  Ibid.; 
28°  Quatuors  pour  deux  violons ,  alto  et 
basse,  op.  5,6  et  16,  Munich,  Falter; 
op.  7,  Mayence,  Schott  ;  op.  29,  Leip- 
sick, Breitkopf  et  Haertel  ;  op.  44,  Leip- 
sick, Peters;  op.  55,  Offenbach,  André 
(  en  tout  dix-neuf  quatuors)  ;  29°  Concer- 
tas pour  le  violoncelle  ;  nos  1  et  2,  Zurich, 
Huz;  30°Concertino,  Idem,  op.  45,  Leip- 
sick ,  Peters  ;  31°  Sonates  pour  violoncelle, 
liv.  1  et  2 ,  Zurich  ,  Haz  ;  32°  Concertos 
pour  la  flûte  ;  op.  30 ,  31,  42,  43,  Leip- 
sick ,  Breitkopf  et  Haertel  ;  53°  Trios  pour 
flûte,  alto  et  violoncelle,  op.  71,  Offen- 
bach, André;  54°  Sextuor- pour  hautbois, 
deux  altos,  deux  cors,  violoncelle  et  contre- 
basse ,op.  10 ,  Mayence  ,  Schott  ;  35°  Trois 
quatuors  pour  basson,  op.  40  ,  Offenbach  , 
André  ;  36°  Concerto  pour  le  piano,  op.  4, 
3iavence,  Schott,  57°  Quintctlopourpiano, 


DAP 

flûte,  hautbois,  cor  et  basson,  op.  55 
et  54,  Offenbach  ,  André;  58°  Quatuor 
pour  piano,  op.  40,  Leipsick,  Breitkopf 
et  Haertel  ;  59°  Sonate,  pour  deux  pianos 
et  violoncelle,  op.  42,  Offenbach ,  André; 
40°  Sonates  pour  piano  et  cor,  op.  28 
et  44  ,  Leipsick  ,  Breitkopf  et  Haertel , 
41°  Sonates  pour  piano  et  flûte,  op.  34, 
Munich  ,  Falter  ;  42°  Sonate  pour  piano  et 
cor  de  bassette  ,  op.  62  ,  Offenbach  , 
André;  45°  Sonates  pour  piano  à  quatre 
mains,  op.  2  ,  9  et  11  ,  Munich  ,  Falter, 
Leipsick,  Breitkopf  et  Haertel,  Mayence, 
Schott;  44°  Sonates  pour  piano  seul, 
op.  33,  Munich,  Falter;  45°  Quelques 
petites  pièces  pour  divers  instrumens. 
IV.  Musique  de  chambre;  46°  Airs  ita- 
liens détachés  avec  orchestre,  Munich, 
Falter  ;  47°  Chansons  allemandes  pour 
deux  dessus  et  basse ,  avec  accompagne- 
ment de  piano,  op.  16,  Leipsick,  Breit- 
kopf et  Haertel  ;  48°  Idem ,  op.  17,  Ib.- 
49°  Chansons  guerrières  à  quatre  voix 
d'homme,  op.  58,  Offenbach,  André; 
50°  Chants  grecs  à  quatre  voix  d'homme , 
avec  piano,  op.  72,  Leipsick,  Breitkopf  et 
Haertel;  51°  Six  chansons  allemandes 
pour  deux  dessus,  ténor  et  basse,  avec 
piano  ,  op.  74  ,  Ibid.  ;  52°  Environ  vingt- 
cinq  recueils  de  chansons  allemandes,  de 
canzonettes  italiennes  ,  et  de  romances 
françaises  pour  voix  seule  avec  accompa- 
gnement de  piano,  publiés  à  Munich, 
Offenbacb  et  Leipsick. 

DAINZY  (Françoise).  Voyez  Mme  LE- 
BBUN. 

DAPPEREN  (d.  VAN) ,  professeur  de 
chant  au  séminaire  des  instituteurs  pri- 
maires, à  Harlem,  est  auteur  d'un  manuel 
des  élémens  de  la  musique  et  du  chant,  à 
l'usage  des  professeurs  d'écoles  primaires  , 
qu'il  a  publié  sous  ce  titre  :  Aanvankelijk 
onderwijs  in  de  musijh  en  het  zingen; 
qf  Handboekje  voor  onderwijzers ,  om 
kinderen  deze  welenschappen  reeds 
eenigzins  vroegtijdig  te  leeren  beoefe- 
nen ,  première  partie  ,  Amsterdam  ,  Jean 
Van  der  Hey,  1818,  in-8°.  Deuxième  par- 


1)AQ 


247 


tie,  Ibid.,  1820,  in-8°.  Cet  ouvrage  est 
fort  bien  imprimé  avec  les  caractères  de 
musique  de  Enschedé,  de  Harlem.  On  a 
aussi  de  M.  Dapperen  des  Exercices  de 
chant  à  l'usage  des  petites  écoles  ,  sous  ce 
titre  :  Zang-oefeningen  voor  de  Lagere 
Scholen,  etc.  Harlem  ,  1819,  deux  suites. 
DAQUIN  (louis-claude)  ,  organiste  du 
roi,  naquit  à  Paris,  au  mois  de  juillet 
1694.  Il  n'avait  que  six  ans  lorsqu'il  joua 
du  clavecin  devant  Louis  XIV,  qui  lui 
donna  des  applaudissemens  et  qui  le  ré- 
compensa. Le  grand  Dauphin,  qui  était 
présent ,  frappa  sur  l'épaule  du  jeune  ar- 
tiste et  lui  dit  :  Mon  petit  ami ,  vous 
serez  un  jour  un  de  nos  plus  célèbres 
organistes.  Bernier,  qui  était  alors  un  des 
musiciens  les  plus  savans  de  France,  ayant 
donné  quelques  leçons  de  composition  au 
jeune  Daquin ,  celui-ci  écrivit  à  l'âge  de 
huit  ans  un  Beatus  vir  à  grand  chœur 
et  orchestre.  Quand  on  l'exécuta  ,  Bernier 
mit  l'auteur  sur  une  table  pour  qu'il  battît 
la  mesure  et  fût  mieux  vu  des  spectateurs. 
Il  n'avait  que  douze  ans  lorsqu'il  obtint 
l'orgue  des  chanoines  réguliers  de  Saint- 
Antoine  ,  et  l'on  courait  déjà  pour  l'enten- 
dre. En  1727  ,  l'orgue  de  Saint-Paul  vint 
à  vaquer.  Le  concours  fut  annoncé  et 
Rameau  s'y  présenta  pour  disputer  la  place 
à  Daquin.  On  dit  que  Hameau  ayant  joué 
une  fugue  préparée ,  Daquin  s'en  aperçut 
et  ne  laissa  pas  d'en  improviser  une  qui 
balançait lessuffrages.  Il  remonta  à  l'orgue, 
et  arrachant  le  rideau  qui  le  cachait  à 
l'auditoire,  il  lui  cria,  c'est  moi  qui  vais 
toucher.  Le  plus  vif  enthousiasme  était 
dans  ses  yeux  :  il  se  surpassa ,  disent  les 
biographes  ,  et  eut  la  gloire  de  l'emporter 
sur  son  rival. 

Daquin  vécut  soixante-dix-huit  ans  et 
excita  pendant  près  de  soixante-dix  l'admi- 
ration de  ceux  qui  l'entendirent.  Dix-huit 
jours  avant  de  mourir ,  il  joua  sur  l'orgue 
de  Saint-Paul  à  la  fête  de  l'ascension  et 
charma  ses  auditeurs.  Pendant  sa  dernière 
maladie,  qui  ne  dura  que  huit  jours,  il 
pensait  encore  à  la  fête  de  Saint-Paul  qui 


248 


DAQ 


approchait ,  et  disait  :  Je  veux  m'y  faire 
porter  et  mourir  à  mon  orgue.  Il  cessa 
de  vivre  le  15  juin  1772,  et  fut  inhumé  à 
Saint-Paul  :  un  très  grand  nomhre  d'ar- 
tistes et  d'amateurs  assista  à  ses  obsèques. 
Les  chanoines  réguliers  de  Saint-Antoine, 
dont  il  avait  joué  l'orgue  pendant  soixante- 
six  ans,  firent  aussi  chanter  un  service 
pour  lui  et  accordèrent  une  gratification 
à  son  fils.  Les  ouvrages  de  Daquin ,  qui 
ont  été  gravés,  sont  :  1°  Un  livre  de  pièces 
de  clavecin ,  en  1735  ;  2°  Un  livre  de 
noëls;  3°  Une  cantate  intitulée  La  Rose. 
11  a  laissé  en  manuscrit  un  Te  Deum , 
plusieurs  motets,  un  Miserere  en  trio, 
des  leçons  des  ténèbres,  plusieurs  cantates, 
entre  autres  celle  de  Circé,  de  J.-B.  Rous- 
seau, et  des  pièces  d'orgue. 

Cette  notice  est  tirée  de  l'Essai  sur  la 
musique  de  La  Borde  :  elle  a  été  fournie 
par  le  fils  de  Daquin,  et  cette  circonstance 
seule  explique  les  éloges  exagérés  qu'elle 
contient.  Que  Daquin  ait  eu  une  exécu- 
tion brillante ,  une  connaissance  étendue 
des  effets  de  l'orgue,  on  doit  le  croire  puis- 
qu'il obtint  l'estime  de  ses  contemporains  ; 
mais  j'ai  examiné  ses  pièces  d'orgue ,  ses 
noè'ls ,  ses  pièces  de  clavecin,  et  je  puis 
affirmer  que  tout  cela  est  misérable  :  on 
n'y  trouve  que  des  idées  communes  et  une 
ignorance  complète  de  l'art  d'écrire.  Or  , 
qu'est-ce  qu'un  organiste  qui  n'a  qu'un 
jeu  brillant?  Que  pouvait  être  cette  fugue 
improvisée  qui  balança  les  suffrages  avec 
celle  de  Rameau  ?  et  qui  pourra  croire  cette 
historiette  où  l'on  nous  dit  que  Handel, 
après  avoir  entendu  Daquin,  éprouva  tant 
d'étonnement  et  d'admiration  que,  malgré 
les  instances  les  plus  vives ,  il  ne  voulut 
pas  jouer  devant  lui  ?  Handel  et  Daquin  ! 
Quel  rapprochement  !  Ce  fait  seul  doit 
suffire  pour  faire  apprécier  la  valeur  des 
louanges  qu'on  a  prodiguées  à  l'organiste 
français, 

DAQUIN  (pierre-lotjis)  ,  fils  du  précé- 
dent et  bachelier  en  médecine ,  était  né  à 
Paris,  où  il  est  mort  en  1797.  Quoiqu'il 
eût  cultivé  les  lettres  avec  passion ,  il  avait 


DAR 

peu  de  talent ,  et  n'a  laissé  que  des  ouvra- 
ges médiocres.  Parmi  ces  écrits,  celui  qui 
est  intitulé  :  Lettres  sur  les  hommes  cé- 
lèbres clans  les  sciences  ,  la  littérature 
et  les  arts  ,  sous  le  règne  de  Louis  X.V 
(Paris,  1752,-  2  vol.  in-12),  contient 
huit  chapitres  relatifs  à  la  musique.  Us  ont 
pour  titre  :  1°  Sur  la  musique  et  ses  ef- 
fets ;  2°  Sur  l'Opéra;  3°  Sur  M.  Rameau; 
4°  Sur  la  cantate ,  la  musique  d'église  et 
les  maîtres  les  plus  renommés  ;  5°  Sur 
l'orgue,  le  clavecin  et  les  premiers  orga- 
nistes du  temps;  6°  Sur  le  violon,  la 
basse  de  viole  et  les  autres  instrumens  ; 
7°  Sur  le  chant  et  sur  la  danse  ;  8°  Sur 
quelques  faits  omis ,  et  sur  quelques  mu- 
siciens dont  on  a  oublié  de  parler.  On 
trouve  dans  tout  cela  quelques  faits  cu- 
rieux ,  mais  qui  sont  écrits  d'un  style  pro- 
lixe et  ennuyeux.  On  a  dit  de  ce  pauvre 
littérateur  : 

«  On  souffla  pour  le  père ,  on  siffle  pour  le  fils.  » 

L'ouvrage  dont  on  vient  de  parler  a  été 
reproduit  en  1754  ,  in-8°  ,  sous  le  titre  de 
Siècle  littéraire  de  Louis  XP^. 

DAQUONEUS  (jean),  compositeur 
italien,  cité  par  Walther,  d'après  Drau- 
dius,  vivait  vers  le  milieu  du  16e  siècle. 
On  connaît  de  lui  :  1°  Madrigali  a  sei  e 
sette  voci,  Venise,  1567  ;  2°  Madrigalia 
quatuor  vocum,  Anvers,  1594,  in-4°. 
11  y  a  lieu  de  croire  que  ce  nom  est  mal 
écrit. 

DARCIS  (FRANçois-josEPH),néà  Paris, 
vers  1756  ,  fut  élève  de  Grétry  pour  la 
composition  ,  et  donna  à  la  Comédie-Ita- 
lienne La  Fausse  Peur,  opéra-comique  en 
un  acte ,  et  Le  Bal  masqué.  Les  essais 
précoces  de  ce  jeune  homme  semblaient 
promettre  un  compositeur  distingué;  mais 
la  fougue  de  ses  passions  ne  lui  permit  pas 
de  se  livrer  à  des  éludes  sérieuses,  et  causa 
sa  perte.  Doué  d'une  figure  charmante, 
brave,  entreprenant,  il  aimait  les  femmes 
et  était  homme  à  bonnes  fortunes.  Ses 
désordres  devinrent  tels,  que  la  police  con- 
seilla à  son  père  de  le  faire  voyager.  On  le 


DAR 

fit  partir  pour  la  Russie  ;  mais  à  peine  y 
fut-il  arrivé  qu'il  se  battit  avec  un  officier 
russe',  qui  le  tua. 

DARD  ( .  .  .  .  )  ,  bassoniste  ordinaire 
de  la  chapelle  du  roi  et  de  l'Académie 
royale  de  musique  ,  a  fait  graver  à  Paris  , 
en  1767,  sixsolos  pour  lebasson  ou  le  vio- 
loncelle, œuvre  1er,  et  six  autres,  œu- 
vre 2e.  Il  a  publié  aussi  :  Nouveaux  prin- 
cipes de  musique ,  pour  l 'apprendre  par- 
faitement ,  Paris,  1766,  in-4°. 

DARDESPIN  (melchior)  ,  musicien  et 
valet  de  chambre  de  l'électeur  de  Bavière , 
naquit  vers  le  milieu  du  17e  siècle.  Il  a 
composé  la  musique  des  ballets  du  grand 
opéra  Servio  Tullio ,  de  Steffani ,  et  celle 
du  ballet  donné  pour  le  mariage  de  l'élec- 
teur Maximilien-Emmanuel ,  en  1615,  à 
Munich.  On  ignore  l'époque  de  sa  mort. 

DARONDEAU  (benoni),  né  à  Munich, 
vers  1740,  vint  s'établir  à  Paris  en  1782, 
et  s'y  fit  maître  de  chant.  En  1786  il  pu- 
blia son  premier  Recueil  de  petits  airs  à 
couplets  avec  accompagnement  de  harpe, 
op.  1  ;  quatre  autres  recueils  semblables 
parurent  l'année  suivante.  Il  a  composé 
aussi  la  musique  Du  Soldat  par  amour } 
qui  a  été  représenté  au  théâtre  de  l'Opéra- 
Comique,  en  1789. 

DARONDEAU  (henri)  ,  fils  du  précé- 
dent ,  naquit  à  Strasbourg ,  le  28  février 
1779.  Admis  au  Conservatoire  de  musi- 
que ,  comme  élève ,  il  y  apprit  à  jouer  du 
piano  de  Ladurner,  et  eut  pour  maître 
d'harmonie  M.  Berton.  Il  a  publié  pour  le 
piano  :  1°  Fantaisie  pour  le  piano,  op.  1  ; 
2°  La  Fête  de  Sainl-Cloud ,  pot-pourri  ; 
5°  L'Homme  du  destin,  fantaisie  ;  4°  La 
Jeune  victime,  pot-pourri;  5°  Air  de 
TVacher,  varié  ;  6°  Air  favori  de  Jean 
de  Paris ,  varié  ;  7°  Plusieurs  fantaisies 
et  variations  sur  des  airs  de  La  Neige, 
Roger  de  Sicile ,  la  barcarole  de  Venise  , 
la  ronde  de  Saint- Malo ,  la  Journée  aux 
Aventures,  etc.:  8°  Sonates  pour  le  piano, 
op.  2  ,  Paris,  Omont  ;  et  quelques  recueils 
de  romances.  Darondeau  a  écrit  la  musi- 
que du  ballet  à'Acis  et  Galatée ,  qui  a 


BAS 


249 


été  représenté  à  l'Opéra ,  an  mois  de  mai 
1806.  Il  a  donné  au  théâtre  de  la  Porte 
Saint-Martin  :  1°  Les  deux  Créoles,  bal- 
let ;  2°  Jenny  ou  Le  Mariage  secret, 
ballet  en  deux  actes  ;  3°  Rosine  et  Lorenzo, 
ou  Les  Gondoliers  Vénitiens,  idem  ; 
4°  Les  Sauvages  de  la  Floride,  idem  ; 
5°  La  Chatte  merveilleuse,  idem  ;  6°  Pi- 
zarre ,  idem.  Ce  musicien  fut  long-temps 
attaché  comme  compositeur,  ou  plutôt 
comme  arrangeur,  au  théâtre  des  Variétés. 

DASSER  ou  DASSERUS  (louis), maî- 
tre de  chapelle  du  duc  de  Wurtemberg , 
vivait  dans  la  seconde  moitié  du  16e  siècle. 
Il  a  fait  imprimer  ,  en  1578  ,  une  Passion 
à  quatre  voix ,  grand  in-fol.  Jacques  Paix 
a  donné  quelques-uns  de  ses  motets  arran- 
gés pour  l'orgue  dans  son  Orgeltabulatur- 
buch.  On  trouve  en  manuscrit,  dans  la  bi- 
bliothèque de  Munich ,  les  ouvrages  sui- 
vans  de  sa  composition  :  1°  Motettœ , 
cod.  13  5  2°  Missœ,  4  et  5  voc,  cod.  18, 
in-fol.  ;  3°  Motettœ  4  e  6  voc,  cod.  22  ; 
4°  Officia,  Introitus ,  etc.,  cod.  29 ; 
5°  Officia,  etc.,  cod.  41  ;  6°  Officia,  etc., 
cod.  44;  7°  Missœ,  cod.  45. 

DASYPODIUS  (conrad)  ,  né  à  Stras- 
bourg en  1532,  étudia  les  mathématiques 
sous  la  direction  de  Herlin,  et  succéda  à  son 
maître  dans  la  place  de  professeur  au  collège 
de  sa  ville  natale.  Son  nom  allemand  était 
Rauchfuss ,  qui  signifie  pied  velu;  son 
père  le  changea  en  celui  de  Dasypodius , 
d'un  mot  grec  qui  a  la  même  signification. 
Il  mourut  à  Strasbourg,  le  26  avril  1600. 
C'était  un  savant  homme,  mais  d'un  es- 
prit pédantesque  et  minutieux.  L'horloge 
de  la  cathédrale  de  Strasbourg,  qui  a 
long-temps  passé  pour  la  plus  belle  de 
l'Europe ,  a  été  faite  sur  ses  dessins ,  en 
1580.  Il  en  a  donné  la  description  dans  son 
Héron  malhematicus,  Strasbourg,  1580, 
in-4°.  Blumhof  a  publié  en  allemand  un 
Essai  sur  la  vie  et  les  ouvrages  de  Con- 
rad Dasypodius ,  avec  une  préface  de 
Kaestner,  in-8°,  Gottingue,  1798.  Parmi 
ses  ouvrages,  on  remarque  :  1°  Euclidis 
Propositiones  Elementorum  XV  optico- 


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rum,  calropticorum ,  harmonicorum  et 
apparentium ,  Strasbourg,  1571,  in-8°. 
Cet  ouvrage  est  extrait  de  son  analyse 
géométrique  des  livres  d'Euclide ,  publiée 
à  Strasbourg;  travail  fastidieux,  où  le 
commentaire  est  loin  d'éclaircir  le  texte  ; 
2°  Un  appendix  à  ses  Institutions  de  ma- 
thématiques ,  sous  ce  titre  :  Voluminis 
primi  Evotematum  appendix  arithme- 
ticce  et  musicœ  mechanicœ ,  Strasbourg, 
1596,  in-8°;  Lexikon  Mathematicum 
grœcb  et  latine  conscriptum,  Strasbourg, 
1575,  in-8°.  Ce  dictionnaire  n'est  pas 
disposé  par  ordre  alphabétique ,  mais  par 
ordre  de  matières.  Dasypodius  y  traite 
(p.  50-54)  delà  théorie  mathématique  de 
la  musique. 

DATHI  (aogustin)  ,  de  Sienne,  était 
secrétaire  de  cette  ville,  vers  1460.  Gesner 
le  cite  dans  sa  Bibliothèque  universelle , 
comme  auteur  d'un  traité  De  Musica 
disciplina.  On  ignore  si  cet  ouvrage  est 
imprimé  ou  s'il  est  resté  en  manuscrit. 

DATTABI  (giiinolfo),  né  à  Bologne, 
vivait  à  Venise  vers  le  milieu  du  16e  siè- 
cle. Il  a  publié  :  Le  Villanelle  a  tre , 
quattro  e  cinque  voci,  Venise,  1568, 
in-8°. 

DAUBE  (jean-frede'ric),  né  en  1750  , 
à  Hesse-Cassel ,  fut  d'abord  musicien  de  la 
musique  particulière  du  duc  de  Wurtem- 
berg, puis  conseiller  et  premier  secrétaire  de 
l'académie  des  sciences  fondée  à  Augsbourg 
par  l'empereur  François  Ier,  et  enfin  se  re- 
tira à  Vienne,  où  il  passa  les  dernières  an- 
nées de  sa  vie.  Il  mourut  en  cette  ville ,  le 
19  septembre  1797.  Daube  s'est  fait  con- 
naître comme  compositeur  par  des  Sonates 
pour  le  luth,  dans  le  goût  moderne,  op.  1, 
publiées  à  Nuremberg,  in-fol.  Mais  c'estsur- 
tout  par  ses  écrits  sur  la  musique  qu'il  a  fixé 
sur  lui  l'attention  des  artistes  et  des  ama- 
teurs. Le  premier  a  pour  titre  :  General- 
bass  in  drei  Accorden,  gegriindet  in  deti 
Regeln  der  alt-und  neuen  Auctoren,  etc. 
(L'Harmonie  en  trois  accords  ,  d'après  les 
règles  des  auteurs  anciens  et  modernes  , 
avec   une  instruction  sur  la  manière  de 


passer  d'un  ton  dans  chacun  des  vingt- 
trois  autres  tons  ,  par  le  moyen  de  deux 
accords  intermédiaires),  Leipsick,  1756, 
in-4°.  Marpurg  a  attaqué  le  système  de 
Daube  avec  vivacité  ,  sous  le  pseudonyme 
du  docteur  Gemmel,  dans  le  deuxième  vo- 
lume de  ses  Essais  historiques  et  critiques 
sur  la  musique  (Hist.  Krit.  Beitr,  p.  525). 
Le  second  ouvrage  de  Daube  est  intitulé  : 
Der  musikalische  Dilettant  ;  eine  Ab- 
handlung  der  Composition,  welchenicht 
allein  die  neuesten  Setzarten  der  zwo- 
drey-und  mehrstimmigen  Sachen;  son- 
dent auch  die  meisten  kiinstlichen  Gat- 
tungen  der  alten  Kanons  ;  der  einfachen 
und  Doppelfugen ,  deutlich  vortrœgt , 
und  durch  ausgesuchte  Beyspiele  erklart 
(L'amateur  de  musique  ;  dissertation  sur 
la  composition,  etc.),  Vienne,  1775,  in-4° 
de  trois  cent  trente-trois  pages  ;  5°  Anlei- 
tung  Zum  Selbslunlerricht  in  der  musi- 
kalischen  Komposition ,  sowohl  fur  die 
Instrumental  als  Vocalmusik;  Erster 
Theil  ("Méthode  pour  apprendre  soi-même 
la  composition  de  la  musique  instrumen- 
tale et  vocale,  première  partie) ,  Vienne, 
1798,  51  pages in-4°;  4°  Deaxième  partie 
du  même  ouvrage,  Vienne,  1798,  68  pages 
in-4°.  La  première  partie  de  ce  livre  est 
relative  à  la  composition  de  la  mélodie  ; 
la  seconde,  à  l'harmonie.  Malgré  les  criti- 
ques sévères  de  Marpurg ,  les  ouvrages  de 
Daube  renferment  de  fort  bonnes  choses; 
il  y  a  des  vues  et  de  la  méthode  dans  son 
traité  de  l'harmonie  en  trois  accords. 

DAUDENMEBKL  (françois-michel), 
habile  organiste,  né  en  1746,  à  Walters- 
hoff,  bourg  du  Haut-Palatinat ,  fut  élevé 
par  Wopperer,  son  oncle,  pasteur  à  Floss, 
et  apprit  de  lui  les  premiers  élémens  de  la 
langue  latine.  L'organiste  Bueder,  dans 
une  visite  qu'il  fit  au  pasteur  de  Floss  ,  eut 
occasion  de  remarquer  dans  le  jeune  Dau- 
benmerkl  un  génie  porté  à  la  musique  ;  il 
lui  donna  des  leçons  de  clavecin,  et,  au 
bout  de  deux  ans  ,  il  eut  la  satisfaction  de 
voir  sou  élève  assez  avancé  pour  obtenir  la 
place  d'organiste  des  Jésuites,  à  l'église  de 


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Saint-Georges,  à  Ahberg.  Vers  le  même 
temps  il  obtint  une  place  gratuite  au  sé- 
minaire de  la  même  ville  ;  il  y  fit  de  grands 
progrès  dans  l'étude  de  la  langue  et  de  la 
littérature  grecques.  Il  travaillait  aussi 
avec  ardeur  à  perfectionner  ses  talens  en 
musique  et  il  devint  enfin  l'un  des  plus 
grands  organistes  de  l'Allemagne  dans  le 
style  de  Reinken  et  de  J.-S.  Bach;  style 
qui  se  perd  de  jour  en  jour ,  et  dont  il  ne  res- 
tera bientôt  plus  de  traces.  Se  sentant  né 
pour  l'état  ecclésiastique ,  Daubenmerkl 
étudia  la  théologie  et  se  lit  ordonner  prê- 
tre. On  lui  conseillait  de  parcourir  l'Alle- 
magne ou  de  se  fixer  dans  quelque  cour; 
mais  il  préféra  le  repos  et  l'obscurité.  Ainsi 
ses  talens  comme  compositeur  et  son  jeu 
admirable  sur  l'orgue  furent  ensevelis 
dans  une  petite  ville  d'Allemagne.  Nommé 
organiste  de  l'église  de  Saint-Martin  ,  à 
Anherg ,  il  y  obtint  ensuite  un  bénéfice  et 
employa  une  partie  de  son  temps  à  former 
des  élèves  à  qui  il  donnait  ses  leçons  gra- 
tuitement. Doué  d'un  caractère  doux  et 
bienveillant,  il  mena  dans  le  repos  une  vie 
philosophique  et  irréprochable.  Il  vivait 
encore  en  1812.  Aucune  de  ses  composi- 
tions n'a  été  publiée. 

DAUBENROCH  (georges),  maître  d'é- 
cole à  Nuremberg ,  au  commencement  du 
17e  siècle,  a  fait  imprimer  dans  cette  ville, 
en  1613  ,  un  Epitome  Musices  ,  in-8°. 

DAUPRAT  (  .  .  .  .  ) ,  célèbre  profes- 
seur de  cor  et  compositeur  pour  cet  instru- 
ment, est  né  à  Paris  le  24  mai  1781 ,  et 
non  en  1792 ,  comme  il  est  dit  dans  YUni- 
•versal  Lexikon  der  Tonkunst  publié  par 
M.  Schilling.  Possesseur  d'une  jolie  voix  , 
il  fut  placé  comme  enfant  de  chœur  à  la 
maîtrise  de  Notre-Dame  et  n'en  sortit  que 
lorsque  les  églises  furent  fermées ,  pendant 
les  troubles  révolutionnaires.  11  était  en- 
core enfant  lorsqu'il  se  prit  d'un  goût  pas- 
sionné pour  le  cor ,  et  ce  fut  cet  instru- 
ment qu'il  choisit  lorsqu'on  le  fit  entrer 
dans  les  classes  du  Conservatoire  de  musi- 
que ,  qui  venait  d'être  fondé  sous  le  titre 
£  Institut  national  de  musique.  Son  pro- 


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fesscur  fut  M.   Renn ,   un  des  meilleurs 

cors  basse  de  cette  époque  (  Voyez  Kenn). 
Après  six  mois  de  leçons  ,  il  fit  partie  du 
corps  de  musique  que  M.  Sarretle,  direc- 
teur du  Conservatoire,  fournit  au  camp  des 
élèves  de  Mars ,  à  la  plaine  des  Sablons  , 
près  de  Paris.  Plus  tard  ,  il  entra  dans  la 
musique  du  camp  de  20,000  hommes  qui 
fut  formé  au  Trou  d'enfer,  près  de  Marly. 
En  1799  il  entra  dans  la  musique  de  lu 
garde  des  consuls,  et  il  fit  la  campagne  de 
1800  en  Italie.  De  retour  à  Paris,  il  obtint 
son  congé  et  fut  placé  dans  l'orchestre  du 
théâtre  Montansier.  A  la  même  époque 
il  rentra  aussi  au  Conservatoire ,  et  Calel 
lui  donna  des  leçons  d'harmonie;  puis  il 
fut  admis  dans  la  classe  de  composition  di- 
rigée par  Gossec  et  y  fit  un  cours  complet. 
En  1806,  on  offrit  à  M.  Dauprat  un  en- 
gagement avantageux  pour  le  grand  théâtre 
de  Bordeaux  ;  il  l'accepta  ,  demeura  dans 
cette  ville  jusqu'en  1808,  et  ne  revint  à 
Paris  que  lorsqu'il  fut  appelé  par  l'ad- 
ministration de  l'Opéra  pour  remplacer 
M.  Kenn,  qui  demandait  sa  retraite. 
Quelque  temps  après  ,  Frédéric  Duvernoy 
s'étant  aussi  rétiré  ,  M.  Dauprat  fut  dési- 
gné pour  lui  succéder  comme  cor-solo. 
Après  vingt-trois  ans  de  service  il  a  cessé 
ses  fonctions  à  ce  théâtre ,  parce  que  la 
nouvelle  administration  lui  fit ,  en  1831  , 
des  propositions  qu'il  ne  crut  pas  devoir 
accepter.  Nommé,  en  1811,  membre  hono- 
raire de  la  chapelle  de  l'empereur  Napo- 
léon, il  a  succédé  à  M.  Domnich  à  la  cha- 
pelle du  roi  Louis  XVIII,  en  1816.  Dans 
la  même  année,  il  a  été  nommé  professeur 
de  cor  au  Conservatoire  de  Paris.  En  1853, 
le  maître  de  chapelle  ,  M.  Paër  ,  a  désigné 
M.  Dauprat  pour  la  partie  de  cor  basse  de 
la  nouvelle  musique  du  roi. 

Un  beau  son ,  une  manière  élégante  et 
pure  de  phraser,  telles  étaient  les  qualités 
qui  brillaient  dans  le  talent  de  M.  Dauprat 
quand  il  se  fit  entendre  dans  sa  jeunesse, 
aux  concerts  de  la  rue  de  Grenelle  et  à 
ceux  de  l'Odéon.  Tout  annonçait  en  lui  un 
virtuose  destiné  à  la  plus  brillante  réputa- 


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tionj  mais  une  timidité  excessive  l'empê- 
cha de  profiler  des  succès  de  ses  débuts  ; 
et  quoiqu'il  n'ait  connu  dans  sa  carrière 
que  les  applaudissemens  mérités  du  pu- 
blic ,  les  occasions  où  il  se  faisait  entendre 
sont  devenues  chaque  jour  plus  rares  ,  et  il 
a  fini  par  prendre  la  résolution  de  ne  plus 
jouer  dans  les  concerts-  Cette  défiance  de 
lui-même  fut  d'autant  plus  fâcheuse  que 
M.  Dauprat  n'exécutait  que  de  la  musique 
de  fort  bon  goût  qu'il  composait  pour  lui, 
et  qui  est  écrite  avec  plus  de  soin  qu'on 
n'en  trouve  habituellement  dans  les  solos 
d'instrumens  à  vent.  Mécontent  du  résul- 
tat de  ses  études  en  composition  ,  il  s'était 
décidé  à  les  recommencer  en  1811  sous  la 
direction  de  M.  Reicha  ,  et  c'est  aux  con- 
seils de  ce  maître  habile  qu'il  attribue 
ce  qu'il  a  appris  dans  l'art  d'écrire  : 
il  a  travaillé  avec  lui  pendant  trois 
années.  La  liste  de  ses  compositions  im- 
primées et  manuscrites  renferme  les  ou- 
vrages dont  les  titres  suivent  :  I.  OEuvres 
publies  :  1°  Premier  concerto  pour  cor 
alto  ou  cor  basse,  avec  une  double  partie 
principale  et  orchaptre  ;  op.  1,  Paris, 
Zetter;  2°  Sonate  pour  piano  et  cor,  op.  2, 
Ib'id.  ;  5°  Trois  grands  trios  pour  cors  en 
mi ,  op.  4  ,  Ibid;  4°  Tableau  musical  oh 
scènes  en  duo ,  pour  piano  et  cor,  op.  5, 
Ibid.  ;  5°  Trois  quintelti  pour  cor ,  deux 
violons,  alto  et  basse,  op.  6,  Ibid.; 
6°  Duo  pour  cor  et  piano  ,  op.  7  ,  Ibid.; 
7°  Quatuors  pour  cors  en  différens  tons , 
op.  8  ,  Ibid.  ;  8°  Deuxième  concerto  pour 
cor  basse,  en  fa,  op.  9,  Ibid.;  9°  Sextuors 
pour  cors  en  différens  tons,  op.  10,  Ibid.; 
10°  Trois  solos  pour  cor  alto  et  cor  basse, 
avec  une  double  partie,  et  accompagne- 
ment de  piano  ou  d'orchestre,  op.  11, 
Ibid.  ;  11°  Deux  solos  et  un  duo  pour  cor 
basse  en  ré  et  cor  alto  en  sol ,  avec  accom- 
pagnement de  piano  ou  d'orchestre,  op.  12, 
Ibid.;  12°  Six  grands  duos  pour  cors  en 
mi  bémol ,  op.  13  ,  Ibid.  ;  13<>  Vingt  duos 
pour  cors  avec  mélange  de  tons,  op.  14, 
Ibid.;  14°  Trios  pour  deux  cors  altos  en 
sol  cl  fa,  et  un  cor  basse  en  ut,  avec  ac- 


compagnement de  piano  ou  d'orchestre , 
op.  15,  Ibid.;  15°  Trois  solos  pour  cor 
alto  en  mi,  et  dans  trois  gammes  diffé- 
rentes, op.  16,  Ibid.;  16°  Idem,  dans 
trois  autres  gammes,  op.  17,  Ibid.; 
17°  Troisième  concerto,  pour  cor  alto  et 
cor  basse  en  mi ,  op.  18,  Ibid.;  18°  Qua- 
trième concerto  en.  fa,  op.  19,  Ibid.; 
19°  Trois  solos  propres  aux  deux  genres, 
op.  20,  Ibid.;  20°  Cinquième  concerto 
pour  cor  basse  en  mi,  op.  21,  Ibid.  ;21°  Air 
écossais  (de  la  Dame  Blanche)  varié  pour 
cor  et  harpe,  op.  22,  Ibid.;  22°  Premier 
thème  varié  suivi  d'un  rondo-bolero ,  avec 
accompagnement  de  piano  ou  d'orchestre  , 
op.  23  ,  Ibid.;  23°  Deuxième  thème  varié, 
terminé  en  rondeau,  op.  24,  Ibid.; 
24°  Trois  mélodies,  lettres  A  ,  B  ,  C,  pour 
cor,  propre  aux  deux  genres.  La  parti- 
tion des  trios ,  quatuors  et  sextuors  pour 
cors  en  différens  tons ,  composés  par 
M.  Dauprat,  a  été  publiée  en  un  volume 
in-8°  de  157  pages,  avec  un  avertissement 
de  neuf  pages  concernant  le  mélange  des 
tons  dans  l'usage  de  ces  instrumens  ; 
25°  Méthode  pour  cor  alto  et  cor  basse 
(premier  et  deuxième  cors),  divisée  en 
trois  parties  ,  Paris  ,  Zetter.  Dans  cet  ou- 
vrage, le  meilleur  qui  ait  été  publié  sur 
l'art  déjouer  du  cor,  M.  Dauprat  a  adopté 
les  dénominations  de  cor  alto  et  de  cor 
basse,  parce  qu'elles  donnent  une  idée 
exacte  du  diapason  de  chacune  de  ces  par- 
ties qu'on  désignait  autrefois  sous  les  noms 
de  premier  et  second  cor.  La  première 
partie  est  élémentaire  ;  la  deuxième  ren- 
ferme plus  de  trois  cents  exercices  pour 
ebacun  des  trois  genres  ,  des  dissertations 
sur  les  différens  caractères  de  musique  qui 
conviennent  au  cor  ,  ainsi  que  des  con- 
seils sur  la  respiration,  le  phrasé,  etc.  ;  la 
troisième  partie,  spécialement  destinée  anx 
jeunes  compositeurs  ,  leur  enseigne  les  res- 
sources de  l'instrument,  et  la  manière  de 
l'employer  dans  le  solo  et  dans  l'orches- 
tre ;  26°  Extrait  d'un  traité  inédit  du  cor  à 
deux  pistons,  Paris,  1829.  II.  OEuvres 
inédit;;;  27°  Symphonies  à  grand  orches- 


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tre;  28°  Nous  allons  le  voir,  opéra  rie 
circonstance  composé  à  Bordeaux  pour  le 
passage  de  l'empereur  Napoléon  dans  cette 
ville;  29°  Ouverture,  airs  de  danse  et  de 
pantomime  placés  dans  le  ballet  de  Cylhère 
assiégée,  joué  à  Bordeaux  en  1808;  50°  O 
Salutaris  pour  voix  de  ténor,  avec  harpe 
et  cor  obligé,  deux  violons,  alto,  violon- 
celle et  contrebasse  d'accompagnement  ; 
31°plusieurs  scènes,  duos,  trios,  romances; 
32°  Essai  sur  le  quatrième  livre  desparti- 
menti  de  Fenaroli  ;  35°  Cours  d'harmonie 
et  d'accompagnement  de  la  basse  chiffrée 
et  non  chiffrée,  et  de  la  mélodie  sur  la 
basse  ;  34°  Théorie  analytique  de  la  mu- 
sique destinée  aux  élèves  des  collèges. 

M.  Dauprat  a  formé  un  grand  nombre 
d'élèves  dont  la  plupart  sont  devenus  des 
artistes  de  beaucoup  démérite.  Parmi  eux 
on  remarque  M.  Roussel ot ,  qui  possède 
une  sûreté  d'attaque  et  une  puissance 
d'exécution  fort  rares;  M.  Gallay,  devenu 
célèbre  par  sa  belle  et  égale  qualité  de  son, 
et  son  style  élégant  et  pur;  et  MM.  Nor- 
bert, Méric  (époux  de  la  cantatrice  Méric- 
Lalande),  Banneux,  Bernard,  Jacqmin  , 
Meifred  ,  Urbain  ,  Paquis  et  Nagel ,  ainsi 
que  quelques  amateurs  distingués. 

DAUSCHER  ( andre),  amateur  de  mu- 
sique à  Kempten  ,  est  né  à  Issny.  On  a  de 
lui  un  petit  traité  de  musique  et  de  flûte 
sous  ce  titre  :  Kleines  Handbuch  der 
Musiklehre  und  vorzi/glich  der  Quer- 
Jlote,  etc.,  Ulm ,  1801 ,  in-8°  gr.  de  cent 
quarante-huit  pages. 

DAUSSOIGNE  (joseph),  directeur  du 
Conservatoire  royal  de  Liège,  né  à  Givet 
(  Ardennes  ) ,  le  24  juin  1790  ,  fut  admis 
C07nme  élève  au  Conservatoire  de  musique 
deParisaumois  de  frimaire  an  vu,  eut  pour 
maître  de  piano  M.  Adam  ,  et  après  avoir 
fait  un  cours  d'harmonie  sous  la  direction 
de  Catel ,  reçut  des  leçons  de  composition 
de  Méhul ,  son  oncle.  Dix  années  d'études 
sérieuses  et  suivies  avaientfait  de  M.  Daus- 
soigne  un  musicien  instruit  dans  toutes  les 
parties  de  son  art ,  et  avaient  développé  les 
dispositions  qu'il  avait  reçues  de  la  na- 


ture ;  en  1807  il  concourut  ù  l'Institut  de 
France,  et  obtint  le  second  grand  prix  de 
composition  :  le  sujet  du  concours  était 
la  scène  à? Ariane  à  Naxos.  Deux  ans 
après  ,  le  premier  grand  prix  lui  fut  dé- 
cerné ,  et  à  ce  titre  il  obtint  du  gouver- 
nement une  pension  pour  aller  terminer 
ses  études  en  Italie.  Arrivé  à  Rome,  et  n'y 
trouvant  plus  de  vestiges  des  anciennes 
écoles ,  il  se  demanda  ,  comme  tous  les 
pensionnaires  musiciens  qu'on  y  avait  en- 
voyés ,  ce  qu'il  y  pouvait  faire.  Comme 
ceux  qui  s'y  étaient  trouvés  dans  la  même 
situation ,  il  éprouvait  le  désir  impatient 
de  produire,  et  ce  désir  n'était  pas  la 
moindre  cause  de  l'ennui  qu'il  ressentait. 
Enfin ,  agité  par  le  souvenir  de  sa  patrie 
et  par  l'espoir  de  s'y  faire  un  nom  distin- 
gué, il  confia  ses  chagrins  au  célèbre  ar- 
tiste dant  il  était  le  neveu ,  et  qui  n'était 
pas  moins  pour  lui  un  ami  qu'un  parent; 
celui-ci  le  tira  de  peine  en  lui  envoyant 
le  poème  d'un  opéra  en  trois  actes  intitulé 
Robert  Guiscard;  ce  poème  ,  ouvrage  de 
M.  Saulnier ,  était  reçu  à  l'Opéra  depuis 
sept  ans.  M.  Daussoigne  en  écrivit  rapide- 
ment la  partition  ,  et  revint  à  Paris ,  tout 
ému  de  l'espoir  d'un  succès  ;  mais  alors 
commença  pour  lui  une  suite  de  décep- 
tions qui  n'a  que  trop  souvent  été  celle  des 
jeunes  compositeurs  en  France  ;  carrière 
où  l'on  voit  se  dissiper  une  à  une  toutes 
les  illusions  d'une  première  ferveur ,  et 
qui  n'est  pour  la  plupart  qu'un  affreux 
cauchemar.  Qui  le  croirait  ?  Il  s'agis- 
sait d'un  lauréat  de  l'Institut,  d'un  jeune 
artiste  dont  le  début  avait  eu  de  l'éclat , 
d'nn  homme  que  la  renommée  de  Méhul 
semblait  devoir  protéger,  d'un  opéra  reçu  à 
l'Académie  royale  de  musique  depuis  long- 
temps, et  dont  le  droit  de  représentation  ne 
pouvait  être  contesté;  le  règlement  du  théâ- 
tre prescrivait  d'entendre  préalablement  la 
musique;  ehbien!  rien  de  tout  cela  ne  servit! 
M.  Daussoigne  ne  put  jamais  obtenir  cette 
audition  de  son  ouvrage  qu'on  ne  pouvait 
lui  refuser!  personne  ne  contestait  ses 
droits;   mais  on  lui  opposait  cette  force 


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d'inertie  contré  laquelle  les  pi  as  fermes 
volontés  sont  venues  échouer  dans  nos 
théâtres,  et  le  résultat  de  toutes  ses  dé- 
marches fut  qu'on  n'eut  pas  même  la  fan- 
taisie de  savoir  si  son  ouvrage  était  bon  ou 
mauvais  ,  et  que  l'auteur  seul  a  connu  sa 
production. 

La  mauvaise  fortune  semblait  s'être 
attachée  à  M.  Daussoigne  dans  ses  travaux. 
En  1817 ,  il  écrivit  la  musique  du  Faux 
Inquisiteur,  opéra-comique  en  trois  actes, 
de  M.  Viennet;  une  nouvelle  lecture  du 
poème  ne  lui  fut  pas  favorable,  et  l'œuvre 
du  musicien  fut  perdue.  L'année  d'après  , 
nonveau  désappointement.  Marsolier  avait 
laissé  en  mourant  un  petit  opéra-comique 
en  un  acte  intitulé  Le  Testament.  Poète 
accoutumé  aux  succès ,  et  connu  par  des 
pièces  charmantes  ,  Marsolier  ,  paraissait 
offrir  des  garanties  à  M.  Daussoigne ,  qui 
fut  choisi  pour  écrire  la  musique  de  l'œu- 
vre posthume;  mais  après  qu'il  eut  ter- 
miné sa  partition,  les  comédiens  du  théâtre 
Feydeau  s'avisèrent  que  la  pièce  était  en- 
nuyeuse, et  ne  voulurent  pas  la  jouer.  11  y 
avait  dans  cette  succession  de  mésaven- 
tures de  quoi  décourager  la  persévérance 
la  plus  opiniâtre,  et  le  cœur  commençait 
à  défaillir  à  l'artiste,  quand  M.  Viennet 
vint  le  ranimer  en  lui  confiant  un  second 
ouvrage  en  trois  actes  dont  le  titre  était 
Les  Amans  corsaires.  Celui-là  est  lu  au 
comité  de  l'Opéra-Comique ,  reçu  par  ac- 
clamations ,  et  l'enthousiasme  va  jusqu'à 
promettre  à  M.  Daussoigne  ce  qu'on  appelle 
au  théâtre  un  tour  de  faveur.  Mais,  par 
une  fatalité  inexplicable  ,  M.  le  duc  d'Au- 
mont ,  premier  gentilhomme  de  la  cham- 
bre ,  chargé  de  la  haute  administration  de 
l'Opéra-Comique,  imagine  d'ordonner  une 
nouvelle  lecture  de  toutes  les  pièces  reçues, 
au  moment  où  l'on  allait  mettre  à  l'étude 
Les  Amans  corsaires.  Le  comité  de 
lecture  était  accusé  d'indulgence  pour  les 
pièces  qu'il  avait  reçues;  il  crut  devoir  se 
montrer  sévère  dans  la  nouvelle  épreuve; 
vingt  ouvrages  furent  rejetés  ,  et  de  ce 
nombre  fut  le  livret  des  Amans  corsaires, 


reçu  naguère  aux  applaudissemens  de  ras- 
semblée. 

Enfin  l'espèce  de  proscription  qui  sem- 
blait poursuivre  M.  Daussoigne  cessa  ;  il 
écrivit  une  A spasie  en  un  acte  pour  le  théâ- 
tre de  l'Opéra,  et  cet  ouvrage  fut  représenté 
au  mois  de  juillet  1820.  On  y  remarque 
un  style  large  et  noble  ;  mais  le  sujet  était 
froid  ;  la  manière  de  chanter  des  acteurs  de 
ce  temps,  mise  en  parallèle  avec  celle  des 
chanteurs  italiens  qui  exécutaient leBarbiër 
de  Séville  de  Rossini  et  les  compositions 
de  Mozart  et  de  Paè'r  ,  avait  peu  de  charme 
pour  le  public  ;  l'ouvrage  n'eut  pas  de  suc- 
cès. Peu  de  temps  après  ,  l'administration 
de  l'Opéra  imagina  de  faire  mettre  en  réci- 
tatif le  dialogue  de  Stratonice ,  opéra 
de  Méhul ,  et  M.  Daussoigne  fut  chargé  de 
ce  travail ,  où  il  mérita  les  applaudisse- 
mens des  artistes ,  par  l'analogie  de  son 
style  avec  celui  de  l'illustre  auteur  de  l'ou- 
vrage. Bléhul  avait  laissé  imparfait  un 
opéra  en  trois  actes  intitulé  V~alentine 
de  Milan  ;  le  poète  qui  avait  fourni  le  livret 
de  cet  ouvrage  ne  crut  pas  pouvoir  le  faire 
mieux  terminer  que  par  l'artiste  qui  venait 
de  faire  preuve  de  tant  de  sagacité  dans 
l'arrangement  de  Stratonice  :  un  tiers  en- 
viron de  la  partition  restait  à  faire,  M.  Daus- 
soigne l'écrivit ,  et  dans  ce  travail  il  ne 
resta  point  au-dessous  du  compositeur 
dont  il  terminait  l'ouvrage.  Valentine , 
jouée  au  théâtre  Feydeau,  le  28  novembre 
1822  ,  obtint  un  beau  succès.  Le  12  juil- 
let 1824,  M.  Daussoigne  fit  jouer  à  l'Opéra 
Les  Deux  Salem ,  en  un  acte.  Cette  pièce 
ne  fut  point  heureuse  ;  le  poème  avait  peu 
d'intérêt  ;  les  efforts  du  musicien  ne  pu- 
rent la  soutenir.  Toutefois ,  le  mérite  qui 
se  faisait  remarquer  dans  la  partition  dé- 
cida M.  Bouilly,  auteur  de  l'opéra-comi- 
que  intitulé  Les  Deux  Nuits ,  à  confier 
son  ouvrage  à  M.  Daussoigne;  mais  des 
intrigues  de  coulisses  lui  firent  ôter  cette 
pièce  dont  Boieldieu  a  depuis  lors  écrit  la 
musique.  Dès  ce  moment ,  M.  Daussoigne 
prit  la  résolution  de  renoncer  à  la  carrière 
du  théâtre,  qui  n'avait  eu  pour  lai  que 


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des  déceptions.  Ses  dégoûts  lui  inspiraient 
le  désir  de  s'éloigner  de  Paris  ,  nonobstant 
la  position  honorable  qu'il  avait  au  Conser- 
vatoire de  musique  de  cette  ville,  comme 
professeur  d'harmonie.  Des  propositions 
lui  étaient  faites  pour  la  direction  du 
Conservatoire  de  Liège  ;  il  les  accepta , 
et  au  mois  de  janvier  1827,  sa  nomi- 
nation à  cette  place  fut  signée  par  le  mi- 
nistre de  l'intérieur,  M.  Van  Gobelschroy. 
C'est  ainsi  que  M.  Danssoigne  s'éloigna  de 
Paris  et  du  Conservatoire  où,  depuis  1 803, 
il  avait  rempli  des  places  de  répétiteur, 
de  professeur  adjoint,  et  enfin  de  profes- 
seur en  titre  pour  le  solfège ,  le  piano  et 
l'harmonie.  C'est  lui  qui  fît  établir  dans 
cette  école  la  classe  d'harmonie  et  d'accom- 
pagnement pratique  pour  les  femmes,  et 
c'est  à  lui  qu'on  doit  la  manifestation  de 
la  singulière  aptitude  de  jeunes  filles  pour 
cette  science;  aptitude  telle  qu'on  les  vit 
presque  toujours  depuis  lors  l'emporter 
sur  les  hommes  dans  les  concours. 

Arrivé  à  Liège,  M.  Danssoigne  s'est  im- 
médiatement occupé  de  l'amélioration  de 
toutes  les  branches  de  l'enseignement ,  et 
s  est  réservé  l'harmonie  et  la  composition. 
Peu  d'encouragemens  lui  ont  été  donnés; 
néanmoins  son  zèle  et  sa  persévérance  ont 
triomphé  des  obstacles,  et  lui  ont  fait  pro- 
duire déjà  de  beaux  résultats  dans  l'école 
dont  la  direction  lui  est  confiée.  Comme 
compositeur ,  il  a  eu  peu  d'occasions  de 
mettre  en  œuvre  ses  talens  dans  sa  position 
actuelle  :  cependant,  en  1828,  il  a  écrit 
une  belle  cantate  à  grand  orchestre  pour 
la  fête  qui  fut  donnée  à  Liège,  à  la  réception 
du  cœur  de  Grétry ,  et  depuis  lors  il  a  com- 
posé une  symphonie  avec  chœurs ,  dont  le 
sujet  est  une  journée  de  la  révolution.  Cet 
ouvrage ,  après  avoir  été  entendu  au  Con- 
servatoire de  Liège  ,  a  été  exécuté  au  mois 
de  septembre  1834  à  Bruxelles,  dans  le 
grand  concert  donné  à  l'église  des  Augus- 
tins,  avec  un  orchestre  et  des  chœurs  d'en- 
viron 500  exécutans ,  et  y  a  fait  beaucoup 
d'effet.  C'est  une  belle  et  large  compo- 
sition. 


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25.5 


DAUTRIVE  (jacqdes-frakcois).  Voy . 
AUTR1VE. 

DAUVERGNE  (antoine),  surintendant 
de  la  musique  du  roi  et  directeur  de 
l'Opéra,  né  à  Clermont,le  4  octobre  1713, 
est  mort  à  Lyon ,  le  12  février  1797 ,  à 
l'âge  de  quatre-vingt-quatre  ans.  Son 
père,  premier  violon  du  concert  de  Cler- 
mont,  lui  enseigna  la  musique,  et  l'envoya 
à  Paris,  en  1739,  pour  y  achever  ses 
études.  Il  ne  tarda  pas  à  s'y  faire  connaî- 
tre. En  1741,  il  entra,  comme  violiniste, 
dans  la  musique  du  roi ,  et  l'année  sui- 
vante à  l'Opéra.  Il  avait  près  de  quarante 
ans  lorsqu'il  essaya  de  se  livrer  à  la  com- 
position dramatique.  Son  premier  ouvrage 
fut  la  musique  du  ballet  des  Amours  de 
Tempe ,  qu'on  représenta  à  l'Opéra ,  en 
1752  ;  mais  c'est  surtout  par  la  musique 
de  l'opéra -comique  intitulé  Les  Tro- 
queurs  qu'il  se  fit  remarquer  dans  l'an- 
née suivante.  Jusque-là ,  ce  genre  de 
pièces  qu'on  appelle  en  France  Opéras- 
comiques ,  n'avait  été  que  des  comédies 
entremêlées  de  couplets,  tels  que  nos  vau- 
devilles; mais  Les  Troqueurs ,  écrits  à 
l'imitation  des  intermèdes  italiens,  à  l'ex- 
ception du  dialogue  parlé  qui  tenait  la 
place  du  récitatif,  ouvrirent  une  carrière 
nouvelle  aux  compositeurs  français  ,  et , 
bien  que  la  musique  n'en  fût  pas  forte,  va- 
lurent à  Dauvergne  un  succès  brillant. 
En  1755,  il  acheta  la  charge  de  compo- 
siteur du  roi,  et  la  survivance  de  celle 
de  maître  de  la  musique  de  la  chambre  ; 
ce  qui  l'obligea  de  quitter  sa  place  de  vio- 
liniste à  l'Opéra.  Mondonville  ayant  aban- 
donné l'entreprise  du  Concert  spirituel  en 
1762,  Dauvergne  s'en  chargea.  En  1751  , 
on  lui  confia  les  fonctions  de  maître  de 
musique  battant  la  mesure,  à  l'Opéra,  et 
il  en  garda  le  titre  jusqu'en  1755,  puis 
il  devint  une  première  fois  directeur  de 
l'Opéra,  se  retira  en  1 776,  eut  alors  le  litre 
de  compositeur  de  ce  spectacle,  rentra 
dans  la  direction  en  1777,  y  resta  jus- 
qu'en 1778  ,  fut  de  nouveau  directeur  de- 
puis le  26  mai  1780  jusqu'en  1782,  et 


25Q 


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une  troisième  fois  rentra  dans  cette  ad- 
ministration ,  en  1785,  jusqu'au  18  avril 
1790.  11  eut  le  titre  de  surintendant  de  la 
musique  du  roi  ,  et  fut  fait  chevalier  de 
Saint-Michel, le  9  mai  1786.  Au  commen- 
cement de  la  révolution  il  quitta  Paris  et 
se  retira  à  Lyon,  où  il  mourut  le  12  fé- 
vrier 1797.  Ses  principaux  ouvrages  dra- 
matiques sont  :  \°  Les  Amours  de  Tempe } 
en  1752;  2°  Les  Troqueurs ,  en  1753,  à 
l'Opéra-Comique  ;  3°  La  Coquette  trom- 
pée ,  à  la  cour,  en  1753  ;  4°  Énée  et  La- 
vinie ,  à  l'Opéra ,  en  1758;  5°  Les  Fêtes 
d'Euterpe  ;  6°  Canente,  en  1760  ;  7°  Her- 
cule mourant,  en  1761;  8°  Pyrrhus  et 
Polixéne,  en  1764  ;  9°  La  Vénitienne  , 
en  1768  ;  10°  Persée,  à  la  cour,  en  1770, 
en  société  avec  Rehel ,  Francœur  et  de 
Bury;  11°  Le  Prix  de  la' Valeur,  en 
1776;  12°  Callirhoé,  en  1773;  13°  Li- 
nus ,  en  société  avec  Trial  et  Berton , 
14°  La  Tour  enchantée  ;  15°  Orphée.  Ces 
trois  derniers  ouvrages  n'ont  pas  été  re- 
présentés. Dauvergne  a  aussi  composé  la 
musique  de  quinze  motets  qui  ont  été  exé- 
cutés au  Concert  spirituel ,  un  livre  de 
trios  pour  deux  violons  et  basse,  publié  en 
1740 ,  un  livre  de  sonates  pour  le  violon , 
et  deux  livres  de  symphonies  à  quatre  par- 
ties ,  qui  ont  paru  en  1750. 

DAUVILLIERS  (jacques-marin)  ,  né 
à  Chartres,  le  2  septembre  1754,  a  fait 
ses  études  musicales  sous  un  maître  de 
chapelle  de  la  cathédrale  de  cette  ville 
nommé  Delalande.  Au  sortir  de  cette 
école,  il  devint  maître  de  chapelle  de  Saint- 
Aignan  ,  à  Orléans  ,  et  ensuite  à  la  cathé- 
drale de  Tours.  Lors  de  la  suppression  des 
maîtrises,  à  la  révolution,  il  vint  à  Paris, 
et  voyagea  ensuite  en  Italie  et  dans  d'autres 
pays.  Il  a  composé  plusieurs  œuvres,  telles 
que  des  pots-pourris,  des  romances,  et  un 
solfège ,  qui  a  été  gravé  à  Paris ,  chez 
Leduc. 

DAV  AUX  (jean-eaptiste)  ,  violiniste 
amateur  et  compositeur,  né  dans  le  Dau- 
phiné ,  vers  1740  ,  reçut  la  vie  de  parens 
honnêtes  dont  la  fortune  était  des  plus  mé- 


diocres, et  dont  la  famille  nombreuse  était 
composée  de  quatorze  enfans.  Son  père  ne 
négligea  rien  cependant  pour  lui  donner 
une  éducation  brillante  et  solide,  et  le 
jeune  homme  répondit  avec  beaucoup  de 
zèle  aux  soins  qui  lui  furent  prodigués.  Il 
fit  particulièrement  des  progrès  rapides 
dans  la  musique,  et  vint  à  Paris  à  l'âge 
de  vingt-trois  ans  pour  y  continuer  ses 
études ,  y  cultiver  ses  talens  avec  plus 
d'avantages  ,  et  tâcher  d'y  obtenir  un  em- 
ploi. Quelques  snecès  obtenus  dans  le 
monde  le  déterminèrent  à  se  livrer  à  la 
composition  avec  assiduité  ;  il  publia  des 
quatuors  ,  des  trios  ,  des  concertos ,  des 
symphonies  concertantes,  qui,  par  des 
mélodies  naturelles,  quelquefois  même  un 
peu  triviales ,  et  surtout  par  une  facilité 
d'exécution  convenable  à  l'inexpérience 
des  musiciens  français  de  son  temps ,  eu- 
rent une  vogue  qui  s'évanouit  à  l'appari- 
tion des  admirables  concertos  de  Viotti  et 
des  quatuors  de  Pleyel.  Ce  qui  contribua 
surtout  à  faire  la  réputation  de  ses  qua- 
tuors ,  c'est  qu'on  les  entendit  long-temps 
exécuter,  avec  une  perfection  relative  fort 
remarquable  par  Jarnovick,  Guerin,  Gué- 
7îinet  Duport.  Les  réunions  de  ces  artistes 
distingués  avaient  lieu  chezDavaux  chaque 
semaine  ;  les  amateurs ,  attirés  autant  par 
ses  nobles  manières  que  par  le  désir  d'en- 
tendre de  la  musique  agréable  ,  recher- 
chaient avec  empressement  les  occasions 
de  s'introduire  chez  lui. 

Lorsqu'après  la  révolution  le  général , 
depuis  maréchal  de  Beurnonville  ,  fut  ap- 
pelé au  ministère  de  la  guerre,  Davaux  fut 
placé  dans  ses  bureaux.  Il  y  remplissait 
encore  avec  distinction  le  poste  qu'on  lui 
avait  confié ,  lorsque  le  comte  de  Lacé- 
pède,  son  ami  ,  le  nomma  chef  de  division 
à  la  Chancellerie  de  la  légion-d'honneur. 
Cette  division  ayant  été  supprimée  en  1 815, 
lors  de  la  nouvelle  organisation  de  l'ordre, 
le  maréchal  duc  de  Tarente  demanda  et 
obtint  pour  Davaux  une  pension  de  re- 
traite dont  il  a  joui  jusqu'à  sa  mort ,  ar- 
rivée à  Paris  le  22  février  1822. 


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257 


On  a  fie  Davanx  :  1°  Six  quatuors  pour 
deux  violons,  alto  et  basse,  œuvre  1; 
2°  Quatre  concertos,  pour  violon,  œnv.  2  ; 
5°  Symphonies  concertantes  pour  deux  vio- 
lons ,  œuvres  5  et  4;  4°  Deux  duos  pour 
violon  et  violoncelle ,  œuvre  5;  5°  Six  qua- 
tuors, op.  6;  7o  Deux  symphonies  concer- 
tantes pour  violon,  op.  7;  8°  Trois  sym- 
phonies à  grand  orchestre,  op.  8  ;  9°  Six 
quatuors,  op.  9;  10°  Six  idem,  composés 
d'airs  variés,  op.  10;  11°  Deux  sym- 
phonies, op.  11;  12°  Deux  idem,  con- 
certantes poar  deux  violons  et  flûte, 
op.  12  ;  15°  Deux  idem  pour  deux  violons, 
op.  13;  14°  Trois  quatuors,  op.  14; 
15°  Six  trios  pour  deux  violons  et  alto, 
op.  15;  16o  Symphonie  concertante  pour 
deux  violons,  op.  16;  17°  Trois  quatuors, 
op.  17;  18°  Concerto  de  violon  ,  op.  18. 

Davaux  a  fait  insérer  dans  le  Journal 
encyclopédique  (juin  1784,  p.  534)  une 
Lettre  sur  un  instrument  ou  pendule 
nouveau  qui  a  pour  but  de  déterminer 
avec  la  plus  grande  exactitude  les  diffé- 
rens  degrés  de  vitesse  depuis  le  prestis- 
simo jusqu'au  largo ,  avec  les  nuances 
imperceptibles  d'un  degré  à  l'autre.  Da- 
vaux est  aussi  l'auteur  de  la  musique  d'un 
opéra-comique  en  deux  actes,  intitulé 
Théodore,  qui  fut  représenté  à  la  Comédie- 
Italienne  ,  en  1785. 

DAVENANT  (sir  William),  poète  et 
écrivain  dramatique,  né  à  Oxford  en  1605, 
mort  à  Londres  ,  en  1668,  est  auteur  d'un 
poème  qui  contient  la  description  d'une 
fête  musicale  donnée  à  l'hôtel  de  Rutland. 
Ce  poème  a  pour  titre  :  The  first  -Day's 
Entertainment  at  Rudland  house  bj 
Déclamation  and  Music  (Le  divertisse- 
ment du  premier  jour  à  l'hôtel  de  Rut- 
land, parla  déclamation  et  la  musique), 
Londres, 1657,  in-8°.  Ce  morceau  se  trouve 
aussi  dans  les  œuvres  complètes  de  Dave- 
nant,  publiées  à  Londres,  en  1673. 

DAVIA  (  lorenza)  ,  née  à  Belluno  ,  en 
1767,  était  considérée  comme  la  meil- 
leure cantatrice  de  l'Opéra-Buna  de  Saint- 
Pétersbourg,  en  1785.  En  1790,  elle  chan- 

TOME    III. 


tait  à  Berlin  ,  et  deux  ans  après  à  Naples. 
DAVID  (françois),  né  à  Lyon  au  com- 
mencement du  18e  siècle,  fut  d'abord  pro- 
fesseur de  musique  dans  sa  ville  natale  , 
et  ensuite  à  Paris.  Il  a  publié  un  ouvrage 
élémentaire  sous  le  titre  de  Méthode  nou- 
velle, ou  principes  généraux  pour  ap- 
prendre facilement  la  musique  et.  l'art  du 
chant.  Paris  ,  sans  date  ,  in-4°  oblong.  Il 
y  en  a  une  seconde  édition ,  aussi  sans 
date. 

DAVID  (  louis  ) ,  professeur  de  harpe  à 
Genève,  au  commencement  du  17e  siècle, 
est  connu  parla  publication  de  trois  œu- 
vres de  sonates  pour  son  instrument  ;  de 
quelques  airs  variés  et  de  trois  recueils  de 
romances.  On  ignore  si  c'est  le  même  qui 
a  fait  graver  à  Paris  un  Recueil  de  huit 
polonaises  et  un  air  russe  varié  pour  le 
clavecin,  1799  ,  in-fol. 

DAVIDE  (giacomo),  chanteur  célèbre , 
connu  aujourd'hui  sous  le  nom  de  Davidle 
père,  nacquità  Presezzo,  près  de  Bergame, 
en  1750.  Doué  d'une  voix  de  ténor  sonore 
et  facile,  il  apprit ,  par  des  études  de  voca- 
lisation bien  faites ,  à  en  tirer  le  plus 
grand  parti  possible.  A  l'intonation  la  plus 
sure  il  joignait  un  goût  parfait  qui  lui  fai- 
sait donner  à  son  chant  le  caractère  conve- 
nable à  tous  les  genres  d'expression.  Ayant 
étudié  la  composition  sous  la  direction  de 
Sala  ,  il  appropriait  toutes  ses  fioritures  à 
l'harmonie.  Mais  c'était  surtout  dans  le 
style  sérieux  et  expressif  qu'il  brillait,  ainsi 
que  dans  la  musique  d'église.  En  1785,  il 
vint  à  Paris,  chanta  au  Concert  spirituel, 
et  y  produisit  une  grande  sensation  dans 
le  Stabat  de  Pergolèse.  De  retour  en  Ita- 
lie ,  il  chanta  avec  Marchesi  au  théâtre  de 
la  Scala  à  Milan  pendant  deux  saisons.  En 
1790,  il  était  à  Naples,  et  l'année  suivante 
il  chantait  à  Londres.  En  1802  il  se  trou- 
vait à  Florence ,  et  quoiqu'il  eût  déjà  cin- 
quante-deux ans  ,  il  avait  conservé  toute 
la  puissance  de  sa  voix,  et  une  vigueur 
telle  qu'il  chantait  tous  les  matins  dans 
les  églises ,  et  tous  les  soirs  au  théâtre , 
l'Oratorio  de  Debora  et  Sisara,  dans  le- 
17 


m 


DAV 


quel  il  avait  le  plus  grand  succès.  En  1812 
il  revint  dans  sa  ville  natale ,  où  il  fat  at- 
taché à  l'église  de  Sainte-Marie-Majeure. On 
dit  qu'il  a  essayé  de  remonter  sur  la  scène, 
et  qu'ij  a  chanté  à  Lodi  en  1820  ;  mais  il 
n'était  plus  alors  quel'omhre  de  lui-même. 
11  a  formé  deux  élèves ,  dont  l'un  est  son 
fils,  et  l'autre  M.  Nozzari,  qui  a  brillé 
long-temps  à  Paris  et  en  Italie.  David  est 
mort  à  Bergame  le  31  décembre  1830. 

DAVIDE  (jean),  fils  du  précédent,  né 
en  1789  ,  a  eu  longtemps  en  Italie  la  ré- 
putation de  grand  chanteur,  quoique  sa 
mise  de  voix  fût  défectueuse  ,  et  qu'il 
manquât  souvent  de  discernement  et  de 
goût.  On  ne  peut  nier  toutefois  qu'il  eût 
beaucoup  de  verve  ,  et  que  sa  manière  fût 
originale.  Il  débuta  en  1810  à  Brescia  , 
chanta  ensuite  avec  succès  à  Venise,  à 
Naples  et  à  Milan  ;  dans  cette  dernière 
Tille ,  il  produisit  tant  d'effet  qn'on  l'enga- 
gea pour  toutes  les  saisons  de  l'année  1814, 
au  théâtre  de  la  Scala.  Il  y  fut  rappelé  eu 
1818.  Ce  fut  à  l'automne  de  1814  que 
Rossini  employa  Davide  pour  la  première 
fois  dans  II  Turco  in  Italia.  Depuis  lors 
il  a  écrit  pour  lui  dans  Otello ,  à  Naples  , 
en  1814,  dans  Ricciardo  e  Zoraide  en 
1818  (même  ville)  ;  dans  Ermione  et  dans 
la  Donna  del  Lago ,  en  1819.  Plus  tard 
Davide  chanta  à  Rome ,  à  Vienne ,  à  Lon- 
dres et  enfin  à  Paris,  où  il  arriva  en  1829. 
Sa  voix  alors  était  usée ,  nasillarde ,  et  ces 
défauts  ajoutés  à  ses  bizarreries  et  à  ses 
traits  de  mauvais  goût,  donnaient  souvent 
à  son  chant  le  caractère  le  plus  ridicule  ; 
mais  au  milieu  de  tout  cela,  il  y  avait  des 
éclairs  d'une  belle  organisation  tout  ita- 
lienne qui  jetait  de  vives  lueurs;  quelque- 
fois même  Davide  allait  jusqu'au  sublime 
et  ses  défauts  disparaissaient.  C'est  ainsi 
que  dans  unescène  du  deuxième  acte  de  la 
Gazza  Ladra ,  il  a  produit  la  plus  vive  sen- 
sation avec  Mme  Malibran.  Depuis  son 
retour  en  Italie,  ce  chanteur  s'est  retiré 
du  théâtre. 

DAVIES  (miss),  née  en  Angleterre , 
vers  1746  ,  était  parente  de  Franklin,  qui 


DAV 

lui  donna  l'harmonica  qu'il  venait  d'inven- 
ter en  1764.  Déjà  elle  s'était  acquis  une 
réputation  d'habile  pianiste  et  de  cantatrice 
agréable  ,  lorsqu'en  1765  elle  vint  à 
Paris,  et  s'y  fit  admirer  sur  le  piano  et  sur 
l'harmonica.  Dans  les  années  suivantes  , 
elle  visita  Vienne  et  les  principales  villes 
de  l'Allemagne ,  et  recueillit  partout  les 
marques  de  la  faveur  publique.  Vers  1784, 
elle  s'est  retirée  à  Londres  ,  et  a  renoncé 
à  l'harmonica  ,  à  cause  de  l'effet  trop  sen- 
sible qu'il  produisait  sur  ses  nerfs.  On 
ignore  si  elle  vit  encore. 

DAVIES  (cecile  ) ,  sœur  cadette  de  la 
précédente  ,  connue  en  Italie  sous  le  nom 
de  l'Inglesinay  fut  une  cantatrice  fort  ha- 
bile. Son  premier  maître  de  chant  fut 
Sacchini  ;  mais  ce  fut  surtout  à  Vienne  , 
où  elle  accompagna  sa  sœur  ,  qu'elle  eut 
occasion  de  perfectionner  son  talent.  Logée 
dans  la  même  maison  que  le  célèbre  Hasse, 
elle  enseigna  la  langue  anglaise  à  sa  fille  , 
et  reçut  de  lui,  en  retour,  des  leçons  de 
chant.  Elle  a  chanté  avec  beaucoup  de 
succès,  comme  prima  donna,  à  Naples  en 
1771,  à  Londres  en  1774,  et  à  Florence 
depuis  1780  jusqu'en  1784;  à  cette  épo- 
que ,  elle  se  retira  à  Londres ,  et  renonça 
au  théâtre. 

DAVOGLIO  (françois),  violiniste  , 
né  à  Velletri ,  en  1727,  vint  à  Paris,  où  il 
se  fit  entendre  au  Concert  spirituel  en 
1755.  Il  a  publié  dans  cette  ville ,  depuis 
1780jusqu'en  1784  ,  six  œuvres  de  solos, 
de  duos  et  de  quatuors  pour  son  instru- 
ment. 

DAVY(charles),  et  non  Davies,  comme 
l'écrivent  Gerber  et  Lichlenthal ,  d'après 
Blanhenbourg  ,  savant  ecclésiastique  an- 
glaisée dans  le  comté  deSuffolken!722, 
fut  nommé  recteur  d'Onehouse ,  dans  ce 
comté,  après  avoir  terminé  d'excellentes 
études.  On  lui  doit  un  fort  bon  ouvrage 
intitulé  :  Letters  adressed  chiefly  to  a 
young  gentleman ,  upon  subjects  qf  lit- 
térature ,  including  translation  qf  Eu- 
clid's  section  qf  the  Canon;  and  liis 
treatise  on  harmonie;  wilh  an  expia- 


DAV 


DEA 


259 


nation  of  Oie  greek  musical  modes,  ac- 
cordingto  the  doctrine  of  Ptolemj  (  Let- 
tres adressées  principalement  à  un  jeune 
gentleman  sur  divers  sujets  de  littérature, 
contenant  une  traduction  de  la  section  du 
Canon  d'Euclide,  et  de  son  traité  des  har- 
moniques ;  avec  une  explication  des  modes 
musicaux  des  Grecs ,  suivant  la  doctrine 
dePtolémée),  Bury  St.-Edmunds,  Payne 
and  son,  1787,  2  vol.  in-8°.  On  n'a  rien 
écrit  d'anssi  satisfaisant  que  ce  livre  sur 
les  modes  delà  musique  grecque.  Dans  son 
avertissement  daté  du  25  février  1787, 
Davy  dit  qu'il  était  alors  âgé  de  soixante- 
cinq  ans  et  accablé  d'infirmités. 

DAVY  (john),  compositeur  dramati- 
que anglais  ,  est  né  dans  la  paroisse  de 
Uplon-Hellon ,  à  environ  huit  milles 
d'Exeter,  vers  1774.  Il  avait  à  peu  près 
trois  ans,  lorsqu'il  entra  un  jour  dans  une 
chambre  où  son  oncle ,  qui  vivait  dans  le 
même  lieu,  était  occupé  à  jouer  du  violon- 
celle. Le  son  de  cet  instrument  lui  causa 
tant  de  frayear,  qu'il  s'enfuit  en  pous- 
sant des  cris ,  et  qu'il  en  eut  presque  des 
convulsions.  Pendant  plusieurs  semaines, 
on  essaya  de  l'accoutumera  la  vue  de  l'ob- 
jet qui  lui  avait  imprimé  cette  terreur; 
ensuite  on  le  lui  fit  entendre  en  pin- 
çant les  cordes  légèrement;  enfin  il  s'y 
accoutuma  si  bien  qu'il  devint  passionné 
pour  l'instrument  et  pour  la  musique  en 
général.  11  n'avait  pas  plus  de  six  ans, 
lorsqu'un  forgeron  du  voisinage,  chez  le- 
quel il  allait  souvent ,  s'aperçut  qu'il  lui 
manquait  vingt  ou  trente  fers  à  cheval , 
sans  qu'on  pût  découvrir  ce  qu'ils  étaient 
devenus.  Un  jour ,  quelques  sons  ayant 
frappé  l'oreille  de  l'artisan,  la  curiosité  le 
poussa  à  suivre  leur  direction,  et  bientôt  il 
arriva  dans  un  grenier  où  le  jeune  Davy  , 
qui  avait  choisi  huit  fers  parmi  ceux  qu'il 
avait  dérobés  au  forgeron  ,  en  avait  formé 
l'octave,  les  avaient  suspendus  par  une 
corde  ,  et  les  frappait  avec  une  baguette 
pour  imiter  le  carillon  de  Credlton ,  pe- 
tite ville  des  environs.  Cette  anecdote  se 
répandit ,  et  son  goût  pour  la  musique  al- 


lant toujours  croissant,  un  voisin,  mem- 
bre du  clergé  ,  et  bon  musicien ,  lui  en- 
seigna à  jouer  du  clavecin  ,  sur  lequel  il 
fit  de  rapides  progrès.  Il  apprit  aussi  à 
jouer  du  violon.  A  l'âge  de  douze  ans  il 
fut  présenté  au  docteur  Eastcolt,  qui  char- 
mé de  son  exécution  sur  le  piano  et  de  ses 
dispositions  pour  la  musique ,  le  recom- 
manda à  M.  Jackson ,  organiste  de  la  ca- 
thédrale d'Exeter  ,  dont  il  devint  l'élève. 
M.  Jackson  lui  enseigna  à  jouer  de  l'orgue 
et  de  quelques  autres  instrumens ,  ainsi 
que  les  élémens  de  la  composition.  Ses 
études ,  qui  durèrent  plusieurs  années  , 
étant  finies ,  Davy  résida  quelque  temps  à 
Exeter,  où  il  écrivit  plusieurs  morceaux 
à  quatre  voix  ,  pour  l'église.  Enfin  il  se 
rendit  à  Londres,  où  il  fut  placé  dans  l'or- 
chestre de  Covent-Garden. 

Ce  fut  alors  qu'il  se  livra  à  la  composi- 
tion dramatique.  Ses  premiers  ouvrages 
furent  quelques  petits  opéras  pour  le  théâ- 
tre de  Sadler-Wells.  En  1800,  il  fit  re- 
présenter sur  celui  de  Hay-Market  l'opéra 
intitulé  What  a  blunderl  (Quelle  étour- 
derie  !  ).  L'année  suivante  il  fit ,  en  société 
avec  Moorehead,  la  musiquedc  laPérouse, 
et  avec  Mountain  celle  de  Brazen  Mask 
(  Le  masque  de  fer),  pour  Covent-Garden. 
Voici  la  liste  de  ses  autres  ouvrages  dra- 
matiques. Cabinet  (  Le  Cabinet),  1802  ; 
RodRoy,h  Hay-Market,  en  1803;  Mil- 
ler s  Mald  (La  Fille  du  Meunier),  idem. 
1804  :  Harlequln  Quicksilver  (  Arlequin 
Vif-argent),  pantomime  à  Covent-Garden, 
1804  ;  Thlrty  thousand  (  Trente  mille) , 
avec  Braham  et  Reeve,  à  Covent-Garden, 
1804  ;  Spanlsh  Dollars  (Les  Ecus  d'Es- 
pagne) ,  idem,  1805,  Harlequln  magnet 
(Arlequin  aimant),  avec  Ware  ,  Idem  , 
1805;  Blind-Boj  (Le  Garçon  aveugle), 
iWe/?z;180S. 

M.  Davy  réside  encore  à  Londres.  Le 
docteur  Eastcott  a  publié  la  première  par- 
tie de  sa  vie. 

DEAMICIS  (  anne)  ,  cantatrice  distin- 
guée, née  à  Naples  vers  1740,  eut  d'abord 
de  la  réputation  dans  le  genre  bouffe, 
17* 


260 


DEB 


DEB 


mais  lorsqu'elle  se  rendit  à  Londres,  en 
1762,  Chrétien  Bach  écrivit  pour  elle  un 
rôle  sérieux  où  elle  obtint  un  si  brillant 
succès,  que  depuis  cetempsjusqu'à  celui  de 
sa  retraite  elle  a  continué  de  chanter  dans 
Y  Opéra  séria.  Burney  dit  que  cette  can- 
tatrice fut  la  première  qui  exécuta  des 
gammes  ascendantes  staccato  et  dans  un 
mouvement  rapide  ,  montant  sans  effort 
jusqu'au  contre-mi  aigu. Cet  écrivain  ajoute 
que  les  grâces  de  sa  personne  augmen- 
taient beaucoup  le  charme  de  son  chant. 
En  1771 ,  Mme  Deamicis  renonça  à  paraî- 
tre sur  la  scène  ;  elle  épousa  vers  ce 
temps  un  secrétaire  du  roi  de  Naples , 
qui  réserva  le  talent  de  sa  femme  pour 
les  concerts  de  la  cour.  En  1789,  elle 
chantait  encore  bien ,  quoiqu'elle  fût  âgée 
de  près  de  cinquante  ans  ;  à  cette  époque, 
elle  se  fit  souvent  entendre  chez  la  duchesse 
douairière  de  Saxe-Weimar,  dans  le  séjour 
que  cette  princesse  fit  à  Naples.  Mme  Dea- 
micis a  en  deux  filles  que  Reichardt  en- 
tendit chanter  avec  beaucoup  de  goût ,  en 
1790,  des  airs  napolitains  à  deux  voix,  que 
l'une  d'elles  accompagnait  d'une  manière 
originale  sur  une  de  ces  grandes  guitares 
dont  le  peuple  de  Naples  se  sert  habituel- 
lement. 

DEAN  (  Thomas  ) ,  violiniste  anglais , 
et  organiste  à  Warwick  et  à  Coventry,  au 
commencement  du  18e  siècle.  11  fut  le 
premier  qui  fit  entendre,  en  1709,  en 
Angleterre  ,  une  sonate  de  Corelli.  On 
trouve  quelques  pièces  de  sa  composition 
dans  un  ouvrage  élémentaire  intitulé  Di- 
vision-Violin.  11  fut  reçu  docteur  en  mu- 
sique à  l'université  d'Oxford,  en  1731. 

DEBEGNIS  (  joseph),  né  àLugo,  dans 
les  états  du  Pape ,  en  1793 ,  commença  ses 
études  musicales  à  l'âge  de  sept  ans ,  sous 
la  direction  d'un  moine  nommé  le  Père 
Bongiovanni,  et  reçut  ensuite  des  leçons 
de  Mandini,  célèbre  cbanteur,  et  de  Sa- 
raceni  ,  compositeur  ,  frère  de  Mme  Mo- 
randi.  Au  carnaval  de  1813  ,  il  fitson  pre- 
mier début  au  théâtre  de  Modène  ,  dans 
l'opéra  de  Pavesi  intitulé  Ser  Marc- An- 


tonio. De  là,  il  se  rendit  à  Forli,  ù  Ri- 
mini  et  ensuite  à  Sienne,  où  il  joua  ù  l'ou- 
verture du  nouveau  et  magnifique  théâtre 
nommé //  Teatro  degli  Academici Rozzi. 
Ils'y  fit  remarquer  par  sa  manière  plaisante 
dans  les  rôles  de  bouffe  non-chantant.  Les 
villes  où  il  se  fit  entendre  ensuite  sont 
Ferrare,  Badia,  Trieste,  Mantoue ,  Rome, 
Milan  et  Bologne.  Ce  fut  dans  cette  der- 
nièrequ'ilépousa,dans  l'automnede  1816, 
Mlle  Ronzi ,  qui  jouissait  alors  de  quelqne 
réputation  comme  cantatrice.  Après  avoir 
parcouru  l'Italie  jusqu'à  1818  ,  Debegnis 
débuta  à  Paris  avec  sa  femme  ,  en  1819  , 
dans  les  Fuorusciti  de  Paer.  Les  rôles  de 
Basile,  dans  le  Barbier  de  Rossini ,  et  du 
Mari ,  dans  Le  Turc  en  Italie,  sont  ceux 
où  il  obtint  le  plus  de  succès  dans  cette 
ville.  Au  printemps  de  1822,  il  passa  en 
Angleterre,  où  il  s'est  fait  applaudir  par 
ses  charges  italiennes.  Il  a  débuté  à  Lon- 
dres ,  au  théâtre  du  Roi ,  dans  le  rôle  de 
Selim  ,  du  Turc  en  Italie.  Les  concerts 
publics ,  les  Oratoires ,  et  les  fêtes  musi- 
cales lui  ont  procuré  l'occasion  d'obtenir 
des  succès  de  plus  d'un  genre.  Il  a  aussi 
dirigé  l'opéra  de  Bath,  dans  la  saison  de 
1823. 

DEBEGNIS  (madame  RONZI),  femme 
du  précédent.  Dans  les  registres  du  Con- 
servatoire de  Paris  ,  on  trouve  une  demoi- 
selle Ronzi  (Claudine),  née  dans  cette 
villele  11  janvier  1800,  etadmise  dans  une 
classe  de  solfège  le  9  mars  1809  ;  j'ignore 
si  c'est  la  cantatrice  qui  devint  l'épouse  de 
Debegnis  ,  à  Bologne  ,  en  1816.  Quoi  qu'il 
en  soit,  celle-ci ,  peu  de  temps  après  son 
mariage,  fut  obligée  de  se  séparer  mo- 
mentanément de  son  mari  ,  pour  aller 
chanter  à  Gênes  où  elle  était  engagée.  En 
1819  ,  elle  débuta  à  Paris;  mais  on  la 
trouva  faible.  Elle  nuisit  même  au  suc- 
cès du  Barbier  de  Rossini,  qui  ne  se  releva 
que  lorsqu'elle  eut  quitté  le  rôle  de  Rosine, 
pour  le  céder  à  Mme  Mainvielle-Fodor.  Il 
est  juste  de  dire,  cependant,  que  lerôle  de 
Donna  Anna,  dans  le  Don  Juan  de  Mozart 
n'avait  jamais  été  aussi  bien  chanté  que 


DEC 


DED 


261 


par  elle ,  avant  que  M1'0  Sontag  s'en 
fût  chargée,  en  1828.  Mme  Debegnis  avait 
reçu  pour  ce  rôle  des  leçons  de  Garât,  dont 
elle  avait  beaucoup  profité.  Elle  a  suivi  son 
mari  en  Angleterre  et  y  a  eu  des  suc- 
cès. On  dit  que  depuis  lors  la  voix  et  le  ta- 
lent de  cette  cantatrice  se  sont  beaucoup 
améliorés.  Depuis  1826  elle  est  à  Naples 
où  elle  a  su  se  faire  applaudir. 

DEBLOIS  (  CHARLES-GUI-XAVIER  VAN- 

GROMENRADE,dit),  né  à  Luneville 
le  7  septembre  1757,  fut  élève  de  Giardini 
et  de  Gaviniès  pour  le  violon.  Pendant 
vingt-huit  ans  il  a  été  l'un  des  premiers 
violons  de  la  Comédie-Italienne,  où  il  a 
fait  souvent  les  fonctions  de  chef  d'orches- 
tre. Il  a  composé  quatre  symphonies  à 
grand  orchestre,  qui  ont  été  jouées  souvent 
à  ce  théâtre  comme  ouvertures  ;  de  petits 
airs  en  quatuors,  une  sonate  ,  des  roman- 
ces ,  et  un  opéra  comique  en  un  acte  inti- 
tulé Les  Rubans,  ou  le  Rendez-vous,  qui 
a  été  représenté  pour  la  première  fois  le 
11  août  1784. 

DECKER  (  joachim),  organiste  et  com- 
positeur, vivait  à  Hambourgau  commen- 
cement du  17e  siècle.  Parmi  ses  ouvrages, 
le  plus  important  est  le  livre  de  cantiques 
et  de  musique  chorale  qu'il  a  composé  en 
société  avec  Jacques  Prœtivius  et  David 
Scheideman  ,  et  qui  a  été  publié  à  Ham- 
bourg en  1604. 

DECKERT  (  jean-nicolas  ),  luthier  à 
Grosbreitenbach,  près  d'Arnstadt ,  vers  la 
fin  du  18e  siècle,  construisait  des  pianos 
carrés  et  à  queue  qui  étaient  estimés  de 
son  temps  autant  pour  la  qualité  du  son 
que  pour  la  modicité  du  prix.  Il  est  mort 
depuis  peu  d'années. 

DECORTIS  (louis)  ,  professeur  de  vio- 
loncelle au  Conservatoire  de  Liège ,  est  né 
dans  cette  ville  le  15  septembre  1795. 
Fils  d'un  violoncelliste  habile  ,  il  reçut 
d'abord  des  leçons  de  son  père ,  puis  fut 
successivement  élève  de  MM.  Hus-Desfor- 
ges  ,  Benazet  et  Norblin  ,  pendant  le  séjour 
qu'il  fit  à  Paris.  Comme  professeur  et 
comme  exécutant,  M.  Dccortis s'est  acquis 


l'estime  de  ses  compatriotes.  Il  a  publié 
pour  son  instrument  :  1°  Air  varié  pour 
violoncelle,  avec  quatuor  ou  accompagne- 
ment de  piano,  op.  1 ,  publié  en  Allema- 
gne} 2°  Polonaise  pour  le  violoncelle,  op.  2  ; 
5°  Thème  varié  idem,  op.  5,  Mayence, 
Schott.  M.  Decortis  a  en  manuscrit  un 
concertino ,  une  fantaisie ,  et  plusieurs 
airs  variés. 

DEDEKIND  (  henri)  ,  chanteur  et  com- 
positeur de  l'église  de  Saint-Jean  à  Lune- 
bourg,  vers  la  fin  du  16e  siècle,  naquit  à 
Neustadt.  Il  a  fait  imprimer  :  Brèves  Pe- 
riochae  Evangeliorum  von  advent  bis 
Oslern,fur  4  und  5  Stimmen ,  1592. 

DEDEKIND  (heuning),  chanteur  à 
Langensalza,  dans  la  Thuringe,  vers  1590, 
fut  nommé  prédicateur  du  même  lieu  en 
1614,  et  devint  ensuite  pasteur  à  Gebsée  , 
en  1622.  On  a  de  lui  les  ouvrages  sui- 
vans  :  1°  Neuwe  Ausserlesene  Tricinia, 
auff  furtrejjfliche  Lustige  Texte  ge- 
setzt,  etc.  (Nouveaux  chants  à  trois  voix 
pour  la  suite  des  vendanges,  etc.),  Erfurt, 
1588,  in-4°j  2°  Prcecursor  Metricus  Ar- 
tis  Musicœ ,  Erfurt,  1590,  5  feuilles 
in-8°  ;  5°  Gregorii  Langii  Tricinia,  Er- 
furt, 1614. 

DEDEKIND  (constantin-chretien)  , 
fils  d'un  prédicateur  de  Reinsdorf,  naquit 
le  2  avril  1628.  Il  fut  successivement  mu- 
sicien au  service  de  l'électeur  de  Saxe, 
poète  lauréat,  et  percepteur  des  contribu- 
tions des  cercles  de  Misnie  et  de  l'Erzge- 
berg ,  montagnes  de  Ming.  On  voit  par 
une  inscription  placée  au  bas  de  son  por- 
trait qu'il  vivait  encore  en  1697.  Ce  fut 
un  compositeur  fécond,  qui  écrivit  une 
multitude  d'ouvrages  pour  l'église  et  la 
chambre.  Les  principaux  sont  :  1°  Elbia- 
nische  Musen-Lust,  etc.  (Divertissemens 
de  la  muse  de  l'Elbe  ,  consistant  en  cent 
soixante-quinze  chansons  choisies  des  poè- 
tes célèbres  à  quatre  parties,  etc.),  Dresde, 
1657,  4  vol.  in-4°;  2°  Davidische  ge- 
heime  Musik-Kammer ,  1663  ,  in-fol , 
contenant  trente  psaumes  allemands  à 
quatre  voixj  3°  Silsscr  Mandel-Kœrnen: 


262 


DEE 


DEG 


Erstes  Pfuncl  von  ausgekœrneten  S  alo- 
monischen  Liebes-Worten }  in  15  Ge- 
scengen  mit  vohr-zwischen  und  Nach- 
Spielen  ,  auf  Violinen  zubereitet. 
(Amandes  douces,  premier  livre  de  sen- 
tences d'amour  de  Salomon ,  en  quinze 
chants,  etc.),  Dresde,  1664  ,  in-fol.  ; 
4°  Deuxième  livre  du  même  ouvrage  ; 
5°  Belebte  oderruchbare  Myrrhen  Blat- 
ter }  das  sind  zweystimmige  beseelte 
heilige  Leidens-Lieder ,  Dresde  ,  1666  , 
in-fol.  24  pages.  Cet  ouvrage  consiste  en 
duos  à  deux  voix  avec  la  basse  continue  ; 
6°  Die  Sonderbahre  Seelen-Freude,  oder 
geistlieher  Concerten ,  erster  und  zwey- 
ter-Theil.  (  Concerts  choisis  ,  première  et 
deuxième  parties);  Dresde,  1672; 7°  Musi- 
kalischer  Jcdir gang  und  vesper  Gesang  , 
in  120  auf  Sonn-festag  schicklichen  zur 
Sœnger-  Uebung,  nach  rechter  Capellma- 
nier  gesetzten  deutschen  Concerten  (An- 
née Musicale  et  chants  de  vêpres,  etc.), 
Dresde,  1676,  trois  parties  ;  8°  Davidis- 
cher  Harfenschall  in  Liedern  und  Melo- 
deyen  (Résonnance  de  la  harpe  de  David 
en  cantiques  et  en  mélodies  ) ,  Francfort , 
grand  in-12;  9°  Singende  Sonn-und  Fest- 
Tags  Andachten  (Cantiques  spirituels 
pour  les  dimanches  et  fêles),  Dresde,  1685; 
10°  Musikalischer  Jahrgang  und  ves- 
per- Gesang  in  2  Singstimmen  und  der 
Orgel  (  Année  musicale  et  chants  des  vê- 
pres, à  deux  voix  et  orgue),  Dresde,  1694, 
in-4°. 

DEDLER  (.  .  .),  musicien  à  la  cathé- 
drale dAugshourg,  vers  1810,  a  publié  : 
1°  Quinque  Missœ  brèves  cum  totidem 
offertorii  4  vocum  cum  organo  et  instru- 
menlis ,  op.  1,  Augsbourg,  Lotter  ; 
2°  Messes  allemandes  à  quatre  voix,  orgue 
ou  orchestre,  ad  libitum,  ibid.  Ces  compo- 
sitions sont  faibles  d'invention  et  de  style. 

DEERING  (richard),  descendant  d'une 
ancienne  famille  du  comté  de  Kent ,  fut 
élevé  en  Italie.  Lorsque  son  éducation  fut 
terminée,  il  retourna  en  Angleterre,  et  y 
résida  quelque  temps  ;  mais ,  d'après  une 
pressante  invitation, il  se  rendit  à  Bruxelles, 


où  il  devint  organiste  des  religieuses  anglai- 
ses. A  l'époque  du  mariage  de  Charles  Ier, 
il  fut  nommé  organiste  de  la  reine ,  et  il 
occupa  ce  poste  jusqu'à  la  mort  du  roi. 
En  1610,  il  prit  les  degrés  de  bachelier  en 
musique  ,  à  l'université  d'Oxford  ;  il  est 
mort  vers  1657  ,  dans  la  communion  ro- 
maine. Il  a  laissé  les  ouvrages  suivans  de 
sa  composition  :  1°  Cantiones  sacra?, 
quinque  vocum ,  cum  basso  continuo  ad 
organum,  Anvers ,  1597;  2°  Cantica  sa- 
cra,  Anvers  ,  1616. 

DEFESCH  (guillàume)  ,  né  dans  les 
Pays-Bas  ,  vers  la  fin  du  17e  siècle  ,  était 
organiste  de  la  grande  église  d'Anvers,  en 
1725.  Il  était  aussi  violoncelliste  fort  ha- 
bile. En  1730,  il  alla  s'établir  à  Londres, 
où  il  vivait  encore  en  1757,  comme  on  le 
voit  par  son  portrait  qui  fut  gravé  dans  le 
cours  de  cette  année.  Il  a  publié  les  ou- 
vrages suivans  de  sa  composition  :  1°  Six 
sonates  pour  deux  violons ,  Amsterdam  ; 
2°  Concerti  a  4  violini,  viola,  violon- 
cello  e  continuo ,  ibid.  ;  5°  Sei  concerti , 
ibid.  ;  4°  X  sonate  a  due  violini  ojlauti 
e  basso  continuo,  op.  7,  ibid.;  5°  Six  so- 
los  pour  violon  oujlûte  avec  basse  con- 
tinue, op.  8  ,  liv.  1  ,  ibid.  ;  6°  Six  solos 
pour  le  violoncelle ,  op.  8  ,  liv .  2 ,  ibid.  ; 
7°  Canzonetti  e  Arie  a  canto  solo  e  con- 
tinuo ,  ibid.  ;  8°  Judith,  oratorio  exécuté 
à  Londres  ,  en  1730. 

DEGEN  (  Henri-Christophe  ),  né  au 
commencement  du  18e  siècle,  dans  un 
village  près  de  Glogau ,  était,  en  1757, 
violiniste  solo- et  pianiste  à  la  chapelle  du 
prince  de  Schwarzbourg-Rudolstadt.  Il 
s'est  fait  connaître  par  quelques  composi- 
tions pour  le  violon  et  le  piano,  et  par 
plusieurs  "cantates  pour  l'église,  qui  sont 
restées  en  manuscrit. 

DEGEN  (jean-philippe),  né  à  Wolfen- 
bùtel,  en  1728  ,  fut  d'abord  violoncelliste 
à  l'orchestre  de  Nicolini  à  Brunswick. 
Lorsque  cet  orchestre  futdissous,  en  1760, 
Degen  passa  au  service  du  roi  de  Dane- 
marck.  Il  est  mort  à  Coppenhague,  au 
mois  de  janvier  1789.  On  ne  connaît  de 


DEII 


DEL 


263 


sa  composition  qu'une  cantate  pour  la 
Saint -Jean,  avec  accompagnement  de 
piano ,  qu'il  a  publiée  à  Coppenhague , 
en  1779. 

DEGESLIN  (philippe-marie-antoine). 
Voy.  GESLIN. 

DEGOLA  (andre-louis)  ,  né  à  Gènes, 
eu  1778  ,  commença  ses  études  musicales 
à  l'âge  de  dix-sept  ans  ,  sous  la  direction 
de  Luigi  Cerro.  Quatre  ans  après  il  com- 
posa une  messe  qui  annonçait  du  talent,  et 
quel  ques  morceaux  pour  le  théâtre  de  Gênes, 
où  Ton  trouve  de  l'imagination.  En  1799 
il  écrivit  pour  le  théâtre  de  Livourne  un 
opéra  bouffe  intitulé  II  Medico  perforza } 
qui  obtint  du  succès.  Mais  bientôt  après 
il  quitta  la  carrière  du  théâtre  et  devint 
maître  de  chapelle  et  organiste  de  l'église 
principale  de  Chiavari ,  où  il  se  trouvait 
encore  en  1816.  M.  Degola  est  depuis  plu- 
sieurs années  organiste  de  l'église  princi- 
pale de  Versailles,  et  donne  à  Paris  des  le- 
çons de  musique  vocale  et  d'harmonie.  Il 
a  composé  dans  le  genre  instrumental  plu- 
sieurs symphonies  ,  des  quintetti ,  sestetti 
et  sérénades  pour  divers  instrumens.  On 
a  aussi  de  lui  une  grande  quantité  de 
messes ,  de  vêpres  ,  d'hymnes ,  et  d'autres 
morceaux  de  musique  sacrée.  Il  a  publié 
à  Paris  :  1°  L'Utile  et  l 'Agréable ,  re- 
cueil pour  le  piano  ;  2°  Méthode  de  chant; 
5°  Méthode  d'accompagnement  pour  le 
piano ,  la  harpe  et  la  guitare  ;  4°  Thème 
varié  pour.le  piano,  avec  accompagnement 
de  quatuor;  5°  Plusieurs  romances. 

DEHEC  (nassoyius),  né  en  Allemagne, 
vers  1710,  fut  premier  violon  à  l'église 
de  Sainte-Marie-Majeure  ,  à  Bergame.  Il  a 
fait  graver  à  Nuremberg,  en  1760,  six  trios 
pour  le  violon.  On  connaît  aussi  quelques 
autres  ouvrages  de  sa  composition ,  qui 
sont  restés  en  manuscrit. 

DEÏÏELIA  (vincent)  ,  maître  de  cha- 
pelle à  l'église  de  Saint-Pierre  de  Palerme, 
naquit  en  Sicile  au  commencement  du 
17e  siècle.  On  connaît  de  lui  l'ouvrage  qui 
a  pour  titre  :  Salmi  ed  Hinni  di  vespri 
ariosia  4e  8  voci,  Païenne,  1656,  in-4°. 


DEI  (silvio),  maître  de  chapelle  de  la 
cathédrale  de  Sienne  ,  naquit  dans  cette 
ville,  en  1748.  Il  se  livra  de  bonne  heure 
à  l'étude  de  la  musique  ,  sous  la  direction 
de  Carlo  Lupini,  et  s'adonna  exclusivement 
à  la  composition  de  la  musique  d'église. 
On  cite  particulièrement  un  Recordare 
qu'il  composa  en  1806,  et  un  Confitebor 
daté  de  1807.  Il  vivait  encore  en  1812. 

JJEIMLING  (louis-ernest)  ,  amateur 
de  musique  et  habile  organiste ,  né  dans 
le  département  du  Haut-Rhin,  vivait  à 
Pforzheim,  en  1795.  Il  a  publié  ,  sous  les 
initiales  D.  L.  E.,  un  livre  intitulé  : 
Besclireibung  der  Orgelbaues  und  der 
Verfahrangsart  bey  Untersuchung  neuer 
und  verbesserter  Werke  ;  ein  Buchfûr 
Organisten,  Schulmeyer  und  Ortsvorge- 
selzte,  etc.  (Description  de  la  construction 
de  l'orgue  et  des  procédés  dans  l'examen 
des  orgues  nouveaux  ou  réparés ,  etc.) , 
Offenbach ,  1792,  deux  cent  seize  pages 
in-4°.  Une  deuxième  édition  de  cet  ou- 
vrage, ou  plutôt  la  même,  avec  un  nou- 
veau frontispice,  a  été  publiée  en  1796. 
Celle-ci  porte  l'indication  du  nom  de  l'au- 
teur. 

DEINL  (nicolas),  né  vers  1660,  en 
Allemagne  ,  eut  pour  maître  de  musique 
vocale  Sclrwemmer,  et  pour  maître  de  com- 
position Wecker.  Il  étudia  aussi  cet  art 
sous  J.  Phil.  Krieger  de  Weissenfels  , 
qu'il  quitta  en  1685.  En  1690,  il  fut 
nommé  organiste  à  Nuremberg,  et  en 
1705  il  devint  directeur  de  musique  à 
l'église  du  Saint-Esprit  de  la  même  ville , 
où  il  est  mort  en  1730.  Il  a  laissé  beau- 
coup de  compositions  manuscrites  pour 
l'orgue  et  pour  l'église. 

DELA1R  (etienne-denis)  ,  maître  de 
clavecin  et  de  théorbe ,  né  à  Paris  ,  vers 
1662,  vivait  encore  en  1750,  comme  on 
le  voit  par  l'arrêt  du  Parlement,  du  50 
mai  de  cette  année,  en  faveur  des  organistes 
et  maîtres  de  clavecin ,  contre  Guignon , 
roi  des  violons.  On  a  de  ce  musicien  : 
Traité  d'accompagnement  pour  le  théorbe 
et  le  clavecin,  qui  comprend  toutes  les 


264 


DEL 


DEL 


règles  nécessaires  pour  accompagner 
sur  ces  deux  inslrumens ,  Paris ,  1690  , 
in-4°  oblong ,  gravé.  On  ne  sait  pourquoi 
J.-J.  Rousseau  attribue  à  cet  auteur  l'in- 
vention de  la  formule  harmonique  appelée 
Règle  de  l'octave.  Cette  formule  était 
connue  depuis  long-temps  en  Italie  et  en 
France ,  à  l'époque  où  Delair  a  publié  son 
livre. 

DELAIRE  (jacques-auguste)  ,  né  à 
Moulins  (Allier)  ,  -vers  1798,  s'est  fixé  à 
Paris,  en  1826  ,  et  a  été  employé  dans  les 
administrations  du  gouvernement.  En 
1830  il  a  été  nommé  secrétaire  de  l'Athé- 
née musical  de  Paris.  M.  Delaire  a  fourni 
à  la  Revue  musicale  plusieurs  articles 
qui  se  font  remarquer  par  la  justesse  des 
aperçus  et  la  lucidité  du  style.  Il  s'est 
fait  connaître  comme  compositeur  par  di- 
vers ouvrages  dont  les  titres  suivent  : 
1°  Stabat  mater  à  quatre  voix  et  orchestre 
exécuté  dans  l'église  cathédrale  de  Mou- 
lins ,  le  Jeudi  Saint,  31  mars  1825.  Ce 
morceau  a  été  exécuté  depuis  lors  à  Paris, 
dans  l'église  de  Saint-Roch ,  pendant  la 
semaine  sainte,  en  1826  et  1827,  et  à 
Saint-Enstache,  le  14  avril  1829  ;  2»  La 
Grèce,  scène  lyrique,  avec  chœur  et  or- 
chestre ,  chantée  au  concert  donné  par  les 
amateurs  au  profit  des  Grecs  ;  3°  Sympho- 
nie à  grand  orchestre,  exécutée  au  concert 
des  amateurs,  en  1828,  et  à  l'Athénée 
musical,  en  1850  ;  4°  Messe  solennelle  (en 
re  majeur);  5°  Quatuors  pour  deux  violons, 
alto  et  basse  ;  6°  Des  romances  publiées  à 
Paris  chez  Pacini ,  Madame  Dorval  et  Au- 
lagnier. 

DELAMOTTE  (f.)  ,  musicien  français 
fixé  à  Londres,  vers  la  fin  du  règne  d'Eli- 
sabeth, a  fait  imprimer  un  livre  qui  a  pour 
titre  :  A  brie/  introduction  to  musicke 
collected  by  DelamoLle,  Londres,  1574  , 
in-8°.  Ce  livre  a  été  imprimé  par  Vautrol- 
lier ,    imprimeur  de   Rouen ,   qui    s'était 


d'abord  établi  à  Londres ,  et  qui  alla  en- 
suite imprimer  à  Edimbourg  1. 

DE  L'AULNAYE  (  François -henri- 
stanislas),  littérateur,  né  à  Madrid,  de 
païens  français  ,  le  7  juillet  1739,  fut  ra- 
mené fort  jeune  en  France ,  et  fit  des 
études  brillantes  à  Versailles,  où  son  père 
occupait  un  emploi.  Après  avoir  terminé 
ses  études  littéraires,  il  apprit  la  musique 
et  en  étudia  la  théorie  avec  passion.  A 
l'époque  de  la  fondation  du  Musée  de  Paris, 
il  devint  un  de  ses  membres  et  en  fut 
nommé  le  secrétaire.  Il  eut  part  à  l'édi- 
tion des  œuvres  de  J.-J.  Rousseau,  publiée 
en  1788  par  l'abbé  Rrizard ,  et  ajouta 
des  notes  à  tous  les  écrits  de  ce  philosophe, 
concernant  la  musique.  Son  père  lui  avait 
laissé  une  fortune  considérable  qu'il  dis- 
sipa. Pendant  les  troubles  de  la  révolu- 
tion ,  il  se  tint  caché  ,  parce  qu'il  avait 
attaqué  cette  révolution  dans  quelques 
pamphlets  publiés  à  l'étranger  ;  il  reparut 
en  1796,  et  fut  forcé  de  se  mettre  aux 
gages  des  libraires  pour  vivre.  Vivant  dans 
le  plus  complet  isolement,  il  contracta  des 
habitudes  grossières,  finit  par  tomber  dans 
la  misère,  et  mourut  dans  l'hospice  de 
Sainte-Perrine ,  à  Chaillot,  en  1830,  à 
l'âge  de  quatre-vingt-onze  ans.  Parmi  ses 
nombreux  écrits ,  on  remarque  ceux  qu'il 
a  publiés  sur  des  objets  relatifs  à  la  mu- 
sique ,  et  dont  voici  les  titres  :  1°  Lettre 
sur  un  nouveau  Stabat  exécuté  au  Con- 
cert spirituel,  Paris,  1782,  in-8°  ;  2°  Mé- 
moire sur  la  nouvelle  harpe  de  Cousi- 
neau,  ibid. ,  1782,  in-12;  3°  Lettre  à 
Dupuis,  de  l'Académie  des  inscriptions, 
sur  les  nouvelles  échelles  musicales  (Dans 
le  Journal  des  Savans,  février  1783); 
4°  Mémoire  sur  un  nouveau  système  de 
notation  musicale,  avec  trois  planches 
(Dans  le  recueil  du  Musée  de  Paris, 
n°  1er,  1785  ,  in-8°);  5°  De  la  Sallation 
théâtrale  ,  ou  Recherches  sur  l'origine, 


i  Le  même  imprimeur  a  publié  un  recueil  de  madri- 
gaux de»  divers  auteurs  ,  à  plusieurs  parties.  M.  Walt 
{BMiolli.   Brilan. ,   art.    Vaulrollicr)  a   fait  un 


sur  ce  recueil;  il  l'a  cité  sous  le  titre  de 


Discantus  Cantianes ,  ne  s'étant  pas  aperçu  crue  le  mot 
Discantus  est  l'indication  do  la  partie  de  dessus  rju'il 
avait  sous  les  jeux. 


DEL 


DEL 


265 


les  progrès  et  les  effets  de  la  pantomime 
chez  les  anciens ,  dissertation  couronnée 
par  l'Académie  des  inscriptions ,  Paris  , 
1790,  in-S°-  Cette  dernière  production 
est  un  ouvrage  utile  par  l'esprit  de  recher- 
che qui  y  règne. 

DELCAMBRE  (tiiomas)  ,  virtuose  sur 
le  basson,  naquit  à  Douai  (Nord),  en  1766. 
Ayant  appris  la  musique  à  la  collégiale  de 
Saint-Pierre  ,  il  entra  fort  jeune  comme 
musicien  dans  un  régiment  qui  était  en 
garnison  dans  cette  ville.  A  l'âge  de  dix- 
huit  ans ,  il  se  rendit  à  Paris ,  et  y  devint 
élève  d'Ozy,  pour  le  basson.  Ses  progrès 
furent  rapides  ,  et  bientôt  il  se  fit  remar- 
quer par  la  beauté  du  son  qu'il  tirait  de 
son  instrument ,  et  par  le  brillant  de  son 
exécution.  En  1790,  il  entra  à  l'orchestre 
de  Monsieur ,  et  y  partagea  l'emploi  de 
jDremier  basson  avec  Devienne.  C'était  l'é- 
poque des  fameux  Bouffons  italiens  ;  l'or- 
chestre ,  dirigé  alors  par  Puppo  ,  était  ex- 
cellent 5  Delcambre  forma  son  goût  par 
l'habitude  d'entendre  de  la  musique  ren- 
due avec  une  perfection  jusqu'alors  inouie. 
Les  concerts  du  théâtre  Feydeau,  en  1794, 
lui  fournirent  l'occasion  de  faire  applaudir 
son  talent  dans  un  concerto  de  sa  compo- 
sition, et  dans  les  symphonies  concertantes 
de  Devienne  pour  hautbois,  flûte  ,  cor  et 
basson  qu'il  jouait  avec  Salentin,  Hugot 
et  Frédéric  Duvernoy.  Admis  comme  pro- 
fesseur au  Conservatoire  de  musique  de 
Paris,  à  l'époque  de  sa  formation,  il  en 
remplit  les  fonctions  jusqu'à  la  fin  de 
1825,  où  il  prit  sa  retraite  après  trente 
ans  de  service.  Ce  fut  aussi  vers  le  même 
temps  qu'il  se  retira  de  l'orchestre  de 
l'Opéra,  où  il  était  entré  après  avoir  obtenu 
la  pension  de  retraite  au  théâtre  Feydeau. 
De  tous  ses  emplois ,  il  n'avait  conservé , 
dans  ses  dernières  années  ,  que  celui  de 
premier  basson  de  la  chapelle  du  roi.  Une 
promotion  de  chevaliers  delà légion-d'hon- 
neur  ayant  été  faite  en  1824 ,  il  obtint  la 
décoration  de  cet  ordre.  Il  est  mort  à  Paris, 
le  7  janvier  1828.  Un  beau  son  ,  une  exé- 
cution nette  et  pure ,  étaient  les  qualités 


distinctives  du  talent  de  Delcambre  ;  mais 
il  manquait  en  général  d'élégance  et  d'ex- 
pression. Cet  artiste  a  publié  :  1°  Six  so- 
nates avec  accompagnement  de  basse, 
œuvre  1er;  2°  Six  duos  pour  deux  bas- 
sons, œuvre2e,  Paris,  1796  ;  3°  Six  duos, 
idem,  œuvre  3e,  Paris,  1798  ,  4°  Concerto 
pour  basson  principal ,  avec  accompa- 
gnement d'orchestre  ,  œuvre  4e. 

DELEMER  (henri)  ,  ancien  professeur 
d'elocution  à  l'Athénée  de  Bruxelles,  et 
depuis  1831  professeur  des  sciences  indus- 
trielles et  commerciales  dans  la  même 
école,  a  publié  une  nouvelle  édition  d'un 
mémoire  de  M.  Villoteau  sur  la  musique 
des  Egyptiens,  extrait  de  la  Description 
de  l'Egypte ,  et  y  a  ajouté  quelques  ré- 
flexions. Cette  brochure  a  paru  sous  ce 
titre  :  Musique  de  l'Antique  Egypte 
daiis  ses  rapports  avec  la  poésie  et  l'élo- 
quence, par  M.  Villoteau,  etc.,  mémoire 
qui  traite  de  l'éducation  en  général  et 
des  moyens  de  gouvernement  qu'elle  of- 
frent en  Egypte.  Publié  avec  quelques 
réflexions,  etc.  Bruxelles,  1850,  80  pages 
in-8°.  Les  réflexions  de  M.  Delemer  com- 
mencent à  la  page  59. 

DELFANTE  ( Antoine),  compositeur 
italien  dont  on  ne  connaît  qu'un  opéra  in- 
titulé :  //  Pdpiego  deluso ,  qui  a  été  re- 
présenté à  Rome  ,  en  1791. 

DELGADO  (cosme  ),  habile  chanteur 
portugais,  né  à  Cartaxo,  dans  le  17e  siècle, 
a  composé  beaucoup  de  musique  qui  se 
trouve  au  couvent  de  Saint-Jérôme,  à 
Lisbonne.  Il  est  aussi  auteur  d'un  ouvrage 
théorique  intitulé  :  Manual  de  Musica 
dividido  em  très  partes ,  dirigido  ao 
muito  alto  e  esclarecido  Principe  Car- 
deal  Alberto  Archiduque  de  Austria 
Pœgente  desles  Reynos  de  Portugal.  Ce 
livre  n'a  point  été  imprimé. 

DELIIAISE  (  Nicolas- joseph)  ,  profes- 
seur de  violon  et  compositeur,  naquit  à 
Huy ,  en  Belgique,  vers  1770.  Sa  profession 
fut  d'abord  celle  de  tailleur  de  pierres  j 
mais  le  goût  de  la  musique  se  développa 
en  lui  avec  tant  de  force  qu'il  prit  la  réso- 


266 


DEL 


lntion  de  se  livrer  à  sa  vocation,  et  de  re- 
noncer à  son  premier  état.  Le  violon  était 
l'instrument  qu'il  avait  choisi  ;  d'abord  il 
n'eut  d'autre  ressource  pour  vivre  que  de 
jouer  des  contredanses,  mais  il  mit  tant  de 
persévérance  dans  ses  études,  qu'il  parvint 
à  acquérir  un  talent  fort  agréable,  et  qu'il 
devint  le  maître  à  la  mode  dans  la  ville  de 
Huy  et  dans  les  environs.  Doué  d'une  rare 
intelligence  ,  il  apprit  seul  et  par  la  lec- 
ture de  quelques  traités  de  musique  les 
élémens  de  l'harmonie  ,  et  parvint  à  écrire 
avec  assez  de  correction  quelques  composi- 
tions qu'il  a  publiées  à  Liège  et  à  Bruxelles. 
Delhaise  est  mort  à  Huy  en  1835.  Les 
ouvrages  de  sa  composition  qui  ont  été 
publiés  sont  :  1°  Contredanses  pour  clari- 
nette et  violon ,  liv.  1  ,  Bruxelles  ,  Plou- 
vier;  2°  Quadrille  en  quatuor  pour  deux 
violons,  alto  et  basse,  Ibid.,  et  Paris, 
Richault  ;  3°  Duos  très  faciles  et  progres- 
sifs pour  deux  violons  ,  Bruxelles  ,  Plou- 
vier  ;  4°  Etudes  faciles  pour  violon ,  avec 
basse  ;  Ibid. 

Delhaise  a  laissé  un  fils ,  qui  est  impri- 
meur à  Huy ,  et  qui  possède  un  talent 
assez  distingué  sur  la  flûte.  Il  est  mainte- 
nant directeur  de  musique  d'une  société 
d'harmonie  dans  sa  ville  natale.  On  a  pu- 
blié sous  son  nom  :  1°  Thème  varié  pour 
la  flûte  avec  orchestre  ,  Bruxelles  ,  Plou- 
vier;  2°  Airs  variés  pour  la  flûte  seule, 
liv.  1 ,  Ibid.;  3°  Douze  valses  pour  le 
même  instrument ,  Ibid. 

DELITZ  (.  .  .),  habile  facteur  de  cla- 
vecins et  d'orgues ,  né  à  Dantzig ,  fut  mis 
fort  jeune  en  apprentissage  cbez  le  célèbre 
facteur  d'orgues  Hildebrand,  élève  de  Sil- 
bermann.  Après  plusieurs  années  de  tra- 
vaux et  d'études  dans  l'art  de  fabriquer 
des  instrnmens ,  il  fit  une  excursion  à 
Kœnigsberg,  et  ne  retourna  à  Dantzig  qu'a- 
vec le  projet  de  se  rendre  en  Saxe  ;  mais 
Hildebrand, déjà  âgé,  le  détermina  à  rester 
près  de  lui ,  et  le  cbargea  de  la  direction 
de  beaucoup  d'ouvrages.  Après  la  mort  de 
son  maître,  Delitz  continua  de  travailler  à 
la  construction  des  orgues,  et  se  distingua 


DEL 

particulièrement  dans  un  bel  instrument 
qu'il  plaça  à  Thorn,  dans  le  grand  orgue  de 
Sainte-Marie ,  à  Dantzig,  composé  de  cin- 
quante-trois jeux,  trois  claviers  à  la  main 
et  pédales ,  dans  l'orgue  de  l'église  du  Sé- 
pulcre de  la  même  ville,  dans  celui  de 
l'église  du  Saint-Esprit ,  et  dans  le  petit 
orgue  de  l'église  paroissiale,  etc.  Gerber 
attribue  aussi  à  ce  facteur  l'invention  du 
clavecin  organisé  avec  un  jeu  de  flûte  et 
divers  changemens  ;  il  assure  que  Wagner, 
de  Dresde ,  ne  fit  qu'améliorer  cette  idée 
dont  il  s'attribua  l'honneur  lorsqu'il  fit 
connaître  l'instrument  du  même  genre 
qu'il  appela  Clavecin  royal  :  Gerber  se 
trompe,  l'idée  du  clavecin  organisé  est 
plus  ancienne. 

DELLAIN  (charles-henri),  musicien 
de  l'orchestre  de  la  Comédie-Italienne , 
vécut  à  Paris  depuis  1756  jusqu'en  1787. 
Il  a  composé  la  musique  de  La  Fête  du 
Moulin,  divertissement  représenté  au  Théâ- 
tre-Italien, en  1758.  Il  est  aussi  l'auteur 
d'un  ouvrage  intitulé  :  Nouveau  Manuel 
musical ,  contenant  les  élémens  de  la 
musique }  des  agrémens  du  chant  et  de 
l' accompagnement  du  clavecin ,  Paris  , 
1781 ,  cinquante-deux  pages  in-4°. 

DELLA-MARIA  (dominique),  compo- 
siteur dramatique,  naquit  à  Marseille, 
vers  1764  ,  de  parens  italiens  ,  suivant 
quelques-uns  de  ces  biographes  ;  cependant 
M.  de  Boisgelou,  dans  une  note  manu- 
scrite ,  assure  que  son  nom  véritable  était 
Lamarie,  et  qu'il  avait  italianisé  son  nom 
pour  rendre  les  commencemens  de  sa  car- 
rière d'artiste  plus  facile.  Quoi  qu'il  en 
soit,  il  se  livra  de  bonne  heure  à  l'étude  de 
la  musique,  et  montra,  dès  sa  plus  tendre 
jeunesse  ,  les  plus  heureuses  dispositions 
pour  cet  art.  A  dix-huit  ans,  il  fit  repré- 
senter au  théâtre  de  Marseille  un  grand 
opéra  dans  lequel  on  reconnût ,  parmi  les 
défauts  inséparables  d'un  premier  essai, 
le  traces  du  talent.  Peu  de  temps  après , 
il  partit  pour  l'Italie,  persuadé  qu'il  lui 
restait  peu  de  chose  à  apprendre,  quoique 
ses  études  musicales ,  faites  dans  une  ville 


DEL 


DEL 


267 


de  province,  eussent  été  très  faibles.  Il  ne 
tarda  point  à  reconnaître  son  erreur,  et 
pendant  un  séjour  de  dix  ans  en  Italie , 
il  étudia  sous  la  direction  de  plusieurs 
maîtres.  Le  dernier  fut  Paisiello,  qui  avait 
pris  pour  lui  beaucoup  d'amitié.  Sorti  de 
l'école  de  ce  grand  compositeur,  il  écrivit 
pour  quelques  théâtres  secondaires  de  l'Ita- 
lie six  opéras  bouffes ,  dont  trois  ont  eu 
du  succès.  Plus  tard,  il  se  plaisait  à  faire 
entendre  des  morceaux  de  l'un  d'eux,  inti- 
tulé //  Maestro  cli  Cappella. 

Della-M'aria  arriva  à  Paris,  en  1796, 
absolument  inconnu  ;  mais  le  hasard  lui 
aplanit    les    difficultés    que  rencontrent 
presque  toujours  à  leur  début  les  artistes 
ou  les  gens  de  lettres.  Voici  ce  que  dit  à  ce 
sujet  M.Duval,  dans  une  notice  sur  Della- 
Maria  ,  qui  a  été  insérée  dans  la  Décade 
philosophique  (10  germinal  an  vin):  »  Un 
<c  de  mes  amis ,  auquel  il  avait  été  re- 
«  commandé,  me  pria  de  lui  donner  quel- 
<i  que  poème.  Sa  physionomie  spirituelle, 
«  ses  manières  simples,  vives  et  originales, 
«i  m'inspirèrent  de  la  confiance  :  elle  fut 
«  justifiée.  Je  finissais  alors  la  petite  pièce 
«  du   Prisonnier ,    que   je   destinais    au 
«  Théâtre-Français.  Le  désir  de  l'obliger 
«  m'eut  bientôt  décidé  à  en  faire  un  opéra . 
«  Quelques  coupures,  quelques  airs,  l'eu- 
«  rent  aussitôt  métamorphosée  en  comé- 
«  die-lyrique.  Il  ne  mit  que  huit  jours  à 
«  en  composer  la  musique,  et  les  artistes 
«  del'Opéra-Comique,  qui,  séduits  comme 
«  moi ,  l'avaient  accueilli  avec  intérêt , 
<t  mirent  aussi  peu  de  temps  à  l'appren- 
ez dre  et  à  la  jouer.  Cette  pièce  commença 
«  sa  réputation.  » 

Le  succès,  qui  fut  éclatant,  tint  à  deux 
causes.  La  première  fut  la  diversion  opérée 
par  le  style  chantant,  brillant  et  facile  de 
Della-Maria,  au  milieu  de  cette  musique 
forte  d'harmonie ,  mais  où  le  sentiment 
mélodique  ne  se  faisait  apercevoir  que  d'une 
manière  secondaire,  que  les  maîtres  ha- 
biles de  ce  temps  faisaient  entendre  au 
public.  La  deuxième  cause  du  succès  se 
trouve  dans  la  perfection  du  jeu  des  acteurs 


chargés  des  rôles  principaux.  On  se  rap- 
pellera long-temps  l'ensemble  délicieux 
que  formaient  les  talens  d'Elleviou  et  de 
MMmes  Saint -Aubin  et  Dugazon  ;  ces  comé- 
diens excellens,  qui,  trouvaient  dans  la  mu- 
sique du  Prisonnier  des  proportions  ana- 
logues à  leurs  moyens ,  y  brillaient  sans 
effort.  Dans  cet  ouvrage,  Della-Maria  ne 
s'élève  pas  à  de  fortes  conceptions  ,  mais 
sa  manière  est  à  lui ,  et  c'est ,  comme  on 
sait,  la  condition  importante  pour  obtenir 
des  succès  de  vogue.  Malheureusement 
cette  manière  alla  s'affaiblissant  dans  les 
opéras  qui  suivirent  le  Prisonnier  ;  on  en 
trouve  encore  quelques  traces  dans  Y  Opéra 
Comique  (en  un  acte) ,  dans  Y  Oncle  Va- 
let (en  un  acte),  et  dans  Le  Vieux  Châ- 
teau (  en  trois  actes)  ;  mais  Jacquot ,  ou 
l'Ecole  des  Mères  (en  trois  actes),  joué 
en  1799,  était  une  production  peu  colorée, 
et  il  n'y  avait  plus  rien  dans  La  Maison 
du  Marais  (en  trois  actes) ,  ni  dans  La 
Fausse  Duègne  (en  trois  actes) ,  qui  ne 
furent  représentés  qu'après  la  mort  de 
l'auteur.  Tous  ces  ouvrages  furent  écrits 
en  quatre  ans ,  et  dans  ce  court  espace , 
Della-Maria  semble  avoir  épuisé  tout  ce 
que  la  nature  lui  avait  donné  d'idées. 

Doué  d'un  caractère  doux  et  facile,  ce 
jeune  artiste  s'était  fait  de  nombreux  amis  : 
M.  Duval,  Pun  d'eux,  se  disposait  à  se 
rendre  à  la  campagne  avec  lui ,  dans  l'in- 
tention de  travailler  à  un  nouvel  ouvrage, 
lorsque  Della-Maria,  revenant  un  soir  vers 
son  logis  ,  dans  l'automne  de  1800  ,  tomba 
évanoui  dans  la  rue  Saint-Honoré.  Il  fut 
recueilli  par  une  personne  charitable,  chez 
qui  il  expira  au  bout  de  quelques  heures , 
sans  pouvoir  proférer  une  parole.  Comme 
il  ne  se  trouvait  sur  lui  aucune  indication 
de  son  nom  ni  de  sa  demeure,  les  agens  de 
la  police  furent  plusieurs  jours  avant  de 
découvrir  ce  qu'il  était.  Ainsi  périt,  à 
l'âge  de  trente-six  ans ,  un  artiste  dont  la 
renommée  a  eu  de  l'éclat. 

DELLA  VALLE  (pierre),  voyageur, 
né  à  Rome ,  le  2  avril  1586 ,  cultiva  avec 
succès  les  lettres  et  les  arts.  Après  avoir 


DEL 


DEL 


pris  da  service  militaire  contre  les  Véni- 
tiens, pais  contre  les  Barbaresques,  il  re- 
tourna à  Rome,  puis  voyagea  en  Palestine, 
en  Syrie,  en  Egypte  et  en  Perse,  et  revint 
dans  sa  patrie,  le  28  mars  1626.  Il  publia 
la  relation  de  ses  voyages ,  ainsi  que  plu- 
sieurs autres  ouvrages,  et  vécut  avec  hon- 
neur dans  la  société  des  gens  de  lettres  et 
des  artistes.  Il  mourut  à  Rome,  le  20  avril 
1652.  L'éditeur  des  œuvres  de  Doni  a  in- 
séré dans  le  deuxième  volume  de  cette 
collection  une  lettre  de  Délia  Valle  à  Lelio 
Guidiccioni, intitulée  :  Dellamusica  clell' 
età  nostra  che  non  è  punio  inferiore, 
anzi  è  migliore  cil  quella  dell'  età  pas- 
sata  (pages  249-264).  Cette  lettre  est 
datée  du  16  janvier  1640  ;  elle  con- 
tient de  précieux  renseignemens  pour 
l'histoire  de  la  musique  en  Italie  à  cette 
époque. 

DELLÀ  VALLE  (Guillaume)  ,  savant 
cordelier,  né  à  Sienne  ,  vers  le  milieu  du 
18e  siècle,  fit  profession  au  couvent  de  sa 
ville  natale,  passa  ensuite  à  Rome,  y  resta 
pendant  plusieurs  années,  puis  fut  nommé 
secrétaire  de  son  ordre  à  Naples,  en  1785, 
et  enfin  se  retira  à  Sienne,  où  il  est  mort 
clans  les  premières  années  du  19e  siècle. 
Il  a  écrit  des  Lettere  Sanesi  sxirles  beaux- 
arts,  qui  ont  été  publiées  en  trois  volumes 
in-4°;  elles  sont  principalement  relatives 
à  la  peinture.  On  a  du  P.  Délia  Valle  : 
Elogio  del  Padre  Giambattista  Martini, 
Minore  conventuale  (Letto  il  24  novemb. 
1784),  Bologna  ,  1784,  in-8°.  Cet  éloge  a 
été  aussi  publié  dans  X  Antologia  Romana} 
lom.  XI ,  1784,  in-4°,  pages,  190,  201, 
209,  217,  225,  233  et  241.  Le  même 
écrivain  a  fait  paraître  ensuile  des  Menio- 
rle  Storiche  del  P.  M.  Gio-Battista- 
Martïni  Min.  Couvent,  in  Bologna,  cé- 
lèbre maestro  di  cappella,  Napoli,  1785, 
in-8°  de  cent  cinquante-deux  pages.  Ces 
intéressans  mémoires  contiennent  beau- 
coup de  choses  curieuses,  qu'on  ne  trouve- 
rait point  ailleurs ,  sur  les  maîtres  de 
chapelle  de  Bologne,  et  sur  le  P.  Martini  5 
ils  sont  suivis  de  lettres  de  ce  savant  mu- 


sicien, de  l'abbé  Mattei,  d'Eximeno,  et  de 
l'auteur  de  l'ouvrage. 

DELLEPLANQUE  (  .  .  .  ),  né  à  Liège 
en  1746  ,  fut  professeur  de  harpe  à  Paris  , 
et  mourut  dans  cette  ville  en  1801.  Il  a  fait 
graver  plusieurs  ouvrages  de  sa  composi- 
tion, depuis  1775  jusqu'en  1796.  Les  plus 
connus  sont  :  1°  Sonates  pour  la  harpe , 
op.  1  ;  2°  Sonate  avec  accompagnement 
de  violon,  op.  2  ;  5°  Airs  variés  pour 
la  harpe,  op.  4;  4°  Marche  variée; 
5°  Pot-pourri;  6°  Sonate  avec  accompa- 
gnement de  violon  et  basse. 

DELLER  (florian),  compositeur  alle- 
mand ,  né  à  Louisbourg ,  s'y  retira  en 
1768,  après  avoir  visité  plusieurs  villes 
telles  que  Vienne  et  Munich,  et  y  mourut 
vers  1774.  Il  n'avait  point  eu  de  maître 
et  s'était  instruit  par  la  lecture  des  parti- 
tions des  grands  maîtres.  Ses  principaux 
ouvrages  sont  :  1°  La  Contessa  per  amore, 
opéra-comique;  2°  Pygmalion ,  ballet 
héroïque;  3°  Die  beyden  Werther  (Les 
deux  Werther)  ,  ballet.  Il  a  écrit  aussi 
plusieurs  messes  ,  des  motets  ,  et  des  trios 
pour  deux  violons  et  violoncelle,  avec  basse 
continue. 

DELMOTTE  (henri-florent)  ,  né  à 
Mons  (Belgique),  en  1799,  fit  ses  études 
au  collège  de  cette  ville.  Fils  de  Philibert 
Delmotte  ,  littérateur  et  savant  bibliogra- 
phe ,  il  avait  été  disposé  de  bonne  heure 
au  goût  des  lettres  et  des  sciences.  Ses 
progrès  furent  rapides,  et  dès  sa  plus  ten- 
dre jeunesse  il  montra  beaucoup  d'aptitude 
et  de  facilité  à  apprendre.  Son  père  le  des- 
tinait au  barreau ,  mais  la  faiblesse  de  sa 
poitrine  fit  renoncer  à  ce  projet,  et  le  no- 
tariat fut  la  carrière  qu'il  embrassa.  Toute- 
fois, les  travaux  littéraires  occupèrent  la 
plus  grande  partie  de  sa  trop  courte  vie. 
Pendant  quelques  années  il  fut  notaire  à 
Baudour  ;  plus  tard  il  revint  à  Mons  exercer 
la  même  profession ,  qui  ne  l'empêcha  pas 
de  succéder  à  son  père  dans  la  place  de 
bibliothécaire  de  la  ville.  Passionné  pour 
l'étude,  il  passa  la  plus  grande  parlie  de 
sa  vie  au  milieu  de  ses  lis  res  ;  et  peu  de 


DEL 

temps  s'écoulait  sans  qu'il  publiât  quelque 
opuscule  où  brillaient  à  la  fois  une  origi- 
nalité d'idées  peu  commune  et  une  rare 
instruction.  Les  précieuses  qualités  de  son 
cœar  lui  avaient  fait  beaucoup  d'amis; 
malgré  l'état  de  souffrance  qui  fut  pres- 
que constamment  le  sien  ,  il  portait  au 
milieu  d'eux  une  gaité  douce ,  facile  et 
spirituellequi  donnait  beaucoup  de  charme 
à  la  conversation.  Peu  soigneux  de  sa  santé, 
il  ne  donna  malheureusement  point  assez 
d'attention  à  la  gravité  d'une  maladie  de 
poitrine  dont  il  était  atteint  depuis  long- 
temps ;  le  danger  s'accrut  progressivement, 
et  le  9  mars  1836  Delmotte  cessa  de  vivre. 
Il  était  vice-président  de  la  société  des 
sciences ,  des  arts  et  des  lettres  du  Hai- 
naut ,  et  membre  correspondant  de  l'Aca- 
démie de  Bruxelles.  La  société  des  Biblio- 
philes de  Mons,  dont  il  était  président,  a 
fait  imprimer  une  notice  biographique  sur 
ce  digne  et  savant  homme.  La  plupart  des 
écrits  de  Delmotte  sont  étrangers  à  l'objet 
de  cette  biographie  ;  je  ne  mentionnerai 
que  ceux  qui  y  ont  du  rapport.  Dans  un 
journal  qui  était  publié  à  Mons  en  1825, 
sous  le  titre  Le  Dragon ,  il  a  publié  deux 
articles  remplis  d'intérêt  sur  le  célèbre 
compositeur  Roland  de  Lassus  ou  de  Lattre. 
Depuis  lors  ,  des  découvertes  importantes 
qu'il  a  faites  dans  les  manuscrits  de  la  bi- 
bliothèque publique  de  Mons  lui  ont  fait 
revoir  et  étendre  ce  travail  pour  en  faire 
une  monographie  du  plus  haut  intérêt 
qu'il  faisait  imprimer  au  moment  où  il  est 
mort,  sous  le  titre  de  Notice  biographi- 
que sur  Roland  Delattre ,  connu  sous 
le  nom  d'Orland  de  Lassus.  Cette  notice 
forme  un  volume  de  8  feuilles  d'impres- 
sion. Elle  est  entièrement  terminée,  et  la 
gravure  des  planches  est  la  seule  cause 
qui  en  a  retardé  la  publication. 

Des  travaux  assez  étendus  ont  été  faits 
aussi  par  Delmotte  sur  le  célèbre  musicien 
Philippe  de  Mons;  leur  résultat  était 
destiné  à  faire  partie  d'une  Biographie 
montoise  à  laquelle  il  a  travaillé  pendant 
plus  de  dix  ans. 


BEL 


269 


DELORTH  (iienri),  violiniste  de  l'or- 
chestre du  théâtre  des  Beaujolais,  a  public 
un  petit  ouvrage  qui  a  pour  titre  :  Moyen 
de  rectifier  la  gamine  de  la  musicpte  et 
défaire  chanter  juste ,  Paris,  1791, 
in-8°. 

DELPANE  (dominique)  ,  chanteur  de 
la  chapelle  pontificale ,  né  à  Rome  vers 
1629 ,  fut  reçu  comme  sopraniste  dans 
cette  chapelle,  le  10  juin  1654.  Il  a  fait 
imprimer  dans  cette  ville,  en  1675,  un 
recueil  de  motets  à  deux  ,  trois  ,  quatre  et 
cinq  voix.  Il  y  a  en  manuscrit  beaucoup 
de  musique  d'église  de  sa  composition  dans 
les  archives  de  la  chapelle  Sixtine. 

DEL-RIO  (martin-antoine),  né  à  An- 
vers, de  parens  espagnols,  le  17  mai  1551, 
fît  ses  études  à  Paris  et  retourna  ensuite 
dans  sa  ville  natale  pour  y  faire  son  droit. 
Après  avoir  aussi  étudié  quelque  temps  à 
l'université  de  Salamanque  ,  il  y  fut  reçu 
docteur  en  1574.  Trois  ans  après  ,  il  fut 
nommé  sénateur  au  conseil  souverain  de 
Brabant ,  et  successivement  auditeur  de 
l'armée,  vice-chancelier- et  procureur-gé- 
néral ;  mais  s'étant  dégoûté  des  affaires , 
par  suite  des  troubles  des  Pavs-Bas,  il  re- 
tourna en  Espagne  et  se  fit  jésuite  à  Val- 
ladolid  ,  en  1580.  Il  enseigna  la  théologie 
successivement  à  Douai ,  à  Liège ,  en 
Styrie,  à  Salamanque  et  à  Louvain  ,  où  il 
mourut  le  19  octobre  1608.  Au  nombre 
de  ses  ouvrages  on  trouve  celui  qui  a  pour 
titre  :  Disquisitionum  magicarum  libri 
sex ,  Louvain,  1599  ,  in-4°,  souvent  réim- 
primé; il  y  traite  De  musica  ma gica  lib.  1, 
p.  93  et  suiv.  André  Duchesne  a  abrégé  et 
traduit  ce  livre  en  français,  Paris,  1611, 
in-4°  et  in-8°  ,  deux  vol. 

DELUSSE  (charles)  ,  professseur  de 
flûte,  à  Paris  ,  né  en  cette  ville  en  1731, 
entra  comme  flûtiste  à  l'Opéra-Comique  , 
en  1758.  Le  18  août  1759,  on  représenta 
à  la  foire  Saint-Laurent  un  opéra-comi- 
que intitulé  :  L'Amant  Statue,  dont  il 
avait  fait  la  musique ,  et  Guichard  les  pa- 
roles :  il  ne  faut  pas  confondre  cet  ouvrage 
avec  un  autre  du  même  nom ,  paroles  de 


270 


DEL 


Desfontaines  et  musique  de  Dalayrac,  qui 
n'a  rien  de  commun  avec  celui-là,  soit  pour 
le  sujet,  soit  pour  la  forme.  Delusse  avait 
publié  précédemment  plusieurs  composi- 
tions pour  son  instrument ,  entre  autres 
Six  duos  pour  deux  flûtes  ,  gravés  à 
Paris ,  six  sonates  pour  flûte ,  avec  basse 
continue,  six  petits  divertis  s  emens  pour 
deux flûtes ,  mais  tout  cela  est  compléte- 
tçment  oublié  aujourd'hui.  En  1760  ,  il 
fit  paraître  une  méthode  de  flûte  intitu- 
lée :  L'art  de  la  flûte  traversiere,  ouvrage 
fort  inférieur  à  celui  de  Quantz  publié 
quelques  années  auparavant.  Au  mois  de 
décembre  1765,  il  fit  insérer  dans  le  Mer- 
cure une  Lettre  sur  une  nouvelle  déno- 
mination des  sept  degés  de  la  gamme , 
dont  une  nouvelle  publication  fut  faite  sé- 
parément en  1766,  petit  in-12  de  quatorze 
pages,  avec  figures.  Il  y  propose  de  sub- 
stituer aux  mots  ut,  ré,  mi,  etc.,  extraits 
de  l'hymne  de  Saint- Jean  par  Guid'Arezzo, 
les  voyelles  a,  e,  i,  o,  u,  ou,  uo,  et 
même  d'employer  ces  voyelles  au  lieu  des 
notes  ordinaires ,  pour  écrire  le  chant. 
Cette  innovation,  qui  n'offrait  rien  d'utile, 
ne  fut  point  adoptée. 

Delusse  était  fabricant  d'instrumens  à 
vent ,  et  montra  beaucoup  d'habileté  dans 
leur  confection  ;  ses  flûtes  et  ses  hautbois 
étaient  surtout  remarquables  pour  leur 
bonne  qualité  ;  ces  derniers  sont  encore 
recherchés  ,  à  cause  de  leur  beau  son  et  de 
leur  grande  justesse.  Il  exécuta,  en  1780, 
une  flûte  double,  qu'il  appella/7z^e  harmo- 
nique :  elle  était  composée  de  deux  flûtes 
à  bec  réunies  dans  un  même  corps,  et 
sur  lequel  on  pouvait  exécuter  des  duos. 
Cette  invention  était  renouvelée  des  anciens, 
comme  on  le  voit  par  quelques  passages  de 
Pollux ,  de  Pausanias  et  d'Athénée ,  et  par 
plusieurs  bas-reliefs  antiques.  C'est  aussi 
à  Delusse  qu'on  doit  le  Eecueil  de  ro- 
mances historiques ,  tendres  et  burles- 
ques,  tant  anciennes  que  modernes, 
avec  les  airs  notés ,  Paris  ,  1768,  in-8°, 
qu'on  a  attribué  par  erreur  à  Laujon , 
dans  le  catalogue  de  La  Vallière,  n°  151 09. 


DEM 

DELVER  (frederic),  maître  de  clave- 
cin à  Hambourg,  vers  la  fin  du  18e  siècle, 
a  fait  imprimer  dans  cette  ville  trois  re- 
cueils de  romances ,  en  1796  et  1797,  et 
une  sonate  pour  le  piano  avec  accompa- 
gnement de  violon. 

DEMACHI  (joseph),  né  à  Alexandrie- 
de-la-Paille ,  vers  1740,  fut  d'abord  atta- 
ché à  la  musique  du  roi  de  Sardaigne ,  en 
qualité  de  violiniste,  et  s'établit  ensuite  à 
Genève  en  1771.  Il  a  fait  imprimer  dix- 
sept  ouvrages  de  sa  composition ,  tant  à 
Lyon  qu'à  Paris.  Ils  consistent  en  sym- 
phonies concertantes  ,  quatuors  ,  trios  et 
duos  pour  le  violon.  Ses  duos  pour  violon 
et  alto,  op.  1,  et  pour  deux  violons,  op.  7, 
ont  eu  du  succès  lorsqu'ils  ont  paru. 

DEMANTIUS  (Christophe),  composi- 
teur, né  à  Reichemberg  en  1567,  fut  d'a- 
bord chantre  à  Zittau,  vers  1596,  et  passa 
ensuite  à  Freyberg,  en  1607,  pour  y  rem- 
plir les  mêmes  fonctions.  Il  mourut  en  ce 
lien  le  20  avril  1643.  On  a  de  lui  les  ou- 
vrages suivans  :  1°  Magnificat  4 ,  5  et 
6  voc.  ad  8  usitatos  et  12  Modos  musi- 
cos ,  Francfort;  2°  Weliliche  Lieder  mit 
5  Stimmen,  Nuremberg,  1595,  in-4°; 
5°  LXXF^II  auserlesene  Liebliche  Pol- 
nischer  und  Teutscher  Art  Tœntze  mit 
und  ohne  Texte,  von  4  und 5  Stimmen, 
neben  andem  Kïinstlichen  Galliarden 
mit  5  Stimmen  (  Soixante-dix-sept  airs  de 
danse  polonais  et  allemands ,  choisis  et 
agréables ,  avec  et  sans  paroles  ,  à  quatre 
et  cinq  voix ,  etc.) ,  Nuremberg ,  1601 , 
in-4°;  4°  Triades precumvespertinarum 
ad  8  tonos  et  modos  concinnatœ ,  Nu- 
remberg ,  1602  ;  5°  Isagoge  artis  Mu- 
sicœ  ad  incipientium  captum  maxime  ac- 
comodata.  Kurtze  Anleitûng  recht  und 
leicht  singen  zu  lernen,  nebst  Erklœrung 
der  griechischen  Wœrlein,  so  beyneuen 
Musicis  im  Gebrauch  sind,  Nuremberg , 
1605,  in-8°.  La  seconde  édition  est  de 
Nuremberg,  1607,  in-8°;il  yen  a  une  de 
la  même  ville,  datée  de  1617.  La  septième 
porte  la  date  de  Freyberg,  1621  ,  in-8°  ; 
enfin  il  y  en  a  de  cette  dernière  ville  da- 


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271 


tées  de  1652,  de  1642,  de  1650,  de  Jcna 
1656,  et  de  Freyberg,  1671,  in-8°  ; 
6°  Conviviorum  Deliciœ,  newe,  liebliche 
Inlraden  und  Ausszuge ,  neben  Kunst- 
lichen  Galliarden  und  Frœlichen  Pol- 
nischen  Tœntzen  mit  6  Stimmen,  Nu- 
remberg, 1608,  in-4°;  7°  Convivalium 
concentuumfarrago,  in  welcherleutsche 
Canzonetle  und  Villanellen  mit  6  Stim- 
men zu  sampt  einem  Echo  und  zwejen 
dialogis  mit  8  Stimmen  verfasset ,  Nu- 
remberg, 1609,  in-4°;  8°  Corona  Har- 
monica, oder  auserlesene  ans  den  Evan- 
gelien  au f  ail  Sonntage  und  vornehmste 
Feste  durchs  gantze  Jahr  mit  6  Stimmen 
und  aufallerhand  Instrumentent  zu  ge- 
brauchen ,  Leipsick,  1610;  9°  Threno- 
diœ ,  dass  ist  senhliche  Klaglieder  uber 
den  abschiedt  des  Churfurslens  Chris- 
tian II ,  von  Sachsen ,  Leipsick,  1611 , 
in-4°;  10°  Erster  Theil  newer  teutsche 
Lieder ,  so  zwor  durch  Georgium  Lan- 
gium  mit  5  Stimmen,  Leipsick,  1615, 
in-4°;  11°  Zweiter  Theil  derselben , 
Leipsick,  1615,  in -4°;  12°  Timpanum 
Militare,  oder  21  Streit  und  Triumph- 
Lieder }  von  5,  6,  8  imd  10  Stimmen, 
Nuremberg,  1615;  13°  Te  Deum  Lan- 
damus  5  voc,  Freyberg,  1618  ;  14°  Te 
Deum  mit  6  Stimmen,  Freyberg,  1620  ; 
15°  Triades  Sioniœ  Introïlum ,  Missa- 
rum  et  Prosarum  5 ,  6  et  8  vocum, 
Freyberg,  1619;  16°  Threnodiœ ,  dass 
ist  auserlesene  trostreiche  Begrœbniss- 
gesœnge ,  so  bey  chur-und  Fûrstlichen 
Leichen-Begœngnissen  und  Bejsetzun- 
gen-benebst  andern  christlichen  Medita- 
tionibus  und  Todegedanken  ,  fur  4,5, 
und  6  Stimmen,  Freyberg,  1620,  in-8°. 
DEMAR  (Sebastien),  né  à  Wiïrtzbourg, 
en  Franconie ,  le  29  juin  1765,  a  eu  pour 
premier  maître  de  composition  Richter , 
maître  de  musique  de  la  cathédrale  de 
Strasbourg.  Après  avoir  été  pendant  trois 
ans  instituteur  et  organiste  à  l'école  Nor- 
male de  Weissembourg ,  il  partit  pour 
Vienue,  où  il  reçut  des  conseils  de  Haydn. 
De  là  il  alla  en  Italie  et  y  acheva  ses  étu- 


des sons  son  oncle  Pfeifïer  ,  musicien  ha- 
bile. Il  vint  enfin  en  France  ,  et  se  fixa  à 
Orléans,  où  il  vit  encore.  Il  a  composé 
plusieurs  messes,  un  Te  Deum  à  grand 
orchestre,  trois  opéras,  six  œuvres  de 
symphonies  ,  deux  concertos  de  violon , 
quatre  concertos  de  piano  ,  trois  concertos 
de  harpe,  un  idem  de  cor,  quatre  qua- 
tuors pour  le  violon,  deux  recueils  de  mu- 
sique militaire  à  grand  orchestre ,  dix 
œuvres  de  duos  pour  le  violon  ,  trois  duos 
pour  le  cor ,  quatre  duos  pour  la  harpe  et 
le  piano  ,  quatre  œuvres  de  sonates  pour  le 
piano ,  quatre  œuvres  de  sonates  pour  la 
harpe ,  trois  méthodes  élémentaires ,  la 
première  pour  le  violon,  la  deuxième  pour 
le  piano  et  la  dernière  pour  la  clarinette. 

DEMAR  (joseph) ,  frère  du  précédent, 
est  né,  en  1774,  à  GaUaschach  en  Fran- 
conie. Il  a  en  pour  maître  de  violon  Lau- 
rent-Joseph Schmitt ,  maître  des  concerts 
du  duc  de  Wùrtzbourg  ;  on  le  cite  comme 
un  virtuose  sur  le  violon  et  la  viole  d'a- 
mour. Il  était  attaché  à  la  chapelle  du 
grand-duc  de  Wùrtzbourg  en  1812.  Il  a 
composé  plusieurs  messes  à  grand  orches- 
tre ,  et  beaucoup  de  duos  de  violon. 

DEMAR  (  therèse)  ,  fille  de  J.  Sébas- 
tien ,  née  à  Paris ,  fut  élève  de  son  père  , 
et  se  fit  connaître  comme  harpiste  dans 
les  concerts  publics,  en  1808  et  1809. 
Elle  a  publié  environ  trente  œuvres  de 
musique  pour  la  harpe  ,  qui  consistent  en 
préludes,  pots-pourris,  airs  variés,  fan- 
taisies ,  etc.,  dont  la  plupart  ont  été  gra- 
vés à  Paris  ,  chez  Mme  Duhan. 

DEMELIUS  (chrétien),  naquit  à 
Schlettan  ,  petite  ville  près  de  Annaberg  , 
en  Saxe,  le  premier  avril  1643.  Son  père, 
qui  était  brasseur  ,  aimait  beaucoup  la 
musique.  Il  voulut  que  Demelius  cultivât 
cet  art ,  et  le  confia  aux  soins  de  Christo- 
phe Knorr  ,  organiste  ,  pour  qu'il  en  ap- 
prît les  principes.  Le  jeune  Demelius  fut 
envoyé  ensuite  à  l'école  de  Zwickau ,  où 
il  reçut  des  leçons  de  chant  pendant  cinq 
annnées.  De  là  il  passa  à  l'école  de  Nnrd- 
hausen ,  en  1663 ,  où  il  obtint  la  place 


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de  précepteur  des  enfans  du  bourguemestre 
Ernest.  Il  les  accompagna  à  l'université 
de  Jena,  en  1666,  et  cette  circonstance 
lui  fournit  l'occasion  d'apprendre  la  com- 
position sous  la  direction  de  Adam  Dresen. 
Revenu  à  Nordhausen  vers  la  fin  de  1669, 
il  y  fut  nommé  chantre  de  la  ville,  et 
occupa  cette  place  jusqu'à  sa  mort,  arrivée 
le  premier  novembre  1711.  Demelius  a 
publié,  en  1688,  un  livre  de  cantiques 
pour  l'usage  des  églises  de  Nordhausen  , 
dont  on  a  fait  plusieurs  éditions.  Il  a  com- 
posé aussi  un  recueil  de  motets  à  quatre 
voix ,  qui  a  été  imprimé  à  Sondersbausen 
en  1700.  Enfin  ,  on  a  de  lui  un  traité  élé- 
mentaire de  musique  sous  ce  titre  :  Musicœ 
artis  prœcepta  labulis  synopticis  inclus  a, 
nec  non  praxin  pecidiarem ,  cujus  béné- 
ficie) nonnullorum  mensiwn  spatio  tiro- 
nes  ex  fwidamento  musicam  facillime 
docere  poterit  docturus.  Nordhausen , 
in-4°  ,  sans  date.  J.-J.  Meyer,  recteur  à 
Nordhausen  ,  a  fait  une  élégie  latine  sur  la 
mort  de  Demelius,  où  il  a  fait  entrer  tous 
les  termes  techniques  de  la  musique. 

DEMHARTER  (joseph),  pianiste  et 
compositeur,  vivait  à  Augsbourg  vers  1 81 5. 
Il  a  publié  dans  cette  ville,  chez  Gombart, 
une  messe  à  quatre  voix  avec  quatuor  et 
orgue  ,  des  chants  populaires  de  la  Bavière 
à  quatre  voix ,  avec  accompagnement  de 
piano  ,  des  variations  sur  God  save  the 
King  pour  le  piano  ,  un  rondeau  avec  or- 
chestre ,  op.  7  ,  pour  le  même  instrument , 
et  quelques  autres  productions  du  même 
genre.  Il  y  a  lieu  de  croire  que  M.  Dem- 
harter  a  cessé  de  vivre  ,  car  aucune  com- 
position de  lui  n'a  été  publiée  depuis  près 
de  quinze  ans. 

DEMMLER  (jean-michel),  né  à  Gross- 
Actingen  ,  dans  la  Bavière,  est  mort  en 
1785  ,  à  Augsbourg  ,  où  il  était  organiste 
de  la  cathédrale.  Il  jouissait  de  la  réputa- 
tion d'un  habile  claveciniste.  Ses  compo- 
sitions ,  dont  on  n'a  rien  imprimé,  consis- 
tent en  une  cantate  intitulée  Deucalion  et 
Pyrrha ,  plusieurs  symphonies,  et  des 
concertos  pour  le  clavecin. 


DEMOCRITE,  philosophe  de  l'anti- 
quité, naquit  à  Abdère,  ville  delà  Thrace, 
470  ans  avant  l'ère  chrétienne.  Héritier 
de  richesses  considérables  ,  il  les  employa 
à  voyager  en  Egypte  ,  dans  la  Perse .  dans 
l'Inde  et  en  Italie  ,  pour  acquérir  des  con- 
naissances étendues  dans  toutes  les  bran- 
ches des  sciences.  A  Athènes  ,  il  suivit  les 
leçons  de  Socrate  et  d'Anaxagorc.  De  re- 
tour dans  sa  patrie  ,  et  ruiné  par  ses  longs 
voyages ,  il  trouva  un  asile  chez  son  frère 
Damasis.  Cependant  une  loi  des  Abdéri- 
tains  privait  des  honneurs  de  la  sépulture 
quiconque  avait  dissipé  son  patrimoine  ; 
pour  se  soustraire  à  cette  ignominie  ,  Dé- 
mocrite  fit  une  lecture  publique  d'un  de 
ses  ouvrages  philosophiques ,  et  l'admira- 
tion qu'il  excita  par  cette  lecture  fut  telle 
que  ses  compatriotes  décidèrent  que  ses 
funérailles  seraient  faites  au  frais  de  l'Etat. 
Après  une  longue  vie  passée  dans  la  re- 
traite ,  dans  l'étude  et  dans  la  méditation, 
ce  philosophe  célèbre  mourut ,  dit-on ,  à 
l'âge  de  cent  neuf  ans.  Dans  la  liste  éten- 
due des  ouvrages  attribués  à  Démocrite 
par  Diogène  Laërce,  et  parmi  lesquels  il 
est  vraisemblable  qu'il  y  en  a  beaucoup  de 
supposés  ,  on  trouve  sept  livres  sur  la  mu- 
sique qui  n'ont  point  été  retrouvés  jusqu'à 
ce  jour. 

DÉMODOQUE,  musicien  de  l'antiquité, 
né  à  Corcyre,  vivait  avant  Homère  ,  qui  en 
parle  avec  éloge  en  plusieurs  endroits  de 
l'Odyssée.  Il  fut  disciple  d'Automède  de 
Mycènes,  et  l'on  croit  que  ce  fut  lui 
qu'Agamemnon  laissa  près  de  Clitemnes- 
tre  pour  veiller  à  sa  conduite.  Ptolémée 
Ephestion,  cité  par  Photius,  dit  qu'Ulysse, 
disputant  le  prix  dans  des  jeux  célèbres  en 
Tyrrhéuie,  y  chanta  au  son  de  la  flûte  le 
poème  de  Démodoque  sur  la  prise  de  Troye, 
et  fut  déclaré  vainqueur. 

DÉMOÏZ  DE  LA  SALLE  (l'aebe), 
né  à  Rumilly,  en  Savoie,  vers  la  fin  du 
17e  siècle  ,  était  de  la  même  famille  que  le 
le  général  Démotz-de-1'Allée,  qui  comman- 
daitlesforces  d'Hyder-Aly,  dans  le  Maïs- 
sour.  Après  avoir  terminé  ses  études  ,  Dé- 


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273 


motz  entra  dans  les  ordres  et  fut  pourvu 
d'une  cure  dans  la  partie  du  diocèse  de 
Genève  qui  appartenait  alors  à  la  France. 
Tl  fit  insérer  dans  le  Mercure  le  plan  d'une 
nouvelle  méthode  de  notation  pour  la  mu- 
sique, qui  fut  approuvé  par  l'Académie 
des  sciences  en  1726  ,  mais  vivement  cri- 
tiqué dans  un  petit  écrit  intitulé  :  Remar- 
ques sur  la  méthode  d'écrire  la  musique 
de  M.  Démotz,  Paris,  1726  ,  in-12.  Le 
système  de  Démotz  consistait  à  supprimer 
la  portée,  et  à  ne  faire  usage  que  d'un  seul 
caractère  de  note  qui ,  par  sa  position  ver- 
ticale ,  horizontale ,  ou  inclinée  en  divers 
sens,  indiquait  le  degré  d'élévation  du 
son.  Cette  invention  n'était  pas  nouvelle  : 
Burmeister,  en  1601,  Smidt,  en  1607, 
et  le  père  Souhaitty,  en  1677,  en  avaient 
proposé  d'analogues.  Démotz  fit  paraître 
pour  sa  défense  une  brochure  qui  avait 
pour  titre  :  Réponse  à  la  critique  de  M*** 
contre  un  nouveau  système  de  chant, 
par  M***,  prêtre,  Paris  1727,  in-12,  de 
42  pages.  On  y  trouve  les  approbations  de 
l'Académie  des  sciences  ,  de  Campra  ,  de 
Clerambault,  de  Lallouette,  et  de  plusieurs 
autres  maîtres  du  temps.  Il  publia  ensuite  : 
1°  Méthode  de  plain  chant  selon  un  nou- 
veau système,  très  court ,  très  facile  et 
très  sûr ,  Paris  ,  1 728 ,  in-12  ;  2°  Bréviaire 
romain,  noté  selon  un  nouveau  système 
de  chant,  Paris,  1728,  in-12  de  1550  p.; 
5°  Méthode  de  musique  selon  un  nou- 
veau système,  Paris,  1728,  in-8°  de 
232  pages.  Brossard  attaqua  ce  système , 
et  fit  voir  qu'il  ne  pouvait  être  utile,  dans 
une  Lettre  en  forme  de  dissertation ,  à 
M.  Démotz,  sur  sa  nouvelle  méthode 
d'écrire  le  plain  chant  et  la  musique, 
Paris,  1729,  in-4°  de  37  pages.  Le  sys- 
tème de  Démotz  eut  cependant  une  sorte 
de  succès  ;  il  préparait  même  de  nouvelles 
éditions  de  ses  livres  notés,  avec  des  chan- 
gemens  qui  furent  approuvés  par  l'Acadé- 
mie  des  sciences,  en  1741,   lorsque   la 


mort  de  l'auteur  vint  empêcher  l'exécution 
de  ce  projet. 

DENNER  (  JEAN-cnRisTornE) ,  célèbre 
facteur  d'instrumens,  naquit  à  Leipsick 
le  13  août  1655.  Il  n'était  âgé  que  de  huit 
ans  lorsque  son  père ,  fabriquant  de  cors 
de  chasse  et  de  flûtes  ,  alla  s'établir  à  Nu- 
remberg. Dès  son  enfance  ,  Denner  apprit 
à  fabriquer  des  instrumens  de  musique , 
particulièrement  des  flûtes ,  et  il  acquit 
tant  d'habileté  dans  la  construction  de 
celles-ci  qu'on  les  préféra  aux  flûtes  de 
tous  les  autres  facteurs  de  l'Allemagne.  Il 
se  distingua  surtout  par  la  justesse  qu'il 
donna  à  ses  instrumens.  On  lui  attribue 
l'invention  de  deux  bassons  portatifs  dont 
l'un  eut  le  nom  de  Stock fagott  (basson  à 
canne  ) ,  et  l'autre  ,  celui  de  Racketten 
fagott  (basson  à  raquette  ou  à  fusée  ).  Ce 
dernier,  assez  semblable  à  une  petite  trom- 
pette par  sa  forme  et  par  ses  dimensions  * 
était  d'un  maniement  assez  facile  ;  mais  ii 
paraît  qu'il  fatiguait  la  poitrine ,  à  cause 
des  neuf  tours  que  faisait  son  tube,  et  qu'il 
était  difficile  de  saisir  exactement  les  trous 
pour  les  boucher  sur  ce  tube  si  souvent  re- 
courbé. Ces  défauts  paraissent  avoir  été 
cause  de  l'oubli  où  cet  instrument  est 
tombé.  On  doit  à  Denner  une  découverte 
beaucoup  plus  importante  :  je  veux  parler 
de  la  clarinette  qu'il  inventa  en  1690 
suivant  quelques  biographes,  et  vers  1700 
selon  d'autres.  Cet  instrument,  qui  est 
devenu  la  base  des  orchestres  d'harmonie 
et  qui  joue  un  grand  rôle  dans  les  autres 
est  un  instrument  sui  generis  qui  n'a  d'a- 
nalogie avec  aucun  autre ,  prouve  que  son 
inventeur  possédait  une  grande  puissance 
d'imagination  *.  On  n'en  comprit  pas  d'a- 
bord le  mérite,  car  plus  de  soixante  années 
s'écoulèrent  avant  qu'on  l'introduisît  dans 
les  orchestres,  surtout  en  France  (Voyez 
Gossec);  mais  depuis  lors,  on  en  a  tiré 
les  plus  beaux  effets. 

Après    une    vie  honorable    et  active 


»  Le  principe  acoustique  tin  la   clarinette    offre   cette 
différence  avec  relui  des  autres  instrumens  à  veut,  qu'elle 
TOME   m. 


tfoclavie  pas  ,  mais  qu'elle  quintoie,  lorsque  le  son  voulu 
ne  se  produit  pas. 

18 


274 


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Denner  mourut  à  Nuremberg  le  20  avril 

1707.  Ses  deux  fils  ont  marché  sur  ses 
traces ,  et  ont  fabriqué  d'excellens  instru- 
mens  pendant  plus  d'un  demi-siècle. 

DENEUF VILLE  (jean-jacques)  ,  fils 
d'un  négociant  Français  qui  s'était  établi 
à  Nuremberg,  naquit  dans  cette  ville  le 
5octobrel684.Dèsson  enfance  il  s'adonna 
à  l'étude  de  la  musique,  et  apprit  le  cla- 
vecin et  la  composition  sous  la  direction  de 
Pachelbel.  Au  mois  de  novembre  1707  ,  il 
entreprit  un  voyage  en  Italie  pour  perfec- 
tionner son  goût  et  son  savoir.  Il  s'arrêta 
à  Venise  ,  où  il  publia  un  œuvre  de  pièces 
pour  le  chant  avec  accompagnement  de 
plusieurs  instrumens.  Il  revint  dans  sa 
ville  natale  par  Gratz  et  Vienne,  et  arriva 
à  Nuremberg  au  mois  d'avril  1709.  Il  y 
fut  bientôt  nommé  organiste  et  composi- 
teur de  la  ville  ;  mais  il  ne  jouit  pas  long- 
temps de  ces  avantages,  car  il  mourut  dans 
sa  vingt-haitième  année  ,  le  4  août  1712. 
Ses  principaux  ouvrages  sont  :  1°  Honig- 
Opfer  auf  andachtige  Lippen  triefend , 
oder  der  allersùssele  Nahmen  Jésus 
(Offrande  de  miel  pour  humecter  les  lèvres 
dévotes,  ouïes  douceurs  du  nom  de  Jésus, 
en  quatre  devises),  Nuremberg,  1710 
2°  IV  Encomia  ;  Sit  nomen  Domini  be 
nedictum  ;  Non  est  similis  tui ,  Domine 
Bealus  vir,  cujus  est  nomen  Domini 
spes  ejus ;  Confitemini  Domino,  quo 
niam  excelsum  nomen  ejus,  a  voce 
sola ,  Ire  stromenti  e  continuo ,  Venise, 

1708.  Je  crois  que  l'ouvrage  cité  précé- 
demment n'est  que  la  deuxième  édition  du 
premier  ;  3°  VI  Variirte  Arien  f tirs  Kla- 
vier  (Six  airs  variés  pour  le  clavecin). 

DENIS  (J.),  organiste  de  Saint-Bar- 
thélémy et  maistre  faiseur  d' instrumens 
de  musique,  vers  le  milieu  du  17e  siècle, 
a  fait  imprimer  un  livre  qui  a  pour  titre  : 
Traité  de  l'accord  de  l'espinetle  avec  la 
comparaison  de  son  clavier  à  la  musi- 
que vocale,  augmenté  en  cette  édition  des 
quatre  chapitres  suivans  :  1°  Traité  des 
sons  et  combien  il  y  en  a;  2°  Traité  des 
tons  de  l'église,  et  de  leurs  es  tendues; 


5°  Traité  des  fugues  et  comme  il  les  faut 
traiter;  4°  La  manière  de  bien  jouer  de 
iespinette  et  des  orgues,  à  Paris,  par 
Robert  Ballard,1650,  petit  in-4°.  J'ignore 
quelle  est  la  date  de  la  première  édition;  elle 
n'est  point  indiquée  dans  la  seconde.  Dans 
un  chapitre  de  son  livre  ,  intitulé  Advis  à 
messieurs  les  maistres  de  musique  et 
messieurs  les  organistes ,  J.  Denis  dit 
qu'un  organiste  de  la  Sainte-Chapelle, 
nommé  Florent  le  Bien  Venu ,  fut  son 
maître  de  musique  vocale  et  instrumentale. 

DENIS  ( .  .  .  .  ) ,  né  à  Lyon  au  com- 
mencement du  18e  siècle  fut  maître  de 
musique  des  cathédrales  de  Tournay  et  de 
Saint-Omer,  après  avoir  exercé  la  profes- 
sion de  musicien  à  Lyon  ,  à  Rouen ,  à 
Marseille,  à  Lille,  à  Bruxelles,  à  Anvers, 
et  dans  beaucoup  d'autres  villes.  Il  s'est 
fait  connaître  par  un  ouvrage  élémentaire 
intitulé  :  Nouveau  système  de  musique 
pratique,  qui  rend  l'étude  de  cet  art 
plus  facile ,  en  donnant  de  V  agrément  à 
la  solfiation  (solmisation) ,  et  en  soute- 
nant ainsi  l'ardeur  des  commencans , 
Paris,  1747,  in-4°  oblong.  Ce  musicien 
est  vraisemblablement  le  même  que  l'au- 
teur de  deux  livres  de  sonates  cités  par 
Walther  d'après  le  catalogue  de  Boyvin 
publié  à  Paris  en  1729. 

DENIS  (pietro),  maître  de  musique 
des  dames  de  Saint-Cyr,  vers  1780,  et 
professeur  de  mandoline  à  Paris ,  était  né 
en  Provence.  Il  a  publié  plusieurs  ouvra- 
ges théoriques  et  pratiques  dont  voici  les 
titres  :  1°  Méthode  pour  apprendre  faci- 
lement et  en  peu  de  temps  la  musique  et 
l'art  de  chanter ,  Paris,  in-4°,  sans  date} 
2°  Méthode  pour  apprendre  la  mando- 
line,  Paris  ,  1792  ;  3°  Quatre  recueils  de 
petits  airs  pour  la  mandoline;  4°  Traité  de 
composition  par  Fux,  traduit  du  Gradùs 
ad  Parnassum  de  cet  auteur,  Paris, 
Boyer,  in-4°,  gravé.  Cette  traduction  est 
fort  mauvaise  ;  l'exécution  typographique 
n'est  pas  meilleure. 

DENK  (  j.-j.).  On  a  sous  ce  nom  une 
dissertation  qui  a  pour  titre  ;  De  musices 


DEN 


DEN 


275 


■vl  medicatrice ,  Vindobonœ,  1822.  II  est 
vraisemblable  que  l'auteur  de  cet  écrit  est 
médecin. 

DENNINGER  (  jean-nepomucène), 
claveciniste  et  virtuose  sur  le  violon  ,  était 
directeur  de  musique  et  maître  des  concerts 
à  Oehringen  en  1788.  Il  a  fait  graver  un 
concerto  de  clavecin  à  Manbeim,  en  1788, 
et  trois  sonates  pour  le  même  instrument 
avec  accompagnement  de  violon  et  basse  , 
op.  4,  à  Offenbach,  en  1794. 

DENNIS  (jean)  ,  écrivain  anglais,  plus 
connu  par  la  bizarrerie  de  son  caractère 
que  par  le  mérite  de  ses  ouvrages  ,  naquit 
à  Londres  en  1657.  Son  père ,  qui  était 
sellier  dans  la  Cité,  voulant  lui  donner  une 
éducation  libérale  ,  l'envoya  à  l'université 
de  Cambridge ,  où  il  fit  d'assez  bonnes 
études ,  et  d'où  il  fut  cbassé  pour  avoir 
tenté  d'assassiner  un  étudiant.  Revenu  en 
Angleterre,  après  avoir  voyagé  en  France 
et  en  Italie ,  il  se  trouva  possesseur  d'une 
fortune  assez  considérable  qui  lui  avait  été 
laissée  par  un  de  ses  oncles.  Il  se  lia  alors 
avec  des  nommes  distingués  par  leur  nais- 
sance ou  par  leur  mérite,  tels  que  les 
comtes  Halifax  et  Pembroke ,  Dryden , 
Congrève,  Wicherley,  etc.;  mais  l'excès 
de  sa  vanité  et  son  caractère  insociable 
éloignèrent  bientôt  de  lui  ses  amis.  Il  se  fit 
auteur ,  et  attaqua  dans  une  foule  de  pam- 
phlets l'honneur  et  la  réputation  des  per- 
sonnes les  plus  recommandables ,  ce  qui 
lui  attira  quelquefois  d'assez  méchantes 
affaires.  Enfin  ,  après  avoir  dissipé  sa  for- 
tune, il  mourut  délaissé  et  dans  un  état 
voisin  de  l'indigence,  à  l'âge  de  soixante-dix- 
sept  ans,  le  6  janvier  1735.  Dennis  a  publié 
une  diatribe  assez  piquante  sur  l'établisse- 
ment de  l'Opéra-Italien  à  Londres  ,  sous 
le  titre  de  An  essay  on  the  italian  Opéra, 
Londres,  1706,  in-8°. 

DENTICE  (  lodis  ),  gentilhomme  na- 
politain ,  qui  vécut  vers  1550  ,  est  connu 
par  Due  Dialoghi  délia  musica,  Na- 
ples  ,  1552  ,  in-4°.  Le  père  Martini  indi- 
que une  édition  de  cet  ouvrage  (  Sloria 
délia  Musica  f  tom.  I,  pag.  454)  datée 


de  Rome,  1655.  M.  l'abbé  Baini  dit  que 
les  deux  dialogues  ont  été  imprimés  plu- 
sieurs fois  à  Rome  et  à  Naples  depuis  1555 
jusqu'en  1554  (  Mem.  stovico-critiche 
délia  vita  e  délie  opère  di  Giov.  Pierluigi 
da  Paleslrina,  tom.  II,  n°  578).  Dentice 
traite  principalement  dans  ces  dialogues 
des  proportions  et  de  la  tonalité  de  la  mu- 
sique des  anciens ,  et  prend  pour  guide  le 
traité  de  Boëce.  Dans  la  biographie  des 
hommes  illustres  du  royaume  de  Naples 
(Biographia  degli  uominl  illustri  del  re- 
gno  di  Napoli  ornata  dei  loro  rispettivi 
ritratli,  'volume  che  contiene  gli  elogi 
dei  maestri  di  Cappella,  cantori,  e  can- 
tanii  più  celebri ,  Naples  1819,  in-4°.) 
on  cite  aussi  un  autre  ouvrage  de 
Dentice,  intitulé  :  La  Cura  dei  malicolla 
musica,  qu'on  dit  avoir  été  publié,  mais 
sans  indiquer  le  lieu  ni  la  date  de  l'im- 
pression. Louis  Dentice  a  écrit  un  Mise- 
rere à  deux  versets  alternativement  à  5  et  à 
4  parties.  Il  a  dédié  ce  morceau  à  la  cha- 
pelle pontificale ,  où  il  a  été  souvent  exé- 
cuté. C'est  un  des  meilleurs  morceaux  de 
ce  genre  qui  ont  été  faits  pour  cette  cha- 
pelle ,  où  il  est  conservé. 

DENTICE  (  fabrice  ) ,  compositeur  na- 
politain ,  vivait  à  Rome  dans  la  seconde 
moitié  du  16e  siècle.  Galilée  vante  son  ha- 
bileté sur  le  luth  et  dans  la  composition 
(  Dialogo  délia  musica,  pag.  158).  Il  a 
publié  à  Venise,  en  1580  ,  des  motets  à 
cinq  voix.  Dentice  est  aussi  auteur  d'un 
Miserere,  composé  originairement  à  six 
voix.  On  trouve  ce  Miserere  réduit  à  qua- 
tre parties  par  D.  Michel  Pacini ,  chantre 
chapelain  de  la  chapelle  du  duc  d'Altemps, 
avec  les  versets  intermédiaires  ajoutés  par 
J.  Marie  Nanini,  dans  un  volume  de  la 
chapelle  Sixtine  ,  in-fol.,  sous  le  n°  2925. 
Dans  un  volume  de  la  collection  manus- 
crite connue  sous  le  nom  de  Collection 
Eler ,  qui  est  à  la  Bibliothèque  du  Con- 
servatoire de  musique  de  Paris,  on  trouve 
des  motets  en  partition  de  Fabrice  Den- 
tice. 

DENTICE  (scifion),  frère  du  précé- 
18* 


270 


DEP 


dent,  fut  un  compositeur  distingué.  Il  a 
publié  à  Venise  cinq  livres  de  madri- 
gaux à  cinq  voix  ,  et  un  livre  de  motets  , 
également  à  cinq  voix.  Ces  ouvrages  sont 
indiqués  par  le  catalogue  de  la  bibliothè- 
que musicale  du  roi  de  Portugal. 

DENZI  (  Antoine  )  ,  compositeur  et 
chanteur  italien,  fut  engagé  pour  chanter 
à  Prague  chez  le  comte  de  Sporck ,  en 
1724.  llybrilla  cette  même  année  dans  le 
rôle  à'Orlcmdo  furioso ,  de  Ristori ,  et  se 
fit  applaudir  en  1726  dans  le  Nerone  et 
dans  YArmenione  d'Orlandini.  En  1727, 
le  comte  de  Sporck  le  chargea  de  la  direc- 
tion de  son  théâtre,  et  pendant  l'exercice  de 
ses  fonctions  il  fit  représenter  plus  de  cin- 
quante-sept opéras;  mais  il  y  mit  tant  de 
luxe,  que  la  fortune  du  comte  commençaità 
en  souffrir,  et  que  celui-ci  fut  obligé  de  sup- 
primer son  opéra  italien.  Denzi  prit  alors 
ce  spectacle  à  ses  frais;  mais  cette  spécu- 
lation ne  fut  point  heureuse  :  il  y  perdit 
toutes  les  richesses  qu'il  avait  acquises  pré- 
cédemment. Alors,  dans  l'espoir  de  rétablir 
ses  affaires ,  il  composa  l'opéra  national 
intitulé  :  Praga  nascente  da  Libussa  e 
Primislao ,  qui  fut  représenté  en  1734. 
Il  dédia  cet  ouvrage  à  la  noblesse  de  Bohême 
etyjoualui-mêmele  rôle  de  Ctirad.  Le  suc- 
cès fut  si  grand;  et  les  représentations  furent 
si  multipliées  et  si  productives,  que  Denzi 
se  trouva  plus  riche  qu'il  n'était  aupara- 
vant. Dlabacz,  à  quicesrenseignemenssont 
empruntés  (  Voyez  Allgem.  histor.  Kunst- 
ler-Lexik.  fur  Bœhmen  ,  tom.  I ,  col. 
521  ) ,  ignore  combien  de  temps  Denzi  de- 
meura à  Prague  ,  le  lieu  où  il  s'est  retiré  , 
et  la  date  de  sa  mort. 

DEPERT  (gabriel),  membre  de  l'a- 
cadémie des  sciences  de  Turin ,  au  com- 
mencement du  19e  siècle ,  à  fait  insérer 
dans    les     mémoires    de    cette    académie 

i  Cet  article  est  tiré  en  partie  d'un  mémoire  tjue  l'au- 
teur :1e  ce  Dictionnaire  à  écrit  sur  les  musiciens  belges 
des  XVe  et  XVIe  siècles  ,  pour  un  concours  de  l'Institut 
«les  l'ays-Bas  ,  mais  avec  des  additions  et  des  corrections 
considérables. 

y  «CuivirO,  si  de  duodecim  moilis  ac  vera  rationo 
«  musica  nolitia  contigisset  ad  nativam  illam  indoleai,  et 


DEP 

(années  1805-180G,  part.  II,  pag.  241- 
320  )  une  dissertation  qui  a  pour  titre  : 
Du  principe  de  V harmonie  des  langues  ; 
de  leur  influence  sur  le  chant  et  sur  la 
déclamation.  Ce  mémoire  a  été  lu  le  5 
mars  1806. 

DEPRÈS  ou  DESPRÈ3  (josquin)  ',  fut 
un  des  plus  grands  musiciens  de  la  fin  du 
15e  siècle,  et  celui  dont  la  réputation  eut 
le  plus  d'éclat.  Les  anciens  écrivains,  et 
même  les  Italiens  de  nos  jours,  le  désignent 
en  général  par  son  prénom  de  Josquin  ; 
cependant  on  trouve  aussi  son  nom  écrit 
de  beaucoup  de  manières  différentes,  telles 
que  Jusquin,  Jossien,  Jodocus,  Jodocu- 
lus ,  Depret,  Dupré ,  Després ,  a  Prato, 
del  Prato,  a  Pratis,  Pratensis,  etc.  Son 
nom  véritable  était  Deprès.  Quant  au 
prénom  de  Josquin,  contracté  du  flamand 
Jossekin,  il  signifie  le  petit  Josse ,  sorte 
de  diminutif  amical  employé  autrefois  pour 
désigner  certains  artistes  célèbres.  Nul  n'a 
joui  d'une  plus  brillante  réputation  pen- 
dant sa  vie ,  et  n'a  conservé  sa  renommée 
aussi  long-temps  après  sa  mort.  Les  Alle- 
mands ,  les  Italiens ,  les  Français ,  les 
Anglais  l'ont  unanimement  proclamé  le 
plus  grand  compositeur  de  son  temps  ,  et 
le  plus  habile  maitre  qu'ait  produit  l'an- 
cienne école  gallo-belge ,  si  fertile  en  sa- 
vans  musiciens.  Glaréan  a  dit  de  lui  que 
la  nature  n'a  jamais  produit  d'artiste  plus 
heureusement  organisé,  ni  qui  possédât  une 
science  plus  réelle  et  plus  étendue  a.  Il 
ajoute  que  nul,  mieux  que  lui,  ne  savait 
exciter  les  affections  de  l'ame  par  ses  chants, 
que  nul  n'avait  plus  de  grâce  et  de  facilité 
dans  tout  ce  qu'il  faisait,  et  que,  semblable 
à  Virgile  ,  qui  n'a  point  de  maître  dans  la 
poésie  latine ,  il  n'en  avait  point  dans  son 
art  3.  Gaffori  en  parle  avec  la  même  admi- 
ration {Pract.  Music.j  lib.  III,  cap.  13); 

«  ingenii,  qua  viguit,  aciimoniam  ;  nihil  natuia  augustins 
«  in  hac  arte,  nihil  magniScenlius  producere  poluisset. 
«  lia  in  omnia  versatile  ingenium  erat,  ita  natnra» 
«  acumiue  ac  vi  armatum,  ut  nihil  in  hoc  negolio  ille  non 
«  poluisset.   »   Dodecach.,  pag.   362. 

3  «  Nemo  hoc  symplioneta  aft'eclus  animi  in  cantu 
«  eilicacius  expressif ,   nemo  felicius   orsus   est ,    nemo 


DEP 


DEP 


277 


Spataro  le  qualifie  du  titre  rie  premier  ries 
compositeurs  de  son  temps  (  Tractato  de 
musica ,  etc.,  Venise,  1532);  Adrien 
Petit  Coclicus,  ou  plutôt  Coclius,  l'appelle 
Princeps  musicorum,  quos  munclus  sus- 
cipit  et  admirât ur ;  et  Zarlino,  si  bon 
juge  en  ce  quiconcernela  musique,  affirme 
qu'il  tenait  la  première  place  parmi  ses 
contemporains  (  teneva  ai  suoi  tempi  nella 
musica  il  primo  luogo  *.  On  ne  finirait 
pas  si  l'on  voulait  citer  toutes  les  autorités 
qui  prouvent  la  haute  estime  dont  Josqnin 
Deprès  a  joui  pendant  sa  vie  et  après  sa 
mort.  Des  faits  viennent  à  l'appui  de  ces 
éloges  pour  démontrer  la  puissance  de  son 
nom.  Corteggiano  de  Castiglione  voulant 
prouver  que  les  esprits  ordinaires  ne  ju- 
gent du  mérite  des  ouvrages  que  sur  la  ré- 
putation de  leurs  auteurs,  rapporte  l'anec- 
dote suivante  :  Un  motet  ayant  été  chanté 
devant  la  duchesse  d'Urbin,  il  fut  écouté 
avec  la  plus  grande  indifférence  parce  que 
le  nom  de  l'auteur  était  inconnu  ;  mais  dès 
qu'on  eut  appris  que  le  morceau  était  de 
Josquin,  les  marques  d'une  admiration  ex- 
cessive éclatèrent  de  toutes  parts.  Zarlino 
rapporte  aussi  une  anecdote  semblable  2. 
Le  motet  Verbum  bonum  et  suave  était 
chanté  depuis  long-temps  à  la  chapelle 
pontificale  de  Rome,  comme  une  compo- 
sition de  Josquin  ,  et  considéré  comme  une 
des  meilleures  productions  de  l'époque , 
lorsque  Adrien  Willaert,  qui  dans  la  suite 
est  devenu  célèbre,  quitta  la  Flandre  pour 
visiter  l'Italie.  Arrivé  à  Rome,  il  entendit 
exécuter  ce  motet ,  et  déclara  qu'il  était  de 
lui.  Dès  cet  instant,  le  morceau  fut  mis 
au  rebut ,  et  cessa  d'être  exécuté.  M.  l'abbé 
Raini  a  exprimé  dans  un  style  très  élégant 
cette  prééminence  de  Josquin  Deprès  sur 
tous  ses  contemporains  3  :  Un  tal  Jus- 
quin  des  Près,  o  del  Prato;  dit-il,  in 
brev  ora  diviene  con  le  sue  nuove  pro- 

«  gratia  ac  facilitate  cum  eo  ex  aequo  certare  potuit,  sicut 
c<  nemo  Latinorum  in  carminé  epico  Marone  inelius.  » 
Jbid. 

I  Sopplimenti  music.,  pag.  314. 

»  Jbid,  pag.  315. 

3  Mémo  rie  storico-cril.  délia  vita  e  délie  opère  di 


duzioni  Vidolo  delV  Europa.  Non  si 
gusta  piii  allri ,  se  non  il  solo  Jusquino. 
Non  v'  e  piu  bello ,  se  non  e  opéra  di 
Jusquino.  Si  canta  il  solo  Jusquino  in 
tuile  le  cappelle  allora  esistenli  :  il  solo 
Jusquino  in  Italia ,  il  solo  Jusquino  in 
Francia ,  il  solo  Jusquino  in  Germania, 
nelle  Flandre ,  in  Ungheria ,  in  Boemia, 
nelle  Spagne  il  solo  Jusquino.  (Josquin 
des  Près  ou  Del  Prato  devint  en  peu  de 
temps  l'idole  de  l'Europe.  On  ne  goûte 
plus  que  Josquin  ;  nul  ouvrage  n'est  beau 
s'il  n'est  de  Josquin  ;  Josquin  est  le  seul 
dont  on  chante  la  musique  dans  les  cha- 
pelles alors  existantes.  Josquin  seul  en 
Italie,  Josquin  seul  en  France,  Josquin 
seul  en  Allemagne;  en  Flandre,  en  Hon- 
grie ,  en  Bohême ,  en  Espagne ,  rien  que 
Josquin  ). 

L'Italie ,  l'Allemagne  et  la  France  se 
sont  disputé  la  gloire  d'avoir  donné  la 
naissanceà  ce  grand  musicien.  Les  Italiens, 
se  fondant  sur  la  traduction  qu'on  avait 
faite  autrefois  de  son  nom  en  ceux  de 
Jacobo  Pralense  et  de  Jusquin  del  Prato, 
l'ont  fait  naître  à  Prato  ,  en  Toscane.  For- 
kel  dit,  dans  son  histoire  de  la  musique  4, 
que  le  lieu  de  la  naissance  de  Josquin  n'est 
point  connu,  mais  qu'on  le  croit  originaire 
des  Pays-Bas.  Néanmoins,  cet  historien 
cite  Vitus-Ortel  de  Windsheim  qui  le  met 
au  rang  des  meilleurs  compositeurs  alle- 
mands ,  tels  que  Senfel ,  Henri-Isaac  et 
autres  5.  Pour  appuyer  cette  prétention , 
Forkel  dit  qu'on  peut  d'ailleurs  considérer 
Josquin  comme  compositeur  allemand, 
puisque  les  Pays-Bas  font  partie  de  l'Alle- 
magne. D'un  autre  côté ,  les  biographes 
et  les  critiques  français  font  des  efforts 
pour  démontrer  que  c'est  en  France  que 
Josquin  a  pris  naissance.  Sans  compter 
Colliète,  auteur  d'une  histoire  de  Ver- 
mandois ,  et  Claude  Hémeré ,  à  qui  l'on 

Gio    Pierluigi  du.   Palestrina,  tom.  11  pag.  407. 

4  AUgemeine  GeschielUe  der  Musih  ,  t.  II  ,  p.  550. 

5  «  Germanorum  ,  musice,  utpote  Josquini,  Senfetii , 
«  Jsuaci ,  etc.,  vincit  rclinquaruiu  nationum  musicam  , 
«  et  arte,  et  suavitate ,  et  pravilate.  » 


278 


DEP 


doit  des  tables  chronologiques  des  doyens 
de  Saint-Qnentin,  lesquels  ne  le  disent  pas 
positivement ,  mais  le  font  entendre  ,  on 
peut  citer  Mercier,  abbé  de  Saint-Léger, 
qui  considère  le  grand  musicien  comme 
Français  r  sur  l'autorité  de  Le  Duchat, 
qui  le  fait  naître  à  Cambrai  ,  et  M.  Perne, 
auteur  d'une  notice  sur  Josquin  Desprès 
{Voyez  la  Revue  musicale }  Paris,  1827, 
tom.  II ,  pag.  266  ) ,  qui  adopte  la  même 
opinion.  Voici  le  passage  sur  lequel  l'abbé 
de  Saint-Léger  se  fonde  pour  assigner  Cam- 
brai comme  le  lieu  de  la  naissance  de  Jos- 
quin :  c'est  la  note  48  de  Le  Duchat  sur 
le  nouveau  prologue  du  4e  livre  du  Pen- 
tagruel  de  Rabelais  (édit.  d'Amsterdam, 
1711 ,  tom.  IV  ,  pag.  44).  «  Dix  d'entre 
«  ceux  que  Rabelais  nomme  icy ,  dit  Le 
«c  Duchat ,  furent  les  disciples  de  cet  excel- 
«  lent  musicien  (  Josquin  ) ,  qui  estoit  de 
a  Cambray,  et  duquel  il  y  a  plusieurs 
«  chansons  imprimées  avec  la  note  à 
«  Paris  ,  à  Lyon  ,  à  Anvers,  et  en  d'autres 
«t  lieux.  »  Ce  passage ,  et  l'opinion  émise 
par  Le  Duchat  sur  le  lieu  de  la  naissance 
de  Josquin  ,  ne  concluent  point  en  faveur 
de  ceux  qui  croient  que  ce  compositeur 
était  Français,  car  il  ne  faut  pas  oublier 
que  la  Flandre  française,  à  laquelle  appar- 
tient Cambrai,  fit  long-temps  partie  des 
Pays-Bas;  qu'elle  était  indépendante  comme 
le  pays  dont  elle  est  un  démembrement , 
qu'elle  fut  ensuite  réunie  au  duché  de 
Bourgogne ,  par  l'alliance  des  ducs  avec 
les  comtes  de  Flandre ,  et  qu'elle  ne  de- 
vint une  province  française  qu'après  que 
Jjouis  XIV  en  eut  fait  la  conquête.  Cette 
conquête  ne  peut  faire  considérer  comme 
Français  ceux  qui  étaient  nés  dans  le  pays 
avant  qu'elle  se  fit  2. 

Au  reste  l'assertion  de  Le  Duchat ,  que 
rien  n'autorise ,  est  démentie  par  des  écri- 


DEP 

vains  presque  contemporains  de  Josquin 
Deprès  ,  qui  disent  que  ce  musicien  était 
né  clans  le  Hainaut.  Parmi  ces  écrivains  , 
on  remarque  Lacroix-du-Maine,  Duverdier 
et  Ronsard.  «  Josquin  Des  Près ,  dit  le 
«  premier  (Biblioth.,  tom.  II ,  pag.  47  , 
«  édition  de  Rigoley  de  Juvigny  ) ,  natif 
«  du  pays  de  Hainault  en  la  Gaule  bel- 
o  gique ,  l'un  des  premiers  et  des  plus  ex- 
«  cellens  et  renommés  musiciens  de  son 
«  siècle.  Il  a  mis  plusieurs  chansons  en 
«  musique,  imprimées  à  Paris],  à  Lyon  , 
«  à  Anvers  et  autres  lieux  par  une  infinité 
«  de  fois.  »  Duverdier  dit  aussi  (Biblioth. 
franc.,  tom.  III ,  pag.  83)  :  «  Josquin  Des 
«  Prez,  Ji ennuyer  de  nation ,  et  ses  disci- 
«  pies  Mouton,  Vuillard ,  Richafort  et 
«  autres ,  etc .  »  Enfin  le  poète  Ronsard  , 
dans  sa  préface  d'un  recueil  de  chansons  à 
plusieurs  voix ,  adressé  à  Charles  IX ,  s'ex- 
prime ainsi  :  <c  Et  pour  ce  ,  sire ,  quand 
«  il  se  manifeste  quelque  excellent  ouvrier 
«  en  cet  art  (la  musique)  vous  le  devez 
<c  soigneusement  garder  comme  chose 
«  d'autant  excellente  que  rarement  elle 
«  apparoist ,  entre  lesquels  ce  sont ,  depuis 
«  six  ou  sept  vingt  ans  ,  eslevez  Josquin 
«c  Desprez  ,  Hennuyer  de  nation,  et  ses 
<c  disciples  Mouton  ,  Vuillard ,  Richafort, 
«  Janequin  ,  etc.  3.  »  Il  n'y  a  donc  point 
de  doute,  Josquin  Deprès  était  né  dans  le 
Hainaut.  Peut-être  est-il  permis  de  croire 
que  le  lieu  même  de  sa  naissance  fut  Condé 
{Condatœ  Haginœ),  où  il  paraît  qu'il 
s'était  retiré  vers  la  fin  de  sa  vie  ,  et  qui , 
n'étant  qu'à"  sept  lieues  de  Cambrai ,  à  pu 
induire  en  erreur  ceux  qui  l'ont  fait  naître 
dans  cette  dernière  ville. 

La  date  précise  de  la  naissance  de  Jos- 
quin Deprès  est  un  mystère  que  les  efforts 
des  biographes  n'ont  pu  pénétrer.  Il  est 
des  auteurs  qui  l'ont  fait  remonter  jus- 


i  Dans  ses  notes  manuscrites  sur  les  Bibliothèques 
françaises  de  Lacroix-du -Maine  et  de  Duverdier  qui 
sont  à  la  Bibliothèque  royale  de  Paris. 

»  L'autorité  de  Glaréan  suffirait  seule  pour  prouver  que 
Josquin  naquit  dans  les  Pays-Bas  :  Jodocus  a  Vralo  , 
dit-il,  quant  vulgus  Belgica  lingua  ,  in  qua  natus 
im°/.opiil/.<}>i  Jusrjuinum  vocal ,  quasi  Jodoculus. 


3  Meslanges  de  chansons  ,  tant  des  vieux  auteurs  que 
des  modernes,  à  cinq,  six  ,  sept  et  huit  parties,  Paris,  par 
JVdrien  Leroy  et  Robert  Ballard  ,  1572.  M.  de  Reiffen- 
berg  m'a  repris  sur  cette  citation  ,  et  prétend  que  la  pré- 
face de  Ronsard  est  adressée  à  Henri  II  ;  j'ai  sous  les 
yeux  ce  recueil  que  j'ai  cité,  et  j'affirme'  que  le  nom  de 
Charles  IX  est  écrit  co  toutes  lettres. 


DEP 


DFP 


279 


qu'en  1440,  mais  il  est  peu  vraisemblable 
qu'elle  soit  si  ancienne,  car  Jean  Ockeghem 
(Voyez  ce  nom),  maître  de  Josquin  ,  n'a 
pas  dû  naître  avant  1452  ou  1450  au  plus 
tôt ,  et  n'aurait  été  âgé  qae  de  huit  ou  dix 
ans  déplus  que  son  élève.  Il  est  d'ailleurs 
assez  remarquable  que  Tincloris ,  qui 
écrivit  son  traité  du  contrepoint  en  1477, 
et  qui  a  cité  les  noms  de  tous  les  musiciens 
célèbres  de  son  temps,  n'a  pas  écrit  une 
seule  fois  celui  de  Josquin  Deprès,  qui, 
certes,  aurait  eu  déjà  acquis  une  brillante 
renommée  s'il  eût  alors  atteint  l'âge  de 
trente-sept  ans.  Claude  Hémeré,  qui  nous 
a  appris  que  ce  grand  musicien  fut  d'abord, 
enfant  de  chœur  de  l'église  Saint-Martin, 
à  Saint-Quentin,  et  qui  a  trouvé  des  preu- 
ves irrécusables  de  ce  fait  dans  les  regis- 
tres du  chapitre  de  cette  ville  ,  ne  désigne 
point  l'époque;  il  ajoute  seulement  que 
Josquin  devint  ensuite  maître  de  musique 
delà  même  église  *.  Colliète  confirme  ces 
faits  dans  ses  Mémoires  pour  servir  à 
l'histoire  de  Vermandois  (t.  III,  p.  157), 
mais  il  néglige  aussi  de  préciser  les  dates. 
Au  reste,  Josquin  Deprès  n'a  pas  dû  naître 
pins  tard  que  1450  ou  1455  ,  car  il 
fut  chanteur  de  la  chapelle  pontificale 
antérieurement  à  1484,  et  il  ne  devait  pas 
avoir  moins  de  vingt-cinq  ans  lorsqu'il  fut 
admis  dans  cette  chapelle. 

S'il  pouvait  rester  quelque  doute  sur 
les  prétentions  des  Italiens  et  les  Allemands 
à  l'égard  de  la  patrie  de  Josquin  Deprès  , 
la  seule  circonstance  prouvée  du  lieu  de 
ses  études  suffirait  pour  démontrer  qu'il 
n'en  est  pas  d'admissibles,  car  il  est  tout-à- 
fait  invraisemblable  que  ses  parens  aient 
pris  la  résolution  de  l'amener  de  la  Tos- 
cane ou  du  milieu  de  l'Allemagne  dans 
une  petite  ville  du  nord  de  la  France, 
pour  en  faire  un  enfant  de  chœur  ,  tandis 


que  la  proximité  de  Condé  et  de  Saint- 
Quentin  justifie  l'opinion  de  ceux  qui 
croient  qu'il  était  né  dans  cette  ville  du 
Hainaut. 

On  vient  de  voir  que  Josquin  eut  pour 
maître  de  contrepoint  Jean  Ockeghem , 
d' abord  premier  chapelain  de  la  chapelle 
de  Charles  VII ,  puis  trésorier  de  Saint- 
Martin  de  Tours. Ce  fait  est  démontré  par 
deux  déplorations  qui  furent  composées  sur 
la  mort  de  ce  maître ,  l'une  par  Josquin 
Deprès  lui-même  ,  l'autre  par  Guillaume 
Crespel ,  élève  du  même  musicien.  On 
trouve  dans  la  première  : 

«  Acoustrez-vous  d'habits  de  deuil 

«  Josquin  ,  Brumel ,  Pierchon',  Compère, 

«  Et  plorez  grosses  larmes  d'oeil  ; 

«  Perdu  avez  vostre  bon  père. 

Et  dans  l'autre , 

«  Agricola  ,  Verbonnet,  Prioris, 

«  Josquin  Des Prez,  Gaspard,  Brumel,Compère, 

«  Ne  parlez  plus  de  joyeulx  chants,  ne  ris, 

«  Mais  composez  un  ne  recorderis, 

«  Pour  lamenter  nostre  maistre  et  bon  père. 

Ockeghem  demeurait  à  Tours  avant 
1475;  il  est  peu  vraisemblable  que  Jos- 
quin se  soit  rendu  auprès  de  lui,  dans 
cette  ville  pour  recevoir  ses  leçons.  On  doit 
croire  plutôt  qu'il  fit  ses  études  fort  jeune 
sous  ce  maître  avant  que  celui-ci  eût  quitté 
Paris.  Ce  dut  être  vers  1465  qu'il  les  com- 
mença. Il  est  impossible  de  décider  s'il 
vint  ensuite  prendre  possession  de  la  place 
de  maître  de  musique  de  Saint-Martin  à 
Saint-Quentin ,  ou  s'il  partit  pour  l'Italie 
après  avoir  achevé  ses  études  musicales. 
S'il  revint  d'abord  dans  le  lieu  où  il  avait 
été  enfant  de  chœur,  il  ne  dut  pas  y  rester 
long-temps,  car  Adami  de  Bolsena  nous 
apprend  (  Osservazioni  per  ben  regolare 
il  coro  de'  cantori délia  cappella  Pontifi- 
cia}  pag-.  159  a)  qu'il  fut  chanteur  de  la 


1  Voici  comment  s'exprime  Claude  Hcmerë  :  Fuit  ille 
cantandi arle  clarissimus  iiifantulus  (  Josquinus)  ,cantor 
in  choro  Sancli-Quintini  tmn  ibidem  musicœ prtefeclus , 
postremo  magisler  symplioniœ  regiœ,  (Taliell,  clironolug. 
Dec  St.  Quintini,  pag.  161). 

3  Mi  par  cosa  ragionevole,  pria  di  comminciar  questa 
opéra,  il  dar  nolizia  al  collegio  de'  canlori  délia  cappella 


Ponlificia  di  Jacopo  Pratense  ,  detto  Jusquio  del  Prato, 
celeberrimo  compositoredi  Musica  ne'suoi  tempi,  escolaro 
di  Giovanni  Okenheiin,  del  quale  parla  il  Glareano.  Egli 
ju  cantore  délia  delta  cappella  sotto  Sisto  IV,  e  sul 
nostro  coro  nel  palazzo  vaticano  si  legge  scolpito  il  suo 
nome.  (Adami,  Osserv. }  pag.  159-160. j 


280 


DEP 


DEP 


chapelle  pontificale  sons  le  pape  Sixte  IV, 
qui  n'occupa  le  Saint-Siège  que  depuis 
1471  jusqu'en  1484.  Cependant  il  ne  se 
rendit  en  Italie  qu'après  avoir  été  maître 
de  musique  pendant  un  temps  plus  ou 
inoins  long  à  la  cathédrale  de  Cambrai,  si 
Ton  doit  s'en  rapporter  à  Jean  Manlius  , 
qui,  dans  ses  remarques  sur  les  lieux 
communs  de  Melanchton  (Collect.,  t.  III, 
cap.  de  Studiis) ,  cite  une  anecdote  rela- 
tive au  séjour  de  Josquin  dans  cette  ville. 
Un  chanteur  s'y  était  permis  de  broder  un 
passage  d'un  motet  de  sa  composition  ; 
Josquin  s'emporta  contre  lui  et  lui  dit  : 
«  Pourquoi  ajoutez-vous  ici  des  ornemens  ? 
«  Quand  ils  sont  nécessaires  ,  je  sais  bien 
«  les  écrire  '.  » 

Ce  fut  après  son  arrivée  à  Rome  que 
Josquin  Deprès  commença  à  donner  l'essor 
à  son  génie  ,  et  que  sa  réputation  s'étendit. 
Sa  supériorité  sur  tous  ses  rivaux ,  sa  fé- 
condité ,  et  le  grand  nombre  d'idées  ingé- 
nieuses qu'il  répandit  dans  ses  ouvrages  , 
le  mirent  bientôt  hors  de  toute  comparai- 
son avec  les  autres  compositeurs.  Il  paraît 
qu'après  la  mort  de  Sixte  IV  ,  il  se  rendit 
à  la  cour  d'Hercule  Ier  d'Est,  duc  de  Fer- 
rare,  et  que  ce  fut  pour  ce  prince  qu'il  écrivit 
sa  messe  intitulée  Hercules  Dux  Ferra- 
riœ ,  l'une  de  ses  plus  belles  productions. 
La  magnificence  de  la  cour  de  Ferrare,  et 
la  protection  que  le  prince  accordait  aux 
hommes  distingués  de  tout  genre,  aurait 
probablement  offert  à  Josquin  un  avenir 
heureux  s'il  avait  vonlu  se  fixer,  et  si  son 
humeur  inconstante  ne  l'avait  déterminé 


à  quitter  l'Italie  pour  se  rendre  en  France 
à  la  cour  de  Louis  XII ,  où  il  accepta,  non 
une  place  de  maître  de  chapelle ,  comme 
l'ont  dit  plusieurs  auteurs ,  et  particuliè- 
rement Claude  Hémeré  et  Colliète ,  car, 
ainsi  que  le  remarque  Guillaume  du  Peyrat 
(Recherches  sur  la  chapelle  des  rois  de 
France,  pag.  434  et  474  ),  cette  charge 
ne  fut  créée  que  sous  le  règne  de  Fran- 
çois Ier  ,  mais  celle  de  premier  chanteur  , 
comme    Glaréan  le   désigne   (  Dodécach , 
pag.  468  2.)  Mersenne  donne  à  Josquin  la 
simple   qualification  de  musicien  du  roi 
(  Harmonie  universelle,  livre  de  la  Voix , 
pag.   44).  Il  rapporte   une  anecdote  qui 
semble  prouver  en  effet  que  cet  artiste  cé- 
lèbre fut  attaché  au  service  de  Louis  XII. 
Ce  prince,  qui  aimait  beaucoup  une  chan- 
son populaire,  demanda  un  jour  à  Josquin 
d'en  faire  un  morceau  à  plusieurs  voix  où 
il  put  (le  roi)  chanter  sa  partie.  La  pro- 
position  était   embarrassante    parce    que 
Louis  XII  n'était  pas  musicien  et  n'avait 
qu'une  voix  faible  et  fausse  ;  cependant  le 
compositeur  triompha  des    difficultés  en 
faisant  du  thème  un  canon  «à  l'unisson  pour 
deux  enfans  de  chœur  ;  à  la  partie  du  roi, 
qu'il  appelle  vox  régis ,  il  ne  mit  qu'une 
seule  note  qui  se  répétait  pendant  tout  le 
morceau  ,  et  il  garda  pour  lui  la  basse.  Le 
roi,  s'amusa  beaucoup  de  l'adresse  de  son 
musicien  qui  avait  trouvé  le  moyen  de  le 
faire  chanter  juste.  On  trouve  dans  le  Do- 
décachorde  de  Glaréan  ce  morceau  singu- 
lier (pag.   469),  qui  a  confirmé  tous  les 
écrivains  dans  l'opinion  que  son  auteur  a 


1  II  y  a  des  difficultés  assez  grandes  sur  l'occupation 
àe  la  ^lace-  de  maître  de  chapelle  de  la  cathédrale  de 
Cambrai  par  Josquin  Deprès.  Il  n'a  pu  dit-on  ,  en 
remplir  les  fonctions  qu'antérieurement  à  1483,  puisque 
ce  fut  sous  le  règne  de  Sixte  IV  qu'il  fut  chanteur  de  la 
chapelle  pontificale.  Cependant,  Martin  Hanart,  cha- 
noine de  la  cathédrale  de  Cambrai  était  aussi  maître  de 
chapelle  de  cette  cathédrale;  il  occupait  cette  place  en 
1477,  à  l'époque  où  Tinctoris  lui  dédia  son  Traité  de  la 
valeur  régulière  des  notes.  Il  faudrait  donc  que  ce 
musicien  fût  mort  où  eût  quitté  sa  place  entre  les  années 
1477  et  14815;  cependantquelques  mots  delà  pre'face  d'un 
recueil  de  motets  publié  par  Pierre  Atlaignant  à  Paris, 
en  1530,  peuvent  faire  croire  qu'il  vivait  encore  au  com- 
mencement du  1GC  siècle.  (Voyez  Hanart.)  11  se  pourrait 
toutefois  que  Josquin  Deprès  eût  été  nommé  maître  de 


la  chapelle  de  Cambrai  après  son  retour  d'Italie,  et  avant 
de  se  rendre  à  Paris  pour  solliciter  un  emploi  ou  un  béné- 
fice de  Louis  XII,  qui  ne  monta  sur  le  trône  qu'en  1498. 
quinze  ans  se  sont  écoulés  depuis  l'a  mort  de  Sixte  IV 
jusqu'à  l'avènement  de  Louis  XII.  Cette  époque  n'offri- 
rait pas  les  mêmes  difficultés  que  la  première. 

s  M.  l'abbé  Baini  pense  que  Josquin  fut  d'abord  au 
service  de  Louis  XII,  et  qu'il  passa  ensuite  à  celui 
d'Hercule  Ier,  duc  de  Ferrare  (Jusquin  del  Prato ,  die 
servi  m  Franeia  Luigi  XII ,  e  ijuindi  Ercole  I,  duca 
di  Ferrara.  (Mem.  Stor.-crit.  délia  vita  e  délie  opère  di 
Giov.  Pierluigi  da  Palestrina  ,  tom.  1,  pag.  118).  Cela 
est  peu  vraisemblable,  car  Louis  XII  ne  monta  sur  le 
trône  qu'en  1498,  et  Hercule  Ier  d'Est  mourut  le  15  jan- 
vier 1505. 


DEP 


DEP 


281 


été  maître  de  chapelle  du  roi  de  France. 
Toutefois  il  paraît  au  moins  douteux  que 
Josquin  Deprès  ait  réellement  occupé 
une  place  dans  la  musique  de  Louis  XII , 
car  son  nom  ne  se  trouve  dans  aucun  des 
comptes  de  la  chapelle  de  ce  prince.  Il  est 
plus  vraisemblable  qu'il  a  vécu  libre  à 
Paris  ,  attendant  le  bénéfice  qui  lui  avait 
été  promis. 

Il  paraît  d'ailleurs  que  son  sort  n'était  pas 
heureux  dans  cette  ville,  et  qu'il  n'y  trouvait 
pas  les  avantages  auxquels  ses  talens  lui 
donnaient  des  droits  ;  car  il  adressa  à  l'un 
de  ses  amis  d'Italie  (  Serafino  Aquilano  ) 
des  plaintes  amères  sur  la  position  critique 
où  il  était ,  et  sur  le  désordre  de  ses  affai- 
res. Cet  ami  lui  répondit  par  le  sonnet 
suivant ,  où  l'on  trouve  de  la  raison  et  de 
la  philosophie  exprimées  avec  assez  peu  de 
goût. 

Giosquin,  non  dir  che'I  ciel  sia  crudo  ed  empio 
Che  t'  adornô  de  si  sublime  ingegno  : 
E  s'  alcun  veste  ben,  lascia  lo  sdegno  , 
Che  di  ciô  gode  alcun  huffone,  o  sempio. 

Da  quel  ch'  io  ti  dire  prendi  Y  esempio  ; 
L'  argento  e  1'  or,  che  da  se  stess'  è  degno , 
Si  mostra  nudo,  e  sol  si  veste  il  legno  , 
Ouando  s'  adorna  alcun  theatro  e  tempio. 

Il  favor  di  costor  vien  presto  manco , 
E  mille  volte  il  di,  fia  pur  giocondo  , 
Se  muta  il  stato  lor  di  nero  in  bianco. 

Ma  chiha  virtù  ,  gira  a  suo  modo  il  mondo 
Com'  huom  che  nuota  e  ha  la  zucca  al  fianco  , 
Metti'  1  sott'  acqua  pur,  non  teme  il  fondo. 

Dans  sa  détresse,  Josquin  s'était  adressé 
à  un  courtisan,  qu'il  avait  connu  en  Italie, 
et  l'avait  prié  d'obtenir  du  roi  en  sa  faveur 
quelque  bénéfice  qui  pût  lui  procurer  une 
existence  tranquille.  Ce  seigneur  lui  avait 
promis  ses  bons  offices ,  et  chaque  fois  que 
Josquin  lui  parlait  de  l'objet  de  ses  désirs, 
il  répondait  :  Lascia  fare  mi  (  Laissez-moi 
faire).  Fatigué  de  tant  de  vaines  promes- 
ses, Josquin  se  vengea  en  composant  une 
messe  dont  le  thème  obligé  était  la }  sol , 
fa,  ré,  mi,  et,  suivant  l'usage  de  ce  temps 
où  l'on  composait  toute  une  messe  sur  un 


seul  thème,  répéta  si  souvent  cette  phrase , 
que  celui  qui  était  l'objet  de  cette  plaisan- 
terie s'aperçut  enfin  que  la  cour  riait  à 
ses  dépens.    Le  roi,   que  l'anecdote  avait 
beaucoup  amusé,  promit  au  musicien  de 
s'occuper  de  son  sort  :  toutefois,  après  une 
longue  attente ,  le  pauvre  Josquin  ne  se 
trouva  pas  dans  une  meilleure  position.  11 
essaya  de   rappeler  à   Louis  XII  la  pro- 
messe qu'il  lui  avait  faite,  dans  le  motet  : 
Memor  esto  verbi  tuo  ,   etc.  (  Souvenez- 
vous  ,  seigneur ,  de  vos  promesses  )  ;  mais 
le  roi  n'entendit  pas,    ou  feignit   de  ne 
pas   entendre  le  sens  du  motet ,  et  Jos- 
quin n'eut  plus  d'autre  ressource  qu'une 
plainte  indirecte.  Un  autre  motet  ,  Portio 
mea  non  est  in  terra  viventium  (je  n'ai 
point  de  partage  sur  la  terre  des  vivans) , 
fut  écrit  par  lui  et  exécuté  à  la  cour  ;  le 
roi  ,   dit-on  ,  ne  put  résister  plus  long- 
temps ,  et  le  bénéfice  que  le  compositeur 
attendait  avec   tant  d'impatience  lui  fut 
enfin  accordé.    Il  exhala  sa  joie  dans  un 
troisième  motet  sur  les  paroles  :  Bonita- 
temfecisti  cum  servo  tuo ,  Domine  (  Sei- 
neur,  vous  avez  usé  de  bienfaisance  envers 
votre  serviteur  )  ;    mais    soit   envie ,   soit 
réalité ,   on  dit  alors  que  le  désir  l'avait 
mieux   inspiré  que  la  reconnaissance,  et 
que  le  dernier  motet  ne  valait  pas  le  pré- 
cédent. 

Quoi  qu'il  en  soit ,  il  eut  enfin  ce  béné- 
fice, objet  de  ses  désirs  ;  Claude  Hémeré 
et  Colliète  disent  que  ce  fut  un  canoni- 
cat  à  l'église  Saint-Martin  de  Saint-Quen- 
tin. Ces  auteurs  fixent  à  l'année  1524 
(sous  le  règne  de  François  Ier)  l'époque 
où  Josquin  en  prit  possession  ;  mais  il  y 
a  lieu  de  croire  que  ce  ne  fut  pas  si  tard , 
car  en  supposant  qu'il  n'eût  été  âgé  que  de 
vingt-cinq  ans  à  la  mort  du  pape  Sixte  IV, 
il  aurait  eu  alors  près  de  soixante-dix  ans. 
Il  est  plus  vraisemblable  que  le  bénéfice 
lui  fut  accordé  quelques  années  après  que 
Louis  XII  eut  fait  la  conquête  du  Milanais, 
c'est-à-dire,  vers  l'an  1504  ou  1505. 

Sur  l'autorité  d'Aubert  Le  Mire  (Mi- 
rœus),  Perne  a  cru  que  le  bénéfice  accordé 


282 


DEP 


DEP 


à  Josquin  Deprès  était  un  canonicat  à 
l'église  de  Condé  (Voyez  la  Bévue  musi- 
cale ,  tom.  II,  pag.  271  et  suiv.  )  ;  mais 
son  erreur  est  manifeste  à  cet  égard  puis- 
que Coudé  n'appartenait  pas  alors  à  la 
France.  Cette  ville  était  dépendante  du 
comté  de  Hainaut  ,  et  Louis  XII  n'avait 
aucun  droit  d'y  conférer  un  bénéfice.  Voici 
le  passage  d'AubertLeMire:  il  peut  donner 
lieu  à  quelques  remarques  intéressantes  : 

«  Il  existe  à  Condé  ,  ville  du  Hainaut , 
te  un  célèbre  chapitre  de  chanoines  régu- 
<c  liers  fondé  depuis  plusieurs  siècles.  Jos- 
«  quin  Deprès  ,  excellent  musicien  ,  le 
«  premier  qui  mit  de  l'ordre  dans  l'art  do 
*  la  composition  musicale,  et  l'augmenta 
«  de  beaucoup  de  parties,  fut  d'après  le 
<c  témoignage  des  anciens ,  doyen  de  cette 
«  collégiale.  Il  mourut  l'année  de  J.-C. 
«  1501 ,  et  il  a  été  inhumé  sous  le  jubé 
«  de  Condé,  devant  le  maître  autel  ?.  » 

Les  faits  rapportés  par  Le  Mire  sont 
trop  précis  pour  inspirer  des  doutes;  il  faut 
donc  croire  que  Josquin  fut  en  effet  doyen 
du  chapitre  de  Condé  :  d'où  l'on  peut  con- 
clure qu'il  abandonna  son  canonicat  de 
Saint-Quentin  ,  pour  se  retirer  dans  sa  pa- 
trie, où  des  avantages  égaux  ou  supérieurs 
lui  étaient  offerts.  Conrad  Peutinger,  à  qui 
nous  devons  une  collection  précieuse  de 
motets  publiée  à  Àugsbourg  ,  en  1520  ,  dit 
que  Josquin  Deprès  fut  maître  de  chapelle 
de  l'empereur  Maximilien  Ier,  et  il  a  été 
copié  en  cela  par  Lucas  Lossius.  Si  le  fait 
est  vrai ,  Josquin  aurait  passé  au  service 
de  ce  prince  après  avoir  quitté  son  bénéfice 
de  St-Quentin;  et  Maximilien,  ayant  réuni 
les  Pays-Bas  à  l'empire,  en  1515,  lui  aurait 
donné  le  canonicat  de  Condé,  en  récompense 
de  ses  services.  Quant  à  la  date  de  1501 
assignée  à  son  décès  ,  date  adoptée  par 
Perne,  il  est  facile  de  démontrer  ou  qu'elle 
résulte  d'une  faute  d'impression  ,  ou  que 
Jje  Mire  a  été  induit  en  erreur.  En  effet, 


on  a  vu  que  Josquin  fat  élève  de  Jean 
Okeghem.  Or  ,  après  la  mort  de  celui-ci  il 
composa  un  chant  de  déploration  qui  a  été 
cité  précédemment  ;  d'où  il  suit  qu'il  a 
survécu  à  son  maître.  Or,  un  passage  d'une 
épître  de  Jean  Le  Maire  de  Belges,  prouve 
que  Okeghem  vivait  encore  en  15 12  (Voyez 
Okeghem  )  ;  il  faut  donc  que  le  décès  de 
Josquin  soit  postérieur  à  cette  date.  D'ail- 
leurs Jean-Georges  Schielen  cite ,  dans  sa 
Bibliothèque  choisie  (Biblioth.  enucleata, 
pag.  327)  un  traité  de  musique  composé 
par  Josquin ,  sous  le  titre  de  Compendium 
musicale,  qui  portait  la  date  de  1507.  On 
ne  peut  croire  que  l'existence  de  cet  ou- 
vrage soit  supposée ,  car  Berardi  en  parle 
comme  l'ayant  vu  {Staffetta  musicale, 
pag.  12).  'Enfin,  et  ceci  est  encore  plus 
remarquable,  Adrien  Petit,  surnommé 
Coclius  ou  Coclicus ,  musicien  français 
qui  devint  maître  de  musique  à  Nurem- 
berg, vers  le  milieu  du  16e  siècle,  et  qui 
était  né  en  1500  ,  a  publié  à  Nuremberg , 
en  1532 ,  un  traité  de  musique,  où  il  ex- 
pose la  doctrine  de  Josquin  Deprès  dont 
il  était  élève.  Voici  le  titre  de  ce  livre  : 
Compendium  musicœ  descriplum  ab 
Adriano  Petit  Coclio ,  discipulo  Joscjuini 
Des  Près ,  in  quo  preeter  ccetera  trac- 
tantur  hœc  :  1°  De  modo  ornate  ca- 
nendi;  2°  De  régula  contrapuncti  ;  3°  De 
compositione.  On  trouve  dans  la  deuxième 
partie  de  cet  ouvrage  un  chapitre  sur  le 
contrepoint  qui  a  pour  titre  :  De  régula 
contrapuncti  secundum  doctrinam  Jos- 
cjuini de  Pratis.  Il  est  évident  qu'un 
homme  né  en  1500,  n'a  pu  avoir  pour 
maître  un  autre  homme  mort  en  1501. 
J'ai  dit  qu'il  y  a  vraisemblablement  une 
faute  d'impression  dans  le  texte  de  Le 
Mire  :  je  présume  qu'on  doit  lire  :  Obiit 
anno  Christi  1521  ou  1531 ,  au  lieu  de 
1501  ;  la  date  de  1531  est  peut-être  celle 
qui  convient  le  mieux  à  cet  événement , 


1  Est  autem  Condatum  (vulgùCondé)  Hannoniae oppidum 
in  quo  monialum  insigne  canonicorum  collegium,  a  mullis 
jam  sseculis  resedit.  Hujus  collegii  decanus  patrum  ni©- 
moria  fuit  Josquinus  Pratanus  musicus  excellentissimus, 


qui  primus  fereartem  mucicamin  ordinem  redegit,  multis- 
que  earn  parlihus  auxit.  OJ)iit  anno  Christi  1501.  Condati 
odrio  antearam  summam  conditus.  A.  Mirai  De  Canonic. 
Collegiis.  Cap.  16,  p,  42, 


DEP 


BEI» 


283 


car  Spataro  appelle  Josquin  Optlmo  de  II 
compositori  del  tempo  noslro ,  dans  son 
Tractato  di  musica ,  imprimé  dans  cette 
même  année  1531.  J'ajouterai  que  si  Jos- 
quin avait  cessé  de  vivre  en  1501 ,  le  titre 
d'un  recueil  de  ses  compositions,  publié 
à  Anvers  par  Tilman  Susato  en  1541  , 
n'aurait  pas  été  rédigé  de  cette  manière  : 
Le  septième  livre,  contenant  vingt-quatre 
chansons  à  cinq  et  six  parties,  par  feu 
de  bonne  mémoire  et  très  excellent  en 
musique  Josquin  des  Prez ,  avec  trois 
ëpitaphes  du  dict  Josquin,  composées 
par  divers  auteurs.  On  ne  se  sert  pas  du 
mot  de  Jeu  en  parlant  d'un  homme  qui 
serait  mort  depuis  près  d'un  demi-siècle, 
et  l'on  ne  s'amuse  point  à  lui  faire  des  épi- 
taphes. 

Quoi  qu'il  en  soit ,  la  perte  de  ce  grand 
musicien  fut  vivement  sentie  par  toute 
l'Europe  ;  une  multitude  de  poèmes  ,  de 
déplorations  et  d'épitaphes  furent  com- 
posées par  les  poètes  et  les  nombreux  élèves 
sortis  de  son  école.  Swertius  a  conservé 
l'épitaphe  qui,  selon  lui,  se  trouvait  autre- 
fois sous  son  buste  dans  l'église  de  Sainte- 
Gudule  de  Bruxelles  l ,  et  un  chant  fu- 
nèbre composé  par  Gérard  Avidius  de 
Nimègue,  élève  de  Josquin  (V.  Athen. 
Belgicis).  Le  recueil  dont  j'ai  parlé  précé- 
demment contient  l'épitaphe  mise  en  mu- 
sique, à  sept  voix,  par  Jérôme  Vinders. 
La  déploration  d' Avidius  a  été  aussi  mise 
en  musique  à  quatre  voix ,  par  Benoît 
Ducis ,  et  à  six  voix ,  par  Nicolas  Gombert 
(V.  ces  noms). 

Luther,  ce  célèbre  réformateur,  joignait 
à  des  connaissances  étendues  le  talent  de 
la  poésie  et  de  la  musique.  Il  était  même 
habile  dans  la  composition  et  bon  juge  en 
ce  qui  concernait  cet  art.  Il  a  dit,  en  par- 
lant de  Josquin  :  Les  musiciens  font  ce 
qu'ils  peuvent  des  notes ,  Josquin  seul 


en  fait  ce  cjuHl  veut.  Si  l'on  examine  avec 
attention  les  ouvrages  de  ce  compositeur , 
on  est  frappé  en  effet  de  l'air  de  liberté  qui 
y  règne  ,  malgré  les  combinaisons  arides 
qu'il  était  obligé  d'y  mettre ,  pour  obéir 
au  goût  de  son  siècle.  Il  passe  pour  être 
l'inventeur  de  beaucoup  de  recherches 
scientifiques  qui  dans  la  suite  ont  été 
adoptées  par  les  compositeurs  de  toutes  les 
nations ,  et  perfectionnées  par  Pierluigi 
de  Palestrina  et  quelques  autres  musiciens 
célèbres  de  l'Italie  ;  toutefois  la  plupart  de 
ces  inventions  sont  d'une  époque  anté- 
rieure au  temps  où  il  vécut.  L'imitation 
et  les  canons  sont  les  parties  de  l'art  qu'il 
a  le  plus  avancées  ;  il  y  a  mis  plus  d'élé- 
gance et  de  facilité  que  ses  contemporains; 
il  paraît  avoir  été  le  premier  qui  en  a  fait 
de  réguliers  a  plus  de  deux  parties.  Quel- 
quefois ,  les  contraintes  de  ce  genre  de  re- 
cherches l'ont  obligé  à  laisser  l'harmonie 
des  voix  nue  et  incomplète;  mais  il  rachète 
ce  défaut  par  une  facilité  de  style  incon- 
nue avant  lui.  Ses  chansons  ont  plus  de 
grâce ,  plus  d'esprit  que  tout  ce  qu'on  con- 
naît du  même  genre  et  de  la  même  époque; 
il  y  règne  en  général  un  certain  air  plai- 
sant et  malin  qui  paraît  avoir  été  son  ca- 
ractère distinctif,  et  qui  s'alliait  d'une 
manière  assez  bizarre  avec  ses  boutades 
chagrines.  M.  de  Winterfeld  a  accusé  Jos- 
quin d'avoir  porté  cet  esprit  de  plaisante- 
rie et  même  de  moquerie  dans  sa  musique 
d'église  {Voyez  la  première  partie  du  livre 
sur  la  vie  et  les  ouvrages  de  Jean  Gabrieli), 
et  conséquemment  de  n'avoir  pas  mis  dans 
celle-ci  le  sentiment  religieux  et  grave  qui 
lui  convient  :  en  écrivant  cet  article  ,  j'ai 
sous  les  yeux  la  collection  presque  com- 
plète des  messes  et  un  grand  nombre  de 
motets  de  Josquin  Deprès,  en  partition, 
etje  ne  vois  guère  que  la  Messe  de  l'homme 
armé  qui  puisse  donner  lieu  à  un  pareil 


1  J'ai  fait  de  vaincs  recherches  à  Bruxelles  pour  découvrir 
l'épitaphe  et  le  buste  ;  aucun  renseignement  n'a  pu  m'être 
fourni.  J'ai  aussi  consulté, mais  sans  fruit,  l'ouvrage  intitulé: 
Basitica  Bruxellensis  ,  sive  monumenla  antiqua  ,  in~ 
scripliones    et    crenotaphia  œdis  DD,    Michœlis     et 


Gudulœ.  Amstel,  1677,  in-8°  ;  il  ne  s'y  trouve  aucune 
indication  du  monument  cité  par  Swertius ,  et  l'on  n'en 
trouve  pas  davantage  dans  ia  deuxième  e'dition  de  ce  livro 
publiée  à  Malines  en  1743  ,  in  8°. 


284 


DEP 


DEP 


reproche  ;   peut-être  en  faut-il  accnser  le 
rhythme  de  la  mélodie  qui  sert  de  thème  ; 
ce  rhythme  est  sautillant,  et  la  répétition 
de  quelques-unes  de  ses  phrases,  dans  des 
mouvemens  plus  ou  moins  rapides,  est  la 
cause  principale  du  style  plaisant  et  mo- 
queur de  cette  composition.  J.  P.  de  Pier- 
luigi  de  Palestrina  lui-même  ,  si  grave,  si 
religieux  observateur  du  sens  des  paroles 
dans  ses  ouvrages  ,  n'a  pu  éviter  l'incon- 
vénient que  je  viens  de  signaler  dans  la 
messe  qu'il   a   écrite  sur  la  chanson   de 
Y  Homme  armé.  La  messe  de  Josquin , 
la  ,  sol,  fa  ,  ré ,  mi,  est  sans  doute  une 
plaisanterie,   et  la  répétition  continuelle 
de  la  phrase  est  peu  convenable  pour  le 
style   religieux;   mais  il   faut   considérer 
que  ces  sortes  de  recherches  étaient  dans 
le  goût  du  temps  où  vivait  le  compositeur. 
On  doit  en  dire  autant  de  l'usage  de  chan- 
ter ensemble   des  paroles  de    différentes 
prières  ,  et  même  de  chansons  vulgaires  et 
obscènes,  dans  les  messes  et  dans  les  mo- 
tets :  cet  usage  s'était  introduit  dans  l'é- 
glise dès  le  13e  siècle,  et  il  s'est  maintenu 
long-temps  après  Josquin.  C'était  une  ab- 
surdité,   mais    cette    absurdité  n'est  pas 
plus  l'œuvre  de  Josquin  que  celle  de  ses 
contemporains  et  de  ses  successeurs.    Ce 
musicien  est   souvent   aussi  grave  ,  aussi 
religieux,  aussi  convenable,  dans  sa  mu- 
sique d'église    qu'aucun    autre   composi- 
teur de  son  temps.  Je  citerai  à  cet  égard 
comme  des  morceaux  irréprochables ,   et 
comme  des  sources  de  beautés  remarqua- 
bles pour  le  temps  ,  Ylnviolata   à  cinq 
voix  sur  le  plain  chant  ;  le  Miserere,  éga- 
lement à  cinq  voix  ,  où  l'on  trouve  un  des 
plus  anciens  exemples  connus  de   la  ré- 
ponse tonale  à  un  sujet  de  fugue  ;  le  Sta- 
bat  mater ,  composition  touchante  établie 
sur  une  large  combinaison  du  plain-chant; 
le  motet  Prœler  rerum   sérient ,  à   six 
voix  ;  l'antienne  à  six  O  p^irgo  pruden- 
tissima ,  avec  un  canon  à  la  quinte  entre 
le  ténor  et  le  contralto  ,  et  les  cinq  salu- 
tations de  J.-C,  à  quatre  voix,  morceaux 
du  style  le  plus  noble.  Il  en  est  un  grand 


nombre  d'autres  qui  pourraient  être  ajou- 
tés à  cette  liste.  L'observation  de  M.  de 
Winterfeld  n'est  donc  pas  fondée. 

Il  en  est  une  autre  plus  juste  qui  a  été 
faite  par  M.  l'abbé  Baini  {Memor.  stor. 
crit.  délia  vita  e  délie  opère  di  G.  Pierl. 
da  Palestrina ,  t.  I,  n.  195);  c'est  que 
l'extension  exorbitante  donnée  souvent  par 
Josquin  aux  différentes  voix ,  peut  faire 
croire  qu'il  a  composé  une  partie  de  sa 
musique  pour  des  instrumens,  et  qu'il  y  a 
ensuite  ajouté  les  paroles.  Ce  défaut  fut 
celui  de  beaucoup  de  maîtres  du  15e  et 
du  16e  siècle.  On  en  voit  un  exemple  fort 
remarquable  dans  un  morceau  à  trois  voix 
qui  termine  le  Traité  de  l'exposition  de 
la  main  musicale  de  J.  Tinctoris,  où  le 
supérius  descend  jusqu'au  sol  grave  de  la 
basse  ,  et  monte  graduellement  jusqu'au 
mi  aigu  du  soprano.  Il  n'existe  point  de 
voix  qui  ait  cette  étendue  ;  cependant  on 
a  placé  sous  les  notes  les  paroles  Kyrie  die 
Domine ,  sed  eleyson  die  miserere. 

Au  premier  aspect,  lorsqu'on  examine 
les  compositions  de  Josquin  Deprès ,  et 
lorsqu'on  les  compare  à  celles  de  ses  pré- 
décesseurs ,  on  ne  voit  pas  qu'aucune  in- 
vention importante  lui  appartienne ,  ni 
qu'il  ait  changé  dans  les  formes  de  l'art 
ce  qui  existait  avant  lui.  Ainsi  l'harmonie 
n'est  dans  sa  musique  que  ce  qu'elle  est 
dans  celle  d'Ockeghem,  d'Obrecht  et  de 
quelques  antres  maîtres  de  l'époque  pré- 
cédente, soit  par  la  constitution  des  ac- 
cords ,  soit  par  leur  enchaînement.  Lu 
disposition  des  parties,  la  tonalité,  le 
système  des  imitations  et  des  canons,  la 
notation,  tout  est  semblable  dans  ses  ou- 
vrages aux  productions  d'une  époque  anté- 
rieure. Mais  un  examen  approfondi  de  ces 
mêmes  ouvrages  y  fait  découvrir  une  per- 
fection plus  grande  dans  chacune  de  ces 
parties,  un  caractère  particulier  de  génie 
qui  n'existe  point  dans  les  autres.  Les 
formes  de  sa  mélodie  sont  souvent  entiè- 
rement neuves,  et  il  a  eu  l'art  d'y  jeter  une 
variété  prodigieuse.  Jj'artifice  de  l'enchaî- 
nement des  parties,  des  repos,  des  ren- 


DEP 


DEP 


285 


trées,  est  chez  lui  plus  élégant,  plus  spi- 
rituel que  chez  les  autres  compositeurs. 
Mieux  que  personne  il  a  connu  l'effet  de 
certaines  phrases  obstinées  qui  se  repro- 
duisent sans  cesse  ,  particulièrement  dans 
la  basse,  pendant  que  la  mélodie  de  la 
partie  supérieure  brille  d'une  variété  facile, 
comme  si  aucunegênene  lui  étaitimposée. 
Il  n'a  point  connu  la  modulation  sensible, 
parce  que  celle-ci  n'a  pu  naître  que  de  l'har- 
monie dissonante  naturelle  qui  a  changé 
le  système  de  la  tonalité  ,  près  d'un  siècle 
après  lui  ;  mais  il  avait  compris  la  puis- 
sance de  certains  cbangemens  de  tons  ,  et 
il  a  quelquefois  employé  de  la  manière  la 
plus  beureuse  le  passage  à  la  seconde  mi- 
nence  supérieure  du  ton  principal  ;  sorte 
de  modulation  qui,  appliquée  à  la  tona- 
lité moderne,  a  été  reproduite  avec  un  grand 
succès  par  Rossini  et  quelques  autres  com- 
positeurs de  l'époque  actuelle. 

Bien  que  Josquin  écrivît  avec  facilité , 
il  employait  beaucoup  de  temps  à  polir 
ses  ouvrages.  Glaréan  dit  qu'il  ne  livrait 
ses  productions  au  public  qu'après  les 
avoir  revues  pendant  plusieurs  années. 
Dès  qu'un  morceau  était  composé ,  il  le 
faisait  chanter  par  ses  élèves;  pendant 
l'exécution,  il  se  promenait  dans  la  cham- 
bre, écoutant  avec  attention,  et  s'arrêtant 
dès  qu'il  entendait  quelque  passage  qui 
lui  déplaisait  pour  le  corriger  à  l'instant. 
Ces  soins  sont  d'autant  plus  remarquables 
que  sa  vie  fut  agitée ,  et  qu'il  produisit 
beaucoup ,  comme  font  d'ordinaire  les 
hommes  de  génie. 

Tout  démontre  que  Josquin  Deprès  fut 
le  chef  et  le  type  de  la  musique  de  son 
temps  ,  que  sa  réputation  fut  universelle, 
qu'il  fut  l'artiste  qui  exerça  le  plus  d'in- 
fluence sur  la  destinée  del'art  de  son  temps; 
et  peut-être  est-il  permis  de  dire  qu'il 
conserva  cette  influence  plus  long-temps 
qu'aucun  autre ,  car  elle  commença  à  se 
faire  sentir  vers  1485,  et  ne  cessa  qu'après 
que  Paleslrina  eut  perfectionné  toutes 
les  formes  de  l'art,  c'est-à-dire  plus  de 
soixante-dix  ans  après.  Quelles  que  soient  les 


modifications  que  l'art  a  subi ,  et  quelque 
difficulté  qu'il  y  ait  aujourd'hui  d'apprécier 
le  mérite  des  compositions  de  Josquin,  n'ou- 
blions pas  que  l'artiste  qui  obtint  un  suc- 
cès si  universel  ne  peut  être  qu'un  homme 
supérieur.  Il  y  a  donc  plus  de  préjugés 
que  de  véritable  raison  dans  les  opinions 
émises  par  des  écrivains  modernes  contre 
le  mérite  de  Josquin.  Artéaga  a  dit,  en  par- 
lant de  ses  ouvrages,  qu'en  écoutant  la 
musique  qu'il  a  composée  sur  les  sonnets 
de  Pétrarque,  il  semble  qu'on  voit  le  Sa- 
tyre de  l'Aminte  du  Tasse,  essayant  de  vio- 
ler de  sa  main  grossière  les  délicates  beau- 
tés de  Silvie.  En  écrivant  ce  passage  , 
Artéaga  était  sous  l'influence  des  opinions 
tranchantes  de  la  fin  du  18e  siècle.  Le 
vénitien  M.  Majer  n'est  pas  mieux  fondé 
dans  les  diatribes  qu'il  a  lancées  depuis 
lors  contre  les  musiciens  belges  et  parti- 
culièrement contre  Josquin.  Toutes  ces 
sorties  font  voir  peu  de  connaissance  de 
l'art ,  et  peu  de  philosophie  esthétique. 

J'ai  dit  que  les  productions  de  Josquin 
Deprès  sont  en  grand  nombre.  Je  vais  don- 
ner une  indication  de  toutes  celles  qui 
sont  venues  à  ma  connaissance ,  et  de 
leurs  diverses  éditions  ou  copies  manu- 
scrites. I.  Messes.  Dans  la  collection  des 
messes  de  divers  auteurs  publiée  à  Venise 
par  Octave  Petrucci  de  Fossombrone  ,  en 
1503, 1508  et  1513,  sous  ce  titre  :  Missœ 
diversorum  auclorum  quatuor  vocibus , 
on  trouve  trois  livres  de  Messes  de  Josquin 
Deprès.  Le  premier  contient  les  messes 
dont  les  titres  suivent  :  1°  Super  voces 
musicales;  2°  La,  sol ,  fa ,  ré,  mi; 
3°  Gaudeamus  /  4°  Fortuna  disperata  ,* 
5°/ 'Homme  Armé ,sextitoni.G\aréana  pu- 
blié dans  son  Dodecachorde  YAgnus  Dei 
de  la  première  de  ces  messes ,  le  Benedic- 
lus  de  la  deuxième ,  le  Benedictus  de  la 
troisième,  YAgnus  Dei  de  la  quatrième, 
et  le  Benedictus  de  la  dernière.  Dans  une 
collection  manuscrite  de  la  Bibliothèque 
du  Conservatoire  de  musique  de  Paris  ,  on 
trouve  en  partition  les  messes  la ,  sol,  fa, 
ré,  mi,  et  dei' Homme  Armé,  à  quatre  et  à 


286 


DEP 


six  voix.  Le  deuxième  livre  de  messes  de  Jos- 
quin publié  par  Petrucci  contient  celles 
dont  les  titres  suivent  :\°  Ave  M. aris  Stella; 
2°  Hercules  Dux  Ferrariœ;  3°  Malheur 
me  bat;  4°  Lami  (L'Ami)  Baudichon; 
5°  Una  mus  qui  de  Buscaya  (Thème  d'une 
chanson  espagnole),-  6°  Dung  aultre  amor 
(D'un  autre  amour).  Glaréan  a  publié  Le 
pleni  surit  cœli  et   Y Agnus    Del  de  la 
deuxième  messe.   Le  troisième  livre  des 
messes  de  Josquin  renferme  :  1°  Mis  sa 
Mater  patris;    2°    Faysans    regrets; 
5°  Adfugam  ;  4°  Didadi  (Messe  des  Dez); 
5°  De  Beata  virgine ;  6°  Sine  nomine. 
])ans  une  très  rare  collection  qui  a  pour 
titre  ;  Liber  qidndecim  missarum  elec- 
iarum  quœ  per  excellentissimos  musicos 
compositœ fuerunt,  et  qui  a  été  publiée  à 
Rome  en  1516  (in-fol.  m0) ,  par  André  An- 
tiquo  de  Montona,  on  trouve  les  deuxième, 
troisième  et  cinquième  messes  de  ce  livre. 
Glaréan  a  publiée  in  terrapax  et  Agnus 
Dei  delà  messe  de  Beata  Virgine.  La  plus 
singulière  de  toutes  les  compositions  con- 
tenues dans  le  troisième  livre  est  la  messe 
des  dez.  Cette  messe  porte  à  la  marge  de 
chaque  morceau  deux  dez  dont  le  nombre 
de  points  indique  la  proportion  des  temps 
de  mesure  et  de  prolation  des  différentes 
parties.    Le   système   de  notation   de  ces 
proportions  présente  d'assez  grandes  diffi- 
cultés pour  la  traduction  en  notation  mo- 
derne. J'ai  mis  en  partition  tous  les  mor- 
ceaux  de   cette  messe.    Doni  {Libraria, 
Vinegia  1550)  cite  cinq  livres  de  messes 
de  Josquin  Deprès  5  toutefois  ,  il  est  dou- 
teux que  les  deux  derniers    aient  été  pu- 
bliés.  Je  possède  en  partition  toutes  les 
messes    citées   précédemment.  Théophile 
Folengo,  connu  sous  le  pseudonyme   de 
Merlin  Coccaie ,  a  écrit  dans  le  livre  25e 
de   son  poème  macaronique ,  une  prophé- 
tie où  il  indique  les  titres  de  deux  autres 
messes  de  Josquin  [Hue  me  Sydereo ,  et 
Se  congé).  Voici  le  passage  : 

0  Félix  Biilo,  Carpentras,  Silvaque,  Broier, 
Vosque  léonin*  cantorum  squadra  capellui 
Josquini  quoniam  cantus  frisolabitis  illos, 


DEP 

Quos  Deusauscultans  cœlummonstrabitapertum, 
Missa  Super  voces  Mussorum,  Lassaque  far  mi, 
Mks&supersextum,  fbrtunamWissaque  Musqué, 
Missaque  de  Domina,  sine  nomine,  Duxque  Fer- 
Partibus  in  senis  cantabitur  illa  Beata  [rarice, 
Hue  me  sydereo ,  Se  congé ,  etc. 

Les  volumes  manuscrits  des  archives  de 
la  chapelle  pontificale  contiennent  deux 
messes  sur  la  chanson  de  Y  Homme  armé  7 
par  Josquin  Deprès  ,  l'une  à  quatre  voix  , 
qui  a  été  publiée  dans  la  collection  de  Pe- 
trucci, l'autre  à  cinq.  On  conserve  aussi 
parmi  les  manuscrits  de  cette  chapelle  les 
autres  messes  de  ce  compositeur  dont  les 
titres  suivent  :  1°  Pange  lingua-  2°  De 
nostra  Domina ,  à  quatre  voix  (c'est  la 
messe  de  Beata  Virgine  qui  a  été  publiée); 
5°  De  Domina,  à  six  voix  ;  4°  De  Village; 
5°  Des  rouges  nés  ;  6°  Da  pacem,  Do- 
mine ;  7°  De  tous  biens  plaine  (pleine). 
Le  nombre    des  messes  de   Josquin  De- 
près, qui  sont  connues  jusqu'à  ce  jour,  est 
donc  de  vingt-cinq.  Plusieurs  extraits  de 
ces   messes    ont   été    insérés   par    Sebald 
Heyden  dans  son  livre  intitulé  :  De  Arts 
canendi    (Nuremberg,     1540,    in-4°). 
II.  Motets.  1°  Le  premier  livre  des  Mo- 
tetti  de  la  Corona ,  publié  à  Venise  en 
1514,  par  Octave  Petrucci,  contient  de 
Josquin  Deprès  les  motets  à  quatre  voix  : 
Christum  ,ducem  redemis,  et  Memor  esta 
Derbi  tuo ;  2°  Le  troisième  livre  publié  en 
1519,  contient  :  Ave  nobilissima  Crea- 
tura  ;  Ave  Maria,  gratia  plena  ;  Aima 
redemptoris ,  Domine  ne  injurore,  Hue 
me  sydereo,  à  six  voix  -y  Miser  ère  meiDeuSj 
à  cinq  voix  ;  Prœter  rerum  seriem ,  à 
cinq ,  Slabat  mater ,  à  cinq.  Ce  stabat  a 
été  publié  postérieurement  par  Grégoire 
Faber,  dans   son  livre   intitulé  Musices 
practicœ  erotematum  (p.  116-139)  ,  et 
Choron  en  a  donné  une  édition  en  parti- 
tion (Paris,  Leduc,  1807).  Le  quatrième 
livre  des  Motets  de  la  couronne,  renferme  : 
Inviolata  intégra,  Lectio  actuumApost., 
et  Missus  est  angélus ,  à  cinq  voix;  Mi- 
scricordias  Domini;  O  crux  ave  spes  ; 
O pulcherrima  mulierum  ;  à  quatre.  D'au- 


DEP 


DEP 


287 


très  collections  imprimées  par  Petrucci  de 
Fossombrone  en  1503,  1504  et  1505,  con- 
tiennent aussi  des  motets  de  Josquin  ; 
n'ayant  point  vu  ces  collections,  j'ignore 
quels  sont  ces  motets  ,  et  quel  en  est  le 
nombre. La  première  collection  est  intitulée 
Canti  cenlo  cinquanla ,  Venise,  1505, 
in-4°obl.;  la  seconde  est  citée  par  Draudius 
sous  le  titre  de  Concenlus  Jucundiss.,  8, 
6,  5,  4  voc.  harmonies  musicœ  Odhe- 
caton ,  Venise,  sans  date  :  elle  contient 
cent  motets  en  deux  livres.  Le  troisième 
livre,  contenant  quarante-sept  motets  ,  a 
été  publié  en  1504  ;  la  plus  grande  partie 
de  ces  motels  est  de  Josquin  Deprès.  Le 
cinquième  livre ,  achevé  d'imprimer  le  4 
juin  1505,  renferme  cinquante-cinq  mo- 
tets ,  dont  cinq  (  Ave  Regina ,  Gaude 
virgo ,  Virgo  saluti }  Vullam  tuum  et 
VeniSancte  Spirïtus)  sont  de  Josquin  De- 
près. Dans  le  cinquième  livre  (  Venise , 
1505) ,  on  né  trouve  que  deux  motets  de 
cet  auteur,  Homo  quidam,  et  Requiem. 
En  1520 ,  Conrad  Pentinger  publia  à 
Augsbourg-  une  collection  de  motets  de 
divers  auteurs,  intitulée  :Liber  selectorum 
cantionum  quas  vulgo  motettas  appel- 
lant,  sex ,  quinque  et  quatuor  vocum  ; 
il  y  a  inséré  quatre  motets  à  six  voix  de 
Josquin  (Prœter  rerum  seriem;  O  virgo 
prudentissima  •  Anima  mea  liquefacta 
est;  Benedicta  et  cœlorum  regina),  trois 
à  cinq  voix  (  Miserere  mei  Deus  ;  Stabat 
mater  dolorosa ,  et  Inviolata  intégra), 
et  un  De  profundis  à  quatre.  Pierre  At- 
taignant ,  imprimeur  de  Paris  ,  a  publié 
plusieurs  livres  dé  motets  de  Josquin  de- 
puis 1533  jusqu'en  1559.  En  1549  ,  le 
même  imprimeur  fit  paraître  un  autre  re- 
cueil de  motets  inédits  de  ce  compositeur 
sous  ce  titre  :  Josquini  Des  Prez ,  musi- 
corum  omnium  facile  principis  tredecim 
modulorum  selectorum  opus ,  nunc  pri- 
mùm  cura  solerti  impensaque  Pétri  Altin- 
gentis,  regii  typographi  excussum,  in-4° 
obi.  gotb.  Le  titre  porte  la  date  de  1459; 
mais  c'est  évidemment  une  transposition  de 
chiffres ,  car  l'art  d'imprimer  la  musique 


n'était  pas  connu  alors  ,  et  Attaignant 
n'existait  pas.  Un  livre  de  motets  de 
Josquin ,  choisi  dans  les  collections  de 
Petrucci ,  a  paru  sous  ce  titre  :  Cantile- 
nas  varias  sacras,  quas  motettas  vo- 
cant,  Antverpiœ  ,  typis  Tilmani  Susati , 
anno  1544,  in-4°  obi.  Adrien  Le  Roy 
et  Robert  Rallard  ont  donné  une  autre 
édition  de  ces  motets ,  et  l'ont  intitulée  : 
Josquini  Pralensis ,  musicis  prœstantis- 
simi ,  moduli,  ex  sacris  lilleris  delecti , 
et  in  4,5,6  voces  distincti,  Parisiis,  1555, 
in-4°  obi.  Le  Dodécacborde  dé  Glaréan 
renferme  Ave  verum  à  deux  et  trois  voix; 
De  profundis ,  à  quatre  ;  Domine  non  se- 
cundum]  Liber  generationis  à  quatre, 
Magnus  es  tu  Domine,  à  quatre  ;  O  Jesù 
fdi  David,  à  quatre,  et  F'ictimœ paschali 
laudes ,  à  quatre,  de  Josquin.  On  trouve 
aussi  des  motets  de  ce  musicien  dans  la 
collection  intitulée  :  Psalmorum  selec- 
torum a  prœstantissimis  hujus  nostii 
temporis  in  arle  musica  artijicibus  in 
harmoniœ  quatuor,  quinque  et  sex  vo- 
cum  redactarum,  tom.  I,  II ,  III  et  IV. 
Noriberga ,  ex  qfficina  Joannis  Montani 
et  UlriciNeuberi,  anno  1553-54,  in-4°. 
Une  autre  collection  de  psaumes  ,  publiée 
par  Georges  Forster  ,  et  imprimée  à 
Nuremberg-,  en  1542  ,  par  Jean  Petrejns  , 
renferme  aussi  des  motets  de  Josquin 
Deprès.  Enfin  la  collection  de  Salblinger, 
publiée  à  Augsbourg,  en  1545,  les  prin- 
cipes de  musique  pratique  de  Jean  Zuger 
(Leipsick,  1554,  in-4°) ,  le  deuxième  vo- 
lume de  l'histoire  de  la  musique,  parRur- 
ney,  le  deuxième  volume  de  l'histoire  de 
Hawkins  ,  le  deuxième  de  celle  de  Forkel  et 
le  premier  de  celle  de  Busby, contiennent  des 
motets  de  Josquin ,  ou  des  extraits  de  ses 
messes,  en  partition.  III.  Chansons  fran- 
çaises. 1°  Le  septième  livre ,  contenant 
vingt-quatre  chansons  à  cinq  et  six  par- 
ties,  par  feu  de  bonne  mémoire  et  très 
excellent  en  musique  Josquin  Des  Prez, 
avec  trois  épitaphes  du  dict  Josquin , 
composées  par  divers  auteurs,  Anvers, 
Tilman  Susato,  1545,  in-4°;  2°  Le  pre~ 


288 


DEB. 


DER 


mier,  le  segont  et  le  tiers  livre  des  chan- 
sons à  quatre  et  à  cinq  parties  du  prince 
des  musiciens  Jossequin  De  Prez,  Paris, 
Nicolas  Du  Chemin,  1553,  in-4°  oblong. 
Quelques-unes  des  chansons  françaises  de 
Josquin  Deprès  sont  contenues  clans  le  re- 
cueil qui  a  pour  titre  :  Meslanges  de 
chansons  tant  des  vieux  autlieurs  que 
des  modernes ,  à  cinq,  six,  sept  et  huict 
parties,  à  Paris,  par  Adrien  Le  Roy  et 
Robert  Bail ard,  1572,  in-4°.  Beaucoup 
d'autres  collections  renferment  des  com- 
positions de  Josquin  Deprès,  mais  il  serait 
trop  long  de  les  citer  toutes. 

DEREGIS  (  gaudence)  ,  né  à  Agnona, 
près  de  Verceil,  en  1747,  lit  ses  premières 
études  musicales  au  séminaire  de  Casa- 
dadda  ,  à  Varallo  ,  sous  la  direction  du 
chanoine  Comola  ;  passa  ensuite  à  Borgo- 
Sesia  ,  où  son  oncle  Joseph  Deregis  lui  en- 
seigna la  composition  ,  et  devint  enfin 
maître  de  chapelle  de  la  collégiale  d'Ivrea, 
en  1775.  Il  est  mort  dans  ce  lieu  en  1816. 
Il  a  laissé  en  manuscrit  beaucoup  de  mes- 
ses et  de  vêpres  à  grand  orchestre ,  dont 
on  vante  le  style  large  et  savant. 

DEREGIS  (  luc  ) ,  d'Agnona  ,  près  de 
Verceil,  cousin  du  précédent ,  naquit  en 
1748.  Il  apprit  la  musique  à  Bologne  ,  et 
fut  nommé  chanoine  et  directeur  de  la 
chapelle  de  Borgo-Sesia  ,  où  il  a  composé 
des  messes  ,  des  motets  et  un  Te  Deum 
qui  passent  pour  être  excellens.  Deregis 
est  mort  le  30  août  1805,  des  suites  d'une 
chute  de  cheval. 

DERHAM  (william)  ,  théologien  an- 
glais ,  naquit  le  26  novembre  1657  à 
Stroughton  près  de  Vorcester.  Il  fit  ses 
études  à  Blockley  et  au  collège  de  la  Tri- 
tinité  à  Oxford.  Devenu  recteur  à  Upmin- 
ster,  dans  le  comté  d'Essex ,  en  1689,  il 
borna  son  ambition  à  cette  place  qu'il  con- 
serva jusqu'à  sa  mort,  arrivée  en  1755. 
Dans  sa  jeunesse  (en  1696)  il  avait  publié 
un  traité  de  l'horlogerie  et  de  l'art  de  no- 
ter les  cylindres  pour  les  carillons,  sous  ce 
titre  :  The  Artificial  Clock-maker  ;  la 
quatrième  édition  de  cet  ouvrage  a  paru  à 


Jjondres,  en  1734,  in-12,  avec  de  grandes 
augmentations  et  des  corrections.  Le  titre 
de  la  cinquième,  publiée  en  1759,  in-12, 
est  celui-ci  :  The  Artificial  Clock-maker, 
or  a  treatise  ofwatch  and  dock  work  ; 
shewing  to  the  meanest  capacities  the 
art oj calculating numbers  to  alterclock- 
■work ,  to  make  chimes  and  setthem  to 
musical  note,  and  to  calculate  and  cor- 
rect  the  motions  of  pendulums .  Derham  a 
inséré  dans  les  Transanctions  philosophi- 
ques (tom.  XXVI,  n°  513,  pag.  2),  un  mé- 
moire sur  la  propagation  du  son,  intitulé  : 
Experiments  and  Observations  on  the 
motion  of  Sound.  Un  autre  mémoire  du 
même  auteur  a  paru  dans  le  même  recueil 
(ann.  1707,  pag.  380),  sous  ce  titre  : 
Account  of  Experiments  on  the  motion 
and  velocity  ofsound. 

DÉRIVIS  (  .  .  .  ),  né  dans  un  village 
des  environs  d'Alby  (Aveyron) ,  en  1781, 
entra  comme  élève  au  Conservatoire  de 
musique  de  Paris,  au  mois  de  frimaire 
an  vin,  et  y  reçut  des  leçons  de  chant  de 
Richer.  Le  1 1  février  1803  il  débuta  avec 
succès  à  l'Opéra,  parle  rôle  de  Zarastro, 
dans  Les  Mystères  d'Isis ,  et  dans  la 
même  année  il  fut  admis  à  la  chapelle  du 
premier  consul  Bonaparte.  Doué  d'une 
voix  de  basse  sonore  et  puissante ,  d'une 
taille  avantageuse  et  d'une  figure  drama- 
tique, Dérivis  aurait  pu  devenir  un  chan- 
teur distingué  et  un  acteur  remarquable 
s'il  eût  été  bien  dirigé  dès  ses  premiers  pas 
dans  la  carrière  dramatique  ;  mais  il  n'a- 
vait alors  que  de  mauvais  modèles  dans 
ses  chefs  d'emploi  ;  l'école  de  chant  de 
l'Opéra  n'était  que  celle  des  cris  :  il  y 
apprit  à  jeter  sa  voix  avec  effort  pour  en 
augmenter  la  puissance  ,  et  cette  vicieuse 
méthode  usa  avant  le  temps  une  des  con- 
stitutions les  plus  robustes  de  chanteurs 
qu'il  y  ait  eu.  Tout  semblait  favoriser 
Dérivis  dès  son  entrée  au  théâtre.  Adrien  , 
succombant  aussi  à  la  fatigue  de  la  mau- 
vaise manière  de  chanter  qu'il  ensei- 
gnait à  ses  élèves,  se  retirait  jeune  encore; 
Dufresne  était  trop  faible  pour  être  autre 


DER 


JDER 


280 


chose  qu'un  doubla,  en  sorte  que  le  débu- 
tant se  trouva  chef  d'emploi  après  peu 
d'années.  11  joua  d'origine  tous  les  premiers 
rôles  de  basse  des  opéras  nouveaux  qui  fu- 
rent représentés  depuis  1805  jusqu'en 
1828.  Le  5  mai  de  cette  dernière  année  il 
joua  pour  la  dernière  fois  dans  une  repré- 
sentation à  son  bénéfice,  le  rôle  iïOEdipe, 
un  de  ceux  où  il  montrait  du  talent  comme 
acteur.  En  1826  ,  Rossini  avait  arrangé 
pour  lui  le  rôle  de  Mahomet  clans  le  Siège 
de  Corinthe,  et  pour  la  première  fois  Dé- 
rivis  avait  essayé  d'y  vocaliser  des  traits 
rapides  ;  mais  sa  voix  avait  un  timbre  trop 
puissant  pour  avoir  de  la  légèreté  ;  d'ail- 
leurs ,  les  habitudes  de  cet  acteur  étaient 
trop  anciennes  pour  qu'il  pût  changer  de 
manière;  il  dut  se  retirer  devant  la  révolu- 
tion chantante.qui  s'opérait  alors  à  l'Opéra. 
Depuis  ce  temps  il  a  voyagé  pour  donner 
des  représentations  clans  les  départemens, 
et  s'est  même  engagé  clans  quelques  trou- 
pes d'Opéra  de  province.  En  1834,  il  jouait 
à  Anvers. 

Mlle  Naudet,  élève  dn  Conservatoire  de 
Paris ,  qui  devint  ensuite  la  femme  de 
Dérivis,  débuta  à  l'Opéra  par  le  rôle  d'^/z- 
ligone,  dans  OEdipe  ci  Colonne,  le  12  ni- 
vôse an  XII  (3  janvier  1804),  n'obtint 
qu'un  succès  médiocre,  et  se  retira  peu  de 
temps  après.  Elle  est  morte  à  Paris  en  1819. 

Dérivis,  fils  des  précédens,  est  né  à  Paris 
en  1809.  Admis  au  Conservatoire  de  mu- 
sique comme  élève  du  pensionnat ,  il  s'y 
livra  à  des  études  de  chant,  obtint  un  prix 
au  concours  de  1831,  et  débuta  à  l'Opéra, 
le  21  septembre  de  la  même  année  ,  par 
le  rôle  de  Moïse ,  dans  l'opéra  de  ce  nom. 
Depuis  cette  époque ,  il  a  travaillé  avec 
ardeur  à  développer  les  avantages  de  la 
belle  voix  de  basse  dont  la  nature  l'a  doué  ; 
ses  progrès  ont  été  constans,  et  l'on  a  lieu 
de  présumer  que  ce  jeune  acteur  occupera 
un  rang  distingué  parmi  les  chanteurs  de 
l'Opéra  français,  quand  il  sera  devenu 
chef  de  l'emploi  qu'il  ne  remplit  aujour- 
d'hui que  comme  remplaçant  de  Levas- 
seur. 

TOME    III. 


DEMODE  (victou),  né  dans  le  départe- 
ment du  Nord  ,  membre  de  la  Société  des 
Sciences  ,  de  l'Agriculture  et  des  Arts  de 
Lille,  de  la  Société  d'Emulation  de  Cam- 
brai, est  auteur  d'un  livre  qui  a  pour  titre  : 
Introduction  à  l'étude  de  l'harmonie, 
ou  exposition  d'une  nouvelle  théorie  de 
cette  science ,  Paris  ,  Trenttel  et  Wiirtz , 
1828  ,  un  vol.  in-8°  de  374  pages  ,  avec 
sept  planches  et  deux  tableaux.  Cet  ou- 
vrage est  d'un  genre  absolument  neuf,  et 
a  pour  base   un  système  qui  appartient 
tout  entier  à  son  auteur.  Après  avoir  donné 
des  notions  préliminaires  ,  conformes  aux 
théories  connues  ,  de  quelques  expériences 
d'acoustique  et  des  lois  qu'on  en  déduit, 
M .  Derode  arrive  à  la  gamme  et  au  nom  des 
intervalles  :  c'est  là  crue  commence  la  série 
de  ses  idées  particulières.  Selon  lui,  celte 
gamme,  dont  on  a  fait  l'un  des  élémensde 
la  musique ,   n'a  pas   l'utilité   qu'on   lui 
accorde  généralement,  et  il  ne  la  considère 
point  comme  un  principe  constitutif  de 
l'art.  Déduisant  toutes  les  conséquences  de 
cette  première  donnée  ,  M.  Derode  ne  voit 
dans  le  ton  qii'nne  convention  purement 
arbitraire ,  et  seulement  une  invention  de 
méthode,  quoique  ce  soit  sur  la  tonalité  que 
reposent  la  mélodie  et  l'harmonie  ,  telles 
qu'elles  tombent  sous  les  sens  ,  la  composi- 
tion, l'art  du  chant,  la  construction  des  in- 
strumens,  etc.  Les  intervalles  neluiparais- 
sent  pas   non  plus  devoir  être  présentés 
comme  des  relations   de  différens   sons, 
mais  comme  des  proportions  tirées  de  la 
division  d'une  corde.  On  voit  que  dans  ce 
système    c'est   le  principe  mathématique 
qui  domine,  et  c'est  en  effet  sur  le  prin- 
cipe mathématique  que   repose  la  théorie 
de  M.  Derode,  en  sorte  que  toutes  les  con- 
sidérations    de     rapports    métaphysiques 
des  sons  en  sont  exclues;  cependant,  par 
une  sorte  de  contradiction,  en  certains  cas 
fort  difficiles  ,  l'auteur  est  forcé   d'avouer 
que  l'arithmétique  et  l'algèbre  ne  sont  de 
nul  secours  pour  expliquer  les  faits ,   et 
qu'il  faut  prendre  pour  règle  la  sensation. 
Ce  système  n'a  point  eu  de  succès. 
19 


290 


DES 


DES 


DEROSIERS  (nicolas),  musicien  fran- 
çais ,  vivait  en  Hollande  vers  la  fin  da 
17e  siècle.  Il  s'est  fait  connaître  par  les 
ouvrages  suivans  :  1°  Trois  livres  de  trios 
pour  divers  instrumens;  2°  Ouvertures  à 
trois  parties  et  concerts  à  quatre  pour  di- 
vers instrumens;  3°  Douze  ouvertures 
pour  la  guitare ,  œuv.  5 ,  La  Haye,  1688  ; 
4°  Méthode  pour  jouer  de  la  guitare; 
5°  La  fuite  du  roi  d'Angleterre,  à  deux 
violons  ou  deux  flûtes  et  basse,  Amster- 
dam, 1689. 

DEROSSI  (joseph),  compositeur,  né  à 
Bientina,  près  de  Pise ,  vers  le  milieu  du 
17e  siècle ,  a  publié,  à  Venise  ,  en  1680 , 
tm  livre  de  messes  à  seize  voix  réelles.  Un 
autre  musicien,  nommé  Fabrice  Derossi, 
a  composé ,  vers  le  même  temps ,  des  duos 
pour  deux  voix  de  soprano,  avec  accompa- 
gnement de  clavecin. 

BEROSSI  (laurent),  est  aussi  connu 
comme  compositeur  de  duos  pour  deux 
voix  de  soprano  avec  accompagnement  de 
clavecin. 

DES  ARGUS  (xavier),  né  à  Amiens 
vers  1768  ,  fut  d'abord  attacbé  à  la  cathé- 
drale de  cette  ville,  en  qualité  de  musicien 
de  chœur  ;  il  avait  alors  une  fort  belle 
voix  de  haute-contre.  Les  églises  ayant  été 
fermées  par  suite  de  la  révolution  de  1789, 
Desargus  vint  à  Paris  et  entra  dans  les 
chœurs  de  l'Opéra  ;  mais  ,  ne  se  sentant 
point  de  goût  pour  le  théâtre,  il  quitta 
cette  carrière  et  se  livra  à  l'étude  de  la 
harpe.  Il  devint  en  peu  de  temps  un  habile 
professeur  de  cet  instrument,  et  en  donna 
des  leçons  jusque  vers  1832,  époque  où  il 
a  cessé  d'enseigner.  Parmi  plusieurs  bons 
élèves  qu'il  a  formés  on  remarque  son  fils, 
qui,  après  avoir  été  attaché  comme  har- 
piste à  l'Opéra-Comique ,  a  été  à  Berlin 
au  service  du  roi  de  Prusse,  puis  est  revenu 
à  Paris  en  1852  ,  s'est  établi  à  Bruxelles 
vers  la  fin  de  la  même  année ,  et  se  trouve 
encore  en  cette  ville  en  ce  moment  (1 855). 
Les  compositions  de  Desargus  (père), 
au  nombre  d'environ  ving-cinq  œuvres , 
consistent  en  sonates  pour  la  harpe ,  avec 


ou  sans  accompagnement,  en  pots-pourris, 
fantaisies  et  airs  variés  pour  le  même 
instrument  ;  enfin  en  duos  pour  harpe  et 
piano. En  1809  ,  il  publia  une  Méthode  de 
harpe,  à  Paris,  chez  Nadermann  ;  il  a  re- 
fondu entièrement  cet  ouvrage ,  et  l'a  fait 
paraître  en  1816,  sous  le  titre  de  Cours 
complet  de  harpe ,  rédigé  sur  le  plan  de 
la  méthode  de  piano  du  Conservatoire  ; 
enfin  une  nouvelle  édition  de  cet  ouvrage, 
fort  améliorée  et  considérablement  augmen- 
tée ,  a  été  publiée  à  Paris  en  1820 ,  chez 
Laffillé. 

DE  S  AUGE  S  (dénis),  prêtre  du  diocèse 
d'Evreux,  né  en  1598,  a  publié  un  livre 
intitulé  :  L'E s claircis sèment  du  plain- 
chant,  ou  le  vray  thrésor  des  choristes , 
Paris,  1664  ,  50  pages  in-8°. 

DÉSAUGIERS  (marc-antoine)  ,  né  à 
Fréjus,  en  1742  ,  apprit  la  musique  sans 
maître.  En  1 774 ,  il  ,se  rendit  à  Paris ,  où 
il  se  fit  connaître  d'abord  par  la  traduc- 
tion des  Réflexions  sur  l'art  du  chant 
figuré  de  J .-B .  Mancini,  Paris,  1776, 
in-8°.  Cet  ouvrage  fut  suivi  du  Petit 
OEdipe,  pièce  en  un  acte,  dont  il  fit  la 
musique,  et  qui  fut  représenté  aux  Italiens 
en  1799.  L'année  suivante  il  donna  à 
l'Opéra  Erixène,  ou  l'Amour  enfant, 
paroles  de  Voisenon ,  et  successivement , 
il  fit  représenter  au  Théâtre-Italien  Flo- 
rine,  en  deux  actes  (1780),  Les  Deux 
Sylphides  (1781),  toutes  deux  sur  des 
paroles  d'Imbert,  et  Les  Jumeaux  de 
Bergame,  paroles  deFlorian(1782).  Cette 
dernière  pièce  eut  un  grand  succès  :  on  y 
trouve  quelques  petits  airs  qui  firent  long- 
temps les  délices  de  Paris.  Vers  le  même 
temps,  Désaugiers  donna  au  théâtre  de 
Monsieur,  alors  à  la  foire  Saint-Germain, 
"V  Amant  travesti,  en  un  acte,  imité  du 
conte  de  La  Fontaine  intitulé  Le  Mule- 
tier; en  1791  il  fit  représenter  au  théâtre 
Feydeau  Le  Médecin  malgré  lui,  dans 
lequel  il  introduisit  d'une  manière  assez 
plaisante  l'air  révolutionnaire  Ça  ira.  Ou- 
tre ces  ouvrages ,  il  a  composé  la  musique 
d'une  multitude  de  petits  opéras  pour  les 


DES 


DES 


291 


théâtres  secondaires  qui  existaient  de  son 
temps,  entre  autres  Les  Rendez-vous , 
en  un  acte  ,  pour  les  Beaujolais.  Le  chant 
de  la  musique  de  Désaugiers  ne  manque 
ni   de  naturel,  ni  de   facilité,  mais  son 
harmonie,    lâche   et  incorrecte,    se  sent 
de  la  faiblesse  des  études  musicales  en 
France  ,  à  l'époque  où  il  avait  appris  la 
composition.  Ce  musicien  fut  lié  d'amitié 
avec  Gluck  et  Sacchini ,  et  composa ,  à  la 
mémoire  de  ce  dernier,  une  messe  de  re- 
quiem qui  fut  estimée  dans  le  temps  de  sa 
nouveauté.   L'exaltation  de  ses  idées   lui 
avait  fait  embrasser  avec  avidité  les  prin- 
cipes de  la  révolution;  dans  une  pièce  de 
musique,  composée  de  chœurs  et  d'instru- 
mens,  qu'il  avait  intitulée  Hiérodrame,  et 
qu'il  fit  exécuter  à  Notre-Dame,  il  célébra 
la  prise  de  la  Bastille.  Il  a  laissé  en  ma- 
nuscrit un  grand  opéra  sur  le  sujet  de  Béli- 
saire,  dont  les  paroles  sont  de  son  fils  aîné, 
qui  fut  depuis  secrétaire  de  légation  en  Da- 
nemarck.  Désaugiers  est  mort  à  Paris,  le 
10  septembre  1793. 
DESAYVE.  V.  SAYVE  (DE). 
DESBOULMIERS  (jean-atjgtjstin-ju- 
xien)  ,  littérateur,  né  à  Paris  en  1731, 
entra  fort  jeune  dans  la  carrière  militaire, 
servit  quelque  temps  en  Allemagne,  puis 
revint  à  Paris,  et  renonça  aux  armes  pour 
les  lettres.  Toutefois  il  y  avait  en  lui  plus 
de  penchant  pour  la  littérature  que  de  ta- 
lent véritable ,  et  dans  ses  ouvrages  il  ne 
s'éleva  point  au-dessus   du   médiocre.   Il 
mourut  à  Paris  en  1771 ,  à  l'âge  de  qua- 
rante ans.  Au  nombre  de  ses  productions, 
on  trouve  quelques  opéras-comiques ,  en- 
tre autres  Toinon  et  Toinette ,  dont  Gos- 
sec    a    composé    la    musique  ;    mais    ses 
ouvrages  les  plus  importans  sont  :  1°  His- 
toire anecdotique  et  raisonnèe  du  Théâ- 
tre-Italien, depuis   son  rétablissement 
(en  1697)  jusqu'à  l'année  1769,  Paris, 
1769,  sept  vol.  in-12.  Ce  livre  renferme 
l'analyse  des   pièces  jouées   au   Théâtre- 
Italien  ,  et  des  notices  sur  les  auteurs  et 
les  acteurs  de  ce  théâtre  jusqu'en  1769. 
On  y  trouve  aussi ,  à  la  fin ,  un  catalogue 


raisonné  par  ordre  alphabétique  des  pièces 
et  des  acteurs  dont  il  n'est  point  parlé 
dans  l'ouvrage;  2°  Histoire  du  théâtre 
de  l'Opéra-Comique ,  Paris,  1769,  deux 
vol.  in-12.  Desboulmiers  donne  dans  ce 
livre  l'analyse  des  pièces  qui  ont  été  re- 
présentées sur  le  théâtre  de  l'Opéra-Comi- 
que  depuis  1712  jusqu'en  1761. 

DESBOUT  (louis),  chirurgien  français, 
attaché  au  service  des  troupes  italiennes , 
dans  la  seconde  partie  du  18e  siècle.  Il 
est  auteur  d'une  dissertation  sur  l'usage 
de  la  musique  dans  les  maladies  nerveuses, 
qui  a  paru  sous  ce  titre  :  Ragionamento 
fisico-chirurgico  sopra  l'effetto  délia  mu- 
sica  nelle  malattie  nervose ,  Livourne, 
1740,  in-8°. 

DESBROSSES  (robert)  ,  né  à  Bonn- 
sur-le-Rhin,  en  1719,  entra  comme  acteur 
pensionnaire  à  la  Comédie-Italienne ,  en 
1743 ,  et  se  retira  en  1764.  lia  composé 
la  musique  d'un  divertissement  représenté 
en  1751,  sous  le  titre  du  Mai,  des  Sœurs 
Rivales,  opéra-comique,  représenté  ea 
1762,  du  Bon  Seigneur,  et  des  Deux 
Cousines,  en  1763.  Desbrosses  était  mau- 
vais acteur  et  compositeur  médiocre.  Il 
est  mort  à  Paris ,  le  29  pluviôse  an  Vit 
(1799),  à  l'âge  de  quatre-vingts  ans. 

DESBROSSES  (marie),  actrice  de 
l'Opéra-Comique ,  fille  du  précédent ,  est 
née  à  Paris  en  1763.  Elle  n'avait  que 
treize  ans  lorsqu'elle  débuta  à  la  Comédie- 
Italienne;  elle  y  parut  la  première  fois  le 
29  avril  1776,  dans  le  rôle  de  Justine  du 
Sorcier,  opéra  de  Philidor,  et  dans  Co-  ' 
lombine  de  La  Clochette ,  opérette  de 
Duni.  Accueillie  favorablement  par  le  pu- 
blic ,  séduit  par  un  talent  si  précoce ,  elle 
fut  engagée  immédiatement  après  comme 
pensionnaire.  La  suite  de  sa  carrière  drama- 
tique ne  répondit  point  à  ce  brillant  début. 
Trop  de  charmes  étaient  attachés  au  ta- 
lent et  à  la  personne  de  Mmo  Dugazon, 
alors  en  possession  des  premiers  rôles,  pour 
que  M1Ie  Desbrosses  pût  lutter  avec  elle. 
Toutefois  ,  une  maladie  sérieuse  de  l'ac- 
trice célèbre,  après  les  premières  représen- 
19* 


292 


DES 


tations  $  Alexis  et  Justine,  opéra  de 
Dezaides ,  Mlle  Desbrosses  consentit  à  la 
remplacer  dans  le  rôle  principal  de  cette 
pièce  ,  le  4  juillet  1785.  L'accueil  que  lui 
fît  le  public  n'était  point  encourageant; 
la  douleur  qu'elle  en  ressentit  donna  à  sa 
physionomie  un  caractère  si  touchant,  que 
le  public  consentit  enfin  à  l'entendre  ,  et 
cette  disposition  contribua  à  donner  à  son 
chant  et  à  son  jeu  une  expression  vive  qui 
enleva  tous  les  suffrages  et  la  fit  rappeler 
à  la  fin  de  la  pièce  aux  applaudissemens  de 
toute  l'assemblée.  Plus  lard ,  Mlle  Des- 
brosses joua  les  rôles  de  la  Comtesse  d 'Al- 
bert, de  Camille,  dans  l'opéra  de  Dalay- 
rac,  et  dans  d'autres  rôles  du  même  genre  ; 
plus  tard  encore  elle  prit  l'emploi  des  rôles 
qu'on  appelait  les  duègnes  dans  l'ancien 
Opéra -Comique  français,  et  remplaça 
l'excellente  actrice  Madame  Gonthier  pen- 
dant une  absence  de  celle-ci.  Mécontente 
de  se  voir  toujours  repoussée  par  les  pré- 
ventions de  ses  camarades ,  et  de  n'oc- 
cuper qu'une  position  incertaine  après  de 
longs  services  ,  Mlle  Desbrosses  demanda 
sa  retraite  en  1796,  alla  jouer  quelque 
temps  en  province,  revint  à  Paris  en  1798, 
et  entra  au  théâtre  Feydeau  ,  où  elle  fut 
traitée  plus  favorablement  qu'à  la  Comé- 
die-Italienne. À  la  réunion  des  deux  théâ- 
tres ,  en  1801  ,  elle  reprit  son  rang  d'an- 
cienneté dans  la  nouvelle  société  des  acteurs 
de  l'Opéra-Comique.  En  1812,  la  retraite 
de  Mme  Gonthier  la  rendit  chef  de  l'em- 
ploi des  duègnes.  Elle  n'eut  jamais  le  jeu 
fin  et  spirituel  de  cette  actrice  inimitable, 
mais  ayant  plus  de  voix  et  d'oreille,  elle 
était  moins  antipathique  à  la  musique. 
D'ailleurs ,  elle  ne  manquait  pas  d'une 
certaine  franchise  de  diction  qui  produi- 
sait de  l'effet  dans  les  rôles  de  son  emploi. 
Après  cinquante-trois  ans  de  service  au 
théâtre  ,  Mlle  Desbrosses  s'est  retirée  au 
mois  d'avril  1829. 

DESCARTES  (rené)  ,  philosophe  célè- 
bre et  génie  sublime,  naquit  à  La  Haye  , 
en  ïouraine,  le  31  mars  1596.  L'histoire 
de  ce  ftrand  homme  se  liant  nécessaire- 


DES 

ment  à  celle  des  travaux  qui  l'ont  illustré, 
mais  qui  ne  sont  pas  l'objet  de  ce  livre , 
on  se  bornera  ici  à  renvoyer  aux  diction- 
naires historiques  ,  dans  lesquels  on  trou- 
vera sa  biographie,  l'analyse  de  ses  décou- 
couvertes  en  mathématiques,  et  celle  de 
ses  systèmes  en  physique  et  en  métaphy- 
sique ,  fruits  d'une  imagination  brillante 
qui ,  souvent,  aima  mieux  chercher  à  de- 
viner la  nature  que  de  l'étudier.  Je  ne 
parlerai  donc  de  Descartes  qu'à  l'occasion 
d'un  Compendium  Musicœ  qu'il  écrivit 
en  1618  ,  à  l'âge  de  vingt-deux  ans,  à  la 
prière  de  son  ami  Isaac  Beckmann  ,  alors 
recteur  à  Dordrecht.  Malheureusement  cet 
ouvrage  est  peu  digne  du  nom  de  son  au- 
teur :  il  parut  le  sentir,  car  il  ne  voulut 
jamais  permettre  qu'il  fût  imprimé;  aussi 
ne  le  fut-il  qu'après  sa  mort ,  à  Utrecht , 
en  1650,  in-4°.  Ce  livre  a  été  réimprimé 
depuis  lors  dans  les  deux  éditions  de  ses 
œuvres  complètes  ,  Amsterdam  ,  1690  à 
1701 ,  neuf  vol.  in-4°,  et  1713  ,  aussi  en 
neuf  vol.  in-4°.  Lord  Bronneker,  président 
de  la  société  royale  de  Londres,  en  publia 
une  traduction  anglaise,  à  Londres,  en 
1653  ,  in-4°  ,  et  le  P.  Poisson  ,  de  l'Ora- 
toire ,  le  traduisit  en  français,  à  la  suite 
de  sa  Mécanique  ,  et  la  fit  paraître  sous  ce 
titre  :  Abrégé  de  la  musique  de  M.  Des- 
cartes ,  avec  les  éclaircissements  néces- 
saires, Paris  ,  1668  ,  in-4°.  Cette  traduc- 
tion a  été  insérée  dans  la  collection  des 
œuvres  de  Descartes  en  français  ,  Amster- 
dam ,  1724-1729,  treize  vol.  in-12. 

Outre  ce  petit  ouvrage ,  Descartes  a 
aussi  traité  de  divers  objets  relatifs  à  la 
musique  dans  ses  épîtres ,  imprimées  à 
Amsterdam,  in-4°,  en  1682.  On  y  trouve, 
Part.  1 ,  Epist.  61 ,  De  Musica  et  cele- 
ritate  motus;  Part.  2,  Ep.  23,  De  Mu- 
sica' Ep.  24,  De Nervorum Sono;Ep.  61 , 
DeVibrationeChordarum;Ep.  66,  Va- 
ria? animadversiones  ad  Musicam  spec- 
tantes  ;  Ep.  68,  De  Musica,  et  responsio 
adquasdam  quœstiones musicas ;  Ep .  11, 
Cur  sonus  Jacilius  feratur  secundum 
longitudinem  trahis  percussœ ,  quant  per 


DES 


DES 


293 


cerem  solum  ;  de  tremore  œris  ;  Ep.  75, 
De  Reflexione  soni  ac  luminis  j  de  Conso- 
nantiis ,  de  refractione  sonorum  ;  Ep.  74, 
De  Resonantia  Chordarum;  Ep .  76,  Va- 
riœ  quesliones  ;  Ep.  77,  De  motu  Chor- 
darum ;  Ep.  105,  De  Motu  Chordarum 
etdeMusica;EpAOi,  De  Sono;  Ep.  105, 
De  Motu  Chordarum  et  de  Musica ,  de 
Sonis  etintensione  Chordarum; Ep.  106, 
De  Tonis  musicis  :  de  Tonis  mixtis; 
Ep.  110,  Adquam  dlslantiam  sonus  au- 
diri  possit;  de  Imaginatione  ad  judican- 
dum  de  tonis ,  de  sonis ,  de  sono fistula- 
rum;  Ep.  112,  De  Tonis  musicalibus. 
Les  lettres  de  Descartes  ont  été  traduites 
en  français,  el  réunies  en  six  vol.  in-12, 
Amsterdam,  1724-1725.  Cegrandhomme 
mourut  en  Suède  le  11  février  1650. 

DESENT1S  (jean-pierre),  professeur 
de  clavecin,  à  Paris,  vers  1780,  a  publié 
en  1787  :  1°  Trois  sonates  pour  le  cla- 
vecin avec  accompagnement  de  violon, 
op.  1  ;  2°  Recueil  d'airs  connus  ,  mis  en 
variations  pour  le  clavecin. 

DESESSARTS  (  Nicolas  -  Toussaint 
MOYNE,  dit),  né  à  Constance  ,  le  premier 
novembre  1744,  fut  avocat  à  Paris  ,  puis 
libraire  et  chargé  d'affaires  contentieuses, 
particulièrement  près  de  la  cour  de  cassa- 
tion. Il  mourut  à  Paris,  le  5  octobre  1810. 
Compilateur  infatigable  ,  il  a  publié  un 
grand  nombre  d'ouvrages  de  tout  genre 
parmi  lesquels  on  remarque  celui-ci  :  Les 
trois  théâtres  de  Paris ,  ou  abrégé  his- 
torique de  l'établissement  de  la  Comédie- 
Française  ,  de  la  Comédie-Italienne  et 
de  l'Opéra,  Paris,  1777,  in-8°.  On  trouve 
quelques  renseignemens  relatifs  à  des  écri- 
vains sur  la  musique  ,  dans  son  livre  inti- 
tulé :  Siècles  littéraires  de  la  France, 
ou  Nouveau  Dictionnaire  historique,  cri- 
tique et  bibliographique  de  tous  les  écri- 
vains français  morts  et  vivans ,  jusqu'à 
la fm  du  18e  siècle,  Paris,  1800-1801 , 
six  vol.  in-8°,  et  supplément,  1803,  un 
vol.  in-8°. 

DESESSARTZ  (jean-charles),  méde- 
cin distingué  ,  né  à  Rragelogne  ,  près  de 


Bar-sur-Seine,  en  1750,  fit  ses  premières 
études  à  Tonnerre,  et  les  acheva  à  Paris, 
au  collège  de  Beauvais.  Quand  elles  furent 
terminées,  il  se  livra  à  la  médecine,  et 
pendant  qu'il  suivait  les  cours  de  cette 
science,  il  donna  des  leçons  de  mathéma- 
tiques pour  exister.  Après  avoir  été  reçu 
docteur  à  Reims  ,  il  alla  exercer  la  méde- 
cine à  Villers-Cotterets  ,  puis  à  Noyon  ,  et 
enfin  à  Paris  ,  où  il  fut  nommé  en  1770 , 
professeur  de  chirurgie  ,  et  ensuite  de 
pharmacie.  A  l'époque  de  la  formation  de 
l'Institut ,  Desessartz  y  fut  admis  dans  la 
classe  des  sciences  physiques  et  mathéma- 
tiques. Dans  une  séance  publique  de  ce 
corps  savant,  il  lut,  le  20  vendémiaire 
an  XI  (octobre  1805),  des  Réflexions  sur 
la  musique  considérée  comme  moyen  eu' 
ratif.  Elles  ont  été  imprimées  sous  ce  titre, 
chez  Baudouin  ,  à  Paris ,  au  mois  de  no- 
vembre de  la  même  année,  et  forment  une 
brochure  de  20  pages  in-8°. 

DESFORGES  (nus).  Foy.  HUS-DES- 
FORGES. 

DESHAYES  (prosper-didier),  compo- 
siteur des  divertissemens  et  ballets  de  la 
Comédie-Française,  depuis  1782,  s'est  fait 
connaître  à  Paris  ,  en  1780  ,  par  son  ora- 
torio des  Machabées ,  qui  fut  exécuté  au 
Concert  spirituel.  Il  a  donné  ensuite  di- 
vers opéras-comiques,  tels  que  1°  Le  Faux 
Serment,  au  théâtre  des  Beaujolais,  en 
1786  ;  2°  L'Auteur  à  la  mode,  1786  j 
5°  Le  Paysan  à  prétention,  1787; 
4°  Rerthe  et  Pépin,  1787  ;  5°  Adèle  et 
Didier,  1790;  6°  Zelia ,  1791;  7°  La 
Suite  de  Zelia,  1 792  ;  8°  Le  Petit  Orphée, 
1795  ;  9°  Le  Mariage  patriotique  ,Yj '93  ; 
10°  Relia,  en  1795;  11°  Don  Carlos, 
en  un  acte,  en  1799.  Deshayes  fut  un  des 
compositeurs  qui  écrivirent  la  musique 
du  Congrès  des  Rois,  opéra  en  trois  actes, 
qui  fut  joué  en  1793  au  théâtre  Favart. 
Les  autres  auteurs  de  la  musique  de  cette 
pièce  révolutionnaire  furent  Grétry  ,  Mé- 
hul ,  Dalayrac,  Devienne,  Solié,  Trial 
fils,  Blasius,  Kreutzer,  Berton,  Cherubini 
et  Jadin.  On  a  aussi  de  Deshayes  des  sym- 


294 


DES 


phonies  à  grand  orchestre  en  manuscrit, 
et  d'un  livre  de  pièces  d'harmonie  à  six 
parties  gravées  au  magasin  de  musique  du 
Conservatoire.  On  ignore  l'époque  de  la 
mort  de  ce  musicien. 

DESHAYES  (a.-j.-j.),  ancien  premier 
danseur  de  l'Opéra  de  Paris,  professeur  au 
Conservatoire  de  musique,  et  auteur  de 
plusieurs  ballets  ,  a  publié  un  petit  écrit 
qui  a  pour  titre  :  Idées  générales  sur 
l'Académie  royale  de  musique ,  et  plus 
spécialement  sur  la  danse ,  Paris,  Mon- 
gieaîné,  1822,  in-8°. 

DESIDERI  (je'rome),  docteur  en  droit, 
naquit  à  Bologne  vers  1635.  Ses  connais- 
sances profondes  dans  la  philosophie,  les 
mathématiques,  les  lettres  et  la  musique, 
lui  avaient  ouvert  les  portes  de  plusieurs 
académies  d'Italie  :  il  prit  le  nom  à'Indi- 
Jerente  dans  celle  des  Gelati  de  Bologne. 
On  lui  doit  un  petit  traité  des  instrumens 
de  musique  et  de  leurs  inventeurs,  inti- 
tulé Discorso  délia  musica,  qui  a  été  in- 
séré dans  les  Prose  degli  Academici  Ge- 
lati di  Bologna  (p.  321-356),  Bologne, 
1671  ,  in-4°. 

DESMABETS  (henri)  ,  l'un  des  plus 
habiles  musiciens  du  règne  de  Louis  XIV, 
naquit  à  Paris  en  1662.  Après  avoir  été 
page  de  la  musique  du  roi,  il  concourut , 
en  1683,  pour  l'une  des  quatre  places 
de  maître  de  la  chapelle  du  roi ,  mais 
Louis  XIV  le  trouva  trop  jeune,  et  lui 
donna  une  pension  pour  le  dédommager. 
Desmarets,  qui  avait  composé  une  grande 
quantité  de  motets ,  en  fit  paraître  une 
partie  sous  son  nom  et  quelques-uns  sous 
celui  de  Goupillier,  maître  de  la  chapelle 
de  Versailles.  Le  roi  en  ayant  été  informé, 
dit  à  Goupillier  :  Avez-vous  au  moins 
payé  Desmarets  ?  Oui,  sire,  répondit  le 
maître  de  chapelle.  Louis  XIV  indigné, 
fit  défendre  à  Desmarets  de  paraître  de- 
vant lui. 

Les  opéras  dont  ce  compositeur  a  fait  la 
musique  sont  :  Didon ,  en  1693;  Circé , 
en  1694;  Théagene  et  Clariclée,  en 
1695;  Les  Amours  de  Mo  mus ,  clans  la 


DES 

même  année  ;  Vénus  et  Adonis,  en  1697  ; 
Les  Fêtes  galantes ,  en  1698  ;  Iphigénie 
en  Tauride ,  avec  un  prologue  par  Cam- 
pra,  en  1704;  Renaud,  en  1722.  Il  avait 
fait,  en  1682,  la  musique  d'une  idylle  sur 
la  naissance  du  duc  de  Bourgogne. 

En  1700,  Desmarets  ayant  été  passer 
quelque  temps  chez  son  ami  Gervais,  maî- 
tre de  la  cathédrale  de  Senlis,  fit  la  con- 
naissance de  la  fille  du  président  de  l'élec- 
tion, nommé  de  S.  Gobert,  et  l'épousa 
secrètement.  Le  père  rendit  plainte  en  sé- 
duction et  rapt  ,  et  Desmarets  fut  condamné 
à  mort  par  arrêt  du  Châtelet.  Il  se  sauva 
en  Espagne,  où  il  devint  maître  de  la 
chapelle  de  Philippe  V.  Mais  la  chaleur 
du  climat  nuisant  à  la  santé  de  sa  femme, 
il  quitta  son  poste  et  se  rendit  à  Lune- 
ville  ,  où  il  fut  nommé  surintendant  de  la 
musique  du  duc  de  Lorraine. 

Quelque  bonté  que  Louis  XIV  eût  pour 
lui ,  et  quelque  estime  qu'il  eût  pour  ses 
talens  ,  on  ne  put  obtenir  de  lui  la  grâce 
de  Desmarets  :  ce  ne  fut  qu'en  1722,  pen- 
dant la  régence,  que  son  procès  fut  revu  : 
il  le  gagna,  et  son  mariage  fut  déclaré  va- 
lable. Il  obtint  aussi  du  duc  d'Orléans, 
une  augmentation  de  pension ,  et  il  passa 
le  reste  de  sa  vie  dans  l'aisance.  Il  mourut 
à  Luneville  le  7  septembre  1741 ,  âgé  de 
près  de  quatre-vingts  ans. 

DESOBMERY  (leopold-bastien)  ,  né 
en  1740  ,  à  Bayon  en  Lorraine ,  a  fait  ses 
études  musicales  à  la  Primatiale  de  Nancy. 
Venu  à  Paris,  vers  1765,  il  fit  exécuter 
plusieurs  motets  au  Concert  spirituel.  Son 
opéra  iï  Euthyme  et  Lyris  fut  représenté  à 
l'Académie  royale  ,  en  1776 ,  et  eut  vingt- 
deux  représentations.  Myrtil  et  Lycoris , 
quifutjouéàla  courenl777,  passa  ensuite 
au  théâtre  de  l'Opéra ,  où  il  obtint  assez 
de  succès  pour  avoir  soixante-trois  repré- 
sentations consécutives  ,  ce  qui  était  sans 
exemple  jusqu'alors.  Desormery  avait  com- 
posé la  musique  de  plusieurs  autres  opéras, 
mais  il  ne  put  parvenir  à  les  faire  jouer, 
et  dégoûté  par  les  obstacles  qu'il  rencon- 
trait, il  renonça  à  la  carrière  dramatique, 


DES 


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295 


et  se  livra  à  l'enseignement.  Cependant, 
à  l'âge  de  soixante-huit  ans,  il  reprit  cou- 
rage, et  composa  la  musique  d'un  ouvrage 
qui  avait  pour  titre  :  Les  Montagnards. 
Celui-là  ne  fut  pas  plus  heureux  que  les 
autres,  et  resta  dans  son  portefeuille.  De- 
sormery  s'est  retiré  dans  les  environs  de 
Beauvais.  11  est  mort  en  1810. 

DESORMERY  (jean-baptiste^êIs  du 
précédent,  né  à  Nancy  en  1772,  est  un 
pianiste  hahile.  Il  est  élève  de  son  père 
pour  la  musique,  et  de  Hulmandell  pour 
le  piano.  On  a  de  lui  :  1°  Sonates  pour 
piano  seul,  œuvres  1,2,7,14,16;  2°  So- 
nates avec  accompagnement,  œuvres  5, 
6,9  et  15  ;  3°  Sonate  à  quatre  mains, 
op.  11  ;  4°  Airs  variés  et  fantaisies. 

DESPÉRAMONS  (françois-noel),  né 
à  Toulouse,  le  26  novemhre  1783,  vint  à 
Paris  ,  à  l'âge  de  quatorze  ans  ,  et  entra  au 
Conservatoire  de  musique  en  qualité  d'é- 
lève violiniste.  Il  quitta  ensuite  l'instru- 
ment qu'il  avait  adopté ,  pour  se  livrer  à 
l'étude  du  chant,  sous  la  direction  de  Per- 
suis.  A  l'époque  de  la  mue,  il  fut  obligé 
d'interrompre  son  travail;  mais  ayant  re- 
couvréla  voix,  il  continua  ses  études  dans  la 
classe  de  chant  de  Garât.  En  1 804,  il  déhuta 
à  l'Opéra,  dans  le  rôle  de  Panurge,  et  re- 
nonça à  ce  théâtre  après  quelques  repré- 
sentations. Rentré  au  Conservatoire  pour 
la  troisième  fois,  il  y  remporta  le  premier 
prix  de  chant  qui  fut  décerné  en  1805. 
L'année  suivante  il  débuta  à  l'Opéra- 
Comique  dans  l'emploi  de  M.  Martin; 
mais  nul  ne  pouvait  alors  soutenir  la  com- 
paraison avec  ce  chanteur,  dont  la  voix 
était  dans  toute  sa  beauté.  M.  Despéramons 
fut  donc  obligé  de  se  borner  à  jouer  dans 
les  grandes  villes  de  province.  Il  est  mainte- 
nant à  Bordeaux.  Il  a  chanté  pendant  plu- 
sieurs années  dans  les  concerts  publics  ,ety 
a  obtenu  beaucoup  de  succès.  Sa  voix  était 
mauvaise  ;  mais  il  était  doué  d'une  cha- 
leur entraînante.  Jamais  le  beau  duo  de 
Don  Juan,  Fuggi }  fuggi ,  crudel,  n'a  été 
aussi  bien  chanté  que  par  lui  et  par  Ma- 
dame Barbier-Valbonne.  M.  Despéramons 


a  publié  plusieurs  romances  de  sa  compo- 
sition ,  à  Paris,  chez  les  frères  Gaveaux. 

DESPLANES  ( jean-antoine  PIANI , 
dit) ,  habile  violiniste,  né  à  Naples,  vers 
la  fin  du  17°  siècle  ,  vint  en  France  en 
1704  ,  et  s'attacha  au  comte  de  Toulouse. 
Il  fut  le  maître  de  Senaillé.  On  a  de  lui 
un  œuvre  de  sonates  pour  le  violon,  quia 
été  gravé  à  Paris.  J'ai  lu  quelque  part  que 
Desplanes  étant  retourné  en  Italie  ,  et  s'é- 
tant  fixé  à  Venise,  y  fut  accusé  d'avoir 
fait  de  fausses  signatures,  et  fut  condamné 
à  avoir  le  poing  coupé. 

DESPONS  (antoine),  luthier  de  Paris, 
vivait  au  temps  de  Henri  IV  et  de 
Louis  XIII.  Ses  violons,  qui  sont  devenus 
fort  rares,  sont  estimés  et  recherchés. 

DESPREAUX(CLAUDE-JEAN-FRANÇOIS), 

fils  d'uu  hautboïste  de  l'Opéra ,  qui  se  re- 
tira en  1767,  entra  en  qualité  de  violiniste 
au  même  spectacle  en  1759,  devint  chef 
des  premiers  violons  en  1771,  et  se  retira 
en  1782.  Ayant  été  juré  du  tribunal  révo- 
lutionnaire, il  se  tua  le  24  thermidor, 
après  la  révolution  qui  fit  cesser  le  régime 
de  la  terreur.  Il  a  publié  quelques  œuvres 
de  sonates  pour  le  violon  et  le  clavecin. 

DESPRÉAUX  (  louis-fe'lix),  frère 
puîné  de  Claude-Jean-François,  naquit  à 
Paris,  vers  1746.  Il  se  livra  de  bonne 
heure  à  l'élude  de  la  musique,  et  fut  placé 
par  son  père,  en  1767,  en  qualité  de  quinte 
ou  alto ,  à  l'orchestre  de  l'Opéra.  L'année 
suivante  il  entra  au  Concert  spirituel. 
Nommé  accompagnateur  de  l'école  royale 
de  chant,  en  1771,  il  en  remplit  les  fonc- 
tions jusqu'à  la  suppression  de  cette  école. 
En  1775,  il  avait  quitté  l'Opéra.  A  la  for- 
mation du  Conservatoire  de  musique,  il 
fut  un  des  professeurs  de  cette  école;  mais 
à  l'époque  de  la  réforme  qui  fut  faite 
(an  X)  dans  cet  établissement,  il  perdit  sa 
place  comme  beaucoup  d'autres  profes- 
seurs. Il  est  mort  à  Paris ,  en  1813.  Des- 
préaux était  claveciniste  assez  habile  ,  et 
surtout  bon  professeur.  Il  a  publié  plu- 
sieurs œuvres  pour  le  piano ,  tels  que  des 
sonates ,  des  préludes   et  exercices ,  trois 


296 


DES 


pots-pourris  ,  nn  recueil  intitulé  :  Les 
genres  de  musique  des  différais  peuples, 
La  bataille  de  Fleurus ,  des  airs  variés, 
et  un  Cours  d'éducation  pour  le  piano, 
en  cinq  parties  :  ce  dernier  ouvrage  a  eu 
du  succès.  On  a  aussi  de  lui  des  Cartes 
musicales  pour  apprendre  la  musique 
aux  enfans,  Paris,  Janet  et  Cotelle. 

Un  frère  cadet  de  Louis-Félix  Despréaux, 
nommé  Jean-Etienne,  a  publié,  en  1817, 
un  tableau  des  mouvemens  de  la  musique 
sous  le  nom  de  Chronomètre  Musical 
établi  sur  les  bases  du  pendule  astrono- 
mique. Il  était  né  le  51  août  1748  ,  et 
était  entré  à  l'Opéra  comme  danseur ,  en 
1766.  Retiré  en  1781 ,  il  ne  rentra  à  ce 
spectacle  qu'en  1792,  en  qualité  de  Di- 
recteur de  la  scène  ;  mais  peu  de  temps 
après,  les  administrateurs  Célérier  et  Fran- 
cœur  ayant  été  accusés  de  malversations  et 
arrêtés,  Despréaux  cessa  ses  fonctions.  En 
1807,  il  fut  nommé  inspecteur  du  même 
théâtre  et  de  ceux  de  la  cour.  Ala  même  épo- 
que, il  était  professeur  de  danse  et  demain- 
tien  théâtral  au  Conservatoire  de  musique. 
Il  est  mort  le  26  mars  1820.  Despréaux  cul- 
tivait la  poésie  et  fit  représenter  beaucoup 
de  parodies  et  de  vaudevilles  de  sa  com- 
position. Il  avait  épousé  la  célèbre  danseuse 
Guimard ,  qui  était  née  le  27  décembre 
1743  ,  et  qui  mourut  en  1816. 

DESPRÉAUX  (Guillaume  ROSS), 
•compositeur  de  musique  ,  né  à  Clermont 
^Puy-de-Dôme)  en  1805,  fut  admis  comme 
élève  au  Conservatoire  de  Paris ,  et  reçut 
des  leçons  de  composition  de  l'auteur  de 
cette  notice  et  de  M.  Berton.  Ayant  été 
reçu  comme  acteur,  en  1824,  au  Gymnase 
dramatique,  il  resta  attaché  à  ce  théâtre 
jusqu'en  1828.  L'année  précédente  le  se- 
cond grand  prix  de  composition  musicale 
lui  avait  été  décerné  au  concours  de  l'In- 
stitut. Le  sujet  du  concours  était  la  can- 
tate d' 'Orphée.  En  1828  ,  M.  Despréaux 
obtint  le  premier  prix,  et  sa  cantate  fut 
exécutée  à  la  séance  publique  de  l'Institut. 
Peu  de  temps  après,  il  partit  pour  Rome, 
d'où  il  envoya  en  1850  un  Requiem  et  un 


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Diesirœ.  Dans  la  même  année,  il  écrivit 
de  Naples  une  lettre  spirituelle  sur  l'état  de 
la  musique  dans  cette  ville,  qui  fut  insérée 
dans  le  septième  volume  de  la  Prévue  Mu- 
sicale (p.  169  et  suiv.),  et  qui  produisit 
une  assez  vive  sensation.  De  retour  à  Paris, 
M.  Despréaux  y  a  fait  représenter  à  POpéra- 
Comique ,  le  25  janvier  1833,  un  petit 
opéra  intitulé  Le  Souper  du  Mari.  11  a 
écrit  depuis  lors  plusieurs  ouvrages  qui 
n'ont  point  été  joués  jusqu'à  ce  jour  (1836). 

DESPRÈS  ou  DESPREZ  (Josquin); 
Voy.  DEPRÈS. 

DESPREZ  (jean-baptiste),  violiniste, 
né  à  Versailles,  en  1771,  eut  pour  maître 
de  musique  Richer ,  son  concitoyen.  Il  a 
publié  :  Six  duos  dialogues  pour  deux 
violons ,  op.  1  ,  Paris,  1798. 

DESSAUER  (joseph),  compositeur,  né 
à  Prague,  le  28  mai  1794,  de  parens  aisés 
qui  lui  firent  donner  une  brillante  éduca- 
tion ,  fut  destiné  au  commerce  dès  son  en- 
fance. Tomascheken  fit  un  pianiste  habile 
et  M.  Frédéric-Denis  Weber,  directeur  du 
Conservatoire  de  Prague ,  lui  donna  des 
leçons  d'harmonie.  Quelques  composi- 
tions estimables  qu'il  fit  paraître  dans  sa 
jeunesse  prouvèrent  ses  heureuses  disposi- 
tions; mais,  détourné  de  la  pratique  de 
l'art  par  les  affaires,  ii  négligea  cet  art 
pendant  plusieurs  années.  Un  voyage  qu'il 
fit  à  Naples  en  1821  pour  des  spéculations 
de  commerce  lui  ayant  fourni  l'occasion 
de  faire  admirer  ses  talens  de  pianiste  et 
de  compositeur,  lui  fit  comprendre  qu'il 
n'avait  pas  suivi  sa  véritable  vocation.  De 
retour  dans  sa  patrie,  il  prit  la  résolution 
de  cultiver  avec  plus  d'activité  les  heureux 
dons  qu'il  avait  reçus  de  la  nature  pour  la 
musique  ,  et  il  écrivit  beaucoup  de  chants 
à  une  ou  plusieurs  voix  ,  des  morceaux  de 
piano  .  des  quatuors  et  des  ouvertures  pour 
l'orchestre.  Dans  un  autre  voyage  qu'il  fit 
à  Milan,  dix  ans  plus  tard,  il  écrivit  plu- 
sieurs ouvrages  de  musique  instrumentale 
et  vocale,  et  commença  un  opéra  qui  est 
resté  inachevé  jusqu'à  ce  jour.  Dans  les 
années  1832  et  1835,  il  a  visité  l'Angle- 


DES 


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297 


terre  et  la  France.  Pendant  un  séjour  de 
dix-huit  mois  à  Paris,  il  y  fit  entendre 
souvent  avec  succès  dans  les  salons  ses 
chansons  allemandes.  Il  est  en  ce  moment 
à  Prague ,  et  y  consacre  à  la  musique  tous 
les  momens  qu'il  peut  dérober  aux  affaires. 
On  a  publié  de  M.  Dessauer  :  1°  Rimem- 
branze  di  Napoli }  composizione  per  il 
piano-forte  sopra  motivi  originali  napo- 
letani,  op.  1  et  2,  Vienne,  Liedesdorf; 
2°  Capriccio  sopra  alcuni  motivi  clell' 
opéra  :  Norma,  Milan  ,  Riccordi ,  3°  Six 
canzoni  italiennes  et  allemandes  ,  avec  ac- 
compagnement de  piano,  Vienne,  Mechetti; 
4°  Six  chansons  allemandes  avec  piano , 
op.  6,  Vienne,  Artaria;  5°  Trois  liccler 
avec  piano  ,  op.  6  ,  Vienne  ,  Diahelli. 

DESTOUCHES  (andre-cardinal), com- 
positeur dramatique,  né  à  Paris,  en  1672, 
fut  surintendant  de  la  musique  du  roi ,  et 
inspecteur  général  de  l'Opéra,  depuis  1713 
jusqu'en  1751.  Son  opéra  agisse  fut  re- 
présenté en  1 679  ,  et  suivi  à? Amadis  de 
Grèce ,  en  1699,  de  Marthésia,  dans  la 
même  année;  aOmphale ,  en  1701,  du 
Carnaval  et  la  Folie ,  en  1704,  En  1712 
il  donna  Callirhoë ,  en  1714,  Téléma- 
que ,  en  1718,  Sèmiramis,  en  1725,  Les 
Élémens ,  en  société  avec  Lalande,  et  en- 
fin, en  1726,  les  Stratagèmes  de  l'Amour. 
Louis  XIV  fut  si  satisfait  à'Issé }  qu'il  fit 
donner  à  l'auteur  une  gratification  de 
deux  cents  Louis  ,  et  déclara  que  Des- 
touches était  le  seul  qui  ne  lui  eût  point 
fait  regretter  Lulli.  Toutefois  ,  il  paraît 
que  sa  musique  ne  plut  pas  à  tout  le 
inonde ,  car  on  fit  contre  son  opéra  de 
Callirhoë  ce  couplet  satyrique  : 

Roy  sifflé , 
Pour  l'être  encore, 

Fait  éciore 
Sa  Callirhoë  : 

Et  Destouches 
Met  sur  ses  vers 

Une  couche 
D'insipides  airs. 

Sa  musique 

Ouoiqu'étique 

Flatte  et  pique 
Le  goût  des  badauds. 


Heureux  travaux  ! 
L'ignorance 
Récompense 
Deux  nigauds. 

Destouches  est  mort  à  Paris,  en  1749, 
à  l'âge  de  77  ans.  Il  avait  fait  le  voyage 
de  Siam  avec  l'abbé  de  Choisy. 

DESTOUCHES  (  François),  composi- 
teur, né.  à  Munich  le  14  octobre  1774; 
prit  des  leçons  de  musique  et  d'harmonie 
de  Théodore  Grunberger,  moine  augus- 
tin ,  et  fit  des  progrès  remarquables  dans 
ces  sciences.  Son  père,  qui  était  conseiller 
de  la  chambre  et  fiscal  de  la  cour  de  l'é- 
lecteur,    l'envoya   à   Vienne,    en  1787, 
pour  y  étudier  la  composition  sous  la  di- 
rection de  Joseph  Haydn.   Il  resta  dans 
cette  ville  jusqu'en  1791  ,  et  retourna  en- 
suite dans  sa  patrie.  Bientôt  après ,  il  y 
mit  en  musique  l'opéra-comique  intitulé 
Die  Thomas  nacht  (  La  nuit  de  Thomas), 
qui  fut  représenté  sur  le  théâtre  national 
et  sur  celui  de  la  cour  en  1792.  Il  partit 
ensuite  pour  la  Suisse  et  l'Autriche,   et 
donna  des   concerts  dans  plusieurs  villes. 
Arrivé  à  Erlang ,  il  s'y  arrêta  et  y  exerça 
les  fonctions  de  directeur  de  musique  pen- 
dant deux.  ans.  En  1799,  il  passa  au  ser- 
vice du  duc  de  Saxe-Weimar ,    revint  à 
Munich  en  1810,  et  fut  enfin  placé  comme 
professeur    d'harmonie    à    l'université  de 
Landshut,  où    il  était  encore   en  1816. 
Outre  plusieurs  messes  de  sa  composition, 
qui  sont  connues  avantageusement  en  Al- 
lemagne, il  a  mis  en  musique  ,  à  Weimar, 
l'opéra    intitulé   Missverslœndniss    (  La 
rupture),    qui   eut    beaucoup    de   succès 
dans  la  nouveauté.   lia  composé  pour  le 
même  théâtre  les  chœurs  du  drame   Die 
Hussilen  von  Naumburg  (les  Hussites  de 
Naumbourg  ) ,   ainsi    que  les  ouvertures 
des   pièces   de  Schiller  ,  la  Fiancée  de 
Messine ,    la  Pucelle  d'Orléans ,   Guil- 
laume Tell,  et  Wallenslein.  11  est  aussi 
l'auteur  des  chœurs  de  Wanda,  tragédie 
de  Werner.  On  a  gravé  à  Augsbourg,  chez 
Gombart ,   et  à  Olïembach ,   chez  André , 
plusieurs  de  ses  concertos  pour  divers  in- 


298 


DEV 


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strumens  ,  des  sonates  de  piano,  des  varia- 
tions, et  autres  compositions  instrumenta- 
les. Parmi  ces  productions,  on  remarque  : 
1°  Trois  sonates  pour  le  piano  ,  op.  1.  Of- 
fenbach,  1792  ;  2°  Fantaisie  pour  le  piano, 
op.  10,  Augsbourg  ,  1799,  5°  Marche 
avec  dix  variations,  op.  8  ;  4°  Ariette  avec 
9  variations,  n°  2.  Heilbronn ,  1798; 
5°  Ariette  avec  9  variations  ,  n°  3  ;  6°  So- 
nates pour  piano  ,  violon  et  violoncelle  , 
op.  11,  Augsbourg;  7°  Concerto  (en  sol) 
pourpiano  et  orchestre.  Augsbourg,  Gom- 
bart. 

DEURING  (benoît)  ,  moine  allemand, 
vivait  vers  le  milieu  du  18e  siècle.  Il  a 
puhlié  douze  motets  de  sa  composition  sous 
le  titre  de  Conceptus  musici ,  Augsbourg, 
1730,  in -fol. 

DEUS1NGER  (j.-f.-p.).  On  a  sous  ce 
nom  un  traité  d'accompagnement  de  l'or- 
gue et  du  clavecin  intitulé  :  Compendium 
inusicum,  oder  Fundamenta  partiturœ , 
dass  ist  :  Unterricht  fur  die  Orgel  und 
das  Klavier,  en  deux  parties,  Augsbourg, 
Lotter,  1788. 

DEV1CQ  (  eloy  ) ,  d'une  famille  distin- 
guée de  l'ancien  parlement  de  Flandres  , 
naquit  à  Douai,  vers  1778.  Dans  les  trou- 
bles révolutionnaires  de  1792,  ses  parens 
sortirent  de  France ,  et  cherchèrent  un 
asile  à  Hambourg.  Privés  de  leur  fortune 
par  l'émigration,  ils  trouvèrent  heureuse- 
ment une  ressource  dans  le  talent  musical 
de  leur  fils  qui ,  ayant  étudié  la  musique 
et  le  violon  avec  ardeur ,  dès  son  enfance, 
put ,  à  peine  âgé  de  quinze  ans  ,  donner 
des  leçons  et  entrer  comme  violiniste  à 
l'orchestre  du  théâtre  de  Hambourg.  Quel- 
que temps  après,  il  partit  pour  la  Rus- 
sie ,  vécut  plusieurs  années  à  Pétersbourg 
et  à  Moscou ,  et  perfectionna  son  talent 
par  ses  liaisons  avec  Rode,  Baillotetle  cé- 
lèbre violoncelliste  Lamare.  De  retour  en 
France  vers  1809,  M.  Éloy  Devicq  se 
maria  à  Abbeville  et  s'y  établit ,  ne  culti- 
vant plus  la  musique  que  comme  ama- 
teur ,  mais  y  puisant  ses  jouissances  les 
plus  vives.  Sa  manière  grande  et  classique 


de  jouer  du  violon ,  et  le  profond  senti- 
ment musical  dont  il  était  pénétré,  ont 
fait  long-temps  le  charme  de  ceux  qui 
l'ont  entendu.  C'est  à  ce  pur  amour  de 
l'art  dont  il  est  toujours  animé  ,  qn' Abbe- 
ville doit  l'institution  d'une  école  publique 
de  musique  qui  a  déjà  formé  de  bons  élèves 
et  propagé  le  goût  de  cet  art.  M.  Eloy  De- 
vicq a  publié  :  Air  russe  varié  pour  vio- 
lon principal,  avec  violon,  alto  et  violon- 
celle ou  piano.  Paris,  Pacini. 

DEVIENNE  (françois)  ,  né  à  Joinville 
(Haute-Marne  )  en  1759,  fut  élevé  par  son 
frère ,  musicien  au  service  du  prince  de 
Deux-Ponts.  Dès  son  enfance,  il  annonça 
les  plus  heureuses  dispositions  pour  la  mu- 
sique; à  peine  âgé  de  dix  ans,  il  composa 
une  messe  avec  accompagnement  d'instru- 
mens  à  vent,  qui  fut  exécutée  par  les  mu- 
siciens du  régiment  où  il  était  déjà  engagé 
comme  flûte.  Ses  études  musicales  termi- 
nées ,  il  s'attacha  au  cardinal  de  Rohan , 
et  passa  ensuite  dans  la  musique  des 
Gardes-Suisses  ,  qu'il  quitta  pour  entrer , 
en  1788,  dans  l'orchestre  du  théâtre  de 
Monsieur ,  en  qualité  de  bassoniste.  Ega- 
lement distingné  par  son  talent  sur  la 
flûte  et  sur  le  basson,  Devienne  avait  une 
connaissance  générale  de  tous  les  autres  in- 
strumens ,  et  savait  en  tirer  des  effets  in- 
connus en  France  avant  lui.  Né  avec  du 
talent  pour  la  composition,  il  créa  un  nou- 
veau genre  de  musique  pour  les  instrumens 
à  vent,  encouragea  les  artistes  à  perfection- 
ner leur  exécution ,  et  contribua  par-là  à 
l'amélioration  des  orchestres  français.  Non 
moins  recommandable  comme  compositeur 
dramatique ,  il  a  laissé  quelques  opéras 
qui  pourraient  être  encore  entendus  avec 
plaisir ,  et  qui  se  font  remarquer  par  la 
fraîcheur  des  idées ,  et  l'élégance  de  l'in- 
strumentation. L'un  de  cesouyrages,  connu 
sous  le  titre  des  Visitandines ,  se  joue  en- 
core avec  succès. 

Les  productions  de  Devienne  sont  en  si 
grand  nombre  qu'on  ne  comprendrait  qu'à 
peine  sa  fécondité,  si  l'on  ne  savait  que, 
nonobslantles  devoirs  que  lui  imposaient  ses 


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places  et  les  leçons  qu'il  donnait,  il  tra- 
vaillait ordinairement  hait  heures  chaque 
jour.  Cet  excès  de  travail  finit  par  altérer 
ses  facultés;  sa  tête  se  dérangea,  et  l'on 
fut  obligé  de  l'enfermer  à  Charenton }  où 
il  mourut  le  5  septemhre  1803.  Il  avait 
été  professeur  au  Conservatoire  de  musique, 
et  fut  compris  dans  la  réforme  générale  de 
l'an  X.  Voici  la  liste  de  ses  productions  : 
I.  Opéras:  1°  Encore  des  Savoyards, 
opéra-comique  en  un  acte ,  au  théâtre  de 
Monsieur,  en  1789;  2°  Le  Mariage  clan- 
destin, en  un  acte,  au  théâtre  Montansier, 
1791  ;  3°  Les  Quiproquos  espagnols,  au 
théâtre  Feydeau ,  1792;  4°  Les  Visitan- 
dines,  en  deux  actes,  au  théâtre  Feydeau, 

1792.  Un  troisième  acte  fut  ajouté  à  cet 
opéra,  en  1793;  puis  la  pièce  fut  remise 
en  deux  actes ,  en  1795.  Refusée  maladroi- 
tement au  théâtre  Favart ,  cette  pièce  fut 
jouée  avec  un  succès  d'enthousiasme  au 
théâtre  Feydeau,  et  continua  de  jouir  de 
la  faveur  publique  jusqu'à  la  restauration. 
Plus  tard,  elle  fut  arrangée  sous  le  titre  du 
Pensionnat  de  Jeunes  Demoiselles  pour 
être  jouée  à  l'Opéra-Comique,  et  sous  celui 
des  Français  au  Sérail',  au  théâtre  de 
l'Odéon.  Depuis  la  révolution  de  juillet 
1830,  elle  a  repris  son  premier  titre; 
5°  Rose  et  Aurèle,  en  un  acte,  au  théâtre 
Feydeau,  1793;  6°  Agnes  et  Félix,  ou 
les  deux  Espiègles,  en  deux  actes,  1794  ; 
7°  Valecour,  ou  un  tour  de  page,  en  un 
acte,  1797;  7°  Les  Comédiens  Ambu- 
lans ,  en  trois  actes  ,  1798;  9°  Le  Valet 
des  deux  maîtres ,  en  deux  actes,  1799. 
Devienne  a  été  collaborateur,  pour  la  mu- 
sique ,  du  Congrès  des  Rois,  opéra  révo- 
lutionnaire joué  au   théâtre   Favart ,   en 

1793.  II.  Pièces  be'tachees  :  10°  Ro- 
mances d'Estelle,  avec  accompagnement 
de  piano  et  flûte,  Paris,  Nadermann  ; 
11°  Romances  de  Gonzalve  de  Cor  doue, 
avec  accompagnement  de  piano  et  flûte  ou 
violon,  op.  53,  Paris,  1795;  12°  Roman- 
ces patriotiques ,  Paris,  Ozy;  13°  Chan- 
sons républicaines ,  à  l'usage  des  fêtes 
nationales,  ibid.  ;  14°  Première  livraison 


de  six  romances ,  paroles  de  Labiée  avec 
accompagnementdepianoetharpe.nl.  Ou- 
vertures et  symphonies  :  15°  Symphonie 
concertante  pour  cor  et  basson,  n°  1 ,  Paris, 
1792  ;  16°  Symphonie  concertante  pour 
hautbois  ou  clarinette  et  basson ,  n°  2 , 
ibid.,  1793;  17°  Symphonie  concertante 
pour  flûte,  clarinette  et  basson,  op.  22, 
ibid.;  18°  Symphonie  concertante  pour 
flûte,  hautbois,  cor  et  basson  avec  orchestre, 
n°  4 ,  ibid. ,  1794  ;  production  excellente 
en  son  genre,  et  qui  a  obtenu  le  plus  grand 
succès;  19°  Symphonie  concertante  pour 
deux  clarinettes  et  orchestre,  op.  25, 
ibid.  ;  20°  La  Bataille  de  Jemmapes , 
pour  vingt  instrumens ,  ibid.  ,  1796; 
21°  Ouvertures  pour  instrumens  à  vent , 
à  l'usage  des  fêtes  nationales,  nos  1,2,3, 
4 ,  5 ,  6  et  7 ,  Paris,  Ozy  ;  22°  Symphonie 
concertante  pour  deux  flûtes  et  orchestre , 
ibid.  ;  23°  Deuxième  symphonie  concer- 
tante pour  flûte  ,  hautbois,  cor  et  basson  , 
Paris,  1800.  IV.  Concertos  :  24°  Cpn- 
certino  d'airs  variés  pour  la  flûte ,  n°  1 , 
ibid.  ;  25°  Concertos  pour  flûte  et  orches- 
tre ,  nos  1 ,  en  ré  ;  2,  en  ré  ;  3,  en  sol  ;  4  , 
en  sol  ;  5,  en  sol  •  6,  en  ré  •  7,  en  mi  mi- 
neur; 8  ,  en  sol  ;  9,  en  mi  mineur;  10,  en 
ré;  11 ,  en  si  mineur  ;  12 ,  exila,  Paris , 
Imbault  et  Sieber  ;  n°  13,  posthume,  en 
sol,  Orléans,  Demar  ;  26°  Concertos  pour 
basson  et  orchestre,  n°  1,  en  ut,  Imbault  ; 
n°  2,  Naderman;  n°  3,  tu  fa,  n°  4,  en  ut, 
Paris  ,  Sieber.  V.  Quatuors  ;  27°  Quatuors 
pour  flûte  ,  violon  ,  alto  et  basse,  op.  1  , 
3,  Paris,  Le  Duc,  op.  16,  liv.  1  et  2 , 
Paris,  Sieber,  op.  62,  Offenbach  ,  André  , 
op.  66,  liv.  1  et  2,  Paris,  Imbault,  op.  67  , 
Ibid.,  formant  ensemble  trente-six  qua- 
tours  ;  28°  Trois  quatuors  pour  clarinette, 
violon,  alto  et  basse,  op.  73,  Paris,  Érard  ; 
29°  Trois  quatuors  pour  basson ,  violon , 
alto  et  basse,  op.  75,  Ibid.  VI.  Trios; 
50°  Six  trios  pour  flûte,  alto  et  basse,  liv.  1 
et  2,  Paris,  Sieber;  31°  Six  trios  pour 
flûte,  violon  et  basse,  op.  18,  Paris,,  Im- 
bault; 32°  Six  Idem,  op.  66,  Paris,  Ga- 
veauxj  33°  Six  trios  pour  deux  flûtes  et 


300 


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basse,  op.  19,  Paris,  Sieber;  34°  Six  trios 
pour  deux  flûtes  et  basson  ,  op.  77,  Ibid; 
35°  Six  trios  pour  flûte,  clarinette  et 
basson,  op.  61,  liv.  1  et  2  ,  Offenbach  , 
André;  36°  Six  trios  pour  trois  flûtes, 
liv.  1  et  2,  Paris  ,  Imbault  ;  37°  Six  trios 
pour  deux  clarinettes  et  basson ,  op.  27  , 
Paris,  Sieber  ;  38°  Trois  trios  pour  deux 
clarinettes  et  basson,  op.  75,  Ibid.; 
39°  Trois  Idem,  livre  troisième ,  Paris, 
Sieber  ;  40°  Six  trios  pour  basson,  violon 
et  basse,  op.  17,  Paris,  Imbault.  VII.  Duos; 
41°  Cent  cinquante-huit  duos  pour  divers 
instrumens,  œuvres  2,  5,  6,  7,  8,  15,  20, 
21,  53,  64,  65,  68,  <^9,  70,  78,  79, 
81,  84,  Paris,  Londres,  OfTenbacb,  Berlin, 
1788-1801.  VIII.  Sonates:  42°  Six  so- 
nates pour  piano,  flûte  et  basse,  op.  22 
et  23  ,  Paris ,  Naderman  ;  43°  Six  sonates 
pour  basson,  avec  accompagnement  de 
basse,  op.  24,  Paris.  Sieber  ;  44°  Six  so- 
nates pour  clarinette ,  avec  accompagne- 
ment de  basse,  op.  28,  Ibid.;  45°  Six  so- 
nates pour  flûte,  avec  accompagnement  de 
basse,  op.  14,  Orléans,  Demar  ;  46°  Six 
idem,  op.  58;  47°  Six  idem,  op.  -68, 
Paris,  Sieber;  48°  Six  idem,  liv.  4,  Paris, 
Imbault;  49°  Six  idem,  cinquième  livre, 
Paris,  Pleyel  ;  50°  Six  idem,  liv.  6,  Paris, 
Frey  ;  51°  Six  idem,  liv.  7,  Paris,  Sieber; 
52°  Six  idem,  liv.  8,  Ibid.;  53°  Douze 
sonates  pour  hautbois  ,  avec  accompagne- 
ment de  basse,  op.  70  et  71 ,  Paris,  Le  Duc. 
IX.  Harmonie;  54°  Douze  suites  d'har- 
monie à  huit  et  douze  parties ,  Paris , 
1 798-1 801 .  55°  X.  Méthode  de  flûte  théo- 
rique et  pratique,  contenant  tous  les  prin- 
cipes, des  petits  duos  et  sonates  faciles, 
Paris,  Imbault,  1795.  Cet  ouvrage  estimé 
a  été  reproduit  dans  plusieurs  éditions. 

DEVISMES  DU  VALGAY  (anne- 
pierre-jacques),  né  à  Paris  en  1745,  en- 
tra dans  les  fermes  où  il  parvint  à  l'em- 
ploi de  sous-directeur.  Dans  sa  jeunesse  il 
se  livra  à  l'étude  de  la  musique  et  publia 
un  Abrégé  des  règles  de  la  composition 
et  de  l'accompagnement,  dédié  à  la  reine, 
Paris,  1767,  in-4°.  La  protection  du  valet 


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de  chambre  de  la  reine  lui  fit  obtenir  ,  en 
1777,  l'entreprise  de  l'Opéra  de  Paris.  Le 
privilège  lui  fut  accordé  pour  douze  ans, 
moyennant  un  cautionnement  de  cinq 
cent  mille  francs,  dont  la  ville  devait  lui 
payer  l'intérêt,  outre  un  subside  de  quatre- 
vingt  mille  francs  qu'il  devait  recevoir. 
Deux  réglemens  du  27  février  et  du  22 
mars  1778  établirent  les  droits  de  l'entre- 
preneur et  de  ses  subordonnés  ;  le  premier 
avril  suivant,  Devismes  prit  possession  de 
son  entreprise.  A  cette  époque,  les  ama- 
teurs de  l'Opéra  étaient  divisés  en  quatre 
partis ,  dont  les  goûts  et  les  préventions 
étaient  différens.  Le  premier  de  ces  partis, 
composé  des  Lullistes  ou  amateurs  de 
l'ancienne  musique  française,  était  le  plus 
faible;  le  second,  plus  vigoureux,  était 
formé  par  les  défenseurs  de  Rameau;  les 
troisième  et  quatrième,  où  étaient  enrôlés 
les  admirateurs  enthousiastes  de  la  musi- 
que nouvelle,  dédaignaient  de  combattre  les 
préjugés  des  partisans  de  Lulli  ou  l'entête- 
ment  des Ramis tes, et  se  plaçant  les  uns  sous 
la  bannière  de  Gluck,  les  autres  sous  celles 
de  Piccini ,  se  faisaient  une  guerre  aussi 
vive  que  s'il  se  fût  agi  des  intérêts  les  plus 
graves.  Ces  circonstances  étaient  favora- 
bles au  nouveau  directeur  :  il  sut  en  pro- 
fiter, et  déploya  une  activité  prodigieuse. 
Voulant  que  le  public  pût  juger  des  di- 
verses transformations  qui  s'étaient  opérées 
en  France  dans  la  musique  théâtrale ,  il 
donna  dans  une  seule  année  Thésée ,  de 
Lulli;  Castor  et  Pollux,  Pygmalion,  de 
l\ameau;Ernelinde,  de  Philidor;  Armide, 
Iphigénie,  Orphée,  de  Gluck;  Roland, 
de  Piceini;  et  fit  composer  par  Grétry  une 
pièce  intitulée  Les  Trois  âges  de  l'Opéra. 
Outre  cela,  il  rappela  les  bouffons  italiens, 
et  les  fit  jouer,  alternativement  avecl'Opéra 
français,  les  meilleurs  ouvrages  d'Anlossi, 
de  Piccini  et  de  Paisiello.  Mais  tant  de 
nouveautés  avaient  coûté  des  frais  énormes, 
et  malgré  l'affluence  du  public,  la  recette 
ne  couvrait  pas  la  dépense.  Devismes  re- 
cevait les  félicitations  de  quelques  amateurs 
zélés  ,  mais  il  se  ruinait.  D'ailleurs ,  ses 


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réformes  et  sa  manière  nouvelle  d'admi- 
nistrer l'Opéra  avaient  froissé  des  inté- 
rêts particuliers,  et  loi  avaient  fait  des 
ennemis  :  ils  l'accablaient  de  sarcasmes  et 
de  dégoûts.  Nonobstant  ses  talens  et  sa  fer- 
meté, il  ne  put  parvenir  à  déraciner  les 
abus  d'une  administration  vicieuse.  Mal- 
gré la  protection  de  la  reine,  Devismes  ne 
put  résister  aux  haines,  aux  cabales  et  aux 
tracasseries  de  tout  genre  auxquelles  il 
était  en  butte,  il  offrit  la  résiliation  de  son 
bail ,  et  elle  fut  acceptée  le  premier  avril 
1779;  mais  il  conserva  la  direction  jus- 
qu'au mois  de  mars  de  l'année  suivante, 
pour  le  compte  delà  ville.  A  la  clôture  de 
l'année  théâtrale  de  1780,  Berton  prit  la 
direction  de  l'Opéra  pour  le  compte  du 
roi,  et  Devisme  reçut  le  brevet  d'une  pen- 
sion de  neuf  mille  francs,  avec  une  indem- 
nité de  vingt-quatre  mille  francs ,  faible 
dédommagement  des  pertes  qu'il  avait 
essuyées. 

Le  20  fructidor  an  VII  (12  septembre 
1799)  Devismes  fut  nommé,  conjointement 
avec  Bonnet  de  Treiches ,  ex -législateur, 
administrateur  de  l'Opéra  ,  par  un  arrêté 
du  Directoire.  Le  18  mars  1800,  le  mi- 
nistre de  l'intérieur  nomma  Devismes  di- 
recteur de  ce  spectacle,  et  Bonnet  n'eut 
plus  que  le  titre  de  conservateur  du  ma- 
tériel ;  mais  bientôt ,  des  soupçons  circu- 
lèrent sur  la  gestion  du  directeur;  ils  pa- 
rurent assez  graves  et  assez  fondés  pour 
que  l'autorité  le  privât  de  son  emploi  et  le 
fit  remplacer  par  Bonnet ,  qui  eut  le  titre 
de  commissaire  du  gouvernement,  le  25 
décembre  1800.  Un  procès  fâcheux  fut 
intenté  à  Devismes  sur  la  partie  conten- 
tieuse  de  son  administration ,  mais  il  s'en 
tira  avec  habileté.  Il  publia  à  cette  occa- 
sion un  petit  écrit  de  deux  feuilles  in- 8° 
d'impression  sous  ce  litre  :  Devismes  du 
Valgay  à  ses  concitoyens  sur  son  ad- 
ministration du  théâtre  de  la  république 
et  des  arts.  Il  a  aussi  fait  imprimer  quel- 
ques autres  petites  brochures  sur  le  même 
sujet;  mais  je  n'en  sais  pas  les  titres. 

Devismes  résida  encore  quelque  temps 


à  Paris  ,  et  y  fit  représenter  quelques  ou- 
vrages dramatiques  au  théâtre  Montansier 
et  à  l'Opéra-Cornique ,  entre  autres  La 
Double  Récompense ,  et  Eugénie  et  Lin- 
val.  En  1806  il  publia  à  Paris,  en  un  vo- 
lume in-8°,  un  livre  intitulé  :  Pasilogie, 
ou.  de  la  musique  considérée  comme  lan- 
gue universelle .  Betiré  en  Normandie  en 
1810,  Devismes  est  mort  à  Caudebec  vers 
le  milieu  du  mois  de  mai  1819,  à  l'âge  de 
soixante-quinze  ans.  Il  avait  annoncé  des 
Mémoires  sur  sa  vie ,  mais  cet  ouvrage 
n'a  pas  paru. 

DEVISME    (  JEANNE-HIPPOLYTE    MOY- 

BOUD),  épouse  du  précédent,  née  à  Lyon 
en  1765,  a  composé  la  musique  d'un  opéra 
intitulé  Praxitèle ,  représenté  en  1802 
sur  le  théâtre  de  l'Opéra.  Cette  dame  avait 
reçu  des  leçons  de  Steibelt  pour  le  piano  , 
et  jouait  fort  bien  de  cet  instrument  ;  elle 
vit  encore. 

DEVBIENT  (edouard-philippe)  ,  un 
des  meilleurs  chanteurs  de  l'Opéra  alle- 
mand, est  né  à  Berlin  le  11  août  1801.  Ne- 
veu du  célèbre  comédien  Louis  Devrient,  il 
a  hérité  de  ses  talens  comme  acteur.  Après 
avoir  eu  dans  son  enfance  une  jolie  voix 
de  soprano,  il  acquit  dans  sa  dix-septième 
année  un  bariton  grave  dont  le  caractère 
a  de  l'analogie  avec  la  véritable  basse , 
mais  dont  la  qualité  est  médiocre.  Vers 
cet  âge ,  il  entra  dans  l'école  de  Zelter  et 
y  apprit  Fart  du  chant.  Pour  la  première 
fois  il  chanta  en  public  dans  une  exécution 
delà  Passion  de  Graun  qui  eut  lieu  à  Ber- 
lin en  1819;  peu  de  temps  après  il  débuta 
au  théâtre  dans  YAlcesle  de  Gluck,  et  le 
25  avril  de  la  même  année  il  fit  son  se- 
cond début  dans  Masetto  de  Don  Juan. 
Bien  accueilli  par  le  public ,  surtout  à 
cause  de  son  talent  dramatique ,  il  joua 
avec  succès  les  principaux  rôles  de  basse 
des  opéras  allemands  ou  traduits  de  l'ita- 
lien et  du  français.  En  1822  il  voyagea  et 
se  fit  entendre  à  Dresde ,  à  Leipsick ,  à 
Cassel  et  à  Francfort.  Peu  de  temps  après 
il  fut  engagé  à  Vienne,  et  depuis  lors  il 
n'a  plus  quitté  cette  ville.  On  dit  qu'il  a 


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joué  aussi  bien  YOreste  de  Gluck  que  le 
Barbier  de  Rossini  ;  mais  il  ne  faut  pas 
avoir  trop  de  confiance  aux  éloges  de 
ce  genre  accordés  en  Allemagne,  car  on 
n'y  a  qu'une  connaissance  fort  imparfaite 
de  l'art  du  chant. 

DEVRÎËNT  (wilhelmine  SCËROÈ- 
DER).  V.  SCHROEDER. 

DEWAR  (daniel)  ,  professeur  de  mo- 
rale et  de  philosophie  au  collège  du  Roi  à 
l'université  d'Aberdeen ,  au  commence- 
ment du  19e  siècle  ,  a  publié  un  livre  qui 
a  pour  titre  :  Observations  on  the  cha- 
racter }  custom ,  superstitions,  music, 
poetry  and  language  of  the  Irish ,  etc. 
(Observations  sur  le  caractère,  les  mœurs, 
les  superstitions  ,  la  musique  ,  la  poésie  et 
le  langage  des  Irlandais),  Londres,  1812 , 
in-8°. 

DEYCKS  (ferdinand),  docteur  en  phi- 
losophie et  professeur  de  langues  anciennes 
et  d'histoire  au  collège  royal  de  Coblenz , 
est  né  en  1802  à  Burg,  au  duché  de  Berg. 
Il  a  fait  ses  études  au  gymnase  de  Dussel- 
dorf  et  aux  universités  de  Bonn  et  de 
Berlin.  Après  les  avoir  terminées,  il  a 
passé  plusieurs  années  à  Dusseldorf  ne 
s'occupant  que  des  sciences  et  des  arts;  la 
musique  surtout  était  l'objet  de  ses  études, 
et  il  eut  pour  maîtres  dans  cet  art  Burg- 
miiller,  Ries  ,  Salomon  et  Steymann. 
Pour  se  distraire  de  ses  recherches  d'éru- 
dition et  de  ses  travaux  sur  la  littérature 
ancienne,  il  a  écrit  plusieurs  articles  de 
critique  musicale  qui  ont  paru  dans  le  re- 
cueil intitulé  Cœcilia.  On  y  remarque 
particulièrement  :  1°  Sur  l'oratorio  de 
Spohr  Die  Letzten  dinge  (t.  5);  2°  Pla- 
ton, sur  la  musique  (t.  8);  3°  Sur  le 
Jephté  de  B.  Klein  (t.  8);  4°  Sur  les  der- 
niers œuvres  de  piano  de  Ries  (t.  11)  ; 
3°  Sur  l'édition  de  la  partition  du  Requiem 
de  Mozart  publiée  par  André  (t.  14); 
6°  Goethe,  Sur  la  musique  (t.  11);  7°  Et 
en  dernier  lieu  :  Sur  le  chant  de  l'église 
catholique  (1835). 

DEZÈDE  ou  DEZAIDES  (n.),  compo- 
siteur dramatique,   paraît  être  né  vers 


1740.  On  ignore  quelle  fut  sa  patrie. 
Parmi  les  biographes  ,  les  uns  ont  cru 
qu'il  était  allemand  ;  d'antres ,  qu'il  était 
né  à  Lyon.  Lui-même  ne  connut  jamais 
sa  famille.  Son  éducation  fut  celle  d'un 
homme  bien  né.  Après  quelques  études, 
on  le  retira  du  collège  et  il  fut  mis  sous  la 
direction  d'un  abbé ,  qui ,  entre  autres 
connaissances  ,  lui  donna  celle  de  la  mu- 
sique et  lui  apprit  à  jouer  de  la  harpe. 
Venu  de  bonne  heure  à  Paris ,  il  y  perfec- 
tionna son  instruction  et  apprit  la  compo- 
sition. Il  jouissait  alors  d'une  pension  de 
vingt-cinq  mille  francs  ,  qui  fut  doublée  à 
sa  majorité.  Désirant  connaître  les  auteurs 
de  ses  jours,  il  s'adressa  à  son  notaire; 
mais  celui-ci  le  prévint  que  ses  démar- 
ches seraient  inutiles ,  et  qu'en  les  conti- 
nuant, il  s'exposerait  à  perdre  son  revenu. 
Il  ne  tint  compte  de  cet  avis ,  continua 
ses  recherches  ,  ne  découvrit  rien  ,  et  fut 
privé  de  sa  pension.  Ce  fut  alors  qu'il  son- 
gea à  tirer  parti  de  ses  talens  pour  assurer 
son  existence.  Il  débuta  aux  Italiens ,  en 
1772 ,  par  le  petit  opéra  de  Julie,  et  donna 
successivement  Y  Erreur  d'un  moment  ;  le 
Stratagème  Découvert  (1773);  Les  Trois 
Fermiers  (1777);  Zulime;  Le  Porteur 
de  chaises  (1778)  ;  A  Trompeur,  trom- 
peur et  demi'  Cécile  (1781)  ;  Biaise  et 
Babet  (1783);  Alexis  et  Justine  (1785); 
La  Cinquantaine;  Les  deux  Pages, 
et  Ferdinand,  ou  la  suite  des  Deux  Pages. 
Ses  productions  à  l'Opéra  sont  Fatmé,  ou 
Le  Langage  des  Fleurs (1777);  Péronne 
Sauvée  (1783);  et  Alcindor  (1787). 

Le  caractère  du  talent  de  Dezède  est  le 
genre  pastoral  ;  son  style  n'est  imité  d'au- 
cun autre ,  et  personne  n'a  songé  à  imiter 
le  sien.  Son  opéra  de  Biaise  et  Babet  a 
eu  pendant  deux  ans  un  succès  de  vogue 
tel  qu'on  en  voit  fort  peu  au  théâtre.  On 
trouve  aujourd'hui  que  les  formes  de  la 
musique  de  Dezède  ont  vieilli  ;  mais  ses 
mélodies  sont  gracieuses  et  naïves.  Son 
harmonie  est  d'ailleurs  assez  pure  et  son 
orchestre  soigné  ,  pour  l'époque  et  le  pays 
où  il  écrivait ,  ce  qui  pourrait  faire  croire 


D'HA 


DIA 


303 


qu'il  a  eu  des  leçons  île  Philidor,  le  seul 
maître  qui  sût  alors  en  France  écrire  avec 
correction. 

Dezède  avait  la  taille,  la  tournure  et 
l'acoutrement  du  peintre  Greuze.  Il  était 
presque  toujours  vêtu  d'un  habit  riche- 
ment brodé,  et  chaussé  avec  des  bottes. 
Son  caractère  était  aussi  original  que  sa 
mise: il  affectait  de  prendre  des  manières 
brusques  et  un  ton  grondeur,  que  démen- 
tait sa  bonté  naturelle.  En  1785,  le  duc 
Maximilien  de  Deux-Ponts,  qui  fut  ensuite 
électeur  et  depuis  lors  roi  de  Bavière ,  et 
qui  aimait  beaucoup  la  musique  de  De- 
zède, fit  venir  à  sa  cour  ce  compositeur, 
lui  donna  un  brevet  de  capitaine  avec  cent 
louis  d'appointemens,  à  la  seule  condition 
qu'il  irait  tous  les  ans  passer  un  mois  à 
Deux-Ponts.  Cette  faveur  ne  le  rendit  pas 
plus  riche,  car  il  était  dissipateur  et  tran- 
chait du  grand  seigneur.  On  dit  que  ses  pro- 
digalités ruinèrent  sa  maîtresse,  Mme  Bel- 
cour,  de  la  Comédie-Française,  qui,  beau- 
coup plus  âgée  ,  s'était  éprise  de  lui  lors- 
qu'il n'était  déjà  plus  jeune.  Il  est  mort  à 
Paris ,  en  1792. 

DEZEDE  (florine),  fille  du  précédent, 
a  donné  à  l'Opéra-Comique,  en  1781, 
Nanette  et  Lucas,  ou  La  Paysanne  cu- 
rieuse. La  musique  de  cet  ouvrage  est  une 
copie  du  style  de  Dezède. 

D'HAUDIMONT  (  l'abbe  -  etienne  - 
pierre  MTJJNIEB),  né  en  Bourgogne  en 
1730,  fut  élevé  à  Dijon,  et  quitta  cette  ville 
vers  1754 ,  pour  aller  occuper  la  place  de 
maître  de  chapelle  de  Châlons-sur-Saône. 
Après  en  avoir  rempli  les  fonctions  pen- 
dant six  ans ,  il  vint  à  Paris ,  et  se  livra  à 
l'étude  de  la  composition  sous  la  direction 
de  Bameau,  son  compatriote  et  son  ami. 
En  1764,  il  succéda  à  Bordier  dans  la 
place  de  maître  de  chapelle  des  Saints- 
Innocents.  Ce  fut  alors  qu'il  composa  plu- 
sieurs motets  que  l'on  entendit  au  Con- 
cert spirituel,  chez  le  roi,  et  dans  les  fêtes 
publiques.  Les  plus  connus  sont  le  Mé- 
mento Domine  David?  le  Deus  nosler, 
le  Beatus  vir,  le  Quare  fremerunt, 


YExurgat  Deus,  etc.  Il  a  écrit  aussi  une 
messe  de  Requiem,  et  un  De  profundis, 
en  1772.  Enfin  il  est  auteur  d'un  grand 
nombre  d'ariettes,  qui  ont  été  publiées 
sous  le  voile  de  l'anonyme.  L'abbé  d'Hau- 
dimont  a  formé  beaucoup  d'élèves  ,  parmi 
lesquels  on  remarque  Perne  etChénié. 

D'HEBBAIN  (le  chevalier).  V.  HER- 
BAIN. 

DIABELLI  (antoine),  professeur  et 
éditeur  de  musique  à  Vienne ,  est  né  le 
6  septembre  1781  à  Mattsée,  dans  le  pays 
de  Salzbourg ,  où  son  père  était  musicien 
et  sacristain.  Celui-ci  enseigna  à  son  fils 
les  élémens  du  chant,  du  piano  et  du  vio- 
lon. A  l'âge  de  sept  ans ,  Antoine  fut  reçu 
comme  enfant  de  chœur  au  couvent  de 
Michaelbayern ,  et  deux  ans  après  il  entra 
dans  la  chapelle  de  Salzbourg.  En  1796 
il  alla  continuer  ses  études  au  collège  de 
Munich  ,  et  perfectionner  son  savoir  dans 
la  théorie  et  dans  la  pratique  de  la  musi- 
que. Lorsqu'il  eut  atteint  sa  dix-neuvième 
année,  il  étudia  la  théologie  au  monastère 
de  Daitenbosslach  et  commença  à  essayer 
ses  facultés  en  différens  genres  de  compo- 
sition. Il  soumettait  ses  ouvrages  à  la  cen- 
sure de  Michel  Haydn  qui  lui  avait  ensei- 
gné l'art  d'écrire,  et  qui  lui  témoigna  tou- 
jours un  intérêt  paternel.  Il  se  destinait  à 
l'état  monastique  5  mais  la  sécularisation 
des  couvens  en  Bavière  changea  ses  projets 
et  le  détermina  à  se  rendre  à  Vienne.  Là  , 
il  se  livra  à  l'exercice  de  son  talent  et  se  fit 
professeur  de  musique.  En  1818,  il  s'asso- 
cia avec  l'éditeur  de  musique  Cappi,  et 
en  1824  il  prit  pour  son  compte  la  mai- 
son de  commerce  dont  il  n'était  aupara- 
vant que  l'associé.  Comme  compositeur, 
Diabelli  s'est  fait  remarquer  par  sa  fécon- 
dité, si  ce  n'est  par  le  mérite  de  ses  ou- 
vrages. Il  a  écrit  dans  tous  les  genres  et 
presque  pour  tous  les  instrumens,  pour  le 
chant,  pour  la  chambre,  le  concert  >  l'é- 
glise et  le  théâtre.  On  a  de  lui  plusieurs 
recueils  de  danses  et  de  valses  pour  l'or- 
chestre ou  en  quatuors,  en  trios,  etc.,  des 
duos  pour  violon  et  pour  flûte,  dé  la  ma- 


304 


DIB 


DIB 


sique  de  guitare  en  tout  genre,  des  sonates 
pour  piano  avec  et  sans  accompagnement, 
des  rondeaux,  menuets,  valses,  cadences  , 
études ,  pots-pourris,  etc.  ,  pour  le  même 
instrument  ;  dix  messes  ,  douze  graduels  , 
douze  offertoires,  sept  Tantumergo,  pour 
plusieurs  voix  ,  orchestre  et  orgue  ;  des 
cantates,  duos,  chansons  allemandes  et  ro- 
mances avec  accompagnement  de  piano  , 
des  opérettes  ou  vaudevilles,  etc.,  etc., 
Enfin  le  nombre  de  ses  productions  de 
différens  genres  s'élève  à  cent  quatre-vingts 
œuvres. 

DIBDIN  (charles),  comédien,  compo- 
siteur, poète  et  prosateur,  était  fils  d'un 
orfèvre  de  Southampton.  L'époque  de  sa 
naissance  n'est  pas  exactement  connue; 
mais,  dans  un  de  ses  ouvrages,  il  dit  qu'il 
était  enfant  de  chœur  en  1747.  Quelque 
temps  après ,  il  fut  attaché  au  chœur  de 
la  cathédrale  de  Winchester  ,  et  y  reçut 
des  leçons  de  musique  et  de  plain-chant 
de  Fussel ,  organiste  de  cette  église  ;  mais 
c'est ,  disait-il ,  à  l'étude  des  ouvrages  de 
Corelli  et  des  écrits  didactiques  de  Ra- 
meau qu'il  devait  ses  connaissances  en 
composition.  Au  commencement  de  sa 
carrière  musicale,  il  se  présenta  comme 
candidat  pour  la  place  d'organiste  de  Wal- 
tham,dansle  Hamsphire;mais  il  fut  écarté 
à  cause  de  son  extrême  jeunesse.  Bientôt 
après ,  il  se  rendit  à  Londres  :  il  y  était 
depuis  peu,  et  avait  à  peine  seize  ans  lors- 
qu'il fut  engagé  comme  chanteur  au  théâ- 
tre de  Covent-Garden.  Les  rôles  qui  lui 
furent  confiés  étaient  peu  importans  et  ne 
le  firent  point  remarquer  jusqu'à  ce  que 
la  manière  dont  il  joua  celui  de  Ralph 
dans  The  Maid  qf  the  Mill  (La  fille  du 
moulin),  fixa  sur  lui  l'attention  du  public. 
Dans  la  saison  de  1762  à  1763,  il  fit  re- 
présenter à  Covent-Garden  la  pastorale  in- 
titulée The  Sheplierd' s  Artifice  (La  rase 
du  Berger) ,  dont  il  avait  composé  la  mu- 
sique, et  qui  fut  accueillie  favorablement. 
Environ  cinq  ans  après  ,  il  composa  l'ou- 
verture, le  premier  chœur,  les  final i  du 
premier  et  du  second  acte,  et  trois  airs  de 


la  farce  iutitulée  Love  in  a  City  (L'amour 
dans  une  ville) ,  qui  fut  suivie  de  Damon 
and  Phillida  (Damon  et  Phillis) ,  opéra- 
comique,  The  Ephesian  Matron  (La  ma- 
trone d'Ephèse),  et  de  Lionel  and  Cla- 
îissa  (Lionel  et  Clarisse) ,  tous  faits  en 
société. 

Engagé  comme  compositeur  au  théâtre 
de  Drury-Lane  sous  la  direction  de  Gar- 
rick  ,  Dibdin  donna  une  preuve  de  son 
talent  musical  dans  l'intermède  de  Pad- 
lock  ;  qui  fut  représenté  pour  la  première 
fois  en  1768,  et  où  il  joua  le  rôle  de  Mungo 
avec  un  grand  succès.  Il  composa  ensuite 
la  musique  de  différentes  pièces  pour  le 
même  théâtre,  mais  les  titres  en  sont 
presque  entièrement  oubliés.  Celle  du  Ju- 
bilé est  la  plus  connue,  car  elle  fut  repré- 
sentée quatre-vingt-treize  fois  dans  une 
saison,  et  elle  a  été  reprise  souvent  depuis. 
Les  ouvrages  que  Dibdin  fit  ensuite  furent 
écrits  et  composés  par  lui  seul.  Les  plus 
célèbres  furent  The  Waterman  (  Le  Ba- 
telier) ,  The  Quaker  (Le  Quaker),  The 
Desertur  (Le  déserteur) ,  traduit  du  fran- 
çais ,  et  Liberty-Hall  (Le  palais  de  la  li- 
berté). Plusieurs  airs  de  ces  opéras  ,  prin- 
cipalement de  Liberty -Hall,  sont  devenus 
populaires.  Le  terme  de  l'engagement  de 
Dibdin  à  Drury-Lane  étant  expiré,  et  quel- 
ques différends  s'étant  élevés  entre  lui  et 
Garrick  ,  il  résolut  de  se  rendre  indépen- 
dant des  directeurs  de  spectacles ,  et  se 
hasarda  à  établir  à  Exeter-Exchange  une 
nouvelle  espèce  d'amusement ,  qui  consi- 
stait en  marionnettes  musicales;  il  annonça 
ce  spectacle  sous  le  nom  de  The  Comic 
Mirror  (Le  Miroir  comique).  Ces  marion- 
nettes représentaient  des  caractères  con- 
nus, et  quelquefois  faisaient  allusion  à  des 
personnages  politiques.  Il  écrivit  aussi 
pour  le  théâtre  de  Sadler's-Wells  une 
grande  quantité  de  bagatelles,  et  à  l'ou- 
verture du  théâtre  appelé  Le  Cirque- 
royal  ,  il  eut  un  engagement  comme  di- 
recteur et  comme  compositeur.  Cela  ne 
dura  toutefois  qu'une  saison;  quelques 
difficultés  étant  survenues ,  la  société  fut 


DIB 


DIC 


805 


dissoute,  et  Dibdin  ne  retira  qu'une  perte 
assez  considérable  de  ses  efforts. 

Dans  l'année  1788,  il  publia  un  livre 
inli  l  ulé  A  musical  Tourlhrough  Eiigland 
(Voyage  musical  en  Angleterre),  Slicfïîebl, 
1788,  un  vol.  in-4°  de  445  pages,  avec 
quelques  morceaux  de  musique.  Cet  ou- 
vrage contient  quelques  laits  curieux 
dans  une  suite  de  lettres.  Les  lettres  69 
à  74  contiennent  la  liste  des  principaux 
ouvrages  que  Dibdin  a  écrits  pour  le  théâ- 
tre. Le  voyage  musical  de  cet  artiste  avait 
été  entrepris  pour  lui  fournir  les  moyens 
de  se  rendre  dans  l'Inde  ;  il  s'embarqua  en 
effet,  mais  un  temps  peu  favorable  ayant 
obligé  le  vaisseau  de  jeter  l'ancre  à  Torbay, 
Dibdin  changea  de  résolution,  et  retourna 
à  Londres.  11  composa  alors  pour  une  réu- 
nion ,  dans  King-Street,  l'intermède  The 
Wliiin  oflhe  moment  (Le  caprice  du  mo- 
ment),  qu'il  exécuta  seul.  Pour  donner 
une  idée  du  succès  de  cet  intermède,  il 
suffit  de  dire  que  dans  l'espace  de  quel- 
ques semaines  il  a  été  vendu  dix-sept  mille 
exemplaires  d'un  de  ses  airs,  Poor  Jack 
(Pauvre  Jacques) ,  qu'on  a  aussi  chanté  en 
France  à  cette  époque.  En  1790,  Dibdin 
prit  à  bail  le  local  appartenant  à  la  société 
polygraphique,  et  y  éleva  un  théâtre  où 
il  fit  représenter  plusieurs  pièces  de  sa 
composition.  Quelques  années  après  il 
ouvrit  un  nouveau  théâtre  à  Leycester- 
Placc,  qu'il  nomma  Sans-Souci ,  et  où  il 
donna  dix  opéras-comiques.  Après  avoir 
travaillé  pendant  quarante-deux  ans  pour 
les  divers  théâtres  de  Londres  ,  il  s'est  re- 
tiré en  1804,  et  a  publié  dans  cette  an- 
née un  potme  didactique  sur  la  musique, 
intitulé  :  The  harmonie  preceptor,  a  di- 
daclic  poem  ,  in  tliree  paris,  Londres, 
1804  ,  in-4°  de  150  pages  ,  avec  quatorze 
planches.  Le  nombre  de  pièces  mises  en 
musique  par  Dibdin  s'élève  à  plus  de  cent 
vingt,  et  l'on  y  compte  plus  de  neuf  cents 
airs  et  beaucoup  de  morceaux  d'ensemble. 
Il  a  écrit  aussi  plusieurs  œuvres  de  sonates 
pour  le  piano,  et  d'autre  musique  instru- 
mentale.  Comme  prosateur,  il  a  publié 

TOME    III. 


plusieurs  ouvrages  ,  parmi  lesquels  on  re- 
marque une  histoire  de  la  scène  anglaise 
(Londres,  1795), et  les  mémoires  de  sa  vie 
(Londres,  1802).  On  ignore  s'il  vit  en- 
core. 

DIBDIN  (miss),  née  à. Londres  en  1797, 
a  la  réputation  d'une  harpiste  habile.  Elle 
commença  à  étudier  la  harpe  en  1808, 
sous  la  direction  de  Challoner,  et  se  fit  en- 
tendre en  public  pour  la  première  fois,  en 
1815,  dans  un  concert  de  Covent-Garden. 
Depuis  lors  elle  a  reçu  des  leçons  de 
Bochsa.  Elle  est  maintenant  professeur  ad- 
joint à  l'académie  royale  de  musique ,  à 
Londres. 

D1CE ARQUE  ,  philosophe  péripatéti- 
cien,  naquit  en  Sicile  trois  cents  qua- 
rante-sept ans  avant  l'ère  chrétienne.  Il 
avait  écrit  un  traité  de  musique  qui  s'est 
perdu. 

DICÉLITJS  (jean-sebastien),  chanteur 
à  Tondern  dans  le  duché  de  Schleswig-, 
en  Danemark,  naquit  à  Sehmalkalden  , 
dans  la  liesse,  vers  1648.  Il  étudiait  la 
médecine  à  l'université  de  Iena,  en  1669, 
et  vivait  encore  en  1695.  On  a  de  lui  une 
cantate  intitulée  :  Nacht-Musik  ait/ 
Schenckii  Geburtstag ,  a  canio  solo  co/i 
ritornello  a  2  violini  e  continuo ,  Iena, 
1669,  une  feuille  in-fol. 

DICKHDT  (C),  virtuose  sur  le  cor  et 
sur  la  guitare,  actuellement  vivant ,  s'est 
fait  connaître  par  quelques  compositions 
pour  ces  instrumens  et  pour  le  violoncelle. 
Parmi  ses  ouvrages,  on  remarque  :  1°  Six 
pièces  pour  deux  cors  à  clefs  ,  cornet  de 
poste,  cinq  trompettes,  quatre  cors,  trois 
trombones  et  deux  trompettes  basses  , 
Mayence,  Schott  ;  2°  Trois  duos  pour  deux 
violoncelles,  op.  2,  Ibid.;  "5°  Dix-huit 
trios  pour  trois  cors,  Ibid.;  4°  Marches  et 
fanfares  pour  sept  trompettes  ,  quatre 
cors,  deux  cors  de  signal,  et  trois  trom- 
bones, Ibid.;  5°  Trois  sérénades  et  un  trio 
pour  guitare,  flûte  et  cor,  œuvres  1, 
3  ,  4  et  6  .  Mayence  et  Manheim. 

DICKINSON    (edmond),  médecin   an- 
glais ,  né  en  1624 ,  à  Applcton ,  dans  le 
20 


806 


DID 


comté  de  Berks,  fit  ses  éludes  à  Oxford, 
et  mournt  en  1707,  âgé  de  quatre-vingt- 
trois  ans.  Au  nombre  de  ses  ouvrages, 
remplis  d'une  érudition  profonde,  on  en 
trouve  un  ,  publié  après  sa  mort ,  sous  le 
titre  de  Periodica  exegesis,  sive  celeber- 
rimorum  Grœciœ  ludomm  declaratio , 
Londres,  1739,  in-8°.  Il  y  traite  de  la 
musique  dans  lesjeux  publics  de  l'ancienne 
Grèce. 

DIDEROT  (dents),  fils  d'un  coutelier 
de  Langres ,  naquit  dans  cette  ville  en 
1712.  Passionné  pour  les  lettres,  les 
sciences  et  les  arts ,  il  vint  à  Paris  fort 
jeune ,  afin  de  suivre  son  penchant ,  se  lia 
avec  les  hommes  de  lettres  les  plus  célè- 
bres ,  et  après  avoir  publié  plusieurs  ou- 
vrages ,  conçut  le  projet  de  YEncyclopé- 
die,  et  l'exécuta  avec  d'Alembert.  On 
trouve  des  détails  sur  la  vie  et  les  ouvrages 
de  ce  philosophe  dans  tous  les  Diction- 
naires historiques  ;  il  n'est  considéré  ici 
que  dans  ce  qu'il  a  fait  relativement  à  la 
musique. 

En  1748,  il  fit  paraître  à  La  Haye 
tin  recueil  intitulé  :  Mémoires  sur  diffé- 
rens  sujets  de  mathématiques,  in-8°.  On 
y  trouve  :  1°  Des  principes  d'acoustique, 
où  la  matière  est  traitée  avec  beancoup  de 
simplicité  ;  2°  Projet  d'un  nouvel  orgue; 
il  y  propose  une  nouvelle  construction  de 
l'orgue  à  cylindre,  où  l'on  pourrait  varier 
les  airs  à  volonté  et  à  l'infini ,  sans  chan- 
ger de  cylindre  :  c'était  une  idée  inexécu- 
table; 5°  Observations  sur  le  chrono- 
mètre. Ces  mémoires  se  trouvent  dans  les 
diverses  éditions  des  œuvres  complètes  de 
Diderot  qui  ont  été  publiées.  Lichtenthal 
a  cru  que  Les  principes  d'acoustique  sont 
un  ouvrage  différent  des  Mémoires  de 
mathématiques  :  c'est  une  erreur.  Tous 
les  articles  relatifs  à  la  construction  des 
instrumens  qui  se  trouvent  dans  1  Ency- 
clopédie sont  de  Diderot.  C'est  lui  aussi 
qui  a  rédigé  les  Leçons  de  clavecin  de  Be- 
metzrieder  ;  l'originalité  de  son  style  a 
procuré  une  sorte  de  célébrité  à  ce  livre 
qui,  d'ailleurs,  n'en  méritait  aucune.  Di- 


DID 

derot  est  mort  à  Paris  le  30  juillet  1784. 

DIDIER  LUPI  SECOND  ,  musicien  du 
16e  siècle,  dont  La  Croix  du  Maine  et 
Duverdier  ont  vanté  les  talens  dans  leurs 
bibliothèques;  il  a  mis  en  musique  les 
chansons  spirituelles  de  Guillaume  Gue- 
roult,  imprimées  à  Paris  chez  Nicolas  du 
Chemin.  Ce  musicien  était  nommé  Didier 
Lupi  Second  pour  le  distinguer  d'un  au- 
tre Lupi ,  dont  il  est  parlé  dans  le  prolo- 
gue du  quatrième  livre  de  Rabelais  (Voy. 
Lupi). 

DIDYME ,  musicien  grec  et  écrivain 
sur  la  musique  ,  né  à  Alexandrie,  était  fils 
d'Héraclide,  et,  selon  Suidas,  vivait  au 
temps  de  Néron.  Porphyre  dit ,  dans  son 
commentaire  sur  Ptolémée ,  que  Didyme 
a  écrit  un  livre  en  faveur  des  proportions 
musicales  de  Pythagore  contre  le  système 
égal  d'Aristoxène ,  ce  qui  lui  avait  fait 
donner  le  nom  de  Pythagoricien.  Cet  ou- 
vrage paraît  être  perdu ,  mais  Porphyre 
nous  a  donné  un  abrégé  de  la  doctrine 
qu'il  renfermait  {Comment,  in  Harmon. 
Ptolem.,  p.  210,  éd.  Wallis.).  Ptolémée 
a  cité  aussi  Didyme  en  beaucoup  d'endroits 
de  son  traité  des  harmoniques ,  mais  il  le 
critique  avec  amertume  ,  et  souvent 
avec  peu  de  justesse.  En  d'autres  pasi 
sapes  ,  il  adopte  ses  idées  et  s'en  emparé 
sans  le  citer  ;  c'est  du  moins  ce  qui  lui  a 
été  reproché  par  Porphyre  (V.  Comment. 
in  Harmon. Ptolem. ,p.l90,ed.  Wallis.). 
Le  genre  diatonique,  on  ]Aulôi,unitonique, 
conforme  à  la  tonalité  du  plain-chant, 
passe  pour  avoir  été  formulé  d'une  ma- 
nière régulière  par  Didyme  ,  sous  le  nom 
de  diatonique  synton,  suivant  la  doctrine 
de  Pythagore.  Ce  synton  diatonique  de 
Didyme  est  préférable  à  celui  de  Ptolémée, 
en  ce  qu'il  offre  l'octave  divisée  en  deux 
tétracordes  parfaitement  réguliers  ,  ce  qui 
n'a  lieu  dans  le  synton  de  Ptolémée  qu'en 
altérant  la  tonalité.  C'est  ce  qu'on  peut 
voir  dans  les  deux  tableaux  suivans  ,  où 
l'on  trouve  pour  chaque  intervalle  les 
nombres  des  proportions  de  Pythagore.  Le 
synton  de  Didyme  est  conforme  au  qua- 


DIE 


DIE 


307 


trièmo  ton  du  plain-chant;  celui  de  Pto- 
lémée  donne  naissance  an  plagal  du  pre- 
mier. 

Synton  diatonique  de  Didyme. 
mi         fa  sol         la. 


Qt 


iG 


i5  8  9 

Synton  de  Ptolémée. 
la         si  b  ut         ré. 

mi         fa  sol         la 


16 


if. 


9 


On  trouve  des  détails  étendus  sur  la 
question  de  ces  deux  syntons  dans  le  traité 
de  musique  de  Salinas  {De  Musica , 
lib.  IV,  cap.  25,  26),  et  dans  un  discours 
de  Doni  (adressé  au  P.  Kircher)  Del  Sin- 
tono  di  Didimo,  e  di  Tolomeo  (tom.  I, 
délie  Opère,  p.  549-355). 

DIES  (albert  c.)  ,  bon  peintre  paysa- 
giste de  Vienne,  mort  depuis  peu  d'années, 
a  publié  une  notice  biographique  sur 
Haydn.  Cette  monographie  a  pour  titre  : 
Haydn' s  Biographie }  nach  milndlichen 
Erzœhlungen,  Vienne,  Camesina  (Heub- 
ner),  1810,  in-8«. 

DIETERICH  (sixte),  compositeur  du 
16e  siècle,  né  à  Augsbourg,  vécut  habi- 
tuellement à  Constance.  Glaréan  nous  a 
conservé  trois  morceaux  de  ce  compositeur, 
p.  276 ,  328  et  343  de  son  Dodecachor- 
don.  Gessner  (in  Pandectis  ,  1.  7,  t.  VI, 
p.  85)  cite,  du  même  auteur,  Magnificat 
octo  ionorum,  liber  primas,  mais  sans  en 
indiquer  la  date.  J.  G.  Schielen  attribue 
à  Dieterich  un  Compendiwn  musicale, 
mais  il  ne  dit  pas  si  cet  ouvrage  est  im- 
primé. 

Un  autre  contrapuntiste  du  16e  siècle, 
nommé  Georges  Dieterich  ,  a  publié  à  Nu- 
remberg ,  en  1565,  des  Canliones  funè- 
bres,  en  latin  et  en  allemand. 

DIETERICH  (conrad),  né  à  Gemunde, 
dans  la  Hesse,  le  9  janvier  1575,  fut  sur- 


intendant d'Dlm  ,  et  directeur  du  Gym- 
nase de  cette  ville  où  il  est  mort  le  22 
mars  1639.  On  a  de  lui  une  dissertation 
allemande  intitulée  :  Ulmische  Glocken- 
predigt,  darinn  von  der  Erfxndung, 
Brauch  und  Missbrauch  der  Glockenin 
der  Kirche  Gottes  gehandelt  Wird  (Ser- 
mon sur  les  cloches  d'UIm ,  dans  lequel 
on  traite  de  l'origine  des  cloches ,  de  leur 
usage  et  de  leur  abus  dans  l'église),  Ulm, 
1625  ,  in-4°.  C'est  un  livre  savant  et  l'un 
des  meilleurs  qu'on  puisse  consulter  sur 
cette  matière. 

DIETERICH  (je an-conk An), philologue 
et  helléniste,  né  à  Rutzbach,  en  Wétéra- 
vie,  le  19  janvier  1612,  étudia  les  belles- 
lettres  et  la  théologie  à  Marburg.  En  1639 
il  fut  nommé  professeur  de  grec  à  l'uni- 
versité de  cette  ville ,  et  passa  ensuite  à 
Giessen  pour  y  exercer  les  mêmes  fonctions. 
Il  est  mort ,  dans  cette  dernière  ville ,  le 
24  juin  1669.  Au  nombre  de  ses  ouvrages, 
on  en  trouve  un  intitulé  Antiquitatœ  bi- 
blicœ,  publié  après  sa  mort,  par  Pistorius, 
Giessen,  1671,  in-fol.  Il  traite  au  sixième 
chapitre  ,  p.  349-553  ,  de  Musica  sacra. 

DIETERICH  (fre^eric-georges).  Voy. 
DIETER1CK  ci-dessous. 

D1ETER1CK  (FREnERic-GEORGEs) ,  né 
à  Halle  en  1686,  eut  pour  premier  maître 
J.  Samuel  Wetter ,  organiste  de  Saint- 
Michel  de  cette  ville,  et  apprit  la  compo- 
sition sous  la  direction  de  J.  G.  C.  Stœrl, 
maître  de  chapelle  à  Stuttgard.  Le  roi  de 
Danemarck,  devant  qui  il  toucha  du  cla- 
vecin ,  en  1708  ,  fut  si  content  de  son  jeu 
qu'il  lui  lit  présent  d'une  médaille  d'or. 
En  1710,  il  alla  en  Italie  pour  s'y  per- 
fectionner dans  la  composition  et  le  jeu 
du  clavecin  sous  Vinaccesi  ;  mais  en  1711 
il  revint  à  Halle  occuper  la  place  d'orga- 
niste de  Sainte-Catherine,  et  en  1720,  il 
succéda  à  Wetter  dans  son  emploi.  Il 
mourut  vers  1750.  Plusieurs  pièces  d'or- 
gues de  sa  composition  se  trouvent  en  ma- 
nuscrit dans  divers  magasins  de  musique 
de  l'Allemagne. 

DIETRÏCHSTEIN  (maurice,  C031TE), 
20* 


308 


DIE 


conseiller  privé  et  chambellan  de  l'empe- 
reur d'Autriche,  est  né  à  Vienne  le  19  fé- 
vrier 1775,  d'une  des  familles  les  plus  an- 
ciennes de  la  monarchie  autrichienne.  Dès 
son  enfance  il  fit  voir  d'heureuses  dispo- 
sitions pour  les  sciences  ,  les  arts  ,  et  par- 
ticulièrement la  musique;  on  lui  donna 
des  maîtres  pour  les  développer.  En  1791, 
il  entra  dans  la  carrière  militaire;  il  se 
rendit  à  l'armée  en  1792,  et  s'y  distingua 
dans  le  corps  d'artillerie  comme  général- 
adjudant.  Après  la  paix  de  1800,  il  quitta 
le  service,  épousa  la  comtesse  de  Gilleis  , 
et  se  livra  à  la  pratique  des  arts.  Lié  d'a- 
mitié avec  le  poète  Collins  et  l'abhé  Stad- 
lcr,  compositeur  distingué,  il  les  servit  de 
tout  son  pouvoir  dans  tontes  les  circon- 
stances de  leur  vie.  En  1815  ,  l'empereur 
François  II  choisit  le  comte  de  Dielrich- 
stein  pour  diriger  l'éducation  du  duc  de 
Reichstadt.  Quatre  ans  après,  l'intendance 
de  la  chapelle  de  la  cour  lui  fut  confiée, 
et  les  soins  qu'il  y  donna  en  améliorèrent 
beaucoup  la  musique.  En  1821  l'empereur 
ajouta  à  ses  fonctions  la  direction  supé- 
rieure des  théâtres  de  la  cour;  et,  enfin  , 
en  1826,  le  monarque  le  nomma  conser- 
vateur en  chef  de  la  bibliothèque  impé- 
riale ,  l'une  des  plus  considérables  et  des 
plus  précieuses  de  l'Europe.  Le  comte  de 
Dietrichslein  occupe  encore  cette  place. 
On  a  de  sa  composition  :  1°  Cinq  recueils 
de  douze  danses  chacun  ,  pour  piano  à 
quatre  mains,  Vienne,  Weigl,  Hasslinger, 
Mechetti  et  Diahclli  ;  2°  Douze  valses  de 
redoute  avec  trios  pour  piano  à  quatre 
mains,  Vienne,  Diabelli;  3°  Douze  me- 
nuets avec  trios  pour  piano  seul,  Vienne, 
Mechetti  ;  4°  Douze  danses  allemandes 
pour  piano  seul  ,  Ibicl.  ;  5°  Huit  recueils 
de  chansons  allemandes  pour  voix  seule, 
avec  accompagnement  de  piano,  Vienne, 
Artaria  et  Hasslinger;  6°  Six  romances 
françaises  et  allemandes,  Vienne,  Dia- 
belli. 

DIEÏTENHOFER  (joseph),  professeur 
de  musique  à  Londres ,  vers  la  fin  du 
18e  siècle,  était  né  à  Vienne  vers  1749. 


DIE 

II  fit  ses  études  musicales  dans  sa  ville 
natale,  et  vint  à  Paris  en  1778.  Deux 
ans  après  il  partit  pour  Londres,  où  il  vi- 
vait encore  en  1799.  Il  y  fit  graver  suc- 
cessivement trois  œuvres  de  trios  pour  le 
clavecin  avec  violon,  et  y  publia  un  ou- 
vrage élémentaire  sur  l'accompagnement 
et  l'harmonie  ,  sous  ce  litre  :  An  Intro- 
duction to  musical  composition  or  a  pré- 
paration for  the  stucly  of  counterpoint , 
through  an  original  treatise  on  Tho- 
rough  Bass ,  which  is  the  first  slep 
towards  composition,  etc.,  1799,  in-fol. 
DIETTER.  (ciirktien-louis),  né  le  13 
juin  1757,  à  Ludwigshourg,  dans  le  Wur- 
temberg ,  entra  en  1770  au  collège  Caro- 
linien  ,  et  s'y  consacra  d'abord  à  l'étude 
de  la  peinture.  Ses  loisirs  étaient  em- 
ployés à  la  musique  ,  et  ses  progrès  furent 
si  rapides,  que  le  duc  de  Wurtemberg  lui 
conseilla  de  se  livrer  exclusivement  à  cette 
carrière.  L'instrument  qu'il  choisit  fut  le 
violon  ;  mais  dans  la  suite  il  apprit  aussi 
à  jouer  de  plusieurs  instrumens  à  vent,  et 
particulièrement  du  basson.  Ses  maîtres 
de  musique  furent  Seubert  et  Celestini. 
Il  prit  aussi  quelques  leçons  de  composi- 
tion de  Baroni  ,  maître  de  chapelle  du 
prince  ;  mais  ce  fut  surtout  à  l'étude  des 
partitions  de  Jomelli  et  des  grands  maî- 
tres italiens  qu'il  dut  les  connaissances 
qu'il  acquit  dans  cet  art.  Dans  les  années 
1776  et  1777,  il  obtint  les  médailles  dé- 
cernées au  concours,  et  en  1778  il  reçut 
la  même  distinction  pour  la  composition. 
Il  était  encore  à  l'académie  lorsqu'il  pu- 
blia, en  1781  ,  son  premier  ouvrage,  qui 
consistait  en  un  concerto  pour  le  cor,  et 
successivement  il  fit  paraître  quatre  con- 
certos pour  la  flûte  ;  deux  concertos  pour 
le  basson;  une  symphonie  concertante 
pour  deux  flûtes  ;  une  idem  pour  deux 
bassons;  soixante-trois  duos  pour  deux 
flûtes,  œuvres  9,  10,  21,  22,  23,  24, 
25  et  29;  douze  duos  pour  deux  bassons  ; 
six  sonates  pour  le  basson  ,  livres  1  et  2  , 
Leipsick  ,  1805  ;  Six  danses  allemandes 
avec  chant ,  pour  le  clavecin  ,  Stuttgard  , 


DIE 

1794;  Elisonde,  opéra  en  un  acte,  1794; 
plusieurs  recueils  d'airs  variés  pour  la 
flûte,  le  basson  et  la  clarinette.  Dietter 
est  mort  en  1822.  Sa  musique  a  joui  rie 
quelque  réputation  en  Allemagne.  En 
1781  il  avait  été  nommé  premier  violon 
delà  cliapelle  du  duc  de  Wurtemberg,  à 
Stuttgard;  il  ne  quitta  cette  place  qu'en 
1817,  et  il  obtint  une  pension  de  retraite. 
Outre  les  ouvrages  cités  précédemment,  il 
a  écrit  pour  la  cour  de  Stultgard  beau- 
coup d'opéras-comiques  où  règne  une 
verve  assez  remarquable.  Parmi  ces 
productions  on  cite  :  1°  Der  Scholz  im 
Dorfe  (  L'échevin  au  village)  ;  2°  Der 
Irwisch  (Le  (eu  follet);  3°  Der  Rekruten 
aushub  (Le  recrutement);  4°  Laura 
Rosetti;  5°  Belmont  et  Constance; 
5°  Gliïcklich  zusammen  gelogen  (L'heu- 
reux mensonge  mutuel)  ;  7°  Die  Dorfde- 
putirten  (Les  députés  du  village)  ;  8°  Der 
Luftballon  (  Le  ballon  aérostatique  )  ; 
9°  Elisonde,  etc.  Il  a  laissé  en  manuscrit  : 
trois  concertos  pour  violon,  six  solos  pour 
le  même  instrument ,  quatre  concertos  de 
cor,  huit  concertos  pour  la  flûte,  quatre 
symphonies  concertantes  pour  deux  flûtes, 
sept  concertos  pour  le  basson,  quatre  con- 
certos pour  le  hautbois,  et  une  symphonie 
concertante  pour  deux  hautbois. 

DIETZ  (jean-sebastien)  ,  né  en  Fran- 
conie  vers  1720,  fut  maître  du  chœur  de 
l'église  paroissiale  de  Wasserhurg,  sur 
L'Inn  (cercle  de  Viser).  Il  a  publié  :  Al- 
phabetarius  Musicus }  exhibens  7  niis- 
sœ  solemnes  in  claves  ordinarias  distri- 
buas ,  et  secundum  sljlum  modernum , 
at  lamen  ecclesiasticum  elaboratas ;op  .1 , 
Augsbou rg  ,  1753  ,  in-fol. 

DIETZ  (josEr-H) ,  né  en  Prusse  vers 
1735,  a  publié  à  Nuremberg,  en  1768, 
une  sonate  pour  le  clavecin  avec  violon. 
Il  a  fait  paraître  aussi  dans  la  suite,  à 
Amsterdam  et  à  Paris,  trois  œuvres  de  six 
trios  pour  le  clavecin  avec  violon  et  basse. 

DIETZ  (  jean-chretien ) ,  mécanicien 
distingué,  né  en  1778  à  Darmstadt, 
puis   établi   à  Emmerich ,  sur  le  Rhin, 


DIE 


809 


s'est  fait  connaître  par  l'invention  de  plu- 
sieurs instrumens  de  musique,  notamment 
par  le  Mclodion  et  le  Claviharpe.  Le 
premier  de  ces  instrumens,  qui  l'ut  achevé 
en  1805  ,  avait  la  forme  d'un  petit  piano 
carré.  Sa  longueur  était  d'environ  quatre 
pieds ,  sa  hauteur  et  sa  largeur  de  deux 
pieds.  Les  sons,  assez  semblables  à  ceux  de 
l'harmonica,  mais  beaucoup  plus  forts, 
étaient  produits  par  le  frottement  de  tiges 
métalliques,  et  pouvaient  être  modifiés 
dans  leur  intensité  par  la  pression  plus  ou 
meins  forte  des  doigts  sur  les  touclics.  Le 
Melodion  fut  entendu  en  1806  dans  les 
voyages  que  fit  alors  M.  Dielz  en  West- 
phalie  et  en  Hollande.  Vers  le  même  temps, 
cet  artiste  s'établit  dans  ce  dernier  pays  et 
y  établit  une  fabrique  d'instrumens  et  de 
divers  objets  de  mécanique;  mais  après 
quelques  années,  il  se  transporta  avec  sa 
famille  à  Paris,  et  y  fit  connaître  un  nou- 
vel instrument  qu'il  avait  inventé  et  au- 
quel il  donna  le  nom  de  Claviharpe.  Cet 
instrument  ingénieux  était  composé  d'un 
corps  assez  semblable  pour  la  courbe  de  la 
tête  à  celui  d'un  grand  piano  renversé  ver- 
ticalement, avec  un  clavier  placé  en  sail- 
lie,commeaux  pianos  droits.  Les  touches  de 
ce  clavier  faisaient  mouvoir  de  petits  cro- 
chets garnis  de  peau  qui  pinçaient  des 
cordes  de  métal  filées  de  soie.  Quatre  pé- 
dales servaient  à  modifier  de  diverses  ma- 
nières les  sons  de  l'instrument ,  qui  , 
bien  que  moins  prolongés  que  ceux  de  la 
harpe,  étaient  néanmoins  beaux  et  moel- 
leux. La  facilité  du  jeu  du  claviharpe  au- 
rait dû  lui  procurer  plus  de  succès  qu'il 
n'en  obtint  ;  mais  on  a  eu  lieu  de  remar- 
quer que  tout  ce  qui  n'est  pas  d'un  usa^e 
habituel  et  spécial  dans  la  musique,  est 
accueilli  avec  indifférence  ,  quel  que  soit 
d'ailleurs  le  mérite  de  l'invention.  C'est 
ainsi  qu'une  multitude  d'inslrumens  ingé- 
nieux et  d'un  effet  agréable  ont  été  con- 
damnés à  l'oubli.  M.  Dietz  avait  obtenu 
un  brevet  d'invention  pour  son  instrument 
le  18  février  1814  ;  mais  le  Claviharpe , 
construit  par  son  fils ,  ne  parut  en  public 


310 


DIE 


DIL 


qu'à  l'exposition  des  produits  de  l'industrie, 
au  Louvre,  en  1819.  En  1812,  M.  Dietz 
acheva  le  Troc/iléon,  instrument  composé 
d'un   archet    circulaire   agissant   sur   des 
tiges    métalliques ,    qu'on    entendit    jus- 
qu'en 1819.  A  cette  époque  M.  Dietz  avait 
quitté  Paris  pour  fonder  un  établissement 
de  machines   hydrauliques    à    Bruxelles. 
Cet  habile  mécanicien  s'est  depuis  quel- 
ques années  exclusivement   occupé  de  la 
construction  de  remorqueurs  à  vapeur  pour 
des  voitures  de  tout  genre  sur  les  roules 
ordinaires.  On  a  publié  :  Description  du 
Çlaviharpe  inventé  par  M .  Dietz  père  et 
exécuté  par  M.  Dietz  fils  ,  Paris,  1821, 
19  pages  in-8°,  avec  une  planche  qui  repré- 
sente l'instrument  sous  ses  différensapects, 
DIETZ   (chrétien),  fils  du  précédent, 
né  à  Emmerich,  vers  1801,  s'est  fait  con- 
naître comme  inventeur  de  plusieurs  in- 
strumens  de  musique,  et  comme  un  fac- 
teur de  pianos  distingué.   Il  n'avait  que 
dix-huit  ans  lorsqu'il  mit  ses  premiers  in- 
strumens   à   l'exposition   du    Louvre  ,    à 
Paris,  en  1819.  Quelques  années  après  il 
produisit  un  grand  piano  dont  il  n'avait 
fixé  la  table  que  par  les  extrémités,  lais- 
sant les  côtés  vibrer  librement.  Cet  instru- 
ment excita  létonnernent  et  l'admiration 
parla  puissance  de  ses  sons.  A  l'exposition 
des  produits  de  l'industrie  de   1827,  on 
vit  de  lui  un  grand  piano  à  quatre  cordes, 
un  piano  de  nouvelle  forme  dont  les  di- 
mensions ,  sans  être  beaucoup  plus  consi- 
dérables  que    celles    d'un    piano    carré, 
offraient  dans  leur  ensemble  une  régula- 
rité de  dispositions  qui  n'existe  pas  dans 
ce  dernier.  La  médaille  d'argent  fut  dé- 
cernée au  jeune  artiste.  Peu  de  mois  après 
il  fît  paraître  un  instrument  à  archet  mé- 
canique qui  se  jouait  avec  un  clavier,  et 
auquel  il  donna  le  nom  de  Polyplectron. 
On   peut  voir  dans   la   Revue  musicale 
(t.  III ,  p.  595)  une  description  de  cet  in- 
strument,  le  meilleur  de  tous   ceux  du 
même  genre  qu'on  a  essayé  de  construire. 
On  a  aussi  de  M.  Dietz  un  instrument  à 
lames  métalliques  mises  en  vibration  par 


l'action  de  l'air,  du  même  genre  que  le 
physharmonica,  mais  supérieur  à  celui-ci 
par  la  pureté,  la  douceur  et  l'égalité  des 
sons.  Comme  facteur  de  pianos  ,  ce  jeune 
artiste  s'est  particulièrement  distingué  par 
ses  petits  pianos  verticaux  ,  auxquels  il  a 
donné  une  plus  grande  puissance  de  son 
qn'aucun  autre  facteur  de  France. 

DIEUPART  (charles),  musicien  fran- 
çais ,  également  habile  sur  le  violon  et  le 
clavecin  ,  naquit  vers  la  fin  du  17e  siècle. 
Il  passa  en  Angleterre  en  1707,  et  tint  le 
clavecin  aux  opéras  &  Arsinoé,  Camilla, 
Pyrrhus ,  Démétrius  et  au  Rinaldo  de 
Handel.  Il  est  mort  à  Londres,  vers  1740, 
dans  un  état  voisin  de  l'indigence.  On  a  de 
ce  musicien  l'ouvrage  suivant  :  Six  suites 
'de  clavecins,  divisées  en  ouvertures,  alle- 
mandes,  courantes }  sarabandes ,  etc., 
composées  et  mises  en  concert  pour  un 
violon }  et  unejlûte ,  avec  basse  de  viole 
et  un  archiluth ,  Londres,  sans  date. 
Walther  cite  aussi  Six  ouvertures  pour 
clavecin  avec  violon  et  basse  continue, 
de  sa  composition  ,  gravées  à  Amsterdam  , 
chez  Roger. 

DIEZELIDS  (valentin)  ,  musicien  al- 
lemand qui  vivait  à  Nuremberg  au  com- 
mencement du  17e  siècle,  a  publié  dans 
cette  ville,  en  1600,  une  collection  de  ma- 
drigaux de  divers  maîtres  italiens  sous  ce 
titre  :  Ers  ter  Theil,  welcher  Mqdriga- 
lien,  auss  den  beriïhmtesten  Musicis 
Italicis  colligirt,  mit  5,4,5,6,7  und 
8  Stimmen. 

D1LLEN  (Guillaume),  compositeur 
belge ,  était  maître  de  chapelle  à  l'église 
cathédrale  de  Parme  ,  au  commencement 
du  17e  siècle.  Il  a  fait  imprimer  à  Venise, 
en  1622,  une  collection  de  messes  à  cinq, 
à  six  et  à  douze  voix. 

DILLHERR  (jean-michel)  ,  fameux 
théologien  ,  né  le  14  octobre  1604  à  Thé- 
mar  dans  la  principauté  de  Henncberg  en 
Franconie  ,  fut  d'abord  professeur  à  Jena, 
ensuite  pasteur  à  Saint-Sébald,  inspecteur 
de  l'école  de  Nuremberg  et  bibliothécaire 
de  la  même  ville.  Au  nombre  de  ses  ou- 


DIL 

vrages  se  trouve  une  dissertation  intitulée  : 
De  orlu  et  progressu ,  usu  et  abusu  mu- 
sicœ  7  Nuremberg,  1645.  Dillherr  est 
mort  le  8  avril  1669. 

DI  EXIGER  ou  D1LL1NGER  (jean)  , 
magister  et  ensuite  diacre  à  Cobourg,  né, 
en  1590,  à  Eissl'eld  en  Franconie  ,  étudia 
à  Wittenberg  ,  et  fut  d'abord  chanteur 
clans  la  grande  église  de  cette  ville.  En 
1623  ,  on  lui  confia  l'emploi  de  magister 
qu'il  quitta  en  1625  pour  la  place  de  chan- 
tre à  Cobourg.  On  voit  par  le  titre  d'un 
de  ses  ouvrages  qu'il  était  pasteur  à  Gel- 
lersbausen  en  1635.  Dans  la  suite  il  devint 
diacre  à  l'église  Moritz  à  Cobourg,  et  con- 
serva ce  postejusqu'en  1647,  où  il  mourut. 
Voici  la  liste  de  ces  ouvrages  :  1°  Pro- 
dromi  Triciniorum  sacrorum  ,  newer 
geistlicher  Liedlein  mit  3  Slimmen  ge- 
setzt,  Nuremberg,  1612, •  2°  Medulla  ex 
Psaîmo  6S  deprompta  et  harmonice 
6  voc.  composita ,  Magdebourg  ,  1614; 
5°  Exercitatio  musica  I,  conlinens  XIII 
selectissimos  concentus  niusicos  vario- 
rwn  autorum ,  cum  basso  generali,  gui- 
bus  accesserunlS  cantilenœ  3  voc,  Wit- 
tenberg, 1624  ;  4°  Disce  Mori,  oder  ein 
Gebetlein  zur  Betrachlung der  Slerblich- 
keit,  mit  4  Stimmen  ad  contrapunclum 
simplicem ,  Cobourg,  1628,  in-4°  ; 
5°  Gesprœch  D.  Lutheri  und  eines  Kran- 
ken  Sludiosi ,  Vordesscn  zu  Wittenberg 
gehallen ,  jetzo  aber  injeine  Reime  ge- 
bracht ,  und  mit  4  Stimmen  gesetz,  Co- 
bourg, in-4°  ;  6°  Musica  votiva  ,  Deo  sa- 
cro ,  de  Tempore ,  zum  lieben  neuen 
Jahre  den  ganzen  Werthen  jetzo  hoch- 
betruebten  Chrislenheit,  mit  2,  5,  4  und 
5  Stimmen,  Theils  Concerts  -  Theils 
contrapunclo-Weise  verfertiget,  1629  ; 
7°  Musica  Christiana  Cordialis  Domes- 
tica  ,  dass  ist  :  Chrislliche  Hauss-und 
Hertzens  Musica  ,  auss-Sl  in  Contra- 
punclo  simplici  gesetzlen  2,  3und£Stim- 
migen  Arien  bestehend,  Cobourg ,  1651  ; 
8°  Deux  supplémens  au  même  ouvrage, 
1651  ;  9°  Musica  Concertativa ,  oder 
Schatz  Iùemmerlein ,  neuer  geisllichen 


DM 


311 


Auserlesenen  Concerte ,  von  1,2,  3,  4, 
5,  6 — 12  Stimmen,  etc.  Cobourg,  1632, 
in-4°;  10°  Musica  Oratoria  ;  Musica 
Thanabulenlica  ;  Musica  Castrensis  ; 
Musica  invitatoria  ad  Epulum  Cœleste , 
iw-48  Liedern  fur  2,  3  und  6  Stimmen, 
Cobourg,  1655;  11"  Jeremias  pœnilen- 
tiarius,  in-52  teutschen  Buss-Sprœchen, 
ans  jedem  Capilel  des  PropJieten  Jere- 
miœ  genommen,  fur  2  Singstimmen. 
1er  et  2e  parties,  Cobourg,  1640,  in-4°. 
DIMMLER  (antoine)  ,  compositeur  et 
contrebassiste  au  service  du  roi  de  Ba- 
vière, nacquit  à  Manbei  m  le  14  octobre 
1755.  Le  musicien  de  la  cour  Joseph 
Zwini  lui  enseigna  la  musique  et  à  jouer 
du  cor,  et  l'abbé  G.  J.  Voglerla  composi- 
tion. A  l'âge  de  11  ans  il  entra  dans  la  mu- 
sique de  la  cour ,  en  qualité  de  corniste. 
En  1778  ,  il  se  rendit  à  Munich,  où  il 
s'adonna  à  l'étude  de  la  contrebasse  ,  et 
devint  très  fort  sur  cet  instrument,  pour 
lequel ,  à  l'exception  de  Marconi  et  de 
Gaspard  Bohrer ,  il  ne  se  trouvait  pas  alors 
un  homme  de  talent  dans  toute  la  Ba- 
vière. Dimmler  a  composéles  petits  opéras 
suivans  :  1°  Der  Guck  Kaslen  (  La  ja- 
lousie), représenté  à  Munich  en  1794; 
2»  Die  Schatz  Greber  (  Les  chercheurs  de 
trésors),  représenté  au  château  deSufeld 
près  de  Munich  ;  5°  Zebel-Jager  (  Les 
chasseurs  de  Zibeline)  .11  a  en  outre  composé 
la  musique  de  185  ballets,  parmi  lesquels 
on  distingue  :  1°  Der  Ersie  Tod  (La  pre- 
mière mort)  ;  2°  Des  Erste  Schafer  (Le 
premier  pâtre)  ;  5°  Medea  (Médée); 
4°  Die  Grazien  (  Les  Grâces  )  ;  5°  Ritler 
Amadis  (Amadis) ,  etc.  On  connaît  aussi 
en  manuscrit  des  simphonies  ,  quatuors  , 
concertos  ,  etc.  de  sa  composition  ,  outre 
une  grande  quantité  de  musique  de  gui- 
tare ,  instrument  dont  il  jouait  très  bien. 
11  vivait  encore  à  Munich  en  1815.  La 
bibliothèque  du  conservatoire  possède  les 
partitions  manuscrites  de  plusieurs  concer- 
tos pour  le  hautbois,  pour  la  flûte,  le  cor 
et  le  clavecin,  de  sa  composition.  Dimmler 
a  eu  un  fils ,  nommé  Antoine  comme  lui, 


312 


DIR 


DIS 


né  à  Munich,  le  24  avril  1783,  qui  a 
reçu  les  premiers  principes  de  musique  de 
son  père ,  et  qui  est  entré  au  service 
de  la  cour,  en  qualité  de  clarinetliste,  le 
16  juin  1796,  n'étant  âgé  que  de  13  ans. 

DIOMEUES  (caton  ) ,  luthiste ,  né  à 
Venise  ,  vivait  à  la  fin  du  16e  siècle  et  au 
commencement  du  17e.  11  passa  fort  jeune 
en  Pologne  et  entra  au  service  de  Stanislas 
Kostka ,  grand  trésorier  de  la  Prusse  polo- 
naise. Son  talent  sur  le  luth  était  remar- 
quable, et  il  chantait  fort  bien.  Il  a  fait 
imprimer  à  Cracovieen  1607  des  mélodies 
qu'il  avait  composées  en  l'honneur  de  Saint 
Stanislas,  patron  de  la  Pologne.  C'est 
aussi  ce  musicien  qui  a  composé  la  musique 
pour  les  poésies  de  Stanislas  Grochowski  , 
publiées  à  Cracovie  en  1606.  On  trouve 
quelques  pièces  de  luth  composées  par 
Diomedes  dans  le  Thésaurus  Harmoni- 
cus  de  Besardus. 

DION  ,  cylhariste  ,  naquit  à  l'ile  de 
Chio.  Ménechme,  cité  par  Atliénce  (liv.  14, 
c.  9.  ),  dit  qu'il  joua  le  premier,  sur  la 
cythare,  les  chants  des  libations  qu'on 
faisait  aux  fêtes  de  Bacchus. 

DIONIGI  (marc),  docteur  en  droit, na- 
quit à  Poli ,  bourg  de  l'État  Romain  ,  au 
commencement  du  17e  siècle.  Il  est  au- 
teur d'un  traité  de  plain-cliant  intitulé  : 
Primi  Tuoni ,  Inlroductione  ncl  canio 
fermo ,  Parme,  1648.  Il  en  a  donné  une 
deuxième  édition  en  1667  ,  avec  des  aug- 
mentations. 

DIHUTA  (agostino),  moine  de  l'or- 
dre de  Saint-Augustin  ,  né  vers  la  fin  du 
16e  siècle,  fut  d'ahord  maître  de  chapelle 
à  Asola  .  petite  ville  de  la  Lombardie.  Il 
s'y  trouvait  encore  en  1622.  Plus  tard  , 
il  se  rendit  à  Rome  au  couvent  de  son  or- 
dre, dont  il  devint  le  maître  de  chapelle. 
Il  y  vécut  jusque  vers  1650.  11  a  fait  im- 
primer beaucoup  d'ouvrages  pour  l'église  , 
tant  à  Venise  qu'à  Rome;  les  plus  connus 
sont  les  suivants  :  1°  Messe  concerlate  a 
chique  voci }  Venise,  1622  ;  2°  Litanie 
di  Gloriosa  Domina  a  4  ,  5  ,  e  6  voci , 
Rome,  1651. 


DIRUTA  ( girolamo  ),  frère  mineur, 
né  àPérouse,  vers  1580,  fut  organiste  de 
l'église  cathédrale  de  Chioggia ,  ville  de 
l'État  Vénitien.  On  lui  est  redcvahle  d'un 
livre  intéressant  sur  l'art  de  toucher  l'or- 
gue, qui  est  devenu  fort  rare.  Il  est  inti- 
tulé :  //  Transilvano ,  Dialogo  sopra  il 
vero  modo  di  sonar  organi  e  stromenti 
dapenna,  Parle  I,  Venise,  1615,  in- fol . 
Cet  ouvrage  est  dédié  à  un  prince  de  Tran- 
sylvanie, qui  était  élève  de  l'auteur  :  c'est 
à  cause  de  cette  circonstance  que  l'ou- 
vrage est  intitulé  //  Transilvano.  Outre 
la  partie  didactique  ,  qui  concerne  le 
doigté  des  inslrumens  à  clavier,  on  y 
trouve  des  toccates  et  des  pièces  d'orgne 
de  Diruta  ,  de  Claude  Merulo  ,  André 
Gabrielli,  Luzzasco  Euzzaschi,  Paul  Qua- 
gliati,  Joseph  Guami  et  d'autres  composi- 
teurs célèbres.  La  seconde  partie  du  Tran- 
silvano a  été  publiée  à  Venise  en  1622, 
in-fol.  Elle  est  divisée  en  quatre  livres.  Le 
premier  est  intitulé  :  Sopra  il  vero  modo 
de  intavolare  ciaschedun  canlo.  Le 
deuxième  contient  les  règles  du  contre- 
point avec  des  exemples  de  Luzzaschi  ,  de 
Gabriel  Fattorini,  et  de  Adrien  Banchieri. 
On  trouve  dans  le  troisième  l'exposition 
des  tons  de  l'église  et  les  règles  de  la  trans- 
position. Le  quatrième  contient  les  règles 
du  mélange  des  registres. 

DISTLER  (jean-georges),  maître  des 
concer's  de  la  cour  de  Stuttgard  ,  né  dans 
un  village  du  royaume  de  Wurtemberg, 
vers  le  milieu  du  18e  siècle,  s'est  fait  une 
réputation  en  Allemagne,  comme  violi- 
niste  et  comme  compositeur.  MM.  Pleyel, 
Neukomm,  et  lui,  sont  les  seuls  élèves  que 
Haydn  ait  formés.  En  1781  Distler  se 
rendit  à  Stutlgard  ;  il  y  obtint  la  place  de 
premier  violon  à  l'orchestre  de  la  cour; 
neuf  ans  après,  il  fut  fait  maître  des  con- 
certs. Une  maladie  mélancolique  le  con- 
duisit à  Vienne  1796  pour  y  voir  ses  pa- 
rens  :  il  y  mourut  en  1798  des  suites  de 
cette  hypocondrie.  Les  compositions  de 
Butler  ont  été  publiées  de  1791  à  1804; 
elles  consistent  en  :  1°  Six  quatuors  pour 


DIT 

le  violon,  op.  1,  Angsbourg,  1791.  La 
deuxième  édition  a  paru  dans  la  même  ville 
en  1795.  On  a  gravé  aussi  cet  ouvrage  à 
Amsterdam,  1791  ;  à  Bâle  ,  1791  ;  à 
Londres,  1797;  à  Paris,  1797;  2°  Six 
quatuors  pour  deux  violons,  alto  et  basse, 
op.  2;  3"  Concerto  pour  le  violon,  Augs- 
bourg,  1795  ;  4o  Six  quintetti  pour  deux 
violons,  deux  altos  et  basse,  en  manu- 
scrit, à  Vienne,  cbez  Trae  g  ;  5°  Six  qua- 
tuors pour  deux  violons,  alto  et  basse  , 
Augsbourg,  1798» 

DIÏTERSDE  DITTERSDORF  (Char- 
les), compositeur  et  violiniste  allemand  , 
dont  le  nom   de  famille  était  simplement 
Diïtcrs ,  naquit  à  Vienne,  en  1739;  dès 
l'âge  de  sept  ans ,  il  montra  un  goût  dé- 
cidé pour  la  musique;  ses  parens  lui  firent 
cultiver  cet  art,  et  lui  donnèrent  une  édu- 
cation soignée.  Il  forma  son  talent  pour 
le  violon  à  l'école  des  plus  habiles  violi- 
nisles   de  l'Allemagne,  et  lui-même    ne 
tarda  pas  à  être  compté  au  nombre  des 
virtuoses  sur  cet  instrument.  Un  solo  qu'il 
joua  dans  une  église  excita    l'admiration 
de  tous  les  auditeurs,  et  révéla  son  talent. 
Hubaczek,  fameux  corniste,  qui  était  pré- 
sent ,  prit  Ditters  en  affection ,  et  le  re- 
commanda si  fortement  au  prince  de  Hild- 
burgliausen  ,  auquel  il  était  attaché  ,  que 
le  jeune  artiste  fut  admis  au  nombre  des 
pages  de  ce  prince  ,  quoiqu'il  n'eût  pas  en- 
core   douze  ans    accomplis.    Après   avoir 
achevé  son  éducation  musicale  dans  la  pe- 
tite cour  de  son  bienfaiteur,  il  fut  attaché 
à  l'orchestre  d'un  théâtre  de  Vienne,  se  lia 
avec  Métastase,  et  eut  le  bonheur  de  deve- 
nir l'ami  de  Gluck,  qui  l'emmena  avec  lui 
en  Italie.  Là,   son  jeu  sur  le  violon  fut 
admiré    de   tous    les    artistes;   lui-même 
rapporte  qu'après  avoir  joué  en  public  un 
concerto,  il  reçut  une  lettre  anonyme  rem- 
plie d'éloges  et  accompagnée  d'une  montre 
fort  riche.  11  ne  sut  que  long-temps  après 
que  ce  présent  lui  venait  du  fameux  Fari- 
nelli.  De  retour  à  Vienne,  Ditters  mit  à 
profit  la  connaissance  de  Joseph  Haydn, 
et  augmenta  ses  connaissances  dans   la 


DIT 


313 


composition.   Lors   du  couronnement  de 
l'empereur  Joseph  II,  en  1765,  Ditters 
suivit  la  cour  à  Francfort  ;  et  s'y  fit  en- 
tendre avec  succès.  De  là,  il  passa  au  ser- 
vice  de   l'évêque  de  Grosswardein ,  en 
Hongrie.    Il   y   écrivit   quatre  oratorios , 
Isaac ,  David ,  Job  et  Esther,  qui  furent 
exécutés  à  Vienne  avec  heaucoup  de  succès. 
Ce   fut  aussi  vers  le  même   temps   qu'il 
commença  à  écrire  pour  le   théâtre.    En 
1769,   il  quitta  Gross-Wardein  pour   se 
rendre  en  Silésie,  où  il  entra  au  service 
du  prince-évêque  de  Breslan,  en  qualité  de 
maître  de  chapelle.  Ce  prélat  aimait  pas- 
sionnément la  musique,  et  goûta  si  bien 
celledeson  maître  de  chapelle,  qu'il  voulut 
faire  sa  fortune.  En  1770,  il  le  fit  nommer 
maître  des  forêts  de  la  Silésie  autrichienne, 
lui  fit  accorder  des  lettres  de  noblesse  et 
la   permission  d'ajouter  à  son  nom   celui 
de  Dillersdorf \  qu'il  porta  toujours  de- 
puis lors.  Le  sort  de  cet  artiste  semblait 
assuré  de  la  manière  la  plus  heureuse.  Il 
était  recherché  à  Vienne,  et  surtout  à  Ber- 
lin, où  on  l'appelait  souvent  ;  mais  le  mal- 
heur qu'il  eut  de  se  brouiller  avec  l'évêque 
de   Breslau ,  le  succès  de  la  musique  de 
Mozart ,  qui  changea  la  direction  de  l'art, 
et  fit  paraître  le  stvle   de  Ditters  vieux  et 
mesquin  ,  enfin  les   infirmités  qui  acca- 
blèrent celui-ci  dans  ses  dernières  années, 
tout  cela  ,  dis-je,  empoisonna  la  fin  de  sa 
vie,  et  il  aurait  été  réduit  à  la  dernière 
misère,  sans   les   bienfaits   du  baron   de 
Stillfried,  qui  le  prit  dans  son  château  en 
Bohême,  et  le  mit  ainsi  que  sa  famille  à 
l'abri  du  besoin.  Il  y  est  mort  le  premier 
octobre    1799  ,    deux  jours    après   avoir 
achevé  de  dicter  à  son  fils  l'histoire  de  sa 
vie,  ouvrage  intéressant  par  le  ton  d'ori- 
ginalité naïve  qui  y  règne  ,  et  dans  lequel 
les  jeunes  musiciens  peuvent  trouver  des 
instructions  utiles.  II  renferme  aussi  des 
anecdotes  curieuses   et   peu   connues  sur 
Lolli  et  d'autres  grands  maîtres.  On  a  de 
Ditters  les  ouvrages   suivans  :  1°   Brief 
iïeber  die  Grenzen  des  Komischen  und 
fferoischen  in,  der  Musik  (  Lettre  sur  les 


314 


DIT 


DIT 


bornes  du  comique  et  de  l'héroïque  en  mu- 
sique), dans  la  Gazette  musicale  de  Leip- 
sick, première  année,  p.  158  ;  2°  Brief , 
ïieberdie  Behandlung  italiœnischer  texte 
bey  cler  Komposition  und  ûeber  andere 
Gegenstœnde  (Lettre  sur  l'expression  des 
paroles  italiennes  dans  la  composition  et 
sur  d'autres  objets  relatifs  à  la  musique), 
Ibid.,  p.  201  ;  3°  Karl  von  Dittersdorfs 
Lebensbeschreibung  (  Histoire  de  la  vie 
de  Charles  Dittersdorf  ) ,  publiée  par  son 
fils  ,  à  Leipsick  ,  1801 ,  294  pages  in-8°  ,' 
i°  Isacco,  figura  del  Redentore,  oratorio, 
composé  à  Grosswardein  en  1767  ;  5°  La 
libératrice  del  Popolo  Giudaico  nella 
Persia,  o  sia  l'Esther,  oratorio.  Cet  ou- 
vrage, qu'on  exécuta  deux  fois  à  Vienne, 
en  1785,  an  profit  des  veuves  des  musi- 
ciens ,  fut  accueilli  avec  beaucoup  d'ap- 
plaudissemens  ;  6°  Job,  oratorio,  Vienne, 
1786  ;  7°  Messe  en  ut,  avec  orchestre  ,  en 
manuscrit  chez  Breitkopf  ;  8°  Motet  pour 
le  jour  de  Saint-Népomucène,  en  Mss.  chez 
Rellstab  ;  9°  Amore  in  musica ,  opéra- 
buffa  ,  à  Grosswardein ,  en  1767;  10°  Lo 
Sposo  burlalo  ,  opéra  buffa  ,  à  Johannis- 
berg ,  en  1775;  11°  Der  Doktor  und 
jépotheker  (Le  médecin  et  l'apothicaire) , 
opéra  en  un  acte,  à  Vienne,  en  1786.  Cet 
ouvrage  fut  accueilli  avec  tant  de  faveur, 
que  l'empereur  Joseph  II ,  assistant  à  une 
de  ses  représentations  ,  ne  dédaigna  pas 
de  témoigner  par  ses  applaudissemens  sa 
satisfaction ,  au  moment  où  Ditters  entra 
dans  l'orchestre.  À  Londres,  cette  pièce  eut 
trente-six  représentations  de  suite.  Elle  a 
été  gravée  en  partition  pour  le  piano  à 
Vienne,  à  Berlin  et  à  Mayence;  on  l'a 
aussi  arrangée  pour  tous  les  instrumens  ; 
12°  Betrug durch  Aberglauben  (La  Four- 
berie par  superstition),  opéra  en  un  acte, 
à  Vienne,  en  1786;  15°  Die  Liebe  im 
Narrenhause  (L'amour  aux  petites  mai- 
sons), en  un  acte,  à  Vienne,  en  1786.  Cet 
ouvrage  a  été  gravé  à  Mayence,  en  1790, 
et  à  Berlin ,  en  1792  ;  14°  Il  Democrito 
Corretlo,  opéra  bouffe,  à  Vienne,  en  1786; 
15°  Hieronjmus  Knicker  (Jérôme  Knic- 


ker),  opérette,  à  Vienne,  en  1787,  gravé 
en  partition  pour  le  piano  à  Leipsick  ,  en 
1792;  16°  La  Contadina  fedele ,  opéra 
bouffe,  à  Johannisberg,  en  1785  ;  17°  Or- 
pheus  der  zwejle  (Le  nouvel  Orphée), 
en  un  acte,  à  Vienne,  1787;  18°  Das 
rote  Kœppehen  (  Le  chaperon  ronge  ) ,  à 
Vienne,  en  1788  ,  gravé  à  Leipsick,  eu 
1792;  19°  Der  Schiffspatron,  oder  neue 
Gutsherr  (Le  Patron  de  navire,  ou  le  nou- 
veau seigneur  de  village) ,  à  Vienne ,  en 
1789  ,  gravé  en  partition  pour  le  piano  , 
à  Leipsick,  en  1795  ;  20°  Hokus  Pokus , 
en  un  acte,  à  Vienne  ,  en  1790,  et  à  Wei- 
mar ,  en  1792,  avec  des  changemens; 
21°  Das  Gespenst  der  Trommel  (Le 
tambour  nocturne),  à  Oels  ,  en  1794; 
22°  Gott  Mars ,  oder  der  eiserne  Mann 
(Le  Dieu  Mars,  où  l'homme  insensible), 
en  deux  actes,  à  Oels,  en  1795  ;  25°  Der 
Gefoppte  Brœuligam ,  ibid.,  1795; 
24°  Don  Quichotte  ,  en  italien ,  ibid.  , 
1795;  25°  Die  Guelfen  (Les  Guelfes), 
prologue  ,  ibid. ,  1795  ;  26°  Der  Schach 
vonSchiras(Le  Sultan  de  Schiras),  ibid., 
1795;  27°  Ugolino,  en  deux  actes,  ibid., 
1796;  28°  Die  Lustigen  Weiber  von 
Windsor  (Les  bourgeoises  de  Windsor) , 
ibid.,  1796  ;  29°  Der  Schœne  Herbsltag 
(Le  beau  jour  d'automne),  ibid.,  1796; 
50°  Der  Ternengewinnst  (  Le  billet  de 
loterie),  en  un  acte,  ibid.,  1797;  31°  Der 
Mœdchenmarckt  (Le  marché  des  filles), 
en  un  acte,  ibid.,  1797  ;  32°  Tertio  Secco, 
opéra  bouffe  en  deux  actes  ,  à  Breslau,  en 
1797;  53°  L'opéra  bouffe  de  Bretzner,  en 
Mss.  1798;  34°  Don  Coribaldi ,  o  sia 
l'usurpata  Prepotenza ,  en  deux  actes, 
1798,  en  Mss.;  35°  //  Mercato  délie  Ra- 
gazze,  1798  ,  en  Mss.;  36<>  //  Tribunale 
di  Giove,  en  Mss.  Ces  quatre  derniers  ou- 
vrages sont  restés  entre  les  mains  de  la 
famille  de  Ditters;  57°  Grande  cantate 
latine ,  pour  le  jour  de  fête  de  l'évêque  de 
Grosswardein,  en  1765;  38°  Lafdle  de 
Kola,  chant  ossianique,  avec  piano  ,  Leip- 
sick, 1795;  39°  Grand  concerto  pour  onze 
instrumens  concertans ,    avec   orchestre, 


DIV 

1765;  40°  Quinze  symphonies  à  grand 
orchestre,  intitulées  Les  Métamorphoses 
d'Ovide,  Vienne  ,  1785  ;  41°  Trente-cinq 
symphonies,  en  manuscrit,  chez  Traeg,  à 
Vienne;  42°  Six  nouvelles  symphonies, 
en  manuscrit,  dans  les  mains  des  héritiers; 
45°  Concerlino alob.  Fag.  e  2  cor.  con- 
cert., 2  viol.,  2  ait.  eb. ,  en  Mss. ,  chez 
Traeg ,  à  Vienne  ;  44°  Douze  concertos 
pour  violon,  ihid.;  45°  Deux  nocturnes 
pour  deux  cors  et  violoncelle  obligé,  ihid.j 
46°  Six  quatuors  pour  violon ,  Vienne , 
Àrtaria  ;  47°  Douze  divertissemens  pour 
deux  violons  et  violoncelle  ,  en  Mss.  chez 
Traeg-;  48°  Duos  pour  violon  et  basse, 
ihid,  ;  49°  Douze  sonates  à  quatre  mains 
pour  le  piano,  1796-1797,  en  Mss.; 
5°  Soixante-douze  préludes  pour  le  piano, 
dans  tous  les  tons  ;  51°  Douze  chansons 
et  romances  variées  pour  le  piano.  On  a 
appelé  Ditters  le  Grëtrj  de  l'Allemagne  : 
cet  éloge  est  exagéré.  Si  ses  compositions 
sont  plus  pures  d'harmonie  que  celles  du 
musicien  belge,  elles  sont  bien  inférieu- 
res sous  le  rapport  de  l'invention. 

D1TTMER  (mantey  baron  de) ,  en  ce 
moment  maître  de  chapelle  du  duc  de 
Blecklembourg  Strelitz,  est  né  en  Bavière, 
a  eu  pour  maître  Winter,  et  s'est  fait 
son  imitateur.  On  a  de  lui  un  petit  opéra 
(Diebeide  Galœrensclaven),  Les  deux  Ga- 
lériens, qui  n'a  rien  de  remarquable.  Son 
meilleur  ouvrage  en  ce  genre  est  son  opéra 
intitulé  Louis  de  Bavière  ;  on  a  gravé 
l'ouverture  pour  piano.  Sa  musique  reli- 
gieuse se  distingue  par  un  style  assez  pur, 
et  par  son  caractère  pieux  :  elle  est  restée 
jusqu'à  ce  jour  en  manuscrit.  Parmi  ses 
œuvres  de  musique  instrumentale  on  re- 
marque; 1°  Fantaisie  sérieuse  pour  le  piano, 
Berlin  ;  2°  Fantaisie  en  forme  de  variations 
sur  l'air  de  Himmel  :  An  Alexis,  ibid.; 
3°  Adagio  et  allegro  agitalo  pour  piano 
violon  et  flûte,  ibid.  ;  4°  Six  danses  popu- 
laires de  la  Bavière  pour  piano,  op.  2, 
ibid.  ;  5°  Six  valses  de  Rossini,op.  7,  ibid. 
DIVISS  ouDIWISCH  (procope),  mu- 
sicien, mécanicien  et  physicien,  naquit  le 


DIV 


315 


1er  août  1696,  à  Senftenberg  en  Bohême. 
Après  avoir  fait  ses  éludes  à  Znaim,  il  en- 
tra en  1719  dans  l'ordre  des  prémontrés, 
à  Bruck.  Il  y  enseigna  la  théologie  et  la 
philosophie  avec  éclat,  jusqu'en  1735; 
à  cette  époque  la  cure  de  Prenditz,  près  de 
Znaim,  lui  fut  offerte,  et  il  l'accepta.  Ce 
fut  dans  cette  retraite  qu'il  se  livra  avec  ar- 
deur à  des  recherches  de  physique  et  de  mé- 
canique, et  qu'il  imagina  la  paratonnerre, 
dont  l'invention  a  été  retrouvée  depuis  lors 
par  Franklin  ,  et  une  sorte  iïorchestrion , 
grand  instrument  de  musique  ,  auquel  il 
donna  le  nom  de  Denis  d'or,  par  analogie 
avec  le  sien  qui  signifie  Denis  en  bohé- 
mien. En  1741,  Diwisch  accepta  l'emploi 
de  supérieur  de  l'abbaie  de  prémontrés  de 
Bruck  ,  et  son  administration  fut  si  sage, 
que  pendant  la  guerre  de  l'Autriche  contre 
la  Prusse,  le  monastère  fut  toujours  res- 
pecté, même  par  les  ennemis.  Après  que 
la  tranquillité  eut  été  rétablie  dans  la  Mo- 
ravie ,  il  retourna  clans  sa  cure,  et  reprit 
ses  travanx  scientifiques.  Il  mit  alors  la 
dernière  main  à  ses  inventions  du  paraton- 
nerre et  du  Denis  d'or.  En  1754,  il  plaça 
un  paratonnerre  près  de  sa  maison  ;  mais 
cette  nouveauté  lui  fit  courir  quelque  dan- 
ger, car  le  peuple  ayant  considéré  cet  appa- 
reil comme  un  instrument  de  sorcellerie, 
et  lui  attribuant  la  sécheresse  qui  se  fit 
sentir  alors  pendant  deux  ans  ,  renversa 
cette  machine  qui  fut  transportée  à  l'abbaie 
de  Bruck.  Les  savans  de  l'Autriche  ne  se 
montrèrent  pas  beaucoup  plus  raisonnables 
que  le  peuple,  car  ils  s'opposèrent  à  l'éta- 
blissement des  paratonnerres  sur  les  édifices 
publics,  qui  avaitélé  proposéà  l'Empereur, 
par  Diwisch.  A  l'égard  du  Denis  d'or,  il 
paraît  qu'il  lui  donna  la  dernière  perfec- 
tion en  1762.  Cet  instrument  se  jouait 
comme  l'orgue  avec  les  mains  et  les  pieds  ; 
il  imitait,  dit-on,  tous  les  instrumens  à 
cordes  et  à  vent ,  et  l'on  assure  qu'il  pou- 
vait produire  cent  trente  variétés  de  qua- 
lités de  sons.  Le  prince  Henri  de  Prusse 
en  offrit  une  somme  considérable,  mais 
lorsqu'il  l'entendit,  Diwisch  le  croyait  sus- 


316 


DIX 


ceptible  de  plus  de  perfeetionnemens,  et  il 
ne  voulut  pas  le  céder.  En  1790,  l'évêque 
de  Bruck  ,  Georges  Lambeck,  possédait 
le  dernier  instrument  de  ce  genre  exécuté 
par  l'inventeur,  et  entretenait  un  musi- 
cien chargé  spécialement  de  le  jouer.  On 
ignore  ce  qu'il  est  devenu  depuis  ce  temps. 
Diwisch  est  mort  à  Prendilz,  le  21  dé- 
cembre. 1765.  On  a  de  lui  un  ouvrage 
pôslliume  en  allemand  qui  a  pour  titre: 
Théorie  de  l'électricité  et  application  de 
ses  principes  à  la  Chimie,  ïubinge, 
176S,  in-8°.  Le  portrait  de  ce  savant  a  été 
gravé  par  Balzer.  avec  ce  distique  : 

Non  laudate .Tovem  génies!  QuiJ  vester  Apollo? 
Iste  majjis  Deus  est  fulminis  atque  soni. 

DIVIT1S  ( Antoine),  musicien  fran- 
çais ,  vivait  dans  la  première  moitié  du 
16e  siècle.  On  ne  connaît  de  sa  compo- 
sition que  deux  morceaux  :  1°  Un  gloria 
Laits  à  quatre  parties,  dans  le  dixième 
livre  de  la  collection  d'anciens  motets,  im- 
primée à  Paris,  par  Pierre  Àttaignant, 
1530-1540 ,  in-4°  ,  gothique  ;  2°  Un  Credo 
à  six  voix,  en  manuscrit,  dans  la  biblio- 
thèque royale  de  Munich.  Gerber  dit  aussi 
qu'il  y  a  des  morceaux  de  sa  composition 
dans  un  recueil  de  chansons  en  différentes 
langues,  imprimé  depuis  1550  jusqu'en 
1540  ,  in-8°,  et  dont  il  y  a  un  exemplaire 
dans  la  bibliothèque  de  Zwickau.  Cette 
collection  a  pour  titre  :  Sammlung  von 
Gesœngen  in  verschiedenen  Sprachen. 
Il  est  peut-être  permis  de  penser  que  le 
nom  réel  de  ce  musicien  était  Le  Biche , 
et  qu'il  a  été  latinisé.  On  trouve  deux  chan- 
sons françaises  à  5  voix,  de  Le  Riche,  dans 
une  collection  publiée  par  Nicolas  Duche- 
min,  en  1551 ,  sous  ce  titre  :  Le  premier 
livre  des  plus  excellentes  chansons  de 
divers  auteurs. 

DIXON  (william),  compositeur  et  or- 
ganiste anglais,  vécut  à  Londres,  depuis 
1770,  jusque  vers  1800.  11  a  publié  une 
collection  de  musique  sacrée,  choisie  dans 
les  œuvres  des  meilleurs  maîtres  anglais , 
sous  ce  titre  ;  Psalmodia  Christiana ,  a 


DIZ 

collection  of  sacred  music  ,  in  Jour 
parts,  designed  for  public  worship,  con- 
laining  200  plain  psalm  lunes  ,  50  fu- 
gues ,  and  a  few  pièces  in  the  hymn 
style ,  for  the  three  great  festivals, 
Chrislmas-Day,  Easler-Day,  andWhit- 
sunday ,  wilh  the  bass  figured  for  the 
organ  or  harpsichord ,  etc.,  Londres, 
1790.  Celte  collection  est  précédée  d'an 
traité  élémentaire  du  chant  intitulé  : 
An  Essay  and  concise  Introduction  to 
singing,  conlaining  rides  for  singing  at 
sight,  formed  hy  the  author  during 
many  years  study  and  practice  in 
teaching.  On  a  aussi  de  Dixon  un  recueil 
de  chansons  anglaises  ,  Londres,  1795. 

D!ZI  (François-Joseph),  né  à  Namur, 
le  14  janvier  1780,  est  fils  d'un  professeur 
de  musique  qui,  de  Dinant-sur-la-Meuse, 
alla  s'établir  dans  cette  ville.  Le  jeune 
Dizi  fit  voir  dès  son  enfance  les  plus  heu- 
reuses dispositions  pour  la  musique,  et  la 
sévérité  de  son  père  développa  ses  facultés 
par  des  études  laborieuses.  La  harpe  était 
l'instrument  pour  lequel  il  avait  le  plus 
de  penchant;  malheureusement  il  n'y 
avait  pas  de  maître  à  Namur  qui  pût  lui 
enseigner  à  en  jouer  ;  les  leçons  de  son 
père,  qui  était  violiniste,  furent  les  seules 
qu'il  reçut,  et  ce  fut  en  lui-même  qu'il  dut 
chercher  les  moyens  d'acquérir  du  talent. 
11  avait  à  peine  atteint  sa  seizième  année, 
lorsqu'il  conçut  le  projet  de  se  rendre  en 
Angleterre.  Il  voyageait  alors  en  Hollande 
pour  s'y  faire  entendre;  il  s'y  embarqua. 
Arrivé  dans  un  port  où  le  vaisseau  fut 
obligé  de  relâcher,  il  se  jjromcnait  sur  le 
pont  du  bâtiment;  tout  à  coup  il  vit  un 
matelot  tomber  à  la  mer,  et  poussé  par  un 
mouvement  d'humanité,  il  s'y  précipita 
lui-même  pour  le  sauver,  oubliant  qu'il  ne 
savait  pas  nager.  Il  perdit  bientôt  connais- 
sance, et  lorsqu'il  revint  à  lui,  il  se  trouva 
dans  une  maison  sur  le  port,  où  on  lui 
donnait  des  soins.  Dès  que  ses  habits  fu- 
rentséchés,  il  voulut  retourner  au  vaisseau, 
mais  cebâtiment,dont  il  ncsavail  pas  même 
le  nom,  avait  continué  sa  route,  parce 


DIZ 

qu'on  ne  s'était  pas  aperçu  de  l'accident 
de  Dizi,  qu'un  ouvrier  du  port  avait  sauvé. 
La  situation  du  jeune  artiste  était  des  plus 
pénibles,  car  sa  harpe  et  les  malles  qui 
contenaient  ses  habits ,  son  linge,  ses  lettres 
de  recommandation  et  son  argent  étaient 
sur  le  vaisseau  qui  s'éloignait  de  lui.  Sa 
bourse  ne  renfermait  que  quelques  écus  à 
peine  suffisans  pour  le  conduire  à  Londres, 
et  il  ne  savait  pas  un  mot  d'anglais.  11  se 
décida  pourtant  à  sacrifier  le  peu  qui  lui 
restait  pour  arriver  jusqu'à  la  capitale  de 
l'Angleterre,  dans  l'espoir  d'y  retrouver  le 
navire  qui  contenait  toutes  ses  richesses  et 
l'espoir  de  son  avenir. 

Arrivé  à  Londres,  il  ne  put  jamais  dé- 
couvrir ce  bâtiment ,  n'ayant  aucun  ren- 
seignement qui  pût  l'aider  dans  ses  recher- 
ches au  milieu  de  l'immense  quantité  de 
vaisseaux  qui  stationnaient  sur  la  Tamise; 
il  se  trouva  donc  dans  cette  grande  ville 
sans  ressources ,  et  n'y  connaissant  per- 
sonne. Après  quelques  semaines  passées 
dans  la  situation  la  plus  pénible,  le  ha- 
sard le  conduisit  près  d'une  maison  où  il 
entendit  jouer  de  la  harpe  ;  il  se  décida  à 
y  entrer,  exposa  sa  situation  à  ceux  qui 
l'habitaient,  et  demanda  qu'on  l'entendît 
sur  son  instrument.  Celte  maison  était  celle 
de  Sébastien  Erard  ,  célèbre  facteur  de 
harpes  et  de  pianos.  Le  chef  de  cette  mai- 
son apprécia  le  talent  du  jeune  Dizi,  com- 
prit qu'il  avait  de  l'avenir,  et  l'aida  à  se 
poser  convenablement  dans  le  monde,  en 
lui  procurant  des  élèves.  Clementi  lui  fut 
aussi  utile  par  l'estime  qu'il  témoigna  pour 
ses  talens.  Bientôt  Dizi  devint  le  harpiste 
le  plus  renommé  de  Londres  ,  et  pendant 
trente  ans,  il  jouit  en  Angleterre  d'une 
brillante  réputation  comme  virtuose  ,  et 
comme  compositeur  pour  son  instrument. 
La  nature  l'avait  doué  de  dispositions 
naturelles  pour  la  mécanique,  et  de  beau- 
coup d'adresse.  Il  voulut  appliquer  ces  fa- 
cultés au  perfectionnement  de  son  instru- 
ment ,  et  inventa ,  avec  l'assistance  d'un 
Polonais,  une  harpe  à  double  action  qu'il 
appela  Harpe  perpendiculaire,  parce  que 


DLA 


317 


les  cordes,  placées  au  centre  de  la  console, 
étaient  dans  une  position  exactement  ver- 
ticale avec  le  centre  de  la  table.  L'éléva- 
tion de  ces  cordes,  à  un  demi  ton  ou  à  un 
ton  plus  haut  que  l'accord  naturel,  se  fai- 
sait par  des  bascules  placées  à  l'intérieur 
delà  console.  La  difficulté  du  placement 
des  cordes,  et  les  dérangemens  fréquens  du 
mécanisme  ,  ont  déterminé  plus  tard 
M.  Dizi  à  renoncer  à  ce  système  de  con- 
struction ,  pour  se  rapprocher  de  celui 
d'Érard  ,  qu'il  a  seulement  voulu  simpli- 
fier en  substituant  aux  mouvemens  parti- 
culiers de  chaque  note,  des  mouvemens 
généraux  de  communication  d'octave  en 
octave.  M.  Dizi  est  aussi  le  premier  qui  a 
imaginé  de  doubler  les  tables  d'harmonie 
des  harpes,  pour  leur  donner  plus  de  rési- 
stance aux  vibrations  des  cordes.  Enfin,  il 
a  disposé  les  pédales  de  l'instrument  dans 
un  ordre  plus  régulier  que  celui  qui  est 
généralement  adopté  ;  mais  cette  innova- 
tion a  eu  peu  de  succès,  parce  qu'elle  con- 
trariait les  habitudes  des  harpistes. 

En  1828,  M.  Dizi  a  quitté  Londres  pour 
s'établir  à  Paris ,  où  il  a  formé  une  asso- 
ciation avec  la  maison  Pleyel ,  pour  l'éta- 
blissement d'une  fabrique  de  harpes.  De- 
puis son  arrivé  en  France,  il  a  été  nommé 
professeur  de  harpe  des  princesses  de  la  fa- 
mille royale. 

Les  compositions  de  M.  Dizi  pour  la 
harpe  sont:  l°Une  grande  sonate,  publiée 
à  Londres  ;  2°  Air  Saxon,  de  Cramer,  varié, 
Paris,  Janet  ;  3°  Danse  du  Cliâle  ,  variée, 
Ibid.  ;  4°  Trois  thèmes  originaux  variés, 
Ibid.  ;  5°  Douze  exercices  ou  fantaisies 
pour  la  harpe  à  deux  rangs  de  pédales , 
première  et  deuxième  suite,  Paris,  Pleyel; 
6°  Une  grar.de  quantité  de  romances 
françaises,  d'airs  anglais  et  italiens,  variés 
pour  la  harpe,  Londres,  Paris,  Erard, 
Pleyel  et  autres. 

DLABACZ  (  joseph-benoît )  ,  virtuose 
sur  le  trombone  ,  naquit  à  Podécbradt,  le 
2  juillet  1703.  Après  avoir  fini  ses  études 
à  Prague,  il  voyagea,  puis  se  fixa  à  Co- 
blentz,  où  son  talent  remarquable  le  fit 


318 


DOB 


DOB 


engager  dans  la  chapelle  de  l'électeur. 
Il  mourut  en  cetle  ville  vers  1769.  On 
ignore  s'il  a  écrit  pour  son  instrument. 

DLABACZ  (godefroi-jeaii)  ,  né  vers 
1760  à  Bœhmisch-Brod  ,  en  Bohême, 
entra  dans  l'ordre  des  Prémontrés  à  Prague, 
et  devint  directeur  du  chœur  et  bibliothé- 
caire du  chapitre  Strahow,  dans  la  même 
ville.  Il  a  àonnîtV  Essai  d'un  catalogue  des 
meilleurs  musiciens  de  la  Bohême ,  dans 
les  septième  et  neuvième  parties  de  la  Sta- 
tistique de  la  Bohême,  qui  a  été  publiée 
en  1788.  Le  troisième  volume  de  la  Société 
Royale  des  Sciences  de  la  Bohême  (1798  , 
in-4°  ,  n°  2)  renferme  une  dissertation  sur 
l'état  des  arts  dans  ce  pays,  dont  il  est  aussi 
l'auteur.  On  y  trouve  quelques  détails  cu- 
rieux sur  les  orgues  et  sur  plusieurs  mu- 
siciens. L'ouvrage  le  plus  important  qu'il 
a  publié  est  le  Dictionnaire  historique  des 
artistes  de  la  Bohême ,  qui  a  paru  sous  ce 
ce  titre  :  Allgemeine  -  hist.-Kunstler- 
Lexikon  fur  Bœhmen ,  3  vol.  in-4°, 
Prague,  1815-1818.  On  y  trouve  une 
multitude  de  notices  intéressantes  sur  les 
musiciens  de  cette  partie  de  l'Allemagne. 
Dlabacz  est  mort  à  Prague,  le  4  jan- 
vier 1820. 

DLUGORÀI  (aleert)  ,  compositeur  et 
luthiste  distingué  ,  né  en  Pologne ,  vécut 
vers  la  fin  du  16e  siècle.  On  trouve  quel- 
ques-unes de  ses  pièces  de  luth  dans  le 
Thésaurus  Harmonicus  de  Besard. 

D0BBEBT(CHRETIEN-FRE'DERIC)./7OJreZ 

DOEBBERT. 

DOBLEll  (joseph-aloys)  ,  un  des  meil- 
leurs chanteurs  de  l'époque  actuelle  en  Alle- 
magne, est  né  le  17  novembre  1796  à 
Gebratzhofen  ,  dans  le  royaume  de  Wur- 
temberg, où  son  père  était  maître  d'école. 
Celui-ci  lui  donna  les  premières  leçons  de 
musique,  de  chant  et  de  piano.  A  l'âge  de 
dix  ans  Dobler  fut  admis  comme  enfant 
de  chœur  à  l'église  cathédrale  deConstance. 
Il  y  fit  ses  études  jusqu'en  1813;  alors, 
pour  se  soustraire  aux  lois  delà  conscrip- 
tion ,  il  se  décida  à  aller  faire  un  cours  de 
théologie  à  l'université  d'Ellwangen.  Là  , 


il  eut  occasion  d'exercer  sa  belle  voix  de 
basse  .dans  les  concerts  d'amateurs  que  le 
recteur  Spsegele  avait  institués.  Encouragé 
par  les  succès  qu'il  obtint  dans  ces  con- 
certs ,  il  résolut  de  ne  point  entrer  au  sé- 
minaire et  se  rendit  secrètement  à  Vienne, 
où  il  trouva  un  protecteur  dans  l'ambas- 
sadeur de  Wurtemberg.  Weigl,  ayant  en- 
tendu la  belle  voix  de  Dobler,  l'encouragea 
à  cultiver  le  chant,  lui  donna  des  conseils 
et  lui  procura  un  engagement  au  théâtre 
de  la  porte  de  Carinthie,  avec  deux  mille 
florins  d'appointemens.  Le  jeune  chanteur, 
âgé  seulement  de  dix-neuf  ans,  se  fit  bien- 
tôt remarquer ,  et  bientôt  il  fut  engagé 
pour  le  théâtre  de  Linz,  comme  première 
basse.  11  y  débuta  par  le  rôle  d'Alcidor 
dans  Cendrillon ,  et  son  succès  fut  com- 
plet. En  1820  il  prit  l'emploi  de  première 
basse  au  théâtre  de  Francfort-sur-le-Mein, 
resta  dans  cette  ville  jusqu'en  1825,  et 
entreprit  alors  un  grand  voyage  en  Alle- 
magne, chanta  avec  succès  à  Mayence, 
Stuttgard  ,  Wiesbaden  ,  Berlin  ,  etc.  En- 
gagé pour  l'Opéra-AUemand  de  Londres 
en  1833,  il  y  chanta  dans  trente-deux  re- 
présentations pendant  la  saison  ,  et  se  lia 
d'amitié  avec  les  célèbres  chanteurs  italiens 
Rubini,  Tamburini  et  Madame  Malibran, 
qui  devinrent  ses  modèles.  De  retour  à 
Erancfort  à  la  fin  de  celte  année  ,  Dobler 
V  resta  jusqu'au  15  septembre  1834,  épo- 
que où  il  est  entré  au  service  de  la  cour 
des  Wurtemberg,  à  Stuttgard.  Cet  artiste 
n'a  point  étudié  de  méthode  de  chant  pro- 
prement dite;  ce  qu'il  sait  dans  cet  art,  il 
le  doit  à  sa  propre  expérience ,  aux  exem- 
ples qu'il  a  recueillis  des  chanteurs  habiles, 
et  surtout  à  sa  rare  intelligence  et  au  sen- 
timent dramatique  dont  il  est  doué  au 
plus  haut  degré.  Sa  voix  est  pure,  égale, 
flexible,  et  d'une  grande  puissance. 

DOBYHEBL  (joseph),  niaître  de  mu- 
sique du  deuxième  régiment  d'artillerie  en 
garnison  à  Vienne,  est  né  le  13  juin  1779 
à  Krasowitz,  en  Bohême.  Destiné  à  l'ensei- 
gnement de  la  musique  par  son  père,  il 
étudia  toutes  les  parties  de  cet  art  et  ap- 


DOC 


DOD 


319 


prit  le  cliant,  le  piano,  l'orgue ,  le  violon 
et  presque  tous  les  instrumens  à  vent,  sous 
la  direction  de  Nawratil ,  Doluzalek,  Jo- 
hanis,  et  surtout  d'un  organiste  très  habile 
nommé  Bubmik.  Lorsqu'il  eut  atteint  sa 
quinzième  année,  il  fut  envoyé  à  Enns, 
dans  la  Haute-Autriche,  pour  y  apprendre, 
sous  la  direction  du  musicien  de  la  ville, 
à  jouer  du  cor,  de  la  trompette  et  du  trom- 
bone, puis  il  alla  à  Vienne  faire  un  cours 
d'études  littéraires.  Admis  daus  cette  ville 
au  théâtre  Léopold  comme  clarinettiste, 
il  y  resta  pendant  six  ans.  Pendant  ce 
temps,  il  apprit  l'harmonie  et  la  compo- 
sition chez  HeidenreichetTayber.  Enl808, 
Dobyherl  fut  nommé  chef  de  la  musique 
du  prince  Kourakin,  ambassadeur  de  Rus- 
sie à  la  cour  de  Vienne.  En  1810  il  entra 
au  théâtre  Hofburger ,  et  peu  de  temps 
après  il  eut  la  direction  de  la  chapelle  du 
prince  de  Lobkowitz.  Depuis  lors  il  a  été 
admis  à  l'orchestre  du  théâtre  de  la  cour 
comme  seconde  clarinette,  et  a  été  nommé 
maître  de  musique  du  deuxième  régiment 
d'artillerie.  Le  talent  de  cet  artiste  pour,  la 
direction  d'un  orchestre  d'instrumens  à 
vent  et  pour  l'arragement  de  la  musique 
en  harmonie  militaire  est  très  remarqua- 
ble. On  a  de  lui  plus  de  cent  suites  de 
morceaux  extraits  d'opéras  italiens  ,  alle- 
mands et  français  arrangés  avec  beaucoup 
de  goût  et  une  rare  intelligence.  Dobyherl 
y  a  introduit  une  multitude  de  nouvelles 
combinaisons  d'instrumens,  du  plus  grand 
effet.  Lorsque  Rossini  alla  à  Vienne,  il 
éprouva  tant  de  plaisir  à  l'exécution  de 
quelques-unes  de  ses  productions  ainsi  ar- 
rangées, qu'il  désira  avoir  les  pari  itions  de 
ces  morceaux  pour  étudier  le  système  et 
le  mécanisme  des  combinaisons  d'instru- 
mens. 

DOCHE  (joseph-denis) ,  né  à  Paris,  le 
22  août  1766,  entra  comme  enfant  de 
chœur  à  la  cathédrale  de  Meaux ,  à  l'âge 
de  huit  ans,  et  y  apprit  la  musique  sous  la 
direction  de  Guignet.  Nommé  maître  de 
chapelle  de  la  cathédrale  de  Constance, 
à  dix-neuf  ans ,  il  y  resta  jusqu'à  l'époque 


de  la  révolution.  Il  entra  alors  à  l'orches- 
tre du  théâtre  du  Vaudeville  pour  y  jouer 
de  l'alto,  puis  du  violoncelle,  et  enfin  de 
la  contrebasse.  Devenu  chef  d'orchestre  du 
même  théâtre,  il  composa,  pour  les  pièces 
qu'on  y  représentait,  une  multitude  d'airs 
qui  se  distinguent  par  un  chant  naturel 
et  gracieux.  Les  plus  connus  sont  ceux 
de  Fanchon  la  vielleuse ,  la  romance 
de  Sanleuil,  celle  de  Gentil  Bernard,  etc. 
Il  en  a  publié  le  recueil,  en  1822,  sous 
le  titre  de  La  Musette  du  Vaudeville , 
grand  in-8°  obi.  Doche  a  fait  aussi  la  mu- 
sique d'un  opéra-comique  intitulé  Les 
Trois  D  er  ville ,  qui  fut  refusée  au  théâtre 
Feydeau  en  1818,  et  de  plusieurs  opé- 
rettes joués  au  théâtre  des  Boulevards , 
entre  autres,  Point  de  Bruit,  qui  fut  joué 
avec  succès  au  théâtre  de  la  Porte-Saint- 
Martin  ,  en  1804.  Il  a  fait  entendre  à 
Paris  plusieurs  messes  à  grand  orchestre. 
La  dernière  a  été  exécutée  à  Saint-Eusta- 
che,  le  22  novembre  1809,  jour  de  Sainte- 
Cécile.  Retiré  du  Vaudeville  en  1824, 
Doche  est  mort  à  Soissons  au  mois  de 
juillet  1825. 

DOCHE  (axexandre-pierre-joseph)  , 
fils  du  précédent,  né  à  Paris,  en  1799,  lit 
ses  études  musicales  au  Conservatoire  de 
Paris ,  et  succéda  à  son  père  dans  la  place 
de  compositeur  et  de  chef  d'orchestre  du 
Vaudeville.  Il  a  écrit  pour  les  pièces  de 
ce  théâtre  beaucoup  de  morceaux  de  mu- 
sique, dont  quelques-uns  ont  été  publiés 
à  Paris,  chez  Petit,  Savaresse  et  Lemoine. 

DODART  (dénis),  médecin,  naquit  à 
Paris,  en  1624.  Après  avoir  été  reçu  doc- 
teur en  1660,  il  fut  nommé  six  ans  après 
professeur  de  pharmacie  ,  et  ensuite  con- 
seiller-médecin de  Louis  XIV.  En  1675, 
l'Académie  des  Sciences  l'admit  au  nom- 
bre de  ses  membres.  Il  fut  chargé  par  ses 
confrères  de  rassembler  les  matériaux 
d'une  histoire  de  la  musique;  mais  il  s'est 
borné  à  publier  plusieurs  mémoires  sur  la 
formation  de  la  voix,  et  sur  la  détermina- 
tion du  son  fixe.  Ces  mémoires  ont  été  in- 
sérés parmi  ceux  de  l'Académie  des  Scien- 


820 


DOD 


DOE 


ces.  Dodart  est  mort  à  Paris  le  5  novembre 
1707.  Les  mémoires  publiés  par  lui  sur 
les  objets  relatifs  à  la  musique  sont  les 
suivans  :  1°  Mémoire  sur  les  causes  de 
la  voix  de  l'homme ,  et  de  ses  différens 
ions  (Mém.  de  l'Académie  des  Sciences, 
ann.  1700  ,  p.  258-268);  2°  Notes  sur  le 
mémoire  précèdent  (Idem,  p.  268-287); 
5°  Supplément  au  mémoire  sur  la  voix 
et  sur  les  tons,  première  partie  (ann. 
1706,  p.  136);  4°  De  la  différence  des 
tons  de  la  parole  et  de  la  voix  du  chant, 
par  rapport  au  récitatif,  et  par  occasion 
des  expressions  de  la  musique  antique 
et  de  la  musique  moderne  (Id.,  p.  388); 
5°  Supplément  au  mémoire  sur  la  voix 
et  sur  les  tons,  seconde  partie  (ann.  1707, 
p.  66).  Dodart  cherche  à  établir  dans  ces 
mémoires  la  similitude  de  l'organe  vocal 
avec  un  instrument  à  vent  ;  système  adopté 
jusqu'en  1743,  où  Ferrein  en  proposa  un 
autre,  qui  partagea  les  savans.  On  a  aussi 
du  même  auteur  :  Sur  la  détermination 
du sonjixe (Mém.,  an  1700,  p.  131-140). 
11  y  a  quelques  exemplaires  du  mémoire 
de  Dodart  sur  les  causes  de  la  voix  de 
l'homme,  imprimé  séparément  avec  les 
notes  et  les  additions,  lesquels  portent  la 
date  de  1705,  sans  nom  d'imprimeur. 
L'auteur  les  avait  l'ait  tirer  pour  ses  amis  : 
la  bibliothèque  du  Roi,  à  Paris,  en  pos- 
sède un  qui  vient  du  cabinet  de  Brossard. 
DODDRIDGE  (philippe),  ecclésiastique 
anglais,  naquit  à  Londres,  le  26  juin 
1702.  11  commença  ses  études  à  l'école  de 
Saint-Albain,  et  les  acheva  au  collège  des 
ministres  non  conformistes,  à  Kibworth, 
dans  le  comté  de  Leycester.  En  1722,  il 
fut  nommé  prédicateur  à  Kibworth,  en- 
suite à  Market-Harbofough ,  et  enfin  pro- 
fesseur au  collège  de  Northamplon  en 
1730.  Sa  santé,  qui  avait  toujours  été  très 
faible,  s'étant  entièrement  dérangée,  les 
médecins  lui  conseillèrent  de  changer  de 
climat;  il  se  rendit  à  Lisbonne;  mais  à 
peine  y  fut-il  arrivé  que  son  mal  empira, 
et  il  mourut  dans  cette  ville ,  le  26  octo- 
bre 1750. 


Il  a  donné  dans  les  Transactions  philo- 
sophiques,  t.  44,  p.  596,  Account  of 
one ,  who  had  no  ear  to  music  nalu- 
rally ,  singing  several  tunes  ■when  in  a 
delirium  (Notice  sur  un  individu  qui, 
n'ayant  point  l'oreille  musicale,  chante 
plusieurs  airs  avec  justesse,  lorsqu'il  est 
en  délire). 

DODVVEL  (henp.i),  philologue  célèbre, 
naquit  en  1641.  Ayant  perdu  ses  parens 
de  bonne  heure,  il  tomba  dans  1  indigence 
jusqu'à  ce  qu'un  de  ses  oncles  le  recueillît 
et  lui  fournît  les  moyens  de  faire  ses 
études,  d'abord  à  Dublin,  ensuite  à  Oxford. 
Ayant  été  nommé  professeur  d'histoire 
dans  cette  université  en  1688  ,  l'année 
même  de  la  révolution  anglaise ,  il  ne 
tarda  pas  à  perdre  cette  place,  parce  qu'il 
se  refusa  à  prêter  le  serment  A"* allégeance. 
Après  s  être  engagé  dans  toutes  les  que- 
relles religieuses  de  son  temps,  et  avoir 
écrit  une  immense  quantité  d'ouvrages  de 
tout  genre,  il  mourut  le  7  juin  1711.  Les 
travaux  de  ce  savant  homme  sur  les  histo- 
riens et  les  géographes  anciens  ,  ainsi  que 
sur  les  antiquités  ecclésiastiques,  n'étant 
point  de  l'objet  de  ce  dictionnaire  ,  je  me 
contenterai  de  citer  son  livre  intitulé 
Trealise  concerning  the  lawfulness  of 
instrumental  music  in  holy  offices ,  etc. 
(Traité  concernant  l'admission  de  la  mu- 
sique instrumentale  dans  l'office  divin) , 
Londres,  1700,  in-8°.  C'est  une  seconde 
édition  :  j'ignore  la  date  de  la  première. 
Ce  traité  est  tout  théologique. 

DOEBBERT  (chretien-frederic),  ha- 
bile flûtiste,  naquit  à  Berlin,  où  il  prit 
des  leçons  de  hautbois  et  de  flûte.  Ayant 
acquis  beaucoup  de  talent  sur  ces  deux 
instrumens,  il  passa  au  service  du  mar- 
grave Frédéric  de  Brandebourg  Culmbach, 
auquel  il  donnait  des  leçons  de  flûte.  A 
la  mort  de  ce  prince,  en  1765,  les  vir- 
tuoses italiens,  chanteurs  et  cantatrices 
ayant  été  congédiés,  Doebbert  passa  avec 
les  musiciens  allemands  au  service  du 
margrave  d'Anspach  et  de  Bayreuth;  il  y 
mourut  en  1770. 11  a  publié  à  Nuremberg, 


DOE 

en  1759,  six  solos  de  flûte,  avec  accom- 
pagnement de  basse. 

DOEDERLIN  (jean-alexandre)  ,  né 
le  11  février  1675  ,  à  Biswang,  dans  le 
comté  de  Pappenheim,  fut  magister  et  rec- 
teur de  l'école  de  Weissenfelsen  Nordgau, 
où  il  mourut  le  23  octobre  1745.  On  a 
de  lui  un  écrit  intitulé  :  Ars  canendi 
velerum ,  et  veterum  canlores  weissen- 
burgenses,  deux  feuilles  in- fol.  sans  date. 
Cet  ouvrage,  qui  paraît  devoir  être  inté- 
ressant, par  son  titre,  est  de  la  plus  grande 
rareté. 

DOEHLER  (théodore),  pianiste  dis- 
tingué, attaché  à  la  musique  particulière 
du  duc  de  Lucques  ,  est  né  le  20  avril 
1814  à  Naples,  où  son  père  était  maître 
de  langues.  A  l'âge  de  sept  ans  il  montrait 
beaucoup  de  goût  pour  la  musique  et  priait 
instamment  le  maître  de  piano  de  sa  sœur 
de  lui  donner  des  leçons ,  mais  il  avait 
tant  de  maladresse  en  toutes  choses  qu'on 
ne  pouvait  croire  qu'il  pût  réussir  à  bien 
jouer  d'un  instrument.  On  céda  enfin  à 
ses  instances,  et  ses  progrès  furent  si  ra- 
pides qu'en  moins  de  six  mois  il  eut  dé- 
passé sa  sœur  qui  avait  eu  deux  ans  de  le- 
çons plus  que  lui.  Cependant  la  difficulté 
de  trouver  de  bons  maîtres  était  un  obsta- 
cle au  développement  des  facultés  du  jeune 
Doehler  ;  l'arrivée  de  M.  Benedictà  Naples 
fut  un  bonheur  pour  ce  jeune  artiste  :  sous 
sa  direction,  il  acquit  en  peu  de  temps  un 
bon  mécanisme  de  l'instrument.  Son  père 
ayant  été  appelé  à  Lucques  pour  l'éduca- 
tion des  princes,  il  l'accompagna  dans 
cette  résidence,  et  peu  de  mois  après  il 
suivit  le  duc  à  Vienne,  dont  le  séjour  fut 
pour  lui  la  terre  promise.  Admis  dans  l'é- 
cole de  Charles  Czerny,  il  s'y  distingua  de 
manière  à  mériter  les  éloges  des  artistes 
qui  l'entendirent.  C'est  à  ces  étonnans 
progrès  qu'il  dut  la  faveur  d'être  nommé 
à  dix-sept  ans  pianiste  de  la  musique  par- 
ticulière du  duc  de  Lucques.  Depuis  lors 
il  a  accompagné  son  souverain  dans  ses 
voyages  en  Allemagne  et  en  Italie,  et  par- 
tout il  s'est  fait  remarquer  par  son  talent. 
tome  m. 


DOI 


321 


11  a  publié  jusqu'à  ce  jour  environ  dix 
œuvres  de  variations  et  de  fantaisies  sur 
des  thèmes  de  Zampa,  La  Straniera, 
I.  Montecchi ,  Norma,  et  Robert  le 
Diable,  ainsi  qu'un  grand  concerto  pour 
le  piano  ,  dédié  à  la  reine  de  Naples. 

DOELZSCH(jean-gottlieb),  construc- 
teur d'orgues,  né  à  Dœbeln  ,  en  Saxe, 
vivait  dans  la  première  moitié  du  18e  siè- 
cle. En  1729  il  finit  l'orgue  de  Gruene- 
berg,  composé  de  douze  jeux.  Il  répara 
celui  de  l'église  de  Sainte-Cunégonde,  à 
Rochlitz,  en  1732. 

DOERING(j.  f.  s.),  chantre  à  Gœrlitz, 
né  vers  1765,  s'est  fait  connaître  par  les 
ouvrages  dont  les  titres  suivent  :  1°  Die 
3  Bosen  des  Lebens ,  Gesellschaftslled 
f'ùr  4  Singstlmmen,  etc.  (Les  trois  roses 
de  la  vie ,  chansons  de  société  à  quatre 
voix),  Gœrlitz.  1799;  2°  Vollstœndiges 
Gœrlitzer  Chora l - Melodlen -Bue h  in 
Buchstaben  ,  vierstimmig  geesizt  (Livre 
complet  de  mélodies  chorales,  pour  la  ville 
de  Gœrlitz  ,  arrangé  à  quatre  voix) ,  Gœr- 
litz, 1802;  3°  Anwelsung  zum  Singen. 
E rster kursus  (Instruction  pour  le  chant, 
premier  cours),  ibid.,  1805,  in-8°  de  80 
pages. 

DOER1NG  (M.-L.-j.)jon  a  sous  ce  nom 
une  suite  d'articles  sur  l'existence  et  la 
nature  du  rhythme ,  qui  ont  été  insérés 
dans  la  27e  année  de  la  Gazette  musicale 
de  Leipsick,  p!  3-9,  17-26,  37-41.  Ces 
morceaux  ne  sont  point  sans  intérêt  et  se 
font  remarquer  par  des  vues  neuves. 

DOERNER  (jean-ceorges)  ,  organiste 
à  Bitterfeld,  en  Prusse,  vers  le  milieu  du 
18e  siècle,  a  fait  imprimer  une  Epure  au 
docteur  Mitzler  sur  l'origine  du  son  et 
des  tons  principaux  (en  allemand),  Bit- 
terfeld ,  Mich.  Heunigen,  1743,  trois 
feuilles  in-8°. 

DOISY-LINTANÏ  (charles),  guitariste 
et  marchand  de  musique  à  Paris,  est  mort 
dans  cette  ville  en  1807.  11  a  publié  un 
grand  nombre  de  morceaux  pour  son  in- 
strument. Les  plus  connus  sont  •  1°  Un 
concerto  ,  avec  accompagnement  de  deux 
21 


322 


DOL 


DOL 


violons ,  alto  et  basse  ;  2°  Dix  trios  pour 
guitare,  violon  et  alto,  op.  1  et  5  ; 
3°  Trois  trios  pour  trois  guitares  ;  ^Qua- 
rante-neuf duos  pour  deux  guitares  ou 
pour  guitare  et  violon  ;  5°  Plusieurs 
sonates,  rondos  et  solos  ;  6°  Principes 
généraux  et  raisonnes  de  la  guitare , 
Paris ,  Nadermann  ;  7°  Petite  méthode 
pour  le  même  instrument ,  avec  des  airs, 
Ibid. 

DOLES  (jean-fre'déric)  ,  né  à  Stein- 
bach  en  Franconie,  en  1715  ,  commença 
ses  éludes  au  gymnase  de  Schleusingen, 
et  apprit  la  musique  à  l'école  de  Saint- 
Thomas  à  Leipsick.  Son  maître  de  com- 
position fut  Jean-Sébastien  Bach.  En 
1744 ,  il  obtint  la  place  de  chantre  à 
Freyberg,  où  il  resta  jusqu'en  1756,  épo- 
que où  il  succéda  à  Harrer  dans  les  fonc- 
tions de  directeur  de  musique  à  l'église  de 
Saint-Thomas  de  Leipsick.  Il  unissait  le 
talent  de  bien  enseigner  à  celui  de  bien 
écrire  ,  et  jouissait  d'une  grande  considé- 
ration parmi  les  musiciens  de  son  temps. 
Il  est  mort  le  8  février  1797.  On  a  de  lui 
les  ouvrages  suivans  :  1°  A  nfangsgriinde 
zH/7ZiS'/«gert(Introduction  à  l'art  du  chant), 
manuscrit  in-8°  de  158  pages  ;  2°  Neue 
Lieder  von  Fuchs  (  Nouvelles  chansons 
de  Fuchs),  Leipsick,  1750;  5°  Le  qua- 
rante-sixième psaume,  mis  en  musique, 
Ibid.,  1758,  in-fol.;  4°  Melodien  zu 
Gellerts  Geistlichen  Oden,  etc.  (Mélodies 
pour  les  odes  spirituelles  de  Gellert ,  à 
quatre  voix,  avec  accompagnement  de  cla- 
vecin), Ibid.,1 762,  in-fol.  min.  ;  5°  Vier- 
stîmmiges  Choralbuch ,  oder  harmonis- 
che  Melodien-Sammlung  fur  Kirchen 
(Livre  choral  à  quatre  voix  ,  ou  recueil  de 
mélodies  harmoniques  pour  l'église),  ibid., 
1785;  in-4°  ;  6°  Cantate  sur  le  chant  de 
Gellert  :  Ich  Komme  vor  dein  Ange- 
sicht,  etc.,  pour  quatre  voix  et  orchestre, 
Leipsick,  1790,  petit  in-fol.  Cet  ouvrage, 
dont  une  partie  est  dans  le  style  fugué, 
fait  voir  que  Doles  était  un  digne  élève  de 
J.-S.  Bach.  On  y  trouve  une  préface  ex- 
cellente sur  l'art  de  traiter  la  musique 


d'église ,  7°  Singbare  und  Leichte  Choral 
VorspielefùrLchrerundOrganisten,  etc. 
(Préludes  chantans  et  choisis  pour  des  cho- 
rals à  l'usage  des  professeurs  et  des  orga- 
nistes, etc.),  première  suite,  Leipsick, 
1795,  in-fol.;  Deuxième  suite,  Ibid.} 
1795;  Troisième,  Idem,  ibid.,  1796; 
Quatrième,  Idem,  ibid.,  \191 .  Cette  col- 
lection présente  des  pièces  d'un  fort  bon 
style.  Doles  a  laissé  en  manuscrit  ;  1°  Pas- 
sion ,  d'après  Saint-Marc;  2°  Idem,  d'a- 
près Saint-Luc;  3°  La  Passion,  oratorio; 
4°  Les  psaumes  quatre-vingt-cinq  et  cent  ; 
5°  Salvele  vos  ;  6°  Un  cantique  :  Jésus 
meine  Zuversicht ;  7°  Magnificat,  en  al- 
lemand ;  8°  Deux  messes  ;  9°  Kyrie  cum 
gloria  en  si  mineur;  10°  Les  2e,  16e, 
25e,  53e,  81e,  84e  et  IIIe  psaumes. 

DOLES  (jean-fre'beric)  ,  fils  du  pré- 
cédent,  naquit  à  Freyberg,  le  26  mai 
1746.  Son  premier  maître  fut  le  recteur 
Funcke ,  de  Freyberg.  Il  apprit  ensuite  la 
musique  et  le  chant  sous  la  direction  de 
son  père.  En  1764,  il  entra  à  l'université 
de  Leipsick  et  ensuite  à  l'Académie  d'Er- 
langen  pour  se  livrer  à  l'étude  de  la  juris- 
prudence. Il  prit  ses  degrés  de  docteur  en 
droit  en  1776,  et  fut  nommé  substitut 
dans  la  faculté  de  droit.  Il  est  mort  à 
Leipsick  le  16  avril  1796.  Doles  est 
compté  parmi  les  amateurs  de  musique  les 
plus  distingués.  Il  a  publié  en  1773,  six 
solos  pour  le  piano,  à  Leipsick,  chezBreit- 
kopf.  On  connaît  aussi  en  manuscrit  un 
concerto  pour  le  même  instrument,  qui 
a  eu  beaucoup  de  succès  en  Allemagne. 

DOLEZALEK  (jean-emmanuel)  ,  ex- 
cellent pianiste ,  né  à  Chotiebarz  en  Bo- 
hême, vers  1785,  vécut  à  Vienneen  1815, 
et  dans  les  années  suivantes.  En  1814  ,  il 
s'était  fait  admirer  à  Prague  par  son  habi- 
leté comme  exécutant  et  par  l'originalité 
de  ses  chansons  bohémiennes,  publiées  en 
1812,  sous  le  titre  de  Cziske  Pjsné 
wkudbu  vwedené,  etc.  Parmi  les  au- 
tres compositions  de  Dolezalek  on  remar- 
que :  1°  Douze  écossaises  pour  deux  vio- 
lons, deux  clarinettes,  deux  cors,  flûte, 


DOM 


DON 


323 


denx  bassons  et  basse,  Vienne,  Artaria; 
2°  Neuf  variations  sur  un  thème  de  Sar- 
gines,  pour  le  piano,  Ibid.;  5°  Variations 
sur  un  thème  du  ballet  Der  Fassbinder, 
Ibid. 5  4°  Plusieurs  recueils  d'allemandes, 
écossaises  et  valses  pour  le  piano,  Vienne, 
Mechelti  et  Artaria  ;  5°  Deux  marches 
russes  pour  le  piano,  Vienne,  Artaria. 

DOMART  ou  DOMARTO,  musicien 
français,  ne  vraisemblablement  en  Picar- 
die ,  vécut  dans  la  première  moitié  du 
15e  siècle.  Son  nom  figure  parmi  ceux  des 
contrapuntistes  les  plus  célèbres  de  son 
temps.  Tinctoris  le  cite  en  plusieurs  en- 
droits de  ses  ouvrages,  notamment  dans  son 
Proportionale,  où  il  critique  quelques 
errenrs  de  proportions  dans  la  messe  Spi- 
ritus  almus  de  Domart.  Dans  les  archives 
de  la  chapelle  pontificale  ,  il  y  a  un  re- 
cueil des  messes  manuscrites  des  maîtres 
les  plus  anciens  (coté  14,  in-fol.),  parmi 
lesquelles  on  en  trouve  de  ce  musicien. 

DOMINICO  (jean),  musicien  italien, 
qui  vivait  vers  le  milieu  du  16e  siècle,  a 
fait  imprimer  :  Cantiones  sacrœ  quinque 
vocum ,  Venise,  1566. 

DOMNICH  (henri),  fils  d'un  musicien 
de  l'électeur  de  Bavière ,  naquit  à  Wurz- 
bourg  vers  1760.  Dès  son  enfance  il  cul- 
tiva la  musique  et  s'adonna  particulière- 
ment à  l'étude  du  cor,  sur  lequel  il  fit  de 
si  rapides  progrès,  qu'à  l'âge  de  douze  ans 
il  fut  admis  à  la  chapelle  électorale.  De  là 
il  passa  à  Mayence ,  au  service  du  comte 
deOelz,  grand  amateur  de  musique.  Enfin 
il  vint  à  Paris,  où  il  fut  assez  heureux 
pour  recevoir  des  leçons  de  Punto.  A  la 
formation  du  Conservatoire  de  musique, 
Dornnich  fut  compris  au  nombre  des  pro- 
fesseurs, et  se  montra  digne  de  cette 
distinction  par  les  excellens  élèves  qu'il 
forma  ,  et  dont  il  a  peuplé  les  orchestres 
de  Paris  et  de  la  France.  On  lui  doit  la 
Méthode  du  premier  et  du  second  cor , 
à  l'usage  du  Conservatoire  (Paris,  1805, 
in-fol.),  qui  fut  long-temps  la  meilleure 
qu'on  eût  en  France ,  et  qui  n'a  été  rem- 
placée avantageusement  que  par  celle  de 


M.  Dauprat.  Il  a  aussi  publié  :  1°  Trois 
concertos  pour  le  cor,  avec  accompagne- 
ment d'orchestre,  Paris,  Ozi  ;  2°  Sympho- 
nie concertante  pour  deux  cors ,  Ibid.  ; 
5°  Deux  recueils  de  romances  ,  avec  ac- 
compagnement de  piano,  op.  4  et  5.  Quel- 
ques-unes de  ces  romances  sont  charmantes 
et  ont  eu  un  succès  de  vogue.  Dornnich  a 
eu  deux  frères,  Jacques  et  Arnold,  tous 
deux  virtuoses  sur  le  cor.  Le  premier,  qui 
était  son  aîné,  est  passé  en  Amérique,  et 
vivait  à  Philadelphie  en  1806.  Le  second, 
plus  jeune  que  lui,  était,  en  1805,  au  ser- 
vice du  duc  de  Saxe  Meiningen. 

DONATI  (ignace),  compositeur,  né  à 
Casale  Maggiore,  près  de  Crémone,  vers 
la  fin  du  16e  siècle,  fut  d'abord,  en  1619, 
maître  de  chapelle  de  l'académie  du  Saint- 
Esprit  à  Ferrare.  En  1624 ,  il  passa  en 
la  même  qualité  dans  le  lieu  de  sa  nais- 
sance, et  enfin,  en  1653,  il  fut  appelé  à 
la  cathédrale  de  Milan.  Ceux  de  ses  ou- 
vrages dont  les  titres  sont  connus  sont  : 
1°  Le  Fanfalage  ,  rnadrigali ,  a  3,  4 
e  5  voci;  2°  Libri  I  e  II  délie  messe  a 
4 ,  5  e  6  voci  ;  5°  Concerti  ecclesiastici 
«  2,  5,  4  e 5  voci7  op.  4 ,  Venise,  1619; 
4°  Libri  I  e  II  de  motelti  a  5  voci  ; 
5°  Moletti  a  voce  sola  ;  6°  Salmi  Bosca- 
recci  a  sei }  op.  9;  7°  Missce ,  Venise, 
1633. 

DONATO  (balthasar),  maître  de  cha- 
pelle de  Saint-Marc  de  Venise,  vivait  dans 
la  seconde  moitié  du  16e  siècle,  et  fut  le 
successeur  de  Zarlino  dans  cette  place.  Sa 
nomination  est  du  9  mars  1590  ,  suivant 
les  registres  de  la  chapelle.  Il  mourut  au 
mois  de  juin  1605.  On  connaît  de  lui  les 
ouvrages  dont  les  titres  suivent  :  1°  Il 
primo  libro  di  canzonette  villanesche 
alla  Napolelana  a  quattro  voci,  Venise, 
1555  ,  in-4°  ;  2°  Madrigali  a  5  e  6  con- 
tre dialoghi  a  7,lib.  1,  Venise,  1560, 
in-4°;  3°  Fillanelle  alla  Napoletana , 
1561  ;  4°  Madrigali  a  quattro  voci ,  Ve- 
nise ,  1568  ;  5°  Madrigali  a  6  e  7  voci  r 
Venise  ,  1567. 

DONE  (josîje),  professeur  de  musique 
21* 


324 


DON 


et  accordeur  de  pianos  à  Londres  ,  est  au- 
teur d'un  livre  qui  a  pour  titre  :  The 
Tunner  companion ,  being  a  trealise  of 
the  construction  of  piano  forte  ,  with 
rulesfor  regulaling  and  tuning  them(Ma- 
nuel  de  l'accordeur,  ou  traité  de  la  con- 
struction des  pianos-fortés ,  avec  des  pré- 
ceptes pour  les  régler  et  les  accorder) , 
Londres,  1827,  in-8°. 

DONFIUD  (jean)  ,  directeur  de  musi- 
que à  l'église  Saint-Martin  de  Rothenbourg 
sur  le  Neckcr ,  et  recteur  de  l'école  de  la 
même  ville,  naquit  vers  la  fin  du  16e  siè- 
cle. On  lui  doit  la  publication  de  trois 
collections  de  motets  et  de  messes  de  divers 
auteurs  des  16e  et  17e  siècles.  Elles  sont 
intitulées  :  1°  Promptuarium  musicum  ; 
welches  Concentus  ecclesiast.  von  ver- 
schiedenen  Komponislen  ,filr  2,  5  und 
4  Stimmen  enthalt ;  première  partie, 
Strasbourg,  1622  ;  deuxième  partie,  ibid., 
1623;  Troisième,  Idem,  ihkl.,  1627.  Ces 
trois  parties  contiennent  six  cent  quatre- 
Ire-vingt-treize  motets;  2°  Viridarium 
Musico-Marianmn ,  enthalt  mehr  als 
200  Concentus  ecclesiast.  for  3  und  4 
Stimmen  von  verschiedenen  Komponis- 
len, op.  4,  Strasbourg,  1627,  in-4°; 
3°  Corolla  musica ,  contenant  trente-sept 
messes  à  deux,  trois,  quatre  et  cinq  voix, 
op.  5,  Strasbourg,  1628.  On  a  aussi  de 
Donfrid  un  recueil  de  pièces  d'orgue  sous 
ce  titre  :  Der  Tahulatur fur  Orgel,  pre- 
mière et  deuxième  parties,  Hambourg, 
1623.  On  y  trouve  des  variations  et  des 
fugues  sur  le  cbant  des  psaumes  et  des  can- 
tiques ;  ces  pièces  sont  d'un  bon  style. 

DONI  (antoine-françois),  prêtre  et 
littérateur  ,  naquit  à  Florence  vers  1503. 
Il  entra  fort  jeune  dans  l'ordre  des  Frères 
Servîtes;  mais  il  fut  sécularisé  dans  la 
suite,  et  resta  simple  prêtre.  Fort  pauvre, 
et  contraint  souvent  de  vivre  du  seul  pro- 
duit de  ses  messes,  il  était  occupé  sans 
cesse  du  soin  d'améliorer  sa  fortune,  mais 
ne  put  jamais  y  parvenir.  Son  bumeur 
inconstante  le  portait  à  changer  de  lieu  à 
chaque  instant  ;  c'est  ainsi  qu'il  vit  en  peu 


DON 

de  temps  Gênes,  Alexandrie,  Pavie,  Milan, 
Plaisance ,  Rome  et  Venise.  Il  eut  pour 
amis  les  hommes  les  plus  célèbres  de  son 
temps,  tels  que  l'Arétin  et  le  Domenichi; 
mais  il  finit  par  se  brouiller  avec  eux ,  et 
mourut  ignoré  au  village  de  Monselise, 
près  de  Padoue,  au  mois  de  septembre 
1574.  Parmi  les  nombreux  ouvrages  qu'il 
a  publiés ,  on  remarque  :  Dialoghi  délia 
musica,  Venise,  1544.  Dans  sa  Libraria, 
1550,  1551  et  1560,  in-12  ,  il  indique 
un  assez  grand  nombre  d'ouvrages  relatifs 
à  la  musique  qui  sont  devenus  rares  ;  mais 
la  bibliothèque  italienne  de  Fontanini  , 
avec  les  notes  d'Apostolo  Zeno ,  a  rendu 
le  catalogue  de  Doni  à  peu  près  inutile. 

DONI  (jean-baptiste),  noble  Floren- 
tin, naquit  en  1593.  Après  avoir  fait  ses 
études  à  Bologne  ,  il  alla  les  terminer  à 
Rome  sous  les  Jésuites.  Ses  progrès  dans 
la  langue  grecque,  la  rhétorique,  la  poéti- 
que et  la  philosophie  furent  très  rapides. 
Son  père,  qui  le  destinait  au  barreau,  l'en  • 
voya  à  Bourges  ,  en  1613  ,  pour  y  étudier 
le  droit  dans  l'école  célèbre  de  Cujas  :  il  y 
passa  cinq  ans.  De  retour  en  Italie  en 
1618,  Doni  reçut  le  bonnet  de  docteur 
dans  l'université  de  Pise ,  et  se  livra  en- 
suite à  l'étude  des  langues  orientales ,  des 
sciences  naturelles  et  de  toutes  les  parties 
de  la  philologie.  Son  père  le  pressait  d'em- 
brasser l'état  auquel  il  l'avait  destiné  , 
mais  le  cardinal  Octave  Corsini ,  qui  ve- 
nait d'être  nommé  légat  en  France ,  lui 
proposa  de  l'accompagner  à  Paris,  ce  qu'il 
accepta  avec  joie.  Il  y  passa  plus  d'un  an, 
occupé  sans  cesse  à  étendre  la  sphère  de 
ses  connaissances,  par  la  fréquentation  des 
bibliothèques  et  des  savans.  Ce  fut  à  cette 
époque  qu'il  se  lia  d'une  étroite  amitié 
avec  le  P.  Mersenne.  La  mort  d'un  frère, 
et  des  affaires  de  famille  l'ayant  ramené 
à  Florence  en  1622,  il  fut  appelé  l'année 
suivante  à  Rome  par  le  cardinal  Barbe- 
ritii,  neveu  du  pape  Urbain  VIII.  Ce  car- 
dinal avait  un  goût  passionné  pour  la  mu- 
sique :  Doni,  qui  avait  fait  une  étude 
approfondie  de  cet  art,  et  surtout  de  ce 


DOS 


DON 


325 


qui  concernait  la  musique  des  anciens, 
écrivit  sur  celte  matière  plusieurs  disser- 
tations, dans  le  dessein  de  se  rendre  agréa- 
lile  à  son  nouveau  protecteur.  Il  en  reçut 
la  récompense  dans  sa  nomination  à  la 
place  de  secrétaire  du  sacré  collège.  Peu 
de  temps  après,  le  cardinal,  étant  venu  en 
France  ,  avec  le  titre  de  légat,  y  amena 
plusieurs  savans,  parmi  lesquels  était  Doni, 
qui  revit  avec  plaisir  les  amis  qu'il  avait 
laissés  dans  ce  pays.  De  là  il  suivit  le  car- 
dinal en  Espagne,  et  revint  ensuite  à  Rome. 
Ce  fut  alors  qu'il  imagina  un  instrument 
à  cordes ,  qu'il  appela  Lyra  Barberina 
AftfiyepAs,  et  qu'il  dédia  à  Urbain  VIII. 
Cet  instrument  était  composé  d'un  corps 
sonore  mobile,  posé  verticalement  sur  un 
socle  ,  et  sur  lequel  des  cordes  tendues 
dans  divers  systèmes  permettaient  de  pas- 
ser à  volonté ,  et  subitement ,  de  l'un  des 
modes  grecs  dans  un  autre.  Il  écrivit,  à 
propos  de  cette  invention,  une  dissertation 
intitulée  Commentarii  de  Lyra  Barbe- 
rina,  où  il  examine  tout  ce  qui  concerne 
les  divers  instrumens  à  cordes  des  anciens  : 
c'est  ce  qu'on  a  de  plus  savant  sur  cette 
matière.  Cette  dissertation  ne  fut  impri- 
mée que  plus  d'un  siècle  après  sa  mort.  La 
perte  de  deux  frères  qui  lui  restaient,  et 
le  besoin  de  soigner  ses  affaires  domesti- 
ques,  l'obligèrent  à  retourner  à  Florence 
en  1640  :  il  s'y  maria  l'année  suivante, 
et  accepta  une  chaire  publique  d'éloquence 
que  lui  offrait  Ferdinand  II  de  Médicis. 
Ses  devoirs  de  professeur  ne  l'empêchèrent 
point  de  continuer  ses  recherches  sur  la 
musique  des  anciens ,  et  particulièrement 
sur  la  musique  et  la  déclamation  théâ- 
trales. Ayant  été  nommé  académicien  de 
Florence  et  de  la  Crusca,  il  ne  jouit  pas 
long-temps  de  ces  honneurs,  car  il  mourut 
en  1647,  âge  de  cinquante-trois  ans. 

Les  ouvrages  de  Doni,  relatifs  à  la  mu- 
sique ,  qui  ont  été  publiés  de  son  vivant , 
sont  les  suivans  :  1°  Compendio  del  trat- 
tatto  dei  generi  e  modi  délia  musica, 
con  un  discorso  sopra  la  perfezzione  de' 
concenti,  e  un  saggio  a  due  voci  di  mu- 


tazione  di  génère,  e  di  tuono  in  Ire  ma- 
nière d'inlavolatura,  Rome,  1655,  in-4°. 
On  voit  dans  la  dédicace  au  cardinal  Bar- 
beriui,  que  cet  abrégé  est  celui  d'un  traité 
considérable,  en  cinq  livres,  que  l'auteur 
avait  écrit,  mais  qu'il  n'a  pas  publié; 
2°  Annotazioni  sopra  il  compendio  de' 
generi  de'  modi  délia  musica,  etc.,  con 
due  trattati,  l'uno  sopra  i  tuoni,  e  modi 
veri  •  l'altro  sopra  i  tuoni ,  o  Armonie 
degli  antichi  :  e  sette  discorsi  sopra  le 
malerie  piu  principali  délia  musica ,  e 
concernanti  alcuni  stromenti  nuovi  pra- 
ticati  dall'  aulore ,  Rome,  1640,  in-4°  , 
5°  De  Prœstantid  musicœ  veteris  libri 
très,  totidem  dialogiis  comprehensi ,  in 
quibus  vêtus  et  recens  musica  cum  sin- 
gulis  earum  partibus  accurale  inter  se 
conferuntur,  Florence,  1647,  in-4°.  Dans 
cet  ouvrage ,  traité  sous  la  forme  du  dia- 
logue, Doni  a  répandu  une  érudition  im- 
mense; mais  il  se  trompe  souvent  sur  le 
fond  des  choses.  Il  s'y  prononce  en  faveur 
de  la  musique  des  anciens  contre  la  mo- 
derne, et  oppose,  comme  preuve  de  son 
opinion,  l'anathême  lancé  par  le  concile 
de  Trente  sur  la  musique  du  16e  siècle, 
aux  éloges  donnés  par  tous  les  écrivains 
de  l'antiquité  à  celle  de  leur  temps;  mais 
cette  question,  de  peu  d'intérêt,  demeurera 
àjamaisinsoluble  par  le  dénuement  où  nous 
sommes  de  monumens  de  celle  musique 
antique;  et  les  eussions-nous  en  notre  pou- 
voir, nous  n'en  serions  guère  plus  avancés, 
n'étant  point  placés  dans  des  circonstances 
favorables  pour  en  juger  ;  4°  Deux  traic- 
tès  de  musique  :  1°  Nouvelle  introduc- 
tion de  musique ,  qui  monstre  la  réfor- 
mation  du  système  ou  eschelle  musicale, 
selon  la  méthode  ancienne,  et  meilleure.' 
la  facilité  d'apprendre  toute  sorte  de 
chants  pour  le  retranchement  de  deux 
syllabes  ut  et  la  :  une  nouvelle  manière, 
et  plus  aisée,  de  tablature  harmonique  ; 
et  un  nouveau  reiglement  des  avantexer- 
cices  de  la  musique  ;  2°  Abrégé  de  la 
matière  des  tons ,  qui  monstre  en  peu  de 
mots  tout  ce  que  l'auteur  a  traicté  plus 


326 


DON 


DO_\ 


amplement  en  plusieurs  discours  italiens, 
touchant  les  tons  et  les  harmonies  des 
anciens ,  par  lui  heureusement  renouve- 
lées et  remises  en  usage.  Ces  deux  trai- 
tés sont  indiqués  par  Gori ,  dans  son  cata- 
logue des  œuvres  de  Boni,  comme  étant 
imprimés;  si  cela  est,  ils  ont  dû  l'être  à 
Paris,  vers  1639,  car  l'auteur  dit,  dans 
ses  Annotazioni  sopra  ilcompendio,  etc., 
qu'il  en  avait  envoyé  les  manuscrits  à  l'im- 
pression dans  cette  ville.  Toutefois  je  pré- 
sume qu'ils  n'ont  point  vu  le  jour,  car  mes 
recherches ,  pour  en  découvrir  des  exem- 
plaires dans  les  catalogues  de  bibliothè- 
ques et  chez  les  bibliographes  ,  ont  été 
infructueuses,  et  je  suis  confirmé  dans  ma 
conjecture  par  une  lettre  de  L.  Giac.  Buc- 
ciardi,  datée  de  1641 ,  et  rapportée  par 
Bandini  (  de  Vita  et  Scriptis  Donii, 
part.  II ,  p.  149  ,  Epist.  94)  ,  où  il  dit  : 
De'  suoi  trattati  francesi  non  ho  avuto 
fmo  adesso  avviso  veruno.  Mattheson 
semble  cependant  les  avoir  eus  en  sa  pos- 
session ,  car  il  donne  une  petite  notice  de 
leur  contenu  dans  sa  Crilica  musica , 
part.  VI,  p.  102;  mais  peut-être  n'en 
avait-il  que  des  copies  manuscrites.  Quoi 
qu'il  en  soit,  ces  ouvrages  paraissaient  être 
perdus  ,  lorsque  le  hasard  m'en  a  fait  dé- 
couvrir les  manuscrits  autographes  parmi 
ceux  de  la  bibliothèque  du  Roi  (  n°  1689, 
fonds  del'abbaye  Saint-Germain-des-Prés) , 
dans  une  liasse  de  vieux  écrits  relatifs  à 
des  matières  théologiques. 

Ces  manuscrits  ,  qui  forment  un  cahier 
de  142  pages  in-8°,  sont  d'une  belle  écri- 
ture italienne,  et  sont  chargés  de  correc- 
tions de  plusieurs  mains  ;  celles-ci  sont 
généralement  relatives  au  style  et  à  des 
expressions  impropres  qui  ont  vieilli.  On 
trouve  en  tête  du  premier  ouvrage  deux 
lettres  de  Doni ,  datées  du  12  mai  1640  ; 
l'une  est  adressée  à  l'évêque  de  Riez,  qu'il 
nomme  son  parent ,  et  à  qui  il  rappelle 
qu'ils  ont  fait  ensemble  leurs  études  à 
Bourses  :  cette  lettre  est  une  dédicace  ; 
l'autre,  qui  est  adressée  à  Messieurs  les 
musiciens  de  France ,  contient  l'éloge  des 


écrivains  et  des  compositeurs  frnnçais  qui 
se  sont  distingués  dans  la  musique ,  et 
parmi  eux  il  place  Aurélien  de  Reims, 
Jean  de  Mûris  (qu'il  appelle  de  Moiris), 
Jacques  Le  Febvre  (d'Etaples) ,  Pierre 
Maillard,  Josquin  De  Près,  Jean  Mouton, 
Nicolas  Gombert,  qu'il  appelle  Crombert, 
Goudimel,  Claude  Le  Jeune,  DuCaurroy 
et  Guesdron.  Il  y  place  son  livre  sous  la 
protection  des  musiciens  français  ,  et  leur 
adresse  des  observations  sur  la  nécessité 
d'adopter  la  réformation  des  tons  modernes 
qu'il  propose. 

Le  premier  traité  (  Nouvelle  introduc- 
tion de  musique  qui  monstre  la  réforma- 
tion du  système  ou  eschelle  musicale ,etc .  ) 
est  complet;  il  contient  95  pages.  Doni  y 
critique  avec  sévérité  l'hexacorde  de  Gui 
d'Arezzo  (ou  du  moins  celui  qui  lui  est 
attribué),  la  déclare  très  inférieur  à  la 
constitution  des  modes  grecs ,  et  ne  le 
trouve  bon  que  relativement  à  la  tonalité 
barbare  du  moyen  âge.  M.  Villoteau  a 
émis  une  opinion  à  peu  près  semblable 
dans  son  ouvrage  intitulé  :  Recherches 
sur  l'analogie  de  la  musique  avec  les 
arts  qui  ont  pour  objet  V imitation  du 
langage.  Les  développemens  dans  lesquels 
Doni  entre  sur  cette  matière  me  paraissent 
de  peu  d'utilité ,  comme  tout  ce  qui  a  été 
écrit  par  lui  et  par  ses  contemporains  sur 
le  rapprochement  de  la  tonalité  moderne 
et  des  modes  grecs  ;  mais  on  y  remarque 
un  fait  curieux  et  entièrement  ignoré  : 
c'est  que  Doni  est  le  premier  qui  ait  pro- 
posé de  substituer  la  syllabe  do  à  ut,  dans 
la  solmisation.  On  ne  trouve,  en  effet,  cette 
syllabe  dans  aucun  ouvrage  italien  anté- 
rieur à  l'époque  où  celui  de  Doni  a  été 
écrit. 

Le  second  traité  contenu  dans  le  manu- 
scrit que  j'examine  est  celui  qui  a  pour 
titre  :  Abrégé  de  la  matière  des  tons,  etc. 
Il  est  incomplet,  mais  il  m'a  paru  qu'il  ne 
doit  y  manquer  que  quelques  pages  de  la 
fin.  Ce  n'est,  en  quelque  sorte,  qu'un  co- 
rollaire du  premier,  mais  on  y  remarque 
(p,    111)   un  renseignement  intéressant 


DON 


DON 


327 


poar  l'histoire  de  la  musique.  Il  s'agit  d'an 
clavecin  transposileur,  qui  avait  été  fait 
par  un  contemporain  de  Doni  ;  sorte  d'in- 
vention qu'on  a  renouvelée  de  nos  jours  , 
et  dont  l'existenceantérieureavait  été  long- 
temps ignorée.  Voici  le  passage  dont  il  est 
question  :  «  Enfin  la  diversité  des  tons 
n  d'aujourd'hui  n'est  autre  que  celle  qu'on 
<i  entend  au  clavecin  fabriqué  par  Jacques 
«  Ramerin ,  Florentin;  auquel,  par  le 
«  changement  des  ressorts,  le  même  clavier 
«  sert  à  divers  tons  différens  par  degrés 
a  semi-toniques.  »  Ce  passage,  et  quelques 
détails  sur  les  ouvrages  de  Marenzio,  de 
Cyprien  Rose ,  et  du  prince  de  Venouse , 
sont  à  peu  près  tout  ce  qu'il  y  a  de  remar- 
quable dans  ce  traité. 

Outre  la  description  de  sa  Lyre  Bar- 
berine ,  et  le  traité  des  instrumens  à 
cordes  qui  y  est  joint ,  Doni  avait  laissé 
plusieurs  ouvrages  remplis  de  recherches 
curieuses,  et  presque  tous  relatifs  à  la  mu- 
sique des  anciens  :  tous  ces  travaux  res- 
tèrent ensevelis  dans  l'oubli,  jusqu'à  ce 
que  le  savant  antiquaire  Gori ,  les  ayant 
rassemblés,  en  prépara  une  belle  édition , 
à  laquelle  il  joignit  le  traité  de  Prœstan- 
lia  niusicœ  veleris,  mais  il  mourut  avant 
qu'elle  eût  paru,  et  ce  fut  Passeri  qui  la 
publia  à  Florence  en  1773,  en  deux  vo- 
lumes in-fol.  Le  premier,  intitulé  :  Joli. 
Baplistœ  Doni  Patrici  Florentini  Lyra 
Barberina  kiwu/op&n,  accedunt  ejusdem 
opéra ,  pleraque  nonduni  édita ,  ad  vete- 
rem  musicam  illustrandam  perlinentia  , 
contient  :  \°  Commentarii  de  Lyra  Barbe- 
rina, orné  de  gravures  représentant  les 
instrumens  à  cordes  antiques  ;  2°  Le  traité 
de  Prœstantid  musicœ  veleris  ;  5°  Pro- 
gymnastica  musicœ  pars  velerum  resti- 
tuta  et  ad  hodiernam  praxim  redacia 
libri  II  ;  4°  Disserlalio  de  musica  sacra, 
recitata  in  academia  Basiliana,  Romœ, 
tf7Zrtol640;5°  Due  Trattatidi  Giov.  Ba- 
tista  Doni,  l'uno  sopra  il  génère  enar- 
monico ,  l'altro  sopra  gl'  instrument  de 
tasti  di  diverse  armonie ,  con  cinque 
discorsi,  il  primo,  del  siniono  di  Didimo, 


e  di  Tolomeo  ;  il  secondo,  del  Diatonico 
er/uabile  di  Tolomeo;  il  ter'zo ,  quai  spe- 
zie  di  diatonico  si  usasse  dagli  Aniichi , 
e  quale  oggi  si  pratichi;  il  quarto,  délia 
disposizione  e  facilita  délie  viole  diar- 
mo niche  ;  in  quinto ,  in  quanti  modi  si 
possa  praticare  l'accordo  perfetto  nelle 
viole  Diarmoniche.  Le  second  volume, 
intitulé  De'  Trattati  di  Musica  diGiov.- 
Batista  Doni,  contient  :  1°  Trattato 
délia  musica  scenica,  ouvrage  rempli  de 
recherches  curieuses,  et  fort  important 
pour  l'histoire  de  la  musique  théâtrale; 
2°  Neuf  discours  sur  le  même  objet  ; 
3°  Discorso  délia  rythmopeia  de'  versi 
lalini,  e  délia  melodia  de  cori  tragichi  ; 
A°'Degli  oblighi ed  osservazione  de  modi' 
musicali  ;  5°  Discorso  sopra  la  musica 
antica  e  il  cantar  bene  :  ce  discours  est  de 
Giov.  Bardi  ;  6°  Délia  musica  delV  età 
hostra,  che  non  e  punto  inferiore,  anzi 
e  migliore  di  quel  la  delV  età  passata, 
par  Pierre  Délia  Valle. 

Doni  avait  aussi  laissé  beaucoup  d'ou- 
vrages commencés,  et  plus  ou  moins  avan- 
cés dans  leur  rédaction  ;  Gori  n'a  pas  cru 
devoir  insérer  ces  fragmens  dans  son  édi- 
tion ;  mais  il  en  a  donné  une  liste  com- 
plète que  je  transcris  ici. 

1°  Versio  latina  Aristidis  Quintiliani, 
Aristoxeni  Fragmenti  de  Rhythmica  : 
aliorumque  similium ,  cum  notis.  Les 
fragmens  des  Eléinens  Rhythmiques  d'A- 
ristoxène  dont  il  est  ici  question  ,  furent 
découverts  par  Doni  dans  un  manuscrit 
de  la  bibliothèque  du  Vatican,  comme  il 
le  rapporte  dans  son  traité  de  Prœstantia 
musicœ  veteris  (lib.  11  ,  p.  136  )  ;  le  sa- 
vant bibliothécaire  Morelli  les  a  publiés 
depuis,  d'après  un  manuscrit  de  la  biblio- 
thèque de  S.  Marc  de  Venise,  avec  un 
opuscule  inédit  de  Michel  Psellus  le  jeune, 
intitulé  :  n^)a/*êW//-:'v*  ni  ï->;v  puO^ix^it  ski- 
çtj/aijv,  Venise,  1785  ,  in-8°. 

DONIZETTI  (gaetan)  ,  compositeur 
dramatique  ,  est  né  à  Bergame  en  1797. 
Après  avoir  appris  les  premiers  principes 
de  la  musique  au  Lycée  de  cette  ville  ,  il 


328 


DON 


DON 


reçut  des  leçons  du  célèbre  maître  de  cha- 
pelle Simon  Mayr,  puis  il  se  rendit  à  Bo- 
logne et  y  devint  élève  de  Pilotti  et  de 
Maltei.  Ses  études  musicales  étant  termi- 
nées,  il  écrivit  des  ouvertures,  des  qua- 
tuors de  violon,  des  cantates,  des  messes 
et  d'autres  morceaux  de  musique  d'église. 
J'ignore  par  quelles  circonstances  Doni- 
zetti  se  trouva  engagé  tout  à  coup  au  ser- 
vice militaire;  il  ne  tarda  point  à  éprou- 
ver le  plus  vif  désir  de  recouvrer  sa  liberté 
afin  de  se  livrer  à  la  composition  pour  le 
théâtre;  mais  de  grandes  difficultés  s'op- 
posaient à  la  réalisation  de  ses  vœux  ;  un 
succès  vint  le  tirer  d'embarras  ,  et  le  pre- 
mier opéra  qu'il  donna  lui  fit  obtenir  son 
congé.  11  put  alors  satisfaire  en  liberté  son 
penchant  pour  la  musique  dramatique,  et 
dans  un  petit  nombre  d'années  ou  lui  vit 
donner  à  Venise  Enrico ,  conte  di  Bor- 
gogna  ,  La  Follia  ,  Le  Nozze  in  Villa  7 
Il  Falegname  di  Livoiiia  }  à  Rome  ,  Zo- 
raïde  di  Granata,  à  Naples,  La  Zingara, 
La  Lettera  anonima,  et  d'autres  ouvrages 
en  plusieurs  villes.  En  1822,  il  fit  jouer 
à  la  Scala,  de  Milan, le25  octobre,  Chiara 
e  Serafina.  Une  grande  facilité  de  fac- 
ture se  faisait  remarquer  dans  toutes  ces 
productions;  mais  par  malheur,  l'abus  de 
cette  facilité,  le  laisser-aller,  le  défaut  de 
conscience  se  faisaient  apercevoir  partout. 
D'ailleurs,  la  plupart  des  opéras  qui  vien- 
nent d'être  cités  sont  empreints  d'un 
caractère  d'imitation  de  la  musique  de 
Rossini.  Bien  d'autres  faibles  productions 
sont  ensuite  sorties  de  la  plume  de  Doni- 
zetti  et  se  sont  ressenties  de  la  précipita- 
tion avec  laquelle  elles  ont  été  mises  au 
jour;  mais  au  milieu  de  ce  dévergondage 
d'une  plume  trop  hàLive,  la  manière  du 
compositeur  prenait  de  temps  en  temps 
un  caractère  plus  grand,  plus  élevé.  Ainsi 
dans  le  style  sérieux  Anna  Bolena,  Eli- 
sabeth à  Kenilworth  (représenté  à  Naples 
en  1828)  et  surtout  YEsule  di  Roma 
Naples,  à  Saint-Charles,  en  1829),  ren- 
ferment de  véritables  beautés.  Dans  ce 
dernier  ouvrage  on  trouve  un  trio  de  la 


plus  grande  beauté;  morceau  original 
dans  la  forme  et  dans  les  idées,  qui 
fait  comprendre  qu'avec  plus  de  soin , 
Donizetti  aurait  pu  prétendre  à  la  plus 
belle  position  parmi  les  artistes.  Dans  le 
genre  bouffe,  YElisir  d'Amore,  Il  nuovo 
Pourceaitgnac  et  /  Pazzi  per  progetto  , 
sont  de  jolis  ouvrages  où  règne  un  style  vif 
et  spirituel.  Les  autres  opéras  de  ce  com- 
positeur sont  Alfredo,  YAjo  in  imbar- 
razzOf  Olivo  e  Pasquale  (joué  à  Rome  le 
9  janvier  1827),  la  Regina  di  Golconda 
(Rome,  automne  1828),  Otto  mesi  in  due 
ore  (Palerme,  1828),  Gianni  di  Calais 
(Naples,  3  août  1828),  Fausta,Il  Furioso 
nell'  isola  S.  Domingo  ,  Parisina ,  Ugo 
conte  di  Parigi ,  Alaor  in  Granata  (Pa- 
lerme, 1830),  //  Diluvio  universale  (Na- 
ples,! 830),  Marino  Faliero  (Paris,  1835). 
L'abus  que  Donizetti  a  fait  de  sa  faci- 
cité,  la  négligence  qu'il  a  mise  dans  ses  ou- 
vrages ,  ont  été  le  résultat  de  la  position 
où  il  s'est  trouvé  pendant  une  partie  de  sa 
carrière,  et  des  funestes  usages  des  théâ- 
tres de  l'Italie ,  qui  consistent  à  ne  point 
donner  aux  compositeurs  un  prix  de  leurs 
productions  qui  leur  permette  de  travailler 
pour  leur  renommée  et  pour  l'art.  Pen- 
dant plusieurs  années  ,  Donizetti ,  engagé 
avec  l'entrepreneur  des  théâtres  de  Naples 
Barbaja,  a  dû  écrire  chaque  année  deux 
opéras  sérieux  et  deux  bouffes  ,  et  ce  qu'il 
recevait  pour  un  si  grand  travail  était  à 
peine  suffisant  pour  les  premières  nécessi- 
tés de  la  vie.  De  là  l'obligation  d'écrire  en 
même  temps  pour  d'autres  théâtres,  et, 
pour  suffire  à  tant  d'ouvrages  ,  celle  de 
hâter  le  travail.  Il  ne  reste  presque  plus 
rien  de  l'artiste  dans  une  semblable  situa- 
tion. On  a  vu  souvent  Donizetti  instru- 
menter toute  une  partition  d'opéra  en 
trente  heures,  temps  à  peine  suffisant 
pour  l'écriture  matérielle,  nonobstant  les 
abréviations  usitées  en  Italie.  Rien  de  réel- 
lement bon  ne  peut  naître  d'un  travail  si 
précipité,  et  si  l'on  doit  s'étonner,  c'est 
qu'il  s'y  trouve  des  traces  d'un  talent  in- 
contestable et  des  éclairs  de  génie. 


DOP 


DUR 


.329 


Douizetti  est  maintenant  professeur  de 
contrepoint  aa  collège  royal  de  musique 
de  Naples  ;  il  est  capable  d'en  bien  remplir 
les  fonctions,  car  il  a  du  savoir,  et  c'est 
peut-être  le  seul  parmi  les  jeunes  compo- 
siteurs italiens  à  qui  l'on  puisse  accorder 
cet  éloge.  Il  a  d'ailleurs  une  connaissance 
étendue  de  l'art  du  chant,  est  grand  lec- 
teur de  musique,  et  accompagne  au  piano 
d'une  manière  remarquable. 

DONZELLI  (dominiqcje),  chanteur  dis- 
tingué, est  né  à  Bologne  vers  1790.  Après 
avoir  terminé  ses  études  de  chant  dans  sa 
ville  natale ,  il  débuta  sur  quelques  théâ- 
tres des  villes  de  second  ordre.  En  1816 , 
il  était  au  théâtre  Italie,  à  Rome,  et  sa 
réputation  commençait  à  s'étendre,  lors- 
que Rossini  écrivit  pour  lui  dans  cette 
ville  le  rôle  de  Torvaldo  où  il  se  fit  re- 
marquer. Au  carnaval  de  l'année  suivante 
il  chanta  à  la  Scala ,  de  Milan,  avec  Ma- 
dame Festa-Maffei ,  Caroline  Bassi  et  Phi- 
lippe Galli.  Son  succès  fut  si  décidé  qu'il 
fut  engagé  pour  les  deux  saisons  sui- 
vantes. De  Milan  il  alla  à  Venise  ,  puis  à 
Naples,  puis  revint  en  1821  à  Milan,  ou 
Mercadanle  écrivit  pour  lui  Elisa  e  Clau- 
dio. A  Vienne,  Donzelli  produisit  un  grand, 
effet  en  1822,  et  le  succès  qu'il  y  obtint 
porta  sa  réputation  à  Paris  ,  où  il  fut  en- 
gagé en  1824.  Il  resta  attaché  au  Théâtre- 
Italien  de  cette  ville  jusqu'au  printemps 
de  1831  ,  où  il  eut  pour  successeur  Ru- 
bini.  En  1828  il  chanta  au  théâtre  du  roi 
à  Londres,  et  le  succès  qu'il  y  obtint  le  fit 
engager  au  même  théâtre  les  années  sui- 
vantes, après  la  saison  de  Paris.  De  retour 
en  Italie,  en  1832,  Donzelli  a  chanté  pen- 
dant plusieurs  années  sur  quelques  grands 
théâtres.  11  est  maintenant  retiré  à  Bolo- 
gne, où  il  jouit  de  l'indépendance  acquise 
par  ses  travaux.  Le  caractère  du  talent  de 
ce  chanteur  consistait  dans  une  grande 
énergie  dont  il  abusait  quelquefois  ,  mais 
qui  produisait  de  l'effet  dans  quelques 
rôles  tels  que  celui  à'Otello. 

DOPPERT  (jean)  ,  savant  allemand  , 
naquit  à  Francfort-sur-le-Mein ,  en  1671, 


devint  en  1703  recteur  dn  collège  de 
Schnéeberg  ,  en  Saxe  ,  et  mourut  le  18  dé- 
cembre 1735.  Au  nombre  de  ses  disserta- 
tions sur  divers  sujets  d'érudition  ,  on  en 
trouve  une  intitulée  :  De  musices  Prœ- 
stantia  et  anliquitate,  Schnéeberg,  1708, 
et  une  autre  :  Musices  cum  Litteris  copula 
descripta  ,  ibid.,  1711. 

DORAT  ( claude-joseph ),  poète  fran- 
çais, né  à  Paris,  le  31  décembre  1734, 
d'une  famille  ancienne  dans  la  robe  ,  s'at- 
tacha d'abord  au  barreau,  puis  se  lit  mous- 
quetaire ,  et  enfin  quitta    cette  dernière 
carrière  pour  se  livrer  à  son  goût  pour  les 
lettres.  Il  est  mort  à  Paris    le  29   avril 
1780.  Dorât  a  consacré  à  l'Opéra  un  chant 
de  son  poème  de  la   déclamation.    On  a 
aussi   de  lui   un  petit  poème  intitulé   Le 
pouvoir  de  l'harmonie,  imité  de  Dryden 
et  dédié  à  M.  le  Ch.  Gluck  (  Voyez  le 
Journ.  Encyclop.,  octobre  1779,  p.  114). 
Dans    ses    œuvres  diverses,    publiées    à 
Amsterdam  et  à  Paris ,  on  trouve  des  Re- 
cherches sur  l'usage  et  l'abus  de  la  mu- 
sique dans  l'éducation  moderne,  qui  ont 
été  traduits  en  anglais  sous  ce  titre  :  Eu- 
terpe  ,  or  remarks  on  the  use  and  abuse 
ofmusic,  as  a  part  oj modem  éducation , 
Londres,  1779,  in-8°. 

DORATIUS  (je'rome),  compositeur,  né 
à  Lucques,  vers  1580,  a  fait  imprimer  : 
Psalmi  vespertini  quatuor  vocum  ,  Ve- 
nise ,  1609. 

DORATUS  (nicolas)  ,  ou  plutôt  Do- 
rati,  compositeur  italien,  vivait  dans  la 
seconde  moitié  du  16e  siècle.  On  connaît 
de  lui  :  1°  Madrigali  a  5-8  voci,  Venise, 
1579  j  2°  Madrigali  a  cinque  voci ,  Ve- 
nise ,  1567. 

DORELLI  (antoine),  habile  ténor, 
élève  d'Aprile,  entra  en  1788,  au  service 
de  l'électeur  de  Bavière,  et  chanta  pendant; 
plusieurs  années  sur  le  théâtre  de  Mu- 
nich. 

DORFSCHMID  ( Georges),  musicien 
allemand  qui  vivait  dans  la  seconde  moi- 
tié du  16e  siècle.  Il  a  publié  des  vêpres  a 
quatre  voix  sous   ce  titre   :   Sacrificium 


830 


BOR 


DOR 


vespertinum  quatuor vocum,  Augsbourg, 
1597. 

DORION  ,  célèbre  joueur  de  flûte,  fut 
contemporain  de  Philippe  de  Macédoine  ; 
on  croit  qu'il  était  né  en  Egypte.  Plutar- 
que  (De  Musica)  dit  qu'il  fit  dans  un 
mode  de  musique  pour  la  flûte  des 
innovations  qui  prirent  de  son  nom  celui 
de  mode  Dorionien ,  et  que  ceux  qui 
adoptèrent  ce  mode  formèrent  une  sorte  de 
secte  ,  opposée  à  une  autre  qui  avait  pour 
chef  Antigériide  (Voyez  ce  nom).  Dorion 
était  fertile  en  bons  mots  ;  Athénée  en 
rapporte  plusieurs  (lib.  8,  c.  4),  parmi 
lesquels  on  remarque  celui-ci  :  étant  un 
jour  dans  une  ville  où  il  n'avait  pu  trou- 
ver de  logement ,  il  se  reposait  dans  un 
bois  sacré  ,  près  d'un  petit  temple  ;  il  s'in- 
forma du  nom  de  la  divinité  à  qui  il  était 
consacré  :  A  Jupiter  et  à  Neptune,  répon- 
dit le  sacrificateur.  Comment ,  s'écria  Do- 
rion, pourrai-je  trouver  un  gile  dans  une 
ville  oh  les  Dieux  mêmes  sont  logés  deux 
à  deux  ?  Il  passait  pour  un  de  ces  gour- 
mands si  communs  dans  l'antiquité,  car 
le  poète  comique  Mnésimaque  faisait  dire 
dans  une  de  ses  pièces  :  Dorion  passe 
chez  nous  là  nuit  à  jouer,  non  de  lajlute, 
mais  de  la  casserole. 

DOPiIOT  (l'abbé),  né  en  Franche- 
Comté  vers  1720,  fut  d'abord  maître  de 
chapelle  à  Besançon  ,  et  fut  appelé  à  Paris 
vers  1758,  pour  y  être  attaché  à  la  Sainte 
Chapelle,  en  cette  qualité.  11  y  occupait 
encore  le  même  poste  en  1780.  L'abbé 
Doriot  a  composé  plusieurs  motets  qu'on 
entendait  le  samedi  saint  à  la  sainte  cha- 
pelle, et  qui  jouissaient  de  son  temps  de 
quelque  réputation.  On  connaît  aussi  de 
lui  un  Traité  d'harmonie  selon  les  prin- 
cipes de  Rameau ,  dont  une  copie  se 
trouve  dans  la  bibliothèque  du  Conserva- 
toire de  musique  ,  à  Paris. 

DORN  (iienri),  directeur  de  musique  à 
Leipsick,  est  né  à  Kœnigsberg  le  4  novem- 
bre 1804.  Elève  de  Bernard  Klein  pour  la 
composition,  et  de  Louis  Berger  pour  le 
piano  5  il  a  fait  des  éludes  sévères  et  a  ac- 


quis des  connaissances  étendues  dans  son 
art.  Pendant  son  séjour  à  Berlin  il  y  a  fait 
représenter  son  premier  opéra  intitulé  Les 
pages  de  Roland,  qui  a  obtenu  beaucoup 
de  succès  au  théâtre  de  Kœnigstadt.  Quel- 
que temps  après,  M.  Dorn  fut  nommé  di- 
recteur de  là  musique  du  théâtre  de 
Kœnigsberg,  pour  lequel  il  écrivit  l'opéra 
deHoltei,  puis  Àbu-Kara  et  Artaxerces. 
Assez  de  mérite  se  fait  remarquer  dans 
ces  productions  pour  faire  espérer  que  leur 
auteur  occupera  un  jour  une  place  distin- 
guée parmi  les  compositeurs  dramatiques 
de  l'école  allemande.  En  1830,  il  a  été 
nommé  directeur  de  musique  à  Leipsick. 
Parmi  les  compositions  instrumentales  de 
M.  Dorn,  on  remarque  :  1°  Le  Camp, 
sonate  caractéristique  pour  le  piano , 
Vienne ,  Bormann  ;  2°  Un  grand  divertis- 
sement pour  le  même  instrument,  œuv.  3, 
Francfort, Pichler  ;  5°  Sonate  pour  piano, 
violon  et  violoncelle,  œuvre  5,  Berlin, 
Lane;  4°  Des  pièces  détachées  ,  œuv.  10, 
Dresde,  Thieme,  et  œuvre  15 ^  Berlin, 
Trautwein.  On  connaît  aussi  de  lui  des 
chansonnettes  italiennes  et  allemandes 
pour  voix  seule,  avec  accompagnement  de 
piano. 

Un  autre  musicien  nommé  Dorn  (J. F.), 
qui  paraît  avoir  été  professeur  de  musique 
à  Kœnigsberg,  et  qui  vraisemblablement 
est  parent  du  précédent,  a  publié  plusieurs 
recueils  de  chants  à  trois  et  quatre  voix 
pour  l'usage  des  écoles  de  chant  de  l'Alle- 
magne, à  Kœnigsberg,  Leipsick  et  Berlin. 

DORNAUS  (philippe),  virtuose  sur  le 
cor,  et  musicien  de  la  chambre  de  l'élec- 
teur de  Trêves  ,  naquit  vers  1769.  On  dit 
qu'il  jouait  déjà  les  concertos  de  Punto  à 
l'âge  de  nuit  ans.  A  quatorze,  il  se  mit  à 
voyager  avec  son  frère,  et  vint  à  Paris  en 
1783.  Les  connaisseurs  admirèrent  l'ha- 
bileté de  ces  deux  enfans  qui  retournèrent 
ensuite  en  Allemagne.  En  1769,  ils  en- 
trèrent tous  deux  au  service  du  comte  de 
Bentheim-Steinfurth ,  d'où  ils  passèrent 
ensuite  à  la  chapelle  électorale  de  Coblenz. 
Philippe  Dornaus  a  publié  à  Ollenbach  , 


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DOT 


331 


en  1802,  un  concerto  pour  deux  cors, 
avec  un  accompagnement  d'orchestre  ar- 
rangé par  André.  Il  a  fait  aussi  insérer 
dans  la  troisième  année  de  la  Gazette  mu- 
sicale de  Leipsick  (p.  508),  des  remarques 
sur  l'usage  utile  qu'on  peut  tirer  du  cor. 

DORNAUS  (ldcas),  l'rère  cadet  du  pré- 
cédent,  a  toujours  accompagné  son  frère, 
et  se  trouvait  avec  lui,  en  1800,  à  la  cha- 
pelle électorale  de  Coblenz.  Il  a  publié  : 
1°  Six  petites  pièces  pourjlûte  et  deux 
cors,  op.  1  ,  Offenbach  ;  2°  iSï.r  petites 
pièces  pour  deux  clarinettes ,  deux  cors 
et  basson ,  op.  2,  ibid. 

DORNEL  (antoine),  né  en  1695,  fut 
d'abord  organiste  de  la  Madeleine  en  la 
Cité  ,  et  ensuite  de  l'église  de  Sainte-Ge- 
neviève. Il  est  mort  à  Paris  en  1765.  C'était 
un  organiste  médiocre  et  un  mauvais  com- 
positeur ,  mais  il  passait  pour  être  bon 
maître  d'accompagnement.  Il  a  publié,  en 
1727,  des  cantates  intitulées  Les  carac- 
tères de  la  musique,  et  Le  tombeau  de 
Clorinde.  Il  a  fait  imprimer  aussi  trois 
livres  de  trios  pour  le  violon. 

DORRINGTQN(theophile),  néà  Witt- 
nesharn  ,  dans  le  duché  de  Kent ,  fut  rec- 
teur dans  ce  lieu  depuis  1686 ,  jusqu'en 
1712.  On  a  de  lui  :  Discourse  on  singing 
in  the  worship  of  God,  Londres,  1714, 
in-8°. 

DOTHEL  (nicolas),  flûtiste,  né  en 
Allemagne,  vers  le  commencement  du 
18e  siècle,  était  fils  d'un  artiste  habile  sur 
le  même  instrument.  Vers  1750,  il  était 
attaché  à  la  chapelle  du  grand-duc  de  Tos- 
cane. Le  jeu  de  Dothel ,  différent  de  celui 
de  Quantz,  était  lié  et  dépourvu  de  coups 
de  langue.  Les  compositions  de  ce  virtuose 
étaient  estimées  de  son  temps  ,  en  Alle- 
magne ;  il  a  fait  graver  à  Amsterdam  ,  en 
1763,  six  duos  pour  la  flûte,  et  ensuite,  à 
Paris ,  Studiper  iljlauto  in  tutti  i  tuoni  e 
modi,  avec  la  basse.  Outre  cela  ,  on  con- 
naît encore  en  manuscrit  neuf  concertos 
pour  flûte,  et  sept  quatuors  de  sa  compo- 
sition. 

DOTZAUER    (jOSTE-JEAN-FREDERlc)  , 


né  à  Hœsselrieth,  près  de  Hildburghausen, 
le  20  juillet  1785,  se  livra  de  bonne  heure 
à  l'étude  de  la  musique.  Son  père,  pasteur 
du  lieu  de  sa  naissance  ,  lui  procura  une 
éducation  soignée,  et  lui  fit  apprendre  à 
jouer  du  piano,  du  violon,  du  violoncelle, 
et  les  éléments  delà  composition.  Le  goût 
passionné  qu'il  montrait  particulièrement 
pour  le  violoncelle,  et  les  progrès  remar- 
quables qu'il  faisait  sur  cet  instrument, 
déterminèrent  son  père  à  le  mener  à  Mei- 
ningen ,  en  1799,  pour  le  confier  aux 
soins  de  Kriegek  ,  maître  des  concerts. 
Deux  ans  après,  Dotzauer  obtint  une  place 
de  musicien  de  la  chambre  à  Cobourg  ;  il 
la  conserva  jusqu'en  1805,  époque  où  il 
entra  à  l'orchestre  de  Leipsick.  Un  voyage 
qu'il  fit  à  Berlin,  en  1806,  lui  procura 
l'occasion  d'entendre  Bernard  Romberg , 
et  de  perfectionner  son  talent  sous  la  direc- 
tion de  cet  habile  artiste.  En  1811 ,  il  a 
quitté  Leipsick  pour  entrer  à  la  chapelle 
royale  de  Dresde.  Voici  la  liste  de  ses  com- 
positions; 1°  Deux  quatuors  pour  violon, 
op.  12  ;  2°  Trois  ,  Idem,  op.  19  ;  3°  Un  , 
Idem,  op.  29;  4°  Trois  Idem,  op.  50; 
5°  Trois  duos  faciles  pour  violon  et  basse, 
op.  4  ;  6°  Trois  ,  Idem ,  op.  8  ;  7°  Trois , 
Idem,  pour  deux  violons,  op.  14  ;  8°  Trois, 
Idem,  op.  16,  liv.  1  et  2  ;  9°  Six,  Idem, 
op.  25;  10°  Variations  pour  violoncelle 
avec  deux  violons  ,  alto  et  basse , 
op.  7;  10°  Concerto  pour  violoncelle, 
avec  orchestre  ,  op.  27;  11°  Pot-pourri 
pour  violoncelle,  avec  deux  violons, 
alto  et  basse,  op.  33  ;  12°  Quatuor  pour 
violoncelle,  deux  violons  et  alto,  op.  13  ; 
13°  Six  duos  faciles  pour  deux  violon- 
celles, op.  9;  14°  Trois,  Idem,  pour  deux 
bassons  ou  deux  violoncelles,  op.  10; 
15°  Trois,  Idem,  op.  15;  16°  Huit  va- 
riations pour  violoncelle  ,  avec  accom- 
pagnement de  basse,  op.  1  ;  17°  Deux  so- 
nates pour  violoncelle,  avec  basse,  op.  2  , 
18°  Dix  variations  pour  violoncelle , 
avec  basse  ,  op.  11  ;  19°  Divertissement 
pour  piano  et  violoncelle  ;  20°  Dix-huit 
walses  à  quatre  mains  pour  le  piano , 


332 


DOU 


DOW 


op.  5,  17  et  20  ;  21°  Exercices  pour  le 
-violoncelle,  op.  47;  22°  Douze,  Idem, 
op.  54;  23°  Beaucoup  de  pièces  détachées, 
de  pots-pourris,  etc. ,  pour  le  violoncelle. 
Dofzauer  a  outre  cela  ,  dix  concertos  pour 
le  violoncelle  avec  orchestre. 

DOUET  (Alexandre)  ,  prêtre  et  maître 
de  chapelle  de  l'église  de  St-Hylaire  de 
Poitiers ,  a  publié  :  Missa  sex  vocum  ad 
imitationem  moduli  Consolamini,  Paris, 
Christophe  Ballard  ,  1676,  in-fol. 

DOURLEN  (victor)  ,  né  à  Dunkerque 
en  1779,  entra  au  conservatoire  dans  le 
classe  de  piano  de  M.  Mozin  ,  en  1797  , 
reçut  des  leçons  d'harmonie  de  M.  Catel, 
et  apprit  ensuite  le  contrepoint  sous  la 
direction  de  M.  Gossec.  En  1806,  il  con- 
courut pour  le  grand  prix  de  composi- 
tion musicale,  qui  lui  lit  décerné  par  la 
classe  des  beaux-arts  de  l'Institut.  Ce  prix 
lui  procurait  l'avantage  d'aller  en  Italie, 
aux  frais  du  gouvernement,  étudier  l'art 
de  chanter  avec  facilité  dans  la  composi- 
tion ;  mais  avant  son  départ  ,  il  fit  re- 
présenter au  théâtre  Feydeau  Philoclès , 
opéra  en  deux  actes  ,  dont  il  avait  fait  la 
musique.  Pendant  son  séjour  à  l'école  des 
beaux- arts,  à  Rome,  M.  Dourlen  envoya 
à  l'institut  un  Dies  irœ  dont  il  était  Fau- 
teur, et  sur  lequel  M.  Lebreton,  secrétaire 
de  la  quatrième  classe  de  cette  compagnie, 
fit  un  rapport  favorable  au  mois  d'octobre 
1808.  De  retour  à  Paris,  M.  Dourlen  a 
donné  au  théâtre  Feydeau  les  opéras  sni- 
vans  :  1°  Linnée ,  en  trois  actes,  1808; 
2°  La  Dupe  de  son  art,  en  un  acte, 
1809;  3°  Cagliostro,  en  trois  actes,  en 
société  avec  M.  Reicha,  1811;  4°  Plus 
heureux  que  sage,  en  un  acte,  1816; 
5°  Le  Frère  Philippe,  en  un  acte,  1818; 
6°  Marini,  en  trois  actes,  1819;  7°  Le 
Petit  Souper,  en  un  acte,  1822.  Outre 
ces  ouvrages ,  M  Dourlen  a  publié  plu- 
sieurs compositions  instrumentales,  parmi 
lesquelles  on  remarque  :  1°  Sonates  pour 
le  piano  ,  op.  1  ;  2°  Fantaisie  sur  la  ro- 
mance de  Bëlisaire  ;  3°  Premier  concerto 
pour  le  piano,  op.  3;  4°  Trio  pour  piano, 


violon  et  basse,  op.  4;  5°  Trois  sonates 
avec  accompagnement  de  violon,  op.  5; 
6°  Fantaisie  en  trio,  avec  F.  Kreubé; 
7°  Pot  pourri  sur  les  airs  de  Jean  de  Paris; 
8°  Sonates  faciles  pour  le  piano,  op.  6; 
9°  Sonate  avec  accompagnement  de  flûte, 
op.  9  ;  10°  Sonate  à  quatre  mains, op.  10. 
M.  Dourlen  est  professeur  d'harmonie  et 
d'accompagnement  au  Conservatoire  de 
musique  de  Paris,  depuis  1816.  Il  a  pu- 
blié, pour  l'usage  de  ses  élèves  un  Tableau 
Synoptique  des  accords ,  Paris,  Pacini. 

DOUTH  (philippe)  ,  écrivain  anglais 
du  17e  siècle,  a  publié  un  poème  sur  la 
musique  sous  ce  titre  :  Musica  incantans, 
seu  Poema  exprimens  vires  musices,  in~ 
venem  in  insaniam  adigentis ,  et  musici 
inde  periculum ,  Londres  ,  1674  ,  in-4°. 
Cet  ouvrage  est  fort  rare. 

DOUWES  (nicolas,  en  hollandais, 
Klaas),  organiste  à  Tzum,  dans  la  Frise, 
naquit  à  Leuwarden  en  1689.  Il  fit  im- 
primer à  Franeker,  en  1722,  un  traité  de 
la  musique  etdesinstrumens,dont  il  avait 
préparé  une  deuxième  édition  améliorée  , 
qui  ne  parut  qu'après  sa  mort,  sous  le  titre 
suivant  :  Grondig  ondersoek  van  de 
Toonen  der  Muzyk  ;  -waarin  van  de 
■wydte  of  groolheid  van  Octaven,  Quin- 
ten,  Quarlen  en  Tertien,  heele  en  halve 
Toone  onvolmaakte  en  valsche  spelien 
geoorloqfde  t'  zamenvoeging  van  Octa- 
ven, etc.  (Recherches  fondamentales  sur 
l'enseignement  de  la  musique,  etc.),  Am- 
sterdam, 1773,  in-4°.  C'est  un  livre  mé- 
diocre. 

DOWLAND  (jean),  célèbre  joueur  de 
luth  anglais,  né  en  1562,  fut  admis  à 
l'âge  de  vingt-six  ans  à  prendre  le  grade 
de  bachelier  en  musique,  à  l'université 
d'Oxford.  Dans  un  sonnet  attribué  à  Sha- 
kespeare ,  on  trouve  ce  passage  relatif  à 
Dowland. 

If  musicke  and  sweet  poetry  agrée, 
As  they  must  needs  (the  sister  and  the  brother) 
Then  must  the  love  be  great  twixt  thee  and  me , 
Because  thou  lov'st  the  one  and  I  the  other. 
Dowland  to  thee  is  deer,  whose  heavenly  touçh 


DOW 


DRA 


Upon  the  Iule  dotli  ravish  human  sensé  ; 
Spencer  lo  me,  etc.,  etc  '. 

En  1584,  Dowland  voyagea  en  France, 
et  de  là  passa  en  Allemagne  où  il  fut  reçu 
de  la  manière  la  plus  flatteuse  par  le  duc 
de  Brunswick ,  et  par  le  prince  Maurice  , 
Landgrave  de  Hesse  Cassel.  Après  avoir 
passé  quelques  mois  à  la  cour  de  ces  princes, 
il  traversa  les  Alpes,  et  visita  Venise, 
Padoue ,  Gênes  ,  Fcrrare  et  Florence.  A 
Venise  il  se  lia  d'amitié  avec  le  célèbre 
compositeur  Jean  Croce.  De  retour  en 
Angleterre,  il  y  publia  ses  premières  com- 
positions en  1595,  sous  ce  litre  :  Thefirst 
Booke  of  songs  or  ayres  qfjbure  pari  s, 
with  tablature  for  the  Iule  (Premier  livre 
de  chansons  ou  d'airs  à  quatre  parties  , 
avec  tablature  de  luth).  Peu  de  temps 
après,  il  partit  pour  le  Danemarck  et  de- 
vint premier  luthiste  du  roi  de  ce  pays. 
Le  deuxième  livre  de  ses  chansons  (The 
second  book  of  songs  or  airs  for  the 
lute  or  Orpharion ,  with  the  viol  de 
Gamba)est  daté  deHelsingnoureen  Dane- 
mark, le  premier  juin  1600.  En  1603  il 
était  de  retour  à  Londres  et  y  publia  : 
Thethird  book  of  Songs  or  Airs  lo  sing 
to  the  Iule,  Orpharion ,  or  violls.  Cet 
ouvrage  fut  suivi  de  celui  qui  a  pour  titre: 
Lachrimœ }  or  seaven  theares  figured 
in  seaven  passionate  pavans }  with  di- 
vers others  pavans ,  gagliards  ,  and  al- 
mands ,  setforlhfor  the  lute  ,  viols ,  or 
violinSf  infive  parts  (Les  larmes  figurées 
par  sept  pavanes  passionnées,  avec  d'autres 
pavanes,  gaillardes  et  allemandes  ,  arran- 
gées pour  le  luth ,  les  violes  ou  violons,  à 
cinq  parties).  Cet  ouvrage  paraît  avoir 
joui  dune  assez  grande  célébrité,  car  il  en 
est  fait  mention  dans  une  comédie  de  Mid- 
leton  intitulée  :  No  wit  like  a  Woman's 
(Nul  esprit  n'est  semblable  à  celui  d'une 
femme) ,  dans  laquelle  une  servante  an- 
nonce une  fâcheuse   nouvelle  à   sa   maî- 


tresse, et  en  reçoit  la  réponse  suivante  : 

u  No ,  Thou  piaiest  Dowland's  JLachrima:  to  thy 

master.  » 

Dans  la  dédicace  decette  œuvre  à  la  reine 
Anne,  qui  était  sœur  de  Christian  IV,  roi 
de  Danemark,  Dowland  dit  que  voulant 
retourner  près  de  ce  prince,  son  maître, 
il  s'était  embarqué ,  mais  que  les  vents 
contraires  l'ont  obligé  à  passer  l'hiver  en 
Angleterre. 

En  1609  Dowland  publia  à  Londres  sa 
traduction  anglaise  du  traité  de  musique 
d'Ornitoparcus.  Cette  traduction  est  plus 
rare  que  l'ouvrage  original  ,  parce  qu'il 
n'en  a  été  fait  qu'une  édition.  Trois  ans 
après ,  il  fit  paraître  une  collection  de 
pièces,  sous  ce  litre  :  A  Pilgritn's  solace, 
■wherein  is  contained  musical  harmony 
of  three,  four  andfive  parts ,  to  be  sung 
and  plaid  with  Iule  and  viols  (La  conso 
lation  d'un  pèlerin,  où  est  contenue  uni; 
harmonie  musicale  à  trois  ,  quatre  et  cinq 
parties  ,  pour  être  chantée  ou  jouée  sur  le 
luth  ou  les  violes).  Quelques  madrigaux 
de  Dowland  ont  été  insérés  dans  la  Mu- 
sica  antiqua  de  Smith,  et  dans  la  collec- 
tion du  docteur  Crotch.  Ces  spécimens  de 
sa  musique  ne  donnent  pas  une  idée  favo- 
rable de  son  génie  ni  de  son  savoir.  Il  y  a 
lieu  de  croire  qu'il  était  meilleur  instru- 
mentiste que  compositeur.  Ce  musicien 
paraît  avoir  cessé  de  vivre  en  1615. 

DOWLAND  (robert),  fils  du  précédent, 
a  publié  un  recueil  de  chansons  à  plusieurs 
voix,  de  sa  composition  ,  sous  le  titre  de 
A  musical  Banquet,  Londres,  1610, 
in-fol. 

DOZON  (m11").  V.  CïlÉRON  (M»«). 

DRAGHETTI  (andre),  jésuite  italien  , 
professeur  de  métaphysique  à  l'université 
de  Brera ,  dans  la  seconde  moitié  du 
18e  siècle,  a  publié  un  petit  traité  de 
Psychologie  sous  le  titre  de  Psychologue. 


i  Si  la  musique  et  la  douce  poésie  se  plaisent  comme 
le  doivent  une  sœur  et  un  frère,  l'amour  entre  vous  et  moi 
doit  être   grand,    car  vous   aimez  l'une  et  moi  l'autre: 


Dowland  vous  est   cher   par  cette  touche  divine  sur  le 
luth,  qui  ravit  les  sens;  Spencer  me  plaît,  etc. 


334 


DRA 


spécimen,  Milan,  1771,  in-8°.  Il  y  traite 
(p.  45-53)  des  lois  des  séries  arithmétiques 
et  géométriques  appliquées  à  l'échelle  mu* 
sicale.  Le  P.  Sacchi  {V.  ce  nom)  attaqua 
les  idées  du  P.  Draghetti,  relatives  à  ce 
sujet,  dans  un  petit  écrit  qui  a  pour  titre  : 
Riposta  al  P.  Andréa  Draghetti  délia 
compagnia  di  Giesu ,  sidle  legge  di  con- 
tinuità  nella  scala  musicale,  Milan, 
1771 ,  et  ce  morceau  donna  lieu  à  une 
autre  publication  du  P.  Draghetti ,  inti- 
tulée :  Délia  legge  di  centinuità  nella 
scala  musica,  replica  alla  riposta  del 
Padre  D.  Giovenale  Sacchi,  Milan, 1772, 
97  pages  in-8°  avec  une  planche.  Il  a  été 
rendu  compte  de  la  discussion  de  ces  deux 
savans  dans  la  Gazette  littéraire  de  Milan 
(1772  ,  n°  26)  ,  et  dans  le  Journal  des 
Seavans  (1773,  janvier,  p.  151  .  février, 
p!375). 

DRAGHI  (balthasar),  compositeur  ita- 
lien qui  vivait  vers  la  fin  du  16e  siècle,  a 
publié  des  Canzonette  o  vdlanelle  alla 
Napoletana ,  Venise,  1581. 

DRAGHI  (antoine),  compositeur  dra- 
matique, né  à  Ferrareen  1642,  commença 
à  écrire  fort  jeune  ,  et  après  avoir  fait  des 
messes  et  des  motets  à  Page  de  vingt-un 
ans,  composa  son  premier  opéra  en  1665. 
Peu  de  musiciens  ont  eu  une  fécondité 
égale  à  la  sienne.  Après  avoir  passé  plus  de 
25  cinq  ans  au  service  delà  cour  de  Vienne, 
il  retourna  vers  la  fin  de  sa  vie  à  Ferrare  , 
et  y  monrut  en  1707.  On  peut  juger  de 
sa  facilité  par  la  liste  suivante  de  ses  opé- 
ras :  1°  Aronisba,  en  1665  ;  2°  Alcindo; 
3°  Cloridea  ,  1665  ;  4°  Muzio  Scevola , 
1666;  5°  Ercole  acquisitator  délia  im- 
mortalilà ,  1667;  6°  Atalante ,  1669; 
7°  Leonida  in  Tegea ,  1670;  8°Ifide, 
1670;  9"  Peneloppe,  1670;  10°  La 
prosperità  d'Elio  Sejano,  1670  ;  11°  Ci- 
dippe,  1671  ;  1 2°  Avidilà  di  Midà,1671  ; 
13°  Gara  de'  Genni,  1671  ;  14°  Gundel- 
berga,  1672;  15°  La  Sulpizia ,  1672  ; 
16»  Atomi  d'Epicure,  1672;  17°  Pro- 
vare  per  non  recitare  (divertissement), 
1673  ;  18°  La  Tessalonica,  1675  ;  19°  La 


DBA 

Lanterna  di  Diogenc ,  1674  ;  20°  // 
ratio  délie  Sabine ,  11)7  i;  21°  Il  fuoco 
eterno  custodito  dalle  vestali ,  167 4; 
22°  Pirro,  1675;  23°  i"  Pazzi  abderiti , 
1675  ;  24°  Lucrezia,  1676  ;  25°  Seleuco, 
1676;  26°  Il  Silenzio  d'Arpocrate,  1677  ; 
27°  Adriano  su'l  monte  Casio,  1677; 
28°  Chelonida,    1677;  29"  Rodogone , 

1677  ;  30°  La  conquisità  del  velod'Oro, 
1678-  51°  Creso,  1678  ;  52°  Enea  in 
Italia ,  1678;  55°  Leucippe ,  1678; 
54°  La    Monarchia  latina  trionfante , 

1678  ;  55°  //  Tempio  di  Diana  in  Tau- 
rica,  1678  ;  56°  Il  vincitor  magnianimo 
in  Tito  quinto,  1678;  57°  Flaminio , 
1679;  38°  Baldracca,  1679;  39°  La 
Pazienza  di  Socrate  con  due  moglie , 
1680,  40°  //  Temistocle,  en  1681; 
41°  Achille  in  Tessalia,  1681  ;  42°  La 

forza  dell amicizia ,  1681  :  43°  Gli  stra- 
tagemi  di  Bionle ,  1682;  44°  La  Chi- 
mera ,  1682;  45°  La  lira  d'Orfeo, 
1683  ;  46°  //  Palladio  in  Roma ,  1683  ; 
47°  Lapin  generosa  Spartana ,  1685; 
48°  Le  nere  azioni  di  Tempe,  1685; 
49°  Il  Risarcimento  délia  ruota  délia 

fortuna,  1685  ;  50°  Le  Scioccagini  degli 
Psilli,  1686;  51°  Lo  Studio  d'amore, 
1686;  52°  La  Vendetta  dell'  onestà , 
1687;  53°  La  Vittoria  délia  Jbrtezza , 
1687;  54°  Il  marito  amapiu,  la  moglie 
ama  meglio,  1688  ;  55°  Tanasio,  1688  ; 
56°  I  Pianeti  benigni,  1689  ,  57°  Pim- 
malione  in  cipro ,  1689;  58°  Rosaura , 
1689;  59°  La  Reginade  Volsei,  1690; 
60°  Il  Ringiovenito ,  1691  ;  61°  Il  tri- 
buto  de  Sari ,  1691  ;  62°  La  varietà  di 

fortuna  in  Lucio  Giunio  Bruto ,  1691; 
63°  Il  merito  uniforma  i  Geni,  1691  ; 
44°  Fedellà  e  Generosità,  en  1692; 
65°  Amore  in  Sogno ,  1695;  66°  Le 
Plante  délia  virtue  délia  fortuna,  1695, 
67°  Lepiu  ricche  gemme,  1695  ;  68°  Pe- 
lopida  Tebano  in  Tessaglia  ,  1694; 
69°  L'Ossequio  délia  poesia  e  délia  slo- 
ria  ,  1694  ;  70°  Le  sere  dell'  Aventino, 
1694,  71°  La  Chioma  di  Bérénice, 
1695;  72°   La  finta  cecità  d'A'diocco 


DRA 

grande,  1695;  75°  Industrie  amorose 
de'  ragazzc  di  Tracià ,  1695;  74°  Ma- 
gnianimità  di  Fabrizio ,  1696;  75°  La 
Tirannide  abbatuta  dalla  virtii,  1697; 
76?  Adalberto ,  ovvero  la  forza  dell' 
astuzie  feminile ,  1697  ;  77°  Amor 
per  virth,  1697  ;  78°  Le  Piramide  d'E- 
gitlo ,  1697;  79°  Arbacefondatore  dell' 
Impero  de  Parti,  1698;  80°  Delizioso 
ritiro  di  Luccello ,  1698;  81°  Idea  del 
felice  governo ,  1698;  82°  Le  finezze 
dell  amicizia  e  dell'  onore ,  1699; 
85°  L'Alceste ,  1799.  On  connaît  aussi 
quelques  oratorios  d'Antoine  Draghi, 
parmi  lesquels  on  remarque  Le  cinque 
piaghe  di  Cristo ,  écrit  en  1677. 

DRAGHI  (jean-baptiste),  claveciniste 
et  compositeur,  né  en  Italie,  accompagna 
en  Angleterre  Marie  d'Esté  ,  princesse  de 
Modène,  et  épouse  du  roi  Jacques  II.  Pen- 
dant tonte  la  durée  de  ce  règne  il  fut  le 
musicien  favori  de  la  cour.  On  croit  aussi 
qu'il  donna  des  leçons  de  musique  à  la 
reine  Anne.  L'année  de  sa  mort  est  iono- 
rée.  Les  ouvrages  qu'il  publia  en  Angles- 
terre  consistent  en  suites  de  pièces  de  cla-? 
vecin.  Il  fit  aussi  la  musique  de  deux 
opéras  ;  l'un  intitulé  Psyché ,  en  société 
avec  Lock  ,  l'autre  ,  sous  le  titre  de  The 
Wonders  in  the  Sun,  or  the  kingdom  qf 
Birds  (  Les  merveilles  dans  le  soleil ,  ou 
le  royaume  des  oiseaux),  représenté  au 
théâtre  de  la  Reine,  dans  Haymarket,  en. 
1706.  On  croit  que  plusieurs  antiennes 
insérées  dans  les  collections  de  la  fin  du 
17e  siècle,  et  indiquées  sous  le  nom  de 
Baptiste  ,  sont  de  Draghi. 

DRAGONETTI  (Dominique),  virtuose 
sur  la  contrebasse,  est  né  à  Veniseenl771. 
Son  père,  simple  ménétrier,  jouait  aussi 
de  cet  instrument.  Dragonetti  n'eut  point 
d'autre  maître  que  lui-même;  un  pauvre 
cordonnier,  nommé  Scliiamadori ,  lui  en- 
seigna les  premiers  principes  de  la  musi- 
que. Seul ,  il  apprit  à  jouer  de  la  contre- 
basse, et  ses  progrès  furent  si  rapides  qu'à 
l'âge  de  onze  ans  il  était  capable  de  faire 
sa  partis  dans  un  orchestre.  Un  musicien  , 


DRA 


335 


nommé  Dorelti,  ayant  eu  occasion  de  l'en- 
tendre, fut  si  étonné  de  ses  rares  disposi- 
tions, qu'il  pria  son  père  de  lui  donner  un 
maître.  Celui-ci  confia  son  fils  aux  soins 
de  Rerini ,  contrebassiste  de  l'église  de 
Saint-Marc,  et  le  meilleur  maître  de  Ve- 
nise. Après  avoir  donné  onze  leçons  au 
jeune  Dragonetti ,  ce  vieux  musicien  n'eut 
plus  rien  à  lui  apprendre,  car  son  élève 
était  arrivé  à  un  degré  de  talent  supérieur 
au  sien.  A  l'âge  de  treize  ans  Dragonetti 
occupait  la  place  de  premier  contrebas- 
siste à  1  Opéra  Rouffe  ;  à  quatorze  on  lui 
confia  la  même  place  à  l'Opéra  Sérieux  de 
San-Rénedetto  ;  enfin  ,  à  dix-neuf,  il  suc- 
céda à  son  maître  Rerini  au  chœur  de 
l'église  de  Saint-Marc.  Son  talent  extraor- 
dinaire le  faisait  souvent  choisir  pour 
jouer  sur  la  contrebasse  la  partie  de  vio- 
loncelle dans  les  quatuors  de  violon.  Les 
concertos  les  plus  difficiles  de  basson  ou 
de  violoncelle  n'étaient  qu'un  jeu  pour 
lui.  Il  avait  composé  pour  son  usage  des 
concertos,  des  sol  os ,  des  sonates,  dans 
lesquels  il  avait  introduit  des  passages 
d'une  si  grande  difficulté  que  lui  seul  pou 
vait  les  jouer.  Dans  un  voyage  qu'il  fit  à 
Vicence,  il  eut  le  bonheur  d'acquérir  une 
contrebasse  excellente  qui  avait  été  con- 
struite par  Gaspard  de  Salô,  maître  d'An- 
dré Amali  :  c'est  cette  même  contrebasse, 
instrument  excellent,  dont  il  s'est  toujours 
servi  depuis  lors.  De  retour  à  Venise  ,  il 
reçut  l'invitation  de  se  rendre  à  Londres  ; 
Rertoni,  maître  de  chapelle  de  Saint-Marc, 
et  le  célèbre  chanteur  Pacchiarotti  ,  qui 
arrivait  d'Angleterre ,  l'engagèrent  à  ac- 
cepter celte  invitation.  Il  avait  alors  vingt- 
quatre  ans  et  était  dans  la  force  de  son 
talent.  Il  arriva  à  Londres  en  1795  ,  et  y 
excita  le  plus  grand  étonnement.  Non- 
seulement  il  exécute  avec  une  admira- 
ble précision  les  passages  les  plus  difficiles 
en  sons  harmoniques,  mais  à  l'orchestre, 
où  il  est  placé  près  du  piano  ,  lorsque  l'or- 
chestre hésite  dans  la  mesure,  M.  Drago- 
netti le  raffermit  aussitôt  en  attaquant 
avec  énergie  les  notes  essentielles.  On  rap- 


336 


BRA 


DRE 


porte  que  Viotti  ayant  un  jour  engagé  cet 
artiste  à  jouer  la  seconde  partie  d'un  de 
ses  duos  de  violon  les  plus  difficiles,  et 
remarquant  sa  facilitéà remplir  cette  tâche, 
lui  proposa  de  jouer  le  premier  violon  ; 
Dragonctti  mit  tant  d'habileté  dans  ce  tour 
de  force ,  que  Violti  s'écria  qu'il  n'avait 
point  d'égal.  Bien  qu'âgé  de  soixante-cinq 
ans,  M.  Dragonetti  tient  encore  au  théâtre 
du  roi  et  aux  concerts  de  la  Société  phil- 
harmonique la  place  de  première  contre- 
basse, et  quoiqu'il  ait  perdu  quelque  chose 
de  son  agilité  ,  il  remplit  encore  ses  fonc- 
tions de  manière  à  exciter  l'étonncment  de 
ceux  qui  l'entendent. 

DRAGONl  (jean-andre)  ,  maître  de 
chapelle  à  Saint-Jêan-de-Lalran  ,  dans  la 
seconde  moitié  du  16e  siècle,  naquit  à 
Meldola,  bourg  des  États  de  l'Eglise,  vers 
1540,  et  fut  élève  de  Jean  Pierluigi  dePa- 
leslrina.  Ayant  été  nommé  maître  de  cha- 
pelle de  Saint-Jean-de-Latran  au  mois  de 
juin  1576  ,  il  conserva  cette  place  jusqu'à 
sa  mort,  arrivée  en  1598.  On  connaît  de 
lui  :  1° Madrigali  a  cinque  voci,  lih.  1°, 
Venise,  1594  ;  lihro  2°  ,  Venise  ,  Scotto  , 
1575  ;  libro  3%  Ibid. ,  1579,  libro  4", 
Vicenti,  1594  ;  2°  Madrigali  a  6  voci, 
Venise,  Scotto,  1583;  3°  Vdlanelle  a 
5  voci,  Ibid.,  1588;  4°  Motetti per  tutti 
i  sanli  dell  anno  a  5  voci,  Venise,  1578. 
Motetti  a  tre  voci,  Venise,  1580.  Après 
la  mort  de  Dragoni ,  le  chapitre  de  Saint- 
Jean-de-Latran  a  fait  imprimer  de  ce  com- 
positeur un  livre  de  madrigaux  à  six  voix 
et  un  livre  de  motels  à  cinq,  en  trois  par- 
ties ,  Rome,  Mutio  ,  1600.  Le  catalogue 
de  la  collection  de  M.  l'abbé  Santini,  de 
Rome,  indique  aussi  sous  le  nom  de  cet 
auteur  trois  Benedictus  a  huit  voix,  une 
messe  a  quatre  en  canon  ,  et  un  Dixil  à 
huit. 

DRAUD  ou  DRAUDIUS  (georges)  , 
pasteur  à  Gross-Carben  ,  dans  le  duché 
de  Hesse-Darmstadt,  ensuite  à  Ortenberg, 
et  enfin  à  Daverheim,  naquit  dans  ce  der- 
nier lieu,  le  9  janvier  1573 ,  et  mourut  à 
Butzbach  en  1635.   Tout  le  inonde  con- 


naît ses  bibliothèques  classiques  et  exoti- 
tiques,  Francfort,  1611  et  1625,  in-4°. 
On  y  trouve  les  titres  d'environ  douze 
cents  ouvrages  de  musique  théorique  et 
pratique  ,  publiés  dans  les  16e  et  17e  siè- 
cles. 

DREBENSTADIUS  (paulus),  magister 
à  Helmstadt  vers  la  fin  du  16e  siècle,  a  pu- 
blié un  épithalame  à  six  voix  sousce titre  : 
Hochzeitlicher  Gesangvon  6  Stimmen, 
Andreœ  Hartmann  Furst.  Braunschw. 
Amt-Schreiber  des  Hanses  Ertzen,  als 
Brœuligham  ,  v.  Ifr.  hedwigen  Mar- 
garelh  ,  Antonii  Amerbachs  ,  furst. 
Braunschw.  gewesenen  Organistens 
(seel.)nachgelassenerTochterzuEhren, 
Helmstadt,  1591  ,  in-4°. 

DRECHSLER  (jean-gabriel)  ,  bache- 
lier en  théologie  et  professeur  au  collège 
de  Halle,  naquit  à  Wolkenstein  en  1634, 
et  mourut  à  Halle  le  22  octobre  1677.  Il 
est  auteur  d'une  dissertation  De  Cjthara 
Davidica,  qui  a  paru  à  Leipsich,  en  1670, 
in-4°.  Georges  Serpilius  l'a  insérée  dans  ses 
Vitis  Scriplorum  Sacrorum  germanice 
editis,  part.  9,  p.  54,  et  Ugolini,  dans  son 
Trésor  des  antiquités  sacrées,  t.  52,  p. 171 . 

DRECHSLER  (josepii),  professeur 
d'harmonie  à  l'école  Ste-Anne  de  Vienne, 
estné  le  26  mars  1782  à  Wœllischburchen 
en  Bohême.  Son  père  lui  donna  les  pre- 
mières leçons  de  musique,  puis  il  fut  en- 
voyé au  couvent  des  Franciscains  de  Pas- 
sau  pour  y  être  enfant  de  chœur;  de  là  il 
alla  à  Jorenbach  faire  un  cours  d'études 
littéraires  ;  il  y  apprit  aussi  le  contrepoint 
sous  la  direction  d'un  moine.  Destiné  par 
son  père  à  l'état  ecclésiastique,  il  alla  étu- 
dier la  théologie  à  Prague  ;  mais  ayant 
terminé  son  cours  de  celte  science  avant 
d'avoir  atteint  l'âge  requis  pour  recevoir 
les  ordres,  il  se  rendit  à  Vienne  pour  y 
apprendre  la  jurisprudence  ,  changea  en- 
core de  résolution  et  accepta  en  1810  une 
place  de  co-répétiteur  au  théâtre  de  l'Opéra 
de  la  cour.  Plus  tard  il  fut  nommé  vice- 
maître  de  chapelle,  et  en  1815  il  obtint 
la  place  d'organiste  chez  les  PP.  Servîtes. 


DRE 


DRE 


337 


Quatre  ans  après,  l'orgne  rie  Sainte-Anne 
lui  fut  confie;  en  1821  il  reçut  sa  nomi- 
nation de  maître  de  chapelle  de  l'église  de 
l'Université  et  de  la  paroisse  delà  conr, 
et   presque   dans    le  même  temps   il   fut 
chargé  de  former  des  élèves  candidats  pour 
la  théorie  musicale  et  pour  l'orgue.  Depuis 
lors  il  a  été  nommé  directeur  de  musique 
au  théâtre  de  Josephstadt,  et  en  1824  les 
mêmes  fonctions   lui  ont  été  confiées  au 
théâtre  de  Léopoldstadt.  Les  compositions 
de  M.  Drechsler  sont  en  grand  nombre; 
on  y  remarque  :  1°  Dix  messes  solennelles; 
2°  Un  Requiem  ;  3°  Un  Veni  sancte  spi- 
ritus ,  à  quatre  voix  et  orchestre;  4°  Plu- 
sieurs offertoires   et  graduels  ;  5°  L'En- 
fant Prodigue ,  mélodrame;  6°  Six  opé- 
ras, dont  Claudine  de  Villa  bella ,  Le 
Panier  enchanté ,  Pauline ,  etc.;  7°  Dix- 
huit  vaudevilles  ou  opérettes,  notamment: 
Ydor,  Le  Diamant  du  roi  des  Esprits , 
La  Fille  du  monde  des  Fées ,  L'Esprit 
des  Montagnes,  Capricciosa,  La  Girafe? 
Le  Petit  homme  vert,  Oscar  et  Tina , 
La  Reine  des  Serpents,  La   Sylphide, 
Les  Viennois  à  Bagdad,  etc.  ;  8°  Beau- 
coup  de  pantomimes  ;  9°  Trois  grandes 
cantates,  dont  une  pour  l'inauguration  de 
la  nouvelle  synagogue;  9°  Des   quatuors 
pour  violon  ;  10°  Des  sonates  pour  piano, 
avec  et  sans  accompagnement  ;   11°   Des 
airs  variés ,  rondos ,  marches   et   danses 
pour  le  même  instrument  ;  12°  Des  fugues 
pour  Forgue;   13°   Des   chansons  à  voix 
seule ,  avec  accompagnement   de   piano  ; 
14°  Une  petite  méthode  d'orgue,  Vienne, 
Hasslinger  ;  15°  La  méthode  de  piano  de 
Pleyel  ,    traduite    et    modifiée ,    Ibid.  ; 
16°  Un  traité  d'harmonie  et  d'accompa- 
gnement avec  une  introduction  au  contre- 
point, sous  ce  titre  :  Harmonie  und  Ge- 
neralbasslehre ,  nebst  einem  Anhange 
vom  Contrapuncte ,  2.  Verbesserte  Auf- 
lage,  grand  in-S°  ,  1828  ,  Vienne,  Hass- 
linger. La  première  édition  avait  été  pu- 
bliée à  Vienne ,  chez  Steiner ,  sans  date. 
Le  méthode  didactique  de  cet  ouvrage  est 
de  peu  de  valeur ,  mais  les  exemples  sont 

TOME  m. 


écrits  avec  assez  de  pureté;  17°  Une  col- 
lection d'exercices  pour  l'accompagnement 
de  la  basse  chiffrée  avec  une  introduction 
sur  l'art  de  préluder,  sous  ce  titre  :  Gene- 
ralbass-  Uebungen  mit  Zijfer-bezeichung, 
nebst  einer  Anleitung  mit  Reispielen 
zum  praeludireii ,  Vienne,  1824,  à  l'in- 
stitut lithographique;  18°  Une  suite  de 
formules  pour  apprendre  à  préluder  et  im- 
proviser sans  avoir  la  connaissance  des  rè- 
gles du  contrepoint;  cet  ouvrage  est  inti- 
tulé :  Theoretisch-praktischer  Leilfa- 
den ,  ohne  Kenntniss  des  Contrapunctes 
phantasiren  oder  praeludiren  zu  koen- 
nen,  Vienne,  Tendler  (sans  date),  in- 8°  de 
76  pages. 

DREI  (françois)  ,  violiniste  et  compo- 
siteur, né  à  Sienne  en  1737,  fut  élève  de 
Nardini ,  qui  lui  apprit  à  jouer  l'adagio 
supérieurement.  Ses  compositions  ,  consis- 
tant en  sonates  pour  violon  ,  quatuors ,  et 
quelques  morceaux  de  musique  vocale  , 
ont  été  imprimées  de  1760  à  1785.  Il  est 
mort  dans  sa  patrie ,  le  premier  janvier 
1801. 

DREIST  (k.-a.)  ,  né  à  Reigenwald  en 
Poméranie ,  étudia  les  nouvelles  méthodes 
d'enseignement  à  Yverdun  ,  vers  1810, 
quitta  la  Suisse  au  mois  de  septembre 
1812,  et  se  rendit  à  Bunzlau ,  où  il  fut 
chargé  en  1816,  conjointement  avec  le 
pasteur  Hoffman  et  M.  Hennig,  de  faire 
le  plan  d'une  école  publique ,  pour  la 
basse  Silésie,  d'après  la  méthode  de  Pesta- 
lozzi.  Dreist  a  publié  des  observations  sur 
une  méthode  de  chant  basée  sur  celles  de 
Pestalozzi  et  de  Naegeli ,  sous  ce  titre  : 
Aufsalz  ueber  die  Gesangbildungs-lehre 
nach  Pestalozzischen  und  Nœgelischen 
Grundsœtzen,  etc.,  Zurich,  1812,  in-8°. 
DRESCHKE  (g. -a.);  on  a  sous  ce  nom 
un  traité  des  huit  tons  du  chant  des  églises 
protestantes,  intitulé  :  System  der  Acht- 
Kirchen  Tonarten  nach  P.  Mortimer, 
Berlin,  1834,  in-8°. 

DRESE  (adam),  compositeur  allemand, 
né  sujet  du  duc  de  Weimar,  Guillaume  IV, 
fut  envoyé  à  Varsovie  par  ce  prince ,  pour 
22 


338 


DRE 


DRE 


y  apprendre  la  science  de  ïa  composition 
sons  la  direction  de  Marc  Sacchi.  Ses 
études  finies  ,  il  revint  à  Weimar  ,  où  il 
obtint  la  place  de  maître  de  chapelle. 
Après  la  mort  du  prince  qui  avait  été  son 
protecteur  ,  il  se  rendit  à  Iena ,  et  y  fut 
nommé  maître  de  chapelle  et  secrétaire  de 
la  chambre  du  duc  de  Saxe- Weimar ,  en 
1672.  Ce  prince  étant  mort  aussi ,  Drese 
perdit  ses  emplois ,  et  tomba  dans  l'indi- 
gence. L'ennui  et  le  chagrin  le  portèrent 
alors  (vers  1680)  à  lire  les  ouvrages  du 
visionnaire  Spener,  qui  firent  une  im- 
pression si  forte  sur  son  esprit  qu'il  brûla 
tous  les  opéras  qu'il  avait  composés  jus- 
qu'alors ,  et  qu'il  se  fit  piétiste.  Il  vécut 
encore  à  Iena,  jusqu'à  ce  que  le  prince  de 
Schwarzbourg  l'appelât  à  Arnstadt ,  en 
qualité  de  maître  de  chapelle;  place  qu'il 
occupa  jusqu'à  sa  mort  arrivée  en  1718. 
On  lui  attribue  la  gloire  d'avoir  perfec- 
tionné le  récitatif  des  opéras  allemands. 
Outre  une  grande  quantité  de  musique 
d'église,  il  a  écrit  aussibeaucoup  de  musique 
instrumentale  et  un  nombre  considérable 
d'opéras  dont  les  titres  sont  inconnus 
maintenant.  Mattheson  cite  aussi  un  traité 
de  composition  manuscrit,  dont  il  était 
l'auteur  {F.  Ehrenpforte ,  p.  108).  On 
n'a  imprimé  de  sa  composition  qu'un  œu- 
vre de  musique  instrumentale  qui  a  pour 
titre  :  Erster  Thell  etlicher  Alleman- 
den,  Couranten,  Sarabanden,  Balletten, 
Intraden  und  Arien,  Iena,  1672,  in-fol. 

DRESE  (jean-samtjel),  parent  du  pré- 
cédent ,  prit  de  lui  des  leçons  de  composi- 
tion ,  fut  ensuite  organiste  de  la  cour  à 
Iena ,  et  quitta  cette  place  pour  celle  de 
maître  de  chapelle  à  Weimar,  qu'il  obtint 
en  1683.  Il  est  mort  dans  cette  ville  le 
1er  décembre  1716,  à  l'âge  de  soixante- 
douze  ans.  Il  a  laissé  en  manuscrit  des  so- 
nates pour  le  clavecin,  des  motets  et  quel- 
ques opéras. 

DRESIG  (sigismond-frede'ric),  né  le 
premier  octobre  1700,  à  Volberg  ,  village 
de  la  basse  Lusace ,  devint  co-recteur  à 
l'école  de  Saint-Thomas,  à  Leipsick.  Dans 


un  accès  de  mélancolie  ,  il  s'étrangla  ,  le 
11  janvier  1742.  Il  a  publié  une  disserta- 
tion sur  les  chantres  de  l'antiquité  appelés 
rapsodes ,  sous  le  titre  de  Commentatio 
critica  de  rhapsodis ,  quorum  vera  origo, 
antiquitas  ac  ratio  ex  auctoribus  et 
scholasticis  grœcis  traditur,  Leipsick  , 
1754  ,  in-4°.  On  y  trouve  des  recherches 
sur  la  manière  de  chanter  la  poésie  des 
anciens. 

DR.ESLER  (gallus),  né  à  Nebra , 
dans  la  Thuringe ,  au  commencement  du 
16e  siècle ,  fut  d'abord  chantre  à  Magde- 
bourg,et  devint,  en  1566,  diacre  à  l'église 
de  Saint-Nicolas,  à  Zerbst.  Il  a  publié  les 
ouvrages  suivans  :  1°  XVII  cantiones 
sacrée  quatuor  et  quinque  vocum }  Mag- 
debourg,  1569,  in-4°  ;  2°  XIX  cantiones 
sacrœ  quatuor  et  quinque  vocum,  it.  III 
aliœ ,  Wittemberg,  en  1568,  in-4°; 
3°  XC  cantiones  sacrœ  quatuor  et  plur. 
voc,  Magdebourg  ,  1570;  4"  Elementa 
Musicœ  practicœ  in  usum  Scholœ  Mag- 
deburgensis ,  Magdebonrg,  1571,  huit 
feuilles  in-8°.  Une  deuxième  édition  de 
ce  livre  a  été  publiée  en  1584,  in-8°  ; 
5°  Ausserlesene  Teutsche  Lieder  mit 
4  und5  Stimmen,  Magdebourg,  1570,  et 
Nuremberg,  1575  ;  6°  Cantiones  quatuor 
et  plur.  voc,  Magdebourg  ,  1577,  in-4°; 
7°  Sacrœ  cantiones  quatuor,  quinque  et 
plur.  •voc,  Nuremberg,  1577. 

DRESLER  (ernest-christophe),  chan- 
teur allemand  qui  a  joui  d'une  grande  ré- 
putation. Il  naquit,  en  1754,  à  Greussen, 
petite  ville  de  la  principauté  de  Schwarz- 
bourg-Sondershausen,  et  y  apprit  les  pre- 
miers élémens  de  la  musique.  Dans  la  suite 
il  visita  les  universités  de  Halle  ,  de  Iena 
et  de  Leipsick  ;  ce  fut  dans  ce  dernier  lieu 
qu'il  apprit  à  jouer  du  violon  ,  et  qu'il  se 
forma  dans  l'art  du  chant.  Il  y  demeura 
depuis  1753  jusqu'en  1756.  Quelque 
temps  après ,  il  alla  à  Bayreuth  ,  et  après 
y  avoir  pris  des  leçons  de  la  célèbre 
cantatrice  Turcotti ,  il  entra  dans  la 
chapelle  du  margrave  ,  et  fut  nommé  peu 
après  secrétaire  des  finances.  Lors  de  la 


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DRE 


339 


mort  du  Margrave,  en  1763,  le  duc  de 
Gotha  engagea  Dresler  à  son  service ,  en 
qualité  de  secrétaire  et  de  musicien  de  sa 
chambre.  11  n'y  resta  que  peu  de  temps, 
et  donna  sa  démission  en  1766.  L'année 
suivante ,  le  prince  de  Furstemberg  lui 
confia  les  fonctions  de  secrétaire  et  de  di- 
recteur de  sa  chapelle  à  Wetzlar;  mais  ce 
prince  étant  retourné  en  Bohême  en  1771, 
Dresler  ne  voulut  pas  l'y  suivre  et  de- 
manda sa  retraite.  En  1775  ,  il  fut  admis 
à  chanter  devant  l'empereur  à  Vienne , 
puis  se  rendit  à  Cassel.  Il  s'y  engagea 
comme  chanteur  à  l'Opéra,  et  y  resta  jus- 
qu'à sa  mort,  arrivée  le  5  avril  1779. 
Dresler  s'est  fait  connaître  par  ses  écrits 
sur  la  musique  :  en  voici  les  titres  : 
1°  Fragmente  einiger  Gedanken  des 
musikalischeii  Zuschauers ,  die  bessere 
Aufnahme  (1er  Musik  in  Deutschland 
betreffend  (Fragmens  d'idées  d'un  ama- 
teur sur  les  progrès  de  la  musique  en 
Allemagne),  Gotha,  1767,  six  feuilles 
in-4°  ;  2°  Gedanken  ïiber  die  Vorstellung 
der  Alcest  (Réflexions  sur  la  représenta- 
tion d' Alceste) ,  Francfort  et  Leipsick , 
1774,  deux  feuilles  in-8°;  3°  Theater- 
schule  fur  die  Deutschen  das  Ernst- 
hafte  Singschauspiel  betreffend  (  Ecole 
du  théâtre  pour  les  Allemands,  concernant 
l'opéra  sérieux),  Hanovre  et  Cassel ,  1777, 
quatorze  feuilles  in-8°.  Dresler  a  aussi 
publié  des  chansons  détachées  et  en  re- 
cueils. 

DRESSLER  (jeAn-frede'ric)  ,  littéra- 
teur à  Magdebourg ,  est  né  à  Halle  ,  en 
Saxe,  vers  1760.  Il  a  publié  un  opuscule 
intitulé  :  Bejtrœge  zu  Fischer's  Ver- 
suchen  in  der  Ton  und  Dichtkunst  (Ad- 
ditions aux  Essais  de  Fischer  sur  la  mu- 
sique et  la  poésie),  Magdebourg,  1791  , 
in-8°. 

DRETZEL  (valentin),  organiste  à 
l'église  Saint-Laurent  de  Nuremberg,  vers 
le  commencement  du  17e  siècle  ,  a  publié 
une  collection  de  motets  à  trois  voix  ,  sous 
le  titre  de  Sertulum  musicale  ex  sacris 
Jlosculis  côntentum,  Nuremberg,  1621. 


Son  fils,  Wolfgang  Dretzel ,  habile  lu- 
thiste, naquit  à  Nuremberg  en  1650,  et 
mourut  clans  la  même  ville  en  1660. 

DRETZEL  (  corneille-henri  ) ,  orga- 
niste habile ,  né  à  Nuremberg,  au  com- 
mencement du  18e  siècle,  fut  d'abord 
attaché  à  l'église  de  Saint-Egide ,  puis  à 
celle  de  Saint-Laurent,  et  enfin  à  celle  de 
Saint-Sébald.  Il  joua  l'orgue  de  cette  der- 
nière jusqu'en  1775  ,  époque  de  sa  mort. 
On  a  de  lui  les  ouvrages  suivans  :  1°  Livre 
de  musique  simple  à  quatre  parties  ,  Nu- 
remberg,  1751,  in-fol.  de  880  pages; 
2°  Divertissement  harmonique,  consistant 
en  un  concerto  pour  le  clavecin. 

DREUX  (jacques-philippe),  joueur  de 
flûte  traversière  à  Paris,  dans  la  première 
moitié  du  18e  siècle,  a  fait  imprimera 
Paris,  vers  1750,  Trois  livres  de  fan- 
fares pour  deux  chalumeaux  ou  deux 
trompettes,  et  des  Airs  pour  chalumeaux. 

Le  fils  de  ce  musicien ,  professeur  de 
piano  à  Paris,  a  publié  quatre  pots-pourris 
pour  cet  instrument,  La  Bataille  de  Ma- 
rengo ,  pièce  caractéristique,  Paris,  Im- 
bault ,  et  une  petite  méthode  de  piano  , 
Paris  ,  Frère.  Il  est  mort  en  1805. 

DREWIS  (f.-g.),  amateur  de  musique, 
né  en  Saxe,  et  vivant  encore  en  1812  ,  a 
publié  des  lettres  sur  la  théorie  de  la  mu- 
sique et  de  la  composition  sous  ce  titre  : 
Briefe  ueber  die  Théorie  der  Tonkunst 
und  Composition,  Halle,  1796,  six  feuilles 
in-8°.  Cet  ouvrage  ne  contient  rien  de  re- 
marquable ;  il  est  divisé  en  huit  lettres. 

DREYER  (jean-melchior),  organiste 
et  directeur  de  musique  à  Ellwangen  ,  pe- 
tite ville  du  royaume  de  Wurtemberg,  est 
né  vers  1765.  Il  a  beaucoup  écrit  pour 
l'église,  principalement  dans  le  style  bref. 
Voici  la  liste  de  ses  ouvrages  imprimés  : 
1°  Missœ-breves  et  rurales  ad  moder- 
num  genium ,  4  voc,  2  viol.  org.  oblig., 
2  clar.,  2  c.  et  violonc.  adlïbit.,  Augs- 
bourg  ,  1790,  op.  1  ;  2°  Idem,  op.  2, 
ibid.,  1790;  5°  VI  Solemnes  Miserere 
4  voc.  ord.,  2  viol,  viola,  organ.  oblig., 
Ifl.,  2  c.  et  violonc,  op.  3,  ibid.,  1791; 
22* 


340 


DRE 


DM 


4°  XXVIII  Psalmi  vesperlini ,  pro 
Dominica  de  Beata,  Apostolis,  Confes- 
sori  et  residuis ,  4  voc,  2  viol,  organ. 
oblig.  viola,  2  c.  timpanis  et  violonc. 
ad  libit.  op.  4  ,  ibid. ,  1791  ;  5°  XXIV 
Hymni  brevissimi  ad  Vesperas,  op.  5, 
ibid.,  1791;  6°  VI  Misses,  quarum 
prima  solemnis ,  reliquœ  vero  brèves  et 
rurales  sunt,  4  voc.,  2  viol,  viola,  2  c. 
organ.  et  violonc.  partim  obligatis,  par- 
tim  ad  libit.,  op.  6,  ibid.,  1792; 
7°  VIII  Tantum  ergo ,  4  voc.  ord. , 
Iviol.  organ.  obi.,  1c.  et  violonc.  op.  7, 
ibid.,  1792;  8°  VIII  Sehr  kurze  und 
leichte  Landmessen,  wovon  die  2  letzten 
fïir  die  abgestorbenen ,  sammt  8  kurzen 
qffertorïts fur  1  Singslimme  und  Orgel , 
mit  willkuehrlichen  3  andem  Singstim- 
men  und  einer  violino ,  op.  8,  ibid., 
1793  j  9°  VI  kurze  und  leichte  Orgel- 
sonalen ,  1  und  2  theil ,  op.  9,  ibid.  , 
1793  ;  10°  VI  idem,  dritter  und  vierter 
Theil,  op.  10,  ibid.,  1793;  11°  V  ves- 
perœ  cum  IV psalmis  4  voc.  cum  organ. 
obi.,  2  viol,  viola,  2  c.  et  violonc, 
op.  2  ,  ibid.  ;  12°  Deutsche  Messe,  oder 
derheilige  Gesang  zum  Gottesdienste  in 
der  romisch-katolischen  Kirche  unter 
der  heiligen  Mess,  zum  Gebrauch  der 
Schulen  und  Land-Chorregenten ,  mit 
neuen  Melodien  Verschen,  in-4°,  ibid.  ; 
13°  XII  qffertoria  brevissima  de  Beata 
A  voc,  org.  et  symph.,  op.  14,  ibid.; 
14°  Te  Deum  Laudamus  4  voc,  org. 
et  symph.,  op.  16  ,  ibid.;  15°  VI  Missœ 
brèves  ac  rurales  4  voc,  org.  et  symph., 
o/?. 17, ibid.;  16°  XII  Tantum  ergo  4  voc, 
org.  et  symph. ,  op.  18  ,  ibid.  ;  17°  VI 
kurze  und  leichte  Land-messen ,  etc., 
sammt  6  kurzen  Offerlorien  fur  1  oder 
4  Singslimmen  mit  Orgel  und  1  oder 
2  Violinen  ad  libit.,  op.  19,  ibid.;  18°  VI 
brèves  ac  rurales  Missœ  pro  defunctis 
seu  cum  3  libéra  4  voc,  org.  et  symph., 
op.  20,  ibid.;  19°  VI  symphoniœ  cum 
violin.,  viol,  et  B.  obligat.  clarien.fl.  c 
vel  clar.  et  tymp.  ad  libitum-,  op.  21 , 
Augsbourg ,  in- fol.    Dreyer  est   mort  à 


EUwangen  an  commencement  du  19esiècle. 

DPiEYSIG  (antoine)  ,  organiste  du.  roi 
de  Saxe  ,  naquit  en  1775  à  Oberleutens- 
dorf ,  en  Bobême.  Il  n'avait  que  dix  ans 
quand  son  père  l'envoya  à  Dresde  pour  y 
faire  ses  études  :  son  premier  maître  de 
musique  fut  François  Hurka  ,  puis  il  prit 
des  leçons  de  ebant  de  Mariottini ,  chan- 
teur  de  la  cour.  Après  avoir  achevé  ces 
études  préparatoires  ,  il  devint  élève  de 
Arnest  ponr  l'orgue ,  et  fut  nommé  son 
adjoint,  pour  jouer  les  messes  du  matin, 
puis  il  succéda  à  son  maître  comme  orga- 
niste de  la  cour.  On  a  de  Dreysig  des  pré- 
ludes pour  l'orgue  qui  sont  restés  en  ma- 
nuscrit. 

DRIEBERG  (frederic  DE) ,  chambel- 
lan du  roi  de  Prusse,  né  à  Charlottenbourg, 
en  1785,  s'est  livré  fort  jeune  à  l'étude  de 
la  musique,  et  s'est  particulièrement  atta- 
ché à  l'examen  de  la  musique  des  Grecs , 
sur  laquelle  il  a  publié  des  opinions  fort 
singulières.  Ce  fut  vers  1816  que  M.  de 
Drieberg  commença  à  s'occuper  de  cet 
objet,  et  que  sur  quelques  aperçus  saisis  à 
la  légère ,  il  se  donna  la  mission  de  réfor- 
mer les  connaissances  qu'on  croyait  avoir 
sur  la  musique  des  anciens.  Ses  vues  se 
portèrent  d'abord  sur  la  construction  de 
l'échelle  musicale  des  Grecs  et  sur  la  na- 
ture des  intervalles  de  cette  échelle.  L'ou- 
vrage spécial  dans  lequel  il  avait  exposé 
ses  idées  sur  cet  objet ,  fut  annoncé  dans 
la  Gazette  musicale  deLeipsick(ann.  1817, 
n°  51),  et  parut  sous  ce  titre  :  Die  mathe- 
matische  Intervallenlehre  der  Griechen 
(La  doctrine  mathématique  des  intervalles 
des  Grecs),  Leipsick ,  1818,  in-4°.  M.  de 
Drieberg  établit  dans  ce  livre  que  le  sys- 
tème musical  des  Grecs  ressemblait  par- 
faitement au  nôtre  ,  que  le  tempérament 
est  une  invention  misérable  et  fausse,  que 
les  proportions  de  la  tierce  majeure  ou 
mineure  sont  purement  arbitraires,  et  que 
le  comma  est  une  quantité  illusoire,  n'y 
ayant  d'autre  moyen  de  mesurer  les  in- 
tervalles des  sons,  pour  notre  oreilleet  pour 
notre  intelligence,  que  le  demi-ton.  Il  n'y 


DRI 


DRI 


341 


avait  rien  de  nouveau  dans  ces  propositions, 
car  depuis  Aristoxène  le  système  de  la 
division  de  l'échelle  en  parties  égales  a  eu 
beaucoup  de  partisans  ,  et  M.  de  Momigny 
s'est  efforcé  de  le  faire  prévaloir  depuis 
plus  de  trente  ans.  En  1825,  M.  de  Drie- 
berg  a  développé  les  conséquences  de  ce 
système  dans  deux  articles  qu'il  avait 
écrits  pour  le  Dictionnaire  de  musique  an- 
noncé par  M.  Godefroi  Weber,  et  qui  fu- 
rent insérés  daDs  le  deuxième  volume  de 
l'écrit  périodique  intitulé  Cœcilia.  Le 
premier  de  ces  articles  concerne  l'accord 
des  instrumens  de  musique  grecs,  l'autre, 
le  monochorde.  M.  Drieberg  y  soutient  la 
nécessité  d'accorder  par  quintes  et  par 
quartes  justes ,  et  l'inutilité  des  résultats 
delà  division  du  monochorde.  Chladni  sai- 
sit cette  occasion  pour  mettre  en  évidence 
une  multitude  d'erreurs  de  M.  de  Drie- 
berg ,  et  l'attaqua  avec  vivacité  dans  des 
observations  sur  la  musique  ancienne  et 
moderne,  insérées  au  cinquième  volume 
de  Cœcilia  (p.  279  et  suiv.).  L'autorité 
du  nom  de  Chladni  dissipa  les  illusions 
que  beaucoup  de  personnes  s'étaient  faites 
sur  la  valeur  des  prétendues  découvertes 
de  M.  de  Drieberg ,  et  depuis  lors  les  opi- 
nions de  celui-ci  ont  perdu  beaucoup  de 
leur  valeur  en  Allemagne. 

En  1819  M.  de  Dreiberg  fit  paraître 
des  éclaircissemens  sur  la  musique  des 
Grecs  (  Aufchlilsse  ueber  die  Musik  der 
Griechen,  Leipsick,  1819,  in-4°),  dans 
lesquels  il  exposa  l'ensemble  de  son  système  ; 
il  acheva  de  le  développer  dans  deux  ou- 
vrages qui  ont  pour  titres  :  Die  musika- 
lischen  Wissenschaften  der  Griechen 
(Les  connaissances  musicales  des  Grecs) , 
Berlin,  T.  Trautwein,  1820,  in-4° ,  et 
Die  praktische  Musik  der  Griechen  (La 
musique  pratique  des  Grecs),  Berlin, 
T.  Trautwein,  1821,  in-4°.  C'est  dans 
ces  ouvrages  que  les  idées  les  plus  bizarres 
et  les  plus  fausses  furent  émises  par  l'au- 
teur de  ce  système  sur  la  musique  des  an- 
ciens. 11  y  reproduisit  comme  base  de  sa 
théorie   l'assertion   de  Pepusch  ,    depuis 


long-temps  oubliée  (  et  sans  citer  cet  an- 
cien musicien) ,  que  le  système  tonal  des 
Grecs  se  prenait  en  descendant,  en  sorte 
que  toutes  les  cordes  de  l'échelle  étaient 
placées  au  rebours  de  la  disposition  que 
les  autres  auteurs  leur  avaient  données  ; 
absurdité  qui  ne  soutient  pas  un  examen 
sérieux  et  qui  aurait  mis  au  néant  l'utilité 
qu'on  aurait  pu  retirer  des  ouvrages  de 
M.  de  Drieberg,  lors  même  qu'il  ne  se  serait 
pas  trompé  sur  les  autres  points  de  la  mu- 
sique des  Grecs.  La  manière  dogmatique 
et  absolue  de  cet  écrivain  lorsqu'il  présente 
ses  idées,  et  l'absence  de  toute  citation ,  si 
ce  n'est  celle  de  quelques  auteurs  de  l'an- 
tiquité et  de  ses  propres  ouvrages,  ne  per- 
met pas  de  savoir  ce  qui  l'a  déterminé  à 
adopter  ce  singulier  système;  il  ne  discute 
jamais  ,  et  avance  les  faits  qu'il  imagine 
comme  s'ils  étaient  incontestables.  Au 
reste,  il  ne  paraît  pas  avoir  des  opinions 
bien  arrêtées  ni  formulées  en  un  système 
homogène  dont  on  ne  peut  rien  changer 
sans  qu'il  s'écroule,  car  vraisemblablement 
ébranlé  par  les  objections  qui  lui  ont  été 
faites,  et  par  les  travaux  consciencieux  de 
Perne  publiés  dans  la  Revue  musicale ,  il 
a  renversé  de  nouveau  l'échelle  musicale 
des  Grecs  dans  le  Dictionnaire  de  la  mu- 
sique grecque  qu'il  vient  de  publier ,  et 
s'est  confirmé  au  système  réel  de  cette 
musique  ,  en  replaçant  la  Proslamba- 
nomène  ou  corde  ajoutée,  au  grave,  et  les 
autres  cordes  dans  leur  ordre  naturel ,  en 
partant  de  ce  point ,  au  lieu  de  les  mettre 
à  l'aigu  comme  il  l'avait  fait  d'abord. 

En  1822,  M.  de  Drieberg  a  publié  un 
traité  des  inventions  pneumatiques  des 
Grecs  sous  ce  titre  :  Die  pneumatischen 
Erfindungen  der  Griechen,  Berlin,  in-4° 
avec  planches.  Il  y  traite  de  l'orgue  hy- 
draulique et  de  l'orgue  pneumatique,  mais 
arrangeant  les  documens  qui  lui  étaient 
fournis  par  Vitruve  et  Héron  d'Alexandrie 
suivant  ses  idées  particulières ,  de  telle 
sorte  qu'on  ne  peut  pas  plus  se  former  une 
idée  de  ce  qu'étaient  ces  instrumens  chez 
les  anciens ,  d'après  l'ouvrage  de  M.  de 


343 


DRO 


DRO 


Drieberg ,  qu'on  ne  le  peut  dans  ce  que 
Perrault  en  a  écrit. 

Il  me  reste  à  parler  du  dernier  ouvrage  de 
M.  deDrieberg,  c'est-à-dire  du  Dictionnaire 
delà  musique  des  Grecs  {Wœrlerbuch  cler 
Griechischen  Musik,  etc.,  Berlin,  Schle- 
singer ,  1835  ,  in-4°  de  219  pages,  avec 
sept  plane.)  qu'il  vient  de  publier.  Les 
assertions  les  plus  bizarres  ,  les  supposi- 
tions les  plus  gratuites  ,  particulièrement 
en  ce  qui  concerne  les  instrumens  de  mu- 
sique des  anciens  ,  abondent  dans  cet  ou- 
vrage ,  et  l'on  y  trouve  encore  une  preuve 
du  défaut  de  fixité  des  idées  de  l'auteur , 
car  après  avoir  nié  autrefois  la  réalité  des 
proportions  musicales,  il  en  expose  le  sys- 
tème dans  plusieurs  articles ,  d'après  Eu- 
clide  et  Ptolémée.  Au  résumé ,  il  est  per- 
mis de  dire  que  M.  de  Drieberg  n'a  point 
fait  l'bistoire ,  mais  bien  le  roman  de  la 
musique  grecque  ,  et  qu'aucune  utilité  ne 
peut  être  retirée  de  ses  ouvrages  sur  ce 
sujet. 

Ce  n'est  pas  seulement  comme  écrivain 
sur  la  musique  que  M.  de  Drieberg  s'est 
fait  connaître  ;  élève  de  plusieurs  musi- 
ciens distingués  et  particulièrement  de 
M.  Spontini,  il  a  écrit  deux  opéras  {Don 
Cocagno,  et  Le  Chanteur  et  le  Tailleur) 
qui  ont  été  joués  avec  quelque  succès  à 
Berlin  et  dans  d'autres  villes  ;  l'ouverture 
et  quelques  morceaux  du  premier  de  ces 
ouvrages  ont  été  publiés  à  Mayence  chez 
Scbott.  M.  de  Drieberg  habite  ordinaire- 
ment en  Poméranie. 

DROBISCH  (charles-louis),  né  à  Leip- 
sick le  24  décembre  1805,  montra  peu  de 
p-oût  pour  la  musique  dans  son  enfance , 
et  rien  ne  faisait  présumer  qu'il  aurait  un 
jour  quelque  talent  ;  ce  ne  fut  qu'au  col- 
lège de  Grimma,  où  il  fit  ses  études  qu'un 
penchant  chaque  jour  plus  prononcé  se  ma- 
nifesta pour  cet  art ,  et  qu'il  s'en  occupa 
dans  tous  ses  momens  de  loisir.  Sans  au- 
tres moyens  d'instruction  que  ses  propres 
études,  il  parvint  à  composer  quelques  ba- 
gatelles ,  des  cantates  et  un  petit  opéra.  A 
Leipsick ,  où  il  fut  envoyé  pour  faire  ses 


études  universitaires,  Drœbs,  organiste  de 
Saint-Pierre  ,  lui  donna  des  leçons  d'har- 
monie et  de  contrepoint.  Dans  le  même 
temps  il  écrivit  plusieurs  motets  et  des 
cantates  qui  furent  exécutés  dans  les  églises 
de  Leipsick  ,  et  en  1826  il  fit  entendre 
dans  un  grand  concert  son  premier  orato- 
rio, intitulé  Boniface.  Cette  production 
eut  peu  de  succès  5  les  critiques  signalèrent 
alors  la  sécheresse  des  mélodies ,  la  diva- 
gation des  idées  et  la  longueur  excessive 
des  fugues.  Ces  critiques  sévères  furent  un 
utile  avertissement  pour  Drobisch  ,  qui , 
depuis  lors,  donna  plus  d'attention  aux  le- 
çons d'esthétique  du  professeur  Weinlig  : 
cette  époque  fut  celle  d'une  réaction  dans 
ses  vues  et  dans  ses  études  artistiques.  Après 
avoir  visité  Dresde ,  Prague  ,  Vienne  et 
l'Italie  supérieure ,  pour  augmenter  ses 
connaissances  musicales ,  il  se  fixa  à  Mu- 
nich. Depuis  lors  ,  il  s'est  spécialement 
occupé  de  compositions  pour  l'église  ,  et 
s'est  distingué  dans  ce  genre.  Sa  fécondité 
est  telle ,  que  dans  l'espace  de  dix  ans  il  a 
écrit  cent  ouvrages  grands  et  petits  pour 
l'église ,  dont  on  a  publié  chez  Palier,  à 
Munich ,  une  messe  solennelle  en  mi  ma- 
jeur, six  messes  plus  petites  pour  les  cam- 
pagnes, trois  litanies,  six  offertoires,  et  six 
graduels  ;  il  a  en  manuscrit  une  messe  so- 
lennelle en  ré  majeur ,  six  autres  messes , 
deux  Requiem  ,  plusieurs  litanies,  un  Te 
Deum ,  et  plus  de  quarante  graduels  ,  of- 
fertoires et  psaumes. 

DROEBS  (jean-andre)  ,  organiste  de 
l'église  de  Saint-Pierre  à  Leipsick ,  est  né 
en  1784  à  Erfùrfc,  où  son  père  était  orga- 
niste et  professeur  de  piano.  Après  avoir 
fini  ses  études  au  Gymnase  de  cette  ville, 
il  se  livra  presque  seul  à  des  études  de 
composition  et  d'orgue.  En  1808  il  se  ren- 
dit à  Leipsick,  y  vécut  d'abord  comme 
professeur  de  musique ,  puis  fut  nommé 
organiste  de  Saint-Pierre  en  1810.  Il  est 
mort  dans  cette  ville  en  1826.  C'était  un 
homme  de  peu  de  génie,  mais  un  musicien 
instruit  dont  les  compositions  pour  l'église 
ne  manquent  pas  d'un  certain  mérile  de 


DRO 


BRO 


343 


factarc.  On  a  de  Drœbs  plusieurs  œuvres 
de  sonates  pour  le  piano  ,  publiés  à  Leip- 
sick  chez  Breitkopf  et  chez  Hofmeister,  des 
thèmes  variés  pour  le  même  instrument, 
des  préludes  ,  des  petites  pièces  et  des  fu- 
gues pour  l'orgue,  oeuvres  4,  10,  12, 
14,  etc.,  Leipsick,  Breitkopf,  et  Bonn, 
Simrock. 

DROLLING  (jean-michel),  pianiste  et 
compositeur,  est  né  à  Turckeim  (Haut- 
Rhin)  en  1796.  Ayant  été  admis  comme 
élève  au  Conservatoire  de  musique  de  Paris, 
il  a  reçu  des  leçons  de  M.  Adam  pour  le 
piano ,  et  de  Méhul  pour  la  composition. 
Il  a  publié  un  grand  nombre  d'ouvrages 
pour  le  piano ,  parmi  lesquels  on  remar- 
que :  1°  Des  thèmes  variés ,  œuv.  1  et  2 , 
Paris,  P.  Petit,  10,  Paris,  Meissonnier, 
16  ,  Paris ,  Bichault ,  18  ,  Hanry  ;  2°  Di 
tanti  palpiti  varié  pour  piano  et  violon , 
op.  3,  Paris,  P.  Petit;  5°  Des  caprices 
pour  piano  seul ,  œuvres  4  et  14,  Paris, 
P.  Petit  et  Meissonnier  ;  4°  Des  fantaisies 
Idem,  œuvres  15  et  20,  Paris,  P.  Petit  et 
Meissonnier  ;  5°  Un  rondeau  pastoral , 
op.  19,  Paris,  Hanry;  6°  Des  duos  pour 
piano  à  quatre  mains,  œuvres  5  et  17, 
Paris ,  Janet  et  Richault  ;  7°  Des  duos 
pour  piano  et  violon  ,  op.  11 ,  12  ,  et  22 , 
Paris,  Petit  et  Schoenenberg.  M.  Drolling 
a  en  manuscrit  un  Traité  élémentaire 
d'harmonie  et  de  composition. 

DROMAL  (jean),  chantre  de  l'église 
de  Sainte-Croix  ,  à  Liège,  vivait  dans  le 
17e  siècle.  On  connaît  l'ouvrage  suivant 
de  sa  composition  :  Coiwivium  musicum 
in  quo  binis,  ternis ,  quaternis,  quinis  et 
senis  vocibus ,  nec  non  et  instrumentis 
recolitur ,  cum  basso  continuo ,  Anvers, 
1641,  in-4°,  opus  2. 

DROPA  (mattiiias)  ,  bon  constructeur 
d'orgues ,  vivait  au  commencement  du 
18e  siècle  à  Lunebourg.  On  vante  l'orgue 
qu'il  a  construit  dans  l'église  de  Saint- 
Jean  de  cette  ville ,  ouvrage  de  quarante- 
sept  jeux  ,  trois  claviers  et  pédale,  qu'il  a 
fini  en  1705.  Celui  de  l'église  de  Saint- 
Michel  ,  composé  de  quarante-trois  jeux , 


trois  claviers ,  pédale  et  dix  soufflets ,  est 
son  meilleur  ouvrage. 

DROSTE-HULSHOFF  (maximilien  , 
chevalier  DE).  V.  HULSHOFF. 

DROUAUX  (henri-blaise)  ,  maître  de 
musique  à  Paris ,  dans  la  seconde  moitié 
du  17°  siècle ,  a  publié  un  livre  intitulé  : 
Nouvelle  méthode  pour  apprendre  le 
plain-chant  et  la  musique ,  divisée  en 
quatre  parties,  Paris,  Gilles  Blaisot,  1674, 
in-8°.  La  troisième  édition  de  ce  livre , 
divisée  en  deux  parties,  est  datée  de  Paris, 
Christophe  Ballard  ,  1687,  in-8°.  Il  y  en 
a  une  édition  de  1690. 

DRODET  (louis),  flûtiste  distingué  et 
compositeur  pour  son  instrument ,  né  à 
Amsterdam  en  1792  ,  est  fils  d'un  barbier 
français  établi  en  cette  ville.  Un  musicien 
qui  allait  se  faire  raser  chez  son  père  lui 
ayant  donné  une  petite  flûte,  lorsqu'il  n'é- 
tait âgé  que  de  quatre  ans,  s'aperçut,  à 
la  manière  dont  il  en  jouait,  qu'il  était 
doué  des  plus  heureuses  dispositions  pour 
cet  instrument ,  le  prit  en  affection,  et  se 
chargea  de  son  éducation  musicale.  Drou et 
avait  déjà  acquis  quelque  habileté  quand  il 
fut  mené  à  Paris  par  ses  parens  ;  il  entra 
comme  élève  au  Conservatoire  de  musique 
et  y  fit  de  rapides  progrès  sur  son  instru- 
ment. Sa  réputation  commença  à  s'étendre 
en  1813,  lorsqu'il  se  fit  entendre  dans  les 
concerts  ;  ses  succès  furent  brillans.  En 
181 7,  il  se  rendit  à  Londres  où  il  fut  fort 
applaudi.  La  confiance  dont  il  ne  tarda 
point  à  jouir  en  ce  pays  le  détermina  à  y 
établir  une  fabrique  de  flûtes  sur  un  nou- 
veau modèle  ;  mais  cette  entreprise  ne 
réussit  point,  et  M.  Drouet  fut  forcé  de 
quitter  l'Angleterre  en  1819.  Depuis  lors 
il  a  parcouru  toute  l'Europe ,  a  visité  la 
Russie ,  toutes  les  parties  de  l'Allemagne  , 
la  Suisse  ,  l'Italie,  est  retourné  à  Paris  en 

1828,  a  fait  un  court  séjour  à  Londres  en 

1829,  puis  est  retourné  en  Allemagne  pas 
la  Belgique  et  la  Hollande,  est  revenu  une 
troisième  fois  à  Paris  en  1852,  y  est  resté 
plusieurs  mois,  s'est  marié  et  a  vécu  quel- 
que temps  en  Suisse.  Il  est  en  ce  moment 


344 


DRU 


DUB 


en  Allemagne,  et  l'on  dit  qu'il  doit  se  fixer 
bientôt  à  Bruxelles  pour  y  établir  un  ma- 
gasin de  musique  et  une  manufacture 
d'instrumens  à  vent.  M.  Drouet  excelle 
dans  les  difficultés  et  dans  les  traits  ra- 
pides ;  son  double  coup  de  langue  est 
d'une  admirable  volubilité  ;  mais  son  in- 
tonation manque  de  justesse  ,  et  son  style 
est  dépourvu  d'expression  et  de  grandiose. 
Partout  où  cet  artiste  s'est  fait  entendre, 
il  a  obtenu  des  succès.  Il  a  fait  graver  un 
très  grand  nombre  d'œuvres  de  sa  compo- 
sition pour  la  flûte,  parmi  lesquels  on  re- 
marque dix  concertos  publiés  à  Paris  et 
en  Allemagne  ,  des  fantaisies  et  tbêmes 
variés  avec  orcbestre  ,  quatuor  ou  piano  , 
des  trios  pour  trois  flûtes  ,  dix  œuvres  de 
duos  pour  le  même  instrument,  et  un  très 
grand  nombre  de  morceaux  détachés  de 
tout  genre. 

DROUET  DE  MAUPERTUY  (jean- 
baptiste),  néà  Paris  en  1650,  selivra,  dans 
sa  jeunesse ,  à  l'étude  de  la  jurisprudence , 
et  l'abandonna  ensuite  pour  cultiver  les 
lettres.  Un  oncle ,  fermier  général ,  lui 
procura  un  emploi  considérable  dans  la 
Provence  ;  mais  Drouet  ,  en  laissant  tout 
le  travail  à  ses  commis  ,  vit  le  désordre  se 
mettre  dans  ses  affaires ,  et  dissipa  son 
riche  patrimoine.  Revenu  à  Paris  ,  à  l'âge 
de  quarante  ans ,  il  se  dégoûta  du  monde, 
prit  l'habit  ecclésiastique  en  1692  ,  fit  un 
séminaire  de  cinq  ans,  puis  se  retira  dans 
l'abbaye  deSept-Fonts.  En  1702,  il  obtint 
un  canonicatà  Bourges,  le  quitta,  voyagea, 
revint  à  Paris,  et  se  fixa  enfin  à  Saint- 
Germain-en-Laie,  où  il  est  mort  en  1750, 
âgé  de  quatre-vingts  ans.  Les  mémoires 
de  l'académie  royale  des  sciences  (Ann. 
1724.  p.  215-226)  contiennent  l'analyse 
d'un  mémoire  sur  la  forme  des  instru- 
mens  de  musique ,  qu'il  avait  adressé  à 
cette  société  savante.  Ce  morceau  est  de  peu 
de  valeur,  et  renferme  beaucoup  d'inexac- 
titudes dans  les  faits. 

DRUELE,  en  latin  DRUEL;EUS  (chré- 
tien) ,  pasteur  à  Kellinghausen  dans  le 
Holstcin ,  vers  le  milieu  du  dix-septième 


siècle,  fut  aussi  compositeur  de  musique 
religieuse.  Il  a  fait  imprimer  un  recueil 
de  vingt-neuf  concerts  à  plusieurs  voix 
sur  les  dix  premiers  psaumes  de  David  , 
sous  ce  titre  :  Psalmodia  Davidica} 
Hambourg  ,  1650. 

DRUZECHY  ou  DRUSCHETZKY 
(georges)  ,  musicien  hongrois ,  né  vers  le 
milieu  du  dix-huitième  siècle,  était,  en 
1787,  attaché  au  service  du  comte  de  Gras- 
salkovicz.  Il  a  composé  beaucoup  de  pièces 
d'harmonie  pour  deux  clarinettes ,  deux 
hautbois  ,  deux  cors ,  deux  bassons  et 
trompette  ,  ainsi  que  des  concertos  pour 
le  hautbois  et  d'autres  instrumens  à  vent. 
Enfin  on  a  de  lui  l'opéra  de  Persée  et 
Andromède,  le  ballet  de  Inkle  et  Yariko, 
et  une  symphonie  de  bataille  pour  Adèle 
de  Ponthieu.  Druschetzky  fut  d'abord 
timbalier  des  Etats  de  la  Haute-Autriche 
à  Lintz  ,  et  y  publia  en  1783  six  solos 
pour  le  violon. 

DUBOS  (jean-baptiste)  ,  né  à  Beau- 
vais ,  en  1670  ,  se  livra  d'abord  à  l'étude 
de  la  théologie,  mais  y  renonça  bientôt 
pour  celle  du  droit  public.  Successive- 
ment employé  par  M.  de  Torcy,  ministre 
des  affaires  étrangères  ,  par  le  régent  et 
par  le  cardinal  Dubois,  dans  plusieurs 
négociations  secrètes ,  il  réussit  et  reçut 
en  récompense  des  pensions  et  des  béné- 
fices. Il  quitta  les  affaires  publiques  pour 
se  livrer  à  la  culture  des  lettres ,  et  ses 
ouvrages  lui  valurent  l'entrée  de  l'acadé- 
mie en  1720.  Il  est  mort  à  Paris  le 
23  mars  1742,  âgé  de  soixante-douze  ans. 
Parmi  les  ouvrages  qu'il  a  publiés,  on  re- 
marque ses  Réflexions  critiques  sur  la 
poésie  et  sur  la  peinture ;  qui  parurent  en 
1719  pour  la  première  fois,  2  vol.  in-12, 
et  qui  ont  été  souvent  réimprimés  en 
5  vol.  On  trouve  au  premier  vol.  Sect.  45  : 
De  la  musique  proprement  dite.  Sect.  46  c 
Quelques  réflexions  sur  la  musique  des 
Italiens  i  que  les  Italiens  n'ont  cultivé 
cet  art  qu'après  les  Français  et  les  Fla- 
mands. Sect.  47  :  Quels  vers  sont  les 
plus  propres  à  être  mis  en  musique. 


DUB 


DUC 


345 


L'abbé  Dubos  manquait  des  connaissances 
nécessaires  pour  traiter  de  tout  cela  d'une 
manière  utile. 

DUBOURG  (mathieu)  ,  l'un  des  meil- 
leurs violinistes  que  l'Angleterre  ait  pro- 
duits, naquit  en  1703,  d'un  maître  de 
danse  nommé  Isaac.  Lorsqu'il  eut  atteint 
sa  onzième  année,  il  fut  placé  sous  la  di- 
rection de  Geminiani ,  qui  lui  commu- 
niqua son  excellente  méthode.  En  1728, 
il  fut  appelé  à  Dublin  pour  y  remplir  la 
place  de  premier  violon  et  de  compositeur 
des  concerts  de  cette  ville.  Après  un  séjour 
de  quelques  années  en  Irlande,  il  passa  au 
service  du  prince  de  Galles ,  et  à  la  mort 
deFesting-,  en  1752,  il  devint  directeur 
de  la  troupe  du  roi  ;  place  qu'il  occupa 
jusqu'à  sa  mort ,  arrivée  en  1767.  Burney 
rapporte  sur  lui  l'anecdote  suivante  :  ac- 
compagnant un  jour  ,  au  théâtre  ,  un  air 
avec  violon  obligé  ,  il  s'égara  si  bien  dans 
un  point  d'orgue ,  que  Handel ,  qui  con- 
duisait l'orchestre,  lui  cria,  lorsqu'il  re- 
vint dans  le  ton  :  Grâces  au  ciel,  M.  Du- 
bourg,  vous  voilà  enfin  rentré  chez  vous  ! 
exclamation  qui  valut  au  violiniste  les 
applaudissemens  de  toute  la  salle.  Dubourg 
est  connu  comme  compositeur  par  quelques 
morceaux  de  musique  vocale  qu'il  écrivit 
en  Irlande ,  et  par  un  grand  nombre  de 
solos  et  de  concertos  de  violon  ;  aucun  de 
ces  ouvrages  n'a  été  publié. 

DUBREUIL  (jean)  maître  de  clavecin, 
né  à  Paris  vers  1710,  est  mort  dans  la 
même  ville  en  1775.  Il  a  donné  xm  Manuel 
harmonique,  ou  tableau  des  accords  pra- 
tiques, Paris  1767,  in-8°,  qui  n'est  qu'une 
rapsodie  dénuée  de  tout  mérite ,  et  un 
recueil  d'airs,  sous  le  nom  de  Dictionnaire 
Lyrique,  Paris,  1769,  2  vol.  in-8°, 
avec  un  supplément  en  deux  volumes  pu- 
blié en  1771. 

DUBUGRARRE  (....),  organiste  de 
Saint-Sauveur  de  Paris,  fut  au  nombre 
des  professeurs  de  musique  qui  plaidèrent 
contre  Guignon ,  roi  des  violons ,  vers  le 
milieu  du  18e  siècle,  comme  on  le  voit 
par  l'arrêt  du  parlement  du  30  mai  1750. 


Dubngrarre  a  publié  en  1754  un  ouvrage 
élémentaire  qui  a  pour  titre  :  Méthode 
plus  courte  et  plus  facile  que  l'ancienne 
pour  l'accompagnement  du  clavecin } 
Paris,  in- fol.  obi.  En  1760,  ce  musicien 
a  donné  aussi  des  principes  élémentaires 
de  musique  en  un  petit  volume  in-24, 
sous  le  titre  d'Etrennes  à  la  jeunesse  oit 
l'on  détaille  les  principes  de  la  mu- 
sique. 

DUC  (philippe  DE),  compositeur  belge, 
vivait  dans  la  seconde  moitié  du  seizième 
siècle,  et  paraît  s'être  fixé  en  Italie.  On 
connaît  sous  son  nom  :  1°  Madrigali  a 
quattro  voci,  Venise,  1570;  2°  :  Madri- 
gali a  cinque  et  sei  voci,  Venise,  1586; 
3°  Il  primo  libro  de  Madrigali  a  4,5  e  6 
voci,  Venise,  1591,  in-4. 

DUCANCEL  (g.-p.)  ,  fils  d'un  chirur- 
gien de  Beauvais,  exerça,  pendant  la  révo- 
lution française  la  profession  de  Défenseur 
officieux ,  à  Paris,  et  ensuite  celle  d'avoué 
jusqu'en  1810.  Il  s'est  retiré  depuis  lors 
dans  une  propriété  qu'il  avait  à  Clermont, 
département  de  l'Oise.  En  1815  ,  il  fut 
nommé  soas-préfet  de  ce  lieu  ;  mais  le  mi- 
nistère ,  mécontent  des  élections  de  son 
arrondissement  en  1816,  l'a  privé  de  son 
emploi ,  et  depuis  lors  il  vit  dans  la  re- 
traite. Il  a  publié  une  brochure  de  plus  de 
200  pages,  ayant  pour  titre  :  Mémoire 
pour  J.-F.  Lesueur,  un  des  inspecteurs 
de  l'enseignement  au  Conservatoire  de 
musique ,  en  réponse  à  la  partie  d'un 
prétendu  recueil  de  pièces,  imprimé, 
soit  disant,  au  nom  du  conservatoire; 
et  aux  calomnies  dirigées  contre  le  cit. 
Lesueur  par  le  cit.  Sarrette ,  directeur 
de  cet  établissement;  contenant  en  outre 
quelques  vues  d amélioration  et  d'af- 
fermissement, dont  le  Conservatoire  pa- 
raît susceptible.  Paris,  1802,  in-8°.  On 
a  aussi  de  Ducancel  :  Mémoire  au  roi, 
pour  1°  Colombe  Rigiery,  dite  Colombe 
aînée  ;  2°  Marie-Madeleine  Rigiery  ca- 
dette, dite  Adeline;  3°  Pierre  Joseph 
JSfarbonne  •  4°  Joseph  JJorsonville  ; 
5°  Charlotte  Rosalie  Pitrot  ;  6°  Jeanne- 


DUC 


BUG 


Louise-Elisabeth  Verteuil  ,•  7°  Paul- 
Marie  Langlois ,  <f/£Courcelles;  8°  Pierre- 
Philibert  oranger  ;  9°  Jean-Pierre  Val- 
roy  ;  tous  anciens  comédiens  italiens 
ordinaires  du  roi,  et  pensionnaires  de 
Sa  Majesté ,  contre  les  comédiens  ordi- 
naires du  roi,  sociétaires  actuels  de  l'O- 
péra-Comique.  Paris,  LeNormant,  1815, 
in-4°  de  44  pag. 

DUCANGE  (  chaelés  DUFRESNE). 
Voyez  CANGE  (DU). 

DUCAURROY  (françois-eustache). 
Voyez  CAURROY  (DU).* 

DUCERCEAU  (jean-antoine)  ,  né  à 
Paris,  le  12  novembre  1670,  entra  chez 
les  jésuites  le  12  janvier  1688.  Ayant  été 
nommé  précepteur  du  prince  de  Conti ,  il 
l'accompagna  à  Véret,  château  du  duc 
d'Aiguillon,  près  de  Tours.  Le  jeune 
prince  en  maniant  un  fusil ,  qui  avait  été 
chargé  à  balle ,  sans  qu'il  le  sût ,  eut  le 
malheur  de  tuer  son  précepteur  le  4.  juil- 
let 1730.  P.  Ducerceau  fut  l'un  des  ré- 
dacteurs du  journal  de  Trévoux ,  où  il  a 
inséré  :  Dissertation  adressée  au  père 
Sanadon,  ou  l'on  examine  la  traduction 
et  les  remarques  de  M.  D acier ,  sur  un 
endroit  d'Horace,  et  oh  l'on  explique  par 
occasion  ce  qui  regarde  le  tétracorde 
des  Grecs.  Mém.  de  Trév.  ,  lom.  LU. 
pag.  100-141  et  284-310.  Le  passage 
d'Horace  qui  donna  lieu  à  cette  disserta- 
tion est  celui-ci  : 

Sonante  mistum  tibiis  carmen  lyra , 
Hac  dorium ,  illis  barbarum. 

Le  P.  Ducerceau  crut  y  trouver  la 
preuve  que  les  anciens  connaissaient  au 
moins  l'harmonie  delà  tierce,  et  chercha 
à  le  prouver  dans  sa  dissertation.  Burette 
réfuta  victorieusement  cette  opinion  dans 
ses  Nouvelles  réflexions  sur  la  sympho- 
nie des  anciens,  tom.  VIII,  pag.  63,  des 
Mém.  de  l'Acad.  des  inscript.  Le  P.  Du- 
cerceau répondit  par  des  Additions  à  la 
dissertation, etc. Mém.  deTrév.,  lom. LU, 
pag.  605-629.  Son  opinion  fut  aussi  atta- 
quée dans  le  Journal  des  savans  (mois  de 


mai  et  d'octobre  1728)  j  il  répondit  dans 
les  Mém.  de  Trévoux  (tom.  LV.pag.  2085- 
2189,  tom.  LVI,  pag.  69-98,  et  pag.  234- 
250),  et  cette  réponse  lui  valut  une  répli- 
que qui  parut  dans  le  Journal  des  Savans 
de  1729  ,  pag.  580-402  ,  et  qui  termina 
la  dispute.  Le  passage  qui  y  donna  lieu 
avait  déjà  été  examiné  dans  un  mémoire 
des  Transactions  philosophiques  de  1702 
(voyez  Molineux) ,  et  a  été  reproduit  de- 
puis dans  les  Mémoires  de  l'Académie  des 
inscriptions ,  tome  35  ,  page  360-363. 
(voyez  Chabanon) . 

DUCHAMBGE  (M™  pauline),  née  à 
Paris,  en  1787,  cultiva  d'abord  la  musique 
comme  amateur.  Liée  d'amitié  avec  des 
artistes  distingués  tels  que  Dussek,  Chéru- 
bini,  de  Lamare ,  Rode,  Auber,  elle  avait 
acquis  parmi  eux  le  sentiment  du  beau , 
et  possédait  un  talent  fort  remarquable  sur 
le  piano.  Sa  voix ,  quoique  d'un  volume 
peu  considérable ,  était  agréable  ,  et  elle 
chantait  avec  goût.  Des  revers  de  fortune 
obligèrent  Mrae  Duchambge  à  chercher  des 
ressources  dans  ses  talens  ,  et  à  se  livrer  à 
l'enseignement,  vers  1814.  Ce  fut  aussi 
vers  la  même  époque  qu'elle  fit  paraître 
ses  premières  productions  pour  le  piano  ; 
plus  tard  elle  écrivit  des  romances  ,  et  les 
gracieuses  formes  de  ses  mélodies  lui  pro- 
curèrent des  succès  que  n'ont  point  affaiblis 
ses  publications  plus  récentes.  Mme  Du- 
chambge est  encore  comptée  parmi  les  com- 
positeurs de  romances  les  plus  distingués 
de  l'époque  actuelle.  Elle  en  a  publié  un 
grand  nombre ,  et  chaque  année ,  elle  en 
fait  paraître  quelques-unes.  On  a  de  cet 
artiste  :  1°  Trois  études  et  un  caprice  pour 
le  piano  ,  Paris  ,  Pleyel  ;  2°  Deux  thèmes 
variés  pour  lepiano, Paris,  LeDacj  3°  Beau- 
coup de  romances  françaises  avec  ace.  de 
piano  ,  en  Album  ou  détachées. 

DUCHAMP  (marie  -Catherine  -  ce'sa- 
rine),  née  à  Paris,  le  14  mai  1789,  entra 
d'abord  dans  la  classe  de  chant  de  M.  Plan- 
tade ,  au  Conservatoire  de  musique ,  le 
15  pluviôse  an  XIII  (31  janvier  1805),  et 
devint  ensuite  élève  de  Garât,  le  9  mars 


DUC 


DUC 


34? 


1807.  Mademoiselle  Dnchamp  possédait 
une  très  belle  voix  de  contralto  et  avait 
acquis  par  les  leçons  de  Garât  un  fort  Lcau 
talent  qu'elle  fit  admirer  dans  les  concerts 
depuis  1815  jusqu'en  1817;  mais  une  sur- 
dité dont  elle  fut  atteinte  et  qui  augmenta 
progressivement  ne  lui  permit  plus  de  se 
faire  entendre;  cependant  elle  a  continué 
d'enseigner  le  chant  pendant  plusieurs 
années.  Elle  a  publié  à  Paris  quelques  ro- 
mances avec  accompagnement  de  piano. 
DUCIS  (benoît)  ,  compositeur  du  sei- 
zième siècle ,  est  désigné  souvent  sous  le 
nom  de  Benedictus  par  les  anciens  écri- 
vains ou  aux  titres  de  ses  productions. 
C'est  le  même  musicien  que  Gesner  (Biblio- 
thèque univ.),  et,  d'après  lui,  Walther  et 
Gerber,  ont  appelé  Dux,  quoique,  suivant 
l'usage  parmi  les  auteurs  des  Pays-Bas,  les 
noms  latinisés  soient  en  général  placés  au 
génitif.  Il  règne  autant  d'incertitude  sur 
le  nom  véritable  de  ce  musicien  que  sur  sa 
patrie.  Burney  cite  une  collection  de  mo- 
tets (A  gênerai  hislory  qf ' music  ,  t.  2, 
pag.  518)  publiée  en  1555  à  Venise  ?  où 
Ducis  est  appelé  Benoît  d  A ppenzell ,  et 
Gerber ,  trompé  par  cette  citation  ,  lui  a 
consacré  un  article  sous  ce  nom  ,  dans 
son  nouveau  dictionnaire,  quoiqu'il  en  ait 
fait  un  autre  sous  celui  de  Dux.  Moi- 
même  j'ai  d'abord  cru  qu'il  s'agissait  d'un 
autre  musicien  que  Ducis,  que  j'ai  toujours 
considéré  comme  Belge;  mais  un  examen 
plus  approfondi  des  diverses  circonstances 
m'a  convaincu  qu'il  n'y  a  point  d'autre  musi- 
cien nommé  Benoît  ([ne  Ducis,  et  que  j'ai  eu 
tort  d'en  faire  deux  articles.  11  y  a  lieu  de 
croire  que  si  Benoît  Ducis  eût  vu  le  jour  à 
Appenzell,  Glaréan  ne  l'aurait  point  ignoré, 
et  qu'il  aurait  cité  quelque  composition  de 
lui ,  car  son  patriotisme  se  manifeste  en 
plusieurs  endroits  de  son  Dodécachorde. 
D'un  autre  côté ,  un  recueil  d'odes  d'Ho- 
race mises  en  musique  à  trois  et  quatre 
voix,  et  publié  à  Ulm  en  1539  sous  le  nom 


de  Dux }  ainsi  que  quelques  mélodies  pla- 
cées parHans  Walter  dans  son  cantionale, 
ont  fait  croire  à  M.  le  conseiller  Kiesewetler 
que  le  nom  véritable  de  Ducis  est  Herzog 
(duc) ,  et  que  ce  musicien  est  né  en  Alle- 
magne (V.  le  supplément  du  Mémoire  de 
M.  de  Kiesewelter  sur  les  musiciens  Néer- 
landais ,  art.  5,  pag.  86).  Cependant  des 
difficultés  assez  considérables  s'élèvent 
contre  cette  opinion ,  car  dans  un  recueil 
manuscrit  (in-fol.  atlant,  n°  4)  ,  qui  se 
trouve  à  la  bibliothèque  delà  ville  de  Cam- 
brai ,  et  qui  contient  dix-huit  messes  de 
divers  auteurs  du  seizième  siècle,  à  4  et  5 
parties  ,  il  y  a  une  de  ces  messes  intitulée 
Myn  hert,  qui  porte  le  nom  de  Benedictus 
Hertochs  /  or  Hertochs  signifie  Duc  en 
flamand  ,  comme  Herzog  en  Allemand , 
et  Ducis  en  est  la  traduction  latine.  11  est 
donc  vraisemblable  que  Ducis  vit  le  jour 
dans  les  Pays-Bas,  ainsi  qu'on  l'a  cru  jus- 
qu'à ce  jour ,  et  l'opinion  qui  le  fait  élève 
de  Josquin  Deprès  paraît  fondée ,  car  il  a 
écrit  un  chant  funèbre  à  quatre  voix  sur 
la  mort  de  ce  grand  artiste.  D'ailleurs , 
toutes  les  compositions  de  Ducis  sont  sur 
des  paroles  latines ,  flamandes  ou  fran- 
çaises (car ,  bien  que  le  titre  de  la  musi- 
que des  Odes  d'Horace  soit  en  allemand  , 
cette  musique  est  écrite  sur  le  texte  latin), 
et  ce  choix  serait  au  moins  singulier  de 
la  part  d'un  musicien  allemand. 

Quoi  qu'il  en  soit  de  toutes  les  conjec- 
tures auxquelles  le  nom  et  la  patrie  de 
Benoît  Ducis  ont  donné  lieu,  il  est  certain 
que  ce  maître  vécut  dans  la  première  moi- 
tié du  seizième  siècle  ,  et  que  ses  composi- 
tions le  placent  au  premier  rang  parmi 
les  musiciens  de  son  temps.  On  en  peut 
juger  par  l'excellente  monodie  qu'il  a 
écrite  sur  la  mort  de  Josquin  Deprès  , 
morceau  qui  se  trouve  en  partition  dans 
le  deuxième  volume  de  l'histoire  de  la  mu- 
sique de  Burney ,  et  dans  le  deuxième  de 
celle  de  Forkel.  Mais  ce  qui  peut  surtout 


i   lÂber  primus  ecclesiasticorum  cantiormni  quatuor         in  Novo  TesLamento,  ab  oplimis  quibusque  hujus  œtatis 
vocum ,  iiclgo  molela  vacant,    lam  in  Vcteri ,  quant  musicis  compositarum.Anlea  nunquam  excusais,  1553. 


348 


DUC 


DUC 


donner  une  haute  opinion  du  talent  de 
Ducis,  c'est  la  messe  Myn  hert,  qui  est  la 
neuvième  de  la  collection  de  Cambrai  citée 
précédemment  ,  et  aussi  les  pièces  de  sa 
composition  qui  se  trouvent  dans  une  col- 
lection de  chansons  manuscrites  datée  de 
1542,  et  qui,  après  avoir  appartenu  à  Seger 
van  Maie ,  de  Bruges ,  a  passé  dans  la  bi- 
bliothèque de  Cambrai.  Cette  collection 
renferme  treize  chansons  françaises  à  quatre 
voix,  le  motet  Da  pacem  Domine,  une  pa- 
vanne  à  quatre  parties,  et  la  monodie  sur 
Josquin  Deprès.  Outre  ces  morceaux,  on  a 
aussi  les  pièces  contenues  dans  les  col- 
lections de  Tilman  Susato,  publiées  à  An- 
vers en  1545etl546,  et  cellesqui,  dans  la 
collection  de  motets  de  Venise,  1553,  sont 
attribués  à  Benedict  d'Appenzell;  enfin, 
toutes  les  Odes  d'Horace  mises  en  musique 
à  trois  et  quatre  parties  ,  et  publiées  sous 
ce  titre  :  Harmonien  ueber  aile  Oden 
des  Horaz  ,  fur  3  und  A  stimmen , 
Ulm,l539. 

Il  résulte  de  ce  qui  vient  d'être  dit  que 
l'article  Benedict  d ' Appenzell  doit  être 
supprimé  au  second  volume  de  cette  bio- 
graphie, et  que  celui-ci  doit  le  remplacer. 
DUC  LOS  (Charles  PINEAU),  né  à  Di- 
nan  ,  en  Bretagne  ,  en  1704  ,  fut  envoyé 
fort  jeune  à  Paris  pour  y  faire  ses  études. 
En  1739,  il  fut  reçu  à  l'Académie  des  in- 
scriptions et  belles-lettres  ,  et  en  1747,  à 
l'Académie  Française ,  dont  il  devint  le 
secrétaire  perpétuel  en  1755.  Il  est  mort 
à  Paris  le  26  mars  1772,  dans  sa  soixante- 
neuvième  année.  Parmi  ses  ouvrages  ,  on 
remarque  :  Mémoire  sur  l'art  de  parta- 
ger l'action  théâtrale,  et  sur  celui  de 
noter  la  déclamation ,  qu'on  prétend 
avoir  été  en  usage  chez  les  Romains , 
dans  les  Mémoires  de  l'Académie  des  in- 
scriptions ,  t.  21,  p.  191-208.  Il  est  aussi 
l'auteur  de  l'article  déclamation,  dans 
l'Encyclopédie  méthodique,  où  il  est  ques- 
tion de  la  musique  théâtrale.  On  trouve 
ces  deux  morceaux  dans  la  collection  de 
ses  œuvres  donnée  par  Désessarls ,  en  dix 
volumes  iu-3°,  Paris ,  1806. 


DUCLOS  (  .  .  .  ),  horloger  de  Paris, 
inventa,  en  1782 ,  une  machine  destinée 
à  indiquer  la  division  des  temps  de  la 
mesure  en  musique.  Il  appela  cette  ma- 
chine rhjthmometre.  Elle  fut  approuvée 
par  les  professeurs  de  l'école  royale  de 
chant ,  et  Gossec  ,  l'un  d'eux ,  fit  sur  cet 
instrument  un  rapport  favorable  qui  a  été 
imprimé  dans  la  même  année  en  un  quart 
de  feuille  in-8°. 

DUCRAY-DUMINIL  (françois-guil- 
laume),  né  à  Paris  en  1761 ,  succéda  en 
1790  à  l'abbé  Aubert ,  dans  la  rédaction 
des  Petites-Affiches  de  Paris.  Il  est  mort  à 
Ville-d'Avray ,  le  29  octobre  1819,  à 
l'âge  de  cinquante-huit  ans.  Auteur  de 
beaucoup  de  romans  mal  écrits  ,  mais  où 
l'on  trouve  de  l'intérêt ,  Duçray-Duminil 
a  fait  aussi  des  pièces  de  théâtre ,  des 
vaudevilles  dont  il  a  composé  les  airs,  pour 
les  théâtres  des  Boulevards  de  Paris  ,  et 
s'est  fait  aussi  connaître  comme  musicien 
par  Six  romances  tirées  du  roman  de 
Loloite  et  Fanfan,  avec  accompagne- 
ment de  harpe  ou  de  clavecin ,  Paris , 
Boyer,  1788  j  Six  romances  tirées  d'A- 
lexis, ou  La  Maisonnette  dans  les  bois , 
ibid.,  1789 1  Six  romances  tirées  d'Emi- 
lie, ibid. 

DUCREUX  (emmanuel),  fils  d'un  pein- 
tre de  portraits  au  pastel ,  naquit  à  Paris 
en  1765.  Destiné  par  son  père  à  la  pein- 
ture ,  il  fit  d'abord  des  études  pour  se  li- 
vrer à  l'exercice  de  cet  art ,  mais  son  goût 
pour  la  musique  le  lui  fit  abandonner.  Il 
apprit  à  jouer  de  plusieurs  instruraens  à 
vent ,  particulièrement  de  la  flûte  et  du 
basson ,  et  entra  à  l'orchestre  du  Théâtre- 
Français  en  1789,  pour  ce  dernier  instru- 
ment. Il  est  mort  à  Paris  vers  1812.  On 
a  de  sa  composition  :  1°  Symphonie  con- 
certante pour  deux  flûtes  principales , 
Paris,  1795,  Sieber  ;  2°  Symphonie  Idem, 
n°  2,  Ibid.;  3°  Six  duos  non  difficiles 
pour  deux  flûtes,  œuvre  3,  Ibid.;  4°  Duos 
pour  flûte  et  basson  extraits  des  œuvres 
de  J.  Haydn  et  Mozart,  liv.  1,2,  Ibid.; 
5°  Des  airs  variés  pour  flûle  seule,  Paris, 


DUF 

Corbaux  ;  6°  Les  Folies  d'Espagne,  variées 
pour  basson ,  Ibid.  Dacreux  a  eu  un  fils 
qui ,  après  avoir  été  quelque  temps  musi- 
cien dans  un  régiment,  a  été  fait  souffleur 
de  musique  à  l'Opéra-Comique  ,  en  1818. 
Il  a  arrangé  des  airs  d'opéras  pour  deux 
violons. 

DUFAUR  (pierre),  ou  DU  FAUR  DE 
SAINT-JORY,  fut  un  des  plus  savans 
hommes  du  16e  siècle.  Après  avoir  été  con- 
seiller au  grand  conseil  ,  puis  maître  des 
requêtes ,  il  fut  élevé  à  la  dignité  de  pre- 
mier président  du  parlement  de  Tou- 
louse, le  8  juillet  1597,  et  mourut  d'apo- 
plexie le  18  mai  1600,  en  prononçant  un 
arrêt.  Parmi  ses  ouvrages,  on  en  remarque 
un  qui  a  pour  titre  :  Agonisticon,  sive  de 
re  athletica ,  ludisque  veterum  gjmni- 
cis ,  musicis,  atque  circensibus ,  spicile- 
giorum  tractatus ,  tribus  libris  conipre- 
hensi  opus  tessellatum ,  etc. ,  Toulouse, 
1595 ,  in-4°.  Cet  ouvrage  a  eu  plusieurs 
éditions. 

DUFAY  ou  DU  FAY  (Guillaume),  célè- 
bre compositeur  de  la  fin  du  14e  siècle,  par- 
tage avec  Égide  Binchois  et  Jean  Dunstaple 
la  gloired'avoirépurél'harmonie,  de  l'avoir 
affranchie  des  formes  grossières  et  des  suc- 
cessions de  quintes,  d'octaves  et  d'unissons 
qui  entachent  les  productions  des  plus  ha- 
biles musiciens  du  milieu  du  14e  siècle, 
tels  que  François  Landino  de  Florence, 
Jacques  de  Bologne  ,  Guillaume  de  Ma- 
chault  et  autres;  enfin,  de  lui  avoir  im- 
primé un  caractère  de  suavité  qui  a  été  se 
perfectionnant  jusqu'à  la  fin  du  16e  siècle, 
dans  la  tonalité  du  plain-chant.  Tinctor 
ou  Tinctoris  a  fait  de  Dufay  un  Français  ; 
il  se  pourrait  toutefois  qu'il  eût  été  mal 
informé,  car  j'ai  trouvé  dans  un  traité  ma- 
nuscrit de  musique  du  commencement  du 
16e  siècle ,  cette  phrase  :  Secundum  doc- 
trinam  TVilhelmi  Dufais ,  Cimacensis 
Hann.  (Selon  la  doctrine  de  Guillaume 
Dufay,  de  Chimay  en  Hainaut  ').  Mon  sa- 

i  Voyez  à  ce  sujet  mon  Mémoire  sur  celle  question  : 
Quels  ont  été'  les  mériles  des  Néerlandais  dans  la  mu- 
sique, etc.,  pages  12  el  13.  Amsterdam,  1829,  in-4°. 


DUF 


349 


vant  ami  et  parent  Henri  Delmotte,  trop 
tôt  enlevé  aux  lettres  et  à  l'histoire  des 
arts,  m'aobjecté  contre  ce  fait,  qu'il  y  avait 
peu  de  noms  propres  au  14e  siècle  qui  ne 
fussent  des  indications  de  lieux  de  nais- 
sance, de  profession  ou  de  sobriquets;  qu'il 
était  vraisemblable  que  le  nom  de  Dufay 
était  Guillaume  f  et  que  Dufay  indiquait 
qu'il  était  né  dans  un  lieu  appelé  Le  Fay  ; 
ce  qui  rendait  assez  vraisemblable  l'opi- 
nion de  Tinctoris  concernant  la  patrie  du 
musicien  dont  il  s'agit ,  puisqu'il  y  a  plu- 
sieurs villages  de  ce  nom  en  France.  Tou- 
tefois l'indication  du  manuscrit  que  j'ai 
cité  est  si  précise,  qu'elle  a  dû  avoir  pour 
base  un  fait  bien  connu  de  l'auteur  de  ce 
livre.  Je  persiste  donc  dans  la  croyance 
que  Guillaume  Dufay  était  né  à  Chimay. 

II  y  a  beaucoup  d'incertitude  à  l'égard  de 
l'école  où  ce  musicien  célèbre  a  pu  s'instruire 
dans  son  art.  M.  le  conseiller  Kiesewetter 
pense  que  ce  dut  être  en  Belgique,  et  fonde 
son  opinion  sur  ce  que  les  compositions  de 
Dufay  indiquent  un  état  de  l'art  beaucoup 
plus  avancé,  sous  le  rapport  de  l'harmo- 
nie, qu'on  ne  le  trouve  dans  les  ouvrages 
des  musiciens  florentins  du  14e  siècle  et 
de  Guillaume  de  Machault,  auteur  d'une 
messe  à  quatre  voix  écrite  en  1567;  ce  qui 
lui  fait  croire  qu'il  existait  en  Belgique  une 
connaissance  plus  étendue  de  l'art  d'écrire 
en  musique  qu'ailleurs,  et  que  Dufay  y  a 
puisé  son  instruction.  D'autre  part,  M.  Kie- 
sewetter  remarque  qu'antérieurement  à  ce 
musicien  ,  toute  Ja  notation  était  noire  et 
dans  le  système  exposé  par  Francon  ;  tan- 
dis que  la  notation  blanche  apparaît  pour 
la  première  fois  dans  les  compositions  de 
Dufay,  de  Binchois  et  de  Dunstaple  ;  par- 
ticulièrement du  premier  (Voy.  l'ouvrage 
de  M.  Kiesewetter  intitulé  :  Geschichle 
der  europœisch  -  abenlœndischeti  oder 
unsrer  heutigen  Musik  Darslellung  ehres 
Ursprunges,  etc.,  p.  42-49).  M.  Kiese- 
•wetter  dans  ces  remarques ,  paraît  avoir 
été  préoccupé  par  l'opinion  reproduite  en 
plusieurs  endroits  de  ses  ouvrages,  qu'il 
n'y  a  point  eu  de  véritable  école  de  mu- 


850 


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DUF 


siqne  en  France  dans  ces  temps  anciens , 
et  avoir  oublié  que  Dufay  a  été  précisé- 
ment renommé  pour  les  perfectionnemens 
qu'il  a  portés  dans  l'harmonie  et  pour  ses 
inventions  dans  la  notation.  S'il  y  eût  eu 
un  art  plus  avancé  sous  les  rapports  de 
l'harmonie  et  de  la  notation  dans  les  Pays- 
Bas,  les   trouvères  picards   de  la  fin  du 
13e  siècle  et  du  commencement  du  14e, 
ne  l'auraient  point  ignoré  et  n'auraient 
pas  tardé  à  le  répandre  en  France.   L'in- 
fluence de  Dufay  sur  les  perfectionnemens 
de  l'art  ne  peut  être  mise  en  doute ,  car 
Tinctoris  ,  Adam  de  Fulde,  Spataro,  Ga- 
fori ,   ont  signalé   précisément  ce  maître 
comme  ayant  eu  la  plus  grande  part  aux 
perfectionnemens  de  la   musique  de  son 
temps.   Adam  de  Fulde  {Voyez  ce  nom), 
auteur  d'un  traité   de   musique  écrit  en 
1490,  dit  que  Guillaume  Dufay  fut  l'au- 
teur d'une  multitude  d'innovations  dans 
la   notation    et    dans  l'emploi  des  disso- 
nances  par    prolongation    '.    D'ailleurs , 
Martin-le-Franc ,  poète  français  qui  écri- 
vait de  1456  à  1459  ,  et  que  j'ai  cité  à 
l'article  B inchois ,  ne  nous  laisse  pas  de 
doute   sur  l'opinion  répandue  parmi   les 
contemporains    de   Dufay  concernant  les 
perfectionnemens  introduits  par  lui  dans 
la  musique.  Je  rapporterai  de  nouveau  ici 
les  vers  de  ce  poète ,  à  cause  de  leur  im- 
portance pour  le  sujet  dont  il  s'agit  : 

Tapissier,  Carmen ,  Cesaris 

N'a  pas  long-temps  si  bien  chantèrent 

Qu'ils  esbahirent  tout  Paris 

Et  tous  ceux  qui  les  fréquentèrent  : 

Mais  oncques  jour  ne  deschantèrent 

En  mélodie  de  tel  chois 

(Ce  m'ont  ditceulx  qui  les  hantèrent) 

Que  Guillaume  Dufay  et  Binchois. 

Car  ils  ont  nouvelle  pratique 
De  faire  frisque  concordance 
En  haute  et  en  basse  musique, 
En  feinte,  en  pause  et  en  muance. 
Etc. ,  etc. 

Voilà  bien  les  inventions  ,  la  nouvelle 
pratique  de  Dufay  et  de  Binchois  consta- 

I  Cujus  rei  venerubilem  Cuilhelmum  Duffity  inven- 
Jorcm  exlilisse  credo,   quem  et  moderniores  musici 


tée  dans  l'harmonie  {la  frisque  concor- 
dance ,  et  la  feinte,  ou  retard  de  conson- 
nanee)  et  dans  la  notation  {la  pause). 
Cependant  l'art  existait  déjà  avant  eux  en 
France,  bien  que  moins  avancé,  puisque 
trois  musiciens,  Tapissier ;  Carmen  et 
Cesaris ,  pouvaient  esbahir  tout  Paris. 

A  l'égard  de  l'argument  tiré  par  M.  de 
Kiesewetter  du  peu  de  vraisemblance  qu'on 
ait  passé  subitement  de  la  notation  noire 
à  la  notation  blanche  de  Dufay ,  et  de  la 
probabilité  que  cette  dernière  notation  était 
en  usage  dans  les  Pays-Bas  lorsqu'elle  était 
encore  inconnue  en  France  et  en  Italie,  je 
ferai  voir,  lorsque  je  publierai  le  traité  du 
contrepoint   de  Jean  de  Mûris ,   dont  je 
suis  possesseur ,  et  un  traité  de  musique 
daté  de  Paris  le  12  janvier  1375,  que  la 
notation   blanche   était    déjà    connue   en 
France  avant  Guillaume  Dufay  ,  ou  du 
moins  dans  sa  jeunesse,  bien  que  d'un 
usage  peu  répandu  et  bien  qu'elle  fût  peu 
perfectionnée.  Je  ferai  voir  par  la  publica- 
cation  de  morceaux  de  musique  composés 
.dans  la  première  moitié  du  15e  siècle,  que 
l'usage  de  la  notation  blanche  ne  s'était 
pas  tellement  répandu  qu'on  ne  se  servît 
encore  de  la  noire  à  cette  époque  ;  enfin , 
je  ferai  voir  par  deux  chansons  à  trois  voix 
composées  aussi  au  temps  de  Dufay  dans 
les  Pays-Bas ,  et  tirées  d'un  manuscrit  des 
archives  de  Gand ,  que  la  notation  noire 
était  encore  celle  dont  on  se  servait  alors 
dans  ce  pays,  et  que  l'art  d'écrire  en  har- 
monie y  était  inférieur  à  celui  dont  ce 
musicien  a  fait  preuve  dans  ses  ouvrages. 
D'où  il  suit  qu'on  ne  peut  contester  à  Du- 
fay l'importance  de  ses  travaux  ^  ~  des 
suppositions    gratuites  d'un  avan^...ont 
antérieur  de  l'art  dans  les  Pays-Bas  ,  et 
que  sa  gloire  reste  entière  (V.  le  Résumé 
philos,  del'hist.  delà  musique,  p.  cxcix). 
Que  Dufay  ait  commencé  l'étude  de  la 
musique  dans  la  Belgique ,  cela  est  vrai- 
semblable puisqu'il  y  était  né ,  mais  il  a 
pu  les  continuer  en  France ,  et  y  prendre 

omnes    imilanlur ,     etc.    (Vide   Script,    ecclesiast.    de 
Musicâ,  auct.  M.  Gerberto,  t,  3,  p.  350.) 


DUF 

les  premières  notions  de  Ja  notation  Man- 
che dont  il  a  ensuite  propagé  l'usage  et 
perfectionné  le  système. 

M.  l'abbé  Baini  a  trouvé  dans  les  ar- 
chives de  la  chapelle  pontificale  de  Rome 
la  preuve  que  Dufay  était  attaché  à  cette 
chapelle,  en  qualité  de  ténor,  dans  l'année 
1580.  Il  ne  devait  pas  être  alors  âgé  de 
moins  de  vingt-cinq  ans  ,  en  sorte  qu'il  a 
dû  naître  vers  1350  ou  1555  au  plus  tard. 
Il  demeura  attaché  à  cette  chapelle  tout  le 
reste  de  sa  vie  ,  et  mourut  en  1452  ,  dans 
un  âge  avancé ,  circonstance  qui  prouve 
que'  l'époque  de  sa  naissance  doit  être 
placée  vers  1350.  Pendant  le  temps  ou  il 
fut  au  service  de  la  chapelle  pontificale , 
il  paraît  qu'il  visita  la  France  et  les 
Pays-Bas,  car  quelques  vers  de  Martin-le- 
Franc  semblent  indiquer  que  ce  poète  l'a 
tu  à  la  cour  des  ducs  de  Bourgogne  {V.  le 
t.  2  de  cette  Biographie,  p.  199). 

Les  archives  de  la  chapelle  pontificale 
renferment  quelques  messes  composées  par 
Guillaume  Dufay,  et  dont  les  titres  sont  : 
Ecce  ancilla  Domini ,  Omme  (Homme) , 
L'Ommearmé,  Se  la  face  ay  pale,  Tant 
me  déduis.  Tinctoris  cite  aussi  la  messe 
de  ce  compositeur  intitulée  De  Saint- An- 
toine. M.  Kiesewetter  a  publié  le  Kyrie 
(à  quatre  voix)  de  la  messe  Se  la  face  ay 
pale,  le  Benedictus  de  la  messe  Ecce  an- 
cilla Domini  (à  deux  voix) ,  le  Kyrie 
(à  quatre  voix)  de  la  messe  de  L'Homme 
armé.  Un  manuscrit  intéressant  qui  ap- 
partient à  M.  Guilbert  de  Pixérécourt  con- 
tient des  motets  et  des  chansons  françaises 
de  Dufay ,  entre  autres  la  chanson  à  trois 
voix,  Qtfit  mille  escus  quant  je  voeldroie, 
me,  ,f-7.-.t  très  remarquable  par  les  imita- 
tions bien  faites  qu'il  contient ,  et  par  la 
pureté  de  son  harmonie. 

Plusieurs  auteurs  ont  dit  que  Dufay  a 
ajouté  deux  octaves  au  système  complet  de 
Gui  d'Arezzo  ;  cette  assertion  ne  soutient 
pas  l'examen  des  monumehs  historiques 
de  l'art,  comme  je  le  prouverai  dans  mon 
histoire  de  la  musique.  Il  est  plus  raison- 
nable de  s'en  tenir  à  cet  égard  au  texte 


DUG 


351 


à' Adam  de  Fulde,  qui  dit  que  Dufay 
ajouta  quelques  notes  au-dessous  du 
Gamma-ut  grave  du  système  de  Gui ,  et 
quelques  autres  notes  au-dessus  de  cc-la. 

DUFRESNE  (françois),  violiniste  à 
l'orchestre  de  l'Opéra ,  fils  d'un  musicien 
de  la  Comédie-Française ,  est  né  à  Paris 
vers  1780.  Il  a  composé  et  publié  quatre 
concertos  pour  son  instrument,  des  qua- 
tuors ,  des  pots-pourris  et  des  airs  variés 
pour  deux  violons  et  basse ,  plusieurs  œu- 
vres de  duos  et  des  solos.  Le  père  de 
M.  Dufresne  ,  a  publié  à  Paris  ,  en  1779  , 
six  solos  pour  flûte,  op.  1. 

DUGAZON  (louise -Rosalie  LEFÊ- 
VRE),  femme  d'un  acteur  renommé  delà 
Comédie-Française,  naquit  à  Berlin,  en 
1755,  et  vint  à  Paris  à  l'âge  de  huit  ans. 
En  1767  on  la  fit  débuter  comme  danseuse 
au  théâtre  d'Opéra-Comique  qu'on  appe- 
lait alors  la  Comédie-Italienne.  Sa  grâce , 
sa  gentillesse  ,  l'intelligence  dont  elle  fai- 
sait preuve,  et  le  succès  qu'elle  obtint  dans 
quelques  petits  airs  qu'on  lui  fit  chanter, 
déterminèrent  sa  vocation  pour  le  genre 
des  comédies  à  ariettes.  Le  premier  rôle 
qu'on  lui  confia  fut  celui  de  Pauline  dans 
le  Sylvain  ,  de  Grétry.  Elle  y  fut  applau- 
die avec  transport  dès  son  début ,  qui  eut 
lieu  le  50  juillet  1774.  Sans  posséder  une 
belle  voix  et  sans  instruction  dans  l'art 
du  chant,  elle  savait  exciter  l'enthousiasme 
des  habitués  de  la  Comédie-Italienne  par 
les  accens  d'un  organe  plein  de  charme. 
D'ailleurs ,  actrice  douée  d'instinct ,  de 
finesse  et  de  sensibilité,  elle  savait  émou- 
voir ,  faisait  verser  des  larmes  ou  provo- 
quait à  son  gré  la  gaieté.  Les  personnes 
qui  l'ont  entendue  dans  sa  jeunesse  par- 
lent encore  avec  admiration  de  son  jeu  et 
même  de  son  chant  dans  les  rôles  de  Ba- 
bet(àe  Biaise  et  Babet),  de  Justine  (dans 
Alexis  et  Justine) ,  et  surtout  de  Nina. 
Lorsque  l'âge  ne  lui  permit  plus  de  jouer 
ces  rôles ,  elle  prit  ceux  de  mères  ;  mais 
quoiqu'elle  y  fût  encore  bonne  actrice , 
elle  n'y  produisit  plus  autant  d'effet  que 
dans  ceux  de  sa  jeunesse.  En  1792,  cette 


352 


DUG 


DUI 


excellente  actrice  se  retira  de  la  scène; 
elle  y  reparut  en  1795  ,  et  parut  au  pu- 
blic n'avoir  rien  perdu  de  son  talent. 
Dans  Le  Prisonnier ,  dans  Le  Calife  de 
Bagdad,  et  dans  beaucoup  d'autres  pièces 
elle  mit  à  ses  rôles  un  cachet  particulier 
de  gaîté  et  de  finesse  que  n'ont  pu  retrou- 
ver toutes  les  actrices  qui  lui  ont  succédé. 
Madame  Dugazon  a  donné  son  nom  aux 
rôles  de  sa  jeunesse  et  de  son  âge  mûr  ;  on 
les  distingue  encore  au  théâtre  en  Jeunes 
Dugazon,  et  Mères  Dugazon.  Retirée 
du  théâtre  en  1806,  cette  actrice  est  morte 
le  22  septembre  1821,  à  l'âge  de  soixante- 
six  ans. 

DUGAZON  (gustave),  fils  de  la  précé- 
dente, naquit  à  Paris  en  1782.  Admis  au 
Conservatoire  de  musique  de  cette  ville , 
il  y  devint  élève  de  M.  Berton  pour  l'har- 
monie ,  et ,  après  avoir  interrompu  plu- 
sieurs fois  ses  études  ,  passa  sous  la  direc- 
tion de  Gossec  pour  la  composition.  En 
1806  ,  il  concourut  à  l'Institut  de  France 
et  obtint  le  deuxième  grand  prix  ;  puis  il 
se  livra  à  l'enseignement  du  piano  et  pu- 
blia plusieurs  morceaux  détachés  pour  cet 
instrument.  Son  premier  ouvrage  pour  la 
scène  fut  un  ballet  intitulé  Noëmi ;  il 
l'écrivit  pour  le  théâtre  de  la  Porte-Saint- 
Martin.  En  1812,  il  fit  représenter  au 
théâtre  Feydeau  Marguerite  de  Walde- 
mar,  opéra  en  trois  actes,  qui  fut  suivi 
de  La  Noce  Ecossaise,  en  un  acte  (1814), 
et  du  Chevalier  d'Industrie ,  en  un  acte 
(1818),  composé  en  société  avec  M.  Prad- 
her.  Aucun  de  ces  ouvrages  ne  réussit. 
Pour  l'Opéra ,  Dugazon  a  écrit  :  1°  Les 
Fiancées  de  Caserte ,  ballet  en  un  acte 
(1817);  Alfred-le-Grand ,  ballet  en  trois 
actes  ,  arrangé  avec  la  musique  du  comte 
de  Gallenberg  (1822);  Aline,  ballet  en 
trois  actes  ,  en  société  avec  M.  Berton 
(1823).  Parmi  les  compositions  instrumen- 
tales de  Dugazon  ,  on  remarque  cinq  mé- 
langes d'airs  variés  en  trios  pour  piano , 
violon  et  violoncelle,  Paris,  Dufaut  et  Du- 
bois ,  et  Janet  et  Cotelle  ;  cinq  mélanges 
d'airs  et  nocturnes  pour  piano  et   cor, 


Paris,  Gaveanx,  Petit,  Janet,  Pacini  ; 
fantaisies,  mélanges  d'airs,  préludes  et  toc- 
cates  pour  piano  seul ,  Paris ,  Dufaut  et 
Dubois,  Leduc,  Petit,  Janet,  Schlesinger  ; 
airs  variés  pour  piano  seul,  Paris,  Petit  , 
Janet ,  Dufaut  et  Dubois  ;  quadrilles  de 
contredanses  pour  piano  ;  duos  pour  harpe 
et  piano,  Paris,  Le  Duc.  On  a  aussi  de  ce 
musicien  plusieurs  recueils  de  romances 
et  de  nocturnes  à  deux  voix.  Dugazon  est 
mort  à  Paris  vers  la  fin  de  l'année  1826. 

DUGUET  (l'aebe),  maître  de  musique 
à  l'église  Saint-Germain-l'Auxerrois ,  en 
1767  ,  passa  en  la  même  qualité  à  Notre- 
Dame,  en  1780.  Il  a  composé  beaucoup 
de  messes  et  de  motets  qu'on  conserve  en 
manuscrit  dans  la  bibliothèque  de  la  ca- 
thédrale de  Paris.  En  1767,  il  fit  exécu- 
ter avec  succès  un  motet  de  sa  composi- 
tion an  Concert  spirituel. 

DUIFFOPRUGCAR  (gaspard),  célèbre 
luthier ,  né  dans  le  Tyrol  Italien  vers  la 
fin  du  15e  siècle,  voyagea  d'abord  en  Alle- 
magne et  s'établit  ensuite  à  Bologne ,  vers 
1510.  François  Ier,  roi  de  France,  étant 
allé  dans  cette  ville  en  1515  ,  pour  y  éta- 
blir le  concordat  avec  Léon  X ,  entendit 
parler  des  talens  de  Duiffoprugcar,  et  lui 
fit  faire  des  offres  si  avantageuses  qu'il  le 
détermina  à  venir  à  Paris.  Il  paraît  que  le 
climat  nébuleux  de  la  capitale  ne  conve- 
nant point  à  la  santé  de  cet  artiste,  il  ob- 
tint la  permission  de  se  retirer  à  Lyon. 
Plusieurs  instrumens  sortis  de  ses  mains 
sont  datés  de  cette  ville.  On  a  gravé  son 
portrait  en  médaillon,  où  il  est  représenté 
entouré  d'instrumens  ,  tenant  un  compas 
d'une  main  et  un  manche  de  l'autre  :  ce 
portrait  est  daté  de  1562,  ce  qui  pour- 
rait faire  croire  qu'il  vivait  encore  alors. 
M.  Cartier  a  possédé  une  belle  basse  de 
viole  et  un  ténor  de  viole  de  cet  artiste 
célèbre,  et  M.  Raoul,  amateur  distingué 
comme  violoncelliste,  a  aussi  une  basse  de 
viole  de  Duiffoprugcar ,  remarquable  par 
sa  beauté  et  la  belle  qualité  de  ses  sons. 
L'instrument  le  plus  intéressant  peut-être 
qui  existe  aujourd'hui,  de  ce  luthier  célèbre, 


DUL 

est  un  violon  grand  patron  ,  le  seul  connu 
jusqu'à  ce  jour,  et  qui  porte  son  nom,  avec 
la  date  de  1539.  La  qualité  des  sons  de 
cet  instrument  est  puissante,  pénétrante, 
et  porte  au  loin  dans  une  grande  salle.  La 
tête  représente  une  figure  de  fou  de  roi, 
avec  une  fraise  plissée.  Ce  violon  appartient 
à  M.  Merts  ,  premier  violon  solo  du  grand 
théâtre  de  Bruxelles. 

DULC1NO  (jean-baptiste)  ,  composi- 
teur italien  qui  vivait  au  commencement 
du  17e  siècle.  Il  a  publié  un  recueil  de 
motets  de  sa  composition  sous  ce  titre  : 
Cantiones  sacrœ  octo  vocibus  una  cum 
litaniis  B.  M.  Virginis  et  Magnificat 
cumB.  C,  Venise,  1609,  in-4°. 

DULICH  (philippe),  né  à  Chemnitz,  en 
1563  ,  fut  professeur  de  musique  à  l'an- 
cienne école  normale  de  Stettin  ,  et  mou- 
rut dans  cette  ville  en  1631  ,  à  l'âge  de 
soixante-huit  ans.  On  a  imprimé  de  sa 
composition  :  1°  Centuriœ  6  octonum  et 
seplennum  vocum  harmonias  sacras 
lauclibus  sanctœ  triados  consecratas  con- 
tinentis ,  Stettin,  1607,  in-4°.  La  se- 
conde partie  de  cet  ouvrage  a  paru  en  1610, 
et  la  troisième  en  1612  ;  2°  Novuni  opus 
musicumduarum  partium  continens  dicta 
insignora  ex  evangeliis  dierum  domin. 
etfostorum  tolius  anni  desumpta  et  qui- 
narum  vocum  concentu  exornata,  etc., 
Leipsick,  1609,  in-4°. 

DULING  (antoine),  né  à  Magdehourg, 
vers  la  fin  du  16e  siècle,  fut  chantre  à 
Cobourg.  11  a  publié  :  Cythara  melica , 
oder  XXXII  laleinisclie  Motetten  fur 
8  bis  12  Slimmen ,  auf  die  Fest-Tage 
gerichtet  (Trente-deux  motets  latins ,  de- 
puis huit  voix  jusqu'à  douze  ,  etc.),  Mag- 
dehourg, 1620. 

DULKEN  (jean-louis)  ,  né  à  Amster- 
dam ,  le  5  août  1761 ,  apprit  dans  sa  ville 
natale  ,  et  ensuite  à  Paris  ,  sous  la  direc- 
tion de  son  père,  l'art  de  confectionner  des 
clavecins,  forteqnano  et  autres  instrumens. 
En  1781 ,  l'électeur  de  Bavière  le  fit  ve- 
nir à  Munich,  où  il  épousa  la  célèbre  pia- 
niste Sophie  Lebrun  ,  et  où  il  se  trouvait 

TOME    III. 


DUM 


353 


encore  en  1S12.  Les  pianos  qu'il  y  a  fa- 
briqués ont  un  si  haut  degré  de  perfection, 
pour  la  qualité  du  son  et  le  fini  du  méca- 
nisme ,  que  ses  instrumens  se  sont  répan- 
dus,non  seulement  danstouterAllemagne, 
mais  même  en  Suisse  et  en  Italie,  et  qu'ils 
y  sont  fort  recherchés. 

DULON  (fréderic-louis)  ,  flûtiste,  est 
né  à  Havelberg  (Prusse) ,  en  1779.  Il  n'é- 
tait âgé  que  de  trois  mois  lorsqu'il  devint 
aveugle.  Son  père,  qui  était  inspecteur  de 
l'accise,  jouait  fort  bien  de  la  flûte,  et  était 
élève  de  Quanz.  Il  lui  enseigna  à  jouer  de 
cet  instrument,  et  Angerstein,  organiste 
de  la  ville ,  lui  donna  des  leçons  d'orgue. 
Ses  progrès  sur  ces  deux  instrumens  furent 
rapides.  A  l'âge  de  treize  ans,  il  fit  un 
voyage  dans  les  principales  villes  de  l'Eu- 
rope, accompagné  de  sa  sœur,  et  partout  il 
excita  l'admiration  générale  par  la  manière 
brillante  dont  il  jouait  les  pièces  les  plus 
difficiles.  Il  composait  aussi  et  dictait  ses 
ouvrages  avec  facilité.  En  1796  ,  il  alla  à 
Saint-Pétersbourg,  où  il  obtint  le  titre  de 
musicien  de  l'empereur  de  Russie.  Deux  ans 
après,  il  revint  dans  son  pays  et  s'y  fixa. 
La  cour  de  Russie  lui  avait  fait  une  pen- 
sion ,  qui  lui  a  été  payée  régulièrement. 
CM.  Wielanda  publié  La  vie  et  les  opi- 
nions de  Dulon,  joueur  de  flûte  aveugle, 
dictées  par  lui-même  sous  ce  titre  :  Du- 
lons  des  blinden  Flœtenspielers  Leben 
und  Meynungen ,  -von  ihm  selbst  bear- 
beitet,  Zurich,  1807-1808,  deux  vol.  in-8°. 
On  a  de  ce  musicien  les  compositions  dont 
les  titres  suivent  :  1°  Trois  duos  pour 
flûte  et  violon,  op.  1  ,  Leipsick,  1800  j 
2°  Douze  variations  pour  flûte  et  violon, 
op.  2  ,  ibid.  ,  1 800  ;  5°  Trois  duos  pour 
flûte  et  violon,  op.  3,  ibid.,  1801  j  4°  Ca- 
prices pour  une  et  deux  flûtes ,  op.  4, 
ibid.;  5°  Trois  duos  pour  deux  flûtes , 
op .  5  ,  ibid .  ;  6°  Trois  duos  pour  flûtes  et 
violon,  op.  6,  ibid.,-  7°  Premier  concerto 
pour  la  flûte ,  en  sol,  op.  8  ,  ibid.  Cet  ar- 
tiste intéressant  est  mort  à  Wùrzbourg,  le 
7  juillet  1826. 

DUMANOIR  (Guillaume),  fils  d'un  mé- 
23 


304 


DUM 


DUM 


nétrier  de  Paris ,  succéda  en  1659  à  Con- 
stantin ,  dans  la  charge  grotesque  de  Roi 
des  violons  et  maître  des  ménétriers }  de 
la  confrérie  de  Saint-Julien  ,  charge  qui 
avait  été  établie  à  Paris,  en  1331,  et  que 
Charles  VI  avait  confirmée  par  une  ordon- 
nance datée  du  24  avril  1407.  Les  pré- 
tentions du  roi  des  violons,  qui  voulait 
asservir  tous  les  musiciens ,  et  même  les 
organistes  ,  à  se  faire  recevoir  maîtres  de 
danse ,  occasionnèrent  souvent  des  procès 
qui  furent  toujours  jugés  en  faveur  des 
musiciens.  Dumanoir  fut  le  premier  qui 
établit  cette  prétention  dans  une  brochure 
de  cent  vingt  pages  in-12,  écrite  d'un  style 
bas  et  grossier,  et  intitulée  :  Le  Mariage 
de  la  musique  avec  la  danse ,  Paris , 
1664.  Une  ordonnance  de  police  rendue 
contre  Dumanoir,  en  faveur  des  joueurs  de 
hautbois,  le  29  avril  1689,  nous  apprend 
qu'il  exerçait  encore  sa  charge  à  cette 
époque. Son  fils,  nommé  Guillaume  comme 
lui ,  et  qu'on  appelait  Dumanoir  second , 
lui  succéda  en  1690  ;  mais  il  se  démit  de 
son  emploi,  par  acte  passé  devant  notaire , 
le  premier  décembre  1695. 

DUMAS  (louis),  fils  naturel  de  Mont- 
calm  ,  seigneur  de  Saint- Veran  et  de  Can- 
diac,  naquit  à  Nîmes  en  1676.  Il  étudia 
la  jurisprudence ,  la  philosophie ,  et  se  lia 
avec  le  P.  Mallebranche ,  qui  le  fortifia 
dans  son  goût  pour  la  dernière  de  ces 
sciences.  Il  finit  par  se  livrer  à  la  culture 
des  lettres  et  des  arts  :  la  musique  devint 
particulièrement  l'objet  de  ses  études.  Il 
passa  les  dernières  années  de  sa  vie  au 
château  de  Vaujour ,  à  quelques  lieues  de 
Paris,  et  y  mourut  le  19  janvier  1744.  On  a 
decetamateurdesarts  :  L'Art  de  composer 
toutes  sortes  de  musique  sans  être  obligé 
de  connaître  le  ton  ni  le  mode,  Paris, 
1711,  in-4°. 

DUMAS  (antoine-jgseph)  ,  né  à  Bé- 
thune  en  1705,  fit  ses  études  à  Arras,  et 
se  rendit  à  Paris,  après  les  avoir  termi- 
nées ,  pour  y  faire  connaître  une  méthode 
d'enseignement  pour  les  enfans,  qu'il  avait 
inventée,  et  qu'il  appelait  la  Méthode  du 


bureau  typographique.'  Ce  bureau  était 
une  imitation  des  procédés  de  composition 
de  l'imprimerie,  et  par  son  moyen,  les  en- 
fans  apprenaient  à  assembler  les  lettres 
dont  les  mots  sont  formés  ,  et  à  décompo- 
ser ceux-ci ,  pour  parvenir  à  lire  avec 
promptitude.  Dumas  appliqua,  ses  procé- 
dés à  la  musique,  et  publia  sur  ce  sujet  un 
livre  intitulé  :  L'Art  de  la  musique  en- 
seigné et  pratiqué  par  la  méthode  du 
bureau  typographique ,  établi  sur  une 
seule  clef }  sur  un  seul  ton  et  sur  un  seul 
signe  de  mesure,  Paris,  sans  date  (1755), 
in-4°  obi.  d'environ  450  pages,  tout  gravé. 
Un  abrégé  de  cet  ouvrage  a  paru  sous  ce 
titre  :  L'Art  de  la  musique  enseigné  et 
pratiqué  sans  transposer,  joint  à  une  in- 
troduction à  la  connaissance  des  clefs 
pour  la  démonstration  des  voix  rela- 
tives 7  Paris,  sans  date  (1758),  in-4°, 
gravé.  La  méthode  de  Dumas,  en  ce  qui 
concerne  l'unité  de  clef,  a  beaucoup  d'a- 
nalogie avec  les  principes  qui  servent  de 
base  à  la  méthode  plus  moderne  du  mélo- 
plaste. 

DU31AS  ( .  .  .),  facteur  d'instrumens, 
à  Paris,  né  à  Sommières,  inventa  en  1810 
une  Basse  guerrière,  instrument  du  genre 
de  la  clarinette  qu'il  destinait  à  joner  les 
parties  de  basse  dans  la  musique  militaire. 
Cet  instrument  fut  soumis  à  l'examen 
d'une  commission  qui  l'éprouva ,  et  il  fut 
décidé  qu'il  serait  employé  dans  la  musi- 
que de  la  garde  impériale  ;  toutefois  cette 
clarinette  basse  ne  fut  pas  alors  introduite 
dans  la  musique  d'instruments  à  vent;  ce 
n'est  que  depuis  peu  d'années  qu'on  a  re- 
connu l'utilité  de  ce  genre  d'instrument 
et  que  l'usage  à  commencé  à  s'en  établir 
Dumas  est  mort  à  Versailles  en  1828. 

DUMENIL  ou  DUMENI ,  acteur  del'Ô 
péra  du  temps  de  Lulli ,  avait  une  hautt 
contre  de  la  plus  belle  qualité  5  il  chanta 
long- temps  les  premiers  rôles  avec  le  plus 
grand  succès .  Son  début  eut  lieu  en  1677  , 
dans  l'opéra  iïlsis;  il  mourut  en  1715,  fort 
âgé.  11  avait  été  cuisinier  de  M.  de  Fou- 
cault, intendant  de  Montauban,  ce  qui  fit 


DUM 

qu'an  plaisant  du    artcrre  s'écria,  un  jour 
qu'il  jouait  le  rôle  le  Phaélon  : 

«  Ah  !  Phaéton  !  est-il  possible 

«  Que  vous  ayez  fait  du  bouillon?  » 

Ce  fut  lui  qui  joua  le  premier  le  rôle 
de  Renaud  dans  Armide.  Mattheson  ,  qui 
l'avait  entendu,  dit  qu'il  chantait  comme 
un  cuistre.  C'était  un  homme  abject ,  vi- 
vant aux  dépens  des  filles  de  l'Opéra  ,  se 
laissant  hattre  par  elles  .  et  ne  paraissant 
sur  la  scène  que  dans  un  état  d'ivresse  ha- 
bituelle (Voyez  Maupin). 

DUMONCHAU  (charles-françois),  né 
à  Strasbourg  le  11  avril  1775  ,  et  non  le 
15  février  1778,  comme  on  le  dit  dans  le 
Dictionnaire  historique  des  musiciens  de 
Choron  et  Fayolle.  Son  père  lui  enseigna 
les  principes  de  la  musique  et  lui  donna 
des  leçons  de  violoncelle  ;  Berg  lui  donna 
ensuite  des  leçons  d'harmonie  et  Baumayr 
lui  enseigna  à  jouer  du  piano.  Cet  instru- 
ment lui  fit  négliger  l'étude  du  violon- 
celle; il  y  fit  de  rapides  progrès 'et  acquit 
une  hahileté  peu  commune  ,  particulière- 
ment dans  l'exécution  de  la  musique  fu- 
guée.    La    guerre    vint    interrompre'  ses 
études.  11  fut  employé  dans  l'administra- 
tion des  vivres  de  l'armée,  et  les  événemens 
militaires  le  conduisirent  à  Paris  où  il  se 
lia  d'amitié  avec  Kreutzer ,  à  qui  il  dédia 
son    premier    œuvre ,    qui  consistait    en 
sonates  de  piano.  Admis  au  Conservatoire 
de  musique  ,  il  y  reprit  ses  études  de  piano 
et  de  composition;    mais  quelque  temps 
après  il  sortit  de  eette  école  pour  prendre 
des  leçons  de  Wœffl.  En  1805  il  donna  au 
théâtre  de  la  Porte-St. -Martin  un  opéra- 
.eomique  intitulé  L'Officier  Cosaque  ',  cet 
mvrage  eut  quelque  succès  ;  les  morceaux 
détachés  ont  été  gravés  avec  accompagne- 
ment de  piano  chez  Leduc.  Peu  de  temps 
après,  Dumonchau  retourna  à  Strasbourg, 
y  vécut  comme  professeur  de  piano,  et 
alla  s'établir  à  Lyon  en  1809.  Il  mourut 
dans   cette  ville  le  21   décembre  1820. 
Comme  compositeur,  Dumonchau  se  dis- 
tingue par  un  style  élégant  et  pur  ;  mais 


DUM 


355 


il  manquait  d'invention  :  de  là  vient  que 
sa  musique  est  déjà  oubliée  depuis  long- 
temps. Il  a  fait  gravera  Paris  :  1°  Trente- 
trois  sonates  pour  piano  seul,  œuvres  1,5, 
5,  19,  21,  26,  28,  30  et  52;  2°  Vingt- 
quatre  sonates  pour  piano  avec  violon  ou 
flûte ,  œuvres  4 ,  15  ,  15  ,  20  ,  25  et  24  ; 
3°  Deux  trois  pour  piano,  violon  et  basse, 
op.  29  et  54;  4°  Deux  concertos  de  piano  , 
œuvres  12  et  55  ;  5°  Des  bagatelles ,  des 
airs  variés,  des  mélanges  et  des  pots-pour- 
ris. 11  a  laissé  en  manuscrit  quelques  com- 
positions ,  entre  autres  une  symphonie 
concertante  pour  flûte,  hautbois  et  basson, 
et  un  concerto  pour  cor. 

DUMONT  (henri),  né  près  de  Liège,  en 
1610,  apprit  dans  cette  ville  la  musique 
et  à  jouer  de  l'orgue.  Etonnés  de  la  rapi- 
dité de  ses  progrès,  ses  parens  l'envoyèrent 
à  Paris  pour  qu'il  y  perfectionnât  ses  talens. 
En  1659,  il  obtint  l'orgue  de  St-Paul , 
et  peu  de  temps  après  le  roi  ayant  entendu 
quelques  morceaux  de  sa  composition ,  en 
fut  si  content  qu'il  nomma  Dumont  l'un 
des  maîtres  de  sa  musique,  où  il  remplaça 
Spirli  et  Gobert.  Il  remplit  les  fonctions 
de  cette  place  pendant  trente  ans  ,  con- 
jointement avec  son  confrère  l'abbé  Ro- 
bert. La  reine,  qui  aimait  la  musique  de 
Dumont ,  donna  à  ce  musicien  le  même 
emploi  dans  sa  maison,  et  le  fit  nommer  à 
l'abbaye  de  Silly.  La  musique  qui  se 
chantait  à  la  chapelle  du  roi  avait  été, 
jusques  vers  1670  ,  composée  seulement 
pour  les  voix,  selon  l'ancien  système,  avec 
une  partie  de  basse  instrumentale  ,  qu'on 
appelait  basse  continue;  Louis  XIV,  porté 
vers  tout  ce  qui  avait  un  air  de  grandeur, 
désira  qu'à  l'exemple  de  Carissimi  et  de 
ses  imitateurs ,  les  maîtres  de  sa  musique 
joignissent  à  leurs  motets  des  accompagne- 
mens  d'orchestre  :  il  en  parla  à  Dumont, 
qui,  religieux  observateur  des  décisions  du 
concile  de  Trente,  répondit  au  roi  qu'il  ne 
pouvait  se  prêter  à  ce  qui  lui  était  de- 
mandé. Louis  XIV,  curieux  d'examiner 
d'où  pouvait  naître  ce  scrupule,  consulta 
l'archevêque  de  Paris  (de  Harlay) ,  qui 
23* 


S56 


DON 


décida  que  le  concile  avait  proscrit  les 
abus  de  la  symphonie  ,  mais  non  la  sym- 
phonie elle-même  :  Dumont  ne  se  rendit 
qu'avec  peine  à  cette  décision .  Il  se  pourrait 
que  le  concile  eût  été  d'un  grand  secours  au 
maître  de  chapelle,  pour  cacher  son  inha- 
bileté à  se  servir  d'un  orchestre.  Quoi  qu'il 
en  soit,  peu  de  temps  après  (en  1674) ,  il 
demanda  et  obtint  sa  retraite  de  vété- 
rance.  Il  mourut  en  1684,  et  fut  inhumé 
dans  l'église  de  St. -Paul,  dont  il  avait  été 
organiste  pendant  45  ans. 

On  a  de  Dumont  cinq  messes  en  plain- 
chant ,  connues  sous  le  nom  de  messes 
royales ,  qu'on  chante  aux  fêtes  solen- 
nelles dans  plusieurs  églises  de  France. 
Ses  autres  ouvrages  sont  :  1°  Mélanges  à 
2,  5  ,  4  et  5  Parties  avec  la  basse  conti- 
nue ,  contenant  plusieurs  chansons,  mo- 
tels, magnificat,  préludes  et  allemandes 
pour  l'orgue  et  pour  les  violes.  Livre  Ier, 
Paris,  Robert  Ballard,  1649,  in-4°;  2°  Mé- 
langes à  2  ,  3 ,  4  et  5  parties ,  etc. 
IIe  Livre,  Ibid.  1757,  in-4°  ;  3°  Canlica 
sacra ,  2,  3  ,  4  voc.  et  instrumentis  mo- 
dulata ,  adjectœ  itidem  litaniœ  2  ,  vo- 
cibus  ad  libitum  3  et  4 ,  cum  basso 
continuo.  Liber  primus.  Paris  ,  R.  Rai- 
lard,  1662,  in-4°;  4°  Motets  à  deux  voix 
avec  la  basse  continue,  Ibid,  1668,  in-4°; 
5°  Motets  à  2,  3  et  4  parties  pour  voix 
et  instrumens  avec  la  basse  continue , 
Paris,  Christophe  Ballard,  1681,  in-4°.  Il 
est  vraisemblable  que  ceux  qui  ont  été 
publiés  chez  le  même  imprimeur,  en  1686, 
sous  le  titre  de  Motets  pour  la  chapelle 
du  Roi  mis  en  musique  par  M.  Du- 
mont etc.,  sont  la  seconde  édition  de 
ceux-ci. 

DUNI  (e'gide-komuald)  ,  compositeur 
dramatique ,  naquit  à  Matera ,  dans  le 
royaume  de  Naples,  le  9  février  1709,  d'un 
maître  de  chapelle,  dont  il  était  le  dixième 
enfant.  Lorsqu'il  eut  atteint  l'âge  de  neuf 
ans ,  on  l'envoya  au  conservatoire  Dei 
Poveri  di  Giesit  Christo,  à  Naples,  dirigé 
alors  par  Durante.  Ses  études  étant  termi- 
nées, il  se  rendit  à  Rome,  où  il  fut  chargé 


DUN 

d'écrire  l'opéra  de  Nerone ,  en  concur- 
rence avec  Pergolèse,  qui  travaillait  alors 
à  son  Olympiade  ;  et ,  ce  qu'on  aurait 
peine  à  comprendre  en  comparant  les  deux 
partitions  ,  l'ouvrage  de  Pergolèse  tomba  , 
et  celui  de  Duni  eut  le  plus  grand  succès. 
On  doit  rendre  justice  à  celui-ci  ;  il  ne 
s'enorgueillit  point  de  son  triomphe,  et 
proclama  hautement  la  supériorité  de  son 
rival.  Chargé  d'une  mission  secrète  pour 
Vienne  ,  par  la  cour  de  Rome  ,  il  profita 
de  cette  occasion  pour  faire  entendre  sa 
musique  dans  la  capitale  de  l'Autriche.  Il 
revint  ensuite  dans  sa  patrie ,  où  il  fut 
nommé  maître  de  chapelle  de  St. -Nicolas 
de  Bari.  Quelques  années  après  il  écrivit 
pour  le  théâtre  St. -Charles  ,  de  Naples  , 
l'opéra  & Artaxerchs ,  qui  eut  du  succès  ; 
après  quoi  il  se  rendit  à  Venise  et  de  là  à 
Paris  et  à  Londres  ,  où  il  composa  la  mu- 
sique de  plusieurs  ouvrages.  Une  maladie 
chronique  ,  dont  il  ressentait  les  effets  , 
l'inquiétait  beaucoup;  les  médecins  an- 
glais lui  conseillèrent  de  passer  en  Hol- 
lande ,  pour  y  consulter  Boërhave,  qui  le 
guérit  en  effet  ;  mais  comme  il  revenait 
dans  sa  patrie ,  il  fut  attaqué  par  des 
voleurs  ,  près  de  Milan  ,  et  le  trouble  que 
lui  causa  cet  événement  détruisit  sa  santé 
pour  toujours.  Après  avoir  visité  Gênes,  il 
fut  chargé  d'enseigner  la  musique  à  la  fille 
de  l'infant  de  Parme.  La  cour  de  ce  prince 
étant  presque  toute  française ,  Duni  se 
hasarda  à  écrire  quelques  petits  opéras 
dans  cette  langue.  Son  coup  d'essai  fut  la 
Ninette  à  la  cour  de  Favart;  le  succès  fut 
si  grand,  qu'on  lui  envoya  La  Chercheuse 
d'esprit  et  le  Peintre  amoureux  de  son 
modèle.  En  1757  ,  il  revint  à  Paris  où  il 
se  fixa,  et,  après  y  avoir  fait  la  musique  de 
dix-huit  opéras,  dans  l'espace  de  treize  ans, 
il  y  mourut  le  11  juin  1775.  Presque  tous 
les  opéras  français  de  Duni  ont  eu  du 
succès.  Pour  juger  du  mérite  de  sa  musi- 
que, il  ne  faut  point  y  chercher  des  formes 
développées,  auxquelles  on  est  maintenant 
accoutumé,  mais  qui  étaient  inconnues  de 
son  temps  j  son  instrumentation  est  nulle, 


DUN 


DUP 


357 


et  même, sous  ce  rapport, il  est  très  inférieur 
à  Pergolèse,etàtous  les  compositeurs  sortis 
comme  lui  de  la  première  école  de  Du- 
rante; son  expression  dramatique  manque 
souvent  de  force ,  mais  ses  mélodies  sont 
naturelles  et  gracieuses  ;  il  a  de  la  faite 
et  même  quelquefois  de  la  verve  comique. 
Ses  opéras  italiens  sont  Nérone ,  Arta- 
serce,  Bajazet,  Ciro ,  Ipermnestre ,  De- 
mofonte,  Alessandro,  Adriano,  Catone, 
Didone,  Demetrio,  l'Olimpiade.  Voici  la 
liste  de  ses  opéras  français  :  Ninette  à  la 
Cour  (1755)  ,  le  Peintre  amoureux  de 
son  modèle  (1757)  ,  Le  docteur  San- 
grado ,  La  Veuve  indécise  (1758)  ;  La 
Fille  malgardée  (1759),  Nina  etLindor, 
Ij'Ile  des  fous ,  Mazet  (1761) ,  La  bonne 
Jille ,  le  Retour  au  village  (1762);  La 
Plaideuse  et  le  Procès,  Le  Milicien,  Les 
Chasseurs  et  la  Laitière,  Le  Rendez-vous 
(1763)  ;  L'Ecole  de  la  jeunesse,  La  Fée 
Urgèle  (1765) ,  La  Clochette  (1766)  ;  les 
Moissonneurs,  Les  Sabots  (1768),  Thé- 
mire  (1770). 

DUNKEL  (françois)  ,  né  à  Dresde  en 
1769,  commença  l'étude  de  la  musique  à 
l'âge  de  six  ans  ,  sous  la  direction  de  son 
père,  musicien  de  la  chapelle  de  l'électeur 
de  Saxe ,  et  apprit  ensuite  le  contrepoint 
par  les  leçons  de  Weinlig.  En  1788  ,  il 
entra  comme  violiniste  dans  la  cbapelle 
de  son  souverain.  Il  a  composé  :  1°  Les 
anges  près  de  la  Croix,  oratorio  ;  2°  Trois 
cantates  ;  3°  Recueil  de  chansons  avec 
ace.  de  piano,  Dresde,  1790;  4°  Duos 
pour  flûte  et  violon,  ibid.  ,  1792; 
5°  L'ouverture  et  les  chœurs  d'un  drame 
intitulé  :  Kein  Faustrecht  mehr,  qui 
fut  représenté  à  Weimar  en  1797.  Dunkel 
a  laissé  aussi  en  manuscrit  des  sympho- 
nies, des  concertos  pour  le  violon  et  le 
violoncelle,  des  quintetti ,  des  quatuors, 
des  trios  et  des  duos. 

DUNSTABLE  (jean)  ou  DUNSTAPLE, 
né  vers  1400  dans  un  bourg  d'Ecosse, 
dont  il  prit  le  nom ,  est  cité  par  les  écri- 
vains sur  la  musique  des  quinzième  et 
seizième  siècles,  avec  Dufay  et  Binchois, 


comme  auteur  de  plusieurs  perfectionne- 
mens  importons  dans  l'harmonie  et  dans 
la  notation.  Tinctor  va  même  jusqu'à  lui 
attribuer  l'invention  du  contrepoint;  opi- 
nion dont  le  ridicule  est  trop  évident  pour 
qu'on  entreprenne  de  la  réfuter  sérieuse- 
ment ,  qui  cependant  a  été  copiée  par 
Marpurg  et  les  auteurs  du  supplément 
de  l'Encyclopédie,  et  que  Burney  a  prise 
au  sérieux.  Ce  qui  a  donné  lieu  à  cette 
erreur,  c'est  qu'on  a  confondu  le  musicien 
dont  il  est  ici  question  avec  Dunstan  , 
évêque  de  Cantorbéry  ,  mort  en  988  ,  qui 
aimait  la  musique,  et  qui  avait  fait  placer 
dans  l'abbaye  de  Malmesbury  le  premier 
orgue  qui  eut  paru  en  Angleterre.  Dun- 
stable  mourut  en  1458,  et  fut  enterré 
dans  l'église  de  Saint-Etienne,  à  Wal- 
brook.  Il  est  qualifié  dans  son  épitaphe  de 
Mathématicien,  de  maître  d'astrono- 
mie et  de  musicien.  Gafori  {Pract.-Mus. 
L.  2,  c.  7.)  Morley  (I/itrod.,  p.  178)  ,  et 
Bavenscroft  (Brieje  dise,  p.  1  et  suiv.)  lui 
attribuent  un  traité  De  Mensurabili 
Musicd  qui  est  perdu.  Le  même  Gafori 
donne  (  loc.  cit.  )  un  veni  Sancte  Spiritus 
à  trois  voix  composé  par  Dunstable.  Si 
l'on  j>eut  juger  de  son  talent  par  ce  mor- 
ceau ,  il  était  fort  inférieur  à  celui  de 
Dufay. 

DUPABC  (elisabeth)  ,  cantatrice  fran- 
çaise, chanta  pendant  long-temps  en  Italie, 
où  elle  était  connue  sous  le  nom  de  la 
Francesina.  En  1736,  elle  se  rendit  à 
Londres  où  elle  chanta  deux  ans  après 
dans  l'opéra  de  Pharamond  de  Handel. 
En  1745  elle  remplit  l'emploi  de  prima 
donna  dans  les  oratorios  du  même  com- 
positeur. Son  portrait  a  été  gravé. 

DUPHLY  (  .  .  .  ) ,  bon  claveciniste  et 
professeur  distingué ,  est  né  à  Dieppe  en 
1716.  Il  avait  eu  pour  maître  de  clavecin 
Dagincourt ,  organiste  à  Bouen.  Vers 
1750,  il  vint  s'établir  à  Paris  ,  où  son  ta- 
lent le  fit  rechercher  avec  empresse- 
ment. Il  y  publia  quatre  livres  de  pièces 
de  clavecin.  Il  est  mort  en  1788. 

DUPIEBGE  (felix-tiburce-auguste), 


358 


DUP 


DUP 


né  à  Courbevoye,  près  de  Paris,  le  11  avril 
1784,  est  élève  de  son  père  pour  le  violon 
et  pour  la  composition.  Il  est  entré  comme 
violiniste  à  l'orchestre  de  l'Opéra-Comi- 
qde.  On  a  gravé  à  Paris  les  ouvrages  sui- 
vans  de  sa  composition  :  1°  Duos  pour 
deux  violons,  œuvres  1,  5,  6  et  7;  2°  Deux 
concertos  pour  le  violou ,  œuvre  2  et  4  5 
3°  Grandes  sonates  pour  le  piano  avec 
accomp.  de  violon,  liv.  1,  2  et  3;  4°  Mé- 
thode de  violon,  Paris,  Frère.  La  musique 
de  violon  de  cet  artiste  a  eu  du  succès  et 
est  estimée.  Vers  1815,  M.  Dupierge  a 
quitté  l'orchestre  de  FOpéra-Comique  pour 
se  fixer  à  Rouen. 

DUPLESSlS  (le  jeune)  ,  violon  de 
l'Opéra  ,  entra  à  l'orchestre  de  ce  théâtre , 
aux  appointemens  de  450  livrés  ,  fut 
nommé  maître  de  musique  de  l'école  de 
magasin  de  l'Opéra  en  1748,  et  mis  à  la 
retraite  ad  mois  de  décembre  1749.  Il  a 
écrit  la  musique  d'un  opéra-ballet  joué  en 
1734  ,  sous  ce  titre  :  Les  Fêtes  nou- 
velles. 

Le  frère  de  cet  artiste  ,  connu  sous  le 
nom  de  Duplessis  l'aîné,  était  entré 
comme  violiniste  à  l'Opéra  en  1704,  et  se 
retira  après  quarante-quatre  ans  de  ser- 
vice en  1748.  On  a  de  lui  deux  livres  de 
sonates  de  violon ,  gravés  à  Paris. 

DUPLESSIS  (le  chevalier  LENOIR), 
né  à  Paris  en  1754,  a  donné  sur  le  petit 
théâtre  des  élèves  de  l'Opéra  de  Paris 
l'amOuf  enchaîné  par  Diane  (en  1779)  , 
opéra  en  un  acte,  composé  en  société  avec 
Edeltiiann,  et  Don  Carlos,  ou  La  Belle  in- 
visible (1780).  Cette  dernière  pièce  est  un 
pastiche  arrangé  avec  de  la  musique  de 
plusieurs  auteurs  italiens. 

DUPONT  (hENRi-BONAVENTCRE),  rflUSi- 

cien  à  Paris,  au  commencement  du  dlx- 
huitièrne  siècle ,  a  publié  dans  cette  ville 
des  Prinôipes  de  musique  par  demandes 
et  par  réponses ,  Paris  ,  1713  ,  in-4°.  La 
deuxième  édition  â  paTù  dans  la  même 
ville  en  1718  ,  in-4°.  C'est  à  tort  qu'on  a 
attribué  cet  ouvrage  à  Jean-Baptiste  Du- 
pont (à  qui  se  rapporte  l'article  suivant) 


dans  le   Dictionnaire  des    Musiciens , 
(Paris,  1810). 

DUPONT  (jêan-baptiste)  ,  violiniste 
à  l'orchestre  de  l'Opéra  de  Paris ,  depuis 
1750  ,  retiré  avec  la  pension  en  1773  ,  a 
fait  graver  deux  concertos  pour  le  violon  , 
arrangés  sur  les  airs  de  Lucile  et  du  Dé- 
serteur. 

DUPONT  (pierre)  ,  littérateur  vivant 
à  Paris  vers  1800,  est  l'auteur  d'un  écrit 
publié  sous  le  voile  de  l'anonyme,  et  qui 
est  intitulé  :  Réflexions  sur  la  décadence 
du  théâtre  de  l'Opéra,  ou  Aperçu  des 
moyens  capables  de  le  relever,  Paris , 
1799,in-12. 

DUPORT  (jean-pierre),  connu  sous  le 
nom  de  Duport  l'aîné,  habile  violoncel- 
liste, est  à  né  à  Paris  le  27  novembre  1741 . 
Il  reçut  des  leçons  de  Berthaut,  et  devint 
bientôt  le  meilleur  élève  de  ce  virtuose. 
En  1761 ,  il  se  fit  entendre  au  concert 
spirituel  pour  la  première  fois  ,  et  réunit 
tous  les  suffrages.  Le  prince  de  Conti  se 
l'attacha,  et  le  garda  dans  sa  musique  jus- 
qu'en 1769,  époque  où  Duport  fit  un 
voyage  en  Angleterre.  Deux  ans  après  il 
alla  en  Espagne  ,  et  enfin,  en  1773 ,  il  se 
rendit  à  l'invitation  de  Frédéric  II ,  roi  de 
Prusse  ,  et  alla  à  Berlin  occuper  la  place 
de  premier  violoncelliste  de  là  chapelle  de 
ce  prince ,  qui  lui  donna  pour  élève  le 
prince  royal  son  neveu  (depuis  Frédéric- 
Guillaume  II).  Depuis  1787  jusqu'en  1806 
il  remplit  les  fonctions  de  surintendant 
des  concerts  delà  cour;  mais  l'état  déplo- 
rable où  la  Prusse  se  trouva  réduite  après 
la  perte  de  la  bataillé  de  Jéna ,  obligea 
le  roi  à  réformer  sa  musique.  Duport  con- 
tinua cependant  à  demeurer  en  Prusse 
jusqu'à  sa  mort ,  qui  eut  lieu  à  Berlin  le 
31  décembre  1818.  Cet  artiste  tirait  un 
beau  son  du  violoncelle  et  jouait  saris  peirie 
les  passages  les  plus  difficiles)  mais  il  n'a- 
vait pas  le  style  large  et  expressif  de  son 
fréré  ,  objet  de  l'article  suivant.  Il  a  écrit 
et  fait  graver  :  1°  Trois  duos  pour  detix 
violoncelles,  œuvre  1er,  Paris,  Sieber; 
2°    Six    sonates    pour   violoncelle   et 


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basse ,  Amsterdam  et  Berlin  ,  1788. 
E.  L.  Gerber  lui  attribue  aussi  plusieurs 
autres  œuvres  de  sonates,  et  des  concertos; 
mais  ces  ouvrages  appartiennent  à  son  frère. 

DUPORT  (jean-louis),  célèbre  violon- 
celliste, frère  du  précédent,  naquit  à 
Paris  le  4  octobre  1749.  Fils,  d'un  maître 
de  danse,  il  était  destiné  comme  Duport 
l'aîné  à  suivre  la  profession  de  son  père  ; 
mais,  comme  lui,  il  préféra  se  livrer  à  l'é- 
tude de  la  musique.  L'instrument  qu'il 
cboisit  d'abord  était  le  violon  ;  mais  séduit 
par  les  succès  de  son  frère ,  il  quitta  cet 
instrument  pour  le  violoncelle  et  devint 
l'élève  de  Duport  l'aîné.  Doué  des  plus 
heureuses  dispositions  ,  il  fit  de  rapides 
progrès ,  et  surpassa  bientôt  son  maître 
en  habileté.  Il  n'avait  pas  encore  atteint 
sa  vingtième  année ,  et  déjà  il  avait  de  la 
célébrité.  Le  Concert  spirituel ,  celui  des 
amateurs ,  connu  depuis  sous  le  nom  de 
société  Olympique ,  et  les  réunions  mu- 
sicales du  baron  de  Bagge  offraient  alors 
aux  artistes  les  moyens  de  se  faire  con- 
naître. Ce  fut  là  que  Duport  jeta  les  fon- 
demens  de  sa  réputation ,  augmentant 
chaque  jour  son  talent  par  les  conseils  et 
les  encouragemens  qu'il  recevait  de  ses 
amis.  L'arrivée  de  Viottià  Paris  fut  l'évé- 
nement le  plus  heureux  pour  Duport,  qui 
comprit  qu'en  appliquant  au  violoncelle  la 
manière  large  et  brillante  de  ce  grand 
artiste,  il  obtiendrait  des  effets  inconnus 
auparavant*  Il  travailla  donc  à  se  former 
un  style  nouveau  ,  et  le  succès  couronna 
ses  efforts.  Lié  d'amitié  avec  le  violoncel- 
liste anglais  Crosdill,  il  le  suivit  à  Londres 
et  y  fut  accueilli  avec  enthousiasme;  mais 
il  ne  resta  que  six  mois  dans  la  capitale  du 
royaume  britannique. 

Les  premiers  troubles  de  la  révolution 
française  ayant  éclaté  en  1789,  Duport  se 
rendit  en  Prusse,  près  de  son  frère,  et  fut 
placé  dans  la  musique  de  la  cour.  Il  y 
jouit  de  la  réputation  de  premier  violon- 
celliste de  son  temps ,  et  fut  recherché 
avec  empressement  non  seulement  par  les 
artistes ,  mais  par  les  étrangers  qui  visi- 


taient Berlin.  Après  un  séjour  de  dix-sept 
ans  dans  cette  ville,  Duport,  ruiné  par  la 
guerre  de  Prusse, revint  en  France  en  1 806. 
Le  long  intervalle  écoulé  depuis  son  dé- 
part de  Paris  y  avait  affaibli  le  souvenir 
de  son  talent  ;  il  fallait  refaire  sa  réputa- 
tion,  et  il  avait  cinquante-huit  ans.  Le 
sentiment  de  sa  force  le  soutint  dans  cette 
entreprise  difficile.  Il  se  fit  entendre  en 
1807  dans  un  concert  qu'il  donna  à  la 
salle  de  la  rue  Chantereine,  conjointement 
avec  mademoiselle  Colbran  (aujourd'hui 
madame  Bossini) ,  et  y  excita  le  plus  vif 
enthousiasme.  On  admira  la  pureté  du 
son  qu'il  tirait  du  violoncelle,  son  style 
jeune  encore ,  suave  et  large  à  la  fois  ,  et, 
ce  qui  était  plus  étonnant  à  son  âge,  la 
vigueur  de  son  coup  d'archet.  Toutefois  , 
soit  indifférence  de  la  part  de  l'autorité 
qui  était  alors  chargée  de  l'administration 
des  arts,  soit  par  l'effet  d'intrigues  sourdes, 
Duport  se  vit  délaissé.  Le  Conservatoire, 
l'Opéra ,  la  chapelle  du  prince ,  tout  se 
fermait  à  son  approche;  il  n'y  avait  de 
place  nulle  part ,  et  l'intéressant  artiste  , 
ruiné  par  les  événemens  politiques  et  par 
des  faillites  particulières,  allait  être  forcé 
de  quitter  de  nouveau  sa  patrie  pour  cher- 
cher ailleurs  du  pain,  lorsque  le  roi  d'Es- 
pagne (Charle  IV) ,  dont  lé  séjour  était 
fixé  à  Marseille,  l'attacha  à  son  service. 
En  1812,  ce  prince  obtint  du  gouverne- 
ment français  l'autorisation  de  se  transpor- 
ter à  Borne,  et  Duport  fut  encore  obligé  de 
revenir  à  Paris.  Dans  l'hiver  de  1812  à 
1813,  il  parut  trois  fois  aux  concerts  de 
l'Odéon,  et ,  quoique  âgé  de  soixante-cinq 
ans ,  il  étonna  par  la  jeunesse  de  son  ta- 
lent. Ce  fut  alors  qu'une  justice  tardive 
lui  fut  enfin  rendue.  Admis  d'abord  dans 
la  musique  de  l'impératrice  Marie-Louise , 
il  entra  ensuite  à  la  chapelle  de  l'Empereur 
comme  violoncelliste  solo  ,  et  enfin  au 
Conservatoire  comme  professeur. 

Dégagé  des  soucis  qui  l'avaient  accablé 
pendant  plusieurs  années  ,  Duport  sembla 
tout  à  coup  rajeunir.  Point  de  concert  où 
il  ne  brillât  ;  point  de  soirée  musicale  dont 


360 


DUP 


il  ne  fût  ;  à  peine  pouvait-il  suffire  à  l'em- 
pressement des  amateurs.  Dans  les  courts 
intervalles  que  lui  laissaient  ses  engage- 
mens  de  société  ,  il  composait  des  duos , 
des  trios  et  des  nocturnes,  dans  lesquels  il 
mariait  les  accens  de  son  violoncelle  aux 
sons  de  la  harpe  de  Bochsa,  du  cor  de  Du- 
vernoy,  ou  du  violon  de  Lafont.  Tout  le 
monde  connait  les  jolis  nocturnes  qu'il  a 
écrits  en  société  avec  Bochsa.  En  1815  le 
Conservatoire  fut  supprimé  ;  Duport,  qui 
n'avait  point  été  compris  dans  la  nouvelle 
organisation  de  l'école  royale  de  musique 
en  1816,  resta  attaché  à  la  musique  du 
roi.  Enfin,  à  soixante-dix  ans,  il  fut  atta- 
qué d'une  maladie  hilieuse,  considérée  d'a- 
bord comme  peu  dangereuse  ,  mais  qui , 
s'étant  jetée  sur  le  foie ,  ne  tarda  point  à 
prendre  un  caractère  plus  sérieux,  et  finit 
par  le  conduire  au  tombeau  le  7  septem- 
bre 1819.  Il  laissa  en  mourant  trois  en- 
fans  :  deux  filles  et  un  fils;  celui-ci,  après 
avoir  été  quelque  temps  attaché  au  théâ- 
tre de  Lyon  comme  violoncelliste,  a  établi 
à  Paris  une  fabrique  de  pianos.  Il  possède 
la  basse  de  son  père,  admirable  instrument 
de  Stradivari  ,  dont  un  amateur  a  offert , 
dit-on  ,  vingt-cinq  mille  francs.  Duport 
a  composé  pour  son  instrument  :  1°  Six 
concertos  ,  gravés  à  Paris  chez  Janet  et 
Cotelle;  2°  Quatre  œuvres  de  sonates, 
avec  accompagnement  de  basse ,  Paris , 
Janet,  Sieber;  3°  Trois  duos  pour  deux 
violoncelles,  Paris,  Sieber;  4°  huit  airs 
variés,  avec  orchestre,  ou  quatuor,  Paris, 
Pleyel  ;  5°  Deux  airs  variés  pour  violon 
et  violoncelle,  en  société  avec  Jarnowick, 
Paris  ,  Sieber  ;  6°  Romance  avec  accom- 
pagnement de  piano  ,  Paris  ,  Janet  et  C.  ; 
7°  Neuf  noctures  pour  harpe  et  violoncelle, 
en  société  avec  Bochsa  ,  Paris  ,  Pacini , 
Dufaut  et  Dubois  ;  8°  Fantaisie  pour  vio- 
loncelle et  piano  ,  en  société  avec  Rigel  , 
Paris ,  Janet  ;  9°  Essai  sur  le  doigté  du 
violoncelle  et  la  conduite  de  l'archet , 
avec  une  suite  d'exercices,  Paris,  Pleyel. 
DUPREZ  (gilbert),  chanteur  qui  jouit 
ajuste  titre  en  Italie  d'une  brillante  ré- 


DUP 

putation,  est  né  à  Paris  en  1805.  Dès  son 
enfance  il  commença  l'étude  de  la  musi- 
que et  y  fit  de  rapides  progrès.  Séduit  par 
sa  précieuse  organisation  musicale ,  Cho- 
ron ,  qui  eut  occasion  d'entendre  chanter 
cet  enfant,  le  fit  entrer  à  l'école  de  musi- 
que qu'il  dirigeait,  et  donna  à  son  éduca- 
tion artistique  les  soins  les  plus  assidus. 
Une  connaissance  solide  et  étendue  de 
toutes  les  parties  de  la  musique  fut  donnée 
au  jeune  Duprez,  qui  justifia  les  espérances 
qu'il  avait  inspirées.  Le  premier  essai  qui 
fut  fait  en  public  de  son  talent  eut  lieu 
dans  des  représentations  de  YAthalie  de 
Racine  (en  1820),  au  théâtre  Français,  où 
l'on  avait  introduit  des  chœurs  et  dessolos. 
Duprez  y  chanta  une  partie  de  soprano 
dans  un  trio  composé  pour  lui  et  deux  au- 
tres élèves  de  Choron  par  l'auteur  de  cette 
notice,  et  l'accent  expressif  qu'il  mit  dans 
l'exécution  de  ce  morceau  fit  éclater  les 
applaudissemens  dans  toutes  les  parties 
de  la  salle.  Bientôt  après  vint  la  mue  de 
sa  voix  qui  l'obligea  de  suspendre  les  études 
de  chant.  Pendant  cette  crise  de  l'organe 
vocal ,  il  apprit  l'harmonie  et  le  contre- 
point ,  et  ses  essais  en  composition  prou- 
vèrent qu'il  aurait  pu  obtenir  des  succès 
en  ce  genre  s'il  eût  continué  à  cultiver  ses 
faculté.  Cependant  une  voix  de  ténor 
avait  succédé  à  sa  voix  enfantine  ;  d'abord 
faible  et  sourde  de  timbre  ,  elle  ne  laissa 
que  peu  d'espoir  pour  l'avenir  ;  mais  le 
sentiment  musical  de  Duprez  était  si  beau, 
si  actif,  si  puissant,  qu'il  triomphait  des 
défauts  de  son  organe.  Au  mois  de  dé- 
cembre 1825  il  débuta  au  théâtre  de  l'O- 
déon,  dans  le  rôle  d' ' Almaviva ,  de  la  tra- 
duction française  du  Barbier  de  Séville 
de  Rossini.  Il  lui  manquait  alors  de  l'as- 
surance en  lui-même  et  de  l'expérience 
dans  l'art  du  chant  scénique;  toutefois  on 
put  comprendre  dès  lors  que  malgré  la 
faiblesse  de  sa  voix,  Duprez  serait  un  chan- 
teur distingué.  Il  resta  au  théâtre  de 
l'Odéon  jusqu'en  1828,  époque  où  l'opéra 
cessa  d'être  joué  à  ce  théâtre.  Il  partit  alors 
pour  l'Italie  et  y  obtint,  des,  engagemens 


DUP 


DUP 


361 


qui  ne  le  firent  pas  remarquer  d'abord  , 
mais  qui  furent  utiles  à  son  talent  et  au 
développement  de  sa  voix  ,  dont  le  timbre 
acquit  plus  de  puissance.  De  retour  à 
Paris  en  1830,  il  joua  quelques  représen- 
tations à  l'Opéra-Comique ,  notamment 
dans  La  Dame  Blanche ,  où  les  connais- 
seurs l'applaudirent  et  remarquèrent  ses 
progrès  ;  mais  n'ayant  pu  contracter  d'en- 
gagement à  ce  théâtre,  il  retourna  en  Ita- 
lie. Depuis  ce  temps  il  a  chanté  dans  tontes 
les  grandes  villes,  et  en  dernier  lieu  à  Na- 
ples,  avec  des  succès  toujours  plus  écla- 
tans.  Son  organe  vocal  a  pris  beaucoup 
de  développement,  et  a  maintenant  de 
la  puissance.  Il  est  compté  au  premier 
rang  des  ténors  et  n'a  plus  de  rival 
sur  les  théâtres  italiens  ,  depuis  que  Ru- 
bini  est  fixé  à  Paris  et  à  Londres. 

DUPUIS  (  Thomas  SAUNDERS) ,  doc- 
teur en  musique,  naquit  en  Angleterre,  de 
parens  français,  en  1 733.  Son  père  occupait 
quelque  emploi  à  la  cour  de  Georges  II , 
et  ce  fut  probablement  par  cette  raison  que 
le  jeune  Dupuis  fut  placé  à  la  chapelle 
royale.  Il  reçut  les  premières  leçons  de 
musique  de  Gates  ,  et  devint  ensuite  élève 
de  Travers ,  qui  était  dans  ce  temps  orga- 
niste de  la  chapelle  du  roi.  A  la  mort  du 
docteur  Boyce,  en  1 779,  Dupuis  fut  nommé 
organiste  et  compositeur  de  la  chapelle. 
Lors  de  l'exécution  de  la  grande  musique 
funèbre  en  l'honneur  de  Handel,  en  1784  , 
il  fut  l'un  des  aides  directeurs.  Comme 
compositeur,  il  est  connu  par  plusieurs 
œuvres  de  sonates  pour  le  piano  ,  et  deux 
concertos  pour  le  même  instrument,  qui 
ont  été  gravés  j  on  a  aussi  de  lui  des  pièces 
d'orgue,  deux  recueils  d'hymnes  à  l'usage 
delà  chapelle  royale,  et  quelques  antiennes. 
Dupuis  est  mort  le  17  juin  1796  ,  et  a  été 
remplacé,  comme  organiste  de  la  chapelle 
royale  par  le  docteur  Arnold ,  et  comme 
compositeur  du  roi  par  M.  Atwood,  orga- 
niste de  Saint-Paul. 

DUPUY  (henri).  V.  PUTTE  (van  de). 

DUPUY  (.  .  .),  maître  de  chapelle  du 
chapitre  abbatial    de  Saint-Saturnin ,   à 


Toulouse,  naquit  dans  cette  ville.  Dans  sa 
jeunesse ,  il  avait  fait  un  voyage  en  Italie 
et  en  avait  rapporté  le  goût  de  la  musique 
d'église  qu'il  avait  entendue  à  Milan ,  à 
Venise ,  à  Bologne  et  à  Rome.  De  retour 
dans  sa  ville  natale  ,  il  essaya  d'y  opérer 
une  réforme  dans  la  maîtrise  où  il  fut  ad- 
mis ,  et  y  fit  entendre  quelques  bons  ou- 
vrages de  l'école  italienne.  Lui-même  es- 
saya de  former  son  style  sur  ce  modèle. 
Une  messe,  quelques  motets  et  un  oratorio 
de  sa  composition  ont  été  entendus  avec 
plaisir  à  l'église  de  Saint-Saturnin  ,  et  y 
sont  encore  exécutés  de  temps  en  temps. 
On  connaît  aussi  une  Ode  sur  la  naissance 
de  J.-C. ,  composée  par  le  bénédictin 
d'Olive,  et  mise  en  musique  par  Dupuy. 
Ce  musicien  est  mort  en  1789,  âgé  d'envi- 
ron cinquante  ans. 

DUPUY  (JEAN-BAPTISTE-EDOUARD-LOUÏS- 

camille),  né  en  1775  au  village  de  Cor- 
selles  ,  près  de  Neufchâtel ,  fut  envoyé  à 
l'âge  de  quatre  ans  chez  un  oncle  qu'il 
avait  à  Genf ,  pour  y  faire  son  éducation. 
Il  y  resta  jusqu'à  sa  treizième  année,  et 
se  rendit  ensuite  à  Paris,  où  Chabran 
lui  donna  des  leçons  de  violon,  et  Dussek 
lui  enseigna  à  jouer  du  piano.  Ses  progrès 
furent  si  rapides  qu'à  l'âge  de  seize  ans  il 
put  remplir  les  fonctions  de  maître  de  con- 
certs du  prince  Henri  de  Prusse,  à  Rheins- 
berg.  Il  resta  au  service  de  ce  prince  pen- 
dant quatre  ans  ,  et  le  suivit  à  Berlin,  où 
il  étudia  l'harmonie  sous  la  direction  de 
Fasch.  Il  fit  ensuite  plusieurs  voyages , 
parcourut  l'Allemagne  et  une  partie  de  la 
Pologne,  donnant  des  concerts  clans  toutes 
les  grandes  villes.  Vers  la  fin  de  1793  il 
arriva  à  Stockholm  et  y  fut  engagé  comme 
chanteur  au  théâtre  de  l'Opéra  et  comme 
second  maître  des  concerts  de  la  cour.  En 
1 799  il  s'éloigna  de  la  capitale  de  la  Suède 
pour  aller  à  Copenhague,  où  on  lui  avait 
offert  un  engagement  comme  maître  des 
concerts  et  comme  chanteur  de  l'Opéra. 
A  l'époque  de  l'expédition  des  Anglais, 
sous  le  commandement  de  Nelson ,  contre 
Copenhague  ,  Dupuy  entra  en  1801  dans 


362 


DUR 


DUR 


lé  corps  de  volontaires  organisé  pour  la 
défense  de  la  ville  ;  il  y  était  encore  en 
1807  lorsque  cette  ville  fut  bombardée,  et 
s'y  distingua  si  bien  par  son  courage^  qu'il 
fut  élevé  au  grade  de  lieutenant  )  néan- 
moins ses  travaux  militaires  ne  l'empê- 
chèrent pas  de  cultiver  la  musique  avec 
succès.  En  1809  il  s'éloigna  de  Copen- 
hague et  se  rendit  à  Paris,  où  il  vécut  jus- 
qu'à l'automne  de  1810.  A  cette  époque 
il  retourna  en  Suède  et  vécut  d'abord  à 
Schœnen,  puis  à  Stockholm.  En  1812  il 
fut  nommé  chanteur,  professeur  et  maître 
de  chapelle  de  la  cour.  Une  apoplexie  fou- 
droyante l'enleva  à  sa  famille  et  à  ses  amis 
le  3  avril  1822  ,  et  ne  lui  permit  pas  de 
voir  la  première  réprésentation  de  son 
opéra  suédois  Bjorn  Jarnsida. 

Comme  compositeur ,  Dupuy  s'est  fait 
applaudir  dans  les  opéras  intitulés  :  Une 
Folie  y  Fèlicie  et  Bjorn  Jarnsida.  Son 
style  est  vif  et  animé  dans  les  deux  premiers, 
sentimental  dans  le  dernier.  Ses  musiques 
funèbres  pour  le  service  du  roi  Charles  XIII 
et  de  la  reine  sont  aussi  estimées.  Parmi 
ses  Compositions  instrumentales  on  dis- 
tingue :  1°  Des  duOs  pour  deux  violons 
concertans ,  gravés  à  Copenhague  ;  chez 
Lose,  2°  Un  concerto  pour  flûte  (en  ré 
mineur  )  ,'Leipsick,  Breitkopf  et  Haertel  ; 
3°  Une  polonaise  pour  violon  principal, 
un  second  violon,  guitare  et  basse,  Prague, 
Kronberger  ;  4°  Dés  quadrilles  de  contre- 
danses ,  valses  et  écossaises  pour  piano , 
Stockholm,  Grœf  5  5°  Dés  marches  en  har- 
monie militaire,  Copenhague.  On  a  aussi 
de  lui  pour  le  chant  une  romance  à  trois 
voix  intitulée  L'Amour,  Copenhague, 
Lose  ,  et  six  quatuors  pour  deux  ténors  et 
deux  basses  ,  Ibid. 

DURAN  (dominiqùe-marc)  ,  né  â  Al- 
conetor  dans  l'Estramadure,  Vers  le  milieu 
du  16e  siècle  ,  est  auteur  de  deux  traités 
sur  le  plain-chant,  intitulés  :  1°  Lux  bûlla 
del  canlo  llano ,  Toledo,  1590,  in-4°; 
2°  Contenta  sobre  la  Lux  belht ,  ibid. , 
in-4°.  Blankenberg  (Nouvelle  édition  de  la 
théorie  des  beaux-arts  de  Sulzcr)   assure 


qu'il  y  a  une  deuxième  édition  de  ces  li- 
vres, sous  la  date  de  Salamanque*  1598. 

DURAND  ou  DURANOWSKY  (au- 
guste-frederic  ) ,  virtuose  sur  le  violon 
qui  n'a  point  joui  de  la  réputation  qu'il 
méritait  par  son  talent ,  est  né  vers  1770 
à  Varsovie,  où  son  père  était  musicien  au 
service  du  dernier  roi  de  Pologne.  Il  apprit 
de  lui  les  principes  de  la  musique,  et  reçut 
les  premières  leçons  de  violon.  Conduit  à 
Paris  en  1787,  par  Un  seigneur  polonais 
qui  s'intéressait  à  son  sort ,  il  fut  dirigé 
dans  l'étude  de  son  instrument  par  Viotti, 
qui  trouvait  en  lui  le  génie  de  l'art  $  et 
une  admirable  facilité  à  jouer  les  choses 
les  plus  difficiles;  Durand  vécut  quelque 
temps  à  Paris,  puis  voyagea  en  Allemagne 
et  en  Italie  pendant  les  années  1794  et 
1795.  Partout  il  fit  admirer  sa  prodigieuse 
habileté  ;  mais  tout  à  coup ,  il  sembla  re- 
noncer à  l'usage  de  son  talent ,  entra  dans 
l'armée  française ,  et  devint  aide-de-camp 
d'un  général.  Une  fâcheuse  affaire  dans 
laquelle  il  fut  compromis  le  fit  mettre  en 
prison  à  Milan  ;  la  protection  du  général 
Menou  lé  sauva  des  suites  de  cette  affaire, 
et  le  rendit  à  la  liberté ,  mais  il  fut  obligé 
de  donner  sa  démission  d'officier ,  et  de  se 
rendre  en  Allemagne  où  sa  vie  fut  agitée. 
Dans  l'intervalle  de  1810  à  1814  il  sé- 
journa plus  ou  moins  long-temps  à  Leip- 
sick,  Prague,  Dresde,  Cassel,  Varsovie, 
Francfort-sur-le-Mein,  Mâyence  ,  et  quel- 
ques autres  villes.  Vers  là  fin  de  1811  il 
joua  deux  fois  avec  le  plus  grand  succès  à 
là  coUr  de  Cassel,  et  l'année  suivante  il  se 
fit  entendre  chez  le  grand-diiti  de  Darms- 
tadt  et  à  Aschaffenbourg.  Enfin ,  le  besoin 
du  repos  lui  fit  accepter  en  1814  les  places 
de  premier  violoil  du  concert  et  du  théâtre 
qui  lui  étaient  offertes  à  Strasbourg,  et  de- 
puis ce  temps  jusqu'à  l'époque  actuelle,  il  ne 
s'est  éloigné  de  cette  ville  que  pour  faire  de 
petits  voyages  en  France  et  en  Allemagne. 
Il  y  était  encore  à  la  fin  de  1834. 

Si  Durand  eût  pu  se  défendre  de  l'agita- 
tion de  sa  vie  et  se  fût  livré  sans  réserve  au 
développement  de  ses  facultés  ,  il  eût  été 


DUR 


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363 


]e  plus  étoilnaht  des  violinistes.  Sa  ma- 
nière était  originale  et  toute  de  création. 
Son  adresse  dans  l'exécution  des  difficultés 
était  prodigieuse,  et  il  avait  inventé  une 
multitude  de  traits  inexécutables  pour 
tout  autre  que  lui.  Il  tirait  un  grand  son 
de  l'instrument ,  avait  une  puissance  irré- 
sistible d'archet ,  et  mettait  dans  son  jeu 
une  inépuisable  variété  d'effets.  Paganini, 
qui  avait  entendu  Durand  dans  sajeunesse, 
m'a  dit  que  cet  artiste  lui  avait  révélé  le 
secret  de  tout  ce  qu'on  pouvait  faire  sur  le 
violon  j  et  que  c'est  aux  lumières  qui  lui 
ont  été  fournies  par  cet  artiste  qu'il  doit 
son  talent. 

Comme  compositeur  pour  son  instru- 
ment, Durand  ne  s'est  pas  élevé  au-dessus 
dii  médiocre  ;  autant  il  y  avait  de  génie 
dans  son  jeu ,  autant  cette  qualité  est  né- 
gative dans  sa  musique.  Il  a  publié  : 
1°  Cdncertopour  violon  et  orchestre,  œu- 
vre 8  ,  en  la,  Leipsick,  Peters  j  2°  Pot- 
pouriï,  idem ,  œuvre  1 0 ,  en  ré,  ibid.  ; 
3°  Idem,  Op.  11,  Offenbacb ,  André  ; 
4°  Deux  airs  variés  pour  violon  et  orches- 
tre, Bonn  ,  Simrock;  5°  Fantaisie  suivie 
de  deux  airs  variés  pour  violon  et  qua- 
tuor, Lëipsick,  Hoftneister  ;  6°  Duos  pour 
deux  violons ,  œuvres  1  ,  2  ,  3 ,  4  et  6  , 
Lëipsick ,  Breitkopf  et  Haertel ,  et  Paris  , 
Sieber  ;  7°  Des  airs  variés  poUr  violon  seul, 
Vienne,  Cappi,  et  Lëipsick,  Br.  et  H.; 
8°  Six  Caprices  ouétudes,op,15,Mayence, 
Scliott;  9°  Six  chansons  allemandes  pour 
voix  seule,  Offenbacb,  André. 

DURANTE  (angelo),  né  à  Bologne  vers 
le  milieu  du  16e  siècle,  a  publié  :  1°  Messe 
a  cinqlie  Doci,  Venise,  1578  5  2°  Madri- 
gdli  a  cinque ,  Venise,  1585. 

DURANTE  (octave),  compositeur  et 
maître  de  chapelle  à  Viterbe,  au  commen- 
cement du  17e  siècle ,  naquit  à  Borne.  Il 
a  fait  imprimer  un  ouvrage  de  sa  cOmpo- 
sitioh  sous  ce  titre  :  Arie  dévote,  le  quali 
.  contehgono  in  se  la  tiianiera  di  cantar 
con  grazia  l'imitazione  délie  parole,  e  il 
modo  di  Scriver  passagi  ed  altri  affetti , 
Rome,  1608. 


DURANTE  (silvestke),  maître  de  cha- 
pelle à  Sainte-Marie  in  Transtévere,  vers 
le  milieu  du  17e  siècle,  a  fait  imprimer 
de  sa  composition  :  1°  Messe  a  5  e  9  ad 
libitum,  Rome,  1651  ;  2°  Moletti  d  tré, 
ibid.,  1664. 

DUBANTE  (françois),  chef  d'une  école 
fameuse  qUi  a  produit  les  plus  célèbres 
compositeurs  italiens  du  18e  siècle,  naquit 
à  Naples  en  1693.  Admis  au  Conserva- 
toire de  S.-Onofrio  dès  l'âge  de  sept  ans, 
il  y  reçut  des  leçons  d'Alexandre  Scarlatti. 
Plus  tard,  il  alla  à  Rome,  et  y  apprit,  pen- 
dant cinq  ans  l'art  du  chant ,  sous  la  di- 
rection de  Petroni ,  et  le  contrepoint  ri- 
goureux sous  celle  de  Bernard  Pasquini. 
De  retour  à  Naples,  il  commença  à  écrire 
pour  l'église  ,  et  se  fit  bientôt  remarquer 
par  son  style  large  et  nerveux.  En  1715 
il  entra  au  Conservatoire  de  S.-Onofrio  , 
en  qualité  de  maître  d'accompagnement , 
et  trois  ans  après  il  fut  nommé  maître  de 
chapelle  de  celui  qu'on  appelait  Dei  Po- 
veri  di  Giesu  Christo.  Il  était  encore  à  la 
tête  de  cette  école,  lorsque  le  cardinal  Spi- 
nelli ,  archevêque  de  Naples  ,  la  détruisit 
en  1740,  pour  en  faire  un  séminaire.  Par 
suite  de  cet  événement ,  Durante  se  trouva 
sans  emploi  pendant  cinq  ans  ,  et  obligé 
d'écrire  pour  vivre  une  grande  quantité 
de  messes  et  de  motets  pour  les  couvens 
de  Naples.  En  1745,  Léo  mourut ,  et  Du- 
rante lui  succéda  comme  maître  de  cha- 
pelle au  Conservatoire  de  S.-Onofrio.  Il 
en  remplit  les  fonctions  pendant  dix  an- 
nées ,  et  moUrut  en  1 755 ,  à  l'âge  de  soixatite- 
deux  ans. 

Ce  maître  est  considéré  comme  le  plus 
habile  professeur  qu'ait  eu  l'école  Napo- 
litaine; toutefois,  on  serait  dans  l'erreur  si 
l'on  croyait  que  son  habileté  consistait 
dans  une  doctrine  lumineuse,  où  tous  les 
faits  étaient  ràUienés  â  des  principes  géné- 
raux tirés  de  la  nature  des  choses.  Il  n'y 
a  jamais  eu  rien  de  pareil  dans  les  écoles 
d'Italie.  La  méthode  d'enseignement  n'y 
avait  d'autre  base  qu'une  tradition  d'école 
émanée  d'un  sentiment  très  délicat.  Sous 


364 


DUR 


DUR 


ce  rapport ,  Dorante  paraît  avoir  eu  plas 
qu'aucun  autre  le  talent  de  communiquer 
cette  tradition,  et  le  sentiment  le  plus  per- 
fectionné de  la  tonalité.  Le  grand  nombre 
d'élèves  excellens  qu'il  a  formés  en  est  une 
preuve  irrécusable.  On  distingue  deux 
époques  dans  son  professorat.  La  première, 
qui  s'étend  jusqu'à  la  destruction  du  Con- 
servatoire Dei  Poveri  di  Giesu  Christo, 
a  produit  Pergolèse,  Duni,  Traetta,  Vinci, 
Terradeglias  et  Jomelli  ;  la  seconde,  qui 
commence  à  la  mort  de  Léo  et  qui  finit  à 
la  sienne ,  a  fait  éclore  des  talens  de  pre- 
mier ordre,  tels  que  ceux  de  Piccinni,  Sac- 
cbini,  Guglielmi  et  Paisiello. 

Durante  est  compté  aussi  parmi  les 
compositeurs  les  plus  célèbres  de  l'Italie. 
Il  s'est  livré  surtout  à  la  culture  de  la  mu- 
sique d'église,  et  n'a  rien  produit  pour  le 
théâtre.  Il  a  peu  d'invention  dans  les 
idées  ;  ses  motifs  sont  même  souvent  com- 
muns et  surannés  ;  mais  nul  n'a  connu 
mieux  que  lui  l'art  de  les  développer  et  de 
les  enrichir  d'une  harmonie  vigoureuse  et 
piquante.  Son  style  est  religieux  ,  solen- 
nel, et  généralement  brillant,  quoique  dé- 
pouillé de  ces  effets  d'orchestre  qui  font  le 
charme  de  la  musique  de  nos  jours ,  mais 
qui  étaient  inconnus  de  son  temps.  Il  a  aussi 
le  grand  mérite  de  donner  à  toutes  les 
parties  vocales  des  formes  chantantes  et  fa- 
ciles,* sous  ce  rapport,  ses  compositions  ont 
servi  de  modèle  tant  qu'il  y  a  eu  des  écoles 
en  Italie.  La  bibliothèque  du  Conservatoire 
de  musique  de  Paris  possède  une  collec- 
tion complète  des  œuvres  de  Durante,  qui 
a  été  apportée  en  France  par  M.  Selvaggi, 
Napolitain  et  musicien  distingué.  En  voici 
le  catalogue.  Messes  :  1°  Missa  alla  Pa- 
lestrina,  en  ré  mineur  ;  ouvrage  médiocre 
et  fort  inférieur  au  modèle  que  Durante 
voulait  imiter  ;  2°  Missa  a  9  voci,  en  la 
majeur;  3°  Messe  des  morts  à  quatre  voix, 
en  sol  mineur  ;  4°  Messe  des  morts  à  huit 
voix,  en  ut  mineur;  5°  Missa  a  4,  Kyrie, 
gloria,  en  sih.;  6°  Idem,  en  la  majeur  ; 
7°  Idem,  à  cinq  voix,  en  ut  mineur; 
8°    Idem,  à  cinq  voix  ,  en  ut  majeur; 


9°  Idem,  à  cinq  voix,  en  sol  majeur; 
10°  Idem  ,  à  quatre  voix  ,  en  ré  majeur; 
11°  Autre  ,  à  quatre  voix  ,  en  ré  majeur  ; 
12°  Credo  à  quatre  voix,  en  sol  majeur; 
15°  Credo  à  cinq  voix ,  en  sol  majeur  ; 
— Psaumes  :  14°  Dixit  a  8  voci  con  stro- 
menti ,  en  ré  majeur;  15°  Idem,  à  huit 
voix,  en  ré  majeur  ;  16°  Idem,  à  cinq  voix, 
en  ré  majeur  (brillant  )  ;  17°  Idem,  style 
brève  ;  1 8°  Idem,  à  quatre  voix,  ré  majeur; 
19°  Confitebor  a  vocesola,  enre'majeur; 
20°  Idem,  style  bref  ;  21°  Laudate  pueri, 
a  vocesola,  en /a  mineur;  22°Idem,  à  qua- 
tre voix,  en  sol  majeur;  23°  Idem,  à  huit 
xoix,en  sol  ma^eur-jfôi0  Beatusvir  à  quatre 
voix,  enja  majeur;  25°  Idem,  style  bref; 
26°  Lœtatus  sum,  à  quatre  voix,  en  la 
majeur;  27°  Misericordias  Domini,  a 
8  senza  stromenti  ;  28°  Magnificat  à 
quatre  voix  en  si  b .  ;  29°  Idem,  a  8  voci, 
en  la  mineur. — Antiennes  :  30°  Aima, 
a  voce  sola ;  51°  Idem,  a  voce  sola  di 
basso  ;  32°  Salve  Eegina ,  a  voce  sola  ; 
33°  Idem,  a  2  voci;  34°  Feni  sponsa ,  a 
5  voci  ;  35°  Idem,  a  4  voci.  — Hymnes  : 
36°  Iste  confessor,  a  4  voci;  37°  Pange 
lingua ,  a  5  voci  ;  38°  Vexilla  régis  ,  à 
quatre  voix. —  Motets  :  39°  O  gloriosa 
Domina,  a  5  voci  ;  40°  O  Divi  amoris 
victima;4rl°  Si  quœris  miracula,  a  voce 
sola;  42°  Surge ,  a  5  voci,  ré  majeur; 
43°  Jam  si  redit,  a  8  voci;  44°  Cito  Pas- 
toiles,  a  voce  sola,  en  la  majeur;  45°  Ad 
prœsepe,  a  4  voci,  en  sol  majeur;  46°  Toc- 
cate ,  sonate ,  a  4  voci,  en  sol  majeur; 
47°  Ave  Virgo,  a  voce  sola,  en  ré  ma- 
jeur; 48°  Surge  aurora ,  à  trois  voix,  en 
sol  majeur;  49°  Inter  Choros ,  à  cinq 
voix ,  en  sol  majeur  ;  50°  Cessent  corda 
(chœur)  ;  51°  Videtur,  à  quatre  voix,  en 
ré  majeur;  52°  Te  Deum,  a  5  voci,  ut 
majeur;  53°  Litanies  de  la  Vierge,  à 
quatre  voix,  en  mi  mineur;  54°  Idem  ; 
à  quatre  voix  ,  en  sol  mineur  ;  55°  Idem , 
à  quatre  voix  ,  en  fa  mineur  ;  56°  Idem  , 
à  deux  voix,  mi  mineur  ;  57°  Incipit  ora- 
tio ,  à  quatre  voix.  —  Musique  de  cham- 
bre :  58°  Cantate  :  Dopo  sentira,  a  voce 


DUR 


DUS 


365 


di  contralto;  59°  XII  madrigali  col 
Lasso  continuo  estratti  dalle  cantate  del 
Scarlatti  ;  60°  XI  solfeggi  a  2  voci,  col. 
b.  c.  ;61°  Partimenti per  cembalo. 

DURELL  (jean),  né  à  Jersey  en  1625, 
mourut  le  8  juin  1683.  Le  vingt-septième 
chapitre  de  son  Historia  rituum  (p.  514 
à  525)  contient  une  défense  de  l'orgue  con- 
tre les  Presbytériens. 

DURET(  anne-cecile  DORLISE),  fille 
de  madame  Saint-Aubin,  actrice  de  l'Opéra- 
Comique,  est  née  à  Paris  en  1785.  Admise 
au  Conservatoire  comme  élève  de  Garât, 
le  15  germinal  an  xi,  elle  en  sortit  l'année 
suivante,  et  débuta  à  l'Opéra-Comique  au 
mois  de  juin  1805  ,  dans  Le  Concert  in- 
terrompu. Sa  voix  était  belle,  mais  son 
éducation  musicale  n'était  pas  terminée  et 
elle  manquait  absolument  d'habitude  de 
la  scène.  Peu  de  mois  après,  elle  rentra  au 
Conservatoire,  y  reprit  ses  études  de  chant, 
développa  son  talent  par  les  leçons  de 
Garât,  et  fut  en  état  de  reparaître  avec 
éclat  à  l'Opéra-Comique  le  2  avril  1808, 
dans  le  rôle  de  son  premier  début.  Une 
voix  de  la  plus  belle  qualité ,  une  excel- 
lente vocalisation  et  une  manière  large  de 
phraser  lui  assurèrent  dès  lors  la  réputa- 
tion d'habile  cantatrice  et  la  plaça  au  pre- 
mier rang  à  l'Opéra-Comique,  bien  qu'elle 
n'ait  jamais  été  qu'actrice  médiocre.  Nicolo 
Isouard  écrivit  pour  elle  des  rôles  impor- 
tans  qui  firent  briller  son  talent  et  qui 
furent  long-temps  difficiles  à  chanter  pour 
les  actrices  qui  lui  succédèrent.  Tels  fu- 
rent ceux  qu'elle  joua  dans  Jeannot  et 
Colin,  et  surtout  dans  le  Billet  de  Lote- 
rie. Jeune  encore,  Madame  Duret  fut 
obligée  de  quitter  le  théâtre,  parce  que  sa 
respiration  était  devenue  laborieuse,  d'où 
résultait  pour  elle  l'obligation  de  couper 
les  phrases  de  son  chant  :  elle  se  retira  au 
renouvellement  de  l'année  théâtrale,  en 
1820.  Elle  est  aujourd'hui  pensionnaire 
du  gouvernement  comme  les  autres  anciens 
acteurs  sociétaires  de  l'Opéra-Comique. 

DUREY  DE   NOINVILLE  (jacques- 
bernard),  né  à  Dijon  le  3  décembre  1683, 


fut  conseiller  au  parlement  de  Metz  en 
1726,  et  président  au  grand  conseil  en 
1751.  Il  est  mort  le  20  juillet  1768.  On 
a  de  lui  :  Histoire  du  théâtre  de  l'Acadé- 
mie royale  de  musique  en  France ,  de- 
puis son  établissement  jusqu'à  présent , 
Paris  ,  1758  ,  in-8°.  La  seconde  édition  , 
augmentée,  a  été  publiée  à  Paris  en  1757, 
deux  parties  in-8°.  Dans  quelques  exem- 
plaires ,  on  trouve  à  la  fin  du  volume  un 
Catalogue  de  quelques  ouvrages  qui  trai- 
tent  de  l'Opéra,  etc.,  et  qui  ont  rapport 
à  l'histoire  du  théâtre  de  l'Opéra.  Le 
président  de  Noinville  tenait  une  partie 
des  renseignemens  qu'il  donne  de  Trave- 
nol,  violiniste  de  l'Opéra.  Son  livre  est  au 
reste  fort  mal  fait ,  et  rempli  d'inexacti- 
tude. 

DURIEU  (  .  .  .),  professeur  de  musi- 
que à  Paris,  vers  la  fin  du  18e  siècle,  a 
publié  :  1°  Nouvelle  méthode  de  musi- 
que vocale ,  Paris ,  1795 ,  in-fol  ;  2°  Mé- 
thode de  violon,  ibid.,  1796. 

DUSSEK  ou  DUSCHECK  (françois)  , 
né  à  Chotiborck  en  Bohême,  le  8  décembre 
1756  ,  trouva  dans  le  comte  de  Spork  un 
protecteur  qui  lui  fit  faire  d'abord  ses 
études  chez  les  jésuites  de  Konigratz ,  et 
qui  l'envoya  à  Vienne,  pour  y  apprendre  à 
jouer  du  piano  et  les  règles  de  la  composi- 
tion ,  sous  la  direction  de  Wagenseil.  De 
retour  à  Prague,  il  s'y  fit  remarquer  comme 
virtuose  sur  le  piano  ,  comme  profes- 
seur, et  forma  plusieurs  élèves  distingués, 
parmi  lesquels  on  remarque  Vincent  Mas- 
check  et  Jean  Wittassech.  Duscheck  est 
mort  dans  cette  ville  le  12  février  1799. 
On  a  de  lui  :  1°  Vingt-cinq  chansons  de 
Spielmann  pour  les  enfans ,  Prague , 
1792,  in-4°;  2°  Sonate  à  quatre  mains , 
n°  1  ,  Vienne ,  1792  ;  5°  Deux  sonates  à 
quatre  mains,  Leipsick,  1797  ;  4°  Sonate 
pour  le  piano ,  ibid.  ;  5°  Le  combat  na- 
val et  la  défaite  complète  de  la  grande 
Jlotte  hollandaise  par  l'amiral  Duncan, 
le  2  octobre  1797,  sonate  caractéristique 
pour  le  piano,  Vienne,  1799  j  6°  An- 
dante  avec  variations  pour  le  piano , 


866 


DUS 


Leipsick,  Kiïhnel.  Duscheck  a  laissé  en 
manuscrit  beaucoup  de  concertos,  de  sym- 
phonies ,  de  quatuors  et  de  trios. 

DUSCHECK  (josephine  ) ,  femme  du 
précédent ,  naquit  à  Prague  vers  1756. 
Elève  de  son  mari  pour  le  piano  et  pour  le 
chant,  elle  brillait;  à  Prague,  en  1790, 
comme  cantatrice  et  corqme  virtuose  sur 
le  piano.  Elle  joignait  à  son  talent  sur  cet 
instrument  une  grande  habileté  sur  la 
harpe.  En  1794  ,  elle  se  fit  entendre  avec 
succès  dans  les  concerts  de  Vienne.  Après 
la  mort  de  son  mari,  elle  partit  pour  Lon- 
dres, où  elle  s'est  fixée  vers  1800.  Elle  y 
est  morte  il  y  a  peu  d'années. 

DUSSEK  (jean-jcsepu)  ,  excellent  or- 
ganiste et  directeur  du  chœur  de  l'église 
collégiale  de  Czaslau  ,  naquit  en  1759  ,  à 
Wlazowicz  ,  en  Bohême  ,  où  son  père  était 
charron-  Lorsqu'il  eut  atteint  l'âge  de  dix 
aps  ,  sa  mère  le  mit  à  l'école  de  son  beau- 
frère  Jean  Wlachs,  instituteur  et  bon  maî- 
tre de  musique  à  Wlazowicz.  Après  quel- 
ques années  d'études ,  Dussek  fut  en  état 
d'enseigner  lui-même  dans  l'école  de  son 
oncle.  A  l'âge  de  seiie  ans  il  se  rendit  à  Lan- 
genau  comme  instituteur  primaire  agrégé  ; 
il  demeura  en  ce  lieu  pendant  trois  ans ,  et 
employa  une  partie  de  ce  temps  à  l'étude 
de  l'harmonie.  Appelé  ensuite  à  Chumecz 
pour  y  enseigner  la  musique  dans  l'école 
publique ,  il  alla  prendre  possession  de 
l'emploi  qui  lui  était  offert ,  et  ne  tarda 
point  à  se  faire  remarquer  par  son  talent 
t  l'orgue.  Sa  réputation  fut  bientôt  si 
■n  établi  que  le  magistrat  de  Czaslau  lui 
o  it  la  place  d'organiste  et  de  premier 
instituteur  de  la  ville  avec  un  traitement 
consid  able.  Il  accepta  cette  position  et 
entra  en  fonctions  en  1759,  n'étant  âgé 
que  de  vingt  ans.  L'année  suivante  il 
épousa  Véronique  Stebeta,  fille  d'un  juge 
de  la  ville,  et  de  cette  union  naquirent 
trois  enfans  dont  il  sera  parlé  dans  les  arti- 
cles suivans,  et  qui  furent  tous  des  artistes 
distingués.  L'étude  des  œuvres  des  grands 
organistes  et  compositeurs  occupa  la  plus 
grande  partie  de  la  vie  de  J.-J.  Dussek; 


DUS 

et  les  plus  habiles  furent  ceux  qu'il  se  pro- 
posa pour  modèles.  Depuis  long-temps  ses 
enfans  étaient  séparés  de  lui,lorsqu'enl  802 
il  eut  le  bonheur  d'embrasser  son  fils  , 
pianiste  célèbre  dont  le  nom  était  devenu 
européen ,  et  sa  fille ,  Madame  Cianchet- 
tini.  Le  plaisir  d'entendre  des  artistes  sem- 
blables fut  pour  sa  vieillesse  une  s^  -ce 
de  pures  jouissances.  J.-J.  Dussek  ce^sa 
de  vivre  en  1811  ;  trois  années  auparavant, 
il  remplissait  encore  ses  doubles  fonctions 
d'organiste  et  d'instituteur  primaire. 
Parmi  les  meilleurs  ouvrages  de  J,-J.  Dqs- 
sek,qui  sont  tous  restés  en  manuscrit,  on 
distingue  :  1°  Une  messe  pastorale  à  qua- 
tre voix  et  orchestre;  2°  Deux  litanies; 
3°  1  Salve  regina;  4°  Des  sonates  pour  le 
piano  ;  5°  Des  fugues  et  des  toccates  pour 
l'orgue. 

DUSSEK    (jEAN-LOTJIS     OU     lADISlAS), 

fils  du  précédent ,  artiste  illustre  comme 
virtuose  sur  le  piano  et  comme  composi- 
teur, est  né  à  Czaslau,  en  Bohême,  le  9  fé- 
vrier 1761.  A  l'âge  de  cinq  ans  il  jouait 
déjà  du  piano,  et  suivany  le  témoignage  de 
sou  père,  il  accompagnait  sur  l'orgue  dans 
sa  neuvième  année.  U  fut  ensuite  envoyé 
comme  sopraniste  au  couvent  d'Ig  au,  où 
il  continua  d'étudier  la  musique  sous  la 
direction  du  P,  Ladislas  Spenar ,  maître 
du  chœur  de  l'église  des  Minorités.  Dussek 
étudia  les  langues  anciennes  au  collège 
des  Jésuites  ,  et  alla  achever  ses  études  à 
Kuttenberg  ,  où  il  avait  été  appelé  comme 
organiste.  Après  avoir  passé  deux  années 
et  demie  en  ce  lieu,  il  alla  suivre  un  cours 
de  philosophie  èi  Prague ,  et  ses  progrès 
furent  tels,  qu'il  put  soutenir  avec  hon- 
neur sa  thèse  de  bachelier  en  cette  science. 
Ce  fut  alors  que  le  comte  de  Maenrer,  ca- 
pitaine impérial  d'artillerie,  et  protecteur 
de  Dussek,  l'emmena  avec  lui  en  Belgique, 
et  le  fit  entrer  comme  organiste  à  l'église 
Saint-Rombaut  de  Malines.  Après  avoir 
passé  quelque  temps  dans  cette  situation, 
Dussek  alla  à  Berg-op-Zoom ,  où  il  rem- 
plit aussi  les  fonctions  d'organiste,  et  se 
rendit  ensuite  à  Amsterdam.  Arrivé  dans 


DUS 

cette  ville,  il  y  fit  admirer  son  habileté  sur 
le  piano.  Sa  renommée  le  fit  bientôt  ap- 
peler à  La  Haye  par  le  Statbouder ,  et  il 
passa  près  d'un  an  dans  cette  résidence , 
pour  y  donner  des  leçons  de  piano  aux 
enfans,  du  prince.  Ce  fut  là  qu'il  publia  ses 
trojs  premiers  ouvrages,  qui  consistaient 
en  ^iois  concerts  pour  le  piano ,  deux 
violons,  alto  et  basse,  œuvre  1er;  six 
sonai.es  pour  piano  et  violon,  œuvre  2j  et 
six  autres  sonates  du  même  genre,  œuv.  3, 
Ces  productions  sont  comptées  parmi  ses 
meilleures.  En  1785  Dussek  avait  atteint 
sa  vingt-deuxième  année,  et  déjà  son  ta- 
lent excitait  la  plus  vive  admiration  ;  cer; 
pendant  il  était  encore  en  doute  sur  lui- 
même,  et  ce  doute  lui  fit  prendre  la 
résolution  de  se  rendre  à  Hambourg  pour 
consulter  Charles  -  Philippe  -  Emmanuel 
Bach.  Il  en  reçut  d'utiles  conseils  et  des 
éloges.  L'année  suivant  „;  le  jeune  virtuose 
était  à  Berlin  où  des  applaudissemens 
lui  étaient  prodigués  pour  son  habileté  sur 
le  piano  et  sur  l'harmonica  à  clavier,  in- 
strument nouvelle  nient  inventé  par  Hesseh 
De  Berlin ,  Dussek  alla  à  Pétersbourg  où 
il  avait  le  dessein  derésider  quelque  temps, 
mais  1  prince  Charles  de  Badziwill  lui 
proposa  un  engagement  si  avantageux, 
qu'il  crut  devoir  l'accepter,  et  il  demeura 
deux  ans  avec  ce  seigneur  dans  le  fond  de 
la  Lithuanie.  Vers  la  fin  de  1786,  il  vint 
à  Paris,  y  joua  devant  la  reine  (Marie- An- 
toinette), et  reçut  de  la  part  de  cette  prin- 
cesse des  offres  avantageuses  qui  ne  purent 
le  décider  à  se  fixer  en  France,  parce  qu'il 
avait  le  désir  de  visiter  son  frère  en  Italie. 
Arrivé  à  Milan,  il  y  donna  des  concerts 
où  il  se  fit  entendre  sur  le  piano  et  sur 
l'harmonica ,  et  son  talent  produisit  une 
vive  sensation,  bien  que  les  Italiens  fus- 
sent peu  sensibles  aux  beautés  de  la  mu- 
sique instrumentale,  surtout  à  cette  époque. 
De  retour  à  Paris,  en  1788  ,  il  y  resta  peu 
de  temps  ;  les  premiers  troubles  de  la  révo- 
lution française  le  décidèrent  à  passer  en 
Angleterre  ;  il  s'y  maria  en  1792,  et  se  fixa 
à  Londres, où  il  établit  un  commerce  de  mu- 


DUS 


367 


sique.  Dussek,  enthousiaste  de  son  art  et  ai- 
mant le  plaisir,  était  peu  propre  à  diriger 
des  spéculations  commerciales  :  de  là  vint 
que  son  établissement  ne  prospéra  point. 
Poursuivi  par  ses  créanciers  ,  ce  grand  ar- 
tiste fut  obligé  de  quitter  l'Angleterre  et 
de  se  réfugier  à  Hambourg,  eu  1800.  Là, 
une  princesse  du  Nord  se  passionna  pour 
lui,  l'enleva  et  vécut  avec  lui  dans  une 
retraite  située  vers  la  frontière  de  Dane- 
mark. Cette  liaison  dura  près  de  deux  ans. 
En  1802,  Dussek  fit  un  voyage  en  Bohême 
pour  y  revoir  son  père ,  dont  il  était  sé- 
paré depuis  vingt-cinq  ans.  A  son  retour, 
il  passa  par  Magdebourg ,  fut  présenté  à 
l'infortuné  prince  Louis-Ferdinand  de 
Prusse,  et  s'attacha  à  sa  personne.  Ce  prince 
ayant  perdu  la  vie  au  combat  de  Saalfeld, 
en  1806,  Dussek  passa  d'abord  au  service 
du  prince  d'Ysenbourg,  puis,  en  1808,  il 
se  rendit  à  Paris  et  prit  un  engagement 
aveq  le  prince  de  Talleyrand  ,  dont  il  de- 
vint le  maître  de  concerts.  Fatigué  de  la 
vie  agitée  qu'il  avait  eue  jusqu'alors  ,  il  ne 
songea  plus  qu'à  jouir  en  paix  du  repos 
qui  lui  était  offert. 

Doué  du  caractère  le  plus  aimable,  de 
bonté  et  d'obligeance  pour  les  artistes,  d'un 
esprit  naturel  orné  d'une  instruction  va- 
riée, de  beaucoup  de  gaîté,  et  de  manières 
nobles  qu'il  avait  puisées  dans  la  haute  so- 
ciété où  il  avait  vécu ,  Dussek  avait  pour 
amis  tous  ceux  qui  le  connaissaient.  On  ne 
lui  reprochait  qu'un  défaut,  quinuisaitplus 
à  lui-même  qu'aux  autres  :  c'était  une  in-, 
souciance  incurable  qui  lui  faisait  néglig 
le  soin  de  ses  affaires ,  et  qui  le  mit  sr 
vent  dans  de  grands  embarras.  Dans:  îes 
dernières  années  de  sa  vie,  son  eml.  ipojnt 
était  devenu  excussif ,  ce  qui  ne  *ui  avait 
rien  ôté  de  son  agilité  sur  le  piano  :  mais 
la  difficulté  de  se  mouvoir,  qui  en  était  la 
suite,  lui  avait  fait  contracter  l'habitude 
de  passer  au  lit  la  plus  grande  partie  du 
jour.  Pour  sortir  de  l'espèce  d'apathie  qui 
résultait  de  ce  genre  de  vie ,  il  était  obligé 
de  faire  un  usage  immodéré  de  vin  et  de 
liqueurs fermentées,  comme  de  stimulans, 


368 


DUS 


qui  finirent  par  altérer  sa  constitution  et 
par  lui  donner  la  mort ,  au  mois  de  mars 
1812.  Il  s'était  fait  transporter  à  Saint- 
Germain  en  Laye  ;  ce  fut  là  qu'il  rendit  le 
dernier  soupir. 

Egalement  célèbre  comme  exécutant  et 
comme  compositeur  pour  son  instrument , 
Dussek  a  mérité  sa  double  réputation  par 
de  rares  talens.  On  se  souvient  encore  de 
l'effet  prodigieux  qu'il  fit  en  1 808  ,  aux 
concerts  qui  furent  donnés  à  l'Odéon  par 
Rode,  Baillot  et  Lamare.  Jusque-là,  le 
piano  n'avait  paru  qu'avec  désavantage 
dans  les  concerts  ;  mais,  sous  les  mains  de 
Dussek,  il  éclipsa  tout  ce  qui  l'entourait. 
Le  style  large  et  sage  de  cet  artiste,  sa 
manière  de  chanter  sur  un  instrument 
privé  de  sons  soutenus  ,  enfin  la  netteté  et 
la  délicatesse  de  son  jeu  lui  procurèrent  un 
triomphe  dont  il  n'avait  point  eu  d'exem- 
ple auparavant.  Ses  compositions  se  dis- 
tinguent par  des  formes  qui  lui  sont  pro- 
pres ,  par  des  motifs  brillans ,  par  des 
mélodies  heureuses  ,  et  par  une  harmonie 
riche  ,  bien  que  parfois  incorrecte. 

Dussek  a  publié  soixante-seize  œuvres 
pour  le  piano ,  qui  consistent  en  douze 
concertos ,  une  symphonie  concertante 
pour  deux  pianos ,  une  quintetto  pour 
piano,  violon ,  alto ,  violoncelle  et  contre- 
basse ,  un  quatuor  pour  les  mêmes  instru- 
mens  sans  contrebasse,  dix  œuvres  de  trios 
ou  sonates  accompagnées  ;  quatre-vingts 
sonates  avec  accompagnement  de  violon, 
neuf  sonates  à  quatre  mains  ,  trois  fugues 
idem ,  cinquante-trois  sonates  pour  piano 
seul ,  et  un  grand  nombre  de  rondeaux , 
fantaisies ,  airs  variés  et  valses  pour  piano 
seul.  Une  collection  complète  de  ses  œu- 
vres a  été  publiée  à  Leipsick ,  chez  Breit- 
kopf  et  Haertel.  Parmi  ses  ouvrages,  ceux 
que  Dussek  estimait  le  plus  sont  les  œu- 
vres 9,  10,  14,  35,  la  sonate  intitulée 
Les  Adieux  à  Clementi,  et  celle  qui  a 
pour  titre  Le  Retour  à  Paris.  Il  avait 
publié  à  Londres  une  méthode  pour  le 
piano,  en  anglais,  qu'il  a  traduite  en  alle- 
mand ,  pour  la  faire  paraître  à  Leipsick , 


DUS 

et  dont  une  traduction  française  a  été  pu- 
bliée à  Paris  chez  Erard.  Il  a  donné  aussi 
à  Londres,  deux  opéras  anglais,  qui  ont  eu 
peu  de  succès  ;  enfin  on  connaît  de  lui  en 
Allemagne  une  messe  solennelle  qu'il  a 
composée  à  l'âge  de  treize  ans ,  plusieurs 
oratorios  allemands,  entre  autres  celui  de 
la  Résurrection,  sur  la  poésie  deKlopstock. 
Il  y  a  aussi  beaucoup  d'autre  musique 
d'église  de  sa  composition  qui  est  conservée 
à  l'église  de  Sainte-Barbe,  à  Kuttenberg, 
ainsi  que  dans  l'église  collégiale  de  Czas- 
lau. 

Un  beau  portrait  de  Dussek  a  été  peint 
à  Londres  par  Cosway,  et  gravé  en  1800 
par  P.  Condé. 

DUSSEK  .(  françois-benoit  ),  second 
fils  de  Jean-Joseph ,  naquit  à  Czaslau  le 
15  mars  1766.  Après  avoir  fait  ses  pre- 
mières études  de  musique  sous  la  direction 
de  son  père,  il  fut  envoyé  à  Prague  en 
qualité  d'organiste  du  couvent  d'Emaus, 
où  il  apprit  l'harmonie  et  le  contrepoint 
par  les  leçons  d'un  bon  organiste  et  com- 
positeur nommé  le  P.  Augustin  Ssenkyrz. 
Ce  fut  aussi  dans  ce  couvent  qu'il  apprit  à 
jouer  du  violoncelle  et  du  violon,  instru- 
mens  sur  lesquels  il  parvint  à  une  grande 
habileté.  Lorsque  ses  études  furent  entiè- 
rement terminées  ,  il  entra  comme  maître 
de  chapelle  au  service  de  la  comtesse  de 
Litzow,  ancienne  élève  de  son  père  et  pro- 
tectrice de  sa  famille.  Cette  dame  ayant 
résolu  de  faire  un  voyage  en  Italie,  prit 
avec  elle  son  maître  de  chapelle  qui  s'arrêta 
d'abord  à  Mortara  ,  dans  le  Piémont ,  en 
qualité  d'organiste  et  de  maître  de  musi- 
que ,  et  qui  fut  ensuite  accompagnateur 
au  théâtre  S.  Benedetto ,  à  Venise,  puis 
au  théâtre  de  la  Scala,  à  Milan.  Pendant 
qu'il  était  employé  à  ces  théâtres ,  il  écri- 
vit les  opéras  intitulés  :  1°  La  Caffeliera 
di  Spirito;  2°  Il  fortunato  successo  ; 
3°  La  Feudataria;  4°  L'Impostore  ; 
5°  Voglia  di  dote  e  non  di  moglie  ; 
6°  Matrimonio  e  divorzio  in  un  sol  giorno; 
7°  L'Incantesimo  ;  8°  La  Ferila  mortale. 
Tous  ces  ouvrages  furent  accueillis  favora- 


DUS 

blement;  cependant  il  ont  le  défaut  de 
manquer  d'originalité  dans  les  mélodies  , 
quoiqu'ils  soient  assez  riches  d'harmonie. 
Vers  1790,  Dussek  s'établit  à  Laybach, 
comme  organiste  de  la  cathédrale  et  pro- 
fesseur de  violon.  11  y  vivait  encore  en 
1800  ;  on  ignore  ce  qu'il  est  devenu  depuis 
ce  temps.  On  connaît  de  cet  artiste  de  jo- 
lis canzoni  pour  le  chant ,  avec  accompa- 
gnement de  piano ,  un  trio  ou  nocturne 
pour  trois  flûtes  ,  n°  1 ,  Leipsick,  Peters  , 
et  une  sonate  pour  piano  et  violon  ,  Ihid. 
Il  a  laissé  en  manuscrit  des  concertos 
pour  piano  et  pour  violon,  des  sonates,  so- 
Jos  ,  trios ,  etc. 

DUSSEK  (veronique-rosalie).  Voy. 
CIANCHETTINI(M"«). 

DUSSEK  (Mme),  femme  de  Louis  Dus- 
sek, aujourd'hui  Madame  Moralt,  née  fille 
de  Dominique  Corri ,  vit  le  jour  à  Edim- 
bourg en  1775.  Ses  grandes  dispositions 
pour  la  musique  se  manifestèrent  dès  sa 
plus  tendre  enfance.  Elle  joua  même  du 
piano  en  public  à  l'âge  de  quatre  ans.  En 
1788  sa  famille  quitta  l'Ecosse  et  alla  s'é- 
tablir à  Londres.  Miss  Corri,  âgée  alors 
de  quatorze  ans  ,  chanta  avec  succès  aux 
concerts  du  roi  et  aux  soirées  publiques. 
Son  premier  maître  de  chant  avait  été  son 
père,  mais  elle  profita  beaucoup  ensuite 
des  conseils  deMarchesi,  de  Viganoni  et  de 
Cimador.  En  1792,  elle  épousa  J.-L.  Dus- 
sek, et,  par  ses  leçons,  devint  bientôt  aussi 
célèbre  comme  pianiste  et  comme  virtuose 
sur  la  barpe  que  comme  cantatrice ,  en 
jouant  à  tous  les  oratorios  et  aux  concerts 
de  Salomon  avec  son  mari.  Elle  chanta  à 
Cambridge,  à  Oxford,  à  Liverpool,  à  Man- 
chester, Dublin  et  Edimbourg  avec  un 
égal  succès.  Elle  fut  ensuite  engagée  à 
l'Opéra  pendant  une  saison  ;  mais  dégoûtée 
des  tracasseries  et  des  intrigues  de  théâtre, 
elle  quitta  la  scène,  et  se  livra  à  l'ensei- 
gnement. Devenue  veuve  en  1812,  Ma- 
dame Dussek  épousa  en  secondes  noces 
M.  Moralt.  Depuis  lors  elle  a  toujours 
résidé  à  Paddington  ,  où  elle  a  établi  une 
académie  de  musique.  Elle  a  publié  les 
tome  m. 


DUT 


309 


ouvrages  suivans  de  sa  composition  : 
1°  Trois  sonates  pour  le  piano ,  op.  1  , 
JiOndres;  2°  Trois  idem  pour  la  harpe, 
op.  2,  Ibid.;  5°  Trois  idem,  op.  3,  Ibid.; 
4°  Trois  idem  pour  le  piano ,  n°  1 ,  2  ,  5  , 
ibid.;  5°  Walse  de  la  duchesse  d'York 
pour  le  piano;  6°  Walse  allemande  pour 
la  harpe; 7°  Rondo  pour  le  même  instru- 
ment ;  8°  Rondo  du  Déserteur  pour  le 
piano. 

DUSSEK  (olivia),  fille  des  précédens, 
est  né  à  Londres  en  1799.  Héritière  des 
talens  de  ses  parens ,  elle  excelle  sur  le 
piano  et  sur  la  harpe.  Sa  mère,  qui  fut 
son  institutrice,  la  mit  en  état  de  se  faire 
entendre  sur  le  piano  à  l'âge  de  huit  ans  à 
la  salle  d'Argyle.  Elle  demeure  avec  sa 
mère  à  Paddington  et  exerce  la  même 
profession.  Elle  a  composé  quelques  jolies 
ballades  et  un  duo  pour  harpe  et  piano  qui 
a  été  gravé  à  Londres. 

DUTARTRE  (jean-baptiste),  profes- 
seur de  musique  et  de  chant,  mort  à  Paris 
en  1749,  a  donné  à  la  Comédie-Italienne 
L  Amour  Mutuel ,  comédie  à  ariettes,  en 
1729  ,  et  le  Divertissement  de  la  paix. 
On  trouve  dans  un  recueil  d'airs  sérieux 
et  à  boire,  publié  par  Rallard ,  en  1710, 
in-4°  obi.,  un  air  pour  voix  de  dessus,  avec 
accompagnement  de  flûte  et  de  basse  con- 
tinue. 

DUTILL1EU  (pierre),  né  à  Lyon  vers 
1765,  voyagea  d'abord  en  Italie  où  il  écri- 
vit la  musique  de  plusieurs  ballets,  et  fut 
ensuite  attaché  comme  compositeur  à  la 
cour  impériale  de  Vienne,  vers  1791.  Ses 
compositions  les  plus  connues  sont  :  1°  An- 
tigona  ed  Enone,  à  Naples,  1788;  2°  / 
Curlandesi,  ballet,  ibid.,  1791  ;  5°  Mag- 
gia  contra  Maggia ,  ballet ,  ibid.,  1791  ; 
4e  i7  Trionfo  d'amore ,  opéra  buffa ,  ù 
Vienne,  en  1791  ;  5°  Nannerina  e  Pan- 
dolfmo,  o  sia  gli  sposi  in  cimento,  opéra 
buffa,  ibid.,  1792  ;  6°  Die  Freywilligen , 
ballet,  à  Vienne,  1793  ;  7°  Gli  Accidenli 
délia  Villa,  opéra  buffa,  ibid.,  1794; 
8°  La  Superba  corretta ,  opéra  buffa  . 
ibid.,  1795;  9°  Der  Jarmarkt ,  ballet, 
24 


370 


DUV 


DUV 


ibid.;  10o  Arminio,  ballet,  ibid.;  11° Die 
Macht  des  schœnen  Geschlechts  (  La 
puissance  dn  beau  sexe),  ballet;  12°  Six 
duos  pour  deux  violons,  op.  1 ,  Vienne, 
Artaria  ,  1800;  15°  Concerto  pour  le  vio- 
lon, en  manuscrit  chez  Traeg  ,  à  Vienne. 

DUTROCHET  (r.-h.-joachim),  né  en 
1776,  au  château  de  Néon,  département 
de  l'Indre,  était  destiné  par  sa  naissance  à 
jouir  d'une  fortune  considérable ,  mais  en 
fut  privé  par  la  révolution  de  1789.  Son 
père  ayant  émigré ,  ses  biens  furent  con- 
fisqués et  vendus.  Ces  circonstances  obli- 
gèrent M.  Dutrochet  à  faire  choix  d'un 
état  ;  il  se  livra  à  l'étude  de  la  médecine. 
Le  26  juin  1806  il  soutint  une  thèse  re- 
marquable qui  a  paru  la  même  année  chez 
Firmin  Didot  (in-4°) ,  sous  ce  titre  :  Mé- 
moire sur  une  nouvelle  théorie  de  la  voix, 
avec  l'exposé  de  divers  systèmes  qui  ont 
paru  jusqu'à  ce  jour  sur  cet  objet.  C'est 
un  fort  bon  ouvrage  et  qui  contient  des 
vues  neuves.  Nommé  dans  le  même  temps 
médecin  des  armées,  M.  Dutrochet  fit  en 
cette  qualité  les  campagnes  d'Espagne 
pendant  les  années  1808  et  1809.  Depuis 
lors  ,  retiré  dans  les  environs  de  Château- 
Regnault ,  il  s'est  livré  exclusivement  à 
l'étude  de  la  nature.  Outre  ses  ouvrages 
spéciaux  sur  la  physiologie  ,  l'histoire  na- 
turelle et  la  médecine,  on  a  de  ce  savant  : 
Mémoire  sur  une  nouvelle  théorie  de 
l'harmonie ,  dans  lequel  on  démontre 
V existence  de  trois  modes  nouveaux  qui 
faisaient  partie  du  système  musical  des 
Grecs,  Paris,  Allul,  1810,  in-8"  de  90 
pages. 

DUVAL  (françois),  violiniste  de  la 
chapelle  du  roi  depuis  1704,  est  mort  à 
Paris  en  1738.  C'est  le  premier  Français 
qui  ait  composé  des  sonates  de  violon  ,  à 
l'imitation  des  Italiens.  On  a  de  lui  sept 
livres  de  sonates  qui  ont  été  publiées  à 
Paris. 

DUVAL  (mademoiselle),  actrice  de 
l'Opéra  de  Paris  ,  y  jouissait  d'une  grande 
réputation  en  1720.  Elle  a  composé  la 
musique  du  ballet  des  Génies ,  qui  a  été 


représenté  en  1736,  et  a  publié  aussi  un 
ouvrage  élémentaire  qui  a  pour  titre  :  Mé- 
thode agréable  et  utile  pour  apprendre 
facilement  à  chanter  juste  et  avec 
goût,  etc. ,  Paris  ,  1741,  in-fol.  obi.  Elle 
est  morte  à  Paris  en  1769. 

DUVAL  (l'abbe'),  musicien  de  la  sainte 
chapelle  du  palais,  vers  le  milieu  du 
18e  siècle,  est  mort  à  Paris  en  1781.  On 
a  de  lui  :  Principes  de  la  musique  pra- 
tique,  par  demandes  et  par  réponses , 
Paris,  1764,  in-8°. 

DUV  AL  (charles),  avocat,  né  en  1753, 
fut  membre  de  la  convention  nationale.  Il 
est  mort  à  Paris,  au  mois  d'avril  1825.  On 
a  de  lui  un  pamphlet  sous  ce  titre  :  In- 
struction du  procès  entre  les  premiers 
sujets  de  V Académie  royale  de  musique 
et  de  danse,  et  le  sieur  De  Vismes ,  en- 
trepreneur, jadis  public,  aujourd'hui 
clandestin,  et  directeur  de  ce  spectacle. 
Sans  date  ni  nom  de  lieu  (Paris ,  1779) , 
in-8°. 

DUVE  (jordan),  écrivain  cité  par  Wal- 
ther  comme  auteur  d'une  dissertation  in- 
titulée :  Programma  quo  nimiam  artis 
affectationem  in  musicd  sacra  theologis 
magninominis,  improbari,  ostendit^ea- 
ruppin ,  1729. 

DUVERNOY  (frederic),  ou  plutôt 
DUVERNOIS ,  né  à  Montbéliard  (Haut- 
Rhin  ) ,  le  15  octobre  1771  ,  suivant  le  Dic- 
tionnaire historique  de  Choron  et  Fayolle, 
mais  suivant  les  registres  de  l'Opéra ,  le 
16  octobre  1765,  ce  qui  est  plus  vraisem- 
blable, car  Duvernoy  exécuta  un  concerto 
de  cor  au  Concert  spirituel  le  6  août  1 788. 
11  se  livra  sans  maître  à  l'élude  du  cor  et 
à  celle  de  la  composition.  En  1788,  il  en- 
tra à  l'orchestre  de  la  Comédie-Italienne. 
Neuf  ans  après ,  il  fut  admis  à  l'orchestre 
de  l'Opéra,  et  en  1801  on  le  choisit  pour 
jouer  les  solos.  En  1816,  il  en  sortit  avec 
la  pension  de  retraite.  Nommé  professeur 
au  Conservatoire  de  musique ,  lors  de  sa 
formation,  il  en  remplit  les  fonctions  jus- 
qu'à la  suppression  de  celte  école  en  1815. 
M.  Duvcrnov  fut  aussi  attaché  à  la  oha- 


DUV 

pelle  et  à  la  musique  particulière  de  l'em- 
pereur Napoléon  Bonaparte,  qui  aimait 
son  talent.  Ce  talent  est  d'une  nature  par- 
ticulière. Satisfait  d'acquérir  un  beau  son 
et  une  exécution  parfaite,  M.  Duvernoy 
borna  l'étendue  de  son  instrument  à  un 
petit  nombre  de  notes  qui  participaient 
du  premier  et  du  second  cor,  appelés  par 
M.  Dauprat  cor  alto  et  cor  basse.  Il  ré- 
sulta de  ce  mélange  ce  que  M.  Duvernoy 
appela  cor  mixte  ;  c'est  cette  classifica- 
tion particulière  qu'il  enseignait  au  Con- 
servatoire. Quelle  que  fût  la  perfection  de 
son  jeu ,  il  résultait  du  peu  de  notes  qu'il 
employait  une  sorte  de  monotonie  qui  nui- 
sait beaucoup  à  l'effet  qu'il  voulait  pro- 
duire. Quant  à  ses  compositions,  le  chant 
en  est  commun  ,  les  traits  peu  élégans  et 
les  accompagnemens  mal  écrits  :  elles 
sont  déjà  tombées  dans  un  profond  oubli. 
Ces  compositions  consistent  en  douze  con- 
certos ,  trois  quintetti  pour  cor ,  deux  vio- 
lons, alto  et  basse,  des  trios  pour  cor,  vio- 
lon et  violoncelle ,  trois  œuvres  de  duos 
pour  deux  cors ,  plusieurs  livres  de  so- 
nates et  d'études,  des  solos,  des  duos  pour 
piano  et  cor ,  enfin  une  Méthode  de  cor 
mixte.  Tous  ces  onvrages  ont  été  gravés  à 
Paris  et  en  Allemagne. 

DUVERNOY  (charles),  frère  puîné  du 
précédent,  est  né  à  Montbéliard  (Haut- 
Rhin)  en  1766.  Le  maître  de  musique 
d'un  régiment  en  garnison  à  Strasbourg 
lui  donna  des  leçons  de  clarinette,  et  les 
progrès  du  jeune  artiste  furent  rapides. 
Après  avoir  été  attaché  pendant  quelque 
temps  à  un  corps  de  musique  militaire, 
M.  Duvernoy  se  rendit  à  Paris  en  1790, 
entra  dans  la  même  année  au  théâtre  de 
Monsieur,  comme  première  clarinette,  et 
passa  ensuite  de  la  foire  Sainte-Germain 
au  théâtre  Feydeau.  Pendant  vingt-cinq 
ans  il  a  rempli  ses  fonctions  avec  ta- 
lent, et  s'est  retiré  en  1824  avec  la 
pension  de  vétérancc.  Admis  comme  pro- 
fesseur  lors  de  l'organisation  du  Conser- 
vatoire ,  il  fut  compris  dans  les  réformes 
qui  furent  faites  en  Fan  X  dans  celle  école. 


DZO 


371 


Un  beau  son  et  beaucoup  de  netteté  dans 
l'exécution  des  traits  rapides  composaient 
le  caractère  particulier  du  talent  de  cet 
artiste  ;  mais  son  style  laissait  souvent  dé- 
sirer plus  d'élégance.  M.  Duvernoy  a  pu- 
blié deux  œuvres  de  sonates  pour  la  clari- 
nette ,  avec  accompagnement  de  basse  ,  et 
des  airs  variés  en  duos  pour  deux  clari- 
nettes. 

DUYSCHOT  (jean),  constructeur  d'or- 
gues hollandais,  vivait  au  commencement 
du  18e  siècle.  Ses  principaux  onvrages 
sont  :  1°  Un  orgue  de  huit  pieds,  composé 
de  dix-huit  jeux,  deux  claviers  et  pédale, 
dans  l'église  française  de  Delft,  en  1696; 
2°  Un  idem,  de  seize  pieds  ,  à  trente-cinq 
jeux,  trois  claviers  et  pédale ,  dans  l'église 
neuve  de  La  Haye,  en  1702;  3°  Dans 
l'église  française  du  même  lieu  un  positif 
de  onze  jeux  ,  en  1711  ;  4°  Un  ouvrage  de 
treize  jeux ,  deux  claviers  et  pédale  ,  en 
1712  ,  à  Zaandam. 

DUYTSCHOT  (r.-b),  autre  construc- 
teur d'orgues,  et  peut-être  le  père  du  pré- 
cédent, s'est  fait  connaître  par  les  ouvrages 
suivans  :  1°  Des  améliorations  au  grand 
orgue  de  l'église  neuve  d'Amsterdam,  avec 
addition  de  treize  jeux  et  d'un  clavier, 
en  1666  ;  2°  Un  orgue  de  trente-huit  jeux, 
trois  claviers ,  pédale  et  huit  soufflets  , 
commencé  en  1683  et  fini  en  1686,  dans 
l'église  de  l'Ouest,  à  Amsterdam. 

DYGON  (jean),  bachelier  en  musique  , 
né  en  Angleterre,  vers  le  milieu  du  15e  siè- 
cle ,  fut  élu  prieur  du  couvent  de  Saint- 
Augustin,  à  Cantorbery,  en  1497.  Il  est 
mort  dans  le  même  Jieu  en  1509.  Haw- 
kins  a  inséré  un  motet  à  trois  voix  de  sa 
composition ,  dans  son  histoire  de  la  mu- 
sique (t.  II ,  p.  519). 

DZONDI  (charles-henri),  docteur  et 
professeur  de  médecine  à  l'université  de 
Halle,  y  est  mort  le  premier  juin  1835  , 
des  suites  d'une  atteinte  d'apoplexie.  11  a 
publié  un  grand  nombre  d'ouvrages  rela- 
tifs à  la  médecine,  mais  qui  n'ont  point 
de  rapports  avec  l'objet  decette  Biographie. 
Il  n'est  cilé  ici  que  pour  ses  discussions 


372 


DZO 


avec  Nauenburg  sur  l'organisation  de  l'ap- 
pareil vocal ,  dont  on  peut  voir  les  détails 
dans  la  Gazette  musicale  de  Leipsick 
(ann.  1851  et  1832).  Ces  discussions  dé- 
terminèrent Dzondi  à  publier  un  ouvrage 
spécial  sur  les  fonctions  du  voile  du  palais 


DZO 

dans  la  respiration, la  parole,  le  chant,  etc.; 
cet  ouvrage  a  paru  sous  le  titre  suivant  : 
Die  Funclionem  des  weichen  Gaumens 
beim  Athmen,  Sprechen ,  Singen,  Schlin- 
gen,  Erbrechen,  etc.  (Halle,  Sclnvelschke, 
1831,in-4°  de  74  pages  et  onze  planches.) 


FIN     DU    TROISIEME    VOLUME. 


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